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(Vingt heures quinze minutes)
Le Président (M. Houde): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance ouverte. Je rappelle le mandat de la
commission: premièrement, procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 117, Loi modifiant à nouveau la
Loi sur la protection sanitaire des animaux; deuxièmement,
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 146, Loi modifiant la Loi sur les grains et la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, il n'y a pas de remplacement.
Projet de loi 117
Le Président (M. Houde): Pas de remplacement. Article 3,
page 5. M. le ministre, la parole est à vous.
Permis
M. Pagé: M. le Président, à l'article 3,
c'est strictement une modification de concordance. En effet, les articles
55.27, 55.29 et 55.31 réfèrent aux conditions d'obtention de
permis, qui sont fixées par règlement. Or, la section II sur la
surveillance des étalons prévoit, en plus, certaines conditions
d'obtention de permis de monte, qui sont fixées dans la loi
elle-même. Par exemple, présenter une demande de permis avant le
1er août, soumettre l'étalon à un examen, en vertu de
l'article 14. Il s'agit donc d'ajouter le mot "loi", purement et simplement,
à ces articles. C'est le commentaire que j'ai à faire pour les
articles 3, 4 et 5 du projet de loi.
Le Président (M. Houde): Est-ce que vous avez quelque
chose à ajouter, à ma gauche?
M. Jolivet: En fait, on remplace le mot "règlement" par
"la présente loi et les règlements".
Le Président (M. Houde): Est-ce que cela va, MM. les
députés de Lévis et de Laviolette?
M. Garon: II va y avoir un règlement.
M. Pagé: Oui, très probablement.
M. Garon: Les conditions pour émettre le permis vont
être établies dans le règlement; vous disiez qu'il y avait
89 critères. Pourquoi remplace-t-on le mot "règlement" par "la
présente loi?" Ah, oui: "...et les règlements".
M. Pagé: Les conditions sont, à la fois, dans la
loi et dans les règlements.
Le Président (M. Houde): Donc, les articles 3, 4 et 5
sont...
M. Garon: Non, l'article 3, tout simplement.
Le Président (M. Houde): D'accord. L'article 3 est
adopté.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Houde): Article 4, maintenant?
M. Pagé: Même chose, M. le Président,
même commentaire. C'est la règle de la concordance. On ajoute le
mot "loi".
M. Jolivet: En fait, on ajoute plus que le mot "loi", M. le
Président. C'est "la présente loi et les règlements". Il y
a d'autres règlements qui vont être faits à partir...
M. Pagé: M. le Président, je viens d'indiquer que
les conditions d'obtention du permis seront régies tant par la loi que
par les règlements.
M. Jolivet: Je le sais, mais ce que je veux dire, c'est que
l'amendement n'est pas seulement d'ajouter "la présente loi". Il faut
quand même faire la correction qui s'impose. Etant donné qu'il va
y avoir des règlements, donc, c'est remplacé par les mots "la
présente loi et les règlements".
M. Pagé: C'est exactement cela. Tout est compris.
Le Président (M. Houde): "Et les règlements", c'est
cela. Est-ce que cela va, M. le député de Laviolette?
M. Jolivet: En fait, c'est le député de
Lévis.
Le Président (M. Houde): Le député de
Lévis.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Houde): Adopté. L'article 4 est
adopté. Article 5?
M. Pagé: Même chose, M. le Président.
M. Jolivet: Quand le ministre dit "la même chose", M. le
Président...
M. Pagé: Concordance.
M. Jolivet: Ah bon! D'accord, parce que ce n'est pas le
changement du mot "règlement".
M. Pagé: Concordance.
M. Jolivet: Quand on dit: "II ne remplit pas", c'est
compréhensible, il ne remplit pas les conditions. Ensuite, on dit: "II
ne remplit plus les conditions" qui sont prévues dans la loi actuelle et
dans les règlements qu'on va faire. Dans un cas, il ne les remplit pas
du tout et, dans l'autre cas, ils les a déjà remplies, mais ne
les remplit plus?
M. Pagé: C'est cela, le député a
compris.
Le Président (M. Houde): En cours de permis.
M. Jolivet: En cours de permis.
M. Garon: Vous voulez dire que la qualité de
l'étalon a baissé?
M. Jolivet: Pas le propriétaire.
M. Pagé: Le cheval ne rencontre plus les critères
pour lesquels le permis doit être octroyé.
Une voix: Après inspection de nos livres.
M. Pagé: C'est cela.
M. Garon: C'est ce qu'il y avait antérieurement, il ne les
remplit plus.
M. Pagé: Exactement.
M. Cavanagh (Robert): C'est parce qu'il y a deux conditions qui
apparaissent dans la loi en plus des règlements. Ce qu'on ajoute, c'est
le mot "loi", en plus des règlements, parce qu'il y a deux conditions
qui apparaissent dans la loi.
M. Garon: Lesquelles?
M. Cavanagh: Aux articles 13 et 14 du projet qu'on introduit.
M. Garon: La date, avant c'était dans le
règlement?
M. Cavanagh: Non, c'était dans la loi aussi.
M. Garon: Oui, qu'est-ce qu'il y aux articles 13 et 14?
M. Cavanagh: C'est qu'en plus d'avoir des conditions dans le
règlement, il y en, a dans la loi.
M. Garon: Vous avez dit aux articles 13 et 14 de la loi.
M. Cavanagh: Oui, oui.
M. Jolivet: Dans le projet de loi.
M. Cavanagh: Oui, oui, de soumettre sa demande avant le 1er
août et, à l'article 14, de le soumettre à
l'examinateur.
M. Garon: Avant, c'était dans la loi aussi.
M. Cavanagh: Oui. Il faut aller à l'article suivant pour
comprendre que cette section ne s'appliquait pas avant à nos
étalons. Toute la section sur les permis dans laquelle on travaille
présentement, les articles 55.26 et suivants, tout cela ne s'appliquait
pas aux étalons, parce qu'il y avait une structure particulière
pour les étalons. Maintenant, on applique la section des permis aux
étalons; il faut essayer de faire des ajustements. Si vous allez
à l'article suivant, l'article 6, vous allez comprendre que la nouvelle
section sur les permis s'applique aux étalons, il faut l'ajuster et ce
sont des ajustements.
Le Président (M. Houde): Est-ce que cela va?
M. Garon: Ce ne sera pas long. Vous parlez de l'article 55...
M. Cavanagh: Les articles 55.26 et suivants, à la section
IV.3. Par l'article 55.34, toute cette section sur les permis ne s'appliquait
pas dans le cas des étalons, parce qu'il y avait un régime
spécial, à cause du Comité de surveillance des
étalons. Le comité étant aboli, on revient au permis
ordinaire applicable à toutes les sections de la loi et là on
fait des ajustements pour introduire le cas des étalons sur le
même pied que tous les autres cas de permis d'insémination, etc.
Il faut des ajustements.
Dans les autres permis d'insémination etc., il n'y a pas de
conditions dans la loi, c'est une condition par règlement. Or, chez les
étalons, en plus d'avoir des conditions dans les règlements, il y
a des conditions dans la loi qui étaient déjà là,
qui sont faites et qui sont tout simplement reconduites comme la date qui
était déjà dans la loi. Mais là, parce qu'on adapte
aux étalons toute la section sur les permis, il faut ajuster la section
sur les permis pour couvrir les étalons, couvrir les conditions
prévues par règlement et prévues dans la loi. C'est
uniquement cela. Cela a été fait avec le ministère de la
Justice et c'est complètement technique.
Le Président (M. Houde): Oui, adopté? M. Garon:
Adopté. M. Pagé: L'article 5.
Le Président (M. Houde): Adopté, l'article 5?
Une voix: Oui, M. le Président. Le Président (M.
Houde): Adopté.
M. Pagé: L'article 4 est adopté aussi, M. le
Président?
Le Président (M. Houde): Oui, l'article 4 est
adopté et l'article 5 aussi. On est rendu à l'article 6.
M. Pagé: L'article 6, M. le Président, dit ceci:
"L'article 55.34 de cette loi, édicté par l'article 17 du
chapitre 53 des Lois de 1986, est abrogé." L'article 55.34 de la loi
actuelle prévoit que la section IV.3 sur les permis émis par le
ministre ne s'applique pas aux permis de monte qui relèvent du
Comité de surveillance des étalons. En abrogeant cet article, le
permis de monte est soumis aux mêmes règles que les autres permis
visés par la loi, que ce soient les permis d'inséminateurs, les
permis de vente à l'enchère, etc. Ce n'est pas plus
compliqué que cela.
M. Garon: Avez-vous l'intention de signer tous les permis?
M. Pagé: J'ai l'intention de signer tous les permis et
j'ai l'intention de ne pas tarder à les signer.
M. Garon: À la condition que vous les ayez à
temps.
M. Pagé: La capacité et la qualité
professionnelle des fonctionnaires de mon ministère font en sorte que
les permis me sont soumis pour signature dans les délais prescrits par
nos lois et nos règlements et c'est avec diliqence, môme le samedi
soir, même le dimanche soir, que le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation vaque à ses occupations.
M. Garon: C'est normal. Un ministre de l'Agriculture qui ne
travaille pas le samedi et le dimanche ne pourrait pas rester longtemps en
fonction.
M. Pagé: Alors, le ministre de l'Agriculture devrait
normalement demeurer longtemps en fonction parce que c'est ce qu'il fait.
M. Garon: Non, c'est une condition de base...
M. Pagé: C'est cela.
M. Garon: ...mais cela ne veut pas dire que le ministre restera
quand même en fonction.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Cela ne veut pas dire que le ministre restera quand
même en fonction.
M. Pagé: On verra. C'est le premier ministre qui
décide, ce n'est donc pas vous.
M. Jolivet: Le ministre peut aussi désirer avoir d'autres
fonctions.
M. Garon: Cela peut aussi être les électeurs.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Cela peut être les électeurs.
M. Pagé: Quand vous aurez fait autant d'années que
moi comme député, on verra, on se comparera.
M. Garon: Ah! Je ne parle pas de vous. Vous pouvez être
réélu, mais ne pas avoir le nombre de députés
suffisant.
M. Pagé: Avec M. Johnson, cela n'a pas été
le cas.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, l'article 6 est-il adopté?
M. Garon: Je regarde cela. Je ne vois pas de problème.
Le Président (M. Houde): Adopté. Article 7, M. le
ministre.
Appel
M. Pagé: M. le Président, dans le
projet de loi, on dit: "L'article 55.35 de cette loi,
édicté par l'article 17 du chapitre 53 des Lois de 1986 - ce sont
des dispositions qui ont été adoptées en juin 1986 - est
modifié par la suppression, dans les première et deuxième
lignes des mots "ou du Comité de surveillance des étalons selon
le cas".
Il s'agit d'une modification de concordance pour ce qui est de l'appel
à la suite d'un refus de permis. Puisque le Comité de
surveillance des étalons est aboli par le présent projet de loi,
évidemment, il est nécessaire de retrancher toute
référence à ce comité à l'intérieur
de la procédure d'appel. Dorénavant, comme on le sait, le refus
du ministre d'accorder un permis de monte est appelable devant la Cour
provinciale comme pour tous les autres type3 prévus à la loi.
C'est une mesure de concordance purement et simplement.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Attendez un peu! C'est un appel seulement sur les
questions de droit ou de compétence.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Comme dans toutes les lois, M. le
Président, il y a toujours un recours qui permet à la personne
visée par l'obtention ou, dans ce cas-ci, par le refus d'un permis du
ministre d'en appeler à la Cour provinciale purement et simplement.
L'appel est interjeté par le dépôt d'une requête au
greffe dans les trente jours qui suivent la réception par l'appelant de
la décision du ministre ou du Comité de surveillance des
étalons, selon le cas. C'est prévu à l'article 55.36.
Même actuellement, il y a un droit d'appel à la Cour
provinciale.
M. Garon: Oui, mais pas sur le fond. L'appel, est-ce qu'il va
porter sur le fond pour dire que, par exemple, le jury, le fonctionnaire ou le
ministre a mal évalué ta qualité de la jument?
M. Pagé: On ne change en rien le droit actuel. H s'agit
seulement de supprimer la terminologie "le Comité de surveillance des
étalons" puisqu'à l'avenir le permis sera émis par le
ministre purement et simplement.
M. Garon: Je m'étonne complètement de l'attitude du
ministre. Je me rappelle que, lorsqu'on avait parlé de révision
des décisions de la commission sur des questions de droit, le Parti
libéral était estomaqué et il trouvait cela
épouvantable que l'appel ne puisse pas se faire devant la Cour
provinciale sur des questions de fond, pour que le juge puisse décider
sur le fond si la terre était arable ou non. Il trouvait
épouvantable que cela ne puisse pas se faire sur le fond, mais seulement
sur des questions de droit. (20 h 30)
Je suis étonné que le Parti libéral, qui invoquait
ces arguments lorsqu'il était dans l'Opposition aujourd'hui
ne corrige pas cela lorsqu'il arrive au pouvoir. C'était le grand
débat, comprenez-vous. Chaque fois que j'ai passé devant une
commission où il était question d'organismes administratifs et ou
il y avait des appels sur des questions de droit ou de compétence, le
Parti libéral disait que cela n'avait ni queue ni tête et qu'il
fallait qu'il puisse y avoir des appels sur le fond. Que le ministre agisse
maintenant d'une façon aussi contraire à ce que tout son parti a
défendu pendant neuf ans, lorsque nous avons été au
gouvernement, je suis estomaqué devant autant d'hypocrisie!
Une voix: Un double langage!
M. Garon: C'est un double langage! Je comprends le
président de l'UPA qui a dit que les gens parlaient des deux
côtés de la bouche en même temps. Pendant neuf ans, le Parti
libéral, chaque fois que je suis venu devant une commission
parlementaire, m'a fait le discours à savoir qu'il fallait que l'appel
puisse porter également sur les faits, sur l'appréciation des
faits et non pas seulement sur le droit ou la compétence. Comment se
fait-il maintenant que, quand il s'agit de juger de la qualité d'un
cheval, on ne veuille pas que le juge puisse trancher cette question et qu'on
ne puisse pas aller en appel sur le fond? Le Parti libéral a
défendu pendant neuf ans le contraire, dans toutes les commissions
parlementaires auxquelles j'ai assisté où il était
question d'organismes administratifs. Là, je ne comprends vraiment pas!
J'ai l'impression que le ministre a interrogé mes fonctionnaires du
temps où j'étais ministre et qui défendent la même
position. J'ai l'impression qu'il a interrogé les fonctionnaires qui
étaient au ministère lorsque j'étais ministre, mais qu'il
n'a pas interrogé les experts de son parti qui lui disaient qu'il
devrait y avoir des appels sur le fond. Je ne comprends pas.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Les surprises, les incompréhensions, la
stupéfaction du député de Lévis ne soulèvent
pas de passion chez beaucoup de gens. À ma connaissance, actuellement et
demain matin, j'ai peine à croire qu'il y ait beaucoup de gens qui se
battent dans les autobus pour souscrire aux stupéfactions du
député de Lévis.
Le député de Lévis dit: Le ministre ne
suit pas ce qu'il a dit. Je m'excuse, M. le Président, mais
jamais je n'ai soulevé une telle question à l'Assemblée
nationale, premièrement. Deuxièmement, mes collègues de
l'Opposition à l'époque ont peut-être soulevé des
interrogations auprès du député de Lévis lorsque la
population lui avait donné le mandat d'agir comme ministre, mandat qui
lui a été retiré abruptement le 2 décembre dernier
et confirmé le 12 décembre par la décision,
évidemment, de la population. Que le député
s'inquiète ce soir, cela ne me surprend pas. Le député de
Lévis, depuis le 12 décembre 1985, semble être très
inquiet. Dois-je comprendre que le député voudrait
présenter un amendement?
M. Jolivet: Avant, il a peut-être...
M. Pagé: Dois-je comprendre que le député de
Lévis est en désaccord avec la proposition de l'article?
M. Garon: Je pense, M. le Président, qu'il va falloir
présenter un amendement...
M. Pagé: Présentez-le! M. Garon: ...parce
que... M. Pagé: Point!
M. Garon: ...le Parti libéral a toujours défendu
cela. Je comprends que ce n'est pas le ministre actuel qui défendait ces
questions devant la commission parlementaire, mais j'imagine que chacun
n'était pas là en son nom personnel en commission parlementaire.
D'une façon constante, les représentants du Parti libéral
dans les commissions parlementaires ont estimé, ont défendu, ont
passé des heures - je sais à quel point - sur l'appel devant la
Commission de protection du territoire agricole. Ils ont passé des
heures à l'Assemblée nationale et en commission parlementaire
à nous dire que l'appel ne devrait pas porter seulement sur des
questions de droit ou de compétence, mais également sur des
questions de fond ou de fait. C'était la position officielle. On disait
même que la révision - écoutez bien -par la commission
n'était pas un appel, alors que tout ce que je vois dans ce projet de
loi, c'est que, lorsqu'une décision aura été rendue, il y
aura une révision de la décision devant le ministre...
M. Pagé: M. le Président.
M. Garon: ...devant la même instance, pas devant une
instance différente. Je dois dire, M. le Président, en plus de
cela, que j'ai amendé la Loi sur la protection du territoire agricole
pour défaire le parallèle, pour donner un appel devant une
deuxième instance qui n'était pas le même groupe que ceux
qui rendaient la première décision à la Commission de
protection du territoire agricole parce que le Parti libéral disait:
Cela n'a pas de bon sens! Bon! J'ai dit: Si on pense qu'il serait mieux qu'il y
ait un appel sur le fond devant une deuxième instance, on va en faire
un, sauf que là, quand il s'agit d'évaluer les étalons, le
ministre prend la première formule que j'ai employée et non pas
celle que son parti proposait. Le ministre n'a pas fait son travail puisqu'il
ne reconnaît même pas les principes que défendait son parti.
C'est pourquoi... J'ai la parole.
Le Président (M. Houde): D'acccrd, allez-y, M. le
député de Lévis.
M. Pagé: II en a encore pour vinqt minutes, j'ai le temps
d'aller prendre mon dessert.
M. Garon: Vous avez le droit de prendre un dessert, si vous
voulez.
M. Pagé: Oui. Vous en avez pour vingt minutes.
M. Garon: On peut suspendre pendant que vous prenez votre
dessert.
M. Pagé: Non, non, mais écoutez. Je vous demande si
vous en avez pour vinqt minutes.
M. Garon: Je veux défendre ma position.
M. Pagé: D'accord.
M. Garon: Si vous ne voulez pas siéger, cela ne me fait
rien.
M. Pagé: Causez.
Le Président (M. Houde): Allez-y M. le
député de Lévis.
M. Pagé: Causez, causez.
Le Président (M. Houde): Vous avez la parole.
M. Pagé: M. le Président, je peux vous donner
l'assurance que je vais demeurer ici.
Le Président (M. Houde): Oui.
M. Pagé: Cela va de soi. D'ailleurs, j'étais ici
dès huit heures. Je demande tout simplement au député de
Lévis s'il veut utiliser son droit de parole de quelques minutes. C'est
dix minutes, je pense.
Le Président (M. Houde): C'est vingt minutes.
M. Pagé: C'est vingt minutes, alors qu'il utilise son
droit de parole pour vingt minutes et, après cela, je
réagirai.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, si vous voulez continuer. C'est à vous la parole.
M. Garon: M. le Président, je dis que, dans cette
proposition le ministre a proposé une chose que nous avons
adoptée: il prend lui-même une décision. La première
demande est faite au ministre qui prend sa décision. Il peut y avoir une
demande de révision avec des frais plus élevés qui seront
imposés, toujours devant le ministre. Troisièmement, lorsqu'il y
a appel, c'est seulement sur les questions de droit et de compétence et
non pas sur le fond ou sur les faits. C'est ce que le Parti libéral a
condamné pendant des années. Moi, je me rappelle, entre autres
-ce n'est pas la seule fois - que, lorsque la demande de révision se
faisait devant la Commission de protection du territoire agricole, je
m'assurais que, dans la mesure du possible, ce n'était pas le même
groupe qui rendait la décision. De toute façon, en
première instance, c'était une personne et, en deuxième
instance, c'était au moins deux personnes. Le Parti libéral
n'était pas satisfait de cela. Il disait: II faut absolument qu'il y ait
un droit d'appel sur le fond. Il préconisait que ce soit devant les
tribunaux.
En juin 1985, lors de la révision de la Loi sur la
protection du territoire agricole, nous avons créé dans la loi
une deuxième instance pour les révisions et pour les appels
devant la Commission de protection du territoire agricole en établissant
deux bancs: le banc de première instance et les bancs de deuxième
instance, en maintenant les appels sur le droit et la compétence devant
les tribunaux supérieurs. Cela veut dire que les gens peuvent aller
devant la Cour provinciale ou devant la Cour supérieure et dans le cas
de l'article 33, sous la surveillance de la Cour supérieure, devant les
tribunaux inférieurs.
Maintenant, quand le ministre arrive pour établir la
qualité de l'étalon à procréer au Québec, il
doit y avoir un permis du ministre. Dans la loi, on prévoit une
révision toujours devant le ministre. L'appel prévu à
l'article 55.35 est un appel seulement sur des questions de droit ou de
compétence et non pas sur le fond ou les faits. Alors, ou bien le Parti
libéral dit une chose dans l'Opposition et une autre chose au pouvoir,
et, à ce moment, je ne peux pas employer le mot "mensonge", mais je peux
au moins dire que c'est de l'hypocrisie, de toute façon de la tartuferie
parce que, pendant neuf ans -les débats sont là, on peut sortir
les galées -cela a été un des principaux débats.
Moi, je me rappelle l'avoir entendu à l'Assemblée nationale
principalement. Je ne serais pas étonné si je relevais que le
député de Portneuf, lui aussi, a parlé sur cela. Sur la
Commission de protection du territoire agricole, ils ont à peu
près tous parlé. Il y a eu également le
député de Brome-Missisquoi qui a parlé sur cela, le
député de Maskinongé. L'ensemble des députés
disaient: C'est épouvantable, il n'y aura pas d'appel. La
révision va se faire devant un organisme, même pas devant un
deuxième banc qui va être complètement différent du
premier. Alors que le ministre propose la première instance devant
lui-même, en personne, comme les seigneurs d'autrefois qui avaient le
droit de vie ou de mort sur leurs censitaires. Ensuite, la révision se
fera encore devant le ministre comme les seigneurs d'autrefois. H y a juste le
droit de cuissage qu'il n'aura pas parce qu'il faudrait le prévoir.
Troisièmement, quand il y aura appel devant la Cour provinciale,
là, ce sera seulement sur des questions de droit ou de
compétence. L'individu qui est détenteur d'un étalon ne
pourra pas plaider que le ministre s'est trompé lorsqu'il a
évalué son étalon. Il va pouvoir seulement plaider qu'il a
excédé sa juridiction ou qu'il a excédé sa
compétence, qu'il a fait une erreur en droit, mais pas qu'il s'est
trompé sur l'évaluation du cheval ou de l'étalon.
Vous comprendrez que c'est une décision très importante.
Vous savez qu'aujourd'hui on ne parle pas d'étalons de 500 $ ou de 1000
$. On parle d'étalons qui valent souvent plusieurs dizaines de milliers
de dollars et, dans certains cas, plusieurs centaines de milliers de
dollars.
On demandait, afin d'utiliser, pour bâtir ou ne pas bâtir
une maison, un terrain qui peut valoir 1000 $ ou 1500 $, d'avoir un plein droit
d'appel sur le fond et, sur la qualité d'un étalon, quand on
parle de 500 000 $ par exemple, la personne ne pourra pas aller en cour et
plaider sur le fond, faire venir les experts, comme on le revendiquait?
Je peux vous dire que dans les amendements du mois de juin 1984...
(Panne d'électricité)
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Houde): Oui, M. le ministre, tout est
sous contrôle, tout fonctionne? On rouvre la séance.
M. Pagé: ...on a très bien fait de ne pas suspendre
nos travaux. Le député de Lévis pourra continuer à
causer.
Le Président (M. Houde): À vous, la parole, M. le
député de Lévis; on vous la redonne.
M. Garon: Oui, j'ai droit à combien de
temps encore?
Le Président (M. Houde): Dix minutes, si vous voulez.
M. Garon: Je vais les utiliser, certain. Je vais vous dire une affaire:
C'était un point majeur pour le Parti libéral. Savez-vous combien
j'ai passé d'heures devant cette commission à cause de ce point?
Additionnez-les. Des dizaines et des dizaines d'heures, pour ne pas dire plus,
parce que, chaque fois que je suis arrivé avec un projet de loi, on
arrivait toujours avec la même argumentation, à tel point que j'ai
dit: II y en plusieurs qui défendent ce point de vue. J'écoutais
les représentations, je n'étais pas prétentieux ni
orgueilleux. J'écoutais les gens et je disais: S'il y a tant de
personnes qui pensent cela, si on peut donner un droit de révision qui
est mieux apprécié, les gens vont avoir le sentiment d'avoir
été mieux traités.
Finalement, on s'est ingénié, parce que ce n'est pas tout
le monde qui voulait... Je comprends encore aujourd'hui que des fonctionnaires
ne veulent pas. Mais, dans ce temps, le ministère n'était pas sur
le pilote automatique. Alors, comme les gens parlaient, le rôle d'un
homme politique, c'est d'écouter les gens et de dire: S'il y en a tant
qui souhaitent cela, si cela donne une plus grande satisfaction, un plus grand
sentiment de justice et d'équité en mettant un droit de
révision devant une instance différente, pour que les gens aient
le sentiment d'avoir été traités correctement,
faisons-le.
Cela a été les amendements de juin 1985. Nous avons
établi à la Commission de protection du territoire agricole un
deuxième banc complètement distinct du premier pour qu'il y ait
une véritable révision, tout en maintenant en plus les appels de
droit et de compétence devant les tribunaux supérieurs, devant la
Cour provinciale et, si ma mémoire est bonne, devant trois juges.
C'était pour donner le plein droit à tous les gens. Vous
vous rappelez que le Parti libéral défendait cela. C'est parce
qu'un terrain de 1000 $, 1500 $, 2000 $ ou 3000 $ pouvait ne pas être
utilisable pour l'agriculture...
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, j'aimerais bien vous rappeler à la pertinence.
M. Garon: Oui, bien cela, c'est pertinent.
Le Président (M. Houde): Ce n'est pas la protection du
territoire ici ce soir, que je sache.
M. Garon: Non, mais c'est la même chose. Je donne un
exemple concret qui est exactement de même nature.
Le Président (M. Houde): Je vous demande, s'il vous
plaît, de revenir à l'article.
M. Garon: Je ne peux pas être autrement que dans le sujet.
Je donne exactement la procédure que nous avons établie dans un
cas semblable à la suite de représentations du Parti
libéral. (20 h 45)
M. Pagé: Si vous voulez être pertinent, appliquez-la
à la loi actuelle, M. le député. C'est tout.
M. Garon: C'est ce que je dis. M. Pagé: Soyez
pertinent.
M. Garon: A ce moment-là, il y avait une demande... Ah,
vous savez, on va faire la bataille plus que vous ne le pensez! Moi, je n'ai
pas l'intention de me faire bousculer, de me faire brasser de quelque
façon.
M. Pagé: M. le député de Lévis.
M. Garon: Nous sommes les rares députés à
travailler ce soir alors que les autres sont en party. Je peux vous dire que
j'ai choisi de travailler parce que j'ai l'intention de faire valoir des points
que les gens demandent. Vous m'avez fait passer des dizaines et des dizaines
d'heures et, en incluant l'Assemblée nationale, peut-être des
centaines d'heures...
M. Pagé: 121 heures.
M. Garon: ...sur ce point que vous ne respectez pas
vous-même. Je veux l'expliquer comme il faut, M. le Président,
pour les gens qui vont écouter nos débats et lire nos questions.
Quand on parle d'étalons, il s'agit d'animaux d'une grande valeur, de
beaucoup plus grande valeur que les points de vue qu'ont défendus,
à ce moment-là, les libéraux quand ils parlaient de
morceaux de terrain devant la Commission de protection du territoire agricole.
Il est rare qu'un étalon soit bon marché. Vous savez ce que
c'est, en termes de droit... Je demande aux jeunes députés,
à moins d'être pires que des députés qui ont
passé 20 ans au Parlement, d'essayer de comprendre ce que je vous dis.
Ce ne sera pas !e ministre qui va inspecter chacun des étalons,
j'imagine, à moins qu'il ne décide de le faire, mais j'imagine
que ce ne sera pas lui. Quand vous passez devant un fonctionnaire et que ce
fonctionnaire a mal évalué votre cheval, si vous retournez en
révision et que vous passez devant le même fonctionnaire parce que
la loi ne prévoit rien et que le fonctionnaire a décidé
qu'il ne se
trompait pas, de quelle façon votre droit sera-t-il servi si vous
avez un étalon de 10 000 $, 20 000 $ ou 30 000 $? Ce n'est pas une
question anodine, au contraire, c'est une question très importante.
Si j'ai pensé à me forcer avec des gens pour
établir un système pour qu'on puisse vraiment avoir des appels,
en révision devant la Commission de protection du territoire agricole
parce qu'il y avait eu des représentations, les appels dont il est
question en rapport avec les permis d'étalons pour la monte des juments
sont aussi importants. Devant les tribunaux, sans doute qu'il s'agira, à
ce moment-là, de valeurs, la plupart du temps, plus considérables
que la permission de demander de bâtir sur un terrain dans un rang. Parce
que le terrain, dans un rang... Vous savez comme moi que, habituellement, dans
le plus cher au Québec une acre peut valoir 2000 $ à 3000 $. A
l'île Laval, c'est peut-être 4000 $, mais on parle plus souvent,
dans nos rangs, d'une acre qui vaut, selon les régions, entre 300 $ et
1000 $; 1000 $, c'est dans les régions les plus chères,
près de Montréal. Quand on demande un terrain, habituellement, il
ne s'agit pas de 1000 $ même, en termes de valeur. Mais trouvez-moi des
étalons qui valent moins de 20 000 $, par exemple!
Cela veut dire que la procédure qu'on a choisie pour les
étalons ne serait pas la meilleure pour que les gens soient bien
entendus; là, je ne comprends pas! Vous savez comme moi qu'il ne s'agit
pas de vieux chevaux qui ont labouré pendant dix ou quinze ans. Les
chevaux ne labourent plus au Québec. Ceux qui ont des chevaux,
aujourd'hui, en ont qui valent cher; ce sont des sommes d'argent
considérables. Il me semble que ces gens-là ont le droit
d'être traités correctement au point de vue de l'évaluation
de leurs chevaux. Le cheval sera évalué en fonction de ses
prouesses et de ses performances, il va même y avoir un pointage. Ce
n'est pas une blague! Écoutez ce qu'on dit à l'article 18:
"Après avoir pris connaissance du rapport d'examen..." Je vais lire
l'article 17 avant, on va plutôt commencer par l'article 16:
"L'examinateur prépare, conformément au règlement, un
rapport d'examen et en transmet copie au demandeur." L'article 17: "Le
demandeur qui n'est pas satisfait de l'examen..." - Qui n'est pas satisfait. Si
votre étalon, au lieu d'avoir 100 points, en a 60 et que vous estimez
qu'un étalon à 60, 70, 80 ou 90 points ne représente pas
le même coût pour la semence - il y a une grosse différence
dans les coûts de la semence - cela veut dire, à ce
moment-là, que le demandeur qui n'est pas satisfait de l'examen, "peut,
dans les 15 jours - on aurait pu mettre 30 jours, ce qui n'était pas
très considérable - de la réception du rapport d'examen,
demander au ministre un second examen pourvu qu'il verse, lors de cette
demande, les frais fixés par règlement. Cet examen est final." Le
ministre fait un deuxième examen et, là, il est final.
"Après avoir pris connaissance du rapport d'examen et donné au
demandeur l'occasion de présenter ses observations, le ministre
évalue l'étalon selon les critères et les barèmes
d'examen et classifie, conformément au règlement, celui qui
atteint le seuil de passage fixé par rèqlement. "Le demandeur est
avisé de l'évaluation et, le cas échéant, du
classement lors de la transmission de la décision du ministre sur la
demande de permis."
Cela représente, du point de vue d'un éleveur, des choses
considérables, une évaluation très importante, parce que
tout ce qui va suivre...
Bonne mère! On a l'impression que le député de
Saint-Hyacinthe joue dans un film. Il est en tuxedo. Le "party" doit être
somptueux ou somptuaire. Somptueux ou somptuaire?
Une voix: Les deux sont bons. Ce n'est pas mortuaire, en tout
cas.
M. Pagé: C'est le "party" du PQ, le "party" mortuaire.
M. Garon: Non, c'est le "party" du Parti libéral. Il n'y a
pas de "party" du Parti québécois au parlement ce soir.
M. Pagé: Non, il n'y a pas de "party" du Parti
québécois au parlement, ils vont se cacher en ville quelque
part.
M. Garon: On voit que le député de Saint-Hyacinthe
a vraiment mis le paquet pour se louer un tuxedo.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Pagé: II est évident que les relations entre le
chef du PQ et le député de Lévis sont telles que le
député de Lévis n'est pas invité au "party".
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, il vous reste une minute.
M. Garon: Au contraire, la confiance du chef et du parti est
tellement grande dans le député de Laviolette et le
député de Lévis qu'ils nous ont dit: Vous êtes
capables de tenir le fort.
M. Pagé: C'est cela. Alors, on retient de ne pas inviter
au même "party" Pierre Marc Johnson et Jean Garon. Garon va
travailler...
M. Garon: On ira après quand la soirée
sera finie.
M. le Président, je veux dire que je vais présenter un
amendement...
Le Président (M. Houde): En terminant, M. le
député.
M. Jolivet: Mais avant, je veux parler.
M. Garon: Je vais immédiatement arrêter mon
intervention et avant la fin de l'intervention du député de
Laviolette, je présenterai un amendement.
Le Président (M. Houde): M. le ministre, à vous la
parole.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Il y aura
bientôt une semaine, à une séance où notre
commission devait se réunir entre 11 h 30 et 13 heures, le
député de Lévis s'est dit surpris en arrivant que son
collègue, le député de Laviolette, n'ait pas amorcé
les travaux de la présente commission pour faire en sorte que
l'étude du projet de loi que l'on étudie aujourd'hui, qui vient
modifier la Loi sur la protection sanitaire des animaux, ne soit pas
adopté finalement dans son étude article par article avant 13
heures.
Le député de Lévis ajoutait d'ailleurs que, selon
lui, il faudrait seulement quelques minutes pour adopter les articles
demeurés en suspens autour de la table de cette commission. Force m'est
de constater ce soir une volonté très claire, très ferme
et très clairement évoquée, non pas exprimée parce
qu'on ne l'a pas encore dit, mais une volonté évoquée et
manifeste de la part de l'Opposition de bloquer systématiquement toutes
nos lois et même celle-là. Ceci m'apparaît comme un
mépris profond de la démocratie par l'Opposition, malgré
qu'elle soit faible et qu'elle ait été justement mais
sévèrement rejetée par la population, ses membres passant
à seulement quelques députés dont le député
de Lévis seul dans les 18 comtés de la grande région de
Québec. Un rejet total de ces gens qui avaient administré le
Québec et qui ont contribué à appauvrir notre
communauté pour des centaines de millions de dollars, compte tenu de
l'incurie, de l'irresponsabilité et de l'incompétence de ces gens
dont la très grande majorité n'avait jamais administré
plus que leur budget personnel. Cela paraissait.
On fait fi de cette volonté de la population et on veut
bloquer systématiquement nos lois, ce qui m'apparaît comme tout
à fait irresponsable. Pour la première fois dans notre
système parlementaire depuis que j'y suis - j'en suis à mon
quatorzième Noël ici - il n'y a plus moyen d'avoir une entente
entre ce que l'on appelle les leaders parlementaires dans le jargon du
système parlementaire britannique, parce que l'Opposition, à
l'Assemblée nationale du Québec, et particulièrement son
chef, M. Johnson, ne contrôle plus ses députés.
M. Jolivet: M. le Président, question de règlement,
en vertu...
Le Président (M. Houde): Un instant. M. le
député de Laviolette.
M. Pagé: En vertu de quoi?
M. Jolivet: ...de la pertinence.
Le Président (M. Houde): En vertu de quel article?
M. Jolivet: De la pertinence du débat, M. le
Président. Est-ce que vous croyez que c'est pertinent à l'article
qui est devant nous?
M. Pagé: Cela ne brûle pas mon temps, M. le
Président, j'espère?
M. Jolivet: Honnêtement, vous êtes neutre, M. le
Président, est-ce que vous croyez que c'est pertinent à l'article
qui est devant nous?
Le Président (M. Houde): M. le député de
Laviolette, je pense que le ministre fait...
M. Jolivet: N'interprétez pas, là!
M. Pagé: Un très bref commentaire.
M. Jolivet: N'interprétez pas, M. le
député!
Le Président (M. Houde): ...un commentaire sur le report
du projet de loi qui est devant nous.
M. Jolivet: Excusez-moi! Je n'ai pas compris, M. le
Président.
Le Président (M. Houde): II semblerait que
l'Opposition...
M. Jolivet: Qu'est-ce que vous dites?
Le Président (M. Houde): ...prend plus de temps qu'il
n'est normal; c'est son droit.
M. Jolivet: Ce n'est pas cela que j'ai entendu. Sur le quoi?
M. Pagé: Le déroulement.
Le Président (M. Houde): Non. Sur le déroulement de
la discussion.
M. Jolivet: Vous vous faites même souffler les mots par le
ministre, M. le
Président? Vous n'êtes pas bien neutre.
Le Président (M. Houde): Non. M. le député
de Laviolette.
M. Pagé: M. le Président, je ne permettrai pas
d'insultes de la part du député de Laviolette.
M. Jolivet: Non, mais, depuis tout à l'heure, vous nous
insultez. J'ai au moins le droit de demander au président si vous
êtes pertinent.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Laviolette...
M. Jolivet: Si vous êtes pertinent, je vais
répliquer. Si vous n'êtes pas pertinent, je ne répliquerai
pas.
Le Président (M. Houde): D'accord, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: S'il est pertinent, je vais prendre note de cela, M.
le Président.
Le Président (M. Houde): Je vous redonne la parole, M. le
ministre.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je suis pertinent
puisque je parle du commentaire du député de Lévis qui
s'oppose à ce qu'un droit d'appel soit consenti à la Cour
provinciale pour des questions de droit et de compétence, comme c'est
évoqué dans les dispositions de l'article qui est
présentement étudié.
M. le Président, l'économie générale...
M. Jolivet: Est-ce la clameur publique que nous entendons?
M. Pagé: ...du droit fait en sorte que, dans nos lois et,
particulièrement, dans cette loi, à l'égard d'autres
juridictions ou d'autres possibilités de contester une décision
de l'appareil de l'État, un droit d'appel de la part de
l'administré soit conféré. Cet appel doit être
logé devant la Cour provinciale pour des questions de droit et de
compétence. On voit les mêmes dispositions non seulement dans
cette loi pour l'octroi d'autres types de permis, mais aussi dans le cadre de
la loi sur les pêcheries. Dans toute la question de l'aquaculture
commerciale, il y a des droits d'appel qui sont prévus. Ces droits
d'appel à la Cour provinciale doivent toujours s'appuyer sur des
questions de compétence et de droit, purement et simplement. C'est ce
que l'économie générale de notre loi dit. Je m'inscris
donc dans la même lignée. Comme avocat, je peux le soutenir et
aussi comme ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. On s'inscrit donc dans la même lignée de
représentations, de revendications et de droits d'appel que nos lois
générales.
Je suis très surpris de constater que le député de
Lévis n'ait manifesté aucun commentaire, comme ceux qu'il nous
prodigue ce soir, lors de l'étude du projet de loi 69, loi qui modifiait
la même loi, soit la Loi sur la protection sanitaire des animaux, au mois
de juin dernier. Des dispositions analogues à celles que je
présente ce soir ont été adoptées sans commentaire,
sans coup férir, sans long débat, sans intervention intempestive
comme celle à laquelle on a eu droit tout à l'heure. C'est donc
dire qu'autant le député de Lévis est demeuré
silencieux au mois de juin, autant il est volubile ce soir. J'en conclus donc,
comme je vous le disais au début - c'est là que mon propos
devient très pertinent - que le député de Lévis
veut utiliser tous les moyens qui sont mis à sa disposition pour
retarder purement et simplement non pas l'étude de cette loi... Pour le
bénéfice de ceux et de celles qui pourraient nous lire, au
Journal des débats de ceux et de celles qui peuvent nous
écouter actuellement encore à la Tribune de la presse, on doit
retenir de l'exercice ou du spectacle auquel on a droit ce soir que le
député de Lévis, ne voulant pas que la loi sur la
régie des grains soit adoptée, retarde purement, simplement et
systématiquement l'étude du projet de loi portant sur la
protection sanitaire des animaux. (21 heures)
Si le député de Lévis pense qu'on ne voit pas sa
stratégie, qu'on ne le voit pas venir avec ses gros sabots, il se
trompe. Évidemment, à la lumière de l'expérience
que l'on a et surtout de la connaissance des péquistes, on est en mesure
de voir cette stratégie, purement et simplement. Le député
de Lévis nous dit quoi? Il nous dit: Les libéraux devraient
adopter ce qu'ils ont toujours dit. J'en conclus donc que le
député de Lévis, à défaut d'être
capable, parce que n'ayant pas suffisamment de poids politique dans son parti,
de faire adopter les principes qu'il a toujours véhiculés, lui
qui était dans le Rassemblement pour l'indépendance nationale
dans les années soixante, sur la ligne de feu avec, à
l'époque, son ami Gilles Grégoire - parce qu'il y a eu une fusion
du Ralliement national et du RIN à l'époque -lui qui,
aujourd'hui, siège comme péquiste, qui a l'image d'un
néo-créditiste - ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les
journalistes -lui qui a été courtisé par les unionistes
qui voulaient le voir comme chef...
Une voix: ...dans votre comté.
M. Pagé: ...les unionistes qui auraient aimé
l'avoir comme chef, évidemment, avec tout le sens démagogique qui
le caractérise et qui l'identifie et qui, par surcroît,
conteste son chef péquiste... À défaut d'être
capable de faire adopter son programme et particulièrement
l'élément 1 du programme qui est la souveraineté, et je
termine là-dessus...
Le Président (M. Houde): La pertinence, s'il vous
plaît!
M. Pagé: C'est quand même très pertinent, le
député de Lévis est un souverainiste, un
indépendantiste et je le respecte. Il a droit à ses opinions sauf
qu'à défaut - et je reprends les commentaires du
député de Lévis - d'être capable de faire passer son
message à l'intérieur de son parti, parce que Pierre Marc lui a
dit: Aie, Jean, tais-toi, il tente de faire adopter les dispositions...
M. Jolivet: M. le Président, le règlement indique
qu'on doit appeler... M. le Président...
M. Pagé: ...préconisées par le Parti
libéral du Québec. Alors, M. le Président, cela devient
loufoque, cela devient questionnable, cela devient très surprenant. Le
député de Lévis, farouche défenseur de la mise en
application des dispositions préconisées par les libéraux,
preuve d'impuissance devant l'application de son propre programme...
Le Président (M. Houde): M. le ministre, revenons au
projet de loi 117, s'il vous plaît!
M. Pagé: J'y arrive, M. le Président. M.
Jolivet: Vous n'y étiez pas arrivé.
M. Pagé: Non, je n'étais pas arrivé et je
plaide coupable, M. le Président, je n'étais pas pertinent. Le
député de Lévis nous dit, et je ferme la
parenthèse, que le ministre de l'Agriculture n'a pas fait ses
devoirs.
M. Jolivet: C'est vrai.
M. Pagé: M. le Président, je dirai au
député de Lévis et au perroquet de Laviolette qui en
rajoute que, non seulement le ministre de l'Agriculture fait ses devoirs -et on
l'a vu de façon très particulière depuis sa
désignation comme ministre...
M. Jolivet: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je n'accepterai pas qu'on
vienne, en cette Assemblée, déranger les gens qui
travaillent.
Le Parlementaire est en pleine noirceur; il n'est pas nécessaire
de venir jeter leur fiel ici.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Laviolette. Je vais faire le message...
M. Jolivet: Nous avons droit de parole et ceux et celles qui
n'ont pas droit de parole ne devraient pas être autour de la table.
Le Président (M. Houde): À ce que je sache,
j'entends très bien le ministre actuellement. S'il veut continuer... Je
demanderais le silence, s'il vous plaît!
M. Pagé: M. le Président, je vous remercie d'avoir
mis de l'ordre et d'avoir rappelé surtout à l'ordre le
député de Laviolette qui, lui non plus, n'a pas été
invité au "party" de Pierre Marc. À ne pas inviter au même
"party", cela va de soi.
M. Jolivet: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: II me semble que le ministre est respecté
quand on l'appelle le député de Portneuf, il devrait, en vertu du
règlement, l'appeler M. le chef de l'Opposition et non pas Pierre
Marc.
Le Président (M. Houde): Vous avez raison, je demanderais
au ministre de porter une attention spéciale...
M. Pagé: M. le Président, je vais me conformer aux
dispositions de notre règlement. Cependant, je dois dire que,
contrairement au député de Lévis et au
député de Laviolette, je suis suffisamment copain et j'ai
suffisamment de relation d'amitié avec le député d'Anjou
pour l'appeler Pierre Marc, ce qui n'est pas le cas en ce qui vous
concerne.
Le Président (M. Houde): Vous pouvez continuer, M. le
ministre.
M. Jolivet: M. le Président, je m'excuse... Si vous
voulez, nous allons sortir de la salle si on n'a pas la capacité de se
faire entendre. Nous ne sommes pas, il est vrai, nous, en "party". On a
travaillé, on continue à travailler, et en "party", je le serai
plus tard, lorsque j'aurai terminé mon travail ici à minuit. M.
le Président, vous devez faire respecter le règlement et si vous
ne le faites pas, nous allons nous lever et je dois vous dire que vous n'aurez
pas le quorum pour fonctionner.
Le Président (M. Houde): Vous avez raison, M. le
député de Laviolette. Je demanderais le silence, s'il vous
plaît!
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse, le
député de Laviolette vient de faire référence
à un "party". Je dois dire, M. le Président, que les deux
formations politiques, et c'est vrai...
M. Jolivet: Je l'ai dit.
M. Pagé: ...sont en "party" ce soir. Les libéraux
font leur "party" à visière levée à
l'Assemblée nationale du Québec, les péquistes doivent
aller se cacher en ville et n'invitent ni le député de
Lévis ni le député de Laviolette. Je les comprends,
premièrement. Deuxièmement, le député de Laviolette
nous fait des menaces de quitter cette Chambre. Je lui dirai qu'il peut la
quitter facilement; la contribution du PQ va être la même si vous
n'y êtes pas. Ceci étant dit, M. le Président,
j'étais à dire, avant d'être interrompu par le
député de Laviolette, que le député de Lévis
nous invitait à faire nos devoirs. Non seulement, depuis le 12
décembre, mes collègues de la commission et moi contribuons de
façon significative et utile et même nécessaire à
l'édification de nos lois, non seulement nous travaillons à faire
nos devoirs, mais nous travaillons surtout et aussi à corriger les
devoirs mal faits des péquistes. Les péquistes nous ont
laissé des déficits énormes en termes budgétaires,
vous savez. J'ai fait référence, hier, au Régime
d'assurance-stabilisation; un déficit de 138 000 000 $; j'ai fait
référence à un déficit de 300 000 000 $ pour 1989
et à un déficit de 60 000 000 $ au Régime
d'assurance...
Le Président (M. Houde): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Garons M. le Président...
M. Pagé: ...prêts agricoles et forestiers;
voilà l'héritage du député de Lévis. J'ai
vingt minutes, M. le Président.
M. Garon: Tantôt, alors que je faisais une comparaison avec
une loi identique, M. le président dit qu'il fallait que je sois
davantage sur le sujet, mais vous êtes complètement en dehors du
sujet. Je pense, M. le Président, qu'il faudrait ramener le
député à...
M. Pagé: M. le Président, c'est pertinent.
M. Garon: Si la commission n'est pas en état de
siéger...
M. Jolivet: ...
M. Garon: ...on va demander immédiatement de se retirer et
on siégera demain quand le monde sera... Je vais vous dire une
chose.
M. Pagé: M. le Président, le député
de Lévis m'a dit que je n'avais pas fait mes devoirs, je dis que non
seulement je les ai faits, mais je suis à corriger les devoirs du Parti
québécois. M. le Président, si je reviens aux dispositions
de l'article 7...
M. Jolivet: M. le Président?
Le Président (M. Houde): Oui, un instant.
M. Jolivet: Je rappelle les points de directive.
Le Président (M. Houde): Oui, oui.
M. Jolivet: Moi, je veux travailler convenablement. J'ai
travaillé cet après-midi jusqu'à cinq heures et demie avec
le ministre de l'Éducation. Nous avons travaillé convenablement
dans des conditions où on doit travailler. Moi, comme membre de
l'Opposition, je n'accepterai pas de me faire bousculer ce soir. Je vous le
dis, M. le Président, vous avez à rétablir l'ordre.
Demandez d'abord à ceux qui n'ont pas d'affaire à cette table de
s'en aller; deuxièmement, dites-leur de s'en aller à
l'extérieur et d'aller fêter s'ils ont le droit de fêter,
tout comme les nôtres fêtent à l'extérieur. Je
reviendrai tout à l'heure sur cela, M. le Président. Mais, s'il
vous plaît, M. le Président, faites respecter l'ordre.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Laviolette, je demande à ceux qui ont la permission de siéger de
siéger, et à ceux qui ne siègent pas, de ne pas parler.
Ils ont le droit de rester dans cette salle, mais non de parler.
M. Jolivet: J'ai dit: à cette table, M. le
Président; j'aimerais d'abord savoir du secrétaire quels sont les
membres de cette commission.
Le Président (M. Houde): M. le Secrétaire, si vous
voulez les donner, s'il vous plaît!
M. Pagé: M. le Président, cela n'empiète pas
sur mon temps de parole?
Le Président (M. Houde): Non, non, non. Cela ne brime pas
votre droit de parole.
M. Pagé: C'est très très délicat et
je l'apprécie.
Le Président (M. Houde): Oui, s'il vous
plaît, M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Les membres de la commission sont M. Assad
(Papineau), M. Beaudin (Gaspé), M. Blais (Terrebonne), M. Camden
(Lotbinière), M. Desbiens (Dubuc), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. Dubois (Huntingdon), M. Farrah
(Îles-de-la-Madeleine), M. Forget (Prévost), M. Garon
(Lévis), M. Houde (Berthier), M. Jolivet (Laviolette), Mme Legault
(Deux-Montagnes), M. Messier (Saint-Hyacinthe), M. Pagé (Portneuf), M.
Perron (Duplessis) et M. Tremblay (Iberville).
Le Président (M. Houde): Je crois que cela est parfait.
À vous la parole, M. le ministre, en vous demandant .toujours la
pertinence, s'il vous plaît!
M. Pagé: Oui, je vous remercie, M. le Président.
Cependant, je dois quand même noter que le député de
Laviolette a demandé qu'il y ait de. l'ordre ici; moi, je n'ai vu aucun
désordre, il n'y a eu aucun bruit intempestif de formulé. Je
retiens que le député de Laviolette est probablement
mécontent, un peu marabout, comme on dit chez nous, de ne pas avoir
été invité au "party" ou à la fête
organisée par son chef, et je le comprends, d'ailleurs. Ils ne sont
évidemment pas du même genre ni du même calibre, le
député de Laviolette et le député d'Anjou; je suis
persuadé que les sujets de conversation sont très brefs.
Ceci étant dit, M. le Président, je ne comprends pas le
député de Lévis qui s'oppose aux dispositions de l'article
tel que libellé. Il a lui-même administré des lois pendant
plusieurs années, ici, à l'Assemblée nationale du
Québec. II a souventefois présenté des lois qui
contenaient l'obligation pour le gouvernement d'émettre un permis en
faveur d'une personne, d'un administré. L'économie
générale - lui-même, qui par surcroît était
professeur de droit à l'Université Laval - de ces lois indique
très clairement que, dans ce cas l'appel en Cour provinciale doit
s'appuyer sur une question de droit ou de compétence. Le
député de Lévis, comme le député de
Laviolette, profite évidemment de la fin de cette session pour
intervenir, pour causer, pour pérorer, pour jaser, pour formuler, pour
amender, strictement de façon à brûler du temps. Si le
député de Lévis était plus franc, plus
honnête, moins hypocrite, il nous dirait: Le but de ma démarche,
c'est de refuser vos lois. Dites-le si c'est cela! Dites-le à
visière levée! Dites-le ouvertement: Dites-le honnêtement!
Ne vous cachez pas derrière un "filibuster" qui est, de toute
façon, très mal habile. Ne profitez pas de l'obscurité de
cette salle pour passer hypocritement vos intentions qui sont mal
cachées. Dites-le clairement et, à ce moment-là, on
avisera en conséquence purement et simplement.
M. le Président, je ne comprends pas la position de l'Opposition
- d'ailleurs, eux-mêmes, ils ne se comprennent pas entre eux - et des
positions comme celles qui sont adoptées ce soir sont tout à fait
irresponsables, font en sorte que ces gens ne doivent pas se surprendre
d'être aussi bas dans l'opinion publique. M. le Président, quand
je vois les sondages qui indiquent très clairement, même dans le
comté de Laviolette, une volonté très claire de la
population de remplacer ces supposés bienfaiteurs qui sont en fait des
prophètes de malheur purement et simplement, de mauvais administrateurs,
des compétents à la petite semaine, des gens qui n'ont jamais
administré trente sous sinon leur budget personnel ou encore le budget
des allocations familiales qu'ils reçoivent et qui s'improvisent comme
étant de bons et de grands administrateurs avec tous les déficits
qu'ils nous ont laissés...
Si le but de la démarche ce soir en bloquant ce projet de loi,
c'est de bloquer le projet de loi 146 concernant la Régie des grains,
dites-le donc! Soyez donc francs! Soyez honnêtesl M. le Président,
mon commentaire a peut-être pris tout le temps qui m'était
dévolu, vingt minutes. Je vous dis tout de suite que je n'ai pas
l'intention, mais pas du tout, à moins qu'on ne me provoque - par
contre, j'ai la réputation de garder mon calme - d'intervenir à
nouveau parce que je n'ai pas l'intention, mes collègues non plus, de
nous associer à une démarche dilatoire qui a uniquement pour but
de brûler du temps. Si votre volonté et, là, je le dis au
député de Laviolette qui m'écoute, si votre
volonté, c'est de brûler du temps, de causer pour causer, je
termine en disant: Cause toujours, mon lapin! Salut! À vous.
Le Président (M. Houde): La parole est au
député de Laviolette maintenant.
M. Jolivet: Quel mépris, M. le Président! Quel
mépris du sens de la démocratie au Québec! Le
député a le droit de penser ce qu'il veut. Je dois vous dire, M.
le Président, que j'ai eu à travailler cette semaine et la
semaine passée, depuis maintenant trois semaines, dans plusieurs
commissions parlementaires où j'ai eu l'occasion de faire valoir des
points. Voici un exemple typique. Cet après-midi, nous avons
étudié convenablement avec le ministre de l'éducation,
sans être méprisant l'un envers l'autre, un projet de loi
important pour le ministre de l'Éducation. Nous l'avons fait dans des
conditions normales où on ne se garroche pas de pierres ni de boue. Nous
ne sommes pas ici pour garrocher des pierres et de la boue, à
personne.
Depuis dix ans que je suis ici à
l'Assemblée nationale, M. le Président - oui, cela fait
dix ans que je suis ici à l'Assemblée nationale - je n'ai jamais
participé à aucun rassemblement pour des raisons qui
étaient bien simples, c'est que mon travail m'obligeait à
être ici. Et je l'ai fait de plein gré et de bonne volonté.
J'étais vice-président à l'époque - M.
Vézina, vous m'avez connu - et mon devoir m'appelait à
présider l'Assemblée nationale.
J'ai participé aux "parties" organisés dans le temps des
fêtes comme dans n'importe quel bureau au Québec, comme je le
faisais quand je m'occupais du syndicat ou quand j'étais enseignant,
quand mon devoir ne m'appelait pas ailleurs qu'au "party". Je l'ai fait
et je vais le faire à partir de minuit. Qu'on vienne lancer toutes
sortes d'accusations, M. le Président, en disant que je n'ai pas
été invité... J'ai dans ma poche le billet que j'ai
payé de ma main, et je peux vous le montrer. Ce sont les billets que
chacun achetait parce qu'on était libre d'y participer ou non. Je vais
être là à minuit, mais d'ici à minuit, je vais
être ici et je vais faire mon travail convenablement. Qu'on vienne
m'insulter, je dois dire, M. le Président, que, moi aussi, je vais
garder mon calme.
Je peux vous dire aussi que j'ai travaillé à un projet de
loi qui s'appelle Loi sur les forêts qu'on a adopté cet
après-midi article par article, 228 articles. On a fait un ensemble de
discussions sur un projet de loi quand même très important,
très crucial pour le Québec. J'ai fait mon devoir de
parlementaire. Que le ministre vienne nous accuser ici de vouloir faire des
choses parce que c'est ce qu'il pense, il a le droit de le penser et de le
dire, s'il le veut, mais de là à m'insulter, M. le
Président, je ne l'accepte pas. Effectivement, le point dont on parle,
je l'ai vécu depuis dix ans dans d'autres commissions parlementaires, et
ce n'est pas moi qui ai dit dans un congrès tout dernièrement! En
un an, nos appréhensions se sont transformées en une lutte pour
la survie; ceux qui détiennent des mandats populaires à
Québec sont devenus des experts du double langage. Je vais vous dire
qu'effectivement mon collègue de Lévis a raison. Le double
langage je le connais maintenant par rapport à ce que j'ai connu avant.
Je vais vous donner un exemple.
Une voix: ...des gros yeux.
M. Jolivet: M. le Président, je ne parlerai pas, je vais
considérer que c'est un rappel au règlement que je vous demande.
Je ne parlerai pas tant et aussi longtemps... et mon temps ne s'accumulera pas
non plus.
Le Président (M. Houde): C'est à vous la parole, M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, mais il y a l'article 36, M. le
Président, lisez-le
Le Président (M. Houde): Je demanderais à ceux qui
sont autour de ta table, s'ils n'ont pas la parole, de ne pas parler, s'il vous
plaît! C'est à vous la parole, M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Là, le
parallèle que je vais faire, vous allez le comprendre parce que, si cela
fait dix ans que vous êtes ici, vous l'avez vécu.
Le Président (M. Houde): Six, je me suis trompé
tantôt.
M. Jolivet: Ah bon! Je dois vous dire que ceux qui l'ont
vécu savent ce dont je vais parler. Quand Mme Lise Payette, ministre,
à l'époque, des Coopératives et de la Protection du
consommateur, a présenté devant cette Assemblée un projet
de loi sur l'assurance automobile, il y a des gens du Parti libéral qui
ont agi, qui ont posé des questions et qui ont utilisé tout le
droit qu'ils avaient pour essayer de faire comprendre à la ministre
qu'elle se trompait peut-être, justement sur la partie qui concernait le
droit d'appel. Je dois même vous dire qu'un de mes collègues, qui
est aujourd'hui ailleurs, avait même, à la commission
parlementaire, fait la même représentation parce qu'il
était un avocat. C'était la même représentation que
le député qui se nommait M. Noël Saint-Germain. Ce
député du Parti libéral demandait à la ministre
d'instituer autre chose qu'un tribunal administratif. Je vous parle aussi de
quelqu'un de mon propre parti politique qui, en Chambre, a voté contre
le projet de loi. C'est un des seuls qui s'est élevé en 1977
parce qu'il croyait effectivement qu'il fallait avoir autre chose qu'un
tribunal administratif. On veut aujourd'hui nous dire qu'on n'a pas pris nos
responsabilités alors que mon collègue de Lévis vous a dit
qu'en 1985 il a accepté des amendements pour aller justement selon ce
que tout le monde disait au Québec, soit qu'il fallait instituer autre
chose qu'un tribunal administratif pour interjeter appel.
Je dois vous dire, M. le Président, que je ne comprends pas le
langage d'aujourd'hui. Le ministre est avocat. Je vais vous lire l'article de
la loi actuelle pour bien vous le faire comprendre. Ce qui a fait sursauter mon
collèque de Lévis, ce sont justement les explications que le
ministre a données, selon lesquelles on dit: "Peuvent interjeter appel
de la décision du ministre ou du Comité de surveillance des
étalons selon le cas, devant la Cour provinciale, sur toute question de
droit ou de compétence..." On enlève "le Comité de
surveillance des étalons selon le cas". C'est à ce moment qu'on
dit que,
quant à faire une correction, bien, faisons-la au complet. Ce que
l'on disait dans le passé, alors qu'on était dans l'Opposition,
maintenant qu'on est au pouvoir, faisons-le. Ce sont les gens du Parti
libéral, qui sont actuellement au pouvoir, qui, lorsqu'ils
étaient dans l'Opposition, disaient tout le contraire de ce qu'on entend
aujourd'hui. Je pense que c'est cela, être conséquent avec les
gestes et avec les paroles qu'on a posés.
Un exemple typique. Combien de fois et combien de commissions avez-vous
vécues depuis une couple de semaines où on demandait dans
certaines circonstances de rencontrer des gens en consultation
particulière parce qu'effectivement il y avait des problèmes
particuliers? Il y a un ministre qui a accepté ce matin, à midi
et demi - il s'agit du ministre de l'Éducation - à cause d'une
motion que j'ai faite comme membre de l'Opposition, d'entendre la CEQ cet
après-midi en consultation particulière, si on pouvait
l'atteindre et si on pouvait lui demander de venir à telle heure. On n'a
pas pu s'entendre parce que la CEQ demandait de venir à 17 h 45, mais,
si elle était venue à 16 ou 17 heures, on l'aurait entendue sur
les clauses "nonobstant". Il y a des gens de l'autre c6té qui
comprennent, mais il y en a d'autres qui ne veulent rien comprendre.
Après cela, on nous accuse, nous, membres de l'Opposition, de faire de
l'obstruction pour le plaisir de le faire. Ce n'est pas vrai! Ce que nous
faisons ici, c'est que le ministre nous a donné des explications qui
nous incitent à demander de mettre en pratique dans la loi comme membres
du parti formant le gouvernement actuellement ce qu'ils ont toujours promis
alors qu'ils étaient dans l'Opposition. C'est tout simplement ce qu'on
demande. M. faire insulter après cela pour toutes sortes de choses qui
n'ont rien à voir avec le projet de loi lui-même et me faire dire
que c'est parce que je suis frustré de ne pas être allé au
"party"... M. le Président, ce n'est pas la première fois de ma
vie que je vais à un "party" et ce n'est pas la dernière fois non
plus. Aux "parties" de mon parti politique, j'irai quand je le voudrai, dans la
mesure où mon travail ne me demandera pas d'être ici. Si mon
travail n'était pas ici, je serais là, moi aussi. Mais si je suis
ici, c'est parce qu'on me l'a demandé, et ce n'est pas moi qui me suis
obligé de venir ici ce soir, vous savez. Ce n'est pas moi qui ai
décidé que la loi venait ce soir. C'est le leader du
gouvernement. Je m'excuse. Vous allez comprendre que, de la façon dont
cela se produit...
Le Président (M. Houde): C'est arrêté
là. C'est suspendu pour le moment.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. (Suspension de la
séance à 21 h 18)
(Reprise à 21 h 20)
Le Président (M. Houde): La séance est rouverte. M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je vous dis que ce
n'est pas mot qui me suis obligé à être ici ce soir. Mon
travail a été annoncé en Chambre ce matin, après la
période de questions, par le leader du gouvernement. Le leader du
gouvernement a dit que ce soir à 20 heures, on siégeait à
la commission de l'agriculture.
Or, je suis membre de la commission de l'agriculture, M. le
Président, vous me connaissez, je suis un homme à l'heure, je
suis un homme méticuleux, je suis un homme qui va faire son travail
quand il a son travail à faire et, après cela, je m'amuse. Il y a
un temps pour s'amuser et un temps pour travailler. Or, c'est le temps de
travailler pour corriger les projets de loi convenablement.
Qu'on vienne ensuite me dire qu'on est ici pour s'amuser, c'est faux, M.
le Président; qu'on est ici parce qu'on est irresponsable, c'est faux,
M. le Président. Sans cela, il y a des projets de loi qui n'auraient pas
été reçus, si on n'avait pas été
responsables.
Ce n'est pas ma faute si le gouvernement a voulu aller dans des
dédales alors que tout le monde le lui déconseillait. Nous sommes
devant un projet de loi où, au fur et à mesure qu'on avance, on
découvre des " trous. C'est dans ce sens qu'on demande de le corriger et
de participer à la correction demandée par ce même parti
actuellement au pouvoir alors qu'il était dans l'Opposition...
Je m'en souviendrai toujours, M. le Président, à tous les
articles, les amendements, les sous-amendements, les alinéas, les
paragraphes... On a le droit d'étudier paragraphe par paragraphe; on l'a
fait lorsqu'on a étudié l'article 1 qui contenait les articles 12
à 21.
Je dois vous dire, M. le Président, que nous avions le droit de
le faire. La question que posait le député Noël
Saint-Germain à l'époque, c'est: Mme la ministre, pouvez-vous
nous dire - il s'assoyait tranquillement -quelle est la philosophie qui
sous-tend votre article, votre motion d'amendement ou votre proposition
principale?
Ce n'est pas cela qu'on fait. On dit: M. le ministre, mettez donc dans
la loi ce que vous disiez lorsque vous étiez dans l'Opposition. Mettez
donc dans la loi la façon dont vous le voyiez alors que vous
étiez dans l'Opposition. Pourquoi, maintenant que vous êtes au
pouvoir, ne le mettez-vous pas du tout?
Je suis abasourdi par le fait que le ministre nous accuse de toutes
sortes de choses alors que tout ce qu'on veut, c'est de perfectionner le projet
de loi pour qu'il soit
le meilleur possible, le plus parfait possible. Des voix: ...
Le Président (M. Houde): Je demandais...
M. Jolivet: Est-ce qu'il est membre de la commission, M. le
Président?
Le Président (M. Houde): Ce n'est pas cela. M. le
député de Lévis parle avec l'autre et je leur ai dit: Si
vous voulez parler, parlez, mais en dehors de cette commission, s'il vous
plaît! Le député de Laviolette, s'il vous plaît:
M. Garon: Est-ce qu'on pourrait vérifier quels sont les
membres de la commission pour ce soir...
Le Président (M. Houde): La question n'est pas là,
monsieur.
M. Garon: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, cela a été fait. Cela a été
appelé. Ils ont tous le droit d'être ici, sauf que je demande,
autant au député de Lévis qu'aux députés
d'en face, de ne pas parler quand M. le député de Laviolette
parle. C'est pour cela que je demande cela, tout simplement.
M. Pagé: M. le Président, c'est très clair
que tout député peut assister à une commission
parlementaire, sauf que, dans le cas qui nous occupe, le député
de Lévis cause avec le député de Matapédia qui est
député, mais qui n'est pas membre de la commission parlementaire.
Le fait que le député de Lévis cause avec un autre
collègue témoigne très clairement du
désintéressement qu'il manifeste envers le député
de Laviolette!
Le Président (M. Houde): M. le député de
Laviolette, s'il vous plaît, à vous la parole. Je vous la donne
à nouveau.
M. Jolivet: Juste un instant, M. le Président, je veux
clarifier quelque chose. Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas d'objection
à ce qu'il soit là. J'avais demandé d'abord qu'il
n'intervienne pas et, deuxièmement, il n'a ni droit de parole, ni droit
de vote. Alors...
Le Président (M. Houde): M. le député de
Laviolette, le député de Lévis parlait avec l'autre en
face. Donc, je demande de ne pas parler. C'est tout simplement cela que j'ai
demandé. Je vous donne la parole. C'est à vous, la parole, Alors,
prenez-la.
M. Jolivet: Je le sais bien, M. le Président. Je ne veux
pas que vous vous choquiez. Simplement, ce que je vous dis...
Le Président (M. Houde): Je ne me choque pas. C'est parce
que...
M. Jolivet: ...c'est que ces deux personnes ne parlent pas. Je ne
parlais ni de l'un ni de l'autre.
Le Président (M. Houde): C'est cela.
J'ai juste renchéri sur ce que vous avez pensé tout bas,
je l'ai dit tout haut. Continuez, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Je dois vous rappeler que ce qui a été
dit en Chambre, que ce soit par le député de Maskinongé
à l'époque, que ce soit par le député de
Brome-Missisquoi, que ce soit par le député... Je ne me souviens
pas du nom de son comté. Je crois que c'était Jacques-Cartier,
mais le député, c'est M. Noël Saint-Germain. Ils disaient
des choses semblables.
On ne fait que répéter maintenant à notre tour ce
qu'ils nous disaient, parce que, s'ils ont dit de telles choses, c'est qu'ils y
croyaient à ces choses. S'ils croyaient à ces choses, pourquoi ne
pas les mettre en pratique maintenant?
Il y a un parallèle à ce que je vous dis, M. le
Président, qui est évident. C'est qu'ils ont parlé
longuement, ces gens - le député de Portneuf a été
un de ceux-là - sur l'ensemble de la réglementation. Ce qui est
arrivé, c'est que le député et ministre responsable de la
Justice, le Procureur général, a présenté au mois
de juin 1986 un projet de loi qui s'est intitulé le projet de loi 12,
qui a été adopté le 19 juin 1986 et qui indique de quelle
façon on doit procéder dans la question des règlements. De
la même façon, le ministre délégué aux
Forêts nous a donné le synopsis prévu dans la loi sur les
règlements. Ce que nous disons, c'est mettez donc en pratique ce que
vous disiez lorsque vous étiez dans l'Opposition. Organisez-vous donc
pour nous le dire maintenant, puisque vous y croyiez à l'époque;
sinon, on va penser que vous avez plutôt fait du fla-fla à
l'époque. Vous n'aviez pas le langage que vous avez aujourd'hui, qui est
l'inverse de ce que vous avez toujours dit.
M. le Président, je vous l'indique bien honnêtement. Mon
collègue a l'intention de présenter un amendement que je vais
certainement appuyer et même commenter parce que, effectivement, nous
allons voir si vous êtes capables de maintenir la même assertion
que lorsque vous étiez membres de l'Opposition.
Allez-vous mettre dans les lois ce que vous vouliez faire à
l'époque, c'est-à-dire instaurer un recours autre qu'à un
tribunal administratif ou devant la même personne, qu'elle soit
fonctionnaire ou ministre? Lorsqu'une personne prend une décision,
croyez-vous, M. le Président, comme ils nous le disaient à
l'époque, qu'elle est capable de changer cette décision quand la
demande de révision vient devant elle? Que font les personnes
bénéficiaires de l'aide sociale qui sont lésées?
Vous en avez continuellement; que font-elles? Elles présentent une
demande de révision au bureau régional. Si cela ne marche pas,
elles vont devant la Commission des affaires sociales, mais ce ne sont jamais
les mêmes personnes qui, en cours de route, prennent la décision.
Donc, il n'y a pas de danger que la personne veuille se convaincre qu'elle
avait raison précédemment en gardant la même position.
Êtes-vous un être humain comme tout le monde? Je pense que
oui. Si vous avez pris une décision et que vous croyez qu'elle est
juste, allez-vous la changer parce que quelqu'un essaie de vous intimider ou de
vous faire peur ou autre chose? Bien non! M. le Président,
j'espère que nonl C'est la même chose. Le fonctionnaire qui a pris
une décision, s'il l'a prise avec toute la connaissance de la cause le
plus honnêtement possible, selon ce qu'il croit, selon ce que le
règlement prévoit et selon la façon dont l'administration
du projet de loi le permet, est-ce qu'il va la changer du jour au lendemain?
Bien non! Cette personne ne changera pas, elle va plutôt garder la
position qu'elle avait déjà prise, tandis que, si c'est possible
de se présenter devant une autre instance, celle-ci va certainement
regarder l'ensemble du dossier d'un autre oeil et voir si on ne s'est pas
trompé.
Je vais vous donner un exemple, M. le Président. Il s'agit d'une
personne handicapée physiquement, en chaise roulante, incapable de se
mouvoir toute seule autrement qu'en chaise roulante. Cet homme avait une amie
et celle-ci était la seule personne qui voulait le garder chez elle pour
lui venir en aide et on a voulu lui couper l'aide sociale. Ils sont
allés devant le comité de révision; cela a
été refusé, même si c'était une instance
différente; ils sont allés devant la Commission des affaires
sociales et le juge a dit: Coudon! Servez-vous de votre tête! La seule
chose dont le gars est capable de se servir est en haut de la ceinture; donc,
il y a certainement des choses qui ne peuvent pas être faites. En
conséquence, on ne peut pas établir que ces deux personnes, de
sexe opposé, font une vie maritale. Dans ce contexte, le juge a
donné raison à la personne. C'est drôle à dire! Mais
si cela avait été le fonctionnaire, il aurait appliqué
bêtement le règlement et je ne pouvais l'empêcher de
l'appliquer; c'est normal, il appliquait la loi comme telle. En
conséquence, la personne, en allant devant une instance
supérieure s'est vu conférer un droit qu'elle prétendait
avoir depuis le début, mais, M. le Président, il a fallu lui
venir en aide de différentes façons à cette personne
pendant un an pour qu'elle vive convenablement: Projets Canada par ci, projets
Québec au travail, simplement pour lui permettre de vivre convenablement
en attendant que la décision soit rendue.
Je pense que c'est ce que mon collègue dit au Parti
libéral: Vous avez dit ces choses dans le passé. Pourquoi,
aujourd'hui, changez-vous d'idée? Pourquoi ne mettez-vous pas dans la
loi ce que vous avez dit? Parce que vous êtes conseillés par des
personnes qui, elles, croient dur comme fer que cela doit être comme cela
et qu'il faut le laisser comme cela. Apparemment, c'est cela, le
problème. (21 h 30)
En conséquence, M. le Président, je termine en
réitérant à mon collègue de Lévis mon appui
le plus total à un amendement qu'il a promis de livrer à cette
commission au moment où j'aurai terminé mon intervention.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Lévis.
M. Pagé: L'article est-il adopté, M. le
Président?
M. Jolivet: Non, monsieur. M. le député de
Lévis a la parole.
M. Pagé: M. le Président, M. le député de
Lévis n'est pas ici.
Le Président (M. Forget): C'est tout, M. le
député de Laviolette?
M. Jolivet: À moins que le ministre ne veuille prendre son
droit...
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Forget): M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, j'ai indiqué tout
à l'heure que je n'avais pas l'intention de m'associer a la
démarche de l'Opposition visant strictement à passer du temps sur
cette loi pour en refuser une autre.
M. Garon: M. le Président, je veux apporter un amendement
à l'article 7 qui se lira de la façon suivante: Ajouter au
deuxième alinéa: l'article 55.35 de cette loi,
édicté par l'article 17 du chapitre 53 des lois de 1986, est
modifié en remplaçant, à la troisième ligne du
premier alinéa, les mots "sur toute question" par les mots "tant sur une
question de fait,".
Cela veut dire à ce moment-là...
Le Président (M. Forget): Alors, d'accord. C'est
recevable. Le député de Lévis a la parole pour 20 minutes
sur
l'amendement.
M. Garon: M. le Président, cela vaut la peine. Ce n'est
pas une affaire à peu près. Voici pourquoi je présente cet
amendement et vous allez comprendre facilement. Si les gens ne veulent pas
penser d'une façon fanatique et partisane, Us se rendront compte
à quel point c'est important.
Auparavant, pour évaluer les étalons, il y avait le
Comité de surveillance des étalons composé de cinq
personnes. Il y avait trois personnes de l'industrie privée qui
étaient des spécialistes de l'élevage; il y avait Paul
Couture, qui est un des grands éleveurs au Québec; Pierre
Lévesque, qui est aussi un des grands éleveurs au Québec;
Francine Cousineau, de Montmagny, c'est une agronome qui a fini son cours de
vétérinaire, en 4e année, qui sera donc agronome et
vétérinaire; Yves Bernatchez, un avocat qui fut pendant plusieurs
années président de la Société des éleveurs
de chevaux canadiens et le Dr Yvan Rouleau, secrétaire, qui est le
directeur du service de la santé animale au ministère de
l'Agriculture.
Quand les gens demandaient pour faire évaluer leur
étalon... Il y a des conséquences très importantes
à l'élevage des étalons parce que, lorsque vous faites
classer un étalon, il y a deux choses: ou bien il passe le classement ou
bien il ne le passe pas. À ce moment-là il n'y a pas de permis
pour inséminer ou pour l'accoupler avec une jument, mais s'il passe, il
a tant de points.
Supposons que la grille est sur 100 points, vous pouvez passer avec 60,
70, 80, 90 ou 95 points, selon les 89 critères établis pour
examiner l'étalon. Selon que vous avez telle ou telle classification, si
votre étalon ne passe pas, il ne peut s'accoupler avec une jument et sa
valeur est considérablement diminuée. Selon que vous avez
également 50 points - soit le seuil de passage pour la classification de
l'étalon - ou que vous avez 70, 80, 90 points, votre cheval peut valoir
tant ou tant et chaque accouplement peut valoir 50 $, 100 $ ou 200 $, mais peut
aussi valoir 1000 $ ou 1500 $, selon la classification de votre étalon.
Cela veut dire que le revenu pour le propriétaire de l'étalon
sera petit, moyen ou très grand, selon la classification de
l'étalon. Quand il y avait un système de classification avec
comité de surveillance, il y avait un comité de cinq personnes
qui qualifiaient le cheval et il y avait aussi la possibilité de
révision devant le comité. Là, ce n'est plus cela qu'il va
y avoir à l'avenir. Il y aura un seul fonctionnaire qui évaluera
l'étalon et, selon l'évaluation du fonctionnaire, votre
étalon aura une valeur considérablement différente. C'est
plutôt trop maigre qu'il n'est pas bon.
Une voix: Trop gras?
M. Garon: Non. C'est habituellement meilleur. Si vous allez dans
un centre d'insémination artificielle - vous n'en avez jamais
visité - vous verrez que, dans la catégorie des grands animaux,
les animaux sont rarement maigres.
M. Jolivet: Ce n'est pas un coq.
M. Garon: II ne s'agit pas d'un coq. De toute façon, ce
n'est pas la question que l'on évalue. La valeur de l'animal va
être complètement différente. Cela veut dire qu'il faut
essayer de protéger la personne. Je peux vous dire une choses quand les
éleveurs de chevaux vont savoir que, maintenant, au point de vue de
l'évaluation de leurs chevaux, il passe seulement un fonctionnaire, que
la révision est faite seulement par un fonctionnaire et qu'il n'y a pas
de droit d'appel, il y en a qui vont se trouver en danger. C'est une
évaluation, vous savez... Vous regarderez les 89 critères. Cela
représente un grand nombre de critères. L'évaluation, on
sait à quel point, dans le domaine animal, c'est important. Il doit y
avoir des façons de faire des révisions, d'évaluer les
choses.
Je vous dirai ceci: II y a une première instance, une
deuxième instance qui est toujours devant le ministre. Ce que je propose
essentiellement, c'est un droit d'appel qu'a revendiqué à
plusieurs reprises le Parti libéral. Je veux vous faire la preuve que
c'est tellement vrai que la ministre des Affaires culturelles, dans le projet
de loi MO, introduit la mesure que je propose, avec le Parti libéral
lui-même. Je vous dirai, par exemple, qu'à l'article 6 de la loi
140 qui a été déposée devant le Parlement par la
ministre des Affaires culturelles, la Loi modifiant la Charte de la langue
française, on dit: Les articles 155 et 156 de la charte sont
remplacés par les suivants: "155. Toute entreprise à qui l'office
a refusé un certificat de francisation ou dont le certificat a
été suspendu ou annulé peut interjeter appel devant la
Cour provinciale."
Mme Pelchat: Vous êtes d'accord avec cela?
M. Garon: C'est la philosophie du Parti libéral...
Mme Pelchat: Vous êtes d'accord avec cet article?
M. Garon: ...de donner un droit qui est représenté.
Au moins, je saurai gré à Mme Bacon de redire la même
chose, une fois au gouvernement, que ce qu'elle disait lorsqu'elle était
dans l'Opposition. Seulement pour se faire refuser, remarquez bien: Le refus
d'un certificat de francisation dont le certificat a été suspendu
ou annulé... Alors
que l'on donne un plein droit d'appel maintenant devant la Cour
provinciale, dans le cas du Comité de surveillance des étalons,
je sais à quel point, traditionnellement, le Parti libéral a
considéré avec mépris le monde agricole...
M. Paradis (Matapédia): Ah non!
M. Garon: M. le Président, le député de
Matapédia n'est pas membre de la commission. Je n'ai pas l'intention
d'être interrompu. S'il a été trop longtemps "sur le party"
en haut, je vais lui dire d'y retourner. J'ai l'intention d'avoir mon plein
droit de parole sans me faire écoeurer par qui que ce soit.
Le Président (M. Houde): Oui, Mme la
députée.
Mme Pelchat: M. le Président, je pense que l'on pourrait
revenir à la pertinence du sujet.
Le Président (M. Houde): D'accord. Je n'étais pas
ici tantôt. Je vous donne la parole.
M. Garon: M. le Président, je veux vous dire que je n'ai
pas l'intention de me faire achaler par des gens qui ont fêté un
bout de temps en haut et qui descendent faire un petit tour. Avant de
siéger, ce soir, j'ai demandé au leader de l'Opposition si on
allait pouvoir siéger avec des gens à jeun. Il m'a donné
l'assurance qu'il y a eu entente avec les leaders sur cette question.
J'espère qu'il va en rester ainsi.
M. Paradis (Matapédia): Faites venir la balloune!
M. Pagé: M. le Président, je n'ai jamais
entendu...
M. Paradis (Matapédia): On verra lequel des deux...
M. Garon: Faites-la venir! Je n'ai pas pris une goutte de boisson
de la journée.
M. Pagé: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Houde): Un instant, M. le ministre.
M. Paradis (Matapédia): Vous allez prendre vos petites
bières en bas et...
M. Garon: Non.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Matapédia, s'il vous plaît!
M. Pagé: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Houde): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Garon: M. le Président, si on est pour se faire
insulter, je vais me retirer.
Le Président (M. Houde): Non, j'ai demandé le
silence.
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Je vous demanderais de rappeler le
député de Lévis à l'ordre. Je n'ai jamais entendu
un propos aussi discutable. C'est tout à fait "unfair" dans notre
processus parlementaire. Je n'accepte pas le propos...
M. Garon: M. le député de Portneuf, vous
n'étiez même pas là. Vous étiez en train de parler
en arrière.
M. Pagé: J'étais ici lorsque le
député de Lévis a dit des mots que je n'ose
répéter. Écoutez, cela n'a pas de bon sens! Dire qu'il
s'était enquis auprès de son leader pour voir si les
députés allaient être à jeun. Je comprends que vous
aviez un "party" de votre côté, que l'on a eu un "party" de notre
côté. Les députés sont des gens responsables, des
gens qui savent bien remplir leurs fonctions. Les gens qui sont ici, sont ici
pour travailler. C'est tout à fait bas et mesquin que de faire des
choses comme celle-là. Même votre propre parti ne l'accepterait
pas. Vos paroles ont très probablement dépassé votre
pensée. C'est ce que j'apprécierais que vous nous confirmiez.
Le Président (M. Houde): Un instant, oui.
M. Pagé: C'est ce que j'apprécierais que vous nous
confirmiez.
Le Président (M. Houde): D'accord. Merci, M. le ministre.
La parole est à vous, M. le député de Lévis.
M. Garon: J'ai demandé de faire respecter le
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Houde): Oui. Personne ne parle?
M. Pagé: M. le Président, dernier commentaire.
Concernant vos menaces de vous en aller, si vous voulez vous en aller,
allez-vous-en! Qu'est-ce que vous voulez que je fasse? Je ne vous attacherai
pas ici. Nos
députés sont prêts à travailler, eux.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. C'est
à vous, M. le député de Lévis. Que personne ne
parle. Je demande de garder le silence, s'il vous plaît! C'est à
vous la parole.
M. Garon: M. le Président, essentiellement, j'expliquais
que l'amendement que je propose est tellement plein de sens. Il va seulement
dans le sens que préconise le parti gouvernemental.
Le Président (M. Houde): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Pagé: M. le Président, dans un geste de
gentilhommerie, j'ai demandé au député de Lévis de
faire en sorte de nous confirmer que ses propos avaient dépassé
ses pensées.
M. Garon: Je dis exactement la vérité. Vous pouvez
le confirmer auprès du leader de l'Opposition. Étant donné
qu'il y avait un "party" au Parlementaire, j'ai demandé qu'on s'assure
que cela ne vire pas en foire la commission parlementaire ce soir.
M. Pagé: Les députés sont à jeun.
Est-ce que le député de Lévis veut dire qu'il y a des
députés autour de cette table qui ne sont pas à jeun? Si
vous voulez jouer sur les mots, ça se joue à deux. Est-ce que
vous voulez soutenir qu'il y a des députés autour de cette table
qui ne sont pas à jeun? Sinon, ayez au moins le courage de les
nommer.
M. Garon: On ne jouera pas au fou. J'ai dit...
M. Pagé: Non, non, on ne joue pas au fou.
M. Garon: ...que je n'avais pas l'intention de voir des
gens...
M. Pagé: Non, non, c'est beau, votre salissage. Si vous
croyez...
M. Garon: Vous, le spécialiste des films pornos, ne venez
pas parler de salissage, il n'y a personne qui a sali l'Assemblée
nationale comme vous.
Le Président (M. Houde): Un instant.
M. Pagé: M. le Président, le député
de Lévis est obnubilé par la pornographie. Je me demande
où se situent ses fantasmes. Je ne sais pas ce qui se passe. Est-ce que
le député de Lévis veut accuser des députés
du côté de cette Chambre de n'être pas à jeun? Si
c'est le cas, dites-le, sinon, M. le député de Lévis, ayez
au moins la gentilhommerie de dire que vos paroles ont dépassé
votre pensée.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis, à ce que je sache, je n'ai pas
d'ivressomètre, mais les gens semblent corrects à ma droite
autant qu'à ma gauche. Je vous donne la parole et je voudrais que vous
soyez dans le débat et dans la pertinence. Continuez.
M. Garon: Je suis sûrement dans la pertinence, M. le
Président.
Le Président (M. Houde): Tantôt, je n'étais
pas ici, c'est pour cela que je vous le demande.
M. Garon: Je suis dans la pertinence. Ce serait bon, si vous
décidez de présider, de ne pas vous faire remplacer à
toutes les minutes pour savoir ce qui se passe.
Le Président (M. Houde): J'avais des besoins, je les ai
pris. Je pense que c'est normal de le faire.
M. Garon: Je ne vous ai pas reproché cela.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lévis. Je les ai comblés, c'est-à-dire que je les ai
pris en même temps que je les ai comblés. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je disais essentiellement que le projet de loi 140, Loi
modifiant la Charte de la langue française, introduit exactement le
même type de proposition que celle que je propose à cet amendement
pour l'évaluation des étalons, dans le droit à l'appel qui
a été préconisé par la ministre des Affaires
culturelles au point de vue de la Charte de la langue française.
L'article 155 qu'elle établit par son amendement à "l'article 6
se lira: Toute entreprise à qui l'office a refusé un certificat
de francisation ou dont le certificat a été suspendu ou
annulé peut interjeter appel devant la Cour provinciale.
Essentiellement, cela veut dire qu'elle peut interjeter appel. Comme cela n'est
pas spécifié, cela veut dire sous toute question de fait, de
droit ou de compétence. À ce moment, j'ai présenté
cet amendement exactement dans le même sens. Actuellement, si on donne un
pouvoir exorbitant à un fonctionnaire avec un droit de révision
devant le ministre sans que l'instance soit modifiée pour faire la
révision ou l'appel, il s'agit de valeurs considérables et de
conséquences considérables pour l'éleveur qui verra son
étalon refusé ou son étalon évalué à
un niveau de pourcentage au-dessous de sa valeur. Si le cheval a 75 ou 80
points alors qu'il vaut 60 points, il y a des conséquences importantes
pour le cheval. Si le cheval doit avoir 90 points et qu'il a 65
ou 70 points, ce sont des centaines de dollars de moins par accouplement
qui sont en cause. Je ne sais pas le nombre de fois qu'un étalon peut
s'accoupler - c'est, je pense bien, selon la demande pour cet étalon ou
encore la mise en marché que fait le propriétaire de
l'étalon - mais cela peut représenter plusieurs milliers de
dollars dans l'année et, dans le cas de très bons étalons,
sans doute plusieurs dizaines de milliers de dollars par année. Le Parti
libéral, lorsque nous avions des commissions parlementaires sur la
Commission de protection du territoire agricole, pour une question de terrain
-remarquez, bien des fois, pour bâtir une maison dans un rang le terrain
n'a pas nécessairement une grande valeur en dollars - pour un terrain
qui peut avoir 25 000, 30 000 ou 40 000 pieds carrés, exigeait,
souhaitait et revendiquait qu'il y ait une véritable révision
devant un organisme différent, une autre instance. (21 h 45)
Ici, nous avons passé au moins des dizaines d'heures, sinon
davantage, en commission parlementaire, à l'Assemblée nationale
parce que le Parti libéral estimait qu'il devrait y avoir un
véritable droit d'appel ou un véritable droit de révision
pour qu'il y ait justice pour ceux qui allaient devant ce tribunal ou cette
commission. Dans ce cas-ci, le ministre fait disparaître le comité
de surveillance des étalons composé de cinq personnes et on se
retrouve devant le ministre qui, lui, va décider de l'évaluation
de l'étalon. Mais cela a des conséquences considérables au
point de vue de la valeur pour l'éleveur, il y a également des
conséquences si le cheval est mal classé ou n'est pas
classé du tout. C'est pourquoi il est inadmissible que l'éleveur,
le propriétaire de l'étalon soit obligé de passer devant
la même instance, où, là, il n'y aura plus
d'éleveurs experts, mai3 où il y aura un fonctionnaire
nommé par le ministre, qui viendra déterminer la valeur d'un
cheval et qui n'aura peut-être pas la même expertise que si
celle-ci était assurée par un comité. Le ministre pourra
sans doute penser à d'autres formules que celle que j'ai
présentée. Il serait imaginable, par exemple, que la
révision se fasse devant le Comité de surveillance des
étalons que le ministre veut abolir. Si le cheval était
classé par un ou deux fonctionnaires en première instance, et que
l'éleveur n'était pas satisfait, il pourrait aller devant le
Comité de surveillance des étalons, qui serait l'instance
d'appel. À ce moment-là, le ministre n'aurait pas eu besoin
d'abolir le Comité de surveillance des étalons et de lui donner
une fonction différente qui aurait pu être une fonction de
révision dans le cas où les gens demanderaient d'avoir une
révision de la décision du ministre ou de son fonctionnaire.
M. le Président, si je présente cet amendement, ce n'est
pas pour étirer le temps, comme pense le ministre, mais c'est parce que
je suis convaincu que c'est une erreur que de structurer l'évaluation et
de remettre une responsabilité aussi grande à un seul
fonctionnaire, lorsqu'il s'agit d'un montant considérable d'argent pour
lequel les gens n'auront pas droit d'appel. Au gouvernement, même devant
les tribunaux administratifs, il est très rare que, pour des questions
pécuniaires aussi importantes, il n'y ait pas au moins une
révision ou un appel qui ait une certaine ressemblance avec une
véritable révision et un véritable appel, car,
actuellement, il n'y a aucune possibilité d'appel, aucune
possibilité de révision, sauf devant la première
instance.
S'il arrivait, par exemple - ce qui peut arriver dans le cours des
choses - que la personne qui évalue le cheval n'aime pas le
propriétaire du cheval - cela peut arriver - à ce
moment-là, la personne n'aura pas de révision, à toutes
fins utiles. Je me rappelle avoir été, il y a quelques
années, dans un territoire du Québec. J'avais demandé
-parce que j'avais le sentiment que le fonctionnaire était un personnage
agréable -aux personnes qui étaient là ce qu'elles
pensaient du fonctionnaire. Personne n'avait rien dit; tout le monde avait
souri ou dit des bonnes paroles. Mais, quelques minutes plus tard, rendu un peu
plus loin, une fois le groupe dispersé et que le fonctionnaire
n'était pas là, quelqu'un m'a dit: Vous ne devriez pas demander
cela devant tous les gens qui dépendent de ce fonctionnaire, parce
qu'ils vont toujours dire qu'ils sont contents parce que vous, vous allez
partir et on ne vous reverra peut-être pas avant un an, mais nous autres,
on va être obligés de vivre avec le fonctionnaire en question, qui
a des pouvoirs de décision considérables. Ce que je dis dans ce
cas-là, c'est que, devant la personne qui va donner les permis et qui va
évaluer les étalons, il n'y aura sans doute pas 50 personnes qui
vont faire ce travail. Il y aura sans doute... Le ministre nous disait
qu'actuellement il y a deux fonctionnaires. À ce moment, la
possibilité d'appel est très restreinte. C'est pourquoi j'ai
proposé, en toute bonne foi, un appel comme celui que les
libéraux ont installé, que le Parti libéral a
installé dans le projet de loi 140. Je me suis dit qu'ils doivent
être d'accord avec cela, puisque eux-mêmes font ce genre de
proposition au cas où il pourrait y avoir refus d'un certificat de
francisation ou dans le cas où le certificat aurait été
suspendu ou annulé.
On dit que l'entreprise à qui l'office a refusé un
certificat de francisation ou dont le certificat a été
refusé ou annulé peut interjeter appel devant la Cour
provinciale. Il me semble que, si c'est bon pour des cas comme ceux-là,
qui sont importants, l'appel que je propose devant la Cour provinciale,
dans les mêmes circonstances, est une proposition qui est
acceptable pour le Parti libéral, si on ne veut pas refuser toute
proposition. Le député de Laviolette disait tantôt qu'il va
dans d'autres commissions parlementaires où les ministres acceptent
facilement des amendements à des projets, quand ils se rendent compte
qu'ils ont fait une erreur ou que ce qu'ils ont fait est moins bon que ce qui
est proposé.
J'ai assisté à un bout de commission parlementaire
où siège le ministre des Transports, lorsqu'on étudiait
son projet de loi sur la sécurité. Il y a eu plusieurs
amendements. Dans l'étude qui a été faite de bonne foi, il
y a des amendements qui sont venus de l'Opposition, mais plusieurs amendements
sont venus du ministre souvent après discussion entre l'Opposition et le
gouvernement sur des articles et des propositions ont été faites.
Je dois vous dire que, pour des projets de loi privés, par exemple,
où je siégeais avec le ministre des Finances, il y avait un
problème et j'ai proposé un amendement pour mieux faire respecter
les droits d'un groupe d'Italiens de la Maison d'Italie. Vous pouvez
vérifier facilement. J'ai demandé à la personne qui
m'accompagnait de téléphoner là-bas pour savoir s'ils
n'aimaient pas mieux telle disposition. Ensuite, le débat qu'il y a eu
entre le ministre des Finances et moi était de savoir qui ferait
l'amendement, parce qu'on était d'accord tous les deux. On se rendait
compte que c'était préférable qu'il y ait un amendement
pour que les lois soient mieux respectées.
Demain, je pense qu'on va étudier plusieurs projets de loi
privés et il y a certains points où il y aura des discussions.
J'en connais un où on va peut-être discuter d'une proposition et
j'ai l'impression qu'elle pourra être acceptée, non seulement par
le ministre qui va être là, mais aussi par les
représentants.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, la pertinence, s'il vous plaît:
M. Garon: Je suis en pleine pertinence...
Le Président (M. Houde): Je ne suis pas
sévère, mais il faudrait toujours bien...
M. Garon: ...j'explique des amendements à des projets de
loi.
Le Président (M. Houde): Oui, on n'est pas rendu en
Haïti, là!
M. Garon: Non. Mais c'est vous qui lisez les dépliants de
voyage.
Le Président (M. Houde): Non, c'est mon salaire que je
suis après regarder, les déductions.
M. Garon: M. le Président, ce que je veux dire simplement,
c'est que, dans les différentes commissions parlementaires, il y a des
ministres qui sont ouverts à accepter des règlements et qui
voient des possibilités d'accepter des amendements qui, selon eux,
bonifient un projet de loi. En l'occurrence, le ministre a fait un oubli. Il
fait disparaître le Comité de surveillance des étalons,
alors que cela aurait été sans doute, s'il faisait ce qu'il
voulait faire, une bonne idée, quand on le voit sous cet aspect, que le
Comité de surveillance des étalons puisse devenir une instance
d'appel ou de révision après la décision d'un
fonctionnaire du ministère ou du ministre représenté par
son fonctionnaire; si quelqu'un n'était pas satisfait, qu'il puisse en
appeler de la décision devant le Comité de surveillance des
étalons, un comité composé d'autres personnes où ne
siégerait pas celui qui a rendu la première décision. Cela
aurait quelque chose de valable, à mon avis. Mais, comme ce n'est pas
proposé et que cela suppose un aménagement dans la loi qui n'a
pas été prévu, je propose cet amendement pour qu'au moins
il y ait un véritable droit d'appel pour ceux qui auront vu leur animal,
leur étalon mal évalué ou encore
sous-évalué, à leur avis.
Le ministre, qui a étudié le droit mais qui ne l'a pas
beaucoup pratiqué ou qui ne l'a pas pratiqué du tout, sait qu'une
des règles du droit, c'est qu'il est important qu'il y ait droit, mais
qu'il y ait aussi apparence de droit. Quand les gens pensent qu'il n'y a pas
apparence de droit... I! sera très facile de constater...
Le Président (M. Houde): En terminant, M. le
député de Lévis.
M. Garon: ...qu'il n'y a pas apparence de droit, quand il n'y a
aucune forme de révision prévue dans le projet de loi. D'aucune
façon, une forme de révision n'est prévue dans ce projet
de loi, alors que ce qui va être décidé par le
fonctionnaire du ministre - par le ministre lui-même, je ne le pense pas
- ce seront des décisions très onéreuses, très
importantes pour les propriétaires de l'étalon ou des
étalons.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lévis. M. le député de Laviolette, est-ce que vous
voulez parler sur l'amendement?
M. Pagé: M. le Président, un seul commentaire. La
plaidoirie du député de Lévis a été
tellement malhabile que l'on va voter contre.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. Est-ce que
vous voulez parler sur
l'amendement, M. le député de Laviolette? À vous la
parole.
M. Jolivet: M. le Président, comme le disait mon
collègue de Lévis, j'ai eu l'occasion d'assister à
plusieurs commissions parlementaires. Pas plus tard qu'hier, il y a eu une
discussion à la commission de la santé, que l'on appelle
maintenant la commission des affaires sociales, sur l'adoption internationale.
Vous allez voir pourquoi je parle de cela. Justement, c'est parce que je parle
du Barreau. À l'intérieur de la loi, il y avait un
règlement que le ministre voulait faire adopter avec la
possibilité, plus tard, d'aller en commission parlementaire pour
entendre des groupes, tel le Barreau ou d'autres groupes.
Une argumentation a été apportée par le Barreau
disant que la loi, telle que présentée, comportait des
problèmes quant à son application. La ministre, dans ce cas,
s'arrogeait des droits qui, normalement, reviennent à d'autres instances
que le Conseil des ministres ou que le cabinet de la ministre. Je dois dire que
j'étais même surpris parce que le Barreau a envoyé une
longue lettre à la ministre dont l'Opposition avait copie, qui indiquait
justement cette relation qu'il devait y avoir entre la personne qui doit en
appeler d'une décision et une décision qui doit être prise
par un juge, pour éviter que, comme le disait mon collègue de
Lévis, si le droit avait été rendu, au moins l'apparence
de droit soit réelle.
Souvent, on dit: Si la justice est rendue, ce qui est important, c'est
que, au moins, il y ait apparence qu'elle soit rendue. Si on a l'impression
qu'il y a eu injustice dans la décision, les cours prévoient
qu'il y a des appels à d'autres instances que la première.
Personne ne nie cette chose. Je dois vous dire qu'effectivement c'est un des
arguments que le Parti libéral, à l'époque où il
était dans l'Opposition, utilisait en disant qu'il ne voyait pas comment
une personne qui avait déjà rendu un premier jugement, une
première décision, pouvait être celle devant laquelle la
décision suivante, en termes de révision ou d'appel, pouvait
être regardée.
Le Barreau disait: Le problème qu'il y a, c'est que la ministre
se met au-dessus de toute loi. Elle se met au-dessus de tout jugement. On
sentait, on n'avait pas l'impression que justice pouvait être rendue. Non
seulement la justice n'était pas rendue, mais, en plus, l'apparence de
justice n'existait même pas. Il me semble que ce n'est pas difficile de
dire: Écoutez, je ne l'avais pas vu quand j'ai soumis mon amendement. De
la façon dont la loi est révisée actuellement, j'aurais
dû y penser, j'aurais dû le faire.
Lors d'une autre commission parle- mentaire, la commission de
l'éducation, quant aux orientations et au financement des
universités, qu'est-ce que le ministre de l'Éducation a
dît? Il a dit une chose qui est bien simple: J'ai commis une erreur.
Comme je suis ministre, je n'ai qu'à continuer et il n'y a pas de
problème, je l'ai fait et c'est fini. Ce n'est pas cela que le ministre
a dit. Il a dit: J'ai commis une erreur en faisant telle promesse. Mon erreur
serait de tenir ma promesse. Ce serait perpétuer l'erreur que de tenir
ma promesse. Qu'est-ce qu'il a dit? Il a dit: Je vais reculer. Il a dit:
Écoutez, on avait dit que l'on gèlerait les frais de
scolarité. Je ne les gèlerai pas, on va les dégeler. Vous
savez ce qui s'est passé ensuite. Finalement, le premier ministre, en
Chambre, a décidé de passer outre à son ministre et de
dire: On tient notre promesse quand même. Donc, ce que le ministre de
l'Éducation disait n'a même pas été respecté
par son chef, c'est-à-dire qu'il a continué l'erreur qu'il avait
commise. (22 heures)
C'est cela, parfois, l'erreur ultime. C'est de ne pas reconnaître
l'erreur et, non seulement de ne pas la reconnaître, mais de la
perpétuer. Il y a un dicton qui dit: Tomber, c'est humain; se relever,
c'est divin. Il me semble que le ministre devrait regarder cela dans ce sens et
dire: Écoutez, c'est vrai que c'est humain d'avoir fait une erreur.
J'accepte mon erreur. Je vais la corriger en acceptant l'amendement que propose
mon collègue de Lévis. Si la proposition faite par mon
collègue de Lévis à titre d'amendement à l'article
55.35 était, prima facie, la première face... À
première vue, on se dit: Mon dieu, c'est vrai que cela n'a pas de bon
sens! Le député de Lévis erre même en droit ou le
député de Lévis donne quelque chose qui n'a pas de bon
sens. Je n'aurais même pas pensé à faire quelque
argumentation que ce soit. Je sais bien que mon collègue de Lévis
ne proposerait pas de telles choses, de telle sorte qu'il est évident
que j'appuie sa démarche. Je l'appuie d'autant plus que le Parti
libéral met un amendement du même genre dans un autre projet de
loi qui est devant l'Assemblée. Ce projet de loi n'est pas
étudié pour le moment et cela ne semble pas devoir être
appelé à l'adoption de son principe bientôt, mais qui
indiquait quand même la volonté de ce gouvernement de respecter ce
qu'il avait dit alors qu'il était dans l'Opposition. Pourquoi le
ministre de l'Agriculture s'entête-t-il plutôt, lui, à ne
pas reconnaître l'erreur qu'il a commise? Quand on regarde l'article
55.35 et qu'on regarde les mécanismes qui suivent, on dit: "peuvent
interjeter appel de la décision du ministre." Là, on
enlève, selon l'amendement proposé par le ministre: "ou du
Comité de surveillance des étalons selon le cas." Alors,
on interjette appel devant la Cour provinciale sur toute question de
droit et de compétence. Cela veut dire que, si on peut interjeter appel
sur toute question de droit ou de compétence, n'est pas inclus, dans le
projet de loi, l'amendement proposé par mon collègue qui dit
qu'il faut changer "sur toute question" par "sur toute question de fait, de
droit ou de compétence". On indique donc exactement ce que mon
collègue dit. Comment peut-on être sûr que la personne qui
est propriétaire de l'étalon, qui est - si vous vous en souvenez
- selon les amendements proposés dans le projet de loi...
Le Président (M. Houde): La parole est au
député de Laviolette.
M. Pagé: M. le Président, qu'est-ce qui arrive?
Constat d'incompétence, constat d'incapacité de continuer...
Le Président (M. Houde): Continuez, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je suis en train de vérifier auprès de
mon collègue, ce que je voulais...
Le Président (M. Houde): Est-ce que vous voulez le faire
adopter tout de suite, oui ou non?
M. Jolivet: Non.
M. Garon: Ce que je demandais tout simplement, c'est d'aller
faire une intervention à l'autre commission pour permettre, à
l'étude sur la Société des alcools du Québec...
C'est un sujet que j'ai...
M. Pagé: On n'a pas à entrer dans les confidences
entre les députés.
Le Président (M. Houde): Allez, M. le
député.
M. Jolivet: On n'a rien à cacher.
M. Garon: C'est le président qui l'a demandé. Vous
n'êtes pas obligé d'avoir une face à claques tout le temps
que vous vous présentez quelque part.
Le Président (M. Houde)s Je pense...
M. Pagé: M. le Président, qu'est-ce le
député de Lévis dit là?
Le Président (M. Houde): Une face à claques. Je
remets la parole au député de Laviolette. C'est lui qui
l'avait?
M. Pagé: ...le député de Lévis ne
pourrait pas embarquer.
M. Jolivet: En fait, M. le Président, tout le monde est en
train de me faire perdre le fil de ce que je suis en train de dire de
façon convenable. Je dis que...
Le Président (M. Houde): Je ne sais pas qui a perdu son
aiguille, mais de toute façon on va essayer de la retrouver.
M. Jolivet: Ne vous inquiétez pas. Ce que j'étais
en train de dire, c'est que mon collègue proposait un amendement
où, dans l'article 55.35, après "sur toute question", il
demandait d'ajouter "de fait, de droit ou de compétence". Ce que
j'étais en train de dire, c'est que nous nous retrouvons devant le fait
qu'une personne possède un étalon ou des étalons qui ont
des valeurs importantes pour elle, propriétaire de cet étalon, et
qui, en vertu des amendements que nous avons apportés au projet de
loi... Nous avons des amendements indiquant que le permis est émis au
nom du propriétaire de l'étalon et non pas à
l'étalon qui doit le présenter. Comme on s'en souvient, on en a
amplement discuté à la commission parlementaire. Je dois vous
dire que l'amendement proposé par mon collègue vient justement
permettre à cette personne de se défendre d'une décision -
je ne dis pas qu'elle serait arbitraire - mais je dis que la personne
propriétaire de l'étalon juge qu'elle est arbitraire et qu'elle
lui fait perdre, en vertu de la possibilité que l'étalon a de
faire de la reproduction, des montants essentiels à son commerce. D'un
autre côté, je dois dire, pour l'avoir évoqué
plusieurs fois à la commission parlementaire sur les forêts, le
projet de loi 150 que nous avons étudié, qu'on peut utiliser
l'article 1053 du Code civil pour se défendre si on juge avoir
été lésé dans ses droits.
Une chose est certaine, M. le Président, c'est que nous sommes
devant un amendement qui, à mon avis, devrait être reçu par
les membres de la commission. Il est essentiel de rendre non seulement justice,
mais de rendre au moins une apparence de justice de façon que les gens
sachent que le ministre - maintenant qu'il est au pouvoir et qu'il a la
capacité de le faire - est capable de proposer les amendements que son
parti politique a toujours voulu proposer lorsqu'il était membre de
l'Opposition. Cet amendement, à mon avis, devrait être inclus dans
le projet de loi pour montrer justement la bonne foi de ce gouvernement et pour
respecter les propositions qu'il a faite à l'époque où il
était dans l'Opposition. Il devrait mettre en pratique dans le projet de
loi - ce qu'il préconisait, maintenant qu'il est membre du
gouvernement.
Dans ces circonstances, M. le Président, je réitère
mon appui le plus total, le plus sincère envers mon collègue de
Lévis et je vous dis que je voterai en faveur de l'amendement tel que
proposé par le député de Lévis.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Laviolette. Est-ce qu'il y en d'autres qui veulent prendre la parole? M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: Je voulais seulement demander au député
de Laviolette s'il peut arriver à l'Opposition de faire des erreurs.
M. Jolivet: M. le Président, je dois dire qu'il est
évident que tout être humain, qu'il soit au pouvoir, qu'il soit
dans l'Opposition, qu'il occupe quelque fonction que ce soit, n'est exempt
d'erreurs. Si quequ'un, autour de la table, n'a jamais commis d'erreur dans sa
vie, qu'il lance la première pierre à l'autre.
M. Camden: M. le Président, je suis rassuré.
J'avais l'impression que c'était seulement de notre côté.
Évidemment, je vois que l'équilibre est assuré.
M. Jolivet: M. le Président, compte tenu que je n'ai pas
perdu mon droit de parole, je dois vous dire que, mon collègue de
Lotbinière a un argument qui ne me dérange pas du tout. Je n'ai
jamais, dans mes propos, dit que les gens se trompaient. La preuve la plus
évidente, je l'ai dit tout bonnement: Le ministre de l'Éducation
a été ici avec moi pendant toute la journée, depuis la
période de questions, et nous avons eu des discussions franches et
honnêtes en ce qui concerne la loi...
Une voix: ...
M. Jolivet: Non, non. Le député m'a ouvert la porte
et j'utilise mon droit de parole en deux, trois ou quatre parties, si je le
désire. Ses propos m'incitent à vous dire que j'ai eu à
travailler sur d'autres projets de loi: le projet de loi sur les forêts,
le projet de loi concernant les soins dentaires et le projet de loi 142. On a
dit que, sur certains points, le ministre délégué aux
Forêts avait de très belles choses. Je l'ai même
félicité, je l'ai même encouragé. Je lui ai
même dit que j'étais prêt à défendre avec lui
ce qu'il proposait. Je vous donne en particulier l'exemple des phytocides.
Alors, qu'on ne vienne pas me dire que je ne suis pas capable de
reconnaître qu'il y a des choses convenables de faites de l'autre bord!
Tout le monde qui me connaît sait que je suis un homme capable de faire
le partage des choses. Mais quand je constate que, pendant dix ans, on a
rappelé la même chose, on a toujours dit la même chose et
quand on est rendu au pouvoir on ne le met pas en pratique, bien, je vais
répéter au député de Lotbinière ce que j'ai
répété à l'ineffable député de
Taschereau et à l'ineffable député de Saint-Hyacinthe dans
d'autres commissions parlementaires: Ce n'est pas parce qu'on a commis des
erreurs que vous êtes obligés d'en commettre. Vous nous dites
depuis longtemps: Vous avez commis des erreurs, puis on vous a mis à la
porte. Bien, de grâce, ne commettez pas les mêmes erreurs! On vous
conseille de ne pas le faire parce que vous allez être mis à la
porte, ce ne sera pas long.
Dans ce contexte-là, M. le député de
Lotbinière, vous devrez comprendre que ma proposition est bien simple.
Dans ce cas-ci, nous croyons que le ministre s'est trompé. Je dois dire
que le ministre de l'Éducation l'a lui-même accepté dans
d'autres cas. Cela n'a fait mal à personne. H l'a accepté et il a
dit: Maintenant, je vais essayer de corriger. Alors, M. le député
de Lotbinière, votre propos ne me dérange aucunement parce que,
effectivement, je pense que, comme être humain et comme membre de
l'Opposition, je peux me tromper. Je pense aussi que le ministre, comme
être humain et comme membre du gouvernement, peut se tromper. Maintenant,
je dis: Essayons de se tromper le moins possible et essayons de faire en sorte
que l'amendement proposé par mon collègue de Lévis soit
mis en pratique, parce que c'est exactement ce que le ministre, quand il
était dans l'Opposition, nous disait à nous, membres du
gouvernement, qui sommes maintenant dans l'Opposition. Donc, je ne vois pas en
quoi je serais insulté de vos propos. Au contraire, je trouve tout a
fait normal que vous les ayez eus. J'ai pris le temps de vous dire que nous
sommes des êtres humains au même titre que tout le monde et que des
erreurs peuvent être commises de part et d'autre.
M. Camden: M. le Président, je n'ai rien prétendu,
je ne faisais que poser une question.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Laviolette et M. le député de Lotbinière.
M. Jolivet: Vous avez quand même été
soulagé.
Le Président (M. Houde): Y en a-t-il d'autres qui veulent
parler sur l'amendement du député de Lévis? Oui, M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Je vais prendre
mon droit de parole sur cet amendement qui, en réalité, est un
amendement pour rendre justice de façon plus percutante aux gens qui ont
demandé que leur étalon soit jugé. L'article actuellement
se lit comme suit, M. le Président: "Peuvent interjeter appel de la
décision du ministre ou du Comité de surveillance des
étalons selon le cas, devant la Cour provinciale, sur toute question
de
droit ou de compétence..."
L'ancien ministre de l'Agriculture, qui connaît très bien
la race chevaline, autant les alezans que les percherons, a fait ajouter: "sur
la question de fait - avant de droit - pour juger de façon... J'ajoute
percutante. Je l'ai dit au début, mais je trouve que c'est un adjectif
qui sied bien à la conversation que nous tenons. Après que les 89
critères d'évaluation de l'étalon ont été
étalés, il est normal qu'il n'y ait pas... S'il y avait deux ou
trois juges qui jugeaient cela, je suis persuadé que les trois juges,
que la trilogie juridique ne rendrait pas exactement le même pointage,
quoique les trois jugeraient la même bête. Ce n'est pas bête
en soi, c'est ainsi que les choses sont faites. Les critères de base
sont faits, qui que ce soit qui ait à les faire, par nos qualités
personnelles et, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, nous avons des
critères de beauté ou des critères d'appréciation,
ou des critères d'acceptation des états de fait d'une bête
qui peut se retrouver devant nous, avec nos préjugés. Même
si on essaie d'en faire abstraction, c'est strictement impossible de faire
abstraction de nos préjugés. Ici, il y a une table qui est
divisée en deux. Prenons un exemple concret, pour faire analogie, entre
ce que nous faisons actuellement et le geste que nous pourrions tous,
éventuellement, poser sur le jugement d'un étalon, de ses
qualités. D'un côté ou de l'autre de la table, si la
bête nous arrivait. Si on demandait au président de nous permettre
d'entrouvrir ces deux portes à l'autre bout et de nous amener la plus
belle bête du monde, crinière au vent, anglaisée, si
possible... Que c'est beau, un étalon anglaisé!
M. Jolivet: C'est cela, oui.
M. Blais: II n'y a rien de plus beau, cela donne un air callipyge
à sa démarche, c'est un fait. Vous avez certainement
déjà vu un étalon anglaisé. C'est de toute
beauté, surtout lorsqu'il se cambre. On ferait marcher peut-être
un peu la ventilation de sorte que, sa crinière flottant au vent, la
queue anglaisée, les pattes arrière callipyges et les deux sabots
du devant se cabrant devant nous, je suis persuadé que l'on ne pourrait
certes pas, personne, avoir le même jugement et donner le même
pointage.
Une voix: C'est évident.
M. Blais: Qui, de l'un, insisterait sur la crinière, qui,
de l'autre, sur le poitrail, qui, de l'autre, sur l'"anglaisement" de sa queue
arrière. Dans les circonstances, il y aurait d'autres jugements parce
que c'est la valeur reproductive de l'étalon qui est en jeu.
Une voix: Toujours.
M. Blais Bon. Personnellement, j'ai voyagé un peu à
travers le monde, j'ai vu de grands chevaux à travers le monde, j'ai vu
de très grands chevaux, et certains d'entre eux me glacent, me frappent,
m'ébahissent. Parmi les animaux, à part le chevreuil qui a... Mon
Dieu, que le chevreuil est donc attirant, les petits "Bambis", comme on les
appelle! Mon Dieu, que le faon est beau! Il s'en va dans la prairie et,
quand le faon fend l'air d'une vitesse vertigineuse, on le sent, dans toute sa
noblesse, faire ses sauts, comme la gazelle du désert. C'est beau, c'est
de toute beauté. Plus proche de l'étalon, il y a l'orignal,
l'élan nord-américain, qui, jusqu'en 1935, s'appelait
l'élan du continent, l'orignal, l'original, ou l'orignac. Je ne sais pas
si vous le savez, mais les trois étaient synonymes et voulaient dire la
bête. On disait orignal, original et orignac. Cela prêtait à
confusion et on a ôté le mot "oriqinal". Chez les étalons,
M. le ministre, vous avez certainement visité plus que moi... (22 h
15)
Le Président (M. Houde): M. le député de
Terrebonne, je regrette, mais M. le ministre est parti pour quelques minutes.
Vous vous adressez au député de Lévis.
M. Blais: Je m'excuse, mais par politesse, vu qu'il
n'était pas là, pour les besoins de la cause, je voulais faire
croire qu'il y était pour lui rendre service.
Le Président (M. Houde): Non. Appelez les
députés par leur nom, ne les appelez pas ministres.
M. Blais: Si vous voulez préciser qu'il n'est pas
là, eh bien, libre à vous, c'est à vous qu'il en
voudra.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Terrebonne, M. le ministre a fait comme le président tantôt, il
est allé au petit coin.
M. Blais: Oui, mais, monsieur, ce n'est pas moi qui l'ai dit,
c'est vous.
M. Garon: Est-ce qu'il vous l'a dit, M. le Président?
M. Blais: Revenons à la pertinence du sujet, s'il vous
plaît! Je sais que l'ancien ministre, le député de
Lévis, a visité beaucoup de fermes à travers le monde et
à travers le Québec. Dans mon comté, il y a une ferme
tenue par les frères des Écoles chrétiennes où on
retrouve un nombre assez appréciable de chevaux de trait et non des
chevaux de course. Dans les deux cas, étalons il y a. Alors, les deux,
je crois, peuvent être pertinents dans la discussion, soit chevaux de
trait ou chevaux de course. Ils ont d'immenses chevaux de trait et, bien
que ce soient des bêtes un peu plus énormes, un peu moins
élégantes, il faut le dire, au lieu de nous plaire par le geste
lorsqu'ils se cambrent, ils nous frappent par la noblesse de leur poids lourd,
de leur démarche lourdaude. Ici, il y a certains mots que j'ai de la
difficulté à comprendre dans l'évaluation: les vessigons,
je n'ai pas trop joué avec cela dans ma vie. Je ne sais pas exactement
ce que cela veut dire. C'est le gras du jarret, je le vois par l'explication
que l'on donne. Personnellement, je ne serais pas capable d'être juge,
malgré une certaine érudition du mot, malgré que j'aie
été élevé sur une ferme et que je connaisse les
chevaux. Si le hasard voulait que ce soit le Parti québécois qui
ait remporté le pouvoir...
Une voix: Catastrophe!
M. Blais: Catastrophe vous-même, c'est vous qui le dites.
Il aurait pu arriver que je sois ministre de l'Agriculture et que M. Garon soit
ministre de la culture, par exemple. C'est possible et je suis persuadé
qu'autant il aurait été extraordinaire, dans ce
domaine-là, autant j'aurais fait mon possible pour l'être.
Pensez-vous, M. le ministre, qu'avec mes connaissances chevalines de la
musculature du cheval, j'aurais pu en toute pertinence être capable
d'être juge de quelqu'un qui viendrait vers moi faire appel? Je sais que
j'ai le droit d'avoir de l'aide, mais il me semble que de fait il devrait y
avoir des gens de nommés de façon spécifique pour voir
à la musculature, la gibbosité thoracique du cheval. Il faut
presque des vétérinaires pour regarder cette gibbosité
thoracique et, soit dit en passant, le mot" gibbosité" est un
néologisme. Je ne voudrais tromper personne.
La gibbosité thoracique du cheval, d'autant plus que le galbe de
sa jambe, lorsqu'il étire pour avancer le pas, est très gros...
Je ne peux pas personnellement faire l'évaluation ni de la rondeur, ni
de la force, ni autres gibbosités non plus, le cas
échéant, et je m'en voudrais de jouer au spécialiste. Le
bas-jointé, les formes osseuses, formes en quartier, le paturon trop
long ou le paturon trop court, la molette au boulet - cela doit être le
député de Nicolet, je ne comprends pas - le pied difforme. Cela,
c'est assez facile à comprendre, mais le pied du cheval peut être
naturellement difforme ou être difforme par l'application d'un forgeron
qui, ne connaissant pas son métier, place mal le fer et qu'ainsi la
corne se fendille et le cheval de boiter et d'avoir le pied difforme. On dit:
Poitrail étroit ou poitrail court, poitrail manquant de hauteur,
défaut au garrot... Non, le garrot, ce n'est pas... Le souffle court. On
dit aussi: les bruits anormaux du larynx. Est-ce que ce bruit anormal du
larynx... Voyez-vous, si on évalue... Ne prenons que ce cas-là
pour montrer qu'il peut y avoir un imbroglio dans le jugement. Je prends le
89e, le plus anodin de tous ceux qui sont devant nous: bruits anormaux du
larynx. Cela veut dire que quelqu'un doit avoir un tympan attentif à
l'aspiration et à l'expiration du cheval. Geste plus naturel que
celui-là, je n'en connais point, M. le ministre. Supposons que dans
l'oesophage chevalin il y ait, par mégarde, des traces de rhume, cela ne
le rend pas improductif, mais il y a des bruits étranges à ce
moment-là et il pourrrait avoir un très mauvais jugement, et ce
ne serait qu'un très banal rhume. Cela pourrait même être la
gourme; vous connaissez certainement la gourme qu'on traite en faisant une
saignée du palais. Anciennement, on faisait cela pour traiter la gourme.
Je me souviens que, dans le temps, mon grand-père prenait une lime
-parce qu'on n'avait pas les outils - retournait la pointe, l'allumait, la
rendait très "cisaillante", la tournait, la brûlait pour la
désinfecter et faisait une cisaille au palais supérieur du cheval
pour le guérir d'une grosse fièvre ou d'une gourme persistante.
C'est un remède dont nos aïeux se servaient. Mais, si un
vétérinaire, fût-il psychiatre vétérinaire ou
psychologue vétérinaire, ne pouvait pas deviner qu'il y a des
traces de rhume dans son oesophage ou une contraction spontanée du
diaphragme du cheval, mauvais jugement! Alors comment peut-on penser qu'une
personne, dans un seul jet, sans appel, pourrait vérifier les faits et
pourrait rendre un jugement qui, par lui-même, serait
intrinsèquement correct? Il n'y a aucun être humain qui peut en
être sûr.
Donc, cet amendement qui dit que, sur toute question de fait, il est de
bon aloi... Et je vois que les gens de l'Opposition, à la manière
dont ils écoutent les explications pertinentes que je donne, sentent que
c'est de bon aloi. Moi, si j'étais en autorité - je ne suis ici
que pour faire des pressions sur le gouvernement, chacun son rôle -
j'accepterais tout de go ce petit amendement qui semble anodin en soi pour
quelqu'un qui arriverait de l'extérieur et qui n'a pas de connaissances
précises sur nos étalons et sur leur comportement.
Edmond Rostand, qui avait un faible pour certains animaux, surtout
l'hippocampéléphantocamelos - je veux le répéter
pour que les gens qui écrivent l'entendent bien -disait: L'animal seul
qu'Aristophane appelle l'hippocampéléphantocamelos dut avoir sous
le front tant de chair sur tant d'os. Cela est le nez et tout se rapporte au
bruit anormal du larynx par l'expiration nasale. Les deux orifices nasaux du
cheval peuvent momentanément avoir des poussières
indésirables ou il peut s'être glissé des parasites dans
les conduits nasaux qui donnent des bruits rébarbatifs à une
réponse positive. Ces bruits rébarbatifs seraient
négatifs à l'examen et l'examinateur ne serait pas
à blâmer d'avoir rendu un jugement faux, en fait, mais il l'aurait
fait de bonne foi. Je crois que, de fait, on se doit d'avoir cet amendement que
l'ancien ministre, le député de Lévis actuel, demande. On
dit aussi, en 60: la queue de rat, déviation de la queue. Je ne sais pas
si c'est l'analogie avec le fait d'anglaiser un cheval. Pour anglaiser un
cheval, on en fait la déviation de la queue. A la queue chasse-mouche
d'un étalon, on coupe un nerf pour que la queue de l'étalon reste
raide de façon continue. De façon générale, cela
donne un peu un air de cirque, de fête. D'ailleurs, c'est comme celles
qui viennent. J'ai très hâte, comme tout le monde, moi aussi,
d'entrer dans cette période. Cette déviation de la queue, cela
pourrait être cela. Quelqu'un qui, par hasard, ne connaîtrait pas
ce que c'est qu'anglaiser un cheval et qui trouverait que là
réside une anomalie, surtout que nous jugeons l'étalon surtout
par sa queue, j'ai l'impression que le fait d'avoir une queue anglaisée
pourrait donner à l'étalon une froideur pour certains, mais, pour
d'autres, du panache. Qui sait? Je lui donnerais une bonne note s'il avait la
queue anglaisée, mais un autre pourrait le déprécier,
croyant que c'est une déviation innée du cheval, qu'il serait
venu au monde avec une queue raide de façon non naturelle.
M. Jolivet: Permanente.
M. Blais: Oui, une permanence de la queue raide.
M. Garon: II pourrait perdre des points.
M. Blais: II pourrait perdre beaucoup de points. C'est ce qui va
nous arriver, ici, si jamais la session ne finit pas. Au numéro 52,
c'est écrits hernie, c'est-à-dire un cheval crevé. Rendu
au 17 décembre, à trois minutes de la fin de mon intervention, je
crois que l'hernie est de bon aloi. Ah! mon Dieu, que ce peut être
caché derrière une touffe de poils, une hernie! Il y a des
hernies que l'on ne peut déceler à l'oeil nu. Cela prend vraiment
des spécialistes pour les trouver. Elles se cachent dans des endroits
plus ou moins apparents. À ce moment-là, on pourrait dire: C'est
un cheval au ventre sain. On pourrait dires C'est un sain étalon. En
réalité, c'est que l'on n'aura pas vu son air. Il y a
plusieurs airs. Il y a l'hernie, entre autres. Un cheval peut avoir un air
fatigué comme un député peut avoir un air bête,
à un moment donné. On peut avoir aussi un cheval avec une hernie.
Dans les trois cas, ce sont des défauts qui doivent être
absolument corrigés. Cette hernie n'est ni plus ni moins qu'une petite
gibbosité qui peut sortir des entrailles comme un clou du cou. Parfois,
il nous pousse un clou dans le cou.
En conclusion, je dois, pour aider mon ministre...
Le Président (M. Houde): Pardon?
M. Blais: Excusez... pour aider le critique, le
député de Lévis, dans son amendement, dire que cet
amendement est de très bon aloi, vu que les juges, ceux qui font
l'inspection, malgré toute la bonne foi qu'on peut leur prêter,
peuvent se tromper. Sur ce, M. le Président, j'espère que j'ai
convaincu au moins quelques membres de l'Opposition de voter sur cet amendement
de façon positive. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Terrebonne. Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui veulent prendre la
parole sur l'amendement du député de Lévis? Je vais le
mettre aux voix, dans ce cas, s'il vous plaît! L'amendement
présenté par le député de Lévis, à
l'article 7: Ajouter un deuxième alinéa: "L'article 55.35 de
cette loi, édicté par l'article 17 du chapitre 53 des lois de
1986, est modifié en remplaçant, à la troisième
ligne du premier alinéa les mots "sur toute question" par les mots "tant
sur une question de fait". Qui est en faveur de cet amendement? (22 h 30)
M. Jolivet: Vote nominal.
Le Président (M. Houde): Le vote?
Une voix: Nominal.
Le Président (M. Houde): D'accord.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
M. Tremblay (Iberville): Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Contre.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais: Ah! je suis tellement pour.
Le Président (M. Houde): L'amendement est rejeté.
À présent, on passe à l'article.
M. Blais: M. le Président, j'aimerais présenter un
amendement au même article.
Le Président (M. Houde): Un amendement
présenté par le député de Terrebonne. C'est
quoi?
M. Blais: Je vais vous le donner par écrit, M. le
Président.
Le Président (M. Houde): S'il vous plaît:
M. Blais: Le voilà:
Le Président (M. Houde): M. le député de
Terrebonne, voulez-vous le lire, s'il vous plaît?
M. Blais: Ah! vous voulez que je le lise?
Le Président (M. Houde): Oui. Pour nous comprendre.
M. Blais: À l'article 7, ajouter un deuxième
alinéa... L'article 55.35 de cette loi, édicté par
l'article 17 du chapitre 53 des lois de 1986, est modifié en supprimant,
à la troisième ligne du premier alinéa, les mots...
Le Président (M. Houde): Entre guillemets.
M. Blais: ...de droit ou de compétence, entre guillemets.
Merci, j'avais de la misère à le lire, M. le
Président.
Des voix: ...
M. Blais: C'est au président à dire cela. M. le
Président, c'est à vous qu'on demande cela...
Le Président (M. Houde): Non, mais il est à
regarder... On a eu de la difficulté à vous suivre dans
l'explication que vous avez donnée.
M. Blais: Vous pensez que c'est la raison, monsieur?
Le Président (M. Houde): Oui. M. Pagé: M. le
Président.
Le Président (M. Houde): Oui, M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, selon moi, la proposition
d'amendement n'est pas recevable en ce que, si l'amendement était
adopté, l'appel pourrait être interjeté, non seulement pour
des questions de droit et de compétence, mais aussi pour des questions
de fait. On vient de disposer d'un amendement qui recherchait cet objectif.
L'amendement est irrecevable, selon moi.
M. Garon: ...sur la recevabilité... Le Président
(M. Houde): Pardon?
M. Jolivet: Vous venez d'entendre le ministre dire qu'il jugeait
que vous deviez...
Le Président (M. Houde): J'étais en train de parler
avec M. le secrétaire.
M. Jolivet: Je le sais.
Le Président (M. Houde): Si vous voulez prendre la parole,
je vais vous la donner immédiatement.
M. Jolivet: Mais c'est le député de Lévis
qui veut la parole.
Le Président (M. Houde): Allez, M. le député
de Lévis! Sur la recevabilité, bien entendu.
M. Garon: La recevabilité, essentiellement, l'amendement
propose l'appel le plus large possible puisqu'on ne spécifie pas les
types d'appels possibles, mais on dit qu'ils sont possibles dans toutes les
matières, quelles que soient les matières, sur toute question. Je
prends, à toutes fins utiles, un amendement qu'on retrouve tel quel dans
le projet de loi 140. Plutôt que de spécifier des matières,
nous ne spécifions aucune matière; on dit essentiellement qu'on
peut interjeter appel sur toute question. On enlève les questions de
droit ou de compétence; sur toute question, de quelque nature qu'elle
soit. C'est ce qu'on appelle un appel de plein droit, c'est-à-dire qui
couvre... On peut en appeler sur quelque forme, sur quelque procédure,
sur quelque question de droit ou
sur quelque question de fait. Ce qui veut dire que l'amendement qui est
proposé maintenant couvre toutes les questions qu'on peut trouver en
matière d'appels, et c'est l'amendement le plus large qu'on peut
imaginer.
M. le Président, j'aimerais, par ailleurs, que ceux qui
plaident... Le conseiller juridique du ministre n'est pas une personne neutre
en la matière. S'il plaide, il doit plaider fort, il ne doit pas plaider
à voix basse. Je pense, M. le Président, que vous avez un
conseiller et, moi, quand je plaide, je plaide en faveur de la
recevabilité dans le micro pour que mes propos soient enregistrés
et je pense que, si le ministre veut plaider, il peut plaider. S'il veut faire
plaider en son nom, libre à lui, quelqu'un va plaider en son nom,
excepté qu'on ne peut pas plaider à l'arrière de la
commission pendant que l'Opposition est en train de faire valoir son point de
droit.
Essentiellement, cet amendement-ci dit "sur toute question", sans
énumérer aucune des questions qui peuvent être l'objet d'un
appel. C'est l'appel le plus large qu'on peut trouver et on ne spécifie
rien. On ne spécifie pas telle ou telle matière, on ne
spécifie pas de matière de procédure ni de matière
de droit, de juridiction, de compétence ou de fait. Quelle que soit la
matière, l'appel pourrait être recevable et c'est pourquoi je dis
que l'appel est recevable, M. le Président, parce que cet amendement
propose l'appel le plus large possible.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lévis. M. le ministre, avez-vous quelque chose à ajouter?
M. Pagé: M. le Président, je vous ai fait part de
ma plaidoirie tout à l'heure. À sa face même, l'amendement,
je le juge irrecevable parce qu'il permettrait de faire par cette disposition,
indirectement, ce qu'on vient de refuser directement, c'est-à-dire de
permettre un appel de la décision du ministère et du ministre
devant la Cour provinciale pour une question autre qu'une question de droit et
de compétence.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis, je crois que... Oui, M. le
député.
M. Jolivet: Avant de prendre une décision, je vous
conseillerais de suspendre au moins dans le but suivant. Je vais plaider un
deuxième droit, si vous me le permettez. Ce que propose mon
collègue est bien différent de ce qui est proposé
actuellement. On restreignait, en additionnant le mot "fait" au mot qui est
dans l'article. Mais ce que propose mon collègue maintenant, le
député de Terrebonne, c'est de faire disparaître tout cela
pour ouvrir largement la question de pouvoir en appeler et, en
conséquence, M. le Président, si vous voulez prendre le temps
qu'il faut, cinq minutes, dix minutes, quinze minutes, je pense que vous seriez
mieux de les prendre que de rendre une décision trop rapide sur un sujet
aussi important.
Le Président (M. Houde): Merci M. le député
de Laviolette, On va suspendre les travaux deux minutes, s'il vous
plaît!
(Suspension de la séance à 22 h 38)
(Reprise à 22 h 39)
Le Président (M. Houde): À la suite de la
vérification que je viens de faire de ce qui a été
présenté par le député de Lévis et de ce que
présente le député de Terrebonne, je crois que c'est la
même chose pour moi. Si vous voulez, M. le député de
Terrebonne, en vertu de l'article 195, modifier votre amendement, on va vous
donner le temps de le faire.
M. Blais: J'aimerais qu'on suspende une minute.
M. Jolivet: Juste une question avant de suspendre et de regarder
cela, M. le Président. Il y a un problème. J'aimerais savoir sur
quoi vous fondez votre jugement. C'est pour cela que je vous ai demandé
de prendre le temps qu'il faut, M. le Président. Je vous rappelle que la
proposition initiale, en vertu de l'article 55.35, était d'ajouter le
mot "fait" et faisait en sorte que le texte se lisait ainsi: "sur une question
de fait, de droit ou de compétence".
M. Pagé: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Houde): Un instant, M. le
député de Laviolette! M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, il apparaît
très clairement dans notre système parlementaire que, lorsque le
président d'une commission rend une décision, elle ne peut
être contestée. Il apparaissait très clairement en droit
que vous aviez jugé selon la jurisprudence et que vous ne permettiez pas
que cet amendement soit accepté, parce qu'il permettait de faire
indirectement ce que la commission venait de rejeter comme pouvant être
fait directement.
M. le Président, vous avez suspendu, vous avez regardé
avec les spécialistes de la commission la jurisprudence en semblable
matière. Votre décision est rendue. Je vous invite à faire
respecter la procédure et notre règlement. À ce moment-ci,
on doit demander si l'article est adopté.
M. Jolivet: Question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Houde): Oui, M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, vous avez affirmé une
chose. Vous avez le droit de l'affirmer, et, justement, je veux connaître
de quel droit, et quelle est l'affirmation que vous faites...
M. Pagé: M. le Président, c'est contester votre
décision.
M. Jolivet: Non, M. le Président, ce n'est pas une
contestation. Je veux savoir quel est le fondement même de votre
décision. Je vous expliquais simplement que, la première fois,
nous avions ajouté le mot "fait" et cette fois-ci nous supprimons les
deux mots qui sont là, le mot "fait" ayant été
rejeté. C'est l'amendement qui a été rejeté.
N'oubliez pas! L'amendement qui a été rejeté,
c'était pour ajouter les mots "de fait". Or, il y a deux autres mots
dans l'article 55.35 qui sont "de droit ou de compétence". Vous me dites
que cela semble, à vos yeux, égal comme amendement. Je
voudrais savoir sur quoi - c'est ma question de directive - vous fondez
votre jugement pour me dire que c'est semblable.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Laviolette, je vais répéter ce que j'ai dit tantôt. Selon
ce qu'on vient de regarder, le secrétaire et moi, cela a le même
effet et c'est pour cette raison que j'ai rendu cette décision indiquant
que c'est la même chose. Donc, on doit le rejeter. Si vous voulez en
présenter un autre, c'est bien votre choix, vous en avez le droit en
vertu de l'article 195.
M. Jolivet: M. le Président, je ne conteste pas votre
décision...
Le Président (M. Houde): Vous en avez le droit si vous
prenez deux minutes. Voulez-vous qu'on suspende deux minutes? D'accord.
M. Blais: Non, je suis prêt à en présenter un
autre. M. le Président, j'aimerais qu'on ajoute, à la fin du
premier paragraphe, après les mots "de droit", les mots "ou toute autre
raison jugée rationnelle".
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: L'amendement est irrecevable en droit et il y a
deux motifs pour le rejeter. Tout d'abord, il permettrait, encore une fois, de
faire indirectement ce que directement la commission vient de refuser, et,
d'autre part, le législateur doit parler clairement et le
législateur n'est pas supposé parler pour ne rien dire - quoique,
ce soir, on ait vu un exemple assez éloquent du contraire.
Lorsque le député dit, et je cite: "ou tente autre raison
jugée rationnelle", cela se réfère à une
appréciation personnelle, contestable, non "encadrable", si je peux
utiliser le terme, mais c'est tout à fait irrecevable comme
amendement.
M. Blais: M. le Président, j'aimerais...
Le Président (M. Houde): Oui, M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: M. le Président, je voudrais défendre la
recevabilité de cet amendement que je trouve très pertinent et,
dans sa nomenclature même, intrinsèquement recevable. Et voici:
les arguments utilisés par mon confrère du pouvoir nous disent
que cela prête à interprétation.
Écoutez, il y a déjà deux raisons: de droit ou de
compétence. Le mot "compétence" peut en soi et porte dans sa
nomenclature même tous les atouts de l'interprétation et du
changement d'opinion qu'on peut porter sur la compétence de quelqu'un.
Alors, si cette partie de la loi elle-même porte le mot
compétence, pourquoi toute autre raison pourrait-elle être moins
recevable que le mot compétence en soi?
M. Pagé: Si je peux ajouter, M. le Président...
Le Président (M. Houde): Allez, M. le ministre.
M. Pagé: Le député voudrait qu'on dise dans
la loi que, pour d'autres motifs et dans d'autres cas, on pourrait accepter une
cause pour des motifs irrationnels?
Une voix: C'est cela.
M. Pagé: Bien voyons donc!
Le Président (M. Houde): M. le député de
Saint-Jean.
M. Jolivet: De?
Le Président (M. Houde): D'Iberville, pardon.
M. Tremblay (Iberville): Voici. Je crois qu'il est irrecevable,
parce que, quand on lit l'article, c'est très limitatif, tandis qu'avec
l'addition que fait M. le député de Terrebonne, cela l'ouvre
complètement. Cela
change toute la nature de l'article d'une façon fondamentale,
alors je crois que c'est irrecevable.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Houde): Oui, M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Sur la question du député d'Iberville,
vous avez, à l'article 55.35, au premier alinéa, les mots qui
interprètent l'interjection demandée par un individu sur l'appel
de la décision du ministre. On avait: "ou du Comité de
surveillance des étalons selon le cas" et c'est disparu pour le moment.
Donc, on disait qu'il peut interjeter appel sur toute question de droit ou de
compétence..
Le Président (M. Houde): M. le député de
Laviolette...
M. Jolivet: Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Houde): Ah: pardon. Continuez, je pensais
que vous aviez terminé.
M. Jolivet: Non.
M. Pagé: Vous êtes convaincant. Ha! Ha! Ha!
M. Jolivet: Le député d'Iberville dit: Parce que
mon collègue amène un amendement qui ouvre, cela devient
irrecevable; mais je ne comprends pas en quoi. Un amendement prévu par
notre règlement indique très bien qu'un amendement doit ajouter,
retrancher. Or, s'il ajoute, je ne vois pas en quoi le député
peut être offusqué. Le but que mon collègue recherche,
c'est d'ouvrir justement. Donc, on ne prend pas cela comme étant anodin,
la proposition d'amendement faite par mon collègue de Terrebonne. Au
contraire, c'est une chose majeure. C'est depuis le début qu'on plaide
qu'on doit aller plus loin dans l'ouverture de la possibilité
d'interjeter appel de la décision du ministre. On veut l'ouvrir au plus
large pour rendre justice. On l'a dit dans notre argumentation; non seulement
la justice doit être rendue, mais il faut au moins qu'apparence de
justice semble avoir été rendue. C'est dans ce sens, M. le
Président, que je ne vois pas en quoi le fait d'agrandir le droit
d'interjection d'appel de la décision du ministre ne peut pas être
élargi et c'est ce que mon collègue propose. Cela n'est pas
irrecevable en soi-même. Si vous voulez suspendre, M. le
Président, on est prêt à attendre votre décision
là-dessus.
M. Tremblay (Iberville): M. le Président.
Le Président (M. Houde): Oui.
M. Tremblay (Iberville): M. le député n'a pas
interprété dans son juste sens ce que j'ai apporté. Je dis
qu'un amendement doit tout simplement changer une partie ou influencer, ouvrir.
Mais, là, l'amendement change complètement le sens de l'article.
C'est très limitatif ft, actuellement, on l'ouvre d'une façon
très générale. Cela change fondamentalement le but de
l'article. C'est pour cela que je crois que c'est irrecevable. Si cela avait
simplement modifié une partie de l'article sans changer fondamentalement
la philosophie de l'article, je dirais d'accord. Mais cela change
fondamentalement toute la philosophie de l'article. C'est pour cela que je juge
que c'est irrecevable. C'est pour cela que je crois que c'est irrecevable,
simplement.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Houde): Oui.
M. Jolivet: Je vais vous rappeler une première
décision que vous avez rendue. La première décision que
vous avez rendue, c'est quand vous avez accepté "sur toute question de
fait". L'amendement ajoutait les mots "de fait". Vous vous souvenez d'avoir
accepté cela comme recevable. Qu'est-ce que faisaient les mots "de
fait"? Est-ce que cela élargissait, M. le Président?
Effectivement. Le but de l'amendement, c'était cela. Quand on a
ajouté: "sur une question de fait, de droit ou de compétence",
mon collègue de Lévis vous a fait la démonstration que
cela avait pour but de s'assurer que cette partie soit acceptée comme
étant une des possibilités pour permettre l'interjection
d'appel.
Dans ce contexte, vous l'avez jugé recevable. Ce que mon
collègue fait, c'est de dire: Vous avez refusé les mots "de
fait". Parfait, c'est un exemple. À ce moment, nous allons vous proposer
un amendement additionnel à l'article qui est là et dont le but
sera d'ouvrir la possibilité d'interjection d'appel de façon plus
large - il est vrai -que la limitation qu'on faisait par: "de fait, de droit ou
de compétence".
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Laviolette. On va prendre la question en délibéré,
l'amendement que vous voulez apporter.
M. Jolivet: On verra cela.
Le Président (M. Houde): Oui?
M. Jolivet: D'accord. Alors, suspension?
Le Président (M. Houde): Non. On va continuer à
l'article 8.
M. Jolivet: Cela peut s'arranger. Vous
le prenez en délibéré?
Le Président (M. Houde): Non, on le prend en
délibéré, mais on veut continuer la même chose.
M. Jolivet: Non, on attend la décision.
M. Blais: On va attendre la décision. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Houde): Un instant, d'abord!
M. Jolivet: II y a un amendement. On ne peut pas...
Le Président (M. Houde): On suspend deux minutes, s'il
vous plaît! Un instant! Comme vous ne voulez pas continuer sur l'article
8, on va attendre. Prenons deux minutes!
M. Jolivet: M. le Président, juste avant que vous
suspendiez, je dois vous dire qu'une décision a été rendue
hier lors de la commission sur les forêts et que cela prenait
l'unanimité de la commission. Une décision a été
rendue par la présidente de la commission, Mme la députée
de Mégantic-Compton, à la suite d'une consultation qu'elle a
faite auprès des gens des commissions. Pour suspendre un article, cela
prenait l'unanimité des membres de la commission et je ne vous la donne
pas. Je veux avoir une décision.
Le Président (M. Houde): D'accord. Alors, on va suspendre
deux minutes, d'abord, s'il vous plaît!
(Suspension de la séance à 22 h 50)
(Reprise à 22 h 58)
Le Président (M. Houde): La motion présentée
par le député de Terrebonne est recevable. Je vais la lire, si
vous voulez.
M. Pagé: S'il vous plaît, oui.
Le Président (M. Houde): "...de droit, de
compétence ou toute autre...
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse,
pourriez-vous lire l'article tel qu'il serait s'il était
amendé?
Le Président (M. Houde): "Peuvent interjeter appel de la
décision du ministre, devant la Cour provinciale, sur toute question de
droit, de compétence ou toute autre raison jugée rationnelle"...
C'est toujours a l'article 55.35. La parole est à un
député de l'Opposition. M. le député de
Laviolette, à vous la parole pour vingt minutes.
M. Jolivet: M. le Président, mon collègue de
Terrebonne a été obligé de quitter, parce qu'à 23
heures ce soir jusqu'à minuit il doit faire une intervention d'une heure
à l'Assemblée nationale sur les crédits
supplémentaires dans les huit heures prévues; alors, le
député m'a dit de regarder l'ensemble de ce sujet. Je ne ferai
pas une grosse argumentation, M. le Président, dans la mesure où
vous aviez... Et je ne veux pas critiquer votre décision, c'est pour
cela que j'avais demandé, tout à l'heure, de vraiment le regarder
bien à fond. L'amendement qui avait été apporté par
mon collègue de Terrebonne en premier lieu avait été
jugé recevable. Je crois qu'effectivement, après avoir fait une
analyse plus profonde du droit réglementaire de l'Assemblée
nationale, vous avez jugé recevable cet amendement nouveau, le
deuxième du député de Terrebonne.
Dans l'un ou l'autre des cas, le premier ou celui qui est maintenant
recevable, pour nous, c'était la même vision que nous avions des
choses, la même visée que nous avions de la motion d'amendement
qui avait été présentée. Alors, nous avons
longuement discuté, et, quant à moi, si mon collègue de
Lévis n'a pas autre chose à dire, je vais vous dire que nous
croyons que cet amendement doit être reçu par les gens du
gouvernement dans le but, justement, d'élargir, comme on le disait,
l'ensemble des possibilités d'interjection d'appel.
Le Président (M. Houde): Y a-t-il d'autres
députés qui veulent prendre la parole sur l'amendement du
député de Terrebonne? M. le député de Lévis,
à vous...
M. Garon: À moins qu'en vertu de la règle
d'alternance les membres du parti ministériel aimeraient dire un
mot.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, vous avez la parole, on vous la laisse, car personne n'a
demandé la parole, à droite.
M. Garon: D'accord. M. le Président, essentiellement, si
nous avons présenté cet amendement qui est un peu plus restrictif
que celui que j'avais présenté tout à l'heure, c'est
que... De la même façon que le Parti libéral avait
estimé qu'il devait y avoir des possibilités d'appel, et non
seulement des révisions devant la même instance, nous estimons
que... Nous nous sommes rendus aux arguments du Parti libéral. Devant la
Commission de protection du territoire agricole, en vertu des amendements du
mois de juin 1985, il y a maintenant possibilité de révision
devant une deuxième instance. Mais,
je peux vous le dire, je n'hésiterai pas à aller
rencontrer les éleveurs de chevaux pour aller leur dire qu'aujourd'hui
ils sont a la merci d'un fonctionnaire pour l'évaluation d'un cheval qui
peut valoir 500 000 $ et qu'au moins, auparavant, il y avait un Comité
de surveillance des étalons, composé de cinq personnes;
c'était des experts en élevage, des vétérinaires
spécialisés. Mais, à l'avenir, il n'y aura plus cet
avantage, il n'y aura plus de comité de cette nature pour faire
l'évaluation des chevaux.
En plus, le ministre ne prévoit aucun droit d'appel sauf sur une
question de droit ou de compétence, mais non pas dans les
matières de fait ou de fond, sur lesquelles le fonctionnaire qui a
évalué le cheval a pu se tromper. Je vais vous dire que je
n'aimerais pas voir un cultivateur... Je vois, par exemple, le
député de Prévost qui est ici présent... J'aimerais
cela que, demain matin, on puisse évaluer sa ferme et que ce ne soit
qu'un seul fonctionnaire qui puisse dire: Votre ferme, monsieur, vaut tant.
S'il se trompe de quelques centaines de milliers de dollars dans
l'évaluation et qu'il n'y ait aucun droit d'appel, sauf devant la
même personne, alors que nous avons mis partout... Il y a eu des
personnes qui ont été mises en place pour avoir des
barèmes et pour qu'elles puissent faire des évaluations et qu'il
puisse y avoir des droits d'appel.
Je vous dirai même plus, au crédit agricole, par exemple,
la commission de l'agriculture qui a siégé l'an dernier a
recommandé qu'il y ait une instance d'appel pour des fins de
crédit, imaginez-vous, non pas pour des fins d'évaluation
irrémédiable, mais des fins de crédits. On a
recommandé qu'il y ait une instance d'appel, nous avons mis un tribunal
de deuxième instance qui est complètement différent du
premier à la Commission de protection du territoire agricole. La
ministre des Affaires culturelles, elle aussi, préconise, devant
l'Office...
M. Camden: II n'y a pas assez de gens compétents pour le
faire dans la première décision?
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: II n'y a pas assez de gens compétents pour le
faire dans la première décision?
Le Président (M. Houde): Un peu de silence, M. le
député de Lotbinière, s'il vous plaît! Le
député de Lévis...
M. Garon: Je pense que c'est une question de compétence du
député qui parle comme cela. S'il dit que la première
instance...
M. Camden: Le député de Lévis erre comme il
erre toujours.
M. Garon: ...devrait être compétente et qu'il n'y a
besoin d'avoir aucun appel ni aucune révision, je vais vous dire que...
À moins que le Parti libéral réinvente la roue à
chaque fois qu'il fait une élection... Dans le passé, ce n'est
pas ce qu'il a défendu. Il a défendu le fait qu'il puisse y avoir
droit à des appels ou à des révisions devant des instances
différentes de la première. La ministre des Affaires culturelles,
dans le projet de loi 140, Loi modifiant la Charte de la langue
française, préconise elle-même, à l'article 6, de
remplacer l'article 155 par le suivants "Toute entreprise à qui l'office
a refusé un certificat de francisation, ou dont le certificat a
été suspendu ou annulé, peut interjeter appel devant la
Cour provinciale." Un appel de plein droit, cela veut dire sur toute
matière sans aucune restriction. Alors, c'est pour cela que je ne
comprends pas le Parti libéral... Je comprends qu'il y a beaucoup de
jeunes députés qui n'ont pas une grande expérience et qui
ne savent pas ce que plaidait le Parti libéral. Mais je l'ai entendu
plaider pendant neuf ans en commission parlementaire pour demander des
deuxièmes instances différentes des premières, des pleins
droits d'appel sur des matières autres que le droit et la
compétence, mais également sur des matières de fait ou de
fond ou encore des matières autres que le droit ou la compétence.
Et, aujourd'hui, le ministre de l'Agriculture revient à une situation
pire qu'avant parce qu'il revient à une première instance et
à une révision devant lui-même ou son fonctionnaire.
J'imagine qu'il ne fera pas cela lui-même, quoiqu'on ne le sait pas. Il
ne le dit pas. Je me souviens qu'avant, dans les projets de loi où
c'était écrit "le ministre", les gens du Parti libéral
disaient que c'était le ministre lui-même. Alors, j'imagine que,
s'ils disaient que c'était le ministre lui-même, quand eux
écrivent "le ministre", ils veulent peut-être dire le ministre
lui-même et qu'il n'y aura plus aucune deuxième instance, il y
aura seulement une première instance. Mais je plains les
éleveurs; ils iront élever ailleurs qu'au Québec; c'est
mauvais pour l'élevage du cheval au Québec, parce que les gens
voudront aller en Ontario où l'évaluation des chevaux se fait
d'une meilleure façon que celle-ci et où les gens de
l'élevage sont impliqués.
Dans le domaine des vaches laitières, ce sont des comités
conjoints de races laitières qui ont un mot à dire.
Antérieurement, avec le Comité de surveillance des
étalons, c'était essentiellement l'industrie et les
vétérinaires spécialistes qui faisaient partie du
comité. Aujourd'hui, ce sera le
ministre ou un de ses fonctionnaires et je vous dirai que ceux qui
élèvent des animaux, ceux qui sont de grands éleveurs
d'animaux, ne voudraient pas être à la merci d'un seul jugement de
cette façon.
Alors, M. le Président, c'est pourquoi j'appuie l'amendement du
député de Terrebonne puisque c'est un bon amendement qui
protégerait les éleveurs de chevaux, qui protégerait
l'industrie et qui permettrait une meilleure évaluation en cas de
non-satisfaction du requérant demandeur qui aurait demandé au
ministre une évaluation par l'examinateur et où l'examinateur
aura fait un mauvais examen ou un examen où il aurait refusé le
permis au cheval ou qui aurait encore sous-évalué le cheval; cela
représenterait un manque à gagner important pour
l'éleveur.
M. le Président, je pense qu'en équité cet
amendement devrait être accepté et, s'il n'est pas accepté,
c'est l'orgueuil du ministre...
M. Jolivet: Qui sera affecté.
M. Garon: II passait son temps à dire, autrefois, que
l'agriculture avait commencé avec nous, dans notre esprit. Je pense
qu'il voudrait rayer l'histoire et faire que l'agriculture ait commencé
avec lui. C'est pourquoi il pense qu'il n'y a aucun amendement possible.
Demain, nous allons siéger en commission parlementaire avec d'autres
ministres, d'autres personnes et je suis persuadé qu'il y aura des
amendements qui seront acceptés de part et d'autre et qui seront
discutés ensemble pour bonifier les projets de loi. Je remarque que,
lorsque nous sommes devant d'autres instances que le ministre de l'Agriculture,
il est plus facile de discuter et plus facile de faire des amendements pour
bonifier les projets de loi, même quand le ministre n'a pas fait ses
devoirs. Dans ce cas-ci, le ministre, à mon avis, n'a pas fait ses
devoirs. Il n'a pas tenu compte de la philosophie de son parti et de
l'équité en justice où toute personne a le droit d'avoir
un véritable appel, une véritable révision, non pas devant
le même décideur qu'en première instance, mais devant
quelqu'un qui va revoir la chose à neuf.
M. le Président, c'est pourquoi j'appuie fermement la proposition
du député de Terrebonne qui va dans le sens du progrès et
d'une plus grande justice dans le domaine agricole.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lévis. La parole est au député de Prévost, s'il
vous plaît.
M. Forget: M. le Président, j'ai été pendant
25 ans éleveur de chevaux, de percherons pur sang et je suis
également éleveur de bétail de race Holstein. Lorsque l'on
fait du classement, il y a un classeur; il y a des taureaux de 500 000 $, de
800 000 $ et de 1 000 000 $. Il y a un classeur qui part et c'est lui qui prend
la décision. Alors, je ne vois pas de péché
là-dedans.
M. Garon: Sauf que...
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Le député vient de soulever un point
intéresssant. Il y a un classeur pour quelle fin?
M. Forget: La classification des taureaux.
M. Garon: Pour quelle fin?
M. Forget: Pour la classification des taureaux de race.
M. Garon: Classés pour quelle fin?
M. Forget: La fin du pur-sang comme tel, de classification. Mais
que voulez-vous savoir? La santé de l'animal comme telle?
M. Garon: Non. A quelles fins?
M. Forget: Comme quoi il est de pure race.
M. Garon: Oui.
M. Forget: Bon. C'est cela.
M. Garon: C'est une question qui est drôlement plus facile
à évaluer parce qu'il y a des pedigrees. C'est beaucoup plus
facile à évaluer. Sauf que, dans ce cas-là, vous
êtes face à 89 qualifications. Ce n'est pas la race que l'on
évalue...
M. Forget: M. le député de Lévis, avez-vous
regardé la classification des taureaux pur sang Holstein et combien il y
a de qualifications? Je pense qu'il y en a plus de 89.
M. Garon: Oui, mais là-dedans il y a beaucoup de...
M. Forget: C'est la même chose. C'est un classement de la
même façon. Écoutez, j'ai fait classer des poulains.
D'accord?
M. Garon: Est-ce qu'ils ont un pedigree, vos animaux pur
sang?
M. Forget: Mais certainement, ce sont tous des pur sang.
M. Garon: Avez-vous vu dans les 89
critères pour les chevaux s'il y avait un pedigree? L'avez-vous
vu?
M. Forget: J'en ai fait classer, des chevaux, mon cher ami!
M. Garon: Avez-vous vu les critères? Les avez-vous
regardés?
M. Forgets M. le député de Lévis, écoutez,
il ne faut tout de même pas...
M. Garon: Non, non, je vous le demande. Est-ce que vous avez vu,
là-dedans...
M. Forget: Oui, j'ai tout vu.
M. Garon: ...l'arbre généalogique?
M. Forget: Écoutez, cela fait 25 ans que je suis au
courant de tout cela. J'ai vu cela. J'ai lu cela. Je suis...
M. Garon: Ce ne sont pas les mêmes critères.
M. Forget: Non, non, j'ai moi-même fait classer des
chevaux.
M. Garon: Oui, mais je vous dis que ce ne sont pas les
mêmes critères pour les chevaux.
M. Forgets Cela se ressemble, c'est la même chose. Ce sont les
mêmes principes. On change de mots, allez-vous me dire, mais c'est la
même chose.
M. Garon: Non. Le pedigree est important.
M. Forgets Oui, mais écoutez!
M. Garon: Deuxièmement, dans la classification de votre
animal...
M. Forgets Oui.
M. Garon: ...vous n'êtes pas devant la même situation
quand votre cheval est dans une classification à des fins d'accouplement
et à des fins de permis.
M. Forgets Je regrette, mais avec un taureau c'est quand même pour
faire de l'accouplement. Vous savez, l'agriculture, c'est quand même
compliqué.
M. Garon: Oui, c'est exact.
M. Forget: Quand un gars ne connaît pas l'agriculture,
c'est dur à comprendre.
M. Garon: D'accord. Avec un taureau pur sang, quand vou3 faites
de l'accouple- ment, cela vous paie combien? M. Forget: Pardon? M. Garon: Cela
vous paie combien?
M. Forgets Quand on fait accoupler une jument?
M. Garon: Non, pas une jument, un taureau.
M. Forgets Oui.
M. Garon: Cela vous donne combien?
M. Forget: À moi?
M. Garon: Oui, le propriétaire du taureau.
M. Forget: Oui. Cela dépend de la vente que l'on a.
M. Garon: Pardon?
M. Forgets Est-ce que vous parlez de la vente du taureau?
M. Garon: Oui, habituellement.
M. Jolivet: Non, pas la vente. L'accouplement.
M. Garon: L'accouplement.
M. Forgets D'un taureau? Écoutez, à ce moment-là,
on fonctionne avec le centre d'insémination. On vend nos taureaux au
centre d'insémination. Je peux vous dire une chose. L'accouplement, vous
le faites chez vous.
M. Garon: Oui.
M. Forget: Cela dépend des taureaux. Cela dépend de
tout cela, c'est sûr.
M. Garon: Oui, et ce sont des tests de progéniture qui
sont bien différents, dans le cas des taureaux, qui s'évaluent
sur plusieurs années. Il ne s'agit pas d'un seul test.
M. Forget: Oui, je l'admets, mais...
M. Garon: Ils vous donnent la qualification définitive de
votre étalon, combien il va rapporter dans l'année, en fonction
de la classification, s'il y a permis ou non. Le test de progéniture
dont vous parlez pour les taureaux, cela dure deux ou trois ans; ce n'est pas
la même chose.
M. Forget: On s'éloigne peut-être du sujet, mais
concernant...
Le Président (M. Houde): Je pense que l'on peut clore la
discussion, M. le député de Prévost et M. le
député de Lévis. Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui
veulent prendre la parole sur l'amendement du député de
Terrebonne?
M. Garon: M. le Président, je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Houde): Vous aviez terminé
tantôt. Vous aviez laissé la parole à d'autres.
M. Camden: C'est dans la même veine. On a combien de
chevaux de 1 000 000 $ au Québec?
Le Président (M. Houde): Je ne sais pas. Je ne les ai pas
comptés. Je ne connais pas assez cela pour vous répondre, M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: II y en a combien? Je le demande au
député de Lévis qui nous a donné un chiffre
semblable.
Le Président (M. Houde): Non. On n'ouvrira pas la
discussion là-dessus, ce soir.
M. Camden: M. le Président, on veut avoir des
éclaircissements. On fait des énoncés, on fait des
déclarations et on ne s'appuie sur rien.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lotbinière, je regrette, mais on ne posera pas de question à des
députés de l'autre côté. Je pense que le
débat est clos. La parole, tantôt, on la lui a
donnée...
M. Camden: On n'aura pas de réponse, M. le
Président.
Le Président (M. Houde): Peut-être, mais en tout
cas.
M. Camden: Depuis quand les éleveurs vont-ils en Ontario,
M. le Président? Pas depuis le 2 décembre 1985. Ils y
allaient avant et ils vont continuer à y aller. Pourquoi y vont-ils? M.
le député de Lévis aurait dû corriger cela au moment
où il était ministre de l'Agriculture. Il a la solution à
tous les problèmes aujourd'hui. C'est malheureux, cela s'empilait sur
son bureau. Encore une fois, cela suit la courbe des BBM, cela: moins 50 %
à la radio, CFLS.
Le Président (M. Houde): D'accord. Merci, M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: C'est proportionnel à sa réussite au
ministère.
Le Président (M. Houde): Est-ce qu'il y a d'autres
personnes qui veulent prendre la parole?
M. Camden: Aujourd'hui, il a toutes les solutions.
Le Président (M. Houde): Oui, M. le député
de Saint-Hyacinthe.
M. Camden: Le cirque continue.
Le Président (M. Houde): La parole est au
député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Je demanderai le vote sur l'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Houde): Est-ce que vous êtes
d'accord pour prendre le vote? Vous avez quelque chose à dire? D'accord.
Le député de Lévis demande la parole. Il faut que je la
lui donne.
M. Garon: J'ai écouté le député de
Prévost. Il ne s'agit pas des mêmes types d'évaluation du
tout. Quand on teste un taureau, au centre d'insémination, c'est un test
qui dure plusieurs années, au cours duquel on fait faire des
accouplements, on regarde les rejetons, le produit de l'animal, on regarde un
ensemble de facteurs, qui sont bien différents dans le cas d'un
étalon. Dans le cas d'un étalon, on observe un certain nombre de
critères qui sont indiqués. Ne venez pas me dire que c'est le
contraire. Le ministre lui-même nous a donné la liste des 89
critères de l'inspection détaillée d'un
équidé.
Le Président (M. Houde): MM. les députés...
Oui?
M. Jolivet: Est-ce que vous pourriez, pour le plaisir, lire
l'article 36 du règlement, s'il vous plaît? Je vais attendre cela.
Le député de Lévis prendra...
Le Président (M. Houde): M. le... M. Jolivet: Non.
Lisez l'article 36.
Le Président (M. Houde): Je peux vous le lire, M. le
député de Laviolette. Tantôt, vous parliez avec votre
copain, à côté, et je ne vous ai pas
dérangé.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Houde): Je peux bien déranger
l'autre côté...
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Houde): Oui, M. le
député.
M. Jolivet: Je m'excuse. Là, vous n'êtes pas
objectif du tout (23 h 15)
Le Président (M. Houde): Écoutez.
M. Jolivet: M. le Président, non... Le Président
(M. Houde): Oui, allez.
M. Jolivet: Un instants C'est moi qui ai le droit de parole sur
ce point.
Le Président (M. Houde): Oui, oui, je vais vous laisser la
parole.
M. Jolivet: Si vous aviez à m'in-terrompre, vous auriez
dû le faire, M. le Président, mais ne venez pas me reprocher de ne
pas l'avoir fait. Moi, je prends mon droit, parce que, là, je suis
totalement dérangé.
Le Président (M. Houde): Vous voulez que je vous lise
l'article 36, je vais vous le lire, M. le député de Laviolette.
"Aucun député ne peut interrompre celui qui a la parole, sauf
pour faire un appel au règlement, signaler le défaut de quorum ou
attirer l'attention sur une violation de droit ou de privilège." Ceux
qui n'ont pas la parole sont priés de garder le silence et ceux qui ne
font pas partie de la commission sont priés de se retirer de la table.
La parole est au député de Lévis. Écoutez
là, si le député de Lévis... Une question? Oui.
M. Farrah: C'est juste pour savoir combien de temps il reste au
député de Lévis.
Le Président (M. Houde): II reste encore dix minutes.
M. Farrah: Dix minutes, bon, d'accord.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, à vous la parole. M. le député de
Lévis, c'est à vous la parole, si vous voulez encore dire quelque
chose.
M. Garon: Oui, sûrement, M. le Président. La
question des étalons est une question sérieuse. Je n'ai pas dit
qu'il s'agissait d'étalons de 1 000 000 $ dans tous les cas, j'ai dit
qu'il y avait des étalons qui pouvaient valoir jusqu'à 500 000 $;
je n'ai pas parlé de 1 000 000 $. J'ai dit qu'on ne parlait pas de
chevaux de 500 $ ou de 1000 $, on parlait de chevaux de plusieurs milliers de
dollars, de plusieurs dizaines de milliers de dollars la plupart du
temps...
Une voix: Tout à l'heure, vous avez dit un million.
M. Garon: Pardon?
Une voix: Tout à l'heure, vous avez dit un million.
M. Garon: Non, non, j'ai dit 500 000 $. J'ai dit qu'ils peuvent
valoir jusqu'à 500 000 $, mais je n'ai pas dit que la masse des chevaux
valait 500 000 $, j'ai dit qu'il ne s'agissait pas de chevaux de 500 $, de 200
$ ou de 1000 $, qu'il s'agissait de chevaux de plusieurs milliers de dollars
et, souvent, de plusieurs dizaines de milliers de dollars. Il peut arriver que
les chevaux valent plus de 100 000 $ et on a déjà vu des chevaux
qui ont atteint 500 000 $, et il y en a qui ont dépassé cela.
Quand on parle de faire la classification d'un cheval, c'est comme
l'évaluation d'une chose qui a une bonne valeur. Il s'agit aussi d'un
jugement définitif et qui va entraîner des revenus importants ou
moins importants pour celui dont le cheval aura été
évalué. Là, il ne s'agira plus d'un comité, il va
s'agir d'un fonctionnaire, d'un examinateur. Alors que, dans d'autres tests, on
peut évaluer sur des résultats réels, des
résultats, par exemple, comme leur progéniture. C'est comme cela
qu'on évalue des animaux, par exemple en testant leur
progéniture.
M. Forgets De conformation.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Prévost, laissez-le parler.
M. Forgets Conformation d'un taureau aussi.
M. Garon: De conformation aussi.
M. Forget: La même chose qu'un cheval.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Prévost, laissez parler le député de Lévis.
M. Garon: Cela est basé sur plusieurs années, sur
des pedigrees, où il y a des critères qui sont beaucoup plus
échelonnés dans le temps que pour l'évaluation du cheval.
Il n'y a pas le droit de vie ou de mort, parce que celui qui n'est pas
satisfait peut aller devant d'autres instances, il n'y a pas seulement un
endroit où il peut faire évaluer ses animaux. Tandis que, dans le
cas du cheval au Québec, c'est une loi qui vaut pour l'ensemble du
Québec qui dit qu'un cheval, pour s'accoupler avec une jument, pour
monter une jument, aura besoin d'un permis du ministre et selon des normes et
barèmes déterminés par le Conseil des ministres qui seront
appliqués par un examinateur. C'est cela qui est dit, c'est cela la loi.
La seule chose que je dis, c'est que cela prend un système d'appel pour
les
gens qui ne sont pas satisfaits, qui pensent qu'ils n'ont pas
été traités correctement ou qui peuvent être en
conflit de personnalité avec l'examinateur; il peut y avoir 56 raisons.
Quelqu'un a droit à une deuxième instance, à une
révision ou à un appel devant une autre instance que la
première.
Les libéraux ont souvent plaidé cela dans le passé
et même, dans certains cas, il y a eu des changements qui ont
été faits parce qu'ils ont tenu à cette forme d'appel ou
de révision. Et, maintenant qu'ils sont au gouvernement, ils ne veulent
plus rien savoir de ce qu'ils préconisaient lorsqu'ils étaient
dans l'Opposition alors qu'ils nous ont fait passer des dizaines et des
centaines d'heures en commission parlementaire à l'Assemblée
nationale pour faire valoir ces points. Quand on parle du cheval, je comprends
que les gens puissent penser que ce n'est pas très important, mais, au
contraire, c'est une industrie très importante. Chacun des chevaux peut
valoir beaucoup d'argent et il peut y avoir des dommages irréparables,
à cause des articles qu'on a devant nous, envers ceux qui auront
été mal traités, mal jugés ou mal
évalués par l'examinateur, pour quelque raison que ce soit.
Tantôt, le député de Terrebonne a donné de bons
exemples. Je vais vous en donner un: à 79 on parle de bruits anormaux du
larynx; il disait que cela pouvait être un rhume. Quand vous allez chez
le médecin, qu'il écoute votre respiration et que vous avez un
petit râle, c'est de telle ou telle nature; c'est dans les
critères. Vous avez le souffle ou vous ne l'avez pas. Vous savez qu'il
n'y a pas beaucoup de gens qui sont intéressés à avoir des
animaux qui ont le souffle. Si vous arrivez à faire examiner votre
animal et que, pour une raison ou une autre, il a un petit râle, cela
peut être évalué comme des bruits anormaux du larynx ou
encore d'autres critères d'évaluation qui sont de même
nature, qui peuvent faire qu'un animal va être sous-évalué
par rapport à ce qu'il vaut réellement. On n'est pas dans des
petites affaires, on est dans des grosses affaires. La meilleure preuve, c'est
lorsque vous faites évaluer une maison, qu'est-ce que vous faites? Vous
allez voir plusieurs maisons dans le quartier environnant pour voir quel est le
prix des transactions pour mieux évaluer la maison. Pourquoi, lorsqu'il
s'agit d'un cheval qui, souvent, vaut plus cher qu'une maison, on prendrait une
petite évaluation à la bonne franquette, sur le bord de la
clôture par un examinateur et que celui qui pourrait être
lésé ne pourrait avoir droit à un véritable appel
étant donné la valeur du bien en question qui est
l'étalon? C'est ma représentation. Si les députés
libéraux votent contre lors du vote enregistré, on l'aura
enregistré et on le dira dans nos assemblées publiques. On dira
aux éleveurs de chevaux que, si aujourd'hui, cela se passe de cette
façon, c'est un fonctionnaire du ministère seul qui a le droit de
vie ou de mort. Le ministre l'a voulu ainsi, le Parti libéral l'a voulu
ainsi. Nous, lorsqu'on prendra le pouvoir, on changera cela.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lévis. Est-ce qu'il y en a d'autres qui veulent prendre la parole
à droite?
M. Jolivet: M. le Président
Le Président (M. Houde): Oui, mais il faut respecter
l'alternance. Non? D'accord. La parole est au député de
Laviolette.
M. Jolivet: Je veux demander un vote nominal.
Le Président (M. Houde): D'accord. On doit lire d'abord
l'amendement qui a été apporté par le député
de Terrebonne: de droit, de compétence ou toute autre raison
jugée rationnelle. Qui est en faveur?
M. Jolivet: Nominal.
Le Président (M. Houde): Nominal, d'accord.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
Le Président (M. Houde): Contre.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Président (M. Houde): Rejeté. Est-ce qu'on
accepte l'article 7?
M. Jolivet: Sur division.
M. Garon: On demande de voter sur l'article 7.
Le Président (M. Houde): Oui, d'accord. M. le
secrétaire.
M. Garon: Un vote enregistré parce que c'est un article
important.
Le Président (M. Houde): D'accord. Je suis
entièrement d'accord avec vous, M. le député de
Lévis, pour qu'on prenne le vote.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes).
M. Pagé: ...vous le demandez. Si vous êtes d'accord
avec lui...
Le Président (M. Houde): Pour le demander. Il veut
demander le vote. Je suis d'accord à demander le vote.
M. Pagé: Vous n'avez pas d'objection?
Le Président (M. Houde): Non, je n'ai pas d'objection.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Pour.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Pour.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Pour.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost):
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Pour.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pardon? Vous appelez quoi? L'article 7? Pour.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
Le Président (M. Houde): Pour.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Houde): L'article est accepté sur
division. Article 8?
M. Pagé: L'article 8, même proposition. L'objectif
de cette disposition, c'est comme à l'article 7, mesure de concordance,
de biffer le Comité de surveillance des étalons purement et
simplement et d'indiquer comment l'appel à la Cour provinciale peut
être interjeté, à savoir que, dans le cas d'une
décision qui est contestable pour des motifs de droit, on indique
purement et simplement les dispositions, la façon de faire pour
s'inscrire en appel d'une telle décision. L'article parle par
lui-même.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Nous allons devoir voter aussi contre cet article. On
voit à quel point le ministre est un drôle de ministre, puisque
cet article a été adopté au mois de juin 1986. L'article
17 que nous amendons, qui précisait le rôle du Comité de
surveillance des étalons, a été proposé par le
ministre lui-même. La loi 69 a été présentée
le 15 mai 1986 et le principe a été adoptée le 3 juin
1986. La loi a été adoptée le 19 juin 1986 et
sanctionnée le 19 juin avec le concours de l'Opposition On ne peut pas
dire, actuellement, qu'on s'obstine pour le plaisir de s'obstiner puisqu'en
juin... Sauf qu'on est un peu cohérent, on essaie de ne pas être
comme des yo-yo ou encore comme des girouettes. On a voté en faveur de
cette loi-là au mois de juin et là ce que le ministre vient
modifier au mois de décembre, c'est la loi telle qu'adoptée
unanimement par l'Assemblée nationale au mois de juin.
On est, comme dirait le député de Taschereau, "dans le
biscuit". On est véritablement dans une drôle de situation et on
voit à quel point c'était bien présenté puisqu'on
disait - et voyez à quel point c'était bien fait - : "Cette
requête doit avoir été préalablement
signifiée au ministre
ou au comité. La signification de la requête au
comité est faite au bureau du ministre." Toute la procédure
était bien faite pour faire en sorte que fonctionne bien le
Comité de surveillance des étalons.
Je pense que le ministre a fait une erreur, je dois vous le dire bien
franchement. S'il avait l'ordre de faire disparaître le Comité de
surveillance des étalons, il aurait dû, au moins, négocier
quelque chose avec le Conseil du trésor pour dire: D'accord, je vais
vous faire une contre-proposition. En première instance, ce sera mon
fonctionnaire, mais je voudrais maintenir le Comité de surveillance des
étalons comme tribunal de révision ou de deuxième
instance, ou d'appel. Là, on aurait pu dire: Si le fonctionnaire s'est
trompé... Et cela aurait fait en sorte que le fonctionnaire du ministre,
l'examinateur, se serait surveillé davantage. Il aurait dit: Le danger,
si je fais une mauvaise première instance et qu'il y a un appel, l'appel
va se retrouver devant le Comité de surveillance des étalons,
avec des experts de l'industrie chevaline qui vont appliquer les mêmes
règles et il pourrait y avoir une révision. Là, il y
aurait une certaine sauvegarde des droits, et j'aurais dit: Comme il y a
vraiment une deuxième instance, à ce moment, l'appel devant la
Cour provinciale en droit et compétence aurait été
suffisant. Mais le ministre, je pense, a été trop vite. Il n'a
pas assez bien fait ses devoirs, il a négligé ses devoirs et il
est resté dans le domaine des brouillons de sorte qu'on se retrouve
devant un projet de loi qui était sûrement incohérent
à un moment donné, puisqu'on est en train d'amender des articles
que le ministre nous a fait adopter au mois de juin dernier.
Et je vais vous dire plus que cela. Nous avions présenté
un projet de loi, en 1985, qui était une modification de la Loi sur la
protection sanitaire des animaux mais qui ne changeait pas la section sur la
surveillance des étalons. Nous n'avions pas touché à la
partie sur les étalons en 1985. Le projet de loi n'a pas
été amendé, les élections sont arrivées et
le parti gouvernemental n'a pas voulu apporter au mois de juin 1986 le projet
de loi que j'avais proposé parce qu'il trouvait qu'il n'y avait pas de
délai suffisant. Je n'ai pas crié au meurtre, j'ai dit: Bon, on
aurait dû le présenter plus tôt. Il est vrai que nous
l'avions présenté un peu tardivement et j'ai accepté le
fait.
Aujourd'hui, le ministre revient avec le même projet de loi auquel
il a rajouté une section sur la surveillance des étalons pour
modifier la loi antérieure qui datait de 1919 - elle avait
été amendée à quelques reprises entre 1919 et 1936
- pour faire sa section à lui, pour mettre son fion et qu'il puisse
dire: Le Comité de surveillance des étalons, maintenant, c'est
moi qui l'ai réglementé. Croyez-le ou non, le grand ministre de
l'Agriculture, compétent entre tous, vient nous faire abolir la section
qu'il a fait lui-même adopter. C'était son cru, son premier cru.
Au printemps en 1986, c'était sa production; on a voté
là-dessus et on a voté unanimement. Il apportait certaines
corrections, mais, en gros, on était d'accord avec ce qu'il faisait
à ce moment. Là, il n'est pas content de son cru, il veut jeter
son cru à la poubelle et dire: Je l'ai aboli à l'Assemblée
nationale. Le député de Berthier, à ce moment-là,
siégeait à la commission, il n'était pas président
et il trouvait qu'on n'allait pas assez vite. On a adopté cet article,
finalement, à l'unanimité. Peut-être qu'on n'aurait pas
dû, mais c'est aujourd'hui qu'on ne devrait pas le faire. On pense qu'on
était correct au mois de juin, mais c'est aujourd'hui qu'on ne doit pas
le faire. Et pour montrer à quel point - et ce n'est pas parce qu'on
joue avec les lois - on dit: On était unanime au mois de juin, pourquoi
commencer à bousiller? (23 h 30)
Est-ce parce que M. Gobeil, parce que le président de Provigo a
dit: Faites disparaître le comité des étalons? Le ministre
lui-même, après réflexion, alors qu'il mettait
lui-même sa propre réflexion sur papier, venait faire une
révision de la section II de la Loi sur la protection sanitaire des
animaux pour confirmer le Comité de surveillance des étalons et
en modernisant un peu certains aspects de la section II. Je vois le
député des Îles-de-la-Madeleine qui me regarde avec des
airs béats, mais je suis... Béats... on peut être
béat pour toutes sortes de raisons... Je suis certain qu'il doit trouver
curieux qu'il ait voté pour le projet de loi au mois de juin 1986, il
était là, il a voté pour le projet de loi, tous les
membres de la commission ont voté pour. Aujourd'hui, comme des moutons
de Panurge, ils vont dire: On vote contre, on fait disparaître la section
qu'on avait votée au mois de juin 1986. Alors, M. le Président,
je suis prêt à voter sur ce projet de loi, sur cet article. Je ne
sais pas s'il y a d'autres interventions...
Le Président (M. Houde): Y a-t-il d'autres interventions?
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Je veux juste ajouter, M. le Président,
qu'effectivement il s'est passé le même phénomène,
cet après-midi, dans un projet de loi où le ministre de
l'Éducation, à l'époque, avait refusé d'accepter un
amendement que l'Opposition voulait apporter. Le projet de loi était
adopté au mois de juin passé, et, aujourd'hui, on acceptait
l'amendement qu'on proposait à l'époque. On veut montrer un peu
que... Le leader du gouvernement a raison. On lui amène des projets de
loi à la dernière
minute, mal foutus, mal préparés, et, après cela,
on se demande pourquoi l'Opposition fait son travail parce que, finalement,
cela n'avance pas au rythme où les gens du gouvernement voudraient voir
les projets de loi avancer. On leur dits Écoutez, vous avez
proposé un projet de loi au printemps passé, vous l'avez fait
voter et, maintenant, vous faites encore d'autres amendements. Pourquoi ne pas
l'avoir fait à l'époque? Si le ministre était vraiment
quelqu'un qui s'était penché sur le sujet, il aurait dit,
à l'époque: Faisons-le d'un même trait, ou attendons; ne le
faisons pas au mois de juin, attendons à plus tard. Cela n'aurait rien
changé, cela aurait fait simplement en sorte qu'on serait arrivé
aux mêmes résultats aujourd'hui. L'exemple que j'apporte toujours
est réel dans mon esprit. On nous a apporté un projet de loi de
quatre articles qui semblait banal, et on s'est retrouvé avec un nouveau
projet de loi imprimé, à la suite de l'accord de l'Opposition.
Quand on fait notre travail convenablement et qu'on a les résultats qui
nous conviennent, on le fait... Le ministre a ramené un nouveau projet
de loi réimprimé de huit articles qui était
complètement différent de celui qu'il avait proposé, parce
que l'Opposition avait fait son travail. Qu'on ne vienne pas, à ce
moment-là, nous dire qu'on ne fait pas notre travail. On essaie de le
faire le mieux passible dans les conditions dans lesquelles nous sommes, de
voyager d'une commission à l'autre, à l'Assemblée
nationale, depuis trois semaines déjà... Et je dois dire que j'ai
participé à plusieurs commissions parce que mon travail
m'invitait à le faire, et je l'ai fait, comme je vous le disais tout
à l'heure, de façon consciencieuse, à l'ordre, de
façon à pouvoir, quand c'était le temps de travailler, de
travailler, et de s'amuser ensuite, quand c'était le temps de s'amuser.
Donc, vis-à-vis de cela, M. le Président, moi aussi, je serais
prêt à voter sur l'article 8.
Le Président (M. Houde): L'article 8 est-il
adopté?
M. Pagé: M. le Président, avant...
Le Président (M. Houde): Pardon, M. le ministre...
M. Pagé: J'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt les propos du député de Lévis.
Celui-ci soutient que nous aurions dû présenter de telles
modifications au moment de l'étude de la Loi modifiant la Loi sur la
protection sanitaire des animaux au mois de juin dernier et que nous aurions
dû traiter de ces sujets à ce moment-là parce que,
déjà, on l'avait étudié... Il nous dit: Vous
êtes inconséquents, vous avez adopté ces articles et vous
auriez pu présenter le projet de loi, etc. M. le Président, j'ai
laissé le député intervenir et j'apprécierais qu'il
en fasse autant.
Le député de Lévis devrait retenir deux choses.
Premièrement, au mois de juin dernier, le Conseil des ministres
était saisi d'une proposition ou d'une hypothèse en vertu de
laquelle le gouvernement, par la voie de son ministre de l'Agriculture, allait
proposer à l'Assemblée nationale, à l'automne, un projet
de loi pouvant abolir purement et simplement le Comité de surveillance
des étalons. Donc, M. le Président, il n'était pas
décidé, à ce moment-là, et les responsables
gouvernementaux, les membres du Conseil des ministres n'avaient pas
autorisé la proposition qui a été formulée par le
ministre pour procéder à l'abolition de ce comité. Donc,
c'était trop tôt.
De plus, si cela avait été le temps, je suis
persuadé que les députés de l'Opposition, et
particulièrement le député de Lévis, se seraient
retrouvés dans une situation de dualité en ce qu'ils auraient
très certainement demandé de scinder le projet de loi. Je crois
comprendre qu'il est contre l'abolition du comité de surveillance, d'une
part, et, d'autre part, je retiens qu'il était en faveur des
propositions de modification à la Loi sur la protection sanitaire des
animaux qui était étudiée à ce moment-là,
particulièrement en regard de tout le volet des ajouts,
médicaments et toutes ces questions-là. Encore une fois, on
aurait eu droit à un périple dilatoire des députés
de l'Opposition, mais cela aurait consommé beaucoup de temps aux travaux
parlementaires qui sont importants.
Enfin, le député nous dit: II est essentiel de maintenir
un mécanisme d'appel. Le député s'inscrit en contradiction
avec lui-même alors qu'il a accepté ces articles au mois de juin
dernier et qu'il n'a pas abordé ce sujet-là; il n'a pas
soulevé cette question. Il a purement et simplement accepté que
le recours à la Cour provinciale s'appuie sur des questions de droit et
de compétence. Jamais, en aucun moment, il n'a soulevé ces
sujets. Qu'est-ce que cela veut dire concrètement? Cela veut dire que,
s'il les soulève ici ce soir, de deux choses l'une: c'est qu'il n'est
pas conséquent avec les propos qu'il a tenus au mois de juin dernier,
premièrement; l'autre possibilité, c'est qu'il veut purement et
simplement faire de l'obstruction systématique, ce soir, ici.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. On
vote?
M. Garon: On a un droit de parole de vingt minutes à
chaque article. Comme le ministre a fait des affirmations, je veux y
répondre. C'est mon droit en vertu de la procédure. Je n'aurais
pas pris tout mon temps de parole, mais si le ministre se "filibuste"
lui-même en disant des choses qui
ne sont pas...
Le Président (M. Houde): Oui, M. le ministre.
M. Pagé: Un dernier commentaire, si le
député me le permet. Le député vient de confirmer
que c'était un "filibuster". Je cesse donc ce parler. Votons, M. le
Président, point final.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Non, je veux répliquer à ce qu'il a dit.
Pourquoi, au printemps, ai-je voté en faveur du projet de loi,
même si ce n'était pas de même nature que le projet de loi
65 que j'ai proposé en juin 1985, c'est-à-dire Loi modifiant la
Loi sur la protection sanitaire des animaux. Il n'y avait pas de section sur
cette partie qu'a modifiée le ministre, au mois de juin 1986. Si je
n'avais pas eu d'objection à cette partie, c'est parce que je
considérais que le Comité de surveillance des étalons
composé de cinq personnes était capable d'établir une
bonne évaluation des étalons. Actuellement, avec les
modifications qu'apporte le ministre, on abolit le Comité de
surveillance des étalons, alors qu'il l'avait maintenu. Il avait pris la
peine de refaire lui-même toute la section portant sur le Comité
de surveillance des étalons alors que, l'année antérieure,
dans mon projet de loi sur la protection sanitaire des animaux... Cela n'avait
pas été adopté, mais il l'a repris en grande partie. Il
rajoutait toute la section ayant trait à la surveillance des
étalons, où il confirmait le Comité de surveillance des
étalons au mois de juin 1986 et c'est lui-même qui, quelques mois
plus tard, vient l'abolir.
J'étais cohérent au mois de juin 1986 parce que je pensais
que le Comité de surveillance des étalons était un bon
organisme pour faire l'évaluation des étalons. Aujourd'hui, parce
qu'il n'y a qu'un examinateur et comme il n'y a plus de Comité de
surveillance des étalons, c'est une erreur parce qu'il n'a pas la
capacité d'évaluation à mon avis que constituait le
Comité de surveillance des étalons. Je suis pleinement
cohérent avec ce qu'on a fait en 1985-1986 et avec ce qu'on fait
aujourd'hui. Et c'est le ministre lui-même qui a confirmé le
Comité de surveillance des étalons au mois de juin 1986. On
était d'accord avec cela. C'est pour cela qu'on a voté pour. On
n'a pas voté contre, on a voté pour. Mais, quelques mois plus
tard, le ministre vient faire disparaître le Comité de
surveillance des étalons. Il laisse un examinateur, mais il n'y a pas de
deuxième instance, alors qu'auparavant il y avait un examinateur. Il y
avait le Comité de surveillance des étalons qui faisait la
coordination de tout cela, qui pouvait intervenir et, lorsqu'il y avait des
deuxièmes instances ou une demande de révision, on pouvait
surveiller l'affaire et faire en sorte qu'une meilleure justice soit rendue
pour ceux qui avaient fait évaluer leurs animaux.
Essentiellement, c'est le propos que je tiens, M. le Président,
et c'est dans ce sens que je voulais préciser ce qui a été
dit parce que, autant nous étions d'accord au mois de juin avec la
proposition du ministre, autant nous ne pouvons plus être d'accord parce
qu'il change toute la procédure et fait disparaître le
Comité de surveillance des étalons qui était un bon
organisme pour faire en sorte qu'une bonne évaluation des étalons
soit faite au Québec.
Le Président (M. Houde): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Pagé: Adopté.
M. Garon: On va faire un vote par appel nominal, M. le
Président.
Le Président (M. Houde): Sur l'article 8, M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Pour.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Pour.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Pour.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Pour.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pour.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
Le Président (M. Houde): Pour.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis):
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Houde): L'article 8 est adopté.
J'appelle l'article 9.
M. Pagé: À l'article 9, M. le Président,
essentiellement, il s'agit de rayer les mots "ou le Comité de
surveillance des étalons, selon le cas". Comme on le sait, l'article
55.37 actuel se lit comme suit, c'est la même chose pour l'article
55.39 qu'on retrouve à l'article 10 du projet de loi et la même
chose pour 55.40 qu'on retrouve à l'article 11 du projet de loi.
L'article 55.37 dit ceci: "Dès la signification de cette requête,
le ministre ou le Comité de surveillance des étalons, selon le
cas, transmet à la Cour provinciale le dossier relatif à la
décision qui fait l'objet de l'appel." Les dispositions des articles 9,
10 et 11 ont uniquement et seulement pour but de faire disparaître les
mots " ou le Comité de surveillance des étalons, selon le cas",
mesure de concordance applicable pour les trois articles 9, 10 et 11, dont
l'article 9 qui est présentement appelé.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, à vous la parole.
M. Garon: Les paroles du ministre sont précises et nous
sommes prêts à voter, M. le Président.
Le Président (M. Houde): Adopté, l'article 9?
M. Garon: Sur division. M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Houde): Sur division, d'accord. J'appelle
l'article 10, M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, même commentaire
que celui que je viens de formuler.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Même commentaire.
Le Président (M. Houde): Adopté sur division?
M. Garon: Sur division.
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Houde): J'appelle l'article 11.
M. Pagé: Même commentaire, M. le Président.
Uniquement pour faire disparaître les mots " ou du Comité de
surveillance des étalons, selon le cas".
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Sur division.
M. Jolivet: Même cohérence, M. le
Président.
Le Président (M. Houde): L'article 11 est adopté
sur division. J'appelle l'article 12.
M. Pagé: L'article 12, M. le Président,
prévoit les règles de concordance concernant les montants
d'amende exigés dans le cas d'infractions. Puisque la section II sur la
surveillance des étalons a été reprise en entier, la
numérotation des articles a donc changé.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, l'article 12.
M. Garon: II s'agit dans ce cas d'une augmentation des
pénalités ou des mêmes pénalités qui sont
couvertes par le même article?
M. Pagé: Ce sont les mêmes pénalités,
les numéros de référence aux articles ont changé
tout simplement.
M. Garon: On trouvait ces pénalités dans quel
article antérieurement?
M. Pagé: L'article 55.44, premier et deuxième
alinéas. "La loi actuelle dit: "Quinconque contrevient à l'un des
articles 14, 15, 16 - qui touchent, entre autres, toute la question de la
surveillance des étalons -20, 24, 26, 27, 35, 38, 39, 40, 41, 42 ou 43
ou à une disposition réglementaire déterminée en
vertu des articles 21, 28 ou 45 est passible, outre le paiement des frais,
d'une amende de 100 $ à 500 $ dans le cas de l'individu, et de 200 $
à 2000 $ dans le cas d'une personne morale. En cas de récidive
dans les deux ans de la condamnation pour une même infraction, le
contrevenant est passible, outre le paiement des frais, d'une amende à
200 $ à 2000 $ dans le cas d'un individu, et de 500 $ à 5000 $
dans le cas d'une personne morale." Le projet de loi dit ceci: "L'article 55.44
de cette loi, édicté par l'article 17 du chapitre 53 des lois de
1986, est modifié par le remplacement, dans la première ligne du
premier alinéa, des chiffres "14, 15, 16" par le chiffre "12"." Le
chiffre 12 a intéqré les poursuites possibles.
M. Garon: Dans les articles 14, 15 et 16
antérieurement?
M. Pagé: C'est cela.
M. Garon: De la loi antérieure.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Le chiffre 12 dont il est question, c'est le chiffre
12 qu'on vient d'adopter dans l'article 1?
M. Pagé: Oui, c'est cela. M. Jolivet: Donc...
M. Pagé: L'article 12 reprend les dispositions
antérieurement prévues aux articles 14, 15 et 16. (23 h 45)
M. Jolivet: Aux articles 14, 15, 16, c'est cela. Ce qui veut donc
dire que l'argumentation que mon collègue de Lévis apportait sur
les responsabilités qu'avait le propriétaire ou le possesseur
d'un étalon... On vient de faire de longues discussions ce soir sur
d'autres articles sur le droit d'appel. Cela indique clairement, par les
amendes qui sont imposées lorsqu'on contrevient à une ou l'autre
des dispositions du projet de loi, qu'il était important de faire la
bataille qu'on voulait faire. Si quelqu'un est jugé avoir contrevenu
à l'article 12, tel qu'il est inscrit là parce qu'il jugeait
qu'il avait une mauvaise évaluation et qu'il n'a pas le pouvoir de faire
évaluer par une autre personne que le fonctionnaire qui l'avait
déjà fait, je pense que cela vient s'ajouter à notre
argumentation que nous avons et aux amendements apportés. Si vous lisez
l'article 55.44 à la page 18 de la loi actuelle qui, comme le disait mon
collègue de Lévis, a été adoptée au mois de
juin dernier, vous avez les pénalités en cas d'une
première infraction, en plus des frais, des amendes et la même
chose en cas de récidive dans les deux ans d'une condamnation pour la
même infraction.
Le Président (M. Houde): L'article 12 est-il
adopté?
Une voix: Adapté.
Le Président (M. Houde): Adopté.
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Houde): Sur division. J'appelle l'article
13.
M. Pagé: M. le Président, l'article 13 se lit comme
suit: "Les dispositions de la présente loi entreront en vigueur à
la date fixée par le gouvernement."
Le Président (M. Houde): Adopté? Si vous me le
permettez, on va lire le titre du projet de loi 117: Loi modifiant à
nouveau la Loi sur la protection sanitaire des animaux. Le titre est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Houde): L'ensemble du projet de loi, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Jolivet: M. le député de Lévis.
Le Président (M. Houde): Est-il adopté, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Houde): Sur division.
M. Pagé: M. le Président, je vous inviterais
maintenant...
Le Président (M. Houde): Oui.
M. Pagé: ...à appeler l'étude du projet de
loi 146.
Projet de loi 146
Le Président (M. Houde): C'est cela, M. le ministre. Nous
procédons maintenant à l'étude détaillée du
projet de loi 146, Loi modifiant la Loi sur les grains et la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles. M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, nous sommes prêts
à procéder à l'adoption de l'article 1.
M. Garon: J'ai des remarques préliminaires.
M. Pagé: M. le Président, j'ai, au cours du
débat en deuxième lecture, fait part des motifs invoqués
au soutien de la proposition d'adoption de cette loi. Les propos étaient
clairs par eux-mêmes. Je sais que je suis inscrit en réplique. Je
suis prêt à procéder à l'étude de l'article
1. À l'article 1, M. le Président...
M. Jolivet: Un instant, M. le Président.
M. Pagé: Le commentaire, ce n'est pas compliqué, on
enlève le mot "producteur"...
M. Jolivet: M. le Président! M. le Président!
Le Président (M. Houde): Un instant, M. le ministre.
M. Jolivet: Le député de Lévis a fait
mention qu'il voulait faire des remarques préliminaires et le
règlement lui permet de le faire.
Le Président (M. Houde): D'accord. M. le
député de Lévis.
Remarques préliminaires M. Jean Garon
M. Garon: J'aimerais poser quelques questions au ministre avant
l'étude article par article de projet de loi et lui demander qui lui a
fait des représentations pour demander l'abolition de la Régie
des grains. Si on met à part le comité Gobeil qui a
demandé l'abolition de la Régie des grains du Québec,
quels sont les intervenants du milieu qui ont manifesté qu'ils
souhaitaient l'abolition de la Régie des grains?
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: J'ai pris note de la question du
député et je ne manquerai pas d'y répondre au cours de ces
travaux, présumant qu'il a plusieurs questions à soulever dans le
préambule ou dans le commentaire initial qu'il a à faire. Je les
note religieusement, M. le Président.
M. Garon: M. le Président, le ministre ne veut pas donner
de réponse à la question que je lui pose puisqu'il a
déjà affirmé, en deuxième lecture, que des
intervenants lui avaient demandé l'abolition de la Régie des
grains. Il avait laissé entendre cela en deuxième lecture. Je
comprends que, dans le système parlementaire, on doit prendre la parole
du ministre, mais je ne connais personnellement aucun intervenant qui
souhaitait la disparition de la Régie des grains. Personnellement, je
peux vous dire que je n'ai jamais eu de représentations dans ce sens.
Après une consultation de tout le monde agro-alimentaire
québécois, l'unanimité avait été faite sur
la création de la Régie des grains dont la loi avait
été adoptée au mois de décembre 1979. Celle-ci a
commencé à fonctionner à partir de 1981, elle a fait son
premier rapport annuel pour l'année 1981-1982, puis en 1982-1983, en
1983-1984, en 1984-1985 et en 1985-1986 puisque, dans le rapport annuel de
cette année, le président-directeur de la Régie des grains
mentionne qu'il s'agit du cinquième rapport annuel pour l'année
1985-1986.
La Régie des grains a été mise sur pied au cours de
l'année 1981, après que l'on eut trouvé des
spécialistes du domaine pour pouvoir constituer cette régie. Vous
savez, au Québec, nous avions une production de grains qui était
très peu élevée. Il n'y avait pas un grand nombre de
spécialistes des grains, sauf un certain nombre d'acheteurs de grains
importés qui avaient une certaine expérience du marché et,
également, les principaux acheteurs de grandes entreprises comme la
Coopérative fédérée, Shur-Gain, Purina, Bunge,
à Québec, avec les silos à grains, l'Office des provendes
du Canada à Montréal, pour le gouvernement fédéral,
la Commission canadienne du blé, dans l'Ouest. Au Québec, il y
avait très peu de spécialistes. Je vous dirai que cela a pris
presque un an, après plusieurs consultations, après avoir
rencontré plusieurs personnes, pour constituer le comité de
direction de la Régie des grains. Lorsque les personnes ont
été nommées, la Régie des grains a commencé
à fonctionner immédiatement, principalement en donnant,
dès le début, dès la première année,
à plusieurs personnes dans l'ensemble du Québec des cours sur la
façon d'évaluer la qualité des grains, sur la façon
de faire des tests pour évaluer les grains.
La Régie des grains est un organisme qui a beaucoup
travaillé pour l'amélioration de la qualité, en
recommandant aussi des types de recherches qui correspondent aux besoins du
Québec, notamment des études pour adapter des
variétés qui seraient plus résistantes à la
fusariose qui est un problème, autant en Ontario qu'au Québec; le
degré d'humidité constitue un avantage, à la condition
d'avoir des variétés qui résistent à ce type de
maladie. Il est préférable d'avoir plus d'humidité que
d'avoir de la sécheresse comme dans le sud de la Saskatchewan parce que
l'on peut pallier à un excès d'humidité. Il est beaucoup
plus difficile de pallier à un excès de sécheresse. Il est
beaucoup plus difficile de faire des nuages artificiels ou de faire des
arrosages, ce qui coûte beaucoup plus cher, en mise en place
d'équipements.
La régie a fait un travail extraordinaire. Je trouve vraiment
dommage que le ministre ait accepté de piloter un projet qui vise
à la faire disparaître parce qu'un comité comme le
comité Gobeil qui ne connaît pas vraiment le secteur a
recommandé de l'abolir. La Régie des grains était un
besoin. C'est une industrie. Le ministre a dit qu'il économiserait 250
000 $. Il faut dire que le ministre a trouvé opportun, cette
année, de mettre un montant d'argent qu'il estimait à 150 000 $
pour le dépérissement des érables. Je pense qu'il n'a pas
eu tort de le faire. Au contraire, il a eu raison. Quand on parle de
l'industrie des grains, au Québec, on parle d'une industrie de plusieurs
centaines de millions. Pourquoi penser économiser 250 000 $ sur un
organisme dont la principale responsabilité est de surveiller et
d'améliorer la qualité des grains dans un Québec qui
développe cette production actuellement, qui a beaucoup de travail
à faire et qui va amener une richesse, une augmentation du revenu,
beaucoup d'emplois dans le milieu rural, si on
continue à développer la production
céréalière et à en améliorer la
qualité? Parce qu'en même temps - et tout cela n'est pas
incompatible - aujourd'hui on abolit le comité des grains, pour vous
démontrer l'absurdité, à la commission d'à
côté où l'on parle de la Société des alcools
du Québec, on est en train d'adopter des lois... Cela aussi fait partie
de l'héritage de l'ancien régime, de l'ancien gouvernement parce
que les débats avaient été faits entre le ministre de
l'Industrie et du Commerce et le ministre de l'Agriculture du gouvernement du
Parti québécois. On est en train de prendre des mesures
pour donner des permis pour pouvoir faire de la bière artisanale au
Québec, à même notre production
céréalière. Je vous dis une chose, il ne sera pas possible
de le faire si on n'est pas capable d'avoir des variétés, de
développer une qualité de grains pour faire de la
bière.
C'est pourquoi, en 1985, quand j'ai parlé des perspectives pour
les années qui viennent, j'ai dit qu'alors qu'en 1980 ou en 1981 il se
faisait seulement 14 000 tonnes pour l'alimentation humaine, en 1985, on
était rendus à 50 000 tonnes pour l'alimentation humaine; le
potentiel de marché au Québec pour l'alimentation humaine est de
800 000 tonnes et la meilleure qualité de grains, c'est celle qui va
pour l'alimentation humaine, à condition de se conformer aux
standards.
Dans l'alimentation animale, on a fait des bonds de géant,
passant de 818 000 tonnes, en 1976, à 2 700 000 tonnes, en 1985. Il y a
eu un travail extraordinaire de fait sur le plan de l'accroissement de la
qualité et le ministre était content d'indiquer, lorsqu'il a fait
son discours de deuxième lecture, qu'il y avait eu augmentation du
nombre des permis et que, maintenant, il y avait 200 permis de la Régie
des grains pour Ies acheteurs de grains et que 70 % du grain
commercialisé au Québec passaient par les détenteurs de
permis, les acheteurs de permis, puisque le permis est volontaire.
C'est une autre chose un peu exceptionnelle. Le permis n'est pas
obligatoire et c'est ce que j'ai voulu faire en 1979. Il n'y a pas beaucoup de
gens, à ce moment-là, qui avaient des permis volontaires. Je
voulais rendre le permis tellement bon et utile pour la commercialisation que
l'industrie voudra se donner la discipline de passer par le permis de la
Régie des grains. Et la Régie des grains a fait un travail
tellement exceptionnel que même ceux qui ne voulaient pas, au
départ, se sont rendus à l'évidence que la régie
faisait un bon travail et que c'était bon d'avoir un permis de la
Régie des grains.
Aujourd'hui, le ministre dit - et c'est là l'incohérence -
que 200 personnes pourraient le demander et si le ministre le voulait avant la
fin de la commission parlementaire - pas ce soir, mais plus tard -il pourrait
nous donner les chiffres des permis en 1981, 1982, 1983, 1984, 1985 et 1986 et
on verrait à quel point tout cela s'est fait graduellement, parce que le
permis était volontaire. Aujourd'hui, 70 % des grains
commercialisés au Québec passent par des acheteurs qui ont des
permis qui se sont soumis volontairement à la réglementation de
la régie. On n'a pas déréglementé. Il y a des
rêveurs qui pensent que l'objectif d'un bon gouvernement, c'est de
déréglementer. Personnellement, je pense que l'objectif d'un bon
gouvernement, cela peut être encore plus de faire en sorte que la
réglementation soit tellement bonne que les gens veulent
d'eux-mêmes s'y assujettir pour pouvoir démontrer à leur
clientèle qu'ils ont des produits de bonne qualité.
Cela ne s'est pas fait souvent dans le gouvernement du Québec,
vous savez. J'ai réussi à le faire et j'en suis fier. Je suis
peut-être un des seuls dans toute l'histoire du Québec à
avoir émis un permis volontaire, mais tellement utile que, comme le dit
le ministre, 200 permis ont été demandés en vertu de cette
loi et que 70 % du grain sont achetés par des détenteurs de
permis. Ils se soumettent à une discipline, à une inspection et
en cas de divergence entre... Vous pourrez étudier comment fonctionne la
chose. La classification est faite à la condition qu'il y ait accord
entre le vendeur et l'acheteur parce que, s'il y a accord, le prix va en
conséquence. Alors, comme ils ont des intérêts
diamétralement opposés, s'ils s'entendent, c'est parce que c'est
la bonne classification. S'ils ne s'entendent pas, c'est la régie qui
intervient. Il y a deux systèmes possibles: par la poste ou par un
inspecteur. Cela coûte plus cher s'il s'agit d'un inspecteur qui se rend
sur les lieux et, là encore, les gens défraient le coût de
l'inspecteur. Ce système a été mis en place et, si autant
de gens y ont adhéré, c'est que la régie a fait un travail
extraordinaire.
Je vous dis que la Régie des marchés agricoles qui est un
bon organisme a beaucoup d'ouvrage en administrant la loi sur la Régie
des marchés agricoles; elle a beaucoup d'ouvrage et elle n'a pas la
vocation pour faire le travail que la Régie des grains faisait. C'est
une erreur de changer cela. Je comprends qu'un nouveau ministre veuille faire
sa marque, mais le nouveau ministre ne fera pas sa marque en abolissant la
Régie des grains.
M. le Président, mon collègue m'indique qu'il est minuit
et que le temps dévolu par l'ordre de la Chambre est expiré. Je
demande l'ajournement de la commission sine die.
M. Pagé: Combien reste-t-il de temps
aux propos liminaires du député?
Le Président (M. Houde): II reste huit minutes; alors on
va continuer la prochaine fois.
M. Pagé: On va continuer la prochaine fois.
M. Jolivet: Parfait, M. le Président.
Le Président (M. Houde): La commission ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à minuit)