Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
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Le
jeudi 10 avril 2025
-
Vol. 47 N° 61
Étude détaillée du projet de loi n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures quarante-neuf minutes)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous avons repris nos travaux. À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 69, Loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses
dispositions législatives.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue) est remplacé par Mme Lachance
(Bellechasse); M. Rivest (Côte-du-Sud) par Mme Abou-Khalil (Fabre);
et M. Ciccone (Marquette) par Mme Garceau (Robert-Baldwin).
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Lors de l'ajournement de nos travaux hier, nous étions à l'étude de l'amendement
proposé à l'article 38 par le député de Maurice-Richard.
• (11 h 50) •
Par ailleurs, je veux vous rappeler pour
tout le monde que les articles suivants - l'article quatre, l'article 20,
l'article 29, a 33 et l'article 35 et l'article 36 - sont
suspendus.
Y a-t-il d'autres interventions sur la
proposition d'amendement? Il y a M. le député de Maurice-Richard? Oui. M. le
député de Maurice-Richard. Vous avez la parole.
M. Bouazzi : Peut-être un peu
déjà pour nous rafraîchir à toutes et tous la mémoire. Ici, les questions d'éliminer
la possibilité que le privé puisse vendre au privé. Hier, Mme la ministre a
reconnu quelque chose qui est effectivement assez évident pour tout le monde, c'est
que Saint-Thècle ou Saint-Tite n'est pas adjacent à Shawinigan. Or, TES Canada
produit... va... va implanter... compte implanter 133 éoliennes sur un
territoire de pratiquement plus de 100 kilomètres carrés et pratiquement
200 kilomètres carrés et qui intègre deux MRC au complet. Et donc déjà ça
pose des questions sur l'interprétation de la loi. Et, de ce que nous a dit la
ministre hier, il semble assez évident qu'à ce stade TES Canada bénéficie d'un
passe-droit. Mais, en plus, Mme la ministre nous a dit que la notion d'adjacent,
une fois qu'on a... on produit de l'électricité, c'est adjacent aux espaces de
production. Et donc, ce qu'on comprenait de ce que disait la ministre, c'est
que l'article... le paragraphe que nous voulons enlever permettrait à une
compagnie comme TES Canada de vendre à n'importe quel client qui se retrouve
justement sur les 200 kilomètres carrés où il va y avoir les 133 éoliennes.
Si, ça, ce n'est pas une brèche, c'est plus un cheval de...
M. Bouazzi : ...de Troie, là,
on est rendu à un mammouth de Troie, M. le Président, pour permettre la
privatisation du réseau électrique ou, en tout cas, avoir un réseau privé en
parallèle avec le public, je ne sais pas ce que c'est. Ce qu'on a dit aussi
hier, c'est que le risque numéro un identifié par le document qui nous a été
livré par M. Sabia est le risque de l'accès à la main-d'oeuvre, et on peut se
douter, sans se tromper, parce qu'on a d'autres exemples, que ce soit dans la
santé ou dans l'éducation, que, quand on a des réseaux privés parallèles avec
le réseau public, le réseau privé siphonne les expertises qui se retrouvent
dans notre réseau public et donc ça va affaiblir et faire en sorte
qu'Hydro-Québec, qui fonctionne très bien aujourd'hui, va mal fonctionner dans
l'avenir, comme ce qu'on voit dans nos hôpitaux publics ou dans nos écoles, par
manque de ressources, alors que c'est déjà un risque identifié et qu'on parle
d'embaucher plusieurs dizaines de milliers de personnes pour réussir la transition
qui nous a été présentée par M. Sabia.
Donc, pour ces deux raisons, je ne vois
pas comment est-ce qu'on peut défendre cette brèche ouverte dans notre réseau.
Et donc j'invite la ministre à accepter cet amendement avec... salutaire, je
dirais.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre, je vous laisse la parole.
Mme Fréchette : Oui, merci,
M. le Président. Donc, bonjour à tous. Je voulais en fait revenir sur des
propos que m'a associés, là, le député de Maurice-Richard à l'effet que j'avais
reconnu, là, que ce n'était pas deux zones adjacentes, là, les deux
municipalités dont il était question. Ma réponse hier était à l'effet que je
devais réviser ma géographie régionale dans ce secteur-là avant de répondre.
Alors, je ne comprends pas qu'on m'associe au fait que j'ai reconnu ce qu'il
prétend.
Je voudrais revenir aussi sur une autre
affirmation du député, puisqu'il disait hier qu'il n'y avait pratiquement pas
de groupes qui appuyaient cet article-là. Or, on s'est replongé dans les
différents mémoires qui nous ont été présentés, et il y a vraiment un grand
nombre d'organisations qui appuient la proposition, l'article 60. En fait,
on a notamment Énergie solaire, on a le Réseau Environnement, on a
l'Association de l'Énergie du Québec, Écotech, on a Vantage Data Centers, la
FCEI, Nuclébec, AMQ, RES, AQPER, HEC, HEC, FCEI, FCCQ, et je continuerais comme
ça encore un certain temps parce qu'il y en a 21 de ces groupes. Donc, il faut
quand même reconnaître que ce projet-là, cet article-là, est appuyé par un
nombre significatif et varié, je vous dirais, de groupes. L'Institut Trottier
également, Nergica. Donc, voilà. C'est pour vous dire qu'il y a un appui
diversifié et large qui a été donné à cet article. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur cette proposition
d'amendement?
M. Bouazzi : Bien, je salue
évidemment les exemples que nous a donnés Mme la ministre, mais, je veux dire,
moi, pour défendre l'hôpital public, je ne vais pas prendre la parole de ceux
qui gèrent les cliniques privées, Mme la ministre, je vais prendre la parole de
ceux qui reçoivent les services. Et, dans le cas dont on parle, évidemment, les
défenseurs des consommateurs, entre autres, nous ont bien signifié que c'était
une très mauvaise... une très, très mauvaise nouvelle étant donné qu'une des
raisons... la raison pourquoi est-ce que l'électricité coûte moins cher
qu'ailleurs au Québec, c'est parce que, justement, c'est un bien public. C'est
un commun que nous avons et qui nous est terriblement cher. Donc, s'il y a des
gens qui vont faire de l'argent avec une telle proposition, il est évident
qu'ils sont très heureux de le faire, et ça, c'est leur job, c'est correct.
Nous, notre job, c'est de nous assurer que les Québécoises et Québécois
reçoivent de l'électricité au juste prix, que les industries que nous pensons
utiles pour l'économie et pour la transition énergétique écologique reçoivent
les blocs et qu'évidemment l'effort national qui est en train de commencer sur
la production de la nouvelle énergie, bien, soit exclusivement centré sur
l'électricité publique étant donné que c'est ça qui permet ce dont je viens de
parler. Et, encore une fois, ouvrir cette porte-là, c'est faire fi...
M. Bouazzi : ...de ce qu'on
voit partout ailleurs ou quand on a un bien public, que soit la santé ou
l'éducation, nous avons ouvert au privé. Et les conséquences, c'est un public
qui marche de moins en moins bien, avec moins de ressources, qui va faire en
sorte qu'on va encore nous raconter que la solution aux problèmes du public,
c'est plus de privé et qui va faire que le public va marcher encore moins bien.
Et s'il vous plaît, ne créons pas des problèmes que nous n'avons pas, nous
avons déjà assez de problèmes à résoudre. Et donc, pour l'instant, ce n'est pas
un argument que j'ai entendu. Il faudrait me convaincre qu'il y a une
abondance, ne serait-ce que pour les ressources humaines, de ressources
humaines qualifiées qui permettraient au privé de cohabiter avec le public sans
affaiblir Hydro-Québec et ses projets par rapport au manque de ressources qui
se retrouvent au Québec. Et vous savez comme moi, Mme la ministre, que nous
sommes dans une société vieillissante et que ça va être sacrément compliqué,
là. Donc, je ne sais pas, vous avez une étude, par exemple, qui permettrait de
dire que ça n'en rajoute pas un risque par rapport aux... à l'accès aux
ressources humaines qualifiées pour Hydro-Québec. Et je ne peux pas croire
qu'on va ouvrir une brèche comme ça, sans avoir au moins une analyse qui nous
le prouve.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Merci,
M. le Président. La brèche à laquelle réfère le député de Maurice-Richard, elle
existe depuis 25 ans. Alors, c'est simplement qu'on vient diversifier les
sources d'énergie renouvelables qui pourront être utilisées. Donc, je n'ai pas
vu un impact considérable être généré par cette brèche d'il y a 25 ans. En
fait, il n'y a pas de projets jusqu'à maintenant qui ont recouru à cet article.
Donc, le fait de limiter cette possibilité de vendre sur un emplacement
adjacent à un seul consommateur, un seul, je ne vois pas en quoi ça pourrait
affecter vraiment la capacité d'Hydro-Québec d'accéder à des ressources pour
son plan de développement qui sera costaud et dont on a grandement besoin pour
amplifier l'impact d'Hydro-Québec dans l'économie et le secteur énergétique
québécois. Merci.
M. Bouazzi : Qu'est-ce qui
existe au juste depuis 25 ans? Je ne suis pas sûr de comprendre le lien
entre ce qu'il y a à l'écran et ce qui existe depuis 25 ans.
Mme Fréchette : La
possibilité de vendre un site adjacent, elle existe pour des projets qui
utilisent la biomasse. Donc, ça, ça existe depuis l'an 2000, ça a été
amené par le Parti québécois, et donc c'est, à vos yeux, une brèche, mais qui,
25 ans plus tard, peut-on vraiment dire, c'est une brèche qui a généré un
apport, une présence considérable du privé dans le secteur énergétique? Bien,
je ne vois pas les preuves de ça. Donc, voilà, je ne pense pas qu'il y aura un
impact significatif pour Hydro-Québec du fait que l'on permet non seulement de
la biomasse, mais aussi à du solaire, ou de l'éolien, ou autres énergies
renouvelables de reposer sur cet article.
• (12 heures) •
M. Bouazzi : Alors, j'ai du
mal à croire que, Mme la ministre, vous comparez vraiment ces deux situations.
Donc, on est en train de comparer que, depuis 20 ans, on a le droit de
faire de l'électricité avec du compost ou des bouses de vache, et là on ouvre
la possibilité de faire des éoliennes sur 200 kilomètres carrés et de
vendre à n'importe qui sur 200 kilomètres carrés. Et vous nous
dites : Ne vous inquiétez pas, personne n'a fait d'électricité avec des
bouses de vache, donc il n'y a pas de problème avec les 200 kilomètres
carrés d'éoliennes de TES. Ce n'est pas sérieux, Mme la ministre. Est-ce que
vous pouvez nous donner un autre argument que celui-ci? Il ne tient pas, là.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre?
Mme Fréchette : Oui. En fait,
les projets pouvant... qui auraient pu avoir lieu sont des projets, par
exemple, d'utilisation de résidus du bois...
M. Bouazzi : Aussi.
Mme Fréchette : ...avec la
biomasse. Donc, c'est des projets qui auraient pu aller de l'avant, mais,
voilà, ils n'ont pas été de l'avant malgré l'existence de cette possibilité,
une possibilité qui, par ailleurs, va nous permettre de décarboner davantage
l'économie québécoise. Donc, ça, ça ouvre une possibilité intéressante. Je
crois que le collègue endosse cette idée que nous devons décarboner. Encore
faut-il donner des outils. Alors, c'est un outil qui sera à petite échelle,
vous me direz, mais tout de même un outil qui, pour les régions qui sont
concernées par cette possibilité-là qui est apportée, va quand même avoir un
levier nouveau, un levier additionnel advenant qu'ils veuillent aller de
l'avant avec un projet de décarbonation.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. M. le député.
M. Bouazzi : Bon, alors,
c'est vrai, ce n'est pas juste les bouses de vache, c'est aussi les chutes de
bois. On s'entend, ceci étant dit, que ça n'a vraiment rien à voir, Mme la
ministre, avec le fait d'avoir des éoliennes de 200 mètres éparpillés sur
200 kilomètres carrés, là, c'est comme autre chose.
Sur la question de la géographie, vous...
12 h (version non révisée)
M. Bouazzi : ...dit que vous
avez à réviser votre géographie. Est-ce que... Hier, là, on était d'accord pour
dire que Québec et Montréal n'étaient pas adjacents. Est-ce que... après la
révision, est-ce qu'ils sont adjacents aujourd'hui?
Mme Fréchette : Oui, oui, ça,
oui.
M. Bouazzi : Oui, oui, ils ne
sont pas adjacents ou...
Mme Fréchette : Ils ne sont
pas adjacents, Montréal et Québec.
M. Bouazzi : Bon. Et
Saint-Thècle, et avec Shawinigan, est-ce que ça se rapproche? Ça s'arrête où?
Mme Fréchette : Bien, je dois
vérifier ma... J'ai... Je n'ai pas eu l'occasion de me plonger dans la
géographie régionale, là, depuis notre conversation d'hier.
M. Bouazzi : Je vais déposer
une carte du Québec, si vous nous donnez un peu de temps, juste pour voir où se
trouvent les deux MRC en question. Est-ce que.... Alors, peut-être entre
Saint-Thècle... Je dois avouer que j'ai une affection particulière pour
Saint-Thècle parce que j'avais des amis qui m'invitaient souvent là-bas. Mais
imaginons qu'effectivement vous ne sachiez pas à quelle distance est
Saint-Thècle de Shawinigan, est-ce que, je ne sais pas, moi, Lévis, c'est
adjacent à Limoilou? Restons proches d'ici.
Le Président (M. Montigny) : Juste
avant de céder la parole, vous m'avez mentionné votre intérêt de déposer.
Est-ce que c'est déposer ou plutôt partager? Parce que c'est différent au
niveau de la procédure. Ça dépend de vous. Si vous voulez procéder
officiellement à un dépôt, c'est plus complexe. Mais, si vous voulez partager
avec les membres de la commission, ça se fait plus spontanément, disons. Ça
dépend de votre décision.
M. Bouazzi : Je me pose la
question. J'ai l'impression que je vais déposer. Soyons fous!
Le Président (M. Montigny) : Vous
pouvez simplement transmettre au secrétariat. Nous transmettrons aux autres.
M. Bouazzi : Parfait.
Le Président (M. Montigny) : Ça
va être plus simple. C'est procédure plus simple. Mais, si vous voulez officiellement
faire un dépôt pour qu'il soit enregistré comme un dépôt, c'est un peu
différent.
M. Bouazzi : Bien, j'ai l'impression
que la géographie est spécialement importante pour ce dont on parle, M. le
Président. Et puis... O.K. En tout cas, on vous envoie effectivement le
document à la commission.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
M. Bouazzi : Et donc, pour
revenir à ma question, est-ce qu'une compagnie de Limoilou peut mettre une
éolienne à Lévis, Mme la Présidente... Mme la ministre?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Écoutez, on
ne va pas se mettre à faire des demandes pour chaque région du Québec. Moi, ce
que j'avance, c'est que, d'une part, TESS, auquel vous référez régulièrement, c'est
de l'autoproduction. Donc, on n'est pas dans cette idée de recourir à l'article 60,
parce qu'il n'y a pas, dans leur plan d'affaires, cette idée que de vendre. C'est
pour leur propre consommation que ce projet-là existe. Donc, à partir de là, je
ne vois pas pourquoi on jouerait aux devinettes sur est-ce qu'un territoire
est... est contigu ou adjacent ou rapproché de l'autre, puisqu'on est dans un
projet avec TES d'autoproduction. Ce qui nous amène dans une autre dimension.
Par ailleurs, il faut voir qu'il y a des
projets industriels en région éloignée qui, souvent par manque d'alternatives
et par manque d'expertise aussi à l'interne, recourent au diésel ou encore au
pétrole pour générer les activités. Donc, est-ce qu'on pourrait offrir des
alternatives à base d'énergies renouvelables pour ce type d'industries? Il me
semble qu'on partage des vues par rapport à ce type de questionnement là. Il me
semble que ce serait intéressant qu'on puisse avoir une alternative basée sur
de l'éolien, du solaire ou de la biomasse, comme c'est déjà existant, pour
permettre à des industries en région éloignée de s'approvisionner autrement qu'à
partir d'énergies fossiles. Donc, c'est la proposition qui sous-tend cet
article-là à échelle très réduite, puisqu'il ne peut y avoir qu'un seul
consommateur. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Juste pour information, M. le député de Maurice-Richard, il vous reste à
peu près deux minutes sur votre amendement, juste pour vous planifier.
M. Bouazzi : O.K. Bien, j'entends.
Alors, d'abord, en tout respect, Mme la ministre, les deux articles dont on
parle pour TES... utilisent le mot «adjacent». Ça fait que la définition du mot
«adjacent» reste terriblement pertinente, là, même si c'est de l'autoproduction.
Deuxièmement, une compagnie dont vous
parlez, là, qui voudrait mettre des panneaux solaires, qu'est-ce qui l'empêche
de le faire en autoproduction? Pourquoi ouvrir la porte du privé au privé? C'est
justement possible.
D'ailleurs, nous, à Québec solidaire, on n'est
pas contre l'autoproduction. Il est possible qu'une compagnie produise pour
elle-même sans avoir à vendre à qui que ce soit. Pourquoi est-ce que ce n'est
pas ça que vous privilégiez? Pourquoi ouvrir une brèche sur la privatisation
des réseaux électriques et d'avoir des réseaux parallèles?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Eh bien,
souvent, ces entreprises-là n'ont pas l'expertise à l'interne pour aller de l'avant
avec un projet sur la base de panneaux solaires ou d'éoliennes.
(Interruption) Pardon. Donc, voilà, c'est
pour compenser cette absence d'expertise à l'interne que s'offre cette
possibilité de travailler avec une communauté adjacente...
Mme Fréchette : …pour faire en
sorte de développer un projet éolien qui pourrait alimenter, par exemple, une
entreprise qui soit à proximité. Donc, franchement, il y a là une ouverture
intéressante, me semble-t-il.
M. Bouazzi : Et, pour
conclure, parce qu'il ne me reste pas de temps, on est d'accord que vous n'avez
aucune étude d'impact d'une telle proposition sur l'accès aux ressources
d'Hydro-Québec, juste aucune?
Mme Fréchette : En fait, on a
une expérience de 25 ans, en ce sens que la possibilité existe avec la
biomasse. Donc, on peut voir que ça n'a pas généré un afflux considérable de
projets de cette nature-là, puisque ça n'a pas été utilisé.
M. Bouazzi : Mme la ministre,
vous faites une telle proposition pour que ce soit utilisé, là. Moi, ce que je
vous dis, ce n'est pas si on peut faire de l'électricité avec des bouses
de vache ou du bois, là, je vous dis : Là, vous ouvrez la porte à vendre
du privé au privé à partir d'éoliennes sur des grosses surfaces. Est-ce que vous
avez une étude d'impact? Il y en a eu zéro, là, de vos propres… C'est ce que
vous nous avez dit hier. Il n'y a eu aucun projet en 20 ans sur de
l'électricité fait à partir du bois ou des poubelles. Ici, par rapport à ce que
vous ouvrez, est-ce que vous avez la moindre étude? Parce que c'est facile de
faire une étude sur quelque chose qui n'est jamais arrivé en 20 ans. Là,
ce qu'on ouvre, la porte de la vente au privé au privé sur de gros projets
éoliens, est-ce que vous avez la moindre étude d'impact sur l'accès d'Hydro-Québec
aux ressources humaines, juste une? Je ne peux pas croire qu'il n'y en a
aucune, là, c'est trop grave, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui, M. le
Président, bien, comme je dis, on a… on a l'expérience des 25 dernières
années, donc, avec la biomasse, c'était possible et ça a été mis en place,
donc, en 2000. Et on a vu, depuis ce temps-là, qu'il commence à évoluer. Donc,
on pense qu'avec les développements technologiques en matière d'énergie
renouvelable, eh bien, il pourrait être intéressant d'élargir ça à d'autres
sources énergétiques, surtout dans un contexte de décarbonation. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Oui,
M. le député, vous pouvez y aller.
M. Bouazzi : Donc, il n'y a
aucune étude, soyons, soyons d'accord. Bon, et, basé sur le fait qu'il n'y a eu
aucun projet… Bon, revenons, il me reste quelques secondes, sur la question
d'adjacent, est-ce que… donnez-moi juste au moins un nombre de kilomètres, là.
Je veux dire, je comprends, est-ce que… à partir de quand on n'est pas
adjacent? Parce que, techniquement, adjacent, c'est avoir une frontière
commune, ça fait que, techniquement, si on n'a pas une frontière commune, on
n'est pas adjacent. Est-ce qu'on est d'accord avec cette définition-là qui est
celle qu'on retrouve au Larousse?
Le Président (M. Montigny) : Il
vous resterait 20 secondes, M. le député. Mme la ministre, je vous laisse
la parole.
• (12 h 10) •
Mme Fréchette : Oui. Bien, je
voulais juste rappeler que le mot doit être pris dans son sens commun, donc
lieu avoisinant, lieu continu. Voilà, c'est le sens commun du terme qui doit
être pris en considération et non pas un repère chiffré.
M. Bouazzi : Donc, dans le…
dans le… compréhension commune, est-ce que Sainte-Thècle est adjacent à
Shawinigan? Et puis, si vous voulez un moment pour suspendre et regarder une
map, on vous la envoyée, c'est correct.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Merci. Mme la ministre, souhaitez-vous prendre la parole?
Mme Fréchette : Non, merci.
Le Président (M. Montigny) : Tout
à fait. Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions? Malheureusement, M. le
député, il ne vous reste plus de temps. Oui, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci beaucoup,
M.le Président. Rebonjour, rebonjour, tout le monde. Mme la ministre,
hier, merci beaucoup pour certaines clarifications sur le système et comment ça
va marcher et comment on peut avoir un gros producteur d'énergie, ils ont
vraiment le droit de juste vendre à un consommateur, un bungalow.
C'est intéressant, mais je veux… reviens à
l'exemple que vous cites souvent, sur les projets dans le Grand Nord, parce que
je veux juste bien comprendre cet exemple. Parce que, présentement, c'est
Hydro-Québec qui est comme responsabilité pour fournir l'électricité des
grosses… des communautés inuites dans le Nord puis pour les Cris. Alors, si
jamais il y a un exemple qui arrive, qu'il y a un projet minier du côté de la
Baie-James, puis il y a une communauté crie qui décide : Bien, on veut
aider ce projet minier, produire de l'énergie propre. J'imagine, ça va être
fait en lien déjà avec Hydro-Québec, parce qu'Hydro-Québec est… responsable de
fournir, qui est souvent, dans certains cas, de ces communautés, l'énergie
diésel, là, ça vient du diésel, l'énergie qu'ils utilisent pour fournir
l'électricité à leurs communautés.
Alors, c'est la communauté, avec
Hydro-Québec, qui décide de faire ça, puis vendre l'électricité à un projet
minier, mais ça, c'est comme déjà un petit peu un exemple qui existe. Alors, je
cherche de comprendre cet exemple dans des régions éloignées, comment ça peut
marcher quand on a déjà un peu ce type de projet en place, que, s'il y a des
communautés… et il y a des exemples à Kuujjuaq, un projet de minicentrale pour
fournir…
M. Kelley : ...l'électricité
à la communauté, je ne pense pas que ça peut rendre la communauté 100 % autonome.
Mais, quand même, ces types de projets peut exister dans le Nord, mais c'est
juste de comprendre encore cet exemple que vous revient sur souvent, qui est
comme le modèle qui peut marcher dans le contexte actuel. Est-ce que ça va
arriver vraiment? Est-ce que ça va être quelque chose que le gouvernement
autoritsait souvent ou c'est encore plus des projets et des exemples vers le
sud, qu'on va voir ce pouvoir qui est utilisé? Et, ça, c'est où je comprendre
le sens de mon collègue d'enlever ce paragraphe-là. C'est une proposition
intéressante. Mais c'est encore, je reviens sur cet exemple, de bien comprendre
la logique du gouvernement, que c'est dans les territoires éloignés, dans le
Nord, où ils sont déjà fournisseurs de l'électricité ou l'énergie par
Hydro-Québec. Alors, dans quelle... dans quelle instance qu'on pense que ce
type d'exemple va marcher, va exister? Est-ce qu'il y a des... peut-être des
projets déjà en place ou des communautés qui demandent d'avoir ce type de...
une autorisation du gouvernement de vendre à un projet à côté? Parce que, quand
même, si on regarde l'exemple de Raglan, ce n'est pas adjacent, c'est certain,
mais quand même, Raglan a une éolienne en opération présentement. Et je ne sais
pas si peut-être il y a un projet avec ces communautés dans le nord, mais je
cherche encore juste de bien comprendre cet exemple que vous cite souvent.
Le Président (M. Montigny) : Merci,
Monsieur le député. Avant de donner la parole à Madame la ministre, simplement
vous donner comme information que le document qui a été transpis... transmis à
la commission par le député de Maurice-Richard est disponible dans la section
des documents transmis sur Greffier. Merci. Madame la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Je vais
prendre un petit moment, s'il vous plaît. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Tout
à fait. Nous allons donc suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 14)
(Reprise à 12 h 21)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous sommes de retour. Au moment de la période de suspension, Mme la ministre,
vous aviez la parole, donc vous avez toujours la parole.
Mme Fréchette : Oui, merci.
Alors, bon, je voulais en fait revenir, bien, notamment sur l'exemple de
Raglan, la mine de Raglan qui a été mise de l'avant par le député de
Jacques-Cartier. Bien, ça, c'est un bel exemple, parce qu'eux fonctionnent au
diesel. Donc, au niveau de l'impact environnemental, on n'est pas dans des
orientations qui sont souhaitables à long terme pour le Québec. Donc, cet
article-là viendrait offrir une alternative basée sur de l'énergie renouvelable
pour alimenter, donc, son usine. Et ce serait beaucoup plus facile pour eux de
fonctionner avec de l'éolien généré par un parc qui serait adjacent au site
plutôt que de développer par eux-mêmes à l'interne cette expertise-là pour
essayer de s'autoapprovisionner en énergie. Et il faut voir que, dans ce genre
de projet là, comme Raglan, comme d'autres projets miniers, il y a toujours une
part de risque. Alors, si on dit que c'est à Hydro-Québec de prendre en charge
le développement de ce type de projet là...
Mme Fréchette : ...eh bien,
on vient transférer sur les clients québécois la part de risque qu'un client
industriel est prêt à assumer de lui-même. Alors, à partir du moment où
l'entreprise croit en son projet, considère que ça va pouvoir aller de l'avant
puis avoir du succès, eh bien, c'est le client qui assume la part de risque qui
est associé au projet, tandis que, si on demande à ce que ce soit systématiquement
Hydro-Québec, là, on vient socialiser... collectiviser ce niveau de risques,
alors qu'il peut être assumé par l'industriel lui-même. Donc, il n'y a pas
nécessité de transférer des risques accrus chez les clients québécois, d'autant
qu'Hydro-Québec fait face à de nombreux projets. Elle doit choisir entre ces
projets-là et... Bien, assurément, elle va vouloir diminuer son exposition au
risque et probablement ne pas retenir des projets qui ont un certain niveau de
risque, donc ça risque, bref, de ne pas être des projets qui sont retenus,
donc, pour lesquels l'alimentation risque de faire défaut. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Très bien. Merci. M. le député de Jacques-Cartier, vous avez la parole.
M. Kelley : Merci, M. le Président.
Et, Mme la ministre, je ne suis pas contre l'autoproduction. Et, on sait, pour
plusieurs projets miniers dans le Grand Nord, pas juste au Québec, mais au
Canada en général, ils sont obligés de faire de l'autoproduction, c'est eux
autres qui fournissent le diesel, et tout ça, parce qu'il n'y a pas d'autre...
il n'y a pas de réseau proche de ces projets miniers, c'est correct. Et quand
même, dans certains cas, partout au Québec, l'autoproduction, c'est une option
intéressante. C'est plus cette question. Après ça, on sait que le projet minier
ne peut pas vendre l'énergie supplémentaire à juste un... ça doit être un
consommateur. Alors, si c'est l'autre entreprise à côté, peut-être, mais ça,
c'est un exemple pas mal rare dans le sens... peut-être dans l'Abitibi, où on a
des mines un petit peu plus proches à une l'autre, mais quand même. J'essayais
encore de juste comprendre cette capacité que souvent ce n'est pas le projet ou
le... Ce n'est pas nécessairement l'entreprise minière qui va être capable de vendre
l'électricité à quelqu'un d'adjacent, parce que c'est une communauté
autochtone, et ça, ce n'est pas un consommateur, c'est plusieurs consommateurs,
si je comprends bien. Alors, c'est juste de clarifier un petit peu cet exemple.
Parce que, moi, dans la logique, c'est plus que les communautés autochtones,
qui sont déjà en lien avec Hydro-Québec, vendent à un site minier avec leurs
énergies renouvelables supplémentaires et... Puis c'est une autre discussion.
Je sais qu'Hydro-Québec travaille avec les différentes communautés dans le
Grand Nord pour se rendre plus... de se rendre, ces communautés, plus
dépendante sur l'énergie renouvelable que juste le diesel, d'avoir un bon
mélange, un bon mix.
Mais encore, la crainte, Mme la ministre,
c'est que cet... excusez-moi, pas l'amendement, mais cet article, ça vise plus
le Sud et qu'on va voir une course de certaines entreprises de chercher les
meilleurs sites pour l'éolien ou pour le solaire puis l'utiliser, cette énergie
autoproduction, d'une part, mais de vendre le reste à une entreprise à côté.
Puis Hydro-Québec va être obligée d'aller de plus en plus vers le Nord pour
leurs sites des éoliennes, et on sait que ça, c'est un problème, ça devient
plus cher pour Hydro-Québec. Alors, c'est une crainte que j'avais avec
qu'est-ce qui est précisé dans cet article-là parce qu'il n'y a pas une limite
qui est mise sur le nombre d'autorisations que le gouvernement donner.
Peut-être vous, vous avez l'intention de diviser ça dans une façon très
limitée, mais un prochain gouvernement peut interpréter ça qu'on va laisser
tout le monde produire l'électricité où il veut, prendre un client adjacent,
sur des conditions qui sont entre les deux, puis il prend tout, il prend tous
les sites intéressants de l'éolien puis le solaire ou les autres types
d'énergie que vous voulez. Puis ça, c'est... je pense que, un peu
problématique, ça, ça pourrait... ça peut créer une brèche, le cheval à Troie.
On a plein des exemples, mais c'est juste... Je comprends encore, comme je dis,
que ce n'est pas seulement la ministre qui veut faire ça, mais, un gouvernement
après, peut-être on va avoir une autre vision. Alors, merci pour l'écoute, M.
le Président.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, M. le député. Mme la ministre, vous avez la parole quand vous
serez prête.
Mme Fréchette : Oui, M. le
Président, mais je voudrais en fait préciser que c'est vraiment le plan
d'action d'Hydro-Québec qui est appelé à répondre aux besoins des Québécois en
matière d'énergie puis à réaliser ce plan de développement énergétique pour
propulser le Québec, l'engager dans la transition énergétique. Et vous faisiez
référence au tout début à la mine Raglan comme étant, en fait, un endroit où il
ne pourrait pas vendre à la communauté autochtone qui serait à côté, et
effectivement, il faut qu'il y ait un seul...
Mme Fréchette : …donc, la
logique, c'est plus de permettre à la communauté des Premières Nations de
développer un projet éolien ou de développer un projet de biomasse ou solaire
pour vendre à l'entreprise pour qu'elle puisse se décarboner. Donc, la logique
est vraiment dans le sens qui va pour du développement régional, développement
économique et aussi une plus grande autonomie, à la fois des Premières Nations
puis des communautés, particulièrement celles établies dans le Nord-de-Québec.
Parce qu'à la base, je vous dirais que
tout le monde veut se brancher au réseau d'Hydro-Québec, mais il arrive parfois
que ce réseau-là n'est pas accessible ou, du moins, pas à court terme. Parfois,
c'est sur la base de la géographie, du milieu. Parfois, c'est parce que les
capacités techniques d'Hydro-Québec sont au maximum. Donc, c'est dans ces
cas-là où cet article-là, cette orientation-là va pouvoir créer une
alternative. Donc, entre n'avoir rien du tout et de continuer dans un mode
d'alimentation énergétique qui dégage énormément de GES et avoir une
alternative comme celle-là, de s'approvisionner sur la base d'énergie de
sources renouvelables, bien, je pense qu'on a tout à gagner pour ceux qui
veulent s'engager dans la transition énergétique à miser sur les énergies
renouvelables. Et, ce faisant, on contribue au développement économique de
communautés qui, je pense, seront souvent éloignées. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. D'autres… Oui, M. le député de Jean-Talon vous
avez la parole.
M. Paradis : Merci. Cet
article 60 de la Loi sur la Régie de l'énergie, tel que modifié par le
projet de loi n° 69, et le projet d'amendement du collègue de
Maurice-Richard nous amènent au cœur d'une des questions les plus importantes
de ce projet de loi. Est-ce qu'il ouvre la porte à une plus grande
privatisation du secteur de l'énergie, oui ou non?
Et cet amendement-là nous… nous amène
vraiment au cœur de cette question. Il a été dit, dans un échange précédent
entre la ministre et mon collègue de Jacques-Cartier, que le projet de loi ne
changeait rien, en réalité, et que l'autoproduction puis la vente privée, donc,
d'un producteur privé à un autre consommateur privé, à l'encontre du monopole
de distribution d'Hydro-Québec, c'était déjà prévu dans la loi. Je trouve que
c'est une information ou c'est une affirmation intrigante, parce que, quand on
lit très bien l'article 60 actuel de la Loi sur la Régie de l'énergie, le
deuxième… le premier paragraphe, c'est celui qui prévoit le monopole
d'Hydro-Québec. C'est fondamental. Ça, c'est l'héritage de la nationalisation
de l'électricité au Québec dans les… dans les années 1960. Donc, le
monopole, c'est le premier paragraphe… ou le premier alinéa de
l'article 60 actuel.
• (12 h 30) •
Les exceptions, c'est le deuxième alinéa.
Et ça dit, la loi actuelle dit ceci : «Ce droit n'empêche pas quiconque, donc
le droit… le droit exclusif de distribution d'électricité d'Hydro-Québec
n'empêche pas quiconque de produire et de distribuer sur son réseau
l'électricité qu'il consomme.» L'autoproduction. Ça, c'est une modification qui
a été apportée en 1996 pour reconnaître un état de fait que… avec lequel tout
le monde est d'accord. Ça a toujours existé, l'autoproduction. Tu produis pour
toi-même, chez toi, sur ton terrain de l'électricité, puis tu le consommes.
Ce qui est intéressant, c'est ce qui a été
ajouté en 2000. On a ajouté «ou de distribuer l'électricité produite à partir
de biomasse forestière à un consommateur sur un emplacement adjacent au site de
production». Ça, c'est l'état du droit actuel. Tu peux autoproduire de
l'électricité pour toi, Première exception, première brèche au monopole
d'Hydro-Québec. Puis la deuxième exception, c'est que tu as de la biomasse. De
la biomasse, là, ça, c'est sur ton terrain, c'est chez vous. Puis là tu
dis : Tu as une usine qui est à côté de chez vous, tu dis : Je te
produis, je te donne de l'électricité.
Quand on parle de l'importance de nos
débats, retournons au moment de l'adoption de cette modification en 2000. C'est
Jacques Brassard qui est le ministre, qui explique que cette disposition, je le
cite, dans les débats de l'Assemblée nationale, «vise à faciliter l'utilisation
de la biomasse forestière et sa valorisation sur le plan énergétique, également
afin de régler un problème environnemental majeur un peu partout à travers
toutes les régions du Québec». De manière plus détaillée, il continue :
«Le projet de loi permettra aussi à un producteur d'électricité, qui est généré
à partir de la biomasse forestière, de vendre directement cette électricité à
une entreprise, dans la mesure où sa centrale sera installée sur un emplacement
adjacent à l'entreprise. Cette mesure permettra de réduire les impacts…
12 h 30 (version non révisée)
M. Paradis : ...impacts
environnementaux liés à l'enfouissement et à l'accumulation des résidus
forestiers. Donc, cette brèche très limitée, incluse en 2000, avait pour
objectif de réduire les impacts écologiques des résidus forestiers. C'est ça, l'état
du droit.
Ce qui est proposé désormais à l'article 60,
tel que modifié par le projet de loi n° 69, c'est
complètement différent. C'est maintenant d'avoir une exception très large qui
permet, à l'encontre du droit exclusif d'Hydro-Québec, de produire toute forme
d'électricité de sources renouvelables puis de le vendre à d'autres compagnies
privées, par exemple. C'est une modification majeure.
C'est une modification qui élargit la
possibilité de privatiser le secteur de l'énergie au Québec. Parce que là,
soudainement, on inclut l'éolien et on prévoit un immense développement éolien
au Québec, on inclut le solaire, on inclut toutes les autres formes d'énergies
renouvelables.
J'ai deux questions pour la ministre en
conséquence de cette mise en contexte importante. Parce qu'on a beaucoup évoqué
le fait, ah! ça avait été adopté sous le Parti québécois. Je viens d'expliquer
ce qui a été adopté sous le Parti québécois. C'est une exception très limitée.
C'est ça, l'état actuel du droit. Puis tout le monde le sait dans le secteur,
que c'est ça. La biomasse, c'est chez vous, c'est sur ton terrain, puis là, tu
dis à mon voisin : J'ai de l'électricité, je peux t'en donner un peu. Puis
tout le monde accepte ça. C'est ça, l'état du droit. Là, on va dire maintenant :
Toutes les formes d'énergie renouvelable, tu peux vendre entre... entre privés.
Quand les gens s'inquiètent de la volonté de ce gouvernement de privatiser le
secteur de l'énergie, là on est au cœur de l'affaire.
Donc, dans ce contexte, j'aimerais poser
une première question à la ministre : Est-ce qu'elle maintient ce qu'elle
a dit au début de son échange avec le député de Jacques-Cartier, à l'effet que
cet article, finalement, il ne fait pas grand-chose et qu'il ne change pas l'état
du droit?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre, souhaitez-vous prendre la parole?
Mme Fréchette : Oui, merci,
merci, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Tout
à fait. Vous avez la parole, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Merci. Donc,
en fait, par rapport à ce qu'avait permis le Parti québécois alors qu'ils
étaient au gouvernement en 2000, en fait, la proposition qui est ici est sur
certaines dimensions plus contraignante. Parce que ce qui avait permis le Parti
québécois en 2000 ne requérait pas d'autorisation gouvernementale. Nous, on
vient ajouter cet élément-là d'une autorisation gouvernementale pour pouvoir
aller de l'avant. Donc, on est moins permissifs par rapport à ce genre de
projet qui pourrait prendre racine.
Maintenant, on se veut aussi le reflet de
l'évolution qu'il y a eu au fil des dernières années par rapport aux énergies
renouvelables que l'on souhaite qu'elles soient endossées par le plus grand
nombre, à la fois de citoyens et également d'acteurs économiques. Et voilà, c'est
ce pour quoi on élargit à d'autres sources d'énergie renouvelables. Parce qu'à
l'époque, c'était la biomasse qui se voulait une source d'énergie intéressante
pour être dans le renouvelable. Maintenant, il y a également le solaire, il y a
également l'éolien, et je trouve que ça vaut le coup de reprendre ce que disait
Jacques Brassard au moment où il a fait adopter, en fait, cet amendement, où il
rappelait d'ailleurs : «Ça, s'amende ça, une loi».
Ce n'est pas une hérésie... Jacques
Brassard : «Ce n'est pas une hérésie que d'amender la Loi sur la Régie de
l'énergie si les choses ont évolué.» Je pense qu'on est devant une évolution.
«Les choses ont changé». C'est ce qu'il disait déjà à l'époque. «La situation
actuellement, au début de l'an 2000, est déjà très différente de celle qui
prévalait au moment où on a adopté la Loi sur la Régie de l'énergie en 1996.»
Quatre ans plus tard. Il nous dit : «Là, les choses ont vraiment changé,
il faut qu'on s'adapte. Là, on est 25 ans plus tard. Et je peux vous dire
que, oui, les choses ont changé considérablement en matière d'énergie
renouvelable». Il disait à l'époque : «Ça a changé beaucoup, beaucoup, ça
a beaucoup évolué, très rapidement. Et en particulier, c'est la
déréglementation de la production, l'introduction de la concurrence dans la
production d'électricité, c'est ça qui est apparu partout». Alors, c'est ce qu'on
fait tout en tenant compte de nos particularités, tout en tenant compte de nos
traits distinctifs et tout en préservant puis en sauvegardant ce qui nous
distingue et notre grand choix démocratique qu'on a fait au début des années 60,
qui s'est traduit par ce qu'on appelle le pacte social.»
Donc le PQ a agi, en respect du pacte
social, à élargir néanmoins ce qui est maintenant l'état du droit. Alors, c'est
notre vue également de respecter ce pacte social là. Il est fondamental.
Maintenant, les choses vont changer, 25 ans plus tard. Les énergies
renouvelables sont plus accessibles, sont plus compétitives, et on pense...
Mme Fréchette : ...elle a un
levier de développement intéressant pour des communautés qui n'ont pas accès à
de l'énergie renouvelable aisément et qui pourraient, par le... par le fait
même, développer leur autonomie et diversifier leurs sources de revenus. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Je trouve ça
fort de café que la ministre dise : Ah! nous, ça va être plus restreint,
parce qu'il va y avoir une forme de contrôle. Puis là elle cite... je cite son
article 60, tel que modifié : «Que le gouvernement autorise - les
projets de vente de privé à privé - aux conditions qu'il détermine». Ça, c'est
le gouvernement qui s'octroie un pouvoir discrétionnaire. Puis on a vu ce que
ça a donné dans les dernières années, là, à qui on a donné des blocs d'énergie
au Québec, puis à quelles conditions. Comment ça se fait qu'on a autorisé le
projet TES? Pourquoi ce projet-là? Pourquoi pas d'autres projets? Parce que
l'ancien ministre a dit : C'est magique, TES. Il m'a répondu ça ici, en
commission parlementaire : C'est magique.
Puis le... puis j'aimerais savoir si la
ministre est d'accord avec son prédécesseur, qui a dit que son projet de loi
vise à encourager la production privée d'électricité et la vente de celle-ci.
Je le cite, 22 janvier 2024. Est-ce que la ministre ne convient pas avec
moi, selon les termes mêmes de l'article qu'elle propose, que c'est un
élargissement majeur de la possibilité pour une entreprise privée de vendre de
l'électricité à une autre entreprise privée? Parce qu'avant c'est la... c'est
l'article qui le dit, avant c'était limité à la biomasse. Que les Québécois
comprennent, là, ça, ça veut dire que tu as de la biomasse chez vous puis que
tu... t'en vends ton voisin, point final. Et là, aujourd'hui, vous dites :
Tout producteur privé d'énergie renouvelable va avoir cette possibilité-là,
puis après ça on va aller dans ce que ça veut dire. Parce que, quand on parle
de biomasse, la biomasse, c'est très circonscrit. Donc, la nécessité de définir
ce qui est adjacent de la biomasse, c'est pas mal facile, quand on parle d'un parc
éolien à des dizaines de kilomètres d'une usine, c'est d'autre chose. Est-ce
que la ministre convient que son gouvernement élargit, dans les termes mêmes de
l'article 60, la possibilité de vendre entre entreprises privées, qu'un
producteur privé vende à une entreprise privée, oui ou non? Alors, Mme la
ministre.
• (12 h 40) •
Le Président (M. Montigny) :
Alors, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Alors, merci,
M. le Président. Donc, j'ai l'impression que le collègue a une vue un peu
folklorique de ce que peut être la biomasse. C'est comme si quelqu'un utilisait
ces résidus de bois dans sa cour pour alimenter en énergie lui-même et son
voisin. La biomasse, là, ça peut se faire à très grande échelle, là, et ça se
déplace, là. Donc, je ne vois pas pourquoi la biomasse, ce serait acceptable,
mais, si c'est à partir de vent ou d'énergie solaire que l'on développe ce type
de projet là, là, ça devient vraiment dangereux. Franchement, il y a deux
poids, deux mesures dans la logique du député de Jean-Talon.
Et je voudrais souligner, en fait,
quelques-uns des commentaires qui ont été... qui ont été faits à travers les
mémoires puis les interventions qu'on a eues en commission quant aux retombées
qu'aura cet article-là. Et je commencerais par Pierre-Olivier Pineau, hein,
quand même, qui s'y connaît passablement, qui est passablement respecté, et il
dit que cet article-là, ça permettrait à des acteurs diversifiés, notamment des
coopératives, des municipalités, des entreprises, de développer des solutions
innovantes et adaptées aux réalités technologiques et économiques actuelles.
Si on regarde du côté de l'AQPER,
l'association québécoise pour l'efficacité... l'énergie renouvelable, pour
l'énergie renouvelable, ils nous disent : «En élargissant le cadre
juridique à toutes les sources d'énergie renouvelable, le projet de loi ouvre
de nouvelles perspectives pour les producteurs d'énergie, favorisant ainsi une
plus grande diversité dans le mix énergétique du Québec.», ce qui est quand
même intéressant.
La FCEI dit : «Cette ouverture a le
potentiel de permettre à des PME de tester et de développer des idées et des
technologies nouvelles.»
Ensuite, l'AIEQ nous dit que cette
proposition encourage la résilience des clients et partenaires industriels et
aussi des communautés près de la consommation qui désireront devenir
partenaires de production et de gestion de microréseaux.
Et on a également une entreprise qui nous
dit : «Ce mécanisme permettrait aux entreprises de contribuer à la
production d'énergies alternatives tout en assurant un approvisionnement direct
et équitable pour leurs projets, optimisant ainsi l'efficacité énergétique dans
les régions.»
Donc, des groupes comme ça, on en a...
Mme Fréchette : …21 qui se sont
prononcés en faveur. Puis je pense que c'est important de rappeler leur vue de
ce que pourra générer cet article-là en termes de retombées.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Fort bien. Je…
La ministre cite des sources, qui sont contents de ce changement et qui disent
que c'est un changement de paradigme. Maintenant, j'aimerais qu'on puisse…
j'aimerais qu'on puisse citer la ministre elle-même. Est-ce qu'elle est gênée d'assumer
la posture de son gouvernement? Est-ce qu'elle est gênée de le dire ici? Parce
que c'est son article qui dit ça, l'article 60 actuel limite la capacité
d'un producteur privé de vendre à une entreprise privée au cas de la biomasse,
point à la ligne. Votre projet de loi dit maintenant : Tout producteur
privé de toute forme d'énergie renouvelable peut vendre à une entreprise
privée. Je demande d'assumer votre posture pour que les Québécois vous
entendent. C'est… ce sont vos mots, c'est votre projet de loi. Est-ce que, oui
ou non, le gouvernement de la CAQ est en train d'élargir la possibilité qu'une
entreprise privée vende de l'électricité à une autre entreprise privée? Est-ce
que vous êtes en train d'élargir la voie à une plus grande privatisation du
secteur de l'énergie au Québec, oui ou non?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la… Mme la ministre, je vous laisse la parole.
Mme Fréchette : Merci.
Écoutez, on n'est pas du tout dans un autre paradigme, on est dans le même
paradigme que celui établi par le Parti québécois il y a 20 ans.
Seulement, on vient apporter une contrainte additionnelle, parce que le
gouvernement doit autoriser chacun des projets, ce qui n'était pas le cas à
l'époque du PQ. Donc, c'est quand même un droit de regard très important, avec
des conditions, par exemple en termes d'impact régional, bon, de création
d'emplois, s'il y a lieu. Donc, tout ça, ça pourra être encadré. Donc, on n'est
pas dans un nouveau paradigme. On est dans la même logique, si ce n'est qu'on vient
permettre un recours à des nouvelles sources d'énergie renouvelable, qui
maintenant sont plus accessibles et sont plus compétitives et qui vont
permettre à des… à des acteurs, qu'ils soient communautaires ou
entrepreneuriaux, au lieu d'attendre des années, bien, de pouvoir prendre
action pour pouvoir s'approvisionner en énergie renouvelable. Et, ce faisant,
ça va permettre la décarbonation aussi de plusieurs industries qui voudront
recourir à ce procédé-là, advenant qu'ils soient nombreux. Parce que, comme je
le disais, ça fait 25 ans que ça existe, cette permission-là et ça n'a pas
généré une hécatombe, aucune. On est dans le même paradigme. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, très bien. Merci. M. le député de Jean-Talon, vous avez la parole.
M. Paradis : C'est très
intriguant, ce fait que la ministre a l'air gênée d'assumer ce que son projet
de loi dit, en tout cas, parce que ce n'est pas le même paradigme, on passe de
la biomasse forestière, point, à toutes les formes d'énergie renouvelable.
On va prendre les choses autrement. On a
posé à plusieurs reprises la question à l'ancien ministre. Je lui pose
maintenant à elle, le projet TES Canada, c'est l'initiative phare de ce que
sera l'article 60 dans le futur. C'est le ministre Fitzgibbon qui nous l'a
dit à plusieurs reprises. On lui a posé la question, puis il nous a toujours
dit : Bien Oui, c'est permis par la loi actuelle. C'est un projet avec de
l'éolien pour produire de l'hydrogène. J'aimerais savoir en quoi, au moment de
son autorisation par le ministre… parce que la ministre dit : Ah! oui,
mais attendez, là, on s'est… on s'est donné un pouvoir discrétionnaire
d'autoriser les projets. Ce n'est pas du tout un garde-fou. Mais voyons comment
ça a marché. En quoi le projet TES était légal au moment où il a été déposé? En
quoi il cadre dans l'article 60 tel qu'il existe actuellement? En quoi un
projet d'éoliennes ça rentre dans une exception qui parle de biomasse?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Oui. Merci,
M. le Président. Si on veut parler de changement de paradigme, bien, moi, je
ramènerais, en fait, le collègue de Jean-Talon à ce qu'a permis le Parti
québécois quand il était au pouvoir. Il a permis de déréglementer la production
d'énergie au Québec, déréglementer la production, ça, j'appelle ça un
changement de paradigme. Là, on est ailleurs. Et ça a permis, en fait, d'avoir
accès à des prix beaucoup plus compétitifs, cette déréglementation-là qu'a
générée le Parti québécois. Donc là, je pense qu'il y a eu un changement
notable, significatif. Quand on dit qu'on passe de la biomasse à d'autres
sources d'énergie renouvelable, je tiens à le rappeler, je l'ai fait souvent,
c'est pour alimenter un seul consommateur…
Mme Fréchette : …pas à une
collectivité, là, pas un territoire habité, là, de milliers de personnes, là.
On parle d'un consommateur. Alors, par ailleurs, va permettre de créer des
emplois, générer de la décarbonation, donc le changement de paradigme. Si on
compare à ce qu'a fait le PQ quand ils étaient au pouvoir, en matière de
déréglementation, on est vraiment ailleurs. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, M. le député de Jean-Talon, vous avez la parole.
M. Paradis : On n'est même
pas proche d'avoir le début d'une réponse, là. Vous dites : Est-ce qu'il y a un
changement ou non? Bien, moi, je dis : Bien, discutons du projet actuel. Où est
l'assise juridique du projet TES actuellement? Je prends… je prends l'avis de
projet déposé par TES Canada, avis de projet pour le projet Mauricie. Donc, il
y a un tableau ici, là, qui explique comment ça marche, le projet TES, hein?
Donc, on voit qu'il y a de l'hydroélectricité, de l'éolien et de l'eau.
Le Président (M. Montigny) :
Je ne veux pas vous brimer, là, mais je veux juste rappeler, là, que c'est
important d'avoir des tableaux didactiques.
M. Paradis : Voici mon
tableau didactique, il est très petit, là, mais ce n'est pas grave, juste en
expliquant, là, ça va… ça va… ça va faire le… ça va faire le travail.
Le Président (M. Montigny) : Il
y a des règles, quand même, pour les tableaux didactiques, mais je vous
remercie.
M. Paradis : Très bien. Le
projet tel que schématisé par TES Canada prévoit qu'il va y avoir des apports
en hydroélectricité, en eau, en énergie… d'autres énergies renouvelables, de
l'éolien, qu'ils vont en fournir un électrolyseur. L'électrolyseur va fournir
de l'hydrogène qui va aller vers le transport lourd, qui va aller vers le
transport de gaz, qui va aller vers les industries lourdes. Tout ce
processus-là, qui a été autorisé par le gouvernement, quelle assise juridique,
dans l'article 60 actuel, qui autorise la vente d'une compagnie privée à une
autre compagnie privée que dans le cas où c'est de la biomasse?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Bien, on
l'a dit et on l'a dit à plusieurs reprises déjà, là, TES, c'est de
l'autoproduction, hein, de l'autoproduction. L'autoproduction, ça existe, là,
depuis les tout débuts. On peut penser à Produits Forestiers Résolu, on a la
région du Saguenay qui repose dans une partie significative sur de
l'autoproduction au niveau industriel. Donc là, on est dans un autre… une autre
dimension. Par ailleurs, le projet TES va permettre, puis je profite pour le
souligner là… de permettre au Québec de rencontrer 20 % de sa cible quant
à la présence du GSR dans le gaz distribué. Donc, vraiment, là, il y a un élément
important à atteindre comme objectif. TES va pouvoir y contribuer, mais, je
répète, c'est de l'autoproduction. Donc, ça, c'est quelque chose qui existe
depuis... depuis le début, en fait, d'Hydro-Québec, depuis… Donc, voilà, puis
ma mère vient du Saguenay–Lac-Saint-Jean, alors je peux vous dire qu'il y a une
région qui bénéficie grandement de ce type d'autoproduction en matière de
création d'emplois, de développement économique. Puis c'est quelque chose, je
pense, qui est… qui a généré son lot de retombées positives pour les Québécois
en termes de richesse. Bien sûr, Hydro-Québec, c'est notre plus grand
générateur de richesse par rapport à ce que peut générer l'énergie, mais voilà,
quand vous allez à Saguenay–Lac-Saint-Jean, vous comprenez aussi que de l'autoproduction
peut être générateur de richesse.
• (12 h 50) •
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, merci, Mme la ministre. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Je vais être
curieux de savoir si c'est vraiment de l'autoproduction ou s'il y a de la
vente. Parce que, même dans la façon dont le projet est présenté, je trouve que
ça n'a pas l'air d'exclure du tout la vente à d'autres entreprises privées,
mais on cherche toujours l'assise juridique de ce projet-là. La ministre
elle-même a dit hier : Oui, mais depuis 25 ans, il n'y en a presque
pas eu. Le ministre Fitzgibbon a annoncé qu'il allait y en avoir plein, des
projets comme TES.
Puis le problème d'un projet comme TES,
dans le cadre juridique que la ministre propose, là, pour que les gens
comprennent bien, c'est qu'actuellement, quand tu regardes la zone de projet,
telle que proposée par TES, ça couvre presque entièrement la MRC des Chenaux
puis la MRC de Mékinac. Alors, disons que ça, c'en est un, là, le projet où il
pourrait y avoir de la vente à un autre producteur. Parce que c'est ça,
maintenant, un projet d'énergie renouvelable, c'est un modèle… la ministre
dise : Celui-là, il est un… il est en autoproduction, il va y en avoir
d'autres, des projets éoliens comme ça, beaucoup plus que de la biomasse.
Qu'est-ce qui est adjacent à tout ce territoire-là? Quand tu as un parc éolien,
une ligne de transmission de plusieurs dizaines de kilomètres, une usine de
production qui est à côté d'une autre usine de production…
M. Paradis : ...de production
d'une autre forme d'énergie, dans le cas de TES, par exemple du gaz, qu'est-ce
qui est adjacent à ça, à qui on... Si on disait : Eux autres, ils veulent
vendre à un producteur privé, maintenant qu'ils ont leur facilité d'autoproduction,
ils disent : Bon, bien, je regarde l'article 60, moi, ça me dit que
je suis un producteur d'énergie renouvelable, je peux vendre à quiconque qui
est adjacent à côté de chez nous, qu'est-ce qui est adjacent à tout ça, à ces
centaines de kilomètres carrés? C'est ça, le problème du projet de loi n° 69. Avez-vous évalué ça? Qu'est-ce qui va empêcher
maintenant une entreprise qui a... qui a une autorisation d'autoproduction
comme ça de dire : Bon, bien, O.K., maintenant, j'ai de l'énergie, j'en
produis plus, n'achetez votre énergie d'Hydro-Québec, je vais vous en vendre,
moi? Puis là j'ai des centaines de kilomètres d'adjacents à côté de moi.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Alors, simplement pour vous mentionner que nous ajournons bientôt, là, ça
avance vite. Alors, je fais juste vous dire ça, de surveiller. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. D'une
part, je voudrais dire que ça ne fait pas la file, hein, devant le ministère
pour présenter des projets d'autoproduction comme TES en développe un. Je veux
dire, à ma connaissance, il n'y en a pas d'autre dans les cartons pour
l'instant. Alors, voilà, si ça devenait un Klondike, je pense qu'on aurait vu
les gens se ruer avec des projets à la carte. Mais ce n'est pas le cas. Donc,
c'est toute une entreprise que de se lancer là-dedans puis on a besoin de
projets qui vont nous permettre de décarboner des secteurs qui ne peuvent
l'être à travers l'électricité.
Donc, est-ce que le député réalise que
l'autoproduction ne pourra être vendue qu'à un seul consommateur? Là, j'entends
qu'il prévoit qu'il y aura comme des zones immenses, très vastes, qui pourront
faire l'objet de vente d'énergie, mais la vente de l'énergie ne pourra être
destinée qu'à un consommateur. Un bungalow, par exemple, un chalet, ça va être
ça, un consommateur, ça ne peut pas être d'autre chose. Ça, c'est très clair
dans le projet de loi, c'est un seul consommateur. Alors, pourquoi y aurait-il
des entreprises, des industries qui feraient des pieds et des mains pour vendre
à un consommateur? Là, il faudra m'expliquer le modèle d'affaires, là, parce
que c'est des investissements conséquents, colossaux, qui sont requis pour ce
genre de projet là, tout ça pour vendre à une personne? Il faudra m'expliquer
la logique qui habite le... qui justifie les craintes du député parce que moi,
je ne les comprends pas. Vraiment, je ne vois pas là de potentiel de
développement à grande échelle de centaines de projets. Non, franchement. Puis
comme je vous disais, des projets comme TES, bien, ça, c'est de
l'autoproduction. On est dans une autre dimension. Mais je peux vous dire que
ça ne court pas les rues comme type de projet.
Et voilà, l'article limite et contraint
grandement ce qu'il sera possible de faire, notamment du fait que c'est un seul
consommateur. Et par ailleurs, il devrait y avoir une autorisation du
gouvernement du Québec, ce qui n'était pas le cas jusqu'à maintenant. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le député.
M. Paradis : Je suis très
surpris par la réponse de la ministre parce que les inquiétudes, elles ont été
générées par son propre gouvernement. Moi, ça fait un an et demi que je suis
élu, M. le Président. J'ai eu plusieurs interactions, y compris en commission
parlementaire avec le prédécesseur de la ministre. Je l'ai entendu des dizaines
de fois répéter que TES, c'est un projet magique, qu'ils vont se multiplier et
que le gouvernement les encourageait, et que ce qu'ils voulaient faire, c'était
élargir.
Puis je vais vous le dire, c'est quoi,
l'histoire, parce que vous dites : Ah! les gens ne se précipiteront pas,
mais c'est ça, le problème avec l'article 60. Parce que, là, ce qu'on va
dire, c'est que vous allez pouvoir faire de l'argent avec ça. Hydro-Québec va
se priver de la possibilité de faire des profits puis de vendre lui-même parce
qu'on va dire : Si vous développez votre capacité de production,
d'autoproduction, après ça, on vous donne la possibilité de faire de l'argent
en vendant de manière bien plus ouverte qu'avant à d'autres entreprises. Vous
allez faire de l'argent avec ça. Une entreprise à votre choix sur
100 kilomètres adjacents, alors qu'avant c'était : Tu produis chez
vous, celui qui est immédiatement ton voisin, il n'y en a pas 1 000, il
est là. C'est un signal que le gouvernement de la CAQ lance dans son projet de
loi à même le texte, mais ça a été le message du gouvernement lui-même au salon
bleu, au Salon rouge, ici, en commission, parce qu'il a dit...
M. Paradis : …ça a été le
message : Hydro-Québec n'est pas capable. Hydro-Québec n'est plus capable.
Jamais, on ne va y arriver. Donc, on veut plus de producteurs privés qui vont
avoir plus de possibilités de vendre à des entreprises privées. C'est le
gouvernement de la CAQ qui envoie ce message-là, depuis longtemps, et c'est ce
que dit l'article 60. L'article 60 n'est pas anodin, il change
complètement la donne. Je veux dire, je… ça ne peut pas être plus clair, le
texte même, lui, dit avant, très restreint, deux petites exceptions au monopole
d'Hydro-Québec, toutes petites. Puis là on dit : Ah! Maintenant, tout ce
qui est production de sources renouvelables, vous développez ça puis vous avez
la capacité de vendre puis de faire de l'argent avec ça. C'est ça, le signal.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre, vous avez la parole, Mme la ministre. Juste pour vous informer, il
reste à peu près une minute.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Bien, écoutez, je trouve quand même étonnant que le collègue, qui
est avocat par ailleurs, s'en remette plus aux déclarations de mon prédécesseur
quant à l'impact qu'aura cet article-là qu'à ce que contient l'article
lui-même. C'est quand même particulier, comme si les déclarations du
prédécesseur allaient prendre les devants sur le contenu de l'article. Or, le
libellé de l'article, c'est ça qui fait foi de ce qui peut arriver.
Alors, si on regarde l'article tel qu'il
est, bien, on comprend bien qu'il n'y a pas de changement de paradigme. On
comprend bien qu'il ne doit y avoir qu'un seul consommateur. On comprend bien
que ça pourra générer une alternative pour des gens qui n'en ont pas, parce
qu'Hydro-Québec est très sollicitée dans le contexte actuel de transition
énergétique. Et il y a bien des clients qui, malheureusement, ne pourront pas
voir leur projet être mis en œuvre à courte échéance ou à moyenne échéance. Et
là on vient offrir une alternative qui permettrait, par ailleurs, de
décarboner, parce que c'est souvent des clients qui roulent sur la base d'énergie
fossile. Donc, merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Alors, je vous remercie de votre collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 13)
Le Président (M. Sainte-Croix) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude
détaillée du projet de loi n° 69, Loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses
dispositions législatives.
Lors de la suspension de nos travaux, cet
avant-midi, nous en étions à l'étude de l'amendement proposé à l'article 38 par
le député de Maurice-Richard. Y a-t-il d'autres interventions sur cet
amendement? Oui, Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Ça a l'air que
c'est moi.
Le Président (M. Sainte-Croix) :
La parole est à vous.
Mme Garceau : J'attendais mon
collègue, je n'étais pas certaine. Merci, M. le Président. J'ai écouté avec
beaucoup d'intérêt les échanges entre Mme la ministre et mes deux collègues. L'inquiétude
de la privatisation, elle est là et... mais je comprends l'idée exprimée par la
ministre concernant toute la question de la nécessité pour joindre les régions
éloignées. Aussi, distribution, développement pour les Premières Nations.
Et là je tente de comprendre l'objectif, l'étendue,
je devrais dire, de l'objectif, l'étendue de l'objectif de cette deuxième
partie de l'article 60, qui, évidemment, fait partie de l'amendement de mon
collègue de Maurice-Richard, l'étendue. Parce que ce n'est pas clair pour moi, lorsqu'on
regarde, parce que, oui, ça va être l'exception à la règle : «Ce droit n'empêche
pas quiconque produisant de l'électricité de source renouvelable de la
distribuer à un seul consommateur.» Puis on a déjà eu des échanges en ce qui a
trait à la définition, client, consommateur, Québec, à l'extérieur du Québec.
Donc, j'aimerais débuter avec... Vous voyez
où est-ce que je m'en vais, hein, Me Marois? Pour les fins de cette partie, compte
tenu des préoccupations, des préoccupations aussi des Québécoises, Québécois,
des groupes, très légitimes en ce qui a trait à la privatisation et aussi,
évidemment, les conséquences qui en découlent, on parle de quoi? C'est quoi, l'intention?
Puis je le sais, que mon collègue de Jean-Talon avait parlé... ah bien, vous
savez, votre prédécesseur avait dit telle, telle, telle chose, mais c'est sûr
et certain, puis Me Marois le sait, que c'est toujours très, très important de
voir quelle est l'intention d'un législateur. Et donc c'est vous, ça, Mme la
ministre. Donc, en ce moment, vous portez... c'est votre dossier. Donc, pour
vous, c'est quoi, l'intention ici lorsqu'on précise? On ne parle pas d'une
collectivité, on ne parle pas des consommateurs, on ne parle pas des clients,
on parle... un consommateur. Ça, c'est très précis. Ça a quand même une
certaine définition, mais j'aimerais connaître la vôtre.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
Mme la députée. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Bienvenue, M. le Président.
Le Président (M. Sainte-Croix) :
Merci beaucoup.
Mme Fréchette : J'ai eu le
temps de manger mon petit chocolat Caramilk.
Des voix : ...
Mme Fréchette : Le timing...
Mme Fréchette : ...était
parfait. Alors donc, l'intention... En fait, vous le savez, on est dans un
contexte de resserrement de l'offre énergétique. La transition énergétique a
généré un rehaussement de la demande énergétique, l'offre aussi n'a pas été
développée comme elle aurait pu ces dernières années. Donc, on s'est retrouvé
dans une situation où on a des projets intéressants qui pourraient être
supportés, mais parce que les mégawatts se font plus rares, on n'est pas en
mesure de le faire. On a aussi des communautés que, j'entends, souhaitent
s'investir ou s'engager dans le développement d'énergies renouvelables, que ce
soit éolienne ou solaire, et qui, par le fait même, se génèrent des revenus
plus diversifiés. Donc, je pense qu'il y a une belle combinaison à laquelle
répond cet article-là, à savoir qu'on peut permettre à des entreprises de
déployer leurs projets, alimentés par un développement énergétique, éolien ou
solaire ou de biomasse, et faire en sorte que les deux interagissent pour
s'épauler et répondre aux besoins de l'un et de l'autre.
Donc, ça répond aux objectifs de
transition énergétique, ça répond aux objectifs de décarbonation, ça répond à
la volonté de diversifier les revenus, de faire du développement économique,
particulièrement en région éloignée. Je pense que ça va être une zone assez
centrale pour ce type de projets là. Donc voilà, ça vient cocher plusieurs
cases dans un contexte de transition énergétique. Et, moi, je suis bien
contente de voir la conversion énergétique qui pourra être opérée. Ça fait
partie des objectifs, hein, qu'on s'est donnés, la conversion pour la
transition énergétique. Et il y a probablement des projets qui actuellement
reposent sur de l'énergie fossile qui, du fait de cet article-là, pourront
dorénavant s'approvisionner en énergie éolienne, solaire, en énergie
renouvelable.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
Mme la Présidente. Je vous cède la parole, Mme la députée.
Mme Garceau : Donc, on va
continuer cette conversation, Mme la ministre. Parce que vous avez mentionné
deux choses importantes, les projets intéressants que vous avez, il y a des
projets intéressants, et aussi les communiqués... des communautés, excusez,
qu'elles veulent... il y a des communautés qui veulent s'engager dans la
transition énergétique, et tout ça. Donc, je voulais avoir... je voulais que
vous puissiez peut-être expliquer c'est quoi actuellement les projets
intéressants qui feraient en sorte que ces projets-là, avec l'adoption de cet
article, vont avoir lieu. C'est des projets qui vont faire partie de votre
autorisation parce que je comprends que le gouvernement va devoir autoriser
tout nouveau projet. Donc, est-ce qu'on a déjà en vue certains projets où le
gouvernement songe déjà évidemment à autoriser à temps l'adoption du projet de
loi? Je veux juste vous entendre là-dessus.
• (14 h 20) •
Le Président (M. Sainte-Croix) : Mme
la ministre. La parole est à vous.
Mme Fréchette : Merci, merci,
M. le Président. Non, je n'ai pas de projets concrets que je sais qui sont dans
les cartons et qui n'attendent que l'adoption d'un article de la sorte pour
aller de l'avant. Il faut voir qu'en ce moment, ce qui est permis, c'est de le
faire, mais avec de la biomasse, donc ça ne cadre pas nécessairement avec tous
les... tous les types de projets ou encore les régions auxquelles ça pourra
s'adresser en élargissant à d'autres sources d'énergies renouvelables. Mais le
concept reste qu'on est dans un cadre où l'offre énergétique est restreinte.
Puis il y a beaucoup de projets qu'on pourrait mettre de l'avant, certains avec
un certain niveau de risque, que probablement nous, comme gouvernement ou... en
fait, comme, comment dire, actionnaires d'Hydro-Québec, trouverions que ce
serait un projet un peu risqué à faire assumer par Hydro-Québec et qui, avec un
tel article, pourrait aller de l'avant parce que des industriels, eux,
verraient l'opportunité et seraient prêts à assumer une part de risque et
pourraient travailler avec une communauté adjacente environnante. Donc, moi, je
pense que ça va générer des projets nouveaux, mais pour l'instant, je n'en ai
pas, là, sur la table.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
Mme la ministre. D'autres commentaires? Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Oui. Parce que
la façon que vous venez de répondre à ma question, Mme la ministre, on dirait
que vous en avez déjà en tête, des projets, là. Il y a peut-être des entreprises,
il y a peut-être des gens qui vous ont déjà consultée avec des projets. Est-ce
que j'ai raison à dire qu'il y a des personnes, des organismes, des entreprises
qui a communiqué avec vous, avec votre ministère pour dire : Nous, on
veut... on a un projet en ce qui a trait à la production d'électricité de...
Mme Garceau : ...sources...
de sources renouvelables.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Non, je n'ai pas eu de propositions de cette nature-là. Donc, il y a
des... il y a les projets qui se déroulent en ce moment, là, par exemple
l'Alliance de l'énergie de l'Est, là, qui sont dans un... dans l'énergie renouvelable,
mais qui ne reposent pas sur cet... ce type d'article là. Donc, je n'ai pas eu
de projets à proprement parler en lien avec un tel article.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Mme
la députée de Robert-Baldwin, vous désirez continuer?
Mme Garceau : Oui, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Allez-y.
Mme Garceau : Parce que mon
collègue de Jean-Talon avait soulevé une préoccupation quand même assez
importante au niveau de la privatisation, production, vente d'une entreprise à
une autre entreprise. Et donc il y aurait quand même, juste dans cette
définition-là, un élargissement, si je peux dire, de l'article... de l'étendue
de l'article 60 actuel, qui était limité, là, à la biomasse forestière.
Donc, dans vos réponses, lorsqu'on parle
de projets intéressants qui vont faire en sorte qu'ils vont aller alimenter en
énergie renouvelable des entreprises, des communautés, des municipalités, c'est
là, là, j'essaie de comprendre. Parce qu'il me semble que... Je ne veux pas le
dire de cette façon-là puis je ne veux pas porter de mauvaise intention, là, ce
n'est pas ça, l'idée. On dirait qu'«un seul consommateur» n'est pas le bon
terme à utiliser ici dans... Je ne veux pas dire : On est en train
d'induire tout le monde en erreur, là, mais il me semble, l'idée, si on regarde
le projet au complet, ce n'est pas d'aller produire et de vendre à une
personne. Ce n'est pas ça, l'idée, non. Et c'est pour ça que, est-ce qu'on ne
devrait pas peut-être réviser cet aspect-là pour qu'il reflète vraiment
l'intention du législateur?
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
Mme la députée. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui, merci,
M. le Président. Bien, notre intention, c'est que justement ça ne prenne pas
une ampleur que l'on ne souhaite pas que ça prenne. Donc, c'est pour ça qu'on
l'a réduit à un seul consommateur. Donc, ce ne serait pas... Comment dire? Les
projets qu'on va voir arriver ne seront pas justifiés par la volonté de vendre
à un consommateur. On ne veut pas que ce soit ça. Il faut que ce soit, en
fait... bien, à moins que ce soit... Non, je me reprends, parce que ça peut
être une communauté qui vend à une entreprise. Mais ça ne peut pas être une
entreprise qui va générer un projet dans l'optique de dire : Je vais aller
la vendre, mon énergie, par la suite à un consommateur. Parce qu'il faut qu'il
y ait... il faut que ça tienne la route, là, sur le plan financier. Donc,
qu'une communauté se mobilise pour développer un parc éolien, un parc solaire
pour vendre à une entreprise, ça, oui, ça tient la route. Mais, qu'une
entreprise décide de développer son projet énergétique en vue de s'adresser
avec une offre énergétique à un consommateur, ça, ça ne tiendrait pas la route.
Elle va vouloir répondre peut-être à des besoins internes, elle a besoin
d'énergie, des mégawatts importants pour de l'autoproduction et, par le fait
même, par la bande, décider d'offrir son énergie à un consommateur. Mais je ne
verrais pas que, pour une entreprise, ça puisse... ça puisse être ça, sa
volonté initiale, de vendre à un consommateur. À moins que ce soit une autre
entreprise. Ça, ça pourrait peut-être être justifié.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
Mme la ministre. Vous désirez continuer, Mme la députée de Robert-Baldwin? La
parole est à vous.
Mme Garceau : Mme la
ministre, là, je dois dire, je suis un petit peu confuse. Il me semble qu'il
vient d'y avoir une contradiction en ce qui a trait à... Ce n'est pas
l'intention de vendre à un seul consommateur, mais c'est ça que ça dit,
l'article, c'est de vendre à un... va distribuer à un seul consommateur.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Le «un
consommateur», ça peut être une personne morale ou une personne individuelle,
un ménage, par exemple.
Mme Garceau : Donc, personne
morale voulait dire une entreprise?
Mme Fréchette : Ça peut être
une entreprise, ça peut être une organisation, ça peut être une personne.
Mme Garceau : Ça peut être
une communauté? Ça peut être une communauté autochtone?
Mme Fréchette : Ça peut... Ça
ne peut pas alimenter une communauté. Non.
Mme Garceau : Ça ne pourrait
pas être...
Mme Fréchette : Ça, ce
seraient plusieurs consommateurs. Ça peut alimenter une entreprise. C'est un
compteur, un compteur électrique qui pourra être alimenté. Donc, une
communauté, ça ne repose pas sur un compteur électrique...
Mme Garceau : ...ça commence
à être un petit peu technique, là.
Mme Fréchette : À être quoi?
Mme Garceau : Ça commençait à
être un petit peu technique, là.
Mme Fréchette : Bien, c'est
facile à saisir, là, un compteur électrique.
Mme Garceau : Un compteur
électrique, donc, un compteur. Donc, pour vous, un seul consommateur équivaut à
un compteur électrique.
Mme Fréchette : C'est ça.
Mme Garceau : Puis un
compteur électrique va desservir...
Des voix : ...
Mme Garceau : Vas-y.
M. Kelley : On a une autre
question.
Le Président (M. Montigny) : Tout
à fait.
Mme Garceau : Je lance la
parole à mon collègue.
Le Président (M. Montigny) : Des
fois, on fait des petits chargements comme ça. Alors, M. le député, vous
souhaitez prendre la parole, c'est ça?
M. Kelley : Oui. Non, non,
parce que je comprends...
Le Président (M. Montigny) : ...
M. Kelley : Merci beaucoup,
M. le Président. Non, c'est... comme, par exemple, si c'est... Comme, le
gouvernement cri, est-ce que comme une communauté qui est gérée par une... ce
n'est pas une personne légale, mais comme...
Mme Garceau : Personne
morale.
M. Kelley : Personne morale,
c'est comme une organisation ou, excusez-moi, un autre type de gouvernement.
Est-ce que ça, c'est considéré comme un consommateur? Si c'est comme une
organisation, puis, après ça, ça fait la discussion dans une communauté... la
logique qu'on vende à un consommateur, mais ce consommateur est responsable de
fournir l'électricité à une communauté. Non, pas possible, c'est vraiment juste
un compteur, c'est tout?
Mme Fréchette : Exact. Ça ne
peut pas être une communauté de personnes parce que, là, il y aurait plusieurs
compteurs électriques. C'est un compteur, c'est une communauté, c'est une
personne morale.
M. Kelley : Ça ne peut pas
alimenter un réseau qui n'est pas attaché à Hydro-Québec.
Mme Fréchette : On n'est pas
dans l'idée d'un réseau de distribution, ce n'est pas ça.
M. Kelley : Ça ne peut pas
être considéré un consommateur unique, O.K.
Mme Fréchette : C'est pour ça
que je dis qu'il n'y aura pas de projet d'affaires bien solide qui va se
développer autour de l'idée d'aller fournir de l'électricité à un bungalow ou
une maison.
M. Kelley : Oui, oui,
évidemment.
Mme Fréchette : En tout cas,
s'ils en sont là, c'est qu'ils n'ont pas d'enjeu d'argent.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui, Mme la députée de
Robert-Baldwin, je vous redonne la parole à nouveau.
• (14 h 30) •
Mme Garceau : Merci. Dans cet
article, il y a quand même, puis mon collègue de Jean-Talon l'avait mentionné,
cette création du gouvernement illimitée, si je peux m'exprimer ici, concernant
les entreprises, les personnes morales qui vont être autorisées, qui vont être
autorisées à produire l'électricité, la distribuer à un seul consommateur ou un
seul compteur. Et donc quels seront... quels seront les critères
d'autorisation? Dans quelles circonstances est-ce que vous allez autoriser,
versus ne pas autoriser?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, merci. Mme la ministre.
Mme Fréchette : M. le
Président, bienvenue à nouveau. Alors, écoutez, ça va être au cas par cas, les
critères que l'on pourra identifier, mais je verrais, par exemple, que l'usage
qui sera fait de l'énergie soit un élément à considérer. Comme, par exemple,
bon, je vous dirai que, comme gouvernement, on a des réserves en lien avec les
entreprises de cryptomonnaie. Donc, est-ce qu'on voudra que ça n'alimente pas,
par exemple, une entreprise de cryptomonnaie? C'est une possibilité. La
création d'entreprise, advenant que ce soit générateur d'emplois, parce qu'une
communauté voudrait développer un parc éolien ou un parc solaire, eh bien, ça,
je pense que ça se prêterait bien à l'idée qu'il puisse y avoir une création
d'emplois pour les gens de la communauté. Donc, ça, c'est des exemples, mais je
vous dirais que ça variera suivant la nature des projets qui nous seront
soumis.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de
Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Oui, merci. Et
aux conditions, quand même, que le gouvernement va déterminer. Est-ce que ces
conditions vont être publiques? Est-ce qu'elles vont être sur un site Internet?
Est-ce qu'on va les prévoir par...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Garceau : ...de règlement.
Le Président (M. Montigny) :
Très bien. Merci. La parole est à Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Alors,
bien, l'autorisation serait donnée via un décret. Donc, oui, ce serait de
nature publique.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Donc, l'idée, c'est
de faire quoi, en termes de la publication de ces conditions-là? Ça va être sur
le site du ministère, ça va être... Comment est-ce que ça va être diffusé?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci beaucoup, Mme la...
Mme Garceau : ...
Mme Fréchette : Oui, c'est
public via la Gazette.
Mme Garceau : ...
Mme Fréchette : C'est public.
C'est public via la Gazette officielle. Êtes-vous abonnée?
Mme Garceau : ...
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci.
Mme Garceau : Est-ce que vous
avez... Oh, excusez, M. le Président, c'est parce que j'ai...
Le Président (M. Montigny) :
Non, non, allez-y. Mme la députée, vous avez la parole. Je vais vous laisser
changer un peu, là.
Mme Garceau : Oui. Est-ce qu'il
y a des balises? Est-ce qu'il va y avoir un certain encadrement dans le sens
que pour l'acceptabilité sociale aussi de cette... si je peux dire, une
nouvelle tendance dans la transition énergétique et donc qui va faire en sorte
que ce que vous avez envisagé, pour les premières années, admettons, qu'il va y
avoir une limite qu'on va dire que ça peut être deux projets, trois projets par
année? Est-ce qu'il y a eu cette... est-ce qu'on a réfléchi à tout cet aspect-là
de l'acceptabilité sociale et de se dire, comme gouvernement, mais savez-vous
peut être qu'on va mettre en place deux projets par année, quelque chose comme
ça, au lieu de dire... Parce que là, en ce moment, il pourrait y en avoir une
centaine. Vous pourriez autoriser, le gouvernement pour autoriser, avec l'adoption
de cet article, un nombre illimité de producteurs, distributeurs? Toujours un
seul compteur, mais il pourrait y en avoir, ça fait qu'à un moment donné, tu as
plusieurs compteurs qui sont... Ça fait en sorte que ça peut être comme répandu
et non seulement juste, parce que je vous ai aussi entendu au début, parce que
vous avez misé beaucoup sur : Oui, mais là ça va être important pour aller
aider nos régions éloignées, le nord du Québec, les Premières Nations. Il y
avait toute cette partie-là, mais ça ne vous empêche pas non plus d'aller dans
le Sud. Donc, c'est un peu ça. Ma question est de voir, encore une fois, l'étendue
de cet article-là en termes de : Est-ce qu'il y a une réflexion pour dire :
Savez-vous... Il devrait y avoir un certain nombre. Ce n'est pas comme si, là,
on va avoir quatre planches puis on va pouvoir en autoriser 50 la première
année, à titre d'exemple.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Mais il faut voir que c'est des projets qui vont requérir des
investissements importants, donc ce n'est pas à la portée de main de tous. Il
va falloir que ce soit une entité, une personne communauté qui a quand même à
sa disposition des ressources à investir pour le développement, par exemple, d'un
parc éolien. Alors, ce n'est pas à la portée de tous, comme je disais.
Et la question de l'acceptabilité sociale,
c'est un bon point. Je pense qu'il va falloir que l'acceptabilité sociale soit
au rendez-vous, comme pour l'ensemble des projets de cette nature-là. Ça fait
partie intégrante de ce qui est à retrouver quand il y a un projet qui est
soumis. Ça se travaille, ça se développe. Puis j'ai vu des belles, des belles
réalisations en ce sens là, notamment, l'alliance de l'énergie de l'Est frappe
fort en matière d'acceptabilité sociale. Ils en sont même, je dirais, à la
désirabilité sociale parce que les gens demandent à ce que des projets voient
le jour. Et je trouverais dommage, vraiment, que, par exemple, dans le comté de
mon collègue, qu'en Gaspésie on développe deux projets, trois projets, et que
pour le reste du Québec, ça ne soit plus possible de le faire parce qu'on
aurait mis un seuil en disant : Bien, c'est trois projets maximums cette
année. Là, il arrive quoi avec les communautés ailleurs au Québec qui, elles,
avaient un projet pour s'alimenter à partir de sources d'énergies
renouvelables. Alors, je ne vois pas la nécessité de mettre un seuil maximum de
nombre de projets parce que...
Mme Fréchette : ...chaque
projet va être analysé individuellement et devra répondre à un ensemble de
critères. Et, dans la mesure où ces critères-là sont rencontrés puis que ça
s'inscrit dans le concept de transition énergétique, ça permet de déployer
encore davantage de projets sur la base d'énergies renouvelables, bien, moi, je
pense que ça devrait aller de l'avant. Puis par ailleurs, si le projet génère
une production de 10 mégawatts ou plus, eh bien, là, il y aura
incontournablement un BAPE qui devra se tenir. Toutes les législations
environnementales vont s'appliquer à ces projets-là comme pour les autres. Donc,
voilà. Il me semble que, s'il y a des projets intéressants qui sont mis sur la
table et que les ressources sont disponibles pour aller de l'avant, on devrait
pouvoir aller de l'avant.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la députée.
Mme Garceau : Dans cette
optique, Mme la ministre, est-ce que... est-ce que le gouvernement songe à
avoir comme, si je peux dire, une liste de priorités en termes de région qu'on
va miser, surtout au début, que ce soit le nord du Québec... Est-ce qu'on va
miser certaines régions pour dire : On veut vraiment commencer à prioriser
certaines régions pour assurer qu'il soit alimenté convenablement?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Merci. Bien,
ce n'est pas le gouvernement qui va initier ces démarches-là, c'est les gens
qui vont venir offrir... proposer, plutôt, un projet au gouvernement pour
essayer de recueillir l'autorisation, mais ce n'est pas nous qui sommes
initiateurs. Donc, il va falloir vraiment... Puis ça, ça participe aussi du
succès dans l'acceptabilité sociale. Il faut que ça vienne du terrain, il faut
que ce soit organique. Ce n'est pas nous qui allons aller cogner aux portes en
disant : Hé! vous devriez penser à ça, tel projet, ça pourrait être
intéressant, non, il faut que les gens soient mobilisés d'eux-mêmes et qu'ils
veuillent s'investir dans le projet. Parce que ça va demander de
l'investissement à la fois monétaire mais humain aussi, un engagement de la
part des communautés parce que ce sont des projets... Ce n'est pas... ce n'est
pas un raccourci que de passer par ce type de projet là, je le sais. Les gens
voudraient tous avoir accès à Hydro-Québec et au réseau d'Hydro-Québec parce
que tellement plus simple, plus... plus avantageux aussi au niveau financier.
C'est avec Hydro-Québec que les coûts sont les moins élevés, là, pour ce genre
de projet là. Donc, ça, ça va s'avérer certainement plus coûteux qu'un
raccordement à Hydro-Québec, mais, voilà, ce ne sera pas le cas dans toutes les
situations. Donc, certains vont devoir considérer des alternatives, et puis ça,
c'en sera une qui, de ce fait-là, va contribuer au développement économique.
• (14 h 40) •
Mme Garceau : Mais est-ce que
le gouvernement n'a pas une responsabilité, surtout avec le PGIRE puis toutes
les consultations que vous êtes en train de faire en termes d'orientations de
cibles concernant la transition énergétique? Puis vous l'avez... puis ça fait à
quelques reprises que vous avez mentionné, puis on le sait, qu'il y a des
préoccupations, il y a des besoins dans le nord du Québec et aussi les
communautés autochtones, donc il me semble que... Compte tenu des besoins que
nous connaissons déjà, est-ce que le gouvernement ne devrait pas prendre
l'avant avec des projets qui vont aider ces communautés et les régions? Ça
va... Ça ne fera pas partie du PGIRE?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Le PGIRE va adresser en fait les grandes orientations, les lignes,
le type de mix énergétique qu'on va utiliser au cours des 25 prochaines
années, mais il ne va pas aller jusqu'à définir les projets A, B, C, D dans
chacune des régions, qui devraient aller de l'avant. Ce n'est pas... ce n'est
pas le rôle du gouvernement. Il faut que les projets émergent des communautés,
émergent des groupes ou des organisations qui voudront bien mettre en place un
projet et cognent à la porte du gouvernement pour voir si ça recueille
l'autorisation.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci.
Mme Garceau : Mais, Mme la
ministre, on est ici, on part de la volonté du gouvernement, de tout le monde
d'aller de l'avant avec une transition énergétique qui va comprendre... et,
évidemment, l'électricité de source renouvelable, ça n'en fait partie. Donc, je
ne peux pas croire que, dans le PGIRE, il ne va pas avoir des cibles, des
orientations liées à ça, qui va faire en sorte que les projets... On va déjà
avoir des projets, c'est... parce qu'on sait, là, qu'il y a des besoins dans
certaines régions et surtout dans certains...
Mme Fréchette : ...oui, M. le
Président. Ce que je dis, en fait, c'est que le PGIRE ne va pas cibler des
projets, comme tel, il va, oui, donner les orientations, donner des balises, le
mix énergétique, comment est-ce qu'il pourra évoluer au fil des ans,
l'efficacité énergétique, dans quelle mesure peut-on reposer là-dessus, la
sobriété énergétique, tout ça, mais, voilà, le PGIRE n'ira pas jusqu'à
identifier les projets que le gouvernement voudrait voir être mis en place. Ce
n'est pas... ce n'est pas notre rôle. Je pense que c'est aux communautés, aux
proposeurs, aux développeurs de nous... de mettre de l'avant des projets et de
voir s'ils recueillent, donc, l'assentiment puis l'autorisation du
gouvernement. Ça va être en ce sens-là que les projets vont émerger. Ce ne sera
pas imposé par le gouvernement vers les différentes régions.
Nous, on offre un cadre, on offre un cadre
à partir duquel on s'attend à ce que les gens proposent des projets, à
l'intérieur duquel les gens devront manœuvrer, mais c'est aux communautés puis
aux développeurs de proposer des projets.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la députée.
Mme Garceau : Est-ce qu'il va
y avoir une enveloppe budgétaire pour aider ces entreprises, pour venir en aide
à ces projets-là?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Alors, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Il n'y a pas
d'enveloppe qui est prévue pour soutenir la réalisation de projets de cette
nature-là. Il y a des programmes qui existent, avec un certain nombre de
normes. Est-ce que ces projets-là pourraient cadrer avec des normes déjà
établies dans les programmes? Peut-être, mais on n'a pas d'enveloppe prévue
pour aider à l'émergence de projets de cette nature-là.
Mme Garceau : Il n'y a pas de
nouveau programme envisagé pour venir en aide à ce développement.
Mme Fréchette : Il n'y a pas
de programme.
Mme Garceau : O.K. Et donc
pour revenir... je vais laisser la parole à mes autres collègues... qui fait en
sorte que... la préoccupation de mon collègue de Jean-Talon en ce qui a trait à
la privatisation d'une entreprise à une autre. Et là, on n'a pas mis... il n'y
a pas de limite à ça. C'est un peu ça, l'idée de la deuxième partie de
l'article 60, il n'y a pas de limite.
Mme Fréchette : Bien, la
limite, elle est très claire. Il faut que ça serve à un consommateur. Si ça, ce
n'est pas une limite... Il faut que ce soit de l'énergie renouvelable, que ça
serve à un seul consommateur et puis que le gouvernement l'autorise et, par
conséquent, que ça doive répondre à un certain nombre de critères. C'est quand
même des limites assez contraignantes, là.
Mme Garceau : Mais un seul
consommateur, on se comprend que c'est un compteur qui pourrait desservir des
milliers de personnes. Non? O.K. On me dit non.
Mme Fréchette : Un
consommateur. Un. Un seul.
Mme Garceau : Un
consommateur, O.K.. Pas une communauté.
Mme Fréchette : Pas une
communauté.
Mme Garceau : O.K.
Le Président (M. Montigny) : ...
Mme Garceau : ...donc...
Le Président (M. Montigny) : Oh!
excusez-moi, je pensais que vous aviez fini.
Mme Fréchette : Un compteur.
Pas une communauté, un consommateur. Une entité : un consommateur, une
entreprise.
Mme Garceau : Une entreprise.
Mme Fréchette : Une
entreprise. Un consommateur, une entreprise, mais pas une communauté. Pas de
réseau. L'idée de réseau n'est pas compatible avec cet article-là.
Mme Garceau : Mais un
consommateur peut être une entreprise.
Mme Fréchette : Ça peut être
une entreprise.
Mme Garceau : O.K.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre, souhaitez-vous rajouter d'autres choses. Non. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions en lien avec cette proposition d'amendement? Parce que
nous sommes toujours sur la proposition d'amendement à l'article 38. M. le
député de Jean-Talon, je vous laisse la parole.
M. Paradis : L'amendement du
député de Maurice-Richard, donc, enlève toute la dernière partie du deuxième
alinéa de l'article 60, qui est le droit nouveau proposé. La ministre insiste
avec vigueur qu'il y a des balises parce que ça dit, à la fin de l'alinéa, que
les projets de vente d'un producteur privé à un client privé, donc de
privatisation du secteur de l'énergie, vont requérir que ce soit dans la
mesure, je cite, «que le gouvernement autorise, aux conditions qu'il
détermine». Fin des guillemets. Ça, moi j'appelle ça un pouvoir
discrétionnaire. Si c e n'est pas un pouvoir discrétionnaire, j'aimerais que la
ministre me dise où sont...
M. Paradis : ...les balises
dans son projet de loi qui vont dire aux Québécois comment elle va exercer son
pouvoir. Elle vient de dire que les projets vont devoir, je la cite, «répondre
à un certain nombre de critères.» O.K., un seul consommateur adjacent, mais je
veux savoir c'est quoi, ces... où sont ces critères-là, où sont balisés les
pouvoirs de la ministre dans le projet de loi n° 69.
Mme Fréchette : C'est bon.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre. Je vous laisse aller.
Mme Fréchette : Merci, merci,
M. le Président. Donc, les critères vont évoluer selon la perspective qui sera
portée par les gouvernements des 25 prochaines années. C'est une loi qui
est élaborée pour les 25 prochaines années, donc il est important que ces
critères-là évoluent avec le temps et évoluent avec la vision portée par les
différents gouvernements. Mais je rappelle également que toutes les balises
environnementales qui existent vont devoir s'appliquer à ces projets-là. Le
BAPE entrera en action, s'il s'agit de 10 mégawatts ou plus.
L'acceptabilité sociale, certainement que ça va faire partie des critères des
différents gouvernements qui auront à mettre en place cet article et les
projets qui pourraient en découler. Et puis je rappelle que ça s'adresse à un
consommateur, un seul. Donc, si, ça, ce n'est pas une balise importante, je ne
sais pas ce que c'est, là.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Oui.
Malheureusement, la ministre vient de nous décrire c'est quoi, un pouvoir
discrétionnaire. Il va s'exercer, je la cite, «selon les perspectives des
gouvernements. C'est ça, un pouvoir discrétionnaire. Une loi, ça fixe des
balises, ça rassure les Québécois. Parce que là, ce qu'elle nous dit, c'est :
Ah! un ministre X aime tel projet, ah! lui, on l'accorde, un autre ministre
n'aime pas tel projet, ah! on ne l'accorde pas.
C'est important d'avoir de la certitude.
Vous créez du droit nouveau, et je le redis, vous ouvrez toute grande la porte
à la privatisation du secteur de l'énergie. Selon quelles balises dans le
projet de loi? Est-ce qu'il y en a? S'il n'y en a pas, j'aimerais que la
ministre me le dise : Il n'y a pas de balises dans le projet de loi. Moi,
je n'en ai pas trouvé. Je vois que le gouvernement s'octroie... la ministre
s'octroie le pouvoir d'autoriser ou non, «aux conditions qu'il détermine».
C'est ça qui est écrit dans le projet de loi. Est-ce qu'il y a des balises?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
• (14 h 50) •
Mme Fréchette : Oui. M. le
Président, ce que je peux vous dire, c'est que, des balises, quand c'est le PQ
qui avait mis ça en place, il n'y en avait pas. On ne donnait pas
d'autorisation gouvernementale à quelconque projet. On disait : Vous avez
un projet, allez-y, on ne regardera même pas ce que vous faites. Ça, ça a été
l'approche du Parti québécois.
Nous, on dit qu'il faudrait quand même
qu'il y ait un encadrement avec une vision gouvernementale, parce que ce n'est
pas juste le bien... le bon vouloir d'une personne qui définit ce qu'est la
vision gouvernementale. C'est un gouvernement qui est porté par une approche.
Dans notre cas, on considère que la transition énergétique doit être au cœur du
développement économique au Québec et qu'on a tout ce qu'il faut pour réaliser
cet objectif-là, à la fois atteindre la transition énergétique tout en créant
du développement économique. Parce qu'on a les ressources, on a l'expertise,
les ressources naturelles, l'expertise, les talents pour ce faire. Alors, ça,
c'est notre vision. Donc, il va falloir que ce soit créateur d'emplois, il va
falloir que l'usage qui est fait avec l'énergie qui sera générée corresponde
avec des priorités gouvernementales, qu'on ne soit pas à contresens. Et, ça,
c'est bien différent de l'approche qu'avait prise le Parti québécois, qui, eux,
disaient : Bien, allez-y, on ne regardera pas ce que vous faites, allez-y,
vous avez la possibilité. Ça, j'appelle ça ne pas avoir de balises. Et, nous,
on arrive avec une approche plus encadrée, plus contraignante... en fait, très
contraignante du fait du seul consommateur qui doit être répondu au niveau des
besoins énergétiques. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Juste pour vous dire, M. le député, qu'il vous reste très peu de temps,
là, autour d'une minute, peut-être même moins. On va me donner votre temps, ça
ne sera pas long. Vous pouvez y aller.
M. Paradis : Bon. L'approche
du Parti québécois, c'était d'autoriser uniquement les projets de vente quand
c'est de la biomasse extrêmement limitée. Votre gouvernement, maintenant, il
ouvre à toutes les sources d'énergies renouvelables. C'est... C'est une
différence complètement fondamentale. Et, sur ce que vous dites,
malheureusement, ce n'est pas le cas parce que vous ne dites rien de plus, vous
n'indiquez que vous allez exercer le pouvoir selon votre bon vouloir. Il n'y a
aucune différence.
Alors, en parlant de l'approche du PQ, je
vais demander une suspension parce que je vais proposer un projet... un
sous-amendement à l'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 14 h 52)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 15)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous reprenons donc nos travaux. Pendant la période de suspension, nous avons
reçu une proposition de sous-amendement à un amendement qui était déjà à l'étude.
L'amendement à l'étude se trouvait à proposer un peu, là, comme, je dirais, de
soustraire une partie. Alors là, on a un nouvel... un sous-amendement qui nous
propose d'ajouter quelque chose à la partie... je veux dire, à l'amendement qui
était déjà là, ça fait que, dans les circonstances, il est recevable. M. le
député, vous pouvez faire la présentation de votre sous-amendement à l'amendement
qui était déjà à l'étude.
M. Paradis : L'amendement à l'article 60
de la Loi sur la Régie de l'énergie, tel que modifié par l'article 38 du
projet de loi, est sous-amendé par l'ajout de l'alinéa suivant : Cet
article est également modifié par l'ajout des mots suivants après qu'il produit
au deuxième alinéa : «ou de distribuer l'électricité produite à partir de
biomasse forestière à un consommateur sur un emplacement adjacent au site de
production».
L'article 60 de la loi sur la Régie
de l'énergie, tel que modifié, se lirait ainsi : Un droit exclusif de
distribution d'électricité confère à son titulaire, sur le territoire où il
porte et à l'exclusion de quiconque, le droit de distribuer de l'électricité à
un consommateur. Ce droit n'empêche pas quiconque de consommer l'électricité qu'il
produit ou de distribuer l'électricité produite à partir de biomasse forestière
à un consommateur sur un emplacement adjacent au site de production.
Alors, Mme la ministre, on ne se fera pas
de cachettes, je propose de revenir essentiellement au libellé existant de l'article 60
de la Loi sur la Régie de l'énergie, parce que l'amendement proposé par le collègue
de Maurice-Richard, en fait, en retirait un bout. Alors, je vous prends au mot.
Vous m'avez répondu à plusieurs reprises que ça ne changeait pas grand-chose,
qu'il n'y avait pas de changement de paradigme. Je vous ai demandé à plusieurs
reprises d'avouer que c'était... votre amendement à vous, à l'article 60,
c'était pour ouvrir la porte plus large à une privatisation de la vente d'électricité
au Québec. Mais je vous prends au mot, je vous suggère de garder la situation
actuelle, puis de dire : Bien, c'est Hydro-Québec qui s'occupe de la vente
d'électricité au Québec, de la distribution d'électricité. Et il y a deux
exceptions : celui qui produit par lui-même puis celui qui veut vendre de
l'électricité à une entreprise adjacente...
M. Paradis : ...parce qu'il y
a de la biomasse forestière. Voilà ce que je vous propose, à moins, bien sûr,
que vous ayez des réponses aux questions relatives à ce que vous proposez à
l'article 60. Donc, j'aimerais avoir votre réaction à cette proposition d'amendement
ou de sous-amendement ou alors avoir des éclaircissements, vraiment des
éclaircissements sur ce que vous, vous proposez.
Parce que je le redis, pour toutes les
Québécoises et pour tous les Québécois, c'est un changement fondamental au
régime de distribution d'électricité au Québec, que vous proposez. C'est
énorme, ce qui est proposé par la modification à l'article 60. Avant, c'est
juste de la biomasse. Si tu as de la biomasse forestière, tu peux vendre à ton
voisin. Autrement, c'est Hydro-Québec qui s'occupe de la vente. C'est ça, le
monopole. Vous, vous dites, maintenant : Toute personne qui va produire de
l'électricité renouvelable va être capable d'approcher le gouvernement pour
dire : Je veux vendre à un voisin. Bien, si vous faites ça, moi, je veux
savoir c'est quoi, vos plans, je veux savoir c'est quoi, la définition dans
votre amendement, de l'électricité de source renouvelable. Je veux savoir c'est
quoi, votre définition d'emplacement adjacent. Je veux savoir c'est quoi, votre
définition de site de production puis je veux savoir où sont les balises de
l'exercice de pouvoir discrétionnaire.
Parce que malgré ce que vous dites, c'est
un pouvoir discrétionnaire immense que vous vous conférez d'autoriser ou non
des projets aux conditions que vous déterminez, à votre bon vouloir. Il n'y a
pas de balise. Donc, on va avoir ces questions-là dans un deuxième temps. En
premier, j'aimerais avoir votre réaction à la proposition de sous-amendement.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Oui. Merci,
M. le Président. Donc, je comprends, dans le fond, que le député de Jean-Talon
veut le statu quo. Il a une préférence pour la biomasse forestière, parmi les
différentes énergies renouvelables. Alors, je ne sais pas pourquoi cette
préférence-là existe.
Il faut voir qu'au moment où ça a été
adopté, c'est que les alternatives n'étaient pas très nombreuses ou encore
n'étaient pas très accessibles, alors c'est la biomasse forestière qui s'est
comme imposée. On est ailleurs, maintenant, on est en 2025, il y a des
alternatives qui existent et qui sont beaucoup plus accessibles, beaucoup plus
compétitives.
Et il s'avère que, contrairement à l'an
2000, on est dans une phase de transition énergétique. Je ne sais pas si le
député de Jean-Talon veut contribuer à l'engagement de la société québécoise
dans la transition énergétique, mais c'est notre cas, et on voit là une
possibilité d'aller de l'avant. Et il faut voir qu'Hydro-Québec n'est pas toujours
en mesure de livrer les services demandés dans une période de temps, je dirais,
de court ou même parfois moyen terme. Parfois, c'est la capacité technique qui
n'est pas au rendez-vous, parfois, c'est que les réseaux ne sont pas déployés
suffisamment largement pour rejoindre toutes les zones du territoire.
• (15 h 20) •
Donc, considérant cet engagement-là qu'on
a dans la transition énergétique, considérant la disponibilité, notamment
financière d'alternatives renouvelables à la biomasse, il est important que
l'on s'adapte et puis qu'on offre des alternatives qui tiennent la route sur le
plan environnemental, en plus de tenir la route sur le plan économique. Et je
le répète, c'est pour alimenter un seul consommateur, un seul.
Alors, cette idée-là qu'on vienne créer
une compétition à Hydro-Québec, vraiment, je ne vois pas où ça pourrait créer
une menace pour Hydro-Québec. C'est Hydro-Québec qui est au cœur de notre
stratégie de développement énergétique. C'est Hydro-Québec qui va créer
l'assise dont on a besoin pour se propulser encore plus avant dans la
transition énergétique, en plus de créer du développement économique. Alors,
cette possibilité-là d'offrir à des communautés ou des entités de disposer
d'une alternative à partir de sources renouvelables, il me semble qu'il n'y a
un bénéfice qui peut être tiré de ça. C'est quelque chose qui vient en
complément d'Hydro-Québec et, par conséquent, ça mérite d'être mis de l'avant,
et pas juste au niveau de la biomasse.
Et j'en profite pour souligner que la biomasse,
là, au Québec, là, c'est 361 mégawatts, actuellement, qui sont générés par de
la biomasse. Alors, pourquoi le député de Jean-Talon dit : Oui, la
biomasse, ça va. Moi, j'aimerais entendre son argument à l'effet que la
biomasse forestière, c'est acceptable, mais l'énergie éolienne, ce n'est pas
acceptable. Quelle est la logique, j'essaie de la chercher, à part que le statu
quo doit prévaloir dans sa vision des choses? Bien, nous, voilà, on est en
phase avec les développements énergétiques et technologiques qui sont survenus
depuis l'année 2000...
Mme Fréchette : ...Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci beaucoup, Mme la ministre. M. le député de Jean-Talon, vous avez la
parole à nouveau.
M. Paradis : La question
n'est pas une préférence pour la biomasse. La question, c'est une préférence
pour Hydro-Québec, pour la production et la distribution publique
d'électricité, de ne pas ouvrir toutes grandes les portes à la production et à
la distribution par des acteurs privés qui vont toucher les produits et donc
les profits à la place des Québécois. C'est ça, ma préférence. La biomasse,
c'est parce que c'est une exception très limitée au fait qu'au Québec les
profits de la vente d'énergie, ça va dans les poches des Québécois, pas des
acteurs privés. C'est de ça dont on parle.
La ministre elle-même nous a dit
hier : Bien oui, mais il n'y en a presque... il n'y en a pas eu, de
projets, dans les 25 dernières années. Alors, c'est drôle parce
qu'aujourd'hui elle disait : Ah! le PQ, lui, il ne laissait pas... il
n'avait pas de balises, tout ça. Il n'y en a pas eu beaucoup, des projets,
parce que c'est une exception limitée.
Et nous, on est de ceux qui sont là pour
se tenir debout pour Hydro-Québec, pour le fait que c'est notre richesse
collective, la distribution d'électricité au Québec, que c'est ça qui paie des
hôpitaux, des routes, des écoles. Alors, il y a un engagement pour la
transition énergétique, bien sûr, mais menée par Hydro-Québec au profit des
Québécois. Fort bien, en partenariat avec des acteurs privés, ça peut arriver,
il y en a déjà, ça peut marcher, mais la distribution d'électricité, c'est dans
les mains du secteur public. Ça nous appartient aux Québécois. C'est ça, la
préférence.
Et là, on a encore dit : Oui, mais
là, Hydro-Québec ne sera pas capable. C'est ça aussi qui n'est pas notre
préférence, de dire que : Ah! Hydro-Québec n'est pas capable, Hydro-Québec
ne peut pas. Ce discours-là, on l'entend beaucoup actuellement. Hydro-Québec est
un géant. C'est un des meilleurs du monde. Oui, il peut, oui, il est capable,
oui, il peut s'adjoindre des partenaires. Et c'est exactement ce
qu'Hydro-Québec dit, elle. Elle dit : À partir de maintenant, c'est moi
qui va les piloter, les projets. Mais le gouvernement ne dit pas la même chose,
lui. Le gouvernement dit : Hydro-Québec n'est pas capable.
Ça fait que là, on va autoriser de plus en
plus de producteurs privés d'énergie renouvelable à vendre, eux autres, à des
clients privés. On en fait plus, du privé à privé. Et, ça, ce n'est pas moi qui
le dis. C'est le gouvernement de la CAQ qui l'a répété à de très nombreuses
reprises.
La ministre me demande : Mais d'où
viennent ces inquiétudes? On a eu son prédécesseur ici qui nous a dit :
C'est magique! Je le cite : «Le projet TES, c'est magique.» Il nous a
aussi dit : J'en ai des piles, de projets comme ça, sur mon bureau. Je
suis surpris d'entendre aujourd'hui la ministre nous dire : Ah! il n'y en
a presque pas, des projets, ça ne se bouscule pas au portillon. Son
prédécesseur nous a dit qu'il y en avait des piles. Il a dit, au salon bleu, au
salon rouge, devant les élus de l'Assemblée nationale, et il l'a répété dans la
presse, j'ai des... puis j'ai des coupures de presse comme ça : Il va y en
avoir plein, de ces projets-là. On s'en va vers là. C'est ça, l'inquiétude, Mme
la ministre.
Et, moi, je vous pose des questions sur ce
que ça veut dire, «électricité de ressources renouvelables» dans votre
amendement à vous, qu'est-ce que ça veut dire «emplacement adjacent» dans votre
amendement à vous, qu'est-ce que ça veut dire «site de production» dans votre
amendement à vous, qu'est-ce que ça veut dire, c'est quoi, ça, «le gouvernement
autorise aux conditions qu'il détermine», dans quels cas, selon quelles
balises, et je n'ai eu aucune réponse. Vous modifiez, vous venez faire quelque
chose de fondamental, vous venez jouer dans le monopole d'Hydro-Québec puis
vous n'avez pas de réponses à des questions fondamentales.
Pour que les gens qui nous écoutent
comprennent, un emplacement adjacent à de la biomasse, c'est pas mal facile à
déterminer. Un emplacement adjacent à un parc d'éoliennes qui peut être
distribué dans plein d'endroits, qui a une ligne de transmission qui peut faire
10 kilomètres, 20 kilomètres, 50 kilomètres, s'en va vers une
usine qui peut être de telle taille ou de telle autre taille, qui peut être
reliée à une autre usine, comme dans le projet de TES. Là, la définition de ce
que c'est, adjacent, oui, un seul. Ah oui, mais où ça? Lequel? Ça va être au
choix de l'entreprise de déterminer, oui, oui, moi je vais prendre ça à
100 kilomètres d'ici. Puis là, la ministre, on ne sait pas sur quelle base
elle va décider. Zéro. On n'a aucune balise. C'est quoi le site de production?
C'est le site de production d'électricité éolienne ou c'est le site de
production d'hydrogène ou c'est le site de catalyse? On n'a aucune balise.
Nous, notre préférence, c'est qu'on ne
joue pas aux apprentis sorciers avec un des des trésors de l'État québécois.
Notre...
M. Paradis : ...notre
énergie, c'est ça qu'on demande. Alors, je réponds, j'espère, aux questions de
la ministre. C'est ça, nos inquiétudes. Puis elle était là, aux consultations
particulières. Ce n'est pas juste moi qui dis ça. Moi, je suis un citoyen
inquiet puis je suis un député inquiet, mais j'ai entendu des dizaines de
groupes qui sont venus ici nous dire : On est très inquiets, puis qui vous
ont demandé : L'article 38 du projet de loi n° 69, retirez-le,
c'est dangereux pour l'avenir énergétique du Québec. C'est ça que les gens sont
venus nous dire, y compris les artisans d'Hydro-Québec, y compris les
travailleurs d'Hydro-Québec, ceux qui en connaissent le plus sur l'électricité
au Québec. Alors, c'est ça, ma réponse à vos questions.
Mais moi, je vous relance les
questions : Si vous tenez tant à faire cette brèche-là puis à ce qu'il y
ait plus de possibilités pour des acteurs privés de vendre à des acteurs privés
puis de distribuer à des acteurs privés, quelles réponses avez-vous aux
questions sur qu'est-ce qu'il veut dire, votre alinéa à vous? Je le réitère.
C'est quoi, l'électricité de source renouvelable dans votre projet de loi?
Parce que ce n'est pas défini. C'est quoi, l'emplacement adjacent? Ce n'est pas
défini. C'est quoi, le site de production? Ce n'est pas défini. Comment vous
allez exercer l'immense discrétion que vous vous donnez de déterminer l'avenir
énergétique du Québec? Ce n'est même pas lié au PGIRE, ça. Bien là, vous allez
me dire, le PGIRE, peut-être, mais il n'y en a pas, de balise dans le projet de
loi. Vous m'avez décrit tout à l'heure, vous avez dit : Ah! ça va être
selon les perspectives des gouvernements. C'est ça qu'on ne veut pas, on veut
avoir de la certitude dans le projet de loi. Donc, avez-vous des réponses à ces
questions-là relativement à votre amendement? Parce que, sinon, je vous propose
vraiment de considérer cet amendement-là puis de revenir à un cadre qu'on
connaît puis qui donne des résultats pour le Québec.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre, quand vous êtes prête.
Mme Fréchette : Merci. Merci,
M. le Président. Je m'étonne quand même à chaque fois de l'entendre, d'entendre
mon collègue de Jean-Talon dire qu'il a besoin de balises, que, là, ce vers
quoi on propose de s'en aller, ça ne peut pas tenir la route, ce n'est pas
encadré, les critères ne sont pas clairs, tout ça, mais, quand il s'agit de la
biomasse, ah, bien là, il n'y a aucun inconfort à ce qu'il n'y ait pas de
balise, à ce qu'il n'y ait pas d'encadrement, à ce qu'il n'y ait pas de
critère, là, tout va pour le mieux. Alors, c'est quand même particulier parce
que, s'il s'agit d'énergie solaire, d'énergie éolienne, de géothermie, là, ça
n'aurait aucun sens de ne pas avoir de balises, mais, s'il s'agit de la
biomasse forestière, aucun problème. Ça fait 25 ans qu'on roule comme ça,
ça a été mis en place par le gouvernement du Parti québécois puis il n'y en a
pas, d'enjeu. Alors, je ne comprends pas ce deux poids, deux mesures. Soit il a
un malaise soit il n'en a pas, mais là, qu'il n'en ait pas pour la biomasse,
mais qu'il en ait si c'est d'autres formes d'énergie renouvelable, il me semble
qu'il y a deux poids, deux mesures.
• (15 h 30) •
Par ailleurs, j'ai mentionné qu'il y avait
plus d'une vingtaine de groupes, 21 groupes, en fait, qui sont venus nous dire
en commission parlementaire qu'ils étaient favorables à cet article-là, qu'ils
voyaient là une plus-value pour le Québec. J'aimerais ça entendre les
commentaires de mon collègue de Jean-Talon sur ce qu'il est venu nous dire, en
fait, Pierre-Olivier Pineau, qui, quand même, n'a pas un intérêt, hein,
personnel par rapport à ce projet, ce projet-là et qui est venu nous
dire : «Dans le contexte où l'obligation de desservir serait encadrée dans
de nouvelles lois, et afin de ne pas faire reposer sur Hydro-Québec et ses
clients réglementés un poids indu de la croissance de la consommation
d'électricité, une ouverture de la production et de la vente d'électricité à
tous les acteurs souhaitant s'y consacrer est recommandée. Cela permettrait à
des acteurs diversifiés... coopératives, municipalités, entreprises privées —
et j'ajouterais populations autochtones — de développer des solutions
innovantes et adaptées aux réalités technologiques et économiques actuelles.»
Donc, M. Pineau... Pr Pineau nous rappelle que ce serait un poids indu à être
porté par Hydro-Québec s'il advenait qu'ils doivent répondre à la totalité des
besoins. Alors, je pense que c'est à prendre en considération, dans un contexte
de grande croissance de la demande énergétique et d'une offre qui n'arrive pas
à suivre au même rythme.
Et par ailleurs, même s'il advenait
qu'Hydro-Québec puisse suivre au même rythme, il y a des projets pour lesquels
il y a un niveau de risque assez élevé qui caractérise des projets, des projets
pour lesquels ce ne serait pas nécessairement jugé opportun qu'Hydro-Québec les
soutienne parce que le niveau de risque sera élevé. Or, pour ce genre de
projets là, il peut y avoir un promoteur, un développeur ou une communauté qui
est prête à prendre ce niveau de risque là et qui souhaite s'y engager. Dans la
perspective de mon collègue de Jean-Talon, il n'y aurait pas...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Fréchette : ...cette
possibilité-là pour les communautés. Il préfère que ces communautés-là oublient
ça, s'en remettent à d'autres types de projets, parce que ce n'est pas là qu'ils
vont pouvoir assurer leur diversification des sources de revenus.
Alors, nous, on est d'avis que non
seulement ça devrait être une option, de pouvoir développer des projets de
ressources énergétiques renouvelables, en plus que ça peut contribuer au développement
économique, en plus que ça peut générer une diversification des revenus tout en
décarbonant, tout en décarbonant. À un moment donné, la transition énergétique,
il va falloir qu'elle s'opère sur le terrain. Et ça, c'en est une, manière de l'opérer
sur le terrain. Hydro-Québec va y contribuer, comme nulle autre organisation,
et c'est un immense bienfait pour le Québec. C'est ça qui va générer notre
enrichissement collectif. Ça va être le pouvoir, la capacité d'Hydro-Québec de
livrer des projets énergétiques au bénéfice de tous les Québécois.
Maintenant, Hydro-Québec, il y a des
endroits où ils ne se rendent pas. Il y a des endroits où la capacité technique
est à pleine... à pleine... à son maximum et pour lesquels il y a une
incapacité à répondre à un besoin x ou y, dans une région donnée, et pour
lesquels on pourrait développer un projet comme celui qui serait permis, pour
un seul consommateur, je répète, et qui viendrait changer la donne, qui
viendrait changer la donne de manière positive, puisque ça s'inscrira dans un
mouvement de conversion énergétique ou de transition énergétique. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. D'autres interventions? M. le député de
Jean-Talon, vous avez la parole à nouveau.
M. Paradis : Bon. La ministre
revient sans cesse, là, à l'article de la biomasse, puis là le PQ, c'est
épouvantable, il n'y avait pas de contrôle. Est-ce que la ministre a dit, oui
ou non, hier, que, dans les 25 dernières années, cette option n'avait pas été
ou peu utilisée? Est-ce que c'est elle qui a dit ça hier, oui ou non?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Effectivement,
cet article-là n'a pas été utilisé, mais il reste qu'il n'offre aucun encadrement,
alors il peut être utilisé sans encadrement. Et nous, on y voit un enjeu, on
pense qu'il faut un cadre, on pense qu'il faille une autorisation, il faille
rencontrer un certain nombre de critères, que ce soient des critères de nature
économique, environnementale ou sociale. Alors, c'est important de baliser
davantage, parce que ce ne l'était pas, balisé, ça n'a pas été utilisé jusqu'à
maintenant. Ça n'indique pas que ça ne le serait pas ultérieurement, mais on
pense qu'il faut qu'il y ait un cadre plus important qui entoure cet
article-là.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. D'autres interventions? M. le député de
Jean-Talon.
M. Paradis : Bon. Alors, on
aura tous compris, hein, que, là, on aura beau faire beaucoup, hein, de mots
là-dessus, là, mais donc il ne s'est rien passé depuis 25 ans, là, il n'y a pas
eu d'autorisation non balisée, etc., c'est vous-même qui le dites, il n'y en a
pas eu ou très peu, puis on n'en a pas nommé. Donc, depuis qu'il y a eu cette
modification-là, ça n'a pas été exercé.
Vous, vous proposez un élargissement, vous
changez... vous proposez un changement majeur et vous dites : Ouh! On met
des balises. La balise, c'est qu'on dit qu'il va y avoir une autorisation à l'entière
discrétion du gouvernement. Ce n'est pas une balise, ça, de dire que le
gouvernement l'autorise aux conditions qu'il détermine. Ça, c'est s'octroyer un
pouvoir discrétionnaire. C'est écrit noir sur blanc dans votre modification.
Et vous proposez des nouveaux concepts qui
vont s'appliquer à de toutes nouvelles formes d'autorisation en vertu de cet
article. C'est ça, l'histoire de la biomasse, parce que c'était une très petite
exception au principe, parce que tout le reste de ce que vous avez dit, dans votre
réaction à ce que je viens de vous dire, on est d'accord : la transition,
puis des projets, puis aller dans les énergies renouvelables. Ce n'est pas ça,
le problème, c'est que vous, vous proposez que ça, ce soit mis dans les mains d'entreprises
privées qui vont pouvoir faire des profits en vendant à d'autres entreprises
privées puis vous voulez élargir ça, alors que nous, la vision qu'on a, c'est
Hydro-Québec puis c'est le Québec qui pilote ça puis qui touche les profits
pour payer nos services publics. C'est ça, la différence.
Puis je vous ai demandé, au tout début de
nos échanges, êtes-vous prête à l'admettre, au moins, que vous ouvrez tout
grand la porte... toute grande la porte au privé? Puis je n'ai pas eu de
réponse, alors que c'est ça qu'elle dit noir sur blanc, votre modification. C'est
ça, la différence. Et puis là vous êtes... Je redemande est-ce que vous avez,
quelque part, une analyse? Est-ce que vous avez regardé ça? TES Canada, votre
projet modèle... Parce que vous dites : Oui, c'est de l'autoproduction,
mais là ça, ah! ça, ça va être quelqu'un qui produit pour lui-même, qui, après
ça, va être capable de...
M. Paradis : ...vous
approcher, eux ou d'autres, qui vont avoir des projets comme ça, d'éolien, de
solaire, d'autres formes d'énergies renouvelables, puis qui vont vous
approcher, puis qui vont dire : Moi, maintenant, je voudrais vendre à tel
voisin, c'est moi qui a décidé. J'ai 100 kilomètres de terrain adjacent,
200, 300 kilomètres en comptant. Qu'est-ce qui est adjacent? Vous n'avez
pas commencé à donner le début d'un commencement de réponse à ces questions-là?
Qu'est-ce qui va être adjacent? Si TES ou un autre vous approche, c'est quoi
son site de production? C'est quoi l'emplacement adjacent? Est-ce qu'il est...
Quelle énergie, quelle source d'énergie renouvelable est visée ou pas? Et
surtout quelles sont les balises d'exercice de votre pouvoir discrétionnaire?
Je le réitère, les Québécois ont raison de
se poser des questions, parce que de l'exercice du pouvoir discrétionnaire dans
les dernières années, on en a vu sur plein de sujets, plein de sujets. Moi,
j'ai posé des questions. Le collègue de Jacques-Cartier a posé tellement de
questions. Mais comment vous avez octroyé les blocs d'énergie que tout le monde
cherche au Québec? On n'a jamais eu de réponse à ça. C'est ça, le problème des
blocs d'énergie. Pendant qu'il y a des gens dans les régions du Québec, en
Abitibi, Témiscamingue, sur la Côte-Nord, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui
disent : Aïe, nous, on a des projets puis on voudrait avoir des blocs
d'énergie. Ils se font dire : On ne le sait pas. Je fais le parallèle
parce que c'est ça le problème de l'exercice discrétionnaire. Qu'est ce qui
fait que le ministre Fitzgibbon trouve que c'est magique, TES? Parce que là,
après ça, oui, ils vont pouvoir vendre à des tarifs voisins ou d'autres
projets. Qu'est-ce qu'on va accorder puis qu'est ce qu'on n'accordera pas? Il
n'y a aucune réponse à ces questions-là. Puis il n'y a rien dans le projet de
loi qui balise ça. Ce n'est pas normal quand il s'agit d'une brèche
fondamentale à un principe de base de la société québécoise : depuis 1963,
c'est Hydro-Québec qui distribue l'électricité au Québec au profit des
Québécois.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
• (15 h 40) •
Mme Fréchette : Oui. Merci.
Donc, le Parti québécois dit à une entreprise qui fonctionne actuellement, par
exemple au diesel, qui voudrait se décarboner tout en enrichissant la
communauté adjacente à son usine, composée essentiellement de première nation,
peut être de la MRC, qui voudrait créer un parc éolien ou un parc de panneaux
solaires, et pour qui Hydro-Québec n'a pas une offre à courte échéance, de
dire : Oubliez ça, oubliez ça, votre projet, c'est Hydro-Québec ou c'est
rien? Bien, nous, on dit : S'il y a une alternative qui permet de
décarboner l'entreprise, qui permet d'enrichir les communautés, Premières
nations, MRC, on leur dit qu'il y a une alternative qui devrait exister. Ça va
répondre à des objectifs de transition énergétique, de développement économique
régional. À ce que j'en comprends, le Parti québécois ne loge pas là. Mais ce
n'est pas notre approche. Nous, on pense que la transition énergétique, c'est
pour tout le monde, il faut que tout le monde s'y engage, que chacun fasse un
effort. Et là on vient offrir une alternative qui n'existe pas si ça ne va pas
de l'avant. Alors, le député de Jean-Talon préfère que ce soit le vide qui soit
offert comme prix de consolation. Nous, on est d'avis qu'il faut offrir une
possibilité qui va nous permettre d'avancer dans la décarbonation, d'avancer
dans le développement économique régional et dans l'autonomie, l'autonomie
économique, l'autonomie énergétique. Ça ne vient absolument pas menacer, de
quelque manière que ce soit, Hydro-Québec, puisque ça devra s'adresser à un
seul consommateur, un seul. Mais ça vient bénéficier à une multitude,
potentiellement. Si c'est une communauté qui développe le parc éolien, le parc
solaire, c'est une communauté au grand complet qui va en bénéficier. Puis c'est
des communautés, souvent, qui n'ont pas d'alternative parce que dépendantes
d'un seul secteur économique, parfois même dépendantes d'une seule entreprise,
mono industrie. Est-ce que c'est ça, la vision du Parti québécois? Ce n'est pas
la nôtre. Nous, on pense que la transition énergétique, ça peut générer une
nouvelle forme de développement économique. Et ça, c'est à petite échelle, là,
le développement économique qui pourrait surgir. C'est un seul consommateur.
Mais il n'en demeure pas moins que, pour les communautés concernées, ça peut
être transformationnel, même si c'est pour un seul consommateur, parce que ça
ouvre une nouvelle alternative, une nouvelle possibilité. Puis Hydro-Québec,
malgré toute l'ambition qui peut l'habiter, puis les ressources dont elle
dispose, elle ne pourra pas être au rendez-vous à courte échéance pour
l'ensemble des besoins du territoire...
Mme Fréchette : ...alors il
faut trouver une alternative. Et le PQ en avait trouvé une en 2000. Ils ont
décidé que, la biomasse, ça pourrait être utile pour aider à du développement
économique, à de l'autonomie énergétique, à la diversification des ressources,
des revenus. Je pense que c'était une orientation qui était d'intérêt.
Maintenant, l'évolution a fait en sorte qu'en termes d'énergies renouvelables,
il y a des options qui sont maintenant plus accessibles et compétitives, donc
qui pourraient être utilisées à la même fin que celle qui avait été prévue par
le Parti québécois, mais avec un peu plus d'encadrement, parce qu'il faudrait
quand même qu'il y ait une autorisation. Mais on pense que le solaire, que
l'éolien, que la géothermie pourraient être mis à contribution à cette même
fin. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. D'autres interventions? M. le député de
Jean-Talon.
M. Paradis : La ministre
vient de dire : Ah oui, la vision du Parti québécois, c'est le vide, quand
l'entreprise privée n'est pas capable, nous autres, au Québec, on ne sera pas
capables. C'est le contraire. Nous, on est encore la vision de l'ambition pour
le Québec, puis de croire qu'on est capables de tout. La réponse à la question,
c'est : Ah! quand il y a une communauté, c'est... comme... Collectivement,
au Québec, on est capable de fournir de l'électricité puis de l'énergie avec
nos propres moyens, la force de nos bras, puis de garder les profits au
bénéfice de la collectivité. C'est ça notre vision. La ministre nous réitère
les mêmes lignes qu'on a entendues de son prédécesseur. On n'est plus capables
au Québec. Il y a des cas comme ça : si l'entreprise privée n'est pas là,
on ne sera rien capables de faire. Ils vont... Ils vont se trouver le bec à
l'eau. Voyons donc!
Nous, notre vision, c'est qu'il n'y a rien
à notre épreuve collectivement au Québec, que, s'il y a des communautés comme
ça qui ont besoin d'énergie, on va être capables d'aller leur en donner, de
l'énergie, puis qu'on va... on va l'aborder ensemble, le défi de la transition,
en gardant ce bien collectif qu'on a, celui de la production puis la
distribution d'électricité. Pas se faire dire : Ah non, si la... si les
compagnies privées n'y vont pas, ils ne seront pas capables. Depuis quand les
compagnies privées ont les reins plus solides qu'Hydro-Québec puis que nous,
collectivement, pour construire des infrastructures de distribution, de
transport puis de production? Moi, je n'en reviens pas du discours qu'on
entend. Nous, c'est ça, notre posture.
Puis le projet de loi actuellement, il n'y
a rien qui garantit, avec l'article 60, qu'on n'est pas en train d'ouvrir
tout grand la porte à dire : Bon, bien, tiens, il va y en avoir plein, des
distributeurs privés partout au Québec, puis qui vont le vendre à plein
d'acheteurs privés. Ça veut dire quoi, ça? Sur plein... Qui... Est-ce qu'ils
vont être connectés d'une manière ou d'une autre au réseau d'Hydro-Québec? On
n'a toujours pas cette réponse-là. Quand c'est de l'éolien, c'est de
l'intermittent. Qui dans le privé, quelle banque va financer un projet qui va
coûter des milliards de dollars, qui n'est pas adossé à Hydro-Québec pour
garantir que, quand il n'y a pas de vent, il va quand même avoir de l'énergie,
y compris le projet de TES?
Ça coûte des milliards, construire une
ligne de transmission. Ah! puis les lignes de transmission, est-ce qu'on va
tapisser le Québec de lignes de transmission privées ou bien on va utiliser les
lignes de transmission d'Hydro-Québec? Pierre Fitzgibbon, 22 janvier
2024 : «"On va favoriser l'autoproduction puis la vente de privé à
privé, mais sans utiliser les lignes de transport du réseau public", a
prévenu le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.» Pierre
Fitzgibbon, 17 avril 2024, ici, en répondre à... en réponse à une de mes
questions : «Pour la distribution, c'est un monopole de facto parce qu'il
n'y aura aucune ligne de transmission au Québec qui est privée. Il n'y en aura
pas.» Donc, il va y en avoir, des lignes privées, ou il n'y en aura pas, des
lignes privées? Ils vont utiliser des lignes d'Hydro-Québec? Ils n'en
utiliseront pas, des lignes d'Hydro-Québec? Quelle part de nos investissements
collectifs vont être utilisés par des entreprises privées pour produire de
l'électricité puis ensuite de la vendre à d'autres entreprises privées en
touchant, eux, les profits?
Socialisation des investissements,
privatisation des profits, il y a plein de questions qui se posent. J'en ai une
page de questions encore. Comment on va vérifier l'acceptabilité sociale des
projets quand c'est le gouvernement qui décide s'il autorise ou non des projets
de vente privés aux conditions qu'il détermine? Ce n'est pas écrit nulle part.
Donc, où sont les réponses à toutes ces questions fondamentales lorsqu'on ouvre
une brèche sur cet élément fondamental de notre fonctionnement en société au
Québec, que c'est Hydro-Québec qui a le monopole de la distribution
d'électricité?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Bien, j'aimerais entendre le député...
Mme Fréchette : ...le député
de Jean-Talon, sur ce qu'il répond aux gens pour qui Hydro-Québec ne peut pas
répondre à leurs besoins avant sept, huit, neuf ans, qu'est ce qu'il leur
répond? Continuez avec votre propane. Continuez avec votre diesel, mais
n'oubliez pas, la transition énergétique, ça nous concerne tous. C'est ça, la
réponse? Parce qu'Hydro-Québec ne pourra pas répondre, à brève échéance, à tous
les besoins. Donc, il faut trouver des alternatives. Le Parti québécois en
avait identifié une à partir de la biomasse. Maintenant, les énergies
renouvelables ont pris, je dirais, en importance, en place dans le marché, en
compétitivité.
Par ailleurs, si on demandait à
Hydro-Québec de s'occuper de tous les projets, ça voudrait dire qu'on veuille
faire assumer par les contribuables québécois des niveaux de risque assez
élevés parfois, parce que des entreprises, ça vient avec un niveau de risque,
des projets d'entreprise. Et s'il s'avère que ce soit qu'Hydro-Québec qui
puisse offrir le type de réponse, la fourniture, l'alimentation énergétique qui
est requise par certains projets, et bien ce sera à Hydro-Québec de payer et
d'assumer l'ensemble des coûts pour connecter une entreprise au réseau,
répondre à ses besoins, mais avec un niveau de risque parfois très élevé.
Alors, est-ce qu'il serait normal que ce soient les contribuables québécois qui
assument ce risque plutôt qu'un industriel qui est prêt à prendre le risque,
qui est prêt à investir malgré le risque existant? Alors, dans la mesure où il
y a un industriel ou une communauté qui est prête à prendre le risque, un
risque élevé, eh bien, je pense que c'est bénéfique qu'on puisse laisser libre
cours à cette possibilité-là plutôt que de la stopper sous prétexte qu'il faut
que ce soit absolument, invariablement, Hydro-Québec. On l'a vu par ailleurs,
quand cette possibilité-là existe, ça ne se rue pas dans les brancards, ça ne
fait pas la file pour venir en profiter.
En 25 ans, cet article-là n'a pas été
utilisé. Alors, la brèche qui a été créée en 2000, est-ce que vraiment on peut
qualifier ça de menace? Bien, franchement, l'expérience nous montre que ça n'a
pas été le cas depuis 25 ans. Alors, je ne vois pas pourquoi ce serait
chamboulé et complètement l'inverse à partir du moment où on permet d'autres
formes d'énergie renouvelables.
Donc, voilà, je pense qu'on a fait le tour
de la question, M. le Président Merci.
• (15 h 50) •
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui
souhaitent prendre la parole? M. le député de Jean-Talon. Je vous avise qu'il
vous reste tout près d'une minute.
M. Paradis : Très bien. Je...
La ministre me pose plus de questions. Elle ne répond à aucune question, alors
que c'est elle qui présente le projet de loi, puis elle m'en pose plein. Elle
me demande : Qu'est ce que je dis aux communautés? Je leur dis que le
Québec est capable de leur fournir de l'électricité puis de l'énergie. Et c'est
drôle, c'est ce qu'Hydro-Québec leur répond parce que, la ministre, je suis
stupéfait de ses réponses parce qu'Hydro-Québec elle-même vient de publier sa
stratégie de développement éolien, elle dit : À partir de maintenant, nous
allons être le maître d'œuvre et l'actionnaire de tous les projets.
Hydro-Québec leur répond ça, puis la ministre n'a même pas l'air d'être capable
de leur répondre ça. Étonnant. Je m'arrête là pour l'instant, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui, M. le député de
Maurice-Richard, vous avez demandé la parole, je crois.
M. Bouazzi : Oui. Mme la
ministre, vous avez, à plusieurs reprises, parlé des communautés autochtones,
est-ce que vous pourriez nous expliquer exactement, en utilisant ce que vous
proposez, comment ça fonctionnerait?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Fréchette : Oui. Bien,
c'est un exemple, en fait, on en a discuté hier, il pourrait, par exemple y
avoir un projet de mine dans le Grand Nord au Québec, un projet de mine qui
pourrait être alimenté en énergie à partir, par exemple, d'énergie résultant
d'un parc éolien ou un parc solaire. Alors, moi, je vois la belle possibilité
pour des Premières Nations de former un regroupement pour développer le parc
éolien et vendre une partie de l'électricité, donc, à l'usine pour qu'elle
puisse s'alimenter. Et ça, ça peut générer, donc, de la conversion énergétique,
advenant qu'elle soit alimentée qu'avec du diesel par exemple, donc là, il
pourrait y avoir un hybride parce qu'on sait que l'éolien, bon, c'est
intermittent, mais, tout de même, ça pourrait améliorer sa performance
environnementale, écoénergétique...
Mme Fréchette : ...il doit y
avoir du stockage également de cette énergie-là dans des batteries, question
qu'elles puissent s'alimenter même lorsqu'il ne vente pas, qu'elles puissent
s'alimenter à partir de l'énergie stockée. Donc voilà, moi, je pense que ça
constitue un levier intéressant pour des communautés des Premières Nations, qui
n'existe pas à l'heure actuelle. Donc, offrir un nouveau levier de
développement économique et d'autonomisation aussi, ça crée une autonomie
accrue. Et sans impact tarifaire. Ça, je pense que c'est important de le
mentionner. Parce que, quand on passe par Hydro-Québec, s'il y a des coûts très
importants pour rejoindre une région donnée, eh bien, c'est les contribuables
québécois qui vont assumer l'impact sur les tarifs. Dans le cas qui est
présenté ici, bien, ce serait dissocié, en fait, il n'y aurait pas de transfert
des coûts aux contribuables québécois... aux consommateurs d'Hydro-Québec, en
fait.
M. Bouazzi : ...vous dites
qu'une partie irait à la mine. Et l'autre partie irait à qui au juste?
Mme Fréchette : Il faut que
ce soit... pardon, il faut que ce soit la totalité de... qui aille à la mine.
M. Bouazzi : Donc là, juste
avant, vous nous avez dit : Hydro-Québec et puis nous, en fait, on n'a pas
les reins assez solides pour prendre des risques associés à une nouvelle mine.
Mais là, les petites communautés, quelque part dans le Nord-du-Québec,
communautés autochtones, elles, là, on va leur dire : Allez-y franchement,
prenez le risque à notre place. Il se passe quoi, si la mine fait faillite, Mme
la ministre?
Mme Fréchette : En fait, ce
sera surtout le propriétaire, le développeur de la mine qui va prendre le
risque. Et il va... il va travailler en collaboration avec les communautés. Il
pourrait y avoir de l'injection de fonds de communautés, là. Ça, c'est un cas
de figure qui pourrait exister. Mais ça va être essentiellement le promoteur
d'une entreprise qui va assumer le risque. Donc, voilà, je pense que c'est
important de souligner cette réalité.
M. Bouazzi : Je remarque que
plus ça va, moins il y a d'autochtones dans votre histoire où il y a des
autochtones, Mme la ministre. Juste pour comprendre. On a des situations de
«greenwashing» malheureuses, malheureusement, avec lesquelles on vit, là. On a
l'impression qu'on a du autochtone-«washing». Expliquez-nous, là. Si la
compagnie... Donc, d'après ce que vous dites, il y a encore des autochtones
dans votre histoire. Si la compagnie fait faillite, la minière, et Dieu sait
qu'il y a des risques associés effectivement à ce genre d'industrie, qu'est-ce
qui se passe avec les autochtones?
Donc, une éolienne, c'est 4 millions.
Imaginons qu'ils en font 50 pour répondre aux besoins d'une éolienne. Vous nous
dites : Au début, bon, bien, c'était un peu pour eux, un peu pour la
compagnie, là, tout d'un coup, c'est juste pour l'autre compagnie, là, tout
d'un coup, c'est avec une compagnie privée. J'imagine, on est dans du 50-50.
J'essaie de comprendre où rentrent en compte les autochtones. Bon. Imaginons
qu'ils sont à 50 % propriétaires du parc d'éoliennes avec Boralex, qui,
rappelons-le, envoie une partie de son argent dans des paradis fiscaux. Si la
compagnie fait faillite, est-ce que le 50 %... Je veux dire, comment on
fait, là? Moi, je ne comprends pas, honnêtement. Je veux dire, moi, j'ai la
réponse, là, honnêtement. Mais j'aimerais bien vous entendre.
Mme Fréchette : Bien, prenons
par exemple, M. le Président, le projet d'Apuiat, c'est un projet qui est
50 % Premières Nations, première... 50 %, une entreprise, en
l'occurrence les Innus et Boralex. Donc, chacun a mis...
Une voix : ...
Mme Fréchette : Bien, dans ce
cas-ci, le client, c'est Hydro-Québec, dans le cas.
M. Bouazzi : C'est tout mon
point, Mme la ministre.
Le Président (M. Montigny) : Juste
une seconde. Je vais attribuer le droit de parole. Je ne veux juste pas que
vous vous coupiez, là, dans... Ça allait super bien, là, je veux préserver ça.
Mme la ministre, je vous laisse la parole. Compléter.
Mme Fréchette : 4 heures,
jeudi.
Le Président (M. Montigny) : Oui,
oui, on ne veut pas que ça dérape. Ça va super bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : O.K. Oui, M.
le Président, vous faites bien de nous rappeler à l'ordre.
Le Président (M. Montigny) : Continuez...
Mme Fréchette : Alors, c'est
ça, Apuiat. Je disais que c'était innu à 50 % et Boralex à 50 %.
Donc, après ça, bien, c'est des questions d'arrangements, là. Je veux dire, il
y a différents cas de figure qui peuvent exister. Il n'y a pas un seul modèle
qui puisse être mis en place. On l'a vu, il y a de plus en plus de communautés
autochtones, puis ça, je l'entends quand je suis en région, les communautés
autochtones sont très contentes quand elles peuvent aller de l'avant avec un
projet de nature éolienne pour la plupart du temps. Ça ouvre des nouvelles
perspectives. Donc, moi, je pense qu'avec le projet de loi, l'article dont on
discute, il y a cette nouvelle perspective-là qui va pouvoir s'offrir et qui
fait un complément à ce que peut faire Hydro-Québec. Le cœur demeure
Hydro-Québec. Ça, je ne le répéterai jamais assez, là. C'est ça, le fer de
lance, c'est Hydro-Québec. Maintenant, il y a des situations où la possibilité
pour Hydro-Québec de prendre action à courte échéance...
Mme Fréchette : ...elle n'est
pas là. Ils ont un plan de développement pour 2035 qui est fabuleux, qui est de
grande ampleur, qui est visionnaire. Maintenant, 2035, pour des communautés qui
auraient besoin d'un approvisionnement énergétique accru, ça reste que c'est
dans 10 ans. Donc, ça, est-ce qu'un article comme ça va pouvoir...
permettre de prendre action avant qu'Hydro-Québec ne puisse le faire? Je pense
que oui, encore faut-il avoir les ressources nécessaires, la volonté nécessaire
aussi, parce que c'est... ce ne sera pas une mince tâche pour ceux qui voudront
se lancer dans ce genre d'initiatives là, mais ça reste que ça va être une
possibilité.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. M. le député.
M. Bouazzi : Oui. Ça fait que
je veux juste qu'une fois pour toutes, comme, on écarte un peu cet exemple de
Premières Nations parce que l'exemple que vous nous avez donné, Mme la
ministre, est un exemple où les Premières Nations vendent à Hydro-Québec, qui
n'est pas celui qu'on préfère, mais qui n'a quand même rien à voir avec ce dont
on parle aujourd'hui. Vous, vous avez dit : Il y a des risques qu'on n'est
pas prêts à prendre qu'il faudrait prendre pour les minières, laissons le privé
s'en charger, et c'est une opportunité pour les Premières Nations. Est-ce qu'on
peut, s'il vous plaît, dire tout de suite aux Premières Nations : Ne
prenez pas ce genre de risques, vous allez faire faillite? Parce que, si c'est
trop risqué pour Hydro-Québec, c'est probablement beaucoup trop risqué pour les
Premières Nations aussi. Sommes-nous d'accord là-dessus? Ou est-ce que... Parce
qu'on ne va pas vendre aux Premières Nations : Regardez, vous avez des
projets qui marchent où Hydro-Québec vous garantit un prix fixe sur
20 ans, et là prenez le risque avec une minière parce que nous, on n'est
pas prêts à prendre le risque, sachant qu'elle pourrait faire faillite.
Le Président (M. Montigny) : Bien.
Mme la ministre, quand vous serez prête. Alors, voulez-vous...
Mme Fréchette : Oui, je vais
juste prendre quelques secondes.
Le Président (M. Montigny) : Oui.
Nous allons donc suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 heures)
(Reprise à 16 h 02)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous sommes de retour. Mme la ministre, vous aviez la parole, je vous la
redonne maintenant.
Mme Fréchette : Oui. Merci,
M. le Président. Donc, je voulais poursuivre sur la notion de risques et
puis...
16 h (version non révisée)
Mme Fréchette : ...sur la
différenciation qu'il peut y avoir entre un projet mené par Hydro-Québec versus
une communauté. Alors, en ce qui a trait au niveau de risque, prenons par
exemple une région, là, comme l'Abitibi-Témiscamingue, une région où la
capacité du réseau d'Hydro-Québec est proche de la limite. On s'entend qu'il n'y
a beaucoup de marge de manœuvre. On va être serré pour un bout de temps. Et là
il y aurait un projet qui veut voir le jour, qui est soumis pour du
développement. Et ce projet-là est à, disons, 100 kilomètres du réseau d'Hydro-Québec.
Alors, s'il faut qu'Hydro-Québec raccorde ce projet-là à son réseau, ça veut
dire qu'elle doit développer des lignes sur une centaine de kilomètres. C'est
des coûts considérables. Alors, si on procède plutôt avec l'ouverture que
permet l'article 60, on pourrait avoir plutôt un parc solaire ou éolien,
de la géothermie sur le site pratiquement, dans le site adjacent au projet qui
sera développé. Donc, en termes de coûts, on est ailleurs, là, comparativement
à ce qu'il en coûterait par Hydro-Québec si ce projet-là était porté par
Hydro-Québec. Donc, on est vraiment dans une notion de : Est ce que ça
vaut la peine, du point de vue d'Hydro-Québec, de soutenir tous les projets qui
vont vouloir être développés? Eh bien, ce n'est pas toujours le cas, parce que
les fonds, parfois, vont être considérables pour ce qui est d'Hydro-Québec,
parce que le raccordement au réseau d'Hydro va se faire sur des superficies qui
se comptent en dizaines et dizaines de kilomètres, alors que si on y va avec un
projet sur l'emplacement adjacent à l'usine, eh bien là, on élimine une série
de coûts considérables, on vient rapprocher la zone de production de la zone de
consommation. Hydro-Québec a énormément de demandes, alors c'est sûr que quand
elle analyse les demandes, elle va comparer les coûts avec ce que ça rapporte,
les coûts avec le nombre de consommateurs qui vont être desservis. Et s'il s'agit
d'un projet dans une zone relativement éloignée, ça ne tiendra pas la route, le
ratio ne va pas être là pour justifier qu'Hydro-Québec prenne action pour aller
raccorder ce projet-là, surtout dans une période où les besoins sont très
grands. Puis je pense qu'elle a tout intérêt à se concentrer dans des zones où
la densité est plus grande et où les coûts de développement vont être moindres.
Alors, c'est tous ces calculs-là qui vont entrer en ligne de compte. Donc, je
veux bien que le principe que ce soit toujours Hydro puisse être... puisse
paraître intéressant, mais, dans les faits, il y aura des projets qui ne
pourront pas être répondus sur la base de ce que je viens de vous expliquer,
parce que les frais de raccordement seraient colossaux, faramineux.
Le Président (M. Montigny) :
Parfait.
Mme Fréchette : Et la régie
doit, par ailleurs...
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Et la
Régie doit, par ailleurs, approuver ces investissements-là. Puis s'il y a des
investissements colossaux qui sont à faire, je ne suis pas convaincue que la
Régie va estimer qu'il est justifié que la société d'État prenne ce risque-là puis
engage autant d'investissements dans un projet qui va servir une entreprise.
Voilà. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. D'autres interventions? M. le député de Maurice-Richard,
vous avez la parole à nouveau.
M. Bouazzi : Je remercie Mme
la ministre de ne pas avoir parlé des communautés autochtones une seule fois,
ça qu'au moins on a éliminé cette question-là à ce stade-ci, donc quand on
parle des risques effectivement disproportionnés qu'on devrait prendre. J'ai...
je... les... On s'entend que ce qu'on fait ici, c'est comme élargir la question
de l'autoproduction. Aujourd'hui, Mme la ministre, l'extrême majorité des
mégawatts en autoproduction, ils sont connectés ou pas au réseau d'Hydro-Québec?
Le Président (M. Montigny) :
Très bien.
Mme Fréchette : La mine
Raglan, par exemple, ce n'est pas connecté au réseau d'Hydro-Québec.
Des voix : ...
Mme Fréchette : La mine de
diamants Stornoway. La mine Stornoway, elle n'était pas connectée non plus.
Donc, bon, je n'ai pas la liste, bien sûr, exhaustive, là. Il y a de l'autoproduction
qui existe et qui est connectée au réseau. Il y en a d'autres qui existent sans
être connectées.
M. Bouazzi : ...qu'en
quantité de mégawatts, l'extrême majorité est connectée au réseau, on peut-tu
être d'accord là-dessus?
Mme Fréchette : Désolé, je
n'ai pas le ratio, là. Je n'ai pas cette information-là.
M. Bouazzi : On a des
alumineries qui ont des barrages... en quantité de mégawatts, on peut prendre l'hypothèse
que la majorité...
M. Bouazzi : ...mégawatts en
autoproduction sont connectées.
Mme Fréchette : À quelle part
sont connectées versus celles qui ne le sont pas?
M. Bouazzi : Je comprends que
vous n'avez pas le ratio, moi non plus, mais moi, je dis que la majorité de
l'autoproduction est connectée au réseau, et je vous demande juste d'être d'accord
si... Je suis sûr que vous savez que la majorité de l'autoproduction en
mégawatt est connectée au réseau, Mme la ministre. Bon. Bref, ce n'est pas
grave. Qu'est-ce qui... Alors, j'ai... ce que vous... Votre réponse sur les
éoliennes. Qu'est-ce qui empêche... Il y a deux choses. D'abord, vous avez
donné des exemples de minières qui sont en autoproduction. Moi, je ne comprends
pas pourquoi on ouvre ceci, alors qu'effectivement l'autoproduction est
possible. Parce que, là, on ouvre une porte qui est immense. Je ne vais pas
reprendre tout ce que mon collègue de Jean-Talon a pu dire, mais il est évident
que ça ouvre une porte de... une porte immense avec toutes sortes d'inconnus et
avec des questions auxquelles vous ne répondez pas. Mais pourquoi ne pas se
limiter à de l'autoproduction? C'est vraiment... Je ne comprends pas
l'obligation qu'on a de dire : On va vendre du privé au privé.
L'autoproduction est permise. Juste, expliquez-moi pourquoi ça ne marcherait
pas, tout ce que vous avez décrit là? Il y a une minière quelque part qui veut
produire sa propre électricité, etc., ça, pourquoi est-ce qu'elle-même n'aurait
pas ses propres éoliennes ou ses panneaux solaires?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre, quand vous serez prête.
Mme Fréchette : Bien, j'aime
bien la question du député, vraiment, c'est une question importante. C'est
qu'en fait l'expertise n'existe pas nécessairement puis rarement, en fait, dans
les entreprises qui pourraient bénéficier comme ça de l'énergie générée par
sources d'énergie renouvelable dans un lieu à proximité. Ce n'est pas comme une
génératrice, hein, dire : Ah! on va s'acheter trois, quatre éoliennes pour
s'autoproduire en matière énergétique, c'est pas mal plus tentant de
dire : On va acheter quelques génératrices, puis on va les brancher, puis,
voilà, on va être alimentés. Donc, c'est vraiment toute une aventure, là, de se
lancer dans le développement de l'énergie solaire, ou éolienne, ou de la
géothermie. Donc, l'expertise, souvent, n'est pas présente dans l'entreprise.
Et on a eu des cas où, même quand cette volonté d'aller de l'avant existait,
bien, que ça ne s'est pas très bien passé. Donc, je pense que, dans la mesure
où il y aurait une entité, une communauté ou une entreprise qui voudrait, elle,
se développer une expertise ou qui la possède déjà, cette expertise-là, bien,
se mette à contribution pour générer une alimentation en énergie renouvelable
pour une entreprise. Donc, voilà. C'est vraiment une question d'expertise et
puis de volonté de diversifier ou pas les produits d'une entreprise. La volonté
de diversifier, elle n'est pas... elle n'est pas souvent là et... Voilà, c'est
ce qui justifie qu'on puisse avoir un autre acteur qui vienne subvenir aux
besoins.
• (16 h 10) •
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Vous voulez dire
que la... Imaginons qu'une compagnie privée, une minière, là, qui contracte
avec Boralex, pour que Boralex vienne installer une...
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Nous
allons pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 11)
(Reprise à 16 h 13)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous sommes de retour. Au moment de la période de suspension, Mme la ministre
avait la parole. Je vous redonne la parole. Non, je crois que c'était le député
de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : J'avais
effectivement... Ah, non, c'est vrai, c'était moi. Je n'étais pas arrivé au
bout de...
Le Président (M. Montigny) : ...vous
avez la parole, M. le député.
M. Bouazzi : Qu'est-ce qui
empêcherait une minière, c'était ça, ma question, qui ferait un contrat avec
une compagnie privée, là, avec Boralex de ce monde, pour qu'ils viennent
installer une éolienne chez eux, là, clé en main, et qu'ils la gardent, et que
ce ne soit pas Boralex qui vend à la minière, mais comme on achète un
ordinateur, on peut bien acheter une éolienne?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, très bien. Merci. Mme la ministre, quand vous serez prête. Vous avez la
parole quand vous serez prête.
Mme Fréchette : Alors, bien,
si c'était quelqu'un, une entreprise comme Boralex, qui offrait l'énergie, ça
fait partie de son modèle d'affaires de rétribuer son investissement initial,
de l'amortir dans le temps. Donc, c'est sûr qu'une entreprise comme ça ne
voudra pas laisser aller la gestion puis le fait de toucher à des retombées
économiques à l'entreprise pour qui elle offrirait ce service-là, cette
énergie-là. Donc, c'est ça. Comme ça fait partie de son modèle d'affaires, elle
voudra rester propriétaire et générer les retombées attendues.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Bon. Alors,
d'abord, il y a de ces... Ce n'est pas Boralex particulièrement, mais il y a au
moins quelques-unes de ces compagnies-là qui ont pu, par exemple, sous-traiter
au complet l'opérationnalisation derrière, il y en a qui sous-traitent au
complet la construction de l'éolienne. Je veux dire, les modèles d'affaires,
ils sont différents, là. Et, moi, je nous invite à faire de la législation, pas
pour les modèles d'affaires. Les modèles d'affaires peuvent s'adapter aux lois,
Mme la ministre. D'ailleurs, j'en profite, vous avez fait référence à plusieurs
reprises au modèle d'affaires de TES Canada. Est-ce que vous pourriez le
partager avec nous, Mme la ministre?
Mme Fréchette : Pardon, j'ai
manqué le début de la phrase. Qu'est-ce qu'on pourrait partager?
M. Bouazzi : À plusieurs
reprises, depuis qu'on parle de ça, et puis évidemment on a beaucoup évoqué le
cas de TES Canada. Et vous avez parlé du modèle d'affaire de TES Canada qui ne
consiste pas à vendre de l'électricité à d'autres États. Donc, j'imagine que
vous avez eu accès à ce document et que vous êtes prête à le partager avec
nous.
Mme Fréchette : En fait, ce
que je dis, c'est que le modèle de TES Canada repose sur de l'autoproduction.
Donc, ce n'est pas un modèle de vente qui est basé sur la vente à un
consommateur, c'est de l'autoproduction générée à partir d'un parc d'éoliennes,
également de panneaux solaires. C'est ça qui est à la base du projet de TES.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Mais est-ce que
vous avez vu le modèle d'affaires? Est-ce que vous avez eu le document de
modèle d'affaires de TES Canada?
Mme Fréchette : J'ai eu droit
à une présentation. Ils sont venus me présenter leur modèle pour m'expliquer ce
en quoi ça consistait. Voilà.
M. Bouazzi : Et je... C'est
quand même une compagnie à laquelle on a laissé un gros bloc d'électricité,
parce que malgré l'autoproduction, évidemment, en fin de compte, ces
compagnies-là ont besoin d'Hydro-Québec de toute façon. Est-ce que vous avez vu
un modèle d'affaires ou, en tout cas, dans la présentation, quelque chose qui
pouvait faire croire à une entreprise rentable?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. Mme la ministre, quand vous serez prête.
Mme Fréchette : M. le
Président, il m'apparaît qu'on veuille tomber dans des informations qui sont de
nature confidentielle, au sens où, bon, je ne voudrais pas révéler des
informations qui tiennent de la confidentialité puis qui sont sur le côté
stratégique des informations stratégiques de l'entreprise, dont je préfère...
Le Président (M. Montigny) : Je
vous entends.
Mme Fréchette : ...je
préférais me limiter au modèle d'autoproduction, là, dont il...
Le Président (M. Montigny) :
Parfait.
Le Président (M. Montigny) : ...pas
de problème, je vous entends très, très bien. Merci, Mme la ministre. M. le
député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : C'est très bien,
mais, du coup, on ne peut plus faire référence au modèle d'affaires que, nous,
on ne connaît pas. Nous, on va juger sur ce qu'on voit. On voit une compagnie
qui pourrait très, très bien invoquer le nouveau projet de loi que vous
proposez pour vendre de l'électricité. Bon, ça fait que, moi, je pense déjà, si
on peut se mettre d'accord et avoir juste une réponse claire. Aujourd'hui, elle
compte mettre 133 éoliennes de 200 mètres de long sur un territoire de plus de
100 kilomètres carrés, est-ce que la seule compagnie à laquelle elle peut
vendre, est-ce qu'elle peut être... Est-ce qu'elle est obligatoirement collée
à elle sur Shawinigan ou elle peut être à côté de n'importe laquelle de ces
éoliennes?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre, quand vous serez prête...
Mme Fréchette : Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Montigny) : ...quand
vous serez prête.
Mme Fréchette : Alors... Mais
je voudrais simplement souligner que, quand l'énergie a été confirmée pour le
projet de TES, c'était sur la base du projet qui avait été présenté, c'est un
modèle d'autoproduction. Donc, ce n'était un modèle qui était d'une autre
nature. C'est un modèle d'autoproduction et c'est toujours le cas. Donc, quand
on réfère au modèle TES, c'est ce dans quoi ça s'inscrit. Ça fait qu'on n'est
pas dans le type de situation auquel réfère l'article 60, on est dans de
l'autoproduction.
M. Bouazzi : J'ai du mal à
croire qu'on n'est pas capable d'avoir cette conversation-là. Si, demain, TES
vient vous voir pour vous dire : Moi, je veux... J'en ai trop de
l'électricité, je voudrais le vendre à quelqu'un. Je vous demande juste de nous
répondre : Est-ce qu'elle a le droit de vendre sur le territoire où il y a
toutes les éoliennes ou jusqu'au... Shawinigan, l'usine de Shawinigan?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre, quand vous serez prête.
Mme Fréchette : En fait, on
précise qu'ils ont déjà, TES Canada pour qu'Hydro-Québec puisse récupérer de
l'énergie advenant qu'il y ait une volonté de redonner de l'énergie sur le
réseau.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Montigny) : Très
bien...
M. Bouazzi : Mme la ministre,
ce n'est pas ma question. En tout respect, je suis persuadé que vous comprenez
à quel point cette question est importante pour la transparence face aux
Québécoises et Québécois. Est-ce que, si TES Canada vient vous voir pour vous
dire : Je veux vendre de l'électricité à mon voisin, est-ce que la notion
de voisin, c'est les deux MRC, le 100 kilomètres carrés, et plus, ou c'est
juste ce qui est collé à l'usine à Shawinigan?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre, vous avez la parole.
Des voix : ...
Mme Fréchette : Je vais
prendre quelques secondes, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Aucun
problème. Nous allons donc suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 21)
(Reprise à 16 h 23)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous avons repris nos travaux. Au moment de la période de suspension, Mme la
ministre, vous aviez la parole. Je vous redonne la parole.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Donc, écoutez, on ne peut pas se prononcer sur un projet fictif. C'est
sûr que s'il y avait un changement d'orientation de la part de TES Canada, il
faudrait qu'il y ait le dépôt d'une demande avec un projet, avec
l'identification d'un consommateur et que ce serait sur la base de ce projet-là
qu'il faudrait qu'une analyse soit réalisée puis que des critères soient
élaborés, advenant que le gouvernement veuille aller de l'avant, mais on ne
peut pas imaginer un projet... une réponse à un projet fictif dont on n'a pas
aucune idée des critères.
M. Bouazzi : Je ne comprends
pas. Honnêtement... je ne comprends pas, Mme la ministre, pourquoi vous ne
voulez pas répondre à une question aussi simple. Vraiment. Donc, prenons une
compagnie A qui a une usine, un emplacement B, et qui met des éoliennes à 200
kilomètres à la ronde. Elle veut vendre à une autre compagnie C, est-ce que
cette compagnie-là doit être collée à l'usine B ou à n'importe laquelle des
éoliennes qui sont à 200 kilomètres à la ronde? C'est ça, ma question. Si vous
ne voulez pas appeler ça TES, n'appelez pas ça TES. On doit être capable de
dire c'est quoi, les conséquences du projet de loi qu'on met sur la table,
quand même.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. M. le député, merci pour votre question. Mme la ministre, je vous cède la
parole.
Mme Fréchette : Bien, il faut
voir que ces éoliennes-là, elles sont connectées, et ce n'est pas chaque
éolienne qui pourrait faire l'objet d'une connexion avec un acheteur. Elles
sont interreliées. Il y a un point d'injection, et puis c'est à partir de là
qu'il pourrait y avoir une distribution à un consommateur, mais ce n'est pas
chaque éolienne qui peut devenir un point de distribution à un consommateur.
M. Bouazzi : J'ai, par
ailleurs, des questions sur le réseau, effectivement, dont vous parlez, mais,
effectivement, il y a un point à partir duquel on se connecte, parce qu'il y a
un seul client. Ce point-là, est-ce qu'il peut être n'importe où à côté d'une
des éoliennes où on va mettre un connecteur ou alors elle est obligatoirement à
côté de là où l'usine se trouve?
Mme Fréchette : ...
M. Bouazzi : Donc, vous avez
une compagnie qui a un territoire donné. Les éoliennes ne sont pas sur le
territoire donné, elles sont sur 100 kilomètres à la ronde, bon. Est-ce que la
compagnie à laquelle on vend peut être quelque part dans le 100 kilomètres à la
ronde, proche d'une des éoliennes, ou alors elle est obligatoirement... c'est
une question simple, Mme la ministre, en tout respect, ou alors elle doit être
connectée, collée, adjacente au terrain qui appartient à l'usine qui produit
l'électricité?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien.
Mme Fréchette : Bien, le
point d'injection est le nœud central, je vous dirais, là... à partir duquel il
pourrait y avoir une transmission d'énergie. Donc, c'est ce à partir duquel il
faudrait calculer un terrain, un site, un emplacement adjacent avoisinant.
M. Bouazzi : Et ce nœud
central, on peut le mettre à côté de n'importe laquelle des éoliennes?
Mme Fréchette : Bien,
habituellement, il est à côté de l'usine.
M. Bouazzi : Bien, je ne vous
demande pas habituellement, je vous demande est-ce qu'il peut ou pas être à
côté d'une éolienne?
Mme Fréchette : Il est à côté
de l'usine.
M. Bouazzi : Donc, il ne peut
pas être... il ne peut pas être... si j'ai une éolienne à 200 kilomètres, je ne
peux pas décider comment mon point... enfin, pas 200, là, à 25 kilomètres, je
ne peux pas décider que mon point de connexion est à 25 kilomètres, à côté de l'éolienne?
Mme Fréchette : C'est le
point d'injection de l'usine qui va être le point de départ.
M. Bouazzi : Mme la ministre,
je vous...
M. Bouazzi : ...je vous
assure que c'est une question très simple. J'ai du mal à croire qu'on n'est pas
capable de dire aux Québécoises et Québécois c'est quoi, que vous avez, vous,
comme prévu dans cette situation-là. Je ne vous demande pas de ne pas me
répondre à la question, je vous demande une question simple. J'ai
130 éoliennes autour de moi. Et là, la question, c'est que j'ai une usine
avec un client avec qui je veux connecter, est-ce que je peux décider que mon
point de connexion est l'une des... proche de l'une des 633 éoliennes ou
alors obligatoirement sur mon terrain à moi? Parce que vous comprenez que ça
fait une grosse différence, là.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Très bien. On va prendre le temps d'écouter la réponse. Mme la ministre,
je vous laisse la parole.
Mme Fréchette : Oui. Bien,
j'indiquais, j'indiquais déjà dans des réponses antérieures que c'est avec le
point d'injection qu'on peut faire la connexion avec un consommateur et que ce
n'est pas une éolienne en soi qui peut permettre ça. Donc, habituellement, ce
point de congestion... d'injection, pardon, il est à côté de l'usine. Donc, je
pense que c'est qu'à partir de ce site-là qu'on peut considérer que ça doit
être livré dans... où ça pourrait être livré, sous-approbation du gouvernement,
à un site environnant ou adjacent.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre, pour votre réponse. M. le député.
M. Bouazzi : Bien, pour les
30 secondes qui restent avant...
Le Président (M. Montigny) : ...
M. Bouazzi : Mme la ministre,
Hydro-Québec, c'est une longue histoire, là, ça a commencé avec M. Godbout et,
ensuite, M. René Lévesque, et puis c'est comme une histoire d'émancipation d'un
peuple. Je ne peux pas croire qu'on va ouvrir une brèche comme celle-là sans
même être capable de répondre à des questions aussi simples. Ça fait que, quand
on va revenir au 1er mai, là, s'il vous plaît, au moins — vous avez la
majorité, vous allez pouvoir voter tous vos affaires-là — mais au moins ayons
l'honnêteté de dire au peuple québécois qu'est-ce qui les attend. C'est ça
qu'on veut au minimum faire.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre, en conclusion.
Mme Fréchette : Et alors, aux
Québécois, je dis qu'Hydro-Québec, c'est le fer de lance de notre développement
énergétique au Québec. Je suis une fière hydro-québécoise et je vais le
demeurer. Mon père a fait l'essentiel de sa carrière là, il a travaillé
35 ans. Ça a été le principal sujet de discussion à la table au souper et
je peux vous dire que ça va rester le cas. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Alors, je vous remercie pour votre collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au jeudi 1er mai, à 11 h 30.
(Fin de la séance à 16 h 30)