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(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation
est réunie ce matin aux fins d'entendre les organismes et les personnes
relativement au projet de loi no 78, Loi modifiant la Loi sur les producteurs
agricoles.
Les membres de la commission sont: M. Baril (Arthabaska), M. Beaumier
(Nicolet), M. Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntington), M.
Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Gagnon (Champlain), M. Garon (Lévis),
M. Houde (Berthier), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Mathieu (Beauce-Sud) et M. Picotte (Maskinongé).
Les intervenants sont M. Blouin (Rousseau), Mme Juneau (Johnson), M.
Lachance (Bellechasse), M. Proulx (Saint-Jean), M. Levesque (Bonaventure), M.
Mailloux (Charlevoix), M. Vaillancourt (Orford) et M. Vallières
(Richmond).
Avant de passer à l'ordre du jour, est-ce qu'il y a un
rapporteur?
M. Beauséjour: Je proposerais le député de
Kamouraska-Témiscouata, M. Léonard Lévesque.
Le Président (M. Boucher): Alors, M. le
député de Kamouraska-Témiscouata.
M. Mathieu: J'entérine, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud.
À l'ordre du jour, nous avons d'abord l'Union des producteurs
agricoles, représentée par M. Jacques Proulx, président;
M. Gérard Gras, premier vice-président; M. Bertrand Tremblay,
deuxième vice-président; M. Jean-Claude Blanchette,
secrétaire général; M. Léo Vigneault,
secrétaire général adjoint; M. Jocelyn Vigneux, directeur,
service administration et trésorerie; M. Gilles Ricard, directeur
adjoint, service administration et trésorerie; M. Germain Laberge,
membre de l'exécutif; M. Hervey Filion, membre de l'exécutif; M.
Jean-Paul Carpentier, membre de l'exécutif et M. Jean-René
Bouchard, membre de l'exécutif.
Nous entendrons le Mouvement pour l'agriculture biologique au
Québec représenté par M. Jean Guilbault Boutet,
vice-président et Mme Lise Lapointe, secrétaire.
Pour les fins du journal des Débats, un certain nombre
d'organismes et de personnes ont déposé des mémoires
seulement, soit la Fédération de l'UPA de Saint-Hyacinthe,
représentée par M. Maurice Lapalme, président; la
Fédération de l'UPA des Laurentides, représentée
par M. Louis Prévost, responsable du service éducation et
information; le Syndicat de l'UPA d'Argenteuil-Sud, représenté
par M. Gonzague Saint-Pierre, président; M. Marc Lefebvre, à
titre personnel; le Syndicat de l'UPA de Drummond, représenté par
M. Luc Duplessis, secrétaire; le Syndicat de l'UPA de Sainte-Sophie,
représenté par Mme Diane Baril, secrétaire; un certain
nombre de lettres d'appui au mémoire présenté par l'Union
des producteurs agricoles ont aussi été déposées.
Elles viennent de la Fédération de l'UPA du Bas-Saint-Laurent; et
des organismes suivants: le Syndicat de Châteauguay Valley; la
Fédération de l'UPA de Lanaudière; le Syndicat des
fermiers de Montmagny; le Syndicat de l'UPA de Beauce-Nord; la
Fédération de l'UPA de la Beauce; le Syndicat de base de
Saint-Louis-de-Gonzague; le Syndicat des producteurs de lait industriel de la
Côte-du-Sud; le Syndicat de base Thurso; le Syndicat de l'UPA de la
Rivière Mitis; le Syndicat des producteurs agricoles du Portage; la
Fédération de l'UPA du Saguenay-Lac-Saint-Jean; le Syndicat de
base de l'UPA de Dorchester-Sud; le Syndicat de l'UPA des Grandes Plaines; le
Syndicat de l'UPA d'Algé; le Syndicat de l'UPA de Labarre; le Syndicat
de l'UPA - Secteur nord - Lac-Saint-Jean; le Syndicat de la Baie des Ha!Ha!; le
Syndicat de secteur UPA de La Baie; la Fédération de l'UPA
d'Abitibi-Témiscamingue; le Syndicat de base de Sainte-Martine; la
Fédération de l'UPA de la Côte-du-Sud; la
Fédération des producteurs de cultures commerciales du
Québec; la Fédération des producteurs de bois du
Québec; le Syndicat de l'UPA de Val-Jalbert; le Syndicat des producteurs
de lait du Saguenay-Lac-Saint-Jean; la Fédération des producteurs
d'oeufs de consommation du Québec; la Fédération de la
relève agricole du Québec; les Fédérations
régionales de l'UPA de Québec Est, Nord, Ouest; la
Fédération des producteurs de porc du Québec; le Syndicat
de l'UPA de la Vallée de Mistassini; la Fédération de
l'UPA de la Mauricie et des vingt et un syndicats de
base et spécialisés de la Mauricie; la
Fédération de l'UPA de Saint-Jean-de-Valleyfield; la
Fédération de l'UPA de Sherbrooke.
M. le ministre, avez-vous des commentaires préliminaires?
Remarques préliminaires M. Jean Garon
M. Garon: Oui, M. le Président. Brièvement. Pour
bien situer le cadre dans lequel s'inscrit la tenue d'une commission
parlementaire sur le statut du producteur agricole, il est nécessaire de
faire un bref historique de la loi sur le producteur agricole qu'on
désigne souvent par son numéro d'appellation la loi no 64.
C'est en juillet 1971, que le gouvernement déposait à
l'Assemblée nationale ce projet de loi qui devait établir les
bases légales du syndicalisme agricole. Elle fut sanctionnée
à base égale en termes de collection de cotisations. Elle fut
sanctionnée le 30 mai 1972 et entra en vigueur le 18 septembre de la
même année. Elle répondait aux demandes
répétées des organismes agricoles, en particulier, de
l'Union catholique des cultivateurs. Ce n'est pas un secret pour personne que
les revendications de l'UCC ont joué un rôle important dans la
formulation définitive du texte de loi. C'est le cas, en particulier, de
la définition du producteur agricole contenue dans la loi no 64.
Dans la version originale du projet de loi, il n'y avait pas de minimum
quant à la valeur de vente nécessaire pour qu'un individu
obtienne le statut de producteur agricole. Ce n'est qu'à la
deuxième lecture qu'on y a incorporé ce concept de valeur de
vente minimale. Après bien des délibérations, on convint
de fixer ce seuil à 1000 $, considérant que celui qui met en
marché une production inférieure à cette valeur ne peut
pas avoir d'influence tangible sur l'économie agricole. Ce montant ne
s'appuyait sur aucune base empirique, mais recevait l'assentiment des
représentants des agriculteurs.
Il faut se rappeler que cette loi portait sur le syndicalisme agricole
et que même si les dirigeants des organismes agricoles étaient
intéressés à regrouper le plus de membres possible, ils ne
souhaitaient pas que les individus ayant des intérêts
différents puissent joindre leur mouvement et affaiblir ainsi les
revendications des véritables producteurs agricoles.
Il y a maintenant plus de dix ans que cette borne de 1000 $ a
été fixée et compte tenu de la hausse du prix des produits
agricoles, cette limite n'a plus la signification qu'elle avait dans le temps.
Une production agricole qui se vendait 1000 $ en 1971 vaudrait aujourd'hui plus
de 3000 $. L'Union des producteurs agricoles est consciente de cette
déficience. Dans le mémoire qu'elle nous présentait en
novembre 1981, elle proposait qu'un amendement soit apporté à la
Loi sur les producteurs agricoles pour faire porter à 2500 $ le minimum
de valeur de ventes. Ce mémoire faisait également une
recommandation pour que les producteurs forestiers puissent être
assimilés aux producteurs agricoles. Jusqu'à maintenant, les
seuls produits forestiers admissibles pour les fins de la définition du
producteur agricole sont ceux provenant des boisés de ferme. Selon la
proposition énoncée par l'UPA, une personne dont la production
forestière destinée à la mise en marché est d'une
valeur annuelle d'au moins 2500 $ serait reconnue comme producteur agricole.
Les producteurs de bois qui ont un plan de gestion en commun ou privé
reconnu et un potentiel de mise en marché annuelle d'au moins 2500 $
seront aussi intégrés dans la définition
amendée.
Enfin, le troisième amendement recommandé par l'Union des
producteurs agricoles concernant le statut de producteur portait sur la
reconnaissance des actionnaires, des corporations impliquées en
agriculture. Suivant cette recommandation, les actionnaires de compagnies de
producteurs agricoles qui détiennent 20% des actions ou qui travaillent
à temps plein dans l'exploitation agricole seraient aussi reconnus
producteurs agricoles.
Nous aurons l'occasion au cours de cette commission parlementaire de
discuter des suites qui pourraient être données à cette
recommandation. Je voudrais pour l'instant informer les
intéressés qu'au ministère de l'Agriculture, de plus en
plus, nous avons l'intention de faire jouer à la Loi sur les producteurs
agricoles le rôle pour lequel elle avait été votée,
c'est-à-dire régir le cadre légal du syndicalisme
agricole. Au cours des années, la définition du producteur
agricole telle qu'inscrite dans la Loi du producteur agricole a
été utilisée comme critère limitatif
d'admissibilité dans un bon nombre de programmes du ministère, de
même que dans d'autres ministères où on voulait
privilégier l'agriculteur. De ce fait, on est généralement
porté à associer l'admissibilité au programme d'aide du
gouvernement avec la reconnaissance du statut de producteur agricole tel que
défini dans la loi 64. Comme l'objectif de la loi est de nature
organisationnelle et de représentation syndicale, nous avons l'intention
d'être très attentifs aux demandes formulées par les
représentants syndicaux, par les agriculteurs syndiqués, de
même que par ceux qui pourraient être inclus ou exclus du mouvement
syndical à la suite d'une ou de plusieurs modifications à la
loi.
Il n'est toutefois pas question que l'on
puisse étendre l'admissibilité des programmes existants
par le biais de modification à la définition ou au statut du
producteur agricole. Pour bien marquer cette philosophie, les nouveaux
programmes du ministère n'auront plus comme critères
d'admissibilité d'être reconnu producteur agricole au sens de la
Loi sur les producteurs agricoles, c'est-à-dire la loi du syndicalisme
agricole. Ils comporteront plutôt des critères spécifiques
à chaque programme, de façon à bien identifier la
clientèle cible. J'aimerais donc que les deux organismes qui ont
manifesté l'intention d'être entendus par cette commission
parlementaire profitent de cette tribune pour analyser plus à fond
certaines questions reliées traditionnellement au statut du producteur
agricole, tout en ayant constamment à l'esprit que les ressources de
l'État, qui sont également celles de tous les
Québécois, ne sont pas illimitées et que l'impact de la
crise économique en témoigne d'une façon
éloquente.
J'aimerais bien que l'Union des producteurs agricoles et le Mouvement
pour l'agriculture biologique nous soumettent leurs commentaires sur ce qu'ils
pensent que devraient être les critères d'admissibilité
à certains programmes agricoles qui ont, jusqu'à maintenant,
affiché un caractère d'universalité chez les producteurs
agricoles reconnus à 1000 $. Je pense, par exemple, aux
représentations que m'a souvent faites le député de
Beauce-Sud dans le fait qu'on encourageait à entrer dans l'agriculture
des gens qu'on n'aurait pas dû encourager à y aller, soit par
l'Office du crédit agricole ou encore, par nos programmes d'aide. C'est
pour cela que nous pensons de plus en plus à circonscrire l'application
de ces programmes. Il y a eu un certain nombre de représensations dans
ce sens-là qui ont été faites et nous pensons à
circonscrire davantage l'application de nos programmes.
La fiscalité reliée aux exploitations agricoles et aux
boisés de ferme - il faut voir aussi ce qui est relié à
ces définitions -c'est-à-dire une évaluation maximale
à 150 $ l'acre à un taux d'imposition plafonné à
2%. Il y a un remboursement par le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation de 70% des taxes foncières,
municipales et scolaires ainsi que des taxes spéciales reliées au
creusage des cours d'eau. Ce volet de l'aide au remboursement des taxes
foncières, soit par le ministère de l'Agriculture du
Québec et/ou par le ministère des Affaires municipales,
coûte près de 30 000 000 $ cette année au gouvernement du
Québec. (10 h 30)
Les volets du programme Sol-Plus reliés aux travaux
mécanisés et au drainage sur le terrain doivent-ils demeurer
à la disposition de tous les détenteurs d'une carte de membre de
l'UPA ou doit-on suivre l'exemple des autres provinces, dont l'Ontario, qui
exigent que les fermes qui en bénéficient aient vendu pour au
moins 5000 $ de produits agricoles. Le ministère ontarien discute
actuellement avec la Fédération de l'agriculture de l'Ontario de
la possibilité d'augmenter cette base à 12 000 $ de valeur de
vente de produits agricoles. J'apprécierais qu'on examine
également l'ensemble du phénomène de l'agriculture
à temps partiel et les limites dans lesquelles on pourrait la
circonscrire pour les fins de nos définitions.
Enfin, j'aimerais qu'on dise un mot sur le fonctionnement des
comités d'admission au statut de producteur agricole de même que
sur les critères de confection des listes destinées au
référendum sur les plans conjoints. Combien faut-il de bovins
pour participer au référendum sur le boeuf? Ou on pourrait dire:
Combien faut-il de bovins dans l'année pour participer au
référendum sur le boeuf? Combien en fallait-il pour les
référendums concernant les plans conjoints dans le domaine de
l'agneau, de la pomiculture, de la pisciculture, etc? Combien faut-il de
truites - en réalité, c'est difficile à dire - dans
l'année pour avoir le droit de vote concernant ces plans conjoints?
Comment sont établis les critères de base? Donc, on a un certain
nombre de questions qui, à mon point de vue, nécessitent une
discussion approfondie.
Le but de la commission parlementaire, au fond, cela a été
de faire le tour, à l'occasion des amendements proposés au projet
de loi no 78, Loi modifiant la Loi sur les producteurs agricoles, pour qu'on en
profite pour circonscrire un certain nombre de questions dont discutent
très souvent tant des députés ministériels, des
députés de l'Opposition, que le monde agricole aussi. Ce sont des
sujets de discussion très fréquents, il faut qu'on en profite et
je ne pense pas qu'il y ait d'animosité ou de malice. Il peut y avoir
différentes façons de voir les choses là-dedans, mais
qu'on puisse en discuter le plus librement possible, dire comment on voit les
choses et essayer de faire le tour de la question ensemble à l'occasion
de cet amendement. Même s'il y a des questions qui ne concernent pas le
projet de loi, qu'on profite de la commission parlementaire pour faire le tour
de ces questions dont on discute souvent officieusement.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Je voudrais tout
d'abord dire que nous sommes très heureux, les députés de
l'Opposition, de participer à cette commission parlementaire. Nous
sommes heureux de souhaiter la
bienvenue à Québec aux représentants des
agriculteurs. Tout ce qui concerne la promotion, le développement et la
protection de l'agriculture nous intéresse au plus haut point. Je pense
que, lorsque notre parti était au pouvoir, il a adopté des lois
qui ont marqué des étapes importantes dans le domaine du
syndicalisme agricole. Nous nous considérons ici comme des serviteurs du
bien commun, des serviteurs du monde agricole, particulièrement ce
matin.
Tout à l'heure, le ministre a fait un tour d'horizon. Il disait
que je lui avais fait certains reproches dans le sens d'avoir été
un peu large dans le critère d'admissibilité lors du lancement de
nouvelles productions. J'ai cru comprendre qu'il parlait de production
porcine.
Je dois, M. le Président, déplorer le manque de
planification qu'il semble y avoir, au ministère de l'Agriculture pour
l'agriculture à long terme. Vous savez, l'agriculture ne peut pas
être administrée à court terme et en ce moment, il nous
semble que le seul agent de planification soit l'Office du crédit
agricole. C'est-à-dire que si on est large dans les cadres, admettons
pour lancer des projets de porcherie, de parcs d'engraissement de boeuf, c'est
par le biais de l'office; ou on restreint, ou on est large. Cela nous semble
trop dangereux pour l'agriculture parce qu'il faut que l'agriculture ait une
vue d'une génération pour pouvoir se développer,
s'épanouir. On ne peut pas faire d'improvisation dans ce domaine.
Maintenant, parlant de consensus recherché, j'ai fait un petit
inventaire de ce qu'est un producteur agricole et je vous dis
sincèrement, M. le Président, si on s'en remet à la
législation en vigueur il y a de quoi se perdre à plusieurs
reprises. Par exemple, nous avons bien sûr la Loi sur les producteurs
agricoles qui définit ce qu'est un agriculteur; nous avons
également les lois administrées par la Régie des
marchés agricoles du Québec qui donnent une certaine
définition de ce qu'est un agriculteur; nous avons les lois
administrées par l'Office du crédit agricole qui donnent une
définition de ce qu'est un agriculteur. Les lois administrées par
la Régie des assurances agricoles s'en remettent plutôt aux
définitions de la loi 64. Dans la Loi sur la protection du territoire
agricole on dit, à l'article 40, paragraphe 1.1 - ce qu'est un
agriculteur: Hé bien, un agriculteur, c'est une personne dont la
principale occupation est l'agriculture. C'est un peu vague. Il me semble que
dans l'intérêt de l'agriculture, il serait bon d'avoir une
définition un peu plus exacte. Si je compare avec certains
professionnels, quelqu'un qui est reconnu avocat, médecin, il y a des
critères plus intrinsèques; ce n'est pas un critère un peu
arbitraire, comme s'il plaide des causes pour 10 000 $ ou plus ou moins. Je
pense qu'on voudrait rechercher un consensus peut-être un peu plus
large.
Maintenant, j'ai ressenti à plusieurs reprises une certaine
frustration de la part du monde agricole, de la part de ce qu'on peut appeler
les véritables agriculteurs, savoir, les gens qui peuvent profiter des
largesses de certaines lois, pourrait-on dire. Du moment qu'ils ont leur carte
de producteur agricole, ils peuvent être admissibles à certaines
subventions, même si ce n'est pas leur principale occupation. Cela fruste
généralement le monde agricole et je crois, avec raison.
Si l'on pouvait, dans une étude approfondie, sans aucun
préjugé... Je fais confiance à la sincérité
du ministre, il veut être éclairé, l'Opposition veut
l'être également, principalement par les agents qui sont
élus qui nous proviennent du monde agricole. Ce que le ministre a dit
tout à l'heure relativement par exemple au plan conjoint, quels seront
les critères d'admissibilité pour voter au plan conjoint, c'est
très important. Il faudrait que l'on éclaircisse cela, je crois,
pour être sûr encore là que ce sont les personnes aptes
à voter qui puissent le faire.
Concernant les nouveaux programmes, le ministre a dit tout à
l'heure qu'outre le critère de producteur agricole, il y aura des
critères spécifiques, c'est-à-dire, si j'ai bien compris,
il ne suffira pas d'avoir sa carte de producteur agricole pour
bénéficier des largesses. En principe, je peux dire que je suis
d'accord avec cela. On va avoir autant de définitions de producteur
agricole qu'il y aura de programmes. Prenez, par exemple, dans la
fiscalité municipale, pour le remboursement des 70% de taxe
foncière, on a une définition de l'agriculture. Dans la loi
administrée par l'OCQ, l'Office de la construction du Québec, on
a encore une définition d'un agriculteur. Il serait bon, si l'on
pouvait, après avoir fait notre tour d'horizon, du moins, c'est le voeu
que nous exprimons, après avoir eu l'éclairage du monde agricole
à cet effet, qui est le premier concerné, le premier visé,
c'est lui qui est à peu près le mieux placé pour nous
faire des représentations...
C'est en toute bonne foi, avec empressement que nous participerons aux
travaux de cette commission et, encore une fois, je le dis, j'espère et
je suis convaincu que ce n'est pas un exercice futile mais un exercice qui
servira à l'agriculture du Québec et c'est dans cet esprit que
nous y participerons.
Merci M. le Président.
Auditions
Union des producteurs agricoles
Le Président (M. Boucher): J'appelle
immédiatement l'Union des producteurs agricoles,
représentée par M. Jacques Proulx, président. M. Proulx,
si vous voulez présenter ceux qui vous accompagnent ainsi que de
procéder à la lecture de votre mémoire.
M. Proulx (Jacques): Vous voulez que je présente les gens
à la table.
M. Gérard Gras, premier vice-président, M. Bertrand
Tremblay, deuxième vice-président à
l'extrémité, M. Léo Vigneault, secrétaire
général adjoint et M. Jean-Claude Blanchette, secrétaire
général. Il y a aussi un membre de l'exécutif, ce que vous
avez souligné tout à l'heure.
Alors, M. le Président, Mme la députée et
messieurs, l'Union des producteurs agricoles voudrait d'abord, au nom de tous
les producteurs agricoles du Québec, vous remercier de lui permettre de
se faire entendre relativement au projet de loi no 78, qui propose de modifier
la Loi sur les producteurs agricoles votée il y a maintenant dix ans.
C'est un fait, sans doute connu de tous, que les producteurs agricoles
attendent depuis longtemps l'adoption d'une telle loi. Certes, la loi de 1972
marquait un net progrès pour les producteurs agricoles du Québec
et leur association professionnelle. Cette loi demeure, en
général, bien adaptée au contexte actuel.
Cependant, au fil des ans, des lacunes sont apparues et certaines
dispositions ont posé des problèmes ou sont devenues
inadéquates. L'Union de producteurs agricoles accueille donc
favorablement le projet de loi à l'étude et elle souscrit
généralement aux amendements qui y sont proposés. Le
projet de loi est cependant incomplet et il nous apparaît important que
diverses autres modifications y soient prévues.
Dans quelques instants, nous vous ferons lecture d'un mémoire
résumant notre position et nos demandes sur l'ensemble de ce dossier. Ce
mémoire - il m'apparaît très important de le
préciser - n'est pas le fruit d'une réflexion rapide et
superficielle faite par quelques dirigeants ou permanents de notre union. Bien
au contraire, il reflète plutôt le point de vue des producteurs
agricoles eux-mêmes, maintes fois exprimé lors de congrès
ou de discussions générales sur le sujet.
En bref, nous sommes d'abord favorables à l'augmentation de la
valeur annuelle minimale de production requise pour être reconnu
producteur agricole. Cette augmentation de 1000 $ à 3000 $ ne fait que
tenir compte de l'inflation connue depuis 1972. Elle ne modifie donc pas
l'esprit de la loi qui nous semble encore bien fondé. Par ailleurs,
même si nous sommes d'accord pour qu'un mécanisme d'ajustement
soit prévu pour l'avenir, le mécanisme qui est proposé
nous apparaît trop vague. Il nous semble important que les pouvoirs du
gouvernement soient davantage encadrés.
Nous souscrivons également à l'amendement proposé
à la définition de "produits agricoles". Cet amendement fait
suite à des demandes que nous avions formulées
précédemment en vue de faire disparaître une
difficulté d'interprétation. Par ailleurs, pour des raisons qui
vous seront davantage exposées à la lecture de notre
mémoire, nous souhaitons vivement que diverses autres modifications
soient apportées.
Ainsi, plus particulièrement, la reconnaissance des producteurs
de bois nous apparaît de première importance.
Historiquement, ce groupe a toujours été
étroitement associé à notre mouvement et les techniques
modernes d'exploitation et de mise en marché les rapprochent encore
davantage des producteurs agricoles. Les producteurs concernés
revendiquent, depuis fort longtemps, qu'un tel statut leur soit reconnu. Il
nous apparaît urgent d'ajuster la loi à une réalité
vécue depuis toujours.
De même, au cours des dernières années, un bon
nombre d'agriculteurs ont choisi de se regrouper en compagnie. Les dispositions
actuelles privent ainsi un grand nombre de producteurs agricoles du droit
fondamental de participer pleinement à l'action de leur association et
à son financement. Cette situation nous apparaît donc injuste et
nous considérons qu'il est également urgent d'ajuster la loi
à cette nouvelle réalité agricole.
Enfin, nous revendiquons divers autres amendements destinés
à faciliter la perception des cotisations dues à l'union. La loi
de 1972 a reconnu ce droit à l'association dès qu'elle serait
accréditée. Il nous apparaît important maintenant de lui
donner les outils nécessaires à l'exercice véritable de ce
droit.
Voilà, pour l'essentiel, la position de l'Union des producteurs
agricoles relativement au projet de loi no 78. Nous espérons que vous
accepterez de donner suite à nos demandes et que le projet ainsi
modifié sera adopté dans les meilleurs délais. Encore une
fois, je vous remercie de votre attention et, avec votre permission,
j'inviterai le secrétaire général de l'union à vous
lire notre mémoire.
Le Président (M. Boucher): M.
Blanchette.
M. Blanchette (Jean-Claude): Merci, M. le Président.
Mesdames, messieurs, comme le président vient de faire la
présentation, je vais passer par-dessus cette partie pour commencer
directement à l'introduction du mémoire, en page 3.
Il y a maintenant dix ans, le Parlement du Québec adoptait une
loi qui accordait aux producteurs agricoles la possibilité d'atteindre
deux objectifs qu'ils s'étaient fixés:
premièrement, celui de choisir l'association syndicale qui leur
permettrait d'intervenir collectivement et, deuxièmement, celui de
financer celle-ci grâce à un mode de perception qui assurerait ta
participation de tous ceux qui bénéficiaient de son action.
Cette loi permit par la suite à l'Union catholique des
cultivateurs, devenue l'Union des producteurs agricoles, de faire
reconnaître par l'État le rôle qu'elle jouait
déjà ainsi que sa représentativité. Elle lui permit
du même coup d'obtenir des ressources financières de façon
plus équitable et mieux adaptée à sa fonction. (10 h
45)
La Loi sur les producteurs agricoles n'a pas inventé le
syndicalisme agricole. Elle a simplement amélioré les conditions
de son exercice. Bien avant 1972, les producteurs les plus conscients de
l'évolution agricole avaient découvert la nécessité
d'ajouter à leur force d'action individuelle les bienfaits d'une action
collective. Ils rompaient ainsi avec la mentalité individualiste qui
avait caractérisé l'époque de l'agriculture autarcique.
Tous les producteurs cependant n'adoptèrent pas d'emblée ce
cheminement. Encore aujourd'hui, certains restent accrochés à une
vision de l'univers agricole qui ne correspond plus aux
réalités.
Il demeure qu'avec les années la majorité des producteurs
se regroupèrent au sein de l'UCC. Ils constituèrent ainsi une
association représentative qui possédait déjà de
fait les droits, devoirs et pouvoirs reconnus à l'article 19 de la Loi
sur les producteurs agricoles. Ils la dotèrent d'une structure
démocratique de participation et d'action, engagée dans toutes
les sphères d'activité propres à une organisation
professionnelle et syndicale.
Ils y développèrent les deux volets qui
caractérisent aujourd'hui leur action collective: celui qui exprime
leurs préoccupations générales et communes et celui qui
porte leurs aspirations d'agents économiques engagés dans des
productions spécialisées. Ils conciliaient ainsi leurs
intérêts particuliers avec leur intérêt
général. Ils formaient donc un groupe reconnu pour sa
représentativité de la classe agricole et contribuaient
majoritairement à son financement.
Entre-temps, la société québécoise en
général et l'État qui la représente
s'étaient à leur tour peu à peu adaptés à
l'évolution du milieu agricole. Le Parlement adopta des lois qui
exprimèrent de mieux en mieux ces changements. Toutefois, à la
fin des années soixante, l'État n'avait pas encore tiré
toutes les conséquences du phénomène syndical agricole. Il
n'avait pas encore accordé de reconnaissance légale à ce
mouvement. Il n'avait surtout pas consacré les droits et les devoirs des
producteurs à l'égard de leur union. Cette lacune permettait
à certains d'entre eux de cueillir les fruits de l'action collective
sans avoir contribué à les produire. Ces derniers faisaient alors
le raisonnement suivant: La pluie tombe pour tout le monde; s'il pleut chez le
voisin, il pleuvra bien chez moi. De cette façon, ils se dispensaient de
fournir du temps et de l'argent à la cause commune. Il en
résultait une situation d'inéquité entre les producteurs.
En outre, les responsabilités de ces bénéficiaires passifs
privaient l'union des ressources humaines et financières
nécessaires à l'obtention des buts qu'elle se fixait.
La Loi sur les producteurs agricoles adoptée en 1972 vint donc
parfaire ce que la législation antérieure avait initiée.
Elle consacra légalement le cheminement adopté par les
producteurs agricoles. Elle officialisa le rôle de
représentativité universelle de l'union qu'ils avaient
créée. En conséquence, elle accorda à cette union,
les moyens nécessaires pour remplir pleinement ce rôle en rendant
tous les producteurs également responsables, face à elle.
Pour juger de la valeur de la Loi sur les producteurs agricoles, il faut
donc avoir à l'esprit - comme nous venons de le rappeler - les
réalités qu'elle venait transposer sur le plan légal et
l'encadrement législatif préexistant qu'elle venait
compléter. Il faut aussi tenir compte des résultats auxquels elle
conduisait. Voyons donc maintenant si elle a produit les fruits qu'on en
attendait.
Alors, qu'en 1972, notre union n'avait réussi qu'à
organiser les principales productions, il n'en est guère aujourd'hui qui
échappent à son attention. Elle compte maintenant seize
fédérations spécialisées, affiliées,
comparativement à huit en 1972, y compris les deux
fédérations laitières. Elle s'occupe de douze plans
conjoints provinciaux - en plus, évidemment, des plans conjoints
régionaux qui existent - comparativement à quatre il y a neuf
ans. Elle accorde une attention régulière à des
productions dont elle ne traitait alors qu'épisodiquement. Elle
accueille divers mouvements et les assiste dans leur tâche. Elle a
rallié les producteurs de langue anglaise auxquels elle donne un service
de plus en plus personnalisé.
Parallèlement, à ce travail intensif d'organisation quant
aux productions spécialisées, notre union a multiplié ses
services dans tous les domaines reliés aux intérêts
généraux de la classe agricole. En matière de recherche,
de formation, d'information et d'administration, elle dispose à tous les
niveaux de moyens mieux adaptés à sa mission. Elle a pu ainsi
s'attaquer de façon beaucoup plus rigoureuse et suivie à des
dossiers de plus en plus complexes. Elle a, du coup, augmenté d'autant
sa contribution auprès des autres agents qui travaillent au
développement de l'agriculture.
Aujourd'hui, l'UPA est active sur tous
les fronts où les intérêts de l'agriculture et des
agriculteurs sont en jeu. Elle est plus représentative que jamais. Les
nouvelles ressources que lui a données la loi, lui ont permis
d'améliorer encore la participation des agriculteurs. Les
fédérations régionales et les syndicats de base sont
maintenant plus actifs et ils s'impliquent dans tous les dossiers où il
est question d'agriculture et d'agriculteurs.
Notre union est ainsi devenue un outil irremplaçable à
tous les niveaux. Or, cet essor a été accompli en moins de dix
ans. Il a été favorisé par l'adoption de la Loi sur les
producteurs agricoles. Il va donc à l'encontre des appréhensions
de ceux qui, à l'époque, prédisaient que cette loi allait
créer plus de problèmes qu'elle n'allait en régler. Bref,
la Loi sur les producteurs agricoles opère dans le sens des objectifs
que le Parlement lui avait fixés. En consacrant la vocation de
rassemblement de l'UPA, en renforçant sa volonté de travailler
simultanément à la promotion des intérêts
généraux et particuliers des producteurs tout autant que de
l'agriculture elle-même, en permettant le recours à des
méthodes plus rationnelles, plus justes et plus opérationnelles
de financement, elle a doté les agriculteurs du Québec d'un
instrument collectif adapté à la situation présente.
En conséquence, nous espérons que votre commission
recommandera de perfectionner la Loi sur les producteurs agricoles de
manière à confirmer ses objectifs, à
généraliser les avantages qu'elle procure déjà aux
producteurs agricoles et à consolider les résultats qu'elle a
déjà donnés. C'est dans cet esprit que nous abordons
maintenant les amendements que nous aimerions voir apporter à cette
loi.
Malgré ces nombreux mérites sur lesquels nous venons
d'insister à plusieurs reprises, le congrès général
de l'UPA a adopté des résolutions demandant soit certaines
modifications, soit diverses études portant sur des hypothèses de
changement. Les premières résolutions surgirent dès 1973.
La première visait à étendre aux producteurs de bois les
avantages de la loi. Elle fit l'objet d'un mémoire que nous avons
présenté au ministère de l'Agriculture en janvier 1975. La
seconde demandait à l'UPA d'étudier le problème que pose
la définition du producteur agricole inscrite dans la loi et plus
particulièrement, le montant minimal de 1000 $ en produits agricoles
destinés à la mise en marché annuelle.
Divers comités furent chargés tour à tour de donner
une suite à ces résolutions. Sans entrer dans les détails,
disons que le dernier en date fut formé en février 1979 à
la suite d'une résolution du congrès général
particulièrement élaborée et plus insistante que jamais.
Celle-ci réclamait de nouvelles études, en ajoutant aux
précédentes des interrogations au sujet des critères de
principales occupations, de principal revenu, au sujet de la possibilité
d'une application plus sélective des politiques agricoles
gouvernementales, au sujet du statut des actionnaires de compagnies, au sujet
de l'intégration graduelle des jeunes et le reste.
En somme, les réponses apportées jusque là
n'avaient pas satisfait les producteurs. Le comité formé en 1979
reprit l'étude de toutes les résolutions adoptées en
congrès général, ainsi que les rapports du comité
de statut de 1975 et du comité d'orientation de 1977. Puis, il organisa
un programme de consultation et de vérification auprès de la
base. Il enquêta auprès des administrateurs régionaux,
étudia différentes variables à partir de statistiques
fédérales et provinciales, demanda des avis juridiques sur
diverses hypothèses de modification, effectua un sondage pour
connaître la composition des corporations de producteurs et
vérifia avec un certain nombre de syndicats de base les
possibilités d'application des diverses définitions.
Au cours de son mandat, le comité en vint à passer en
revue la loi dans son ensemble afin de vérifier s'il n'y avait pas lieu
de la perfectionner sur d'autres points. Finalement, il remit à l'union
divers rapports qui nous ont permis d'adopter la position qui va suivre.
En conséquence, nous maintenons que dans son ensemble, la Loi sur
les producteurs agricoles répond parfaitement aux objectifs poursuivis
lors de son adoption, qu'elle s'est avérée fonctionnelle et
qu'elle répond encore très bien aux besoins de l'heure des
producteurs agricoles dont elle encadre l'action collective. Toutefois, compte
tenu de l'évolution survenue depuis, il convenait de réviser
cette loi. Tel est d'ailleurs l'objet du projet de loi no 78 que votre
commission étudie présentement. Ce projet de loi va dans le sens
des recommandations que nous avons formulées, en janvier dernier,
à l'intention du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, dans la mesure où il ajuste aux réalités
de l'heure le montant de production agricole annuelle prévu dans la
définition du producteur agricole, prévoit un mécanisme
pour le tenir à jour et corriger la définition d'un produit
agricole.
Cependant, il demeure incomplet, car il ne règle pas les
problèmes de statut des producteurs de bois et des actionnaires de
compagnies, ni ne corrige les insuffisances de l'article 39 concernant le
pouvoir d'ordonnance de la Régie des marchés agricoles de
manière à permettre à celle-ci d'intervenir de
façon supplétive, même dans le cas de produits
commercialisés, et d'émettre des ordonnances sélectives
qui faciliteraient la tâche de l'association accréditée
lorsqu'il s'agit de faire retenir les
cotisations des seuls producteurs qui ne les ont pas déjà
payées. Mais, avant d'attirer votre attention sur l'importance qu'il y a
de répondre aussi à ces dernières demandes, permettez-nous
d'analyser le projet de loi dans sa forme actuelle.
Le projet de loi no 78 réfère à l'article 1 de la
Loi sur les producteurs agricoles qu'il propose de modifier au chapitre de la
définition du producteur agricole et du produit agricole. Dans le
premier cas, il porte à 3000 $ le seuil minimal de production agricole
annuelle nécessaire pour répondre à la définition
de producteur agricole et prévoit que le gouvernement pourra à
l'avenir ajuster cette base par décret. Dans le second, il
spécifie que le gouvernement peut reconnaître comme produit
agricole, non seulement des denrées, mais tout autre produit agricole.
Ces modifications vont dans le sens des recommandations que nous avions
formulées dans notre mémoire au ministre en février
dernier. Permettez-nous donc maintenant de vous exposer pourquoi elles nous
paraissent justifiées.
L'indexation de la base de 1000 $ et le mécanisme d'indexation.
Parmi les questions les plus discutées au sein de l'union surgit
à chaque année celle du montant de 1000 $ retenu comme base
minimale de produits à mettre en marché pour avoir droit au
statut de producteur agricole. L'union a longuement étudié ce
problème. Voici les conclusions qu'elle a tirées des divers
points de vue qu'elle a recueillis à ce sujet.
Certains disent qu'il faut réserver le statut de producteur
agricole à ceux qui vivent vraiment de l'agriculture, y consacrent
l'essentiel de leur temps et en retirent la majeure partie de leur revenu afin
d'éliminer ceux qui réclament ce statut uniquement pour partager,
au détriment des vrais producteurs, les avantages que confère ce
statut. D'autres disent qu'il faut hausser le montant minimal actuellement
prévu à un niveau qui le rapproche véritablement du seuil
minimal en deçà duquel on ne peut prétendre être un
véritable producteur agricole. D'autres, enfin, disent qu'il ne faut pas
toucher à l'actuelle définition car elle est celle qui consacre
le mieux la vocation universelle de l'union et sa responsabilité tant
à l'égard de tous les agriculteurs que de l'agriculture en
général. Par contre, la définition actuelle s'est
révélée de fait opérationnelle depuis l'adoption de
la loi. Il ne convient pas d'en modifier l'esprit; toutefois, il y a lieu
d'indexer le montant prévu de 1000 $ pour lui redonner sa valeur
initiale.
L'amendement proposé dans le projet de loi no 78 aurait
effectivement pour avantage d'enrayer la tendance vers une ouverture chaque
année plus grande à l'endroit de ceux qui réclament le
statut de producteur agricole uniquement pour en retirer les avantages et de
signifier que l'État québécois n'encourage pas ce genre de
manoeuvre. Il maintiendrait toutefois toute la signification du montant retenu
lors de l'adoption de la loi, indiquerait que celle-ci n'a rien perdu de son
actualité et demeure rédigée de manière à
traduire la pleine et entière responsabilité de l'association
accréditée sur l'ensemble de la classe agricole de même que
le devoir qu'ont tous les producteurs quant au financement des services qui
profitent à chacun d'eux.
La première objection qui viserait plutôt à faire
reconnaître le principal revenu ou la principale occupation est
manifestement celle qui a le plus de résonnance au sein de la classe
agricole elle-même. Elle traduit d'abord une intensification du sentiment
de fierté et d'appartenance auquel la loi n'est d'ailleurs pas
étrangère. Elle exprime aussi un sentiment de frustration
à l'égard de ceux qui se glorifient d'obtenir des
privilèges agricoles, telles les réductions de taxes, comme si
l'agriculteur était un privilégié ou un assisté
social. Cette réaction cependant est d'ordre personnel et n'a rien
à voir avec les objectifs collectifs poursuivis par la loi. Celle-ci, en
effet, s'intéresse aux producteurs dans leur dimension communautaire,
c'est-à-dire pour autant qu'ils forment un groupe uni au sein d'une
association qui les réprésente tous, en vue du bien commun et
grâce à la participation et à la contribution de tous.
À ce niveau, l'image qui se dégage du producteur agricole est
celle du producteur moyen ou, du moins, du producteur qui participe activement
à son union. (11 heures)
D'autre part, l'acceptation d'une telle définition, en tout ou en
partie, aurait pour effet de détruire le principe même de la loi
axé sur la représentativité universelle d'une seule
association accréditée. Elle exclurait en effet un nombre
considérable d'agriculteurs qui pourraient, à juste titre, se
regrouper au sein d'une association parallèle, détruisant du coup
le caractère universel de l'association accréditée. Comme
les producteurs ainsi exclus pourraient détenir collectivement une part
non négligeable de la production, dans certaines
spécialités, et qu'ils continueraient ainsi à être
soumis aux exigences de la loi concernant la mise en marché des produits
agricoles, dont celle qui les oblige à l'égard des
fédérations spécialisées, ils contribueraient
malgé tout au financement de l'UPA sans avoir droit de participer
à son orientation.
Enfin, l'application de cette définition s'est
révélée, au cours d'expériences de simulation,
presque impossible ou donnait des résultats opposés à ceux
que recherchaient ses proposeurs. Le comité en effet a fait tester ces
hypothèses par des syndicats de
base à propos d'agriculteurs ayant un emploi à
l'extérieur.
On a alors réalisé que la notion de principal revenu ou de
principale occupation n'était pas claire: Est-ce qu'on entend revenu net
ou revenu brut? Est-ce que le revenu comprend les intérêts?
Qu'est-ce qu'on fait des placements et des revenus de placements? Ce sont
quelques exemples pour montrer la complexité de l'application d'une
telle définition. De plus, cela ne permettait pas de retenir ceux que le
bon sens reconnaît producteurs agricoles tout en maintenant en place
certains autres que le bon sens exclut.
Bref, une telle définition n'améliorerait pas la loi, bien
au contraire, puisqu'elle infirmerait sa dimension collective universelle, sans
parvenir pour autant à satisfaire les aspirations personnelles de ceux
qui voudraient, par ce biais, projeter une meilleure image de ce qu'ils
sont.
La seconde objection, qui viserait plutôt à retenir un
chiffre beaucoup plus élevé que celui que retient l'actuel projet
de loi, rejoint la première. Par un mécanisme plus simple et plus
opérationnel, il est vrai, elle conduirait aux mêmes
résultats et mettrait en péril le principe de la
repésentativité universelle par une seule association
accréditée. Pour comprendre cet aspect de la question, il
convient d'avoir à l'esprit le sens de la norme minimale retenue
finalement par les législateurs quand ils amendèrent le projet
initial qui ne la prévoyait pas. Il ne s'agissait pas de restreindre la
portée universelle de la loi, mais d'éviter une situation de
non-définition.
Si on relit, en effet, la définition en faisant abstraction de
cette norme, on constate que celui qui aurait fait pousser un radis -
c'est-à-dire une personne engagée dans la production d'un produit
agricole - ou élevé un lapin, pourvu qu'il le vende, aurait pu se
déclarer producteur agricole et être reconnu comme tel. La norme
de 1000 $ éliminait ces cas absurdes sans compromettre l'économie
de la loi, car la somme de tous les produits vendus par ceux qui n'y
répondent pas ne peut pas affecter sensiblement le principe de la
représentativité universelle par une seule association
accréditée. En conséquence, tout amendement qui vise
à s'éloigner de cette volonté de restreindre au minimum
les cas de non-admissibilité ne respecterait pas l'esprit même de
la loi.
La troisième objection, qui maintiendrait le statu quo, va en
sens contraire des deux autres, mais elle ne tient pas suffisamment compte du
danger sans cesse accru, au fur et à mesure où l'inflation gruge
la valeur du dollar, de voir des profiteurs abuser de la loi. Dans ce contexte
évolutif, il est important que l'État manifeste qu'il n'est pas
dupe de ces comportements, qu'il n'entend pas les encourager ni les favoriser
et qu'il demeure sensible à toute dégradation du sens qu'il a
voulu donner à sa loi. L'amendement proposé par le projet de loi
no 78, en indexant le montant retenu en 1972, réaffirme les principes
initiaux et est donc de nature à redonner à la loi toute sa
portée initiale.
Pour toutes ces raisons, nous appuyons donc le changement proposé
par le projet de loi no 78 au sujet de la définition du producteur
agricole. De même, nous sommes d'accord pour qu'un mécanisme
d'indexation soit ajouté à la Loi sur les producteurs agricoles.
Le projet de loi no 78 propose de donner au gouvernement le pouvoir de fixer
par décret, à l'avenir, le montant de production de base
annuelle. Il ne précise toutefois pas dans quel esprit il devrait alors
intervenir.
Nous recommandons donc de modifier l'article 1 du projet de loi no 78,
de manière à ajouter, après les mots "ou toute autre somme
que peut déterminer le gouvernement par décret", les mots "de
manière à tenir compte des effets de l'inflation". Cet amendement
vise à expliciter le sens de la modification proposée.
La définition du produit agricole. Dans le même esprit,
nous avons, dans notre mémoire, demandé au ministre qu'on
éclaircisse la définition du produit agricole. Nous sommes
heureux de constater que le projet de loi no 78 répond à cette
demande, à l'article 2. Permettez-nous donc de vous expliquer pourquoi
cette modification s'impose.
L'article lk de la Loi sur les producteurs agricoles définit le
terme "produit agricole" en énumérant d'abord une série de
produits spécifiques et en ouvrant ensuite cette définition
à "toute autre denrée agricole désignée par le
lieutenant-gouverneur en conseil". Ce mot "denrée" tire son origine du
mot "denier" et il désignait originellement les produits portés
au marché. Cependant, il s'est aussi spécialisé avec le
temps et certains dictionnaires lui donnent aujourd'hui le sens de "tout ce qui
se vend pour nourrir les hommes et les animaux".
Dans la Loi sur les producteurs agricoles, il semble bien que
l'interprétation la plus large a prévalu puisque la version
anglaise utilise le mot "commodity" pour le rendre. Toutefois, il semble
subsister certains doutes à cet égard. En outre, il convient de
remarquer que cette définition ne coïncide pas entièrement
avec celle de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles.
Comme l'article lk détermine implicitement le rôle du
gouvernement lorsqu'il s'agit de déterminer d'autres "denrées"
agricoles, nous croyons qu'il est opportun d'établir une concordance
entre les deux lois et de lever l'ambiguïté qui subsiste dans
l'actuelle Loi sur les producteurs
agricoles. L'article 2 du projet de loi no 78 répond donc
à nos demandes antérieures.
Si vous le permettez, nous pourrions changer de lecteur. M. Vigneault
pourrait continuer la lecture.
M. Vigneault (Léo): Autres amendements demandés
à la Loi sur les producteurs agricoles.
Si nous sommes, dans l'ensemble, satisfaits des modifications
proposées dans le projet de loi no 78, puisqu'elles correspondent
à des recommandations que nous avions nous-mêmes formulées,
nous regrettons toutefois que le législateur n'ait pas poursuivi son
oeuvre de réforme de manière à corriger les quelques
autres insuffisances de la Loi sur les producteurs agricoles que nous avions
soulignées dans notre mémoire au ministre.
Permettez-nous donc maintenant de vous suggérer divers
amendements qui auraient pour effet de parfaire ce que le projet de loi no 78
entend réaliser. Nous avons indiqué plus haut que les
insuffisances du projet de loi no 78 concernaient les problèmes de
statut des producteurs de bois et des actionnaires de compagnies ainsi que les
pouvoirs d'ordonnance accordés à la Régie des
marchés agricoles pour qu'elle puisse intervenir de façon
supplétive lorsqu'il s'agit d'assurer la perception des cotisations
syndicales. Le silence du projet de loi no 78, dans ce dernier cas, nous
étonne d'autant plus que le législateur n'avait qu'à
poursuivre à ce sujet ses efforts visant à expliciter le sens
actuel de la Loi sur les producteurs agricoles. Nos demandes, en effet,
à ce chapitre n'impliquent aucun changement réel à la loi
actuelle mais uniquement la levée des ambiguïtés qu'elle
contient. a) Retenue des cotisations à même le prix ou la valeur
des produits.
Article 39 de la loi: pouvoir d'ordonnance de la Régie des
marchés agricoles du Québec.
Il est manifeste en effet que la section IX de la Loi sur les
producteurs agricoles a pour but de rendre opérantes les dispositions
générales visant à assurer l'égalité des
producteurs quant à leur responsabilité de contribuer au
financement de l'association accréditée. En conséquence,
elle prévoit les différents modes de perception de la
cotisation.
Aux articles 37 et 38, elle traite de la situation lorsqu'un produit
tombe sous la juridiction d'un plan conjoint, un produit commercialisé,
alors qu'à l'article 39, il est question des produits qui n'entrent pas
dans cette première catégorie, qu'on nomme produits non
commercialisés. En apparence, cette dichotomie couvre toutes les
possibilités. En pratique cependant, tel n'est pas le cas, car si
l'article 39 accorde bien à la régie un rôle de
suppléance et le pouvoir d'intervenir lorsque la cotisation n'est pas
perçue en vertu des deux articles précédents, il limite ce
pouvoir aux produits non commercialisés.
Or, il arrive qu'un produit commercialisé continue d'être
mis en marché selon les règles qui prévalent dans le cas
des produits non commercialisés. En pareille situation, l'office qui a
le devoir de percevoir la cotisation n'a pas le moyen de remplir ce rôle
et aurait besoin que la régie intervienne pour obliger toute personne
autre qu'un consommateur, qui achète ou reçoit le produit
agricole commercialisé dont elle a la responsabilité, à
retenir, à même le prix ou la valeur du produit qui doit
être versé au producteur, le montant de la cotisation et à
la remettre à l'association accréditée, selon les
modalités prévues.
Nous recommandons donc d'amender l'article 39 de manière à
le rendre parfaitement complémentaire des deux précédents,
c'est-à-dire, en ne limitant plus aux seuls produits non
commercialisés la possibilité d'intervention supplétive de
la régie.
La section IX de la Loi sur les producteurs agricoles a manifestement
été rédigée de manière à faciliter la
perception de la cotisation par l'association accréditée. Elle
prévoit un mécanisme de perception à la source soit par
l'intermédiaire d'un office, soit par l'intermédiaire d'un
acheteur ou d'un récepteur de produits agricoles désigné
par la régie. Elle précise l'obligation de tenir un registre des
cotisants afin d'assurer que tous les producteurs agricoles versent leur
cotisation et ne soient tenus de le faire qu'une seule fois.
En pareil cas, le rôle confié à la régie est
de nature supplétive et n'a pas pour fonction de créer des
situations de duplication. Or, l'article 39 n'accorde à la régie
que le pouvoir d'émettre des ordonnances générales. Ceci a
pour effet d'obliger celle-ci à utiliser le cas échéant
des moyens démesurés par rapport aux besoins.
Par exemple, pour rejoindre quelques producteurs n'ayant pas
versé leur cotisation, elle se doit d'émettre une ordonnance
touchant tous les producteurs impliqués dans une production
donnée. Il s'ensuit qu'une majorité de producteurs peut
être entraînée à verser deux cotisations pour qu'une
minorité fasse de même une fois.
Tel ne serait pas le cas, si la régie avait le pouvoir
d'émettre également des ordonnances sélectives,
c'est-à-dire d'ordonner à un acheteur ou à celui qui
reçoit des produits agricoles de remplir le rôle de percepteur de
la cotisation auprès de producteurs spécifiques.
Les demandes qui précèdent sont si conformes à
l'esprit de la Loi sur les producteurs agricoles que certains peuvent
être enclins à croire qu'elles sont oiseuses. Selon eux, il
serait évident que la régie posséderait les pouvoirs que
nous demandons d'expliciter. Quant à nous, nous ne voyons pas pourquoi
le législateur hésiterait à exprimer clairement ce que la
logique seule, pour le moment, rend manifeste. Par ailleurs, il nous faut
constater qu'en pratique, l'application de la loi actuelle ne facilite pas la
perception des cotisations syndicales à la source, comme cela devrait
être le cas, dans l'esprit des législateurs.
Permettez-nous de préciser que le taux de perception de la
cotisation à la source qui était initialement de 60% a
été ramené depuis à 40%, ces changements ont une
influence sur le coût de perception. Cette évolution ne nous
paraît pas conforme aux objectifs visant à faciliter notre mode de
perception et nous ne voyons pas quel intérêt il y a pour
l'ensemble de la classe agricole d'avoir à sacrifier en pure perte une
part relativement plus importante des montants perçus.
Nous insistons donc pour que vous réaffirmiez la volonté
de l'État de faciliter la perception des cotisations syndicales à
la source en adoptant des amendements susceptibles de consacrer les pouvoirs
qu'aurait la régie d'émettre des ordonnances sélectives et
d'agir de façon supplétive même quand il s'agit de produits
commercialisés. (11 h 15)
Si les recommandations qui précèdent ne font qu'expliciter
la portée de la Loi actuelle sur les producteurs agricoles, celles que
nous aimerions voir adopter au sujet des producteurs de bois et des
actionnaires de compagnies, tout en demeurant dans l'esprit de la loi,
impliquent, nous le reconnaissons, une démarche moins conservatrice. Il
ne s'agit plus ici, en effet, de simplement mettre à jour une
législation passée, mais d'effectuer un pas en avant en
matière d'encadrement législatif.
Les producteurs de bois. Ce faisant, le Parlement ne ferait que
consacrer le dynamisme des producteurs eux-mêmes. Il n'aurait pas
à être lui-même l'initiateur d'un mouvement qui va dans le
sens des nombreux courants orientés vers une meilleure
intégration des mesures de développement rural, forestier et
agricole, vers un recours à des techniques de sylviculture plus
apparentées a celles que l'on observe en agriculture, vers l'utilisation
de cadres juridiques susceptibles de favoriser la mise en commun des ressources
individuelles. Il y a dix ans, toutes ces valeurs faisaient déjà
partie du patrimoine agricole que défendait l'Union catholique des
cultivateurs. Les événements n'ont fait que confirmer, depuis, la
justesse et l'à-propos de sa vision d'alors.
À l'instar de l'UCC, l'Union des producteurs agricoles maintient
que l'exploitation des boisés privés fait partie
intégrante non seulement du développement rural, mais
également de la structure agricole et qu'il s'agit là d'une des
données fondamentales de la réalité
québécoise. Le dernier recensement fédéral ne fait
d'ailleurs que confirmer ce trait caractéristique du Québec. Il
révèle, en effet, que les liens qui soudent l'exploitation
forestière à l'agriculture sont sept fois plus importants au
moins au Québec que dans les autres provinces.
En effet, 53% des fermes canadiennes déclarant des ventes de
produits forestiers sont situées au Québec. 22% des fermes
québécoises tirent ainsi un revenu de leur boisé
comparativement à 3% des fermes situées dans d'autres provinces.
La superficie des boisés québécois couvre 28% de la
superficie totale des fermes, alors que le taux correspondant est ailleurs de
4%. 65% des fermes du Québec possèdent un boisé
comparativement à 29% des fermes non québécoises. Toutes
ces moyennes cachent une réalité qui s'impose avec plus de force
au fur et à mesure où on s'éloigne de la plaine
montréalaise.
En marge de cette plaine, les liens qui soudent l'agriculture à
la forêt sont manifestes. Les zones situées au nord et au sud de
Québec, dans le Bas-du-Fleuve et en Gaspésie, ainsi qu'en Estrie
totalisent 74% des fermes déclarant vendre des produits forestiers. Les
comtés de Beauce, de Dorchester, de Mégantic et de Frontenanc
à eux seuls en comptent plus que les huit autres zones agricoles
réunies. Le pourcentage des boisés exploités
dépasse 50% dans quatorze comtés. De même, celui des fermes
possédant un boisé excède cette moyenne partout ailleurs
que dans la plaine montréalaise. Bref, la réalité
québécoise associe les productions forestières et
agricoles.
Ces données récentes prouvent que l'UCC et, par la suite,
l'UPA ont eu raison, dans le passé, de ne pas dissocier des domaines
connexes. De fait, on ne peut pas, sans trahir une des dimensions fondamentales
de la réalité québécoise, ignorer cette relation.
Les développements actuels ne font que justifier un peu plus les
politiques défendues par les producteurs depuis des décennies. La
sylviculture rapproche le producteur de bois du cultivateur. Les plans
conjoints respectifs les soudent un peu plus. Seule la Loi sur les producteurs
agricoles continue de les considérer comme s'ils étaient
étrangers l'un à l'autre.
Selon nous, il est temps que l'État ajuste cette loi à la
réalité. Au début du présent mémoire, nous
avons vu que la Loi sur les producteurs agricoles, adoptée en 1972,
avait permis à l'État de faire sienne la volonté
exprimée par la majorité des producteurs agricoles d'agir
collectivement
sur une base syndicale et de contribuer individuellement aux
activités et au financement de l'association qu'ils avaient
créée à cette fin. Les producteurs de bois n'ont pas
été étrangers à cette prise de décision
collective. Ils auraient donc dû bénéficier de la
protection de la loi. Depuis, la situation a évolué de
manière à les rapprocher encore davantage de leurs
confrères producteurs agricoles. Une mise en marché de plus en
plus régularisée par la formule des plans conjoints et une
pratique sylvicole de plus en plus semblable à celle de l'agriculture
impose donc une révision de la loi dans le sens de leur insertion
à part entière au sein du syndicalisme agricole.
Certains disent qu'il ne faut pas conférer le statut de
producteur agricole aux producteurs de bois qui ne sont pas également
engagés dans la production d'un autre produit présentement
reconnu comme agricole parce qu'un tel changement aurait pour effet de
réduire d'autant l'influence des véritables producteurs
agricoles, détournant ainsi l'union des buts que la loi lui
fixe-Certains disent qu'il faut conférer le statut de producteur
agricole à tous les propriétaires de boisés, car ils sont
responsables d'une production de plus en plus traitée de façon
sylvicole, c'est-à-dire de la même manière que les autres
productions agricoles, justifiant l'adoption d'un encadrement identique.
Certains disent qu'il faut réserver aux seuls producteurs de bois
pratiquant des méthodes sylvicoles le privilège d'être
reconnus producteurs agricoles, étant donné qu'il s'agit
là du seul lien les rattachant aux producteurs agricoles. Enfin,
certains disent qu'il ne faut pas conférer le statut de producteur
agricole aux producteurs de bois parce que ceux-ci risqueraient à la
longue de modifier l'orientation du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation en envahissant ses structures, en
hypothéquant ses budgets et en biaisant ses politiques.
Par contre, la situation a de fait grandement évolué
depuis 1972 et la production du bois sur les boisés privés
devient chaque jour davantage une question de sylviculture et de mise en
marché. Elle coïncide aujourd'hui mieux que jamais avec la notion
que l'UCC, puis l'UPA a toujours eue des ressources rurales et de leur
développement intégré.
Les politiques passées n'ont pas toujours retenu cette approche
et ont eu tendance à privilégier l'exploitation de la forêt
par les grandes compagnies, sans considération pour l'économie
générale des régions impliquées. Depuis,
l'État du Québec a découvert la valeur des boisés
situés en zone rurale, l'importance d'encourager la participation de la
population rurale en vue de l'exploitation de cette richesse naturelle et la
nécessité de tenir compte de la polyvalence tant des ressources
rurales que des ressources forestières elles-mêmes. Il a du coup
remplacé les politiques qui encourageaient la coupe abusive et la
surexploitation par des politiques axées sur la sylviculture.
Certaines lois ont déjà avalisé cette
évolution. C'est le cas, par exemple, de la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles. C'est partiellement le cas de la Loi sur
les producteurs agricoles qui intègre le bois parmi les produits
agricoles. Il demeure, cependant, que cette loi qui avait pour objectif de
consolider l'action syndicale agricole déjà
réalisée par l'UCC et l'UPA n'a pa retenu totalement
l'expérience forestière du mouvement. Malgré cela, la
Fédération des producteurs de bois a poursuivi son travail au
sein de l'UPA et avec l'appui de l'UPA.
Cette lacune se manifeste particulièrement quand il s'agit
d'encourager la mise en marché ordonnée du produit et le recours
à des méthodes sylvicoles de production. Pourtant, la Loi sur les
producteurs agricoles reconnaît que la maîtrise syndicale d'une
production donnée implique la reconnaissance de la
représentativité universelle de l'association
accréditée. En somme, la Loi sur les producteurs agricoles confie
à l'UPA une certaine responsabilité à l'égard du
produit forestier, mais elle ne lui donne pas le moyen de prendre pleinement
ses responsabilités dans ce domaine.
La première objection, qui vise à ne retenir que les
producteurs également engagés dans d'autres productions
agricoles, tiendrait si la définition proposée ne contenait pas
une limite minimale de 3000 $ de produits mis en marché ou celle de
produire à l'intérieur d'un plan de gestion.
En pareil cas, quelque 125 000 propriétaires de boisés
auraient droit au titre de producteurs agricoles. La limite retenue pour les
producteurs agricoles, à savoir celle de 3000 $, ramène cependant
ce chiffre à un nombre compris en 7000 et 10 000, selon un sondage
effectué dans la province. Compte tenu, en outre, de la tradition et des
structures de l'UPA, l'introduction de ces nouveaux membres ne menacerait donc
pas l'équilibre de l'union, d'autant plus qu'en pratique la
Fédération des producteurs de bois fait déjà partie
du mouvement syndical agricole depuis très longtemps.
À ce propos, il est intéressant de noter que le dernier
recensement relève 31 457 fermes au Québec possédant un
boisé, et 10 445 déclarant un revenu forestier. À ce
chapitre, la moyenne provinciale par ferme déclarante est de 2297 $ et
elle n'excède la base de 3000 $ que dans huit comtés. La part des
fermes déclarant posséder un boisé et des revenus
agricoles excédant 2500 $ est exactement la même, soit 80% des 31
457 fermes propriétaires de boisés et des 48 144
fermes recensées. Il est douteux que les autres
propriétaires de boisés exploitent davantage leurs ressources
forestières et en tirent un revenu, en moyenne, plus substantiel. De
telles données n'indiquent donc aucunement qu'il y a risque de voir les
producteurs de bois envahir l'union au point d'en prendre le contrôle,
d'autant plus qu'une bonne partie d'entre eux ont déjà le statut
de producteur agricole.
La seconde objection vise à intégrer tous les
propriétaires de boisés privés. Or, la loi prévoit
déjà un seuil minimal de mise en marché pour les
producteurs agricoles déjà reconnus. Ce seuil a été
défini de manière à assurer la
représentativité universelle, mais également de
manière à respecter le besoin d'une définition minimale.
Il ne serait pas plus juste d'ouvrir davantage l'union aux propriétaires
de boisés qu'aux autres producteurs agricoles, d'autant plus qu'en
pareil cas l'objection précédente deviendrait justifiée.
Quant à l'argument voulant qu'il faille encourager la sylviculture, il
serait respecté si les producteurs de bois qui ont un plan de gestion et
un potentiel de mise en marché annuel de 3000 $ étaient
protégés par la définition.
La troisième objection, qui vise à n'intégrer que
les sylviculteurs, ne retient pas le lien essentiel qui soude la production
à la mise en marché pour l'ensemble des producteurs agricoles.
Elle introduirait une notion discriminatoire dans la loi. Quant au reste, elle
fonde la nécessité de prévoir une place aux
sylviculteurs.
Il convient donc d'amender la loi pour que celle-ci reconnaisse le droit
des producteurs de bois de se doter d'un organisme unique, responsable non
seulement de l'ensemble du produit, mais également devant tous les
producteurs. Dès lors, le critère selon lequel un producteur dont
la production destinée à la mise en marché est d'une
valeur annuelle supérieure à 3000 $ est de nature à
respecter le principe de représentation universelle des producteurs de
bois comme des autres producteurs agricoles, et la nécessité de
fixer une base minimale d'identification.
Par ailleurs, il faut reconnaître que cette définition
risque d'exclure les producteurs de bois qui ont un plan de gestion en commun
ou privé reconnu et un potentiel de mise en marché annuel de 3000
$. Ces sylviculteurs qui appliquent en forêt les méthodes de leurs
confrères agriculteurs se verraient donc pénalisés du fait
que leur production a un cycle d'exploitation particulièrement long. Ces
sylviculteurs méritent éminemment le titre de producteurs
agricoles et l'État se doit de les encourager à continuer de
produire selon les méthodes qui ont fait leur preuve en agriculture.
Le fait de conférer le statut de producteur agricole aux
producteurs de bois n'implique en soi aucun changement de juridiction
ministérielle. Il ne donnerait pas non plus à ces nouveaux
membres de l'UPA automatiquement accès aux programmes agricoles du
ministère, car ceux-ci ont des critères d'application
sélectifs. Certes, avec le temps, on peut s'attendre que nous fassions
des pressions pour que les producteurs de bois obtiennent des politiques
similaires à celles dont bénéficient déjà
les producteurs agricoles, mais le gouvernement aura toujours le loisir de les
adopter en tenant compte de ses possibilités financières et de
les faire administrer par le ministère qu'il désignera.
Quant à la représentation, l'UPA a toujours su s'adresser
à l'interlocuteur gouvernemental concerné par les dossiers
qu'elle entendait défendre. Certes, elle demande à chacun des
ministères impliqués de tenir compte de la dimension agricole de
ses membres, mais elle peut très bien s'adapter à des structures
gouvernementales qui ne coïncident pas exactement avec les siennes. Le
fait de consacrer l'intérêt que l'UPA manifeste à
l'égard des producteurs de bois ne comporte donc au départ aucun
changement automatique des structures, des coûts et des politiques
gouvernementales dans ce domaine. (11 h 30)
Nous recommandons donc que soit reconnue producteur agricole une
personne dont la production forestière mise en marché est d'une
valeur annuelle d'au moins 3000 $. Ce simple critère est de nature
à placer les producteurs forestiers sur le même pied que leurs
confrères agriculteurs. Nous recommandons de plus que la loi inclue
également dans la définition du producteur agricole les
producteurs de bois qui ont un plan de gestion en commun ou privé
reconnu et un potentiel de mise en marché annuel d'au moins 3000 $.
Concernant les actionnaires de compagnies, il existe un autre point au
sujet duquel le Parlement devrait selon nous ajuster ses lois à la
réalité. En effet, depuis l'adoption de la Loi sur les
producteurs agricoles, un grand nombre d'agriculteurs ont choisi de s'associer
en vertu de la Loi des compagnies. Cette évolution nécessite une
révision de la loi afin qu'ils puissent contribuer pleinement à
la vie de leur union.
Certains disent qu'il ne faut pas permettre aux actionnaires de
compagnies d'obtenir le titre de producteur agricole parce que ceci aurait pour
effet de modifier l'orientation générale de l'agriculture
québécoise qui privilégie les fermes individuelles et
familiales. Certains disent qu'il ne faut pas permettre aux actionnaires de
compagnies d'obtenir le titre de producteur agricole parce que la philosophie
de base de la Loi des corporations est précisément
d'enlever pour certaines fins spécifiques la personnalité
individuelle d'une personne pour créer une personnalité morale.
Dès lors, la Loi sur les producteurs agricoles pourrait être
contestée à cause d'un tel amendement. Enfin, certains disent
qu'il faut permettre à tous les actionnaires de compagnies d'obtenir le
titre de producteur agricole pourvu que leur corporation mette en marché
pour 3000 $ de produits agricoles annuellement.
Par contre, un sondage effectué dans toute la province a
révélé qu'en pratique, les corporations impliquées
en agriculture sont généralement composées de deux
personnes qui consacrent l'essentiel de leur temps à travailler en
agriculture. La situation réelle des compagnies n'est donc pas
éloignée de celle des sociétés. En pareil contexte,
les quelque 1500 corporations agricoles du Québec se
révèlent sous-représentées au sein de l'UPA, alors
que leur participation financière à l'union s'en trouve
diminuée d'autant. L'UPA croit que tout cadre juridique doit être
adapté aux réalités et non l'inverse. Par
conséquent, elle recommande que la loi soit modifiée de
façon à permettre aux producteurs groupés sous la Loi des
compagnies de participer pleinement à la vie de leur union. Il n'existe
en effet aucune raison, sinon théorique, pour que ceux-ci renoncent
à ajouter à leur force individuelle celle que confère la
mise en commun de leurs ressources, d'autant plus que ce type d'agriculteur a
précisément choisi de profiter du régime prévu par
la Loi des compagnies parce qu'il croyait au principe "l'union fait la force".
Il n'en demeure pas moins qu'en élargissant ainsi leur marge de
manoeuvre au niveau de la ferme, ils se heurtent à la Loi sur les
producteurs agricoles qui de son côté, même si elle a pour
but de favoriser la mise en commun des ressources humaines, limite
l'accès de certains individus. Du coup, l'union est privée de la
contribution d'agriculteurs particulièrement conscients des avantages
que procure la solidarité. Elle demande donc à nouveau que les
lois reflètent cette réalité dynamique et qu'en
conséquence, la Loi sur les producteurs agricoles soit amendée de
façon que les producteurs agricoles réunis selon la Loi des
compagnies puissent, à l'instar des producteurs individuels, participer
à l'action de leur association dûment
accréditée.
Toutefois, pour éviter la double représentation, celui qui
agit déjà comme porte-parole de la compagnie ne devrait pas
disposer personnellement de ce statut de producteur. L'amendement
proposé n'a pas pour but de privilégier les actionnaires de
compagnies, mais de permettre à ceux qui sont effectivement de vrais
producteurs agricoles de contribuer à la vie de leur union. Vu que
d'autre part, la compagnie est déjà reconnue comme producteur
agricole, il y aurait lieu de cerner le statut de producteur agricole de
façon plus précise dans le cas des actionnaires de
compagnies.
Ceux qui disent que la Loi sur les producteurs agricoles ne devrait pas
être modifiée pour inclure les actionnaires de compagnies songent
généralement à préserver le caractère
familial typique de nos entreprises agricoles. L'UPA croit que ce motif est
valable mais juge opportun de distinguer les apparences des faits. Or,
l'enquête précitée indique clairement que la très
grande majorité des compagnies préservent le caractère
familial de l'entreprise agricole. Cette objection est donc plus
théorique que réelle et ne mérite pas d'être
retenue, surtout lorsqu'on tient compte des deux conditions additionnelles
imposées aux actionnaires de compagnies, soit posséder 20% des
actions et travailler à plein temps dans l'exploitation agricole.
Ceux qui disent qu'il y a une incompatibilité entre la Loi sur
les producteurs agricoles et celle des compagnies craignent que toute
modification à la première, dans le sens précité,
ne puisse créer des zones de conflits susceptibles d'être
exploitées par ceux qui s'opposent à l'une ou l'autre de ces
mesures législatives. Il s'agit là d'un réflexe juridique
respectable, mais non contraignant. Les producteurs agricoles croient que les
lois doivent s'adapter à la vie et non l'inverse. Ils constatent que le
droit a toujours accusé un certain retard par rapport à leur
vécu syndical, mais qu'en temps voulu les obstacles juridiques qu'on
leur présentait ont toujours fini par être surmontés. Nous
croyons donc qu'il appartient aux juristes de faire en sorte que ce qui est
légalement désirable devienne légalement acceptable.
Ceux qui disent que tous les actionnaires de compagnies devraient
pouvoir obtenir le titre de producteur agricole pourvu que leur corporation
mette en marché pour 3000 $ de produits agricoles annuellement ne
tiennent pas suffisamment compte du fait que la compagnie est elle-même
une personne morale et qu'à ce titre elle a le droit d'être
reconnue producteur agricole. Si le représentant de la compagnie pouvait
lui-même être reconnu producteur agricole, il aurait alors droit
à une double représentation, ce qui irait à l'encontre du
principe démocratique fondamental qui régit l'action syndicale:
un homme, un vote.
Nous recommandons donc que la Loi sur les producteurs agricoles soit
amendée pour que les actionnaires des compagnies producteurs agricoles
qui détiennent 20% des actions et qui travaillent à plein temps
dans l'exploitation agricole soient reconnus producteurs agricoles.
En conclusion, le présent mémoire étudie le projet
de loi no 78 et les amendements qu'il propose à la Loi sur les
producteurs agricoles à la lumière de l'expérience
acquise par les producteurs agricoles et par l'Union des producteurs agricoles
depuis que le Parlement du Québec a adopté cette loi en 1972.
Dans l'ensemble, il témoigne que cette loi est parvenue à bien
transposer sur le plan juridique les aspirations de la classe agricole, qu'elle
s'est insérée naturellement, en la perfectionnant, dans la
législation agricole environnante et qu'elle a permis aux agriculteurs
d'améliorer l'outil syndical qu'ils s'étaient donné. Les
modifications que le projet de loi no 78 entend apporter respectent les
principes et les objectifs qui la sous-tendent.
L'article 1 met à jour la définition du producteur
agricole, de manière à tenir compte des effets de l'inflation
survenue au cours des dix dernières années et il prévoit
un mécanisme pour assurer qu'à l'avenir un tel ajustement se
fasse sans qu'il soit nécessaire de recourir au Parlement. L'UPA est
d'accord avec ces changements, mais croit qu'il y aurait lieu d'expliciter le
but de cette démarche en ajoutant, après les mots "ou toute autre
somme que peut déterminer le gouvernement par décret", les mots
"de manière à tenir compte des effets de l'inflation".
D'autre part, l'article 2 du projet de loi no 78 éclaircit le
sens du mot "denrée" en précisant qu'il s'applique à tout
produit ou denrée agricole. Cette modification convient à l'UPA
qui l'avait réclamée dans un mémoire adressé au
ministre au début de la présente année.
Ce mémoire contenait d'autres demandes d'amendements dont le
projet de loi no 78 ne tient pas compte. L'UPA croit toujours qu'il y aurait
lieu de compléter les éclaircissements qu'apporte ce projet de
loi en précisant l'article 39 de la Loi sur les producteurs agricoles
pour qu'il soit manifeste que la Régie des marchés agricoles peut
agir de façon supplétive pour faciliter la perception de la
cotisation syndicale, soit en émettant des ordonnances dans les cas des
produits non couverts par les articles 37 et 38, soit en émettant des
ordonnances sélectives lorsqu'il s'agit de rejoindre certains
producteurs d'une production donnée et non tous.
L'UPA croit, en outre, que le Parlement devrait profiter de l'occasion
fournie par ce projet de loi pour ajuster la Loi sur les producteurs agricoles
à deux réalités agricoles jusqu'ici
négligées par les législateurs. Elle recommande donc:
d'étendre aux producteurs de bois, déjà
insérés dans l'union, les droits, devoirs et
responsabilités que prévoit déjà la loi dans le cas
des autres producteurs agricoles, et de conférer ce même statut
aux actionnaires de compagnies, sauf leurs repésentants. Merci, M. le
Président.
M. Proulx (Jacques): Alors M. le Président, on vient de
vous lire notre mémoire et nous sommes disposés à
répondre à toutes les questions pour vous fournir des
éclaircissements ou des explications supplémentaires ayant trait
à notre mémoire.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Proulx. M. le
ministre.
M. Garon: Je dois dire que j'ai écouté avec
beaucoup d'intérêt la lecture du mémoire de l'Union des
producteurs agricoles. Je dirais qu'ils ont d'excellents rédacteurs qui
manient la plume avec la verve quasiment des grands écrivains
français, parce que le mémoire est très bien
rédigé; et je pense bien que si je savais le nom de celui qui
rédige les mémoires pour l'UPA, j'aurais envie de l'engager.
M. Proulx (Jacques): C'est l'UPA, M. le Président.
M. Garon: M. Mathieu me dit qu'il n'a pas étudié au
cégep,
M. Mathieu: Un instant...
M. Garon: À la page 9, vous mentionnez qu'il y a eu un
comité de formé à la suite du congrès de 1979
lequel a étudié diverses possibilités, consulté
toutes les instances, etc. Je me demande si, pour le bénéfice des
parlementaires autour de cette table, vous accepteriez de déposer le
rapport de ce comité qui a fait des consultations auprès de vos
différentes instances.
M. Proulx (Jacques): II n'y a pas de problème à le
déposer, M. le Président, si on l'a avec nous ce matin, on pourra
vous le déposer immédiatement; mais si nous ne l'avons pas, il
n'y aura pas de problème pour l'envoyer à la commission un peu
plus tard. On a vraiment mis ce comité en place pour aller voir et
regarder véritablement partout, on l'a exprimé à
l'intérieur de cela. On aura l'occasion... Je ne sais pas si on l'a ici
dans les bagages... On l'a?
M. Garon: Ce n'est pas dans une perspective malicieuse que je
vous demande cela. C'est simplement que plusieurs des questions qui sont
soulevées dans le mémoire... D'ailleurs vous avez senti le besoin
de dire: "Certains disent, certains disent," parce que ce sont des. questions
qui se discutent dans le monde agricole. C'est pour un meilleur
éclairage. Parfois, une mesure qui peut être souhaitable... On se
demande le degré de connaissance de la population concernée ou
des gens qui sont impliqués et avant d'adopter une mesure pour les gens
qui vont être touchés par cette mesure, c'est intéressant
de voir de quelle
façon ils se sentent impliqués et connaître leurs
sentiments face à cette mesure. (11 h 45)
Vous dites à la page 27 de votre mémoire que l'Union des
producteurs agricoles a réalisé un sondage auprès des
producteurs de bois. S'agit-il réellement d'un sondage d'opinion ou
d'une analyse statistique sur le nombre possible de nouveaux cotisants
qu'entraînerait la modification demandée concernant les
producteurs de bois? En d'autres mots, s'agit-il du nombre de personnes qui
seraient touchées ou tout simplement pour connaître l'opinion des
producteurs de bois sur une éventuelle définition qui les
incorporerait à l'Union des producteurs agricoles en les incluant dans
la définition de producteurs agricoles?
M. Proulx (Jacques): C'est une analyse statistique que nous avons
faite face aux producteurs de bois.
M. Garon: Statistique, dans quel sens?
M. Proulx (Jacques): À partir des documents qu'on a
employés, etc.
M. Blanchette: À partir des données statistiques
officielles, on a effectué des sondages au niveau des régions et
on a envoyé des questionnaires avec un échantillonnage
scientifique à tous ceux qui produisaient 50 cordes et plus, pour savoir
exactement combien ils produisaient, à quel rythme et dans quelles
conditions. C'est à partir de cela qu'on est arrivé avec une
analyse et une extrapolation. On en est arrivé à cette
évaluation qui est confirmée d'ailleurs par la
fédération et les syndicats de producteurs de bois.
Là-dessus, nos analyses concordent.
M. Garon: Est-ce qu'il y a eu des consultations de l'UPA, par
exemple, auprès des producteurs de bois, auprès des groupements
forestiers, auprès des syndicats et des associations de sylviculteurs,
pour savoir leur opinion concernant ce que vous demandez dans votre
mémoire?
M. Proulx (Jacques): Cela fait de nombreuses années que
l'on fait des consultations lors de nos différents congrès; dans
toutes les réunions de l'Office des producteurs de bois, lors de
congrès annuels ou régionaux, les producteurs de bois
eux-mêmes se sont prononcés. Déjà, depuis au moins
six ou sept ans, on a vraiment discuté de cette possibilité.
Depuis trois ou quatre ans - vous permettrez que M. Filion poursuive tout
à l'heure - ils ont demandé officiellement d'être reconnus
producteurs agricoles, parce qu'ils voyaient des avantages pour eux et pour
toute la collectivité.
C'est vraiment un cheminement qui s'est fait depuis de nombreuses
années, plus accéléré avec ceux qui produisent
uniquement du bois aussi. On voyait des producteurs agricoles avec des
boisés tout de même, dans plusieurs cas, comme on vous l'a
souligné, très importants, et ils étaient reconnus
producteurs agricoles. Et vous retrouviez à leurs côtés
d'autres gens qui se considéraient producteurs agricoles, mais qui
s'occupaient uniquement de boisés. L'élaboration qu'on a faite
depuis quelques années en particulier des groupes de gestion, la gestion
en commun des boisés, etc..
Il a fallu beaucoup de politique pour accélérer cela,
inviter les gens, les propriétaires de lots privés à
embarquer là-dedans. C'est devenu encore plus évident que
c'était une partie intégrante de l'agriculture au Québec.
C'est pour cela qu'ils ont senti le besoin, ces gens, de l'exprimer. Si vous le
permettez, M. Filion pourrait ajouter quelque chose parce qu'il est le
président de la Fédération des producteurs de bois du
Québec, qui comprend en même temps tous les groupes de gestion en
commun, ils sont tous regroupés.
Le Président (M. Boucher): M. Filion.
M. Filion (Hervé): M. le Président, M. le ministre.
Pour répondre à la question de M. le ministre à savoir si
les regroupements forestiers sont intéressés à être
réellement reconnus producteurs agricoles, je pense qu'il faut
reconnaître nos structures, tous les groupements forestiers du
Québec font partie intégrante... les syndicats et offices au
Québec sont au nombre de 15. En ce qui a trait à nos
réunions provinciales, c'est de là que vient la pression la plus
forte de nos membres qui s'occupent de réaménagement forestier
pour être reconnus producteurs agricoles. Ces gens sont réellement
impliqués dans l'aménagement de la forêt, lequel
aujourd'hui est considéré comme une culture. Ils cultivent la
forêt, ils sont réellement sensibilisés, ils font
réellement des pressions à nos syndicats, dans les régions
et les syndicats affiliés à la fédération du
produit agricole du Québec, pour être reconnus producteurs
agricoles.
Je ne sais pas si cela répond à la question de M. le
ministre. Les pressions viennent réellement des groupements forestiers
qui veulent en faire partie intégrante. C'est pourquoi on demande que
dans la loi il soit dit: Vente de 3000 $, et, la deuxième option: Faire
partie d'un plan de gestion. Il serait peut-être bon d'en dire quelques
mots. C'est un plan de gestion, ordonné par un ingénieur
forestier de la production de la capacité du boisé. Je ne sais
pas si cela répond à votre question, M. le ministre.
M. Garon: Je vais vous poser une sous-
question pour développer davantage. Qu'est-ce qu'on pourrait
appeler un plan de gestion privé? Le producteur est-il obligé de
suivre son plan lorsqu'il n'est pas financé par le crédit
forestier administré par le Crédit agricole du Québec?
M. Filion: Au départ, un plan de gestion privé,
c'est un plan fait par l'ingénieur forestier. À la question que
vous posez, si une personne a fait un emprunt de l'office, elle est
obligée de respecter son plan de gestion. Quant à la
deuxième réponse, si l'individu est reconnu comme producteur
agricole, on va l'obliger à répondre aux exigences de son plan de
gestion. Ceux qui sont intégrés dans un groupement forestier,
automatiquement, ils sont obligés de respecter la structure
réelle du groupement forestier.
M. Garon: N'est-ce pas parce qu'ils ont accès à un
crédit forestier du gouvernement du Québec dans le cadre de la
Loi sur le crédit agricole qu'ils sont assujettis ou si c'est par...
M. Filion: C'est par l'intermédiaire d'une convention
établie par leur groupement forestier qu'ils sont obligés de
respecter le plan de gestion à l'intérieur pour un plan de 15
ans. C'est une convention passée entre le groupement forestier et le
propriétaire forestier. Pour donner l'information, les
résolutions pour le producteur de bois, ce sont des résolutions
qui ont été passées dans les 15 régions du
Québec depuis quelques années; en ce qui a trait à la
Fédération des producteurs de bois du Québec, c'est une
résolution qui revient sur le tapis depuis huit à neuf ans.
M. Garon: Selon mes informations, quelqu'un qui a un plan de
gestion privé, par exemple, un individu qui est propriétaire d'un
boisé et qui engage un ingénieur forestier pour se faire tracer
un plan d'aménagement, il suit son plan privément, il n'a aucune
obligation de la part de qui que ce soit de suivre ce plan, c'est une
décision personnelle.
M. Filion: Sur le plan de gestion privé, individuel,
non.
M. Garon: Non.
M. Filion: S'il y a un prêt de la part de l'office, oui, et
s'il est à l'intérieur d'un cadre ou d'un groupement forestier,
oui, il est obligé de le respecter.
M. Garon: À ce moment, cela reviendrait à dire que
ceux qui seraient représentés seraient uniquement ceux qui
auraient droit au crédit forestier du gouvernement ou encore qui
seraient dans le cadre d'un aménagement forestier, dans le cadre d'un
plan gouvernemental aussi et que les autres ne seraient pas
représentés.
M. Filion: M. le Président, actuellement au Québec
nous avons 48 ou 49 groupements forestiers qui représentent un volume
très important d'environ 17% ou 18% de l'ensemble de la forêt du
Québec avec des plans d'aménagement. Je pense que cela est
réellement important. On peut dire que ce sont des gens qui cultivent
réellement la forêt, dans ce sens, il y a une protection,
actuellement, avec les montants que votre gouvernement met à notre
disposition pour aménager la forêt, j'en vois, en tout cas, la
nécessité pour protéger ces montants chez ces gens... Je
crois qu'il y a intérêt pour le gouvernement et pour les individus
qu'ils soient reconnus comme producteurs agricoles.
M. Garon: La loi no 64 a conféré à l'UPA le
statut d'organisme unique accrédité pour représenter les
producteurs agricoles. Pourquoi les producteurs de bois qui n'ont pas
voté n'ont-ils pas voté, lors du référendum de 1972
ou 1973? Parce qu'ils n'ont pas eu à se prononcer sur...
M. Proulx (Jacques): Je m'excuse, M. le ministre, au moment
où ils ont été exclus dans la loi...
M. Garon: Je sais qu'ils ont été exlus. Je dis:
Pourquoi ont-ils été exclus?
M. Proulx (Jacques): Ah bien! Cela, il faudrait...
M. Garon: Je ne pose pas des questions comme quelqu'un qui est a
priori contre ce dont vous parlez mais pour mieux circonscrire la question. Je
pense que c'est une occasion privilégiée pour l'UPA, devant la
commission parlementaire, de faire connaître cet aspect. Que ce soit
adopté dans cette loi, à l'occasion de cet amendement, ou que le
débat soit soulevé à la commission parlementaire, cela
peut être deux choses. C'est uniquement dans le but de mieux mettre en
lumière ce que vous pensez à ce sujet. J'aimerais savoir pourquoi
ils n'ont pas voté lors du référendum de 1972 ou 1973.
Pourquoi les a-t-on exclus? Qui a demandé de les exclure? Comment cela
s'est fait? Je n'étais pas là.
M. Proulx (Jacques): Ce n'est certainement pas, de mémoire
- et d'autres pourront le confirmer - ce n'est certainement pas l'UCC du temps
qui a demandé à exclure les producteurs de bois. Il va nous
être très difficile de vous répondre. Je pense qu'il
faudrait que vous demandiez aux législateurs du temps pour quelle
raison, véritablement, ils ont exclu les producteurs
de bois au moment où ils ont fait voter la loi 64. Je ne sais pas
si quelqu'un peut répondre. Jean-Claude, peut-être, pourrait
ajouter à cela?
M. Blanchette: Je voudrais peut-être apporter quelques
éléments. Il est important d'abord de clarifier que l'UCC du
temps réclamait que les producteurs de bois soient reconnus au
même titre que les producteurs agricoles. Cela n'avait pas
été retenu par le gouvernement et la commission parlementaire,
à ce moment-là. Il y avait un premier problème, d'abord,
qui était de s'entendre sur une définition de "producteur
agricole". C'était le premier problème. À la commission,
un peu comme cela se discute depuis ce temps-là, il n'y avait jamais eu
de définition un peu universelle de "producteur agricole". On avait
réussi à s'entendre sur un minimum de 10Q0 $, mais ajouter une
définition pour les producteurs de bois, cela paraissait impossible,
à ce moment-là, de façon à pouvoir cerner les
producteurs de bois qu'on voulait reconnaître et regrouper à
l'intérieur de l'association accréditée. Il ne s'agit pas,
dans l'esprit de l'UPA de même que de l'UCC dans le temps, de regrouper
les 125 000 propriétaires de boisés du Québec. Si on
acceptait tous ceux qui ont un minimum de trois acres et plus, ce serait 125
000. Ce n'est pas tous ceux-là qu'on veut regrouper. C'est, je pense, la
difficulté, sur le plan de la définition de "producteurs de bois"
qu'on voulait regrouper, qui a fait qu'on a laissé de côté,
à ce moment-là, l'inclusion des producteurs de bois parmi les
producteurs agricoles.
Maintenant, l'expérience acquise depuis 1972 nous a permis de
cerner une définition qui identifierait un peu mieux les producteurs de
bois qu'on aimerait voir reconnaître comme producteurs agricoles. C'est
pour cela qu'aujourd'hui, avec l'expérience de l'application de la loi
64, avec l'expérience, sur le plan du travail, avec les producteurs de
bois par les organismes de gestion en commun, par les syndicats et la
fédération, on est en mesure de proposer une définition
qui cerne un peu plus, selon nous, les producteurs de bois qui ont le plus
d'affinités avec les producteurs agricoles et qui travaillent
déjà, de toute façon, avec les producteurs agricoles.
M. Garon: M. le Président, je poserai une question de
directive. Je puis poser toute une série de questions sur toutes les
représentations de l'UPA. Ou bien on parle de la question du bois et
ensuite on passe à une autre chose...
M. Mathieu: Justement, tout à l'heure, M. le
Président, je vous ai demandé la parole parce que, compte tenu
des questions...
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet?
M. Mathieu: Oui. Compte tenu des questions posées par le
ministre, j'aurais aimé avoir des éclaircissements additionnels.
Peut-être que si le ministre est d'accord, et vous-même M. le
Président, dans votre sagesse...
Le Président (M. Boucher): Alors, si on s'en tient
à la question des producteurs de bois, on continue sur le sujet. Tout le
monde est d'accord?
M. Matieu: Vous permettez?
M. Garon: Êtes-vous d'accord pour qu'on alterne et qu'on
laisse les autres poser des questions?
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Garon: Ou qu'on creuse le sujet en vue d'une meilleure
connaissance du sujet par la commission parlementaire?
Le Président (M. Boucher): D'accord. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Tout à l'heure, M. Filion, je crois, vous avez
dit... Il y a combien de groupements forestiers au Québec?
M. Filion: Actuellement, à l'heure où on se parle,
il doit y avoir 46 ou 47 groupements forestiers.
M. Mathieu: Et ces 46 ou 47 groupements regroupent combien de
membres, de producteurs ou d'actionnaires? À peu près? En
avez-vous une idée?
M. Filion: De 8000 à 10 000 membres.
M. Mathieu: De 8000 à 10 000. (12 heures)
Maintenant, M. Filion, les propriétaires qui ont un plan
d'aménagement privé de leur forêt, c'est-à-dire ceux
qui ne font pas partie des groupements forestiers, et qui ne sont pas
financés par le crédit forestier, avez-vous une idée
combien cela représente de personnes, de producteurs?
M. Filion: Je pense que c'est un très faible pourcentage,
mais ce serait peut-être l'occasion de les motiver à se donner un
plan de gestion pour aménager leur forêt. Admettant qu'ils
seraient reconnus producteurs agricoles, ce serait une motivation pour
exploiter leur forêt d'une façon rationnelle, en ayant un plan de
gestion individuel qu'ils pourraient posséder personnellement.
M. Mathieu: Alors, c'est un groupe. Maintenant, il doit y avoir
également des producteurs forestiers qui ont un plan de gestion par le
crédit forestier et qui ne sont pas dans les groupements forestiers.
Avez-vous une idée du nombre que cela peut représenter?
M. Filion: C'est très peu. Actuellement, l'Office du
crédit agricole favorise très peu les prêts sur la
foresterie, avec les taux d'intérêt très
élevés. Alors, c'est très marginal.
M. Mathieu: Les fonds ont l'air de manquer depuis un bon moment
aussi.
M. Filion: Oui.
M. Mathieu: M. Filion, M. Proulx ou un autre, à la page 27
du mémoire, vous faites mention qu'il y aurait 125 000
propriétaires de boisés privés au Québec, mais
qu'avec la norme de 3000 $, on irait chercher entre 7000 et 10 000 nouveaux
membres de l'UPA. Est-ce que cela est assez scientifique? Si la loi
était adoptée et que cela pouvait aller en chercher 20 000
à 25 000 est-ce que cela ne mettrait pas en danger l'équilibre de
l'UPA?
M. Proulx (Jacques): Je peux vous dire que c'est un sondage
très scientifique. Si l'on revient à l'exemple qu'on vous a
donné au départ, en fixant le montant de 3000 $ comme
possibilité de mise en marché, on élimine une très
grande majorité de ces 125 000 personnes. Si vous voulez, comme je vous
le disais, on a voulu cela pour qu'une personne qui élève un
lapin ou cultive un radis ne soit pas reconnue comme producteur agricole. On
sait que 125 000 personnes, cela paraît énorme, mais il y a
beaucoup de gens qui possèdent des lots de cinq ou dix hectares ou des
parties de lot un peu partout; c'est cela qui fait un nombre inimaginable. Je
peux vous dire que vraiment 10 000, c'est le gros maximum. Comparé avec
les chiffres de gens qui font partie des groupements forestiers et ceux qui ont
un plan personnel, mais qui ne sont pas dans les groupements forestiers, cela
revient à un maximum de 10 000 qui sont représentés,
à quelques-uns près.
M. Mathieu: Si vous me permettez une question
supplémentaire, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député.
M. Mathieu: ... toujours dans le but d'approfondir et non pas de
manifester une réticence face à vos revendications. Tout à
l'heure, on a parlé des producteurs qui mettent pour 3000 $ de bois sur
le marché et de ceux dont le potentiel est de 3000 $ ou plus. J'aimerais
avoir une idée, si c'est possible, de l'ordre de grandeur de la
différence entre ceux qui mettent 3000 $ de bois sur le marché et
ceux dont le potentiel est de 3000 $ ou plus, en milliers, dans la province.
Est-ce que c'est marginal?
M. Proulx (Jacques): Ils sont inclus dans les 7000, M. le
Président. Dans les 7000 à 10 000, tout cela est inclus, autant
ceux qui ont une possibilité que ceux qui mettent en marché. Tout
cela est inclus à l'intérieur de ce nombre. C'est surtout pour
cela qu'on insiste énormément sur la question de faire partie
d'un groupement forestier ou d'avoir un plan. À partir de là, on
peut vraiment être fixé sur les possibilités ou sur la mise
en marché elle-même.
M. Mathieu: Comme cela, si je comprends bien - est-ce que vous me
le permettez, M. le Président? - les producteurs qui font partie des
groupements forestiers dont on évalue le nombre entre 8000 et 10 000,
c'est bien sûr que là-dedans il y en a qu'on retrouve comme
producteurs agricoles et membres de l'UPA automatiquement parce qu'ils ont
d'autres productions. Il y en a peut-être quelques-uns qu'on ne retrouve
pas, mais ils peuvent être compris dans les 7000 à 10 000 nouveaux
membres potentiels, possibles.
M. Proulx (Jacques): C'est cela.
M. Mathieu: Tout à l'heure, j'aurais d'autres questions
à poser au ministre, mais peut-être qu'on pourrait, comme on a
dit, vider les questions du boisé.
Le Président (M. Boucher): Merci, monsieur. Alors, sur le
même sujet, le député de Richmond a demandé la
parole. Après, ce sera le député de Maskinongé.
M. Vallières: C'est peut-être intéressant que
l'UPA nous indique, puisqu'on parle du nombre de nouveaux membres à la
suite de cette insertion de producteur de bois à l'intérieur de
la définition du producteur agricole, si vous avez des chiffres sur le
nombre de producteurs que vous ne cotiserez plus et qui auraient entre 1000 $
et 3000 $ de revenu agricole.
M. Proulx (Jacques): Je ne sais pas, si on peut vous donner le
chiffre juste, mais si on fait la même projection qu'on a dû faire
en 1972, comme on l'a exprimé dans cela, cela représente
uniquement l'indexation. Alors, cela peut représenter - je ne peux pas
te répondre au juste, je ne sais pas si tu as les chiffres approximatifs
- très peu de gens, parce que c'est une indexation unique à 3000
$, qui fait juste prendre les 1000 $ de 1972 lesquels représentent la
même chose en
1982. C'est certain que cela va en éliminer quelques-uns, mais je
ne peux pas te donner l'ordre de grandeur bien juste.
M. Blanchette: Notre évaluation, c'est que ceux qui se
qualifiaient pour 1000 $, étant donné que, pour la plupart, ils
se sont qualifiés il y a déjà un certain nombre
d'années, même s'ils avaient gardé à peu près
le même niveau de production, avec l'augmentation des prix des produits
et de la valeur des ventes, pourront facilement se qualifier à nouveau
à 3000 $. Évidemment, il peut y avoir des chiffres assez
importants, mais si vous prenez les statistiques fédérales du
dernier recensement, en pratique, on ne croit pas que cela va faire une
variation de plus, au maximum, de 3000 producteurs.
M. Vallières: Est-ce que - le ministre y a fait allusion
dans sa déclaration d'ouverture - l'UPA pourrait nous indiquer si le
fait que quelqu'un serait détenteur de sa carte de producteur agricole
deviendrait un critère suffisant pour avoir droit de vote lors de la
mise en place d'un plan conjoint, par exemple? Vous comprendrez que la loi
autorisant, en fait, le gouvernement à modifier la somme par
décret, si on ajoute le facteur d'indexation dont vous parliez, cela
devient très important de savoir sur quoi on va se baser. S'il fallait
s'aligner, par exemple, sur ce seul critère donnant droit de vote dans
les différents plans conjoints, on aurait certainement à
préciser de beaucoup le statut des producteurs qui auront droit de vote
lors du plan conjoint. Votre point de vue, l'UPA, quel est-il?
M. Proulx (Jacques): Jusqu'à ce jour, qu'est-ce qui a
servi de critères pour faire voter les gens dans un plan conjoint? Il
peut y en avoir plusieurs. Premièrement, ces critères ne sont pas
fixés par l'union. En tout cas, je dirai qu'on y participe
peut-être, mais avec la Régie des marchés agricoles. Il y a
un autre intervenant dans cela qui fixe des normes pour ceux qui vont voter. On
s'est basé aussi sur les politiques gouvernementales. Si je prends
l'exemple des derniers plans conjoints, plus particulièrement, celui qui
se vote à l'heure actuelle, agneau ou mouton, et ainsi de suite, le
critère de base a été ce que les assurances agricoles,
comme exemple, prenaient comme critère de base pour qu'une personne ait
le droit de s'en servir. C'est de cela qu'on s'est servi avec la régie
qui fixe aussi des critères pour accepter ou éliminer un
éleveur qui élève un mouton, par exemple, ou un qui va en
élever vraiment pour faire une mise en marché. Ce sont ces
critères en réalité. Dans le boeuf, on se sert autant de
ceux que la régie, la loi a fixés, ceux que les assurances
agricoles fixent. Je pense que c'étaient des critères qui
répondaient assez bien pour adopter un plan conjoint, afin que l'on
puisse dire que ce sont des gens intéressés qui veulent se donner
un outil de mise en marché.
M. Blanchette: Est-ce que vous me le permettez? On croit par
rapport à cela de plus en plus - M. Proulx y a fait allusion -que, pour
la reconnaissance du statut de producteur agricole, il doit y avoir des
critères qui sont spécifiques à cela. Ces critères
ne sont pas nécessairement transportables et utilisables pour d'autres
programmes ou pour d'autres choses en milieu agricole. La définition
qu'il y a dans la Loi sur les producteurs agricoles doit servir pour
définir le statut de producteur agricole en fonction de l'application de
cette loi. On devrait, selon nous, comme le ministre l'a mentionné
à l'ouverture, s'orienter beaucoup plus dans l'avenir vers la
définition de critères spécifiques à l'application
de tels programmes et non pas utiliser toujours les critères de la Loi
sur les producteurs agricoles pour l'application d'un ensemble de programmes ou
de politiques. Or, dans ce sens, il faudrait nettement distinguer les deux
choses.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Je vais commencer par
vous donner un exemple et, après, je vous poserai la question. Je
connais, entre autres, un homme qui possède des immeubles d'habitation,
qui travaille dans une institution bancaire et qui, une fois par année,
vend des arbres de Noël. Vous avez dit à plusieurs reprises dans
votre mémoire qu'il faut avoir seulement 3000 $ de mise en marché
pour être reconnu comme un producteur agricole. À mon point de
vue, on devrait avoir des critères spéciaux pour ces gens. Il ne
coupe même pas lui-même ces arbres, il ne s'en occupe même
pas, il le fait faire. Il a effectivement sa carte de producteur. Je trouve
cela inconcevable qu'il puisse avoir tous les avantages auxquels a droit un
vrai producteur agricole. Pouvez-vous répondre à cela?
M. Proulx (Jacques): Je suis d'accord avec vous pour une partie,
sauf que, pour sa production d'arbres de Noël - ce qui est reconnu comme
un produit agricole - qui est reconnue dans la loi, je ne vois pas pourquoi on
le pénaliserait parce qu'il a un produit. On a exprimé depuis
plusieurs années - Jean-Claude vient à peine de le dire - qu'on
était d'accord pour qu'il y ait des critères sélectifs
pour appliquer les politiques agricoles. Reconnaître un producteur
agricole, c'est une chose; appliquer des politiques agricoles, c'est une autre
chose. On l'a exprimé, ce n'est pas d'aujourd'hui,
cela fait déjà un certain nombre d'années qu'on
dit: Oui, nous sommes d'accord, adoptons des mesures pour sélectionner
cette partie. Tu peux être un producteur agricole, mais tu n'as pas droit
à toute la gamme d'aide, à tous les programmes parce que tu ne
réponds pas à tous les critères. Je pense qu'il devrait y
avoir des critères sélectifs pour l'application. L'exemple que
vous donnez, c'est un produit agricole. Il a investi pour le produire. Je ne
vois pas pourquoi on le pénaliserait en cours de route.
Mme Juneau: Puis-je ajouter une sous-question, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Oui, vous avez la parole.
Mme Juneau: Qui établirait les critères dont vous
parlez? Serait-ce l'UPA ou le gouvernement, d'après vous?
M. Proulx (Jacques): Si je regarde la façon dont on a
procédé dans le passé - en tout cas, on l'a toujours vu
comme cela - je dis qu'on devrait fixer les critères, le gouvernement en
collaboration avec l'organisme agricole qui représente tous les
producteurs agricoles, parce que ce sont des politiques gouvernementales, il y
a certaines exigences. Nous avons réussi dans diverses applications
lorsque nous avons fixé des critères ensemble ou lorsque nous
avons entendu les points de vue avant de déterminer des choses. Je crois
que les deux parties doivent fixer des critères en collaboration, en
discuter. Le gouvernement fixera ses critères à partir de
discussions, de consultations.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Maskinongé.
M. Picotte: Merci, M. le Président. Au cours des toutes
dernières années, de nombreux regroupements forestiers ont
été fondés. Pour ma part, dans ma région - c'est la
même région que mon ami, le député de Champlain -
ces regroupements sont fort dynamiques. On sait que plusieurs personnes
à l'intérieur des regroupements forestiers sont
déjà producteurs, elles ont déjà une carte. Dans
votre mémoire, aux pages 27 et 28, vous dites qu'une bonne partie
d'entre eux ont déjà le statut de producteurs. Qu'est-ce que cela
veut dire à peu près en pourcentage ou en nombre?
M. Proulx (Jacques): Environ 80% de ceux qui font partie de cela
ont déjà leur carte de producteurs agricoles.
M. Picotte: Ils ont déjà une carte de producteur
agricole. J'ai cru déceler aussi dans votre mémoire à la
page 29... Cela peut être un point d'interrogation pour le
ministère, car reconnaître ces gens comme producteurs agricoles
viendrait peut-être ajouter des dépenses à tous les
programmes. Vous me dites que 80% utilisent déjà, à toutes
fins utiles, ce programme. Je me pose une interrogation. Je vous fais dire cela
pour que cet élément disparaisse un peu de notre esprit. Cela ne
coûtera peut-être pas un montant d'argent si
phénoménal que cela, vu que déjà 80% s'en servent.
C'est pour une petite minorité qu'il reste à devenir des
producteurs agricoles face à la demande que vous faites et avec laquelle
personnellement, sans parler pour les autres, je suis complètement
d'accord. (12 h 15)
J'aimerais vous faire préciser ceci. Vous dites que le
ministère pourra toujours, selon ses possibilités
financières, faire administrer cela par un autre ministère qu'il
désignera. Que voulez-vous dire? Est-ce que cela veut dire que ceux qui
seront reconnus comme producteurs de bois vont faire affaires avec le
ministère de l'Énergie et des Ressources, de qui dépendait
l'ancien ministère des Terres et Forêts auparavant? À ce
moment-là, n'y aurait-il pas danger d'avoir deux sortes de producteurs
agricoles administrés par des programmes différents? Là,
dans un avenir plus ou moins éloigné, on viendrait nous revoir et
on dirait: Cela ne fonctionne pas. Il ne doit pas y avoir un producteur
agricole qui bénéficie de telle chose et une autre sorte de
producteur agricole. Si c'est cela que cela veut dire, je suis pas mal moins
d'accord avec votre suggestion.
M. Proulx (Jacques): J'aurais des choses à ajouter
à cela, mais je pense que, pour commencer, M. Filion pourrait vous
répondre.
Le Président (M. Boucher): M. Filion.
M. Filion: On dit que 80% sont déjà producteurs
agricoles, il reste 20% qui sont producteurs de bois. Automatiquement, ces gens
ont droit aux subventions gouvernementales, qu'elles viennent d'un
ministère ou de l'autre. Alors, ils sont déjà couverts par
les politiques du gouvernement du Québec.
M. Picotte: Du crédit agricole.
M. Filion: On l'a dit tantôt dans notre rapport, que
l'argent vienne du ministère de l'Energie et des Ressources ou du
ministère de l'Agriculture, cela ne nous fait rien. Alors,
automatiquement, ils sont déjà couverts. Cela ne dérange
pratiquement rien.
M. Picotte: M. le Président, je voudrais avoir plus
d'explications sur la deuxième partie de ma question. J'imagine
qu'un
producteur agricole avec une carte de producteur agricole, mais qui
ferait surtout de la production de bois, qui pourrait tout simplement
bénéficier des politiques du ministère de l'Énergie
et des Ressources, cela serait complètement différent de ce dont
un producteur agricole bénéficie avec le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Il y a une grosse
différence entre les deux. Si c'est ce que vous voulez, j'aimerais qu'on
me le précise.
M. Proulx (Jacques): C'est un organisme qui regroupe les
producteurs, mais à l'intérieur de cela, on ne fait pas
uniquement affaires avec le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, quoique c'est le principal
ministère, c'est bien certain. Mais, à plusieurs occasions et de
plus en plus, on fait affaires, et nos producteurs aussi, avec d'autres
ministères. C'est ce que cela veut dire en réalité. Je
veux dire que ce n'est pas du jour au lendemain que ces gens vont être
reconnus producteurs agricoles, qu'ils vont être des producteurs d'une
catégorie spéciale ou ainsi de suite. Tant qu'il y aura des
politiques pour la forêt qui dépendront du ministère de
l'Énergie et des Ressources, cela va s'appliquer à eux comme cela
s'applique à tous les autres producteurs dans un boisé
donné.
À l'heure actuelle, les politiques de travaux
mécanisés ne s'appliquent pas dans un boisé comme dans les
champs cultivés. Je veux dire que c'est la même chose; il y a des
politiques spéciales qui s'appliquent aux boisés et qui vont
s'appliquer pour tout le monde. C'est dans ce sens qu'on voit cela, parce que
déjà on s'adresse à plusieurs autres ministères
pour certaines politiques qui s'appliquent en agriculture. Je pense que c'est
une continuité de cela, sauf qu'on voudrait - on l'explique le plus
clairement possible - que ces gens-là soient de plus en plus
intégrés à l'Agriculture par toutes sortes de programmes.
Je pense qu'ils ont le droit de s'exprimer à l'intérieur et
d'avoir tous les mêmes droits que les autres.
Je vais vous donner l'extrême limite de cela. Vous pouvez
être un producteur de bois, uniquement de bois, seulement vous allez
vendre 50 $ de produits agricoles reconnus et, à partir de cela, vous
avez droit d'être reconnu producteur agricole. Vous pouvez produire
jusqu'à 3000 $, vous produirez 2950 $ de bois, 50 $ de produits
agricoles, vous allez être reconnu producteur agricole. Alors quand on
vous dit qu'il y a 80% des gens déjà à l'intérieur,
ce sont des producteurs agricoles, parce que vous savez comment la forêt
est intégrée à l'agriculture au Québec. Alors, cela
ne fait rien, cela n'oblige pas le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation à élargir le Sol-Plus aux
forêts, il n'est pas là. Si le ministère de
l'Énergie et des Ressources développe des politiques
spécifiques à la forêt, elles vont s'appliquer à
tout le monde.
M. Picotte: Je comprends que vous n'avez pas d'objection à
ce que certains programmes soient administrés par d'autres
ministères, que ce soit le ministère de l'Énergie et des
Ressources, mais le type qui sera reconnu producteur agricole pourra
bénéficier, au point de départ, des politiques du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Je
pense que c'est important de le préciser.
Le Président (M. Boucher): M.
Tremblay.
M. Tremblay (Bertrand): Je voudrais quand même souligner
qu'on semble s'orienter surtout sur les questions de subventions. Je pense que
les producteurs de bois ont d'autres intérêts que la question des
subventions. On semble discuter passablement de cette question et, de la part
du gouvernement, cela semble être une inquiétude. Il ne faut pas
oublier qu'à l'intérieur de notre syndicalisme agricole on
travaille aussi, au point de vue social, au niveau de la personne, en ce sens
qu'on a plusieurs choses qu'on défend à l'intérieur. On
n'a qu'à regarder, par exemple, chez les producteurs de bois, la
question de la taxation, indirectement, sans tenir compte des 70%, la
façon dont ils sont taxés, la loi de la CSST. Il y a
différents points comme cela qu'on défend au sujet des
producteurs de bois. Ils ont des intérêts à être
membres, parce qu'ils auront leur place pour pouvoir défendre leurs
intérêts par rapport à cela et qui ne demandent pas
nécessairement de l'argent supplémentaire au gouvernement. C'est
dans ce sens qu'il faut interpréter cela, aussi.
M. Picotte: Cela semblait être une inquiétude dans
votre mémoire même; c'est pour cela que je le souligne. Cela n'a
pas été souligné par nous. J'ai pris ce qui était
écrit dans votre mémoire et je vous ai posé des questions
face à cela.
M. Proulx (Jacques): Ce n'était pas une inquiétude
pour nous. Seulement, on savait que cela allait être une
inquiétude pour des gens, alors, on a essayé de l'exprimer
avant.
M. Picotte: Je voulais vous le faire préciser. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Considérant les services innombrables que
l'UPA rend aux cultivateurs et aux éleveurs, quels sont les
avantages
que les producteurs forestiers pourraient retirer de cette union? Quels
sont les services que vous leur offrez ou que vous leur offririez, dans un
premier temps?
M. Proulx (Jacques): Je ne sais pas si vous voulez qu'on commence
à faire l'énumération des avantages, mais je peux vous
répondre rapidement que déjà ils retirent tous les
avantages qu'on peut leur donner. Ils sont là, ils sont disponibles. Je
pense que M. Bertrand en a soulevé un certain nombre, j'en ai
soulevé un certain nombre tout à l'heure. Par les groupements
forestiers, par différentes autres choses, ils font déjà
partie assez intégrante de cela sans pouvoir y participer. Je pense
à la CSST qu'on a mentionnée, à la question
d'assurance-chômage, du travail au niveau de certaines lois
d'assurance-chômage, de toute la mise en marché, qui font qu'ils
en profitent à l'heure actuelle et ils n'ont pas le droit d'être
des gens qui participent à part entière à
l'intérieur de cela. C'est pour cela qu'on veut qu'ils soient reconnus.
Ce n'est pour aucune autre raison. On pourrait ajouter quels services on leur
rend. Ces gens arrivent à différents paliers de l'organisation
agricole et n'ont pas voix au chapitre parce que la loi nous défend de
leur laisser avoir voix au chapitre.
M. Dupré: Est-ce que ce serait possible de savoir quel est
le budget total de l'UPA, y compris la centrale, les autres
fédérations et les syndicats, y compris également les
fédérations spécialisées? Combien avez-vous
d'employés à l'UPA?
M. Proulx (Jacques): Le budget de l'UPA lui-même, c'est
jamais une cachette, c'est ouvert continuellement. Mais il faudrait
séparer tout cela, ils ont chacun leur budget autonome. Toutes les
spécialités ont chacune leur budget; ensuite, l'UPA
générale a son budget. Je n'ai pas d'objection pour l'UPA
générale, c'est que vous avez autant de budgets...
M. Dupré: Mais, comme président...
M. Proulx (Jacques): ... que vous avez de
fédérations affiliées.
M. Dupré: Comme président, est-ce que vous avez
tout de même une idée globale afin de me situer un peu dans le
décor?
M. Proulx (Jacques): C'est aux environs de 3 000 000 $, le budget
syndical de l'UPA.
M. Dupré: La centrale seulement, cela? M. Proulx
(Jacques): La centrale, oui.
M. Dupré: Maintenant, combien d'employés avez-vous
à l'UPA?
M. Proulx (Jacques): Là, il va falloir vous
disséquer tout cela, parce que c'est comme des statistiques, on va leur
faire dire ce que l'on veut. On a différents secteurs à
l'intérieur de cela. Seulement pour vous le donner rapidement, prenez le
secteur de La Terre de chez nous, il va falloir disséquer cet ensemble.
Je peux bien vous dire qu'on a 300 employés chez nous, sauf que toutes
nos spécialités, c'est nous qui administrons les employés,
ainsi de suite, qui relouons les employés aux spécialités.
Je n'ai pas d'objection à ce qu'on mette sur la table tous les chiffres.
C'est parce que vous donnez cela uniquement, vous dire: On a cela de budget
syndical...
M. Dupré: M. le Président, je pense que, pour les
membres de la commission parlementaire de l'agriculture, ce ne serait pas
mauvais même si cela peut prendre quelque temps avant qu'on ait ces
chiffres ou ces données. Je pense que ce serait important pour nous de
voir cela. Naturellement, je ne vous demande pas cela ce matin, à
brûle-pourpoint, je sais que cela peut être complexe.
M. Proulx (Jacques): On va vous le donner, M. le
Président. Jean-Claude va prendre les chiffres, si vous le
permettez.
M. Blanchette: D'accord. Je suis en mesure de vous le donner.
D'ailleurs, si vous recevez La Terre de chez nous, vous allez recevoir cette
semaine le numéro spécial de l'inauguration de la maison et vous
allez retrouver quelques chiffres là-dessus en page 8. Globalement, au
niveau provincial, on a 225 employés. Cela se répartit à
peu près comme suit: 60 permanents travaillent à l'UPA et
à ses services, une quarantaine de permanents travaillent dans les
services communs qui sont surtout l'imprimerie et l'informatique et vous avez
120 permanents qui sont au service des fédérations
spécialisées. Cela, c'est pour le niveau provincial. La
compilation pour l'ensemble des régions, elle n'est pas faite et elle
n'est pas disséquée par services autofinancés, mise en
marché et section syndicale. Je n'ai pas les données pour
l'ensemble des régions mais ce sont celles du provincial.
M. Dupré: Est-ce que les fédérations
spécialisées sont comprises là-dedans?
M. Blanchette: Oui. Les 120 personnes qui sont au service des
fédérations spécialisées, c'est du personnel de
l'UPA, mais complètement au service des fédérations
spécialisées au niveau provincial. On a actuellement 16
fédérations spécialisées
affiliées.
M. Dupré: Les bureaux régionaux?
M. Blanchette: Je n'ai pas les données pour les
régions.
M. Dupré: Combien y a-t-il de régions?
M. Blanchette: On a 16 fédérations
régionales, 14 secrétaires régionaux.
M. Dupré: Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Garon: Moi, si je relis la question du bois, vous dites: "Nous
recommandons donc que soit reconnu producteur agricole une personne dont la
production forestière mise en marché, est d'une valeur annuelle
d'au moins 3000 $." Donc, une production effective de 3000 $. Ce simple
critère est de nature à placer les producteurs forestiers sur le
même pied que leurs confrères agriculteurs. "Nous recommandons, de
plus, que la loi inclue également dans la définition du
producteur agricole les producteurs de bois qui ont un plan de gestion en
commun ou privé reconnu et un potentiel de mise en marché annuel
d'au moins 3000 $." Pas nécessairement une mise en marché, mais
un potentiel.
Si on décortique cela un peu, actuellement, on me dit que le bois
vaut à peu près 50 $ à 52 $ la corde, mettons 50 $. Cela
veut dire que, pour faire 3000 $, cela prend 60 cordes. Personne ne va
contester cela. Maintenant, on dit que le quota de l'allocation qui est
émis par l'Office des producteurs de bois, c'est un quota qui dit
jusqu'à deux cordes à l'acre.
M. Filion: Cela dépend des tarifs de mise en
marché.
M. Proulx (Jacques): Juste pour corriger tout de suite. Cela
dépend des régions, des possibilités de production des
différentes régions. Cela peut jouer de deux ou même d'une
demi-corde à l'acre à cinq cordes à l'acre.
M. Garon: Oui.
M. Proulx (Jacques): II y a tellement de
variétés.
M. Garon: Tenant compte de cela, on peut dire, autour de
deux.
Une voix: C'est le maximum.
M. Proulx (Jacques): Mettez-en pas plus!
M. Garon: Ce qui veut dire, à ce moment, que, pour
atteindre 3000 $ de potentiel, quelqu'un qui serait propriétaire de 30
acres aurait un potentiel de mise en marché d'au moins 3000 $.
M. Proulx (Jacques): Écoutez, M. le ministre. Ce ne sont
pas des critères fixés par l'UPA, c'est fixé par ceux qui
s'occupent véritablement du bois. C'est l'aménagement. À
l'heure actuelle, on dit au Québec: Pour respecter ce qu'on demande,
cela demande un boisé d'environ 200 acres. Je ne te parle pas d'entrer
une année, là tu coupes et tu y réponds. Quand on parle de
possibilité de mise en marché, cela prend environ 200 acres.
C'est calculé par des gens, les ingénieurs forestiers à
partir de l'aménagement fait à l'heure actuelle, depuis un
certain nombre d'années, tout de même, au Québec. (12 h
30)
M. Garon: Cela veut dire que, pour être reconnu, il
faudrait avoir un potentiel de mise en marché d'au moins 3000 $.
Quelqu'un qui est propriétaire de 200 acres, c'est-à-dire deux
lots, automatiquement a un potentiel de mise en marché d'au moins 3000
$.
M. Proulx (Jacques): C'est cela.
M. Garon: Combien y a-t-il de producteurs forestiers ou de
propriétaires qui ont deux lots? En tout cas, ce n'est plus 7000
à 10 000. Le chiffre est beaucoup plus grand à ce moment.
M. Blanchette: C'est parce qu'on lie les deux conditions. Il faut
que la personne ait le potentiel de mise en marché, mais la
première condition est qu'il ait aussi un plan reconnu de gestion, soit
dans un groupement commun ou privé, et un potentiel de mise en
marché, il faut mettre les deux.
M. Garon: Ah, bon!
M. Blanchette: Dans un premier temps, c'est celui qui met en
marché pour 3000 $.
M. Garon: Oui.
M. Blanchette: Dans un deuxième temps, c'est celui qui a
un plan de gestion commun ou privé et qui a un potentiel de 3000 $ par
année de mise en marché.
M. Garon: Si l'on dit un plan de gestion en commun, alors un
groupement forestier, c'est facile à identifier, mais un plan de gestion
privé reconnu, cela est plus compliqué. Cela rejoindrait qui
exactement quand on dit un plan de gestion privé reconnu et un potentiel
de mise en marché annuel d'au moins 3000 $?
M. Blanchette: M. le Président, pour répondre un
peu à votre question, le propriétaire de boisé
privé qui a un plan de gestion individuel, ce sera le gars, demain
matin, qui va avoir investi 1000 $ à 2000 $ de salaire à un
ingénieur forestier pour faire tracer son plan de gestion. Si un
propriétaire de boisé est assez sérieux pour investir
quelque mille dollars pour faire tracer un plan de gestion, je pense qu'il va
le respecter. Nous disons: Ce sont des gars sérieux, ces gens-là
et ils veulent se faire reconnaître comme producteurs agricoles.
Cela vous inquiétait tantôt; vous vouliez savoir de quelle
manière ils allaient respecter leur plan dans ces cas. Un gars qui sort
de l'argent de sa poche pour se faire tracer un plan de gestion,
réellement cela lui coûte quelque mille dollars, selon
l'étendue des lots qu'il peut avoir. Cela veut dire, à ce moment,
s'il prend la peine de débourser de l'argent, qu'il va respecter son
plan de gestion. Mais à l'intérieur aussi des contingents qu'on
émet, automatiquement aussi, ils sont obligés de les respecter,
les plans de gestion, vu que le marché n'est pas là.
M. Proulx (Jacques): M. le Président, remarquez c'est
juste pour éclaircir un peu plus. Quand on parle de possibilités,
particulièrement dans le cas des groupements forestiers, on s'engage
pour 15 ans dans un groupement forestier où il est fort possible que,
pendant un certain nombre d'années, même s'il y a des
possibilités immenses, il n'y ait pas de coupe. On ferait
véritablement un aménagement forestier. Alors, il peut bien
arriver qu'on coupe une, deux ou trois fois, ce qui va donner une année
où il va y avoir une coupe peut-être bien pour 25 000 $ mais c'est
parce qu'on aura aménagé pendant un certain nombre
d'années. C'est pour cela qu'on a essayé de mettre à
l'intérieur vente ou possibilité de mise en marché et
qu'on rattache tout cela au groupement forestier, etc.
M. Garon: C'est là que cela prend toute sa dimension,
c'est-à-dire qu'à ce moment vous dites, au fond, que tous les
producteurs de bois qui sont dans un plan de gestion en commun, qui ont un
potentiel de 3000 $ soient reconnus producteurs agricoles, cela veut dire une
obligation de payer une cotisation syndicale qui, d'après les votes pour
cette année, devrait monter à 145 $ par année. Cela
signifie à ce moment-là, que, même si les gens ne vendent
rien pendant 15 ans, chacun des membres du groupement serait obligé de
payer la cotisation syndicale.
M. Proulx (Jacques): M. le Président, est-ce que le
ministre a dit que notre cotisation montait à 145 $ par
année?
M. Garon: Je ne le sais pas. Une voix: II nous l'apprend.
Une voix: Je ne sais pas s'ils sont d'accord avec cela.
M. Garon: Je pense qu'il y a un projet actuellement pour la
monter à 145 $, au mois de décembre.
M. Proulx (Jacques): Dans cinq ans.
M. Garon: Dans cinq ans. Actuellement, c'est de combien?
M. Proulx (Jacques): 110 $.
M. Garon: 110 $, cela voudrait dire que chacun des membres du
groupement forestier, qu'il vende ou qu'il ne vende pas de bois, sera
obligé de payer 110 $ de cotisation.
M. Proulx (Jacques): S'il y a un potentiel de 3000 $ de mise en
marché. Ce n'est pas le président de l'UPA ou un des
administrateurs; c'est le groupement forestier avec ses ingénieurs
forestiers qui va déterminer si le boisé de M. X a un potentiel
de 3000 $ par année; non pas pour un an, mais par année, parce
que - je vous le rappelle encore - c'est un engagement de 15 ans à
l'intérieur de ça.
M. Garon: II y a quelque chose que je constate. C'est que, parmi
les 43 organismes ou individus qui ont soumis des mémoires à la
commission parlementaire, aucun ne représente le milieu, sauf l'Union
des producteurs agricoles, qui englobe tous les groupes. Nous avons des
mémoires qui proviennent des syndicats de base et de syndicats
spécialisés, mais aucun mémoire provenant d'un syndicat de
producteurs de bois ou d'un groupement forestier n'a été
présenté. Comment doit-on interpréter cette
chose-là?
M. Filion: Je pense, monsieur...
M. Garon: Vous voudriez qu'on reconnaisse les producteurs
forestiers pour que vous les représentiez. Mais nous n'avons eu aucune
représentation, dans tous les mémoires que nous avons
reçus venant des producteurs de bois.
Le Président (M. Boucher): M. Filion.
M. Filion: M. le Président, M. le ministre, si vous
regardez nos structures, la Fédération des producteurs de bois
regroupe les 15 syndicats et offices qui couvrent l'ensemble du Québec.
À l'intérieur des syndicats et offices, chaque groupement
forestier du Québec a un siège au conseil
d'administration des syndicats et offices au niveau des régions.
Cela veut dire que, depuis huit ans, les groupements forestiers étaient
intégrés à l'intérieur des résolutions
adoptées à la Fédération des producteurs de bois du
Québec. Je le répète, encore une fois, la pression la plus
forte pour être reconnus producteurs agricoles au niveau du potentiel
provient d'eux. Alors, vous les trouvez à l'intérieur de nos
structures. Par exemple, dans le Bas-Saint-Laurent, nous avons neuf groupements
forestiers et nous avons neuf présidents qui siègent au conseil
d'administration du Syndicat des producteurs de bois. Cela veut dire qu'ils
sont en mesure de faire valoir leurs opinions. Cela c'est un exemple pour une
région.
M. Garon: Mais il aurait peut-être été bon
que ces organismes, qui représentent les producteurs de bois uniquement,
viennent devant la commission parlementaire pour dire: Nous souhaitons
être reconnus comme producteurs agricoles en tant que producteurs de
bois, avec toutes les implications que cela suppose. Personne ne s'est
présenté à ce sujet. Cela m'inquiète un peu. Je me
dis que, s'ils l'avaient tant voulu, ils seraient venus et nous aurions pu
causer ensemble.
M. Proulx (Jacques): Non, mais vous connaissez nos structures, M.
le ministre?
M. Garon: Je les connais.
M. Proulx (Jacques): Alors, vous savez très bien que dans
le cas du bois - parce qu'on parle particulièrement du bois - M. Filion
est le président de la Fédération des producteurs de bois,
qui regroupe tout ce monde-là. Ce matin, je regarde les
députés et je me dis qu'ils représentent les gens de leur
comté et qu'ils n'ont pas besoin d'amener tout le monde de leur
comté avec eux. Alors, je pense que de par nos structures,
honnêtement... Il est bien certain qu'il aurait pu vous arriver 75
lettres disant: Nous, le Syndicat des producteurs forestiers de tel endroit,
appuyons, etc., comme un certain nombre l'ont fait. Cela est certain. Mais je
pense qu'il est facilement vérifiable qu'à toutes les
assemblées générales des syndicats forestiers, des
offices, depuis des années - personnellement j'y ai assisté - on
dit et redit... On n'y est pas allé à la légère.
J'ai eu connaissance qu'on a étudié vraiment sous tous les
aspects les avantages et les désavantages à être à
l'intérieur de ça ou non, et ainsi de suite. Et la réponse
a été très positive pour tous.
Je reviens encore une fois aux groupements forestiers dont ces gens sont
très heureux de faire partie par l'intermédiaire de leurs offices
ou de leurs syndicats locaux. Mais cela fonctionne ensemble. Ils ont voix au
chapitre au niveau de la région, mais on les exclut à d'autres
niveaux parce qu'ils ne sont pas reconnus producteurs agricoles.
M. Garon: Pour moi, M. le Président, ce n'est pas comme
ça. Je suis d'accord avec ce que vous dites. Je suis la personne la plus
encline à ce qu'il y ait des organismes représentatifs. Je
calcule que c'est ça qui fait avancer les choses, les organismes
représentatifs. Mais, il est nécessaire, je pense, de se demander
- je vois M. Babin de la Gaspésie - si ces producteurs forestiers, dans
des groupements forestiers en Gaspésie, sont d'accord pour payer, chacun
individuellement, une cotisation syndicale de 110 $ par année pour
être représentés de la façon dont vous le
mentionnez.
Je vais vous dire une chose: S'ils sont d'accord, je serais le premier
à dire oui. Comprenez-vous? Mais il faut d'abord être sûr
que les gens le souhaitent. L'UPA, dans le temps, a dû démontrer
qu'elle était représentative et les gens voulaient qu'elle
représente les agriculteurs. Pour différentes raisons, le cas des
producteurs forestiers n'a pas été résolu à ce
moment. Je trouve cela un peu curieux quand même que, dans les
différents organismes, les différents syndicats forestiers ou
encore les regroupements forestiers, tous ces gens ne sont pas venus
manifester. S'ils y avaient assisté eux-mêmes, plutôt que
d'autres personnes, et qu'ils avaient parlé sur la façon dont ils
souhaitaient cela, on aurait pu leur poser des questions pour savoir ce qu'ils
avaient demandé exactement à leurs membres et tout cela. Je
trouve cela drôle qu'ils n'aient pas fait cette démarche.
Le Président (M. Boucher): M. Filion.
M. Filion: M. le ministre, à l'intérieur des
structures régionales de l'UPA, les organismes de plans en commun sont
représentés. C'est la réponse à la première
question. La deuxième question: Pourquoi ne sont-ils pas ici? Le 1er
avril, vous vous en souvenez, on a fait le décomptage, il y avait
environ 80% des producteurs de bois qui étaient présents au petit
Colisée et faisaient partie d'organismes de plans en commun. On les a
amenés cette fois.
M. Garon: J'ai remarqué cela qu'ils étaient
là.
M. Filion: Vous avez remarqué cela?
M. Garon: J'ai remarqué qu'il y avait plus de gars de bois
que de gars de porc.
M. Filion: Alors, vous vous êtes aperçu qu'ils
étaient avec l'UPA.
M. Garon: C'est pour cela que je vous dis que, a priori,
j'ai...
M. Filion: On n'est pas pour les amener toutes les fois; ce
matin, la salle n'aurait pas été assez grande.
M. Garon: Non, mais sauf que, lorsque vous parlez dans vos
structures régionales, comme dans les assemblées
générales régionales, il y a des producteurs laitiers, des
producteurs de porc, des producteurs de toute nature et des producteurs
forestiers. Je n'aimerais pas que ce soient les producteurs laitiers d'une
région qui décident pour les producteurs de bois qui doit les
représenter. Il faudrait que cette représentation soit faite par
les producteurs de bois eux-mêmes; c'est dans ce sens.
M. Filion: Ils ont fait exactement cela aujourd'hui, comme les
producteurs laitiers, les producteurs de porc, les producteurs de boeuf, les
producteurs d'oeufs, les producteurs de volaille. Les producteurs de bois sont
regroupés, ils font la même action que tous les autres exactement.
Je vais vous donner ce qu'il peut y avoir d'aberrant dans cela.
Dans un endroit, à l'assemblée générale
annuelle des producteurs, ceux-ci, même s'ils ne sont pas producteurs
agricoles, sont présents et viennent discuter. Celui qui propose quelque
chose qui est plein d'allure dit: Je ne peux pas le proposer, je ne suis pas
producteur agricole. Est-ce qu'il y en a un qui pourrait proposer ce que
j'avance? Ils ne peuvent pas participer à part entière. Ils
participent...
Une voix: Indirectement.
M. Filion: ... indirectement, sauf qu'ils ne peuvent pas tout
suivre le processus, aller au bout et participer le plus activement possible.
Ce ne sont pas les producteurs de lait qui décident pour eux à
l'intérieur de cela; ce sont les producteurs de bois par leurs
organismes et la Fédération des producteurs de bois.
Gérard, peut-être.
M. Gras: M. le Président, si vous le permettez, j'ai
été représentant de l'UPA à l'assemblée
annuelle de la Fédération des producteurs de bois et l'une des
principales résolutions débattues, c'était l'inclusion des
producteurs de bois comme producteurs agricoles. C'était une de leurs
principales résolutions.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Avec votre permission, le député de
Maskinongé voulait poser une question. Je voudrais conserver mon droit
par la suite.
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député de Maskinongé.
M. Picotte: Est-ce qu'à vos réunions annuelles il
n'a pas été assez clairement défini que les producteurs de
bois voulaient adhérer. Il ne faut pas mêler cela. Si on approche
les producteurs de bois dans le contexte actuel en leur disant: Êtes-vous
d'accord pour payer une cotisation durant 15 ans sans rien retirer, je crois
bien qu'il n'y a pas tellement de gens qui seront d'accord avec cela, 110 $ par
année. Ce n'est pas cela qui est la question. Je pense bien que ce n'est
pas cela qui doit être la préoccupation, parce que tout le monde
va devenir producteur agricole sans savoir si dans un an, cinq ans, cela va
produire, parce qu'il connaît son produit aussi et il sait combien cela
prend de temps pour le rendre à bonne fin. Il sait très bien
qu'en devenant producteur agricole, il va avoir des obligations avec cela.
Mais, je pense - c'est le sens de ma question - que cela n'a pas
été assez clairement défini dans vos congrès
à l'UPA, parce que j'y suis allé à quelques reprises et je
pense qu'on en a discuté adéquatement.
M. Proulx (Jacques): Depuis sept, huit, neuf ans, on a
regardé véritablement la question sous tous les sens. Je viens
juste de vous le dire: On a regardé les avantages, on a regardé
les désavantages, on a regardé en tant qu'individu, en tant que
collectivité et ainsi de suite ce que cela nous rapporterait. Puis,
à partir de cette discussion, ils sont arrivés depuis les trois
ou quatre dernières années avec une décision bien ferme
à l'intérieur de leur congrès, disant: Nous autres, on
veut être reconnus producteurs agricoles à partir de tels
critères. Ces critères, on ne les a pas mis sur papier ou
lancés au hasard de même. Les gens en ont pris conscience, ils en
ont discuté et ils ont dit. Cela répond aux besoins; même
s'il y a toujours des choses qui peuvent être boiteuses à
l'intérieur de quelque chose, cela nous semble répondre le mieux
possible à l'heure actuelle. (12 h 45)
M. Picotte: Je crois que cela répond aussi à la
question du ministre automatiquement.
M. Garon: Non.
M. Picotte: Ce n'est pas tout le monde qui est là, comme
ce n'est pas tout le monde de nos comtés qui est ici à la table
lorsqu'on prend la parole, mais on essaie de représenter le plus
possible l'ensemble des intérêts de nos gens. C'est certain que
cela ne peut pas être possible, mais je crois que,
lorsque c'est discuté comme cela l'a été, c'est
assez clair. En tout cas, dans mon esprit.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Le député de Maskinongé a le
raisonnement un peu court, c'est peut-être cela. Lorsque arrive une
assemblée de producteurs de bois à l'Union des producteurs
agricoles, essentiellement, ce sont des cultivateurs qui font du bois qui sont
présents, mais est-ce que ce sont...
M. Proulx (Jacques): Non, M. le ministre.
M. Garon: Laissez-moi finir. Je veux savoir si les producteurs de
bois sont des producteurs de bois exclusivement. Est-ce qu'il y a beaucoup de
gens qui sont des producteurs de bois et qui ne font pas d'agriculture, qui
font juste du bois? On peut considérer la sylviculture - la culture de
la forêt - comme une forme d'agriculture. Je n'ai rien contre cela; mais,
ce que je veux dire, c'est ceci: Est-ce qu'il y a des producteurs forestiers,
par exemple, qui sont uniquement des producteurs forestiers, qui ne font aucune
agriculture, qui font juste du bois, eux? Je ne pense pas qu'ils soient membres
de vos fédérations régionales.
M. Proulx (Jacques): Ils peuvent être membres des Offices
de producteurs de bois; par le fait même, ils siègent.
M. Garon: D'accord, ils sont membres des offices. C'est cela que
je veux dire. Il n'y pas un office qui nous a fait une représentation.
Il n'y a personne qui représente exclusivement les producteurs
forestiers, dans ce sens qu'il n'y a pas de producteurs forestiers en tant que
tels, sans être agriculteurs, qui ont fait des représentations
dans ce sens. Je comprends que vous puissiez rejoindre les gens qui sont
agriculteurs et producteurs de bois, mais les gens qui sont exclusivement
producteurs de bois, je ne trouve pas qu'on a de la représentation dans
ce sens.
M. Proulx (Jacques): Non, mais regardez. Ces gens font partie de
leur office. Leur office fait partie de la fédération, est
affilié à la fédération. Il y a des producteurs qui
sont administrateurs -c'est dans toutes les régions - qui sont
uniquement des producteurs de bois, qui sont même dans les
exécutifs de leur fédération, de leur office
régional, puis qu'ils administrent, mais ils ne peuvent pas
siéger à l'UPA. Ils ne peuvent pas siéger parce que
à l'UPA, ce sont les producteurs agricoles qui siègent. Ils ont
émis leurs opinions. Ils ont vraiment fait valoir ce qu'ils voulaient
à l'intérieur de cela, parce que ce sont des affiliations. Ils
sont administrateurs de leur office, l'office est affilié à la
fédération. À un moment donné, il faut qu'ils
s'arrêtent quelque part, parce qu'ils n'ont plus le droit d'aller plus
loin.
M. Garon: Quelle forme de consultation - il y a eu le
référendum en 1972-1973 -devrait être faite pour que les
producteurs de bois puissent se prononcer sur le fait qu'ils veulent être
représentés par l'Union des producteurs agricoles?
Peut-être qu'il y en a aussi qui font des représentations parce
qu'ils aimeraient mieux être représentés uniquement comme
producteurs forestiers? C'est une chose qui se soulèverait dans un cadre
comme celui-là. Avez-vous envisagé une forme de consultation qui
pourrait indiquer que les producteurs de bois veulent être
représentés de la façon dont vous le demandez par l'Union
des producteurs agricoles?
M. Filion: Si le deuxième vice-président veut
répondre.
Le Président (M. Boucher): M.
Tremblay.
M. Tremblay (Bertrand): Tout le monde sait que je demeure dans
une région où on est vraiment entouré de bois. J'ai
moi-même le parc national à traverser. Il est bien sûr que
nous avons des producteurs de bois chez nous. Chaque année, en tant que
président de la fédération régionale, j'assiste
à la réunion des producteurs de bois à laquelle sont
représentés des producteurs agricoles reconnus. Et probablement
80% des autres qui ne sont pas reconnus comme producteurs agricoles, mais qui
sont des producteurs de bois assistent à la réunion du syndicat
des producteurs de bois. Cela fait plusieurs années qu'on leur a
expliqué ce que cela comportait, parce que c'était une de leurs
demandes, d'être reconnus producteurs agricoles. On a eu plusieurs
occasions de leur expliquer les avantages comme les inconvénients.
De mémoire - le président du syndicat est justement ici
dans la salle, il pourrait confirmer mes affirmations - on n'a jamais
rencontré de personnes qui étaient contre dans les
réunions. Cette année, il y avait 200 producteurs de bois
à la réunion du syndicat. Cela a atteint l'unanimité. Tout
le monde a dit. On veut être reconnus comme producteurs agricoles pour
différentes raisons, pour pouvoir défendre des problèmes
auxquels on a à faire face. En partant de cela, je pense qu'on peut
affirmer qu'à l'intérieur de nos structures la résolution
qui est venue du syndicat est allée à la Fédération
des producteurs de bois. C'est par ce canal que
les producteurs de bois se sont prononcés. Cela a
été comme cela dans chacune des régions. Si des
producteurs avaient été contre, ils auraient eu l'occasion de
nous le dire à plusieurs reprises. On ne chercherait pas à les
intégrer à l'intérieur de notre mouvement, parce qu'on
sait qu'on aurait les problèmes, de toute façon, après.
Très majoritairement, les producteurs de bois ont eu plusieurs occasions
de se prononcer. Je comprends que cela ne répond pas à la
question de M. le ministre: Pourquoi n'ont-ils pas envoyé des
résolutions? C'est parce qu'ils étaient sûrs que, par le
canal de leur syndicat et de leur fédération, ils étaient
défendus. C'est dans ce sens qu'il faut interpréter cela.
Le Président (M. Boucher): M. Filion.
M. Filion: Pour les besoins de la commission parlementaire, si on
vous expédiait les résolutions de toutes les régions et de
la fédération depuis quelques années, depuis huit ou dix
ans, est-ce que cela aiderait? On aurait un dossier assez volumineux.
M. Tremblay (Bertrand): M. le ministre, j'aurais une question
à poser. Les groupements forestiers ont-ils été
invités comme les syndicats de base et les fédérations
régionales à présenter un mémoire?
M. Garon: C'est évident que non. Cela a été
une demande qui a été faite à la commission parlementaire.
Cela a été rendu public qu'il y avait une commission
parlementaire qui portait là-dessus, sauf qu'il y a eu des
mémoires d'appui au mémoire de l'UPA venant de différents
organismes. Il y a 43 mémoires d'appui. La Fédération de
l'UPA du Bas-Saint-Laurent, le Syndicat de Châteauguay Valley, la
Fédération de l'UPA de Lanaudière, le Syndicat des
fermiers de Montmagny, le syndicat de l'UPA de Beauce-Nord. Il y a toutes
sortes d'organismes comme ceux-là, mais il n'y en a aucun qui se
réfère véritablement à des producteurs de bois en
tant que tels. Si pour faire valoir le point on a senti le besoin d'envoyer 43
mémoires d'appui au mémoire de l'UPA, entre autres un de la
Fédération des producteurs de porc, etc., mais qu'on n'a pas
senti le besoin de faire la même chose avec les producteurs de bois qui
sont les principaux touchés par la demande de l'UPA, je ne le comprends
pas trop.
M. Proulx (Jacques): C'est qu'il n'y a aucun endroit où il
y a uniquement des producteurs de bois qui sont regroupés. Il n'y en a
pas. Je vous l'ai dit tout à l'heure, ils sont regroupés à
environ 80% à l'intérieur de ces différents organismes. Il
n'y en a pas.
Les producteurs de bois ne peuvent pas le faire comme groupe; des
individus auraient pu en envoyer parce que c'est intégré à
l'intérieur de cela. Je voudrais aussi rappeler qu'à
l'intérieur de notre comité on avait étudié toute
la question d'être reconnu comme producteur agricole. On avait à
ce comité des producteurs de bois et je suis à peu près
persuadé, mais après vérification, qu'il y en avait un en
particulier qui est uniquement un producteur de bois - c'est sous
réserve que je vous le dis - et qui a siégé à ce
comité, et il était d'accord avec les décisions et le
rapport du comité. Tout cela pour dire que, si c'est un organisme qui
regroupe uniquement des producteurs forestiers, cela va être impossible
parce que cela n'existe pas au Québec à l'heure actuelle.
Le Président (M. Boucher): M.
Blanchette.
M. Blanchette: Pour en revenir à l'argumentation plus
globale qui justifie pourquoi les producteurs de bois eux-mêmes demandent
d'être reconnus producteurs agricoles et pourquoi il apparaîtrait
normal qu'ils le soient de la part de l'union, d'abord, il faut se rappeler que
la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, avec laquelle on
travaille, reconnaît le bois comme étant un produit agricole. La
Loi sur les producteurs agricoles, que vous êtes en train
d'étudier et d'amender, reconnaît elle-même le produit de la
forêt comme étant un produit agricole. Cela, c'est clair dans la
loi; la loi reconnaît le produit de la forêt comme étant un
produit agricole.
Le problème, c'est lorsqu'on veut reconnaître le producteur
agricole. On reconnaît celui qui fait un peu de production agricole et du
bois, mais on ne reconnaît pas celui qui fait uniquement du bois. Dans la
mesure où on est capable de cerner une définition qui nous
permette de regrouper les producteurs de bois pour qui c'est avantageux dans
une association professionnelle, cela nous apparaîtrait seulement une
façon de corriger l'inéquité qui existe actuellement dans
les différentes lois concernant le statut du producteur de bois.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Par souci d'esprit
démocratique et pour suppléer au manquement décelé
par le ministre, est-ce qu'il y aurait possibilité d'organiser une
consultation ou un référendum ou je ne sais trop quoi
auprès des producteurs eux-mêmes? C'est une hypothèse un
peu naïve, peut-être. C'est parce que, là, on serait
sûr qu'on parle au nom des producteurs. Est-ce que cela a
été envisagé ou est-ce qu'il y aurait des
avantages ou des inconvénients à cela?
M. Proulx (Jacques): M. le Président, à cette
question, je vais dire que je ne peux pas voir ce que vous allez obtenir de
plus parce que, déjà, tous ces gens ont été
consultés à plusieurs occasions, comme on vous l'a dit. La plus
belle preuve que vous ayez, c'est qu'il n'y a personne ici aujourd'hui pour
nier, contester la demande d'être intégré. C'est la plus
belle preuve. Pourtant, tout le monde est au courant. D'ailleurs, une bonne
partie des gens ont été invités à participer et
à déposer des choses. Les autres l'ont lu dans les journaux et
tout cela. Ils ne sont pas ici aujourd'hui. C'est la plus belle preuve, parce
que ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on en parle; cela fait des années,
huit ans ou neuf ans qu'on en parle. Cela s'est précisé. On peut
bien nous dire que personne n'a déposé d'appui, mais personne n'a
déposé de contestation. Je pense que c'est la plus belle
consultation que vous puissiez faire.
Ensuite, il y a toute la question des 125 000. Comment allez-vous
commencer à consulter, à partir de quels critères? Il va
falloir que vous commenciez par "démembrer" ceux qu'on va
considérer. On a aussi soulevé ce point: Est-ce qu'on fait voter
tout le monde ou bien seulement ceux qui devraient voter? Ce premier exercice,
il faudra qu'il se fasse. Ensuite, lorsque vous aurez déterminé
cela, vous ferez voter ceux...
M. Mathieu: M. le Président, dans le moment, combien y
a-t-il de personnes regroupées dans les syndicats de producteurs de bois
chapeautés par la fédération? Peut-être que M.
Filion pourrait répondre à cela. Combien de producteurs?
M. Filion: Au Québec, qui sont couverts par les plans
conjoints, 125 000 producteurs.
M. Mathieu: Qui font automatiquement partie d'un syndicat
régional quelque part.
M. Filion: Quand je parle de 125 000 environ, ce sont ceux qui
sont couverts par les plans conjoints. Un plan conjoint couvre tous les
producteurs. Ceux qui sont membres des syndicats - on demande toujours que le
syndicat soit représentatif - ce peut être aux environs de 75%
à 80% dans leur région.
M. Mathieu: Tout cela fait 125 000. M. Filion: Oui.
M. Mathieu: Et ceux qui sont couverts par l'Office des
producteurs, ce sont tous des producteurs qui ont mis en marché à
un moment donné?
M. Filion: Un plan conjoint couvre tous les producteurs de
bois.
M. Mathieu: Oui, d'accord. Mais quelle est la démarche
à suivre pour faire partie du syndicat?
M. Filion: Signer une carte d'adhésion.
M. Mathieu: II n'y a pas de cotisation à verser?
M. Filion: 1 $ de cotisation. M. Mathieu:
Annuellement?
M. Filion: De mémoire, il me semble, oui.
Une voix: Ce n'est même plus obligatoire.
M. Mathieu: C'est qu'à ce moment vous avez la liste des
membres sur le plan régional.
M. Filion: Chaque région a sa liste de membres.
M. Mathieu: N'y aurait-il pas moyen -c'est peut-être une
question naïve - comme vous avez la liste dans chacune de vos
régions, de faire la consultation? Moi, je suis assidûment dans ma
région toutes ces réunions de producteurs de l'UPA, de
producteurs de bois et il y a des gens qui nous disent: Je n'ai pas le choix
d'être membre du syndicat régional ou de ne pas l'être.
Donc, ce n'est pas vrai, ils ont le choix. Mais ils n'ont pas le choix, si je
comprends bien, d'être membres de l'Office des producteurs, ayant le
choix de ne pas être membres du syndicat, si je comprends bien.
M. Proulx (Jacques): Cela veut dire que dans n'importe quelle
production on a le choix d'être ou de ne pas être membre de la
fédération. On est couvert par la mise en marché, mais on
est libre d'adhérer ou pas au syndicat.
M. Mathieu: Sauf qu'à l'Office des producteurs,
automatiquement, il faut être membre si on expédie du bois.
M. Proulx (Jacques): Non, pas plus. On est couvert par l'office,
mais on n'est pas obligé d'être membre. Le produit est couvert par
l'office parce que le producteur fait de la mise en marché. L'office
couvre tout le bois qui est mis en marché.
M. Mathieu: Je comprends, mais je veux savoir... (13 heures)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, je m'excuse, il est 13 heures et la commission doit suspendre ses
travaux. Est-ce que les membres sont d'accord pour qu'on continue?
M. Mathieu: Non, je reviendrai.
M. Beauséjour: M. le Président, une question de
règlement. Quand vous avez nommé divers intervenants, à
l'article 3, c'est écrit "Fédération de l'UPA de
Saint-Hyacinthe (pour dépôt seulement) représentée
par M. Maurice Lapalme, président". Je suis allé vérifier
et c'est une lettre d'appui à l'organisme central qui a
été envoyée et qui ne paraît pas. Je ne sais pas
sous quel titre pourrait être inscrit ce document, mais il ne semble pas
que cela soit la Fédération de l'UPA de Saint-Hyacinthe.
M. Gagnon: Sur la question de règlement, on serait
peut-être mieux de suspendre les travaux jusqu'à 15 heures. C'est
cela la décision qui a été prise, vu l'importance du
sujet.
M. Beauséjoun M. le Président, est-ce que vous pourrez
vérifier?
Le Président (M. Boucher): On vérifiera, M. le
député d'Iberville.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 02)
(Reprise de la séance à 15 h 11)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! À la suspension de 13 heures, nous en étions au
mémoire de l'Union des producteurs agricoles. Je voudrais simplement
corriger certaines choses qui ont été dites ce matin. Concernant
la Fédération de l'UPA de Saint-Hyacinthe,
représentée par M. Maurice Lapalme, président, on doit
corriger: représentée par M. Jean-Yves Couillard,
président. Quant à M. Maurice Lapalme, il a
présenté un mémoire en son nom, comme président du
syndicat de Bagot. À la suspension, nous en étions aux questions.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je voudrais compléter.
M. Beauséjour: Est-ce que cela veut dire qu'on a aussi
changé le mémoire qui est indiqué 6M?
Le Président (M. Boucher): Disons que le mémoire de
M. Couillard portera le numéro 6M, au nom de la Fédération
de l'UPA de Saint-Hyacinthe alors que celui de M. Lapalme portera le
numéro 45M. M. le député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Bien, ce n'est pas compliqué.
M. Garon: Demande d'information.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Je voudrais demander au député de
Beauce-Sud s'il sera tout seul cet après-midi ou si le
député de Brome-Missisquoi viendra lui prêter main
forte.
M. Mathieu: M. le Président, le ministre doit savoir que
le député dont il vient de faire mention n'est pas membre de
cette commission.
M. Garon: De temps en temps, il vient.
Le Président (M. Boucher): Pas à ma
connaissance.
M. Garon: II vient et il s'empare du micro.
M. Mathieu: De la même manière, il y a souvent des
députés de l'autre côté qui ne sont pas membres de
la commission et qui y assistent. Cela peut arriver occasionnellement à
tous les partis politiques, j'ai l'impression. Est-ce que le ministre se sent
suffisamment informé pour que je puisse continuer?
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Nous étions, M. le Président, à
poser certaines questions. Voici la seule chose que je voulais demander
à M. Filion. On fait état dans le mémoire qu'il y a 125
000 producteurs de bois. C'est du plus petit au plus gros, j'imagine.
Peut-être l'avez-vous dit ce matin, mais cela m'a échappé.
Je voudrais savoir combien il y en a qui sont membres des syndicats
régionaux. Avez-vous une idée?
M. Filion: Aux environs de 35 000 à 40 000 qui ont
signé une carte d'adhésion.
M. Mathieu: Sur les 125 000? M. Filion: Sur les 125 000.
M. Mathieu: C'est très bien.
M. Filion: Je pourrais peut-être spécifier, M. le
Président, que ces 125 000 sont des propriétaires de
boisés et ne sont pas tous des gens qui mettent du bois en
marché. Il y a une distinction à faire entre les deux.
M. Mathieu: Mais j'imagine qu'ils ont un potentiel minimum?
M. Filion: Ils ont le potentiel de deux ou trois acres qui ne
sont pas utilisées, pour les loisirs ou n'importe quoi.
M. Mathieu: 35 000 à 40 000 membres, me dites-vous.
Auriez-vous une idée de la répartition géographique, M.
Filion? Je ne vous le demande pas précisément, mais, disons, dans
l'Estrie, dans le Bas-Saint-Laurent, dans la région de la Beauce ou sur
la Côte-Nord, ou dans l'Outaouais avez-vous une idée du
pourcentage? C'est dans le but de voir un peu la concentration.
M. Proulx (Jacques): Le document va vous le dire.
M. Filion: Alors, ici, le nombre de producteurs de bois, en 1981,
qui ont mis du bois en marché au Québec est de 27 569. Alors,
est-ce que vous tenez à le savoir par région?
M. Mathieu: J'aimerais cela parce que ça me semblerait
important de le consigner au procès-verbal.
M. Filion: La région de l'Abitibi-Témiscamingue a
200 producteurs. Dans la région du Bas-Saint-Laurent: 4000 producteurs.
Dans la région de la Beauce: 5000 producteurs. Est-ce que je vais trop
vite?
M. Mathieu: Non, ça va bien.
M. Filion: Dans la région de l'Estrie: 2221
producteurs.
M. Mathieu: Cela décline.
M. Filion: Dans la région de la Gaspésie: 2285
producteurs. Dans la région de Gatineau: 550 producteurs. Dans la
région de Labelle: 630 producteurs. Dans la région de La
Pocatière, la Côte-du-Sud: 4000 producteurs. Dans la région
des Laurentides: 708 producteurs. Dans la région de la Mauricie: 336
producteurs. Dans la région de Nicolet: 550 producteurs et dans la
région de Québec: 5355 producteurs. Dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean: 1734 producteurs. Ce qui fait un total de 27 569
producteurs qui ont mis du bois en marché en 1981. Ce sont les
dernières statistiques que nous ayons entre les mains.
M. Mathieu: De ce nombre, M. Filion, est-ce que la
majorité ou la totalité est membre des syndicats? Avez-vous un
moyen de contrôler cela?
M. Filion: On a un moyen de le vérifier un peu plus
auprès de chaque syndicat dans nos régions. Par exemple, dans la
région du Bas-Saint-Laurent, environ 68% sont membres par
adhésion. On peut dire qu'autour de 60% ont signé une carte
d'adhésion, en général.
M. Mathieu: Très bien, merci.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Des 300 membres de la Mauricie, avez-vous une
idée combien il y en a dans le comté de Maskinongé?
M. Picotte: Même s'il y en avait 3000, M. le
Président, pour prévenir le ministre, je suis quand même
d'accord avec cela.
Le Président (M. Boucher) M. le député de
Saint-Hyacinthe, vous aviez demandé la parole avant la suspension.
M. Dupré: Cela concerne les compagnies.
Le Président (M. Boucher) Vous retardez vos remarques.
M. Dupré: Cela se rattache tout de même ...
Le Président (M. Boucher) Est-ce qu'il y a encore des
questions au sujet des syndicats forestiers?
M. Mathieu: J'en aurais une supplémentaire pour M.
Filion.
Le Président (M. Boucher) M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: On parlait des 46 ou 47 regroupements forestiers.
Vous me disiez que dans votre région, dans le Bas-Saint-Laurent, chaque
regroupement a un délégué au Syndicat des producteurs de
bois, si j'ai bien compris?
M. Filion: C'est cela.
M. Mathieu: Est-ce la même chose partout?
M. Filion: Oui, c'est une politique générale
établie dans tout le Québec que les regroupements forestiers
soient représentés aux conseils d'administration des syndicats et
offices de chaque région pour planifier la mise en marché et
l'aménagement forestier en même temps. On ne peut pas
aménager la forêt sans planifier notre mise en marché.
M. Mathieu: Merci.
Le Président (M. Boucher) M. le
ministre.
M. Garon: Vous avez dit avoir 27 000 ou 35 000 membres?
M. Proulx (Jacques): 27 000 qui ont mis du bois en marché
en 1981.
M. Garon: Mais il y a 35 000 membres.
M. Filion: À peu près. On retrouve souvent des
producteurs qui font une mise en marché tous les deux ou trois ans.
M. Garon: Quelle est la cotisation payée par les 35 000
membres actuellement?
M. Filion: II n'y a pas de cotisation.
M. Garon: Comment pouvez-vous dire qu'ils sont membres? Comment
est-ce que cela fonctionne?
M. Proulx (Jacques): Ils signent une carte d'adhésion pour
être membres du syndicat. Ils vont payer la carte 1 $.
M. Filion: C'est la mise en marché.
M. Proulx (Jacques): Ensuite, ils vont payer un prix
élevé pour la mise en marché. C'est une autre affaire.
C'est un prix élevé pour la mise en marché.
Une voix: C'est cela.
M. Proulx (Jacques): Mais on peut savoir qu'ils sont membres
parce qu'ils ont signé des cartes, parce qu'ils en font partie et qu'ils
y travaillent.
M. Garon: Je comprends.
M. Blanchette: D'ailleurs, à ce sujet, la Loi sur les
producteurs agricoles précise que, tant qu'il y a une association
accréditée qui perçoit une cotisation à la source,
aucun producteur n'est tenu de verser une cotisation ou une adhésion
à quelque syndicat agricole que ce soit. C'est la loi qui l'exempte de
payer toute cotisation annuelle ou droit d'entrée.
M. Garon: J'ai une question à poser au
député de Beauce-Sud, s'il me le permet.
M. Mathieu: Posez-la si vous voulez.
M. Garon: Vous avez laissé entendre récemment -
j'ai vu cela dans les journaux -que vous aviez fait 600 visites chez les
agriculteurs de votre région. J'aimerais savoir si, au cours de ces 600
visites, il y a des gens qui vous ont parlé des représentations
que nous fait l'UPA aujourd'hui. Si oui, dans quel sens?
M. Mathieu: D'abord, ce n'est pas 600; c'est 800.
M. Garon: 800. Des voix: Ah!
M. Mathieu: Vous lisez des journaux biaisés.
M. Garon: Je pensais que c'était 800, mais je n'ai pas
voulu exagérer. J'ai donc dit: Je vais réduire à 600.
Des voix: Ah!
M. Mathieu: Ou vous avez lu cela au début de ma
tournée. Vous pensiez que cela allait arrêter. Sincèrement,
cela n'a pas été une revendication comme telle. Il y a le statut
de producteur dont il a été question un peu partout. Il y a
également le problème, vous le savez, du bois en péril
dans la forêt privée, causé par la tordeuse des bourgeons
de l'épinette. Il a été question de cela partout, mais
vous comprendrez que, dans de telles soirées, on ne peut pas couvrir
toutes les revendications.
M. Garon: C'est 800 soirées que vous avez faites cet
été?
M. Mathieu: Pour 800 soirées durant l'été,
j'aurais manqué de soirs. Mais le sens de votre question...
M. Garon: Quand vous dites que les gens vous ont parlé du
statut du producteur, qu'est-ce qu'ils vous disaient?
M. Mathieu: C'était un travail par ateliers. A un moment
donné, dans une soirée, il pouvait y avoir dix ou douze ateliers
et il y avait souvent un atelier relatif au statut de producteur. Je peux vous
dire que cela tournait autour des grandes lignes du mémoire qu'on a lu
tout à l'heure. Il y avait peut-être une légère
différence d'un endroit à l'autre, une légère
nuance, mais...
M. Garon: De 2500 $ à 3000 $? 1000 $ à 3000 $?
M. Mathieu: Cela tournait autour de ce montant.
M. Houde: II y avait de la difficulté à couper le
bois qui était séché pour le vendre parce que personne ne
voulait l'acheter.
M. Mathieu: Mais pour le statut de producteur, c'était
cela. Relativement au problème de l'adhésion des producteurs de
bois, qu'ils soient reconnus comme producteurs, sincèrement, je ne pense
pas
que ce problème ait été soulevé. Quand on a
eu un atelier sur la forêt, c'était surtout sur le problème
du bois affecté par la tordeuse, qui représentait des millions de
perte seulement dans ma région et au sujet duquel vous devrez sans doute
pousser dans le dos de votre collègue, le ministre de l'Énergie
et des Ressources.
M. Garon: Pourquoi?
M. Mathieu: II nous disait l'année passée, en
décembre, que tous les surplus seraient absorbés en 1982.
Là, au lieu d'absorber les surplus, d'après nos informations, les
usines coupent unilatéralement le quota qui avait été
accordé à chaque syndicat ou à chaque
fédération. Alors, le bois refoule, il reste à la ferme,
il reste debout dans bien des cas, il pourrit et il se gaspille. Il y a un
impact considérable là-dessus. J'ai sensibilisé votre
collègue, le ministre de l'Énergie et des Ressources, lors de
l'étude des crédits de son ministère, en juin dernier, et
il devait faire quelque chose. Finalement, cela me paraît timide parce
que le fond du problème n'est pas réglé.
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, M. le
député de Beauce-Sud. M. le ministre.
M. Garon: Est-ce qu'il y a eu d'autres points soulevés
dans vos rencontres? C'était le principal point?
M. Mathieu: II y en a eu un grand nombre. Tout à l'heure,
à la fin, j'aurai l'occasion de vous demander un élargissement
des travaux de la commission et on en fera part à ce
moment-là.
Le Président (M. Boucher): C'est justement ce que je
voulais vous dire, M. le député de Beauce-Sud. Le mandat de la
commission est d'entendre les organismes et non pas d'ouvrir des dialogues
entre les gens de la commission. Y a-t-il des questions?
M. Garon: Oui, sur le bois.
M. Dupré: Là, on laisse le bois?
M. Garon: Non, non.
M. Dupré: En ce qui concerne...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe, un instant, M. le ministre n'avait pas terminé.
M. Garon: Je ne vous demande pas une réponse à la
fine épouvante, vous pourrez vous consulter entre vous si vous en sentez
le besoin car il y a des aspects juridiques là-dedans. À votre
avis, devrait-on inclure les producteurs de bois dans le statut du producteur
agricole ou définir le statut du producteur forestier et permettre
l'application de la loi 64 afin de déterminer un organisme unique
accrédité? Qu'est-ce que cela devrait être, d'après
vous?
Le Président (M. Boucher): M. Proulx.
M. Proulx (Jacques): Comme il a dit qu'on pouvait se consulter,
je vais consulter avant de répondre.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous désirez
qu'on suspende? M. Proulx.
M. Proulx (Jacques): Comme, par le passé, on n'a jamais
fait de distinction entre les producteurs qui produisaient un produit agricole,
on pense que ce ne serait pas la bonne façon d'aller dans le sens que
vous avez suggéré tout à l'heure parce qu'on a toujours
reconnu qu'un producteur agricole, c'était quelqu'un qui - en tout cas,
il y avait une description le disant - produisait un produit agricole, ainsi de
suite. Le bois est considéré comme un produit agricole. Il ne
faudrait pas commencer à faire des distinctions comme cela, je pense,
à l'intérieur de cela. J'ai l'impression que ce serait prendre
des chemins détournés pour arriver à la même place.
En tout cas, à partir de votre question...
M. Garon: Je vais vous dire pourquoi. Je ne la pose pas pour
essayer de dresser une embûche. On en a parlé longuement à
midi, encore: entre le statut d'agriculteur et celui de forestier, il y a une
grande différence. Un agriculteur cultive normalement chaque
année; une partie de ses activités annuelles est
là-dedans, sinon la majeure partie de ses activités. Plusieurs
disent qu'on devrait reconnaître comme agriculteurs essentiellement ceux
dont la principale occupation - même pas le revenu, mais la principale
occupation - est l'agriculture. Quelqu'un peut être un producteur de
bois, mais avoir une occupation à temps plein ailleurs, comme on le
disait ce matin. Il ne produit pas de bois pendant un an, deux ans, trois ans,
quatre ans, cinq ans, et l'arbre pousse pendant ce temps à peu
près sans travaux. De sorte que ça équivaut un peu
à un genre de statut pour lequel l'activité n'est pas très
régulière. Elle peut intervenir à intervalles ou
même, dans une vie d'homme, ne pas intervenir du tout. On peut imaginer
sur 30 ans, par exemple, de ne jamais couper son bois si on a acheté une
terre qui était déjà plantée ou quelque chose comme
cela. Cela crée un producteur agricole bien particulier par rapport au
producteur régulier. C'est un point.
Un deuxième aspect, c'est - on me le
soulignait - qu'on peut avoir de gros producteurs forestiers qui jouent
ni plus ou moins un rôle d'acheteurs et d'autres producteurs qui seraient
ni plus ni moins les vendeurs par rapport à ces gens qui seraient les
acheteurs, de sorte que cela pourrait créer au sein d'un même
organisme des conflits d'intérêts, parce que les gens n'auraient
pas véritablement les mêmes intérêts. C'est pour
mieux comprendre votre pensée là-dessus que je vous posais cette
question. (15 h 30)
M. Proulx (Jacques): Pour la première partie de votre
intervention, c'est certain que, dans une bonne partie, ce ne sera pas du plein
temps. Seulement, on voit depuis un certain nombre d'années et de plus
en plus des travailleurs de la forêt qui s'en viennent réellement
à plein temps, parce qu'on a sorti des méthodes nouvelles qui
permettent aujourd'hui d'aller vers des exploitations forestières qui
vont être uniques: cela va être l'occupation de la personne
à plein temps. On va toujours rester avec du temps partiel dans ce
domaine, tout comme on a du temps partiel dans une multitude d'autres
productions. Je vais vous donner l'exemple des apiculteurs dont un certain
nombre vivent, ont une bonne organisation en apiculture, mais, pourtant, ils
font autre chose. On peut en trouver dans différents élevages
à l'heure actuelle. Cela a toujours été au Québec
et ainsi de suite. Cela va se produire dans la production du bois, mais, avec
les différentes politiques qui ont été mises de l'avant
depuis un certain nombre d'années, on s'aperçoit aujourd'hui
qu'on est dans une situation où il y aura, au cours des prochaines
années - même à l'heure actuelle, on commence à en
avoir un peu partout -des gens qui vont être à plein temps dans la
forêt. Je ne vois pas de différence avec ce qui existe aujourd'hui
dans différentes productions.
Quant à l'autre partie de votre question, je vais y
répondre en partie et je pense que Jean-Claude complétera. C'est
la question du conflit d'intérêts. Vous ne pourrez jamais adopter
une loi ou un règlement quelconque pouvant empêcher les gens
d'exercer une autre activité à côté d'une
activité principale. D'ailleurs, que ce soit un producteur de bois qui,
en même temps, commerce une partie du bois, aujourd'hui, il est
obligé de passer par des offices de bois, etc., qui sont les acheteurs
et qui ont l'agence de vente. Il est obligé de passer par leur
intermédiaire. Alors, c'est très bien réglementé et
il ne pourra pas se défaire de son bois prioritairement à
d'autres, car il y a des règles à suivre. Et vous avez ça
dans bien d'autres productions; vous savez très bien qu'il y a des gens
qui sont dans les intrants agricoles, qui sont dans les abattoirs, etc., ou qui
ont une production agricole et dont une partie de leur activité est
l'agriculture, est d'être producteurs agricoles. Tantôt, Me Bastien
a soulevé un article de la loi - Jean-Claude pourrait vous le souligner
- qui a rapport, en partie, à la deuxième partie de votre
question.
Le Président (M. Boucher): M.
Blanchette.
M. Blanchette: Sur la dernière partie de la question du
ministre, à savoir que des personnes pourraient avoir d'autres
intérêts ailleurs que dans la production, il y a
déjà, dans la Loi sur les producteurs agricoles, l'article 49 qui
précise - je pense que ça vaut la peine de le lire - "Lorsqu'une
personne est à la fois producteur et engagée, dans la mise en
marché d'un produit agricole, la régie peut, après lui
avoir fourni ainsi qu'à l'association accréditée
l'occasion d'être entendues, déterminer si cette personne doit
être considérée comme producteur aux fins de la
présente loi." Or, c'est déjà une disposition dont la
régie s'est servie à quelques reprises dans d'autres productions
pour déterminer si une personne était producteur ou surtout
commerçant ou transformateur d'un produit. C'est une disposition qui
pourrait s'appliquer dans les cas qui se présentent également
pour le bois.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Proulx (Jacques): M. le Président, si vous me permettez
d'ajouter ceci, je pense que la différence qu'on peut vivre aujourd'hui
comparé à ce qu'on vivait en 1972, c'est qu'alors on n'avait pas
tous les outils de gestion pour la forêt et la remise en valeur, autant
pour le secteur privé que pour le regroupement, qu'on a aujourd'hui.
Aujourd'hui, à partir de ça et de différentes autres
étapes qui ont été parcourues, on a tout de même des
critères très importants qui nous permettent, avec leurs lacunes,
bien sûr, de faire une place aux producteurs de bois à
l'intérieur de la production agricole, parce que, encore une fois -
même si je me répète - c'est une partie qui est tellement
intégrée à l'agriculture au Québec que je pense
qu'on ne pourra pas continuer à laisser de côté une partie
d'une production donnée, sans les mêmes pouvoirs.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Garon: Avez-vous chaud? M. le Président, on est dans
une période de conservation d'énergie. Pour la conserver ici, n'y
aurait-il pas moyen de baisser la température un peu?
Le Président (M. Boucher): J'ai demandé de faire
baisser le chauffage, M. le ministre.
M. Garon: On va être accusés de faire comme M.
Duplessis: de monter les calorifères pour que le débat dure moins
longtemps!
Le Président (M. Boucher): Avez-vous terminé, M. le
ministre?
M. Garon: Pour la question du bois, oui. Si on le voulait, je
passerais à un autre sujet.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Berthier et le député de Saint-Hyacinthe ont demandé la
parole. M. le député de Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. M. Proulx, la
majorité des producteurs agricoles a demandé d'augmenter à
3000 $, tel que ça va se passer dans les jours qui viennent, je pense.
Mais si le montant était augmenté à 5000 $, combien
perdriez-vous de membres? Deuxièmement, si c'était
augmenté à 10 000 $, combien en perdriez-vous, M. Proulx,
même si vous n'avez pas les montants exacts, mais pour voir?
M. Proulx (Jacques): On ne perdrait peut-être pas de
membres, mais des producteurs agricoles.
M. Houde: Entendons-nous, je parle de membres, je ne parle pas
des producteurs.
M. Proulx (Jacques): Non, je corrige toujours, parce que cet
aspect est ambigu.
M. Houde: D'accord, c'est bon de le préciser.
M. Proulx (Jacques): On vous le donnera.
M. Houde: M. Proulx, est-ce que je peux vous poser la
question?
M. Proulx (Jacques): À partir de statistiques, on peut
peut-être parler d'entre 8000 et 10 000 producteurs agricoles.
M. Houde: À 5000 $?
M. Proulx (Jacques) Mais c'est avec la même réserve
qu'on faisait ce matin, c'est-à-dire que...
M. Houde: De 1000 $ à 3000 $, en 1972.
M. Blanchette: ... à 3000 $, on dit: II peut y avoir une
baisse qui peut aller à 2000, mais on a l'impression que ceux qui se
qualifient à 1000 $ pourront se qualifier quand même à 3000
$. Selon les statistiques, si l'on dit: II peut y en avoir 10 000, la
moitié de ce nombre pourra quand même se qualifier. Il faut
toujours mettre cette réserve, lorsqu'on parle de statistiques. Mais par
rapport à un chiffre comme cela, le problème n'est pas là
surtout.
Une voix: Qu'est-ce que c'est?
M. Blanchette: C'est surtout le caractère de la
représentativité universelle d'une association
accréditée qui serait affecté, du fait qu'avec un
critère comme cela vous laisseriez obligatoirement de côté
une bonne partie de producteurs agricoles qui sentiraient le besoin de se
regrouper d'une autre façon. Alors, est-ce avantageux? C'est dans ce
sens qu'il faut l'analyser et c'est dans ce sens que le mémoire
insistait pour que la norme minimale ne soit pas trop haute.
M. Proulx (Jacques): Le législateur, en 1972 et encore
aujourd'hui, je l'espère, a voulu qu'on couvre tous les
agriculteurs.
M. Houde: Ou en grande partie, pas seulement celui qui fait 7
à 10 cordes de bois par année.
M. Proulx (Jacques): Écoutez, on a mis une petite limite,
c'est bien certain. Je reviens toujours à mon radis et à mon
lapin.
M. Houde: Vous devez savoir qu'il y a certains producteurs qui
demanderaient 5000 $ dans les groupes.
M. Proulx (Jacques): C'est bien certain, comme il y en a qui
peuvent demander 10 000 $, d'autres 25 000 $.
M. Houde: Est-ce qu'on pourrait avoir le pourcentage de personnes
qui auraient demandé 5000 $, à l'intérieur de vos
cadres?
M. Proulx (Jacques): Ce sont des individus, jamais des
groupements. Il est arrivé que des individus, dans une réunion
quelconque, ont parlé de cela, mais cela n'a jamais
dépassé l'individu.
M. Houde: D'accord.
M. Proulx (Jacques): Cela démontre que...
M. Houde: La majorité.
M. Proulx (Jacques): Non, ce n'est pas seulement une question de
majorité.
M. Houde: Non, mais je veux dire que l'ensemble des producteurs
serait satisfait de 3000 $ comme il en a été question dans la
loi.
M. Blanchette: Écoutez, quand on parle
d'individus, c'est par opposition à des groupes. Cette
résolution, depuis les trois dernières années, est
étudiée par les 180 syndicats de base de l'UPA, par les 16
fédérations régionales et par le congrès
général. Dans toutes ces instances, chaque année, il y a
des résolutions qui sont adoptées, demandant que cela soit
accepté. C'était à 2500 $, mais on dit qu'on est d'accord
avec 3000 $; cela fait seulement indexer cette somme à la date
actuelle.
M. Houde: Je vous remercie.
M. Blanchette: À travers cela, il y a des individus qui
peuvent s'opposer, mais jamais des groupes.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Concernant les actionnaires de compagnies,
à la page 31, dans vos énoncés intitulés Certains
disent, on peut lire au numéro 3: "Qu'il faut permettre à tous
les actionnaires de compagnies d'obtenir le titre de producteurs agricoles
pourvu que leur corporation mette en marché pour 3000 $ de produits
agricoles annuellement." Je pense que c'est beaucoup trop
généreux et qu'il faudrait exiger 3000 $ par actionnaire, parce
que la porte est ouverte à ce qu'un regroupement de trois ou même
cinq personnes forme une compagnie et il suffirait de 3000 $ de ventes pour que
ces cinq personnes aient le titre et les mêmes avantages que les
autres.
M. Proulx (Jacques): M. le Président, ce n'est pas
nécessairement notre position. C'est dans l'argumentation pour et
contre, ce que vous soulevez. Vous soulevez des choses qu'on a voulu inclure,
en disant: Ces objections nous viennent, on les inclut. On dit: II y a du
contre, il y a du pour, il y a cela. Ce n'est pas une affirmation. Je ne sais
pas si je comprends votre question.
M. Dupré: Tout de même, j'attire votre attention sur
l'ouverture que cela donne. Quelques personnes intéressées
à obtenir le titre de producteurs pourraient se regrouper pour une somme
de 300 $ ou 400 $ par année.
M. Proulx (Jacques): M. le Président, notre position est
assez claire. On dit: 20% des parts et travailler à plein temps. Je
pense que cela élimine la crainte que vous soulevez. S'il y a une
compagnie de cinq personnes - c'est le maximum, parce que c'est 20% - qui
travaillent à plein temps, écoutez...
M. Dupré: Si on s'en tient à l'agriculture, je suis
entièrement d'accord, mais si je parle des producteurs forestiers, c'est
plus difficile de déceler si la personne est à plein temps ou
n'est pas à plein temps, alors qu'il fait une coupe à tous les
ans.
M. Proulx (Jacques): Non, pas plus difficile, parce qu'il y a des
possibilités de...
M. Dupré: Je pose la question. M. Proulx (Jacques):
Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: J'aimerais cela si on pouvait avancer un peu. C'est
vrai que c'est peut-être moi qui ai donné le mauvais exemple en
commençant par les producteurs de bois, mais on pourrait peut-être
parler de la proposition, à la page 16, la recommandation, sur
l'indexation. "Nous sommes d'accord pour qu'un mécanisme d'indexation
soit ajouté à la Loi sur les producteurs agricoles. Le projet de
loi no 78 propose de donner au gouvernement le pouvoir de fixer par
décret, à l'avenir, le montant de production de base annuelle. Il
ne précise toutefois pas dans quel esprit il devrait alors intervenir.
"Nous recommandons donc de modifier l'article 1 du projet de loi no 78, de
manière à ajouter après les mots "ou toute autre somme que
peut déterminer le gouvernement par décret" les mots "de
manière à tenir compte des effets de l'inflation". L'amendement
que nous venons de suggérer vise à expliciter le sens de la
modification proposée.
C'était cela que l'on visait a priori et, à moins que les
légistes n'aient des objections à formuler sur ce que vous
proposez. Personnellement, je n'en ai pas, parce que c'était ce qu'on
visait. Ce n'est peut-être pas nécessaire de le mettre à
chaque année; nous, on dit: 3000 $, l'année d'après, c'est
3200 $. On ne fera pas d'enquête pour 200 $. On peut attendre deux ou
trois ans et, à un moment donné, cela va à 3500 $ ou 4000
$, mais a priori, s'il n'y a pas d'objection de principe de la part des
légistes, cela m'apparaît correct.
M. Proulx (Jacques): Si c'est la pensée, c'est cela qu'on
a voulu; mais on a voulu mettre la pensée plus claire que vous
autres.
M. Garon: Je comprends. C'est assez important de le
spécifier pour qu'éventuellement les gens ne se servent pas de la
marge de manoeuvre pour changer cela, alors qu'à la base c'est une loi
de l'Assemblée nationale.
M. Proulx (Jacques): On s'est justement posé la question.
C'est pour cela qu'on a essayé d'ajouter cela parce que cela aurait
laissé une marge de manoeuvre énorme.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, est-ce que l'UPA s'est
penchée sur ceci? On parle de formule d'indexation. Je serais plus
favorable à une formule d'indexation basée sur une augmentation
quelconque, pas nécessairement du coût de la vie, mais
peut-être une formule autre, beaucoup plus que par décret. Par
décret, je trouve que cela peut être abusif. Je sais que le
ministre présent n'abuserait pas d'une formule comme celle-là,
mais je suppose que vous faites une manifestation, comme celle que vous avez
faite dernièrement, et que, peu importe celui qui est là, il
n'aime pas cela et décide par décret demain matin que, pour
être producteur agricole, c'est 10 000 $ et qu'en décidant que
c'est 10 000 $, ce dont vous avez eu peur tantôt, il y en ait un autre
tantôt qui dise: II n'y aura plus de monopole à l'avenir dans le
syndicalisme agricole, cela ne serait pas méchant qu'il y ait deux,
trois ou quatre organisations, ce qui serait, à mon avis,
peut-être bien pire que toutes les situations qu'on peut vivre. À
ce moment, je trouve que ce serait dangereux. Cela pourrait devenir abusif
selon les hommes qui peuvent être en place. Ce n'est peut-être pas
le cas ni aujourd'hui, ni demain, ni dans cinq ans, mais cela pourrait devenir
le cas. Ne préférez-vous pas une formule d'indexation, point
final, plutôt que le décret? (15 h 45)
M. Proulx (Jacques): C'est cela, justement. Si vous soulevez ce
qu'on a décrit, c'est pour cela qu'on dit que cela doit être
inclus là-dedans que cela se limite avec une formule d'indexation. Dans
le projet de loi qui a été déposé, ce
n'était pas prévu. C'est pour cela qu'on l'a rajouté,
parce qu'on veut avoir une certaine protection. C'était justement pour
les raisons que vous soulevez qu'on a rajouté cela. Le maximum, c'est
l'indexation, on le dit bien dans cela. M. le ministre nous a dit tout à
l'heure: C'est cela qu'on a voulu préciser. On est d'accord
là-dessus. On ne veut pas changer cela tous les ans parce que cela a
monté de 20 $ peut-être. On veut qu'il soit à
l'intérieur, dans le sens qu'on l'explicite.
M. Picotte: Non, mais c'est parce que je faisais une
référence. On dit: "Le projet de loi no 78 propose de donner au
gouvernement le pouvoir de fixer par décret."
M. Proulx (Jacques): Oui.
M. Picotte: D'accord.
M. Blanchette: On limite le pouvoir de décréter aux
effets de l'inflation.
M. Proulx (Jacques): Les effets de l'inflation.
M. Picotte: D'accord, par indexation. M. Proulx (Jacques):
C'est cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, vous me permettrez d'exprimer
une légère crainte face à l'article 1 de la loi tel que
présenté par le ministre. Je comprends que le complément
apporté par l'UPA vient un peu corriger, mais il me semble qu'on diminue
les droits de l'Assemblée nationale. Ce n'est pas mauvais qu'une fois
par année ou une fois par deux ans l'Assemblée nationale ait
à se pencher sur des problèmes agricoles, sur le statut de
producteur. Il me semble que cela entraîne des débats autour des
activités agricoles. On se dirige vers une société de
décrets de plus en plus. Au début, l'Assemblée nationale
était quelque chose de souverain dans les champs de sa
compétence. Maintenant, le gouvernement hurle quand le gouvernement
fédéral veut diminuer les droits de l'Assemblée nationale.
Dans le moment présent, c'est le gouvernement lui-même qui diminue
les droits de l'Assemblée nationale au profit du Conseil
exécutif. C'est bien sûr que je ne présume pas que le
ministre actuel pourrait se servir de cela à mauvais escient. Je suis
favorable à l'amendement proposé par l'UPA, mais j'ai une
certaine réserve sur le principe même de transférer cela de
l'Assemblée nationale au Conseil des ministres. J'aimerais entendre le
ministre là-dessus.
M. Garon: Je suis content de voir que l'Opposition n'est pas
inquiète tant que ce sera le ministre actuel, mais elle craint que ce ne
soit un gars de son groupe.
M. Picotte: À certaines époques, M. le ministre,
vous semblez tellement fatigué qu'on ne sait jamais ce qui peut
arriver.
M. Garon: À quelles époques?
M. Picotte: Vous semblez fatigué à certaines
périodes d'être à l'Agriculture. Vous aimeriez
peut-être courtiser d'autres ministères. C'est dans ce sens que je
le souligne. On m'a rapporté cela.
M. Garon: Non, mais...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Je n'ai jamais demandé
d'autre ministère à personne.
M. Mathieu: II y en a d'autres qui ne l'ont jamais demandé
et ils n'ont pas de ministère du tout.
Le Président (M. Boucher): Fin de la
récréation!
M. Garon: C'est un fait. Il y a toujours le danger qu'un
gouvernement qui serait mal intentionné pourrait essayer de fixer un
montant qui pourrait enlever une clientèle à l'Union des
producteurs agricoles. Avec l'article tel que libellé,
théoriquement, cela serait possible, mais j'ai l'impression que
pratiquement, ce ne serait pas si facilement réalisable.
M. Picotte: Êtes-vous en faveur du principe d'indexation,
tel que demandé par l'UPA?
M. Garon: Oui. Tel que mentionné tantôt, oui.
M. Picotte: D'accord.
M. Garon: On l'a mis comme cela. Je ne serais même pas
rébarbatif à aller devant l'Assemblée nationale chaque
fois qu'on changerait de chiffre. Je pense que c'est une loi pour favoriser le
syndicalisme agricole et il faut la regarder dans cet esprit.
M. Picotte: Si c'est limitatif, il n'y a pas de problème,
M. le ministre. On n'a même pas besoin de retourner devant
l'Assemblée nationale parce que, en fait, il y a un décret qui
est limitatif et je pense que cela garantit les droits de tout le monde. C'est
surtout de cela qu'on veut s'assurer.
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: On pense à la manière dont cela peut
s'interpréter un jour. Vous savez, des fois, quand vous confiez cela
à vos confrères avocats, cela s'interprète de toutes
sortes de manières. J'ai une inquiétude. Je trouve que c'est plus
sécuritaire quand cela relève de l'Assemblée nationale de
toucher à ce chiffre qui est tellement important, qui peut avoir des
implications considérables quand on va le modifier.
M. Garon: J'entends un député qui dit que, si le
député de Brome-Missisquoi était nommé ministre de
l'Agriculture, ce serait certainement dangereux.
M. Mathieu: Est-ce un député de l'Opposition qui a
dit cela? Est-ce un député de votre côté?
M. Garon: C'est une voix qui a dit cela. Je viens de
l'entendre.
M. Mathieu: Vous entendez des voix maintenant?
M. Picotte: C'est dangereux si vous commencez à entendre
des voix.
M. Mathieu: Vous avez l'air d'avoir une certaine hantise, M. le
ministre. Votre conscience ne serait-elle pas tranquille?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, je vous rappelle que...
M. Garon: Ma conscience me parle sans arrêt.
M. Mathieu: Le problème, c'est que vous ne la suivez
pas.
Le Président (M. Boucher): ... le dialogue est
terminé. Y a-t-il des questions à poser aux gens qui sont
ici?
M. Garon: Je vais vous poser la question directement. J'aimerais
avoir votre opinion. Aimeriez-vous mieux qu'un montant fixe soit inscrit et
qu'il faille retourner devant l'Assemblée nationale pour le modifier ou,
pensez-vous qu'en rédigeant l'article tel que vous le proposez dans
votre mémoire vous vous sentiriez autant en sécurité?
M. Proulx (Jacques): On l'a mis dans notre mémoire parce
qu'on en avait discuté et qu'on avait réfléchi à
cette chose. La façon dont il est dans notre mémoire nous
satisfait à l'heure actuelle parce qu'on apporte la limite à
l'indexation. Alors, je pense qu'on est bien protégés.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Boucher): Y a-t-il d'autres questions sur
ce sujet? M. le ministre, sur un autre sujet.
M. Garon: On pourrait passer à l'article 2. Je remarque
que cela répond à vos demandes antérieures. Alors, je n'ai
rien à ajouter.
M. Mathieu: J'aurais seulement une question rapide sur l'article
2.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Le la pose au ministre. On ajoute "produit", parce
que le texte en anglais laisse place à interprétation.
Auriez-vous un exemple de production dans laquelle il y aurait eu un
problème d'interprétation?
M. Garon: Le vison. Tous les élevages d'animaux à
fourrure qui ne sont pas consommés. Le vison n'est pas consommé.
Le rat musqué pourrait être consommé. Apparemment, c'est
délicieux. Je n'en ai jamais mangé, mais on me dit que c'est
très bon.
M. Mathieu: Faites l'expérience, puis, si vous ne mourez
pas, on en consommera.
M. Garon: J'ai mangé du castor l'an dernier sur la
Côte-Nord et si on ne me l'avait pas dit, j'aurais pensé que
c'était du boeuf. Essentiellement, il s'agit de productions comme
celles-là qui ne sont pas comestibles.
M. Mathieu: D'accord. Merci.
Le Président (M. Boucher): Un autre sujet, M. le
ministre?
M. Garon: L'autre sujet est l'article 39. "Nous recommandons donc
d'amender l'article 39 de manière à le rendre parfaitement
complémentaire des deux précédents, c'est-à-dire en
ne limitant plus aux seuls produits non commercialisés la
possibilité d'intervention supplétive de la régie." J'ai
lu votre mémoire, mais j'aimerais cela voir - à la page 19 - les
cas concrets où ce problème se présente.
M. Proulx (Jacques): M. le Président, je vais demander
à Me Bastien de donner la réponse le plus concrètement
possible.
M. Bastien (Bernard): M. le Président, vous avez des
exemples dans le domaine de la pomme où il n'y a pas d'acheteurs directs
par rapport à un producteur de pommes qui est couvert par un plan
conjoint qui peut être appelé à faire la retenue à
la source, pour le producteur de pommes, de la cotisation de l'UPA. Vous avez
ce problème. C'est un produit qui est commercialisé, le
producteur, nécessairement, doit être ni plus ni moins
"collecté à la mitaine". Il pourrait y avoir, puisqu'il s'agit
d'un produit commercialisé, une ordonnance de la régie qui
dirait, supposons, aux emballeurs: Vous allez faire la retenue à la
source de la cotisation. Comme la loi ne s'applique pas aux produits
commercialisés, la régie ne peut pas émettre une pareille
ordonnance. Il doit faire face à une difficulté pour la
perception de la cotisation. Vous avez peut-être le problème aussi
dans le domaine de la pomme de terre où on perçoit à
"l'acrage" et pour certains producteurs qui font leur livraison sur des
marchés ou à des organismes à l'occasion. Il n'y a pas de
possibilité dans ce cas-là de percevoir à la source la
cotisation, parce que, justement, le produit est commercialisé.
Ce que l'UPA demande, c'est qu'il y ait des ordonnances
sélectives. On a déjà introduit ce principe dans la Loi
sur la mise en marché des produits agricoles récemment. Dans le
dernier amendement que vous avez fait, à l'article 78, on dit qu'on peut
imposer, par exemple - cela visait probablement ces gars-là - à
certains abattoirs de porcs - non pas à l'ensemble des abattoirs, mais
à certains d'entre eux - qui refusent de signer des conventions pour
retenues la possibilité de percevoir par ordonnance de la régie.
L'UPA ajoute un point, c'est qu'on pourrait dire aussi qu'on l'impose à
certains producteurs qui ne sont pas perçus autrement à la
source. Vous avez l'exemple dans le domaine du sirop d'érable. Vous avez
des producteurs de sirop d'érable qui livrent à une
coopérative et qui font du lait et autre chose. Ils font percevoir leurs
cotisations à la source par l'usine du lait, en vertu du plan conjoint
du lait. Certains ne le sont pas parce qu'ils font seulement cela. Il se
pourrait que la régie puisse, par ordonnance, dire à tel abattoir
ou à telle coopérative: Dans votre coopérative de
producteurs de sirop d'érable, ces gars ne sont pas perçus
à la source, voici pour M. Untel, M. Untel, M. Untel, percevez-les. Cela
sera perçu à la source. Alors, il y a deux aspects à
l'ordonnance sélective: celle qui se situe au niveau de celui qui a le
produit en main à un moment donné et celle, aussi, qui n'est pas
perçue à la source, celle qui se situe au niveau du producteur,
parce que lui, il n'est pas autrement perçu par l'intermédiaire
des plans conjoints qui existent. Je pense que cela résume la
question.
M. Garon: J'aurais une question à poser: Est-ce qu'il est
arrivé déjà dans les produits commercialisés que
des organismes, parce qu'ils n'étaient pas d'accord avec l'UPA, en ont
profité pour dire: On ne paiera pas les cotisations, on ne
déduira pas les cotisations pour affamer l'UPA pendant un certain nombre
de mois?
M. Bastien: C'est arrivé pour la Coopérative
agricole de Granby qui a refusé de retenir des cotisations de l'UPA
à la source, à un moment donné. Cela a fait l'objet de
certaines procédures, c'était un assez gros montant. C'est
arrivé, mais ces problèmes sont réglés depuis.
C'est arrivé qu'on ait eu des difficultés à ce niveau.
M. Garon: Cela me paraît raisonnable, s'il n'y a pas
d'objection de la part de...
M. Bastien: Cela arrive avec les abattoirs de porcs
actuellement.
M. Mathieu: M. le Président, si vous me permettez une
réflexion en passant, c'est
ni plus ni moins la formule Rand dans le syndicat. Quand on donne
à un syndicat, à l'UPA, en l'occurrence, le droit de
prélever une cotisation, je ne verrais pas pourquoi on ne lui
faciliterait pas la tâche. Cela ne me semble pas abusif comparativement
à ce que les autres syndicats possèdent comme droit.
Le Président (M. Boucher): M.
Blanchette.
M. Blanchette: J'aimerais peut-être rappeler ce qui a
été dit dans le mémoire ce matin. C'est que la loi voulait
permettre à l'UPA de percevoir sa cotisation à la source en
grande majorité pour faciliter la perception, alors qu'on est rendu
qu'on perçoit à peine 40% des producteurs à la source.
Quant au reste, on est obligé de percevoir par facturation, à
cause de toutes ces contraintes. C'est cette possibilité d'ordonnance
sélective qui pourrait permettre d'améliorer cette situation. (16
heures)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Cela, c'est toujours pour des cotisations, si je
comprends bien. Cela ne s'applique pas aux contributions?
M. Blanchette: C'est seulement pour les cotisations à
l'UPA.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur ce sujet?
M. Garon: Au fond, si ce droit vous était donné,
cela vous permettrait d'affecter moins de personnel à la perception.
Une voix: Cela coûterait moins cher d'avocat.
M. Blanchette: C'est peut-être là qu'on
économiserait.
M. Garon: Ils ne sont pas à taux fixe.
M. Blanchette: Non, non. Ils sont à taux fixe, mais pour
des actes.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'autre sujet, M. le
ministre?
M. Garon: Oui, je passerais à l'autre sujet...
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas de questions?
M. Garon: ... qui m'apparaît complexe, celui qui dit
à la page 21: "Nous insistons donc pour que vous réaffirmiez la
volonté de l'État de faciliter la perception des cotisations
syndicales à la source en adoptant des amendements susceptibles de
consacrer les pouvoirs qu'aurait la régie d'émettre des
ordonnances sélectives et d'agir de façon supplétive
même quand il s'agit de produits commercialisés." Qu'est-ce que
vous voulez dire quand vous parlez de cela?
M. Bastien: C'est ce que j'ai expliqué tantôt, M. le
ministre, lorsqu'on a parlé des ordonnances, tant au niveau du produit
commercialisé comme étant supplétives dans certains cas et
comme étant nécessaires au niveau de certains acheteurs ou de
gens qui sont en possession du produit. À certains producteurs, par
exemple, de sirop d'érable, on aurait la possibilité d'imposer
par la régie des ordonnances.
M. Garon: Quelle est la différence entre les deux? J'ai
vu, à la page 19, que quand des produits étaient
commercialisés, on ne pouvait pas appliquer l'article 39 et la situation
pouvait se voir dans des cas où les gens, pour des produits
commercialisés, pour une raison ou l'autre, ne voulaient pas les
percevoir. Cela, c'est un cas qui m'apparaît assez simple. Mais à
l'article 21, cela m'apparaît plus utiliser la régie comme un
organisme de perception.
M. Blanchette: De toute façon, c'est toujours cela. Le
pouvoir qu'il y a dans la loi, c'est de demander à la régie
d'émettre une ordonnance. Jusqu'à maintenant, elle ne pouvait
qu'émettre une ordonnance générale pour tout un groupe de
producteurs ou tout un groupe d'acheteurs. Ce qu'on demande, c'est qu'elle
puisse le faire pour une catégorie spécifique d'acheteurs,
même pour des producteurs qui pourraient être perçus par des
acheteurs bien identifiés. Et cela, c'est dans un cas. Dans l'autre cas,
on demande que, même lorsque le produit est commercialisé, la
régie puisse émettre des ordonnances. Prenons l'exemple actuel de
la production du porc où vous avez un pourcentage d'abattoirs qui font
la retenue pour le plan conjoint et qui seraient d'accord pour faire la retenue
pour la cotisation à l'UPA. Vous en avez d'autres, cependant, qui ne
font aucune retenue. Dans ces cas, la régie pourrait émettre une
ordonnance pour que les abattoirs qui ne font aucune retenue retiennent la
cotisation à l'UPA au moment où c'est le temps de la retenir.
M. Garon: Actuellement, l'article 39 dit: "La régie peut,
par ordonnance, obliger toute personne". Alors...
M. Bastien: Pour des produits non commercialisés.
M. Garon: Cela, je l'ai compris tantôt. Si on enlevait "non
commercialisé"?
M. Bastien: Pas de problèmes.
M. Garon: Cela réglerait le problème?
M. Blanchette: Et il manquerait les ordonnances
sélectives.
M. Garon: Non, mais c'est cela, je voulais faire une distinction
entre les deux. Je pensais qu'on avait réglé le cas, en enlevant
les mots "non commercialisé". Cela touchait une chose, dans les
ordonnances avec des produits commercialisés. Et dans les ordonnances
sélectives, je perçois une autre réalité
derrière cela. C'est pour cela que je voulais avoir plus
d'explications.
M. Bastien: Si on enlève la question de produit non
commercialisé, on peut se satisfaire de l'interprétation qu'on
pourrait donner à "toute personne" - toute personne l'une après
l'autre - et qu'on émette une ordonnance pour chacune à mesure
qu'on a des problèmes avec elle. Ce n'est pas tout à fait la
même situation que dans la loi de la mise en marché où on
disait "tout acheteur ou association qui regroupe", etc. Dans ce cas, si on
laisse les mots "toute personne" et qu'on oublie la distinction entre produit
commercialisé ou pas, on couvre, en tout cas, une grande partie de ce
qu'on demande.
Il reste uniquement le problème suivant. Dans le cas où
l'on pourrait percevoir des sommes à la source, en vertu du plan
conjoint du lait, par exemple, un montant serait retenu sur leur paie. Pour
ceux qui ont une autre sorte de produits, c'est bien, mais pour ceux qui ne
font que cela - je donnais l'exemple du sirop d'érable - il faudrait ni
plus ni moins faire une distinction et ne pas dire à la
coopérative de Plessisville, par exemple: Retenez des montants de tous
les producteurs de sirop d'érable qui livrent chez vous, alors que
déjà les trois quarts ont payé leur cotisation dans le
domaine du lait. Il ne faut pas qu'ils paient deux fois et que cela crée
un problème de remboursement énorme. C'est pour cela qu'il faut
avoir les moyens de dire à la coopérative de Plessisville que
c'est seulement pour certains producteurs, plutôt que pour tout
producteur. C'est cette sélection qu'il faudrait faire ressortir dans la
loi. Comment? On peut en discuter, mais c'est cet aspect.
Il ne faut pas oublier que, dès que le gars a cotisé
ailleurs, l'UPA est obligée de tenir compte éventuellement d'un
remboursement, s'il a payé deux fois. Supposons que le gars a quatre
sortes de produits commercialisés, il risque d'avoir des retenues quatre
fois à la source. Cela va bien quand c'est une fois, on le retient pour
le lait, il n'y a pas de problème, mais, à un moment
donné, il y en a qui n'ont qu'une seule production. Lorsque la
régie émet l'ordonnance - je vous donne l'exemple de la
coopérative de Plessisville, c'est une hypothèse - elle dit:
Retenez la cotisation de tous vos producteurs de sirop d'érable. 80%
produisent du lait, ils ont déjà pavé, ils paieraient deux
fois et vous seriez obligés de les rembourser à la fin de
l'année. La régie devrait avoir le pouvoir de dire: Retenez la
somme des producteurs, mais seulement des producteurs qui n'ont pas autrement
payé à la source.
M. Mathieu: En ce qui concerne les cotisations, cette demande
nous semble logique.
M. Garon: De quoi?
M. Mathieu: II suffirait d'enlever les mots " non
commercialisé" à l'article 39...
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: ... et de rajouter la sélectivité
possible.
Justement, je demanderais à votre avocat s'il est
nécessaire d'ajouter une disposition pour l'ordonnance sélective
ou si "toute personne", à votre avis, couvre cette
possibilité.
M. Bastien: Vous vous êtes plaint des avocats tantôt;
j'aurais bien envie de vous répondre là-dessus. Je pense qu'il
est suffisant de dire "toute personne", en tout cas, en ce qui concerne la
question de l'acheteur, ou "toute personne qui est en possession d'un produit."
Quand on dit "toute personne", cela m'apparaît suffisamment
sélectif. Quand je le lis, il m'apparaît que cela puisse viser tel
abattoir comme un groupe d'abattoirs ou tous ceux qui sont membres de telle
association, sans les nommer, mais cela m'apparaît assez clair. C'est
seulement l'autre aspect que je vous ai signalé, qui pourrait
s'appliquer peut-être à la Raffinerie de sucre de Saint-Hilaire,
qui pourrait s'appliquer à d'autres. C'est une difficulté qu'on
peut envisager dans la perception, laquelle n'est pas apparente dans le texte
de loi, si les avocats se mettent à fouiller. La régie pourrait
dire: Ce ne sont pas tous les producteurs visés par le plan conjoint ou
par le règlement de l'UPA; ce seront ceux-là, parce que les
autres ont déjà cotisé ailleurs. C'est dans ce sens.
Le Président (M. Boucher): Y a-t-il d'autres questions? M.
le ministre, sur un autre sujet.
M. Garon: Le bois, on en a parlé. Je passerais directement
aux corporations, où il est écrit: "Nous recommandons donc que la
Loi sur les producteurs agricoles soit amendée pour que les actionnaires
des
compagnies producteurs agricoles qui détiennent 20% des actions
et qui travaillent à plein temps dans l'exploitation agricole soient
reconnus producteurs agricoles". Je vais être bien franc, cela
m'inquiète un peu. Dans plusieurs entreprises, l'homme et la femme sont
producteurs agricoles. Cela équivaudrait à dire que les conjoints
payeraient chacun une cotisation. Quand un fils entrerait dans la
société, une troisième cotisation serait payée et,
si un deuxième fils entrait dans la société, une
quatrième cotisation serait payable. On pourrait y repenser. À un
moment donné, une entreprise agricole pourrait payer deux, trois ou
quatre cotisations.
M. Proulx (Jacques): Le fait que vous soulevez existe
déjà dans des sociétés. Pour ceux qui ont
décidé de fonctionner sous le système de la
société - c'est le cas que vous soulevez à l'heure
actuelle - autant il y a de producteurs dans la société, autant
de cotisations sont payées. Ce qui compte, c'est la question de la
compagnie. On devrait corriger cette situation parce que d'autres ont choisi la
formule de la compagnie pour administrer leurs exploitations agricoles. Comme
la compagnie est reconnue comme une personne morale, nous sommes
obligés... En tant qu'organisme, c'est la compagnie qui est reconnue et
non les gens qui en font partie. Dans ce qu'on essaye de conditionner autour de
ce fait, il y aura bien d'autres raisons à apporter, mais le gros du
travail de notre organisme s'applique beaucoup plus à l'individu
qu'à la personne morale. Il se trouve privé par le fait
même tandis qu'un confrère qui a choisi la formule de
société a des droits. Il n'a plus ces droits, lui. Même si
on est sociétaire à quatre ou cinq à l'intérieur de
ça, pour nous, il serait très important qu'à partir de
certains critères de base qu'on énumère - 20% et plein
temps -on puisse lui permettre d'avoir accès à tous les
échelons d'organisation, à toutes les activités, un
accès réel et non fictif.
M. Garon: Dans certaines productions -prenons le poulet, par
exemple - dans votre esprit, cela veut dire que, s'ils sont cotisants, ils
votent.
M. Proulx (Jacques): Oui. S'ils sont membres aussi.
M. Garon: Dans la loi sur les coopératives, il y a un
article qui dit: "Le représentant d'une corporation ou d'une
société doit être impliqué dans l'exploitation
agricole de la corporation ou de la société qu'il
représente." C'est la corporation qui est membre de la
coopérative et non pas chacun des actionnaires. Je vais laisser les
autres poser des questions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je ne vous ai pas demandé la parole, M. le
Président. Vous êtes d'un empressement...
Le Président (M. Boucher): J'avais l'impression que vous
étiez sur le point de poser une question. J'ai
présumé.
M. Mathieu: Une bonne présomption. Je vais m'en
prévaloir. Arrive-t-il des cas où il y a une compagnie, par
exemple....
M. Garon: Vous n'êtes pas obligé de parler, si vous
n'avez rien à dire.
Une voix: En plus de n'avoir rien à dire, il arrête
les autres.
M. Mathieu: Je ne suivrai pas votre exemple, M. le ministre. Je
pensais à une compagnie qui met en marché des produits agricoles,
pour un montant, peu importe, de 20 000 $ ou plus, dans laquelle aucun
actionnaire ne ferait de l'agriculture sa principale occupation. Cela doit
sûrement arriver. Alors, j'imagine que c'est la compagnie dans le moment
qui paie? Il y aurait une contribution à payer quand même?
M. Proulx (Jacques): Toujours, parce que la compagnie est la
personne morale.
M. Mathieu: Dans le cas de coopératives qui soient
producteurs agricoles ou syndicats de gestion... Je ne sais pas s'il pourrait y
en avoir? (16 h 15)
M. Proulx (Jacques): Des coopératives? À ma
connaissance, il n'y a pas de coopératives de production.
Peut-être que ça existe, mais, en tout cas, pas à notre
niveau.
M. Garon: Comment se fait-il qu'il y a des camions de
coopérative qui ont des N?
M. Proulx (Jacques): C'est que les agents du ministère des
Transports ne font pas leur travail. C'est aussi simple que cela.
M. Garon: À ce qu'on m'a dit, c'est parce que des
coopératives ont des cartes de producteurs agricoles.
M. Proulx (Jacques): Ce sont des anciennes cartes.
M. Mathieu: Ce sont des coopératives qui font de la
production de porcs. Il doit y en avoir qui produisent des porcs.
M. Proulx (Jacques): Oui, oui, c'est vrai. Écoutez, c'est
une réalité; c'est bien certain. Ils font de la production
agricole.
Pour ceux qui font une production agricole, il n'y a pas de
problème pour cela, ni de cachette. Tu es producteur agricole ou tu ne
l'es pas. Si tu es producteur agricole, c'est que tu fais une production
agricole. C'est bien certain qu'il y a des coopératives sous cette
forme. Je pensais que votre question serait: S'il y avait deux, trois, quatre
ou cinq producteurs qui ont formé une coopérative... Cela
n'existe pas, mais il y a des meuneries coopératives, comme il y a des
meuneries privées qui font de la production agricole. Par le fait
même, elles ont leur carte de producteur agricole. Cela existe. Dans une
section donnée, ils font un produit agricole, parmi leurs autres
activités. Mais directement, un nombre de producteurs qui ont
formé une coopérative, je ne crois pas que cela existe au
Québec présentement, sauf en ce qui concerne la production de
légumes peut-être, mais c'est très minime. Il y a toujours
le critère qu'il est bon de se rappeler: dans notre demande, on parle de
plein temps; cela limite drôlement. Cela veut dire qu'il n'est plus
question que l'homme ou la femme travaille ailleurs: 20% des actions et temps
plein, je pense que c'est une bonne balise et qu'il n'y a pas beaucoup de gens
qui pourraient aller travailler ailleurs pendant des heures additionnelles.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Houde: M. Proulx, si je vous comprends bien, disons qu'une
compagnie doit détenir 20% par membre. Ils sont cinq membres, cela fait
100%. Est-ce que vous verriez les cinq membres qui auraient le droit de vote ou
un seul des cinq membres de la compagnie?
M. Proulx (Jacques): Les cinq auront le droit de vote.
M. Houde: Normalement, disons qu'à la compagnie X ou
à la coopérative de Saint-Félix-de-Valois il y aura une
personne qui aura droit de vote, une personne qui aura le droit de proposer,
une personne qui aura le droit de seconder. Mais dans votre cas, s'ils sont
quatre, trois ou deux, peu importe, dans une compagnie, ils auront le droit de
vote.
M. Proulx (Jacques): À l'heure actuelle, ceux qui ont
choisi la forme d'une société, s'ils sont cinq, ont droit de vote
tous les cinq. Ils ont le droit d'être élus tous les cinq, ils ont
le droit de participer à tous les échelons des activités.
Ils sont cotisés tous les cinq alors que dans une compagnie...
M. Houde: D'accord, individuellement.
M. Proulx (Jacques): ... il y a une cotisation. Vous pouvez avoir
une immense organisation avec une cotisation, avec un
délégué de la compagnie pour la représenter lors
des réunions pour voter, ainsi de suite.
M. Houde: S'ils sont cinq dans une compagnie - ce qui fait 100% -
cela veut dire qu'ils paieraient cinq cartes de l'UPA qui coûtent environ
110 $ ou 115 $ chacune à l'heure actuelle.
M. Proulx (Jacques): Cela coûte 110 $.
M. Houde: Cela coûterait cinq fois ce montant. Est-ce
cela?
M. Proulx (Jacques): Sûrement. M. Houde:
D'accord.
M. Proulx (Jacques): S'ils sont à plein temps. Je vous
rappelle toujours qu'il y a le critère du plein temps.
M. Houde: Oui, oui. S'ils sont propriétaires, seulement
une personne paierait.
M. Proulx (Jacques): S'il y a trois personnes à plein
temps et deux autres actionnaires.
M. Houde: Non, mais s'il n'y en avait qu'une à plein
temps.
M. Proulx (Jacques): S'il n'y en a qu'une à plein temps,
il y en aura seulement une qui paiera.
M. Houde: D'accord et seulement une aura le droit de vote.
M. Proulx (Jacques): Bien sûr, c'est bien certain.
M. Houde: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: C'est une question qui est assez embêtante, la
question de cotisation pour 20% des actions dans la compagnie. Prenons un cas,
par exemple, où une compagnie détient des quotas de production
dans la volaille, dans le dindon ou dans les oeufs. Ses parts dans l'entreprise
agricole sont le quota qu'elle prête ou qu'elle loue ou je ne sais pas
trop quoi. Je me demande si l'on ne pourrait pas en arriver à une
quantité de producteurs agricoles qui ne le sont pas, en fait. C'est
à cause de la notion de plein temps qu'on ne comprend pas bien. En tout
cas, au départ, ce que vous soulignez me fait peur par rapport aux
expériences que j'ai vécues moi-même dans le syndicalisme.
Je ne voudrais pas qu'on
ouvre, la porte à des gens qui aujourd'hui ont la porte
suffisamment grande ouverte par l'intégration et qui pourraient devenir
en plus des producteurs agricoles et même avoir un droit de vote et un
certain contrôle au sein de l'UPA.
M. Proulx (Jacques): Oui, c'est réel ce que vous dites. On
a eu et on a à vivre de ces choses, mais je pense qu'on ferme la porte
en parlant de plein temps. C'est facile à vérifier, du plein
temps. Je pense qu'on n'a pas besoin de se conter d'histoires; ce que vous
soulevez, cela existe. C'est justement pour arrêter ces choses qui
s'amplifient. Je pense que la notion du plein temps, c'est toujours facile de
vérifier si une personne est à plein temps ou non dans une
entreprise donnée. Alors, il pourra bien y avoir 25 actionnaires dans
une entreprise agricole ou horticole ou n'importe quoi. Il pourra y en avoir
tant que vous voudrez, sauf qu'il ne peut y en avoir plus...
M. Gagnon: M. Proulx, je ne sais pas si j'interpréterais
bien votre pensée en demandant cela. Supposons une ferme; admettons que
cinq cultivateurs se mettent ensemble pour former une compagnie, d'accord. Les
cinq, normalement, exploiteraient leur propre production agricole et ils
forment une compagnie à cinq. Vous voulez que chacun soit membre de
l'UPA et que chacun conserve son droit de vote. C'est dans ce sens que je le
comprends. Dans ce sens, je suis d'accord aussi, parce que c'est un peu la
notion de société dont vous parlez. Il reste quand même que
c'est vrai que vous avez mis la notion de plein temps. Cela voudrait dire que,
si on est cinq dans la compagnie, il faut avoir au moins cinq unités
homme-travail lorsqu'on parle de production. Peut-être qu'il y a une
projection, mais en tout cas j'aimerais bien qu'on regarde cela de très
près, parce qu'on sait que l'intégrateur a trouvé le moyen
d'entrer à beaucoup d'endroits et je ne voudrais pas qu'en plus de cela
on lui ouvre une porte pour entrer à l'UPA dans le sens de ne pas
être exploiteur, mais d'avoir 20% des parts et avoir une carte de
producteur agricole.
M. Proulx (Jacques): Ce n'est pas l'unité travail-homme,
monsieur; c'est le travailleur. Je veux dire: Arthur aura 20% des actions, puis
ce n'est pas parce qu'il va engager Jos. à sa place qu'il va garder son
droit d'être... C'est un travailleur. C'est la personne elle-même
qui va travailler à plein temps. Je ne sais pas si j'ai saisi ce que
vous voulez dire. Je veux dire que ce n'est pas parce qu'il va y avoir cinq
actionnaires dans une compagnie, à 20%, et qu'il va y avoir, à
côté de cela, cinq autres travailleurs, qui vont être
avocat, médecin, enseignant et ainsi de suite que ces gars vont avoir le
droit de se faire élire. Pas du tout, ils n'auront aucun droit; ils ne
sont pas à plein temps, ils ont 20%. Il y a cinq unités
travail-homme; mais mettons cela au pire, si les cinq sont en dehors, avec cinq
unités travail-homme, il va y avoir un vote en tant que compagnie.
M. Gagnon: Qu'est-ce que c'est, le plein temps, pour vous, dans
l'esprit où vous voulez le voir introduire dans la loi? Par exemple,
est-ce un travail de 40 heures par semaine ou si c'est la principale ou la
seule occupation?
M. Proulx (Jacques): On dit souvent qu'en agriculture 40 heures,
c'est à mi-temps.
M. Gagnon: Oui, c'est comme en politique.
M. Proulx (Jacques): Tu peux définir ça dans
différentes entreprises, mais je crois que du plein temps, c'est lorsque
tu commences le matin à une heure normale, puis que tu finis à
une heure normale sur la fin de l'après-midi. Pour moi, c'est du plein
temps. Mais, si un gars choisit de travailler 20 heures par jour et qu'il veut
avoir un "side-line", on dit: On n'ôtera pas son plein temps parce que,
de 18 heures à minuit, il est allé comme gardien de
sécurité ou je ne sais pas quoi. Je pense que la majorité
des producteurs agricoles qu'on représente à l'heure actuelle
font du plein temps.
M. Gagnon: Ce serait la notion de principale occupation.
M. Proulx (Jacques): C'est cela, si tu veux.
M. Gagnon: Comment est-on arrivé à 20%? Pourquoi
est-ce qu'on n'a pas choisi 40% ou 50%? Pour en arriver à 20%, vous vous
êtes basé sur une étude quelconque.
M. Gras: Je pense que le statut de producteur par les
sociétés, c'est un peu correspondant avec ce que fait le MAPAQ
actuellement dans le crédit agricole, dans l'établissement, ces
choses-là; c'est assez semblable.
M. Blanchette: Avoir mis le pourcentage trop haut, on aurait
défavorisé des jeunes producteurs qui embarquent dans la
compagnie avec leur père et qui souvent ne sont pas en mesure de prendre
plus que 20%, mais ils se consacrent à plein temps à la
compagnie.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: M. le Président, considérant que,
présentement, il y a environ 1500 compagnies, si on met cela à
une moyenne de trois - si ce n'est pas le cas, cela doit être tout
près - personnes par compagnie, on est rendu avec 4500. Vous dites que
c'est facile à vérifier, mais, considérant les changements
d'actionnaires, considérant qu'il faut vérifier le nombre
d'heures en tenant compte de telle ou telle catégorie de production, ce
n'est pas facile de contrôler. Vous avez l'air de dire que cela va
être facile à contrôler. On est rendu avec 4500 membres et
cela va toujours en augmentant parce qu'il se forme des compagnies tous les
jours. Il va y avoir les 20%, et avec tous les changements
d'actionnaires...
M. Proulx (Jacques): À l'heure actuelle, on me dit que la
moyenne est de deux par compagnie. Selon les enquêtes qu'on a faites,
cela se situe à deux par compagnie. La multiplication des compagnies, je
ne crois pas qu'elle va progresser énormément parce qu'à
l'heure actuelle on vit... Vous êtes conscient de cela aussi, cela a
été, pendant une certaine période, une façon
d'entrer en agriculture. Cela va continuer d'être une façon.
Justement, on soulevait le cas des jeunes aujourd'hui. C'est une façon
pour plusieurs d'intégrer les jeunes à l'exploitation. On va
peut-être changer de modèle plus tard, mais je pense que cela ne
deviendra jamais la majorité de l'organisation agricole au
Québec. Si on regarde le passé, il va en arriver quelques-unes,
cela peut aller à trois, ainsi de suite. Je ne pense pas que ce soit
difficile à dénombrer parce qu'on n'en aura jamais un nombre
énorme. Ensuite, de par toute notre structure de base, où c'est
toujours présent dans le milieu, c'est toujours bien facile pour nos
gens - chaque paroisse fait partie intégrante de son syndicat de base -
à vérifier. Il y a toujours, pour plus de sécurité,
autant d'un côté que de l'autre, la Régie des
marchés agricoles qui sera là. C'est la plus belle
sécurité qu'on puisse avoir, autant pour l'organisation agricole
que pour l'individu lui-même, en dernier ressort, s'il se commettait des
injustices quelconques.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Garon: Dans votre esprit, quand vous parlez des actionnaires
des compagnies de producteurs agricoles qui détiennent 20% des actions
et qui travaillent à plein temps, est-ce une corporation, une compagnie
de producteurs agricoles qui produit pour 3000 $ ou bien autant de fois 3000 $
qu'il y a de 20%? Si cela veut dire 5 producteurs agricoles dans une compagnie
qui produit pour 3000 $, c'est l'équivalent de 600 $ chacun?
M. Proulx (Jacques): Comment pensez-vous qu'ils vont faire pour
vivre à plein temps en n'allant chercher que 600 $?
M. Garon: J'en connais des gars qui écrivent des articles
dans les journaux, etc.
M. Proulx (Jacques): Ce n'est plus à plein temps. C'est
là que votre régie aura à déterminer... Dans le cas
des sociétés, c'est selon le critère qui était de
1000 $ et qui va passer à 3000 $. Pour le cas d'une
société, c'est 3000 $. Il y aura peut-être une exception ou
deux dans la province où les gens pourront vivre avec 600 $ à
l'avenir, et je pense que cela vaudra la peine qu'on leur donne la chance.
M. Garon: Par ailleurs, qu'est-ce qui arriverait dans le cas des
compagnies dont aucun des actionnaires ne travaillerait à temps
plein?
M. Proulx (Jacques): II y aura un producteur agricole qui sera la
compagnie.
M. Garon: Même s'ils ne travaillent pas du tout sur la
terre?
M. Proulx (Jacques): Même s'ils ne travaillent pas du tout,
oui, parce que la compagnie est une organisation agricole. C'est
déjà le cas à l'heure actuelle.
M. Garon: Cela veut dire dans le fond qu'on arriverait à
six cotisations par compagnie.
M. Proulx (Jacques): Non.
M. Garon: Une pour la compagnie.
Une voix: D'accord.
M. Garon: Une pour la compagnie et cinq pour chacun de ceux qui
ont 20%, théoriquement.
M. Proulx (Jacques): Oui, théoriquement, c'est
possible.
Une voix: S'ils travaillent à temps plein tous les
cinq.
M. Garon: Je n'ai pas d'autre question. (16 h 30)
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Supposons que l'homme et la femme font partie
intégrante de la ferme comme associés et qu'une des deux
personnes, disons, la femme, travaille à l'extérieur de la
société agricole. À ce moment-là, même si
elle a 50% des actifs
de la ferme, est-elle obligée d'avoir sa carte de producteur?
Faut-il les deux critères: et le pourcentage sur la ferme et le travail
à plein temps pour avoir et payer la carte de producteur?
M. Proulx (Jacques): Dans la demande que l'on fait, oui.
Mme Juneau: II faut qu'elle se conforme aux deux
critères?
M. Proulx (Jacques): S'ils choisissent la formule "compagnie"
dans la demande qu'on fait, il va falloir qu'elle travaille à plein
temps. Je prends votre exemple, elle travaillera à temps plein...
Mme Juneau: Sur la ferme?
M. Proulx (Jacques): ... sur la ferme, pour avoir sa carte de
producteur agricole.
Mme Juneau: À ce moment, ils auraient deux votes à
cause de cela.
M. Proulx (Jacques): C'est cela. Mme Juneau: Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Garon: Y a-t-il déjà eu des femmes à
l'exécutif de l'UPA?
M. Proulx (Jacques): Pardon?
M. Garon: Historiquement, y a-t-il déjà eu des
femmes à l'exécutif de l'UPA?
M. Proulx (Jacques): II y en a eu au conseil
général, mais il n'y en a pas eu à l'exécutif de
l'UPA. Remarquez qu'on aurait trouvé cela bien agréable, mais on
n'a jamais eu la chance. La seule qu'on a eue, M. le ministre est venu la
chercher.
M. Garon: C'est pour cela que j'aimerais en amener d'autres, pour
qu'on puisse aller les chercher. Cela veut dire que les producteurs
eux-mêmes font un choix parmi les femmes dirigeantes dans le domaine
agricole.
M. Proulx (Jacques): Cela serait une très bonne chose. On
est réceptif à cela.
M. Blanchette: La loi le permet; il n'est pas nécessaire
d'avoir un amendement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Relativement à la question de ma
collègue, la députée de Johnson; seulement un
éclaircissement, M. Proulx. Lorsque le mari et la femme sont
actionnaires dans une compagnie agricole, comment allez-vous définir le
critère? Disons que la femme vaque aux travaux ordinaires de la maison,
sa principale occupation va-t-elle être l'agriculture?
M. Proulx (Jacques): Oui. Elle va être à plein
temps.
M. Mathieu: Seulement en faisant le travail de la maison? Les
repas, la comptabilité...
M. Proulx (Jacques): Mais, écoutez! Elle ne fait pas
seulement le travail de la maison. Ce qu'on veut dire, c'est de ne pas
travailler à l'extérieur, qu'elle aille enseigner ou qu'elle
aille n'importe où. Cela veut dire qu'elle travaille et qu'elle reste en
agriculture. Pour continuer avec l'exemple de Mme Juneau, si elle a 40% ou 50%
des actions, on n'ira pas vérifier combien de temps elle est dans la
cuisine et combien de temps elle est dehors; on le sait qu'elle va être
dehors. Je pense que, lorsqu'on parle de ne pas travailler, c'est qu'elle
n'entretienne pas sa maison et qu'elle aille travailler n'importe où
ailleurs que dans l'exploitation.
M. Mathieu: Alors, dans ce cas-là, ce sont trois
cotisations.
M. Proulx (Jacques): Deux cotisations.
M. Mathieu: Une pour la compagnie, une pour le mari et la
femme.
M. Proulx (Jacques): Attendez une minute.
M. Mathieu: Tantôt, vous parliez de six cotisations en
théorie. C'est seulement parce que je veux...
M. Blanchette: Non. C'est parce qu'on demande la reconnaissance
à ces deux conditions, sauf pour celui qui va représenter la
compagnie de façon qu'il n'y ait pas une double représentation.
Alors, dans un cas de compagnie où vous avez cinq actionnaires à
20%, la compagnie va déléguer un représentant;
normalement, un parmi les cinq et, en plus de cela, les cinq actionnaires vont
avoir leurs 20%, mais celui qui représentera la compagnie, si c'est le
même qu'un des actionnaires qui a 20%, il ne peut pas cumuler son vote.
Lui, il ne peut pas être représenté deux fois.
M. Mathieu: D'accord.
M. Blanchette: Le maximum est cinq.
M. Mathieu: Très bien, merci.
M. Proulx (Jacques): Cela corrige l'erreur qu'on a commise tout
à l'heure.
Le Président (M. Boucher): Y a-t-il d'autres questions. M.
le ministre.
M. Garon: Y a-t-il d'autres questions?
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas d'autres
questions, M. le ministre.
M. Garon: Je voudrais remercier les gens de l'Union des
producteurs agricoles qui sont venus nous présenter leur mémoire.
Je suis très satisfait des réponses apportées aux
questions que nous avons posées. Je pense que plusieurs pensaient que la
commission n'était pas aussi utile. Mais au contraire, dans mon cas,
plusieurs réponses ont été apportées. Je suis
persuadé que cela va aider à faire des amendements au projet de
loi.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je m'associe, M. le Président, aux paroles que
vient de prononcer le ministre. C'est sûrement bon qu'on ait un dialogue,
nous qui nous occupons de l'agriculture à l'Assemblée nationale,
avec les représentants du monde agricole. Je pense que c'est très
bon et très salutaire. Ils ont répondu avec clarté aux
questions qui étaient soulevées. Je tiens à les
féliciter et à les remercier de leur participation.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. Proulx.
M. Proulx (Jacques): M. le Président, je vous remercie
ainsi que les membres de la commission de nous avoir entendus. Je souhaite que
vous saurez nous accorder les demandes de notre mémoire, parce que,
comme je le disais au début du mémoire, ce n'est pas le fruit de
quelques gens, mais c'est vraiment une réflexion profonde qu'on a faite
depuis un certain nombre d'années dans tous nos milieux agricoles,
à partir du syndicat de base et en passant par tous les échelons.
Les demandes qui sont dans le mémoire sont une continuité de la
loi en l'améliorant constamment selon les réalités
d'aujourd'hui. Alors, merci beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie les représentants de l'UPA d'avoir
présenté leur mémoire. Particulièrement, je salue
un concitoyen de Rivière-du-Loup, M. Hervey Filion. Merci beaucoup.
J'inviterais maintenant le Mouvement pour l'agriculture biologique au
Québec, représenté par M. Jean Guilbault - Boutet,
vice-président, et Mme Lise Lapointe, secrétaire. Mme Lapointe,
si vous voulez présenter ceux qui vous accompagnent.
Mouvement pour l'agriculture biologique au
Québec
Mme Lapointe (Lise): Oui, j'aimerais vous présenter M.
Pierre Valton, notre président de la région de Saint-Hyacinthe,
et M. Jean Guilbault-Boutet, notre vice-président de la région de
Québec, Québec-Sud et je suis Lise Lapointe, de la région
de Huntington.
Le Président (M. Boucher): Vous pouvez présenter
votre mémoire.
Mme Lapointe: Nous essaierons d'être brefs. Vous
comprendrez que nous n'avons pas la prétention de faire
compétition à l'UPA dans nos recommandations, mais, tout de
même, nous aimerions que vous nous écoutiez d'une oreille
attentive.
Le Mouvement pour l'agriculture biologique au Québec voudrait,
par le présent mémoire, faire valoir auprès de la
commission parlementaire de l'agriculture la position de ses membres au sujet
de la modification proposée à la reconnaissance du statut de
producteur agricole. Le Mouvement pour l'agriculture biologique soutient que
cette modification aura des répercussions négatives et
déprimantes non seulement sur la production à temps partiel et
sur le développement dans les régions éloignées,
mais également sur la situation des femmes en agriculture et sur
l'expansion des productions nouvelles, particulièrement de l'agriculture
écologique.
La production à temps partiel. Le débat n'est pas vraiment
engagé sur "l'utilité" de cette forme de production. Cependant,
personne ne peut rester indifférent au fait que, dans certaines
économies dites planifiées, ce sont les producteurs à
temps partiel qui réussissent à combler à 80% les besoins
alimentaires de la population.
Chez nous, il faut faire la distinction entre plusieurs
catégories de producteurs à temps partiel. Il y a ceux qui
cherchent, par cette pratique, un moyen d'échapper au fisc; et la mesure
proposée n'est sûrement pas assez sévère pour les
éliminer. Il y a également ceux qui veulent prendre le temps
d'expérimenter avant de s'adonner à la production à plein
temps. Et il y a surtout ceux qui, par la production à temps partiel,
visent à l'autosuffisance personnelle. Ce concept n'est pas à
négliger dans un contexte de crise comme celle que nous traversons,
puisque l'objectif de ces derniers est de contribuer par un travail
extérieur au développement de la société tout en
essayant de s'autosuffire tant au plan alimentaire qu'au plan de la
santé et des services sociaux afin de ne plus être une charge pour
la communauté.
Nous considérons les producteurs à temps partiel comme un
atout positif puisqu'ils investissent dans le domaine agricole les sommes
rendues disponibles par leur travail extérieur et qu'ils mettent en
valeur des terres qui autrement seraient laissées à l'abandon.
Restreindre leur accès au statut de producteur agricole serait leur
enlever une motivation précieuse.
Le développement des régions éloignées.
Là où les conditions climatiques et pédologiques sont plus
difficiles, la production agricole est bien souvent le seul moyen de survivre
avec le moindrement de dignité. Il faudrait vérifier
statistiquement jusqu'à quel point le changement proposé ne
ferait pas que transférer au ministère des Affaires sociales
certains problèmes que le MAPAQ préférerait ignorer.
D'autre part, plusieurs jeunes agriculteurs ont choisi d'installer leur
entreprise dans une région éloignée à cause de plus
faibles coûts d'investissement. Il ne faudrait pas ajouter à leurs
charges déjà lourdes d'autres causes de découragement.
La situation des femmes. La contribution des femmes à la
production agricole et, d'une façon particulière, dans les
nouvelles productions n'est mise en doute par personne. C'est la forme que doit
prendre cette nouvelle contribution qui est plus difficile à
établir. La discussion proposée par l'Association des femmes
collaboratrices n'est pas sans soulever plusieurs inquiétudes. S'il y a
une place pour les femmes en agriculture, ce n'est pas, à notre avis,
par procuration, par collaboration qu'elles doivent la prendre, mais bien en
devenant elles-mêmes producteurs. Et ce n'est pas en leur compliquant la
tâche qu'on fera preuve de compréhension à leur
égard. La situation est délicate et, tant que les parties
intéressées n'auront pas établi distinctement leur
position, il serait opportun de garder le statu quo en ne rendant pas plus
sévères les critères d'admissibilité au statut de
producteur.
Les productions nouvelles. Les productions traditionnelles sont
saturées. Les problèmes de surplus et de quotas laissent peu de
place à ceux qui ne sont pas déjà engagés en
agriculture. Ils n'ont d'autre alternative que de prendre le risque d'innover
dans une production beaucoup moins reconnue. Ces nouvelles productions
apportent pourtant une contribution précieuse à l'économie
et au mieux-être des Québécois. Nous apprécions tous
les endives, l'agneau du printemps et le fromage de chèvre. Toutes ces
entreprises ont cependant commencé de façon modeste et aucune ne
peut se vanter d'avoir reçu le soutien du ministère à ses
débuts. Il faut de l'audace, de l'imagination et des reins solides pour
se lancer dans une production différente. La recherche et
l'expérimentation sont aux frais du seul producteur et c'est toute la
collectivité qui en retire les bienfaits. Quels bénéfices
l'État trouverait-il à restreindre encore davantage les
innovations dans ce domaine? La modification proposée par la loi no 78
serait une contrainte inutile au moment où l'on parle d'autosuffisance
alimentaire pour le Québec.
Le développement de l'agriculture écologique.
L'agriculture écologique cherche avant tout à respecter
l'écosystème dans ses rapports avec le sol et les animaux. Elle
vise une forme d'agriculture intégrée où chacune des
composantes de la ferme contribue au développement des autres
éléments et ceci, en évitant d'avoir recours aux
ressources extérieures, particulièrement les ressources non
renouvelables.
L'agriculture écologique favorise la polyculture associée
à l'élevage, seule façon de contrôler efficacement
l'érosion des sols et les ennemis des cultures. L'agriculture
écologique rejette l'utilisation des pesticides de synthèse et
l'utilisation des fertilisants non organiques, lesquels provoquent
inévitablement des problèmes de contamination. L'agriculture
écologique n'a pas pour seul objectif l'efficacité
économique. La qualité de vie et la qualité de
l'environnement sont pour elle des impératifs. Elle croit qu'il faudra
intégrer au calcul des coûts de production les conséquences
des pratiques excessives que nous connaissons actuellement.
Une entreprise écologique ne peut être gérée
à la façon d'une corporation où la quantité de
capital investi exige un rendement immédiat et une planification
à court terme uniquement. Une entreprise agricole écologique doit
pouvoir être contrôlée à l'échelle d'un
individu ou d'une famille afin que ne se perde pas le sens du fragile
équilibre de la nature.
Le Mouvement pour l'agriculture biologique au Québec soutient et
recommande cette forme d'exploitation agricole. Il croit que la petite
entreprise agricole doit être considérée comme une solution
valable aux problèmes causés par l'agriculture d'affaires et que
tout geste posé visant à restreindre pour la petite entreprise
l'accès à la viabilité doit être
dénoncé. (16 h 45)
Conclusion. Le Mouvement pour l'agriculture biologique croit que la
modification proposée par la loi no 78 n'aura aucun effet positif sur le
développement de l'agriculture au Québec. Il affirme, en outre,
que c'est une illusion de croire que la seule reconnaissance du statut de
producteur agricole donne droit à l'utilisation systématique de
l'aide technique et financière du ministère. Mises à part
quelques exemptions fiscales, dans la plupart des cas, les normes d'application
des programmes agricoles éliminent ceux qui ont
opté pour une entreprise de dimension restreinte ou pour une
production non traditionnelle, plus difficilement "chiffrable". Et, lorsque les
normes sont respectées, c'est la situation même du marché
qui rejette les petites entreprises. Enfin, lors de l'établissement des
priorités budgétaires, les besoins de la petite entreprise
paraissent toujours insignifiants face a l'ampleur des problèmes de la
grande et ils se retrouvent inévitablement en bas de liste.
Le Mouvement pour l'agriculture biologique soutient donc que la petite
entreprise agricole, tout en coûtant peu à l'État, doit
être considérée comme un apport significatif à
l'ensemble de la production québécoise du seul fait qu'elle
expérimente et propose des solutions originales aux problèmes
actuels. Le Mouvement pour l'agriculture biologique verrait dans cette
modification apportée par la loi no 78 une volonté politique
d'encourager la grande entreprise agricole au détriment de la
petite.
Le Président (M. Boucher): Merci, madame. M. le
ministre.
M. Garon: J'ai écouté votre mémoire que
j'avais lu antérieurement. Je ne fais pas le lien; je ne vois pas en
quoi il y a dans ce projet de loi quelque chose contre la petite
entreprise.
Mme Lapointe: Je ne vois pas, non plus, dans cette loi quelque
chose pour la petite entreprise. Au ministère, est-ce que, finalement,
on fait quelque chose pour la petite entreprise? Jusqu'à ce jour, les
petits producteurs qui sont dans notre association ont eu toujours de la
difficulté à avoir accès - même si officiellement on
dit que la reconnaissance du statut de producteur agricole y donne droit -
à l'aide du ministère par ses différents programmes. Dans
la réalité des faits, ce n'est pas vrai, soit qu'ils ne
répondent pas aux normes, soit qu'ils ne répondent pas aux
critères ou qu'ils ne soient pas dans les priorités. Pour la
petite entreprise, actuellement, est-ce qu'il y a quelque chose de positif?
M. Garon: Pourriez-vous me donner des exemples concrets, quand
vous dites que des petites entreprises ou des productions ont été
repoussées par le ministère? Je ne vois pas trop.
Mme Lapointe: On peut vous en donner, des exemples.
M. Garon: C'est quoi, une petite entreprise, pour vous?
Mme Lapointe: Une petite entreprise, c'est quelqu'un qui
n'ambitionne pas de devenir millionnaire, qui veut juste vivre
honnêtement de sa production.
M. Garon: A 1000 $, 2000 $ ou 3000 $, on est loin des
millions.
Mme Lapointe: C'est bien sûr qu'en bas de 30 000 $ ou 40
000 $ de revenu...
M. Garon: On ne parle pas de cela. On parle du producteur
agricole, de celui qui devrait mettre en marché 3000 $ au lieu de 1000
$. Les mêmes 1000 $, indexés depuis 1972, donnent 3000 $ en
1983.
Mme Lapointe: Si ce n'est pas grand-chose, pourquoi voter cette
modification?
M. Garon: Un producteur qui a un certain statut professionnel,
cela prend un minimum de production pour qu'on dise qu'il s'agit d'un certain
caractère professionnel relatif à l'agriculture. À 1000 $,
quelqu'un ne vend même pas une vache, une demi-vache, et c'est 1000 $. On
n'est pas dans de petites entreprises. Pour vous, une petite entreprise, cela a
un marché de combien par année? Pour quelqu'un qui travaille
normalement dans une petite entreprise agricole?
Mme Lapointe: En marché brut?
M. Garon: Oui.
Mme Lapointe: 25 000 $, 30 000 $.
M. Garon: Alors, il n'y a pas de problème. Là, on
dit que, si une personne met en marché pour 3000 $, le statut de
producteur agricole est reconnu.
Mme Lapointe: Non, c'est bien sûr qu'on est d'accord avec
cela. Mais il y a de jeunes producteurs qui ne font pas nécessairement
partie de la relève officielle, il y a toutes les femmes, il y a tous
ceux qui auraient besoin de cette reconnaissance et le fait que
dorénavant, par décret, le ministre aura la liberté de
changer ça - on en a parlé tantôt - cela nous semble assez
inquiétant. Si, du jour au lendemain, on décide que ça va
passer de 3000 $ à 15 000 $, cela risque d'être différent
pour ceux qui commencent. Cela risque d'être différent aussi pour
les femmes qui veulent se lancer dans ce domaine.
M. Garon: Mais en quoi une femme qui veut se lancer dans le
domaine serait-elle limitée par ce projet de loi?
Mme Lapointe: Cela va juste lui compliquer ou multiplier la
tâche par trois. C'est bien sûr que prendre un vache et la vendre
à son voisin, ce n'est peut-être pas compliqué, mais, par
exemple, faire de la
production horticole ou faire de la culture maraîchère,
c'est différent. Avec des choux qui se vendent à 0,10 $ la livre,
il faut en faire pas mal pour arriver à 3000 $.
M. Garon: Par ailleurs, les gens qui cultivent les choux,
normalement, ils en cultivent un peu.
Mme Lapointe: Oui, mais, c'est parce que, voyez-vous, c'est un
peu comme ça que nous travaillons.
M. Garon: Hein?
Mme Lapointe: Et, on pense qu'il est important de travailler
comme ça, parce que ça donne une alimentation de meilleure
qualité.
M. Garon: Je vais laisser les autres poser des questions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, est-ce que j'ai bien présumé que vous vouliez poser
une question?
M. Mathieu: Oui, vous avez bien présumé, oui,
pendant que le ministre va se chercher des questions. Mme Lapointe, votre
mouvement s'appelle le Mouvement pour l'agriculture biologique au Québec
Inc. Est-ce à but lucratif ou à but non lucratif?
Mme Lapointe: C'est une association à but tout à
fait non lucratif, qui regroupe les producteurs qui utilisent les
méthodes que nous préconisons, qu'elles soient biologiques ou
écologiques. Nous proposons une forme d'agriculture qui soit
respectueuse de la nature.
M. Mathieu: Vous avez combien de membres?
Mme Lapointe: Nous avons au moins 500 membres actifs et tous les
écologistes du Québec nous appuient.
M. Mathieu: Et votre activité se fait-elle dans à
peu près toutes les régions du Québec?
Mme Lapointe: Oui. Nous avons une association
démocratique. Nous avons un délégué par
région agricole du Québec.
M. Mathieu: Quand vous parlez d'agriculture écologique -
excusez mon ignorance - je ne suis pas très familier avec ce type
d'agriculture et j'aimerais que vous nous l'expliquiez.
Mme Lapointe: Oui. Ce n'est pas que nous reprochons à
l'agriculture d'avoir évolué tel qu'elle l'a fait.
Peut-être que c'était nécessaire que, du point de vue
scientifique, on fasse des recherches, etc., pour en arriver à
l'agriculture que nous connaissons présentement. Mais, nous partons du
principe que les produits agricoles qui sont cultivés aujourd'hui le
sont de telle sorte qu'on vise la rentabilité le plus vite possible.
Mais, à ce moment-là, on vise une augmentation de la
quantité et on se préoccupe peu de la qualité, soit des
légumes ou des animaux qu'on produit. Nous prétendons qu'il y a
une façon écologique de pratiquer l'agriculture, qui n'utilise
pas principalement et les pesticides de synthèse et les fertilisants de
synthèse. Finalement, c'est une agriculture qui se voudrait le plus
proche possible de la nature. Au lieu de vouloir dompter la nature, on aimerait
juste l'étudier et l'imiter le mieux possible.
M. Mathieu: Est-ce qu'on pourrait dire que c'est plutôt une
agriculture de subsistance ou si c'est...?
Mme Lapointe: Pour certains. Notre ambition n'est pas de revenir
à l'époque où nos grands-pères travaillaient sur la
charrue d'une étoile à l'autre et avaient de la difficulté
à vivre. Nous sommes d'accord qu'il faut que les gens vivent
convenablement, mais ils n'est pas nécessaire que l'agriculture soit une
entreprise industrielle.
M. Mathieu: Et le projet de loi 78 - je reviens un peu à
la question du ministre - je vois mal en quoi il pénalise un groupe
comme le vôtre.
Mme Lapointe: II pénalise parce qu'il restreint la
possibilité à la petite entreprise, aux petits producteurs
agricoles. Nous soutenons que l'agriculture biologique doit être faite
dans des petites unités et, lorsqu'on restreint la possibilité
d'être petits, on met des obstacles. On voudrait conserver le statu quo
pour permettre au plus grand nombre possible de personnes de faire de
l'agriculture, soit à temps partiel, soit juste pour l'autosuffisance ou
d'une façon restreinte.
M. Mathieu: Si je comprends bien, vous pourriez faire quand
même de l'agriculture sans avoir le statut de producteur, dans quelques
cas; pas dans le vôtre, probablement. L'agriculture pourrait se pratiquer
quand même, mais sans que les membres de votre groupe aient tous le
statut de producteurs, si la loi est adoptée telle quelle.
Mme Lapointe: Oui, mais les membres de notre groupe veulent
être reconnus aussi comme des producteurs agricoles. Il y a aussi dans
notre groupe des producteurs agricoles.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. Valton.
M. Valton (Pierre): Je veux répondre à M. Hermann
Mathieu. On peut devenir aussi un cultivateur important en agriculture
biologique, mais cela va prendre relativement beaucoup plus de temps, beaucoup
plus d'efforts parce que c'est une agriculture pensée d'une façon
traditionnelle et d'une façon très moderne. Vous faites le pont,
si vous voulez, entre nos grands-pères et ce qu'il y a de plus
avancé aujourd'hui. On a démontré qu'une agriculture
classique actuelle est en train non seulement de perdre le sol qu'on a sous les
pieds par ce qu'on appelle l'érosion, et certains principaux de
région de l'UPA en ont parlé, comme à Saint-Hyacinthe
où les problèmes sont déjà graves, mais aussi vous
poussez les humains qui consomment vers ce qu'on appelle le cancer, qui est le
tout-a-l'égout de la maladie, en passant par les crises cardiaques et
tout ce que vous savez. À l'heure actuelle, vous avez une symbiose qui
existe de plus en plus entre une certaine catégorie de savants, qui ne
sont pas si proches de nous. Je sais que dans vos études, vous avez
certainement étudié Alexis Carrel, pour n'en nommer qu'un. Il y
en a d'autres aux États-Unis qui ont prouvé depuis fort longtemps
qu'on était biaisé dans nos orientations fondamentales, dont
l'agriculture.
Alors, pour ceux qui sont intéressés à
étudier un peu plus avant, on a tout ce qu'il faut pour les aider dans
ce domaine, mais c'est une affaire de longue haleine. Nous courons sur le long
terme plutôt que sur le court, de façon à parer aux
problèmes qui s'en viennent. De préférence, nous aimerions
que l'agriculture dite biologique soit d'abord une ferme familiale, dans le
plus beau sens du terme. On estime que le travail qui y est exigé est
largement suffisant quand une famille commence et quand une famille
grandit.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? M. le député d'Iberville.
M. Beauséjour: Vous dites à plusieurs endroits,
dans le mémoire, "la modification proposée": Est-ce que vous
voulez faire allusion au fait de passer de 1000 $ à 3000 $?
Mme Lapointe: Vous comprendrez bien que dans notre esprit 1000 $
ou 3000 $... Dans le fond, c'est l'objectif de la petite entreprise qu'on
voudrait vous faire respecter; que la petite entreprise agricole soit reconnue
par le ministère plutôt que d'aller vers des portes ouvertes
où il n'y aurait d'existant et de valable que la grande entreprise.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? M. le ministre. (17 heures)
M. Garon: Je voudrais remercier les gens du Mouvement pour
l'agriculture biologique d'être venus nous exposer leurs idées. Je
connais M. Valton depuis déjà quelques années et je sais
qu'il est un ardent défenseur de l'agriculture biologique. Les gens du
Mouvement pour l'agriculture biologique ont si bien défendu leur
idées qu'on a un programme, au ministère, qui s'applique à
l'agriculture biologique. Ils représentent une façon de voir les
choses et une façon de faire de l'agriculture.
On ne sait jamais, en encourageant un peu les gens à
développer leurs idées pour une meilleure protection de la
nature, parfois, parce que ces gens expriment leurs idées, sans que les
gens deviennent tous des agriculteurs biologiques, ils influencent
l'agriculture traditionnelle qui est souvent trop chimique. Je pense que les
gens de l'agriculture biologique mettent en garde contre trop de
médicaments, trop d'antibiotiques, trop de pesticides, trop
d'herbicides, qui inquiètent les gens. Plusieurs producteurs agricoles
traditionnels se posent des questions concernant l'érosion de la
matière organique et l'usure du sol par des cultures très
intensives à coups de chimie. On n'a pas besoin d'aller si loin; on n'a
qu'à regarder, par exemple, à l'Île d'Orléans, les
terres qui ont été vidées de leur matière organique
par des façons de travailler. Je crois qu'ils ont un rôle à
jouer comme membres du Mouvement pour l'agriculture biologique. Je ne pense pas
qu'on retourne au cheval, malgré qu'on ait vu, en passant à
Mirabel l'autre jour, lorsque la commission parlementaire y est allée en
visite, deux cultivateurs qui faisaient leurs labours avec leurs deux chevaux.
Je crois que ce serait encore plus exigeant pour le sol que les tracteurs.
Imaginons-nous combien de chevaux on aurait à nourrir si on n'avait pas
de tracteurs; il n'en resterait peut-être pas assez pour les humains. Je
pense que tout le monde s'inquiète de la quantité d'herbicides,
d'insecticides d'engrais chimique, de fongicides et de l'intensité des
cultures. Je voudrais vous féliciter de mettre en garde les gens pour
qu'ils fassent attention, parce que la nature a des limites.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je voudrais remercier les membres du mouvement de
leur collaboration.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Nicolet, vous avez une question?
M. Beaumier: Je ne voudrais pas couper
la parole au député. Vous aviez terminé? Il y a
seulement une question que j'aimerais poser. Vous parlez dans votre
mémoire de production à temps partiel; dans un autre
mémoire que nous avons, quelqu'un suggère qu'un des
critères qui pourrait être retenu pour la reconnaissance d'un
producteur agricole serait quelqu'un qui investit. Donc, ce serait quelqu'un,
par exemple, qui travaille à un autre endroit, mais qui veut arriver peu
à peu à être producteur agricole et l'un des
critères qui seraient retenus, ce serait le montant de l'investissement.
On pourrait s'entendre ou ne pas s'entendre sur le montant. Quelqu'un qui
investirait, par exemple, 3000 $ par année pourrait être
considéré comme producteur agricole. Avez-vous déjà
réfléchi un peu sur cela? J'aimerais avoir votre réaction,
du moins sur ce critère.
Mme Lapointe: Dans le fond, c'est ce qui se passe actuellement,
parce que, comme c'est une agriculture dite alternative, les producteurs
conventionnels n'osent pas prendre le risque à l'heure actuelle
d'investir dans cette forme d'agriculture, de sorte que ce sont des gens qui
viennent de toutes sortes de milieux qui, finalement, investissent en
agriculture de l'argent qu'ils ont gagné et qui a été
imposé ailleurs. Actuellement, c'est notre façon de vivre et nous
serions d'accord avec une formule semblable, parce que, dans le fond, ce n'est
qu'un atout pour le monde agricole de voir ces gens qui investissent non
seulement des montants d'argent, mais des idées neuves ou une
expérience qu'ils ont acquise ailleurs.
M. Beaumier: Donc, votre réaction serait oui...
Mme Lapointe: Elle serait positive.
M. Beaumier: ... à la proposition qui a été
faite. Merci.
Le Président (M. Boucher): Alors, au nom de tous les
membres de la commission, je remercie Mme Lapointe, ainsi que ceux qui
l'accompagnent pour la présentation de leur mémoire. Oui,
monsieur?
M. Valton: Je tiens à remercier cette assemblée, en
particulier M. le ministre qui nous a permis, grâce au programme de
fermes témoins, d'être officiellement reconnus, dans la province
de Québec, comme notre groupe a été reconnu dans le monde,
en particulier en France et aux États-Unis, il n'y a pas tellement
longtemps; c'est en juin, il y a un an. L'expertise des fermes témoins,
je pense que c'est une première mondiale que le Québec a
organisée de façon à recevoir un maximum de
données, aussi bien chiffrables que dans les créations nouvelles,
dans les cultures nouvelles dans lesquelles nous-mêmes travaillons.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup. Je dois vous
informer que, ce matin, nous avons reçu un autre mémoire. Comme
il n'était pas à l'ordre du jour, je demanderais aux membres de
la commission s'ils sont prêts à l'entendre; il s'agit du
mémoire présenté par M. Gérard Maheux, à
titre personnel. La commission accepte-t-elle d'entendre M. Maheux? M. Maheux,
si vous êtes dans la salle, j'aimerais que vous vous approchiez pour
présenter votre mémoire.
M. Gérard Maheux, à titre
personnel
M. Maheux (Gérard): En premier lieu, je tiens à
vous remercier de me permettre de déposer ce mémoire sur la Loi
sur les producteurs agricoles. Je vais essayer de lire mon texte sans trop y
mettre d'émotion.
Je suis actionnaire d'une compagnie agricole enregistrée selon la
partie 1A de la Loi sur les compagnies, le 8 avril 1980. Je veux vous
entretenir sur le sujet des actionnaires des compagnies. Je n'ai rien contre la
demande de l'UPA faisant passer de 1000 $ à 3000 $ la valeur de la
production agricole destinée à la mise en marché qu'une
personne devra produire pour être reconnue producteur agricole.
Les actionnaires d'une compagnie renoncent à leur droit de
produire et de mettre en marché individuellement pour permettre à
une personne morale, la compagnie, de mettre en marché le fruit de leur
travail. La Loi sur les producteurs agricoles ne doit pas venir en
contradiction avec la Loi sur les compagnies. Dans la Loi sur les compagnies,
c'est la compagnie qui est le seul représentant des actionnaires contre
toute revendication dans le cas d'emprunts hypothécaires ou même
en cas de poursuites.
Je crois que l'union se sent privée de cotisations
financières pour aujourd'hui et pour demain. Le nombre de cotisants
producteurs agricoles va diminuer si on augmente la valeur de la production de
1000 $ à 3000 $. Le recensement de l'Agriculture en 1981 démontre
que des 48 144 fermes qui déclaraient une production agricole, en
passant à 2500 $, le nombre de fermes va baisser à 38 184, une
diminution de 21%, soit 4913 fermes X 110 $. De plus en plus, des compagnies
agricoles se forment. Actuellement, il y aurait 1542 compagnies. À
l'été 1981-1982, il y a eu 1416 nouvelles entreprises agricoles;
624 d'entre elles étaient des fermes de groupe et la grande
majorité des compagnies agricoles.
Vous avez accordé dernièrement 50 000 $ par nouvelle
entreprise. L'UPA devrait se contenter d'une cotisation par
entreprise. La valeur des entreprises fait naître de nouvelles
compagnies lors des transferts père-fils ou vendeur-acheteur. Ce sera de
plus en plus nécessaire pour reporter ou encore éviter certaines
transactions. Assez souvent, c'est une entreprise agricole; pour permettre au
fils de s'établir; le père vend une partie de ses actions.
Là où il y avait une entreprise, une cotisation, l'UPA veut venir
chercher deux cotisations sur ces entreprises.
Je comprends que toutes ces choses affectent le financement de l'union,
son partage 40-60 des cotisations-contributions. L'union démontre son
besoin urgent d'argent. Si on extrapolait un peu, en allant chercher les
actionnaires des compagnies, s'il y a 1500 compagnies à trois personnes,
cela peut représenter 4500 personnes; à 110 $, cela fait une
belle somme d'argent. On veut aller chercher les propriétaires de
boisés, entre 7000 et 10 000 personnes. Ce ne sera pas long que
tantôt on va aller chercher les employés agricoles, les femmes
collaboratrices qui ont demandé le statut de producteur agricole. Je me
permets de mentionner tous ceux qui sont mariés en communauté de
biens par rapport aux actionnaires où on demande 20% des actions et leur
travail de toute l'année sur la ferme.
Tous ceux qui sont mariés en communauté de biens savent
très bien que la femme est propriétaire de 50% de l'entreprise.
Si elle est collaboratrice un peu, elle travaille autant sur le ferme que
l'agriculteur. L'union devrait aller chercher une cotisation de ce
côté. C'est la même chose dans le cas d'une
société d'acquêts où le gars achète une ferme
après s'être marié. Une société
d'acquêts, tu mets tout dans le même pot, puis ce sont 50% encore.
L'union devrait aller chercher une autre cotisation de ce côté, si
on extrapolait.
L'union veut avoir la garde de tous les intervenants en agriculture,
c'est-à-dire qu'elle veut tout chapeauter. Elle a peur qu'un syndicat
parallèle soit fondé. On dit que les compagnies agricoles sont
sous-représentées au sein de l'UPA. Je ne le crois pas. Un
producteur agricole (la compagnie) un vote. Dans l'union, c'est cela: un homme,
un vote. Une compagnie, cela représente les producteurs et, dans le cas
des compagnies, c'est la même chose. Dans le cas d'une compagnie, on va
déléguer un gars pour nous représenter, c'est la
même chose qu'à l'UPA où les syndicats de base vont nommer
un délégué pour les représenter aux instances
supérieures.
Un producteur agricole, un vote. Cela n'empêche pas les
actionnaires de la compagnie de participer à la vie sociale de l'union.
La preuve, c'est qu'on pourrait parler de notre ferme où, jusqu'à
maintenant, on ne nous a pas empêchés de travailler à deux
et même à trois au sein de l'union. De plus, les gens qui
demandent cette reconnaissance de statut disent que c'est pour pouvoir obtenir
un droit de vote, mais ils n'osent pas affirmer que c'est pour le remboursement
des taxes foncières sur leur maison ou pour le N sur leur camion ou,
encore, pour d'autres subventions qui leur seraient favorables.
Le gouvernement serait très mal vu d'encourager de tels
"téteux" de subventions. La Loi sur les compagnies ne doit pas
être modifiée parce que ce serait le commencement pour d'autres
syndicats aussi avides. La Loi sur les producteurs agricoles est incompatible
avec la Loi sur les compagnies. De toute façon, tout à l'heure,
les gars ont affirmé que c'étaient des choses qui étaient
incompatibles et que cela prendrait des juristes pour pouvoir départager
ces choses.
La Loi sur les producteurs agricoles est incompatible avec la Loi sur
les compagnies et c'est aux juristes de faire en sorte que les droits restent
tels qu'ils sont. L'union devrait créer un nouveau groupe de cotisants
sympathisants qui regrouperait les sympathisants et les collaborateurs sans les
obliger au statut de producteur agricole. S'ils ont besoin des hommes pour
travailler dans l'union, il y a sûrement une autre façon que des
les inscrire comme producteurs agricoles. Personnellement, je ne mets en
marché aucun produit ou denrée agricole; c'est la compagnie,
producteur agricole, qui produit et met en marché le fruit de mon
travail et de notre travail. À la suite de cela, j'espère n'avoir
renversé personne. Je fais allusion au congrès régional de
l'UPA de la Beauce où certaines personnes se sont senties
renversées par mes propos.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Maheux. M. le
ministre.
M. Garons M. Maheux, vous dites que vous êtes dans le Syndicat de
l'UPA de la Beauce. Quand vous avez fait valoir votre point de vue au
congrès régional dans la Beauce, étiez-vous tout seul de
votre idée ou en y avait-il d'autres qui disaient la même chose
que vous?
M. Maheux: J'étais malheureusement tout seul. Cela a
été la même chose depuis. Lorsque cela a été
discuté lors des premiers congrès ou assemblées
générales, cela a toujours été en dernier lieu de
façon que ce ne soit pas discuté, en tout cas, pour ne pas
permettre à tout le monde de pouvoir dire ce qu'il y avait à dire
de ce côté.
M. Garon: Puis les autres...
M. Maheux: J'ai profité de toutes les occasions qui m'ont
été permises pour pouvoir en discuter.
M. Garon: ... que disaient-ils lorsque vous avez soulevé
la question lors du congrès régional de la Beauce?
M. Mafieux: J'ai dit que l'Union des producteurs agricoles
regroupe certains actionnaires. L'union a essayé, voyant la
différence qu'il y avait entre les sociétaires qui, eux, payent
deux cotisations s'ils sont dans une société à deux ou
à trois, et les actionnaires d'une compagnie... Je pense qu'il y en a
qui se sentent frustrés du fait que les sociétaires doivent payer
une cotisation alors que les actionnaires en sont exemptés. En fait,
l'union reprend cela et revire cela de bord en disant: D'accord, on va obliger
tous les actionnaires à payer une cotisation au lieu de faire payer
seulement une cotisation à la société. On revire la
machine de bord.
M. Garon: Y a-t-il eu des discussions lors du congrès
régional ou avez-vous été le seul à en parler? (17
h 15)
M. Maheux: Lors du dernier congrès régional, c'est
un point que j'ai dû soumettre pour en discuter. Il n'y a pas eu de
discussion là-dessus parce que premièrement, il n'y avait
personne pour m'appuyer. Mais, de toute façon, je continue à dire
que la question n'a jamais été posée aux actionnaires des
compagnies. Quelques-uns ont affirmé qu'ils aimeraient être
représentés au sein de l'union et, pour qu'ils le soient, l'union
a dit: On va en faire des producteurs agricoles, cela va faire des cotisations
de plus. Mais il y aurait sûrement d'autres façons de faire en
sorte que les actionnaires des compagnies soient représentés au
sein de l'union sans en faire des producteurs agricoles.
Aujourd'hui, on a débattu le point à savoir ce qu'est un
producteur agricole: c'est un gars qui vend pour au moins 1000 $ à 3000
$ de produits agricoles. L'actionnaire d'une compagnie ne produit rien de cela.
Il ne produira jamais rien, c'est toujours la compagnie qui va le produire.
M. Garon: Lors du congrès auquel vous avez assisté,
à l'ordre du jour, c'était inscrit "statut du producteur".
M. Maheux: Ce n'était pas à l'ordre du jour; c'est
un point qu'on a soumis dans le "divers", parce que le congrès
régional a été court cette année. Pour ce qui est
de l'année dernière, c'était inscrit à l'ordre du
jour et ç'a été discuté, mais il était rendu
17 h 30 et cela a passé comme cela, sans qu'on ait de temps pour en
discuter. Cela a été la même chose dans le cas du
congrès provincial qui a eu lieu ici, à Québec, alors
qu'on a beaucoup discuté, en atelier, du statut de producteur agricole
et très peu de l'actionnaire qui voulait être reconnu. Là
encore, c'est une décision qui a été acceptée par
le conseil général à Montréal, qui a
décidé d'accepter l'ensemble des résolutions parce que
cela avait possiblement été accepté
antérieurement.
Moi, je vous dis que les actionnaires des compagnies n'ont pas
été consultés personnellement pour cette demande. Lorsque
l'UPA veut voter en plan conjoint, elle va chercher tous les producteurs de
boeuf, qu'ils aient un boeuf ou qu'ils en aient cent. Dans le cas des
actionnaires, qu'ils détiennent une action ou 100% des actions, on ne
les consulte pas, c'est l'UPA qui décide d'englober les actionnaires des
compagnies.
M. Garon: Je vous remercie, M. Maheux.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud. Est-ce qu'il y a d'autres questions? M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: M. Maheux, vous êtes membre d'une compagnie;
vous êtes combien dans la compagnie?
M. Maheux: On est trois.
M. Gagnon: Vous êtes trois. En termes de production, est-ce
que les trois travaillent à plein temps sur la ferme?
M. Maheux: On travaille tous les trois à temps plein sur
la ferme, tout comme des employés pourraient travailler à notre
place. Ce qu'on détient, ce sont des actions dans la compagnie.
Là, je voudrais faire allusion, justement, à la Loi sur les
compagnies. C'est à cela qu'il faut en venir. Selon la Loi sur les
compagnies, la personne qui y travaille, ses devoirs et ses
responsabilités sont entre les mains de la compagnie; c'est de ce
côté que la discussion doit s'orienter.
M. Gagnon: En fait, vous avez une production, probablement, au
moins trois fois plus forte que si vous étiez des cultivateurs
indépendants, si vous n'étiez pas en compagnie?
M. Maheux: La compagnie a été formée de deux
entreprises agricoles et on s'est mis à trois pour le faire, pour avoir
des fins de semaine et une semaine de vacances par année. Donc,
c'étaient deux entreprises agricoles antérieurement, il y avait
deux cotisations; là, l'UPA se sent privée d'une cotisation;
alors, on veut reprendre cela en en cotisant trois.
M. Gagnon: Quelle est votre production?
M. Maheux: On peut vendre, brut, pour
environ 200 000 $, 250 000 $ par année.
M. Gagnon: Vous n'êtes pas dans l'industrie
laitière?
M. Maheux: On est dans l'industrie laitière. De toute
façon, on ne fait pas un million de livres de lait et il y a un paquet
d'agriculteurs qui produisent un million de livres de lait et sont les seuls et
uniques propriétaires. Eux vont avoir une cotisation à payer.
Nous, parce qu'on est trois pour produire 600 000 livres de lait, un peu de
volaille, un peu de porc et un peu de bois, on va être obligé de
payer trois cotisations. Il y a une chose qui semble...
M. Gagnon: Là où je veux en venir, c'est que, si
vous êtes trois pour produire, normalement, vous vous mettez ensemble
pour avoir un meilleur service, cela se comprend. D'ailleurs, je pense que
c'est une formule à préconiser, mais vous ramenez la production
de trois à un seul endroit. Je voudrais vous demander si vous ne pensez
pas que les services de l'UPA par rapport à la compagnie, dans votre
cas, profitent normalement à trois producteurs. Est-ce que je me trompe
en disant cela?
M. Maheux: Le service profite à la compagnie...
M. Gagnon: À la compagnie, je suis d'accord, à
cause de la structure.
M. Maheux: ... qui est producteur agricole.
M. Gagnon: Oui, d'accord, à cause de la structure.
M. Maheux: De toute façon, l'UPA, les services qu'elle
donne ou encore les démarches qu'elle veut entreprendre, elle va le
faire pour l'entreprise, pour une entreprise agricole. Depuis quelques
années, on parle surtout de l'homme, que l'union travaille pour l'homme,
mais l'union est là pour défendre la production agricole et les
producteurs agricoles. La compagnie, c'est le producteur agricole.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? Alors, au nom des membres de la commission, je remercie M. Maheux
pour la présentation de son mémoire. Maintenant, comme nous avons
épuisé l'ordre du jour, M. le ministre, avez-vous des
commentaires pour terminer? M. le député de Beauce-Sud.
Conclusions M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: M. le Président, oui, un court commentaire en
concluant. C'est que, d'abord, j'ai bien aimé ma journée. Je
pense qu'on s'est instruit à la source des
délégués, des producteurs agricoles. Je demande au
ministre s'il n'y aurait pas moyen de prolonger cette commission ou d'en faire
une nouvelle sur des problèmes qui inquiètent grandement les
agriculteurs en ce moment. Tout à l'heure, vous me demandiez le nombre
d'agriculteurs que j'ai visités au cours de l'été;
j'aurais envie de vous demander la même chose, et, ensuite, de vous dire
que les cultivateurs que j'ai vus au cours de l'été sont inquiets
face au problème de la relève agricole. On constate que la loi de
50 000 $, cinq ans sans intérêt, dans plusieurs cas, va
pénaliser la relève. Souvent, à cause des implications
fiscales, des transferts de père à fils, il faut que le
père forme une compagnie et que le fils devienne propriétaire de
20% des actions. Donc, il a droit à 20% du prêt de 50 000 $ sans
intérêt, ce qui fait 10 000 $ sans intérêt pour cinq
ans. Il serait préférable d'avoir les 8000 $ comme avant.
J'aimerais avoir un commission parlementaire qui pourrait étudier ce
problème, de même que le problème du financement, le
problème du crédit agricole en général; ensuite,
elle pourrait étudier les problèmes d'implication fiscale. Vous
savez que nos lois fiscales sont désuètes. Cela n'a pas
bougé depuis une dizaine d'années. Je pense, par exemple, aux
dons de 75 000 $, quand le père transporte à son enfant la ferme.
Ce sont des choses qui devraient être envisagées d'une
façon urgente.
Je pense également au problème de dessèchement des
érables. J'ai eu l'occasion d'écrire quelques fois au ministre.
Je vous le dis, réellement nous avons là un patrimoine qui est en
train de périr complètement. À 10%, 15%, 20%
d'érables morts par année, on n'en aura pas pour longtemps avant
de ne plus en avoir du tout. Et ce mal s'attaque également aux
hêtres et aux merisiers.
J'aimerais également que nous puissions étudier les
problèmes de mise en marché du sirop d'érable. Je serais
très heureux si le ministre pouvait nous donner une commission
parlementaire ou un autre genre de forum, dans lesquels on pourrait brasser
avec les représentants du monde agricole ces idées -surtout
prendre une action assez énergique -et également d'autres
problèmes qui revêtent beaucoup d'acuité pour l'agriculture
du Québec. Je pense également à notre concept de ferme
familiale qui est en train de s'en aller au profit des plus grandes
entreprises. J'émets le voeu, je demande même au ministre de nous
donner soit une suite à cette commission ou une future commission
parlementaire pour étudier ces problèmes.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. M. le ministre.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, on va se réunir le 16 et
le 17 novembre pour discuter et rencontrer des gens qui viendront nous
soumettre des mémoires au sujet de Mirabel pendant deux jours, et il va
y avoir une deuxième lecture, sans doute, du projet de loi sur le statut
de producteur agricole. Je pense bien que, même si on fait une commission
parlementaire pour les érables qui se sont desséchés, on
ne réglera pas grand-chose, entre nous. J'ai une analyse qui est faite
par des spécialistes des érables, qui dit ce qui a pu arriver
dans la nature. Mais une commission parlementaire ne pourra pas faire
grand-chose là-dessus. Une commission parlementaire peut étudier
certains types de questions, mais il y a des questions qui ne sont pas de son
ressort, comme les questions administratives pour lesquelles nous avons des
mesures que nous allons prendre; 50 000 $ c'est une chose, mais on n'est pas
rendu au bout de nos idées sur la question de la relève.
M. Mathieu: Amenez-les.
M. Garon: J'ai encore rencontré des gens hier matin
concernant cette question. Le gouvernement va apporter d'autres mesures
éventuellement, mais je ne voudrais pas préciser davantage
à ce moment. Ce ne sera pas le rôle de la commission parlementaire
de siéger sur cette question, non plus que sur la plupart des questions
que vous avez mentionnées. Nous allons nous réunir les 16 et 17
novembre pour entendre d'autres mémoires concernant Mirabel et
éventuellement pour étudier d'autres projets de loi.
M. Mathieu: Quand vous apportez des nouvelles mesures, c'est
toujours une amélioration considérable. Quand on touche au fruit,
on s'aperçoit que ce n'est pas une amélioration; c'est une
détérioration dans bien des cas.
M. Garon: Je fais confiance aux agriculteurs. Je vois les
chiffres à mon bureau depuis que les prêts à 50 000 $ sont
acceptés. Je signe des listes où il y a des prêts à
50 000 $; il y en a de 8000 $. Les gens peuvent choisir entre les deux jusqu'au
31 décembre 1983. Je peux vous dire qu'à ce jour les prêts
de 50 000 $ sont nombreux et tendent à s'accroître rapidement,
tandis que les montants de 8000 $ ont tendance à diminuer rapidement.
C'est clair que les prêts de 50 000 $ sont plus avantageux, mais, encore
là, il s'agit d'un établissement. Celui qui est établi
partiellement ne peut pas demander 50 000 $ pour qualifier son père qui
est un véritable agriculteur. Ne serait-il pas mieux de qualifier un
jeune qui s'établit? C'est pour cela qu'il y a des dispositions dans la
loi que nous avons étudiées longuement parce que, justement, on
voulait que ces montants servent à l'établissement réel de
jeunes. Maintenant, j'espère avant longtemps, au cours des prochains
mois, apporter de nouvelles dispositions.
M. Mathieu: On a collaboré activement quand vous avez
apporté des dispositions pour améliorer le sort des cultivateurs,
vous devez le reconnaître.
M. Garon: Comment cela?
M. Mathieu: Les lois qu'on a sollicitées pour la
perception à la source des contributions pour la relève. On vous
les a sollicitées à cinq ou six reprises l'an passé.
M. Garon: Quand?
M. Mathieu: Vous avez la mémoire courte.
M. Garon: Ah, les 50 000 $, on préparerait la loi. Vous
saviez qu'on avait pris un engagement et, en dedans d'un an, on a
préparé le projet de loi. On ne pouvait pas le faire à de
la session d'automne parce qu'on n'avait pas eu le temps de préparer le
projet de loi qui était complexe. On a finalement pu le présenter
au printemps, c'est-à-dire en dedans d'un an, dès la
deuxième session qui a suivi les élections, c'est assez rapide.
En termes législatifs, ceux qui connaissent le processus
législatif d'un gouvernement, on peut dire que cela a été
un projet de loi qui a été amené rapidement, avec cinq
autres projets de loi au cours de l'année. Cela veut dire qu'on aura
adopté six ou sept projets de loi cette année, c'est un bon
nombre de projets de loi. Nous travaillons actuellement sur d'autres projets.
Ils ont pour but d'améliorer la mise en marché pour en arriver
à uniformiser les réglementations dans le sens souhaité
par la population et les consommateurs.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Si le député de Beauce-Sud veut
entreprendre un débat sur l'agriculture, je pense qu'on sera très
heureux de le faire au moment où la Chambre commencera à
siéger; c'est la semaine prochaine. Qu'il garde ses questions pour le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, parce
qu'à la dernière session
il n'était pas fort pour poser des questions au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Quatre questions
seulement.
M. Mathieu: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Gagnon: C'est moi qui ai la parole. M. Garon: Dans un an.
M. Mathieu: M. le Président, une question de
règlement.
M. Gagnon: Je parle sur une question de règlement. Quant
au mandat de cette commission aujourd'hui, c'est pour discuter du statut du
producteur agricole; ce n'est pas pour faire un débat. J'aimerais mieux
que le débat que désire le député de Beauce-Sud, se
fasse devant les caméras, devant l'ensemble de la population du
Québec.
M. Mathieu: L'UPA ne sera pas là.
M. Gagnon: Mais oui. Ils vont y être quand même et
ils vont être très intéressés, mais ça va
vous faire une question ou deux de plus à poser pendant la prochaine
session.
M. Mathieu: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. Gagnon: Vous pourrez poser des questions sur Mirabel aussi. Ce
sera très intéressant que vous puissiez poser des questions
là-dessus.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Sur la question de règlement, M. le
Président. Je comprends que le ministre veut des questions et qu'il aime
avoir l'occasion de s'exhiber. Mais, M. le Président, il n'y a pas que
moi qui ai posé des questions. Les autres membres de la commission
agricole du Parti libéral ont posé des questions. Ensuite, il y a
eu des questions additionnelles. Il y a eu des questions à d'autres
ministres. Il y a tellement de services qui marchent mal dans ce gouvernement
qu'on est obligé de poser des questions au ministre des Transports, au
ministre de l'Énergie et des Ressources et à d'autres
également. Il faut faire la compilation complète pour dire la
vérité.
Le Président (M. Boucher): Bon, alors, avant...
M. Dupré: Le parti ministériel a posé plus
de questions sur l'agriculture que le Parti libéral.
Le Président (M. Boucher): Je pense qu'avant que ça
s'envenime...
M. Houde: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier, vous avez la parole.
M. Houde: Je vais être bref. Lorsqu'on pose des question au
ministre en face, quand on est à l'Assemblée nationale, on
aimerait avoir des réponses claires et précises. Malheureusement,
on ne les a presque jamais...
M. Garon: Ah, ah, ah!
M. Houde: ... et c'est toujours du patinage. C'est pourquoi, bien
souvent, il ne vaut pas la peine de les poser.
Une voix: Vous ne les comprenez pas.
M. Houde: Oui, on les comprend très bien.
Le Président (M. Boucher): Ce sont toutes des questions de
règlement que vous posez là?
M. Garon: M. le Président, je ne voudrais pas que le
député de Berthier laisse entendre qu'il pose des questions,
parce que je ne me rappelle pas qu'il en ait posé une seule depuis qu'il
est député.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Houde: M. le Président, j'ai posé, à
l'Agriculture, au moins deux questions au ministre. Pour un nouveau
député, c'était déjà pas mal. Les autres
questions que je posais...
M. Garon: Lesquelles?
M. Houde: Laissez-moi finir.
M. Garon: Je ne me les rappelle pas.
M. Houde: Bien mieux que ça. Plutôt que de poser une
question et d'avoir une réponse sur la glace, comme on dit souvent, en
patinant, j'écrivais. Je n'avais pas d'accusés de
réception, seulement. D'accord? C'est ça qu'on a, avec le
ministre de l'Agriculture d'aujourd'hui. D'accord, là?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, s'il
vous plaît!
M. Houde: Avis aux intéressés, et vous le savez
à part ça, je vous l'ai dit personnellement.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Houde: C'est bien beau de niaiser, mais, à un moment
donné, il va arrêter.
Le Président (M. Boucher): Vous pourrez continuer
après l'ajournement. Au nom des membres de la commission, je demanderais
au rapporteur, en l'occurrence le député de
Kamouraska-Témiscouata, de faire rapport à l'Assemblée
nationale le plus rapidement possible, c'est-à-dire la semaine
prochaine. Je vous remercie infiniment. N'eût été la fin,
je pense que tout ce serait bien passé. Je vous remercie infiniment de
votre collaboration et la commission de l'agriculture, des pêcheries et
de l'alimentation ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 33)