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(Vingt et une heures cinqante-cinq minutes)
Le Président (M. Gagnon): La commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation se réunit aux fins
d'étudier le projet de loi no 36, Loi modifiant la Loi sur les produits
agricoles et les aliments. Sont membres de cette commission: M. Baril
(Arthabaska), M. Beaumier (Nicolet), M. Beauséjour (Iberville), M.
Boucher (Rivière-du-Loup), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon
(Champlain), M. Garon (Lévis), M. Houde (Berthier), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Mathieu (Beauce-Sud), M. Picotte
(Maskinongé).
Les intervenants sont: M. Blouin (Rousseau), M. Dupré
(Saint-Hyacinthe), Mme Juneau (Johnson), M. Lachance (Bellechasse), M. LeMay
(Gaspé), M. Levesque (Bonaventure), M. Mailloux (Charlevoix), M.
Vaillancourt (Orford), M. Vallières (Richmond).
Au début...
M. LeMay: Je m'excuse, mais il y a un changement.
Le Président (M. Gagnon): Oui, il y a un changement.
M. LeMay: Le changement, c'est que je ne suis pas intervenant; je
suis ici comme permanent.
Le Président (M. Gagnon): Oui.
M. LeMay: Vous m'avez nommé comme intervenant.
Le Président (M. Gagnon): Vous remplacez?
M. LeMay: Je remplace Jules Boucher, qui siège en
commission en haut.
Le Président (M. Gagnon): Au début, il faudrait
nommer un rapporteur qualifié pour cette commission.
M. Levesque (Bonaventure): Je ne prends pas la peine, M. le
Président, de me faire changer d'intervenant à membre, parce que
je ne prévois pas de vote. S'il y en avait, je demanderais la permission
de faire le changement à ce moment-là.
Le Président (M. Gagnon): C'est bien.
M. Beauséjour: M. le Président, M. LeMay.
Le Président (M. Gagnon): M. LeMay, rapporteur de la
commission.
Une voix: C'est parfait.
M. Levesque (Bonaventure): On pourrait faire un grand
discours.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Garon: Bien, moi, je ne veux pas faire de discours, on vient
de les faire, je pense bien. Je voudrais tout simplement présenter les
gens qui m'accompagnent: M. Moore, qui est le sous-ministre adjoint aux
pêches, Me Émile Ducharme, qui est directeur du Service de la
normalisation, et Me Louis-Gérard Cantin, qui est au contentieux du
ministère.
Une voix: Très bien.
M. Levesque (Bonaventure): Nous sommes heureux de les rencontrer,
mais nous savons qui a le pouvoir derrière le trône.
M. Garon: Où donc?
M. Levesque (Bonaventure): Derrière le ministre
M. Garon: C'est ça.
Une voix: "The power behind the throne".
Le Président (M. Gagnon): L'article 1, M. le ministre.
Le nom de la loi
M. Garon: L'article, tout simplement, c'est pour changer le nom
de la loi. Au lieu de s'appeler la Loi sur les produits agricoles et les
aliments, pour que les gens du secteur maritime se reconnaissent dans cette
loi-là, on a voulu procéder de la même façon que
pour le nom du ministère qui s'appelle le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. On m'a dit qu'il
serait mieux de dire pêches plutôt que pêcheries;
apparemment, les pêcheries, c'est surtout les appareils
d'équipement; on pourrait
éventuellement changer ça pour que le nom soit plus
français. La loi, de la même façon, s'appellera Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments. La loi et la loi
générale sur ces produits-là donne les pouvoirs
généraux. Il y a ensuite la réglementation, où il y
a un chapitre sur les viandes, un chapitre sur les oeufs, un chapitre sur le
sirop d'érable et il y aura un chapitre sur les poissons.
Occasionnellement, les articles du règlement réfèrent
à des articles généraux, parce qu'au début de la
loi il y a des articles généraux qui donnent des pouvoirs qu'on
trouve dans la réglementation également, les articles
généraux de la réglementation.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, j'ai eu
l'occasion en Chambre de dire ce que j'avais à dire sur l'article 1,
particulièrement sur le titre que l'on donne maintenant: Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments. Je n'ai pas
l'intention de répéter ça en commission.
Le Président (M. Gagnon): L'article 1 sera...
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. L'article 2?
M. Garon: L'article 2. C'est pour ajouter les définitions
de "produit marin" et de "produit". Ces définitions visent à
assujettir les produits marins à l'ensemble des dispositions de la loi
portant sur tout produit. On trouve la définition de "produit", on dit:
"un produit agricole, un produit marin ou un aliment", mais qu'est-ce qu'un
produit marin? On dit: "un produit marin, c'est un poisson, un mollusque ou un
crustacé apte à vivre en milieu marin y compris les parties de
ces animaux ainsi que les produits ou sous-produits qui en sont tirés."
Alors les crustacés aptes à vivre en milieu marin, parce qu'il y
a des crustacés qui ne vivent pas en milieu marin.
Le Président (M. Gagnon): Adopté? M. Levesque
(Bonaventure): Oui.
Le Président (M. Gagnon): Article 2, adopté.
L'article 3?
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord, c'est parce qu'il y a deux
paragraphes.
Le Président (M. Gagnon): L'article 3, M. le ministre. (22
heures)
M. Garon: L'article 3 est pour supprimer le deuxième
alinéa du texte actuel de la loi qui disait: "Ne s'applique aux produits
de la pêche qu'à compter du moment où ils sont mis en
circulation pour la vente en gros." Il s'agit de biffer cet
alinéa-là pour rendre la loi applicable en amont de la vente de
gros, soit aux usines de transformation de produits marins.
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président (M. Gagnon): L'article 3 est adopté.
L'article 4?
Dépeçage de la viande
M. Garon: L'article 4 ne concerne pas particulièrement le
secteur des pêches. Je n'en ai pas parlé dans la
présentation en deuxième lecture. Il s'applique surtout au
domaine des viandes pour ajouter un élément dans la loi qui est:
"ou de la fourniture de services moyennant rémunération." On
dira: "détenir en vue de la vente ou de la fourniture de services
moyennant rémunération". Cette disposition est ajoutée
pour que la prohibition vise non seulement les produits malsains dans le
commerce de vente, mais ceux qui se retrouvent dans un nouveau type de commerce
qui est la coupe à forfait des viandes où le client paye pour des
services plutôt que d'acheter le produit. À ce moment-là,
c'est pour que les règles d'hygiène et de salubrité
s'appliquent aussi dans ces établissements-là puisqu'un des
services qui est rendu, c'est ce genre de service-là et, actuellement,
on n'a pas juridiction dans ce secteur-là.
M. Levesque (Bonaventure): Cela nous a rendu service. Cela a
rendu service aux agriculteurs, l'affaire des pêcheurs.
M. Garon: Cela nous a permis, à l'occasion, de faire deux
ou trois petits amendements dans le cours de la loi et on en a
profité.
M. Levesque (Bonaventure): J'espère que le ministre va
nous le dire. On comprend mieux, là.
M. Garon: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): Tant mieux. C'est lorsque les gens
vont avec leur propre animal, leur propre produit.
M. Garon: Pour que les règles d'hygiène et de
salubrité s'appliquent.
M. Levesque (Bonaventure): C'est assez
difficile de comprendre le changement si on s'en tient seulement aux
pêches, n'est-ce pas?
M. Garon: Cela ne vise pas les pêches. C'est la coupe.
Le Président (M. Gagnon): L'article 4?
M. Levesque (Bonaventure): J'attends que mon collègue,
spécialiste en agriculture, dise qu'il est d'accord.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: En principe, je suis d'accord, mais j'imagine que,
quand une personne arrive avec son quartier d'animal pour le faire
dépecer ou tailler, ce sont les normes usuelles qui s'appliquent, si je
comprends bien. Est-ce qu'il y avait des problèmes spéciaux qui
se sont présentés?
M. Garon: Ce qui se produit, c'est qu'à la suite des
dispositions intervenues en 1977, évidemment, il s'est
développé de nouveaux commerces. En fonction des règles de
provenance dans le domaine des viandes, on sait que, par exemple, il fallait
que les viandes qui entrent dans les établissements de détail, au
moment où elles entraient, aient déjà le sceau ou
l'estampille "Approuvé Québec" ou "Approuvé Canada", selon
le cas. Or, ce qui est arrivé, c'est qu'étant donné qu'il
y avait une exception au niveau de l'abattage pour permettre à un
cultivateur de faire son propre abattage, parfois, ils n'étaient pas
organisés pour faire leur coupe. Alors, que faisaient-ils? Parfois, ils
allaient chez le boucher. Mais, avec les nouvelles règles de provenance,
cela posait des problèmes pour le boucher. Il ne pouvait pas couper
parce qu'autrement il avait deux types de viande dans son établissement:
La viande avec estampille et celle sans estampille. Évidemment, ce
n'était pas illégal de commencer un commerce de coupe à
forfait pour servir les cultivateurs, mais le problème qu'il y avait,
c'était qu'à un moment donné on arrivait à ces
endroits-là et toute la loi était en fonction de la vente.
Évidemment, on voulait qu'il y ait de la propreté et de la
salubrité dans ces lieux-là aussi. Alors, c'est pour pouvoir
entrer dans ces lieux. Il n'y a pas de permis là-dessus. C'est comme les
règles générales des autres aliments. Il n'y a pas de
permis comme dans les abattoirs et dans les charcuteries. Ce sont strictement
des règles de salubrité générale.
M. Mathieu: Cela continue à être permis, la coupe de
la viande.
M. Garon: En fait, vous savez, on le faisait déjà
et on y allait dans les endroits quand cela s'est développé. Tout
simplement, à un moment donné, on a découvert que, pour un
cas particulier, il y a une personne, entre autres, qui a dit: Vous n'avez pas
d'affaire dans l'établissement. Là, cela posait un
problème qu'il n'y ait aucun contrôle si vous n'avez pas de
propreté, pas d'hygiène et que les cultivateurs se fient à
ces gens-là qui vont faire leur coupe.
M. Mathieu: La plupart du temps, normalement, le cultivateur
assiste au moment de la coupe; il apporte son quartier et cela se fait le
samedi après-midi, quand les boucheries sont fermées.
M. Garon: Ce n'est pas toujours de même dans le moment, on
l'a vu pour les viandes, mais ça existe de plus en plus. Il existe des
services rémunérés qui sont rendus comme cela et qui ne
sont pas nécessairement de la vente, alors que les lois étaient
orientées pour la vente. Pourtant, le but que l'on recherche, c'est le
commerce, tout ce qui est commercial, c'est-à-dire qu'il faut que
l'aspect de la salubrité soit...
M. Mathieu: Vous ne l'interdisez pas, mais vous gardez le pouvoir
de contrôler la salubrité.
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 4 est
adopté? Adopté. L'article 5? M. le ministre.
M. Garon: À l'article 5, il s'agit de la fourniture de
services; il s'agit d'obliger les commerçants fournissant des services
sans vendre des produits à s'enregistrer comme c'est le cas pour les
commerçants qui vendent leurs produits. Un enregistrement pour savoir
où ils sont situés, où ils sont. C'est pour cela qu'on
dit: "Le gouvernement peut, par règlement, dans la mesure et suivant les
modalités qu'il fixe, ordonner à toute personne engagée
dans la vente d'un produit ou la fourniture de services moyennant
rémunération de s'enregistrer auprès du ministre." C'est
uniquement qu'il faut qu'il y ait un enregistrement; ce n'est pas un permis,
mais c'est un enregistrement.
M. Levesque (Bonaventure): Complément de
réponse.
M. Garon: C'est de la concordance, en fait, parce qu'on a
déjà l'enregistrement de tous les aliments. Il y a 25 000
commerces qui s'enregistrent déjà; étant donné
qu'on les met là, évidemment, il va falloir tout simplement qu'on
sache qui en fait, qui n'en fait pas. Toutes les autres mesures, c'est de la
concordance, chaque fois qu'il est question
de fourniture de services; c'est toujours de la concordance.
Le Président (M. Gagnon): L'article 5 est-il
adopté? Adopté.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: En s'enregistrant, ça prend un permis?
M. Garon: Non.
M. Mathieu: Seulement s'enregistrer, parfait.
M. Garon: Au niveau fédéral, l'enregistrement a
valeur de permis; nous autres, on appelle les choses par leur nom; un permis,
c'est un permis et un enregistrement, c'est simplement que la personne se fait
connaître. On sait où elle existe; à part cela, c'est pour
éviter aux gens de fonctionner sous des noms autres que le leur; la
Belle Patate, on ne sait qui est là; cela nous donne une chance de faire
appliquer la loi sur les déclarations des sociétés et des
compagnies qui oblige les gens à s'enregistrer sous leur vrai nom au
point de vue de l'identité.
M. Levesque (Bonaventure):
L'enregistrement, est-ce qu'il comporte un papier ou quelque chose?
M. Garon: On a une formule et on a les noms, les adresses, le
groupe juridique auquel appartient la personne. On lui demande de fournir
simplement le document à partir de la déclaration des droits des
sociétés et des compagnies ou les lettres patentes si c'est une
corporation. C'est tout simplement cela. Il y a certains renseignements comme
s'il y a un système de réfrigération pour garder les
produits ou des choses de même. Mais on ne donne rien en retour, on est
informé de cela et ça nous permet d'avoir des identités
juridiques légales et non de faire affaires avec des gens qu'on ne
connaît pas; c'est pour le consommateur.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Comment allez-vous faire pour faire connaître
cet article-là? Allez-vous avertir tous les bouchers dans toute la
province?
M. Garon: Depuis 1977, depuis que les modifications ont
été faites à la loi nous l'avons déjà fait
de façon générale au niveau de toutes les questions
d'enregistrement. Cela a déjà été fait au niveau
général, en vertu de la loi du fichier central des entreprises.
On a la liste des gens qui existent, mais parfois les noms ne sont pas exacts.
Alors, en leur envoyant ça, ça nous donne une chance de
vérifier.
L'autre cas, ce sont les inspecteurs lorsqu'ils passent là. Ils
nous envoient la correction et nous leur envoyons la formule.
M. Mathieu: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): Adopté, l'article 5.
L'article 6? M. ie ministre.
Permis d'exploitation d'une usine
de préparation ou d'une conserverie
de produits marins
M. Garon: L'article 6 est un article clé parce que, si
vous regardez, c'est là que le permis intervient. Cet article-là
commence par: "Nul ne peut, sans être détenteur d'un permis en
vigueur..." On ajoute le paragraphe un qui dit: "exploiter une usine de
préparation ou une conserverie, pour fins de vente en gros, de produits
marins destinés à la consommation humaine." Or, cette disposition
impose l'obligation de détenir un permis pour exploiter l'usine de
transformation de produits marins et ce permis implique le respect des normes
réglementaires de construction, d'équipement et
d'opération.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): On a déjà des permis
cependant pour ces usines-là, en vertu de la loi.
M. Garon: La Loi sur la préparation des produits de la
mer.
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
M. Garon: Alors, ces permis-là vont être valides
pendant trois ans, on va le dire un peu plus loin. Il n'y a plus de permis
depuis le dépôt de cette loi, depuis le 30 novembre; de toute
façon, il n'y a pas vraiment d'usine qui s'établit à ce
moment-là. Le 30 novembre 1981, il n'y aura plus de permis depuis cette
date-là, en vertu de la Loi sur la préparation des produits de la
mer; on va le voir un peu plus loin.
Maintenant, tous les permis, à compter de l'adoption de cette
loi, seront donnés en vertu de cette loi; il n'y en aura plus en vertu
de l'ancienne loi. On va voir un peu plus loin que les permis, selon l'ancienne
loi, vont continuer à être valables pendant trois ans.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'ils sont renouvelables
annuellement?
M. Garon: Les permis seront
renouvelables annuellement, comme dans tous les autres domaines.
M. Levesque (Bonaventure): Je veux dire les permis existant
présentement.
M. Garon: Les permis existant présentement, il ne s'en
émettra plus.
M. Levesque (Bonaventure): Non, mais...
M. Garon: Ceux qui existent présentement, c'est comme
s'ils étaient maintenus jusqu'au 1er janvier 1985, à la fin de
1984.
M. Levesque (Bonaventure): Ils vont être renouvelés
annuellement?
M. Garon: Non.
M. Levesque (Bonaventure): Non?
M. Garon: Ils ont été adoptés en vertu du
règlement découlant de la Loi sur la préparation des
produits de la mer qui était une loi-cadre très
générale. Ce qui arrive, c'est qu'on les maintient jusqu'en 1984.
Le but est de respecter les droits acquis ou de donner une chance aux
entreprises en place de se conformer au nouveau système.
M. Levesque (Bonaventure): Je comprends, mais je demande si, dans
le passé, ils étaient renouvelés annuellement. Est-ce
qu'il n'y avait pas une date d'expiration?
M. Garon: Je pense que c'était le 31 mars.
M. Levesque (Bonaventure): Les permis qui sont émis
présentement, ceux qui sont sur le mur de l'usine, indiquent qu'ils
expirent le 31 mars 1982. Vous dites que vous les maintenez...
M. Garon: C'est la loi qui les maintient, c'est la loi qui le
dit.
M. Levesque (Bonaventure): Cela veut dire que, même s'il
est indiqué qu'ils expirent le 31 mars 1982, il n'y aura pas de
renouvellement physique de ces permis?
M. Garon: Non, il n'y en aura plus.
M. Levesque (Bonaventure): Ils vont toujours fonctionner avec un
permis expiré.
M. Garon: II n'est pas expiré puisque la loi...
M. Levesque (Bonaventure): Je comprends, mais apparemment
expiré.
M. Garon: ... est libre de dire qu'un chat est un chien ou je ne
sais pas.
M. Levesque (Bonaventure): Je comprends, maître. Mais,
littéralement, le public qui va entrer dans l'usine va voir un permis au
mur qui va dire: Ce permis expire le 31 mars 1982. Or, nous sommes, à ce
moment-là, au mois de juin 1982 et la personne qui passe devant le
permis regarde et dit: Cette usine n'est pas en règle. Ce n'est pas tout
le monde qui est assis avec nous ce soir pour savoir cela. Je me demandais
simplement pourquoi vous ne renouveliez pas ce permis. C'est seulement un
papier, est-ce que ça vous cause des problèmes de le renouveler
comme vous le faisiez auparavant?
M. Garon: Tout d'abord, je dois vous dire que ce système
de permis existait déjà au moment où vous étiez
ministre de l'Industrie et du Commerce. C'est le fédéral qui
appliquait les réglementations découlant de cette loi. Vous savez
sans doute que tout le système ne fonctionnait pas comme il fonctionne
présentement. Au moment où on intègre ça aux autres
aliments, on a un problème particulier, c'est-à-dire qu'il faut
passer par cette loi. On ne peut pas maintenir artificiellement, pendant x
temps, toute la réglementation. C'est évident que vous soulevez
un point, c'est-à-dire que c'est une possibilité qu'au niveau de
ce permis... Mais en tout cas, je vous dis que sur ces permis que j'ai vus, les
chiffres n'étaient pas tellement gros. On savait que
l'établissement avait son permis. Que ça pose un problème
pratique, je ne pense pas que ce soit le cas. Remarquez bien que c'est possible
d'en faire la diffusion et de renseigner les gens là-dessus.
Il y a des gens qui peuvent avoir le permis avant ça, par
exemple.
M. Levesque (Bonaventure): Je comprends, mais pour ceux qui ne se
prévaudront pas de ce bel avantage, pour la qualité du poisson,
de s'inscrire sous la nouvelle loi et d'obtenir un nouveau permis, serait-ce
très difficile, au point de vue administratif, de faire parvenir,
simplement comme on le fait pour les plaques d'immatriculation des
véhicules automobiles, quelque chose qui indique un renouvellement? Je
me pose la question tout simplement. Vous ferez bien ce que vous voudrez.
M. Garon: Remarquez bien qu'administrativement il est toujours
possible de mentionner que, conformément à la loi qui sera
adoptée, en présumant qu'elle va l'être...
M. Levesque (Bonaventure): Le présent permis est...
(22 h 15)
M. Garon: Oui, à ce moment-là, qu'on l'indique ou
qu'il y ait une mention quelconque, dans un envoi, si vous voulez, et que la
personne puisse l'avoir si jamais la situation que vous prévoyez se
présente. C'est une idée, on la prend en note, on peut
administrativement voir à ça.
M. Levesque (Bonaventure): Je vous remercie.
Le Président (M. Gagnon): L'article 6 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. L'article 7? M.
le ministre.
M. Garon: Attendez un peul À l'article 6, on a vu le
paragraphe e, mais il y a aussi l'autre élément dont on n'a pas
parlé qui rajoute un paragraphe, un alinéa à la fin de cet
article. C'est un autre article dans la Loi sur les produits agricoles et les
aliments. On dit: "Le paragraphe e du présent article ne s'applique pas
avant le 1er janvier 1985 à la personne qui, au 30 novembre 1981 - date
du dépôt de la loi - est titulaire d'un permis en vigueur
délivré en vertu du règlement adopté
conformément à la Loi sur la préparation des produits de
la mer."
M. Levesque (Bonaventure): II peut en obtenir un s'il satisfait
aux normes.
M. Garon: On va voir l'autre, plus loin, à 14 ou 16.
M. Levesque (Bonaventure): Vous avez l'alinéa suivant,
continuez de lire.
M. Garon: Non, ça, c'est correct. Je parlais de celui qui
a un permis, ça ne s'applique pas à lui, il n'est pas
obligé d'obtenir un permis, selon cette loi-là, avant le 1er
janvier 1985. Maintenant, si on termine, au dernier alinéa...
M. Levesque (Bonaventure): Bien oui.
M. Garon: ... on dit: "Cependant, le paragraphe e du
présent article s'applique à la personne visée au
quatrième alinéa dès que le ministre lui délivre,
sur demande, le permis prévu à ce paragraphe."
M. Levesque (Bonaventure): C'est ça.
M. Garon: Alors, les gens peuvent se conformer à ce
paragraphe et être régis par cette loi au fur et à mesure.
On l'a mis de cette façon, parce que c'est mieux que de la façon
dont on l'avait fait dans le secteur des viandes. Dans le secteur des viandes,
on commençait à une telle date pour tout le monde. Dans ce
cas-là, c'est au fur et à mesure, quand les gens sont
prêts, parce qu'on me dit qu'il y a des gens qui n'ont pas besoin
d'investissement du tout. Il y en a d'autres qui ont besoin d'un peu
d'investissement, de sorte qu'il y a des gens qui vont commencer à se
conformer à la loi graduellement; ça va devenir une incitation
sur le plan de la promotion, de faire connaître la qualité de leur
établissement. Il y a une incitation là-dedans.
M. Levesque (Bonaventure): Ce permis, cependant, dont il est
question dans le dernier alinéa, est renouvelé annuellement,
j'imagine.
M. Garon: II tombe sous la loi.
M. Levesque (Bonaventure): II y a une inspection, j'imagine, au
moins annuelle pour voir si ce permis mérite d'être
renouvelé.
M. Garon: C'est-à-dire qu'il y a deux choses
là-dedans. Quand on a un permis, c'est parce qu'on satisfait aux normes
de construction et d'équipement dans l'usine; l'exploitation, c'est une
autre affaire.
M. Levesque (Bonaventure): Quelqu'un peut voir sa machinerie se
détériorer ou quelque chose.
M. Garon: Quelqu'un doit satisfaire aux normes au moment de
l'émission du permis et il doit maintenir ces conditions-là,
parce que la procédure générale d'émission de
permis l'oblige annuellement, quand il le renouvelle, à fournir tous les
renseignements qui changent quelque chose à la situation dans laquelle
il devait être au moment où il l'a eu. Alors, si cela affecte sa
demande, ça va l'affecter lors du renouvellement, évidemment.
M. Levesque (Bonaventure): Donc, il y a une inspection.
M. Garon: Oui, pour tout le monde, c'est sûr.
M. Levesque (Bonaventure): Périodique. M. Garon:
C'est sûr.
M. Levesque (Bonaventure): En dehors de l'exploitation, parce que
je comprends que c'est une autre chose, c'est l'inspection des produits, mais
lorsqu'on parle d'édifices et de machinerie, d'équipement, si on
lit ce qu'on appelle le projet de règlement, on s'aperçoit qu'il
y a des normes qui peuvent très bien être respectées au
moment de l'émission du permis mais qui, au bout d'un certain temps,
pourraient ne plus être respectées.
Autrement dit, le permis que vous accordez annuellement ne l'est pas
aveuglément, une fois qu'un premier permis a été
donné.
M. Garon: Ce n'est pas automatique. M. Levesque (Bonaventure):
C'est ça.
M. Garon: Ce n'est pas automatique, mais, par contre, il ne faut
pas, non plus, virer le monde à l'envers pour rien. Il faut quand
même que ça soit sérieux. Ce n'est pas un bout de papier
qu'on délivre automatiquement, comme on l'a déjà vu.
M. Levesque (Bonaventure): Mais votre réaction est
inspirée sans doute par les remarques de mon collègue, le
député de Beauce-Sud, qui a demandé d'être humain
dans l'application de ce règlement.
Une voix: En effet.
M. Garon: Le ministre se charge de nous rappeler cette
partie-là.
Le Président (M. Gagnon): Article 6, adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): L'article 6 est adopté.
L'article 7? M. le ministre.
M. Garon: II s'agit, pour les fins de salubrité et
d'hygiène, de permettre aux inspecteurs désignés par le
ministre de pénétrer dans les locaux commerciaux où
seulement les services rémunérés sont fournis relativement
à un produit sans qu'il y ait vente. Cette inspection est
autorisée et se fait actuellement dans les locaux commerciaux de
vente.
M. Levesque (Bonaventure): Vous avez ça dans votre
règlement. La seule chose, c'est une concordance pour les articles 4 et
5, je crois, qu'on a déjà adoptés.
M. Garon: C'est ça.
M. Levesque (Bonaventure): C'est ça ou bien ce n'est pas
ça.
M. Garon: ... moyennant rémunération, c'est de la
concordance pour le premier alinéa. Pour la partie des locaux, c'est le
deuxième alinéa, c'est-à-dire le paragraphe 33b du projet
modifié. On a eu une cause où quelqu'un nous a dit: Vous avez le
pouvoir de pénétrer dans un endroit et d'examiner les produits.
Or, on sait très bien que la salubrité et toute la
réglementation sur l'aspect de la propreté, cela a une incidence
sur le produit. C'est cet aspect, qu'on puisse inspecter le local sur le plan
de la propreté et de l'hygiène.
M. Levesque (Bonaventure): Cela va pour les viandes aussi.
M. Garon: Cela va pour tout ça. C'est
généralisé. C'est dans le pouvoir général de
l'inspection dans un endroit. La réglementation actuelle prévoit
des normes de salubrité. Alors, il serait anormal d'avoir le pouvoir
d'entrer dans un endroit et, si c'est sale sur un mur, de ne pas regarder
ça, mais le produit seulement. C'est abracadabrant, mais c'est un peu la
situation dans laquelle on se trouvait. Personne n'a jamais soulevé
cela, mais, à un moment donné, on a une cause, quelqu'un
soulève cela au procureur de la couronne, il nous signale l'affaire.
Alors c'est pour ça.
Il faudrait demander à votre collègue, le
député de Brome-Missisquoi, tout ce qu'il peut invoquer quand il
plaide. 11 faut couvrir les trous.
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président (M. Gagnon): L'article 7 est
adopté.
L'article 8? M. le ministre.
Triage des produits marins
M. Garon: L'article 8 est plus long. D'abord, il y a le premier
alinéa où on dit: "par le remplacement du paragraphe a par les
suivants". Ici, il s'agit encore d'une concordance concernant la fourniture de
services moyennant rémunération.
M. Levesque (Bonaventure): Poursuivez, maître. Au cas
où cet autre maître ferait erreur, je compte sur vous.
M. Garon: Dans le cas de l'autre alinéa a.1), on dit:
"fixer, à des fins de salubrité, les règles relatives
à la construction, l'aménagement et l'équipement des
établissements ou véhicules où se font les
opérations visées au paragraphe a".
Cette nouvelle disposition, traduite au paragraphe a.1), a uniquement
pour but de dissiper certains doutes soulevés par le bureau des
règlements du ministère de la Justice quant à l'existence
d'un pouvoir spécifique de prescrire des règles de construction,
d'aménagement et d'équipement. Actuellement, ce pouvoir
découle implicitement surtout du paragraphe g sur la
détermination des conditions du permis portant à la fois sur les
activités des établissements concernés.
En conséquence, le nouveau pouvoir n'ajoute rien aux
règles existantes dans le secteur des viandes et à celles
prévues pour le secteur des produits marins; il s'agit simplement
d'améliorer la sécurité juridique
de la base législative habilitante.
Pour le cas du paragraphe e.1) qui est ajouté après le
paragraphe e, on dit: "ordonner le triage des produits marins, en prescrire les
conditions et les modalités et permettre au ministre de désigner
la personne préposée à ce triage". Il s'agit ici de
permettre au gouvernement de prescrire le triage des produits marins afin
d'assurer l'approvisionnement des usines de transformation en produits de
qualité et de prévoir le rejet des produits impropres. Ce
processus pourra rendre ces produits plus attrayants pour le consommateur, tout
en ayant un effet bénéfique sur les structures des prix
payés aux pêcheurs. À l'arrivée à l'usine, il
y aura une classification des produits.
Quand on parle de voyages à l'étranger, je vais vous
donner un exemple: je suis allé voir de quelle façon le
débarquement et le triage se font en Europe. Au Québec, les
fonctionnaires nous proposaient deux qualités au point de départ,
A et B; C signifiant rejet. En parlant avec les gens sur les quais en France,
au débarquement, je leur ai demandé combien ils avaient de
catégories Ils ont dit: Trois. Deux pour le bon poisson et une pour le
rejet. Je leur ai demandé pourquoi. Ils m'ont dit: On a une
qualité extra A, une qualité B et une qualité C pour
rejet. J'ai demandé: Pourquoi avez-vous extra? Ils m'ont dit: Nos petits
pêcheurs côtiers rapportent le poisson tous les jours; ils ont des
petits bacs pour mettre ça dans la glace, ce sont eux qui fournissent le
meilleur poisson. Alors, on a une catégorie qui est uniquement
accessible à eux. Ce n'est pas accessible aux chalutiers; uniquement aux
petits pêcheurs côtiers qui ont un produit de qualité.
Le chalutier, lui, peut avoir du A ou du B parce qu'il ne rapporte pas
son poisson tous les jours; alors, j'ai pensé que ce serait une bonne
idée de mettre une catégorie extra pour le pêcheur
côtier, évidemment, qui ne met pas son poisson dans le fond de la
chaloupe au soleil, mais qui prend un bac isothermique, par exemple, dans sa
chaloupe, avec de la glace, met les poissons là-dedans et garde ses
poissons frais. Il rapporte ce poisson qui a quelques heures seulement
lorsqu'il arrive au quai; c'est le meilleur poisson. C'est sans doute celui que
mange le député de Bonaventure lorsqu'il dit que lui, il n'a
jamais eu de problème. C'est un fait parce que, demeurant sur place, il
connaît les pêcheurs qui sont négligents et ceux qui sont
particuliers dans leur travail.
Alors, moi, j'ai expliqué l'affaire aux fonctionnaires et j'ai
dit: II me semble que ça serait bon. C'est pour cela que, si vous
regardez dans la réglementation, vous pourrez voir une qualité
extra A et B. Dans les chalutiers, par exemple, il y a deux qualités
acceptables A et B. On s'en rend compte, par les enquêtes dont je parle
du ministère quand le poisson a un jour, quand il a entre un et cinq
jours et quand il a au-delà de cinq jours. Quand le poisson a
au-delà de cinq jours je vous dis que le pourcentage qui est bon est
faible. C'est trop long s'il n'y a pas des équipements d'une certaine
nature à bord des bateaux.
Alors, le triage, ce serait pour assurer une classification du poisson
à l'arrivée et, à ce moment-là, il peut y avoir un
prix meilleur pour les pêcheurs s'ils font un produit de qualité
et ils ont intérêt à le faire. C'est évident qu'il y
a un effort supplémentaire à faire pour produire de l'extra au
lieu du A et du B ou même pour produire du A au lieu du B pour un
chalutier. Il y a un effort particulier, mais, s'il y a un effort, cet effort
devrait être récompensé.
Maintenant, au point de vue de l'expérimentation du triage, on va
mettre en opération cinq équipes, cinq points cet
été, ce printemps. On est en train de regarder les
modalités en ce moment pour qu'on commence, avec les pêcheurs,
avec les usines et les gens du gouvernement, à établir
tranquillement le triage pour le roder. Je suis certain qu'il va y avoir des
problèmes au point de départ. La première fois où
ça va arriver, on va dire: Cela ne se fait pas de telle façon; on
devrait faire cela plutôt de telle façon. Alors, on va pouvoir le
roder pendant une couple d'années avant de le rendre obligatoire.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Quand vous dites ici "permettre au ministre de
désigner la personne préposée à ce triage", est-ce
que c'est une personne qui peut être payée par le
ministère, un inspecteur du ministère, ou s'il va falloir qu'ils
engagent une personne payée par eux-mêmes?
M. Garon: Évidemment, ce que je vous dis là n'est
pas parole d'évangile parce que, avant que cela devienne obligatoire,
ça va prendre une couple d'années. Dans mon esprit, je ne
voudrais pas que ce soit un fonctionnaire, mais il faut que quelqu'un le
désigne et mon ministère va le désigner parce qu'on est
peut-être le groupe le plus neutre. Dans les deux groupes des usines et
des pêcheurs, l'un est acheteur et l'autre est vendeur.
M. Levesque (Bonaventure): Vous êtes plus patroneux que les
deux autres groupes.
M. Garon: Je pense que c'est bon de voir cela aller. Si quelqu'un
ne fait pas un bon travail, au fond, il ne pourra pas être
condamné par tout le monde. Si quelqu'un
fait un travail trop sévère, le pêcheur ne sera pas
de bonne humeur et, s'il fait un travail qui n'est pas assez
sévère, c'est l'usine qui n'en voudra plus. Je pense qu'au fil
des jours, il y a des journées où le pêcheur va dire: II a
été un peu fort sur la classification; le lendemain, c'est
l'usine, mais, au bout du compte, les gens vont dire: Si on regarde tout cela,
il était pas pire.
M. Mathieu: Qui va le payer, ce gars-là?
M. Garon: J'ai dit à Sept-Îles où
c'était la grosse question: II n'est pas question que le gouvernement
paie cela tout seul, que ce soit des inspecteurs du gouvernement et que
ça devienne les gens du gouvernement, après cela, il y a les
pauses-café, il y a ceci et puis cela. Moi, je ne veux rien savoir de
ça. Il ne faut pas que le poisson attende sur le quai parce que le gars
est parti prendre son café; ça ne peut pas marcher de même.
Par ailleurs, ça ne peut pas être un gars qui est en devoir 24
heures par jour, non plus. Si c'est payé par le gouvernement, là
il n'y aura plus de discipline. Lorsque c'est le gouvernement, ça
devient comme de l'argent de Monopoly; ça ne compte plus. La meilleure
façon que cela ait du bon sens, c'est que tout le monde paie. C'est la
meilleure façon aussi que ce soit équitable et que vous ayez
votre mot à dire. Lorsque cela ne coûte rien, on dit: Bah, ce
n'est pas grave, mais, si vous payez, si les pêcheurs paient et si
l'industriel paie, ils vont dire: Moi, j'ai mon mot à dire parce que je
paie. Je pense que c'est la meilleure façon pour que cela fonctionne;
c'est cela que j'ai essayé d'expliquer à Sept-Iles et j'ai eu
l'impression véritablement que les gens acceptaient ça. (22 h
30)
Je peux vous dire que, dans le domaine laitier, les coopératives
qui achètent le lait des agriculteurs font l'inspection au point de vue
des tests de gras. Le ministère le faisait pour les compagnies
indépendantes à Saint-Hyacinthe. Les cultivateurs, parfois,
mettraient peut-être un peu moins de gras, pas beaucoup moins, mais un
petit peu moins. Cela coûterait moins cher, mais, au bout de
l'année, cela ferait pas mal d'argent pour eux autres. Il y avait un
doute, je ne dis pas un gros doute, mais il restait une interrogation. Quand il
a été question de réformer ce système-là -
parce que, plusieurs fois, des cultivateurs m'en avaient parlé - je me
suis dit: Si on faisait un système où tout le monde est
semblable, entreprises privées, coopératives, n'importe quoi,
tout le monde, tous les cultivateurs sont sur le même pied; les usines
vont payer le tiers, les cultivateurs vont payer le tiers et le gouvernement le
tiers. On a mis cela en application, cela fait deux ans, je n'ai plus entendu
un son, plus un mot, parce que les gens ont le sentiment que l'inspecteur est
payé également par tout le monde. S'ils ne sont pas satisfaits,
il y a une méthode pour faire une plainte. Cela crée un sentiment
de confiance. J'ai l'impression que, dans ce domaine-là, cela va
être plus difficile que dans les produits laitiers. Les produits
laitiers, ce sont des machines qui analysent; c'est de la mécanique qui
analyse pour le contrôle laitier.
Il y a des pêcheurs qui vont se plaindre, je pense bien que celui
qui va voir son poisson rejeté en grande partie ne sera pas de bonne
humeur. J'ai l'impression que les associations, dans leur ensemble, savent
quand le poisson est correct ou n'est pas correct. J'ai l'impression qu'avec
l'usage... C'est pour cela qu'on a mis deux ans de rodage. D'abord, les gens,
sachant que le poisson est trié, font plus attention. Le gouvernement
fédéral nous suggérait que cela soit inspecté par
les usines, que les inspecteurs ou les trieurs soient payés par l'usine,
et les associations de pêcheurs disaient: On ne veut rien savoir de cela.
S'ils sont payés par l'usine, ils vont classer du bord de l'usine.
Alors, c'est humain; que ce soit vrai ou pas vrai, ce n'est pas important. Je
pense que c'est sur le plan humain.
Maintenant, si le poisson, normalement, à cause de ce
système-là, est de meilleure qualité, il va y avoir un
accroissement du prix au pêcheur. Ne mettons pas des gros montants, 0,02
$, 0,03 $, 0,04 $ la livre, ce ne sont pas de très gros montants pour
avoir un poisson B ou extra plutôt que A; mettons qu'il y a un petit
écart. Quand on regarde sur des quantités de volumes, le
coût au pêcheur du classificateur, cela va être une fraction
d'un cent, j'imagine. Alors, c'est un peu cela qu'on envisage à l'heure
actuelle.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que je peux demander au
ministre quel est le nombre de trieurs ou d'inspecteurs - appelez-les comme
vous voulez - qui est prévu pour répondre aux besoins de
l'industrie et des pêcheurs?
M. Garon: J'ai le document ici, on a fait des projections de
coûts à ce point de vue. Un maximum de 18
hommes-années.
M. Levesque (Bonaventure): 18, pour toute la province?
M. Garon: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'il y en aurait partout,
même dans les régions en dehors de ce qu'on appelle le territoire
maritime? Il y a des débarquements de poisson jusqu'à
Trois-Rivières. Vous entendez pour des quantités industrielles,
j'imagine, parce que les règlements ne font pas de
distinction.
M. Garon: On anticipe de faire le triage au niveau de
l'usine.
M. Levesque (Bonaventure): Autrement dit, si vous avez la
pêche à l'anguille dans le Saint-Laurent, allez-vous avoir le
même genre de règlement?
M. Garon: On va voir de quelle façon on peut le mieux
l'appliquer avec les gens du milieu.
M. Levesque (Bonaventure): Le projet de règlement que le
ministre nous a fait parvenir ne semble pas faire de distinction dans le
produit marin ou dans la quantité de poisson au débarquement. Il
ne semble pas que, dans le projet de règlement que nous a fait parvenir
le ministre, il y ait des distinctions de faites par exemple entre l'Isle-Verte
et les Îles-de-la-Madeleine. C'est un exemple pris au hasard. Ce semble
être dès qu'il y a un débarquement de poisson quelque part.
Est-ce qu'on pourrait aller jusqu'à Trois-Rivières avec
ça?
M. Garon: C'est l'arrivée à l'usine.
M. Levesque (Bonaventure): II y a des usines de toutes les
grandeurs. Du moment qu'un poisson est transformé ou usiné, d'une
façon ou de l'autre, même si c'est dans une petite boutique,
apparemment, le règlement s'appliquerait. À moins qu'on n'en
tienne compte quelque part, mais à la lecture du règlement, je ne
me rappelle pas qu'il y ait eu des distinctions au point de vue
quantitatif.
M. Garon: Est-ce que votre question est en fonction du tri?
M. Levesque (Bonaventure): Elle est en fonction du tri, oui.
Évidemment, elle sera, dans quelques instant peut-être, lorsqu'on
arrivera à d'autres...
M. Garon: C'est ça, notre période de rodage, au
fond, qu'on veut mettre en place.
Au niveau du projet, actuellement, on n'a jamais fait de tri; cette
opération ne s'est jamais faite ici. C'est évident que comme
c'est quelque chose qui n'a jamais été fait, ça va
présenter certains problèmes d'ajustement au début. Entre
autres, c'est pour ça que le tri ne commence que dans trois ans. Le 1er
avril 1984. D'ici ce temps-là...
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, le ministre parle de deux
ans depuis tout à l'heure, et ce que j'ai lu du règlement, c'est
qu'il s'appliquait le 1er janvier 1985, ce qui voudrait dire qu'il n'y aura pas
de tri avant le printemps de 1985.
M. Garon: Pour le tri, c'est le 1er avril 1984 qui est
indiqué dans le projet de règlement actuel. Les usines, pour
avoir leur permis, c'est le 1er janvier 1985. On prévoit roder ça
en 1982 et 1983. Je ne sais pas encore si on va mettre les articles dans le
règlement, au point de départ. On a ces articles, tel qu'on
anticipe de les avoir dans le règlement, mais on pourrait commencer, au
départ, par roder le système de tri et, après ça,
faire la réglementation en fonction de ce qu'on aura prévu. Mais
la section sur le tri, s'il y en a une dans le règlement, elle est au
point de départ et ne s'appliquera pas avant le 1er avril 1984. On
rodera le système en cours de route, d'ici deux ans, justement pour ces
questions.
Je suis convaincu d'une chose cependant, et c'est pour ça que je
tiens à ce que chacun paie le tiers. Si le gouvernement, comme vous
dites, paie à 100%, les gens vont vouloir avoir un trieur à
chaque quai, ce qui devient prohibitif. Mais si tout le monde paie son
écot, les gens vont dire: On va avoir une discipline pour
l'arrivée des bateaux, par exemple. Est-ce que les bateaux doivent
arriver 24 heures par jour?
M. Levesque (Bonaventure): Sur le plan expérimental, M. le
Président, est-ce que le ministre a l'intention de faire cette
expérience à même les fonds de son ministère? Il ne
peut pas imposer, avant avril 1984, de frais aux autres.
M. Garon: II n'est pas question d'en imposer avant le 1er avril
1984.
M. Levesque (Bonaventure): C'est encore une bonne partie de notre
vie, nous dont l'âge a été rappelé par le ministre.
Pour nous, ces deux années, c'est peut-être...
M. Garon: Je n'ai pas parlé de l'âge. J'ai dit que
ça devait faire longtemps que vous y étiez allé, parce que
ceux que j'ai rencontrés ne m'en ont pas parlé. Je n'ai pas
parlé de votre âge.
M. Levesque (Bonaventure): C'est une façon très
délicate de parler de mes activités comme ministre en 1960.
M. Garon: Tout le monde sait que le député de
Bonaventure n'a pas d'âge.
M. Levesque (Bonaventure): C'est ça, parfait. Ceci
étant dit, c'est important, nous sommes en décembre 1981, on
parle d'un règlement qui, quant au tri, s'appliquerait au mois d'avril
1984. D'ici à ce temps, on va vivre et des trieurs ou inspecteurs
seraient nommés et payés par le gouvernement à certains
endroits. Est-ce que j'ai bien
compris? Vous n'avez pas répondu dans le micro.
M. Garon: Oui. On veut roder le système, au point de
départ, avec des gens qui pourraient être engagés pour une
période de temps, tant de mois, être formés pour commencer
à expérimenter la question du tri, en collaboration avec les
associations des industriels, pour voir les difficultés qu'on pourrait
éprouver dans la pratique.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre peut nous dire
à quels endroits il a l'intention de faire de telles expériences?
Est-ce que ces expériences seraient imposées ou si elles ne
seraient que le fruit d'une entente avec les intervenants?
M. Garon: Une entente.
M. Levesque (Bonaventure): Une entente.
M. Garon: Avec les intervenants. C'est pour ça qu'on pense
le faire à cinq endroits: un endroit aux Îles-de-la-Madeleine,
parce qu'aux îles tous les gens seront au courant de l'expérience
puisque c'est un territoire restreint; un endroit sur la Côte-Nord et
trois endroits en Gaspésie, parce que les volumes sont plus
considérables, la côte est longue en Gaspésie. On pense
à un endroit dans votre comté...
M. Levesque (Bonaventure): Paspébiac.
M. Garon: ... un endroit du côté de la baie des
Chaleurs, mais plus vers la pointe de Gaspé et un endroit du
côté nord, pour que l'expérience soit vécue par
l'ensemble du territoire maritime. Ensuite, on veut adapter le règlement
sur le triage en conséquence, un peu, de l'expérience faite.
Le Président (M. Gagnon): L'article 8 est-il
adopté? Adopté. L'article 9? M. le ministre.
M. Garon: L'article 9...
M. Levesque (Bonaventure): Excusez-moi, sur l'article 8, M. le
Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): ... si on me le permet.
Le Président (M. Gagnon): Sur l'article 8?
M. Levesque (Bonaventure): Simplement une question de
vocabulaire. Je vois, et vous le trouverez en haut de la page 7: "fixer,
à des fins de salubrité, les règles relatives à la
construction, l'aménagement et l'équipement des
établissements ou véhicules où se font les
opérations." Je comprends très bien que vous pouvez penser
à des règles relatives à la construction, à
l'aménagement et l'équipement des établissements mais,
lorsque vous arrivez dans la construction des véhicules, est-ce que vous
allez imposer vos règles à la construction des
véhicules?
M. Garon: C'est-à-dire entendons-nous, il y a toutes
sortes de véhicules là-dedans, il s'agit, par exemple, d'un
véhicule fermé, où il y a de la
réfrigération. Si vous transportez du poisson, par exemple, de
Gaspé à Montréal, ça prend un véhicule
réfrigéré. Ce sont des prévisions comme
celle-là, au point de vue des véhicules.
À part ça, vous avez beaucoup de véhicules qui
servent à conserver des aliments; évidemment, ce sont des
véhicules de transport. En disant "à des fins de
salubrité", on vient de cerner que la construction ne nous
intéresse pas au même titre que la Commission de la santé
et de la sécurité du travail qui a des pouvoirs dans ce
domaine-là, mais qui s'intéresse à la
sécurité des travailleurs. Nous, c'est à des fins de
salubrité, alors c'est général. C'est la notion de
"véhicule" dans son sens le plus large possible. Ce n'est pas un
véhicule au sens de la Loi sur les véhicules automobiles; le
véhicule qui sert à transporter des denrées alimentaires.
On parlait tantôt de choses isothermiques, on sait que les parois de ces
véhicules ont toutes ces choses-là. À ce moment-là,
les règles, pour autant qu'elles sont applicables, d'où
l'énumération qui est là, concernent plus
l'aménagement et l'équipement, si vous voulez, quand on arrive
avec un véhicule, "à des fins de salubrité", ça ne
concerne pas les roues et ça ne concerne pas le métal, c'est
évident; c'est surtout la partie de ce qu'on appelle la benne d'un
camion ou l'endroit réservé aux aliments.
M. Mathieu: Cela peut être un véhicule terrestre,
maritime ou aérien. (22 h 45)
M. Garon: C'est ça, ça peut être ça,
mais on réalise quand même que, pour fins de salubrité,
quand le bateau est amarré, si vous voulez, s'il y avait des questions
de propreté et d'hygiène en relation avec le produit, il pourrait
y avoir... Cela va se poser surtout au niveau, par exemple, des bacs qui sont
utilisés pour le transport des produits; ça pourrait même
affecter cet aspect-là.
Le Président (M. Gagnon): Article 9? M. le ministre.
M. Garon: L'article 9 ajoute l'article
40.1 à la loi. Cela vaut la peine de tout le lire; je peux vous
le lire, peut-être que ça va aller plus vite après. "Le
ministre peut, par arrêté publié à la Gazette
officielle du Québec: "a) prescrire, aux exploitants des
établissements visés au paragraphe e du premier alinéa de
l'article 9 et aux pêcheurs, le remboursement au gouvernement, en tout ou
en partie dans la mesure que prévoit ce dernier, des dépenses
faites par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation pour le triage des produits marins ordonné par
règlement; "b) fixer la quote-part globale qui doit être
remboursée respectivement par les exploitants et les pêcheurs et
établir la contribution individuelle payable par chacun d'entre eux; "c)
obliger l'exploitant de chaque établissement, selon les conditions et
modalités qu'il détermine, à retenir, sur les sommes qu'il
doit à chaque pêcheur, un montant représentant la
contribution payable par ce pêcheur et à remettre au ministre,
outre sa contribution, le montant ainsi retenu; "d) déterminer les
renseignements que l'exploitant de chaque établissement doit fournir
relativement au montant ainsi retenu; "e) fixer l'époque de la remise
des contributions; "f) imposer, comme condition au permis délivré
à un exploitant d'établissement, le respect des mesures prises en
vertu du présent article et l'indiquer au permis."
Il s'agit d'obtenir l'implication des pêcheurs et des industriels
dans le coût des services de triage de produits marins
exécuté au bénéfice de ces intervenants. Cette
disposition permet au gouvernement de fixer la base du partage des
dépenses incombant à chaque partie et autorise le ministre
à prescrire des mécanismes de remboursement, de
répartition et de versement des contributions des pêcheurs et des
industriels. Ces mécanismes devant être adaptés à
toutes les circonstances d'exploitation des diverses usines de transformation,
il est essentiel de conférer au ministre une discrétion
administrative pour intervenir avec souplesse dans un cadre juridique tout en
liant les industriels au niveau des conditions du permis. Ces mécanismes
s'inspirent d'un procédé analogue existant à l'article 78
de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): II n'y a rien dans la loi qui parle de
la date du 1er avril 1984. C'est simplement les intentions présentes du
ministre. Si on adopte ce projet de loi, le ministre pourrait fort bien mettre
ça à exécution demain matin ou tenter de le faire.
M. Garon: Oui, mais je ne suis pas malade. Cela n'aurait pas de
bon sens. J'ai comme objectif le 1er avril 1984. Ordonner par règlement,
mais je pense ...
M. Levesque (Bonaventure): Vous pourriez l'ordonner par
règlement.
M. Garon: C'est ordonné par le gouvernement. Il a raison,
on pourrait l'ordonner demain matin, mais on ne l'ordonnera pas demain matin.
C'est pour ça que ça prend une période de rodage. J'ai le
pouvoir dans la loi mais...
M. Levesque (Bonaventure): Ce que je disais, M. le
Président, c'est que nous légiférons présentement
et, dans ce que nous faisons, il n'y a pas de date qui apparaît. Nous
n'avons que la parole du ministre. Présentement, elle est importante.
À l'occasion, j'ai peut-être eu certaines raisons pour poser
certaines questions. À un moment donné, le ministre peut avoir
d'excellentes intentions et, ensuite, changer d'idée. S'il change
d'idée, il va nous dire: Ce sont seulement les fous qui ne changent pas
d'idée ou des histoires comme ça. C'est pourquoi on fait un
certain acte de foi à ce moment-ci en légiférant de cette
façon parce qu'on permet au ministre, dès demain s'il le
désire, de préparer un règlement, de le publier dans la
Gazette officielle et de dire; La loi est maintenant adoptée, ce sera le
1er juin 1982. C'est un pouvoir qu'il a, sauf que c'est enregistré au
journal des Débats qu'il n'a pas l'intention de se prévaloir des
dispositions de cette loi avant le 1er avril 1984.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté.
M. Levesque (Bonaventure): Sauf qu'on ne sait pas encore le
coût. J'ai fait un calcul rapide, il y a peut-être à peu
près une valeur de 36 000 000 $ ou 40 000 000 $ de produits bruts qui
arrivent aux quais, disons. Ce sont peut-être des chiffres plus ou moins
exacts, disons 36 000 000 $. Il y a 18 inspecteurs ou trieurs qui sont
prévus; cela veut dire à peu près une moyenne de 2 000 000
de livres par trieur, si l'on veut. Dépendamment de la façon dont
on paie ce personnage, ça pourrait représenter une fraction
décimale; je ne sais pas, peut-être que cela représente 1%
du prix du produit. Est-ce que le pêcheur pourrait penser avoir au moins
1% de plus? Est-ce que c'est possible de penser cela?
M. Garon: Je pense que oui. On a fait
des projections là-dessus. Évidemment, des études,
c'est toujours théorique un peu. On regarde cela en fonction du prix
payé selon la qualité. Évidemment, tout cela, il faut que
ça se fasse en même temps. C'est pour cela que faire le triage
immédiatement, si la modernisation des usines n'est pas faite et que le
reste n'est pas arrivé en même temps, ce qui va arriver, c'est que
le prix ne suivra peut-être pas. Il faut que la modernisation soit faite.
On a parlé d'avril 1984; moi, je tiendrais beaucoup plus, à votre
place, à retarder à avril 1985 plutôt que de l'avancer. Il
faut que tout cela se fasse en même temps. Si on sort un produit de
première qualité parce que le secteur s'est modernisé,
normalement, on va obtenir les meilleurs prix sur les marchés, et on va
pouvoir approvisionner des marchés qui sont plus payants.
M. Levesque (Bonaventure): Je me suis peut-être
laissé dire que, pour les produits congelés rendus en Europe, les
prix qui sont obtenus par les fabricants ou exportateurs canadiens se
comparaient avec ceux des autres produits qui arrivaient sur le marché
européen. Est-ce que c'est exact présentement?
M. Garon: C'est une question de qualité
là-dedans.
M. Levesque (Bonaventure):
Apparemment, d'après ce qu'on m'a dit - je me suis laissé
dire, cependant, qu'il y avait une petite différence aux
États-Unis, sur le marché américain - sur le marché
européen, il y avait moins de différence dans les prix. Sur le
marché américain, on pouvait penser que, pour des blocs, par
exemple, il y avait peut-être une différence, mais pas aussi
importante qu'on pourrait le laisser entendre.
M. Garon: II y a des mois où il n'y en a pas et il y a des
mois où il y en a plus; ça varie.
M. Levesque (Bonaventure): À cause de la qualité
parce qu'il y a eu récemment des problèmes sur le marché.
Les inventaires ont augmenté assez considérablement au cours de
l'été; apparemment, depuis un mois, on a pu en écouler un
peu.
M. Garon: C'est le dollar canadien. Un des problèmes
vis-à-vis de l'Europe, c'est que le dollar canadien est maintenu trop
haut par rapport aux monnaies européennes qui sont
dévaluées. Alors, on est moins concurrentiel - il y a plusieurs
aspects ensemble - en termes de change, de monnaie, sur les marchés
européens. C'est un aspect, cela. Il y a plusieurs facteurs qui jouent
aussi. Il peut y avoir un problème d'approvisionnement d'une
espèce tel mois alors qu'il n'y en a pas d'autres mois. C'est pour cela
qu'au ministère je disais que la prochaine étape, ça va
être la commercialisation.
J'ai été étonné que, dans le domaine des
pêches, les gens vendent au pif; j'ai été estomaqué
de voir cela. À l'Agriculture, on a l'inventaire des marchés. Au
ministère, on sait exactement ce qu'il y a en entrepôt de semaine
en semaine, de mois en mois. Dans le domaine des fruits et légumes, je
peux vous dire, par exemple, ce qu'il y a dans tous les entrepôts au
Canada, qu'il s'agisse des pommes de terre ou des carottes dans
différentes provinces. On peut aller plus loin que cela. À
Montréal, quelqu'un qui veut savoir le prix de telle sorte de grain sur
le marché de Chicago, sur le marché de Winnipeg ou à
différents endroits, il téléphone, il le demande et il
l'a.
Quand les gens étaient pour fermer l'an passé, en
1980-1981, dans le crabe, au mois de juin, on a travaillé pour que les
usines demeurent ouvertes. Au moment même où on faisait cela, il y
avait des gens qui travaillaient à la commercialisation et j'ai vu une
lettre écrite au ministère par quelqu'un. Je ne dirai pas le nom,
mais il me disait que c'était une idée de fou - il ne disait pas
ça de même - cela n'avait pas de bon sens, avec cette
politique-là, de continuer à pêcher du crabe, alors qu'il y
avait des surplus. On resterait collé avec des entrepôts pleins de
crabe. Le problème, à l'heure actuelle, c'est qu'on l'a vendu
trop vite, de sorte qu'aujourd'hui on a bien averti les fonctionnaires de
forcer les entreprises à garder les approvisionnements pendant l'hiver.
Parce qu'on a fait une promotion sur le marché du Québec, en
septembre et en octobre, deux années de suite. Les gens s'habituent
à ce produit-là et, à un moment donné, parce qu'on
a l'occasion de l'écouler, on s'en débarrasse et on n'en a plus.
Les gens, l'an prochain, vont, avec plus de réticence, accepter le
crabe. Il faut garantir une certaine sécurité
d'approvisionnement; le marché le plus sûr, c'est le nôtre.
Alors, si on avait la certitude d'écouler sur notre marché,
à chaque année, bon an, mal an, 25%, 30%, 40%, 50%, je suis
persuadé que les Québécois, dès qu'ils vont
connaître le crabe, on va en avoir de moins en moins pour l'exportation,
comme c'est le cas pour le homard. Il faut les approvisionner.
Les gens sont craintifs, ils se sont dépêchés
à vendre leur crabe à l'été. Ils ont obtenu, on m'a
dit, 3 $, 3,25 $ la livre, alors qu'actuellement, s'ils avaient attendu un peu,
ils le vendraient 4,25 $, 4,50 $ et ils feraient pas mal d'argent avec leur
crabe. Mais les gens ne connaissent pas l'état des approvisionnements et
je suis convaincu qu'il est possible de faire, comme dans le domaine agricole,
un genre d'endroit... C'est pour cela qu'on a lancé un concours pour
avoir quelqu'un dans le domaine de la promotion
des produits marins. Une de ses premières fonctions sera de
mettre sur pied, comme on l'a dans le secteur agro-alimentaire, dans les
différents types de production - on ne l'a pas dans toutes les
productions, mais dans plusieurs productions, comme les céréales
-l'état des approvisionnements dans le monde. Je suis certain qu'avec
certaines revues ou un certain nombre d'appels téléphoniques, on
pourra savoir, par exemple, combien il y a de tel type de poisson dans les
différents pays producteurs ou dans les principaux pays producteurs. On
dira: L'approvisionnement s'en va de telle façon, c'est le temps de
vendre ou ce n'est pas le temps de vendre, pour aller chercher le meilleur prix
du marché. Et cela est un des avantages, par exemple, quand les gens
demandent pourquoi les pêches à l'Agriculture. C'est le genre
d'affaire que l'Agriculture peut donner aux pêches, l'expertise qui
existe depuis quelques années dans l'agriculture et qu'il est possible
de transférer aux pêches. Mais les gens, quand ils arriveront pour
faire leur vente, pourront savoir si c'est le temps ou non de vendre. Ils
pourront savoir l'état des approvisionnements, l'état des
marchés et savoir en même temps, par exemple, ce qu'est le
marché de l'Italie cette semaine, ce qu'est le marché de Boston
cette semaine et décider en conséquence.
Coût de la modernisation des usines et de la
flotte de pêche.
M. Levesque (Bonaventure): Cela va pour la commercialisation,
j'étais très intéressé à suivre le ministre
dans ce qu'il projette pour l'avenir. Maintenant, nous avons quelque chose qui
précède cette étape-là, d'après les paroles
mêmes du ministre, c'est améliorer la qualité du poisson.
Nous pensons, à ce moment-ci, aux frais inhérents, au tri du
poisson au débarquement. Mais on sait qu'il y a également
d'autres frais, ceux reliés à la flotte et ceux reliés
à la modernisation des usines. Et là, nous touchons à des
sommes beaucoup plus considérables.
Je ne sais pas si c'est le moment de poser la question au ministre, mais
peut-être que ce serait aussi bien de vider cela; on ne videra
peut-être pas la question complètement. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire, d'une façon plus précise qu'il ne l'a fait en
Chambre, quelles sont les sommes qu'il envisage comme étant
nécessaires à la modernisation de la flotte et à la
modernisation des usines, le tri étant un coût relativement
moindre dans ces trois aspects-là de l'amélioration de la
qualité? Alors, si on s'en tenait, pour le moment, surtout à la
modernisation de la flotte et à la modernisation des usines.
Je pense bien que cette dernière comporte les coûts les
plus considérables, malgré que je sois informé qu'on
sous-estime, au ministère, le coût de la modernisation de la
flotte. Parce que le poisson, s'il y a quelque chose qui ne va pas au moment
où il est pêché... Lorsque je parle de la flotte, je parle
également des équipements qui sont requis pour la prise du
poisson. Du moment que le poisson quitte son habitat naturel, du moment d'abord
qu'il quitte son état de liberté en mer, jusqu'à ce qu'il
arrive au moment du débarquement, il peut déjà être
en difficulté quant à la qualité. La qualité peut
se perdre et, d'ailleurs, le ministre a parlé en Chambre un peu de ces
poissons qui subissaient des mauvais traitements même sous l'eau. (23
heures)
Alors, le ministre est très conscient que des difficultés
au point de vue de la qualité peuvent survenir entre le moment où
le poisson perd sa liberté en mer et le moment où il est
débarqué. C'est avant le tri. Il y a, on peut se l'imaginer, des
coûts à estimer, du moins, pour cette phase; autrement dit des
correctifs. Ces correctifs devront coûter je ne sais combien. Ensuite, il
y a le tri puis le transport, le transbordement, tout ce que vous voudrez, et
les usines elles-mêmes où le poisson arrive finalement pour
être transformé. Là encore, il y a des coûts. Il y a
même des coûts plus loin dans la mise en marché.
Tout cela, comment est-ce que ça va coûter, le plan
conçu par le ministère pour l'amélioration de la
qualité du poisson. À combien est-ce qu'on peut l'estimer,
aujourd'hui, en dollars de 1982? Quand ça va être mis en place ce
seront peut-être des dollars de 1983 ou de 1984? Quel sera le coût
et comment sera-t-il distribué?
M. Garon: Disons que le coût vraiment important, c'est au
niveau des usines. Au niveau des usines, je dirai que je souhaite que dans le
domaine des pêches... Je vais avertir les fonctionnaires, pour chacun des
projets que je vais signer, que j'ai l'intention de vérifier ça
comme il faut. La tendance des gens, quand ils engagent des professionnels qui
font leurs plans, quand ils se lancent dans un processus de modernisation,
c'est toujours de vouloir bâtir un peu plus gros, pour l'avenir. C'est
une erreur. Il ne faut pas bâtir plus gros que ce dont on a besoin.
J'ai l'intention de dire aux fonctionnaires, et je le leur ai dit:
N'incitez pas les gens à bâtir plus gros que ce dont ils ont
besoin. Quand on a fait la réforme dans le secteur des abattoirs, il y
avait des gens avec qui on était obligé de se battre. Ils
disaient: Ce n'est pas assez gros. Je me rappelle une entreprise que je ne
nommerai pas. Je suis allé à l'inauguration, le
propriétaire me disait: J'ai bâti pour tant de
têtes par semaine, les fonctionnaires me disaient de bâtir
pour la moitié moins que ça, et je pense que je me suis
trompé, j'aurais dû bâtir encore plus gros. L'entreprise,
six mois plus tard, était en difficulté; elle avait bâti
trop gros. L'entrepreneur est libre, c'est lui qui décide. On lui dit:
Vous ne devriez pas bâtir trop gros. J'ai l'intention, dans ce secteur,
de leur dire: Vous êtes mieux de faire un plan modulaire et s'il y a une
croissance, éventuellement, d'agrandir un peu votre usine, plutôt
que de la bâtir trop grande en partant, parce que vous allez avoir des
frais fixes que vous allez être obligés de supporter année
après année.
Au niveau des usines, le plus gros coût est la, mais, dans le
secteur des pêches, ça ne prend pas beaucoup d'équipement
dans les usines. Essentiellement, il s'agit d'un plancher d'atelier, avec de la
réfrigération. C'est cela, essentiellement, l'usine: il y a des
tables de travail, mais l'équipement n'est pas dispendieux, à
part les appareils de réfrigération. Pour les usines, vous avez
des chiffres, je vois que vous avez été informé. Vous avez
été assez longtemps au ministère pour avoir des gens qui
vous renseignent là-dessus, pour avoir certaines données. Donc,
au niveau des usines, nos anticipations, je l'avais dit dans un
communiqué de presse, c'était 32 000 000 $. Là-dessus, il
y aurait approximativement, dans certains cas, 45%, dans d'autres cas 40% de
subvention pour la construction des usines.
Au niveau des bateaux, il y a trois types de bateaux. Les
prévisions, pour les bateaux de plus...
M. Levesque (Bonaventure): Pour les usines, combien, 40%?
M. Garon: 32 000 000 $.
M. Levesque (Bonaventure): 32 000 000 $?
M. Garon: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): Puis, comment est-ce que ça va
être partagé?
M. Garon: Normalement, on a un programme pour payer 20% pour la
modernisation des usines. Il y a aussi 20% que les entreprises peuvent aller
chercher au niveau du MEER, parce que le territoire maritime, dans son
ensemble, fait partie des régions désignées.
Deuxièmement, dans certains cas d'usines qui iraient dans un parc
industriel, ça pourrait monter à 45%. Il y en a quatre ou cinq
qui sont touchées par cette entente, pour qui cela pourrait aller
jusqu'à 45%. J'ai l'impression que les gros coûts, c'est au niveau
des usines.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je m'excuse
auprès du ministre, mais les renseignements que j'ai, c'est que
présentement il n'y a aucune entente de conclue avec le MEER ou avec
aucun organisme ou ministère fédéral. On n'a aucune
assurance d'une contribution de la part du gouvernement fédéral.
Or, si on était dans une situation où le fédéral ne
contribuait pas ou si le fédéral contribuait moins que 20%, s'il
contribuait 10% ou 5%, cela augmenterait toujours la part des
propriétaires d'usines et finalement, la part des pêcheurs parce
que ce sont souvent des coopératives de pêcheurs. Je pense que les
Pêcheurs unis du Québec sont le plus gros opérateur au
Québec. Cela doit regrouper à peu près 40% de l'industrie.
Alors, je demande au ministre: Est-ce qu'il y a eu des entretiens, des
conversations entre fonctionnaires fédéraux et fonctionnaires
provinciaux? Est-ce qu'une entente aurait été conclue? Si oui,
est-ce qu'on pourrait avoir...
M. Garon: II y a eu une rencontre au niveau des fonctionnaires.
Je dois dire plus que cela, étant donné l'expérience qu'on
a eue dans le domaine du programme de la rationalisation du secteur des
viandes, nos lettres d'offre aux entreprises étaient
rédigées en conséquence, à savoir qu'on paierait
35% des investissements admissibles, moins la subvention du MEER,
jusqu'à concurrence de 200 000 $. Au début, les gens du MEER y
allaient et après cela ils disaient: Dans le fond, si vous garantissez
35% moins le MEER, si on n'y va pas, vous allez y aller pareil, ils ont
déjà reçu la lettre d'offre. Dans deux ou trois projets,
ils n'y sont pas allés parce qu'on avait déjà donné
une garantie; alors, on a rédigé notre programme de telle
façon que le MEER puisse y aller et que cette contrainte n'existe pas,
après discussion avec eux. Je ne les blâme pas, je pense bien
qu'ils aiment avoir le mérite des investissements qu'ils font, des
subventions qu'ils versent. Ce n'est pas mon ouvrage de leur donner le
mérite. Des fois, quand les gens me blâment, je leur dis que ce
n'est pas à moi de faire la publicité d'un programme du
gouvernement fédéral, c'est à lui de faire la sienne, mais
je ne l'empêche jamais de la faire, d'aucune façon.
Alors, ce qui est arrivé, ce que j'ai fait dans le programme - on
en a parlé au ministère - c'est qu'on a dit qu'on paierait 20%.
On aurait pu dire: On va payer 40% moins le montant du MEER, sachant qu'il
paierait 20%. Ayant été échaudé dans quelques
projets, au niveau des abattoirs, j'ai préféré qu'on
laisse la pression politique jouer et dire qu'on va payer 20%. L'entreprise ira
chercher 20% au MEER, quitte à ce qu'on l'aide à faire son projet
pour sa demande au MEER. Donc, le MEER
pourrait envoyer sa lettre d'offre à 20% et nous, envoyer notre
lettre d'offre à 20%. Normalement, dans ce genre de chose
-j'espère que ce ne sera pas changé - le MEER attent le "OK" du
Québec avant de donner son approbation à un projet; il y a des
consultations entre les deux ministères sur ce genre de projet.
Des avis sectoriels sont émis, s'échangent; de ce
côté-là, jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu de
problème, espérons que cela va continuer.
M. Levesque (Bonaventure): Parce qu'il ne faut pas que le
ministre oublie une chose. De par la loi qu'il doit mettre à
exécution et d'après la réglementation, surtout, qu'il va
imposer à l'industrie et aux pêcheurs, il va obliger et
l'industrie et les pêcheurs à assumer des coûts dont ils ne
veulent pas nécessairement. Ils aimeraient bien mieux que tout cela soit
possible... Je suis convaincu qu'ils sont favorables aux objectifs. D'ailleurs,
il semble que les colloques de Sept-Îles, de Gaspé et même
de Matane aient indiqué que l'industrie, en général, et
les pêcheurs, en particulier, étaient d'avis que les objectifs
étaient louables. Mais lorsqu'on leur envoie la facture la
réaction peut être différente. C'est pour cela que je veux
prendre certaines précautions aujourd'hui pour savoir combien cela va
coûter et qui va payer, parce que je suis pour la vertu, vous savez,
même si quelquefois on ne la pratique pas toujours.
M. Garon: Je sais que ce que vous dites, c'est la nature humaine.
Quand j'ai rendu publics la loi et les règlements, j'ai bien vu
certaines personnes qui disaient: Oui, oui, oui, pas de problème; la
qualité, on est pour ça. Mais, quand ils ont vu que cela s'en
venait et que c'était trois ans, ils ont dit: Là, c'est vrai.
On n'a pas le choix. Au ministère, il y a une bonne
expérience maintenant. Cela a commencé par les produits laitiers;
après, les viandes et, là, le poisson. Je dirais que le secteur
du poisson bénéficie de cette expérience sur le plan
pratique. Plutôt que de concevoir la chose théoriquement, on a
envoyé sur le territoire, pendant deux ans, des équipes pour
visiter les usines, pour voir ce qui manquait dans les usines, comment cela
devrait être modernisé, pour préparer la
réglementation. Il y a des gens qui sont allés sur le territoire
- ils ne sont pas ici - de façon régulière et je leur ai
demandé de faire le tour des usines. Ils ont fait le tour de toutes les
usines pour voir ce qu'il y avait, quelle modernisation cela prenait et comment
cela fonctionnait, tout cela pour que nous ne fassions pas un règlement
décroché de la réalité. Il est évident que
ce n'est pas égal. La première année, en 1982, un certain
nombre d'usines vont voir ce qui leur manque au point de vue du
règlement, vont voir ce qu'il faudrait qu'elles fassent. Il y en a un
certain nombre qui vont se moderniser. Les autres vont aller voir de quoi cela
a l'air une usine qui est modernisée et qui répond aux normes.
Qu'y a-t-il de différent par rapport à leur usine? Elles vont le
voir concrètement. Il y aura toutes sortes d'entreprises, des petites,
des moyennes, des grosses. Au niveau des usines, c'est là qu'est le gros
coût.
Au niveau des bateaux, s'il s'agit de bateaux de plus de 65 pieds; il y
en a 21, et on parle d'investissements pour les modifications
nécessaires qui sont estimés à 498 000 $. Ce qui veut dire
à peu près 22 000 $ par bateau. Tantôt, je parlais de
quelqu'un qui m'avait dit, en 1980 - et c'était justement un bateau de
plus 65 pieds - qu'il voulait faire une cale réfrigérée.
Il m'avait dit qu'il aurait voulu avoir un prêt du ministère et
c'est là que le fonctionnaire lui avait dit qu'il était en
période de réflexion. J'avais demandé au pêcheur
quel était le montant qu'il avait anticipé et il m'a parlé
de 15 000 $ pour faire sa cale réfrigérée. Ce qui veut
dire que, quand on prévoit autour de 20 000 $ en 1980, cela
correspondrait approximativement à ce qui est prévu.
Pour les bateaux de 35 à 65 pieds, il y en a 405, on
prévoit 1 365 000 $. À ce moment-là, on parle d'une
moyenne d'environ 3000 $ par bateau de 35 à 65 pieds. Il s'agit de
bateaux qui peuvent valoir entre 75 000 $ et 600 000 $, qui peuvent aller
même jusqu'à 1 000 000 $ dépendamment du type de bateau, en
fer ou en bois. Encore là, par ailleurs, il y a un certain nombre de
bateaux - on parle d'une centaine - qui ont été construits depuis
trois ou quatre ans, qui n'ont à peu près pas besoin de
modifications ou très peu de modifications, pour ceux qui ont
été bâtis depuis trois ans.
M. Levesque (Bonaventure): Les plans n'ont pas été
changés dans ces bateaux-là. Ce sont les mêmes que vous
aviez avant. Ce sont les mêmes plans. Qu'y a-t-il de changé?
M. Garon: Je ne suis pas un architecte naval, mais maintenant
pour les bateaux, lorsqu'on va en appel d'offres, des espaces sont
prévus soit pour permettre des espaces réfrigérés
ou de la "conteneurisation"; ça, c'est dans les nouveaux bateaux. 23 h
15)
M. Levesque (Bonaventure): Depuis quand? C'est récent.
M. Garon: La "conteneurisation", c'est récent. Les bateaux
sont un petit peu plus larges.
M. Levesque (Bonaventure): Je comprends, mais ils ne sont pas
encore
construits.
M. Garon: Non, il y en a un certain nombre.
M. Levesque (Bonaventure): Combien?
M. Garon: Pas beaucoup, mais un certain nombre qui
prévoient déjà des conteneurs.
M. Levesque (Bonaventure): Combien de 65 pieds et plus? Il ne
doit pas y en avoir beaucoup.
M. Garon: Je parle en bas de 65 pieds. De toute façon, des
65 pieds et plus, il ne s'en est pas construit beaucoup
dernièrement.
M. Levesque (Bonaventure): J'ai dit récemment. Lorsqu'on
parle du nombre de bateaux, le ministre parle souvent du nombre de bateaux, il
donne toutes les chaloupes, c'est une beauté de voir cela. Il reste une
chose. Je ne voudrais pas passer la nuit, je voudrais simplement être
précis. Pour être concret, prenons une industrie comme les
Pêcheurs unis du Québec. C'est connu, ça opère aux
Îles-de-la-Madeleine, ça opère dans le comté de
Gaspé, ça opère un peu partout sur la
Basse-Côte-Nord, partout où on retrouve les Pêcheurs unis ou
des intérêts des Pêcheurs unis du Québec; c'est
pratiquement la moitié de l'ensemble, au point de vue du volume.
Ces gens-là, on le sait, ont des difficultés, comme
l'industrie de la pêche en général. Je ne prends pas les
chiffres que j'ai et qui sont différents un peu de ceux du ministre, ce
qui rendrait mon argumentation encore plus sérieuse, si l'on veut, au
point de vue de la gravité de la situation. Mais prenons les chiffres du
ministre tout simplement. Je vois qu'avec la flotte, le tri, l'usine et le
transport, peut-être, ça voudrait dire, pour les Pêcheurs
unis du Québec, un investissement additionnel de 10 000 000 $. Où
est-ce qu'ils vont prendre cela, d'ici deux ans, 10 000 000 $? Je parle de leur
part; ça, c'est si les 20% du provincial sont payés, si les 20%
du MEER - on n'est pas sûr de cela, - étaient payés.
Les Pêcheurs unis du Québec, si leurs usines sont à
peu près dans la même catégorie que celles des autres -
autrement dit, à moins qu'ils n'aient tous des usines parfaites, en
tenant cela à peu près dans la moyenne générale -
auraient à faire face à une dépense, à un
investissement d'environ 10 000 000$, si mes chiffres et les chiffres du
ministre concordent. Où est-ce qu'ils vont trouver cela
présentement, avec les difficultés qu'ils ont? J'ai
déjà été au ministère et on avait de la
visite de temps en temps; il y avait de bonnes années et de moins bonnes
années. On ne peut pas dire qu'on est dans les années les
meilleures au point de vue liquidités. Comment vont-ils trouver cet
argent-là? C'est cela que je voudrais savoir.
M. Garon: Au niveau des bateaux...
M. Levesque (Bonaventure): Seulement de cela, le montant,
où est-ce qu'ils vont trouver cela?
M. Garon: Je vais vous dire pourquoi il peut y avoir
différents types d'évaluations. Lorsque vous dites "mes
chiffres", il peut y avoir d'autres chiffres au point de vue de
l'évaluation. Je sais à quoi vous référez quand
vous parlez de cela parce que les gens peuvent évaluer cela d'une
façon plus optimiste, plus pessimiste ou médiane, entre les deux.
En réalité, je vais vous dire pourquoi. C'est que le
règlement ne dit pas: Vous devez avoir à bord du bateau tel type
d'équipement; ce qu'il dit, c'est: Vous devez maintenir votre poisson
à bord du bateau à 4 degrés centigrades au maximum pour
rencontrer la qualité. Il peut y avoir différentes façons
de maintenir le froid à bord du bateau. Un propriétaire de bateau
peut dire: J'aimerais avoir un système de réfrigération.
Un autre peut dire: Je ne veux pas de système de
réfrigération, mais je veux utiliser de la glace. Un autre peut
dire: Moi, je veux utiliser de la glace, mais je veux avoir plus de
sécurité avec ma glace. Actuellement, il y a des "kits" qui se
vendent avec lesquels on peut faire de la glace à bord du bateau. Pas
besoin de la charger; on met de l'eau douce à bord du bateau et on a une
machine qui fait la glace à mesure, directement, et il y a des machines
de différentes capacités, une demi-tonne, une tonne, deux tonnes.
Évidemment, ce n'est pas sur les petits bateaux.
Il y a d'autres types de machines, maintenant, qui peuvent prendre l'eau
de mer, la dessaler en partie et, après cela, la congeler;
évidemment, c'est plus cher. Évidemment, il y a des gens qui vont
moderniser des bateaux, il y en a qui vont faire toutes sortes de choses. Il en
a qui vont dire: Moi, je vais mettre de la glace avec des bacs; d'autres vont
dire: On va mettre de la glace, avec des séparations dans la cale du
bateau. D'autres vont dire: Je vais avoir un équipement pour
réfrigérer; d'autres vont pouvoir dire: J'aimerais avoir une
petite machine à glace à bord de mon de bateau; la grosseur du
bateau et mes volumes justifient cela.
C'est pour cela que vous ne pouvez pas, au point de départ,
déterminer quel est le coût exact, parce que cela va être le
choix du propriétaire du bateau de décider du genre
d'équipement qu'il veut sur son bateau pour maintenir le poisson
à pas plus de 4 degrés centigrades.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président,
j'écoute le ministre. Je suis d'accord qu'il peut y avoir diverses
façons d'arriver au même objectif. Je prends les chiffres du
ministre. Je n'ai pas regardé si c'était de la glace ou si
c'était à tel degré, je ne regarde pas la flotte en
particulier, je ne regarde pas les usines. Pour une organisation comme les
Pêcheurs unis -j'aurais pu prendre un autre exemple, mais celui-là
est peut-être le plus connu, parce que c'est une coopérative, il y
a des pêcheurs - si je prends les chiffres du ministre, je me dis que ces
gens-là vont avoir une facture de 10 000 000 $ en moyenne. Cela peut
être un autre qui a la facture, je ne sais pas; ça va être
encore pire, si c'est l'autre qui en a plus. Finalement, si les Pêcheurs
unis se situent dans la moyenne et s'ils répondent aux normes, si on
s'en tient aux chiffres du ministre, ils vont avoir une facture de 10 000 000 $
d'ici deux ans. Comment vont-ils payer cela? C'est cela que je veux savoir.
M. Garon: Je pense que les Pêcheurs unis - admettons qu'on
prend le cas des Pêcheurs unis - ont des usines qui sont plus modernes,
d'autres qui sont plus vieilles. Ils vont faire un choix, ils vont commencer,
j'imagine, par terminer les usines les plus modernes et ils vont prendre leur
décision, dans le temps, en fonction des taux d'intérêt,
etc.
M. Levesque (Bonaventure): II y a un problème.
M. Garon: Le problème actuellement dans n'importe quoi, ce
sont les taux d'intérêt qui sont élevés.
M. Levesque (Bonaventure): Si le ministre admet qu'il y a un
problème, je suis prêt à dire: Bon, il y a un
problème et vous aurez à y faire face et nous aurons tous
probablement, comme intervenants dans le domaine des pêches, à y
faire face. Il faut au moins qu'on s'en rende compte ce soir, alors qu'on est
assis ici. Il ne faut pas qu'on s'en aille aveuglément en disant: Oui,
oui. Si c'est vrai, il y a une facture au bout et, si la facture est
payée seulement à 20% par le gouvernement du Québec, il y
en a d'autres qui vont avoir 80% à payer; si le fédéral en
paie 20%, il y a encore 60% quelque part. Si on s'en rend compte, qu'on adopte
la loi quand même et qu'ensuite on s'en va dans une réglementation
qu'on ne connaît pas encore, sauf l'avant-projet qui nous a
été remis par le ministre, mais elle indique... Parce que,
lorsqu'on lit le projet de réglementation du ministre, il y a des
détails là-dedans et il y a des exigences là-dedans.
M. Garon: Cela a l'air pire que c'est.
J'ai eu la même réaction que vous, la première fois
où j'ai commencé à travailler dans ces
réglementations-là. Mais il y a beaucoup de choses, au fond, qui
sont écrites et qui vont de soi, il y a des choses qui sont
indiquées dans ces règlements qui ont l'air plus
compliquées qu'elles ne le sont en réalité. Il y a
différents types d'usines. Il y a des répétitions, comme
vous dites; il y a des chapitres, par exemple, où on donne les normes
pour une usine de préparation du poisson, les normes pour une
conserverie. Ensuite, il y a différents types de préparations qui
sont indiqués avec des répétitions pour bien indiquer ce
que c'est dans tel cas, ce que c'est dans tel autre cas. À l'usage,
c'est moins compliqué que cela a l'air quand on lit cela d'une
traite.
M. Levesque (Bonaventure): Bonne chancel
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Gaspé.
M. LeMay: C'est vrai ce que M. Levesque dit. Il y a un
problème d'investissement au point de départ, si on prend, par
exemple, les Pêcheurs unis. Mais il ne faut pas oublier, par exemple,
qu'après avoir fait ces transformations-là, s'ils sortent un
produit de meilleure qualité, ils vont pouvoir le vendre plus cher.
Donc, ils vont finir par récupérer à la longue cet
argent-là. Au point de départ, je suis d'accord avec vous qu'il y
a un investissement.
Le Président (M. Gagnon): L'article 9 est
adopté?
M. Garon: Je dois terminer en disant que, pour les bateaux de
moins de 35 pieds, on parle essentiellement, pour le plus grand nombre de
bateaux, de 2107 bateaux, dont 736 ont entre 25 et 35 pieds...
M. Levesque (Bonaventure): Dont?
M. Garon: ... et 1371 sont des unités d'une longueur
inférieure à 25 pieds. Ces bateaux pêchent 25% des captures
commerciales enregistrées au Québec. Ce sont de grosses
chaloupes. Il y en a, à 30 pieds ou 35 pieds, qui ont une petite cabine.
Ils peuvent utiliser des caissons ou des bacs pour entreposer leur poisson. On
parle, par exemple, d'un système qui nécessiterait un roulement
d'environ 25 caisses par bateau, avec un support d'arrimage sur le pont et un
autre dans la cale ainsi qu'un bac isothermique pour la conservation de la
glace. Il faut un bac isothermique dans la bateau pour conserver la glace, pour
glacer le poisson au fur et à mesure qu'on le prend.
Il ne s'agit pas d'un investissement considérable. Pour les bacs,
il y a des
subventions, puisque le gouvernement les subventionne à 50%. On
parle, pour 2107 unités de pêche, d'un investissement de l'ordre
de 1 500 000 $, dont une grande partie sera payée par le
gouvernement.
Mais je suis d'accord avec vous qu'à ce moment-ci, si les taux
d'intérêt peuvent baisser, ça va faciliter la tâche;
ça va obliger à certaines choses aussi. Il y a des usines qui
fonctionnent à 45% ou 50% de la capacité de production; ce n'est
pas un gros pourcentage. C'est peut-être mieux de marcher à 70%,
75% ou 80% de la capacité de l'usine. C'est évident qu'il va y
avoir des choix à faire.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre est en train de
me dire qu'il va y avoir des usines qui vont fermer leurs portes?
M. Garon: II y a des gens qui vont décider de ne pas faire
d'investissements, j'en suis convaincu, dans certains cas.
Le Président (M. Gagnon): L'article 9 est-il
adopté?
M. Garon: Pour différentes raisons. Quelquefois, ce sera
l'âge du propriétaire qui dira: Je suis dans ce secteur, je n'ai
pas de garçon, j'ai tel âge, je vais continuer jusqu'au
délai, je ne m'éterniserai pas. Il peut y avoir différents
facteurs. C'est pour ça que je pensais donner les permis au fur et
à mesure, pour que les gens voient comment tout ça se fait. Je
veux vous dire que la principale représentation des industriels,
c'était de ne pas être trop incitatif pour les nouveaux permis. Ce
qu'ils craignaient le plus - M. Moore se le rappellera sûrement, ils nous
l'ont dit à plusieurs reprises - c'est qu'on ait une incitation trop
forte, quand on parle de 20% pour le fédéral et de 20% pour le
provincial, de sorte qu'il pourrait y avoir une multiplication d'usines sur le
territoire et que les usines existantes deviennent non rentables.
C'était la grosse crainte. C'est pour ça que, pour le
degré de subvention, on a essayé de mettre un pourcentage assez
fort pour aider ceux qui veulent le faire, mais pas trop fort, pour qu'il n'y
ait pas multiplication des usines. C'était un peu ça.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre est-il en train de me dire
que quelqu'un qui n'a pas d'usine du tout, présentement, va avoir droit
à cette subvention, et si oui...
M. Garon: Ce n'est pas automatique. Dans le programme, on a
prévu que quand il s'agit d'une nouvelle implantation d'usine, il y a un
caractère d'intérêt public à savoir si la nouvelle
usine ne vient pas uniquement chercher l'approvisionnement des usines
existantes.
M. Levesque (Bonaventure): Quelle est la politique
présente de subvention pour les usines nouvelles qui
s'établissent? Du côté du MEER, pour le
fédéral, on sait qu'il y a des subventions qui sont
prévues, mais du côté du ministère, je ne pense pas
qu'il y ait des subventions à l'heure actuelle.
M. Garon: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): II y en a un qui dit non, l'autre qui
dit oui.
M. Garon: Oui, depuis février 1981. On a un programme de
modernisation des usines qui est public depuis février 1981.
M. Levesque (Bonaventure): Quelle est la subvention?
M. Garon: 20%.
M. Levesque (Bonaventure): On parle de la même chose. (23 h
30)
M. Garon: Oui. Ce n'est pas automatique. On examine la situation,
il y a un avis sectoriel qui est remis et si, à notre avis,
l'état de la ressource ou la conjoncture économique, la
main-d'oeuvre, etc., où les gens veulent implanter leur usine, ne nous
semblent pas favorables ou risquent de nuire à des entreprises
déjà existantes, on donne un avis sectoriel négatif. En
d'autres mots, on dit: Vous êtes libres, si vous voulez, de vous
implanter, mais on ne vous accorde pas de subvention. Il y a plusieurs cas
comme ça.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on peut savoir ce qui
arriverait d'une usine qui voudrait s'implanter, à l'avenir? Est-ce
qu'on pourrait imaginer que le promoteur ou le propriétaire
éventuel pourrait avoir droit à cette subvention de
février 1981 et à un autre montant de 20% qui pourrait être
obtenu en vertu de la nouvelle réglementation? Est-ce que c'est
seulement pour les usines existantes les 20%?
M. Garon: C'est en vertu du même programme.
M. Levesque (Bonaventure): Ah! c'est en vertu du même
programme!
M. Garon: La modernisation des usines est dans un seul programme
qui a été rendu public.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, mais lorsque l'usine n'existe pas
ce n'est pas une question de modernisation, à ce moment-là.
M. Garon: Non, c'est l'implantation, le regroupement, la
modernisation, tout ça, c'est dans le même programme. La
rationalisation des usines, c'est dans le même programme.
M. Levesque (Bonaventure): Si je comprends bien, il n'y a rien de
nouveau de prévu avec l'arrivée de cette nouvelle
réglementation.
M. Garon: Ce n'est pas pareil dans ce sens-là. Quand on
l'a rendu public, en février 1981, le programme de modernisation des
usines, c'était justement pour que les industriels connaissent le
programme avant de faire le règlement.
M. Levesque (Bonaventure): Si je comprends bien - parce qu'il ne
faudrait pas, non plus, multiplier la confusion - s'il n'y avait pas eu de
projet de loi no 36, cela aurait été une subvention de 20% au
maximum, ça pourrait être moins, dépendant des
critères mentionnés par le sous-ministre il y a un instant.
Quelqu'un qui avait l'intention, soit de construire une nouvelle usine, soit de
moderniser son usine, avait droit au moins à un examen qui pouvait lui
amener une subvention allant jusqu'à 20%. C'est ça?
M. Garon: C'est-à-dire qu'on l'a donnée seulement
dans trois cas, mais depuis, non. Je pense qu'on avait demandé des plans
qui respectent la réglementation vers laquelle on s'en venait pour
donner 20%.
M. Levesque (Bonaventure): Autrement dit, ni le projet de loi
actuel no 36 que nous étudions, ni la réglementation qui doit
suivre ne comportent une subvention additionnelle à celle qui avait
été prévue au mois de février 1981. Il faudrait
s'entendre là-dessus.
M. Garon: II aurait été possible, s'il y avait eu
une réglementation, d'adopter, en vertu de l'ancienne loi, un nouveau
règlement, une correction; rien n'aurait empêché le
ministre de sortir un programme de subvention en relation avec cette nouvelle
réglementation. Ce qui s'est produit c'est que, compte tenu que le tri
était une question importante et compte tenu également que la
question des partages de coûts, avait été soulevée
par les industriels, il a fallu toucher à la loi. C'est lorsqu'il a
été question de toucher à la loi qu'il y a eu un
réaménagement en fonction de la loi, de sorte qu'il aurait pu
arriver que la question que vous soulevez survienne dans le cadre d'un
règlement adopté en vertu de l'ancienne loi.
M. Levesque (Bonaventure): Mais, présentement, on me dit
que la situation a été établie au mois de février
1981, au point de vue subventions, et que cela continue. Cela ne s'ajoute pas,
il n'y a pas de subvention qui s'ajoute, autrement dit, à partir de
l'adoption de la présente loi.
M. Garon: Pour toutes les subventions qui ont été
accordées, dans le programme, il y a une lettre d'offre du ministre,
avec les conditions. Dans chacune des lettres que j'ai signées, j'ai dit
que les conditions prévues c'était de respecter, en termes de
plans, la nouvelle réglementation qui s'en venait. On a accepté
les plans en fonction de cette nouvelle réglementation qui s'en venait.
Cela a été accepté en fonction des critères du
projet qui était perçu, pour qu'il n'y ait pas trop de
décalage, si vous voulez.
Autrement, on aurait dit: Vous subventionnez une usine pour faire des
travaux et, six mois après, vous changez les règles du jeu; cela
n'aurait pas eu de bon sens. C'est pourquoi on a prévu dans la lettre
qu'il fallait respecter... À ce moment-là, les gens sont venus
avec des plans, on a accepté les plans, mais sachant que ces plans
respectaient la réglementation.
M. Levesque (Bonaventure): Qui n'est pas encore adoptée.
Que vous êtes fins! Vous êtes réellement démocrates.
Vous avez tout décidé, de donner des subventions conditionnelles
à des règlements qui n'existaient pas encore, qui
découlaient d'une loi qui n'était pas encore adoptée par
l'Assemblée nationale et les gens ont déjà construit.
M. Garon: Ils n'ont pas construit.
M. Levesque (Bonaventure): Bien, voyons, ils ont dû
commencer la construction, c'est depuis le mois de février 1981. Ce
n'est pas encore commencé?
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 9 sera
adopté?
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je sais que
vous avez hâte qu'on l'adopte, mais on a toutes sortes de
révélations.
M. Garon: Moi, je me dis veiller ici ou veiller
là-bas.
M. Levesque (Bonaventure): En tout cas, nous reviendrons
là-dessus; il va falloir que le ministre, lorsqu'il viendra faire
adopter ses crédits, soit plus précis. Je l'apprécierais
d'une façon particulière parce qu'à ce moment-là on
sera rendu un peu plus loin dans l'exercice et il faudrait qu'on ait des
précisions là-dessus. C'est bien normal, c'est notre devoir dans
l'Opposition...
M. Garon: Oui, oui.
M. Levesque (Bonaventure): ... de poser des questions que les
gens du milieu aimeraient souvent poser au ministre, mais ils n'ont pas
toujours l'occasion de le faire. Au moins, maintenant, ceux qui lisent le
journal des Débats peuvent dire: Voici ce que le ministre a dit et voici
la situation. Après tout, s'il y a eu trois acceptations de la part du
ministre depuis le mois de février 1981 qui comportent des subventions
relativement importantes, cela doit être des implantations valables.
Alors, si cela s'est passé et si ces subventions sont reliées
à une réglementation qui n'est pas encore adoptée et qui
découle d'une loi qui n'est pas encore adoptée, cela fait un peu
curieux. Disons que, pour le moment, à l'heure qu'il est là et
comme l'heure fatidique approche, si le ministre veut voir sa loi
adoptée en commission ce soir, je pense que nous devrions
procéder, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Alors, l'article 9 est
adopté. L'article 10?
M. Garon: Le député de Bonaventure parle des gens
qui lisent le journal des Débats pour se renseigner. J'ai l'impression
que ceux qui lisent le journal des Débats, la plupart du temps, c'est
pour essayer de nous prendre en défaut.
Le Président (M. Gagnon): L'article 10 est-il
adopté?
M. Levesque (Bonaventure): S'ils ne font que lire les
communiqués du ministre, il va peut-être avoir une chance
d'être encore pris en défaut. Je me demande ce qu'ils doivent
lire.
M. Garon: Par curiosité, il y a une couple d'entreprises
de la région de Québec qui sont susceptibles d'être dans
les premières qui vont se moderniser. Il y en a une qui respecte, je
pense bien, à peu près les standards de qualité à
l'heure actuelle. Si le député de Bonaventure est
intéressé, ou d'autres députés, je pourrais leur
indiquer l'endroit. Ils pourraient visiter deux ou trois entreprises qui font
la transformation du poisson et ils verraient ce que ça signifie au
point de vue de la qualité. Ce sont des usines tout près
d'ici.
Le Président (M. Gagnon): L'article 10 est
adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le Président,
c'est rapide tout d'un coup.
Une voix: Est-on rendu à l'article 10?
Infractions et peines
M. Levesque (Bonaventure): II s'agit des infractions et des
peines. On ajoute les produits marins, mais on ne change pas les amendes; c'est
la même chose que dans le cas des viandes. Est-ce que c'est bien le
cas?
M. Garon: Cela est en fonction de l'importance du triage. Pour le
secteur des produits marins, le triage permet d'éliminer les produits
impropres et est aussi essentiel pour la qualité et la salubrité
que l'estampillage ou le contrôle des viandes impropres. Il s'agit de
prévoir les mêmes amendes élevées, applicables aux
industriels qui utiliseraient des produits marins non triés ou des
produits triés comme impropres à la consommation humaine.
M. Levesque (Bonaventure): Voici la seule question que je veux
poser ici. Est-ce que cet article-ci s'applique au triage expérimental
qui va avoir lieu d'ici deux ans?
M. Garon: Non, non. Quand on parle du triage, c'est le triage
ordonné par règlement.
M. Levesque (Bonaventure): Par le règlement.
M. Garon: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): Ce n'est pas le triage
expérimental.
M. Garon: Non, ça ne se peut pas, ce n'est pas possible.
Ce qui est dans la loi...
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'il va y avoir une
autorité là-dedans? Quand on fait du tri expérimental, y
a-t-il une autorité?
M. Garon: On va avoir un protocole d'entente avec l'endroit
où on va le faire. On n'arrivera pas là en disant: On fait le tri
expérimental ici. On va s'entendre avec l'entreprise, l'association de
pêcheurs pour dire: Si vous êtes d'accord, on va faire un protocole
d'entente pour voir comment cela marcherait le tri.
M. Levesque (Bonaventure): Sans qu'on puisse...
M. Garon: C'est comme un système de contrôle de
qualité. Normalement, un système de contrôle de
qualité, c'est une responsabilité de l'usine. Là, on est
dans un secteur où cela ne s'est jamais fait; alors, il faut qu'au
début on intervienne, d'autant plus que ce sont les entreprises qui
veulent qu'il y ait quelqu'un d'indépendant pour intervenir. Alors, il
va falloir faire un essai loyal.
M. Levesque (Bonaventure): Autrement dit, cet article-ci ne
s'appliquera pas avant la mise en oeuvre de la réglementation.
M. Garon: Cet article ne s'appliquera pas en ce qui a trait au
triage des produits marins avant que le triage soit obligatoire
légalement, c'est-à-dire tel que prévu dans le projet de
règlement.
M. Levesque (Bonaventure): Merci.
Le Président (M. Gagnon): L'article 10 est adopté.
L'article 11?
M. Garon: L'article 11 a pour objectif d'assujettir au
régime actuel les amendes prescrites par l'article 47 pour des
contraventions aux obligations faites aux exploitants sous permis de rembourser
le coût des heures supplémentaires d'inspection permanente - il
s'agit du domaine des viandes - selon ce qui est prévu par
règlement dans le secteur des viandes, ainsi que les dépenses de
triage selon ce qui est indiqué comme conditions de permis dans le
secteur des produits marins.
Alors, ce sont les amendes prévues pour ceux qui nous doivent de
l'argent et qui ne nous paient pas, mais qui, en fait, ont perçu
l'argent.
M. Levesque (Bonaventure): Qu'est-ce que ça veut dire?
M. Garon: Ce qui se produit, c'est que vous avez l'inspection
permanente. On a des obligations, pour la partie des viandes, de rembourser au
gouvernement des coûts d'inspection permanente en dehors des heures
régulières. Il y a un règlement qui existe
là-dessus. Alors, ce qui arrive, c'est qu'il y en a qui ne nous paient
pas. À un moment donné, il faut être suffisamment pesant.
Évidemment, on ne peut pas aller jusqu'à se faire rembourser en
même temps le montant qu'ils nous doivent. Disons qu'à toutes fins
utiles, dans le cas du détenteur de permis qui enfreint les horaires
d'exploitation - c'est une affaire quand même assez grave - et qui
empreint aussi un règlement adopté en vertu du paragraphe k de
l'article 40 - c'est le paragraphe qui prescrit le remboursement des
coûts d'inspection - et ne rembourse pas, à ce moment-là,
il est assujetti à ces amendes qui sont des amendes plus graves, les
mêmes que pour les conditions de permis. Les conditions de permis, c'est
ça. En rattachant cela aux conditions de permis - on sait que le
ministre indique dans les conditions du permis toutes les prescriptions
relatives au remboursement du triage - on s'assure que cet aspect est
respecté.
M. Levesque (Bonaventure): Si je comprends bien, vous ajoutez une
disposition, mais cela existait avant. Il y avait deux éléments
là-dedans qui existaient avant. Qu'est-ce qui est nouveau?
M. Garon: Ce qui est nouveau, c'est "un règlement
adopté en vertu du paragraphe k de l'article 40". Le nouveau texte se
lit comme suit: "Tout détenteur de permis qui enfreint les horaires
d'exploitation fixés conformément à l'article 34..."
L'article 34, c'est simplement les horaires d'exploitation qui sont
fixés.
M. Levesque (Bonaventure): Cela existe présentement?
M. Garon: C'est ça.
M. Levesque (Bonaventure): Mais ce qu'on ajoute, c'est le k:
"fixer les heures en dehors desquelles les coûts d'inspection permanente
doivent être remboursés au gouvernement par le détenteur
d'un permis d'exploitation d'établissement et déterminer les
modalités de ce remboursement." Cela veut dire non seulement "qui
enfreint les horaires d'exploitation fixés conformément à
l'article 34", également "un règlement adopté..."
M. Garon: On avait déjà le pouvoir de se faire
rembourser les coûts d'inspection permanente en dehors des heures. Il y a
des gens qui ne nous paient pas. À ce moment-là, ces gens se
retrouvaient assujettis aux amendes régulières. Cela semble un
peu abracadabrant qu'on soit obligé de recourir au civil pour se faire
rembourser en dehors des heures. Par contre, on ne peut pas refuser, on est un
peu aux caprices de l'entreprise qui décide de fonctionner en dehors de
ces heures-là. Elle ne nous paie pas, mais on ne peut pas refuser d'y
aller parce que le règlement prévoit l'inspection permanente. On
est obligé, quand même, d'y aller, mais on n'est pas payé.
Cela devient plus incitatif d'en faire une condition, de rattacher cela au fait
qu'on ne respecte pas le règlement de remboursement. À ce
moment-là, il est assujetti aux mêmes amendes que quand il ne
respecte pas les conditions du permis. Ce sont alors des amendes plus fortes.
(23 h 45)
Le Président (M. Gagnon): L'article 11 est adopté.
L'article 12?
M. Garon: À l'article 12, c'est un moyen de preuve.
Actuellement, dans l'application de la loi, pour les commerces où il y a
une vente de produits, il existe une présomption de détention
pour fins de vente. Il s'agit, en étendant la loi aux commerces de
fourniture de services rémunérés, de prévoir le
même type de présomption pour la rémunération afin
de faciliter les mesures
d'intervention et les procédures judiciaires. C'est une
concordance avec ce qu'on a ajouté sur la fourniture de services
moyennant rémunération.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. L'article 13
est-il adopté?
M. Garon: L'article 13, c'est un plus gros article. La Loi sur
les produits agricoles et les aliments couvre la majeure partie des produits
alimentaires, et des lieux de commerce et de conditionnement de ces produits,
à l'exception des produits laitiers et de leurs succédanés
et des eaux minérales, entre autres.
Il s'agit ici de permettre un allégement des procédures
judiciaires et des règles de preuve, notamment dans les causes ex parte
ou par défaut, en établissant que les rapports d'inspection ou
d'analyse sur les produits font preuve par eux-mêmes de leur contenu et
de la qualité de leurs signataires en constituant sur production une
présomption de culpabilité hors de tout doute raisonnable.
Cependant, le contrevenant peut renverser cette présomption et
rejeter le fardeau de la preuve sur la poursuite en présentant une
preuve plausible pour laquelle il jouit du bénéfice du doute
raisonnable. Dans ce cas, la poursuite doit, outre la production de ces
rapports, faire la preuve de la culpabilité du contrevenant hors de tout
doute raisonnable.
Cette disposition est identique à celle de l'article 59 de la Loi
sur les produits laitiers et leurs succédanés et analogue
à celle de l'article 116.1 de la Loi sur la qualité de
l'environnement et à celle de l'article 34 de la Loi sur le commerce des
produits pétroliers.
C'est pour éviter, quand les gens ne se présentent pas
devant le tribunal, de faire parader un tas d'inspecteurs ou de gens, ce qui
occasionne des dépenses, alors que personne ne vient contredire notre
rapport. On est obligé d'envoyer quelqu'un pour lui faire prêter
serment sur son rapport, etc. C'est surtout utile dans les causes par
défaut ou ex parte, à un moment donné. Cela existe
déjà dans la loi du CAFSAC, comme on l'appelle, la Loi sur les
normes des produits agricoles et des aliments du Canada; en fin de compte,
toutes les lois fédérales ont cette présomption. Elle
existe dans la Loi sur les produits laitiers et leurs succédanés
depuis 1969, je pense.
Dans la principale loi qu'on a, qui porte sur tous les aliments, si vous
voulez, nous n'avons pas cette disposition-ci. C'est pour les certificats
d'analyse. En fait, vous réalisez dans quelle situation nous nous
trouvons. Nous arrivons, à un moment donné, à un endroit.
On a un rapport disant, dans telle situation, de prendre tel critère.
Tout est indiqué au dossier. Tout est indiqué dans le rapport,
tout est clair à sa face même. Il n'y a pas de chose de
renversé. Tout ce que l'autre doit soulever, c'est quelque chose de
plausible, si vous voulez, contre nous. À ce moment-là,
dès que ces éléments sont soulevés, c'est à
nous d'intervenir pour prouver... Me Cantin va donner plus d'explications
là-dessus.
J'ajoute peu de choses, c'est que ce n'est pas un complet renversement
du fardeau de la preuve, même en présence de la partie adverse qui
peut toujours soulever un doute sans être obligée à son
tour de faire une preuve hors de tout doute raisonnable. Dès qu'elle
soulève un doute, automatiquement, le prima facie ne vaut plus et on
doit recommencer la preuve complète avec nos experts.
M. Levesque (Bonaventure): Dans les cas ex parte, il ne peut pas
soulever grand doute, il n'est pas là.
M. Garon: Dans les cas ex parte, non, il ne peut pas soulever
grand doute, mais le président du tribunal peut apprécier les
documents qui lui sont soumis. C'est que les documents, selon la jurisprudence
en la matière, doivent nécessairement eux-mêmes faire
preuve hors de tout doute. On doit très bien avoir la chaîne de
production à partir de l'identification de l'exploitant, de la nature du
produit, du processus de prélèvement; également au niveau
du rapport d'analyse, la référence au prélèvement,
la date et l'identification de l'exploitant. Si la chaîne n'existe pas
à ce niveau-là, le président du tribunal peut renvoyer la
cause.
M. Levesque (Bonaventure): Mais pourquoi apportez-vous l'article
56.1c)? Vous ne voulez pas que la personne qui a signé ou qui a fait le
travail soit nécessairement là physiquement?
M. Garon: Oui, étant donné qu'en vertu de la Loi
sur les poursuites sommaires il y a l'article 31 qui le permet lorsque nous
avons des cas de rapports d'analyse sur modèles approuvés par le
gouvernement et publiés dans la Gazette officielle; d'autre part, compte
tenu de certaines ressources assez limitées en matière
d'analystes et du fait qu'il y a 33 ou 34 districts judiciaires, il peut y
avoir des cas où le substitut du Procureur général
déposera le procès-verbal et le rapport d'analyse. Cette
disposition permet d'éviter de faire la preuve. Il faut indiquer qu'en
pratique, sauf certains cas où il pourrait y avoir des contestations -
on le soulève moins souvent - c'est une mesure de précaution
qu'on retrouve également dans la Loi sur les aliments et les drogues.
C'est dans toutes les lois fédérales sur les aliments.
M. Levesque (Bonaventure): Cela respecte la Charte des droits et
libertés de la personne?
M. Garon: Je ne pense pas que cela aille à l'encontre.
M. Levesque (Bonaventure): Cela respecte l'esprit?
M. Garon: Je souligne que, par exemple, dans le cas de
l'environnement, il y a une disposition qui n'est pas identique, mais analogue
sur le prima facie. Elle a été adoptée, si ma
mémoire est bonne, en 1978, donc après la charte. Elle n'est pas
identique à cette disposition, mais elle impose une preuve prima facie
qui doit être hors de tout doute raisonnable, qui peut être
repoussée.
M. Levesque (Bonaventure): Pour vous dire franchement, je n'aime
pas ces dispositions-là, mais je n'en ferai pas une guerre ouverte. Je
sais bien...
M. Garon: Nous l'utiliserons avec prudence.
M. Levesque (Bonaventure): ... qu'on peut avoir confiance aux
personnes qui sont présentement au ministère, mais c'est quelque
chose qui est là pour longtemps.
M. Garon: Oui, mais il faut dire quand même qu'on l'a
depuis 1969 dans la Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés, et cela n'a jamais soulevé de problème
au sens où vous le dites. Pour tous les produits et leurs
succédanés, nous avons cette disposition depuis 1969.
Il faut ajouter qu'elle porte très spécifiquement sur les
produits. Ce n'est pas une preuve prima facie sur l'état de
salubrité des locaux ou de l'équipement où il peut entrer
une certaine subjectivité. Elle porte directement sur les produits,
comme dans le domaine de l'érable, l'authenticité des produits de
l'érable, le caractère malsain d'une viande ou même d'un
produit marin ou des cas, comme nous en avons, d'anhydride sulfureux
peut-être dans la saucisse ou de la viande hachée, avec rapports
d'analystes. Évidemment, cela ne transparaît peut-être pas
du texte comme tel, mais cela sera certainement utilisé avec
prudence.
Le Président (M. Gagnon): L'article 13 est adopté.
Article 14?
Mesures transitoires
M. Garon: Les mesures transitoires qui suivent, c'est
l'abrogation de la Loi sur la préparation des produits de la mer.
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Article 15? M. le
ministre.
M. Garon: "Le règlement adopté par le gouvernement
en vertu de la Loi sur la préparation des produits de la mer continue
d'être en vigueur jusqu'à ce qu'il soit modifié,
remplacé ou abrogé par un règlement adopté en vertu
de la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments et il
donne lieu aux sanctions qui y sont prévues."
Le Président (M. Gagnon): L'article 15 est
adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Le règlement en question,
est-ce que nous l'avons?
M. Garon: L'ancien règlement? M. Levesque
(Bonaventure): Oui. M. Garon: Le vieux règlement?
M. Levesque (Bonaventure): Oui, le règlement actuel tant
que l'autre...
M. Garon: Le règlement actuel, oui.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre peut le
déposer?
M. Garon: Je ne l'ai pas avec moi.
M. Levesque (Bonaventure): On peut l'avoir avant la prise en
considération du projet de loi demain?
M. Garon: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): Ou samedi? À la prochaine
étape, on ne l'oubliera pas?
M. Garon: Est-ce que je peux vous demander...
M. Levesque (Bonaventure): Parce que le ministre dit toujours
oui.
M. Garon: Oui, oui, je vais le demander tout de suite parce que
je ne serai pas ici. Je vais demander à Me Ducharme s'il peut vous en
faire parvenir une copie demain matin. À quel endroit?
M. Levesque (Bonaventure): À mon bureau.
Le Président (M. Gagnon): L'article 15 est adopté.
Article 16?
M. Garon: "Un permis délivré en vertu du
règlement adopté en application de la Loi sur la
préparation des produits de la mer et
en vigueur au 30 novembre 1981, le demeure jusqu'au 31 décembre
1984, sauf s'il est remplacé avant cette dernière date par un
permis délivré conformément au cinquième
alinéa de l'article 9 de la Loi sur les produits agricoles, les produits
marins et les aliments."
Tant que quelqu'un qui avait un permis au 30 novembre 1981 n'a pas
remplacé son permis par un permis en vertu de la nouvelle loi, il
continue à être assujetti à la réglementation qui a
été adoptée en vertu de la loi...
M. Levecque (Bonaventure): J'avais reçu une assurance que
possiblement ma suggestion serait retenue d'avoir au moins quelque chose, un
certificat ou un duplicata qui indiquerait que le permis n'est pas
expiré, une vignette. Je ne le sais pas, mais on a dit qu'on
l'étudierait. J'espère que vous n'avez pas changé
d'idée depuis une heure.
Le Président (M. Gagnon): L'article 16 est adopté.
L'article 17 est-il adopté?
M. Garon: C'est pour dire, à l'article 17, qu'il n'y aura
pas de nouveau permis dans la loi actuelle et la réglementation
actuelle. C'est ce qui avait déjà été
expliqué quand on a parlé du permis, cela n'entre pas dans la loi
modifiée, évidemment. C'est ce qu'on appelle les dispositions
transitoires.
M. Levesque (Bonaventure): "Aucun permis ne peut être
délivré en vertu du règlement adopté en application
de la Loi sur la préparation des produits de la mer pour un
établissement visé au paragraphe e..."
Le Président (M. Gagnon): L'article 17 est adopté.
L'article 18?
M. Garon: C'est un article de concordance pour le nouveau nom de
la loi.
Le Président (M. Gagnon): L'article 18 est adopté.
L'article 19?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): La commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation a adopté le projet de loi no
36, mais avant, le titre du projet de loi, c'est-à-dire Loi modifiant la
Loi sur les produits agricoles et les aliments, est-il adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
M. Garon: Alors, avant de terminer, je voudrais vous remercier,
vous-même, M. le Président, votre greffier qui vient du même
village que moi, et le député de Bonaventure pour sa
collaboration dans l'étude du projet de loi en deuxième lecture
ainsi qu'en commission parlementaire, parce qu'il a été de bonne
entente pour qu'on puisse le faire à des heures qui nous convenaient en
le faisant aujourd'hui. Je voudrais également remercier le
député de Gaspé qui est venu suivre les
délibérations; étant également d'un comté
couvrant un territoire maritime, il peut nous aider dans l'application ou dans
les différents renseignements dont on a besoin concernant le territoire
maritime. Occasionnellement et souvent, en même temps, il vient me parler
des questions discutées dans son comté et cela m'est d'un grand
secours, d'une grande aide pour mieux comprendre les problèmes des gens
qui vivent dans le secteur des pêches.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): ... je ne peux que concourir aux bons
sentiments qui animent le ministre à ce moment-ci. Je veux
également saluer le député de Gaspé, mon voisin,
excellent voisin, d'ailleurs. J'espère que je pourrai avoir aussi bien
que lui l'oreille du ministre quand je parlerai des problèmes qui sont
encore assez aigus dans le comté de Bonaventure, dans le domaine qui
intéresse le ministre, dans l'agriculture, d'une part, mais
également dans les pêcheries. Le ministre sait que ce qui me
chicote présentement le plus dans le domaine des pêches, c'est
lorsque je vois les vastes installations du parc industriel de
Paspébiac, le chantier maritime, l'usine de transformation de poisson,
etc. C'est un secteur en grande difficulté et il y a un chômage
inacceptable dans ces usines-là qui sont fermées, à toutes
fins utiles.
À la fin de cette commission parlementaire qui n'a pas trait
à cette situation - c'est pour cela que j'ai évité d'en
parler; je n'avais probablement pas le droit de le faire en vertu du
règlement - on me permettra, alors que nous sommes à l'heure
fatidique de minuit, de rappeler au ministre d'essayer au moins de rêver
cette nuit à la réouverture des chantiers maritimes de
Paspébiac, d'une part, et à l'usine de transformation du poisson,
d'autre part. J'espère que le ministre y rêvera et, ensuite,
passera du rêve à la réalité. J'insiste toujours
là-dessus, c'est un peu comme celui qui disait dans l'Antiquité
qu'il fallait détruire Carthage; tous les discours qu'il faisait se
terminaient par cette phrase. Je vous dis qu'il faut absolument voir à
la réouverture de ces usines qui appartiennent au ministère, au
gouvernement du Québec. (Minuit)
Je pense que charité bien ordonnée doit commencer par
soi-même. Alors, les usines qui appartiennent au gouvernement du
Québec devraient faire l'objet d'une intense recherche, d'une intense
concertation pour en arriver au résultat espéré. Je suis
convaincu que ces résultats sont espérés autant d'un
côté que de l'autre de la table. Je compte, en particulier, sur le
sous-ministre et ses collaborateurs qui pourront, s'ils le veulent... Comme le
diraient les gens de chez nous: Quand vous voulez, vous pouvez. Je leur dis
quelquefois: Même quand je veux, cela ne veut pas dire que je peux. Mais
ils ne m'écoutent pas quand je dis ça. Ils sont sûrs que,
si je veux, je peux. Alors, je vous dis ça: Si vous voulez, vous pouvez;
faites donc quelque chose et le plus tôt possible. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Merci aux membres de la
commission. Juste avant de terminer, je voudrais joindre à vos
remerciements ceux adressés aux employés de l'Assemblée
nationale qui travaillent encore ce soir au journal des Débats, les
techniciens; ils travaillent encore ce soir à une heure assez tardive.
Je voudrais prier le rapporteur de la commission, le député de
Gaspé, de faire rapport à l'Assemblée nationale. La
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation ajourne
ses travaux sine die.
M. Levesque (Bonaventure): Très bien, M. le
Président, nos félicitations.
(Fin de la séance à 0 h 02)