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(Onze heures quarante-neuf minutes)
Le Président (M. Bissonnet): A l'ordre, s'il vous
plaît:
La commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation
débute ses travaux. Je tiens à vous rappeler le mandat de la
commission donné par l'Assemblée nationale. C'est de
procéder à l'étude détaillée, article par
article, du projet de loi 38, Loi sur la transformation des produits marins. Il
n'y a pas de changement annoncé par le secrétaire. Avez-vous une
déclaration d'ouverture, M. le ministre?
M. Dutil: M. le Président, nous avions convenu hier avec
le président de la commission de remettre des documents à M. le
député de Lévis. C'était à l'étude
des crédits. Je voudrais les lui remettre. Cela concerne l'aide
financière pour la construction des bateaux de dix mètres et plus
et cela concerne les usines de préparation de produits marins qui ont
des permis.
Le Président (M. Bissonnet): Très bien.
Consentement. Il s'agit d'une transmission de documents, tel qu'on l'avait
mentionné à l'étude des crédits. Nous revenons
à l'étude détaillée du projet de loi, article par
article. Nous en sommes à la déclaration d'ouverture. M. le
ministre.
Remarques préliminaires M. Robert Dutil
M. Dutil: M. le Président, en introduisant des obligations
réciproques, le projet de loi amène ou induit des rapports
nouveaux et ainsi ajoute au pluralisme industriel et commercial
déjà existant. Il amène, à notre point de vue,
pêcheurs et acquéreurs à réfléchir sur
l'option de faire ou de faire faire, c'est-à-dire de transformer ou de
faire transformer, à choisir l'un ou l'autre. Ceci est en soi bien
supérieur à l'expédition du produit non transformé,
ce qui est une situation qui s'en va en augmentant à l'heure actuelle.
On peut donc dire que le projet de loi force la convergence des
intérêts de chacun pour le mieux-être, à moyen et
long terme, du secteur. La situation présente, en résumé,
la vente à un intermédiaire québécois, canadien ou
américain, n'apporte rien de neuf à la capacité de
commercialisation québécoise si ce n'est celle de négocier
cette transaction. Elle ne renseigne pas le pêcheur sur ce que
désire le consommateur. Cette vente prive nos réseaux de
matières premières nécessaires pour les rentabiliser,
donc, d'emplois et de produits à commercialiser.
L'origine ou la spécificité du produit marin
québécois n'est nullement exploitée lors de la vente car
il est mêlé à d'autres provenances diverses. Un dernier
point: elle renforce notre concurrence sur les marchés où nous
essayons de percer. C'est nous-mêmes qui créons notre propre
concurrence en livrant des produits non transformés à
l'extérieur du Québec. Enfin, le contexte actuel de la ressource
et de l'accès de nos pêcheurs ne permet pas de compenser cette
hémorragie.
La situation que nous proposons avec le projet de loi 38, c'est qu'en
obligeant une première transformation minimale nous partirions une
transformation qui, de toute évidence, se faisait ailleurs. Ceci
représenterait plus de 180 000 heures de travail en 1986 et beaucoup
plus pour 1987, selon les indications que nous avons. Les intervenants du
circuit sont conscientisés aux impacts négatifs et
réagissent déjà. Des pêcheurs font des choix, soit
d'investir dans une usine existante ou éventuellement dans une nouvelle.
Des pêcheurs et des industriels s'entendent pour transformer
partiellement ou en totalité la cargaison du pêcheur à
contrat, le produit final étant écoulé par le
pêcheur. Des acquéreurs négocient des ententes de
transformation locale. Ces demandes sont le résultat des contraintes et
obligations que nous qualifions de créatrices et innovatrices car, en
fixant des règles du jeu minimales, elles forcent un choix entre faire
et faire faire chez nous. Ainsi, nos régions maritimes ne sont plus des
sources de matières premières, mais des endroits où se
ferait entièrement la première transformation, ce qui est une
base nécessaire avant l'implantation d'une deuxième et d'une
troisième transformations. Voilà, M. le Président, pour
mon introduction.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis, votre déclaration d'ouverture.
M. Garon: J'aimerais dire, au point de départ, que j'ai
regardé la liste que m'a
remise le ministre. Il y a la liste des usines avec permis, mais la
liste de celles qui n'ont pas leur permis n'est pas là.
Le Président (M. Bissonnet): Avec la permission des
membres de la commission, M. le ministre, est-ce que vous pouvez
répondre?
M. Dutil: On peut fournir cette liste-là également.
Je peux mentionner toutefois les principales usines qui n'ont pas de permis.
Alors, il s'agit de Rivière-au-Tonnerre, La Tabatière; en
général, sur la Basse-Côte-Nord; il me manque quelques
permis. Je voudrais exclure cette section, parce que dans la loi, comme on le
sait, elle avait été retardée d'un an.
M. Garon: Ils ne l'ont pas, je comprends... C'est-à-dire
que le ministre de...
M. Dutil: C'était le 1er avril...
M. Garon: ...l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation a dit que 61 usines avaient leur permis et 73 autres ne
l'avaient pas.
M. Dutil: Ce sont 61 permis d'émis pour 54
établissements, certaines usines ayant besoin de plus d'un permis.
M. Garon: II nous a dit que 73 usines n'avaient pas de
permis.
M. Dutil: Ce qu'on appelle les 73 autres établissements ne
seraient pas dans la même catégorie d'entreprises de
transformation que celles dont nous parlons, les 61 établissements,
c'est-à-dire les 54 établissements qui ont besoin de 61
permis.
M. Garon: Oui, un établissement peut avoir plus qu'un
permis. Alors, c'est 54 établissements qui ont 61 permis.
M. Dutil: C'est cela.
M. Garon: II nous disait qu'il y avait 73 établissements
qui n'avaient pas de permis. Je pense que... M. le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation nous avait dit qu'il nous fournirait
les deux listes vendredi dernier, c'est-à-dire...
M. Dutil: Hier.
M. Garon: ...hier matin. Là, je vois que les entreprises
qui n'ont pas de permis ne sont pas là.
M. Dutil: On pourra compléter parce que j'ai l'impression
que ce ne sera pas notre seule séance sur le projet de loi 38.
Le Président (M. Bissonnet): Parfait, M. le ministre.
M. Garon: Deuxièmement, pour... C'est possible qu'on ait
besoin de plus d'une séance parce que c'est un projet de loi qui a
quasiment 60 articles, plus précisément 58 articles. Est-ce qu'on
pourra, à moins que vous n'aimiez mieux qu'on le fasse à la fin
ou immédiatement... Je sais que le leader du gouvernement a l'impression
que c'est possible lundi, parce que moi-même je le pensais. Mais, en
arrivant au bureau, j'ai constaté qu'il y avait une convocation de la
commission du budget et de l'administration. Alors, ce n'est pas pour vous
emmerder...
M. Dutil: Non, non, je comprends que vous ne pouvez pas
être à deux places en même temps; on s'organisera.
M. Garon: Si cela peut être à la suite de la
commission du budget et de l'administration, d'autant plus que je pense que le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation sera en
voyage la semaine prochaine; donc, je suis certain qu'il ne nous convoquera
pas. Cela pourrait être immédiatement après que la
commission du budget et de l'administration... Normalement, lundi, cela va
être fini. Alors, si cela siège à 11 heures, cela peut
être fini dans la journée, possiblement. Cela ne me fait rien
qu'il y ait un ordre de la Chambre pour lundi soir, par exemple, si on a fini
à la commission du budget et de l'administration dans la
journée...
M. Dutil: Que les deux leaders en conviennent.
M. Garon: Ou mardi.
M. Dutil: Notre leader va sûrement m'en parler.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Lévis, vous allez en parler à votre leader...
M. Garon: Je lui en ai parlé. M. Dutil: Pas de
problème.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, les deux leaders vont
s'entendre...
M. Garon: J'en ai parlé et c'est pour cela...
Le Président (M. Bissonnet): ...pour que vous
puissiez...
M. Garon: ...qu'il m'a dit d'en parler au ministre des
Pêcheries parce que cela pourrait...
M. Dutil: On m'avise que ce ne sera pas possible lundi. Mais,
quoi qu'il en soit, les leaders...
M. Garon: D'accord.
M. Dutil: ...vont certainement s'entendre et nous en parler.
Le Président (M. Bissonnet): Les deux leaders, M. le
député de Lévis, vont s'entendre, mais j'espère que
vous allez être à l'heure, cette fois-là:
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Bissonnet): J'espère que vous
allez arriver à l'heure, cette fois-là:
M. Dutil: II ne faudrait pas qu'il rencontre...
M. Garon: C'est parce que j'ai trop d'heures...
M. Dutil: ...des citoyens.
M. Garon: Je vais vous dire une affaire, c'est parce que j'ai
trop d'heures, j'ai siégé jusqu'à minuit...
Le Président (M. Bissonnet): Pas de problème.
M. Garon: ...à peu près toute la semaine.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Lévis, sur la déclaration d'ouverture, vous avez maintenant la
parole et vous avez 20 minutes pour nous informer de votre position.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, dans une semaine comme celle-ci
où on commence à 9 heures et on finit à minuit, c'est
très difficile de faire quelques appels téléphoniques et
il fallait quand même que je... Une voix: ...je ne juge pas.
M. Garon: Oui.
M. le Président, j'ai indiqué en deuxième lecture
que nous n'étions pas favorables à un tel projet de loi. Je
comprends que l'intention du ministre n'est pas mauvaise, sauf que je pense que
c'est un mauvais moyen qui aura des conséquences dramatiques pour les
gens du milieu. Ne pouvant pas profiter des meilleures offres que le
marché peut leur offrir, des meilleurs prix que le marché peut
leur offrir, cela occasionnera aux pêcheurs une baisse des prix pour
écouler leurs produits. Je pense que nos industriels, surtout dans le
cadre du libre-échange dont on parle de plus en plus... Je regarde les
principes que le premier ministre et le ministre des Communications
émettent quand ils parlent de la vente d'UniMédia dans les
journaux et quand ils disent qu'il faut être ouvert aux Américains
qui viennent acheter ici parce qu'on veut leur vendre davantage dans le cadre
du libre-échange. Avec le projet de loi qu'on a devant nous, il fallait
faire exactement le contraire de ce qui est prêché, en
théorie en tout cas, par le ministre et le ministre des Communications,
dans le cas d'UniMédia.
Le premier ministre dit régulièrement qu'il ne veut pas
protéger les hommes d'affaires et les entreprises du Québec parce
que, tantôt, on ne voudra pas que les Américains protègent
leurs entreprises contre notre concurrence. Et, dans les autres provinces, il
ne voudrait pas que les mesures adoptées pour protéger les autres
concurrencent les Québécois qui vont y faire affaire. Je ne suis
pas convaincu que toute la réflexion ait été faite sur un
projet de loi comme celui-là. J'aimerais savoir, dans les questions
préliminaires avant d'aborder le projet de loi, si on a les
données actuelles sur les quantités débarquées au
Québec par les pêcheurs, par exemple, du Nouveau-Brunswick. On
veut restreindre l'achat de produits au Québec par des gens du
Nouveau-Brunswick, mais j'aimerais savoir quelles sont les livraisons des gens
du Nouveau-Brunswick au Québec.
Je sais que des pêcheurs du Nouveau-Brunswick débarquent
à différents endroits, notamment en Gaspésie. Si,
aujourd'hui, l'industrie du crabe est développée en
Gaspésie, les gens du Nouveau-Brunswick qui sont venus s'y implanter ont
joué un role important, qu'il s'agisse de Gagnon,
Sainte-Thérèse de Gagnon, Gascon. Il s'agit là
d'entreprises qui sont venues s'implanter ici, des gens du Nouveau-Brunswick.
Et un certain nombre de pêcheurs du Nouveau-Brunswick, habitués
à faire affaire avec ces gens-là, sont venus s'implanter ici et
des débarquements importants se font ici. Des débarquements se
font également aux Îles-de-la-Madeleine. Je constate encore une
fois que le député des Îles-de-la-Madeleine n'est pas
présent quand on parle de projets de pêche qui peuvent le toucher.
Même aux Îles-de-la-Madeleine, des débarquements sont faits
par des pêcheurs d'ailleurs. J'aimerais qu'on me donne les statistiques
sur les débarquements, si on les a, car je ne suis pas convaincu
qu'elles soient complètes. Je sais que les gens du Nouveau-Brunswick
ont
de plus en plus tendance à débarquer ici, surtout depuis
l'amélioration et la modernisation de nos usines. Ce qui fait que nos
gens pourraient être appelés, en donnant des conditions
favorables, à avoir, au contraire, plus de débarquements au
Québec qu'il n'y en a actuellement. Cela pourrait représenter
plus de débarquements, parce que nous sommes bien situés. (12
heures)
Je trouve déplorable un tel projet de loi. C'est un aveu de
faiblesse parce qu'il laisse entendre que nos industriels sont moins bons que
les Industriels d'ailleurs, qu'ils ne sont pas capables de payer ce que les
industriels d'ailleurs sont capables de payer. Si des gens du Nouveau-Brunswick
viennent prendre du poisson ici, pourquoi les gens de chez nous, qui sont
situés dans la gueule du loup, ne pourraient-ils pas le faire? Pourquoi,
sur la C8te-Nord, par exemple, des gens, pour aller chercher du poisson,
seraient-ils capables de payer un meilleur prix que les gens de
Rivière-au-Tonnerre ou de Sept-Îles? Au contraire, le ministre -
et je pense que c'est une faiblesse n'a pas eu tous les permis qu'il
aurait dû avoir. Par exemple, dans des territoires comme l'île
d'Anticosti et Esquiman, au point de vue de la pêche à la
crevette, des permis ont été donnés à des gens de
Terre-Neuve. Je n'ai pas un mot à dire là-dessus parce que le
banc de crevettes à Esquiman est situé à des points
équidistants du Québec et de Terre-Neuve, sur une ligne
imaginaire, si vous voulez. Le banc d'Esquiman est situé à cheval
sur cette ligne, ce qui veut dire que le territoire du banc d'Esquiman se
trouve moitié du coté de Terre-Neuve, moitié du
côté de Québec, en gros. Il aurait été normal
de diviser les permis de pêche entre des pêcheurs de Terre-Neuve et
des pêcheurs du Québec et non pas du Nouveau-Brunswick qui sont
à des heures et des heures de navigation de ces bancs de
pêche.
Dans le cas du banc d'Anticosti, il est tellement près des
côtes du Québec que nos pêcheurs pourraient
déjeûner le matin, aller pêcher dans la journée et
revenir souper à la maison. Dans le banc d'Anticosti, les nouvelles que
j'ai, c'est que les permis qui ont été donnés par le
gouvernement fédéral, à toutes fins utiles, encore
là, ont été donnés à Terre-Neuve et, pour un
grand nombre, à des pêcheurs du Nouveau-Brunswick qui viennent
pêcher sur le banc d'Anticosti. Je me dis: Si on n'a pas
été capable d'avoir les permis à cause d'une
négociation trop faible, au moins, ne créons pas des conditions
pour faire en sorte que, par mesure de représailles, des crevettes
pêchées proche de nos côtes par des pêcheurs du
Nouveau-Brunswick ne puissent pas être traitées dans nos usines.
Il serait important qu'au moins ces pêcheurs du Nouveau-Brunswick qui
viennent pêcher dans les bancs d'Anticosti puissent débarquer,
aient le goût de débarquer et qu'on les incite à
débarquer sur le territoire québécois. Je ne veux pas
parler d'une mesure compensatoire par le fait qu'il y a eu des permis. Je pense
qu'il est complètement injuste que le territoire de pêche
québécois essentiellement constitué du golfe, mais qui est
collé sur nos côtes, doive appartenir à 100 % à des
pêcheurs du Québec. Je ne parle pas d'Esquiman. Qu'Esquiman soit
divisé à 50-50 entre Terre-Neuve et le Québec, c'est
équitable pour Terre-Neuve et pour le Québec.
De la même façon, dans les espèces comme le saumon
qui viennent de nos rivières et qui sont pêchées - le
ministre le disait hier - à 81 % - c'est-à-dire que 19 %
reviennent dans nos rivières - par les pêcheurs de Terre-Neuve,
c'est encore inéquitable. Les dispositions auraient dû être
adoptées pour faire en sorte... Je sais qu'il y a des discussions
là-dessus. Il devrait y avoir une politique plus cohérente pour
le golfe, afin que nous soyons intéressés à
développer les saumons qui partent de nos rivières, à la
condition qu'un certain nombre nous reviennent; il y a moyen de le faire. On ne
serait pas intéressés, comme Québécois, à
mettre des millions de dollars dans le développement de la ressource du
saumon pour faire pêcher les gens de Terre-Neuve.
J'avais abordé des discussions avec le ministre du temps, M.
Morgan, mais il a dû démissionner parce qu'apparemment il avait
péché le saumon au lancer léger. Je suppose que, dans un
excès d'enthousiasme, il s'est fait faire un coup par ses
fonctionnaires, je ne sais trop. Toutes sortes de rumeurs ont circulé
disant que ses fonctionnaires l'avaient incité à le faire pour
mieux le poigner. Le ministre pensait qu'ils voulaient lui faire poigner du
saumon et c'est lui qu'ils voulaient poigner. Il y a eu toutes sortes de
rumeurs sur le fait - je ne sais pas si elles sont fondées ou non - de
sorte que M. Morgan n'était pas là. On avait entamé des
discussions sur le saumon, afin d'avoir vraiment une entente à trois,
qui aurait été intéressante pour tout le monde,
c'est-à-dire que le fédéral dédommage pendant une
période tes pêcheurs de Terre-Neuve pour le fait qu'ils ne
pêcheront plus le saumon et qu'on fasse en sorte que le Québec,
lui, soit intéressé pour l'avenir à développer ces
ressources, parce qu'il saurait à ce moment qu'au moins 50 % reviennent
dans son territoire, qu'un fort pourcentaqe revient dans son territoire;
autrement, il n'a pas d'intérêt. Avec une ressource accrue, il y
aurait quatre ou cinq fois plus de saumons à prendre en prenant un
pourcentage quatre fois moins élevé, on en prendrait autant, au
fond, mais à condition que les ressources... S'ils en prennent toujours
80 %, on n'a aucun intérêt à développer cela. Il y
aurait
intérêt à dire: On a quatre fois plus de saumons,
vous en prenez 20 % au lieu de 80 %, mais vos 20 % valent autant que dans le
temps où vous en preniez 80 %, parce que le nombre total était
réduit.
J'avais commencé des discussions qui allaient bien, je pense,
avec... Mais que voulez-vous? Les ministres sont partis un par un. L'un est
parti parce qu'il aurait pêché le saumon au lancer léger et
l'autre est parti parce qu'il aurait laissé passer du thon.
Une voix: ...
M. Garon: Oui. Mais, là, j'ai su au moins que le
sous-ministre, M. Art-May avait sauté et je vais vous dire
là-dessus que je pense qu'il faut envoyer un télégramme de
félicitations à M. Neilson, parce que c'est à mon avis un
bon débarras. M. Art-May est un homme qui n'a jamais travaillé
pour le Québec. Tous ceux qui ont été dans le domaine des
pêches vous diront à quel point sa présence a
été néfaste pour le Québec. Il y aura eu au moins
ce résultat positif, parce que, lui, il a compris comme Terre-Neuvien
que son rôle était de protéger Terre-Neuve. Si tous les
Québécois qui sont dans le secteur des pêches à
Ottawa pensaient à travailler dans le même sens, cela serait
différent. Mais quand on est Québécois à Ottawa, il
faut d'abord se faire pardonner d'être Québécois et
à ce moment on est tellement déshabillé quand on... Les
gens qui le font se déshabillent tellement qu'il ne reste plus rien
à négocier.
M. le Président, moi, je pense que la mesure qu'il y a ici n'est
pas une bonne mesure. L'objectif du ministre est bon, je pense que ce qu'il
veut faire, c'est qu'il y ait un maximum de transformations des produits
pêchés au Québec dans les usines du Québec, mais je
pense que le moyen n'est pas bon, parce que... La nécessité que
ressent le ministre d'adopter une telle loi à mon avis est une
indication qu'il considère l'industrie québécoise trop
faible. Il sent le besoin de ce genre de protection. Je pense, au contraire,
que l'ensemble de l'industrie québécoise des pêches est
plus forte que celle du reste de l'Est du Canada pour une raison très
simple, c'est parce qu'ici la nôtre peut bénéficier d'un
marché.
Ici, toute l'industrie est organisée en fonction de la
qualité, ce qui a été entrepris en grande partie par la
modernisation de nos usines et de la flotte de pêche, avec le
marché québécois qui est un bon marché en
développement dans le domaine du poisson. C'est un marché qui est
capable de consommer tout le homard produit au Québec, qui est capable
de consommer une grande partie de3 crevettes produites au Québec, une
grande partie du crabe produit au Québec et je dirais une partie
importante de certaines espèces, peut-être la production
entière de turbot ou de poissons qui ne représentent pas des
volumes très importants. Les marchés extérieurs sont pour
nous, à condition de les réorganiser, de réorienter
davantage l'industrie de la pêche. Ce serait un supplément
intéressant dont le caractère essentiel serait moins fort, moins
grand. Je pense qu'une disposition comme celle-là...
Je pense qu'éventuellement au Québec la solution, ce n'est
pas que des gens, des résidents à l'extérieur du
Québec aient des permis de pêche, mais que nos usines travaillent
sur les produits de ces bateaux. Dans un premier temps, il faudrait le faire de
plus en plus en souhaitant qu'éventuellement ces permis soient
transférés à des gens du Québec, les permis de ces
bateaux qui pêchent dans des eaux qu'on peut appeler des eaux
territoriales québécoises. Je comprends que le ministre n'a pas
aimé l'expression quand j'en ai parlé à l'Assemblée
nationale, mais il y a déjà eu une entente entre les premiers
ministres de l'Est du Canada sur ce qui devrait être
considéré comme des eaux territoriales avec la grande
théorie internationale et les points équidistants entre les
territoires. Sur cette base, le golfe Saint-Laurent, essentiellement, dans sa
très grande partie, est un territoire québécois. Que
voulez-vous? Le territoire des gens de l'Île-du-Prince-Édouard est
autour de l'Île-du-Prince-Édouard. Le territoire des gens du
Nouveau-Brunswick est celui qui est devant chez eux. À ce
moment-là, on ne peut pas dire que l'île d'Anticosti est bien
proche du Nouveau-Brunswick. Je pense qu'il doit y avoir un
réaménagement dans le secteur des pêches, mais qu'il soit
basé sur l'excellence. Une mesure comme celle-là va venir
pénaliser ceux qui sont excellents. Si vous êtes un
pêcheur... Je me rappelle les bateaux les plus modernes dans le secteur
de ta morue, des pêcheurs du coin de Rivière-au-Renard, comme
Herman Sinotte, le capitaine Cotton, le capitaine Paradis. Je parle de celui
qui n'était pas le président de Pêcheurs unis, qui ne se
sentait pas non plus l'obligation de livrer à Pêcheurs unis. Il y
a d'autres pêcheurs qui voulaient avoir une marge de négociation
et qui, devant les prix faibles qui étaient offerts par des industriels
québécois - le pêcheur Chevarie, par exemple - se sont
choqués à un moment donné et ils ont appelé aux
États-Unis et des gens de Boston sont venus sur les quais payer le prix
que valait le poisson. C'était un montant considérable au-dessus
du prix que voulaient payer les industriels québécois. Mais, en
même temps, c'était une façon de démontrer - cela
n'a pas duré d'une façon permanente -qu'on n'obtenait pas pour
ces poissons la juste valeur puisque les Américains considéraient
que c'était payant de partir de Boston avec des camions-remorques, de se
rendre jusqu'à Rivière-au-Renard pour remplir un camion-remorque
de poissons et de le
ramener à Boston. Je pense que le but de ces pêcheurs
n'était pas de vendre du poisson directement à Boston tout le
temps, mais de démontrer que les industriels québécois ne
payaient pas le prix correct pour le poisson, pour le produit de leur
pêche. Je pense que cette menace de pouvoir vendre ailleurs à ceux
qui veulent payer le juste prix pour un produit de première
qualité doit demeurer parce que c'est là l'équilibre des
forces du marché. Autrement, si un pêcheur qui fait un bon produit
est prisonnier d'un industriel peu dynamique qui ne veut pas payer le prix que
cela vaut, au fond, c'est l'exploitation du pêcheur. Je pense qu'on ne
doit pas permettre que les pêcheurs se fassent exploiter de cette
façon. On doit dire que, au contraire, si les gens de Boston sont
prêts à payer le prix pour le poisson, nos industriels doivent
également payer le prix.
Dans le domaine du crabe, quand les Japonais ont voulu, ont
contribué à réorienter le marché, ce n'était
pas la meilleure façon. Que voulez-vous? Au début, quand on
faisait du crabe en conserve, c'est vrai que cela donnait plus d'emplois. Mais
la consommation a changé. De plus en plus, c'est du crabe à
l'état frais ou du crabe congelé. Même au Québec, la
consommation a changé. Le ministre me le disait hier et
là-dessus, je l'ai écouté, il avait raison. J'ai dit:
Tiens, il commence à apprendre. II me disait que, dans le domaine du
homard, il y a quelques années, les gens consommaient surtout du homard
en conserve. Maintenant, de moins en moins de homard en conserve est
consommé. De plus en plus, le homard est acheminé vivant sur les
marchés. Cela n'était pas possible dans le temps des voitures
à cheval et des trains. Cela n'était pas possible autant, les
risques auraient été trop grands. Mais, avec les conditions de
transport d'aujourd'hui, de plus en plus, les consommateurs veulent être
sûrs de la qualité de leur produit et ils veulent voir arriver le
homard vivant. Dans certains cas, il va être cuit sur place. C'est
évident qu'en termes d'emplois, il y en a moins dans le homard vendu
vivant ou vendu cuit entier. Encore, il peut y avoir un peu plus d'emplois s'il
est congelé avec un peu d'eau salée et qu'il est acheminé
sur les marchés. Mais que voulez-vous? On est mieux de garder les
marchés qui sont souvent plus payants parce que cela permet de payer un
meilleur prix au pêcheur et un meilleur prix pour cette qualité de
poisson, mais il y a moins d'emplois. On ne peut pas faire abstraction de
l'évolution des marchés. Il faut garder à l'esprit la
création maximale d'emplois, mais on ne peut pas non plus faire
abstraction de la qualité des marchés. (12 h 15)
Par ailleurs, pour une meilleure qualité, une orientation vers
une meilleure qualité, avec un meilleur service aux consommateurs... Des
gens, comme chez Steinberg, me disaient qu'ils veulent avoir des portions de
quatre onces, de cinq onces ou de six onces. Autrefois, les gens achetaient une
fesse de jambon. Aujourd'hui, ils achètent des tranches. Pourquoi? Parce
qu'on a une population plus âgée, qui reste en appartement et qui
ne veut pas avoir un jambon pour en manger pendant un mois. Ils achètent
une demi-livre de jambon coupé en tranches et ils ont un repas pour deux
personnes. Dans le domaine du poisson, c'est pareil. Par ailleurs, au lieu
d'avoir des blocs de cinq livres et de dix livres... Pour deux personnes
Sgée3 vivant ensemble, un bloc de cinq livres, c'est fort. Il va falloir
qu'elles le mangent vite en tout cas et en même temps il faut qu'il se
conserve. S'il y a des filets de poisson en portions de quatre onces ou cinq
onces, à ce moment-là elles ont ce qui leur convient. Il y a
beaucoup d'emplois là-dedans, aussi.
Le Président (M. Bissonnet): Veuillez conclure, M. le
député.
M. Garon: Oui. Il y a beaucoup d'emplois là-dedans aussi.
Je pense que l'orientation doit se faire en fonction de la satisfaction des
consommateurs et de l'excellence des produits à un meilleur prix
plutôt qu'en essayant de bloquer le dynamisme et de ne pas permettre
à ceux qui, par un projet de loi comme celui-là qui va
empêcher les pêcheurs d'obtenir le meilleur prix pour leurs
produits parce qu'on craint qu'une certaine partie de la ressource ne soit
acheminée à l'extérieur du Québec pour y être
travaillée...
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Lévis.
Est-ce qu'il y a d'autres motions?
J'appelle maintenant l'article 1. Est-ce qu'il y a des commentaires
à l'article 1?
Discussion générale
M. Dutil: Est-ce que je pourrais, M. le Président...
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Dutil: ...revenir sur certaines déclarations du
député de Lévis avant d'entamer l'article 1?
Le Président (M. Bissonnet): Avec votre permission...
M. Garon: D'autant plus que j'avais quelques questions dans mes
propos.
Le Président (M. Bissonnet): D'accord. M. le ministre,
vous pouvez répondre à
certaines affirmations du député de Lévis. La
commission y consent.
M. Dutil: Brièvement, seulement trois points. Je ne
voudrais pas relever tous les propos du député de Lévis
sur les thèmes qui ne sont pas dans le sujet du projet de loi, tel le
saumon pêché par les gens du Groënland, etc. je parlerai
seulement du libre-échange, premièrement, du principe du
libre-échange. Je pense qu'il est important de mentionner notre
argumentation là-dessus. Je l'ai dit hier en commission, je tiens
toutefois à le répéter, le pêcheur qui pêche
nos ressources canadiennes, nos ressources halieutiques canadiennes, obtient un
privilège, celui de pêcher, et ce n'est pas tout le monde qui
obtient ce privilège. C'est limité à un certain nombre de
pêcheurs dans le but bien évident de protéger la ressource.
Ce que nous demandons aux pêcheurs, à cause de la quantité
d'argent investi dans le domaine des pêches par les divers paliers de
gouvernement, à cause de ce privilège qui est accordé aux
pêcheurs, c'est de collaborer avec le gouvernement du Québec, avec
les citoyens de la région, avec les industries, avec les travailleurs
qui sont dans les usines, c'est de collaborer pour que la transformation se
fasse le plus possible dans leur propre région. Le niveau de
transformation - on va en discuter plus tard - n'est pas un niveau maximal. On
ne parle pas d'aller jusqu'à la fine transformation du produit, mais
c'est un niveau, à notre point de vue, minimal, un niveau qui
créerait bien davantage d'emplois dans le milieu et éviterait de
perdre des emplois. On se rend compte que le phénomène de livrer
à l'extérieur sans transformation est en voie
d'accélération et ne nuirait pas, à notre point de vue, au
prix que le pêcheur peut obtenir, puisque ce dernier a diverses formules,
justement, pour obtenir ce prix-là. Je vous en ai mentionné tout
à l'heure, je ne reviendrai pas là-dessus.
Le député de Lévis a critiqué le moyen que
nous employons. Je voudrais rappeler un moyen qui avait été
employé par le député de Lévis alors qu'il
était ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Il était mentionné, dans la condition de
subventions aux bateaux, que le pêcheur devait livrer à des usines
de transformation du Québec pour atteindre le même objectif, que,
d'ailleurs, le député de Lévis reconnaît être
valable - je suis d'accord avec lui là-dessus - l'objectif que la
transformation se fasse le plus possible au Québec. C'était une
façon de l'obtenir. C'est une façon qui, on s'en e3t rendu
compte, a été contournée par bien des pêcheurs et
qui, finalement, a été, jusqu'à un certain point, sans
effet. Je parle en terminant du cas d'un pêcheur appelé Chevarie,
pour rappeler que, lors de certaines subventions accordées à des
bateaux, il y avait également une condition qui, à mon avis, a eu
un effet très néfaste et a entraîné une certaine
exportation de nos produits non transformés aux États-Unis, qui
était d'empêcher que ces produits soient livrés sous peine
que le gouvernement du Québec pouvait rappeler sa subvention. Il fallait
que le produit soit livré à des usines... En fait, le
pêcheur ne devait livrer qu'à des usines qui étaient soit
une coopérative, soit une entreprise privée, ce qui excluait les
entreprises d'État de l'État fédéral
particulièrement, donc, Pêcheries Cartier.
À ce moment, cela a eu pour effet, justement, de chasser une
certaine partie des approvisionnements passés par les pêcheurs
vers les États-Unis et je pense que, dans le cas de M. Chevarie, c'est
ce qui s'est passé. Voilà les trois commentaires, M. le
Président, que je voulais mentionner. Il y en aurait bien d'autres, mais
je pense que ce serait en dehors du sujet et je ne veux pas revenir sur toutes
les autres allégations du député de Lévis.
M. Garon: C'est ça que je voudrais demander au
ministre...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Lévis.
M. Garon: ...parce que je me suis posé la question. Le
ministre s'est-il interrogé ou a-t-il eu des avis juridiques concernant
la constitutionnalité d'un tel projet de loi? Il réglemente le
commerce et il dit lui-même dans ses propos qu'il veut réglementer
l'exportation, le commerce interprovincial. A-t-il les pouvoirs d'adopter les
mesures qui reposent essentiellement sur le commerce interprovincial ou
international?
M. Dutil: Le comité de législation s'est
penché sur le projet de loi. Nous savons également que les
provinces de Terre-Neuve et du Nouveau-Brunswick ont des lois à peu
près similaires à celle que nous entendons adopter. Il y a
également, dans le secteur forestier, l'exportation aussi qui est
restreinte, à moins que le bois ne soit transformé au Canada.
Nous avons des assurances relativement valables. On me mentionne
également que la Colombie britannique a un projet de lot relativement
semblable. Donc, nous avons, à notre point de vue, suffisamment
d'assurances de ce côté pour nous lancer dans un projet de loi
relativement similaire à ceux qu'on retrouve dans d'autres
provinces.
Le Président (M. Bissonnet): Merci. Alors...
M. Garon: Serait-il possible d'avoir une copie...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Le ministre a fait référence à
deux provinces qui ont des textes semblables: Terre-Neuve et quelle autre?
M. Dutil: Le Nouveau-Brunswick. M. Garon: Le
Nouveau-Brunswick.
M. Dutil: D'ailleurs, pour répondre à une autre
question...
M. Garon: Ces deux projets de loi ont-ils été
testés? S'il était possible d'en avoir une copie. Pas
nécessairement un original, mais vos conseillers, s'ils vous ont dit
qu'ils avaient des textes comme ça dans ces provinces, ils doivent avoir
les textes juridiques de ces provinces. Y aurait-il moyen d'avoir une copie?
Deuxièmement, j'aimerais savoir si c'est possible, s'il y a eu des
causes, si ces lois ont déjà été testées
devant les tribunaux. Si elles sont aux mêmes effets et
possiblement...
M. Dutil: Oui. On pourra vous fournir les copies. On n'en a pas
ici. On pourra vous fournir des copies de ces lois. Quant aux tests, à
notre information, il y a un test qui a été fait au
Nouveau-Brunswick et la décision a été rendue en faveur de
la province.
M. Garon: À quel niveau de tribunal?
M. Dutil: Au premier niveau. C'est tout récent, selon les
informations que j'ai.
M. Cavanagh (Robert): Oui, effectivement.
M. Dutil: C'est une loi sur le niveau minimal de transformation,
non pas pour interdire le commerce ou quoi que ce soit. C'est pour qu'il y ait
un niveau minimal de transformation avant expédition. Le jugement a
donné raison à la province.
Le Président (M. Bissonnet): Merci. Les documents vous
seront transmis, M. le député de Lévis.
M. Garon: Ce n'est pas possible aujourd'hui. Si c'était
possible aujourd'hui, j'aimerais bien ça pour les regarder en fin de
semaine puisqu'on va se revoir la semaine prochaine. Si c'était possible
d'avoir les textes de loi; on est ici jusqu'à 2 heures, si
c'était possible d'avoir les photocopies des textes de loi.
M. Dutil: L'impossible sera fait, M. le député.
M. Cavanagh: J'ai des extraits, si vous permettez, de la
loi...
Le Président (M. Bissonnet): Vous êtes monsieur?
M. Cavanagh: Robert Cavanagh de la commission...
Le Président (M. Bissonnet): M. Cavanagh pour le ministre.
M. Cavanagh.
M. Cavanagh: J'ai des extraits de certains articles - je n'ai pas
apporté toute la brique parce que je ne m'attendais pas à ce
genre de question. Cela a été travaillé il y a longtemps -
de la Loi sur l'inspection du poisson adoptée au Nouveau-Brunswick.
M. Garon: Ah:
M. Cavanagh: Ils sont allés plus loin que l'inspection du
poisson. Si vous lisez...
M. Garon: Oui, mais...
M. Cavanagh: Si vous continuez, si vous lisez les articles 5
à 7, vous avez là l'obligation d'avoir un permis pour acheter et
vendre du poisson. J'arrondis, mais c'est le contenu de ces articles.
M. Dutil: Nous avons la copie du texte de loi de Terre-Neuve au
complet, M. le Président; on pourrait la remettre
immédiatement.
M. Cavanagh: On s'est inspiré de cela en bonne partie; il
y a d'autres problèmes au Québec, mais on s'en est inspiré
en bonne partie. Dans la jurisprudence qu'a citée...
M. Garon: Ce que je veux dire, c'est qu'à Terre-Neuve
et... Ces deux lois concernent l'inspection du poisson. L'inspection, c'est une
chose. II y a une loi sur l'inspection du poisson, mais la loi n'est pas
adaptée à ce cadre; on semble traiter uniquement du commerce du
poisson. Je pense qu'on peut faire des choses pour la qualité du
poisson. Je sais, par exemple, qu'on a déjà discuté
à savoir, pour les gens qui transportent du poisson par camion, si on ne
devrait pas aller plus loin au point de vue du contrôle de la
qualité sur le territoire Québécois. Je ne retrouve pas
ces dispositions, sauf celles dont on parlera, qui me paraissent incompatibles
avec d'autres lois au Québec, notamment la Loi sur les produits
agricoles, les produits marins et les aliments. On est dans le cadre d'une loi
qui n'est pas de même nature, à mon avis.
M. Cavanagh: M. le député de Lévis, dans une
loi sur l'inspection du poisson, il y a au moins trois articles qui ne parlent
pas
d'inspection, mais uniquement de commerce. Peu importe la coloration -
on a déjà eu des débats sur la coloration des lois - les
articles 5, 6 et 7 sont vraiment de nature commerciale, même
camouflés, si vous voulez, dans une loi sur l'inspection du poisson.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre, avez-vous
quelque chose à ajouter?
M. Dutil: Non, je n'ai rien à ajouter.
Étude détaillée
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Lévis, vous allez recevoir les documents et je pense que vous pourrez en
prendre connaissance au cours de la fin de semaine. Nous revenons à
l'étude de l'article 1. Merci, M. Cavanagh. Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article 1?
M. Garon: L'article 1, adopté.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté.
M. Garon: C'est la même définition que dans la Loi
sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 1 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 2. M. le ministre.
Transformation de produits marins
M. Dutil: Brièvement, les modalités de transaction
prévues dans le projet de loi ne s'appliquent plus si le produit marin
atteint un niveau de transformation qui sera prescrit dans le règlement
ou le dépasse. Ainsi, tous les intervenants pourraient faire des
transactions et le permis d'acquéreur n'est plus requis à ce
moment-là. Il en découle que les intervenants du circuit
décrits au projet de loi, c'est-à-dire les exploitants, les
acquéreurs, les pêcheurs, les restaurateurs, consommateurs ou
détaillants et d'autres ont l'obligation de s'assurer que le produit
marin a été transformé au niveau prescrit pour le
commercialiser hors circuit, sans obligation.
M. Garon: Le ministre dit, à l'article 2: "La
présente loi ne s'applique pas à un produit marin
préparé ou mis en conserve conformément aux normes
minimales de transformation prescrites par règlement du ministre."
Qu'entend-il par "normes minimales de transformation prescrites par
règlement du ministre"? Il n'y a pas de définition nulle
part.
M. Dutil: Dans les règlements, on aura un minimum de
normes de transformation requises par la loi qui seront prévues et qui
nous permettront de juger si cela a été atteint ou non.
M. Garon: Les normes minimales de transformation semblent se
référer à des normes de qualité alors que, ce qu'on
veut dire, c'est un niveau de transformation. Il me semble que les termes
employés sont impropres parce qu'ils ne disent pas ce que le ministre
veut dire. On dit: "La présente loi ne s'applique pas à un
produit marin préparé ou mis en conserve conformément aux
normes minimales de transformation prescrites par règlement du
ministre." On comprend quand le ministre l'explique, mais, quand on lit
l'article, j'ai le sentiment nue le ministre voulait préparer un cahier
de normes de qualité. Il semble que ce n'est pas cela du tout, et cela
n'aurait pas de bon sens que ce soient des normes de qualité, mais cela
ne dit pas clairement ce que le ministre veut faire. Je trouve que cet article
est épouvantable parce qu'il n'est pas clair. Il va porter à
confusion. "Des normes minimales de transformation", cela ne veut pas dire
nécessairement... (12 h 30)
Par la suite, on dit, à l'article 45: "Le ministre peut, par
règlement, prescrire les normes minimales de transformation auxquelles
doit se conformer un exploitant pour préparer et mettre en conserve un
produit marin." A mon avis, c'est ambigu, d'autant plus qu'on ne dit pas ce
qu'on entend par "normes minimales"; on dit que le règlement va le
spécifier. Mais "normes minimales de transformation"... Si je prends les
définitions du dictionnaire auxquelles les tribunaux se
réfèrent normalement, quelle est la définition de "norme"
minimale? Je pense que le ministre vient de nous dire... Je sais ce qu'il veut
dire, il se réfère à un niveau, une proportion de
transformation, mais pas à des normes... Des normes de transformation,
ce sont des normes prévues dans la Loi sur les produits agricoles, les
produits marins et les aliments.
M. Dutil: Au plan...
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Dutil: II nous est apparu que le terme "norme" était
plus large que le terme "niveau" et nous permettait davantage de souplesse. Je
pense que ce serait important de le laisser tel quel.
M. Garon: Quand vous lisez l'article 3...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Lévis.
M. Garon: ...de la Loi sur les produits agricoles, les produits
marins et les aliments,
on dit: "Nul ne peut préparer, détenir en vue de la vente
ou de la fourniture de services moyennant rémunération, mettre en
vente ou en dépôt, vendre, transporter, faire transporter ou
accepter pour une destination quelconque au Québec, un produit malsain,
de provenance malsaine ou qui n'est pas conforme aux exigences de la
présente loi et des règlements." Alors, la Loi sur les produits
agricoles, les produits marins et les aliments détermine un ensemble de
normes sur toutes sortes de choses. On le dit ici: sur la
préparation, la détention en vue de la vente, la fourniture de
services, la mise en vente ou en dépôt, la vente, le transport
ou pour faire transporter par un autre, etc. Il y a des exigences
prévues dans la loi sur la qualité des produits marins. Ici, on
vient employer un terme large, mais qui ne veut rien dire; il ne peut pas y
avoir deux lois qui visent les mêmes fins.
Je comprends ce que le ministre dit, mais il faut qu'il le dise.
Actuellement, il emploie des termes généraux qui ne le disent
pas. II se donne... Un pouvoir réglementaire, il faut qu'il suive la
loi. Mais, si la loi dit des choses tellement vagues que le règlement
peut dire n'importe quoi, j'ai le sentiment que c'est une loi mal faite, qui ne
reflète pas les intentions du ministre; elle va porter à
confusion et sautera devant les tribunaux.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Dutil: Un exemple, M. le Président, qu'on peut donner.
L'emballage, est-ce un niveau de transformation ou une norme? Pour notre part,
je ne voudrais pas argumenter plus longuement, je pense qu'il est important
d'avoir un terme relativement large qui nous permet justement des
contestations; cela éviterait qu'on interprète d'une façon
extrêmement restrictive le mot "niveau", donc, qui nous poserait plus
d'embêtements qu'autre chose.
M. Garon: Mais, encore là, je ne pense pas que l'emballage
va pouvoir être réglementé en vertu de cette loi, parce
qu'il...
M. Diamant (Claude): L'emballage comme opération.
M. Garon: Pardon?
M. Diamant: L'emballage comme opération.
M. Garon: Je comprends. On peut parler de l'emballage comme d'une
opération dans une chapelle, sauf que dans la question
d'hygiène... Quand on parle de l'hygiène, on part du produit
jusqu'à la table du consommateur. Tous les gens qui vous parlent du
contrôle de la qualité d'une espèce ou de conditions
d'inspection des produits vont vous dire qu'il faut réglementer toute la
chaîne. C'est pour cela qu'il y avait des problèmes dans les
pêches, dans tout le Canada, parce que les gens ont pensé dans des
cloisonnements. Sauf que, dans le domaine de la qualité et de
l'inspection des produits, il y avait les conditions d'hygiène, ce qu'il
n'y avait jamais eu avant parce que les gens vivaient dans leur serre chaude,
dans leur école ou dans leur chapelle; si on veut vraiment parler de
qualité, il faut qu'il y ait une réglementation qui parte
de la pêche jusqu'à la table du consommateur. L'emballage fait
partie de cela.
Regardez les produits laitiers et les produits marins. Vous l'avez le
produit à l'article 133 et à l'article 134. Qui réglemente
l'emballage? Le ministre de l'Agriculture. L'emballage est une condition
d'hygiène et fait partie de ces normes. D'ailleurs, vous allez trouver
des dispositions dans ces lois concernant l'emballage et les volumes. Si on
réglemente cela, cela doit être réglementé au plan
de la qualité. On ne peut pas avoir deux ordres de réglementation
comme cela. On ne peut pas faire deux systèmes de réglementation
concernant la qualité des produits.
Quand vous parlez des lois du Nouveau-Brunswick et de Terre-Neuve, ce
sont des lois cohérentes. Mais là, parce qu'on a nommé
deux ministres, on est fait! On a nommé deux ministres pour s'occuper
des mêmes choses et, là, on est mal pris. De la même
façon qu'on est mal pris à Ottawa. Pourquoi le Canada a-t-il un
problème de qualité? Je vais vous le dire; c'est parce qu'il y a
deux ministères qui essaient de zigonner dans cela. Le Canada est mal
pris et il n'en sortira pas tant qu'il ne mettra pas une seule juridiction.
Pourquoi le Canada a-t-il un problème? Si vous avez les documents qui
ont été faits par le conseiller de M. Trudeau - comment
s'appellait-il déjà? - M. Kirby... Le grand problème,
c'est cela. On essaie de recréer cette chose dans cela. Moi, je suis
convaincu que c'est mauvais. Le ministre veut réglementer une affaire.
Qu'il dise ce qu'il veut réglementer, mais, là, si on veut
créer toutes sortes de choses comme réglementer l'emballage, je
lui souhaite bonne chance.
Pour un gouvernement qui voulait déréglementer, on va
multiplier les organismes qui réglementent avec les incohérences,
avec les chapelles. Je n'ai pas de crainte. Je suis convaincu que les
fonctionnaires dans le domaine des pêches vont vous dire qu'ils
aimeraient avoir leur petite chapelle eux aussi, mais ce n'est pas cela qui est
bon pour l'industrie. Pour l'industrie, c'est d'avoir l'unicité de
règlements. Le ministre dit qu'il aime cela des guichets uniques, mais
il faudrait qu'il y
ait aussi des guichets uniques dans la réglementation. Là,
chacun va s'épivarder à dire: On réglemente chacun de
notre bord, etc. C'est l'industrie qui va souffrir de cela. D'ailleurs comment
s'appelle le bureau au ministère de l'Agriculture dont est responsable
M. Ducharme? Normalisation. Il est en charge de la normalisation dans le
domaine des produits alimentaires. Non seulement cela, mais c'est tout un
processus la normalisation avec le bureau qui est au ministère de
l'Industrie et du Commerce, qui s'appelle le Bureau des normes. Cela prend une
coordination dans tout cela. Si le secteur des pêches commence à
dire: Moi, je fais mes normes de mon côté indépendamment de
l'inspection des produits avec mon propre réseau, sans doute,
d'inspecteurs parce qu'il va falloir qu'il fasse respecter cela... Je
demanderais au ministre qui va essayer de faire appliquer ces normes. Est-ce
qu'il va avoir son propre réseau d'inspecteurs?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, il y a des inspecteurs qui
s'occupent particulièrement des produits marins dans la section du
ministère de l'Agriculture. C'est eux qui seront chargés de
s'occuper de cela.
M. Garon: Mais ce sont les inspecteurs qui travaillent à
l'inspection des produits.
M. Dutil: On n'estime pas que la formation requise pour le niveau
de transformation soit telle qu'ils ne puissent pas faire ce travail en
plus.
Le Président (M. Bissonnet): Avez-vous d'autres
commentaires à ajouter, M. le député de Lévis?
M. Garon: Est-ce que le ministre a demandé des avis
juridiques concernant la compatibilité de cet article avec les articles
qu'on retrouve dans la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et
les aliments?
M. Dutil: Évidemment cela a été fait entre
les deux avocats qui traitent le dossier au ministère puisque,
contrairement à ce qui a été dit, il n'y a pas deux
ministères, il y a un ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: Oui.
M. Dutil: Vous voyez que le représentant, d'ailleurs, qui
s'occupe de cette loi est la même personne au ministère de
l'Agriculture qui s'occupe de divers autres dossiers législatifs.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Bissonnet): M.
Cavanagh, pour le ministre. Quand vous intervenez, je dois vous nommer
pour les fins du Journal des débats. Je m'excuse de vous
interrompre, M. Cavanagh, et vous pouvez poursuivre.
M. Cavanagh: Le ministre a raison de dire que je m'occupe de
plusieurs dossiers, mais, lorsqu'il a commencé à dire que les
avocats du contentieux s'étaient concertés sur l'application de
cette loi par rapport à P-29 - j'imagine que c'est ce que vous vouliez
savoir - les avocats du contentieux se sont concertés sur
l'écriture de cette loi-ci par rapport à P-29. Ce n'est pas moi
qui m'occupe de P-29, comme vous le savez. M. Cantin...
M. Garon: Oui.
M. Dutil: Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.
M. Cavanagh: C'est exact.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Les avocats ont fait un avis unanime pour dire que
cette loi était étanche?
Le Président (M. Bissonnet): M.
Cavanagh, pour M. le ministre.
M. Cavanagh: La question posée était: Est-ce que la
compatibilité a été analysée entre les deux lois?
C'est vrai qu'elle est analysée.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Est-ce que les avocats ont dit que cette loi
était étanche?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Dutil: Écoutez, j'ai des opinions qui me sont
suffisantes, pour ma part, pour estimer que ce projet de loi ne nous
occasionnera pas de problèmes sur le plan juridique.
M. Garon: Ce n'est pas ce que j'ai demandé. J'ai
demandé si vous avez des opinions vous disant que cette lot est
étanche.
M. Dutil: Ce n'est pas un bateau qu'on construit, c'est une loi,
M. le Président.
M. Garon: Une loi peut être étanche ou ne pas
l'être.
M. Dutil: Ha! Ha! M. le Président, je ne suis pas juriste,
mais je me fie aux avis qu'on m'a donnés selon lesquels cette loi ne
présentait pas de difficultés sur le plan juridique et qu'on
pouvait l'adopter et l'appliquer de façon adéquate. C'est
difficile de comparer une loi à un bateau. C'est probablement plus
facile de comparer une loi à un filet qu'à un bateau si vous
voyez ce que je veux dire, les filets doivent laisser passer l'eau et ramasser
les poissons.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Sauf que ceux qui font de la voltige au-dessus de
filets sont moins sûrs que ceux qui font de la voltige sans filet.
M. Dutil: Oui, c'est pour cela que je pense que le filet est
meilleur qu'un plancher.
M. Garon: C'est pour cela que je vous disais que je
préférais faire des lois étanches. Après cela, on
se foutait d'avoir des filets ou non parce qu'on savait que la loi était
complètement étanche et qu'on n'avait pas besoin de filet.
M. Dutil: M. le Président, je dois bien vous dire,
à propos de la comparaison avec le filet, que je préfère
avoir un filet pas étanche pour pouvoir m'accueillir confortablement
plutât qu'un plancher de ciment étanche qui m'accueillerait
aprè3 ma voltige d'une façon un peu brutale.
M. Garon: Est-ce que le ministre a vérifié si, dans
les négociations sur le libre-échange avec les États-Unis,
cette loi est aussi compatible avec ce qui est en train d'être
négocié et les déclarations que j'imagine correctes du
premier ministre? Le premier ministre donne des arguments complètement
contraires dans d'autres domaines.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Dutil: On n'a pas demandé l'avis des Américains,
M. le Président.
M. Garon: Le premier ministre donne des avis contraires
concernant le libre-échange, quel comportement on doit avoir...
M. Dutil: Le Comité de législation, je le rappelle
pour la dernière fois - je pense qu'il ne donne rien de
répéter trois fois la même chose - s'est penché sur
ce document, l'estime correct sur le plan juridique et nous a donné le
feu vert pour avancer.
Le Président (M. Bissonnet): Merci. M. le
député de Lévis, avez-vous d'autres commentaires
concernant l'article 2?
M. Garon: Les lois passent toujours par le Comité de
législation, mais j'ai vu des lois qui pétaient au gouvernement.
Je parle de l'expérience de l'un de ceux qui, en neuf ans, n'a pas eu
une de ses lois qui a pété. C'est pour cela qu'il faut des lois
étanches. Quand on a adopté la loi 48 sur l'aquapêche et
l'aquaculture commerciales, je sais que les gens nous disaient qu'il y avait
certaines dispositions... Ils disaient: Si on met cela, on a un risque. Ce
n'est pas complètement étanche. Si elle n'est pas
étanche, moi je veux une loi étanche. On enlevait les
dispositions qui pouvaient amener la loi à sauter. C'est pour cela que,
quand le gouvernement fédéral a fait analyser par son
ministère de la Justice si la Loi sur les pêcheries et
l'aquaculture commerciales était légale ou non, je me rappelle
que le ministre du Nouveau-Brunswick était assis à la table et me
regardait en ayant quasiment l'assurance qu'elle n'était pas
légale. Moi, je disais; Je dors sur mes deux oreilles. Quand l'avis est
sorti, ils ont dit: Oui, mais les règlements ne le seront
peut-être pas. Je leur ai dit: Si on a été capables de
faire une loi étanche, on va aussi être capables de faire des
règlements étanches. Par exemple, dans les premières
propositions qui venaient des avocats, dans la discussion préparatoire,
il y avait des dispositions qui n'étaient pas assez sûres. Des
dispositions pas sûres, je n'en veux pas. Pourquoi? Parce qu'une loi peut
être sûre ou ne pas l'être. C'est pour cela que je dis: elle
est étanche ou pas étanche. C'est un autre niveau
d'interprétation. Moi, je pense que les mots que l'on emploie là
prêtent à confusion. Même dans les structures
gouvernementales, quand on parle de normes, on ne parle pas de niveau de
commercialisation. On parle d'autre chose. Est-ce que vous avez une
définition du mot "norme" auquel vous vous référez pour
employer ce terme? (12 h 45)
Le Président (M. Bissonnet): M. Cavanagh et M. le
ministre.
M. Cavanagh: La loi sur la transformation des produits marins,
lorsqu'elle parle de normes, parle de normes de transformation, de niveau. Vous
avez employé vous-même le mot "niveau". J'avais, dans les versions
antérieures, utilisé le mot "niveau" aussi.
M. Garon: Ah oui?
M. Cavanagh: Dans les versions antérieures. Après
consultation avec le ministère de la Justice, Bureau des lois et
Comité de législation, on est arrivés à dire
que le mot "niveau" n'était pas assez large. pour couvrir tout ce
que pourrait couvrir cette loi.
M. Garon: Cela ne m'étonne pas.
M. Cavanagh: À ce moment-là, j'ai regardé
aussi dans P-29 que vous citez souvent parce que vous l'avez vécu. Dans
P-29, on n'a pas parlé de niveau non plus, parce qu'il faut distinguer
niveau de qualité ou norme de qualité de niveau de transformation
ou norme de transformation. Dans P-29, on n'a pas utilisé le mot
"niveau" non plus, ni même le mot "norme". On a utilisé "qui n'est
pas conforme aux exigences de la présente loi"; ce sont les articles 3
et 5 que vous connaissez par coeur et c'est la même chose à
l'article 5: "non conforme à la présente loi".
Donc, quant au flou de la loi maîtresse, c'est encore plus flou
dans P-29, lorsqu'on dit "pas conforme aux exigences". La réglementation
de P-29 vient dire quelles sont les normes de qualité pour le produit.
Dans notre réglementation, nous avons le même devoir - on a pu le
voir avec l'article 45, on l'a relevé tantôt - et le même
pouvoir d'établir des normes minimales de transformation et la
réglementation va faire état de ce3 normes qui sont plus larges
que les niveaux pour nous permettre de jouer sur plus de paliers. P-29 a un
terme très large. On n'a pas utilisé le mot "niveau" dans P-29,
ni même le mot "norme", mais: non conforme aux exigences de la loi. C'est
très large. C'est bien sûr la réglementation, en vertu de
la loi, qui vient préciser de façon concrète ce qu'est la
norme dans chacun des deux cas, ce que sera notre norme minimale de
transformation, qui est différente de la norme minimale de
qualité du produit; c'est l'autre loi. Ce qu'on appelle "niveau" n'est
pas assez large pour nous permettre de travailler avec les espèces de
poisson, parce que cela varie d'une espèce de poisson à l'autre.
Le mot "niveau" est difficile. Est-ce qu'on peut parler de niveau entre le
crabe en conserve et le crabe en sections? Ce ne sont pas des niveaux, dans le
crabe.
M. Garon: Proportions.
M. Cavanagh: Ce sont des normes de transformation, parce qu'il
faut lire tout l'article. Normes de transformation. Alors, le mot "niveau"
n'était pas suffisant pour distinguer la chair de la section.
M. Garon: Je n'ai pas dit d'employer le mot "niveau". J'ai dit
quelque chose qui veut dire "niveau". Je vous écoute parler, et le
ministre va apprendre une chose. C'est exactement cela, quand on dit que les
réglementations écoeurent le monde. On veut réglementer
quelque chose; au lieu de redonner le pouvoir de le faire, 'on en prend
à peu près cinq milles de large. A ce moment-là, quand on
dit qu'il faut déréglementer, ce n'est pas parce qu'il faut
déréglementer, c'est parce qu'avec ces nouvelles conceptions de
réglementation des lois toute loi devient quasiment une loi-cadre. C'est
exactement ce qui écoeure le monde. Alors qu'on veut faire une chose,
l'administration, les bureaucrates se donnent des pouvoirs exorbitants par
rapport à ce que le gouvernement veut faire. Après cela, on se
retrouve avec des dispositions qu'on a adoptées dans les lois avec
lesquelles j'ai toujours été en désaccord. La nouvelle
façon de faire des réglementations, des lois, cette nouvelle
conception des choses, c'est de n'avoir rien de précis, avoir du flou
parce que c'est de cette façon que la bureaucratie mène le
gouvernement. Les ministres ne gèrent plus rien. Quand un gouvernement
veut réglementer telle chose, c'est cela qu'il doit se donner comme
pouvoir, pas se donner un cadre total.
J'ai écouté parler le député de Mille-Iles.
C'est exactement cela te problème. Il l'a décrit d'une
façon parfaite. Ceux qui rédigent les lois viennent transformer
les objectifs visés en employant des termes qui en couvrent cent fois
plus que ce que le gouvernement demande. Après cela, les pouvoirs sont
là. La bureaucratie a gagné. Elle s'est donné des pouvoirs
exorbitants par rapport à ce que le gouvernement recherche. Et c'est
là le problème au gouvernement. Pas un problème de
réglementation ou de déréglementation. Le problème,
c'est de réglementer correctement, ne pas réglementer plus que le
client en demande.
J'écoute le ministre quand il me parle. Il me dit ce qu'il veut
faire. Je lui ai dit que, sur le plan des objectifs, son objectif n'est pas
mauvais sauf que les moyens qu'il emploie sont condamnables. Je me doutais
qu'il y avait quelque chose comme cela. Je l'ai vécu à plusieurs
reprises à l'occasion de la rédaction de lois. Les juristes nous
arrivaient avec de nouvelles façons de les rédiger. Oui, une
nouvelle façon de faire des lois qui sautent! Ou, encore, des lois qui
sont des lois "vans". Vous avez besoin de cinq pouces et ils vous en donnent
cinq milles. Après cela, les ministres passent. Les gens disent: Oui, M.
le ministre, vous avez ce pouvoir. Combien de fois ne me suis-je pas fait
offrir de ne pas être obligé de passer par le Conseil du
trésor, de me donner des pouvoirs additionnels comme si je serais
meilleur si je n'avais pas à référer à quiconque.
Je disais non. Il y a des garde-fous au gouvernement et il faut les utiliser.
Mais, régulièrement, les fonctionnaires vous proposent des
dispositions que personne ne va voir en lisant les lois et qui vont faire que
vous allez éviter tout le monde. Là, vous allez faire de la haute
voltige, sans filet, et
sur un vrai temps. Je pense que cela est mauvais.
Dans cette rédaction législative - je pense que c'est un
problème de rédaction de loi - le ministre se donne des pouvoirs
beaucoup plus grands que ce qu'il recherche. Mais les pouvoirs seront là
et, après cela, la bureaucratie voudra réglementer en fonction
des termes employés dans la loi. Il n'y aura plus de contraintes. Les
gens diront après cela. Il faut déréglementer. Il faut
déréglementer. Les règlements sont bons à condition
qu'ils visent ce qu'on veut faire, mais on fait des lois tellement larges que
le règlement peut couvrir n'importe quoi.
Je pense que M. Scowen, responsable du comité de la
réglementation, aurait été beaucoup mieux d'étudier
la façon de rédiger les lois et la façon de
réglementer. On aurait touché le vrai problème, le vrai
bobo. Dans plusieurs domaines, les lois et les règlements sont utiles
à condition qu'ils couvrent ce que le gouvernement veut couvrir.
Actuellement, sous prétexte d'élégance juridique, on en
couvre pas mal trop grand. Je n'ai pas dit qu'il fallait employer le mot
"niveau". J'ai dit que les termes doivent refléter ce que recherche le
ministre. Les mots peuvent être: "proportion de transformation". Cela
peut aussi être d'autres mots mais ce que je veux dire c'est que le mot
employé ici ne réfère à rien. Il ne veut rien dire
par rapport... Je vous mets au défi de nous amener cinq, dix ou vingt
personnes différentes, leur faire lire cet article et leur demander ce
que le ministre veut réglementer au juste. Je peux gager avec vous qu'il
n'y a pas une personne qui peut le trouver. Personne ne va le savoir exactement
parce que les termes employés sont trop imprécis par rapport
à ce que le ministre veut faire.
Souvent, dans l'étude d'un projet de loi, les règlements
sont distribués en même temps que le projet de loi. Est-ce que le
projet de règlement est fait actuellement?
M. Dutil: Je ne suis pas prêt à déposer le
règlement comme tel. On a éventuellement la possibilité de
donner ce qu'on appelle les normes de transformation minimales. Vous pourrez
avoir cette partie à la fin de notre réunion.
Une voix: À quoi, dites-vous?
M. Dutil: À la fin de notre réunion, on pourra vous
donner une indication de ce qu'on envisage comme normes minimales de
transformation.
M. Garon: Pour l'étude, ce serait mieux de l'avoir avant
qu'après. Ce n'est pas mauvais de déposer le
règlement. Parfois, on ne l'a pas. Je me rappelle...
M. Dutil: Quand on va arriver à cet article, M. le
Président, on pourra...
Le Président (M. Bissonnet): Vous vous
référez à l'article 45, à ce moment-là.
M. Dutil: Oui.
M. Garon: Les représentations que je voulais faire, je les
ai faites.
Le Président (M. Bissonnet): Et vous aviez justement
terminé votre période de 20 minutes de temps de parole sur
l'article 2. Cela adonne bien.
M. Garon: C'est bien pensé!
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Garon: Vote nominal.
Le Président (M. Bissonnet): Le vote nominal est
demandé. M. le secrétaire, est-ce que vous pouvez appeler les
membres de cette commission pour le vote?
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
M. Tremblay (Iberville): Pour.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Pour.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Pour.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Pour.
Le Secrétaire: M. Dutil (Beauce-Sud):
M. Dutil: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Bissonnet): Je déclare...
M. Garon: Pour les raisons mentionnées...
Le Président (M. Bissonnet): ...l'article 2 adopté
à cinq contre un. J'appelle l'article 3.
M. Dutil: À l'article 3, c'est la définition de
"restaurateur" et d'"exploitant" qui est conforme au chapitre P-29...
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que vous avez des
remarques sur l'article 3?
M. Dutil: ...à l'article 1.k pour le mot "restaurateur" et
à l'article 9.e quant à "exploitant". On empiète sur le
temps de parole du député de Lévis.
M. Garon: Oui. Je fais juste une vérification.
Le Président (M. Bissonnet): Je n'ai pas encore
donné la parole au député de Lévis.
M. Garon: Quel était l'autre terme?
M. Dutil: Enlevez-la moi, M. le Président, je n'en ai plus
besoin.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député,
sur l'article 3.
M. Garon: ...celle qui exploite.
M. Dutil: Pour l'exploitant, c'est l'article 9.e.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 3 est
adopté. J'appelle l'article A.
M. Dutil: Le pêcheur doit s'assurer que son acheteur de
produits marins qui n'a pas atteint le niveau de transformation fixé par
le règlement est soit un exploitant selon le chapitre P-29 ou est muni
d'un permis d'acquéreur ou est un restaurateur, un détaillant ou
un consommateur.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Lévis, sur l'article 4.
M. Garon: Quand vous dites "un exploitant", c'est un terme un peu
vague.
M. Dutil: On vient de l'adopter, M. le Président, à
l'article 3.
M. Garon: D'accord, oui, au deuxième paragraphe. Cela va.
"...de permis d'acquéreur - c'est votre loi - un restaurateur, un
détaillant ou un consommateur." Vous n'avez pas de définition
pour le mot "détaillant".
M. Dutil: C'est celle des dictionnaires: celui qui fait de la
vente au détail.
M. Garon: II n'y a donc aucune référence a la
qualité des aliments, au fond. On dit: "Un pêcheur ne peut
céder, livrer ou transmettre..." Cela ne fait aucune
référence à la qualité des aliments, que les gens
aient des permis ou non, sauf votre permis d'acquéreur: "un exploitant,
un titulaire de permis d'acquéreur - c'est votre loi - un restaurateur,
un détaillant ou un consommateur." Il n'y a plus de
référence. Il s'agit de n'importe quel exploitant, de n'importe
quel restaurateur, de n'importe quel détaillant ou de n'importe quel
consommateur. (13 heures)
M. Dutil: En fait, on se réfère à la
définition qu'on n'écrit pas puisqu'elle est simpliste un peu,
c'est celle du dictionnaire qui était dans le chapitre P-29. Dans P-29,
on définissait le mot "détaillant" comme suit: "Toute personne
qui fait de la vente au détail." Je pense qu'il n'est pas besoin, quand
on a une définition aussi limpide que cela, de l'inscrire dans le projet
de loi.
M. Garon: Vous ne faites pas référence à
ceux qui ont des permis. Dans la définition de détaillant, vous
faites allusion à la loi. À quel article avez-vous fait allusion
à votre définition de détaillant?
M. Dutil: A l'article 1.j de P-29, dans la section I.
M. Garon: Oui. Je comprends que la loi dise cela. Mais, a P-29,
il y a toute une référence à un cadre. C'est pour cela que
je disais la chaîne. Un cadre... Les différentes étapes de
la distribution alimentaire. Un détaillant... Si vous demandez à
M. Ducharme, il vous dira: Je me rappelle ces cadres, les C-1, les C-2. Il y a
toutes sortes de détaillants qui font la commercialisation des
produits.
M. Dutil: Bon. Vous parlez de la conciliation entre les deux
lois?
M. Garon: Non, non. Je disais tout simplement que l'article 4 ne
se réfère d'aucune façon à ceux qui ont des permis
en vertu du chapitre P-29 ou ceux qui ont le droit d'opérer en vertu de
P-29.
M. Cavanagh: II n'y a pas de permis de détaillant à
P-29. On a besoin d'un permis pour exploiter une épicerie. Alors, on n'a
pas pu se référer à quoi que ce soit. C'est la
définition du dictionnaire que l'on retrouve à P-29. Au
ministère de la Justice, on nous interdit, maintenant - vous allez
peut-être critiquer - reproduire les définitions du dictionnaire
dans les lois.
M. Garon: Oui.
M. Cavanagh: On a défini le mot "restaurateur" dans la
loi, parce que cela a un sens plus large, parce que cela comprend les centres
d'accueil, les hôpitaux, ce qui n'est pas dans le dictionnaire. Mais
"détaillant"... P-29 avait une vingtaine de définitions,
notamment certaines qui ont été
prises purement et simplement dans le dictionnaire, sans y apporter de
nuances et sans leur octroyer un permis. Alors, on a pris le sens commun de
détaillant, "tout détaillant", celui qui vend au consommateur.
C'est la dernière phase de la vente.
M. Garon: Ce n'est pas à cela que je faisais allusion.
Quand je dis: qui satisfont à la loi P-29, il y a des détaillants
qui en ont besoin, selon qu'ils font de la vente en gros ou qu'ils n'en font
pas.
M. Cavanagh: D'accord, mais...
M. Garon: Un détaillant ne fait pas nécessairement
que de la vente au détail, c'est-à-dire qu'un détaillant
peut faire de la vente au détail mais il ne fait pas
nécessairement que cela. Je parle des systèmes de distribution.
Je dis que vous ne vous référez pas à des normes de
qualité. Que les gens soient dans le commerce à tel ou tel
niveau, vous y êtes indifférent. Qu'ils respectent les
règles ou non... Sauf qu'un détaillant peut être quelqu'un
qui fait beaucoup de vente en gros.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Si on ajoutait un article 9.1 où l'on dirait: Un
détaillant ne peut céder, livrer ou transmettre un produit marin
qu'à un consommateur, à moins d'être titulaire d'un permis
d'acquéreur, cela couvrirait cette lacune, de ne pas être
grossiste. C'est un papillon qu'on a l'intention de proposer à l'article
9.
M. Garon: Oui, mais ce n'est pas ce que je voulais dire. Je
trouve que vous ne faites aucune référence aux permis
exigés dans le cadre de la loi P-29. En tout cas.
M. Cavanagh: Mais on le fait pour les deux où c'est...
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
pourriez vous identifier, s'il vous plaît?
M. Cavanagh: Robert Cavanagh, du ministère de
l'Agriculture. Nous l'avons fait lorsqu'il y avait l'exploitant et le
restaurateur au sens de P-29. Ces gens sont encadrés par des permis. Ils
ont certaines choses à faire et à ne pas faire. C'est ce à
quoi on s'est référé. Mais, consommateur et
détaillant, que voulez-vous, il n'y a pas de permis dans ces deux
cas.
M. Garon: Le problème n'est pas là. Je pense que le
problème du détaillant qui vend directement pour... Quand on
parle d'un détaillant qui ne fait vraiment que de la vente au
détail... C'est la distinction qui a été faite dans le
domaine alimentaire. S'il ne fait que du commerce au détail, les dangers
sont moins grands d'avoir une mauvaise circulation des produits que lorsque
c'est un détaillant qui fait de la vente en gros. C'est avec le
détaillant qui fait de la vente en gros... Un détaillant qui fait
de la vente en gros peut avoir toute une chaîne de détaillants, et
c'est là que la "scrap" se passe. C'est un peu ce qui est arrivé
dans le domaine de la charogne dans les années 1974 et 1975.
C'était cela, au fond. Quand quelqu'un, après cela, fait... Quand
c'est le marché local, c'est une affaire, les gens se connaissent et
tout cela. Quand on sort du marché local - et c'est cela la distinction
qu'on a faite, à tort ou à raison, mais c'est cela qui avait
été choisi - on entre vraiment dans un système de
distribution où il y a plusieurs intermédiaires. Il n'y a plus
personne qui se connaît. Le consommateur ne connaît plus son
fournisseur en bout de course et ce dernier ne sait pas vraiment la provenance
des produits. Le contrôle était fait au niveau... Ce
n'était pas étanche complètement. Il y a des
détaillants qui font un peu de vente en gros et d'autres qui en font
moins. Pour les détaillants qui dépassaient un certain niveau, on
disait que ce n'étaient plus des détaillants. C'est pour cela que
je vous demandais à quelle définition vous vous
référiez. C'est ainsi défini: "détaillant; toute
pesonne qui fait de la vente en détail". Je peux vous dire que je me
rappelle qu'à l'époque, au service alimentaire, quand on est
arrivé à Montréal, les gens avaient oublié 150
entreprises. On avait fait un moyen saut. Il a même fallu autoriser une
période transitoire, parce qu'on avait oublié 150 commerces qui
avaient été réglementés, mais qui n'étaient
pas énumérés. Il n'y avait pas de système de
permis. Les permis, c'est fait pour identifier, savoir avec qui l'on travaille.
Les permis ne sont pas émis seulement pour réglementer, c'est
fait pour identifier.
À un moment donné, on avait trouvé des entreprises
considérables qui, tout en étant détaillants, faisaient
plus de commerce de gros que des grossistes qui ne faisaient que du gros. Vous
aviez des entreprises qui faisaient... Disons que je ne veux pas porter
d'accusation... Je vais vous donner un exemple: Waldman, à
Montréal, dans le domaine du poisson. Je ne me rappelle plus par coeur,
je me demande si je ne l'ai jamais su non plus, dans quelle proportion
étaient ses ventes de détail et ses ventes de gros. Même si
c'est un détaillant, supposons, il peut être le plus gros
grossiste du Québec tout en étant détaillant. C'est pour
cela que ces notions... C'est à cela que je me référais.
C'est pour cela que je dis: L'article 4 ne se réfère à...
En fait, l'article 4, à mon avis, est inutile, parce qu'il donne un
droit à tout le monde. Bien, c'est-à-dire que non, il
couvre tout le monde. Le détaillant, c'est n'importe qui, au fond; tout
le monde qui vend quelque chose est un détaillant. Si on prend la
définition du dictionnaire, un consommateur, cela couvre pas mal de
monde au Québec. À qui est-ce qu'on ne peut pas vendre en vertu
de l'article 4? Je ne le sais pas, je pense qu'on peut vendre à tout le
monde.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: À celui qui n'a pas de permis
d'acquéreur.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je vais vous donner un exemple. Si, moi, je suis un
pêcheur et que je vends mon stock à un détaillant, quel
qu'il soit... J'en choisis un, c'est à lui que je vends, j'ai le droit
de le faire, hein? Qu'arrive-t-il après?
La Présidente (Mme Bélanger): M.
Cavanagh. M. le ministre.
M. Garon: Si je le vends à un détaillant, lui,
peut-il le vendre où il veut?
M. Dutil: Le détaillant le vend au ' consommateur.
M. Garon: Pas nécessairement.
M. Dutil: Je ne suis pas habitué de répéter
trois fois la même chose, je m'excuse, je vais sans doute m'adapter.
M. Garon: Non, non, je n'ai jamais posé cette
question.
M. Dutil: Non, non, j'ai...
M. Garon: Moi, je suis un pêcheur.
M. Dutil: Je vous ai répondu tout à l'heure
qu'à l'article 9.1 on va vous transmettre un papillon qui va justement
couvrir cet aspect: Un détaillant ne peut céder, livrer ou
transmettre un produit marin qu'à un consommateur, à moins qu'il
ne soit titulaire d'un permis d'acquéreur.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: II y a un moyen trou.
Une voix: ...
M. Garon: Pardon?
M. Dutil: Ce n'est pas notre opinion. M. Garon:
Continuons.
M. Dutil: J'ai entendu le chronomètre changer de main. Je
n'ai pas demandé la parole, Mme la Présidente.
M. Garon: Non, mais je suis prêt à voter
là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous appelez le
vote?
M. Garon: Je suis prêt à voter.
La Présidente (Mme Bélanger): Un vote nominal?
M. Garon: Non, sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 4 est
adopté sur division. J'appelle l'article 5.
M. Dutil: L'article 5 concerne l'acheteur. C'est donc l'inverse
de l'article 4: "Il est interdit, à moins d'être exploitant,
titulaire de permis d'acquéreur, restaurateur ou détaillant,
d'acquérir d'un pêcheur ou de se faire livrer ou transmettre par
un pêcheur un produit marin pour fins de revente."
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: ...moyen d'en dire plus. Ce sont des
définitions... Ce ne sont pas des définitions, mais des
concordances, à toutes fins utiles.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 5 est-il
adopté?
M. Garon: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 5 est
adopté sur division. J'appelle l'article 6.
M. Dutil: Mme la Présidente, l'article 6 couvre les
intermédiaires, comme on le voit: "II est interdit, à moins
d'être exploitant, titulaire de permis d'acquéreur, restaurateur
ou détaillant, de servir d'intermédiaire..." Cela couvre l'aspect
intermédiaire quant à l'acquisition ou à la cession d'un
produit marin.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Cavanagh: Vous avez demandé une loi étanche
tantôt.
M. Garon: Pardon?
M. Cavanagh: Vous avez demandé une loi étanche
tantôt.
M. Garon: Ce n'est pas étanche. Je trouve que cela tourne
en rond. Ha! Ha! Ha!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Cavanagh: On tourne autour...
M. Garon: Pardon?
M. Cavanagh: On tourne autour pour boucher les trous.
M. Garon: Mais oui, que bouchez-vous, là?
M. Dutil: Les trous.
M. Garon: Lesquels?
M. Dutil: L'intermédiaire.
M. Garon: Pardon?
M. Dutil: L'intermédiaire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Cavanagh, je vous
demanderais de vous identifier avant de...
M. Cavanagh: Oui.
M. Garon: Je ne vois pas quels trous vous bouchez, mais en tout
cas. Ha! Ha! Ha!
Des voix: Ha! Ha! Ha! M. Garon: Sur division.
M. Dutil: Cela a l'air de vous en boucher un trou.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Non, je ris. Je vais vous dire: J'ai hâte de voir
l'application de votre loi. On va rire.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 6 est
adopté sur division. J'appelle l'article 7. M. le ministre
M. Dutil: Merci, Mme la Présidente. L'article 7
précise où l'exploitant peut s'approvisionner ou de qui il peut
recevoir des produits marins qui n'ont pas atteint le niveau de transformation
fixé par règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: L'article 7, c'est l'exploitant.
Est-ce qu'il s'aqit d'un exploitant qui a un permis ou... Ce n'est pas
marqué.
La Présidente (Mme Bélanqer): M. Cavanagh.
M. Garon: Où cela est-il marqué?
M. Cavanagh: Au début de la page 4, en haut: Pour
l'application de la présente loi, est considéré comme un
exploitant une personne qui a une usine de transformation. Chapitre P.-29.
M. Garon: Mais non! M. Cavanagh: Oui. Des voix: Ha! Ha!
Ha!
M. Garon: "...et qui détient...", oui. Comment allez-vous
fonctionner pour ce qui est de vos tolérances en vertu de la loi sur
l'inspection des produits marins? Il y a actuellement des usines qui n'ont pas
de permis. C'est bien beau, cela, mais vous avez des tolérances. Comment
cela va-t-il fonctionner?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Mme la Présidente, il n'y a pas tant de monde
qui n'ont pas de permis. Je pense qu'il ne faut pas laisser cette impression.
C'est un problème qui est en train de se résorber. On
espère que tout le monde va avoir son permis incessamment. (13 h 15)
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Le ministre de l'Agriculture nous a dit qu'il y en
avait 73 qui n'avaient pas de permis.
M. Dutil: On a parlé au début de la séance,
Mme la Présidente, de faire la concordance entre ce qui a
été dit hier sur le nombre de permis et la réalité.
On ne pense pas que le problème soit de l'ordre de celui qui est
mentionné ici.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Le ministre de l'Agriculture s'était
retourné vers le Dr Bernard, qui est responsable de l'inspection pour le
Québec, et le chiffre qu'il a mentionné: il y a 61 permis et 73
usines n'en ont pas.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Ne trouvez-vous pas que cela
est drôlement dit: "Un exploitant ne peut acquérir un
produit marin que d'un pêcheur, d'un autre exploitant ou d'un titulaire
de permis d'acquéreur ni s'en faire livrer ou transmettre que par une de
ces personnes"?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
Non?
M. Dutil: II y a une question?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis, est-ce que vous avez posé une
question au ministre?
M. Dutil: On fait une constatation: c'est drôlement dit. On
ne pose pas de question.
M. Garon: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 7 est
adopté sur division. J'appelle l'article 8. M. le ministre.
M. Dutil: Mme la Présidente, l'article 8 précise
à qui un acquéreur peut céder, livrer ou transmettre un
produit marin qui n'a pas atteint le niveau de transformation fixé par
règlement, et cela s'inscrit dans la continuité de
l'étanchéité de la loi.
M. Garon: C'est l'article 8? Vous dites que cela fait partie de
l'étanchéité?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis?
M. Garon: Allez-vous pouvoir être titulaire d'un permis
d'acquéreur sans être exploitant, restaurateur, détaillant
ou grossiste? Pourriez-vous avoir seulement un permis d'acquéreur et
rien d'autre?
M. Dutil: Ce serait difficile. M. Garon: Pardon?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Ce serait difficile.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Cela va être difficile, mais cela va être
possible? Est-ce qu'il va être possible d'avoir un permis
d'acquéreur sans être exploitant, restaurateur, détaillant
ou consommateur?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: II y aura un règlement là- dessus. Ce
seront des intermédiaires, à ce moment-là?
M. Garon: Comment?
M. Dutil: Ce n'est pas impossible que les intermédiaires
aient des permis d'acquéreur.
M. Garon: Un courtier, alors? M. Dutil: C'est un
intermédiaire.
M. Garon: II va avoir besoin d'un permis d'acquéreur.
M. Dutil: Oui.
M. Garon: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 8 est
adopté sur division. J'appelle l'article 9.
M. Dutil: L'article 9 précise à qui l'exploitant
peut céder, livrer ou transmettre un produit qui n'a pas atteint le
niveau de transformation fixé par règlement. On parle de
l'exploitant au lieu de l'acquéreur.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Dutil: J'ai un article 9.1. Est-ce que je dois l'introduire
immédiatement?
La Présidente (Mme Bélanger): Non, après, M.
le ministre, à moins que ce ne soit un amendement à l'article
9.
M. Garon: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 9 est
adopté sur division.
M. Dutil: Mme la Présidente, l'article 9.1 serait
introduit.
La Présidente (Mme Bélanger): Allez-vous le lire,
M. le ministre?
M. Dutil: D'accord: "Un détaillant ne peut céder,
livrer ou transmettre un produit marin qu'à un consommateur, à
moins d'être titulaire d'un permis d'acquéreur."
Cela couvre ce dont nous discutions tout à l'heure concernant le
fait que certains détaillants font de la vente en gros, donc, qu'ils
devraient être titulaires d'un permis d'acquéreur.
La Présidente (Mme Bélanqer): M. le
député de Lévis.
M. Garon: "Un détaillant ne peut céder, livrer ou
transmettre un produit marin qu'à
un consommateur, à moins d'être titulaire d'un permis
d'acquéreur." Vous l'avez rédigé vite ou si c'est parce
qu'il y a un trou que vous avez fait cela?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: C'est notre objectif d'avoir une loi la plus
étanche possible, Mme la Présidente, je le confirme.
M. Garon: Qu'allez-vous faire d'un pêcheur qui va vendre a
un autre pêcheur, en mer? Avez-vous prévu cela?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: II semble y avoir un trou, Mme la Présidente,
effectivement.
M. Garon: Non seulement cela, mais c'est très dangereux
parce que, par exemple, votre pêcheur va pouvoir livrer une partie de sa
cargaison à un autre pêcheur qui va la vendre au
Nouveau-Brunswick. Non seulement cela, mais les quotas n'apparaîtront
plus sous le nom du Québec, mais sous celui du Nouveau-Brunswick, et
cela va contribuer à faire baisser les quotas du Québec. Vous
savez avec moi - M. Diamant ne le sait peut-être pas - que ces
problèmes ont été très importants lorsque les gens
vendaient en mer à des bateaux russes ou à des bateaux qui se
trouvaient dans le golfe. On sait que... Comment appelle-t-on cela? II y a un
nom pour cela, dans le domaine des pêches...
Une voix: Vente directe.
M. Garon: Oui, mais il y a un mot anglais qu'ils emploient. "Over
the side", c'est cela. Cela veut dire que... Je trouve cette loi très
dangereuse. Un pêcheur, c'est sur l'eau, il va falloir le surveiller sur
l'eau aussi. Si je suis un pêcheur du Québec et que je veux
vendre, parce que j'ai un meilleur prix, à une entreprise du
Nouveau-Brunswick, je lui vends la moitié au une bonne partie de mon
crabe. Comprenez-vous? Je part cinq jours en mer. Je pêche les deux ou
trois premières journées et je vends à un autre
pêcheur du Nouveau-Brunswick. Si je veux être sûr de mon
affaire, j'embarque un gars dans mon équipage et, pendant qu'il ira
livrer au Nouveau-Brunswick, je ne rentre pas à la maison, je continue
à pêcher. Une couple de voyages, au lieu de les rentrer au port,
je les fais livrer au port par un autre pêcheur du Nouveau-Brunswick. Non
seulement le poisson ne sera pas transformé dans nos usines, mais, en
plus, cela va contribuer à faire disparaître nos quotas parce que
cette pêche qui aura été faite par des
Québécois ne paraîtra pas. Le gars aura vendu ailleurs et
aura eu son prix de toute façon.
Quel contrôle aurez-vous là-dessus, d'autant plus que vous
n'avez plus de service de la protection? Vous n'avez même pas de bateau
pour surveiller les transactions en mer. Vous n'avez plus de bateau pour
surveiller les transactions en mer. Le pêcheur va vendre quand même
par l'entremise d'autres pêcheurs. Ce n'est pas contrôlé. Je
ne vois pas le contrôle qu'il y a là-dedans. Le
fédéral n'est pas chargé de l'application de vos lois.
Comme il est dans une perspective d'oecuménisme canadien, vous pouvez
être certain qu'il ne s'occupera pas de cela. De quelle façon
allez-vous contrôler cela? Je vois le député de
Gaspé qui sait à quel point...
M. Beaudin: J'ai une question pour le député de
Lévis.
M. Garon: ...les pêcheurs sont des gens très habiles
qui pourront contourner ces lois comme ils vont vouloir.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Gaspé.
M. Beaudin: M. le député Lévis, vous avez
été ministre responsable des pêches. Vous pourriez
peut-être nous expliquer comment vous avez fait pour stopper les
débarquements de hareng faits par les pêcheurs
québécois sur les quais du Nouveau-Brunswick. Les avez-vous
stoppés avec vos bateaux de patrouille ou à leur retour au
quai?
M. Garon: Je disais qu'il fallait mettre en place...
M. Beaudin: Mais répondez donc à ma question!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Oui, je vais vous répondre. À un moment
donné, je me suis dit qu'il fallait mettre en place un système
qui ferait qu'on aurait tellement un produit de qualité que l'incitatif
serait là pour les gens. Mais je savais, par exemple, qu'on allait en
même temps transformer des usines et des bateaux. A un moment
donné, quelqu'un aurait un bateau moderne, à un moment
donné, ce serait l'usine, à certains endroits, et, après
quelques années, les deux vont l'être. Dans une période
intermédiaire, on ne peut pas reprocher à un pêcheur qui
fait un excellent produit d'essayer d'avoir le meilleur prix pour son produit.
Je n'ai jamais pensé empêcher le pêcheur d'avoir le meilleur
prix pour son produit, mais je pensais mettre les gens en condition. La preuve,
le ministre
nous l'a donnée hier, quand il a parlé de Crustacés
de Gaspé, par exemple. Je me rappelle les premières
recommandations de mes fonctionnaires, et je vais vous le dire, c'était
de ne pas mettre une cenne là-dedans. Je ne vous raconterai pas de
broue: c'était de ne pas mettre une cenne là-dedans, ce
n'était pas un bon projet. Je peux vous dire que la discussion a eu lieu
dans la petite pièce qu'il y a ici, au coin. Vous sortez dans le
corridor, vous allez au coin, à l'entrée de la porte 4, dans la
petite pièce qu'il y a là. Les fonctionnaires disaient: Non, ce
ne sera pas un bon projet, on ne sera pas capable de faire cela, etc. Au
contraire, j'ai insisté. On a insisté 118 000 $ en 1982 et le
ministre nous dit aujourd'hui qu'il a revendu ses parts. Les parts qui ont
été achetées pour permettre le financement des 118 000 $,
il les a vendues en 1986 - je ne sais pas si c'est 1986 ou 1987 - pour 668 000
$. Était-ce un bon projet à votre goût? Je savais qu'avec
la qualité, le reste viendrait. Si vous faites un bon produit, les gens
dans le domaine des affaires, les restaurants, et tout cela vont courir
après vous et les distributeurs aussi. Parfois, des gens me demandent:
Je voudrais acheter du bon poisson, j'ai un party. As-tu une commande qui a du
bon sens? Je dis oui; je vais te donner une série de noms. Appelle
là; ils ont de bons produits. Rappelez-moi après votre party et
vous me direz si vous êtes satisfaits. Pourquoi? Parce qu'il y a des
entreprises qui s'occupent de servir en produits frais le marché au
Québec. Les gens ne les connaissent pas, dans le territoire. Il y en a
plusieurs, un certain nombre, il y en a de plus en plus. Je leur donne les
noms. Les gens vous disent: Je n'ai jamais fait un beau party comme cela, parce
qu'ils ont eu un produit extraordinairement frais. Je leur dis: Vous allez
peut-être bien le payer, mais aimez-vous mieux avoir un produit de
troisième catégorie que vous ne payez pas ou un produit que vous
payez plus cher, mais qui est bon?
J'ai toujours pensé que cela se ferait avec la qualité.
L'usine qui fait un bon produit aura un meilleur prix parce qu'elle a un bon
produit. Son produit sera recherché, mais, parce qu'elle a un meilleur
prix, elle sera capable de payer un meilleur prix au pêcheur aussi. C'est
pour cela que je n'ai jamais pensé qu'il fallait pénaliser le
pêcheur qui faisait un bon produit, mais, au contraire, mettre toutes les
conditions ensemble pour que tout cela profite au Québec. Je vais vous
dire plus...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis, est-ce qu'on pourrait revenir à
l'article 9.1, s'il vous plaît?
M. Garon: Oui, mais je réponds. C'est justement là
que je suis rendu, exactement, dans le domaine du commerce. Plus que cela,
j'avais commencé à entretenir les collègues des provinces
maritimes que leurs avantages seraient mieux servis si on faisait de
Montréal le centre de distribution du poisson de l'Est du Canada que si
on se servait de Boston, car les Bostonnais doivent penser aux Bostonnais avant
de penser aux gens des Maritimes. Je disais que le sort des gens de l'Est du
Canada était lié et que Montréal pourrait mieux faire leur
affaire. Vous auriez été surpris de l'audience que j'avais
à ce point de vue en parlant avec chacun des ministres, parce qu'ils
étaient conscients qu'à Boston on ne passe pas
nécessairement en premier. Il fallait établir des réseaux
de commercialisation qui n'existaient pas. Il fallait les mettre en place. Dans
le domaine du poisson, c'est possible. Quand on a commencé au
Québec à faire du veau lourd, on vendait nos veaux à 100,
125 livres. Les Américains et les Ontariens les achetaient et nous les
revendaient après avoir fait de l'argent avec ces veaux. J'ai dit: II
faudrait les garder. On a l'occasion d'avoir beaucoup de lait ici, au
Québec, de fermes de produits laitiers, un grand nombre de veaux.
Pourquoi les vendre à 100 ou 125 livres quand on peut les vendre
à 450 livres? On est parti à zéro, en 1978, avec
quelques-uns, mais, en 1984, on était rendus à 58 000 et, en
1985, 100 000 veaux étaient vendus à 450 ou 500 livres. (13 h
30)
La Présidente (Mme Bélanqer): M. le
député, je pense que vos poissons ont un peu grossi.
M. Garon: Oui, mais je donne des exemples. Alors, pourquoi mettre
cela s'il fallait développer un créneau? Je disais qu'encore
quatre ou cinq ans et on pouvait produire tous nos veaux lourds. Cela voulait
dire vendre nos veaux quatre fois plus pesants et avoir toutes les
retombées économiques ici. Pour cela, ce sont des créneaux
de commercialisation qu'il faut développer et qui étaient
complètement inexistants. Mais l'article 9.1, je trouve cela gentil.
Cela ajoute un article.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Je pense que vous ne réglez rien pour
autant.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors...
M. Garon: Savez-vous pourquoi... M. le ministre, quand on arrive
à avoir comme objectif de déréglementer, c'est ainsi que
cela se fait. On dirait que, pour ceux qui réglemente, l'appétit
vient en mangeant.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Alors, sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 9.1 est
adopté sur division. J'appelle l'article 10.
M. Dutil: Je voudrais dire que j'apprécie que le
député de Lévis ait employé le mot gentil pour la
première fois depuis que je suis à l'Assemblée nationale.
Cela me fait chaud au coeur.
L'article 10: Tout produit marin qui n'a pas atteint le niveau de
transformation fixé par règlement doit être
accompagné d'un connaissement qui précise son origine, son
propriétaire, sa destination et son cheminement. C'est ce connaissement
qui va nous permettre de vérifier si la loi est respectée et
d'assurer son application. La base du contrôle sera la
vérification des mouvements de cargaison et leur conformité avec
le connaissement. Ici encore, le connaissement ne s'applique qu'aux produits
marins visés par la loi.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Il y a une disposition semblable dans la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Nos produits peuvent circuler non transformés.
Ce qui est donc différent des produits que vous mentionnez, lesquels
sont transformés. De toute façon, à ma connaissance, je ne
connais pas tellement l'ensemble de cette loi, mais l'objectif n'est pas le
même.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Avez-vous vérifié les contrôles
qu'il y avait, au point de vue du transport, selon les conditions de la Loi sur
les produits agricoles, les produits marins et les aliments?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: On me demande de vérifier si c'est aux normes
sanitaires que vous vous référez, parce que c'est l'objet de
l'autre loi à laquelle vous vous référez, à ce
moment-là, bien sûr que les normes continueront d'être
respectées.
M. Garon: Non, mais les lois et règlements concernant
l'expédition des produits, la transmission des produits, le transport
des produits selon des contrôles de qualité?
M. Dutil: Sur l'aspect de l'hygiène, l'autre loi continue
de s'appliquer. Eux n'ont pas de connaissement, ils n'ont pas d'information
comme on le requiert.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: De quelle façon allez-vou3 faire ces
vérifications?
M. Dutil: II y a un article plus loin qui nous mentionne qu'on
peut aller vérifier...
Une voix: ...29.3°.
M. Dutil: Je voudrais d'abord me référer à
l'article 12. Celui-ci nous permet d'aller vérifier dans les livres. Il
y a l'article 29.3°: "ordonner l'immobilisation de tout véhicule qui
transporte des produits marins et faire l'inspection de ce véhicule et
de ces produits marins". On y arrivera tout à l'heure.
M. Garon: Si je suis un pêcheur et que je veux le faire, je
donne rendez-vous à mon camion sur un quai du Nouveau-Brunswick. Comment
allez-vous faire cela?
M. Dutil: Vous parlez d'un bateau qui s'en irait au
Nouveau-8runswick?
M. Garon: C'est-à-dire que si je veux vendre mon poisson
à Boston....
M. Dutil: Oui.
M. Garon: ...ou je veux le vendre au Nouveau-Brunswick, je vais
là et je le vends.
M. Dutil: En bateau?
M. Garon: Oui. En bateau. Le poisson doit arriver par bateau
quelque part. Je suis le même pêcheur. Vous avez toutes sortes de
connaissements, etc., il y a des camions qui se promènent. Mais, moi, je
veux le faire, j'ai eu un bon prix pour vendre à Boston ou pour vendre
ailleurs, à New York, n'importe où. Je dis à mon gars:
Viens me rejoindre au quai de Campbellton... Non, peut-être pas
Campbellton, mais au quai de Caraquet ou de Shippagan - je ne pense pas qu'il y
ait de gros quai à Miscou, mais, en tout cas, ce serait plus discret -
ou à différents endroits au Nouveau-Brunswick. Je lui dis de
venir m'y rejoindre, d'autant plus que le trajet serait sans doute moins long
pour lui et pour moi aussi, parce que ce port de mer sera plus proche. Comment
serez-vous capable de contrôler cela?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Si on lit bien l'article, on dit: "II est interdit de
faire le transport d'un produit marin sans connaissement ou bordereau
d'expédition indiquant les renseignements prévus par
règlement." L'application sera une tout autre chose, il faudra voir pour
trouver les modalités d'application. Je ne vous ai pas dit, Mme la
Présidente, qu'il n'y aurait pas de difficultés, surtout dans le
cas, que cite le député de Lévis, de quelqu'un qui va en
bateau livrer ailleurs qu'au Québec. C'est une difficulté qui
existe et qu'il faudra surmonter, si elle existe.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je suis un pêcheur. Mon permis est
fédéral. De quelle façon allez-vous pouvoir empêcher
un pêcheur de livrer à une usine ailleurs, au Nouveau-Brunswick,
par exemple?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: On a évidemment juridiction sur le territoire du
Québec seulement.
M. Garon: À ce moment-là, si vous n'êtes pas
capable de contrôler si je livre à une usine d'une autre province,
par exemple, cela pourrait arriver à... Je pourrais décharger ma
cargaison à Terre-Neuve - la Nouvelle-Écosse est trop loin, les
bateaux ne feraient pas le voyage - à
l'Île-du-Prince-Êdouard ou au Nouveau-Brunswick, vous n'avez aucun
contrôle sur cela. Deuxièmement, si je vends en dehors du Canada,
je donne rendez-vous à quelqu'un sur le quai avec son camion
réfrigéré et je vais lui livrer là. Si je trouve
cela trop dangereux, en tout cas, que, pour une raison ou pour une autre, cela
pourrait me créer des problèmes, je m'entends avec un
pêcheur du Nouveau-Brunswick, je fais un transbordement en mer et je lui
donne une commission. Si je me méfie un peu de lui, je peux envoyer un
de mes gars à bord de son bateau pour surveiller toute
l'opération. Comment contrôlerez-vous cela?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Mme la Présidente, je veux juste mentionner
qu'actuellement un pêcheur qui désire aller vendre son poisson,
avec son bateau, à l'extérieur de la province de Québec
peut le faire. Il peut le faire; donc, ce contrôle n'existe pas. La
difficulté est là, on augmente la contrainte pour ce faire. Ce
qui amène aussi l'autre phénomène: la livraison, sur les
quais du Québec, à des camions qui viennent chercher le produit
et qui le livrent à l'extérieur, on couvre au moins cette partie.
Il n'est pas toujours intéressant, pour le pêcheur qui habite au
Québec, à cause de la distance à parcourir en bateau, de
le faire et on espère que la mesure incitative sera suffisante pour
qu'il trouve des ententes convenables avec ceux qui font de la transformation
de produits marins au Québec.
M. Garon: Je trouve que ce que vous faites là sera
épouvantable. Vous allez obliger les gens à prendre des moyens,
qu'ils vont prendre de toute façon, parce qu'ils veulent le faire,
moyens qui feront en sorte que la solution sera la pire conséquence...
La conséquence de cette loi, c'est que le problème sera dix fois
plus grand. C'est une loi inutile. Je ne comprends pas que vous vouliez voter
une telle loi, parce que vous êtes incapables de contrôler cela de
cette façon. Le Canada a tout un réseau de bateaux en mer et il a
de la misère à le faire. Il y a des bateaux étrangers qui
pêchent dans nos eaux, on a de la misère à contrôler
cela. Là, vous n'avez même plus de service de protection, vous
n'avez plus de bateaux en mer, vos quelques bateaux maintenant vont être
dans les rivières avec le MLCP pour surveiller les pêcheurs de
saumons, de toute façon, pour des saumons qui ne sont pas là. Ils
se font prendre à Terre-Neuve. Cela va vous prendre des inspecteurs...
Seulement cela, vos gens sont dans le territoire maritime et vous savez que le
territoire maritime est grand en péché! Surveiller les bordereaux
et les connaissements, c'est surveiller les camions, au fond. Cela prend un
moyen système pour surveiller les camions! Vos inspecteurs ne seront
plus rien là-dedans. Ils peuvent bien surveiller aux quais.
Vous savez, dans le domaine de l'environnement, celui qui a une grosse
citerne de purin de porc, vous pouvez la photographier tous les jours. Au
ministère de l'Environnement, quand il y en a un qui est
décidé à envoyer son purin dans les rivières, c'est
bien moins difficile à contrôler. Sa citerne est là, elle
est visible, vous pouvez la photographier tous les jours. Vous pouvez mettre un
gars à côté; il ne peut pas se sauver avec et il y en a qui
réussissent quand même. Là, vous avez des gens qu'on ne
peut à peu près pas surveiller, qui sont en mer sur un territoire
immense et, à part cela, qui ont la possibilité de vendre en
dehors du Québec ou du Canada en déchargeant leurs produits dans
d'autres provinces ou même au Québec, sur un territoire où
vous ne pourrez même pas avoir des inspecteurs dans chaque village. On a
des inspecteurs actuellement. Où? On a des inspecteurs dans les usines
ou aux quais. Le fédéral ne collaborera pas à cela,
d'aucune façon, parce que cela n'entre pas dans la
perspective de l'oecuménisme canadien.
Autrefois, quand on était plus jeunes -le ministre a dû
connaître cela, dans le temps - l'oecuménisme religieux n'existait
pas. Un catholique qui allait avec une protestante ou l'inverse, c'était
mal vu. Il y avait un contrôle social terrible. Aujourd'hui, essayez
d'empêcher cela, maintenant que c'est l'oecuménisme. Même
aujourd'hui, les prêtres changent d'église. Un protestant va dans
l'église catholique et inversement, pour montrer un genre
d'oecuménisme. Imaginez-vous dans le domaine de l'oecuménisme
canadien où le fédéral favorise ces échanges
interprovinciaux parce qu'il dit que cela resserre les liens! Quand on est
rendu à ne pas empêcher que Le Soleil appartienne à
des gens de Toronto... Imaginez-vous.
Vous allez vouloir empêcher un pauvre pêcheur
québécois, qui va avoir un meilleur prix pour son poisson, de
vendre à un gars du Nouveau-Brunswick. Vous avez besoin de mettre vos
raquettes. Je ne comprends pas cela. C'est une loi qui est un peu ridicule. Ce
sera la risée dans le territoire. Moi, j'ai fait beaucoup de lois, mais,
vous, c'est votre première. Tout à coup que c'est votre seule
loi. On va dire: La tête à Papineau, une passoire comme Dutil.
Vous allez devenir le symbole de la loi passoire. Vous ne devriez pas faire
cela, parce que vous allez faire plusieurs lois. Habituellement, les gens se
démarquent par une loi, qu'ils le veuillent ou non. Cette loi va devenir
votre marque de commerce.
Je vais vous dire, juste entre nous, je regarde cela...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Juste entre nous, je pourrais même demander
à vos fonctionnaires... Est-ce qu'il y a des pêcheurs du
Nouveau-Brunswick qui débarquent au Québec? Aucun?
M. Dutil: Mme la Présidente, les statistiques ne nous
disent pas qu'il y a des débarquements qui sont faits du
Nouveau-Brunswick au Québec.
M. Garon: II n'y a pas de débarquements de crabe?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre
tentait de vous répondre, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Oui?
M. Dutil: J'allais justement vous dire que j'apprécie la
remarque du député de Lévis sur le fait que ce soit ma
seule loi. C'est pour démontrer qu'on ne fait pas trop de
réglementation...
M. Garon: Non, j'ai dit: Si c'est votre seule loi...
M. Dutil: ...qu'on s'en tient à l'essentiel.
M. Garon: ...dans le sens que votre budget rapetisse pas mal.
Mais si c'était votre seule loi et que vous deveniez, par
exemple, ministre des Affaires intergouvernementales ou ministre d'autre
chose, ce serait quelque chose. Vous dites qu'il n'y a pas de
débarquements des pêcheurs du Nouveau-Brunswick au
Québec.
M. Dutil: A notre connaissance, ce sont des choses qui n'existent
pas.
M. Garon: II n'y a pas de débarquements de crevettes ni de
crabes.
M. Dutil: II y a peut-être des gens qui le font, de
façon nocturne, en contrebande, et qui viennent débarquer au
Québec, mais ce n'est pas...
M. Garon: Vous dites qu'il n'y en a pas. M. Beaudin: Je ne
peux pas affirmer...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Gaspé.
M. Beaudin: ...qu'il ne se fait pas de débarquements de
certaines espèces. Dans le secteur du crabe, cela m'étonnerait
énormément. (13 h 45)
M. Garon: À La Tabatière, les nouveaux acheteurs de
l'usine de Primonor. Il y a des gens qui débarquent pas loin de
là. Il y a des gens qui vont pêcher au Nouveau-Brunswick pas loin
de ce coin. Ils ne débarquent rien sur la Côte-Nord?
Zéro?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: À notre connaissance, Mme la
Présidente...
M. Garon: Quand je circulais dans le territoire, on me parlait de
débarquements qui venaient du Nouveau-Brunswick.
M. Dutil: Est-ce que j'ai la parole, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis, vous avez posé une question au
ministre, il est en train de vous répondre.
M. Garon: Ah! D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: C'est possible que le phénomène existe de
façon très marginale, mais, à notre connaissance, il n'y a
pas de débarquement dans le sens contraire, ni de Terre-Neuve vers le
Québec, ni du Nouveau-Brunswick vers le Québec, ni de
l'Île-du-Prince-Édouard vers le Québec, ni de la
Nouvelle-Écosse vers le Québec. Il semble que, de ce
côté, ce soit pas mal étanche. S'il y a des trous, ils ne
laissent pas passer beaucoup d'eau.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Si c'est vrai actuellement, c'est parce que les
industriels d'ailleurs payent un meilleur prix qui vaut le voyage. Quand je
circulais dans le territoire maritime, on me parlait des débarquements
du Nouveau-Brunswick. Je vais vous dire plus que cela. Quand on parlait de
moderniser Blanc-Sablon, les gens de Blanc-Sablon nous disaient qu'il ne
faudrait pas permettre aux gens de Terre-Neuve de débarquer chez eux. Au
contraire, il fallait créer de l'emploi. Ils savaient que les
pêcheurs étaient intéressés à
débarquer. II y a même des pêcheurs de Terre-Neuve qui
passent l'été à Blanc-Sablon. Ils campent la. Non
seulement ils restent là, mais ils ne retournent pas à
Terre-Neuve. S'ils pêchent là, ils restent là, ils
débarquent au Québec aussi. Il y en a qui passent
l'été là dans des petits cabanons, près du quai
à Blanc-Sablon. Il y en a qui sont là et qui ... Bon!
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
10 est adopté?
M. Garon: Appel nominal. Parce que je veux avoir le plaisir de
voir chacun des députés libéraux voter pour cette
disposition, parce qu'après j'imagine que le ministre va vouloir
l'appliquer. S'il veut l'appliquer cela va lui prendre une police. Parce que
c'est une loi qui n'est pas applicable. Ce qui n'est pas applicable, cela ne
vaut rien. Dès lors, on va voir tous les députés l'appuyer
pour qu'il ait des budgets afin d'avoir sa police spéciale pour
appliquer cette loi, pour vérifier les connaissements et les bordereaux
à bord des camions.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
secrétaire, est-ce que vous voulez faire l'appel, s'il vous
plaît.
Le Secrétaire: M. Forget, Prévost? La
Présidente (Mme Bélanger): M. Forget. M. le
député de Prévost. On appelle le vote.
M. Garon: Attention, vous avez nommé trois fois. Quand
vous avez été nommé trois fois, cela veut dire de sortir.
Quand un député est nommé trois fois par le
président, cela signifie qu'il doit prendre la porte.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis, la première fois, je l'ai
appelé par son nom et on ne doit pas appeler un député par
son nom, mais par le nom son comté. Alors, M. le secrétaire.
Le Secrétaire: M. Forget, Prévost?
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Camden, Lotbinière?
M. Camden: Pour.
Le Secrétaire: M. Dubois, Huntingdon?
M. Dubois: Pour.
Le Secrétaire: M. Beaudin, Gaspé?
M. Beaudin: Pour.
Le Secrétaire: M. Dutil, Beauce-Sud?
M. Dutil: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon, Lévis?
M. Garon: Contre. J'ai vu le député de Huntingdon
voter pour cela. Imaginez-vous!
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 10 est
adopté sur division. J'appelle l'article 11.
M. Dutil: Avant de parler de l'article 11, je voudrais parler un
peu du budget. Le député disait que le budget a baissé de
10 000 000 $ par année, donc que, dans deux ans, il ne restera plus de
budget. Il y avait une dame qui se réjouissait fort, comme cela. On lui
en demandait la raison. Elle répondait: Mon mari a perdu 20 livres, le
mois dernier et, dans six mois, il aura complètement disparu. C'est un
peu le même exemple. "Un exploitant doit, pour préparer ou mettre
en conserve un produit marin, se conformer aux normes minimales de
transformation prescrites par règlement du ministre, lesquelles peuvent
varier selon le produit marin." Le sens de préparer et transformer est
conforme à celui de P-29. L'exploitant peut vendre, céder, ou
transmettre dans le circuit les produits marins au même titre que le
pêcheur et l'acquéreur. Il peut aussi alimenter le marché
du restaurateur, du détaillant et du consommateur. Cependant,
sitôt que le processus de transformation est débuté, il
doit le faire de manière à atteindre les niveaux prescrits par le
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je pense que ce serait bon que le ministre nous fasse
connaître ses normes minimales de transformation. Il n'est pas
nécessaire d'attendre l'article 45. On est à l'article 11 et on
dit justement que l'exploitant doit "se conformer aux normes minimales de
transformation prescrites par règlement du ministre, lesquelles peuvent
varier selon le produit marin." J'imagine que c'est ici qu'on va apprendre
quelles sont les variations entre les niveaux de transformation de chacun des
produits marins souhaitées par le ministre.
M. Dutil: Oui, en préprojet, parce que ce n'est pas un
projet final, mais on pourrait vous le transmettre.
M. Garon: Je comprends cela. D'ailleurs, c'est toujours comme
cela. Quand les ministres déposent un projet de règlement, ce
n'est jamais nécessairement un projet final parce que, habituellement,
du fait que les gens le connaissent un peu à l'avance, ils font parfois
des représentations qui ne sont pas connues.
M. Dutil: Non, non. Je veux assurer le député de
Lévis de toute ma collaboration pour que le processus se déroule
le plus normalement possible dans l'adoption de cette loi.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Quand on dit "emballée", qu'est-ce qu'on veut
dire? C'est un produit... Une section cuite ou surgelée,
emballée. Est-ce qu'elle peut être autrement
qu'emballée?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Quand on dit "emballée", on veut dire
"emballée", Mme la Présidente. Ce n'est pas dans le sens de nos
discussions parlementaires, Mme la Présidente. Ce n'est pas dans le sens
des discussions parlementaires emballées; comprenez-vous?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Une section, par définition, ce n'est pas
travaillé. Une section, vraiment, il n'y a pas beaucoup de travail dans
les sections. Vous ajoutez "emballée; admettons que ce sont des sections
qui sont... Voulez-vous dire emballée individuellement ou que c'est
emballé; j'en mets 25 livres dans une caisse? Est-ce que la caisse
constitue l'emballage?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Mme la Présidente, c'est comme je le mentionnais
un préprojet. On va donner le maximum d'explications au
député de Lévis. Les détails seront connus plus
tard.
L'objectif, c'est d'éviter que ce soit en vrac, Mme la
Présidente. Donc, on écrit pour l'instant "emballé". Il
suffira d'avoir plus de détails dans le texte de la
réglementation.
M. Garon: Qu'est-ce qu'on veut dire par "en vrac", par opposition
à "en vrac"?
M. Dutil: Emballé.
M. Garon: Je comprends cela, mais...
Une voix: Mais destinée aux marchés.
M. Garon: Je comprends qu'on transporte une citerne de vin en
vrac, qu'on transporte une citerne de ciment en vrac et que du ciment
emballé peut vouloir dire en poche. Sauf que du crabe en vrac,
même en vrac, il faut qu'il soit emballé. Et le crabe, vous en
feriez quoi? Ce serait un camion complet de crabe pas emballé du
tout?
M. Dutil: C'est vraiment en vrac.
M. Garon: Je n'ai jamais vu ça. Ce serait en vrac au
maximum. Mais qu'est-ce que vous appelez du vrac par rapport à du
"emballé" dans le crabe? Une caisse, par exemple, de sections de 25
livres, est-elle emballée ou non?
La Présidente (Mme Bélanger): M.
Vagneux.
M. Vagneux (Pierre-J.): Merci. Pour reprendre votre exemple, si
on prend une caisse qui serait fermée, avec du crabe, à ce
moment-là, on pourrait la considérer comme emballée.
L'idée est de ne pas avoir de sections qui pourraient être
simplement du crabe démembré qui serait placé sur de la
glace pour être transporté et transformé ailleurs. À
ce moment-là, le produit serait destiné aux marchés sous
cette forme.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Ce serait quasiment impossible. Voyez-vous un camion
plein de glace, plein de sections dessus? Il faudrait quand même qu'il y
ait de la glace. Comme serait-ce possible? Ce que vous dites, est-ce que cela
se fait? Comment cela se fait-il?
La Présidente (Mme Bélanger): M. Vagneux.
M. Garon: H serait dans des caisses, c'est-à-dire dans des
contenants.
M. Vagneux: Cela s'est déjà fait.
M. Garon: Dans des contenants sans être emballé.
M. Vagneux: II y a eu des sorties de crabe sous cette forme de la
Basse-Côte-Nord vers Terre-Neuve.
M. Garon: Comment?
M. Vagneux: Dans des camions avec de la glace, en vrac. Il n'y
avait même pas de contenants.
M. Garon: Les camions vers Terre-Neuve, comment ont-ils fait pour
se rendre jusqu'à Terre-Neuve?
Une voix: ...Nouveau-Brunswick.
M. Vagneux: II y a un bateau, il y a un traversier entre
Blanc-Sablon et Sainte-Barbe.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Oui, mais là, la raison est plus simple que
cela, c'est parce qu'il n'y avait pas d'usine. Vous allez le faire emballer
où?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: La question, ce n'était pas pourquoi,
c'était comment. On a répondu à ce comment.
M. Garon: Écoutez, je comprends... On donne un exemple qui
n'a pas de bon sens, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'usine à
Blanc-Sablon. À ce moment, les gens... C'est encore beau qu'ils fassent
cela. Vous allez le faire emballer où il n'y a pas d'usine? Vous voulez
le faire emballer comment, s'il n'y a pas d'usine?
La Présidente (Mme Bélanger): M. Vagneux.
M. Garon: À la même place?
M. Vagneux: C'était pour vou3 donner une explication de ce
qu'on veut dire par "vrac" ou "emballé". C'était disons un cas,
un exemple.
M. Garon: Le pêcheur qui livre à une place, qui
livre comme cela, mais où il n'y a pas d'usine, vous voulez l'obliger
à faire quoi?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Garon: Est-ce que le résultat serait que le
pêcheur se construise une usine et qu'en attendant il arrête de
pêcher?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Mme la Présidente, je pense qu'il faut
comprendre que, tant et aussi longtemps qu'il n'y a pas de capacité de
transformation, il faudra trouver des modalités qui permettent aux gens
de vivre. Notre intention concernant la Basse-Côte-Nord sera connue
incessamment. Il y a une entente auxiliaire, je l'ai déjà
annoncée, qui sera signée le 11 juin. Elle dévoilera
justement nos intentions éventuelles et elle sera en mesure de
répondre à ces interrogations concernant la capacité de
transformation.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: La loi ne le permet pas, mais dans votre loi vous allez
dire qu'il devrait y avoir des normes minimales de transformation. Vous ne vous
laissez pas d'ouverture; dans le cas où il n'y aurait pas d'usine, cela
pourrait être fait. Votre loi ne vous permettra pas de dire: De temps en
temps je le fais et de temps en temps je ne le fais pas. Il va falloir qu'une
ouverture soit faite dans votre loi. Vous dites: Les normes... La loi dit: "se
conformer aux normes minimales de transformation prescrites par
règlement du ministre." Elle ne dit pas qu'il n'y aura pas de normes
minimales; il doit y en avoir.
M. Dutil: À l'article 52, Mme la Présidente, qu'on
aura l'occasion de discuter, je l'espère, le plus rapidement possible,
on dit: "Le gouvernement peut exempter, en totalité ou en partie, de
l'application de la présente loi ou de ses règlements, une
catégorie de personnes, de produits marins, d'objets ou
d'activités qu'il détermine." Alors, il s'agit justement de se
prémunir contre les abus. Notre objectif, évidemment, ce n'est
pas d'essayer de faire transformer des produits marins alors qu'il n'y a pas de
capacité de transformation.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Est-ce qu'il y a d'autres exemples? Vous voyez que
c'est un exemple inutile, au fond, parce que les gens n'ont pas le choix.
Est-ce qu'il y a d'autres exemples? Moi, j'aimerais avoir d'autres exemples de
cela. Là, je n'en vois pas.
M. Dutil: De moins en moins puisqu'en général il y
a surcapacité de production. Je pense que la région qui peut
être effectivement touchée, c'est la Basse-Côte-Nord.
M. Garon: Oui, mais là, c'est à défaut
d'usine. C'est pour cela que je vous parlais du plan que j'avais
déposé à l'automne 1985 mais que je n'avais pas eu le
temps de faire adopter parce qu'il y a eu les élections. Le plan de
développement de la Basse-Côte-Nord réglait ce
problème. Est-ce qu'il y a d'autres exemples à ce
moment-là? Les gens n'ont pas le choix. On ne peut pas faire une loi en
vue de faire des exemptions pour des gens qui, de toute façon, n'ont pas
le choix. Cela n'a pas de bon sens. On met tout un gros kit, après cela
on va exempter... Le seul exemple que vous me donnez, ce sont des gens qui
n'ont pas le choix. On va faire une exception dans le règlement pour des
gens qui n'ont pas le choix, de toute façon. Alors, pourquoi faire la
loi? Est-ce qu'il y a d'autres exemples?
M. Dutil: Est-ce qu'il y a d'autres exemples? Pas à ma
connaissance. Quant au plan de la Basse-Côte-Nord qui avait
été présenté par le député de
Lévis - je lui rappelle la date, il parlait de l'automne -c'était
le 11 décembre 1985. Alors, M. le député de Lévis,
il ne semblait pas que vous ayez fait une conférence de presse en
Gaspésie.
M. Garon: On a quitté le 13. Je pense que la transmission
des pouvoirs s'est faite le 13.
M. Dutil: Le 12. Donc, le 11 vous étiez
après...
M. Garon: Le 12, j'étais encore ministre.
M. Dutil: Neuf jours après les élections, vous
étiez en train d'annoncer 40 000 000 $ sur la Basse-Côte-Nord.
M. Garon: Pas sur la Basse-Côte-Nord.
M. Dutil: Non, mais je pense que le député de
Lévis devait se douter que Robert Bourassa ne le choisirait pas comme
ministre de l'Agriculture, j'imagine, à ce moment.
M. Garon: Non, non, mais pourquoi parlez-vous de la
Gaspésie? Je ne comprends pas.
M. Dutil: Je ne sais pas à quel endroit vous avez fait la
conférence de presse. Je pensais que c'était dans la
région des Maritimes...
M. Garon: Non, non.
M. Dutil: ...le 11 décembre.
M. Garon: Oui, mais c'est un projet qui était
déjà fait, qui n'était pas à ta suite de... Le
projet annoncé avait déjà été fait; il avait
déjà été décidé.
M. Dutil: Oui, sans approbation du Conseil du trésor ni du
gouvernement.
M. Garon: Lequel? M. Dutil: Du vôtre. M. Garon:
Pardon? M. Dutil: Du votre.
M. Garon: Je ne l'ai pas annoncé à la
Côte-Nord.
M. Dutil: Ni du gouvernement. En tout cas, je pense que c'est une
autre discussion. J'ai eu l'occasion de critiquer un peu la façon
cavalière du député de Lévis d'aller faire des
annonces après les élections. C'est son affaire...
M. Garon: Pas du tout! Il y a des choses qui ont
été décidées en temps utile,
régulièrement, etc., et correctement.
M. Dutil: Je vous promets, Mme la Présidente, de ne pas
faire de conférence dix jours après les élections, si
jamais on en perdait une; je vous garantis cela.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est très
sage.
M. Dutil: N'est-ce pas?
M. Garon: Si vous pouvez avoir les communiqués de
presse...
La Présidente (Mme Bélanger): Étant
donné...
M. Garon: Demandez les communiqués de presse.
La Présidente (Mme Bélanger): ...qu'il est 14
heures, est-ce que l'article 11 est adopté?
M. Garon: Non. Je veux revenir... J'ai vu que, sur le crabe, il
n'y avait pas vraiment d'exemple. Il va falloir regarder d'autres
éléments et comment cela va fonctionner pour avoir une
idée.
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 14 h 1)