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(Quatorze heures quatorze minutes)
Le Président (M. Boucher): La commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation se réunit pour étudier
les crédits du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation pour l'année 1982-1983.
Les membres de la commission sont M. Baril (Arthabaska), M. Beaumier
(Nicolet), M. Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M.
Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Gagnon (Champlain), M. Garon (Lévis),
M. Houde (Berthier), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Mathieu (Beauce-Sud), M. Picotte (Maskinongé).
Les intervenants sont M. Blouin (Rousseau), Mme Juneau (Johnson), M.
Lachance (Bellechasse), M. LeMay (Gaspé), M. Lévesque
(Bonaventure), M. Mailloux (Charlevoix), M. Vaillancourt (Orford), M.
Vallières (Richmond).
À l'ajournement d'hier soir, nous avions adopté les
programmes 1 et 7. Nous en étions au programme 2. À moins d'avis
contraire, j'appelle le programme 2: Financement agricole.
M. Mathieu: Pas d'inconvénient.
M. Gagnon: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Sur une question de règlement.
Juste au début de nos travaux, hier, personnellement, j'ai
remarqué que souvent on était plusieurs intervenants à
parler en même temps. Pour faciliter au moins le travail des
préposés au journal des Débats, serait-il possible
aujourd'hui de nous demander de faire en sorte qu'on prenne la parole chacun
notre tour et qu'on la demande avant de la prendre?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, je vous remercie de vos remarques. Je l'ai fait à plusieurs
reprises, hier, au cours du débat.
M. Gagnon: Insistez.
Le Président (M. Boucher): J'ai même
été obligé de suspendre, à un moment
donné.
M. Mathieu: Prenez le maillet, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Je demande la collaboration -
je ne sais pas si je parle assez fort - des membres, justement. Si on veut
vérifier des déclarations qui ont été faites, au
journal des Débats, je pense qu'il faudrait parler un à la
fois.
On va essayer aujourd'hui de procéder plus...
M. Mathieu: M. le Président, avant que nous abordions le
programme 2, je voudrais demander au ministre s'il n'a pas d'objection à
ce que vers 15 h ou 15 h 15 nous puissions passer aux pêcheries.
Vous allez parler ce matin?
M. Garon: Quand nos fonctionnaires seront arrivés. Je ne
sais pas s'ils sont arrivés.
M. Mathieu: Je voulais le signaler ce matin pour leur en faire
part, si c'est possible.
M. Garon: Oui, oui.
On aura adopté le programme 2, à ce moment-là?
M. Mathieu: On verra.
M. Garon: Vous me demandez de faire des concessions et vous n'en
faites pas.
M. Mathieu: Tout est concession.
M. Garon: Vous voyez, encore là, pour votre plaisir
personnel, j'ai fait venir l'organigramme du ministère. Vous voyez,
c'est un grand rouleau.
Je voudrais prendre tout le monde à témoin le
député de Champlain, le député de Bellechasse, le
député de Saint-Hyacinthe, que je vous remets aujourd'hui, le 2
juin 1982, un organigramme du ministère pour l'année 1981.
M. Mathieu: Le carré d'en haut est bien gros!
M. Garon: Normalement, il peut y avoir certains changements. Je
vais vous le rouler.
Voulez-vous un élastique?
M. Mathieu: Le carré d'en haut est bien gros, M. le
Président!
M. Garon: Ce n'est pas moi qui l'ai fait, je ne l'avais pas
regardé.
M. Mathieu: Ah! c'est marqué "ministre", dans ce
carré, excusez!
Je vous remercie, M. le ministre. Je crois que c'est digne de mention
dans les annales, parce que c'est la première fois qu'il y a
possibilité d'avoir un organigramme de votre ministère. Je vous
en sais gré au nom de la postérité.
M. Garon: J'en ai un autre. Je vais vous en donner un de l'Office
du crédit agricole.
M. Mathieu: Voilà qui me plaît! Merci beaucoup.
Une voix: Vous l'encadrerez dans votre
érablière.
Une voix: Certainement...
Financement agricole
Le Président (M. Boucher): Programme 2.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Garon: Voulez-vous que je vous donne le nom de celui qui est
en charge des subventions pour les érablières?
M. Mathieu: Je ne le sais pas. Qui est-ce?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, sur le
programme 2, avez-vous des commentaires préliminaires?
M. Mathieu: M. le ministre, pouvez-vous nous présenter,
comme nous l'avons demandé à chaque programme, les personnes qui
vous accompagnent?
M. Garon: À ma droite, le président de l'Office du
crédit agricole, Me Camille Moreau; M. Simard qui est un comptable. M.
Julien Burns, qui va arriver bientôt, est agronome.
L'Office du crédit agricole est principalement composé de
personnes de formation juridique, avocats ou notaires, puis de comptables,
d'agronomes, d'ingénieurs forestiers, pour les prêts forestiers,
et de personnel administratif.
M. Mathieu: Vous avez dit, M. le ministre, hier, que vous
prévoyiez dans un avenir qui n'est pas très lointain - vous
pouvez nous laisser présager quatre ou cinq ans - que le budget pour la
subvention aux taux d'intérêt représenterait des milliards,
et non pas des millions.
M. Garon: Non, non. M. le Président, je n'ai pas dit les
subventions d'intérêt, les prêts, l'encours.
M. Mathieu: Ah! les prêts! D'accord.
M. Garon: Actuellement, l'encours de prêts
représente 1 300 000 000 $ approximativement. Je dis que cet encours, au
cours des années quatre-vingt-dix, d'après les prévisions
qu'on a, avec l'augmentation de la valeur des terres, la valeur des fermes,
cela va pouvoir représenter quelques milliards de dollars.
L'accroissement est très rapide, l'encours est très rapide. Si
vous regardez l'augmentation des prêts, en 1976, les prêts
consentis à long terme en 1976 étaient de 81 300 000 $; en 1977,
on n'a pas changé la loi, c'est 97 400 000 $. En 1978, on a
changé la loi, cela monte à 214 200 000 $. L'an dernier,
c'est-à-dire en 1981-1982, 347 000 000 $. Vous voyez, c'est quatre fois
et quart plus qu'en 1976. Vous devriez dire cela dans vos discours.
M. Mathieu: M. le Président, savez-vous que c'est un peu
gênant d'arriver devant un auditoire agricole et de se vanter d'un
endettement considérable de la classe agricole.
M. Garon: Non, ce n'est pas l'endettement, ce sont les
investissements. Celui qui ne fait' rien n'a pas d'endettement.
M. Mathieu: Je comprends.
M. Garon: La compagnie la plus endettée est sans doute la
plus importante. Je suis persuadé que la compagnie qui a le plus de
dettes, cela doit être Hydro-Québec, mais c'est parce qu'elle a
fait beaucoup de travaux.
M. Mathieu: Justement, mais ce qu'on disait hier, c'est que vous
avez adopté dans le passé des programmes d'aide à la
production qui ont commandé de nombreux investissements mais qui
manquaient de planification. On se souciait des infrastructures mais on ne
souciait pas de la rentabilité, de la viabilité. Maintenant, les
gens sont dans une crise en ce sens qu'ils auraient besoin à ce moment
d'un peu plus de financement pour passer à travers les mauvaises
périodes et ils ne peuvent plus en avoir. Il me semble que le
gouvernement, qui a suscité des investissements, devrait à cette
étape-ci les aider et non pas les envoyer vers la liquidation quand ce
n'est pas la faillite tout simplement.
M. Garon: Je ne suis pas d'accord avec vous. Voyez les
données qu'on a. En 1976, le total des actifs d'un agriculteur moyen
emprunteur à l'Office du crédit agricole, était en moyenne
de 128 085 $ pour un passif ou un endettement de 75 864 $. En 1981-1982,
l'agriculteur moyen emprunteur à l'Office du crédit agricole a un
actif moyen de 327 758 $ pour un endettement moyen de 160 322 $. Qu'est-ce
qu'il avait en 1976? H avait au fond une équité de 53 000 $ alors
qu'actuellement il a une équité de 167 000 $.
M. Mathieu: Vos chiffres ne sont pas adaptables à
l'ensemble de l'agriculture au Québec. Combien y a-t-il de fermes? 50
000?
M. Garon: Remarquez une chose... Je n'ai pas terminé.
L'agriculteur est moins endetté en 1981-1982 qu'il ne l'était en
1976 parce qu'il avait un actif qui n'était pas le double du passif:
c'était 128 000 $ d'actif pour l'agriculteur moyen relativement à
un passif de 75 000 $. Vous remarquez qu'aujourd'hui l'agriculteur moyen
emprunteur à l'Office du crédit agricole a un actif de 327 000 $
relativement à 160 000 $. Alors, il est moins endetté aujourd'hui
relativement à son actif qu'il ne l'était en 1976. Pourquoi?
Parce qu'il fait plus d'argent aujourd'hui que dans le temps des
libéraux.
M. Mathieu: M. le Président, je ne peux pas laisser passer
cela. C'est induire la population en erreur que de dire cela. La question que
je poserais au ministre, c'est: Combien y a-t-il d'agriculteurs reconnus comme
tels au Québec, avec les lois existantes? Peut-on s'entendre pour 50
000?
M. Garon: Cela dépend de ce que vous entendez. Il
faut...
M. Mathieu: Bien...
M. Garon: Attendez un peu.
M. Mathieu: Justement, c'est ce que je veux vous faire
sortir...
M. Garon: Attendez un peu.
M. Mathieu: ... parce que vous semblez laisser croire que tous
les agriculteurs, du plus petit au plus gros, ont une équité
moyenne de 167 000 $. C'est absolument faux.
M. Garon: Non, mais il faut voir la réalité.
L'emprunteur à l'Office du crédit agricole - sauf les aspirants
agriculteurs et il s'agit d'un nombre qui n'est pas très
considérable - doit avoir comme principale occupation l'agriculture.
Maintenant, la loi du statut du producteur agricole reconnaît comme
producteur agricole pour les fins du syndicalisme agricole quelqu'un qui
produit pour 1000 $ par année. C'est évident que les gens qui
produisent pour 1000 $ par année ne gagnent pas leur vie dans
l'agriculture; ceux qui produisent pour 2000 $, 3000 $, 4000 $ et 5000 $ non
plus.
M. Mathieu: II y en a combien?
M. Garon: Ils font une activité, mais aujourd'hui on
considère qu'un fort pourcentage... Je peux vous dire qu'aux
conférences fédérales-provinciales, par exemple, il y a un
sujet qui revient à chaque année. C'est l'agriculture à
temps partiel, jusqu'à quel point les gouvernements doivent s'impliquer
dans l'agriculture à temps partiel, parce qu'un grand nombre
d'agriculteurs sont des agriculteurs à temps partiel. Maintenant, les
clients de l'Office du crédit agricole doivent avoir comme
caractéristique d'avoir, pour pouvoir emprunter, comme principale
occupation l'agriculture et avoir une entreprise rentable. De sorte que si vous
regardez les revenus d'un agriculteur, les revenus bruts d'un agriculteur en
1976 étaient de 51 728 $. Je parle des revenus de l'agriculteur
emprunteur à l'office, l'agriculteur moyen. Il ne s'agit pas de trois ou
quatre cas, il s'agit de milliers de cas.
M. Mathieu: M. le Président...
M. Garon: Attendez un peu, je n'ai pas terminé. C'est
basé sur la moyenne des emprunteurs de cette année. Vous voyez,
en 1976, je le disais tantôt: total des actifs, 128 085 $; total du
passif, 75 864 $; revenus agricoles bruts, 51 728 $; dépenses agricoles,
32 913 $ et les paiements annuels à l'office, 8871 $. Mais quand vous
regardez en 1981-1982, l'agriculteur a des actifs de 327 758 $, un passif total
de 160 322 $, des revenus agricoles bruts de 105 432 $ et des dépenses
agricoles de 75 444 $.
M. Mathieu: M. le Président, quand vous faites
référence à ces chiffres, vous avez une clientèle
de combien de personnes? Les personnes qui ont une équité nette
de 167 000 $, c'est combien dans la province?
M. Garon: C'est sur une base annuelle. Les emprunteurs, en
1981-1982, c'était sur une base de 3400.
M. Mathieu: Alors, 3400 ce n'est même pas 10% des...
M. Garon: Non, les cultivateurs professionnels c'est 10%.
M. Mathieu: Peut-être, mais...
M. Garon: Ceux qui ont fait des emprunts cette
année-là.
M. Mathieu: Je ne veux pas nier que nous n'avez pas de beaux
discours.
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: À écouter vos beaux discours, on a
l'impression que c'est 100% des agriculteurs qui ont une équité
semblable. Or, vous faites référence à peu près
à 10% ou 15% de la population agricole. Je suis bien d'accord, mais
quand vous laissez miroiter que c'est l'ensemble de la classe agricole qui est
dans cette situation, je regrette, mais c'est de la fausse
représentation que vous faites.
M. Garon: On a, à l'Office du crédit agricole, 23
500 dossiers; à la société fédérale 7500
dossiers. En tout, il y a des échanges de données, cela fait 31
000 dossiers. 31 000 dossiers ce sont des agriculteurs dont la principale
occupation est l'agriculture...
M. Mathieu: Est-ce que les 31 000... M. Garon: Je vous dis
que c'est...
M. Mathieu: Est-ce que les chiffres que vous avez donnés
tantôt s'appliquent à ces 31 000?
M. Garon: Annuellement, ce sont les emprunteurs de chaque
année. Le portrait de l'agriculteur de chaque année.
L'agriculture a complètement changé, il faut vivre dans notre
temps. En 1966, il y avait 0% des agriculteurs qui entrait dans les chiffres
comme emprunteurs à l'office qui avaient plus qu'une treizième
année. Savez-vous quel est le pourcentage de l'an dernier? 22% des
agriculteurs emprunteurs à l'office en 1981-1982 avaient une
treizième année ou plus. En 1966, 42% avaient moins qu'une
quatrième année, alors qu'actuellement, je pense que c'est moins
de 1% qui a moins d'une 4e année. Le portrait de l'agriculture a
changé considérablement au Québec. (14 h 30)
M. Mathieu: Pour ne pas vous retenir trop longtemps, M. le
ministre, j'aurais...
M. Garon: Vous allez me retenir jusqu'à 6 heures de toute
façon.
M. Mathieu: ... pour ne pas retenir M. Moreau, ça va me
faire plaisir de vous retenir vous-même mais pas toute l'équipe.
Je voudrais signaler la critique principale que nous entendons de la part des
agriculteurs relativement à l'Office du crédit agricole. Je peux
dire qu'il y a une amélioration sensible depuis quelques années
en ce qui concerne les délais qui sont raccourcis et la procédure
qui est simplifiée. Cela, je le reconnais, et je voudrais rendre hommage
à qui de droit. Je crois que c'est M. Moreau qui est l'instigateur de
cette réforme. Maintenant, on entend toujours la critique suivante
surtout ces dernières années: L'office exige trop de garanties,
pas au départ mais une fois que l'entreprise est partie et qu'au bout de
4, 5, 7 ou 8 ans, surtout à la suite d'une crise comme celle que nous
venons de traverser, l'agriculteur a besoin de refinancement.
J'ai plusieurs cas en tête qui ont reçu des refus à
l'Office du crédit agricole et, s'il n'y a pas une révision
favorable, ils vont être obligés de liquider leur entreprise.
C'est bien sûr que l'office ne perdra rien parce que les biens peuvent
être évalués de 200 000 $ à 300 000 $ et l'office a
une hypothèque là-dessus de 75 000 $ et un nantissement de 40 000
$. Alors, c'est à peu près la moitié ou les trois quarts
de la valeur d'équité.
Maintenant, c'est la principale critique que nous entendons
actuellement.
M. Garon: Est-ce que vous leur conseillez parfois d'aller
à la société fédérale du crédit
agricole pour voir si elle va faire mieux?
M. Mathieu: Bien, écoutez, en bon patriote, pour suivre
votre recette, on commence par chez nous.
Une voix: 16 3/4% au fédéral.
M. Mathieu: Mais n'est-il pas vrai que la présence de la
société a créé une certaine émulation qui a
favorisé les agriculteurs?
M. Garon: L'émulation n'est pas forte, à 16
1/2%.
M. Mathieu: La société est allée souvent en
seconde hypothèque. Supposons qu'un agriculteur a besoin de
crédit et que l'office le lui refuse, il va à la
société, qui a, semble-t-il, moins d'exigences, qui est moins
sévère, en seconde hypothèque...
M. Garon: Hier, vous nous disiez qu'il y avait trop d'endettement
du côté des agriculteurs. Alors, vous voulez dire que l'office
contribue à trop les endetter?
M. Mathieu: Je veux dire qu'il y a eu une période
où vous avez lancé des programmes d'aide à la production
en donnant d'alléchantes subventions. Je connais des individus à
qui vous avez donné 90 000 $ en subventions, supposons, pour un parc
d'engraissement de boeufs.
Bien, l'individu, quand il se fait offrir une subvention de 90 000 $,
écoutez, il ne
regarde pas à l'endettement, lui, il se pense millionnaire. Il se
dit: J'ai 90 000 $ qui viennent du gouvernement. Alors, s'il faut qu'il
investisse 500 000 $ ou 600 000 $, il faut qu'il emprunte la
différence.
Au bout de 2 ou 3 ans, considérant les taux
d'intérêt que nous avons, il devient essoufflé et c'est
là qu'il a besoin d'un coup de main et plus personne ne lui tend la
main. Alors, quand je vous disais que les politiques étaient des
politiques d'endettement, je regardais cela dans l'optique d'un manque de
planification, c'est-à-dire que le ministère se souciait des
investissements mais ne se souciait pas de la rentabilité à
longue échéance.
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Aux termes des garanties,
il faut que l'office prenne un maximum de garanties et, si possible, toute la
terre.
M. Mathieu: Je n'ai rien contre cela.
M. Garon: Et je vais vous dire pourquoi. N'oubliez pas que c'est
un taux d'intérêt qui est fortement subventionné. Quand un
agriculteur a une ferme de 150 000 $, combien pensez-vous qu'il retirait de
subvention quand il payait 2 1/2% sur les premiers 15 000 $ et 8% sur les 135
000 $ suivants alors que le taux d'intérêt était à
20% l'an dernier? Cela faisait 20 000 $ de subvention. Il serait trop facile,
en l'absence de garanties, de divertir une partie du prêt du gouvernement
pour le reprêter au taux du marché. Il faut s'assurer que l'argent
du gouvernement sert véritablement aux fins auxquelles on l'a
prêté et une des façons, c'est d'obtenir le maximum de
garanties pour que ces sommes ne servent pas à d'autres fins.
M. Mathieu: Je n'ai rien contre le fait que l'office ait le
maximum de garanties. Je crois que personne ne peut contredire cela. C'est
élémentaire. Mais voici où je trouve que c'est un peu
sévère. Supposons que vous avez un agriculteur qui a un actif
immobilier, troupeau, quotas, machines aratoires, de 300 000 $.
Là-dessus, il a un endettement à l'office d'environ 90 000 $ et
supposons une facture de moulée ou quelque chose de courant. À un
moment donné, le gars se monte des factures de moulée et il
arrive avec un crédit à court terme qu'il ne peut plus honorer.
Alors, il va à l'office et dit: Je voudrais avoir un crédit
à long terme pour m'accommoder et passer à travers une mauvaise
période. Quand le gars a au moins 50% d'équité, clair et
net, sur son affaire, que l'office prenne 100% de garantie, je n'ai rien
contre, mais, au moins, il devrait prendre ce prêt de 90 000 $ et le
monter à 125 000 $, si c'est vraiment pour sauver un agriculteur de la
liquidation.
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez dire exactement par utiliser
du crédit à long terme pour du financement à court
terme?
M. Mathieu: Pas seulement pour du financement à court
terme, mais pour l'achat, par exemple, d'animaux, de quotas et de choses
semblables. Autrement dit, vous le mettez au monde et au bout de trois à
quatre ans, il est entre deux eaux et vous ne lui tendez pas de bouée
pour le sauver, alors, le gars se noie.
M. Garon: Non, c'est qu'on ne peut pas faire du prêt
à long terme pour du financement à court terme. L'approche de
l'office depuis trois ou quatre ans - ce que vous dites était
peut-être plus vrai autrefois - c'est l'approche globale. On approche le
dossier, dans son ensemble; le crédit à long terme, le
crédit à moyen terme et le crédit à court terme ne
sont pas compartimentés. Pour les équipements à long
terme, c'est du crédit à long terme. Pour de l'équipement
à moyen terme: un tracteur, par exemple, ce n'est pas un
équipement à long terme, c'est du prêt à moyen
terme; mais pour l'équipement à un crédit à la
prodution à court terme, c'est du crédit à court terme.
C'est évident que tout le monde voudrait aller sur le crédit
à long terme, à 100%, tout le temps parce que c'est le
crédit qui est le plus subventionné, excepté qu'on
prête à long terme pour du financement à long terme pour
des équipements qui sont des équipements à long terme;
autrement, l'office n'aurait pas le droit de faire cela, il faut qu'il suive la
loi. Il y a un financement à long terme subventionné pour des
équipements à long terme. Le crédit de la production,
c'est un crédit au taux du marché.
M. Mathieu: Ce qui vous manque, M. le ministre, je ne veux pas
faire une...
M. Garon: Savez-vous ce qui arriverait si l'on n'agissait pas
comme cela? Les gens iraient chercher le maximum de crédit et ils
reprêteraient l'argent.
M. Mathieu: Ouais.
M. Garon: Ils achèteraient des obligations du
Québec avec l'argent prêté à 16 1/2%, alors que cet
argent lui aurait été prêté à 2 1/2% et
à 8% par le gouvernement du Québec.
M. Mathieu: Mais ce qui manque, je crois...
M. Garon: Ce n'est pas possible.
M. Mathieu: Ce qui manque dans le moment. Supposons un individu
qui a eu une
malchance, il a perdu quatre ou cinq vaches, il a moins de revenus; son
endettement à court terme, a sa caisse populaire, est au point limite,
il ne peut plus...
M. Garon: À court terme, pour des vaches?
M. Mathieu: À court terme ou à moyen terme.
M. Garon: À moyen terme.
M. Mathieu: II est au point limite. Si on n'aide pas cet individu
à long terme, il va crever, il ne passera pas à travers. Quand
arrive un cas semblable, je ne sais plus quoi lui dire, surtout
considérant que l'individu a une équité d'au moins 50%:
environ 125 000 $ sur une valeur de 300 000 $. Il ne peut plus emprunter. Il
pourrait aller à la banque, avoir de l'argent à un taux de 21%
à 22%, mais là, c'est courir au suicide. C'est juste sur ce petit
point que je voudrais attirer votre attention. Encore là, ce n'est pas
une critique négative que je veux vous faire, c'est pour le bien de...
Il y a quelques cultivateurs de mon comté qui sont venus me voir pour
des problèmes semblables; donc, je ne sais pas quoi leur dire quand leur
taux d'endettement à court terme est au maximum, leur taux d'endettement
à moyen terme est au maximum et qu'ils ont perdu 4 à 5 vaches et
qu'ils doivent s'acheter du quota et des vaches, il faut qu'ils fassent
certains investissements pour l'environnement. Cela leur prendrait, mettons 25
000 $, 30 000 $ ou 40 000 $, ils ne peuvent pas l'avoir à long terme
parce que...
M. Garon: Ce que vous présentez, c'est le cas
apocalyptique.
M. Mathieu: Bien, apocalyptique... Si vous en voulez des
apocalypses semblables, dites-le-moi, je vais vous en donner une demi-douzaine,
dans un très court rayon. Je trouve qu'il faudrait qu'il...
M. Garon: Ce n'est pas la situation...
M. Mathieu: ... y ait un petit peu plus de vases communicants,
entre court terme, moyen terme et long terme.
M. Garon: II y en a des vases communicants; c'est cela qui existe
les vases communicants. C'est simplement en dernier recours, vraiment en
dernier recours, qu'on va faire une consolidation pour voir toute la question
du long terme, du moyen terme et du court terme.
M. Mathieu: Ah! bien, là, vous nous consolez "dernier
recours". Comme cela, je peux dire à mes gars qu'il y a un dernier
recours quelque part.
M. Garon: II y a un dernier recours, mais excepté que
c'est dans l'administration des fonds publics.
M. Mathieu: Oui, mais si vous lui faites faire faillite à
ce gars, le public va perdre bien plus que si vous l'aidez.
M. Garon: Vous savez, on exagère l'affaire des faillites.
Le nombre de faillites...
M. Mathieu: Enlevez le mot "faillite", si vous le forcez à
liquider d'abord...
M. Garon: Bien non.
M. Mathieu: Enlevons le mot "faillite", mettons "liquidation", et
qu'il s'en aille allonger la liste des assistés sociaux. Je vous le
répète, je ne veux pas aller plus loin dans ce domaine, mais je
croyais de mon devoir d'attirer votre attention sur ce point. Je n'en fais pas
une critique négative ou destructrice. Je crois qu'il y aurait lieu
peut-être d'assouplir les choses pour qu'il y ait une communication entre
le crédit à court terme, à moyen terme et à long
terme.
M. Garon: Cela existe, c'est l'approche globale maintenant. C'est
sur une base de rentabilité. C'est une institution financière, le
crédit agricole. Le mandat, c'est de prêter à des
agriculteurs dont la principale occupation est l'agriculture, qui ont une
entreprise rentable, un projet rentable.
M. Mathieu: Est-ce que cette année...
M. Garon: Vous savez, on a vu des cas de faillite. J'ai vu des
cas de faillite. Je les ai analysés et on les a analysés
plusieurs fois. On a eu des rapports presque hebdomadaires dans l'affaire des
faillites ou sur les gens qui étaient en difficulté. Avec le
nombre de dossiers qu'il y a, 23 500 au crédit agricole et 7500 à
la société fédérale, c'est 31 000 dossiers. Pour 31
000 dossiers, on parle des cultivateurs commerciaux au Québec. On dit
entre 30 000 et 35 000. On ne peut pas avoir le nombre précis. Entre 30
000 et 35 000 agriculteurs commerciaux, cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas
de petits agriculteurs qui sont... Évidemment, il y a un grand nombre
d'agriculteurs à temps partiel, des milliers. Il doit y avoir quelque 20
000 agriculteurs à temps partiel, peut-être plus même, pour
des petits montants. Quand on regarde ces dossiers, on les retrouverait, les
faillites dont vous parlez, dans nos dossiers.
M. Mathieu: Faillites ou liquidations.
M. Garon: Les liquidations aussi. Les 23 500 et 7500 dossiers de
l'office et de la société, cela fait 31 000 dossiers. On les
retrouverait quelque part.
M. Mathieu: Je vous pose une question, d'abord.
M. Garon: On ne les retrouve pas. On dit qu'il y a un certain
nombre d'entreprises qui trouvent cela "rough", qui trouvent cela dur.
Pourquoi? Les taux d'intérêt. Personne ne pouvait imaginer...
Vous, comme notaire, vous faites des clauses pour protéger les gens
contre les taux d'intérêt qui peuvent monter à un moment
donné. Vous le faites dans certains types de contrats. Avez-vous
prévu, avant 1980, dans vos contrats, une protection pour vos clients au
cas où le taux d'intérêt monterait à 23% au mois de
juillet 1982? Je suis certain que vous ne l'avez pas fait, parce que vous
n'avez jamais imaginé que la situation serait aussi mauvaise qu'elle
l'est.
M. Mathieu: Est-ce qu'il y a une recrudescence de dations, en
paiement, de reprises de terres par l'Office du crédit agricole depuis
l'année 1982? Est-ce que vous envoyez des avis de 60 jours?
Pourriez-vous me dire le nombre, en 1981 et 1982, d'avis de 60 jours
expédiés et de reprises de terres effectuées? On ne parle
pas des gars qui ont fait faillite, là.
M. Garon: Pour l'année 1981-1982, pour l'Office du
crédit agricole - je ne parle pas des gens qu'on n'a pas eus dans nos
dossiers, qui ont fait des affaires de leur bord et qu'on ne connaît pas
- l'Office du crédit agricole a eu 28 faillites en tout. Vous disiez
tantôt que dans le boeuf c'est épouvantable. Savez-vous combien il
y en a eu dans le boeuf? Il y en a eu deux.
M. Mathieu: Le contrecoup n'est pas encore arrivé.
M. Garon: Les prix montent actuellement. On ne peut pas avoir de
contrecoup quand les prix montent. 28 faillites en tout. Je vous dis bien, sur
les 23 500 dossiers, des dations en paiement, des ventes au shérif, 20.
Le total est de 48. Dans une situation épouvantable...
M. Mathieu: II y a combien d'avis de 60 jours de
donnés?
M. Garon: II n'y en a pas.
M. Mathieu: II y a des clients qui sont venus me dire qu'ils
avaient reçu des avis de 60 jours la semaine dernière.
M. Garon: Voyez-vous, il y a un peu plus de faillites en
proportion des prêts à la société. La
société a 25 faillites. En 1981-1982, il y a eu 28 faillites
parmi les emprunteurs de l'office, sur les 23 500 qu'on a à l'encours,
28 000 faillites. À la société, sur 7500 dossiers, il y a
25 faillites.
M. Mathieu: II a dit 28 000 faillites. M. Garon: Quoi?
M. Mathieu: Vous avez dit 28 000 faillites.
M. Garon: 28 faillites. M. Mathieu: Ah bon!
M. Garon: 28 faillites sur 23 500 dossiers à l'office.
M. Mathieu: C'est plus rassurant comme cela.
M. Garon: À la société, sur 7500 dossiers,
il y a 25 faillites. Pourquoi? Parce que son taux d'intérêt est un
peu plus élevé.
M. Mathieu: Je n'aurai pas d'autre question, M. le
Président. Je voudrais remercier... (14 h 45)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Garon: J'aimerais dire juste un mot. Il faut arrêter de
laisser entendre que le secteur agricole est en faillite; ce n'est pas exact.
Au contraire, c'est un secteur qui montre actuellement un dynamisme incroyable
malgré les difficultés économiques.
M. Mathieu: Cela va bien!
M. Garon: Je ne dis pas qu'il n'y a pas des gens qui ont des
difficultés. Il y a des gens qui ont des difficultés, mais
qu'est-ce que vous voulez que je fasse? Ce n'est pas moi qui dirige la
politique monétaire.
M. Mathieu: Est-ce que ce serait mieux?
M. Garon: Achetez donc un coeur à M. Trudeau et
envoyez-le-lui par la poste!
M. Mathieu: Le vôtre est-il à vendre?
M. Garon: Si vous achetiez un coeur à M. Trudeau, vous lui
donneriez ce que ses parents ne lui ont pas donné et, à ce
moment-là, il pourrait peut-être comprendre ceux qui ont des
difficultés financières à cause des taux
d'intérêt d'environ 20%. Il n'aurait pas décoré de
l'Ordre du Canada M. Bouey le 15 décembre 1981.
M. Mathieu: J'ai su qu'il était à la veille de vous
décorer.
M. Garon: Qui?
M. Mathieu: M. Trudeau va vous décorer de l'Ordre du
Canada.
M. Garon: Je ne suis pas intéressé!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: Évidemment, comme député rural,
j'ai, à l'occasion, des cas qui me sont soumis concernant l'Office du
crédit agricole. Il y en a un qui m'a été soumis
dernièrement et, même si c'est un cas bien spécifique,
j'aimerais en parler puisque cela peut déborder sur d'autres cas. Cela
touche un peu ce que disait le député de Beauce-Sud.
C'est quelqu'un qui est dans le domaine de l'acériculture. On
sait - on aura l'occasion d'en parler dans le programme 5 -que ce domaine
connaît de sérieux problèmes par les temps qui courent. Mme
Marcel Viens - je nomme la dame - de Sainte-Claire m'a soumis son cas, bien
heureuse d'avoir pu bénéficier d'un crédit forestier
administré, je pense, par l'Office du crédit agricole. Comme la
production s'est plutôt mal vendue au cours de l'année 1981 et,
pour une deuxième année consécutive, l'année 1982,
elle fait face à des difficultés appréciables pour
respecter l'échéance de son paiement qui était dû,
je crois, au mois de février.
J'aimerais savoir, de la part du ministre ou encore du président,
s'il existe des possibilités d'arrangement pour aider quelqu'un qui
pense pouvoir remettre le montant d'argent dû à l'office mais qui
ne peut pas, dans un court laps de temps, respecter ses obligations sans
être obligé d'emprunter dans une institution privée. Quels
sont les arrangements qui pourraient être pris dans ce sens-là?
Comme on peut le faire, par exemple, si on est détenteur d'une
hypothèque à la caisse populaire, il y a parfois moyen de prendre
arrangement, d'étaler le paiement sur un plus grand nombre
d'années en attendant des jours meilleurs.
M. Garon: Le président de l'office me dit que l'office le
fait couramment lorsque les gens vont voir le représentant du
crédit agricole à son bureau. Ils refont un mode de financement
avec les gens pour tenir compte de leur situation.
M. Lachance: À ce moment-là, on s'adapte à
la situation ou y a-t-il une règle générale?
M. Garon: Chaque cas est traité différemment,
chaque cas est traité comme un cas d'espèce.
M. Lachance: Donc, il y a possibilité d'un dialogue avec
l'emprunteur?
M. Garon: Oui.
M. Lachance: Je vous remercie. Une autre question et, pour moi,
ce sera tout. Cela concerne les délais pour l'étude des dossiers
au crédit agricole. L'an dernier, je présume qu'il y avait une
espèce d'engouement; en tout cas, certains problèmes
soulevés ont causé ce phénomène. J'ai eu l'occasion
d'être sensibilisé à l'étude de certains dossiers
qui avaient été présentés en juillet. On leur
disait qu'une réponse serait donnée en novembre. Je me demande si
ce délai est normal ou si c'est une situation exceptionnelle.
M. Mathieu: Le taux d'intérêt était pour
changer.
M. Garon: En fait, l'an dernier, on a fait traiter certains
dossiers en priorité, ceux du porc, par exemple, à cause de
difficultés. Comme ceux-là étaient en difficulté,
cela a retardé certains autres dossiers. On me dit que le délai
moyen est de 95 jours pour traiter un dossier.
M. Lachance: Est-ce un délai moyen qui a été
observé sur un certain nombre d'années?
M. Garon: Pour toute l'année.
M. Lachance: Au cours de la dernière année?
M. Garon: Au cours de la dernière année.
M. Lachance: Maintenant, vous savez...
M. Garon: Cela veut dire tout, à partir de la demande
jusqu'à la fin. Il arrive parfois que ce sont des délais... Je
vais vous dire une chose. J'ai vérifié plusieurs dossiers. Des
plaintes arrivent au bureau et on vérifie les dossiers pour savoir
à quoi sont dus les retards. Je vais vous dire une chose: souvent, ce
n'est pas à cause de l'office. Je vais vous donner un exemple: si
l'office écrit et demande tel acte, le notaire prend un mois pour
l'envoyer, alors l'office a un mois de plus de retard. Ce n'est pas à
cause de l'office. C'est que l'office a attendu le contrat que le notaire a
envoyé. Parfois, le notaire l'envoie un mois après. Pourquoi?
Parce que les postes ont pris quinze jours pour faire parvenir la lettre au
notaire et elles ont pris quinze jours pour la retourner. Vous savez que les
postes, aujourd'hui, ne
sont pas ce qu'elles étaient autrefois. Quand les timbres
coûtaient 0,05 $, le courrier nous parvenait en moins de 24 heures.
Maintenant, les timbres coûtent 0,30 $ et cela prend quinze jours. C'est
comme le bateau de la traverse. Quand j'étais petit gars, cela prenait
dix minutes pour traverser à Québec. Aujourd'hui, cela prend
quasiment une demi-heure.
M. Lachance: M. le Président, une dernière
question. Je m'excuse auprès de mon collègue de Huntingdon. Cela
ne sera pas long. Au cours de l'année 1981, comme c'est arrivé
sans doute à d'autres députés ici, je me suis fait
reprocher comme député que le gouvernement ait trop
prêté en particulier aux producteurs de porc. On s'est fait dire:
Ils n'auraient pas dû nous prêter parce qu'on ne serait pas dans la
misère aujourd'hui.
Actuellement, le porc a augmenté de façon substantielle.
Je ne pourrais pas vous dire à quel prix il est rendu
présentement, mais, en tout cas, cela devient intéressant.
J'appréhende le jour où il y aura des producteurs de porc
éventuels qui viendront me trouver pour me dire: On veut faire des
pressions auprès de l'Office du crédit agricole pour obtenir des
prêts pour se lancer dans la production du porc.
J'aimerais savoir du ministre quelle est la philosophie. Est-ce qu'on va
y aller? Est-ce qu'on va prêter dans ce sens-là ou si on va
être prudent?
M. Garon: Actuellement, le prix - ce matin, à Toronto -
est de 92,14 $ les 100 livres, c'est-à-dire environ 2 $ de moins
à Québec. Lundi, ce sera entre 89 $ et 90 $ les 100 livres sur le
marché du Québec. Je peux vous dire une chose. Depuis
déjà un bon bout de temps, j'ai parlé au président
de l'Office du crédit agricole et nous avons convenu qu'il n'y aurait
pas de nouveaux prêts pour des producteurs intégrés. Nous
ne mettrons pas en valeur l'intégration aux frais du crédit
agricole.
Alors, les instructions - l'Office du crédit agricole est
d'accord là-dessus - sont à l'effet de ne pas octroyer de
nouveaux prêts aux intégrés en intégration. Il va y
avoir des prêts aux intégrés pour devenir
indépendants ou encore aux producteurs, qui sont naisseurs ou
finisseurs, qui veulent devenir naisseurs-finisseurs, pour qu'il y ait moins de
manipulation des porcs parce qu'il y a moins de maladie à ce
moment-là. S'il y a des gens qui sont naisseurs et qui peuvent devenir
finisseurs. Là, cela complète. S'il y a des finisseurs qui
veulent devenir naisseurs, à ce moment-là, il n'y a pas de
trimbalage de porcs entre le naisseur et le finisseur. Les porcs ne changent
pas de ferme, donc moins de danger de maladie aussi.
Aussi, la première priorité, les premiers dossiers qui
vont être analysés - ils vont avoir les prêts en premier et
on va regarder cela encore de façon intensive dans les prochains jours
pour faire fonctionner cela -ce sont les producteurs de porc qui veulent
produire eux-mêmes leurs céréales. Au lieu d'être
dépendants des céréales, que ce soit une ferme à
100% sans sol pour que cela devienne de plus en plus une ferme avec sol. Si on
veut avoir une indépendance dans le domaine de la production porcine,
pour être moins dépendant des fluctuations et être vraiment
fort dans le secteur de la production porcine, il faut faire une étape
maintenant en avant qui consiste beaucoup plus à consolider la
production qu'on a déjà que de développer la production
actuelle. On est à 150% de notre autosuffisance au Québec. Alors,
on dit que les fermes devraient maintenant devenir de plus en plus des fermes
avec sol, c'est-à-dire des fermes qui... Si un producteur qui fait du
porc actuellement dit: Je veux acheter une terre sur laquelle je vais
étendre mon purin et je vais faire des céréales pour
nourrir mes porcs. C'est une ferme qui devrait avoir un prêt prioritaire
de l'office, à condition que la ferme soit rentable. Si c'est pour
devenir naisseur-finisseur, si un producteur finisseur veut devenir naisseur
également ou si un producteur naisseur veut devenir finisseur, ce sera
la deuxième priorité. Si l'intégré veut devenir
indépendant, cela aussi. Mais si c'est un intégré qui veut
accroître sa production ou quelqu'un qui est allé dans le porc et
qui veut devenir un intégré, il n'y aura pas de financement de
l'office.
M. Dupré: Sur le même sujet.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dubois: J'aimerais savoir...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: ... combien d'aspirants agriculteurs se sont vu
consentir un prêt l'an passé?
Une voix: Neuf. M. Dubois: Neuf. Une voix:Très peu.
M. Dubois: Est-ce que vous en consentez très peu ou
avez-vous très peu de demandes?
Une voix: Très peu de demandes.
M. Dubois: Les exigences sont-elles plus sévères,
compte tenu des revenus de la
ferme?
M. Garon: C'est la loi qui prévoit les conditions.
M. Dubois: Le maximum, c'est trois ans à travailler
à l'extérieur. Est-ce cela? Cinq ans? Vous ne prenez pas en
considération les revenus extérieurs pour les cinq années
pendant lesquelles le producteur jouit du titre d'aspirant. Ce sont strictement
les revenus de la ferme qui sont pris en considération pour le futur,
puisque, pendant ces cinq premières années à titre
d'aspirant, il reçoit des revenus extérieurs qui lui permettent
de développer sa ferme, d'acheter de l'équipement.
M. Garon: II faut que les aspirants deviennent à temps
plein au bout de cinq ans. Est-ce que cela vous intéresse?
M. Dubois: Cela pourrait m'intéresser, on ne sait jamais.
Je pourrais être agriculteur et en même temps siéger ici,
n'est-ce pas? Le ministre fait bien du blé d'Inde...
M. Garon: II faut avoir moins de 40 ans, cependant.
M. Dubois: Le ministre fait bien du blé d'Inde, je
pourrais bien semer autre chose, moi aussi.
M. Garon: Je pense que vous avez dépassé
l'âge limite.
M. Dubois: Ah! oui?
M. Garon: II faut avoir au maximum 40 ans.
M. Dubois: Ah! bien, j'ai 38 ans, c'est très bien.
M. Mathieu: II n'y a pas que vous qui êtes jeune.
M. Garon: Moi, je n'y avais plus droit.
M. Dubois: II avoue qu'il est vieux, déjà.
M. Garon: J'ai dépassé un petit peu l'âge
limite.
M. Dubois: J'ai un cas qui m'a été
présenté dernièrement: l'aspirant a un revenu
extérieur, il veut développer ses productions sur une ferme
où il y a assez d'acres pour faire sa vie plus tard de même que
dans la production porcine. Je comprends qu'actuellement ses revenus sont assez
faibles, mais si j'additionne ses revenus extérieurs, il peut quand
même faire ses paiements à l'Office, facilement, et vivre avec sa
famille. Mais, quand il aura quitté son emploi extérieur, il veut
augmenter sa production, il veut augmenter son nombre de porcs et puis, il a
essuyé un refus.
L'admissibilité d'un fonctionnaire à un
programme d'aide
M. Garon: II faut lui donner cinq ans pour s'organiser. Qu'est-ce
que vous pensez quand le Vérificateur général, dans son
dernier rapport, parle des fonctionnaires du ministère qui
bénéficient des mesures du ministère? J'aimerais
connaître votre opinion là-dessus. Vous me posez des questions, je
vais probablement vous en poser une couple.
M. Dubois: Est-ce que le ministre a un N sur sa voiture
personnelle?
M. Garon: Non, pas de N. M. Dubois: Non.
M. Garon: Mais le Vérificateur général
demandait si les fonctionnaires qui ont des avantages du ministère,
devraient, oui ou non, les avoir. Vous, là-dessus, qu'elle est votre
opinion?
M. Mathieu: Notre opinion, M. le Président, ce n'est pas
compliqué. Qu'une personne soit fonctionnaire, ici à
Québec, ou soit gérant d'une caisse populaire, ou professeur,
s'il a le statut d'agriculteur, qu'est-ce qu'il y a là? Il n'y a rien
là.
M. Garon: Non, c'est que le vérificateur disait qu'il y
avait eu des fonctionnaires qui avaient bénéficié des
avantages du ministère et que, dans ces cas-là, il se posait des
questions. J'aimerais connaître votre opinion.
M. Dubois: Si un fonctionnaire a une licence N sur son
automobile, je ne comprends pas très bien.
M. Garon: II n'y en a plus de N. Ne parlons plus des N.
M. Dubois: Non, mais c'est arrivé.
M. Garon: Ce ne sont pas les avantages du ministère. Les
N, c'est pour le ministère des Transports.
M. Dubois: Non, mais il reste quand même que c'est...
M. Garon: Je parle des subventions du ministère.
M. Dubois: ... un avantage gouvernemental. Mais est-ce que
c'est
normal, par exemple, que, dans le passé, il y ait eu des
fonctionnaires avec un N sur leur voiture, d'après vous, M. le
ministre?
M. Garon: Moi, je n'en ai pas vu.
M. Dubois: Vous n'en avez pas vu. Je sais qu'il y en a eu.
M. Garon: Je vous le demande, je vous posais la question, ne me
retournez pas la question, je vous pose la question.
M. Dubois: Non, je crois que s'il s'agissait de producteurs dans
le sens de la loi, où 50% et plus des revenus proviennent de la ferme,
je suis d'accord. À moins de cela, non. C'est personnel. Vous parlez
d'un fonctionnaire du ministère de l'Agriculture, c'est cela?
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Pour n'importe quel fonctionnaire, peu importe le
ministère. Si vous êtes fonctionnaire à plein temps...
M. Garon: Vous pensez qu'il devrait avoir droit aux
avantages?
M. Dubois: S'il est fonctionnaire à plein temps,
là, eh bien son travail à plein temps c'est d'être
fonctionnaire, c'est cela?
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Bon. Il ne peut pas être producteur à
plein temps et fonctionnaire à plein temps, cela ne se peut pas.
M. Garon: Vous, votre opinion, est-ce que quelqu'un qui est
fonctionnaire à plein temps, devrait avoir droit ou ne pas avoir droit
aux subventions du ministère?
M. Dubois: L'exercice de sa fonction, c'est quoi? C'est
d'être au ministère?
M. Garon: Oui.
M. Dubois: S'il touche 50% et plus de ses revenus de sa ferme,
cela, c'est une autre affaire. Mais cela arrive, je pense, assez rarement qu'un
fonctionnaire à plein temps va chercher plus de 50% de ses revenus sur
la ferme. Ce sont des cas tellement rares que c'est une question difficle
à trancher à ce moment-là, si la personne fait plus de
revenus sur sa ferme qu'à titre de fonctionnaire. En règle
générale, je pense que les fonctionnaires qui veulent
accéder aux postes d'agriculteurs ou "gentlemen farmer" n'ont pas un
revenu équilibré avec un revenu à titre de fonctionnaire.
Je pense que vous n'avez pas beaucoup de cas comme cela. Vous ne devez pas
avoir beaucoup de cas comme cela où le fonctionnaire toucherait un
revenu supérieur de sa ferme que dans l'exercice de sa fonction de
fonctionnaire.
M. Garon: Je pose la question pour avoir votre opinion.
M. Dubois: Je l'ai donné.
M. Mathieu: M. le Président, dans...
M. Garon: Vous, M. le député de Beauce-Sud,
avez-vous une opinion là-dessus?
M. Mathieu: Mon opinion, écoutez, je dis les lois sont
là. J'imagine que votre femme reçoit les allocations familiales
du Québec. Je n'y vois pas de conflit d'intérêts, si les
lois sont respectées. (15 heures)
M. Dubois: Quel est l'intérêt du ministre de poser
cette question? Votre opinion à vous, c'est quoi?
M. Garon: C'est parce que j'avais demandé des rapports du
Vérificateur général. Si vous lisez le rapport de l'an
dernier du Vérificateur général, il critiquait justement
le ministère à ce sujet, comme quoi...
M. Mathieu: Était-ce sur le principe même ou sur le
contrôle?
M. Garon: Non, sur le principe même, s'il pouvait y avoir
conflit d'intérêts. Il demandait un mécanisme
spécial dans ces cas...
M. Mathieu: Mais j'ai écrit...
M. Garon: ... mais quand on établit un mécanisme,
il faut établir aussi des balises.
M. Mathieu: J'ai écrit...
M. Garon: Je vous pose la question. Je ne vous pose pas une
question malicieuse. Je vous pose la question simplement... Je me pose la
question. On n'a pas encore tranché complètement la question,
mais on est en train d'en discuter. J'aimerais avoir votre opinion. Vous aimez
qu'on vous consulte. Vous êtes là. Je vous consulte.
M. Mathieu: Ah! Ah!
M. Garon: Dans votre esprit, est-ce que...
M. Mathieu: Vous prendrez vos responsabilités, M. le
ministre.
M. Garon: II ne faudrait pas que je vous consulte.
M. Mathieu: Mon impression, c'est que pour autant que... J'ai cru
comprendre dans le rapport du Vérificateur général qu'il
n'était pas contre le principe, mais qu'il voulait un contrôle
approprié, parce que c'est la même personne qui contrôle
l'obtention et la remise de la subvention, donc, l'admissibilité et la
remise. C'est une question de principe. Je n'ai pas cru que le
Vérificateur général était contre le principe, pas
plus qu'on peut dire que vous êtes en conflit d'intérêts si
votre épouse retire des allocations familiales du Québec.
M. Garon: Ce n'est pas pareil. C'est universel, les allocations
familiales, tandis que les subventions...
M. Mathieu: Tous vos programmes sont universels aussi, si
quelqu'un s'y rend admissible.
M. Garon: Oui, mais il y a quand même une
appréciation, tandis que les allocations familiales, c'est objectif. Il
n'y a pas d'appréciation du dossier. Ce que le Vérificateur
général a laissé entendre, c'est qu'il pouvait y avoir un
conflit d'intérêts ou une influence. C'est ce qu'il laisse
entendre dans ses principes.
M. Dubois: Vous pourriez tester le cas, M. le ministre, en ayant
600 acres de mai's sucré.
M. Garon: Non, non, je n'ai pas testé le cas.
M. Dubois: Peut-être que vous pourriez tester le cas. Vous
pourriez chercher peut-être 1% de salaire de plus avec votre maïs
sucré qu'avec votre poste de ministre. Là, on verrait ce qui
arrive.
M. Garon: Hein?
M. Dubois: Si vous alliez chercher 1% de plus de revenu avec
votre mai's sucré qu'avec votre poste de ministre, là on verrait
ce qui arrive. Là, on pourrait demander au Vérificateur
général de trancher la question.
M. Garon: Je parle d'une mesure, par exemple, de remboursement
des impôts fonciers. À ce moment-là, il s'agit d'une mesure
objective. La terre est cultivée ou n'est pas cultivée. Si elle
est cultivée, il y a un remboursement de 70% des taxes foncières
pour une zone agricole. Si elle n'est pas cultivée, il n'y a pas de
remboursement pour une zone agricole. C'est une mesure objective. La terre est
ou n'est pas cultivée, mais il y a des mesures pour les éleveurs
d'agneau, les éleveurs de mouton et les éleveurs de truite. Par
exemple, un directeur de service pourrait dire: Je veux me faire une
pisciculture. Il ferait une demande au crédit agricole et une demande de
subvention au ministère pour faire sa pisciculture. Que diriez-vous de
cela?
M. Mathieu: En principe, si c'est un domaine qui va venir combler
le manque d'autosuffisance du Québec, que la pisciculture soit faite
par... En est-on à cataloguer un agriculteur de bon et un autre de
mauvais parce qu'on veut mettre en valeur des ressources, des exploitations? Je
ne vois pas objectivement... Si on atteint le but que l'on recherche de mettre
en valeur, de produire davantage pour l'alimentation du Québec, que la
personne soit cataloguée bon agriculteur ou moins bon ou... Il ne faut
pas qu'on fasse des catégories. Qu'on fasse des normes objectives, des
normes de base minimales, des critères. Il ne faut pas non plus,
évidemment, qu'il y ait du détournement, mais...
M. Garon: Si M. Moreau disait, par exemple: Moi, cela me
tenterait, à un moment donné, dans quelques années, de
prendre ma retraite. Je ne dis pas cela parce que je le souhaite. Au contraire.
Mais s'il disait: Je souhaite prendre ma retraite éventuellement et je
voudrais me lancer dans l'élevage du boeuf. J'ai un peu d'argent et
j'aimerais me lancer dans l'élevage du boeuf. Il voudrait faire une
demande pour un parc d'engraissement et pour le crédit
d'aspirant-agriculteur et, dans cinq ans, venir à plein temps dans
l'agriculture. Que diriez-vous de cela?
M. Mathieu: Je n'ai rien contre cela en principe, mais...
M. Dubois: Quand il aura quitté son poste.
M. Garon: Non, non, aspirant, il faut qu'il soit à plein
temps dans cinq ans. Que diriez-vous de cela?
M. Dubois: Pour autant qu'il n'a pas de subvention
discrétionnaire, je n'ai rien contre cela.
M. Mathieu: Si ce sont des subventions statutaires...
M. Garon: II y a toujours une appréciation du dossier.
M. Dubois: Une subvention universelle sur l'octroi de
remboursement de 70% des taxes foncières et spéciales. À
ce moment, si la ferme est cultivée, je pense qu'il y a droit, parce que
c'est un projet universel pour toutes les fermes en production ou louées
à un producteur agricole.
M. Garon: Vous seriez d'accord?
M. Dubois: Je suis d'accord sur cela.
M. Garon: Tous les deux?
M. Mathieu: Êtes-vous d'accord sur cela?
M. Garon: Non, mais je me pose la question. Je vous le demande
honnêtement et je le demande à des fonctionnaires, parce que,
actuellement, nous sommes en train de nous demander quelle règle on doit
appliquer là-dedans. À un moment donné, je pensais dire:
Aucun fonctionnaire du ministère n'a droit aux mesures du
ministère. Il y a de hauts fonctionnaires qui m'ont dit: Vous êtes
peut-être un peu dur. Il y en a d'autres qui m'ont dit: Vous devriez
demander l'opinion du ministère de la Justice, qui déterminerait
si le fonctionnaire est en conflit d'intérêts ou non, parce qu'une
grande partie de l'agriculture ne se fait pas à temps plein, elle se
fait à temps partiel. Par exemple, quelqu'un qui aurait des ruches; on a
des programmes pour développer des ruchers. Un fonctionnaire peut avoir
des ruchers en travaillant le jour, il se fait piquer le soir et il travaille
le jour.
M. Mathieu: ... le lendemain...
M. Garon: Quelqu'un pourrait avoir une pisciculture. Est-ce qu'on
devrait dire que des fonctionnaires du ministère de l'Agriculture ou des
organismes relevant du ministère de l'Agriculture sont
complètement exclus ou s'ils ont accès à ces programmes et
dans quel cadre? Je ne vous dis pas cela comme une question vue de l'esprit, on
est en train de discuter ces questions et on est en train de se demander quelle
politique on va adopter là-dessus, parce que le Vérificateur
général a soulevé la question dans son dernier
rapport.
M. Dubois: Un fonctionnaire serait difficilement en conflit
d'intérêts s'il rejoint un programme universel, qui s'applique
à tout le monde. Si une subvention discrétionnaire est
attribuée dans des cas particuliers, je comprends que le fonctionnaire
ne devrait pas y avoir droit, mais un programme universel, je ne crois pas.
M. Garon: Une subvention pour un parc d'engraissement dans le
boeuf, considérez-vous cela discrétionnaire ou non, quand il y a
un programme?
M. Dubois: C'est basé sur un programme, mais si le
fonctionnaire est dans l'administration du programme, cela peut devenir un
conflit d'intérêts, tandis qu'un remboursement de 70% sur une
ferme en production, ne peut pas le placer en conflit
d'intérêts.
M. Garon: C'est objectif, être en production ou non.
M. Dubois: II y a des cas qui peuvent être litigieux, c'est
possible. De toute façon, je pense que la première forme d'aide
que cette personne aurait serait le remboursement de 70% en partant, au moins
pour la première année.
M. Garon: Si M. Charbonneau, qui a déjà eu une
pépinière - je vous donne un exemple - disait: J'ai envie de
retourner dans mon coin, dans le bout de Châteauguay, et de me lancer
dans une pépinière, j'ai envie de commencer une
pépinière pendant les prochaines années et d'obtenir le
prêt d'aspirant-agriculteur, qu'est-ce que vous diriez de cela? Il peut
venir un temps, dans cinq ans...
M. Dubois: II répond à un programme existant et
où il y a des normes précises?
M. Garon: Oui.
M. Dubois: C'est assez difficilement discrétionnaire pour
autant qu'il répond aux normes absolues.
M. Mathieu: M. le Président, il y a de la démagogie
facile qui se fait là-dessus.
M. Garon: C'est justement pourquoi je vous pose la question, pour
avoir votre opinion.
M. Mathieu: Prenons un cas de plantation d'arbres de
Noël...
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: ... il me semble que si on en a besoin et que le
ministère ou l'office décidait d'encourager peu importe, la
production d'arbres de Noël, qui a le droit de produire? C'est l'arbre qui
compte, peu importe le propriétaire, me semble-t-il. Si, dans un
programme d'autosuffisance, par exemple, on dit: On a besoin de parcs
d'engraissement de boeuf, la personne se qualifie. C'est bien sûr qu'on
va prendre les précautions pour qu'il n'y ait pas de conflit
évident d'intérêts. Je vous le dis sincèrement,
à la lumière des choses que nous connaissons dans le moment, je
ne verrais pas de quoi crier au scandale. C'est bien sûr que cela peut
prêter à de la démogagie facile. Mais si on a besoin d'une
surproduction dans tel domaine, est-ce qu'on va établir des
catégories d'agriculteurs: c'est un bon, c'est un moins bon, c'est un
pas bon. Sur quelles normes va-t-on se baser pour les
cataloguer, si on dit: un tel n'est pas admissible, un tel est
admissible. L'individu qui se lance dans le programme, il va normalement mettre
sa chemise au jeu. S'il ne s'en occupe pas bien, si la maladie se met dans cela
ou peu importe et qu'il s'en désintéresse, il va se ruiner,
normalement; le gars ne sera pas millionnaire. Il va avoir un certain
intérêt à ce que cela aille bien, pour avoir un rendement
de son avoir, de ses investissements. Je comprends que cela peut prêter
à de la démagogie facile, mais, objectivement, on ne fera pas de
scandale là-dedans.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
Moratoire pour les régions de L'Assomption,
Yamaska et l'Achigan
M. Dupré: M. le Président, comme le ministre l'a
dit tantôt, l'office a consenti quelques prêts pour aider les
intégrés à devenir indépendants. Dans les
régions de L'Assomption, Yamaska et l'Achigan, il y a un moratoire...
L'Office du crédit agricole a consenti des montants pour aider les
intégrés à devenir indépendants. Il y a eu quelques
cas, vous en avez mentionné tantôt, et c'est là-dessus
qu'on s'oriente. Allez-vous tenir compte du moratoire qui existe dans les
régions de L'Assomption, Yamaska et l'Achigan?
M. Garon: Que voulez-vous dire? Au point de vue de
l'environnement?
M. Dupré: Oui.
M. Garon: La condition de l'Office du crédit agricole,
c'est toujours d'avoir un permis du ministère de l'Environnement. Quand
le ministère de l'Environnement donne un permis, c'est le
ministère de l'Environnement qui administre ce permis, pas nous. Si,
après cela, on dit que le gars n'a pas respecté son permis, ce
n'est pas nous qui surveillons cela. L'Office du crédit agricole, depuis
le début... J'ai eu beaucoup de représentations et, après
en avoir parlé avec le président de l'office, les gens disaient:
Oui, mais ce n'est pas votre affaire, les permis de l'environnement. Un
instantl Si une banque vous prêtait de l'argent et s'il y avait un permis
à obtenir pour être en règle, la banque vous le
demanderait. Dans ce temps-là, il n'y avait pas d'institution
financière privée dans le prêt agricole, c'était
l'office qui prêtait directement aux agriculteurs. On a convenu que
l'office avait raison de demander un permis. On leur a dit: Ne changez rien,
continuez comme ça.
L'office demande un permis du ministère de l'Environnement. Le
ministère de l'Environnement dit: Vous voulez prendre telle disposition
pour protéger l'environnement, on est d'accord sur votre devis, on vous
donne un permis. Si, après cela, quelqu'un ne respecte pas son devis,
ça ne dépend pas de nous, c'est au ministère de
l'Environnement à surveiller son propre permis et à sévir
si le gars n'a pas respecté son permis. On n'administre pas
l'environnement à la place du ministère de l'Environnement, on
n'a pas le droit. Tout ce qu'on peut faire, c'est d'exiger le permis du
ministère de l'Environnement.
M. Dupré: S'il y a déjà un permis
d'octroyé à l'intégrateur, pour devenir
indépendant, est-ce qu'il doit demander un autre permis?
L'intégrateur a déjà une porcherie, il y a des porcs
là. Est-ce que l'indépendant doit faire une nouvelle demande au
ministère de l'Environnement?
M. Garon: Les deux sont sur le même pied. Il s'agit d'une
exploitation agricole. S'il veut développer son exploitation, il y a des
marges prévues dans le règlement actuel du ministère de
l'Environnement. Par exemple, concernant la vache laitière, si ma
mémoire est bonne, on peut augmenter de 25% sans avoir un permis
additionnel. Il y a des normes prévues. Si, pour développer la
production animale, il y a un permis additionnel à demander au
ministère de l'Environnement, l'office va dire: Vous devriez vous
conformer au règlement pour obtenir votre prêt.
M. Mathieu: Je crois deviner sa question, M. le Président.
Supposons qu'un cultivateur intégré veut devenir
indépendant... S'il est finisseur, il va demeurer finisseur, il n'y a
pas de problème. Mais, s'il est finisseur et s'il veut avoir une
maternité, ça lui prend un permis supplémentaire du
ministère de l'Environnement, et c'est là que le moratoire vient
faire obstruction.
M. Garon: J'ai l'impression que ce qui sera plus difficile, ce
sera un naisseur qui voudra devenir finisseur. Là, le fumier sera un peu
plus considérable. Tandis que, si vous êtes un finisseur et voulez
devenir en même temps un naisseur, la quantité de fumier est
beaucoup moins importante. L'espace que vous libérerez sans doute
quelque part pour entrer des truies, il y aura des porcelets... À ce
moment-là, normalement, il n'y a pas une grosse augmentation de fumier,
de purin.
M. Dupré: C'est là-dessus que je voulais attirer
votre attention. Compte tenu que les sommes dans la recherche demeurent
minimes, 225 000 $ à l'environnement par année, comparativement
aux millions qu'on dépense pour les usines d'épuration et de
filtration...
M. Garon: Oui.
M. Dupré: Hier, je pense que vous avez mentionné
300 000 000 $. Est-ce que vous parliez de millions additionnels pour
l'agriculture dans nos crédits ou si ce sont les mêmes
millions?
M. Garon: II s'agit de sommes différentes. 225 000 $
à l'environnement et je peux vous dire que, prochainement, nous aurons
un projet conjoint au ministère de l'Environnement et au
ministère de l'Agriculture. Ce que je souhaiterais, au fond, si le
ministère de l'Environnement est d'accord, c'est qu'on évolue
vers cette formule. Mais eux parfois poursuivent des fins qu'on ne poursuit
pas. Le ministère de l'Environnement a ses fins particulières. Ce
qui est souhaitable, c'est que, pour un grand nombre de projets, nous
travaillions conjointement avec le ministère de l'Environnement.
Prochainement, si nous avons l'approbation du Conseil du trésor, nous
allons financer conjointement un projet pour une partie, une subvention
importante du ministère de l'Environnement et du ministère de
l'Agriculture, les deux sur un pied d'égalité, et le promoteur.
Il s'agit d'un projet très intéressant et on va se mettre tous
ensemble. (15 h 15)
C'est intéressant pour nous parce qu'il va y avoir des engrais et
différentes formules d'engrais là-dedans. Pour le
ministère de l'Environnement, il est intéressant de voir ce qui
va se faire avec les liquides. On a donc un intérêt conjoint.
Parfois, il s'agit pour le ministère de l'Environnement de faire des
tests qui n'intéressent pas véritablement le ministère de
l'Agriculture, qui a parfois besoin de faire certaines recherches dont le
ministère de l'Environnement n'a pas besoin, par exemple, sur des
questions de rentabilité, etc.
Idéalement, on devrait faire plus de projets et on a
commencé à avoir des projets de recherche conjoints
là-dedans.
M. Dupré: En somme, le but de mon intervention
était d'attirer l'attention sur le moratoire qui existe dans nos coins
sur ces trois rivières parce que c'est tout de même d'une
extrême importance pour nous autres.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: ... pour conclure avec M. Moreau, j'aimerais juste
parler des lois que vous administrez à l'Office du crédit
agricole. Je crois qu'il y a la loi de la banque de terres. Pourriez-vous nous
repasser brièvement les lois qui sont administrées par l'Office
du crédit agricole?
M. Garon: C'est pour ça que nous songeons,
immédiatement après l'adoption de la loi sur les jeunes
agriculteurs, à commencer la refonte.
M. Mathieu: Qu'est-ce que vous appelez la loi sur les jeunes
agriculteurs? Est-ce que cela a rapport avec les 50 000 $ sans
intérêt pour cinq ans?
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Ah bon! Comme ça, ce projet n'est pas
abandonné.
M. Garon: Cela n'a jamais été abandonné. Le
Parti québécois a toujours respecté tous ses
engagements.
M. Mathieu: C'est parce que cela faisait partie de votre discours
inaugural l'année passée et cette année aussi.
M. Garon: Oui, mais l'année n'est pas finie.
M. Mathieu: Mais la date pour déposer les projets de loi
est passée, par exemple. C'était le 1er juin.
M. Garon: On en a déposé quatre.
M. Mathieu: Mais celui-là n'y était pas, à
notre grand désappointement.
M. Garon: Et si on en changeait un qui est déposé
contre celui-là?
M. Mathieu: Amenez-le, on ne fera pas d'obstruction.
M. Garon: On pourrait faire un échange, on en a quatre
à adopter avant le 24.
M. Mathieu: On a autant hâte que vous.
M. Garon: Parmi ces quatre-là, il y en a peut-être
un qui presse moins que les autres.
M. Mathieu: Où sont passés les projets de loi?
M. Houde: Vous devez avoir eu le temps de regarder les
priorités dans les quatre projets de loi que vous avez
présentés. Je posais la question, le ministre peut y
répondre.
M. Garon: II y a la Loi sur le crédit agricole, la Loi
favorisant le crédit agricole
à long terme par les institutions privées, la Loi
favorisant l'amélioration des fermes, la Loi favorisant le crédit
à la production agricole, la Loi favorisant un crédit
spécial pour les producteurs agricoles au cours de périodes
critiques, la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles, la
Loi sur le prêt agricole, la Loi sur le crédit forestier.
M. Mathieu: Et la banque des terres?
M. Garon: Ce sont des programmes. Quant au
réaménagement foncier et à la banque des terres, il s'agit
de programmes. La banque des terres c'est en vertu de la Loi du
ministère de l'Agriculture...
M. Mathieu: C'est ça.
M. Garon: ... dont la gestion est confiée à
l'Office du crédit agricole.
M. Mathieu: Est-ce que cette gestion est en marche?
M. Garon: Ce n'est pas encore en marche pour la raison suivante.
Il y a un ensemble d'affaires là-dedans. On vient d'adopter la Loi sur
les terres publiques agricoles qui concernera des milliers de lots. Il y a
actuellement ce qu'on appelle les blocs homogènes qu'on a faits pour le
territoire du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. Il y a des échanges de
lots entre le ministère de l'Agriculture et le ministère de
l'Énergie et des Ressources.
J'ai rencontré des gens d'autres régions et il n'est pas
impossible qu'on commence à faire des échanges de terrains et de
terres publiques avec le ministère des Terres et Forêts dans
d'autres régions.
Il y a actuellement des discussions difficiles mais qui avancent
tranquillement avec le ministère des Transports pour les parcelles de
lots d'expropriation, les surplus de lots d'expropriation. Le programme de la
banque de terres est prêt, il s'agit de le faire fonctionner en y mettant
des fonds, mais avant ça on a dit: Travaillons avec les dizaines et les
centaines de milliers d'acres qui sont déjà la
propriété du gouvernement, qui ne coûtent rien et qu'il
s'agit d'affecter.
C'est pour ça qu'on a adopté la Loi sur les terres
publiques agricoles et il s'agit de faire un ménage dans tout
ça.
M. Mathieu: D'ici à deux ou trois ans, j'imagine que le
ménage sera fait et que ce sera en vigueur.
M. Garon: Je ne fixerai pas de date parce que la Loi sur les
terres publiques agricoles a été adoptée. Maintenant, il y
a le règlement qui doit être adopté. Il s'agit d'une oeuvre
considérable, il s'agit de plusieurs dizaines de milliers de lots. C'est
un problème qui est séculaire, il a presque 200 ans. Je ne sais
pas si cela va prendre deux ans, trois ans ou cinq ans pour le régler,
mais on va commencer à régler, cette année, un certain
nombre de quelques centaines de lots.
M. Mathieu: Je propose l'adoption du programme 6, M. le
Président.
M. Garon: Du programme 2.
M. Mathieu: Pardon, du programme 2. M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain a demandé la parole.
L'établissement des jeunes agriculteurs
M. Gagnon: Juste avant, sur un sujet qui a été
touché tantôt, au sujet des 50 000 $ sans intérêt
pour cinq ans. J'ai posé la question au leader, ce matin, à
savoir si, en vertu de l'article 34, ce projet de loi serait adopté au
cours de cette présente session. Si j'ai bien compris la réponse
du leader, il a dit: Le ministre devra nous en parler s'il veut faire adopter
cette loi, et suivant les questions aussi de l'Opposition j'ai l'impression
que, même... Est-ce qu'il nous écoute, le ministre?
M. Garon: Votre dernier bout?
M. Gagnon: Au sujet des 50 000 $, il semblerait aussi que
l'Opposition accepterait, même si la date limite pour déposer des
projets de loi est passée, d'après ce qu'on entend dire, il
semblerait que l'Opposition accepterait. Moi, j'insiste beaucoup pour que ce
projet de loi soit déposé, et si possible, adopté avant la
fin de la présente session. Je connais quantité d'agriculteurs
qui, actuellement, sont sur le point d'acheter une ferme ou d'acheter la ferme
de leur père et compte tenu que cela a été annoncé
attendent ces 50 000 $ pour poser le geste.
Si on ne peut pas l'adopter ce printemps et qu'on retarde à
l'automne, j'ai l'impression que cela retardera un certain nombre
d'agriculteurs à s'établir. Est-ce que M. le ministre, vous
êtes disposé à présenter ce projet de loi, et si on
avait l'accord de l'Opposition, est-ce que ce serait possible de le faire
adopter avant la fin de la présente session?
M. Garon: Moi, ce que j'ai l'intention de proposer, j'en ai
parlé au leader du gouvernement tout à l'heure, et je ne peux pas
violenter l'Opposition ce serait antidémocratique étant
donné...
M. Mathieu: Ce n'est pas dans vos
habitudes.
M. Garon: Je ne violente jamais l'Opposition, mais s'ils sont
d'accord, il y a quatre projets de loi qui ont été
déposés le 1er juin et on pourrait dire qu'un des quatre demande
que la commission parlementaire siège pour recevoir des mémoires
sur la loi du producteur agricole. On pourrait retarder l'adoption de la loi du
producteur agricole pour nous permettre de siéger plus tranquillement
plutôt qu'au mois de juin, où cela serait dans le brouhaha et puis
adopter la Loi favorisant l'établissement des jeunes agriculteurs pour
les 50 000 $ sans intérêt pendant cinq ans...
M. Mathieu: Qu'est-ce que vous attendez?
M. Garon: Si l'Opposition est d'accord, moi je pourrais
déposer le projet de loi rapidement.
M. Mathieu: M. le Président, il y a un peu de fumisterie.
Hier, le ministre aurait pu déposer ce projet de loi; cela ne fait
même pas vingt-quatre heures. Mais qu'est-ce qu'il attend pour le
déposer? Vous savez, M. le ministre, tout ce qui intéresse le
développement de l'agriculture nous intéresse au plus haut point.
On l'a réclamé; cela fait un an qu'on vous le réclame.
Quand allez-vous le déposer? Il nous dit, le lendemain de la date limite
du dépôt...
M. Gagnon: C'est moi qui avais la parole.
Le Président (M. Boucher): M. le député
de...
M. Garon: ... si l'Opposition veut collaborer.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. le député de Beauce-Sud?
M. Mathieu: Ce qui nous intéresse, c'est le bien commun
des agriculteurs, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Champlain n'avait pas terminé son intervention.
M. Gagnon: M. le Président, je n'avais pas terminé,
je n'ai pas fait une intervention pour que le député de
Beauce-Sud commence à faire de la politique avec cela...
M. Mathieu: M. le Président, question de
règlement.
M. Gagnon: Cela ne peut pas faire un an qu'il le demande. Cela
fait un an qu'on l'a promis, à la dernière campagne
électorale.
M. Mathieu: Question de règlement.
Le Président (M. Boucher): Question de règlement,
M. le député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Si je suis intervenu, c'est parce que le
député de Champlain m'a mis en cause.
M. Gagnon: Absolument pas, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: J'ai même dit que, suivant les contacts que
j'avais eus avec l'Opposition, il semblerait qu'il n'y aurait aucune
difficulté à le faire. Je ne l'ai pas mis en cause. J'ai dit:
Suivant les contacts que j'ai eus, je demandais au ministre: Si l'Opposition
acceptait, est-ce que ce serait possible de présenter et d'adopter ce
projet de loi avant la fin de la session?
M. Mathieu: Si je prends le programme 2...
M. Garon: M. le Président, tout simplement, c'est que le
député de Champlain a pris la bonne foi du député
de Beauce-Sud à témoin. Je sais à quel point le
député de Champlain et les députés du caucus
agricole du Parti québécois m'ont supporté tout le long de
l'élaboration de ce projet de loi, sur lequel nous avons
travaillé à plusieurs reprises, et que le caucus des
députés du Parti québécois a été
d'accord avec les députés du caucus agricole du Parti
québécois et aussi que les députés ont vraiment
fait leur travail. Nous avons travaillé ensemble avec l'Office du
crédit agricole et le ministère pour que le projet de loi soit
préparé. Maintenant, si on pouvait avoir la collaboration de
l'Opposition pour l'adoption... Je ne voudrais pas qu'elle nous change un
projet de loi en disant: On va adopter la loi sur les jeunes agriculteurs, mais
on n'adoptera pas la Loi sur la mise en marché des produits agricoles,
parce que je sais que le député de Brome-Missisquoi, dans le
caucus libéral, va faire des pressions contre cette loi. Si on peut
bénéficier, comme on pourra le voir dans les prochains jours, de
la collaboration du Parti libéral, cette loi pourra être
adoptée sans doute avant l'ajournement.
M. Gagnon: D'ailleurs, M. le Président, la suggestion du
ministre tantôt, je la trouve extrêmement intéressante. Une
de ces lois, qui est sur le statut du producteur, va
demander une commission parlementaire et on tient à entendre des
intervenants sur cette loi. Je pense que la suggestion que vient de faire le
ministre... Vu qu'il y a quatre projet de loi de déposés, on
pourrait faire un échange et retarder peut-être celui-ci sur le
statut du producteur, la commission parlementaire pourrait être tenue au
cours de l'été et on pourrait l'adopter à l'automne.
M. Garon: À l'automne?
M. Gagnon: À l'automne en fait; de toute façon
tenir la commission parlementaire au cours de l'été.
M. Garon: C'est parce qu'au mois d'août, c'est le temps des
vacances en France et le député de Beauce-Sud est un adepte de la
France. On ne peut pas lui couper ses vacances en France au mois
d'août.
M. Mathieu: Je suis toujours disponible pour le bien de la classe
agricole, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rousseau.
Une voix: Programme adopté.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rousseau.
M. Blouin: Je suis heureux d'entendre cela, M. le
Président. Avant d'adopter ce programme, juste pour terminer sur ce
sujet, je dois dire que j'ai rencontré les représentants de
l'UPA, il y a quelques semaines, qui, eux aussi, ont très fortement
insisté sur ce programme d'allocation aux nouveaux agriculteurs et je
pense que si on peut faire des compromis minimaux, et l'Opposition a l'air
prête à en faire... j'insiste, moi aussi, au nom des producteurs
agricoles, pour que ce projet de loi ait priorité sur un autre et que
celui qu'on peut retarder soit retardé, pour que celui-ci soit en
vigueur le plus rapidement possible.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Houde: M. le Président, je n'ai pas eu souvent
l'occasion de voir un ministre nous demander quel projet de loi on va
déposer plutôt qu'un autre. Je n'ai pas vu cela souvent, cela fait
un an et quelques mois...
M. Blouin: C'est parce que vous êtes nouveau.
M. Houde: Tu es aussi nouveau que moi, toi. Cela fait un an et
quelques mois...
M. Garon: Question de règlement. J'aimerais que le
député de Berthier vouvoie les gens de la commission, parce que
cela fait partie des règles du parlementarisme. C'est une mauvaise
habitude que vous avez de tutoyer les gens.
M. Houde: Qu'est-ce que cela vous enlève, M. le
ministre?
M. Garon: Hier on a été témoin d'un langage
un peu vulgaire...
M. Houde: Très bien, excusez-moi, M. le
député de Rousseau.
M. Garon: ... que j'ai trouvé déplacé.
J'aimerais que les gens respectent les règles du parlementarisme,
traitent les autres membres avec respect, c'est-à-dire les vouvoient et
soient polis quand ils parlent.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Houde: M. le Président, j'ai toujours respecté
tous mes confrères d'en face comme ceux de chaque côté de
moi. Cela ne m'est jamais arrivé de les "maganer", jamais cela n'est
arrivé, mais le député de Rousseau...
Une voix: On se connaît bien.
M. Houde: ... parce qu'on se connaît bien, c'est justement
la raison pour laquelle... M. le ministre, je ne l'ai jamais tutoyé,
excepté lorsque je me suis trompé, et je m'excuse si je l'ai
tutoyé...
Le Président (M. Boucher): De toute façon, vous
vous adressez toujours au président.
M. Houde: Au président, c'est d'accord, c'est bien, M. le
Président.
Une voix: Vouvoyez-le s'il vous plaît!
M. Houde: À plusieurs reprises... Tantôt le
député de Champlain disait que cela ne fait peut-être pas
un an ou presqu'un an. Cela fait bien plus d'un an. D'abord le gouvernement est
élu depuis le 13 avril 1981. Que je sache, cela fait quasiment quatorze
mois. Cela a été promis durant la campagne électorale, et
la campagne a duré au moins 30 jours. À quelques reprises j'ai
rencontré des jeunes agriculteurs qui m'ont dit: Qu'est-ce qu'il attend
pour déposer cette loi? J'ai rencontré la
fédération de l'UPA, de Laurentides-Lanaudière le 26 mai
passé et on m'a fait encore la même demande. Ils ont dit:
Qu'est-ce qu'il attend pour la déposer? J'ai dit: À chaque fois
qu'on a la chance de faire une intervention en Chambre, nous lui
demandons ce qu'il attend pour penser aux jeunes cultivateurs. La
relève de demain, c'est important pour nous dans un comté rural.
C'est pour cela qu'aujourd'hui je n'ai pas d'objection d'adopter les quatre
projets de loi et d'en ajouter un autre par-dessus. On va les prendre tous les
cinq pour le bien des cultivateurs du Québec; on est pour cela,
l'agriculture.
Une voix: Parlez-vous au nom de votre parti?
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député.
M. Houde: Je parle au nom du parti, ne soyez pas inquiets.
D'abord la mission agricole est ici.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Alors, programme 2, M. le
député de Bonaventure, leader de l'Opposition. (15 h 30)
M. Levesque (Bonaventure): Merci, M. le Président. Je
viens d'entendre des propos du ministre et cela touchait un peu les fonctions
que j'occupe comme leader parlementaire de l'Opposition. Je n'aime pas laisser
passer ces choses. On peut en rire ou on peut en pleurer. Chose certaine, M. le
Président, hier c'était le dépôt des projets de loi
que le gouvernement voulait voir -c'était la dernière
journée hier - adoptés d'ici l'ajournement d'été.
Jamais, le leader parlementaire du gouvernement ne m'a fait part qu'il aimerait
déposer un autre projet de loi, celui qu'on vient d'évoquer, et
jamais le leader parlementaire du gouvernement ne m'a demandé un
consentement à ce sujet. Alors, je suis bien surpris de voir qu'on
implique l'Opposition dans une discussion du caucus du Parti
québécois. Que le gouvernement- prenne ses
responsabilités, qu'il nous fasse part des projets de loi qu'il a
l'intention de déposer. Rien n'empêche le gouvernement d'ailleurs
de déposer le projet de loi. Le seul consentement dont le gouvernement
aura besoin éventuellement, c'est d'adopter la troisième lecture,
parce que notre règlement prévoit qu'un projet de loi qui n'est
pas déposé avant le 31 mai - et nous avons donné notre
consentement pour prolonger cette date jusqu'au 1er juin... Il est entendu que
ces projets de loi qui sont déposés après le 31 mai ou le
1er juin, le cas échéant, eh bien, que ces projets de loi ne
peuvent pas être adoptés en troisième lecture,
c'est-à-dire l'étape finale, à moins d'un consentement
unanime de la Chambre. Le projet de loi n'a pas été
déposé jusqu'à ce jour. Jamais ne m'a-t-on demandé,
par les voies normales, de donner un consentement à cet effet.
Je suggère donc simplement au ministre de déposer son
projet de loi. Je suis convaincu que, s'il est de la qualité qu'on lui
attribue du côté du gouvernement, je comprends bien que nous
allons y souscrire. Il faut au moins qu'on le voie, par exemple. Je ne vois pas
pourquoi on enlèverait des projets de loi pour remplacer
celui-là, s'il est aussi simple qu'on le dit. Si c'est simplement pour
donner de l'argent, cela ne prend pas bien des pages pour cela, j'imagine. Le
ministre - et c'est son droit -s'il veut le déposer, qu'il le
dépose, que les membres de l'Assemblée nationale en prennent
connaissance et, s'il y a un consentement unanime pour aller jusqu'à
l'étape finale, je ne vois pas ce qui empêche le ministre d'agir.
Je ne voudrais pas qu'on implique l'Opposition à ce stade, si l'on n'est
pas prêt.
Chose certaine, c'est que, si le gouvernement avait eu l'intention de
déposer ce projet de loi - il se dit disposé aujourd'hui - il
n'avait qu'à le déposer hier. Bien voyons! Il faut être
sérieux. Alors, si le gouvernement, par contre, a des difficultés
budgétaires, ce qui ne me surprendrait pas, pour dire franchement,
là, c'est une tout autre question. Je comprends que le ministre peut
avoir des problèmes du côté du Conseil du trésor. On
ne peut pas me cacher cela, j'imagine, parce que c'est une conversation
absolument continue ces jours-ci. Cela me surprendrait bien que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation soit une exception
parmi ses 24 autres collègues qui, également, ont des
problèmes du côté du Conseil du trésor. Maintenant,
que le gouvernement prenne ses responsabilités, nous les prendrons
lorsque la situation se présentera, si elle se présente.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. Mathieu: M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, est-ce que c'est adopté?
M. Mathieu: Je veux faire motion pour que mon collègue de
Vaudreuil-Soulanges puisse intervenir comme intervenant, en remplacement du
député de Richmond, M. Vallières.
Le Président (M. Boucher): À l'étude des
crédits, M. le député de Beauce-Sud, tous les
députés ont le droit de parole.
M. Mathieu: Parfait!
M. Garon: M. le Président, vous ne remplacez plus le
député de Charlevoix? Hier, vous remplaciez le
député de Charlevoix; là, vous remplacez le
député de
Richmond.
M. Mathieu: Bien, on en a plusieurs.
M. Garon: Vous en avez plusieurs qui ne viennent pas; est-ce que
c'est cela que vous voulez dire?
M. Mathieu: Ils sont pris ailleurs.
Développement des pêches
maritimes
M. Levesque (Bonaventure): Je vous ferai remarquer, M. le
Président, que le ministre sait fort bien que nous voulons aborder un
autre sujet à l'intérieur de son ministère,
c'est-à-dire le domaine des pêcheries, et le député
de Vaudreuil-Soulanges, qui est tout près des lieux de pêche, m'a
demandé s'il pourrait intervenir. Alors, je suis bien d'accord. Je suis
bien content que le député de Vaudreuil-Soulanges
s'intéresse aux pêches. D'autant plus que je le félicite;
trop de nos collègues oublient, parce qu'ils n'ont pas cette
expérience des pêches, le secteur des pêcheries. Je suis
très heureux que le député de Vaudreuil-Soulanges s'y
intéresse comme il veut s'y intéresser.
M. Garon: Je vous dirai quelque chose, M. le Président. Je
suis encore plus content que le député de Bonaventure,
étant donné que c'est le député le plus proche du
lac Ontario, le lac contaminé, qui contamine l'anguille et même
les Américains nous ont dit que le saumon, c'est le lac Ontario.
J'espère que le député de Vaudreuil-Soulanges, qui a des
influences dans le Parti libéral, va sensibiliser son collègue,
M. Roméo LeBlanc...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Mon collègue?
M. Garon: ... du fédéral, à la
dépollution du lac Ontario...
M. Mathieu: Le fédéral s'en vient. Attachez vos
ceintures.
M. Garon: ... la dépollution du lac Ontario. Vous savez
qu'actuellement il y a des articles qui ont été écrits
dans le Soleil, affirmant que le mirex a contaminé le lac Ontario et
qu'il n'y a eu aucune action de prise par le gouvernement
fédéral. Aux États-Unis, on m'a même dit qu'on
trouvait cela un peu scandaleux.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, je m'excuse.
Est-ce que le programme 2 est adopté?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Boucher): C'est parce qu'on a commencé à
parler de pêches, il faudrait sauter au programme 10. Programme 10.
Le développement des pêches maritimes.
Continuez M. le ministre, vous étiez parti.
M. Garon: Vous savez que c'est un problème important. J'ai
fait faire des compilations qui vont me parvenir incessamment. Une partie de
notre service de l'inspection des aliments a pris des relevés sur les
poissons. Vous savez que les poissons se promènent, surtout les poissons
qui font des migrations. Le lac Ontario est contaminé depuis un certain
nombre d'années. Je suis content que le député de
Vaudreuil-Soulanges s'intéresse à la pollution, parce que c'est
lui qui est le plus à l'ouest de tous les députés, son
comté touche même la frontière de l'Ontario. S'il
s'intéresse à ce problème des poissons, il va pouvoir
faire des représentations au gouvernement fédéral pour la
décontamination du lac Ontario...
M. Mathieu: Vous devriez en faire vous-même.
M. Garon: ... et surtout avertir les consommateurs lorsqu'il y a
des problèmes comme ceux-ci. Le degré de contamination des
poissons du lac Ontario et qui sortent du lac Ontario est très
élevé.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, avec le
consentement de la commission puis-je demander, étant donné
l'emploi du temps très serré du député de
Vaudreuil-Soulanges, qu'on lui permette d'aborder le sujet qu'il voulait
aborder ici?
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a consentement?
Oui.
M. Mathieu: Consentement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges. Vous pouvez y aller.
Construction de bateaux
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le
Président.
C'est très loin du lac Ontario que se situe le problème
que j'aimerais apporter à l'attention du ministre aujourd'hui. C'est
partiellement à la suite d'une visite sur la Côte-Nord, à
Sept-Îles, l'automne dernier. J'avais eu l'occasion, avec d'autres
collègues, de prendre contact avec les gens de la région et
d'être mis au courant d'un programme qui n'existe pas vraiment dans
mon comté, en l'occurrence la pêche en haute mer et le
programme de construction de bateaux. Dans ce projet, j'essayais de voir
comment je pourrais aider les gens de la Côte-Nord. Déjà,
à l'occasion d'une question avec débat qu'on avait
soulevée, certains de mes collègues et moi-même, à
l'Assemblée nationale, sur la situation économique de la
Côte-Nord, nous avions eu l'occasion de permettre à des ministres
de prendre des engagements à l'endroit de certains programmes et projets
qui tendraient éventuellement à amenuiser le sort
extrêmement difficile fait aux gens de la Côte-Nord depuis
plusieurs mois.
Un de ces engagements avait l'heur de faire l'affaire du
député de la région là-bas, le comté de
Duplessis. J'ai rencontré le député depuis. Il m'a
également confirmé les renseignements que j'avais sur
l'état d'un dossier particulier à l'intérieur du programme
de construction de bateaux de plus de 35 pieds. Je remarque que le
député de Duplessis a déjà fait des interventions,
et il a déjà déploré les lenteurs administratives
à son sens inconcevables qui ont frappé ce dossier alors qu'un
contrat de construction de bateaux et de prêt était intervenu le
29 avril 1981, et cela dans les jours qui ont suivi l'élection de l'an
dernier. Malgré la signature de ce contrat, malgré le fait qu'il
semblerait que la construction ait tout de même progressé
substantiellement depuis ce temps, même si le pêcheur a
manqué sa saison l'an dernier, c'est évident qu'il est en voie
à ce moment de continuer à manquer la saison de pêche dans
laquelle nous nous trouvons. Il s'agit du cas, j'aimerais le soulever
nommément, de M. Laurent Fortier, de Sept-Îles, membre d'une
famille de pêcheurs avantageusement connus de la Côte-Nord. Ils
sont reconnus comme des pêcheurs compétents. En avril 1981, il a
signé pour lui-même, évidemment, avec deux autres parties,
un contrat de construction et de prêt. Est intervenue comme constructeur
une société du nom de Fiberco qui faisait partie de la liste,
autant que je sache, des constructeurs homologués du ministère
à l'époque. À tout événement, si Fiberco
n'était pas homologuée, à ce moment-là, le
représentant du ministère, M. Raymond Moore, qui avait
signé au nom du ministère, n'avait pas souligné le fait
que cette société pouvait ne pas être homologuée,
donc, être incapable de satisfaire aux normes que le ministère
fixe pour la protection des pêcheurs et du ministère.
J'aurais aimé, à ce moment-ci, solliciter du ministre ses
commentaires sur l'état de ce dossier pour voir quelles sont les
chances, à très brève échéance, que M.
Fortier puisse prendre possession du bateau qu'il a commandé et
solliciter, par la même occasion, une explication - à moins que je
ne comprenne pas véritablement la façon dont les renseignements
complémentaires ont été livrés à
l'Opposition - pour savoir comment il se fait que, depuis le 29 avril 1981,
date de la signature du contrat, on n'a jamais fait référence,
dans des documents officiels, à l'existence même de ce contrat ou
au fait que M. Fortier s'était prévalu du programme de prêt
sans intérêt que le ministère avait mis à la
disposition des pêcheurs afin d'assurer la relance de cette industrie
dans cette région.
Je ne veux pas parler au nom du député de Duplessis, c'est
entendu, mais je réitère que ce problème très
particulier a été sur son bureau assez longtemps. Je crois savoir
- je n'ai aucune raison d'en douter -qu'il s'est donné beaucoup de peine
afin d'obtenir des renseignements de la part du ministère et il ne
semble pas qu'on puisse faire aboutir ce dossier de façon satisfaisante
dans l'intérêt d'un pêcheur qui a cru que les
représentations du ministère, à l'époque, avaient
une valeur à laquelle il pouvait accorder beaucoup de crédit.
C'est l'objet de ma question.
M. Garon: Je ne pourrai pas en parler longuement pour la raison
suivante: On m'a avisé qu'une poursuite a été
signifiée le 28 mai 1982 entre le demandeur, Laurent Fortier, qui est le
pêcheur qui voulait faire construire un bateau, et la firme Fiberco
Canada Ltée. C'est devant les tribunaux, actuellement. Justement, il
allègue des retards à la construction du bateau. Je ne voudrais
pas avoir de problèmes de sub judice. Je ne voudrais pas parler du cas
en soi, mais on peut parler en général.
Habituellement, la procédure de contrat pour la construction de
bateaux est celle-ci. On demande des soumissions. Quand une soumission est
faite, on base notre subvention sur la plus basse soumission. S'il y a sept ou
huit entreprises qui soumissionnent, celui qui a la plus basse soumission,
c'est sur ce montant qu'on calcule la subvention du ministère à
35%. Le pêcheur, par la suite, est libre de faire faire son bateau par
l'entreprise qui a fait la plus basse soumission ou par quelqu'un d'autre, mais
il n'aura pas une subvention plus forte que celle basée sur le montant
du plus bas soumissionnaire.
S'il arrive qu'il choisisse une entreprise qui prend plus de temps...
Personnellement, je ne suis pas très heureux de certaines constructions
qui, à mon avis, prennent trop de temps. J'ai souligné au
ministère que nous prendrions des dispositions pour hâter la
construction des bateaux. En cours de construction, des avances sont faites aux
chantiers maritimes; les avances faites sont peut-être trop fortes. Je me
demande même si on ne doit pas aller jusqu'au point... Il y a des
fonctionnaires qui me disent que ce serait peut-être trop fort, mais je
me pose
la question. Ce qu'il faut protéger là-dedans, c'est le
pêcheur qui doit avoir son bateau dans les délais voulus. Je pense
même qu'il n'est pas impossible à l'avenir qu'on retienne les
avances et que le montant soit payé lorsque le bateau sera livré.
Je ne suis pas content de la façon actuelle de procéder de
certains chantiers, des lenteurs de certains chantiers dans la construction des
bateaux. Je ne me réfère pas à ce cas particulier, c'est
un cas d'espèce, mais à la situation en général.
Dès cette année, il y aura des mesures de prises pour que les
chantiers livrent leurs bateaux plus rapidement. (15 h 45)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est intéressant.
J'aimerais savoir quel genre de mesures vous pouvez prendre pour obliger
quelqu'un à exécuter ses obligations rapidement.
M. Garon: Le gouvernement donne des subventions et fait des
prêts. Il y a des paiements en cours de construction. Si les montants qui
sont payés sont payés surtout quand le bateau est livré
selon les plans, je pense que la firme va être incitée à
produire son bateau beaucoup plus rapidement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quant aux allégations
dont j'ai fait état au début et qui émanaient des
acheteurs éventuels, c'était pour équipage de pêche.
Je me demandais si le ministre a des commentaires. L'entrepreneur qui
était partie au contrat original d'avril 1981 était une
société qui, après vérification, je trouve cela
étrange, compte tenu du libellé de la demande en Cour
supérieure, semblait à l'époque ne pas détenir de
charte, comme la raison sociale le laisserait soupçonner. Fiberco Canada
Ltée est donc une société évidemment
constituée en société à fonds social, à
capital social. Je me demandais, dis-je, si le ministère avait des
renseignements à l'effet contraire de ceux que j'ai reçus de la
part des parties impliquées, des pêcheurs.
M. Garon: On me dit que la compagnie Fiberco Canada Ltée
obtient des contrats de bateaux et que parfois elle fait faire une partie de
ses bateaux en sous-traitance. Une partie, cela arrive
régulièrement dans les chantiers maritimes. On me dit même
que la compagnie Fiberco Canada Ltée a même fait des bateaux pour
le gouvernement fédéral également. Dans ce cas, il s'agit
de relations contractuelles qui ne sont pas entre le ministère et
l'entreprise, mais véritablement entre le pêcheur et
l'entreprise.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Même si,
évidemment, le ministère est partie à l'acte à
cause du mécanisme de prêt qui est consenti. Donc, pour l'instant,
on va évidemment tenir compte du fait extrêmement nouveau d'une
demande en Cour supérieure, d'une part. D'autre part, je prendrais acte
pour transmission aux contribuables qui m'ont fait état de ce
problème que le ministère entend - pour l'avenir ou pour ce cas,
c'est ma question en même temps - voir à accélérer
les phases de livraison et d'exécution complète des contrats. Je
veux bien croire que, pour les années à venir, on modifiera le
processus de paiement alors qu'évidemment la construction est en marche,
mais quant à ce cas particulier dont je ne m'explique toujours pas
l'absence de la liste ici...
M. Garon: Probablement parce que c'est un bateau qui se situe
surtout au programme 1981-1982. Au fond, c'est un bateau qui, à toutes
fins utiles, est terminé ou est censé être terminé
d'une journée à l'autre. On a fait le relevé des bateaux
qui sont en contruction à même le programme 1982-1983, vous n'avez
pas les bateaux 1981-1982. Autrement, le député de Beauce-Sud
nous aurait dit qu'on se vante que, pour faire plus de volume dans la
construction des bateaux, on mettait 1981-1982 deux fois et maintenant
1982-1983, alors, on a seulement mis 1982-1983.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous l'aurais
souligné moi aussi.
M. Garon: Pardon?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous l'aurais
souligné moi aussi.
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Quand les pêcheries
ont été transférées chez nous, il n'y avait pas
beaucoup de normes, il n'y avait aucune norme véritable pour la
construction des bateaux. La première chose que j'ai faite, ce fut de
mettre... Tout cela était négocié de gré à
gré entre les fonctionnaires et les entreprises. Il n'y avait vraiment
aucune méthode. Ce que j'ai fait faire, c'est un système
d'homologation des chantiers par une firme indépendante qu'on dit avoir
une renommée là-dedans, la firme Véritas, le bureau
Véritas, qu'on dit avoir une renommée dans l'homologation
d'entreprises. On a fait une procédure d'homologation des chantiers
maritimes. Deuxièmement, on a établi un système de
soumissions. Il n'y avait pas de système de soumissions dans le secteur
des pêches. On a fait établir un système de soumissions et
j'ai demandé aux fonctionnaires de travailler sur... Oui. Depuis l'an
dernier, on a des bons d'exécution, parce que j'ai dit: Si on avance des
sommes d'argent - j'étais un peu craintif à cause des taux
d'intérêt qu'on connaît actuellement - en cours de
construction, je ne veux pas me retrouver avec un bateau à moitié
construit et la firme en faillite. J'ai
demandé aux fonctionnaires de préparer des dispositions et
on a décidé d'établir un bon de garantie, parce qu'on
craignait de se retrouver, a un moment donné, avec des avances de
faites, une coque vide et une entreprise en faillite. Aujourd'hui, les
entreprises qui soumissionnent doivent fournir un bon de garantie et la
prochaine étape -comme je vous le disais - c'est que... Je peux vous
dire que j'ai visité des chantiers, il y a peut-être un mois,
parce que des pêcheurs m'avaient dit que la construction des bateaux
prenait un peu de temps dans les chantiers maritimes. J'ai demandé qu'on
révise les avances qui sont faites aux chantiers car, si on fait moins
d'avances, le chantier va avoir intérêt à finir la
construction plus rapidement pour recevoir son argent.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord. Une dernière question: Dans la mesure où
l'existence de la demande en Cour supérieure laisserait de la place au
ministère pour aider, dans ce cas-là, le pêcheur qui est en
voie de manquer une deuxième saison de pêche, sur demande du
contribuable, du pêcheur, du bénéficiaire de ce programme,
le ministère entend-il s'engager à lui donner un coup de main
pour accélérer toutes les procédures à tous les
niveaux possibles et imaginables?
M. Garon: Essentiellement, la poursuite est une demande en
dommages pour retard dans la livraison. À ce moment-là, si la
poursuite réussit, normalement, les dommages vont être
comblés et j'imagine que, si la poursuite ne réussit pas, c'est
parce que le tribunal aura établi qu'il n'y a pas de dommages. J'ai
l'impression que la poursuite va tenir compte un peu de la situation. Il s'agit
de subventions de 35% sur des bateaux et de prêts sans
intérêt sur 90% du solde. Sur le bateau lui-même, il n'y a
pas véritablement un coût additionnel. Il s'agit plutôt d'un
manque à gagner. Si le pêcheur a son bateau au début de la
saison, il peut pêcher, il peut pêcher plus longtemps. Je ne veux
pas trop parler de ce cas, parce que c'est un cas qui est devant les
tribunaux.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Gaspé.
M. LeMay: Oui, M. le Président. Je suis pleinement
d'accord avec le député de Vaudreuil-Soulanges pour dire qu'il y
a parfois des retards dans la livraison des bateaux. Lors d'une
conférence de presse, M. le ministre, une conférence de presse
téléphonique - et d'ailleurs, je vous félicite de la
formule, cela permet de rejoindre tout le monde en territoire maritime...
M. Mathieu: C'est la meilleure.
M. LeMay: ... c'est une très bonne formule - vous aviez
dit, lors d'une de ces conférences...
M. Garon: M. le député, ne dévoilez pas mes
formules.
M. LeMay: Pardon?
M. Garon: Ne dévoilez pas mes formules. L'Opposition va
faire pareil.
M. Mathieu: On n'a pas assez de budget, nous autres.
M. Garon: Cela ne coûte pas cher.
M. LeMay: Vous disiez, lors d'une de ces conférences de
presse, que, pour accélérer la livraison des navires, il y aurait
peut-être lieu d'inclure à l'intérieur des contrats une
pénalité pour la compagnie qui pourrait être de X dollars
par jour et qui pourrait la forcer à respecter son contrat et la date
d'échéance.
M. Garon: On a pensé à cela, mais c'est un des
aspects qui sont regardés par... J'aimerais que le député
de Johnson reste assis parce que cela concerne encore le même sujet et
cela peut l'intéresser.
Une voix: Vaudreuil-Soulanges.
M. Garon: Oui, Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est une erreur commune!
M. Garon: On a regardé cette affaire et, en tout cas, je
ne sais pas ce que les avocats du contentieux vont dire. Je me rappelle que
quand j'en ai parlé pour la première fois, on m'a dit que ce ne
serait peut-être pas si praticable qu'on le pensait, pour la raison
suivante: Lorsqu'on fait un plan de bateau, le pêcheur fournit un plan et
la soumission est faite sur ce plan. Mais il est très rare qu'il n'y ait
pas un certain nombre de modifications, en cours de construction. Et comme il y
a des modifications en cours de construction, l'entrepreneur pourrait
facilement se défendre en disant s'il y a un retard, c'est à
cause du pêcheur qui m'a demandé telle et telle modification.
Remarquez bien qu'on regarde toutes les hypothèses actuellement.
Mais moi, je pense que celle qui peut être la plus rentable, c'est que,
si vous faites beaucoup moins d'avances, si, au lieu d'avoir 80% ou 90% des
avances lors de la construction, vous ne faites seulement que 40% des avances
lors de la construction et 60% lors de la livraison. Je vais vous dire que cela
va peser à la bonne place, cela va peser sur le
vrai coeur de l'entreprise pour que cela aille vite.
M. Lemay: M. le ministre, ces clauses à l'intérieur
d'un contrat, on les rencontre lors d'une construction d'immeubles, par
exemple, où un contracteur peut être pénalisé.
À l'intérieur de la construction d'un immeuble, il y a presque
toujours des changements qui s'effectuent et on négocie les
délais. Alors, cela pourrait être la même chose entre le
pêcheur et l'entreprise?
M. Garon: Ce n'est pas impossible, on regarde cela.
L'hypothèse que vous soulignez est une des hypothèses
envisagées. Mais je voudrais souligner une chose, par contre. Ce ne sont
pas toutes les entreprises qui ont des retards. Il y a même des
entreprises qui sont en avant sur leur temps, des entreprises qui sont
très rapides. J'ai vu un contrat récemment dont j'ai
été vraiment surpris de la rapidité: trois mois
après. Même, il y a des bateaux qui ont été
construits presque en dedans de deux mois. Il y a des entreprises dans le fibre
de verre, par exemple, qui ont construit très rapidement des
bateaux.
M. Lemay: Les moules sont faits.
M. Garon: Alors, on ne peut pas généraliser
là-dessus. Mais, je pense qu'il faut véritablement
accélérer la construction des bateaux. Il faut que les
entreprises qui s'engagent pour une date, doivent livrer le bateau à
cette date.
M. Lemay: Et je pense qu'il va falloir beaucoup insister
là-dessus, parce qu'une saison de pêche, ça commence au
mois d'avril et ça finit avec le froid: octobre ou novembre et un
pêcheur ne peut pas se permettre de perdre un mois, vu qu'il a quand
même des obligations financières à rencontrer qui sont
très importantes. Si son bateau arrive un mois plus tard, eh! bien, un
mois de pêche, vous savez ce que cela peut représenter au point de
vue financier.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bonaventure.
Le chantier de Paspébiac
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, avant de
quitter la question de la flotte, puis-je demander au ministre s'il est
maintenant en mesure de me fournir les renseignements qu'il m'avait promis l'an
dernier? Il me disait qu'il pourrait me les fournir dans les quelques jours
suivants, si ma mémoire est fidèle. On peut retourner au journal
des Débats, je pourrais le faire venir. Relativement au chantier
maritime de
Paspébiac, on se rappellera, M. le Président...
M. Mathieu: Vous le savez par coeur...
M. Levesque (Bonaventure): ... on se rappellera que le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries, de l'Alimentation, avant les
élections de 1981, était venu en catastrophe à la
Baie-des-Chaleurs. Il n'avait pas fait de conférence de presse
téléphonique. Il était venu lui-même. Il avait cru
qu'il était urgent de venir informer la population de cette excellente
nouvelle: la réouverture des chantiers maritimes de Paspébiac. Et
le communiqué de presse qui accompagnait sa visite - évidemment
parce que la presse, c'est bien important - donnait tous les détails: le
nombre de bateaux qui seraient construits, la longueur des bateaux, la nature
des bateaux, en fibre de verre; c'était beau de voir cela. Tant
d'employés. (16 heures)
II est surpris le ministre, il est surpris, il se rappelle fort bien cet
événement, j'en suis convaincu Ha! bien là, il s'accroche
pour voir s'il avait bien donné le nombre de bateaux. Disons qu'il n'a
pas dit le nombre de bateaux, il a donné la nature du bateau: en fibre
de verre. Il avait même dit que le nouveau chantier, peut-être
Chaleurs 2000, je ne me rappelle pas du nom. Je pense que c'est la compagnie
Chaleurs 2000 avec qui il avait transigé et avec qui il avait
signé des contrats de dix ans. C'était merveilleux. À la
veille des élections, M. le Président.
Lors de l'étude des crédits, au printemps dernier,
à cette même époque, le ministre m'avait dit qu'il y avait
eu - je voyais qu'il n'y avait rien après les élections -
certaines petites difficultés. Je lui ai posé des questions,
à savoir s'il avait réellement examiné la situation
financière des gens avec qui il avait fait affaires. Finalement, il
m'avait promis certains documents, dans les jours suivants, que je n'ai pas
vus, évidemment.
Est-ce que le ministre a résilié ce contrat parce que,
évidemment, les chantiers sont fermés plus que jamais? Ce n'est
certainement pas nous, à Paspébiac, qui causons les retards dans
la livraison des bateaux. Je voudrais bien savoir, M. le Président, ce
que le ministre a fait. Est-ce qu'il a pris des mesures et quelles mesures
a-t-il prises, qu'elles soient administratives ou autres? Est-ce qu'il a joint
les gens avec qui il faisait affaires avant les élections? Est-ce qu'il
y a eu certains contacts avec eux? Est-ce qu'on a réclamé des
dommages? Si je me rappelle bien, le communiqué de presse, on avait
même des modifications très urgentes à faire dans l'usine.
Enfin, je vais le laisser parler pendant qu'il consulte. Je pense que ce n'est
pas sa priorité no 1 parce qu'il n'a pas l'air au courant. Ce n'est
peut-
être pas sa priorité no 1 parce qu'il n'a pas l'air au
courant.
M. Garon: Non. Le service juridique a entrepris des
procédures de résiliation puisque les actionnaires se sont
chicanés. Vous savez, cela arrive souvent en Gaspésie; je
remarque que les gens se chicanent. J'ai remarqué, par exemple, que les
chicanes entre Grande-Rivière et Gaspé, c'est quasiment une
tradition; c'est comme les inondations dans la Beauce, autrefois.
M. Levesque (Bonaventure): Ce n'était pas un type de
Sept-Îles que vous aviez rencontré?
M. Garon: C'étaient des promoteurs ils devaient s'associer
à des gens de la place qui étaient associés au projet.
Finalement, les trois actionnaires se sont chicanés et le projet n'a pas
fonctionné. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse là-dedans? On
a pris le projet tel qu'il était et on leur a fait de bonnes conditions
et ils devaient construire des bateaux de telle ou telle nature. Alors, on leur
a loué le chantier. Maintenant, ce qui arrive, pas toujours, mais c'est
comme des actionnaires dans une compagnie... C'est comme les ménages:
parfois, le jour des noces, c'est parfait, mais après, ce n'est pas
toujours pareil.
M. Levesque (Bonaventure): Je comprends. Avant les
élections, c'est une chose et, après les élections, c'est
autre chose.
M. Garon: Non.
M. Levesque (Bonaventure): Bien oui.
M. Garon: Vous savez...
M. Levesque (Bonaventure): Si vous aviez pris vos
précautions, comme on dit...
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Je ne les ai jamais
rencontrés ces gens-là personnellement. Ils ont rencontré
des fonctionnaires et ils ont proposé leur projet. Maintenant, je suis
content que le député de Bonaventure me dise, quand des gens
viennent faire des projets dans son comté, de prendre double
précaution. Je vais le faire à l'avenir et on va être
prudents. On va examiner les crédits des gens qui ont des projets ainsi
que leur degré d'amitié pour qu'ils puissent fonctionner entre
eux.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, les gens du
comté de Bonaventure, contrairement à ce que laisse entendre le
ministre, sont des gens qui ont justement la réputation de tenir parole.
Je pense que si le ministre fait une petite enquête sur les personnes en
question, avec qui il a transigé, directement ou indirectement, il
s'apercevra que ce ne sont pas des gens de la qualité de ceux que l'on
retrouve généralement dans le comté de Bonaventure. S'il
n'a pas pris ses précautions, tant pis pour lui. Mais qu'il ne vienne
pas faire des annonces de ce genre, avec tout le battage publicitaire... Il
venait sauver... Il y en a plusieurs d'entre vous qui êtes venus nous
sauver. Plus vous nous sauvez, plus on cale.
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Les enquêtes ont
été faites dans le temps: des enquêtes de crédit
pour savoir si les gens étaient capables de faire fonctionner un
chantier. Que voulez-vous que je vous dise? Ce qui est arrivé, c'est un
conflit entre les actionnaires. Je ne suis pas maître d'un conflit entre
les actionnaires. C'est arrivé, un conflit entre les actionnaires qui a
fait que les actionnaires n'étaient plus intéressés
à travailler ensemble.
M. Levesque (Bonaventure): Vous ne seriez pas mieux d'attendre,
à ce moment-là, que les gens soient sur place? Le ministre me
fait penser à son collègue, l'ancien ministre des Affaires
sociales. Il est venu il y a trois ans lever la première pelletée
de terre de l'agrandissement de l'hôpital de Maria, c'est tout ce qu'il y
a eu,, une pelletée de terre. Il n'y avait rien là, il n'y avait
pas de soumissions de demandées, pas de plans de
complétés, pas de machinerie autour, rien.
M. Garon: Oui?
M. Levesque (Bonaventure): Quand le nouveau ministre a
été nommé, après les dernières
élections, j'ai rencontré le frère de mon collègue
de Vaudreuil-Soulanges, je le lui ai dit, et il a été surpris
probablement.
M. Garon: Puis?
M. Levesque (Bonaventure): Je lui ai fait cette
demande-là, lorsqu'il est sorti de son assermentation du Conseil des
ministres. Je l'ai attendu à la porte et je me suis dit: Je vais en
essayer un autre. Cela a pris du retard, cela a pris du temps, toute
l'année a encore passé, cela faisait deux ans qu'on attendait
depuis la pelletée. Cela a pris l'année 1981 et là, cela
vient de commencer et je suis très heureux de vous le souligner. Est-ce
que ce sera dans trois ans maintenant qu'on aura la réouverture du
chantier maritime ou si vous vous en occupez présentement?
M. Garon: J'espère comme député que si le
ministre responsable de la santé a eu des fonds pour l'hôpital de
Maria, il va en avoir aussi pour l'hôpital de Charny. Chez
nous, l'hôpital de Charny est demandé depuis de nombreuses
années.
M. Levesque (Bonaventure): Je connais bien l'hôpital de
Charny, ce sont les bonnes soeurs de Notre-Dame-de-Chartres qui sont là,
comme à Maria d'ailleurs.
M. Garon: Ah oui?
M. Levesque (Bonaventure): Ah oui. On va revenir aux
pêches, si le ministre le permet.
M. Mathieu: Dans le comté de Lévis, on met tout
l'argent sur des bureaux.
M. Garon: Je comprends mieux pourquoi une des religieuses que je
rencontre souvent et qui est à l'hôpital de Charny vient de la
Gaspésie.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, sûrement. Maintenant, si on
me permet, je vais...
M. Garon: J'essaie de la convertir.
M. Levesque (Bonaventure): ... quitter un peu...
M. Garon: J'essaie de la convertir.
M. Levesque (Bonaventure): Cela va! Bonne chancel
M. Garon: Pardon?
M. Levesque (Bonaventure): Bonne chance!
M. Garon: Oui, le succès est le fruit du dernier
essai.
Conflit de travail chez les
Pêcheurs-Unis
M. Levesque (Bonaventure): Je vais laisser, si vous le voulez,
des sujets qui me sont très chers, parce que, évidemment, plus on
est près d'un endroit comme le comté de Bonaventure... je
voudrais cependant aborder un sujet particulier et je reviendrai sur quelques
autres sujets qui affectent plutôt la Baie des Chaleurs.
Présentement, M. le Président, je suis convaincu que mon
collègue le député de Gaspé doit être
également inquiet de la situation. La situation, autrement dit, qui est
faite à nos pêcheurs, à nos ouvriers d'usine surtout, dans
des usines des Pêcheurs-Unis de Québec, la situation
financière des Pêcheurs-Unis est apparemment difficile, ils sont
en négocation avec des syndicats et apparemment ce sont toutes des
conventions séparées dans les six usines en question, et si je
comprends bien, il semble qu'il y ait là une impasse. Le ministre, c'est
ma première question, est-il au fait de la situation? Est-ce qu'il suit
cette situation? Elle est déplorable pour le moment au point de vue
économique et social et pourrait devenir très bientôt
désastreuse du moins pour la saison actuelle et peut-être avoir
des conséquences à plus long terme.
M. Garon: J'ai suivi la situation et j'ai eu certaines
déclarations aussi. Si la seule façon de voir la situation
financière d'une entreprise est d'essayer de la mettre en faillite, c'en
est peut-être une mais, à ce moment, il faudrait que les gens
prennent leurs responsabilités aussi. C'est un conflit privé, je
pense que les gens doivent être responsables. Si on réussit, par
une attitude donnée, à faire en sorte que l'entreprise ferme ses
portes, après cela, qu'on ne vienne pas nous voir pour nous dire qu'on
devrait remplacer l'entreprise. Les gens doivent agir avec un sens réel
des responsabilités. Je peux vous dire qu'actuellement, dans le secteur
des pêches, il y a des gens qui veulent prendre leurs
responsabilités et il y en a qui ne veulent pas; des changements
considérables vont s'opérer dans le secteur des pêches au
cours des deux ou trois prochaines années. Il y a des gens qui sont
prêts à travailler là-dedans à 100%, il y en a qui
ne veulent pas.
Moi, je peux vous dire une chose, comme protecteur aussi des
consommateurs, je n'ai pas le choix. Si le gouvernement fédéral
considère qu'au cours des prochaines années, cela ne le
dérange pas que les consommateurs ailleurs soient alimentés sans
tenir compte de la qualité du poisson, il le fera. Je peux vous dire une
chose...
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre a compris ce
dont je parle?
M. Garon: Oui, j'ai compris.
M. Levesque (Bonaventure): Je parle du conflit du travail
à Rivière-au-Renard et à Sandy Beach?
M. Garon: J'ai très bien compris. Vous allez voir
où j'en viens.
M. Levesque (Bonaventure): Pas à Sandy Beach, mais
à Newport.
M. Garon: Vous allez voir où j'en viens. C'est un
problème important. Actuellement, je l'ai dit à plusieurs
reprises, je l'ai dit l'année dernière, partout, les
marchés internationaux se resserrent dans le secteur du poisson. La
dépréciation des monnaies européennes fait qu'actuellement
toutes les entreprises de l'Est du Canada dans le secteur des pêches sont
en difficulté. La
pauvre qualité du poisson canadien fait qu'actuellement le
poisson canadien a des problèmes sur les marchés internationaux.
C'est évident que cela prend un certain courage sur le plan politique
pour prendre les décisions qui s'imposent. Au cours des dernières
années, le ministre fédéral des Pêches a
placoté et n'a pas pris les décisions qu'il aurait dû
prendre. C'est aussi clair que deux et deux font quatre. Aujourd'hui, il est de
notoriété internationale que le poisson de l'Est du Canada est de
pauvre qualité.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que c'est cela qui est la cause
de la grève présentement?
M. Garon: Un instant!
M. Levesque (Bonaventure): Je pose des questions bien
précises. Je ne veux pas avoir un cours d'économie politique sur
tel et tel sujet...
M. Garon: Ce n'est pas un cours d'économie politique.
M. Levesque (Bonaventure): ... ou une bataille
fédérale-provinciale.
M. Garon: Non.
M. Levesque (Bonaventure): Je demande si le ministre est au
courant d'une situation immédiate qui se pose.
M. Garon: Oui. Ce sont toujours des situations immédiates.
En politique, il y a des situations immédiates, il y a des situations
à moyen terme et à long terme. C'est justement le
député de Beauce-Sud ce matin qui disait: Comme ministre de
l'Agriculture et des Pêcheries, on doit toujours prendre des
décisions immédiates en ayant toujours une perspective à
long terme. Il a raison, le député de Beauce-Sud, quand il dit
cela. C'est pour cela que je dis: Quand les entreprises sont déjà
en difficulté à cause d'une situation internationale, à
cause d'un contexte historique et qu'en plus, il y a des conflits qui ne
peuvent pas se régler, parce que c'est quasiment une lutte à mort
entre deux institutions, il y a des gens qui vont payer pour cela. Si les gens
sont prêts à permettre cette lutte à mort, à aller
jusqu'au bout, il faudra qu'ils paient eux-mêmes les pots. Le
gouvernement ne va pas payer les pots à la place de tout le monde.
Actuellement, je trouve désastreux, dans une situation comme
celle-là, que la coopérative ne puisse pas s'entendre, à
Rivière-au-Renard, en particulier. Je trouve cela désastreux,
parce que, actuellement, la situation est difficile pour tout le monde dans le
domaine des pêches dans l'Est du Canada. Ailleurs, les gens peuvent
s'entendre, mais il semble qu'à cet endroit, c'est toujours impossible.
Les gens vont peut-être devoir décider s'ils veulent qu'il y ait
de la pêche à Rivière-au-Renard, s'ils veulent qu'il y ait
transformation du poisson à Rivière-au-Renard. C'est
peut-être la décision qu'ils devront prendre
éventuellement, parce que je pense que le débat va s'orienter
rapidement sur cela. Ce n'est pas une décision gouvernementale,
excepté qu'actuellement, ce que je lis dans les journaux, c'est que ce
sont les bailleurs de fonds, les Pêcheurs-Unis, qui commencent à
se poser des questions. Si les bailleurs de fonds des entreprises ou les
prêteurs des entreprises, qui sont eux-mêmes coopératifs,
commencent à se poser des questions et s'ils tirent la "plug"...
Une voix: En tout cas, s'ils les mettent en faillite...
M. Garon: En tout cas, s'ils tirent... Des voix: La
chaîne.
M. Garon: Non, s'ils tirent sur le fil, à ce moment, j'ai
l'impression que... N'oubliez pas qu'aujourd'hui, il n'y a plus deux
entreprises à Rivière-au-Renard, il y en a une seule, parce que
les Pêcheurs-Unis ont acheté Curadeau. A ce moment, il y a une
entreprise. Si les Pêcheurs-Unis se retirent de Rivière-au-Renard,
cela ne sera pas drôle pour la population de ce territoire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé.
M. LeMay: Oui, peut-être pour compléter le
renseignement que M. le ministre donnait, je me tiens en contact, M. le
député de Bonaventure, avec le ministre du Travail, M. Marois,
qui m'assurait hier que lui-même était en contact direct avec les
parties concernées, qu'il me tiendrait au courant de tous les
développements et que, d'ailleurs, une médiation avait
été offerte par le ministère du Travail pour régler
le conflit le plus rapidement possible.
M. Levesque (Bonaventure): Je pense que le député
de Gaspé a raison de souligner cela. D'ailleurs, on m'a dit aujourd'hui
- cela n'a pas été confirmé - que le ministère du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu nommait
aujourd'hui un conciliateur dans le conflit. Maintenant, je ne sais pas si cela
a été fait, tout ce que je souhaite, c'est que la conciliation
amène des résultats le plus rapidement possible et je demande au
ministre d'être très vigilant pour suivre la situation de
très près parce que le ministre a raison de dire que ça
peut être catastrophique. J'aurais un conseil à donner aux gens
qui écoutent ici et qui pourraient en rapporter quelque chose, c'est
que, quand
ça ferme, c'est difficile à ouvrir. C'est difficile
à ouvrir des usines, d'après mon expérience, mais, une
fois fermées, c'est encore pire à rouvrir. (16 h 15)
M. Garon: II y a une raison particulière aussi, c'est
qu'actuellement au Québec les usines - et on me dit que c'est encore
pire dans le territoire maritime de l'Est du Canada - opèrent à
60% de leur capacité de production. Cela veut dire que, demain matin,
certaines usines peuvent fermer au Québec et que le poisson peut
être traité quand même. Quand le ministre
fédéral des Pêches dit, et je ne le blâme pas sur cet
aspect-là - c'est un des points sur lesquels il parle mais il ne prend
pas action; mais il en parle - qu'il y a trop d'usines dans l'Est du Canada,
une des causes de la non-rentabilité des usines, c'est qu'elles
fonctionnent à un trop faible pourcentage de leur capacité de
production. Je pense qu'il a raison. Au Québec, on fonctionne à
60%. Si le volume augmente, et il peut augmenter davantage avec la zone des 200
milles, si on veut vraiment développer des marchés, avec
l'augmentation du prix du poisson et à cause de la
dépréciation des monnaies, le problème est très
simple au fond. Les monnaies étrangères se sont
dévaluées, et le dollar canadien est soutenu par le gouvernement
fédéral pour un ensemble de raisons. Alors, même quand le
poisson rapporte peu ici, il est cher là-bas. Où est-ce qu'on
vend actuellement en grande partie notre poisson salé? Le poisson
salé est mangé essentiellement dans les pays qui ne sont pas
riches. C'est la même chose pour le poisson qu'on dit
séché. Ce sont des méthodes d'autrefois et dans le temps
de Jacques Cartier on salait et séchait le poisson. On le vend surtout
dans les Antilles, en Italie, en Espagne. Ce ne sont pas des marchés
pour le homard.
Donc, la capacité de payer a certaines limites. Si on n'est plus
concurrentiel à cause d'un changement dans les taux de l'argent, on voit
alors les marchés se refermer. En plus, avec la zone des 200 milles, les
Russes et les Japonais sont partie aussi de la mer du Nord, de la
Méditerrannée, de l'Europe et de l'Atlantique. Eux aussi ont donc
plus de poisson à prendre, les Américains aussi.
Les marchés se resserrent et en même temps les prix
baissent. Vous comprenez que la concurrence n'est plus ce qu'elle était
et que la situation est particulièrement difficile. C'est facile
à comprendre. J'entendais M. Dufresne, de Rivière-au-Renard,
dire: On va voir le fond du baril, si la compagnie est vraiment en
difficulté, on va le savoir, elle va faire faillite. Je trouve que c'est
un raisonnement intelligent, avec, évidemment, entre parenthèses,
un point d'interrogation. Ce n'est pas une affirmation, c'est plutôt une
forme interrogative.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre est-il conscient que, sur
les six usines, il y en aurait apparemment deux qui seraient d'accord pour
signer une convention? Est-ce exact? Deuxièmement...
M. Garon: Le secteur fermé, c'est le même secteur
que Rivière-au-Renard, Saint-Maurice de l'Échouerie et
Newport.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que les employés
eux-mêmes ont eu l'occasion de voter sur les propositions patronales?
M. Garon: Non.
M. Levesque (Bonaventure): Pas de commentaires?
M. Garon: Pardon?
M. Levesque (Bonaventure): Pas de commentaires?
M. Garon: Ce n'est pas moi qui administre le droit du travail.
C'est bien difficile de faire des commentaires là-dessus, parce
que...
M. Levesque (Bonaventure): Ce que le ministre disait
tantôt, c'était un message non voilé qu'il donnait aux
employés des usines. Si j'ai bien compris le ministre, il a dit: S'ils
veulent fermer et s'ils veulent travailler. Est-ce qu'ils ont eu l'occasion
d'exprimer leur volonté? C'est la question que je pose.
M. Garon: Ce que je voudrais dire essentiellement, c'est qu'on
pourra reprocher ce qu'on voudra aux Pêcheurs-Unis, ce ne sont pas des
bandits, ce ne sont pas des gens qui sont là pour siphonner le sang de
la population comme des vampires.
Essentiellement, c'est une entreprise qui appartient aux gens de la
place, elle appartient aux pêcheurs. Au fond, je trouve ça un peu
malheureux. Il y a des reproches qu'on peut faire aux Pêcheurs-Unis, mais
il faudrait leur reprocher les bonnes choses. Actuellement, il y a des
difficultés dans les entreprises, les Pêcheurs-Unis en ont aussi
comme les autres.
Il y en a qui disent, par exemple, que les Pêcheurs-Unis devraient
avoir une gestion plus ferme, avoir un produit encore supérieur; c'est
discuté. Les pêcheurs ont leurs griefs au point de vue de la
gestion et ils ont discuté de cela ensemble au cours de l'année.
C'est quelque chose de normal, d'étudier ces questions. Tout le monde
sait en Gaspésie, actuellement, que les Pêcheurs-Unis ont eu une
mauvaise année en 1981, et qu'au cours des dernières
années, ils avaient connu des profits pas très
élevés, quand ils
avaient eu des profits. Je n'ai pas l'impression que les
Pêcheurs-Unis sont là pour exploiter la population.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre...
M. Garon: On ne peut pas avoir un comportement vis-à-vis
d'une telle entreprise comme si on était devant une entreprise dont la
réputation était d'affamer la population.
M. Levesque (Bonaventure): Non; d'ailleurs, je pense bien que les
Pêcheurs-Unis du Québec se sont toujours comportés comme de
bons citoyens. Je n'ai pas à porter de jugement négatif sur les
Pêcheurs-Unis, quant à moi, malgré qu'ils ne fonctionnent
pas, comme tel...
M. Garon: J'en ai.
M. Levesque (Bonaventure): Pardon?
M. Garon: On traite encore du poisson rond dans certains
endroits. Je suis contre ça. Dans le règlement, on dit qu'il faut
que le poisson soit éviscéré à bord des bateaux. Je
pense qu'on ne doit pas accepter du poisson rond dans les usines.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord. Si vous voulez, on va
revenir...
M. Garon: Cela, c'est une chose au point de vue de
l'amélioration des méthodes.
M. Levesque (Bonaventure): Ce qui arrive, c'est que les
Pêcheurs-Unis sont présentement dans une situation
financière difficile - c'est ce qu'on nous dit, du moins - en soulignant
le mot difficile. En plus, ils ont des problèmes au point de vue des
relations du travail. Le ministère apporte de l'aide de temps à
autre, je m'imagine, parmi les producteurs, aux Pêcheurs-Unis du
Québec. Le ministre peut-il nous dire quelle aide financière son
ministère a apportée depuis quelques années aux
Pêcheurs-Unis du Québec?
M. Garon: Le gouvernement du Québec a une entreprise
où les Pêcheurs-Unis ont la majorité des actions,
Madelipêche, où les déficits sont assumés sur une
période de cinq ans par le gouvernement du Québec. C'est une
entente qui se termine cette année; c'est la dernière
année. Des montants importants ont été versés
particulièrement l'an dernier parce que l'entreprise, en 1981, a eu des
problèmes, des déficits. L'ensemble des programmes sont
accessibles aux entreprises, par exemple, des subventions pour l'achat de bacs,
des choses comme ça.
M. Levesque (Bonaventure): Justement, le ministre a parlé
de l'entente quinquennale en vertu de laquelle le ministère, si je
comprends bien, assumerait les déficits. Est-ce qu'il est exact que ces
sommes seraient de l'ordre de 1 000 000 $ par année?
M. Garon: Pas par année. Cela a varié. L'an
dernier, ç'a été le plus gros montant, presque 900 000 $,
898 000 $.
M. Levesque (Bonaventure): L'année
précédente?
M. Garon: 350 000 $ environ et l'année antérieure,
50 000 $
M. Levesque (Bonaventure): Ce qui veut dire que lorsqu'une
entreprise est en difficulté, tenant compte évidemment du
contexte social, le ministère est quelquefois appelé à
venir à l'aide de ces entreprises.
M. Garon: II s'agissait, au fond, d'une entreprise qui s'en
allait, Madelipêche. Il s'agissait de la remettre en fonction avec un
partenaire. Les Pêcheurs-Unis avaient demandé un certain nombre de
garanties au gouvernement, avant de diriger l'entreprise Madelipêche. Au
terme des cinq ans, est-ce que les Pêcheurs-Unis continueront ou si ce
sera une nouvelle corporation? C'est une autre question. C'est évident
que le gouvernement ne peut pas financer d'une façon annuelle les
déficits. C'est une entente de cinq ans et la dernière
année est 1982. Cela a été fait avant moi, en 1978, au
moment où le ministre de l'Industrie et du Commerce avait signé
une entente.
M. Levesque (Bonaventure): C'est ce que je disais quand
j'étais ministre responsable des pêcheries: Cela s'est fait avant
moi ou après moi. Je me rappelle des sommes, des subventions qui avaient
été données à l'usine de Paspébiac; cela
avait fait sursauter quelques personnages autour du ministre. Justement, cela
s'était fait avant moi ou après moi.
M. Garon: Je dis cela parce que je ne connais pas tous les
détails...
M. Levesque (Bonaventure): C'était quand même une
bonne chose d'aider...
M. Garon: ... de l'affaire. Je ne veux pas aller plus loin et
entrer dans le caractère personnel de l'entreprise. Les
Pêcheurs-Unis sont en train de faire une restructuration de l'entreprise,
il y a un plan de restructuration et, dans le cadre de ce plan...
M. Levesque (Bonaventure): Excusez-moi de vous interrompre, mais,
quand on sait que
l'usine des Pêcheurs-Unis est le principal producteur de poisson
au Québec - on retrouve les Pêcheurs-Unis dans toutes nos
régions de pêche - est-ce qu'on peut dire que le sort des
pêches du Québec, dans leur ensemble, est relié
jusqu'à un certain point à la bonne ou à la mauvaise
santé des Pêcheurs-Unis du Québec?
M. Garon: À cause du volume. Les Pêcheurs-Unis
traitent à peu près 45% du volume du poisson
québécois, en valeur aussi, je pense. Je suis complètement
convaincu par ce que j'ai vu depuis deux ans que ce qui est en train de se
faire va considérablement modifier les pêches
québécoises. D'ici à deux ou trois ans, elles ne
ressembleront plus à ce qu'elles étaient. On va assister à
une modernisation du secteur des pêches, à une transformation plus
poussée et à un approvisionnement beaucoup plus grand sur le
marché québécois.
Je sais que plusieurs ont mis cela en doute, mais j'ai assez
d'indications maintenant pour voir qu'il y a des gens qui sont prêts
à le faire. Je pense qu'on n'a pas le choix. Évidemment, c'est
plus difficile parce que le ministre fédéral des Pêches -
je ne dirai pas le ministère - à cause de ses
intérêts politiques personnels, dans sa province du
Nouveau-Brunswick, nous cause un paquet de problèmes inutiles. S'il n'y
avait pas ces problèmes politiques, pour des fins électorales au
Nouveau-Brunswick, je pense qu'il y a un paquet de choses qui se feraient
beaucoup plus simplement au niveau du Québec parce que la collaboration
était assez bonne entre les fonctionnaires fédéraux et les
fonctionnaires des pêches au Québec.
Employés en poste à Gaspé
Maintenant, à toute minute, il nous arrive des directives. Quand
le sous-ministre des Pêches à Ottawa appelle le sous-ministre des
Pêcheries à Québec pour qu'il me demande d'intervenir dans
des procès qui sont devant les tribunaux, je vais vous dire bien
franchement que je me demande quelle est cette sorte de gouvernement. C'est un
gouvernement de république de bananes, qu'on a à Ottawa,
actuellement. Les ministres se sentent la liberté d'intervenir dans des
causes devant les tribunaux comme s'il n'y avait rien là. J'en suis
estomaqué! C'est la seule fois que cela m'est arrivé dans six ans
d'avoir des pressions pour intervenir dans des causes devant les tribunaux.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que je pourrais poser une
question au ministre? Il parle des fonctionnaires. Il disait justement que le
sous-ministre d'Ottawa appelait le sous-ministre à Québec. Je
pensais que son ministère était décentralisé
à Gaspé.
M. Garon: Oui, le grand nombre des fonctionnaires sont sur le
territoire maritime.
M. Levesque (Bonaventure): Ils l'ont toujours
été.
M. Garon: Hein?
M. Levesque (Bonaventure): Ils l'ont toujours
été.
M. Garon: Plus maintenant qu'auparavant.
M. Levesque (Bonaventure): Ils l'ont toujours
été.
M. Garon: Plus qu'auparavant. (16 h 30)
M. Levesque (Bonaventure): Vous avez, comme fonctionnaires
permanents, à peu près 292 personnes.
M. Garon: À peu près.
M. Levesque (Bonaventure): Pas à peu près, c'est ce
qui est écrit ici, dans votre livre, 292.
M. Garon: Des postes.
M. Levesque (Bonaventure): Vous voulez dire qu'ils ne sont pas
remplis, vos postes?
M. Garon: Bien là...
M. Levesque (Bonaventure): Ce que je veux dire, c'est que
lorsqu'on prend votre rapport annuel...
M. Garon: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): ... pas se terminant le 31 mars 1982,
on connaît les retards, c'est le 31 mars 1981, mais tout de même,
ça n'a pas changé tellement, parce que d'après les
effectifs il y a un changement dans un poste. Mais on voit que tous les gens
qui travaillent dans les régions continuent de travailler dans les
régions. Vous avez les ouvriers, les agents de la paix. Ces gens sont un
peu partout, dans les régions maritimes, ils ne travaillent pas beaucoup
ici.
M. Garon: Non, non.
M. Levesque (Bonaventure): Mais les gens qu'on voulait
évidemment viser, quand on parlait de décentralisation,
c'était plutôt, j'imagine, les administrateurs et les adjoints aux
cadres supérieurs. Cela, vous en avez 16 dans votre rapport, 16
personnes.
M. Garon: Dans la recherche aussi parce que...
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, je n'ai pas fini. Vous
avez également des professionnels. Vous en avez ici 43. La plupart
doivent être à Québec, j'imagine. Ensuite, vous avez les
agents de maîtrise des fonctionnaires, 8, je ne sais pas où ils
sont eux; les agents de maîtrise des agents de la paix, 9; les agents de
maîtrise des ouvriers, 6; techniciens et assimilés, 47;
employés de bureau et assimilés, 52. Plusieurs sont dans les
régions comme, d'ailleurs, les agents de la paix et les ouvriers.
Alors, quand on parle de décentralisation à Gaspé,
on parle d'un nombre assez restreint de gens finalement et, ordinairement, ce
sont des gens dans les fonctions de décision et chez les fonctionnaires
supérieurs. Or, dans mon expérience, quand j'ai à
communiquer avec ces gens, ils sont à Québec, à moins que
je ne m'abuse.
M. Garon: Vous communiquez avec qui?
M. Levesque (Bonaventure): Avec le ministre, par exemple, et les
autres avec lesquels je communique, il n'y a qu'à leur demander, ils
vont vous le dire. Je n'ai pas ma liste des communications ici; si le ministre
veut savoir avec qui ses gens parlent, il cherchera, c'est son problème.
Ce que je demande, c'est ceci: Combien de ces gens à des postes
supérieurs ont été effectivement transférés
à Gaspé? Je veux savoir également si l'édifice qui
est soi-disant en construction va servir aux fonctionnaires du
ministère.
M. Garon: Alors, auparavant la direction de ce service de la
protection était à Québec mais, maintenant, elle est dans
le territoire maritime. Le nouveau directeur du service de la protection qui
est M. Moffet est à Gaspé. La direction des services
administratifs est rendue sur le territoire maritime, l'administration se fait
à partir de Gaspé. Le directeur des services administratifs est
sur place. Ensuite, il y a le directeur du service aux usagers qui est sur
place.
M. Levesque (Bonaventure): C'est tout le monde, ça...
M. Garon: Maintenant, il y a trois laboratoires. Il y a le
laboratoire de Grande-Rivière, le laboratoire des
Îles-de-la-Madeleine, le laboratoire de La Tabatière. Il y a trois
bureaux régionaux. Il y a un bureau régional à
Blanc-Sablon, il y a un bureau régional aux Îles-de-la-Madeleine,
il y en a un à Gaspé. Alors, évidemment, ça fait du
personnel professionnel dans chacun de ces bureaux.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre n'est pas en train de me
dire qu'il n'y avait pas de recherche à La Tabatière avant,
voyons donc.
M. Garon: Essentiellement...
M. Levesque (Bonaventure): Voyons donc.
M. Garon: ... ce qui reste à Québec, c'est une
partie du service de recherche, essentiellement, et je peux vous dire qu'on a
des projets considérables de recherche cet été.
M. Levesque (Bonaventure): Je parle d'administrateurs, d'adjoints
aux cadres supérieurs, de professionnels. Est-ce que le ministre va me
dire combien de gens qui étaient administrateurs ou adjoints aux cadres
supérieurs sont rendus à Gaspé, actuellement?
M. Garon: Auparavant, il n'y en avait aucun. Maintenant, il y a
quatre cadres supérieurs.
M. Levesque (Bonaventure): Bon...
M. Garon: Sur combien de cadres supérieurs?
M. Levesque (Bonaventure): Sur seize. M. Garon: Mais
non.
M. Levesque (Bonaventure): Vous avez ici...
M. Garon: À Québec, il reste uniquement le
directeur du service de recherche, le directeur général et le
sous-ministre adjoint.
M. Levesque (Bonaventure): Dis-le, dites-le, dites-le; je ne veux
pas vous tutoyer.
M. Garon: II est directeur de l'ingénierie; ils sont
deux.
M. Levesque (Bonaventure): II n'aime pas cela. Hein?
M. Garon: Hein?
M. Houde: II n'aime pas cela quand on le tutoie. Faites
attention. Il dit que je ne peux pas vous tutoyer.
M. Levesque (Bonaventure): Là, on joue un peu au chat et
à la souris; je suis à la veille de demander au
député de Gaspé s'il y a quelqu'un qui est arrivé
chez eux, les gens de là-bas disent que cela n'a rien changé
ou
à peu près jusqu'à maintenant, à moins que
ce ne soient des gens qui ne sont pas bien informés qui m'aient dit
cela. Ils me disent: Tout ce que cela a changé, c'est que les gars de la
Côte-Nord et les gens des Îles-de-la-Madeleine se rapportent
à Gaspé, Gaspé se rapporte à Québec et c'est
comme c'était. Est-ce que c'est vrai ou si ce n'est pas vrai?
M. Garon: Ils administrent des programmes; avant, il n'y avait
aucun programme. Cela allait un peu à la bonne franquette.
M. Levesque (Bonaventure): Aie! Ce n'est pas le ministre qui a
inventé les pêches!
M. Garon: Non, non, mais je peux vous dire comment cela
marchait...
M. Levesque (Bonaventure): Et les poissons non plus!
M. Garon: ... par exemple. Je peux vous dire que cela marchait
d'une drôle de façon; il n'y avait des normes dans à peu
près rien. Aujourd'hui, ils ont des livres épais de
même...
M. Levesque (Bonaventure): Non, mais ce qu'on veut savoir
là...
M. Garon: ... comprends-tu, et il n'y a plus personne qui les
comprend.
M. Levesque (Bonaventure): Ce ne sont pas les normes que je veux
savoir. Est-ce que...
M. Garon: Cela prend une moyenne modernisation dans le secteur
des pêches.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que c'est centralisé
à Gaspé? Est-ce que le ministère est rendu à
Gaspé?
M. Garon: Sauf la recherche, oui.
M. Levesque (Bonaventure): La direction supérieure est
rendue là? Je suis à la veille de donner des noms.
M. Garon: À la direction supérieure, à
Québec, il y a M. Veilleux, qui est directeur général, et
il y a M. Moore.
M. Levesque (Bonaventure): Ils sont seuls, tous les deux, avec
une secrétaire.
M. Garon: Et le directeur de la recherche scientifique et le
directeur de l'ingénierie. L'ingénierie, je vais vous dire bien
franchement...
M. Levesque (Bonaventure): Cela veut dire qu'il y a juste six ou
sept personnes qui restent à Québec, sur des effectifs de 280
noms.
M. Garon: Non, vous m'avez parlé des directions, mais les
grosses directions, la grosse direction, c'est le service de la protection,
tout le monde est sur le territoire, il n'y a personne à Québec.
Pour cela, il s'agit d'au-dessus de 100 personnes sur 292.
M. Levesque (Bonaventure): Mais oui, mais le ministre sait fort
bien...
M. Garon: Quand vous parlez de services aux usagers...
M. Levesque (Bonaventure): ... que les gros effectifs
étaient toujours en région dans ce domaine, sur la protection; il
ne surveillait pas les...
M. Garon: Non, non, ils étaient tous là-bas. Il y a
trois laboratoires qui sont sur le territoire. Il n'y en avait pas trois, il y
en avait seulement un avant...
Une voix: Voyons donc!
M. Mathieu: II n'y en a jamais eu chez nous.
M. Garon: De quoi?
M. Mathieu: Des effectifs.
M. Garon: Dans les pêches?
M. Mathieu: Oui, il n'y en a jamais eu dans la Beauce.
M. Garon: II faudrait commencer par y creuser une mer.
Essentiellement, il reste la recherche et nous allons commencer à...
D'ailleurs, des gens sont en train de faire un prochain groupe qui va aller
dans le domaine de la recherche.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, mais, maintenant, si le ministre
veut m'écouter un instant, s'ils sont tous rendus là, quel est
l'espace de plancher additionnel qui a été loué en
attendant que l'édifice soit terminé?
M. Garon: C'est ce que je vous dis, c'est la Direction de la
recherche essentiellement qui doit être transférée.
M. Levesque (Bonaventure): Elle n'est pas
transférée encore?
M. Garon: Non.
M. Levesque (Bonaventure): Maintenant,
pour les gens...
M. Garon: Ils n'ont pas les espaces.
M. Levesque (Bonaventure): transférés depuis un
an...
M. Garon: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): ... à Gaspé, cela a
exigé la location de combien de pieds de plancher?
Une voix: II pose des questions tanantes!
M. Garon: Essentiellement, actuellement, ce qui reste, c'est la
recherche, 35 personnes, quoi?
M. Levesque (Bonaventure): Où?
M. Garon: Au complexe scientifique.
M. Levesque (Bonaventure): À Québec?
M. Garon: II y a une partie de la recherche qui n'est pas encore
sur le territoire, environ 35 personnes. On me dit une dizaine de personnes, 11
personnes, autour du sous-ministre et du directeur général...
M. Levesque (Bonaventure): Mais la question que je posais...
M. Garon: ... et les incluant.
M. Levesque (Bonaventure): La question que je posais est
celle-ci: Si ces gens qui sont rendus là bas, les autres, ils ne
travaillent pas à l'hôtel? Est-ce qu'ils ont des bureaux?
M. Garon: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): Bon!
M. Garon: Oui, mais ils sont répartis sur le territoire
maritime à 100%. Les gens ne sont pas tous à Gaspé. Je
comprends que l'idéal - si j'écoutais les gens de la
Gaspésie - serait de faire un autre Rimouski avec Gaspé. On
mettrait tout le monde à Gaspé. Les gens de la Gaspésie se
plaignaient que les fonctionnaires arrêtaient à Rimouski. Par
exemple, il y a des gens de Gaspé qui aimeraient que tous les
fonctionnaires soient à Gaspé; mais ce n'est pas cela; ils sont
répartis sur le territoire. Il y en a aux Îles-de-la-Madeleine, il
y en a sur la Côte-Nord et il y en a sur tout le pourtour de la
Gaspésie.
M. Levesque (Bonaventure): Cela a toujours été. Et,
deuxièmement, pourquoi bâtir un édifice de 6 000 000 $, si
tout le monde est bien installé comme c'est là?
Une voix: Ah! Ah!
M. Garon: Bien, là, ce n'est pas moi qui bâtis
l'édifice. Il faudrait poser la question au ministre des Travaux publics
et de l'Approvisionnement.
Une voix: Ah! Ah!
M. Levesque (Bonaventure): Bah! Je vais le lui demander.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les crédits
sont terminés? M. le député de Gaspé.
M. LeMay: C'était un peu pour compléter la
réponse. Il reste peut-être une quarantaine de personnes, selon
les informations, à déménager à Gaspé, comme
M. le député de Bonaventure le disait. C'est une question
d'espace purement et simplement, étant donné que l'édifice
doit nous être livré en juillet 1983. À ce
moment-là, je pense bien que la décentralisation sera
complétée.
M. Levesque (Bonaventure): Je n'ai pas l'intention d'entrer en
discussion avec mon collègue et voisin, le député de
Gaspé, mais je lui souhaite bonne chance. S'il ne peut pas,
peut-être, à ce moment-ci faire entendre les échos de ceux
qui trouvent que cela prend du temps, je suis sûr qu'au caucus il aura
l'occasion de le faire dans une atmosphère plus facile pour un
ministériel.
Le Président (M. Boucher): Alors, est-ce que...
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, je n'ai pas
terminé, excusez-moi...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bonaventure.
Proposition de société de gestion de la
pêche
M. Levesque (Bonaventure): Le CRD, le Conseil régional de
développement, a tenu récemment à Bonaventure, samedi
dernier, une assemblée annuelle. D'un atelier sur les pêches sont
venues deux propositions. L'une concernait le gouvernement
fédéral et un centre de recherche qu'on voulait plutôt voir
à Grande-Rivière qu'à Rimouski. Comme il s'agit, je crois,
d'une responsabilité fédérale, je vais éviter au
ministre de se prononcer là-dessus, à moins qu'il ne veuille le
faire. L'autre résolution était qu'au lieu d'avoir une partie du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation pour les pêcheries, sous la gouverne du ministre,
on devrait plutôt avoir une société de gestion de la
pêche, qui serait une sorte de société de la couronne, une
société d'État qui recevrait les sommes attribuables ou
attribuées - parce que je fais la distinction entre attribuables,
attribuées et dépensées - annuellement et qui, avec cette
somme, pourrait s'administrer, prendre les décisions sur place et avoir
une coordination et une cohérence supérieures. Est-ce que le
ministre a été sensibilisé à cette proposition? Si
oui, quelle serait sa première réaction?
M. Garon: Je n'ai pas de réaction. Habituellement j'aime
les projets concrets; je ne demande pas aux autres de faire les choses qu'on
peut faire nous-mêmes. Actuellement, on a commencé un processus et
il y a des gens qui, par toutes sortes de manières, aimeraient bien
retarder ce processus qu'on a mis en place. Le processus qui a
été mis en place va fonctionner et cette modernisation du secteur
des pêches, d'ici deux à trois ans, va être
réalisée. Ceux qui auront taponné resteront sur le quai et
le bateau sera parti. Je peux vous dire une chose: les gens dynamiques du
secteur des pêches se dépêchent d'embarquer à bord du
bateau. Si vous relisez le programme de modernisation des usines de
transformation de la pêche et si vous regardez la loi de modernisation du
secteur des pêches, le contrôle de la qualité du poisson, la
section sur les produits, la réglementation sur le contrôle de la
qualité des produits marins, tous les éléments sont
là-dedans. Les gens perspicaces l'ont vu. Il y a des gens qui
préfèrent regarder en arrière plutôt que regarder en
avant.
Je vous dis qu'actuellement le bateau a déjà... Vous
savez, un bateau émet un genre de petit cri avant de partir du quai.
Pour les gens qui n'embarquent pas quand le bateau part, il n'y a pas toujours
un deuxième voyage. Dans nos bureaux j'ai dit: II n'y aura pas une
promesse de subvention, il n'y aura pas une lettre d'offres avant que les plans
et devis soient acceptés. On ne commencera pas à faire des
lettres d'offres, après cela il y aura de la chicane avec les
fonctionnaires... Envoyez donc cela, le fédéral serait pour cela,
etc. (16 h 45)
On a un règlement sur la qualité du poisson et je pense
que c'est un règlement à point. Nos gens sont
formés parce qu'ils ont déjà fait ce travail dans d'autres
secteurs. J'ai reçu des gens d'entreprise. Je vais les recevoir un par
un, ceux qui vont faire de la modernisation. J'ai dit: Est-ce que vous avez
quelque chose à dire des fonctionnaires? Ils étaient très
heureux. Ils m'ont dit: Ils ont été rapides; il n'y a pas eu de
délai. J'ai dit: Je vous remercie; c'est ce que je voulais savoir.
Un premier projet est maintenant autorisé et il va être
annoncé en fin de semaine prochaine. Il y en aura un deuxième, un
troisième, un quatrième, un cinquième, un sixième.
Quand, à un moment donné, il y aura un nombre suffisant d'usines
de transformation pour traiter le poisson québécois, ce sera
terminé. Ceux qui auront laissé passer le bateau resteront sur le
quai et ils ne pourront pas avoir de permis du Québec.
Si le fédéral - on regarde cela sur le plan juridique -
peut donner des permis d'exportation sans permis de production au
Québec, on verra. Le fédéral ne peut pas donner de permis
de production au Québec. Il faut d'abord un permis de production au
Québec. Sans permis d'exportation... Je vais vous dire une chose. Quand
notre modernisation des usines sera terminée, peut-être un peu
avant, je ferai venir les acheteurs de poisson, aux frais du Québec -ils
ne seront pas 500 - et je leur ferai visiter nos usines et nos méhodes
de travail. Après, je leur ferai visiter les usines
fédérales, s'ils le veulent, et les acheteurs décideront.
Je vais vous dire une chose. Le poisson québécois va
pénétrer sur les marchés comme un poisson de
qualité, de la plus haute qualité et de meilleure qualité
qu'ailleurs. C'est de cette façon qu'on va se bâtir un nom sur les
marchés et c'est de cette façon qu'on va obtenir des prix sur les
marchés. C'est la seule façon, dans le domaine alimentaire.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président.
M. Garon: Ceux qui ne feront pas cela, ils seront laissés
pour compte; pas au Québec plus qu'ailleurs, mais au Québec et
dans les provinces maritimes.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, une
question.
M. Garon: II y a une transformation complète qui est en
train de se faire dans le secteur des pêches. Là, il faut
réaliser...
M. Levesque (Bonaventure): Ma question, c'était sur la
société de gestion.
M. Garon: Hein?
M. Levesque (Bonaventure): II faut arrêter le
conférencier, à un moment donné. J'avais simplement
posé une question, à savoir s'il avait des réactions sur
une société de gestion. Il est rendu encore avec une chicane
fédérale-provinciale et il compare ses usines futuristes avec les
usines futures ou passées du gouvernement fédéral. Un
instant! II y avait une résolution du Conseil régional de
développement de l'Est du
Québec. Donc, je dois conclure qu'il préfère que
les choses en restent là. C'est tout ce que je voulais savoir. Je ne
voulais pas avoir une conférence. Donc, le ministre rejette
l'idée d'une société de gestion qui remplacerait le
ministère.
M. Garon: Pas du tout. S'il y a des gens qui veulent bâtir
une société et faire du développement dans lé
secteur des pêches...
M. Levesque (Bonaventure): Non, il faut comprendre.
M. Garon: ... ils ont beau... En fait, n'importe qui peut
dire...
M. Levesque (Bonaventure): Non. M. le Président.
M. Garon: ... c'est là que des gens...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Garon: II y a des gens qui pensent, par exemple...
M. Levesque (Bonaventure): Non, mais ce serait remplacer le
ministère par une société. Ce n'est pas ajouter une
société de gestion, l'objet de la résolution. Ce n'est pas
que je le préconise. Je vous demande vos réactions.
M. Garon: Je sais bien que certaines personnes aimeraient bien
qu'il y ait une société de gestion, qu'on nomme telle personne
président et qu'on lui donne notre budget. Eux autres l'affecteraient
comme ils voudraient.
M. Levesque (Bonaventure): C'est cela.
M. Garon: II y a des gens qui aimeraient cela. N'importe qui
aimerait cela.
Une voix: Et vous?
M. Garon: Je nommerais quelqu'un président d'une
société de gestion et je dirais: On va affecter les sommes
n'importe comment? Actuellement, on a établi
M. Levesque (Bonaventure): D'accord. M. Garon: ... un plan
de transformation. Des voix: Ah!
M. Garon: On est en train de former les trieurs. Les gens qui ont
engagé des trieurs m'ont dit qu'on a eu des candidats
intéressants, avec une belle formation.
Le Président (M. Boucher): ... déclaré
suffisamment informé.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, je suis suffisamment
informé. Il n'y a pas moyen de l'arrêter une fois qu'on...
M. Garon: Les gens vont faire des stages aux États-Unis
pour apprendre la classification des poissons selon les acheteurs.
M. Levesque (Bonaventure): Écoutez. M. le
Président, si on laisse aller le ministre chaque fois qu'on pose une
question. Mon temps est déjà écoulé, d'après
le règlement, et je n'ai pas encore la moitié du sujet de
discuté. Je voudrais juste poser deux ou trois questions au moins pour
terminer, et avoir des réponses rapides.
M. Gagnon: Question de règlement. Ce que je ne comprends
pas, c'est que le député de Bonaventure demande au ministre de
réagir et lorsqu'il réagit, il veut l'arrêter.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, mais il y a réagir et
réagir.
M. Garon: Voulez-vous que je vous dise une chose?
M. Levesque (Bonaventure): Non. Des voix: Ah!
M. Garon: Savez-vous une chose? La Norvège prévoit
qu'en 1990 ou au cours des années quatre-vingt-dix, elle va atteindre la
production, en somme, de 30 000 à 50 000 tonnes de saumon
élevé. Élever de 30 000 à 50 000 tonnes de saumon,
vous savez ce que c'est? Ce sont des tonnes métriques qu'ils ont, cela
veut dire des plus grosses tonnes.
Des voix: Ah!
M. Garon: Entre 66 000 000 et 110 000 000 de livres de saumon
élevé. Dans le domaine des pêches on va assister dans les
prochaines années à un changement très important.
M. Levesque (Bonaventure): Maintenant, M. le Président,
c'est correct.
M. Garon: Si on ne veut pas manquer le bateau il faut embarquer
dans le bateau lorsque c'est le temps.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, j'ai deux
questions à poser au ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bonaventure.
Crédits à voter
M. Levesque (Bonaventure): Je vois qu'on est en train de voter
des crédits de l'ordre de 27 000 000 $ pour les pêcheries au
Québec; d'accord. L'année passée on nous avait
demandé de voter 26 000 000 $; c'est 1 000 000 $ de mieux que l'an
dernier, ce n'est pas pire, c'est correct, année difficile? point
d'interrogation, etc. Mais regardons la performance; pour les pêcheries,
on nous a demandé de voter 26 000 000 $, l'an dernier et on a
dépensé 19 000 000 $. Pourquoi? Vous nous demandez 26 000 000 $,
ce n'est pas beaucoup pour les pêcheries. Quand vous arrivez à la
fin de l'année, vous avez utilisé 19 000 000 $, et là je
vois qu'on se réfugie derrière les gels du Conseil du
trésor, derrière le retard dans les procédures d'appel
d'offres, d'octroi de contrats de bateaux patrouilleurs, on se réfugie
également derrière les crédits qui ont été
reportés à 1982-1983, c'est-à-dire que les mêmes
montants qui avaient été votés l'an dernier seront
dépensés dans le même budget qu'on nous demande de voter
cette année.
Finalement, il faut bien dire que, même quand on demande de voter
27 000 000 $, ce n'est pas certain qu'on va l'avoir, ça se peut qu'on
ait encore l'année prochaine des crédits qu'on appelle
"périmés". Cette année, on nous demande 27 000 000 $; l'an
dernier, sur 26 000 000 $, on en a utilisé 19 000 000 $, et vous pouvez
être gelé encore cette année par le trésor.
M. Garon: Pardon!
M. Levesque (Bonaventure): Le cher trésor peut encore vous
geler cette année quelque part.
M. Garon: Non, on a gelé là parce qu'il fallait
geler un certain montant. La loi a été adoptée seulement
au mois de décembre et le règlement a été
adopté au mois d'avril et publié dans la Gazette officielle du 5
mai dernier; évidemment il y a des projets de modernisation d'usine qui
ont attendu un peu l'an dernier mais qui vont se faire cette année. De
la même façon, pour la construction des bateaux de pêche, a
eu moins de demandes l'an dernier que cette année, mais on me dit qu'il
y a plus de demandes pour des bateaux de pêche. Cette année, on a
annoncé deux parcs d'hivernement, c'est-à-dire que les travaux de
génie sont en train de se faire à Newport. Le choix du site aux
Îles-de-la-Madeleine a été effectué récemment
par les gens; les ingénieurs peuvent commencer à faire leurs
travaux. Normalement, on devrait aller en appel d'offres au cours de
l'été et les travaux devraient commencer au cours de
l'été normalement.
De la même façon, il y a deux autres projets de parcs
d'hivernement pour le territoire de la Côte-Nord qui avancent, dont un
à Blanc-Sablon. À Blanc-Sablon, il y a une étude de
génie qui est en train de se faire au point de vue de la localisation
des équipements pour un centre de pêche, et c'est un avant-poste
pour le nord, pour la côte Atlantique. Je vais attendre le rapport
préliminaire pour demander l'étude des ingénieurs pour la
localisation du parc d'hivernement de Blanc-Sablon. Moi je pense que
l'année 1982-1983 dans les pêches va être une année
de construction comme on n'en a jamais eu véritablement; en 1982-1983,
modernisation des usines, construction de bateaux, construction de parcs
d'hivernement. Dans toute l'histoire du Québec, il y a eu un seul parc
d'hivernement.
M. Levesque (Bonaventure): Quand le ministre parle de
construction de bateaux...
M. Garon: II n'y en a jamais eu, je pensais qu'il y en avait eu,
mais il n'y en a jamais eu.
M. Levesque (Bonaventure): Non, mais quand le ministre
parle...
M. Garon: On est en train de travailler pour bâtir quatre
parcs d'hivernement, un centre de services pour les bateaux des
pêcheurs...
M. Levesque (Bonaventure): Quand le ministre parle de la
construction de bateaux, je ne m'imagine pas qu'il inclut cela dans son
budget.
M. Garon: Qui?
M. Levesque (Bonaventure): Les prêts.
M. Garon: Les subventions.
M. Levesque (Bonaventure): Pas les prêts.
M. Garon: Non, pas les prêts, les subventions de 35%.
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
M. Garon: Et les subventions d'intérêt.
M. Levesque (Bonaventure): Je termine avec deux autres questions.
Celle-ci, très courte: Est-ce que le ministre, maintenant qu'il a
expliqué tout cela, peut me dire que les 27 000 000 $ qu'il demande de
voter présentement vont être effectivement consacrés aux
pêcheries au cours de l'année financière 1982-1983? Oui ou
non? C'est tout.
M. Garon: Je pense que cette année nous allons
dépenser entièrement et peut-être ce sera nécessaire
de faire même des virements, on aura peut-être besoin d'argent
additionnel parce que...
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre prévoit
un budget supplémentaire?
M. Garon: Je ne dis pas un budget supplémentaire, j'ai
parlé de virement, j'ai été prudent, parce que là
il faudrait que j'aille au Conseil du trésor, il faut que j'aille pour
les virements aussi mais c'est plus facile. Si, actuellement, les travaux vont
comme prévu je pense que nous pourrons utiliser tous les crédits
que nous demanderons de voter cette année.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre ne pensait pas
la même chose l'an dernier lorsqu'on a voté ses 26 000 000 $?
M. Garon: Non, l'an dernier, je peux vous dire qu'au point de vue
des usines, je n'étais pas certain du tout. J'ai demandé au mois
de décembre 1980, à ce moment-là je mets toute la
problématique pour définir la loi et la réglementation
dans le secteur des pêches... on a fait la première consultation
sur un texte assez élaboré qu'au mois de mars 1981 et je pensais
que cela irait plus rapidement mais il y a...
M. Levesque (Bonaventure): Cela n'explique pas qu'une petite
partie des crédits périmés... Deuxièmement...
M. Garon: Cela explique la bonne partie. Il n'y a que deux
affaires et ils sont périmés.
M. Levesque (Bonaventure): ... est-ce que je peux demander
maintenant, avant que l'heure soit complètement terminée, que je
me fasse un peu disputer...
M. Garon: Par qui?
M. Levesque (Bonaventure): Je voudrais ne pas quitter...
M. Garon: Par qui?
M. Levesque (Bonaventure): Probablement par la commission.
M. Garon: Ah, non. On peut vous garder, on a jusqu'à
minuit ce soir.
L'usine de transformation de Paspébiac
M. Levesque (Bonaventure): Vous êtes bien aimable. Si par
contre mon ami et collègue de Beauce-Sud n'intervient pas d'ici à
minuit, je pense bien que même le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation va lui reprocher, comme il le fait
souvent, de ne pas avoir pris assez de temps. Alors, pris entre deux feux, je
vais terminer comme ceci et une question bien simple: est-ce que le ministre a
pris des dispositions pour la réouverture promise de l'usine de
tranformation de pêche de Paspébiac? Non, ce sont les chantiers
maritimes que vous avez dit.
M. Garon: J'ai rencontré le comité des gens de
Paspébiac pour la réouverture de l'usine de Paspébiac, un
comité pour la lutte en vue de la réouverture de l'usine de
Paspébiac. Je l'ai rencontré à Québec, on a
parlé une bonne partie de l'après-midi avec des fonctionnaires,
toute la soirée, et le lendemain matin je l'ai rencontré une
deuxième fois pour faire le point avec lui. Des gens du
développement industriel doivent le rencontrer également à
Paspébiac la semaine prochaine mais...
M. Levesque (Bonaventure): J'avais suggéré au
ministre de faire un "task force", est-ce que le ministre a donné suite
à cette demande que je lui ai faite et
réitérée?
M. Garon: II y a un "task force" permanent sur l'usine de
Paspébiac sauf que le problème, ce sont les promoteurs et
à part cela l'allocation du quota...
M. Levesque (Bonaventure): Les promoteurs...
M. Garon: Un instant, laissez-moi finir. L'allocation du poisson
rouge, du sébaste par le gouvernement fédéral aux
pêcheurs de la Nouvelle-Écosse. Les bateaux de plus de 100 pieds
ont le droit de venir prendre 5000 tonnes de sébaste dans le golfe
Saint-Laurent, normalement cela serait la réserve marine sur laquelle
pourrait compter l'usine de Paspébiac qui est spécialisée
dans le poisson rouge.
M. Levesque (Bonaventure): Avant les élections, vous en
aviez des promoteurs...
M. Garon: J'ai fait des représentations,
écoutez...
M. Levesque (Bonaventure): Vous vous promeniez sur les estrades
avec des promoteurs, des industriels, on se battait le lendemain des
élections pour dire qu'ils allaient rouvrir l'usine, vous ne saviez pas
à qui vous alliez la donner. Après les élections, ils se
sont tous évanouis.
M. Garon: Oui, c'est vrai. Il y a un de ces promoteurs qui
comptait sur le hareng. Non seulement cela mais le quota de hareng
pour ce pêcheur qui voulait ouvrir l'usine a été
enlevé à 100% par le ministre fédéral des
Pêches. Il n'a plus le droit de pêcher un seul hareng.
Évidemment, cela transforme mal le poisson, sans quota. Je peux vous
dire que M. Pelletier n'a plus de quota de hareng. Ce que vous pourriez faire,
vous, comme député de Bonaventure, qui avez une longue
expérience, vous connaissez les gens du Parti libéral
fédéral, il y a 74 députés, ils n'auraient pas pu
faire réserver le poisson rouge du golfe aux usines de la
Gaspésie ou des Îles-de-la-Madeleine parce que ce sont des
poissons qu'ils vont venir prendre dans le golfe. Les bateaux de plus de 100
pieds de la Nouvelle-Écosse vont pouvoir entrer dans le golfe pour venir
prendre de la ressource qui a été dilapidée dans le
passé, qui est en train de se renouveler. (17 heures)
Au lieu de la laisser renouveler ou la réserver pour les
pêcheurs québécois, pour les usines du Québec parce
que c'est dans le golfe du Saint-Laurent, dans le golfe chez nous. J'ai fait
des représentations contraires au ministre fédéral des
Pêches quand je suis allé à la conférence
fédérale-provinciale au mois de décembre. Bien que le
gouvernement du Québec boycottait les conférences
fédérales-provinciales, j'ai demandé l'autorisation d'y
aller quand même. J'ai été autorisé à y
aller. Une des représentations qui a été faite, ç'a
été de réserver les poissons du golfe pour les bateaux du
Québec. Le ministre fédéral des Pêches n'a pas
répondu, il ne répond jamais directement en face. Une fois que
j'ai été parti, il a donné le poisson comme d'habitude
à la Nouvelle-Écosse.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre, qui a fait
référence à M. Pelletier, je crois, ne sait pas qu'en plus
il y avait d'autres promoteurs qui sont montés sur les estrades
péquistes la veille des élections, devant les caméras de
télévision? Ce n'était pas parce qu'il manquait de hareng,
là.
M. Garon: Ils voulaient faire quoi?
M. Levesque (Bonaventure): Ah! Ils voulaient rouvrir l'usine,
c'était clair. Vous étiez bien au courant à ce moment.
M. Garon: Non.
M. Levesque (Bonaventure): Votre candidat était
très au courant de tout cela. Tout était garanti que cela ouvrait
le lendemain. Tout s'est évanoui après les élections. On
voudrait que cela se fasse. Quand une usine est fermée, je l'ai dit
déjà, c'est plus difficile à ouvrir. Quand l'usine des
Robin a brûlé en 1965, nous, du gouvernement, nous avons à
ce moment décidé de reconstruire et cela a marché jusqu'en
1978 avec 200 employés; 125 en usine et 75 à l'extérieur.
Comment se fait-il que depuis 1978... On s'en est parlé souvent, et je
ne veux pas revenir à la charge. Le ministre devrait dire: II veut un
"task force", je vais lui en mettre un au moins sur pied...
M. Garon: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): ... dont le seul but serait de ne pas
cesser de travailler avant de rouvrir l'usine de Paspébiac.
M. Garon: Vous avez raison.
M. Levesque (Bonaventure): Les chantiers maritimes, je comprends,
cela a été une autre histoire. On en a parlé au
début. Là, on revient avec la question de l'usine de
transformation. On a un parc industriel. Vous êtes en train d'avoir de
grandes affiches au sujet de votre parc industriel de Paspébiac. Il n'y
a pas moyen de marcher sans voir des affiches sur ce que vous faites à
cet endroit.
M. Garon: Elles disent quoi?
M. Levesque (Bonaventure): Elles disent que vous êtes
responsable de la création ou du développement de complexes
industriels et tout cela. Dans vos discours, vous le dites et vous ne vous en
apercevez pas.
M. Garon: Non, non.
M. Levesque (Bonaventure): Non, non. Voyons! cela fait partie de
la publicité.
M. Garon: II n'y a pas d'affiche.
M. Levesque (Bonaventure): Les nouveaux parcs industriels et tout
cela. Le parc industriel de pêche...
M. Garon: On n'a jamais parlé de cela.
M. Levesque (Bonaventure): Voyons! Demandez à...
M. Garon: On n'a jamais parlé de nouveaux parcs
industriels.
M. Levesque (Bonaventure): Voyons donc! Celui de
Grande-Rivière.
M. Garon: Pardon?
M. Levesque (Bonaventure): Vous n'en avez pas entendu parler?
M. Garon: C'est le MEER qui a une affiche.
M. Levesque (Bonaventure): Ah bon! Là,
vous avez trouvé.
M. Garon: On me dit qu'il y a une affiche du MEER, celle qui est
placée devant...
M. Levesque (Bonaventure): Le MEER, cela ne serait pas le
fédéral?
M. Garon: On m'a parlé de l'affiche du MEER qui est
placée devant une bâtisse qui est payée à 100% par
le gouvernement du Québec pour laisser croire qu'elle est payée
par le fédéral alors qu'il n'a pas mis un sou dans cela.
M. Levesque (Bonaventure): Pas du tout, pas à
Paspébiac. Vous n'avez pas cela.
M. Garon: À Grande-Rivière.
M. Levesque (Bonaventure): Ah! À
Grande-Rivière.
M. Garon: Apparemment qu'il y a une affiche là et qu'on
l'a placée devant la bâtisse pour que les gens pensent que la
bâtisse est due au fédéral, mais c'est une bâtisse
qui appartient au gouvernement du Québec à 100%, il n'y a pas un
sou du fédéral dans cela.
M. Levesque (Bonaventure): Chose certaine, c'est qu'au
ministère, et là vous pouvez vous renseigner, il y a eu parmi les
projets la création d'un parc industriel de pêche à
Paspébiac et son développement. D'ailleurs, on connaît les
investissements considérables qu'il y a à Paspébiac, et
tout cela, à quelques exceptions près, est
propriété du ministère dirigé par le ministre que
j'ai devant moi.
M. Garon: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): Quand il va ailleurs, il n'est pas
chez lui, mais là il est chez lui, l'usine, les chantiers maritimes et
tous les terrains vastes. Même que le ministre des Affaires culturelles
dépense plus d'argent que lui dans le complexe industriel.
M. Garon: Mais qui donne les permis pour la pêche au
sébaste? C'est le ministre fédéral.
M. Levesque (Bonaventure): Ah! je pensais que vous alliez dire
que c'était le ministre des Affaires culturelles.
M. Garon: C'est le ministre fédéral des
Pêches. Malgré...
M. Levesque (Bonaventure): Quand l'avez-vous vu la
dernière fois le ministre fédéral des Pêches?
M. Garon: La dernière fois que je l'ai vu, c'était
en décembre. Je lui ai parlé au téléphone...
M. Levesque (Bonaventure): En décembre? Nous sommes rendus
au mois de juin. Voyons donc! Voyez-vous donc un peu plus souvent.
M. Garon: ... le 12 ou 13 janvier. Il devait me rappeler une
semaine plus tard. On a rappelé quatre ou cinq fois à son bureau.
J'ai laissé mon numéro et il ne rappelait pas. Après cela,
boum, une annonce dans la Gazette officielle selon laquelle c'était lui
qui émettrait les permis de pêche des bateaux au-dessus de 35
pieds. Que voulez-vous, quand je l'ai vu, je lui ai demandé de
réserver...
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen que
vous vous entendiez? N'y aurait-il pas moyen que vous vous rencontiez et que
vous vous parliez d'homme à homme?
M. Garon: Ce qui nous nuit beaucoup dans les pêches, c'est
que le Québec a élu 74, 75 députés libéraux.
Ils savent qu'ils n'ont plus de votes à aller chercher là et ils
essaient d'aller en chercher plus au Nouveau-Brunswick. Quand les gens du
Nouveau-Brunswick se plaignent, il leur donne des choses, quand les gens du
Québec veulent avoir quelque chose, le fédéral ne s'en
occupe pas et c'est pour cela que je suis pour une participation à
l'élection fédérale. Celui qui m'a convaincu, c'est
Roméo Leblanc. J'ai dit: Actuellement, il n'y a plus de
créditistes au Québec, il n'y a plus de gens du NPD, il n'y a
jamais eu beaucoup de conservateurs non plus et là, les libéraux
seront les seuls à se faire élire encore. Il faut y aller. J'ai
dit: À ce moment-là vont arriver des actions méprisantes
pour le Québec, comme celles qu'a faites Roméo Leblanc à
l'égard du Québec. C'est lui qui m'a convaincu.
Je vais vous dire une chose, je vais travailler à mort pour qu'on
aille en élection fédérale et qu'on se batte à mort
pour battre les libéraux fédéraux sur le territoire du
Québec, parce qu'avec 74 députés, ces gens-là se
comportent...
M. Levesque (Bonaventure): Mais, le ministre devrait se battre
à mort pour la réouverture du chantier maritime de
Paspébiac, de l'usine de transformation et s'occuper de son
ministère. Il devrait faire cela et laisser faire les élections
fédérales. C'est en 1984.
M. Garon: Oui, c'est relié, parce que le poisson va
être péché par des bateaux de plus de cent pieds en
Nouvelle-Écosse, parce
qu'il y a 74 députés sur 75 du Québec qui ne se
sont pas occupé de leur affaire et Leblanc a réservé des
bateaux pour les Maritimes, parce qu'il est responsable, comme ministre
régional, des Maritimes. Que fait-il? Il leur donne le poisson. Qu'on
réserve le poisson du golfe pour le Québec et vous allez voir une
différence avec 5000 tonnes à prendre. Au moins, il y aura 11 000
000 de livres de poisson à traiter.
M. Levesque (Bonaventure): En attendant la campagne
électorale, n'y aurait-il pas moyen que vous vous parliez?
Peut-être qu'en vous parlant et en vous rencontrant, vous pourriez vous
comprendre.
M. Garon: Je l'ai appelé et il m'a dit qu'il me
rappellerait. Quand je lui ai parlé, je vais vous dire bien plus que
cela, il ne se rappelait même pas ce qu'il y avait d'écrit dans la
lettre. Il m'a demandé une semaine pour lire la lettre qu'il m'avait
envoyée. Il ne se rappelait pas ce qu'il y avait dedans. J'ai
été un peu surpris. J'ai dit: II doit en signer beaucoup pour ne
pas se la rappeler.
M. Levesque (Bonaventure): N'y aurait-il pas moyen de demander au
ministre des Affaires intergouvernementales...
M. Garon: J'ai rarement vu cela, un ministre qui dit cela.
M. Levesque (Bonaventure): ... qui prétend avoir de bonnes
relations avec le gouvernement fédéral et les autres provinces
présentement...? Son message, c'est cela. Cela va mieux.
M. Garon: Au niveau provincial, oui.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen,
à ce moment-ci, de demander à M. Jacques-Yvan Morin de
s'intéresser aux pêches et de voir à établir des
contacts entre M. Roméo Leblanc et M. Jean Garon? Il me semble que ce
serait intéressant...
M. Garon: Ce n'est pas compliqué, on émettait les
permis. Le gouvernement...
M. Levesque (Bonaventure): ... vu que vous ne vous parlez
plus.
M. Garon: Ce n'est pas qu'on ne se parle plus, c'est que...
M. Levesque (Bonaventure): II ne répond plus, c'est cela
que vous avez dit, ou il ne rappelle plus.
M. Garon: Je ne sais pas, il n'a pas l'air... En tout cas, j'ai
rarement vu cela. C'est la première fois que je vois vraiment de telles
fourberies aussi flagrantes dans des dialogues. C'est allé plus que
cela. J'ai reçu un télégramme, à un moment
donné, où il me proposait une rencontre. En même temps que
la rencontre était proposée, sur un des sujets à traiter,
le règlement est sorti et la question était réglée.
C'était ridicule au fond, les règlements sortaient avant que les
rencontres aient lieu. Je n'ai jamais vu une chose comme celle-là.
M. Levesque (Bonaventure): N'y aurait-il pas moyen de mettre
l'intérêt de ces gens qui comptent sur vous... Que voulez-vous? Il
faut qu'on vous endure, vous êtes au gouvernement. Si vous n'étiez
pas là, on dirait: D'accord. Mais là, le Parti
québécois est au gouvernement et le ministre, c'est celui que
j'ai devant moi. N'y a-t-il pas moyen de mettre les intérêts des
gens qui veulent travailler dans les usines, qui veulent travailler, en avant
des petites chicanes que vous pouvez avoir...
M. Garon: II n'y aura aucune chicane. La preuve, on va financer
des bateaux des pêcheurs, on va donner l'occasion au
fédéral de payer, parce qu'une des conditions, c'est qu'ils
fassent d'abord leur demande à Ottawa et c'est seulement si le
fédéral ne veut pas payer que le gouvernement du Québec
paiera. Peut-il y avoir une plus grande collaboration? C'est même sa plus
grande possibilité pour se faire du capital politique. On dit aux
pêcheurs: Si vous voulez, allez vous financer à Ottawa. Non
seulement, vous le pouvez, mais vous devez d'abord y aller. Si Ottawa ne veut
pas, là...
Dans le usines...
M. Levesque (Bonaventure): Ah! on peut bien s'asseoir.
M. Garon: ... on dit: On veut avoir 35%. Les gens du
fédéral n'ont pas aimé que dans les usines de viande, on
garantisse 35%, moins la subvention du MEER. On a dit: Qu'est-ce qui vous
plairait? Ils ont dit: On aimerait pouvoir annoncer notre subvention
nous-mêmes. Parfait. Qu'aimeriez-vous? Annoncez la vôtre et on
annoncera la nôtre. Parfait. On a dit: Dans notre programme, on va donner
20% et eux donneront 20%. Quand un projet d'usine arrive, on dit: 20% et eux
autres disent: 20%. On inscrit dans notre appel d'offres aux usines que cela
doit être conforme à la réglementation
québécoise et à la réglementation
fédérale, parce qu'on veut que nos usines puissent vendre sur le
marché québécois et qu'elles fassent de l'exportation
également. Peut-il y avoir une plus grande collaboration que
celle-là de notre part? Que voulez-vous? On fait face au
problème. Il y a une chose que je changerais, par exemple. Leur
équipe pour les quais, je la changerais, pour "l'enrochage"
de quais qui dure depuis quelques années; franchement, ils ont
besoin de quelqu'un qui connaît cela. On me dit qu'on met des roches
autour des quais, que les glaces arrivent et qu'elles transportent les roches
et que les quais se défont. Même les pêcheurs m'ont dit que
l'équipe qui travaille sur les quais au fédéral, par
exemple, faisait dur.
M. Levesque (Bonaventure): Revenons au Québec;
adopté.
M. Garon: Je peux vous dire que dans le domaine des pêches,
il y a un effort de collaboration considérable, me dit-on, de la part de
nos fonctionnaires, sauf qu'il y a des directives politiques qui arrivent d'en
haut. Et je regrette cela. J'ai même dit à M. Leblanc, quand je
lui ai parlé au mois de janvier, à propos des statistiques: C'est
quoi, vos problèmes? Pouvez-vous dire que je n'ai pas collaboré
avec vous? Je vous répète ma conversation
téléphonique; vous pouvez le lui demander. Il a dit: Je dois
admettre que vous avez collaboré. Je me méfiais. J'avais
parlé à Whelan. Whelan m'a dit: Méfie-toi de Garon. Il a
dit: Je dois admettre que vous avez été un excellent
collaborateur. Alors, je lui ai dit: Bon, qu'est-ce que vous nous reprochez, au
juste? Qu'est-ce que vous pensez qui ne va pas bien?
Là, il avait l'air de chercher. J'ai dit: Qu'est-ce qui ne va
pas? Il me dit: On m'a dit qu'on n'aurait pas toutes les statistiques de chez
vous qu'on pourrait avoir. Bon, c'est la première fois que j'en entends
parler. S'il y a des chiffres que vous voulez avoir, les statistiques sont
publiques, ça me fera plaisir. J'ai peut-être le même
problème. Par ailleurs, nos fonctionnaires ne sont pas toujours vite, et
les vôtres ne doivent pas l'être toujours non plus. J'ai dit:
Peut-être qu'on n'a pas nos chiffres aussi rapidement que vous le pensez.
C'est peut-être pour cela qu'on les a un peu en retard. Alors, j'ai dit:
Je suis prêt à regarder cela et s'il y a d'autres points,
ça me fera plaisir, on pourra en discuter ensemble. Il a dit: II
faudrait se rencontrer et parler de tout cela. J'ai dit: Parfait. Il dit: Je
vous rappelle. J'ai dit: Quand? Il dit: Dans une semaine, dix jours. J'ai dit:
Parfait, on se rencontrera, et tout ce qu'il peut y avoir de problèmes,
on réglera ça. Il n'a jamais voulu me rencontrer.
À un moment donné, j'ai été méfiant.
On a appelé - M. Lapierre - à son cabinet, un M. Bourgeois,
quatre, cinq fois. Rendu au début de mars, j'ai dit: Bonne mère,
pas moyen de le rencontrer, il doit y avoir quelque chose qui se trame.
Là, j'ai écrit une lettre. J'ai dit: Je me méfie de ce que
vous êtes en train de faire. J'ai été d'une
habileté, je ne sais pas, c'est le Bon Dieu qui a permis cela, je ne
suis pas assez intelligent pour faire cela.
Le 5 mars, croyez-le ou non, son règlement unilatéral
sortait. Alors, j'ai demandé à le rencontrer. On a
communiqué avec son bureau. Jamais je n'ai été capable de
le rencontrer, au mois de janvier et février, avant que le
règlement ne sorte d'une façon unilatérale, malgré
qu'il ait dit, à la conférence
fédérale-provinciale, au début de décembre, qu'on
se rencontrerait. Mais cela, c'est arrivé au moment où Trudeau
avait dit que c'était la fin du fédéralisme
coopératif. Je me suis dit: II exécute les ordres. Après
cela, il a dit: Je serais prêt à vous rencontrer. Il a
donné les sujets de discussion, mais il a dit: Nous ne parlerons pas des
bateaux. Il venait de le décider par son règlement. Alors, il
choisit le sujet: les pétoncles. Alors, on a pris un rendez-vous. Avant
que le rendez-vous ait lieu, bang, encore le règlement qui sort sur les
pétoncles. On se rencontre pourquoi? Il sort les règlements
avant. Alors, comme on avait une rencontre avec l'UPA cette
journée-là, j'ai dit: Aussi bien aller rencontrer l'UPA, c'est
une consultation qui veut dire quelque chose, on va laisser faire les
pétoncles, il a fait le règlement. C'est cela qui est
arrivé, il n'y a pas de volonté de consultation dans le domaine
des pêches. C'est clair, au fond.
Une voix: Programme adopté, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): Le programme 10
adopté?
M. LeMay: J'aurais une question à poser. Je ne sais si M.
le député de Beauce-Sud me permettrait de poser quelques
questions, dans le domaine des pêches.
M. Mathieu: C'est le président qui donne la parole, M. le
député.
Le Président (M. Boucher): Alors, M. le
député de Gaspé.
M. LeMay: Je ne sais pas si le temps est écoulé. Ce
ne sera pas long. M. le ministre. À la page 150 du cahier que vous nous
avez remis, on parle de bateaux-patrouilleurs - c'est un sujet dont on entend
parler régulièrement au printemps - qui ne sont jamais
prêts quand la pêche commence, qu'on va entreposer à
l'île aux Coudres quand ils travaillent en Gaspésie. Est-ce que
vous avez une politique d'avenir concernant ces bateaux-patrouilleurs, soit de
les enlever, parce que actuellement ils sont inutiles, ou soit de les rendre
efficaces?
M. Garon: Je pense que vous avez parfaitement raison. La
première fois que je me suis rendu compte de cela, la première
année que j'ai eu les Pêches, on m'a dit: Le
bateau-patrouilleur, il faudrait que vous fassiez faire le contrat
à telle place. J'ai dit: Comment cela? Ils ont dit: Le bateau est
là, il faut le faire réparer, il est déjà
là. J'ai dit: Vous n'avez pas pensé à demander des
soumissions avant de l'envoyer là? Ils ont dit: On l'a amené
là, et là, on a vu qu'il y avait telle chose, mais on n'est pas
pour enlever le bateau et aller le faire réparer après
soumissions. Alors, j'ai demandé qu'on fasse faire l'évaluation
des réparations avant. Après cela, la compagnie, l'entreprise
pourra faire la réparation et l'entreposer sans faire faire une
soumission avant. Mais cela, c'est en marche, ça ne se faisait pas comme
cela dans le secteur des pêches. (17 h 15)
Dans le secteur des pêches, il y a des règles de
procédure particulières, on est en train d'émettre des
normes de fonctionnement dans le secteur des pêches; cela prend un
certain temps. Cela ne fait pas des siècles qu'il y a les pêches
au ministère de l'Agriculture, cela fait deux ans.
M. LeMay: Vous me dites comme cela qu'à mon bureau de
comté, le printemps prochain, je n'entendrai plus parler des
bateaux-patrouilleurs, tout va être rentré dans l'ordre.
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Si je mets cinq personnes
dans la même chambre et que je leur dise... C'est difficile. On a besoin
d'une chaloupe pour une garde côtière sur le bord de l'eau. S'il y
a cinq fonctionnaires, ils vont me demander cinq bateaux différents; ils
ont de la misère à s'entendre sur la sorte de bateau. Il faut que
les gens s'entendent; chacun a son modèle, chacun a sa façon de
voir les promenades en bateau pour surveiller les pêcheurs. On est en
train de faire construire un bateau en soumissions à Sept-Îles, un
patrouilleur. Il y en a qui m'ont dit qu'il pourrait verser. Ce sont les
architectes qui font les bateaux, ils doivent savoir si le bateau doit
être fait avec une quille de telle ou telle longueur, mais ils m'ont dit:
Votre bateau pourrait verser. Il n'est pas question qu'il verse, on dit que
c'est un bateau pour faire de la vitesse. On va patrouiller sur la
Côte-Nord, et il y a certains types de patrouilles. Le bateau est en
construction, apparemment ce sera un bateau très rapide, parce que c'est
le type de bateau dont on a besoin pour cette surveillance.
Il faut avoir des bateaux modernes, mais j'ai pris les bateaux qu'il y
avait dans les pêches. Un des premiers gestes que j'ai faits a
été de signer pour avoir un nouveau bateau, mais il y a eu un
problème sur la soumission. L'entrepreneur qui avait soumissionné
ne voulait plus construire le bateau, parce qu'il disait que la taxe de vente
était incluse ou n'était pas incluse... Finalement, il a fallu
retourner en soumission et c'est ce patrouilleur qui est en construction. J'ai
embarqué sur des patrouilleurs, il y en a qui font....
M. LeMay: Du tangage.
M. Garon: ... qui brassent même dans une mer d'huile. Il
faut moderniser nos patrouilleurs.
Saisies de crabe
M. LeMay: Merci. Un autre point. Au mois d'août dernier,
des agents de la paix de votre ministère sont venus saisir des bateaux
de crabe, parce que le crabe était apparemment trop petit; à la
fin de la saison, le crabe est trop petit. Cela a fait beaucoup de brouhaha, M.
Moore en est témoin, on a été en conversation assez
longtemps là-dessus. Il y a eu une demande de faite à ce
moment-là. Présentement on compte les crabes et on dit: Sur 100
crabes, tu en as 11 qui ne sont pas bons, donc on saisit le voyage. On a
demandé que l'inspection soit faite comme avant, c'est-à-dire
qu'elle soit faite selon le poids. Maintenant, on est contre. En tout cas,
c'est ce qui s'est passé l'an dernier à Grande-Rivière,
cela a fait le scandale de tout le monde. On a même été
surpris que certains véhicules du ministère ne se ramassent pas
au bout du quai, parce que les pêcheurs n'étaient pas de
très bonne humeur. À la demande des pêcheurs, parce
qu'apparemment aux îles cela se ferait ainsi, c'est au poids qu'on
devrait le faire et non pas à l'unité. Au mois d'août, cela
s'est fait à l'unité et il y a eu des voyages de crabe qui ont
été...
M. Garon: Le règlement de pêche du Québec,
c'est un règlement qui est adopté par le gouvernement
fédéral. Je ne veux pas le blâmer là-dessus; quand
c'est leur tort, je les blâme. Il y a un règlement, actuellement,
et on l'applique tel qu'il est. Le règlement de pêche dit
actuellement que, quand il y a un crabe qui ne satisfait pas aux conditions, on
saisit la cargaison. Alors, il ne dit pas que c'est 10% ou des choses comme
cela. On applique le règlement tel qu'il est. Maintenant, à
savoir si le règlement devrait être modifié, je pense que
cela fait partie des choses qu'on peut discuter avec les pêcheurs et
suggérer des modifications.
La pêche au crabe en Gaspésie est devenue une pêche
importante; c'est une pêche qui était peu importante il y a
quelques années, mais depuis deux ans surtout c'est devenu une
pêche importante. L'implication du gouvernement du Québec et du
ministère a joué un rôle. Si cela devient une pêche
importante, il faut protéger l'espèce et donner le temps au crabe
de
grossir. Il faudrait peut-être avoir des casiers plus
sélectifs. Cela fera partie des modernisations qu'il va falloir faire.
Le crabe et ce n'est pas comme le homard; le homard vit dans pas creux; si bien
que les pêcheurs de homard se plaignent que les gens qui ont des
équipements de plongée sous-marine vont faire un tour et disent
qu'ils ont pris un homard et souvent ils l'ont pris dans une cage, parce que ce
n'est pas creux le homard; mais un crabe se pêche entre 400 et 1200 pieds
de creux, m'a-t-on dit, et quand vous sortez un crabe de l'eau de sa cage et
vous remontez à la surface il perd le souffle un peu, la pression de
l'air n'est pas la même, alors il...
Une voix: M. le ministre, je pense...
M. Garon: II faut savoir si les crabes formés à
l'eau vivent lorsqu'ils sont petits, tout cela... il va falloir faire des
recherches en les baguant et en les reprenant pour voir s'ils reviennent et, si
on les reprend, il va falloir les étudier. Il ne faut pas garder les
petits crabes parce que si on garde les petits crabes on n'aura pas de gros
crabes...
M. LeMay: Quant à la conservation il n'y a aucun
problème, il n'y a aucun pêcheur qui va discuter là-dessus
ou qui va dire qu'il a fait exprès. Je parle de prises accidentelles, au
mois de septembre ou début d'octobre. Parce que le crabe contrairement
au homard, on le pêche presque jusqu'en novembre. Le pêcheur qui
s'en va au large dans une grosse mer en Gaspésie où
déjà ce n'est pas chaud et qui revient le soir, c'est possible
qu'il y ait une dizaine de crabes sur 100 qui ne soient pas de longueur
réglementaire. Je pense que c'est environ 3 3/4; en tout cas, qu'il y en
ait une dizaine ou une quinzaine qui aient 1/4 de pouce de moins que la
réglementation, je parle de prises accidentelles. Il y a eu des saisies
complètes de faites et ça été fait de
manière très peu polie, pour ne pas dire abusive, par les agents
de conservation de votre ministère, c'est surtout ce qui a choqué
les pêcheurs; ce n'était jamais arrivé.
M. Garon: Qu'est-ce qui n'était jamais arrivé?
Qu'ils appliquent le règlement.
M. LeMay: Oui exactement.
M. Garon: Là si c'était comme...
M. LeMay: À la lettre, comme cela, en fait,
c'étaient des prises occasionnelles parce qu'au début de la
saison, à ce temps-ci, allez-y, il n'y a jamais de crabe qui est pris
qui est vraiment trop petit.
M. Garon: II faut être prudent dans le crabe. La
juridiction du crabe est une des rares choses qui nous reste à 100%,
Dieu sait pour combien de temps. Il faut l'administrer correctement. Dans le
crabe, les connaissances scientifiques ne sont pas totales, on dit que le
homard est une ressources connue, il y a des ressources qui sont encore mal
connues. Le crabe est une espèce dont le comportement
génétique ou biologique est encore mal connu. Par exemple,
à un endroit les équipes de recherche avaient fait des prises et
c'était fantastique; les gars se lancent à la pêche, ils
n'en prennent pas. Pourquoi? Le crabe doit voyager, il fait des migrations,
qu'est-il arrivé? C'est un endroit... La première année,
ils en ont pris, la deuxième année, ils n'en ont pas pris
beaucoup; alors, c'est parce que la ressource n'est pas encore
complètement connue dans le crabe, alors c'est pour cela qu'il faut
être un peu plus vigilant pour la protéger plus que n'importe
quelle autre espèce.
M. LeMay: Alors, je vous remercie, je sais que vous allez... du
moins les officiers de votre ministère vont regarder le problème
des saisies de crabe qui ont eu lieu.
Si on regarde à la page 158, vous avez 550 000 $ pour les
services de génie, pour les parcs d'hivernement. Services
professionnels, administratifs, et autres, page 158 de votre gros cahier;
à 01 dans sous-catégorie, j'imagine, SC-01.
M. Garon: Oui.
M. LeMay: Vous avez: "services de génie, honoraires pour
construction de parcs d'hivernement, 550 000 $."
M. Garon: C'est cela, quatre fois, il y a quatre parcs
d'hivernement.
M. LeMay: D'accord, mais si on descend à 52 toujours dans
sous-catégorie: Construction pour parcs d'hivernement pour bateaux,
toujours le même CR-1022, encore un autre 550 000 $; cela veut dire que
ça coûte 550 000 $ pour faire faire les plans et 550 000 $ pour
faire construire.
M. Garon: C'est quoi cela?
M. LeMay: C'est le même 550 000 $ qui se
répète. C'est parce qu'on retrouve les mêmes 550 000 $.
Est-ce que cela s'additionne?
M. Garon: C'est le même montant. Ah! C'est le début
de la construction, pardon.
M. LeMay: Ah! Ah!
M. Garon: En haut, c'est 550 000 $ pour les...
M. LeMay: Ce sont les honoraires.
M. Garon: ... honoraires de génie pour les quatre plans
parce qu'on pense qu'ils vont être terminés au cours de
l'année 1982. Maintenant, il y en a qui vont commencer rapidement et il
y en a d'autres où cela va prendre un petit peu plus de temps. Alors, on
pense qu'il y aura déjà des versements de faits pour la
construction au cours de l'année 1982.
M. LeMay: Merci. Deux dernières réflexions; je
pense toujours à mes pêcheurs qui sont sur le bout du quai et qui
paient la glace 100% de plus depuis l'année passée. Si on regarde
à la page 154, votre Direction des services administratifs a des
abonnements - je ne sais pas en quoi ils consistent - mais elle en a pour 20
000 $ d'abonnements.
M. Garon: Qui cela?
M. LeMay: Page 154, Direction des services administratifs.
M. Garon: Ce sont des abonnements.
M. LeMay: À quoi est-elle abonnée? Elle en a pour
20 000 $. Cela ne va pas tout à Gaspé.
M. Garon: C'est marqué 5000 $ et 20 000 $. Journaux et
revues: 5000 $.
M. LeMay: Non, non, page 154: abonnements...
M. Garon: Ah! 20 000 $ d'abonnements. M. LeMay: 20 000 $
d'abonnements.
M. Garon: On ne pourra pas dire qu'ils ne lisent pas.
M. LeMay: Non, mais, comme je vous le disais, je pense à
mon pêcheur sur le bout du quai qui arrive le matin et qui paie sa glace
34 $ la tonne à la place de 18 $. On retrouve 20 000 $ d'abonnements. Je
ne sais pas si vous avez réponse à cela.
Il y a un autre point aussi, M. le ministre,...
M. Garon: Attendez un peu. On est abonné à une
banque de données scientifiques. Je pense que j'ai le contrat, c'est
avec l'Europe; je ne me rappelle pas si c'est en France. On a des
données scientifiques qui nous parviennent. Je me rappelle que, quand
j'ai signé ce papier, j'avais demandé les raisons et on m'avait
dit qu'on épargnait beaucoup d'argent en utilisant cette banque de
données. Les volumes scientifiques, quand la diffusion n'est pas
à grand tirage, coûtent plus cher.
Évidemment, on prévoit 20 000 $, mais on va
dépenser pour les abonnements qu'on va prendre et les revues qu'on va
acheter.
M. LeMay: J'espère en tout cas que ce ne sont pas les
pêcheurs qui vont être pénalisés.
M. Garon: C'est pour l'ensemble des pêches.
M. LeMay: Oui, oui, oui. À la page 149, un dernier point,
M. le ministre, non à la page 148. Votre service de recherche
scientifique a acheté du tabac et de la boisson pour 12 000 $. Ce sont
juste des échantillons.
M. Garon: Non, non. C'est marqué "aliments".
M. LeMay: "Aliments, boissons, tabac". Est-ce que c'est parce
qu'on veut fumer de la morue?
M. Mathieu: C'est pour entreposer dans vos entrepôts
frigorifiques, je suppose.
M. LeMay: C'est pour fumer de la morue, cela. Avec 12 000 $, M.
le ministre, je fournis de la glace à tous mes pêcheurs pendant un
an. C'est une réflexion que je faisais.
M. Garon: II devait y avoir beaucoup de tabac là-dedans.
Les 12 000 $, c'est pour le service de recherche qui fait des recherches et qui
a besoin d'échantillons. C'est pour cela qu'on dit: "Aliments,
boissons..." C'est pour des échantillons de recherches et des choses
comme cela. Le tabac, là, franchement, je ne sais pas si on veut trouver
de nouvelles formes d'appâts.
Une voix: Pour fumer le hareng, pour fumer le hareng!
M. Garon: Étant donné que le poisson est
pollué, peut-être bien qu'il mordrait le tabac. Je ne sais pas ce
que c'est, je ne pourrais pas vous dire quelle est la raison.
M. Mathieu: Alors, M. le Président...
M. Garon: Oui, mais, le tabac, cela a l'air fou un peu.
M. Mathieu: J'ai un mot à dire, un commentaire.
M. Garon: Ah! je l'ai l'explication. On n'achète pas de
tabac. La rubrique s'appelle "Aliments, boissons et tabac", mais on
n'achète pas de tabac. Il s'agit d'échantillons d'aliments pour
faire des recherches scientifiques.
(17 h 30)
M. LeMay: Cela serait peut-être bon l'an prochain, lors des
prochains crédits, de rayer le mot "tabac".
M. Garon: Cela économiserait du temps à la
commission, si on enlevait le tabac.
M. Mathieu: En concluant sur ce point, nous sommes prêts
à adopter le programme.
M. Garon: Attendez un peu.
M. Mathieu: Est-ce que les communications aériennes par
Québecair vont bien pour aller en Gaspésie?
M. Garon: Je ne suis jamais monté à bord de
Québecair.
M. Mathieu: Vous êtes privilégié.
M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: Vous êtes privilégié.
M. Garon: Je peux vous dire par exemple que lorsqu'on va dans le
territoire, des fois les voyages sont longs. Je me rappelle une fois où
j'étais descendu en automobile et pour remonter il y avait un ministre
qui était là et qui m'a offert...
M. Mathieu: Un pouce.
M. Garon: ... un pouce. Il m'a dit": Nous sommes en avion et il y
a une place de libre. Celui qui conduit ton automobile pourrait remonter avec
tes bagages, revenir à Québec et les laisser chez vous. Vous
pourriez monter avec nous en avion et vous arriveriez plus vite". J'ai dit:
Très bien. Vous savez que l'avion du gouvernement sert d'abord pour les
malades. Cela m'est arrivé souvent que... On est allés sur la
Côte-Nord, finalement je suis arrivé chez moi plusieurs heures
plus tard. J'entre et j'enlève mon imperméable; aussitôt
après, on sonne à la porte: c'était le conducteur de
l'automobile qui arrivait avec mes bagages. Un peu plus et il arrivait avant
moi.
C'est pour vous dire que lorsque vous allez sur le territoire avec
l'avion, même avec l'avion du gouvernement pour ceux qui ne le savent
pas, c'est un voyage, pour la plupart du temps, une fois sur deux, très
long. Parce qu'il y a une urgence qui arrive et vous bondissez à
Sept-Îles, à Baie-Comeau et à différents endroits
avec l'avion pour aller chercher un malade. Je ne blâme pas et je ne fais
pas la critique de cela. C'est tout simplement pour ceux qui croient des fois
qu'on prend l'avion par plaisir. C'est vous dire que lorsqu'on prend l'avion,
souvent je me méfie d'où on pourra rebondir avec l'avion du
gouvernement parce que ce n'est pas un avion qui est affecté uniquement
au transport des gens du gouvernement.
M. Mathieu: M. le Président, avant 18 heures, s'il n'y a
pas d'inconvénient nous aimerions finir le programme qui traite de la
Régie des marchés agricoles. Auparavant, je vous prierais de
reconnaître le député d'Orford sur un autre programme que
nous pourrions faire d'ici 18 heures.
Le Président (M. Boucher): Alors, le programme 10,
adopté. On reviendrait à quel programme?
Une voix: Programme no 5.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Garon: Le programme no 5 n'est pas un programme court. C'est
un programme qui va être un peu long à analyser. J'aurais voulu
qu'on puisse en passer un autre avant le programme no 5; on pourrait aller au
programme no 5 après. J'ai les gens de la Régie des
marchés agricoles qui siègent régulièrement.
J'aurais voulu passer le programme de la Régie des marchés
agricoles afin que ces gens puissent continuer leur travail. Ce n'est pas un
programme qui est long, la Régie des marchés agricoles,
habituellement.
M. Vaillancourt (Orford): Le programme no 5, en ce qui me
concerne, ce ne sera pas tellement long. Vu que j'ai ici des
propriétaires de petits abattoirs qui sont venus pour...
M. Garon: On n'ajustera pas nos programmes en fonction des gens
qui sont dans la salle.
M. Vaillancourt (Orford): On peut faire les deux quand même
avant souper.
M. Garon: Si on veut faire les deux, mais on va commencer par la
Régie des marchés agricoles. À ce moment, la commission
parlementaire, ce n'est pas un lieu pour faire de la politique, où on va
dire: On va faire venir des gens dans la salle pour qu'ils puissent voir ce que
je fais. Il y a des gens de la Régie des marchés agricoles qui
ont des gens devant les tribunaux ou devant la régie. Actuellement, ils
sont ici pour voir s'ils ont des questions à poser concernant la
Régie des marchés agricoles. On pourrait à ce moment
commencer par la régie et ensuite aller à un autre programme.
M. Mathieu: Est-ce que mon collègue accepterait cela?
Nous avons deux questions à poser concernant le programme no 6,
la Régie des
marchés agricoles. M. Garon: Bon.
M. Mathieu: Si les députés du Parti
québécois n'en ont pas beaucoup, cela va aller vite. Je ne
voudrais pas, par exemple, que vous arriviez avec un tas de questions pour
faire écouler le temps jusqu'à 18 heures et qu'on se ramasse avec
le programme no 5 après. Normalement, cinq vient avant six.
M. Gagnon: Je pense qu'on n'aura pas tellement de questions, nous
non plus, sur la Régie des marchés agricoles.
Je n'aime pas l'attitude à laquelle revient toujours le
député de Beauce-Sud. Il veut nous enlever notre droit de parole
parce qu'on est au pouvoir. C'est exactement la même chose qu'il a dite
au début de l'étude des crédits. Je ne crois pas qu'on ait
des questions, mais, si on en avait, on aurait aussi le droit de les poser sur
ce programme.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on est d'accord pour
le programme no 5 d'abord?
M. Mathieu: Nous allons prendre les cinq minutes pour le
programme no 6.
Le Président (M. Boucher): Programme 6.
M. Mathieu: Je crois qu'on devrait être bons pour
libérer...
Régie des marchés agricoles
Le Président (M. Boucher): Programme 6: Régie des
marchés agricoles du Québec.
M. Mathieu: Nous prendrons le programme no 5 après.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Oui, M. le Président. J'apprécierais
que le ministre nous présente les gens qui l'accompagnent, en rapport
avec le programme 6, Régie des marchés agricoles du
Québec.
M. Garon: M. Benoît Lavigne, qui est président de la
Régie des marchés agricoles du Québec.
M. Mathieu: Bonjour, M. Lavigne. Cela ne sera pas long, M.
Lavigne et M. le ministre. Avez-vous un organigramme de la Régie des
marchés agricoles? Vous pourriez nous en faire parvenir un.
M. Garon: Est-ce qu'il y en a un dans vos rapport annuels? Je
vais vous en faire parvenir un.
M. Mathieu: J'aimerais savoir combien il y a de postes de
commissaires ou de régisseurs à la régie?
M. Garon: Un maximum de 7 et il y en a 6 en fonction.
M. Mathieu: C'est-à-dire qu'il y a un poste vacant?
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Est-ce qu'il y a longtemps qu'il est vacant?
M. Garon: Cela fait un certain temps.
M. Mathieu: II sera comblé bientôt?
Quand vous hochez la tête, je n'ai pas d'assurance que cela va
être rapide ou pas rapide.
M. Garon: On cherche un candidat. Comme on voudrait affecter
quelqu'un qui deviendrait... Il y a un poste de vice-président qui est
libre. Alors on voudrait, en même temps qu'on va nommer la personne
à la Régie des marchés agricoles, voir si on doit nommer
une des personnes qui est là ou la nouvelle personne, comme
vice-président. C'est un peu cela.
M. Mathieu: Est-ce que le poste de régisseur est un emploi
à temps partiel ou à temps complet?
M. Garon: II y a des postes à temps partiel et il y a des
postes à temps complet. Celui qui est disponible est à temps
complet.
M. Mathieu: Est-ce que ce serait trop long de me donner le nom
des régisseurs, me dire s'ils sont à temps partiel ou complet, me
dire leur traitement, sauf celui de M. Lavigne?
M. Garon: Pourquoi, sauf M. Lavigne?
M. Mathieu: On sait qu'il est à temps plein.
M. Garon: Vous trouvez cela dans le rapport annuel des
crédits.
M. Mathieu: Je vous le demande.
M. Garon: II y a Me Prégent, qui est avocat à temps
plein...
M. Mathieu: Dites-moi donc le traitement tout de suite en
passant, ce sera plus court.
M. Garon: Je ne le sais pas par coeur.
Me Prégent gagne actuellement près de 70 000 $; dans le
cas du président, c'est 68 000 $. Il y a quatre membres à temps
partiel en plus.
M. Fortin est à 11 500 $ pour une journée par semaine. Ils
ne sont pas tous affectés pour le même nombre de journée.
On peut appeler cela des divisions, il y en a qui viennent moins souvent que
d'autres, parce qu'ils sont occupés ailleurs. Alors M. Fortin est
affecté une journée par semaine. M. Peter Nadeau, deux jours, 20
000 $. M. Paul Couture, trois jours de disponibilité, 25 000 $.
M. Mathieu: M. Couture, est-ce une nomination récente?
M. Garon: Depuis mars 1981. En même temps que M. Drummond.
Il y a peut-être quinze jours de différence entre les deux
nominations.
M. Mathieu: Est-ce que les rôles sont chargés? Et
est-ce qu'il y a un délai dans l'audition des causes que vous
entendez?
M. Garon: Tout dépend des causes. Il y a des causes
où il faut avertir toutes les parties impliquées, ce qui est plus
long, il faut faire des annonces publiques.
M. Mathieu: On sait qu'en Cour supérieure et en Cour
provinciale, le rôle est chargé, les délais sont longs. Je
ne sais pas chez vous si le...
M. Garon: C'est très court, chez nous.
M. Mathieu: Est-ce que la liste d'attente est chargée?
M. Garon: Pas tellement, on ne laisse pas allonger la liste
d'attente, quitte à entendre dix causes dans la même
journée; on siège deux, trois ou quatre jours par semaine.
M. Mathieu: II peut y avoir combien de délais au maximum
pour entendre une cause?
M. Garon: Quant aux salaires, une journée par semaine,
deux journées par semaine, trois journées par semaine, cela ne
veut pas dire que la personne vient le lundi une fois par semaine;
c'est-à-dire que c'est sur une base annuelle d'une journée par
semaine. L'autre est sur une base de deux journées en moyenne par
semaine pendant un an. L'autre, pour une moyenne de trois journées par
semaine. Alors, ce peut être, pendant une semaine, cinq jours et, la
semaine suivante, cinq jours mais après cela, la semaine suivante, ne
pas y aller du tout.
Alors, c'est une base annuelle et c'est un per diem de 200 $ par jour
environ. C'est à peu près le tarif habituel que le gouvernement
paie pour des nominations, environ 200 $ par jour.
M. Mathieu: Quand il y a un écart dans les salaires, c'est
parce que la personne est appelée plus souvent si je comprends bien?
M. Garon: Oui, ou elle est plus disponible parce que moins
occupée ailleurs. Ce sont tous des gens à temps partiel, donc ils
ont un gagne-pain ailleurs. Alors, il y en a qui sont plus disponibles que
d'autres, ils peuvent être appelés à siéger dans des
divisions plus souvent que ceux qui siègent une journée par
semaine.
Quand je les ai rencontrés - je vais vous dire comment cela s'est
fait un peu -on a discuté du nombre de jours de disponibilité, le
nombre de jours qu'ils pouvaient être prêts à travailler, un
peu en fonction des besoins. Par exemple, pour MM. Nadeau et Fortin, je leur ai
demandé combien de jours environ ils travaillaient dans le passé.
M. Nadeau, c'était autour de deux jours, alors on l'a mis sur une base
de deux jours; M. Fortin, les deux dernières années
écoulées, c'était plus proche d'une base d'une
journée, alors on l'a fixé sur une base d'une journée.
M. Mathieu: Je n'ai absolument rien contre cela. Je ne dis pas
que c'est exagéré. C'est simplement pour être au courant
parce que cela surprend un peu quand on dit que l'un peut avoir 10 000 $ et
l'autre, 25 000 $; vous savez, c'est simplement pour avoir une explication. Ce
n'est pas parce que je trouve cela discriminatoire.
M. Garon: Je vais vous dire pourquoi. C'est difficile à
évaluer; les gens siègent mais il y a aussi l'étude des
causes. Ils ne font pas seulement siéger. Alors, on aurait fixé
un per diem basé sur quoi? Ç'aurait été
compliqué. On dit: C'est le président qui doit être
chargé de l'affectation des gens qui siègent, en fonction des
dossiers qu'ils ont et du salaire. Il sait qu'une personne est engagée
sur une base de trois jours. Tu confies plus de travail sur une base de trois
jours que sur une base de deux jours et tu répartis le travail en
conséquence.
M. Mathieu: Compte tenu du peu de temps, je limiterais mes
questions là.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Vous avez maintenant dans vos pouvoirs des pouvoirs
d'enquête. Lorsque vous effectuez les enquêtes, est-ce que vous
rendez publics vos résultats d'enquête?
M. Garon: II y a deux types d'enquêtes.
On a des enquêtes de caractère plus privé qui
peuvent concerner des volumes dans des usines déterminés pour
fins de quota ou non-prélèvement. Ces données-là ne
peuvent être révélées que sur ordre d'un tribunal ou
pour fins de poursuites judiciaires. On a d'autres modes d'enquête, par
ailleurs, où il y a audiences publiques avec production de preuves,
témoins, argumentations. Dès qu'il y a audience publique avec
assistance publique, les résultats sont considérés
propriété publique; ils doivent être publics parce qu'ils
ont été entendus publiquement.
M. Paradis: L'an passé, sauf erreur, ou l'année
d'avant, vous avez effectué des enquêtes sur les transferts de
quotas; est-ce que vous rendez public ce genre d'enquête?
M. Garon: Je pense que vous parlez de l'enquête concernant
la requête Bilodeau qui était constituée de deux
parties.
M. Paradis: Oui, mais il y a eu une préenquête avant
l'enquête Bilodeau, je pense, qui avait été faite par la
régie pour voir si vous deviez faire enquête.
M. Garon: C'est comme la police, vous savez, dès qu'on a
une plainte on fait une préenquête pour voir s'il y a lieu de
faire une enquête publique. Le résultat de la
préenquête est propriété de la régie.
M. Paradis: Oui. Cela ce n'est pas rendu public.
M. Garon: Mais le simple fait qu'on tienne ensuite une audience
publique donne déjà des indices qu'il pourrait y avoir anguille
sous roche quitte à procéder à l'aide d'une preuve plus
ample.
Le Président (M. Boucher): D'accord. M. le
député de Champlain.
M. Gagnon: Juste une petite question. Lorsqu'on doit augmenter ou
on demande d'augmenter le prix du lait, la régie est saisie de la
demande. Est-ce qu'il y a toujours audience publique et, lorsqu'il y a audience
publique, vous parlez de témoins, est-ce que les consommateurs sont
appelés à témoigner et à donner leur avis?
M. Garon: Dans le cas que vous mentionnez, c'est une
enquête publique en vertu de la Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés, et non pas en vertu de la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles. Dans la loi sur les produits laitiers, il
est prévu qu'il y a audience publique. Il va y avoir des avis de
donnés quant aux parties qui font des requêtes. Elles doivent
faire leur preuve sous forme de brefs ou sous forme de présentation de
témoins, témoins experts ou production de chiffres ou de
rapports, de documents. La même chose pour toutes les parties.
Évidemment, dès que vous avez une requête des
producteurs, vous avez une réaction à la chaîne, tout le
monde veut avoir des ajustements. On se cache sous le premier requérant
pour aller défendre au détriment du consommateur des
augmentations à peu près à tous les niveaux de la
chaîne. C'est un cas assez particulier, à savoir, c'est le seul
cas qui touche le lait nature ou la formation du niveau de prix à tous
les échelons dans le lait nature. C'est un mode plus particulier que le
mode d'enquête dont on parlait tout à l'heure.
M. Gagnon: À ce moment, c'est vrai de dire que le
consommateur aussi...
M. Garon: Le consommateur a droit au chapitre, il peut
contre-interroger les témoins, mettre en doute ou contester certaines
des affirmations qui sont ou dans les mémoires, ou faites par d'autres
témoins experts qui peuvent être appelés par d'autres
parties.
M. Gagnon: Merci.
Le Président (M. Boucher): Le programme 6
adopté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Alors, on revient au programme
5.
M. Mathieu: Je vous prierais de reconnaître...
Commercialisation des produits
agro-alimentaires
Le Président (M. Boucher): Et comme entendu, je reconnais
le député d'Orford qui a quelques questions à poser.
Le programme 5. La commercialisation des produits agro-alimentaires.
M. Vaillancourt: M. le Président, est-ce qu'on peut
discuter du programme dans son ensemble?
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
d'Orford.
M. Garon: Bien, au début du débat, je voudrais
parler un peu, comme on est dans la commercialisation, et faire une petite
présentation que j'avais annoncée au début.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, il ne reste que
dix minutes et en ce qui concerne M. le député d'Orford, il y
avait eu une entente pour qu'il pose ses
questions immédiatement. Alors, je pense qu'on pourra
compléter et ensuite... il y aura reprise à 20 heures M. le
ministre.
M. Mathieu: Vous n'aurez pas assez de temps, on aime vous
entendre plus longtemps que cela.
M. Garon: Cela ne marchera pas comme ça, les commissions
parlementaires, c'est pour étudier les crédits, ce n'est pas pour
faire son show devant des gens dans l'assistance. Je regrette, qu'il pose ses
questions et je vais lui répondre plus tard.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford, vous pouvez poser vos questions.
Les petits abattoirs
M. Vaillancourt: M. le Président, les questions que j'ai
à poser, c'est au sujet des petits abattoirs qui existent dans la
province. Il y a environ 200 petits abattoirs B qui existent encore dans la
province. Je demanderais au ministre s'il reconnaît l'Association pour la
conservation des petits abattoirs qui représente au-delà de 200
petits abattoirs B dans la province?
M. Garon: II y a 171 abattoirs B au Québec et les
associations n'ont pas besoin de reconnaissance du ministre pour exister.
Qu'est-ce que vous voulez dire par cette question?
M. Vaillancourt: Est-ce que le ministre reconnaît
l'Association pour la conservation des petits abattoirs du Québec comme
étant représentative pour ses membres?
M. Garon: Je n'ai pas à reconnaître les
associations. Les associations existent et ....
M. Vaillancourt: Bon, disons que l'Association pour la
conservation des petits abattoirs existe depuis plusieurs années et elle
fait des représentations pour avoir des amendements en ce qui concerne
leur avenir. Il y a plus d'un an, une étude a été faite
par le Dr Jean Moreau, de l'Université Laval, avec des associés
et ce rapport n'a jamais été dévoilé. Le ministre
pourrait-il déposer ce rapport?
M. Garon: Quand vous parlez de reconnaissance de l'association,
je peux vous dire qu'au ministère mes fonctionnaires me disent qu'ils
n'ont jamais demandé aux représentants de l'association une
indication du nombre de membres qui ont payé leur cotisation à
l'association, pour savoir un peu le nombre de personnes que représente
cette association, et qu'ils n'ont jamais pu avoir de document pour
démontrer le caractère représentatif de l'association.
M. Vaillancourt (Orford): Ma deuxième question, ce qui
m'intéresse le plus de savoir, c'est si le ministre serait prêt
à déposer le rapport du Dr Moreau concernant l'étude qu'il
a faite sur l'avenir des petits abattoirs.
M. Garon: Non.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce un document secret? Étant
donné qu'il a été payé par les fonds publics,
est-ce qu'il ne pourrait pas être déposé pour qu'on en
prenne connaissance?
M. Garon: Ce n'est d'abord pas un rapport sur les petits
abattoirs, c'est un rapport sur des méthodes d'inspection. Je peux vous
dire une chose, beaucoup de gens s'inquiètent au Québec et
ailleurs du contenu des médicaments dans les viandes, des antibiotiques,
qu'il y a dans les viandes, des sulfas et des autres produits chimiques qu'il y
a dans les viandes. De la même façon qu'on a un contrôle
important des antibiotiques dans le lait, il faut faire en sorte qu'il n'y ait
pas d'antibiotiques.
Récemment, j'ai écrit aux principaux abattoirs du porc
pour leur demander quelles étaient les méthodes qu'ils
utilisaient - parce que vous savez qu'ils sont soumis à l'inspection
fédérale, puisqu'ils font de l'exportation - les méthodes
employées, pour vérifier le contenu en produits chimiques qu'il
peut y avoir dans les viandes, notamment, je faisais référence -
ce n'est pas le seul produit, c'est un des produits - les sulfas. C'est un des
points les plus importants actuellement l'inspection dans le secteur des
viandes. Vous comprenez que, quand on parle d'inspection visuelle, ce n'est pas
avec des inspections visuelles qu'on peut déterminer si les viandes ont
des antibiotiques, comme on ne pourrait pas de la même façon voir
s'il y en a dans le lait. Actuellement, les contrôles les plus importants
sont faits pour le lait. Des échantillonnages sont pris de façon
régulière dans les produits laitiers et il y a des
pénalités très fortes pour les producteurs laitiers qui
donnent des piqûres à leurs vaches qui sont malades, qui donnent
des antibiotiques qui caillent le lait dans les 48 heures qui suivent la
piqûre, parce qu'il reste des résidus dans le lait. On donne des
pénalités très fortes aux agriculteurs pour
contrôler les antibiotiques pour ne pas que les gens qui achètent
du lait achètent en même temps des antibiotiques. Ils
achètent du lait, pas des antibiotiques. Il y a un contrôle de
toutes les fermes du Québec et une inspection régulière de
tous les producteurs laitiers du Québec.
Dans le secteur des viandes, c'est un problème qui n'existait pas
vraiment auparavant, mais, avec les élevages intensifs qu'on retrouve
maintenant, c'est une question
très importante, extrêmement importante. Je peux vous dire
que, lorsque j'ai rencontré M. Whelan, cela a été un de
nos sujets de discussion. J'ai écrit aux abattoirs et je n'ai pas
l'intention d'attendre qu'il se fasse quelque chose concernant cela. Si le
gouvernement fédéral n'agit pas assez rapidement, nous allons
agir très rapidement pour qu'il y ait un contrôle total des
produits chimiques qu'il peut y avoir dans les aliments.
M. Vaillancourt (Orford): Même pour les
B?
M. Garon: Pardon?
M. Vaillancourt (Orford): Même pour les B, les abattoirs
B?
M. Garon: Ce dont on discute actuellement, ce n'est pas seulement
dans le secteur des viandes, dans le secteur du poisson, par exemple.
M. Vaillancourt (Orford): Actuellement, pour les abattoirs B, il
n'y a pas d'inspection.
M. Garon: Par exemple, le journal Le Soleil a
révélé que si l'anguille, qui est un poisson migrateur, a
migré dans une rivière où il n'y a pas de pollution, elle
peut passer plusieurs années là. L'anguille qui vient au monde
dans la mer des Sargasses, qui vient ici, peut passer plusieurs années
ici avant de redescendre pour...
M. Vaillancourt (Orford): Vous êtes en dehors du sujet, par
exemple.
M. Garon: Non, non. Je ne suis pas en dehors du sujet.
M. Vaillancourt (Orford): Vous êtes rendu dans la mer.
M. Garon: Non, non, je vais vous dire pourquoi, c'est parce que
dans certains types de poissons, surtout le poisson des Grands Lacs,
principalement dans les poissons gras, il y a une concentration de produits
chimiques. Alors, il faut absolument... L'inspection des aliments d'il y a 20
ans et celle qui est nécessaire aujourd'hui, c'est le jour et la nuit.
Actuellement, nous sommes en train de nous interroger sur tout le
système d'inspection alimentaire au Québec. À ce point de
vue, ma reponsabilité comme ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation - je suis aussi le ministre des
consommateurs - c'est de voir à faire en sorte que les produits qui sont
consommés sur le territoire du Québec soient des aliments sains.
Nous sommes actuellement... Je peux vous dire qu'en l'année 1982 et 1983
et très rapidement, nous allons restructurer complètement le
système d'inspection des aliments au Québec. Ce sera l'une des
principales réformes que nous allons connaître au cours de
l'année 1982-1983, restructurer complètement le système
d'inspection des aliments et nous allons nous poser toutes les questions. On va
considérer qu'il n'y a rien de réglé dans le secteur de
l'inspection des aliments et nous allons nous poser des questions fondamentales
sur la manière dont doit se faire l'inspection des aliments. Il y a eu
une modernisation des bâtisses et on ne veut pas que les inspecteurs
aillent dans les abattoirs pour inspecter les murs et les abattoirs. Ils
peuvent passer peut-être les premières cinq minutes à faire
cela; après cela, il faut surtout qu'ils inspectent les aliments.
Inspecter les aliments en 1982 et dans les années qui viennent, cela ne
veut pas dire regarder le boeuf dans l'oeil et dire: II a bon oeil, cela veut
dire se demander ce qu'il y a dans les aliments. Et s'il y a eu trop de
produits chimiques ou trop de médicaments de donnés à
l'animal, qu'on sache où vont ces aliments - c'est connu - dans quelle
partie de l'animal vont ces produits chimiques et il faut s'interroger
là-dessus.
Je vais vous dire plus que cela, les consommateurs veulent savoir ce
qu'ils mangent. Je vais vous dire que quand je regarde, par exemple, une
boîte de quelque chose, les trois quarts des mots que je vois là,
je ne les comprends pas et surtout, je ne sais pas dans quelle proportion ils
sont là. Aujourd'hui, par exemple, les jeunes médecins vous
disent que l'un des problèmes, c'est qu'il y a trop de sucre dans les
aliments. On mange trop de sucre. Quand vous achetez aujourd'hui... Trouvez-moi
le produit que vous mangez aujourd'hui et dont vous connaissez le pourcentage
de sucre; hein!
Une autre chose que je ne savais pas: J'étais un consommateur de
ketchup, je mangeais pas mal de ketchup; depuis que je sais la quantité
de sucre qu'il y a dans le ketchup, j'ai arrêté d'en manger.
Pourquoi? Bien, je pense que les consommateurs sont intéressés
à savoir quelle quantité, pas seulement savoir qu'il y a du sucre
dans le ketchup, mais savoir quelle quantité de sucre il y a dans le
ketchup, dans la crème glacée. Les gens sont
intéressés à savoir si c'est du lait qu'il y a dans la
crème glacée et s'il y a du sucre dans la crème
glacée et dans quelle proportion il y a du lait et dans quelle
proportion il y a du sucre. Je peux vous dire que là-dedans, en 1982 et
en 1983, on va se poser des questions fondamentales pour protéger... Et
j'ai l'intention que le Québec soit à l'avant-garde dans ce
secteur.
On a publié le document. Le virage technologique. Qu'est-ce que
cela veut dire essentiellement? Cela veut dire que le Québec va faire sa
marque par la qualité et
faire sa marque par la qualité, cela veut dire répondre
aux besoins du consommateur et répondre aux préoccupations
actuelles du consommateur, pas du consommateur d'hier, du consommateur
d'aujourd'hui. C'est ce que nous avons l'intention de faire.
Je ne veux pas annoncer le discours inaugural du premier ministre, mais
je peux vous dire une chose, que, dans les orientations fondamentales qu'on
veut prendre au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation actuellement, l'un des aspects importants sera la remise en
question complète, de A à Z, de l'inspection des aliments,
d'autant plus que j'ai eu maintenant ce que je n'avais jamais mis en doute
auparavant... Je pensais que l'inspection du Canada, ce qui était
inspecté Canada, voulait dire Al, j'ai toujours pensé cela. Je ne
me suis même jamais - les gens du ministère vous le diront -
posé la question. J'ai été alerté dans le poisson,
mais d'abord dans le système d'inspection des pommes de terre et avant
cela, l'été dernier - je veux dire la première fois - cela
a été par les biotests. Quand je suis arrivé à la
conférence fédérale-provinciale, j'ai vu le ministre de
l'Agriculture de la Saskatchewan qui a fait une colère comme je n'en
avais jamais vue. Ah! je n'ai jamais vu une colère comme cela! J'ai dit:
II va fendre la table en deux, tellement il cognait fort sur la table...
Une voix: II faut dire que c'est un prédicateur. (18
heures)
M. Garon: ...puis il criait. Je regardais M. Whelan au bout de la
table et j'ai dit: Qu'est-ce qui se passe? Non, quant à moi, je suis
comme un enfant dans le sein de sa mère - comprenez-vous? -
comparé au discours qu'a fait le ministre de la Saskatchewan. Assez que
je me suis retourné, à la conférence
fédérale-provinciale, vers M. Ouellet et le sous-ministre et j'ai
dit: Comment se fait-il qu'il se choque comme cela sur ce sujet? J'ai appris
que tous les produits qui entrent des États-Unis au Canada, les
pesticides, sont homologués par le gouvernement fédéral.
Mais le gouvernement fédéral ne s'était pas
préoccupé véritablement de voir, quand il a donné
son contrat à une firme américaine, si les tests avaient vraiment
été effectués. Il a homologué des produits alors
qu'apparemment une grande partie des tests qui devaient être faits
n'avaient pas été faits. J'ai été surpris
d'apprendre cela. Après cela...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, il est 6
heures.
M. Mathieu: Consentement pour une minute.
Le Président (M. Boucher):
Consentement pour une minute.
M. Garon: La deuxième fois que j'ai été
alerté, c'était au sujet du système d'inspection des
pommes de terre. M. Whelan dira ce qu'il voudra, mais on sait ce qui s'est
passé dans le secteur des pommes de terre, et on sait ce que les
Européens pensent du système canadien et d'un ensemble de
données. D'ailleurs, j'ai écrit récemment à M.
Whelan et aussi à M. McLeod, du Nouveau-Brunswick, pour leur dire que
s'ils pensent véritablement qu'on a tort, qu'ils nous fournissent les
inspections qu'ils ont faites dans le champ, chez M. Poitras, dans la ferme
Norbec à Sept-Îles. Il y a eu quatre inspections à
Sept-îles. Les inspecteurs fédéraux ont dit, dans leur
rapport, que les pommes de terre produites à Sept-îles
étaient mauvaises. Ils ont fait quatre inspections, dans le champ et
dans les entrepôts. Alors, si elles étaient mauvaises, comment se
fait-il qu'ils ont mis l'estampille fédérale sur les pommes de
terre? J'attends la réponse de M. Whelan que je n'ai pas encore eue.
J'ai demandé également à M. McLeod de me donner les
tests qu'il a fait faire sur les pommes de terre de M. Watson qui ont
été vendues, du Nouveau-Brunswick - parce qu'il y a des tests de
Floride sur les pommes de terres...
M. Vaillancourt (Orford): Vous êtes rendus loin des
abattoirs.
M. Garon: ... les pommes de terre de M. Watson ont subi le test
de Floride au cours des dernières années - pour qu'on puisse voir
exactement - je les connais les résultats - à quel point
c'étaient des pommes de terre de qualité. Avec ces documents, on
pourra voir si M. Whelan et M. McLeod pourront dire, comme ils le disaient,
où était la faute exactement.
M. Houde: Depuis quand y a-t-il des patates dans les
abattoirs.
M. Garon: Troisièmement...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier, est-ce que...
M. Garon: Je termine en disant que dans l'inspection du poisson,
j'ai constaté, aux États-Unis, que le système d'inspection
canadien ne valait pas grand-chose. Alors, ayant la responsabilité,
comme ministre, du service d'inspection des aliments du Québec, je veux
faire en sorte qu'on ait le système d'inspection le plus moderne pour
protéger les consommateurs québécois. Ce sera un sujet
qu'on pourra aborder ce soir à 8 heures.
Le Président (M. Boucher): Alors, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 03)
(Reprise de la séance à 20 h 18)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre! À la
suspension de 18 heures, nous en étions au programme 5. Le
député d'Orford avait commencé à poser des
questions. M. le député d'Orford, est-ce que vous avez
terminé ou si vous avez d'autres questions?
M. Vaillancourt (Orford): Non, je n'ai pas terminé; je
n'ai pas commencé.
M. Paradis: Commencez dans les questions et on va commencer dans
les réponses.
M. Vaillancourt (Orford): J'ai posé seulement une question
et c'est le ministre qui a pris tout le temps avant le dîner;
j'espère qu'il va être moins long dans ses réponses. Cela
va me permettre de poser plus de questions.
M. le Président, si je me souviens bien, nous étions
à discuter des petits abattoirs. Le ministre, d'après sa
réponse, j'ai cru comprendre qu'il était à préparer
un projet d'inspection beaucoup plus rigide pour les petits abattoirs; est-ce
que cela veut dire qu'il va faire l'inspection dans les abattoirs B, lorsque
son projet va être mis en marche?
M. Garon: Je n'ai pas dit ce que vous avez mentionné que
j'avais dit. J'ai dit tout simplement que nous remettions en cause tout le
système d'inspection des aliments pour répondre davantage aux
préoccupations des consommateurs qui veulent savoir ce qu'ils mangent.
Notre rôle, pour autant que l'inspection des aliments est
concernée, c'est de protéger le consommateur sur la
qualité des aliments, mais aussi sur leur contenu. Le consommateur ne
peut pas inspecter les aliments pour savoir s'il y a des produits
indésirables; à ce moment-là, il se fie sur les services
gouvernementaux pour lui donner cette assurance ou encore sur des inspections
privées d'entreprises qui ont des laboratoires. J'ai dit qu'actuellement
on constate que les consommateurs, avec raison, demandent certains
renseignements sur les aliments et que nous allons réviser tout notre
système d'inspection alimentaire. Je n'ai pas parlé des petits
abattoirs, j'ai parlé de tout le système d'inspection
alimentaire.
M. Vaillancourt (Orford): Qu'est-ce qui va arriver, par exemple,
aux petits abattoirs de classe B, si vous avez une nouvelle politique
d'inspection? Est-ce que cela veut dire que vous allez inspecter les viandes
dans les abattoirs actuels, tels qu'ils sont aménagés ou bien si
vous allez les obliger à se moderniser et à reconstruire des
bâtisses nouvelles selon les normes qui existent de 250 000 $ et 300 000
$...
M. Garon: 250 000 $ à 300 000 $.
M. Vaillancourt (Orford): ... ou bien si vous allez
réduire les normes pour permettre à ces petits
abattoirs-là de devenir des abattoirs sous inspection mais selon des
normes plus réalistes que celles qu'on exige aujourd'hui.
M. Garon: Quand nous sommes arrivés au gouvernement, en
1976, tous les abattoirs devaient fermer au 1er janvier 1977. La
première chose que j'ai faite a été de proposer au Conseil
des ministres de donner un an de délai pour pouvoir revoir la loi et la
réglementation. Au mois d'août 1977, nous avons amendé la
loi sur les produits agricoles et les aliments qui régit l'inspection
des viandes au Québec; ensuite, nous avons adopté un
règlement au mois de décembre 1977 qui prévoyait pour tous
les abattoirs qui devaient fermer au 1er janvier 1977, selon ce que les gens
nous demandaient, que ceux qui avaient commencé leur vie
là-dedans puissent continuer. L'association des petits abattoirs que
j'ai rencontrée à ce moment-là me demandait que ceux qui
avaient 50 ans, 55 ans ou 60 ans puissent poursuivre pendant les
dernières années de leur vie l'exploitation de leur abattoir avec
un système, parce qu'ils ne pouvaient pas investir pour quelques
années. Alors, nous avons acquiescé à cela. Quant aux
libéraux, il fallait les fermer, bâtir entre cinq et dix gros
abattoirs.
Ce que nous avons fait, nous avons prévu que ceux qui
étaient dans ce commerce au moment où ça avait
été mis en application puissent continuer, mais ils ne pouvaient
pas vendre leur abattoir. C'était un compromis pour que les petits
abattoirs -ce qu'ils appellent les petits abattoirs B -puissent terminer. Si
quelqu'un voulait continuer, laisser le temps s'écouler et après
cela prendre sa retraite ou encore à un moment donné se retirer,
qu'il puisse le faire. C'est ce que nous avons fait à la demande
même de l'association des petits abattoirs et on a trouvé ensuite
pour la modernisation une foule d'assouplissements qu'on trouve dans la loi et
surtout dans la réglementation. Voilà ce qui a été
fait.
M. Vaillancourt (Orford): Mais, le ministre ne trouve-t-il pas
que c'est malheureux qu'aux 170 ou 175 petits propriétaires d'abattoir
qui existent encore aujourd'hui, on ne permette pas de transmettre de
père en fils leur équipement? Actuellement, un père qui
travaille avec sa
famille - tant qu'il vit il n'y a pas de problème ou tant et
aussi longtemps qu'il ne décide pas de prendre sa retraite - ne sera pas
capable de vendre ses équipements, ni son abattoir parce que la loi ou
les règlements lui défendent. Je crois que le ministre devrait
penser à une formule pour aider ces personnes, étant donné
qu'elles ont investi pendant toute leur vie. Il y en a plusieurs pour qui c'est
le seul argent qu'elles ont de côté, la valeur de leur abattoir.
Je pense que le ministre devrait instituer un système de subventions
lorsque la personne décide de prendre une retraite, étant
donné qu'on lui défend de vendre ou de transmettre son abattoir
à son fils pour que ce père de famille, qui prend sa retraite
à l'âge de 60 ou 65 ans, puisse avoir un petit quelque chose pour
sa retraite. Je pense qu'il devrait y avoir un système de subventions
perpétuelles jusqu'à temps que ces abattoirs soient
complètement disparus étant donné qu'on ne leur permet pas
de les vendre ou de les transmettre de père en fils.
M. Garon: Vous, dans le temps, vous étiez ministre
d'État à l'Agriculture et vous étiez au Conseil des
ministres. Pourquoi n'avez-vous pas fait valoir ces idées? Dans le temps
vous vouliez tous les fermer le 1er janvier 1977,
M. Vaillancourt (Orford): Ce n'est pas tout à fait...
M. Garon: Non seulement ça, mais il y avait une petite
indemnité pour ceux qui fermaient. J'ai doublé
l'indemnité. Je l'ai proposé au Conseil des ministres et on a
consenti à ce qu'on double l'indemnité accordée à
ceux qui se retiraient et on a permis à ceux qui, au lieu de fermer,
voulaient continuer... C'est cela qu'ils demandaient, continuer de fonctionner.
Cela a été fait.
Si, dans le temps, vous pensiez à autre chose, pourquoi ne
l'avez-vous pas fait valoir au Conseil des ministres? Si le Parti
libéral... quand on dit que les tiroirs étaient pleins, les
tiroirs n'étaient pas pleins. La loi et les règlements ont
été adoptés dans le temps des libéraux et ils
fermaient. Alors, voyez-vous, ça existait dans le temps des
libéraux, cela. Je n'ai pas eu besoin de l'adopter, ce n'était
pas dans le tiroir, c'était sorti du tiroir. Alors, ils fermaient les
abattoirs, tous sans exception, le 1er janvier 1977.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, il ne faut pas
charrier avec ça.
M. Garon: Non, non, mais est-ce bien vrai?
M. Vaillancourt (Orford): C'était un dossier....
M. Garon: Non, non, mais êtes-vous prêt à
admettre cela?
M. Vaillancourt (Orford): D'accord, mais je ne le suis pas
à 100% sur ce que vous dites.
M. Garon: Je peux vous donner la copie du règlement et de
la loi.
M. Vaillancourt (Orford): Ce que je veux faire valoir, c'est que,
lorsqu'on a pris la décision de fermer plusieurs petits abattoirs - il y
en avait 700 ou 800, je crois, dans le temps, disons, 500, et là on est
rendu à 171 - il y a eu une politique de subventions qui a permis
à plusieurs propriétaires de petits abattoirs de se
défaire de leur abattoir. Ils ont bénéficié de la
subvention mais c'était pour les plus âgés. Ceux qui
étaient plus jeunes, par exemple, un type qui était encore
capable de travailler pendant encore 15 ou 20 ans, c'était assez
difficile pour lui de se départir de son gagne-pain. Je pense que le
ministre avec les connaissances qu'on a acquises au cours des années,
avec l'expérience de ce dossier, le gouvernement devrait établir
un système de subventions jusqu'à temps que tous les abattoirs
s'éteignent, si on ne veut pas amender la loi pour permettre aux
propriétaires d'abattoirs actuellement de vendre leur abattoir à
leur fils ou de s'en départir d'une autre façon. Ou encore qu'on
diminue les normes pour permettre à plusieurs de ces personnes qui
veulent moderniser et avoir l'inspection...
Je pense que ce serait réaliste et ce serait humain, pour ne pas
faire perdre tout les actifs à ces propriétaires, d'avoir une
autre politique de subventions pour permettre à tous les
propriétaires de petits abattoirs de ne pas perdre complètement
leur investissement, c'est-à-dire tout l'avoir qu'ils ont gagné
au cours de leur vie. Et il y en a plusieurs qui ont rénové, ont
dépensé des milliers de dollars. Il y en a qui ont des abattoirs
qui valent 250 000 $ ou 300 000 $ et ce n'est pas encore satisfaisant, ils ne
peuvent pas avoir l'inspection ou même ils ne peuvent pas vendre à
qui ils veulent. Ils sont obligés de ne vendre qu'à leur comptoir
de vente. Si au moins on permettait à ces petits abattoirs de vendre aux
institutions, aux restaurants, aux foyers pour personnes âgées.
Inspecter la viande, je pense que ça aiderait beaucoup, ça ferait
avancer le dossier. Au fur et à mesure que les personnes
décideraient de prendre leur retraite, elles auraient une bonne
subvention généreuse pour leur permettre de ne pas perdre tout ce
qu'elles auraient gagné au cours de leur vie. Ce sont un peu les
suggestions que j'avais à faire au ministre et
je lui demanderais de me dire ce qu'il en pense.
(20 h 30)
M. Garon: Je pense que si vous croyez cela, vous devriez le
mettre dans votre programme du Parti libéral.
M. Vaillancourt (Orford): Cela ne veut pas dire qu'on ne le
mettra pas.
M. Garon: Mais, aux dernières élections, vous
n'avez pas mis cela dans votre programme. Quand vous étiez au pouvoir,
vous vouliez tous les fermer sans exception. Pardon?
M. Vaillancourt (Orford): Ce n'est pas exact.
M. Garon: C'est exact, c'est la loi, le règlement; les
gens des abattoirs le savent.
M. Mathieu: Si vous continuez à charrier, ça va
vous prendre un permis de transport en vrac, là vous.
M. Vaillancourt (Orford): En tout cas, je ne sais pas s'il y a
d'autres de mes collègues qui ont quelque chose à dire
là-dessus, étant donné que le ministre ne semble pas
vouloir répondre à mes questions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Considérant que le ministre ne semble
favoriser aucune ouverture en faveur des propriétaires de petits
abattoirs et, j'ajouterais, des agriculteurs qui font affaires avec ces petits
abattoirs, je me permettrai de lire une lettre qui a été
envoyée aux députés de l'Assemblée nationale, qui a
été envoyée également au ministre de l'Agriculture
et au premier ministre du Québec et que nous avons reçue. Il y a
le député d'Iberville à la table, il y a d'autres
députés qui sont présents, j'aimerais qu'à la
lecture de cette lettre, on tente de retracer ce qu'il y a d'inexact dans les
représentations de l'Association pour la conservation des petits
abattoirs du Québec, et si on en vient à la conclusion que ses
représentations sont exactes, qu'on prenne le temps sérieusement
de régler ce problème-là, parce que l'étude des
crédits, ça peut servir également, M. le ministre,
à régler des problèmes.
La lettre est datée du mercredi 19 mai 1982 et se lit comme suit:
"Chers députés, la présente lettre en est une qui pourrait
décider de l'emploi de milliers de Québécois. - On sait
combien on a de milliers de chômeurs - Elle vous est envoyée non
seulement par un ou deux Québécois, mais par 200
propriétaires d'abattoirs B à partir de Saint-Chrysostome
jusqu'à Gaspé. Ce chiffre représente 2000 personnes
à travers la province. Ces mêmes gens sont en contact avec au
moins 1 000 000 de personnes. Ce chiffre représente un nombre de votes
considérable. "Un autre point important que je voudrais porter à
votre attention est que les personnes mentionnées ci-haut sont
extrêmement furieuses parce que l'Assemblée nationale n'a pas
encore modifié la loi no 39, insignifiante et stupide, établie en
1977. Cette loi a été établie parce que plusieurs
inspecteurs malhonnêtes dans les plus grands abattoirs approuvés A
au Québec ont accepté des pots-de-vin afin de permettre la
circulation de viande clandestine. "Ce même groupe d'inspecteurs dans la
fonction publique au ministère de l'Agriculture s'est retourné et
a écrit des articles sur la loi de l'inspection des viandes. Cette
même loi n'a fait que bouleverser le bon système de distribution
qui existait déjà au Québec et qui existe encore dans
toutes les autres provinces et dans les États de l'Amérique du
Nord, le remplaçant par des systèmes de base: Vous devez
être gros afin d'être à la hauteur de la situation.
Êtes-vous au courant de ces faits importants? Et, je continue toujours
à citer à partir de la lettre: Aujourd'hui au Québec il
n'existe que 19 abattoirs approuvés A; il y a deux mois, il y en avait
21, et de jour en jour il y en a qui se dirigent vers la banqueroute.
"Deuxièmement, il y a plus de 200 abattoirs B dans la province et le
département des inspections ne connaît même pas le nombre de
locaux existants. "Troisièmement, pas un abattoir B n'a fait banqueroute
dans la dernière décennie. "Quatrièmement, le
département des inspections insiste sur le fait que le coût serait
trop élevé pour faire l'inspection de nos petits abattoirs B, car
on dit que nous sommes trop nombreux. "Cinquièmement, nous
désirons, - et ça va, M. le ministre, ce n'est pas dans le texte,
dans le sens que vous désirez également une meilleure inspection
au niveau de la viande - une inspection pratique des animaux à
l'abattage de façon à assurer l'hygiène et la bonne
renommée de nos produits. "Sixièmement, les
vétérinaires de la province disent que c'est absurde de ne pas
inspecter les animaux. Nous devrions pouvoir exister et nos droits de servir le
marché devraient être restaurés. "Septièmement, en
janvier 1980, le département des inspections nous a dit que nous ne
pouvions plus vendre notre viande aux restaurants, aux foyers et aux
institutions. Donc, le commerce va aux abattoirs approuvés par le Canada
et aux 19 abattoirs approuvés par le Québec.
"Huitièmement, en plus le département des inspections nous dit
que nous ne pourrons
pas vendre ni même céder nos abattoirs et nos comptoirs de
vente au détail. (De plus, nous ne pourrons pas les laisser à
notre succession.) Nos locaux varient en valeur de 35 000 $ à 250 000 $.
"Neuvièmement, il y a plus d'un an le Dr Jean Moreau de
l'Université Laval avec des associés a déposé un
rapport qui couvrait entre autres une étude pour trouver une solution
à nos problèmes. Le ministère de l'Agriculture du
Québec ne nous a même pas permis de voir ce rapport. Il refuse
aussi de nous laisser voir ce rapport, même si les recherches pour le
compléter ont été payées par les fonds publics.
"Dixièmement, nous avons même offert d'étudier ce rapport
avec le ministère et de travailler en collaboration avec "eux". Il
refuse de nous donner un rendez-vous pour discuter de cette idée.
"Onzièmement, tous les ans, les abattoirs B sont responsables pour les
volumes d'affaires suivants au Québec: abattage, 30 000 têtes de
bétail, 10 000 veaux, 25 000 porcs, 5000 moutons et chèvres, 20
000 lapins, A 000 000 de volailles. Il s'agit d'un volume d'abattoirs beaucoup
plus élevé que celui des abattoirs A. "Douzièmement,
finalement, nous avons une association solide avec des membres dans tous les
comtés de cette province, 200 en tout. Nous avons un code
d'éthique et une constitution. Nous avons aussi une affiliation solide
avec toutes les autres associations à travers le Canada. Nous ne
cesserons jamais de lutter. Nous avons été violés par
l'hypocrisie du "département" d'inspection dans ses efforts à
dissimuler ses propres erreurs. C'est un fait connu et chaque inspecteur de
viande le reconnaît en particulier. "Treizièmement, le prix du
boeuf n'a jamais été aussi bas pour les producteurs
québécois qui ainsi perdent beaucoup d'argent. Au lieu d'avoir
220 acheteurs qui oeuvrent à l'encan de bétail, le producteur n'a
plus que 20 acheteurs qui forment un monopole. La raison: Nous ne pouvons plus
acheter, abattre et vendre aux institutions. Tout le monde est perdant, le
producteur, les abattoirs B et le consommateur. "Quatorzièmement, on
vous a élus pour nos représentants et vous êtes les seules
personnes qui peuvent modifier cette loi ridicule qui attaque les entreprises
libres et les petits commerçants. Lors de la dernière
assemblée générale de votre parti - j'imagine qu'il se
réfère au Parti québécois - vous avez fait promesse
d'aider les petits commerces. Nos commerces sont des entreprises de famille,
une partie essentielle de notre économie québécoise. Pas
un seul de nous n'appartient à l'étranger. "Quinzièmement,
chaque membre du gouvernement a reçu une copie de cette lettre, y
compris le premier ministre et le ministre de l'Agriculture. Allez
jusqu'à l'administration et déposez un nouveau projet de loi
à la table de l'Assemblée nationale. Assez de cette folie de
monopole. Ne laissez pas le "département" des inspections manipuler les
vies, les emplois et notre économie, tout en se dissimulant
derrière le faux argument d'hygiène. Protégez les petites
entreprises. Sortez le rapport Moreau, qui se trouve parmi la poussière
au ministère de l'Agriculture. Faites-nous justice, nous vous avons
élus pour cela. "Seizièmement, même du point de vue
hygiène, l'approche gouvernementale n'est pas pratique, puisqu'elle
favorise l'abattage clandestin, en restreignant nos activités normales
au niveau de la vente, de façon globale à travers le
Québec. La raison pour laquelle nos abattoirs ne peuvent plus acheter:
la prohibition de vendre aux détaillants et aux institutions. "Je signe
cette lettre au nom de nos 200 abattoirs dont les propriétaires sont
furieux. Chacun d'eux recevra une copie de cette lettre au nom de l'Association
des petits abattoirs du Québec. "Kevin Danaher, président,
Association pour la conservation des petits abattoirs du Québec."
M. le Président, ce qu'il faut, je crois, retenir des propos que
vous avez émis pendant cette commission et de la demande qui vous est
faite par l'Association pour la conservation des petits abattoirs, c'est en
premier lieu - je cherche les points communs dans une tentative d'amener une
solution à ce problème - le paragraphe 5, qui dit que ces gens de
petits abattoirs sont désireux d'avoir une inspection pratique des
animaux à l'abattage de façon à assurer l'hygiène
et la bonne renommée de nos produits. S'il y en avait 500 et qu'il en
reste 200, j'en ai personnellement deux dans mon comté, le
député d'Iberville en a deux lui aussi, dont un est
représenté par quelqu'un dans la salle ici ce soir.
Je peux vous assurer, M. le ministre, que vous seriez fier, comme
consommateur, de pouvoir avoir accès aux produits de ces petits
abattoirs. Vous seriez également fier, comme producteur, si vous
étiez producteur, d'avoir accès à ces acheteurs de votre
produit.
Si on tente de simplifier et de résumer leurs demandes, la chose
qu'ils vous demandent, c'est d'avoir des inspecteurs pour inspecter leur
viande, leurs produits, comme vous l'avez vous-même mentionné, non
pas pour regarder les murs, parce qu'ils en ont déjà, les murs et
les plafonds, ils les ont déjà regardés. Ils n'ont
absolument rien contre cela, mais ils veulent davantage. Pour la protection du
consommateur, ils veulent avoir des inspecteurs de la viande. C'est la
première demande.
Une fois que vous leur aurez accordé cette demande de leur ouvrir
les marchés qu'ils occupaient traditionnellement, les marchés
institutionnels, comme on les appelle, une fois que leur viande aura
été inspectée, ils veulent être capables de
pénétrer ces marchés. Ce sont des PME
québécoises, des PME familiales et des PME qui créent de
l'emploi dans chacune de nos petites paroisses qu'on représente comme
député.
Troisièmement, M. le ministre, si vous accédez à
cette demande, ces qens veulent également pouvoir perpétuer des
traditions familiales. Vous n'êtes pas sans savoir que ces petits
abattoirs existent de génération en génération, et
ils vous demandent de faire votre bout de chemin. Pourvu que leurs produits
répondent à vos normes d'inspection, ils veulent être
capables de vendre leur entreprise. Ils ne veulent pas être dans la
situation de devoir fermer des entreprises qui créent de l'emploi, qui
rendent service aux agriculteurs et qui fournissent aux consommateurs un
produit de qualité. Ils ne comprennent pas en vertu de quel principe on
devrait fermer un abattoir qui, dans un milieu, crée de l'emploi, rend
service aux cultivateurs et qui, à cause d'une inspection que j'ose
souhaiter que vous leur accordiez, fournit un produit qui conserve la
qualité qu'il avait traditionnellement, mais qui, en plus, a le sceau du
ministère pour dire: Oui, c'est vrai, c'est de la qualité.
Qu'est-ce que vous reprochez à ces gens-là qui osent faire ce
genre de commerce au Québec? Est-ce que vous êtes prêt, M.
le ministre, à considérer des demandes aussi sérieuses et
aussi honnêtes?
M. Garon: Remarquez que le député de
Brome-Missisquoi a fait son scénario comme l'an passé. L'an
passé, il avait amené des producteurs de pommes, il y avait eu un
gel; cette année, il fait venir les gens de...
M. Paradis: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Question de
règlement.
M. Paradis: Lorsque le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation mentionne que le député de
Brome-Missisquoi avait amené des producteurs de pommes l'an
passé, c'est extrêmement faux, ce sont les producteurs qui se sont
rendus ici. Vous pouvez aller vérifier auprès des gens des
abattoirs, M. le Président, je n'étais pas au courant qu'ils
seraient présents à cette commission parlementaire, je les ai
rencontrés ici, aujourd'hui, et je n'ai fait aucune démarche pour
les amener. Mais si vous lisez attentivement leur lettre, et c'est
peut-être ce que vous oubliez, ils vous disent qu'ils vont lutter
jusqu'au bout. Cela veut dire qu'ils vont être ici aujourd'hui et qu'ils
vont revenir.
M. Garon: ...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Brome-Missisquoi, la question de règlement.
M. Paradis: Je la retire.
M. Garon: Alors, M. le Président, le député
de Brome-Missisquoi sait que je n'ai pas une grosse confiance en ce qu'il dit.
S'il veut montrer un minimum de sincérité devant ces
gens-là, il pourrait faire inscrire ce qu'il veut faire dans le
programme de son parti. Au lieu de dire toujours au gouvernement de faire telle
chose ou telle chose. S'il est sincère une fois dans sa vie et que c'est
cette fois-ci qu'il l'est, alors il pourrait faire un acte de
sincérité: Présenter sa politique pour la faire mettre
dans le programme du Parti libéral.
Là il n'a même pas le courage de faire mettre sa politique
dans le programme du Parti libéral, il n'a même pas encore
convaincu son parti et il voudrait convaincre le gouvernement. Il faudrait
peut-être qu'il commence par le commencement, convaincre son propre
parti. Son parti a déjà eu une politique vis-à-vis des
abattoirs B, c'était de les fermer à 100%. Ils seraient
fermés depuis cinq ans si le Parti québécois n'avait pas
pris le pouvoir le 15 novembre 1976. Il n'en resterait pas un seul. Le
député d'Orford est un complice puisqu'il était membre du
Conseil des ministres à ce moment-là. C'est le ministre de
l'Agriculture actuel, le caucus des députés actuel et le Conseil
des ministres actuel qui ont fait qu'aujourd'hui ces abattoirs peuvent
continuer de fonctionner, parce qu'ils avaient gagné leur vie
là-dedans, et terminer leurs activités.
M. Paradis: II a bien pu dire oui au
référendum.
M. Garon: Mais jamais il n'a été marqué dans
la loi et les règlements - et cela a été compris
dès le départ - qu'il s'agirait d'autre chose que d'une mesure
transitoire pour des gens qui étaient déjà dans
l'entreprise. Maintenant, si des gens ont fait certaines améliorations
à leur entreprise pour pouvoir terminer, pour mieux satisfaire leur
clientèle au détail, c'est leur choix mais c'est une autre
affaire qu'avoir un système d'inspection.
Si le député de Brome-Missisquoi était
sincère un peu, il pourrait leur proposer d'avoir le sceau
"Approuvé Canada" pour être acceptés par Steinberg,
Provigo, Métro-Richelieu. À cause de l'incurie du Parti
libéral avant 1976, qui a laissé faire, dans le domaine
des viandes, n'importe quoi, aujourd'hui les gens ont de la difficulté
à rétablir leur nom dans le domaine des viandes avec le sceau
"Approuvé Québec". Il y a encore des chaînes de magasins
qui ne veulent pas voir entrer de viandes qui n'ont pas le sceau
"Approuvé Canada" parce que le Parti libéral a laissé
contaminer le sceau "Approuvé Québec" dans le temps. Alors, je
pense que le député de Brome-Missisquoi qui n'était pas un
adepte du Parti libéral à ce moment, évidemment, il a fait
le tour des partis; il n'y en a plus d'autres alors il reste là...
M. Paradis: Question de règlement. Je n'ai jamais fait le
tour du PQ M. le Président. Question de jugement.
M. Dubois: II m'a aussi attaqué et certainement que je
n'irai pas au Parti québécois.
M. Garon: Je n'ai pas parlé de vous.
M. Dubois: Non, non mais vous attaquez deux partis.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Je dis au député de Brome-Missisquoi,
s'il y a une politique pour les petits abattoirs, qu'il la fasse voter par son
parti, qu'il la fasse inclure dans le programme du Parti libéral.
Maintenant, le gouvernement a dit quelle était sa politique en 1977; il
l'a appliquée et maintenant, ce que je vous dis, c'est qu'actuellement
nous songeons à revoir tout le système d'inspection des aliments.
Mais le système d'inspection des aliments va aller beaucoup plus loin
que le système actuel parce que, actuellement, si on veut
véritablement protéger les consommateurs, pas seulement les
consommateurs québécois mais aussi nos ventes, il va falloir
penser aussi à faire une inspection qui va être beaucoup plus
poussée.
Et cela, c'est le système en 1982. On est en 1982; l'an prochain,
on va être en 1983; dans 17 ans, dans 18 ans, on va être en l'an
2000.
M. Vaillancourt (Orford): On n'a pas d'objection à
ça.
M. Garon: J'ai l'impression parfois que le député
d'Orford vient au parlement en voiture à cheval, alors, parfois, je lui
donnerais une paire de cordeaux comme cadeau, excepté qu'on est en 1982.
Or aujourd'hui, un des principaux problèmes dans le domaine des viandes
et qui a été souligné dans les journaux par les
associations de consommateurs, c'est de voir s'il y a des produits chimiques
dans les viandes, c'est de voir s'il y a des antibiotiques dans les viandes. Il
faut un système d'inspection qui réponde à ces questions.
C'est cela que les consommateurs veulent, c'est cela qu'ils veulent aux
États-Unis, c'est cela qu'ils veulent au Japon, c'est cela qu'ils
veulent au Québec aussi.
M. Vaillancourt (Orford): C'est cela que les propriétaires
de petits abattoirs veulent, ils veulent de l'inspection. Ils ne vous demandent
pas de ne pas inspecter leur viande, ils veulent de l'inspection.
M. Paradis: Est-ce que vous allez leur donner?
M. Vaillancourt (Orford): C'est cela qu'on vous demande. Est-ce
que vous allez leur donner l'inspection pour leur permettre de vendre à
toutes les institutions, de vendre à tout le monde?
M. Garon: À la base, il peut y avoir un système
d'inspection, je vous le dis. Vous pouvez recommander... pourquoi ne leur
demandez-vous pas de s'adresser au gouvernement fédéral, qui va
leur donner le sceau "Approuvé Canada"?
M. Houde: Ils sont dans la province de Québec et ils ne
sont pas tellement gros.
M. Garon: Mais vous savez qu'il y a un grand nombre d'abattoirs
au Québec, il y a 84 abattoirs sous inspection au Québec. Il y a
un grand nombre d'abattoirs B qui ont été modernisés et
qui ont demandé d'entrer sous le sceau "Approuvé Canada".
M. Paradis: ...
M. Garon: Et quand vous parlez ainsi, vous parlez comme des gens
qui ne connaissent pas beaucoup le commerce des viandes.
M. Houde: Non, non, on est venu au monde hier, on n'a pas
été élevé dans l'agriculture. J'ai
été élevé avant vous dans l'agriculture, que je
sache.
M. Garon: Vous ne connaissez rien dans le commerce des
viandes.
M. Houde: Cela fait cinquante ans que je suis dans l'agriculture,
M. le ministre.
M. Garon: Oui, mais vous n'avez jamais vendu de viande pour
parler ainsi.
M. Houde: Oui, on a déjà vu des poulets avant-hier
et des coqs et des poulettes.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Berthier.
M. Vaillancourt (Orford): On ne connaît pas seulement
l'agriculture en théorie, on la connaît en pratique.
M. Paradis: M. le Président, je
répète...
M. Garon: Ah, vous la connaissez en pratique. Vous l'avez connue
quand?
M. Vaillancourt (Orford): N'oubliez pas que je suis un fils de
cultivateur, moi, j'ai labouré, j'ai hersé, j'ai semé,
j'ai trait les vaches, j'ai fait à peu près tous les travaux de
la ferme, donc je connais tout cela.
M. Garon: Alors, vous deviez savoir en 1975 ce que vous savez
aujourd'hui.
M. Vaillancourt (Orford): Et cela, vous ne l'avez jamais fait.
Vous l'avez appris dans les livres et vous essayez de nous l'imposer comme si
c'était possible...
Le Président (M. Boucher): On ne peut pas parler deux
à la fois.
M. Garon: Alors, le député d'Orford devait savoir
en 1975, puisqu'il était aussi fils de cultivateur, ce qu'il sait
aujourd'hui, pourquoi ne s'est-il pas opposé à ce moment au sein
de son Conseil des ministres, au sein de son caucus de députés,
au sein de son parti à ce qu'il adopte la fermeture de tous les
abattoirs le 1er janvier 1977? Pourquoi?
M. Vaillancourt (Orford): Vous n'étiez pas là pour
avancer ce que vous dites là.
M. Garon: Bien, alors, commencez donc par convaincre votre
parti.
M. Vaillancourt (Orford): N'oubliez pas qu'en 1975, 1976,
j'étais ministre d'État à l'Agriculture et je n'avais pas
les pleins pouvoirs de décider de la politique des abattoirs; mais on
était en négociation. Puis, si on avait repris le pouvoir en
1976, je suis convaincu que notre réglementation ne serait pas tout
à fait la même que celle que vous avez imposée
aujourd'hui.
M. Garon: Oui.
M. Gagnon: Vous les fermiez toutes.
M. Vaillancourt (Orford): On aurait été plus humain
et la politique de subvention que je vous suggérais tout à
l'heure, on l'aurait continuée tant et aussi longtemps que ça
aurait été possible afin de ne pas permettre...
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): ... que ceux qui ont ramassé 200
000 $ ou 300 000 $ perdent cela lorsqu'ils vont prendre leur retraite. Cela,
c'est inhumain. Je trouve que c'est inhumain de le faire.
M. Garon: Non. Vous avez été très humain
avant 1976. Federal Packing, c'était dans votre comté. Vous
auriez pu être plus préoccupé des problèmes des
consommateurs parce que ce qui est arrivé dans ce temps-là se
passait dans votre comté, M. le député d'Orford, et vous
étiez ministre d'État à l'Agriculture.
M. Paradis: La Federal Packing, est-ce que c'était un
petit abattoir?
M. Garon: Fermez-vous, vous. M. le Président, M. le
député de Brome-Missisquoi...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît: S'il
vous plaît!
M. Paradis: M. le Président, que vous me disiez de me
fermer, je vais respecter votre autorité. Mais comme parlementaire
autour de la table...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît:
M. Garon: Non, on n'endurera pas ici des gens qui n'ont pas
été éduqués, qu'ils parlent à leur tour. Le
député de Brome-Missisquoi, s'il ne sait pas vivre, M. le
Président, c'est à vous que je m'adresse, je vous demanderais de
le faire sortir.
M. Paradis: Demandez-lui donc de lire Lise Payette qui parle de
son éducation.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Brome-Missisquoi. Je vous demande de laisser le droit de parole à
chacun, de relire votre règlement en attendant que la réponse
finisse.
M. Paradis: Je demande le droit de parole. Merci, M. le
Président. Vous me l'accordez?
Le Président (M. Boucher): La parole est au ministre.
M. Paradis: D'accord. Je demande à parler par la
suite.
M. Garon: M. le Président, je peux vous dire que le
député d'Orford aurait dû se préoccuper dans le
temps davantage de ce qui se passait dans son comté et de la protection
des consommateurs dans son comté. Peut-être que les
problèmes qui sont arrivés dans le temps concernant la viande
avariée ne se seraient pas produits parce que cela est
arrivé dans son comté en particulier.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Autant pendant cette commission qu'en Chambre,
lorsqu'on a des problèmes dans n'importe quel dossier, on retrouve de la
part du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation les
mêmes explications, les mêmes excuses. C'est la faute du
gouvernement fédéral, c'est la faute des libéraux de 1970
à 1976, c'est la faute à Reagan, c'est la faute de la
Communauté économique européenne. Lui, il est juste
ministre. Il arrête juste avant de nous dire qu'il n'est responsable de
rien, ou irresponsable catégoriquement.
Présentement, il y a un problème qui se pose en 1982. On
n'est pas en 1977, on n'est pas en 1978, M. le ministre. Il y a un
problème qui se pose en 1982. Les gens qui sont aux prises avec ce
problème sont d'honnêtes citoyens québécois, des
entrepreneurs dans un domaine de l'agriculture. Que ce soit dans le programme
du Parti libéral ou pas, ce n'est pas cela qui règle leurs
problèmes présentement. C'est vous qui êtes responsable,
que vous soyez capable d'assumer cette responsabilité ou non, c'est vous
qui êtes titulaire du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation du Québec et cela relève de
votre autorité. Ce que ces gens vous disent, je vous le
répète et je vous demanderais de parler du problème sans
faire de personnalité envers le député d'Orford, le
député de Brome-Missisquoi ou le député de
Beauce-Sud, mais de regarder le problème tel qu'il se pose,
honnêtement, en face, et d'y apporter des solutions que vous croyez
administrativement et humainement justes... C'est cela le but de mon
plaidoyer.
Ce que ces gens vous demandent, M. le ministre, et qu'ils le fassent par
la bouche de qui que ce soit, je pense que ce qu'il y avait dans la lettre
qu'ils vous ont envoyée avait été exprimé par la
bouche du président de leur association. Ils vous disent: M. le
ministre, on est d'accord avec vous lorsque vous réclamez une protection
pour le consommateur. Ce qu'on veut dans nos petits abattoirs, ce sont des
inspecteurs. Vous en avez pour toutes sortes de choses au gouvernement du
Québec, des inspecteurs. Ne me dites pas que c'est une question de
budget parce que je vais vous nommer des abus d'inspection dans bien des
domaines qui ne sont pas là pour garantir quoi que ce soit au
consommateur mais qui sont là pour nuire à ces petits
entrepreneurs. Ils vous disent: On est de petits entrepreneurs,
créateurs d'emploi. On veut un régime d'inspection. On veut, une
fois que nos produits auront traversé ce régime d'inpection que
vous instaurerez de la manière que vous voudrez bien, une fois qu'ils
auront traversé cela, que les marchés soient accessibles à
nos entreprises. On veut également, M. le ministre, je sais que cela ne
vous intéresse pas, parce que vous êtes en train de discuter et
que les petits abattoirs, vous ne voulez rien savoir de cela, la PME au
Québec, vous ne voulez rien savoir de cela, on veut, une fois que cela
aura traversé les barrières d'inspection, être capables de
disposer de nos entreprises dans 85% des cas pour nos enfants.
Je vous demande, M. le ministre, ce que vous avez fait, toute
partisanerie politique à part, sur le plan administratif, sans essayer
de mettre la faute sur le fédéral, les libéraux de 1970
à 1976, Ronald Reagan ou la communauté européenne, qui a
apporté une solution concrète et pratique en 1982 à ces
gens. Qu'est-ce que vous entendez faire au cours des semaines et des mois qui
viennent pour donner à ce dossier qui revêt une extrême
importance dans nos communautés, qui revêt une extrême
importance, M. le ministre, je vous le dis, dans nos communautés... Je
souhaiterais que vous représentiez, comme le député
d'Iberville qui n'a pas encore dit un mot, un comté où il y en a,
des petits abattoirs. Je souhaiterais que vous représentiez un
comté comme cela pour savoir ce que cela représente dans la
communauté. Qu'est-ce que vous attendez pour vous attaquer au dossier en
administrateur compétent, en administrateur sage et en administrateur
soucieux du bien public des consommateurs et de ces gens? Si cela vous
intéresse de vous attaquer à ce dossier, allez-y tout de suite
parce que ces gens ont subi des injustices; que ce soient des injustices
libérales, fédérales, péquistes, des
États-Unis ou des communautés européennes, ils ont subi
des injustices et lorsqu'il y a des injustices dans une société,
qu'on est au pouvoir et que l'on contrôle l'administration, on a un
devoir d'humain, on a un devoir moral de corriger ces injustices.
Qu'attendez-vous pour les petits abattoirs d'Iberville, pour ceux du
comté de Brome-Missisquoi, pour ceux de l'ensemble de la province de
Québec, pour corriger ces injustices? Je vous le demande, au nom de ces
gens et au nom des producteurs agricoles qui font affaires avec ces gens.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Je dirai tout simplement, M. le Président, qu'il
y a 84 abattoirs sous inspection au Québec; il y a 155 ateliers de
transformation des viandes sous inspection qui respectent la
réglementation et qui ont
le système d'inspection. Il y a un système transitoire
pour 171 abattoirs B. Il y en avait un certain nombre plus considérable.
Il y en a qui se retirent graduellement parce qu'il était entendu au
départ qu'ils finiraient leurs jours dans le système et
qu'ensuite ils se retireraient; alors, je n'ai rien à ajouter.
Le Président (M. Boucher) M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, c'est un des
premiers dossiers en 1977 auquel on a eu à faire face et quand le
ministre dit que les libéraux voulaient les fermer tous, c'est ce qui
ressortait dans les petits abattoirs que j'ai visités à ce
moment.
M. Gagnon: C'est vrai.
M. Beauséjour: II y en avait plusieurs dans le
comté d'Iberville. Aujourd'hui, que je sache, il en reste deux.
M. Garon: II y en a qui ont été
modernisés.
M. Paradis: À... ou dans ce coin-là.
M. Beauséjour: II y en a qui ont été
modernisés. Je sais qu'il y en a un à Saint-Jean, un à
Saint-Hyacinthe, entre autres. C'est surtout pour être capable d'abattre
des bêtes qui viennent des fermiers. C'est là que cela rend
peut-être de grands services. Il y aurait peut-être lieu que
l'association puisse rencontrer le ministre et faire le point sur deux aspects.
Il y a plusieurs de ces petits abattoirs qui sont disparus parce qu'ils ne
pouvaient pas se moderniser pour répondre au minimum. Je prends les deux
abattoirs qui demeurent de classe B; les gens y ont fait quand même des
investissements pour répondre à des normes d'hygiène et
compte tenu surtout de l'âge, de ne pas pouvoir revendre leurs
installations, cela m'apparaît comme un problème sur lequel il
faudrait être capable de se pencher. Je sais qu'il y a eu à un
certain moment de l'aide qui a été apportée à ceux
qui voulaient cesser de fonctionner. Est-ce que cette aide est maintenant
terminée?
M. Garon: II y avait une date, le 29 juillet 1979, où les
gens pouvaient demander de l'indemnisation pour cesser leur activité et
à ce moment, le paiement a été fait. Il y en a 277 qui ont
été indemnisés et c'étaient essentiellement des
volumes qui n'étaient pas considérables. J'ai fait faire un
relevé de tous ceux qui se sont retirés pour connaître
exactement les raisons pour lesquelles ils se sont retirés. Il s'est
passé exactement ce qu'on avait estimé. Plusieurs
s'étaient retirés parce qu'ils avaient pris leur retraite.
Certains d'entre eux étaient décédés. Un certain
nombre avaient décidé d'aller travailler; sur 277, 121 avaient
décidé de prendre l'indemnisation, de moderniser leur
épicerie-boucherie et de faire du commerce. C'est ce qu'on leur avait
dit à ce moment: L'abattage prend une inspection, une organisation. Il
faut dire que sur 488 au point de départ, il y en avait 100 qui
n'avaient pas l'eau courante, il y en avait 300 qui n'avaient pas d'eau chaude.
Alors, il y en a 121 qui ont décidé de devenir
épiciers-bouchers, 57 étaient des cultivateurs qui,
occasionnellement, abattaient un animal, il y en avait 29 qui étaient
devenus rentiers, 5 étaient chômeurs et 5 étaient
décédés. Alors, c'était le portrait de ceux qui ont
reçu des indemnisations. (21 heures)
Quand on a rencontré les membres de l'association, ils nous
avaient demandé de pouvoir continuer leur opération d'abattage
à forfait, surtout un certain nombre de cultivateurs, de faire de
l'abattage à forfait, et d'autres, de pouvoir continuer à faire
leur abattage pour approvisionner leur commerce de détail. Il ont dit:
De cette façon, nous allons pouvoir continuer à faire ce que nous
faisions antérieurement. Autrement, on va se retrouver sans emploi,
alors que c'est là-dedans qu'on gagne notre vie. C'était leurs
demandes et on a accédé à leurs demandes. Je peux vous
dire qu'à ce moment-là j'avais été condamné
par plusieurs personnes pour avoir accédé à ces demandes,
pour avoir créé un système transitoire de cette
façon. L'Ordre des vétérinaires m'avait condamné,
par exemple, il y en avait un qui était un de nos propres
fonctionnaires, qui était président de l'Ordre des
vétérinaires, le Dr Philippe Demers. Également, le Conseil
des salaisons m'avait condamné, toutes sortes d'associations m'avaient
dit: Vous avez tort, vous devriez fermer cela immédiatement. Il y a le
plan humain que nous avons regardé. Par ailleurs, seulement ceux qui
achètent pour eux-mêmes pourront acheter des viandes au
détail pour consommer eux-mêmes.
Maintenant, comme il s'agit de viande qui n'est pas inspectée,
que la construction ne répond pas aux normes de l'inspection des
viandes, vous ne pourrez pas vendre dans le réseau commercial. Ils ont
dit: Cela ne nous fait rien, ce n'est pas là qu'on vend; on vend au
détail et on abat à forfait. Alors, on a dit: C'est parfait. Si
c'est cela, on va se limiter à cela et on va l'inscrire dans la loi et
dans les règlements. C'est ce que nous avons respecté. Nous avons
respecté l'engagement qu'on avait pris avec eux à ce
moment-là. Aujourd'hui, venir nous dire qu'on devrait permettre à
des abattoirs... Il y a 84 abattoirs sous inspection, 155 ateliers de
transformation de viande sous inspection, la modernisation a été
faite, des dizaines et des dizaines de millions de dollars, près de 70
000 000 $ ont été investis dans des
abattoirs et des charcuteries, parce qu'il y avait les deux, pour en
faire la modernisation. Après cela on dirait: Cela importe peu tout
cela, quelles que soient les normes de construction, quelle que soit la
construction, vous pouvez vendre dans tout le réseau commercial? D'abord
le réseau commercial n'achètera pas, premièrement. Vous
devriez voir à quel point actuellement ce n'est déjà pas
facile pour ceux qui se sont modernisés. Les gens qui ont
décidé de continuer leur opération, s'ils veulent se
moderniser, la loi est là et le règlement est là.
Maintenant, cette année, le programme de rationalisation du
secteur des viandes est arrivé à échéance le 31
mars 1982. Nous sommes à réviser le programme de rationalisation
du secteur des viandes, parce qu'on l'a modifié à quelques
reprises quand les secteurs étaient saturés. Actuellement, dans
le secteur des viandes, il y a une capacité d'abattage beaucoup plus
forte que la quantité de viande qu'on a à vendre et qu'on a
à faire abattre. Nous allons procéder à une
révision du programme pour, possiblement, le réduire et en garder
une partie qui visera uniquement ce qu'il reste comme besoins. On a dit que
cela coûtait 250 000 $ pour faire un abattoir. Il y en a qu'on a fait
trop gros. On leur a dit souvent: Ne le faites pas si gros. Je peux vous dire,
par exemple, que j'en ai vu, des petits abattoirs, j'en connais un tout
près de Québec qui a modernisé abattoir et charcuterie et
cela a coûté 142 000 $. Là-dessus, le gouvernement de
Québec payait le tiers. Cela veut dire que cela coûtait moins de
100 000 $. Écoutez, un cultivateur, aujourd'hui, emprunteur moyen au
crédit agricole, a des actifs de 327 000 $. On dit qu'un abattoir qui va
vendre de la viande au public, qui va servir le public, qui veut vendre dans le
réseau commercial ne sera pas prêt à investir 150 000 $,
dont le tiers est une subvention gouvernementale, pour avoir le
privilège d'approvisionner le réseau commercial. Je vais vous
dire une chose: Si le Parti libéral veut défendre cette position,
il a le droit; il la présentera aux prochaines élections et il se
fera élire là-dessus. Je suis convaincu qu'en 1982 ce n'est pas
ce qui est souhaité par l'ensemble des consommateurs du Québec;
je suis convaincu de cela.
M. Beauséjour: De vendre aux établissements
commerciaux, là dessus je partage passablement vos vues de conserver
cela aux abattoirs A. Mais le problème que je veux souligner, c'est au
niveau des abattoirs B. Compte tenu de l'âge des propriétaires, si
les règlements leur permettaient de vendre leur abattoir à
quelqu'un qui veut le prendre pour le transformer en A...
Une voix: C'est permis.
M. Beauséjour: C'est permis, mais disons si...
M. Garon: II n'y a pas de problème si c'est cela.
M. Beauséjour: II peut le vendre et quelqu'un peut le
transformer.
M. Garon: II ne pourra pas l'exploiter en attendant de l'avoir
transformé, mais il va pouvoir le transformer. Il peut l'acheter, mais
il ne pourra pas l'exploiter avant de l'avoir modernisé.
M. Beauséjour: II y a cet aspect au niveau de l'âge
de ces personnes et le deuxième aspect dont il faudrait aussi que le
ministère tienne compte, c'est le nombre d'abattoirs. Si ce sont des
abattoirs qui servent surtout à abattre les animaux pour des
cultivateurs, cela est pratique parce que pas trop loin. Quant à moi, je
vous dis qu'il en reste deux dans le comté. L'un dans le sud et l'autre
plutôt dans le nord du comté. Si les deux disparaissent, il reste
le danger qu'à ce moment l'abattoir qui devienne très populaire
soit à l'intérieur de la grange. Au niveau des abattoirs A, que
le producteur aille porter son animal à cet endroit pour le faire
abattre, je ne sais pas de quelle façon cela va fonctionner et combien
de temps il va attendre pour avoir sa bête. Alors, cela m'apparaît
un problème. J'aimerais que quelqu'un, au niveau du ministère,
puisse rencontrer l'association de telle façon que ces deux aspects
entre autres puissent être reliés. Des solutions pratiques
pourraient être apportées à un problème qui risque
de perdurer.
M. Gagnon: M. le Président, je pense que le ministre a dit
tantôt sensiblement ce que je voulais dire. On nous dit: C'est un
problème d'honnêteté et de justice. Je n'embarque pas trop
trop là-dedans parce que le problème d'honnêté et de
justice, on l'avait en 1976. Je ne voudrais pas déplaire à ceux
qui disent: Ne parlez pas du passé. Mais je me souviens fort bien,
exactement comme l'a souligné le député d'Iberville, qu'en
1976-1977 cela a été l'un des gros dossiers du caucus agricole.
Même je me souviens d'être allé avec le ministre de
l'Agriculture visiter des petits abattoirs et des abattoirs en train de se
moderniser. Je peux vous dire que, chez nous, ceux qui voulaient rester dans le
métier et profiter du programme du gouvernement se sont
modernisés, alors que d'autres petits abattoirs restent en
activité tels quels. J'avais fait le tour des abattoirs et on nous avait
dit: Permettez-nous de garder notre commerce tel quel pour vendre
directement
à la clientèle de détail. C'est exactement la
solution qu'on a défendue au caucus, qu'on a défendue avec le
ministre de l'Agriculture et c'est la solution qu'on a obtenue pour ces gens.
Quand on me parle d'honnêteté et de justice, je sens que j'ai fait
mon travail bien avant aujourd'hui, avec le ministre de l'Agriculture et avec
l'ensemble du caucus agricole. Je peux vous dire que, personnellement, je
continue d'acheter les viandes dont j'ai besoin, pour moi, d'un petit abattoir
que je connais bien. Ceux qui voulaient conserver leur clientèle de
détail l'ont conservée et ils ont conservé exactement ce
qu'ils nous avaient demandé dans le temps.
Quant au programme - je ne sais pas si c'est pareil partout - de
modernisation, il y en a, je pense, un nombre suffisant qui se sont
modernisés. Je ne sais pas personnellement jusqu'à quel point je
conseillerais à un propriétaire de petit abattoir d'investir pour
se moderniser parce que je sais que dans le comté, chez nous, il ne
manque pas d'abattoirs actuellement. M. le ministre, je ne sais pas si l'on
peut dire qu'on en manque au Québec, mais actuellement j'ai même
un abattoir très moderne dans mon comté qui est fermé. Je
ne sais pas jusqu'à quel point on voudrait multiplier les
problèmes. En tout cas, le programme est toujours là, comme vous
dites, M. le ministre, pour moderniser les abattoirs. Pour ceux qui restent,
qui n'ont pas voulu se moderniser, ils ont conservé leur
clientèle et depuis mars...
M. Garon: Le 31 mars 1982, mais il est en révision.
M. Gagnon: II est en révision actuellement.
M. Garon: Et, il n'est pas impossible qu'on le remette en place,
mais uniquement pour les capacités existantes.
M. Gagnon: Je peux dire que n'eût été de
notre travail, on n'aurait pas les gens des petits abattoirs, qui en
parleraient encore actuellement, parce que ces abattoirs-là seraient
fermés depuis le 1er janvier 1977. C'est nous qui avons obtenu, avec le
travail du ministre et avec le travail du caucus agricole, que ces entreprises
puissent rester ouvertes pour le commerce au détail. Sur le
côté de l'honnêteté et de la justice, qu'on ne s'en
fasse pas trop, je ne me ferai pas de scrupule avec cela, M. le
député de Brome-Missisquoi, j'ai fait mon travail de ce
côté-là bien avant aujourd'hui.
M. Paradis: De père en fils?
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Paradis: De père en fils?
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, c'est une mise
au point que je voudrais faire au ministre. Le ministre, tout à l'heure,
lorsqu'il m'a accusé de ne pas avoir fait mon devoir, que le Parti
libéral n'a pas fait son devoir en tolérant que la Federal
Packing vende de la viande avariée, doit se souvenir que la Federal
Packing a été fermée sous le régime du Parti
libéral. On n'a pas pu la fermer avant parce qu'on ne savait pas ce qui
se passait là. Ce sont les inspecteurs qui avaient la surveillance, ce
n'était pas le Parti libéral et lorsque les inspecteurs
ont...
M. Garon: II y avait combien d'inspecteurs à votre
ministère quand vous étiez ministre?
M. Vaillancourt (Orford): Je n'ai pas les chiffres. Dans
l'inspection des viandes?
M. Garon: Cela pourrait vous rafraîchir la mémoire,
cela aussi.
M. Vaillancourt (Orford): Je ne me souviens pas de cela, mais je
tiens à dire au ministre que ce n'était pas le Parti
libéral qui surveillait les abattoirs, c'étaient les inspecteurs
du ministère de l'Agriculture. Lorsque les inspecteurs du
ministère de l'Agriculture ont découvert qu'il se fabriquait de
la saucisse, des viandes fumées avec de la viande avariée ils ont
fermé ces abattoirs, et le Conseil des ministres, dans le temps, a
approuvé les recommandations des inspecteurs du ministère de
l'Agriculture. Le ministre ne doit pas m'accuser ni accuser le Parti
libéral d'avoir toléré de telles choses.
En ce qui concerne le dossier des petits abattoirs, lorsque nous avons
perdu le pouvoir, en 1976, c'était un dossier qui était encore en
négociation. Nous n'avions pas fini de prendre nos décisions,
nous mettions toutes sortes de solutions à l'essai pour arriver à
faire ce que vous avez fait aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle le
dossier des abattoirs n'était pas complètement fermé.
Soyez assuré que le ministre accuse le Parti libéral d'avoir
voulu fermer tous les abattoirs; c'est faux, c'est un dossier qui était
en négociation.
M. Garon: M. le Président, le député
d'Orford induit la commission parlementaire en erreur. Il peut revoir, à
ce moment-là, les déclarations ministérielles que j'ai
faites en décembre 1977, justement pour empêcher la
décision qui avait été prise du temps des libéraux.
La loi est là et le règlement a été adopté,
il prenait force le 1er janvier 1977, et que c'est nous...
M. Vaillancourt (Orford): II n'était pas
en application.
M. Garon: II a été adopté, il était
en vigueur.
M. Vaillancourt (Orford): II a été adopté,
mais il était encore en négociation...
M. Garon: Non, il n'était plus en négociation.
M. Vaillancourt (Orford): II était question de le changer
encore.
M. Garon: Non, il a été adopté et mis en
application le 1er janvier 1977.
M. Vaillancourt (Orford): Vous pouvez le demander à vos
fonctionnaires, il y avait des projets d'amendements à ce
règlement-là lorsqu'on a perdu le pouvoir en 1976.
M. Garon: Non, c'est faux, vous n'en aviez aucun.
M. Vaillancourt (Orford): Oui, M. le Président. En tout
cas, c'est tout ce que j'avais à dire.
M. Garon: M. le Président, il n'y en avait aucun. Je vais
fournir le règlement, si on le veut, qui avait été
adopté, le numéro d'arrêté en conseil de la loi; si
on veut je peux le fournir.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Garon: C'est une commission d'enquête qui a fermé
la Federal Packing. Si on veut faire passer les films de la CECO, on va le
faire; le député d'Orford verrait les témoignages qui ont
été rendus à ce moment-là par les propres
employés du ministère de l'Agriculture qui disaient qu'il n'y
avait pas suffisamment de personnes pour faire l'inspection qu'il fallait.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Garon: Et, c'était bien loin des préoccupations
du député d'Orford qui avait bien d'autres préoccupations,
comme ministre d'État, que l'inspection des viandes.
M. Vaillancourt (Orford): En tout cas, ce n'était pas le
travail du député d'Orford, ni du ministre d'État du
temps, ni des membres du Parti libéral, c'était le travail des
inspecteurs. Lorsqu'ils ont détecté ce qui se faisait, on a dit
que c'était la commission d'enquête, mais ça
été fait par des inspecteurs du ministère de
l'Agriculture, et lorsqu'ils ont découvert que Federal Packing se
servait de viande avariée pour fabriquer de la viande fumée, ils
ont fermé les abattoirs. Que vouliez-vous qu'on fasse de mieux? (21 h
15)
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Merci, M. le Président. Je voudrais demander au ministre s'il
peut nous dire... Cela pourrait peut-être aider nos petits abattoirs de
type B. Depuis un an, j'ai pu remarquer et j'ai pu voir de mes propres yeux que
beaucoup d'agriculteurs font l'abattage chez eux et fournissent des gens dans
les villages. En tout cas, je suis conscient d'un cas où un abatteur a
abattu neuf boeufs. Je voudrais savoir si un agriculteur a le droit de tuer des
boeufs, chez lui, et de les vendre au détail dans les villages. Je pense
que s'il y avait une certaine inspection pour arrêter ces abattages... Il
se vend de la viande qui n'est pas inspectée. Je comprends qu'un
agriculteur puisse tuer un boeuf et en vendre une partie à son voisin,
parce qu'il en a trop, mais de là à en tuer neuf, la famille est
pas mal grande. Je voudrais savoir s'il y a un système d'inspection qui
pourrait protéger les petits abattoirs de type B. Cela pourrait
peut-être faire monter leur chiffre d'affaires, parce que l'agriculteur
qui ferait tuer à l'abattoir de type B apporterait de l'eau au moulin.
Je ne sais pas si M. le ministre pourrait me donner de l'information
là-dessus.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, si le
député vient de dire cela, c'est parce que le ministre ne fait
pas son travail comme il faut et qu'il n'y a pas assez de surveillance.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Non, pas nécessairement, c'est une question que je pose au
ministre. Si les agriculteurs peuvent tuer des boeufs comme cela, à
volonté, et en vendre au détail comme cela dans un village...
M. Garon: Non, ils ne peuvent pas vendre au détail dans le
village.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Que fait-on? Comme député, dois-je envoyer la
Sûreté du Québec pour les faire arrêter? Y a-t-il des
inspecteurs pour vérifier? Cela se fait, je l'ai vu. J'ai reçu
beaucoup de plaintes en ce sens. Les petits abattoirs de type B nous disent:
Faites arrêter les agriculteurs qui tuent des boeufs et qui les vendent
au détail dans les villages. Nous, nous pourrons vivre après
cela. Je voudrais savoir s'ils ont le droit de faire cela.
M. Garon: Non.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Non. Peut-on prendre des mesures pour freiner cela? En fin de compte, il
n'y a pas d'inspection et on les tue à peu près comme il s'en
tuait en 1974, 1975, 1976, en les palanguant au "loader". Vous savez comment
cela se fait. Que fait-on pour cela? Si on avait un certain contrôle
là-dessus, on pourrait avantager nos petits abattoirs de type B.
J'attends une réponse du ministre, je ne sais pas.
M. Garon: Si on sait que cette chose se fait, on va intenter des
poursuites immédiatement.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Qui va...
M. Garon: Le service d'inspection, parce que c'est
illégal.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Voulez-vous me donner une hausse de salaire pour être
inspecteur...
M. Garon: Pardon?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Voulez-vous me donner une subvention pour être inspecteur en
même temps que député?
Une voix: ... parlementaire.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Je n'ai quasiment pas le temps.
M. Garon: Si on s'aperçoit que vous êtes au courant
et que vous ne le dites pas, on vous poursuivra, en même temps, pour
complicité.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Je retire ma question, M. le Président.
M. Garon: J'espère que vous n'avez pas de commission!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. Pour terminer,
j'aimerais que le ministre prenne bien note de ce que je vais lui dire.
Étant donné qu'il y a beaucoup de petits abattoirs et que, depuis
quelques années...
M. Garon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Garon: Je n'ai pas besoin d'en prendre note, c'est
enregistré.
M. Houde: Au cas où vous ne les auriez pas, il serait
mieux que vous m'écoutiez religieusement. Tous les petits abattoirs qui
sont en fonction depuis au moins deux ans et qui n'ont pas fait faillite et il
y en a de gros qui ont fait faillite... Il faudrait que vous teniez compte des
petits en place pour pouvoir conserver le travail fait à
l'intérieur de ces abattoirs, pour protéger nos emplois.
Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: J'aimerais passer au programme 3, M. le
Président.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le programme 5 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Garon: Attendez un peu.
Le Président (M. Boucher): Programme 3.
M. Vaillancourt (Orford): Le ministre avait quelque chose
à nous communiquer...
M. Garon: Pardon?
M. Vaillancourt (Orford): ... concernant le programme 5.
M. Mathieu: Son document d'autosatisfaction.
Des voix: Adopté. M. Mathieu: Adopté.
M. Garon: Je suis un peu étonné de voir à
quel point le développement des entreprises de transformation et des
marchés n'intéresse pas l'Opposition. Sur le contrôle de la
qualité...
M. Mathieu: Question de règlement, M. le
Président.
M. Garon: ... mais, en tout cas, passons à un autre
programme.
M. Mathieu: Question de règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, le ministre nous prête
des intentions. Il n'a pas le droit de le faire. Il nous reste à
peine
deux heures et demie et nous avons encore une quantité de
dossiers...
Il reste au moins cinq programmes, mais nous avions des choix de faits
avant que ne débute la commission, c'est pourquoi nous
préférerions, si le ministre a des choses très
importantes, l'entendre brièvement, sinon passons à un autre
programme.
M. Garon: Non, non, je suis d'accord. Programme 5,
adopté.
Le Président (M. Boucher): Alors, s'il n'y a pas de
questions au programme 5, il faudrait l'adopter et ensuite passer à un
autre programme. Adopté.
M. Mathieu: Présomption.
Aide à la production agricole
Le Président (M. Boucher): Programme 3, à la
demande du député de Huntingdon.
M. Garon: Alors, M. le Président, j'aimerais
peut-être faire une petite présentation.
Le Président (M. Boucher): C'est cela. Allez-y, M. le
ministre.
M. Garon: On voit qu'il y a une augmentation considérable
des montants qui ont été dévolus au programme 3. Cela
passe de 121 907 000 $ à 133 593 000 $; là-dedans, on voit que la
mise en valeur des productions, c'est-à-dire le développement et
l'amélioration des productions, va de 43 844 000 $ à 46 083 000
$, que l'élément amélioration foncière,
assainissement des sols et conservation des eaux, le programme Sol-Plus passe
de 42 555 000 $ à 50 261 000 $. Dans le temps des libéraux, si ma
mémoire est bonne, la plus grosse année avait été
de 20 000 000 $, c'est-à-dire deux fois et demie plus. Dans le soutien
de l'emploi agricole, il y aura des programmes additionnels qui vont être
annoncés avant longtemps, là-dessus, dont nous à fait part
le ministre des Finances, il y aura des montants assez importants qui vont
être alloués au soutien de l'emploi agricole en plus des sommes
qui sont déjà indiquées, du 3 215 000 $. L'administration
des services régionaux passe de 30 000 000 $ à 34 000 000 $.
Alors, je ne voudrais pas aller plus loin pour laisser l'occasion à
l'Opposition de nous faire connaître l'intérêt qu'elle a
pour ces programmes par ses questions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je pense bien que le ministre
conviendra que le dossier du Centre d'insémination artificielle de
Saint-Hyacinthe est un dossier extrêmement important pour
l'économie du Québec. Il conviendra, également, je pense
bien, que 23 000 producteurs du Québec sont desservis par ce centre, et
que l'impact économique des services qu'il rend à ces 23 000
producteurs-éleveurs a une énorme importance. Je pense bien que
le ministre ne pourrait pas dire le contraire. Alors, étant donné
qu'il ne reste que deux heures et demie de commission, je voudrais discuter ce
problème et dans les recherches de l'auto-approvisionnement que je
reconnais comme très valables, je pense bien que ce dossier a une
très grande importance, également.
M. le Président, j'aimerais faire état de quelques textes
et lettres. On pourrait dire, aussi, sans trop se tromper, que le dossier
traîne depuis quand même cinq mois. Il y a beaucoup
d'inquiétude chez les éleveurs-producteurs. Il y a des CAB
désaffiliés, il y a l'Association des centres
d'amélioration de bétail aussi qui, eux, ont fait des
représentations au ministre et j'aimerais faire part de quelques
communiqués ou lettres au ministre afin de situer ce dossier et
d'essayer, après cela, d'avoir des réponses du ministre.
Le dossier des inséminateurs
En date du 10 décembre 1981, le caucus agricole du parti
ministériel a sollicité une intervention rapide du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, M. Jean Garon, dans le
dossier des inséminateurs du Québec. Je ne vous lirai pas tout le
texte, M. le Président, parce que j'en aurais pour trois ou quatre
heures seulement à le lire. Je fais quand même part qu'il y a une
inquiétude de la part du caucus agricole du Parti
québécois. Dans une autre lettre adressée de Granby, le 24
février 1982, provenant du Cercle d'amélioration du bétail
de Shefford, on écrivait à M. Jean Garon, ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation: "M. le ministre, lors
d'une assemblée spéciale du bureau de direction tenue le 17
février 1982, la direction, suite à la proposition de M. Gilles
Daudelin, secondée à l'unanimité par quatre autres
directeurs du CAB, a résolu que, l'ACABQ a manqué son mandat
premier, qui était de négocier et conclure, au nom de CAB, toute
convention entre le CAB et les inséminateurs. Elle s'est affairée
à faire changer le statut de travailleur autonome qu'avaient les
inséminateurs. Depuis, le désistement de l'ACABQ devant la
commission d'appel des pensions le 12 décembre 1980, le CAB, c'est une
vraie jungle. "Problèmes avec les rapports pour le ministère du
Revenu et ses diverses commissions. Certaines des décisions de
l'ACABQ n'ont eu comme seul effet que celui de créer un climat de
méfiance chez les directeurs des CAB et ainsi nuire aux bonnes relations
qui existaient avant avec les inséminateurs. L'ACABQ depuis ce temps,
qu'est-ce qu'elle fait? Elle a tout simplement cherché à prendre
le contrôle de la mise en marché de la semence et à
remplacer les hommes d'expérience comme M. Claude Hayes et son
équipe, qui, soit dit en passant, ont fait un travail de professionnel
depuis plus de 30 ans sans aucune arrière-pensée. "Les projets
d'avenir de l'ACABQ sont confus et même douteux dans certains cas. Pour
ces quelques raisons et bien d'autres dont vous avez pris connaissance, il y a
d'autres CAB que, M. le ministre... La direction de notre conseil vous demande
de ne pas accorder de pouvoirs accrus à l'ACABQ aussi longtemps que la
situation présente ne sera pas éclaircie. Pour ces mêmes
raisons, nous vous informons de notre désaffiliation de l'ACABQ et nous
considérons nos inséminateurs comme travailleurs
sous-contractants, autonomes, à partir du 1er mars 1982, le tout dans le
but de rétablir un climat de bonne entente primordial à
l'efficacité d'un bon service aux producteurs." Signé par la
direction du CAB de Shefford.
En date du 25 juillet 1982, M. Jacques Baril écrivait à M.
Bernard Duval, président de l'Association des centres
d'amélioration du bétail du Québec. Je ne vais lire que
deux paragraphes: "M. le président, à la suite de la rencontre
que votre association a eue, en date du 24 février dernier, avec le
caucus agricole du Parti québécois, je désire vous faire
part personnellement de mon indignation face à votre attitude arrogante
et même méprisante envers mes collègues du caucus agricole
et moi-même. Je souhaitais cette rencontre pour que vous puissiez vous
expliquer devant mes collègues. La raison d'être de votre
association est de nous faire connaître vos propositions pour
améliorer la situation de l'insémination artificielle au
Québec dans l'intérêt des éleveurs. Non seulement
vous n'avez pu répondre à cette attente mais vous vous êtes
acharné à planter le comité agricole comme si nous
étions un gang d'irresponsables. J'ai trop de respect pour mes
collègues pour accepter cela. Nous, du caucus agricole, tout en
n'étant pas parfaits, sommes en mesure de prendre nos
responsabilités envers vos écrits."
Alors, M. Jacques Baril ne semble quand même pas trop heureux du
rôle qu'a joué M. Bernard Duval.
Je pense bien que le ministre est au courant de ces lettres de toute
façon.
Une voix: II ne les connaît pas.
M. Dubois: II a eu le temps de les lire. Dans votre
communiqué, M. le ministre, vous faisiez part à la population de
ce qui suit, en date du 11 mars 1982, dans un texte intitulé: Inventaire
en cours au Centre d'insémination artificielle de Saint-Hyacinthe. Le
texte, au premier paragraphe, disait: "Afin d'assurer une utilisation plus
rationnelle de la semence produite au Centre d'insémination artificielle
de Saint-Hyacinthe, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation du Québec, M. Jean Garon, a demandé que soit
effectué un inventaire complet des semences entreposées à
Saint-Hyacinthe." Plusieurs se posent la question si c'est une enquête ou
un inventaire. Alors, j'aurai des questions tout à l'heure à
poser au ministre là-dessus.
CAB de Saint-Hyacinthe Inc. Il y a plusieurs attendus: "Attendu que nous
avons présentement le meilleur Centre d'insémination en
Amérique du Nord; attendu que M. Claude Hayes est un des pionniers du
CIAQ depuis sa fondation en 1940; considérant qu'il a donné le
meilleur de lui-même en ne ménageant en aucune circonstance les
heures, les jours pour obtenir cette réalisation; considérant le
peu de ressources que le CIAQ avait à ses débuts pour en venir
à la réussite qu'il connaît aujourd'hui; considérant
que nous devons à la persévérance de ceux qui
étaient là au début et qui ont cru à
l'insémination artificielle, instrument essentiel pour
l'amélioration génétique des troupeaux, finalement, nous
demandons de prendre en considération la demande que soit
réinstallé M. Claude Hayes dans ses fonctions."
Plusieurs autres lettres conjointes venant de l'Association Ayrshire, du
Québec, l'Association Holstein-Friesian du Canada, la
Société des bovins canadiens qui ont écrit au ministre
dans le même sens de réinstaller dans ses fonctions M. Hayes. J'en
ai pour trois heures si je peux en sortir, j'en ai beaucoup.
On demande quand même au ministre de nommer immédiatement
le conseil d'administration du CIAQ. Je fais part des demandes.
M. Garon: Est-ce qu'on suggère des noms?
M. Dubois: Oui, oui, je vais vous dire qui. "Tel que prévu
et annoncé lors de la prise de possession par SOQUIA, que les
rôles et fonctions du CIAQ et du CAB soient définis ainsi que
leurs relations. Les membres des exécutifs présents reconnaissent
que l'ACABQ dans les circonstances actuelles n'a plus sa raison d'exister et
recommande de s'en dissocier. Nous espérons, M. le ministre, que vous
porterez la plus grande attention à nos remarques et
considérations et que par votre autorité vous pourrez
rétablir les services du CIAQ tels que nous les avons toujours
connus.
(21 h 30) "Vos tout dévoués, l'Association Ayrshire du
Québec, l'Association Holstein-Friesian du Canada, la
Société des bovins canadiens."
La lettre suivante est datée du 24 mars 1982. "Baieville.
Honorable Jean Garon," - Toujours les mêmes demandes. -"En
conséquence, les membres du CAB de Baie-du-Febvre, réunis en
assemblée générale le 24 mars 1982, demandent au ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec de
réintégrer dans leurs fonctions les professionnels du CIAQ. De
plus, ils lui demandent d'écarter les personnes et organismes qui,
depuis quelques années, ont contribué par leurs actions à
créer un climat malsain dans les relations du CIAQ Inc.,
CAB-inséminateurs. Ils ont aussi contribué à créer
une bureaucratie tant inutile que coûteuse pour les éleveurs."
M. Garon: M. le Président, le député lit
seulement des bouts de lettres. Il lit seulement les bouts qui font son
affaire. Il ne lit pas les autres bouts.
M. Dubois: M. le ministre, je pourrais les lire toutes si vous le
vouliez, mats on en aurait jusqu'à minuit. De toute façon, vous
les avez reçues ces lettres. Les demandes sont toutes dans le même
sens.
M. Garon: Vous nous lisez seulement des bouts.
M. Dubois: La Pontiac Breeders Association écrit dans le
même sens.
M. Garon: Vous ne la lisez pas?
M. Dubois: C'est toujours dans le même sens. Je peux vous
la lire.
M. Garon: Elle a l'air plus courte.
M. Dubois: D'accord. "The directors of CAB Pontiac are very
astonished and disappointed to hear of the recent developments at CIAQ. We wish
to point out to you that the CIAQ has made great advances in recent years in
the quality of bulls in their unit. So much so, that it is now considerated by
people outside of Québec to be one of the best. If not the top A1 unit
in all of North America. You must realize that this has happened because of the
ample supply of Government funding and top personal at the CIAQ."
On dit encore que le personnel du CIAQ est de la plus haute
qualité.
M. Garon: Voulez-vous lire le deuxième paragraphe?
M. Dubois: Oui, monsieur.
Le troisième, parce que le deuxième je l'ai lu. "The unit
has developed to its present status under the direction of Mr. Claude Hayes and
most of the present staff. We certainly feel that a grave error was made when
Mr. Hayes was relieved from his position and the present state of seize was
imposed on the rest of the staff at CIAQ. "We believe you are aware that our
semen supply was suspended and this very avoidable situation has not been well
received by the breeders in our area. We also believe that semen collection has
been greatly reduced. This is an unnecessary action, even during a semen
inventory, and it is only going to lead to a shorter supply of semen in the
future. "We, therefore, strongly urge you to take appropriate steps to
reinstate Mr. Claude Hayes and assure the staff at the CIAQ that they will be
given the freedom they need to continue the excellent work they have been
doing." It is signed by Mr. R. J. Calvert.
M. Garon: Ils n'en n'ont pas manqué de semence. Ils
avaient peur pour rien parce qu'on a vu à ce qu'ils ne manquent pas
d'approvisionnement. Ils avaient peur que pendant l'inventaire on arrête
les approvisionnements. On a arrêté pendant quelques jours les
approvisionnements pour faire un meilleur inventaire, mais on a vu à ce
que les CAB ne manquent pas de semence pendant la prise des inventaires et dans
les semaines qui ont suivi.
M. Dubois: On remarque également qu'on demande encore une
fois que M. Claude Hayes soit réintégré dans ses
fonctions.
M. Garon: II n'a jamais été démis de ses
fonctions.
M. Dubois: M. Claude Hayes, il est encore à
Saint-Hyacinthe? Il est encore directeur du centre? M. Claude Hayes est encore
directeur du centre de Saint-Hyacinthe?
M. Garon: M. Claude Hayes n'a jamais été
démis de ses fonctions de directeur du centre.
M. Dubois: Non? M. Garon: Non.
M. Dubois: II est encore directeur du centre?
M. Garon: C'est lui qui a demandé dans une lettre
d'être affecté...
M. Dubois: Si le ministre veut déposer la lettre.
M. Garon: II avait demandé d'être affecté
à d'autres tâches et il n'a jamais été...
M. Dubois: Est-ce que le ministre pourrait nous fournir la
lettre?
M. Garon: Non. Vous demanderez à M. Hayes. Vous avez l'air
d'avoir toutes les lettres, vous pouvez bien avoir celle-là aussi.
M. Dubois: Cela ne fait rien. Si le ministre veut confirmer ce
qu'il dit maintenant, qu'il dépose la lettre.
M. Garon: Non, non. Je peux vous dire que, c'est lui-même
M. Hayes, qui a demandé... Il n'a jamais été démis
de ses fonctions.
M. Dubois: II y a 89 CAB au Québec, je n'ai pas les
lettres de tous les CAB mais on en a plusieurs. Ils sont tous du même
avis que M. Hayes a été démis de ses fonctions, que les
professionnels du centre ont demandé de retourner au ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Les travailleurs du
centre ont aussi écrit disant qu'ils étaient très inquiets
du fait qu'il n'y avait plus d'administration. Si le ministre prétend
que c'est M. Claude Hayes qui a demandé d'être relevé de
ses fonctions, j'aimerais cela en avoir une copie, M. le ministre.
M. Garon: M. Claude Hayes lui-même. Je pense que M. Claude
Hayes en a le droit. S'il n'aime pas la façon dont le centre est
dirigé, il a le droit de demander de faire autre chose. Il a le droit.
Un fonctionnaire qui a des...
M. Dubois: Ecoutez, je suis obligé de prendre la parole du
ministre. Seulement, tous les intervenants dans le monde de
l'insémination artificielle disent que M. Claude Hayes a
été relevé de ses fonctions. Il n'y a personne qui dit que
M. Claude Hayes a demandé d'être relevé de ses fonctions.
Je me pose la question, quand même.
M. Garon: M. Claude Hayes lui-même a demandé
d'être affecté ailleurs.
M. Dubois: Si le ministre pouvait fournir une lettre ou une copie
de lettre à cet effet...
M. Garon: M. Ouellet est à côté de moi, c'est
lui qui a reçu la lettre.
M. Dubois: ... nous pourrions le vérifier
nous-mêmes.
M. Garon: II ne m'a pas écrit personnellement, il a
demandé par écrit à son supérieur, M. Ouellet, de
l'affecter ailleurs au ministère de l'Agriculture.
M. Dubois: La SOQUIA, Société
québécoise d'initiatives agro-alimentaires écrivait en
date du 30 mars une lettre signée par M. André Cloutier au
centre, à l'attention de M. Robert Chicoine et l'objet, c'était:
Cours aux inséminateurs, session mai 1982. On indique que "la
responsabilité et la coordination des cours aux inséminateurs
à compter de 1982 sont dévolus à l'Institut de technologie
agricole. Le centre n'a donc plus à assumer dorénavant cette
responsabilité." "Démission en bloc au Centre
d'incémination artificielle. Selon un informateur, l'inventaire
énoncé par M. Garon était en réalité une
enquête en règle au bureau du centre. Le Devoir a également
appris que le mandat d'inventorier n'avait pas été signé
par M. Garon, mais plutôt par le président de la SOQUIA. Pour
ajouter à la confusion, citons les faits suivants: les quelque quarante
députés formant le caucus québécois du Parti
québécois demandaient récemment au ministre d'intervenir
promptement en statuant sur la pertinence des demandes de l'ACABQ, sur la
délivrance des permis des inséminateurs et sur les rapports
techniques et financiers de ces derniers avec le centre. Le chef de cabinet de
M. Garon, M. Maurice Tremblay, est lui-même un ex-président de
l'ACABQ et serait encore un producteur laitier. Le président actuel de
l'ACABQ, M. Bernard Duval, un producteur de Saint-Roch-de-l'Achigan, est
également président de l'Union des producteurs agricoles de
Lanaudière." C'est dans le Devoir du mercredi, 31 mars 1982.
Le 5 avril 1982, une grande lettre adressée à M. le
ministre, l'honorable Jean Garon. On dit ici: "M. le ministre, je désire
également manifester ma profonde déception face aux propos que
vous avez tenus en Chambre le 31 mars dernier, concernant la demande des
professionnels du CIAQ de demeurer à l'emploi du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec. Si,
pour vous, le fait qu'ils demeurent à l'emploi du gouvernement du
Québec, règle le cas, je pense que vous avez mal compris la
situation; leur départ en bloc du CIAQ causerait un vide incomblable et
néfaste à la continuité de l'excellent travail que cette
équipe accomplit. C'est là le drame! Veuillez croire que les
éleveurs du Québec n'accepteront jamais cela. M. Maurice Leduc,
président CAB, Sainte-Martine." Je n'ai rien reçu de mon
comté.
Dans le Courrier de Saint-Hyacinthe, 21 avril: "L'abcès est loin
d'être vidé au Centre
d'insémination artificielle du Québec! Et le limogeage du
directeur du CIAQ, M. Claude Hayes, continue toujours de soulever de
sérieuses interrogations parmi certains groupes d'éleveurs, qui
n'ont pas l'intention de laisser les choses où elles en sont.
Après les puissantes associations Ayrshire du Québec et
Holstein-Friesian du Canada (section Québec), de même que le
président de la Société des bovins canadiens, c'est
maintenant au tour de certains cercles d'amélioration de bétail
à demander des comptes au ministre de l'Agriculture, M. Jean Garon."
Aussi bizarre que cela paraisse, il n'y a toujours pas de conseil
d'administration au CIAQ même si SOQUIA a pris possession depuis de longs
mois...
M. Garon: SOQUIA formera une compagnie, éventuellement,
pour administrer le centre. SOQUIA peut l'administrer temporairement pendant un
certain temps en attendant que la compagnie soit formée.
M. Dubois: Les employés du Centre d'insémination
artificielle de Saint-Hyacinthe écrivaient le 26 avril 1982 à M.
André Cloutier, directeur des finances et de l'administration de SOQUIA.
Il y a une grande lettre ici de cinq pages que les employés ont tous
signée. Le principal était dans ce sens-ci: "Cette
détérioration du climat de travail force les employés
à se poser plusieurs points d'interrogation, face à votre
attitude et à vos projets à long terme, en ce qui concerne le
CIAQ et ses employés. "Depuis le décret du 9 août 1981
cédant le CIAQ à SOQUIA, les contacts entre les dirigeants de
SOQUIA et les employés du CIAQ Inc. ont été presque nuls.
Le protocole d'entente n'étant pas entériné, les
employés entrevoient cette situation comme une planche de salut,
c'est-à-dire que nous espérons la possibilité de retour
dans la fonction publique, là où l'arbitraire est moins
évident. "Nous avons aussi eu droit à une
enquête-inventaire d'une envergure imposante, surtout en cette
période de compressions budgétaires
généralisées. Cette enquête-inventaire a eu comme
conséquence de faire planer des doutes sur l'intégrité du
personnel du CIAQ Inc. dans le milieu agricole. Sans présumer des
résultats de celle-ci, nous exigeons que les résultats soient
divulgués publiquement, afin que la réputation du personnel du
CIAQ soit perçue à son juste mérite. "La décision
de SOQUIA de ne pas retenir les services de M. Claude Hayes - ce sont les
employés du centre qui ont écrit cela - au CIAQ Inc. fut le
comble. M. Hayes a toujours le respect et l'admiration des employés du
CIAQ Inc. Les employés nourrissent une grande confiance envers M.
Hayes. Que cette décision ait été prise avant
même que les résultats de l'enquête soient connus, cela
dépasse largement notre entendement et nous apparaît bien obscur
et mystérieux. "La patience a cependant des limites. Les employés
du CIAQ Inc. demandent avec instance à SOQUIA de
réintégrer à son poste M. Claude Hayes, directeur
général, de nommer immédiatement le bureau de direction du
CIAQ Inc. et de faire en sorte que M. Robert Chicoine et les professionnels,
qui, jusqu'à maintenant, faisaient partie du personnel du CIAQ se
sentent en confiance et acceptent de demeurer au CIAQ Inc." C'est signé
par 30 personnes. Les employés du CIAQ Inc., les 30 employés.
Il y en a encore, M. le ministre, mais il y a une lettre qui est plus
inquiétante ici. En date du 13 mai 1982, le sous-ministre de
l'agriculture, M. Ferdinand Ouellet écrivait à M. David H.
Clemons, secrétaire au comité conjoint des races
laitières, Brantford, Ontario: "M. le secrétaire, les changements
récents que le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation du Québec a entrepris au niveau de
l'insémination artificielle ont modifié le statut de notre centre
d'insémination qui est maintenant la propriété de la
Société québécoise d'initiatives agro-alimentaires.
"Dans ces modifications, le Centre d'insémination artificielle du
Québec Inc. devient un centre de production et de distribution de la
semence. "En vertu de la Loi sur l'insémination artificielle du
gouvernement du Québec, le ministre émet des permis aux
inséminateurs s'assure de la qualité du travail qu'effectuent ces
derniers et confie au Service des productions animales la responsabilité
de l'application de cette loi. "Suite à ces changements, je tiens
à vous informer que M. Conrad Bernier, directeur du Service des
productions animales, est dorénavant désigné par le
ministre pour agir à titre d'interlocuteur envers le Comité
conjoint des races laitières du Canada pour l'application du programme J
de l'article 3 des règlements sur l'insémination artificielle des
bovins de race. "Comptant que vous prendrez note de ces changements, je vous
prie d'agréer, M. le secrétaire, l'expression de mes cordiales
salutations." C'est signé par le sous-ministre, Ferdinand Ouellet.
M. Clemons répondait à M. Ferdinand Ouellet en date du 16
mai 1982. "Objet, Centre d'insémination artificielle du Québec
Inc. Je vous remercie de votre lettre du 13 mai 1982 m'informant du changement
de propriété du Centre d'insémination artificielle du
Québec Inc. Je suis heureux de vous informer que nous sommes
disposés à maintenir notre contrat avec le Centre
d'insémination artificielle du Québec Inc. sous la
nouvelle propriété. "Je vous remercie d'avoir
désigné M. Conrad Bernier pour coopérer avec nous et faire
respecter nos règlements au Québec. Nous avons des arrangements
semblables avec les commissaires au bétail dans certaines provinces de
l'Ouest. Nous faisons régulièrement avec eux l'échange
d'informations concernant la location, l'opération et
l'égibilité des inséminateurs."
Ce qui devient intéressant, c'est: "La coopération avec M.
Bernier ne limitera, en aucune façon, notre contrat avec le CIAQ. Si
nous croyons qu'un inséminateur est inacceptable avec ou sans l'avis du
CIAQ ou de M. Bemier, nous agirons directement et tiendrons M. Bernier au
courant."
Antérieurement c'était, si je ne me trompe pas, M. Claude
Hayes qui représentait le Centre d'insémination artificielle
auprès du comité conjoint des races laitières. (21 h
45)
M. Garon: Oui, sauf qu'il y a une loi et des règlements
concernant l'insémination artificielle et nous avons constaté que
la loi et les règlements n'étaient pas respectés. Nous
avons décidé que la loi et les règlements devaient
être respectés. C'est la décision qui a été
prise...
M. Dubois: À présent, si...
M. Garon: ... et c'est pour cela aussi en même temps. La
personne qui est responsable au sein du ministère de l'application de la
loi et des règlements, c'est M. Conrad Bernier, qui est en charge de la
production animale. Il a été nommé au conseil. Alors,
est-ce que vous êtes contre le respect de la loi et des
règlements?
M. Dubois: Écoutez, vous aviez une méthode de
fonctionnement qui existait jusqu'à cette nouvelle demande.
M. Garon: Justement, on s'est rendu compte que la loi et les
règlements n'étaient pas appliqués, qu'ils devaient
l'être et qu'il y avait un organisme de contrôle qui était
le ministère de l'Agriculture. Il n'était pas normal que le
contrôlé et le contrôleur soient la même personne.
M. Dubois: Alors qui aura préséance ici?
M. Garon: On a décidé de procéder
normalement, ce qui aurait dû être fait - s'il y a quelque chose -
antérieurement, mais on ne s'est pas aperçu de cela plus
rapidement. Les directives sont que la loi et les règlements doivent
être appliqués et ils vont l'être. Si l'on considère
que les règlements et la loi doivent être changés, ils
seront changés. Tant qu'ils ne seront pas changés, ils seront
appliqués.
M. Dubois: J'ai l'impression que le comité conjoint des
races laitières ne respectera pas les inséminateurs qu'ils
trouveront inacceptables.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Dans la lettre que M. David Clemons écrivait
à M. Ferdinand Ouellet, on dit ici: "La coopération avec M.
Bernier ne limitera en aucune façon notre contrat avec le CIAQ. Si nous
croyons qu'un inséminateur est inacceptable, avec ou sans l'avis du CIAQ
ou de M. Bernier, nous agirons directement et tiendrons M. Bernier au courant."
Ce qui veut dire que le comité conjoint des races laitières a
quelque chose à dire sur le choix des inséminateurs,
d'accord?
M. Garon: Non, non. Les inséminateurs sont nommés
par le ministre en vertu de la loi. Ils ne sont pas nommés par M.
Clemons.
M. Dubois: Vous avez besoin d'un permis qui est ratifié
par le comité.
M. Garon: Et la loi a été faite dans le temps du
Parti libéral. Alors, êtes-vous d'accord avec la loi qui a
été faite dans le temps du Parti libéral?
M. Dubois: Non, non. Je vous demande les raisons du changement
qu'on vient de faire.
M. Garon: C'est vrai, cette loi a été faite dans le
temps du Parti libéral.
M. Mathieu: Ils ont fait quelque chose de bon de temps en
temps.
M. Garon: Sauf qu'ils ne l'appliquaient pas.
M. Mathieu: Vous non plus. Vous avez besoin...
M. Garon: C'est un peu comme dans l'inspection des viandes, il y
avait une loi, mais ils ne la respectaient pas. La différence, c'est
qu'on dit: II y a une loi, on va la respecter. Si elle n'est pas bonne, on va
la changer, mais, tant qu'elle va être là, on va la respecter.
M. Mathieu: On parlera d'une loi tantôt dans le même
domaine. J'espère que vous conserverez le même principe que vous
venez d'énoncer.
M. Dubois: Le ministre reconnaît toujours la
nécessité que les permis soient donnés par le
comité conjoint des races
laitières?
M. Garon: Les permis d'insémination?
M. Dubois: Non, les permis d'inséminateurs.
M. Garon: Non, c'est donné par le ministre.
M. Dubois: Mais que fait le comité conjoint des races
laitières là-dedans? Parce qu'il peut agir s'il ne trouve pas un
inséminateur acceptable: "avec ou sans l'avis de M. Bernier, nous
agirons directement et tiendrons M. Bernier au courant." Alors, s'ils ont des
pouvoirs...
M. Garon: C'est parce qu'eux font exactement ce que nous devrions
faire. C'est de la surveillance pour voir si l'insémination est bien
faite. Surveiller les inspecteurs, cela fait partie de notre job. On ne l'a
jamais fait parce que c'étaient les mêmes personnes qui faisaient
les deux choses; alors elles s'inspectaient elles-mêmes.
Je vais vous dire une chose, M. Clemons va être très
content que nous fassions respecter la loi et les règlements. J'imagine
que dans le temps des libéraux, lorsqu'ils ont fait la loi, ils ont
consulté M. Clemons ou son prédécesseur. Alors, je suis
persuadé que M. Clemons va être très heureux de voir que le
ministère de l'Agriculture fait respecter la loi et les
règlements concernant l'insémination parce que cela doit
être sûrement là-dessus qu'ils se basent pour fonctionner
avec le Québec. Je suis persuadé que le comité des races
laitières est très heureux que le ministère de
l'Agriculture fasse respecter la loi et les règlements.
M. Dubois: Ce qui veut dire qu'il vous faut toujours quand
même un permis du comité conjoint des races laitières. Cela
vous prend toujours un permis.
M. Garon: Le permis d'inséminateur est un permis qui est
signé par le ministre.
M. Dubois: Le comité conjoint des races laitières
n'a aucune juridiction sur l'émission des permis?
M. Garon: Évidemment, son inspection...
M. Dubois: C'est cela que je demande, est-ce qu'il a juridiction
ou non? Quelle juridiction a le comité conjoint des races
laitières?
M. Garon: Sur quoi?
M. Dubois: Sur les permis d'inséminateurs.
M. Garon: Eux, ce qu'ils font, c'est qu'ils tiennent des livres
généalogiques des animaux, des troupeaux des différentes
races laitières, troupeaux, et acceptent les certificats
délivrés par nos inséminateurs concernant telle
insémination: tel animal est inséminé par tel
inséminateur, alors ils acceptent le certificat de
l'inséminateur.
M. Dubois: Ici selon la lettre de M. Clemons à M.
Ferdinand Ouellet, on dit: Si nous croyons qu'un inséminateur est
inacceptable, avec ou sans avis du CIAQ et de M. Bernier, nous agirons
directement. Ce qui veut dire qu'ils ont un certain contrôle sur
l'émission des permis des inséminateurs.
M. Garon: J'ai bien vu cette phrase-là, je ne l'ai pas
trop comprise.
Comme je le disais, il y a un livre généalogique, tenu par
le secrétariat, des races, de chaque race, et ils acceptent le
certificat émis par l'inséminateur. Je ne sais pas s'ils veulent
dire que si un inséminateur n'était pas correct ça ne
prend pas son certificat, mais ils doivent être très contents
parce qu'on n'a pas nommé n'importe qui, on a nommé celui qui
était responsable des productions animales au Québec et qui est
responsable de l'application de la loi et du règlement concernant
l'insémination artificielle.
M. Dubois: Je voulais avoir un éclaircissement sur ce
paragraphe-là parce que moi non plus je ne vois pas clair.
M. Garon: Là il faudrait écrire à M.
Clemons, parce que je ne peux...
M. Dubois: J'imagine que M. Ouellet doit avoir compris ce
paragraphe-là. Vous avez compris le paragraphe.
M. Garon: Je vais écrire pour avoir des précisions,
parce que j'ai compris, mais je voudrais qu'il comprenne aussi, alors ne vous
inquiétez pas, l'autre lettre n'est pas encore partie...
M. Dubois: Est-ce que vous pouvez nous dire ce que vous avez
compris dans cette lettre?
M. Garon: Mais, peut-être que M. Clemons n'est pas au fait
de tous les mécanismes, ils ont écrit en français,
peut-être qu'il n'est pas habitué à écrire en
français M. Clemons. Qu'est-ce que cela veut dire, le savez-vous?
M. Dubois: Je demandais une explication, je demandais quel
règlement.
M. Garon: La première chose, pour dire que c'est bien
rédigé, il faut comprendre ce
que cela veut dire.
M. Dubois: C'est clair, si nous croyons que l'inséminateur
est inacceptable avec ou sans l'avis du CIAQ et de M. Bernier nous agirons
directement; ce qui veut qu'il semble quand même avoir un certain
contrôle sur les permis donnés aux inséminateurs, selon sa
lettre, alors est-ce qu'il y en a un contrôle ou non? Je ne le sais
pas.
M. Garon: En fait ce qu'on dit, c'est qu'au fond, il pourrait
refuser un certificat émis par un inséminateur.
L'inséminateur a son permis par le ministre; quand je parle de ministre,
c'est la signature du ministre qui apparaît au bas, excepté que ce
sont les comités qui voient à la qualification des
inséminateurs, qui déterminent ceux qui sont
compétents.
Maintenant, les certificats des inséminateurs sont reconnus par
le comité des races laitières, alors si un inséminateur
n'était pas reconnu compétent par le comité, il ne lui
émettrait pas son certificat, il ne considérerait pas les
certificats qu'il a émis, mais j'imagine qu'il ne fait pas cela sans
raison et puis le permis est émis par le ministre. Alors c'est le
ministre qui peut enlever le permis de l'inséminateur.
M. Dubois: Est-ce que les permis étaient émis par
M. Claude Hayes avant M. Conrad Bernier?
M. Garon: C'est le ministre.
M. Dubois: Quant à l'enquête - en tout cas vous
appelez cela un inventaire - est-ce que vous seriez prêt à fournir
une copie du mandat confié à la maison Raymond Chabot Inc.?
M. Garon: Ce n'est pas une enquête, c'est un inventaire qui
a été fait.
M. Dubois: D'abord, c'est un inventaire, cette firme a
reçu un mandat du ministre.
M. Garon: Dans le cours normal.
M. Dubois: Un appel téléphonique ou bien une
lettre?
M. Garon: Ils ont reçu une lettre de SOQUIA.
M. Dubois: II serait quand même intéressant si le
ministre veut déposer une copie du mandat confié à la
firme Raymond Chabot Inc. Reste au ministre la décision de la
déposer ou non, c'est son choix, et aussi de nous indiquer le coût
de cette opération.
M. Garon: II n'y a pas de dépôt en commission
parlementaire.
M. Dubois: De nous fournir des informations d'abord. Cela ne
s'appelle pas un dépôt.
M. Garon: II y a eu un inventaire de fait. N'essayons pas de
virer un inventaire en enquête. Un inventaire précis a
été fait. On savait que l'inventaire durerait longtemps, parce
qu'il s'agissait de centaines de milliers de paillettes dans des biostats.
Comme c'est dans de l'azote, qui gèle à moins 196°, les gens
ne peuvent pas trop se promener les mains dans les biostats, les doigts peuvent
leur casser. On savait que cela prendrait un certain temps. Certaines mesures
ont été prises pour faire un inventaire qui durerait plusieurs
jours, plusieurs semaines même.
C'est évident qu'une firme qui fait un constat dans un inventaire
d'une coopérative qui dure une journée... Quand une
coopérative fait un inventaire, que fait-elle habituellement? Elle ferme
la coopérative cette journée-là et, des fois, elle la
ferme pendant deux jours. Nous n'avons pas fermé le centre, on a
continué à faire fonctionner le centre. On a pris des mesures
pour tenir compte qu'il s'agissait d'un inventaire qui durerait à peu
près deux ou trois semaines.
M. Dubois: L'inventaire est-il totalement terminé?
M. Garon: L'inventaire est terminé.
M. Mathieu: Mais pourquoi changer les serrures?
M. Garon: Vous êtes dans un inventaire qui va durer deux ou
trois semaines. Je ne sais pas s'il y a des gens de l'Opposition qui ont
déjà travaillé dans un magasin au moment d'un inventaire.
Quand une coopérative fait un inventaire, que fait-elle? Habituellement,
elle ferme la coopérative une journée ou deux et elle fait
l'inventaire.
M. Mathieu: Elle ne change pas les serrures.
M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: Elle ne change pas les serrures.
M. Garon: Elle ferme, elle ne fonctionne pas, elle fait cela de
façon différente, mais, quand vous avez un inventaire qui dure de
deux à trois semaines, vous ne fonctionnez pas de la même
façon.
M. Dubois: Les gens dans la boîte ont...
M. Garon: Vous ne fonctionnez pas de la même façon.
Un inventaire a été fait.
M. Gagnon: Est-ce un inventaire qui doit se faire à
intervalles réguliers ou est-ce simplement un inventaire qui a
été fait...
M. Garon: Plusieurs personnes ont déjà dit qu'il
était à peu près impossible de faire un inventaire
véritable, parce qu'il s'agissait de biostats avec des centaines de
milliers de paillettes. On dit: On est dans une entreprise. On veut faire
fonctionner cela comme une entreprise. Il faut savoir d'où on part. Il y
a en a combien de paillettes exactement dans ces biostats? 120 000?
M. Gagnon: Ce que je veux dire, c'est: Avez-vous l'intention de
faire cet inventaire régulièrement, chaque année, par
exemple?
M. Garon: Non. Je veux avoir un inventaire permament et on pourra
vérifier, je ne sais pas si ce sera tous les ans, l'inventaire. Il va
falloir éventuellement qu'il y ait un inventaire aussi des biostats, des
cercles d'amélioration du bétail. On va avoir des discussions
bientôt avec... Je voulais dire tantôt qu'il y a un comité
provisoire, un conseil exécutif provisoire à la CIAQ Inc. Ce
n'est pas un conseil d'administration permanent, mais il y a un conseil
d'administration provisoire. Il y aura bientôt un conseil
d'administration permanent. La corporation est formée et il y a un
conseil d'administration provisoire.
M. Gagnon: Aurez-vous à faire un inventaire comme cela
régulièrement, disons, une fois par année?
M. Garon: On voulait savoir exactement où on en
était. Ensuite, un contrat sera discuté avec les gens des CAB,
l'ACABQ, qui représente 46 ou 47 cercles d'amélioration du
bétail actuellement, parce qu'on ne peut pas discuter d'un contrat avec
chacun des cercles. On peut avoir un contrat différent, on peut avoir un
contrat modèle. Avec qui va-t-on en discuter? On va en discuter avec
l'association qui représente l'ensemble des cercles
d'amélioration du bétail ou le plus grand nombre de cercles
d'amélioration du bétail. Finalement, un contrat devra être
signé entre le CIAQ Inc. et le cercle d'amélioration du
bétail local. Il y a des dispositions là-dedans. Qu'est-ce qu'il
y a dans les ampoules? À qui appartiennent les paillettes qu'il y a dans
les ampoules? À qui? C'est important. Des opérations ont
été faites par le Centre d'insémination artificielle du
Québec qui n'auraient jamais dû se faire, parce que le
règlement n'a pas été respecté. (22 heures)
On a revu, avec différents représentants des agriculteurs
et du Centre d'insémination artificielle du
Québec, de SOQUIA, des gens du ministère, le
règlement et la loi et, selon le rapport qui m'a été fait,
la loi et les règlements étaient valables. J'ai dit: Ils sont
valables. On a dit: Ils sont valables, alors on va les respecter. On a
donné la responsabilité au président, celui qui est
directeur du Service des productions animales, de faire respecter le
règlement. Alors, on l'a nommé à l'endroit qui est
l'endroit de contrôle du règlement, c'est-à-dire le
comité conjoint des races laitières. À ce
moment-là, c'est normal que celui qui fait respecter les lois et les
règlements soit celui qui surveille l'administration ou qui surveille
les aspects qui sont respectés par ceux qui les administrent
quotidiennement. Autrement, si on nomme celui qui est chargé de
l'administration quotidienne du Centre d'insémination artificielle du
Québec comme contrôleur du règlement qu'il administre, cela
veut dire que celui qui est contrôlé est le contrôleur,
c'est le contrôlé contrôleur. Alors, on a dit: Ce n'est pas
correct. C'est là qu'on a dit: On va nommer M. Conrad Bernier, directeur
du Service au comité conjoint des races laitières avec le
mandat... J'étais là quand on a décidé cela avec le
sous-ministre et on a tous convenu ensemble que la loi et les règlements
étaient corrects et qu'ils devaient être respectés.
M. Gagnon: Est-ce que l'ACABQ représente encore la
majorité des CAB?
M. Garon: Oui.
M. Gagnon: En termes de clientèle... Une voix: II a
changé de sujet. M. Garon: Pardon?
M. Gagnon: En termes de clientèle, parce que vous avez des
CAB...
M. Garon: En termes de cercle.
M. Gagnon: En termes de cercle, je suis d'accord; mais, en termes
de clientèle où vous avez des petits CAB qui ne sont pas
désaffiliés mais qui ne représentent pas une grosse
clientèle? 47 sont désaffiliés.
M. Garon: On me dit qu'ils représentent 55% des
inséminations.
M. Gagnon: Des inséminations?
M. Garon: J'ai été rencontrer des groupes et il
semble actuellement, on me dit que le nombre de ceux qui se
réaffilient... Il y a des gens qui commencent à se
réaffilier avec le cercle. La négociation a été
faite avec les inséminateurs, les rapports que j'ai eus c'est qu'on me
disait qu'on était satisfait
de part et d'autre au point de vue de la négociation qu'il y
avait eue. La convention collective a été signée entre le
Syndicat des inséminateurs et l'ACABQ et actuellement, il y a des choses
qui sont en train de se clarifier.
M. Gagnon: C'est terminé. La négociation est
terminée et les signatures sont...
M. Garon: Cela fait un petit bout de temps et la convention est
entrée en vigueur le 1er juin.
M. Gagnon: Ah, bon.
Le Président (M. Boucher): Le député
de...
M. Garon: Et ils ont fait un excellent travail à ce point
de vue parce qu'il y avait de nombreuses catégories de cercles
d'amélioration du bétail et il y a eu véritablement un
reclassement des cercles d'amélioration du bétail en six
catégories, selon les distances. Cela va être beaucoup plus simple
pour l'administration, plus facile à comprendre pour eux et pour tous
ceux qui sont dans le circuit. Les rapports que j'ai eus à ce jour des
fonctionnaires qui ont regardé cela, et non seulement les
fonctionnaires, je l'ai regardé aussi parce qu'on a signé le
programme qui doit s'appliquer du 1er avril jusqu'au 1er juin... Il y a un
nouveau programme qui a été signé et on l'a mis en
application depuis le 1er juin pour tenir compte de la nouvelle classification
des cercles d'amélioration du bétail en six groupes. Je pense que
dans l'insémination artificielle, les groupes sont des groupes bien
organisés et j'ai rarement vu dans un secteur des groupes aussi bien
organisés. Les inséminateurs sont bien organisés, le
Centre d'insémination articielle du Québec a son autorité,
l'ACABQ; en tout cas, il y a un grand nombre de cercles qui lui font confiance.
Il y a justement le comité des races laitières dont je viens de
parler qui a des organisations très structurées et chacune de ces
personnes au fond aurait voulu un peu plus que l'autre dominer le Centre
d'insémination artificielle du Québec.
Ma position, c'était la position des députés quand
on s'est recontré au sein du Parti québécois. On a souvent
discuté de ces questions et cela a été de ne jamais
trancher en faveur de l'un ou de l'autre mais de garder ensemble tous ces gens
qui sont tous nécessaires à un bon fonctionnement de
l'insémination artificielle. Il y en a qui auraient voulu que le Centre
d'insémination artificielle mène un peu plus que les autres,
d'autres auraient voulu que les inséminateurs mènent un petit peu
plus que les autres, d'autres auraient voulu que l'ACABQ mène un peu
plus que les autres, d'autres que le ministère mène un peu plus
que les autres. Ce que j'ai dit à ce moment-là, c'est qu'il y a
des relations qui sont des relations contractuelles entre les agriculteurs et
les inséminateurs.
J'ai dit: Moi, que les inséminateurs soient salariés ou
à contrat, qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse? Ce sera une
décision qui regardera les inséminateurs et les cultivateurs. Et
des cultivateurs m'ont dit qu'eux n'étaient ni d'un bord, ni de l'autre.
Ce que j'ai appris, c'est que c'est une décision du ministère du
Revenu suivant laquelle, étant donné qu'ils recevaient leurs
honoraires de telle façon, il devrait y avoir des déductions
à la source et ils devraient être considérés comme
des salariés, sur le plan fiscal. C'est après que les
inséminateurs se sont regroupés en syndicat pour négocier
leurs conditions. Moi, j'ai dit: Je ne peux pas intervenir là-dedans. Un
ministre de l'Agriculture n'est pas obligé de tout mener dans la
province. Il y a des affaires qui regardent les gens dans leurs relations de
travail. Qu'ils règlent leurs questions entre eux. Je n'ai pas voulu
prendre position en faveur d'un groupe ou l'autre; j'ai essayé de garder
le plus de cohésion possible, même si ça a brassé
pas mal. Je pense qu'actuellement ça brasse moins et les gens commencent
à trouver leur place tranquillement pour que tous ces gens travaillent
ensemble, parce que tous ces gens sont nécessaires.
M. Gagnon: II y a eu une bataille, comme vous l'avez
mentionné, de juridiction, entre autres, les inséminateurs
voyaient que l'ACABQ voulait en mener peut-être un peu plus large et
avoir un peu plus de pouvoirs. Actuellement, vous me dites que les
négociations sont terminées, que chacun a trouvé sa place,
son rôle et que les CAB sont en train de se réaffilier
actuellement.
M. Garon: Attendez un peu... M. Gagnon: Non.
M. Garon: ... on me dit qu'il y a un certain nombre de CAB qui
veulent se réaffilier. Je devais rencontrer l'ACABQ vendredi dernier.
C'était l'assemblée annuelle et on me demandait: Comment
ça va-t-il fonctionner exactement? On aimerait que vous nous donniez
certaines précisions. Alors, je leur ai dit comment on voulait
fonctionner au point de vue de la loi, du règlement, comment SOQUIA
voulait fonctionner, qu'il y aurait l'annulation prochaine du conseil
d'administration, que le programme qui avait été signé du
1er avril au 1er juin, comment ça fonctionnerait. J'ai donné un
ensemble d'explications concernant cela. Avant que
j'y aille, les CAB désaffiliés avaient reçu un
télégramme adressé au comité des CAB
désaffiliés. Il y avait une association qui s'appelait l'ACABQ,
avant. On ne peut pas négocier avec chacun des CAB un contrat
particulier. On ne peut pas négocier chacune des affaires avec un CAB
dans chacun des coins. Il faut avoir une association qui représente
l'ensemble des CAB. Je disais, en fait: II y en a une, association, et si les
CAB sont pour se désaffilier pour se réaffilier, je ne comprends
pas trop au fond. S'ils considèrent qu'ils devraient élire
d'autres dirigeants, qu'ils élisent d'autres dirigeants. Cela ne donne
rien de se désaffilier pour se réaffilier. Ceux qui se sont
désaffiliés sentaient le besoin de me faire parvenir un message,
et je voyais la signature en dessous: le comité des CAB
désaffiliés. Alors, je me disais que c'est peut-être aussi
bien d'être tous affiliés, de parler ensemble, entre eux, et de
décider comment ils voient son fonctionnement. Mais là-dedans, il
ne faut pas que les choses soient ex cathedra. Je sais à quel point il y
a des gens qui voyaient l'exclusion de l'un et l'exclusion de l'autre. Je pense
que ce n'est pas souhaitable parce qu'il y a 89 CAB. Il peut y en avoir moins,
il peut y en avoir plus. Il faut un organisme représentatif des CAB.
Cela m'apparaît évident parce que, autrement, chaque CAB va
être plus faible s'il n'y a pas un regroupement des CAB.
M. Dubois: ... les désaffilier présentement. Vous
dites que vous aller transiger un contrat d'approvisionnement. Je pense bien
que c'est cela que vous avez dit avec l'ACABQ.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: S'il y a 40 CAB désaffiliés, qu'est-ce
qui arrive avec ces 40 là? Ils sont obligés de se joindre
à l'association de laquelle ils se sont désaffiliés.
M. Garon: On a un contrat à signer, un contrat avec des
clauses. Avec qui voulez-vous qu'on discute le contrat? On a un contrat, mais
c'est un contrat d'adhésion. On ne pourra pas faire 89 contrats
différents. Il faudra que ce soit un contrat. Alors je dis qu'on est
prêt à discuter. Mais avec qui va-t-on discuter les clauses qu'il
y a dans le contrat? L'ACABQ nous a dit - ça ne fait pas longtemps,
c'est à l'heure du souper -: Vous avez dit, vendredi, qu'il y aurait un
contrat; on aimerait ça pouvoir discuter le contrat avec SOQUIA, avec
les Centres d'insémination artificielle Inc. J'étais avec des
gens du ministère. On a demandé à M. Marier son opinion.
M. Marier a dit: Je n'ai pas d'objection à faire de la consultation sur
le contrat parce que, éventuellement ça prend une signature sur
le contrat, mais il ne peut pas y avoir, c'est évident, 50
modèles de contrats ou 10 modèles de contrats, il va y avoir un
modèle de contrat. Alors, l'organisme représentatif actuellement
des CAB, c'est l'ACABQ, même si elle ne regroupe pas tous les CAB
à l'heure actuelle.
M. Mathieu: Cela veut dire que les désaffiliés
n'auront pas de service comme ceux du CIAQ.
M. Garon: Je ne pense pas cela. Notre programme agricole au fond,
je sais qu'il y a eu une négociation, on en a vu les résultats et
on s'est dit: II faut ajuster notre programme agricole. On a vu que ce qui
avait été établi comme regrouper les CAB dans six
catégories différentes et tout cela, c'était bon. Nous, on
veut améliorer notre programme. Regrouper les cercles en six
catégories, on s'est aperçu que cela était bon pour nous.
S'ils ont fait un bon travail, on a accepté de faire la même
chose.
M. Dubois: Que va-t-il arriver du CAB désaffilié?
Va-t-il se trouver orphelin à un moment donné?
M. Garon: Idéalement, je pense que les CAB
désaffiliés voulaient marquer un certain nombre de points par
leur désaffiliation. Je pense qu'ils ont fait valoir un certain nombre
de points.
Actuellement, il n'y a pas beaucoup de raisons pour ne pas que tout le
monde soit regroupé dans la même association. Il me semble
à première vue qu'il serait souhaitable que tous les CAB soient
regroupés dans l'Association des cercles d'amélioration du
bétail du Québec.
M. Gagnon: Vous avez mentionné le comité des CAB
désaffiliés. On consulte actuellement l'ACABQ pour
négocier un éventuel contrat qui va être signé.
Est-ce que la même consultation va être faite avec le comité
des CAB désaffiliés? On parle juste de consultations, on ne parle
pas de signature de contrat, si je comprends bien. On parle de consultations
sur un éventuel contrat.
M. Garon: Je ne veux pas arriver avec deux, trois, quatre
associations de CAB.
M. Gagnon: Non.
M. Garon: Autrement, on n'ira nulle part. On va arriver et les
gens vont dire: Je veux ceci et je veux cela. S'il y a un consensus, un
compromis à faire entre les CAB, ils doivent en discuter entre eux.
Mais, si on commence à faire comme dans le porc, à avoir deux
groupes opposés... Il faut que les gens entrent dans la même
association et qu'ils fassent leur débat à l'intérieur
de
cette association. C'est cela qui est souhaitable.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Juste une dernière question.
Il semblerait que les CAB n'étaient pas heureux de la direction
que voulait prendre leur association. Je pense que cela a été la
raison principale de leur désaffiliation.
Est-ce que le nouveau président semble plus conciliant et ne
recherche pas ce que recherchait l'ancien président, soit prendre le
contrôle du centre? Je pense que c'était cela.
M. Garon: Ce n'est pas à moi de décider. Dans
toutes les associations que je rencontre, je ne choisis pas les
présidents.
M. Dubois: Je vous demande s'il est plus conciliant avec les
CAB?
M. Garon: Je prends les présidents qui sont élus.
Je le dis aux agriculteurs, dans les cercles d'amélioration du
bétail comme dans d'autres organisations, c'est à eux
d'élire leurs représentants. S'ils n'en aiment pas un, qu'ils le
changent. Je pense bien qu'au ministère ce ne sont pas tous les
fonctionnaires qui disent: J'aime mieux ce ministre-là. Il y en a qui
disent: J'en aimerais mieux un autre et d'un autre genre. Ils sont
obligés de me prendre.
M. Dubois: II faudrait demander à M. Ouellet.
M. Garon: Ils sont obligés. Pour moi, c'est la même
chose. Quand les cultivateurs élisent...
Une voix: Vous faites plaisir à M. Mathieu.
M. Garon: Bien oui, c'est parce que je pensais à votre
discours. Quand je vois, par exemple...
M. Dubois: Est-ce qu'on peut avoir l'opinion de M. Ouellet?
M. Mathieu: Ils ne peuvent pas le dire.
M. Garon: De la même façon il y a des
fonctionnaires, quand ils viennent en commission parlementaire et qu'ils voient
le critique agricole du Parti libéral, ils disent: Si le Parti
libéral prenait le pouvoir, cela serait sans doute lui qui serait
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Je suis
certain qu'il y en a qui sont d'accord et qu'il y en qui sont contre. C'est un
peu normal. C'est comme votre chef, par exemple. Vous l'aimiez il y a un an et
là vous avez l'air de l'aimer moins. Je ne peux rien faire à
cela.
M. Mathieu: Vous êtes loin de l'insémination.
M. Garon: C'est aux associations elles-mêmes de choisir
leurs dirigeants. Je prends les dirigeants que les associations élisent.
Je ne dis pas un mot. Dans certains cas, il me semble que, si j'étais
dans cette association-là, j'en élirais un autre. Il y en a
d'autres que je trouve bons dirigeants. Je ne dis pas un mot parce que c'est
leur droit d'élire qui ils veulent. À ce moment, quand le
dirigeant est élu et qu'on ne l'aime pas trop trop, on se
désaffilie.
M. Mathieu: Mais il n'y aura pas de place pour un cercle
désaffilié?
M. Garon: Je pense que c'était plus que cela, le
débat. Pardon?
M. Mathieu: Si je comprends bien, il n'y aura pas de place pour
un cercle désaffilié?
M. Garon: Je ne peux pas, dans mes consultations, commencer
à rencontrer 50 associations.
M. Mathieu: Je ne vous blâme pas de cela. C'est juste une
constatation. Je crois que monsieur avait un commentaire. (22 h 15)
M. Garon: Voyez-vous, le règlement dit qu'il y a un
contrat qui doit être signé entre le CAB et le CIAQ. Maintenant,
on ne peut pas signer plusieurs contrats. On ne peut pas commencer à
faire un régime particulier pour le CAB, cela n'a aucun sens. Il faut un
régime d'une certaine uniformité pour qu'on puisse dire si un
cercle d'amélioration du bétail est à telle distance,
à telle densité d'agriculteurs, on peut desservir
différemment, mais on ne peut pas dire qu'on aura un contrat
différent par CAB. Alors, ce qu'il faut dire, c'est que lorsqu'on
établit notre contrat, on l'établit avec qui, alors on a dit
qu'il y a l'Association des cercles d'amélioration du bétail qui
représente un grand nombre de CAB dans notre contrat de base qu'on va
négocier ou qu'on va discuter en vue de signer avec les CAB, on va
discuter avec cette association...
M. Mathieu: Après discussion, vous avez un contrat
d'adhésion, auquel adhère un CAB. Vous vous dites: On ne fait pas
de modification, le contrat est là et vous le signez comme il est parce
que la négociation est faite avec l'ensemble.
M. Garon: II y a un contrat type.
M. Mathieu: D'accord.
M. Garon: Si vous êtes d'accord pour entrer
là-dedans...
M. Mathieu: Un contrat d'adhésion.
M. Garon: On ne peut pas changer toutes les clauses et avoir des
clauses différentes pour chaque CAB.
M. Mathieu: Même si le CAB est désaffilié, il
peut signer le contrat d'adhésion.
M. Garon: S'il accepte.
M. Dubois: Un CAB pourra acheter directement du centre selon les
normes établies avec l'association. Avec le contrat type, mais sans
rejoindre son association.
M. Mathieu: Ce qui m'inquiète, c'est le sort des
membres...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-sud, le député de Saint-Hyacinthe avait demandé la
parole.
M. Dupré: II est bien important, M. le président,
que le ministre réitère les engagements que nous avions pris
concernant l'ACABQ, les CAB désaffiliés. Depuis tout le temps que
dure cette lutte, il a été question que l'ACABQ ne prendrait pas
le contrôle du Centre d'insémination de Saint-Hyacinthe. C'est un
fait et on l'a répété encore une fois la semaine
dernière à Saint-Hyacinthe.
M. Garon: Je suis content que le député de
Saint-Hyacinthe soulève la question. Il y a un point très
important.
M. Dupré: Maintenant, en ce qui a trait...
M. Garon: Je voudrais le clarifier tout de suite, si vous voulez?
J'ai dit à l'association, lors de l'assemblée
générale l'ACABQ, que j'ai rencontrée vendredi dernier,
que le centre d'insémination artificielle n'était pas à
vendre, qu'il appartenait à 100% à l'État et qu'il sera
administré par SOQUIA par l'entremise d'une filiale qui est CIAQ Inc.
C'est cela que les cultivateurs souhaitent. Il n'y a pas eu d'opposition
à cela. J'ai dit clairement devant toute l'assemblée que le
centre d'insémination artificielle du Québec resterait la
propriété de l'État par l'entremise de SOQUIA, dont toutes
les actions appartiennent au ministre des Finances. CIAQ Inc. est une filiale
à 100% de SOQUIA.
M. Dupré: Ma deuxième question ou affirmation qui
n'est certainement pas moins importante que la première, c'est que,
à plusieurs occasions, le caucus ministériel et le ministre ont
soutenu que jamais ni le ministre, ni le caucus agricole, ni le Parti
québécois, ne forcerait les CAB désaffiliés
à s'affilier et auraient les mêmes services que ceux qui sont
affiliés. Cela est très important.
M. Mathieu: M. le Président...
M. Dupré: M. le député de Beauce-sud, je
parle au ministre.
M. Dubois: Elle a été posée cette question,
il y a à peine deux minutes.
M. Mathieu: Si vous avez suivi le débat, c'est exactement
ce que j'ai demandé. Vous êtes un peu trop loin, vous semblez
dormir, M. le député de Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
ministre en réponse au député de Saint-Hyacinthe.
M. Garon: C'est plutôt une affirmation qu'il a faite.
Essentiellement, voici le problème. Par leur désaffiliation, les
CAB qui sont désaffiliés, un certain nombre en tout cas ont voulu
faire valoir leur point de vue; je crois que c'était une façon de
le faire valoir. Maintenant, une chose est certaine: si face au syndicat des
inséminateurs, l'Association des cercles d'amélioration du
bétail encourt des frais pour négocier un contrat qui sert
à tout le monde... Si, parce qu'il y a une association, ils font des
représentations auprès de CIAQ Inc. pour voir les
différentes clauses qu'il y a dans le contrat et qu'ils rendent un
certain nombre de services, il serait anormal que seulement une partie encoure
ces frais. Ce ne serait pas correct. À moins que ce soit
véritablement la question du grand principe de ne pas être
affilié, il serait peut-être normal que les cercles
d'amélioration du bétail soient regroupés dans une
association.
M. Mathieu: La précision que je veux apporter, M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, le
député de Huntingdon avait demandé la parole.
M. Dubois: M. le Président, je vais revenir à
plusieurs questions. Premièrement, j'ai demandé le coût des
opérations tout à l'heure, le coût de l'inventaire. Disons
que je n'aimais pas le mot enquête, mais est-ce que vous avez les
coûts exacts de l'inventaire qui a été fait?
M. Garon: Non, ce n'est pas dans les crédits.
M. Dubois: Qui va payer cela? SOQUIA?
M. Garon: SOQUIA ou CIAQ Inc.
M. Dubois: Cela va être refilé aux usagers
finalement.
M. Garon: Vous avez une entreprise. Faites-vous un
inventaire?
M. Dubois: Écoutez, c'est une inquiétude aussi,
c'est un cas qui a été soulevé souvent.
M. Garon: De quoi?
M. Dubois: On dit que l'inventaire est très
dispendieux.
M. Garon: C'est évident que l'inventaire est plus
dispendieux qu'un autre, il dure entre deux et trois semaines...
M. Dubois: Les producteurs...
M. Garon: II s'agit de faire des inventaires dans des biostats,
où c'est de l'azote liquide qui gèle à moins 196°.
C'est évident que c'est plus dispendieux.
M. Dubois: On comprend cela, mais les producteurs se posent la
question: Est-ce que les coûts de l'inventaire nous seront refilés
ou si le ministère de l'Agriculture va absorber les coûts de
l'inventaire? C'est une question qu'ils se posent.
M. Garon: Le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation n'absorbe pas les coûts de
l'inventaire.
M. Dubois: Je pose la question, je veux avoir une réponse.
M. le ministre, étant donné que l'on a transféré le
centre à SOQUIA pour supposément rentabiliser les
opérations... Je pense que c'était le but.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Pouvez-vous me dire depuis le mois d'août
dernier que ç'a été transféré quand
même - quels sont les revenus additionnels imputables
spécifiquement aux opérations réalisées au
Québec? Les revenus additionnels que le transfert a apportés
à l'opération du CIAQ imputables aux opérations faites au
Québec, parce qu'il y a des opérations à
l'extérieur du Québec aussi. Alors...
M. Garon: Les revenus...
M. Dubois: ... si c'est pour rentabiliser le centre, pouvez-vous
me dire quels sont les revenus imputables aux opérations du
Québec?
M. Garon: Les revenus qui proviennent du Québec sont moins
considérables que les revenus qui viennent de l'exportation. Il y a
à peu près dix fois moins d'utilisation d'ampoules, de paillettes
vers l'extérieur qu'au Québec, parce que c'est un taux minimal.
Il y a des ampoules qu'on vend 0,50 $ au Québec et qu'on vend 75 $ sur
le marché de l'exportation. Sauf qu'il est établi comme politique
que le centre d'insémination servait a priori aux agriculteurs du
Québec.
M. Dubois: Est-ce que M. Claude Hayes sera
réintégré dans ses fonctions ou non? Le ministre peut-il
répondre à cela?
M. Garon: Non, parce que la décision dépend du
conseil de SOQUIA qui va décider de quelle façon le centre va
être administré et qui sera directeur général.
M. Dubois: À présent...
M. Garon: Maintenant, voici l'opinion de SOQUIA là-dessus:
Une personne va être en charge de la génétique et une
personne va être en charge de la commercialisation, parce qu'il y a deux
opérations, l'opération génétique, les troupeaux et
tout cela, et l'opération commercialisation ou administration, mais en
grande partie distribution, pour que les gens spécialisés dans la
génétique fassent de la génétique, plutôt que
les gens spécialisés dans la génétique fassent de
l'administration et s'occupent des factures et de choses comme cela. On veut
des spécialistes, un peu comme on en parlait antérieurement,
quand on disait que dans les bureaux locaux du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation les professionnels
devraient s'occuper de conseiller les agriculteurs.
Au centre d'insémination artificielle, on a des gens qui sont
généticiens, qui sont de bons généticiens, mais,
pour les utiliser davantage, ils n'auront pas de factures ni d'administration
à faire, ils vont s'occuper de génétique à 100%.
C'est l'idée de SOQUIA. J'ai rencontré les dirigeants de SOQUIA
et nous sommes d'accord que le centre était là d'abord pour
desservir le Québec. On a fait l'inventaire justement pour savoir les
quantités d'ampoules qu'il y avait précisément, de sorte
que si une quantité d'ampoules de tel taureau ne justifie pas, ne permet
pas l'exportation sans en priver le Québec, il n'y aura pas
d'exportation. Actuellement, on est en train d'étudier une liste de
prix, justement, dans laquelle il y a certains taureaux qui ne seront pas
listés pour l'exportation parce qu'on calcule - ces taureaux sont
décédés bien sûr et on a des ampoules - qu'on n'a
pas de quantités
suffisantes de taureaux et on veut les garder pour les
Québécois, parce que ce sont d'excellents taureaux. Alors, ils ne
seront pas listés pour l'exportation. C'est ce qui est en train de se
mettre en place, cela prend un certain délai. C'est pour cela qu'il
fallait un inventaire, pour qu'on sache exactement ce qu'il y avait dans les
biostats.
M. Dubois: M. le ministre, M. Chicoine ainsi que d'autres
professionnels du centre ont demandé d'être
réinstallés au ministère de l'Agriculture. Est-ce que vous
avez donné suite à cette demande ou s'ils sont encore au centre
d'insémination?
M. Garon: Certainement, ce sont des gens qui
préfèrent ne pas être au Centre d'insémination
artificielle et qui préfèrent aller ailleurs; mais
évidemment, ils ne travailleront pas à Saint-Hyacinthe. Hein? Il
faut que les gens choisissent. Il y a des gens qui veulent aller ailleurs parce
qu'ils n'aiment pas cela au Centre d'insémination artificielle, et en
vertu de la convention, ils peuvent le faire. Eh bien! On va les affecter
ailleurs.
M. Mathieu: II ne faut pas que vous fassiez d'intimidation avec
cela, par exemple, que vous l'envoyiez...
M. Garon: Ce n'est pas une question d'intimidation, mais
écoutez...
M. Mathieu: ... aux Îles-de-la-Madeleine ou...
M. Garon: ... on a un centre à faire fonctionner. Il y a
des gens qui sont là pour diriger et il y a des gens qui sont là
pour exécuter les directives. S'il y a des gens qui sont là pour
exécuter les directives et qui n'aiment pas les directives, ils sont
mieux de ne pas être là. C'est un fait. Dans une entreprise, il y
a une direction, il y a une administration et il y a des gens qui travaillent
dans ce cadre. Il faut que quelqu'un dirige. Quand je l'ai dit au
ministère, on m'a dit: La loi et les règlements sont excellents.
Parfait, appliquez-les. Maintenant, s'il y a quelqu'un qui ne les applique pas,
c'est bien de valeur, mais il va avoir des représailles. Il y a
différentes façons dans la fonction publique d'avoir des
représailles, c'est-à-dire que ce sont des réprimandes et
selon la gravité, cela peut aller jusqu'à la suspension,
l'expulsion ou le congédiement. Alors, j'ai demandé d'appliquer
la loi et les règlements. Le sous-ministre et moi étions
ensemble, c'est une décision qu'on a prise conjointement. Non seulement
cela, les gens du contentieux étaient là. Les gens de SOQUIA
étaient là. Il y avait d'autres organismes. On a dit: Parfait
comme cela.
J'étais avec le sous-ministre et on a dit: Vous êtes
d'accord que ce qu'il y a de mieux à appliquer, ce sont la loi et les
règlements. Tout le monde a dit oui. On a dit: Parfait, à partir
de maintenant, application. S'il y a des gens qui n'aiment pas cela, qui
conçoivent cela différemment, il y a deux façons de le
faire, c'est de faire valoir leur opinion lorsqu'il y a des révisions ou
bien de ne pas participer et de demander d'aller ailleurs.
M. Dubois: Est-ce que le ministre peut nous dire s'il y a eu
désobéissance de la part des professionnels du centre? Oui ou
non?
M. Garon: J'ai dit que la loi et les règlements n'avaient
pas été appliqués dans le passé...
M. Dubois: Est-ce que M. le ministre...
M. Garon: ... et que - on ne fera pas un procès du
passé - l'on veut faire une révision dans le domaine de
l'insémination, qu'on a faite. À partir de maintenant, il va y
avoir une façon de fonctionner qui va être
déterminée, qui va être rationnelle, étudiée
et révisée. Tout cela a été fait et actuellement,
on est en train de prendre des décisions. On a dit: C'est la loi, c'est
le règlement. On a vu un contrat dont les dirigeants de SOQUIA ont
parlé avec la direction du ministère, pour voir si, en gros, les
clauses concordaient avec le CIAQ et le ministère. Maintenant, il peut y
avoir des modalités qui peuvent être modifiées en discutant
avec les représentants des cercles d'amélioration du
bétail. Tout cela est en train... Je vais nommer deux
représentants bientôt, parce que j'ai le droit de nommer, comme
ministre, deux représentants sur les sept administrateurs du Centre
d'insémination artificielle du Québec Inc.; je vais en nommer
deux. Je voulais attendre justement que le débat soit presque
terminé pour nommer deux personnes, en tenant compte de ce qu'il y avait
eu dans tout ce débat, pour ne pas mettre de l'huile sur le feu.
Alors, maintenant, le contrat va être discuté avec les
représentants des cercles d'amélioration du bétail. Tout
cela est en train de se mettre en place et, je pense, va rentrer dans l'ordre.
Dans ce cadre de révision justement, le directeur des productions
animales du ministère a été nommé au comité
conjoint des races laitières, parce qu'on voulait que celui qui
contrôle l'application de la loi et du règlement ne soit pas le
même que celui qui administre la loi et les règlements,
c'est-à-dire que l'organisme de contrôle ne soit pas le même
que l'organisme d'application. Tout cela, je pense, est parfaitement normal et
est fait publiquement, au vu et au su de tout le monde. J'ai dit aussi, quand
j'ai
rencontré l'ACABQ qu'on ne vendrait plus la semence
privément parce que ce ne serait pas nécessaire puisqu'on
prévoit qu'il y ait des consignations dans les biostats et que les
différents types de semences soient disponibles. C'est cela, la
philosophie, de rendre disponibles les différents types de semences dans
les biostats de sorte qu'il ne sera pas nécessaire de les acheter
d'avance et spéculer un peu sur les semences qui vont manquer ou qui ne
manqueront pas, pour qu'il y ait une répartition équitable des
ampoules des différents taureaux entre les différents centres et
non pas que ce soit le fait d'un certain nombre de personnes qui
achètent les ampoules et les gardent pour eux ou les revendent
après. Je ne veux pas qu'il y ait de spéculation sur les
ampoules. C'est cela qu'on établit, mais cela a été
établi publiquement. Il n'y a pas de cachette là-dedans; tout
cela, je l'ai mentionné publiquement. (22 h 30)
M. Dubois: M. le ministre, est-ce qu'il y a un directeur par
intérim actuellement au centre ou si le centre est sans directeur?
M. Garon: M. Claude Hayes n'a pas été
congédié.
M. Dubois: II n'est pas là.
M. Garon: Pardon!
M. Dubois: II n'est pas là.
M. Garon: Oui, il y va. Pas tout le temps, mais il y va. On me
dit qu'il a pris une période de repos, mais qu'il y allait de
façon intermittente.
M. Dubois: Tous les intervenants, l'ACABQ, les CAB, les cercles
de production, disent que M. Hayes a été relevé de ses
fonctions. Vous me dites, M. le ministre, que c'est lui-même qui a
demandé d'être relevé de ses fonctions. C'est difficile
à comprendre, mais, en tout cas, c'est la situation.
M. Garon: Je n'ai pas à juger des intentions de M.
Hayes.
M. Dubois: Si M. Hayes a reçu une lettre le relevant de
ses fonctions, c'est une autre affaire.
M. Garon: Non, que je sache, en tout cas, je ne connais pas
l'existence d'une lettre relevant M. Hayes de ses fonctions. Mais M. Hayes a
dirigé le centre pendant de nombreuses années. Il y a des
changements qui se font, puis il y a certaines décisions que
j'exécute actuellement. Moi, j'ai une mission qui m'a été
donnée par directive du gouvernement: il faut que ce soit une
opération rentable, le Centre d'insémination artificielle,
maintenant qu'il a atteint sa vitesse de croisière. J'ai un mandat,
j'administre ce mandat-là, mais il y des changements qui doivent
être effectués. M. Hayes a administré le centre pendant un
certain nombre d'années, puis aujourd'hui - je ne dis pas que c'est la
situation - peut-être qu'il aurait aimé mieux qu'il n'y ait pas de
changements. Alors, c'est à M. Hayes de décider s'il rentre dans
le cadre des changements ou s'il ne rentre pas dans le cadre des changements;
c'est plutôt lui, il me semble, qui demanderait d'être
affecté au ministère de l'Agriculture. Je sais qu'on doit le
rencontrer bientôt à la direction du ministère pour lui
demander quelles sont ses intentions. S'il dit: J'aime mieux aller au
ministère de l'Agriculture - c'est un homme compétent, M. Hayes;
personne n'a jamais mis en doute la compétence de M. Hayes -on ne sera
pas en peine de lui confier des mandats parce que c'est un homme qui est
compétent, puis qui peut rendre d'excellents services.
M. Dubois: II me semble que son intégrité soit mise
en cause réellement.
M. Garon: Son intégrité n'a jamais
été mise en cause. Moi, je n'ai jamais entendu parler de la mise
en cause de l'intégrité de M. Hayes. Je n'aimerais pas que vous
laissiez soupçonner que M. Hayes... Un instant!
M. Dubois: Je ne le laisse pas soupçonner. Tous les
intervenants le laissent soupçonner. Vous avez vu, quand même, les
lettres et puis les "clippings".
M. Garon: Non, à aucun moment. Chaque fois que j'ai
parlé, je n'ai jamais mis en cause l'intégrité de M.
Hayes. Ce sont les paroles du député de Huntingdon.
M. Dubois: Ce ne sont pas mes paroles; je peux vous en servir, de
cela, ici.
M. Garon: Non, vous venez de dire cela. Un instant!
M. Dubois: Les travailleurs du centre l'ont dit
eux-mêmes.
M. Garon: Non, il faut voir les termes qu'on emploie. Je dis
qu'il peut y avoir des divergences d'opinions sur la façon d'administrer
l'affaire; il peut avoir des divergences d'opinions sur l'application du
règlement, etc., c'est possible. Je ne le sais pas, mais jamais,
à aucun moment, moi, je n'ai entendu parler que
l'intégrité de M. Hayes était mise en cause.
M. Dubois: C'est pour cela que je vous ai demandé le
dépôt du mandat confié à la
maison Raymond, Chabot, Martin, Paré. On le saurait.
M. Garon: Pourquoi?
M. Dubois: Pour clarifier.
M. Garon: Pour clarifier quoi?
M. Gagnon: M. le Président, sur une question de
règlement.
M. Dubois: II n'y a pas de question de règlement
là-dedans.
M. Gagnon: Attendez pour voir s'il va y avoir une question de
règlement. Moi, je pense...
M. Dubois: On a demandé le dépôt du document;
il n'y a pas de question de règlement là-dedans.
M. Gagnon: Ici, on ne soulève pas de question de
privilège, mais pour savoir que M. Hayes a été un
employé assez extraordinaire qui a rendu des services et qui est capable
encore d'en rendre...
M. Dubois: Oui.
M. Gagnon: ... justement, pour ne pas laisser planer de doutes
sur l'intégrité de M. Hayes, je pense qu'on devrait prendre la
parole du ministre quand il dit que son intégrité n'a jamais
été mise en cause. Moi, je n'aime pas... En tout cas, je pense
que pour lui-même parce qu'on parle tout de même d'une personne qui
est bien connue, il ne faut pas risquer qu'il y ait des doutes sur
l'intégrité de cette personne-là. M. le ministre l'a
affirmé, je pense qu'on devrait en rester là.
M. Dubois: II y a 30 personnes là-dedans qui sont
inquiètes de cela, oui, inquiètes.
M. Gagnon: Inquiètes.
M. Garon: II y avait 30 personnes inquiètes tranquillement
chez elles, privément, et là, vous venez d'inquiéter tout
le monde en faisant enregistrer cela en commission parlementaire.
M. Dubois: Cela a paru dans les journaux, M. le ministre, cela a
paru dans le Devoir. Lisez les "clippings" des journaux, il y en a ici. Ce
n'est pas moi qui le dis; c'est public, cela.
M. Garon: Oui, je vais vous dire une chose.
M. Dubois: C'est public, ce n'est pas moi qui le dis, c'est
public.
M. Garon: J'ai toujours dit, et au ministère c'est une
chose qui a toujours été claire, on n'a jamais mis en cause la
compétence de M. Hayes ni celle de M. Chicoine. M. Hayes a
été assez intelligent pour former quelqu'un qui a
travaillé avec lui longuement... Demain matin, M. Hayes me dirait: M.
Garon, j'ai été au centre pendant tant d'années, il me
reste encore quelques années à faire - M. Hayes est près
de sa retraite - et j'aimerais que vous me confiiez un nouveau mandat au
ministère de l'Agriculture. Je vous dis que nous ne serions pas en
peine. C'est un homme compétent. Aujourd'hui, l'insémination
artificielle des vaches laitières est très avancée. Il y a
d'autres domaines. Actuellement, il y a beaucoup de travail à faire au
plan de la génétique. Je vous le dis bien franchement, on veut
mettre en place un système qui va bien fonctionner et développer
l'insémination artificielle dans d'autres secteurs.
Le Président (M. Boucher): Avez-vous terminé, M. le
député?
M. Dubois: Je vais revenir après.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe
M. Dupré: Merci, M. le Président. Je tiens à
dire que les paroles que le ministre vient de prononcer sont exactement les
mêmes qu'il a prononcées à Saint-Hyacinthe il y a quelque
temps. J'ai suivi le dossier de très près, parce que c'est dans
mon comté. Je peux dire qu'en tout temps M. Garon a tenu les mêmes
propos.
Pour le bénéfice de cette commission et peut-être
aussi pour les employés du centre, j'aimerais demander au ministre quand
le nouveau bureau de direction, le bureau permanent qui comprend les sept
personnes, sera nommé officiellement.
M. Garon: J'en parlais justement à l'heure du souper. Nous
avons l'intention de former le bureau d'ici vendredi, le bureau permanent,
j'entends.
M. Dupré: Merci.
M. Dubois: Étant donné que plusieurs programmes
n'ont pas été étudiés, on va revenir à
d'autres programmes.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 3?
M. Mathieu: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je voudrais demander au ministre de répondre
à une question qui inquiète les agriculteurs dans le champ, les
agriculteurs qui sont membres d'un CAB désaffililé. Je voudrais
que le ministre m'assure, que le CAB soit affilié ou
désaffilié, que le membre recevra le même service et qu'il
ne sera pas pénalisé du fait que son service sera affilié
ou désaffilié. Pouvez-vous me donner cette assurance?
M. Garon: Je ne suis pas capable de vous donner cette assurance
pour la raison très simple que je pense le contraire. Je pense que le
CAB affilié a plus de chances d'avoir des services par l'entremise de sa
fédération, l'Association des cercles d'amélioration du
bétail, qui peut se donner plus de services parce que certains des
agriculteurs peuvent ensemble, en payant un petit montant chacun, se donner des
services qu'ils ne pourront pas se donner s'ils sont désaffiliés.
Si j'ai un bon conseil à donner aux agriculteurs, ce serait de ne pas se
désaffilier, mais de s'affilier.
M. Mathieu: S'ils veulent s'affilier avec une autre, mettons
qu'il y aurait deux associations?
M. Garon: Qu'est-ce que cela donnerait?
M. Mathieu: S'ils se désaffilient, ils ont des raisons. Il
semblerait que l'ACABQ voudrait se monter un ordinateur et que les membres ne
trouvent pas que ce soit nécessaire.
M. Garon: Les membres doivent dire à leur conseil
d'administration en assemblée générale qu'ils ne veulent
pas avoir d'ordinateur. Je pense aussi que de la façon dont on veut
procéder - c'est peut-être une mauvaise décision d'avoir un
ordinateur, je ne sais pas, ce n'est pas à moi à décider
cela pour les agriculteurs - avec des paillettes en consignation dans les
biostats, peut-être que ceux qui avaient envisagé certaines
formules, alors qu'ils ne savaient pas ce que serait le contrat, n'auront pas
besoin des mêmes mécanismes. Ce que je veux dire, ce qui est bien
important, c'est que, s'il y a quelque chose à dire au sujet d'une
association de cercles d'amélioration du bétail, c'est de le dire
là. Si les agriculteurs ne veulent pas avoir telle chose, c'est à
eux de le dire là.
M. Mathieu: De l'insémination je voudrais passer
brièvement aux champignons.
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet, M. le
député de Huntingdon, sur l'insémination? Je reviendrai au
député de Beauce-Sud après.
M. Dubois: M. le ministre, pourriez-vous infirmer ou confirmer la
nouvelle qui circule, à savoir que votre actuel chef de cabinet serait
nommé directeur du centre?
M. Garon: Je n'avais jamais entendu parler de cette rumeur.
M. Dubois: Non? Cela circule. C'est pour cela que je vous demande
de la confirmer ou de l'infirmer.
M. Garon: C'est une nouvelle.
M. Dubois: Vous l'infirmez?
M. Garon: C'est une nouvelle:
Une voix: Vous l'infirmez.
M. Garon: Pardon?
Une voix: Alors, vous l'infirmez.
M. Garon: II n'a jamais été question de cela. Il
serait nommé directeur du centre? Il n'a jamais été
question de cela.
M. Dubois: C'est d'accord. Je vous ai posé la question,
j'ai eu une réponse, c'est tout.
M. Garon: Pardon?
Une voix: Ou qui peut l'être éventuellement.
M. Garon: M. Maurice Tremblay serait nommé directeur du
centre. Il n'a jamais été question de cela et mon chef de
cabinet, M. Maurice Tremblay, ne m'a jamais parlé de cela.
M. Dubois: Ah! des fois, les plus intéressés ne
sont pas au courant.
M. Gagnon: Cela aurait du bon sens.
M. Houde: Qui a participé à cette commission?
J'aimerais bien les connaître, parce que je ne les connais pas.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, pourriez-vous
présenter les gens qui vous accompagnent pour l'étude du
programme 3?
M. Garon: Pour l'étude du programme 3, il y a M. Marier,
qui est président de la Société québécoise
d'initiatives agro-alimentaires, également président de la
Raffinerie de sucre du Québec. Il y a M. Ouellet, sous-ministre au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Il
y a M. Charbonneau qui est sous-ministre adjoint à la production aux
affaires régionales de qui relèvent M. Bernier et son
adjoint, M. Marc Dion. Il y a M. André Boucher aussi, qui est le chef
des services vétérinaires. Il n'est pas dans l'organigramme,
parce qu'il est rentré depuis quelques jours au ministère.
M. Mathieu: Est-ce parce que vous considérez que ce n'est
pas important?
M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: Est-ce parce que vous considérez que ce n'est
pas important, qu'il n'est pas dans l'organigramme?
M. Garon: II vient d'arriver. Il y a le Dr Yvan Rouleau, il vient
de Saint-Vallier, de Bellechasse et je viens de Saint-Michel, de Bellechasse et
je ne voudrais pas que vous disiez qu'il est engagé parce qu'il vient de
Saint-Vallier, c'est parce qu'il s'est classé le premier au
concours.
M. Mathieu: On prend votre parole. M. Garon: M. Yvon
Bilodeau.
M. Mathieu: Où est-il, M. Bilodeau? Ah oui! Bonjour, M.
Bilodeau.
M. Garon: Oh! j'oubliais, il y a M. Griffin, il est en
arrière de moi. Je n'ai pas des yeux tout le tour de la tête
encore, j'aimerais bien cela.
M. Mathieu: Vous avez des oreilles, par exemple.
M. Garon: C'est parce que vous êtes en avant de moi et je
suis fasciné par vous. M. Griffin est vice-président de la
Société d'initiatives agro-alimentaires. Il est
vice-président et directeur général de SOQUIA.
M. Mathieu: Avant de...
M. Garon: II est censé être au conseil
d'administration du CIAQ.
M. Mathieu: ... de quitter le programme 3, M. le
Président, je voudrais lire en résumé un document que nous
avons reçu...
M. Garon: J'ai peut-être parlé trop vite, par
exemple, parce que le conseil d'administration n'est pas nommé et ce
n'est pas moi qui le nomme. Je n'aurais peut-être pas dû, j'ai trop
parlé.
M. Mathieu: Qui le nomme? Une voix: Cela arrive souvent.
M. Mathieu: SOQUIA?
M. Garon: SOQUIA.
M. Mathieu: On va voir si vous avez de la force à
SOQUIA.
M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: Cela va être le test de votre force à
SOQUIA.
M. Garon: Non, je désigne deux personnes. De par
l'entente, c'est SOQUIA qui nomme. Il y a deux personnes au conseil
d'administration que je vais nommer et je vais nommer deux agriculteurs.
D'ailleurs, c'est pour cela que je me suis réservé le droit de
nommer deux personnes au conseil d'administration et SOQUIA va nommer cinq
personnes.
M. Dupré: J'avais compris que c'était vendredi,
mais pas nécessairement vendredi qui vient.
M. Mathieu: M. le ministre, ce qui nous intéresse, c'est
que nous considérons que le CIAQ, c'est une chose très
importante. C'est un centre dont les agriculteurs du Québec sont fiers.
Il a rendu d'innombrables services et c'est un modèle, je crois, dans le
monde entier. On ne voudrait pas que les transformations mettent en
péril l'avenir du centre. C'est ce qui nous intéresse. On vous
fait confiance dans ce que vous avez dit.
M. Houde: L'avenir et la qualité.
M. Mathieu: Je voudrais, avant de quitter le programme 3...
M. Garon: Pour la qualité, cela prend des taureaux.
M. Houde: C'est pour cela que je vous dis que cela prend tout.
C'est bien beau d'avoir des boeufs et il faut avoir de bons boeufs aussi.
Une voix: Ce ne sont pas seulement les professionnels, ce sont
les boeufs professionnels.
M. Garon: Ce sont de bons généticiens.
Une voix: Des bons taureaux.
M. Garon: Des bonnes vaches.
La production de champignons
M. Mathieu: M. le Président, je voudrais attirer
l'attention du ministre, avant de quitter le programme 3, sur le fait que nous
avons reçu un document d'une entreprise qui s'appelle Champignons et
Tourbe, Baie-des-Ha! Ha! Inc., Saint-Simon.
C'est dans le comté de Rimouski, je crois.
Une voix: C'est cela. (22 h 45)
M. Mathieu: Je cite brièvement certains paragraphes pour
la bonne compréhension et je voudrais avoir vos commentaires, M. le
ministre. Il me paraît y avoir des questions pertinentes et importantes.
Après, nous pourrons passer au dernier point que nous voudrions traiter
ce soir.
Donc, c'est un document en date du 26 avril 1982 accompagné d'une
lettre datée du 14 mai 1982. Le document s'intitule: Exposé de la
situation de "Champignons et Tourbe Baie-des-Ha! Ha! Inc." et de sa
faisabilité. "Incorporée en fin d'année 1979 sous la loi
fédérale, la compagnie compte maintenant 30 actionnaires.
À l'origine, nos certitudes raisonnées furent confirmées
d'emblée par notre député provincial, M. Alain Marcoux. Le
marché était vaste, pas de concurrence, les
champignonnières les plus proches étant Slack à Waterloo,
Québec, et Kent Mushrooms à Cocague, au Nouveau-Brunswick. "La
prudence étant quand même toujours de rigueur en affaires, nous
avons donc scruté quelque peu notre futur marché. Nous avons
obtenu par la visite de deux clients potentiels des lettres d'intention
totalisant sept à huit fois ce que nous avons l'intention de produire
pour débuter. "En décembre 1979, la construction de nos
installations commence ainsi que les études des méthodes et
systèmes. Même avec un manque flagrant d'équipement
physique et technologique, le 4 août 1980 nous obtenions notre premier
champignon. "Vers les mois de novembre 1979 à janvier 1980, M. Alain
Marcoux nous remettait un communiqué émanant du cabinet du
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, M. Jean
Garon. On y fait mention d'une subvention de 965 000 $ au groupe John Labatt
"Les Minoteries Ogilvie". Selon le communiqué, le ministre veut ainsi
accroître l'autosuffisance du Québec permettant d'absorber
l'augmentation de la consommation de l'ordre de 40% d'ici à 1984 et de
réduire les importations à 25%. Notre consommation en 1979 est de
12 000 000 de livres et est approvisionnée dans une proportion de
l'ordre d'environ 50% par des importations. "Avec ce communiqué, nous
possédions les preuves nécessaires à toute industrie pour
aller de l'avant. 25% de notre consommation sera toujours importée en
1984, donc 4 000 000 de livres, et ce, seulement dans le produit frais.
Statistique Canada publie qu'en 1980 le Canada a importé 55 174 000
livres de champignons en boîte. Tout va bien. Nous
persévérons et investissons dans notre expérimentation,
chose soit dite en passant, qui ne fut pas nécessaire pour le holding
John Labatt. "Il faut bien réaliser aujourd'hui que le holding John
Labatt a manoeuvré très habilement. Son projet à Carignan
a peut-être été conçu pour Cornwall mais
était irréalisable en Ontario en raison du fait que Cambell's,
déjà propriétaire d'une champignonnière en Ontario,
était à mettre la main finale à un projet qui va permettre
de peut-être doubler la production actuelle de 56 producteurs de cette
province anglaise. "Il n'y a pas de compétition entre le
ministère de l'Agriculture...
C'est mon droit de parole, M. le Président. Est-ce que j'ai la
parole?
M. Gagnon: Ne pourriez-vous pas en faire un résumé?
Il reste une heure dix minutes pour étudier les...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: ... crédits du ministère. Vous nous en
faites la lecture... Vous pourriez le résumer et poser des questions au
ministre.
Le Président (M. Boucher): Vous pourrez soulever la
question de règlement, M. le député de Champlain, lorsque
cela fera vingt minutes.
M. Mathieu: Est-ce que j'ai la parole, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Oui, vous avez la parole, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je continue. Faites comme tout à l'heure,
dormez, messieurs. "Il n'y a pas de compétition entre le
ministère de l'Agriculture de l'Ontario et celui du Québec." Je
continue ma citation. "Le ministre Garon s'est simplement fait passer un sapin.
Le ministère de l'Agriculture via son ministre, se substituant à
la Société de développement industriel, adressa un
mémoire au Conseil du trésor le 3 octobre 1979 et le 22 novembre
de la même année, à Carignan, accompagné de M. Denis
Lazure, il annonça une subvention de 965 000 $. "Il serait bon de noter
que le holding John Labatt est beaucoup plus ontarien que
québécois. En 1980, Labatt dépensa 18 000 000 $ en
publicité. Ce que peut faire cette multinationale
m'indiffère...
M. Lachance: ...
M. Mathieu: ... mais là où cela ne va plus c'est,
premièrement, quand on se sert des fonds publics, deuxièmement,
quand le gouvernement fait du patronage, troisièmement, quand on
enlève des emplois
à l'Est du Québec..."
M. Garon: Vous dites du patronage? Comment?
M. Mathieu: Bien, écoutez, je lis le document, M. le
ministre. Vous répondrez tout à l'heure parce que je voudrais
avoir vos commentaires.
M. Garon: J'ai dû faire un drôle de patronage, le
président de la compagnie, c'est M. Guy Saint-Pierre.
M. Mathieu: Écoutez, je ne connais ni les signataires de
cette corporation...
M. Garon: C'est un bon projet. Le président de la
compagnie, M. Guy Saint-Pierre, est un gentilhomme. Il a
représenté son dossier et je pense que c'est un bon projet pour
l'économie du Québec et je ne me suis pas occupé de savoir
si celui qui dirigeait le projet est plutôt reconnu pour être
libéral, mais c'est un excellent projet pour le Québec.
M. Mathieu: J'aimerais pouvoir terminer mon texte, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: "1° Quand on se sert de fonds publics. 2°
Quand le gouvernement fait du patronage. 3° Quand on enlève des
emplois à l'Est du Québec - ça ne doit pas nous laisser
indifférent. 4° Quand on détruit la concurrence et la libre
entreprise. 5° Quand on fait effrontément marcher les gens. 6°
Quand on agit contrairement aux politiques d'autosuffisance du ministère
en favorisant le dumping. "Notre compagnie a plus de 150 000 $ d'investis sur
la bonne foi des avis sectoriels et du communiqué fait par le ministre
de l'Agriculture. Il reste difficile d'évaluer la consommation
réelle, car ceux qui le font se fient surtout sur la production
québécoise et sur ce que veulent bien leur dire différents
intervenants dans ces évaluations. J'ai fait un sondage à
Rimouski auprès de cinq restaurants; la moyenne hebdomadaire de
consommation est de 400 livres. Au Québec, 1 000 000 à 1 500 000
personnes demeurent en campagne..." Je vais donc à la conclusion. "Dans
son mémoire au Conseil du trésor, M. Garon mentionne une
production, en 1977, de 28 000 000 de livres en Ontario, soit 57% de la
production totale, au Canada, cette année. Pourquoi la même
province vient-elle de s'équiper pour la production de 25 000 000 de
livres supplémentaires? Nous comprenons difficilement la
duplicité du gouvernement du Québec." C'est signé.
Champignons et Tourbe Baie-des-Ha! Ha! Inc., et la lettre qui l'accompagne est
signée par M. Clément Rioux, président, Saint-Simon,
comté de Rimouski.
M. le Président... Soyez donc sérieux, M. le
député de Champlain. C'est extrêmement important.
M. Gagnon: Vous devriez commencer à l'être
sérieux. Il reste une heure pour étudier les crédits.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Mathieu: M. le Président, les emplois dans l'Est du
Québec m'intéressent grandement, contrairement à ce que
veut faire croire par son petit jeu le député de Champlain. Je
voudrais poser, en toute bonne foi, au ministre, la question suivante: Face
à ce document - je crois qu'il est interrogateur et qu'il ne peut nous
laisser indifférents -j'aimerais connaître les réactions du
ministre. Si cette entreprise est une entreprise rentable, valable qui
mérite d'être encouragée parce que, selon le document qui
l'accompagne, on dit que si l'on ne fait rien ils vont être
obligés de déclarer faillite dans les prochains jours.
Le Président (M. Boucher): Question de règlement,
M. le député de Kamouraska-Témiscouata.
M. Mathieu: J'attends la réponse de M. le ministre.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Pourriez-vous, s'il vous plaît, reprendre la lecture? Je n'ai pas
tout saisi.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre. M. le
ministre.
M. Garon: Essentiellement, le projet qui a été
développé à Carignan auquel réfère la lettre
que vous avez lue, est un excellent projet. Il y a eu deux projets
considérables qui ont été aidés par le
ministère de l'Agriculture. Il y en a un autre à Waterloo
où, aussi, on signale une augmentation importante de la production par
la compagnie Slack. Il s'agit de méthodes et de techniques de production
des champignons qui sont complètement différentes dans les deux
cas.
L'autosuffisance du Québec en matière de champignons s'est
accrue considérablement par ces deux projets. Vous pouvez être
certain que s'il y a un projet qui est au point, nous allons être les
plus heureux du monde de contribuer à sa réalisation. Maintenant,
je ne voudrais pas entrer dans
les détails pour donner les raisons qui font que ce projet n'a
même pas encore été acheminé jusqu'à mon
bureau, parce que les fonctionnaires m'ont dit que le projet n'était pas
prêt en différents points. Vous savez que la production des
champignons... Si vous produisez des champignons sur une bûche dans votre
cave et que vous manquez votre coup, il n'y a pas trop de problèmes: on
met la bûche dans le foyer et elle sert à quelque chose. Mais si,
à un moment donné, vous voulez vous lancer dans la production de
champignons et qu'il y a des divergences sur les technologies,
différentes divergences entre les actionnaires sur le fonctionnement du
projet, vous vous inquiétez un peu. Je pense, par exemple, au
député de Bonaventure, qui était ici cet
après-midi, et qui nous a demandé pourquoi le projet de
construction de bateaux à Pasbébiac, qu'on a accepté, n'a
pas fonctionné. Il y a eu des divergences entre les actionnaires. Nous
n'avons pas connu ces divergences avant de signer le bail avec la compagnie qui
voulait exploiter le chantier maritime.
Dans le cas du projet de culture de champignons dont vous parlez, nos
fonctionnaires se sont rendu compte qu'il y avait des divergences d'opinions
entre les actionnaires de l'entreprise, tant sur le plan technique que sur les
autres plans. Il est un peu hasardeux, à ce moment, pour un
ministère de s'engager dans un projet qui n'est pas encore mis au point
complètement par les actionnaires de l'entreprise.
Pour une entreprise qui veut se lancer dans la production de champignons
avec un inventaire de marché de seulement cinq restaurants, de Rimouski
- vous avez dit qu'il y avait eu une étude de marché lors de
laquelle on avait demandé à cinq restaurants de Rimouski combien
ils avaient besoin de champignons; l'enquête a
révélé qu'on avait besoin de 400 livres de champignons par
semaine - je trouve que c'est une analyse de marché un peu sommaire qui
aurait pu sauter aux yeux du député de Beauce-Sud à la
lecture du document.
Évidemment, s'il y a d'autres études que connaît le
député de Beauce-Sud qui démontrent que, dans les
municipalités avoisinantes, où on a aussi étendu
l'étude de marché depuis sept ans, nous serons heureux de prendre
note des études additionnelles de marché qui ont
été faites. Quand j'ai vu le député de Kamouraska
lever la main tout à l'heure, je pensais qu'il était
intéressé par la production de champignons dans sa région.
Vous pouvez être certain que si...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Sur les aboiteaux.
M. Garon: ... il y a une entreprise qui est prête, sur le
plan technique et sur le plan financier, et qui a besoin du ministère
pour réaliser son projet, on va être les premiers heureux d'aider
au développement de l'entreprise. Mais à 400 livres de
champignons par semaine, vous n'avez pas besoin d'une grande cave.
M. Mathieu: M. le Président donc...
M. Garon: Vous ne créerez pas beaucoup d'emplois, aussi,
parce que 400 livres de champignons par semaine, j'ai l'impression que ce n'est
pas... Des champignons, c'est combien environ? Récemment, j'ai vu 0,89 $
pour une demi-livre. Cela c'est au détail. Cela veut dire que la chambre
noire d'où sortent les champignons, c'est peut-être 1 $ la livre.
Supposons 400 $ de production par semaine cela ne fait pas un gros
débit.
M. Mathieu: Écoutez, M. le ministre. Je vous pose la
question en toute bonne foi. Ce n'est pas un piège, ce n'est pas une
attrape que je vous tends. J'ai reçu cette lettre et comme tout
député ignorant du problème... Je peux vous dire que, dans
ce domaine, je suis un parfait ignorant et je ne bénéficie pas
des conseils de spécialistes comme d'autres peuvent en avoir le
privilège.
M. Garon: Est-ce que vous êtes au courant du dossier?
J'aimerais savoir quelle devait être leur production annuelle?
M. Mathieu: Je ne suis pas assez au courant du dossier pour
répondre à cela. Je ne voudrais pas, non plus, M. le
Président, prendre plus de temps sur ce projet.
M. Garon: Savez-vous quelle était la technique de
production de champignons qui était utilisée?
M. Mathieu: Je ne connais pas les techniques de production, M. le
ministre.
M. Garon: C'est la technique d'héliophilisation qui est
utilisée à Carignan, mais c'est une technique complexe comme on
dit.
M. Mathieu: Maintenant, M. le Président, je voudrais avant
de laisser le programme 3...
M. Garon: Hydroponique.
M. Mathieu: Comment appelez-vous cela M. le ministre?
M. Garon: Hydroponique. J'ai visité celle à
Waterloo. C'est quelque chose à voir. C'est intéressant.
M. Gagnon: Dans le domaine des champignons, est-ce qu'on peut
dire qu'on
commence à produire un pourcentage assez fort de nos besoins de
consommation ou s'il y a de la place actuellement pour pas mal d'expansion? (23
heures)
M. Garon: Le but de l'entreprise qui s'est localisée
à Carignan, c'était le marché québécois, le
marché de Montréal, où il y a une forte consommation, en
même temps que le marché américain. Actuellement, la
production s'est développée considérablement au
Québec depuis les deux dernières années.
Je lis souvent des livres qui nous disent comment faire pour maigrir et
dans tous ces livres - apparemment, c'est le problème no 1 de
l'Amérique du Nord... Parfois, le député de
Brome-Missisquoi dit que je suis gros, je ne peux rien lui cacher; j'aimerais
cependant être moins gros. Quelquefois, je fais un effort pour suivre une
diète, quand je lis ces livres. Il y a beaucoup de personnes que je
recontre qui font cela aussi, qui essaient; il y en a qui réussissent et
il y en a qui ne réussissent pas. La plupart de ces livres recommandent
les champignons. Il y a des champignons dans les régimes amaigrissants;
dans les mets engraissants, par exemple les pizza, il y a aussi des
champignons. Alors, il semble qu'il y a beaucoup d'avenir dans le champignon.
C'est une culture qui peut être intéressante.
La SDI a pris une heureuse décision dans ce dossier. Auparavant,
il y avait souvent des débats entre le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et la
Société de développement industriel sur des formes de
collaboration. On reprochait souvent à la Société de
développement industriel de contribuer à des projets agricoles ou
alimentaires sans consulter le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Dans ce dossier, la Société
de développement industriel - le monsieur fait allusion à cela
dans sa lettre - nous a dit: On considère qu'il s'agit plutôt d'un
projet agricole; c'est une production agricole en usine, mais c'est une
production agricole. On considère que cela appartient - ce
n'était pas pour se défiler ou à cause d'une chicane entre
les deux organismes, au contraire cela a été fait dans l'harmonie
- plus à vous qu'à nous d'intervenir dans ce dossier. Elle
pensait qu'à sa face même c'était un bon dossier. M. Guy
Saint-Pierre, ancien ministre de l'Industrie et du Commerce et président
de l'entreprise, m'avait dit: Je vais au ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. C'était un excellent projet et on
était très heureux d'y contribuer.
M. Gagnon: Ce qui veut dire que dans le domaine du champignon il
y aurait de la place - c'est une production qui est en expansion, de même
que la demande - pour d'autres organisations. Dans le document du
député de Beauce-Sud, vous êtes accusé directement
de patronage, et cela m'inquiète un peu. J'aimerais savoir s'il y a des
risques qu'il y ait eu du patronage dans ce dossier.
M. Garon: Je ne peux pas voir exactement comment il pourrait y
avoir eu du patronage, puisque - c'est vrai que c'est dans le comté du
Dr Lazure, dans le comté de Chambly, mais à Carignan -
c'était le choix de l'entreprise d'aller à Carignan. Le Dr Lazure
m'avait dit: II y a un projet qui doit venir dans mon comté, un projet
qui est intéressant et qui crée beaucoup d'emplois. J'avais
rencontré M. Guy Saint-Pierre, je le dis encore, et, si c'était
tous des libéraux comme lui, ce serait plus agréable.
M. Houde: Ils sont désagréables?
M. Garon: II avait un projet intéressant. J'ai eu
l'occasion de rencontrer à quelques reprises M. Saint-Pierre, mais on ne
peut pas m'accuser d'avoir contribué au développement d'une
entreprise parce que le président était membre du Parti
québécois. Au contraire, je pense que M. Saint-Pierre a
déjà été en charge d'une campagne de financement
pour les libéraux.
M. Mathieu: M. le Président...
M. Garon: Président de la campagne au leadership de M.
Ryan.
M. Mathieu: Pour conclure ce point, M. le Président,
puis-je solliciter du ministre de constituer une équipe pour
étudier à nouveau ce dossier à son mérite, avant de
fermer complètement la porte à la demande de Champignons et
Tourbe Baie-des-Ha! Ha! Inc.?
M. Garon: Nous avons étudié le dossier, mais ce que
j'aimerais que le député fasse, peut-être, c'est que, s'il
a des éléments nouveaux qu'il connaît et que nous ne
connaissons pas, il nous achemine ces éléments nouveaux; on
pourrait ainsi reconsidérer le dossier à la lumière
d'événements nouveaux, de faits qui ne nous sont pas connus,
mais, dans l'état actuel du dossier, la balle n'est plus dans notre
camp, je pense, elle est dans le camp des promoteurs eux-mêmes qui
devraient s'accorder sur leurs propres projets.
Entreposage des grains
M. Mathieu: M. le Président, je passe à un autre
point, toujours dans le programme 3, pour compléter l'étude de ce
programme, je vois qu'il y a de prévue, à l'aide à
l'entreposage des grains, une somme de 370 000 $. Je voudrais savoir si cela va
s'appliquer à des centres régionaux ou des
centres à la ferme.
M. Garon: II s'agit de dossiers d'implantation de... Vous n'avez
pas un ventilateur ici pour qu'on repousse la boucane là d'où
elle vient?
Une voix: M. le ministre...
Le Président (M. Boucher): Question de règlement,
M. le ministre.
M. Garon: Hein?
M. Houde: Ils ne savaient pas quoi faire et ils ont dit: On fume
le cigare.
Une voix: C'est le président qui fume!
M. Houde: II a seulement une cigarette, il n'est pas fatigant,
lui.
M. Mathieu: II y a tellement de boucane qu'on ne nous voit pas
à l'autre bout, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas de question de
privilège en commission, mais je pense que celle-là en serait
une.
M. Garon: Je pense que le député de
Kamouraska-Témiscouata est en train de boucaner la viande dont il
parlait tantôt, avant de la vendre.
Une voix: C'est peut-être prudent aussi. M. Garon:
Hein?
Une voix: C'est peut-être prudent de sa part.
M. Garon: Ce serait une méthode de conservation parce que
fumer les aliments, c'est une façon de les conserver.
M. Mathieu: Je ne sais pas s'il fume le tabac dont on parlait cet
après-midi dans le programme des pêcheries. Il était
question de l'alcool et du tabac. C'est peut-être ce tabac que fume le
député de...
Une voix: II doit être gratuit, à la manière
dont il fume.
M. Mathieu: Oui, justement. M. le Président, le ministre
avait commencé à me répondre, avant de chasser la
fumée; il a suspendu sa réponse pour chasser la fumée.
Pouvait-il reprendre ses propos et me dire si ces 370 000 $ iront à
l'entreposage des grains à la ferme ou aux centres régionaux?
M. Garon: II s'agit d'entreposage à la ferme, de dossiers
résiduels. On n'avait pas terminé la construction mais ces fonds
avaient été engagés avant que le programme ne soit
abrogé. Ce sont des paiements entièrement faits par le
gouvernement du Québec, sur lesquels il n'y aura pas de remboursement de
la part du gouvernement fédéral, puisqu'une fois les sommes de
l'entente épuisées, nous avons continué le programme pour
au-dessus de 3 000 000 $.
M. Mathieu: Maintenant, en ce qui concerne les centres
régionaux, j'aurais juste une question. Je crois savoir qu'il y avait
des conditions, lorsqu'un centre régional était établi,
pour qu'il traite 70% de grains québécois, si mes renseignements
sont bons...
M. Garon: "... 70% des capacités d'entreposage pour du
grain québécois..."
M. Mathieu: Est-ce que ces conditions se réalisent? Est-ce
que vous avez vérifié?
M. Garon: Au fur et à mesure de l'augmentation de la
production, dans le fond, on aimerait même mieux en passer plus, parce
qu'il y a eu des capacités d'entreposage qui ont été
faites chez les agriculteurs eux-mêmes et il y a un roulement qui se
fait. Alors, il fallait avoir l'entreposage à la ferme des centres
régionaux et il y a du grain que manipulent les centres régionaux
tout au cours de l'année.
M. Mathieu: Mais vous ne pensez pas qu'il y a une concurrence un
peu déloyale entre les deux? Il y a des propriétaires de centres
régionaux qui nous disent que le fait qu'il y a des centres à la
ferme, cela fausse le marché, que les propriétaires de centres
à la ferme gardent leur production chez eux et attendent d'avoir des
bons prix au lieu de la livrer au centre régional, ne peut pas alors
s'approvisionner.
M. Garon: Si l'on se fiait seulement aux centres régionaux
pour entreposer, on manquerait de capacité d'entreposage. Il y a un
entreposage qui doit se faire à la ferme et la manutention, le criblage,
la classification, le nettoyage, etc., tout cela va se faire dans les centres
régionaux. Maintenant, il y a un projet qui va peut-être
créer un peu de problèmes, c'est le projet que se prépare
à annoncer le gouvernement fédéral, à ce qu'on me
disait tantôt à Saint-Jean. Il devait être
approvisionné en grain venant de l'Ouest et qui doit s'établir
à Saint-Jean. On m'a dit que le ministre fédéral de
l'Agriculture est venu, parce que cela l'intéresse principalement, on
m'a dit qu'il devait être là au moment du lancement, à
Saint-Jean.
M. Houde: Qu'est-ce qui arrive dans le cas de La Malbaie?
M. Garon: Celui de La Malbaie, on m'a dit qu'il serait prêt
pour inauguration bientôt.
M. Houde: II n'a pas commencé ses activités
encore?
M. Garon: Je ne sais pas s'il a commencé l'automne
dernier, ou s'il devait être prêt au cours de l'hiver.
M. Houde: Le grain était coupé. M. Garon:
Oui, il aurait pu.
M. Houde: S'il n'a pas été mis en service pour les
producteurs, pour qui l'a-t-il été d'abord?
M. Garon: S'il était prêt au cours de l'hiver.
M. Houde: II a commencé pour rien. M. Garon:
Oui.
M. Houde: S'il n'a pas commencé ses activités pour
les producteurs, il n'est pas en service pour rien; il n'y a personne.
M. Garon: II l'aurait pu, si le grain avait été
entreposé chez les producteurs et s'ils l'avaient apporté, en
cours d'hiver, au centre. Je ne sais pas s'il a commencé ses
activités, mais j'ai rencontré ces gens-là il y a quelques
mois. Ils me disaient qu'ils seraient prêts pour l'inauguration, qu'il
faudrait s'entendre sur une date pour l'inauguration, parce que c'est un
événement important dans Charlevoix. Le ministère de
l'Agriculture fait confiance aux agriculteurs de Charlevoix, pour qu'il y ait
un centre régional dans Charlevoix pour le développement du
grain.
M. Houde: II a combien de capacité, celui de
Charlevoix?
M. Garon: Ce n'est pas gros. Je crois que c'est 3000 tonnes,
2000, peut-être 1500 tonnes; je ne me rappelle pas.
M. Mathieu: Maintenant, M. le ministre...
M. Garon: Le centre de Saint-Jean, lui, doit être
approvisionné à 80% par des grains de l'Ouest.
M. Houde: Où est-ce Saint-Jean?
M. Garon: Le comté de Saint-Jean.
M. Houde: Ah! bon.
M. Garon: J'ai lu récemment, dans le journal, que le
gouvernement fédéral voulait faire de sa station de Saint-David,
une station de recherche pour faire des céréales. Je n'ai pas
l'impression que les cultivateurs voudraient planter dans des côtes comme
celles-là.
M. Mathieu: M. le Président, pour finir sur les
grains...
M. Garon: II serait mieux de donner le terrain pour un parc,
comme le voulaient les municipalités de Saint-David, dans mon
comté, et faire les recherches sur les céréales à
un endroit plus propice.
M. Mathieu: Vous avez fait des formes intéressantes, je ne
sais pas si... C'est malheureux que cela ne puisse pas être inscrit dans
le journal des Débats.
M. Garon: C'est un cap. Je ne sais pas quel genre de recherche on
va faire dans la quarantaine de Saint-David, mais j'ai hâte de le voir,
puisque cela intéresse mon comté.
M. Houde: Parlant d'un autre centre, non loin de votre
comté: Cérébec...
M. Garon: Oui.
M. Houde: Qu'est-ce qui va advenir de Cérébec?
M. Garon: Cérébec au fond, nous en avons...
M. Houde: Cela a l'air de rouiller.
M. Garon: Cela dépend des financiers qui étaient
les premiers créanciers hypothécaires et qui vont se
décider à le vendre ou non.
M. Houde: Mais est-ce qu'il a sa place dans le territoire?
M. Garon: Oui.
M. Houde: Comment se fait-il qu'il ait fait faillite?
M. Garon: Cela est un problème dont j'en ai
déjà dit un mot. Ce n'est pas un problème concernant le
centre. C'est en raison de d'autres questions, des questions d'impôt et
dans d'autres genres d'activité.
M. Houde: Combien le gouvernement a-t-il mis dans
celui-là, avec le programme OSE?
M. Garon: Je ne me souviens pas des chiffres exacts, je vais les
obtenir et vous me poserez la question. Je vous le direz.
M. Houde: Parce qu'avant qu'il soit en service, avant qu'il y ait
des grains dedans, celui-là! Parce qu'il est en train de rouiller de
l'intérieur, à l'heure où on se parle.
M. Garon: Cela ne rouille pas facilement, ce genre de
métal.
M. Mathieu: On dit que les installations sont
endommagées.
M. Houde: Assez pour qu'il ne soit plus utilisable,
tantôt.
M. Garon: Moi, j'aurais souhaité... Il y a eu une
proposition conjointe d'achat par deux groupes: une coopérative et un
producteur privé important. Maintenant, les créanciers n'ont pas
voulu vendre, ils auraient voulu qu'on donne une nouvelle subvention qui aurait
fait qu'on aurait dépassé le maximum de 70%. Je n'ai pas voulu
qu'on dépasse le maximum de 70% pour aucun centre, parce que
immédiatement tout le monde m'aurait demandé des
dépassements. Il y a eu des dépassements de coût, mais la
subvention maximum, c'était 700 000 $, c'est-à-dire
jusqu'à concurrence de 70%, jusqu'à concurrence de 700 000 $.
Nous avons respecté 70% ou dans tous les cas, alors les
créanciers n'ont pas voulu vendre le centre. Je ne sais pas s'ils
veulent l'opérer eux-mêmes, éventuellement, ou le garder ou
le revendre plus tard.
M. Mathieu: II y a des centres assez rapprochés, comme
Sainte-Hénédine. Ce n'est pas loin cela. Cela ne peut-il pas
être le fait qu'il y a de la compétition?
M. Garon: Non. Il s'agit de centres qui doivent couvrir un
territoire qui ne soit pas trop grand, parce que autrement cela coûterait
trop cher de transport.
M. Houde: Cela n'aurait pas été plutôt qu'il
y a beaucoup de cultivateurs qui ont des silos à eux-mêmes et
qu'ils n'ont pas utilisé le gros? (23 h 15)
M. Garon: Non, ils n'ont jamais été en service.
M. Houde: C'est pour cela justement, qu'ils n'ont pas
utilisé le gros...
M. Garon: Non, ce n'est pas cela, ce n'est pas une raison comme
celle-là. Les raisons qui ont fait que la construction de
Cérébec n'a pas été terminée, ce ne sont pas
des raisons particulières au centre. C'est complètement
extérieur à ce projet.
M. Mathieu: L'avez-vous inauguré, celui-là?
M. Garon: Non, pas encore. Je souhaite le faire
éventuellement.
M. Mathieu: M. le Président, adopté pour ce
programme.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
Sur le même sujet, M. le député de Berthier.
Après, je donnerai la parole au député de Bellechasse.
M. Houde: Est-ce que je pourrais revenir sur les silos? Je
voudrais demander au ministre s'il y a un programme pour les silos à
grains cette année, pour 1982-1983: les silos à grains qui sont
vendus comme ventilateurs Victoria, pour les cultivateurs?
M. Garon: Pas encore.
M. Houde: II n'est pas encore sorti? Pensez-vous en sortir un,
cette année?
M. Garon: Pas encore.
M. Houde: Nous sommes rendus au mois de juin, et si vous ne le
savez pas encore...
M. Garon: On n'a pas encore de projets, peut-être
éventuellement.
M. Houde: En septembre: pour le mettre, aux mois de novembre et
décembre, dans la neige.
M. Garon: Peut-être en 1983, peut-être en 1984, mais
on va voir et évaluer la situation.
M. Houde: Le sous-ministre n'est pas sérieux, parce que
novembre, on va mettre le grain dans la neige.
M. Gagnon: Est-ce qu'il y a encore des besoins de...
M. Houde: Oui, il y en a encore des besoins.
M. Garon: C'est de cela qu'il s'agit au fond. Ce qu'on pourrait
faire s'il y avait un programme et, s'il arrivait un projet, ce serait d'y
aller de façon ad hoc. Ce qu'on veut voir avant, c'est l'utilisation qui
va être faite des centres existants.
M. Houde: Je parle des particuliers, je ne parle pas des gros
centres comme Cérébec. Ce sont des silos à la ferme dont
je parle.
M. Garon: Oui.
M. Houde: II y en a quelques-uns qui en ont demandé, la
semaine passée, dans
mon comté.
M. Garon: Oui, mais on veut étudier, comme il le faut, le
marché, parce que souvent, quand on donne des subventions dans certains
secteurs, les gens en profitent pour augmenter les prix. Alors, on veut
vraiment regarder à quel prix vont se vendre les silos relativement au
prix qu'ils se vendaient, quand il y avait une subvention. Si on se rend compte
que cela ne donne rien d'ajouter une subvention, on ne donnera pas de
subventions.
M. Houde: Donc, il n'y a pas de programme pour le moment à
l'horizon.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: Merci, M. le Président. Je sais que
l'autosuffisance est une idée chère à notre ministre de
l'Agriculture. D'ailleurs, il a eu l'occasion de le prouver à plusieurs
reprises, de prouver sa bonne volonté de vouloir augmenter
l'autosuffisance au Québec. Il y a quelques mois, le ministre de
l'Agriculture a eu la possibilité de voir une maquette d'une serre
révolutionnaire produite par un citoyen de Bellechasse. Je voudrais
faire savoir au ministre de l'Agriculture que cela est passé de la
maquette à l'expérimentation. J'ai eu l'occasion de visiter cela,
dimanche dernier. J'inviterais, non seulement le ministre, mais le
sous-ministre et son chef de cabinet à visiter cela, et
évidemment mes collègues...
Une voix: Le député de Beauce-Sud.
M. Lachance: ... même le député de
Beauce-Sud, ce n'est pas tellement loin de son comté.
M. Mathieu: Même nous! Merci de l'invitation:
M. Lachance: Ce qui est intéressant dans cela, c'est que
c'est pour la culture des tomates et des concombres. Je n'ai pas parlé
des cornichons, j'ai parlé des concombres anglais. Ils sont bons
même s'ils sont anglais. À Saint-Luc, dans Bellechasse, à
un endroit -c'est ce qui mérite d'être souligné -
très élevé, à un endroit où on ne
s'attendrait pas à voir une serre produire avec tant de rendement.
J'aimerais savoir si le ministre de l'Agriculture a l'intention de suivre cette
expérimentation qui commence à donner des résultats assez
intéressants, de la suivre de très près, parce que c'est
un concept nouveau qui peut vouloir dire le remplacement graduel des serres
conventionnelles, particulièrement dans des régions nordiques
où le soleil n'apparaît pas ni souvent ni longtemps, où il
y a des problèmes de luminosité. Je pourrais montrer des photos
aux différents députés ici, cela ressemble à une
soucoupe volante. C'est une serre qui tourne avec la rotation du soleil. Elle
est montée sur rail et tourne, à toutes les quinze minutes, de
deux pieds. C'est une demi-sphère d'une dimension de vingt pieds de
diamètre et de vingt pieds en hauteur. Cela a l'air d'en faire sourire
certains, mais j'ai l'impression qu'à un moment donné, ils vont
rester surpris de ce qui peut sortir de Bellechasse, parce que le type qui a
pensé cela, c'est quelqu'un qui me fait penser un petit peu au
député de Beauce-Sud quand il disait qu'il ne connaissait rien
aux champignons, mais il n'est pas le seul. Lui, il ne connaissait rien ni aux
tomates ni aux concombres. J'ai l'impression que ce sont souvent les gens qui
ne connaissent rien au départ qui, avec de la bonne volonté,
finissent par devenir des personnes bien.
M. le Président, j'aimerais demander au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation s'il a l'intention de
suivre cela de très près et, éventuellement, d'apporter
l'aide requise, parce que ce n'est pas facile pour quelqu'un qui commence dans
un domaine complètement nouveau comme celui-là, de pouvoir percer
et de faire valoir une idée qui peut prendre une envergure
extraordinaire à mon avis, dans l'optique de l'autosuffisance. Je n'ai
pas de chiffres. Le ministre en a probablement, mais j'ai l'impression qu'on
est loin d'être autosuffisant en ce qui concerne la production de tomates
au Québec.
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
M. Garon: Non, c'est parce que vous avez parlé de
concombres tout le temps et vous parlez d'autosuffisance en tomates, en
terminant.
M. Lachanve: Dans cette serre, il y a une possibilité
immense, non pas seulement pour les concombres, mais aussi pour les
tomates.
M. Mathieu: C'est une serre polyvalente.
M. Garon: C'est une serre révolutionnaire, elle
révolutionne d'ailleurs, mais elle est révolutionnaire aussi dans
le sens de sa technologie particulière qui est à point.
D'ailleurs, le député de Bellechasse sait à quel point le
projet nous a intéressé. Il nous a fait rencontrer le jeune homme
qui, d'ailleurs, avait l'air jeune, mais qui était plus âgé
qu'il n'en avait l'air. Quand on l'a rencontré...
M. Lachance: Michel Létourneau.
M. Garon: Oui, M. Létourneau. Le sous-
ministre du ministère et moi avons parlé tous ensemble,
avec vous et ce monsieur. Ensuite, nous l'avons aidé
financièrement. J'ai rencontré des ingénieurs du
ministère et M. Ouellet me dit qu'il y avait deux groupes chez les
ingénieurs: ceux qui étaient d'accord et ceux qui ne
l'étaient pas. Il m'a dit: Ceux qui n'étaient pas d'accord, on
les a envoyés faire autre chose et ceux qui étaient d'accord, on
leur a demandé de travailler avec M. Létourneau pour essayer de
mettre au point son concept. Il est exact qu'il faut essayer des affaires
nouvelles. Quand on fait de la recherche, il faut essayer un certain nombre de
prototypes. Parfois, il y en a qui réussissent et parfois il y en a qui
ne réussissent pas, mais certains réussissent. C'est un concept
particulier qui peut être intéressant. D'ailleurs, c'est un projet
auquel le gouvernement du Québec a contribué. On m'a dit que le
gouvernement fédéral y avait aussi contribué, parce qu'il
y avait véritablement un intérêt dans ce projet. Ce que je
peux souhaiter de mieux, c'est que la mise au point se fasse et qu'on
démontre les avantages qu'il peut y avoir dans ce type de modèle.
Je suis persuadé que, si les avantages économiques et en termes
de production aussi démontrent que c'est avantageux, ce serait, à
ce moment-là, une découverte qui pourrait être
commercialisée. C'est un projet qu'on va suivre attentivement, qui nous
a fasciné dès le point de départ. Il reste à faire
le travail de mise au point technique pour voir ce que cela va donner comme
résultats. Il fallait d'abord l'essayer.
M. Lachance: L'un des avantages importants de ce nouveau concept
de serre, c'est que cela ne prête pas prise aux intempéries qu'on
rencontre régulièrement et qui détruisent les serres, en
particulier le vent et la neige. Dans le climat que nous avons, je pense que
c'est un élément important. Je réitère mon
invitation à l'intention du ministre, sans doute qu'il m'écoute
attentivement, pour qu'il vienne le plus vite possible le constater sur place.
Je sais que le ministre est un type de nature incrédule, un peu Thomas,
mais je considère que c'est une qualité plutôt qu'un
défaut. Je l'invite à venir y mettre le doigt et voir comment se
comporte ce nouveau type de serre.
M. Garon: Je suis très heureux, M. le Président, de
l'invitation du député de Bellechasse. Je suis
étonné que la mission agricole du Parti libéral n'ait pas
visité ce projet exceptionnel. Pourtant, c'est tout près de la
Beauce. C'est dans Dorchester. Bellechasse fait partie de Dorchester. J'ai vu
justement un reportage récemment, je pense que c'est dans le Peuple
Tribune et la Voix du sud, enfin un journal régional, sur la serre. J'ai
lu avec beaucoup d'intérêt ce qui était indiqué et
qui était écrit dans l'article, il y avait une page
complète avec des photographies. Je n'avais jamais encore vu de photos,
sauf la maquette, c'est-à-dire le prototype en petit format et je me
proposais à un moment donné de m'y rendre. Si ma mémoire
est bonne, c'est à Saint-Luc. Je me propose, peut-être dimanche
prochain, d'y aller faire un tour avec mes filles et peut-être se
rendra-t-on pour voir...
M. Lachance: Avec le bébé aussi. M. Garon:
Peut-être, à Saint-Luc. M. Mathieu: M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Tout à l'heure, le député de
Bellechasse a dit que le ministre avait des défauts. Alors je voudrais
me porter à la défense du ministre, parce que, M. le
Président, on sait qu'il n'a pas de défauts. Il a quelques petits
péchés mignons, mais il n'a pas de défauts et je voudrais
m'inscrire en faux contre cette affirmation du député de
Bellechasse.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président...
M. Garon: Je voudrais souligner la présence, je vois dans
le fond de la salle, du coordonnateur de l'Outaouais qui est ici avec son
épouse et qui m'avait dit qu'il viendrait à la commission
parlementaire. Il a justement un projet intéressant à discuter
avec les gens du ministère, demain. J'étais dans la région
de l'Outaouais en fin de semaine et je vous ferai remarquer
l'intérêt des fonctionnaires, parce que je pense qu'il est venu de
lui-même avec son épouse. M. Bertrand aussi, de la région
de Châteauguay-Saint-Hyacinthe, ah! oui, il est ici.
M. Mathieu: Est-il adopté, le programme 3?
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
d'Iberville.
Culture de la fève soya
M. Beauséjour: Non, j'ai un autre point. Ce que je
voudrais demander au ministre, c'est: jusqu'où le gouvernement est-il
intéressé au développement et à la transformation
de la fève soya? Est-ce que c'est rendu à point, au
Québec, pour qu'on puisse mettre l'accent sur cette culture?
M. Garon: Le problème actuellement avec la fève
soya c'est qu'on n'a pas d'usine de trituration de la fève soya. On a
pas encore assez de volume pour avoir une usine. C'est la question de la poule
et de l'oeuf: est-ce qu'on doit développer la production pour avoir
l'usine ou avoir l'usine pour développer la production. Alors, je sais
qu'il y a des gens qui s'intéressent à la fève soya, parce
que c'est une fève dont la culture alterne bien avec d'autres
productions, avec la production du mal's par exemple. Comme la production du
maïs se développe considérablement dans les basses terres du
Saint-Laurent, la plaine de Montréal en particulier, bien la fève
soya apparemment ferait une bonne alternance avec le mai's. J'ai eu l'occasion,
il y a...
M. Beauséjour: II s'en cultive de plus en plus dans notre
région.
M. Garon: Pardon?
M. Beauséjour: II s'en cultive de plus en plus dans notre
région.
M. Garon: Oui. J'ai eu l'occasion, il n'y a pas si longtemps, il
y a quelques mois quand même, presqu'un an, de parler d'un projet
possible d'usine de trituration du soya. Les gens se demandaient à quel
endroit ils devraient s'établir exactement. Il faudrait peut-être
revenir à la charge pour rencontrer des promoteurs qui seraient
intéressés par l'usine de trituration du soya. Et je pense bien
que s'il y avait une usine qui se bâtissait, cela irait rapidement.
M. Beauséjour: Est-ce que le gouvernement serait
prêt à donner une aide financière à une telle
construction?
M. Garon: Le gouvernement est toujours intéressé
par quelque chose qui va développer le secteur agro-alimentaire au
Québec et la production de la fève soya, selon nos gens, serait
une bonne production.
M. Mathieu: En 1984-1985, cela sera plus favorable.
M. Garon: Je ne le sais pas, cela dépendra des
promoteurs.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Comme le député de Bellechasse a fait des invitations, moi
aussi, je voudrais inviter le ministre, peut-être en dehors de
l'agriculture, son sous-ministre et peut-être les fonctionnaires et le
député de Beauce-Sud qui, je pense, a participé dans le
passé un peu à cela. Dans le Témiscouata, on a une usine
de cercueils. Une usine de cercueils! C'est très beau à voir.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata, vous êtes hors sujet. Vous êtes hors
sujet.
M. Mathieu: Est-ce que c'est M. Goldman? Alors, M. le
Président, adopté, M. le Président? (23 h 30)
M. Dupré: Juste une petite question, s'il vous plait?
Le Président (M. Boucher): Sur le programme 3? Allez-y, M.
le député de Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Je voudrais demander au ministre ce qui arrive
à propos des serres de Sainte-Martine, si elles sont encore
exploitées.
M. Garon: On en parlé longuement, hier. Je vais vous dire
ça.
M. Mathieu: Je regrette infiniment de vous dire ça.
Le Président (M. Boucher): Le programme 3,
adopté?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le programme 4.
Régie des assurances agricoles
M. Mathieu: Régie des assurances agricoles, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Mathieu: Non. Un instant. Il me faut un organigramme. Une
petite seconde.
M. Garon: Voyez-vous, il y a une prévision, qui se
faisait, hier, selon laquelle le dollar canadien baisserait sous les 80 cents.
Apparemment, c'est fait. Ce matin, il était à 79,94 cents. Le
dollar canadien est plus bas que le...
M. Mathieu: Le seuil psychologique est franchi.
M. Garon: Le seuil psychologique est franchi, en haut de 75 sous,
je suppose.
M. Mathieu: Merci de me l'avoir fait penser. Y a-t-il une
déclaration à faire à l'ouverture du programme ou si on
peut y
aller immédiatement.
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez présenter
ceux qui vous accompagnent M. le ministre.
M. Garon: Je vous présente le président de la
régie, M. Jacques Brulotte, agronome et un des deux
vice-présidents de la régie, M. Michel Bissonnette, et
également M. Magella Leclerc. Ils sont tous deux vice-présidents
du directeur général adjoint de la régie.
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Est-ce que je peux
avoir la parole?
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Alors, ma première préoccupation. Je
voudrais vous demander s'il y a un organigramme.
M. Garon: J'aimerais mieux attendre pour vous donner
l'organigramme parce qu'il y a un POAS qui a été acheminé
au Conseil du trésor et possiblement que c'est adopté.
Il va y avoir un organigramme vraiment à point qui va être
fait prochainement et je pense que ce serait vous induire un peu en erreur que
de vous passer un organigramme qui, à toutes fins utiles, va être
désuet très rapidement.
M. Mathieu: Même s'il est désuet, est-ce qu'il en
existe un en ce moment?
M. Garon: On est en possession... Il y a eu la fusion des deux
organismes, en 1981, et ensuite la réalisation du fusionnement des deux
organismes. Alors...
M. Mathieu: Écoutez, ça me déçoit
énormément. Justement, j'aurais aimé suivre le processus
à partir des deux organismes, comment c'était avant la fusion et
une fois fusionné, c'est quoi?
M. Garon: Je vous ferai parvenir un organigramme de la Commission
d'assurance-stabilisation avant, de la Régie des assurances agricoles
avant, pour que vous puissiez voir le résultat, une fois les deux
organismes fusionnés.
M. Mathieu: Maintenant, pourriez-vous me dire le nombre
d'employés qu'il y a à la nouvelle régie fusionnée.
Quand on parle de la régie, c'est la fusionnée bien sûr.
Maintenant, je voudrais savoir si ce sont des permanents, des occasionnels ou
des contractuels.
M. Garon: C'est inscrit ici dans le livre des budgets. Cent trois
permanents; il y en avait cent quatre, en 1981-1982, on en prévoit 103,
c'est-à-dire un de moins; et il y avait 24 employés à
temps partiel; ça passe à 23, donc, un de moins, là aussi.
Cela veut dire que le nombre d'employés de la Régie des
assurances agricoles, qui était de 128, en 1981-1982, passe à
126.
M. Mathieu: Est-ce qu'il y a des contractuels en plus de
cela?
M. Garon: Oui, il y a des contractuels au cours de
l'été.
M. Mathieu: Est-ce que ça peut représenter un
nombre appréciable: 5, 10, 100?
M. Garon: Cela dépend du temps. S'il s'agit d'une
année où l'assurance-récolte va avoir à payer
beaucoup, il va y avoir des avis de dommages donnés par les
assurés. Si le temps est bon et que c'est une année où il
n'y a pas beaucoup d'avis de dommages, on a besoin de moins de contractuels que
s'il s'agit d'une mauvaise année; à ce moment, il y a beaucoup de
dommages à constater et il y a engagement d'un plus grand nombre de
contractuels. Cela varie beaucoup d'une année à l'autre...
M. Mathieu: J'aimerais les avoir par ordre de grandeur.
M. Garon: Cela peut varier de 50 à 75.
M. Mathieu: Lorsque vous avez besoin de rengager l'année
suivante d'autres personnes, des contractuels, est-ce que ce sont les
mêmes que vous reprenez en province ou si vous allez vers de nouveaux
contractuels?
M. Garon: En général, on reprend les mêmes,
s'ils sont disponibles. Il arrive souvent que cela soit un finissant
d'université qui a besoin d'un emploi. Lorsqu'il s'est trouvé un
emploi, il n'est plus disponible.
M. Mathieu: Est-ce qu'il peut arriver que, dans des bureaux
régionaux, à un moment donné, cinq contractuels soient
remplacés dans l'espace d'une semaine par cinq plus jeunes qui n'ont pas
d'expérience?
M. Garon: Je ne sais pas. Je n'ai pas entendu parler de cela.
Est-ce que vous avez un cas précis? Je ne le sais pas.
M. Mathieu: Cela ne peut pas arriver? M. Garon: Pas que je
sache.
M. Mathieu: On m'avait dit qu'au bureau de
Saint-Joseph-de-Beauce, à un moment donné, cinq mises à
pied avaient été
faites. Les sujets évincées furent remplacés par
cinq nouveaux qui n'avaient pas d'expérience. C'était au cours de
l'année 1981.
M. Garon: En 1981.
M. Mathieu: Oui.
M. Garon: II y en a eu cinq?
M. Mathieu: Est-ce que cela peut être des occasionnels au
lieu de contractuels?
M. Garon: On me dit qu'on a rengagé les mêmes
personnes, sauf une.
M. Mathieu: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si les
rapports annuels de l'ASRA et de la RRAQ sont disponibles ou seront disponibles
bientôt? Il semblerait que celui de l'ASRA pour 1979 ne soit pas
déposé, est-ce que c'est le cas?
M. Garon: Pour 1979-1980. Il serait à l'impression.
Normalement, il pourrait être déposé d'ici la fin...
Apparemment, pour tout un ensemble de raisons, dont la maladie du
rédacteur, la rédaction du rapport aurait tardé.
M. Mathieu: Si je comprends bien, il n'y a personne à la
régie qui va vouloir rédiger le rapport.
M. Houde: S'il fallait que le ministre tombe malade et meure, on
n'aurait plus de ministre de l'Agriculture au gouvernement du
Québec.
M. Mathieu: Si je vous demande cela, ce n'est pas par
mesquinerie.
M. Garon: Non, non.
M. Mathieu: Vous savez, quand on n'a pas...
M. Garon: J'aime cela avoir vos questions. Vous savez, cela me
renseigne aussi. Habituellement, vous faites des critiques qui me renseignent.
Vous êtes là pour cela d'ailleurs, pour poser des questions, pour
voir s'il y a des choses qui fonctionnent mal.
M. Mathieu: Je vais y aller, c'est sans aucune
agressivité. Je ne crois pas que quelqu'un y voie de
l'agressivité.
M. Garon: Non, non. Vous pouvez même être agressif,
vous en avez le droit.
M. Mathieu: Si jamais je le deviens, M. le ministre, cela va
être parce que je suis trop souvent en face de vous. Non?
M. Garon: Non, non. Je vous trouve poli et agréable, au
contraire. J'aimerais que vous puissiez donner l'exemple au
député de Brome-Missisquoi. Ce serait une réussite.
M. Mathieu: Peut-être que si vous le fréquentiez
davantage, cela pourrait...
M. Garon: Non, je n'en ai pas le goût.
M. Mathieu: Est-ce que cela arrive souvent que vous suiviez vos
goûts comme cela?
M. Garon: Habituellement.
M. Mathieu: Oui. Je reviens au rapport.
D'abord, je crois savoir que c'est le dernier qui sera
présenté, parce qu'après la fusion, l'ASRA ne
présentera plus de rapport, si je comprends bien. Il va être dans
le rapport de la RRAQ?
M. Garon: Non, non. Cela va être un rapport seul.
M. Mathieu: L'ASRA aussi?
M. Garon: Oui, oui. L'ASRA aussi. Les rapports 1979-1980 puisque
la fusion a été faite seulement en 1981.
M. Mathieu: Je voulais dire après la fusion. H y a un
rapport.
M. Garon: Je pense bien qu'il va en faire état, puisque,
en 1981, la suggestion a été faite. La fusion était
opérationnelle le 21 janvier 1981, si ma mémoire est bonne. Ce
qui veut dire, normalement, que dans le rapport 1980-1981, on devrait tenir
compte du fait qu'il y a eu fusion des deux organismes.
M. Mathieu: Alors...
M. Garon: Je ne sais pas de quelle façon cela va
être présenté, c'est la Régie des assurances
agricoles qui va présenter son rapport annuel.
M. Mathieu: II y aurait deux rapports en retard pour l'ASRA,
celui de 1979-1980 et celui de 1980-1981 si je comprends bien.
M. Garon: Le rapport 1979-1980 est à l'impression, il
devrait être déposé sous peu, j'espère qu'il sera
déposé avant l'ajournement. L'autre, j'espère qu'il va
arriver rapidement.
M. Mathieu: 1980-1981, parce que l'année financière
doit se terminer le 30 avril, le...
M. Garon: J'ai demandé aux organismes
de présenter leur rapport annuel plus rapidement, parce que j'ai
remarqué que cela prenait un certain temps. J'ai demandé aux
organismes de présenter les rapports annuels plus rapidement.
M. Mathieu: Je vous le dis, M. le ministre. Lorsque c'est une de
nos principales sources d'information et que...
M. Garon: Pour moi aussi...
M. Mathieu: ... peu importe l'organisme, mais si le rapport est
en retard de deux ans, savez-vous que nos données ne sont pas
très justes?
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Vous, vous avez d'autres sources d'informations dont
on ne dispose pas. Maintenant pour la Régie des assurances agricoles, le
rapport 1980-1981, sera-t-il déposé bientôt vu qu'on dit
que cela a été établi en janvier 1981?
M. Garon: Celui de 1980-1981 va être déposé
en même temps que celui de la CARASRA. Ils sont tous les deux à
l'impression.
Celui de 1979-1980, tous les deux.
Celui de la commission administrative... qui forme la commission
administrative.
Alors, on va fermer les livres avec un rapport pour un organisme.
Après cela, on va faire un rapport pour une période qui va
terminer l'année. On fera, jusqu'à la mise sur pied de la
Régie des assurances agricoles, le rapport des organismes
individuellement et, ensuite, il y aura un rapport pour une période de
trois mois, du début de l'année 1981 jusqu'au 31 mars 1981.
M. Mathieu: Vu que nous sommes dans l'année 1982-1983,
nous allons avoir les rapports 1979-1980, 1981-1982 si je ne m'abuse.
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Vu que nous sommes dans l'année
1982-1983...
M. Garon: Non, 1979-1980 bientôt, et, ensuite,
1980-1981.
M. Mathieu: D'après les règles de pratique,
n'avez-vous pas trois mois pour déposer le rapport après la fin
de l'année financière?
M. Garon: Non, mais cela devrait être plus rapide.
M. Mathieu: À tout événement, on peut
compter sur votre diligence, non seulement en ce qui concerne la régie
actuellement sous étude, mais également le ministère et
les autres organismes.
Maintenant, vous savez que lorsqu'il y a fusion, semble-t-il, il peut y
avoir des petits problèmes. Sûrement qu'il y en a, surtout plus en
période de fusion, une fusion apporte un peu de confusion temporaire.
J'aimerais savoir s'il y a eu des déplacements de personnel? Si oui,
est-ce qu'il y a eu des plaintes à la Commission de la fonction publique
et s'il y a eu étude par la Commission de la fonction publique?
Après la fusion de deux organismes qui a donné la Régie
des assurances agricoles? Est-ce...
M. Garon: C'est une question qu'il faudrait poser au ministre de
la Fonction publique. Vous me demandez s'il y a eu des plaintes à la
Commission de la fonction publique qui ne relève pas de moi, c'est un
peu délicat pour moi de...
M. Mathieu: À votre connaissance, y a-t-il des
employés de la Régie des assurances agricoles qui ont eu à
se plaindre des déplacements de personnel à la suite de la
fusion?
M. Garon: Je ne suis pas au courant.
M. Mathieu: À votre connaissance personnelle, quand je
vous parle, M. le ministre, bien sûr, M. le président, aussi, il
n'y a pas eu d'enquête de la part de la Commission de la fonction
publique?
M. Garon: Je ne dis pas qu'il n'y en a pas eu, mais je ne suis
pas au courant des documents qui ont pu être acheminés par des
gens à la Commission de la fonction publique. Il faudrait demander
à la Commission de la fonction publique ou au ministre responsable de la
Commission de la fonction publique. (23 h 45)
M. Mathieu: Mais s'il y a eu... Vous ne niez pas qu'il ait pu y
avoir une enquête. S'il y en a eu une, est-ce qu'on pourrait avoir les
conclusions?
M. Garon: II faudrait que vous demandiez au président de
la Commission de la fonction publique ou au ministre responsable de la
Commission de la fonction publique, qui a les informations sur la Commission de
la fonction publique. Quant à moi, je n'ai pas les informations me
permettant de répondre. Il est posssible... C'est évident, dans
un processus de fusion, qu'il y a des changements aux organigrammes ou des
POAS. C'est pour cela qu'on a acheminé un POAS, un plan d'organisation
administrative supérieure, au Conseil du trésor. Est-ce qu'il y a
eu des plaintes parce que cela a pris trop de temps, parce que
cela a pris un certain temps? C'est possible, mais...
M. Mathieu: Ce serait peut-être causé par le
déplacement de personnel.
M. Garon: Déplacement où?
M. Mathieu: II a dû y avoir un déplacement de
personnel quand vous avez fusionné deux régies ayant une vocation
à peu près semblable. Vous nous avez dit, l'année
passée, que vous aviez fait cela par souci d'économie et de
meilleure rentabilité, alors sûrement...
M. Garon: Le président peut vous dire à quel point
on a discuté longuement du POAS parce que j'ai fait supprimer des
postes. Quand on a discuté ensemble, j'ai demandé de supprimer
des postes parce que j'ai dit: II faut essayer de faire un plan. On a
discuté longuement d'un plan d'administration avant de l'acheminer au
Conseil du trésor pour avoir, justement, les rouages les plus simples
possible et les plus pratiques possible.
M. Mathieu: Maintenant, je voudrais savoir qui est
secrétaire de la Régie des assurances agricoles au centre de la
fonction publique.
M. Garon: On me dit qu'au sens de la loi, c'est M. P.-A. Fortin;
il est malade actuellement et est remplacé par un M. Lafrance.
M. Mathieu: II est malade. Est-ce que c'est une maladie qui
justifie son départ ou s'il a démissionné ou...
Une voix: On va faire venir son médecin, celui-ci va
répondre plus vite au député de Beauce-Sud.
M. Garon: Apparemment, il aurait eu un certificat médical
et actuellement il serait payé par l'assurance-salaire.
M. Mathieu: Je voudrais éclaircir ceci: le fait
d'être payé par l'assurance-salaire met-il fin à sa
fonction? Est-ce que...
M. Garon: Apparemment, il est remplacé temporairement,
mais il n'a pas perdu son poste.
M. Mathieu: Tout à l'heure, on a dit que c'était M.
Lafrance qui le remplaçait temporairement. Cela veut dire que lorsque M.
Fortin recouvrera la santé, chose que nous lui souhaitons le plus
tôt possible, il va réintéger son poste?
M. Garon: Bien, je n'ai pas d'information sur le fait qu'il y a
un problème là. On me dit qu'il est malade. Je ne connais pas
l'état de sa maladie et je ne voudrais pas commencer à...
à moins que vous y voyiez un problème particulier. Je ne suis pas
au courant de sa maladie, je ne sais pas pourquoi il est malade et puis, c'est
un peu délicat dans... Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus sur sa
maladie.
M. Mathieu: Je ne veux pas insister non plus. Je ne veux pas
connaître les secrets sur l'état personnel de M. Fortin, mais ce
qui se rapporte à sa fonction m'intéresse, ce qui se rapporte
à sa personne, je n'ai pas d'affaire a traiter de cela ici, c'est bien
sûr.
M. Garon: J'imagine que la compagnie d'assurance qui paie son
assurance-salaire doit surveiller s'il mérite son assurance-salaire ou
non.
M. Mathieu: Est-ce que M. Fortin est un employé de longue
date?
M. Garon: On me dit que ça fait une dizaine
d'années qu'il est à l'emploi du ministère.
M. Mathieu: Du ministère?
M. Garon: Je parle d'un organisme du ministère, la
régie de l'assurance-récolte initialement. Il a été
prêté à l'assurance-stabilisation des revenus pendant un
certain temps. Maintenant, il se trouve à être dans l'organisme
fusionné.
M. Mathieu: Alors, si je comprends bien, au sens de la loi de la
fonction publique, c'est M. Fortin qui est secrétaire, mais à
cause de sa maladie, c'est M. Lafrance qui assume la charge de
secrétaire par intérim.
M. Garon: C'est ce qu'on me dit.
M. Mathieu: L'année dernière, le ministre nous
avait donné un cours d'économie politique. Cet après-midi,
il en a donné un à l'occasion des questions posées par le
député de Bonaventure. C'est toujours intéressant. Qui
s'instruit s'enrichit. L'année passée, il nous faisait
état d'une notion de dollar administré. Il nous disait que, en
dollar administré, il prévoyait que ça passerait de 26,7%
à 21,9% quant au coût par dollar administré après la
fusion. Vous nous disiez, l'année passée, que, je prends vos
termes à la page B-1856 du journal des Débats...
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: ... coût par dollar administré passe de
26,7%, avant la fusion, à
21,9%, après la fusion. Je voudrais savoir si cette heureuse
performance continuait, j'espère.
M. Garon: Pouvez-vous me le lire exactement?
M. Mathieu: Oui, certainement, page 1856, le 16 juin 1981. Je
préfère le lire: "M. Garon: II y a une chose que j'aimerais vous
dire au sujet du programme 4 avant qu'on l'abandonne. J'aimerais vous donner
immédiatement les résultats de la fusion des deux régies:
le coût par dollar administré était de 26,7% quand les deux
régies fonctionnaient chacune de son côté. Cette
année, avant la fusion des deux régies, le coût par dollar
administré va diminuer à 21,9%. Cela veut dire que l'on passe de
26,7% à 21,9% de frais administratifs. Déjà, la
première année, il y a une baisse d'environ 25% du coût de
l'administration parce qu'il y a eu fusion seulement par la fusion, dans la
première année, des deux régies." Fin de la citation.
M. Garon: Alors, c'est cela que ça a donné.
M. Mathieu: Je veux savoir si la performance s'est maintenue, M.
le Président.
M. Garon: Oui, cela s'est même amélioré.
M. Mathieu: C'est cela qui m'intéresse.
M. Garon: Puisque par dollar de prime payée par un
agriculteur, en 1981-1982, c'était 14,9%, et on prévoit qu'en
1982-1983, ça va être 13,9%. Cela va baisser encore. C'est ce que
je vous ai dit, je pense, aux débats d'hier après-midi. Cela va
baisser encore par dollar de prime de la même façon.
M. Mathieu: M. le Président, est-ce que vous pourrez
déposer les documents sur lesquels sont basés ces calculs parce
que nous aimerions faire des comparaisons et des vérifications avec une
ventilation, parce que nous voyons que la performance est excellente.
M. Garon: Oui.
Une voix: Alors, on aimerait que vous nous donniez... Je sais
qu'en commission parlementaire, vous n'êtes pas forcé de
déposer de document, mais je ne pense pas que ce soit un document "top
secret".
M. Garon: Je vous donne les chiffres! M. Mathieu: On
aimerait savoir sur quelle base vous vous appuyez.
M. Garon: On compare les frais administratifs totaux...
M. Mathieu: Avant la ventilation totale de...
M. Garon: ... au montant des transferts et au montant des primes
payées. C'est pour cela que je vous ai donné les frais
administratifs par dollar de transfert et les frais administratifs par dollar
de prime. Je vous disais qu'en 1979-1980, par exemple, par dollar de transfert,
c'était 43,09 $; en 1980-1981, c'était 30,04 $; en 1981-1982, 24
$; en 1982-1983, je prévois que cela va être à 22,07 $. En
1979-1980, c'était 26,08 $; en 1980-1981, 18,60 $; en 1981-1982, 14,09
$; en 1982-1983, on prévoit que cela va être 13,9 $.
M. Mathieu: Pouvez-vous déposer cela?
M. Garon: Pourquoi? Cela va sans doute être dans notre
rapport annuel.
M. Mathieu: C'est parce qu'on n'a pas la ventilation, ni la base.
Le rapport annuel prend deux ans pour être publié. Il va y avoir
de la poussière dessus quand nous allons l'avoir.
M. Garon: Comment cela?
M. Mathieu: Cela prend du temps à avoir les rapports. S'il
n'y a pas de champignons, on va être chanceux. Je ne vous demande pas
cela tout de suite, mais dans les prochains jours, j'apprécierais si
vous étiez capable de nous donner...
M. Garon: On va voir ce qu'on peut faire.
M. Mathieu: Je sais qu'il n'y a pas de secret d'État
là-dedans. Quand vous regardez, ce n'est pas chanceux, M. le ministre.
Quand il veut vérifier avec précision, il met ses lunettes.
Là, il ne met même pas ses lunettes. Quand il cite des chiffres du
fédéral, il met ses lunettes!
M. le Président, avant de finir...
M. Garon: Trouvez-vous que ce serait une bonne réponse si
j'arrivais avec les deux organismes?
M. Mathieu: Je ne me suis pas plaint, mais il me fait perdre mon
temps, les minutes sont précieuses.
Le Président (M. Boucher): II reste quelques minutes.
M. Garon: Habituellement, le député de
Beauce-Sud dit qu'on crée des organismes pour nommer du monde. Le
Parti libéral dit cela. On a fusionné des organismes, cela fait
moins de monde à nommer.
M. Mathieu: C'est plus subtil que cela. Cela permet de
créer un nouvel organisme et de se débarrasser des anciens. Quand
on fusionne la CSST et la Commission des normes du travail, on se trouve
à se débarrasser du personnel de la Commission du salaire
minimum. Avant de terminer...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, il me faut l'accord de la commission pour continuer. Il est
minuit.
M. Mathieu: On pourrait peut-être continuer cinq minutes,
parce qu'on a commencé à 20 h 20. C'est juste une demande que
j'ai à faire au ministre.
M. Garon: 20 h 16.
M. Mathieu: Pour compenser, me donnez-vous cinq minutes?
J'aimerais que le ministre dépose toutes les résolutions - je
sais qu'il n'est pas obligé de le faire, mais j'aimerais les avoir pour
fins de vérifications, compte tenu du rapport du Vérificateur
général - qui permettent le versement de toutes les compensations
depuis trois ans, autant à l'assurance-récolte qu'à
l'assurance-stabilisation. J'aimerais aussi que le ministre dépose la
liste de tous les règlements publiés dans la Gazette officielle
depuis mars 1980, pour la régie, et janvier 1981, pour la commission,
ainsi que les règlements modifiés. (Minuit)
M. Garon: Comme député, vous recevez la Gazette
officielle:
M. Mathieu: D'accord. Laissons faire pour les règlements
dans la Gazette officielle, mais que le ministre nous donne la date à
laquelle les règlements ont été approuvés par la
régie, la date à laquelle on les a expédiés
à son cabinet, la date à laquelle les règlements sont
repartis du cabinet du ministre et revenus au bureau de la régie et la
date à laquelle ils sont entrés en vigueur. L'entrée en
vigueur, on va le savoir, c'est la date de la publication dans la Gazette
officielle.
M. le Président, ce n'est pas seulement par tracasserie que je
vous demande cela, c'est que le Vérificateur général
soulève des inquiétudes. Il semblerait qu'il y ait eu des
indemnités de versées sur la foi de règlements dont la
légalité laisse à désirer. Remarquez bien que je
n'ai pas à me plaindre du fait que des agriculteurs aient reçu
une compensation. Je veux bien l'établir et je ne veux causer de
tracasserie à personne. Il n'est pas question de cela, mais je voudrais,
par exemple, que les indemnités soient versées légalement
et que, s'il faut faire des modifications pour rendre cela légal, on ne
procède pas par une résolution de la régie, mais bien par
une modification de la loi à l'Assemblée nationale. C'est ce que
semblait laisser entendre le rapport du Vérificateur
général.
Ici, je ne veux pas accabler les dirigeants de la régie, les
agriculteurs qui ont été indemnisés d'une manière
dont la légalité est douteuse. Je suis favorable à ce que
l'on indemnise les agriculteurs et même dans le journal La Terre de chez
nous, M. le Président, du 14 janvier dernier, il était fait
mention exactement des demandes que je vous fais là. On disait, en ce
qui concerne l'assurance-récolte: "Le Vérificateur
général croit que des indemnités incorrectes ont
été versées à 5500 assurés. Certains y ont
gagné, mais d'autres y ont perdu." Je ne vais pas plus loin pour le
moment, mais je voudrais avoir l'assurance que, si cela prend des modifications
législatives, qu'on va les faire et que les indemnités seront
versées légalement. Je sais que le ministre est très
désireux de suivre la légalité. Il l'a dit au cours de la
soirée. Il a dit: On suit la légalité. Parlant de SOQUIA
et du Centre d'insémination artificielle, il a dit: On suit la loi et
les règlements.
M. Garon: II faut vérifier une chose. Quand le
Vérificateur général remplit sa fonction, il a une
fonction de comptable. Il a autorité, mais, quand il n'est pas en
fonction, son opinion est celle d'un personnage quelconque. Quand arrive une
opinion juridique sur des versements payés et que les opinions
juridiques des organismes vont toutes dans le même sens, je vous dis bien
franchement que les opinions juridiques, à ce moment-là, valent
bien l'opinion du Vérificateur général.
M. Mathieu: Oui, d'accord, M. le ministre, mais les commentaires
du Vérificateur général...
M. Garon: J'aimerais savoir à quoi vous faites allusion
exactement.
M. Mathieu: Dans le rapport du Vérificateur
général - malheureusement, je ne l'ai pas ici...
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: ... il a été fait mention
d'indemnités versées alors que les règlements ne
l'auraient pas permis normalement.
M. Garon: Oui, mais il y a un point sur lequel il y a
désaccord entre la Régie des assurances agricoles et le
Vérificateur général; il y a une question
d'interprétation
juridique.
M. Mathieu: Vous...
M. Garon: J'en ai déjà parlé en Chambre,
vous avez déjà soulevé cette question en Chambre, vous ou
quelqu'un du Parti libéral, je ne me rappelle pas lequel.
M. Mathieu: Un des quatre?
M. Garon: Non, avant cela. J'avais dit à ce
moment-là que j'avais l'opinion d'un avocat de la Régie des
assurances agricoles et que j'avais également l'opinion d'un avocat du
contentieux du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation qui, au fond, relève du ministère de la Justice.
C'est un contentieux du ministère de la Justice qui est au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Il
donnait aussi une opinion allant dans le même sens que celle de la
Régie des assurances agricoles, c'est-à-dire que c'était
la Régie de l'assurance-récolte dans le temps.
M. Mathieu: Cela me donne l'impression, à lire cela, M. le
Président, que c'est comme si le feu était pris dans la grange
d'un individu, qu'il téléphone à son courtier et lui dit:
Vite, assure-moi, le feu est pris.
M. Garon: Non.
M. Mathieu: Je ne sais pas.
M. Garon: Parlez-vous de l'assurance-récolte?
J'espère qu'on parle de la même chose.
M. Mathieu: Je mets fin à la discussion...
M. Garon: Parce que vous l'avez déjà posée,
cette question.
M. Mathieu: II y a cinq minutes de passées et là,
j'ai référé à l'article du journal La terre de chez
nous du 14 janvier 1982, page 8, à tout événement.
M. Garon: Vous référez à une question que
vous avez déjà posée et à laquelle j'ai
déjà répondu à l'Assemblée nationale. En
quelle année, vous dites?
M. Mathieu: En 1982. Voulez-vous que je vous lise quelques
lignes? Assurance-récolte. Je cite le texte de La terre de chez nous:
"Plusieurs autres irrégularités sont relevées dans les
activités de la Régie de l'assurance-récolte.
Le système d'assurance individuelle, pour les grandes cultures, a
été offert aux producteurs plus d'un an avant qu'il ne devienne
légalement applicable, c'est-à-dire après une
décision du Conseil des ministres et la publication dans la Gazette
officielle.
La loi n'a pas été respectée non plus dans
l'établissement des pertes et le calcul des indemnités dans le
système collectif d'assurance des grandes cultures. Plutôt que le
rendement moyen établi par zone, on a utilisé une moyenne de
rendement effectif, comme base de calcul.
Le Vérificateur général croit ainsi que des
indemnités incorrectes ont été versées à
5500 assurés. Certains y ont gagné mais d'autres y ont perdu. "M.
Châtelain déplore aussi la méthode de calcul des
indemnités pour le foin perdu après la coupe. On a
négligé comme base de référence
l'échantillonnage effectué avant la coupe et qui
établissait que la récolte allait être supérieure
à la moyenne garantie. "On a plutôt fait la différence
entre la récolte totale et les quantités perdues, sans
égard à la couverture d'assurance prévue par la loi. Donc,
7960 assurés ont reçu 8 200 000 $ et le vérificateur se
dit convaincu que les indemnités individuelles sont en
général trop élevées".
M. Garon: M. Brulotte qui est avec moi va vous expliquer ce qui
s'est passé exactement dans l'évaluation dont vous parlez; c'est
très technique.
M. Mathieu: Ce dont je parle, c'est l'extrait que j'ai
cité de La terre de chez nous.
M. Garon: Oui.
Excusez, dans la partie assurance-récolte que vous soulignez,
l'échantillonnage du collectif était terminé. La
méthode d'échantillonnage: C'est avant que le producteur puisse
récolter son foin qu'on fait l'échantillon. Par la suite,
après que les échantillons ont été faits, la
température s'est gâtée, il y a eu de la pluie, le foin
s'est perdu davantage. En perdant le foin davantage, on avait par l'article 14
du règlement, la possibilité comme régie de faire une
autre expertise. Celle-ci ne pouvait plus se faire dans le champ, il fallait la
faire dans les entrepôts sous forme d'expertise dans les granges et les
deux avocats qui ont été consultés là-dessus
approuvent la méthode, c'est-à-dire qu'ils disent que c'est
complètement réglementaire, contrairement à l'opinion de
M. Châtelain.
Une voix: Est-ce qu'on a assuré la qualité?
M. Garon: Pardon? Une voix: La qualité?
M. Garon: C'était la quantité d'unités
nutritives totale qui était assurée par cette méthode.
M. Mathieu: Pour conclure ce point, parce que je ne veux pas
allonger plus, on a dépassé le temps que je vous avais
demandé, j'aimerais juste savoir dans les diverses catégories
d'assurance-récolte, le porc, les céréales, tout cela,
assurance-récolte et assurance agricole, si cette année il y a
une augmentation d'assurance ou une diminution. Est-ce que les cultivateurs
adhèrent plus ou moins? On me dit que dans les céréales,
ils adhèrent moins, dans les pomicultures, ils adhèrent
moins.
M. Garon: Vous parlez d'assurance-récolte ou
d'assurance-stabilisation?
M. Mathieu: Assurance-récolte comme pour les pommiers, la
pomiculture, et les grandes céréales, les grandes cultures.
M. Garon: Cela dépend des variétés, on dit
que dans les pomicultures, on double.
M. Mathieu: Regardez. Au lieu de prendre le temps de la
commission, pourriez-vous déposer tout simplement le document? Il sera
inscrit au journal des Débats.
M. Garon: II n'y a pas de dépôt en commission
parlementaire.
M. Mathieu: Si on est unanime.
M. Garon: Pourriez-vous me poser la question au feuilleton? Je
vous le déposerais en comparatif.
M. Mathieu: Vous pourriez tout simplement nous le remettre
demain, ce serait encore plus simple que de commencer à l'inscrire au
feuilleton.
M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: Vous pourriez simplement nous le remettre demain, ce
serait encore plus simple que de commencer à l'inscrire au feuilleton.
C'est que j'aimerais connaître l'évolution, parce que si les gens
s'assurent moins dans une discipline, c'est soit parce qu'il y a des
problèmes ou une insatisfaction et si on attend le rapport, comme celui
de 1979-1980 n'est pas encore déposé, on ne pourra jamais savoir
si les agriculteurs sont satisfaits ou pas satisfaits parce que, si les
agriculteurs s'assurent moins, c'est parce qu'ils ne sont pas satisfaits. Et si
on le sait quatre ans plus tard, bien...
M. Garon: II y a des productions qui augmentent. Il y en a
d'autres qui diminuent.
M. Mathieu: Vous pourriez tout simplement demain nous faire une
photocopie de cela, sans demande formelle, M. le ministre, et nous la remettre.
D'abord, il n'y a pas de secret d'État, j'imagine. Ou si vous
préférez que je vous fasse une demande au feuilleton, je pourrais
le faire.
M. Garon: J'aimerais mieux que vous fassiez une demande au
feuilleton parce que... Il va falloir faire une étude plus grande que
seulement en nombre d'adhérents. Parce qu'il y a des primes. Je
remarque, par exemple, que, dans les productions, le nombre d'adhérents
a diminué, mais les primes ont augmenté parce que les acrages ont
augmenté. Parfois, il s'agit de productions dans lesquelles le nombre de
producteurs a diminué, mais il y a eu des consolidations. Il faudrait
qu'on ait une ventilation suffisante pour saisir de quoi il s'agit.
M. Mathieu: Le collectif, est-ce que c'est augmenté ou
diminué?
M. Garon: II y a une diminution dans le collectif.
M. Mathieu: Et pourtant, tout...
M. Garon: Bien, en nombre, il y a une diminution. Mais en primes,
il y a une augmentation. Alors, ça veut dire qu'il y a des
assurés qui ne s'assurent pas, mais il y a des assurés qui
assurent une plus grande partie de leur champ qu'avant.
C'est cela qu'il va falloir... Il faut que ce soit expliqué un
peu, ça.
M. Mathieu: Est-ce que cela peut expliquer la diminution ou s'il
y aurait une insatisfaction chez les agriculteurs?
M. Garon: II faut que j'aie plus de données; les documents
que j'ai dans les mains, en les regardant, je n'ai pas assez de données
pour évaluer. Il m'en faut davantage pour évaluer.
M. Mathieu: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Boucher): Programme 4, adopté.
Le programme 8.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Le programme
9.
M. Mathieu: Nous aurions eu des points à soulever, mais je
ne veux pas abuser davantage.
Le Président (M. Boucher): Le
programme 9, adopté? Adopté. M. Mathieu:
Adopté.
M. Garon: J'aimerais savoir, par exemple... Vous m'avez
posé beaucoup de questions sur les budgets; j'aimerais savoir quels sont
les membres de la mission agricole du Parti libéral, si c'était
possible.
M. Mathieu: Bien oui. C'est facile. Il y a d'abord le
député de Huntingdon, M. Claude Dubois; le député
de Berthier, M. Houde; le député de Maskinongé, M.
Picotte; moi-même et, dans les intervenants, le député de
Bonaventure, M. Levesque; le député de Charlevoix, M. Mailloux;
le député d'Orford, M. Vaillancourt, et le député
de Richmond, M. Vallières.
M. Garon: Je remarque que trois de vos députés de
la mission agricole n'ont pas apparu du tout à la commission
parlementaire pendant deux jours. Le député de Richmond n'est pas
venu, ni le député de Charlevoix, ni le député de
Maskinongé.
M. Mathieu: Mais c'est parce qu'ils étaient pris dans
d'autres commissions parlementaires. C'est la raison.
M. Garon: Sans arrêt?
M. Mathieu: Je crois que oui. Le député de
Maskinongé s'est présenté, mais il n'est pas
intervenu.
M. Garon: Non, il n'est pas venu. M. Mathieu: II s'est
présenté.
Le Président (M. Boucher): Alors, les programmes 1
à 10 inclusivement des crédits du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation sont adoptés. Et
je prierais le rapporteur d'en faire rapport à l'Assemblée
nationale au nom des membres de la commission et je vous remercie. La
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 14)