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(Quinze heures trente-cinq minutes)
La Présidente (Mme Dionne): Je déclare la
séance de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation ouverte. Le mandat de la commission, cet après-midi, est
de procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 15, Loi modifiant la Loi sur les terres publiques agricoles et d'autres
dispositions législatives.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire: Non, il n'y a pas de remplacement à
l'heure actuelle.
La Présidente (Mme Dionne): Le mandat de la commission est
de procéder également à l'étude
détaillée du projet de loi 46, Loi sur le financement agricole.
Alors, on va passer aux remarques préliminaires. J'inviterais M. le
ministre à commencer.
Remarques préliminaires
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, Mme la Présidente. Je veux vous
exprimer ma satisfaction. À ma connaissance, c'est une des
premières séances où on a l'honneur de vous avoir et, si
je fais marcher ma mémoire un peu, je pense que c'est la première
séance où on a le privilège de vous avoir pour
présider nos débats. Je suis persuadé, connaissant votre
expérience, votre sens du rapprochement et du consensus, que cela
facilitera et contribuera à améliorer une relation
déjà très bonne entre mon collègue, le
député de Laviolette, et moi. Je vois des signes de tête
approbateurs de ce côté. Pour le bénéfice du
Journal des débats, sa tête va de bas en haut.
Mme la Présidente, comme on le sait, c'est un projet de loi qui
vient modifier la Loi sur les terres publiques agricoles. Essentiellement, on
propose un nouveau mode de transfert au domaine privé de toutes les
terres agricoles qui sont actuellement du domaine public et qui sont encore
sous concession. Je pense que c'est bien important d'avoir cette
précision, parce que souventefois le fait d'indiquer la volonté
de transférer du public au privé peut laisser croire que ce sont
toutes les terres publiques qui seront transférées au domaine
privé, alors que ce sont seulement celles qui sont sous concession.
Alors, par ce projet de loi, on introduit certaines mesures afin
d'assurer une transition nécessaire entre les règles actuelles de
droit administratif et celles de droit privé qui s'appliqueront lorsque
les processus prévus au projet de loi seront appliqués. C'est
ainsi que le processus actuel de délivrance des lettres patentes est
remplacé par une identification de tous les détenteurs actuels
des terres sous concession. Cette procédure va permettre au ministre de
reconnaître et de confirmer les droits de propriété de ces
derniers, compte tenu de leurs titres ou de tout autre document ou
renseignement obtenu ou requis par le ministre. On se réfère,
ici, aux dispositions, si ma mémoire est fidèle, prévues
à l'article 32 et aux suivants.
J'aurai l'occasion d'y revenir, parce que, comme on le sait,
l'étude en deuxième lecture d'un projet de loi, c'est tout
à fait explicable, c'est un moment privilégié pour les
distingués représentants de la loyale Opposition de Sa
Majesté de se faire valoir, de faire leurs représentations. J'ai
pu comprendre, pour avoir écouté religieusement mes
collègues en deuxième lecture, que les députés de
l'Opposition étaient préoccupés par le sens et la
portée des dispositions de ces articles qui confèrent certains
pouvoirs au ministre. Alors, on aura l'occasion, évidemment, de les
sécuriser, du moins en ce qui me concerne.
Comment va s'effectuer le transfert au domaine privé? Ce sera
très simple: par le dépôt, dans les divisions
d'enregistrement concernées des nombreux comtés du Québec,
de lettres patentes faisant état de cette identification à partir
duquel l'examinateur de titres pourra continuer d'agir selon les règles
du droit privé. Le projet de loi propose également certaines
modifications afin de valider les hypothèques, parce que, comme on le
sait, l'absence de titres de propriété implique un vide juridique
à l'égard de plusieurs gestes posés par des
concessionnaires qui se croyaient légitimement en droit de poser de tels
gestes. Il s'agit des hypothèques, des servitudes, de droits de passage
qui ont été accordés, etc., des différentes charges
qui ont été consenties sur ces lots en contravention des diverses
lois administratives qui ont toujours prévalu pour ces lots.
Alors, il m'apparaît que c'est un projet de loi susceptible de
bonifier non seulement les situations de droit, mais aussi les situations de
fait où des milliers de personnes ont la conviction d'être
propriétaires du lot qu'elles possèdent, d'être en
règle, comme on dit, alors que, dans les faits, elles n'en sont pas
encore propriétaires et en droit, non plus.
Je sais que le député de Laviolette est
particulièrement intéressé, parce qu'on a plusieurs lots
dans son propre comté qui, en droit, n'appartiennent pas aux personnes
qui les possèdent actuellement; en droit, ces lots appartiennent au
ministère de l'Agriculture. Qu'il me suffise de me référer
à une très grande usine que vous avez dans le
Vieux-Grand-Mère qui
appartient en droit au ministère que je dirige. Il y a le terrain
de golf, plusieurs propriétés. On pourrait faire le tour de tous
les petits rangs, mais, si je me souviens bien, ce sont près de 700 ou
800 personnes dans votre comté qui étaient susceptibles
d'être attaquées dans leurs droits, alors que ce projet de loi
s'inscrit spécifiquement dans le cadre d'une approche globale de notre
gouvernement en vue de bonifier les relations avec les citoyens et de leur
éviter le plus grand nombre de tracas possible. C'est ce qui identifie
de plus en plus notre équipe et c'est ainsi qu'il ne faut pas se
surprendre de constater un taux de satisfaction aussi élevé.
Mais, ce n'est pas 700 ou 800, c'est près de 2000 personnes dans la
région de la Mauricie seulement, spécifiquement dans le
comté de Laviolette, qui risquent d'être affectées.
J'espère que vous allez voter avec moi pour ces gens-là, pour les
bonnes gens de votre comté. C'est tout.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Je voudrais commencer par la fin en disant au
ministre que j'espère pour lui que cela n'aura pas, justement, pour
effet de faire l'inverse de ce qu'il espère. Le ministre, par le projet
de loi, ne confirme qu'une chose: c'est qu'il veut se départir, comme
ministère, de biens qui sont siens, de terrains qui sont la
propriété du ministère, au profit de personnes qui,
actuellement, pour différentes raisons au cours de l'histoire du
Québec, sont devenues propriétaires d'un terrain qu'elles ne
possèdent même pas d'une certaine façon. On parle, en fait,
de vide juridique, le ministre a effectivement raison. Le ministre pourrait
dire: Je me rends propriétaire de cela et, désormais,
étant propriétaire, je fais ce que je veux avec et je dis
à la personne de débarrasser le terrain, si on peut employer
cette expression-là. Et il aurait raison de le faire, parce que les gens
n'ont aucune légalité quant à la propriété
du terrain. Cela, on le comprend très bien, mais si quelqu'un taisait
cela, vous savez qu'il y aurait des holà assez forts, de sorte que - je
reviens à ce qu'on entend souvent dire - le gouvernement libéral
reculerait devant le tollé de protestation. C'est sa façon de
voir les choses jusqu'à maintenant: toutes les fois qu'il y a un
tollé, il recule, il lance un ballon et il recule. On peut être
satisfait de voir qu'il y a un règlement, mais à partir du fait
qu'on voit le gouvernement reculer, on a vu des gens, dans tout le
Québec, faire des actions de quelque niveau que ce soit pour obtenir des
salaires plus justes que ceux qu'ils ont eus et le gouvernement, selon les
catégories de gens, les policiers ou d'autres, a reculé en leur
donnant des salaires meilleurs que ce qu'il a donné à l'ensemble
de la fonction publique. Dans ce contexte-là, je dis: Si,
aujourd'hui...
M. Pagé: Vous parlez de quoi, des policiers de la
Sûreté du Québec qui avaient été
arnaqués?
M. Jolivet: Je ne voulais pas déranger M. le ministre.
M. Pagé: D'accord, j'y reviendrai plus tard.
M. Jolivet: Ce que je veux dire, c'est que, pour ce qui est de ce
dossier, le ministre part d'un principe sur lequel nous sommes d'accord. Le
gouvernement ne doit pas rester propriétaire de lots dont il n'a
aucunement besoin, de lots épars. II doit rendre le territoire le plus
homogène possible et permettre à ceux qui en sont les riverains
d'en devenir propriétaires, s'il n'y a personne qui les occupe
actuellement, pour s'en débarrasser et faire en sorte que le
ministère n'ait plus d'obligation légale sur ces terrains. D'un
autre côté, pour ceux qui sont les occupants, il y aura
peut-être des difficultés de transfert. Des gens pourraient
contester. Alors, on comprend très bien la démarche qui avait
été entreprise par mon collègue de dire aux gens:
Écoutez, si vous pensez que vous êtes propriétaires de tels
terrains, faites la demande. Nous allons clarifier vos titres. Mais cela prend
du personnel, pour étudier l'ensemble des textes légaux qui ont
été faits, des actes qui ont été posés
à l'époque et qui sont consignés soit au ministère,
soit dans les bureaux d'enregistrement, soit sur des formules de lettres
patentes.
En fait, il y a différentes avenues qui sont devant nous quant
à la façon de solutionner le problème. L'une de celles qui
auraient pu être utilisées, c'est celle-ci. Nous croyons que le
ministre aurait dû plutôt mettre des incitatifs, en disant qu'il
prenait à sa charge une partie des frais qu'on va encourir pour chercher
des titres, pour faire de la recherche auprès des
arpenteurs-géomètres, pour faire l'ensemble du travail qui permet
aux gens de devenir légalement propriétaires d'un terrain pour
lequel ils ont payé les taxes municipales, les taxes scolaires.
Or, qu'a fait le ministre au lieu de proposer ces incitatifs? Il a
parlé de 13 500 dossiers au Québec, il a dit qu'il y avait
environ 8 000 demandes et que, sur les 8 000 demandes, il y a actuellement 3
300 cas de réglés. Je trouve cela, quand même convenable,
malgré qu'une des mesures incitatives aurait pu dire: On paye l'ensemble
des frais de notaire, les frais d'arpenteur-géomètre selon les
besoins. En fait, je parle de mesures par lesquelles on aurait incité
davantage les gens, avec une publicité encore plus forte, en fait, avec
tout ce qui permettrait d'augmenter à plus de 8 000 le nombre de ceux
qui font la demande. (15 h 45)
Mais pourquoi n'avons-nous que 3 300 personnes qui ont été
réglées? Peut-être, parce qu'il y a moins de personnel sur
le terrain afin de faire les agencements nécessaires avec les actes
notariés, avec les recherches au point de vue de l'arpentage du terrain,
de telle sorte que, aujourd'hui, on se retrouve avec 20 % de l'ensemble qui
auraient été réglés. À partir de ce
principe, le ministre dit: Parce qu'il n'y a que 20 % des cas de
réglés, je trouve que cela ne va pas assez vite à mon
goût. Je veux m'en débarrasser. Là, il donne toutes sortes
de raisons, comme celles qu'il énumérait tout à l'heure:
On a de bonnes relations avec la population. On veut rendre la population
heureuse. Le ministre peut faire le bla-bla qu'il veut sur ces points, mais il
y a...
M. Pagé: Les gens heureux, ce n'est pas du bla-bla, M. le
député. Si vous aviez su cela entre 1976 et 1985, vous ne seriez
pas dans l'Opposition, aujourd'hui.
M. Jolivet: Mme la Présidente, je ne l'ai pas
dérangé. Je lui demande encore une fois de ne pas me
déranger. La preuve, c'est que je suis encore là comme
député dans mon coin et j'ai travaillé comme il le
fallait.
M. Pagé: Je ne parlais pas de vous. Je parlais de votre
parti.
M. Jolivet: Le ministre a fait mention que nous avions des
craintes. Effectivement, nous en avons. Les craintes que nous avons, ce sont
des réserves majeures, quant à nous. C'est le danger qu'il y a
d'utiliser le principe: la fin justifie les moyens. Nous croyons que les
nouveaux moyens que le ministre veut se donner sont un peu trop dangereux quant
à la possibilité d'arbitraire.
Le ministre dit: Je suis, moi, légalement propriétaire
nous en convenons - de terrains qui ont été utilisés par
des gens, comme lots sous concession ou en vertu de lettres patentes qui leur
ont été accordées à l'époque. Et, en
même temps, ces gens, de bonne foi - et les notaires l'ont inscrit dans
les livres qui sont dans les bureaux d'enregistrement - ont fait des ventes de
terrains qui ne leur appartenaient même pas. Et, pour éviter,
comme le dirait le ministre le vide juridique, on va dire que cela, ça
n'a jamais existé et que les gens sont vraiment propriétaires du
terrain qu'ils vont avoir.
Mais le danger qu'il y a, c'est que le ministre dise: Étant
propriétaire, c'est moi qui décide, du premier coup, de dire
à Untel et à Untel: Voici le terrain sur lequel tu es
actuellement; je tiens à ('avertir que tu n'es pas propriétaire
de ce terrain, mais je peux te rendre propriétaire en te permettant
d'avoir tous les titres voulus et, en conséquence, à partir de
cela, je te donne tant de temps pour te décider. Le veux-tu ou si tu ne
le veux pas? Si tu ne le veux pas, on le passera à d'autres et on fera
d'autres démarches.
Mais, d'un autre côté, entre-temps, quelqu'un peut venir
s'opposer. Et s'opposer, cela peut prendre différentes formes. Comme je
le disais à l'Assemblée nationale, en deuxième lecture, je
ne vise pas le ministre actuel, je vise toute personne humaine mise, à
un moment donné, devant les faits, devant une terre à bois valant
tant de milliers de dollars, qui pourrait être coupée et profiter
pour le futur, ou être travaillée de telle sorte que... Comme je
le disais, souvent, on le jardine, son petit bout de terrain. On profite, pour
l'ensemble de la société, de ce que l'on a comme
possibilités sur le territoire en matière de forêts.
Quelqu'un vient s'opposer et le ministre dit maintenant: Tiens, je
n'avais pas vu cela! Je l'ai dit, c'était à Untel. Mais,
là, une autre personne, un voisin - vous savez les chicanes qui peuvent
exister dans les paroisses parfois - arrive et dit: écoutez, c'est moi
qui suis propriétaire et je peux vous en faire la preuve, de telle sorte
que le ministre devient l'arbitre de tout cela. C'est cela qui nous
inquiète. C'est que le ministre se donne des pouvoirs qui sont
dangereux. Et moi, je voudrais mettre en garde le ministre contre ces dangers.
Je ne voudrais, en aucune façon, qu'il soit mal pris avec des choses -
je parle d'un ministre, en général - qui pourraient être
matière à critique si des gens disent: Ah! Le ministre, il y a du
monde de son bureau, du monde du ministère qui m'ont averti. Cela m'a
permis de faire ceci et, aujourd'hui, je suis devenu propriétaire d'un
bout de terrain. Je ne pensais jamais l'être. Finalement, je le suis.
Vous savez les rumeurs, cela circule. Et, dans ce contexte-là, moi, je
veux lui éviter des choses semblables, en disant qu'il se donne des
pouvoirs arbitraires.
Si c'est le principe que la fin justifie les moyens, on va dire que, si
la majorité des membres du gouvernement acceptent cela et qu'ils en font
une loi, on va vivre avec, mais on va être certains que nous, nous allons
dire que nous ne sommes pas d'accord avec cela. Nous allons le dire
jusqu'à la fin et nous allons dire que le ministre s'est donné
par règlement des pouvoirs qui sont trop dangereux pour être
utilisés par l'appareil qui, lui, fait son boulot le mieux possible dans
les circonstances.
Je dirais au ministre que, si c'est le principe de les remettre entre
les mains des personnes qui ont eu l'usufruit de ces terrains pendant nombre
d'années en pensant qu'ils en étaient propriétaires, de
corriger cela de telle sorte qu'aujourd'hui il sera bien inscrit que le
ministère a vendu tel terrain à telles conditions, bien inscrit
au bureau d'enregistrement, parfait, bravo! Nous croyons qu'il faut appuyer ce
principe, mais les moyens que le ministre utilise pour accélérer
le processus ne nous semblent pas les meilleurs. Nous aurions cru que le
ministre aurait utilisé des mesures incitatives pour inviter les gens
à y participer davantage et avoir le bénéfice qu'ils
auraient à devenir une fois pour toutes propriétaires d'un
terrain, soit parce qu'ils voudront le vendre à quelqu'un, soit parce
qu'ils voudront le transférer par les dotes qu'ils peuvent donner
à des enfants, faire en sorte qu'au bout de la course ils se retrouvent
seul et unique propriétaire d'un bout de terrain, en même temps
rendre homogène l'ensemble du territoire et, par le fait même,
enlever d'entre les mains de l'Etat l'obligation d'entretenir un terrain pour
différentes raisons.
Dans ce contexte, nous allons permettre au ministre d'étudier
article par article le projet de loi. Nous allons, cependant, essayer de voir
s'il n'y a
pas moyen de faire des corrections. On verra en cours de route. On vous
dit, d'abord et avant tout, que nous sommes contre les moyens
réglementaires. Le ministre nous a dit tout à l'heure qu'il avait
l'intention de nous enlever cette inquiétude. J'espère qu'il
réussira, en effet, à nous convaincre en troisième lecture
qu'il faut voter pour le projet de loi et permettre à des personnes de
devenir de façon définitive unique et seul propriétaire
d'un terrain sur lequel elles agissent actuellement en pensant qu'elles le
sont.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député de Laviolette. Est-ce qu'il y a des motions
préliminaires?
M. Jolivet: Non, madame.
La Présidente (Mme Dionne): On va appeler le premier
article.
M. Pagé: Avant l'appel de l'article 1, Mme la Présidente,
si les membres le jugent utile, j'ai une carte qui indique très
clairement dans quelles régions du Québec se situent les lots
dont on va parler dans l'ensemble du projet de loi. Si les membres le veulent,
on peut l'ouvrir. Pour le bénéfice du Journal des
débats, nous sommes à ouvrir une immense carte qui indique la
localisation des lots qui font l'objet du présent projet de loi. Pour le
bénéfice des membres, nous pourrons la faire circuler et
indiquer...
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre. C'est
un outil important.
M. Pagé: Je vois que de nombreux regards...
La Présidente (Mme Dionne): Se penchent vers la carte.
M. Jolivet: Les cercles indiquent le nombre de...
M. Pagé: Oui.
M. Proteau (Jean): En fait, c'est par divisions d'enregistrement.
Cela peut, dans certains cas, coïncider avec les comtés. En noir,
ce sont les nombres de lots encore sous billet de location et, en rouge, ce
sont les lots pour lesquels nous avons des demandes. Dans bien des cas, cela se
ressemble, cela se rapproche; dans d'autres cas, cela peut être
très différent. J'attire l'attention de M. Jolivet sur le cas de
Shawinigan où l'on a 131 lots pour 102 demandes.
M. Jolivet: 122, oui.
M. Proteau: Je suis à l'envers...
M. Jolivet: 131 et 122.
M. Pagé: II y a beaucoup de lots qui sont
subdivisés dans ces lots.
M. Proteau: Tout le cas de Grand-Mère n'est pas compris
dans cela, parce que les gens -on n'a pas publicise la chose en régions
- n'ont pas tait de demande. On peut retrouver la même chose à
certains endroits. On revient d'Abitibi et, si on prend le village de
Nédelec au Témiscamingue, on a eu pour deux ou trois lots
l'équivalent d'à peu près 75 occupants.
M. Jolivet: Shawinigan, c'est le district d'enregistrement,
tandis que l'autre, c'est le district de La Tuque ou encore le district de
Champlain qui était Sainte-Geneviève-de-Batiscan.
M. Proteau: Pour les fins du travail, on a cela par division
d'enregistrement pour mieux planifier notre travail.
M. Jolivet: Grand-Mère, à ma connaissance, M. le
ministre, je pense que cela touche le Vieux-Grand-Mère qui était
l'ancienne Sainte-Flore.
M. Pagé: Ce qu'on appelle la partie du
Vieux-Grand-Mère.
M. Proteau: Le Vieux-Grand-Mère, c'est cela.
L'église Saint-Paul, en descendant, le rocher de Grand-Mère. Vous
avez aussi tout le lot de l'hôpital de Grand-Mère qui s'y trouve.
Le club de golf de Sainte-Flore.
M. Jolivet: Le club de golf, ce n'est pas celui de
Grand-Mère?
M. Proteau: Non, une partie du...
M. Pagé: Le club de golf de Sainte-Flore, en droit,
appartient au ministère de l'Agriculture. Je vous le dis tout de suite:
II n'est pas question d'en faire un club social pour les employés du
ministère. On va le donner aux véritables
propriétaires.
M. Jolivet: Ah! M. Proteau aimerait peut-être cela.
M. Proteau: Ha, ha!
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Proteau.
J'appelle...
M. Pagé: M. Proteau parlait au nom de M. Pagé, pour
le Journal des débats.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord.
M. Pagé: Lorsque les fonctionnaires prennent la parole,
c'est toujours inscrit sous le nom du ministre. Alors, cela témoigne du
haut degré de confiance du ministre envers ses fonctionnaires.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre.
J'appelle l'article 1.
Étude détaillée Titre
M. Pagé: Mme la Présidente, l'article 1 est
strictement une modification au titre de la Loi sur les terres publiques
agricoles. On vise à adapter la Loi sur les terres publiques agricoles
à la Loi sur les terres du domaine public. Il s'agit d'uniformiser
l'usage de l'expression "domaine public" dans les lois qui régissent ce
domaine. C'est ainsi que le nouveau titre modifié de la loi sera: Loi
sur les terres agricoles du domaine public.
La Présidente (Mme Dionne): Cela va? M. Jolivet: Juste un
instant.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lavioiette.
M. Jolivet: Oui. Les raisons dont vous faites état, c'est
simplement que vous l'amenez en même temps que le projet de loi 102, Loi
sur les terres du domaine public, lui-même. Là, vous ajoutez
simplement le mot "agricoles" entre les deux.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: Vous faites une précision en disant que ce
sont seulement celles qui sont agricoles: les terres en vertu de la loi de la
colonisation.
M. Pagé: C'est cela. Qui originaient de la loi de
1921.
M. Jolivet: Cela veut dire que vous dites que la loi 102 du
ministre de l'Énergie et Ressources, secteur des terres...
M. Pagé: Publiques.
M. Jolivet: ...s'appelle la Loi sur les terres du domaine
public.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: Là, vous dites: La loi des terres toujours du
domaine public et, entre les deux, le mot "agricoles" pour indiquer que c'est
bien juste celles-là.
M. Pagé: La spécificité de la portée
de la présente loi.
M. Jolivet: Avec le ministre de l'Énergie et des
Ressources, on avait parlé de ces choses-là, parce qu'on avait
étudié à fond la loi 102 qui est actuellement
adoptée. On lui avait demandé, justement, si lui s'occuperait de
ces terres-là, parce que cela nous inquiétait un peu, vu qu'il
parle de tout un fichier électronique pour savoir cela. Est-ce que cela
veut dire que, pour vous, une fois que vous aurez vendu toutes les terres
-peut-être ne les vendrez-vous pas toutes, mais admettons qu'on prend
pour position de départ que les 13 500 lots à vendre sont tous
vendus - la loi disparaît par le fait même?
Une voix: Non.
M. Jolivet: Non! Pas nécessairement. Qu'est-ce qu'il reste
dedans alors?
M. Pagé: II reste 10 000 lots vacants qui ne sont pas
possédés.
M. Jolivet: Tous vos lots vacants, vous les gardez quand
même?
M. Pagé: Bien oui.
M. Jolivet: Donc, il n'a pas pour but...
M. Pagé: En fait, l'objet de la présente loi, c'est
de créer une mécanique qui va permettre d'accélérer
le passage du domaine public au domaine privé de la
propriété de terres qui sont sous concession. On a, cependant,
d'autres lots qui ne sont pas sous concession et qui nous appartiennent.
M. Jolivet: J'avais compris cette partie, mais je pensais qu'en
même temps vous en profiteriez, parce qu'on a parlé du
remembrement du domaine des terres.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: Le ministre de l'Énergie et des Ressources
parle aussi de ses tendances à lui et la question que je pose...
M. Pagé: Si vous voulez, je peux y répondre.
Qu'est-ce qu'il advient de ces lots?
M. Jolivet: Oui.
M. Pagé: Un exemple concret: nous prévoyons mettre
en place un mécanisme de transfert de juridiction de terres non
concédées, publiques, sous la juridiction du ministère de
l'Agriculture au ministère de l'Énergie et des Ressources, parce
que la très grande majorité de ces lots sont des lots
boisés.
M. Jolivet: C'est pour cela que je voulais poser cette
question-là.
M. Pagé: Pour s'assurer d'une meilleure gestion,
notamment, de la ressource forêts, sur votre territoire.
M. Jolivet: Autrement dit, la loi va toujours être
là, parce qu'il va toujours rester des lots qui ne seront pas vendus
d'une façon ou d'une autre,
mais, à un moment donné, il va falloir qu'une
décision future soit prise pour dire si on s'en départit ou si on
ne s'en départit pas. Mais, pour tous ceux qui en ont actuellement sous
concession...
M. Pagé: Ce n'est pas la question... M. Jolivet: ...c'est
cette loi-là. M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: Tous les autres lots épars que vous
avez...
M. Pagé: Sous concession pour fins agricoles.
M. Jolivet: Oui, oui. Tous les autres lots épars au niveau
agricole seront transférés à ce moment-là dans le
fichier central que le ministère de l'Énergie et des Ressources
est en train de constituer pour l'ensemble des lots.
M. Pagé: C'est ce qu'on est en train de voir.
M. Jolivet: D'accord. L'utilisation de ce fichier
électronique qu'il va y avoir va me permettre, par exemple, si je veux,
moi, comme individu, mettre une option d'achat sur tel terrain, savoir à
qui il appartient. (16 heures)
M. Pagé: C'est cela, au lieu de courir à
l'Agriculture, à l'Énergie et aux Ressources, aux Terres et
Forêts, et par souci d'efficacité. D'ailleurs, il est
régulier que j'aie à signer des décrets ou des
dispositions, en fait des actes en vertu desquels on transfère du
ministère de l'Agriculture au ministère de l'Énergie et
des Ressources des lots qui sont du domaine public non concédé.
En fait, ce n'est pas une question de vouloir s'en débarrasser; enfin,
l'objectif qui nous mène, c'est d'optimaliser la gestion et
l'utilisation de tels lots. Vu que la très très grande
majorité de ces lots sont des lots maintenant boisés, forestiers,
non aménagés, nous prétendons - je pense que vous allez
abonder dans le même sens que moi - qu'il est préférable
que la gestion de cette ressource soit assumée par le ministère
qui a pour objectif de gérer la forêt au Québec.
M. Jolivet: Je suis d'accord avec vous. D'ailleurs, c'est ce que
j'avais dit comme ministre délégué aux Forêts, qu'il
fallait aller rechercher pour le ministère de la forêt les
terrains nécessaires à l'utilisation maximale de la...
M. Pagé: Vous voyez, sans que je le sache, nos
idées respectives, comme deux bons voisins, se rejoignent.
M. Jolivet: Oui, sauf que... M. Pagé: Sauf que
quoi?
M. Jolivet: J'avais une question. Juste pour vous donner un
exemple, vous avez un corridor qui appartenait au Canadien National de
Champlain jusqu'en remontant par chez vous là. J'avais, à
l'époque, avant qu'arrive la loi sur le zonage agricole, tait des
propositions aux municipalités pour qu'elles regardent cela. On leur a
dit: Écoutez, cela s'en vient, ils vont vous débarrasser des
rails. Que faites-vous avec cela?
M. Pagé: Parlez-vous du Transcontinental?
M. Jolivet: Pas celui de Portneuf, celui de Champlain. Il montait
à Saint-Narcisse, Saint-Stanislas, Saint-Prosper, Saint-Georges,
Lac-à-la-Tortue. En tout cas, il montait, quand vous arriviez à
Saint-Georges, Lac-à-la-Tortue, dans la courbe.
M. Pagé: II ne touchait pas chez nous, lui.
M. Jolivet: Non, il arrive dans mon coin, chez nous.
M. Pagé: Mais le Transcontinental qui partait de
Québec allait le rejoindre.
M. Jolivet: Oui, oui, à Hervey-Jonction. Mais, ce que je
disais, c'est qu'ils ont offert ces terrains-là aux municipalités
pour qu'elles en deviennent propriétaires, pour y faire un corridor,
soit de pistes de ski de fond, soit...
M. Pagé: De motoneiges.
M. Jolivet: Elles ont refusé à l'époque,
mais, avec l'arrivée de la loi sur le zonage agricole, la façon
dont cela se produit actuellement - je pense que c'est important de regarder
cela comme tel - c'est que la Commission de protection du territoire agricole a
déterminé que, partout où il y avait des terrains
agricoles, ceux-ci ne pouvaient pas être vendus maintenant à la
municipalité, parce que tout le ruban est devenu un seul et même
terrain.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: ...au point de vue agricole, au point de vue de la
loi sur le zonage agricole. Dans ce contexte-là, ils ne peuvent pas le
vendre à chacune des municipalités, mais ils le vendent à
chacun des riverains pour permettre de remembrer le terrain agricole...
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: ...et de faire une meilleure
homogénéité. Le but qu'on recherche par la loi, c'est -
quand j'ai dit "débarrasser, ce n'était pas négatif - de
dire: Vous n'avez plus besoin de vous en occuper. C'est important que quelqu'un
d'autre s'en occupe, soit à des fins agricoles, forestières ou
autres. On pourra toujours se poser la question à savoir si
l'agriculture, c'est de la forêt aussi. Je pense que oui.
M. Pagé: C'est parce que la forêt, c'est aussi de
l'agriculture.
M. Jolivet: Le but de I article 1 est de permettre de bien
établir de quelle sorte de terres on parle ici. Quant au reste, cela
fera l'objet, comme vous le dites, d'un transfert et probablement d'un projet
de loi qui va le transférer au ministère de l'Énergie et
des Ressources, parce que, dans la loi 102, c'était bien prévu
que c'était encore vous autres qui étiez responsables.
M. Pagé: Sauf qu'on a le droit de le
transférer.
M. Jolivet: Mais pas par la loi 102.
M. Pagé: En vertu de nos lois, on en a le droit.
M. Jolivet: De votre loi actuelle? À un autre
ministère?
M. Pagé: Les articles 6 et 7 de la loi prévoient un
transfert bilatéral possible entre Énergie et Ressources et
Agriculture, ou encore de l'Agriculture à Énergie et
Ressources.
M. Jolivet: Mais cela, c'est en vertu du projet de loi que vous
proposez.
M. Pagé: La loi actuelle.
M. Jolivet: Les articles 6 et 7 de la loi actuelle.
M. Proteau: C'est en vertu de la loi 23, la Loi sur les terres du
domaine public.
M. Pagé: C'est cela.
M. Proteau: Pas la nôtre, la Loi sur les terres du domaine
public.
M. Jolivet: La loi 102?
M. Proteau: Oui.
M. Jolivet: J'avais posé la question pour m'assurer qu'il
n'y avait qu'un seul gestionnaire des terres et que c'était le
ministère de l'Énergie et des Ressources, secteur
forêts.
M. Pagé: C'est la couronne.
M. Jolivet: Cela ne s'appelle plus de même.
M. Pagé: C'est la couronne, mais la couronne a plusieurs
joyaux.
M. Jolivet: Oui, mais c'est là que cela fait des
chicanes.
M. Pagé: Non, cela va bien. Régulièrement,
j'en transfère sous la juridiction du ministre de l'Énergie et
des Ressources. L'inverse est aussi possible.
M. Jolivet: Comme les Forêts, avec des transferts de
propriétés privées comme le fameux domaine
Notre-Dame-de-Montauban avec le domaine de Perthuis. C'est une autre
question.
M. Pagé: La Consolidated-Bathurst a investi 280 000 000 $
dans votre comté.
M. Jolivet: Oui. J'en suis assez fier. M. Pagé:
Témoignant du dynamisme.
M. Jolivet: Du député.
M. Pagé: Quand on disait que la confiance se
rétablirait au Québec, vous voyez, vous en
bénéficiez dans votre propre comté.
M. Jolivet: Ce n'est pas cela. M. Pagé:280 000 000
$.
M. Jolivet: C'est le pauvre député de Matane qui a
le problème avec sa machine.
M. Pagé: 280 000 000 $ en investissements.
M. Jolivet: Ne parlez pas trop de cela, parce que j'ai du plaisir
à en parler. L'article 1 est adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. L'article
2?
Champ d'application
M. Pagé: On a une petite modification à l'article
2, Mme la Présidente. On a enlevé l'alinéa 4 de l'article
2.
M. Jolivet: Pourquoi?
M. Pagé: Je vais vous dire cela.
M. Jolivet: Vous proposez cela comme amendement.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: II faudrait le lire et en avoir une copie.
M. Pagé: Vous ne l'avez pas?
M. Jolivet: Je n'ai pas l'amendement.
M. Pagé: Si vous n'avez pas l'amendement, je vais faire
amende...
M. Jolivet: Amende honorable?
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: En passant, pendant que vous cherchez, je viens de
voir que c'est en vertu de l'article 23 de la Loi sur les terres et
forêts.
M. Pagé: C'est l'ancienne.
M. Jolivet: C'est l'ancienne loi.
M. Pagé: Oui. Mme la Présidente, l'amendement vise
à rayer l'alinéa 4° de l'article 1 de la loi, qui est
l'article 2 de notre projet de loi, où on disait: "La présente
loi s'applique à une terre agricole du domaine public, ci-après
désignée "terre non concédée", qui, d'après
le registre visé à l'article 4, 1 n'était pas sous
concession (...): 2° est acquise en vertu (...); 3 °est assujettie
à la présente toi (...): 4° était sous
l'autorité du ministre le 1er juillet 1984 en vertu d'une autre loi et
qui est assujettie à la présente loi en vertu de l'article
8."
M. Jolivet: Vous dites que vous enlevez l'alinéa 4 , mais
l'amendement que j'ai entre les mains dit plus que cela. Vous remplacez les
paragraphes 4°,5°,6° et 7° par les paragraphes 4 ° ,5°
et 6°.
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: Oui, mais ce ne sont pas les mêmes. Je les lis
rapidement.
M. Pagé: C'est cela. On remplace 4 ° , 5° ,6°
et7° par4°,5° et 6 ° .
M. Jolivet: D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): La numérotation est
également changée.
M. Pagé: Oui. Pour la suppression du paragraphe 4° ,
on doit convenir que les modifications apportées à l'article 9 de
la Loi sur les terres publiques agricoles par l'amendement introduisant
l'article 7.1 au projet de loi 15 rendent caduques les dispositions du
paragraphe 4 de cet article. Concernant le paragraphe 6° certaines terres
ont pu être rachetées en vertu de la Loi concernant le
département de la colonisation ou encore de la Loi pour promouvoir la
colonisation et le retour à la terre. Il faut donc les inclure dans la
définition des terres de rachat.
En fait, c'est une précision pour s'assurer de la portée
complète et la plus exacte possible des intentions du
législateur.
Mme la Présidente, avec votre permission, M. Proteau va
l'expliquer.
M. Proteau: En fait, à l'article 1, on parle des terres
non concédées. On a voulu modifier l'article 1 de la loi actuelle
en indiquant quelles étaient les terres qui étaient non
concédées ou, dans certains cas, leur provenance, pour indiquer
ce qu'on devait considérer, à partir de maintenant et dans
l'avenir, comme une terre non concédée.
M. Jolivet: Susceptible de l'être.
M. Proteau: Dans le projet de loi qui avait été
déposé, il y avait le paragraphe 4
M. Jolivet: Oui, qui parlait du 1er juillet 1984, c'est cela.
M. Proteau: Oui. À la suite d'analyses
complémentaires, pour éviter tout problème, on a
préféré modifier un autre article de la loi pour indiquer
clairement qu'on pouvait considérer comme terre non
concédée une terre qui était sous le contrôle du
ministre, mais en vertu d'une autre loi aussi et qu'on pouvait y appliquer
d'autres dispositions, entre autres, les dispositions concernant ce qu'on
appelle communément les "squatters". On pourra voir plus loin ce que
cela signifie.
M. Pagé: En tait, le libellé original prévoyait un
encadrement et une limite aux terres qui pourront être
concédées en vertu de la démarche qu'on propose.
L'objectif de l'amendement vise à s'assurer qu'on va chercher tout ce
qui est susceptible de venir sous notre juridiction, de façon à
atteindre vraiment cet objectif et que dans six mois, un an ou un an et demi
après l'adoption de la loi, personne ne constate: Ah! Ce lot,
étant donné qu'il était sous la juridiction de telle autre
loi dans le passé, ne peut pas être concédé,
à ce moment-ci. En fait, trop fort, ne casse pas.
M. Jolivet: Pour les besoins du Journal des débats, vous
seriez peut-être mieux de le lire comme il faut afin d'être
sûr que...
M. Pagé: Oui. Le nouveau texte?
La Présidente (Mme Dionne): Le nouveau texte?
M. Jolivet: Oui, le nouveau texte.
La Présidente (Mme Dionne): Le nouveau texte se lit...
M. Pagé: Qui le lit? Est-ce que c'est Mme la
Présidente?
M. Jolivet: Elle va le lire, oui.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. Seulement
l'amendement, pour commencer. "4 ° est une terre sous concession..."
M. Jolivet: Non. L'article 1. Il faut le lire au complet.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. "L'article 1,
introduit par l'article 2 du projet de toi, est modifié par le
remplacement des paragraphes 4°.5°,6° et 7 ° par les suivants:
"4° est une terre sous concession qui a fait l'objet d'une
révocation conformément à l'article 35;
"5 ° est mise sous l'autorité du ministre après le 1er
juillet 1984 en vertu de l'article 23 de la Loi sur les terres et forêts
(L.R.Q., chapitre T-9) ou, après le 27 mai 1987, en vertu de l'article 6
de la Loi sur les terres du domaine public, (1987, chapitre 23). "6 °, a
été rachetée en vertu de la Loi de l'acquisition de
certaines terres pour fins de colonisation, (1935, chapitre 37) de la Loi
raffermissant le mouvement de la colonisation par le prolongement et la
consolidation des paroisses existantes, (1938, chapitre 43), de la Loi
concernant le département de la colonisation (SRQ, 1941, chapitre 103):
de la Loi pour promouvoir la colonisation et le retour à la terre (SRQ,
1941, chapitre 105) ou toute autre loi relative au rachat de terres et qui, le
1er juillet 1984, n'était pas sous concession ou dont la concession a
été révoquée avant cette date."
M. Pagé: En fait, cela prévoit qu'une terre qui a
déjà été donnée sous concession, par
exemple, qui a fait l'objet d'une révocation peut maintenant être
transférée. Une terre qui a été
transférée chez nous provenant de l'autorité d'un autre
ministère dont, notamment, les Terres et Forêts, une terre qui a
été rachetée par le ministère en vertu d'autres
lois, par exemple, la loi sur les colons, la colonisation, etc. pour être
certain qu'on puisse véritablement avoir juridiction sur l'ensemble des
lots qu'on s'apprête à transférer.
M. Jolivet: Autrement dit, vous ne voulez qu'en aucune
façon quelqu'un vous conteste quant aux transferts que vous voulez
faire. Deuxièmement, vous vous organisez pour faire ce que vous disiez
tout à l'heure, qu'il n'y ait aucun vide juridique entre les deux
parties. Ce sont des précisions qui sont plus...
M. Pagé: Qui sont davantage d'ordre légal que
d'ordre, appelons-le, politique ou d'orientation administrative.
M. Jolivet: Juste une petite question. Dans le texte original,
vous dites à 7° : "a été rachetée en vertu de
Loi de l'acquisition de certaines terres pour fins de colonisation ou de la
loi... Dans le nouveau texte, à 6° , vous dites maintenant "a
été rachetée en vertu de la loi...
M. Pagé: C'est en vertu de la Loi de l'acquisition de
certaines terres pour fins de colonisation...
M. Jolivet: Ou de la Loi raffermissant le mouvement...
M. Pagé: ...chapitre 37 de 1935. On en a rajouté.
La Loi raffermissant le mouvement de la colonisation par le prolongement et la
consolidation des paroisses existantes. On se le rappellera, cala avait
été adopté en 1938. Cela fait partie du chapitre 43. Je ne
sais pas si on a le livre ici.
M. Jolivet: Cela va. C'est "ou toute autre loi." Ensuite, vous
l'avez ajouté. Cela va jusque-là.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que cela va pour
l'amendement?
M. Pagé: C'est l'amendement que je propose, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Oui.
M. Pagé: Je n'entends pas prendre mon droit de parole de
20 minutes. Je pense que ce qui se conçoit bien s'énonce
clairement.
M. Jolivet: Normalement, il paraît que les avocats disent
cela et ils finissent toujours par dire que trop fort ne casse pas. Donc,
l'amendement...
M. Pagé: Les avocats disent: J'ai gagné votre cause
ou encore ils disent: Vous avez perdu votre cause.
M. Jolivet: Alors, l'amendement est accepté, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 2 est-il
adopté tel qu'amendé?
M. Pagé: L'article 2 se référant à
l'article 1 de la loi tel qu'amendé est-il adopté?
M. Jolivet: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. L'article
3?
M. Pagé: Une autre petite modification.
La Présidente (Mme Dionne): II y a un amendement.
M. Pagé: Vous voyez, Mme la Présidente, qu'on a
écouté très religieusement les propos des honorables
membres de l'Opposition et de mes collègues au moment de l'étude
en deuxième lecture de ce projet de loi. Si on se réfère
à l'article 2 de la loi qui est remplacé par le suivant, on avait
à l'article 2, deuxièmement: "était, le 30 juin 1984, une
terre rachetée en vertu d'une toi visée au paragraphe 7° ."
Alors, il faudrait modifier "paragraphe 7 ° " par "paragraphe 6° ". On
me dit qu'il y avait eu une coquille. Il faudrait remplacer le mot "pas" par le
mot "par", toujours à l'article 2.
Si on le lit: "était, le 30 juin 1984, une terre rachetée
en vertu d'une loi visée au paragraphe 7° , - on remplace
"paragraphe 7 ° " par "paragraphe 6 ° - de l'article 1 et
concédée en vertu de la Loi sur les terres de colonisation et
dont les lettres patentes n'ont pas été délivrées
ou le titre par acte notarié n'a pas été consenti." Alors,
on remplace le mot...
M. Jolivet: Le chiffre "7" par "6".
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: Le "pas", c'est le troisième.
M. Pagé: "3° lait partie d'une réserve indienne
désaffectée et ayant tait l'objet d'un titre consenti sans droit
par l'autorité fédérale."
M. Jolivet: Alors, il n'y a pas de problème, Mme la
Présidente, ces amendements sont adoptés. C'est de concordance
avec ce qu'on vient d'adopter à l'article 2. (16 h 15)
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. Je n'ai pas lu
l'amendement. Est-ce que je dois le lire au complet? Oui.
M. Jolivet: Allez.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 2, introduit par
l'article 3 du projet de loi, est modifié: "1° par le remplacement,
dans la deuxième ligne du paragraphe 2° du chiffre "7° " par le
chiffre "6 " "2° par le remplacement, dans la deuxième ligne du
paragraphe 3°, du mot "pas" par le mot "par"." Adopté?
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 3?
M. Pagé: L'article 3 reprend, aux paragraphes 1° et 2
° , la même définition d'une "terre sous concession" qui
était prévue dans la Loi sur les terres publiques agricoles. Par
l'addition des paragraphes 3° ,4° ,5° et 6° , l'article 3
propose d'élargir la définition de "terre sous concession" en y
incluant différentes catégories de concessionnaires régis
par différentes lois ou créées par des situations
diverses, par exemple la concession par James Crawford, afin que celles-ci
puissent également bénéficier des nouvelles dispositions
de régularisation offertes par la présente loi.
Ces différentes terres demeurent sous concession tant que des
lettres patentes n'ont pas pris effet à leur égard.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Le ministre ne peut pas me faire le portrait de ce
qu'était James Crawford à l'époque.
M. Pagé: II paraît que c'était un très
bon gars.
M. Jolivet: C'était le portrait inverse que nous
avions.
M. Pagé: II était soucieux des... Pour lui, le
développement passait avant d'autres choses.
M. Jolivet: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): II est adopté?
M. Jolivet: Des rumeurs ont circulé.
M. Pagé: C'est comme les autobus. Cela circule, mais, des
fois, cela arrête.
M. Jolivet: Oui, mais les "squatters" le "squeezaient" aussi.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, l'article 2 introduit
par l'article 3 est adopté avec amendement.
M. Jolivet: Oui. Je voulais juste dire au ministre que j'ai
déjà vécu cela. Juste une petite farce en passant. Une
personne était venue me voir parce que des gens lui avaient vendu un
terrain et on s'apercevait que le bureau d'enregistrement de Shawinigan n'avait
pas la même délimitation du terrain que celui de
Sainte-Geneviève-de-Batiscan et qu'il était vendu à deux
personnes différentes.
M. Pagé: Vous savez, Claude-Henri Grignon a dû
s'inspirer d'un personnage comme M. Crawford pour écrire, au
début de ce siècle, la série combien évocatrice qui
s'appelait "Séraphin". Alors, on peut revoir dans Bidou, dans Alexis,
des personnes qui ont rencontré déjà James Crawford.
M. Jolivet: Cela doit.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. On passe à
l'article 4.
Administration
M. Pagé: Pas de problème. Cette disposition, Mme la
Présidente, à l'article 4 vise à adapter l'article 3 de la
Loi sur les terres publiques avec la Loi sur les terres du domaine public. Il
s'agit, donc, d'un article de concordance entre les deux textes
législatifs, tout simplement.
L'article 4 dit: "L'article 3 de cette loi est modifié par le
remplacement, dans la deuxième ligne, des mots "publiques agricoles" par
les mots "agricoles du domaine public". Alors, l'article parle par
lui-même.
M. Jolivet: Si on a accepté l'article 1, il faut accepter
celui-là, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette, oui, adopté?
M. Jolivet: Oui, c'est de concordance.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, l'article 4 est
adopté. L'article 5, M. le ministre.
M. Pagé: L'article 5 se réfère à
l'article 3. On insère un nouvel article 3.1 qui dit: "Le ministre
exerce à l'égard de toute terre non concédée et
sous son autorité tous les droits, pouvoirs et obligations
inhérents au droit de propriété". Alors, cela vise
à confirmer le droit de propriété du ministre sur les
terres mises sous son autorité, étant donné les pouvoirs
d'aliénation, de location ou autres qui lui sont dévolus par la
loi.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette?
M. Jolivet: Quelles sont les raisons? Je comprends bien que
l'article vous confère un droit de propriété. Pourquoi
avez-vous l'obligation actuellement de le dire, de l'exprimer correctement? La
loi actuelle vous donne tous les droits. Pourquoi aujourd'hui faire un ajout
à la loi actuelle en disant: "Le ministre exerce à l'égard
de toute terre non concédée et sous son autorité tous les
droits, pouvoirs et obligations inhérents au droit de
propriété"? Il n'y a pas de danger que le ministre ait quelque
problème parce que la loi actuelle dit: "Le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation est chargé de l'administration
des terres publiques agricoles."
M. Pagé: C'est de concordance avec les dispositions de la
Loi sur le ministère de l'Énergie et des Ressources, que, s'il
juge opportun de nous transférer une terre, elle puisse bien tomber sous
notre juridiction.
M. Proteau: La Loi sur les terres du domaine public a une
disposition similaire pour les lots administrés par le ministre de
l'Énergie et des Ressources. Donc, simplement pour éviter tout
conflit d'administration entre les deux ministères, on a convenu de
déposer cet amendement dans notre projet de loi également.
M. Jolivet: En tout cas, moi, j'essaie de m'imaginer, - juste un
exemple, j'ai participé à la loi 102, - ce que cela donnera comme
résultat au bout de la course. Vous avez le ministère de
l'Énergie et des Ressources qui a certains droits. Là, vous allez
le diviser en deux: les mines d'une part, les forêts d'autre part. Vous
avez les gens qui, au ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, disent: Un instant, c'est un parc, cela m'appartient, vous ne
toucherez pas à cela. L'autre se donne des pouvoirs de faire la
cueillette du bois, puis l'autre dit: Les mines, on va y aller quand
même. Vous avez là un portrait d'un même lieu avec quatre,
cinq transparents différents, de différentes couleurs exprimant
le droit de propriété de chacun, l'un sur les arbres, l'autre sur
la mine, l'autre sur la faune et là vous venez ajouter l'agriculture
par-dessus. Vous venez de dire que le ministre exercera tous les droits, tous
les pouvoirs, ainsi que toutes les obligations qui découlent de son
droit de propriété. Juste pour vous donner un exemple, admettons
que, demain matin, au niveau des rives, des ruisseaux, des lacs, des cours
d'eau, les gens disent...
M. Pagé: Cela, ça regarde les terres.
M. Jolivet: Je donne juste un exemple. Je ne parle pas de cela.
Je sais de quoi vous parlez. Vous exercez tous les droits, pouvoirs et
obligations. Je donne un exemple en disant: Admettons que les gens disent: Un
instant, qui va s'occuper d'éviter qu'il n'y ait des mauvaises herbes
qui poussent là, qui va s'occuper de faire la clôture? Quand je
parlais du chemin de fer tout à l'heure, le problème qu'il y
avait, c'est qu'il y avait du monde qui disait: Moi, je ne suis pas
intéressé, je vais être obligé de faire une
clôture et la ville ne veut pas payer. Bon, vous savez les chicanes que
cela entraîne. Il y a eu un procès qui a déterminé
que la ville n'était pas obligée de le faire dans des contextes
comme ceux-là.
Ce qui fait que, quand vous dites que vous vous donnez tous les droits,
pouvoirs et obligations, cela vous amène à quoi de l'inscrire
comme cela alors qu'avant vous aviez: "Le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation est chargé de l'administration des
terres publiques agricoles"?
M. Pagé: C'est qu'en vertu de l'article 23 de la Loi sur
les terres et forêts le ministre délégué aux Terres
et Forêts ou le ministre de l'Énergie et des Ressources peut nous
transférer des lots. C'est pour être certains qu'on puisse avoir
juridiction dessus et que le fait qu'un tel lot nous soit
transféré n'empêche pas tout prétendant à
l'égard des obligations inhérentes à la
propriété d'un tel lot.
M. Proteau: En fait, si vous le permettez, c'est qu'en incluant
dans la toi du ministre de l'Énergie et des Ressources une disposition
similaire au mois de mai dernier, il y avait le danger sur le plan juridique
que les droits de propriété que l'Assemblée nationale lui
accordait en vertu de la loi puissent s'étendre aux lots que la loi
confie au ministre de l'Agriculture.
M. Jolivet: Donc, en les mettant dans les deux lois, vous avez
l'assurance que le ministre responsable aux fins des terres publiques agricoles
en soit le réel propriétaire et qu'il n'y en ait pas d'autre que
lui.
M. Proteau: Et il faut dire aussi qu'il y a très peu de
ministres qui ont le droit de vendre des terres au Québec. Il y a
uniquement le ministre de l'Agriculture, le ministre des Terres et Forêts
et le ministre de l'Environnement. En ce qui a trait au ministre de
l'Environnement, ce sont ce qu'on appelle les lots d'eau, de grèves et
en eau profonde.
On a voulu clarifier les droits de chacun et, comme c'était un
apport nouveau dans la Loi sur les terres du domaine public, ce pouvoir de
l'Énergie et des Ressources, de concert avec la Justice et le
Comité de législation, il a été
déterminé qu'il devait également se retrouver dans la Loi
sur les terres agricoles du domaine public.
M. Jolivet: Parce que tout le réseau
hydrique, c'est le ministère de l'Environnement qui en a la
responsabilité maintenant? La partie "énergie" qu'il y avait
autrefois?
M. Pagé: C'est le ministère de l'Environnement,
là où il y a des marées, à partir du concept du
cheval blanc, de l'eau qui touche le cheval blanc.
M. Jolivet: Pas nécessairement les marées. Moi,
j'ai la rivière Richelieu et il y a eu des arrêts là.
M. Pagé: Le poitrail. À marée haute.
M. Jolivet: Oui, mais pas nécessairement juste
celle-là. Vous avez la rivière Saint-Maurice, toutes les eaux
inondées par les barrages. La question qui me vient à
l'idée, c'est la dispute que vous avez avec le ministre du Loisir sur
les terres inondables que certains veulent utiliser à des fins agricoles
alors que d'autres ne veulent pas. Ils veulent les utiliser à d'autres
fins.
M. Pagé: La dualité entre les producteurs qui ont
intérêt à produire sur certains sols et les tenants de la
faune qui tiennent aux petits poissons qui font l'amour, cela se règle
bien. Cela va bien.
M. Jolivet: Oui? Parce que mon problème est que par
cela...
M. Pagé: On a réglé le lac Saint-Pierre. On
en a réglé une couple. Cela va bien. D'accord?
Baie Lavallière, cela traînait dans le décor depuis
des années.
M. Jolivet: Mais est-ce que cela...
M. Pagé: Un autre dossier...
M. Jolivet: ...a pour effet...
M. Pagé: ...qu'on a réglé.
M. Jolivet: ...de vous donner le droit de propriété
sur cela, actuellement?
M. Pagé: Non, non.
M. Jolivet: C'est simplement...
M. Pagé: Ce sont strictement des précisions
à l'égard de l'eau qui nous sont transférées par
les Terres et Forêts.
M. Jolivet: Donc, vous l'utilisez à des fins
agricoles.
M. Pagé: C'est cela.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, est-ce que l'article 5
est adopté?
M. Jolivet: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): On passe à l'article
6.
M. Pagé: L'article 6, Mme la Présidente,
réfère à l'article 4 de la loi. On modifie le
deuxième alinéa par le suivant: "Il peut utiliser tout mode de
support, mécanisé ou non, qu'il juge approprié pour
assurer l'inscription, le dépôt, la conservation, le traitement,
l'accès, la transmission et la reproduction des données inscrites
au registre, ainsi que les documents qui s'y rapportent."
L'autorisation ou l'approbation du ministre n'étant plus requise
pour consentir une servitude ou tout autre droit, il n'y a pas lieu de
conserver la disposition prévue a l'alinéa 2 de la loi actuelle.
Le registre officiel faisant état de toutes les transactions affectant
les terres du domaine public étant en voie d'informatisation, il devient
nécessaire de pourvoir à un mode d'opération en
conséquence.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre.
M. Pagé: Alors là, on réfère non
seulement...
La Présidente (Mme Dionne): Oui.
M. Pagé: ...au terrier, mais on réfère aussi
à d'autres systèmes mécanisés.
M. Jolivet: Vous avez fait cela...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: ...en concordance avec le ministre de
l'Énergie et des Ressources à cause du grand système qu'il
veut mettre en place.
M. Pagé: C'est cela. Nos systèmes vont se
rejoindre.
M. Jolivet: En fait, vous abolissez l'article 29 de la loi
actuelle; cela est proposé à l'article 18 du projet de loi.
M. Pagé: Pardon?
M. Jolivet: À l'article 18 du projet de loi actuel, vous
dites: "Les articles 29 et 30 de cette loi sont abrogés." Donc, si je
comprends bien, l'article 6 a pour but de faire la concordance eu égard
à l'abolition de l'article 29 de la loi actuelle.
M. Pagé: Non.
M. Jolivet: Non, pas nécessairement!
La Présidente (Mme Dionne): M. Proteau.
M. Proteau: C'était simplement qu'on
n'avait aucune disposition, tant dans la Loi sur les terres publiques
agricoles que dans la loi du ministère permettant l'utilisation d'un
registre informatique. Comme la Loi sur les terres publiques agricoles a
été adoptée en 1982, le registre est encore manuel et
c'était la loi du ministère comme la Loi sur les terres publiques
agricoles qui s'appliquaient.
L'informatisation du terrier ayant débuté vers 1984
à peu près, il fallait avoir une autorisation spécifique
du législateur pour utiliser un registre informatique et donner aux
documents ou aux informations qui y sont consignés une valeur
égale à celle des registres manuels.
M. Jolivet: Oui, mais...
M. Proteau: C'est courant - si vous me le permettez - dans
certaines lois qui ont été adoptées récemment -
malheureusement, je ne les ai pas en tête - où des dispositions
similaires se retrouvent.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: C'est parce qu'à l'article 29 de la loi
actuelle on disait: Le bénéficiaire de cette servitude ou de ce
droit doit payer les frais prescrits par règlement et produire tout
renseignement ou document jugés nécessaires par le ministre."
M. Proteau: On fait disparaître, en fait, l'obligation pour
le détenteur du billet de location -on va le voir avec d'autres articles
d'obtenir l'autorisation du ministre pour consentir une servitude.
M. Pagé: Parce que la démarche va nous conduire
à un titre de propriété clair...
M. Jolivet: Et, après cela, cela va être
inscrit...
M. Pagé: ...et exempt de toute servitude. C'est cela.
M. Jolivet: D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 6 est adopté.
Oui?
M. Jolivet: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 7? M. le
ministre.
M. Pagé: Cet article prévoit d'adopter les pouvoirs
prévus aux différentes missions du ministère que je
dirige, soit l'agriculture, les pêcheries et l'alimentation. "L'article 7
de cette loi est modifié par l'addition, à la fin de l'article,
des mots "des pêcheries ou de l'alimentation"." C'est de concordance.
M. Jolivet: De concordance avec quoi? M. Pagé: Bien, avec
la loi du ministère.
M. Proteau: En 1982, on avait réservé, si vous
voulez, le pouvoir du ministre d'acheter, d'échanger ou d'exproprier
pour certaines fins seulement aux fins agricoles.
M. Jolivet: Oui.
M. Proteau: Cette année, il a été
jugé nécessaire d'ajouter "pêcheries et alimentation" pour
couvrir...
M. Pagé: Tous les autres secteurs.
M. Proteau: ...tous les secteurs d'activité du
ministère.
M. Jolivet: Mais en quoi les terres du domaine agricole ont-elles
trait aux pêcheries et à l'alimentation?
(16 h 30)
M. Proteau: Oui, en fait les missions du ministre, si vous allez
un peu plus loin à l'article 9, on pouvait déjà vendre
pour des fins d'agriculture, de pêcheries et d'alimentation. De la
même façon, il a été jugé
préférable d'ajouter au pouvoir d'achat du ministre pour des fins
de pêcheries et d'alimentation.
M. Pagé: C'est cela. Si je veux vendre pour des fins
d'agriculture et d'alimentation, par exemple, le pouvoir qui m'habilite
prévoit que je puisse le faire. Je ne veux pas que mes successeurs aient
des problèmes.
M. Jolivet: Dites-moi en quoi cela toucherait à
l'alimentation?
M. Proteau: Lorsqu'on veut vendre pour les fins d'une usine de
transformation de produits alimentaires, on pourrait le faire avec cela,
maintenant.
M. Jolivet: Des terres agricoles pour les pêcheries? Pour
étendre les saumons et les faire fumer?
M. Pagé: Un instant! Allez faire un tour à
Sainte-Anne-des-Monts ou encore à Cap-Chat, comme on le sait, le
ministère est propriétaire d'une très bonne partie des
terres de Cap-Chat, de Saint-Joachim-de-Tourelle et de Sainte-Anne-des-Monts.
L'utilisation d'un tel lot pourrait être pour fins de pêcheries
commerciales.
M. Proteau: Aussi, on pourrait acquérir des terres pour
les fins d'une pisciculture.
M. Jolivet: Bien oui.
M. Proteau: On pourrait utiliser cet article.
M. Pagé: Ce n'est pas que nous voulons
faire des choses sur de tels lots, mais nous voulons être certains
que les personnes qui les feront ne soient pas contestées en droit parce
que, quelque part dans l'article 7, il est dit que c'est le ministre de
l'Agriculture, qui cède ce lot, qui achète ou qui acquiert ce
lot. C'est strictement une mesure de concordance. Il ne taut pas voir anguille
sous roche ou roche sur anguille.
M. Jolivet: Ou, comme le dirait l'autre, blé semé
sous la roche ne produit rien, non plus.
M. Pagé: Sous anguille, non plus.
M. Jolivet: Sous anguille, non plus. Peut-être avec
l'humidité qu'elle produit.
M. Pagé: C'est parce que vous allez m'obliger à
dire ce qu'il en est. C'est pour réparer une erreur de 1982. Vous savez
que je ne suis pas agressif. Alors!
M. Jolivet: Autrement dit, toujours selon votre principe, c'est
mieux d'en avoir plus que d'en avoir moins. Vous êtes moins
contesté.
M. Pagé: C'est-à-dire qu'on veut éviter que
des gens ne se retrouvent dans des situations conflictuelles, comme vous le
disiez tout à l'heure. Je ne voudrais pas que, dans je ne sais pas
combien d'années, dix ans, douze ans ou quinze ans, lorsqu'on lira ou
qu'on appliquera cette loi, on dise: II y avait une faille, donc des
contestations juridiques. À ce moment, le titulaire du ministère
serait pris avec des problèmes sur les bras.
M. Jolivet: Je vais vous donner un exemple. Un agriculteur, veut
rendre homogène son territoire; il y a une partie qui est de
l'agriculture et l'autre partie qui est de la forêt. Ce monsieur se
retrouve à avoir une partie qui ne lui appartient pas et vous lui
transférez en termes de forêt. Il ne sera plus, à ce
moment, obligé aux mêmes contraintes en ce qui a trait à la
forêt qu'une terre publique l'est. Sur une terre privée, le gars,
s'il veut faire le fou et tout ravager, il peut le faire. Il va avoir quelques
problèmes à un moment donné, mais c'est une autre
histoire. Si tu es sur une terre publique, ta terre publique va être
concédée selon une autre formule qui s'appelle un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier ou encore il va rester
des lots à la responsabilité du ministère de
l'Énergie et des Ressources. Ce ne sera concédé à
personne même pour la forêt. Est-ce que cela veut dire que, dans ce
contexte, en revenant entre les mains de l'individu, comme cela pourrait
arriver, devenant du privé, il est soumis a des règles
différentes et que le ministère peut même dire: Bien,
écoute, j'ai besoin de ce terrain pour faire une pisciculture, coupe-moi
le bois qui est là et bon?
M. Pagé: II va être propriétaire, le
monsieur. Le lot est concédé. On enclenche un processus qui va
lui permettre d'acquérir la propriété. Une fois qu'il en
sera devenu propriétaire, ce lot sera considéré comme un
lot privé.
M. Jolivet: II pourra en faire ce qu'il en veut eu égard
aux lois du marché.
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: II ne pourra pas couper le bois pour le plaisir de le
couper. Il va avoir quelques problèmes.
M. Pagé: Je retiens que, selon l'ex-ministre des Terres et
Forêts...
M. Jolivet: Non, pas des Terres et Forêts, cela n'existait
pas.
M. Pagé: Le ministre délégué aux
Forêts. M. Jolivet: Délégué aux
Forêts.
M. Pagé: Je retiens, Mme la Présidente, que, selon
l'ex-ministre délégué aux Forêts, un
propriétaire de boisé privé peut faire n'importe quoi sur
son lot.
M. Jolivet: II écoute mai! Je n'ai jamais dit qu'il peut
faire n'importe quoi. J'ai dit: La loi du marché va l'empêcher de
faire ce qu'il veut.
M. Pagé: Ah!
M. Jolivet: Mais je veux dire qu'il pourrait faire n'importe
quoi.
M. Pagé: II pourrait faire n'importe quoi.
M. Jolivet: S'il le fait, c'est à ses risques et
périls.
M. Pagé: C'est donc dire que, si jamais le ministre de
l'Agriculture et le ministre délégué aux Forêts
décidaient d'assurer une protection plus adéquate de
l'utilisation de tels lots - je parle pour l'avenir - vous seriez d'accord avec
nous.
M. Jolivet: Non, parce que, là, ce serait en
désaccord avec votre pensée. Vous laissez les gens plus
libres.
M. Pagé: Pardon?
M. Jolivet: Ce serait en désaccord avec votre
pensée. Vous voulez laisser les gens plus libres, à ce
moment-là.
M. Pagé: Je pense, M. le Président, que mon bon
ami, le député de Laviolette, a suffisamment de problèmes
d'interprétation des pensées de son propre parti en ce qui
concerne son avenir...
M. Jolivet: Mon avenir à moi? M. Pagé:
L'avenir de son parti.
M. Jolivet: Ah bon!
M. Pagé: ...qu'il devrait nous laisser le soin
d'interpréter nos propres pensées.
M. Jolivet: Non, mais ce que je veux dire, c'est qu'à ce
niveau-là iI y a la loi sur le zonage agricole et il y a la Loi sur les
forêts.
M. Pagé: Ah!
M. Jolivet: La Loi sur les forêts dans le secteur
privé n'implique pas que le ministre s'ingère dans la
décision que les gens prennent. La seule chose, c'est que la loi du
marché oblige l'individu à ne pas couper comme il veut parce que,
d'abord, il est soumis, quand il vend son bois, à la loi qui
réglemente, par le Syndicat des producteurs de bois, la vente de son
bois. Si jamais il le faisait, ce serait à ses risques et
périls.
M. Pagé: Dois-je comprendre que vous seriez contre une
disposition de la Loi sur la protection du territoire agricole qui
prévoirait la juridiction de la CPTA sur les lots privés?
M. Jolivet: Quels lots privés? Ceux de la forêt?
M. Pagé: Oui
M. Jolivet: De la forêt? Répétez donc ce que
vous avez dit.
M. Pagé: Dois-je comprendre... M. Jolivet: La CPTA
qui...
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: ...aurait fait quoi?
M. Pagé: Oui aurait juridiction sur l'affectation des lots
privés.
M. Jolivet: Je ne comprends pas votre terme, quand vous dites
"affectation"; ils sont la propriété...
M. Pagé: Bien oui.
M. Jolivet: Non, non.
M. Pagé: L'utilisation des bois...
M. Jolivet: Des bois?
M. Pagé: ...la quantité de bois sur les lots
privés du Québec.
M. Jolivet: Mais vous n'avez pas cela actuellement. Il n'y a
aucune loi.
M. Pagé: Non, non, on n'a pas cela, mais je vous
demande: Seriez-vous contre? Je parle à titre d'hypothèse.
M. Jolivet: Bien, là, on verra quand cela arrivera, si
vous vous décidez à le présenter.
M. Pagé: Bon.
M. Jolivet: On verra cela.
M. Pagé: Non, je n'ai pas dit qu'on va le
présenter.
M. Jolivet: Ah, bon!
M. Pagé: On fait un échange utile et
intéressant.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. J'aimerais porter
à votre attention qu'on a un amendement à l'article 7.
M. Jolivet: Ah, bon! Oui?
M. Pagé: L'article 7.1.
M. Jolivet: Ah bon! Si vous ajoutez l'article 7.1, ce n'est pas
un nouvel amendement, c'est un nouvel article.
La Présidente (Mme Dionne): C'est un nouvel article?
M. Jolivet: Oui. Alors, on va commencer par l'adopter.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 7 est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Aliénation et location
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. L'amendement se
lit comme suit: Le projet de loi est modifié par l'insertion,
après l'article 7, du suivant: "7.1 L'article 9 de cette loi est
modifié par le remplacement du deuxième alinéa par le
suivant: "II peut également aliéner à la personne qui
occupe sans droit, le 1er juillet 1984, ou à son cessionnaire, le cas
échéant, une terre non concédée ou qui l'est
devenue à compter de cette date." M. le ministre.
M. Pagé: Mme la Présidente, c'est pour s'assurer le
droit pour le ministère ou le ministre de transférer un titre de
propriété à des personnes qui n'étaient
peut-être pas concessionnaires d'une terre agricole, mais qui avaient
l'utilisation d'une terre appartenant au ministère, mais régie
par une autre loi.
M. Jolivet: Vous allez m'expliquer une chose. Quand je lis le
projet d'amendement proposé, on dit: "7.1: L'article 9 de cette loi - je
dois sous-entendre que cette loi, c'est la loi 15 -est modifié par le
remplacement du deuxième alinéa par le suivant..." Si je vais
à l'article 9 qui est mentionné, cette loi, est-ce la loi
actuelle ou la
loi...
M. Proteau: On fait référence a la Loi sur les
terres publiques agricoles.
M. Jolivet: Oui, mais si je prends l'article...
M. Pagé: Vous demandez si on lait référence
au projet de loi ou à la loi? On tait référence à
la loi.
M. Jolivet: À la loi actuelle.
Des voix: Oui, oui.
M. Jolivet: Oui, vous prenez la loi actuelle. Je veux être
bien sûr qu'on ne se trompe pas pour que ce soit bien clair. L'article 9
de cette loi... Cela veut dire qu'on a actuellement l'article 8 qui dit: "Cette
loi est modifiée par l'insertion après l'article 9 du suivant
9,1." On a un commentaire pour mes besoins personnels: l'article 9 actuel.
C'est-à-dire que vous le fartes avant d'apporter l'amendement à
l'article 8 du projet de loi 15. C'est pour cela que vous le mettez là.
Vous prenez l'actuel projet de loi, à l'article 9, et vous en modifiez
une partie.
M. Proteau: Non, on ajoute simplement un nouvel article. On a
simplement voulu suivre l'ordre séquentiel.
M. Jolivet: Donc, l'article 7 devient l'article 7.1, qui amende
le deuxième alinéa de l'article 9 de l'actuelle toi, si j'ai bien
compris. D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Jolivet: Par rapport au texte actuel, on dit: "II peut
également aliéner à la personne qui occupe sans droit."
Là, actuellement, on change cela. On dit: "Qui l'occupe sans titre, le
1er juillet 1984, ou à son cessionnaire, le cas échéant."
C'était l'article actuel, sauf que "qui l'occupe sans titre" est
changé par "qui occupe sans droit".
Là, vous ajoutez "une terre non concédée ou qui
l'est devenue à compter de cette date", à compter du 1er juillet
1984. Là, vous dites quoi? Vous dites que cela ajoute quoi?
M. Proteau: En fait, cet amendement nous permet de
régulariser certaines occupations illégales, les "squatters", les
gens qui occupent des terres confiées au ministre, mais qui
n'étaient pas assujetties à la Loi sur les terres publiques
agricoles au 1er juillet...
M. Jolivet: Ce sont de nouvelles terres qui vont venir?
M. Proteau: Non. On va prendre comme exemple, si vous le
permettez, certaines terres dites terres du réaménagement
foncier, qui étaient administrées en vertu de la loi du
ministère, mais qui étaient occupées illégalement.
Ces terres ne pouvaient pas faire l'objet d'une régularisation en vertu
de la Loi sur les terres publiques agricoles.
M. Pagé: On n'en avait pas l'administration; on n'avait
pas d'autorité sur elles.
M. Proteau: On n'avait pas d'autorité pour les
régler. Or, avec la loi, on pourra...
M. Jolivet: Qui avait l'autorité?
M. Proteau: Personne.
M. Jolivet: Personne?
M. Pagé: II y avait un vide juridique.
M. Proteau: Oui. La seule façon de les régler, il
aurait fallu les transférer au ministère de l'Énergie et
des Ressources qui, lui, aurait dû les vendre à la valeur
marchande en vertu de son règlement général.
M. Jolivet: Donc, vous nous donnez le pouvoir de les vendre et de
dire: On règle cela une fois pour toutes.
M. Proteau: Oui. M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: II y en a combien de lots comme cela, d'abord? Parce
que ce ne sont pas les mêmes lots dont on parlait tout à
l'heure.
M. Pagé: Non, c'est une autre catégorie.
M. Proteau: Oui, c'est une autre catégorie, mais qui va
être assujettie à la Loi sur les terres publiques agricoles.
Effectivement, le gouvernement, de 1968 environ à 1976, a acheté
l'équivalent de 3000 lots comme cela. Il y a peut-être quelques
centaines de lots sur lesquels on retrouve des "squatters" effectivement.
M. Jolivet: Oui, mais ces lots servaient à quoi quand ils
ont été achetés? De 1968 à 1976, vous dites que
c'est 3000 lots?
M. Proteau: À peu près l'équivalent de 2000
à 3000 lots de réaménagement foncier.
M. Jolivet: C'est quoi, ces lots-là?
M. Proteau: Ce qu'on appelle communément la fermeture des
paroisses qui s'est faite dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, et
un peu partout au Québec.
M. Jolivet: C'est où?
M. Pagé: C'est un peu plus loin que Matane.
M. Proteau: Oui.
M. Jolivet: Cela ne fait rien. C'est la région.
M. Proteau: Dans l'Abitibi, au Lac-Saint-Jean. C'était
parfois, aussi, ce qu'on appelle communément du
réaménagement. En fait, certaines terres n'étaient plus
propices à l'agriculture. Elles ont été rachetées
en vertu de certains programmes administrés conjointement par le
ministère et l'OPDQ, à l'époque, ou l'ODEO ou le BAEQ.
M. Jolivet: II n'y en a pas qui ont été
achetées par le ministère des Transports dans cela?
M. Pagé: Non, il n'y aucune terre du ministère des
Transports dans cela qui est visée, aucune terre du ministère des
Transports n'est visée par cela. Mais ce sont des terres qui sont encore
sous la tutelle du ministre, qui n'ont pas été
transférées encore au ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Jolivet: Mais elles n'étaient régies par aucune
loi, sauf que par un règlement...
M. Proteau: La loi du ministère. En fait, elles
étaient administrées en vertu de la loi du ministère et du
programme de réaménagement foncier, tout simplement. Le programme
de réaménagement foncier permettait la revente de ces
lots-là uniquement pour des fins agricoles.
M. Jolivet: Là, on pourra les vendre pour d'autres fins
qu'agricoles?
M. Proteau: Pour régulariser les occupations
illégales purement.
M. Jolivet: On permet à l'individu... Là, il y a
une autre loi qui va s'appliquer qui va s'appeler le zonage agricole. S'il est
dans le zonage agricole, il va devenir à fins agricoles.
M. Proteau: II l'est déjà.
M. Pagé: Vous savez, il l'est déjà
régi par cela.
M. Jolivet: Ah, il l'est déjà?
M. Pagé: Lorsqu'il est situé en zone verte, il
est déjà régi par les dispositions de la Loi sur la
protection du territoire agricole.
M. Jolivet: Vous me dites que le ministère est régi
par la loi sur le zonage agricole?
M. Pagé: Non, le lot. Pas le ministère, le lot.
M. Jolivet: D'accord. Le lot est propriété du
ministère par des lois de réaménagement.
M. Pagé: On ne peut pas vendre plus de droits qu'on n'en
a.
M. Jolivet: Tant mieux, ce serait l'équivalent de ce qu'on
disait tout à l'heure: un gars a vendu deux fois la même
propriété à deux personnes différentes.
M. Proteau: Enfin, il nous apparaissait inéquitable de
soumettre ces gens-là à un autre régime que celui dont
bénéficient tous les "squatters", soit en vertu de la Loi sur les
terres publiques agricoles, soit en vertu de la Loi sur les terres du domaine
public qui ont des règlements similaires pour régler ces
cas-là.
M. Jolivet: Donc, ce que vous faites par la loi, avec
l'amendement que vous apportez... Parce que, là, je me pose de
sérieuses questions, par rapport au principe qu'on a
étudié jusqu'à maintenant, à savoir si l'article
est recevable ou pas, au moment où on se parie.
M. Pagé: Comment cela?
M. Jolivet: Je veux dire que le principe de la loi actuelle,
c'était les lots sous concession.
M. Pagé: Bien non, les terres publiques agricoles. (16 h
45)
M. Jolivet: Est-ce que c'en étaient, des terres publiques
agricoles?
M. Proteau: Certaines le sont déjà.
M. Jolivet: Oui, mais il y en a qui ne le sont pas.
M. Pagé: Oui, mais elles le devenaient du fait qu'elles
étaient sous l'autorité du ministre de l'Agriculture.
M. Proteau: Oui. Excusez-moi. Elles le sont toutes.
M. Jolivet: Elles le sont toutes. M. Pagé: Oui,
oui.
M. Proteau: Elles le sont toutes. Il y a simplement certaines
terres qui étaient sous bail, en vertu du programme de
réaménagement foncier, qui ne nous ont pas été
transférées. Toutes les autres terres vacantes ont
été transférées.
M. Jolivet: Elles sont sous bail au ministère de
l'Énergie et des Ressources.
M. Proteau: Elles ont été transférées
au ministère de l'Agriculture et assujetties à la Loi sur les
terres publiques agricoles.
M. Jolivet: Oui, mais quand elles étaient sous bail, c'est
parce qu'elles appartenaient à quelqu'un. Elles appartenaient au domaine
public?
M. Proteau: Oui.
M. Jolivet: Bon. Donc, à la couronne. Mais aucun
ministère ne les avait en propriété.
M. Proteau: C'est le ministre de l'Agriculture qui était
administrateur de ces lots.
M. Jolivet: Administrateur, d'accord. M. Proteau: Oui.
M. Jolivet: Autrement dit, ce qui est arrivé, c'est qu'on
a dit aux gens de quitter ces terres -elles vous appartenaient - en
procédant par expropriation. On dit: On vous paie pour...
M. Proteau: Oui.
M. Jolivet: Le gouvernement s'en porte acquéreur d'une
certaine façon et demande à un ministre en particulier, qui est
celui de l'Agriculture, de devenir l'administrateur de ces terres.
M. Pagé: Oui, c'est cela. Au nom de la couronne.
M. Jolivet: Aujourd'hui, vous dites: Je suis l'administrateur de
terres qui appartiennent au domaine public.
M. Pagé: Qui appartiennent à la couronne.
M. Jolivet: Oui, c'est cela. Mais, c'est parce que j'ai...
M. Pagé: Comme la couronne veut en disposer...
M. Jolivet: J'ai enlevé de ma tête le mot couronne
parce qu'ayant étudié le projet de loi 102 on nous a mis dans la
tête qu'il s'agissait des terres du domaine public. Je les appelle
ainsi.
M. Pagé: Je m'excuse. Je comprends que nos
expériences respectives amènent une interprétation
différente du mot couronne. À partir du moment où le
Bureau d'aménagement de l'Est du Québec, par exemple, a acquis
des terres, des terrains, en vertu de la loi, a fermé des
municipalités, etc. - on se rappelle ce qui avait été
enclenché en 1968 et 1969 - les terres ainsi achetées, moyennant
indemnité d'expropriation, appartenaient et tombaient sous la
juridiction de la couronne. La couronne étant l'acte gouvernemental
d'utilisation...
M. Jolivet: La couronne étant le domaine public.
M. Pagé: ...de gestion ou de propriété de
terrains. Par la suite, le gouvernement, agissant en vertu d'une loi
votée par l'Assemblée nationale, a décidé que ces
terres et terrains seraient sous l'autorité du ministre de l'Agriculture
et administrés en vertu de ses lois.
M. Jolivet: C'est cela.
M. Pagé: Plusieurs de ces lots peuvent maintenant
être vendus, être littéralement cédés. Mais,
on n'avait aucun pouvoir habilitant pour le faire. Ces pouvoirs habilitants
étaient donnés en vertu de la Loi sur les terres publiques
agricoles. Par le libellé de l'article que l'on propose, on
prévoit que le ministre et le ministère de l'Agriculture pourront
transférer d'une possession, d'une location ou d'une concession, un lot
à un titre de propriété. Ce n'est pas plus
compliqué que cela.
M. Jolivet: Oui, je le sais mais, actuellement, il y en a qui
sont sous bail, admettons. En vertu de la loi, vous serez responsable de
décider qui va l'avoir ou qui ne l'aura pas.
M. Pagé: Aux articles 32, 33 et suivants, on a des
dispositions là-dessus.
M. Jolivet: Oui, je le sais, mais je vous parle d'un cas
précis. Cela va me permettre de savoir comment faire mon jugement.
Disons, pour prendre un exemple, que le gouvernement avait cette terre, en
vertu du droit de la couronne, au moment de l'expropriation. Il la remet sous
l'autorité du ministre de l'Agriculture, quant à son
administration. Le ministre de l'Agriculture dit: À un moment
donné, il serait peut-être bon de louer cela à des gens qui
la cultiveront. Les gens ont des bâtiments sur la terre. Ils font la
culture de la terre ou encore, dans certains cas, la bâtisse est plus
éloignée, mais ils cultivent la terre, là-bas.
Mais, les gars ont peut-être travaillé pendant 15 ou 20 ans
sur cette terre, depuis 1968, par exemple.
M. Pagé: Cela fait 19 ans.
M. Jolivet: C'est cela. Ils ont travaillé là-dessus
et, aujourd'hui, le ministre se donne les pouvoirs de dire à qui il va
donner ce droit-là. Parce que si vous le donnez aux autres, vous allez
le donner pour celui-ci aussi.
M. Pagé: Mais le transfert d'un titre, disons,
précaire à un titre définitif...
M. Jolivet: Mais un bail n'est pas un titre d'occupation...
M. Pagé: Non. Un bail est un privilège
d'utilisation...
M. Jolivet: C'est cela.
M. Pagé: C'est différent d'un droit.
M. Jolivet: Habituellement, c'est un usufruit.
M. Pagé: On passe d'un privilège à un droit.
M. Jolivet: Oui, mais c'est parce que...
M. Pagé: Si vous voulez me laisser terminer, je pense que
vous allez mieux comprendre.
M. Jolivet: Oui.
M. Pagé: La façon de passer d'un privilège
à un droit est encadrée quoique je retienne du débat en
deuxième lecture que les députés de l'Opposition n'ont pas
saisi cette dimension. Je suis bien heureux qu'on y revienne.
M. Jolivet: Expliquez-vous.
M. Pagé: Cela se fait selon des critères. Par
exemple, on fait référence aux dispositions du Code civil qui
régissent la prescription acquisitive c'est-à-dire que la
personne à qui on donne le droit possède le lot en possession
utile, paisible, publique...
M. Jolivet: Elle paie des taxes...
M. Pagé: ...pendant un certain nombre d'années.
Elle a payé des taxes. En fait, cela crée une présomption
suffisamment forte pour lui transférer son droit. Cela ne se fait pas en
disant: On va le donner à un autre. Tasse-toi de là. Tu t'en vas.
Tu débarques. Cela a été interprété comme
cela par certains de vos collègues, pas par vous. Quand viendra le temps
de procéder à l'adoption des dispositions habilitant le ministre
et le ministère à poser de tels actes juridiques, on sera en
mesure de voir les nombreux éléments sur lesquels non pas on
peut, mais on doit s'appuyer pour procéder à un tel acte
juridique.
M. Jolivet: II y a trois choses. Premièrement, j'ai
vécu des cas comme ceux-là concernant le transfert au
ministère de l'Énergie et des Ressources. On a dit: C'est bien de
valeur, il n'y a pas de billet de location. Le gars a dit: Oui, mais comment
cela se fait-il que je paie des taxes scolaires et municipales depuis 20 ans?
Il a tous ses comptes de taxes. Ils ont dit: C'est bien de valeur, tu as
payé des taxes pour nous.
M. Pagé: Je dois vous confirmer que le ministère de
l'Agriculture que je dirige est beaucoup plus humain que celui que vous
dirigiez, si ce que vous dites était le cas.
M. Jolivet: Non, c'est encore la même chose dans ce sens
qu'il dit: Tu vas me donner des preuves patentes comme quoi tu en es l'occupant
principal, puis que c'est bon. Même cela ne suffit pas au
ministère de l'Énergie et des Ressources en vertu des lois.
Deuxièmement, quand on dit ici: une "personne qui occupe sans
droit", pour moi, occuper et avoir un bail, c'est bien différent. Je
n'occupe pas.
M. Pagé: S'il occupe sans droit, il peut occuper par
privilège.
M. Jolivet: Cela veut dire qu'un "squatter serait mieux
traité qu'une personne qui a un bail.
M. Proteau: En fait, cet amendement touche uniquement les lots
vacants, si vous voulez, ceux qui sont occupés sans droit par des
"squatters". Les lots sous bail ne sont pas touchés par cela.
M. Jolivet: Ils sont touchés par quoi, alors?
M. Proteau: Par les autres dispositions. Ils seront
administrés, si vous voulez, en vertu de la loi. Je reviens à ce
que j'ai dit tout à l'heure. Les lots sous bail avec option d'achat
n'ont pas été assujettis à cette loi-ci simplement pour
permettre à leurs bénéficiaires de continuer à
profiter des privilèges qu'ils ont eus lors de l'octroi du bail. Tous
les autres lots vacants ou sous bail simple ont été assujettis
à cette loi-ci.
M. Jolivet: Vous allez me comprendre, peut-être, en
disant...
M. Proteau: C'est très technique, je l'avoue.
M. Jolivet: Je le comprends. Mon problème est le suivant -
on l'a vécu avec la loi 49, je pense, peu importe - à un moment
donné, le ministère de l'Énergie et Ressources a dit
à tous ceux qui étaient dans le bois: Vous avez jusqu'à
telle date pour nous dire que vous êtes dans le bois. Là, on
étudiera votre cas. Cela nous permettra de déterminer si vous
avez le droit d'avoir un bail pour occuper le terrain autour du lac Untel.
M. Pagé: Après vous avez prolongé?
M. Jolivet: Oui, mais cela a existé. Donc, il y avait des
gens qui s'étaient installés puis ils ont eu des droits.
M. Pagé: Ils se sont dénoncés.
M. Jolivet: Mais, actuellement, si je comprends bien, j'ai un
bail qui se termine en 1990. Une fois terminé, je n'ai plus aucun droit,
il est fini. À moins que, de part et d'autre, on ne s'entende pour le
renouveler, il ne devient pas renouvelable selon toutes les formules qu'on a.
Cela veut dire que la personne qui s'est installée sans aucune "maudite"
permission - excusez le terme a plus de droit que l'autre qui a
travaillé dans des conditions normales. C'est juste cela que je veux
bien comprendre. Vous me dites: La personne sous bail n'est pas liée en
vertu de cette loi; elle le sera par d'autres lois. Souvenez-vous bien que la
loi qui organise cela dit: Après tant d'années, si je
décide de ne pas renouveler le bail, tu n'as plus rien. Pourtant, je me
suis installé et j'ai mis toutes sortes d'affaires sur ce terrain tandis
que l'autre à côté, le "squatter", s'est installé
sans aucune permission et sera, par cette formule, valorisé
davantage.
M. Pagé: Non. Non. L'essence du projet de
loi prévoit de remettre des titres de propriété aux
gens qui occupent des terres sous bail, sous concession.
M. Jolivet: Non.
M. Pagé: Oui, monsieur. Sauf que cette disposition vient
prévoir et permettre de régler des cas de terres qui nous ont
été remises à la suite de l'adoption de certaines lois,
à la fin de la décennie soixante. Elles passent du domaine public
au domaine privé. On ne veut pas être obligé d'adopter une
autre loi spéciale pour cela.
M. Jolivet: Mais, "qui occupe sans droit", ordinairement, si j'ai
un bail, j'ai un droit.
M. Pagé: Non.
M. Jolivet: J'ai, quand même, les qualités. Pas un
droit de l'avoir, mais j'ai...
M. Pagé: Vous avez un droit en vertu d'un
privilège, c'est différent.
M. Jolivet: C'est vrai. Vous avez raison. Ce que je veux juste
essayer de dire, c'est que la personne sous bail avec le ministère, vous
décidez de lui donner un nouveau droit qui est le droit de
propriété. La personne qui occupe sans aucun droit, ce que l'on
appelle un "squatter", normalement, peut, par l'article, venir s'installer car
on dit: "II peut également aliéner à la personne qui
occupe sans droit..."
M. Proteau: Si vous me le permettez, M. le ministre en vertu de
la Loi sur les terres publiques agricoles et des règlements, tout
locataire a la possibilité d'acheter le lot qu'il loue, pour autant
qu'il respecte certaines conditions, en ce qui nous conceme.
Le seul droit qu'on reconnaît au "squatter, c'est de faire une
demande d'achat et là, si toutes les conditions prévues dans la
réglementation s'appliquent, il pourra l'acheter. Mais c'est uniquement
pour la partie qu'il occupe réellement.
M. Jolivet: Je comprends cela. Le bail est toujours avec option
d'achat: c'est un billet de location, des choses semblables.
M. Proteau: Qu'il y ait option d'achat ou pas, on a dans notre
réglementation une clause qui lui permet de faire une demande d'achat et
on en a vendu, quand même, un certain nombre. Pour les "squatters", c'est
très différent. On a voulu simplement, comme je le disais tout
à l'heure, leur permettre d'être sur le même pied
d'égalité que tous les autres "squatters" au Québec et,
éventuellement, de (aire une demande d'achat. Vont-ils avoir le droit?
C'est autre chose.
M. Jolivet: Les conditions qui ont été
établies par règlement n'existent plus. C'est le nouveau
règlement, c'est le synopsis qu'on a eu.
M. Proteau: En ce qui a trait aux "squatters", il y a
déjà un règlement qui est appliqué depuis le 1er
juillet 1984 par le ministère de l'Agriculture. C'est le même. Il
y aura peut-être des modifications mineures pour faciliter l'application
ou la relation entre les parties. Les trois années d'expérience
nous ont montré que cela pouvait être simplifié.
M. Jolivet: Je veux revenir à ce que M. le ministre
disait. J'avais dit qu'il y avait trois choses. La troisième chose,
c'est quand il interprète ce que j'ai dit ou que d'autres ont pu dire;
ce n'est pas le fait de déterminer que le ministre va vendre à
qui il veut. J'ai compris que le ministre faisait une offre, laquelle
était faite à celui qui l'occupe, actuellement, avec ou sans
droit, avec ou sans bail. Je comprends cela. Ce que je dis c'est qu'entre le
moment où je fais l'offre et que je lui donne tant de jours pour se
décider, à côté, il y a quelqu'un qui peut l'avertir
et ce n'est pas sûr qu'il l'ait. Il y a toutes sortes de choses qui
peuvent circuler qui font qu'un autre vient contester. C'est là que je
dis qu'il y a quelque chose qui ne va pas. C'est un pouvoir arbitraire. Le
ministre devient juge et partie.
M. Pagé: On verra cela tantôt.
MI. Jolivet: Avez-vous des amendements?
M. Pagé: La décision du ministère, par la
voix du ministre, doit s'appuyer sur des critères très
précis. On le verra, par exemple, dans les cas de lots subdivisés
notamment. Il est possible que la démarche puisse - je ne dis pas
qu'elle va, le faire mais puisse - conduire à des arpentages, à
des choses comme celles-là. Cela ne se fera pas arbitrairement du haut
de la tour du douzième étage.
M. Jolivet: Cela ne veut pas dire nécessairement que vous
allez accélérer le processus parce que je sais qu'il y a des cas
comme ceux-là qui sont longs, en sapristi. Il s'agit de savoir qui va
payer. Vous parliez avec beaucoup d'à-propos, tout à l'heure, de
la joie que vous aviez de dire à des gens de mon propre comté,
à Grand-Mère en particulier: Vous allez devenir
propriétaires. Enfin, on va régler, cela sera plaisant. J'ai
hâte de vous voir quand des gens vont contester. C'est là que le
plaisir va commencer, à l'inverse peut-être de ce que vous
pensez.
M. Pagé: Allez-vous ajouter à leur plaisir ou si
vous allez ajouter à la satisfaction du ministre?
M. Jolivet: Non. Je vais défendre les droits que j'ai
toujours défendus: que l'équité soit faite.
M. Pagé: C'est ce que l'on essaie de faire. Mais
dites-vous bien ceci, M. le député: Peu importent les
volontés du législateur, peu importe le libellé des lois,
tant et aussi longtemps qu'il y aura des êtres humains en ce bas monde,
il y
aura des "humaineries".
M. Jolivet: C'est ce que je dis, à l'inverse, pour vous
d'ailleurs. C'est pour vous éviter cela.
M. Pagé: On est sur la même longueur d'onde.
Continuons.
M. Jolivet: Mais vous, c'est pour les gens; moi, c'est pour
vous.
M. Pagé: C'est très généreux.
M. Jolivet: L'article 7.1, qui est un amendement à
l'article 7, Mme la Présidente, est adopté.
Une voix: C'est un nouvel article.
La Présidente (Mme Dionne): C'est un nouvel article.
M. Jolivet: Vous avez raison, c'est un nouvel article.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que le nouvel article
7.1 est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. On passe
à l'article 8.
M. Jolivet: Quand on dit un nouvel article, on est obligé
de passer par un amendement. En vertu de notre nouveau règlement, c'est
un amendement qui amène un nouvel article.
Comme ancien président de commission...
M. Pagé: Ancien vice-président de
l'Assemblée nationale du Québec.
M. Jolivet: Ce n'est pas des farces.
La Présidente (Mme Dionne): On est entre des mains
d'experts.
M. Jolivet: On a regardé cela au cégep ce matin:
les experts sont payés et les bénévoles ne le sont
pas.
M. Pagé: À quel cégep, étiez-vous, ce
matin? (17 heures)
M. Jolivet: On n'était pas au cégep, on
était à la commission des collèges. On parlait des frais
payés de façon journalière. M. le ministre,
président du Conseil du trésor, a fait sauter les bons de
présence et des choses comme cela. On s'est aperçu que les
experts étaient tous payés et les femmes au foyer, qui ont une
expertise autre, parfois intéressante, n'étaient pas
payées. On trouvait que ce n'était pas correct.
M. Pagé: Ce sont des experts.
M. Jolivet: Ils sont considérés comme experts,
à ma connaissance, mais pas pour des fins de paiement.
M. Pagé: Je n'ai pas la prétention de régler
les problèmes des autres ministères.
M. Jolivet: Elle a dit qu'on était entre les mains des
experts. J'ai dit: Ils sont chanceux ceux-là, ils sont payés.
M. Pagé: Devons-nous comprendre que vous n'êtes pas
payé?
M. Jolivet: Mon travail est toujours payé.
Une voix: Trop payé?
M. Jolivet: Toujours.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 8. M. le
ministre.
M. Pagé: Devons-nous comprendre que c'est assez?
M. Jolivet: Je me contente de vivre avec ce que j'ai. Ce n'est
pas moi qui fais des demandes. L'article 8.
M. Pagé: Quand les gens disent: Ce n'est pas moi qui fais
les demandes, je retiens qu'ils ne refusent pas les offres.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre, on vous
écoute.
M. Pagé: À l'article 8, la loi est modifiée
par l'insertion, après l'article 9, du suivant: "9.1. Les articles 28 et
29 de la Loi sur la protection du territoire agricole ne s'appliquent pas
à l'aliénation d'une terre non concédée ainsi
qu'à une servitude ou à un droit consenti conformément
à l'article 11 de la présente loi."
L'alinéation d'une terre non concédée est
basée sur la preuve de l'occupation réelle qui, dans la
quasi-totalité des cas, remonte à plus de 30 ans d'occupation,
par conséquent, à une période antérieure à
l'application de la Loi sur la protection du territoire agricole. Il n'y a donc
pas lieu d'obtenir l'autorisation de la Commission de protection du territoire
agricole pour ces cas qui ne visent qu'à régulariser des
situations de fait qui existent et qui existaient bien avant la
présentation et l'adoption de cette loi.
En ce qui a trait aux servitudes ou autres droits pouvant être
consentis par le ministre, il appartient au bénéficiaire qui
voudrait faire un usage autre qu'agricole de telles servitudes de soumettre
lui-même une demande d'autorisation à la Commission de protection
du territoire agricole.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Je reviens à ce que je disais tout à
l'heure. Le Canadien National s'est départi, avant l'adoption du projet
de loi sur la protection des terres, des chemins de fer dont je parlais tout
à l'heure. Avant l'adoption de la Loi sur la protection du territoire
agricole, il y a une décision qui a été rendue. Je l'ai
entre les mains, d'ailleurs, parce qu'il y a des gens de mon coin qui m'ont
demandé des renseignements. On est allé fouiller davantage et on
s'est aperçu, effectivement, que la Commission de protection du
territoire agricole a rendu une décision disant qu'étant
donné qu'ils sont dans le territoire agricole, dans la zone verte, ils
doivent être considérés comme étant non
aliénables. Le ministère des Transports n'a même pas le
droit -je le disais tout à l'heure - de prendre le ruban qui part du
fleuve Saint-Laurent jusqu'à Hervey-Jonction et de la vendre en
parcelles, de le morceler. Par exemple, à Saint-Luc de Vincennes,
à Champlain, à Saint-Séverin, ils n'ont pas le droit de le
vendre. C'est un seul et même ruban, cela fait une seule et même
terre. Vous vous imaginez, dans votre tête, ce que cela veut dire: des
milles et des milles de long sur une largeur qui équivaut à un
corridor de chemin de 1er ou à peu près. C'est une seule terre
pour la Commission de protection du territoire agricole.
Dans des cas exceptionnels - ils l'ont fait, notamment, pour le
Lac-à-la-Tortue - ils l'ont vendu, ils l'ont morcelé. Dans le cas
de Saint-Séverin, ils refusent parce qu'ils disent: Chacun des
riverains, comme agriculteur, doit y avoir droit. Là, vous vous donnez
un pouvoir ici en disant: Pour tout ce que vous avez à
régulariser, vous ne vous emberlificotez pas avec la Loi sur la
protection du territoire agricole. J'essaie de voir si c'est bien ce que je
comprends.
M. Pagé: Non. C'est que la Loi sur la protection du
territoire agricole, dans le cas du ruban auquel vous faites
référence - l'ancienne propriété de la ligne de
chemin de fer - dit que tout lot, qui vient s'ajouter à un lot
déjà régi par les dispositions de la loi est
réputé terre agricole. C'est en vertu de cette disposition qu'a
été établi en droit le fait que cette bande de terre
était régie par la Loi sur la protection du territoire
agricole.
M. Jolivet: Je vais vous donner un exemple bien typique de ce que
je veux dire, parce que cela a des implications plus profondes que l'on ne
pense quand on le regarde bien comme il faut. Il y a un monsieur qui se
départit au profit de son fils d'un lot de terrains. Il dit à son
fils: Tu es le plus riche, je vais te les vendre pour te permettre de conserver
quelque chose, soit un petit lac artificiel qu'on s'est fait et où la
famille va se réunir annuellement. Le gars à le droit, parce que
c'est avant la Loi sur la protection du territoire agricole, de vendre morceau
par morceau. Alors, il vend morceau par morceau. Il n'y a pas de
problème.
M. Pagé: Ajoutez donc un site d'intérêt
particulier; cela va être encore plus compliqué, là!
M. Jolivet: Non, juste cela, c'est assez. C'est pour dire que le
gars vend morceau par morceau. Sauf que le gars a une petite difficulté
dans sa vie. Il est proche de faire faillite. Il revend à son
père en disant: Je te remets, par acte notarié, le terrain qu'il
me reste. Il en a vendu à son frère, il en a vendu à des
voisins, etc. Il arrive et, là, on lui dit: Parce que tu l'as remis
à ton père, ton père tenant à garder une autre
parcelle là-bas, tout cela devient du territoire agricole parce qu'on
remembre le territoire agricole de cette façon. S'il l'avait vendu a son
"chum", il n'aurait pas eu de problème, mais parce qu'il l'a vendu
à son père, il a un problème. Son père dit: II ne
peut pas maintenir cela parce que, s'il maintient cela, des problèmes
vont arriver. Sa famille - il a 40 à 60 petits-enfants -
s'amuse-là. Aujourd'hui, si le gars est obligé de s'en
départir, le père va être obligé de revendre au
complet et, à ce moment, ils vont perdre le bien familial et, pour les
réunions de famille, le terrain qu'ils s'étaient
aménagé dans le temps. Moi, je dis qu'il y a quelque chose qui ne
va pas. On interprète la loi ou on interprète l'esprit de la loi,
c'est autre chose. Donc, on a demandé une révision à la
Commission de protection du territoire agricole sur cette question. Je trouve
que cela vaut la peine de regarder cela.
M. Pagé: C'est un cas que vous avez eu, cela?
M. Jolivet: Oui, dernièrement. Voilà ce que je me
pose comme question. Vous nous dites: Cet article permet au ministre de
procéder à l'aliénation - cela va - à la location
d'une terre dans l'intérêt de l'agriculture sans avoir à
recourir à l'autorisation de la Commission de protection du territoire
agricole prévue aux articles 28 et 29 de cette loi. Dans la mesure
où vous aliénez ce territoire qui est un territoire agricole, et
qu'on veut en faire un terrain forestier - supposons qu'on veuille y planter
des sapins pour les vendre comme arbres de Noël - est-ce qu'on va avoir le
droit? Est-ce que, pour la personne qui a une terre à bois, cette terre
va être considérée comme étant une terre qu'elle
peut utiliser à ses fins, sans aucune entrave de la part de la
Commission de protection du territoire agricole ou si, simplement, vous nous
dites: Je procède à cela, à condition -et là,
est-ce qu'il va y avoir une condition qui va être inscrite au contrat -
qu'elle l'utilise à des fins agricoles? Si la personne ne l'utilise pas
à des fins agricoles, cela revient à qui?
Vous savez, quand vous avez des immeubles - c'est la SIQ - maintenant,
mais, avant, c'était les Travaux publics - ils
récupéraient une bâtisse, ils louaient ou ils vendaient en
disant: La bâtisse doit servir à telles fins pour les affaires
sociales ou pour des choses semblables, des fins communautaires. Si elle ne
servait pas à cela, je pouvais avoir un droit élastique, comme on
dit: l'immeuble me revenait et ils n'avaient pas le droit de l'utiliser. Est-ce
que cela veut dire que le ministre va se donner des pouvoirs comme
ceux-là ou bien s'il va donner sans aucune entrave à condition,
cependant, qu'il n'ait pas besoin de le
demander à la commission pour faire l'aliénation, mais,
une fois que c'est fait, pour éviter des frais et des pertes de temps
à négocier, à discuter de ces choses, arriver, en fin de
compte, et dire: on vous le donne, mais vous allez devoir l'utiliser à
des fins agricoles? Au moment où ce droit va être
transféré, il va être sous la juridiction de la Commission
de protection du territoire agricole, quant à son utilisation.
M. Proteau: Depuis 1984, on a adressé un nombre incroyable
de demandes à la commission pour régulariser des cas de
"squatters", principalement. En fait, la plupart du temps, ce sont des gens qui
sont là depuis nombre d'années et la commission s'est
trouvée devant l'obligation de reconnaître l'occupation de fait,
en quelque sorte, des droits acquis. Aucune de nos demandes pour qu'on puisse
aliéner n'a été refusée par la commission.
M. Pagé: Et un avis a été demandé
à la commission sur ce libellé.
M. Proteau: Oui, pour qu'on puisse déposer un tel avis ou
une telle modification. C'est la même chose, aussi, lorsqu'on va vendre
un lot pour des fins agricoles. La personne ne pourra pas l'utiliser à
d'autres fins que l'agriculture. Les articles 28 et 29 de la loi visent deux
choses: On ne peut pas morceler sans l'autorisation de la commission et on ne
peut pas vendre un morceau de lot, si on se garde une autre partie.
Évidemment, le problème, c'est que le gouvernement ou
l'État est propriétaire de 95 % du territoire
québécois. C'est très rare qu'on va vendre une partie de
lot alors qu'on ne sera pas propriétaire d'une partie voisine.
Tout ce qu'on demande avec cela, c'est de pouvoir vendre. Cela ne
soustrait pas du tout le ministère ou l'acquéreur aux obligations
prévues par la Loi sur la protection du territoire de sorte que, s'il
veut faire autre chose que de l'agriculture, il ne le pourra pas.
Évidemment, si le "squatter" bénéficie de droits acquis de
par sa résidence ou de par son occupation - cela pourrait être un
garage ou autre chose - mais uniquement pour les droits acquis, la commission
respectera ces droits. Par contre, sur le reste du lot, il ne pourra pas faire
autre chose que de l'agriculture. C'est pour cela que la commission
était d'accord avec nous lorsqu'on lui a posé la question:
Êtes-vous d'accord pour que l'on dépose un article comme cela? Ils
ont répondu: D'accord, parce qu'en fin de compte, c'est simplement du
"red tape" pour la commission et elle se trouvait, déjà, devant
un état de fait.
M. Jolivet: La demande d'avis a été faite par
écrit ou oral?
M. Proteau: Oui, par écrit.
M. Jolivet: Y aurait-il possibilité d'avoir copie de cela?
Cela permettrait d'avoir...
M. Pagé: J'en prends note et, à la prochaine
séance, on pourra répondre.
M. Jolivet: Vous ne faites pas, à ce moment-là,
tout le cheminement qu'une personne doit faire pour obtenir le droit de
propriété. En fait, il s'agit de donner un droit de
propriété légal, et de s'assurer qu'à ce
moment-là, la personne a des droits acquis par la force des choses,
d'une certaine façon. Au moment où la personne l'acquiert, si
c'est à des fins agricoles, elle devra l'utiliser aux fins agricoles. Y
a-t-il un terrain qui pourrait être utilisé à d'autres fins
qu'à des fins agricoles? Actuellement, la loi sur le zonage agricole dit
qu'un demi-hectare peut être utilisé aux fins qu'elle veut et,
s'il s'agit d'une compagnie, d'une usine, un hectare au complet pour permettre
l'agrandissement, la modification du terrain, etc. Par cet article-là,
l'aliénation étant faite, a-t-elle des droits qui lui sont
nouvellement conférés ou si c'est simplement le droit de
propriété? Si elle a une maison et un champ qui s'étend
sur plusieurs lots ou hectares, cette personne utilisera, quand même, le
même droit que n'importe quel propriétaire actuel: celui d'avoir
35 880 pieds carrés...
M. Pagé:52 840.
M. Jolivet: 52 840 et 103 000.
M. Proteau: En fait, cet article permet simplement au ministre de
l'Agriculture de vendre au "squatter", quand il s'agit du "squatter", le
terrain qu'il occupe. Il ne lui donne pas d'autres droits. S'il n'avait pas le
droit de se construire, il n'en aura pas plus. S'il n'avait pas le droit de
faire certaines activités... En fait, cela veut reconnaître
simplement un état de fait en ce qui regarde le "squatter". C'est une
vente pour fins agricoles parce qu'on peut vendre en vertu de l'article 9 pour
des fins agricoles. La personne aura le droit de faire de l'agriculture dessus
conformément à la Loi sur la protection du territoire agricole,
mais on ne veut pas, par cette modification-là, accorder quelque autre
droit que ce soit au bénéficiaire de la vente, qu'il soit
"squatter" ou agriculteur en bonne et due forme.
M. Jolivet: S'il en veut plus, à ce moment-là, il
devra faire une demande directement à la commission.
M. Proteau: À la commission, oui.
M. Pagé: Une demande spécifique à la
commission.
M. Proteau: De la même façon, si le ministère
veut faire autre chose que de l'agriculture sur un lot qu'il possède, il
devra en faire la demande.
M. Pagé: On a vu cela dans mon comté avant que je
sois ministre.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. On passe
à l'article 9. M. le ministre.
M. Pagé: Ah oui. On a une modification. C'est pour
éviter des frais supplémentaires
La Présidente (Mme Dionne): II y a un amendement.
M. Pagé: Le deuxième alinéa de l'article
12.1, introduit par l'article 9 de ce projet de loi, est modifié par le
remplacement dans la deuxième ligne des mots "superficie
indiquée" par les mots "terre désignée". On se souviendra
que l'article 9 disait: "Le premier alinéa ne s'applique, à
l'égard d'une terre non concédée, que pour la superficie
indiquée aux lettres patentes." Maintenant, ce sera: "pour la terre
désignée aux lettres patentes"... Cela simplifie,
évidemment, les procédures et contribue, encore une fois,
à éviter des frais à nos concitoyennes et concitoyens.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette, sur l'amendement.
M. Jolivet: Pour nous, la "superficie indiquée"
était, dans le texte que l'on a actuellement, une partie qui
était un peu difficile à déterminer ou encore plus
contraignante pour le ministre. "Terre désignée" vous permet
d'avoir un plus grande marge de manoeuvre sur la terre qui est vraiment
désignée. Quand on dit que quelqu'un est sur une terre, tout le
monde est habitué, c'est celle-là et non pas celle qui a une
superficie bien indiquée par un bornage, c'est-à-dire que vous
avez demandé, à ce moment-là, de faire arpenter.
M. Proteau: En changeant cela, cela nous évite de
requérir du bénéficiaire du bien de location,
bénéficiaire éventuel des lettres patentes, qu'il fasse
arpenter son lot. Si vous prenez un lot de 100 acres, seulement pour
l'arpentage, cela coûte un minimum de 5000 $. En faisant
disparaître "la superficie indiquée", on s'est aperçu que
cela pouvait simplifier notre tâche, mais aussi éviter au
bénéficiaire...
M. Jolivet: Des frais additionnels.
M. Proteau: Oui, au bénéficiaire ou même
à l'État, dans certains cas.
M. Jolivet: II n'y a pas de problème.
La Présidente (Mme Dionne): Cela va. L'amendement est
adopté?
M. Jolivet: Oui, madame.
La Présidente (Mme Dionne): Article 9?
M. Pagé: L'article 9 est adopté. M. Jolivet:
Non, l'amendement.
La Présidente (Mme Dionne): L'amendement est
adopté, mais pas l'article au complet.
M. Pagé: On était à l'article 9 avant,
madame.
M. Jolivet: Non.
La Présidente (Mme Dionne): On a commencé par
l'amendement.
M. Jolivet: On a pris l'article 9 et on a fait un amendement.
L'amendement, c'était le remplacement des mots "superficie
indiquée" par "terre désignée". Maintenant qu'on a
adopté cela, je voudrais savoir le but de l'article 9, lui-même,
une fois amendé.
M. Pagé: La disposition qui est prévue à
l'article 12 vient valider rétroactivement les actes juridiques
consentis ou posés de bonne foi par un occupant ou son auteur et
à qui des lettres patentes ont été ou seront
délivrées. Par contre, cette validation ne doit être
limitée qu'à la superficie réellement reconnue dans les
lettres patentes, afin que ces droits ou ces charges ne puissent affecter le
résidu de la terre qui pourrait éventuellement demeurer sous le
contrôle du ministère. Comme on vient de l'indiquer par
l'amendement qu'on a prévu au deuxième alinéa, on a
restreint la portée du premier alinéa aux terres
désignées plutôt qu'aux superficies indiquées.
M. Jolivet: Je voudrais juste poser une question. Quant au mot
"servitudes", de drôles de choses se font. Parfois, il y a des lots dans
nos comtés où quelqu'un a mis une servitude pour empêcher
son voisin, parce qu'il est en chicane avec lui, de passer dessus et toute la
patente. Ce que vous êtes en train de dire, c'est que ce qui a
été fait, quelquefois avec de drôles d'intentions, vous
allez le valider?
M. Pagé: On vient valider les actes juridiques qui ont
été posés par des occupants de terre qui croyaient
être propriétaires de leur terrain. Exemple concret: Une servitude
est donnée sur un lot. M. A pense être propriétaire d'une
terre, c'est une terre sous concession. Il a, en 1980, concédé
une servitude, un droit de passage à M. B. pour que celui-ci se rende
à sa terre à bois ou à sa cabane à sucre qui est au
nord, à l'extrémité de cette terre sous concession. En
droit, la servitude de droit de passage n'est pas légale, il n'y a aucun
fondement juridique. Après sept ou huit ans, le fils de A et le fils de
B pourraient ne plus s'entendre et le fils de A pourrait prétendre: La
servitude en droit, devant acte notarié enregistré par
surcroît, n'est pas légale, tu ne passes plus ici demain matin. On
veut régler de tels problèmes. On veut qu'en droit
on se retrouve dans le statu quo ante, la situation antérieure
qui prévalait entre les parties eu égard à l'utilisation
de telle terre.
M. Jolivet: Je comprends cela. Je suis bien content.
M. Pagé: Merci.
M. Jolivet: Je trouve cela normal. Là où je ne suis
pas content...
M. Pagé: Là où vous vous inquiétez,
c'est où?
M. Jolivet: ...c'est quand - on a des terres comme cela, à
un moment donné - une personne dit: Tu n'iras pas à telle place
parce qu'il y a un club Untel qui est là. Moi, qui suis
propriétaire sous bail ou peu importe, je fais une entente de servitude
pour un passage, mais juste pour les gens qui vont au lac là-bas avec
une barrière et un cadenas, ce sont deux seulement qui ont les
clés. Pendant ce temps-là, il empêche quelqu'un d'aller sur
des lots là-bas parce qu'il fait une enclave. Est-ce que vous allez, par
ce texte, valider cette chicane ou si vous allez permettre de la
régler?
M. Pagé: Ou l'officialiser. Ha, ha!
M. Jolivet: L'officialiser. Ha, ha!
La Présidente (Mme Dionne): M. Proteau.
M. Proteau: La réglementation actuelle prévoit, si
on parle des "squatters" dans ce cas-ci, tout simplement, ceci: lorsque la
terre ou la partie de terre qu'on va céder crée une enclave, on
est obligés de se réserver un accès pour l'État ou
pour les tiers pour accéder à l'autre partie. On est
obligés de s'en réserver un. Or, indépendamment du droit
que la personne peut avoir concédé à des tiers, la
réglementation actuelle nous oblige à nous réserver un
accès parce qu'on peut vendre la partie arrière du lot qui se
trouve enclavée.
M. Jolivet: II y a des drôles de découpages qui sont
faits et, parce qu'il n'y a pas de voie d'accès à l'autre
côté, qu'il n'y a pas de ruban ou de possibilité de passer
en arrière pour y aller, finalement, le gars est "poigne" avec son bois
pourri là-bas parce que l'autre a fait un arrêt en face de la
route et qu'il n'y a plus moyen de passer nulle part. Le seul moyen qu'il y a,
c'est l'hélicoptère. Ce n'est pas un cadeau.
Vous dites. S'il y a du monde qui a fait cela dans le passé, nous
allons, lorsque nous allons concéder le terrain, nous assurer qu'il n'y
a pas d'enclave pour la personne qui se trouve en arrière.
M. Proteau: La réglementation actuelle est formelle. On
n'a pas le droit de vendre un lot si cela signifie qu'on enclave une autre
partie du lot. Il y aura peut-être des ventes antérieures qui ont
été faites avant 1984, soit par l'Agriculture, la Colonisation ou
par Énergie et Ressources, qui auront prévu cela. Mais,
actuellement, depuis 1984, en ce qui nous concerne, c'est très clair:
toute vente ne doit pas produire une enclave.
M. Jolivet: D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, est-ce que c'est
adopté?
M. Jolivet: Oui, on peut suspendre pour quelques minutes?
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. Alors, on va
suspendre nos travaux.
(Suspension de la séance à 17 h 22)
(Reprise à 17 h 27)
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que l'article 9, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Jolivet: Oui, Mme la Présidente.
M. Pagé: Bien que nos travaux soient actuellement
perturbés par l'honorable député de Prévost.
La Présidente (Mme Dionne): On passe à l'article
10, M. le ministre.
M. Pagé: L'article 9 a été adopté tel
que modifié?
La Présidente (Mme Dionne): Effectivement.
Révocation de bail
M. Pagé: À l'article 10, Mme la Présidente,
on fait référence à l'article 14 de la toi qui "est
modifié par le remplacement, dans les deuxième et
troisième lignes du deuxième alinéa, des mots "ou est
introuvable" par les mots, "est introuvable ou décédé sans
laisser d'héritier pouvant satisfaire aux dispositions concernant la
location déterminées par règlement". Comme on le sait, le
bail n'étant pas cessible sans l'autorisation du ministre, il
apparaît nécessaire de pouvoir le révoquer lors du
décès du locataire, étant donné que les
héritiers de celui-ci peuvent ne pas rencontrer nécessairement
les conditions requises, en conformité du règlement sur
l'aliénation et la location dans l'intérêt de l'agriculture
des terres publiques agricoles non concédées.
M. Jolivet: J'ai une question.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Vous dites: Le ministre peut
révoquer. Le pouvoir est légal, le ministre a le droit de
révoquer quand il s'aperçoit qu'il n'est pas si au fait qu'il le
dit, etc. D'ailleurs, on en a fait mention tout à l'heure. La question
que je me pose, c'est: Admettons que vous révoquiez et que le fils qui
est l'héritier était en Afrique pour l'ACDI. Il arrive et il
s'aperçoit dans la correspondance ou en allant sur la terre que le bail
a été révoqué, il va vérifier. Qu'est-ce qui
arrive dans ce cas-là?
M. Pagé: II peut toujours se servir de l'article 33 du
Code de procédure civile, s'adresser à la Cour supérieure
pour demander la révision de notre...
M. Proteau: De toute façon, avant de révoquer, on
fait une enquête, on s'assure que vraiment personne n'est
lésé. Il y a des avis publics, il y a les employés du
ministère en régions qui connaissent la famille...
M. Pagé: Qui connaissent le milieu.
M. Proteau: ...qui connaissent le milieu. Même si ni la loi
actuelle, ni la réglementation ne le prévoient, on a
accepté qu'en cas de décès le lot soit transmis à
l'héritier quand il continuait l'exploitation.
M. Jolivet: Le problème que j'ai, c'est quand il est
révoqué, une fois qu'il est révoqué.
M. Pagé: Avant de le révoquer, tous les moyens
utiles sont pris par les officiers du ministère.
M. Jolivet: Je donne l'exemple: la personne est en Afrique pour
un contrat de cinq ans.
M. Pagé: Oui, mais je suis persuadé que, s'ils vont
voir M. Jolivet père, il va le leur dire.
M. Jolivet: II est mort.
M. Pagé: S'ils vont voir le terrain qui appartenait
à M. Jolivet père, on va leur dire: II y a son fils et il est
actuellement au Mali, il est loin, etc.
M. Jolivet: Ils vont lui envoyer quelque chose.
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: La question que je me pose... Vous riez mais...
M. Pagé: Je ne ris pas.
M. Jolivet: Mon cas de tout à l'heure...
M. Pagé: Lequel parmi tous?
M. Jolivet: Deux personnes propriétaires du même
terrain qui a été vendu par une même personne. Ce dossier
m'a toujours fasciné. Au ministère, personne n'était
capable de me dire, malgré les textes que nous avions entre les mains,
lequel était le bon, entre l'enregistrement à
Sainte-Geneviève-de-Batiscan et l'enregistrement à Shawinigan.
Comment a-t-il pu y avoir deux enregistrements alors que, normalement, il doit
y avoir des contacts entre les bureaux d'enregistrement? On ne peut pas faire
cela. Comment cela est-il arrivé?
M. Proteau: La seule que je peux voir - je ne sais si j'ai
travaillé dans ce dossier - c'est probablement que le bureau de Batiscan
est antérieur à celui de Shawinigan. Du moment que le bureau de
Shawinigan a été ouvert, celui de Bastican ne devait plus
fonctionner pour ces lots qui étaient transférés à
Shawinigan.
M. Jolivet: Le gars qui connaissait cela en a profité pour
l'enregistrer.
M. Proteau: En fait, il y a peut-être eu une erreur, mais
il a sûrement...
M. Jolivet: J'ai laissé tomber le dossier à un
moment donné, parce que la personne - cela faisait un bout de temps
qu'on traînait le dossier -est morte. Au moment où elle est morte,
les enfants...
M. Pagé: Cela a réglé votre problème.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: C'est ce que j'ai dit, sauf que le problème
que j'ai, c'est que les enfants ont laissé tomber le dossier. Ils ont
dit: On ne se chicanera pas pour cela.
Je voulais m'assurer qu'il n'y ait pas d'injustice de
créée. Cela va.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 10 est-il
adopté?
M. Jolivet: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. L'article 11?
M. le ministre.
M. Pagé: Mme la Présidente, cela lait
référence à l'article 15 de la loi dont on remplace le
deuxième alinéa. On y dit: "Lorsqu'il veut prononcer une
révocation pour le seul motif que le locataire est introuvable ou
décédé, il doit faire afficher, sur un immeuble public
situé à proximité de cette terre, un avis de son intention
de prononcer cette révocation -quand on dit "il", vous comprenez qu'on
se réfère toujours au ministère et à l'humble
personne que je suis comme ministre - cet avis doit reproduire l'article
16 et doit être affiché au moins 30 jours avant la date de la
révocation."
Donc, c'est une disposition formelle qui encadre cette volonté
très claire du ministère et de son équipe de faire tout ce
qui est humainement possible pour rejoindre les gens susceptibles
d'être concernés par une telle révocation. Alors,
dans le cas où le locataire renonce à son bail, n'en respecte pas
les conditions ou encore contrevient à la présente loi ou
à un règlement adopté sous son autorité,
l'affichage public constitue une procédure qui ne trouve pas sa
justification, étant donné que le locataire ne peut
prétendre préjudice ayant été dûment
avisé à cet égard.
Il en va, cependant, autrement dans les cas où le locataire est
introuvable ou encore lorsque le ministre ne peut identifier les
héritiers d'un locataire décédé. Afin de permettre
à ces derniers de s'opposer à la révocation
projetée, un délai d'affichage suffisant de 30 jours est
prévu.
M. Jolivet: On parlait de 13 500 dossiers, vous en avez
ajouté 3000 après-midi.
M. Pagé: Donc, cela presse de régler cela, il s'en
ajoute tout le temps.
M. Jolivet: 13 500, c'est le nombre de dossiers qu'on avait sous
concession. Il y en a 8000 qui ont fait une demande, et 3300 ont
été réglés. Avec les 3000 additionnels dont on
faisait mention tout à l'heure, qui sont arrivés par le
réaménagement, cela donne 17 000 dossiers.
M. Proteau: Ces lots ne sont pas considérés comme
des lots sous billet de location.
M. Jolivet: Je sais, mais je veux savoir s'ils auront la
même procédure.
M. Proteau: Ils peuvent être sujets à la même
procédure si on les loue.
M. Jolivet: Donc, si quelqu'un est introuvable ou
décédé. La question que je me pose, c'est: Avez-vous un
inventaire disant, dans l'ensemble des 17 000 cas potentiels, le nombre de lots
où...
M. Proteau: Où de tels cas pourraient se
présenter?
M. Jolivet: ...vous pensez qu'il n'y aura pas de gens comme cela?
Est-ce que ce sera minime?
M. Proteau: Actuellement, on évalue à 5 % ou 10 %
le nombre de cas où la situation pourrait se poser et où on
serait obligés de révoquer les droits.
M. Jolivet: Entre 1000 et 2000.
M. Proteau: Oui, au maximum. Mais, de toute façon, comme
je le soulignais à l'article précédent, toutes les fois on
demande au bureau local de faire une enquête. Les notaires du
ministère vont dans les bureaux d'enregistrement, dans les bureaux des
municipalités et, si on ne trouve rien, on demande aux employés
du ministère en régions de faire enquête auprès des
voisins, des gens qui pourraient les connaître, pour voir - dans ce
cas-ci, on parle d'un locataire, mais cela peut être le détenteur
d'un billet de location - s'il est connu ou si ses héritiers sont connus
pour que l'on puisse les aviser qu'ils ont des droits.
M. Jolivet: Vous prenez tous les moyens nécessaires pour
vous assurer, comme on le disait tout à l'heure, qu'il n'y ait pas de
problème.
M. Proteau: Oui.
M. Jolivet: Cela va. D'ailleurs, c'est une modification qui est
de concordance avec l'article 10 qu'on vient d'adopter.
M. Proteau: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 11 est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 12? M. le
ministre.
M. Pagé: Mme la Présidente, étant
donné la possibilité pour le ministre de transmettre un avis de
révocation, sauf dans le cas où le détenteur est
décédé ou introuvable, cet article vise à
établir la concordance entre ces nouvelles dispositions et l'article 16
de la loi actuelle. En effet, l'article 16 de cette loi est modifié par
l'insertion, dans la deuxième ligne du premier alinéa et
après le mot "date", des mots "de la réception ou".
Concordance.
M. Jolivet: Toute personne qui désire s'opposer à
la révocation d'un bail doit, dans les 30 jours de la date de la
réception de l'avis, faire connaître..."
C'est ce que cela veut dire?
M. Pagé: C'est cela: "de la réception ou de
l'affichage de l'avis, faire connaître..."
M. Jolivet: Une minute, répétez. Cela devient:
"jours de la date de la réception ou de l'affichage de l'avis".
M. Pagé: "De la réception ou de l'affichage de
l'avis." C'est cela.
M. Jolivet: Le mot "réception" est-il indiqué?
Parce que c'est toujours la question qui se pose. Je me souviens que, lors des
négociations, on avait toujours le même maudit problème.
Est-ce que la réception, c'est la réception que l'individu a?
Comment peut-il faire, parce que vous dites: Dans les 30 jours de la date de la
réception?
M. Pagé: C'est que, dès le moment où un avis
est posté, il appartient à ta personne à qui l'avis est
adressé, en droit.
M. Proteau: Sauf qu'on a voulu même donner plus de chance;
ce sont toujours des envois recommandés, alors qu'on a la date de la
réception.
M. Jolivet: En plus. M. Proteau: En plus.
M. Jolivet: C'est cela, parce que là, je fais allusion à
des négociations qu'on avait eues où tu envoies un avis à
quelqu'un pour congédiement, admettons, et tu dis: À la date de
réception, tu as tant de jours pour répondre. Et là vous
dites: Par courrier recommandé. Pour une raison ou pour une autre, le
gars refuse de la signer, donc, il n'est pas acheminé. Vous allez
prendre d'autres moyens pour le faire? Donc, pour s'assurer, que soit par
huissier ou par d'autres personnes, que, finalement, le gars l'a eu entre les
mains et qu'il a refusé de le prendre. Là, il aura un avis
disant: II a refusé de le prendre.
M. Proteau: Oui, oui. En fait, on n'a pas voulu indiquer le mode
d'envoi. Cela peut être par poste recommandée, cela peut
être par poste certifiée, cela peut être par livraison en
mains propres ou par huissier. On a voulu, quand même, se garder des
possibilités pour ne pas que cela devienne trop lourd.
M. Jolivet: Dans le règlement.
M. Proteau: Non, on n'a même pas besoin de
règlement.
M. Jolivet: Non.
M. Proteau: Mais il y aura toujours une preuve. Si nous ne sommes
pas capables de faire la preuve de la date de la réception, on n'est pas
capables de révoquer par le fait même.
M. Jolivet: Cela m'inquiète un peu.
M. Pagé: Ne vous inquiétez pas.
M. Jolivet: Pourquoi?
M. Pagé: Parce que vous n'avez pas de raison.
M. Jolivet: Je suis là pour m'inquiéter, ma "job"
c'est de m'inquiéter pour m'assurer que tout est correct.
M. Pagé: Vous avez une "job" plate, vous?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Vous pensez, vous? Ah oui! Vous avez fait cela
pendant neuf ans, vous?
M. Pagé: J'ai fait cela pendant neuf ans, neuf ans de
purgatoire et, après cela, j'ai passé à l'enfer.
M. Jolivet: Je peux dire que j'ai bien du plaisir à faire
cela. J'ai bien du plaisir à faire cela. Les gens du pouvoir parfois
nous regardent aller et disent: Comment se fait-il que vous ayez ceci ou cela?
On le demande. Mais je veux juste m'assurer que "la réception de
l'avis", cela veut dire que c'est à vous autres de faire la preuve qu'il
l'a reçu et non pas à l'individu.
M. Proteau: Oui, c'est cela.
M. Pagé: Parce que l'individu va prétendre qu'il ne
l'a pas reçu.
M. Jolivet: Oui, mais s'il prétend qu'il ne l'a pas
reçu, à un moment donné, vous allez envoyer deux huissiers
ensemble avec un qui est témoin de l'autre et, s'il signe comme quoi il
refuse de le prendre, là, vous allez considérer qu'il l'a
reçu, finalement. Il a refusé de le prendre.
M. Proteau: Au pire, dans ce cas-là, s'il ne le
reçoit pas, à ce moment-là, on va prendre l'avis public,
on va afficher. On aurait toujours cette possibilité-là.
M. Jolivet: Trop fort ne casse pas, là. Donc, c'est "dans
les 30 jours de la date de la réception ou de l'affichage de l'avis",
c'est-à-dire qu'après tant d'essais auprès de l'individu,
s'il ne veut pas l'avoir, vous vous organisez pour dire: On va l'afficher et
l'affichage se fait dans les lieux publics ordinaires, l'hôtel de
ville...
M. Proteau: L'hôtel de ville, à la porte de
l'église à certains endroits.
M. Jolivet: ...ou encore à la porte de l'église,
c'est le moment de le dire. C'est la meilleure place parfois. D'accord sur
l'article 12.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. M. Pagé:
Le bureau de poste.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 12 est
adopté? L'article 13? M. le ministre, l'article 13.
M. Pagé: Merci, Mme la Présidente, de me rappeler
à l'ordre. Alors, les délais d'affichage étant
prévus à l'article 11 du projet de loi qui modifie l'article 15
de la loi actuelle, il y a lieu d'abroger l'article 17 prévoyant un
délai spécifique de 60 jours au cas où le détenteur
est introuvable. Alors, le libellé de la loi précédente
n'est plus nécessaire et, comme le législateur n'est pas
supposé parler pour ne rien dire, on abroge.
M. Jolivet: C'est une prétention. M. Pagé:
Pardon? M. Jolivet: C'est une prétention. M. Pagé:
C'est cela.
M. Jolivet: Parce que, parfois, il parle un peu trop pour tout
dire.
M. Pagé: On voit avec les débats suscités
par l'Opposition que, parfois...
M. Jolivet: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Ce n'est peut-être pas le
législateur comme institution, mais les membres qui parlent pour ne rien
dire.
M. Jolivet: Non, non.
M. Pagé: Parole de député qui a
siégé dans l'Opposition.
M. Jolivet: Oui, mais ce n'est plus pareil.
M. Pagé: Oh, Seigneur!
M. Jolivet: Vous savez, j'ai fait...
M. Pagé: Vous sortez nos vieux discours. Notre
défaut lorsqu'on quitte l'Opposition, c'est qu'on laisse nos discours
dans notre pupitre.
M. Jolivet: Non, mais...
M. Pagé: Alors, ceux qui arrivent les ressortent et les
refont.
M. Jolivet: Mais, je vais vous dire honnêtement qu'il y a
certains discours que je n'aimerais pas faire; je les ai entendus sur le
siège de la présidence.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, l'article 13 est
adopté?
M. Pagé: Vous n'en êtes pas tombé. M.
Jolivet: Non, mais endormi. Oui... La Président (Mme Dionne):
Adopté? M. Jolivet: Adopté. La Présidente (Mme Dionne):
L'article 14?
M. Pagé: Alors, Mme la Présidente, comme vous le
savez sans doute, l'article 62 de la Loi sur les terres du domaine public
confère à tout ministre qui a autorité sur une terre le
pouvoir de prendre possession sans indemnité et de disposer des
bâtiments érigés sans droit sur cette terre lorsque le
propriétaire lui est inconnu. La présente disposition vise
à accorder au ministre les mêmes pouvoirs concernant toute
construction ou amélioration se trouvant sur une terre sous son
autorité faisant l'objet d'un ordre de possession. "L'article 21 de
cette loi est modifié par l'addition, à la fin de l'article, des
mots "et le ministre peut en prendre possession et en disposer de la
façon qu'il juge appropriée". Ce sont des cas exceptionnels,
évidemment, mais on doit recourir à un tel libellé pour
s'assurer de la pertinence et du complément des actes pouvant être
posés par le ministre en semblable matière.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: On va prendre l'article 21 actuel qui dit: Trente
jours après l'expiration du délai d'exécution, toute
construction ou amélioration ou tout bien meuble se trouvant sur la
terre décrite dans l'ordre fait partie du domaine public, sans
indemnité". Vous ajoutez: "et le ministre peut en prendre possession et
en disposer de la façon qu'il juge appropriée". Donc, quand vous
vous êtes donné des "droits, obligations et pouvoirs" tout
à l'heure, à l'article 5, si je comprends bien, c'est ça
que vous proposiez?
M. Proteau: En fait, il faut tenir compte d'une situation un peu
particulière. Lorsqu'on prend possession de maisons ou de bâtisses
à la suite d'une révocation ou d'une expulsion, s'il s'agit d'un
"squatter" qui s'est installé là, l'expérience nous a
montré que, dans les 24 heures qui suivent le départ du
possesseur, souvent, le fenêtrage, la tuyauterie, la filerie
électrique disparaissaient également. Or, si on a les moyens
nécessaires pour en disposer très rapidement, on peut s'arranger
pour qu'aussitôt que la personne pari un tiers en prenne possession ou
démolisse sans qu'il ne reste que des ruines.
M. Pagé: Ou agisse comme séquestre ou quelque chose
comme cela. Le gouvernement a ces pouvoirs-là.
M. Proteau: Oui, quelque chose comme cela. Parce qu'autrement, on
est obligés de procéder selon le Code de procédure civile
ou, l'autre possibilité, selon la disposition des biens publics
excédentaires et c'est très long.
M. Jolivet: Je comprends.
M. Proteau: Nous, on a voulu simplement prévoir que les
bâtisses qu'on a sur nos lots et qui deviennent vacantes à la
suite d'un ordre d'expulsion ou d'un départ volontaire de
l'occupant...
M. Pagé: Qu'elles soient bien protégées.
M. Proteau: ...soient protégées
adéquatement.
M. Jolivet: Est-ce que cela veut dire qu'à ce
moment-là vous allez mettre un gardien en attendant? Parce que cela peut
prendre une, deux, trois semaines, un mois.
M. Pagé: Cela se pourrait.
M. Proteau: Cela pourrait être ainsi, comme cela pourrait
être l'accord pour une vente
immédiate de la bâtisse avec l'entente que l'acheteur la
déménage ou la démolisse à ses trais.
M. Pagé: Mais cela, ce sont des délais aussi.
M. Proteau: Non. C'est que là, on peut prendre entente. La
plupart du temps, il faut être quand même...
M. Jolivet: Ma question est que ne passant pas par les biens
excédentaires, vous ne passez pas par la SIQ?
M. Proteau: Non.
M. Jolivet: Si vous ne passez pas par la SIQ, vous êtes les
propriétaires directement. Comme propriétaire directement, vous
ne passez même pas par soumissions. Vous allez directement là. Je
m'inquiète encore.
M. Proteau: On ne veut pas se retrouver avec des
décombres, si vous voulez. Ce sont souvent des bâtisses qui ont
très peu de valeur et, lorsque les éléments
intéressants sont partis, comme le fenêtrage, ces trucs-là,
ce qui reste ne vaut même pas la peine que quelqu'un soumissionne pour le
nettoyer, étant donné la valeur de ce qui reste.
M. Jolivet: Parce que le ministère de l'Énergie et
des Ressources, en forêt, à ma connaissance, il fait
démolir...
M. Pagé: Ou il démolit.
M. Jolivet: ...par l'individu lui-même. Il lui dit:
Écoute, tu peux prendre la bâtisse que tu as là. On va te
permettre de la transporter si tu veux. Organise-toi. À ce
moment-là, si la personne la transporte, elle prend soin que personne ne
la brise.
M. Proteau: Cela peut être une solution comme cela
également.
M. Jolivet: Deuxièmement, il dit: Tu vas la
démolir. Troisièmement: Si tu ne fais ni l'un ni l'autre, on met
le feu dedans. Cela arrive souvent. Les "squatters" en particulier. Fini!
M. Proteau: Oui, cela ou ils la font sauter.
M. Jolivet: En tout cas, ils prennent le moyen le plus rapide
possible.
M. Proteau: Nous, on veut simplement ne pas se retrouver avec
quelque chose qui peut nous apporter des problèmes, qui peut engager la
responsabilité du ministère.
M. Jolivet: Donc, vous me dites - je vous crois sur parole - que
ce sont des choses qui ne valent pas grand-chose. Mais admettons que, sur une
terre dont vous faites mention, le gars est un "squatter", il n'est pas capable
de prouver qu'il était là. Il était là vraiment
illégalement. Le ministère ne veut pas lui vendre.
M. Pagé: Pourquoi?
M. Jolivet: Pour toutes sortes de raisons, admettons, je donne un
exemple.
M. Pagé: Je n'admets pas.
M. Jolivet: Et c'est une belle maison. Quand on parle de
fenêtrage, si on va dans le bois, ordinairement, ce sont des
résidus. Bien, des résidus, je ne parle pas négativement
quand je dis cela. Quelqu'un a refait sa maison, il a changé ses
fenêtres et il a revendu cela à un autre qui les a données
à son "chum" qui a construit un chalet avec cela. Ce sont des choses
semblables. Cela n'a pas une grande valeur réelle.
Mais, admettons que c'est une belle bâtisse, que vous vous
retrouvez avec cela et que vous la vendez à qui vous voulez, sans aucune
soumission publique. Il y a un danger. Je m'inquiète pour vous. (17 h
45)
M. Proteau: C'est très rare. Dans les cas qu'on a connus
jusqu'ici, on a toujours autorisé la personne à garder son bien,
soit a le démolir, soit à le déménager.
M. Jolivet: D'accord.
M. Proteau: Ce sont, quand même, des cas très rares,
mais on a voulu donner au ministre le pouvoir de réagir très
rapidement.
M. Jolivet: Le ministre m'a dit que, là où il y a
de l'homme il y a de l'hommerie. Cela m'inquiète, car je me dis: II se
donne des pouvoirs. On disait qu'il y avait des pouvoirs qui pouvaient
être arbitraires. C'est un exemple de chose arbitraire dans le sens
où c'est lui qui décide de faire cela alors que, actuellement, la
loi oblige à faire des soumissions. On permet au plus haut
soumissionnaire de le démolir, de le transporter. On remet l'argent des
biens vendus au fonds consolidé de la province. Dans ce contexte, c'est
sûr et certain que cela s'est fait dans les normes. Mais ici vous dites:
Je veux alléger toute cette procédure, je veux m'assurer qu'il
n'y ait pas de problème. Cela m'inquiète.
M. Pagé: Vous préféreriez que, pour
être certain de sauver un tel bien qui nous appartient, alors qu'il y a
un avis d'éviction, etc., on doive communiquer avec la SIQ ou encore
entreprendre la procédure de cession des surplus, l'offrir à la
municipalité, à un organisme communautaire, etc. Non seulement il
ne resterait plus de fenêtres, il ne resterait plus rien.
M. Jolivet: Vous dites: "Trente jours après l'expiration
du délai d'exécution - c'est le délai d'éviction,
c'est cela, normalement? -...
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: ...toute construction ou amélioration ou tout
bien meuble se trouvant sur la terre décrite dans l'ordre fait partie du
domaine public, sans indemnité." Autrement dit, vous devenez
propriétaire, vous n'avez pas besoin de payer la personne pour
l'exproprier. Admettons que la personne n'a pas voulu partir, mais, d'un autre
côté, tout le monde le sait autour. Tant qu'il est là, il
n'y a pas de problème. C'est au moment où il est parti que les
problèmes commencent. Vous dites: "Trente jours après
l'expiration du délai d'éviction." Cela veut dire que vous le
mettez dehors manu militari avec ses meubles.
M. Pagé: Minou militari, avec son chat!
M. Jolivet: Minou. C'est le chat qui avait la grippe, il a
demandé s'il pouvait avoir du sirop pour matou. Ce que je veux dire,
c'est que le gars est dehors. Tout le monde le sait dans la paroisse que le
gars est dehors. Le jour où il est dehors, le gars a tellement fait de
déclarations publiques pour dire que le gouvernement, c'était
ceci, c'était cela, c'était épouvantable, que le monde est
ameuté. Tous les gens arrivent et démolissent la maison pendant
la nuit. Vous dites, dans ce contexte: Elle n'aura plus de valeur. Cela n'a
plus de valeur. Je veux prendre l'assurance que, quand je l'ai mis dehors, il y
en a qui rentrent ou que lui a un permis de démolition et qu'il met une
pancarte: Démolition par Untel. Il amène sa machinerie et il s'en
vient. Sans aucun avis public, sans passer par les procédures, vous
dites tout simplement: Nous faisons cela. Je disais: Si vous voulez faire cela,
cela prend des délais pour aller en soumissions, passer par la SIQ.
Peut-être que vous auriez intérêt à louer en
attendant quelqu'un...
M. Pagé: Comment, par les avis publics, avec 30, 60, 90
jours? Le même problème va reposer...
M. Jolivet: Une location au prix que vous voulez.
Déterminez une location normale selon le marché.
M. Pagé: Si le bien en jeu est important, le
ministère pourra faire placarder, pourra embaucher un gardien, pourra
demander à quelqu'un de surveiller. On veut administrer cette loi comme
un bon père de famille.
M. Jolivet: Tous les ministres ont dit cela. M. Pagé:
Pardon?
M. Jolivet: Tous les ministres disent cela, c'est normal, ils
veulent tous administrer comme des bons pères de famille.
M. Pagé: C'est cela. On va administrer cela comme du
monde. On ne s'en va pas là avec un esprit tordu et tout croche en vue
de...
M. Jolivet: Je vous accorde cela dès le départ.
M. Pagé: Bon.
M. Jolivet: La seule chose, c'est que ce ne soit pas trop
arbitraire.
M. Pagé: Qu'est-ce que vous feriez, vous? Dites-moi
cela.
M. Jolivet: Je suis sûr que je mettrais un gardien. C'est
sûr.
M. Pagé: On vient de vous dire qu'on va en mettre un
quand...
M. Jolivet: Vous dites que cela vous accorde tous les droits,
devoirs et obligations.
M. Pagé: Oui, M. le député, si la maison
vaut 200 $, est-ce qu'on va embaucher un gardien pendant trois mois pour aller
à la SIQ, un peu partout? Voyons!
M. Jolivet: 200 $, vous allez démolir cela rapidement.
M. Pagé: Vous allez être le premier à nous
accuser de dilapider les fonds publics.
M. Jolivet: 200 $, c'est, justement la cage du minou.
M. Pagé: J'ai vu des maisons abandonnées...
M. Jolivet: Je vais dire que c'est adopté sur division.
J'ai des craintes. Je ne veux pas vous donner de soucis pour l'avenir.
M. Pagé: Vous nous en donnez pour le présent.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 14 est adopté
sur division. L'article 15? M. le ministre.
Lettres patentes
M. Pagé: Mme la Présidente, les lettres patentes
relatives aux terres sous concession qui seront délivrées pour
l'avenir ne prendront pas effet, non plus, lors de leur délivrance ou de
leur signature par le ministre, mais bien lors de leur enregistrement dans les
divisions d'enregistrement concernées. Par conséquent, celles-ci
étant obligatoirement enregistrées dans chacune des divisions
d'enregistrement concernées, il n'apparaît plus nécessaire
de les soumettre à une double procédure d'enregistrement et de
conversion. C'est pourquoi, à l'article 15, on prévoit une
modification par l'addition, à la fin, de l'alinéa suivant: "Les
premier et le deuxième alinéas ne s'appliquent pas aux lettres
patentes délivrées en vertu de la section IV du chapitre III",
c'est-à-dire celles qui seront émises après
l'entrée
en vigueur de la présente loi.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lavioiette.
M. Jolivet: Vous dites que vous êtes soustrait à
l'obligation de faire enregistrer les terres concédées en vertu
de la loi, c'est-à-dire que vous les faites...
M. Pagé: Si vous le permettez, M. Proteau va vous
expliquer la notion de double enregistrement qui prévalait avant. Cela
sera plus clair.
M. Jolivet: D'accord.
M. Proteau: En vertu de la Loi sur le ministère de la
Justice, on est obligé d'enregistrer, au ministère de la Justice
ou au bureau d'enregistrement des documents d'État, toutes nos lettres
patentes.
M. Jolivet: Oui.
M. Proteau: Au ministère, par décision
administrative interne, pour publiciser nos actes aussi, on enregistrait
automatiquement dans les bureaux d'enregistrement. On a modifié le
processus actuel pour dire que les lettres patentes pour les lots sous billet
de location doivent obligatoirement être enregistrées dans les
bureaux d'enregistrement. Cela nous a lait dire que ce n'était plus
nécessaire, à ce moment-là, de s'obliger à les
enregistrer, également au bureau d'enregistrement des documents
d'État dont le rôle est d'assurer la conservation de ces
documents, mais pas d'en assurer la publicité. Alors, on s'est dit que
cela devenait non nécessaire.
M. Jolivet: En fait, on a actuellement des gens qui disent: II
est passé par le bureau régional du ministère des Terres
et Forêts ou de l'Agriculture, puis, là il est rendu au notaire
à Québec. Puis, le notaire que l'on appelait a dit: II est rendu
au ministère de la Justice, j'attends la réponse pour avoir le
papier officiel.
M. Proteau: On ne sera plus soumis à cette obligation
parce que, parfois, c'était assez long. Il y a une foule de raisons qui
peuvent expliquer qu'un document prenne du temps avant de revenir et qu'il soit
envoyé au client. On va, au moins, faire sauter cette étape, dans
ce cas-ci.
M. Jolivet: Donc, aussitôt que l'individu, au niveau
régional, aura passé l'étape de vérification et que
le ministère aura donné son accord, il devient enregistré
au bureau d'enregistrement de la division. Cela devient officiel.
M. Proteau: Oui et cela nous permettra de donner au
bénéficiaire un titre beaucoup plus rapidement.
M. Jolivet: Bravo, M. le ministre!
M. Pagé: Merci. Je vais le noter.
M. Jolivet: Notez-le. Je l'ai toujours dit, quand je suis
capable...
M. Pagé: Le 26 novembre 1987, à 17 h 53.
M. Jolivet: Le lendemain de la Sainte-Catherine.
M. Pagé: ...le député de Laviolette...
La Présidente (Mme Dionne): L'article 15 est-il
adopté?
M. Jolivet: Avec un bravo. M. Pagé:
...apprécie.
La Présidente (Mme Dionne): Avec un bravo? On passe
à l'article 16. M. le ministre.
M. Pagé: Mme la Présidente, étant donné que
les lettres patentes devront dorénavant toujours être
enregistrées dans les divisions d'enregistrement concernées, il
devient nécessaire de prévoir le même mode de
publicité pour ce qui est des rectifications ou des corrections à
apporter à celles-ci en cours de route. "L'article 26 de cette loi est
modifié par leremplacement, dans les troisième et
quatrième lignes du deuxième alinéa, des mots "au
registraire du Québec pour que mention en soit faite à leur
enregistrement." par les mots ",le cas échéant, au registraire du
Québec et au registrateur de la division d'enregistrement
concernée pour que mention en soit faite en marge du document ainsi
corrigé." Concordance avec la disposition précédente.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M: Jolivet: Oui, ce ne sera pas long. On dit que non seulement il
enverra un avis au registraire du Québec, mais aussi à la
division d'enregistrement concernée. Dans le cas de correction ou d'un
remplacement de lettres patentes erronées, car, des fois il y a des
lettres patentes qui sont émises, dans lesquelles il y a des erreurs, il
fallait recommencer tout le processus?
M. Proteau: Oui, il fallait obtenir une copie. Une fois la
correction faite, il fallait retourner cela au ministère de la Justice,
au bureau d'enregistrement des documents d'État; il fallait que cela
revienne et, si on l'avait enregistré au bureau d'enregistrement, il
fallait l'enregistrer également au bureau d'enregistrement. Maintenant,
lorsqu'il s'agira de lettres patentes selon la nouvelle formule, le cas
échéant, on va l'enregistrer uniquement au bureau
d'enregistrement. Il peut y avoir des erreurs soit à la suite d'une
mauvaise désignation du nom parce que les noms peuvent
être mal orthographiés, soit dans nos dossiers, soit au
bureau d'enregistrement, et que la personne nous demande, avec raison, de
corriger cela, c'est fréquent, soit que, quand on mentionne la
superficie, à la suite d'un arpentage, on s'aperçoive que la
nouvelle superficie est différente de celle qui était apparente,
mentionnée.
En fait, c'est uniquement un article de concordance pour tenir compte de
la modification qu'on apporte à l'article précédent.
M. Jolivet: D'accord, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. L'article 17?
M. le ministre?
Droits et obligations du concessionnaire
M. Pagé: On apporte des modifications afin de permettre
l'adaptation de cet article au nouveau processus de transfert prévu par
la présente loi. Cependant, les droits des concessionnaires ne sont pas
modifiés. Or, c'est ainsi qu'on lit, à l'article 17: "L'article
28 de cette loi est modifié: 1° par le remplacement du premier
alinéa par le suivant: "Une terre agricole du domaine public
visée à l'article 2 - ce à quoi on a
référé tout à l'heure - demeure sous concession
tant et aussi longtemps que des lettres patentes n'ont pas pris effet
conformément à la section IV ou que le ministre n'a pas
prononcé de révocation à son égard; 2° par le
remplacement, dans la deuxième ligne du troisième alinéa,
des mots "délivrance de" par les mots "prise d'effet des".
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette
M. Jolivet: Cela introduit, à ce moment, la notion, comme
vous le dites à la fin de votre intervention, de "prise d'effet"
plutôt que de "délivrance". Parce que, tant et aussi longtemps que
nous n'avez pas émis, comme ministre, un certificat qui atteste que le
bénéficiaire a acquitté tous les frais nécessaires
à la délivrance tel que prévu à l'article 25...
C'est ça? On fait mention des frais. Donc, à l'article 25, on dit
la prise d'effet des lettres patentes plutôt que la délivrance
parce que pour délivrer, il faut avoir payé tous les frais.
M. Proteau: S'il y en avait.
M. Jolivet: S'il y en avait. Vous dites "la prise d'effet". On
dit, à l'article 25, "43.9 Lorsque les lettres patentes font mention
d'une somme due au ministre, le transfert de la terre concernée est
réputé ne s'être effectué à la date
d'enregistrement des lettres patentes qu'à la condition de
l'enregistrement par le ministre d'un certificat attestant de l'acquittement
des frais. Après l'enregistrement de ces lettres patentes et tant que ce
certificat n'est pas enregistré, tout enregistrement porté en
regard de cette terre est sans effet."
M. Proteau: Ce qu'on veut dire ici, c'est que, tant que les
lettres patentes n'ont pas été enregistrées, d'une part -
on va prendre une première possibilité - le lot demeure sous
billet de location. Mais, du moment que la lettre patente est
enregistrée et que rien n'est dû au ministre, il y a une prise
d'effet dès que la lettre patente est enregistrée.
M. Pagé: Là, ça devient un titre. M. Proteau:
Oui.
M. Jolivet: Et, là, vous recevez trois mois après
votre papier officiel.
M. Proteau: Non, on n'en a pas besoin. M. Jolivet: Non? Vous
allez le recevoir là?
M. Proteau: Non, cela va aller assez rapidement.
M. Pagé: En vertu de la loi, ça s'applique.
M. Jolivet: Je suis d'accord. Mais je veux dire que la prise
d'effet, c'est au moment où il est enregistré. La
délivrance, c'est quand il reçoit son papier officiel.
M. Proteau: Non, non. Dans la loi actuelle, on parle de la
délivrance des lettres patentes et, dès que le ministre de
l'Agriculture signe la lettre patente, elle est délivrée. Elle
n'est pas nécessairement enregistrée et elle n'est pas
nécessairement entre les mains du bénéficiaire.
M. Jolivet: D'accord. Donc, la délivrance dit que le
ministre accepte que cela soit enregistré parce qu'il s'aperçoit
que tous les frais inhérents à la demande sont
réglés.
M. Proteau: Non, non.
M. Jolivet: Non, même pas?
M. Proteau: Quand on parle de frais, à l'article 43.9, ce
sont les frais que le ministre aurait pu encourir avec le nouveau processus
pour identifier la personne parce qu'elle n'a pas voulu collaborer ou pour
désigner le fonds de terre parce que la personne n'a pas voulu payer les
frais d'arpentage. Ce sont des cas tout à fait particuliers. Voici un
exemple: il y a une quinzaine de personnes sur un lot. Tout le monde veut avoir
sa lettre patente sauf qu'il y en a peut-être un ou deux qui refuse.
Là, on a le choix de faire attendre tout le monde jusqu'à ce que
cette personne se décide.
M. Jolivet: Ce qui arrive actuellement.
M. Proteau: L'autre possibilité, c'est que le ministre de
l'Agriculture paiera les frais encourus, délivrera les lettres patentes,
mais, en regard de cette personne, il y aura un montant à payer. Les
lettres patentes, dans ce cas-là, prendront effet seulement
lorsque le montant aura été acquitté.
M. Jolivet: Lorsqu'il aura été payé.
D'accord. Donc, il aura été délivré aujourd'hui,
mais pourra prendre effet dans trois mois lorsqu'il aura été
acquitté.
M. Proteau: Oui.
M. Jolivet: Si elle ne l'acquitte jamais, elle ne l'aura
jamais.
M. Proteau: Oui. M. Pagé: C'est cela.
M. Proteau: Et même, si elle ne l'acquitte jamais, le
ministre dans ce cas-là - on le verra plus loin - pourrait
révoquer cela.
M. Jolivet: J'ai des cas comme cela. Vous me faites penser qu'au
ministère de l'Énergie et des Ressources il y a un
problème semblable touchant le remembrement des terres du domaine
public, puis la vente à des gens pour, comme je le dis, malheureusement,
débarrasser des terres. À ce moment-là, on revient
à des gens qui, pour une raison ou pour une autre, refusent et tous les
autres sont bloqués à cause d'eux.
Alors, l'article 17 est adopté. On serait rendu à
l'article 18. Mme la Présidente, j'ai demandé au ministre, vu que
je dois intervenir en Chambre à 20 heures, de commencer à 20 h
30.
La Présidente (Mme Dionne): À 20 h 30. Y a-t-il
consentement?
M. Jolivet: Oui.
M. Pagé: À 20 h 30, il n'y a pas de problème
et tous les parlementaires sont invités à aller écouter
notre collègue.
La Présidente (Mme Dionne): On suspend nos travaux
jusqu'à 20 h 30.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 51)
La Présidente (Mme Dionne): La commission reprend ses
travaux. Nous sommes à l'article 18. L'article 17 a été
adopté juste avant qu'on suspende les travaux. M. le ministre, on vous
écoute sur l'article 18.
M. Pagé: C'est un article très intéressant,
Mme la Présidente, qui réfère uniquement à une
abrogation. Le concessionnaire ayant tous les droits et les obligations d'un
propriétaire, l'approbation du ministre, prévue par l'ancien
article 29 de la loi, n'est plus requise. De plus, pour les mêmes motifs,
les prohibitions et les restrictions prévues à l'ancien article
30 sont également abrogées. La disposition prévue à
l'article 18 vise à ce que les articles 29 et 30 de la loi actuelle
soient purement et simplement abrogés.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Juste une chose. Je cherchais ce que j'avais dit tout
à l'heure à l'article 8 du projet de loi. C'est abrogé en
conformité avec ce qu'on a accepté tout à l'heure,
à l'article 9, où on disait que le ministre vise à
garantir ou à valider les hypothèques, les servitudes et autres.
Donc, c'est une concordance.
M. Pagé: C'est cela, tout simplement.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. L'article 19?
M. le ministre.
M. Pagé: À l'article 19, Mme la ministre, on a un
amendement.
La Présidente (Mme Dionne): L'amendement se lit comme
suit: "1° L'article 30.1, introduit par l'article 19 de ce projet de loi,
est modifié: a) par l'insertion, dans la première ligne du
premier alinéa, après le mot "terre" des mots "ou ses ayants
droit"; b) par le remplacement du troisième alinéa par le
suivant: Le deuxième alinéa n'affecte pas le transfert de
propriété. 2° Le troisième alinéa de l'article
30.2, introduit par l'article 19 de ce projet de loi, est modifié par le
remplacement, dans la deuxième ligne des mots "superficie
indiquée" par les mots "terre désignée".
M. Pagé: Mme la Présidente, comme on l'a dit
précédemment, le concessionnaire a tous les droits et obligations
d'un propriétaire; il peut hypothéquer ou consentir tout autre
droit sur une terre qui est encore sous concession. On l'a indiqué en
regard, entre autres, des servitudes. Cependant, l'effet de ces actes
juridiques est suspendu, tant et aussi longtemps que la terre
concernée n'est pas transférée dans le domaine
privé et que le détenteur n'est pas identifié par le
ministre. Ceci est fait au même titre que certaines dispositions de droit
commun permettant d'hypothéquer un immeuble avant d'en avoir fait
l'achat. L'hypothèque, à ce moment-là, ne prend effet
qu'à compter de cette acquisition.
L'effet suspensif mentionné à l'alinéa
précédent ne s'applique cependant pas au transfert du droit de
propriété, c'est-à-dire vente, donation, échange,
succession, cession. Cet aspect ne taisait, d'ailleurs, pas l'objet de
prohibition ou de conditions dans le cadre de la loi actuelle.
Les modifications qu'on apporte à l'article 19: l'amendement
à 30.1 prévoit que tout détenteur d'une terre sous
concession, peu importe l'époque où le droit est consenti -
privilège, servitude - peut se prévaloir des dispositions
de l'article 30.1. L'amendement proposé à b) vise à
éviter que certains droits, charges, hypothèques consentis
accessoirement à l'intérieur d'un acte translatif de
propriété ne soient opérants malgré les
dispositions générales de l'article 30.1. Par contre,
l'amendement maintient la possibilité, pour un détenteur, de
transférer ses droits à la propriété, vente,
donation, déclaration de succession, échange. L'amendement
à 30.2 - l'a-t-on vu? Oui - vise à éviter toute
ambiguïté étant donné qu'en principe les lettres
patentes délivrées ne feront pas état de la superficie des
terres comme on le disait tantôt, mais plutôt de ce qui est
désigné.
M. Jolivet: C'est par concordance avec ce qu'on a accepté
tout à l'heure.
M. Pagé: C'est ça.
M. Jolivet: Ça va pour 2. Si je comprends bien, à
l'article 30.1, premier paragraphe cela devient: "Le concessionnaire d'une
terre ou ses ayants droit peut consentir tout droit relatif à cette
terre." C'est ça? On ajoute "ou ses ayants droit". "Le concessionnaire
d'une terre ou ses ayants droit peut consentir tout droit relatif à
cette terre." C'est ça?
M. Pagé: C'est ça.
M. Jolivet: Je me pose une seule question. Vu que vous mettez "ou
ses ayants droit", n'y a-t-il pas ambiguïté si vous laissez le mot
"peut" écrit comme cela en français?
M. Pagé: Non.
M. Proteau: Non. C'est l'un ou l'autre. Le concessionnaire
peut...
M. Pagé: ...ou ses ayants droit peuvent...
M. Jolivet: "Peuvent". Oui, c'est ça. C'est pour
ça. Je ne veux pas qu'il y ait d'ambiguïté.
M. Pagé: Non.
M. Jolivet: D'accord. Vous autres aussi, vous l'avez
remarqué.
M. Pagé: Je ne vois pas de problème
là-dessus. Si on peut poser un geste juridique, quiconque dans la
succession peut poser le même acte juridique. On ne peut pas céder
par succession plus de droits qu'on n'en a, mais pas moins non plus.
M. Jolivet: Je ne ferai pas de chichi, mais je pense que vous
vous êtes posé la question. Vous dites: "Le concessionnaire d'une
terre ou ses ayants droits", si vous le prenez globalement, c'est-à-dire
la succession.
M. Pagé: Seriez-vous moins inquiet si on disait
"peuvent"?
M. Jolivet: Je me le demandais. M. Pagé: "Peuvent".
On peut.
M. Proteau: On n'a pas d'objection. Nous, on avait l'impression
que les deux pouvaient se dire. C'est pour cela que, lorsqu'on a apporté
la proposition d'amendement, on l'a laissé tel quel.
M. Jolivet: Vous avez la même chose que quand le roi est
mort. Il a dit: L'un ou l'autre peut ou peuvent se dire. Peut ou peuvent. C'est
pour cela qu'on est resté bloqué sur cela. C'est un peu juridique
d'une façon ou de l'autre. En tout cas, je n'ai pas d'objection à
le laisser comme cela. Si jamais, entre-temps, vous y
réfléchissez et que le ministre, lors de l'étude du
rapport, veut apporter un amendement, je ne lui ferai pas de
problème.
M. Pagé: On peut le faire tout de suite, si vous le
voulez. Cela va témoigner de notre grande
générosité, de cette ouverture d'esprit qui
caractérise l'équipe du côté droit du fauteuil de
notre distingué président.
M. Jolivet: D'accord.
M. Pagé: Suscité par celui qui occupe le fauteuil
gauche. Peut ou peuvent.
M. Jolivet: C'est parce que l'expression était: L'un ou
l'autre se dit ou se disent. Il est mort avec ça, le roi. Vous
souvenez-vous de l'histoire?
La Présidente (Mme Dionne): Si j'ai bien compris
l'amendement...
M. Pagé: Comme on ne voulait pas mourir chez nous, on a
réglé cela là.
M. Jolivet: "Le concessionnaire d'une terre ou ses ayants droit
peuvent consentir tout droit."
M. Pagé: Peut ou peuvent. M. Jolivet: Peuvent.
La Présidente (Mme Dionne): "...peut ou peuvent consentir
tout droit relatif à cette terre."
M. Jolivet: Là, c'est moins beau.
M. Proteau: On peut dire "peuvent".
M. Jolivet: Peuvent simplement. M. Pagé: Oui. C'est
mieux.
La Présidente (Mme Dionne): C'est mieux?
M. Jolivet: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): "Le
concessionnaire d'une terre ou ses ayants droit peuvent consentir tout
droit relatif à cette terre."
M. Jolivet: À b), on dit: Par le suivant: "Le
deuxième alinéa n'affecte pas le transient de
propriété." On disait avant: "L'alinéa
précédent -c'était le deuxième - ne s'applique pas
aux actes translatifs de propriété." Quelle est la
différence?
M. Proteau: En fait, on veut dire, pour qu'on puisse, nous,
continuer à faire la délivrance de lettres patentes, selon le
nouveau principe, il faut que les actes translatifs de propriété
se suivent, puissent être valables. En maintenant ce qui avait
été proposé au début, on n'arrivait pas à
cela, dans ce sens qu'on pouvait se faire opposer ceci: dans un acte de vente,
disons, il peut y avoir un solde de prix de vente garanti par
hypothèque, il peut y avoir une servitude consentie. Pour nous, ce qui
est important, c'est que ces actes-là ne sont pas opposables au ministre
de l'Agriculture tant que c'est sous billet de location, en ce sens que, si on
révoque, on ne veut pas, non plus, être pris avec
l'hypothèque...
M. Pagé: Et avec les servitudes, je comprends! (21
heures)
M. Proteau: ...et les servitudes qu'on n'aurait pas consenties.
On dit que tout ce qu'on veut valider, c'est la vente du lot, pas les autres
actes. Les autres actes sont validés par l'article suivant, 30.2. C'est
tout simplement cela. À la suite des discussions qu'on a eues avec des
collègues et des simulations qu'on a faites, on s'est aperçu que
la formulation proposée en mai pouvait prêter à
ambiguïté et aurait pu rendre opposables au ministre de
l'Agriculture des droits avec lesquels on ne voudrait pas rester pris advenant
une révocation.
M. Jolivet: Mais s'il reste sur l'immeuble des droits à
payer ou des hypothèques, qui va les payer?
M. Proteau: Dès que la lettre patente va être
délivrée, la loi se trouve à valider
rétroactivement tous ces droits qui ont été consentis dans
le passé.
M. Pagé: Et la lettre patente est délivrée
seulement lorsque tous les droits sont acquittés.
M. Proteau: Oui, envers l'État.
M. Jolivet: Donc, au lieu d'avoir une succession d'actes, vous
dites: Au moment du transfert, cela devient non opérant, le
deuxième alinéa ne s'applique pas, de façon à ne
pas être pris avec des hypothèques à payer ou des choses
semblables.
M. Proteau: Oui. Au cas où l'État se retrouverait
avec le lot. Parce que, pour une raison ou une autre, on peut être
appelé à révoquer la concession.
M. Jolivet: C'est ce que je veux savoir, quand vous
révoquez...
M. Proteau: C'est libre de toute charge qui a été
consentie.
M. Jolivet: Donc, disons que vous révoquez le lot de
quelqu'un parce qu'il est disparu et qu'il n'a plus d'ayants droit et que c'est
moi qui étais propriétaire à ce moment. Vous dites: C'est
bien dommage, il est révoqué et il y a des hypothèques que
quelqu'un doit, mais ce n'est pas nous.
M. Pagé: C'est cela.
M. Proteau: Cela pourrait être cela.
M. Pagé: Faites comme nous, cherchez l'erreur. Elle est
disparue.
M. Jolivet: Oui, mais pourquoi...
M. Pagé: Écoutez, normalement, lorsqu'un
créancier hypothécaire autorise un prêt, un acte
d'hypothèque, le minimum qu'il doit faire, c'est s'assurer que le bien
qui est ainsi hypothéqué peut l'être. Et là,
légalement, il ne peut pas l'être.
M. Jolivet: Oui, je le sais. Ce qu'on dit, c'est qu'on
décide rétroactivement de valider tout cela. Sauf que, lorsqu'on
révoque, on ne les invalide pas. J'essaie de voir si je comprends
bien.
M. Pagé: C'est cela. On ne les invalide pas sauf qu'elles
n'ont aucune portée sur le propriétaire du terrain qui est
toujours du domaine public.
M. Jolivet: D'accord. Autrement dit, le gars qui est
propriétaire actuellement devrait être à la recherche du
gars pour se faire payer son hypothèque. S'il ne le trouve pas et que
vous ne le trouvez pas non plus, vous dites: On n'est pas responsables de
l'hypothèque que l'autre a prise parce qu'il n'avait pas le droit d'en
prendre.
M. Pagé: C'est cela. Cela n'aurait pas d'allure. Cela n'aurait
pas de bon sens de faire payer par les taxes et les impôts des citoyens
et des citoyennes les sommes à débourser pour une
hypothèque imputée à un immeuble alors que cet immeuble ne
pouvait pas être grevé d'une hypothèque par un tiers et non
pas par le gouvernement.
M. Jolivet: Oui. Sauf qu'il y a quelqu'un qui perd.
M. Proteau: La loi dit que l'hypothèque est nulle. Donc,
de toute façon, il ne pouvait pas hypothéquer.
M. Pagé: Si elle est nulle, on ne peut pas payer.
M. Jolivet: Sauf que lorsque vous faites un transfert et qu'il y
a quelqu'un, l'hypothèque est... Autrement dit, quand c'est
l'État, vous ne transférez pas l'hypothèque, mais quand
c'est quelqu'un d'autre à qui vous transférez le terrain, vous
lui transférez son hypothèque en même temps, vous la
validez.
M. Pagé: Là, on reconnaît une transaction
privée entre deux individus.
M. Jolivet: D'accord. Je comprends cela.
M. Proteau: II reste une chose. C'est que la dette existe
toujours, la garantie n'était pas bonne avant. Avec la loi, on fait
simplement traduire ce que les parties ont voulu traduire.
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: Ce qui fait que, comme le gars a une perte sèche, il
fait une demande à l'impôt pour se faire rembourser. C'est le
Revenu qui paie quand même. C'est ce que je crois comprendre. En fait, on
a la même chose quand on arrive avec des cas à l'impôt, au
ministère du Revenu, le ministre a le droit, en vertu de la loi,
d'effacer les dettes à tous les dix ans.
M. Pagé: II ne l'efface pas souvent.
M. Jolivet: Donc, c'est l'État qui paie. À ma
connaissance, cela a toujours été fait. Dernièrement, il
me semble que votre ministre en a fait.
M. Pagé: Je vais lui en glisser un mot.
M. Jolivet: Ce qui était normal. C'est parce qu'ils ne
savent pas à qui le demander.
M. Pagé: Je vous promets de lui en glisser un mot, sauf
que je ne vous promets pas de faire rapport.
M. Proteau: Si vous le permettez, dans le fond, cette
disposition, c'est simplement pour inciter les gens, qui ont
intérêt à avoir des lettres patentes rapidement, à
nous aviser ou à coopérer tout simplement.
M. Jolivet: Oui, je comprends cela. J'ai compris que, dans ce
texte de loi, il y avait du "forcing", comme on dit en bon
québécois.
M. Pagé: Bien non.
M. Jolivet: D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que les amendements
sont adoptés?
M. Jolivet: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que l'article 19 est
adopté tel qu'amendé?
M. Jolivet: Oui, Mme la Présidente.
M. Pagé: À l'article 20, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Dionne): Oui.
M. Pagé: Comme on le sait, les terres sous concession, vu
qu'elles doivent faire l'objet d'un transfert au domaine privé, doivent
donc être soumises aux mêmes règles que tout autre immeuble
de même juridiction en ce qui concerne l'enregistrement des droits
réels. Par conséquent, tous les actes juridiques pouvant affecter
ces terres doivent être enregistrés dans les divisions
d'enregistrement appropriées et non plus dans les registres du
ministère. Le processus d'identification prévu à l'article
25 du projet de loi ne nécessite plus l'inscription du nom du
concessionnaire. Par contre, en vertu de la Loi sur le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation au paragraphe 6.2 de
l'article 2, le ministre est tenu de procéder quand même à
l'inscription des lettres patentes dans les registres appropriés, ce
qu'on appelle le terrier. Par conséquent: "La section II du chapitre III
de cette loi est abrogée."
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Donc, c'est clair.
M. Pagé: On y a fait référence cet
après-midi; on y revient.
M. Jolivet: En fait, c'est toute la dynamique qui est
inversée par rapport à ce que c'était avant. Autrefois,
c'était l'individu qui faisait une demande. Sa demande était
examinée et on faisait analyser cela. On mettait à la disposition
des gens du ministère en régions les sommes et les personnes
nécessaires pour faire la vérification du bien-fondé de la
demande. Là, on accordait les lettres patentes, ce qui fait qu'en fin de
compte il y en a 3000 sur 13 000 actuellement.
D'un autre côté, ce que vient faire l'abrogation, c'est que
vous venez, par cet article, dire: Le processus de transfert est
inversé; la dynamique est inversée: c'est le ministre qui prend
l'initiative. En prenant l'initiative, c'est lui qui procède à
l'inscription du bénéficiaire à la demande du ministre
maintenant et non pas à la demande de l'individu.
M. Proteau: Ici, il faut dire que la section II du chapitre III
prévoyait l'enregistrement des actes qui devaient nous être
transmis.
M. Jolivet: Oui, c'est cela.
M. Proteau: Dans bien des cas, ils ne nous étaient jamais
transmis. On reprend le cas de Grand-Mère. C'est ce qui s'est produit.
Mais, à de multiples endroits, les actes ne nous étaient jamais
transmis, de sorte qu'il fallait courir après,
demander aux gens de nous les faire parvenir.
M. Jolivet: J'ai une question à poser au ministre. Mon
problème est là. Le ministre dit: Dans la loi actuelle, à
la demande du bénéficiaire, le ministre faisait son inscription
et là, on commençait à faire l'étude.
M. Pagé: Voulez-vous répéter?
M. Jolivet: En vertu de la dynamique actuelle, dans le projet de
loi...
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: Des rencontres ont été prévues.
Il y a des gens qui ont été invités à des
rencontres. En tout cas, j'ai participé par l'intermédiaire de
mes employés à cela, parce que je ne pouvais pas y être
à ce moment-là. Mais je me suis fait raconter la discussion. Il y
a des gens qui sont venus me voir. Le bénéficiaire avait
été averti: D'accord, on sait que le lot sur lequel tu te trouves
n'est pas à toi, en vertu de certaines choses qui se sont passées
dans le passé. Si tu veux régulariser ta situation, fais-en la
demande.
Le ministre faisait l'inscription à ce moment-là à
la demande de ce bénéficiaire, de ce concessionnaire et,
là, on procédait selon les disponibilités du budget. Il y
en a 8000 comme cela qui ont été demandés. Il y en a 3000
qui ont été réglés et il en reste encore 5000 qui
ne sont pas venus vous voir. À cela, comme je le disais tout à
l'heure, il s'en est ajouté 2000 ou 3000, ce qui fait qu'en fin de
compte vous avez du monde qui faisait cette demande.
Aujourd'hui, ce que le ministre vient faire, c'est qu'il dit: Je vais
maintenant dire à Untel: C'est toi qui es sur une terre qui ne
t'appartient pas. Tu as tant de jours pour te décider à l'acheter
et à faire les processus qui s'imposent. Mais c'est le ministre qui
prend l'initiative de faire une proposition. Il fait une proposition. Cette
personne a tant de temps pour se décider. Pendant cette
période-là, quelqu'un peut contester parce qu'il en a entendu
parler ou parce qu'il a été averti. En tout cas, il y a toutes
sortes de choses qui peuvent se produire.
Vous me dites: Dans le passé, on demandait à ces
gens-là de nous fournir les documents nécessaires. Ces gens ne
nous les fournissaient pas. On avait de la misère à les avoir.
C'était difficile; c'était long. Il y a toutes sortes de raisons,
d'ailleurs. Je parle toujours de mon vieux corridor de tout à l'heure
dans le domaine des chemins de fer. Il y a des cultivateurs qui le veulent -
d'ailleurs, ils ont demandé un bail de location de dix ans avec le
ministère - et d'autres qui n'en veulent pas du tout. Là, la
municipalité s'y oppose aussi. En tout cas, tout le "chiard" est pris
là-dedans, mais il va falloir régler cela un jour.
Mais, dans ce contexte-là, ce qui se produit, c'est que vous
dites qu'il y en qui, pour toutes sortes de raisons, refusaient de donner les
documents et disaient: Écoute, je l'utilise quand même et,
à un moment donné, si tu décides de faire autre chose, on
verra. Entre-temps, je l'utilise. Là, je n'ai pas trop de troubles, je
fais de la culture là-dessus et de la coupe de bois...
La question que je me pose, c'est: Vous avez de la misère
à avoir des documents et, là, vous nous dites: Par cet article,
on inverse la dynamique. Mais vous n'aurez quand même pas plus de
documents. Cela veut dire que vous allez déterminer vous-mêmes
quels sont les propriétaires? Qui sont-ils?
M. Pagé: Vous savez, c'est une approche tout à fait
différente en ce qui concerne les principes de l'administration de cette
loi.
M. Jolivet: Mais j'ai compris.
M. Pagé: Plutôt que d'attendre l'initiative d'un
concessionnaire, c'est le gouvernement qui va enclencher le processus en
offrant les lettres patentes qui vont conférer un titre de
propriété par la suite au dernier occupant en titre ou
enregistré...
M. Jolivet: Connu.
M. Pagé: ...connu sur le terrain.
M. Jolivet: Je comprends cela. Est-ce que cela veut dire qu'il va
plus vous envoyer les documents dont vous avez besoin pour fonctionner ou bien
si vous allez décider qu'il est occupant? Comment allez-vous faire?
M. Pagé: II ne nous enverra pas plus de documents, sauf
qu'on va traiter le dossier à partir des autres éléments
qu'on avait dans le passé, de l'usage public. Cela peut être,
comme vous le disiez, des comptes de taxes, un enregistrement au bureau
d'enregistrement. Si le gars a donné une hypothèque, s'il a
posé des gestes juridiques sur ce lot-là, ces gestes juridiques
sont inscrits dans les bureaux d'enregistrement. C'est comme cela qu'on va
procéder.
M. Jolivet: Ce n'est pas parce que le gars a mis sa fosse
septique qu'il est nécessairement propriétaire.
M. Pagé: Je suis d'accord avec vous. M. Jolivet: II
y a des cas comme ceux-là. M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: Le gars dit: Ma fosse septique est là depuis
des années, personne ne m'a empêché...
M. Pagé: Vous semblez représenter un
comté-problème.
M. Jolivet: Non. C'est parce qu'il y a des gens qui s'occupent de
leur affaire, depuis 1962 dans certains cas; depuis 1970 dans d'autres cas.
Ils sont venus me voir pour toutes sortes de problèmes. Je vous
dis que ce sont des affaires bien normales.
M. Pagé: Oui, je le sais. On vit cela dans nos
comtés.
M. Jolivet: C'est cela. Je voudrais juste dire que ce n'est pas
un comté-problème; au contraire, c'est un comté dont le
député s'occupe des problèmes.
M. Pagé: C'est cela. C'est la meilleure façon de
durer en politique, M. le député.
M. Jolivet: C'est cela.
M. Pagé: Vous suivez l'exemple de votre voisin de
Portneuf, c'est bien !
M. Jolivet: Qui cela?
M. Pagé: Vous!
M. Jolivet: Ha, ha, ha! Alors...
M. Pagé: Vous êtes arrivé après
moi.
M. Jolivet: Oui.
M. Pagé: Vous êtes un jeune parlementaire.
M. Jolivet: Très jeune.
M. Pagé: Bon!
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que l'article...
M. Jolivet: Non, mais M. le ministre n'a pas fini, il avait autre
chose à me dire, j'en suis sûr.
M. Pagé: Bien, non! Je pense que vous devez vous
déclarer satisfait des commentaires que je vous ai faits.
M. Jolivet: Oui?
M. Pagé: Cela ne vous sécurise pas? Je vais charger
un de mes fonctionnaires de vous expliquer toute la dynamique, tout à
l'heure, si vous le vouiez.
M. Jolivet: Ah, il peut le faire tout de suite.
M. Labrecque (Pierre): La dynamique...
M. Pagé: Approchez-vous du micro.
M. Jolivet: Au micro, pour l'enregistrement.
M. Pagé: Dans le cornet, c'est bien important!
M. Labrecque: L'essentiel du projet de loi -si on comprend cela,
je pense qu'on n'aura aucun problème pour s'entendre jusqu'à la
fin - c'est que, par le passé, la loi prévoyait que les gens
faisaient des demandes s'ils voulaient obtenir leurs lettres patentes. C'est ce
qui motivait le fait qu'on devait procéder à plusieurs
séances d'information, expliquer les avantages de la loi et attendre que
les gens produisent leur demande.
Ce qui est arrivé l'expérience nous l'a
démontré depuis trois ou quatre ans - c'est que les gens
étaient très peu familiers, malgré toutes les explications
qu'on pouvait leur donner, avec les problèmes juridiques qu'une telle
demande pouvait comporter. Alors, ils nous envoyaient un formulaire: Je veux
mes lettres patentes. On leur réécrivait: Oui, mais on n'a rien
pour vérifier si tu es apte à obtenir tes lettres patentes;
alors, il nous manque tes titres de propriété. Ils nous
envoyaient leurs titres de propriété. On réalisait,
à la lecture de ceux-ci, qu'il y avait une succession qui n'était
pas réglée. On réécrivait, ils répondaient:
Écoutez, je ne l'ai pas fait régler. On disait: Allez rencontrer
votre notaire, faites-la régler et n'oubliez pas de nous envoyer vos
reçus de taxes. Alors, cela prenait un temps fou, un temps
considérable de correspondance entre les gens.
On s'est dit: On n'en sortira pas de cette façon. Effectivement,
on a prévu des délais qui allaient jusqu'à au-delà
de dix ans, au mieux, avec les coûts que cela implique pour
l'administration et l'insatisfaction que cela provoque également chez la
clientèle. D'ailleurs, vous en avez entendu parler. Cela leur
coûtait aussi des frais de 175 $ à 241 $ pour avoir leurs lettres
patentes, plus les coûts des copies qu'ils devaient nous procurer.
On s'est dit: On va inverser la dynamique et on va cesser de demander
aux gens des documents, des règlements et toutes sortes de choses sur
lesquelles nous pouvons nous baser dans nos bureaux de Québec. On s'est
dit: On n'a plus aucune raison de continuer à gérer des terres
pour lesquelles les gens ont des titres de propriété, des terres
qu'ils occupent, des terres qu'ils considèrent comme étant leur
propriété et cela, depuis de nombreuses
générations. On s'est dit: Qu'il y ait une demande de
formulée ou non, on liquide toutes les terres sous concession et nous,
on ira chercher les renseignements. (21 h 15)
Alors, le nouveau processus prévoit ceci: on prend les 8000 ou
9000 terres qui restent et pour lesquelles il n'y a pas de demande, on prend
les terres pour lesquelles il y a une demande, mais qui n'ont pas encore
été traitées et on va se déplacer, on va aller dans
les bureaux d'enregistrement. Alors, on a fait, à cet égard, des
simulations qui nous ont démontré qu'on pouvait régler
à peu près tous les cas où il n'y avait pas de vice de
titre apparent, directement dans les bureaux d'enregistrement. On pouvait les
régler en entier. Dans les cas de demandes où les documents nous
ont été fournis, mais où il manquait des renseignements,
en allant dans les bureaux d'enregistrement, en allant à la
municipalité, en allant dans les MRC, on pouvait également aller
chercher le renseignement qui nous manquait pour leur donner un bon titre
de
propriété.
Si on prend l'exemple de Grand-Mère, je ne vois pas comment on
pourrait commencer à expliquer à 2000 individus qui se croient
vraiment chez eux, et avec raison d'ailleurs, l'histoire des biens des
Jésuites qui ont été transférés à la
tin du siècle dernier. Ils vont dire: Cela n'a aucun bon sens. Je l'ai
acheté, moi. Mon père l'avait acheté, etc. Alors, on a
fait également la simulation à Grand-Mère et on est
allés dans les bureaux d'enregistrement de Grand-Mère. On les a
à peu près tous identifiés. Ces gens vont recevoir leurs
lettres patentes; la plupart du temps, ils ne le sauront même pas et leur
titre sera régularisé sans même qu'ils aient eu à
débourser un seul sou, sans même qu'ils aient eu à fournir
aucun document parce qu'on sera allé chercher les renseignements dans
les bureaux d'enregistrement, à la municipalité avec les matrices
graphiques. Alors, on étudie tous leurs titres de
propriété. On règle une très grande partie des cas
de cette façon. Cela ne leur coûte pas un sou. Ils n'ont pas un
seul document à fournir, c'est le ministère qui se déplace
pour aller chercher les renseignements appropriés.
Il va arriver, malgré tout, certains cas où on ne sera pas
capable de procéder parce qu'il y aura des problèmes de titre,
d'arpentage ou des choses comme cela. On s'attend à cela. Le projet de
loi prévoit certaines mesures pour réussir également
à régler ces problèmes. Je me réfère
à un cas, en Abitibi, d'une cinquantaine de propriétaires, des
villégiateurs, où il n'y avait pas d'arpentage. Il y a des gens
qui avaient des titres plus ou moins bien faits, ce qui a pour
conséquence qu'on n'est pas capables de procéder. Alors, on va
demander - c'est ce qui est prévu dans le projet de loi - aux gens
qu'ils nous fournissent des documents d'arpentage pour pouvoir procéder,
documents qu'ils auraient été obligés de fournir dans le
cadre actuel de la loi de toute façon; sans cela, ils n'auraient jamais
pu être régularisés. Ce n'est pas pénalisant pour
eux.
On parle, à un moment donné, de mesures incitatives. On
donne 30 jours. Prenons le cas où on a une dizaine de
propriétaires voisins. Il y en a neuf qui sont consentants à
mandater un arpenteur pour faire établir leurs titres de
propriété. Il suffit d'un seul qui dise: Moi, je refuse, et on ne
peut pas procéder parce que, s'il y a une personne qui refuse, cela nous
empêche d'établir les bornes avec le voisin d'à
côté. Cela crée de grands problèmes. Alors, le
ministère va assumer lui-même les frais pour celui qui refuse et
on va, lui aussi, le déclarer propriétaire, sauf qu'il sera
déclaré propriétaire suspensivement. Dans les 30 jours, on
lui demande: Tu nous fournis ton document. S'il ne le fait pas, on va
procéder et on va le déclarer propriétaire sauf que la
lettre patente qu'il recevra fera mention du fait que, pour le
ministère, cela a coûté disons 125 $. Alors, son titre de
propriété ne deviendra définitif, valide que sur
remboursement des 125 $. C'est la dynamique qu'on apporte.
M. Jolivet: Oui. Je comprends que la personne va recevoir du
ministre un document lui disant: C'est toi qui es propriétaire de ce
terrain. Là, ce que vous êtes en train de me dire, c'est que vous
aurez fait tout l'ouvrage avant, quand il va le recevoir. Cela va vous
permettre d'aller régler cela région par région et de
procéder cas par cas dans tout le Québec.
M. Labrecque: Nous allons faire le tour du Québec.
M. Jolivet: En faisant cela, vous dites: Toi, tu es
propriétaire de cela, tu ne le savais pas, mais tu les.
M. Pagé: Oui, on vous apprend...
M. Labrecque: Dans certains cas, oui.
M. Pagé: ...qu'en vertu de la loi...
M. Jolivet: ...que vous êtes l'heureux propriétaire
d'un terrain.
M. Pagé: ...régissant les terres publiques
agricoles, les lots qui ont déjà été donnés
sous concession etc., vous auriez pu être placé dans une situation
d'illégalité face à certains gestes qui ont
été posés - un exemple, les hypothèques, les
servitudes etc. - plutôt que d'être convié à un
exercice de demande de lettres patentes, procédure en vertu des
dispositions de la loi adoptée à l'unanimité devant
l'Assemblée nationale à telle date.
Bien souvent - je ne dis pas que c'est dans tous les cas - comme le
disait mon adjoint ici au ministère, la personne ne le saura même
pas. Elle va le découvrir par une inscription au registre dans le cadre
de la transaction ou de l'acte juridique suivant qui sera posé sur le
lot.
M. Jolivet: Cela ne leur coûte rien?
M. Pagé: Non, pas un sou. L'autre élément
qui est intéressant dans cela...
M. Jolivet: Sauf.
M. Pagé: ... - et cela vise, entre autres beaucoup de gens
en milieu appelons cela urbanisé - c'est que souventefois ce sont des
lots subdivisés, c'est un seul numéro de lot avec peut-être
75 ou 100 subdivisions, sans propriétaire. Il suffisait que, dans les
recherches de titre ou les recherches de superficie devant faire l'objet de
l'octroi de lettres patentes à la demande d'un requérant, un
quatrième ou un cinquième voisin dise: II n'en est pas question,
mon terrain va jusqu'à telle place, etc. Ce n'était dans
l'intérêt de personne de faire des actions en bordage, cela
coûte tout de même des sommes très importantes. Cela pourra
se régulariser.
M. Jolivet: C'est le ministre qui va, par l'intermédiaire
de la recherche qui sera faite par ses employés, envoyer la lettre et
dire: Vous ne le
saviez pas, mais je vous apprends que vous n'étiez pas
propriétaire d'un terrain sur lequel vous étiez; maintenant, vous
l'êtes. Sauf que...
M. Pagé: Je trouve que c'est mieux que le ministre envoie
une lettre pour dire à ces gens: Vous aviez un problème juridique
sur votre terrain, il est réglé, que d'envoyer des fonctionnaires
du ministère leur dire, comme c'était le cas avant. Monsieur ou
madame, vous n'êtes pas propriétaire. Ce n'était pas
drôle, cela!
M. Jolivet: Sauf que ce sont des cas exceptionnels quand ils ne
le savent pas. Moi, je connais de ces gars et ces femmes, dans les montagnes
chez nous, ils savent de quoi cela retourne.
M. Pagé: Allez faire un tour à
Saint-Joachim-de-Tourelle et allez leur dire qu'ils ne sont pas
propriétaires dans leur maison!
M. Jolivet: Oui, c'est la même chose qu'on peut dire
à Grand-Mère. Tout le monde apprend cela. Cela fait seulement
deux ans qu'on l'a appris. Les gens vont être surpris. Bon, ils vont
dire: D'accord, pourvu qu'il n'y ait pas de problème.
M. Pagé: C'est cela, il n'y en aura pas.
M. Jolivet: Ce que je veux seulement dire, c'est que la personne
a 30 jours pour accepter l'offre, si je comprends bien. Ou j'ai mal compris le
ministre quand il l'a dit. J'ai compris qu'on avait 30 jours pour dire: Oui,
j'accepte.
M. Pagé: Dans quel cas, cela?
M. Labrecque: C'est dans le cas, M. le député,
où l'arpenteur va faire le travail. Un des emplacitaires a refusé
sa collaboration. Nous, on va prendre fait et cause et on va mandater
l'arpenteur pour procéder.
M. Jolivet: J'ai compris cela. Disons que je suis le seul sur le
terrain, je reçois une lettre qui dit que je suis propriétaire
maintenant. Moi, en recevant cela, qu'est-ce que je fais?
M. Labrecque: Vous êtes propriétaire absolu et
définitif.
Une voix: II n'y a plus rien à faire.
M. Jolivet: Les 30 jours ne s'appliquent que dans le cas
où il y en a plusieurs qui peuvent contester.
M. Labrecque: Dans le cas où il y a des problèmes.
Disons que, si l'arpentage ne correspond pas au titre, là, on demande
à un arpenteur de procéder. Là, l'arpenteur dit:
D'après vos titres, d'après votre occupation, on a fait
l'arpentage de votre lot. Vos clôtures sont à tel endroit à
125 pieds, est-ce que cela vous convient? Est-ce que cela correspond à
ce que vous croyez avoir comme propriété?
M. Jolivet: S'il dit oui, c'est correct. M. Labrecque: S'il dit
oui, c'est correct. M. Jolivet: S'il dit non?
M. Labrecque: S'il dit non, il a 30 jours pour le dire.
M. Jolivet: D'accord. Si dans les 30 jours, il y en a un de la
"gang" qui dit non, il faut faire l'arpentage pour tout le monde.
M. Pagé: C'est cela.
M. Labrecque: C'est cela. Là, on tente de rencontrer les
parties. On va s'asseoir à une table avec les voisins et on va dire ce
qui ne va pas. On va essayer de régler cela de cette façon.
Lorsqu'on dit: Le ministre tente de concilier les parties, c'est cela. On a un
rapport d'arpentage: II semblerait que ton terrain mesure 125 pieds par 100
pieds. Il dit: Non, mon terrain mesure 130 pieds. Bon, là, on va
rencontrer les voisins et on va dire: Est-ce que cela correspond à 125
pieds ou à 130 pieds? C'est de cette façon qu'on veut
procéder.
M. Jolivet: Ce que vous me dites, c'est que 80 % des cas seront
sans aucune difficulté; ils vont sortir les titres et c'est fini.
M. Labrecque: Sans aucune difficulté actuellement.
M. Jolivet: Le reste, ce seront des cas-problèmes parce
qu'il y en a un ou deux ou trois de la "gang" qui refusent.
M. Labrecque: C'est cela, mais ce sera rare.
M. Proteau: En fait, on fait référence à
l'article 43.7 qu'on va voir plus loin. Si la personne n'est pas satisfaite
à l'expiration du délai de conciliation, le ministre peut rendre
une décision, mais il ne peut pas délivrer les lettres patentes
avant trois mois. Durant les trois mois qui suivent, cette personne peut
entreprendre les procédures.
M. Jolivet: Des procédures en vertu du Code civil, article
3355
M. Proteau: C'est cela.
M. Labrecque: Faire établir son titre par les tribunaux
effectivement; alors, il n'est pas pénalisé.
M. Proteau: Cela bloque tout le monde, mais au moins cela va
satisfaire cette personne en ce sens qu'elle ne se sentirait pas
brimée.
M. Jolivet: Le ministre a sursauté quand j'ai dit 3355.
C'est le bon numéro? 3350 ou 3355?
M. Labrecque: Cela m'a un peu surpris: Mon Dieu, comment est-ce
qu'il peut savoir?
M. Jolivet: Est-ce bien 3355?
M. Labrecque: Je ne pourrais pas vous le dire même. C'est
pour ça que j'étais d'autant plus surpris!
M. Jolivet: Non, c'est parce que l'année passée, je
ne me souviens pas...
M. Pagé: II n'y a pas 3300 articles? Une voix: II n'y a
pas 3300 articles.
M. Pagé: Il n'y a pas 3300 articles dans le Code
civil.
Une voix: II y a 2615 articles dans le Code civil.
M. Jolivet: Ah, ce n'est pas bon.
M. Pagé: Et la prescription, c'est à l'article
2020.
M. Jolivet: C'est parce que je m'amuse à dire cela.
L'année passée, c'était M. Brière qui était
avec le ministre de l'Énergie et des Ressources. Il me semble que c'est
le chiffre qui m'était resté dans la tête, 3355. Je ne sais
pas pourquoi. On disait: La procédure du Code civil, quand tu n'es pas
satisfait, tu t'en vas là.
M. Pagé: Non, vous vous référez probablement
à l'article 33 du Code de procédure civile.
M. Jolivet: D'accord, ce n'est pas grave. Ce n'est pas cela, le
débat.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que l'article 20 est
adopté?
M. Pagé: Mais, globalement, pour le député,
est-ce que c'est plus clair, la façon de procéder prévue
au projet de loi?
M. Jolivet: Le ministre m'a bien expliqué cela.
M. Pagé: Parlait. Le ministre est là pour cela.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. Adopté?
M. Jolivet: Ha, ha, ha! Simplement pour les besoins du Journal
des débats...
M. Pagé: Le ministre n'est pas seul! Des voix: Ha,
ha, ha!
La Présidente (Mme Dionne): Oui! M. Jolivet: Oui,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté.
L'article...
M. Pagé: Mme la Présidente, tel que je m'y
étais engagé cet après-midi, ici, je voudrais remettre
copie d'une lettre qui a été acheminée par M. Jean
Proteau, qui est notaire et directeur du Service de la gestion des terres,
à M. Pierre-Luc Blain, le président de la Commission de
protection du territoire agricole, le 18 septembre et la réponse, sous
la signature de M. Pierre-Luc Blain, adressée à M. Proteau le 2
octobre dernier.
M. Jolivet: Merci, M. le ministre.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 21, M. le
ministre?
Révocation de concession
M. Pagé: À l'article 21, on a une modification, Mme
la Présidente. Il s'agit strictement de remplacer le mot "consenti" par
le mot "consentie".
M. Jolivet: Ah oui, avec "toute concession".
La Présidente (Mme Dionne): "Le paragraphe 2° de
l'article 35, introduit par l'article 21 de ce projet de loi, est
modifié par le remplacement du mot "consenti" par le mot
"consentie".
M. Jolivet: "Par erreur ou à la suite d'un dol." C'est
quoi cela, pour mes besoins personnels?
Une voix: C'est une fraude.
M. Pagé: Un dol, c'est une façon illégale
d'obtenir la propriété d'un bien.
M. Jolivet: Pour ne pas dire "vol", non?
M. Pagé: Non.
M. Proteau: C'est l'équivalent de fraude.
M. Jolivet: Fraude?
M. Pagé: Oui, mais ce n'est pas une fraude.
M. Proteau: Mais ce n'est pas une fraude?
M. Pagé: C'est par une astuce.
M. Jolivet: Une astuce.
M. Pagé: Une astuce. Alors, vous voyez, l'avocat a
donné la réponse au notaire!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: D'accord, là!
M. Jolivet: L'article lui-même maintenant.
M. Pagé: Mme la Présidente, on est à la
section III qui se réfère à la révocation des
concessions. Les motifs de révocation qui sont prévus par
l'actuelle Loi sur les terres publiques agricoles sont maintenus. En outre, en
cas d'impossibilité pour le ministre de procéder à
l'identification prévue par la loi ou de percevoir les frais encourus
pour permettre une identification éventuelle, il peut devenir opportun
de pouvoir procéder à la révocation en certains cas.
Alors, on précise davantage les conditions pour que le ministre
puisse révoquer la concession d'une terre et cela modifie,
évidemment, l'article 35 de la loi actuelle qui a été
adoptée le 1er juillet 1984.
M. Jolivet: En fait, le...
M. Pagé: Et on peut révoquer une concession:
"1° lorsque le concessionnaire contrevient à une disposition de la
présente loi ou d'un règlement adopté sous son
autorité; "2° qui a été consentie illégalement,
par erreur ou à la suite d'un dol; "3° lorsque le concessionnaire
renonce à sa concession, est introuvable ou décédé
sans laisser d'héritier pouvant être identifié par le
ministre; "4° lorsqu'il ne possède pas les renseignements ou
documents nécessaires lui permettant de procéder à
l'identification prévue à l'article 43 3; "5 à un
défaut de l'acquittement des frais encourus conformément aux
articles 43.4 et 43.5."
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: En fait, on a aussi l'ajout du paragraphe 5 qui
découle de l'introduction du concept qu'on avait déjà
accepté dans le projet de loi, qui est l'acquittement des frais encourus
pour la prise d'effet, au moment où on dit qu'il y a prise d'effet.
M. Pagé: C'est-à-dire que cela n'a pas effet tant
et aussi longtemps que les frais ne sont pas payés.
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. L'article 21 est
adopté, tel qu'amendé?
M. Jolivet: C'est cela.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 22?
M. Pagé: L'article 22 se réfère à
l'article 37 de la loi. A l'article 37 de la loi, on disait
antérieurement: "La révocation n'affecte pas..."
M. Jolivet: Simplement une... (21 h 30)
M. Pagé: Alors, à l'article 22, les servitudes ou
autres droits consentis en conformité de l'article 29 tel qu'il existe
actuellement demeurent valides étant donné l'approbation expresse
du ministre. L'article 19 de la présente loi stipulant que tout acte
juridique n'est validé que si les lettres patentes ont pris effet
à l'égard de cette terre, il en découle que toute autre
servitude ou droit demeure inopérant tant que les lettres patentes n'ont
pas pris effet. Ainsi, une terre faisant l'objet d'une révocation ne
pourra être affectée de quelque charge que ce soit, sauf si
celle-ci a été préalablement approuvée par le
ministre.
Alors, l'article 37 est modifié par le remplacement, dans la
deuxième ligne, de "à l'article 29" par les mots "à la
présente loi antérieurement au..." Là, on va indiquer la
date d'entrée en vigueur de la présente loi.
M. Jolivet: En fait, c'est une concordance du fait qu'on a
abrogé l'article 29.
M. Pagé: C'est cela. M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. L'article 22
est adopté. L'article 23?
Délivrance et enregistrement
de lettres patentes
M. Pagé: Alors, l'article 23 fait référence
à la section IV du chapitre III de la loi. Avant cela, on y avait
"Délivrance de lettres patentes". L'article 23 prévoit de
modifier l'intitulé de la section IV en remplaçant
l'intitulé actuel par "Délivrance et enregistrement de lettres
patentes". Étant donné qu'il est proposé de
procéder à l'enregistrement de toutes les lettres patentes
affectant les terres sous concession, il y a donc lieu de modifier
l'intitulé de cette section en conséquence.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Ce changement de titre, en fait, cela découle
du processus dont on vient de parler.
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: C'est qu'actuellement le ministre...
M. Pagé: Cela fait référence au concept
nouveau.
M. Jolivet: C'est cela. Le ministre va délivrer et
enregistrer les lettres patentes et il va les envoyer aux gens.
M. Pagé: C'est cela, oui.
M. Jolivet: Donc, ce n'est que de la concordance.
M. Pagé: De la concordance encore. M. Jolivet:
Parlait.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. L'article 23 est
adopté. L'article 24?
M. Pagé: L'article 24 fait référence aux
articles 41, 42 et 43 de la loi. Il y a lieu d'abroger l'article 41 en tenant
compte du nouveau mécanisme proposé pour le transfert au domaine
privé des terres sous concession. Étant donné que
l'article 33 du projet de loi propose l'abolition de toutes les conditions et
de tout solde sur le prix de la concession pouvant être encore dû
au ministre, il n'existe aucun inconvénient à ce que les terres
faisant partie d'une réserve indienne désaffectée, ainsi
que celles concédées par James Crawford suivent le même
traitement que toute autre terre sous concession.
Par conséquent, les articles 42 et 43, qui parlaient notamment,
des réserves indiennes, de la délivrance de lettres patentes et
des concessions par M. James Crawford, sont abrogés puisque ces terres
sont dorénavant incluses dans la définition d'une terre sous
concession prévue à l'article 3 de la présente loi.
M. Jolivet: Est-ce que James va aimer cela?
M. Proteau: On l'a mis au début, à la place.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Par rapport à ce dont on a discuté,
c'est, encore une fois, mettre fin au processus qu'on connaît
actuellement pour le remplacer par l'initiative du ministre, en fait l'offre du
ministre. Quand même, il y a de petites questions qui s'imposent: Combien
de temps s'écoule-t-il, en moyenne, entre le moment de la demande et la
délivrance réelle des lettres patentes?
M. Proteau: Actuellement?
M. Jolivet: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): M. Proteau.
M. Proteau: Bon! On va être honnête, il y a des
demandes qui ont été faites en 1984 et qui ne sont pas encore
réglées pour diverses raisons: soit que la demande était
incomplète, soit qu'on a eu le problème de la réserve des
trois chaînes, entre autres. Il peut s'écouler facilement...
M. Pagé: Manque de papiers.
M. Proteau: On disait, lorsqu'on avait des réunions
publiques, au minimum trois mois avant la délivrance des lettres
patentes, selon le processus actuel.
M. Pagé: C'est le gros minimum.
M. Proteau: Oui. Cela pouvait aller - disons à
l'époque - peut-être jusqu'à six mois ou un an. Or,
déjà on est rendu, dans certains cas, à deux ou trois
ans.
M. Jolivet: Est-ce que cela est dû à une diminution
des effectifs?
M. Proteau: Non. Je vais vous donner des exemples qui vont
peut-être vous faire sourire sur...
M. Jolivet: J'ai des questions.
M. Pagé: Peut-être est-ce la faute de M. Clair.
M. Jolivet: Non.
M. Proteau: ...la rapidité des gens. L'autre jour, on a
reçu une lettre au ministère, au service, qui faisait
réponse à une lettre qui avait été envoyée
17 ans plus tôt. C'est rapide!
M. Jolivet: C'est la reine qui n'est pas assez vite.
M. Proteau: Non, non! Il venait juste de répondre. Dans un
autre cas, j'ai un employé qui a quitté...
M. Pagé: M. Gosselin nous avait écrit; là,
ils ont dit: On va répondre à M. Gosselin.
M. Proteau: ...le service en décembre 1980 et qui est
revenu travailler pour nous en mars 1983. C'est un des derniers dossiers qu'il
avait réglés. Le jour où il est revenu travailler pour
nous, il a reçu la réponse.
M. Jolivet: II attendait qu'il revienne!
M. Pagé: Ce devrait être son beau-père.
M. Proteau: Combien de fois il y a des lettres qu'on envoie et
des rappels! Maintenant, on arrête d'en envoyer parce qu'on perd du temps
à envoyer des rappels.
M. Jolivet: Avez-vous fait le calcul du coût moyen que cela
vous occasionne, actuellement?
M. Proteau: Facilement de 400 $ à 500 $, si on regarde
simplement le nombre de lettres patentes qui ont été
délivrées. Là, je peux peut-être dire quelque chose:
On a fait des travaux, la semaine passée, en Abitibi, et seulement pour
le travail des professionnels, cela équivaut, par lot, à 30 $ ou
35 $ par lettre patente. À cela, on peut
peut-être ajouter une trentaine de dollars pour les frais de
manutention qui vont s'ajouter au ministère.
Une voix: Au lieu de 200 $ ou 300 $.
M. Proteau: Facilement.
M. Pagé: Mme la Présidente, là-dessus, je
sais que mon honorable collègue de Laviolette n'abondera peut-être
pas dans le même sens que moi, mais un des objectifs de la loi est, entre
autres, de faire ce qu'on s'est engagé à faire. Quand on a dit
qu'on pourrait faire plus avec moins, souventefois nos amis d'en face ne nous
croyaient pas. Alors que ça pouvait atteindre jusqu'à 400 $, 500
$ et peut-être plus pour le règlement d'un dossier en vertu de la
loi actuelle, la simplification des procédures, la diminution des
questions et des échanges avec les usagers, les concessionnaires, fait
en sorte qu'avec moins d'argent on va faire plus parce qu'on va délivrer
davantage de titres de propriété au domaine privé et plus
rapidement.
M. Jolivet: Comme je suis obligé de prendre votre parole,
M. le ministre, ici...
M. Pagé: Vous ne la prenez pas parce que vous êtes
obligé, mais parce que vous y croyez.
M. Jolivet: ...la seule chose que je vais dire, c'est que je le
verrai après. Tant et aussi longtemps que, au moment où vous me
parlez, vous me dites ces chiffres, je vous crois. Il s'agit maintenant de
savoir comment cela va se présenter, quel prix cela va coûter et
quels délais de moins cela va amener. On verra à ce
moment-là. La seule chose...
M. Pagé: Ne m'envoyez pas une lettre dans 17 ans, par
exemple.
M. Jolivet: Je ne serai plus député, fort
probablement. Peut-être que j'aurai un gars qui aura besoin d'un lot.
Non, mais, effectivement, je voulais le savoir juste pour faire des
comparaisons. C'est important, quand même, dans le contexte actuel.
M. Pagé: 60 $ ou 70 $ le dossier. Mettez-le à 100 $
le dossier maximum. C'est, quand même, beaucoup moins cher à
l'État que 400 $, 500 $, et moins de tracas, surtout, pour les citoyens.
C'est cela qui est important.
M. Jolivet: Si on atteint le but recherché, je vais vous
dire: Bravo! Mais je vais attendre.
M. Pagé: Entre-temps, allez-vous voter pour?
M. Jolivet: Pour le moment, j'ai donné un premier bravo.
Le deuxième va peut-être être plus dur à donner.
M. Pagé: Peut-être plus long. M. Proteau voulait
ajouter quelque chose, Mme la Présidente.
M. Proteau: Selon les études qu'on a faites, d'ici 2 ans,
on prévoit avoir réglé de 60 % à 70 % des dossiers.
En fait, ce sont des dossiers assez simples. Soit qu'on avait
déjà des demandes en suspens et qu'il ne manquait que des petites
choses qu'on a pu obtenir ou des recherches qu'on a faites complètement
en régions ou, dans d'autres cas, un échange un peu plus
important de correspondance. 60 % à 70 % des dossiers vont être
réglés.
Ce qui va rester, ce sont les cas beaucoup plus complexes où il y
a besoin d'arpentage, de cadastre dans certains cas. Mais la loi nous donne le
choix. C'est possible de limiter simplement cela au cadastre de façon
à activer le dossier. On va gagner un peu de temps et cela va
coûter moins cher à l'autre bout.
M. Jolivet: Est-ce que, quand on parle de l'ensemble du cadastre
au Québec, votre dossier étant, à ce moment-là,
dans 2 ou 3 ans, réglé, comme vous le dites, si cela marche
bien...
M. Proteau: La majeure partie. Pour les autres cas, on peut
prendre 3, 4, 5, 6 ans.
M. Jolivet: Est-ce que vous avez l'intention de proposer cela au
collègue du ministre de l'Énergie et des Ressources pour l'aider
à régler les problèmes qui traînent au chapitre des
forêts?
M. Proteau: Si vous le permettez...
M. Jolivet: C'est-à-dire des terres du domaine public.
M. Proteau: ...nous, actuellement, on suit la rénovation
cadastrale. Là où il y a rénovation cadastrale, on
n'intervient pas tout de suite pour éviter, justement, aux gens qu'ils
n'aient à débourser. L'État va le faire de toute
façon, les mandats sont donnés ou vont être donnés
sous peu. On tient compte de cela. C'est une de nos contraintes.
M. Jolivet: II faudrait éviter de compliquer le
dossier.
M. Proteau: De le dédoubler, de multiplier les
dépenses inutilement.
M. Jolivet: Ce qu'on sait maintenant, avec l'informatisation de
bien des ministères, c'est que, quand tu sors quelque chose de
l'informatique, tu brises le rythme et tu retardes le dossier d'autant.
M. Pagé: Là-dessus, il y a beaucoup de
commentaires.
M. Jolivet: C'est la réponse qu'on a toujours.
M. Pagé: On découvre parfois que le
système qui a été implanté est
démodé.
M. Jolivet: D'ailleurs, votre collègue, le ministre de
l'Éducation, quand j'étais son critique, m'a donné raison
sur ces points.
M. Pagé: Le ministre de l'Éducation est un bon ami
à moi et...
M. Jolivet: II a toujours été votre ami?
M. Pagé: M. Ryan et moi? Oui, on est deux bons vieux
"chums".
M. Jolivet: D'accord, Mme la Présidente, pour
prolonger.
M. Pagé: Respect mutuel.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 24 est
adopté?
M. Jolivet: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 25?
M. Pagé: À l'article 25, il y a une modification.
Cela fait référence aux dispositions de l'article 43 et des
suivants de la loi.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce qu'on en fait
l'étude un par un? Il y en a, quand même, de 43.1 jusqu'à
43.9. Est-ce qu'on y va de façon globale?
M. Jolivet: Mme la Présidente, je pourrais vous
suggérer de faire l'étude article par article, mais je ne le
ferai pas. Je vais plutôt regarder l'ensemble et faire des commentaires
globaux et on adoptera l'article, sauf s'il y a des amendements à chacun
des alinéas. Il y a des amendements de concordance.
La Présidente (Mme Dionne): II y a des amendements,
oui.
M. Jolivet: Alors, on regardera ceux-là. On va regarder
les amendements d'abord et...
La Présidente (Mme Dionne): Pour ce qui est des
amendements, l'article 43.1, introduit par l'article 25 de ce projet de loi est
modifié par le remplacement, à la deuxième ligne du
premier alinéa, du mot "ou" par les mots "et, le cas
échéant,". L'article 43.2, introduit par l'article 25 de ce
projet de loi, est modifié par le remplacement, à la
troisième ligne du paragraphe 1 , du mot "disposible" par le mot
"disponible".
L'article 43.5, introduit par l'article 25 de ce projet de loi, est
modifié par le remplacement, à la troisième du
deuxième alinéa, du mot "et" par le mot "ou". L'article 43.8,
introduit par l'article 25 de ce projet de loi, est modifié par le
remplacement, à la deuxième ligne du deuxième
alinéa, des mots "d'une" par les mots "de cette".
M. Jolivet: Alors, si vous voulez, au lieu de faire
l'étude... On va faire l'étude des amendements d'abord et,
après cela, on fera l'étude globale.
M. Pagé: Oui. En fait, les modifications à apporter
à l'article 43.1, 43.3 et 43.4 visent à clarifier le texte et
à y éviter toute ambiguïté alors que l'amendement
à l'article 43.2 vise à corriger une erreur typographique tout
simplement. Ce à quoi on se réfère ici... Est-ce qu'on
l'aborde globalement, M. le député?
M. Jolivet: J'aimerais mieux, pour bien comprendre... Disons que
l'article 43.2 est accepté.
M. Pagé: D'accord. À l'article 43.1, on retient
qu'à cette section IV on traite de la mécanique ou de la
façon de faire pour la délivrance de lettres patentes, ce qui est
entièrement modifié, afin d'introduire un nouveau
mécanisme qui va permettre le transfert dans le domaine privé de
toutes les terres sous concession. Le mécanisme élaboré
aux articles 43.1 à 43.9 peut se traduire ainsi: à l'article
43.1, lorsque les lettres patentes prennent effet par leur enregistrement dans
la division d'enregistrement concernée, toute terre sous concession
identifiée dans ces lettres patentes fait partie du domaine privé
automatiquement par le seul effet de la loi depuis la date de la concession.
Toute personne identifiée aux lettres patentes par le ministre est
reconnue propriétaire à la date qui y est mentionnée, sans
autre formalité que celle de l'enregistrement de ces lettres
patentes.
La délivrance de lettres patentes se fait en faveur du
bénéficiaire sans frais pour ce dernier, sauf si certains
travaux, que ce soit arpentage, titres de propriété ou recherches
sont requis pour procéder à l'identification du
bénéficiaire ou à la désignation de la terre. C'est
l'article 43.1.
M. Jolivet: Et le mot "ou" est changé par "et, le cas
échéant,".
M. Pagé: "et, le cas échéant,". M.
Jolivet: Cela veut dire quoi?
M. Proteau: En fait, c'est que la façon dont c'est
indiqué, "sans autres frais que ceux prévus à la
présente section ou au paragraphe 5.1 cela veut dire l'un ou l'autre. Le
mot "ou", pose un problème, à savoir que, parfois, il est
conjonctif, parfois, il est disjonctil. Selon notre point de vue, H est
conjonctif. Pour faire disparaître toute ambiguïté, on a
ajouté "et, le cas échéant,".
Les frais prévus à la présente section. Si le
ministre de l'Agriculture encourt des frais au nom d'un occupant en faisant
faire un arpentage ou certains actes, il va les rembourser. Évidemment,
c'est possible qu'il y ait des frais d'administration de chargés dans ce
cas-là, surtout s'il tarde beaucoup à nous rembourser. Cela peut
être valable si la somme est assez élevée.
Alors, c'est pour cela qu'on a écrit "et, le cas
échéant,". Ce n'est pas certain qu'il y a des frais qui vont
s'ajouter à ceux que le ministre va encourir au nom du client. Mais il y
a certaines conditions.
M. Jolivet: Si je comprends bien je veux m'en assurer - on dit:
"Le ministre peut, sans autres frais que ceux prévus à la
présente section..." S'il arrivait qu'il y en avait d'autres, ce serait
en vertu du paragraphe 5.1 de l'article 47. Si j'ai bien compris tout à
l'heure, cela s'applique seulement à ceux qui vont s'opposer.
M. Proteau: À ceux qui ne collaboreront pas et pour
lesquels le ministre devra encourir des dépenses.
M. Jolivet: C'est cela. Ceux qui ne voudront pas.
M. Pagé: Cela va s'appliquer aux lots sous concession
où on devra faire nous-mêmes les recherches...
M. Jolivet: C'est cela.
M. Pagé: ...pour valider...
M. Jolivet: Non, mais c'est parce que...
M. Pagé: ...soit leurs titres ou le titre du voisin. C'est
possible. (21 h 45)
M. Jolivet: Je veux bien m'en assurer. J'ai bien compris tout
à l'heure que, dans le cas où le ministère arrive quelque
part, il vérifie tout et il envoie une lettre patente à
quelqu'un. Il dit: Voici, tu es propriétaire. Cela ne lui coûte
rien.
M. Pagé: Absolument rien.
M. Jolivet: Celui qui va s'opposer parmi le groupe, si on est sur
un lot subdivisé, à ce moment, ce qui va arriver, c'est que tous
les autres autour ne paieront rien sauf celui qui se sera opposé. Est-ce
que tous les autres vont payer?
M. Pagé: En principe, les frais vont être
imputés à l'égard de ceux pour qui on a dû faire des
recherches.
M. Jolivet: Oui, je vais vous donner un exemple. Il y en a
dix.
M. Pagé: D'accord, il y en a dix. On fait des recherches.
Il y en a un qui s'oppose.
M. Jolivet: II y en a neuf qui ont dit: Nous sommes d'accord avec
le terrain qui est là. Le dixième dit: Non, moi, je ne veux rien
savoir. Vous dites: Écoute, on met "suspensif" sur tes lettres patentes,
mais on fait les recherches.
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: En faisant les recherches, ils vont peut-être
devoir, à ce moment, taire de l'arpentage pour les autres. Est-ce que
les autres vont payer l'arpentage? Donc, les autres vont payer l'arpentage, lui
va payer l'arpentage plus les autres frais.
M. Proteau: Qu'il aura occasionnés à
l'État.
M. Jolivet: C'est-à-dire que, lui, il va occasionner des
frais aux autres alors qu'avant cela n'en occasionnait pas. C'est là que
vous arrivez et que vous dites: Écoutez, on se situe, bonhomme, on va
regarder cela. Si tu veux que cela engendre des frais à tout le monde,
continue à t'opposer et on va être obligé de le faire.
Sinon, les autres, convainquez-le de ne pas s'opposer. C'est un peu cela.
M. Proteau: Cela peut être une raison. Cela peut être
une façon de voir la chose.
M. Pagé: On n'ira pas dire aux gens de convaincre leur
voisin de ne pas s'opposer.
M. Jolivet: Vous avez fait de la conciliation, j'ai l'impression
que, dans la conciliation...
M. Pagé: C'est cela. Il y a des périodes pour cela.
On va faire en sorte que les gens s'entendent comme des bons pères de
famille entre eux. J'ai vu, dans ma pratique du droit, même si je ne
courais pas après ce type de dossier, le fameux problème de
bornage où, en vertu des titres, après un certain nombre
d'années on constatait non seulement que M. X était
propriétaire de son terrain, mais que cela débordait de quatre
pieds la haie. En débordant de quatre pieds la haie du voisin, il y
avait deux pieds dans le garage du voisin. Il faut être à la
recherche complète et entière de ses droits pour exiger du voisin
de déménager son garage, selon moi. Les cas que j'ai eus de cette
nature comme avocat se sont toujours réglés par des ententes
à l'amiable.
M. Jolivet: J'en ai vu d'autres où c'était
l'inverse. Le gars qui avait construit son garage, sa galerie en béton
armé, etc., et le garage qui tombait. Le gars, quand il eut
terminé, il a dit: Bonhomme, en vertu des règlements municipaux,
tu n'as pas le droit à moins de sept pieds de chez moi.
Débâtis-moi cela. Le gars a été obligé de
débâtir.
M. Pagé: Cela confirme le vieil adage qui dit: Vaut mieux
avoir un bon voisin qu'un parent qui reste au loin! On va tenter de faire pour
le mieux.
M. Jolivet: D'accord pour l'article 43.1.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 43.1, adopté,
tel qu'amendé.
M. Jolivet: L'amendement?
La Présidente (Mme Dionne): C'est l'amendement
seulement.
M. Pagé: L'amendement est adopté.
La Présidente (Mme Dionne): L'amendement est
adopté.
M. Jolivet: On reviendra sur le reste après. L'article
43.2 est adopté; c'est juste une faute. L'article 43.5?
M. Pagé: L'article 43.2 est adopté. L'amendement
est adopté aussi?
M. Jolivet: Juste l'amendement pour le moment.
M. Pagé: D'accord. À l'article 43.3?
M. Jolivet: L'article 43.5. On fait juste les amendements, M. le
ministre.
M. Pagé: À l'article 43.5.
M. Proteau: C'est encore pour être plus clair. En tait,
lorsqu'il y a une municipalité, le plan va être
déposé au bureau de la municipalité, mais, s'il n'y a pas
de municipalité, c'est au bureau de la MRC. La façon dont
c'était rédigé pouvait laisser entendre que c'était
à la fois au bureau de la municipalité et au bureau de la MRC. On
a voulu taire disparaître l'ambiguïté.
M. Jolivet: "Les plans sont signés et
déposés par le ministre au bureau du..."
M. Pagé: Le texte original disait: "Les plans sont
signés et déposés par le ministre au bureau du
secrétaire-trésorier de la corporation municipale locale ayant
juridiction sur ce territoire et, lorsqu'il s'agit d'un territoire non
organisé, au bureau de la municipalité régionale de
comté." Là, on remplace le "et" par "ou": "..ou, lorsqu'il s'agit
d'un territoire non organisé, au bureau de la
municipalité..."
M. Jolivet: Puis-je poser une question, Mme la Présidente?
Est-ce que cela existe encore, un territoire non organisé, depuis les
MRC?
M. Proteau: TNO, oui. Cela existe, mais c'est maintenant
administré par les MRC. Avant, ce n'était nullement
administré. Il n'y avait même pas de taxes ou quoi que ce
soit.
M. Jolivet: Ils étaient sous la responsabilité des
conseils de comté.
M. Proteau: Saut que, la plupart du temps, il n'y en avait
pas.
M. Pagé: Dans certaines MRC, le territoire non
organisé représente une superficie plus grande que le territoire
organisé.
M. Jolivet: Chez nous, dans la Haute-Mauricie.
M. Pagé: Chez nous aussi.
M. Jolivet: Je ne m'en souvenais pas...
M. Pagé: Les MRC sont organisées pour aller
cueillir leur dime annuelle.
Une voix: Oui, ces gens sont très bien
organisés.
M. Pagé: Oui, ils sont très bien organisés.
Les propriétaires de chalets...
M. Jolivet: D'ailleurs, nous avons eu une discussion au sujet
d'un terrain aux limites de Roberval. Je ne sais pas comment on appelle la MRC
là-bas, mais la nôtre, Haut-Saint-Maurice, cela a
été tranché... La compagnie CIP étant à La
Tuque, les taxes sont payées à la La Tuque.
M. Pagé: L'accessoire a suivi le principal.
M. Jolivet: Je me demandais, je ne me souvenais pas si les
territoires non organisés existaient encore. On ne les appelle plus de
cette façon. On est tellement habitués de les appeler Casev
Cloua. D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, l'amendement à
l'article 43.5 est adopté.
M. Jolivet: Clova, Sanmaur, Abedjiwan, Parent.
M. Pagé: Clova, il y a des gens de Portneuf qui vont
à la pêche là-bas.
M. Jolivet: Oui et c'est beau aussi. Manouane, Weymontachie.
M. Pagé: Menokeosawin, je vais là. Vous y allez
vous aussi, n'est-ce pas?
M. Jolivet: À Manouane? Je ne vais pas à la
pêche, moi.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord.
M. Jolivet: Je vais chez les pourvoyeurs, je n'ai pas le
temps...
La Présidente (Mme Dionne): Alors, l'amendement à
l'article 43.5 est-il adopté?
M. Pagé: Adopté.
M. Jolivet: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): L'amendement à
l'article 43.8, maintenant.
M. Pagé: C'est strictement pour éviter toute
ambiguïté, là aussi. On dit: "Tant que les lettres
patentes ne sont pas enregistrées conformément à
l'article 43.1, tout enregistrement apporté en regard d'une terre est
sans effet." Le texte modifié va dire ceci. La modification, c'est: Tant
que les lettres patentes ne seront pas enregistrées conformément
à l'article 43.1, tout enregistrement apporté en regard de "cette
terre" est sans effet, au lieu "d'une terre". On précise.
M. Jolivet: Pour bien spécifier que c'est
celle-là...
M. Pagé: C'est celle-là...
M. Jolivet: ...et non pas une autre.
M. Pagé: ...qui est visée. C'est cela.
M. Jolivet: D'accord. Donc, l'ensemble, M. le ministre,
maintenant.
M. Pagé: L'ensemble, c'est le mécanisme auquel on a
référé tout à l'heure par la voix de M. Labrecque.
Voulez-vous que je vous explique chacun...
M. Jolivet: Globalement.
M. Pagé: Globalement. Essentiellement, je vous ferai part
des commentaires. Lorsque des lettres patentes prennent effet par leur
enregistrement dans la division d'enregistrement concernée, toute terre
sous concession identifiée dans ces lettres patentes fait partie
automatiquement du domaine privé par le seul effet de la loi depuis la
date de la concession. Toute personne identifiée aux lettres patentes
par le ministre est reconnue propriétaire. La délivrance des
lettres patentes se fait en faveur du bénéficiaire sans frais
pour ce dernier, sauf s'il y a certains travaux, comme on le disait tout
à l'heure, pour procéder à l'identification du
bénéficiaire ou à la désignation de la terre. Le
ministre dépose, au bureau de la division d'enregistrement
concernée, des lettres patentes spécifiant que telle terre sous
concession fait partie du domaine privé. Ces lettres patentes
comprennent, notamment, les renseignements nécessaires permettant la
désignation de la terre transférée ainsi que
l'identification du bénéficiaire. C'est ce qui me permettait de
dire qu'on allait s'apppuyer sur certains éléments,
évidemment, pour identifier le bénéficiaire.
Outre les renseignements permettant l'identification du
bénéficiaire ou la désignation de la terre
concernée, les lettres patentes peuvent faire mention du fait que des
sommes sont encore dues au ministre, auquel cas l'effet des lettres patentes
est suspendu, comme on le disait, jusqu'à l'acquittement des montants
engagés par ce dernier.
À l'article 43.3, le ministre identifie le dernier
détenteur dont les titres ou tout autre document constituent une preuve
suffisante à une date donnée. La preuve ainsi requise pour des
fins d'identification peut être constituée tant à partir
des documents déjà déposés dans les dossiers du
ministère que de tout autre document pouvant affecter une terre. Ainsi,
on pourra identifier le détenteur actuel par une recherche seulement des
documents déposés au ministère, de ceux enregistrés
dans les divisions d'enregistrement concernées, mais également
des documents détenus par les municipalités locales ou
régionales. Afin de sauvegarder les droits de toutes les parties,
même celles inconnues du ministre, soit à la suite de divorces, de
séparations de corps ou de biens, de successions non
réglées, de transactions postérieures à
l'identification, certaines dispositions sont prévues à cet
effet. Lorsque le ministre le juge nécessaire, il peut requérir
d'un détenteur la production de tout autre document, si on ne se sent
pas en sécurité, sort des plans de cadastre ou des titres, et ce,
aux frais de ce dernier. Cette disposition s'avère nécessaire
afin de pouvoir procéder à l'identification de tous les
détenteurs de terres encore sous concession. On a
référé à cela. Cela peut arriver qu'on doive, pour
sécuriser le geste juridique qu'on s'apprête à poser,
effectuer de telles recherches, auquel cas il y a quelqu'un qui devra les
payer.
Le ministre, en vertu de l'article 43.4, peut également
procéder lui-même à l'obtention ou à la confection
de ces documents, à défaut pour le détenteur de fournir
ceux-ci. Dans ce cas, le transfert de la terre est suspendu jusqu'à ce
que le détenteur ait acquitté ou remboursé les frais
occasionnés au ministère. C'est la condition suspensive à
laquelle on s'est référé tout à l'heure.
M. Jolivet: J'ai une question. Est-ce que vous envoyez à
quelqu'un une lettre pour lui dire: Tu es propriétaire de cela? Il reste
des frais, malgré tout. Est-ce qu'il pourrait arriver qu'il reste des
trais? C'est ce qui ferait qu'il pourrait recevoir, même si tout est
clair quant aux titres, une lettre patente suspensive? Est-ce que c'est dans ce
cas ou si c'est juste dans les cas de litige?
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre?
M. Proteau: Seulement dans les cas où le ministre aura
encouru des dépenses pour les identifier.
M. Jolivet: C'est parce qu'il est dit: Pour nous rendre plus
secures, à cause de certaines affaires, on va demander des
renseignements.
M. Proteau: Si la personne nous les fournit et que c'est
satisfaisant...
M. Jolivet: II n'y a pas de frais.
M. Proteau: ...il n'y a aucuns frais qui s'ajoutent.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Je vais vous arrêter là parce qu'il y a
trop de questions qui me viennent à l'esprit en même temps et que
je ne voudrais pas les perdre. On n'aura peut-être pas le temps de les
élucider ce soir.
J'essaie de bien comprendre le mécanisme dans le sens où
le ministre détermine: Jos Bleau, c'est toi qui es propriétaire
de cela, tu reçois les lettres patentes et on n'en parle plus, c'est
fini.
M. Pagé: C'est le dernier détenteur connu au
registre et il nous semble, à partir de données, qu'il est
véritablement le propriétaire, l'utilisateur de jouissance
paisible, publique, continue de sa terre. On émet notre lettre
patente.
M. Jolivet: C'est cela. Mais admettons qu'il y a quelqu'un qui a
le goût de contester, parce que cela peut arriver que quelqu'un conteste.
Quels sont ses recours? Disons que Jos Bleau est là et que l'autre,
c'est François Bleau. Ils sont en chicane l'un contre l'autre parce
qu'ils sont de la même famille. Vous dites cela parfois. Ce qui fait que,
finalement, il dit: Ça n'est pas à toi, c'est à moi, c'est
mon père qui me l'a donné. Comment peut-il contester ce droit de
propriété, l'autre ne sachant même pas qu'il n'était
pas propriétaire?
M. Pagé: L'autre ne sachant même pas qu'il ne
l'était pas?
M. Jolivet: Cela peut arriver, le gars, ne sachant même pas
qu'il était propriétaire.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Jolivet: Qu'est-ce qui arrive? Le gars, le voisin qui veut
contester le droit que vous venez de lui donner, il ne pourra plus jamais le
faire, si je comprends bien. C'est fini, c'est définitif.
M. Labrecque: Le projet de loi prévoit que si, par
inadvertance - je fais référence, je ne sais pas, à un
acte qui n'aurait pas été enregistré, un acte sous seing
privé et dont on n'aurait pas pu tenir compte dans nos examens de titre
- s'il arrivait qu'on délivre une lettre patente qui s'avère
erronée, le ministre peut, c'est prévu dans le projet de toi,
corriger la lettre patente pour erreur de désignation ou
d'identification.
Alors, à ce moment-là, ce ne serait pas
irréparable. On pourrait corriger.
M. Jolivet: La lettre patente est émise. Le gars l'a entre
les mains et il se promène avec cela: C'est moi qui l'ai maintenant. Et
l'autre dit: Un instantl II va être obligé de prendre l'article -
je ne sais lequel - du Code civil.
M. Pagé: Du code de procédure.
M. Labrecque: Non, il pourrait s'adresser au ministère et
on pourrait corriger la lettre patente.
M. Pagé: Et si, à la lumière des
représentations qui sont faites, il apparaît en droit que la
lettre patente aurait dû être émise à M.
François Bleau plutôt qu'à M. Jos Bleau parce qu'il y avait
une entente sous seing privé qui n'était pas colligée au
registre, le ministre va le faire, c'est tout.
M. Jolivet: Mais dans le cas où il n'y a rien de cela,
mais où le gars veut contester. Vous savez où cela peut en venir,
la chicane. Vous allez être, c'est le problème que je trouve, juge
et partie à la fois.
M. Pagé: Si le gars veut faire du trouble, qu'il fasse du
trouble. On va aller devant les tribunaux.
M. Proteau: Si vous permettez. Depuis 1921, en fait, le ministre
a le pouvoir de déterminer qui est propriétaire. Et, en principe,
du moment qu'il détermine qu'une personne est propriétaire, cela
exclut toutes les autres. Évidemment, comme mon collègue le
disait, il y a des possibilités de correction s'il y a erreur. Mais il
faut qu'il fasse la preuve.
M. Jolivet: S'il n'est pas satisfait parce que le ministre ne lui
donne pas satisfaction, il peut utiliser le Code de procédure
civile.
M. Proteau: Oui, c'est l'article 33.
M. Pagé: Pour une révision d'un acte administratif
posé par...
M. Labrecque: II ne sera pas lésé de façon
irréparable. Cela ne pose aucun problème.
M. Jolivet: Cela va seulement amener des chicanes de famille plus
nombreuses.
M. Pagé: S'il veut se chicaner, il se chicanera.
M. Jolivet: Ou des chicanes de voisins. M. Pagé:
C'est cela.
M. Jolivet: D'accord. Mme la Présidente, étant
donné que j'ai beaucoup d'autres questions à poser, on aura
l'occasion d'y revenir.
La Présidente (Mme Dionne): Oui.
M. Pagé: II est 21 h 56. On pourrait peut-être finir
l'article 43?
M. Jolivet: Non, je pense que je vais avoir trop de questions
à poser.
M. Pagé: Ah oui?
M. Jolivet: Oui, sans farce. Non, je veux être
sérieux. Je vais le faire...
M. Pagé: Alors, est-ce que les articles 43.1, 43.2?
M. Jolivet: Disons qu'on reviendra sur l'ensemble.
La Présidente (Mme Dionne): On ajourne les travaux de la
commission sine die.
(Fin de la séance à 22 heures)