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(Vingt heures quinze minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre! La commission
permanente de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation est
réunie pour étudier le projet de loi no 63, Loi sur la Raffinerie
de sucre du Québec. Les membres de la commission sont: M. Baril
(Arthabaska), M. Beaumier (Nicolet), M. Beauséjour (Iberville), M.
Dubois (Huntingdon), M. Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Gagnon (Champlain),
M. Garon (Lévis), M. Houde (Berthier), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Mathieu (Beauce-Sud), M. Picotte
(Maskinongé). Les intervenants sont: M. Blouin (Rousseau), Mme Juneau
(Johnson), M. Lachance (Bellechasse), M. LeMay (Gaspé), M. Levesque
(Bonaventure), M. Mailloux (Charlevoix), M. Vaillancourt (Orford), M.
Vallières (Richmond). Y a-t-il un rapporteur?
M. Gagnon: Le député de Saint-Hyacinthe. On vient
de demander cela.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour
(Iberville) est le rapporteur.
Une voix: Peut-on délibérer?
Le Président (M. Boucher): Pour le rapporteur?
M. Mathieu: Adopté. C'est un jeune homme...
Adopté.
Le Président (M. Boucher): S'il n'y a pas consentement,
vous pouvez toujours délibérer.
M. Mathieu: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Boucher): Adopté. M. Dupré: ... cet
après-midi.
Le Président (M. Boucher): Est-on prêt à
entreprendre l'étude du projet de loi?
M. Mathieu: Nous sommes toujours prêts, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Avez-vous des commentaires
préliminaires? M. le ministre, je vous ferai remarquer que nous avons
trois projets de loi à étudier ce soir...
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Boucher): ... et compte tenu que nous
devons terminer à minuit, il y aurait peut-être entente...
M. Garon: On en a trois? Je pensais que nous n'en avions que
deux.
Le Président (M. Boucher): ... pour qu'on prenne une heure
par projet de loi pour la bonne marche des travaux.
M. Garon: Je ne veux pas presser l'Opposition. Il y a tellement
de gens qui sont morts pour que l'Opposition ait le droit de parler, il ne faut
pas commencer une guerre.
M. Mathieu: Cela a commencé au Xlle siècle, si je
me rappelle bien, pour l'histoire contemporaine. M. le Président, quant
à nous, nous pouvons bien tenter l'expérience. Si on trouve qu'on
n'a pas assez de temps, peut-être pourrait-on échanger un nouveau
consentement au bout d'une heure. Si on finit avant...
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Mathieu: Si tout le monde est d'accord.
Le Président (M. Boucher): Je prends note de votre
consentement. M. le ministre.
Projet de loi no 63
M. Garon: Je ne dirai pas grand-chose pour commencer
l'étude du projet de loi. On avait tout simplement besoin d'une loi
moderne, alors que la raffinerie de sucre est en train de faire des
investissements importants pour que le fonctionnement soit comme toutes les
autres corporations en 1982. C'est pour cette raison que ce projet de loi est
soumis. Il n'y a rien dans ce projet de loi qui soit hors des normes qu'on
trouve normalement dans les corporations de cette nature. Il s'agit, au fond,
de la continuation de la corporation qui est connue sous le nom de la
Raffinerie de sucre du Québec par l'émission des lettres patentes
du 7 juillet 1943 et qui se poursuivent, mais cela a été
modifié. Le reste du projet de loi a pour but d'indiquer le contexte
moderne de la raffinerie et, en même temps, il y a la
question du financement puisque la raffinerie est en train de faire des
investissements importants.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Seulement quelques mots, M. le Président, pour
ne pas prolonger inutilement le débat. Il nous semblait, en
réalité, que la loi n'était pas urgente; si la raffinerie
avait le pouvoir de faire ses investissements avant que le projet de loi soit
présenté, je ne vois pas pourquoi le projet de loi vient,
à ce moment-ci, mais puisqu'il vient à ce moment-ci, on va le
recevoir et on va l'étudier. Nous sommes prêts à
procéder à l'étude.
Statut et objets de la société
Le Président (M. Boucher): Merci. J'appelle l'article 1 du
projet de loi.
M. Garon: II n'y a rien de spécial à l'article 1.
C'est simplement pour continuer l'existence de la corporation de la Raffinerie
de sucre du Québec qui sera régie par les dispositions de la
présente loi.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Mathieu:
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Article 2?
M. Garon: Deuxièmement, c'est le siège social qui
est au même endroit où il est actuellement, mais il pourrait
être transporté à un autre endroit avec l'approbation du
gouvernement.
M. Mathieu: À Lévis?
M. Garon: On ne sait jamais, mais actuellement, on n'a pas
d'idée autre que Saint-Hyacinthe. Si les activités de la
raffinerie représentaient éventuellement d'autres implications,
mais cela pourrait tout simplement être modifié pour accommoder
aussi le conseil d'administration qui réduirait peut-être ses
dépenses.
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 3.
M. Garon: C'est un article normal qu'on trouve pour dire que "La
société jouit des droits et privilèges d'un mandataire du
gouvernement", que "les biens de la société font partie du
domaine public, mais l'exécution de ses obligations peut être
poursuivie sur ces biens", et que "la société n'engage
qu'elle-même lorsqu'elle agit en son propre nom.
M. Mathieu: La seule explication, M. le Président, c'est
qu'il y a certaines modifications par rapport à l'ancien article 8 qui
traitait des droits et des pouvoirs, peut-être juste pour remettre
à la page. L'ancien article 8 disait: La corporation a tous les droits
et pouvoirs appartenant en général aux corporations. Elle peut,
notamment, faire des règlements pour sa régie interne, ester en
justice, etc. Si je comprends bien, l'article 3 est plutôt standard pour
les sociétés d'État.
M. Garon: Oui, c'est cela.
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 4.
M. Garon: L'article 4 concerne les objets de la raffinerie; c'est
un article clé, je pense. "La Société a pour objets:
1° de fabriquer, de raffiner, de conditionner et de mettre en marché
du sucre de betterave ou autre, et des dérivés,
succédanés ou sous-produits du sucre; "2° d'exercer toute
activité industrielle, agricole, commerciale ou de recherche utile
à la poursuite des objets mentionnés au paragraphe 1. "À
ces fins, la Société peut, conformément à la loi,
s'associer ou conclure des accords avec toute personne ou
société. "Dans la réalisation de ses objets, la
Société doit avoir un objectif de rentabilité." Alors, on
a vu qu'elle va fonctionner dans un cadre d'entreprise individuelle.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, au premier alinéa,
l'article dit: "De fabriquer, de raffiner, de conditionner ou de mettre en
marché du sucre de betterave ou autre." Est-ce que le ministre veut
s'ouvrir une porte pour le sucre de canne ou des choses semblables?
M. Garon: Plus que cela, cela pourrait être - je vais vous
donner un exemple concret - du sirop d'érable qu'on pourrait transformer
en sucre. Ce serait une forme de sucre. Théoriquement, cela pourrait
être aussi du sucre de canne qui serait raffiné. Mais, dans
l'état actuel des choses, il n'est pas question de faire du raffinage
autre que du sucre de betterave actuellement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, il y a une demande de fonds
qui peut aller jusqu'en
1985-1986...
M. Garon: On pourrait faire aussi du sucre à partir du
fructose.
M. Dubois: Du maïs, quand on deviendra plus qu'autosuffisant
dans le maïs ou avant?
M. Garon: Actuellement, ce n'est pas dans les idées de la
raffinerie de faire cela, mais on fait un cadre de fonctionnement dans une loi;
éventuellement, cela pourrait devenir une bonne chose. Cela pourrait
être par entente avec des entreprises existantes, mais, dans
l'état actuel des choses, il n'y a pas de projets immédiats
à ce point de vue.
M. Dubois: Mais dans les projets de construction...
M. Garon: Oui.
M. Dubois: ... ou d'entrée d'équipements nouveaux,
est-ce que vous allez avoir les équipements pour raffiner jusqu'à
la mise en marché du sucre en produit fini?
M. Garon: II y aura des équipements qui permettront de
faire la mise en marché du sucre fini, raffiné entièrement
à l'aide d'appareils acquis des États-Unis.
M. Dubois: Mais ces équipements ne sont pas
installés encore, les équipements pour la phase finale?
M. Garon: Actuellement, ils ne sont pas installés
véritablement.
M. Dubois: Mais c'est dans les projets à courte
échéance que les équipements, qui permettent d'en arriver
à un produit fini, seront installés. Est-ce que c'est dans
les...
M. Garon: Dans l'état actuel des choses, non. Dans le
projet tel qu'il existe actuellement, il n'y a pas de projet de raffinage
à la dernière limite, mais on a l'équipement.
M. Dubois: Vous avez un équipement complet ou qui devra
être complété par des achats futurs ou
complémentaires.
M. Garon: Non, non. On a l'équipement qu'on veut.
M. Dubois: Puis, vous ne prévoyez pas les installer d'ici
à...
M. Garon: Dans les achats qu'on a faits de la raffinerie du
Maine, Triple A Sugar, celle-ci faisait du sucre pour le marché du
détail. Quand on a acheté la raffinerie, tout ce qui était
rapportable en équipements, on l'a rapporté au Québec, le
bon équipement. Il y a bien des choses qu'on a achetées et qu'on
ne savait pas qu'on achèterait au moment où on les a
achetées. Il y avait un surplus dans la raffinerie. Il y avait des
moteurs neufs qui n'avaient jamais été déballés,
par exemple. Alors, on a tout l'équipement pour faire du sucre en
poudre, du sucre liquide; c'est neuf. Par exemple, contrairement à ce
qu'on peut penser, la plus grande partie de la commercialisation, ce n'est pas
du sucre pour mettre dans le café, c'est du sucre liquide.
M. Dubois: Oui, c'est cela.
M. Garon: Alors, du sucre liquide, pour vendre, par exemple...
Qu'est-ce que vous en pensez, quand les entreprises comme les petits
gâteaux Vachon achètent du sucre pour mettre dans les
gâteaux? Ce n'est pas du sucre comme celui qu'on met dans notre
café qu'ils achètent.
M. Dubois: On s'aperçoit qu'aux États-Unis, ils
sont rendus à 90% de...
M. Garon: II y a du sucre cristallisé, mais il y a aussi
du sucre liquide.
M. Dubois: Le sucre qui sert dans les pâtisseries aux
États-Unis est à 90% à base de maïs, apparemment.
M. Garon: Je m'excuse, je disais une chose qui n'est pas
exacte.
M. Dubois: Cela arrive souvent.
M. Garon: Non, ça n'arrive pas souvent, je vous le dis
immédiatement. Pour faire les gâteaux, c'est du sucre
cristallisé, mais c'est pour les conserveries. J'ai parlé avec
ces gens il y a déjà un certain temps, c'est pour faire les
produits de conserverie et là, il s'agit du sucre liquide.
M. Dubois: Comme dans les boissons gazeuses.
M. Garon: Les conserveries, ce ne sont pas les boissons
gazeuses.
M. Dubois: Non, comme...
M. Garon: Je parlais, par exemple, des confitures.
M. Dubois: Oui, d'accord; c'est comme celui dont on se sert dans
les boissons gazeuses; c'est aussi du sucre liquide.
M. Garon: Dans les boissons gazeuses, oui.
M. Dubois: De plus en plus, on
s'aperçoit que la part du marché du maïs, c'est en
partie liquide et c'est ce qui sert à 90% dans les boissons gazeuses aux
États-Unis. J'imagine que la tendance du marché s'en vient comme
cela ici au Québec, ou les caprices du marché vont amener
tât ou tard cette demande. Dans les boissons gazeuses, ce sera du sucre
liquide à base de maïs. Alors, vos équipements
achetés chez Triple A ne vous permettent pas de raffiner du sucre autre
que le sucre de canne, j'imagine, ou de betterave. C'est cela?
M. Garon: Essentiellement, c'est qu'on pourrait faire toutes ces
choses-là. On a l'équipement complet et perfectionné, sauf
que le MEER, le ministère de l'Expansion économique
régionale fédéral, a eu des pressions, c'est
évident, du lobby du sucre quand on a fait une demande de subvention
auprès du MEER. Le lobby du sucre de l'Ontario sait bien que, si la
raffinerie fait du sucre au détail, il pourra entrer dans ce
marché-là parce que Saint-Hilaire est près de l'Ontario et
une des conditions qui ont été posées, c'est de ne pas
commercialiser le sucre blanc avant octobre 1985. C'est une condition assez
rare qu'on trouve, mais que le MEER a posée à la Raffinerie de
sucre du Québec, celle de ne pas commercialiser le sucre avant octobre
1985 pour les fins de la subvention.
M. Dubois: Mais on s'aperçoit quand même qu'on a une
capacité excédentaire au Québec de raffinage de sucre
blanc.
M. Garon: Non, on n'a pas de capacité excédentaire
au Québec de raffinage de sucre blanc.
M. Dubois: Selon les dires de St. Lawrence Sugar, on aurait une
capacité excédentaire. On ne veut pas s'imposer comme juge, mais
ce sont quand même les prétentions de St. Lawrence Sugar.
M. Garon: La seule raffinerie actuellement qui fonctionne au
Québec, c'est la St. Lawrence Sugar, les Sucres Saint-Laurent, qui a une
capacité maximale qui varie entre 180 000 tonnes et 200 000 tonnes,
alors que la consommation du Québec est estimée à 264 000
tonnes, mais Saint-Laurent ne vend pas seulement au Québec, il vend
aussi un peu ailleurs. Alors, actuellement, il y a deux raffineries, comme je
vous le disais dans le discours de deuxième lecture, qui ont
fermé leurs portes parce qu'elles n'avaient pas modernisé leur
équipement. Redpath, qui avait déjà bâti en Ontario,
qui a laissé vieillir son équipement et a graduellement
tranféré ses opérations en Ontario, était rendue
à peu près à 40% de sa capacité de production
lorsqu'elle a fermé ses portes, il y a trois ans, quatre ans. Les Sucres
Cartier ont fermé leurs portes il y a un an, c'était une petite
raffinerie qui n'avait pas de possibilités d'expansion, Steinberg... (20
h 30)
M. Dubois: ... et puis cela servait pour leurs magasins ici au
Québec et en Ontario.
M. Garon: ... et elle avait une capacité quatre fois
moindre que les 5ucres Saint-Laurent.
M. Dubois: On a aussi du sucre liquide qui nous provient de
l'Ontario, je crois, actuellement?
M. Garon: Oui, sans doute.
M. Dubois: Est-ce l'intention du ministre d'arriver
éventuellement à une production de sucre liquide à base de
maïs?
M. Garon: Non.
M. Dubois: Ce ne sont pas les mêmes équipements, de
toute façon.
M. Garon: Non.
M. Dubois: C'est une usine complètement...
M. Garon: Les projets immédiats ne sont pas dans cette
direction; ils sont plus dans l'utilisation des sous-produits de la betterave.
Maintenant, c'est évident, c'est une petite raffinerie, mais c'est une
entreprise assez importante, tout de même. Les experts allemands nous
disaient lors du premier projet de 3600 tonnes par jour, que si l'on la
rebâtissait en neuf complètement aujourd'hui, une bâtisse
neuve et des équipements neufs, plutôt que d'avoir utilisé
la bâtisse qui existait et avoir fait venir des équipements qu'on
a acheté usagés et reconditionnés, rebâtir cela en
neuf, il en coûterait entre 105 000 000 $ et 110 000 000 $.
Là on vient d'augmenter, avec le deuxième projet de mars
1981, la capacité de l'usine de 50%. Si on parle des prix, une usine
rebâtie à neuf pourrait être évaluée à
plus de 110 000 000 $, peut-être 150 000 000 $, c'est difficile à
dire.
M. Dubois: Avant...
M. Garon: II s'agit d'une petite raffinerie si on la compare
à certaines autres, mais il s'agit d'une entreprise importante, si l'on
parle pour le Québec.
M. Dubois: Avant le projet qui a débuté il y a deux
ans, en 1979 à peu près, pouvez-vous nous donner une idée
de la valeur, en dollars 1982, des investissements qui
existaient, à peu près?
M. Garon: C'est difficile à dire parce qu'il a fallu faire
plusieurs choses pour solidifier l'ensemble de l'affaire. On me dit que la
valeur amortie, c'est 1 500 000 $. C'est une entreprise qui a été
mise sur pied 1943 avec des équipements usagés qui dataient du
début du siècle.
M. Dubois: La valeur amortie, je comprends, mais la valeur de
remplacement, d'abord?
M. Garon: C'est difficile à dire. Quand cela a
été bâti, on a construit sur un terrain qui est très
meuble. Comme M. Marier me disait, une forêt de pieux a été
posée pour solidifier l'ensemble. Il s'agit d'équipements
beaucoup plus gros. La hauteur de la bâtisse, maintenant, est de 90
pieds. Il ne s'agit plus de la même bâtisse qu'auparavant.
D'ailleurs, on aurait dû inviter les journalistes à visiter
l'entreprise, on devrait le faire bientôt. Ce n'est plus du tout la
même entreprise qu'il y avait là auparavant.
M. Dubois: Les membres de l'Opposition seraient peut-être
intéressés à y aller aussi.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Les membres de l'Opposition seraient peut-être
intéressés à y aller en même temps aussi.
M. Garon: Peut-être.
M. Dubois: Comment, peut-être?
M. Garon: On pourra peut-être prévoir une visite de
la commission parlementaire.
M. Dubois: Bon, parfait. Je suis d'accord avec cela, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Houde: M. le Président, dans les bâtisses
existantes, s'il y avait d'autres pièces de machinerie à
l'intérieur, qui sont encore en entrepôt, je ne sais où
est-ce qu'elles entreraient dans la bâtisse sans faire prendre de
l'expansion à la bâtisse principale?
M. Garon: Quelle bâtisse?
M. Houde: Où est située la raffinerie. Vous dites
que l'équipement qui n'est pas utilisé est en entreposage je ne
sais trop où. Est-ce que vous pourriez l'entrer à
l'intérieur de la bâtisse ou bien s'il faudrait agrandir et
dépenser de l'argent pour l'entrer à l'intérieur, le faire
fonctionner à l'intérieur?
M. Garon: Cela prendrait un agrandissement mais surtout un
renforcement des structures apparemment parce qu'il s'agit d'un
équipement plus pesant que ce qui est là actuellement.
M. Houde: L'équipement qui rentrerait...
M. Garon: Mais l'essentiel des espaces, ce n'est pas une
opération additionnelle considérable.
M. Houde: L'espace est là. À présent, M. le
Président...
M. Garon: C'est-à-dire qu'il s'agirait d'utiliser de
nouveaux équipements qui sont plus efficaces, plus petits que les
anciens et qui permettraient de libérer de l'espace en enlevant des
anciens équipements et en mettant des nouveaux.
M. Houde: Quand vous dites, en mettant des nouveaux, ils sont
là à ne rien faire, vous pourriez les entrer à
l'intérieur et jeter les vieux à l'extérieur et en mettre
des nouveaux.
M. le Président, est-ce que je pourrais savoir, à part M.
Marier, qui fait partie de la raffinerie de betterave à sucre? Est-ce
qu'il y en a d'autres ou s'il est le seul?
M. Garon: Non, il y a des gens qui sont ici avec M. Marier, c'est
le président, parce qu'au cas où vous auriez eu des
questions.
M. Houde: C'est pourquoi j'aimerais avoir les noms.
M. Garon: Je vais vous les présenter. M. Houde:
S'il vous plaît. Administration
M. Garon: M. Guy Tremblay, directeur du programme d'expansion et
de modernisation; M. Marcel Guilbert, contrôleur; M. Bernard Descamps,
secrétaire; M. Nguyen Dinh Thuan, directeur de l'usine et M. Reid,
directeur agricole.
M. Houde: Très bien, merci.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Mathieu: Sur division, M. le Président. Je ne veux pas
engendrer de débat...
M. Garon: Je vais vérifier s'ils sont libéraux.
M. Houde: Non, non. Cela ne se pose pas... Quand on parle...
M. Mathieu: Vous êtes donc bien politicien.
M. Houde: Quand on parle d'un fait, bien, comment s'appelle-t-il,
où reste-t-il? Ce n'est pas parce que je veux savoir tout cela, c'est
que je veux savoir à qui je m'adresse quand je pose des questions.
M. Mathieu: On est moins politisé que le ministre, M. le
Président.
M. Houde: C'est cela.
Le Président (M. Boucher): Alors, article 5?
M. Dubois: C'est le genre de recherche pour le ministre, pas pour
nous.
Le Président (M. Boucher): Article 5.
M. Houde: M. le Président. D'abord, le ministre, on le
connaît bien; mais lorsqu'on parle à quelqu'un dans un bureau, on
veut savoir à qui on parle.
M. Garon: Vous le connaissez de vue.
M. Houde: Le ministre, oui, je connais bien son nom.
Une voix: Vous ne connaissez pas ses petits défauts.
M. Houde: Non, ses petits défauts mignons, je ne suis pas
intéressé à les connaître.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, on
continue.
M. Garon: J'espère que j'ai de grands défauts parce
qu'habituellement, aux grands défauts les grandes qualités.
M. Houde: C'est cela, et ce sont de petits défauts...
Une voix: À vos ordres, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Article 5, s'il vous
plaît!
M. Mathieu: Nous constatons, M. le Président, que le
nombre d'administrateurs est augmenté de trois à cinq.
M. Garon: C'était cinq avant.
M. Mathieu: Est-ce qu'il y en a deux qui perdent leur emploi ou
si ce sont des postes vacants?
M. Garon: Non. Apparemment, quand j'ai demandé aux gens
qui ont préparé le projet de loi, ils ont dit que c'est la
formule standard de mettre de trois à cinq.
M. Mathieu: Dans le moment, il y en a cinq.
M. Garon: Dans le moment, il y en a quatre. Il y en a un qui
vient de quitter parce qu'il s'en allait dans une entreprise et qu'il
était plus occupé. C'est M. Philippe Parizeau que vous connaissez
peut-être. Il a décidé d'aller dans un nouveau secteur qui
prendrait beaucoup de son temps. Il a quitté la raffinerie.
M. Mathieu: Vous dites que c'est standard dans différentes
sociétés d'État, de trois à cinq, alors...
M. Garon: C'est ce que les gens du comité de
législation m'ont dit.
M. Mathieu: C'est le conseil d'administration qui suggère
cela ou le ministre ou le comité de législation.
M. Garon: Ceux qui ont travaillé à la
rédaction du projet de loi m'ont dit que c'était la formule
standard. On aurait pu mettre sept, j'ai demandé à M. Marier s'il
prévoyait que ce serait mieux à sept qu'à cinq, parce
qu'on pensait laisser cela à cinq et il m'a dit qu'à cinq, ce
serait suffisant.
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 6?
M. Garon: Ici, c'est une disposition intéressante qu'on ne
retrouve pas ailleurs. "Les deux tiers des membres du conseil d'administration,
dont le président, doivent être domiciliés au
Québec, mais la qualité d'actionnaire n'est pas requise pour
être membre du conseil d'administration de la Société." On
dit que les deux tiers du conseil d'administration doivent être membres,
c'est-à-dire qu'éventuellement on pourrait penser à une
association avec quelqu'un et, à ce moment-là, s'il était
nécessaire d'admettre quelqu'un sur le conseil d'administration de la
raffinerie, on aurait une place. Or, les deux tiers, cela veut dire quatre, je
pense. Cela veut dire qu'il y aurait une place pour quelqu'un qui ne serait pas
nécessairement domicilié au Québec.
M. Dubois: Est-ce qu'il y aura des actionnaires tôt ou
tard?
M. Garon: Non.
M. Dubois: Est-ce que vous prévoyez avoir des
actionnaires?
M. Garon: Pas dans le cadre actuel, mais c'est une chose qui
n'est pas impensable.
Le Président (M. Boucher): Adapté?
M. Mathieu: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Article 7?
M. Garon: La nomination. "Les membres du conseil d'administration
sont nommés par le gouvernement pour une période qui ne peut
excéder cinq ans." Or, vous allez remarquer qu'auparavant,
c'étaient des nominations de dix ans et, actuellement, le gouvernement
précise des périodes qui n'excèdent pas cinq ans dans ses
nominations. Alors, cela évite d'avoir des gens nommés pour une
trop longue période.
M. Mathieu: Est-ce que ce sont des emplois à temps plein
ou à temps partiel?
M. Garon: II y a seulement le président-directeur
général qui est à plein temps ou l'équivalent du
temps plein, si on veut.
Le Président (M. Boucher): Adopté? Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 8? M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, à l'article 7, on dit
qu'un mandat ne peut excéder cinq ans; à l'article 8, on dit que
la personne demeure en fonction jusqu'à ce qu'elle ait été
remplacée.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Alors, le mandat...
M. Garon: C'est la formule utilisée dans toutes ces lois,
habituellement.
M. Dubois: Le mandat peut être prolongé de six mois
en six mois.
M. Garon: Non, non, vous ne prolongez pas le mandat, mais il peut
arriver qu'au bout de cinq ans vous cherchiez quelqu'un d'autre et que vous ne
le trouviez pas immédiatement, parce que quand vous voulez nommer
quelqu'un à des fonctions comme celles-là - évidemment, il
vous faut nommer des gens qui ont les qualifications pour remplir ces fonctions
- la banque est large. Souvent, dans des directions d'entreprises, ce n'est pas
toujours aussi facile qu'on le penserait de trouver les personnes
qualifiées pour remplir les fonctions et, à ce moment-là,
il peut arriver que cela prenne un peu plus de temps que prévu. M.
Dubois: D'accord.
M. Garon: II peut arriver aussi, par exemple, un cas très
simple où il arrive une élection, qu'on n'ait pas le temps de
nommer quelqu'un et il ne faut pas que les gens quittent la journée
même, pour différentes raisons, ou cela peut être un oubli
parfois.
M. Mathieu: Vous prenez le modèle des
lieutenants-gouverneurs. Ils sont nommés pour cinq ans, mais cela peut
dépasser. Alors, je vois votre...
M. Garon: Non, c'est standard.
M. Mathieu: ... faible pour ces fonctions.
M. Garon: Le lieutenant-gouverneur, on ne l'engagera pas parce
qu'il coûte trop cher.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 9?
M. Garon: "Le président du conseil d'administration est
d'office président-directeur général de la
Société. Il doit veiller à l'exécution des
décisions du conseil d'administration et il est responsable de la
direction de la Société dans le cadre de ses règlements de
régie interne et de ses politiques."
M. Mathieu: Si je comprends bien, dans le moment - c'est juste
une question d'information, je ne veux pas du tout m'en prendre à M.
Marier...
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: M. Marier est président-directeur
général de la raffinerie?
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Tout en étant directeur général
ou président aussi de SOQUIA ou de...
M. Garon: Président de SOQUIA, oui.
M. Mathieu: Les deux.
M. Garon: Non.
M. Mathieu: Vous cumulez les deux postes, non?
M. Garon: Non. Il n'est pas directeur général.
À SOQUIA, il y a un président et il y a un vice-président
qui est directeur général.
M. Mathieu: Excusez, M. Marier est président?
M. Garon: Président, c'est cela.
M. Mathieu: Très bien.
M. Dubois: Est-ce que vos fonctions vous amènent à
être plus souvent à la raffinerie qu'à SOQUIA?
M. Garon: Parfois, dans une semaine, deux jours à
Québec pour la SOQUIA et trois jours pour la raffinerie. La semaine
suivante, cela peut être l'inverse. Cela peut être une semaine
entière pour la raffinerie, la semaine suivante. Mais, en gros, l'on
peut dire que M. Marier répartit son temps environ également
entre les deux entreprises.
M. Houde: Le salaire est payé par qui?
M. Garon: Moitié-moitié.
M. Houde: Moitié-moitié. Il est payé par la
raffinerie et il envoie son compte à SOQUIA pour la moitié.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Mathieu:
Adopté, M. le Président. Le Président (M. Boucher):
L'article 10?
M. Garon: "La rémunération et les autres conditions
d'exercice des fonctions du président-directeur général
sont établies par un contrat qui le lie à la
Société. Ce contrat n'a d'effet que s'il est ratifié par
le gouvernement." (20 h 45)
Le Président (M. Boucher): Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 11?
M. Garon: "Le gouvernement fixe le traitement et, s'il y a lieu,
les honoraires, les allocations ou le traitement additionnel des membres du
conseil d'administration autres que le président, de même que les
indemnités auxquelles ils ont droit."
M. Mathieu: C'est régulier cela, si je comprends bien.
M. Garon: Oui. Il n'y a rien de spécial. Le
Président (M. Boucher): Adopté.
Article 12.
M. Garon: 12 non plus. Il s'agit des conflits
d'intérêts possibles des membres du conseil d'administration et ce
qui doit être fait dans ces cas-là. Il s'agit de
révéler ces intérêts.
M. Dubois: II n'y a personne qui produit des betteraves à
sucre dans les membres du conseil d'administration.
M. Garon: II n'y en a pas actuellement. Ce n'est pas impossible
qu'il y en ait, mais...
M. Dubois: C'est une question que je pose...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Je m'excuse de revenir à l'article 11, mais
c'est juste une information que je veux avoir. Je vois cela dans plusieurs
lois; on dit: "Le gouvernement fixe le traitement et, s'il y a lieu, les
honoraires, les allocations ou le traitement additionnel..." Dans le cas du
traitement et des honoraires, quelle est la différence? Qu'est-ce que le
mot "traitement" signifie et qu'est-ce qu'honoraires veut dire? Ce ne sont pas
les dépenses.
M. Garon: La formule qui s'en vient de plus en plus, c'est un
montant de base; disons 2000 $ par année ou 3000 $ plus un per diem. Il
est très difficile d'évaluer... Quelqu'un, par exemple, qui est
à la raffinerie, à un conseil d'administration, passe du temps
à la raffinerie aux séances du conseil d'administration. À
ce moment-là, c'est un per diem ou une allocation quotidienne, mais il
passe aussi du temps qui est difficile à quantifier. Avant d'arriver
à une réunion du conseil d'administration, il doit lire les
dossiers, se préparer à une réunion, s'intéresser
à la question, lire des articles là-dessus ou recevoir de la
documentation sur la raffinerie ou les questions qui concernent le sucre, par
exemple. La formule vers laquelle on a évolué au
ministère, c'est un montant de base et, selon le genre de travail qu'il
y a à faire - si on compare les assurances agricoles et la raffinerie,
ce ne sont pas les mêmes montants, parce que ce n'est pas le même
genre de travail - c'est un montant de base par année plus des per diem.
Autrement, si vous avez seulement des per diem... J'ai vu des entreprises,
quand je suis arrivé au ministère, par exemple, qui avaient peu
de réunions et un montant annuel qui était assez
considérable. Maintenant, ce qu'on a fait, c'est plutôt un
mélange des deux. C'est la formule qui m'apparaît la plus
équitable.
M. Dubois: Une fois qu'une personne est assurée d'un
salaire de base annuellement, si elle n'a pas de per diem, elle est beaucoup
moins intéressée à participer fréquemment.
M. Garon: C'est la formule qui est la plus équitable. Ce
n'est pas nécessairement celle qui coûte le plus cher. J'ai
remarqué que, pour plusieurs organismes, il nous en coûte moins
cher que d'avoir un montant forfaitaire pour toute l'année.
M. Mathieu: Juste un renseignement, M. le Président,
à la première ligne de l'article 12: "Un membre du conseil
d'administration, autre que le président, qui a un intérêt
direct ou indirect..." Est-ce que cela veut dire que les membres du conseil
d'administration n'ont pas le droit d'avoir d'intérêt et que le
président en aurait le droit?
M. Garon: Non. C'est que...
M. Mathieu: ... dans une entreprise...
M. Garon: Non, c'est marqué en bas, deuxième
paragraphe, en ce qui concerne le président général. "Le
président-directeur général et les autres officiers ou
employés de la Société ne peuvent, sous peine de
déchéance de leur charge, avoir un intérêt direct ou
indirect dans une entreprise mettant en conflit cet intérêt et
celui de la Société." C'est plus sévère pour le
président-directeur général qui est
considéré, même si ce n'est pas marqué dans la loi,
être à plein temps... On ne l'a pas mis. Pour le cas de M. Marier,
qui est aux deux endroits, normalement, on peut penser qu'un président
pourrait être à temps plein. Alors, c'est évident...
M. Mathieu: Ce n'est pas parce que je m'en prends à M.
Marier. Ce n'est pas cela du tout, c'est juste parce que je voulais un
éclaircissement. Il y a une légère différence entre
les deux alinéas.
M. Garon: Oui. C'est plus sévère pour quelqu'un qui
est un employé permanent ou quasi permanent de la raffinerie et
quelqu'un qui fait partie du conseil d'administration. Il est évident
que celui-ci peut dénoncer son intérêt et ne pas voter sur
cette question-là. Il peut dire: Moi, j'ai un intérêt.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 13?
M. Garon: Article 13, c'est le quorum. C'est standard aussi.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Article 14?
M. Garon: Article 14 couvre les procès-verbaux et c'est
standard.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 15?
M. Garon: L'article 15 concerne le secrétaire, et
là aussi on trouve cela assez régulièrement dans les
sociétés d'État. "Le secrétaire ainsi que les
autres officiers et employés de la Société sont
nommés et rémunérés d'après les effectifs,
normes et barèmes établis par règlement de la
Société". Plus loin, je pense, on dit qu'ils peuvent être
approuvés par le gouvernement.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 16?
Financement
M. Garon: C'est le financement, le fonds autorisé. Il ne
s'agit pas d'émissions du fonds mais c'est l'autorisation de fonds: Le
gouvernement pourra autoriser jusqu'à 50 000 000 $, divisés en
500 000 actions ordinaires d'une valeur de 100 $ chacune.
M. Mathieu: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
M. Garon: Vous n'êtes pas d'accord là-dessus?
M. Mathieu: Je n'entreprendrai pas de débat.
M. Garon: Vous faites une erreur. M. Mathieu: Pardon?
M. Garon: Vous faites une erreur d'adopter ça sur
division.
Une voix: C'est un tic.
M. Garon: Les autres vous les avez adoptés, mais
celui-là...
M. Mathieu: Un instant. J'ai adopté l'article 4 sur
division.
M. Garon: L'article 4.
M. Mathieu: L'article 4. C'est parce que je ne veux pas soulever
de débat qui va être très long puisque ça ne
changera rien
dans votre...
M. Garon: Non, mais je vous dis que pour les deux, c'est une
erreur.
M. Mathieu: Les gens qui ne font jamais d'erreur, il paraît
que leur vie en est une.
Le Président (M. Boucher): Article 17?
M. Garon: Je vous le rappellerai d'ailleurs.
M. Mathieu: C'est d'accord.
M. Garon: Vous allez voir à quel moment. Je pense bien
pouvoir le faire avant les prochaines élections.
M. Mathieu: Je me fie à vous.
M. Dubois: Vous n'aurez pas le temps de le faire.
M. Garon: Pourquoi?
M. Dubois: Vous ne serez plus là.
M. Garon: Pourquoi je ne serai plus là?
M. Mathieu: II a dit avant les prochaines élections, il
n'a pas dit après.
Le Président (M. Boucher): Article 17, s'il vous
plaît!
M. Garon: L'article 17 dit que les actions appartiennent au
ministre des Finances.
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 18?
M. Garon: 18, c'est essentiellement une partie du financement. La
première partie, c'est 20 000 actions qui viennent des avances des 2 000
000 $ de 1943.
M. Mathieu: D'accord.
M. Garon: Alors, ces 2 000 000 $ qui étaient une avance
sont transformés en actions, et par la suite, ce sont les
bénéfices non répartis, le 31 mars 1982, qui atteignaient
11 010 000 $ et qui sont transformés en actions, 110 000 actions qui
vont faire partie du capital social.
M. Mathieu: Quelle partie de ces 110 000 provient des
bénéfices d'exploitation, et celle qui provient de
l'intérêt sur...
M. Garon: C'est une combinaison des deux.
M. Mathieu: Mais, est-ce que ça peut être
moitié-moitié...
M. Garon: Ce n'est pas possible de le dire parce que vous avez eu
des surplus au cours des années, et il y a eu des années
où il y a eu des déficits. Alors, les déficits ont
été pris à même quoi? À même les
profits ou les rendements sur les intérêts? Il était dit
que les surplus de la raffinerie iraient au fonds consolidé, mais dans
les faits, ils sont restés dans la raffinerie, de sorte que quand il y
avait des déficits, les fonds étaient pris à même
les surplus de la raffinerie. Il n'y a pas eu de subventions à la
raffinerie depuis 1973. Dans le passé, il y en a eu, mais depuis 1973,
il n'y en a pas eu. Il y a eu des années de profits, des années
de pertes mais qui se sont payées à même les surplus non
répartis. Alors, il est difficile de dire véritablement si
ça vient des profits. Il y a des profits qui rapportaient des
intérêts...
M. Mathieu: Est-il exact de dire que les profits provenaient
surtout du cycle dans le sucre? Il y a des années où le prix
était très haut, et d'autres années où le prix
était très bas, et les années où le prix
était haut étaient des années de grands
bénéfices pour la société?
M. Garon: C'est un peu la même chose pour tous les produits
agricoles. Le prix de base du porc était hier à 94 cents les 100
livres, alors qu'il y a deux ans, il a baissé en bas de 50 cents, je
pense.
M. Mathieu: Vos abattoirs ont de la misère à 94
cents.
M. Garon: Cela peut être très temporaire.
M. Mathieu: Nous le souhaitons tous, M. le Président.
M. Garon: Par ailleurs, vous allez me dire, si on est trop
agressif, qu'on enlève les porcs des autres. Il n'est pas dit que ce
n'est pas cela qui arrivera.
Le Président (M. Boucher): L'article 18 est
adopté?
M. Mathieu: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Sur division. Article 19?
M. Garon: À ce moment-là, ce seront les abattoirs
de la Beauce qui marcheront moins.
M. Houde: M. le Président, ramenez à l'ordre le
ministre pour ne pas qu'il dérive, pour que l'on reste
là-dedans.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, article 19.
Article 19, s'il vous plaît?
M. Houde: Nous n'allons parler que de cela toute la
veillée.
M. Garon: À l'article 19, il s'agit des montants
additionnels, comme il s'agit d'un projet en cours, c'est évident que
dans la construction actuelle, on a d'abord affecté de l'argent qui
était déjà dans la raffinerie pour faire le projet. Il y a
eu également du financement. Maintenant, on prévoit pour d'autres
phases de construction qu'il y aura deux montants statutaires, en 1983-84, 9
000 000 $; en 1984-85, 9 000 000 $; en 1985-86, 3 000 000 $.
M. Mathieu: Avec ces sommes-là, est-ce que le ministre
pourrait nous certifier que les travaux ne dépasseront pas les montants
prévus dans la capitalisation?
M. Garon: On ne peut pas comparer les deux, parce que ce n'est
pas ainsi que c'est financé. Non seulement il y a un fonds, un avoir
propre de la raffinerie qui est là...
M. Mathieu: Qui sert...
M. Garon: ... mais qui permet de faire des emprunts,
également. Ce que l'on veut, essentiellement, c'est que dans son
financement, la raffinerie soit dans la situation d'une entreprise normale.
C'est pour cela qu'actuellement dans les travaux que nous avons faits sur le
financement de la raffinerie, dans nos discussions avec le ministre des
Finances, par exemple, on essaie de déterminer une entreprise normale,
qui serait une entreprise privée dans un cas comme celui-là. Son
rapport dette-équité serait dans quelle proportion? Ce que l'on
voudrait c'est que la raffinerie ait en équité ce qu'une
entreprise aurait normalement, ce qu'elle aurait aussi au point de vue passif,
ce qu'une entreprise de cet ordre-là, dans une situation comme la
Raffinerie de sucre du Québec, aurait normalement, afin que, dans le
coût de production, on ait des coûts normaux.
M. Dubois: De toute façon, le pourvoyeur de fonds, c'est
le ministre des Finances.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Cela ne va pas sur le marché.
M. Garon: Excepté que si vous financez... Je comprends ce
que le député de Beauce-Sud veut dire. Si la raffinerie est
financée entièrement par le gouvernement, sous forme d'actions,
à ce moment-là, c'est du financement qui ne paie pas
d'intérêt. Mais, ce n'est pas la réalité du
financement d'une entreprise, normalement. Je vous dis ce que l'on veut faire
exactement, c'est de faire du financement qu'une entreprise ferait normalement,
d'avoir un rapport équité-dette normal.
M. Mathieu: Etant donné que le projet a subi diverses
étapes - hier, j'avais des coupures de différents journaux, cela
commençait à 18 000 000 $, 29 000 000 $, 35 000 000 $, 43 000 000
$, 55 000 000 $ si je me rappelle bien, en tout cas, je ne suis pas très
précis dans mes chiffres - est-ce que le ministre peut nous dire,
maintenant, quand on parle d'un projet d'environ 55 000 000 $, si cela conduira
à la fin des travaux prévus, ou si on se rendra à 75 000
000 $?
M. Garon: Ce que l'on prévoit, c'est que ce sera un projet
de 53 500 000 $, cela pourrait bien être de 55 000 000 $, mais ce sera de
cet ordre-là.
M. Mathieu: C'est parce que cela a augmenté, comment
expliquez-vous cela? (21 heures)
M. Garon: Le projet actuel, à moins qu'on ne fasse des
changements, mais il n'y a pas de changements prévus
immédiatement, n'est plus le même projet que le projet initial. Le
projet que nous avons annoncé, à un moment donné, le
premier projet, je ne me rappelle plus le montant, en tout cas...
C'était le projet 3600 tonnes par jour, ensuite, nous avons accru le
projet à 5080 tonnes, je pense, par jour. Mais, c'est évident que
les frais de financement ont coûté plus cher qu'on ne l'avait
prévu. Quand on a annoncé le projet et commencé à
le réaliser, en 1978 et 1979, les taux d'intérêt du
marché étaient de 11% ou 12%; encore au mois d'avril 1981,
c'était 14%, mais qu'en juillet 1981 le taux soit à 23% personne
ne pouvait anticiper cette hausse. Comme je l'ai dit dans mon discours de
deuxième lecture, nos frais de financement ont été de 3
900 000 $ plus élevés en intérêts. Il y a un montant
que j'ai dit qu'on n'avait pas prévu et qu'on a ajouté, soit 1
000 000 $ pour le rodage. Pour le rodage de l'entreprise, on a maintenant
prévu 1 000 000 $. Cela n'avait pas été prévu au
point de départ; on aurait dû le prévoir, mais on ne
l'avait pas prévu dans la planification.
Actuellement, les contrats sont attribués et le président
de la raffinerie me souligne qu'il en reste pour 500 000 $ à
attribuer maintenant. Donc, on sait à quels coûts on
fonctionne actuellement.
M. Mathieu: Alors, vous êtes en mesure de nous assurer que
ça ne dépassera pas, disons, 55 000 000 $, pour se rendre
à 75 000 000 $.
M. Garon: On ne s'attend pas que ça dépasse 55 000
000 $.
M. Dubois: Est-ce que les contrats ont toujours été
donnés...
M. Garon: Ce qui nous a le plus pénalisé - je vous
l'ai dit aussi - c'est ceci. Le MEER devait nous donner une subvention à
l'automne 1979. Il y a eu des élections, mais on nous avait garanti une
réponse à la fin de novembre et les travaux devaient commencer
à la mi-janvier. Or, vous savez que, si on commence les travaux avant
d'avoir eu l'accord du MEER, on n'a pas de subvention. Comme il s'agissait d'un
montant de 6 700 000 $, on a attendu. Après ça, on nous a dit que
ce serait au mois de décembre et, quand les élections ont
été déclenchées, les hauts fonctionnaires m'ont dit
en riant: Vous ne l'aurez pas avant le 19 février. Les élections
fédérales ont eu lieu le 18 février 1980, si ma
mémoire est bonne.
M. Mathieu: Bonne date, vous avez une bonne mémoire:
M. Garon: Je me souviens qu'un très haut fonctionnaire du
ministère de l'Agriculture fédéral m'a dit en riant une
fois - le ministre de l'Agriculture du Canada, M. Wise, qui ne parlait pas le
français, était juste à côté - Vous n'aurez
pas de réponse avant le 19 février. C'est bien connu qu'à
Ottawa il n'y a pas un seul haut fonctionnaire qui n'est pas un libéral
militant.
M. Mathieu: Est-ce que c'étaient des conservateurs?
M. Garon: Je vais vous dire une chose, si M. Clark veut prendre
le pouvoir au Canada, il devra changer tous ses sous-ministres, à mon
avis.
M. Mathieu: C'est pour ça que vous voulez y aller.
M. Garon: ... parce qu'il ne mènera pas.
M. Dubois: En tout cas...
M. Garon: C'est-à-dire qu'au Québec les
fonctionnaires ne sont pas politisés comme à Ottawa.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît:
M. Mathieu: Vous allez changer ça rendu à Ottawa,
vous?
Le Président (M. Boucher): On s'éloigne du sujet.
M. le député de Beauce-Sud, est-ce que...
M. Garon: Non, j'ai travaillé avec beaucoup de
fonctionnaires au Québec, dont je ne connais pas l'allégeance
politique, beaucoup de fonctionnaires qui d'ailleurs étaient là,
mais, à Ottawa, je n'en connais pas un seul qui ne soit pas
libéral militant.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, l'heure est en
train de passer.
M. Houde: Ne commencez pas à nous conter des menteries ce
soir!
M. Mathieu: II dit ça sans rire!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Est-ce que les travaux exécutés
jusqu'à maintenant l'ont été à la suite d'appels
d'offres publiques ou s'ils ont été décidés en
régie?
M. Garon: Tous les contrats ont été accordés
à la suite d'appels d'offres, sauf un en régie, le
stationnement.
M. Dubois: On a eu vent de beaucoup de mauvaises
décisions, beaucoup de dépenses qui n'auraient pas dû
exister. En tout cas, je vous dis ce qui circule comme rumeur, c'est pour
ça que je vous pose la question: Est-ce que ce furent des travaux en
régie ou des travaux exécutés à la suite d'appels
d'offres? J'ai la réponse, d'accord.
M. Garon: II est évident que je ne suis pas au courant
dans le détail de tout ce qui se passe à la raffinerie, mais tout
ce dont j'ai été tenu au courant m'a indiqué qu'on a
fonctionné selon les échéanciers, avec une surveillance
rigide des travaux et avec une préoccupation de contrôle des
coûts. Je sais qu'il y a des gens dont les contrats... Dans les contrats,
il y avait un contrôle des coûts très rigide. Je peux vous
dire, quand on a travaillé à ces projets, M. Marier et moi,
qu'une des conditions qui a toujours été respectée entre
nous, c'était un contrôle des coûts très
sévère. On avait cette préoccupation que le projet se
réalise dans le cadre des coûts anticipés.
Évidemment, il y a des coûts exceptionnels. Personne ne pouvait
prévoir les taux d'intérêt qui ont augmenté.
M. Dubois: Je comprends très bien cela. Quand vous vous
êtes engagés dans les travaux, c'était pour une
capacité de 3600 tonnes par jour, n'est-ce pas? Quand vous avez
décidé d'aller vers 5000 tonnes par jour ou à peu
près, il y avait déjà des travaux d'exécutés
pour une capacité de 3600 tonnes. Est-ce que cela a apporté des
modifications aux premiers travaux exécutés? Est-ce que des
équipements ont dû être remplacés, qui ne pouvaient
suffire à une capacité de 5000 tonnes, mais qui auraient pu
servir pour 3600 tonnes?
M. Garon: Je pense que c'est plutôt l'inverse. Il y a des
équipements qui ne devaient plus servir et on s'est rendu compte qu'ils
étaient moins détériorés qu'on l'avait
estimé.
M. Dubois: Je parle de la capacité. M. Garon: Oui.
M. Dubois: Au tout début, c'était pour une
capacité de 3600 tonnes.
M. Garon: 3600 tonnes.
M. Dubois: Les équipements étaient faits pour 3600
tonnes. Quand vous êtes allés vers 5000 tonnes, est-ce qu'il y
avait des équipements qui étaient déjà en place,
mais qui ne pouvaient plus servir pour une capacité
supérieure?
M. Garon: II n'y a pas eu de changement dans l'installation de
l'équipement; il y a eu renforcement des structures parce que, par une
addition d'équipement, cela demandait une structure plus forte pour
supporter des équipements plus lourds. Il y a eu ajout
d'équipement, mais non pas enlèvement d'équipement.
M. Dubois: D'accord, M. le Président. Le Président
(M. Boucher): Adopté?
M. Garon: Mais je peux vous dire une chose. M. Marier, en cours
de route, avec son équipe - je ne sais pas à qui en attribuer le
mérite - ont fait des cheminements critiques, souvent. Ils ne
regardaient pas béatement en disant: On est content de ce qu'on fait.
Ils critiquaient ce qu'ils faisaient. Je sais même qu'à un moment
donné - et j'ai trouvé cela très intelligent - M. Marier
m'a raconté qu'il a engagé un monsieur qui avait travaillé
dans des raffineries. Il avait engagé un ingénieur pendant une
brève période, dans une perspective critique, un homme qui avait
travaillé dans un grand nombre de raffineries, pour qu'il regarde ce qui
était fait et s'il y avait des choses qu'il pensait devoir faire
différemment ou qui pourraient être améliorées. Cela
a été bénéfique, il y a eu de bonnes idées
d'apportées. Ce que j'ai vu comme comportement dans ce projet, c'est une
tentative constante d'amélioration du projet. C'est pour cela qu'en
cours de route, il a été amélioré constamment.
M. Mathieu: Mais il y a eu une décision majeure pour faire
passer de 3600 tonnes/jour à 5000 tonnes.
M. Garon: Oui et c'est très heureux, au fond. Si on a une
capacité de 50% plus grande à un coût de 8 000 000 $
additionnels qui représentaient à ce moment à peu
près 22,5%.
M. Mathieu: Est-ce que vous allez avoir l'achalandage pour le
faire marcher, en termes de betteraves, par exemple? J'imagine que votre
denrée première, c'est la betterave. C'est comme un abattoir qui
peut abattre 8000 carcasses par semaine; s'il en a seulement 3000, il va
être déficitaire, ce ne sera pas rentable. Je ne condamne pas le
projet en disant cela, je voudrais avoir l'éclaircissement. Autrement
dit, vous allez passer 5000 tonnes par jour. Par contre, il va falloir que vous
ayez un champ pour la passer là. Vous allez avoir le volume pour, c'est
cela que je veux dire.
M. Garon: Évidemment, cette année -on va le voir un
peu plus tard - la température a été très
défavorable. Aussi, quand on est en cours de projet, un des
problèmes est d'augmenter la production en même temps qu'on
augmente la capacité. Je me rappelle avoir parlé, des fois, avec
les gens de la raffinerie, leur disant: Je vous trouve plutôt
conservateurs, moi, j'aurais tendance à augmenter la production plus
vite. Ils ont dit oui mais, par ailleurs, si on augmente trop la production et
si on n'a pas les capacités pour la traiter, on va rester collé
avec cela. Il y a toujours une marge de manoeuvre qui est difficile à
évaluer qui est le rendement de la température. Il y a un
rendement dans la production de betterave qui est dû à la
température. Est-ce que ça va être plus ou moins? Ce qui
arrive, c'est que passée la période de la campagne de 100 jours,
le contenu en sucre dans les betteraves diminue, alors votre marge de manoeuvre
n'est pas complète. Si vous dépassez 100 jours, si vous avez trop
de betterave, vous allez pouvoir les traiter, mais le pourcentage de sucre que
vous allez extraire de la betterave va diminuer. C'est tout ça qu'il
faut doser. Il ne s'agit pas d'une construction neuve qu'on fait quand il n'y a
pas de production en même temps. C'est une production de betterave qui
augmente en même temps que la capacité de la raffinerie augmente.
Je pense qu'on a essayé de tirer
notre épingle du jeu, au cours de l'augmentation, au maximum. Par
exemple, il y a eu une pluie, avant-hier. Si on n'avait pas eu de pluie, on
aurait eu beaucoup de perte, mais il y a eu une pluie bienfaisante, avant-hier.
On saura un peu plus tard, la semaine prochaine on va pouvoir établir la
production de la raffinerie.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, le ministre est en train de
parler de teneur en sucre. Je prends le rapport de la raffinerie pour
l'année 1981, à la page 8, je vais vous le montrer, M. Marier. On
dit ici, dans un tableau: Sucre extrait en kilogrammes de sucre brut par tonne
de betterave. En mai 1977, on avait 121,5; en 1978, 117,6; en 1979, 128,6; en
1980, 115,4; et en 1981, 100,2 - page 8, M. le ministre. Cela pique ma
curiosité. Je me demande comment il se fait que la teneur en sucre a
tendance à diminuer.
M. Garon: II ne diminue pas.
M. Mathieu: Regardez le tableau. On passe de 121,5, on monte
à 128, on descend à 100,2 en 1981. Est-ce que ce sont les
producteurs qui sèment...
M. Garon: Non.
M. Mathieu: ... une qualité inférieure?
M. Garon: La température varie. Vous vous rappelez qu'en
1979, cela a été une année exceptionnelle, extraordinaire.
Le rendement a été plus fort, en 1979. Vous vous rappelez qu'en
1980, il a plu. Moi je me rappelle, c'est l'année des Floralies et je
pense qu'au mois de juillet il a plu 20 jours sur 31, si ma mémoire est
bonne. Peut-être pas 24 heures par jour, mais il a plu beaucoup en 1980.
Cela a pu influencer le rendement. En 1981, il a plu aussi.
M. Mathieu: La teneur visée, ce serait quoi? La teneur
idéale? (21 h 15)
M. Garon: II faut la combinaison des deux. Il y a eu une
augmentation permanente, sauf en 1981, qui a été une année
désastreuse, mais si vous regardez le rendement en tonnes - il faut que
vous regardiez le rendement moyen en tonnes - de betterave à l'hectare
et le contenu ensuite des deux, cela vous donne le rendement moyen en
kilogrammes de sucre blanc à l'hectare. Vous voyez qu'il y a une
augmentation continuelle et cela impose des méthodes culturales en
partie. En 1977, le rendement a été de 4573 - c'est la colonne
d'en bas qu'il faut lire - en 1978, 4996; en 1979, 5839 et en 1980, 6356.
Là, il y a une mauvaise année de température, 4537, mais
il y a eu une augmentation constante chaque année.
M. Mathieu: Le rendement...
M. Dubois: II n'y a pas nécessairement plus de profits aux
producteurs, parce qu'ils transportent plus de betteraves et ils transportent
moins de sucre.
M. Garon: Cela dépend si cela se produit à
plusieurs endroits. Si cela se produit à plusieurs endroits et qu'il y a
une mauvaise température, le prix peut être meilleur et cela peut
être aussi rentable au cours d'une année où il n'y a pas eu
beaucoup de sucre qu'au cours d'une année où il y en a eu
beaucoup.
M. Mathieu: Quelle serait la moyenne idéale, si vous
comparez...
M. Garon: Le maximum partout.
M. Mathieu: Je comprends, mais si vous comparez à d'autres
États où on en produit, par exemple, le sucre extrait en
kilogrammes de sucre brut par tonne de betterave, pour faire les études
de rentabilité, vous avez dû prévoir cela un peu.
M. Garon: On pourrait avoir 525 kilos à la tonne. C'est
assez élevé.
M. Mathieu: Est-ce comparable aux autres États des
États-Unis qui produisent de la betterave? C'est pour savoir, en
définitive, si on a le climat qui permet de produire à...
M. Garon: Je n'ai pas apporté le gros rapport. On l'a dans
le gros rapport. M. Reid va vous le dire. Il est l'expert sur le plan agricole.
Ce qui nous mélange un peu, c'est qu'à l'Ouest, ils sont encore
sur les tonnes courtes et nous sommes au système métrique.
M. Dubois: Parlez-nous en livres, pour voir.
M. Garon: II ne va pas parler en tonnes métriques, mais en
tonnes courtes. Au Manitoba, la moyenne est d'environ quinze tonnes courtes
à l'acre et la teneur en sucre est de 125 kilos par tonne de betterave.
Oui, c'est cela. 125 par tonne métrique. Non, non, par tonne courte.
Excusez-moi, parce qu'on parle en tonne courte.
M. Houde: Une tonne courte, c'est quoi?
M. Garon: 2000 livres.
M. Houde: Ah! C'est 2000. Nous autres, c'est 2200. Donc, ce n'est
pas facile.
M. Garon: Oui, c'est cela.
M. Houde: Cela fait seulement une tonne.
M. Garon: Notre moyenne des sept dernières années
est de 132 kilos avec une moyenne de 48 tonnes métriques à
l'hectare, ce qui donne environ 20 tonnes métriques. Cela donne 21
tonnes courtes.
M. Houde: Les provinces de l'Ouest et le Québec... Y
a-t-il plus de sucre dans une tonne dans les provinces de l'Ouest qu'au
Québec?
M. Garon: Oui, à cause, justement, du climat du
Manitoba...
M. Houde: Ah, bon! C'est cela.
M. Garon: ... qui est sec. Il n'y a pas beaucoup de pluie et cela
donne des betteraves plus sucrées avec un terrage. Par contre, en
Alberta, toutes les betteraves sont faites sous irrigation. S'ils n'irriguaient
pas, ils ne pourraient pas faire de betterave. Donc, ils peuvent
contrôler les précipitations.
M. Houde: Oui, mais si on regarde les...
M. Garon: À ce moment-là, si vous regardez les
chiffres de l'Alberta, le pourcentage de sucre est à peu près le
même qu'au Québec et le tonnage s'en vient nous rejoindre. Il y a
quinze ans, il était environ à 18 tonnes, mais je sais qu'il a
augmenté depuis ce temps. Je n'ai pas les derniers chiffres.
M. Houde: Si on prend une terre drainée au Manitoba et une
terre drainée au Québec, vous dites qu'il n'y a pas de
différence en tonnes de sucre.
M. Garon: Oui, oui. L'irrigation...
M. Houde: Oui, excusez-moi, l'irrigation.
M. Garon: Ici, ce qui nous dérange, c'est justement les
années où il y a beaucoup de pluie. Vous me posiez la question
tout à l'heure. En 1981, au mois de juin, on a eu des betteraves qui
étaient inondées. On ne voyait plus les betteraves dans le
champ.
M. Houde: Oui.
M. Garon: Une journée, on a eu quatre pouces d'eau. Cela a
retardé la pousse de la betterave pendant trois semaines. Dans l'Ouest,
je le répète, au Manitoba, le climat est sec. Il n'est pas
question de drainage, surtout que les betteraves sont produites au sud de
Winnipeg où c'est beaucoup plus sec. Même le pétrole peut
donner un goût d'huile aux betteraves.
M. Mathieu: On veut garder nos ministres. Pour établir une
rentabilité d'après les chiffres que vous venez de donner,
j'imagine qu'on a fait des études de rentabilité au moment
où les travaux de la raffinerie ont été entrepris.
Avez-vous fait un calcul pour connaître le rendement, par exemple, en
moyenne à l'acre?
M. Garon: On ne peut pas faire cela comme cela. L'un des revenus
importants, c'est le sucre, mais il n'y a pas seulement le sucre. Je vous l'ai
dit dans le discours de deuxième lecture, il y a la pulpe, il y a la
mélasse, il y a...
M. Mathieu: ... le sable aussi.
M. Garon: ... la terre, les écumes pour faire le calcium
devant être utilisé. Ce sont tous des sous-produits, selon que
vous les utilisez ou non. Alors, on se compare aux raffineries de sucre
nord-américaines, en termes de rendement. Les chiffres du Michigan et
les nôtres, c'est un peu... Maintenant, pour donner une explication en
réponse à votre question, quand on augmente une production, c'est
normal que cela arrive de cette façon. En Europe, depuis mettons 20 ans,
ils ont beaucoup augmenté leur superficie, cela a pris du temps aussi
pour qu'ils arrivent là où ils en sont maintenant. Nous nous
sommes dit: On va attendre que les variétés, les méthodes
se développent. C'est un peu normal que cela arrive comme cela.
M. Houde: Cela veut dire qu'entre le Québec et le
Manitoba, d'après vous, il y aurait 15 livres de différence
à la tonne.
M. Garon: Oui et on a plus de betteraves à l'acre.
À la tonne, mais on a plus de tonnes qu'eux à l'acre. Comme on a
plus de rendement en sucre dans la région de Québec que dans la
région de Saint-Hyacinthe, dans une tonne de betteraves...
Le Président (M. Boucher): Bon, alors l'article 19 est
adopté?
M. Mathieu: Cela serait bon pour notre sirop d'érable.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: En me basant sur les documents que vous nous avez
fournis, je
m'aperçois qu'il y a environ 24 contrats qui ne sont pas encore
alloués, 24 travaux à venir d'une valeur que je n'ai pas
vérifiée. Il y a des contrats qui ont été
octroyés à différentes firmes...
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Plusieurs contrats ont été
octroyés à différentes firmes et je remarque qu'il y a
environ 24 contrats à venir ou 24 travaux à exécuter,
selon la liste que vous nous avez fournie. Ce sont vos documents.
M. Garon: Je n'ai pas fourni de document sur la raffinerie.
M. Dubois: Pardon? Ce sont des documents qui viennent de votre
ministère. C'est tout à fait normal, c'est dans l'ordre des
choses. Cela a été fourni par le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: Montrez donc pour voir. On ne devait pas les remettre
parce que ce n'était pas prévu dans le budget.
M. Dubois: Non, c'est pour cela que je voulais demander ceci:
S'il y a 24 travaux à venir, est-ce que ce sont des travaux pour deux ou
trois ans ou...? Il y en a déjà une quinzaine
d'exécutés?
M. Garon: ... qui ont été attribués. Sur les
24 qui restaient, il y en a une bonne quinzaine... Il n'en reste pas plus
qu'une dizaine à attribuer encore.
M. Dubois: Pour cette année seulement?
M. Garon: Oui, parce que...
M. Dubois: Ah! C'est dans le...
M. Garon: ... notre échéance, c'est le...
M. Dubois: ... courte échéance.
M. Garon: ... 15 août. Pour le reste, ce sont plutôt
des petits contrats de finition que des gros contrats.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 19 est-il
adopté?
M. Mathieu: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 20?
M. Mathieu: L'article 20, c'est juste un renseignement. Pourquoi
16 000 000 $ au lieu de 20 000 000 $, au lieu de 14 000 000 $? C'est une
question que je me pose.
M. Garon: On aurait bien pu dire: capital autorisé, 47 000
000 $. De toute façon, pour obtenir les fonds, il faut retourner au
Conseil des ministres et au Conseil du trésor et faire tout le
processus. Alors, on a laissé: capital autorisé non
affecté de 16 000 000 $ pour des sous-projets qui peuvent survenir; par
exemple, j'en ai mentionné un. Il y a un surplus d'eau chaude, on va
essayer de l'utiliser; qu'est-ce qu'on va faire avec l'eau chaude? On peut
faire différents projets avec l'eau chaude. Si on décide de tel
projet plutôt que tel autre, il y a différents hypothèses
qui sont regardées. Si on décide de tel projet plutôt que
tel autre, si tel projet coûte 1 000 000 $ de plus ou 500 000 $ ou 2 000
000 $ de plus, on va demander l'autorisation pour réaliser ce projet,
pour utiliser cette eau chaude.
M. Mathieu: Vous n'avez pas de prévisions pour les 16 000
000 $. Ce qui m'étonnait, c'était pourquoi pas 14 000 000 $?
Pourquoi pas 20 000 000 $? Je comprends, mais c'est parce que...
M. Garon: Je vous le dis. C'était en chiffres ronds. Si on
avait dit 16 000 000 $, si on avait dit 40 000 000 $, il aurait fallu amender
la loi pas longtemps après, si on a un projet qui démarre... On a
différents types de projet dans l'esprit actuellement et qui ne sont pas
assez avancés pour... Mais il y a des sous-projets assez
intéressants.
M. Mathieu: Vous ne pouvez pas nous faire des confidences.
M. Garon: Non, il faut se garder des inaugurations.
M. Mathieu: Vous ne nous invitez pas souvent aux
inaugurations.
M. Garon: Pardon!
M. Mathieu: Vous ne nous invitez pas souvent aux
inaugurations.
M. Garon: On veut que ce soit une journée joyeuse,
l'inauguration.
M. Mathieu: Oui, on se verra aux services, aux
funérailles.
Le Président (M. Boucher): Alors, est-ce que l'article 20
est adopté?
M. Mathieu: Sur division, mais j'aurais un autre renseignement
à demander. C'est parce qu'on ne le sait pas, c'est un chèque en
blanc qu'on leur donne, on ne sait pas ce qu'ils vont faire, le ministre garde
ses
secrets pour lui.
M. Garon: Ce n'est pas déterminé, à ce
moment-ci.
M. Mathieu: Alors, il y a des secrets qui mijotent.
M. Garon: Non, c'est que, quand le projet... C'est comme un
capital dans une société d'État; un capital
autorisé, ça ne veut pas dire... Même l'entreprise
privée fait la même chose.
M. Mathieu: Mais quand c'est le gouvernement.
M. Garon: Quand vous formez une compagnie de notaires, est-ce que
vous avez un capital autorisé uniquement pour ce dont elle a besoin
immédiatement, lorsque vous la formez?
M. Mathieu: Avec de nouvelles règles, on prend un capital
illimité.
M. Garon: Vous voyez, c'est encore bien pire.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Article 21?
M. Mathieu: Un instant, M. le Président. Le MEER a
versé environ 6 000 000 $ de subvention, est-ce que le ministre a la
condescendance de leur remettre des actions pour ces 6 000 000 $?
M. Garon: II a promis qu'il la verserait. D'ailleurs, il nous a
donné le droit au premier projet; pour le deuxième, il n'a pas
voulu. Pour le deuxième agrandissement, il n'a pas voulu parce qu'on
avait déjà commencé la construction et il y a des gens qui
ont été mesquins là-dedans et qui ont donné des
avis défavorables parce qu'ils aimaient mieux que le Québec n'ait
pas d'argent. C'est pour cela...
M. Dubois: ... part du ministère de l'Agriculture du
Québec, il y a eu aussi des avis contraires.
M. Garon: Non.
M. Dubois: J'en ai vu un, je crois.
M. Garon: Non, essentiellement. C'est parce qu'ils ont dit: Vous
êtes déjà engagés dans le projet; comme vous
êtes déjà engagés, vous allez le faire de toute
façon; on ne mettra pas d'argent. Mais si cela avait été
l'entreprise privée, ils l'auraient mis, normalement.
M. Mathieu: Leur remettez-vous des actions?
M. Garon: Le MEER ne prend pas d'actions. C'est un programme
régulier de subventions qui est traité plus
sévèrement pour le Québec.
Le Président (M. Boucher): L'article 21,
adopté?
M. Mathieu: Oui, adopté. 20 sur division, 21
adopté.
Le Président (M. Boucher): D'accord. Article 22.
Pouvoirs spéciaux et conditions
d'exercice
M. Garon: Ce sont les autorisations que la société
doit obtenir du gouvernement pour faire certains actes, comme acquérir
ou détenir des actions, des parts ou des biens d'une entreprise
poursuivant les mêmes fins ou des fins similaires, contracter un emprunt
qui porte le total des sommes empruntées par elle et non encore
remboursées au-delà d'un montant déterminé par le
gouvernement.
Des voix: Adopté.
M. Garon: II s'agit d'un certain nombre de règles
que...
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 23?
M. Garon: "23. Les dividendes payés par la
Société sont déclarés par le gouvernement et non
par les administrateurs." Pourquoi? Le gouvernement possède toutes les
actions. (21 h 30)
M. Mathieu: Pourrait-il faire comme Hydro-Québec: les
taxer à un moment donné?
M. Garon: Ils sont déjà taxés. Ils sont
assujettis aux taxes de la province. Sur le plan municipal, on trouve que les
permis de construction coûtent cher. On s'est fait un peu exploiter. On
le pense. C'est cela qui arrive, et c'est vraiment choquant. Pour le permis de
construction, ils nous ont demandé 25 000 $. Quand une entreprise
gouvernementale s'en va à un endroit, tout le monde veut l'avoir, et une
fois qu'elle est rendue là, on pense parfois que c'est un citron qu'il
faut presser au maximum. Pour vous dire bien franchement un permis de
construction à 25 000 $, c'est un abus.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
Des voix: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
L'article 24?
M. Dubois: Cela reste tout de même dans les coffres
publics.
M. Garon: Non, mais je ne me ferai pas reprendre une
deuxième fois. S'il y a un autre projet d'agrandissement...
M. Dubois: Cela va être à Lévis.
M. Garon: ... je peux vous dire que les 25 000 $ vont avoir
coûté cher en péché, je vous en donne ma parole.
M. Dubois: Si la ville de Lévis vous demande 50 000 $ pour
un permis de construction, cela va être...
M. Garon: Si la municipalité veut se comporter comme ceci,
parfait.
M. Mathieu: Avez-vous assez de mémoire pour vous en
rappeler?
M. Garon: Une mémoire d'éléphant. Je ne vis
pas aussi vieux qu'un éléphant, mais j'ai la même
mémoire.
M. Mathieu: II y a juste Duplessis qui avait une telle
mémoire, semble-t-il. Seriez-vous un second Duplessis?
Le Président (M. Boucher): L'article 24?
Des voix: Adopté.
M. Mathieu: Nous allons l'adopter. Le ministre se garde le
pouvoir d'émettre des directives. On va se fier à son jugement,
M. le Président.
M. Garon: Je vais vous dire bien franchement qu'émettre
des directives, c'est souvent plus embarrassant qu'autre chose.
M. Mathieu: Adopté.
Comptes et rapports
Le Président (M. Boucher): Article 25?
M. Garon: C'est une règle standard que l'on trouve dans
les sociétés d'État.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
26?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Boucher): L'article 27? Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
28?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
29?
M. Mathieu: Adopté.
Dispositions diverses
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
30?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
31?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
32?
M. Mathieu: Adopté, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
33?
M. Mathieu: Adopté. Comme on reconduit le conseil qui est
là, il n'y a pas de problème là.
Le Président (M. Boucher): L'article 34? M. Mathieu:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
35?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
36?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
37?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Mathieu: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division.
M. Gagnon: M. le ministre, les explications que vous donnez
à l'article 37...
M. Mathieu: II se prépare à aller à
Ottawa.
M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: Le ministre se prépare à faire le saut
dans la politique fédérale.
M. Garon: Cela dépend. Si les chantiers maritimes de
Lévis se construisent ou ne se construisent pas, cela va avoir une
grosse influence.
M. Mathieu: Vous allez déplaire à vos amis les
conservateurs, à Ottawa.
M. Garon: Pourquoi?
Le Président (M. Boucher): Alors l'article 38,
adopté?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi no 63, Loi sur
la Raffinerie de sucre du Québec est adopté sans amendement, sur
division.
Je prierais le rapporteur de la commission, en l'occurrence, le
député de Saint-Hyacinthe, de faire rapport à
l'Assemblée nationale au nom des membres de la commission.
Je suspends la commission dix secondes avant de reprendre la
deuxième séance, parce qu'il va y avoir des rapports
différents.
(Suspension de la séance à 21 h 34)
(Reprise de la séance à 21 h 36)
Projet de loi no 76
Le Président (M. Boucher): Nous reprenons la séance
de la commission permanente de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation qui est réunie pour étudier le projet de loi
76.
M. Mathieu: Pourrais-je demander au ministre s'il accepterait que
l'on passe le projet de loi 64 immédiatement, pour qu'ensuite nous ayons
tout le temps voulu pour faire le projet de loi 76?
M. Houde: II sera moins long celui-là, il sera assez
rapide?
M. Mathieu: C'est parce que lui, il n'y a pas tellement de
difficultés, cela pourrait prendre 15 minutes, peut-être.
M. Garon: Le problème, c'est que les gens qui sont ici
sont des gens de la
Commission de protection du territoire agricole.
Des voix: Bonsoir.
M. Mathieu: Nous n'en avons peut-être pas besoin, M. le
ministre.
M. Garon: Ah oui!
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a consentement
à ce que l'ordre des projets de loi soit changé?
M. Garon: Cela nous compliquerait l'existence parce que,
actuellement, les gens qui travaillent au crédit agricole ne sont pas
ici, tandis que les gens de la protection du territoire agricole sont ici, ils
ont des rôles sur lesquels ils siègent, le président de la
commission a un rôle, il siège, comme c'est un tribunal
administratif, mais un tribunal quand même, ce serait plus
compliqué...
M. Mathieu: Ils ne siègent pas ce soir?
M. Garon: Non, mais ils siégeront demain et ils
siègent la semaine prochaine.
M. Houde: Ils se coucheront plus tard, ils feront comme nous
autres.
M. Mathieu: Vous n'avez pas l'air de nous faire confiance.
M. Houde: Ils se coucheront plus tard, ils feront comme nous
autres.
M. Mathieu: C'est parce que l'autre fois, nous avons
accommodé à...
M. Houde: ... par les chiffres...
Le Président (M. Boucher): Je dois m'en tenir à
l'ordre de la Chambre, puisqu'il n'y a pas consentement. Le projet de loi 76,
Loi modifiant la Loi sur la protection du territoire agricole. Les membres et
les intervenants sont les mêmes. Est-ce qu'il y a un autre
rapporteur?
M. Dupré: M. le député de Champlain.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, rapporteur. M. le ministre, vous voulez ajourner deux minutes?
M. Garon: Oui, suspendre deux minutes.
Le Président (M. Boucher): Suspension de deux minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 38)
(Reprise de la séance à 21 h 45)
Le Président (M. Boucher): J'appelle le projet de loi no
76. M. le ministre, voulez-vous faire des remarques préliminaires?
M. Garon: Je voudrais attendre le député de
Beauce-Sud parce qu'il...
Le Président (M. Boucher): Le député de
Beauce-Sud est revenu. On est prêt à commencer.
M. Garon: Je ne veux pas faire d'introduction
particulière. J'ai expliqué les amendements lorsque j'ai fait le
discours de deuxième lecture, alors je pourrais passer à
l'article 1.
Définitions
Le Président (M. Boucher): Article 1? M. Dubois: Oui, M.
le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je n'ai pas demandé la parole, j'ai dit qu'on
est prêt à étudier à l'article 1.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Dubois: Un instant, s'il vous plaît! J'aimerais que le
ministre nous explique à fond son article 1. D'après lui,
qu'est-ce qu'il change fondamentalement? Il apporte des restrictions, de toute
façon. M. le député de Beauce-Sud, étant
donné que vous êtes notaire, vous pourriez peut-être mieux
évaluer l'article 1.
M. Garon: Essentiellement, c'était pour clarifier
l'article pour ne pas qu'il y ait de chicane d'écoles de pensée
chez les notaires.
M. Mathieu: Quelle condescendance!
M. Garon: Dans l'aliénation, il y en a qui se posent des
questions - vous connaissez les grands débats théoriques qu'il y
a parfois, pas toujours théoriques mais souvent - au sujet des actes
translatifs ou déclaratifs de propriété. Parfois, c'est
clair mais on a indiqué qu'il s'agissait dans les deux cas
d'aliénation.
M. Mathieu: Le procès-verbal de bornage, est-ce que cela
entre là-dedans? Un jugement en reconnaissance judiciaire du droit de
propriété...
Le Président (M. Boucher): Pour le journal des
Débats, s'il vous plaît! M. le ministre.
M. Garon: Je vais le laisser expliquer par Me Blain.
Le Président (M. Boucher): Alors, M. Blain, si vous voulez
approcher le micro pour le journal des Débats.
M. Garon: Le problème c'est que certains
procès-verbaux de bornage, quoiqu'ils portent le titre de
procès-verbal de bornage, contiennent souvent des dispositions de
cession ou de transfert de propriété entre les
propriétaires riverins. Vous n'êtes pas sans savoir que, sous la
forme d'un procès-verbal de bornage, deux parties font souvent une
transaction sur leur propriété respective, l'un cédant
à l'autre la partie qui pourrait être la sienne, etc.
L'essentiel d'un procès-verbal de bornage, c'est de
déterminer de gré à gré entre deux
propriétaires où se trouve la ligne de division entre les deux
terres et, s'ils ne s'entendent pas, l'arpenteur le fait ou le juge le fait
à leur place. Théoriquement, ils reconnaissent où est leur
propriété et ils ne cèdent rien, mais souvent, sous forme
de procès-verbal de bornage, même à la commission, on a vu
des échanges véritables de terrain ou des aliénations
véritables. Il faut qualifier le procès-verbal de bornage, mais
avec le terme "partage" ou "licitation volontaire". Même si le contrat ou
le papier notarié porte le titre de procès-verbal de bornage,
cela peut être un partage ou une licitation ou un transfert de
propriété, appelons-le comme vous voudrez.
M. Mathieu: Le procès-verbal de bornage ne sera pas un
acte notarié. Maintenant, il arrive souvent que cela est plutôt un
arrangement qu'une transaction, un procès-verbal de bornage. Supposons
que l'arpenteur établit que la ligne passe à tel endroit entre
deux lots, mais que l'occupation réelle de temps immémorial est
à 50 pieds plus loin, les particuliers vont souvent s'arranger pour
reconnaître la propriété comme la tradition le veut
plutôt que comme la ligne de lot. Alors, à ce moment-là, il
y a plutôt un arrangement qu'une transaction.
M. Garon: II y a même souvent la reconnaissance de ce qui
pourrait être autrement reconnu par un juge de la Cour supérieure.
Plutôt que d'aller en justice, les deux parties ont le droit de faire,
à l'amiable, un procès-verbal de bornage.
M. Mathieu: C'est cela.
M. Garon: Mais, elles ne cèdent aucune
propriété, à ce moment-là. Elles reconnaissent
devant un arpenteur que leur vrai propriété est bien là;
elle n'est pas sur la chaîne de roche, mais elle est vis-à-vis de
la clôture, dans le fond. Depuis quarante ans, tout le monde
considère que la propriété est là. Mais il n'y a
pas partage, il n'y a pas aliénation, il n'y a pas vente. Il y a
reconnaissance de leurs propriétés qui étaient
antérieurement leurs propriétés et qui continuent
à l'être. Il n'y a personne qui aliène rien à rien.
Alors, il n'y a personne qui vend un bout de sa terre au voisin.
M. Mathieu: Non, mais vous avez, par exemple, le cas d'une ligne.
Supposons que la ligne de lot n'est pas la même que la ligne d'occupation
réelle et les parties décident de reconnaître la ligne
d'occupation réelle au lieu de la ligne de lot. L'individu qui va
renoncer à la prétention qu'il peut avoir sur la lisière
à partir de la ligne d'occupation jusqu'à la ligne de lot, pour
lui, il y a une certaine aliénation. C'est qu'on fait un arrangement
à l'amiable du procès-verbal de bornage. S'il n'y a pas
d'arrangement à l'amiable, on va aller jusque devant le juge qui va
ordonner l'endroit de la ligne.
M. Garon: Quand les parties sont bien conseillées devant
notaire, en ajoutant des clauses que vous connaissez bien par lesquelles les
riverains disent: On fait un procès-verbal à l'amiable de
bornage, mais, dans le doute, mutuellement, on se cède chacun un bout de
la propriété au cas où cela ne serait pas un vrai
procès-verbal de bornage, elles savent bien, à ce
moment-là, qu'elles se vendent des morceaux.
M. Mathieu: Est-ce que le jugement en prescription
décennale ou trentenaire, est-ce que vous entendez cela comme un
jugement déclaratif?
M. Garon: Je crois qu'avant, comme maintenant dans la loi, il n'y
a aucun jugement qui est visé par la loi. Un jugement de reconnaissance
de propriété, ce n'est pas un acte translatif ou
déclaratif de propriété, c'est un jugement.
M. Mathieu: Mais, si une personne devient propriétaire en
vertu d'un tel jugement, comme cela, ce n'est pas une aliénation?
M. Garon: Vous parlez d'un jugement en reconnaissance de la
borne.
M. Mathieu: Judiciaire du droit de propriété.
M. Garon: Bien oui.
M. Mathieu: II arrive souvent qu'une personne n'a pas de titre,
mais possède depuis des temps immémoriaux...
M. Garon: C'est sûr.
M. Mathieu: ... et elle paie des taxes. Dans une recherche de
titre, nous lui suggérons, par exemple, de faire une requête en
reconnaissance judiciaire du droit de propriété par une
occupation, une prescription en trentenaire ou décennale, peu importe.
Dans un cas semblable, si je comprends bien, même si cela morcelle des
titres dans l'index aux immeubles au bureau d'enregistrement, en ce qui regarde
la loi no 76, cela n'équivaut pas à une aliénation.
M. Garon: Ce n'est certainement pas un acte d'aliénation.
C'est une reconnaissance judiciaire de la propriété de
chacun.
M. Mathieu: C'est parce qu'il y a des cas où cela pourrait
l'enlever à quelqu'un pour la donner à un autre.
M. Garon: Si le juge dit... M. Mathieu: Par jugement.
M. Garon: ... à quelqu'un: Vous avez 110 acres de terrain
et l'autre en a 82, celui qui pensait en avoir 92, cela lui en enlève
peut-être, mais le juge ne donne rien à personne, il
reconnaît quelle est la propriété de chacun.
M. Mathieu: Je ne veux pas argumenter longtemps, mais je veux
qu'au journal des Débats, ce soit entendu que, si jamais un notaire a de
la difficulté là-dedans, il va se référer au
journal des Débats et il va savoir qu'un procès-verbal de bornage
ou un jugement en prescription trentenaire ou décennale, ce n'est pas un
acte d'aliénation.
M. Garon: Mais, dans l'interprétation, les juges ne
s'occupent pas du journal des Débats.
M. Mathieu: Non, mais si des notaires sont traduits devant la
commission, par exemple, ils pourront peut-être s'en occuper.
M. Garon: Ils peuvent le plaider, mais... M. Mathieu:
Alors, voyez-vous...
M. Garon: La nuance est facile. Des procédures en Cour
supérieure pour condamner quelqu'un à conférer un titre ou
à défaut que le jugement vaille titre, c'est l'équivalent
d'une vente ou d'une aliénation. Un jugement ou des procédures en
reconnaissance de propriété, c'est le contraire. C'est demander
à un juge de bien confirmer que, sur la foi de la prescription de dix
ans avec titre et bonne foi ou trentenaire, on est vraiment propriétaire
de ce lot-là. Alors, c'est par sa définition, ce n'est pas une
aliénation, c'est même le contraire, c'est la confirmation que
c'était bien ça dont on était propriétaire depuis
au moins dix ans et peut-être même trente ans.
M. Mathieu: Je suis content de vous
l'entendre dire, parce que des conseillers nous disent que cela pouvait
entrer dans le terme "acte déclaratif de propriété".
M. Garon: Un jugement de la Cour supérieure?
M. Mathieu: Un jugement de la Cour supérieure, par
prescription décennale ou trentenaire, c'est-à-dire un jugement
en reconnaissance judiciaire du droit de propriété.
Qu'entendriez-vous par "acte déclaratif"?
M. Garon: À partir de la Cour suprême, en 1903, et
du droit romain. Des juristes ont souvent fait la distinction entre un acte qui
est translatif ou déclaratif de propriété, comme en
matière successorale ou en matière de partage,
rétroagissant à la date à laquelle l'indivision a
été créée. Si bien que quelqu'un peut dire: Je suis
propriétaire avec ma soeur d'une terre de cent arpents, parce que je
l'ai eue par succession de mon grand-père, il y a douze ans. Je fais un
acte de partage aujourd'hui qui rétroagit à douze ans, et je suis
présumé avoir été propriétaire, il y a douze
ans, de la moitié sud, et ma soeur, de la moitié nord. Ils
finissent par être individuellement propriétaires de chacun de la
moitié de la terre. Ils font un morcellement et finissent avec deux
bouts de terre. Les juristes faisaient des grandes chicanes pour dire que ce
n'était pas translatif de propriété, mais
déclaratif de propriété, alors que ce n'est pas ou le
translatif ou le déclaratif qui est réglementé dans cette
loi-là, c'est le morcellement des terres. Le résultat net, c'est
que ça finissait en deux bouts sous le prétexte de
rétroaction parce que l'indivision était née avant la loi.
Écrit comme cela, que ce soit déclaratif ou translatif, il n'y
aura plus moyen, à l'aide d'interprétation jésuitique, de
trouver un truc pour morceler une terre, alors que l'autre ne peut pas le
faire.
M. Mathieu: Vous visez l'indivision, si je comprends bien. On
partait avec l'indivision et on arrivait avec une...
M. Garon: Entre autres choses, ou le partage successoral.
M. Mathieu: On vise l'indivision ou le partage successoral. Sauf
l'exception qui va venir tantôt, la transmission pour cause de
décès?
M. Garon: Elle était là avant, et elle est encore
là.
M. Mathieu: Oui, mais est-ce que ce que vous venez de dire la
modifie?
M. Garon: Pas du tout. Si vous lisez le sous-paragraphe a), cela
veut dire qu'un père, par son testament, peut donner sa terre en dix
morceaux à ses dix enfants.
M. Mathieu: D'accord.
M. Garon: S'il a cent acres, il leur donne chacun dix acres. Cela
ne prouve pas qu'en matière agricole, c'est le meilleur cadeau qu'il
puisse leur faire, ils vont crever de faim tous les dix. Mais il peut leur
donner chacun dix acres et cela crée un morcellement de la terre, mais
un morcellement permis par la loi. Plus souvent qu'autrement, il y en a un des
dix qui va essayer d'acheter les neuf autres pour faire une vraie terre avec,
mais cela est permis, par succession, à condition qu'il y ait "de
cujus". De son vivant, il ne peut pas.
Je peux vous dire aujourd'hui qu'on n'en a pas fait la promotion dans le
public, mais j'ai l'intention d'en parler prochainement dans le public. Les
Îles-de-la-Madeleine, à toutes fins utiles, c'est fini pour
l'agriculture. Cela va être compliqué de remettre cela en valeur,
parce que les transmissions par décès ont morcelé les fies
et on retrouve actuellement des parcelles d'un acre partout. Alors, les
îles, qui étaient, il y a une vingtaine d'années,
autosuffisantes, qui n'importaient pas de nourriture, qui produisaient tout ce
qu'elles consommaient, importent maintenant à peu près tout parce
que cet article du Code de Napoléon est encore là selon lequel si
quelqu'un n'a pas fait de testament, cela se subdivise automatiquement de telle
façon. Alors, les terres se subdivisent automatiquement et à un
moment donné on arrive avec des petits morceaux de rien. Ces droits ont
été conçus alors que la société était
différente de ce qu'elle est aujourd'hui. Aujourd'hui, on est des
milliards de personnes sur la terre. C'est, à mon avis, un des vestiges
d'un siècle passé. De son vivant, aujourd'hui, il y a un grand
nombre d'actes qu'une personne ne peut pas faire, mais une fois morte, elle
peut les faire. Est-ce que c'est vraiment bien intelligent? Je peux vous dire
une chose, on ne l'a pas changé dans le projet de loi actuel, mais
dès que le projet de loi va être adopté, je vais commencer
à expliquer au monde qu'on devrait changer cela. (22 heures)
M. Mathieu: II y a une différence, il y a une
subtilité entre la transmission par décès si c'est par
testament ou si c'est sans testament.
M. Garon: Vous vous souvenez que l'aliénation n'est pas,
en fait, réglementée dans la loi. L'aliénation n'est
réglementée que dans la mesure où elle constitue un
lotissement, qui est aussi un morcellement, si vous continuez dans les
définitions. Alors, le
même père de tout à l'heure qui, dans son testament,
donne toute sa terre à ses dix enfants en indivision - ils sont dix
cohéritiers - ils ne peuvent pas, sous prétexte que leur
père leur a donné à dix toute la terre, la morceler en dix
parties pour un partage. Il faut que le père donne un bout à un
et le reste aux autres. Là, il a fait un morcellement dans son
testament. Mais, si son testament ne décrit pas comment il va morceler
sa terre, sous prétexte de partage, les cohéritiers ne peuvent
pas le faire après.
M. Mathieu: Puis, s'il n'y a pas de testament, ils ne peuvent pas
le faire non plus.
M. Garon: Non plus.
Transmission pour cause de décès
M. Mathieu: Dans le cas d'une communauté de biens.
Supposons un couple marié avant 1970 sans contrat de mariage et le
père décède sans testament. Supposons que la terre fait
partie de la communauté. Alors, la moitié de la terre, par le
droit de communauté, va à l'épouse et l'autre
moitié aux enfants en parts égales entre eux. À ce
moment-là, l'autre moitié de communauté...
M. Garon: Sans testament? M. Mathieu: Sans testament.
M. Garon: L'épouse était propriétaire d'une
moitié.
M. Mathieu: Par son droit de communauté.
M. Garon: Oui, puis, par la mort de son mari, elle hérite
d'une autre part de l'autre moitié de son mari avec les enfants.
M. Mathieu: Ah non! Je regrette, mais ce n'est pas ça que
l'article 624c dit. L'épouse, ses droits sont la moitié de
communauté. Et, l'autre moitié de communauté va aux
héritiers légaux du "de cujus" à parts égales entre
eux. À ce moment-là, nous aurions cette indivision... Qu'est-ce
qui se passerait dans un cas semblable, il n'y aurait pas moyen de faire le
morcellement? La mère serait propriétaire de 50% indivis et,
disons, les cinq enfants auraient chacun 10% indivis du reste, ce qui ferait
100%, et ils ne pourraient pas partager sans la permission de la commission. Si
je comprends bien, ça équivaudrait à
aliénation.
M. Garon: Ils ne peuvent pas partager.
M. Mathieu: C'est un cas qui se produit
régulièrement dans nos campagnes.
M. Garon: Ils ne peuvent pas partager mais ils peuvent la
vendre.
M. Mathieu: C'est-à-dire qu'ils sont
déclarés... Mettons le cas d'une succession légale: pas de
contrat de mariage, pas de testament, mariés avant le 1er juin 1970; le
mari meurt - ça peut être la même chose si la femme meurt -
à ce moment-là on tombe propriétaire indivis:
l'épouse survivante, commune en biens à 50% et les enfants
l'autre demie de communauté à parts égales entre eux.
Alors, ils sont dans l'indivision et s'ils se partageaient la terre, il faut la
permission de la commission, si je comprends bien.
M. Garon: Ils peuvent la vendre et se partager dans les
mêmes proportions le prix de vente.
M. Mathieu: Ah oui, parfait, ça c'est toujours possible.
Mais vous avez souvent le phénomène chez les terriens qu'ils
tiennent à leur coin de terre, à la roche où ils
sont...
M. Garon: Mais là, ils n'y ont pas tenu tant que cela, ils
n'ont pas fait de testament.
M. Mathieu: Justement, la loi...
M. Garon: C'est la loi qui s'applique.
M. Mathieu: La loi a tenu pour eux.
M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: Les règles des successions ont tenu pour eux.
Autrement dit, en l'absence d'un testament, le chapitre des successions
prévoit ce qui se passe. De toute façon, je pense que je ne veux
pas insister indûment, mais nous faisons une modification à
l'alinéa 3 et je suis persuadé qu'à l'usage cela va amener
d'autres modifications à l'avenir, parce qu'on ne peut pas couvrir tous
les cas ou encore de quelle manière les tribunaux vont faire
l'interprétation. Tantôt on parlait de procès-verbal de
bornage, on parlait d'un jugement en reconnaissance judiciaire du droit de
propriété décennal ou trentenaire.
M. Garon: II est impossible de prévoir tous les cas, la
loi ne l'a jamais fait à cet article-là, à cause des
termes "y compris". Nous pensons que l'alinéa 3 va toujours créer
une catégorie sui generis d'actes translatifs de
propriété* qui n'est pas limitative. Mais dans le cas de trois
types d'aliénation ou d'actes notariés, il y avait des doutes
suffisants pour le mettre clair de manière qu'on ne nous dise pas: On
était de bonne foi et on pensait que ce n'était pas
réglementé.
II faut donner des exemples pour le comprendre, mais la
déclaration d'apport en société, c'est un contrat
innomé qui porte ce titre. Un cultivateur dit: Je me mets en
société avec mon frère, j'ai deux terres, j'en mets une
des deux dans la société et l'autre, je la garde. Il ne dit pas
qu'il vend une terre et qu'il garde l'autre, il dit qu'il en apporte une dans
la société et il ne parle pas de l'autre. Comme ça ne
s'appelle pas un acte de vente, il y a des notaires qui disaient: C'est une
déclaration d'apport en société, donc on pense que ce
n'est pas un acte translatif de propriété. On se comprend
bien?
Dans le cas du partage, c'est parce qu'on était en indivision,
comme dans votre exemple du mari et de la femme en communauté de biens
qui disent: Comme on était en communauté de biens avant
l'adoption de la loi, on a le droit de faire deux bouts avec la terre. Si on
est 8 ou 200 propriétaires, on va faire 8 ou 200 bouts. Mais celui qui
est seul propriétaire n'est pas chanceux, il n'est pas en
communauté de biens, il ne peut pas partager. L'objectif est, si
possible, de ne pas laisser fragmenter les terres en trop petits morceaux,
alors que personne ne pourrait gagner sa vie en agriculture et il faudrait
fournir des subsides pour les remembrer encore pendant dix ans.
M. Mathieu: M. le Président, si vous le permettez, je
pense que c'est un peu malheureux que l'on procède ainsi dans un domaine
aussi important que le droit de propriété. Tantôt, on va
parler des hypothèques, de l'enregistrement; toutes ces règles
sont prévues dans le Code civil, ça fait un tout
intégré. Là, on vient, par des lois statutaires - ce n'est
pas la première fois, remarquez bien, vous avez la Loi sur la protection
du consommateur, par exemple, qui est une bonne loi en soi, mais, dans le cas
des hypothèques, on prévoyait que pour une hypothèque de
second rang il fallait donner un avis de 48 heures, etc., sans quoi
l'intérêt peut être annulé - fragmenter,
défaire l'économie générale du Code civil, qui
était un tout cohérent qui se tenait. Vous arrivez avec une loi
comme celle-là où vous avez, par exemple, le mot
"aliénation" qui ne signifie pas la même chose que dans le Code
civil. Vous savez, c'est un peu une destruction de l'économie
générale de notre Code civil et, quand vous aurez une recherche
de titres à faire - il y a des articles dont on pourra parler plus loin
-dans dix ou vingt ans, ce sera impossible de savoir si on peut
transférer des titres bons et valables ou des hypothèques bonnes
et valables, etc., avec les ordonnances ou les décisions que la
commission peut enregistrer; on va venir qu'on ne le saura plus. Je vais vous
donner un exemple. Prenez la licitation, le partage, une
préférence d'achat, une hypothèque, le code prévoit
des règles et, là, on vient fragmenter, on prévoit
d'autres règles. Il va venir un moment où on ne saura plus ce qui
va s'appliquer. On veut protéger le consommateur. Je comprends que
l'esprit de la Loi sur la protection du consommateur est bon en soi, mais on
veut protéger et, à force de vouloir trop protéger,
ça va prendre une personne pour protéger ceux qui
protègent.
M. Garon: Peut-être que donner un exemple urbain, ce serait
un bon moyen d'éclaircir cet article. C'est normal que le mot
"aliénation", par exemple, comprenne certains actes qui, dans le Code
civil ou dans d'autres lois, ne sont pas nécessairement des
aliénations à cause de la loi d'interprétation, ça
doit s'interpréter dans le contexte de cette loi-là. Cela ne vise
qu'à réglementer une seule chose, un moyen, qui est particulier
au Québec, de vendre des bouts de terrain. À peu près
partout en Amérique du Nord, on se promène avec un papier dans sa
poche, qui s'appelle un titre de propriété, et si on veut la
vendre on l'endosse au verso et on le donne à l'acheteur. L'acheteur et
le vendeur vont au bureau des "Land Title Certificates" ou des titres
notariés, l'équivalent de nous, et le vendeur donne le vieux
papier endossé à l'acheteur et le registraire lui donne un
nouveau papier, qui est un nouveau certificat avec un numéro. C'est
à cette occasion que les registraires appliquent les
réglementations de lotissement. Pour que ce soit plus clair, dans toutes
les provinces de l'Ouest, depuis tout le temps, on ne peut vendre moins qu'un
quart de section dans des régions rurales, 160 acres. Quelqu'un a dans
sa poche un papier qui ressemble aux obligations du Québec. C'est
plié en trois et cela va dans une poche de jeans, en arrière. Il
vend cela à un gars et il l'endosse. Il va au bureau. Là, il a
des droits à payer. Il ne peut pas vendre la moitié de son
papier, il faut qu'il l'endosse contre un nouveau certificat pour 160
acres.
En ville, il faudrait faire la même chose. Si une ville dit: Le
règlement de lotissement est de 5000 pieds carrés, il faut mettre
un numéro là-dessus pour une bonne gestion du territoire, pour
donner des permis de construction et des comptes de taxes. Donc, tous les lots
doivent être subdivisés en vertu du règlement de
lotissement. Dans le dos de la municipalité, on peut vendre des terrains
de 1000 pieds carrés par tenants et aboutissants, par actes
notariés. Ils sont enregistrés au bureau d'enregistrement, mais
ils n'ont pas de numéro. Cela fait des milliers de comptes de taxes qui
sont partis du lot de tel numéro. Personne ne peut mesurer cela. Plus
souvent qu'autrement, les mesures sont inexactes et le gars n'est pas sûr
s'il paie pour huit, douze ou quatorze
arpents. Des fois, il dit: Moi, je paie moins et l'autre paie plus
depuis douze ans et je ferme ma boîte. Il n'y a pas moyen de faire la
gestion de cela et il y a des municipalités où il y a 3000
terrains de 20 pieds sur 100 pieds qui ont été vendus à
travers le monde avec des comptes de taxes. Il n'y a pas de numéro et on
ne peut pas réglementer le lotissement sans réglementer, sur les
terres agricoles, les ventes par tenants et aboutissants. C'est juste à
cause de cela.
Il faut réglementer tous les actes d'aliénation ou tous
les papiers qu'on peut enregistrer au bureau d'enregistrement par lesquels on
vend un bout de terre et on garde l'autre bout. Nous ne sommes pas
obligés d'échanger un certificat avec un numéro et, toutes
les fois qu'on fait une vente, d'inscrire un numéro de subdivision
dessus. Si on disait: Vous ne pouvez pas avoir une nouvelle subdivision parce
que c'est trop petit, il ne pourrait pas changer son papier avec l'autre. Le
notaire peut vendre n'importe quelle grandeur de terrain, personne ne lui dit
quelle est la superficie la plus petite ou la plus grande qu'il peut vendre. Si
on continue comme cela, cela va coûter des milliards pour faire le
ménage du cadastre au Québec et des milliards pour remembrer les
terres agricoles, comme en Europe, dans vingt ans.
M. Mathieu: Je suis d'accord avec vous. On est un peu à
côté. Je suis d'accord avec vous sur le remembrement des terres
agricoles cultivables. Mais quand vous arrivez dans des pics, dans des caps en
hauteur, des terrains impropres à la culture et quand un autre service
du gouvernement décrète que c'est propre au tourisme, par
exemple, qu'est-ce qui se passe? Vous disiez vous-même, M. le ministre -
je vais citer l'extrait, je l'ai ici - qu'il serait stupide - je vous cite,
dans le Devoir du 20 juin 1981 -"qu'il était un peu absurde de vouloir
appliquer la loi exactement de la même façon en Abitibi et
à Saint-Hyacinthe". Je suis entièrement d'accord avec vous
là-dessus.
M. Garon: Oui, mais cela ne veut pas dire qu'on l'appliquait de
cette façon. Les gens auront le sentiment que les particularités
régionales sont mieux analysées s'il y a des commissaires
uniquement régionaux.
M. Mathieu: Oui, mais ils ne seront pas...
M. Garon: C'est dans cette perspective qu'on le fait par ce
projet de loi. Au fond, au Québec, comme vient de vous l'expliquer Me
Pierre-Luc Blain, il n'y a jamais eu beaucoup de discipline. Nous sommes un des
seuls endroits où, aussitôt que le gouvernement construit une
route, on considère la route comme une rue et on peut se bâtir
n'importe où. C'est interdit depuis longtemps en Ontario. En Ontario, si
le gouvernement fait une route, il dit: J'ai fait une route et vous n'avez pas
d'affaire à vous bâtir le long de la route, ce n'est pas une rue.
Au Québec, nos routes deviennent des rues. Les gens se bâtissent
le long des rues comme dans le temps des Français.
Au XVIIe siècle, cela ne posait pas de problème, il n'y
avait personne; mais, aujourd'hui, plus aucune société ne le fait
parce qu'il n'y a rien de plus dispendieux. Nous sommes les derniers, en
Amérique du Nord, à avoir fait du développement sauvage de
la façon qu'on l'a fait, avec un gouvernement qui donnait de l'argent,
et envoie donc! pour faire des aqueducs et des égouts et pas de
construction.
Aujourd'hui, on fait comme les autres provinces, on dit: Si vous voulez
faire un développement, vous devez prévoir le coût de votre
aqueduc et de votre égout. Je vous dis que les gens sont moins
intéressés à avoir des égouts et des aqueducs
inutiles. Combien d'égouts et d'aqueducs sont inutiles au Québec
parce que c'est le gouvernement du Québec qui les subventionnait? On
était "chum" ou on n'était pas "chum" dans le passé. Cela
a coûté des fortunes. Aujourd'hui, il y a des frais de
fonctionnement.
Quand on parle du cadastre, par exemple, je le sais - j'ai
assisté à de longues discussions là-dessus - il faudrait
faire le ménage dans tout cela parce que, dans le passé, les
gouvernements ont manqué de courage sur un paquet d'affaires, ils n'ont
pas fait leur ouvrage. (22 h 15)
M. Mathieu: Ils ont manqué d'arpenteurs.
M. Garon: Ils ont manqué d'arpenteurs! Depuis que j'ai
présenté la Loi sur la protection du territoire agricole - vous
savez, au Québec, il y a, je ne dirai pas des centaines, mais il y a
beaucoup de villages dans cette situation, beaucoup plus que je pensais - et
depuis que la loi est adoptée, les gens viennent me voir à mon
bureau et me disent: Savez-vous, M. Garon, que dans le village personne n'est
véritablement propriétaire. Je fais des sauts à chaque
fois que j'entends parler de telles choses, des maudites affaires du temps de
Taschereau, qui a été l'homme le plus néfaste de la
province de Québec, qui a mené la province, voyez-vous, comme un
nid à corruption. On dit que même son cousin avait l'argent de la
province dans son compte de banque et qu'il recevait les intérêts.
C'est ce que M. Duplessis avait révélé dans les comptes
publics.
M. Mathieu: Vous ne remontez pas à la reine Victoria.
M. Garon: Non, mais il donnait des lots à la veille des
élections, des choses comme ça. Aujourd'hui, pour faire le
ménage dans tout ça, ça coûte une fortune. On avait
trouvé ce que vous appelez les corporations professionnelles. Trop de
professionnels se sont servis de leurs connaissances pour mépriser notre
peuple et ramasser une piastre avec lui. C'est à essayer de faire le
ménage aujourd'hui là-dedans qu'on s'emploie et en disant
véritablement ce qui se fait ailleurs depuis longtemps mais que nous, on
n'a jamais fait parce qu'on a laissé croire que ça faisait partie
de notre liberté de ne pas agir comme ça. Au fond, cela ne
faisait pas partie de notre liberté. Cela permettait à quelques
professionnels de faire une piastre sur le dos de la population.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Relativement à cette loi dont on entreprend
l'étude article par article, je reviendrais à une demande que
j'ai faite lors du discours en deuxième lecture. Voyez-vous, on n'a
même pas deux lignes de lues, on s'attaque à des
interprétations déjà différentes et on règle
des problèmes, d'autres vont surgir.
M. Garon: Non.
M. Mathieu: N'y aurait-il pas moyen, M. le ministre, de convoquer
une commission parlementaire pour entendre des organismes comme le barreau,
comme la Chambre des notaires. Ils ne viendront pas ici en ennemis. Vous avez
l'air de les traiter en ennemis des agriculteurs. Si un individu est
poigné avec le cancer, qu'est-ce qu'il fait? Il va chez un
médecin spécialiste. Il suit les conseils, les traitements et
prend les médicaments que le spécialiste lui indique. Là
c'est la même chose. Nos pauvres agriculteurs sont pris avec des
problèmes semblables. Souvent, ils ne sont pas équipés, et
vous avez des organismes qui ont de l'expérience, des connaissances, de
la compétence. Je me demande pourquoi vous résistez. Je vous ai
toujours connu comme un homme démocrate, qui aime donner la parole au
peuple. Il me semble que ce serait le temps de faire le ménage
là-dedans par des suggestions qui seraient sans doute
bénéfiques, qui pourraient bonifier cette Loi sur la protection
du territoire agricole.
Je me demande pourquoi vous êtes réticent à la tenue
d'une commission parlementaire pour entendre les parties. Pourquoi est-on
obligé de faire cela le soir?
On va faire un travail, excusez-moi, mais ça va être sous
pression. Une loi aussi importante qui critique la loi 90, qui veut
l'améliorer un peu, qui va corriger certains points, il me semble qu'on
n'a pas le droit de faire cela à la hâte, à la vapeur comme
on le fait maintenant.
M. Garon: On ne fait pas ça à la hâte. Au
cours des quatre dernières années, on s'est rendu compte, par
exemple, qu'il y avait des débats au point de vue de
l'interprétation. On a toujours défendu la même chose.
D'ailleurs, la commission est allée devant les tribunaux à
plusieurs reprises et elle n'a pas perdu une seule cause. Mais, à un
moment donné, il y a des gens qui disent: On pourrait plaider ça.
On dit: Pour éviter le morcellement, c'est plus clair et ça va
éviter des procès. Dans ce domaine, il faut penser aussi au
peuple. Il ne faut pas penser juste aux professionnels.
M. Mathieu: C'est au peuple que je pense.
M. Garon: On dit: On va le mettre clair dans l'article pour ne
pas qu'il y ait de procès inutilement. On veut éviter le
morcellement, et comme on pourrait faire du morcellement en plaidant telle
chose, alors, mettez-le clairement dans la loi de sorte qu'on ne pourra pas
plaider cela. C'est le but recherché.
M. Mathieu: La tenue d'une commission parlementaire ne va pas
contre ça. Au contraire. Cela va l'améliorer. Que vous ne vouliez
pas faire de morcellement, ce sont vos affaires. Je dis que vous avez raison et
moi j'ai raison. C'est vous qui êtes le législateur. Je ne suis
pas contre le principe que vous défendiez le morcellement. Ce n'est pas
là-dessus. Je suis contre le fait qu'on s'apprête à faire
une chose, à apporter des modifications. Il me semble qu'on pourrait les
faire dans un climat plus favorable, quand je pense, moi aussi, à
l'agriculteur, au justiciable, au citoyen ordinaire qui a eu beaucoup de
difficultés jusqu'à maintenant et qui doit s'attendre à en
avoir davantage avec le replâtrage qu'on est en train de faire. Pourquoi
vous priver de la science, de la connaissance et de la compétence des
spécialistes dans ce domaine? Je ne comprends pas. On pourrait faire
cette commission parlementaire au mois de juin et au mois de juillet.
M. Garon: Oui, mais pensez-vous qu'un projet de loi qui arrive
ici n'a pas été analysé? Il a été
analysé par le contentieux du ministère de l'Agriculture, le
contentieux de la Commission de protection du territoire agricole, le
ministère de la Justice et le comité de législation. Un
grand nombre de
personnes ont vu ce projet de loi et, normalement, ce sont des gens qui
sont considérés comme des personnes assez fortes sur le plan
juridique. Les interrogations que vous nous posez ou que les gens posent, c'est
parce qu'ils voudraient qu'on ne prévoie pas cela dans la loi, mais le
but recherché n'est pas de prévoir des articles de loi, c'est de
prévoir le morcellement. On met cela dans le but d'empêcher le
morcellement ou pour rendre clair ce qui est clair dans notre esprit en
l'ajoutant, pour que les gens ne fassent pas des procès inutiles en
plaidant, parce qu'un mot n'est pas dans un article de loi.
M. Gagnon: M. le Président...
M. Garon: D'ailleurs, cela a été
interprété ainsi, mais cela ne donne rien de faire faire des
procès aux gens. On fait mieux de le mettre dans la loi pour le
prévoir, plutôt que de permettre des procès qui vont
coûter de l'argent aux gens.
M. Mathieu: Mais ne pensez-vous pas que le barreau, la Chambre
des notaires ou l'Ordre des arpenteurs pourraient vous apporter des suggestions
valables?
M. Garon: Au fond, c'est ce qu'on a fait. Au cours des quatre
dernières années, on a compilé les représentations
des gens qui nous disaient qu'il y avait certaines corrections qui devraient
être apportées pour rendre les articles plus clairs. Tout ce qu'on
fait, au fond, c'est de rendre ces articles plus clairs. Ce n'est pas un
changement dans le droit. C'est de rendre plus clair ce que des notaires, des
avocats ou des organismes ont demandé de rendre plus clair pour
éviter des procès inutiles.
M. Mathieu: J'ai ici un mémoire de 47 pages de la Chambre
des notaires du 9 septembre 1981. Il y a là beaucoup de suggestions qui
seraient valables et qui ne sont pas retenues dans votre projet de loi.
M. Garon: On a retenu des suggestions, aussi.
M. Mathieu: Quelques-unes. M. Garon: Oui, oui.
M. Mathieu: Cela ne changerait pas l'essence de votre loi qui
interdit le morcellement, mais je me demande pourquoi vous avez de la
réticence à les entendre, ces gens-là? Je ne comprends pas
cela.
M. Garon: On les a entendus. Quand on reçoit un
mémoire, c'est entendre quelqu'un.
M. Mathieu: Mais à la lumière d'un projet de loi.
J'aimerais que vous fassiez, à cette occasion, comme vous le faites pour
la loi sur le statut du producteur agricole.
M. Garon: Ce n'est pas pareil.
M. Mathieu: Oui, c'est la même chose, voyons!
M. Garon: Non, ce n'est pas technique. C'est politique.
M. Mathieu: Vous avez dans cette loi le voeu du conseil
général de l'UPA qui vous dit de passer de 1000 à 2500, je
pense.
M. Garon: Ce n'est pas parce qu'on m'a demandé de faire
des audiences, mais je sais que sur la question de la définition du
statut du producteur agricole, il y a différentes façons de
penser qui ne sont pas des écoles de pensée, mais des conceptions
différentes. C'est le temps, plutôt que d'avoir un paquet de
théories qui vont arriver une fois la loi adoptée, d'entendre les
différentes parties, mais quand on...
M. Mathieu: C'est la même chose.
M. Garon: Non, ce n'est pas la même chose.
M. Mathieu: Voyons!
M. Garon: Non, ce sont des questions essentiellement
techniques.
M. Gagnon: Sur la même question...
M. Garon: Le débat de fond a eu lieu là-dessus.
M. Mathieu: Entre vous autres. M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: II y a eu lieu entre vous autres.
M. Garon: Non, il a eu lieu... On a fait quasiment une partie des
élections là-dessus. Vous avez parlé de cela sans
arrêt pour nous faire battre aux élections. Le débat de
fond a eu lieu là-dessus.
M. Gagnon: Sur la même question que le député
de Beauce-Sud...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: ... quand il parle d'une commission parlementaire pour
entendre les intervenants, je me souviens bien - vous n'étiez pas ici
à ce moment-là - qu'avant l'adoption du projet de loi 90, il y a
eu une
commission parlementaire où on a entendu les intervenants.
M. Garon: On a fait une tournée d'un bord à l'autre
du Québec. On a reçu 105 mémoires.
M. Gagnon: En plus, le ministre a fait le tour du Québec
et il a reçu des mémoires. Je me souviens fort bien, entre
autres, qu'en Mauricie - cela a été ainsi ailleurs - tous les
intervenants qui en avaient le goût et qui avaient des choses à
dire et des mémoires à présenter ont
présenté des mémoires. Je me souviens que la Chambre des
notaires était venue présenter un mémoire en commission
parlementaire. Alors, il ne faudrait pas dire qu'on n'a pas entendu ou qu'on a
peur d'entendre les intervenants; au contraire, s'il y a une loi qui a fait
l'objet d'une consultation avec tous les intervenants qui étaient
intéressés à la protection du territoire agricole, c'est
bien cette loi. Il ne faudrait pas recommencer, parce qu'on a une loi qui
amende ou qui corrige ou qui améliore la loi no 90, une commission
parlementaire chaque fois qu'on doit apporter une correction à une loi.
Sans compter que, comme le ministre l'a dit, vous avez justement montré
un mémoire de la Chambre des notaires qui a été
envoyé récemment, au cours de l'année, et c'est certain
que ces mémoires, sans qu'il n'y ait commission parlementaire, sont lus
et étudiés. Alors, je ne vois pas la nécessité de
revenir avec une commission parlementaire simplement parce qu'on
améliore la loi.
M. Mathieu: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: II y a eu une commission parlementaire il y a trois
ans et demi ou quatre ans concernant le projet de loi no 90. Maintenant, nous
étudions le projet de loi no 76. Il me semble que, vu que le ministre a
décidé de passer l'époussette, de faire le ménage
dans cette loi, ce serait le temps je ne dis pas de faire des commissions
parlementaires dans toute la province, je ne dis pas cela dans le but de...
J'entendais le leader parlementaire du gouvernement dire hier: "Ce n'est pas
une loi pour protéger les notaires, c'est une loi pour protéger
les cultivateurs."
M. Garon: Oui, mais...
M. Mathieu: J'ai trouvé cela absolument aberrant comme
raisonnement. Je me suis dit: J'imagine qu'il applique les mêmes
principes qu'il nous a mentionnés hier dans son discours. Quand il a
imposé le bâillon pour la loi no 37, il a dit: "Le gouvernement va
vous passer sur le corps". C'est cela qu'il nous a dit hier.
M. Garon: Qui cela?
M. Mathieu: Je regretterais infiniment que vous preniez la
même attitude.
M. Houde: C'est le leader du gouvernement qui a dit cela, hier,
en Chambre.
M. Mathieu: C'est le leader du gouvernement qui disait cela.
M. Garon: En parlant de quoi?
M. Mathieu: En parlant du projet de loi no 37, il imposait le
bâillon.
M. Garon: Le projet de loi no 37. Vous avez fusionné
combien de municipalités en quatre jours?
M. Mathieu: "Le gouvernement va vous passer sur le corps".
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît:
M. Garon: Le débat a duré sept mois. M. Mathieu:
M. le Président.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Mathieu: Je trouve cela important et je me permets d'insister
de nouveau. L'exemple que je vous donnais tantôt, c'est celui-ci: Quand
un malade souffre du cancer, est-ce qu'il se traite lui-même? Il va voir
des spécialistes. Je veux bien croire que le ministre et ses savants
conseillers ont examiné cela avec attention - je m'en suis aperçu
quand j'ai vu certaines subtilités, je ne les ai pas toutes vues, mais
j'en ai vu certaines - et je suis sûr que cela a été
étudié avec attention, mais il me semble, étant
donné que cette loi a soulevé beaucoup d'inconvénients,
beaucoup de problèmes, que ce serait le temps d'aller aux sources. Si
vous attendez des mémoires d'organismes et que vous jugez que cela
n'amène rien de nouveau, bien, continuez votre processus, je n'ai rien
contre cela. C'est vous qui décidez en fin de compte, ce n'est pas nous
ou les organismes qui vous soumettent des mémoires.
Je me demande pourquoi un parti social-démocrate comme le
vôtre est réfractaire à prendre les idées
d'organismes spécialisés et compétents. Vous semblez ou
quelqu'un semble dire qu'ils sont là juste pour profiter, pour
exploiter, comprenez-vous? Je trouve cela un peu odieux, un peu
hargneux quand on parle d'un organisme qui est une corporation
professionnelle. À les entendre parler, c'est juste là pour
exploiter les gens, les siphonner. En tous cas, il me semble qu'il y a un
côté pratique. Je voudrais faire appel à votre sens
pratique. Vous soumettez votre projet de loi qui est arrivé à la
dernière minute, on est en train de faire une chose et tout le monde va
se réveiller avec une nouvelle loi et pas un en aura entendu parler.
Là, les organismes pourraient dire: Avoir su, on aurait pu faire
certaines représentations.
Je vois dans la salle qu'il y a un expert en matière de
protection du territoire agricole, Me Jean-Marc Audet, notaire. Peut-être
qu'il serait intéressant d'entendre ce notaire. Je crois qu'il a
été mêlé à la préparation de la loi ou
de la loi précédente, peut-être aussi à son
administration, je ne sais pas. Je sais que, sur le plan professionnel, c'est
une sommité au point de vue de l'interprétation de cette loi. Je
ne sais pas si vous accepteriez ce soir qu'on lui demande ses commentaires ou
qu'on lui pose certaines questions.
Le Président (M. Boucher): Le mandat de la commission est
d'étudier le projet de loi article par article.
M. Garon: Non, des commentaires... Il faut faire une distinction
entre les amendements techniques... Des commentaires sur la loi, on en a eus
depuis quatre ans, j'ai eu des mémoires, comme vous dites, j'ai lu des
articles de journaux, des articles de revues, tout cela a été
épluché et analysé. Maintenant, il y a un but visé
par la loi, il y a un débat qu'on va faire publiquement. J'ai
l'intention de le faire cet été, cet automne, je vais en
parler... (22 h 30)
M. Mathieu: Faites-le avant la loi.
M. Garon: Est-ce que la liberté de tester qui date de
Napoléon devrait être aussi universelle et permettre le
morcellement des terres? On ne l'a pas changé dans la loi parce que
c'est un changement fondamental et je vais en parler à la population.
Attendez cela, c'est une vision des choses, c'est une décision
différente tandis qu'aujourd'hui, il s'agit essentiellement d'amendement
technique. Il ne s'agit pas de... Je sais ce que cela aurait donné, une
commission parlementaire. C'est pour ça que je n'ai pas voulu, je vais
vous le dire bien franchement, je sais ce que cela aurait donné. De
temps en temps, par exemple, des gens comme vous, qui êtes notaire, allez
parler de zoner des cimetières. Cela ne me donne rien de faire une
commission parlementaire pour entendre des choses qui sont fausses, parce qu'on
n'a zoné aucun cimetière; on a fait...
M. Mathieu: Vous ne venez jamais dans la Beauce.
M. Garon: Non, parce qu'ils ont des droits acquis en vertu de la
loi. On ne peut pas avoir zoné de cimetière parce qu'un
cimetière, s'il était cimetière avant le
dépôt de la loi...
M. Mathieu: Je comprends qu'on pourrait en parler en tout
cas.
M. Garon: Que voulez-vous qu'ils fassent? Ils avaient un droit
acquis.
M. Mathieu: Ils n'en ont pas parlé.
M. Garon: Alors, les gens entendent... Je sais ce qui serait
arrivé. Il y aurait eu un grand spectacle où des gens seraient
venus faire... Le Parti libéral se serait chargé de cela.
M. Mathieu: Vous n'aimez pas cela des spectacles.
M. Garon: Je trouve qu'on a d'autre chose à faire.
D'ailleurs, on va avoir des commissions parlementaires d'ici à la fin de
l'année 1982. Vous n'aurez pas beaucoup de temps libre, je vous le
garantis...
M. Mathieu: Sur cette loi.
M. Garon: Non, vous en aurez une sur la Loi sur les producteurs
agricoles, vous en aurez peut-être une autre aussi.
M. Mathieu: C'est le spectacle que vous montez pour vous faire
encenser.
M. Garon: Non, pas du tout. Il y a des domaines où ce
serait peut-être intéressant d'en avoir une, où la
commission pourrait faire venir du monde pour se renseigner davantage sur
certains dossiers. Je pense à Mirabel, par exemple, ce serait
peut-être intéressant d'avoir une commission parlementaire
là-dessus.
M. Mathieu: Un beau dossier politique avant de s'en aller
à Ottawa.
M. Garon: Mais, actuellement... M. Mathieu: ... à
Ottawa.
M. Garon: Par exemple, faire une commission parlementaire sur des
choses qui sont connues, il y a eu des représentations qui ont
été analysées.
M. Mathieu: Vous ne faites pas confiance à l'intelligence
des gens.
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: De la manière que vous raisonnez, il me semble
que... Faites-la une journée ou une heure par organisme, mais...
M. Garon: À un moment donné, oui. M. Mathieu:
II y a quatre ans, oui.
M. Garon: Mais on va laisser le temps à la loi de faire...
On va avoir des données statistiques, par exemple, qu'on est en train de
compiler actuellement, sur l'évaluation foncière. Comment est-ce
fait dans les municipalités? Est-ce qu'on évalue comme on devrait
évaluer? Est-ce qu'on tient compte du fait qu'une terre est
cultivée ou n'est pas cultivée? On va faire des analyses
là-dessus et, avec un ensemble de données, on pourra commencer un
inventaire éventuellement. Mais la loi a été
adoptée le 9 novembre 1978, ça fait trois ans et demi. Cela a
joué un rôle important, mais il faut commencer à le
quantifier; autrement, tout le monde va commencer à dire n'importe
quoi.
C'est quand on a dit: Le programme Sol-Plus... C'est évident,
vous avez lu un bout du journal de l'UPA ce matin, c'est évident qu'il
ne peut pas dire qu'il s'est trompé. Avez-vous déjà vu un
syndicat dire qu'il se trompe? Moi, je n'ai jamais vu cela. Alors, ce qui va
arriver, c'est que le journal de l'UPA ne dira pas qu'il s'est trompé.
Il dit simplement... Je vais vous dire plus que cela, le gars qui a
écrit l'article n'a pas assisté à la réunion. Je
vais vous dire une chose. J'ai assisté à la réunion sur un
sujet avec l'UPA, sur le programme Sol-Plus. J'ai dû quitter, pour une
raison personnelle; à la fin de la réunion, il y a eu des
discussions entre des fonctionnaires et les gens de l'UPA. Sur le programme
Sol-Plus, j'ai dit: Les chiffres que j'ai démontrent que ce que vous
dites n'est pas exact, puisque, actuellement, le programme Sol-Plus
démontre au contraire que, pour les travaux dans certaines
régions, on va avoir engagé tous les budgets que vous avez dit
être très généreux.
M. Mathieu: Vous partez avec l'inventaire de l'année
passée, les travaux non faits de l'année passée.
M. Garon: Dans toutes les régions, j'ai mis un chiffre
record. Il y a eu un chiffre record d'autorisé, au point de vue de
l'argent, dans toutes les régions, et même chez vous...
M. Mathieu: Ils ont peur de la guillotine, cette année,
ils se rappellent le 28 juillet 1981.
M. Garon: II va y avoir la guillotine dans plusieurs
régions parce que les sommes ont été engagées,
même des sommes que vous avez dit être généreuses. Et
je suis certain que la guillotine va jouer chez vous parce que les sommes
généreuses qui ont été mises dans la Beauce ont
toutes été engagées.
M. Mathieu: Vous nous annoncez une mauvaise nouvelle.
M. Garon: Ce que je veux vous dire tout simplement, c'est que
s'il y a des représentations techniques qui se font dans des
mémoires, il faut les analyser, il y en a eu et on les a
analysées.
M. Mathieu: Écoutez M. le Président, je sais que
notre temps est court, je le déplore, je n'ai pas l'intention de tratner
cela en longueur juste pour le plaisir. Je sais qu'on a une autre loi à
étudier et je voudrais qu'on l'étudie dans les délais qui
nous sont impartis.
Le Président (M. Boucher): Alors, vous êtes
prêt à adopter l'article 1?
M. Mathieu: Non, avant de l'adopter, je veux déplorer,
pour les fins du journal des Débats, que le ministre ne se rende pas
à la convocation d'une commission parlementaire. Il pense que c'est un
spectacle qu'on veut lui monter et c'est absolument faux. Je voudrais le faire
dans le but de bonifier la loi, dans le but de consulter les experts.
Maintenant, puisque le ministre est impénétrable, disons
que 1,3, on sera prêt à l'adopter sur division. Y allez-vous par
alinéa ou par...
Le Président (M. Boucher): Comme vous voudrez, si vous
voulez y aller par alinéa.
M. Mathieu: II y a à l'alinéa c.
Le Président (M. Boucher): 1,1 si vous voulez.
M. Mathieu: 1,1.
Le Président (M. Boucher): 1,1 est adopté sur
division.
M. Mathieu: II y a le sous-paragraphe c, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Le sous-paragraphe c,
discutez-le et on l'adoptera une fois...
M. Mathieu: Bon.
Avant de finir le paragraphe, on enlève "encore". Je pense que
c'est à dessein et que c'est très subtil.
M. Garon: Non, ce n'est pas subtil.
M. Mathieu: En enlevant le mot "encore".
M. Garon: ... parce que c'est juste un mot mais...
M. Mathieu: ... cela veut dire que nous empêchons la
limitation d'une hypothèque. Une hypothèque normalement porte
contre tout le terrain, mais là, à ce moment-ci, même si on
limite l'hypothèque à une partie du terrain, si l'individu veut
reprendre par la clause dation en paiement ou l'action hypothécaire, il
reprend toute la terre.
Regardez, on va le lire pour l'intelligence du journal des
Débats. "La dation en paiement dans la mesure où elle constitue
une clause accessoire à un acte de vente ou à un acte
d'hypothèque et dans la mesure où celui qui l'exerce devient
propriétaire de tout le lot ou de tous les lots faisant - avant il y
avait "encore" maintenant on enlève ce mot, cela tombe -l'objet de
l'acte". Je voudrais que vous m'expliquiez pourquoi vous enlevez le mot
"encore".
M. Garon: Pour boucher un trou. Les notaires l'ont vu le trou,
ils l'ont utilisé, on le bouche.
M. Mathieu: Peut-être qu'il n'y a même pas 1% qu'il
l'a utilisé.
M. Garon: Cela va boucher pour ce 1% là. Il y a toujours
des fins fins qui font des choses qu'ils ne devraient pas faire et qui se sont
servis de cet article pour contourner la loi, alors on bouche le trou.
M. Mathieu: Est-ce que j'ai raison en disant qu'à toutes
fins utiles, supposons qu'un individu détienne une hypothèque de
l'Office du crédit agricole...
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: ... et désire un refinancement à la
Société du crédit agricole, parce que l'office, c'est
assez rare qu'il va financer le type pour qu'il soit en lieu de continuer, il
va à la société, la société prend une
seconde hypothèque mais la société dit à l'office:
J'aimerais, vis-à-vis de telle bâtisse, que vous donniez une
mainlevée de votre hypothèque pour être en premier rang sur
telle parcelle de terrain. Les deux disent que c'est correct, elles envoient
les instructions au notaire et voici, on fait l'acte.
Si je comprends bien, cela ne pourra plus marcher parce que
l'hypothèque qui sera donnée par l'individu à l'office
même si ce dernier accorde mainlevée sur une partie et qu'il
reprenait la terre par la suite par la clause de dation en paiement,
l'hypothèque ne serait pas limitée, elle serait
générale même pour la parcelle sur laquelle l'office aurait
donné mainlevée.
M. Garon: Pour le mettre clair, il est toujours possible de
consentir ce qu'on appelle communément une hypothèque partielle
sur une terre. C'est toujours une terre de 100 acres et on dit à
l'office ou au créancier hypothécaire: Je vais vous donner en
garantie hypothécaire 80 acres demain matin. Si je ne paie pas, le
créancier hypothécaire va reprendre les 80 acres.
Il y en a qui disent à leurs amis: Je vais prendre une
hypothèque sur un bout de ta terre, ne me paie pas et ainsi, je vais la
reprendre en dation en paiement. Donne-moi une hypothèque sur un
terrain.
Cela va-t-il? Cela est le truc de l'hypothèque partielle, il est
toujours là. Sauf, qu'en cours d'hypothèque, si l'office ou la
banque dit: On fait un prêt sur la terre de 100 acres, donnez quatre ou
cinq mainlevées en cours de terme, s'il veut exercer la dation en
paiement juste sur le reste, il va lui falloir une autorisation. Actuellement,
dans les conditions actuelles, depuis quelques années, la commission a
constaté qu'il y a beaucoup d'hypothèques partielles en cours de
terme qui se donnent et cela crée directement l'ouverture à un
morcellement pour les petits bouts sur lesquels il y a eu des
mainlevées. S'il y a une nouvelle hypothèque refinancée
par l'office qui annule l'ancienne, au lieu de donner une mainlevée, et
qui fait une nouvelle hypothèque, ils pourront exercer leur dation en
paiement sur la nouvelle hypothèque.
M. Mathieu: D'accord, mais je reviens à l'arrangement
entre l'office et la société du crédit agricole pour un
refinancement, chose qui arrive dans je dirais 75% des cas d'agriculteurs de ma
région, du moins. L'individu a une hypothèque avec l'Office du
crédit agricole, il a besoin de refinancement. Il va à la
société parce que l'office ne veut pas lui prêter et, la
société et l'office prenant entente, la société dit
à l'office: Donne-moi une mainlevée sur telle parcelle pour que
je sois au premier rang sur telle partie et j'accepte d'aller au second rang
sur le reste. À ce moment, cela va prendre la permission de la
commission, si je comprends bien, pour limiter l'hypothèque.
M. Garon: Non, pas pour limiter l'hypothèque.
M. Mathieu: Pour que l'office puisse donner mainlevée
d'abord.
M. Garon: Non, pour exercer la dation en paiement sur une partie
seulement de ce qui faisait l'objet de l'hypothèque à
l'origine.
M. Mathieu: Autrement dit, là...
M. Garon: II y a un désincitatif à donner des
mainlevées partielles en cours de terme parce que les mainlevées
partielles vont donner lieu à une reprise de possession par dation en
paiement, ce qui est un moyen de contourner la loi de façon directe.
M. Mathieu: Supposons que l'Office du crédit agricole
accorde une mainlevée partielle en cours de mandat, après avoir
négocié avec la Société du crédit agricole
pour arranger le cas de l'individu, si la société plus tard
désire se prévaloir de sa clause de dation en paiement sur cette
parcelle, cela va prendre la permission de la commission.
M. Garon: Sur ce qui reste.
M. Mathieu: C'est-à-dire que la mainlevée qui sera
donnée après coup, la mainlevée pour une parcelle de
terrain qui sera donnée après coup sera réputée ne
pas avoir été donnée. Autrement dit, pour ce qui est de la
loi concernant l'interprétation de cette loi, les mainlevées
partielles qui viendront après sont réputées non valides
tant qu'elles n'ont pas été approuvées par la commission.
Est-ce qu'on peut dire cela?
M. Garon: II faudrait une autorisation pour morceller
indirectement ce qu'on ne pourrait pas faire directement.
M. Mathieu: Cela veut dire que le créancier de second rang
ne sera pas bien aise d'accepter une hypothèque de premier rang pour une
parcelle de terrain, parce qu'il va savoir que s'il veut entrer dans ses droits
plus tard, cela va prendre la permission de la commission. Là, je trouve
qu'il y a une chose. Pour la petite parcelle, l'infime partie de gens qui
fraudent la loi, vous les pénalisez tous. J'ai plusieurs cas en
tête de financement agricole.
M. Garon: À l'inverse, ceux qui ne veulent pas frauder la
loi, cela ne les touche pas parce qu'ils ne font pas cela.
M. Mathieu: Cela ne les touche pas. Ceux qui ne veulent pas
frauder la loi, mais qui sont obligés d'avoir un financement à la
Société du crédit agricole ou à une banque ou une
caisse populaire, alors que l'Office du crédit agricole est au premier
rang et qu'il y a un arrangement entre les deux créanciers
hypothécaires du premier rang et du second rang et que l'Office du
crédit agricole accorde une mainlevée partielle pour que l'autre
créancier de second rang soit au premier rang sur cette partie, à
ce moment, on peut faire...
M. Garon: Mais vous savez, souvent, ce n'est pas ce qui se
passe.
M. Mathieu: Dans la pratique, cela arrive très souvent. Je
peux vous le confirmer. Cela arrive très souvent.
M. Garon: Pourquoi?
M. Mathieu: C'est pour en venir à un arrangement entre les
deux créanciers pour accommoder l'agriculteur.
M. Garon: Mais pourquoi? Quand il est à l'Office du
crédit agricole, il va à la société.
M. Mathieu: C'est parce que l'office est trop
sévère. Vous n'avez pas l'air de savoir cela.
M. Garon: Je suis content de vous entendre dire cela. Vous disiez
qu'on favorisait l'endettement. Donc, on ne prête pas assez.
M. Mathieu: Ils ont été larges dans les
années 1978-1979-1980.
M. Garon: Vous dites le contraire de votre discours.
M. Mathieu: Durant ces années, ils ont été
immensément larges, mais par la suite, quand est arrivé le
resserrement, l'office ne voulait plus y aller.
M. Garon: Où?
M. Mathieu: Prêter aux agriculteurs.
M. Garon: À qui?
M. Mathieu: Aux agriculteurs.
M. Garon: II va falloir faire une grosse année.
M. Mathieu: Alors, il faut qu'ils se tournent de bord, qu'ils
aillent à la société... bien oui, je comprends qu'il y a
une grosse année. N'allez pas croire que ces individus...
M. Garon: Pour quelle production prête-t-on moins?
M. Mathieu: L'industrie laitière dans ma région,
vous prêtez moins. L'industrie porcine, les productions...
M. Garon: Tantôt, on va parler de la loi du crédit
agricole si on a le temps. Vous verrez que cela va être une année
record encore cette année. (22 h 45)
M. Mathieu: Je comprends, je ne
conteste pas vos chiffres en soi, mais quand on arrive à
l'application pratique auprès de tel et tel agriculteur, je serais
curieux que vous fassiez un sondage. Vous vous basez, M. le ministre, sur un
fait. Vous vous basez peut-être sur le fait qu'il n'y a pas beaucoup de
prêts qui sont refusés à l'office, comme cela a
été le cas, par exemple, dans la crise porcine, les prêts
spéciaux, les crédits spéciaux. Vous avez dit: On a eu,
par exemple, environ 49 refus sur 800. Alors, vous vous basez sur le fait qu'il
y a peu de refus. Mais ce que vous ne savez peut-être pas, c'est que les
refus se font à la source. Quand l'individu va au bureau local et qu'il
dit: Moi, j'ai besoin d'un refinancement et que votre représentant de
l'office dit: Je ne te donne même pas les formules; ton financement,
jamais je ne le recommanderai; je te refuse. Alors, il est refusé
à la source. Dans vos statistiques au ministère ou à
l'office, vous n'avez pas ce refus-là, il n'est pas compilé.
M. Garon: II y a beaucoup de ces agriculteurs qui
m'écrivent et, à ce moment-là, je demande une
révision par le bureau de Québec. Je peux vous dire une chose: II
y a des fois que le prêt est accordé.
M. Mathieu: Pas souvent. M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: Pas souvent. L'article de loi que nous sommes en
train d'analyser dans le moment va encore causer plus de retard, de
délai de procédure et de réticences.
M. Garon: Pensez-vous?
M. Mathieu: Ah oui, j'en suis persuadé. Je n'en ai pas
contre le fait, encore une fois, que vous vouliez interdire le
morcèlement, mais l'individu, quand il fait indirectement ce qui n'est
pas permis directement, moi, je serais d'accord pour que vous punissiez
celui-là, mais non pas les autres. Les 99,5% qui se conforment à
la loi et à qui leurs conseillers juridiques disent: Ne venez pas ici
faire tel acte parce qu'on ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne peut pas
faire directement, ils sont corrects. Mais, pour la fraction de 1% qui font
indirectement ce qu'ils ne peuvent pas faire directement, vous pénalisez
tout le reste. Il me semble que vous devriez pénaliser ceux qui font
indirectement ce qu'ils ne peuvent pas faire directement. De toute
façon, écoutez, je vais adopter l'article sur division tout
simplement, mais je voulais le porter à votre attention.
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Le premier paragraphe de
l'article 1, adopté sur division. Paragraphe 2?
M. Houde: M. le Président, j'aimerais avoir la parole
avant, s'il vous plaît.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Je voudrais savoir combien il y a eu de cas depuis que
le zonage est en application. Vous disiez tout à l'heure que
c'était pour empêcher non pas les malhonnêtes, mais les
personnes qui voulaient dévier de la loi, les fraudeurs de la loi,
combien peut-il y en avoir eu depuis...
M. Garon: Le terme "fraudeurs" est peut-être trop fort.
M. Houde: Mais, de toute façon, qui ont essayé de
dévier de la loi, si vous voulez.
M. Garon: Oui. Je n'ai pas dit cela, j'ai dit...
M. Houde: Non, non, mais lui me l'a dit tout à
l'heure.
M. Garon: Par le biais de mainlevée partielle, il y a
moyen de contourner les objectifs mêmes de la loi. Je donne un exemple
précis. Actuellement, la majorité, je pense bien, ou plusieurs
sont financés sur le coup de la loi tandem, pour diverses raisons. Une
caisse populaire ou une banque peut dire: Oui, je n'ai pas objection à
accorder une mainlevée sur une bande de 200 pieds de profondeur sur 600
pieds de largeur sur le bord du chemin, parce que vous êtes suffisamment
à jour dans vos paiements, je suis suffisamment garanti ou tout le
reste. S'il arrive que le créancier hypothécaire donne une
mainlevée sur un petit bout qui ne peut être que des terrains pour
bâtir des maisons sur le bord du chemin, ce ne sera jamais une ferme, et
s'il reprend par dation en paiement le reste de la terre...
M. Houde: Oui.
M. Garon: ... indirectement, on a morcelé la terre et on
laisse un petit morceau qui est juste bon pour du développement
résidentiel, pour vendre des maisons sur le bord du chemin.
M. Houde: Oui.
M. Garon: L'objet de cela, c'est de ne pas inciter, par le biais
de mainlevée partielle, à donner des mainlevées partielles
sur des petits morceaux qui n'ont pas de bon sens en agriculture.
Indirectement, une fois qu'on aurait réalisé par dation en
paiement la reprise de possession de la terre, le
débiteur hypothécaire garderait son petit bout.
M. Houde: Oui.
M. Garon: Mais s'il demandait directement de vendre toute sa
terre et de garder un petit bout pour vendre des terrains, moi, je dirais: Cela
n'a pas beaucoup d'allure.
M. Houde: D'accord.
M. Garon: Mais, s'il dit à son créancier
hypothécaire: Donnez-moi une mainlevée et gardez votre
hypothèque sur le reste, et six mois après, il arrête de
faire ses paiements, il obtient le même résultat.
M. Houde: Combien en avez-vous eu de cela, environ?
M. Garon: Assez.
M. Houde: Assez, c'est combien, est-ce quinze ou vingt?
M. Garon: C'est dans la centaine, des gens qui se
présentent devant la commission avec le fait accompli de
mainlevées déjà consenties et qui ne comprennent pas, une
fois que les mainlevées sont consenties, que nous nous ne sommes pas
d'accord pour qu'ils vendent des terrains faisant partie du bout sur lequel ils
ont eu des mainlevées. On se comprend?
M. Houde: Oui.
M. Garon: II faut mettre une logique, ne pas laisser donner des
mainlevées sur des bouts où il n'aura pas le droit de faire autre
chose que de l'agriculture, parce que ce sont des petits morceaux beaucoup trop
petits pour faire de l'agriculture.
M. Houde: M. le Président, comment s'appelle le monsieur
qui est ici?
M. Garon: Lequel?
M. Houde: Celui-là.
M. Garon: Vous avez l'air soupçonneux.
M. Houde: Mais non, M. Cardinal?
M. Garon: C'est un juriste de la commission.
M. Houde: Je ne le savais pas. C'est parce que celui-ci, je le
connais, mais celui-là, je ne le connaissais pas.
M. Garon: C'est un M. Cardinal.
M. Houde: Ah bon, Me Cardinal?
M. Garon: On a M. Lévesque et M. Cardinal.
M. Houde: D'accord. C'est parce que cela arrive de temps en temps
que j'appelle à votre bureau. C'est pour cela que je veux savoir
à qui je parle des fois. M. Cardinal, lui...
M. Garon: Non, non, mais il ne faut pas que vous commenciez votre
lobby, la commission parlementaire n'est pas faite pour cela!
M. Houde: Ce n'est pas cela. Il n'y a pas moyen de savoir les
chiffres, il n'y a pas moyen d'avoir les noms...
M. Garon: Voulez-vous, je vais vous rendre un bon service.
M. Houde: Oui.
M. Garon: Parce que le ministre de la Justice s'inquiète.
Si vous voulez vraiment aider les agriculteurs - là, vous êtes en
train d'inquiéter le ministre de la Justice sur le lotissement agricole
- si à un moment donné...
M. Houde: C'est arrangé cela.
M. Garon: ... Il reste de l'inquiétude. On pense à
un moment donné qu'on peut laisser aller. À ce moment-là,
les caisses populaires vont prêter beaucoup moins. Si vous ne pouvez pas
avoir les garanties, ce qui va arriver, c'est que les caisses populaires vont
dire: On ne prêtera pas dans ces conditions-là.
M. Houde: C'est de passer votre loi, c'est tout.
M. Garon: Non, mais quand vous laissez entendre que vous voulez
essayer de faire une lutte au ministre de la Justice. On me dit qu'il veut m'en
parler justement.
M. Houde: M. le Président, j'ai même dit au ministre
de la Justice qu'il peut citer mon nom devant la commission parlementaire. Il a
eu l'amabilité de me demander s'il pouvait citer mon nom et je lui ai
dit: Oui, certainement, citez-le; comme quoi je suis favorable à
l'adoption de cet article de la loi en question.
M. Garon: Pourquoi ne dites-vous pas cela au député
de Brome-Missisquoi?
M. Mathieu: M. le Président, la pertinence.
M. Garon: Je vous le dis, c'est là le problème.
M. Mathieu: Vous avez commencé à nous
présenter les gens.
M. Garon: Comme dit Me Dussault, président de la
commission politique du Parti libéral: Si on ne sait pas sur quel pied
danser.
M. Houde: Laissez faire Me Dussault, ce n'est par Me Dussault qui
va régler le cas ici ce soir. Il n'est même pas ici. Il n'est
même pas député.
M. Garon: M. le député de Beauce-Sud a raison
là-dessus. Si c'est cela qu'il a dit, il a raison. Ce n'est pas pour
nous faire plaisir qu'on a fait un article technique du lotissement agricole,
mais s'il n'était pas adopté, cela nuirait terriblement aux
agriculteurs. C'est un peu comme le député de Brome-Missisquoi a
déjà dit, il pourrait collecter toutes les cotisations qui ont
été payées par les agriculteurs dans le cadre du lait, ce
serait une belle affaire.
M. Houde: ... vous avez peut-être dit déjà
que vous n'étiez pas un péquiste, que vous étiez un
libéral et aujourd'hui, vous dites que vous êtes un
péquiste. Les autres années, on disait...
M. Garon: Je n'ai jamais été un libéral.
M. Houde: Union Nationale d'abord, pas un péquiste, parce
qu'il n'y en avait pas avant 1970.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, s'il
vous plaît.' Le temps passe. Il reste une heure.
M. Mathieu: M. le Président, j'aimerais dédier
quatre vers au ministre, on va mettre un peu de poésie, cela va
peut-être aller un peu mieux pour le reste de la soirée.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que c'est pertinent, M.
le député?
M. Mathieu: Oui, très pertinent. L'autre jour, au fond
d'un vallon, un serpent piqua Jean Garon. Que pensez-vous qu'il arriva? Ce fut
le serpent qui creva. Alors cela éclaire la lanterne de mes
collègues. C'est pour éclairer la commission, M. le
Président. Vous aviez commencé à nous présenter les
gens qui vous accompagnaient, vous avez arrêté, M. le
ministre.
M. Garon: Le député de Berthier a demandé le
nom de Me Cardinal, à la droite de Me Pierre-Luc Blain.
M. Houde: ...
M. Garon: II y a M. Jean-Pierre Gagnon qui est ici, il y a Me
Michel Gagnon.
M. Mathieu: Et ensuite.
M. Garon: II y a Me Denis Samson, qui est à mon cabinet et
M. Paul-Emile Lévesque qui est au cabinet également.
Le Président (M. Boucher): Vous avez commencé
à adopter paragraphe par paragraphe. On était au paragraphe 2.
Est-ce que le paragraphe 2 est adopté?
M. Garon: On devrait adopter l'article 1 au complet.
Le Président (M. Boucher): L'article 1 est adopté
au complet?
Le lotissement
M. Mathieu: Avant d'adopter au complet, il me reste, à la
page 6, le dixièmement en haut. Ce n'est pas pour le plaisir de faire
perdre du temps à la commission, c'est pour un éclaircissement.
"Lotissement: le morcellement d'un lot au moyen du dépôt d'un plan
et livre de renvoi résultant notamment de l'article 2175 du Code civil
ou au moyen de l'enregistrement d'un acte d'aliénation d'une partie de
ce lot ou d'une servitude réelle affectant une partie de ce lot;" Si je
comprends bien, un individu qui va accorder une servitude, cela équivaut
à un lotissement. Donc, toute servitude va requérir
l'autorisation de la commission y compris une servitude pour fins agricoles.
Dans l'autre loi 90, il existe une exception. On n'a pas besoin de la
commission pour constituer une servitude pour des fins agricoles, si je ne me
trompe pas. Maintenant, ça va prendre l'autorisation de la commission
pour toute servitude.
M. Garon: Non, pour toute servitude constituant un morcellement.
C'est un peu sorcier, mais c'est toujours ce que ça veut dire. C'est le
lotissement qui est visé. Prenons un exemple. Une servitude
perpétuelle de passage, comme on en a vu, pour permettre à une
compagnie de services publics d'avoir accès, par exemple, à des
antennes de télévision à un demi-mille plus loin sur la
terre peut donner comme résultat une emprise de quarante pieds,
consentie par servitude, avec un chemin de gravier très carrossable
hiver comme été, avec une clôture de tous
côtés, en plein milieu du champ d'avoine et le producteur agricole
ne peut même pas le traverser. Mais, pour diverses raisons que vous
comprenez, il arrive souvent que certains organismes ou entreprises
privées se contentent d'une
servitude, entre autres, parce que le cultivateur continue à
recevoir son compte de taxe et à demander le remboursement de tout
ça. Il règle son indemnité de servitude autrement. Le
résultat net, c'est que ça fait un chemin qui coupe la terre en
deux et il ne peut faire traverser ni ses fossés, ni ses drains, ni
rien.
Le résultat pratique, c'est la même chose que s'il avait
vendu un chemin, mais, au lieu de s'appeler une vente, ça s'appelle une
servitude. On a vu de tout, y compris une servitude pour un autre organisme
public équivalente à la non-agriculture, par laquelle il
s'engageait à nettoyer et à ne rien cultiver qui pousse plus haut
que trente centimètres pour qu'il n'y ait pas d'accident sur le coin de
la route. C'était du blé d'Inde qu'il cultivait. Si vous mettez
une servitude comme ça sur une terre, ce n'est pas une
aliénation, ce n'est pas une vente, mais si vous en mettez huit sur une
terre il ne reste plus grand-chose à cultiver. Le danger,
peut-être, c'est de contrôler trop de servitudes réelles,
mais une servitude réelle constituant un morcellement. Parce que ce
n'était pas évident avant. Les organismes soumettaient quand
même des demandes d'autorisation, mais certains soumettaient que
peut-être que la servitude réelle n'était pas une
aliénation. Vous savez, tout le problème de lexique, c'est pour
que ce soit plus clair. Avant, nous avions constamment des demandes
d'autorisation de servitudes comme celles d'Hydro-Québec, parce qu'en
pratique ils avaient aussi besoin - il faut être réaliste -d'une
autorisation pour utiliser à d'autres fins que l'agriculture.
Mais il est trop tard, quand l'acte de servitude est signé,
payé et enregistré et que la servitude est déjà
opérationnelle, pour leur dire: Nous vous arrêtons. Il faudrait
bien venir voir la commission. Nous pensons que votre chemin, ce n'est pas un
chemin agricole. En matière de zonage, il faut réglementer
à la source et non pas à la fin. Autrement dit, il faut
empêcher de bâtir illégalement à un usage
dérogatoire plutôt que de faire démolir. Toutes les lois en
matière de zonage sont de cet ordre. L'Ontario a recommandé,
comme tous les États américains - la Californie a
étudié la même chose - qu'on réglemente davantage le
morcellement ou le lotissement que la construction d'un restaurant. Quand on a
laissé vendre un terrain trop petit sur le bord d'une route, tout ce que
le propriétaire peut faire, c'est d'y mettre un restaurant ou une
station de service. Mais, si ça fait huit ans qu'il l'a acheté et
qu'on l'empêche d'y mettre une station de service, il ne comprendra pas
qu'on l'ait laissé acheter un petit terrain sur le coin de la route.
M. Mathieu: D'accord, mais je reviens là-dessus. Suis-je
en bon droit de dire que dans la loi 90 - là je ne trouve pas l'article
- on pouvait consentir une servitude pour fins agricoles?
M. Garon: La servitude n'a jamais été
mentionnée dans la loi. Tout le monde a perçu la servitude
réelle comme étant un démembrement de
propriété, comme étant peut-être une
aliénation qui pouvait être réglementée. Certains on
contesté la chose et cet article ne fait que clarifier cet
aspect-là. Dans une servitude d'utilisation agricole, l'usage n'est pas
réglementé puisque l'usage, c'est de l'agriculture. Dans une
servitude par laquelle quelqu'un consent un usage non agricole, même si
l'acte de servitude n'était pas réglementé, l'usage
l'était.
M. Mathieu: Si je comprends bien...
M. Garon: On a vu une servitude véritable consentie sur
une terre par un cultivateur à une compagnie de camionnage pour remiser
ses gros camions. Il n'a pas acheté, il a fait une servitude sur
à peu près dix acres pour remiser du stock et des camions. Il a
fini par venir devant la commission quand il s'est fait prendre et qu'on a vu
qu'il y avait des camions dans le champ. Il a dit: Je vais demander
l'autorisation d'y mettre des camions, mais il n'a pas demandé d'avoir
une servitude pour mettre du gravier et d'y faire un parc de stationnement,
parce qu'il disait qu'il en avait le droit.
M. Mathieu: Alors, cela veut dire que pour une fin agricole on
peut continuer, entre deux agriculteurs, à donner une servitude.
Exemple: un agriculteur prend l'eau chez le voisin pour son étable, pour
ses animaux. Si je comprends bien, c'est pour une fin agricole, la servitude
est permise. Tandis que s'il s'agissait de prendre l'eau pour un garage, pour
une fin non agricole, la servitude ne serait pas permise. (23 heures)
M. Garon: Consentir une servitude réelle constituant un
morcellement, cela requerrait maintenant une autorisation, mais utiliser
l'emprise d'une servitude à une fin agricole, il n'y a pas besoin
d'autorisation pour l'usage.
Mais, encore là, il faut regarder ce que ça donne. Nous
avons vu des servitudes consenties par un agriculteur qui, rendu devant la
commission, voulait "désigner" sa servitude, parce qu'il venait de
comprendre l'acte de servitude. L'objet, c'était un puits, une source
d'approvisionnement pour une petite municipalité. C'était juste
ça, ce n'était pas agricole; c'était juste de l'eau,
c'était juste un puits, c'était tout petit, c'était un
trou coiffé d'un "cap". Mais, quand il a lu tout le contrat et qu'il a
compris...
C'était écrit qu'il y avait une aire de protection de 500
mètres tout le tour, pas d'engrais, pas de fumier, rien...
Une voix: ...
M. Garon: À Sainte-Anne-de-la-Pérade. Il a dit:
Est-ce que ça veut dire que je ne peux plus étendre de fumier,
etc. ? Pour lui, cela équivalait à une servitude pour ne rien
faire avec la terre autour du puits. C'est complexe.
M. Mathieu: Oui, mais, à toutes fins utiles pour
être bien compris, toute servitude requerra l'autorisation de la
commission...
M. Garon: Servitude réelle constituant un morcellement,
oui.
M. Mathieu: Sauf, si je comprends bien, si c'est une servitude
pour fins agricoles. Même pas? Autrement dit, dans la pratique, chaque
fois qu'il y aura une servitude, ce sera sage d'aller devant la commission afin
de ne pas être "poigné" avec l'interprétation "fins
agricoles" ou "non agricoles" ou qui seraient agricoles à ce moment-ci
et, dans 20 ans, ne seraient peut-être plus agricoles. Ce serait
peut-être plus prudent de dire...
M. Houde: Quand on voit... Je pense que ce n'est pas tout
à fait exact. Ce ne sont pas des farces!
M. Garon: Cela correspond à la pratique depuis trois ans,
mais cela rend la chose plus...
M. Houde: Combien y a-t-il de servitudes par année?
M. Garon: II n'y en a pas beaucoup. Cela rend la chose plus
claire pour ceux qui avaient des doutes.
M. Mathieu: Quand je pratiquais, pour un petit bureau comme le
mien, j'en avais une cinquantaine par année.
M. Garon: Oui, et je dirais là-dessus à l'oeil,
sans voir, que peut-être 45 n'étaient pas des servitudes
réelles, perpétuelles, constituant un morcellement en regard de
la Loi sur la protection du territoire agricole.
M. Mathieu: La plupart sont des droits de passage, soit pour des
voitures, pour des animaux ou pour des personnes; droits de puiser l'eau chez
le voisin ou droit de vue, mais c'est moins clair. Mettons que vous avez une
bâtisse qui a les fenêtres à moins de six pieds. Mais,
servitude réelle... Est-ce que ce ne serait pas toujours plus prudent,
d'après ce que je peux voir, pour que l'auteur de l'acte ne se fasse pas
mettre à sac devant la commission...
M. Garon: Pour le dire autrement, on peut concevoir qu'à
force de donner des servitudes, le cultivateur n'a plus de terre, elle est
toute donnée en servitude. Je pourrais vous dire qu'il y en a qui ont
trouvé le moyen de consentir beaucoup de servitudes dont le contenu est
tellement grand que c'est l'équivalent d'une vente, mais ce n'est pas
une aliénation.
M. Mathieu: Vous avez souvent des servitudes qui arrangent un
problème entre deux agriculteurs; l'un donne une servitude à
l'autre et l'autre lui en donne une en retour; cela arrive assez souvent.
Supposons qu'il y a une côte très abrupte, l'agriculteur peut
passer sur le terrain du voisin pour aller à son érablière
ou vice versa. Quoi qu'il en soit, on va considérer toute servitude
réelle comme étant un lotissement requérant
l'autorisation.
Le Président (M. Boucher): L'article 1?
M. Mathieu: M. le Président, adopté sur division,
toujours. N'oubliez pas cela, M. le Président:
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 2?
M. Mathieu: II n'y a pas de problème à l'article 2;
ça s'inférait déjà de la loi; elle peut ester en
justice, il me semble que ça s'inférait déjà.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Mathieu:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 3?
Commissaires
M. Mathieu: M. le Président, on nous dit que l'article 3
crée des commissaires régionaux. En réalité, on
augmente le nombre de sept à douze.
M. Garon: Où en êtes-vous rendu? M. Mathieu:
À l'article 3.
Le Président (M. Boucher): À l'article 3, M. le
ministre.
M. Garon: D'accord.
M. Mathieu: Jusque-là, on ne crée pas de
commissaires régionaux, contrairement à vos prétentions,
M. le ministre.
M. Garon: Non, c'est parce que, dans l'article de loi, on ne
marque jamais que les commissaires vont venir de telle, ou telle
région, parce que les gens vont commencer à dire: Vous
n'en avez pas mis dans ma région et vous en mettez dans une autre
région.
M. Mathieu: J'espère qu'il va y en avoir dans la
Beauce!
M. Garon: Non, la Beauce, je pensais l'annexer à
Lévis!
M. Mathieu: Ah oui! Eh bien, on va s'annexer à...
M. Garon: Avec l'autoroute, vous êtes tout proche
maintenant.
M. Mathieu: La Beauce va annexer le Maine à la place!
M. Garon: Oui? M. Mathieu: Oui!
M. Garon: Nous, les Beaucerons, on les connaît comme il
faut, ils passent dans le comté de Lévis tout le temps.
M. Mathieu: Oui, c'est justement dans votre comté qu'ils
ont pris leur surnom de "jarrets noirs", n'est-ce pas?
M. Garon: Je ne sais pas.
M. Mathieu: Je le sais, moi.
M. Garon: Comment cela?
M. Mathieu: À Saint-Henri de Lévis.
M. Garon: Ce n'est pas dans mon comté
M. Mathieu: Cela ne l'est plus, mais cela l'a déjà
été. Au temps où Lévis était un grand
comté.
Le Président (M. Boucher): Un comté
fédéral.
M. Garon: Là, c'est un gros comté. M. Mathieu:
À l'image du ministre?
M. Garon: Non, il y a beaucoup de monde. Il est moins grand, mais
il y a plus de monde.
Le Président (M. Boucher): Article 3, adopté.
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 4?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 5?
M. Mathieu: Cela n'ajoute pas grand-chose, la commission peut
avoir des bureaux.
M. Garon: C'est à l'article 4, cela.
Le Président (M. Boucher): Article 5?
M. Garon: C'est l'article 4.
Le Président (M. Boucher): C'est l'article 4, M. le
député de Beauce-Sud. On est rendu à l'article 5.
M. Mathieu: Ah bon! Cela va encourager, à l'article 4,
ceux qui ont des bureaux à louer. Adopté.
M. Garon: Non, il n'y a pas de bureaux additionnels.
Révision
Le Président (M. Boucher): Article 5, adopté.
Article 6?
M. Mathieu: Article 5, adopté. Article 6, attendez un peu.
Je me demande pourquoi vous avez changé "toute personne
concernée" par "toute personne intéressée".
M. Garon: C'est plus français. M. Mathieu:
Pardon?
M. Garon: "Toute personne concernée", c'est un
anglicisme.
M. Mathieu: Ah!
M. Garon: Habituellement, partout, dans les lois, on parle des
personnes intéressées, qui ont un intérêt. C'est la
même chose.
M. Dubois: Cela ne veut pas dire un intérêt
pécuniaire?
M. Garon: Non, non.
M. Dubois: Quand on dit "concerné", parfois, il y a un
voisin qui se pense concerné, mais il n'a pas d'intérêt
pécuniaire. J'ai vu des cas assez flagrants, quand même, dans une
municipalité.
M. Garon: Ce n'est pas ce qui est changé, c'était
inscrit avant. On avait fait un amendement, au cours d'une commission
parlementaire, en 1978, et on avait inclus "personne concernée". Les
gens se demandaient si cela voulait dire quelque chose de différent
parce qu'on avait inscrit "personne concernée" et ailleurs on avait
inscrit "partie intéressée", "personne
intéressée". Pour ne pas faire de différence, on
veut inscrire "personne intéressée".
M. Mathieu: Cette partie est adoptée.
Le Président (M. Boucher): Article 6, adopté.
M. Mathieu: Un instant, c'est le premier paragraphe.
Le Président (M. Boucher): On n'adoptera pas les
paragraphes un à un, on l'adoptera en entier.
M. Mathieu: Là, vous apportez un soi-disant
assouplissement par les 60 jours.
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Au second paragraphe.
M. Garon: Oui, à cause de la lenteur de la poste
aujourd'hui. Plus les timbres coûtent cher, plus la poste est lente.
M. Mathieu: On va faire l'indépendance pour avoir une
poste plus rapide.
M. Garon: C'est tout simplement pour donner un peu plus de
temps.
M. Mathieu: Ici, je suis d'accord avec l'adoucissement, je
reconnais qu'il y en a un, mais je me demande pourquoi vous n'obligez pas la
commission à entendre les individus en première audience, en
première instance au lieu de le faire seulement en révision,
quand ils le désirent. Ici, on prolonge le délai et, plus loin,
on tient une audition publique dans le cas de révision. Pourquoi
n'aurait-on pas l'audition publique obligatoire à la demande du
justiciable s'il en fait la demande? Dans le moment, des justiciables ont
demandé d'être entendus devant la commission et ils ne l'ont pas
été.
M. Garon: Ils le seront.
M. Mathieu: Oui, mais en révision, M. le ministre, et non
pas en première audience.
M. Garon: S'ils ne l'ont pas été à la
première.
M. Mathieu: Oui, mais pourquoi n'obligez-vous pas la commission
à entendre le justiciable en première instance quand il veut se
faire entendre? Là, vous ne l'obligez pas, vous l'obligez seulement en
révision. Il nous semble que la règle audi alteram partem, est
fondamentale. Se faire entendre avant le procès et non pas après
le procès est quelque chose de fondamental. C'est quelque chose de
sacré. J'ai des décisions à ce sujet, je peux vous en
citer ici.
Une voix: Elle peut en entendre, ce n'est pas exclu.
M. Mathieu: Oui, mais pourquoi la commission n'a-t-elle pas comme
pratique de toujours entendre ceux qui désirent se faire entendre? La
commission se déclare suffisamment informée et elle dit:
Malgré que l'individu demande à se faire entendre, on
décide de ne pas l'entendre. Il me semble que c'est
répugnant.
M. Garon: Le choix qui a été fait au point de
départ, c'est que lorsque la zone agricole est déterminée,
la première demande va au niveau municipal. Je me rappelle qu'il y avait
eu un long débat avec le ministère des Affaires municipales. On
disait: La première fois qu'il y aura une demande, est-ce que ça
va aller directement devant la commission ou la municipalité? On est
arrivé avec la situation suivante où on disait: II y a des gens
qui vont venir devant la commission et se faire dire oui; ils peuvent arriver
devant la municipalité et se faire dire: C'est ci, c'est ça,
ça va faire des chicanes. On a dit: Que la première entente, la
première place, la première audition du contribuable ait lieu au
niveau de sa municipalité. Après ça, la recommandation de
la municipalité arrive à la commission, c'est-à-dire
l'avis de la municipalité arrive à la commission et la commission
se prononce là-dessus, après avoir reçu la demande du
contribuable qui est passée par la municipalité.
Si le citoyen, le requérant n'est pas satisfait, il peut demander
une révision et demander d'être entendu directement devant la
commission. C'est un choix qui a été fait. Cela a un avantage, on
donne des décisions plus rapides et des gens vont pouvoir être
entendus si vraiment cela ajoute quelque chose d'être entendu en
révision. Là, ils ont été entendus normalement au
niveau municipal.
M. Mathieu: Au niveau municipal, on va aller voir le
secrétaire-trésorier et, normalement, si c'est conforme au plan
de zonage...
M. Garon: C'est une résolution du conseil.
M. Dubois: Généralement, le conseil municipal d'une
paroisse ne voudra pas contrecarrer le désir d'un citoyen de voir un
coin de terrain sorti de la zone agricole. Il va dire: D'accord, on adopte une
résolution et que la 'commission fasse son travail.
Généralement, c'est ce qui se passe. Je vois aller les choses. Je
les constate.
M. Garon: Cela fait partie de deux choses. Ou bien on dit que les
municipalités ne sont pas préoccupées par le zonage ou
bien elles en tiennent compte. Vous venez de dire, ce qu'on a toujours
défendu, que les municipalités ne sont pas
préoccupées par le zonage agricole.
M. Dubois: Ce n'est pas parce qu'elles ne sont pas
préoccupées. Je ne suis pas d'accord là-dessus.
M. Garon: Plusieurs maires m'ont dit: Nous autres, on est
contents d'avoir une commission - et je dis plusieurs maires, des dizaines de
maires me l'ont dit - parce qu'on ne serait pas capables de faire ce travail
nous-mêmes. La pression serait trop forte. Des fois, ce sont des
pressions de familles. Des fois, ce sont des chicanes de familles. J'ai
même reçu, dans la zone permanente, des téléphones
à mon bureau après entente avec la commission, j'étudie le
dossier et je prends un certain temps, je demande à M. Blain de prendre
des photos aériennes quand ce n'est pas clair, je demande ensuite des
renseignements additionnels avant d'aller devant le Conseil des ministres avec
une zone où il n'y a pas d'entente. J'ai vu des cas - je ne dis pas
qu'il y en a des dizaines, il y a eu quelques cas-où les maires m'ont
téléphoné et m'ont dit: M. Garon, la commission, on sait
qu'elle a rendu sa décision. C'est sur votre bureau. Pourquoi
n'acheminez-vous pas ça au Conseil des ministres? Je réponds: II
n'y a pas eu d'entente entre la municipalité et la commission. Je
m'interroge pour voir si c'est une bonne décision de la commission avant
de faire ma recommandation au Conseil des ministres.
On me dit: Ne vous occupez pas de cela. Adoptez cela. Je dis: Comment se
fait-il que vous vouliez qu'on adopte ça alors que vous n'avez pas
signé d'entente? Il y en a qui n'ont pas voulu me donner de raisons,
mais il y en a qui me l'ont dit. Ils ont dit: Écoutez, je ne veux pas
faire une chicane de famille. Le frère de ma femme va me tuer si
j'adopte tout ça alors que je suis maire, ou que je suis conseiller. Ou
alors: II y a deux conseillers qui sont proches de celui qui ne veut pas faire
un développement; on ne veut pas faire de chicane dans la paroisse. On
trouve que c'est une bonne décision, mais on va avoir des
problèmes familiaux ou des chicanes dans la paroisse si on fait une
entente avec la commission. J'ai même vu mieux que ça. J'ai vu
récemment une municipalité qui n'accepte pas la superficie
reconnue officiellement par le ministère des Affaires municipales. On
dit: Nous autres, on a toujours considéré que tel rang faisait
partie de notre municipalité alors que les Affaires municipales, depuis
1903, pensent que ça appartient à une autre municipalité.
Légalement, ça appartient à l'autre municipalité,
mais, dans les faits, c'est à nous. On dit: Si on signe une entente, on
a peur que ce soit une reconnaissance de la détermination du territoire,
comme c'est le cas actuellement. Ils n'ont pas voulu signer l'entente, mais ils
étaient d'accord avec la répartition. (23 h 15)
M. Houde: N'y aurait-il pas une partie du village
là-dedans qui devrait faire partie de cette entente? N'y aurait-il pas
une partie du village qui ne serait pas à eux et là, ils veulent
avoir leur partie de municipalité, leur partie de village, plus le rang?
C'est parce que c'est seulement une erreur de mots. C'est la montée est
au lieu de la montagne... En tout cas, c'est seulement le mot, à un
moment donné... Je l'ai dans mon bureau en haut.
M. Garon: Oui, oui, mais...
M. Houde: C'est dans mon comté.
M. Garon: C'est exact, dans votre comté, mais ce n'est pas
à nous de régler ces problèmes.
M. Houde: C'est pour cela que je suis arrivé et que j'en
ai parlé.
M. Mathieu: C'est un comté libéral. M. Houde:
Oui.
M. Garon: C'est un comté... C'est une question d'affaires
municipales.
M. Houde: C'est la moitié du village qui n'est pas dans sa
paroisse. Cela n'a pas de bon sens et la paroisse à côté
dit: Je ne veux rien savoir. Prenez vos affaires et allez-vous en avec
elles.
M. Mathieu: C'est cela.
M. Garon: Cela a été fait dans le temps de
Taschereau, en 1903. Je vous l'ai dit tantôt.
M. Houde: La réponse a été rendue par le
Conseil des ministres. Oui, elle a été rendue.
M. Garon: II y a toutes sortes de choses. Je vais vous dire une
chose. Un jour, il va y avoir un autre ministre de l'Agriculture.
J'espère que cela va prendre un certain temps, mais, un jour, il y en
aura un autre. Si la loi a été établie depuis un certain
nombre d'années, peut-être y aura-t-il moins de pressions que j'en
ai eu. C'est inimaginable. Je ne peux pas compter tout cela, mais c'est
inimaginable, le nombre de représentations qui sont faites pour telle et
telle affaire, des cas personnels qui sont mentionnés, qui sont des
rivalités et des cas de famille. J'ai essayé de tenir, non pas
j'ai essayé, mais j'ai tenu - en tout cas, selon
mon opinion - une ligne très stricte là-dessus et je suis
complètement convaincu que la commission rend un service incroyable. Je
ne dis pas qu'il ne peut pas y avoir un cas pour lequel vous pourriez me dire:
La décision, je l'aurais rendue différemment. J'ai fait
réviser un grand nombre de cas. J'ai même fait entrer quelqu'un
spécialement au cabinet dont la tâche est d'aller voir des cas
individuels, pour savoir si la décision de la commission est bonne ou
non. J'ai aussi été voir des cas personnellement et je peux vous
dire une chose: Les municipalités sont contentes d'avoir la commission.
Je ne dis pas, quand il arrive un cas où elles auraient rendu, elles,
une décision différente, qu'elles ne sont pas
fâchées contre la commission -des députés aussi -
mais j'ai vu des cas, dans mon bureau de comté, où je me suis
fait conter des blagues. J'ai vu des cas. J'étais horrifié en
entendant dire ce qui m'était dit. Une fois les vérifications
prises, je me suis aperçu qu'on s'était fait bourrer
complètement dans mon bureau de comté. Ce qu'on m'avait dit
n'était pas exact.
J'ai parlé à des maires et même à des
dirigeants de MRC qui m'ont dit: M. Garon, si vous voulez que les MRC marchent,
que la loi 125 marche, gardez le zonage comme il est là. C'est pour cela
que je vous dis... Les gens me l'ont dit. Ils m'ont dit: II va tellement y
avoir de chicanes pour savoir à quelle place va se faire le
développement sur les terres agricoles, si vous ne maintenez pas le
zonage, que l'aménagement va être difficile à maintenir en
place. Aujourd'hui, je suis convaincu que c'est une loi acceptée. Je ne
dis pas qu'il n'y a pas des gens qui contestent certaines décisions.
Cela arrive en droit. Vous lisez les jugements, comme notaire, des juges. Dans
certains cas, vous avez dit: Moi, si j'avais été le juge, je
n'aurais pas décidé comme cela. J'ai vu des procès aussi,
comme professeur et comme étudiant, dont je lisais les comptes rendus et
je disais: C'est exagéré. On n'est pas d'accord. Cela peut
arriver, mais, dans l'ensemble, si on regarde l'ensemble, je pense que les gens
sont complètement d'accord avec la loi actuelle.
M. Mathieu: La manière dont vous nommez vos commissaires
régionaux...
Une voix: Excusez-moi. Est-ce qu'il avait la parole, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Oui, oui. Le
député de Huntingdon et le député de Champlain vont
avoir la parole ensuite.
M. Mathieu: ... présentement, cela ne livre pas la
marchandise espérée dans le public. Les gens s'attendent qu'il y
ait un commissaire, par exemple, à Amos ou au Saguenay, qui va
être tout le temps sur place, qui va aller visiter les gens ou que les
gens vont aller le visiter à son bureau, au Saguenay-Lac-Saint-Jean,
pour des problèmes locaux...
M. Garon: Non.
M. Mathieu: ... et qui aura une force un peu
prépondérante pour interpréter le cas auprès de la
commission, s'il ne peut pas rendre lui-même la décision. C'est
ainsi que les gens l'interprètent. Actuellement, je vous dis que
l'adoucissement que vous faites va être dilué par l'ensemble des
commissaires qui vont siéger pour étudier les dossiers. Il va
être un de trois, si je comprends bien.
M. Garon: Un de deux. M. Mathieu: Un de deux. Une
voix: Parfois de trois.
M. Garon: Oui, parfois de trois. À moins de faire une loi
comme la Loi sur les impôts, un règlement de l'impôt avec
quelque chose de quatre pouces d'épaisseur, après cela, des
directives d'interprétation et tout cela, il faut avoir une loi
où les faits sont appréciés en fonction de certains
principes. C'est cela qu'on a choisi de faire. On aurait pu faire une loi d'une
complexité épouvantable. On a choisi de faire une loi qui
était plus simple parce qu'elle réglemente la vie des gens qui
auront affaire à cette loi peut-être plus souvent dans leur vie.
Par exemple - je vous donne un cas - si vous êtes dans un rang de
Saint-Hyacinthe ou de Sainte-Madeleine et que quelqu'un demande de se
construire dans le rang, je suis convaincu que cela va prendre un cas
exceptionnel pour que la commission dise oui. Si vous êtes, par exemple,
dans le comté de Laviolette ou dans...
M. Mathieu: ... Beauce-Sud, il y a bien des paroisses.
M. Garon: .:. peut-être une paroisse de Beauce-Sud ou
encore des paroisses, par exemple, dans le comté de Bonaventure,
là, il y a peut-être une problématique différente.
Je pense que la commission en tient compte, actuellement. Mais s'il y a un
commissaire qui vient, mettons, de la Gaspésie, qui siège lorsque
ce cas est présenté, et qui mentionne que, étant
donné la demande, dans ce rang, il n'y a pas de construction, que les
gens ont tendance à s'en aller plutôt qu'à se bâtir,
que les producteurs font tel genre de production, qu'une maison dans le rang va
avoir plutôt tendance à faire plus de vie sociale que d'autre
chose, que cela ne dérangera pas l'agriculture, pour cela, il n'y a pas
de règles. Vous pouvez essayer de rédiger des
règles, on peut essayer de prévoir tous les cas
individuels dans une réglementation, cela va être
épouvantable. Alors, il y a une question d'appréciation en
fonction des critères de la loi: Est-ce que cela va déranger
l'agriculture? C'est un peu cela. Certaines gens vont dire: II y a de
l'arbitraire là-dedans. Je dirais que, apparemment, cela va être
un jugement qui est un peu plus en équité.
M. Dubois: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Gagnon: M. le Président, question de règlement,
si vous me permettez. C'est juste pour faire remarquer aux membres de la
commission qu'il est 11 h 25. On a une autre loi à adopter après.
Je me demande s'il n'y aurait pas possibilité d'aller un peu plus
rapidement pour le reste. Alors, je vous laisse la parole. L'ordre de la
Chambre, c'est minuit, ce soir.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, comme je le disais, l'heure avance. Je demanderais la collaboration
des membres.
M. Dubois: Est-ce qu'il y a un ordre de la Chambre à
l'effet que cela se termine à minuit ce soir pour les trois lois?
Le Président (M. Boucher): Disons qu'il n'y a pas d'ordre
de la Chambre pour les trois lois. On devait étudier les trois lois,
selon l'ordre de la Chambre.
M. Dubois: Et on devra revenir demain si on ne finit pas ce
soir?
Le Président (M. Boucher): Si vous jugez que vous n'avez
pas le temps de le faire ce soir ou si vous voulez prolonger après
minuit, ce sera suivant les membres de la commission.
M. Mathieu: Si l'on ne termine pas à minuit, si je
comprends bien, il faut un nouvel ordre de la Chambre pour demain.
Le Président (M. Boucher): Non. La commission peut
disposer d'elle-même et continuer après minuit...
M. Dubois: ... ou ajourner sine die.
Le Président (M. Boucher): ... la commission est
maîtresse de ses travaux.
M. Dubois: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Tout à l'heure, le ministre faisait part
à la commission que la première instance serait le conseil
municipal dans une paroisse. La pratique veut que le contribuable qui va voir
son conseil, que ce soit sur une question de morcellement, de lotissement,
d'inclusion ou d'exclusion, s'en va chercher une résolution de son
conseil. J'ai vu le fonctionnement; c'est courant. La municipalité n'a
pas juridiction, enfin, elle n'applique pas la loi, ce n'est pas son devoir
d'appliquer la loi. La municipalité ne veut pas voir la loi
inappliquée, mais par contre, elle n'a pas juridiction sur l'application
de la loi. C'est la commission. Le conseil municipal va dire à son
contribuable: Bien, voici - ce sont tous des gens qui se connaissent d'ailleurs
- d'accord, tu veux aller jusqu'au bout, tu veux avoir une réponse
finale; bon, on te donne une résolution et envoie cela à la
commission. Finalement, quand on parle de première instance, comme
conseil municipal, je vous assure que, en pratique, ce n'est vraiment pas une
première instance. Le contribuable va chercher strictement une
résolution et le conseil lui dit: La décision que la commission
prendra, je l'accepterai.
M. Garon: Cela vaut peut-être la peine que la commission
dise ce qu'on pense. La loi est ainsi faite que, comme dans le cas de la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme, c'est la municipalité qui a
juridiction, la même juridiction que la commission, on peut se tromper
dans l'interprétation, mais on est certain de cela; une demande est
faite à la corporation municipale quand la zone est
décrétée. La zone agricole de facto, devient la zone
agricole de la municipalité, puis la loi devient l'équivalent de
ce qui pourrait être son règlement de zone agricole qui dirait la
même chose; c'est même la seule loi qui donne juridiction au
conseil municipal d'adjuger sur une demande de rezonage, on appelle cela
dézonage d'habitude, au mérite ou bien en équité
comme disait M. le ministre, alors que les autres lois l'obligent à
appliquer le règlement, ils ne peuvent pas sortir de là; or, ce
qu'ils font quand ils ne peuvent pas appliquer le règlement, ils
émettent des permis des fois qui ne sont pas conformes au
règlement ou ils font de petits amendements. Dans cela, ils n'ont pas
besoin.
M. Dubois: Non.
M. Garon: Ils font une recommandation au mérite. L'article
59 dit qu'ils font une recommandation à la commission, mais ils doivent
la faire avec les mêmes critères que la commission, la même
loi, et si leur recommandation est tout à fait semblable à la
décision que la commission va faire, on va prendre une étampe et
on va l'étamper. C'est cela l'idée. Mais ça va prendre
du
temps. Lorsqu'ils vont appliquer les règlements de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, ils vont faire la même chose, puis,
si cela ne marche pas, il y a quelqu'un qui va aller en appel sur la
non-conformité quelque part. Mais un jour, il va falloir qu'ils
appliquent chez eux la réglementation de zonage. La municipalité
devrait dire: D'accord, maintenant que j'ai signé une entente qu'il y a
une zone agricole, je vais appliquer cette loi-là chez nous, les
demandes arrivent chez nous. Alors là, il regarde la loi, il dit: Bon,
il veut faire un développement sur le bord du chemin en plein champ
d'avoine, à côté de l'étable du gars et ce n'est pas
une zone résidentielle, puis s'il fait quatre maisons, il va fermer son
étable... on va faire une recommandation en commission disant: En
appliquant la loi, cela n'a pas de bon sens, mais on a toutes sortes de
recommandations. Il y en a qui disent: On ne se prononce pas, d'autres disent:
On est contre, mais on a une lettre qui dit: Dites-lui oui ou dites-lui non;
c'est très difficile. On se comprend bien.
Souvent il y a des municipalités qui laissent dire non à
la commission...
M. Dubois: Parce que la première question que je
pose...
M. Garon: Mais ils ont la même juridiction que la
commission, c'est pour cela que l'idée dans la loi c'est écrit:
La municipalité a le droit d'entendre le citoyen, elle peut l'entendre
au conseil ou autrement.
M. Dubois: D'accord.
M. Garon: À la commission, dans le fond, on devrait avoir
la recommandation formelle de la municipalité, les
représentations écrites du citoyen, tous nos documents, puis dire
si oui ou non cela a du bon sens. Mais là, à 10 000décisions par année, ça prend un mois ou deux, cela a
du bon sens, mais si tout le monde attend son tour à l'audition
publique, comme aux petites créances, ça prend un an et demi pour
dire oui à un gars. Je ne sais pas si on se comprend. Il faut qu'il y
ait à un moment donné l'occasion d'être entendu s'il veut
vraiment l'être, il peut l'être en révision. Est-ce qu'on va
tout bloquer là pour prendre un an et demi pour dire oui à un
gars?
M. Dubois: Ce que je veux dire, c'est que le rôle que
devrait jouer le conseil municipal normalement est peut-être mal compris
par lui aussi. La première question que je pose aux commettants qui
viennent me voir après avoir formulé à la commission une
demande qui a été refusée, c'est: Est-ce que votre conseil
municipal approuve votre demande? Ah oui! Ils sont toujours d'accord.
M. Garon: Oui, ils les approuvent quasiment toutes. Il y a 90%,
95% des municipalités qui ont signé des ententes sur la zone
agricole et souvent la majorité dit: Cela fait bien notre affaire, on va
rentabiliser le village, on va se "garrocher" à gauche et à
droite, c'est vrai que c'est agricole ce coin-là, ce sont des montages,
ce bout-là n'est pas bon pour l'agriculture, il y a eu une entente
là-dessus, mais le lendemain, 102% des recommandations à tous les
gars qui veulent se faire dézoner, la municipalité dit: On est
d'accord, puis six mois avant, elle a signé une entente comme quoi elle
était bien d'accord que ce soit agricole. On comprend qu'ils sont
parfois mal placés, c'est peut-être pour cela qu'on joue notre
rôle à ce moment-ci, mais avec le temps, il faudrait que la
municipalité applique pour vrai des règlements de zonage,
celui-là comme d'autres.
M. Dubois: Je suis bien d'accord sur ce principe-là, mais
il semblerait que les municipalités ne veulent pas porter l'odieux d'un
refus de résolution alors...
M. Garon: J'imagine que c'est partout pareil.
M. Dubois: Ce qui veut dire que la municipalité ne
comprend pas vraiment le rôle qu'elle doit jouer dans ce
dossier-là.
M. Garon: Et, peut-être qu'il y aurait lieu de contacter
les municipalités de façon qu'elles soient avisées comment
conduire leur résolution ou conduire leur comportement, vis-à-vis
de cette loi.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier. (23 h 30)
M. Houde: La personne qui demande à être
dézonée elle s'en va au conseil municipal et elle demande la
permission, pour elle, ce n'est qu'un papier d'après ce que je vois dans
mon comté, qu'elle a obtenu de la municipalité pour aller devant
la Commission de protection du territoire agricole. Pour elle, en tout cas pour
tous les cas que j'ai vus, c'est cela. Elle sait au départ que cela
prend ce papier automatiquement pour être capable d'aller à
Montréal. Je ne sais pas si c'est pareil dans d'autres comtés,
mais c'est cela. Elle sait très bien que ce n'est pas avec cela qu'elle
va pouvoir construire, mais cela lui fait une entrée pour s'en aller
chez vous. C'est pour cela que, lorsque la personne demandera d'être
entendue à Montréal - ce n'est pas à Montréal,
c'est à Saint-Lambert...
Une voix: Longueuil.
M. Houde: ... Longueuil - si elle
pouvait être entendu cela finirait là. À partir de
là, elle ne traînerait pas avec un notaire ou un avocat, elle ne
ferait pas d'autres démarches pour trouver peut-être un mot de
plus pour se faire entendre devant vous autres une deuxième ou une
troisième fois. La première fois, si elle a un non, c'est fini,
vous retournez chez vous, cela finit là, vous ne pouvez aller plus loin
que cela. Comment dit-on cela? Ce n'est pas irrévocable mais...
M. Mathieu: ... sans appel.
M. Houde: Bon, sans appel, c'est cela que je veux dire.
M. Dubois: Les grandes municipalités, par exemple,
Saint-Hyacinthe, ont certainement un urbaniste. Dans une grande
municipalité, ils sont peut-être mieux équipés pour
faire face à cette loi et conseiller les commettants en disant qu'il
n'est pas question d'aller devant la commission, cela ne peut pas être
dézoné. Vous ne pouvez avoir une permission. Il y a des fois que
cela crève les yeux qu'une permission ne sera pas donnée par la
commission. Dans les petites municipalités, on ne connaît
peut-être pas à fond la loi non plus. Alors, on envoit cela devant
la commission et on fait une résolution.
M. Garon: Mais ils connaissent leur territoire...
M. Dubois: Ils connaissent leur territoire, oui, mais ils n'osent
pas dire non à personne.
M. Garon: ... mieux que nous, c'est normal. Ils devraient savoir,
quand une demande est faite, si elle est préjudiciable ou pas à
l'agriculture. Dans votre comté, ils le savent très bien, mais,
parfois, on comprend qu'ils puissent être mal placés.
M. Dubois: Cela est sûr. Ils se connaissent trop, les gens
dans les petites municipalités.
M. Mathieu: Un instant, j'ai quelque chose.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, je ne présente pas de
motion en bonne et due forme, je vois que c'est peine perdue, mais je veux
protester et je veux que ce soit enregistré, au journal des
Débats que je trouve tout à fait contraire aux principes de
droits fondamentaux le fait que le justiciable ne puisse se faire entendre,
s'il le désire, devant ce tribunal quasi judiciaire en première
instance. Il le peut en révision, mais il ne le peut pas en
première instance. J'aurais aimé avoir un amendement pour obliger
la commission à entendre un justiciable lorsqu'il demande à
être entendu.
M. Garon: De cette manière, il va devoir l'être,
mais pas au même moment. Il faut s'expliquer, il faut qu'on vous dise
qu'en trois ans il n'y a même pas 10% des gens qui demandent d'être
entendus en audition publique. Savez-vous ce qu'ils veulent? Us font une
demande à la corporation municipale et ils voudraient avoir la
réponse le lendemain par courrier sans se déranger. Savez-vous ce
que cela implique que de dire: "On va entendre tout le monde en audition
publique?" Des choses aussi simples que ceci. Prendre tout le monde de partout
dans la province, leur faire perdre une journée de travail pour venir
donner aux commissaires moins de renseignements, parfois, que ceux que la
commission a déjà. Tout le monde est invité.
D'abord, on a toujours en main la recommandation municipale. On a tout
le dossier municipal, on a tous les outils, les cartes de sol, les photos
aériennes, les examens périodiques qu'on fait du terrain etc. On
a tout cela. On demande des renseignements additionnels, on va les chercher, on
les obtient. On a des meilleurs renseignements sur ses titres qu'il en a,
parfois, parce qu'il ne connaît pas cela, etc. On a ses
représentations écrites parce qu'on dit: "Écoutez, vous
avez quelque chose, expliquez-nous tout cela." Il y a même des papiers
additionnels qu'on lui envoie et on dit: "Si vous avez d'autres détails,
écrivez-nous cela". En droit, cela s'appelle être entendu.
Être entendu - vous êtes un juriste aussi - cela ne veut pas dire
être debout en personne devant le gars, cela veut dire que le tribunal ou
la régie ou la commission décide en tenant compte des arguments
de celui qui fait une demande.
Notre résultat, c'est que des 10% qui demandent à
être entendus, la plupart le sont quand ils le demandent en
réalité. Souvent, on se dit: On ne sait pas ce que cela va
changer, mais il veut être entendu et on va le mettre sur un rôle
d'auditions publiques. Cela lui prend plus de temps. Quand il vient nous voir,
il dit: "Je n'ai rien à vous dire, je voulais vous voir". Il ne nous dit
rien de plus que ce qu'il y avait dans son dossier et il apprend qu'on en
savait plus que ce qu'il nous a dit. Des fois, cela arrive souvent, sa demande
est accordée. Il dit: "Avoir su cela, je ne serais pas venu". À
l'usage, la plupart nous disent: "Je vous donne tous les renseignements, s'il
vous en faut d'autres, je vais vous les donner. Si vous êtes pour me dire
non, convoquez-moi". Cela veut dire que si vous êtes pour me dire oui,
sacrez-moi la paix, j'ai d'autre chose à
faire. En revision, si on lui a dit oui, il ne viendra jamais, mais, si
on lui a dit non, il a le droit de venir. Il faut être pratique et
légal en même temps, mais pas être légaliste au point
de faire un rôle qui prend un an et demi. Cela embourbe tout le monde et
cela prend un an et demi pour dire oui, ou bien on fait vivre toutes sortes de
gens à faire des auditions publiques et le citoyen à la fin ne
comprend pas que cela prenne un an et demi.
M. Mathieu: Vous interprétez mal ce que je dis. Je ne dis
pas d'obliger tout le monde à y aller. Je dis: Ceux qui désirent
y aller, pourquoi les refuser? C'est un droit fondamental, inaliénable
et j'ai une décision, je peux vous la montrer, c'est marqué dans
votre décision. Malgré que l'individu ait demandé...
Tiens, j'en ai une ici, rendue le 21 août 1981. Bien qu'une audition
publique fut requise par le demandeur, la commission souligne à ce
dernier qu'elle n'est pas tenue à une telle audition, dans la mesure
où elle est d'avis que les renseignements recueillis et les documents
produits sont suffisants à la prise d'une décision. Je ne dis pas
de faire un râle d'un an et demi et d'obliger tout le monde à
parader. S'il y en a 10%, vous l'avouez vous-même, qui demandent à
être entendus, pourquoi ne pas entendre ces 10%? Et pourquoi
n'obligeriez-vous pas, dans la loi, à entendre ceux qui désirent
être entendus?
Ce n'est pas une question de pratique, c'est une question de principe.
Vous dites: Cela ne donne rien, il est entendu par des lettres qu'il a
écrites, tout cela. Et ensuite, on a beaucoup de plaintes suivant
lesquelles ceux qui vont à la commission sont très mal
reçus et je m'excuse de vous dire cela. Ils sont reçus d'une
manière très cavalière et je vous en fais part à
regret. Il y a peut-être de l'amélioration à apporter; il y
en a qui nous disent qu'il faudrait que des gens prennent des cours de
savoir-vivre ou de civisme à la commission, parce qu'ils sont
reçus d'une manière cavalière.
Je peux vous dire moi-même qu'à un moment donné, le
13 juin 1980, quand le décret pour ma région a été
rendu, c'était un vendredi, j'étais à mon bureau et quatre
notaires de ma région téléphonent et me disent:
Apporte-nous donc des formules. J'appelle à la commission, je dis: Cela
me prendrait une cinquantaine de formules. On me dit: On vous envoie cela tout
de suite. J'appelle au bout de quatre, cinq jours: Ahl on vous l'envoie! Le
vendredi, cela faisait un mois. Après quatre vendredis, j'étais
à mon bureau, je reçois un appel d'un type de la commission, je
ne le nommerai pas pour ne pas lui faire de publicité. Il dit: J'ai
votre demande de formules sur le bureau. Je dis: Comment, ce n'est pas encore
parti? Il dit: Vous en demandez trop, on vous en envoie seulement dix. J'ai
dit: C'est terrible. J'en demande pour tous les notaires de la région,
ils me demandent de leur partager cela. Mais il dit: Ils
téléphoneront.
Savez-vous que vous n'êtes pas facile à rejoindre au
téléphone? Le numéro Zénith est toujours
occupé. Je trouve que c'est aberrant. Je comprends que vous, M. le
président, vous ne le savez pas, vous n'êtes pas au courant de
cela. Je ne peux pas vous blâmer pour une chose semblable, mais je trouve
que les gens ont une attitude arrogante à la commission. Ils
reçoivent mal le monde, avec une matraque. Ils s'en vont là et
ils n'ont quasiment rien à dire, surtout quand ils sont
accompagnés par certains procureurs. Il paraît que c'est encore
pire. Je pense qu'il devrait y avoir certaines directives de données, au
moins pour savoir comment il faut recevoir les gens.
Maintenant, je reviens au dernier paragraphe avant d'adopter l'article.
Vous dites, dans le dernier paragraphe: "La décision ou l'ordonnance
entachée d'erreurs d'écriture ou de calcul, ou de quelque autre
erreur de forme, peut toujours être rectifiée d'office ou sur
demande par la commission, il en est de même de la décision qui,
par suite d'une inadvertance manifeste, accorde plus qu'il n'était
demandé, ou omet de prononcer sur une partie de la demande." Je trouve
que vous voulez faire encaisser les inadvertances manifestes de la commission
par le justiciable. Et je vais vous donner un exemple pratique d'un
inconvénient réel qui peut arriver à un justiciable.
Supposons qu'un justiciable fait une demande d'autorisation et
reçoit la décision. Dans la décision, vous accordez plus
qu'il n'a demandé. Il donne cette décision à son juriste,
à son notaire, supposons, pour faire son... Le notaire, lui, se fie sur
la décision, il n'a pas vu la demande. Il ne sait pas que la commission
donnait plus qu'il demande et il fait les actes en conséquence. Au bout
d'un an, deux ans, voici qu'une ordonnance peut arriver pour défaire ces
actes et il peut y avoir des maisons de bâties, il peut y avoir des
conséquences considérables. Il me semble qu'en cas d'inadvertance
manifeste, la commission devrait en subir elle-même les
conséquences, si elle fait des erreurs ou des omissions quelconques qui
ne seront sans doute pas de bonne foi. Mais là, on transfère les
conséquences sur le dos du justiciable. Je ne trouve pas cela correct.
Je ne sais pas quel cas la commission voudrait couvrir en ajoutant cela.
M. Garon: À notre connaissance, peut-être cinq cas
depuis trois ans. Mais c'est suffisant. Ce qui est là, c'est la
reproduction exacte qui apparaît à l'article 475 du Code de
procédure civile qui dit exactement la même chose. Il peut arriver
que sans que ce soit une erreur, la production littérale, connue,
c'était erreur "cléricale", qui est un
mot anglais qui s'appelle ici erreur d'écriture ou de calcul.
Cela n'est pas difficile, c'est le lot 278 et cela a été
dactylographié 288. Il peut arriver que, par suite d'une erreur qui
s'appelle une inadvertance manifeste - ce sont les termes mêmes du Code
de procédure civile - quelqu'un demande une autorisation sur deux lots,
et son autorisation porte sur un seul lot. On a omis de se prononcer sur une
partie de la demande ou on a adjugé sur une partie qui n'était
même pas demandée. C'est l'adjudication ultra petita. En droit,
c'est très connu. Dans les deux cas, c'est nul de nullité
absolue. Cela constitue une injustice. C'est arrivé à deux ou
trois reprises comme cela qu'on nous dise: Vous avez oublié de
décider sur une partie de ma demande; ou bien, vous m'avez
accordé un lot mais il y a eu une erreur quelque part, ce n'est pas
à moi. Il ne l'avait pas demandé, puis il y a une erreur dans nos
papiers.
La commission ne peut pas prendre des procédures contre
elle-même pour annuler sa décision et, effectivement, cela peut
être une injustice qui n'a pas de bon sens. Comment fait-on pour corriger
cela? Il faut dire: Faites une autre demande, on va recommencer, etc. C'est
exactement ce qui est au Code de procédure civile et ce qu'un juge ou un
tribunal, n'importe quelle commission peut faire normalement.
M. Mathieu: Supposons qu'une maison construite...
M. Garon: La sanction, s'il y a abus de la part d'une commission
sous prétexte de corriger une inadvertance manifeste, c'est de faire
casser cela en Cour supérieure par un bref d'évocation ou
autrement.
M. Mathieu: Aux frais du justiciable.
M. Garon: Non, cela n'arrive pas souvent. Le résultat net,
beaucoup plus souvent qu'autrement, c'est de donner pleine justice au
justiciable parce que la décision est inopérante pour lui, puis
elle est incomplète, imparfaite ou toute croche. Il n'y a plus qu'une
erreur, ce qui s'appelle "inadvertance manifeste". Mais si vous regardez le
Code de procédure civile, c'est exactement les mêmes termes.
M. Mathieu: Je comprends, mais vu que c'est un acte qui est
susceptible d'enregistrement et que, dans la pratique, les notaires, supposons,
ou avocats, eux, ne sauront pas cela, ils vont faire des actes, et il peut y
avoir une maison de construite, avec une hypothèque; où toutes
les choses sont régulières, et qu'on se ramasse avec une
ordonnance de démolition au bout de deux ans. Alors, c'est là
qu'il faudrait que le...
M. Garon: C'est une autre chose de savoir que si, par l'effet
d'une correction par la commission, la commission avait gain de cause - parce
qu'on ne fait rien démolir, nous - devant la Cour supérieure,
pour obtenir une ordonnance de démolition, alors qu'une maison a
été bâtie avant que la décision soit
corrigée, c'est une autre affaire au mérite.
M. Mathieu: Alors, adopté sur division.
M. Garon: La même chose d'un jugement erroné de la
Cour supérieure, qui aurait été exécuté et
puis qui serait ensuite corrigé par le juge pour essayer de
défaire son jugement rétroactivement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Pour compléter ce qu'a dit mon collègue
de Beauce-Sud, à plusieurs reprises, j'ai eu des plaintes de gens qui
ont communiqué avec vous ou qui sont allés vous voir et qui ont
été très mal reçus. Même, entre autres - j'en
ai parlé au ministre, la semaine dernière -on est même
allé jusqu'à intimider des avocats. Imaginez-vous! Tellement que
les avocats que lorsqu'ils sont retournés chez eux, le client qui avait
demandé l'avocat a dit: Tu le sais, tu as dit que tu m'avais induit en
erreur, que je n'aurais même pas à te payer. Ce n'est pas des
farces, cela. Alors, le petit avocat, qui avait à peu près deux
ou trois ans de pratique, je vous assure qu'il n'était pas heureux. Ce
n'est pas l'avocat qui s'est plaint, je ne l'ai pas vu, l'avocat, c'est le type
qui a dit: II a fallu que je paie parce que mon dossier, il ne me le remettait
pas. Il ne me remettait pas mes papiers, alors il a fallu que je le paie pour
ravoir mes papiers. Il n'a pas été dézoné jamais,
le gars, de toute façon. C'est pour vous dire que c'est arrivé
à quelques reprises.
Il semblerait que les employés de la protection du territoire
agricole prennent parti; ils sont endossés par le gouvernement et par le
ministre et ils disent: On ne veut rien savoir. Je ne vous dirai pas les mots
exacts, qu'ils ont dit dans deux cas, parce que vous allez reconnaître
les personnes en question et il y a encore des dossiers devant vous. Je ne peux
pas vous les donner mais j'ai les phrases textuelles.
Une voix: Premièrement...
M. Houde: Et même, une minute, laisse-moi donc parler toi,
là. Monsieur...
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, à
l'ordre, M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Houde: M. le Président, je peux parler du territoire
agricole?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe, à l'ordre.
M. Houde: M. le Président, le gars allait jusqu'à
demander si, lorsque des personnes vont devant la commission, c'est
enregistré quelquefois. Est-ce que cela se peut que ce soit vrai? Oui?
Il y a des conversations enregistrées? (23 h 45)
M. Garon: En audition seulement; il n'y en a pas du tout
ailleurs. Il arrive en audition qu'on ait un sténographe parce que les
parties le demandent ou que la commission convoque un sténographe parce
qu'il y en a une des deux qui veut de la sténographie. Alors, en plus,
le sténographe a une machine enregistreuse. Dans les bureaux, les
"bugs", il n'y en a pas à ma connaissance, en tout cas.
M. Houde: II y a des cultivateurs qui n'étaient pas
à l'aise.
M. Garon: De toute façon, on n'a pas de budget pour
acheter ces affaires-là.
M. Houde: En tout cas, certains étaient inquiets. Je ne
veux pas donner même les phrases...
M. Garon: C'est plutôt la "police montée" qui fait
cela.
M. Houde: Vous savez, j'aime bien défendre les
cultivateurs devant la commission, devant le ministère aussi. À
part cela, ce n'est pas important.
M. Mathieu: Pourquoi voulez-vous aller à Ottawa, si la
"police montée" est si grave que cela.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, s'il
vous plaît!
M. Houde: Je n'ai pas dit que j'irais, moi.
Le Président (M. Boucher): Alors l'article 6,
adopté?
Des voix: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 7?
M. Mathieu: Article 7, M. le Président. Je ne voudrais pas
que vous pensiez que je prolonge le débat inutilement, mais c'est
tellement des articles clefs, dans la pratique. À l'article 7, on ajoute
le mot "chemin de fer"...
M. Garon: Je suis content, au contraire, parce que vous aviez dit
qu'il n'y avait pas grand-chose dans cette loi. Je vois que vous trouvez qu'il
y a passablement de jus.
M. Mathieu: M. le ministre, vous disiez que c'était un
assouplissement, vous avez présenté cela dans vos notes
explicatives comme un assouplissement...
M. Garon: Vous avez dit tantôt que chaque mot comptait et,
voyez-vous, il y a 9 pages.
M. Mathieu: Savez-vous que vos assouplissements, on ne les a pas
vus encore? On a vu le délai prolongé. Vous dites à
l'article 29 maintenant qu'un chemin de fer n'aura pas la
contiguïté, chose qui n'existait pas avant, peut-être par
oubli, de même qu'une emprise d'utilité publique. Auriez-vous
l'amabilité de nous exposer ce qu'est une emprise d'utilité
publique, une servitude d'Hydro-Québec, par exemple, ou un service pour
le gazoduc? Même si le terrain n'appartient pas à Hydro.
M. Garon: C'est cela. M. Mathieu: D'accord.
M. Garon: Vous connaissez les juristes. Leur métier, entre
autres, c'est de trouver des ambiguïtés qui peuvent être
utilisées par leurs clients dans leur intérêt. Il y en a
qui ont soulevé cela. Ils ont dit: ce n'est pas écrit, donc
ça doit briser la contiguïté, parce qu'une servitude coupe
ma terre en deux, c'est une emprise d'utilité publique parce que
l'aqueduc municipal passe là, en dessous de la terre. C'est clair. C'est
contigu pareil, même si l'aqueduc passe à travers votre terre ou
bien s'il y a une ligne d'Hydro-Québec qui traverse, un chemin de fer
qui n'était pas là et puis effectivement, il y a des chemins de
fer qui ont de vieux titres en vertu de la loi des chemins de fer du
fédéral et il y en a d'autres qui sont la propriété
du CN. En tout cas, c'est clair. Quand c'est cultivé, les deux
côtés de la voie, c'est la même terre. Comme les deux
côtés du chemin.
Une voix: C'était une omission dans la loi.
M. Garon: Non. Quand on fait une loi, cela fait au moins
trente-cinq, trente-six, auxquelles je participe, on ne peut pas penser
à tout ce que les gens vont imaginer...
M. Dubois: On a parlé de chemin public, on n'a pas
parlé de chemin de fer, c'est pas pire.
M. Garon: On n'a pas pensé que les gens penseraient
à se servir du chemin de
fer pour soutenir que ça faisait deux terres
différentes.
M. Dubois: M. le Président, c'est arrivé chez
nous.
M. Garon: Lorsqu'un chemin de fer coupe un champ de foin quelque
part, qu'il n'y a pas d'accès sur le bord du chemin, qu'il y a un
intérêt à vendre un côté du chemin de fer et
garder l'autre, il y en a qui vendaient un bout l'autre bord du chemin de fer
et gardaient la partie entre la route et le chemin de fer. Ils laissaient une
servitude, encore le problème de passage pour que l'on se rende de
l'autre côté du chemin de fer. Là, la chicane prenait,
parce que lui, il avait un droit de passer sur le chemin de fer en vertu de la
loi sur les chemins de fer du Canada et de la reine Victoria. C'est un passage
de ferme. Mais là, aussitôt qu'il avait vendu à un autre,
le CN venait fermer la clôture et défaire le "siding". Il ne
pouvait plus passer et restait pris sur la voie. Ce sont des affaires
pratiques, on ne peut pas prévoir qu'ils vont en vendre un bout d'un
côté du chemin de fer et garder l'autre. Il y en a qui faisaient
cela. Cela n'a pas de sens, parce que le chemin de fer n'était pas
écrit dans la loi.
M. Mathieu: Si je comprends bien, cela rompait vraiment la
contiguïté, un chemin de fer. Les actes qui ont été
faits...
M. Garon: Au sens technique de la loi, le chemin de fer emprise
du Canadien national est un lot, ou un lot dans le sens de la loi, c'est une
propriété distincte, et un cultivateur peut avoir les deux
morceaux de chaque côté. Il disait: J'ai deux lots non contigus,
j'en vends un, et je ne vends pas l'autre. Même le premier est bâti
et l'autre n'est pas bâti. Donc, je vais mettre un chalet sur le
deuxième - il doit y avoir un article 31 là-dessus - c'est un lot
vacant.
M. Mathieu: Lorsqu'on appelle à la commission et qu'on
demande si un chemin de fer rompt la continuité, on dit: Oui.
M. Garon: Non.
M. Mathieu: Je suis sûr de mon coup, j'ai appelé
moi-même.
M. Garon: Qui?
M. Mathieu: Des conseillers juridiques, à la commission.
Ils ont dit: Prenez votre loi et lisez-la.
M. Garon: Pas un chemin de fer comme tel. Pas un chemin de fer
comme tel, mais l'emprise d'une propriété distincte.
M. Mathieu: Je comprends, mais...
M. Garon: C'est compliqué, c'est parce qu'il y a quelques
chemins de fer qui ne sont pas la propriété du gars qui a la voie
de chemin de fer. Il n'y en a pas beaucoup, mais il y en a quelques-uns.
M. Mathieu: Mettez-vous à la place du praticien.
M. Garon: Les autres appartiennent au CN ou au CP ou au Grand
Tronc du temps qui a été achetée par une autre, c'est une
emprise de propriété distincte.
M. Mathieu: C'est cela. Donc, on fait la contiguïté
et les actes qui ont été faits, de bonne foi, ne sont pas
annulables, si je comprends bien. Moi, je me souviens...
M. Garon: Ils ne sont pas annulables. Quelqu'un qui, avant la
loi, a vendu de l'autre côté de l'emprise du chemin de fer un bout
qui ne lui appartient pas, qui est un titre de propriété du CN,
qui a vendu l'autre bout de l'autre côté du chemin de fer et qui a
gardé le bout de son côté, il a fait quelque chose de
légal à ce moment-là. Et vous, utilisez-vous cet
article-là pour faire bâtir des chalets?
M. Mathieu: Pas du tout. Souvent, vous avez un chemin de fer, le
fermier garde le premier bout du chemin de fer et c'est toujours
déplaisant d'aller de l'autre côté. Il y a un rang,
à l'autre bout, avec un chemin qui va rejoindre l'autre terre. Le
cultivateur arrive et vend la première parcelle à un de ses fils
et l'autre côté à son autre fils; les deux ont un
accès par chemin public à leur parcelle. Quand vous appelez
à la commission, vu que ce n'est pas clair, les conseillers juridiques
vous disent: Bien non, lisez votre loi, il n'y a pas de contiguïté.
C'est bien sûr qu'il faut l'interpréter avec son jugement. Je suis
bien content que le mot soit inclus à l'article 29, j'en suis bien
content pour la sécurité de tout le monde, des justiciables et
des praticiens aussi. Il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas. Je
trouve que l'idéal - je vais vous scandaliser, M. le ministre - pour la
sécurité des justiciables et des praticiens, l'idéal
serait que l'autorisation soit requise dans tous les cas, ce serait
l'idéal. Là, on n'arriverait pas avec des mauvaises surprises au
bout de deux ans, trois ans, pour défaire des choses qui ont
été faites de bonne foi sur une interprétation
légale rendue aussi de bonne foi.
M. Garon: II n'y rien dans le projet de loi qui forcerait
à défaire ce qui a été fait avant que cette loi-ci
soit...
M. Mathieu: Dans le cas des chemins de fer, mais il y a d'autres
choses...
M. Garon: II n'y a aucune disposition rétroactive.
M. Mathieu: J'aurais une question pratique. Si je lis l'article
29, je vous donne un exemple pratique; supposons qu'une personne est
propriétaire d'un terrain, je parle du droit acquis; son droit acquis a
400 pieds de largeur sur le chemin public et 150 pieds de profondeur; on se
comprend bien? Elle détermine sa configuration de droit acquis 400 pieds
sur 150 pieds, supposons que cela ferait un demi-hectare. Par la suite, cette
personne-là vend, sur son droit acquis, 100 pieds de largeur sur 150
pieds de profondeur, elle concède une partie à gauche et une
partie à droite; elles ne sont plus reliées ensemble. En vertu de
l'article 29, si je comprends bien, elles tombent contiguës quand
même?
M. Garon: Non, à cause du dernier alinéa, de toute
manière. La norme de contiguïté à l'article 29 ne
s'applique pas à l'emplacement de droit acquis, de toute
manière.
M. Mathieu: Elle ne s'applique pas à l'emplacement de
droit acquis? Parfait.
M. Garon: Elle ne s'est jamais appliquée à cela. Ce
qui est enlevé de l'article 29, c'est l'ancien alinéa 2.
M. Mathieu: Est-ce que je pourrais vous parler
immédiatement de la configuration du fameux droit acquis? Parce que
c'est tellement complexe.
M. Garon: C'est tellement simple en même temps.
M. Mathieu: Supposons qu'une personne fait une déclaration
de droit acquis, comme la loi le demande; elle soumet sa demande à la
commission avec un plan et la commission, elle, n'émet pas d'opinion.
Elle dira: Je n'ai pas juridiction, c'est au justiciable à
déterminer la configuration de son droit acquis. Supposons
qu'après coup la commission envoie ses officiers sur les lieux et
qu'elle n'accepte plus le périmètre -j'imagine que mon
justiciable s'est bâti -qu'elle n'accepte plus le périmètre
et ordonne la démolition, ne croyez-vous pas qu'il serait
préférable que toute détermination de droits acquis soit
entérinée par la commission? Je comprends que cela
amènerait des actes supplémentaires, mais, semble-t-il, on a vu
des choses aberrantes, par exemple, une personne qui se garde six pouces le
long de la clôture pour aller chercher un emplacement à trois
arpents plus loin. J'ai toujours comme principe qu'on ne peut pas faire
indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement. Mais, par la suite, des
acquéreurs de bonne foi acquièrent le terrain, qui a
changé de propriétaire deux ou trois fois, et tout à coup
il arrive une ordonnance de démolition. Comment voulez-vous, dans une
recherche de titre, assurer à l'individu qu'il a un titre parfait, alors
qu'on ne sait pas quelle épée lui pend au-dessus de la
tête? N'y aurait-il pas moyen de dire dans la loi que toute configuration
de droits acquis, toute détermination de droits acquis doit être
ratifiée par la commission? Là, on serait sûr de notre
affaire et, s'il arrive des choses aberrantes, vous pourriez les bloquer
là, en partant.
M. Garon: Cette possibilité a toujours été
ouverte. Nous avons reçu des requêtes ou des demandes qui n'ont
comme seul objet que de faire déterminer par la commission si, oui ou
non, la commission reconnaît qu'il y a des droits acquis. Mais, en
général, ce n'est pas ça qu'on a; les gens exercent les
droits conférés par la loi, la loi est faite comme ça,
pour essayer d'ennuyer le moins de monde possible. Parfois, on découvre
des choses qui sont complètement aberrantes, comme vous dites.
Cependant, ce qu'on a constaté, toutes les fois où on a
trouvé des choses tout à fait inusitées comme garder, dans
le centre d'une terre de 90 pieds de largeur - c'est une ancienne terre
morcelée à l'île d'Orléans - sur plusieurs mille
pieds de longueur, 9000 pieds carrés au centre de la terre, tirer les
droits acquis vers le fleuve sur un pied de largeur sur à peu
près 800 pieds de longueur pour faire un petit bout et, par l'autre
côté, pour rejoindre le chemin public, cinq ou six pieds sur un
pied de largeur, pour faire un troisième terrain. Ce plan a
été préparé par un arpenteur et le contrat a
été rédigé par un notaire. Je ne sais pas si on se
comprend bien.
M. Mathieu: Oui.
M. Garon: C'est rare que des citoyens inventent des trucs comme
celui-là et font des subdivisions eux-mêmes au bureau du cadastre.
Quand des gens nous arrivent avec des folies comme cela, ce ne sont pas eux qui
les ont inventées, 99 fois sur 100, ce ne sont pas eux qui ont fait le
plan d'arpenteur et ce ne sont pas eux qui ont rédigé le contrat
notarié pour vendre le petit bout de 1200 pieds. On a vu une vente faite
à un non-résident et qu'on a dû accepter, parce qu'en vertu
de la loi, il avait un affidavit et il s'en venait vivre au Québec. On a
dit: C'est parfait, la loi est faite pour ça. Vous ne le croirez pas,
mais le vendeur a vendu à un Belge une terre complète et le Belge
voulait acheter la maison. Il avait visité la maison, mais il y avait
les plans d'arpenteur
où il vendait toute la terre et décrivait les droits
acquis d'un total de 53 819,2 pieds carrés; il manquait à peu
près un demi-pied carré pour faire un demi-hectare; autour de la
véritable maison, il y avait un peu plus de 2200 pieds carrés,
c'est-à-dire une ligne qui partait du chemin, qui était à
un pied de la "footing" à gauche, qui découpait la galerie en
arrière et qui redécoupait l'autre ligne de "footing" à
droite; donc le type garait sa voiture en zone agricole; en avant, le long du
chemin, il y avait 800 pieds avec 6 pouces de largeur et il se gardait 51 000
pieds carrés sur le coin de la route, qu'il ne vendait pas.
M. Houde: C'est un cas sur un million.
M. Garon: Le Belge arrivait et il n'avait même pas de place
pour mettre les deux pieds ailleurs que dans la zone agricole sur ses droits
acquis. C'était un plan d'arpenteur et c'était
rédigé par contrat notarié.
M. Mathieu: Ceux-là, vous devriez leur payer la traite
comme il faut! Il y a un syndic pour ces corporations professionnelles.
M. Houde: Si on se met à étudier des cas
individuels comme celui-là de un cas par million, on va passer un an ici
et on n'aura même pas encore fini d'en faire le tour.
M. Mathieu: Adopté sur division. Construction sur un
lot vacant
Le Président (M. Boucher): Article 7, adopté sur
division. Article 8?
M. Mathieu: Je regrette de revenir encore à la
charge...
Le Président (M. Boucher): À l'heure qu'il est, je
dois vous demander si la commission est d'accord pour poursuivre...
M. Houde: Quant à nous, ça ne nous dérange
pas.
Le Président (M. Boucher): ... et, autant que possible,
jusqu'à quelle heure.
M. Mathieu: M. le Président, je crois qu'avec une
demi-heure, on pourrait terminer l'étude de cette loi, et je pense que
l'autre loi que nous avons à étudier ne sera pas tellement longue
non plus. Je ne veux pas exagérer, mais il y aurait des questions
très importantes sur l'article 31.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Garon: Je ne voudrais pas qu'on dise qu'on a adopté des
lois de nuit. Si vous n'êtes pas fatigués, ça ne me fait
rien de continuer, mais, si vous vous sentez fatigués...
M. Dubois: On siège encore trois jours la semaine
prochaine.
M. Houde: On peut s'en aller aussi si vous voulez. Nous
étions prêts à continuer, mais c'est parce que vous
voudriez...
M. Garon: Non, je vous dis que...
M. Dubois: On pourrait terminer l'étude du projet de loi
no 76 ce soir.
M. Houde: Cela dépend combien ça va prendre de
temps; si ce n'est pas trop long.
M. Dubois: Cela achève.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi no 64 sera
pour demain ou à une séance subséquente?
M. Houde: On verra, ça dépend combien de temps on y
mettra.
M. Mathieu: Si on en a pour dix minutes, on verra. (Minuit)
Le Président (M. Boucher): Les gens de l'Office du
crédit agricole...
M. Garon: Ils sont ici.
Le Président (M. Boucher): pourraient disposer si on
n'adopte pas tout de suite...
M. Mathieu: Qu'ils attendent.
M. Houde: Tout à coup on a une chance de passer...
M. Mathieu: Mais si on en a pour dix minutes avec ce projet de
loi et qu'on décide de commencer l'autre?
M. Garon: Les gens de l'Office du crédit agricole ont
l'air frais et dispos.
M. Mathieu: Ils ont le temps de dormir.
Le Président (M. Boucher): L'article 8, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, j'aimerais que le
président de la commission nous indique la définition de lot
vacant.
M. Garon: II y avait un trou gris dans la loi avant qu'on ait
constaté qu'à l'usage ou à l'exercice. Pour simplifier, il
y avait des gens qui avaient un lot vacant, vraiment vacant. Vacant, cela veut
dire qu'il n'y a
rien d'autre à évaluer que le terrain. C'est connu en
jurisprudence. C'est du terrain tout nu sans bâtisse évaluable:
pas de cabane, pas de remise, rien.
M. Mathieu: Pas de vieille grange.
M. Garon: Rien. Aucune bâtisse évaluable. C'est
complexe un peu parce qu'au sens de la jurisprudence un lot vacant peut inclure
une vieille bâtisse sans valeur marchande au râle
d'évaluation; il est de facto considéré comme vacant. Il y
a des gens qui avaient de terrains sur lesquels il y avait des vrais droits
acquis parce qu'il y avait une maison, mais il y avait une troisième
catégorie de gens qui avaient un terrain qui n'était pas vacant
mais sur lequel il n'y avait pas de droits acquis non plus. Ils avaient
acheté dix arpents et il y avait encore une bonne grange et un bon
bâtiment agricole mais plus de maison. Alors, il n'y a pas de lot vacant
ni de droits acquis non plus. Ils ne sont assis nulle part. Il n'y a pas de
droits acquis, ils ne peuvent pas mettre de maison. Il n'est pas vacant, ils ne
peuvent pas mettre de maison non plus.
L'amendement à l'article 31, c'est traiter sur le même pied
tous ceux qui ont des terrains acquis par titre enregistré mais sur
lesquels il n'y a pas de droits acquis. Autrement dit, il y aura deux sortes de
lots à l'avenir, il n'y en a plus trois: il y a les terrains sur
lesquels il y a des droits acquis, c'est réglé, et il y a les
terrains sur lesquels il n'y a pas de droits acquis, qui, dans le projet de
loi, s'appellent lots vacants ou sur lesquels il n'y a pas de droits acquis.
Cela va régler ces cas-là. Il n'y en a pas eu beaucoup, mais il y
en a quelques-uns.
M. Mathieu: Maintenant, quand on parle d'une résidence,
à quel moment l'individu peut-il, j'entends, sur un droit acquis. - Je
sais que j'enfreins le règlement... - Prenons le cas suivant. Supposons
qu'un individu a un permis de construction en bonne et due forme,
autorisé par la commission, et qu'il entreprend de se construire. En
cours de route, finalement, son affaire ne fonctionne pas, il perd sa job ou il
tombe malade. Il n'y a que le solage de fait et le carré de la maison de
levé, et il vend à un autre. Cela arrive occasionnellement, pas
souvent. Qu'est-ce qui se passe dans un cas semblable?
M. Garon: Un truc dans la terre.
M. Mathieu: Non. Supposons que les choses sont toutes en bonne et
due forme. Ce sont des choses qui n'arrivent pas souvent mais qui arrivent de
temps en temps. Je vous parle de choses pratiques, ce ne sont pas de grandes
théories.
M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: Ce sont des choses pratiques qui n'arrivent pas
souvent mais se produisent de temps en temps.
M. Garon: Cela arrive. Celui qui a le droit d'exercer le
privilège conféré par l'article 31, c'est le
propriétaire en vertu d'un titre enregistré. C'est un droit
personnel.
M. Mathieu: Oui. Parfait.
M. Garon: On a constamment des demandes de ceux qui ont un lot
vacant et qui disent, pour de nombreuses raisons, monétaires ou autres:
Effectivement, je ne veux pas me bâtir, mais j'ai un acheteur.
Autorisez-vous l'acheteur à bâtir à ma place? On a
fréquemment accordé le même droit à l'acheteur en
considérant le mérite de la demande et en nous disant: De toute
manière, celui qui voulait se bâtir a ajouté une maison
à travers douze ou quinze autres; que ce soit lui ou un autre, il n'y a
pas d'impact direct. On a aussi constaté que certains qui avaient un lot
vacant se faisaient émettre un permis de construction le même jour
où il signait l'acte de vente chez le notaire et que c'était leur
acheteur qui bâtissait la maison qui était décrite sur le
permis de construction qui était parfois émis par le même
notaire qui était en même temps secrétaire municipal.
M. Mathieu: Cela ne doit pas arriver très souvent. Encore
là, vous allez chercher une exception pour l'appliquer à tout le
monde.
M. Garon: Non. C'est pour illustrer qu'il y a moyen de contourner
la loi et il appartient à la commission de prouver, comme on l'a fait
à quelques reprises à ce jour, que c'est de toute évidence
de mauvaise foi.
M. Mathieu: Maintenant, supposons que sur un lot vous avez une
vieille maison.
M. Garon: Avez-vous fait cela?
M. Mathieu: Je n'ai jamais fait cela. Ce sont des questions qui
nous sont posées régulièrement. Il y a des gens qui
viennent nous trouver et disent: II y a une vieille maison qui n'est pas
habitée depuis huit à dix ans; mon fils se marie et j'aimerais
lui donner l'emplacement de la vieille maison pour lui permettre de s'en
bâtir une nouvelle. Est-ce qu'on peut interpréter qu'il y a un
droit acquis.
M. Garon: Pas nécessairement, la notion des droits acquis
n'est pas neuve. Elle est
tirée nettement du droit en matière de zonage au
Québec comme ailleurs. Ce sont des termes différents pour
référer au mot connu "usage dérogatoire". Donc, c'est
l'usage qui confère des droits acquis, ce n'est pas une intention ou
l'existence seule d'un bâtiment. Il est connu depuis toujours, pour
donner un exemple, que dans une zone récente d'une municipalité,
zonée résidentielle, une vieille station-service
barricadée avec du contre-plaqué et inutilisée depuis un
an ne confère aucun usage dérogatoire parce que l'usage
dérogatoire était abandonné. Il avait cessé ou il
était devenu illégal avant l'entrée en vigueur du
règlement de zonage. La question que vous posez est la suivante: une
vieille maison, dans un champ, inhabitée depuis douze ans,
peut-être, sans adresse, sans téléphone, sans
électricité, etc., cela donne-t-il des droits acquis. Dans toutes
les autres lois de zonage, cela ne donne aucun usage dérogatoire parce
qu'il n'y en avait pas d'usage. C'est l'usage dérogatoire qui
confère des droits acquis, mais quelque bâtisse que ce soit qui
était utilisée à rien, cela donne un droit à rien.
C'est bizarre, mais c'est cela.
M. Mathieu: Mais le terrain est utilisé à d'autres
fins que l'agriculture.
M. Garon: Parce qu'il n'y avait pas d'usage différent que
l'usage réglementé par le règlement de zonage.
M. Mathieu: Le terrain est utilisé, à ce
moment-là, à une autre fin que l'agriculture.
M. Garon: Non, l'usage c'est un terme actif. Ce n'est pas un
terme passif. Ce n'est pas parce que le lot n'était pas cultivé
ou qu'il y avait une maison dessus, qui dormait là, que le terrain
était utilisé. C'est le bâtiment qui devait être
activement utilisé à une fin dérogatoire.
M. Mathieu: Vos conseillers juridiques, au
téléphone, n'interprétaient pas cela tout à fait de
la même manière.
M. Garon: C'est un peu complexe. Ce n'est pas du droit neuf.
C'est le même droit que quequ'un qui prétend à des droits
acquis à l'encontre d'un règlement de zonage municipal.
M. Mathieu: Maintenant, quant au terme "résidence". Quand
on dit une seule résidence. Est-ce que cela veut dire une seule maison
avec deux logements ou avec...
M. Garon: Cela aussi, il faut référer au droit de
zonage qui est pas mal bien établi là-dessus. C'est un seul
édifice à des fins exclusivement résidentielles, et
à défaut de réglementation supplémentaire, c'est ni
un bungalow unifamilial, ni un duplex, ni un triplex, ni un quadruplex, etc.
Parce qu'il y a de la réglementation municipale sur cela, mais comme il
n'y a rien dans la loi, c'est un seul bâtiment à usage
résidentiel. S'il y a quatre-vingt deux personnes dedans ou une
personne, c'est une résidence. Deux semi-détachés, c'est
deux résidences. Un duplex, c'est peut-être une résidence
dans cette loi-là, c'est complexe, mais c'est un bâtiment d'usage
résidentiel.
M. Mathieu: Pouvez-vous m'expliquer pourquoi vous ajoutez les
trois dernières lignes au nouvel alinéa à la fin de
l'article? Quel est le but visé? En haut de la page.
M. Garon: II était évident pour tout le monde que
l'article 31 était, dans le contexte de ce chapitre, une exception aux
restrictions des articles 26 et suivants, et qu'étant une exception
à des articles précis qui restreignent l'usage, il ne pouvait pas
être étiré. C'est le contraire de la règle normale.
Un article restrictif doit être interprété
libéralement, mais une restriction à une restriction doit
être intreprétée strictement. Tout le monde était
d'accord que les trois derniers paragraphes qui apparaissent là
étaient évidents, mais il y en a qui soulevaient que
peut-être parce que ce n'était pas écrit, c'était le
contraire. Cela est un raisonnement juridique plutôt faible. Ce sont les
mêmes termes qu'à l'article 40. À l'article 40, les
mêmes mots apparaissent, mais il y a des notaires ou des avocats qui
disaient: Écoutez, à l'article 31, ce n'est pas écrit
qu'on ne peut pas lotir, qu'on ne peut pas subdiviser. Donc, si ce n'est pas
écrit, c'est permis. On dit: Bien non! parce qu'il y a une exception
à quelque chose déjà défendu. Si ce n'est pas
permis, c'est défendu. Mais cela rend plus clair ce que tout le monde
pensait clair.
M. Mathieu: Sur le droit acquis, à toutes fins utiles, je
déroge un peu à ce qu'on vient de dire. Disons qu'un cultivateur,
une personne établit la configuration de son droit acquis, un
demi-hectare, et que les règlements de zonage municipaux le permettent,
peut-elle bâtir trois maisons en vertu de son droit acquis, sur son
demi-hectare?
M. Garon: 14. Là-dessus, la loi ne fait pas de
réglementation d'usage résidentiel à la place de la
municipalité. Tout ce que la loi dit, c'est qu'elle ne s'applique pas en
pratique sur un demi-hectare où on peut faire tout ce qu'on veut sous
réserve des autres lois et des autres règlements. Peut-être
que l'idéal serait que la municipalité qui signe une entente pour
que ce soit dans la zone agricole fasse un règlement qui dise: Dans la
zone agricole, cela prend un demi-
hectare pour bâtir une maison. M. Mathieu: Oui,
d'accord.
M. Garon: Bon. Mais cela va de zéro pied, parce qu'il y en
a qui n'ont pas de règlement, jusqu'à un demi-hectare, le minimum
requis pour avoir un permis de construction.
M. Mathieu: Moi, j'eus souhaité un amendement. Je ne le
ferai pas, parce que j'estime que je serai battu par cette honorable
commission, mais je voudrais attirer votre attention sur le fait qu'il arrive
des cas où le cultivateur, qui veut vendre sa terre, ne peut se
prévaloir de son demi-hectare de droits acquis. Il y a beaucoup
d'exemples. Supposons que vis-à-vis de l'emplacement où est
située sa maison il y a une parcelle de petits numéros de lots.
Quand le cadastre a été fait il y a cent ans, c'étaient
des propriétaires différents qui avaient une petite école,
un petit magasin et un petit bureau de poste. Lui, le cultivateur, a tout
racheté, petit à petit, et il s'est fait une terre avec cela.
À un moment donné, il vend sa terre, mais il voudrait garder sa
maison avec son demi-hectare. Si sa propriété est construite sur
un lot de 500 ou 800 pieds carrés, qu'entre sa propriété
et le chemin il y a un petit numéro de lot, un autre petit numéro
de lot à côté et un troisième petit numéro de
lot à l'arrière, ce gars ne peut pas déborder et prendre
son demi-hectare. Il faut qu'il soit sur le même numéro de lot,
à moins que la maison soit à cheval sur deux numéros de
lot. Ce sont les caprices du cadastre. Il y en a qui ont de petits lots de 20
pieds carrés et d'autres de 50 acres.
Autre chose. Vous avez souvent une maison de ferme bâtie sur la
pointe d'un triangle. Vous avez une route à gauche, une route à
droite et la grange immédiatement à l'arrière. Encore
là, l'individu, s'il voulait se garder un emplacement, ne pourrait se le
réserver parce que la configuration des routes ne le permet pas. Vous
allez dire: II n'a qu'à garder sa maison de ferme et l'acheteur, qui
cultivera la terre, se bâtira de l'autre bord du chemin, n'importe
où, où il le voudra. Parfait. Mais pour le bien de l'agriculture,
la maison de ferme est bâtie de manière à contrôler
le trafic sur la ferme, à voir ce qui se passe autour des
bâtisses. Le cultivateur qui vend veut être
débarrassé du trafic. Il veut bien rester dans la région,
mais il veut être débarrassé du trafic. Alors, le
cultivateur est pris, s'il veut garder sa maison... Si son fils se construit de
l'autre côté du chemin, il devra toujours traverser le chemin pour
aller aux bâtiments de ferme; c'est très malcommode.
Je crois qu'il eut été préférable, dans le
cas où la configuration des lieux ne permet pas que le vendeur se garde
un droit acquis sur un demi-hectare, qu'on lui permette de prendre ce droit
acquis à un autre endroit de la ferme qui n'est pas dommageable à
l'agriculture, même si on enjambe le chemin public pour ce faire. La
commission est réticente. J'ai de mes électeurs qui sont venus me
voir, qui ont été refusés même en révision.
Je ne comprends pas pourquoi la commission a des réticences pour des cas
semblables.
M. Garon: Sur un cas, on n'a pas de réticence, à ma
connaissance. Il est arrivé, pas très souvent, qu'effectivement
les lots soient tout petits, qu'il y ait plusieurs petits lots regroupés
et que les droits acquis ne portent que sur un lot. Cela n'a pas de sens, il
faudrait qu'ils gardent deux ou trois morceaux de petits lots.
M. Mathieu: C'est cela.
M. Garon: Cela peut toujours se régler par une
autorisation. On a constamment autorisé des emplacements formés
d'un, deux ou trois lots, et même jusqu'à 80 000 ou 120 000 pieds,
parce qu'il y avait là un grand fossé, un chemin, etc. On leur a
dit: Gardez tout cela avec votre jardin parce que de toute façon
l'acheteur n'en fera rien de plus. Au mérite, ce n'est pas difficile
à régler par une demande d'autorisation. Ce qui est plus
difficile, c'est de dévier l'article 29 de son sens pour laisser
entendre que la loi a toujours voulu dire que, quand un agriculteur vend sa
terre, il peut se garder un terrain pour se faire une nouvelle maison. Cela n'a
jamais voulu dire cela.
M. Mathieu: Cela aurait dû vouloir dire cela, par exemple.
(0 h 15)
M. Garon: Non, cela n'a jamais voulu dire cela parce qu'une
terre, c'est une entité, une entreprise. La maison devrait se vendre
avec les bâtiments. La sentinelle est dans la cour, tout est
organisé là et l'acheteur qui veut acheter la terre veut
nécessairement rester dans la maison située à
côté des bâtiments. C'est normal. Ce n'est pas du tout
l'endroit pour mettre une deuxième maison dans les jambes de cet
acheteur. Mais quand le vendeur a vendu et qu'il veut garder un petit terrain,
il est dans les mêmes bottines, dans le fond, que quelqu'un qui vient
d'ailleurs, qui veut s'acheter un petit terrain et rester à la campagne.
C'est un effet indirect de la loi de dire: Vous avez des droits acquis, donc,
vous pouvez vendre votre terre et, en la vendant, gardez-vous un terrain et
mettez une maison dans les jambes de votre acheteur. C'est permis dans la loi
à l'intérieur du demi-hectare, mais c'est contraire aux objectifs
mêmes de la loi.
M. Mathieu: S'il ne peut pas se prévaloir du demi-hectare
parce qu'il est sur une pointe de triangle, pourquoi ne lui donnerait-on pas le
même droit en dehors de ce fameux 'triangle? Vous ignorez
également qu'à la campagne il y a un autre
phénomène. Supposons que le père vend sa ferme mais qu'il
demeure à côté, il va rendre de grands services à
son fils qui continue la culture en étant là le matin, le soir,
le dimanche, n'importe quand, toujours. Il va rendre de grands services. Si on
le fait déménager au village, il va être moins disponible
pour aider à la surveillance. Moi, je trouve que c'est une lacune qui
aurait dû être corrigée et je vois à l'usage ce qui
se passe dans la pratique
M. Garon: Les dispositions de l'article 29, c'est pour permettre
de vendre la terre en consolidation, souvent aux voisins, et de garder la
maison parce que le voisin en a déjà une et qu'il n'en a pas
besoin de deux. C'est l'essence même du dernier paragraphe de l'article
29. Si l'effet indirect est de convertir des bouts de terre en petits terrains
résidentiels sur des terres, là-dessus la loi est beaucoup moins
sévère que celle de la Colombie britannique et encore moins que
le projet de loi de Californie.
M. Mathieu: Ce n'est pas le but, mais il y a un principe qui dit
qu'on ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement.
Pourquoi ne dirait-on pas: On peut faire directement ce qu'on ne peut pas faire
indirectement dans le cas que je vous soumets? Je reviens à mon cas de
la maison sur le triangle. On sait que cela nuit à l'agriculture, si la
personne dit: Je me prévaux de mes droits acquis. La personne garde sa
maison et le fils va se bâtir l'autre bord du chemin. Un cas comme
celui-là nuit à l'agriculture. Si la loi était logique,
elle dirait: Vu que la configuration des lieux ne le permet pas, avec
l'assentiment de la commission, on va lui permettre de se bâtir à
un endroit qui ne nuit pas à l'agriculture. Le ministre pense savoir de
quelle personne il s'agit. C'est arrivé plus d'une fois, M. le
Président. Adopté sur division, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 9?
M. Mathieu: Adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): Article 9, adopté sur
division. Article 10?
M. Mathieu: L'article 10, le nouvel article 102, mérite
ici une légère explication. On dit - l'article 102, l'article 10
- "Le droit reconnu par l'article 101 subsiste malgré l'interruption ou
l'abandon de l'utilisation autre que l'agriculture - parfait -II est toutefois
éteint par le fait de laisser sous couverture végétale la
superficie sur laquelle il porte pendant plus d'un an à compter du
moment où les dispositions de la présente loi visant à
exiger l'autorisation de la commission ont été rendues
applicables sur un lot. Il est également éteint aux mêmes
conditions sur la partie de la superficie de ce lot sur laquelle il porte et
qui fait l'objet d'un acte d'aliénation."
Voici le problème que je vous soumets - je m'excuse d'arriver
avec un exemple concret, mais c'est plus facile. Un individu achète
légalement une résidence, le vendeur a son droit acquis, tout
cela. L'individu a sa résidence avec un quart d'hectare. Il a le droit
d'agrandir et de le porter à un demi-hectare. On s'entend bien?
Supposons qu'un individu se prévaut de son droit acquis d'un quart
d'hectare et la loi dit qu'il a le droit de le porter à un demi-hectare.
Il se prévaut de ce droit. J'imagine qu'à l'arrière le
gars ne tond pas la pelouse toutes les semaines. C'est une cour laissée
un peu en friche, à l'abandon. J'imagine qu'on va dire le type a
laissé la partie d'agrandissement sous couverture
végétale. Donc, au bout d'un an, il ne pourra plus se
prévaloir de son droit acquis. Il ne pourra plus le subdiviser comme il
en aurait eu le droit autrement. Si vous voulez nous expliquer quelle est la
différence, ce que vous entendez par là.
M. Garon: Comme vous le dites bien, la loi permet de prendre
l'emplacement de la maison et, en vertu de l'article 103, d'étendre les
droits acquis à un demi-hectare. En termes de droit, il faut dire que
c'est un droit d'étendre, mais ce n'est pas obligatoire.
M. Mathieu: D'accord.
M. Garon: II y en a effectivement qui vendent leur terre et qui
disent: Je ne garde pas un demi hectare. Je garde 25 000 pieds
carrés...
M. Mathieu: D'accord.
M. Garon: ... ou d'autres qui n'étendent pas. Ils ne sont
pas obligés d'étendre. Ils cultivent. Ce qui arrive, constamment,
c'est ceci: Quelqu'un qui vend et qui dit: J'étends à un
demi-hectare, j'occupe 20 000 pieds carrés d'usage résidentiel,
mais je prends mon droit acquis, je vous en vends la moitié et je garde
l'autre moitié, la moitié qu'il garde ou la moitié qu'il
vend, parfois, c'est le champ. Il faut, en bon droit, je pense, dans le
contexte de cette loi, dire que s'il a le droit de lotir il a le droit de
subdiviser son demi-hectare. Il en fait deux. Il a le droit de faire cela. Il
en garde un et il vend l'autre. Il crée deux lots. Il lotit. Si on
parle
de prescription, il faudrait que la prescription s'applique
distinctement sur chaque lot. Il va se trouver un lot d'un quart d'hectare avec
une maison et l'autre lot, il l'a vendu à son frère,
peut-être, comme banque de droits acquis pour un jour. C'est
arrivé. C'est du champ, cela. Son frère, dans huit ans, va-t-il
pouvoir dire: Moi, ce n'est pas prescrit, même si c'est toujours du
champ, parce que la maison qu'il reconnaissait comme un droit acquis, il y a
huit ans, est toujours là chez mon voisin. On dit: Non, c'est un lot
différent. Il devrait y avoir une prescription différente. C'est
ce que cela vise.
M. Mathieu: Donc, il a un an pour se prévaloir de son
droit.
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: L'acheteur du nouveau...
M. Garon: Cela dit ceci, dans le fond: La prescription est
toujours la même, un an sous couverture végétale, mais une
fois que cela a été loti par aliénation, la prescription
s'applique distinctement sur chaque morceau du demi-hectare. Comme vous l'avez
dit tout à l'heure, il y en a qui gardent le milieu, la maison avec 15
000 pieds carrés et ils ont droit à 53 820 pieds carrés.
Ils vendent les deux côtés - ce sont deux bouts de champ -et ils
gardent 15 000 pieds carrés. Il y en a un des deux qui bâtit, mais
l'autre pas et il dit: II y avait des droits acquis dans le temps et il doit y
en avoir tout le temps. On dit: Écoutez bien, la maison n'est pas
démolie, donc, où il y avait une maison, ce n'est pas prescrit,
mais le bout qui a été vendu, cela a été loti.
C'est ce que la loi dit. Cela a été subdivisé. C'est un
nouveau lot, mais cela se prescrit-il pendant un an ou faut-il attendre que la
maison du voisin soit passée au feu avant que le lot soit prescrit? Il y
en a qui se font des banques de champs sous forme de droits acquis comme
cela.
M. Mathieu: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 11?
M. Mathieu: Adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): Article 12?
M. Mathieu: On en enlève un. On va l'adopter tout
court.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Mathieu: Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 13?
M. Mathieu: J'aurais une question, ici. On parle de
l'enregistrement des décisions ou ordonnances, mais a-t-on prévu
le cas de radiations d'ordonnances? C'est comme lorsque l'on enregistre une
hypothèque, il y a un mécanisme prévu pour donner une
quittance, pour enregistrer la quittance. Supposons qu'on aurait seulement une
ordonnance, de quelle manière va-t-on pouvoir la faire radier? Une
nouvelle ordonnance sera-t-elle nécessaire?
M. Garon: Oui. Cela s'est présenté à la
commission, quatre ou cinq fois. Comme vous le savez, on n'ordonne pas de
démolir des maisons ou des choses comme cela. Neuf fois sur dix, quand
on émet une ordonnance, on l'adresse au citoyen et on lui dit: La
présente ordonnance sera cependant suspendue si une demande
d'autorisation est faite et tant qu'il n'y aura pas une décision rendue
là-dessus au mérite, pour donner l'occasion souvent au citoyen
d'être entendu. Après avoir entendu en audition publique les
représentations de la municipalité de certains citoyens, la
commission a effectivement annulé certaines ordonnances par une
décision en disant: On accorde effectivement l'autorisation et la
présente autorisation annule l'ordonnance émise l'année
dernière. C'est sous forme d'enregistrement d'une décision
annulant l'ordonnance antérieure. Le premier paragraphe de l'article 106
est directement tiré d'une suggestion de la Chambre des notaires et
à la demande des notaires qui disaient: Nous avons un
intérêt certain pour clarifier les titres, enregistrer des
décisions ou des autorisations de la commission, mais le registrateur ne
veut pas, depuis les amendements à la loi quant aux dispositions sur
l'enregistrement, parce qu'il dit que certains registrateurs prétendent
que cela ne confère pas des droits réels, etc. Ils ne veulent pas
prendre votre affaire et, cela fait notre affaire de l'enregistrer.
M. Mathieu: II y a peut-être une petite
ambiguïté pour le registrateur ici. Peut-être que cela
s'infère de la loi, mais on n'indique pas qu'il faut que ce soit
présenté au bureau d'enregistrement de la division où sont
situés les lots.
M. Garon: Non, cela paraît s'inférer en droit, vous
savez. Enregistrer une ordonnance au mauvais bureau d'enregistrement, cela ne
vaut pas cher. C'est l'économie générale du code qui n'est
pas touchée, mais la commission n'enregistre rien en
général. La loi nous oblige à enregistrer deux choses, les
inclusions et les exclusions. 99 fois sur 100, ce sont les parties ou les
notaires qui veulent enregistrer une autorisation pour mettre cela bien clair
au bureau d'enregistrement. Quant à moi, j'imagine qu'ils vont
enregistrer cela à la bonne place.
M. Mathieu: J'imagine qu'il y a plusieurs registres et plusieurs
événements. Quand il y aura des problèmes, ils
s'arrangeront pour les résoudre, mais... Adopté sur division.
M. Houde: Je croyais que vous aviez terminé.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Houde: J'ai deux ou trois cas, c'est pour cela que je voulais
les passer en dernier.
M. Mathieu: Est-ce qu'on va adopter les autres?
M. Houde: Oui, oui. Terminez l'adoption avant.
M. Mathieu: L'article 14 a pour but de préparer le
lancement...
Le Président (M. Boucher): L'article 13 est adopté
sur division?
M. Mathieu: Oui, sur division.
Le Président (M. Boucher): Article 14?
M. Mathieu: C'est pour préparer le lancement du ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation sur la scène
fédérale.
M. Garon: Non, non. Pourquoi? Est-ce que vous avez hâte que
j'aille sur la scène fédérale?
M. Mathieu: Non, on va bien trop s'ennuyer. On veut que vous
restiez ici. C'est pour cela qu'il faudrait que... J'aime cela quand vous
déblatérez contre Ottawa. On se dit: Tiens, il n'y ira pas, il va
rester avec nous.
M. Garon: Je ne déblatère jamais contre Ottawa.
M. Mathieu: Quand vous nous parlez de la reine Victoria, de la
sainte Trinité et de l'apocalypse et que vous faites des discours, vous
savez, vous êtes bon dans ce temps-là.
M. Garon: Je ne sais pas. M. Mathieu: Ah oui!
Le Président (M. Boucher): L'article 14 est
adopté?
M. Garon: C'est que je ne suis pas un monarchiste.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Mathieu: L'article 15 est adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): L'article 14 est adopté
sur division et l'article 15 aussi.
M. Mathieu: Oui.
M. Houde: M. le Président. J'aimerais demander à M.
Blain tandis qu'il est devant nous...
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Berthier.
M. Houde: Eh bien, c'est mon cas. Je vais prendre mon cas
pour...
M. Garon: Comment cela, votre cas?
M. Houde: C'est pour mieux illustrer. C'est un type qui a deux
terrains dans une même municipalité, mais les terrains ne sont pas
contigus, ils sont ni côte à côte, ni de chaque
côté de la route... Ils ne le sont pas...
M. Garon: ... de l'autre bord.
M. Houde: Est-ce que la personne, demain matin, pourra vendre un
lot et ensuite vendre l'autre lot pour construction parce qu'ils ne sont
pas...
M. Garon: II peut sûrement le vendre, mais en termes de
lots vacants, il peut bâtir une seule maison sans autorisation dans une
municipalité. Vous comprenez qu'il y a des gens qui ont 800 terrains
dans la même municipalité.
M. Houde: Non, mais disons qu'il en deux.
M. Garon: II y en a plus qu'une.
M. Houde: Oui, oui, c'est cela, c'est correct.
M. Garon: II a droit à une maison par
municipalité.
M. Houde: Qu'est-ce qu'il va faire avec son deuxième?
M. Garon: Le vendre...
M. Houde: C'est-à-dire, pas pour...
M. Garon: ... mais son acheteur a besoin d'une autorisation pour
bâtir au mérite selon l'endroit où est son terrain. S'il a
un terrain vacant à la bonne place et que c'est plein de maisons tout le
tour, on ne
"brettera" pas longtemps. Mais si c'est un terrain qui est en plein
champ d'avoine entre deux granges, il n'a peut-être pas un terrain
à la bonne place.
M. Houde: Oui, d'accord. Je peux vous poser une autre
question?
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez dire par "en passer"?
M. Houde: Je veux dire qu'on va poser une autre question, on va
passer à une autre demande. Il y a des cas dans mon comté
et...
M. Mathieu: C'est du lobbying cela.
M. Beaumier: M. le Président, question de
règlement. Est-ce que c'est vraiment l'endroit pour régler ces
cas de comté ou bien si...
Le Président (M. Boucher): La commission...
M. Beaumier: J'en ai une douzaine, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): ... cela reste pertinent, cela
reste des questions pertinentes au projet de loi. On parle du zonage
agricole.
M. Garon: C'est un peu délicat pour vous. N'étant
pas membre du barreau ou de l'Ordre des notaires, vous ne pouvez pas donner
d'opinion juridique.
M. Beaumier: Nous avons fait cela en temps et lieu, M. le
Président.
M. Houde: Rappelez donc le député de Champlain
à l'ordre.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît: S'il
vous plaît!
M. Houde: Mais, pour l'amour, on le connaît.
Le Président (M. Boucher): Alors, allez-y, M. le
député, parce que l'heure avance.
M. Houde: Non, non, j'ai... Cela ne prendra pas trois heures, ne
soyez pas inquiet. Cela va servir pour.... M. le Président, ma question
s'adresse à M. le maire Blain. Un terrain dont une demande a
été faite pour être dézoné; la
personne...
Une voix: C'est dans quel article de la loi? (0 h 30)
M. Houde: La personne a été dézonée
parce qu'elle avait trouvé à vendre son terrain. Lorsque vient le
temps d'avoir l'argent pour construire une maison, le type n'a plus d'argent,
la demande tombe à l'eau. Donc, le propriétaire du terrain n'a
pas pu le vendre parce que le gars n'avait pas d'argent pour le construire. Il
a un autre acheteur; il demande que son terrain soit dézoné
à nouveau mais il ne l'est pas. Qu'est-ce qui arrive dans une affaire
comme celle-là? Cela peut arriver à plusieurs. Tantôt, je
vous disais que ça coûte de l'argent à la personne en frais
de notaire, en frais d'avocat. Cela lui demande énormément de
temps pour aller vous voir et son terrain n'est pas dézoné.
Qu'est-ce qui peut bloquer? Cela a déjà été
dézoné et c'est construit de chaque côte; c'est
arrangé comme cela.
M. Garon: Je ne le sais pas.
M. Houde: Vous ne le savez pas? D'accord. Un autre cas. Un
cultivateur a deux terres, mais il y en a une qui est contiguë; il a ses
bâtisses ici et il a une terre de l'autre côté de la route.
Il voudrait vendre sa terre à un cultivateur qui veut continuer de
l'occuper et l'agrandir. Est-ce qu'il y a des problèmes à la
vendre ou faut-il qu'il vende tout pareil, le cultivateur? Je ne veux pas vous
compromettre.
M. Garon: Ce n'est pas très compromettant, je n'en ai
aucune idée.
M. Houde: Le chemin est ici...
M. Garon: Le résultat de toutes sortes de ventes par
bouts, à gauche et à droite...
M. Houde: II a 57 acres et il en a 93 sur l'autre.
M. Garon: Mais il faudrait toujours qu'il recherche une seule
chose, c'est qu'une fois les ventes faites, les morceaux à gauche et
à droite, en avant, en arrière, ça fait des morceaux avec
lesquels l'Office du crédit agricole, le ministère de
l'Agriculture et tout le monde pensent qu'il y a moyen de faire vivre une
famille d'agriculteurs. Sans cela, on finance du vent. S'il veut vendre un
morceau au voisin de l'autre côté qui veut agrandir sa terre, il
n'y a personne qui peut être contre cela.
M. Houde: Oui, c'est cela.
M. Garon: Mais s'il veut garder un petit bout pour lequel il n'y
a pas un programme qui va s'appliquer et que l'Office du crédit agricole
lui rappelle son prêt, où va-t-on?
M. Houde: II garde 93 arpents.
M. Garon: Cela dépend: 93 arpents de
quoi? Il a peut-être une vieille maison, une vieille cabane, 82
arpents de classe 5 et du bois, 12 arpents de classe 3 et petit peu de prairie,
un ruisseau et deux vaches et quart. Cela peut être 93 arpents de sol
dans Sherrington et que ce soit trop grand pour lui et sa famille, pour faire
du jardinage. C'est cela le travail qu'on a à faire. Quand il va au
crédit agricole, c'est cela qu'on fait. Quand on regarde des programmes
agricoles qui s'appliquent, c'est cela qu'on fait.
M. Houde: D'accord. Le type a deux terres comme celles-là,
il vendrait tout et garderait un demi-hectare pour construire ici. Est-ce qu'il
a le droit de ne pas le garder sur la terre?
M. Garon: Non, il n'en a pas le droit.
M. Houde: II n'en a pas le droit, il faut qu'il la construise
ici.
M. Garon: II veut vendre sa terre... M. Houde: Au complet.
M. Garon: II veut se garder un terrain dans le champ, l'autre
bord du chemin.
M. Houde: Un demi-hectare. Oui.
M. Garon: II est dans les mêmes bottines qu'un gars qui
vend sa convention collective en ville et qui veut s'acheter un petit terrain
sur le bord du chemin. De toute manière, ce n'est pas lui qui est
zoné, c'est son terrain. Ce morceau-là d'un demi-hectare avec une
maison, dans six ans, mettons, qu'on soit tous morts, il va le vendre à
un autre. Le gars qui va avoir cela tout seul, il a un petit terrain
résidentiel sur le bord du chemin en pleine zone agricole. Pourquoi ne
pas mettre une porcherie dans une zone résidentielle en ville?
M. Houde: Cela veut dire qu'il peut garder son demi- hectare ici
pour construire, il en a le droit.
M. Garon: II en a le droit là où il a sa maison,
mais il n'y est pas obligé, parce que sa maison fait partie de sa
ferme.
M. Houde: Mais non, il n'y est pas obligé. Il a le droit
ici, mais il n'a pas le droit de l'autre côté, sur deux terres
séparées.
M. Garon: II a le droit parce que la loi lui donne le droit.
M. Houde: II aurait le droit ici?
M. Garon: Non, là où il a sa maison.
M. Mathieu: C'est le champ de blé d'Inde du ministre.
M. Garon: Mais s'il garde sa maison en plein milieu des
bâtiments, cela n'a pas d'allure.
M. Houde: En tout cas, on en reparlera dans deux minutes parce
qu'il y a d'autres personnes qui sont à l'arrière.
Le Président (M. Boucher): Alors, le projet de loi no
76... Oui, M. le député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Si j'ai accepté plusieurs articles sur
division, je vous le dis, ce n'est pas pour faire de l'obstruction
systématique. Je ne voudrais pas que notre comportement soit
interprété comme de l'obstruction systématique. Nous avons
fait notre possible pour faire valoir nos représentations. Elles n'ont
pas été suivies, c'est-à-dire obtenir une commission
parlementaire, mais je crois que c'est seulement prolonger le délai et
tôt ou tard il faudra se confier à une commission parlementaire
pour entendre les organismes concernés. Là-dessus, on va passer
à une autre étape.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, je voudrais remercier les gens
de la Commission de protection du territoire agricole qui sont venus, et
principalement le président, M. Blain. On a voulu laisser amplement le
temps au député de Beauce-Sud de poser toutes les questions qu'il
a voulu. Je sais qu'il avait le mémoire de la Chambre des notaires avec
lui et qu'il a présenté les différents points qu'on
retrouve dans le mémoire de la Chambre des notaires. Il y a une
justification à la façon dont le projet est
présenté, avec ces amendements. Il y a un choix qui a
été fait dans le sens de la protection du territoire agricole en
même temps qu'il y a une recherche de déranger les gens le moins
possible et de susciter le moins possible de procédures qui ne seraient
pas nécessaires, tout en vivant dans le monde dans lequel on vit. Il y a
des réformes qui auraient du se faire il y a un certain nombre
d'années. Il y a un cadastre qui devrait être meilleur que celui
que l'on a. Il y a des constructions qui n'auraient pas du se faire le long des
routes et qui sont devenues des rues au cours des années, et c'est avec
cela qu'on vit.
Par ailleurs, il est toujours difficile, même s'il y a des cas qui
ont été présentés... On a demandé l'opinion
de M. Blain. Il est difficile de donner des opinions basées sur des cas
hypothétiques, sur lesquels on crée de la fiction à mesure
qu'on parle. Dans la réalité, il y a des événements
qui
parlent d'eux-mêmes. Les faits de la vie permettent à la
commission de prendre des décisions le plus éclairées
possible.
Maintenant, je pense que dans l'ensemble en ce qui concerne les
décisions de la commission... Je dois vous dire que j'en ai
étudié un grand nombre, j'en ai vu et j'en ai fouillé
beaucoup et il y a une question d'opinion là-dedans. Il y a deux cas que
je me rappelle, pour lesquels j'aurais agi différemment. Sans dire que
j'avais tort ou raison, j'aurais peut-être agi différemment pour
avoir manipulé des centaines de décisions prises par la
commission. Pour moi, ce n'est pas une critique mais dans toutes les
décisions qui sont prises de bonne foi par des organismes qui jouent un
rôle public comme le joue la Commission de protection du territoire
agricole, on peut toujours diverger d'opinions. On va parler de l'Office du
crédit agricole. Dans certains cas, on va dire: II aurait dû
prêter et il n'a pas prêté. Dans d'autres cas, on va dire
qu'il n'aurait pas dû prêter et qu'il l'a fait.
Il y a des décisions à prendre et on n'a pas le choix de
les prendre. Il faut prendre une décision et je pense que dans
l'ensemble on peut dire que le travail qui a été accompli par la
commission a été extraordinaire. Le facteur qui a
été privilégié - M. Blais l'a mentionné -
cela a été la rapidité des décisions, de bonnes
décisions, les plus rapides possible, pour que la vie en
société ne cesse pas de fonctionner parce qu'on veut
protéger le territoire agricole. On ne se rend compte à quel
point, au printemps 1979, quand la commission a commencé à
s'organiser... À la fin de décembre, le 23 décembre 1978,
quand Me Blain a été nommé président, M. Alain
vice-président et M. Lauréan Tardif commissaire, à ce
moment, on n'avait pas le téléphone. La loi venait d'être
adoptée, les gens appelaient pour avoir des renseignements et commencer.
On ne pouvait commencer autrement qu'en créant des imbroglios
extraordinaires.
Je veux simplement dire qu'à un moment donné les demandes
entraient à coups de 500 ou 600 à la commission. Aujourd'hui, ce
n'est plus le cas. Les gens savent qu'il y a une contrainte dans le sens de la
protection des terres agricoles, mais qui vise à un objectif
économique pour l'ensemble de notre collectivité. Et je pense que
les gens, grâce en grande partie au travail de la commission, se sont
faits à l'idée du fonctionnement de la protection des terres
agricoles et je pense qu'aujourd'hui, si on a réussi au Québec
à faire ce que peu de pays ont réalisé, je ne vous dirai
pas que tout le mérite ne revient qu'au gouvernement. Le gouvernement a
le mérite d'avoir pris des risques et d'avoir travaillé avec des
gens pour ce faire, mais il y a aussi une grande partie du mérite qui
revient aux gens qui ont travaillé à la Commission de la
protection du territoire agricole. Je pense aux commissaires, à son
président, et aux employés de la commission qui, au-delà
des impatiences - cela peut arriver à n'importe qui au travail; cela
m'arrive même d'être impatient quand le député de
Beauce-Sud dit des choses que je sais être inexactes, mais il arrive
à tout le monde d'être impatient. Je pense que si on regarde,
aujourd'hui, le bilan de la protection du territoire agricole, c'est un bilan
extraordinaire.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. Alors,
le projet de loi numéro 76 est adopté sans amendements sur
division. Je prierais le rapporteur, en l'occurrence, le député
de Champlain, d'en faire rapport à l'Assemblée nationale au nom
des membres de la commission et je suspends la commission pour deux
minutes.
(Suspension de la séance à 0 h 42)
(Reprise de la séance à 0 h 44)
Projet de loi no 64
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je commence, si personne ne veut commencer, je commence quand
même. La commission permanente de l'agriculture, des pêcheries et
de l'alimentation est réunie pour étudier le projet de loi no 64,
Loi favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs. Les membres et
les intervenants sont les mêmes. Est-ce qu'il y a un rapporteur
différent?
M. Gagnon: M. le député d'Iberville.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville est rapporteur, M. le ministre.
M. Garon: Bon.
M. Mathieu: Attachez vos ceintures!
Le Président (M. Boucher): Article 1.
M. Garon: Alors, c'est la cerise.
M. Mathieu: C'est vrai. Je l'ai oublié cet
après-midi.
M. Garon: On parlait du député de Beauce-Sud. Vous
n'en avez pas parlé cet après-midi.
M. Mathieu: Je l'ai oublié. Quel remords!
Définitions
M. Garon: Je ne voudrais pas faire de grands débats, je
voudrais commencer par l'article 1 immédiatement.
Le Président (M. Boucher): C'est cela, M. le ministre. M.
le député de Beauce-Sud.
M. Garon: Au cours des débats, je voudrais
présenter de petits amendements qui pourraient... Au fur et à
mesure...
Le Président (M. Boucher): En appelant les articles, je
pourrai les mentionner.
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: J'aurais une question à l'article 1, M. le
Président, si vous le permettez et si le ministre le permet.
M. Garon: Certainement.
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: C'est à la définition du mot
"corporation d'exploitation agricole". On dit: "... une corporation
constituée en vertu de la Loi sur les compagnies (L.R.Q., chapitre
C-38)...". C'est une loi provinciale, est-ce qu'une compagnie incorporée
avec une charte fédérale serait admissible? Vous allez
peut-être me trouver naïf.
M. Garon: Où cela?
M. Mathieu: Regardez à l'alinéa qui commence par
"corporation d'exploitation agricole".
M. Garon: Non, c'est une compagnie incorporée au
Québec.
M. Mathieu: Vous voulez faire faire de l'argent aux hommes de
loi.
M. Garon: Non, on a rien changé. On a gardé le
même modèle qu'il y avait dans le temps des libéraux
M. Mathieu: L'article 1 est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 1 est adopté.
Article 2?
Subvention et mode de paiement
M. Mathieu: À l'article 2, si je comprends bien, il y a
une subvention pour un individu comme pour un groupe d'agriculteurs.
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Article 3?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 4? (0 h
45)
M. Mathieu: L'article 4 est adopté. Nous aurions
préféré avoir les règlements, comme je l'ai dit
à l'Assemblée nationale pour mieux interpréter l'ensemble
du tout, mais, à tout événement, on ne les a pas.
M. Garon: Où cela?
M. Mathieu: Quand on parle des règlements... Mais,
à tout événement, adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 5?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 6?
M. Dubois: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Huntingdon.
M. Dubois: J'aurais pu poser la question à n'importe quel
article, mais j'aimerais avoir un peu plus de précisions sur les
prêts accordés aux locataires.
Une voix: Comment?
M. Dubois: Les prêts accordés aux locataires. Cela
fait suite à un plan de production et une vérification des
revenus, mais il est question, quand même, de grosses sommes parce qu'on
peut aller - le ministre dit entre 14 000 $ et 30 000 $ - cela peut jouer dans
cet ordre de grandeur quand on prête 50 000 $ sans intérêt.
Quelles sont les exigences précises pour un locataire, au bout du terme
de location qui est de cinq ans?
M. Garon: C'est plus que cela. En réalité, il va
falloir que le bail soit d'une durée assez longue pour ne pas que ce
soit une façon détournée d'aller chercher un prêt de
50 000 $ sans intérêt sans faire un établissement
agricole.
M. Dubois: D'ailleurs, cet après-midi, lors de mon
intervention en deuxième lecture, j'ai fait remarquer au ministre que
j'avais une certaine inquiétude. Cela dépend des
règlements qui vont accompagner la loi. On ne connaît pas ces
règlements. Supposons que ce serait pour une durée de cinq ans,
sans qu'il y ait promesse de vente en mai, qui assure quand même une
continuité dans l'exploitation, il peut y avoir des
inquiétudes.
Remarquez bien que je n'ai pas vu les règlements, alors il est
assez difficile de porter un jugement sur quelque chose qu'on ne connaît
pas. Est-ce que les règlements doivent être les mêmes qui
s'appliquent actuellement aux lois de l'Office du crédit agricole ou ce
sera une série de nouveaux règlements spécifiques pour
cette nouvelle modalité?
M. Garon: Là, il s'agit essentiellement de prêts
à long terme. Le bail ne pourra pas être d'une durée moins
longue que le prêt. Alors, au départ, on peut s'attendre que ce
soit un bail d'une certaine durée.
M. Dubois: Actuellement, y a-t-il des prêts accordés
sur un bail de cinq ans?
M. Garon: Dans le domaine du crédit agricole,
actuellement, le principe, c'est la durée du prêt.
M. Dubois: II y a des prêts qui sont accordés sur
une période de dix ans. Moins aussi? Supposons que ce serait cinq ans,
la personne pourrait aller chercher 50 000 $ sans intérêt pendant
cinq ans et s'il n'y a pas une assurance de continuité, enfin, ça
dépend aussi des garanties qu'il va vous offrir à ce
moment-là, j'imagine, de la continuité de l'exploitation de la
ferme? Les règlements vont être publiés bientôt?
M. Garon: Le règlement n'est pas encore fait.
M. Dubois: II n'est pas encore fait. C'est l'inquiétude
que j'avais soulevée cet après-midi. Je sais...
M. Garon: D'ailleurs, quand on a fait la loi, on a longuement
discuté cette question et on se demandait si on devait permettre ou non
un prêt sur location. Finalement, on l'a accepté, mais en se
disant que, dans le règlement, on mettrait des balises assez importantes
pour que ce soit un véritable établissement.
M. Dubois: Je trouvais quand même curieux que, dans la loi,
on accepte qu'une telle mesure s'applique à une terre en location
puisqu'on parle de relève agricole. On ne parle quand même pas
d'une personne de cinquante ans qui s'établit sur une ferme, on parle de
jeunes agriculteurs qui doivent, en principe, s'établir pour plusieurs
années. En général, quand on veut améliorer un sol,
on l'achète, parce qu'il est rare qu'on fasse beaucoup
d'améliorations sur des terres louées. On n'est pas porté
à faire du drainage souterrain sur une terre louée à moins
d'avoir un bail à très longue échéance.
M. Garon: Vous pourriez avoir le cas de quelqu'un, par exemple,
qui se lance dans l'élevage du boeuf et qui préfère mettre
son capital sur le cheptel plutôt que sur le fonds de terre et il peut
avoir une terre à bon marché et peut louer pour une longue
période de temps. Par exemple, il y a des spéculateurs qui ont
acquis des terres qui ne sont pas encore décidés à
revendre et qui les louent pour pas cher. Alors, ça peut être
avantageux pour quelqu'un d'avoir un contrat de location à long terme et
d'investir davantage son argent dans les animaux. Il est évident que
ça peut être différent s'il s'agit d'autres types de
production. C'est un problème réel que vous mentionnez là.
Il va s'agir de le baliser suffisamment dans le règlement pour qu'il n'y
ait pas d'abus.
M. Dubois: C'était mon inquiétude, je vous
remercie.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: M. le Président, qu'arrive-t-il
présentement à l'office lorsqu'on ne respecte pas le bail? Dans
ce cas-ci, la personne a un bail et supposons qu'il arrive quelque chose et
elle ne le respecte pas et les sommes sont déjà versées?
Disons que c'est pour quinze ou vingt ans et au bout de six ou sept ans, il a
reçu le montant total et puis... Il n'y a pas de nantissement
là-dessus. Aucune pénalité n'est greffée aux sommes
versées.
M. Garon: II va être en défaut. Le prêt va
être rappelé. Les garanties vont être
réalisées, ce qu'il va vouloir éviter.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Merci, M. le Président. Pour les fins de cette
subvention, c'est-à-dire 50 000 $ sans intérêt, l'âge
requis est de 18 à 40 ans. Actuellement, l'Office du crédit
agricole prête sans limite d'âge je pense. Ce qui veut dire que le
40 ans, ici, c'est l'âge limite pour l'application de cette loi?
M. Garon: II n'y a pas d'âge limite.
M. Gagnon: Cela veut dire que 40 ans, c'est simplement
l'âge limite pour l'application de cette loi, c'est-à-dire pour
obtenir les 50 000 $ sans intérêt. J'aimerais savoir sur quoi on
s'est basé pour limiter l'âge à 40 ans.
M. Garon: On s'est basé sur le même critère
qu'il y avait pour l'obtention des primes à l'établissement.
M. Gagnon: C'est la même chose que
pour la prime à l'établissement?
M. Garon: Oui, en vertu de la Loi favorisant la mise en valeur
des exploitations agricoles, c'était ce critère de 18 ans
à 40 ans et on l'a gardé.
M. Gagnon: Ce qui veut dire que quelqu'un qui a plus de 40 ans et
qui veut acheter une ferme peut toujours avoir recours à l'office pour
obtenir un prêt...
M. Garon: II peut avoir un prêt.
M. Gagnon: ... mais qu'il est privé de cette
possibilité d'obtenir un prêt de 50 000 $ sans
intérêt.
M. Garon: C'est ça.
M. Gagnon: Selon vous, est-ce que des demandes ont
été faites pour prolonger la limite d'âge, même pour
la subvention à l'établissement? Par exemple, la prolonger
jusqu'à 45 ans?
M. Garon: Pas beaucoup. Quelqu'un m'a dit, tout à l'heure
que, personnellement, il aurait aimé que cela se prolonge au-delà
de 40 ans, mais je dois vous dire qu'à part cela, je n'ai jamais
vraiment eu de représentations pour aller au-delà de 40 ans. Ces
avantages sont accordés parce qu'on considère que quelqu'un va
cultiver pendant une vie, normalement, 25 ou 30 ans. Si quelqu'un
s'établit à un âge trop avancé, dans le fond, cela
ne sera pas un établissement, cela sera un prêt qui ne va
être profitable que pour la durée du prêt.
M. Gagnon: Si je comprends bien, dans ce projet de loi, on peut
dire, tout de même, qu'il y a un prolongement de cinq ans, parce que
c'est un fait que, pour obtenir un prêt, la limite est de 40 ans, mais on
va retirer la subvention jusqu'à 45 ans.
M. Garon: Oui. Mais ces cinq années vont faire partie...
Supposons quelqu'un qui s'établit à 40 ans et qui exploite
jusqu'à 60 ans, ça veut dire qu'il s'est établi pendant
une vingtaine d'années et qu'il en a joui pendant cinq ans. Ces mesures
sont très coûteuses pour le gouvernement et s'il n'y a pas une
perspective d'une durée dans le temps, ce serait difficile de justifier
les sommes importantes. Par ailleurs, il peut avoir un prêt. Pour obtenir
un prêt de l'Office du crédit agricole qui atteint 90% de la
valeur de la ferme il faut avoir moins de 40 ans. Au-delà de 40 ans, la
possibilité de prêt est de 80% de la valeur de la ferme.
M. Gagnon: Une dernière question. Ce qui veut dire que,
compte tenu que la limite pour obtenir la subvention est de 45 ans, finalement,
il faut avoir acheté avant l'âge de 40 ans.
M. Garon: II faut avoir fait la demande avant 40 ans.
M. Gagnon: Avez-vous envisagé, par exemple, la
possibilité de faire comme on fait avec l'achat des fermes en groupe,
alors qu'on peut obtenir une tranche de la subvention, on peut avoir une
tranche du prêt des 50 000 $, à condition de payer 20% de la
valeur de la ferme? N'y aurait-il pas eu possibilité de dire: La limite
est quand même à 45 ans, mais quelqu'un de 41, 42 ou 43 ans aurait
pu obtenir un prêt de 10 000 $ par année sans intérêt
jusqu'à 45 ans? Ce n'aurait pas été... (1 heure)
M. Garon: Oui, on a considéré cette
possibilité, mais c'est pour ça que le projet de loi - comme
quelqu'un l'a dit tout à l'heure - a 34 articles. Il y a d'abord les
lois existantes et il faut que ce soit administrable, parce que, si ça
devient trop onéreux à administrer, ce sont d'autres organismes
du gouvernement qui ne voudront pas. Ils vont dire que cela coûte trop
cher d'administration. Je peux vous dire qu'on a travaillé
considérablement depuis un bout de temps là-dessus justement pour
faire en sorte que la loi soit le plus administrable possible parce qu'il y a
un suivi à faire là-dedans. Il y a des individus et il y a des
corporations. On a vu au début la définition d'une corporation.
À un moment donné, la loi devient tellement complexe qu'elle
n'est plus administrable. Qu'arrivera-t-il alors? C'est le gouvernement ou le
Conseil du trésor - des organismes comme ceux-là - qui vont dire:
Cela n'a plus de bon sens, vous avez perdu le contrôle. C'est pour cela
qu'on est obligé d'établir un certain cadre dans lequel il est
possible d'administrer.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Houde: M. le Président, dans le cas d'une personne qui
a plus de 40 ans et qui veut emprunter 200 000 $, qu'est-ce qui arrive du taux
d'intérêt? Est-ce qu'elle va pouvoir bénéficier des
8000 $ qu'elle avait avant? Est-ce qu'elle va pouvoir bénéficier
des 2,5% sur la première tranche de 15 000 $? Non? Il n'y a plus rien de
cela?
M. Garon: Pas sur les nouveaux prêts, mais sur les
transferts.
M. Houde: Supposons que, demain matin, je veux emprunter...
M. Garon: C'est un nouveau prêt?
M. Houde: Oui, un nouveau prêt. Supposons que
j'achète une terre un matin et que je vais m'installer...
M. Garon: Vous n'aviez pas de prêt antérieurement et
celui qui vous vend n'a pas de dette. Il n'a pas de prêt à
l'Office du crédit agricole.
M. Houde: II peut en avoir. Cela dépend. Il n'en a
peut-être pas.
M. Garon: Alors, vous empruntez au taux
préférentiel de 4%, moins 4 sur 2. S'il y a un transfert, qu'il y
avait une balance résiduelle de 2,5% sur la première tranche de
15 000 $ et 8% sur les 185 000 $ suivants, cela peut être
transférable.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Houde: Autrement, elle part à zéro. M.
Mathieu: M. le Président.
M. Garon: Autrement, à l'heure actuelle, c'est... Je vais
essayer de le calculer.
M. Houde: Disons 16 divisé par 2 plus 4.
M. Garon: C'est 17% actuellement. Plus 17, moins 4 sur 2, cela
fait 4 plus...
M. Houde: Cela fait 12,5%.
M. Garon: Non, 10,5% à l'heure actuelle.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Merci, M. le Président. J'aurais
préféré que l'âge soit inscrit dans le
règlement plutôt que dans la loi. Je vais vous donner la raison.
C'est parce qu'on sera obligé de revenir devant l'Assemblée
nationale si jamais on s'aperçoit à l'usage qu'on frustre un
grand nombre de gens. Il me semble qu'étendre de 40 à 45 ans...
L'argument, cet après-midi, c'était: Le gars va avoir 50 ans et
il va encore avoir des subventions. Écoutez! si vous tenez compte du
montant d'investissement requis maintenant pour s'établir en
agriculture, les jeunes qui vont s'établir, ce sont les jeunes qui
prennent la relève de leurs parents. Eux vont avoir la terre au tiers du
prix et ils vont pouvoir continuer. Mais prenons le cas d'un individu qui
change d'emploi. Supposons qu'il a un bon capital, qu'il a 41 ou 40 ans et
trois mois et qu'il se lance en agriculture. J'aurais souhaité que l'on
trouve une solution mitoyenne.
M. Garon: Voyez-vous, en 1966, les gens s'établissaient
beaucoup plus vieux qu'aujourd'hui. C'était 19,2% entre 18 et 24 ans;
entre 25 et 29 ans, 28,4%; entre 30 et 34 ans, 23%; 35 ans et plus, - cela
comprend les 40 ans - 29,3%. En 1981, c'était beaucoup plus jeune. Au
lieu d'être 19,2% entre 18 et 24 ans, c'était 36,7%; 31,1% entre
25 et 29 ans, 17,2% entre 30 et 34 ans et 15% pour les 35 ans et plus. Alors,
les gens s'établissent actuellement assez jeunes. Vous parliez de la
crise du porc. Si le gars s'établit trop vieux et qu'il y a une
période difficile... Je me rappelle avoir rencontré des gens d'un
certain âge et je vous dis que cela dépend de l'âge. Quand
il y a des difficultés, les gens plus âgés voient les
difficultés avec plus d'ampleur que les plus jeunes. Je ne suis pas
convaincu qu'il est souhaitable que le gouvernement incite les gens assez
âgés à s'établir en agriculture. Je suis loin
d'être convaincu de cela.
M. Mathieu: M. le Président, juste quelques commentaires
rapidement à l'article 6. La définition de "ferme
rentable"...
M. Garon: On l'a déjà.
M. Mathieu: ... ce sera très difficile pour l'office de
définir ce qu'est une "ferme rentable".
M. Garon: C'est cela qu'il administre tous les jours.
M. Mathieu: ... de la crise du porc ou du boeuf. Il y a des
unités de ferme que l'on considérait comme rentables, il y a
trois ans et, maintenant, elles sont considérées comme non
rentables. Alors, il me semble qu'il va falloir que l'office ait une bonne
souplesse pour s'adapter aux exigences de l'époque. En ce qui concerne
le règlement qui va définir la scolarité,
l'expérience agricole ou la formation professionnelle, il ne faudrait
pas que cela se passe comme dans le cas du bon d'emploi, qui, dans le moment,
exige que l'on détienne un secondaire V. En tout cas, il y a des
critères. Beaucoup de gens ne sont pas admissibles parce qu'il leur
manque une option. Par exemple, il y en a un qui a obtenu 48 en anglais, alors
qu'il lui fallait obtenir 50 et il n'est pas admissible au bon d'emploi. Alors,
il ne faudrait pas qu'il y ait des tracasseries semblables. Je fais confiance
à l'office, remarquez bien, mais c'est juste des...
M. Garon: II y a une question de jugement là-dedans. On a
pensé, à un moment donné, fixer une scolarité
obligatoire, mais on a décidé de ne pas le faire. C'est pour cela
qu'on a mentionné qu'on pourra en exiger une. Mais vous remarquerez une
chose: actuellement,
lorsqu'on parle d'emprunteur moyen, on parle de quelqu'un qui a des
actifs d'environ 300 000 $ et cela va augmenter très rapidement. Je
regarde, aujourd'hui, les prêts, dans l'Ouest, varient entre 500 000 $ et
1 000 000 $. Cela va monter rapidement. Tantôt, vous avez
été le premier à nous dire: Avant de financer une ferme
à un gars d'une vingtaine d'années, il va falloir 500 000 $.
Aujourd'hui, une ferme de 500 000 $, ce n'est pas rare. Si le gars, par une
certaine formation, est capable de lire un bilan, comprendre les
mécanismes de mise en marché, vous allez être
hésitant. Si c'est quelqu'un, par exemple, décide d'exploiter un
petit rucher, cela dépend, il y a une question
d'appréciation.
M. Mathieu: On vous met en garde.
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Au sujet de la scolarité,
l'expérience agricole ou la formation professionnelle, est-ce qu'on peut
dire que c'est tel ou tel résultat ou bien s'il va y avoir des exigences
de scolarité et d'expérience agricole ou de scolarité et
de formation professionnelle?
M. Garon: Cela va plutôt être une pondération.
Si quelqu'un a suivi le cours d'exploitant de ferme, que c'est un fils de
cultivateur ou qu'il a travaillé sur une ferme, c'est tout cela qui va
être considéré. Je pense, par exemple, à quelqu'un
qui a été mentionné à l'occasion comme étant
en difficulté. Les députés mentionnent des noms à
l'occasion. Je connais certains de ces noms qu'ils mentionnent. Je pense
à un cas en particulier, un gars de Montréal qui décide de
venir s'établir sur une ferme et qui a un rendement très faible.
On évalue qu'une truie doit produire dix-sept porcelets par année
pour être efficace.
M. Houde: ...
M. Garon: Je ne nommerai pas de noms.
M. Houde: Je ne veux pas vous en nommer.
M. Garon: Quelqu'un qui, au lieu d'avoir un rendement à
dix-sept porcelets, aurait un rendement de neuf ou dix par année,
normalement, il ne réussira pas. Quand il s'agit de montant comme cela,
je poserais d'abord comme premier critère le nombre d'années
où l'individu a travaillé sur une ferme. Il est entendu qu'un
fils d'agriculteur est avantagé, c'est évident. Il sait comment
cela fonctionne parce qu'il est né là. C'est comme quelqu'un qui
connaît le fonctionnement de tel genre de chose, sans y penser un peu,
parce qu'il a vécu là-dedans toute sa vie. Un jeune qui est un
fils d'agriculteur, qui atteint la vingtaine et qui a fait un cours
d'exploitant agricole à l'Institut de technologie agricole, normalement,
c'est un bon candidat. Ce n'est pas parce qu'il est fils d'agriculteur, mais,
étant fils d'agriculteur, il a vécu sur une ferme pendant une
vingtaine d'années et c'est ce qui l'avantage.
M. Beauséjour: II a acquis de l'expérience.
M. Garon: II a acquis de l'expérience.
M. Beauséjour: II peut avoir de l'expérience sans
avoir suivi nécessairement des cours spécifiques dans le
domaine.
M. Garon: Mais je peux vous dire une chose, la scolarité
des agriculteurs a drôlement changé.
M. Beauséjour: Cela a augmenté.
M. Garon: Cela n'a pas augmenté, c'est un changement
incroyable. Les gens ne réalisent pas à quel point il y a eu des
changements là-dedans. En 1966, 83% des agriculteurs avaient moins d'une
huitième année, 16,9% avaient plus d'une neuvième
année et plus d'une treizième année, 0%. Il y en avait
peut-être quelques-uns, mais cela ne faisait pas de pourcentage tellement
ils étaient peu nombreux. En 1981, les emprunteurs à l'Office du
crédit agricole qui ont moins d'une quatrième année sont
au nombre de 0,3%, alors qu'en 1966 c'était 42%. C'est quelque chose.
Ceux qui ont moins d'une neuvième année, au lieu d'être
83,1% comme en 1966, c'est 12,1%. Là-dessus, 9,6% ont plus d'une
septième année. 87,9% ont plus d'une neuvième année
et 22% ont plus d'une treizième année. Peu de gens
soupçonnent cela.
Une voix: C'est le député de Beauce-Sud qui fait
augmenter les moyennes.
M. Garon: On observe que cela a augmenté de façon
incroyable depuis 1976. J'ai les chiffres devant moi.
M. Dubois: Ils ont été instruits sous les
libéraux.
M. Houde: ... pour 1981.
M. Garon: Ils ont le potentiel actuellement. Ce n'est plus le
même portrait
qu'auparavant. Après avoir vu ces chiffres, on s'est dit: Dans
les faits, on constate que les gens qui s'établissent ont une bien plus
grande scolarité qu'auparavant. Plutôt que de l'inscrire dans la
loi, il va falloir être prudent dans la réglementation parce que
dans les faits c'est ce qui se passe. Il peut arriver que quelqu'un n'ait pas
une grande scolarité mais ait une grande compétence. Cela peut
arriver.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Une très courte question, M. le
Président. Pour l'application de cette loi-ci, est-ce que les
critères de rentabilité d'une ferme seront les mêmes que
ceux que vous appliquez actuellement pour les autres prêts...
M. Garon: Oui.
M. Dubois: ... ou s'il y aura des règlements particuliers,
un resserrement, si on veut, aux fins d'application de cette loi-ci,
étant donné qu'elle affecte plus de fonds publics?
M. Garon: Essentiellement, ce qui va jouer, c'est le plan
d'établissement et ce que la personne veut faire, comme une banque va
demander à une personne: Vous voulez avoir un prêt de 50 000 $
sans intérêt pendant cinq ans. Vous voulez faire quoi avec cela?
Quels sont vos projets? Normalement, un jeune qui s'établit va faire
quelque chose la première année, la deuxième année
et la troisième année; il a un plan de développement de
son affaire. C'est cela qui sera pris en considération. Il y a aussi la
rentabilité pendant qu'on jouit du prêt et la rentabilité
une fois que le prêt est échu, au bout de cinq ans. Mais il y aura
toujours des impondérables. Le prix du marché, on ne le
contrôle pas. Le prix du porc est très bon actuellement et s'il
continue à augmenter... Il y en a qui me disaient qu'il serait à
1 $ au mois d'août; il est parti pour être à 1 $ au mois
d'août. Il était à 94 $ les cents livres hier. Cela veut
dire qu'il ne reste pas beaucoup de chemin à faire pour être
à 100 $ les cents livres bientôt, si cela arrive. Est-ce que ce
prix sera stable pendant trois ans, quatre ans ou cinq ans? Il y a tellement de
facteurs qui influencent...
Le Président (M. Boucher): Adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 7?
M. Mathieu: C'est technique, c'est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 8?
M. Garon: À l'article 8, on a un amendement bien simple.
Entre la dernière ligne de la page 12 et la première de la page
13, une ligne a sauté pendant l'impression. Je peux vous en donner des
copies. Vous en voulez combien?
M. Gagnon: Pendant qu'on distribue l'amendement, M. le
Président, si vous me le permettez, ce n'est pas sur cet article, mais
je désirais obtenir une information additionnelle de M. le ministre.
Quelqu'un qui demande un prêt, mais qui n'a pas besoin de 50 000 $;
supposons qu'on lui accorde 40 000 $ ou 30 000 $, cela veut dire qu'il demande
un prêt sans intérêt de 30 000 $ pendant cinq ans? C'est
ça? Est-ce qu'il lui reste une possibilité, s'il voulait prendre
de l'expansion, d'avoir l'autre tranche de 20 000 $ plus tard? (1 h 15)
M. Garon: Oui.
M. Gagnon: Oui, pour autant qu'il n'a pas dépassé
l'âge. Oui?
M. Garon: Non, pas pour le groupe.
M. Gagnon: Non, je parle d'un individu.
M. Garon: Pour l'individu...
M. Gagnon: Je le sais là, mais c'est l'individu.
M. Garon: Pour l'individu, c'est une fois.
M. Gagnon: C'est une fois.
M. Garon: Au moment de l'établissement.
M. Gagnon: Cela veut dire que si le besoin est de 30 000 $, c'est
30 000 $.
M. Garon: Oui.
M. Gagnon: II ne peut pas revenir, un peu plus tard, pour obtenir
une autre tranche additionnelle?
M. Garon: Non. M. Gagnon: Merci.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Garon: L'amendement, je dois le lire. "Modifier le premier
alinéa par l'insertion, à la treizième ligne, après
le mot "exigences", les mots "que celles requises pour
le prêt à l'égard duquel cette subvention a". M.
Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 8 est adopté
tel qu'amendé. Article 9?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 10?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 11?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 12?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adooté. Article 13?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 14?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 15?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 16?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Règlements
Le Président (M. Boucher): Article 17, il y a un
amendement.
M. Garon: Oui, à l'article 17, il y a un amendement. C'est
une erreur d'impression ou de copiste, c'est difficile à dire. De toute
façon, je ne chercherai pas le responsable.
M. Mathieu: Cela doit être la faute du
fédéral.
M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: Cela doit être la faute du
fédéral.
Le Président (M. Boucher): Vous avez l'amendement, M. le
ministre?
M. Garon: Oui. Il faut remplacer le troisième paragraphe
par le suivant. "3° déterminer les caractéristiques que doit
comporter un contrat de société pour que la société
qui en fait l'objet soit une société d'exploitation agricole au
sens du paragraphe 1° de la définition d'une telle
société mentionnée à l'article 1." On avait
marqué "au sens du paragraphe 2° , la définition c'est au
sens du paragraphe 1° . C'est une erreur. Je ne sais pas où elle
s'est glissée. Ce n'est point grave. On la corrige.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Une voix: Adopté.
Dispositions diverses
Le Président (M. Boucher): L'article 17 est adopté
tel qu'amendé. L'article 18 est-il adopté?
M. Mathieu: Oui.
Le Président (M. Boucher): L'article 19?
M. Mathieu: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 20, il y
a un amendement.
M. Garon: Oui. Ici, c'est une erreur due à l'impression ou
ailleurs.
M. Houde: Cela ne faisait pas trois mois qu'elle était
adoptée, cette loi-là?
M. Mathieu: Vous avez de mauvaises impressions.
M. Garon: Non, mais si on ne veut pas qu'il y ait de fuite.
M. Mathieu: Ils l'avaient truqué au cas où il y
aurait des fuites; il l'a déformé. Ne faites pas comme le
ministre de l'Éducation.
M. Garon: Article 20 du projet. "Remplacer à la
dernière ligne de l'article 20, le chiffre "14" par le chiffre "15".
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 20 est adopté
tel qu'amendé. Article 21?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 22.
Adopté. Article 23?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 24?
M. Mathieu: Je pense qu'il ne s'en servira pas parce que le
ministre n'aime pas cela déléguer ses pouvoirs. Adopté, M.
le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 25?
M. Garon: Comment ça?
M. Mathieu: Vous n'avez même pas d'adjoint parlementaire
maintenant.
M. Garon: Cela ne dépend pas de moi. Ce n'est pas moi qui
nomme l'adjoint parlementaire.
Le Président (M. Boucher): Article 25, adopté.
M. Mathieu: Avez-vous insisté pour en avoir un?
Dispositions transitoires et finales
Le Président (M. Boucher): Article 25. Article 26?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 27?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 28?
M. Houde: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 29?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 30?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 31?
M. Mathieu: Adopté encore, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 32?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 33?
M. Mathieu: C'est encore... C'est pour préparer le
plongeon du ministre au fédéral.
Adopté, M. le Président.
M. Garon: Comment cela? Une voix: Adopté sur
division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division?
M. Dubois: Appelez l'article 34, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Voulez-vous que le projet de
loi soit adopté sur division?
M. Dubois: Non, non, j'ai parlé de l'article 33 qui est
adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): Si l'article a
été adopté sur division...
M. Garon: C'est sur le plan constitutionnel; c'est un article qui
sera utilisé pour que... Est-ce que c'est une loi dont le gouvernement
fédéral va dire qu'elle est plus avantageuse au Québec que
dans les autres provinces? Est-ce qu'il va vouloir la faire sauter en disant
qu'il y a une discrimination faite par cette loi en faveur des cultivateurs du
Québec? Les juristes disent oui. La loi des non-résidents
pourrait aussi sauter et la Loi sur la protection du territoire agricole.
Certaines lois pourraient sauter si le gouvernement fédéral le
voulait. Il y en a qui disent oui. Il y en a d'autres qui disent non, mais
plusieurs disent oui. C'est un article qui pourrait jouer un rôle...
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 34?
L'article 34 est-il adopté?
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi no 64 est-il
adopté tel qu'amendé?
M. Mathieu: À l'unanimité, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Tel qu'amendé?
M. Mathieu: Oui, M. le Président.
M. Garon: Mais il y avait une division.
Le Président (M. Boucher): II y a un article sur division.
Que fait-on?
M. Mathieu: Retire-t-il sa division?
M. Dubois: Je ne retire pas ma division sur l'article 33.
Le Président (M. Boucher): Disons que l'article 33 est
adopté sur division mais que le projet de loi est adopté tel
qu'amendé.
M. Mathieu: M. le Président, il nous fait plaisir de
concourir aux projets de loi du ministre quand ils sont
bénéfiques pour la classe agricole et j'espère que cette
loi servira surtout à protéger et à améliorer le
sort de la ferme familiale et le sort de nos jeunes.
M. Garon: Je voudrais remercier les représentants de
l'Office du crédit agricole qui ne pensaient pas qu'on ferait cela ce
soir, mais la semaine prochaine, - ils sont venus à l'improviste - et
tous les membres de la commission pour avoir adopté promptement ces
projets de loi qui vont être utiles, je pense, pour les agriculteurs du
Québec.
M. Dubois: M. le premier ministre... M. le ministre -
peut-être futur premier ministre - vous ferez les louanges de
l'Opposition en Chambre, s'il vous plaît!
M. Houde: II ne l'a pas fait ce soir ici. C'est pour cela que
je... Il n'a pas parlé de nous.
M. Garon: Comment cela?
M. Houde: II a dit en dernier qu'il dirait si on avait
été correct ou non, si on avait bien fait les choses. Il a encore
oublié cela.
M. Garon: Je ne peux pas porter de jugement de valeur. S'il
fallait que je sois obligé de dire quand vous faites mal les choses et
quand vous faites bien les choses... Je laisse cela à votre chef.
M. Houde: Ah! il ne tient pas ses promesses, M. le
Président, parce qu'il a bien dit: J'attendrai la fin des trois projets
de loi et, je pourrai alors parler en bien de l'Opposition. Je dirai si elle a
bien fait ou non. Il semble vouloir l'oublier. C'est bien dur de lui faire dire
quelque chose.
M. Garon: Je pensais qu'il me parlait de son ruisseau
Tranchemontagne.
M. Houde: J'allais vous en parler. Je l'attendais,
celui-là. J'attendais le cours d'eau. M. le Président, puis-je
avoir la parole encore une fois?
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Berthier.
M. Houde: Je demanderais au ministre de l'Agriculture...
Une voix: Des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Houde: ... des Pêcheries et de l'Alimentation de faire
diligence en ce qui concerne le ruisseau Tranchemontagne de mon comté,
le comté de Berthier. Puis-je avoir la réponse
immédiatement? Je l'apprécierais grandement.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député. Je prierais le rapporteur de faire rapport à
l'Assemblée nationale au nom des membres de la commission. La commission
ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 1 h 24)