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(Seize heures quarante-huit minutes)
Le Président (M. Bordeleau): La commission permanente de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation est réunie afin
d'étudier article par article le projet de loi no 49, Loi sur les terres
publiques agricoles.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont:
M. Baril (Arthabaska), M. Beaumier (Nicolet), M. Beauséjour (Iberville),
M. Boucher (Rivière-du-Loup) remplacé par M. Dupré
(Saint-Hyacinthe), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain)
remplacé par M. Lachance (Bellechasse), M. Garon (Lévis), M.
Houde (Berthier), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Mathieu (Beauce-Sud), M. Picotte (Maskinongé).
Les intervenants sont: M. Blouin (Rousseau), M. Dupré
(Saint-Hyacinthe) remplacé par M. Boucher (Rivière-du-Loup), Mme
Juneau (Johnson), M. Lachance (Bellechasse) remplacé par M. Gagnon
(Champlain), M. Lemay (Gaspé), M. Levesque (Bonaventure), M. Mailloux
(Charlevoix),M. Vaillancourt (Orford), M. Vallières (Richmond).
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Avec votre permission, étant donné
l'absence de M. Picotte, si vous vouliez remplacer M. Picotte par M.
Gérard D. Levesque de Bonaventure.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, M. Picotte
(Maskinongé) remplacé par M. Levesque (Bonaventure).
M. Mathieu: C'est ça.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. Est-ce qu'il y a
d'autres substitutions? Alors, il y aurait lieu, à ce moment-ci, de
nommer un rapporteur de la commission. Est-ce qu'il y a des suggestions?
M. Beauséjour: Le député de
Kamouraska-Témiscouata, M. Lévesque.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, ça va? Tout le
monde est d'accord. Le rapporteur de la commission sera donc le
député de Kamouraska-Témiscouata, M. Lévesque.
Avant d'entreprendre l'étude article par article, je demanderais
au ministre s'il a des commentaires d'ordre général. Est-ce que
vous avez des commentaires d'ordre général ou des remarques
préliminaires à faire valoir? Sinon, on peut commencer
immédiatement l'étude article par article.
Remarques préliminaires M. Jean Garon
M. Garon: Dans mes commentaires d'odre général, M.
le Président, je dirai ceci.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Garon: Dans le discours de deuxième lecture,
l'Opposition libérale nous disait que ce n'était pas un projet de
loi prioritaire. Vous devriez voir, depuis quelques jours, les commentaires que
j'ai de gens qui sont vraiment offusqués d'avoir entendu de telles
paroles, puisqu'ils se rendent compte de l'importance de ce projet de loi. On
me disait au bureau, tout à l'heure, que quelqu'un est venu de la
Gaspésie hier, il a vu que ce projet de loi était devant
l'Assemblée nationale et que c'était le projet de loi qui pouvait
régler son cas. Il est venu nous faire savoir qu'il avait tel lot et
qu'il voulait bien régulariser sa situation. Quand quelqu'un fait 500
milles pour venir régler son problème, c'est cette loi-là
qui règle son problème, c'est parce que... C'est 1000 milles,
aller-retour! Vous avez dit que ça coûtait cher, l'essence,
aujourd'hui, vous avez dit ça à plusieurs reprises, alors c'est
un voyage qui peut coûter quelques centaines de dollars. Puisque la
personne veut se prévaloir de cette loi-là, évidemment,
elle n'est pas allée voir les libéraux, puisqu'elle savait qu'ils
ne s'intéressaient pas à ce problème-là vu qu'ils
l'ont dit dans leurs discours.
En même temps, j'aimerais dire que, quand les libéraux nous
reprochaient d'adopter cette loi-là qu'ils ne considéraient pas
prioritaire, moi, je trouvais ça prioritaire, le droit de
propriété. Le droit de propriété est un droit
important; à l'occasion de la protection des terres agricoles, ils en
ont assez parlé qu'on pouvait toucher au droit de
propriété que j'aurais pensé que les mêmes principes
s'appliquaient en ce qui concernait les terres agricoles. Il s'agissait
de régulariser le droit de propriété de dizaines de
milliers de personnes au Québec qui n'avaient pas ce droit-là
puisqu'il y avait eu des irrégularités dans leurs titres. Hier
même, dans mon comté, au début de la campagne de
financement, quelqu'un qui s'est intéressé à ces
questions-là me soulignait qu'à son avis, cette loi-là
régulariserait le cas d'environ 150 000 personnes au Québec,
selon son opinion.
Alors, on peut avoir une idée à quel point le projet de
loi sur les terres publiques agricoles est un projet important; les gens du
contentieux du ministère y ont travaillé très fort; il y a
entre autres Me Jacques Fournier et Me Jacques Mercier, deux notaires du
ministère, avec Me Proteau et Me Gagné, qui ont travaillé
à ce projet de loi en collaboration avec les avocats du ministère
de la Justice qui eux aussi - vous savez à quel point - sont
méticuleux et méthodiques dans leurs exigences; comme il
s'agissait d'un projet qui couvrait 200 ans d'histoire, il y avait beaucoup de
points qu'il fallait toucher.
Évidemment, vous, M. le Président, comme
député d'Abitibi-Est, vous savez à quel point cette
loi-là règle dans le comté d'Abitibi le cas de plusieurs
personnes. Il a même fallu regarder...
Le Président (M. Bordeleau): Cela me surprendrait, M. le
ministre, qu'il n'y ait pas des gens de l'Abitibi qui soient déjà
venus vous voir comme ceux de la Gaspésie.
M. Garon: J'en ai eu souvent. Par exemple, quand on parlait des
lots de cimetière et des lots d'église; une fois, j'ai eu
à signer afin d'autoriser une municipalité de l'Abitibi à
utiliser son lot de cimetière et son lot paroissial pour des fins
communautaires. La première fois que j'ai eu à signer un papier
comme ça, je me suis dit: Pourquoi faut-il que je signe quand les gens
veulent faire une activité communautaire? Qu'ils aient besoin de
l'autorisation du ministre de l'Agriculture me paraissait drôle. On m'a
dit: C'est parce que c'est un vieux lot qui a été
concédé dans le temps avec les lois de la colonisation qui
permettaient de concéder des lots pour les cimetières ou les fins
d'église. Actuellement, ils ont besoin plutôt de ce lot qui est
dans le centre du village; c'est pour une salle paroissiale ou quelque chose
comme ça. Alors, il y a un grand nombre de personnes. Et en même
temps, vous avez pu vous rendre compte, M. le Président, que, cet
après-midi, le ministre des Finances déposait le budget.
Malgré ce travail de moine, ce travail de bénédictin, pour
un projet de loi aride qui va protéger la propriété des
gens, on s'occupait d'obtenir des budgets pour le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, qu'il n'y avait rien
de négligé puisque le budget, comme vous le constatez, passe de
379 000 000 $ à 460 000 000 $. C'est une augmentation de près de
80 000 000 $, M. le Président; 80 000 000 % d'augmentation du budget,
savez-vous ce que c'est? C'est presque tout l'argent qui a été
transféré aux agriculteurs par les libéraux en 1976, parce
que les crédits de transferts, à ce moment-là, sur un
budget de 200 000 000 $, il y avait à peu près 99 000 000 $ qui
allaient aux agriculteurs; essentiellement, il y avait des contrats pour des
plans d'ingénieurs et des choses comme ça, mais il y avait moins
d'argent qui allait aux agriculteurs. Alors, il s'agit d'une augmentation de 80
000 000 % et je pense qu'une augmentation de plus de 20%... Je vois que le
député de Beauce-Sud est un peu knock-out, knock-out technique.
Il est un peu stupéfait parce que, même quand il nous disait
d'augmenter notre budget, il ne pensait pas à un gros chiffre comme
ça.
M. Mathieu: Je l'avais lu avant.
M. Garon: Alors, il est encore sous l'effet du choc.
Une voix: II est ébahi quand même.
M. Garon: Parce que le gouvernement considère
l'agriculture comme un secteur important et, avec le budget et le
développement de l'agriculture, il y a bien des gens qui vont vouloir
utiliser les terres publiques agricoles; c'est pour ça que, dans la
perspective de développement, c'est important, puisqu'il n'y a pas
possibilité de concéder les terres, c'est de les louer
plutôt ou de les vendre, ou de les louer avec option d'achat plus
facilement parce que les rouages administratifs et les procédures
administratives pour le faire seront simplifiés. Alors, je ne voudrais
pas être plus long, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre.
M. Garon: ... parce qu'on a beaucoup de travail au
ministère. Je sais bien que ce n'est pas en parlant trop, c'est en
agissant plus qu'on va régler des problèmes. Alors, je suis
prêt à passer immédiatement à l'article 1.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: Oui, M. le Président, vous me permettrez
certainement quelques mots seulement pour présenter le sujet. Ce que
nous avons dit en seconde lecture, c'est qu'il y a tellement de
problèmes dans l'agriculture et les problèmes sont tellement de
plus en
plus grands que nous aurions cru que le ministre serait allé
à des choses qui préoccupent plus dans l'immédiat certains
groupes de population, comme les producteurs de porc, de sirop d'érable,
de céréales, le financement agricole. Il a choisi ce domaine.
Nous avons fait valoir que c'est une loi que nous considérons comme
importante, que nous étions prêts à donner notre
consentement pour procéder le plus tôt possible à son
adoption. Seulement, nous avons déploré et nous déplorons
encore le fait que nous ne connaissons pas la réglementation. Nous
aurions aimé que le ministre dépose une réglementation;
c'est-à-dire qu'au projet de loi on parle de la réglementation,
on aurait aimé la connaître.
Également, nous voulons souligner que nous espérons que ce
projet de loi important et nécessaire ne devienne pas une officine
à patronage pour que l'on remette à l'occasion d'une campagne
électorale des lettres patentes "at large", à outrance, M. le
Président. Alors, c'est pourquoi nous...
Une voix: ...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Mathieu: ... demandons encore au ministre s'il est capable,
aujourd'hui, de nous soumettre le projet de réglementation et de nous
assurer que cela ne deviendra pas une officine à patronage.
M. Garon: Je pense que la meilleure façon pour la
population que la loi sur les terres agricoles ne soit jamais appliquée
dans une officine à patronage est de ne plus jamais élire les
libéraux. Cela serait l'assurance que ce sera appliqué
méthodiquement comme au cours des dernières années, sans
intervention politique. Je pense que les gens qui dirigent le service ici
peuvent vous dire que jamais je ne suis intervenu une seule fois pour faire
rendre une décision qui était en dehors des règlements, ou
même pour faire des pressions de quelque nature que ce soit pour des fins
politiques dans la concession des terres.
Je suis à l'aise, c'est pour cela que je me sens l'âme en
paix lorsque je me couche. M. le Président, je peux vous dire une chose,
en dedans de 30 secondes je suis endormi parce que j'ai l'âme en paix
à ce point de vue.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, M. le
député de Beauce-Sud?
Vous aviez un petit commentaire, M. le député de
Berthier?
M. Albert Houde M. Houde: Oui, M. le Président.
J'entendais tantôt le ministre dire qu'on n'était pas
d'accord que cette loi-là soit présentée au moment
où on la présente actuellement. Je regrette, je ne suis pas
contre le retour des terres aux colons ou aux cultivateurs. Je n'ai jamais
été contre cela, parce que je me dis que c'est une chose qui va
être classée une fois pour toutes, et cela fait longtemps que cela
existe, cela existait avant aujourd'hui. Il y a des gens qui sont dans le Parti
québécois aujourd'hui, qui sont députés et
ministres, qui étaient déjà là dans le temps de
l'Union Nationale et des libéraux; je ne les ai jamais entendus parler
de ces choses mais ils étaient là. Ils sont encore dans le
gouvernement aujourd'hui, disons quelques-uns, des députés qui
sont avec vous autres; ils ne sont pas partis, ils ne sont pas tous partis. Je
comprends qu'il y en a quelques-uns qui ne siègent pas aujourd'hui en
Chambre, mais peut-être qu'ils ont des raisons que je ne voudrais pas
énumérer ici, entre autres, en tout cas. Je suis pour le retour
des terres. Ne me demandez pas de les nommer parce que cela serait
peut-être gênant pour vous que je les nomme. (17 heures)
Le Président (M. Bordeleau): Je vous dirais à ce
moment-là, M. le député de Berthier, que vous êtes
antiréglementaire.
M. Houde: Oui, mais écoutez...
Le Président (M. Bordeleau): Je vous demanderais de
revenir à la pertinence, à ce que vous disiez.
M. Houde: Le ministre s'en est éloigné,
tantôt; c'est pour cela que je ne voudrais pas aller trop loin.
Le Président (M. Bordeleau): Au moins, demeurez dans
l'agriculture! Je veux bien être large, mais j'aimerais quand même
qu'on discute au moins d'agriculture, si c'est possible.
M. Houde: M. le Président, je disais qu'il y a des
députés qui ne sont pas ici et il y en d'autres qui sont ici, qui
étaient là dans le temps de l'Union Nationale non pas quand
l'Union Nationale était au pouvoir, mais quand les libéraux
étaient au pouvoir -l'Union Nationale aussi il y en avait qui
étaient au pouvoir - et il y a des députés qui sont ici
aujourd'hui qui n'avaient jamais parlé de ramener les terres aux
cultivateurs. Aujourd'hui, on en parle. Je suis d'accord pour que le projet de
loi soit étudié article par article et qu'on puisse l'adopter
mais, comme mon collègue de Beauce-Sud le disait tantôt, il y a
des choses plus pressantes que cela. Lorsqu'on voit faillite par-dessus
faillite dans le porc; j'espère que les 80 000 000 $ vont servir
à ces gens qui ne savent pas s'ils
doivent remettre les clefs à la banque ou au gouvernement. Il dit
qu'il a été chercher 80 000 000 $; d'accord, il a peut-être
été cherché 80 000 000 $ dans le budget du ministre
Parizeau mais, par contre, il ne dit pas qu'il va en chercher des millions dans
les poches des cultivateurs. Prenons la plaque d'immatriculation...
M. Garon: Non, c'est réglé...
M. Houde: Cela touche l'agriculture...
M. Garon: Le député de Berthier induit les gens en
erreur; cette question a été réglée. Les
cultivateurs qui étaient sous forme corporative, il y avait eu un oubli
dans le projet de loi, la définition a été corrigée
de sorte que les cultivateurs ne sont pas pénalisés. Alors, cela
ne donne rien de brasser une affaire qui n'est pas exacte puisque cela a
été corrigé. Dans un projet de loi, il arrive parfois...
Avez-vous remarqué les crayons? Il y a des effaces au bout. Lorsque les
gens ne se tromperont plus en corrigeant des textes de plusieurs pages, il n'y
aura plus d'effaces.
M. Houde: On vous talonne et, à un moment donné,
vous vous apercevez...
M. Garon: On vous fournit des crayons avec des effaces, ce n'est
pas pour gaspiller, c'est parce qu'on calcule que les gens peuvent faire des
erreurs. L'erreur folle, c'est lorsqu'on se trompe et qu'on ne l'admet pas.
Alors, le ministre des Transports s'est aperçu qu'il y avait une erreur,
qu'il y avait eu un oubli; immédiatement, il a communiqué avec
mon cabinet et il m'a dit: II y a un problème, on s'est rendu compte, on
ne s'est pas rendu compte... Les libéraux non plus parce que si les
libéraux s'en étaient rendu compte lorsque la loi a
été adoptée, comment se fait-il qu'on n'ait rien
proposé? La définition était dans le projet de loi. Les
libéraux n'ont rien vu ou bien ils ont fait exprès pour que cela
reste adopté tel quel. Ils n'ont pas voulu proposer un amendement pour
tenir compte de la situation des agriculteurs qui auraient pu être
pénalisés par cette définition. Ils étaient en
Chambre. Pourquoi sont-ils là? Sont-ils là pour aider ou pour
nuire? Ils n'ont rien vu aussi. Cela a été rédigé
de bonne foi par les avocats. Je pense bien que cela a été un
oubli de la part du ministre. Les libéraux ne l'ont pas vu non plus en
commission parlementaire. Personne ne l'a vu. Quand est venu le moment de
l'appliquer, ils se sont rendu compte qu'il y avait 1600 personnes qui
étaient couvertes par des corporations. Le ministre est intervenu
immédiatement. Il a communiqué avec mon ministère, avec
moi. Me Samson, de mon cabinet, a travaillé là-dessus avec son
cabinet pour faire une correction pour tenir compte de cette situation. C'est
ce qu'on a fait pour ne pas pénaliser des gens qui auraient pu
l'être puisqu'il y aurait eu un oubli à ce moment.
M. Mathieu: Avant d'étudier l'article 1, M. le
Président...
Le Président (M. Bordeleau): Aviez-vous terminé, M.
le député de Berthier?
M. Houde: Non, je n'ai pas fini. M. Mathieu:
Excusez-moi.
M. Houde: À moins d'avoir plus de communications entre les
ministères, ils devraient se parler plus pour que, lorsqu'on
présente le projet de loi, celui-ci se tienne, car, d'après ce
que j'entends dire du ministre de l'Agriculture, il n'y avait pas eu de
communications avant. Quand on touche...
M. Garon: Ce n'est pas cela. Discussion
générale
M. Houde: Cela en a l'air parce que vous dites: II m'en a
parlé après, après que la chose est sortie. H devrait m'en
parler avant d'abord.
Pour revenir au patronage, tout à l'heure vous parliez des
libéraux, mais vous n'êtes pas sans tache vous autres non plus,
parce que du patronage, il s'en fait dans votre gouvernement...
M. Garon: Dans mon ministère?
M. Houde: ... comme il s'en fait dans d'autres, comme il s'en est
déjà fait... J'ai parlé jeudi passé du patronage
qui se faisait au sujet des silos à grain.
M. Garon: Justement!
M. Houde: Quand un ministre parle dans un comté qui n'est
pas le sien, que le ministre en question n'est pas dans l'agriculture et que
celui-ci dit à un certain fonctionnaire: Donne-lui donc la subvention,
même s'il est en retard, il n'a plus d'argent, le temps est
écoulé. Le même fonctionnaire lui a dit: D'accord, je vais
la lui donner, mais vous allez la donner aux autres. Il y en a trois autres
dans son cas. C'est cela du patronage.
M. Garon: M. le député de Berthier.
M. Houde: C'est ce que j'appelle du patronage.
M. Garon: Non, vous êtes dans les patates.
M. Houde: Vous ne faites jamais cela, vous autres, vous ne faites
jamais rien!
M. Garon: Je vais vous dire que, dans le cas des silos à
grain, on a laissé continuer le programme alors qu'il aurait dû se
terminer, alors que l'entente avec le fédéral était
terminée depuis un bout de temps. On a laissé se poursuivre le
programme. Le Conseil du trésor nous disait à ce moment: Puisque
l'entente est terminée, nous ne devrions pas payer après
l'entente. Il ne s'agit pas de deux ou trois cas, il s'agit de cas qui
représentaient environ 4 000 000 $. Dans le cas des silos à
grains, il y a eu environ 4 000 000 $ où il n'y a eu aucune
participation fédérale. On l'a appliqué pour tout le
monde. On a dit: Pour tous ceux qui avaient obtenu leur silo à grain,
même en dehors de l'entente avec le fédéral, on a
continué le programme jusqu'à l'expiration de l'année
financière, c'est-à-dire jusqu'au 31 mars 1981. Là, ce ne
sont pas des cas particuliers à Berthier; le gars qui vous a dit cela,
franchement, il doit avoir des apparitions de temps en temps, parce que c'est
un cas général dans toute la province de Québec; on a
autorisé le paiement pour environ 4 000 000 $. À l'étude
des crédits, je pourrai vous dire les montants exacts pour les silos
à grain, même si le fédéral ne contribuait
aucunement à ces silos à grain. J'aimerais que, comme
député de Berthier, vous alliez dire à vos commettants que
c'est grâce à la générosité du gouvernement.
À part cela, j'ai demandé au gouvernement fédéral
de continuer à contribuer par une extension du programme et il n'a pas
voulu. Alors, on a dit: Comme l'agriculture est quelque chose d'important pour
le gouvernement actuel, nous allons assumer seul, comme gouvernement du
Québec, le paiement pour ce nombre de cultivateurs important qui avaient
fait la demande du programme alors que l'entente était
terminée.
M. Houde: M. le Président, il faudrait peut-être que
le ministre avertisse d'abord ses fonctionnaires de ne pas compter de
mensonges, parce qu'il a raison et les fonctionnaires ne sont pas corrects,
encore une fois. Les gars ne sont pas tous des fous. On parle la même
langue; tous les gars avec qui j'ai fait affaires parlent "canadien
français".
M. Garon: Oui.
M. Houde: C'est ce qu'ils m'ont dit pas plus tard qu'au mois de
novembre 1981. De grâce, arrêtez de conter n'importe quoi.
M. Garon: Est-ce que ce fonctionnaire a dit au
député de Berthier que le ministre lui avait dit cela ou s'il a
reçu une directive?
M. Houde: Je ne demande pas tout cela. Une chose...
M. Garon: Vous devriez peut-être. M. Houde: S'il faut
faire...
M. Garon: Quand vous parlez des cas de patronage, habituellement,
ce ne sont pas des cas entre fonctionnaires; vous voulez dire qu'il y a une
intervention politique pour faire une chose qui n'est pas correcte. Quand vous
appliquez une règle dans tout le Québec, à tout le monde,
de la même façon, si vous appelez cela du patronage, on a cent
programmes de patronage au ministère, parce qu'on a à peu
près une centaine de programmes qui s'appliquent dans toute la province
de Québec. Si c'est cela du patronage, que voulez-vous que je vous dise?
Mais on n'est pas à l'abri de quelques fonctionnaires libéraux
qui ont été nommés par patronage dans le temps des rouges
et qui sont plus préoccupés à mettre la chicane dans le
ministère. Je vais vous dire bien franchement que, s'ils s'en allaient,
cela ferait bien mon affaire. Dans certains cas, des fonctionnaires sont plus
préoccupés à faire du patronage...
M. Mathieu: Nommez des sous-ministres au lieu de directeurs.
Le Président (M. Borde lean): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: Nommez des sous-ministres, à ce
moment-là.
M. Garon: Comment cela?
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît:
M. Mathieu: Enlevez un sous-ministre et nommez...
M. Garon: C'est pour épargner de l'argent, parce que mon
programme...
M. Mathieu: Les mettre sur des "tablettes".
M. Garon: ... c'était de remplacer six directeurs
généraux par deux sous-ministres adjoints. Vous savez qu'un
sous-ministre...
Une voix: Est-ce que cela est fait?
M. Garon: Pas encore, mais cela va venir. Six directeurs
généraux à 50 000 $ chacun, cela fait 300 000 $ et
calculez deux
sous-ministres à 60 000 $ à peu près, cela fait 120
000 $. D'un coup, vous venez de sauver quasiment 200 000 $...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Garon: ... en rendant le ministère plus efficace.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
Je voudrais d'abord mentionner à tous les membres de la
commission que je ne voudrais pas qu'on engage un débat
général sur l'agriculture. Il y aura l'étude des
crédits très bientôt...
M. Garon: C'est vous qui venez me voir avec vos...
Le Président (M. Bordeleau): ... ce sera le lieu pour en
discuter.
M. Garon: C'est le député de Berthier qui vient me
voir avec des petits cas de cours d'eau, comprenez-vous?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, s'il vous
plaîtl
M. Garon: II voudrait que je les traite par faveur...
M. Mathieu: J'aurais seulement un point à relever avant
d'entrer dans le...
M. Garon: Moi, je ne traite pas les cas par faveur.
M. Houde: M. le Président, je regrette, ce n'est pas des
faveurs parce qu'il est prioritaire depuis trois ans.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Houde: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Houde: ... le cultivateur... est-ce que je peux avoir la
parole?
Le Président (M. Bordeleau): Non, je ne vous la donne
pas.
M. Houde: Quand l'aurais-je, d'abord?
Le Président (M. Bordeleau): Jusqu'à nouvel ordre
c'est le président de la commission qui donne le droit de parole.
M. Houde: C'est parce que vous ne voulez pas me la donner,
là?
Le Président (M. Bordeleau): Je viens de vous dire que je
ne veux pas qu'on entame une discussion sur l'ensemble de l'agriculture ou sur
des cas particuliers.
M. Houde: II va m'attaquer, il va faire n'importe quoi, puis
moi... Réponds pas, Albert, il n'y a rien là!
Le Président (M. Bordeleau): Le mandat de la commission
est d'étudier article par article le projet de loi no 49 sur les terres
publiques. Je pense qu'il y aura d'autres lieux et d'autres moments pour
discuter d'autres sujets portant sur l'agriculture. J'ai laissé aller le
débat un peu parce que lorsqu'on pose des questions, il faut s'attendre
à avoir des réponses. Je pense que là, j'en ai
suffisamment entendu et j'aimerais qu'on revienne à la pertinence de la
loi 49.
M. Houde: ... répond pas...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Beauce-Sud m'avait demandé la parole, ensuite la député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Mathieu: Préalablement à l'article 1, M. le
Président, tout à l'heure, le ministre a parlé de 20%
d'augmentation dans le budget de l'agriculture, je ne le conteste pas, mais si
on tient compte que l'année passée il y avait zéro
d'augmentation, ça fait 10% bon an mal an d'augmentation. Ce n'est pas
l'inflation, alors... Il n'y a pas à se tirer en l'air là-dessus.
Je pense que c'est une chose, un peu une certaine équité qui va
au financement agricole par suite de la hausse des taux d'intérêt.
Alors, je suis prêt, à l'article 1, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): II y a peut-être un
commentaire d'ordre général du député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Avant l'article 1, tout à l'heure, on a parlé
d'immatriculation. Je voudrais revenir un petit peu là-dessus.
Très brièvement, c'est vrai que les sociétés, les
compagnies, les bureaux d'immatriculation ont été avisés
qu'un agriculteur pouvait enregistrer son tracteur, et tout ça, aux
mêmes taux que les cultivateurs. Il reste aussi que dans mon
comté, j'ai des pêcheurs, M. le ministre, et des gens qui
travaillent dans la foresterie qui ont - justement, j'ai eu des
représentations -des tracteurs. Il y a les pêcheurs d'anguille,
dans le Bas Saint-Laurent, qu'on peut comparer aux agriculteurs, qui ont
déjà un revenu suffisant avec la ferme, qui ont une pêche
et qui peuvent se servir des tracteurs pour aller chercher leur produit. Il y
en a d'autres, par contre, qui sont des pêcheurs, qui ont seulement ce
revenu et qui sont
obligés d'enregistrer des tracteurs, ce qui coûte tout
près de 300 $, quand l'agriculteur paie seulement 26 $. Je sais que les
pêcheurs... J'ai eu des représentations là-dessus, j'ai
fait parvenir un mémoire au ministre pour voir s'il ne serait pas
possible aussi, si les crayons ont des effaces, de continuer à effacer
un peu pour les pêcheurs. Il y a aussi les gens qui vont chercher
peut-être 1000 $, 1500 $, 2000 $ de revenu forestier, avec un petit
tracteur, en fin de semaine, qui sont obligés d'enregister avec un "W",
ce qui coûte tout près de 300 $, même jusqu'à 400 $.
Est-ce qu'on pourrait faire quelque chose pour ces gens-là, autant pour
les gens du comté de Mercier que les gens du comté de
Kamouraska-Témiscouata?
M. Garon: Je vous dirai, monsieur...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, une petite
réponse rapide, s'il vous plaît!
M. Garon: Une petite réponse rapide. Vous savez, M. le
député de Kamouraska-Témiscouata, concernant les tracteurs
pour la pêche à l'anguille, tantôt, on va se poser beaucoup
de questions. Vous savez que les gars d'Environnement Canada qui se promenaient
dans les aboiteaux, auraient été mieux de se promener dans la
région des Grands Lacs parce qu'il y a beaucoup plus de contamination
qu'on pense. Tantôt on verra à quel point le gouvernement
fédéral, tant Environnement Canada que le ministère des
Pêches et des Océans, n'a pas fait son travail et on verra
à quel point ces gens-là on fait preuve de laxisme et
d'incompétence administrative. Je ne voudrais pas aller plus loin
maintenant. On verra tantôt qu'au lieu d'affecter leurs fonctionnaires
aux vrais problèmes, qui sont la production du lac Ontario, certains
ministères ont préféré faire des petites "games"
politiques plutôt que de voir le problème où il
était, en connaissance de cause. On aura l'occasion de revenir
là-dessus, M. le Président, et on verra que dans le poisson le
système d'inspection fédéral n'est pas meilleur que dans
la pomme de terre.
M. Mathieu: II parlait des problèmes des plaques de
tracteur.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Je voudrais... je vais revenir...
M. Garon: Vous allez voir, tantôt.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que ça va?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Je voudrais revenir....
M. Mathieu: Tu n'es pas plus chanceux que nous autres,
Léonard.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Je comprends qu'un agriculteur qui cultive sa ferme, son exploitation
agricole, et qui est obligé d'enregistrer deux ou trois tracteurs peut
se prévaloir du "C" parce qu'il a une carte de producteur agricole. Son
voisin, qui n'a pas de ferme mais qui est pêcheur d'anguilles, qui a un
tracteur et qui est aussi obligé de faire de la route, automatiquement,
est obligé de payer 350 $ ou 400 $. C'est là que je vois
l'injustice entre les pêcheurs d'anguilles et...
Le Président (M. Bordeleau): Votre message est
passé, M. le député de Kamouraska-Témiscouata?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Oui.
Le Président (M. Bordeleau): J'imagine qu'on peut donc
revenir au projet de loi no 49.
M. Mathieu: Docilement, parce que le ministre lui a fait un bon
signe de se tenir tranquille. On va être correct.
Le Président (M. Bordeleau):
Malheureusement, je ne peux pas statuer sur les signes, comme
président.
M. Mathieu: Antoine, tais-toi, autrement dit.
M. Baril (Arthabaska): II a donné des
spécifications.
Le Président (M. Bordeleau): J'appelle donc l'article
1.
M. Baril (Arthabaska): ... l'avenir nous attend.
Le Président (M. Bordeleau): Article 1. Des commentaires,
M. le ministre?
M. Garon: Dans le domaine des pêches, je pense que nous
avons joué notre rôle et on aura l'occasion d'en parler quand on
va parler des pêches, mais on verra qu'il y a des gens qui n'ont pas fait
leur job. Quand le gouvernement fédéral a des
responsabilités, il doit les assumer.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. le ministre, sur
l'article 1. Est-ce qu'il y a des commentaires?
M. Garon: On verra tantôt qu'avec l'inspection
"Approuvé Canada"...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
M. Garon: ... on est capable de se faire une belle assiette
contaminée.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Mathieu: C'est tellement technique...
Étude article par article Champ
d'application
Le Président (M. Bordeleau): C'est l'article 1, sur le
champ d'application. (17 h 15)
M. Garon: Je voudrais commencer en parlant du chapitre I, notes
préliminaires, chapitre I, section I. Cette section du chapitre I vise
à déterminer le champ d'application du projet de loi. Elle vient
surtout partager ce champ d'application en deux catégories de terres
publiques agricoles: celles qui ne sont pas concédées,
c'est-à-dire qui sont vacantes, sous bail, ou qui seront assujetties
à la loi dans l'avenir et celles qui sont sous concession,
c'est-à-dire sous billet de location, lors de l'entrée en vigueur
de la loi.
Le registre visé par l'article 4 sert d'instrument fondamental
pour déterminer si une terre publique fait partie de l'une ou l'autre
catégorie. En effet, ce registre renferme les informations de base
relatives aux droits consentis sur les terres publiques depuis à peu
près 1800. Souvent, il constitue le seul instrument de
référence pour déterminer si une terre fait partie du
domaine public ou du domaine privé.
Je prendrais l'article 1, maintenant. Cet article 1 détermine les
catégories de terres non concédées assujetties au chapitre
II, c'est-à-dire toutes les terres qui n'ont pas été
concédées, qui seront assujetties au chapitre II. Le paragraphe
1°: les terres assujetties à la Loi sur les terres de colonisation
lors de l'entrée en vigueur de la loi et qui ne sont pas sous billet de
location ou qui sont louées.
Paragraphe 2°: les terres qui seront transférées sous
l'autorité du ministre à l'avenir par le ministre de
l'Énergie et des Ressources. Cela veut dire qu'actuellement on fait des
transferts de terres entre ministères. Les terres qui ne sont pas bonnes
pour l'agriculture, je les transfère au ministre de l'Énergie et
des Ressources pour qu'il fasse le reboisement et les terres qui sont bonnes
pour l'agriculture, je demande au ministre de l'Énergie et des
Ressources - des fois, il se fait prier un peu - de transférer au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
parce que si une terre est bonne pour l'agriculture, elle peut être aussi
bonne pour les arbres, et comme on a moins de terres qui sont bonnes pour
l'agriculture que de terres qui sont bonnes pour la forêt, j'essaie de
mettre en valeur pour l'agriculture toutes les terres qui sont des terres
propices à l'agriculture. Alors, il pourrait y avoir des terres ici, des
terres non concédées, au paragraphe 2 , des terres qui sont
retransférées sous l'autorité du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, pour l'avenir, par le
ministre de l'Énergie et des Ressources.
Paragraphe 3°: Les terres placées sous l'autorité du
ministre en vertu d'une autre loi qu'il administre et qu'il assujettira
à la présente loi, en vertu de l'article 8, par exemple la banque
de terres arables.
Paragraphe 4°: Les terres du domaine privé rachetées
par le ministre depuis 1935 en vertu de deux lois spéciales et qui ne
sont pas sous concession lors de l'entrée en vigueur de la
présente loi. C'est pour couvrir toutes ces terres-là.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. le ministre.
Comme le projet de loi est fait, et très bien fait d'ailleurs, par
chapitre, par section, on pourrait, comme vous l'avez fait d'ailleurs pour le
chapitre I, section I, avoir un commentaire général de la section
et, après ça, procéder avec les articles. Article 1.
M. Garon: Je l'ai fait pour l'article 1.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, oui, d'accord. On peut
continuer comme ça.
M. Mathieu: M. le Président. On n'a pas de commentaires
particuliers à l'article 1.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, article 1,
adopté. Article 2. M. le ministre.
M. Garon: L'article 2 détermine les catégories de
terres sous concession. Tantôt, à l'article 1, c'étaient
des terres non concédées, là, il s'agit des terres sous
concession assujetties au chapitre III, lequel va parler des terres sous
concession, c'est-à-dire, au paragraphe 1 , les terres qui
étaient sous billet de location lors de l'entrée en vigueur de la
loi, et, au paragraphe 2 , les terres du domaine privé rachetées
par le ministre depuis 1935 en vertu de deux lois spéciales et qui ont
été concédées avant l'entrée en vigueur de
la loi sans qu'un titre définitif n'ait été
émis.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, ça va?
M. Mathieu: Adopté, article 2.
Le Président (M. Bordeleau): C'est aussi technique. Alors,
adopté, article 2. Article 3.
M. le ministre.
M. Garon: L'article 3 prévoit le pouvoir
général d'administration du ministre sur les terres publiques
agricoles, c'est-à-dire le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
Le Président (M. Bordeleau): Article "5,
adopté?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 4.
M. Garon: M. le Président, je pensais qu'il dirait que cet
article pourrait nous permettre de faire du patronage.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, s'il vous
plaît, je vous permets de répondre à des questions, mais
non pas de poser des questions vous-même, si vous voulez. C'est
ça.
M. Mathieu: II s'ennuie, quand il ne peut pas poser des
questions.
M. Garon: Je n'en ai pas posé depuis le début de la
session. On était en prison.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
À l'ordre!
M. Mathieu: On prend le temps de la Chambre, puis ça
empêche mes collègues de poser des questions beaucoup plus
pertinentes.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, toujours par
économie du temps, j'aimerais qu'on revienne à la pertinence.
M. Garon: Alors, vous allez revenir avec cela, ce qui veut dire
que je vais m'asseoir et que je n'aurai pas de questions.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, article 4. M. le
ministre, sur l'article 4.
M. Garon: L'article 4 prévoit les inscriptions que le
ministre est tenu d'effectuer dans le terrier, c'est-à-dire dans le
registre officiel faisant état de toutes les transactions affectant les
terres publiques.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. Mathieu:
Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté, article 4.
Article 5.
M. Garon: L'article 5 accorde au ministre le pouvoir
d'exonérer une personne dans les cas fixés par règlement.
Une voix: C'est du patronage.
M. Garon: Bien non, c'est les cas fixés par
règlement. Le pouvoir d'exonérer une personne dans les cas
fixés par règlement, c'est le règlement qui va le dire, du
paiement des frais prévus par le tarif pour l'inscription de
transactions au terrier, article 4, dans le registre, ou pour rendre possible
l'obtention d'informations relatives aux terres publiques sous son
autorité.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
contester l'article 5, mais vous le voyez avec le règlement qu'on a
demandé, le projet de règlement, si on l'avait entre les mains,
on saurait ce qu'on adopte dans le moment. On donne un chèque en blanc
au ministre. Je veux bien croire qu'il n'aura pas de mauvaises intentions ou
d'intentions machiavéliques, mais c'est toujours déplaisant
d'adopter une loi comme cela et le ministre peut, par règlement,
exonérer du paiement des frais fixés par règlement.
Pourquoi ne dépose-t-il pas le règlement?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, la guestion
est posée.
Une voix: Au lieu de répondre à côté,
il ne répond pas du tout.
Le Président (M. Bordeleau): On peut lui donner quelques
secondes.
M. Garon: On pense surtout, dans ce cas-là, exempter les
ministères de payer les frais, parce qu'on changerait quatre trente sous
pour une piastre d'un ministère à l'autre, d'exempter les
municipalités ou des choses comme cela.
M. Mathieu: Quand prévoyez-vous que le règlement
sera prêt?
M. Garon: II va être prêt quand on va avoir fini de
le rédiger. Cela va prendre encore un petit bout de temps.
M. Mathieu: Un mois, un an?
M. Garon: C'est une question de jours.
M. Mathieu: Très bien. Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Article 5, adopté.
M. Garon: Mais il ne s'agit pas d'exonérer une personne ou
l'autre, mais il
s'agit de cas exceptionnels, on parle plutôt du gouvernement.
Le Président (M. Bordeleau): Article 6.
M. Garon: On dit, par exemple, qu'on pourrait exonérer les
historiens qui font des recherches en histoire. Alors, on pense à des
cas comme cela. On s'est rendu compte, au cours des années, qu'il y a
toutes sortes de gens qui veulent fouiller dans ces titres-là. On pense,
par exemple, à des gens qui font des recherches sur ces titres, de
longues recherches qui pourraient coûter beaucoup d'argent et c'est pour
des fins qui ne sont pas lucratives, ce sont des fins non lucratives.
On donnait le cas, par exemple, des historiens dans le terrier; on
pourrait prévoir de les exonérer. Il ne s'agit pas
d'exonérer un client plutôt qu'un autre, mais les gens qui ont
affaire au terrier... On dit: pour l'obtention d'information. On dit, dans
l'article de la loi, que le ministre peut, dans des cas prévus par
règlement, exonérer une personne du paiement des frais
fixés par règlement, pour la préparation de documents,
pour toute inscription requise en vertu de la présente loi et pour
l'obtention d'une copie de tout document ou renseignement écrit relatif
à une terre assujettie à la présente loi ou pour laquelle
des lettres patentes ont été délivrées. Un
historien veut faire des titres, par exemple, pour voir tous les cas de
patronage qu'il y a eu au XIXe siècle, de 60 000 acres 50 000 acres;
c'est une recherche historique.
M. Mathieu: Pour mousser la souveraineté-association.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, l'article 5 sera
adopté? On l'avait déjà adopté.
Article 6.
M. Garon: L'article 6. Cet article confère au ministre le
pouvoir d'autoriser une personne à couper du bois, sur une terre
assujettie à la présente loi, dans les cas et aux conditions
prévus par règlement du gouvernement.
L'article 16 de la Loi sur les terres de colonisation prévoit
qu'il ne peut être coupé de bois sur une terre de colonisation que
pour certaines fins: le défrichement, la bâtisse, la clôture
et l'usage personnel du concessionnaire. Le règlement qui sera
adopté en vertu du présent projet de loi reprendra sensiblement
les mêmes fins en prévoyant cependant que des droits de coupe
pourront être exigés dans certains cas.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: ... j'aurais une question. Pour certaines terres qui
sont concédées il y a moins de cinq ans. On me dit qu'il y a des
réserves de coupe de bois dans les lettres patentes, c'est-à-dire
qui sont patentées, qui étaient concédées depuis
peut-être 100 ans ou 200 ans, mais patentées, mettons, en 1980. Il
semble qu'il y aurait des frais de coupe de bois pour les cinq années
qui suivent l'obtention des lettres patentes. Est-ce que cela couvre cela?
M. Garon: Cela pourrait enlever des articles inapplicables qui
étaient dans la loi des terres de colonisation où on parlait des
droits de coupe qui n'avaient pas été appliqués. On disait
que c'était un double droit de coupe, s'il y avait des coupes de bois
dans les quinze ans de la concession par lettres patentes des terres, mais en
réalité le ministère n'avait jamais appliqué ces
montants. C'est pour oublier le passé mais réglementer pour
l'avenir. Alors, pour le passé tout le monde aura été sur
un pied d'égalité, et pour l'avenir on fera une règle qui
sera uniforme pour tout le monde.
M. Houde: Cela veut dire que ceux qui avaient des droits depuis
deux, trois, quatre ans partiraient à zéro. C'est cela que vous
voulez dire, ou s'ils vont finir les deux, trois ou quatre ans qu'ils ont
encore à couper le bois. C'est cela que l'on veut savoir. Est-ce que
cela va complètement partir à zéro?
M. Garon: Alors, on va oublier le passé.
M. Mathieu: M. le Président, pourrez-vous nous donner un
cas pratique où l'article 6 va s'appliquer? Si je comprends bien, sur
une terre sous concession, lorsque l'on émettra les lettres patentes -
si je comprends bien - entre le billet de location et la lettre patente, c'est
le bout de terre que le possesseur détient sous billet de location,
c'est pour ce bout-là, et lorsque arrivera la lettre patente - si je
comprends bien - il n'y aura plus de restriction de droit de coupe de bois?
M. Garon: Non, il ne peut couper, regardons l'article: "Nul ne
peut couper du bois sur une terre non concédée ou sur une terre
sous concession s'il n'y est autorisé par le ministre, sous
réserve du paragraphe 3 de l'article 47, et s'il ne remplit les
conditions et paie les droits prévus par règlement."
Actuellement, avec la loi on va concéder les terres du passé.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 6, adopté.
Le ministre semble vouloir me donner une bonne réponse, on va le
laisser parler. Là, je pense qu'il parle avec d'autres. (17 h 30)
M. Garon: Je voudrais être bien précis, l'article 6,
c'est la règle générale que personne ne peut couper du
bois sans être autorisé à le couper: "Nul ne peut couper du
bois sur une terre non concédée ou sur une terre sans
concession..." Si la terre n'est pas concédée, on n'a pas le
droit de couper du bois sur la terre.
M. Houde: D'accord.
M. Garon: Oui, si elle n'est pas concédée, elle
appartient à l'État. ..."ou sur une terre sous concession, il n'y
est autorisé par le ministre, sous réserve du paragraphe 3 de
l'article 47, et s'il ne remplit pas les conditions et paie les droits
prévus par règlement." C'est le règlement quand on va
parler tantôt des cas où il pourrait y avoir coupe sans
autorisation. Ce que le règlement prévoit on va voir cela
tantôt. C'est le principe général qu'on ne peut pas couper
de bois sans y être autorisé...
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va?
M. Garon: ... sur une terre non concédée ou
concédée.
Le Président (M. Bordeleau): Article 6, adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 7?
M. le ministre.
M. Garon: L'article 7 dit: "Le ministre peut, avec l'autorisation
du gouvernement, acquérir - écoutez bien cela, c'est bien
important, c'est l'article dont on avait parlé - de gré à
gré, échanger ou exproprier une terre afin de l'assujettir aux
dispositions de la présente loi qui s'appliquent à une terre non
concédée, s'il juge cette acquisition, cet échange ou
cette expropriation dans l'intérêt de l'agriculture."
Cet article donne au ministre le pouvoir d'acquérir des terres
privées de gré à gré, par échange ou par
expropriation, avec l'autorisation du gouvernement. L'article reprend une
disposition de la Loi sur l'acquisition de certaines terres pour fins de
colonisation, laquelle est abrogée par l'article 65. Le pouvoir
d'expropriation du ministre a été conservé sur la
recommandation du secrétariat du comité de législation qui
juge préférable de retrouver ce pouvoir reconnu par la loi et
éviter ainsi toute ambiguïté si une telle expropriation
devait se produire.
De façon générale, on n'exproprie pas. Je ne
connais pas de cas d'expropriation depuis que je suis au gouvernement. C'est
tout simplement au cas où il y aurait des problèmes en justice
qu'on nous a demandé de garder le pouvoir. Essentiellement, c'est un
pouvoir que nous n'avons pas utilisé véritablement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, est-ce que cet article
donnerait au ministre le pouvoir d'exproprier les terres de Mirabel, par
exemple?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Garon: Je pense que c'est une question d'opinion. Les
renseignements que j'ai de plusieurs juristes sont dans le sens que le
gouvernement fédéral a exproprié sans droit à
Mirabel. Il a exproprié 93 000 ou 96 000 acres en vertu de la loi de
l'aéronautique. Quand vous expropriez en vertu de la loi de
l'aéronautique, c'est pour des fins aéronautiques. Or, quand on
regarde l'aéroport Charles-de-Gaulle et l'aéroport Kennedy, les
plus grands aéroports au monde, on a eu besoin de 5000 ou 6000 acres. On
a exproprié à Mirabel 96 000 acres. Est-ce qu'on avait le droit
d'exproprier 96 000 acres pour des fins aéronautiques qui ne sont pas
des fins aéronautiques en réalité?
M. Mathieu: Songiez-vous à cela quand vous avez fait cet
article?
M. Garon: Non, je n'ai pas pensé à cela.
M. Mathieu: Pourquoi?
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va?
M. Garon: Je ne pense pas que la couronne peut exproprier la
couronne, selon le vieux principe.
M. Mathieu: Mauvaise nouvelle!
M. Garon: Vous voyez ce que les avocats disent!
M. Mathieu: Mauvaise nouvelle pour le ministre!
M. Baril (Arthabaska): Voyez-vous comment on est "poigné"
et mal pris? On peut se faire envahir et on n'est même pas capables de se
faire défendre. C'est cela, le système!
Le Président (M. Bordeleau): Article 7, adopté?
M. Mathieu: Adopté.
M. Baril (Arthabaska): Me faire envahir par mon voisin,
même si c'est mon meilleur "chum", je n'accepterais pas cela quand
même.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. M. le
député d'Arthabaska, avez-vous une question?
M. Garon: Article 8?
Le Président (M. Bordeleau): Article 8. M. le
ministre.
M. Garon: "Le ministre peut, par avis, assujettir à la
présente loi une terre mise sous son autorité en vertu d'une
autre loi. Il peut également soustraire au régime de la
présente loi une terre non concédée pour l'assujettir
à une autre loi dont il a l'administration." C'est bien important. Cela
va éviter bien du travail inutile au gouvernement. Cet article confie au
ministre en réalité le pouvoir par simple avis d'assujettir
à la Loi sur les terres publiques agricoles et en particulier aux
dispositions du chapitre II relatives à l'aliénation et à
la relocation des terres les terres mises sous son autorité en vertu
d'une autre loi dont l'administration lui a été
confiée.
Par exemple, une terre pourrait être transférée d'un
programme régi par la section VI de la Loi sur le ministère de
l'Agriculture, des Pêches et de l'Alimentation ou de la banque de terres
arables à la Loi sur les terres publiques agricoles ou l'inverse.
Également, une telle terre pourrait ainsi servir aux fins des
pêcheries maritimes. La transférabilité
complétée par l'article 24 de la Loi sur le ministère de
l'Agriculture, des Pêches et de l'Alimentation, tel que modifié
par l'article 64 du présent projet, donnera plus de souplesse et
d'efficacité à l'administration du ministre.
Éventuellement, il faudrait peut-être en arriver à
avoir toutes les terres à la même place. On commence à
regrouper tout cela et, éventuellement, idéalement, j'aimerais
qu'au lieu d'avoir plusieurs programmes pour les terres, on n'en ait qu'un
seul.
M. Mathieu: Y compris l'Énergie et les Ressources?
M. Garon: Non, c'est plus compliqué. Entre deux
ministères, je vais vous dire une chose, ce n'est pas le problème
sur le plan... Je vais vous donner un exemple concret. Quand on arrive pour
faire des transferts de terres d'un ministère à l'autre, des
fois, il y a des fonctionnaires qui s'assoient sur les terres comme si elles
étaient à eux autres depuis 300 ans. C'est beaucoup plus
difficile qu'on pense. À un moment donné, quand on a voulu faire
le transfert des terres du ministère de l'Agriculture à celui de
l'Énergie et des Ressources pour le reboisement et des terres de celui
de l'Énergie et des Ressources à celui de l'Agriculture, pour
celles qui étaient bonnes pour l'agriculture, il a fallu
véritablement que cela remonte sur le bureau du ministre de
l'Énergie et des Ressources et sur mon bureau, parce que, localement,
les gens ne voulaient rien savoir, ils voulaient garder leurs terres,
même si elles n'étaient pas bonnes. Il a fallu prendre une
décision. Ce qui arrive, c'est que, des fois, dans les ministères
ou entre les ministères surtout, il se constitue des empires et c'est
plus compliqué qu'on pense. Idéalement, ce que je veux faire
actuellement - je pense bien qu'aujourd'hui dans l'ordre des choses, on ne peut
plus planifier cinquante ans d'avance, on ne peut pas régler le monde
cinquante ans d'avance - c'est de transférer les terres qui n'ont pas de
vocation agricole au ministère de l'Énergie et des Ressources
pour qu'il les boise, mais ce que je veux en retour, c'est que les terres,
c'est plus facile pour moi de le faire que pour lui de le faire, parce que,
quand les terres n'ont pas de vocation agricole, je ne vois pas
l'intérêt de les garder au ministère et d'avoir des
fichiers inutilement. On transfère cela au ministère de
l'Énergie et des Ressources et on dit: Plantez dessus.
Par ailleurs, c'est évident qu'il ne s'agit pas de dire que
toutes ces terres ne sont pas bonnes pour l'agriculture, on tient compte des
blocs agricoles dans lesquels il peut y avoir des boisés de ferme et,
des fois, l'agriculture et la forêt alternant, c'est une culture mixte
sur une ferme, c'est un travail mixte et on tient compte de cela.
Quand il s'agit de terres qui sont bonnes pour l'agriculture, les gens
de l'Énergie et des Ressources ne veulent pas toujours nous les donner,
parce qu'ils se disent: Un arbre pousse mieux dans une terre qui est bonne pour
l'agriculture que dans une terre qui est moins bonne pour l'agriculture. Comme
la production forestière est un genre d'agriculture - on dit la
sylviculture, mais c'est un genre d'agriculture - je pense qu'un jour toutes
les terres devraient être regroupées au ministère de
l'Agriculture et qu'on considère la foresterie comme une forme
d'agriculture. Je pense que les esprits ne sont pas encore rendus là.
J'en ai parlé à plusieurs reprises. À ce moment-là,
on dira: II y a des récoltes qui se font chaque année, des
récoltes qui se font tous les trois ans, des récoltes qui se font
tous les cinq ans ou tous les dix ans et, dans certains cas, tous les soixante
ans, mais on doit se comporter, à mon avis, vis-à-vis de la
forêt exactement
comme vis-à-vis d'une forme d'agriculture. Or, les esprits ne
sont pas rendus là.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, j'aimerais seulement avoir un
éclaircissement du ministre. Si je comprends bien, l'article 8 lui
permettrait de prendre une terre de la banque des terres arables et de
l'administrer sous la présente loi ou vice versa?
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: D'accord.
M. Garon: II s'agit parfois de regroupement. Par exemple, on peut
avoir dans une région des blocs, le réaménagement foncier,
la banque des terres arables ou différentes choses. Une terre peut
être aux Terres et Forêts, une terre peut être au
ministère de l'Agriculture; une terre peut être au
réaménagement foncier, une terre qui serait dans la banque des
terres arables. Ce serait mieux, pour les fins administratives, de regrouper
cela et dire à un moment donné: Pour faire un bloc raisonnable
pour un agriculteur, on la tranférerait à tel endroit ou à
tel endroit, mais, actuellement, il faut que je fasse un détour, que je
passe par le Conseil des ministres, pour faire passer une terre d'un programme
à un autre. C'est un peu compliqué pour rien.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va à l'article
8?
M. Mathieu: Adopté.
Règles applicables à une terre non
concédée
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Nous
entreprenons donc le chapitre II avec l'article 9; M. le ministre.
M. Garon: Chapitre II. Ce chapitre constitue le régime
général d'administration et d'aliénation des terres
vacantes, c'est-à-dire des terres visées par l'article 1 du
projet de loi y compris les terres louées à des agriculteurs lors
de l'entrée en vigueur de la loi. Il s'agit des terres, essentiellement,
les règles s'appliquent à des terres non
concédées.
L'article 9 dit: "Le ministre peut aliéner ou louer une terre non
concédée à des fins qu'il juge dans l'intérêt
de l'agriculture, des pêcheries ou de l'alimentation. "Il peut
également aliéner une terre non concédée à
la personne qui l'occupe sans titre le (à la date d'entrée en
vigueur du présent article) ou à son cessionnaire, le cas
échéant." Il manque un accent dans la loi, "à" son
cessionnaire; ce n'est pas bien grave, je ne sais pas s'il faut faire des
amendements pour mettre des accents sur les "a".
Le Président (M. Bordeleau): Vous suggérez en
amendement, M. le ministre, de mettre un accent sur le "a" au deuxième
paragraphe de l'article 9.
M. Garon: Oui, "à" son cessionnaire. "Le gouvernement
fixe, par règlement, pour chaque catéqorie de terres et
d'acquéreurs ou de locataires qu'il détermine, le prix et les
conditions de l'aliénation ou de la location. "Le ministre peut, dans
les cas prévus par règlement, exonérer une personne du
paiement du prix d'aliénation d'une terre non
concédée."
Alors, les explications. Cet article prévoit que le pouvoir
d'aliénation et de location confié au ministre se limite, en
principe, au domaine de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation. En effet, pour la réalisation des différentes
missions qui sont confiées au ministre par la loi, ce dernier est
appelé à exercer son pouvoir d'aliénation à des
fins non spécifiquement agricoles, mais ayant une incidence sur le
développement de l'agriculture. Ainsi, il peut aliéner une terre
non concédée en faveur d'une coopérative agricole ou d'une
entreprise industrielle spécialisée dans la transformation, la
distribution, la commercialisation et l'utilisation des produits agricoles. De
plus, le pouvoir d'aliénation du ministre pourra être
exercé dans la réalisation d'une mission ayant trait au domaine
des pêches maritimes; à titre d'exemple, le ministre est
actuellement appelé à aliéner les terres publiques sans
son autorité dans le cas de parcs industriels affectés
spécialement aux pêches maritimes. Le pouvoir du ministre pourra
également être exercé dans la régularisation de
situations particulières ne relevant pas spécifiquement d'une de
ces missions, mais nécessitant son intervention. En effet, il entend
régulariser les cas d'occupants illégaux, les squatters, existant
sur les terres non concédées depuis souvent les débuts de
la colonie. Dans ce cas, son intervention est nécessaire tant pour
simplifier l'administration, en évitant un transfert de juridiction au
ministère de l'Énergie et des Ressources, que pour assurer une
solution équitable aux problèmes des personnes qui occupent ces
terres de bonne foi ou avec l'accord implicite et parfois explicite du
gouvernement.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, dans cet article-ci, au
second alinéa, on dit que le ministre peut aliéner une terre non
concédée à la personne qui l'occupe sans titre. Est-ce que
ça veut dire qu'un dénommé "Moïse" qui occupait une
terre sans titre pourrait avoir des lettres patentes? Parce qu'on ne dit pas
ici combien ça prend de temps d'occupation avant d'avoir... Je comprends
que, si la personne occupe depuis trois, quatre ou cinq
générations et qu'on lui accorde une lettre patente, je n'ai rien
contre, mais vu qu'on ne met pas un minimum de temps ici, alors une personne
peut occuper depuis six mois, depuis un an, trois ou quatre ans. Cela
semblerait franchement...
M. Garon: D'abord pour les terres sous la juridiction... Vous
avez parlé de Moïse?
M. Mathieu: Je prends un nom fictif là.
M. Garon: Je ne sais pas, il y en avait un Moïse.
M. Mathieu: Je ne parle de Moïse dans le désert
voilà 5000 ans.
M. Garon: II y en a eu un aussi en Gaspésie. Il n'a
peut-être pas eu les Tables de la loi mais... Je pense que ces
terres-là étaient plutôt sous la responsabilité du
ministère de l'Énergie et des Ressources, pas sous ma
responsabilité.
M. Mathieu: Advenant le cas où elles auraient
été sous votre responsabilité, ce que je voudrais
savoir... je n'ai rien contre un occupant de bonne foi, après une, deux,
trois, quatre ou cinq générations, je n'ai rien contre, mais ici
on ne met pas de minimum de temps, alors une personne...
M. Garon: Le règlement va le prévoir.
Le Président (M. Bordeleau): Au paragraphe suivant, on
parle de règlement.
M. Garon: "Le gouvernement fixe, par règlement, pour
chaque catégorie de terres et d'acquéreurs ou de locataires qu'il
détermine, le prix et les conditions de l'aliénation et de la
location."
M. Mathieu: Vous n'avez pas une idée à peu
près, pour nous éclairer, de ce que sera le temps de possession
utile?
M. Garon: Habituellement, on parle surtout des gens... Je pense
à l'Abitibi, justement, dans le coin de Val-Paradis ou dans ces
coins-là, il y a des gens qui sont établis depuis un certain
nombre d'années mais ils n'ont pas de titres. Les maisons ont
été abandonnées et les gens, à un moment
donné, ont décidé de se localiser là.
M. Houde: Disons un minimum de trois, quatre ou cinq ans,
à peu près, pour avoir une idée.
M. Garon: Le minimum serait de cinq ans. Mais là on va
faire une concordance justement avec le règlement sur les terres et
forêts; il y a un règlement identique pour les mêmes fins et
on fait une concordance entre les deux, le ministère de l'Énergie
et des Ressources et nous. À l'heure actuelle, on pense à cinq
ans.
M. Mathieu: Quand vous parlez de la personne qui l'occupe,
entendez-vous par là une personne qui l'habite ou bien qui la cultive
seulement sans l'habiter?
M. Garon: On peut l'habiter réellement en demeurant dessus
ou en ayant des titres qui font que, pour tout le monde, c'est lui le
propriétaire de la terre.
M. Mathieu: La commune est renommée être dans la
localité.
M. Garon: Oui, c'est ça. Selon les titres. Parfois il paie
des taxes depuis un certain nombre d'années, quelque chose comme
ça, et il est reconnu comme le propriétaire. Mais,
habituellement, quand les gens sont reconnus comme propriétaires d'une
terre, il y a des conséquences, il y a des actes juridiques qui sont
posés de telle façon. Le paiement des taxes à la
municipalité en est un exemple.
M. Houde: Ce serait la preuve dont vous pourriez tenir compte.
C'est ça? Vous pourriez tenir compte des taxes qu'il aurait
payées depuis quatre, cinq, six, sept ou huit ans.
M. Garon: Ce sont différents facteurs par lesquels on voit
que la personne a véritablement un comportement de
propriétaire.
M. Mathieu: C'est le ministre qui va juger ça.
M. Garon: Ce sont les fonctionnaires qui au fond administrent la
loi dans le cadre d'un règlement. Vous m'avez fait penser à
ça, je n'y avais pas pensé. Je pourrais signé ces
concessions-là, avec un grand document et un sceau rouge... je ne
mettrai pas un sceau rouge, un sceau bleu.
M. Mathieu: II est bleu maintenant. Par pur hasard, je pense
bien.
M. Houde: Si on tient compte de l'honnêteté dont le
ministre nous parlait tout à l'heure, tout d'un coup qu'ils changent de
ministre et qu'on tombe avec un ministre qui
n'est pas trop honnête, c'est là qu'on aurait de la
difficulté.
M. Mathieu: II paraît que le député
d'Arthabaska va devenir ministre à un moment donné.
M. Houde: Eh bien, M. le ministre.
M. Mathieu: On dit qu'il paraît qu'il va devenir ministre
de l'Agriculture à un moment donné, il est question de
ça.
M. Houde: ... gouvernement.
Une voix: II y a plus de chances que moi.
M. Houde: Cela peut venir vite, on ne sait jamais.
M. Baril (Arthabaska): Je n'ai pas eu d'appel encore.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, vous voulez
ajouter quelque chose?
M. Garon: II y a un règlement qui a été
adopté par les terres et forêts à l'automne 1981 et, dans
le temps, il y avait eu une consultation. On avait convenu que lorsqu'on ferait
le projet de loi, lorsque le projet de loi serait complété, on
passerait une réglementation et on ajusterait notre
réglementation ensemble. On a eu une consultation sur leurs
règlements à eux, s'il y a des choses à réajuster
à ce moment-ci, après l'adoption de notre loi, les deux
ministères sont en contact à ce point de vue pour ne pas qu'il y
ait de trop grande incohérence.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, ça va?
M. Mathieu: Je ne veux pas faire d'obstruction, soulever
d'objection, M. le Président, mais seulement mentionner une
réserve. Vous savez, à un moment donné, il pourrait y
avoir place à certaine discrétion, si on prend la norme de
chacun. Je conviens que le fait de s'ajuster, les deux ministères
ensemble, le ministère de l'Énergie et des Ressources et le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
c'est normal, c'est souhaitable. Maintenant une possession de cinq ans, une
possession utile de cinq ans sans avoir l'obligation d'habiter la terre,
ça me paraît un peu exagéré, à tout
événement.
M. Garon: Vous parlez de moins de cinq ans ou de plus de cinq
ans?
M. Mathieu: Tout à l'heure, on parlait d'une terre non
concédée à la personne qui l'occupe sans titre: II peut
aliéner une terre non concédée à la personne qui
l'occupe sans titre. Alors, tantôt je vous ai posé une question:
Quelle serait la durée de la possession utile? Vous m'avez dit environ
cinq ans. On parle d'une personne qui occupe une terre non
concédée sans titre.
M. Garon: Sans titre précaire et sans bâtisse,
quinze ans et plus, il va payer 90% de la valeur marchande.
M. Mathieu: Quinze ans et plus. Et quinze ans et moins?
M. Garon: Entre cinq et quinze ans, il va payer la valeur
marchande; moins de cinq ans, il n'y a ni vente, ni reconnaissance des
droits.
M. Mathieu: Maintenant, un titre, ça pourrait être
un titre précaire, c'est-à-dire cessionnaire de celui qui l'a
eu...
M. Garon: Un titre précaire.
M. Mathieu: ... par billet de location il y a peut être
cinquante ans, quatre-vingts ans, sans qu'on puisse faire nécessairement
la jonction dans les titres.
M. Garon: Dans ces cas, il n'y a pas de billet de location. Il
s'agit toujours d'un titre précaire.
M. Mathieu: D'accord.
M. Garon: Ce qu'on appelle un titre précaire, c'est un
contrat notarié ou sous seing privé faisant état d'une
transaction entre deux ou plusieurs personnes sur un lot public.
M. Mathieu: Mais le notaire le sait dans des cas semblables;
supposons qu'il ait à transiger un acte sur une terre non
concédée, il va normalement l'inscrire à l'acte pour que
les parties en soient informées.
M. Garon: Pas toujours parce que les notaires ne vérifient
pas tous.
M. Houde: Ils ne sont pas tous aussi travailleurs.
M. Garon: Pardon?
M. Houde: Ils ne seront peut-être pas tous aussi
travailleurs, mais ils vont gagner moins.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 9 sera
adopté, tel qu'amendé par l'amendement du ministre?
M. Mathieu: Un amendement majeur.
Le Président (M. Bordeleau): Oui. Alors, l'article 9 est
adopté tel qu'amendé. Article 10.
M. Garon: L'article 10 dit: L'aliénation se fait par acte
notarié portant minute ou par délivrance de lettres patentes.
La location se fait par acte notarié portant minute ou par acte
sous seing privé.
Cet article prévoit les instruments d'aliénation et de
location.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté? M. Mathieu:
Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
11.
M. Garon: On pourrait peut-être faire un amendement et
enlever les actes notariés. Cela coûterait moins cher au
monde.
M. Mathieu: Cela coûterait peut-être moins cher, M.
le ministre, mais je pense que la sécurité serait peut-être
moins grande légalement.
M. Baril: Vous êtes en conflit d'intérêts?
M. Mathieu: Non, je suis peut-être moins
éclairé qu'un autre pour...
Le Président (M. Bordeleau): Article 11,
adopté?
M. Mathieu: ... justement parler de la situation.
M. Baril: C'est sans malice, remarquez. M. Garon: C'est
sans malice.
Le Président (M. Bordeleau): Article 11, cela va?
M. Garon: Article 11.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Mathieu: Si vous aviez connu mes professeurs et mes
professeurs adjoints quand j'étais à la faculté,
peut-être que vous pourriez douter de leur compétence.
M. Garon: Comment cela? Je ne vous ai pas enseigné. Est-ce
que je vous ai enseigné?
M. Mathieu: On en reparlera.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, l'article 11,
s'il vous plaît!
M. Garon: Je ne vous ai pas enseigné, j'ai enseigné
de 1970 à 1976. Vous avez fait votre cours avant cela?
M. Mathieu: J'ai eu ma licence en 1971.
Le Président (M. Bordeleau): Article 11, M. le
ministre.
M. Garon: Article 11. Le ministre peut, aux conditions qu'il
détermine et s'il le juge à propos, consentir une servitude ou un
droit sur une terre non concédée.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté.
M. Garon: Voulez-vous avoir des explications?
Le Président (M. Bordeleau): Ce n'est pas
nécessaire, M. le ministre, cela peut aller.
M. Garon: Des fois, pour plus tard... Une voix: À
l'unanimité.
Le Président (M. Bordeleau): II me semble que cela ne
cause pas de problème. L'article 12.
M. Garon: Article 12. Le ministre consent une servitude ou un
droit par acte notarié portant minute par acte sous seing privé
ou par délivrance de lettres patentes.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 13, M.
le ministre.
M. Garon: L'article 13 dit: L'article 18 de la Loi sur les terres
et forêts s'applique à une terre non concédée.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
14.
M. Garon: Savez-vous ce que cela veut dire?
M. Mathieu: Je cherche l'article 18, mais...
M. Garon: Je vais vous dire ce que c'est. Cet article reprend une
disposition de la Loi sur les terres et forêts qui prohibe toute
aliénation des terres publiques sur une profondeur de dix-huit
mètres le long des
frontières du Québec.
Le Président (M. Bordeleau): Article 14.
M. Garon: Article 14: "Le ministre peut, en tout temps,
révoquer le bail d'une terre non concédée, lorsque le
locataire contrevient à la présente loi ou à un
règlement adopté sous son autorité ou ne respecte pas les
conditions du bail. "Il peut également révoquer tout bail lorsque
celui-ci a été consenti par erreur ou par suite d'un dol, ou
lorsque le locataire y renonce ou est introuvable."
Cette disposition énumère les situations où le
ministre peut révoquer un bail qu'il a consenti.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
15.
M. Garon: Article 15: "Le ministre doit faire parvenir au
locataire, par courrier recommandé ou certifié, un avis de son
intention de révoquer le bail au moins trente jours avant cette
révocation. Cet avis est transmis à la dernière adresse
connue au ministère. "H doit en outre faire afficher, sur un immeuble
public situé à proximité de cette terre, un avis de son
intention de prononcer cette révocation, cet avis doit reproduire
l'article 16 et doit être affiché au moins trente jours avant la
date de la révocation."
M. Mathieu: Adopté.
M. Garon: Les articles 15, 16, 17, c'est tout le même genre
d'affaire; si vous voulez, on pourra lire les trois et, après cela, on
vous donnera l'explication.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. Mathieu:
D'accord.
M. Garon: L'article 16 dit: "Toute personne qui désire
s'opposer à la révocation d'un bail doit, dans les trente jours
de la date de l'affichage de l'avis, faire connaître au ministre son
opposition. "L'opposition à la révocation doit être faite
par écrit et être motivée." 17: "Les délais
prévus aux articles 15 et 16 sont de soixante jours lorsque le ministre
veut prononcer une révocation pour le seul motif que le locataire est
introuvable."
Alors, ces articles 15 à 17 prévoient la procédure
de révocation, c'est-à-dire les avis et les délais
respectés afin d'observer les règles de la justice naturelle
requises en pareils cas. Ainsi, le délai de quinze jours prévu
à la Loi sur les terres de colonisation a été porté
à trente jours afin de correspondre encore plus au délai existant
en pratique et à soixante jours pour les cas où le locataire est
introuvable, pour éviter tout préjudice possible.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, cela va, articles 15,
16 et 17?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
18.
M. Garon: Article 18: "Le ministre, lors d'une révocation,
confisque toute somme qui lui a été versée relativement
à la terre louée ainsi que toute amélioration qui a
été apportée à cette terre. "S'il le juge à
propos, il peut verser une indemnité à titre de remboursement
pour toute sommes versée."
Le Président (M. Bordeleau): Adopté? M. Mathieu:
Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
19.
M. Garon: Article 19: "Si le locataire, après
révocation par le ministre, refuse de délaisser la terre, le
procureur général peut, par requête dûment
signifiée au locataire, avec avis d'au moins dix jours francs de la date
de sa présentation, demander au tribunal ayant juridiction dans le
district judiciaire où la terre est située, un ordre sous forme
d'un bref de possession. "Cette requête doit être instruite et
jugée d'urgence."
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 19, adopté.
Article 20?
M. Garon: "Sur preuve de la révocation et que le locataire
est injustement en possession de la terre, le juge doit accorder un ordre lui
enjoignant de délaisser la terre et d'en livrer possession au ministre.
"Cet ordre a le même effet qu'un bref de possession. Le shérif, ou
tout huissier ou personne à laquelle il est remis par le ministre, doit
l'exécuter de la façon prévue pour l'exécution d'un
bref de possession à la suite d'une action en éviction ou d'une
action possessoire."
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
21?
M. Garon: Article 21: "Trente jours après l'expiration du
délai d'exécution, toute construction ou amélioration ou
tout bien
meuble se trouvant sur la terre décrite dans l'ordre, fait partie
du domaine public, sans indemnité."
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
22?
M. Garon: Article 22: "Les procédures prévues aux
articles 19 et 20 sont réputées matières sommaires et les
dépens sont ceux d'une instance de première classe en Cour
provinciale."
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
23?
M. Garon: Article 23: "Les articles 19 à 22 s'appliquent,
en les adaptant, à toute personne qui occupe une terre non
concédée en contravention de la loi ou des
règlements."
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Section III,
article 24.
M. Garon: Cela va bien.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va bien.
M. Garon: Lettres patentes. Article 24: "Les lettres patentes
délivrées sous la signature du ministre ou d'un fonctionnaire
autorisé par règlement, ont le même effet que si elles
étaient signées par le lieutenant-gouverneur et
contresignées et délivrées par le procureur
général sous le grand sceau. "Le ministre inscrit sommairement
ces lettres patentes dans le registre visé à l'article 4."
Le Président (M. Bordeleau): Adopté?
M. Mathieu: C'est vous qui allez remplacer les grands lords.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, M. le
député?
M. Mathieu: Le ministre va remplacer la sanction royale. (18
heures)
M. Houde: Le grand sceau.
M. Garon: Vous me faites penser à cela, je n'y avais pas
pensé. On pourrait faire des belles lettres patentes avec des plumes de
feutre.
M. Mathieu: Avec une belle grosse étoile bleue.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, l'article 24?
M. Mathieu: N'oubliez pas la fleur de lys!
M. Garon: Oui, il faut penser à cela. On pourrait faire
cela, une fois par semaine, signer après la grand-messe:
M. Mathieu: Un petit ruban après!
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, l'article 24?
M. Mathieu: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Je vous
rappelle...
M. Mathieu: On a une réticence, mais on va l'adopter quand
même.
Le Président (M. Bordeleau): Je veux simplement rappeler
aux membres qu'il est 18 heures. Par contre, si cela va bien et qu'on a le
consentement des membres, on peut peut-être terminer sans revenir.
M. Garon: Non, on ne serait pas capable. Il y a 72 articles.
C'est comme vous voulez.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, mais c'est...
M. Houde: Quant à moi, ce serait... On ne reviendrait pas
après le souper?
M. Garon: Vous voudriez continuer et qu'on file?
M. Houde: Je me demande cela.
Le Président (M. Bordeleau): C'est une possibilité
si les membres sont d'accord. Les membres sont...
M. Garon: Nous sommes mieux d'aller souper et de revenir. Il est
bien trop tard.
Le Président (M. Bordeleau): Nous reprendrons donc
à l'article 25 à ce moment. La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 01)
(Reprise de la séance à 20 h 10)
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation reprend donc
l'étude du projet de loi no 49. À la suspension du dîner,
nous avions adopté l'article 24 et nous étions rendus à
l'article 25.
Une voix: On peut le lire.
Le Président (M. Bordeleau): On peut le lire. Article 25.
M. le ministre.
M. Garon: Je n'ai pas le texte du projet de loi.
Une voix: On peut le lire à votre place.
M. Garon: Pardon?
Une voix: On peut le lire à votre place.
M. Garon: Vous n'êtes pas capable de faire cela. Vous
n'avez la grâce d'État.
Le Président (M. Bordeleau): Article 25, M. le ministre,
s'il vous plaît!
M. Houde: Vous n'avez pas l'absolution.
M. Garon: L'article 25 dit: "Les lettres patentes doivent
être enregistrées par le ministre de la Justice
conformément à la section III de la Loi sur le ministère
de la Justice (L.R.Q., chapitre M-19). "Il peut en donner copie ou fournir un
certificat de leur enregistrement conformément à cette
section."
M. Mathieu: Très bien.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Adopté?
M. Mathieu: C'est une bonne pratique. Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
26.
M. Garon: Cela coûte de l'argent aux contribuables.
Le Président (M. Bordeleau): Article 26. M. le
ministre.
M. Mathieu: Cela les sécurise, par exemple.
M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: Cela les sécurise, par exemple.
M. Garon: Cela fait des frais pour les notaires.
M. Mathieu: Non, cela ne donne rien aux notaires, parce
que...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Mathieu: Un instant, M. le Président! Il dit que cela
donne des frais aux notaires, c'est absolument faux, parce que c'est le
ministère qui se cherche du monde maintenant pour les faire enregistrer
et cela sécurise parce que, si les lettes patentes sont perdues dans une
recherche de titres ou n'importe quoi, on a toujours la mention au bureau
d'enregistrement, à l'index des immeubles, ce qui est très sage
et très sécuritaire pour les contribuables.
M. Garon: Pourquoi ne dites-vous pas des affaires comme cela en
deuxième lecture?
M. Mathieu: C'est parce que vous ne créez pas de droit
nouveau, M. le ministre; cela y était déjà, ce n'est pas
du droit nouveau.
Le Président (M. Bordeleau): On revient à l'article
26.
M. Mathieu: Un instant! Il y a assez du ministre qui se vante,
s'il faut que nous commencions à nous vanter nous autres aussi cela ne
finira plus.
M. Garon: Oui, mais ce n'est pas dans les bureaux
d'enregistrement, c'est au secrétariat d'État comme pour
l'enregistrement des documents d'État.
M. Mathieu: À tout événement,
maintenant...
M. Garon: C'est un enregistrement...
M. Mathieu: En tout cas, je vous dis que maintenant le
gouvernement les fait enregistrer au bureau d'enregistrement. Je ne sais pas si
c'est en vertu de cet article.
M. Garon: C'est en vertu d'un autre. Une voix:
Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. M. Garon:
L'article 26.
Le Président (M. Bordeleau): Article 26. M. le
ministre.
M. Garon: "Le ministre peut, sauf s'il y a contestation par un
tiers ayant des droits sur la terre visée, annuler des lettres patentes
afin d'en délivrer d'autres rectifiées, portant la date de celles
qui ont
été annulées, si elles ont été
délivrées en faveur d'une personne qui n'y a pas droit ou si
elles comportent une erreur de superficie ou de désignation de la terre
visée, une erreur de nom du bénéficiaire ou quelque autre
erreur matérielle. "Toutefois, s'il est possible de les rectifier sans
les annuler, le ministre peut apporter les rectifications requises aux lettres
patentes elles-mêmes et en donner avis au registraire du Québec
pour que mention en soit faite à leur enregistrement."
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que ça va?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. M. le
ministre, est-ce que je peux me permettre une remarque? Remarquez que les
membres de la commission peuvent décider ce qu'ils veulent, sauf qu'il
ne serait pas nécessaire de lire les articles. Vous pourriez
peut-être donner les explications par rapport à l'article?
M. Garon: Parfois les articles, quand on les lit, parlent plus
par eux-mêmes.
Le Président (M. Bordeleau): Ils sont plus clairs que les
explications.
M. Garon: Parfois, c'est plus clair que des explications.
M. Houde: M. le Président, une chose, c'est que...
M. Garon: Je me suis aperçu tantôt que j'ai eu
l'explication et qu'il fallait que je lise l'article pour expliquer
l'explication.
M. Houde: Tenant compte des débats, je pense qu'il serait
bon qu'ils soient enregistrés aux Débats de la Chambre;
autrement, si ce n'est pas donné, on ne les retrouve pas dans les
galées. C'est pour ça qu'on avait dit, à un moment
donné...
Le Président (M. Bordeleau): On a quand même le
projet de loi qui est là.
M. Houde: C'est correct. En tout cas, à l'autre
commission, on nous avait dit que c'était important d'entrer les
articles à l'intérieur des galées.
M. Garon: Avez-vous parlé du budget au moment du
souper?
M. Houde: On n'a pas eu le temps. Moi, j'ai pris le souper avec
des hommes de mon comté et je n'ai pas parlé du budget.
Le Président (M. Bordeleau): Quand il y a des amendements,
oui.
M. Houde: On n'a pas parlé de budget, j'ai
parlé...
M. Garon: Avez-vous parlé du crédit?
Le Président (M. Bordeleau): Alors, l'article 26 est-il
adopté? Adopté. Article 27, M. le ministre.
M. Garon: Avez-vous dit que le budget du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation n'était pas pire
cette année?
M. Houde: C'est ce que j'ai dit au téléphone
tantôt, que le budget de l'Agriculture était augmenté de 80
000 000 $. C'est ce que j'ai dit.
M. Garon; Qu'est-ce que le gars vous a dit au bout du fil?
M. Houde: Que ça va aider les cultivateurs.
M. Mathieu: II paraît que le ministre était
très malheureux, parce que tout ça va, à cause de la
hausse des taux d'intérêt, au financement pour la plus grande
partie.
M. Houde: Oh non! Ne me dites pas ça?
M. Mathieu: Ah oui! II y a 50 000 000 $... Finalement, il y a des
choses qui sont divisées, prenez les Pêcheries, c'est l'enfant
pauvre du ministère, encore une fois.
M. Garon: Quoi, les Pêcheries? M. Mathieu: Ah
oui!
M. Garon: Non, il y a 27 000 000 $ dans les
Pêcheries...
M. Mathieu: II n'y a pas une grosse augmentation...
Le Président (M. Bordeleau): Je pense qu'on va avoir
l'occasion...
M. Garon: Non, non, c'est parce que...
Le Président (M. Bordeleau): ... étudier les
crédits très bientôt, d'ici à quelques jours. Je
vous demanderais votre collaboration pour... (20 h 15)
M. Garon: C'est un gros montant, 27 000 000 $, parce que l'an
passé, elles ont augmenté de façon considérable
mais, on a des projets considérables aux Pêcheries, cette
année.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, s'il vous
plaît!
M. Houde: C'est lui qui nous a ouvert la porte, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Vous voulez qu'on
étudie votre projet de loi no 49. Je vous demande de revenir à
l'étude du projet de loi no 49. Article 27, M. le ministre.
M. Garon: II y a un tas de fumée qui vous sort de la
bouche.
Le Président (M. Bordeleau): Cela se peut, je fume. Je
suis dans la catégorie des fumeurs.
M. Garon: Article 27. Le ministre avise le registrateur de la
division d'enregistrement intéressée et le registraire du
Québec de toute annulation de lettres patentes faite suivant le titre
cinquième du livre cinquième du Code de procédure
civile.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté?
M. Garon: ... ce sont des avis qui sont prévus, tout
simplement.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 27 est-il
adopté?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Bordeleau): Article 28.
M. Garon: C'est drôlement dit, ça, la division
d'enregistrement, qui est-ce qui est intéressé, c'est le
registrateur ou la division?
M. Mathieu: Vous parlez de l'article 27?
M. Garon: Oui. Le registrateur de la division d'enregistrement
intéressée...
M. Mathieu: C'est la division d'enregistrement.
M. Garon: On va arriver au chapitre III.
Le Président (M. Bordeleau): C'est ça, M. le
ministre, chapitre III.
M. Garon: Pour une meilleure compréhension du chapitre III
qui concerne les règles applicables a une terre sous concession, disons
que, dans ce chapitre, les expressions suivantes signifient: 1 concession:
vente sous conditions d'une terre de colonisation, en vertu de la Loi sur les
terres de colonisation, faite par billet de location ou permis d'occupation; 2
concessionnaire: bénéficiaire des droits consentis par la
concession et dont le nom doit être inscrit dans le registre, visé
à l'article 4, pour qu'il puisse être reconnu détenteur de
la terre concédée et en obtenir les lettres patentes; 3
cessionnaire: la personne qui acquiert les droits du concessionnaire et qui
voit son nom substitué au nom de ce dernier dans le registre visé
à l'article 4; 4° lettres patentes: instrument qui confirme que la
terre qui a fait l'objet d'une concession n'est plus assujettie au
régime du droit public et est maintenant régie par les
règles du droit privé.
Ce chapitre constitue le régime transitoire de l'administration
des terres sous concession, c'est-à-dire des terres qui, lors de
l'entrée en vigueur de la loi, sont sous billet de location mais n'ont
pas encore fait l'objet de lettres patentes. Si je donne ces
explications-là, c'est parce que ça va servir plus tard aux
notaires ou aux avocats qui vont dire: Quand ils ont étudié la
loi, qu'ont-ils dit au juste, comment ça marchait? Ces
explications-là permettent de mieux comprendre comment ça
fonctionne.
M. Mathieu: Quand vous suivez les notes de vos recherchistes,
vous êtes très éloquent.
M. Garon: C'est ça. C'est comme l'autre jour quand j'ai
déposé le document.
M. Mathieu: C'était moins éloquent dans ce
document-là, savez-vous.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Garon: Le chapitre III permet essentiellement de liquider
l'ancien régime des terres concédées pour fins de
colonisation. Cette liquidation qui s'effectuera par la délivrance de
lettres patentes sur seul paiement du prix de la concession, sans exiger
l'accomplissement des autres conditions de la concession originaire, se fonde
sur les motifs suivants:
A. En raison du peu de potentiel agricole d'une partie
appréciable des terres encore sous concession, il est pratiquement
impossible d'exiger du concessionnaire l'accomplissement des conditions du
billet de location. En effet, la majorité de ces terres sont
situées dans les régions de l'Abitibi-Témiscamingue, du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et du Bas-Saint-Laurent. De plus, près de 50%
des demande des lettres patentes reçues annuellement font l'objet d'un
transfert au ministère de l'Énergie et des Ressources, en vertu
du décret 1032-76, comme palliatif pour permettre au concessionnaire
d'obtenir ses lettres patentes.
B. L'affectation agricole, des terres encore sous concession et
situées en zone agricole est assurée par la Loi sur la
protection du territoire agricole. Il n'y a donc plus lieu de conserver
l'affectation agricole prévue par la Loi sur les terres de colonisation
pour les terres sous concession. En effet, cette dernière, lors de la
délivrance des lettres patentes aux concessionnaires, demeurera
assujettie au contrôle prévu par la Loi sur la protection du
territoire agricole.
Le député de Berthier ne m'écoute pas beaucoup, M.
le Président.
M. Houde: Je parle et j'écoute pareil, comme vous dites
souvent...
M. Garon: J'aurais envie de redevenir professeur pour un temps et
de vous poser une couple de questions pour voir si vous avez bien compris.
C. Le régime de concession prévu par la loi...
M. Mathieu: ...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Garon: Je pense à une chose...
Le Président (M. Bordeleau): Continuez donc, M. le
ministre.
M. Garon: Le député de Beauce-Sud, je voudrais lui
poser une question avant de revenir. Je vais la lui poser après avoir lu
le texte.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
M. Garon: C. Le régime de concession prévu par la
loi sur ces terres de colonisation étant jugé désuet par
le ministère, ce dernier, depuis 1974, a cessé de concéder
des terres à des fins de colonisation et a préféré
les louer à des agriculteurs déjà établis, afin de
consolider leur entreprise. Cependant, le gouvernement a décidé,
en 1976, de liquider ce régime de colonisation en adoptant une
réglementation visant à assouplir les conditions de
délivrance des lettres patentes pour les terres encore sous concession.
Cette réglementation adoptée en vertu de la Loi sur les terres de
colonisation a vu sa portée considérablement diminuée par
l'affection agricole imposée par cette loi. Ainsi, cette
réglementation s'applique au concessionnaire qui détient une
exploitation agricole, alors que ces terres sont rarement détenues par
des personnes dont l'agriculture est la principale occupation.
D. La plupart des concessionnaires actuels, même s'ils ne se
consacrent pas surtout à l'agriculture, se considèrent quand
même comme les véritables propriétaires des terres qui leur
ont été "vendues" dans le passé en vertu de la Loi sur les
terres de colonisation. Certaines ventes remontent même aux années
1820. Il s'agit là d'une situation particulière
héritée du passé - on hérite habituellement du
passé - et qu'il est nécessaire de régulariser à
l'avantage des administrés pour en assurer une solution juste et
équitable. C'est cela.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Cela explique le
chapitre 3.
Vous avez perdu votre question, M. le ministre?
M. Garon: Non, je voulais demander au député de
Beauce-Sud s'il avait vu le bilan de la Coopérative
fédérée.
M. Mathieu: Non, je ne l'ai pas vu.
M. Garon: Elle est milliardaire cette année.
M. Mathieu: En actif, en passif, en comptes à payer ou en
comptes à recevoir?
M. Garon: En chiffre d'affaires. J'ai remarqué qu'ils ont
fait beaucoup d'argent cette année sur les moulées agricoles.
M. Houde: M. le Président, est-ce que je pourrais
répondre à M. le ministre? Dans mon comté...
Le Président (M. Bordeleau): Si le ministre a posé
la question, je pense que vous pouvez y répondre.
M. Houde: Le même cultivateur, puisqu'on parle du cours
d'eau en question, est président de la coopérative de la paroisse
de Saint-Barthélémi, comté de Berthier, et il m'a
envoyé un télégramme. Il m'a dit: Albert, tu vas recevoir
un télégramme dans les jours qui viennent, le ministre et le
premier ministre aussi, disant qu'ils ont perdu beaucoup d'argent l'an
passé. Si toutes les coopératives sont dans ce cas, je ne sais
pas où elles s'en vont. Dans le porc, cela peut arriver. Dans
l'ensemble, ils sont peut-être sortis au-dessus, mais dans le porc ils
sont arrivés avec 225 000 $ de perte. Ce n'est pas gros,
Saint-Barthélémi; c'est une petite coopérative où
il n'y a pas tellement de porcs. C'est pour cela que je me demande si tous les
bilans sont pareils. Je ne sais pas.
M. Garon: Je ne sais pas. Voulez-vous insinuer que la
Coopérative fédérée vendrait trop cher à ses
coopératives membres?
M. Houde: Non, non, du tout. Loin de là.
M. Garon: Vous dites que les coopératives membres ne font
pas d'argent,
il n'y a que la Coopérative fédérée qui en
fait.
M. Mathieu: Vous n'avez pas dit que la Coopérative
fédérée faisait de l'argent, vous avez dit qu'elle avait 1
000 000 000 $ de chiffre d'affaires, cela ne veut pas dire qu'elle fait de
l'argent.
M. Houde: Farce à part, les coopératives perdaient
beaucoup d'argent sur le porc, peut-être que dans le reste du bilan cela
va.
Le Président (M. Bordeleau): On revient au projet de loi
no 49.
M. Houde: Vous faites une petite parenthèse, c'est pour
cela que j'en ouvre une petite à côté.
Le Président (M. Bordeleau): Une digression. Article
28.
M. Houde: Cela n'est pas avec malice que je le fais.
M. Garon: Non, non, je n'ai pas pris cela avec malice, au
contraire, je suis content, j'ai pu avoir votre opinion.
M. Houde: C'est qu'on se comprend, le ministre et moi, sur le
point dont on parle.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 28 est-il
adopté?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président. Une voix:
Vous ferez un petit party.
Le Président (M. Bordeleau): À l'étude des
crédits, on pourra en reparler. L'article 28 est adopté.
L'article 29?
M. Garon: On ne l'a pas lu mais il est adopté.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 28 est
adopté. L'article 29?
M. Garon: Adopté.
M. Mathieu: Un instant! Alors, une servitude à un
concessionnaire sous billet de location, cela prend la tutelle du ministre.
Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article 30
est-il adopté?
M. Garon: Ce n'est pas la tutelle, le concessionnaire d'une terre
a une concession. Il n'est pas véritablement propriétaire de la
terre; c'est pour lui permettre de "consentir une servitude ou un droit avec
l'approbation du ministre et aux conditions fixées par ce dernier." Cela
veut dire qu'il n'est pas propriétaire de la terre mais, s'il a
l'autorisation du propriétaire, qui est le gouvernement, par la voie du
ministre responsable de l'application de la loi, il pourra établir une
servitude.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article
30.
M. Garon: Article 30: "Le concessionnaire d'une terre ne peut
l'hypothéquer ni l'affecter d'aucune charge réelle, sauf d'une
servitude ou d'un droit consenti conformément à l'article 29. "Un
acte fait en contravention du premier alinéa est nul."
Le Président (M. Bordeleau): L'article 30 est-il
adopté?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
31.
M. Garon: À la section II, je vais vous donner les
explications générales, si cela vous intéresse.
Inscription au registre, car il s'agit d'inscription au registre," Les articles
29 et suivants de la Loi sur les terres de colonisation prévoient que
les droits du concessionnaire originaire peuvent être
"transportés" en faveur de tiers par le concessionnaire originaire
lui-même ou à la suite de son décès ou à la
suite d'une vente pour taxes ou en justice. Ils prévoient
également tout un système d'enregistrement nécessaire pour
reconnaître le cessionnaire comme nouveau concessionnaire. "Cependant,
depuis près de 80 ans, les fonctionnaires assurant l'application de la
Loi sur les terres de colonisation doivent, par suite des contraintes
administratives de l'époque, adopter une pratique administrative qui est
en contravention de la loi. Ainsi, sur réception d'un acte de cession
affectant une terre sous concession, ils en accusent réception et le
déposent au dossier des affaires visées. Ce n'est que lorsque le
détenteur de la terre demande ses lettres patentes que la chaîne
de titres est enregistrée pour permettre au ministre derecommander ce détenteur comme concessionnaire et ainsi lui
délivrer des lettres patentes à son nom. "Aujourd'hui, dans la
presque totalité des cas de terres sous concession, c'est encore le nom
du concessionnaire originaire qui apparaît au registre alors que le
dossier de la terre concédée contient souvent une bonne partie de
la chaîne de titres du détenteur actuel. La présente
section vise
donc à assurer la transition entre l'ancienne pratique
administrative et le nouveau régime de liquidation des terres sous
concession en prévoyant un nouveau système d'inscription au
registre du nom du véritable détenteur. Le nouveau système
permet au ministre de reconnaître comme concessionnaire d'une partie
seulement de la terre sous concession une personne qui a acquis un emplacement
sur une telle terre. Sous le régime de la Loi sur les terres de
colonisation, les détenteurs d'emplacements d'une terre sous concession
ne peuvent obtenir du ministre la délivrance de lettres patentes en leur
faveur parce que cette loi prévoit que les cessions de droits ne sont
valides que si elles sont approuvées par le ministre, et ce dernier ne
peut les approuver que si elles sont faites à des fins agricoles.
"Cependant, au fil des ans, le ministère a permis les ventes
d'emplacements dans de très nombreux cas et les a même
favorisées en fournissant aux intéressés des formulaires
de transport sous seing privé. Depuis 1972 -voyez, c'est avant nous
autres, tout cela - le ministère a réagi à cette situation
en refusant systématiquement d'approuver toute cession d'emplacement qui
n'est pas à des fins agricoles. En faisant disparaître
l'affectation agricole rattachée aux terres de colonisation, le projet
de loi, par la section II du chapitre III, assure une liquidation plus
complète et plus équitable du régime des terres de
colonisation."
J'ai voulu lire ces notes explicatives parce que cela pourra servir si
les gens cherchent ce qu'on a dit dans les Débats.
M. Mathieu: Très bien.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Section II, article
31, adopté?
M. Mathieu: Oui. L'article 31 est une cession du droit de
concession. Cela me paraît correct. Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
32?
M. Garon: À l'article 32...
Le Président (M. Bordeleau): Article 32, oui.
M. Garon: "En l'absence d'un acte mentionné à
l'article 31, le ministre peut, sur production d'une preuve qu'il juge
suffisante, reconnaître la personne qui en fait la demande
détentrice d'une terre sous concession ou d'une partie de cette terre,
et substituer dans le registre le nom de cette personne à celui du
concessionnaire."
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 32, adopté.
Article 33?
M. Garon: L'article 33: "Lorsqu'un acte visé à
l'article 31 est sous seing privé, il doit être fait en
présence de deux témoins et être accompagné du
serment ou de l'affirmation solennelle de l'un d'eux. Cet acte doit indiquer le
lieu et la date de sa passation ainsi que les noms et adresses des
témoins."
M. Mathieu: Adopté. C'est là qu'on voit
l'utilité de l'acte notarié. Il faut procéder avec
témoins et assermentation et pas de vice de l'éthique.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
34?
M. Garon: C'est-à-dire qu'il n'y a pas de vice sur le
moment, mais on s'en aperçoit plusieurs années plus tard.
M. Mathieu: Quand les témoins seront morts. Vos cas de
1820 dont vous parliez hier, avant de parler de la trinité de la
reine... (20 h 30)
M. Garon: De la reine. Êtes-vous pour cela la reine
d'Angleterre reine du Canada?
M. Mathieu: Vous, êtes-vous pour cela?
M. Garon: Je sais que les Beaucerons sont assez libertaires sur
ces questions. Je suis persuadé que, comme député de
Beauce-Sud, vous ne devez pas être trop pour cela, que la reine
d'Angleterre soit la reine du Canada.
M. Mathieu: Dans la Beauce, ils sont à la veille de
demander notre indépendance. On va régler le cas.
M. Garon: Je ne sais pas.
M. Baril (Arthabaska): C'est parce que le député de
Beauce-Sud ne veut pas prendre position.
Le Président (M. Bordeleau): Article 33, adopté.
Article 34?
M. Garon: L'article 34: "Une personne qui requiert que son nom
soit substitué à celui du concessionnaire doit payer les frais
prescrits par règlement et produire tout renseignement ou document
jugés nécessaires par le ministre."
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 35?
Nouvelle section, section III.
M. Garon: Section III, révocation de concession. Cet
article reprend le pouvoir de révocation des concessions prévu
à la Loi sur les terres de colonisation aux articles 40 et suivants. Il
ajoute cependant deux nouveaux motifs de révocation qui visent à
simplifier l'administration lorsque le concessionnaire renonce à sa
concession ou est introuvable. Le pouvoir de révocation du ministre aura
toutefois à l'avenir une portée moindre puisque le
concessionnaire ne sera plus tenu de compléter les conditions du billet
de location.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. Mathieu: Est-ce qu'il lit l'article 38 ou non?
M. Garon: Non, j'ai lu les explications.
Le Président (M. Bordeleau): Ah! Non, il a lu les
explications.
M. Mathieu: Article 35, adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. D'accord.
Article 36.
M. Garon: Article 36. Cet article prévoit que la
procédure de révocation du bail prévue aux articles 15
à 22 s'applique également aux terres sous concession.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 36, adopté.
Article 37.
M. Garon: L'article 37 prévoit qu'une révocation de
concession n'a pas pour effet d'annuler une servitude ou un autre droit
analogue consenti par le concessionnaire en vertu de l'article 29, afin de
respecter les droits consentis aux tiers avec l'approbation du ministre.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
38.
M. Garon: C'est pour respecter le monde en fait.
Le Président (M. Bordeleau): Article 38.
M. Garon: Article 38. L'article 38 valide les annulations de
révocation prononcées par le ministre dans le passé alors
qu'il n'y était pas autorisé par la loi. Cela fait mal au coeur
un peu toutes les affaires que les rouges ont faites dans le passé,
qu'ils n'avaient pas le droit de faire.
M. Houde: Malgré tout cela, ils en ont fait des
bonnes.
M. Garon: Cette pratique administrative contraire à la loi
mais accomplie de bonne foi, disent certains fonctionnaires, a eu cours surtout
durant les années 1950 à 1960.
M. Mathieu: Ce ne sont pas beaucoup les rouges qui ont
été au pouvoir durant ces années. Il se
dépêche à blâmer les rouges. Si je m'en souviens
bien, de 1950 à 1960...
M. Garon: Comme cela, cela devait être bien. Cet article
vise donc à conserver aux bénéficiaires de la restitution
les droits du concessionnaire à la date de la concession. Mais vous,
vous n'avez pas toujours été rouge?
M. Mathieu: Pardon?
M. Garon: Vous n'avez pas toujours été rouge. Quand
je suis allé dans la Beauce aux premières élections
partielles où vous avez été élu, je me suis
informé un peu de vous et les gens pensaient surtout que vous
étiez bleu.
M. Mathieu: Oui?
M. Garon: Oui. C'est ce que j'ai entendu dire.
M. Houde: C'était un jarret bleu... un jarret noir.
M. Garon: J'avais l'impression que vos antécédents
étaient plutôt bleus que rouges.
M. Mathieu: Avez-vous toujours été péquiste,
vous?
M. Garon: Non. Je ne vous dis pas cela par malice; c'était
seulement pour vérifier.
M. Mathieu: Vous savez que les Beaucerons ont l'esprit
indépendant.
M. Garon: C'est parce que ceux qui ont toujours été
rouges, je m'en méfie pas mal.
M. Houde: Vous avez déjà voté bleu à
part cela.
M. Garon: Vous?
M. Houde: Pour Roch LaSalle, au fédéral.
M. Garon: C'est pour cela que vous avez l'air meilleur diable que
les autres.
M. Houde: II a travaillé contre moi en 1981... Qu'est-ce
que vous avez dit? Répétez donc ce que vous avez dit.
Une voix: Meilleur diable que les autres.
Le Président (M. Bordeleau): C'est un compliment, M. le
député de Berthier.
M. Mathieu: Prenez le compliment quand il passe.
M. Houde: Merci, M. le ministre. M. Mathieu: Ils ne sont
pas drus.
M. Garon: Indirectement, je vous faisais le même
compliment, n'est-ce pas?
Le Président (M. Bordeleau): L'article 38 est-il
adopté?
M. Mathieu: Oui, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Article 39.
M. Garon: L'article 39 assujettit au régime
général du chapitre II une terre dont la concession sera
révoquée.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. Mathieu: Oui, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
40.
M. Garon: L'article 40 prévoit que le ministre a
donné un avis au secrétaire trésorier à la suite de
la révocation de la concession d'une terre afin de la soustraire
à l'imposition de la taxe foncière.
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, adopté.
M. Garon: II reprend en partie la disposition de l'article 6 de
la Loi du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation qui est abrogé en vertu de l'article 60 de ce projet de
loi.
Le Président (M. Bordeleau): Article 40, adopté.
Article 41.
M. Mathieu: On arrive à la délivrance.
M. Garon: C'est maintenant la délivrance des lettres
patentes, section IV. Article 41.
Le Président (M. Bordeleau): Article 41, M. le
ministre.
M. Garon: L'article 41 assouplit les conditions de la
délivrance des lettres patentes en permettant au concessionnaire de les
obtenir sur seul paiement du prix fixé lors de la concession sans avoir
à compléter les autres conditions du billet de location. Cette
mesure vise à liquider de manière équitable le
régime de concession des lots de colonisation, tout en simplifiant
l'administration de ce régime. Il précise également
l'effet des lettres patentes qui viennent confirmer le droit de
propriété de leur bénéficiaire depuis la date de la
concession.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: ... on dit toujours sur demande, j'imagine que le
ministère va faire une publicité dans...
M. Garon: Cela va se savoir vite.
Le Président (M. Bordeleau): C'est déjà
passablement connu, M. le député.
M. Garon: Vous savez, ça commence à se dire
beaucoup. En tout cas, les commentaires que j'ai depuis le dépôt
de la loi, avec les articles que j'ai lus dans les journaux, depuis la
deuxième lecture, on en entend déjà parler.
M. Mathieu: Alors, ça veut dire que les lettres patentes
seront émises dans 20 à 24 mois, en 1984, à peu
près.
M. Garon: On va essayer de régler ça avant les
prochaines élections.
M. Mathieu: C'est une bonne occasion, savez-vous, c'est une bonne
occasion que vous allez avoir. La prochaine élection va être une
bonne occasion pour liquider ça.
M. Houde: On pourra toujours le terminer, mais en tout cas...
M. Garon: Dans quatre ou cinq ans, on peut avoir des
élections seulement dans quatre ans. Je dois vous dire qu'à ce
moment-là on va un petit peu plus vite. En réalité, on dit
qu'on peut prendre un délai de cinq ans.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, l'article 41, est-ce
que ça va?
M. Mathieu: Oui, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
42.
M. Garon: C'est tout le temps dont les gens ont besoin pour en
bénéficier et l'avoir oublié.
M. Mathieu: Vous allez leur rappeler, en temps et lieu.
M. Garon: Oui, mais on ne vit pas dans les années de
reconnaissance...
M. Mathieu: Non.
M. Garon: ... comme autrefois.
M. Houde: Dans le temps de Duplessis.
M. Garon: C'est pour ça que les gens sont rouges de
père en fils. Ils ont eu un lot, une terre de roches à la fin du
XIXe siècle et ils votent rouge depuis ce temps-là.
M. Mathieu: Vous dites rouge de père en fils, ça
peut être bleu de père en fils, aussi.
M. Garon: Les bleus sont moins teints, on dirait que le
bleu...
M. Mathieu: Je pense qu'il sont plus teints, eux.
M. Houde: De 1944 à 1960, ce n'était pas comme
ça. De 1944 à 1960, ils étaient bleus, teints, teints,
teints. C'est parce...
M. Garon: Le rouge, c'est comme une maladie, ça ne part
plus.
M. Mathieu: Cela ne vous effraie pas, cette
maladie-là?
M. Garon: Moi, ça me fait peur, c'est comme le fanatisme,
c'est toujours dangereux.
Le Président (M. Bordeleau): Bon, M. le ministre,
voulez-vous revenir à l'article 42? S'il vous plaît!
M. Houde: II n'a pas l'air pressé, M. le ministre.
M. Garon: Article 42...
M. Houde: Le ministre, ce soir...
M. Garon: Je suis content, on a un bon budget.
M. Mathieu: Vous deviez être malheureux l'année
passée.
M. Garon: J'avais peur, parce que comme les choses... il y a
toujours tellement de fuites, j'ai dit: Cela va sortir dans les journaux avant
la journée du budget.
M. Baril (Arthabaska): Vous aviez peur que l'Opposition fasse du
coulage et de l'annonce avant le temps.
M. Houde: Ce n'est pas ça. Il ne doit pas rester tellement
de libéraux à l'intérieur de son ministère...
M. Garon: Je regarde ça.
M. Houde: ... c'est pour ça que ça ne sort pas. Il
ne doit pas rester bien des libéraux à l'intérieur de
votre ministère, c'est pour ça que ça ne sort pas.
M. Garon: Non, peut-être que vous l'avez su avant mais,
comme c'était un bon budget, vous n'en avez pas parlé. S'il avait
été mauvais et que vous l'aviez su, vous l'auriez dit.
M. Mathieu: Ce n'est ni bon ni mauvais. Écoutez,
l'année passée, zéro, ça fait dix par année.
Ce n'est même pas l'inflation.
M. Baril (Arthabaska): L'an passé, cela a augmenté
d'environ 10%.
M. Garon: Oui, avec le budget supplémentaire.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, je
vous rappelle qu'on pourra étudier les crédits de l'Agriculture
dans quelques jours.
M. Houde: Vous avez raison, M. le Président.
M. Mathieu: Cela va être le 1er juin, je pense.
Le Président (M. Bordeleau): 1er juin, non, non, je
pense...
M. Garon: Non, j'aime mieux attendre plus tard pour la raison
suivante. Lorsqu'on arrive à ce moment-ci, les gens veulent des
comparaisons avec l'année précédente; comme l'année
financière se termine le 31 mars, les paiements peuvent se faire
jusqu'au 20 avril, environ, pour l'année financière 1981-1982,
les budgets 1981-1982. Je vous dis un secret et, dans le fond, je ne devrais
peut-être pas le dire, mais comme c'est une bonne soirée... Alors,
je peux donner des renseignements plus complets à l'Opposition quand
elle pose des questions là-dessus, dire quel montant on a
véritablement dépensé au cours de l'année
passée. Si je fais l'étude des crédits trop tôt, on
n'a pas le véritable montant, tandis que lorsqu'on les étudie
plus tard on peut avoir le montant beaucoup plus précis.
M. Mathieu: On va avoir des questions dans ce sens-là.
L'année passée, quand vous parliez des travaux
mécanisés, vous citiez comme exemple deux choses incomparables.
Vous disiez, par exemple: En 1980-1981 il y a eu tant d'engagements pour les
travaux mécanisés; en 1981-1982, il y a eu tant d'argent
versé pour les travaux mécanisés.
On ne pouvait pas savoir ce qu'il y avait eu chaque année parce
que vous aviez des engagements une année qui étaient payés
l'autre année, comprenez-vous? Alors, vous compariez seulement les
chiffres qui faisaient votre affaire.
M. Garon: II va y en avoir encore comme ça cette
année mais c'est à peu près la dernière
année, parce qu'il y a toujours eu des roulements. Mais, depuis un an,
et c'est là que c'est arrivé dans nos programmes... Je l'ai dit
à un moment donné, quand le président de l'Union des
producteurs agricoles du Bas-Saint-Laurent a fait une déclaration disant
que les programmes régionaux, cela va être la dernière
année, parce que, pour la première fois, il y avait une clause
dans tous les programmes qui disait que les engagements se prenaient
jusqu'à la limitation du budget mais sans dépasser la limitation
du budget. C'est la première fois que cette clause apparaissait parce
que autrement on fonctionnait sur des roulements d'année en
année. Ce devait être la même chose dans votre temps comme
dans notre temps. Mais, en fonctionnant avec des budgets fermés, on peut
maintenant faire des virements de compte à compte à
l'intérieur du même budget sans rouler.
M. Mathieu: Le problème pour les régions
périphériques ne sera pas réglé parce que, quand
arrive, dans la Beauce ou dans la Gaspésie, le temps de faire les
travaux mécanisés, on est de trois semaines, un mois, un mois et
demi plus tard que dans la région de Montréal ou de
Saint-Hyacinthe. Les budgets s'épuisent dans ce bout-là et, quand
on arrive chez nous, il n'y en a plus.
M. Garon: On va régler ça cette année.
M. Mathieu: II va falloir que vous garantissiez les budgets par
régions.
Le Président (M. Bordeleau): Je note ça, M. le
ministre, ça s'applique aussi à l'Abitibi.
M. Mathieu: Ensuite, quand vous avez des fermes qui peuvent avoir
400 heures de travaux mécanisés, il vous faudrait remédier
à ça en toute équité.
Une voix: C'est à l'étude, on a tous de bons
arguments.
M. Garon: Ce que je ne comprends pas, c'est qu'on dit que
l'agriculture est dans le marasme et qu'en même temps les gens ne
fournissent pas d'investir et tout ça. Habituellement, quand les gens
ont du "pep" comme ça pour investir, c'est parce que les affaires
avancent.
M. Mathieu: Vous avez la ferme qui a pris son ampleur il y a dix
ou quinze ans, la ferme qui n'a plus de dette et qui peut maintenant
s'agrandir, qui n'a pas d'investissements récents à supporter ou
d'intérêts à payer sur des nouveaux investissements, tandis
que la ferme qui a des intérêts à payer sur des
investissements depuis quatre, cinq ou six ans ne peut pas passer à
travers.
M. Garon: Et vous, l'intégration, qu'est ce que vous
pensez de ça?
M. Mathieu: Parlez-vous d'intégration coopérative
ou d'intégration capitaliste?
M. Garon: L'une ou l'autre. Une voix: Les deux.
M. Mathieu: Je pense que, vous l'avez favorisée par vos
prêts agricoles, parce que les cultivateurs avaient des offres de
prêt agricole et c'était écrit: Votre prêt sera
valide à la condition que vous nous fournissiez votre contrat
d'intégration...
M. Garon: Non, non. M. Mathieu: Oui, oui.
M. Garon: On disait, si vous en aviez un, de le présenter.
Autrement, on aurait prêté seulement à des
intégrateurs.
M. Mathieu: Je trouvais que ça dépendait de
l'individu lui-même. Il y a des producteurs que ça pouvait
avantager de les intégrer pour les raisons que vos officiers
invoquaient: Vous n'avez pas à supporter l'inventaire des animaux et
vous n'êtes pas responsable de la mortalité et de la maladie. Dans
certains cas, c'était peut-être mieux.
Maintenant, l'intégration de coopératives ou de petites
entreprises, c'est de la PME en réalité. Vous avez toute la
machine agro-alimentaire. Qu'il y ait une partie d'intégration, si on
laisse la liberté...
M. Garon: Êtes-vous pour ça, quand une
coopérative achète un quota, qu'elle le loue à un
producteur par après et fasse des contrats pour la vente des
moulées?
M. Mathieu: Dans quel domaine, le lait? M. Garon: Non,
dans les productions
sans sol.
M. Mathieu: Dans le domaine du porc, il n'y pas de quota.
M. Garon: Non, non, dans le poulet par exemple, les oeufs.
Seriez-vous pour ça que les quotas soient acquis? Je vous demande
ça, c'est une question philosophique, c'est peut-être un peu en
dehors du sujet.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, effectivement, c'est un
peu en dehors du sujet.
M. Garon: Seriez-vous pour que les entreprises achètent
les quotas et qu'après elles les louent aux cultivateurs, que ce soient
les coopératives ou les entreprises privées?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Beauceville, vous avez la réponse?
M. Mathieu: Oui. Quand les quotas ont été
inventés, on a enlevé l'offre et la demande sur la vente des
produits, comme dans le lait par exemple. Avant, c'était l'offre et la
demande. À un moment donné, le gouvernement a dit: Si vous voulez
avoir une sécurité de prix, on va vous donner des quotas. Alors,
le jeu de l'offre et la demande, au lieu de tomber sur le produit, est
tombé sur le quota. Un gars, pour produire du lait avec 50 vaches,
ça lui prend un quota d'environ 75 000 $. L'offre et la demande, on les
a enlevées d'une place et elles ont abouti à l'autre.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, ça va?
On peut prendre l'étude du projet de loi 49. M. le
député de Berthier.
M. Houde: Si le quota sur le porc valait de l'argent aujourd'hui,
peut-être que les producteurs de porc ne devraient pas plus qu'ils ne
pèsent. C'est vraiment plus que les valeurs qu'ils ont chez eux. Disons
que...
M. Garon: Ce n'est pas ça que je dis.
M. Houde: Laissez-moi finir. Disons que...
M. Garon: Le gouvernement établit des quotas dans les
productions, pourquoi? Pour protéger une ferme familiale.
Êtes-vous d'accord avec ça?
M. Houde: Pour protéger une ferme familiale?
Jusqu'à un certain point oui, parce que...
M. Garon: Êtes-vous d'accord avec ça qu'après
qu'un quota est acquis par une entreprise qui l'achète, une compagnie
capitaliste ou une coopérative...
M. Houde: Elle est capitaliste quand même, la
coopérative.
M. Garon: Mais le problème, ce n'est pas qu'elle soit
capitaliste ou non. Après avoir acquis le quota qui devait être
là pour la ferme familiale, elle le loue à des individus.
M. Houde: Mais la personne qui détient un quota a le droit
de faire ce qu'elle veut avec son quota, jusqu'à un certain point. Mais
est-ce que vous êtes d'accord avec les déclarations de l'UPA,
lorsqu'un type qui garde des porcs doit plus que la valeur qu'il a chez lui?
Est-ce que vous êtes au courant de ça, à l'heure actuelle?
M. Untel qui a une valeur 200 000 $ chez lui doit 225 000 $. Est-ce que vous
êtes au courant de ça? S'il avait un quota qui valait quelque
chose, ça serait peut être moins malheureux; il pourrait avoir le
quota, il pourrait récupérer...
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Quand les gens au
crédit agricole me disent qu'ils n'évaluent pas assez leurs
terres pour le prêt qu'ils veulent faire, ça voudrait dire qu'ils
prêteraient trop. J'entends tout. J'ai vu des gens qui, quand ça
va bien, calculent qu'on ne leur prête pas assez; quand ça va mal,
ils auraient aimé mieux qu'on ne leur prête pas. Récemment,
j'ai vu quelqu'un qui a une grosse porcherie; et on m'a dit qu'il
s'était bien choqué l'autre jour; il a dit: Si le
ministère de l'Environnement aussi ne m'avait pas donné mon
permisl Est-ce que c'est la faute du ministère de l'Environnement si
aujourd'hui il est producteur de porc, parce qu'il a eu un permis en respectant
les normes de l'environnement?
M. Houde: Mais est-ce que vous êtes d'accord avec
ça, M. le ministre?
M. Garon: Mais il regrettait d'être allé investir
dans le domaine du porc, c'est sa décision au fond.
M. Houde: Oui, je comprends, d'accord là-dessus, parce
que, s'il y a des investissements...
M. Garon: Est-ce qu'on devrait faire signer une formule à
quelqu'un à qui on prête de l'argent en lui disant: Si, un jour,
vous regrettez d'être dans cette production, c'est votre faute, ce n'est
pas la nôtre? Est-ce qu'on devrait faire signer une formule disant...
M. Houde: Non, non. Pour revenir à ma question: Qu'est-ce
que vous pensez des producteurs de porc qui doivent plus qu'ils ne
pèsent, en fin de compte? Dans le langage courant, c'est ce qu'ils
disent: Je dois plus que je ne pèse, plus que je ne vaux. Est-ce que
vous êtes d'accord là-dessus, c'est-à-dire qu'il y en a,
selon les déclarations de l'UPA...
M. Garon: La crise dans le domaine du porc, normalement, arrive
à la fin, actuellement. Cela fait longtemps que les experts disent
ça, mais la production américaine a encore baissé
récemment.
M. Houde: Le prix va remonter tout seul d'ici à quelques
mois.
M. Garon: Oui.
M. Houde: Personne ne va avoir bougé et le prix va
monter.
M. Garon: Actuellement, le prix n'est pas aussi haut qu'il
pourrait l'être; par ailleurs, le prix des moulées a baissé
considérablement.
M. Houde: Oui, d'accord là-dessus.
M. Garon: Sauf qu'actuellement, disons que ce n'est pas payant,
mais que c'est sur le bord du seuil de la rentabilité, selon votre
niveau de financement.
Le Président (M. Bordeleau): Bon, est-ce que ça
va?
M. Houde: Mais vous ne m'avez pas répondu avec tout
ça.
M. Garon: Sur quoi?
M. Houde: Est-ce que vous êtes au courant qu'il y a des
producteurs de porc qui doivent plus qu'ils ne pèsent?
M. Garon: Je ne le sais pas.
M. Houde: Parce que l'UPA a déclaré ça il
n'y a pas tellement longtemps...
M. Garon: Je ne le sais pas, il peut y en avoir. Il y a 8000
producteurs de porc.
M. Houde: Cela a paru dans le Devoir...
M. Garon: II peut y en avoir quelques-uns, c'est possible.
M. Mathieu: Deux ou trois.
M. Houde: Parce que l'UPA, en demandant ça...
M. Garon: Vous avez lu ça dans les journaux?
M. Houde: Non, c'est l'UPA qui a déclaré ça,
même dans le comté de Joliette-Berthier, parce qu'on fait partie
de la région 64; il y avait des gens de l'UPA qui disaient qu'ils
étaient rendus que, s'ils valaient 200 000 $, ils devaient 220 000 $
à 225 000 $ Comment voulez-vous que le type se reprenne? Disons que le
porc vaudrait à peu près ce qu'il en coûte pour le
produire...
M. Garon: Je ne sais pas si demain l'UPA va dire qu'on a un bon
budget.
M. Houde: Écoutez.
Une voix: Parce que l'inflation a monté moins vite que le
taux d'intérêt du fédéral, c'est pour ça.
Le Président (M. Bordeleau): D'abord, je voudrais faire
une mise au point. J'ai l'impression qu'on complique la vie des gens du service
de l'enregistrement des Débats. Je vous demanderais à l'avenir de
me demander la parole; jusqu'à nouvel ordre, c'est le président
qui va donner le droit de parole...
M. Mathieu: Je vous ai toujours demandé la parole.
Le Président (M. Bordeleau): Je ne nomme personne, mais,
pour faciliter un peu la tâche ou la rendre un peu moins
compliquée, en tout cas, je vous demanderais de me demander la parole et
de vous adresser au président. Est-ce que ça peut aller?
M. Houde: Vous avez raison.
M. Mathieu: Parfaitement, M. le Président.
M. Garon: C'est parce que justement votre parti veut parler des
crédits demain soir. Il va falloir que je descende de Montréal et
que je retourne. Pour vingt minutes de session, je vais faire cinq à six
heures d'automobile.
M. Mathieu: II y a l'avion.
M. Garon: Pardon? Nous ne prenons plus d'avion.
M. Mathieu: Vous ne le prenez plus?
M. Garon: Non, non, vous avez critiqué. Alors, nous ne
prenons plus d'avion.
Le Président (M. Bordeleau): Là, on va revenir
à l'article 42. M. le ministre également. Article 42.
Adopté?
M. Garon: À moins qu'on prenne l'avion, oui.
Le Président (M. Bordeleau): Article 42, M. le
ministre?
M. Garon: Cet article 42 va prendre les dispositions
prévues à l'article 16 de la Loi sur les terres de colonisation,
qui autorise le ministre à délivrer des lettres patentes pour une
terre faisant partie d'une réserve indienne désaffectée,
lorsqu'un titre fut émis par le gouvernement fédéral, soit
par billet de location, soit par lettres patentes, alors qu'il n'avait plus
juridiction sur cette terre. C'est une décision du Conseil privé
de 1920 qui reconnaissait la juridiction provinciale sur le territoire d'une
réserve indienne désaffectée, qui déclarait nuls
les titres émis par le gouvernement fédéral sur le
territoire et qui a entraîné l'adoption d'une loi provinciale en
1927 visant à consentir un titre de propriété aux
détenteurs de terres publiques ayant obtenu un titre du
fédéral. Cette loi de 1927 fut intégrée à
l'article 16 de la Loi sur les terres de colonisation lors de la refonte des
lois en 1941.
Bien que ces cas de titres émis par le fédéral
remontent ordinairement aux années 1900 à 1920, aujourd'hui
encore, le ministère est appelé à intervenir pour les
régulariser, surtout pour les cantons Nédelec et Ouiatchouan.
Le Président (M. Bordeleau): C'est au
Témiscamingue.
M. Mathieu: Est-ce que c'est sur la Côte-Nord?
Le Président (M. Bordeleau): C'est au
Témiscamingue, M. le député, pour votre information.
M. Garon: Alors, Ouiatchouan, c'est apparemment Pointe-Bleue en
indien, c'est au Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Bordeleau): C'est Nédelec qui est
au Témiscamingue.
M. Mathieu: L'article 42 est adopté quant à nous,
M. le Président.
M. Garon: Quaquamashi...
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 43. M.
le ministre.
M. Garon: Je parle un petit peu l'indien. Bonjour, monsieur.
M. Mathieu: C'est rendu qu'il parle en langues.
Le Président (M. Bordeleau): Je ne suis pas sûr que
le journal des Débats puisse traduire.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, je vous inviterais
à continuer en français, M. le ministre, à l'article
43.
M. Garon: L'article 43 autorise le ministre à
délivrer les lettres patentes des terres concédées par
James Crawford avant 1841, année de l'adoption de la première loi
relative à la vente des terres de colonisation, la
légalité de ces concessions soulevant des doutes. En effet,
malgré de nombreuses recherches, il appert que James Crawford aurait, de
1822 à 1828 environ, concédé plus de 200 lots de
colonisation, surtout dans la région de la baie des Chaleurs, sans que
son statut d'agent de la couronne ait été établi de
façon sûre. Au contraire, des documents retracés dans les
archives du ministère démontrent que ces concessions n'ont pas
toujours été reconnues par les autorités du
ministère. Cet article assure donc la validité des concessions
consenties par James Crawford et reconnaît la pratique suivie par le
ministère depuis plusieurs années.
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Article 43,
adopté.
Article 44, M. le ministre.
M. Garon: L'article 44 renvoie aux formalités de
délivrance, d'enregistrement et de correction des lettres patentes
prévues aux articles 24 à 27, pour les rendre applicables aux
lettres patentes délivrées en vertu de la section IV du chapitre
III. Il précise de plus que le pouvoir du ministre de corriger des
lettres patentes s'applique non seulement à celles qui seront
délivrées à l'avenir, mais également aux lettres
patentes délivrées pour fin de colonisation avant l'entrée
en vigueur de la loi.
M. Houde: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Berthier.
M. Houde: ... ne pourrait-on pas avoir la paix, s'il vous
plaît? Ils parlent tout le temps là-bas et je ne comprends
pas!
Le Président (M. Bordeleau): Vous avez raison, M. le
député de Berthier. Je vous rappelle à l'ordre, MM. les
députés, sans nommer qui que ce soit pour le moment.
M. Baril (Arthabaska): Ça ne prend pas
grand-chose pour vous déranger!
M. Houde: Écoutez, ils parlaient sans arrêt. J'aime
bien écouter le ministre religieusement.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, c'est fait, M. le
député de Berthier. Article 44, adopté?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
M. Garon: C'est le député de
Kamouraska qui parle d'anguilles avec le député de
Beauharnois, qui aimerait bien en avoir pour les apprêter.
M. Mathieu: Votre tracteur, M.
Lévesque, c'était une bonne question, vous reviendrez
à l'Assemblée nationale avec cette question.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
Article 45, M. le ministre.
M. Garon: Article 45.
Le Président (M. Bordeleau): Article 45, avant qu'on
s'enlise, s'il vous plaîtl
M. Garon: L'article 45 reprend une disposition de la Loi sur les
terres et forêts qui prohibe depuis 1924 toute concession de terres
publiques sur une profondeur de 18 mètres le long des frontières
du Québec. Cette disposition est l'équivalent pour les terres
sous concession de l'interdiction d'aliéner prévue à
l'article 13 pour les terres non concédées. Les concessions
antérieures au 15 février 1924 ne sont pas affectées par
cette prohibition.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: ... juste une explication. Ces 15 mètres le
long des frontières...
M. Garon: C'est 18 mètres le long des frontières.
Cela doit vous toucher dans votre comté.
M. Mathieu: Est-ce la partie défrichée entre le
Canada et les États-Unis? Peut-être 100 à 125 pieds de
largeur en pleine forêt; c'est complètement
défriché.
M. Garon: Ce doit être cela. Vous dites que c'est 125 pieds
de largeur, c'est 18 mètres. En multipliant 18 par 3.3 cela donne...
Une voix: 60 pieds environ.
M. Garon: 120 pieds, cela aurait du bon sens.
M. Mathieu: La borne est au milieu de cela.
M. Garon: Ce doit être cela. Le Maine devrait nous
appartenir. Les Anglais ont envoyé un colonel qui a
négocié cela avec les Américains. C'est vrai, regardez la
barre du Canada. Le parallèle est droit, mais, lorsqu'on arrive dans le
coin de chez vous, on fait une courbe comme cela.
M. Mathieu: Cela commence à Brome-Missisquoi.
M. Garon: Le Maine, dans le temps, comptait surtout des
francophones. Il paraît que le colonel anglais qui négociait pour
le Canada aimait la bouteille. Les Anglais l'ont paqueté "bien dur"
pendant... Il a laissé aller un grand bout du Canada aux
États-Unis. C'est pour cela que la barre n'est pas droite tout le
long.
Une voix: C'est une partie croche.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie de vos
informations historiques, M. le ministre.
M. Garon: Le Maine était bien plus francophone
qu'anglophone. C'étaient tous des francophones qui habitaient le
Maine.
M. Mathieu: On va l'annexer.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 45 est-il
adopté?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article
46.
M. Mathieu: On va annexer le Maine.
M. Garon: L'article 46 accorde au ministre le pouvoir de
rectifier un acte de concession ou un billet de location comportant une erreur
matérielle. Il reprend une disposition de la Loi sur les terres de
colonisation.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté?
M. Mathieu: Parfait, adopté, M. le Président.
Réglementation
Le Président (M. Bordeleau): Adopté.
On entame donc le chapitre IV sur la réglementation. M. le
ministre, si vous avez des...
M. Garon: On s'est enlevé un pouvoir considérable
qu'on avait - est-ce qu'on a le texte ici? j'aimerais vous montrer le genre
d'article; à l'Assemblée nationale, il y a eu un grand
débat là-dessus - on l'a enlevé pour respecter les droits
de l'Assemblée nationale. Je vais lire l'article 47 et je vais vous
montrer ce qu'il y avait dans les lois d'autrefois, des pouvoirs exorbitants
donnés au gouvernement. Sur le pouvoir réglementaire, je vais
vous dire ce qu'il y avait autrefois et qu'on ne reproduit pas,
c'étaient des pouvoirs trop forts. "Le gouvernement peut, par
règlement, premièrement, déterminer des catégories
des terres non concédées, d'acquéreurs ou de locataires,
et prévoir, pour chaque catégorie, les conditions et le prix
relatifs à la location ou à l'aliénation de ces terres.
Deuxièmement, établir les cas où le ministre peut
exonérer une personne du paiement du prix d'une terre non
concédée. Troisièmement, déterminer les conditions
et, s'il y a lieu, les droits relatifs à la coupe de bois sur une terre
non concédée ou sur une terre sous concession et les cas
où l'autorisation du ministre n'est pas requise. Quatrièmement,
établir un tarif de frais pour la préparation de documents, pour
toute inscription requise en vertu de la présente loi et pour
l'obtention d'une copie de tout document ou renseignement écrit relatifs
à une terre asujettie à la présente loi ou pour laquelle
des lettres patentes ont été délivrées, ainsi que
les cas d'exonération du paiement des ces frais. Cinquièmement,
autoriser un fonctionnaire à signer des lettres patentes.
Sixièmement, édicter toute disposition transitoire visant
à permettre l'application de la présente loi."
Pour cela, il y a eu un grand débat, je peux vous le dire, quand
on a discuté de ce qu'on mettrait là. Cette disposition existe
encore dans la loi du ministère des Terres et Forêts, nous ne
l'avons pas reproduite. Par exemple, à l'ancien article 3 dans la Loi
sur les terres de colonisation, on disait "Le gouvernement peut prendre les
arrêtés nécessaires à la mise en effet de la
présente loi ou dans le but de pourvoir aux cas qui peuvent se
présenter et pour lesquels il n'est pas établi de dispositions."
Il se donnait un pouvoir réglementaire tellement large, au fond, que cet
article aurait presque pu remplacer toute la loi. On a enlevé ce
pouvoir, la loi du ministère Terres et Forêts l'a encore.
Éventuellement, un jour, mon collègue, le ministre des Terres et
Forêts, a convenu d'amender cette loi et de changer cela. L'article 4 de
la loi sur les terres et forêts: "Le gouvernement peut passer les
arrêtés nécessaires pour mettre à effet les
dispositions de la présente loi suivant leur vrai sens ou dans le but de
pourvoir aux cas qui peuvent se présenter et pour lesquels il n'est pas
établi de dispositions par la présente loi."
M. Mathieu: Le gouvernement et non le ministre.
M. Garon: Oui, oui, le gouvernement. M. Mathieu: J'aime mieux
cela.
M. Garon: C'est aussi le gouvernement ici. Ce qu'on a fait, au
cas d'en avoir besoin dans une période transitoire, on dit,
sixièmement: "Le gouvernement peut, par règlement, édicter
toute disposition transitoire visant à permettre l'application de la
présente loi." S'il y a quelque chose d'oublié, on pourra le
faire par arrêté en conseil parce qu'il peut arriver plusieurs
cas. Seulement en période transitoire, parce qu'on considère
qu'il s'agit de pouvoirs exorbitants si, par règlement, on peut
quasiment remplacer la loi. (21 heures)
M. Mathieu: L'article 47 est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 47, adopté.
L'article 48?
M. Garon: Je trouve intéressant de dire cela parce que ce
sont des cas... Par exemple, lorsque les cloches ont sonné à
Ottawa; les pouvoirs du gouvernement et les pouvoirs de l'Assemblée,
c'est assez important ce débat qui a eu lieu à Ottawa. Les
pouvoirs de l'Assemblée, c'est un cas où on a eu un débat
au comité de législation .. pour ne pas donner, dans les pouvoirs
réglementaires, des pouvoirs trop forts qui équivalent à
des pouvoirs qui devraient être dans la loi dévolus à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Bordeleau): Article 48.
M. Garon: À l'article 48, il n'y a rien là: "Un
règlement entre en vigueur à la date de sa publication à
la Gazette officielle du Québec ou à une date ultérieure
que le règlement indique."
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
49.
Dispositions pénales
M. Garon: II s'agit ici des dispositions pénales dans le
chapitre V, applicables pour certaines infractions à la loi ou aux
règlements.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, l'article 49 est
adopté?
M. Mathieu: Un instant.
M. Garon: L'article 49 vise entre autres les occupants sans
droit, c'est-à-dire les squatters déjà établis sur
les terres non concédées qui ne pourront pas satisfaire aux
conditions fixées par règlement pour obtenir des lettres patentes
ou qui refuseront de se conformer à ces conditions. Il s'applique
également aux occupants sans droit qui s'installeront sur ces terres
pour y vivre à l'avenir.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
50.
M. Garon: L'article 50 établit que toute coupe de bois
illégale sur une terre publique agricole constitue une infraction.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
51.
M. Garon: II s'agit des amendes tout simplement.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va l'article 51?
M. Mathieu: Un instant. Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
52.
M. Garon: L'article 52, c'est tout simplement...
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
53.
Dispositions transitoires et finales
M. Garon: Là on arrive au chapitre VI, Dispositions
transitoires et finales. L'article 53 constitue une mesure transitoire; il
conserve les droits acquis des bénéficiaires de baux existants
lors de l'entrée en vigueur de la loi. Il détermine
également que ces baux continuent à s'appliquer jusqu'à
leur échéance et qu'à cette date ils deviendront
assujettis à la nouvelle réglementation.
Le Président (M. Bordeleau): Article 53,
adopté.
Article 54.
M. Garon: L'article 54 est une mesure transitoire qui a pour
effet d'éviter que le remplacement de la Loi sur les terres de
colonisation n'entraîne l'abrogation automatique des règlements
adoptés sous son autorité.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
55.
M. Garon: C'est un cas plus grave qui dit exactement à
quel point on aide des gens par l'article 55. L'article 55 dit: "Sont
déclarées valides les lettres patentes délivrées
avant le (insérer ici la date de l'entrée en vigueur de l'article
57) en vertu de la Loi sur les terres de colonisation, ainsi que celles pour
lesquelles l'autorité du ministre a été substituée
à celle du ministre de l'Énergie et des Ressources, en vertu de
l'article 55 de cette loi. "Ces lettres patentes ne peuvent être
annulés que pour cause de dol ou afin d'être remplacées
conformément à l'article 44. "Ces lettres patentes ont effet en
faveur de leur bénéficiaire à compter de la date de la
concession. "Le présent article s'applique à une cause en
instance." Même à une cause qui serait devant les tribunaux.
Cet article valide toutes les lettres patentes - c'est l'article clef -
délivrées avant l'entrée en vigueur de la présente
loi à des fins de colonisation et dont la légalité a
été ou pourrait être mise en doute. Cette validation
générale de toutes les lettres patentes délivrées
depuis plus de 150 ans c'est pour cela que sur le plan légal, c'est un
article excessivement important - sur des terres vendues dans
l'intérêt de la colonisation s'explique aujourd'hui par la
nécessité d'assurer aux bénéficiaires de ces
lettres patentes et à leurs descendants un titre de
propriété qui ne puisse être contesté en raison
d'une pratique administrative douteuse.
Par exemple, dans le cas de la ville de Sept-Îles, un grand nombre
de détenteurs de terres sous concession ont obtenu leurs lettres
patentes en vertu d'un arrêté en conseil qui en ordonnait la
délivrance malgré le fait que les conditions du billet de
location n'étaient pas remplies. La validité de plusieurs de ces
lettres patentes a été contestée par le Tribunal
d'expropriation sous le prétexte que l'arrêté en conseil
ayant autorisé le ministre à les délivrer était
nul.
Un examen des différentes pratiques administratives qui ont eu
cours au fil des ans démontre fort bien que malgré les exigences
de la loi et de la réglementation alors en vigueur les fonctionnaires
qui ont eu à les appliquer avaient surtout le souci de permettre aux
colons de s'établir et n'ont pas toujours respecté à la
lettre la loi et les règlements. On ne peut permettre aujourd'hui - on
dit "les fonctionnaires", mais il a dû y avoir un petit peu de
"poutinage" aussi à travers cela, peut-être un peu beaucoup -que
ces lettres patentes soient remises en question en vertu de ces pratiques
justifiées
par le contexte de colonisation dans lequel les fonctionnaires devaient
travailler et aussi, dans certains cas, où il y a eu peut-être du
patronage politique, mais on ne peut pas distinguer entre les actes qui ont
été faits de bonne foi dans le passé de cette
façon.
Cet article précise également que ces lettres patentes
confirment le droit de propriété de leur
bénéficiaire depuis la date de la concession; c'est
rétroactif à la date de la concession. C'est cette partie qui est
importante. Enfin, en raison de quelques litiges devant les tribunaux,
l'article s'applique également aux causes en instance tout en
permettant, cependant, aux parties d'obtenir le paiement de leurs frais s'il y
a lieu.
M. Mathieu: J'aurais une question assez
générale...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: ... si le ministre me le permet. S'il juge bon de me
répondre, quand on aura fini, il pourra le faire. Dans la région
de Kamouraska jusqu'à Mégantic-Compton, il y a beaucoup de terres
qui sont visées par cette loi. Nous avons des individus à qui on
a émis un billet de location en vertu de la Loi sur les terres de
colonisation. Ces individus, en temps utile, ont fait ce qu'on appelle leur
devoir; ils ont bâti une maisonnette, une écurie, ils ont
défriché tant d'acres, mais parfois ils ne se sont pas
souciés de demander les lettres patentes. L'affaire a
traîné et, finalement, quand la famille a été
élevée, le type a pris sa maison et l'a
déménagée au village. Il a continué à
prendre son bois de chauffage sur son ancienne terre. Il décédait
ou il venait pour la vendre - soit dit en passant, il payait des taxes pendant
ce temps - et, au moment de la vendre, il s'apercevait qu'il fallait qu'elle
soit patentée. Les fonctionnaires du ministère lui disaient
alors: On ne peut pas vous émettre des lettres patentes, vous ne
l'habitez pas, il faut que vous l'habitiez.
Les individus pris dans cette situation, si je comprends bien, en ce qui
concerne les terres agricoles propres à l'agriculture, auront un titre
validé, pourront, malgré le vice qu'ils n'habitent plus la terre,
en obtenir les lettres patentes. Maintenant, si la terre fut
rétrocédé au ministère des Terres et Forêts
de l'époque - parce que ce n'est pas écrit sur le sol si la terre
est sous la juridiction de votre ministère de l'Agriculture ou des
terres et forêts - si on s'aperçoit que la terre est sous la
juridiction des terres et forêts, est-ce qu'il y a une procédure
à peu près similaire à celle que l'on adopte dans le
projet de' loi no 49 pour que ces cas soient validés, parce que c'est
une véritable injustice que subissent ces individus? Il faudrait, une
fois pour toutes, qu'elle soit corrigée. Si vous voulez me
répondre après, je n'y vois pas d'inconvénients, mais
avant qu'on ait fini j'aimerais avoir cette assurance, vu que vos experts sont
près de vous.
Le Président (M. Bordeleau): Si on a la réponse
immédiatement, on peut y aller.
M. Garon: Je peux répondre à la première
question.
Le Président (M. Bordeleau): Au nom du ministre.
M. Garon: S'ils n'habitent plus sur leur terre ou s'ils l'ont
quittée depuis longtemps ou qu'ils y sont revenus et qu'ils ne
pourraient pas avoir leurs lettres patentes, l'article 41 est assez clair. La
loi dit que le ministre pourra délivrer des lettres patentes sur seul
paiement du prix. Or, on fait disparaître toutes les conditions, que ce
soit une terre propice ou non à l'agriculture.
Dans l'autre cas, il y aurait peut-être trois situations
auxquelles il faut faire référence. Si la terre a
été rétrocédée au ministère de
l'Énergie et des Ressources, anciennement Terres et Forêts, il
peut se produire ceci: soit que le lot ait été
révoqué et qu'on ait jugé que la terre n'était pas
propice à l'agriculture, donc elle a été
rétrocédée au ministère de l'Énergie et des
Ressources; soit que la terre ait été
rétrocédée au ministre de l'Énergie et des
Ressources en vertu de l'arrêté en conseil 1032, qui permet
l'émission des lettres patentes pour un lot sous billet de location
lorsque le détenteur ne peut pas obtenir des lettres patentes en vertu
de la Loi sur les terres de colonisation. À ce moment...
M. Mathieu: Excusez-moi de vous interrompre, pour une des raisons
suivantes, par exemple, s'il ne l'habite pas.
M. Garon: Soit qu'il ne l'habite pas, soit qu'il ne soit plus
agriculteur, soit que ce soit impossible de remplir les conditions des
allocations, comme le soulignait tout à l'heure M. Garon. En fait, si
les terres ne pouvaient vraiment pas rapporter, et si on demandait à une
personne de défricher 30% du lot et qu'elle pouvait en défricher
au maximum que 10%, parce que le reste n'était pas bon, on ne pouvait
pas avoir ces lettres patentes. Dans ce cas, l'arrêté en conseil
1032 prévoit que le détenteur du billet de location du lot
rétrocédait au ministre de l'Agriculture le lot avec entente que
nous le transférions au ministère des Terres et Forêts qui
émettait des lettres patentes à ce type à condition de le
classer à l'aménagement forestier.
M. Mathieu: Pour quinze ans.
M. Garon: Non, les dossiers qui sont en marche seront
complétés, mais, à l'avenir, le 1032 va devenir
inopérant, parce que ces gens vont pouvoir bénéficier du
nouvel article 41 qui permet l'émission de lettres patentes sans
condition sur le seul paiement du prix de la concession. Quand on parlera de
"sans condition", il va quand même toujours falloir qu'il prouve ses
droits, soit qu'il ait une chaîne de titres parfaite, soit qu'il ait
quand même des titres ou d'autres preuves acceptables, comme le paiement
des taxes depuis nombre d'années. Il y a une foule de
possibilités.
M. Mathieu: Vous avez fait état de trois
possibilités; vous avez parlé de deux.
M. Garon: C'est peut-être deux plutôt, je me suis
trompé, il y a ces deux possibilités.
M. Mathieu: La première possibilité que vous avez
évoquée, si vous permettez, c'est la révocation du billet
de location.
M. Garon: À ce moment-là, le gouvernement ou le
ministère n'a plus d'obligation envers le type qui...
M. Mathieu: Le type fut informé de cela en temps
utile?
M. Garon: Ah oui! D'ailleurs, ce sont les articles 40 et suivants
qu'on reprend aux articles 16 à 23, si je me rappelle bien, et un peu
plus loin, les lots de concession. Le type est toujours averti et même si
la loi ne nous oblige pas à faire cela, avant de révoquer, le
billet le ministre de l'Agriculture parlemente un peu avec lui, si vous voulez,
il l'avertit bien longtemps à l'avance et c'est lorsque vraiment il n'y
a plus rien à faire qu'on le révoque. On lui donne toutes les
chances et, même si la loi prévoit qu'il a seulement quinze jours
de délai pour nous répondre, la révocation n'est jamais
prononcée avant un mois, un mois et demi de l'avis de nos hommes.
Après cela, il y a au moins un mois, un mois et demi, sinon plus de
temps qui s'écoule entre l'envoi de l'avis, la remise de l'avis au
détenteur et la révocation du lot et on lui laisse le temps
d'enlever ses objets lui-même.
M. Mathieu: Pour savoir si c'est sous la juridiction du
ministère de l'Agriculture ou celui de l'Énergie et des
Ressources, il suffit d'écrire à l'un ou à l'autre ou aux
deux ministères, j'imagine?
M. Garon: À l'un ou à l'autre, cela suffit.
M. Mathieu: Y a-t-il une grande quantité de terres qui
furent transférées comme cela d'un ministère à
l'autre?
M. Garon: Surtout dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie
où, l'an dernier, on a transféré au-dessus de 200 000
acres.
M. Mathieu: Du ministère de l'Agriculture a celui de
l'Énergie et des Ressources?
M. Garon: On à dû envoyer à peu près
200 000 acres.
Grosso modo, 1200 lots à peu près à 100 acres le
lot.
Oui, 120 000 acres.
C'est difficile à dire, parfois, dans le Bas-du-Fleuve,
l'occupation est un peu spéciale, plusieurs lots ont 200 acres et plus,
mais...
On m'a dit qu'environ 200 000 acres avaient été remises au
ministère des Terres et Forêts et le ministère nous avait
remis à peu près 40 000 acres.
M. Mathieu: Mais, alors, pour conclure, le type qui...
M. Garon: II y a une chose qu'il faut dire.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Garon: En Gaspésie, c'est une drôle de situation,
les terres sont excellentes; même dans la péninsule de la
Gaspésie, il y a d'excellentes terres. On me dit que du sol 1, il y en a
même plus que dans la plaine de Montréal, mais à cause de
l'altitude et tout cela, les possibilités de faire de l'agriculture sont
extrêmement limitées. Ce n'est pas parce que le sol n'est pas bon.
Quand on parle de la protection des terres agricoles, on ne considère
pas seulement la valeur du sol, mais aussi le soleil, l'altitude, les
contraintes dans l'ensemble, parce que, si c'était seulement du sol, on
aurait apparemment pu zoner de grands espaces en Gaspésie.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Pour conclure sur la question que j'avais
posée tout à l'heure, si vous le permettez, M. le
Président, comme cela, l'individu qui est bénéficiaire
d'un billet de location, qui n'habite plus sa terre, que cette terre soit sous
la juridiction du ministère de l'Agriculture ou qu'elle soit sous la
juridiction du ministère de l'Énergie et des Ressources, peut
être sûr que, s'il fait la demande de lettres patentes, on pourra
les lui émettre, moyennant le prix à payer?
M. Garon: Non, sauf dans le cas de l'arrêté en
conseil 1032, il n'y a pas de billet de location qui relève du
ministère de l'Énergie et des Ressources, c'est seulement
à l'Agriculture.
M. Mathieu: Oui, d'accord, mais...
M. Garon: Tous ceux qui ont été émis en
vertu de l'aménagement forestier.
Dans ces cas, en vertu de l'arrêté en conseil 1032, c'est
certain qu'eux autres vont avoir leurs lettres patentes en passant par le
ministère de l'Énergie et des Ressources.
Ceux qui ne sont pas passés par l'aménagement forestier
sont toujours sous billet de location au ministère de l'Agriculture. Ils
vont rester chez nous et il n'y a pas de problème. (21 h 15)
M. Mathieu: Donc, on peut dire que, d'un ministère ou d'un
autre ministère, il n'y aura pas de lésion pour ces
individus-là.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que ça va?
Alors, on n'était pas nécessairement à l'article 55 mais,
officiellement, oui.
M. Mathieu: Vu que c'était la clef.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Alors, est-ce que
l'article 55 sera adopté?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
56.
M. Garon: L'article 56, est un article important. Cet article
permet au bénéficiaire de lettres patentes octroyées pour
fins de culte et de cimetières de disposer de la terre qui en est
l'objet sans l'autorisation du ministre. Cet article simplifiera grandement
l'administration en évitant l'intervention du ministre dans toutes les
ventes de parcelles par le bénéficiaire, comme le prévoit
l'article 62 de la Loi sur les terres de colonisation, lorsque la terre
octroyée ne sert plus à des fins de culte ou de cimetière.
Il faut préciser que les terres ainsi octroyées par le ministre
l'ont été surtout entre 1940 et 1960 afin de favoriser
l'établissement de paroisses dans les régions
éloignées. L'activité de plusieurs paroisses ayant
diminué considérablement, il est devenu nécessaire, pour
leur survivance et pour conserver la population au centre des paroisses, de
céder des parcelles de terre à des fins de résidence ou
pour doter la communauté de centres communautaires, etc. Comme ces
ventes n'ont pas un but spéculatif, mais sont plutôt
nécessaires pour assurer le développement des paroisses,
l'intervention du ministre à chacune d'elles devient une complication
administrative inutile. De plus l'article prévoit également que
toutes les ventes de parcelles faites avant la date d'entrée en vigueur
de la loi sans avoir reçu l'autorisation préalable du ministre
sont approuvées. Cette approbation législative vise à
éviter aux parties intéressées de reprendre les actes de
vente qui sont annulables en vertu de l'article 62 de la Loi sur les terres de
colonisation.
Maintenant, je tiens à souligner qu'avant 1974, les lettre
patentes n'étaient pas enregistrées au bureau d'enregistrement
et, de ce fait, les parties intéressées ignoraient souvent que
l'autorisation préalable du ministre était nécessaire en
vertu de la loi. Comme ces transactions ont été consenties de
bonne foi et que l'autorisation prévue par la loi n'était, en
pratique, qu'une simple formalité, il apparaît donc
justifié que la loi permette au bénéficiaire de disposer
de ces terres sans autorisation et approuve en bloc les transactions
antérieures faites en contravention de la loi.
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Article 56, adopté.
Article 57.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
58.
M. Garon: C'est une mesure transitoire. M. Mathieu:
Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
59.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
60.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
61.
M. Mathieu: Adopté. Cela veut dire que l'article 14.1
s'applique même si une terre qui appartient à la banque des
terres...
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
62.
M. Garon: Cet article confère au ministre...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Garon: ... et aux employés qu'il désigne le
pouvoir de saisir et de vendre le bois coupé illégalement sur les
terres placées sous son autorité. Il prévoit un pouvoir
plus complet que celui que détient le ministre en vertu de l'article 15
et de la Loi sur le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que ça va?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
63.
M. Garon: Cet article 63, reprend l'interdiction prévue
à l'article 12 de la Loi sur les terres de colonisation en
l'étendant à toute terre placée sous l'autorité du
ministre.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté.
M. Garon: C'est pour enlever les conflits
d'intérêts. Parce qu'un fonctionnaire ne peut pas acquérir
une terre... Dans ce cas-là pour qu'un fonctionnaire d'un
ministère puisse acquérir une terre publique directement ou
indirectement, il faut que ça passe devant le Conseil des ministres.
M. Mathieu: Très bien.
Le Président (M. Bordeleau): Article 63, adopté.
Article 64.
M. Garon: Cet article modifie l'article 24 de la Loi sur le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
afin d'y intégrer la terminologie du projet de loi et de permettre au
ministre de transférer une terre d'un programme à un autre
programme ou à la banque de terres, et inversement. Le mécanisme
de transfert complète celui prévu à l'article 8 du projet
de loi et assure une transférabilité totale pour toutes les
terres placées sous l'autorité du ministre.
Éventuellement, on aura un seul régime. Il s'agit, encore
là, d'essayer de faire le point. C'est bien compliqué sur le plan
juridique, alors on a hérité d'un régime, après
ça, on pourra regrouper nos affaires et avoir un endroit pour les
terres.
M. Mathieu: Un endroit pour les terres, ça comprendrait
celles qui sont sous la juridiction du ministère de l'Énergie et
des Ressources.
M. Garon: Non, ça c'est une autre affaire. C'est d'autres
fins.
M. Mathieu: Oui, mais, écoutez, ça complique quand
même... Je souhaiterais qu'on ait un seul terrier parce que, encore une
fois, dans une même paroisse, on peut avoir les deux, des terres sous la
juridiction de votre ministère et des terres sous celle du
ministère de l'Énergie et des Ressources.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Garon: Idéalement, un jour, je ne sais pas si je vais
trop loin en disant ça, mais...
M. Mathieu: Quand les rouges seront au pouvoir.
M. Garon: Non. Je vais vous donner mon opinion personnelle; ce
n'est même pas l'opinion du ministre, des affaires comme ça.
Idéalement, les terres et même les forêts qui sont du
ressort privé, ça devrait être avec l'Agriculture,
peut-être considéré comme une culture, et le domaine public
être ailleurs pour qu'il y ait un régime d'ensemble du domaine
privé agricole et forestier. Je pense bien qu'avec le temps, on s'en va
vers ça. Cela ne sera pas un acte d'autorité gouvernementale,
mais on regarde de plus en plus la façon dont se fait la gestion de la
forêt, c'est de plus en plus proche.
M. Mathieu: C'est souhaitable, je suis d'accord avec vous, M. le
ministre.
Le Président (M. Bordeleau): Article 64, ça va.
Adopté?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 65?
M. Garon: Cet article abroge la Loi sur l'acquisition de
certaines terres pour fins de colonisation et le pouvoir d'acquisition qui est
prévu est intégré à l'article 7 du projet de
loi.
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
66?
M. Garon: Cet article abroge une loi désuète qui a
d'ailleurs été omise lors de la refonte des lois de 1977, la Loi
des sociétés de colonisation. De plus, depuis 1970, il n'y a plus
de rapport annuel par ces sociétés et la fédération
a été dissoute en 1972.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté? M. Mathieu:
Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 67?
M. Garon: L'article 67 abroge une loi désuète qui a
d'ailleurs été omise lors de la refonte des lois de 1977, la Loi
du mérite du défricheur.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
68?
M. Garon: Cet article abroge une loi dont certaines dispositions
ayant trait à la prohibition d'hypothéquer sont
intégrées à l'article 30 du projet de loi, la Loi sur la
protection des colons.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
69?
M. Garon: L'article 69 vise à simplifier les
procédures administratives et transferts de juridiction sur une terre
publique entre le ministère de l'Énergie et des Ressources et le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
il édicté que ce transfert se fera à l'avenir ... Il y a
une erreur, il y avait une note explicative, je n'avais pas lu l'article 69, je
suis en train de vous donner les explications pour l'article 70.
Le Président (M. Bordeleau): Article 69, ça va?
M. Garon: II n'y a rien de spécial à cet
article-là, c'est de concordance.
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Article 70?
M. Garon: L'article 70 vise à simplifier les
procédures administratives et transferts de juridiction sur une terre
publique entre le ministère de l'Énergie et des Ressources et le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Il
édicté que ce transfert se fera à l'avenir sur simple
arrêté ministériel et non par décret du
gouvernement.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. Mathieu: Un arrêté du ministre qui se
départit en faveur de l'autre ou un arrêté des deux
ministres?
M. Garon: Non, s'il y a des terres qu'on veut, il est
évident qu'il y aura entente mais quand on veut transférer des
terres au ministère de l'Énergie et des
Ressources, on peut le faire simplement par entente entre deux
ministres...
M. Mathieu: C'est un arrêté, puis ... D'accord,
très bien.
M. Garon: ... plutôt que d'aller au Conseil des ministres
parce qu'au fond, il n'y a pas de grandes discussions là-dessus au
Conseil des ministres.
Le Président (M. Bordeleau): Article 70, ça va?
Adopté?
M. Mathieu: Oui, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Article 71?
M. Garon: Par l'article 71, l'article 55 de cette loi est
abrogé. L'article 55 de la Loi sur les terres et forêts
prévoit que le ministère de l'Énergie et des Ressources
peut intervenir sur les terres sous concession afin de consentir des lettres
patentes, des servitudes ou autres droits lorsque le gouvernement juge que ces
terres sont nécessaires pour développer l'industrie. Cet article
n'ayant été appliqué qu'en de rares occasions dans le
passé, son utilisation soulevant encore aujourd'hui une certaine
confusion, il apparaît préférable d'abroger cette
disposition.
Cette abrogation se justifie d'autant plus que le concessionnaire de la
terre sous concession à l'avenir a le pouvoir de céder ses
droits, de consentir une servitude ou un autre droit sur sa terre sans
qu'aucune affectation particulière ne restreigne son pouvoir. Cependant,
la Loi sur la protection du territoire agricole exerce maintenant une forme de
contrôle pour les terres qui sont situées dans la zone agricole, y
compris les terres sous concession. De plus, le concesssionnaire devra obtenir
l'approbation du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation pour consentir une servitude ou tout autre droit sur sa
terre.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. Mathieu:
Adopté, cet article-là.
Le Président (M. Bordeleau): Article 72?
M. Garon: Article 72.
M. Mathieu: Oui, d'accord, adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 73?
M. Garon: Alors, cet article 73 reprend la disposition normale
acceptée par
le secrétariat du comité de législation; cependant,
il apparaît plus que probable que la loi et les nouveaux
règlements entrent tous en vigueur en même temps.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, ça va? Article
73, adopté? Adopté. Le titre du projet de loi et, comme il y a
des chapitres, tout ça sera adopté?
M. Mathieu: Adopté.
M. Beauséjour: Est-ce que vous adoptez une table de
matières?
Le Président (M. Bordeleau): Cela fait partie des
chapitres et des têtes de chapitre; la table de matières c'est ce
qui existe déjà à l'intérieur.
M. Garon: Adoptons les.
Le Président (M. Bordeleau): En adoptant les chapitres, on
peut adopter la table des matières également.
M. Mathieu: Avant que vous n'ajourniez.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Vu qu'on a bien travaillé, le ministre nous
permettra certainement quelques questions pour éclairer notre lanterne;
quand je dis notre lanterne, ce sont des gens qui nous demandent des
renseignements. Ces gens n'ont pas tous à leur disposition le ministre
en face d'eux, vous comprenez, pour demander des éclaircissements.
Ma première remarque serait la suivante: Est-ce que le ministre
envisage la codification des lois qui gouvernent l'agriculture? Vous savez que
c'est épars, c'est hétéroclite; quand on vient pour
fouiller toutes les lois qui s'appliquent à l'agriculture, il y a des
lois dont, de par le titre ou de par le ministère, ou de par les choses
qu'elles régissent, on ne soupçonne pas qu'elles puissent
s'appliquer à l'agriculture. À un moment donné, on a un
article qui dit: Telle loi qui concerne l'agriculture est modifiée.
Est-ce que le ministre peut me dire s'il y a un groupe de travail qui effectue
présentement un déblaiement pour en venir à une
codification de ces lois de l'agriculture et de la réglementation
également? Cela rendrait bien service.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Garon: Indirectement, je suis préoccupé de la
même chose que vous parce que, en agriculture, il y a beaucoup de lois
qui n'ont pas été regroupées, où il n'y a pas eu de
refonte. Par exemple, on a regroupé l'assurance-récolte et
l'assurance-stabilisation des revenus, parce qu'il s'agit de deux formes
d'assurances. On a parlé cette année de faire une refonte du
crédit agricole qui administre sept ou huit lois différentes.
Actuellement, la Loi sur les terres publiques agricoles va abroger cinq lois
et, par la suite, je crois qu'on pourra penser à regarder la banque des
terres arables, le réaménagement foncier, regrouper les terres
agricoles dans une seule loi éventuellement, avoir une seule loi sur le
crédit agricole, une seule loi des assurances agricoles, pour refondre
tout ça. Éventuellement, il faudrait refaire la loi du
ministère également. Là, il y a un groupe de travail qui
est à regrouper dans un seul document toutes les lois du
ministère de l'Agriculture. Cela devrait être
expédié bientôt pour être publié d'ici
à l'été. On est à faire la même chose
maintenant pour la réglementation. C'est une refonte.
Le Président (M. Bordeleau): Le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Vous allez rendre ça accessible pour qu'on
puisse...
M. Garon: À ce moment-là, cela pourrait être
imprimé, vendu par l'Editeur officiel ou par le service d'information du
ministère, dépendamment du cas. C'est une partie, mais la refonte
des lois en une seule loi, comme une loi du crédit, une loi d'assurance,
c'est plus long avant d'avoir des grands instruments juridiques qui
correspondent à la mentalité d'aujourd'hui, c'est vers ça
qu'on évolue. À part cela, ça simplifie l'administration,
parce qu'on a des formulaires. Souvent, pour chaque loi, il y a un formulaire
différent; sur le plan administratif, toutes ces lois, c'est
compliqué. Alors, avoir, par exemple, plusieurs formulaires et plusieurs
fiches, dossiers, ça complique l'administration. (21 h 30)
Quand on parle du crédit agricole, il faut faire une loi. On
regarde, par exemple, au point de vue de l'informatique du crédit
agricole, je ne parlais pas de l'informatique du ministère. Maintenant
les informatiques dans tous les ministères vont se parler. On est en
train de faire cela actuellement, parce que, sur le plan administratif, c'est
beaucoup plus simple; on peut avoir des données qu'on n'avait pas
auparavant. Si je prends, par exemple, les permis de pêche, tout cela se
faisait à la mitaine, alors qu'on voudrait avoir cela sur informatique.
C'est en train de se faire.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: J'aurais une autre question, M. le Président,
avant de compléter. On a
vu, à l'étude du projet de loi no 49, que le
critère par lequel on retient certains lots de terres sous
l'administration du ministère de l'Agriculture, c'est de servir aux fins
de l'agriculture. Et on a vu que le critère pour faire passer la terre
de la juridiction du ministère de l'Agriculture au ministère des
Terres et Forêts, c'est si elle ne sert pas aux fins de l'agriculture.
Comment le ministre concilie-t-il cela avec la loi 90 sur la protection du
territoire agricole? Est-ce qu'on peut prétendre qu'un jour les lots qui
sont sur la juridiction du ministère de l'Agriculture,
c'est-à-dire qui servent aux fins de l'agriculture, demeureront
zonés vert, soumis à la loi 90 sur la protection du territoire
agricole, et que les autres ne seront plus soumis? Quand vous avez
annoncé, l'année passée ou au début de la session,
qu'il y aurait des modifications à la Loi sur la protection du
territoire agricole, loi 90, est-ce que c'est une des modifications que vous
envisagez?
M. Garon: Non...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Garon: ... ce n'est pas là-dedans. Quand on parle des
lois pour les fins agricoles, c'est-à-dire qu'un boisé de ferme,
par exemple, on considère que cela fait partie des revenus
complémentaires à l'agriculture. C'est utile pour un agriculteur
d'avoir un boisé de ferme, alors on concède cela pour des fins
agricoles. La protection des terres agricoles tient compte de ce
critère-là et elle tient compte aussi s'il s'agit d'un ensemble,
lorsqu'une demande est faite, si cet ensemble peut être
hypothéqué ou avoir des problèmes si telle autorisation
est donnée. On a pensé faire des règlements. Il y en a qui
étaient partisans de faire une réglementation, mais on va arriver
avec une réglementation comme à l'impôt, avec des tas de
documents, et on n'aura pas cerné le problème, parce que, quand
il y aura un règlement qui va dire cela, quelqu'un va trouver une autre
manière de contourner le règlement.
C'est vrai que, lorsqu'on regarde la loi, la Commission de la protection
du territoire agricole a une certaine discrétion pour évaluer les
choses. On pense que c'est la meilleure façon de faire et il y a des
principes qui sont inscrits dans la loi en fonction desquels la décision
doit être rendue. Mais on va le voir dans les semaines, les mois ou les
années qui vont venir. L'environnement et l'agriculture sont tellement
interreliés. Aujourd'hui, il y a beaucoup de gens qui oublient, au point
de départ, pourquoi on a fait la protection des terres et pourquoi on
l'a fait de cette façon-là. En Ontario, lorsqu'ils font une
route, il est interdit de construire le long de la route. Au Québec, les
gens se construisaient le long des routes, l'habitude se faisait de bâtir
comme cela. Avec les lois de l'environnement aujourd'hui et avec les
problèmes de l'environnement, on a des problèmes
considérables au Québec qui nous coûtent cher, parce qu'on
a laissé faire l'étalement urbain un peu partout.
Alors, la protection des terres agricoles tient compte de
critères beaucoup plus larges, uniquement à des fins agricoles,
à cause des lois de l'environnement. Vous pouvez, à un moment
donné, par la localisation d'une bâtisse à un endroit, dans
un rang, par exemple, par une telle activité économique,
détruire le rang au complet, parce qu'il va y avoir tellement de
contraintes par le fait d'une localisation de tel type de choses. Prenons, par
exemple, un terrain de camping qui serait dans un rang. Le terrain de camping,
on va parler des senteurs. Je perds mes clients parce que cela sent ou je perds
mes clients parce qu'il y a tel bruit; s'il y a des céréales, je
perds mes clients parce que le vent cause de la poussière. Il y a
plusieurs contraintes qui sont posées par le fait qu'il y a telle ou
telle activité dans telle région. C'est un peu, idéalement
- ce n'est pas tout à fait comme cela historiquement - de la même
façon que des hommes sont arrivés, pour vivre en
société, à déterminer des parcs industriels, pour
se protéger, au fond, les uns les autres, des rues commerciales. Il y a
un parc agricole, on ne peut pas le situer ailleurs que sur les terres
agricoles. C'est le but. Ce qui est dur c'est qu'on a agi de telle
façon, sans contrainte. Aujourd'hui, la Loi sur la protection des terres
agricoles arrive et dit: À partir de telle journée... Il n'y a
pas de temps pour une évolution dans les manières de faire et on
ne peut quasiment pas agir autrement. Telles règles vont entrer en ligne
de compte. Au début, dans certains endroits, cela a été
dur, mais je pense que la loi entre dans les moeurs tranquillement. C'est
évident que si la Loi sur la protection des terres agricoles avait
été adoptée il y a 30 ans, cela aurait été
facile et on n'aurait pas les problèmes qu'on a aujourd'hui, mais les
gens n'en sentaient pas le besoin. C'est pour cela que c'est venu
graduellement, peut-être un peu tard.
Ce problème existe ailleurs aussi. Je dois aller demain à
une l'encontre des ministres de l'Agriculture de la Nouvelle-Angleterre
où j'ai été invité. Un des principaux points, leur
problème, c'est qu'ils ont peu de terres agricoles en
Nouvelle-Angleterre, qu'on soit au Connecticut, au Massachusetts ou ces
places-là; leur grand problème c'est l'étalement urbain ou
les gens qui se bâtissent dans le milieu rural. L'agriculture s'en va;
c'est-à-dire qu'elle ne s'en pas d'un seul coup. Quand les contraintes
deviennent trop dures, à un moment donné, il y en a un
qui s'en va, puis un autre. Ensuite, parce que ces deux-là sont
partis, il n'en reste pas assez pour maintenir des structures, des
infrastructures agricoles et quand les infrastructures s'en vont, le reste s'en
va. C'est cela le problème.
M. Mathieu: Je m'interrogeais sur le critère de la loi 49:
Servir aux fins de l'agriculture... Il n'y a donc pas de relation entre ce
critère que les terres doivent servir aux fins de l'agriculture pour
tomber sous la juridiction du ministre de l'Agriculture et le fait que la
protection du territoire agricole...
M. Garon: Oui, il va y en avoir. Actuellement, on est à
faire l'inventaire de toutes les terres non concédées. En
principe, éventuellement, seulement les terres situées en zone
agricole seront conservées. Celles qui ne sont pas en zone agricole
seront transférées au ministère de l'Energie et des
Ressources qui pourra les boiser.
M. Mathieu: C'est-à-dire que la loi 90 ne s'appliquera pas
à ces terres, si je vous comprends.
M. Garon: On ne gardera pas les terres sur lesquelles elle ne
s'applique pas. On va les transférer.
M. Mathieu: Dans un avenir prévisible, on ne peut pas
arriver un bon jour avec une modification qui dit ceci: La loi 90 s'appliquera
aux terres cultivables ou dont on peut faire usage en agriculture et ne
s'appliquera pas aux autres.
M. Garon: Dans un grand ensemble, ce que vous dites est exact.
Comme ensemble, on ne gardera pas, au ministère de l'Agriculture, des
terres qui n'ont pas de vocation agricole et qui ne sont pas dans un territoire
agricole. Par ailleurs, dans le territoire agricole, comme ensemble, il peut y
avoir des terres qui n'ont pas une grosse vocation agricole, mais le fait de ne
pas garder l'ensemble pénaliserait les terres agricoles.
M. Mathieu: Je comprends, M. le ministre. Mettons qu'il y a un
vaste bassin de terres qui ne relèvent plus de votre juridiction parce
qu'elles ne sont pas classées comme bonnes aux fins de l'aqriculture,
vous les envoyez au ministère de l'Énergie et des Ressources.
Mettons qu'un grand ensemble soit envoyé au ministère de
l'Énergie et des Ressources, un vaste territoire, est-ce qu'on peut
prétendre qu'un jour la loi 90 ne s'appliquera plus à lui? La loi
90 est la Loi sur la protection du territoire agricole, mais quand ce n'est
plus du territoire agricole, il me semble qu'on pourrait lever la main.
M. Garon: C'est ce qu'on est en train de faire par des
négociations avec les municipalités, de déterminer les
terres qui demeurent au ministère de l'Agriculture et celles qui ne
relèvent pas du ministère de l'Agriculture. C'est ce qu'on est en
train de faire en négociant avec chacune des municipalités. Il y
a les zones blanches qui ne sont plus considérées dans le
territoire agricole et les zones vertes... C'est ça qui est en train de
se faire. Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de cultivateurs dans les
zones blanches. C'est ce qu'on fait en Gaspésie actuellement: c'est
difficile. Pourquoi? Parce que dans plusieurs municipalités de la
Gaspésie, par exemple, vous avez deux, trois ou quatre cultivateurs,
mais il n'y a pas de préoccupations agricoles dans le territoire, c'est
dans la région, dans la municipalité, et les cultivateurs ne sont
pas nécessairement placés un à côté de
l'autre; alors, la commission n'essaie pas de faire du "spot zoning", de faire
des zonages par "spots".
M. Mathieu: ... sélectionnés.
M. Garon: II peut arriver qu'elle ne négocie aucune zone
avec la municipalité, mais que les gens, individuellement, demandent
après cela d'être inclus dans le zonage agricole. On ne
transfère pas ces lots au ministère de l'Énergie et des
Ressources, c'est seulement lorsque c'est en dehors des zones agricoles qu'on
les transfère au ministère de l'Énergie et des
Ressources.
M. Mathieu: Maintenant, une fois que la zone agricole est
établie par une municipalité, négociée et
acceptée par la Commission de la protection du territoire agricole,
est-ce que je comprends bien en disant que la négociation a
été faite, la zone agricole est adoptée et, dans ce qui
sera zone agricole, comme vous venez de le dire, vous ne transférerez
plus de lots au ministère de l'Énergie et des Ressources,
même s'il y avait, mettons, dans un ensemble de 20 lots, deux lots qui
pourraient, par leur caractère physique, ne pas représenter de
valeur pour l'agriculture? Vous allez les garder aux fins de...
M. Garon: Normalement, oui, parce qu'ils pourraient être
concédés au cultivateur qui s'en servirait comme
complément de sa ferme, comme boisé, quelque chose comme
cela.
M. Mathieu: Les modifications que vous avez annoncées,
est-ce que vous les prévoyez dans un avenir rapproché?
M. Garon: J'ai un certain nombre de lois pour le printemps,
normalement. J'ai un surplus d'ouvrage. À cause des hauts taux
d'intérêt ou de la situation économique diffi-
cile, on a un surplus d'ouvrage. Il y a des entreprises qui ont de la
difficulté ou des productions qui ont plus de misère à
cause des hauts taux d'intérêt ou de la conjoncture; alors, cela
prend plus de temps pour travailler là-dessus. Normalement, j'ai un
certain nombre d'autres lois pour le printemps et, comme personne ne va mourir
de faim ou avoir de problème particulier si les amendements se font
à l'automne, je vais essayer d'apporter les lois qui auront un impact
économique plus grave au printemps et celles qui ont moins d'impact
économique à l'automne.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, cela va? M. le
député de Beauce-Sud, un dernier commentaire.
M. Mathieu: Je voudrais en profiter, M. le Président, pour
dire toute mon appréciation aux personnes qui entourent le ministre dans
l'élaboration et la présentation du projet de loi no 49. C'est
une oeuvre titanesque, c'est une oeuvre considérable. J'ai eu souvent
l'occasion, dans ma pratique notariale, de me buter à certains des
problèmes qui sont résolus par cette loi. Je voudrais en faire
mention comme appréciation pour le travail extraordinaire qui a
été fait, disons-le, par certains notaires du ministère.
M. le ministre n'a pas toujours l'air d'apprécier à leur juste
valeur les notaires.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Garon: Je n'ai rien contre les notaires, mais ce que
j'aimerais, c'est que le député de Beauce-Sud fasse ces
compliments-là en deuxième lecture à l'Assemblée
nationale, à la télévision. Mais là, il fait des
critiques, il est terrible. On dirait parfois qu'il veut garder la loi avec
lui, article par article; là, il convient que la loi est bonne et
puis...
Une voix: II va falloir qu'il en parle à M. Paradis!
M. Garon: Ce qu'il dit est exact, il y a eu beaucoup de travail
de la part des avocats et des notaires du ministère. Me Gagné, Me
Proteau, Me Fournier, Me Mercier, particulièrement chez nous, ont
travaillé là-dessus, parce que cela fait quelques
années... On en parle depuis plus longtemps que cela, mais ça
fait quelques années qu'il y a du travail qui se fait là-dessus
d'une façon assidue. C'est très compliqué. On l'a vu dans
les explications que nous avons données. Je voudrais les remercier parce
que les professionnels du ministère qui y ont travaillé en voyant
le projet de loi passer le stade de la commission parlementaire et s'en aller
en troisième lecture, doivent éprouver un certain soulagement du
travail accompli. Maintenant, ils vont pouvoir travailler plus rapidement sur
les règlements sachant qu'il n'y a pas eu d'amendement à la loi.
Ils savent quelle sera la loi. La réglementation devrait se faire assez
rapidement, en coordination avec celle du ministère de l'Énergie
et des Ressources.
Je voudrais remercier tous les députés de leur
coopération, même le député de
Kamouraska-Témiscouata qui nous a parlé des anguilles. J'aurais
pensé qu'il nous parlerait des aboiteaux, mais il a des problèmes
qui sont particuliers à sa région. (21 h 45)
M. Mathieu: II n'a pas eu de réponse.
M. Garon: De même, je remercie les députés de
l'Opposition de leur coopération.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. Le
projet de loi no 49, dans son étude article par article, est donc
adopté avec amendement. Il y a un seul petit amendement.
La commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation
a donc complété ses travaux qui étaient d'étudier,
article par article, le projet de loi no 49. Je demanderais donc au rapporteur
de cette commission, soit le député de
Kamouraska-Témiscouata, de faire rapport à l'Assemblée
nationale.
M. Houde: Est-ce que je pourrais ajouter un mot, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, parce qu'on va
suspendre.
M. le député de Berthier.
M. Houde: M. le Président, d'abord je voudrais
réitérer les mêmes félicitations que mon
collègue de Beauce-Sud et aussi féliciter le président de
la commission qui nous a ramenés à l'ordre de temps en temps,
mais cela a bien été. Cela nous a permis de passer quelques
messages. Si M. le ministre dit qu'il y a beaucoup de pas de faits dans cette
loi, il va certainement avoir un peu plus de temps pour répondre aux
demandes que je lui ai faites. Cela va nous aider et tout le monde sera
heureux. Merci beaucoup.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Berthier.
La commission va bien pour autant que les membres collaborent. Je vous
remercie également de votre collaboration.
La commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation
ajourne donc ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 47)