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(Douze heures dix minutes)
Le Président (M. Houde): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance de la commission parlementaire de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation ouverte pour
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 132, Loi modifiant la Loi sur la protection du territoire agricole. En
deuxième lieu, lorsqu'on aura terminé le premier, nous
procéderons à l'étude détaillée du projet de
loi 117, Loi modifiant à nouveau la Loi sur la protection sanitaire des
animaux. Y a-t-il des membres qui sont remplacés à cette
commission, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Non, il n'y a pas de remplacement.
Le Président (M. Houde): J'inviterais les gens à
faire leurs commentaires d'usage avant l'étude détaillée
s'il vous plaît.
M. Garon: M. le Président, j'aurais une remarque
préliminaire.
Le Président (M. Houde): Oui, M. le député
de Lévis.
Un dépliant du président de la
commission
M. Garon: Au cours du débat de vendredi, alors que vous
étiez absent, j'aurais préféré que vous fussiez
présent à ce moment-là, j'ai fait état d'un
"pamphlet" que vous vous apprêtez à distribuer dans votre
comté et concernant justement le projet de loi en question. Je me
demande si, étant donné qu'au cours de ce débat vous
pouvez être mis en cause un peu personnellement parce que votre
"pamphlet" a pour effet de faire de la publicité concernant ce projet de
loi, mais d'une façon qui est bien particulière, je me demande
si, dans les circonstances, c'est une bonne chose que vous présidiez
cette séance de commission, puisqu'il est possible - et non seulement
possible, mais il est certain - que "le pamphlet" que vous avez fait fera
l'objet de débats au cours de cette commission parlementaire.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, je vous rappellerai que vous êtes pas mal plus
avancé que je ne le suis, parce que, présentement, je n'ai pas
encore de "pamphlet" entre les mains; il n'est pas encore arrivé
à mon bureau. Je ne sais pas d'où vous tenez cette information.
D'un...
M. Pagé: C'est beaucoup plus inquiétant.
Le Président (M. Houde): Ecoutez: M. Pagé:
D'où venait le "pamphlet"?
Le Président (M. Houde): Je ne le sais pas, je pose la
question. Je vous le ois de mon siège, je n'ai pas de "pamphlet"
actuellement; je ne sais pas où il est, mais il n'est pas à mon
bureau.
M. Garon: Vous avez un "pamphlet" sous impression.
Le Président (M. Houde): Comment se fait-il que vous le
sachiez?
M. Garon: Parce que je sais tout.
Le Président (M. Houde): Bonne question. Et de deux, j'ai
mentionné sur mon "pamphlet" qu'il était possible que ce soit
retardé en 1987 pour demander...
M. Pagé: M. le Président, question de
règlement.
M. Blais: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Houde): Oui.
M. Blais: Je ne peux pas comprendre que vous veniez de dire il y
a treize secondes que vous n'aviez pas de "pamphlet" et que là vous
disiez: sur mon "pamphlet", je dis que c'est retardé. Quand dites-vous
la vérité?
Le Président (M. Houde): Oui.
M. Pagé: Oh! Je m'excuse, M. le Président, je crois
que le députe de Terrebonne...
M. Blais: Que doit-on croire?
M. Pagé: Je suis convaincu que ses paroles
dépassent sa pensée ce matin.
M. Blais: Quant à douter...
M. Pagé: M. le Président, le député
de Lévis est intervenu sur le sujet et j'apprécierais que vous me
donniez autant de latitude pour faire le commentaire suivant. Le
député de Lévis a fait référence à un
envoi sans adresse qui, selon ses propos, avait été envoyé
à vos électeurs...
M. Garon: Non, non. Pas envoyé. M. Pagé:
...ou a été imprimé. M. Garon: J'ai parlé d'un
projet.
M. Pagé: II faudrait peut-être revoir le Journal
des débats.
M. Garon: Oui, oui.
M. Pagé: Essentiellement, M. le Président, vous
avez le droit tout à fait légitime comme membre de
l'Assemblée nationale de faire parvenir à chaque année,
à deux reprises, un document diffusant de l'information à vos
électeurs et électrices, un document qui est produit à
partir d'un certain encadrement et auquel le député de
Lévis et d'autres collègues, le député
d'Abitibi-Ouest, si ma mémoire est fidèle, ont faire
référence vendredi dernier dans l'après-midi.
D'ailleurs c'est avec empressement que j'ai fait part dans ma
réplique au député de Lévis et à ceux et
celles qui nous écoutaient que c'était très certainement
à la suite d'une erreur dans le texte, d'une faute de frappe ou d'une
omission d'une phrase que le texte auquel faisait référence le
député de Lévis ne m'apparaissait pas complet. J'ai
réitéré la bonne foi du député de Berthier.
Si, par surcroît, le député de Berthier nous indique ce
matin qu'un tel document n'est pas en circulation, il est encore moins
susceptible de le placer dans une situation délicate comme
président, alors pour tous ces motifs, M. le Président,
j'apprécierais que la séance se poursuive en regard du projet de
loi qui nous occupe, le projet de loi 132.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. En plus,
je suis membre de la commission de l'agriculture, alors si vous voulez
procéder immédiatement.
M. Garon: Je disais tout simplement, M. le Président, que
vous pourriez être mal à l'aise...
Le Président (M. Houde): Pas du tout.
M. Garon: ...par le fait que, en faisant référence
à votre projet de "pamphlet" vous vous trouviez impliqué
personnellement, et d'avoir à trancher des débats qui vont vous
concerner personnellement. Je me demande, d'autant plus que je pense bien ne
pas vous enlever le pain de la bouche, puisqu'il n'y a pas de
rémunération additionnelle lorsque le président de
séance siège à une commission parlementaire dans le cadre
d'une session. Je vous le dis très librement et simplement pour que vous
ne soyez pas embêté au moment où on pourrait discuter d'une
question comme celle-là et être pris pour démissionner de
vos fonctions ou, enfin, vous faire remplacer. Cela pourrait avoir l'air plus
drôle.
C'est pour cela que j'aime autant vous en saisir dès le
début de la séance pour que vous soyez plus à l'aise pour
prendre une décision éclairée et ne pas vous trouver dans
l'embarras plus tard. Autrement, vous pourriez me dire plus tard: Vous auriez
dû me le dire quand c'était le temps, au début. Alors,
c'est pour cela que j'aime autant vous en dire un mot immédiatement pour
que vous vous sentiez plus à l'aise et que vous ne vous trouviez pas
dans une situation où vous êtes vous-même en cause.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, j'en prends bonne note. M. le député de Laviolette
maintenant.
M. Jolivet: Sur la même question, M. le Président.
À l'Assemblée nationale, en 1981, une décision a
été prise par le président de l'Assemblée nationale
lui-même, en ce sens que, compte tenu que des rumeurs circulaient qu'il
avait décidé de porter son nom comme candidat à la
magistrature, les libéraux de l'époque ont demandé que le
président ne siège pas alors que nous devions discuter d'un
projet de loi à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Houde): Ce n'est pas une question, M. le
député.
M. Jolivet: Ce n'est pas une question? Je parle de
l'Assemblée nationale. C'est encore...
Le Président (M. Houde): A quelle commission, s'il vous
plaît?
M. Jolivet: Je vais reprendre. Au mois de février 1981,
alors que le président de l'Assemblée nationale, selon les
rumeurs qui circulaient à l'époque, avait porté sa
candidature à la magistrature du Québec, les libéraux ont
demandé qu'il ne siège pas à l'Assemblée nationale
et, effectivement, il n'a pas siégé, de lui-même.
C'est moi, comme vice-président, qui ai eu à siéger
cette journée-là. Vous étiez présent à ce
moment-là; vous étiez élu, M. le député. Je
m'en souviens très bien puisque
j'ai dû descendre chez moi parce que mon beau-père
était enterré cette journée-là. Donc, c'est de
mémoire très vive. Le président, à la demande de
l'Opposition de l'époque, s'était refusé à aller
sur le siège de l'Assemblée nationale et, effectivement, il n'a
pas fait ce geste.
C'est dans ce sens que je vous dis qu'il me semble que, compte tenu de
la prise à partie que vous avez faite, à l'intérieur d'un
dépliant... Mon collègue a appelé cela "pamphlet". Si on
regarde le dictionnaire, "pamphlet" c'est quelque chose qui décrie
quelque chose. Donc, peut-être que dans ce sens, il a raison. Mais pour
moi, "dépliant" c'est plus positif et ce peut être un
dépliant. "Pamphlétaire", vous savez ce que cela veut dire dans
le dictionnaire. Vous irez voir si vous n'en avez qu'une vague connaissance,
car "pamphlétaire" veut dire une sorte de critique.
Dans ce sens, compte tenu que vous présentez, dans le
dépliant - ou le pamphlet - que l'on a reçu...
Le Président (M. Houde): Vous spécifiez bien que
vous l'avez reçu?
M. Jolivet: J'en ai reçu une copie. Vous avez certainement
fait comme tous les membres de l'Assemblée nationale: vous avez
signé le document attestant que ce document doit être
imprimé et vous avez eu une connaissance complète du document.
Que vous parliez d'un projet de loi qui n'est même pas encore en vigueur,
parce que non adopté, je trouve cela un peu inquiétant de voir
que vous êtes à la présidence.
Je vous dis fort aisément, cependant, que si vous voulez
rester à la présidence, de prime abord, comme
député, je vais prendre le fait que vous allez agir dans la
pleine neutralité. Je vous le dis d'avance de mon siège, moi
aussi. Si vous voulez rendre un service à la présidence, vous
accepterez de demander à un autre de vos collègues de
présider à votre place ce matin.
Je sais que, cet après-midi, normalement, c'est le
député de Nicolet qui doit être à la charge de votre
commission. Il est en route pour s'en venir. Il serait peut-être bon de
dire: Je vais agir comme député à la commission, puisque
je suis membre. Vous pourrez dire tout ce que vous voulez comme
député. Là, vous aurez le droit d'être une personne
qui est non neutre. Cela fait en sorte que vous pourrez être ce qu'on
appelle une personne avec un droit de parole qui vous sera plein et entier.
D'autant plus qu'on me dit que, cet après-midi, le député
de Nicolet va présider à votre place comme président de la
commission.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Laviolette, comme vous le savez, premièrement, je n'ai pas fait une
demande à la magistrature du tout; deuxièmement...
M. Jolivet: Ce n'est pas cela que je dis. Je donne un exemple.
Vous comprenez mal. Vous m'inquiétez un peu quant aux décisions
que vous allez prendre.
Le Président (M. Houde): Je n'ai pas de décisions
à prendre. Je n'ai qu'à vous écouter, d'abord, et je
n'aurai pas de vote à prendre aujourd'hui. Il y en a assez qui vont
voter de l'autre côté sans que je sois obligé de voter.
M. Jolivet: Un instant, M. le Président. Si vous dites que
vous allez...
Le Président (M. Houde): Si vous doutez de mon
impartialité, ne soyez pas inquiet là-dessus.
M. Jolivet: D'accord. Parfait.
Le Président (M. Houde): D'accord.
M. Jolivet: Je vais prendre votre parole et on verra.
Le Président (M. Houde): On commence?
M. Jolivet: Oui. Pour cela, j'ai une première demande
à vous faire.
Le Président (M. Houde): Allez-y!
M. Jolivet: Si je comprends bien, comme à toutes les
autres commissions auxquelles j'ai participé, nous allons avoir des
remarques préliminaires de part et d'autre. Le ministre fera les
premières, le porte-parole de l'Opposition en cette matière, le
député de Lévis, prendra le deuxième droit de
parole et les autres prendront à tour de rôle, s'ils le
désirent, leur droit de parole. Je vous avertis à l'avance qu'au
moment où le député de Lévis aura terminé
son intervention il aura à présenter une motion
préliminaire, tel que le prévoit le règlement.
Tiens, vous voyez? Ça n'a pas été long, vous
êtes déjà remplacé.
Bon, M. le Président, je vais recommencer pour que vous sachiez
bien dans quoi on s'engage.
Le Président (M. Richard): Merci.
M. Jolivet: Donc, chacun des membres ayant le droit...
M. Pagé: Dans le prochain envoi sans adresse du
député de Berthier, il va se faire un plaisir de dire qu'il est
à l'écoute de l'Opposition.
M. Jolivet: Ce sera très bon pour lui d'être
à l'écoute. Mais, M. le Président, j'étais en train
de dire qu'au départ chacun a droit à des remarques
préliminaires, le ministre commençant le premier, le
député de Lévis étant le deuxième comme
porte-parole de l'Opposition, et les autres qui voudront utiliser leur droit de
parole l'utiliseront. Ensuite, je dois vous dire que le député de
Lévis aura, à la fin de son intervention, à
présenter une motion qui sera discutable seulement quand tout le monde
aura fait un premier tour de table en utilisant son droit de parole sur les
remarques préliminaires. Nous aurons donc une motion préliminaire
présentée par le député de Lévis,
porte-parole officiel de l'Opposition en la matière.
Pour les besoins du Journal des débats et étant
donné qu'il n'y a pas de télévision et que personne ne
sait ce qui se passe ici, je vous salue bien grandement, collègue de
Nicolet, devenu maintenant président de cette commission et plus vite
que je ne le pensais.
Le Président (M. Richard): Merci. M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, oui, on est bien heureux
de vous voir arriver.
Le Président (M. Richard): Merci.
Remarques préliminaires
M. Michel Pagé
M. Pagé: On vous attendait cet après-midi. C'est ce
pourquoi le bon député de Berthier a agi comme président
jusqu'à maintenant.
Très brièvement, je crois que plusieurs des
collègues étaient à l'Assemblée nationale vendredi
dernier, lorsqu'on a abordé l'étude du projet de loi 132 qui vise
essentiellement à reconduire sur une base cependant très
limitative et provisoire, un privilège qui appartenait à des
milliers de personnes au Québec depuis le dépôt et
l'adoption de la Loi sur la protection du territoire agricole à
l'Assemblée nationale, en 1978, et aussi un privilège qui
existait depuis que les décrets sur les zones agricoles dans toutes les
régions du Québec ont été déposés et
adoptés.
L'article 31 de la loi, comme on le sait, conférait à tout
propriétaire d'un lot vacant à cette date le privilège de
se construire une seule résidence, de lotir une superficie de pas plus
d'un demi-hectare. Ce privilège n'était pas transférable,
il s'éteignait si le terrain était vendu. On se rappellera de
plus que ce privilège devait courir sur une période de cinq ans.
Mon prédécesseur, le député de Lévis, en
1982, faisait adopter par l'Assemblée nationale, comme suite de
sa proposition, une disposition dans le sens qu'un tel privilège
était reconduit jusqu'au 31 décembre 1986.
Des représentations m'ont été faites par des
députés des deux côtés de la Chambre, par des
citoyens et des citoyennes, par des représentants d'organismes
agricoles, par des municipalités. J'ai accordé des consultations
privées sur le sujet. Tous les intervenants étaient unanimes
à soutenir la proposition qui est déposée devant
l'Assemblée nationale et qu'ils jugent tout à fait raisonnable.
Elle consiste à reconduire ladite disposition selon l'encadrement
suivant: 1° Toute personne qui possède un tel privilège en
vertu de la loi a et aura jusqu'au 1er juillet 1987 pour faire une
déclaration, à la Commission de protection du territoire
agricole, indiquant son intention de construire. Cette personne devra
procéder à la construction de la résidence avant le 1er
juillet 1988.
C'est donc dire que ce n'est pas toute personne qui possède un
tel privilège qui devra faire une déclaration à la
Commission de protection du territoire agricole du Québec, cela va de
soi. C'est dans ce sens que je disais ce matin que dans le document sous
impression actuellement et qui est adressé aux électeurs
et électrices de Berthier par le valeureux et le bon
député de Berthier, il y a certainement eu un problème
à l'impression, il manque certainement une phrase ou il y a eu une
erreur de frappe, parce que ce n'est pas toute personne qui possède un
tel privilège qui devra faire une déclaration à la CPTAQ,
mais plutôt toute personne qui possède un tel privilège et
qui désire se construire une maison. C'est bien différent.
Si un tel avis n'est pas envoyé pour le 1er juillet 1987, ce
n'est pas compliqué, en vertu de la loi, le privilège devient
purement et simplement caduc. II est éteint. Si la personne fait son
avis, elle a un an pour construire et j'ai très clairement
indiqué aussi au nom du gouvernement notre intention d'être clair
et très rigoureux dans l'application de cet article. Il n'est pas
question de revenir, en ce qui nous concerne, en 1988 et dire: On prolonge
encore d'un an ou de deux ans, d'autant plus que c'est un privilège, ce
n'est pas un droit.
De plus, je me suis engagé à ce que la Commission de
protection du territoire agricole puisse diffuser toute information pertinente
ou encore requière de certains intervenants de s'associer à leurs
démarches pour diffuser toute l'information pertinente. À ma
très grande surprise, je présume que l'ensemble des
collègues étaient là, mais au cas où quelques-uns
auraient dû quitter vers 17 heures vendredi, le député de
Lévis a exprimé sa dissidence. Les députés
péquistes à l'Assemblée nationale voudraient que les
privilèges qui appartiennent à ces personnes qui, dans
certains cas, n'ont pas pu se prévaloir de leurs privilèges et
construire leur résidence parce qu'on a eu une crise économique
qui nous a frappés durement... Quand les taux d'intérêt
sont à 22 %, on ne se bat pas à la porte des caisses populaires
pour aller faire des emprunts. Plusieurs de ceux-là ont dû
reporter l'exercice de leur privilège et aujourd'hui, l'Opposition
voudrait que l'on nie purement et simplement ce privilège, que l'on
refuse la prolongation et ce faisant évidemment on dirait non même
à des représentations qui nous ont été faites par
des députés de l'Opposition.
C'est vraiment là que j'ai constaté qu'encore dans ce
dossier, comme dans d'autres, notre bon ami, le député de
Lévis, est en rupture de ban avec son parti. J'étais très
surpris. Celui qui se dit un démocrate farouchement
déterminé à défendre les intérêts des
citoyens et des citoyennes du Québec vient du revers de la main,
premièrement, rejeter ce qu'il a fait dans le passé et,
deuxièmement, renoncer à la prolongation pure et simple sur une
base limitative, provisoire, bien encadrée, etc., d'un privilège
comme celui-là. Peut-être que la fin de semaine lui aura
porté conseil. Je lui promets que s'il adopte une autre attitude, je ne
serai ni taquin, ni agressif et je ne m'y référerai en aucun
moment.
La fin de semaine portant conseil, peut-être que les
députés de la minorité feront amende honorable et
accepteront les dispositions que je propose ce matin et enclencheront le
débat, parce que j'ai cru comprendre, M. le Président, avec
l'expérience que j'ai quand j'entends l'Opposition parler de motion
initiale, cela sent le "filibuster". Il ne faudrait pas. Quand Guy vient, les
"filibusters" arrêtent généralement.
On a encore plusieurs lois à étudier. On a un menu
législatif assez imposant. J'ose espérer, M. le Président,
que nos travaux se dérouleront sereinement et sous l'égide d'une
collaboration mutuelle. Nous sommes là finalement pour bonifier nos lois
et je ne demande pas mieux que de profiter de l'expérience de mes
collègues à l'Assemblée nationale et qu'elle puisse
être vraiment mise en relief ici et que la loi soit adoptée.
C'était l'essentiel du commentaire que j'avais à faire ce
matin.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. M. le
représentant de l'Opposition, député de Lévis. (12
h 30)
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je voudrais d'abord vous
féliciter pour avoir été choisi dans votre parti comme
président de séance et votre arrivée en temps opportun, au
fond, a peut-être éliminé un débat que nous ne
souhaitions pas faire concernant la présidence du député
de Berthier, mais pour lequel il était préférable de
donner un avis préliminaire.
J'aimerais vous dire au début de mon intervention que, lorsque
les remarques préliminaires seront terminées, j'ai l'intention de
faire une motion afin de procéder à des consultations
particulières. Toutefois, je ne voudrais pas le faire
immédiatement à la fin de mon intervention pour ne pas
empêcher les députés, tant du Parti libéral que du
Parti québécois, qui voudront faire des remarques
préliminaires de s'exprimer sur l'ensemble du projet de loi. Je ne sais
pas si je dois me réserver du temps à la fin pour le faire. Le
secrétaire de la commission va me le dire. J'ai fait dactylographier
cette motion qui va arriver en temps utile.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis, il y a une étape prévue de motion
préliminaire. Je pense qu'il n'y a pas de problème technique.
Tout le monde par la suite pourra donner ses commentaires à tour de
rôle sans aucun problème technique, je pense.
M. Garon: Je veux l'annoncer immédiatement pour ne pas
couper les remarques préliminaires des différents
députés de cette commission. À la fin de ces remarques
préliminaires, je vous avise maintenant que j'aurai une motion à
présenter. Les propos du ministre d'ailleurs m'ont incité
à le faire. Il disait dans sa déclaration d'ouverture que
plusieurs personnes ont fait valoir qu'elles souhaitaient qu'il y ait des
amendements à la loi. Il disait lui-même que c'est seulement
à la suite des représentations qui lui auraient été
faites par les députés des deux partis. C'est facile à
dire. Il y a peut-être des députés qui lui ont
demandé s'il y aurait des amendements ou d'en faire. C'est toujours
facile à dire sans les nommer.
S'il y a des producteurs individuellement, il va peut-être
être utile d'entendre les organismes représentatifs. On ne peut
pas, dans le cadre d'un projet de loi qui va toucher l'ensemble du
Québec, faire adopter des mesures parce qu'il y a eu une demande ici et
là, sans que ce soit des demandes provenant d'organismes
représentatifs. C'est pourquoi, je pense que le ministre, par ses
propos, vient d'indiquer au fond qu'il y a nécessité, qu'il
serait utile d'avoir des consultations préliminaires
particulières dans le cadre de l'étude de ce projet de loi par la
commission de l'agriculture.
Le ministre avait dit en conférence de presse, le 23 septembre,
qu'il y aurait des amendements concernant l'article 31, et, ces amendements, il
les inscrivait dans un cadre
déterminé dont il faisait état au cours du mois de
septembre dernier. Il annonçait un ensemble de mesures et, notamment,
des amendements concernant l'article 31. Les amendements qu'il a
indiqués à ce moment-là se révèlent
aujourd'hui complètement différents de ce qu'il avait
annoncé au moment de ces déclarations du mois de septembre
dernier.
Quand on sait l'impact qu'une loi comme la Loi sur la protection du
territoire agricole qui touche un très grand nombre de personnes qui
sont propriétaires de terrains et qu'il y a des millions, des millions
de terrains qui sont la propriété de personnes au Québec
qui ont le droit d'avoir une position un peu stable, un peu
déterminée par le gouvernement et qui ne change pas selon les
vents qui viennent d'un peu partout et selon les personnes que le ministre
rencontre en fin de semaine ou pendant la semaine... Quand on regarde ce qu'il
a annoncé le 23 septembre 1986, il disait qu'il donnerait un
délai jusqu'au 31 décembre 1986. Le projet de loi parle
maintenant d'un délai complètement différent, qui va
jusqu'au 1er juillet 1987 au lieu du 31 décembre 1986. Seulement dans
l'espace de deux mois, le ministre a changé son opinion, non pas parce
que le projet de loi est très compliqué. Le projet de loi qu'il
présente n'est pas long. Il a deux articles. Essentiellement, il modifie
un alinéa à l'article 31 et en ajoute un autre. Il modifie le
premier alinéa et insère un troisième alinéa
à l'article 31. Au mois de septembre, quand le ministre disait que le
délai serait le 31 décembre, il disait cela, parce que le nombre
de déclarations déposées à la commission cette
année s'est accru considérablement.
J'aimerais que le ministre puisse nous apporter cet après-midi -
je suis persuadé qu'une compilation doit être déjà
faite - à la commission le nombre de déclarations qu'il a eues
pour chacune des années en vertu de l'article 31, au mois de novembre
1978 qui a été adopté en décembre 1978, en 1979, en
1980, en 1981, en 1982, 1983, 1984, 1985. Pour 1986, il nous a dit que,
jusqu'à la fin du 1er janvier à la fin de novembre, il y en a eu
728. Ceci est pour nous indiquer à quel point ce nombre de demandes se
serait accru d'une année à l'autre entre 1978 et 1986. Nous ne
sommes pas de cet avis. Je pense que s'il y a quelque chose, c'est que le
nombre de demandes a diminué. Quand le ministre se réfère
à des taux d'intérêt de 22 %, il y a eu des taux
d'intérêt de 22 % en 1981. Mais en 1979 et en 1980, les taux
n'étaient pas si élevés. En 1984, 1985 et 1986, les taux
n'ont pas été de cet ordre non plus. En 1981, ils ont
été de cet ordre, mais un peu plus bas en 1982 et en 1983, et ils
sont devenus à un taux d'intérêt un peu plus normal en
1983, en 1984, en 1985 et 1986. On doit dire que les années de
construction au Québec ont été des années records
de construction en 1985 et 1986, dans le domaine de la construction
résidentielle. Il serait intéressant de voir quel a
été le nombre de demandes en vertu de l'article 31 pour chacune
de ces années.
Si le ministre a dit que le nombre de demandes s'est accru
considérablement, c'est parce qu'il a les chiffres. Il n'a pas pu dire
cela sans avoir des chiffres, il n'a pas pu dire cela au pif. II a fallu qu'il
dise cela, parce que le nombre de demandes de déclarations a
augmenté en vertu de l'article 31 pour chacune de ces années,
à partir de 1978 à 1986. II nous dit aussi dans sa
déclaration du 23 septembre qu'il est impossible d'obtenir des
renseignements sérieux sur le nombre de lots vacants vendus avant chacun
des décrets des six régions, leur localisation respective et la
possibilité d'y construire des résidences en vertu de
règlements municipaux de zonage et de construction ou de lotissement des
municipalités. J'aimerais savoir pourquoi le ministre pense qu'il aurait
besoin d'obtenir des renseignements sur le nombre de lots vacants vendus avant
chacun des décrets des six régions, puisque la loi à
l'article 31 parle de propriétaires de lots vacants enregistrés
avant le dépôt de la loi, le 9 novembre 1978. Que les
propriétaires l'aient été six mois avant, trois mois avant
ou dix avant la loi ne fait pas de distinction. Elle dit tout simplement qu'il
y a eu des dépôts qui ont été faits,
c'est-à-dire que des propriétaires ont fait enregistrer leur
transaction ou ils sont devenus propriétaires de lots avant le
dépôt de la loi. Ce sont ces personnes qui sont visées par
l'article 31. Il n'y a pas d'autres personnes qui sont visées.
Le ministre dit aussi qu'il a été sensibilisé
à ce problème à plusieurs reprises. À plusieurs
niveaux, de nombreuses représentations m'ont été faites,
dit-il, de la part des citoyens, des municipalités, des MRC et de mes
collègues députés et ministres me demandant de prolonger
le délai au-delà du 31 décembre 1986. Je pense que le
ministre lui-même donne une ouverture à des consultations, au
moins pour ces organismes. Lui-même, il dit qu'il a eu des pressions
importantes. Je pense que si le ministre a eu des pressions aussi fortes, les
gens vont avoir le goût de venir lui manifester ces pressions devant la
commission. Tout ce que nous avons jusqu'à maintenant comme chiffres,
c'est 59 000 demandes de déclarations en vertu de tous les articles qui
demandent des déclarations dont 7190 dans les onze premiers mois. Cela
veut dire le même rythme que dans les autres années et, en vertu
de l'article 31, 728 depuis les onze premiers mois, mais le ministre ne nous a
pas dit les demandes en vertu de l'article 31 au cours des autres années
pour qu'on puisse comparer le chiffre
de 728 en 1986 sur onze mois par rapport aux autres années comme
1979, 1980, 1981, 1982, 1983, 1984 et 1985.
Le ministre dit aussi qu'il présentera cet automne un amendement
à cet article qui tiendra compte à la fois du contexte de
révision de la zone agricole permanente et de la Loi sur la protection
du territoire agricole. Ce délai supplémentaire ne serait
applicable que pour les propriétaires avant décret qui auront
déclaré à la Commission de la protection du territoire
agricole avant le 31 décembre 1986 leur intention de se prévaloir
de cette disposition. C'est là que c'est inquiétant. Que dit le
ministre? Il ne parle plus, il ne s'agit pas d'une date reportée comme
cela a été fait pour mettre tous les territoires sur un pied
d'égalité. Avant, une disposition à l'article 31
permettait, sans avoir de formalité devant la commission, de faire une
déclaration à la commission comme quoi on n'a pas besoin d'aller
et de faire plus de démarches, c'est inscrit à l'article 32, mais
il faut faire cette déclaration à la municipalité et
à la commission lorsqu'on se prévaut de l'article 31. Ce n'est
pas ce que le ministre veut faire par son projet de loi, puisque - et il va
beaucoup plus loin - il dit qu'il va présenter un amendement à
cet article qui tiendra compte à la fois du contexte de révision
de la zone agricole permanente et de la Loi sur la protection du territoire
agricole. Il s'agit donc d'un élément qu'il veut utiliser dans le
cadre de la révision des zones agricoles permanentes. Ce délai
supplémentaire ne serait applicable que pour les propriétaires
avant décret qui auraient déclaré à la commission
de protection, avant le 31 décembre - et là, il a changé
d'idée, il a mis le 1er janvier 1987 - leur intention de se
prévaloir de cette disposition.
Et il continue: Le délai d'exercice du privilège de
construire une résidence sur les lots vacants serait reporté
jusqu'à une année après l'entrée en vigueur d'un
nouveau décret de zone agricole. Là encore, il a changé
puisque, dans son projet de loi, il parle du 1er juillet 1988, il ne parle plus
d'une année après les nouveaux décrets. Je le comprends
puisque... Mais, par ailleurs, il a encore changé d'idée, ce qui
montre que ce que j'ai dit dans le temps, comme commentaire dans les jours qui
ont suivi, c'est que la conférence de presse du ministre, le 23
septembre, montrait une méconnaissance profonde de la loi. J'avais dit
que cela ne pourrait pas fonctionnner. On voit aujourd'hui que lui-même
se rend compte que certaines dispositions qu'il voulait faire étaient
inapplicables puisqu'il n'y en a aucune qui était exactement comme il
les a faites, mais que les intentions demeurent. Il dit: II permettra - ce
délai - à la commission et aux municipalités de disposer
au 1er janvier 1987 - ce ne sera pas au 1er janvier 1987, cela pourra
être seulement le 1er juillet 1987 et même là, il va falloir
qu'il ait le temps de le faire - d'un inventaire de tous les lots vacants
susceptibles de voir s'y ériger une résidence de manière
que ceux-ci puissent être pris en considération lors de la
nouvelle négociation des zones agricoles. Là, c'est un danger
manifeste. Le danger est d'autant plus grand qu'on vient de voir le genre de
dépliant, comme par exemple le député de Berthier veut
envoyer à ses concitoyens. On demande aux gens d'aller déclarer
des intentions, non pas des constructions de fait, des intentions, afin de
faire un inventaire de tous les lots vacants susceptibles de voir
s'ériger une résidence de manière que ceux-ci puissent
être pris en considération lors de la nouvelle négociation
des zones agricoles.
Je vais vous dire que c'est la plus grande menace qui n'a jamais
pesé sur le monde agricole. Imaginez-vous que, demain matin, avec le
genre de publicité que le député de Berthier
s'apprête à faire et que d'autres en dessous du Parti
libéral veulent faire, on s'organise pour susciter des
déclarations. Cela ne coûte pas cher une déclaration
d'intention. On peut seulement préparer des formules, les faire remplir
par tous ceux qui sont propriétaires d'un lot, et leur dire de les
envoyer et de les enregistrer à la commission, pour qu'on se retrouve
avec 50 000, 75 000, 100 000 et peut-être 150 000 déclarations
d'intention et, ensuite, qu'on oppose cela au droit des cultivateurs d'avoir
à protéger leur territoire agricole. Rien n'est plus facile que
de diviser le monde rural d'une façon artificielle, avec une mesure
complètement artificielle, puisqu'une déclaration d'intention,
cela ne veut rien dire. (12 h 45)
La loi actuelle dit que, en vertu de l'article 31... C'est pour cela,
quand le ministre laisse entendre que tout ce qu'il veut faire par la loi
actuelle, c'est de prolonger le délai actuel, c'est faux. Il ne veut pas
seulement prolonger le délai actuel, il va beaucoup plus loin que cela,
il veut faire enregistrer des déclarations d'intention, alors que la loi
actuelle ne permet pas de déclarations d'intention. Elle permet de faire
une déclaration qu'on se prévaut de cela uniquement au moment
où on agit physiquement pour réaliser quelque chose et non pas
des déclarations d'intention auprès des municipalités ou
de la Commission de protection du territoire agricole pour des travaux
éventuels.
Au moment où on termine son projet, où on est en train de
le faire, l'article est très clair là-dessus. Si vous regardez
l'article 31, qu'est-ce qu'il dit? Il faut lire les articles 31 et 32.
L'article 31 dit: Dans une région agricole désignée, le
propriétaire d'un lot vacant - ce n'est pas un lot vendu avant
le zonage - en vertu d'un titre enregistré le 9 novembre 1978 -
qui est déjà enregistré avant le 9 novembre 1978 - peut y
construire, dans les cinq ans de cette date -le délai a
été prolongé par la suite pour aller au 31 décembre
1986 par des amendements - ou, le cas échéant, de la date
d'entrée en vigueur d'un décret visé à l'article
22, sans l'autorisation de la commission, une seule résidence et
utiliser à cette fin une superficie n'excédant pas un
demi-hectare.
Lorsqu'au 9 novembre 1978 une personne est propriétaire de
plusieurs lots vacants, contigus ou non contigus et situés dans une
même municipalité, elle peut, aux mêmes conditions,
construire une seule résidence sur l'un de ces lots.
Qu'est-ce que dit l'article 32 pour empêcher de la paperasserie
inutile? Nous ne faisions pas de promesses de faire de la
déréglementation. On en faisait le moins possible, de
réglementations inutiles. À l'article 32, on dit: "Une
corporation municipale, une corporation de comté ou une
communauté ne peut émettre un permis de construction sur un lot
situé dans une région agricole désignée à
moins que la demande ne soit accompagnée d'un certificat d'autorisation
de la commission ou d'une déclaration du requérant à
l'effet que le projet faisant l'objet de la demande ne requiert pas
l'autorisation de la commission. "Lorsque le requérant produit une
déclaration avec sa demande, il doit également fournir la preuve
qu'un exemplaire de cette déclaration a été transmis
à la commission."
Ce qu'il y avait de plus simple, c'est que, lorsque la personne avait
son permis de construction à la municipalité, elle faisait une
déclaration disant qu'elle n'avait pas besoin d'autorisation de la
commission en vertu de l'article 31 et qu'elle avait un droit en vertu de
l'article 31. Elle envoyait une copie de cela à la commission et
c'était fini. Il n'y avait pas plus de procédures que cela.
Qu'est-ce que le ministre veut faire aujourd'hui? Il veut que les gens
fassent des déclarations d'intention qu'ils vont construire avant telle
date, plus tard. Mais il a dit clairement, lors de sa conférence de
presse du 23 septembre, que, lorsqu'on réviserait les zones, lorsqu'on
ferait Ies négociations, il faudrait tenir compte de toutes ces
déclarations d'intention.
Ce n'est pas du tout la même disposition qu'il y avait
antérieurement, parce que l'article 31, jusqu'à maintenant, n'est
pas un article de déclaration d'intention, mais un article dont on peut
se prévaloir lorsqu'on construit et si on ne construit pas, on n'a pas
besoin de rien faire. On n'a pas besoin d'envoyer de papier à la
commission. Pourquoi enverrait-on des papiers à la commission si on n'a
pas l'intention de construire?
Si on a l'intention de construire, on n'a simplement qu'à faire
une déclaration disant qu'on se prévaut de l'article 31 et on n'a
pas besoin d'autorisation additionnelle. C'était la...
M. Pagé: C'est ce qu'on fait.
M. Garon: Non. Actuellement, le ministre veut faire des
déclarations d'intention pour que des gens disent: Plus tard, je veux
construire. Ils enregistrent cela auprès de la commission et...
M. Pagé: M. le Président, question de
règlement. Ce n'est pas vrai! M. le Président, je m'excuse.
Question de règlement.
Le Président (M. Richard): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Garon: Non, il n'y a pas de question de règlement en
commission parlementaire.
M. Pagé: Mais, écoutez... M. Jolivet: M. le
Président.
M. Pagé: Une seule question de règlement à
la fois, si possible!
M. Jolivet: Non, M. le Président, il n'y a pas de
question...
M. Pagé: Normalement, on commence par...
Écoutez...
M. Jolivet: M. le Président.
M. Pagé: Ce n'est pas parce que tu as été
vice-président de l'Assemblée nationale que tu vas...
M. Jolivet: ...je m'excuse. Le
député-ministre...
M. Pagé: Question de règlement, M. le
Président.
M. Jolivet: ...n'a pas à interrompre mon collègue
pendant qu'il a le droit de parole. Il n'est aucunement question d'une question
de règlement ici.
Le Président (M. Richard): Un instant, s'il vous
plaît! Si vous permettez, je vais d'abord écouter la question de
règlement. Ici, la question de règlement est prioritaire sur tout
message transmis, que ce soit par un ministériel ou un
député de l'Opposition. M. le ministre, vous avez une question de
règlement.
M. Jolivet: Je m'excuse, M. le
Président.
M. Pagé: Sur la question de règlement, M. le
Président...
M. Jolivet: Mon collègue a 20 minutes; il n'est pas
question d'une question de règlement ici. Il est en train de faire ses
remarques préliminaires. Si le ministre veut utiliser, par son
intermédiaire ou un autre, le droit de dire ce qu'il veut, il le prendra
après. Il le corrigera, s'il pense qu'il s'est trompé. Mais, en
ce qui concerne la question de règlement, on n'est pas à
l'Assemblée nationale, on est en commission parlementaire et mon
collègue est en train de faire ses 20 minutes.
M. Pagé: Voyons donc!
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Laviolette. Je prétends, comme président,
que l'application se fait au même titre qu'à l'Assemblée
nationale. Une question de règlement a priorité sur tout
exposé, que ce soit d'un collègue ministériel ou d'un
collègue de l'Opposition.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Richard): Je retiens la question de
règlement de la part de M. le ministre et député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président.
M. Jolivet: M. le Président, une question de directive.
J'aimerais savoir, si, en cette commission, il y avait une question de
privilège, vous l'accepteriez. Je vais attendre cela avant d'argumenter,
parce qu'à ma connaissance...
M. Pagé: II n'y a pas de question de
privilège...
M. Jolivet: ...depuis dix ans que je suis ici, il n'y a pas de
question de privilège, il n'y a pas de question de
règlement...
M. Pagé: Bien, oui. M. Jolivet: ...non...
M. Pagé: Bien, voyons, il y a une question de
règlement...
M. Jolivet: Si c'est un moyen détourné que le
député veut prendre pour faire valoir un point, il le fera valoir
en temps et lieu. Il prendra un droit de réplique, s'il le
désire, mais il n'est pas question qu'il dérange mon
collègue qui a le droit prioritaire de parole ici.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, mais je ne pense
pas qu'on puisse traiter de question de privilège ici, mais on doit
traiter, en priorité, de question de règlement. Je
prétends, sauf erreur... On peut même suspendre, vérifier
l'article, si vous préférez.
M. Jolivet: Effectivement,
Le Président (M. Richard): Juste un instant, s'il vous
plaît. Alors, on suspend pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 51)
(Reprise à 12 h 52)
Le Président (M. Richard): A l'ordre, s'il vous
plaît:
La commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation
reprend ses travaux. Sauf dispositions contraires, l'application des
règlements est la même qu'à l'Assemblée nationale.
L'article 39 dit très clairement: "Un député peut,
à tout moment, signaler une violation de règlement. Il doit le
faire avec diligence, en mentionnant l'article du règlement qu'il
invoque et en limitant son exposé strictement au point
soulevé."
Je pense que n'importe quel député, même lors de la
présentation ou lors de commentaires ou de remarques
préliminaires, peut, comme cela pourrait être votre cas... Vous
auriez pu, je pense, tout à l'heure intervenir lorsque M. le ministre a
parlé, sur une question de règlement, non pas sur une question de
privilège.
M. Jolivet: On fait une question de directive, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Oui.
M. Jolivet: II faut que mon collègue, le
député de Lévis, ait violé un règlement.
M. Pagé: Je veux le questionner là-dessus.
M. Jolivet: Non, non.
M. Pagé: Je veux questionner le président
là-dessus.
M. Jolivet: M. le Président, la question de directive est
claire. Mon collègue devrait avoir violé le règlement.
À ma connaissance, il n'a violé aucun règlement. Il expose
des faits.
M. Pagé: M. le Président, vous m'avez donné
la parole et le "Mad Dog" de Laviolette se fait valoir.
M. Jolivet: Non, ce n'est pas une question de me faire valoir,
c'est de faire valoir les droits de mon collègue.
M. Pagé: Bien oui.
M. Jolivet: Durant le temps où il a le droit de
parole...
M. Pagé: Est-ce que le député pourrait
parler moins fort, M. le Président? Ce n'est pas bon pour sa
pression.
M. Jolivet: ...sur les remarques préliminaires. Ne me
dérangez pas. Je vais parler quand même pour dire au
président mon droit de parole.
M. Pagé: C'est moi qui ai la parole.
M. Jolivet: Enlever-le-lui donc, pour le moment. J'ai
demandé une question de directive.
M. Pagé: M. le Président, vous me l'avez
accordé. Est-ce que je peux l'exercer?
M. Jolivet: Non.
Une voix: Hé!
M. Pagé: Ah! Il vient de décider cela.
M. Jolivet: Pour le moment, j'ai une question de directive.
Une voix: Franchement, il se pense encore...
M. Jolivet: M. le Président, la question de directive est
bien claire. Mon collègue est en train de faire ses remarques
préliminaires. S'il est en train de faire ses remarques
préliminaires, toute personne ici a 20 minutes pour faire ses remarques
préliminaires. Si quelqu'un n'est pas d'accord avec ses dires, il a le
droit de le faire, mais lors de son droit de parole de 20 minutes. S'il n'y a
pas de règlement qui a été violé par mon
collègue et, à ma connaissance, mon collègue n'a
violé aucun règlement, il ne peut y avoir de question de
règlement.
M. Pagé: Ah bien cela! M. le Président, c'est
là-dessus que porte ma question de règlement.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse...
M. Jolivet: Dans ce contexte, j'aimerais savoir de la part du
ministre le numéro du règlement qui...
M. Pagé: Bon, il aimerait le savoir. Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, nous ne pouvons pas présumer au moment où l'on se
parle de la question de règlement qui m'a été
demandée comme président par le ministre. On ne peut pas
présumer. Ce que je dois faire...
M. Jolivet: ...qu'il fasse une fausse question de
règlement. Comme on est dans les remarques préliminaires, je
serais surpris que mon collègue ait violé quelque
règlement que ce soit.
Le Président (M. Richard): Oui, sauf qu'on ne peut pas
prétendre que la question de règlement qui a été
demandée par le ministre n'est pas une question de réglemente II
faut d'abord que je l'entende comme président, pour savoir si, oui ou
non, c'en est une.
M. Jolivet: On la devine. Vous verrez.
Le Président (M. Richard): Or, il n'en demeure pas moins
que je maintiens, à votre question d'information, que la question de
règlement est toujours prioritaire. Je répondrai toujours
à une question de règlement en priorité. Malheureusement,
on devra arrêter la personne qui parle à ce moment-là et
écouter la question de règlement, en présupposant que
c'est effectivement une question de règlement.
M. Jolivet: Dans ce cas-là, j'ai droit à une
dernière question de directive.
Le Président (M. Richard): Oui.
M. Jolivet: Dans le contexte où vous accordez la question
de règlement, le temps de mon collègue compte-il ou ne
compte-t-il pas?
Le Président (M. Richard): II reste encore deux minutes et
demie à votre collègue dans son intervention. C'est tout
simplement suspendu. Il aura encore deux minutes et demie, puisqu'on avait
alloué sensiblement 20 minutes à chacun des partis.
M. Jolivet: Je voulais éviter qu'il perde son droit
de...
Le Président (M. Richard): Tout à fait. À ce
moment-là, je dois vous dire que ce n'est pas comme à la
période de questions à l'Assemblée nationale où la
mécanique de questions de règlement peut empêcher votre
collègue de parler le temps qu'il juge à propos.
M. Jolivet: M. le Président, toujours sur ma demande de
directive, n'oubliez pas qu'à l'Assemblée nationale, il y a une
priorité, au départ, qui dit que personne ne doit
déranger
qui que ce soit dans son droit a une intervention. Si personne ne peut
déranger qui que ce soit dans son intervention, il est prévu
qu'à la fin de son intervention, quelqu'un pourrait lui poser une
question. C'est dans ce sens que j'intervenais. Il y a quelqu'un qui peut lui
poser une question. Ce que j'ai compris quand le ministre a commencé son
intervention, ce n'est pas une question de règlement. Il voulait, d'une
certaine façon, rectifier des faits que le député de
Lévis disait. Il a le droit de faire cela, mais après que mon
collègue aura utilisé son temps de 20 minutes. N'oubliez pas
qu'il y a un article du règlement qui dit que personne ne doit
déranger qui que ce soit dans son intervention et qu'en
conséquence, pour éviter cela, la sagesse du règlement
indique que c'est à la fin de son discours, que quelqu'un peut lui poser
une question et y répondre, s'il le désire. C'est l'article 212.
C'est dans ce sens-là que j'intervenais.
M. Pagé: Alors, M. le Président, est-ce que je
serai entendu?
Le Président (M. Richard): M. le ministre, sur une
question de règlement.
M. Pagé: Ah! Merci, M. le Président. J'ai pris
bonne note des cinq minutes brûlées par celui qui a maintenant la
responsabilité de faire les "jobs" de bras de l'Opposition...
M. Jolivet: M. le Président, ce n'est pas une question de
règlement, parce que là, je vais...
M. Pagé: ...à l'Assemblée nationale, le "Mad
Dog" de Laviolette...
M. Jolivet: Ça ne me dérange pas.
Le Président (M. Richard): Venez-en directement à
votre question de règlement, M. le ministre.
M. Jolivet: Oui.
M. Pagé: J'arrive à ma question de
règlement. J'apprécierais que vous puissiez peut-être la
prendre en délibéré d'ici 15 heures. Est-ce que...
Le Président (M. Richard): Une minute! Des voix:
Aie! Le gros!
M. Garon: M. le Président, il serait temps que le
député de Portneuf arrête de parler du "Mad Dog" de
Laviolette, on ne parle pas du scandale des films pornos du
député de Portneuf.
M. Jolivet: M. le Président, c'est une question de
privilège et je sais que je n'y ai pas droit. Mais il n'a pas le droit
non plus de m'imputer quoi que ce soit.
M. Pagé: C'est une "job" de bras qu'il fait ce matin. Cela
paraît. Voyons!
Le Président (M. Richard): M. le ministre, à la
question de règlement, s'il vous plaît.
M. Jolivet: Non, mais je m'excuse, je n'accepte pas qu'on me
fasse des menaces verbales de l'autre côté.
M. Pagé: J'y arrive. Ce ne sont pas des menaces...
M. Jolivet: J'en ai eu la semaine passée et il y a des
gens qui m'ont dit de venir me battre dans le passage. Je ne suis pas
allé parce que je suis plus intelligent que la personne qui me l'a
demandé.
M. Pagé: M. le Président, je n'ai jamais fait de
menaces à l'Assemblée nationale, au député de
Laviolette, voyons donc!
Le Président (M. Richard): Un instant, s'il vous
plaît! Un instant! M. le ministre, s'il vous plaît, sur la question
de règlement.
M. Pagé: M. le Président, sur la question de
règlement, est-ce que le droit à une déclaration liminaire
de 20 minutes ajoutée au principe de l'immunité parlementaire
permet au député de Lévis de donner des informations
erronées, lorsqu'il dit qu'une simple déclaration permettra
à tout citoyen de se construire n'importe quand? Ce n'est pas le
cas.
M. Jolivet: M. le Président...
M. Pagé: Bien oui, c'est ce que vous venez de dire.
M. Jolivet: Vous comprenez très bien, au départ,
que ce n'est pas une question de règlement. C'est une question
d'opinion. Sur cette question d'opinion, il prendra ses collègues qui
parleront après, pour leur faire dire l'inverse, s'il le désire.
Mais ce n'est pas une question de règlement, M. le Président.
C'est ce à quoi je vous avais demandé, tout à l'heure, de
faire attention, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, si vous permettez...
M. Pagé: M. le Président, toujours sur la question
de règlement. Est-ce qu'on peut s'entendre sur une chose?
M. Jolivet: Non, on ne s'entendra pas
certainement sur cette affaire-là.
M. Pagé: Est-ce que le député de Laviolette
pourrait parler moins fort?
M. Jolivet: Je n'ai pas une voix aussi forte.
M. Pagé: Est-ce qu'il pourrait parler moins fort?
Être plus serein, plus calme?
M. Jolivet: Non, ce n'est pas une question d'être serein,
c'est une question de préserver le droit de mon collègue.
M. Pagé: Pourriez-vous parler moins fort, s'il vous
plaît?
M. Jolivet: Non, je ne peux pas parler moins fort! Jamais!
M. Pagé: Bon. M. le Président, on note que le
député se bute comme un enfant. Continuez à crier! cher
collègue. Allez! Faites-vous aller!
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le ministre et
M. le député de Laviolette, mais je devais écouter la
question de règlement. Je constate, si on se réfère
à l'article 212, que tout député, estimant que ses propos
ont été mal compris et déformés, peut donner de
très brèves explications sur le discours qu'il a prononcé.
Il doit donner ses explications immédiatement après
l'intervention qui les suscite. Il ne doit apporter aucun élément
nouveau à la discussion ni susciter de débat.
Si vous permettez, je demanderais maintenant au représentant de
l'Opposition et député de Lévis de continuer et de
terminer, s'il vous plaît, ses remarques préliminaires. Il lui
reste environ deux minutes et demie. Par la suite, on entendra d'autres
personnes, si d'autres membres de la présente commission désirent
faire des remarques préliminaires.
M. Pagé: J'enregistre, M. le Président.
M. Garon: M. le Président, je n'aurai pas
véritablement le temps de faire des remarques, deux minutes et demie
avant la suspension, puisqu'il reste à peu près une minute,
à toutes fins utiles.
M. Houde: II reste deux minutes... À moins qu'il ne voie
pas clair.
M. Camden: M. le Président, nous donnerons quelques
secondes de plus pour qu'il puisse terminer.
Une voix: Oui.
M. Garon: Non, M. le Président. Je demanderais la
suspension, parce que je ne veux pas séparer mes deux minutes et demie
en une minute ou une minute et demie.
M. Camden: On va vous permettre d'étirer, M. le
député de Lévis.
M. Pagé: II n'y a pas de consentement, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, mais pour la suspension, cela prend
évidemment le consentement. Vous comprenez que l'on doit continuer sur
ordre de la Chambre jusqu'à 13 heures.
M. Garon: D'accord. Alors, on va arrêter à 13
heures. Je voudrais dire que la preuve de ce que j'avance, c'est que
l'amendement porte exactement sur le fait que c'est marqué à
l'article 1, paragraphe 1: "Par remplacement dans les sixième et
septième lignes du premier alinéa de "le faire avant le 31
décembre 1986" par "déposer auprès de la commission, avant
le 1er juillet 1987, une déclaration d'intention, à cet effet, de
la construire avant le 1er juillet 1988".
Alors, si le ministre se sent obligé d'ajouter l'expression
"déclaration d'intention", c'est parce que ce terme n'existait pas dans
le projet de loi, ce n'étaient pas des déclarations d'intention;
simplement, lorsqu'on se prévalait de son permis de construction au
niveau de la municipalité, il fallait faire une déclaration
à la municipalité comme quoi on avait le droit, en vertu de
l'article 31, et envoyer une copie de cette déclaration à la
commission.
Il n'y avait pas de déclaration d'intention, un an ou un an et
demi auparavant, pour dire qu'on voulait construire plus tard. Aujourd'hui, on
sait, par les déclarations du député de Portneuf, le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, au 23
septembre 1986, que le tout s'inscrit dans un procédé de
dézonage du territoire agricole, dans un ensemble de quatre
communiqués de presse qui ont été rendus publics le 23
septembre 1986.
Comme il est 13 heures, M. le Président, et qu'il nous reste
encore une minute et demie, je vais demander...
Une voix: Non, non, il n'en est pas question.
M. Garon: ...de suspendre, selon l'ordre de la Chambre,
jusqu'à 13 heures.
Le Président (M. Richard): Alors, si vous me le permettez,
je déclare donc la suspension jusqu'à 15 heures, cet
après-midi. Merci de votre présence.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 15 h 10)
Le Président (M. Richard): Je vous rappelle le mandat de
la commission qui est effectivement de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 132, Loi modifiant la Loi sur la
protection du territoire agricole du Québec.
Je demande au critique de l'Opposition, M. le député de
Lévis, de terminer sa présentation de ce matin et je lui rappelle
qu'il lui reste environ une minute et une fraction. S'il vous plaît!
M. Garon: Une fraction de minute? M. le Président, j'avais
annoncé au début de mon allocution que j'aurais une motion pour
tenir des consultations particulières dans le cadre de l'étude de
ce projet de loi. Comme je ne veux pas brimer le droit des membres de cette
commission de faire leurs remarques préliminaires et que si je
présentais la motion immédiatement, je ferais tomber le temps
dévolu aux remarques préliminaires, je ne veux pas
m'étendre plus longtemps sur le sujet, sachant que j'aurai l'occasion
dans d'autres interventions d'expliciter davantage les appréhensions du
monde agricole, les miennes et celles de mes collègues sur ce projet de
loi qui est extrêmement dangereux. Le ministre ouvre, si on analyse
ensemble le projet de loi et sa conférence de presse du 23 septembre
dernier, une porte béante - non pas une souricière, mais une
porte de grange - au dézonage, à la "déprotection" des
territoires agricoles. J'aurai l'occasion d'y revenir. Quand tous auront fait
leurs remarques préliminaires, j'ai l'intention de présenter un
avis pour tenir des consultations particulières. Je le ferai seulement
à la fin, pour ne pas empêcher les gens de faire leurs remarques
préliminaires, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lévis. Deux personnes ont manifesté le
désir de faire des remarques préliminaires. M. le ministre,
voulez-vous utiliser vos cinq minutes à la suite des remarques de M. le
député de Lévis ou si vous préférez qu'on
alterne? Vous avez droit à cinq minutes, M. le ministre.
M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement, pour le bénéfice de mes collègues,
c'est vraiment avec beaucoup d'attention que j'ai pris connaissance et que j'ai
écouté les propos du député de Lévis.
Celui-ci indique que dans un communiqué que j'ai émis le 23
septembre, j'avais fait part que la loi serait modifiée de façon
que la déclaration devait se faire avant le 31 décembre 1986 et
que la construction devait se faire avant le 31 décembre 1987. C'est le
cas qu'au 23 septembre dernier j'avais l'intention de préparer le projet
de loi qui nous occupe aujourd'hui afin d'en arriver sensiblement au même
processus, c'est-à-dire un processus en vertu duquel, dans un premier
temps, la personne détenant un tel privilège doit faire une
déclaration auprès de la Commission de protection du territoire
agricole du Québec; une deuxième phase du processus qui lui
donnait une période donnée dans le temps, soit un an, pour se
prévaloir de ce privilège maintenu comme suite de sa
déclaration pour se construire.
Or, on m'a convaincu, et là, M. le Président, avec toute
l'humilité qui me caractérise, je dois faire un plaidoyer de
culpabilité. Je dois plaider coupable d'avoir présumé de
la collaboration du député de Lévis, mais aussitôt
que j'eus indiqué mon intention de légiférer pour
établir l'obligation de faire une déclaration avant le 31
décembre, on m'a dit: M. le ministre, vous ne le connaissez pas. Vous ne
savez pas comment il est. Vous ne savez pas comment il va réagir. Vous
croyez, M. le ministre, que votre projet de loi va être accepté?
Vous croyez que, même si le Parti québécois, même si
votre prédécesseur a adopté une mesure similaire ou
analogue en juillet 1982 pour reconduire purement et simplement le
privilège, vous croyez qu'ils vont s'associer à vous? Jamais.
Vous ne les connaissez pas. Ils vont s'y opposer farouchement. Ils vont faire
un débat en deuxième lecture. J'ai dit: Oui, mais cela va passer
dans la même journée. Voyons donc, on marche dans leurs sillons.
Ils on dit: Jamais, voyons donc! En commission parlementaire, c'est
définitif que le député de Laviolette va venir. C'est
définitif que le député de Laviolette va parler fort.
C'est définitif que le député de Terrebonne va ajouter sa
voix aux échanges. Et n'allez pas croire, M. le ministre, que le tout va
passer dans une journée! Auquel cas, c'est très certain que cela
va passer le 23 décembre. Mais, M. le ministre, entre le 23
décembre et le 31 décembre, la CPTA, dans un premier temps,
n'aura pas le temps d'être sensibilisée aux nouvelles
modifications, d'en informer les gens et de donner de la publicité, etc.
Les gens ne seront pas sensibilisés à cela. La CPTA n'aura pas le
temps d'enclencher un processus d'information adéquat. Donc, on vous
recommande de déposer le projet de loi selon les mêmes principes
que vous évoquez. Cependant, changez donc les délais du 31
décembre au 1er juillet, du 31 décembre 1987 au 1er juillet
1988.
Je me suis aperçu qu'ils n'avaient peut-être pas tort et je
me suis dit qu'on verrait. Aujourd'hui, je m'aperçois que j'ai bien
fait, car les gens auront une période de trois mois pour
bénéficier de toute l'information
adéquate, d'une part. D'autre part, le député de
Lévis parlait tout à l'heure des 7000 déclarations qui
sont faites à la commission annuellement. Il m'a demandé des
chiffres qu'il me fait plaisir de lui donner. Ou 1er janvier au 31 août
1985...
M. Garon: Ce n'est pas pour l'année?
M. Pagé: Attendez un petit peu. Du 1er janvier au 31
août 1985, en vertu de l'article 31, 319 déclarations. À
pareille date en 1986, 558.
M. Garon: Ce n'est pas pour l'année.
M. Pagé: Attendez un petit peu! Je vais vous les donner.
M. le Président, le député semble très
pressé d'adopter cette loi. Il faut y consacrer tout le temps
nécessaire.
M. Blais: II est fébrile.
M. Pagé: Du 1er janvier au 31 août 1985, 319;
à pareille date en 1986, 558, pour une augmentation de 75 %. Du 1er
septembre au 31 décembre 1985, 189. Selon la projection qui m'est
fournie ici, selon le nombre de déclarations faites entre le 1er
septembre et le 23 octobre 1986, on a 170 demandes de déclaration et
nous prévoyons -c'est une projection, évidemment - qu'entre le
1er septembre et le 31 décembre de cette année nous en aurons
340.
M. Garon: Pourquoi ne donnez-vous pas les chiffres chaque
année? Ce n'est pas une avalanche.
M. Pagé: Ce n'est pas une avalanche, bon. A l'intention du
Journal des débats, le député de Lévis vient
de dire que ce n'est pas une avalanche. Ceci veut dire que, selon nos
projections et l'analyse qu'on fait des demandes pour cette année, en
1985, on en a reçu 508 et, au 31 décembre 1986, nous
prévoyons qu'il en sera entré 898, pour une augmentation de 77 %
cette année.
M. Garon: Pourquoi ne les donnez-vous pas pour chaque
année?
M. Pagé: À partir de?
M. Garon: De 1979, 1980, 1981.
M. Pagé: On va tenter de le faire. On va tenter de le
faire.
M. Garon: Pardon?
M. Pagé: On va voir. On va fouiller. S'il m'est possible
de vous les donner...
M. Garon: C'est possible, ils les ont tous. Tout cela est
fait.
M. Pagé: ...c'est avec beaucoup de plaisir que je vais le
faire.
M. le Président, le député de Lévis
s'inquiète. Le député de Lévis et son équipe
font de l'opposition pour de l'opposition. Je présume qu'ils auront
quelques motions dilatoires. On va les traiter à leur mérite. On
va voter et j'espère que notre loi pourra être adoptée ici
aujourd'hui, d'une part, car on a encore d'autres lois à étudier
à l'Assemblée nationale. On a un autre projet de loi qui doit
être étudié ici, article par article. J'en appelle au sens
des responsabilités, si c'est possible de le trouver, des
députés de l'Opposition.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Ce fut
très court de la part du ministre, mais combien riche en texte qui
appelle une réponse assez acerbe. Bien sûr, il a bien
commencé. Du haut de son humilité, il nous donnait des chiffres
convoités, il nous demandait de collaborer avec lui et il pensait,
dit-il, dans une sorte de naïveté prélégislative, que
nous aurions collaboré avec lui.
C'est sûr que cela relève d'une certaine
naïveté normale du parti au pouvoir, on a parfois joué le
même jeu pendant que nous y étions. Cependant, c'est très
facile d'avoir une collaboration avec le ministre, si le projet de loi qui est
devant nous est à l'avantage des cultivateurs du Québec, et, ici,
nous ne le croyons pas.
Alors, en exposé préliminaire, je tiendrais à dire:
Premièrement, sur deux attaques que vous nous avez menées, la
collaboration, vous n'avez pas notre responsabilité. Nous sommes des
collaborateurs, nous avons cela dans l'esprit, nous sommes des gens de
consensus social et des gens qui recherchons l'équité, des gens,
qui sommes en faveur de la richesse distributive, et nous sommes, autrement
dit, des sociaux-démocrates. En plus, nous ne pensons pas avoir la
science infuse et nous ne pensons pas avoir toutes les solutions pour
remédier à tous les problèmes du monde. C'est pourquoi
nous recherchons le consensus, et de façon générale, nous
consultons avant de légiférer.
Premièrement, notre collaboration est totale, entière et
pleine, mais avec les agriculteurs d'abord. Il faut savoir que le Québec
est un pays trois fois et demie plus grand que la France, le Québec a
136 000 000 hectares, il n'y a que 5 % de cette surface qui est cultivable.
M. Houde: Ce n'est pas un pays, le Québec, c'est une
province. Pour moi, vous faites erreur.
M. Blais: Voulez-vous mettre le bouchon sur la cruche?
M. Houde: Excusez, je me suis trompé, monsieur, je ne
voulais pas vous déranger.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, continuez, M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Au pays du
Québec...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: ...il n'y a que 5 % des terres qui soient cultivables.
Ce n'est pas encore un pays souverain, vous avez parfaitement raison, M. le
député de Berthier. Votre remarque, je ne vous la reproche
pas...
M. Pagé: M. le député de Lévis, cela
irait...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Blais: ...mais c'est un pays et ce pays deviendra souverain
bientôt, je l'espère. Trève de réponses à ce
sujet, eh bien, nous collaborons d'abord envers le cultivateur. Ces gens
méritent notre appui, notre soutien. Pourquoi? Parce que. dans cette
maigre portion de territoires qu'ils ont à leur disposition, pour
nourrir un peuple de six millions et demi d'habitants, il faut au moins que le
législateur soit là pour protéger ces gens. La terre
nourricière n'est que 5 % de la superficie totale, et combien de cette
terre nourricière a été mis entre les mains de
spéculateurs qui n'avaient d'autres égards envers la
société que de l'extirper d'une richesse, autant du
côté nourriture arable de nos sols que de se remplir les poches
à leur détriment.
J'ai l'impression que cette collaboration envers les cultivateurs, M. le
ministre, si vous nous la demandez, elle vous est acquise et nous serons
très heureux d'être avec vous dans tout projet de loi qui
protégera d'abord les cultivateurs. Je vois de l'autre côté
qu'il y en a plusieurs qui ont cet air de cultivateur. On voit qu'ils ont connu
la terre et je suis persuadé qu'ils prendront la parole pour
défendre les cultivateurs qui, par ce projet de loi, sont un peu
spoliés d'une superficie de leur terre qui leur appartient, qui
appartient à l'ensemble de l'agriculture québécoise.
En bien, pour ma part, comme vice-président de l'agriculture, je
le fais à ce titre et je le fais aussi par conviction, étant
né en Abitibi sur une terre très difficile à cultiver, et
qu'on se doit quand même de protéger. Notre collaboration vous est
acquise dans toutes les lois qui seraient là pour protéger celui
qui produit au Québec, qu'il soit dans n'importe quel domaine de
l'agriculture, nous sommes derrière vous pour les protéger. Mais
cette loi ne semble pas être une loi protectrice de la classe agricole.
Elle semble plutôt être une ouverture supplémentaire pour
que de nouveaux lotissements soient faits, isolés, me direz-vous, mais
très nombreux et passent aux mains de spéculateurs ou de
personnes qui établiront maison.
Sachez que nous avons actuellement, au Québec, 3 000 000 de lots
disponibles pour la construction. S'il y a 3 000 000 de lots, normalement dans
une maison, il y a deux personnes. Nous avons assez de lots actuellement en
zones blanches pour doubler la population du Québec. Je ne vois pas
pourquoi on tiendrait tant, par des lois, à prolonger les
privilèges que le côté humain avait fait que nous donnions
au tout début de cette loi agricole en 1978. Je crois que les gens ont
eu assez de laps de temps pour en profiter. Deuxièmement, dans ces 3 000
000 de lots que nous avons au Québec, il y en a au-delà de 400
000 "viabilisés" déjà prêts à recevoir. Donc,
il y a de la place pour 1 000 000 de personnes sur des lots déjà
"viabilisés".
C'est très curieux de voir qu'après
répétition, et on a donné la chance aux coureurs, la loi
agricole venait, devant certaines personnes, brimer des libertés et des
droits acquis au cours du dernier siècle. C'est sûr. On le sait et
tout le monde le sait, c'était un mal nécessaire parce que le
bien collectif l'emporte sur le bien individuel et la liberté collective
l'emporte sur la liberté individuelle. D'ailleurs, elle est
d'inspiration libérale cette loi. M. Drummond l'avait
préparée, et elle était sur la tablette. Le nouveau
ministre qui est arrivé, en 1976, le député de
Lévis, a pris ce texte et en a fait une sorte de bible, et il l'a
améliorée de beaucoup. Mais c'est de l'inspiration de M. Drummond
que cette loi est sortie. Vous le savez très bien. Bien sûr que
c'était nécessaire. C'était nécessaire de
protéger la liberté individuelle autant que l'on peut mais
à cause du principe que la liberté collective prime. C'est pour
cela qu'il y a eu une exception pour des bouts de terrains comme ceux-là
qu'on essaie encore de prolonger le temps de la construction.
Moi, personnellement, ma collaboration vous est acquise, M. le ministre,
à la condition que certains de ces principes soient réellement
respectés et qu'on se dise que c'est plus nécessaire après
tant de temps. Je ne crois pas que ce soit encore nécessaire.
Peut-être dans certains cas. Les zones
agricoles sont échelonnées sur une période
d'années, et d'autres ont eu moins de temps que les premiers, c'est
sûr. Là, il pourrait peut-être y avoir une compensation par
le temps malgré qu'on l'a déjà fait. Mais encore
là, vu que j'ai le sens humain, le sens de l'équité et le
sens de la justice et que je fais mes remarques dans le microphone plutôt
qu'à l'oreille des autres, je vous dis, M. le ministre, que nous sommes
tout acquis pour protéger les cultivateurs.
Deuxièmement, le sens des responsabilités. Écoutez,
j'ai trouvé cela un peu fort. On peut différer d'opinion sur un
projet de loi, on peut différer d'opinion sur un principe. Moi, je suis
un social-démocrate, je suis au Parti québécois. Vous
êtes au Parti libéral, vous êtes plutôt des gens de
droite. Vous en avez le droit. Je ne vous conteste pas ce droit d'être
à droite, mais mon sens des responsabilités veut que je sois
plutôt social-démocrate. Dans la social-démocratie, c'est
le bien commun qui l'emporte, et c'est pour ce faire que je suis au Parti
québécois et c'est pour ce faire que je suis contre ce projet de
loi. S'il y avait beaucoup de gens et si l'UPA, par exemple, qui est le
syndicat qui défend les cultivateurs était en faveur de ce projet
de loi, cela me mettrait la puce à l'oreille et ça me dirait
qu'il est possible que le syndicat des agriculteurs, des cultivateurs et des
producteurs agricoles dise: Ce projet de loi n'est pas néfaste à
l'agriculture, et, avec certaines modifications, nous serions pour. Ils me
disent qu'ils sont contre. Ils ne veulent plus qu'on touche au zonage agricole,
d'aucune façon. Les petites améliorations, cela peut aller, mais,
lorsque vient le temps de dézoner, et je le répète, quand
on a au-delà de 3 000 000 de terrains au Québec prêts
à recevoir des maisons, attention là! et que 95 % de la surface
du Québec n'est pas en terre arable ou cultivable. On veut dans ces 5 %,
malgré tout ce qu'on a fait autour de Montréal, extirper des
terres arables et les remettre entre les mains des exploiteurs. (15 h 30)
Je crois qu'il faut qu'on fasse vraiment attention. Je vois que les
cultivateurs en face - il y en a plusieurs - sont complètement d'accord.
Je vois le député de Huntingdon qui opine du bonnet et qui va
être contre ce projet de loi, c'est sûr. Le député de
Saint-Hyacinthe, je ne crois pas, parce qu'il n'y a pas de cultivateur dans ce
comté.
M. Dubois: Je ne suis pas encore producteur agricole, mais
j'espère l'être un jour.
Une voix: À Huntingdon non plus.
M. Dubois: À Huntingdon, il y en a pas mal.
M. Blais: Non, non, mais il connaît les cultivateurs ou il
est censé les connaître. Je pourrais tous les nommer. Ce sont tous
des gens qui viennent de comtés où l'agriculture est
florissante.
Dans mon comté, j'ai 331 agriculteurs et ces 331, je les
défends. Je les défends. C'est sûr, M. Forget. Si vous
pensez que ce n'est pas sûr, prenez la parole et je vais vous
répondre. Il faut que nous défendions les cultivateurs,
absolument, absolument.
Et vous qui faisiez partie de l'UPA, regardez ce que dit votre syndicat,
ce qu'il vous demande Regardez-le! Vous l'avez certainement vu. Les
études récentes des rapports Thibodeau démontrent à
quel point !a loi 90 a redonné aux terres en friche et sous
spéculation le développement agricole qu'on connaît, parce
qu'on a voulu, durant les dix années où le député
de Lévis était ministre de l'Agriculture, faire une protection de
toutes ces terres pour que celles-ci deviennent des terres productives. Tout ce
qu'on a de terres productives doit servir à l'agriculture. On devait
être jaloux du peu de terres arables que nous avons. Nous devrions nous
faire violence pour que personne n'y touche. Il ne faudrait pas que personne
touche à ces terres. Même la plus petite parcelle peut, un jour,
si on l'a libérée pour la rendre en zone blanche, nous faire mal
au coeur et nous faire dire qu'on a eu un esprit d'indécision à
l'époque, qu'on a été très faible de la laisser
aller à la spéculation ou à la construction. Comment
peut-il être possible, dans un pays comme le Québec où 95 %
du territoire n'est pas cultivable, qu'on ait des problèmes de
protection du 5 % de terres arables? Il me semble que cela parle de soi, quand
on regarde les statistiques.
Je veux être le défenseur de l'UPA dans ce dossier.
Pourquoi? Bien que je n'aie dans mon comté que 331 agriculteurs, parce
qu'il y a 99 députés libéraux en Chambre, dont plusieurs
sont issus du vote rural et du vote agricole et qu'il n'y en a pas un qui va se
lever pour défendre les agriculteurs, qu'il n'y en a pas un qui va oser
venir dire qu'on se doit de protéger les terres agricoles, c'est un
petit peu désespérant, M. le Président. C'est un petit peu
désespérant quand on sait que les cultivateurs sont ceux...
Pardon?
Mme Pelchat: Les agriculteurs.
M. Blais: II y a agriculteur et cultivateur. Il y a les deux. Il
y a les producteurs agricoles, les productrices agricoles.
Je tiens à vous dire que dans la Loi modifiant la Loi sur la
protection du territoire agricole, ce n'est pas inscrit du territoire du
cultivateur et des cultivatrices, des agriculteurs et des agricultrices.
Vous
savez ce que je veux dire. Du ministère et du "ministrice",
bon!
Quand je dis "agriculteur"... Je peux le répéter chaque
fois si cela peut vous faire plaisir. Vous, je ne . pourrai jamais vous
reprendre, parce que vous ne parlez pas. On ne fait des fautes de langage que
lorsqu'on parle.
C'est la députée de quel comté déjà?
Elle parle tellement peu souvent que je ne sais pas de quel comté elle
est.
M. Garon: C'est le comté visiteur. M. Jolivet: Les
haltes routières.
M. Blais: Mais, c'est quel comté, Madame?
M. Jolivet: Kamouraska-Témiscouata.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Pour des questions
de procédure seulement techniques, et j'essaierai de sourire le plus
possible, adressez-vous à la présidence le plus possible.
Peut-être qu'il y aurait moins de sujets de conflit.
M. Blais: Voulez-vous me dire de quel comté est la
députée qui ne parle jamais, mais qui fait des remarques à
côté?
Une voix: Parlez-lui, il aime cela.
Le Président (M. Richard):
Kamouraska-Témiscouata.
M. Blais: Bon, écoutez. Merci, beaucoup, M. le
Président. Mme la députée de Kamouraska-Témiscouata
qui êtes de passage parmi nous, il me fait plaisir de vous y voir et je
tiens à vous dire que quand on ne parle pas, on ne peut pas faire des
fautes d'élocution. Moi, j'en fais, parce que je n'ai pas le verbe
parfait. J'essaie au moins d'avoir un orifice qui laisse sortir des sons de
temps en temps, de sorte qu'on m'écoute et que le tympan des autres
personnes devant moi vibre. C'est ce qu'on appelle, en termes communs,
"parler". Quand on parle, il y a des vibrations qui se font et il se
dégage des idées. Parfois, il y a des échanges de
processus qui s'engagent.
Je vois le député de Saint-Jacques qui passe en souriant.
Lui, il vous parlerait longtemps des cultivateurs. Il vous en parlerait
longtemps des cultivateurs, et très longtemps, parce qu'il connaît
le métier de cultivateur et il est allé sur les terres. Ses
grands-parents étaient sur des terres...
Une voix: II est allé voir la canne à sucre en
République dominicaine.
M. Blais: Je tiens à vous dire que cette noble profession
qu'est celle de cultivateur, c'est la profession la plus noble, le cultivateur,
la cultivatrice, si cela se dit, mais surtout le producteur et la productrice
agricole. Dans ce noble métier, les gens de la campagne et les ruraux
sont des gens qui sont proches de la nature. Ce sont eux qui ont sauvé
ce que nous sommes, c'est à eux que nous devons, par la revanche des
berceaux, d'avoir sauvé la race francophone au Québec. C'est
d'une importance capitale. Ne fût-ce que pour ce geste qu'ils ont
posé dans les derniers siècles, nous devrions leur être
éternellement reconnaissants. Je vous en remercie et je suis
persuadé que vous l'êtes.
De plus, vu qu'aujourd'hui la revanche des berceaux est terminée,
les gens de la terre, les gens de la campagne, ceux qui vivent de la terre, ont
droit à la revanche des cerveaux. C'est pour cela qu'aujourd'hui ces
gens-là comprennent, regardent les lois, regardent les
législateurs aller et ils s'en rendent compte, lorsque nous avons des
lois qui les protègent ou pas. Je crois que cette loi est dans le "ou
pas", vous connaissez les lois "ou pas"? Protège ou pas... Cette loi 132
est dans la section des "ou pas". Vous connaissez cela, M. le ministre? Je
classe cette loi dans les "ou pas". Je ne la classe pas comme une loi
protectrice des agriculteurs et de la collectivité agricole, mais dans
les "ou pas". Les cultivateurs doivent s'attendre à mieux que cela de
notre part, mais je ne désespère pas, je , suis persuadé
que, de l'autre côté, on va se lever.
Lorsque le ministre avait annoncé cette révision de la
loi... J'ai ici plusieurs de ses déclarations, je vais en prendre une au
hasard dans les forêts du Texas. En voici une de la Gazette; dans
la Gazette du 27 septembre, c'est marqué: "Changes will wipe out
farm protection: Garon" M. Garon avait dit cela. "The Parti
Québécois charged yesterday that Agriculture Minister Michel
Pagé will wipe out farmland protection by tampering with an
Eight-year-old zoning law. "Pagé said this week the government will case
strict zoning rules protecting 6 500 000 hectares of farmland from
development." Ce que je vous disais tantôt, on a seulement 6 500 000
hectares et, parmi cela, c'est très peu comparé à 136 000
000 d'hectares qui couvrent la province et on va aller en couper de petits
morceaux à travers cela. Il faut tout de même faire attention, ce
n'est pas tellement gros, mais il faut au moins laisser la rigidité
à cette loi, lui laisser au moins le tour de faire sa marque. Alors, on
me fait signe que c'est terminé. Je reviendrai avec plaisir, parce que
j'en ai très long à dire sur ce projet qui ne plaît pas du
tout à l'Opposition et non plus aux gens de la terre, aux gens de la
campagne, aux ruraux, aux agriculteurs et aux producteurs et productrices
agricoles. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Terrebonne. Je dois seulement apporter une
précision aux remarques, à savoir que, tout à l'heure, M.
le ministre avait été très court dans ses remarques. M. le
ministre n'a pas la possibilité de parler plus de cinq minutes
après chaque intervention préliminaire, s'il le désire. Je
passe la parole à M. Charles Messier, député de
Saint-Hyacinthe. Voulez-vous intervenir, M. le ministre, à la suite des
commentaires de M. le député? Non.
M. Messier: Peut-être une petite question au
député de Terrebonne à savoir s'il reconnaît l'UPA
comme étant l'organisme pouvant représenter les agriculteurs
d'une façon efficace et d'une façon convenable.
M. Blais: Vous me posez une question?
M. Messier? Oui, oui, c'est bien cela. Vous avez fait mention..
M. Blais: Ce que je n'aime pas dans votre question... Maintenant,
je peux prendre une demi-heure pour répondre, je vous remercie.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: II arrive ceci, M. le Président, c'est que,
seulement par la façon dont vous posez votre question, cela sous-tend
que vous croyez que ces gens-là ne sont pas représentatifs. Je
trouve cela curieux, parce que toute mon intervention a été que
les gens qui représentent la classe agricole étaient ceux qui
demandaient au ministre de ne pas changer la loi sur le territoire agricole.
C'était sur eux que je basais la plupart de mes interventions à
ce sujet. Je ne peux pas voir comment vous me posez une telle question, ne
serait-ce que pour exprimer que vous n'avez pas confiance en l'UPA. Quant
à moi, je considère ces gens comme très
représentatifs.
M. Messier: Parfait. Merci. Est-ce qu'on peut...
Le Président (M. Richard): ...intervenir? M. Messier: Oui,
s'il vous plaît?
Le Président (M. Richard): Vous avez le droit de parole,
M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Charles Messier
M. Messier: Je suis complètement en contradiction avec le
député de Lévis qui est à votre gauche. Dans un
article du Soleil de juin 1985, on y lit "Zonage, projet de loi
inacceptable". Ce n'est pas le projet de loi qu'on dépose
présentement, ce sont des modifications qu'on voulait apporter au mois
de juin 1985, alors que l'actuel député de Lévis
était ministre de l'Agriculture. Je vais vous lire un petit paragraphe,
vous allez voir l'incohérence de votre position: "Dans une lettre qu'il
a fait parvenir la semaine dernière à M. Jean Garon, le
président de l'UPA, M. Jacques Proulx, regrette que l'UPA n'ait pas
été consultée avant le dépôt du projet de
loi." Le député de Lévis ne se souciait même pas de
l'organisme auquel vous avez fait référence tout à l'heure
comme étant représentatif. Je ne mets pas en doute toute la
crédibilité que je peux donner à la
Fédération de Saint-Hyacinthe qui a travaillé très
fort pour défendre, effectivement, les producteurs.
La semaine dernière, j'ai pris la parole après le
député de Lévis et j'ai fait mention de certaines choses.
J'aimerais les répéter, parce que je pense que le
député de Terrebonne n'était pas présent. J'ai pris
mes sources dans le droit québécois à l'aménagement
du territoire, ce n'est pas le programme du Parti libéral, c'est
vraiment un texte avec des fondements bien précis. C'est l'exception
à la loi qui avait été déposée en 1978, je
vais juste vous lire un petit quelque chose: "Les articles 31 et 40 de la loi
peuvent ainsi être qualifiés d'exceptions à
caractère personnel, en ce sens que seules les personnes
répondant aux exigences de l'une ou de l'autre de ces dispositions
peuvent se prévaloir du droit de construire une résidence. Ce
droit est donc incessible et intransmissible, contrairement aux droits acquis
reconnus par la loi, par les articles 101 et 105 de la loi. Il ne se rattache
pas au lot, mais à la personne qui en bénéficie."
C'était le texte déposé par le député
de Lévis. D'ailleurs, cela a été débattu quand
même en Chambre, c'est-à-dire que l'exception 78 avait
été créée et la seule chose qu'on veut faire, nous
du Parti libéral, c'est de reconduire pour une période X cette
possibilité d'étendre le privilège tel quel.
Dans cette même allocution que j'ai prononcée en Chambre la
semaine dernière, j'ai fait mention aussi, toujours, au même droit
québécois à l'aménagement du territoire, et c'est
pour reprendre les propos du ministre et on fait mention ici: "En l'absence de
l'article 31 - dont le député de Lévis parlait tout
à l'heure - de la Loi sur la protection du territoire agricole, les
restrictions relatives à l'utilisation d'un fonds de terre ou d'une
érablière ont été particulièrement dures
à l'endroit de ceux qui, avant l'entrée en vigueur de la loi,
avaient acquis un terrain en dehors du centre urbain pour éventuellement
y construire une résidence."
La seule chose qu'on veut faire,. M. le député de
Terrebonne, c'est de pouvoir dire à ces gens, qui sont de petits
épargnants, qui ont acheté, mais qui ne peuvent pas construire
une résidence... Je pense qu'il y a encore des éléments
discriminatoires dans votre politique. Je regarde aussi la politique face aux
jeunes, une chance que le Parti libéral est arrivé au pouvoir,
cela a enlevé une certaine forme de discrimination, si on prend juste
l'hypothèse du salaire minimum.
Je pense aussi que le député de Lévis est en train
de perdre énormément de crédibilité. Si le
député de Lévis devait se présenter encore à
la présidence du Parti québécois, avec les propos qu'il
tient, il est en train de perdre énormément de votes,
énormément de crédibilité. S'il se
présentait à la section québécoise du Parti
rhinocéros, là je comprendrais où il va. Il faudrait
peut-être qu'il justifie un petit peu plus la portée à long
terme ou à moyen terme de sa carrière politique.
Le député actuel, le député de Portneuf, on
peut l'aimer ou ne pas l'aimer, mais au moins, il ne laisse pas
indifférent. La seule chose que le député de Lévis
est en train de faire, c'est de laisser à peu près tous les
agriculteurs indifférents. Il est en train de tout perdre. Dans le
comté de Saint-Hyacinthe qui est à vocation agricole, c'est
évident qu'on se souvient du député de Lévis, mais
là on est rendu indifférent. Cela me chagrine un petit peu pour
ce député avec qui j'ai fait un voyage en Irlande. Il me semble
qu'il montrait une certaine connaissance de ses dossiers et il est en train de
tout perdre. Je trouve cela malheureux aussi pour les gens, les
électeurs du comté de Lévis, de voir un si grand homme
décliner de cette façon. C'est vraiment dommage.
Pour revenir à la loi 132, c'est évident que je vais
abonder dans le même sens que le ministre c'est-à-dire laisser la
chance à ceux qui vont vouloir utiliser leurs privilèges de
construire une résidence de pouvoir le faire. Les délais qui sont
donnés sont raisonnables et je suis à peu près sûr
qu'il y a beaucoup de gens dans mon comté, même si c'est un milieu
très agricole, qui vont pouvoir se prévaloir des dispositions de
la loi, et je leur en saurai gré. Merci, M. le Président. (15 h
45)
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Saint-Hyacinthe. M. le député de
Lévis, vous voulez, à la suite de l'article 212...
M. Garon: L'article 212, oui.
Le Président (M. Richard): Juste un commentaire, si vous
permettez. En ce qui concerne l'article 212, tout député qui
croit qu'on l'a mal cité a droit... Par contre, brièvement, M. le
député de Lévis, s'il vous plaît.
M. Garon: M. le Président, quand le député
de Saint-Hyacinthe, qui n'a pas le droit de donner d'avis juridiques, puisqu'il
n'a pas fini ses études en droit, dit que l'UPA n'a pas
été consultée en juin 1985 pour élaborer les
amendements de juin 1985, il oublie de dire que, dès que le projet de
loi a été déposé, il y a eu des consultations avec
l'Union des producteurs agricoles, avec les différents intervenants,
l'Union des municipalités du Québec, l'Union des
municipalités régionales de comté, le Barreau et la
Chambre des notaires, qu'il n'est pas toujours facile de consulter avant
l'élaboration d'un projet de loi, parce que cela pourrait mettre la puce
à l'oreille sur certains types d'amendements qui s'en viennent et qui
pourraient encourager des spéculations.
Mais aussitôt que le projet de loi a été
déposé, les gens de l'UPA ont été consultés.
Les deux craintes qu'ils avaient ont été entièrement
satisfaites, par la suite, par des amendements concernant les
inquiétudes qu'ils pouvaient avoir. Dans un cas, nous ne croyions pas
qu'elles étaient nécessairement existantes, mais, pour plus de
sécurité, nous avons répondu à leurs
appréhensions.
Je pense que l'UPA était entièrement d'accord avec le
projet de loi qui a été adopté au cours du mois de juin
1985. C'est seulement au moment du dépôt, lorsqu'ils parlaient de
la consultation antérieure au dépôt du projet de loi, mais,
de la même façon que pour un budget, parfois, de même que
pour faire le projet de loi, il n'était pas possible d'indiquer aux gens
quelle serait la teneur du projet de loi, parce que certains auraient pu,
connaissant ce qui s'en venait, adopter des mesures en conséquence qui
les auraient favorisés personnellement et ce n'était pas vraiment
possible de le faire. Mais aussitôt que le projet de loi a
été déposé, il y a eu de grandes consultations avec
tous les organismes. Je peux vous dire qu'à peu près tous les
organismes m'ont dit verbalement et, la plupart par écrit, qu'ils
avaient été très satisfaits des consultations et du projet
de loi qui avait été adopté par l'Assemblée
nationale.
Vous pouvez communiquer avec le président de la Chambre des
notaires, le président du Barreau, le président de l'Union des
municipalités régionales de comté, M. Nicolet, le
président de l'Union des municipalités du Québec, de
même que le président de l'UPA, et vous verrez que les
consultations ont été tenues.
Tous Ies organismes ont été satisfaits des amendements
adoptés par l'Assemblée nationale en juin 1985 et qui
répondaient, en très grande partie, à ce que les gens
souhaitaient avoir comme correctifs apportés
dans le projet de loi.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lévis. M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, quand c'est un
député du groupement ministériel qui a le droit de parole,
est-ce que le ministre a droit à ses cinq minutes, s'il le
désire?
Le Président (M. Richard): S'il le désire, oui, en
pratique.
M. Jolivet: Voulez-vous le prendre?
Le Président (M. Richard): II pourrait utiliser ses cinq
minutes à l'instant où il me l'indique. Est-ce que vous
tenez...
M. Jolivet: Je voulais vérifier pour qu'il ne perde un
droit qu'il avait.
Le Président (M. Richard): Je vous remercie de le
souligner.
M. Pagé: J'apprécie beaucoup que le
député de Laviolette s'inquiète de la protection des
droits du ministre.
Le Président (M. Richard): Désirez-vous utiliser
vos cinq minutes, M. le ministre?
M. Pagé: Non, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président...
M. Garon: II n'a pas voulu. Je vais vous dire, M. le
Président, en vertu de l'article 212, quand le député de
Saint-Hyacinthe parle de ma santé politique, qu'elle est excellente et
que les mois et les années qui viennent vont nous permettre de nous en
rendre compte, peut-être dans son comté même.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, je vous remercie de me donner
le droit de parole. Dans la mesure où le ministre semblait
s'inquiéter de ma présence, je dois dire que je suis membre de la
commission. Donc, il n'a pas à faire tout un plat, parce que je suis
présent. Il me semble que mon travail de député
m'amène nécessairement à être présent
à cette commission.
Deuxièmement, quand le ministre ajoutait que j'avais une voix
forte, je ne peux pas changer la voix que la Providence m'a donnée. Je
l'utilise très bien, d'ailleurs. Mais il est évident que
j'élèverai toujours le ton quand il s'agira de défendre un
des droits de l'Opposition qui me semble bafoué.
Dans ce sens, si je l'ai fait ce matin, c'est parce que je sentais que
la question que le ministre avait l'intention de poser ou la rectification
qu'il avait l'intention d'apporter n'en était pas une en vertu du
règlement.
Je comprends que vous avez une obligation, comme président,
d'entendre la question de règlement. Je ne voulais pas vous en enlever
le droit. C'est strict, c'est normal. Ce que je voulais dire, c'est que j'avais
l'impression, compte tenu de la façon dont il avait commencé sa
question de règlement, que cela n'en était pas une. D'ailleurs,
c'est ce qui est arrivé.
Dans ce contexte, je vais vous dire que nous sommes rendus au 8
décembre, la fête de l'Immaculée Conception, pour ceux qui
l'auraient oublié et ceux qui sont toujours dans l'esprit religieux, que
nous sommes en plein dans un des premiers recensements qu'il y a eu au monde et
qui a amené la date du 25 décembre.
Quand le Christ est né à Bethléem, le 25
décembre, d'après ce qu'on connaît de l'histoire, il y a
maintenant 2000 ans, il y a eu un grand recensement. Ce grand recensement, le
ministre... Non, c'est parce que mon collègue...
M. Pagé: Si le député de Laviolette me
permet un très bref commentaire sur le même sujet, sensiblement.
Il sera à même de constater l'attachement du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation à la protection
des sols agricoles. Je vous dirai que Dieu a créé la campagne,
mais que c'est l'homme qui a créé la ville.
M. Jolivet: Sauf que la ville a besoin de la campagne pour vivre.
Je pense que le député de Saint-Jacques, s'il avait eu le droit
de parole ici cet après-midi, aurait très bien pu nous dire
à la question qui semblait venir dans les airs, qu'effectivement, s'il
n'y a pas de campagne, s'il n'y a pas de cultivateurs, s'il n'y a pas
d'agriculteurs, s'il n'y a pas de ces gens qui nourrissent la ville, la ville
n'aurait pas d'effet non plus.
Ceci dit, le ministre nous propose aujourd'hui, par ce projet de loi, un
grand recensement au fond. C'est ce qui est dangereux. Il s'agit de savoir
pourquoi on va faire un recensement et quelles sont les raisons profondes qui
nous amènent à dire que le recensement est correct. L'ordonnance
qui a été lancée par le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation afin de faire un grand recensement dans
les zones agricoles est un recensement qui nous semble à nous, membres
de l'Opposition, dangereux et qui, sous le couvert de donner une sorte de
délai supplémentaire aux personnes qui jouissent d'un
privilège en vertu de la loi actuelle qui est de construire une
résidence en vertu de l'article 31 de la Loi sur la protection du
territoire agricole, en même temps, toujours sous ce couvert, cet
amendement qui est proposé par la loi impose à cette personne une
sorte de tracasserie administrative inutile. En même temps, cela
constitue une menace additionnelle, supplémentaire envers les
cultivateurs qui ont des terres actuellement protégées par la Loi
sur la protection du territoire agricole. Moi, je pense que c'est ce qui n'est
pas correct.
On semble avoir un beau principe de base. On le met dans un petit
article et on dit: Écoutez, pourquoi le ministre actuel ne pourrait-il
pas faire ce que l'autre ministre a fait? Il faut savoir ce qui a
été fait à ce moment-là. Ce qu'on a fait alors fut
d'ajuster l'ensemble de tous les droits que les gens avaient à une date
unique. Au Heu de les avoir à des dates séparées au moment
où arrivait devant les municipalités ou les unions de
municipalités, le dépôt du zonage provisoire.
Vous en souvenez-vous? Vous étiez maire de Bécancour, dans
le comté de Nicolet, et vous avez vécu ces choses-là. Vous
aviez reçu de la part de la Commission de protection du territoire
agricole une forme de zonage qui était d'abord, en vous la donnant, une
consultation auprès de la municipalité. Ce zonage provisoire est
devenu permanent quand la Commission de protection du territoire agricole est
venue chez vous. Or, il arrivait que chez vous, c'était à une
date, qu'à Grand-Mère, c'était à une autre date,
qu'à La Tuque, c'était à une autre date. Cela
dépendait de la date à laquelle avait été
déposé le projet.
Ce que les gens avaient demandé à l'époque,
c'était d'ajuster cela à la même date pour que tout le
monde sache qu'à cette date-le), il n'y avait plus rien. Donc, les
délais supplémentaires qui avaient été
donnés étaient bien différents de celui-là. Je
pense qu'il est important de le dire. C'est peut-être bien le "fun", vous
avez un article. Les gens pouvaient dire: Ce n'est pas grave, un article,
ça devrait être adopté immédiatement. Je dois vous
dire, et là je vais prendre un parallèle, M. le Président.
Au mois de juin dernier, le ministre de l'Éducation - je suis le
porte-parole de l'Opposition pour l'Éducation - a présenté
un projet de loi de quatre articles. Cela semblait anodin, innocent, bien
facile. Sauf qu'on a fait des consultations. On a consulté la commission
scolaire qui avait ce nouveau territoire de la Commission scolaire du Nouveau
Québec. Avec cette commission scolaire dans le Nord, en Abitibi,
après avoir consulté le député d'Ungava, j'ai dit:
Est-ce que c'est logique? Est-ce qu'on devrait accepter cela? La
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, les gens de la commission scolaire catholique de
Montréal, la CECM, avec le Conseil scolaire de l'Ile de Montréal,
les gens de cette commission scolaire et de cette municipalité ont dit:
Un instant! Il faudrait être consulté. On a fait venir ici,
à cette commission, la commission scolaire qui regroupait le
Nouveau-Québec pour s'apercevoir que le ministre s'était
trompé.
Le ministre a même accepté de réimprimer le projet
de loi. De quatre articles, il est passé à huit. Donc, le travail
de l'Opposition a été de faire comprendre au ministre qu'il se
trompait. Notre travail ici, aujourd'hui, est de montrer que le ministre se
trompe. Si le ministre se trompe, qu'il accepte de reculer. Ce n'est pas
sorcier. Le ministre a dit: dans son humilité; Qu'il soit humble et
qu'il accepte de se tromper.
Une voix: Depuis quand l'est-il?
M. Jolivet: Quand le député de Saint-Hyacinthe,
aussi ineffable que le député de Taschereau, vient nous dire ici
que, parce que le PQ a fait cela, il faudra le faire, je lui rappelle, comme je
l'ai rappelé au député de Taschereau, qu'il ne devrait pas
raisonner ainsi, car c'est dangereux.
Le député de Taschereau, comme le député de
Saint-Hyacinthe, dit: Écoutez, pourquoi voulez-vous chialer, vous, les
membres du PQ, à l'Opposition? Y a-t-il quelque chose qui ne va pas?
Vous l'avez fait. Je me suis fait taper les oreilles par ces gens qui m'ont
dit: Vous avez été battus parce que vous l'avez fait. Est-ce
qu'ils veulent aujourd'hui être battus? Est-ce ce qu'ils cherchent? Je ne
pense pas que les gens recherchent cela. Pourquoi alors nous rabâcher le
fait qu'on l'a fait? On l'a fait et on a été battus. C'est fait.
Il s'agit de savoir maintenant si vous allez le faire pour vous faire battre.
Bien non! Ne faites pas cela, de grâce!
Une voix: Ils n'ont qu'à gouverner.
M. Jolivet: Tout ce que je vous demande, c'est de prendre des
décisions logiques et de gouverner, d'arrêter de mettre la vieille
cassette d'en arrière. C'est fini le 2 décembre, cela fait un an.
Nous pensons que, si le monde nous a mis dehors, c'est pour vous mettre au
travail et ce n'est pas ce qu'on sent. Ce qu'on sent quand on regarde le projet
de loi comme tel, c'est un article anodin, mais anodin avec des
conséquences importantes qu'on n'accepte pas et que le milieu agricole
n'accepte pas non plus.
Je vois le député de Saint-Hyacinthe qui s'en va. Le
député de Taschereau, quand j'ai dit cela la dernière
fois, est parti et il n'est pas revenu.
M. Messier: Je vais revenir, je vais revenir.
M. Jolivet: Merci. C'est effectivement ce qui est arrivé.
Je trouve que c'est un raisonnement bête. Parce qu'ils l'ont fait, on va
le faire. Vous vous souvenez, vous venez de ma région. Que disait la
radio à l'époque? Tout le monde le fait, fais-le donc! C'est une
drôle de mentalité. Si tu veux te suicider, les gens le font,
fais-le donc! C'est le raisonnement qu'on peut avoir. On a changé le
slogan dans notre coin. On a à coeur notre région et on va la
développer. Vous vous souvenez de cette grosse publicité?
Pourquoi avons-nous fait cela? Parce qu'on est devenu positif au lieu
d'être négatif.
Dans le contexte actuel, quand le ministre nous dit que cet article est
anodin, je vous dis et je vous répète que cet article, sous le
couvert de donner un délai supplémentaire aux personnes qui
jouissent d'un privilège, donc pas à n'importe qui, de construire
une résidence en vertu de l'article 31 de la Loi sur la protection du
territoire agricole, impose à ces personnes une mesure administrative
tracassière. Pourtant, il nous dit, dans les documents qu'il nous a
présentés, qu'il ne ferait pas cela. Ils nous ont bien dit autre
chose. Ils nous ont dit qu'ils ne nous feraient pas siéger durant la
nuit. On a siégé durant la nuit et on va encore siéger
durant la nuit. Là, ils vont nous dire que c'est notre faute, mais ce
n'est pas grave. La seule chose, c'est qu'on n'accepte pas les projets de loi
qu'ils proposent. Ils sont mal faits et mal planifiés. Le leader fait
mal son travail. Je vais le répéter autant comme autant. En plus
de cela, c'est une menace à l'ensemble des agriculteurs. J'espère
que vous allez comprendre que c'est une menace.
Ou le ministre est naïf, ou il ne comprend pas le projet de loi. II
peut être naïf en pensant, comme il l'a dit tout à l'heure:
Ils m'ont dit ne soyons pas naïfs, le député de Lévis
ne vous permettra jamais de faire adopter cela en deux heures. Il nous l'a dit
qu'il était naïf. Donc, je crois comprendre qu'il peut l'être
aussi pour cela. Mais, s'il est naïf, cela peut être une
réponse. On va dire: Écoutez, il est naïf, il pense que le
fait d'ouvrir, comme le disait le député de Lévis, la
porte de grange, il n'y a personne qui va s'engouffrer dedans. J'ai
l'impression qu'un courant d'air prend souvent juste une petite fente et cela
débloque. Regardez les feux qui se propagent dans les maisons. Pour en
avoir déjà vécu, c'est lorsque vous ouvrez les portes que
cela brûle le plus. Les gens ont l'impression qu'en ouvrant les portes
cela va s'éteindre, mais non, cela donne un courant d'air et cela fait
une montée rapide. C'est ce qui peut arriver avec cela. (16 heures)
II y a des gens qui peuvent s'inscrire au cas où. Imaginez-vous
la pression qui pourrait arriver au cas où. J'ai jusqu'à ce
délai pour m'inscrire , et, si je ne m'inscris pas, je ne sais pas ce
que cela va faire. Le "au cas où" peut indiquer quoi? Combien de
personnes? 2000, 6000, 8000, 10 000, 20 000, 100 000? On ne le sait pas. Le
ministre ne peut pas nous donner de garanties. Pourquoi ces gens-là
s'inscriraient-ils? Pour faire des pressions sur l'UPA? Sur les agriculteurs?
Pour que finalement, au bout de la course, les gens aient l'impression que, si
on était plusieurs à le faire, au cas où, le monde
reculerait? Est-ce pour faire en sorte que l'UPA ferme sa botte? Regardez le
monde qu'il y a. Fermez donc votre botte et on va régler le
problème. Est-ce que c'est ce que l'on veut? Posez-vous la question.
Nous, nous disons: N'ayant pas de garantie, nous ne voulons pas l'accepter.
Le ministre vient dire: Je ne vous demande pas grand chose, je vous
demande simplement de faire comme avant. Mais ce n'est pas vrai, ce n'est pas
comme avant. La loi actuelle, à l'article 31, donne aux personnes dont
le titre de propriété sur un lot inclus dans une zone agricole a
été enregistré avant l'entrée en vigueur du
décret de zone agricole qui affecte ce lot le privilège d'y
construire une seule résidence, à la condition de le faire avant
le 31 décembre 1986. On reporte cela en 1988. Dans la version initiale
de la loi, cette date était le 31 décembre 1983 et un
délai supplémentaire de trois ans avait été
décidé à l'époque par le gouvernement dont mon
collègue était le ministre de l'Agriculture, qui avait
adopté un amendement à la loi en ce sens, afin de donner une
période transitoire de même durée à toutes les
régions du Québec. Je le répète. Si le ministre de
l'Agriculture veut donner un délai supplémentaire, pourquoi
doit-il imposer aux gens l'obligation de déclarer leurs intentions de se
prévaloir de l'article 31 avant le 31 décembre 1986, alors que le
délai qu'il se prépare à leur accorder leur donnera
vraisemblablement jusqu'en 1988 ou possiblement 1989 pour utiliser de
façon bien concrète le privilège?
Donc, ce projet de loi que le ministre a l'intention de faire adopter ou
dont il a l'intention de forcer l'adoption avant la fin de l'année pour
modifier l'article 31 donnera aux propriétaires de lots vacants un
délai d'un an après l'entrée en vigueur d'un nouveau
décret de zonage agricole affectant ce lot. C'est la loi. L'avez-vous
lue?
Les négociations entre la Commission de la protection du
territoire agricole du Québec et les municipalités
régionales de comté pour la révison des zones agricoles ne
sont pas encore commencées dans bien des cas et s'amorcent dans d'autres
cas. H s'écoulera encore plusieurs mois avant que les premiers
décrets n'entrent en vigueur.
Je ne dérange personne, M. le
Président?
M. Houde: Je vous écoute tout le temps.
M. Jolivet: Ce n'est pas vrai parce que je vous entends
parler.
M. Houde: Le député de Lévis me
disait:...
M. Jolivet: Si vous m'écoutiez, vous ne parleriez pas.
M. Houde: ..."Que je dorme ou que je parle, j'écoute quand
même". Je fais la même chose que lui. Il me disait cela quand il
était ministre.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Berthier, s'il vous plaît! M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je ne veux
déranger personne. Je me suis même astreint cet après-midi
à rester un peu plus tranquille, parce que ce matin j'ai vraiment
été...
Le Président (M. Richard): Je vous félicite,
comparativement à ce matin. Vous avez tout à fait raison.
M. Jolivet: Mais ce matin je défendais un droit, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Je ne vous le reproche pas, je
vous félicite.
M. Jolivet: Pourquoi alors forcer des milliers de citoyens et de
citoyennes à défiler dans les bureaux de la Commission de la
protection du territoire agricole du Québec en plein mois de
décembre, si la loi n'est pas encore adoptée au mois de janvier,
pour déclarer une intention de construire qui peut-être ne se
réalisera pas?
Ce qu'on demande, c'est une intention. Avez-vous l'intention de... Il
est prévisible à cet égard que bien des gens vont
décider, pour éviter qu'il y ait des problèmes, de se
prêter à ce recensement du ministre, juste au cas où il
arriverait qu'à un moment donné ils décideraient que...
C'est donc un projet juste au cas où.
Combien de temps auront-ils pour le faire, entre le moment où on
adoptera le projet de loi si le ministre veut absolument le faire adopter,
c'est-à-dire d'ici le 19 décembre, donc à partir du 19
décembre, et la date qui est marquée, soit le 31 décembre?
Faites le calcul. Noël étant là et les bureaux étant
fermés, il va donc y avoir des décisions qui vont devoir
être prises.
Pour un gouvernement qui parlait de déréglementation, on
pense que c'est imposer une sorte de tracasserie administrative qui est inutile
pour de simples citoyens. Vous en avez dans vos comtés. Vous, M. le
député de Berthier, avez eu depuis nombre d'années des
gens qui ont toutes sortes de petits problèmes avec l'administration
publique, de quelque sorte qu'ils soient, incluant l'assurance-chômage,
quand ils ne sont pas "poignés" avec le bien-être social de
l'autre bord. Combien en a-t-on? Je m'occupe de mes dossiers dans mon coin. Ce
n'est pas pour rien que je suis encore là Je dois vous dire
qu'effectivement il y a des tracasseries.
Je me souviendrai toujours... Je vous donne seulement un petit exemple,
M. le Président. Je 'm'occupais de syndicat en 1976. On avait
été obligé de défendre un projet pendant longtemps,
pour l'assurance-chômage, jusqu'au gouvernement fédéral et
en vertu d'une décision au Manitoba. On avait finalement gagné.
À toutes les fois il fallait recommencer parce qu'ils changeaient le
règlement et cela recommençait à nouveau, pendant trois
ans de suite. Le jour où je suis arrivé, comme
député, j'étais à La Tuque et je
téléphonne à l'assurance-chômage pour un petit
problème et ils m'ont dits Monsieur, vous savez, vous avez un
numéro de téléphone spécial à
Trois-Rivières. J'ai dit: Comment cela, un numéro spécial?
Hier, j'étais dans le syndicat et on me fermait la porte aussitôt
que je commençais à parler et, maintenant que je suis
député, on m'ouvre la porte toute grande. En plus de cela,
j'avais deux personnes qui s'occupaient de moi. Les numéros d'assurance
sociale de 0 à 4, quelqu'un s'occupait de cela; de 5 à 9,
c'était quelqu'un d'autre. Vous avez certainement eu l'occasion de vivre
cela depuis nombre d'années, M. le député de Berthier. Je
dois vous dire que cela n'a pas de maudit bon sens, pour moi. Effectivement,
s'ils peuvent donner une réponse à moi pour rendre justice
à l'individu, pourquoi ne la donnent-ils pas aussi à toute
personne?
En tout cas, je vous dis que c'est une tracasserie administrative et
tout ce que l'on craint - pour terminer, M. le Président -c'est qu'on
utilise ce recensement afin de forcer la Commission de protection du territoire
agricole à retrancher encore plus de territoire aux zones
protégées. J'y reviendrai lorsque j'aurai l'occasion de parler
sur la motion initiale qu'a déjà déposée notre
collègue de Lévis. Je dois vous dire qu'effectivement j'ai
l'intention de prendre le temps pour expliquer aux membres de cette commission
qu'il est encore temps de retraiter et qu'on aurait bien d'autre chose à
faire à l'Assemblée nationale que de parler d'un projet de loi
qui risque de mettre en péril la Loi sur la protection du territoire
agricole.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laviolette. Je reconnais le député
de Lotbinière.
M. Houde: ...droit de parole à mon collègue quand
même, est-ce que cela peut se faire, s'ils sont d'accord?
Le Président (M. Richard): Oui.
M. Houde: C'est seulement pour apporter une correction et laisser
le droit de parole à mon collègue quand même.
Le Président (M. Richard): Alors, si...
M. Jolivet: Une correction sur quoi, par exemple?
M. Houde: Ce matin, en ce qui concerne l'envoi...
M. Jolivet: Ah! D'accord.
Le Président (M.. Richard): M. le député de
Berthier désire apporter un correctif sur des gestes ou des paroles qui
ont été dites ce matin.
M. Houde: Oui.
Le Président (M. Richard): À vous, M. le
député de Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. Je voudrais
apporter une correction à ce qui s'est dit ce matin par le
député de Lévis et ce qui s'est dit vendredi
dernier à la Chambre.
M. Jolivet: Pourrais-je demander au député, sans
lui enlever son droit, qu'il attende que le député de
Lévis soit là? On donnera la permission de le faire à ce
moment-là au député de Berthier, peu importe le moment
où il arrivera, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Je prétends que vous
avez raison, M. le député de Laviolette. Si vous êtes
d'accord, M. le député de Berthier...
M. Houde: Oui, d'accord.
Le Président (M. Richard): Vous ne devez pas quitter
immédiatement de toute façon. Je donne la parole au
député de Lotbinière.
M. Camden: Merci, M. le Président. Je constate, depuis que
j'ai le privilège de représenter la population de
Lotbinière, qu'il y a ici, à l'occasion, des pertes de temps
considérables. Je constate également que...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Lotbinière, si, comme président, cela
fait deux ou trois reprises qu'on vous applique les freins. Ce n'est pas
volontaire. Je m'excuse, c'est une erreur technique de ma part. J'aurais
dû demander à M. le ministre s'il voulait utiliser son droit de
parole de cinq minutes après chaque intervenant. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Pagé: Merci, M. le Président. C'est avec
beaucoup d'hésitation que je vous ai demandé la parole, ne
voulant pas évidemment perturber les travaux de cette auguste
assemblée. Le député de Laviolette a longuement
insisté sur la tracasserie administrative, l'obligation qui allait
être impartie aux personnes qui détiennent un tel privilège
de faire une déclaration, dans un premier temps. Dois-je comprendre
qu'il serait favorable à ce qu'il n'y ait pas d'obligation de
déclaration le 1er juillet 1987 et que la loi soit prolongée
purement et simplement jusqu'au 1er juillet 1988?
M. Jolivet: Je n'ai aucune réponse à donner, M. le
Président. On aura l'occasion d'y revenir.
M. Pagé: Merci, on voit là le sens évident
et habituel des décisions du Parti québécois.
Continuons.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre.
M. Jolivet: Je m'excuse, M. le Président. M. le
député de Berthier..*
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Si vous permettez,
je ne veux pas être brusque en utilisant mon autorité mais je
demanderais plutôt au député de Lotbinière de faire
son allocution et, par la suite, M. le député de Berthier, s'il
vous plaît! C'est parce que cela fait trois fois que je reporte le
député de Lotbinière et je commence à trouver qu'il
me fait des yeux un peu complexes. Donc, M. le député de
Lotbinière, à vous la parole et vous avez droit à un
maximum de 20 minutes.
M. Lewis Camden
M. Camden: M. le Président, je vais commencer en faisant
valoir que depuis mon élection comme député de
Lotbinière, privilège que les gens de Lotbinière m'ont
confié de les représenter, je suis étonné de
constater la souplesse du régime parlementaire britannique, son respect
de l'individu et cette permissivité à bien des égards qui
donne certains abus de temps qui sont faits. À l'occasion, j'ai eu
très nettement l'impression qu'on perdait, à certains moments,
des minutes précieuses qui, pourtant, nous sont confiées pour
représenter de façon efficace notre population.
Je dois vous dire, quand je regarde le projet de loi 132, Loi modifiant
la Loi sur la protection du territoire agricole, que je pense qu'on a un
excellent projet de loi qui nous fait la démonstration de ce respect des
individus que notre formation politique a, soit celui de respecter ce
privilège que les propriétaires de lots ont, à
l'intérieur de la Loi sur la protection du territoire agricole, d'avoir
une prolongation de façon à leur permettre de s'ajuster et de
tenir compte de certaines circonstances avec lesquelles ils ont dû
composer. Par exemple, la situation économique qu'on a connue au cours
des dernières années, également, le manque de travail pour
certaines personnes qui étaient propriétaires de lots.
Évidemment, si elles avaient eu les ressources financières, elles
auraient pu se prévaloir de leur privilège. Je pense que ce que
le ministre vise par ce projet de loi c'est de prolonger ce délai, ce
privilège que les gens ont eu dans la loi initiale, dans la Loi sur la
protection du territoire agricole.
Je dois vous dire que je suis un petit peu étonné
d'entendre des déclarations et particulièrement celles du
député de Lévis quand il laissait entendre que les gens y
allaient d'une déclaration d'intention. Je dois vous dire que c'est
plutôt un avis de se prévaloir du privilège, que les gens
ont en vertu de l'article 31 de la loi. Je pense que c'est écrit d'une
façon assez claire dans les notes explicatives du projet de loi. On dit
bien qu'on modifie l'article 31 de la Loi sur la protection du territoire
agricole en reportant au 1er juillet 1988 la date limite à laquelle le
propriétaire d'un lot vacant lors de l'entrée en vigueur d'un
décret de région agricole désignée peut y
construire une seule résidence. Ce dernier, afin de
bénéficier de l'extension du délai, devra aviser - oui,
aviser - la commission de son intention de construire une résidence, de
se prévaloir de son privilège. Je pense que c'est un fait qu'il
est important de porter à l'attention de nos citoyens et citoyennes.
C'est avec grand étonnement que j'entendais les explications, alors
qu'on tendait à laisser croire à l'ensemble de la population que
ce n'est pas le sens que l'on donne au projet de loi actuel.
Dans son essence même, la prolongation ne change en rien la loi.
Ce qu'elle accorde, c'est une prolongation de temps. C'est en fait le
prolongement du privilège que le propriétaire d'un lot avait
puisqu'il était propriétaire de ce lot avant 1978, au moment de
l'entrée en vigueur de la loi. Il n'est pas question dans ce projet de
loi de conférer à des gens le droit de lotir ces lots dont ils
sont propriétaires au profit d'autres individus alors que c'est
plutôt ce qu'on tente de laisser croire et de laisser circuler. C'est ce
qu'on a pu lire dans les journaux en fin de semaine, entre autres, dans les
médias d'information. On me fait signe que non mais je vais vous dire
que c'est l'interprétation que les gens en font et que c'est
l'interprétation dont les gens m'ont fait part.
M. Garon: Dans quel média?
M. Camden: M. le député de Lévis, je vous
inviterais à attendre à la fin de mon intervention. Je vous
répondrai.
M. Garon: Dans quel média a-t-on dit cela? Cela n'a jamais
été dit nulle part.
M. Camden: Vous avez eu l'occasion de lire les quotidiens de la
région de Québec, sûrement. Le Soleil de
Québec.
M. Garon: Donnez donc une référence. Il dit
n'importe quoi. (16 h 15)
M. Camden: M. le Président, on tente de faire croire qu'on
permettra le lotissement. Cela est faux, c'est plutôt une extension du
délai de construire une résidence sur un lot dont il était
propriétaire avant 1978. Quand on tente également de laisser
croire qu'il n'y a pas eu de demande dans ce sens et que cela ne va pas dans le
sens d'une demande de la population, je dois vous dire que depuis mon
élection à titre de député il m'est donné de
rencontrer, à chaque semaine, des gens...
M. Blais: ...il est bon? D'accord.
M. Camden: M. le député de Terrebonne, je ne vous
ai pas interrompu quand vous avez pris la parole. Alors, je vous invite
à mettre en pratique ce que j'ai exercé moi-même. Merci
beaucoup, M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Vous êtes très compréhensif. Vous
avez l'air généreux; cela vous sort par les joues.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. M.
député de Lotbinière, continuez votre intervention, s'il
vous plaît.
M. Camden: M. le Président, j'ai rencontré de
nombreux agriculteurs et des propriétaires de lots également, qui
sont des gens de niveau moyen et modeste, qui sont propriétaires de ces
lots agricoles et qui désirent ne pas en faire une exploitation abusive
et tes lotir, mais plutôt les mettre en valeur. Ce qu'ils
désirent, c'est qu'on prolonge le délai, de façon qu'ils
puissent se prévaloir de leur privilège. Concernant ce
privilège, on faisait mention tout à l'heure que 5 % des terres
étaient cultivables au Québec. Dans mon comté, j'en ai de
nombreuses qui sont en voie de redevenir en friche. De par cette extension, on
permettra
probablement à des gens de pouvoir y construire une
résidence et, compte tenu de la proximité de leur lot, de pouvoir
le mettre en valeur. Ce lot a, à l'occasion, une vocation propre
à l'agriculture, à l'élevage, à la production de
fourrage et, à d'autres moments, c'est un boisé privé.
Cela permettrait à ces gens de mettre en valeur ce boisé
et, par le fait même, de contribuer à l'enrichissement collectif
de la communauté locale. Quand j'entends les arguments qui sont
portés à notre attention par l'Opposition, on tend à
laisser croire qu'il y a abondance de lots disponibles pour la construction.
C'est malheureux, mais dans mon comté il y a plusieurs localités
ou villages où on manque de lots.
Quelques lots sont encore disponibles et des agriculteurs sont
confrontés au choix difficile de quitter la localité où
ils ont passé la majorité de leur vie et d'aller résider
dans une agglomération urbaine et de ne plus contribuer à
l'enrichissement de leur milieu. C'est important d'accorder cette extension qui
nous permettra, par la suite, d'apporter des modifications en conformité
avec les besoins des gens si souvent manifestés à
l'intérieur de nos bureaux de comté.
Il y a un autre élément qui milite à certains
égards et qui est présent à l'esprit des élus
municipaux: l'importance d'occuper le territoire, parce qu'on a, en
région rurale, des rangs, des routes qui souvent pourraient être
remis en valeur et contribuer aussi à l'enrichissement de la
localité.
Contrairement à la campagne de désinformation qui a
été lancée, nous sommes favorables au maintien de la Loi
sur la protection du territoire agricole, moyennant certains assouplissements
nécessaires à son adaptation aux nouvelles conditions et à
l'évolution du milieu agricole, en conformité avec les besoins
souventefois exprimés par les élus municipaux. Il faut
également tenir compte d'un autre phénomène, c'est que
beaucoup de ces élus municipaux sont eux-mêmes des agriculteurs.
Ce sont ces mêmes élus municipaux qui sont à la fois
agriculteurs et qui octroient, à l'occasion, des permis de construction
à d'autres résidents du milieu.
À cet égard, ce projet de loi 132 va dans le sens de
demandes qui nous ont été adressées par beaucoup de nos
concitoyens et concitoyennes qui désirent se prévaloir de leur
privilège. Cela leur appartient, ils désirent s'en
prévaloir, et par ce délai on leur permettra de se
prévaloir de leur privilège, en tenant compte qu'ils ont
peut-être eu à composer avec des difficultés de nature
économique au cours des dernières années et qu'ainsi ils
verront le délai prolongé. Mais il n'est nullement question,
contrairement à ce qu'on souhaite, ce qu'on entend et ce qui est
véhiculé, qu'on favorise le lotissement. Ce qu'on vise, c'est de
poursuivre la reconnaissance de ce privilège aux gens. En passant, on ne
parle pas de droits acquis, mais on parle de privilèges. Je pense que
c'est une notion importante à apporter. Il y a une distinction
très claire entre l'article 31 et l'article 101 de la loi quant à
son application. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lotbinière.
M. Garon: En vertu de l'article 212, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis, vous avez le droit d'utiliser l'article 212. Je vous demanderai
évidemment d'être bref, s'il vous plaît.
M. Garon: M. le Président, le député de
Lotbinière a garroché en l'air que mes propos avaient fait dire
aux médias que le projet de loi visait à permettre le
lotissement.
M. Camdens: ...
M. Garon: Non, non. Vos propos exacts, c'étaient: Visait
à permettre le lotissement. C'est ce que vous avez dit. Je regrette,
mais dans les journaux qui ont pu en parler immédiatement, Le Soleil et
Le Journal de Québec, Le Soleil ne parle pas de cela du tout, J'ai
devant moi l'article du 6 décembre. J'aimerais que le
député de Lotbinière nous dise quels journaux pour qu'on
puisse rétablir les faits s'il y a des faits qui ont été
mal signalés. Mes propos n'ont pas du tout laissé entendre que le
projet visait à permettre le lotissement. Je n'ai dit cela à
aucun endroit. Je n'en ai pas parlé dans mon allocution de vendredi. Le
député de Lotbinière a fait des accusations formelles ici.
J'aimerais qu'il cite les journaux ou les médias pour qu'on puisse
apporter les correctifs, si nécessaires, mais il ne peut cracher en
l'air de cette façon sans révéler ses sources alors qu'il
dit que la population a été induite en erreur. Il parle de choses
qui n'ont jamais été mentionnées à aucun endroit,
dans aucun média, que je sache.
J'aimerais, si le député dit qu'on a parlé de
lotissement et que le projet de loi visait à permettre le lotissement et
que j'aurais induit les médias à penser cela, savoir sa
référence car j'ai consulté la revue de presse de la fin
de semaine. Les discours ont eu lieu vendredi et je ne connais aucun
média qui a dit ce que le député de Lotbinière a
dit. Je n'ose pas croire que le député invente, alors j'aimerais
qu'il puisse nous dire quels sont les médias qui ont laissé
entendre que le projet de loi, à la suite de
mes propos, favoriserait le lotissement. Ce n'est pas cela que j'ai dit
être notre inquiétude. C'est autre chose.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis, je pense que vous avez fait votre commentaire et que vous avec
apporté votre correctif quant au message...
M. Jolivet: ...M. le Président, d'un commun accord.
Le Président (M. Richard): ...du député de
Lotbinière. Toutefois, vous savez très bien que, quant à
l'article 35, vous devez prendre la parole d'un député, sauf que
vous avez fait votre commentaire à la suite de l'allocution du
député de Lotbinière. Si le député de
Lotbinière ne veut pas faire de contrepartie ou...
M. Pagé: On prend la parole des deux, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): C'est cela. Alors...
M. Garon: En vertu de l'article 213, M. le Président; il y
a l'article 212 et l'article 213. Le député a fait des
affirmations. Il a dit que des médias avaient dit au cours de la fin de
semaine... Je lui demande, en vertu de l'article 213, quels sont ces
médias. Il s'agit de l'opinion publique, il s'agit de gens qui ont le
droit d'être bien informés. Si des gens ont été mal
informés, on pourra contacter ces médias et leur demander
où ils ont pris ces propos. Il faudrait que le député ait
le courage de citer les médias dont il dit qu'ils ont mal
renseigné les gens et ne pas se cacher derrière le silence.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis, je prétends que vous avez utilisé l'article 212
d'une très bonne façon. L'article 212 dit ceci: "Tout
député estimant que ses propos ont été mal compris
ou déformés peut donner de très brèves explications
sur le discours qu'il a prononcé. Il doit donner les explications
immédiatement après l'intervention..." Alors, c'est aussi vrai si
c'est l'intervention d'un collègue, sauf que je pense que vous avez fait
la mise au point et, maintenant, on se doit autant de respecter votre parole
que la parole du député de Lotbinière.
M. Jolivet: M. le Président, en vertu de l'article 213,
est-ce que je peux demander au député de Lotbinière s'il
me permet de lui poser une question? M. le député de
Lotbinière, me permettez-vous de poser une question?
M. Camden: Absolument, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Sûrement?
M. Camden: C'est M. le président qui va vous donner...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette demande au député de Lotbinière s'il lui permet
de lui poser une question, à la suite de votre intervention.
M. Pagé: Mes cinq minutes.
M. Jolivet: Vous ne les perdrez pas.
M. Pagé: Je ne veux pas m'imposer.
M. Jolivet: II doit répondre oui ou non à ma
question.
Le Président (M. Richard): Puisque l'article 213 doit
être utilisé immédiatement après l'intervention, M.
le député de Laviolette est en droit, sauf que M. le
député de Lotbinière est en droit de le refuser aussi.
Est-ce que vous acceptez, M. le député de Lotbinière?
M. Camden: Absolument, M. le Président. Je m'en voudrais
de brimer le député et de le priver d'une question.
Le Président (M. Richard): Vous acceptez donc une question
du député de Laviolette, M. le député de
Lotbinière, moyennant qu'elle soit brève.
M. Jolivet: Ma question va être brève. M. le
député de Lotbinière, pouvez-vous, à la suite de ce
que vous nous avez dit, nous citer quels sont les articles de journaux dont
vous faites mention?
M. Camden: M. le Président, dans un article du Soleil du
samedi 6 décembre 1986, en page A-6...
M. Jolivet: A-10? M. Camden: A-6. M. Jolivet: De celui
d'aujourd'hui?
M. Camden: Le Soleil du samedi 6 décembre 1986, page A-6.
C'est la référence exacte.
M. Jolivet: Je le sais. C'est parce qu'il a devant lui... Quel
Argus?
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Pour des raisons
techniques, vous faites référence à un document de
résumé, de briefing de presse. C'est l'Argus de quelle
date?
M. Camden: En page A-10 de l'Argus.
Le Président (M. Richard): De quelle date?
M. Jolivet: J'avais bien compris A-10 (dix), A (ten). D'accord.
Cela va.
M. Camden: Du lundi 8 décembre.
Le Président (M. Richard): Le lundi 8 décembre
à la section..
M. Jolivet: On l'a. M. Camden: A-10. Le Président (M.
Richard): A-10.
M. Camden: On y fait référence et on dit "que le
député de Lévis était outré par la position
du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation." Il
nous présente essentiellement un article d'une demi-page et il appelle
cela sa révision. C'est un trou qu'il veut créer dans la loi." M.
le Président, ceci est absolument faux. Il n'y a pas de trou dans la
loi. C'est une prolongation, un délai supplémentaire qu'on veut
donner. Il n'y a pas de trou dans la loi. On ne veut pas donner ce qui
n'existait pas dans la loi.
Je pense que j'avais tout à fait raison et je continue à
croire à ma position.
M. Garon: M. le Président, le député a
indiqué que j'avais dit que le projet de loi vise à favoriser le
lotissement.
M. Jolivet: Le lotissement, c'est ce qu'il a dit.
M. Garon: J'espère qu'il connaît les mots qu'il
utilise parce que faire du lotissement...
M. Camden: M. le Président, si vous me le permettez...
M. Garon: ...et favoriser le lotissement, c'est une
affaire...
M. Pagé: M. le Président, ce sont des chicanes de
voisin. Est-ce que je peux avoir mes cinq minutes?
M. Garon: Non, non.
Le Président (M. Richard): Je pense... A l'ordre, s'il
vous plaît:
M. Jolivet: Ce sont des chicanes qui ont une grosse importance,
M. le Président, pour la raison suivante. C'est que, si on ne s'entend
pas sur les termes, on ne s'entendra jamais sur le projet de loi. C'est cela
qu'on veut dire. On ne s'entend pas avec le ministre sur l'utilisation des
termes.
Le Président (M. Richard): Maintenant, je
récapitule un peu.
M. Camden: Peut-être un dernier commentaire.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, vous avez posé une question. M. le député de
Lotbinière, vous y avez répondu en faisant
référence à un document.
M. Camden: Peut-être le député de
Lévis aurait-il intérêt à préciser davantage
sa pensée lorsqu'il s'exprime et à être plus clair dans ses
affirmations.
M. Garon: M. le Président, j'affirmerai que l'article du
Soleil, à mon avis... Je n'ai aucune plainte à formuler contre
l'article qui a été publié dans Le Soleil sous la
signature de Mme Lia Levesque. Il ne dit rien que je n'ai pas dit. C'est le
député de Lotbinière qui invente, qui dit que les
médias ont dit, à la suite de mes propos, que le projet de loi
vise à permettre et à favoriser le lotissement. Les journaux ne
parlent pas de cela. J'aimerais que le député de
Lotbinière soit assez grand garçon pour connaître les mots
qu'il utilise et qui ont une signification. On ne peut parler de n'importe quel
mot et utiliser n'importe quel terme. Favoriser le lotissement, c'est une
affaire. Le lotissement, c'est la subdivision, c'est...
M. Camden: ... entendre que le député de
Lévis convient avec moi qu'on ne peut pas utiliser n'importe quel
langage.
M. Garon: Ce que j'ai dit, c'est autre chose.
M. Camden: J'espère qu'il fera bonne utilisation des
mots.
M. Garon: J'ai employé des termes précis lorsque
j'ai parlé. L'article est court. Ce qu'il a dit n'est pas inexact. J'ai
parlé beaucoup plus longtemps que cela. J'ai parlé pendant une
heure. L'article est très court, mais ce qu'il dit ne déforme pas
ce que j'ai dit. Il est court. Mais le député de
Lotbinière, par ses propos, déforme ce que j'ai dit et
déforme ce que tes médias ont dit puisque ce qu'il dit, ce n'est
pas le reportage dans les médias. Les médias ne disent pas que
je... C'est pour cela que j'ai demandé à quel article il se
référait. L'article auquel il se réfère ne dit pas
ce qu'il dit que l'article a dit. Alors, l'article ne dit pas ce que le
député de Lotbinière dit que l'article a dit. Nulle part,
on ne dit
cela. On tient les mêmes propos. Je pense que le
député de Lotbinière ne peut pas se comporter de cette
façon en disant n'importe quoi, en accusant les journaux, les
médias de dire n'importe quoi et les attribuer ensuite au
député de Lévis qui n'a pas... Je pense ne pas avoir
été mal cité dans cet article. Mais l'article ne dit pas
ce que le député de Lotbinière dit qu'il a dit.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis, je pense que le débat est clos à ce sujet. Si vous
me le permettez, de part et d'autre, vous avez donné vos positions. M.
le député de Lévis...
Une voix: Complément de réponse.
M. Camden: M. le Président, je voudrais avoir une
précision de la part du député de Lévis. Est-il
vrai et fondé qu'il a fait cette déclaration: "II nous
présente essentiellement un article - en faisant référence
au ministre - d'une demi-page et il appelle cela sa révision. C'est un
trou qu'il veut créer dans la loi?" Est-ce que le député
de Lévis a fait cette déclaration?
M. Garon: Oui, j'ai fait cette déclaration telle quelle.
Vous ne deviez pas être présent vendredi après-midi.
M. Camden: Je vous écoutais à mon
téléviseur, M. le député de Lévis, en haut.
(16 h 30)
M. Garon: Vendredi après-midi, j'ai dit que la loi 90
comportait 117 articles, que la révision qui a été faite
en juin 1985 comportait 33 articles qui constituaient 12 pages de texte et que
le député de Portneuf, ministre de l'Agriculture, lorsqu'il a
présenté son projet a dit qu'il faisait la révision du
projet de loi qui aurait dû être révisé
antérieurement et que la révision était
nécessaire.
J'ai dit que la révision avait été faite en juin
1985 avec douze pages de texte et 33 articles d'amendements et qu'aujourd'hui
le député de Portneuf et ministre de l'Agriculture dit qu'il fait
une révision alors qu'il noua présente seulement un article d'une
demi-page qui modifie un alinéa et en ajoute un autre à l'article
31. Il semble que ce sort sa révision. J'ai dit que cet
article-là, parce qu'il créait une possibilité de
déclarer des intentions, et non pas des constructions réelles, en
faisant une déclaration à la commission, en déclarant
uniquement des intentions - ce que tout le monde peut faire car déclarer
des intentions cela ne coûte rien - créait un trou important dans
la loi. Je dis plus que cela: cela va même créer une division. Je
le dis aujourd'hui, je ne l'avais pas dit vendredi. Cela va créer une
division terrible dans le monde rural si on s'organise pour qu'il y ait des
milliers d'intentions de construire pour qu'après on en tienne compte.
Je dois vous dire que...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, monsieur.
M. Garon: ...c'est dangereux et que ceux qui commencent à
comprendre ce qui est derrière ce projet de loi savent à quel
point cela peut être dangereux.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Lévis.
Une voix: Mais nous avons donné notre consentement.
Le Président (M. Richard): On sort un peu du contexte. On
parlait surtout de ce qui a été traité vendredi et je n'ai
pas d'objection si...
M. Camden: Si vous voulez me permettre un point: on a tous
entendu de nos oreilles le député de Lévis dire que
c'était une révision, alors que quand on lit les notes
explicatives on dit que cela a pour but de modifier l'article 31. Ce n'est pas
une révision de la Loi sur la protection du territoire agricole du
Québec. On est en train d'errer.
Le Président (M. Richard): Si vous me le permettez, je
donnerais...
M. Blais: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Richard): Question de règlement,
M. le député de Terrebonne.
M. Blais: M. le Président, je suis content que vous
arrêtiez la discussion. J'ai l'impression que l'on ne comprendrait jamais
ce qu'il veut dire. Mais je viens ici en question de règlement pour
qu'enfin vous accordiez au ministre ses cinq minutes vu qu'il est impatient de
nous livrer son message.
M. Jolivet: M. le Président, un instant. Comme vous avez
été maire de Bécancour et que vous connaissez ce que veut
dire le mot "lotissement", serait-il possible que vous disiez au
député de Lotbinière la signification du mot "lotissement"
pour qu'au moins il pose la bonne question la prochaine fois?
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Laviolette. Ce n'est sûrement pas une question de
règlement. Je donne donc la parole à M. le ministre, le
député de Portneuf, pour ses cinq minutes, à la suite de
l'intervention du député de
Lotbinière.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Que de
générosité! Enfin. J'ai écouté avec beaucoup
d'attention l'honorable député de Lotbinière, qui
représente un beau comté rural et agricole du Québec, mon
véritable ami d'en face, puisque son comté est en face du mien.
On constate dans ses propos beaucoup de lucidité, beaucoup de
compréhension et j'ai bien apprécié ses commentaires,
à savoir que notre formation politique est farouchement
décidée à assurer une protection adéquate des
terres agricoles du Québec.
Il a tenté avec beaucoup de succès, je pense, de replacer
dans leur contexte les propos nombreux du député de Lévis
qui tente par des déclarations ici, des réactions à la
presse, par des allusions, des références de laisser croire ou de
vouloir laisser croire à la population agricole du Québec que
nous allions modifier substantiellement la Loi sur la protection du territoire
agricole, qu'on allait enclencher un processus de "déprotection" des
territoires agricoles, ce . qui n'est pas le cas.
Le député de Lotbinière vient, comme tous les
collègues de l'Assemblée nationale, d'énoncer très
clairement la volonté de notre parti d'y aller avec prudence,
circonspection et rigueur dans l'analyse de ce dossier. Les propos du
député de Lotbinière mettent en relief une contradiction
qui n'est pas la première, il va de soi, contradiction bien
évidente du député de Lévis qui dans un premier
temps dit à peu près ceci: Ah, c'est cela la révision du
ministre de l'Agriculture? Une page, un article, deux articles. C'est sa
révision? Comme si on n'en avait pas fait assez, et en même temps
il dénonce le comité, l'équipe qui a toute ma confiance,
l'équipe qui a beaucoup d'expérience, qui est très
compétente, qui travaille depuis plusieurs semaines déjà
sur des orientations, sur des modifications à apporter à la Loi
sur la protection du territoire agricole, lesquelles devraient normalement
être déposées dès la reprise de la session au
printemps 1987. Le député de Lotbinière situe exactement
dans leur juste contexte les intentions du gouvernement du Québec,
à savoir de reconduire purement et simplement la loi, sans
arrière-pensée, sans volonté de notre part de faire en
sorte que tout le monde puisse se prévaloir de ce privilège,
sachant pertinemment que ce sont pas toutes les personnes qui sont
intéressées à se construire une résidence. Je
remercie le député de Lotbinière de son propos. Il indique
par là une volonté très claire de notre gouvernement de
bien protéger les terres agricoles.
Si je peux terminer là-dessus, je vous dirai, M. le
Président, que nous sommes bien conscients que la ferme doit être
protégée, non seulement en regard du sol, mais surtout en regard
des affectations autour de l'entreprise. On doit se référer
à tout le milieu environnemental, on doit se référer au
droit tout à fait légitime qu'ont les productrices et les
producteurs de pouvoir produire sur leurs terres et de mettre en valeur leurs
terres. J'invite le député de Lévis à beaucoup de
prudence. Il ne devrait pas trop dénoncer, à ce moment-ci, le
résultat de la révision ou du travail que nous sommes à
faire, parce que le député risque d'être surpris et
d'être obligé de convenir qu'il aura craché en l'air. Je
vous inviterais, M. le député de Lévis et les autres
collègues, à beaucoup de prudence. Quand vous prendrez
connaissance du projet de loi au printemps prochain, vous verrez que les
libéraux ont toujours été identifiés à
beaucoup de logique, de "raisonnabilité", de bon sens, mais aussi la
protection des terres agricoles du Québec, c'est au centre et au coeur
de nos préoccupations. Les libéraux veillent au grain, ne soyez
pas inquiets. Ne crachez pas en l'air, vous pourriez le regretter. C'est
tout.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre.
Maintenant, si vous le permettez, M. le député de
Duplessis, avant de vous permettre l'intervention de 20 minutes à
laquelle vous avez droit, M. Houde, le député de Berthier, avait
demandé quelques minutes pour faire une correction sur un détail
qui a pu se passer ce matin. M. le député de Berthier, à
vous la parole.
M. Houde: Merci, M. le Président. Je voudrais apporter une
correction à ce qui s'est dit ce matin à l'ouverture de cette
commission et, en même temps, à ce qui s'est dit vendredi dernier
au salon bleu, de l'autre côté. Il y a eu une erreur qui s'est
glissée dans mon envoi sans adresse ou dans mon "pamphlet", comme on le
disait ce matin. M. le Président, je vais prendre les moyens pour la
corriger dans les jours qui viennent. Je vous remercie de m'avoir laissé
quelques minutes.
M. Pagé: Cela confirme exactement, M. le Président,
ce que je disais vendredi. C'est une erreur d'imprimerie. C'est une phrase
manquante, des fautes de frappe, je ne sais trop. Mais on voit là le
haut sens des responsabilités du député de Berthier.
J'apprécie beaucoup.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Berthier. Merci du commentaire, M. le ministre.
Maintenant, je cède la parole au député de Duplessis, M.
Perron.
M. Perron: Merci, M. le Président. Comme le ministre l'a
si bien mentionné, le sens des responsabilités, c'est que
lorsqu'on a
un circulaire de comté on doit d'abord le lire avant de le faire
circuler.
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président. Ce
circulaire n'a jamais circulé...
M. Perron: M. le Président...
M. Pagé: ...sauf dans les couloirs de l'Opposition.
Une voix: Oui.
M. Pagé: Donc, c'est une circulation restreinte et
obscure.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse... S'il vous
plaît, M. le député de Duplessis, vous avez la parole. S'il
vous plaît, ne créez pas de débat. À vous la
parole.
Une voix: Qu'est-ce qui se passe? M. Denis Perron
M. Perron: M. le Président, je voudrais vous souligner
à ce sujet... Cela commence de l'autre côté et je termine
de ce côté-ci.
M. le Président, je me rappelle très bien que lors de
l'adoption du projet de loi sur la protection des terres agricoles, en date du
9 novembre 1978, j'étais un des députés les plus heureux
de la formation ministérielle, même si je viens de la
Côte-Nord, en particulier du comté de Duplessis, d'avoir
participé à cette adoption à l'Assemblée nationale
du Québec. Je me rappelle très bien tous les propos qui ont
été tenus durant cette période par les ministériels
d'aujourd'hui, et en particulier ceux de l'actuel ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation.
Ce qui m'inquiète, c'est de voir le député de
Lotbinière qui nous a mentionné à plusieurs reprises
combien il trouve la souplesse parlementaire britannique que nous retrouvons
dans nos règlements et notre législation si peu importante que
cela puisse permettre à l'Opposition de faire perdre des minutes
précieuses lors des débats à l'Assemblée nationale
et lors des débats en commission parlementaire, que ce soit pour
entendre des mémoires ou pour discuter d'un projet de loi article par
article. En passant, je voudrais souligner que le projet de loi 132 ressemble
à plusieurs projets de loi déposés par ce gouvernement
libéral; pour nous de l'Opposition, il aurait dû présenter
beaucoup plus de contenu, surtout à la suite de toutes les affirmations
faites dans le passé par l'actuel gouvernement libéral et
l'Opposition de l'époque.
Lorsque j'entends le ministre de l'Agri- culture, des Pêcheries et
de l'Alimentation dire que sa formation politique, le Parti libéral,
veut protéger nos terres agricoles, vous me permettrez d'en douter
énormément. Lorsqu'il parle des intentions de son gouvernement,
vous me permettrez aussi de craindre énormément pour l'avenir de
toutes les lois adoptées au Québec par notre Assemblée
nationale et qui seront sûrement, au cours des prochains mois et des
prochaines années, substantiellement modifiées. Ma grande crainte
dans tout ce dossier de l'agriculture, c'est de voir la Loi sur la protection
du territoire agricole, quelque part au cours de l'année 1987,
être substantiellement modifiée pour permettre le retour en
arrière, c'est-à-dire le retour à ce que nous connaissions
entre 1970 et 1978 lorsqu'il s'agissait de territoires agricoles.
C'est particulièrement inquiétant lorsque cela vient du
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui, au
cours des derniers mois, a de grandes réalisations et des projets
extrêmement intéressants qui ont été
déposés à l'Assemblée nationale ou qui ont
été décidés par le Conseil des ministres. Je
voudrais rappeler particulièrement aux ministériels que l'actuel
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a
contribué à la fermeture de la Raffinerie de sucre du
Québec; il a contribué à l'abolition du Parc des
expositions agro-alimentaires de l'île Notre-Dame, à
Montréal. Actuellement, nous n'avons aucune nouvelle des inscriptions
aux programmes destinés aux jeunes agriculteurs. Il a en quelque sorte
détruit - ou il est en train de le faire - la Régie des grains du
Québec. Lorsqu'on parle de la réduction de la distribution du
lait dans les écoles, vous verrez ce qui arrivera à ce
système de distribution établi au cours des dernières
années et qui touche directement les enfants de plusieurs familles qui,
très souvent, sont dans le besoin.
M. le Président, si vous me permettez, j'aimerais toucher
l'article 1 du projet de loi 132 qui se lit comme suit: "L'article 31 de la Loi
sur la protection du territoire agricole est modifié: "1 par le
remplacement, dans les sixième et septième lignes du premier
alinéa, de "le faire avant le 31 décembre 1986" par
"déposer auprès de la commission, avant le premier juillet 1987,
une déclaration d'intention à cet effet, de la construire avant
le premier juillet 1988"; "2 par l'insertion, après le troisième
alinéa, du suivant: "Lorsqu'une résidence a été
construite conformément aux dispositions du présent article, le
droit d'usage résidentiel conféré est conservé
après les délais d'exercice mentionnés
précédemment, et n'est pas éteint par la destruction
partielle ou totale de la résidence."
(16 h 45)
Ici, on se reporte à l'article 31, c'est-à-dire l'article
qui est là actuellement. Ce n'est sûrement pas l'amendement qui
aurait dû être apporté à cet article. Je
présume que mon collègue de Lévis va démontrer que
l'Opposition a parfaitement raison quant aux amendements apportés par le
biais du projet de loi 132. L'article 31 de la loi 90 parle de lots vacants, de
lots vacants contigus, d'un ensemble de lots non contigus et vacants, de lots
assujettis, et cela, à l'intention des membres de cette commission et,
en particulier, pour les ministériels. Article 31: "Dans une
région agricole désignée, le propriétaire d'un lot
vacant ou sur lequel des droits ne sont pas reconnus en vertu de la section IX
peut, sans l'autorisation de la commission, si son titre de
propriété est enregistré avant la date d'entrée en
vigueur d'un décret qui affecte ce lot et qui est visé par les
articles 22 ou 25, y construire une seule résidence, à la
condition de le faire avant le 31 décembre 1986, et utiliser à
cette fin une superficie n'excédant pas un demi-hectare."
En ce qui concerne les lots vacants contigus: "Lorsqu'à la
même date une personne est propriétaire de plusieurs lots contigus
et qui sont des lots vacants ou sur lesquels des droits ne sont pas reconnus en
vertu de la section IX et situés dans une même
municipalité, elle peut, aux mêmes conditions, construire une
seule résidence sur ces lots en utilisant à cette fin une
superficie n'excédant pas un demi-hectare."
En ce qui a trait à l'ensemble de lots non contigus et vacants:
"Lorsqu'à la même date une personne est propriétaire de
plusieurs lots ou ensemble de lots non contigus et qui sont des lots vacants ou
sur lesquels des droits ne sont pas reconnus en vertu de la section IX, elle ne
peut, aux même3 conditions, construire qu'une seule résidence dans
une même municipalité."
Quant aux lots assujettis: "Les dispositions du présent article
n'ont pas pour effet de soustraire le lot ou les lots contigus sur lesquels le
propriétaire peut construire une résidence à l'application
des articles 28 et 30."
M. le Président, lorsqu'on parle de protection du territoire
agricole, vous me permettrez sûrement de parler quelque peu de la
façon dont l'Union des producteurs agricoles du Québec voit la
position gouvernementale en rapport avec différents programmes qui
s'adressent directement aux agriculteurs ainsi qu'en rapport avec la position
gouvernementale face au projet de loi 132. Je doute fortement que ce
gouvernement, comme ce n'est d'ailleurs pas son habitude, ait eu la
décence de discuter sur le fond de quelque amendement que ce soit
auprès de l'Union des producteurs agricoles pour faire en sorte de
modifier de façon substantielle ou non le projet de loi qui sert
actuellement à protéger notre territoire agricole du
Québec.
Cela me rappelle, M. le Président, la position qui a
été prise tout dernièrement par l'Union des producteurs
agricoles, soit en date du 6 novembre 1986, qui, elle, a eu la décence
de rencontrer le gouvernement - et probablement que le ministre de
l'Agriculture était présent à ce moment-là - ainsi
que les membres de l'Opposition à l'Assemblée nationale. Ces gens
nous ont soumis leur position face à la protection du territoire
agricole et aussi face à certains règlements et certaines lois
qui touchent de très près les agriculteurs du Québec.
Cette même union a recommandé la prudence dans le dossier qui doit
être de mise pour le gouvernement. M. Proulx mentionnait que l'Union des
producteurs agricole restera d'une vigilance extrême afin qu'aucun des
acquis ne puisse être remis en question. Toujours en parlant de la Loi
sur la protection du territoire agricole, M. Proulx continuait: Cette loi est
bonne, a fait et continue à faire ses preuves. Toute révision de
cette loi ou modification, quelle qu'elle soit, devra être
défendue publiquement par le gouvernement.
L'UPA, chien de garde du patrimoine agricole et des possibilités
d'avenir de l'agriculture du Québec, exige d'être entendue et
écoutée. Nous sommes prêts, d'ores et déjà,
à déposer nos politiques, afin que la seconde étape,
c'est-à-dire l'utilisation maximale du territoire agricole, soit
enclenchée.
Le critère d'homogénéité du territoire
agricole représente le point névralgique. Si ce critère
est battu en brèche, comme c'est le cas dans certaines
municipalités, c'est le principe même du développement
agricole qui est rejeté. L'homogénéité, c'est
premièrement - c'est l'Union des producteurs agricoles qui parle -
réserver à l'agriculture tous les sols propices à cette
activité économique; deuxièmement, rentabiliser et
consolider l'entreprise agricole par le contrôle du morcellement des lots
et du démembrement des entreprises agricoles; troisièmement,
d'éliminer ou, tout au moins, de réduire les contraintes
nuisibles à l'activité agricole.
La loi 44 permet actuellement au ministre d'émettre des
critères de révision de zonage agricole. L'UPA est en total
désaccord avec ces critères remettant en cause
l'homogénéité du territoire et permettant l'exploitation
des terres pour toute autre chose que l'agriculture. Les propositions de l'UPA
ont été ignorées alors qu'elles auraient l'avantage de ne
pas permettre de généralisations abusives, mais de juger selon
les cas.
Tout cela pour vous dire, M. le Président, que lorsque
j'écoute le ministre de
l'Agriculture et son gouvernement je suis extrêmement inquiet. Je
suis inquiet de la position des trois rapports des sages à propos de
l'agriculture du Québec et, en particulier, en ce qui a trait au zonage
agricole. On sait très bien que ces trois comités qui ont
été mis en place par l'actuel premier ministre ont
déjà permis et vont permettre, dans un avenir assez
rapproché, de modifier substantiellement la grande majorité des
structures économiques du Québec. C'est déjà
commencé.
On a juste à regarder ce qui s'est passé dans le dossier
de Quebecair. On a juste à regarder également ce qui s'est
passé dans le dossier de la Raffinerie de sucre du Québec. On a
seulement à regarder ce qui est en train de se passer dans le domaine de
la foresterie et des papetières en rapport avec le dossier de Dofor. On
peut regarder ce qui se passe actuellement dans le domaine des pêcheries
qui, en quelque sorte, relève du ministre de l'Agriculture. Que je
sache, l'actuel ministre de l'Agriculture n'a pas fait grand effort pour
protéger les intérêts des gens des
Îles-de-la-Madeleine. Je serais énormément curieux de
connaître sa position face à ce qui est en train de se passer aux
Îles-de-la-Madeleine. Que je sache, je n'ai pas entendu non plus le
député des Îles-de-la-Madeleine crier trop fort concernant
la privatisation de Madelipêche.
Tout cela pour vous dire, M. le Président, que les attitudes
gouvernementales face à certains dossiers qui préoccupent
l'ensemble des Québécois et des Québécoises vont
sûrement permettre, au cours des prochains mois, de ramener ce que
l'actuel ministre de l'Agriculture a connu il y a quelques années,
c'est-à-dire entre 1973 et 1976, c'est-à-dire un climat social
qui se détériore de jour en jour et aussi un climat
économique qui va aussi se détériorer de jour en jour
à la suite de toutes les mises à pied faites dans le domaine de
la privatisation.
Lorsqu'on parle de zonage agricole et d'amendements au zonage agricole
et qu'on arrive devant un article comme celui qui est préconisé
à l'intérieur de la loi 132, on peut se poser de sérieuses
questions quant à la position du gouvernement actuel et aux
désirs de ce gouvernement de modifier par un article substantiellement
l'article 31 de la loi actuelle. Les informations obtenues de la part des
ministériels et en particulier de la part du ministre de l'Agriculture
sont très peu convaincantes. Nous attendons avec beaucoup d'impatience
que le ministre de l'Agriculture puisse nous donner de plus amples informations
sur ses désirs quant à l'avenir de l'actuelle loi 90, puisqu'en
ce qui me concerne comme député de Duplessis, et même si je
n'ai pas beaucoup de terres agricoles sur la Côte-Nord ou encore dans le
comté que je représente, je suis tout de même
extrêmement intéressé, puisque j'ai participé au
débat en 1978, à connaître les vues de ce gouvernement
libéral en rapport avec notre territoire québécois et en
particulier le territoire agricole.
Vous me permettrez d'essayer de convaincre les députés
ministériels par votre intermédiaire, M. le Président,
afin qu'ils regardent très attentivement la façon dont est
actuellement traitée la loi 150 sur les forêts en rapport avec les
allocations à différents ministères. Ce seront des terres
agricoles. C'est pertinent, M. le Président, parce que, justement, la
loi 150 touche très peu... Il n'y a pas eu d'entente à ce sujet
au moment où on se parle, le projet de loi 102 sur les terres a
été déposé à l'Assemblée nationale,
mais n'a pas encore été présenté en deuxième
lecture pour l'adoption du principe. Ce projet de loi va modifier
substantiellement tout le programme des terres agricoles du Québec,
toutes les terres qui concernent le domaine forestier du Québec, tout ce
qui est alloué au ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche et tout ce qui est alloué au domaine culturel. On a
seulement à regarder certains articles de la loi 150 et du projet de loi
102 sur les terres du domaine public qui concernent le domaine du ministre de
l'Agriculture pour s'apercevoir qu'on est en train de faire un fiasco en ce qui
a trait aux terres publiques du Québec.
Lorsqu'on parle de terres publiques, on peut parler aussi de terres
privées. Je termine là-dessus, M. le Président, et ce,
après avoir connu ce qu'était l'ancien système avec tout
ce que cela pouvait comporter comme spéculation et le fait que certaines
personnes voulaient accaparer certains territoires pour ensuite y construire
surtout des immobilisations résidentielles et agrandir les
municipalités vers l'extérieur plutôt que de le faire en
hauteur. Cela a comporté par la suite énormément de
problèmes pour l'ensemble des municipalités du Québec et
en particulier pour les municipalités du Québec où il y
avait plusieurs terres agricoles.
Il est certain que l'Opposition va faire le maximum pour obtenir dans un
premier temps du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation des informations sur les vues gouvernementales se rapportant
à l'ensemble de la Loi sur la protection du territoire agricole et, dans
un deuxième temps, nous allons sûrement apporter les amendements
qui s'imposent en rapport avec le projet de loi qu'il a déposé
à l'Assemblée nationale et qui est actuellement
présenté aux membres de cette commission parlementaire. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Duplessis. Est-ce que quelqu'un d'autre a des remarques
préliminaires à faire?
M. Camden: M. le Président, en vertu...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: En vertu de l'article 212 qui dit que "tout
député estimant que ses propos ont été mal compris
ou déformés peut donner de très brèves explications
sur le discours qu'il a prononcé", je voudrais donner des
explications.
Le Président (M. Richard): Allez-y, M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: Je viens d'être cité, au début de
l'allocution du député de Ouplessis, d'une façon
erronée. Je n'ai pas prétendu tout à l'heure que je ne
désirais pas et que je ne souhaitais pas entendre des intervenants nous
présentant des mémoires à n'importe quelle commission
parlementaire. Bien loin de moi cette idée. Je pense qu'il me
paraît important de préciser cela. Au contraire, il me paratt
important de les entendre, occasionnellement. Je suis disponible pour
rencontrer les gens et les entendre. Ce que je fais d'ailleurs dans mon
comté, contrairement à ce qu'on a laissé entendre.
Le Président (M. Richard): Merci de vos commentaires, M.
le député de Lotbinière. Est-ce que d'autres personnes ont
des remarques préliminaires à faire? M. le député
de Duplessis.
M. Perron: Sur ce que vient de soulever le député
de Lotbinière, cela ne vaut même pas la peine d'intervenir pour
lui répondre, parce qu'il n'a rien compris.
M. Camden: ...le privilège le plus strict du
député de juger de ma compréhension. (17 heures)
Le Président CM. Richard): Je m'excuse. C'est exact. M. le
député de Lévis, vous aviez une motion?
Motion proposant la tenue de
consultations particulières avec
l'Union des producteurs agricoles
M. Garon: Étant donné la déclaration qu'il
vient de faire, le député de Lotbinière va être
content d'entendre ma motion.
M. le Président, je veux faire une motion pour tenir des
consultations particulières: Que la commission tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 132, Loi
modifiant la Loi sur la protection du territoire agricole, des consultations
particulières quant à tous les éléments dudit
projet et qu'à cette fin elle entende l'Union des producteurs agricoles.
J'ai des copies pour chacun.
Le Président (M. Richard): Oui. D'ailleurs, M. le
député de Lévis, nous allons d'abord vérifier si
elle est recevable.
Donc, la motion pour tenir des consultations particulières se lit
comme suit: Que la commission tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 132, Loi modifiant la Loi sur la
protection du territoire agricole, des consultations particulières quant
à tous les éléments dudit projet et qu'à cette fin
elle entende l'Union des producteurs agricoles du Québec, que l'on
dénomme communément l'UPA.
M. le député de Lévis, votre motion est recevable
en fonction de l'article 244, 2e paragraphe, ce qui vous donne droit à
des commentaires d'une durée de 30 minutes. M. le ministre aura, pour la
partie gouvernementale, ministérielle, aussi 30 minutes pour discuter de
la motion que vous présentez, M. le député. Donc, à
vous, M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je comprends que la motion ne
répondait pas directement au député de Duplessis. C'est
pour cela qu'il était surpris du commentaire du député de
Lotbinière, mais j'étais prêt à le faire... Je l'ai
entendu dire qu'il n'était pas contre le fait que les gens viennent ici
exprimer leur opinion par rapport au projet de loi. À ce
moment-là, le député de Lotbinière doit être
très heureux de voir que j'ai présenté une telle motion.
Je suis persuadé que pour rester logique avec les propos qu'il tenait -
évidemment, je n'ai pas besoin de secondeur en vertu de notre
règlement - il se serait possiblement fait un plaisir de me seconder.
Possiblement que ce sera adopté à l'unanimité.
M. Pagé: ...les membres de l'Opposition.
M. Garon: M. le Président, il n'y a rien de plus
important... Le député de Lotbinière a été
un fer de lance dans ce débat pour indiquer à quel point des
précisions seront nécessaires, puisqu'il a beaucoup de
difficultés à comprendre le projet de loi et sa
portée.
L'Union des producteurs agricoles, qui viendrait nous rencontrer dans le
cadre de ce débat, pourrait montrer à quel point le projet de loi
est dangereux, parce que le ministre ne propose pas de retarder le délai
de l'article 31 tel qu'il existait auparavant. S'il avait voulu faire cela, il
n'avait qu'à changer, dans le projet de loi, les mots "31
décembre 1986" par "1er juillet 1987". Là, automatiquement, les
gens auraient pu se prévaloir des privilèges de l'article 31
jusqu'au 1er juillet 1987. Mais ce n'est pas ce qu'il a fait. Ce qu'il demande,
ce sont
des déclarations d'intention, que les gens viennent
déclarer leur intention de construire avant le 1er juillet 1988. Mais
lorsqu'il aura devant lui un grande nombre de demandes, on aura
créé une dynamique nouvelle en vue de rendre possible ou d'avoir
d'autres propositions pour que ceux qui ont fait des déclarations
d'intention puissent profiter de plus de droits que l'article 31 ne leur en
donne actuellement. On créera de cette façon une dynamique qui va
créer une division terrible dans le monde agricole.
Quand le député de Berthier nous a indiqué qu'il
avait présenté dans son dépliant des termes qu'il est
prêt à modifier maintenant, à la suite de l'intervention
que j'ai faite vendredi en Chambre et ici en commission parlementaire, il
disait à quel point, au fond, lui non plus n'avait pas saisi
complètement la portée de l'article 31 et tous les dangers qu'il
y a vis-à-vis du projet du ministre.
Le ministre, dans son projet, va plus loin que tout cela. À
l'alinéa 1 - jusqu'à maintenant, nous n'avons pas vraiment
parlé de l'alinéa 2 - supposons qu'on veuille briser la Loi sur
la protection du territoire agricole, c'est facile de faire enclencher un
déluge de déclarations d'intention auprès de la commission
pour qu'on se retrouve avec 50 000, 75 000 ou 100 000 déclarations
d'intention. Pourquoi quelqu'un qui y a intérêt ne viendrait-il
pas déposer une déclaration d'intention auprès de la
commission pour, justement, donner un appui pour modifier le projet de loi? On
se retrouverait face à face avec 50 000 cultivateurs et avec tant de
milliers de personnes qui voudraient utiliser le privilège de l'article
31 dans un cadre beaucoup plus large.
Le ministre, dans son communiqué du 23 septembre, a
commencé à se plaindre ■ qu'il s'agit d'un droit personnel,
qu'il ne s'agit pas d'un droit réel, qu'il repose sur la qualité
de la personne et non pas sur le bien ou sur le lot lui-même. Il a
commencé déjà, dans ses propos, à préparer
le terrain pour d'autres amendements. Pourquoi le gouvernement du temps a-t-il
voulu faire cela de cette façon? Le gouvernement s'est dit, lorsque la
loi a été déposée le 9 novembre 1978, qu'il y avait
des gens qui, de bonne foi, avaient acheté des terrains en vue de se
bâtir. Pas pour se bâtir dans deux générations, pas
pour se bâtir dans 25 ou 30 ans. Normalement, quand on veut se
bâtir, c'est parce qu'on veut vivre éventuellement dans une
maison. On a donné à ce moment-là un délai de cinq
ans, après les décrets de zones agricoles dans les
différentes régions désignées, mais comme, pour
faire tous ces décrets, il a fallu trois ans on a voulu que tout le
monde ait le même délai. Comme cela a pris trois ans, on a dit:
Cinq ans plus trois ans, puisque la dernière région
décrétée se trouvait à avoir huit ans, donnons les
huit ans à tout le monde et prolongeons le délai jusqu'au 31
décembre 1986 pour que le propriétaire d'un lot vacant, au moment
du dépôt de la loi ou au moment des décrets de zones
agricoles dans les régions qui ont été
décrétées par la suite, puisse le faire avant le 31
décembre 1986, ce qui donnait un délai de huit ans. Normalement,
quand le gars achète un terrain pour se bâtir, huit ans, c'est un
délai... Si on a acheté un terrain pour spéculer sur ce
terrain, c'est une autre affaire et le gouvernement ne voulait pas, à ce
moment, encourager la spéculation. C'est pourquoi il a imposé un
délai de huit ans.
Si le ministre avait simplement voulu dire: Je voudrais que les gens
sachent que j'ai mis mon fion dans la loi et avait voulu prolonger ce
délai de six mois jusqu'au 1er juillet 1987, c'était très
facile. Il n'avait qu'à changer dans l'article de loi "le 31
décembre 1986" par "le 1er juillet 1987". A ce moment-là, le
délai aurait été prolongé de six mois. Ce n'est pas
ce qu'a fait le ministre. Il change l'objet de l'article 31 qui était de
permettre sans autorisation de la commission, en vertu d'un privilège
conféré par la loi, privilège personnel au
propriétaire du terrain en vertu d'un titre enregistré au moment
du dépôt de la loi ou de l'émission du décret dans
d'autres régions qui sont venues par la suite...
A ce moment-ci, le ministre ne reconnaît plus l'article 31 comme
donnant ouverture à un droit à ceux qui construisent
effectivement, mais à ceux qui déclarent avoir l'intention de
construire avant telle date, plus tard, dans l'avenir. Dans son
communiqué de presse, il dit qu'il veut faire un inventaire de ceux qui
ont des intentions et il dit que la commission devra tenir compte de ces
personnes lorsqu'elle révisera les zones agricoles avec les
municipalités régionales de comté. Cela veut dire, au
fond, qu'on se trouve dans une position où la négociation sur les
zones agricoles ne se fera plus en fonction de bâtiments ou de maisons
construites en vertu de l'article 31, mais que la commission devra tenir compte
d'intentions de construire. Des intentions, on sait ce que cela veut dire.
Dans cette perspective, toute personne ayant un lot vacant dans une zone
agricole a intérêt à déclarer une intention,
même si elle n'a pas l'intention de construire, au cas où cela lui
donnerait des droits. Parce que le ministre a fait le projet de cette
façon, il va susciter... Si j'étais avocat, je conseillerais
à mon client détenteur d'un terrain vacant d'enregistrer un droit
au cas où, parce que s'il ne fait pas l'enregistrement auprès de
la commission avant le 1er juillet 1987 il n'aura pas de droit, à moins
que le ministre ne change d'idée. Mais, s'il fait sa déclaration,
il peut avoir un droit. Il est certain que, si ceux qui font des
déclarations
d'intention auprès de la commission sont suffisamment nombreux,
la pression sera d'autant plus forte et le ministre et le gouvernement seront
portés à en tenir davantage compte. On se retrouvera dans une
situation, un peu comme dans le cas de la langue française et la langue
d'affichage, où des camps vont s'affronter.
L'Union des producteurs agricoles pourrait, à mon avis, venir
donner son opinion sur le projet de loi tel que présenté, non pas
tel qu'expliqué par le ministre a l'Union des producteurs agricoles. On
m'a dit à travers les branches qu'il y avait eu une rencontre au cours
de laquelle le ministre a dit qu'il s'agissait de prolonger le délai de
six mois. Ce n'est pas de cela dont il est question ici, ce n'est pas le
délai de l'article 31 qui est reporté de six mois, c'est la
possibilité, ce qui n'était pas prévu à l'article
31 antérieurement. Il n'y avait rien sur les intentions auparavant.
C'est simplement lorsque vous alliez à la municipalité que vous
pouviez, en demandant votre permis de construction, déclarer que vous
n'aviez pas besoin d'une autorisation additionnelle en vertu de l'article 31.
Votre déclaration devait être faite conjointement auprès de
la municipalité et auprès de la Commission de protection du
territoire agricole, laquelle devait en être avisée pour qu'elle
puisse vérifier si les gens avaient le droit ou non.
Je dois vous dire que je ne veux pas préjuger, je le dis
sincèrement. On en parlait avec des gens qui disaient: Ce n'est pas
possible qu'il ait fait cela volontairement; c'est aussi possible qu'il le
fasse volontairement, ou il le fait involontairement. Mais quelle que soit
l'intention, que cela soit volontaire ou non, je suis persuadé que le
danger est très grand qu'on se retrouve avec des milliers de
déclarations d'intention qui vont créer une situation aberrante
où les gens vont s'affronter inutilement. Des déclarations qui
auront été enregistrées feront en sorte qu'on va
créer une nouvelle dynamique où le cultivateur sera, encore une
fois, assailli dans ses terres agricoles par toutes sortes de projets
dangereux. (17 h 15)
J'ai demandé au ministre de me donner les statistiques pour
chaque année concernant les déclarations dont on parle à
l'article 31. Ce sont des chiffres, ce sont des faits pour les années
1979, 1980, 1981, 1982, 1983, 1984, 1985, 1986.
Ce n'est pas pour jouer au fin fin. Le ministre me donne des chiffres
pour 1985 et 1986 et essaie de faire des projections et tout cela, sauf qu'on
voit qu'il ne s'agit pas d'un très grand nombre de demandes. Si le
ministre nous disait qu'il veut prolonger le délai au 1er juillet 1987,
je suis persuadé que l'Opposition officielle pourrait regarder cela
d'une façon différente, parce qu'on sait bien qu'en l'espace de
six mois additionnels il y aurait peut-être 300 ou 400 maisons de plus,
mais cela ne sera pas l'invasion d'Attila. Cela ne serait pas l'invasion en
l'espace de six mois et cela ne créerait pas de dynamique nouvelle. Le
projet de loi, tel qu'il est actuellement, crée une dynamique nouvelle
très dangereuse.
Actuellement, quand on parle de 500 demandes, le ministre dit: Bah! ce
serait 700. Que ce soit 500 ou 700, alors qu'il s'agit de la dernière
année en 1986, on n'est pas devant la multiplication des demandes
à la veille du projet de loi. La loi a été faite ainsi que
l'on voulait reconnaître les droits de ceux qui voulaient se
prévaloir d'une volonté de construction, parce qu'ils avaient
acheté un terrain dans ce but, et non pas pour encourager la
construction sur des lots sur les terres agricoles ici et là- De cette
façon-là, si des gens pouvaient s'estimer mal pris à cause
de cette loi, ils avaient un genre de soupape d'une façon temporaire.
Après un certain nombre d'années, ceux qui avaient à se
bâtir doivent s'être bâtis.
Ma crainte va plus loin également puisque dans le deuxième
alinéa, dont nous n'avons pas parlé jusqu'à maintenant, le
ministre dits "par l'insertion, après le troisième alinéa,
du suivants "Lorsqu'une résidence a été construite
conformément aux dispositions du présent article, le droit
d'usage résidentiel conféré est conservé
après les délais d'exercice mentionnés
précédemment, et n'est pas éteint par la destruction
partielle ou totale de la résidence.". Il n'était pas
éteint non plus par le droit, par la destruction totale ou partielle de
la résidence à condition qu'on vienne reconstruire en temps
utile. C'est comme cela dans toute la jurisprudence des droits acquis. Un droit
acquis que vous avez et que vous avez exercé, si à un moment
donné l'objet de votre exercice disparaît et que vous ne le faites
pas revivre par la construction en remplacement de l'édifice qui a
été détruit, vous le perdez éventuellement ce droit
acquis, parce que vous ne vous en prévalez pas.
Pourquoi établir des droits nouveaux différents par un
article de droit qui va donner ou conférer aux droits acquis une force
plus grande en territoire agricole pour des bâtiments qui vont
éventuellement disparaître et qui vont être détruits?
Regardez actuellement; cela se passe beaucoup plus souvent qu'on ne le pense.
Regardons le territoire agricole. Je passe le long de la route et combien de
fois je vois des bâtiments qui ont vieilli, qui deviennent vieux et
tombent. Éventuellement, il n'y a plus de bâtisse à cet
endroit, il n'y a plus de bâtiment, il n'y a plus de résidence.
Pourquoi donner un droit acquis perpétuel en vertu de la loi alors que
la jurisprudence sur les droits acquis ne les traite pas de cette façon?
Pourquoi faire un article spécial pour
dire: Toute résidence qui existe sur le territoire agricole,
même si elle est détruite partiellement ou totalement, aura en
vertu de la loi un droit à être rebâtie
indépendamment du temps. Les droits acquis n'existent pas de cette
façon dans la jurisprudence. Un droit acquis qui n'est pas exercé
pendant un certain temps ou qui est détruit et qui n'est pas
réactivé par l'exercice après un certain temps
disparaît. C'est cela le droit. Pourquoi établir ces dispositions
pour essayer, sur le territoire agricole, d'empêcher une
évolution, de faire une plus grande consécration à
l'agriculture pour des gens qui vont vouloir s'en aller ailleurs?
M. le Président, dans cet ordre de pensées, l'Union des
producteurs agricoles qui a une longue expérience, aurait
sûrement, face aux appréhensions réelles ou
chimériques que nous avons, un mot à dire. Si le ministre pense
qu'il a raison, on pourra le débattre avec l'Union des producteurs
agricoles, leur demander leur opinion et quels sont les risques qu'on y trouve.
Si le ministre a donné des explications sur son projet de loi,
allaient-elles exactement dans le sens que va son projet de loi ou si son
projet de loi ne va pas beaucoup plus loin que les explications qu'il a
données sur son projet de loi à venir?
Aujourd'hui, on se retrouve avec un texte réel, non pas avec un
texte qui dit: Voici ce que je veux faire, comme il le disait dans sa
conférence de presse. J'ai remarqué que les dates ont
changé et que les intentions n'ont pas changé. Les dates ont
changé; le 31 décembre 1986 n'est plus le 31 décembre
1986; l'année après le décret n'est plus l'année
après le décret, mais l'intention du ministre lors de sa
conférence de presse du 23 septembre, qui était d'enregistrer des
intentions, demeure. C'est un danger considérable et il me semble que
nous devrions consulter ceux qui représentent les producteurs agricoles.
D'autant plus que le ministre lui-même a dit qu'il avait
été l'objet de pressions considérables de producteurs
agricoles, de municipalités, de membres de l'Assemblée nationale,
des deux côtés de la Chambre, qu'il avait été
l'objet de pressions de plusieurs organismes, sauf qu'il faut faire attention
entre des individus qui font des pressions et un cadre qui doit être
celui de tout le monde agricole.
Dans cette perspective, une consultation auprès de l'Union des
producteurs agricoles nous dirait comment ils voient la question et ce qu'ils
en pensent. Pensent-ils que le projet de loi devrait être adopté
tel quel ou modifié? Je comprends que le ministre peut difficilement
avant, quoiqu'il l'ait fait lors de sa conférence de presse,
déclarer ses intentions. À ce moment-là, les
spéculateurs voient les intentions du ministre et ils peuvent se guider
en conséquence et se préparer à intervenir en
conséquence. J'ai toujours pensé, quand on fait un projet de loi
d'une telle nature, que le danger de spéculation est tellement fort
qu'il est mieux de garder le silence avant, quitte à consulter beaucoup
après. Aujourd'hui, le projet de loi est déposé et il me
semble qu'il serait important de consulter des gens qui ont leur mot à
dire par rapport à un projet de loi qui va les affecter
considérablement. À ce moment-là, les gens pourraient
venir discuter avec nous sereinement, pour nous dire: Voici, le gouvernement
pense telle chose, il a l'intention de faire telle chose, il pense que tel
cadre est souhaitable, l'Opposition y voit des dangers. Ils pourraient dire,
dans tout cela, ce qu'ils en pensent. C'est d'ailleurs le but des articles
qu'il y a dans notre règlement de pouvoir rencontrer des gens qui sont
touchés par les projets de loi que nous avons à adopter, qu'ils
puissent venir s'exprimer en commission parlementaire. Pour le ministre aussi,
c'est une plus grande sécurité de pouvoir avoir les expressions
d'opinions des gens qui seront les premiers affectés par le projet de
loi qui est devant nous.
Je sais que, parfois, les partis, les leaders, les différentes
personnes qui voient aux travaux de la Chambre veulent faire des compilations
à la fin pour dire: On a adopté 30 projets de loi. C'est pour
faire des statistiques, avec de gros chiffres ronflants. Comme le nouveau
leader du gouvernement nous a dit qu'il voulait moins et mieux
légiférer, il ne se sent pas dans un concours avec le nombre de
lois adoptées par les administrations précédentes au cours
d'une année. Là-dessus même, je le félicite. Un
Parlement qui veut légiférer moins et mieux, je pense que c'est
un objectif souhaitable. Pour légiférer mieux, il faut sans doute
légiférer moins. Pour légiférer mieux, il faut
prendre le temps pour consulter les gens, pour voir à quel point les
projets de loi peuvent les affecter.
Je me rappelle lorsqu'on avait fait l'étude des modifications
à la Loi sur le crédit agricole. En ce qui concerne l'article 16
ou 19, j'avais dit au ministre, au printemps: Cet article, à mon avis,
rend votre projet de loi non fonctionnel. Il s'était fâché,
parce qu'on avait fait des changements et on avait eu des amendements dans la
loi. Le ministre...
M. Pagé: M. le Président, de quel ministre le
député de Lévis parle-t-il?
M. Garon: ...de l'Agriculture s'était fâché.
À ce moment...
M. Pagé: J'ai la réputation de ne pas me
fâcher.
M. Garon: ...il avait dit: Je ne veux plus avoir d'amendement.
J'ai dit: Cela ne
me fait rien. J'ai dit: C'est vous, le ministre, ce n'est pas moi,
contrairement à ce que vous pensez et à ce que vous dites,
parfois que je me prends encore pour le ministre. Je vous disais, à ce
moment: Si vous gardez l'article tel quel, c'est juste une question de jours,
de semaines ou de mois, car vous devrez revenir devant nous avec un amendement,
parce que le projet de loi, tel qu'il est avec cet article, ne pourra pas
fonctionner.
C'était à 11 heures, le matin. À 13 heures, nous
avions fini nos travaux et on avait étudié tout le projet de loi.
À 17 heures, en commission, alors que nous étions à
l'Assemblée nationale, à l'étude des crédits, le
ministre m'a dit qu'il y avait un amendement à l'article auquel je lui
avais dit qu'il devrait y avoir un amendement. Après que la commission
parlementaire a été terminée, il a pu parler avec ses
fonctionnaires et ils ont pu se rendre compte que les propos que j'avais tenus
n'étaient pas insensés. Le ministre a
préféré - je lui en sais gré - que le projet de loi
fonctionne mieux. Même si l'amendement n'était pas parfait, il
était mieux que ce qu'il y avait avant. Il a
préféré revenir avec un amendement plutôt que de
dire qu'il avait raison et se retrouver avec un projet de loi qui aurait moins
bien fonctionné. Le projet de loi n'est pas encore parfait parce que,
à mon avis, l'amendement n'était pas encore assez souple, mais il
était mieux que ce qu'il y avait avant.
Dans ce cas...
M. Pagé: J'apprécie que le député
de
Lévis reconnaisse l'ouverture du ministre de l'Agriculture. Mais
je ne me fâche jamais. Je n'étais pas fâché.
M. Garon: ...je ne connais pas les intentions du ministre, sauf
que je vois une certaine constance entre son communiqué du 23 septembre
et le projet de loi que nous avons devant nous: ou bien le ministre veut faire
ce que j'appréhende et je pense que c'est mauvais; ou bien il ne veut
pas faire ce que nous appréhendons et je pense qu'il peut se sentir
très à l'aise pour rencontrer les représentants de l'Union
des producteurs agricoles qui pourront dire ce qu'ils en pensent.
Pour le ministre, c'est une protection parce que, quand on touche
à la Loi sur la protection du territoire agricole, il est très
important que l'ensemble du monde agricole, par ses représentants
autorisés, ait eu l'occasion de dire s'il est d'accord ou non. S'il
fallait que la Loi sur la protection du territoire agricole commence à
être modifiée sans avoir l'appui du monde agricole, ce serait
très dangereux pour toute la question de protection des terres
agricoles. J'ai considéré comme très important pendant
neuf ans de toujours maintenir cet appui.
Je peux vous dire que la première fois que j'ai
rencontré... Avant de faire le dépôt, j'ai dit: On va faire
le dépôt, mais s'il n'y a pas d'appui du monde agricole, ne pensez
pas qu'on va pouvoir aller très loin pour faire adopter ce projet de
loi. C'est une loi vigoureuse, mais qui a réussi - on peut le dire, en
gros - à protéger les terres agricoles et qui a
nécessité l'appui constant du monde agricole et du monde en
dehors du domaine agricole. Mais pour avoir l'appui du monde en dehors du
domaine agricole, il faut avoir l'appui du monde agricole. Si on commence
à toucher au projet de loi sans s'assurer d'avoir l'appui du monde
agricole pour ce qu'on fait dans le projet de loi, il n'y aura pas de
protection des terres agricoles très longtemps.
Dans le cadre de cette étude, il est très important que
nous puissions avoir l'opinion de l'Union des producteurs agricoles, non pas
sur des déclarations d'intention vagues ou encore sur des
déclarations en ce sens que le projet de loi ne vise qu'à
retarder un délai qui allait jusqu'au 31 décembre 1986, mais qui
est retardé à un peu plus tard. La dynamique créée
par le projet de loi que nous avons devant nous est plus grande que cela. Elle
va permettre à des milliers de personnes de faire des
déclarations d'intention, sans nécessairement avoir comme
objectif de construire, pour ensuite tenter de se faire concéder des
droits en disant que cela va représenter tant d'emplois, tant de ceci ou
tant de cela. C'est tout simplement pour faire enregistrer dans les titres de
propriété le droit de construire, alors que pour plusieurs de ces
personnes l'achat d'un terrain ou d'une terre en zone agricole n'aurait eu
qu'un objectif spéculatif - et non pas dans le but de construire une
maison - par des personnes qui auraient été prises dans le
processus au moment où le projet de loi a été
déposé. C'est pourquoi j'ai fait cette motion, M. le
Président, afin que nous puissions entendre l'organisme le plus
représentatif des agriculteurs à ce moment-ci, soit l'Union des
producteurs agricoles, pour que ces gens puissent venir discuter avec nous,
nous faire des représentations concernant le projet de loi tel que
libellé et qui nous a été présenté au nom du
gouvernement par le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation du Québec.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre, est-ce que vous voulez
utiliser votre droit de parole immédiatement?
M. Pagé: J'ai cru comprendre que le député
de Laviolette voulait intervenir. Le whip vient de vous dire de laisser
tomber?
M. Jolivet: Non.
M. Pagé: J'en viens à la conclusion que les
articles 1 et 2 sont adoptés.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Alors, M. le
ministre, vous permettez que je donne la parole au député...
M. Pagé: Oui, M. le Président. Et je me
prévaudrai de mon droit de parole d'une demi-heure immédiatement
après.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, s'il vous plaît.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. C'est avec plaisir que
je prendrai la parole sur la motion de mon collègue, le
député de Lévis.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, je dois vous spécifier que vous avez droit à dix
minutes au maximum...
M. Jolivet: Oui, effectivement.
Le Président (M. Richard): ...étant donné
que c'est une motion.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Oui. D'accord, M. le Président. Je vais m'y
conformer.
Je suis heureux de participer à ce débat après mon
collègue de Lévis, qui est le père de la loi qui a
amené une protection du territoire agricole au Québec, dans la
mesure où, effectivement, il y a plusieurs libéraux qui auraient
aimé, en 1976 ou plus tard, être responsables de la mise en place
de cette loi importante. Malheureusement, il a fallu attendre l'arrivée
de notre ministre, comme membre du Parti québécois, pour que
cette loi devienne effective.
Je dois vous dire aussi que j'ai été un peu surpris, comme
mon collègue de Terrebonne l'a bien dit, d'ailleurs, par la question du
député de Saint-Hyacinthe. J'ai été vraiment
surpris parce que, de la façon dont il posait sa question,
c'était de nous dire: Vous autres, les membres du Parti
québécois, vous semblez reconnaître l'UPA comme
étant un organisme représentatif du milieu agricole, mais moi...
Par la façon dont il posait sa question, c'était de dire: Moi,
non, je ne pense pas que l'UPA représente l'ensemble du milieu
agricole.
Je dois lui rappeler que cette loi a été adoptée
à l'époque de M. Toupin, qui était alors
député de Champlain. M. Toupin avait présenté ce
projet de loi et la loi avait précisément amené le monde
agricole à changer l'UCC, soit l'Union catholique des cultivateurs pour
qu'elle devienne l'Union des producteurs agricoles du Québec, dans une
formule syndicale plutôt que dans une formule corporative. Je me le
rappelle parce que j'étais dans le syndicat des enseignants à
l'époque et nous étions nous aussi en pleine transformation: un
syndicat corporatif qui était autrefois la CIC, la Corporation des
instituteurs catholiques du Québec, est devenu la Centrale de
l'enseignement du Québec. C'est au moment où on se transforme,
d'un organisme corporatif, en un organisme syndical. Je dois vous dire que j'en
ai été surpris parce que je crois que l'UPA, étant
donné la façon dont elle est constituée, représente
l'ensemble des cultivateurs, des agriculteurs du Québec ou des
producteurs agricoles du Québec, peu importe le terme qu'on emploie,
dans la mesure où il y a une adhésion et où celle-ci
amène automatiquement de la part de l'UPA un droit syndical de formule
Rand.
Je suis resté surpris aussi parce que le député de
Berthier nous a mentionné dans un document qu'il ne comprend pas la loi.
J'aimerais vraiment entendre l'UPA nous dire si c'est vraiment ce que la loi
veut dire.
Je vous lis l'article de l'entrée en vigueur du projet de loi.
L'article 2 du projet de loi dit: "La présente loi entre en vigueur le
(indiquer ici la date de la sanction de la présente loi)." Le
député semble connaître plus que nous la date de
l'entrée en vigueur de ce projet de loi puisque dans son dépliant
- je continue toujours de parler de dépliant alors que mon
collègue parle de "pamphlet" - il dit que toute personne
possédant un lot vacant doit en faire la déclaration à la
Commission de protection du territoire agricole avant le 30 juin 1987 -regardez
bien ce qui est marqué - date de l'entrée en vigueur de la loi
132...
Une voix: Incroyable!
M. Jolivet: ...Loi modifiant la Loi sur la protection du
territoire agricole.
Cela veut dire que le député de Berthier sait que le
ministre va inclure, à la place de "(indiquer ici la date de la sanction
de la loi)", le 30 juin 1987. Pourquoi aujourd'hui être si vite sur nos
patins et adopter cette loi au mois de décembre alors qu'en
réalité on pourrait l'adopter au mois de juin prochain et avoir
des consultations? Je vous le dis bien honnêtement: ou bien c'est moi qui
ai mal compris ou bien c'est lui qui a mal compris. Je crois... C'est
écrit: "La présente loi entre en vigueur le (indiquer ici la date
de la sanction)... Dans son dépliant, le député dit: "le
30 juin 1987, date de l'entrée en vigueur de la loi 132." Pourquoi le
faire immédiatement?
Une voix: Pourquoi corrigez-vous son "pamphlet"?
M. Jolivet: Pourquoi le faire immédiatement? Pourquoi ne
pas plutôt
prendre le temps qu'il faut et inviter les organismes à venir
nous expliquer ce qui se passe? Qui est mieux placé que l'Union des
producteurs agricoles du Québec pour ce faire? L'Union des producteurs
agricoles possède du monde partout, dans tout le territoire. Elle a fait
des représentations lors de la mise en place de la Loi sur la protection
du territoire agricole. Elle a fait des représentations après la
présentation du projet de loi, sur la révision qui a
été faite par mon collègue, à la suite d'une
révision normale des sujets de la loi qui existait depuis 1978. Donc, en
1983, il y a eu des changements. En 1978, cela a été la loi. On
est revenu en 1986 et on ne voudrait pas les entendre. Pourtant, dans un
document que ces gens ont présenté à tous les membres du
Parti québécois et à tous les membres du Parti
libéral, lors de la rencontre qu'ils ont tenue ici il y a quelque temps,
ils disent: "Vingt années de pressions de l'UPA avaient fini par
déboucher sur la loi 90. Personne ne doit être
étonné de notre soutien indéfectible à cette loi."
Je pense que c'est important. Ils nous le disent: "Si révision il doit y
avoir, nous aurions des suggestions pertinentes pour renforcer cette loi et non
l'amoindrir."
Une voix: Voilà.
M. Jolivet: Nous pensons qu'elle va l'amoindrir alors qu'eux
demandent de la renforcer. Donc, ils ont intérêt à venir
nous le dire et qui est quoi. On comprend cela. Le ministre nous propose un
amoindrissement et eux nous demandent un renforcement. Dans ce contexte,
j'aimerais bien mieux les entendre nous dire pourquoi ils veulent un
renforcement et convaincre le ministre de ne pas l'amoindrir. Il dit: Que l'on
prenne garde à l'exagération ambiante qui, à partir de
détails d'application de la loi, est grossie à dessein au
détriment de toute la philosophie qui sous-tend
l'homogénéité du territoire agricole. La pression,
notamment des MRC, au détriment de la loi, est connue de tous. On aura
probablement l'intention d'inviter les gens des MRC parce qu'on veut
connaître ce que les MRC veulent. On veut aussi connaître ce que
veut l'UPA. Je pense que c'est important. Sur 136 000 000 d'hectares de
superficie totale du soi québécois, 2 500 000 hectares sont
défrichés, soit 1,8 % du sol. Le potentiel des terres cultivables
se chiffre, selon ce que mon collègue de Terrebonne me disait, à
6 800 000 hectares, soit 5 % du sol québécois.
Il faut donc dire que, comme ils nous le disaient dans le texte, "l'UPA
restera d'une vigilance extrême afin qu'aucun des acquis ne puisse
être remis en question. Cette loi est bonne et continue à faire
ses preuves."
M. le Président, on appelle les députés.
Nous a-t-on rappelé qu'il y avait un vote? Le Président
(M. Richard): Je vais...
Une voix: II y avait un vote à 17 h 45. Il reste huit
minutes.
M. Jolivet: Les cloches sonnent, M. le Président, et vous
savez ce qui est arrivé la semaine dernière. Il y a des gens qui
n'ont pas pu voter parce qu'on ne s'est pas rendu assez vite. Je demande qu'on
se rende immédiatement voter. Je reprendrai mon droit de parole.
M. Pagé: Vous pensez que vous avez des chances de
gagner?
M. Jolivet: Non, mais on n'a pas le choix. Il faut y aller. La
démocratie nous y oblige.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Mon interrogation
va peut-être un peu plus loin que cela. Si nous permettons - puisque nous
entendons les cloches - d'aller au vote immédiatement, est-ce qu'on
suspend en même temps jusqu'à 20 heures ce soir?
M. Jolivet: Ce serait normal puisque... Suspension jusqu'à
20 heures.
Le Président (M. Richard): On suspend les travaux
jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 17 h 39)
(Reprise à 20 h 9)
Le Président (M. Richard): A l'ordre, s'il vous
plaît!
On va commencer immédiatement. Je demanderais à M. le
député de Laviolette de terminer. Trois minutes, cinq?
M. Jolivet: Vous voulez que je parle cinq minutes?
Le Président (M. Richard): Vous avez droit à cinq
minutes, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Mon Dieu Seigneur! Je ne pensais pas avoir une si
grande amabilité ce soir. J'en étais rendu au fait qu'il fallait
effectivement, M. le Président, pour le député de
Saint-Hyacinthe, inviter l'organisation qui représente l'ensemble des
producteurs agricoles, qui s'appelle l'Union des producteurs agricoles du
Québec. II est évident qu'un organisme comme celui-là pour
le député de Saint-Hyacinthe qui ne croit pas à sa
représentativité, du moins de la façon dont il a
posé sa question, c'est ce qu'on a cru comprendre... Je pense qu'il
serait
intéressant d'inviter d'autres personnes qui touchent de
près l'ensemble des agriculteurs du Québec, qui vivent avec eux
de façon presque journalière, ce qui fait que ces personnes
pourraient nous indiquer comment elles voient les problèmes que peut
causer un changement aussi important à la loi. Si le ministre nous
présente un projet comme celui-là, ce n'est certainement pas pour
s'amuser. C'est parce qu'il a une importance capitale. Dans ce sens, il est
évident que nous aurions intérêt à faire en sorte
que d'autres personnes puissent s'ajouter à ce groupe quand même
très représentatif, quant à nous, qui est l'Union des
producteurs agricoles du Québec.
Motion d'amendement proposant
d'entendre aussi l'Ordre des médecins
vétérinaires du Québec
En conséquence, M. le Président, il me fait plaisir, au
nom de ma formation politique, de vous présenter un amendement qui
aurait pour effet d'ajouter à la motion déjà
proposée par mon collègue de Lévis, qui est une motion
pour tenir des consultations particulières et qui se lit comme suit:
"Que la commission tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 132, Loi modifiant la Loi sur la
protection du territoire agricole, des consultations particulières quant
à tous les éléments dudit projet et qu'à cette fin
elle entende..." On avait de la part de notre collègue la motion
d'entendre l'Union des producteurs agricoles du Québec. Je vous invite
à prendre la motion d'amendement suivante pour ajouter, après
l'Union des producteurs agricoles, l'Ordre des médecins
vétérinaires du Québec.
Une voix: Cela va nous éclairer...
M. Jolivet: Je vais attendre pour savoir si vous
considérez cet amendement comme recevable. Ce sont mes 30 minutes, sans
devoir vous devancer sur ce que vous auriez pu me dire.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laviolette. Je vous assure que je ne prendrai pas plus
que 30 minutes pour vous dire la recevabilité ou non.
Une voix: C'est déjà cela, on va ajourner.
Le Président (M. Richard): C'est effectivement recevable.
M. le député de Laviolette, vous avez donc droit, comme proposeur
de l'amendement, d'utiliser votre droit de parole de 30 minutes. M. le
député.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je pense que mon
horloge n'est pas la même que la vôtre.
M. Garon: Je crois que vous devez la mettre à 20 h 40.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: D'accord. M. le Président, durant l'heure du
souper, comme tous nos collègues de l'Opposition ou du gouvernement,
nous sommes allés prendre un bon repas reposant avec, fort possiblement,
de leur part comme de notre part, un caucus habituel au cours duquel on a
discuté de beaucoup de choses. Malgré toutes mes occupations,
j'ai quand même pris quelques instants pour aller
téléphoner à un de mes amis que je ne nommerai pas ici -
il n'a pas besoin d'être nommé - qui est vétérinaire
dans mon coin, pour voir s'il lui semblerait intéressant que l'Ordre des
médecins vétérinaires du Québec soit présent
à cette commission pour nous dire ce qu'ils vivent de façon
journalière avec les producteurs agricoles qui leur confient souvent
certains de leurs problèmes.
Vous savez, on avait autrefois le médecin de campagne, celui qui
faisait la visite des malades en milieu rural et qui était souvent celui
qui connaissait beaucoup ce qui se passait dans le milieu familial ou dans le
milieu de travail. Il avait cette occasion parce qu'il passait du temps, en
attendant la venue d'un enfant ou en examinant une personne malade, à
jaser d'autre chose. Donc, c'étaient des gens qui, d'une certaine
façon, on s'en souvient, dans le passé avaient le moyen de faire
- je n'ai pas le mot exact; on a le mot en termes de ligne ouverte, on appelle
cela l'exutoire -sortir le trop-plein. Parfois, les gens ont des
émotions qu'ils cachent. Mais, quand ils ont confiance en quelqu'un, ils
se permettent à ce moment-là de...
M. Blais: Ils se confient.
M. Jolivet: ...se confier, c'est cela, se confier. Or, les
vétérinaires, et mon confrère et mon ami avec qui j'ai
souvent eu l'occasion d'en parler et qui est de ma région - il y en a un
qui est de Grand-Mère, il était associé avec une autre
personne qui habite le coin de Saint-Séverin - me disent la même
chose. Ils ont souvent l'occasion de jaser avec les agriculteurs de leurs
problèmes lorsqu'ils attendent le vêlage ou la naissance d'un
petit veau ou d'un autre animal ou encore quand un animal est malade et qu'on
doit l'examiner ou le surveiller ou voir quels médicaments lui donner;
à ce moment-là, ces gens parlent aussi des problèmes qui
existent.
On sait que ces gens pourraient nous dire comment la loi de zonage
agricole, comme on l'appelait dans le milieu, a amené beaucoup de
discussions à l'époque de sa présentation en 1978. Je suis
sûr que lui, qui couvre un territoire qui va dans le secteur
de Saint-Boniface, pourrait nous dire que le règlement de zonage
municipal à Saint-Boniface était, à l'époque
où il existait, beaucoup plus sévère que la loi actuelle
sur le zonage. Ce n'est pas quelque chose qui n'est pas connu dans le coin.
Vous vous souvenez qu'il y a des municipalités qui ont pris leurs
responsabilités. Je ne sais pas si à Bécancour, alors que
vous étiez maire, vous aviez des règlements de zonage, mais je
sais que vous en avez un très fort au parc industriel du Centre du
Québec. C'en est un zonage. Il n'y a personne qui vous a accusé
à l'époque, parce que vous étiez maire, d'empêcher
quelqu'un de s'installer, parce qu'on disait que dans ce parc, ce
n'était pas de la petite et de la moyenne entreprise, c'était de
la grosse entreprise.
Or, des lois de zonage, il en existe chez moi, à
Grand-Mère, dans le domaine municipal. C'est un secteur
récréatif, c'est un secteur industriel, un secteur commercial et,
que finalement, la loi sur le zonage arrive toujours avec un but collectif en
conflit avec des personnes au point de vue individuel.
La décision qui a été prise en 1978 de
présenter une loi qui avait pour but de protéger l'ensemble du
territoire agricole avait donc vraiment pour but de protéger des droits
collectifs. C'était nécessairement une loi qui pouvait contenir,
quant aux droits individuels, une sorte de brimade. L'individu qui avait
prévu, à l'époque, garder une partie de son lot pour
permettre à son fils, à sa fille, à son gendre, en fait,
à des cousins, des cousines, des neveux ou des nièces de se
construire se voyait arrêté, à un moment donné,
comme celui qui disait: Quand arrivera ma retraite, le temps où je
devrai quitter, je pourrai vendre cela à quelqu'un qui va l'acheter.
Parce qu'on voyait le village s'égrener comme des grains de chapelet le
long de la route principale et des maisons s'additionner les unes aux autres
pour en faire un village sur la longueur. On semblait dire que l'agriculture
était arrivée, que le secteur rural était arrivé,
mais les hommes en ont fait ensuite un secteur urbain. Il est évident
que ces gens pourraient nous dire qu'effectivement la Loi sur la protection du
territoire agricole avait pour but de protéger le territoire agricole,
mais elle s'opposait aussi aux droits individuels que des gens avaient
l'impression d'avoir.
Or, l'ordre des vétérinaires, avec tous les gens qui le
composent, pourrait nous indiquer, à partir d'expériences
vécues dans le milieu rural, ce que parfois des gens n'osent pas confier
parce que, comme individus, ils disent: C'est peut-être
bébête de dire cela, il me semble que je serais gêné
d'aller dire publiquement ce que je pense. Le monde est porté à
ne pas vouloir s'ouvrir sur toute la place publique, mais avec des gens qui
sont des vétérinaires en qui ils ont confiance, à qui ils
peuvent confier leur for intérieur, finalement, les cultivateurs
pourraient avoir un moyen de faire valoir leur point par l'intermédiaire
de certains vétérinaires.
Il est évident que plus on va protéger le territoire
agricole, plus il y aura des territoires qui vont permettre une utilisation
agricole, vont faire en sorte que les gens vont avoir une plus grande assurance
établie avec la capacité de pouvoir être sûrs de
l'avenir. Étant sûrs de l'avenir, les vétérinaires
auront aussi en même temps plus d'ouvrage si l'agriculture est
prospère.
Leur intérêt, qui est un intérêt normal en
termes de travail à faire, en termes d'emploi, en termes de salaire
à gagner, est aussi proportionnel au nombre de cultivateurs qui sont
là et qui sont des gens qui ont l'assurance que leur territoire ne sera
pas -je ne sais pas si je peux employer ce terme; vous me direz s'il est
parlementaire ou non, mais c'est le terme qu'on emploie souvent dans le milieu
- "déviargé". Eux vont parler d'homogénéité,
des grands termes...
M. Pagé: La journée de l'Immaculée
Conception! M. le député, un peu de retenue quand même.
M. Jolivet: Bien oui, mais... C'est vrai. Vous vous souvenez que
c'est le 8 décembre aujourd'hui.
M. Pagé: Ah oui! je suis pratiquant.
M. Jolivet: Alors, effectivement, prenons le terme "un territoire
plus homogène". Mais cela, ce sont des grands mots de ministre; je
m'excuse auprès du député de Lévis, mais ce sont
des avocats qui emploient ces grands mots, mais en réalité, pour
eux, cela veut dire un territoire... Non? En tout cas, d'une façon ou
d'une autre, c'est un territoire qui est plus semblable, ce qui fait que,
finalement, ce territoire peut être utilisé à des fins
agricoles.
M. Pagé: L'unicité.
M. Jolivet: L'unicité, c'est un très beau mot.
L'unicité, est-ce que c'est beau?
M. Blais: L'homogénéité.
M. Jolivet: L'homogénéité, c'est mieux,
parce que cela va avec le lait, c'est homogène.
M. Pagé: ...homogénéisation. M. Jolivet:
Non...
M. Blais: Ce n'est pas l'homogénéité non
plus.
M. Jolivet: Donc, ce territoire étant plus
homogène, il est évident qu'il y aura aussi moins de plaintes de
la part des gens qui viennent s'installer. L'exemple typique est l'usine autour
de laquelle les gens se sont installés et, à un moment
donné, ils disent: L'usine pollue. Ce qu'on a fait? On a fait des parcs
industriels et on a dit: Avec les parcs industriels, au moins, ils ne seront
plus dérangés à l'avenir. Et on essaie de
déterminer, dans le territoire, les vents dominants pour éviter
que les vents dominants n'arrivent sur la ville. Un autre exemple typique de
cela, c'est l'usine CIP à La Tuque. Tous les gens qui vivent sur la rive
ouest sont bien contents parce que le vent n'est jamais dans leur direction.
Mais ceux qui sont dans la ville, dans le quartier Saint-Louis,
reçoivent des résidus et du bran de scie qui colle à leur
voiture, à leur linge, à leur maison. Cela tombe sur leur
territoire et colle à leurs toits l'hiver. Mais je dois vous dire qu'il
y a effectivement un zonage prévu à cette fin.
D'un autre côté, on arrive en milieu agricole. Encore cet
automne, j'ai eu l'occasion de constater - que voulez-vous, comme dirait Jean
Chrétien - que des gens sont venus construire dans une zone agricole et,
aujourd'hui, ils chialent parce qu'ils disent que ça pue, que ça
fait du bruit. La culture a été changée, on a maintenant
des séchoirs à grain et cela fait du bruit. Il y a aussi les
poulaillers qui dégagent des odeurs et il y a des appareils pour
réduire les odeurs ou la chaleur intense ou pour faire de la chaleur,
selon l'époque de l'année, et ces appareils font du bruit. Les
gens se plaignent.
Si les territoires sont homogènes, les gens ne se plaindront pas.
Il faut donc préserver une partie des droits acquis - le
député de Lotbinière parlait même de
privilèges; il a raison, privilèges et droits acquis sont deux
choses différentes - mais il faut s'assurer que les gens qui sont dans
le secteur ne soient pas dérangés par des gens qui se plaignent
du bruit, de l'odeur ou même des épandages. L'exemple dont je vous
parlais tout à l'heure, c'est quelqu'un qui faisait en sorte que le
fumier allait vers les rigoles, vers la maison qui s'y trouvait, et cela
faisait un souterrain spongieux. Vous connaissez le danger de la nappe
phréatique, M. le Président, parce que vous avez
été maire de la municipalité de Bécancour, il y a
certainement des gens qui vous ont parlé de la nappe phréatique
qui est en danger. Finalement, tout cela a pour effet d'amener certaines
maladies chez les animaux que les vétérinaires viennent
surveiller.
Cette eau qui est impropre à la consommation humaine ou animale,
si on était dans un secteur homogène, ne représenterait
pas un danger pour les humains. Pour les animaux, qu'on le veuille ou non, il
est possible qu'il y ait des épidémies, elles sont parfois dues
aux médicaments donnés à certains animaux. Vous avez
certainement vu des animaux qui ont mangé des grains malheureusement
impropres à la consommation animale, ce qui a amené certaines
maladies, que ce soit la salmonellose pour certains animaux ou, pour le porc...
c'est un autre nom...
Une voix: ...
M. Jolivet: Oui, mais un qui finit par "ose".
Une voix: L'"overdose".
M. Jolivet: Pas l'"overdose". En tout cas, c'est une maladie
connue - je ne me rappelle pas le nom - qui fait que les
vétérinaires, se rendront plus ou moins souvent chez les
cultivateurs et vont leur parler... C'est quelle "ose"?
M. Garon: Le nom m'échappe. Ils ont eu cela voilà
deux ou trois ans.
M. Jolivet: En tout cas, si vous l'avez, vous me le direz.
M. Garon: Ce n'est pas l'ostéoporose.
M. Jolivet: Non. D'une façon ou d'une autre, peu importe,
les vétérinaires se rendent plus souvent chez les cultivateurs
qui leur parlent de leurs problèmes.
M. Garon: Vous n'avez qu'à regarder le
député de Lotbinière et vous allez trouver votre mot.
M. Jolivet: Je dois vous dire que, si on demandait aux
vétérinaires de nous raconter les difficultés que les
cultivateurs leur racontent, on verrait même que les municipalités
régionales de comté ont...
M. Garon: II y avait une maladie des porcs, il y a deux ou trois
ans; laquelle?
M. Jolivet: Oui, c'est ce qu'on cherche.
Une voix: L'hemophilus.
M. Jolivet: Non.
M. Garon: Oui, c'est l'hemophilus.
M. Jolivet: Hémophilis?
M. Garon: Hemophilus.
M. Camden: La fièvre aphteuse.
M. Pagé: La fièvre aphteuse. L'hemophilus. On
s'entend sur hemophilus, M.
le député. Continuez, c'est captivant!
M. Jolivet: Parfait. Donc, les MRC qui ont eu à
présenter leur schéma d'aménagement ont causé
certains problèmes aux agriculteurs. Dans certains cas, les MRC ont
voulu qu'ils prennent le contrôle - elles l'ont souvent demandé -
de l'ensemble de la question de protection du territoire agricole. Vouloir
descendre à ce niveau pour régionaliser l'ensemble de la
protection du territoire agricole serait dangereux. Il reste une chose:
jusqu'à maintenant, le ministre ne nous a pas proposé une telle
possibilité. II nous a simplement dit, dans l'amendement qu'il nous
apporte - je vais me référer au projet de loi lui-même -
qu'il proposait le remplacement, dans les sixième et septième
lignes du premier alinéa, de "le faire avant le 31 décembre 1986"
par "déposer auprès de la commission, avant le 1er juillet 1987,
une déclaration d'intention à cet effet, de la construire avant
le 1er juillet 1988". C'est le premier amendement.
Il demandait d'insérer, après le troisième
alinéa, un autre qui serait le suivant: "Lorsqu'une résidence a
été construite conformément aux dispositions du
présent article, le droit d'usage résidentiel
conféré est conservé après les délais
d'exercice mentionnés précédemment et n'est pas
éteint par la destruction partielle ou totale de la
résidence."
Le député de Berthier est ici. Il pourrait peut-être
prendre la première occasion pour faire la rectification qu'il demandait
tout à l'heure.
M. Pagé: C'est fait.
M. Jolivet: Bien non. Il ne l'a pas encore fait publiquement
ici.
M. Houde: Oui, c'est fait.
M. Pagé: C'est fait, M. le député. Vous
étiez absent pour quelques minutes.
M. Jolivet: Ah! Cela a été fait. Il l'a fait?
M. Houde: Ce midi.
M. Pagé: Le député de Berthier, dans la
gentilhommerie qui le caractérise à l'Assemblée nationale,
est en train de se bâtir une réputation solide. Le
député est un gentilhomme. Il l'a fait de façon
très délicate.
M. Jolivet: D'une façon ou d'une autre, dans son texte,
c'était marqué: Toute personne possédant un lot vacant
doit en faire la déclaration à la Commission de protection du
territoire agricole avant le 30 juin 1987 - et, là, c'est marqué
- date de l'entrée en vigueur de la loi 132, Loi modifiant la Loi sur la
protection du territoire agricole. C'est le texte que j'ai ici. Je regarde ce
que dit l'article 2: "La présente loi entre en vigueur le" et, entre
parenthèses, c'est: "indiquer ici la date de la sanction de la
présente loi".
J'ai cru comprendre, je le répète, car, quand j'ai
parlé tout à l'heure, le député n'était pas
là... Je répète que, normalement, la date indiquée
là devrait être, au plus tard, le 19 décembre 1986. Mais,
si le député sait avant moi que c'est le 30 juin 1987, tous les
gens qui suivent le dossier se demandent pourquoi alors l'urgence de
présenter un tel projet de loi aujourd'hui, s'il a valeur en 1987.
M. Houde: Vous avez certainement manqué quelque chose cet
après-midi quand j'ai fait des rectifications.
M. Jolivet: Allez-y donc pour que...
M. Houde: Non, je ne le répète pas. C'est dans les
galées.
M. Jolivet: Je le sais. Ce que je veux dire, c'est que je prends
le texte qui était là. Si vous me dites que vous avez l'intention
de faire des corrections, vous avez toujours le droit de faire des
corrections.
M. Houde: ...mon cher collègue.
M. Jolivet: Mais, si vous avez fait des corrections, cela
m'inquiète. Cela m'inquiète, parce que, la première fois
que vous avez écrit, la vérité sort rapidement du coeur,
c'était donc le 30 juin 1987. Si c'est le 30 juin 1987, cela veut dire
que le projet de loi n'a pas l'obligation d'être adopté ici ce
soir et, à ce moment-là, on peut demander à des gens de
venir nous expliquer ce qui se passe dans le milieu agricole compte tenu du
fait que certaines personnes disent, malgré ce que disait le
député de Prévost...
Une voix: C'est un très beau comté, d'ailleurs. (20
h 30)
M. Jolivet: Ah oui! Le député de Prévost
disait que, chez lui, le président régional de l'UPA était
d'accord avec le projet de loi. Bon, écoutez, il a le droit de le dire
et j'ai le droit de prétendre autre chose. Mais pourquoi ces gens ne
pourraient-ils pas être ici? L'ordre des vétérinaires
pourrait venir ici et, après cela, il pourrait porter un juqement. On
les entendra tous ensemble. Actuellement, il peut avoir sa version, je peux
avoir la mienne. Les gens étant ici, on va tous entendre la même
version et on pourra porter un jugement qui serait meilleur.
C'est dans ce sens que je dis que nous devrions regarder avec attention
la présence de ces gens qui pourraient nous aider
énormément dans nos travaux. On parlait d'effets négatifs
sur le développement urbain que l'on attribuait par avance à la
loi. Ces effets négatifs sont moins importants que ce qu'on
prévoyait à l'époque de 1978.
Il y a des effets que les gens... Vous vous en souvenez, ceux qui ont
vécu la loi. On disait: Cela n'a pas de bon sens. On va empêcher
le développement urbain et tout cela. Je pense que les effets qu'on
croyait et qu'on craignait à l'époque ne se sont pas produits.
D'ailleurs, le tout récent jugement de la Cour supérieure pour la
municipalité de Sabrevois nous éveille à une autre
approche. Les gens le disent et le répètent. La loi n'a pas assez
de dents.
Il y a des gens qui disent que la loi n'a pas assez de dents. Vous vous
souvenez de la caricature où le ministre semblait être la personne
qui voulait édenter la petite "zonette", comme on avait dit dans le
journal à l'époque. Cela date du 27 septembre, "zonette". C'est
vous qui disiez, dans la caricature, "ta "zonette" a les dents trop longues."
Donc, cela concernait la loi sur le zonage agricole. C'est la caricature. Ce
n'est pas vous qui avez dit cela.
M. Pagé: M. le Président, ce n'est pas moi qui fais
les caricatures.
M. Jolivet: Non, mais je vous dis, d'une façon...
M. Pagé: Je ne suis même pas caricatural.
M. Jolivet: Mais c'était vous. La photo est belle.
M. Pagé: Je ne suis même pas caricatural. D'autres
le sont, mais pas moi.
M. Jolivet: II n'est pas trop orgueilleux; il est un peu humble,
comme il le disait. L'autre chose qu'il faut rapporter, c'est que les MRC, dans
leur schéma d'aménagement, privilégient la création
de zones tampons. Il y a du monde qui aurait intérêt...
Tout à l'heure, je parlais de pollution qui pouvait avoir des
effets sur les maladies d'animaux. Ces animaux sont soignés par les
vétérinaires. Pour les gens qui veulent vivre dans le coin, on
demande une zone tampon d'un périmètre minimal de 500
mètres.
L'exemple typique est dans notre région, la vôtre et la
mienne, plus au, sud, par rapport à vous. C'est dans la MRC
d'Arthabaska. Si la zone qui est proposée à la MRC d'Arthabaska
est adoptée, près de 100 producteurs agricoles, dont 30 sont des
producteurs agricoles de la relève, seront négativement
touchés.
Déjà, les règlements environnementaux sont assez
puissants. Pourquoi les MRC exigeraient-elles des normes additionnelles? Les
gens disent: On se refuse à une telle approche. Cela n'a pas de bon
sens. Qu'est-ce que cela veut dire, dans le fond? Cela veut dire que nous
sommes, quant à ce dossier, devant des gens qui ont des positions
différentes les unes des autres au niveau des MRC, dans le but de
municipaliser, d'avoir un schéma d'aménagement permettant une
future zone urbanisée.
Qu'est-ce qui arrive? Si on met une zone tampon de 500 mètres,
cela veut dire quoi en fin de compte? Cela veut dire qu'en mettant cette zone,
un jour, il y a des gen3 qui vont se rendre jusqu'à cette zone. Est-ce
qu'il va falloir reculer encore la zone tampon? Vous connaissez certainement
des exemples dans la municipalité de Haute-Mauricie par rapport à
la municipalité de La Tuque. Les gens payaient trop de taxes dans la
ville de La Tuque et ils sont allés s'installer dans le canton voisin
qui était non urbanisé, qui était un territoire non
organisé. Qu'est-ce qui est arrivé? Le dévelopement s'est
fait à hue et à dia, un développement qui n'avait pas de
bon sens. Il a fallu investir beaucoup d'argent pour les égouts,
l'aqueduc et tout cela.
C'est donc un cheminement normal. Quand il y a une zone tampon et que
les gens s'approchent de la zone tampon, est-ce qu'il faut reculer la zone
tampon? Est-ce qu'il faut, de fois en fois, faire en sorte que le schéma
d'aménagement nous amène malheureusement, à une forme
d'urbanisation qui soit, à mon avis, exagérée?
Qu'est-ce qu'il faut faire dans ce dossier? Il faut avoir de la
prudence. II faut que le gouvernement mise sur la prudence. On dit que les gens
doivent rester vigilants, d'une façon extrême, afin que les acquis
que le député de Lévis a donnés à l'ensemble
des producteurs agricoles du Québec ne soient pas perdus, ne soient pas
remis en question.
La loi est bonne. Tous le disent. Les vétérinaires qui
vivent avec les cultivateurs seraient prêts à vous dire que ces
gens le pensent. La loi est bonne. Elle a fait, elle continue de faire et elle
doit continuer de faire ses preuves. Toute décision qui aurait pour but
de réviser la loi, de faire quelque modification que ce soit, qu'est-ce
que les gens en disent? Cela devra être défendu publiquement. La
députée de Kamouraska-Témiscouata sera certainement
intéressée à savoir qu'il y a des gens qui disent que cela
doit être public. Le seul moyen qu'on a pour que cela soit public, c'est
la commission parlementaire. Ce ne sont pas des rencontres avec le ministre
dans ses bureaux ou bien des groupes avec nous de l'Opposition, dans les
bureaux du député de Lévis. Le député de
Lévis fait son travail. II rencontre ces gens, mais il a aussi autre
chose à faire.
Mais si c'était public, ce serait encore plus intéressant
pour tout le monde. Ce serait fait ouvertement, à la lumière du
jour. Pas à la lumière de la nuit, comme on va le faire encore
cette nuit à l'Assemblée nationale. Comme les
éditorialistes le disent; Cela n'a pas de bon sens de travailler de
nuit. Même la ministre de la Santé et des Services sociaux, je
dois vous le dire et je trouve ça épouvantable, qui nous
présente son projet de loi ce soir, le projet de loi 142, devrait au
moins avoir la décence de ne pas nous faire travailler pendant la nuit.
Elle devrait protéger notre santé. Ce n'est pas ce qu'elle fait.
Elle nous oblige à travailler toute la nuit parce qu'elle
s'entête. Eh bien, le ministre qui est devant nous s'entête aussi
pour présenter son projet de loi. Des gens de l'UPA, comme on l'a dit
tout à l'heure, et des vétérinaires pourraient nous dire
que cela n'a pas de bon sens de vouloir faire un trou profond...
M. Garon: Béant.
M. Jolivet: ...béant, un trou extraordinairement grand,
profond dans une loi aussi importante pour le Québec. On ne doit pas
permettre à des gens de recommencer la spéculation. Tous les
vétérinaires, qui ont eu l'occasion de voir comment se produisait
la spéculation sur les meilleures terres du sud de Montréal ou de
l'île de Laval, pourraient vous parler longuement des dangers qui nous
guettent si nous rouvrons. Nous croyons qu'il ne faut pas rouvrir.
M. Garon: C'est ça.
M. Jolivet: On doit, tous tant que l'on est, comme
Québécois, rester les chiens de garde de cette loi, de tout notre
patrimoine agricole, des possibilités d'avenir de l'agriculture de ce
territoire. Je suis sûr que vous n'auriez pas d'objection à
entendre tout ce monde-là, dans la mesure où on l'invite à
cette commission parlementaire.
Les gens savent et disent que les politiques qui auraient pour but
d'amoindrir la Loi sur la protection du territoire agricole causeraient des
dangers immenses. Il faut plutôt que soit enclenché le processus
d'une utilisation maximale du territoire agricole. Je reviens à ce que
je disais, et les vétérinaires seraient plus à même
que moi de vous le dire parce qu'ils vivent avec les cultivateurs: Le
critère d'homogénéité du territoire agricole
représente le point névralgique. Si ce critère est battu
en brèche, comme semblaient l'être les demandes qui sont faites
par les MRC pour avoir des jugements déclaratoires ou autres, c'est le
principe même du développement agricole qui va être
rejeté.
Il y avait M. Kevin Drummond qui était prêt à
présenter, tout le monde s'en souvient, un projet de loi sur le zonage
agricole, comme on disait à l'époque, qui a été
bloqué par le cabinet pour des raisons que vous connaissez plus que moi
parce que vous étiez le député de Portneuf à cette
époque. Le député de Portneuf était même
député dans ce groupe de ministres en 1973 et il y a des gens qui
ont bloqué cette décision. Le Conseil des ministres l'a
bloquée. Mais au moment où on est arrivé au pouvoir, des
gens ont décidé de faire l'inverse. Eux, à l'inverse des
députés libéraux de 1973 à 1976, ont appuyé
leur ministre de l'Agriculture, l'actuel député de Lévis.
Il s'est senti appuyé et il l'a fait.
M. Garon: C'est un travail d'équipe.
M. Jolivet: C'est quoi, l'homogénéité? C'est
réserver à l'agriculture tous les sols propices à cette
activité économique. C'est rentabiliser et consolider
l'entreprise agricole par le contrôle du morcellement des lots et du
démembrement des entreprises agricoles et, en dernier lieu,
éliminer ou, tout au moins, réduire les contraintes nuisibles
à l'activité agricole.
Nous croyons qu'à ce moment-là le ministre devrait
comprendre que ce qu'il nous propose va plus loin que simplement apporter un
changement de date. Ce changement de date, c'est justement ce qui cache la
réalité. Sous le principe de dire qu'on change la date, on oublie
de dire - et on ne convainc pas les gens qu'on ne veut pas faire ces choses -
qu'on se donne les pressions dont le ministre a besoin pour forcer les
agriculteurs, l'UPA en particulier, et les gens qui sont dans la classe
agricole à accepter des changements immenses par ce trou béant
qu'il veut créer à la Loi sur la protection du territoire
agricole. C'est peut-être juste un changement de date qui est
proposé, selon ce que le ministre dit, mais nous croyons que c'est plus
que ce que le projet de loi propose. Ce que nous essayons de démontrer,
nous voulons que d'autres personnes viennent le dire au ministre et que ces
gens-là convainquent le ministre de reculer, comme on l'avait fait, je
le répète, auprès du ministre de l'Éducation qui
avait un projet de loi de quatre articles. À la suite de la
représentation en consultation particulière de la commission
scolaire de Joutel-Matagami qui agglomérait la commission scolaire du
Nouveau-Québec, le ministre a été obligé de
reculer; il l'a présenté à nouveau avec l'appui de
l'Opposition. Cela prenait l'unanimité pour présenter un projet
de loi réimprimé de huit articles qui faisait l'affaire de tout
le monde et de l'Opposition en particulier. Alors, j'aurai certainement
l'occasion de revenir sur d'autres possibilités et je laisse à
d'autres le soin de faire comprendre au ministre qu'il doit reculer.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le ministre, désirez-vous
intervenir immédiatement pour votre droit de réplique à
l'amendement ou si vous laissez porter?
M. Pagé: M. le Président, comme il apparaît
de façon de plus en plus claire que les députés de
l'Opposition nous convient actuellement à un processus de refus, le plus
systématique, d'adoption de cette loi, d'une part, et, d'autre part,
qu'ils utilisent à cette fin des moyens purement et simplement
dilatoires pour brûler du temps, pour égrener du temps, pour
gagner du temps, je me propose d'intervenir en réplique lorsque les
motions dilatoires seront complétées et qu'elles auront toutes
été présentées.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. Est-ce
que quelqu'un d'autre a des commentaires, des opinions à émettre
sur l'amendement?
M. Jolivet: J'ai une question de directive, M. le
Président, avant que mon collègue, le député de
Terrebonne, intervienne. Est-ce que le fait que le ministre prenne ses cinq
minutes enlève le droit aux députés du parti au pouvoir de
parler? Je ne le pense pas.
Le Président (M. Richard): Non, pas du tout.
M. Jolivet: Donc, s'il y en a qui veulent parler selon
l'alternance.
Des voix: Non.
Le Président (M. Richard): Toutes les personnes peuvent
parler pour un maximum de dix minutes. M. le ministre a un droit de
réplique de 30 minutes, évidemment, au même titre que vous
comme proposeur de l'amendement.
M. Jolivet: Je veux dire que, si les gens de l'autre
côté, selon l'alternance, veulent parler avant que mon
collègue, le député de Terrebonne, parle, il n'y a pas
d'objection.
Le Président (M. Richard): En fait, il s'agit de me
l'indiquer. Si quelqu'un veut prendre la parole, il a le loisir de le
faire.
M. Jolivet: Si mon collègue, le député de
Terrebonne, parle, c'est que personne de l'autre côté ne veut
parler. C'est cela? D'accord.
M. Garon: M. le Président, on voudrait que vous les
regardiez, au cas où il y aurait des velléités, mais,
comme vous ne les regardez pas beaucoup, on a l'impression que vous savez
d'avance qu'ils ne parleront pas.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: Question de directive. Je veux savoir
brièvement en quoi consiste un "filibuster"? Je veux savoir si
effectivement on est en train de vivre cela actuellement. Comme c'est ma
première année, je voudrais évidemment apprécier de
visu. (20 h 45)
M. Pagé: M. le Président, je me ferai un plaisir,
sans paternalisme évidemment, d'informer et de renseigner mon honorable
collègue. La procédure de "filibuster" est une procédure
en vertu de laquelle les députés -généralement de
l'Opposition - utilisent tous les moyens parlementaires qui leur sont
disponibles pour retarder l'adoption d'une loi ou encore, ce faisant, retarder
le fonctionnement du système parlementaire de façon qu'une loi
qui pourrait venir éventuellement ou une autre loi qui n'est pas au
stade de l'étude du projet de loi qui fait l'objet du "filibuster" soit
retardée. C'est fréquent. Cependant, on a été
habitué au Parlement à ce que cela soit fait avec une certaine
habileté. Ce n'est plus le cas maintenant, depuis le 2 décembre
dernier. C'est même dramatiquement transparent. Cela témoigne de
beaucoup de faiblesses. D'ailleurs, on en a eu un exemple très
éloquent tout à l'heure, lorsque le député de
Laviolette a causé pendant 30 minutes. Je suis persuadé que, si
on lui demandait à brûle-pourpoint de se référer aux
cinq thèmes sur lesquels s'est appuyée son intervention, il ne
saurait que dire.
M. Jolivet: II n'y avait pas cinq thèmes; il n'y avait
qu'un seul thème, c'est de retirer la loi.
M. Pagé: Ah! Et cela, il n'en a pas parlé.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Pagé: Consulter les vétérinaires aussi.
M. le député, un "filibuster", c'est cela. Regardez-les, vous
comprendrez. Ils sont vraiment débutants encore, ce sont des
balbutiements.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre.
M. Garon: On pourrait faire des ententes facilement.
Le Président (M. Richard): Excusez-moi, M. le
député de Lévis.
M. Camden: M. le Président, je suis quand même
heureux d'apprécier de visu.
Évidemment, c'est une information que j'ai eue. Mais là
à l'égard de la loi, j'ai le privilège d'apprécier
cette performance.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lotbinière. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Nous parlons de faire des consultations. Il est normal
que le ministre n'ait pas pu faire des consultations avant. Dans un projet de
loi comme celui-là, il n'a pas pu aller dans les détails
tellement. Une fois qu'il est déposé, il peut y avoir
consultation. Ce que l'on veut, au fond, c'est qu'il ait une consultation
après le dépôt du projet de loi, avant que l'on fasse
l'étude article par article. Cela pourrait aller rapidement. Il ne
s'agit pas de consultations qui vont durer une semaine. Cela pourrait se faire
en moins de deux jours même. Cela pourrait aller très rapidement,
en vue d'adopter le projet de loi. Nous ne sommes pas contre l'idée
qu'il y ait un délai additionnel, mais non pas avec la
méthodologie employée qui change la méthodologie
antérieure. C'est ce que l'on a dit, au fond.
Comme le ministre ne semble pas le comprendre, l'on dits Faisons des
consultations auprès du milieu qui connaît cela, de l'Union des
producteurs agricoles, etc. C'est ce que l'on dit, au fond. Si le ministre a
l'appui de tout le monde, tant mieux! Si les gens du milieu disent la
même chose que nous, peut-être qu'il pourrait y avoir des
amendements qui refléteraient plus le sens de la protection.
Le Président (M. Richard): C'est sur votre droit de
parole?
M. Garon: Non. Je réponds à une question
posée par le député de Lotbinière. Il n'a pas dit
à qui il l'adressait du côté de l'Opposition.
Une voix: Tout le monde a le droit de répondre.
M. Camden: J'aurais pu apprécier une excellente
réponse de la part du député de Portneuf et ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: Quand le député de Lotbinière me
parle, M. le Président, il est obligé de s'adresser à
vous. Il n'a pas le droit de me parler directement. Par votre
intermédiaire, comme j'ai senti que vous étiez le
médium...
Le Président (M. Richard): Non, écoutez, il y avait
recevabilité. Je pense qu'il n'y a pas de problème. De part et
d'autre, on a identifié ce que c'est.
M. Camden: Je savais fort bien que je n'étais pas à
la radio, que je pouvais vous adresser la parole directement, que je pouvais
apprécier de visu. Mon ouïe a aussi apprécié cette
performance.
Le Président (M. Richard): Je pense que, de part et
d'autre, autant du côté de l'Opposition que du côté
ministériel, on a été beaucoup plus explicite que la
réponse que j'aurais pu vous donner. J'aurais eu tendance à vous
répondre que c'était tout simplement une méthode pour
retarder l'étude du projet de loi article par article.
M. Garon: Bien non!
Le Président (M. Richard): Non. Je dis: Si, objectivement,
quelqu'un me posait la question, à savoir ce que c'est, un
"filibustage".
M. Garon: M. le député doit le savoir, à
Ottawa, cela s'est fait quand les cloches ont sonné pendant trois
semaines. Il était, à ce moment-là, secrétaire du
député libéral de Lotbinière. Cela, c'était
un vrai "filibuster". Nous, au contraire, nous proposons des consultations pour
accélérer l'adoption du projet de loi.
M. Camden: Je devrais préciser que j'étais à
ce moment-là dans le comté de Lotbinière,
préoccupé à défendre les intérêts des
citoyens de ce comté, à les représenter de façon
efficace.
M. Garon: Les libéraux se sont fait laver comme
jamais.
Le Président (M. Richard): Merci. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je ne veux pas intervenir. Je voulais juste poser une
question. Mon collègue de Lévis l'a posée. Je voulais
poser la question suivante: Est-ce que le député n'a pas
été, à un moment donné, très près,
à un autre degré que nous, de l'ensemble des activités
parlementaires? Quand on dit que cela a pour but de retarder les travaux, je
vous rappelle que, dans un cas comme celui-là, l'on essaie, simplement,
de convaincre le ministre d'entendre des gens et de porter ensuite un jugement.
Je dois vous dire que, dans le cas que je citais de Joutel-Matagami, le
ministre, avant même que l'on présente des motions dans ce sens,
à la suite des arguments que j'ai apportés à
l'Assemblée nationale, en dehors des règles habituelles, lors
d'une rencontre avec moi, a accepté cette rencontre qui a porté
les fruits dont je faisais mention tout à l'heure. C'est simplement ce
que l'on fait.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le député de
Terrebonne, vous désirez intervenir?
M. Blais: S'il vous plaît, monsieur.
Le Président (M. Richard): Vous avez dix minutes au
maximum.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Je veux appuyer
absolument la motion d'amendement de mon confrère de Laviolette qui
demande à faire venir les vétérinaires et pour plaire
aussi à l'Opposition, leur dire sur quel thème je vais traiter la
venue des vétérinaires: la proximité d'un bloc de
nouvelles résidences en milieu rural.
Je voudrais qu'on fasse venir des vétérinaires non pas
traditionnels, comme mon confrère veut en faire venir, mais trois sortes
particulières: des vétérinaires en psychiatrie
générale, des vétérinaires en musicothérapie
et des vétérinaires en "migratologie", s'adressant à trois
différents genres d'élevage que nous avons dans nos fermes
aujourd'hui. Cela paraît curieux pour quelqu'un qui n'a pas visité
les États-Unis, par exemple, où ces trois procédés
sont excessivement utilisés pour une plus grande production et c'est
d'une importance capitale.
D'abord, les vétérinaires environnementaux en psychiatrie
ou en psychologie générale. S'il y a trop de monde qui arrive
autour des animaux et qu'ils ne sont pas habitués à une telle
population environnementale, ils pourraient avoir ce qu'on appelle des
énervements douteux. Cela les influence sur beaucoup de choses. Par
exemple, il y a des animaux d'élevage, comme le vison, etc. S'il y a
trop de monde autour, vous savez que cela les influence beaucoup. Ici, il
s'agit d'habitations supplémentaires, je vais rester extrêmement
pertinent. Les habitations supplémentaires peuvent apeurer les visons et
les éleveurs pourraient en être les victimes indirectement. La
peau de l'animal serait moins belle et son développement serait moins
fort. Il peut en être de même du cheptel laitier où la
quantité de lait de vache ou de chèvre pourrait être moins
grande à cause du stress d'une population autour. Ce stress pourrait
donner une moins bonne production que prévue. Il en est de même
pour tous les oiseaux, les animaux de basse-cour. Avec une densité
très forte de gens autour, les oeufs à deux jaunes pourraient
être très rares et la santé de ces animaux... La trop
grande proximité d'une population qui à la longue tombe sur les
nerfs des animaux de ferme, entraînerait un moins grand
développement et, partant, une moins grande production.
C'est la même chose en musicothérapie. J'en ai vu,
d'ailleurs, j'en ai visité aux États-Unis. Dans beaucoup
d'établissements et môme à certains endroits au
Québec, vous le savez, il y a maintenant de la musique. Il y a de la
musique dans les étables. Beaucoup d'étables ont cela au
Québec et aux États-Unis. On me dit que vous connaissez cela. La
première partie, on dirait que moins de gens connaissaient ce genre de
vétérinaires psychiatres. Mais les psychiatres en
musicothérapie sont très répandus aux États-Unis.
Si on pouvait avoir des experts ici, cela renseignerait d'abord l'ensemble de
la députation et on pourrait voir l'influence que la musique peut
apporter sur la production, sur le poids de l'animal, sur l'allure de la
bête elle-même, ensuite sur la qualité de sa viande, lorsque
c'est un animal comestible, sur la qualité de sa production lorsque
c'est un animal de basse-cour - c'est comestible aussi - et sur la
qualité de sa fourrure, lorsque c'est animal comme le vison, la martre
ou la loutre. Même aujourd'hui, on voit des éleveurs de
différentes sortes de renards dans tout le Québec. Si on pouvait
avoir des experts pour venir nous parler des besoins de la ferme dans ces
différents domaines, j'ai bien l'impression que nous en serions tous
ravis et nous en sortirions tous grandis et plus connaissants de la chose.
Maintenant, en "migratologie", c'est un peu plus rare. Les psychiatres
vétérinaires en "migratologie" sont plutôt rares et
s'adressent de façon spécifique aux canards et aux oies. Ce sont
des oiseaux migrateurs et, vu qu'on les domestique et qu'on les empêche
de poser le geste qui selon leur nature est instinctif, eh bien, il y a quand
même pour eux une espèce de vexation naturelle lorsqu'on les
empêche de poser ce geste que la nature leur commande par instinct. Il y
a donc ce qu'on appelle des psychiatres en "migratologie". Il y en a beaucoup
moins. II y en a quelques-uns dans le monde, en Australie, entre autres.
La proximité des gens par une permission de construire, ne
fût-ce que dans les intentions, pourrait donner à ces animaux une
espèce de complexe, de stress. Ils deviendraient moins bons à la
consommation. Le pâté d'oie serait moins bon et le canard à
l'orange dans les restaurants pourrait être un peu plus difficile
à consommer et plus dur sous la dent, surtout de notre jeunesse
édentée par Mme la ministre actuelle. Ainsi, les maux d'estomac
s'ensuivent, la mauvaise digestion et tout. Tout s'ensuit. Ce serait bien
important, je crois, d'avoir des vétérinaires qui viendraient
nous visiter.
En gros, nous voulons que des gens viennent nous voir parce que nous
voulons constater les vraies intentions du ministre de l'Agriculture. Nous
voulons confronter le ministre et son projet de loi avec les gens du milieu.
Nous aimerions que les gens disent au ministre de corriger son tir parce que
nous croyons fermement qu'il est mal orienté. Comme le disait l'ancien
ministre de
l'Agriculture: S'il ne faisait que retarder le délai pour la
demande d'un permis de construction municipal, on pourrait facilement
être d'accord, mais, dans ce cas-ci -c'est pour cela qu'il serait bon que
les vétérinaires viennent nous voir - cela pourrait donner une
explosion de demandes d'intentions. Qui sait où s'arrêteraient ces
intentions? L'enfer n'en est-il pas pavé? Le Québec pourrait
aussi être pavé d'intentions de construire. On dit toujours;
L'enfer est pavé de bonnes intentions.
Mais qui nous dit ici qu'un nombre effarant de personnes qui ont des
lots en devenir habités n'en manifesteraient pas de façon
écrite l'intention parce que cela ne leur crée aucune obligation
sur le coup? Il pourrait y avoir là des abus que même vous du
gouvernement regretteriez après. Vaut toujours mieux regarder
quelquefois avant d'agir!
Personnellement, je crois que les vétérinaires, comme le
demande mon confrère de Laviolette, devraient venir nous voir afin
d'éclairer nos lanternes qui à cette heure-ci nous portent
beaucoup plus, à cause de la fatigue, à boubouler qu'à
discuter de façon intrinsèquement compréhensible.
Motion de sous-amendement proposant
d'entendre aussi l'UMRC
En terminant cette première intervention, j'aurais une
proposition de sous-amendement à vous faire en ajoutant l'Union des
municipalités régionales de comté.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne vous proposez un sous-amendement qui indiquerait de convoquer en
commission l'UMRC, comme on l'appelle, l'Union des...
M. Blais: L'UMRCQ.
Le Président (M. Richard): L'UMRCQ, l'Union des
municipalités régionales de comté.
M. Blais: C'est ce que j'ai marqué.
Le Président (M. Richard): A la suite de l'Ordre des
vétérinaires et de l'Union des producteurs agricoles du
Québec.
M. Messier: Question de règlement! Le Président
(M. Richard): Pardon?
M. Messier: Juste une question de règlement selon
l'article... J'ai une question à poser au député de
Terrebonne.
Une voix: N'importe quand.
Le Président (M. Richard): Si vous le permettez, M. le
député de Terrebonne?
M. Blais: Je voudrais que vous me disiez si elle est recevable
avant.
M. Messier: Pendant que vous disposez de la motion
d'amendement.
Le Président (M. Richard): D'accord, merci. Vous avez le
droit, selon l'article 212, de poser...
M. Messier: Je voudrais savoir à quelle faculté les
cours de "migratoloqie" se donnent. (21 heures)
M. Blais: Pardon?
M. Messier: À quelle faculté de la médecine
vétérinaire les cours de "migratologie" se donnent-ils?
M. Blais: Ce sont des autodidactes qui ont
développé cette nouvelle technique de protection des animaux de
ferme, pour votre information. Il y en a quelques-uns. En Australie, il y en a
plusieurs.
M. Farrah: ...
M. Blais: Je ne sais pas, je n'ai pas les moyens gouvernementaux.
Ce n'est pas à moi de le faire, c'est au ministre.
M. Messier: Dans la même veine, est-ce que vous en
connaissez ici au Québec qui sont rattachés à une
faculté quelconque?
M. Blais: Personnellement, je n'en connais pas. J'ai lu dans un
journal, je ne me souviens plus duquel, que ça existe. Vous connaissez
certainement ceux qui s'occupent de musicothérapie; il y a des
vétérinaires en musicothérapte. La plupart de nos fermes
au Québec ont déjà de la musique. Cela n'a pas
été inventé tout seul. Ce sont des gens qui soignent les
animaux qui nous ont montré à se servir de cela. Aujourd'hui,
pour certaines personnes handicapées on se sert de cette musique pour
les rétablir. Voyons, c'est l'enfance de l'art. Nous sommes en 1986.
M. Messier: Vous voulez dire la zootechnologie. Dans certains
théâtres on donne ces cours de zootechnologie.
M. Pagé: Ce n'est pas la musicothérapie qui a
commencé cela, c'est le chapelet en famille, puis Séraphin. Cela
fait quarante ans qu'il y a de la musique dans les étables.
M. Garon: Du temps de Séraphin...
M. Pagé: Je ne parle pas du temps de Séraphin, je
parle de l'émission, vous devriez
vous rappeler, M. le député de Lévis, avant que la
télévision arrive.
M. Garon: Non, je ne suis pas assez vieux pour cela.
M. Blais M. le ministre, vous prétendez que
Séraphin et le chapelet en famille, etc., c'est cela qui a fait le
développement de la plupart de nos vétérinaires au
Québec?
M. Pagé: Non, non, ce n'est pas de cela que je parle. Je
veux dire que cela fait des années qu'il y a du son dans les
étables du Québec.
M. Blais: Oui, mais on appelle cela la musicothérapie.
Quand même, cela a un nom, tout a un nom.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Hyacinthe...
M. Pagé: Aujourd'hui, ils écoutent même le
député de Lévis.
Le Président (M. Richard): Est-ce que cela répond
à votre question, M. le député?
M. Messier: Ce sont des réponses farfelues, mais cela
va.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Richard): Oui, est-ce une question de
règlement ou en fonction de l'article 212?
M. Camden: C'est une question peut-être de clarification de
la part du député de Terrebonne quant à son
exposé.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: Si le député de Terrebonne me permet, je
voudrais savoir de lui si cette formation est reconnue par l'Ordre des
vétérinaires du Québec.
M. Blais: J'en ai aucune idée, monsieur.
M. Camden: Vous n'avez aucune idée. Est-ce que vous pouvez
nous indiquer la pertinence qu'il y avait de lier cela avec l'amendement
concernant l'Ordre des vétérinaires du Québec si ceux-ci
ne sont pas prédisposés à accepter ces autodidactes au
sein de leur ordre?
M. Blais: Ces quoi, vous dites? M. Messier: Autodidactes.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: C'est une classe de vétérinaires tout
simplement. C'est très pertinent en tout cas. C'est mieux de parler de
cela que de parler des promesses que vous n'avez pas remplies. J'aime autant
être pertinent.
M. Camden: Évidemment, sur la pertinence on voulait
être mieux informés et plus informés. Alors, je comptais
sur vos informations complémentaires pour...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne, votre...
M. Camden: Je resterai donc sur mon appétit, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lotbinière. M. le député de
Terrebonne, votre sous-amendement est recevable. Comme parrain du
sous-amendement, vous pouvez en discuter durant trente minutes au maximum.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président CM. Richard): Je vous laisse la parole, M. le
député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Vous êtes bien bon. Il y a une chose que
j'aimerais vous dire. Il est évident que de notre côté nous
ne laisserons pas cette loi être adoptée sans des amendements
notables et sans des amendements de taille. L'ancien ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, qui est, en l'occurrence, le meilleur
ministre des affaires agricoles que le Québec ait connu, lui, a fait des
consultations et on ne trouve personne qui appuie ce projet de loi. Tout le
monde a quelque chose à redire sur ce projet de loi. Vu qu'on ne peut
pas, de nous-mêmes, seuls, de l'Opposition - on ne peut pas
résister 23 contre 99 - dire que nous désirons des amendements et
que ces amendements sont absolument nécessaires pour le bien de la
classe agricole québécoise, nous nous devons de faire venir des
gens de l'extérieur ou le demander pour essayer de convaincre le
ministre et le gouvernement de changer son tir qui est orienté vers un
projet de loi qui sera néfaste pour la classe agricole.
Ici, je vois: Protection du territoire agricole - c'est marqué
dans le journal Le Soleil du 24 septembre 1986 - pour M. Pagé:
"Autant il faut s'asseoir avec les MRC, autant j'ai établi que la Loi
sur la protection du territoire agricole doit demeurer." C'est bien. Mais on
voudrait que les MRC viennent s'asseoir avec nous. Vous dites qu'il faut que
vous vous assoyiez avec les MRC. Eh bien, on vous le demande tout simplement.
Je n'ai
fait cela que pour répondre au désir du ministre de
l'Agriculture parce que je trouvais que c'était un bon point en sa
faveur. Cette loi, on l'adopte comme cela sans aucune autre consultation. On a
demandé de faire venir l'UPA, on a demandé de faire venir les
vétérinaires, on demande de faire venir les MRC, et il semblerait
que, de l'autre côté, on ne veuille même pas s'exprimer sur
le sujet. Vient un temps où on se demande si la consultation est de
rigueur de ce côté de la Chambre.
Consulter, vous savez, c'est excessivement important dans la vie.
Personne ici-bas n'a, en soi, la science infuse, et, quelles que soient les
qualités que nous ayons en naissant, nous n'avons pas la
plénitude de toute la science qui habite la planète. C'est dit de
façon très simple, et c'est très compréhensible.
Nous n'avons pas la science infuse et, de façon intrinsèque,
même si nous l'avions, nous ne saurions l'interpréter de
façon correcte à tous les coups. Nous avons absolument besoin de
gens pour nous aider, nous orienter, nous diriger ou nous confirmer dans une
direction. Qui de mieux que les experts du milieu pour venir dire que
l'orientation est bonne ou pour nous dire qu'on dévie de l'obtention
optimum du désir du ministre lui-même, comme il le dit dans cet
article du Soleil: "...autant j'ai établi que la Loi sur la protection
du territoire agricole doit demeurer"? Mais il y a plusieurs façons de
la laisser demeurer. Il y a en l'amendant pour en violer l'esprit, elle demeure
quand même en place, ou l'amendant en la musclant davantage. Soit par le
viol ou par le muscle, elle peut toujours être en place, mais on change
son essence tout en la laissant sur ses principes. Je suis persuadé que,
connaissant la rigidité du ministre de l'Agriculture, il ne veut pas
intentionnellement violer cette loi. Il veut certainement la muscler davantage.
Et il ne voit là personnellement qu'un petit assouplissement pour rendre
service à des gens qui n'ont pas su dans les années
passées profiter d'une largesse que la première loi, en 1978, a
restreinte quant à la construction de maisons isolées ici et
là. Cependant, cette largesse, nous la trouvons trop large parce que, si
elle ne comprenait que la demande d'un permis de construction soit à
ville soit en même temps à la Commission du territoire agricole,
cela va, mais cette loi ne dit pas "la demande de construction", cette loi
légifère sur l'intention de construire. C'est ce qui peut donner
l'éclosion d'une multitude, d'une ribambelle, d'une kyrielle de demandes
qui se bousculeraient au bureau. Moi qui ai un respect des fonctionnaires parce
que je l'ai été pendant seize ans, je ne verrais pas se bousculer
à ma porte tout cet amalgame de demandes qui ferait en sorte que,
moi-même, j'aurais peut-être besoin de soins psychiatriques
à la fin si j'étais ce fonctionnaire qui recevrait ce genre de
demandes. Cela devient effarant, M. le Président. Vous savez ce que
c'est, vous avez déjà été maire.
Quand tous les fossés se mettent à déborder, vous
n'avez pas assez de téléphones pour répondre aux demandes
des citoyens. C'est la même chose. Si c'était nécessaire
encore qu'il y ait un nombre de terrains et de lots qui soient exemptés
ou blanchis, comme on dit, en argot agricole, non verdis, mais blanchis; si on
pouvait blanchir, par nécessité, certains terrains, j'y vais, j'y
suis. Mais nous avons déjà - je le répète - 3 000
000 de terrains aptes à la construction, prêts pour la
construction, au Québec. Ne fussent qu'à deux personnes par
maison qui serait construite sur ces terrains, on doublerait la population du
Québec, sans faire aucun changement dans le zonage agricole actuel. Qui
plus est - j'insiste sur cela - plus de 400 000 de ces terrains sont
déjà viabilisés; c'est incroyable.
Viabilisé, pour ceux qui nous écouteraient - il y a
certainement beaucoup de gens qui nous écoutent - et qui ne
connaîtraient pas l'expression, veut dire un terrain où * il y a
l'eau, les égouts, la route; tout est prêt à recevoir des
gens, il ne manque que la maison. Et c'est en terrain blanc, comme on dit.
Permission d'ériger. Il y en a plus de 400 000. Il y a donc place au
Québec pour environ 1 000 0000 de personnes sans changer un iota
à la loi agricole.
Je suis persuadé, M. le ministre que vous n'avez pas lu l'esprit
de la loi, parce que je suis persuadé que vous voulez protéger
les terrains agricoles. Je vous connais. Vous le dites et je suis
persuadé que vous voulez le faire. Mais cette loi légifère
sur l'intention. C'est comme si un gouvernement disait: Aujourd'hui, nous
allons légiférer sur le consensus social.
On ne peut pas légiférer sur une idée. C'est
absurde. On ne légifère pas sur le consensus; on ne
légifère pas sur la conscience sociale. On ne peut pas dire
qu'à compter de demain, à minuit, tout le monde aura une
conscience sociale au Québec et fera consensus pour le grand
épanouissement de ce peuple. Impossible. Les intentions, on ne
légifère pas là-dessus.
Voici que dans une loi on dit que nous allons permettre aux intentions
d'être légales. Je touve cela curieux. Cela a un petit
côté curieux. Je crois, M. le Président, que c'est la
première fois qu'un gouvernement tente de légiférer sur
des intentions. J'aimerais trouver quelque part un exemple. Avez-vous
souvenance - je regarde le député de Lévis à
côté de moi - qu'un gouvernement ait légiféré
sur des intentions?
M. Garon: Surtout les mauvaises intentions.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: Je n'en connais pas. M. le ministre - il faut que je le
dise - j'ai l'impression que lorsque vous avez été nommé
ministre de l'Agriculture le premier ministre a dit: J'ai ici un homme qui veut
défendre les agriculteurs au Québec. Je pense, moi aussi, que
c'est cela que vous voulez faire. Mais, ciel! lisez, pour l'amour, ce petit
projet de loi qui, mon Dieu! a l'air insipide, incolore, inodore, anodin. Mais
qu'il est chargé de conséquences futuristes!
Il a devant lui un incroyable chemin qui pourrait nous mener à
l'éclosion d'une multitude de maisons qui seraient bâties dans un
milieu où ils n'ont pas d'affaire du tout. Elles seraient bâties
sans raison.
Par expérience, le député de Lévis nous dit
qu'il pourrait voir poindre des intentions pour 100 000, 125 000 ou 150 000. Je
me dois d'être avec mon collègue de Lévis...
M. Garon: Vous avez passé proche de dire "mon gros"! (21 h
15)
M. Blais: ...parce qu'il a l'expérience. J'aimerais
beaucoup, comme vous le dites dans votre article, que l'on puisse s'asseoir
avec les gens du municipal. En fait, je sais qu'ils sont tellement... Ah! Mon
Dieu! Je regarde ici. "Le critique péquiste sur les questions agricoles,
M. Jean Garon - comme ils disent dans Le Devoir ici - a accusé le
ministre Pagé de vouloir défaire la loi. Les critères de
M. Pagé sont tellement larges que les zones non agricoles vont pousser
partout en imposant des contraintes à l'agriculture et les droits des
individus l'emporteront. Il n'y aura plus de territoire agricole, mais un
damier de zones agricoles."
M. Camden: M. le Président...
M. Blais: Je ne vous permets pas de question, moi. Si
c'était moi...
M. Camden: Question de règlement.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. M. le
député de Lotbinière, question de règlement.
M. Camden: M. le Président, à la lecture de
l'article que vient de nous faire le député de Terrebonne, cela
prend une tendance que j'exprimais cet après-midi.
M. Blais: Ah bien, là, je vais vous répondre.
M. Garon: Je vais vous parler de la conférence de presse
du 23 septembre.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse.
M. Blais: Bon, M. le Président...
Le Président (M. Richard): Ce n'était effectivement
pas tout à fait une question de règlement. M. le
député de Terrebonne.
M. Pagé: Si elle ne l'était pas tout à fait,
M. le Président, elle l'était un peu.
Le Président (M. Richard): Ha! Ha! M. le
député de Terrebonne, si vous voulez continuer, il vous reste
quinze minutes à votre intervention.
M. Blais: Oui, je tiens à dire que le député
de Lotbinière devrait s'arrêter, penser à ce qu'il a dit
tantôt, regarder la déclaration dont il s'est servi dans
l'Argus pour justifier son affirmation et regarder ce que je viens de
citer. Ce sont trois choses différentes. Il mélange le
Père, le Fils et le Saint-Esprit. Cela n'a aucun sens. C'est l'un ou
c'est l'autre. Ce sont trois choses différentes. Vous êtes sur
trois voies et vous les évitez toutes les trois et vous posez une
question... Avez-vous la citation qu'il a faite? Vous disiez tantôt.. Je
crois me rappeler que le député de Lévis disait
textuellement, qu'il favorisait le lotissement.
M. Camden: ...vous autres, c'était toujours le
trèfle, cela faisait un tout.
M. Blais: Vous avez pris l'Argus et ce n'était pas
marqué comme ça du tout et là non plus. Il dit tout
simplement que sur le projet de loi que vous êtes en train de vouloir
adopter vous restez cois, vous n'en parlez pas. Vous restez cois. On se demande
pourquoi. Vous n'êtes pourtant pas de Brome-Missisquoi, mais vous
êtes Québécois. Vous devriez en parler un peu, il me
semble, de défendre les agriculteurs. "Les critères de M.
Pagé sont tellement larges - c'est M. Garon qui le dit - que les zones
non agricoles vont pousser partout en imposant des contraintes à
l'agriculture et les droits des individus l'emporteront. Il n'y aura plus de
territoire agricole, mais un damier de zones agricoles." C'est ce qu'on dit
depuis le début. Cela ne veut pas dire qu'il favorise le lotissement. Il
faut tout de même essayer de faire une différence entre les trois
choses. Je suis persuadé que le ministre comprend très bien ce
que je voulais dire par cela. J'aimerais beaucoup que ces gens-là
viennent ici. D'accord?
De même, on a demandé de faire venir l'UPA et l'UMRCQ,
parce qu'ils sont les deux groupes les plus importants en agriculture. Si vous
n'êtes pas d'accord là-dessus, alors dites-le-moi.
M. Forget: La coopération.
M. Blais: Allez-y, M. le député de
Prévost.
Des voix: Avez-vous un amendement?
M. Forget: Non, mais c'est tout simplement pour l'informer.
M. Blais: Allez-y! Je n'ai pas compris et personne n'a compris.
Redites-le.
M. Forgets Tout simplement, quand vous parliez des groupes qui
représentent l'agriculture...
M. Blais: Les plus importants.
M. Forget: Il y a naturellement l'UPA et les coopératives.
C'est un mouvement très important. Je pense que le député
de Lévis pourrait nous le dire. Il se souvient qu'elles
représentent à peu près 60 % à 70 % des
agriculteurs, qui sont membres des coopératives. C'est un mouvement
très important. Il ne faudrait pas l'oublier.
M. Blais: Comme d'habitude, le député de
Prévost s'ouvre la trappe quand ce n'est pas le temps et, quand c'est le
temps, il ne parle pas. J'allais dire et je maintiens...
M. Forget: Vous ne voulez pas reconnaître les choses
réelles. C'est tout.
M. Blais: Je vais continuer. Il ne sait pas ce que je veux dire
et il fait déjà des réflexions. Les deux groupes les plus
importants qui sont concernés ici sont l'UPA et l'UMRCQ. Selon moi, je
dis que ce sont les deux groupes les plus importants.
M. Pagé: Les vétérinaires ne sont pas
importants?
M. Blais: Ah oui! Mais, dans le cas qui concerne le lotissement,
pourquoi sont-ils les deux groupes les plus importants? Premièrement,
parce que l'UMRCQ est en train de faire son schéma d'aménagement.
L'UPA représente les agriculteurs. Ce sont les deux groupes les plus
importants dans ce dont on parle ici. Pour les agriculteurs, les deux groupes
les plus importants sont l'UPA et les coopératives agricoles. Je le
sais. Si vous suiviez, vous m'auriez compris et vous ne m'auriez pas interrompu
inutilement et le ministre n'aurait pas été obligé de vous
défendre un petit peu, ni le président. C'est l'UPA avec les
MRCQ, parce qu'elles sont en train de faire leur schéma
d'aménagement.
Je défenderai, d'un bout à l'autre, l'UPA dans ce dossier.
M. le ministre, je sens que vous commencez à hésiter un peu et
à penser qu'il serait peut-être possible de regarder une
façon où on pourrait s'entendre des deux côtés de la
table de sorte que le projet de loi soit adopté facilement. C'est si
simple de s'entendre.
M. le ministre, l'ancien ministre de l'Agriculture...
M. Pagé: Moi, je disais le contraire.
M. Blais: L'ancien ministre de l'Agriculture est là. Je
suis persuadé que si vous alliez tous les deux jaser - on suspendrait
pour une dizaine de minutes -vous arriveriez à une entente et ce ne
serait pas long. Il faudrait que vous nous permettiez de rencontrer quelques
groupes, quand même, qui viendraient nous éclairer. Ce serait
absolument nécessaire.
Personnellement, je dis qu'on se devrait de recevoir l'Union des
municipalités régionales de comté qui est à
établir son schéma d'aménagement. Il faut qu'elle le fasse
en tenant compte du territoire agricole, parce que le territoire agricole, la
terre nourricière, est à protéger au Québec.
Ce projet de loi va nous en enlever encore des parcelles. On dit qu'il y
en a juste 1,8 %, actuellement, qui sont en culture et qu'il y en a juste 5 %,
à peine, qui sont cultivables. I! y en a 1,8 % qui sont actuellement en
culture. Il y en a donc 95 % qui sont des terres propices, plus ou moins,
à l'établissement de maisons. Je ne vois pourquoi on
lésine tant sur ce petit 5 % qui, en réalité, est la
bordure qui longe le . fleuve. Il y a une pointe en suivant la rivière
qui s'en va au lac Saint-Jean. Il y en a un peu en Abitibi avec des terres
très difficiles. Le Témiscamingue, c'est un peu mieux.
Dans la région de l'Outaouais, les terres qui longent
l'Outaouais, cela va bien. On en a un peu à Trois-Rivières, dans
ces coins-là, et un peu dans l'Estrie et dans la Beauce. Mais, mon Dieu,
que les pointes sont faibles! C'est comme une espèce de pointe qui suit
le long des rivières. Le climat est tellement dur au Québec, il
faut que les terres soient très productives. La terre est obligée
de produire dans un court laps de temps. On demande beaucoup à notre
terre. Je ne sais pas pourquoi, par des lois comme cela, on veut tant la
maganer, l'éventrer, lui enlever ses racines, lui enlever sa force, lui
enlever du territoire.
Il faudrait absolument que l'Union des municipalités
régionales de comté vienne nous dire que ces terres, si on les
rend agricoles, ne respecteraient pas l'homogénéité autant
urbaine qu'agricole dans certains cas. L'homogénéité dans
le domaine agricole est une des forces de l'agriculture.
On se rappellera - je suis persuadé que le député
de Prévost, dans son érudition, me suivra cette fois-ci - qu'on a
décidé en Amérique du Nord d'avoir nos terres et notre
résidence sur le même territoire. Vous avez certainement
voyagé beaucoup et, en Europe, de façon générale,
ce n'est pas ainsi qu'on a
procédé. Il y a un village où les gens
résident et où sont tous les services, les écoles et les
soins, et les terres sont à l'extérieur des hameaux et des
villages, sans aucune résidence.
M. Garon: C'est vrai.
M. Blais: De cette façon,
l'homogénéité territoriale est beaucoup plus facile
à respecter. On a choisi autre chose ici. On ne peut pas revenir
à ce système qui est certes le meilleur. On ne veut pas revenir
à cela. C'est mieux de rester sur notre terre, parce qu'ici on en a les
moyens et on a l'espace pour ce faire. Mais il y a un prix à payer pour
cela.
Le prix à payer pour cela, c'est d'avoir certaines restrictions
pour respecter de plus en plus et de mieux en mieux
l'homogénéité des territoires. Tout bon cultivateur vous
dira qu'il faut respecter cette homogénéité. Je le sais;
je suis venu au monde sur une terre, dans un endroit qui s'appelait Pieville.
Je ne sais pas s'il y en a qui connaissent cela parmi vous. C'est au
Témiscamingue. Il y a Ville-Marie, Fugèreville et une petite
place qui s'appelait Pieville; il y avait trois maisons, les Montreuil, les
Blais et les Côté. Il n'existe plus de village.
Cependant, on a cultivé une terre de 1929 à 1939, je suis
resté sur une terre dans ce coin-là dans le temps des pitons.
J'ai connu ce qu'était l'amour du sol. L'amour du sol, c'est important.
C'est pour cela qu'à chaque fois que je vois un projet agricole je
n'hésite jamais. Jamais je n'hésite à me lever et à
défendre les agriculteurs, parce que c'est une des plus nobles, sinon la
plus noble, des vocations qu'une personne puisse avoir. Ces gens sont là
pour nourrir la société urbaine, ils sont très peu
nombreux, quand même...
M. Jolivet: Je m'excuse, M. le Président. J'invoque le
règlement.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: II y a des gens qui ne sont pas de la commission et
qui parlent beaucoup. Cela dérange la commission et le
député de Terrebonne a le droit que, de façon pleine et
entière, on puisse entendre son exposé.
Le Président (M. Richard): Vous avez tout à fait
raison, M. le député de Laviolette. Si vous voulez continuer, M.
le député de Terrebonne.
M. Blais: Je disais que cet amour que j'ai pour cette profession
agricole, c'est un amour nécessaire. Au Parlement ici, du
côté de l'Opposition, c'est drôle que nous sommes presque
tous des citadins et que nous défendions avec force, avec
véhémence, avec conviction - et j'espère qu'on pourra vous
convaincre - la classe agricole. Nous avons ici beaucoup de gens qui sont des
députés ruraux, et rares sont ceux qui ont parlé sur ce
projet pour protéger les agriculteurs, pour protéger le
territoire agricole. Il y en a quelques-uns qui ont dit quelques mots, beaucoup
plus pour nous narguer que pour aider les agriculteurs. J'aimerais qu'on voie
dans les journaux: Le territoire agricole du Québec sera probablement
hypothéqué par la loi 132. Personne du côté
libéral ne se lève pour défendre les agriculteurs.
Où étaient-ils, ces gens? Ils étaient là avant la
campagne électorale. Après la campagne électorale ils
disparaissent comme neige au printemps. Hé bien! attention, attention!
Les agriculteurs vont vous demander des comptes. Vous allez avoir des comptes
à leur rendre. Quand l'UPA va vous dire: Cette loi, si vous pouvez par
la force du nombre...Cela me fait penser à Horace, les Horaces et les
Curiaces. Il y en a deux qui étaient morts, il en restait juste un, ils
étaient trois de l'autre côté. Que voulez-vous qu'il
fît contre trois? Qu'il mourût ou qu'un beau désespoir alors
le secourût. Il les a eus, ils les a battus tous les trois. C'est ce
qu'on va faire, si on le peut, contre vous. Vous êtes 99, nous ne sommes
que 23, mais nous sommes 23 solides, fermes, solidaires et nous voulons
protéger l'agriculteur de ce côté-ci. De l'autre
côté vous êtes 99 et de plus en plus je me rends compte que
cela ramollit, cela ramollit beaucoup. Vous êtes un peu comme de la
crème glacée au soleil. Vous fondez, vous rapetissez, vous vous
répandez.
Une voix: La pertinence.
M. Blais: Pour défendre les agriculteurs, tout est
pertinent. La force de notre côté et la mollesse de l'autre
côté. C'est ce qui arrive. J'aimerais bien que les agriculteurs
voient cela dans les journaux qu'aucun des députés
libéraux ne s'est levé dans ce salon rouge pour venir les
défendre sur la loi 132. Je vois que M. le ministre commence à
être ébranlé. À la longue... Nous allons passer les
nuits entières, s'il le faut, nous allons défendre les
agriculteurs ici. Il faut que nous les "défendassions", parce que
personne ne se lève de l'autre côté. M. l'ancien ministre
de l'Agriculture est avec moi, je suis avec lui, nous sommes solidaires.
Regardez le député de Duplessis, il est fébrile, il a
hâte de prendre la parole, parce que lui aussi veut défendre les
agriculteurs. Il l'a déjà fait en 1978 pour l'implantation de la
protection du territoire agricole. Messieurs, mesdames, de l'autre
côté, si vous ne vous levez pas pour défendre les
agriculteurs cela se saura. Comptez sur moi pour leur dire que pas un de
l'autre côté ne se lève pour défendre les
agriculteurs québécois et les agricultrices
québécoises. Les producteurs et les productrices vous en voudront
pour le reste de leurs jours et vous en subirez les conséquences
néfastes. Je ne vous souhaite pas ces conséquences
néfastes. Je vous aime beaucoup, j'aimerais que vous changiez le projet
de loi pour vous mettre au service des agriculteurs. C'est pour cela que j'ai
été élu, pour défendre les
Québécoises et les Québécois. M. le ministre, c'est
la supplique que je vous fais: Je vous en prie, écoutez nos voix. Elles
se rendent jusqu'à vous. Merci beaucoup, M. le ministre. (21 h 30)
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Terrebonne. Reposez-vous maintenant. M. le
député de Ouplessis, s'il vous plaît, vous avez droit
à dix minutes.
M. Jolivet; Juste un instant, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Pardon, oui?
M. Jolivet: Est-ce que le ministre prend son droit de parole?
Le Président (M. Richard): M. le ministre,
désirez-vous prendre votre demi-heure de droit de parole?
M. Jolivet: Vous avez droit à trente minutes.
M. Pagé: M. le Président, j'ai clairement
indiqué mon intention d'attendre à la fin et d'utiliser mon droit
de parole pour chacun des volets des motions qui ont été
déposées ce soir.
Le Président (M. Richard): C'est votre droit, M. le
ministre. Je vous en remercie.
M. Jolivet: Dois-je comprendre de la part du ministre - le
président va m'indiquer clairement ce qui en est - qu'il a l'intention
d'additionner chacun des droits de réplique ou s'il va prendre un droit
de réplique?
Le Président (M. Richard): Non. M. le député
de Laviolette, je dois préciser qu'il ne peut pas additionner ses droits
de parole. Il aura droit au maximum qui est une demi-heure effectivement.
M. Pagé: M. le Président, je n'ai pas le droit
d'additionner et ils vont certainement s'abstenir de soustraire.
M. Blais: Question de règlement.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne, sur une question de règlement.
M. Blais: M. le ministre n'a pas le droit d'additionner, mais
nous, au lieu de faire trois propositions de parler une demi-heure, est-ce
qu'on peut parler une heure et demie et un autre parler une heure et demie?
Est-ce qu'on peut le faire?
Le Président (M. Richard): Je pense que non, sauf
que...
M. Pagé: Dois-je comprendre que le député
voudrait être libéré à 22 h 30?
M. Blais: Absolument pas. Je veux passer la nuit à
défendre les agriculteurs.
Le Président (M. Richard): Je pense que non, sauf que vous
pourriez, par contre, faire un amendement global qui inclurait l'UMRCQ, l'UMRQ,
l'UMQ et l'Ordre des médecins vétérinaires.
M. Blais À ce moment-là, M. le Président...
Le Président (M. Richard): Cela, je sais que ce serait
possible.
M. Blais: C'est une proposition qui ne tend pas à dire que
votre poste est nul, parce que cela nous embêterait un peu, cela nous
donnerait moins... Je me demande si on peut additionner nos droits de
parole.
Le Président (M. Richard): Non, pas du tout.
M. Blais: J'aurais aimé parler une heure et demie.
Le Président (M. Richard): Je regrette, M. le
député de Terrebonne. Je donne la parole au député
de Duplessis. Vous avez droit à dix minutes, M. le député
de Duplessis, sur le sous-amendement concernant la présence de l'Union
des municipalités régionales de comté en commission
parlementaire.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M. le Président. Tout le monde sait que
depuis un certain temps le gouvernement libéral du Québec a
présenté un projet de loi 132 qui fut adopté sur division
à l'Assemblée nationale et qui est maintenant devant nous en
commission parlementaire pour l'étude article par article.
Bien sûr, le député de Duplessis est parfaitement
d'accord avec la motion présentée par mon collègue, le
député de Terrebonne, puisqu'il serait essentiel que nous
puissions discuter et écouter ce qu'a à dire l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec,
puisque cette union représente énormément pour le
territoire québébois dans
le cadre de ses schémas d'aménagement.
Sur près de 100 municipalités régionales de
comté qui composent l'union, nous serions très
intéressés à entendre aussi ce que pense cet organisme
dans le cadre de certaines décisions gouvernementales se rapportant non
seulement à la question du territoire agricole, mais aussi à
d'autres dossiers.
Je voudrais vous souligner en passant, M. le Président, que le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation n'a pas
rendu publique la publication annuelle intitulée Aperçu de la
situation économique de l'agriculture en 1985 et perspectives pour 1986.
Nous sommes en droit de nous poser de sérieuses questions quant
à cette attitude ministérielle. Dans le cadre de cet
aperçu de la situation économique, nous serions aussi
extrêmement intéressés, non seulement à entendre
l'Union des municipalités régionales de comté, mais aussi
l'Union des producteurs agricoles, puisque ce sont surtout ces derniers qui
sont touchés par l'ensemble de cet aperçu. D'autre part, nous
trouvons très discutable le silence du ministre concernant le projet de
règlement 411 d'Hydro-Québec qui aura des effets néfastes
pour les agriculteurs, aussi bien au niveau des équipements que des
animaux eux-mêmes. Là-dessus, je trouve déplorable qu'aucun
député ministériel ni aucune députée
ministérielle ne se prononce directement sur les motions que nous
proposons pour entendre des mémoires ou encore pour entendre des
positions fermes qui viendraient de ces différents organismes.
Tout le monde sait que l'Union des municipalités
régionales de comté, puisqu'on en parle, ayant
énormément à faire en ce qui a trait aux schémas
d'aménagement qui sont actuellement présentés dans la
grande majorité de ces municipalités pourrait intervenir d'une
façon extrêmement positive, surtout en ce qui a trait au projet de
règlement d'Hydro-Québec qui, comme je le mentionnais tout
à l'heure, aura des effets extrêmement néfastes pour les
agriculteurs du Québec.
M. le Président, si vous me le permettez, je voudrais mentionner
quelque peu un certain rapport, le rapport Gobeil, qui a été
présenté au cours de l'été dernier. Je me demande
vraiment quelle était la compétence des personnes qui faisaient
partie de ce fameux comité, ce fameux groupe de travail formé
pour étudier le mandat spécial qui lui avait été
donné, à savoir indiquer les programmes gouvernementaux qui, de
l'avis du comité, ne rencontrent pas leurs objectifs statutaires ou qui
sont inappropriés, ou encore identifier les moyens législatifs
réglementaires ou autres d'accroître l'efficacité des
programmes gouvernementaux et d'en réduire les coûts, et,
troisièmement, formuler des recommandations sur les programmes
permettant d'alléger la structure gouverne- mentale.
Pour nous, il semble que les compétences de ce comité qui
était formé de M. Paul Gobeil comme président... Tout le
monde sait que M. Paul Gobeil est actuellement président du Conseil du
trésor et ministre délégué à
l'Administration. C'est encore pire pour les membres qui faisaient partie de ce
comité, soit M. Michel Bélanger, président du conseil et
chef de la direction de la Banque Nationale du Canada, M. Pierre Lortie,
président du conseil et chef de la direction de Provigo Inc., M. Yvon
Marcoux, premier vice-président à l'administration de la Banque
d'Épargne, et M. Jean-Claude Rivest qui est le conseiller politique
spécial du premier ministre dans ce genre d'attitude gouvernementale et
qui recommande l'abolition de plusieurs organismes du Québec. Ce groupe
de travail va même jusqu'à recommander l'abolition de la
Commission de la protection du territoire agricole. Bien sûr que
l'Opposition s'inscrit en faux contre une telle décision. En ce qui nous
concerne, pour aucune considération, nous n'allons accepter que cette
commission soit abolie éventuellement.
Il est possible que, dans ses vues, le ministre ait autre chose à
ajouter. Nous prétendons que ce dernier a des intentions qui sont
inconnues de la population, des agriculteurs, de l'Union des
municipalités régionales de comté, de l'UPA, sur ce qui
arrivera éventuellement à l'ensemble de la Loi sur la protection
du territoire agricole.
Comme vous le savez, M. le Président, nous avons devant nous un
projet de loi qui comprend deux articles. Pour plusieurs personnes, cela peut
représenter un projet de loi assez banal, qui est sans contenu, mais
lorsqu'on regarde l'ensemble de l'article 1, on s'aperçoit qu'il y a
énormément de sous-entendus. Je voudrais bien que,
là-dessus, sur les sous-entendus ou encore sur le fond, on puisse
entendre les ministériels soit du comté de Matapédia ou
d'autres comtés du Québec pour voir ce que les gens ont à
dire par rapport au fait que nous voulons absolument que la commission entende
certains organismes au cours de cette commission parlementaire, et ce, avant de
procéder article par article.
Lorsque je parlais du groupe de travail présidé par M.
Paul Gobeil, l'actuel président du Conseil du trésor, je ne vois
pas ce que ce comité venait faire sur la question du zonage agricole.
Tout le monde sait que, pour nous et pour l'ensemble du Québec
d'ailleurs, les représentants de l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec valent beaucoup mieux pour
faire certaines recommandations et même un ensemble de recommandations au
gouvernement. Nul doute que toutes les personnes qui sont susceptibles de venir
devant nous à cette commission parlementaire vont faire valoir des
points de
vue qui pourraient amener le ministre à changer d'idée
quant à ce projet de loi.
Par exemple, si l'on regarde le rapport Gobeil, il est recommandé
que la Commission de la protection du territoire agricole soit abolie,
étant donné que le zonage est presque complété et
que la législation relative aux municipalités régionales
de comté habilite ces dernières à assumer la
responsabilité de la commission. Il leur serait aussi possible
d'établir la coordination qui s'impose entre les diverses prescriptions
relatives à l'aménagement du territoire. Toutefois, cette loi
habilitante pourrait prévoir des modalités de recours à la
Commission municipale du Québec. Et, nous de l'Opposition, nous nous
posons une question extrêmement sérieuse à savoir ce que
viendrait faire la Commission municipale du Québec dans le domaine du
territoire agricole, puisque cela est aussi préconisé en rapport
avec les forêts, et ce que viendrait faire cette dernière en
rapport avec des décisions dans quelque autre domaine que municipal.
M. le Président, vous comprendrez sûrement que nous, de
l'Opposition, sommes extrêmement inquiets de l'attitude du gouvernement
libérai. Ces gens de l'autre côté tiennent pour acquis que,
les sages s'étant prononcés dans le rapport Gobeil, un des trois
rapports des sages, c'est une vérité de La Palice. Je peux vous
assurer que ce n'est pas le cas pour l'ensemble de la population du
Québec et que ce n'est pas le cas non plus pour l'ensemble des personnes
qui oeuvrent dans le domaine agricole. Nous sommes en droit aussi de nous poser
de sérieuses questions quant à ces fameux comités de
bénévoles, bénévoles qui ont parlé, qui ont
fait des recommandations et qui ont pris des décisions mais qui n'ont
pas pris des décisions en connaissance de cause mais plutôt pour
rendre possible le programme du Parti libéral du Québec.
Lorsqu'on regarde les fondements principaux de ce programme on peut dire que ce
n'est pas la mer à boire concernant l'agriculture du Québec et on
peut dire aussi que ce n'est pas la mer à boire concernant le domaine
des pêcheries. Je vois mon collègue des
Îles-de-la-Madeleine. En passant il n'a pas dit grand'chose concernant la
privatisation de Madelipêche. Bien sûr qu'il se trouve
muselé par son propre gouvernement. On en convient de notre
côté. Je me demande ce qu'il va faire...
M. Farrah: Vous n'étiez pas à l'interpellation, M.
le député de Ouplessis.
M. Perron: ...lorsque le temps arrivera de protéger ces
travailleurs et ces travailleuses dans les usines de transformation des
produits de la mer aux Îles-de-la-Madeleine. Jusqu'à ce jour il
peut avoir fait un petit spectacle au moment de l'interpellation, j'ai eu
l'occasion de le lire, mais je suis à peu près assuré
aussi que le député des Îles-de-la-Madeleine a fait le
maximum pour empêcher que ce spectacle soit publicisé aux
Îles-de-la-Madeleine, parce qu'il y aurait peut-être eu quelques
surprises en ce qui concerne sa position.
M. le Président, je termine en disant que, pour nous de
l'Opposition, et cela au nom de la population du Québec, il est
essentiel que nous entendions l'Union des municipalités
régionales de comté, parce que justement elle est directement
impliquée dans le domaine territorial incluant le domaine des
territoires agricoles. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Duplessis. M. le député de Lévis,
voulez-vous intervenir?
M. Garon: Oui, à moins qu'il y ait un député
ministériel qui soit intéressé. Je ne voudrais pas prendre
son tour.
Une voix: Le député de Berthier ne veut-il pas
parler?
Le Président (M. Richard): Non.
M. Chevrettes M. le député de Berthier ne veut pas
parler.
M. Houde: J'ai écouté tantôt l'intervention
du député de Terrebonne. Il en avait tellement à dire que
je me suis dit: on va l'écouter encore un peu et peut-être qu'on
va en apprendre. On n'en a pas encore appris à ce jour mais
peut-être qu'on en apprendra tantôt. Je suis poli je le laisse
aller.
M. Garon: M. le Président. (21 h 45)
Le Président (M. Richard): Oui, M. le député
de Lévis, vous avez droit à dix minutes d'intervention.
M. Jolivet: Les pommes de Deux-Montagnes. Le député
de Deux-Montagnes ne veut pas parler sur les pommes, non? Je ne sais pas.
Mme Legault: Pourquoi je parlerais sur les pommes? Cela n'a
jamais été aussi bien que ça va maintenant.
M. Jean Garon M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis.
M. Jolivet: C'est le temps de le dire.
Elle ne veut pas.
M. Garon: Je vaudrais parler, M. le Président sur la
motion...
M. Perron: Cela doit être à cause d'un programme
d'un ancien ministre de l'Agriculture.
M. Garon: ...du député de Terrebonne qui a
présenté, comme sous-amendement et nous allons entendre
également en commission parlementaire l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec. C'est assez important, M.
le Président, puisque dans la loi constitutive, l'un des organismes
représentatifs qui doit être consulté lorsque la Commission
de protection du territoire agricole rend une décision concernant les
zones et les révisions de zones, c'est l'Union des municipalités
régionales de comté. On sait qu'actuellement, dans le cadre des
révisions, le principal interlocuteur, qui doit discuter avec la
Commission de protection du territoire agricole, c'est l'Union des
municipalités régionales de comté, dans le cadre des
schémas d'aménagement. Nous avons voulu -ce qui n'était
pas possible en 1978 lors du dépôt de la loi - indiquer, comme
interlocuteur, les municipalités régionales de comté,
puisqu'elles n'existaient pas et que nous savions qu'il y avait des projets qui
mijotaient dans la marmite gouvernementale en vue de la formation des
municipalités régionales de comté. Il était
évident qu'en 1978, l'interlocuteur qui devait être
privilégié au niveau local était la
municipalité.
Par ailleurs, toutes les municipalités ont maintenant une zone
agricole permanente ou une zone non agricole; dans certains cas, elles n'ont
pas de zone agricole, parce qu'il s'agit de municipalités totalement
urbaines. Dans le cadre de la révision des zones agricoles, à
l'occasion de l'établissement des schémas d'aménagement,
les municipalités régionales de comté auraient
sûrement quelque chose à dire devant la commission, alors que le
ministre, dans son communiqué du 23 septembre et lors de sa
conférence de presse, indiquait que les personnes qui voudraient
manifester leur intention de construire éventuellement une
résidence sur un lot vacant dont elles seraient les détentrices
et qui voudraient l'enregistrer auprès de la commission, pourraient le
faire. En plus, la commission devrait tenir compte de ces intentions
manifestées auprès de la commission, comme il
l'énonçait dans son communiqué de presse et lors de sa
conférence de presse du 23 septembre 1986.
Évidemment, tout cela aura des conséquences auprès
de la Commission de protection du territoire agricole, auprès des
producteurs agricoles des municipalités du
Québec et auprès des municipalités
réqionales de comté. Il serait bon de savoir de l'Union des
municipalités régionales de comté à quel point
l'intention du ministre est bénéfique ou non. De la même
façon que nous avons estimé important de rencontrer l'Union des
producteurs agricoles, de rencontrer des vétérinaires, il serait
bon de rencontrer également les municipalités régionales
de comté. Je parle des municipalités régionales de
comté parce que c'est l'objet à ce moment-ci. Il y a eu des
présentations de certains organismes à consulter et il y en aura
d'autres aussi à présenter, puisque de nombreux intervenants ont
eu à travailler jusqu'à maintenant avec la Commission de
protection du territoire agricole, avec le ministère de l'Agriculture et
le gouvernement du Québec dans l'établissement des zones
agricoles couvrant l'ensemble du territoire québécois. L'un des
interlocuteurs privilégiés est la municipalité
régionale de comté.
On comprend qu'au point de départ, la municipalité locale
étant l'intervenant, on a pu établir les premières zones
agricoles. Dans le cadre des schémas d'aménagement où il
peut y avoir des affectations de territoires régionaux, des affectations
régionales ou surtout qu'il peut être possible, parce que
l'habitation, les terres agricoles et l'affectation des sols ne connaissent pas
les frontières arbitraires que l'on trouve sur les papiers des
géographes, des urbanistes ou de ceux qui font les cartes et qui
établissent les frontières locales, municipales ou
régionales pour les municipalités ou pour les
municipalités régionales de comté. On a pensé qu'il
pourrait être bon, s'il y a certains ajustements à faire au point
de vue des zones agricoles, après une période qui a duré
neuf ans, qu'il soit possible de le faire mais dans le cadre des schémas
d'aménagement, selon les débats, qui doivent se faire au niveau
régional concernant l'affectation des territoires à d'autres
domaines comme la forêt, les loisirs ou à d'autres fins
résidentielles, commerciales ou industrielles en anticipant que pour les
fins industrielles, évidemment, on retrouvera normalement les
développements dans les parcs industriels. Pour les commerces, ce sera a
l'intérieur du territoire déjà urbanisé où
se trouvent des concentrations de populations.
Également, il faut faire le partage, sans qu'il soit
nécessairement très défini, entre l'agriculture et la
forêt. La forêt est une forme de culture, finalement. Aujourd'hui,
on parle beaucoup plus de sylviculture que l'on parle de couper une forêt
sauvageonne qui pousse à la va-comme-je-te-pousse. Tous les territoires
forestiers du Québec ont été coupés au moins une
fois à ce jour, depuis l'arrivée de Jacques Cartier. Aujourd'hui,
il s'agit de réaménager la forêt et dans le cadre des
schémas d'aménagement, la forêt est une culture. C'est
pourquoi, quand on regarde la définition de "agriculture" ou de
"terre agricole", les travaux de sylviculture sont inclus dans le couvert
végétal, puisqu'il s'agit encore là d'une
végétation qui peut avoir une signification importante pour
l'agriculture. L'homogénéité du territoire agricole est
importante de la même façon que l'homogénéité
du territoire industriel est importante dans un parc industriel. C'est pourquoi
j'ai souvent fait le commentaire qu'il serait impensable de ne pas tenir compte
de l'homogénéité du territoire industriel dans un parc
industriel et d'y localiser des résidences ou un terrain de camping. Le
seul fait de mentionner une telle hypothèse est ridicule. Pourtant,
quand il s'agit de zones agricoles, on considère qu'on peut y affecter
presque n'importe quelle utilisation sans penser que l'agriculture a ses
contraintes qui sont aussi importantes que celles du secteur industriel.
Il y a un organisme qui est au confluent de tous ces débats, qui
a été bien tiraillé au cours des dernières
années, qui a eu l'occasion de voir l'application de ces zones
agricoles, de vivre avec ces zones agricoles, qui est un peu placé dans
un ensemble municipal pour éviter justement des chicanes de clocher et
pour penser dans un esprit un peu plus régional. Nous pensons que cet
organisme, qui a pour nom l'Union des municipalités régionales de
comté, pourrait être un interlocuteur intéressant pour la
commission afin de donner son point de vue par rapport au projet
législatif du ministre qui peut apporter des trous béants dans la
loi et créer une pression additionnelle inutile par rapport aux zones
agricoles. C'est du moins l'hypothèse que nous soutenons, parce que nous
croyons, au contraire, qu'il ne faut pas faire ce genre de pressions
additionnelles pour un territoire qui est déjà assez difficile
à protéger à cause des appétits voraces des
spéculateurs, bailleurs de fonds de certaines caisses électorales
à plusieurs niveaux. Cela peut être au niveau municipal, au niveau
des partis politiques au fédéral ou au niveau du Québec.
Les pressions peuvent être fortes et pas toujours ouvertes, mais les
influences peuvent être au détriment des zones agricoles à
protéger. C'est pourquoi je trouve excellente la proposition du
député de Terrebonne. Il serait utile d'entendre à cette
commission l'Union des municipalités régionales de comté,
de la même façon que, concernant les amendements de juin 1985,
nous avons longuement consulté les municipalités
régionales de comté et le président de l'Union des
municipalités régionales de comté, M. Roger Nicolet, m'a
remercié de cette consultation qu'il avait trouvée heureuse.
Un nouveau gouvernement, à sa première année de
mandat, ne peut pas dire qu'il est trop pressé, alors qu'il a tout le
temps devant lui pour faire cette consultation, et je suis persuadé que
M. Nicolet serait très heureux de venir nous rencontrer pour nous
exprimer son opinion sur le projet de loi et sur la façon qu'il pourrait
affecter les schémas d'aménagement à venir.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lévis. S'il n'y a pas d'autres intervenants, je
retiens M. le député de Laviolette, durant dix minutes. Vous
êtes le dernier à intervenir sur le sous-amendement
présenté par M. le député de Terrebonne. M. le
député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet M. Jolivet: Merci, M. le
Président...
M. Blais: M. le Président, pourquoi dites-vous d'avance
qu'il est le dernier à intervenir? On ne sait pas si les autres vont
intervenir de notre côté.
Le Président (M. Richard): II y a une possibilité
avec M. le ministre. Sinon, il y aura un vote sur le sous-amendement ou une
position à prendre sur ce sous-amendement. M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: D'accord, M. le Président. Est-ce que je
pourrais, avant de commencer, vous poser une couple de questions? Vous avez
été membre d'une MRC chez vous alors que vous étiez maire.
Étiez-vous préfet ou sous-préfet?
Le Président (M. Richard): Sous-préfet, M. le
député.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Si j'ai voulu poser
ces deux questions... Une des questions qui me venaient à l'esprit...
Sans le vouloir, car je sais que vous êtes neutre dans votre rôle
de président, mais le fait que vous ayez déjà
été membre d'une MRC, vous avez connu la façon dont se
produisaient l'ensemble des discussions sur la fameuse Loi sur la protection du
territoire agricole, à l'époque... Donc, il y a une question qui
pourrait venir, mais je ne vous la poserai pas, même si je serais
tenté de le faire. Si vous étiez encore membre de cette Union des
municipalités régionales de comté, il est évident
que vous seriez intéressé à ce que le gouvernement vous
consulte lors de l'établissement de nouvelles règles qui
viendraient modifier la Loi sur la protection du territoire agricole.
Dans ce contexte, je suis sûr que, si le Parti
québécois était au pouvoir et si mon collègue
était encore ministre et voulait proposer de tels amendements, vous
seriez probablement l'un de ceux qui élèveraient des barricades
comme membres de l'Opposi-
tion en disant: Ne touchez pas à la Loi sur la protection du
territoire agricole. Je ne vous prendrai pas à partie, mais je vous
dirai que je serais tenté de le faire.
Le Président (M. Richard): M. le député.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Richard): Je vous remercie de ne pas me
prendre à partie.
M. Jolivet: Je dois dire aussi que j'ai des cas... J'aurais pu le
prendre autrement et le dire dans le sens de vous prendre à
témoin, mais, par "à partie", je ne voulais pas dire de faire de
batailles. Il y a assez du député de Saguenay qui m'invite,
chaque fois que je le rencontre, à aller me battre dans le corridor! Je
n'aurais pas l'indécence de faire cela, vous savez.
M. Garon: C'est pour cela qu'il est toujours en retard aux
votes.
M. Jolivet: Oui, c'est pour cela qu'il est toujours en retard aux
votes. C'est une autre affaire. Je voudrais simplement revenir à ma
question. Dans mon coin, on a actuellement des problèmes d'utilisation
de la terre, même dans la zone dite verte. Ce sont des cas de gens qui
semblaient avoir des droits acquis de l'utilisation d'une "gravelière".
Il y a certainement des cas semblables qui se sont produits chez vous. Cela
fait deux d'affilée qui se produisent chez moi, où des gens qui
sont des résidents près du lac voient arriver une
"gravelière" comme cela, s'y opposent et font des représentations
à la fois à la Commission de protection du territoire agricole
pour demander une révision du permis qui a été
accordé et auprès du ministère de l'Environnement pour
s'assurer que la personne respecte toutes les lois de l'environnement. Donc,
les gens du milieu, par l'intermédiaire de leur municipalité de
paroisse, font actuellement des représentations à la MRC pour
éviter que se répandent des choses qu'ils ne veulent pas voir sur
un territoire, dans la mesure où on veut lui garder son
homogénéité. (22 heures)
La même chose se produit dans un autre dossier, toujours dans mon
coin, qui concerne la mise sur pied, à côté d'un territoire
dit récréatif, là où il y a un camping
déjà depuis une dizaine d'années, d'une
bétonnière - vous savez le bruit que cela amène et la
poussière que cela produit - dans un territoire censément
agricole, parce que des gens avaient certains droits acquis et qu'ils les ont
fait valoir. Le député de Lotbinière - il n'est plus ici
maintenant, mais il va revenir, j'en suis sûr - pourra vous dire de plus
qu'il y a des privilèges. Donc, il y a des gens qui ont des
privilèges, et d'autres qui ont des droits acquis. D'une façon ou
d'une autre, l'un et l'autre utilisent ou ce privilège ou ce droit
acquis. Je suis toujours porté à dire ce "droit-z-acquis", mais,
en fait, c'est singulier dans ce cas. En l'utilisant, ils font en sorte que
l'homogénéité que l'on considérait comme un
principe important de la Loi sur la protection du territoire agricole n'existe
plus. Cela veut dire que dans la mesure où l'on acceptait...
Je suis sûr que les gens de l'Union des municipalités
régionales de comté pourraient nous dire que la loi telle que
présentée a un effet qui pourrait aller jusqu'à finalement
-je reprends mon terme de tout à l'heure; vous l'avez accepté,
donc vous allez l'accepter encore - "déviarger" le territoire, lui
enlever l'homogénéité de son territoire, le rendre, dans
un certain contexte, impropre à une utilisation homogène.
Or, s'il fallait accepter... Je cherche mon texte. Attendez une minute.
On a trois, quatre projets de loi à discuter ces temps-ci. Ce ne sera
pas long. Il est ici.
Le texte permet à des gens de pouvoir faire une
déclaration d'intention; c'est grave. Je suis sûr que si les
municipalités régionales de comté demandaient au
gouvernement d'avoir ce droit de faire une déclaration d'intention, ce
dernier le leur refuserait. Le gouvernement dirait aux municipalités:
Vous ne mettrez pas dans vos règlements que quelqu'un peut avoir
l'intention de faire quelque chose, une clause "au cas où", une clause
par laquelle je vais aller faire ma déclaration d'intention au cas
où; "au cas où", pour faire des pressions. Est-ce que l'Union des
municipalités régionales de comté pourrait, dans son
schéma d'aménagement, dans ses règlements de construction,
mettre une clause "au cas où"? Il y en a qui diraient "une clause
grand-père". Je ne sais pas pourquoi l'on dit "une clause
grand-père". En fait, c'est une clause au cas où on
l'utiliserait. Dans le schéma d'aménagement, le ministère
empêcherait ces choses.
Un exemple typique, M. le Président; mon collègue de
Duplessis pourra très certainement en témoigner. Le gouvernement
avait déposé devant l'Assemblée nationale le projet de loi
102 qui devait faire un plan d'affectation des terres dans le but de
l'intégrer à la Loi sur les forêts, la loi 150. Des
consultations particulières devaient avoir lieu jeudi et vendredi
prochains, mais on les a repoussées. En fait, on n'a pas encore
présenté la motion, mais on nous dit que l'on va la retirer. Cela
fera en sorte que les gens ne seront pas reçus en consultations
particulières. Cela va aller probablement après les fêtes
alors qu'auparavant, le ministre de l'Énergie et des Ressources disait
que la loi 102 était essentielle à la loi 150.
II nous dit: Ce n'est plus essentiel. Ce qui faisait
référence à la loi 102 dans la loi 150, on
l'enlève, mais dans la loi 102, on fera référence à
la loi 150. Ce sont toujours de3 tours de passe-passe.
Pensez-vous que l'on permettrait à un organisme comme l'Union des
municipalités régionales de comté de faire ces choses dans
le règlement? Jamais! Le gouvernement l'en empêcherait. Il s'y
opposerait en vertu de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, la loi
125 que vous connaissez très bien en tant qu'ex-maire. En vertu de cette
loi, le gouvernement se réserverait le droit de rendre caduc le
règlement municipal. Pourquoi le gouvernement n'accepterait-il pas cela
de la part d'une municipalité quand il se le donne dans un projet de
loi? Je pense que les municipalités régionales de comté
seraient en droit de dire à M. le ministre: Écoutez, nous pensons
que vous vous donnez un pouvoir abusif. Ce pouvoir abusif, vous n'en savez pas
encore, j'en suis assuré... Soit par naïveté ou parce que
vous ne comprenez pas la loi, vous vous donnez un pouvoir, comme le disait mon
collègue de Lévis, grand comme une porte de grange toute grande
ouverte. C'est ce que l'on veut empêcher. Si vous demandez l'avis de
l'Union des municipalités régionales de comté, je suis
assuré que ses membres diraient au ministre: S'il vous plaît,
retirez votre projet de loi. Si vous voulez le présenter,
présentez-le autrement, mais pas comme cela. Comme cela, vous ouvrez la
porte complètement - je ne pourrais pas dire "abus", mais j'irais jusque
là - à des abus potentiels, à des gens qui demandent des
droits "au cas où", alors qu'ils n'en ont même pas. Faire
travailler des fonctionnaires pour déterminer s'ils ont un droit ou pas,
faire en sorte que le gouvernement qui veut épargner de l'argent en
dépenserait pour s'assurer que la personne y a droit ou pas. Vous
êtes là, M. le député de Lotbinière. Vous
êtes de retour.
M. Camden: Tout ouïe à vos propos.
M. Jolivet: Je disais juste tout à l'heure que, soit un
droit acquis, soit un privilège...
M. Garon: II est allé manger des "peanuts".
M. Jolivet: Mais d'une façon ou d'une autre, dans l'un ou
l'autre des cas, cela engagerait des fonds gouvernementaux pour la
vérification par des fonctionnaires de la Commission de protection du
territoire agricole. Pourtant, ce que vous voulez, c'est justement
d'éviter de dépenser de l'argent pour rien.
M. le Président...
M. Garon: ...manger des "peanuts".
M. Jolivet: ...je vous le dis. M. Nicolet - il ne vient pas de
votre comté, j'en suis sûr - qui est président de l'Union
des municipalités régionales de comté est une personne qui
a de bonnes idées, qui est capable de les faire valoir, qui pourrait,
j'en suis assuré, convaincre le ministre de ne pas passer son projet de
loi, parce qu'il va embêter, emberlificoter, comme on dit dans notre
coin, tout l'ensemble du processus du schéma d'aménagement.
Une voix: Enfirouâper.
M. Jolivet: Enfirouâper, je pense qu'il va me le refuser.
Il va dire que ce n'est pas parlementaire.
Le Président (M. Richard): Non, c'est
compréhensible.
M. Jolivet: C'est compréhensible. Le Président
(M. Richard): Oui.
M. Jolivet: Je dois dire qu'effectivement, le risque qu'il y a,
c'est que le ministre ne va qu'amener un fouillis indescriptible dans la Loi
sur la protection du territoire agricole. Je suis assuré, M. le
Président, après cette intervention que je termine, que j'aurai
l'occasion de revenir sur d'autres interventions que mes collègues
voudront bien faire à cette commission, incluant les membres du
gouvernement.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laviolette. Est-ce qu'il y a d'autres interventants sur
le sous-amendement qui avait été proposé par le
député de Terrebonne.
M. le ministre, est-ce que vous voulez intervenir?
M. Michel Pagé
M. Pagé: Oui, M. le Président. Je vais tenter
d'être bref pour ne pas brimer le droit fondamental des
députés de l'Opposition d'intervenir, longuement d'ailleurs,
comme ils l'ont fait depuis le début de la séance de la
matinée. Essentiellement, ce que le Parti québécois nous
dit par la voix de ses porte-parole, par la voix du vice-président de la
commission, par la voix du député de Lévis et par la voix
des autres collègues qui sont venus prêter assistance à
cette démarche de retarder systématiquement les travaux
parlementaires à l'Assemblée nationale à l'occasion de la
fête de Noël, ils sont longuement intervenus et ils nous disent:
Malgré que nous ayons prolongé ce privilège, malgré
que nous soyons réceptifs, on doit voter contre. Nous nous y opposons.
On tente de trouver tous les motifs, et on est allé vraiment jusqu'au
fond du baril, si je peux
utiliser le terme, pour trouver des motifs à invoquer au soutien
de leur position.
Là, on me demande et on demande aux membres de cette commission
d'accepter une proposition visant à faire entendre de nombreux
intervenants. Si l'Opposition avait été conséquente et
sérieuse, elle aurait présenté une seule proposition
disant: Nous voulons entendre, par exemple, l'Union des producteurs agricoles,
l'Union des municipalités régionales de comté. Le
député de Laviolette a même poussé jusqu'à
proposer la venue de l'Ordre des médecins vétérinaires
avec qui je suis en contact régulier, qui ont tout mon respect parce
qu'ils contribuent de façon utile et significative au
développement de l'agriculture au Québec. Cependant, dans la
perspective du projet de loi 132, j'hésite à croire qu'ils
seraient accourus à nos portes pour venir se faire entendre sur
semblable matière. D'ailleurs, il suffisait d'écouter
attentivement les propos du député de Laviolette pour comprendre
que, finalement, l'approche des honorables députés du Parti
québécois est uniquement et simplement de gagner du temps.
M. le Président, je veux dire à mes collègues de
l'Opposition que ce projet de loi ou son contenu, c'est-à-dire le
principe voulant qu'on puisse donner un délai additionnel soumis
à certaines conditions à toute personne détenant un
privilège qui lui a été consenti en vertu de la Loi sur la
protection du territoire agricole, ce principe, dis-je, a fait l'objet de
discussions privées, j'en conviens, mais tout aussi utiles et
intéressantes, entre de nombreux intervenants et moi. D'ailleurs, j'ai
eu l'occasion, il y a déjà quelques mois, d'échanger des
points de vue avec l'Union des producteurs agricoles, par la voix de ses
représentants que j'ai rencontrés à mon bureau de
Montréal et qui se disaient très réceptifs, pour autant
que ce privilège ne devienne pas un droit. Je peux vous dire que, dans
ce sens-là, j'ai suivi, évidemment, leurs recommandations,
puisque ce n'était pas l'intention de notre gouvernement de transformer
ce privilège en un droit, purement et simplement, tout comme pour
d'autres intervenants du milieu.
D'ailleurs, j'ai eu l'occasion, le 26 juin dernier - si ma
mémoire est fidèle - de rencontrer la table
Québec-municipalités avec mon collègue de l'Environnement
et le ministre des Affaires municipales évidemment. J'ai clairement
indiqué aux honorables représentants de l'Union des
municipalités régionales de comté - les
représentants des municipalités, des villes -que ce
n'était pas, mais pas du tout, l'intention du gouvernement du
Québec de modifier la structure de la Commission de protection du
territoire agricole pour remettre quelque responsabilité que ce soit au
secteur municipal. Je leur ai même dit que les municipalités
étaient envahissantes, qu'elles cherchaient à prendre du
territoire, à se développer; c'est légitime, c'est
explicable. Ces femmes et ces hommes sont des élus comme nous, ils
veulent développer leur milieu et leur objectif n'est pas toujours
conciliable avec cette volonté très claire et très ferme
de notre gouvernement de protéger nos sols agricoles.
Je leur avais d'ailleurs donné un exemple. Je me suis longuement
référé à l'importance de protéger et de
sécuriser le caractère homogène de nos entreprises
agricoles et des terres zonées agricoles. Je leur donnais l'exemple
suivant, en disant: Vous, M. le préfet, si je me présentais dans
votre municipalité, ou dans votre ville MM. les maires, et que je vous
demandais un permis pour construire ma résidence dans votre parc
industriel, vous diriez: M. le ministre, on vous aime bien, on apprécie
que vous veniez vous installer chez nous, mais vous n'êtes pas à
la bonne place. L'inverse est aussi vrai; on ne peut pas se permettre,
malgré une volonté de développement chez les
municipalités, d'accepter n'importe quoi en milieu agricole.
Depuis que je suis ministre, je suis en contact avec les intervenants du
milieu. J'ai eu l'occasion d'avoir des échanges avec elles ou avec eux
concernant le projet de loi que nous présentons aujourd'hui, qui
reconduit un privilège, pour une période limitée dans le
temps, bien circonscrit. C'est pour tous ces motifs, M. le Président. On
en a discuté évidemment au caucus des députés
libéraux. On a un caucus qui siège spécialement en
matière agricole et qui se réunit régulièrement. Le
principe, l'objectif qui est recherché par ce projet de loi a
été discuté avec nos députés. Ces derniers
ont d'ailleurs eu l'occasion d'en vérifier l'applicabilité - si
je puis utiliser le terme - sur le terrain, avec les intervenants. Nous croyons
que la façon la plus utile d'intervernir, c'est dans le sens de la
proposition que je formule, qui est bien et qui sera bien reçue de la
part des gens du milieu.
D'ailleurs, si les députés de l'Opposition étaient
davantage en contact avec les gens du milieu, ils auraient vite fait de
constater que ce projet de loi est très recevable, très
acceptable pour elles et pour eux. C'est pour tous ces motifs, M. le
Président - et je ne voudrais pas faire de peine aux honorables
députés qui ont plaidé avec beaucoup de chaleur,
d'insistance, mais sans conviction -que nous voterons contre.
M. Jolivet: Vote nominal.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. Nous
allons donc procéder au vote. Est-ce que le sous-amendement est
adopté? Vous demandez le vote nominal? Quels sont ceux qui sont...
Pardon?
M. Garon: Voulez-vous lire la proposition, M. le
Président...
Le Président (M. Richard): Oui.
M. Garon: ...pour que je sache quelle est la teneur de la
proposition.
Le Président (M. Richard): II s'agit d'ajouter à
l'amendement les mots "et l'Union des municipalités régionales de
comté" que l'on appelle communément l'UMRCQ. Maintenant, M. le
secrétaire, vous allez nommer les personnes? Appel nominal.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe):
M. Messier: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé):
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes):
Mme Legault: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost):
M. Forgets Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière):
M. Camden: Contre.
(22 h 15)
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon):
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata):
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine):
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier):
M. Houde: Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf):
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Perron (Duplessis):
M. Perron: Pour.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette):
M. Jolivet: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)? M. Garon:
Pour.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)? M. Blais:
Pour.
Le Président (M. Richard): Le sous-amendement est donc
rejeté. Nous revenons maintenant à l'amendement initial, à
savoir "d'ajouter après "l'Union des producteurs agricoles", les mots
"l'Ordre des vétérinaires."
Est-ce que quelqu'un veut intervenir sur cet amendement?
M. Pagé: Le vote, M. le Président. On est
prêt.
M. Perron: Oui, M. le Président.
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président. On vient de
voter. Cette motion vient d'être défaite. Qu'est-ce qui arrive?
C'est la motion de sous-amendement.
Le Président (M. Richard): C'était le
sous-amendement.
M. Pagé: Oui. Est-ce que l'amendement est
accepté?
M. Blais: Non, justement, il y a encore des gens qui ont leur
droit de parole.
M. Pagé: Alors on est prêt à voter, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Par contre, les droits de
parole n'étant pas épuisés, M. le ministre, il reste
encore deux autres droits de parole pour l'Opposition, entre autres. Il peut
aussi y avoir d'autres droits de parole qui seront utilisés par le parti
ministériel, éventuellement.
M. Pagé: Est-ce que le député de Duplessis
nous promet qu'il ne sera pas redondant?
Le Président (M. Richard): M. le député de
Duplessis, vous avez le droit d'utiliser votre droit de parole d'une
durée de dix minutes.
M. Garon: Tout le monde sait que le député de
Duplessis est un des meilleurs orateurs de cette Chambre.
M. Pagé: Du côté du PQ, oui. M. Garon:
Ah ben!
Le Président (M. Richard): M. le député de
Duplessis.
M. Garon: Dans l'autre parti, c'est difficile à
évaluer parce que la plupart d'entre eux n'ont jamais parlé
depuis qu'ils ont été élus, le 2 décembre 1985.
M. Perron: Je me demande ce que... Une voix: C'est beau,
pareil.
M. Pagé: M. le Président, c'est un manque de
respect évident de la part du député de Lévis..
M. Garon: Bien, c'est vrai.
M. Pagé: Le député de Lévis devrait
toujours être présent en Chambre, il serait en mesure de voir la
contribution de tous les députés.
M. Jolivet: Le député de Berthier, je ne l'entends
pas souvent.
M. Pagé: Très bon orateur. On n'est pas
obligé d'avoir une émission de radio, vous savez, M. le
député de Lévis.
Une voix: Non.
. M. Jolivet: Non, mais elle a fait des propositions sur les
haltes routières qui avaient déjà été
annoncées.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Duplessis, vous avez la parole pour les dix prochaines minutes.
M. Houde: Le meilleur discours, c'est... de ne pas le faire,
ça fait que...
Le Président (M. Richard): S'il vous plaît!
Des voix: Hein?
M. Houde: Parfois, le meilleur discours, c'est de ne pas le
faire. Ce serait préférable de l'autre côté.
Le Président (M. Richard): Je retiens toujours le droit de
parole du député de Duplessis pour les dix prochaines minutes.
S'il vous plaît!
M. Perron: Merci, M. le Président.
M. Pagé: Là, on décolle avec les
moteurs.
M. Perron: Oui, les turbopropulseurs.
M. Pagé: Cette fois-là, ça ne
décollait pas du tout.
Reprise du débat sur la motion
d'amendement
M. Denis Perron
M. Perron: Mais vous reconnaîtrez, M. le ministre, que
c'était vraiment un lapsus.
Si l'Opposition a présenté une motion d'amendement
à l'effet d'entendre l'Ordre des vétérinaires du
Québec, il est bien certain que dans la foulée de ce que nous
présente comme loi, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation en rapport avec la loi 132, qui modifie la Loi sur la
protection du territoire agricole, nous sommes de ce côté-ci
extrêmement intéressés à entendre ce que pensent les
représentants de l'Ordre des vétérinaires des positions
gouvernementales. J'aurai d'ailleurs l'occasion d'approfondir la question au
cours des prochaines minutes.
Je voudrais maintenant me reporter encore une fois aux trois rapports
des "sages" et à la position du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation sur le rapport Gobeil. Étant
donné que j'ai déjà mentionné au cours de cette
commission la recommandation qui avait été faite par le
comité en rapport avec l'abolition de la Commission de protection du
territoire agricole, la position du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, face à cette recommandation, se
base sur le rapport d'un comité tripartite, c'est-à-dire
composé des représentants du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, du ministère des Affaires
municipales et du Secrétariat à l'aménagement et à
la décentralisation. Ils devaient rendre publics les
éléments de cette politique en matière de révision
agricole. Disons que le rapport qui a été préparé
par ces trois organismes n'a pas encore été rendu public. On sait
que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
n'abolit pas la Commission de protection du territoire agricole mais lui confie
le mandat de réviser le zonage agricole lui-même.
L'une des tâches que devra poursuivre la Commission de protection
du territoire agricole est de répondre aux objectifs de
développement exprimés par les MRC et les communautés
urbaines et régionales dans leur schéma d'aménagement et
identifiés notamment dans leurs périmètres d'urbanisation
dan3 la mesure où ces objectifs ne compromettent pas de façon
significative le maintien et le développement des territoires et des
activités agricoles.
M. le Président, tout le monde sait que, dans le domaine
agricole, l'Ordre des vétérinaires est extrêmement
impliqué à différents niveaux. C'est pourquoi l'Opposition
à l'Assemblée nationale recommande fortement que cette
commission, tout en espérant d'ailleurs que les ministériels
endossent notre position et notre recommandation - en fait no-
tre motion d'amendement - puisse élaborer davantage sur le projet
de loi 132 quant à la position gouvernementale. Nous, de notre
côté, savons très bien que plusieurs organismes du
Québec sont extrêmement intéressés à se faire
entendre et aussi à entendre les réponses du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation face à
différentes questions qui pourraient lui être posées, face
à des mémoires qui pourraient être lus et
déposés ici à cette commission parlementaire de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation et où d'ailleurs
l'Opposition se permettrait sûrement de poser plusieurs questions et de
faire certaines affirmations concernant l'attitude gouvernementale.
En somme, pour revenir à ce que je mentionnais tout à
l'heure, le ministre de l'Agriculture recommande le début de la fin du
zonage agricole par son projet de loi 132. De là à laisser aux
seules municipalités le soin d'appliquer la loi sur le zonage agricole,
il n'y a qu'un pas à faire. Nous pensons que le gouvernement va
éventuellement décider d'aller de l'avant avec cette position
qu'il a eue au cours des dernières années, même lorsqu'il
était dans l'Opposition. La priorité est de répondre aux
objectifs de développement des municipalités, pourvu que cela ne
soit pas trop rapidement aux dépens de l'agriculture. C'est ce que dit
en somme le gouvernement libéral. Nous serions extrêmement
intéressés à connaître les réactions de
l'Ordre des vétérinaires du Québec en rapport avec les
recommandations du comité Gobeil et de l'ensemble des autres
comités.
Si je prends, par exemple, le rapport Scowen, il y est mentionné
que les critères adoptés pour la délimitation de la zone
agricole, c'est-à-dire la zone verte, furent élargis pour
englober la zone touristique et la zone forestière du Québec et
les mécanismes prévus pour la révision et le
dézonage n'ont pas permis de corriger la situation. En
conséquence, des surfaces considérables du territoire non propice
à l'agriculture mais propice au développement touristique ou
forestier sont maintenant laissées en friche ou sans
développement à cause de l'impossibilité de les lotir ou
de les subdiviser.
M. le Président, lorsqu'on voit un tel paragraphe dans le rapport
Scowen, on est en droit, nous, de l'Opposition, tout comme les
différents organismes du Québec, incluant bien sûr l'Ordre
des vétérinaires du Québec, de se poser de
sérieuses questions quant aux attitudes gouvernementales et en
particulier quant à l'attitude du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Pour nous, bien sûr, le retrait de
la zone agricole des territoires déjà utilisés à
d'autres fins que l'agriculture ou dont le potentiel biophysique
présente peu ou pas de possibilités de mise en valeur agricole ou
acéricole devraient être discutés directement à
cette commission parlementaire puisqu'on parle dans la loi 132 de la question
du territoire agricole et des modifications à l'article 31 de la loi en
question. Encore là, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation répond, et ce, de façon très aveugle,
aux recommandations du comité des sages. Non seulement veut-il
soustraire de la zone agricole les zones touristiques et forestières,
mais en plus tous les autres territoires utilisés à d'autres
fins. La loi actuelle permet une utilisation autre que l'agriculture, mais en
limite le développement. Le ministre veut, de par sa loi, abolir cette
restriction. Bien sûr que nous sommes en parfait désaccord avec le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et son
propre gouvernement lorsqu'il veut procéder à une telle
abolition.
M. le Président, si vous me le permettez, je voudrais proposer un
sous-amendement en ce sens d'ajouter après l'Ordre des
vétérinaires les mots "et l'Union des municipalités du
Québec".
Motion de sous-amendement proposant d'entendre aussi l'UMQ
Le Président CM. Richard): Je peux vous le dire
honnêtement, c'est bien choquant mais c'est recevable. Alors, je
m'excuse, c'est de l'humour.
M. Perron: J'espère que c'est de l'humour, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Vous y avez tout à fait
droit, M. le député de Duplessis. Maintenant, vous avez aussi
droit durant trente minutes de donner votre position en fonction d'ajouter ce
sous-amendements Qu'on y ajoute qu'on auditionne ici l'Union des
municipalités du Québec, qu'on appelle communément l'UMQ.
À vous la parole, M. le député de Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M. le Président. Le but de cette motion
qui est d'entendre ces gens au cours de cette commission parlementaire et ce,
avant l'étude article par article du projet de loi 132, ferait en sorte
de faire comprendre au gouvernement qu'il se dirige dans la mauvaise direction
avec son projet de loi 132. Comme ce fut mentionné par mes
collègues de l'Opposition, il est sûr que la présentation
d'un tel projet de loi, au cours d'une fin de session, lorsque cela touche
quelque chose d'aussi important que le territoire québécois et
surtout la protection du territoire agricole que nous avons sauvegardé
par le biais de certains articles de la loi 90 qui date de 1978... De
mémoire, c'était le 9 novembre 1978 que fut votée cette
loi après plusieurs mois de travail à l'Assemblée
nationale et en
commission parlementaire. Nul doute que vous comprendrez
l'intérêt que nous avons d'entendre non pas un seul, mais
plusieurs organismes au cours de cette commission parlementaire, avant
l'étude article par article du projet de loi.
M. le Président, lorsqu'on parle d'agriculture et même si
cette activité est spéciale du fait qu'elle dépend pour
son développement de conditions climatiques, il n'en demeure pas moins
qu'elle est surréglementée, comme le disait le rapport Scowen.
D'ailleurs, ce serait possible de faire venir ici le député
concerné, l'adjoint parlementaire du premier ministre, qui a
travaillé à confectionner un certain rapport qui a pour nom
"Réglementer moins et mieux, le processus de réglementation, la
réglementation sociale et la réglementation économique",
qui fut préparé et déposé en juin dernier par le
groupe de travail sur la déréglementation. L'Opposition s'est
toujours dite d'accord avec une certaine déréglementation, mais
non pas une déréglementation à outrance. Lorsque l'on
parle du rapport Scowen, la portée des amendements que veut apporter le
groupe de travail à la réglementation actuelle pourrait faire en
sorte de diminuer substantiellement certains programmes que nous avons au
gouvernement du Québec et à aller jusqu'à permettre une
certaine tendance que nous connaissons très bien au Parti
libéral. (22 h 30)
M. le Président, je veux vous souligner en passant qu'un
communiqué de presse a été rendu public le 23 septembre
dernier par le personnel du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation concernant les éléments de la politique en
matière de révision des zones agricoles qui en fait sont
directement reliés à la question territoriale. Il est bon que
chacun et chacune d'entre nous se dise qu'une révision telle que
commandée par le ministre ne peut se faire du jour au lendemain et ne
peut se faire sans l'apport de tous les organismes des milieux agricoles et
même des autres milieux comme, par exemple, les municipalités
régionales de comté, l'Union des municipalités du
Québec et ainsi de suite.
Ce qui est intéressant de remarquer, c'est que dans l'annexe 1 de
son communiqué de presse, le ministre a déposé les
éléments de la politique gouvernementale en matière de
révision des zones agricoles. Il est intéressant de regarder
à combien de reprises on mentionne les mots "territoire agricole"
à l'intérieur de ces éléments de la future
politique gouvernementale. Je vais vous en lire quelques-uns à
l'intention des membres de cette commission: "Lors de la révision d'une
zone agricole, la Commission de protection du territoire agricole du
Québec devra se conformer à la présente, compte tenu de
son mandat de protection du territoire agricole." Nous de l'Opposition, on est
en droit de se demander ce qui va rester lorsque le gouvernement libéral
aura passé à travers l'ensemble des articles de la loi 90,
c'est-à-dire l'actuelle loi, avec ses grands doigts. On est en droit de
se poser de sérieuses questions sur ce qui va en rester. Quant aux
principes de base de la révision de la zone agricole, le ministre
mentionnait le maintien de la protection des territoires agricoles en
production ou qui représentent des possibilités d'utilisation
à des fins d'activités agricoles ou acéricoles.
"Deuxièmement, la continuité et le développement des
activités agricoles, acéricoles ainsi que du secteur
agro-alimentaire. Troisièmement, le retrait de la zone agricole des
territoires déjà utilisés à d'autres fins que
l'agriculture et dont le potentiel biophysique présente peu ou pas de
possibilité de mise en valeur agricole ou acéricole.
Quatrièmement, la conciliation des objectifs de conservation de
protection des territoires et des activités agricoles avec les objectifs
de schémas d'aménagement des municipalités
régionales de comté, des communautés urbaines et
régionales."
M. le Président, c'étaient les grands principes de base de
la révision de la zone agricole qui a été commandée
par le ministre à savoir le travail qui doit être fait par la
Commission de protection du territoire agricole du Québec. Lors de la
révision de la zone agricole, la Commission de protection du territoire
agricole du Québec devra, toujours selon les écrits du ministre,
tout en protégeant le territoire agricole, rechercher l'atteinte des
objectifs particuliers qui sont les suivants: Retrancher de la zone agricole
les territoires qui sont déstructurés,
irrécupérables ou utilisés à d'autres fins que
l'agriculture; retrancher de la zone agricole les territoires sans potentiel ou
dont le potentiel biophysique n'est pas susceptible de servir le
développement des activités agricoles dans un avenir
prévisible; retrancher de la zone agricole les érablières
non exploitées présentant peu ou pas de possibilité
à des fins acéricoles; répondre aux objectifs de
développement exprimés par les municipalités
régionales de comté et les communautés urbaines et
régionales dans leur schéma d'aménagement et identifier
notamment dans leur périmètre d'urbanisation, dans la mesure
où ces objectifs ne compromettent pas de façon significative le
maintien et le développement des territoires et des activités
agricoles.
M. le Président, lorsqu'on rencontre des éléments
comme ceux qui sont mentionnés dans l'annexe 1 qui a été
déposée par le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation, qui sont, en fait, des éléments de la
politique gouvernementale en matière de révision des zones
agricoles, je me demande pourquoi le ministre de
l'Agriculture n'a pas consulté l'Union des municipalités
du Québec, puisque ces dernières ont une grande
responsabilité dans l'aménagement du territoire
québécois. Lorsqu'on parle de zones forestières, lorsqu'on
parle de zones agricoles, lorsqu'on parle de zones agricoles incluant des
érablières, lorsqu'on parle de zones qui devraient être
exclues de l'actuel territoire agricole pour passer sous la juridiction de
différents ministères, par exemple, le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche ou le ministère des Affaires
culturelles ou le ministère de l'Environnement, tous les organismes du
Québec sont en droit de relier l'ensemble de cette politique
gouvernementale à la loi 150 sur les forêts ainsi qu'à la
loi 102 sur les terres du domaine public.
Le projet de loi 132, la Loi modifiant la Loi sur la protection du
territoire agricole, nous semble extrêmement prématuré.
Avant de passer à l'étude article par article de ce projet de
loi, nous nous devons absolument d'entendre un bon groupe d'organismes qui sont
directement engagés dans l'aménangement du territoire
québécois. Nous serions même intéressés
à entendre ce qu'aurait à dire le ministre des Transports qui est
actuellement responsable de l'aménagement du territoire
québécois, qui est aussi responsable du Fonds de
développement régional. Il serait très intéressant
d'entendre ce que ce dernier a à dire concernant l'aménagement du
territoire en rapport avec les routes du Québec, que ce soit des routes
principales, que ce soit des routes secondaires ou des routes tertiaires et
même des routes incluses à l'intérieur du territoire
municipal.
Pour l'étude de l'ensemble du domaine territorial du
Québec, le ministre mentionnait que, lors de la préparation d'un
plan révisé de la zone agricole, la Commission de protection du
territoire agricole doit tenir compte notamment des critères suivants:
premièrement, les conditions biophysiques du sol et du milieu;
deuxièmement, l'utilisation actuelle et potentielle du sol et du milieu
à des fins agricoles; troisièmement, les perspectives de
développement économique du milieu à des fins agricoles;
quatrièmement, le potentiel et les possibilités
économiques de l'utilisation des érablières;
cinquièmement, les conséquences et les contraintes sur le
maintien et le développement des activités agricoles
découlant de l'application des lois, des règlements, des normes
et des directives, notamment en matière d'environnement;
sixièmement, les perspectives et les orientations d'aménagement
et de développement identifiées dans le schéma
d'aménagement; septièmement, les conditions
socio-économiques régionales; huitièmement, la
disponibilité d'emplacements pour répondre aux besoins de
développement exprimés par les MRC et les municipalités
locales.
M. le Président, si on prend l'ensemble de ces
éléments qui ont été déposés par le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
lui-même, lors d'une conférence de presse qu'il aurait
donnée le 23 septembre dernier, au sujet de laquelle, d'ailleurs, par la
suite, nous avons eu très peu d'information ou très peu de
positions prises par l'Union des municipalités du Québec, l'Union
des MRC ou encore par l'Ordre des vétérinaires du Québec
ou tou3 les autres organismes pouvant être intéressés. Je
crois qu'il serait essentiel que nous, les membres de la commission, puissions
entendre, sur le fond de la question territoriale du Québec et surtout
sur la question de la protection du territoire agricole, l'ensemble des
organismes et, en particulier, l'Union des municipalités du
Québec.
M. le Président, lorsqu'on pense, par exemple, que l'article 31
de la loi, dans sa forme actuelle, donne aux personnes dont le titre de
propriété sur un lot inclus dans une zone agricole a
été enregistré avant l'entrée en vigueur du
décret de zone agricole qui affecte ce lot, le privilège d'y
construire une seule résidence, à la condition de le faire avant
le 31 décembre 1986... Dans la version initiale de la loi, cette date
était le 31 décembre 1983. Un délai supplémentaire
de trois ans avait été décidé, à
l'époque, par l'ancien gouvernement du Parti québécois, en
passant, bien sûr, par le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Tout le monde sait d'ailleurs que le
tuteur de ce ministère était, à l'époque, le
député de Lévis avec qui je suis extrêmement heureux
de siéger à cette commission parlementaire sur le projet de loi
132, puisque ce dernier, qui a contribué à l'adoption de cette
loi en 1978, connaît bien le fond, l'ensemble et même chacun des
articles de la loi 90.
Pour notre part, si le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation veut donner un délai supplémentaire, nous nous
demandons pourquoi il doit imposer aux gens l'obligation de déclarer
leur intention de se prévaloir de l'article 1 avant le 31
décembre 1986, alors que le délai qu'il se prépare
à leur accorder leur donnera vraisemblablement jusqu'en 1988 ou en 1989
pour utiliser concrètement leur privilège. C'est surtout
là-dessus que nous en avons, puisque lorsque l'on regarde le
libellé de l'article 1, en particulier au deuxième paragraphe, on
est en droit d'entrevoir des projets de spéculation qui pourraient
effectivement venir d'amis du Parti libéral, qui pourraient même
faire partie de la gamme d'amis qu'a le député qui est en face de
moi et qui chiale depuis le début, le député de Huntingdon
qui continue à signer ses cartes de Noël.
M. Dubois: Dites la vérité, et je ne dirai pas un
mot!
M. Perron: On va entendre des mémoires et il va se tenir
assis comme il l'a fait au cours de cette commission parlementaire, ne disant
mot sur quoi que ce soit...
M. Dubois: Rien que la vérité!
M. Perron: ...étant à quatre pattes devant
l'ensemble des positions de son propre gouvernement.
Certains organismes ont démontré de l'intérêt
pour le projet de loi qui est devant nous actuellement. Je répète
que l'Opposition est extrêmement intéressée à
entendre l'Union des municipalités du Québec. J'ai bien
hâte de voir ce que va répondre à notre amendement le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
malgré que l'on sache qu'à ce jour, ce dernier n'a nullement
composé avec l'Opposition pour que l'expression démocratique des
organismes se fasse sentir en commission parlementaire, en particulier au cours
de cette commission.
M. le Président, le projet de loi que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a l'intention de faire
adopter avant la fin de cette session pour modifier l'article 31, va donner aux
propriétaires de lots vacants un délai d'un an après
l'entrée en vigueur du nouveau décret de zone agricole affectant
leurs lots. Les négociations entre la Commission de protection du
territoire agricole et les municipalités régionales de
comté pour la révision des zones agricoles ne sont pas encore
commencées et il s'écoulera encore plusieurs mois avant que les
premiers décrets n'entrent en vigueur. Le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation n'a répondu à aucune des
questions de l'Opposition se rapportant à ces fameux décrets et
à leur entrée en vigueur.
Nous nous demandons vraiment pourquoi le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation tient à forcer des milliers de
citoyens et de citoyennes à défiler dans les bureaux de la
Commission de protection du territoire agricole du Québec en plein mois
de décembre et possiblement après, pour déclarer une
intention de construire qui, souvent, on le sait trè3 bien, ne se
réalisera même pas. Il est prévisible, en effet, que bien
des gens vont se prêter au recensement du ministre, juste au cas, comme
disait le député de Lévis dans une intervention qu'il a
faite lors d'une conférence de presse. Combien de temps auront-ils pour
le faire entre l'adoption du projet de loi annoncé tard cet automne et
la date fatidique du 31 décembre? (22 h 45)
Pour un gouvernement qui ne jure que par la
déréglementation, M. le Président, c'est imposer là
' une tracasserie administrative bien inutile aux simples citoyens, à
moins que l'intention du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation ne soit d'utiliser son fameux recencement afin de forcer la
Commission de protection du territoire agricole de retrancher encore plus de
territoire aux zones protégées, c'est-à-dire aux zones qui
sont actuellement protégées à l'intérieur de la Loi
sur la protection du territoire agricole, qu'on veut amender actuellement par
la loi 132.
Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
vient l'obliger, en fait, à entamer des négociations avec les
municipalités régionales de comté et ce, les ciseaux
à la main, avec un mandat de retrancher les lots situés en zone
agricole et utilisés à d'autres fins que l'agriculture. La
commission devra-t-elle aussi découper les lots que les
propriétaires ont seulement l'intention d'utiliser à d'autres
fins que l'agriculture? Voilà encore une fois une tracasserie
administrative de plus pour les citoyens et les citoyennes dans le domaine de
l'agriculture et une menace nouvelle, c'est-à-dire une menace
supplémentaire pour les agriculteurs et les agricultrices du
Québec.
M. le Président, en parlant de la protection du territoire
agricole, je voudrais me référer à un article du
Journal de Québec en date du 27 septembre 1986 et j'endosse
entièrement les paroles suivantes qui y furent exprimées par le
député de Lévis, qui est le critique officiel en
matière d'agriculture, de pêcheries et de l'alimentation et qui
disait d'ailleurs: "Je qualifie d'outrage à l'Assemblée nationale
l'atteinte grave aux principes d'autonomie des organismes quasi judiciaires et
l'épée de Damoclès sur l'avenir de l'agriculture,
l'opération de déprotection du territoire agricole lancée
par le ministre Pagé."
M. le Président, lorsqu'on regarde le projet de loi 132,
c'est-à-dire la Loi modifiant la Loi sur la protection du territoire
agricole, nous nous demandons fortement pourquoi le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation nous a présenté un
projet de loi qui n'a que deux articles, juste en début de
période de session intensive, pour probablement démontrer qu'il
avait certaines intentions face au territoire agricole du Québec. Bien
sûr, tout le monde est en droit, puisqu'on touche quelque chose
d'extrêmement important pour l'ensemble du peuple
québécois, de s'attendre que le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation donne des réponses concrètes
à l'Opposition ainsi qu'aux organismes qui seraient susceptibles de se
présenter devant nous, incluant, bien entendu, l'Union des
municipalités du Québec.
M. le Président, nous serions intéressés à
savoir ce que pensent les représentants de l'Union des
municipalités du Québec. La presse canadienne, par exemple a
vainement tenté de joindre le président de la Commission de
protection du territoire agricole sur le sujet, c'est-à-dire sur les
grandes politiques générales et territoriales du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, soit M. Pierre-Luc
Blain, qui n'a même pas cru bon de retourner Ies appels. C'est
très possible, puisqu'on a vu que le ministre de l'Agriculture
s'était déjà ingéré directement pour donner
des directives à la commission, ce qui ne s'est jamais vu pour un
tribunal quasi judiciaire. On comprend très bien pourquoi le
président de la commission n'a pas retourné les appels de la
presse canadienne.
Par exemple, les directives du ministre à la commission ouvrent
pour nous la porte au zonage discriminatoire, ce qu'on appelle
communément le "spot zoning", qui représente la meilleure
manière de rendre inefficace la loi tout en ayant l'air de la maintenir.
C'est surtout là que nous craignons ce gouvernement libéral,
parce qu'on sait qu'au cours de la dernière année, il a
réussi à prendre des décisions qui ont été
carrément à rencontre de nos besoins régionaux. On n'a
qu'à regarder ce qui est arrivé dans le dossier de Quebecair pour
comprendre que ce fut l'ensemble des régions du Québec, les
Îles-de-la-Madeleine, le Bas-Saint-LaurentGaspésie,
l'Abitibi-Témiscamingue aussi le Saguenay-Lac-Saint-Jean et en
particulier, la Côte-Nord et la partie est de la grande C6te-Nord qui ont
été touchées par cette décision gouvernementale.
Nous craignons fortement que ce gouvernement en vienne à faire en sorte
que la Loi sur la protection du territoire agricole soit éventuellement
tellement décimée qu'elle deviendra presque caduque quant
à la protection sur le fond.
C'est sûr que le zonage discriminatoire a toujours
été rejeté, car il menace la primauté de
l'activité agricole à l'intérieur des zones agricoles en
multipliant presque à l'infini des situations de difficile voisinage
avec des zones blanches parsemées ici et là de zones vertes. Je
comprends très bien que le député de Lévis
s'inquiète, de plus, qu'une des directives du ministre vise à
répondre aux objectifs de développement des municipalités
régionales de comté qui sont en quelque sorte reliées avec
l'Union des municipalités du Québec dans la mesure où cela
ne compromet pas de façon significative le maintien et le
développement des territoires et des activités agricoles.
Jusqu'à maintenant, la Commission de protection du territoire
agricole avait une seule raison d'être: protéger les terres
agricoles du Québec et non pas protéger quelque terre que ce soit
à l'extérieur du zonage qui lui incombait. Comme le ministre a
donné le feu vert à la spéculation, ce qu'avait d'ailleurs
prédit l'ancien ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, l'actuel député de Lévis, on peut
s'imaginer tout ce qui pourrait arriver éventuellement avec des
promoteurs qui vont faire miroiter des projets de développement aux
municipalités et les municipalités y seront sûrement
intéressées. Il serait même dangereux, dans certains cas,
si nous n'avons pas une loi ou une réglementation forte, de voir les
municipalités s'impliquer dans du dézonage pour permettre
à des spéculateurs, amis du gouvernement ou de certaines
entreprises, de profiter de situations territoriales pour faire de la
spéculation à l'insu de l'ensemble de la population du
Québec et en particulier à l'insu des agriculteurs et des
agricultrices du Québec.
Je voudrais terminer en disant que, en ce qui nous concerne, autant les
municipalités du Québec, l'Union des municipalités du
Québec que l'Union des municipalités régionales de
comté sont impliquées dans le domaine de l'aménagement du
territoire québécois. Il nous semble que si cette commission
décidait d'entendre les représentants et les
représentantes de l'Union des municipalités du Québec,
cela pourrait nous permettre d'approfondir davantage non seulement le projet de
loi 132 mais également la question du territoire agricole et la question
des plans d'aménagement, que ce soit l'aménagement municipal,
agricole, touristique ou forestier.
Je voudrais remercier mes collègues pour les interventions qu'ils
ont faites jusqu'à maintenant. Lorsque je parle de mes collègues,
je parle de mes collègues de l'Opposition et cela vous exclut, M. le
Président, car je vous sais une personne extrêmement neutre devant
cette Assemblée, devant cette commission parlementaire. Quant aux
remerciements, je n'exclus pas les ministériels, puisque ces derniers
ont jugé bon de ne presque pas intervenir depuis le début de
cette commission. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Duplessis. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur
le sous-amendement du député de Duplessis visant à
entendre l'Union des municipalités du Québec?
M. Blais: M. le Président.
Le Président (M. Richard): Oui, M. le député
de Terrebonne, vous avez droit à dix minutes.
M. Yves Blais M. Blais: Merci beaucoup, M. le
Président. Il me fait plaisir d'appuyer le député
de Duplessis. Je prendrai pour m'aider un article paru dans Le Devoir le
27 septembre 1986, un éditorial de M. Albert Juneau qui s'intitule: Une
révision nécessaire.
Il dit tout simplement, au tout début: "II était urgent,
en 1978, de se donner une législation mordante pour préserver le
territoire agricole". Il dit aussi: "Déjà, en 1985, le
gouvernement précédent - celui qui est là actuellement -
avait apporté, à la demande des municipalités, des
amendements importants à la loi dans le but de leur permettre de faire
réviser les décisions prises par la CPTA. Celle-ci conserve
toutefois le dernier mot et sa décision est sans appel, sauf pour des
cas spécifiques." Donc, le titre, "Une révision
nécessaire", cela veut dire qu'en 1978 une loi principale sur la
Commission de protection du territoire agricole a été
adoptée et, en 1985, la révision nécessaire a eu lieu.
C'est ainsi que j'interprète l'éditorial de M. Albert Juneau.
Entre ces deux positions, il a un editorial très étoffé
qui parle de cette révision nécessaire. Il dit qu'une
révision est nécessaire. "Mais quelle révision? Faut-il
remettre en cause l'esprit général de la loi et réduire
sensiblement le territoire agricole protégé? Le ministre de
l'Agriculture, M. Michel Pagé, s'est bien gardé de
préciser sa pensée sur cette question en annonçant mardi
dernier qu'un avant-projet de loi serait déposé à
l'Assemblée nationale en décembre prochain".
Cela, c'était au mois de septembre. L'éditorial dit que le
ministre de l'Agriculture s'est bien gardé de préciser sa
pensée. En commission parlementaire, ici, j'espère que le
côté ministériel viendra préciser cette
pensée afin que toute la classe agricole, la gent rurale connaisse le
fond, le tréfonds et le fin fond de la pensée de ce gouvernement
du côté de l'aménagement territorial.
Il poursuit en disant: "Comment conciliera-t-il, comme il le souligne
lui-même, les droits individuels et la nécessité de
préserver le potentiel agricole? "Le réexamen de la loi pourrait
avoir des répercussions plus importantes qu'on ne le croit si le
gouvernement procède à une nouvelle répartition des
responsabilités -C'est là que les municipalités
interviennent. - On se rappelle que le rapport Gobeil proposait l'abolition
pure et simple du chien de garde de la loi..."
Le rapport Gobeil demande l'élimination de tout ce qui a un prix
attaché, indépendamment de la protection des individus, des
groupes, des classes. C'est un rapport qui frappe de plein fouet dans les
acquis. D'ailleurs, lors de son dernier congrès, la base de toutes les
revendications de l'UPA était: L'UPA se bat pour ses acquis. On voit
qu'il y a lutte entre l'arrivée du nouveau gouvernement, les acquis de
la classe agricole, la protection que l'ancien gouvernement dans la
dernière décennie lui accordait et les interrogations que toute
la gent rurale se pose devant l'avènement de ce nouveau gouvernement qui
tarde à montrer son vrai visage du côté agricole.
Je ne prête pas de mauvaise intention à ce gouvernement
devant les agriculteurs, pas du tout. Mais les agriculteurs ont hâte de
voir la vraie façon, la vraie orientation, la vraie politique. Ils
disent aussi, les agriculteurs... L'UPA est très nerveuse, les
producteurs agricoles sont très nerveux et pour beaucoup de raisons. Ce
n'est pas moi qui vais les blâmer. Les agriculteurs sont reconnus pour
être des gens d'une très grande prudence. Ce sont des gens qui ont
du flair, qui subodorent le devenir. Ils subodorent leur devenir. Tant qu'ils
ne connaissent pas les agirs d'un gouvernement, ils ne peuvent se fier à
ses dires. C'est ainsi que je Ies campe dans mon esprit.
Les questions de zonage agricole, de privatisation, de
déréglementation et d'abandon de plusieurs programmes d'aide
à l'agriculture qui mijotent au Québec. Les producteurs agricoles
ne savent plus sur quel pied danser. C'est ce qu'ont dit les gens de l'UPA tout
dernièrement. Je me sers du reportage de M. Vincent Cliche. J'ai aussi
le communiqué et le discours du président, M. Proulx, pour
étoffer cette crainte qui, si elle n'est pas fondée... Moi, je
crois qu'elle est fondée, mais si elle n'est pas fondée, c'est
aux ministériels d'aller au tableau et d'effacer ces craintes. Ils ont
tout en main pour ce faire. (23 heures)
Sachez que les ruraux subodorent de façon continue. Ils ont du
flair. Ils sont plus près de la terre que les urbains. Ils ont moins
perdu cet esprit instinctif. Ils sont plus prévoyants. Qu'est-ce qu'on
dit, ici, dans ce rapport? M. le ministre disait tantôt: Au centre et au
coeur de nos préoccupations, la protection du territoire agricole est
là. Moi, je veux le croire. Les agriculteurs et les agricultrices, les
producteurs agricoles et tous ceux qui gagnent leur vie des entrailles de la
terre, tous ceux là veulent le croire. Le fruit de la terre, tous ceux
qui en vivent sont suspendus à vos lèvres, M. le ministre, mais
ils veulent absolument que vous leur disiez ce qu'ils ont à attendre de
vous dans un avenir assez prochain. Cette loi que vous nous amenez qui divise
en zones leur territoire, en petites zones - c'est presque de3
"bébés zones" - des zones un peu partout, ils ont une certaine
crainte. M. le député de Lévis avait une expression que je
trouvais très poétique en disant que le ministre veut faire du
territoire québécois une espèce de damier: avoir un petit
carré agricole, un petit carré qui ne l'est pas, un petit
carré agricole et un autre petit carré
qui ne l'est pas. Un vrai damier. Il employait l'expression "du fromage
de Gruyère", le fromage suisse où les souris s'infiltrent. Ici,
il dit: Le ministre Pagé attend les rapports de huit comités
consultatifs dont la plupart, comme ceux du financement agricole, de
l'assurance-stabilisation et de l'assurance-récolte, touchent aux acquis
les plus importants des agriculteurs québécois depuis quinze ans.
Il aurait dû dire depuis dix ans, mais pour ne pas passer pour un
partisan et pour flatter l'ancien gouvernement il a mis quinze ans. Je sais
que, dans sa tête, c'était depuis dix ans parce que cela fait
seulement depuis à peu près dix ans qu'on s'occupe vraiment de
l'agriculture au Québec.
M. Pagé: Pas avant.
M. Blais: II y en avait mais on s'en occupait moins. Mais,
là, à cause des six ans qui ont précédé la
décennie où l'agriculture a vraiment fleuri au Québec et
où les plus beaux fleurons de l'agriculture ont éclos durant les
dix dernières années... Quelle éclosion! Je ne citerai pas
de statistiques ici, ce serait fastidieux. Cependant, les agriculteurs se
disent, eux qui ont le flairs Pourquoi le nouveau ministre a-t-il nommé
huit comités consultatifs pour étudier nos acquis? Quand on veut
étudier ce que l'on est en train de faire et les acquis d'un groupe,
c'est qu'on a dans la tête l'intention peut-être de changer la
philosophie qui sous-tend les acquis des agriculteurs québécois,
surtout quand on sait que chez vous on dit que l'agriculture semblerait trop
subventionnée. On parle beaucoup de cela de votre côté. On
en parle beaucoup. C'est parce qu'il y a toujours deux personnes. Il y a un
rapport des sages qui dit une chose et les ministres font des commentaires
différents. On ne sait plus qui croire. C'est pour cela que les
agriculteurs sont un peu perplexes. Ils sont anxieux d'une solution.
Je vois que des gens qui s'intéressent à l'agriculture
semblent un peu perplexes aussi. Ils ont le risorius un peu moins tendu qu'au
début de la soirée. C'est normal qu'il en soit ainsi. J'aimerais
. beaucoup que les ministériels viennent nous dire, à cause de
tous ces changements de zonage, que le divin enfant va naître dans une
terre verte ou une terre blanche cette année. Il y a tellement de
changements qu'on se demande de quelle façon cela va arriver. Je
demanderais au moins aux ministériels de nous dire de quelle
façon on veut traiter, dans les années qui viennent, cette classe
agricole qui, depuis les dix dernières années, a
été traitée avec tous les égards dus à la
noblesse de son métier et aux charmes que ces gens ont d'être les
nourriciers de la population entière du Québec. M. le
Président, je vous remercie.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Terrebonne. Est-ce que d'autres membres de la
commission veulent intervenir sur le sous-amendement? M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, il me fait plaisir de parler
sur cette proposition de sous-amendement concernant la consultation de l'Ordre
des médecins vétérinaires puisque l'on sait à quel
point l'Ordre des médecins vétérinaires est
intéressé.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, c'est le sous-amendement sur l'Union des
municipalités du Québec.
M. Jolivet: Vous allez trop vite, c'est l'Union des
municipalités du Québec.
M. Garon: M. le Président... Une voix: II
était endormi... Une voix: Non, pas du tout.
M. Garon: Non, c'est qu'il va en venir un autre après
celui-là. M. le Président, comme je parlerai d'abord sur le
sous-amendement, je n'avais pas parlé non plus sur celui de l'ordre des
vétérinaires, mais je parlerai d'abord sur celui de l'Union des
municipalités du Québec.
Les municipalités du Québec ont beaucoup à dire
puisqu'elles ont été les interlocuteurs privilégiés
lors de la confection des zones agricoles après le dépôt de
la loi et son adoption aux mois de novembre et décembre 1978. Le
gouvernement avait privilégié à ce moment-là
l'Union des municipalités du Québec parce que c'était
l'organisme le plus près pour pouvoir discuter avec les producteurs
agricoles, l'Union des producteurs agricoles et la Commission de protection du
territoire agricole. Il ne serait pas inutile que cette consultation puisse se
faire puisqu'on aura l'avantage incroyable de pouvoir discuter avec l'Union des
municipalités du Québec qui a eu l'expérience de discuter
avec la commission lors des négociations sur la détermination des
zones agricoles au cours des années 1979, 1980 et 1981 et qui a connu
l'application de la Loi sur la protection du territoire agricole au cours de
ces années.
Avant de faire un amendement qui ouvre une porte comme celle-là,
avec des conséquences importantes pour les municipalités puisque
la loi voulait permettre à des gens qui avaient des terrains qui leur
appartenaient de faire, dans une période de temps limite, la
construction qu'ils avaient envisagé de faire, à condition que la
période
de temps soit limitée afin de ne pas ouvrir cette
possibilité à des gens qui auraient acheté des terres ou
des terrains à des fins spéculatives... L'Union des
municipalités du Québec est au centre de tout cela puisque
l'Union des municipalités et les municipalités du Québec
sont à même de constater le bienfait de la Loi sur la protection
du territoire agricole qui a permis la densification urbaine et la
réduction des coûts dans les municipalités.
Aujourd'hui, on sait que c'est une des deux plus grandes mesures qui ont
fait en sorte que les municipalités qui, avant la Loi sur la protection
du territoire agricole et avant la réforme sur la fiscalité
municipale, faisaient leur pèlerinage régulièrement
à Québec pour avoir des subventions d'équilibre
budgétaire maintenant sont capables de planifier leur budget parce
qu'elles savent qu'elles peuvent compter sur des revenus en fonction, entre
autres, de la réforme sur la fiscalité municipale. Elles savent
également qu'elles n'ont plus à subir les mêmes pressions
qu'elles subissaient antérieurement à cause de
l'éparpillement urbain qui occasionnait des coûts faramineux aux
citoyens des municipalités dont les conseils n'étaient pas
capables de résister à la frénésie
spéculative qu'on a connue sous le mandat du gouvernement libéral
de 1970 à 1976.
Plusieurs personnes m'ont dit, au moment où on faisait les
consultations pour l'adoption de la loi, à la phase préparatoire
aux mois de septembre et d'octobre 1978, que cette loi aurait dû survenir
beaucoup plus tôt et que d'immenses territoires qui auraient
été réservés à l'agriculture ont
été dilapidés. Qu'il s'agisse de la rive sud de
Montréal, de l'île de Montréal même qui était
le meilleur territoire agricole du Québec. Il est évident que
l'île de Montréal ne serait pas restée entièrement
agricole. Il y a des territoires agricoles sur l'île qui auraient permis
de garder une végétation et qui auraient fait l'affaire des gens
qui auraient vécu dans ces endroits. La Loi sur la protection du
territoire agricole est arrivée trop tard parce qu'aucun gouvernement
antérieur n'a eu le courage d'adopter une telle mesure.
Les premiers à en bénéficier ont été
les municipalités puisque les municipalités ont pu planifier sans
avoir toujours le revolver de la spéculation dans le dos. Les citoyens
ont pu voir beaucoup plus au grand jour les développements urbains,
puisqu'ils devaient être davantage approuvés publiquement
plutôt que d'être concoctés en catimini par des
spéculateurs fournisseurs de caisse électorale.
Vouloir commencer à ouvrir des brèches ou à
affaiblir une loi qui permet aux agriculteurs et aux municipalités de
lutter davantage à armes égales avec les spéculateurs, qui
sont capables de prendre tous les moyens pour utiliser des belles terres
agricoles à des fins spéculatives... On n'a qu'à regarder
ce qui s'est passé à Saint-Hubert, par exemple, où des
terrains de 60, 70 ou 80 pieds carrés ont été vendus et
où on peut à peine poser le pied et y mettre une chaise et une
table sans tomber sur le terrain du voisin. Ces découpages ont
été permis dans le temps. Ceci est quasiment impensable
aujourd'hui. Vouloir affaiblir une telle loi est un peu inimaginable.
C'est pourquoi nous pensons que ce serait une bonne idée de
consulter l'Union des municipalités du Québec pour qu'elle puisse
venir dire précisément à quel point cette loi a
été bénéfique. Je me rappelle être
allé parler devant l'Union des municipalités du Québec, il
y a, si ma mémoire est bonne, environ deux ans. Plusieurs personnes
pensaient que d'aller parler devant l'Union des municipalités du
Québec et défendre la Loi sur la protection du territoire
agricole sept ans après sa mise en application, pouvait être une
occasion pour les adversaires politiques de me river mon clou. Tout le monde a
eu la surprise de sa vie. Je dois vous dire que j'ai moi-même
été un peu surpris de l'accueil, même si je savais qu'il
serait bon. Il a été beaucoup plus chaleureux encore, il a
été vraiment chaleureux à un point tel que tous ceux qui
pensaient ouvrir une brèche à l'occasion de ce congrès
n'ont pas dit un mot. Ils sont restés tranquilles parce qu'ils ont
constaté que plusieurs centaines de maires considéraient la Loi
sur la protection du territoire agricole comme un actif important pour
empêcher dans leur municipalité le développement et
l'éparpillement urbains effrénés qu'ils avaient connus au
cours des années antérieures.
J'ai vu souvent aussi de nombreuses délégations de pays
étrangers, de ministres de l'agriculture de pays étrangers qui
regardaient avec envie un tel instrument que les Québécois
avaient pu se donner. J'ai même eu l'occasion de lire des thèses
de doctorat d'étudiants d'universités américaines,
notamment celle de Philadelphie, dans lesquelles ils estimaient que les
Québécois étaient capables d'une grande solidarité
pour protéger leurs terres agricoles et que peu de peuples pouvaient
acquérir une telle solidarité pour protéger un bien aussi
précieux.
Des délégations de nombreux pays sont venues. Pardon?
M. Pagé: II y a aussi la conférence des
évêques américains qui a demandé au gouvernement
américain de protéger ses sols agricoles.
M. Garon: Oui.
M. Pagé: Comme on le faisait au Québec.
M. Garon: Oui. Après cela, je pourrais laisser le ministre
en dire quelques mots. J'aimerais qu'il dise quelques mots là-dessus,
parce que je suis persuadé, quand le Seigneur parlait dans
l'Évangile des talents qu'on utilisait ou qu'on enfouissait, qu'il avait
sûrement une pensée pour les terres agricoles et que le fait de
dilapider les terres agricoles, de les couvrir d'asphalte, de béton ou
d'autres choses ou de s'en servir comme dépotoir quand ce n'est pas
comme terrain miné par des saloperies de produits toxiques, c'est tout
simplement dilapider une ressource qui est en quantité limitée.
(23 h 15)
Au Québec, les terres sont en quantité limitée.
Elles ont un excellent potentiel et nous avons un climat exceptionnel,
même s'il y a l'hiver parce que, pendant l'été et
même à l'année longue, nous avons des heures
d'ensoleillement qui font l'envie de plusieurs pays, même de ceux qui
n'ont pas d'hiver. Le degré d'humidité que nous connaissons
pendant la saison de végétation de même que la forte
chaleur que nous connaissons au cours des mois de juin et juillet permettent
une végétation exceptionnelle qui doit être
protégée comme un héritage qui nous a été
légué par ceux qui sont venus s'établir ici.
M. le Président, l'Union des municipalités devrait pouvoir
venir devant cette commission nous indiquer de quelle façon, à
quel point l'expérience des années antérieures a
été bénéfique pour la protection des terres, mais
également pour le développement harmonieux et
équilibré des terres agricoles, mais aussi des
municipalités du Québec.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lévis. Comme intervenant, M. le
député de Laviolette, vous avez la parole pour les dix prochaines
minutes.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, j'aurais une petite question
à vous poser. Quand vous étiez maire de Bécancour et que
vous faisiez partie des municipalités régionales de comté,
l'union dont vous faisiez partie avait aussi dans sa réglementation des
municipalités urbaines comme Nicolet ou d'autres? C'est à peu
près la même chose que chez nous. II faut bien faire la
différence. Si on prend la MRC qu'on appelle la MRC du Centre du
Québec, cela regroupe aussi bien les villes de Shawinigan, de
Grand-Mère et de Shawinigan-Sud que tout le secteur rural. Ils avaient
une habitude qui a été conservée et qui était
marquée dans les lettres patentes, à savoir que pendant deux
années, c'est un maire du secteur rural qui est préfet. Le
sous-préfet est du secteur urbain. Deux ans après, c'est
l'inverse de façon à essayer de maintenir un certain
équilibre entre les représentants venant à la fois du
secteur rural et du secteur urbain. Justement, cette année, il arrive
que dans la MRC de ma région, le Centre-de-la-Mauricie, le préfet
est M. le maire de Grand-Mère, M. Jacques Marchand. Si je dis cela,
c'est parce qu'il représente, à l'intérieur de la MRC, une
personne qui est aussi membre de l'Union des municipalités du
Québec. Dans les deux cas, il peut être à la fois membre de
l'Union des municipalités régionales de comté, de l'UMRCQ,
et de l'Union des municipalités du Québec, l'UMQ.
Or, le maire de Grand-Mère, dans la discussion qui est
actuellement amorcée à l'effet de revoir l'ensemble du territoire
agricole de la municipalité de Grand-Mère... Vous savez qu'on en
a parlé au cours de la journée. Il y aurait discussion, dans
certains territoires, de la délimitation de la zone verte par rapport
à ces besoins qu'ont les municipalités d'agrandir un territoire
urbanisé.
Je dois dire en passant qu'il serait intéressant de rencontrer
l'Union des municipalités du Québec parce que, dans certains cas,
ils pourraient nous dire les besoins qu'ils ont et, dans d'autres cas, les
besoins qu'ils n'ont pas, parce qu'il y a des gens qui disaient à
l'époque que la Loi sur la protection du territoire agricole aurait pour
effet d'empêcher l'urbanisation. Nous disions, à l'époque,
qu'elle aurait pour effet de permettre une meilleure utilisation du territoire
du Québec et que le schéma d'aménagement amènerait
justement une redéfinition des utilisations du territoire. J'ai fait
allusion, tout à l'heure, à la loi 102 qui est devant le
Parlement. Dans cette loi, on va justement affecter l'ensemble des territoires
autres que ceux qui sont municipalisés ou non municipalisés, ceux
qui sont en dehors des secteurs privés. Donc, on va regarder l'ensemble
du territoire qui est le domaine public.
Il est évident que, dans le contexte où on discute
actuellement d'un projet de loi qui pourrait ouvrir des brèches dans la
Loi sur la protection du territoire agricole, les unions comme l'Union des
municipalités du Québec auraient intérêt à
faire valoir leur voix. Celle-ci pourrait peut-être nous dire que ce
n'est pas nécessaire d'ouvrir la loi. Les questions qu'on pourrait poser
à cet organisme nous permettraient fort probablement de savoir que ce
n'est pas nécessaire de l'ouvrir. Il n'est pas nécessaire
d'adopter une loi qui donne à des gens qui pourraient reprendre une
forme de spéculation les moyens de reprendre cette spéculation.
Je le dis comme tel, M. le Président, car, comme le disait le
député de Lévis, plusieurs maires sont heureux de cette
loi. Ils l'ont applaudi à tout rompre quand il
est allé les rencontrer il y a quelques années. Cela a eu
pour effet de leur enlever un poids important.
Comme ex-maire, vous connaissez les pressions que nous avons de la part
de personnes qui, pour toutes sortes de raisons, croient qu'elles, ont raison.
Le maire est dans un contexte où il peut dire: Écoutez, c'est la
Loi sur la protection du territoire agricole qui m'oblige à cela; donc,
je ne peux rien faire. Allez voir la commission. Il s'enlève un poids
sur la conscience et il peut même, à l'occasion, dire:
Écoutez, si vous pensez que vous en avez le droit, je peux appuyer votre
demande. Au moins, on va l'analyser. On va au moins vous donner la chance que
la commission décide. Mais, après cela, le maire est libre et,
d'une certaine manière, il est indépendant quant à la
décision. Donc, cela fait leur affaire que d'autres personnes qu'eux,
par un règlement municipal, en arrivent à décider de
l'utilisation du territoire. Ils pourraient vous dire qu'ils ne veulent pas
qu'elle soit touchée, car - ils le disent et ils le
répètent souvent - si le gouvernement, par l'intermédiaire
du ministère des Affaires municipales, nous donne de nouvelles
responsabilités, nous voulons aussi l'argent nécessaire pour
amener cette...
Le gouvernement est en pleine période de restrictions
budgétaires, il nous le dit et il nous le répète. Il fait
des coupures par-ci et des coupures par-là, cachées ou pas
cachées, connues ou non connues, directes ou indirectes. Qu'arrive-t-il
finalement? Le gouvernement ne peut pas donner de ressources additionnelles. Ne
pouvant pas donner de ressources additionnelles, les municipalités ne
voudront pas reprendre des responsabilités si elles n'ont pas l'argent
nécessaire. Vous connaissez le vieux principe dont M. Bellemare parlait
souvent: "No taxation without representation". Pas de taxation sans pouvoir de
représentation. C'est un vieux principe en administration publique qui
fait que, si j'ai le droit de taxer, je dois au moins avoir le pouvoir
équivalent. Je dois être capable, comme municipalité, de
décider à partir du pouvoir que j'ai de demander une taxe.
Il reste quand même que, dans certains cas, les
municipalités pourront vous dire: On n'en veut pas de pouvoir de
taxation, car on ne veut pas l'obligation, en fin de compte. On ne veut pas
être soumis à des pressions comme on en connaissait à
l'époque. Je vous donne un exemple bien typique. Durant combien
d'années avons-nous parlé, quant au territoire le long de
l'autoroute 55 en allant vers Vallée-du-Parc, de la possibilité
d'un autre centre commercial? Le maire n'est plus là, le centre
commercial n'est pas construit et les terres sont encore là. On a
même fait la cueillette du bois et on fait la repousse actuellement d'un
secteur propice à l'agriculture. Dans ce contexte, il me semble que
personne ici à cette commission n'aurait intérêt à
refuser l'éclairage de la part de l'Union des municipalités du
Québec qu'il serait, j'en suis sûr, intéressant de
connaître pour prendre une décision la plus éclairée
possible.
M. le Président, je vous dis cela parce qu'il me semble que, de
l'autre côté, les gens s'ennuient peut-être, mais ils
s'aperçoivent que, quand on a le pouvoir, on parle peut-être moins
souvent qu'on ne le pensait. Ils sont arrivés ici avec une bonne
volonté comme députés. Je ne peux pas dire qu'ils n'ont
pas cette bonne volonté. Us avaient une bonne volonté, celle de
changer un peu l'atmosphère, la façon dont on adoptait les lois
et les règlements. Je dois vous dire que, de la façon dont ces
projets de loi sont présentés à l'Assemblée
nationale, ils doivent se demander ce qui se passe. D'abord, ils ne parlent
pas, ils ont l'air à moitié morts, à moitié
épuisés. Ils n'ont rien fait. Ils ont lu toute la journée
et ils ont signé leurs cartes de souhaits de Noël. Mais ils n'ont
pas parlé. Cela me surprend toujours, car ils en auraient l'occasion.
Personne ne les en empêche, à moins que le ministre ne leur ait
dit: Écoutez, ne parlez pas trop. Il ne faudrait pas prendre trop de
temps. Peut-être que le ministre leur a dit cela, ou le leader. Il y a un
whip. Il n'est pas là ce soir, car c'est le député de
Berthier qui est le whip du groupe. Il a dit: Ne parlez pas trop, ne dites
rien.
Je vais vous le dire bien honnêtement, cela me surprend toujours
parce que l'on a l'impression que ces projets de loi sont amenés
à la dernière minute, mal préparés, mal foutus.
Regardez la ministre, ce matin, par exemple. Elle nous amène une
série d'amendements à une loi qu'elle a déposée
dernièrement. Elle recule, semble-t-il. Même dans le recul qu'elle
fait - Mon Dieu! Seigneur! - cela n'a pas de maudit bon sens!
M. Garon: Elle recule tout croche!
M. Jolivet: C'est celai Vous savez, quand un automobiliste va de
l'avant, cela paraît. Mais, quand il recule, c'est toujours en zigzag. Il
n'est jamais capable de reculer en ligne droite. Il faut une extrême
dextérité pour être capable de le faire sans aller dans le
fossé. J'ai l'impression que la ministre est en train de capoter, pour
ne pas dire "virer capot", cela dépend comment on veut le prendre. Une
chose est certaine, c'est qu'il y a du danger pour un automobiliste qui recule.
Dans ce contexte, je vous dis honnêtement que ce sont des projets de loi
mal foutus. On a l'impression que les amendements sont amenés sur le
coin d'une table, sans aucune préparation. Il faudrait même se
poser la question - et peut-être faudrait-il la poser à la
ministre - à savoir si les ministres se sont
prononcés sur ces amendements au Conseil des ministres. Je suis
sûr que non, je pourrais le jurer, mettre la main directement dans le
feu. Demandez-le aux ministres s'ils se sont prononcés sur ces
amendements. Je dis que cela n'a pas de maudit bon sens. Ce n'est pas comme
cela que l'on gouverne. On gouverne à la petite semaine.
M. le Président, dans ces circonstances, j'implore encore une
fois le ministre de reculer, de demander à des gens de venir en
commission parlementaire pour des consultations particulières, comme on
le propose, ou bien de retirer tout simplement le projet de loi et cela ne
ferait mai à personne.
Le Président (M. Richard): Je vous remercie bien, M. le
député de Laviolette. Maintenant, s'il n'y a pas d'autres
interventions, à moins que M. le ministre ne veuille intervenir...
M. Pagé: M. le Président, pour les mêmes
motifs invoqués tout à l'heure au soutien du refus à
adopter le sous-amendement, nous gardons la même attitude, la même
position.
Le Président (M. Richard): Donc, on dispose du
sous-amendement...
M. Jolivet: Vote nominal.
Le Président (M. Richard): Le vote nominal? Alors, je
demanderai à M. le secrétaire de faire l'appel...
Une voix: Sur le sous-amendement.
Le Président (M. Richard): ...sur le sous-amendement qui
est le suivant: De faire venir à cette commission parlementaire l'Union
des municipalités du Québec, l'UMQ. Alors, vote nominal.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe):
M. Messier: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé):
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes):
Mme Legault: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière):
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine):
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon):
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata):
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost):
M. Forgets Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf):
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Perron (Duplessis):
M. Perron: Pour.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette):
M. Jolivet: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis):
M. Garon: Pour.
M. Jolivet: Est-ce que le président est président
de la séance ou s'il est membre de la commission?
Le Président (M. Richard): Je suis président de la
séance, mais je ne suis pas membre de la commission.
M. Jolivet: Bon, d'accord.
Le Président (M. Richard): Je suis membre de la commission
de l'aménagement et...
M. Jolivet: C'était pour vous donner le droit de
parole.
Reprise du débat sur la motion
d'amendement
Le Président (M. Richard): Maintenant, nous revenons donc
à l'amendement qui est d'ajouter l'ordre des vétérinaires.
Est-ce que quelqu'un veut intervenir? Je pense que M. le député
de Lévis n'est pas intervenu. Donc, il a un droit de parole de dix
minutes.
M. Pagé: Si je me le rappelle bien, le
député de Lévis avait hésité à
intervenir, compte tenu du caractère inopportun ou discutable de la
motion.
M. Jolivet: Pas du tout. On s'en est parlé.
M. Pagé: J'ai cru deviner, par les signes qu'il vous
faisait, ses réserves et ses réticences.
M. Jolivet: Non, il était bien satisfait, bien content.
Mon ami me l'avait dit, d'ailleurs, à l'heure du souper.
Le Président (M. Richard): Est-ce que ces
inquiétudes sont fondées de la part du ministre? Vous prenez
votre droit de parole, M. le député?
M. Jolivet: C'est simplement dans l'esprit du ministre que cela
s'est fait.
M. Pagé: Est-ce que l'honorable député de
Lévis va reprendre l'argumentation fournie par le député
de Terrebonne?
M. Garon: Non. Ce sera une argumentation différente
puisque les expériences de chacun ne sont pas les mêmes.
M. Pagé: Différentes, mais
complémentaires.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, une demi-heure avant
l'ajournement, je dois vous dire que je me sens encore tout feu tout flamme
pour ce projet de consultation, cette motion principale, cette motion
d'amendement que nous avons présentée pour consulter l'Union des
producteurs agricoles, l'Union des municipalités du Québec,
l'Union des municipalités régionales de comté du
Québec et l'ordre des vétérinaires.
Je vois, en face de moi, ces députés qui ont l'air
épuisés après moins d'un an comme membres de
l'Assemblée nationale parce qu'on leur dit de se taire et ils se
taisent. On leur dit de se tenir coi et ils se tiennent coi. (23 h 30)
Une voix: Et ils ne savent pas pourquoi.
M. Pagé: Qui leur dit?
M. Garon: On leur dit de ne pas parler et ils ne parlent pas. Si
personne ne leur dit, c'est encore pire, M. le Président, parce que
c'est dans leur nature de ne pas parler...
M. Pagé: C'est d'une insulte à l'autre, M. le
Président.
M. Garon: ...de ne pas s'exprimer alors qu'ils ont
été élus pour représenter une population qui
s'attend à se faire entendre par l'entremise de ses
représentants. 20 000 à 25 000 personnes ont voté -dans
mon cas, cela va jusqu'à 55 000 électeurs - pour que leurs voix
soient entendues dans cette enceinte de l'Assemblée nationale. Mais ils
préfèrent ne pas dire un mot.
Je vois le député des Îles-de-la-Madeleine qui vient
du golfe Saint-Laurent qui n'a pas parlé sans doute l'équivalent
d'une heure cette année, très peu. Je l'ai peu entendu. Je vous
dirais que, si je ferme les yeux, je ne suis pas certain d'entendre sa voix et
de la reconnaître.
M. Parent (Sauvé): Est-ce que je peux poser...
M. Garon: Je vois le député de Huntingdon qui
parlait souvent lorsqu'il était dans l'Union nationale, mais le Parti
libéral lui a dit: Fini!
M. Parent (Sauvé): Est-ce que je peux poser une question
au député de Lévis?
M. Garon: A tel point qu'on a l'impression qu'il s'est fait
couper les cordes vocales. M. le Président, je vois également la
députée de Kamouraska-Témiscouata, au moins le
précédent député parlait souvent. Il intervenait
dans les caucus, dans les commissions parlementaires, à
l'Assemblée nationale. La nouvelle députée de
Kamouraska-Témicouata...
M. Blais: Pourquoi?
M. Garon: Bouche cousue. Je vois également le
député de Prévost. On sait qu'une des plus grandes prisons
du Québec se trouve dans son comté. On a l'impression qu'il est
emprisonné depuis qu'il est dans le parlement. Je ne sais pas s'il
parlait souvent avant, mais depuis qu'il est ici, pas un son. Le silence est
devenu son mot d'ordre.
Je vois également le député de Gaspé dont je
n'ai jamais entendu parler personnellement, pour autant que je me souvienne. Je
vois également le député de Lotbinière dire parfois
des velléités.
M. Forget: M. le Président, puis-je poser une question au
député de Lévis?
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Lévis.
M. Forget: J'aimerais vous poser une question.
Le Président (M. Richard): C'est seulement si le
député de Lévis accepte parce qu'en pratique vous ne
pouvez intervenir pendant...
Des voix: Après! Après!
Le Président (M. Richard): Après, vous avez le
droit en rapport avec l'article 212,
c'est évident, et en vertu de 213 aussi.
M. Pagé: M. le Président, m'est-il permis
d'intercéder auprès du député de Lévis?
L'honorable député des Îles-de-la-Madeleine, celui de
Prévost voudraient lui poser des questions témoiqnant de cette
vitalité qu'on reconnaît chez les députés
libéraux?
M. Garon: Après, cela me fera plaisir.
M. Pagé: Bien, il va être minuit.
M. Jolivet: Non, non, il a dix minutes.
M. Garon: Non, non, j'ai dix minutes seulement. J'ai dix minutes
d'intervention.
Le Président (M. Richard): Alors, vous continuez votre
intervention, M. le député de Lévis, s'il vous
plaît!
M. Garon: Je vais continuer mon intervention et cela me fera
plaisir de répondre aux questions que les députés voudront
bien nous poser, autant au député de Laviolette qu'à moi,
par la suite.
M. Camden: M. le Président, question de règlement,
question de privilège en vertu de l'article 35.
M. Pagé: Question de règlement!
M. Jolivet: II n'y a pas de question de privilège en
commission parlementaire, par exemple, M. le Président. Il n'y a pas de
privilège en commission parlementaire, c'est clair, net et
précis!
M. Camden: M. le Président, j'en fais une question de
règlement en vertu de l'article 35.
M. Jolivet: Ah! D'accord.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse! Sur une question
de règlement, vous avez le droit, M. le député de
Lotbinière.
M. Camden; Évidemment, si le député de Laviolette
veut faire du "tatillonnage", c'est son privilège et son droit le plus
strict.
M. Jolivet: Je m'excuse, M. le Président. Le
député ne doit pas parler de "tatillonnage" quand vous respectez,
vous et moi, le règlement. Je pense qu'il doit avoir au moins la
décence de bien regarder le règlement.
Le Président (M. Richard): Je dois dire, M. le
député de Lotbinière, je vous entends sur...
M. Pagé: Le député de Laviolette se vouvoie
quand il dit: Vous respectez vous et moi. On dit: Nous respectons vous et
moi.
M. Camden: M. le Président, en vertu de l'article 35,
paragraphe 5, j'aimerais peut-être rappeler au
député de Lévis qu'il ne peut attaquer la conduite d'un
député, si ce n'est par une motion mettant sa conduite en
question.
M. Jolivet: M. le Président, M. le Président...
M. Camden: M. le Président, laissez-moi terminer. Qu'on me
laisse terminer.
M. Jolivet: M. le Président, ce n'est pas une question de
règlement.
M. Camden: Qu'on me laisse terminer mon explication.
M. Jolivet: Non, non, il n'a pas d'affaire à s'exprimer,
c'est clair.
Une voix: Exact! Exact!
M. Jolivet: C'est clair! L'article 35 est clair, M. le
Président. M. le Président, l'article 35 est clair.
M. Camden: Je pense que si un député a fait le
choix délibéré de ne pas prendre la parole, cela lui
appartient en propre. Je pense que c'est une notion de respect
élémentaire.
Le Président (M. Richard): S'il vous plaît! M. le
député de Lotbinière, sur la question de règlement,
vous invoquez l'article 35, cinquièmement.
M. Camden: Effectivement.
Le Président (M. Richard): C'est en fonction de ce que le
député de Lévis a mentionné?
M. Camden: Effectivement. Je pense, M. le Président, qu'un
député n'a pas à intervenir quant à la position
d'un député de parler ou de ne pas parler, ni à prendre
position ou à commenter son attitude générale.
M. Jolivet: M. le Président. M. le Président, s'il
voulait régler le problème, il n'a qu'à prendre son droit
de parole sur l'amendement que j'ai proposé et cela réglerait le
problème. Mais qu'il ne prenne pas le règlement pour faire ce
qu'il ne peut faire directement.
M. Farrah: II insulte tout le monde.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Je retiens la
question de règlement et la position de règlement du
député de Lotbinière. C'est une question de
règlement, mais c'est plus un commentaire de dire que le
député de Lévis n'a pas droit d'imputer aux
députés ministériels, quant à l'occasion ou
à leur volonté de parler ou de ne pas parler... Cela pouvait
être une question de règlement dans le sens que... Mais c'est
quand même la conduite...
M. Jolivet: M. le Président, une question de
règlement, cela a trait au règlement. Cela n'a pas trait à
une opinion que je peux avoir de quelqu'un. Donc, c'est une question d'opinion.
Il ne faudrait pas changer le règlement ce soir, ni ce matin, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Non, non. Voici, M. le
député de Laviolette, ce qui se produit. Dans la question de
règlement, le député de Lotbinière a
mentionné, en fonction du fait de dire qu'un député ne
semble pas libre de parler ou de ne pas parler, que l'article 35,
cinquièmement, édicte: "attaquer la conduite d'un
député, si ce n'est par une motion mettant sa conduite en
question."
M. Jolivet: M. le Président, voulez-vous lire le
début de l'article 35? C'est quoi la question? L'article 35, c'est quoi
au départ?
Le Président (M. Richard): C'est un député
qui a la parole.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Richard): Vous avez les alinéas:
désigner le président ou le député autrement que
par son titre, parler d'une affaire devant les tribunaux, s'adresser
directement à un autre député. Cinquièmement, c'est
"attaquer la conduite d'un député".
M. Jolivet: M. le Président, quand vous lisez cela comme
ceci, je voudrais humblement vous dire que, lorsque le député de
Lotbinière intervient, c'est en vertu d'un droit et privilège. Il
sent son privilège attaqué. En commission parlementaire, il n'y a
pas de droit de privilège. Il n'y a pas de privilège. La seule
façon dont le député de Lotbinière doit
régler son problème, s'il n'est pas d'accord avec l'opinion
exprimée par mon collègue, il n'a qu'à prendre la parole
et lui répliquer en prenant ses dix minutes. Il n'a pas le droit
d'interrompre mon collègue dans ses dix minutes. Un des premiers
principes qu'un président doit faire respecter au départ, c'est
celui que la personne qui a la parole ne peut pas être
empêchée. La preuve de cela, c'est l'article 213 qui dit que, pour
empêcher d'enlever à quelqu'un le droit de parler, c'est à
la fin de l'intervention que toute personne qui veut lui poser une question
pourra lui poser si celui qui avait la parole le lui permet. C'est cela le
règlement. Écoutez, je l'ai appliqué pendant dix ans, et
c'est comme cela qu'on l'a appliqué.
M. Pagé: M. le Président, je constate que, s'il y a
un député autour de cette table qui empêche le
député de Lévis de parler, c'est bien le
député de Laviolette.
Le Président (M. Richard): Je maintiens que, lorsqu'il y a
des commentaires, il y a une possibilité en vertu de l'article 212 ou de
l'article 213. Maintenant le député de Lotbinière, en
fonction de l'article 35, a demandé en rapport avec un droit de...
M. Jolivet: M. le Président, on va le régler.
D'abord, il ne parlera plus. Je vous dis: Allez vérifier, demandez la
jurisprudence parce qu'à l'article 35, ce n'est pas une question de
règlement. C'est un privilège ou une question d'opinion. Allez
voir cela.
M. Garon: On peut ajourner.
M. Jolivet: M. le Président, si vous voulez ajourner, cela
ne me dérange pas.
Le Président (M. Richard): Je vous ferai remarquer que je
ne pense pas qu'il soit nécessaire d'ajourner. Je ne crois pas qu'il y
ait offense de part et d'autre d'aucune façon. C'est plus une mise au
point.
M. Jolivet: Je le sais, M. le Président. Je pense que
c'est important. Moi, aujourd'hui, cela a l'air badin ou anodin. Je dois vous
dire que ce ne l'est pas. Je vous dis...
M. Camden: Ce n'est pas anodin, ce n'est pas banal. On nous
impute des choses.
M. Jolivet: M. le Président, je dois vous dire qu'avant de
rendre quelque décision que ce soit comme président de
séance, vous auriez intérêt, je vous en supplie... Je n'ai
pas le droit de lui parler, M. le secrétaire. Non, non
écoutez...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Je suis en train de donner mon opinion, je voudrais
bien qu'il m'écoute. Ce que je veux dire...
Le Président (M. Richard): S'il vous plaît!
M. Pagé: Ceux qui écoutent parlent.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: ...sur ce point, j'ai eu à l'appliquer souvent
comme président de commission parlementaire et comme
vice-président de l'Assemblée nationale. Je dis simplement une
chose. Avant de rendre votre décision, il est toujours plus sage de la
réserver et d'aller vérifier. Je vous dis que l'utilisation qu'on
fait d'une question de règlement depuis ce matin, à deux
occasions, c'est d'empêcher mon collègue d'avoir son droit de
parole en entier sans interruption. Un des principes de base qu'un
président doit permettre, c'est que personne n'interrompe qui que ce
soit à moins d'une question de règlement, mais non pas de
privilège. Or, le problème, c'est qu'il s'agit d'une question
d'opinion. Mon collègue donne une opinion, l'autre personne n'est pas
d'accord avec cette opinion, alors il n'a pas le droit de l'interrompre parce
que cela devient une question de privilège. À ce moment, qu'il
prenne ses dix minutes de droit de parole et qu'il interpelle mon
collègue s'il le veut, mais qu'on ne lui enlève pas le droit de
parole.
La preuve, c'est que le règlement dit à l'article 213 que
pour empêcher qu'on interpelle ou qu'on interrompe quelqu'un, c'est
à la fin de son intervention. Le principe de base est que cela soit
toujours à la fin de son intervention. Je maintiens -j'aimerais que vous
vérifiiez plus à fond -que l'article 35 tel que demandé
par le député de Lotbinière était une question de
privilège, qui n'avait pas sa place ici, et non pas une question de
règlement. Une question de règlement, c'est quand un
règlement est violé et il ne l'a pas été.
M. Camden: M. le Président, si vous permettez, je vais
exprimer mon point de vue de façon brève et j'espère que
j'aurai l'occasion...
M. Jolivet: Non.
M. Camden: On veut me brimer et ne pas respecter mon droit
d'expression.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Je pense que j'ai
assez de données.
M. Jolivet: M. le Président, ce qu'il vient de dire
à la fin indique justement ce que je vous disais. Il a dit: On veut
m'empêcher d'utiliser mon droit d'expression. Je dis: Non, qu'il laisse
mon collègue faire son intervention et il interviendra après. Ce
que mon collègue a dit, c'est qu'ils n'ont pas parlé et c'est
vrai. Il n'a pas dit de mensonge; ils n'ont pas parlé sur l'ensemble des
motions qu'on a proposées. Donc, à ce moment-là, qu'il
prenne son droit de parole à la fin et on va le lui laisser, on ne dira
pas un mot, mais qu'il n'interrompe pas mon collègue.
Le Président (M. Richard): Je ferais seulement un
correctif peut-être. Le député de Lotbinière a
parlé sur le même dossier.
M. Jolivet: Je parle de l'ensemble des députés de
l'autre côté.
Le Président (M. Richard): D'accord.
M. Jolivet: On ne parlait pas de M. le député de
Lobtinière.
Le Président (M. Richard): Cela va. De toute façon,
je transfère la parole à M. le député de
Lévis. Vous terminez.
M. Garon: Je me suis enquis auprès des
chronométreurs qui m'ont dit que j'avais encore sept minutes. M. le
Président, je constatais tout simplement que, sur des projets de loi qui
intéressent autant la classe agricole, les députés
ministériels sont silencieux. J'en étais rendu à parler du
député de Deux-Montagnes qui n'a pas parlé depuis des
mois, pour autant que je sache, à cette commission parlementaire, de
même que le député de Saint-Hyacinthe, cette ville dont on
dit pourtant qu'elle est la capitale agro-alimentaire du Québec. Par
ailleurs, son représentant n'a pas l'air de s'intéresser à
la question puisqu'il n'en parle jamais. Avez-vous vu une capitale sans voix?
Cela veut dire, à toutes fins utiles, ou bien que les
députés veulent parler et on les en empêche, ou bien qu'ils
ne veulent pas parler; à ce moment-là, c'est parce qu'ils n'ont
rien à dire.
M. le Président, c'est pourquoi je suis obligé de dire
avec beaucoup d'énergie que l'Ordre des médecins
vétérinaires du Québec est un organisme que nous aurions
intérêt à consulter dans le cadre de ce projet de loi.
Quand les gens font le bilan du gouvernement antérieur, ils mentionnent
habituellement, comme deux réformes très importantes, la loi 101
sur la langue française et la loi 90 sur la protection du territoire
agricole. Nous devons constater cet acharnement du gouvernement à
vouloir, un peu comme certains régimes totalitaires lorsqu'ils prennent
le pouvoir, faire disparaître la trace de l'existence même des
gouvernements antérieurs. On m'a même dit que dans certains pays
totalitaires on efface des périodes des livres d'histoire; c'est comme
s'il y avait de grands trous dans l'histoire des pays. Actuellement, on a le
sentiment que le gouvernement actuel est incapable d'accepter le fait que des
réformes majeures ont été faites par un gouvernement d'un
autre parti qui a réussi à faire ce qu'il n'a jamais
été capable et qu'il n'a pas eu le
courage de faire.
Il est évident qu'avec des députés dociles et
silencieux comme ceux du parti ministériel il n'y aura pas de grandes
réformes. Je me rappelle avoir vécu ces caucus où on
sentait la vigueur des parlementaires. Les parlementaires, dans l'histoire du
monde, se sont battus pour avoir les droits qu'ils ont aujourd'hui de pouvoir
s'exprimer; mais on ne doit pas élire des gens qui ne veulent pas se
servir de ces droits pour défendre leur population. Les populations ont
le droit d'être défendues par des représentants qui vont
exprimer véritablement les aspirations de leurs commettants et non pas
de quelques intérêts cachés, qui ne peuvent pas se montrer
au grand jour. Ce n'est pas pour rien que nous demandons de consulter les plus
grands organismes, les organismes représentatifs du Québec dans
le cadre de l'aménagement du territoire ou de la protection des terres
agricoles. Quand on parle de consulter l'Ordre des médecins
vétérinaires du Québec, on parle de consulter l'un des
corps professionnels les plus importants et les plus près des
agriculteurs, ceux qui, d'une façon professionnelle, se retrouvent
constamment chez les agriculteurs.
M. Camden: Chez les agronomes? (23 h 45)
M. Garon: Cela va venir. On n'a pas fini de présenter des
amendements. D'ailleurs, je dois vous dire qu'à la fin de mon
intervention j'aurai l'occasion de présenter un autre groupe qui pourra
faire l'objet de consultations et qui représente une autre facette du
monde agro-alimentaire. Mais je ne peux pas tous les nommer en même temps
parce qu'il est évident qu'à ce moment-là on pourrait
avoir des motions de scission pour qu'on puisse se prononcer sur l'un et
l'autre individuellement. À ce moment-là, je ne voudrais pas
mettre trop d'eau dans le dé à coudre des députés
ministériels de peur qu'ils ne s'étouffent. Or, nous
préférons y aller graduellement, par petites bouchées, en
espérant qu'ils vont être capables de digérer graduellement
les différentes interventions que nous faisons.
C'est pourquoi mes collègues, qu'il s'agisse du
député de Terrebonne, du député de Duplessis, du
député de Laviolette ou de moi-même, nous voulons avec
autant... Avez-vous remarqué qu'on n'est pas plus fatigué
à 23 h 45 qu'on ne l'était ce matin, à midi, et pourtant
ceux qui ont l'air fatigué sont ceux qui n'ont pas parlé. Je
regarde les députés d'en face et ils ont l'air
épuisé d'avoir supporté avec beaucoup de difficulté
le poids de la journée, alors que je dirais que celui qui est le plus
jeune, le député de Saint-Hyacinthe, a l'air le plus
fatigué du groupe.
Je crois que, pour les députés, surtout qu'il y a un grand
nombre de nouveaux députés qui n'ont pas connu au cours des
années d'élaboration de cette loi les bienfaits qu'elle a
apportés... Je pense, par exemple, au député de
Saint-Hyacinthe qui en est à son premier mandat, au député
de Gaspé, à son premier mandat également, à la
députée de Deux-Montagnes, à son premier mandat, au
député de Lotbinière, au député des
Îles-de-la-Madeleine, à la députée de
Kamouraska-Témiscouata et au député de Prévost,
également à leur premier mandat, au député de
Huntingdon, lui, qui en est à son troisième mandat mais qui,
autrefois, parlait beaucoup plus lorsqu'il était membre de l'Union
Nationale.
M. Jolivet: C'est vrai.
M. Garon: À ce moment-là, je l'entendais parler
régulièrement. On sentait qu'il avait une liberté de
manoeuvre qu'il n'a plus. On a le sentiment qu'il est tombé en
disgrâce dans le parti qu'il a adopté.
M. Pagé: M. le Président, dois-je comprendre que
c'est parce que le député de Lévis n'aurait plus de droit
de parole qu'il est courtisé pour être chef de l'Union
Nationale?
M. Garon: Oui, oui. J'ai entendu le député de
Portneuf qui avait l'occasion de dire, vendredi, que j'étais
courtisé par l'Union Nationale; d'autres disaient que j'assumais le
leadership du Crédit social, d'autres que mon plus grand défaut
est de ne pas être libéral et d'autres que je suis un des membres
fondateurs du Parti québécois.
M. Jolivet: Le NPD, lui?
M. Garon: II n'y a pas beaucoup de NPD au provincial.
Mais devant cet ensemble de manifestations d'affection, je ne peux faire
autrement que de me réjouir et de vous dire que j'essaie de
représenter mes électeurs dans toutes leurs facettes, ce qui fait
peut-être que j'ai l'air moins partisan, puisque même les gens des
différents partis souhaiteraient me voir partager leur allégeance
parce que j'essaie d'avoir une attitude non partisane dans cette
Assemblée nationale.
M. Pagé: Une chance! M. le Président.
Motion de sous-amendement proposant
d'entendre aussi la Coopérative
fédérée
et le Mouvement coopératif agricole
M. Garon: ...et en commission parlementaire afin de
représenter mes électeurs sous toutes leurs facettes. C'est
pourquoi, à la fin de mon intervention, j'aimerais
présenter une proposition, une motion pour sous-amender un
amendement d'une motion pour consultation particulière. J'aimerais que
la motion d'amendement soit modifiée en ajoutant à la fin les
termes "la Coopérative fédérée et le Mouvement
coopératif agricole".
Une voix: ...
M. Jolivet: Tiens, il parle lui.
M. Pagé: M. le Président, on doit constater que le
député de Lévis, qui adressait plusieurs reproches
beaucoup trop sévères et très exagérés au
député de Prévost tout à l'heure, confirme qu'il a
puisé l'idée de sa dernière motion dans les commentaires
de tout à l'heure du député de Prévost.
M. Garon: Non, mais je peux vous dire que, si le
député de Prévost veut faire sienne cette proposition et
en parler favorablement, il me fera plaisir de lui offrir qu'il prenne son
droit de parole et qu'il fasse sienne cette proposition. Je vais
l'écouter parler.
M. Pagé: Vous lui passeriez le cornet.
M. Garon: Je l'appuierai même dans cette proposition.
Est-ce que le député de Prévost voudrait proposer
lui-même...
M. Forgets Je vais vous laisser la parole, M. le député de
Lévis.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis, votre sous-amendement est donc recevable. Vous avez un droit de
parole de 30 minutes.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: II est souvent d'usage, quand un droit de parole
dépasse le temps qui est prévu... Nous sommes à 11 h 50,
à 23 h 50, selon les termes que l'on emploie, et, comme il ne reste que
dix minutes, est-ce que les gens accepteraient que l'on ajourne la
séance et que le député prenne son plein droit de parole
lorsque nous reprendrons les travaux. Cela dépend si les gens sont
d'accord.
Le Président (M. Richard): S'il y a consentement, je pense
que c'est une chose très faisable. Est-ce que les gens sont
d'accord?
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Pagé: À partir des représentations qui me
sont faites de la part de mes collègues et dans un geste de
générosité qui nous caractérise, nous sommes
prêts à donner notre consentement pour aller au-delà de
minuit.
M. Jolivet: Non. Il n'en est pas question.
M. Pagé: Ah! Vous voyez, la collaboration, où elle
s'arrête.
M. Jolivet: Écoutez, on a travaillé...
M. Pagé: Ces gens se disaient, tout à l'heure, en
pleine vitalité, aussi en forme que , ce matin. Prouvez-le-nous! On peut
siéger au-delà de minuit.
M. Jolivet: M. le Président, je vais vous expliquer
pourquoi nous répondons non à la question qui est posée
par le ministre. C'est bien simple. C'est la première fois, depuis que
je siège en ce Parlement, que nous nous réunissons à 10
heures, un lundi matin. C'est la première chose.
M. Pagé: C'est cela, ces gens-là ne se
lèvent pas le matin.
M. Jolivet: Deuxièmement, nous ne sommes que 23. On nous a
demandé d'être présents à minuit, à
l'Assemblée nationale, pour terminer la discussion sur un projet de loi
pendant la nuit. C'est une loi linguistique, le projet de loi 142. Nous irons
faire notre travail à l'Assemblée nationale. Tout ce que l'on
demandait, c'est que, comme on doit se déplacer et qu'il reste à
peine dix minutes, le gouvernement accepte que, d'un commun accord, l'on
ajourne la séance de ce soir et qu'on la reprenne lorsque le leader du
gouvernement nous redonnera le mandat de revenir en commission parlementaire.
C'est tout simplement ce que l'on demandait. S'ils ne veulent pas collaborer,
on ira jusqu'à minuit et on...
Le Président (M. Richard): Comme vous le savez, M. le
député de Laviolette, s'il n'y a pas consentement, nous
devons...
M. Jolivet: Si je ne donne pas mon consentement pour l'autre
partie, c'est parce que j'ai autre chose à faire peut-être
jusqu'à 4 heures, ce matin, je ne le sais pas.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis, vous devez d'abord commencer votre intervention jusqu'à
minuit.
M. Pagé: M. le Président, je comprends
que le député de Lévis est en pleine forme, qu'il
s'est levé très tôt, qu'il est prêt à parler
jusque tard cette nuit - il aura d'ailleurs a faire un discours un peu plus
tard - cependant, on accepterait que le député de Laviolette
parle pendant les dix minutes et que le député de Lévis
garde sa demi-heure. Comme on le sait, lorsque le député de
Lévis est embarqué sur le pilote automatique, c'est assez
difficile de s'en sortir et d'arrêter au beau milieu. Alors, le
député de Laviolette pourrait parler pendant dix minutes...
M. Jolivet: M. le Président, ce ne sera pas mieux pour
moi. Il reste environ sept minutes actuellement. Je serais obligé de
partager mes dix minutes entre aujourd'hui et demain. Il n'en est pas
question.
M. Pagé: M. le Président, vous savez, il est 23 h
52, les députés libéraux ont témoigné
aujourd'hui de beaucoup de générosité et de beaucoup de
patience. Les députés de l'Opposition, les péquistes de
cette commission conviendront qu'ils ont peut-être un peu abusé du
règlement et de la procédure aujourd'hui.
M. Jolivet: M. le Président, on ne peut pas accepter
cela.
M. Pagé: Dans un geste de générosité
qui nous a caractérisés, nous sommes disposés à
l'accepter pour autant que les péquistes aient le ferme propos de ne pas
recommencer demain matin.
M. Garon: Non, non, je ne veux pas prendre mon temps.
M. Jolivet: On va prendre le temps qui reste.
M. Garon: On ne veut pas forcer l'unanimité. M. le
Président...
M. Pagé: M. le Président, on se fait suppliants, on
se fait généreux, de notre côté, on leur accorde et
c'est la rebuffade. Que d'affronts!
M. Garon: M. le Président, je vais utiliser les sept
minutes qui restent avant l'heure fatidique du coup de minuit. Je vous dirai
que c'est toujours plus facile, c'est évident, pour les
députés ministériels qui, aujourd'hui on l'a vu,
n'étaient que 64 présents en Chambre. Alors, 64 sur 99...
M. Pagé: M. le Président, 74.
M. Garon: 64, au moment du vote. C'est enregistré.
Une voix: Ah oui! 74.
M. Houde: 74, écoutez! M. Pagé: 74.
M. Houde: J'étais là. Vous étiez plus
près que nous du président.
M. Pagé: Écoutez, on ne pourra gager
là-dessus, cela ne fait pas ni l'un ni l'autre, mais vérifiez
dans le Journal des débats.
M. Garon: J'ai entendu le "score", le député
de...
M. Houde: II y en avait deux que vous n'avez pas acceptés,
par dessus le marché. Vous n'avez même pas voulu accepter qu'ils
votent. C'est cela, de la collaboration.
M. Garon: Alors que nous étions tous présents, 21
sur 23.
M. Jolivet: Un instant! Il ne commencera pas son droit de parole.
Ce n'est pas vrai, ce que le député de Berthier vient de dire, M.
le Président. Il va retirer ce qu'il a dit. Ce n'est pas vrai. Il y a
une décision qui a été rendue par la présidence de
l'Assemblée nationale indiquant que, quand le vote est demandé,
personne ne doit entrer. Ce n'est pas notre faute si deux personnes... Ce n'est
pas nous qui n'avons d'aucune façon refusé quoi que ce soit. La
présidence a demandé aux gens de quitter la salle parce qu'ils
n'étaient pas, à ce moment-là, dans la salle...
M. Pagé: M. le Président.
M. Jolivet: ...pour éviter tout problème dans
l'avenir.
M. Pagé: M. le Président, le député
de Laviolette devrait savoir que non seulement on ne peut pas entrer, mais
qu'on ne peut pas sortir lorsqu'un vote est appelé. Nous n'étions
pas 64, nous étions 74.
M. Jolivet: M. le Président, le ministre est membre de
cette Assemblée depuis plus longtemps que moi et il a vécu des
choses semblables. Il a empêché, comme le règlement le
permet... Je ne le dis pas d'une façon négative, ils avaient le
droit d'utiliser le règlement et des gens n'ont pas pu voter. Il y a des
fois où il y a consentement de l'Assemblée nationale, mais il y a
des fois où il n'y en a pas, et, effectivement, je pense que
c'était la deuxième occasion en l'espace d'une semaine que se
produisait un tel événement. Pour éviter que de tels
problèmes ne se présentent dans l'avenir, le président n'a
fait qu'appliquer le règlement. Il a eu raison et, si vous aviez
été à sa place ce matin, vous auriez agi de la même
façon; si j'avais été à sa place, j'aurais agi
de la même façon. Quand une personne est entrée sans
permission, c'est comme si elle n'était jamais entrée; elle n'a
pas besoin de sortir, elle est déjà sortie dans les faits
puisqu'elle n'est jamais entrée.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, à minuit, nous allons
ajourner. Nous devons prendre la parole plus tard au cours de cette nuit
puisque, personnellement, je dois le faire entre 4 h 20 et 4 h 40. Vous
comprendrez qu'après cette intervention, au lieu d'aller me coucher, je
vais filer dans mon automobile, aller me faire la barbe, et j'irai faire mon
émission de radio pour parler des travaux de l'Assemblée
nationale au cours de la journée. Si le député de
Lotbinière veut m'écouter, je n'ai pas besoin de l'inviter au
poste, il n'a qu'à syntoniser 92 AM et il aura l'occasion de m'entendre,
d'entendre cette émission qui a la troisième plus importante cote
d'écoute dans la région de Québec et la deuxième
cote d'écoute pour les postes... Elle est en ascension, et on peut
espérer qu'au cours de l'année 1987 elle prendra peut-être
la deuxième ou même la première place.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que le
député de Lévis me permettrait un commentaire qui a
déjà été formulé par le député
de Beauce-Sud?
M. Jolivet: À condition, M. le Président, que cela
ne soit pas pris sur son temps de parole.
M. Pagé: Le député de Beauce-Sud avait bien
raison; il a déjà dit que la vantardise entretient
l'embonpoint.
M. Garon: Le député de Beauce-Sud de
l'époque, je pense bien que vous devez parler de M. Roy. Il était
bien placé pour avoir une telle maxime.
M. le Président, il est évident qu'il est très
important, devant un tel amendement... J'espère que le
député de Prévost aura son droit de parole puisque le
ministre a dit qu'il était d'accord avec cette motion, et qu'il aura
surtout la possibilité de voter pour, qu'on ne lui donnera pas d'ordre.
Je lui dirai qu'il est important de consulter le mouvement coopératif
qui représente une autre facette du monde agricole. Il y a
l'organisation syndicale. C'est pourquoi nous avons recommandé que
l'Union des producteurs agricoles soit consultée. Et il y a
l'organisation coopérative qui regroupe les agriculteurs comme
coopérateurs dans différentes entreprises de transformation ou de
services, d'approvisionnement en services et en produits agricoles, ou en
écoulement de produits dans certaines coopératives de
distribution.
Nous avons également parlé des vétérinaires
qui n'ont pas eu l'heur de plaire aux députés
ministériels. Nous aurons d'autres propositions pour les agronomes, par
exemple, que nous ne devons pas laisser pour compte. Nous pourrons en parler au
cours de la journée de demain, possiblement, si le leader du
gouvernement nous rappelle devant cette commission parlementaire. S'il retarde
les débats, je pense que les gens qui savent qu'ils ont
été invités pourront manifester leur intérêt
à être entendus devant cette commission parlementaire, d'autant
plus que des groupes de cultivateurs doivent venir me rencontrer au cours de la
journée de demain puisqu'ils ont certaines inquiétudes,
justement, devant la "déprotection" du territoire agricole qui commence
à se manifester.
Vous savez, depuis que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation, le 23 septembre, a laissé entendre qu'il pourrait
modifier la Loi sur la protection du territoire agricole, laisser libre cours
pour indiquer que les possibilités de développement
résidentiel ou d'autres formes pourraient empiéter sur le
territoire agricole et qu'il a énoncé les éléments
contenus dans son communiqué numéro 1, en annexe, qui pourront
servir de guide dans la révision des zones agricoles,
déjà, les forces spéculatives sont à l'oeuvre. En
plusieurs endroits, elles prennent différentes formes, ce qui
inquiète beaucoup les agriculteurs.
Je peux vous dire, par exemple, qu'à Pintendre, tout près
de mon comté, les agriculteurs sont inquiets parce qu'on parle
actuellement de former des zones tampons qui pourraient avoir jusqu'à un
kilomètre de diamètre autour de la municipalité, du
territoire non agricole. Au cours de l'année 1986, on a eu certains
exemples, qu'il s'agisse d'une région que devrait connaître le
député de Huntingdon, la région de Sabrevois, par exemple,
où il y a eu encore là des actes qui ont été
posés pour constituer des formes d'empiètement sur le
territoire... Pardon? Ce n'est pas Huntingdon, c'est près de Huntingdon.
C'est plus près de là que ce n'est près d'ici.
M. Jolivet: Cela est près de Grand-Mère.
M. Garon: Où à ce moment-là, on
connaît encore des empiètements. Du seul fait de l'élection
du Parti libéral qui n'avait jamais été très chaud
pour la protection du territoire agricole, cela a eu comme effet de
libérer des forces spéculatives qui avaient été
gardées plus tranquilles au cours des dernières années
parce qu'elles connaissaient la volonté du gouvernement
précédent. Maintenant que le Parti libéral est au pouvoir,
on a vu que ces forces spéculatives sont de nouveau à l'oeuvre,
plus féroces que
jamais...
Le Président (M. Richard): À l'ordre!
M. Garon: ...et se préparent à envahir le
territoire agricole.
M. le Président, comme je n'ai pu parler que pendant cinq minutes
et que j'ai encore 25 minutes, je vous demanderais l'ajournement de nos
travaux.
Le Président (M. Richard): Nous ajournons nos travaux sine
die.
(Fin de la séance à 0 h 2)