Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
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Le
mercredi 4 juin 2025
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Vol. 47 N° 73
Étude détaillée du projet de loi n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures quarante-trois minutes)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 69, Loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses
dispositions législatives.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Rivest (Côte-du-Sud) est remplacé par M. Poulin
(Beauce-Sud) et M. Ciccone (Marquette), par Mme Garceau
(Robert-Baldwin).
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Lors de l'ajournement de nos travaux hier, nous étions à l'étude de l'article 35
tel qu'amendé, parce que nous avons donc adopté hier, notamment, un amendement.
Par ailleurs, je vous rappelle que l'étude
des articles 36, 39, 111, 112 et 129.1 est suspendue.
Y a-t-il d'autres interventions sur l'article 35
tel qu'amendé? M. le député de Jean-Talon, il vous reste un peu plus de deux
minutes sur cet article.
M. Paradis : Donc, mais là...
Donc, on est toujours sur la discussion de l'ensemble de l'article 35,
hein?
Le Président (M. Montigny) : De
l'article 35.
M. Paradis : Très bien. Je
supposais... En fait, j'ai eu un échange avec vous, Mme la ministre, hier, et j'indiquais
que de permettre à Hydro-Québec de transférer ses manques à gagner aux
consommateurs québécois, ça lui permet de justifier de meilleurs revenus, et je
m'inquiétais du fait que les... la rémunération de la haute direction d'Hydro-Québec
est liée justement à la maximisation des revenus, c'est vous qui l'avez
confirmé hier. Alors, moi, je vois qu'il y a là un risque. Mais vous, vous nous
avez dit hier que le projet de loi n° 69 doit être adopté parce que ça va
nous permettre d'épargner 6 milliards de dollars. Est-ce que vous
pouvez nous dire, par exemple, cet article-ci, en quoi ça va nous permettre d'épargner
6 milliards de dollars?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. Mme la ministre, je vous laisse la parole.
Mme Fréchette : Oui. Merci, M.
le Président. En fait, les épargnes qui ont été... les économies qui ont été
évoquées dans les sorties de presse hier sont en lien avec la mise en œuvre
notamment de la stratégie éolienne, donc, par exemple, le fait qu'Hydro-Québec devienne
maître d'oeuvre des projets, le fait qu'il y ait une création de 1 000 emplois
qui soit devancée, particulièrement en région, sur la Côte-Nord, au Saguenay-Lac-Saint-Jean,
Bas-Saint-Laurent, Gaspésie. Donc, c'est les éléments qui sont à la source de
cette économie-là.
M. Paradis : Mais l'article
qu'on étudie, là, en quoi il va nous permettre d'épargner 6 milliards de
dollars? Ou quel article du projet de loi n° 69 est absolument essentiel à
ce qu'on avance cet été, là, alors qu'Hydro-Québec a déjà lancé ses projets,
que la stratégie éolienne est annoncée, là, quel article vous devez faire
adopter par bâillon pour qu'on épargne 6 milliards cet été?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : On n'a pas
indiqué que c'était 6 milliards cet été, là, d'une part. Alors, notamment,
le fait qu'Hydro-Québec puisse mettre en place rapidement son plan de
développement d'ici 2035, ça, ça va générer des économies importantes au
Québec. Ça va nous permettre de devancer également l'obtention des... par
exemple, des éléments d'efficacité énergétique qui sont attendus de ce plan de
développement là. On vient débloquer aussi plus rapidement des mégawatts liés à
des... de l'énergie éolienne. Donc, c'est des exemples. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. M. le député.
M. Paradis : C'est
intéressant, la réponse de la ministre. Elle nous dit : On n'a pas dit cet
été. La différence entre un bâillon, pas de bâillon, c'est cet été. Nous, on
dit : On a beaucoup de travail encore à faire, ça doit se poursuivre l'automne
prochain. Vous allez nous imposer un bâillon, parce que, là, tous les signaux
sont là. Quel article est nécessaire pour que des projets avancent cet été? Qu'est-ce
qui va se passer entre aujourd'hui ou samedi, le 7, parce que ça va être ça, un
bâillon, puis la Saint-Jean-Baptiste, là, que, vraiment, là, tout le monde
attend ça pour développer des chantiers? Quel chantier va se développer cet été
et quel article du projet de loi n° 69 est essentiel à ce que ça arrive?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui. M. le
Président...
Mme Fréchette : ...ce que je
rectifiais, c'est le fait que les 6 milliards d'économies ne viendront pas
dans le courant de l'été. Ça va démarrer des projets à partir de cet été. Mais
je précise simplement que, les 6 milliards, ce n'est pas cet été qu'ils
vont être économisés dans leur ensemble. C'est le début d'une stratégie de
devancement qui nous permet d'accélérer les projets. Et, dans le contexte
actuel, particulièrement quand je vois le premier ministre Carney, par exemple,
dire qu'il faut développer des corridors énergétiques, bien, c'est intéressant
d'aller de l'avant.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien.
M. Paradis : Donc, je
comprends que la ministre n'est pas capable de nous dire que le présent article
ou un quelconque article du projet de loi n° 69 est essentiel à ce que des
projets démarrent cet été. Parce que c'est ça la différence. Bâillon, pas
bâillon, c'est cet été.
Nous, on a dit : On a encore beaucoup
de travail à faire, beaucoup de travail. Puis la ministre le sait, on travaille
dur pour débusquer, ici, qu'est-ce qu'on va faire avec chacun des articles.
Est-ce que cet article-ci... Quel article du projet de loi n° 69 est absolument
essentiel à ce qu'il se passe des choses cet été, si vous le voyez vous-même
dans le long terme?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Je n'ai pas
prétendu que chacun des articles permettait ça. C'est un tout. Le projet de
loi, c'est un tout, et l'ensemble nous permet d'aller plus avant, de moderniser
notre cadre énergétique, de s'inscrire dans la transition énergétique. Et, ça,
c'est crucial. C'est crucial pour qu'on puisse de l'avant... aller de l'avant
avec le développement à la fois des régions, à la fois des emplois et de
l'économie, et que ça améliore notre positionnement stratégique.
Le Président (M. Montigny) : Merci,
Mme la ministre. Malheureusement, M. le député, il ne vous reste plus de temps
pour l'article 35. M. le député de Maurice-Richard a demandé la parole et
ainsi que notre cher collègue. Mais M. le député de Maurice-Richard était
avant. Je vous laisse la parole.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Pour rassurer mon collègue du Parti québécois, j'allais exactement
dans le même sens. Si on peut savoir... Bon. On comprend maintenant de ce qu'on
entend, c'est que ce n'est pas cet été qu'on économise 6 milliards. Ça
aurait été difficile à faire de toute façon. Mais c'est quel article nous
permet d'économiser 6 milliards de toute façon? Juste si on peut
comprendre exactement de quoi on parle.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui, M. le
Président. Bien, bien sûr que ça débute cet été, mais on ne vient pas ramasser
l'ensemble des économies dès cet été. Je pense que c'est assez facile... facile
à comprendre. Mais, dans le projet de loi, il y a des... il y a des éléments,
notamment concernant les approvisionnements, les approvisionnements
énergétiques, qui vont permettre des partenariats, qui vont permettre de la
flexibilité, qui vont permettre d'aller plus rapidement de l'avant avec les
développements. On va sauver par exemple du temps en matière des autorisations
pour le développement de parcs éoliens, ça va nous permettre d'aller capter à
la fois de l'énergie éolienne plus rapidement, créer des emplois également plus
rapidement. On parle de 1 000 emplois en lien avec le développement
du plan. Donc, voilà, il y a... il y a plusieurs éléments qui vont être...
pouvoir être activés dès cet été grâce à l'adoption d'un projet de loi.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Montigny) : Merci.
M. Bouazzi : Donc... Merci,
Mme la ministre. Je ne comprends toujours pas quel article. Par exemple, vous
avez parlé de créer 1 000 emplois. Quel l'article permet de créer
1 000 emplois? Je suis un peu perdu, là, parce qu'Hydro-Québec a déjà
annoncé toutes sortes de choses, là, que ce soient des lignes qui viennent du
nord, que ce soient des partenariats avec les Premières Nations, bien des
affaires. 6 milliards, c'est... c'est... c'est énormément d'argent. Ça
fait que, O.K., bon, déjà, créer 1 000 emplois, ce n'est pas
économiser 6 milliards, mais qu'on prenne l'un ou l'autre, là, quel
article?
Parce que moi, ce que je proposerais à mes
collègues, c'est de sauter vers ces articles le plus vite possible pour nous
faire gagner... nous faire comprendre comment on gagne 6 milliards, là. Je
veux dire, si c'est ça que ça prend, je suis sûr qu'on pourrait se convaincre
toutes et tous d'aller vers ces articles qui nous font gagner 6 milliards
ou qui créent 1 000 emplois.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Par
exemple, ne pas prendre un élément qui est important dans le développement de
notre futur développement énergétique, c'est la collaboration avec les
Premières Nations. Bien, je pense qu'avec l'inclusion d'un certain nombre de
références aux Premières Nations, on va pouvoir accélérer le développement
énergétique et faire en sorte de convenir également d'ententes de partenariats
qui sont essentielles, essentielles pour la mise en place de nos... de nos
projets et le renforcement de la place de l'éolien dans le cadre du
développement énergétique québécois. Donc, ça, c'est un exemple.
M. Bouazzi : Mais, Mme la
ministre, là on parle bien de la production, là? Vous parlez des parcs éoliens,
c'est la production. Aujourd'hui, il n'y a rien qui empêche, nous, on oserait
dire malheureusement, que...
M. Bouazzi : …on laisse plus
de place au privé, mais on pense qu'il y a d'autres moyens de dédommager les
Premières Nations, les municipalités à travers des loyers, des genres de
rentes, sans avoir à privatiser la production d'électricité. Mais aujourd'hui,
là, des exemples où les Premières Nations sont partenaires pour la production,
il y en a plein. Vous parlez tout le temps de la Régie de l'est. Il y en a
aussi au niveau de l'Alliance de l'Est. Il y en a plein au niveau de l'Alliance
de l'Est. Qu'est-ce que… qu'est-ce qui fait que, tout d'un coup, on est plus
capable de faire des alliances et de créer des coquilles financières dans le
gouvernement, pour… énergie et les Premières Nations sont co-actionnaires? Je
veux dire, ça existe déjà, non?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Ce que je
dis, c'est que le projet de loi vient poser les bases d'un partenariat resserré
avec les Premières Nations, et c'est crucial, c'est essentiel pour la poursuite
de nos projets. On le sait, on en a discuté régulièrement qu'il faut avoir une
approche de collaboration. Je pense que les références que l'on a faites aux
Premières Nations, dans différents articles, et l'esprit aussi qui se dégage de
ce renouveau-là, va faciliter, favoriser la réalisation plus rapide de projets
qui requièrent leur partenariat, qui requièrent leur collaboration. Donc, ça,
c'est… c'est un des éléments qui fait partie de la donne.
M. Bouazzi : On est... on est
9 millions de Québécois et de Québécois, là, c'est 6 milliards, je
n'ai pas fait le calcul, mais disons que c'est 700 $ par personne, là, ça
fait quand même beaucoup d'argent. Je n'ai toujours pas entendu quel article
nous permet d'économiser autant d'argent, là. Est-ce que vous pourriez… Parce
que, très sérieusement, moi, je proposerais qu'on saute à ces articles-là qui
nous permettent de gagner autant d'argent, le plus vite possible, là, pour même
les améliorer, pour qu'on en gagne 10, 12, des milliards. Pourquoi juste 6, là?
Le Président (M. Montigny) : …alors,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Bien, j'ai
déjà répondu. Merci.
Le Président (M. Montigny) :
Bien.
M. Bouazzi : Bien, en tout
respect, je n'ai pas entendu un seul numéro d'article à date, là. Ça fait que,
comme l'idée, c'est de dire quelle partie du projet de loi… Parce que ce n'est
clairement pas l'article qu'on est en train d'étudier actuellement, ça fait
qu'il y en a… il y en a… il doit y en avoir un, quand même, deux, trois, 10, je
ne sais pas, là, mais peut-on avoir la combinaison des articles qui nous permet
d'économiser 6 milliards, là? On est devant une situation où on annonce
qu'on double Hydro-Québec sans aucune équation. On… On annonce qu'on va gagner
6 milliards sans aucune… on annonce qu'on va bloquer les augmentations
d'électricité sans aucune équation sur la table. À un moment, là, on est-tu
capables d'avoir un minimum de sérieux étant donné la quantité d'argent qui est
en jeu, étant donné le rapport affectif que nous avons, toutes et tous, avec
Hydro-Québec, étant donné les enjeux qui sont… Je ne comprends pas comment
c'est possible de continuer à faire des affirmations comme ça. Même… il
faudrait juste arrêter, là, si on n'est pas capable de démontrer, même en… ça
fait que je continue à attendre un numéro d'article ou une série d'articles qui
nous permettrait d'expliquer comment est-ce que la ministre nous dit qu'on va
gagner 6 milliards de dollars.
Le Président (M. Montigny) : Bien.
D'autres interventions? Mme la ministre.
Mme Fréchette : …que j'ai
mentionné que c'était un tout, le projet de loi, que c'est dans une multitude
de dimensions que ça se retrouve, cette possibilité de générer plus rapidement
des retombées. Je faisais référence notamment aux articles qui font référence
aux ententes avec les Premières Nations, également sur les approvisionnements.
On a également des articles sur la sobriété énergétique, on a l'inclusion de la
sobriété énergétique, l'inclusion de l'efficacité énergétique, dans ma mission,
dans celle de mon collègue à l'Environnement, dans celle d'Hydro-Québec, dans
celle de la régie. Ça, ça forme un tout. Et c'est ça qu'il faut mettre en
place, mettre en œuvre pour générer des projets en plus grande… plus grand
volume et également de manière accélérée. Merci.
M. Bouazzi : Je rappelle
quand même que, dans le projet de loi au complet, de plus de 150 articles,
le mot «sobriété» n'existe pas. C'est intéressant qu'un des arguments que Mme
la ministre nous donne aujourd'hui, c'est l'importance de la sobriété. C'est
bien la preuve que l'importance du travail parlementaire, malgré toutes les
frustrations associées à notre travail à nous du côté de l'opposition, peut
quand même être utile. Et donc ce serait donc bien dommage de ne pas pouvoir
améliorer le reste du projet de loi, étant donné qu'un de ses arguments pour
dire que c'est un bon projet de loi, c'est quelque chose que les oppositions
ont apporté, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Bien.
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui, je
voudrais quand même souligner que le concept de sobriété énergétique existait
dans une référence du projet de loi. Donc, par conséquent, il était présent, de
même que l'efficacité énergétique et la conversion énergétique, on l'a tout de
même inclus, de manière plus claire, mais c'était déjà présent dans le concept
de la… soutenant le projet de loi…
Le Président (M. Montigny) : ...très
bien. Oui, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci beaucoup,
M. le Président. Je vais continuer un peu sur une annonce qu'honnêtement j'ai
trouvé un peu étonnante hier, quand le journaliste, Nicolas Lachance, le
Journal de Québec, a écrit un article avec un titre qui dit : Loi
sur l'énergie : un bâillon... pour des économies de 6 milliards.
Je veux dire, bien, c'est bien intéressant. Pourquoi Hydro-Québec n'a pas...
nous avisé dès la première journée qu'on a commencé cette étude détaillée? Ça
tombe dans la dernière semaine. Bien intéressant.
J'ai écouté avec attention la discussion,
Mme la ministre, que vous avez eue avec mon collègue de Jean-Talon, parce que,
dans l'article, c'est écrit que, selon les sources d'Hydro-Québec, d'attendre
six mois supplémentaires coûterait 6 milliards aux Québécois d'après les
estimations d'Hydro-Québec. J'ai trouvé ça un peu difficile à comprendre que ça
va mettre à risque 6 milliards de dollars de projets. Les calculs
viennent d'où exactement? Et, Mme la ministre, si je comprends bien, si ce
projet de loi n'est pas adopté aujourd'hui, il n'y a aucune question qu'on va
perde 6 milliards de dollars dans les économies. Ça, c'est sur l'échelle
globale, comme vous avez mentionné, c'est bien correct? Je comprends bien
qu'est-ce que vous avez dit?
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui, je
mentionnais que le début du processus d'obtention d'économies, ça débute cet
été avec la mise en place déjà de projets qui vont nous permettre d'aller plus
rapidement sur la stratégie éolienne. La stratégie éolienne, elle est d'une
valeur de 30 milliards de dollars et on va pouvoir économiser
20 % de l'équivalent de la valeur de cette stratégie-là, notamment parce
qu'Hydro-Québec devient maître d'oeuvre des projets éoliens, également parce
qu'on resserre les relations avec les Premières Nations, donc on peut favoriser
la signature d'ententes, même chose pour les municipalités. Donc, voilà, c'est
un ensemble d'éléments, d'atouts qui nous font obtenir ces impacts.
M. Kelley : Parfait. Mais il n'y
a aucune question, si ce projet de loi n'est pas adopté avant vendredi, qu'on
va perdre 6 millions de dollars en... des économies... 6
milliards de dollars en économies. C'est certain que ce n'est pas le cas?
Ça, c'est sur 10 ans, c'est bien ça?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Alors, on va
pouvoir entamer dès maintenant, dès cet été, le plan qui va nous permettre
d'économiser 6 milliards de dollars grâce à l'activation plus rapide
de la stratégie éolienne. Et je souligne quand même qu'au rythme où on va, si
on poursuit à ce rythme-là, l'an prochain, à pareille date, on sera encore en
train d'étudier des articles. Donc, je ne sens pas vraiment une volonté très
forte de s'engager dans la transition énergétique, tel qu'il en relève de notre
responsabilité. On veut aller de l'avant avec cette stratégie. La transition
énergétique, c'est au cœur de nos responsabilités et on propose de le faire
avec ce projet de loi, en transformant notamment la mission des organismes que
je citais tout à l'heure.
• (12 heures) •
Le Président (M. Montigny) : Merci.
M. le député de Gaspé, vous avez demandé la parole. Je vous écoute. Question de
règlement ou...
M. Sainte-Croix : Oui, appel
au règlement, M. le Président, 211.
Le Président (M. Montigny) : Oui.
M. Sainte-Croix : Sur la
pertinence.
Le Président (M. Montigny) : Bien,
en fait, il n'y appartient pas à la présidence de juger de la pertinence des
propos. C'est quand même assez large. Par contre, je nous rappellerais tous que
nous sommes en train d'étudier l'article 35 tel qu'amendé. Alors, voici.
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions en lien avec l'article 35
tel qu'amendé? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : M. le Président,
je trouve qu'il y a un lien direct. On est en train de parler des trop-perçus
et des manques à gagner. Alors, le fait qu'Hydro-Québec a mis de l'avant dans
les médias le fait que si on n'adopte pas ce projet de loi avant la fin de la
session, ça met à risque des économies de 6 milliards de dollars.
C'est pertinent, il y a un lien direct avec tous les articles qui touchent
aussi les tarifs. C'est en lien directement avec comment... combien ça va
coûter. Alors, je pense qu'il y a un lien pertinent, il faut juste faire
l'argumentaire. Puis je reviens, Mme la ministre... Si ce projet de loi est
adopté en décembre 2025, est-ce que vous avez une idée c'est quoi, les pertes
exactement dans les économies pour Hydro-Québec?
Le Président (M. Montigny) : Bien.
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui, comme je
répète, c'est à partir de cet été qu'on va pouvoir entamer des économies, à
partir du moment où un projet de loi est adopté, parce qu'on va pouvoir
devancer un grand nombre d'éléments, notamment des projets qui nous permettent
de débloquer jusqu'à 800 mégawatts d'énergie...
12 h (version non révisée)
Mme Fréchette : ...d'efficacité
énergétique. On va également débloquer plus rapidement la production de 2 000 mégawatts
en lien avec l'énergie éolienne. Et je pense qu'on va pouvoir aussi resserrer
davantage nos liens avec plusieurs des Premières Nations avec lesquelles on
veut travailler en collaboration et en partenariat. Donc, il y a plusieurs
éléments.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. M. le député.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Mais, quand même, tout ça arrive déjà présentement. C'est
toujours... C'est déjà le cas. On signe des ententes avec des groupes
autochtones, on signe des groupes... des ententes avec des producteurs privés.
L'Alliance de l'Est, qu'on parle de souvent ici en commission. Le gouvernement
peut quand même, par décret, permettre Hydro-Québec d'aller de l'avant avec
certains appels d'offres pour gré à gré, qui peut juste avancer. Ça existe, ce
pouvoir-là, déjà, de qu'est-ce que je comprends. Si je me trompe, Mme la
ministre, me corrigez, mais je pense que, quand même, avec la latitude, s'il y
a quelque chose, urgence, un projet, deux projets, trois projets qui doit
absolument commencer demain, je pense que le gouvernement a toujours la
capacité d'agir. Mais, comme je dis, peut- être je me trompe, mais je trouve ça
un peu décevant que, de la part d'Hydro-Québec, de jouer dans ce film-là, qu'il
faut faire ça maintenant, sinon ça va être une perte de 6 milliards de
dollars pour les Québécois et pour Hydro-Québec. Je trouve ça quand même
irresponsable.
On est prêt en... M. le Président. C'est...
Nous sommes dans une démocratie. Ce n'est pas une monarchie. Il n'y a pas juste
un gouvernement puis Hydro-Québec qui décident de tout. Ce n'est pas vrai. Et j'ai
fait la mise en garde, parce que, de notre côté de l'opposition, on a des
ressources limitées puis on demande des études sur chaque article. On répète
souvent : C'est quoi, les impacts sur... si c'est des PME, si c'est des
consommateurs, on demande des questions, est-ce qu'il y a des études, et
souvent, la réponse, c'est non.
Alors, je pense que, de notre côté, on a
un rôle dans cette démocratie, c'est de poser des questions. C'est un projet de
loi très complexe. On prend des pauses. Et encore merci à l'équipe du
gouvernement et l'équipe de la ministre de prendre des temps, des fois, de bien
expliquer les choses parce que ce n'est pas simple. Et, je pense, c'est très
important de poser ces questions-là. Parce qu'il n'y a aucune question
concernant les 6 milliards. Ça va être sauvé avec le fait que ce projet de
loi va être adopté à un certain moment, puis sur 10 ans, on va faire des
économies parce qu'Hydro-Québec va être le maître d'œuvre dans le secteur de l'éolien.
Ça, c'est qu'est-ce que M. Sabia a dit quand il a lancé son plan. C'était écrit
20 % à ce moment-là. Mais, d'arriver à la dernière minute, que si ce n'est
pas adopté aujourd'hui, on perd ça, c'est... honnêtement, c'est irresponsable.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Bien.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Merci, M. le
Président. Dans la même voie, très étonnée par l'article qui était dans les
médias. Mais, à ce stade-ci, Mme la ministre, parce que je vois dans l'article
que l'estimé du 6 milliards vient d'Hydro-Québec, est-ce que vous avez
pris connaissance de l'estimé? Est-ce qu'on vous a fourni un document
quelconque qui vient à l'appui de ce 6 milliards?
Le Président (M. Montigny) : Bien.
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Bien,
écoutez, un document d'Hydro-Québec qui s'appelle Tracer la voie vers une
réussite collective, qui est une publication dans laquelle vous retrouvez les éléments
que j'ai mentionnés tout à l'heure, par exemple à l'effet qu'Hydro-Québec
peut... pourra devenir maître d'oeuvre des projets éoliens, également avoir des
relations plus étroites avec les municipalités, les MRC, les Premières Nations,
et tout ça. Donc, on y retrouve ces éléments.
Mme Garceau : Mais, Mme la
ministre, on se comprend, là, que vous n'avez pas reçu... Ça, là, ça sort, la
dernière heure, puis je vais le dire franchement, pour comme orchestrer une
urgence pour justifier un bâillon. On le sait très bien qu'il n'y en a pas de
document qui démontre le 6 milliards.
Et aussi j'aimerais qu'on parle quelle est
l'utilité du PGIRE. Parce qu'il me semble, on parle d'une stratégie globale en
ce qui a trait à la transition énergétique. Mais là, tout d'un coup, à la
dernière heure, ah! c'est le plan éolien qu'il faut mettre de l'avant. Mais qu'est-ce
qu'on fait avec tous les autres plans? Il me semble, c'était ça, l'utilité, la
nécessité du projet de loi. Puis, même, c'était de tenir les consultations afin
de déterminer, d'élaborer le PGIRE...
Mme Garceau : ...c'était ça
qui était aussi au cœur de ce projet de loi. On avait besoin d'un projet de loi
afin de pouvoir avancer sur un PGIRE, mais là on dirait qu'on est dans le sens
inverse, là, on est en train déjà de mettre en vigueur des éléments du
peut-être potentiel PGIRE. Il me semble qu'on fait les choses un petit peu, Mme
la ministre, là, à l'envers parce que... je ne sais pas, en termes des
consultations, si vous avez terminé, mais c'était ça, l'objectif du projet de
loi. Et, comme mon collègue de Jean-Talon l'a mentionné, il n'y a absolument
rien qui justifie en ce moment d'accélérer puis d'aller en bâillon quand non
seulement... est-ce que... c'est 156 articles, mais, avec les amendements,
on est au-delà de 200 articles. On est rendus, M. le Président, à
l'article 35. Donc, moi, je reviens aussi à l'élément, l'objectif
principal de ce projet de loi. Puis ça, c'étaient vos paroles, Mme la ministre,
au tout début de nos discussions, c'était : On a besoin du... On a besoin
du projet de loi afin de pouvoir mettre en place un PGIRE. Est-ce que ce n'est
pas encore l'objectif du gouvernement, c'est de mettre en place un PGIRE et,
suite à ça, déterminer les projets qui vont être priorisés?
Le Président (M. Montigny) : Bien.
Alors, Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Merci. Donc,
je veux... Bien, en fait, concernant la consultation qui est en cours au sujet
du PGIRE, elle va se conclure la semaine prochaine. On aura la dernière
consultation, pilotée d'ailleurs par le député de René-Lévesque, que je salue
pour son doigté, pour la conduite de ces consultations, et ça, ça va nous
donner des éléments importants. Il faut voir qu'il y a tout un travail qui va suivre
après cette analyse des données. Mais le PGIRE, ça couvre 25 ans. C'est le
premier exercice de la sorte qu'on organise à l'échelle du Québec et pour une
si longue période de temps. Donc, il y aura des bases assurément en éolien, en
solaire, en hydroélectrique qui devront être développées quel que soit le type
de scénario qui sortira du PGIRE. Donc, je pense qu'on ne contrevient
absolument pas à lancer quelques-uns des projets parce qu'on en aura besoin, ça
va faire partie du socle puis de la base et du mix énergétique dont on aura
besoin. Maintenant, le PGIRE va venir préciser plusieurs éléments, plusieurs
dimensions, d'autant que ça va porter sur une période de 25 ans, dans un
contexte de besoins, très grands besoins d'énergie et de mégawatts.
• (12 h 10) •
Le Président (M. Montigny) : Bien.
Mme la députée.
Mme Garceau : Mais, Mme la
ministre, puis je crois que c'est très, très important à ce stade-ci, des
bâillons, c'est des mesures exceptionnelles, il faut qu'il y ait des... un motif
d'urgence en quelque part. Ici, vous allez convenir avec moi qu'il n'y en a
pas, de matière d'urgence à ce stade-ci, on pourrait très bien... des contrats
peuvent être conclus en ce qui a trait aux projets éoliens et qu'on continue
l'étude à notre tour en septembre. Parce qu'on a encore au-delà de
100 articles à étudier. Et je crois qu'à ce stade-ci, en ce qui a trait
aux travaux que nous avons faits comme opposition... je crois que c'est... on a
été très efficaces. On a soumis des amendements qui ont été retenus, on a
bonifié jusqu'à présent le projet de loi, on veut continuer à le faire. C'est
dans l'intérêt des Québécois et des Québécoises. Et nous, on est là pour faire
le travail.
Le Président (M. Montigny) : D'autres
interventions? Alors, à ce stade-ci, je nous rappelle, toujours pour les gens
qui nous écoutent, nous sommes à l'étude de l'article 35 tel qu'amendé.
Merci. Il n'y a pas d'autre intervention pour l'article 35. Alors, nous
serions prêts à sa mise aux voix. Est-ce que l'article 35 est adopté? Oui.
M. Kelley : ...
Le Président (M. Montigny) : Par
appel nominal.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Fréchette (Sanguinet)?
Mme Fréchette : Pour.
La Secrétaire : M. Bussière
(Gatineau)?
M. Bussière : Pour.
La Secrétaire : M. Sainte-Croix
(Gaspé)?
M. Sainte-Croix : Pour.
La Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
La Secrétaire : M. Kelley
(Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Contre.
La Secrétaire : Mme Garceau
(Robert-Baldwin)?
Mme Garceau : Contre.
La Secrétaire : M. Bouazzi
(Maurice-Richard)?
M. Bouazzi : Contre.
La Secrétaire : M. Montigny
(René-Lévesque)
Le Président (M. Montigny) : Abstention.
Alors, l'article 35...
Le Président (M. Montigny) : ...35,
tel qu'amendé, est donc adopté. Très bien.
Maintenant, dans l'ordre des choses,
l'article 36. Par contre, avant 36, il y a une proposition d'amendement qui a
été déposée, qui a été acheminée, qui est déposée sur Greffier. Alors, je crois
qu'il y a un 35.3 ou... Je vous écoute, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Alors,
proposition d'amendement :
Insérer, après l'article 35.2 du projet de
loi, tel qu'amendé, le suivant :
35.3. Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 52.4.1, du suivant :
«52.4.2. La régie peut, à la demande du
distributeur d'électricité, fixer des tarifs et des conditions pour des
services liés à ses programmes et mesures de gestion de la demande et gestion
d'efficacité énergétique dans un lieu de consommation d'électricité.»
Donc, c'est un article qui insère une
nouvelle disposition dans la Loi sur la Régie de l'énergie pour prévoir que la
régie puisse fixer des tarifs et des conditions pour des services liés aux
programmes et aux mesures de gestion de la demande et d'efficacité énergétique
d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. Alors, je vous rappelle tous que c'est une
proposition d'amendement qui a pour effet d'ajouter un article à 35.3. M. le
député de Jean-Talon.
M. Paradis : Donc, ça fait
partie de toute une série d'amendements, plus de 50, là, je pense qu'on est rendu
à 50... 55... en tout cas plus de 50 qu'on a reçus dans les derniers jours, un
projet de loi qui est en préparation depuis deux ans sur lequel les
consultations particulières ont eu lieu l'automne dernier sur un autre projet
de loi qui est complètement modifié sur lequel le gouvernement a mis une pause
pendant de longs mois, pas les oppositions, le gouvernement a attendu des mois,
là. Pendant des mois, on ne l'a pas étudié.
Et là, aujourd'hui, alors que le premier
ministre, ce matin, disait que les oppositions font de l'obstruction, moi,
j'aimerais savoir quelles questions qu'on a posées, là... — où ça a
été très difficile d'avoir des réponses, qu'on a eu des heures et des heures de
suspension pour que le gouvernement et la ministre trouvent les réponses, là — j'aimerais
comprendre où est l'obstruction, il n'y en a pas.
Mais là, ça, ça fait partie de toute une
série d'amendements qu'on vient de recevoir. Je vais être très intéressé de
savoir pourquoi il nous est arrivé à la dernière minute. Mais ma première
question... Je voudrais savoir de la ministre si cet article-là, il est
absolument essentiel cet été. Pourquoi on parle de cet été? Parce que la
différence entre un bâillon puis la reprise de nos travaux à l'automne pour
finir comme il faut ce projet de loi là, c'est l'été. Alors, est-ce que ça fait
partie des articles qui sont nécessaires pour épargner 6 milliards de
dollars? Est-ce que c'est un des articles dont on a absolument besoin cet été?
Parce que c'est vous, là, qui venez de le déposer, c'est vous qui nous avez
déposé ça à la dernière minute... d'un projet de loi qui est commencé depuis
deux ans. Donc, c'est vous qui nous déposez ça à la dernière minute puis c'est
vous qui prétendez, tout comme Michael Sabia... D'ailleurs, remarquez à quel
point les discours sont arrimés. Moi, je le dis... gouvernement, main dans la
main avec Hydro-Québec, c'est Hydro-Québec qui a rédigé ces amendements-là. Là,
on les reçoit. En quoi il est absolument essentiel cet été puis en quoi il nous
fait épargner 6 milliards de dollars, cet article-là? Ou sinon, quel autre
article du projet de loi, là, est absolument essentiel cet été pour épargner 6
milliards de dollars?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre, quand vous serez prête.
Mme Fréchette : Oui. Merci,
M. le Président. Écoutez, je voudrais juste faire un petit rappel, là, des
travaux, ne serait-ce que de la dernière journée de la semaine dernière :
on a siégé pendant huit heures, on a adopté deux articles. Alors, quand on dit
que ça file à bon rythme, je ne sais pas qu'est-ce qu'on entend par
«efficacité». Et voilà! Hier, on a travaillé pendant deux heures pour adopter
un sous-amendement. Donc, voilà. À ce rythme-là, dans un an, on n'y sera
toujours pas arrivés.
Donc, je voulais rappeler en fait des
éléments qui viennent sous-tendre la proposition d'amendement. C'est qu'on veut
faire en sorte que des populations, des groupes de la population qui sont
encore peu engagés dans des programmes d'efficacité énergétique puissent le
devenir, et j'ai en tête notamment des locataires, des locataires de logement.
On sait que les taux de participation à des programmes d'efficacité énergétique
sont quand même assez bas du côté des locataires. Donc, voilà, on propose...
Mme Fréchette : ...de cet
amendement-là pour que des services, par exemple, tels que des thermopompes ou
des accumulateurs thermiques, puissent être visés par des programmes
d'efficacité énergétique et des services qui sont destinés, donc, à des
locataires, de telle sorte qu'on puisse rehausser leur taux de participation
pour qu'ils puissent contribuer également aux efforts de réduction de la
consommation énergétique. Alors, c'est l'idée derrière cet amendement,
proposition d'amendement.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : ...je vais... on
va arriver au fond de cette de cette proposition d'amendement dans quelques
minutes, mais je comprends que la ministre n'est pas capable de nous dire, ni
pour cet article-là ni pour le précédent, qui est absolument essentiel à
l'avenir énergétique du Québec... cet été... puis qui va nous faire épargner 6 milliards
cet été... C'est ça, la période de temps dont on parle. Entre le 7 — samedi,
on va être le 7 juin — puis le début de nos travaux
parlementaires, à l'automne, c'est l'été.
Et la ministre dit : Oui, oui, mais
on a passé... on a passé plusieurs heures pour adopter un nombre limité
d'articles. Ça, c'est le résultat de ce que le gouvernement de la CAQ a décidé
de faire, c'est-à-dire de se lancer dans l'étude de ce projet de loi sans qu'on
ait le plan du gouvernement, sans qu'on ait la vision, sans qu'on comprenne où
est-ce qu'il veut aller avec son projet de loi, avec des déclarations
contradictoires de l'ancien ministre, du premier ministre, qui sont
différentes, maintenant, de ce qu'on entend de la nouvelle ministre.
C'est ça, le problème, de ne pas consulter
les gens, de ne pas établir sa vision, puis de présenter un projet de loi où il
y a des tonnes d'articles, qui changent fondamentalement l'avenir énergétique
du Québec, et surtout, des amendements qui viennent rajouter une couche de
chaos dans le chaos qu'il y avait déjà dans ce projet de loi là. Puis nous, on
n'a pas d'explications. Ça fait plusieurs fois qu'on demande à la ministre de
nous donner des explications sur ce qui s'en vient, de nous...
Le Président (M. Montigny) : M.
le député de Dubuc, là, a demandé la parole. Je crois que c'est sur un enjeu de
règlement. M. le député de Dubuc, je vous écoute.
M. Tremblay : Oui. Bien, en
tout respect, j'invoque 35-6. On prête des intentions. Ce sont des opinions
très personnelles. J'aimerais qu'on se concentre sur le sujet s'il vous plaît.
Merci.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
simplement vous rappeler à la prudence, nous sommes, actuellement, sur l'étude
de l'amendement 35.3. Alors, continuez, M. le député de Jean-Talon.
• (12 h 20) •
M. Paradis : Oui, je
remercie... je remercie le député de Dubuc, je connais sa grande sensibilité.
Mais de dire que le projet de loi crée du chaos, ce n'est pas prêter des
intentions, c'est de parler des impacts que ce projet de loi peut avoir sur
tout le monde et tout le secteur de l'énergie, et c'est d'ailleurs ce qu'une
vingtaine d'organisations sont venues dire hier en point de presse, c'est ce
que disent les représentants des industries, c'est ce que disent les
représentants des PME, c'est ce que disent tous les experts indépendants qui
s'y connaissent en énergie au Québec. Tout le monde a le même message depuis
une semaine. Alors, si prêter sa voix à l'ensemble des acteurs québécois
concernés par le secteur de l'énergie, c'est de prêter des intentions, moi, je
dis plutôt qu'il faut écouter actuellement, les Québécois, qui disent non au
bâillon et qui demandent de retirer ce projet de loi là.
Mais donc les questions qu'on a posées,
j'aimerais savoir, moi, ce que la ministre considère qui n'était pas important,
là, comme celles qu'on va poser sur cet article-là, parce qu'il y a des grandes
conséquences, encore une fois. Est-ce que c'était de parler du fait que,
maintenant, on autorise... hier, c'était ça... on autorise Hydro-Québec à pelleter
ses manques à gagner dans la cour des consommateurs d'électricité, augmentant
ainsi son propre bilan, ce qui va permettre à la haute direction de montrer des
meilleurs revenus, ce qui va leur permettre de toucher des bonis? C'est...
c'est des questions de l'opposition, hier, là, qui ont permis de faire la
lumière là-dessus. Est-ce que c'est de faire la lumière sur la façon dont on va
calculer les tarifs d'électricité de tous les Québécois jusqu'à maintenant?
Ce n'est pas le gouvernement, ce n'est pas
la ministre qui a expliqué ce que ça signifiait, un petit article, quelque
part, dans un alinéa que j'ai débusqué, qui va permettre maintenant au
gouvernement de dire à la Régie de l'énergie de changer les règles de
l'interfinancement, de changer les tarifs. Alors qu'elle fait de la
communication à l'effet contraire, de dire que, maintenant, la différence entre
les revenus puis les coûts des redistributeurs d'électricité, ça va aussi être
calculé pour faire augmenter les tarifs, qu'il y a des ententes avec les
Premières Nations, dont on ne remet pas en cause le bien-fondé, mais dont les
montants qui vont être payés vont être refilés aux consommateurs d'électricité
plutôt qu'aux contribuables. Quelles questions, là-dedans, n'étaient pas
pertinentes pour l'avenir énergétique du Québec? Une chance qu'on était là pour
faire le travail.
Alors, j'aimerais que la ministre me dise,
cet article 35.3, qu'est-ce qu'il va nous faire, qu'est-ce qui va faire en
sorte qu'il va contribuer à nous faire épargner 6 milliards de
dollars cet...
M. Paradis : ...parce que
c'est vous qui avez dit ça hier, c'est Hydro-Québec qui semble le prétendre.
Sans le projet de loi n° 69, donc sans bâillon, on n'épargnera pas
6 milliards de dollars. Je veux savoir quel article. Est-ce que c'est
celui-ci? Parce que celui-ci vient d'être ajouté, donc ça doit être quelque
part quelque chose qui est tellement urgent qu'on n'a pas pu en parler aux
oppositions avant la semaine passée ou, en tout cas, le moment où ça a été
déposé. Est-ce que ça va nous faire épargner 6 milliards, cet article-là?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui, M. le
Président. Mais je l'ai indiqué tout à l'heure, là, ça vient permettre à une
population qui est peu engagée dans des programmes d'efficacité énergétique à
le devenir. Donc, je pense que c'est un segment de population qui est
important. On parle ici de locataires de logements qui, à mon sens, devraient
pouvoir contribuer davantage à des mesures d'efficacité énergétique, mais c'est
ce que vient proposer cet amendement.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Est-ce que la
ministre peut au moins nous expliquer pourquoi cet article-là nous a été balancé
comme ça à la fin, à quelques jours de la fin de la session parlementaire,
alors que ce projet de loi là, le processus qui a mené à ce projet de loi là, a
commencé il y a deux ans? Il a été présenté en juin de l'année dernière. On a
fait des consultations particulières à l'automne. Les gens sont venus se
prononcer sur un projet de loi où il n'y avait pas cet article-là. Puis j'ai
dit : On va arriver au fond dans quelques minutes, ça signifie encore
beaucoup de choses au-delà de ce que la ministre vient juste de dire, là, la
ligne. Pourquoi il est présenté aujourd'hui? Est-ce que vous allez dire, demain
ou après-demain, quand il va y avoir un bâillon, que, ah! ça, ça fait partie.
Les oppositions ont posé des questions là-dessus. On vient de leur envoyer, ça,
il n'y a personne qui s'est prononcé. On a une pile de mémoires, là, qui fait
haut comme ça, il n'y a personne qui s'est prononcé sur cet article-là. Vous
n'avez demandé l'avis de personne. En quoi cet article-là va nous faire
épargner 6 milliards de dollars? Cet été, s'il n'est pas adopté cet
été, on n'épargnera pas 6 milliards. Donc, pourquoi il n'a pas été
présenté avant? En quoi il contribue à votre objectif, là, d'épargner
6 milliards?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
est-ce qu'il y a des interventions? M. le député.
M. Paradis : Pas de réponse.
Pas de réponse. Les Québécois vont noter ça. Parce que ça va s'en venir, la
communication, là : C'est de la faute des... C'est déjà commencé depuis
hier. Aujourd'hui, le premier ministre l'a dit.
Le Président (M. Montigny) : Simplement
vous rappeler que nous sommes à l'étude de l'article 35.3. Ce n'est pas le
rôle de la pertinence de juger... de la présidence de juger de la pertinence.
Par contre, je dois vous rappeler qu'à l'écran il est affiché l'amendement à
l'article 35.3. Merci, M. le député.
M. Paradis : Je vous
remercie, M. le Président. Là, remarquez, je ne vous appelle pas «M.
Pertinence».
Le Président (M. Montigny) : Oui.
Je suis désolé.
M. Paradis : Mais, oui, c'est
très pertinent, votre appel. Mais on est justement sur le sens de cet
article-là, de cet amendement-là. Je demande d'abord : Est-ce que cet
article-là fait partie des articles dont l'adoption est nécessaire pour
épargner 6 milliards de dollars, selon les dires de la ministre,
hier, et encore aujourd'hui du premier ministre, oui ou non?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui, M. le
Président. Bien, je rappelle, en fait, que les locataires de logements sont peu
engagés dans des programmes ou des mesures d'efficacité énergétique. Et c'est
dommage. C'est dommage parce qu'on est dans une période de transition
énergétique. Je constate que ce n'est pas une grande urgence pour le Parti
québécois, mais de notre côté, on considère que c'est une urgence. On considère
que c'est important d'y aller rapidement, de s'engager dans cette transition
énergétique, d'autant qu'on a tous les atouts, non seulement pour la réussir,
mais en fait pour également développer nos régions, développer des emplois
intéressants, bien rémunérés dans des secteurs d'avenir grâce à la transition
énergétique.
Alors, pour revenir donc sur le segment
des locataires, eh bien, c'est un des segments de population qui est peu engagé
dans la transition énergétique, alors il faut s'adresser à eux. Et c'est ce que
permet cet article.
Le Président (M. Montigny) : M.
le député.
M. Paradis : Nous, au Parti
québécois, on pense qu'une réforme comme celle-là, elle demande de la rigueur,
elle demande de la consultation et elle exige qu'on n'arrive pas avec des
amendements de dernière minute qui changent radicalement des principes de base
de la tarification de l'électricité que tous les Québécois et toutes les
Québécoises paient.
Vous voulez le faire adopter par bâillon.
Vous n'êtes pas capables de nous dire, à aucun des articles, qu'il est
absolument nécessaire pour l'été. Donc celui-ci, que les Québécois le notent...
M. Paradis : ...encore une
fois, c'est un autre article qui n'est pas nécessaire, dont on devrait pouvoir
discuter comme plusieurs autres qui s'en viennent. Et la ministre n'a pas été
capable d'en nommer un seul qui est essentiel, n'a pas été capable de nommer un
seul projet qui n'avancera pas cet été si le projet de loi n° 69
n'est pas adopté. Pas un seul article n'a été nommé jusqu'à maintenant qui est
essentiel pour débloquer des projets cet été. Ça, c'est la situation.
Maintenant, allons sur le fond. Est-ce que
vous avez fait une analyse d'impact de cet article-là, un? Ce que vous nous
dites : Oui, il y a de bonnes intentions. Généralement, on tient pour
acquis qu'il y a une bonne intention derrière la volonté gouvernementale de
changer l'état du droit. Fort bien. Est-ce que vous avez une étude d'impact de
ce que ça signifie, cet article-là, un?
Deuxièmement, est-ce que vous avez évalué
les risques que ça représente sur la façon dont on fixe les tarifs au Québec?
Parce qu'encore une fois, on introduit une nouvelle règle qui peut avoir des
changements profonds, c'est qu'encore une fois, on sort de la logique.
Hydro-Québec nous dit c'est quoi ses besoins. Elle s'en vient devant la Régie
de l'énergie et elle dit : Voici sur la base de quels calculs quels sont
les coûts. C'est là-dessus que tu devrais fixer des tarifs et conditions. Et
actuellement, cet article là, bien qu'il semble être justifié par une bonne
intention pourrait radicalement modifier ça. Ça pourrait dire : Bien là,
ce n'est plus une question de coûts, c'est une question de : Je vais arriver...
je vais arriver à la régie, puis là je vais fixer des tarifs et des conditions
qui sont liées à d'autres choses, des mesures de gestion de la demande et
d'efficacité énergétique.
Donc là, quelle justification Hydro-Québec
va devoir présenter pour faire ça? Est-ce que ça, ça peut servir à faire
augmenter les taux d'électricité pour des gens qui sont notamment en situation
de vulnérabilité pour les familles, les foyers les plus pauvres? Je comprends
l'intention. Quelles études vous avez, là, avant de changer ça? Parce que je le
redis, je veux que tout le monde comprenne bien, ça, c'est encore un article
qui a l'air anodin, ça change complètement la façon dont on fixe les tarifs.
Mes coûts, tu t'en vas à la régie, tu dis : Voici les revenus dont j'ai
besoin pour couvrir mes coûts. Là, il y a une belle intention, mais on sort de
cette logique-là. Qu'est-ce qu'on a fait comme études avant de juste recevoir
la proposition d'amendement d'Hydro-Québec puis nous la présenter aujourd'hui
en catastrophe avant un éventuel bâillon?
• (12 h 30) •
Le Président (M. Montigny) : Bien.
Alors, Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Oui. Merci,
M. le Président. Donc, concernant le programme, en fait, c'est un programme qui
permettrait à Hydro-Québec de créer... en fait, c'est un amendement qui
permettrait de créer des programmes qui s'adresseraient aux locataires.
Maintenant, ces programmes-là ne sont pas ficelés déjà, ne sont pas créés déjà.
Ce qui est souhaité ici, c'est de créer la possibilité d'avoir des programmes
qui s'adressent aux locataires, et donc d'inciter les propriétaires de plex, de
logements à adopter, par exemple, des thermopompes et à faire en sorte que les
locataires puissent bénéficier de mesures d'efficacité énergétique. Ça ne vient
pas impacter les tarifs de distribution, c'est un programme qui est tout à fait
dans un autre ordre d'idée. Et, par ailleurs, ce sont des programmes
volontaires. Donc, personne ne sera forcé d'y participer, ce sera sur une base
volontaire que seront offerts ces programmes-là. Mais les analyses vont se
faire ultérieurement dans le sens où l'idée, c'est de créer la possibilité
d'avoir ce genre de programme là. Maintenant, il y a des études qui vont être
faites pour voir le type de programmes qui pourraient être mis en place, qui
s'avèrent les plus efficaces.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, merci. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Je repose la
question : Est-ce que vous avez une analyse d'impact? Est-ce que vous avez
réfléchi à ce que ça veut dire? Quels sont les programmes exacts qui sont visés
par ça et pourquoi venir mettre ça dans les dispositions qui concernent la
fixation des tarifs? Parce que vous dites : Ça va être sur une base
volontaire. Moi, je ne vois pas ça dans l'article : «La régie peut, à la
demande du distributeur d'électricité». Ça fait qu'Hydro-Québec arrive avec sa
batterie d'avocats, ses experts puis tout ça, puis ils disent :
Régie : fixe des tarifs et conditions pour des services liés à ces programmes
et mesures de gestion de la demande et d'efficacité énergétique dans un lieu de
consommation d'électricité. Puis je vais vous demander tout à l'heure, là, vous
pouvez la préparer, là, c'est quoi, un lieu de consommation d'électricité? Mais
pour l'instant, je suis sur le principe.
Pourquoi on vient encore jouer dans la
fixation des tarifs puis pourquoi on vient encore permettre à Hydro-Québec
d'arriver avec plein de nouveaux trucs puis de mettre ça dans le gros sac des
tarifs que vont payer les...
12 h 30 (version non révisée)
M. Paradis : …consommateur. Où
est-ce qu'elle est, votre base volontaire là-dedans? Je ne la vois pas. Où est-elle?
Puis deuxièmement, c'est quoi, le lien entre ça puis des programmes qui
existent déjà? Est-ce que c'est lié au Fonds vert? En quoi l'achat de
thermopompes, c'est lié à la distribution d'électricité? Est-ce qu'on est en
train… est-ce qu'on n'est pas en train de parler de distribution d'électricité,
ici, de tarifs de distribution?
Là, c'est quoi, là, on va… avec ça, on va…
on va… on va dire que, ah oui! donc là, il y a des gens qui ont… je ne sais
pas, moi, les entreprises de spa, on va leur permettre de faire quelque chose
avec ça, mais on va calculer ça dans les tarifs après ça. Qu'est-ce que ça
vient faire ici? L'avez-vous vraiment analysé, là, avant d'accepter ce qu'Hydro-Québec
vous a envoyé?
Le Président (M. Montigny) : Bien.
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui, M. le
Président, bien, j'aimerais rappeler, en fait, que l'efficacité énergétique, on
le sait, hein, c'est l'énergie qui est la moins dispendieuse et on a des
segments de population qui sont encore à ce jour peu engagés dans des pratiques
d'économie d'énergie. Puis je pense que c'est souhaitable qu'ils le deviennent.
Et je pense queux mêmes souhaiteraient le devenir, mais les conditions dans
lesquelles ils évoluent sont peu propices à la mise en œuvre, à la mise en
place de programmes qui les concernent, en l'occurrence des locataires, par contre…
par exemple. Donc, on veut, bref, rehausser leur taux de participation à des
mesures d'efficacité énergétique, et c'est ce qui serait proposé, dans le fond,
avec cet amendement-là, qui va venir créer un cadre à partir duquel
Hydro-Québec pourra mettre en place des programmes qui s'adresseront aux locataires,
donc, de logement.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Mais j'aime
beaucoup ce que la ministre vient de dire. Vraiment, là-dessus, on est d'accord.
Il y a de bonnes intentions, il y a plein de sujets dont on a parlé, maintenant,
là, les questions difficiles qu'on a posées, où il n'y avait pas de réponses, et
où ça a pris des jours avant de comprendre. Heureusement que l'opposition était
là pour poser la question. C'est le même processus ici, il y a une bonne
intention, mais c'est quoi, le véhicule que vous avez choisi? Pourquoi vous
avez choisi ce véhicule-là? Pourquoi ça… Pourquoi Hydro-Québec, désormais, devrait
avoir le droit d'arriver devant la régie puis de dire : Bon, bien, maintenant,
régie, tu peux fixer des tarifs et des conditions liés à ces programmes-là.
Avez-vous des études d'impact? Avez-vous
géré les risques que ça peut représenter, malgré la bonne intention? Parce que,
je vous le dis, je suis d'accord avec tout ce que vous venez de dire sur les
programmes d'efficacité énergétique, mais moi, je veux savoir comment ça se
fait qu'on sort encore de la logique habituelle. Voici mes coûts pour la
distribution, donc voici les revenus dont j'ai besoin, Hydro-Québec, pour la
distribution, régie, fixe-les comme ça. Vous êtes en train de tout mettre à l'envers,
là. C'est ça, quand je disais, tout à l'heure, le chaos. Est-ce que vous l'avez
étudié ici, ce que ça veut dire?
Le Président (M. Montigny) : Bien.
Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Oui. Merci, M.
le Président. Bien, je l'ai mentionné tout à l'heure, mais je le réitère, ça n'impacte
pas les tarifs de distribution, cet amendement, c'est dissocié des tarifs de distribution.
Aucun impact, zéro, niet. Ce que ça vise, c'est des locataires, de multiplex,
par exemple, qui, pour l'instant, ont peu accès à des programmes d'efficacité
énergétique. Donc, voilà, en ce sens-là, c'est bénéfique. Je pense qu'on
souhaite tous une réduction de la consommation per capita. Les locataires, c'est
un segment de population important. Donc, Hydro-Québec souhaite passer à l'action
pour ce qui est de parvenir à les rejoindre de manière plus efficace. Et cet
amendement-là lui donnerait le cadre à partir duquel il pourrait œuvrer en ce
sens-là, mais ça n'a pas d'impact, je le répète, sur les tarifs de
distribution.
Le Président (M. Montigny) : Bien.
M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Je suis très
étonné de la réponse que je viens de recevoir. Cet amendement ajoute un nouvel
article dans le chapitre IV de la Loi sur la Régie de l'énergie qui traite
de tarification. Ça, c'est ce que les Québécois vont payer sur leur facture. C'est
de ça dont on parle. Ce n'est pas un programme gouvernemental qui est à part, ce
n'est pas un programme pour les contribuables. On est dans la section sur la
tarification de la Loi sur la Régie de l'énergie, et c'est ce que les clients,
les consommateurs, et/ou les PME, et/ou les industries vont avoir sur leur
facture d'électricité. Tout ce chapitre-là concerne notamment les tarifs de
distribution. C'est de ça dont on parle, là.
Je comprends que, là, la ministre essaie
de mettre ça dans des silos, mais on est en train de parler de ce qu'Hydro-Québec
va pouvoir demander d'ajouter ou pas aux tarifs d'électricité que paient les
consommateurs. Et là on ajoute encore quelque chose. Puis on ne sait pas qu'est-ce
que vous avez prévu avec ça. L'intention est bonne, programmes...
M. Paradis : ...d'efficacité
énergétique, enfin, on en parle un peu, mais ça vient modifier la règle de base
de fixation et de gestion des tarifs d'électricité au Québec. Qu'est-ce que
vous avez comme analyse avant de juste nous proposer cet amendement-là à la
dernière minute puis de dire : Ah! voici une nouvelle patente, une
nouvelle façon d'envoyer des tarifs aux consommateurs puis ça va être bon?
L'avez-vous regardé? Avez-vous regardé les risques qu'à la fin, ça coûte plus
cher pour des gens qui ne devraient pas payer plus cher? L'avez-vous étudié
avant de nous le proposer?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui, le
député a déjà posé cette question à laquelle j'ai répondu. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Bien.
M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Donc, la
réponse, c'est non, parce que, si c'était oui, on le saurait puis elle
dirait : Oui, on l'a étudié, M. le député de Jean-Talon. Puis, tenez,
voici la réponse à vos questions. C'est ça qu'on aimerait avoir comme réponse,
hein? Je veux dire : Ah! O.K., donc il y a une justification à quelque
part puis les risques ont été gérés. Donc là, on ne sait pas... En fait, oui,
j'allais dire : On ne sait pas qui va payer pour ces mesures-là. Mais là,
ce que vous êtes en train de dire : Voici encore des mesures
qu'Hydro-Québec va faire payer aux consommateurs, puis on n'a pas de cadre.
Jusqu'à maintenant, c'est les coûts, puis là il y a tout un paquet d'articles
dans la Loi sur la Régie de l'énergie qui gèrent ça, d'ailleurs, que vous venez
de complètement écarter, ça fait plusieurs fois qu'on a cette discussion-là,
puis là vous avez remplacé ça par plus de pouvoirs discrétionnaires dans les
mains d'Hydro-Québec puis plus de pouvoirs discrétionnaires dans les mains du
gouvernement de dire : Bah, c'est moi qui fixe ça et on le dit. Donc,
c'est une politisation des tarifs puis ça peut varier, donc, en fonction des
intérêts politiques, du contexte politique.
Avant les élections, on a un message fort
de plafonnement, puis, après les élections, ça peut être différent. Ça, c'est
ce que vous faites, mais ça, c'est un autre article, encore une fois, où il n'y
a pas d'études, vous n'êtes pas capable de nous parler des impacts prévus. Il y
a une bonne intention, Hydro-Québec vous a dit : Bien, voici comment on va
le faire. Trois lignes que vous nous annoncez quelques jours avant la fin de la
session et on ne sait pas ce que ça va donner. Bon, donc la réponse, c'est ça,
encore un amendement. Que les Québécois s'en souviennent quand on va discuter
du bâillon sur le rôle de l'opposition, c'est de révéler ça.
Est-ce que vous avez des associations de
consommateurs? Est-ce que vous avez des groupes environnementaux qui sont
d'accord avec la mesure que vous proposez aujourd'hui? Par exemple, dans les
20 groupes qui étaient là hier pour venir demander qu'il n'y ait pas de
bâillon puis pour venir demander de retirer le projet de loi n° 69,
est-ce qu'il y en a un de ces groupes-là qui vous a dit : Cet article-là,
tel qu'il est rédigé, c'est une bonne idée?
• (12 h 40) •
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Avant de laisser la parole à Mme la ministre, simplement vous dire, M. le
député de Jean-Talon, il vous reste peu de temps. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Bien, je pense qu'on l'a tous entendu, là, dans le cadre des
audiences en septembre dernier. Plusieurs groupes veulent qu'on améliore, qu'on
augmente, puis je pense que plusieurs des interventions des députés de l'opposition
aussi s'inscrivaient dans cette orientation-là, à savoir qu'il faille augmenter
les mesures d'efficacité énergétique, qu'il faille rejoindre des nouveaux
publics. Alors, c'est ce qu'on fait avec cet amendement. Donc, ça rejoint en
fait les vœux de bon nombre de groupes qui disent qu'on doit miser davantage
sur l'efficacité énergétique, la sobriété énergétique également. Et avec ce
projet d'amendement, en fait, on vient rejoindre, voilà, une nouvelle
population, un segment de population qui n'est pas banale, par ailleurs, parce
que des locataires au Québec, c'est une portion importante de la population.
Le Président (M. Montigny) : Bien.
Député de Jean-Talon.
M. Paradis : Cet
amendement-là, il vient d'arriver. Il n'y a aucun groupe au Québec qui a
exprimé son accord là-dessus puis il n'y a personne qui a demandé ça. Les gens
ont demandé, oui, des dispositions pour l'efficacité, mais il n'y a personne
qui a dit : Donnez carte blanche à Hydro-Québec d'augmenter les tarifs de
tout le monde sans aucun critère, sans qu'on sache quel est l'impact. C'est ça,
le problème de l'absence de consultation puis c'est ça, le problème des
amendements que vous nous balancez à la dernière minute puis qui vont tout
changer sans que personne ait donné son avis. Il n'y a personne qui a demandé
ça, et je crois qu'il n'y a pas grand monde qui va être d'accord avec le fait
que vous donnez carte blanche à Hydro-Québec. Ça, c'est l'alliance politique
entre Michael Sabia et le gouvernement qui se continue. C'est Hydro-Québec qui
vous a dit quoi faire.
Le Président (M. Montigny) : Il
ne reste plus de temps. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Je n'ai pas
d'intervention.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
le député de Maurice-Richard a demandé la parole ainsi que le député
Jacques-Cartier. Nous allons procéder. M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Mme la ministre. Vous avez parlé à plusieurs reprises des
locataires, des thermopompes, etc. Est-ce que vous pourriez nous expliquer plus
comment ça fonctionnerait...
Le Président (M. Montigny) : ...Bien.
Alors, Mme la ministre, quand vous serez prête. Vous avez la parole.
Mme Fréchette : Bien, comme
je l'indiquais, M. le Président, donc, l'objectif, c'est d'encourager, là, des
locataires à ce qu'il y ait une thermopompe, par exemple, qui soit installée
dans leur plex, là, leur complexe immobilier, et qu'ils aient la possibilité
d'en assumer une partie du coût. Donc, il y aurait la création d'un lien entre
le programme d'Hydro-Québec et l'abonné du compte d'Hydro-Québec. Donc, c'est
une manière, en fait, de rejoindre, comme je l'indiquais tout à l'heure, un
segment de population qui, pour l'instant, a peu accès à des programmes
d'efficacité énergétique.
Le fonctionnement précis de ces
programmes-là, il est à évaluer, il est à planifier, il est à déployer, à
développer. Mais ce que ça vient permettre ici, c'est de rendre possible ce
type de programme, parce que ça précise qu'on peut avoir des mesures
d'efficacité énergétique dans un lieu de consommation donné, et c'est là que la
notion de logement peut donc apparaître, ce qui n'est pas le cas actuellement,
et c'est dommage. Donc, en créant cette notion de «dans un lieu de consommation
d'électricité», on permet, donc, que soient déployés des programmes
d'efficacité énergétique dans des logements.
M. Bouazzi : ...très, très
intéressant. Et ça, c'est des programmes d'Hydro-Québec, c'est ça, ou c'est
n'importe quel...
Mme Fréchette : Ce ne sont
pas des programmes d'Hydro-Québec. Ça va pouvoir devenir des programmes
d'Hydro-Québec. Actuellement, il n'y en a pas de cette nature-là, parce que ce
concept n'existe pas.
M. Bouazzi : Mais donc,
dans...
Mme Fréchette : Mais c'est
futur, en fait.
M. Bouazzi : ...dans
l'avenir, ce serait Hydro-Québec qui mettrait en place un programme pour des
thermopompes dans des logements à... pour des locataires. Et ce que vous dites,
c'est que les locataires... Parce que j'imagine que les thermopompes sont
achetées par les propriétaires, là. Les locataires ne vont pas commencer à
dépenser 3 000 $ ou 4 000 $ pour mettre une thermopompe dans leur six et demie.
Ça fait... j'ai du mal à comprendre comment... qu'est-ce que ça permet, au
juste, qu'est-ce qu'ils y gagneraient, les locataires. C'est qui qui paie quoi,
en fait?
Le Président (M. Montigny) : Bien.
Alors...
Mme Fréchette : ...peut-être
la sous-ministre adjointe...
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Alors, nous avons besoin du consentement de la commission pour laisser la
parole à Mme la sous-ministre. Nous avons consentement? Mme la sous-ministre,
je vous invite à vous présenter.
Mme Deschênes (Dominique) : Bonjour.
Dominique Deschênes, sous-ministre adjointe à l'énergie. Donc, l'objectif, ici,
c'est, par exemple, de financer en amont, aider les locataires à financer en
amont des mesures d'efficacité énergétique. Donc, thermopompe est un exemple,
là. Ça coûte quand même quelques milliers de dollars, donc Hydro-Québec
pourrait aider le locataire à faire l'acquisition de la thermopompe, qui se
rembourserait sur sa facture d'électricité, avec les économies d'énergie y
étant... dans le fond, qui reviennent à l'installation de l'équipement. Ça peut
être aussi, par exemple, des mesures d'étanchéité du bâtiment.
Donc, l'objectif est d'aider le locataire
à faire l'investissement en amont, puis ensuite à répartir le remboursement sur
la base des économies qu'il irait chercher. Donc, c'est pour ça qu'on dit que
ça doit être… ça doit être discuté à la Régie de l'énergie pour s'assurer que
les montants permettent réellement aux locataires d'aller… d'être à coût nul
sur la période donnée.
Le Président (M. Montigny) : Bien.
M. Bouazzi : Et ce ne serait
pas que le propriétaire engrange ces… Parce qu'imaginons, là, que, si je mets
des… j'ai des… du chauffage et que je mets des affaires avec un minimum
d'intelligence et de connectivité qui me permet de… quand je quitte la maison
un peu trop longtemps, j'arrête le chauffage ou que je le redémarre, ou que je
participe aux affaires flex, etc. Bon, on peut imaginer qu'un locataire puisse,
avec l'aide d'un électricien, mettre ses petites affaires. J'ai du mal à
imaginer comment est-ce qu'un locataire pourrait être en charge de l'isolation
du bâti, de la… ou d'installer une thermopompe, sachant qu'évidemment, bien,
d'abord, il faudrait que les propriétaires soient d'accord, mais, en plus, s'il
s'en va, il se passe… J'ai du mal à comprendre en fin de compte de… en fait,
même que c'est possible que les exemples qu'on me donne...
M. Bouazzi : …qu'on donne.
Pour la thermopompe, particulièrement, j'ai du mal à voir comment ça rend ceci
possible, en fait.
Le Président (M. Montigny) : Bien.
Mme la ministre ou Mme la ministre, allez-y comme vous voulez. Mme la
sous-ministre, vous avez la parole.
Mme Deschênes (Dominique) : On
va… ça va permettre d'étaler dans le temps, mais vous avez raison, le
propriétaire va devoir donner son accord, là, pour l'installation de la mesure.
Mais dans certains cas, au niveau de la location, les locataires paient
l'énergie. Donc, c'est eux qui ont un tarif d'abonnement à Hydro-Québec, là.
Des fois, ils ont un loyer avec électricité comprise. Donc, c'est un peu ces…
cette clientèle-là qui est visée. Mais tous les paramètres, les modalités fines
du programme vont devoir être débattus et discutés à la Régie de l'énergie au
moment où Hydro-Québec déposera son offre. Toutes… puis les questions que vous
posez pourront être discutées. Ici, ce qu'on veut, c'est permettre le principe
général, mais ensuite ça va être… devoir être débattu, là, à la régie.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Ça fait que… bon,
bien, ça fait que je n'ai pas l'impression qu'on est en train de régler un des
problèmes principaux, c'est qu'évidemment le locataire a souvent moins
d'argent, en moyenne, et que, même si on imagine qu'il est capable de débourser
3 000 $ en amont pour les récupérer dans les cinq prochaines années
ou 10 prochaines années sur sa facture d'électricité, bien, on ne règle
pas le problème des gens qui n'ont pas cet argent-là. Mais je comprends que
c'est des programmes qui n'existent pas encore et qu'il va falloir débattre.
Bon, imaginons qu'on prend le principe,
effectivement. Donc, si je lis, «la régie peut, à la demande du distributeur
d'électricité, fixer des tarifs et des conditions pour des services liés à des
programmes et mesures de gestion de la demande de l'efficacité énergétique dans
les lieux de consommation d'électricité». Donc, ça, ça veut dire que, si on
prend l'exemple, si Hydro-Québec fait un programme où il y a plein de
thermopompes pour des locataires, le programme fonctionne. On viendrait moduler
le prix d'électricité, donc baisser le prix d'électricité. Et est-ce qu'il y a
une compensation pour… Est-ce que les… Ça voudrait dire quoi pour les autres
consommateurs d'électricité qui ne sont pas dans le programme? Est-ce qu'on…
Est-ce qu'on s'attend à ce que ça monte? Est-ce qu'on s'attend à ce que les
dividendes baissent, qui sont versés à l'État? C'est quoi, les attentes?
• (12 h 50) •
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la sous-ministre.
Mme Deschênes (Dominique) : L'objectif
est que ça n'ait pas d'impact sur les tarifs de distribution des autres
consommateurs. Donc, c'est vraiment axé sur le consommateur dans un lieu de
consommation particulier.
M. Bouazzi : Donc, ça
s'autoannulerait pour le… ce serait par foyer sur le long terme.
Mme Deschênes (Dominique) :
Sur une certaine période, oui.
Le Président (M. Montigny) : M.
le député, vous avez la parole.
M. Bouazzi : O.K. Bien, je
vais peut-être laisser la parole à mes collègues libéraux.
Le Président (M. Montigny) : M.
le député de Jacques-Cartier, vous avez demandé la parole et c'est maintenant
le moment.
M. Kelley : Merci beaucoup,
M. le Président. Mme la ministre, je veux juste comprendre. Alors, avec cette
mesure ici, on peut spécifier comme une résidence, une adresse. Puis, sur leur
facture d'électricité, on peut trouver une autre ligne pour une charge pour
îlot, c'est ça? C'est comme un exemple quand on peut citer? O.K. Parfait.
Merci.
Je pense que c'est important maintenant de
peut-être regarder de l'autre côté, comme pour les entreprises. On donne un
ilot, c'est une chose. On parle des programmes d'efficacité pour un résident,
un locataire. Peut-être, il y a des façons d'être plus efficace avec un certain
programme, mais il me semble qu'il y a aussi une capacité d'Hydro-Québec
d'imposer certaines conditions sur les entreprises, peut-être, quand même les
grosses industrielles, d'ajouter, comme, un programme d'efficacité. Bien, tout
le monde doit, pendant le point, réduire leur consommation d'électricité par
20 %, quelque chose comme ça. Et sinon, vous êtes facturé dans un
programme d'efficacité. Il y a une possibilité que des programmes ne sont pas…
Parce qu'il n'y a rien qui est écrit, je suis d'accord avec mon collègue de
Jean-Talon, il n'y a rien qui est écrit dans cet amendement-là, qui dit que ça
va être juste sur une base volontaire. Hydro-Québec peut imposer, si la régie
accepte certains tarifs et conditions à des entreprises. C'est une possibilité?
Le Président (M. Montigny) : Alors…
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Merci. Donc,
en fait, ça mentionne bien clairement que c'est pour une utilisation de
services liés à des programmes. Et, pour utiliser des programmes, il faut en
faire la demande, pour participer à Hilo, il faut en faire la demande. Donc,
c'est là qu'il y a la notion de volontariat, là, qui est derrière les
programmes.
M. Kelley : Mais, Mme la ministre...
Le Président (M. Montigny) : Juste
une seconde, je veux juste... je veux juste...
M. Kelley : Oui.
Le Président (M. Montigny) : Je
veux juste prendre le temps de signifier que, c'est important, quand vous
n'avez plus de temps, de droit de parole, la parole est seulement au député à
qui... Mais, comme président, je lui donne la parole. M. le député
Jacques-Cartier, il n'y a seulement que vous qui avez la parole pour l'instant.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Pas nécessairement, pas nécessairement, Mme la ministre. Malheureusement, ce
n'est pas écrit comme ça. Oui, c'est lié à des services et des programmes, mais
des services et des programmes peuvent être imposés aussi, c'est une
possibilité. Et, quand même, ça peut permettre Hydro-Québec à dicter certains
programmes d'efficacité à des entreprises. Alors, ce n'est pas sur une base
simplement volontaire, pas du tout. Je vois beaucoup des risques ici, et encore
je reviens à ce que... il y a eu des consultations avec certaines acteurs de..
le côté... si c'est industriel, des groupes qui représentent des entreprises,
parce que ça me semble encore qu'on donne, Hydro-Québec, beaucoup de
possibilités, de pouvoirs d'imposer des frais liés à des services à certains
programmes qu'Hydro-Québec va mettre de l'avant pour avoir... d'être plus
efficace. Et c'est juste... Moi, M. le Président, je suis un peu inquiète qu'on
va trouver une façon de mettre plus le fardeau de la transition énergétique sur
le dos de nos PME puis nos grosses industrielles. Ça laisse la porte grande
ouverte pour Hydro-Québec, de la façon que moi, je lis ça.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre, quand vous serez prête, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Donc, si vous
connaissez des programmes qui sont imposés par Hydro-Québec, j'aimerais que
vous m'en fassiez mention, parce que normalement, des programmes, il faut
vouloir y participer. Et peut-être qu'il y aurait possibilité que des petites
entreprises puissent être intégrées dans un programme de cette nature-là.
Est-ce que ce serait une mauvaise chose? Personnellement, je pense, ça pourrait
être intéressant d'élargir la palette des programmes qui sont proposés à des
PME, peut-être qu'il y aurait là une autre voie d'accès à des programmes
d'efficacité énergétique, mais... L'élément de base au départ qu'on avait en
tête, c'était surtout les locataires, parce que c'est un segment de population
qui n'est pas très engagée, mais peut être qu'il pourrait y avoir aussi des
petites entreprises qui pourraient se joindre à ce programme-là... à ces
programmes-là, parce qu'évidemment, bon, comme je disais, ils ne sont pas
élaborés encore, là, l'idée, c'est d'adopter le principe.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. D'autres interventions? M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui, M. le
Président. Bien, si on veut vraiment, vraiment viser les locataires puis... Ça,
c'est une mesure qui vise plus des bâtiments qui ne sont pas efficaces. On va prendre
ça comme un exemple, on sait qu'il y a certains locataires qui habitent dans
des bâtiments qui ne sont pas très efficaces énergétiquement, puis leur
propriétaire n'a pas un grand intérêt d'investir dans des nouvelles fenêtres
dans l'isolation, puis on peut faire la grande liste, puis un client veut être
plus efficace, une façon de s'assurer... bien, qu'il peut participer dans les
nouveaux programmes. Parce que quand même, à ce stade ici, c'est comme avec les
deux programmes... bien, avec Hilo puis quand même... excusez-moi, le nom de
l'autre, LogisVert, des locataires sont admissibles à faire des demandes.
Alors, ça existe déjà. Là encore, c'est de trouver une façon de bien comprendre
comment ça va aider spécifiquement des locataires, quel type de programme. Et
je sais que les programmes ne sont pas ficelés. C'est difficile de donner
l'accord sur un amendement, sur des programmes potentiels qui ne sont pas
ficelés par Hydro-Québec. Particulièrement, si c'est... vraiment, on veut juste
viser des locataires, bien, pourquoi pas... pourquoi ce n'est pas écrit dans
l'amendement et c'est spécifiquement pour ces clients-là? Parce que maintenant,
avec cet amendement-là, on ouvre la porte à des PME, à des...
M. Kelley : ...à des
industrielles, à des autres types de clients. Et encore ça laisse la capacité
d'Hydro-Québec d'imposer et de fixer certains tarifs et les conditions pour les
services liés à ces programmes. Il n'y a rien qui est écrit qui dit que c'est
volontaire de la part des clients. C'est juste que, si Hydro-Québec dit :
Bang, on a un programme, tout le monde doit suivre ça, c'est lié à nos
services, puis on va ajouter une ligne sur votre fracture et vous devrez payer
ça, pas de choix, c'est pour la transition énergétique et pour l'efficacité
énergétique, c'est une bonne chose pour vous, puis il n'y a pas vraiment une
façon de contester, sauf que, si la Régie dit à Hydro-Québec ou un autre type
de distributeur d'électricité... que, non, ça ne fait aucune sens, encore, il
n'y a pas... encore, ce n'est pas... Pour moi, honnêtement, c'est juste... je
ne vois... je ne pense pas que ça vise juste les clients résidentiels et les
locataires, c'est vraiment quelque chose qu'ils disent, tous les clients
d'Hydro-Québec, et ça pose beaucoup de questions, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Merci,
Mme la ministre, peut-être, pour la minute qui nous reste, à peu près.
Mme Fréchette : Oui.
D'accord. Alors, juste simplement souligner que la notion de service auquel il
est fait référence dans l'amendement, c'est, par exemple, de l'installation
d'équipements. Le service, ce n'est pas l'approvisionnement en électricité, là.
Donc, Hydro-Québec ne se présentera pas chez vous si vous ne les avez pas
appelés pour demander l'installation d'un nouvel équipement ou d'un nouveau
programme de services. Donc, c'est en ce sens-là qu'il faut… il faut faire des
démarches pour avoir… obtenir ces services-là. Donc, ça fait référence à de
l'installation, notamment d'équipements.
M. Kelley : …Mme la ministre,
est-ce qu'Hydro-Québec peut charger le client résidentiel pour… s'ils abattent
un arbre sur leur terrain, puis facturer le client directement parce que c'est
bon pour l'efficacité énergétique si on a moins des bris de services.
Des voix : …
Le Président (M. Montigny) : Alors,
à moins que vous insistiez… Compte tenu de l'heure, là, on pourrait peut-être…
Mme la ministre, je vous laisse la parole, vous avez quelques secondes.
Mme Fréchette : Tout
simplement pour répondre que, bien, s'il s'agit de l'abattement d'un arbre, ce
n'est pas une mesure d'efficacité énergétique, là. Donc, on est dans un autre
département, là.
Le Président (M. Montigny) : Alors…
Mme Fréchette : Ça, c'est
plus la gestion de la végétation.
Le Président (M. Montigny) : Je
vous remercie de votre collaboration. Compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 04)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du
projet de loi n° 69, la Loi assurant la gouvernance
responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions
législatives.
Lors de la suspension de nos travaux ce
midi, nous étions à l'étude de l'amendement introduisant l'article 35.3.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions en lien avec la proposition d'amendement
à 35.3?
M. Kelley : Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Montigny) : M.
le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui. Encore, M.
le Président, je veux juste voir avec la ministre si encore c'est vraiment...
cet amendement-là, ça vise vraiment plus le côté des locataires puis le côté
plus résidentiel. Parce qu'encore on a commencé à avoir une bonne discussion, j'ai
soulevé comme exemple, O.K., que le contrôle de la végétation, ce n'est pas
nécessairement une mesure ou un programme d'efficacité énergétique, mais des
autres types, peut-être, des façons qu'Hydro-Québec peut charger un client
direct. Puis j'essaie de voir un peu peut-être dans le plan de M.... d'Hydro-Québec,
s'il y a des choses... on sait que l'efficacité énergétique, c'est notre top
priorité, mais je veux peut-être encore parler un petit peu plus... parce que
ces programmes ne sont pas déterminés encore, mais j'imagine que le
gouvernement doit avoir minimum une idée où Hydro-Québec veut aller. Hilo, c'est
une, c'est une possibilité, j'imagine, avec ça, on peut trouver une façon de
charger des clients qui décident d'opter pour la technologie d'Hilo. Mais, j'imagine,
Hydro a des autres programmes en tête pour l'efficacité énergétique où cet
amendement doit être nécessaire. Je me lance dans la discussion, c'est encore
de bien comprendre les programmes qu'on se parle.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Donc, c'est vraiment à l'état de l'idéation, je dirais, ce concept-là.
On en est à adopter le principe même, mais au-delà de ça, il n'y a pas de
simulations qui ont été faites ou d'ébauches de programmes. Donc, on voulait s'assurer,
voir s'il y avait possibilité d'avoir ce concept-là qui soit... ce principe-là
qui soit validé avant d'aller plus loin. Donc, on en est à une page blanche, je
vous dirais, sur la suite des choses. Bien sûr, Hydro-Québec a déjà plusieurs
programmes d'économie d'énergie et d'efficacité énergétique. Ils ne voudront
pas répliquer ce qui est déjà fait puisqu'on veut s'adresser à un nouveau
public. Mais, voilà, on voulait s'assurer de la réceptivité du principe et du
concept avant de creuser la chose.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien.
M. Kelley : Merci beaucoup, Mme
la ministre. Et sur le côté plus de nos entreprises, encore, je reviens à ce
point-là, c'est de penser à certaines fractures qui... excusez moi, une ligne
sur la fracture de ces entreprises que peut être Hydro-Québec décide d'imposer
certains programmes. Un, c'est comme... je sais, pour les gros industriels,
Hydro-Québec a un programme en place qui demande à eux autres de réduire leur consommation...
M. Kelley : ...consommation
de l'énergie par 15 % à 20 %, de mémoire. Alors, c'est envers ce type
de... comme programme, est-ce qu'on peut avoir quelque chose... de plus élargir
que sur point : on demande à nos entreprises de réduire l'énergie à
20 %. Si ça n'arriverait pas, c'est possible pour Hydro-Québec de charger
un tarif supplémentaire pour l'énergie sur le point. Est-ce que ça, c'est
possible?
Et je sais que... là, je comprends, on
n'est pas dans la distribution, mais, quand même, on est dans les tarifs pour
certains services et des programmes. Alors, si un programme est mis en place
pour l'efficacité énergétique, pour gérer le point... c'est peut-être à
l'extérieur...
Mme Fréchette : ...pour la
pointe? O.K... la pointe, pardon.
M. Kelley : Oui, la pointe,
excusez, alors, sur la pointe, oui. C'est possible que ça, c'est autour de les
tarifs de distribution réguliers, et c'est un programme spécifique pour
dire : Bien, pendant la pointe, on veut mieux gérer l'énergie. Et, si
certains clients aller... consomment trop d'énergie, on peut charger eux autres
plus. Alors, c'est... j'essaie d'envisager si c'est possible qu'un type de
programme comme ça est mis sur la facture des entreprises dans l'optique d'un
programme d'efficacité énergétique. Et c'est possible que c'est le service
aussi, alors.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien.
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Alors,
souhaitez-vous suspendre quelques instants?
Mme Fréchette : Non. Merci,
M. le Président. En fait, est-ce que vous suggérez qu'on prenne ça en
considération comme type d'approche ou vous croyez, craignez que ce soit le
cas?
M. Kelley : C'est plus
qu'Hydro-Québec peut imposer un type de programme comme ça. Et c'est comme lié
directement qu'on va demander à des entreprises de réduire leur consommation
d'énergie à 15 % ou 20 %, mais c'est une obligation. On n'est plus
dans un programme volontaire. Et si... ou quand même l'inverse, c'est comme
c'est un programme volontaire, puis votre facture va être réduite si vous...
consomme moins. Quel type d'incentif est mis en place qui peut charger les
autres qui ne sont pas capables plus? Alors, c'est plus dans cette optique-là
qu'Hydro-Québec peut arriver, bien, il dit : Nous, pour notre efficacité
énergétique, c'est absolument nécessaire qu'il y ait une réduction de 15 %
à 20 % de la consommation d'électricité entre les mois de janvier à mars.
Et, si ces entreprises-là ne sont pas capables de réduire leur énergie, ils
sont facturés du plus à... parce que ce programme a été mis en place. Alors,
j'essaie plus de penser à ces types de situations où c'est un peu une
imposition d'Hydro-Québec pour forcer les gens d'être plus efficaces, mais,
s'ils ne sont pas capables, ils sont facturés plus. C'est plus dans ce sens-là.
• (15 h 10) •
Mme Fréchette : En fait,
l'objet de l'article ici, c'est plus d'avoir des programmes volontaires. Donc,
il pourrait y avoir des incitatifs intégrés dans ce programme de façon à le
rendre attractif, intéressant, mais ce n'est pas de l'idée d'imposer. Si on
veut imposer, là, il faudrait changer la réglementation, dans le fond, puis
appliquer cette réglementation à tous les clients concernés, mais ici, c'est
plus l'esprit, évidemment, d'avoir quelque chose de volontaire, attractif. Ça
pourrait inclure effectivement des incitatifs, mais ça, ce sera à Hydro-Québec
à définir comment fonctionnera... fonctionneront les programmes s'il y en a
plus d'un. Et, effectivement, ça pourrait s'adresser peut-être une plus large
variété de clientèle que ce que nous, on avait imaginé au départ. Ce n'est pas
inintéressant, comme on disait tout à l'heure, parce qu'on a besoin d'accroître
l'efficacité énergétique, et, dans la mesure où c'est volontaire, les gens
décideront d'eux-mêmes.
M. Kelley : Est-ce que
certains critères vont être déterminés par règlement? Après, je sais qu'on ne
mentionne pas, mais parce que c'est pas mal vague, l'amendement, ça laisse
beaucoup des portes ouvertes. Est-ce que certaines choses vont être déterminées
plus par règlement après ou ça va être déterminé dans les différentes
politiques d'Hydro-Québec ou, quand même, les autres distributeurs
d'électricité?
Une voix : ...
Mme Fréchette : C'est vrai.
C'est la Régie de l'énergie qui fixe non seulement les tarifs, mais également
les conditions. Donc, ça va être là que ça devra être débattu.
M. Kelley : O.K. Et,
j'imagine, parce qu'on a le mot «peut» ici, la régie peut dire non aussi à une
demande?
Mme Fréchette : Oui.
M. Kelley : O.K. Et cette
demande peut être faite n'importe quand pendant l'année, la demande peut venir
n'importe quand d'un distributeur d'électricité.
Mme Fréchette : On n'a pas
intégré d'obligation en lien avec le calendrier, là, c'est...
M. Kelley : ...O.K. Pour
l'instant, je n'ai pas plus de question. Je ne sais pas si mes autres collègues
veulent intervenir à ce stade ici.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres interventions en lien avec
l'article 35.3? Il n'y en a pas. Alors, nous allons passer à la mise aux voix
de l'article 35.3. Est-ce que l'article 35.3 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
l'amendement 35.3 est adopté. Nous revenons donc maintenant... Nous avons deux
options, là, ça dépend où vous voulez aller. L'article 36 a été suspendu, mais
il y a un 37.1, là, à 37, là, qu'on pourrait aller aussi... parce qu'il y a un amendement
aussi qui a été présenté. Ça fait qu'on pourrait aller à 37. Ça dépend de...
Une voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Le
36 a été suspendu. On va juste attendre un petit instant, làé
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Oui,
nous pouvons susp endre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 14)
(Reprise à 15 h 23)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous sommes de retour. Mme la ministre, je vous laisse la parole. Vous avez une
proposition à nous faire.
Mme Fréchette : Merci. Oui,
proposition d'amendement, M. le Président. Donc, article 37.1. Donc, il
est proposé d'insérer, après l'article 37 du projet de loi, le
suivant : 37.1. — juste un moment — L'article 59
de cette loi est modifié par le remplacement, dans le paragraphe 1° du premier
alinéa de «à tous les trois ans» par «de sa propre initiative ou à la demande
du ministre».
Il y a un commentaire également que je
pourrais vous lire, qui va comme suit. Donc, c'est un amendement qui retire
l'obligation de la Régie de l'énergie de fixer à tous les trois ans un montant
au titre des coûts d'exploitation que doit supporter un détaillant d'essence ou
de carburant diesel pour l'application de l'article 67 de la Loi sur les
produits pétroliers.
L'article 67 prévoit une présomption
de pratiques abusives lorsqu'un détaillant vend ses produits à un coût
inférieur à ce qu'il en coûte pour les acheter et les revendre. Le montant au
titre des coûts d'exploitation fixés par la Régie est l'une des composantes de
ce prix plancher.
D'autres amendements proposent de modifier
cet article 67 pour prévoir que la présomption de pratiques abusives qu'il
prévoit s'applique uniquement sur un territoire que le gouvernement détermine
par règlement. Il est possible que le gouvernement ne détermine aucun
territoire et que la présomption ne trouve pas son application sur le
territoire, ce serait le cas à la date de la sanction du projet de loi.
Ainsi, il n'y a pas lieu que la Régie
continue de déterminer le montant au titre des coûts d'exploitation à tous les
trois ans. L'amendement prévoit donc que la Régie pourra faire cette
détermination lorsque cela est utile, de sa propre initiative...
(Interruption)
Mme Fréchette : ...youp!, de
sa propre initiative ou à la demande de la ministre de l'Économie, de
l'Innovation et de l'Énergie. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. Est-ce qu'il y a des interventions? Oui, M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui, après
l'intervention de Me Marois.
Le Président (M. Montigny) : Oui.
Très bien.
M. Kelley : Mme la ministre,
merci. Je ne sais pas si c'est possible peut-être... ou c'est nécessaire, je
regarde mes autres collègues, de déposer aussi des commentaires, mais bref, de
qu'est-ce que je comprends, ça, c'est le pouvoir de la Régie, que la Régie fixe
à tous les trois ans un montant par litre, mais bref, je suis allé plus dans un
montant par litre au titre des coûts d'exportation qui doit supporter un
détaillant, etc. Qu'est-ce que je comprends, ça, ça date des années 2000
environ, qu'on a mis ce pouvoir ou capacité de la Régie de regarder cette
question-là. Ça, c'est en lien avec le prix de plancher qui va... plus tard
dans le projet de loi, mais c'est de bien comprendre la nécessité de changer ça
de trois... de chaque trois ans. Pourquoi on ajoute ça maintenant dans notre
projet loi? Alors, j'ai écouté des commentaires, mais en même temps difficile
difficile de... Je pense que, si on est capable d'avoir une copie, M. le
Président, ça va aider, nous, de bien comprendre l'intention du gouvernement
là-dessus. Alors, j'ai plein de choses, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, très bien. Maintenant, sur la question du collègue, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui, merci,
M. le Président. Donc, c'est un amendement, en fait, qui devient inopérant dans
la mesure où, avec le projet de loi, on abolit le prix plancher. Et ça, c'est
une responsabilité qui était en lien avec l'existence d'un prix plancher. Donc,
a priori, on n'en aura plus, de prix plancher. Advenant qu'il y en ait un qui
soit appliqué à nouveau sur un territoire donné, eh bien, là, on pourrait à
nouveau avoir la régie qui reprend cette responsabilité-là, mais, dans
l'entre-temps, ce n'est pas... ça devient inopérant, ça devient impraticable.
Je pourrais inviter mon collègue député de Beauce-Sud à compléter mon
intervention.
Le Président (M. Montigny) : M.
le député de Beauce-Sud, on vous écoute.
M. Poulin : M. le député de
Jacques-Cartier a la bonne lecture. Effectivement, c'est un peu en lien avec ce
que nous souhaitons faire plus tard, qui est évidemment l'abolition du prix
plancher. Dans un cas, il y aurait une possibilité de réintroduction. Il faut
savoir que le prix plancher est fixé qui s'appelle le...
M. Poulin : ...IQCA, qui est
un prix qui est fixé, qui comprend le prix d'acquisition, le prix à la rampe,
le prix de transport, on ajoute les taxes et on dit : À peu près, dans telle
région, le prix vendu devrait être, par exemple, de 1,40 $, de
1,37 $, un prix qui est modifié à tous les jours. Alors, nous, évidemment,
ce que l'on souhaite, c'est d'enlever cet indice-là, mais, comme la ministre
l'indique, si jamais il devait y avoir une réintroduction pour différentes
raisons avec le temps, parce que ni vous ni moi sommes éternels dans cette
gouvernance-là et les projets de loi doivent nous survivre, bien, il y a cet
amendement-là qui est fixé et qui est mis en place, tout simplement.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, M. le député. M. le député de Jacques-Cartier, vous avez la
parole.
M. Kelley : Oui. Merci
beaucoup. Merci, M. le député, pour l'intervention. Encore, je veux juste...
reviens sur le... quand la ministre ou... sur sa propre initiative versus trois
ans. Est-ce que l'idée, c'est parce qu'un peu avec le prix qu'on voit
présentement de l'essence... l'intention du gouvernement, c'est d'essayer de
demander à la régie de regarder ces questions plus souvent ou c'est... Encore,
je reviens à ce fait qu'on enlève «à tous les trois ans» versus «de sa propre
initiative ou la demande du ministre».
Mme Fréchette : En fait,
c'est pour éviter que la régie ne fasse une opération qui n'est plus nécessaire,
là, qui n'est plus... qui n'est plus requise et qui requiert du temps, des
efforts, des contributions, des audiences. Donc, voilà, c'est pour éviter tout
simplement cette voie-là, dans la mesure où il n'y aurait plus le prix
plancher.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Puis une autre question. Ça, ça ne touche pas... Je sais qu'on va arriver à une
discussion sur le prix de plancher éventuellement, mais est-ce que ça répond un
peu aux inquiétudes de certains groupes qui disent : Bien, le prix de plancher
risque que les grands Costco et puis les autres peuvent nuire à la
compétitivité des petits détaillants en région? Est-ce qu'il y a un lien entre
cette crainte qu'on veut quand même protéger certaines petites... les
dépanneurs en région qui ont une station d'essence, est-ce qu'il y a un lien
avec ça? Et je pose la question par... le dernier bout qui... «elle peut fixer
des montants différents selon des régions qu'elle détermine», alors de...
Est-ce que ça donne, le gouvernement, la capacité de demander à la Régie de
regarder une question comme ça? Ça serait comme la frontière avec l'Ontario? Je
sais que, mon collègue en face de moi, à Gatineau c'est l'enjeu pour certains
détaillants d'essence, que ça risque de fermer leurs portes si le prix de
plancher donne trop... trop de place à des Costco de ce monde.
• (15 h 30) •
Le Président (M. Montigny) : M.
le député de Beauce-Sud a demandé la parole. Je vous la cède immédiatement.
M. Poulin : Oui, absolument.
Je vais me permettre de répondre, évidemment, comme député qui est extrêmement
sensible à cet enjeu, qui a travaillé sur ce dossier-là, qui, en plus, a le
plaisir d'être l'adjoint parlementaire de la ministre. Il y a beaucoup de
questions dans ce que vous dites, il y l'enjeu du transfrontalier que vous
soulevez avec Gatineau, que... puis qui est différent souvent de l'Ontario,
Gatineau, que du Nouveau-Brunswick, qui est une autre réalité différente, on va
y venir.
Maintenant, l'argument du Costco, je pense
qu'il faut l'adresser. Le prix plancher a été mis en place au Québec en 1997, à
contrecœur, par le Parti québécois. Il faut aller lire la revue de presse de
l'époque. Guy Chevrette mentionnait qu'il ne souhaitait pas instaurer un prix
plancher au Québec. Il y avait, à ce moment-là, une guerre de prix où on
pouvait retrouver l'essence vendue à Montréal à 0,25 $, 0,45 $. Il
met en place le prix plancher pour tenter de sauver les indépendants, ce qui
n'a pas eu lieu, on est passé de 5 000 stations d'essence, au Québec,
à 2 779, et, malgré tout ça, le nombre de litres vendus a augmenté. Alors,
malgré tout, on vend plus de litres d'essence avec moins de stations. Alors, le
prix plancher n'a pas permis de protéger ce que l'on dit des indépendants.
Aujourd'hui, des indépendants purs, il en reste 70, O.K.? L'association qui,
jusqu'à présent, s'oppose au prix plancher... Et d'ailleurs, parenthèses, le
prix plancher, seulement en Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard en ont,
l'Ontario n'en ont pas, l'Alberta n'en ont pas, et on réussit à avoir différents
modèles de stations d'essence qui se retrouvent sur le territoire. Maintenant,
ce qu'il faut mentionner également, c'est qu'ils se sont envoyé des stations
d'essence plus de 4 783 mises en demeure dans les dernières années
parce que le concurrent vendait l'essence pas assez cher. Alors, c'est plus de
4 000 occasions d'avoir des rabais dans certaines régions à certains
moments donnés de la semaine pour pouvoir avoir l'essence le moins chère.
Alors, les indépendants, 70 indépendants purs, ceux qui se disent indépendants
présentement, ont parfois plus de 400 stations d'essence sur le
territoire. D'ailleurs, dans plusieurs entrevues, ils mentionnaient, bien avant
qu'on parle du prix plancher de l'essence, de mes sorties en...
15 h 30 (version non révisée)
M. Poulin : ...en 2023, il
disait : Notre modèle d'affaires doit être revu pour l'électrification,
mais aussi les stations d'essence, c'est important de le dire, ne vendent pas
seulement de l'essence, dans une très grande proportion, font également du
profit sur la nourriture, sur les produits alcoolisés, sur le lave-auto, s'ils
en ont un, ou autre. Alors, de permettre le libre marché ou la libre
concurrence, il n'y a pas d'automatisme de fermeture, bien au contraire. Et
vous citiez Costco, adressons-le, M. le député, parce que votre question est
extrêmement légitime. De un, Costco ne se trouve pas dans toutes les régions du
Québec, de un. De deux, si jamais il décide de baisser le prix de l'essence, c'est
un libre marché, ils ont la possibilité de pouvoir le faire. Vous savez, des
prix plancher, on ne retrouve pas ça dans les vêtements, on ne retrouve pas ça
dans l'alimentation, à part, évidemment, bon... il y a des enjeux avec le prix
de la bière, mais, dans sa grande généralité... Alors, nous, ce qu'on dit, c'est :
Laissons le marché faire son travail. La population québécoise utilise encore
beaucoup des véhicules à essence, soit davantage de rabais, alors laissons-le
en place.
Maintenant, sur le transfrontalier, il y a
déjà ce qu'on appelle le rabais PPC, O.K., qui est un rabais qui est donné
notamment dans la région de l'Outaouais, moins de cinq kilomètres, et tout,
pour ces enjeux-là. Maintenant, pour certaines stations, abolir le prix
plancher va leur permettre d'être concurrentielles, donc d'arrêter d'avoir une
fuite commerciale vers l'Ontario, le Nouveau-Brunswick. Ils vont pouvoir
descendre à ce prix-là. Dans le cas de certains, présentement, ils doivent
effectivement avoir une disparité. Vous savez, la taxe carbone ici est autour
de 0,09$, payée par celui qui acquiert l'essence, qui distribue l'essence, et, en
Ontario, Nouveau-Brunswick, on est autour de 0,20$. Alors, c'est sûr que ça
crée présentement des disparités causées par le gouvernement fédéral, il y aura
un budget de Mark Carney, puis on a hâte de voir ce qu'il va faire à ce
niveau-là, mais, somme toute, le prix plancher laisse ce libre marché, cette
libre concurrence.
M. Kelley : Merci beaucoup, M.
le député. Et ces 61 stations d'essence se trouvent où sur le territoire du Québec?
Est-ce qu'on... J'imagine, c'est vraiment en région. Est-ce qu'ils sont où on
ne trouve pas le Costco ou est-ce...
M. Poulin : Un peu partout.
Il faut savoir que certains, c'est le fameux modèle du gaz-bar. Alors, par
exemple, la personne a un atelier mécanique et, dans sa municipalité éloignée,
par exemple, a une ou deux stations d'essence. Mais je vous invite à faire l'exercice,
c'est assez rare. Il y en a, on ne dit pas qu'il n'y en a pas, mais, très
souvent, les gens sont associés à des bannières, des bannières. Certains ont
des contrats... Parce que 82 % de l'essence au Québec est gérée par un
centre de prix, c'est important de le dire. Alors, c'est des centres de prix
extrêmement rigoureux qui analysent par municipalité, par exemple, l'essence
vendue. Donc, même dans un plus petit milieu, on peut être associé à une
bannière, et c'est la bannière qui décide du prix qui est vendu à la pompe.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Et merci pour les interventions. C'est clairement un député qui connaît le
dossier très bien, mais encore...
M. Poulin : J'apprécie, M. le
député.
Le Président (M. Montigny) : ...M.
le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui. Non,
parfait. Pour l'instant, je n'ai pas plus de questions. Je ne sais pas si mes
autres collègues veulent fouiller un petit peu avec cet amendement, proposition
d'amendement.
Le Président (M. Montigny) : Oui,
il y a une demande du député de Maurice-Richard. M. le député, je vous laisse
la parole... Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci beaucoup.
Rapidement, sur les prix plancher, est-ce que je comprends que le fait d'avoir
mis des prix plancher n'a pas permis de sauver toutes les stations-service
indépendantes? Bon. Mais peut-être que ça aurait été pire, en fait, sans le...
Est-ce qu'il y a eu des simulations, des analyses qui peuvent prouver que ça
aurait pu être pire sans le prix plancher? Est-ce...
Le Président (M. Montigny) : M.
le député.
M. Bouazzi : ...qu'il y a de
telles...
Le Président (M. Montigny) : Oh!
Excusez-moi, je ne voulais pas vous couper.
M. Bouazzi : Non, non, c'est
très bien.
M. Poulin : Bien, c'est une
excellente question, parce qu'en fait, on a réussi, somme toute, à maintenir au
Québec un nombre de stations d'essence... il y en a qui ont fermé dans certains
territoires, mais on va vous dire qu'à certains endroits, il y a trop de stations
d'essence. Chez nous, c'est 14 stations d'essence dans la même ville. C'est
plus que la moyenne québécoise par 5000 habitants. Et, lorsqu'on a rencontré
les essenceries, ils nous ont dit : Bien, on maintient les prix vers la
hausse chez vous parce qu'on essaie d'être rentable, on n'a pas assez de monde
par station d'essence. Alors, c'est à se demander si, par moment, la
compétition n'a pas nécessairement aidé à une meilleure compétition comme
telle.
Ensuite, ils ont quand même vendu plus de
litres d'essence entre 1997 et aujourd'hui. Pourquoi? Population du Québec qui
a augmenté, évidemment. Donc, des gens qui consomment de l'essence davantage au
cours des dernières années. Donc, les analyses nous prouvent et, on a fait un
rapport avec docteur... pas docteur, mais plutôt Pr Robert Clark, qui mentionne
non seulement qu'on a un nombre de stations d'essence au Québec qui est encore
très correct, où les gens ont le choix... vous vous promenez sur un boulevard,
vous avez quand même relativement le choix, et qu'en plus de ça, bien, leur
marge de profit...
M. Poulin : ...ont augmenté en
2018 et 2023. Donc, le choix que l'on fait, c'est de laisser le marché se
faire. Est-ce qu'on veut protéger un nombre de stations d'essence par région —
c'est la question qu'on se pose — ou est-ce qu'on veut s'assurer que le
consommateur ait le plus de choix à faire? Mais l'impact du prix plancher, en
fait, il est difficile de dire : Est-ce qu'on serait... on en aurait fermé
2 000 de plus, 1 000 de plus, 3 000 de plus? Pas nécessairement,
parce qu'ils ne sont pas tant collés au prix plancher que ça. Dans la dernière
année, oui, vous regardez 2024, beaucoup de stations d'essence se sont collées
au prix plancher. Ça veut dire que certaines auraient descendu en bas, ça veut
dire qu'on aurait pu payer notre essence moins cher. Mais, dans le cas de
d'autres, on est à 0,10 $, 0,15 $ au-dessus du prix plancher. Donc,
pour répondre à votre question, ça n'a pas toujours été un référent pour eux.
M. Bouazzi : J'entends, mais
moi, ce que j'entends dans votre réponse ma question, c'est... bien, en fait,
un, on ne le sait pas, si ça va faire en sorte qu'il y en a qui vont fermer et,
deux, bien, il y a des endroits, ça serait donc... ce serait bien qui... la
concurrence fasse qu'il y en a qui ferme parce que ça va faire que le prix est
moins cher.
M. Poulin : C'est des
observations. Chaque marché est différent. Donc, c'est... Moi, je ne fais pas
cette conclusion-là, je vous fais référence à une rencontre où ils nous ont
mentionné ça notamment.
M. Bouazzi : .K. Mais, je
veux dire, pour l'instant, il n'y a aucune de vos phrases qui dit : Oui,
nous sommes confiants... Parce que l'idée du prix plancher, c'était de
dire : Si on se retrouve avec moins de joueurs et des joueurs qui, tout
d'un coup, sont capables de jouer tout seul et donc, à terme, de tuer une
partie de la concurrence et de relever les prix, une fois que tous les petits
joueurs sont morts, parce qu'ils ne sont pas capables d'avoir des prix aussi compétitifs
que les gros... et donc, en fin de compte, le prix de l'essence va augmenter,
là, c'est comme... c'est pour ça qu'il y avait un prix plancher. Moi, ce que
j'entends de tout ce que vous avez dit, c'est : Nous n'avons aucune preuve
que ça va ou pas fermer des stations-service.
M. Poulin : Bien, rien ne
nous porte à croire qu'il y aura des fermetures de stations-service dans la
mesure où plusieurs d'entre elles ont été très loin du prix plancher au cours
des dernières années, où, à Québec, Chaudière-Appalaches, Côte-Nord,
Bas-Saint-Laurent notamment, ils ont été très loin du prix plancher, alors ils
se sont maintenus en vie en étant très loin. Et puis un élément important que
je ne vous ai pas mentionné, 71 % des stations d'essence présentement sont
propriété des cinq plus gros joueurs avec le prix plancher. C'est important,
ça. Ça veut dire qu'on fait davantage dans un équilibre et la demande. Dans
certaines régions on paie plus, dans d'autres on a des rabais. Je vous donne un
exemple. J'ai demandé pourquoi, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, on paie moins cher
qu'ailleurs au Québec. On dit : C'est parce qu'il y en a un là-bas, il est
plus agressif. Ah! bien, tant mieux, les gens là-bas paient moins cher leur
essence. C'est une bonne nouvelle. Les lois du marché font leur impact et ont
leur résultante. Alors, la compétition est positive pour le consommateur. Puis,
sur le nombre de stations d'essence, malgré cette présence-là, les stations ont
quand même fermé au cours des dernières années tout en étant parfois très loin
du prix plancher dans certains cas, notamment entre 2018 et 2023, dans
certaines régions, on était loin du prix plancher.
• (15 h 40) •
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci.
M. Bouazzi : Je vous entends,
mais... Alors, moi, je ne maîtrise pas le sujet comme vous, parce que vous
semblez effectivement avoir passé beaucoup de temps à l'analyser, mais c'est
juste, je reprends les exemples que vous donnez en parlant de votre propre
circonscription, le fait qu'il y ait trop de vos propres aveux, là.
M. Poulin : Des propos qu'on
a eus d'essenceries, effectivement, rencontres...
M. Bouazzi : Exact. Et donc,
en fait, vous espérez que cette concurrence... enfin, «vous espérez», vous
pensez, j'imagine, que cette concurrence va en tuer un ou deux des 14.
M. Poulin : Non, je n'ai pas
cet objectif-là. Parce que chaque station a un parcours différent. Vous
comprenez que les nouvelles stations qui se sont construites dans les
10 dernières années, par exemple, avec un lave-auto, beaucoup de pieds
carrés, tout ça, ne sont pas rentables, mais on en a d'autres qu'ils le sont.
Alors, c'est ça, les lois du marché, les études de marché qui doivent se faire.
Moi, je souhaite que le portrait demeure le plus intact possible, sauf pour le
prix vendu. D'ailleurs, dans la dernière année, les marges de profit ont
diminué. Donc, ça, c'est une bonne nouvelle. Mais, 2018 à 2023, ce n'est pas
juste chez nous, M. le député, là, la Capitale-Nationale, le Bas-Saint-Laurent,
la Côte-Nord, l'Abitibi a eu des hausses fort importantes en termes de marges
de profit. Donc, c'est à eux qu'il faut penser à ce niveau-là, puis c'est
là-dessus sur lequel on compte travailler. Puis, avant 1997, il n'y en avait
pas. Il y a eu une guerre de prix. Mais, dans le cas des autres provinces à
travers le Québec... à travers le Canada, il n'y a pas de prix plancher, on
laisse le marché pouvoir se faire. Alors, tout dépendant du nombre, pour
répondre à votre question, ils se gouvernent d'une certaine façon.
Le Président (M. Montigny) : Bien,
très bien. Merci, collègue...
Le Président (M. Montigny) : ...est-ce
qu'il y a d'autres interventions? M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : D'abord, je
voudrais juste... Ça va me faire plaisir d'avoir une discussion avec le député
de Beauce-Sud. Mme la ministre, ça vous va... Très bien.
Mme Fréchette : Parfait. J'en
bénéficie moi-même...
M. Paradis : Je sens...
Mme Fréchette : ...connaissance
spécialisée sur le sujet.
M. Paradis : Parce que je
pense qu'on peut poser nos questions...
Mme Fréchette : Exact.
Le Président (M. Montigny) : Juste
pour le bénéfice de tous, les députés autour de la table, même du côté de la
banquette ministérielle, ont quand même une limite de temps prévue dans les
règles. Donc, 20 minutes au total, ce que Mme la ministre n'a pas, évidemment,
dans les échanges de questions. Je voulais juste préciser ça. Merci. M. le
député de Jean-Talon.
M. Paradis : Merci. M. le
député de Beauce-Sud...
M. Poulin : M. le député de
Jean-Talon...
M. Paradis : ...on vous
sentait fringant d'en parler.
M. Poulin : Ah! ça fait des
jours. Je n'y croyais pas quand on me l'a annoncé que j'étais...
M. Paradis : On vous a vu
vous allumer, là. Très bien.
M. Poulin : Ah oui! Vraiment,
vraiment, j'ai le goût d'aller faire le plein.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Poulin : Ça se rend
jusque-là.
M. Paradis : Mais ça dépend à
quel coût, mais ça dépend à quel coût, certainement pas en Beauce, mais à
Québec aussi, vous avez raison.
J'aimerais, puis vous avez des questions très
précises et, là-dessus, je pense que ce qu'il faut apprécier, c'est que le
gouvernement l'indique, mais, là-dessus, il y a une étude très détaillée qui a
été produite l'année dernière, qui est l'étude Clark, et ça, c'est ce qu'on
veut. Donc, je voudrais quand même le saluer qu'il y a cette étude-là qui mène
à certaines prises de position. Maintenant, quelles solutions? C'est à discuter
ici.
Vous nous parlez donc du prix plancher, et
c'est vrai, vous avez eu l'échange avec mon collègue de Jacques-Cartier, c'est
lié à d'autres articles qui vont venir plus tard dans l'étude du projet de loi.
Espérons-le, espérons-le, n'est-ce pas, qu'il n'y aura pas de bâillon pour
qu'on se rende là. Mais, ici, on est sur l'établissement du coût d'exploitation
que doit supporter un détaillant en essence ou en carburant diesel qui est-ce
qui est la base, finalement, ensuite de la fixation du prix plancher. Dans le
rapport Clark, on parle beaucoup de mesure de transparence sur l'indice...
l'indicateur quotidien du coût d'acquisition, l'IQCA, qui, le rapport nous
l'apprend, devrait tendre à se rapprocher le plus possible du coût
d'acquisition qui est lié notamment à ses coûts d'exploitation. Et je comprends
que les amendements que vous avez présentés un peu plus tard se dirigent dans
cette direction-là. On va en discuter plus tard.
Mais, néanmoins, ça, c'est quand même un
peu une base. Mais je comprends aussi que, dans le rapport Clark, si je me
souviens bien, on parle du fait qu'il y a quand même des coûts à
l'établissement de ce montant, donc, qu'on appelle les coûts d'exploitation à
supporter pour un détaillant à essence. Mais outre cette question-là, est-ce
qu'il n'y a pas des avantages à quand même garder cet indice de référence qui
est actuellement prévu par l'article 59, qui aide tout le public aussi à
comprendre le fonctionnement d'une industrie qui, j'en suis convaincu, le
député de Beauce-Sud va être d'accord avec moi, ne se caractérise pas
nécessairement par sa grande transparence. Donc, est-ce qu'on a... Ma
question est vraiment : Est-ce que c'est nécessaire d'enlever ce calcul-là
pour ensuite établir les autres dispositions, dont on va discuter plus tard,
mais qui visent finalement à fonctionner sans... Ça veut dire qu'il n'y aura
pas nécessairement de prix plancher. Je le sais que vos amendements, ce n'est
pas à l'effet qu'il n'y en aura jamais, c'est qu'il n'y en aura plus
nécessairement un. Mais est-ce qu'il y a besoin d'enlever ça ici? Est-ce qu'on
n'aurait pas intérêt à dire : Bien, on va fonctionner autrement, mais on
va laisser ce calcul-là aux trois ans?
M. Poulin : Oui. Je comprends
bien votre question, qui est d'essayer de maintenir un mécanisme d'une certaine
surveillance. Deux éléments que je vois, le prix d'acquisition à l'essence, il
est public présentement. Alors, le prix d'acquisition vendu à la rampe, alors
acquis, par exemple, par Valero ou d'autres, vous pouvez facilement le
retrouver sur Internet. Alors, par exemple, 0,97 $, on sait le prix, et, vous
savez, avec les enjeux internationaux, les enjeux d'approvisionnement, tout ça
peut changer. Alors ça, ça demeure un outil de référence qui est important de
dire le prix vendu à la rampe est de 0,97 $, et ça, ça ne change pas, parce que
c'est déjà publié, notamment par les compagnies d'essence. Plus tard, et on va
en parler, on va mettre en place un régime de transparence qui va obliger les
stations d'essence à nous communiquer en temps réel chaque changement à la
pompe. Alors, vous, vous êtes sur l'autoroute 20, vous vous rendez à Montréal,
vous voulez savoir Est-ce que je vais faire le plein à Drummondville ou à
Saint-Hyacinthe? Bien, vous allez être capable de voir en temps réel où c'est
le moins cher, et ça va nous donner des données de surveillance, pour répondre
à votre question et votre participation, pour le Bureau fédéral de la
concurrence qui doit jouer son rôle, qui a déjà vu de la collusion, vous savez,
dans certaines municipalités à travers le Québec que vous connaissez, pour
lequel il y a déjà eu des gens qui ont été reconnus coupables. Maintenant, les
amendes qui ont été données à l'époque, on peut en rediscuter puisqu'elles
avaient été retournées...
M. Poulin : …aux citoyens par
la suite, mais je pense qu'on vient répondre à votre nécessité de garder de la
transparence en… Le prix d'acquisition demeure public, et on va imposer un
régime de transparence pour voir la différence entre le prix de l'essence vendu
par région. Si jamais, effectivement, vous dites : On le réintroduit, la
ministre peut le faire assez rapidement. Si elle dit : J'ai l'impression
que, dans une certaine région, il se passe quelque chose, bien, on remet les
mécanismes en place. Les exemples sont notés, et ça peut se faire quand même
assez rapidement également par la suite. Donc, je pense qu'on se laisse des
mécanismes de surveillance malgré tout.
M. Paradis : Et je… les
mécanismes de transparence que vous ajoutez, je vous le dis, ça… c'est
intéressant, j'ai hâte qu'on en discute, s'il n'y a pas de bâillon.
M. Poulin : On peut en
discuter aujourd'hui.
M. Paradis : Il y a d'autres
articles sur des sujets très importants qui s'en viennent, vous le savez, mais
c'est intéressant. Vous ajoutez, de fait, ou, en tout cas, je pense qu'il y a
une volonté d'ajouter des éléments, des mécanismes de transparence. Ça va
être... ça va être intéressant d'en discuter.
Néanmoins, ma question, j'y reviens :
Est-ce que c'est nécessaire d'enlever ce qui était aussi… ou ce qui est
actuellement un mécanisme de transparence? C'est-à-dire j'ai l'impression qu'on
pourrait garder cette obligation-là et ajouter ce que vous ajoutez dans les
autres amendements, parce que c'est vraiment un domaine où il y a peu de
transparence. La différence, parce que, c'est vrai, vous avez parlé du coût
d'acquisition, qui est connu, et vous avez parlé des mécanismes que vous allez
ajouter, donc, ils vont permettre aux consommateurs de voir un peu c'est quoi,
les marges, puis qu'est-ce qui se passe dans telle région par rapport à telle
région.
Bien, fort bien qu'on ajoute, mais
pourquoi on enlèverait le fait que, devant la régie, de manière officielle, à
tous les trois ans, il y a un mécanisme qui permet aux Québécois de dire :
Ha! Ha! Au-delà des communications des uns et des autres, les coûts
d'exploitation, en gros, c'est ça. Donc, on part de cette base-là, et c'est un
outil additionnel de transparence.
Donc, en d'autres mots, on va discuter de
ce que vous voulez ajouter ailleurs, ce qui est bien, ce qui pourrait être
bien. Mais est-ce que c'est vraiment nécessaire d'enlever celui-là? Je conviens
que ce que ça dit, c'est : Ah! la régie peut quand même le faire, la
ministre peut demander à la régie de le faire, mais c'est quand même mieux de
dire : Aïe! À tous les trois ans, là, on va se faire un portrait du
secteur. Puis, ça, ces données-là, une fois que la régie les a établies, elles
ont un certain caractère d'objectivité qui va au-delà de la... Parce qu'il y a
beaucoup de communication, vous le savez, des acteurs, peu d'information,
beaucoup de communication.
Donc, ma question, en gros, tout ça pour
dire : Est ce que vous ne devriez pas laisser là cette obligation qui est
un autre mécanisme de transparence?
• (15 h 50) •
M. Poulin : Deux ou trois
éléments. Puis merci parce que je pense qu'on partage le même but de rendre les
éléments plus transparents dans la vente de l'essence au Québec.
L'IQCA a fait qu'il y a eu plus de
4 700 mises en demeure qui ont été envoyées dans les dernières années
entre essenceries. Le temps de traitement de la Régie de l'énergie qui a
empêché la concurrence... Donc, dites-vous que des citoyens qui n'ont pas pu
acheter leur essence moins chère parce que le compétiteur, bannière ou grande
bannière ou petite bannière se sont envoyés... Donc, de le laisser en place, en
fait, a aussi provoqué des mises en place de mises en demeure.
Je pense, je pense, somme toute qu'avec le
régime de transparence que l'on souhaite mettre en place, qu'avec le prix
d'acquisition à la rampe, nous venons nous donner quand même des outils de
transparence. Puis je vous dirais, M. le député, là, puis je conclurai
là-dessus, l'équilibre régional va aussi être la clé dans la transparence.
Parce que, que Québec, Chaudière-Appalaches, des fois, à 10 cents de
différence, il faut se questionner, quand vous savez très bien où est la
raffinerie, qu'en Mauricie, c'est sûr, sur le bord de la 20, on a du volume,
donc on baisse un peu le prix, les gens achètent des chips, des Skettles, on
réussit à se rentabiliser, on baisse un peu le prix, mais on fait
10 kilomètres dans les terres, puis c'est 15 cents de plus. On a le droit
de se questionner. D'où d'avoir le régime de transparence.
Puis, puisque la marge de profit demeure
superimportante, e régime va nous permettre de surveiller la marge, même s'il
n'y a plus l'IQCA parce qu'on va avoir les chiffres à la grandeur du Québec.
Mais on... Mais on se laisse le pouvoir éventuellement de le réintroduire, si
jamais il y a des calculs que l'on doit faire.
Le Président (M. Montigny) :
M. le député.
M. Paradis : Le député a
raison, on se rejoint beaucoup sur les objectifs. Tout ce qu'on va pouvoir
faire pour obliger la transparence va être au bénéfice des consommateurs au
Québec, qui vont avoir des moyens d'eux-mêmes faire des vérifications puis
d'eux-mêmes savoir quand ce qu'on entend à la radio, là, que là, soudainement,
tout le monde part en vacances, là, les prix augmentent, puis tout le monde se
dit : Attends, là, il n'y a aucune variation dans le prix du baril du
pétrole, mais ils peuvent se...
M. Paradis : ...aussi à
l'indicateur du coût quotidien d'acquisition et au mécanisme qui existe actuellement
à l'article 59. Donc, est-ce que... est-ce que le député ne convient pas
ici que, peut-être, on est allé un petit peu vite? Parce que c'est vrai...
encore une fois, je le redis, c'est vrai que ça semble très intéressant, ce que
vous proposez comme mécanisme de transparence ailleurs, mais est-ce qu'on a
besoin d'abandonner ça?
Je pense... Tu sais, c'est... Des fois,
là, quand tu veux monter ta colonne de Jenga, là, tu sais, c'est bien, là, tu
mets des nouveaux blocs, mais, si tu en enlèves en dessous, c'est chambranlant.
Ici, moi, je pense que vous pourriez le laisser. Puis cet amendement-là n'est
pas aussi nécessaire que les autres que vous allez proposer plus tard à
l'édifice que vous voulez construire. Parce que ça, ça fait juste dire : À
chaque trois ans, on se met d'accord devant la régie sur combien ça coûte dans
cette... dans ce domaine-là, puis là... Puis, vous le savez, une fois que c'est
fait devant la régie, là on a quelque chose de très objectif, de très fixe, qui
nous aide pour la suite des choses.
M. Poulin : Bien, un peu plus
tard, on va demander à la régie de nous rendre annuellement compte de
l'évolution du marché de l'essence au Québec. Donc, on aura au moins cet
exercice annuel là de reddition de comptes qui se fera sur une base annuelle.
Donc, ça, ça s'en vient puis ça, ça demeure important.
Je comprends votre préoccupation. Je
comprends votre enjeu. Je pense que les... tu sais, le temps que ça va prendre,
là, j'aime mieux mettre les énergies de la régie sur le mécanisme nouveau de
transparence qu'on va créer que l'IQCA sur une base quotidienne. Je comprends
votre préoccupation, mais c'est le choix qu'on fait de se tourner vers ces
nouveaux mécanismes de transparence là, parce qu'au bout du compte l'IQCA
servait pour le prix plancher, que l'on souhaite abolir, alors... Mais on a
d'autres mécanismes de surveillance qui vont venir répondre au même objectif,
et même un objectif meilleur d'alimenter le Bureau fédéral de la concurrence
sur les disparités régionales également, et s'il y a une coordination des prix,
vous savez, dans la même ville.
M. Paradis : Ce qui est... Ce
qui est un autre... Ce qui est un autre élément intéressant, là, dans ce que
vous proposez, c'est-à-dire de pouvoir activer le plus de mécanismes possible.
La différence, c'est vraiment ici. C'est qu'une fois que la régie l'a fait, il
y a un caractère d'objectivité qui lui donne un certain statut par rapport à
d'autres mécanismes. Puis pensez à mon exemple du Jenga. M. le député Dubuc,
j'utilise cet exemple-là avec votre permission, parce que je sais que, la
dernière fois que j'ai parlé d'un jeu de société ici, ça vous avait ému,
j'espère que le Jenga, ça, ça passe la rampe au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Mais
donc, prenez mon exemple de Jenga. Je pense que vous êtes en train de... vous
avez une intention de bâtir un édifice, peut-être qu'il n'y a pas besoin
d'enlever des blocs en bas et qu'au contraire ces blocs-là contribuent à la
solidité de l'édifice. Parce que là, la régie va l'avoir dit.
D'ailleurs, je note avec intérêt que vous
ne l'éliminez pas. Vous dites : Maintenant, la ministre va pouvoir le
demander ou la régie, de son propre chef, va pouvoir le demander. Moi j'aime
mieux quand ça dit... Il y a une chose qui est sûre... puis tant mieux si ça se
passe annuellement, mais il y a une chose qui est sûre, quand c'est
l'obligation, c'est qu'à tous les trois ans ça se passe, c'est sûr, puis tout
le monde est capable de regarder ça.
Donc, moi, je dirais que cet
amendement-là, ce n'est probablement pas le plus nécessaire. Puis même, au
contraire, il pourrait fragiliser votre édifice. J'y penserais à deux fois.
Le Président (M. Montigny) : ...simplement
pour information pour tous. Je l'ai dit tout à l'heure, M. le député de
Beauce-Sud a quand même une période de temps maximum de 20 minutes. Puis là,
j'ai une collègue qui insistait pour prendre la parole, probablement avant que
le député n'ait plus de temps. Alors, Mme la députée de Robert-Baldwin, je vous
cède la parole.
Mme Garceau : Je ne sais pas
qui va répondre à la question mais la voici. Je tente, M. le Président... Parce
que l'article... l'amendement que nous voyons à l'article 59 réfère à
l'article 67 de la Loi sur les produits pétroliers. Et là, je tente de
voir l'objectif de cet amendement en lien avec l'article 67. Parce qu'on
parle ici de pratiques abusives dans la vente de l'essence. Et on mise beaucoup
sur la vente entre l'entreprise qui vend au détail de l'essence à un prix
inférieur à ce qu'il en coûte à un détaillant de cette zone. Et donc je tente
de voir là c'est quoi l'objectif. Pourquoi ne pas laisser «la régie fixe à tous
les trois ans un montant»? Pourquoi est-ce qu'on est en train de mettre «de sa
propre initiative» et que le gouvernement maintenant va être impliqué
là-dedans?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. En réponse?
Mme Fréchette : Si Me Marois
pouvait...
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Me Marois, je crois qu'aujourd'hui nous ne vous avions pas encore cédé la parole.
Me Marois, je vous invite...
Mme Fréchette : Peut-être
commencer à être sur...
Le Président (M. Montigny) : ...Oui.
Est-ce que nous avons vraiment le consentement pour lui céder la parole? Nous
l'avons vraiment. Alors, Me Marois, comme nous avons consentement, nous vous
invitons à vous présenter.
M. Marois (Samuel) : Samuel
Marois, avocat au ministère de la Justice. Vous m'avez peut-être entendu tantôt
échapper plein... plein de choses. Ça va mieux maintenant. Je me suis repris.
Donc là, je ne sais pas si vous l'avez vu,
mais je voulais faire un amendement qui est déposé dans le Greffier. C'est
l'article 125.1 qui modifie l'article 67 de la Loi sur les produits
pétroliers.
Donc, l'amendement qu'on étudie en ce
moment concernant l'article 59 de la Loi sur la régie doit être compris à
la lumière des modifications qui sont faites par l'amendement à venir et qui
sera étudié à l'avenir, 125.1. Donc, ce qu'on dit avec cet amendement, qui modifie
l'article 67 de la Loi sur les produits pétroliers, c'est que, dans le
fond, ce qu'on appelle le prix plancher - vous ne trouverez pas ces mots-là
dans l'article, mais c'est comme l'effet de l'article - ça va s'appliquer
seulement dans un territoire que le gouvernement peut déterminer par règlement.
Donc là, le gouvernement, selon le marché,
pourrait ne pas déterminer le territoire. Et puis d'ailleurs, à la date de la
sanction du projet de loi, il n'y aurait pas de territoire. Il n'y aurait pas
de... Il n'y aurait pas de règlement donc il n'y aurait pas de prix plancher
qui s'appliquerait nulle part.
Donc là, incidemment, pour
l'article 59, bien, ça devient... ça peut devenir... en tout cas, il y a
des... il y a eu des débats à ce sujet, mais ça peut devenir... il peut... ça
peut être perçu comme inutile, de fixer tous les trois ans un montant... des
coûts d'exploitation pour les fins de l'application de 67 dans la mesure où il
n'y a pas de prix plancher. Donc là, l'amendement qui est proposé a pour but de...
que ce montant-là... des coûts d'exploitation, soit fixé quand c'est utile de
le faire, donc quand la Régie le juge utile, donc, de sa propre initiative. Ça
pourrait aussi être à la demande de la ministre, qui va nécessairement venir
voir la prise d'un règlement, là. Ça fait que ça permet d'activer la
disposition pour fixer un montant.
• (16 heures) •
Mme Garceau : O.K. Me Marois,
vous allez me dire, la modification de l'article 125, c'est à quelle page?
M. Marois (Samuel) : Ce n'est
pas dans votre cahier parce que c'est un amendement.
Mme Garceau : O.K. C'est un
amendement. Bon. Parce que, là, l'amendement 125.1 est en train d'amender
l'article 67.
M. Marois (Samuel) : De la
Loi sur les produits pétroliers.
Mme Garceau : O.K. Mais là,
ce que je dis, c'est là on est en train d'adopter un amendement à
l'article 67, tel que... tel qu'il existe aujourd'hui. Donc là, est-ce
qu'on ne devrait pas aller... Je ne sais pas, là, je parle à haute voix. Parce
qu'il me semble, si on va amender l'article 67, il faut aller à l'article
qui va amender l'article 67 en premier. Parce que là, ça veut dire que
l'article 59, ce ne sera pas l'article 67 tel que... tel que
l'article qui existe aujourd'hui. Voyez-vous ce que je veux dire?
M. Marois (Samuel) : Ce n'est
pas à moi d'en décider.
Le Président (M. Montigny) : Me...
Me... Merci, Me Marois.
Mme Garceau : Là, il y a
quelque chose.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Simplement pour savoir s'il y a d'autres interventions, peut-être? Mme la
ministre, on va attendre un peu de savoir... Souhaitez-vous une suspension
quelques instants? Non. Mme la députée.
Mme Garceau : On peut-tu
suspendre?
Le Président (M. Montigny) : Vous
demandez une suspension?
Mme Garceau : Oui. S'il vous
plaît.
Le Président (M. Montigny) : Nous
allons suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 02)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 13)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous reprenons donc nos travaux. Nous sommes toujours à l'étude de la
proposition 37.1. Pour le bénéfice de tous, l'article 39 est
suspendu. Puis, dans la séquence qui est proposée, là, après 39, évidemment, c'est
40, mais 39 est suspendu, mais, pour l'instant, nous sommes à l'étude du 37.1.
Alors, des interventions, toujours en lien avec le 37.1? M. le député de
Jean-Talon, on vous écoute.
M. Paradis : Très bien. Donc,
je continue le dialogue avec le député de Beauce-Sud. Et je sais que c'est lié
aussi, donc, aux autres articles qui viennent plus tard, mais, quand même, on
peut commencer à se donner une idée. Donc, ici, c'est vraiment… c'est le… les
coûts d'exploitation que doit supporter un détaillant en essence ou en
carburant diésel, qui servait à établir ensuite le prix plancher. Donc, je… de
nouveau, je suggère que vous n'avez pas besoin, que vous ne devriez pas enlever
ça, parce que ça peut rester, tout en gardant l'architecture que vous allez
proposer, Mais l'objectif, donc, est d'agir sur le prix de l'essence. parce que
vous avez identifié, donc, une problématique, notamment à la suite du… de la
décision du premier ministre Carney d'éliminer la taxe carbone au fédéral. Donc,
on cherche des solutions. Vous, l'élimination… Donc, ce que vous prévoyez, là, ça,
et les autres articles qui viennent avec, vous voyez… vous voyez quel effet sur
le prix de l'essence et en combien de temps?
M. Poulin : Bien, deux, trois
éléments. Bien avant l'arrivée de Mark Carney en politique, j'ai dénoncé les
marges de profit, notamment à Québec, Chaudière-Appalaches et ailleurs au
Québec. Deux rapports de la Régie de l'énergie sont venus nous donner raison et
le rapport Clark. Et c'est pour cette raison-là que d'étudier l'ensemble des
articles portant sur l'essence nous permettrait… aux gens qui nous suivent, de
pouvoir répondre à l'ensemble des questions. Et c'est pour cette raison-là que,
depuis le début de mon bloc, j'ai tenu à répondre à l'ensemble des questions
des oppositions concernant l'essence, et je demeure disponible pour pouvoir le
faire dans les prochaines minutes, si jamais ils le souhaitent, pour aller
creuser cet enjeu-là, qui est extrêmement important pour les Québécois.
On est humble sur l'impact que ça aura sur
le prix de l'essence, dans la mesure où certaines régions sont plus près du
prix plancher, alors que d'autres ne le sont pas. Maintenant, vous avez vu, la
semaine dernière, Couche-Tard a donné 0,10 $ de rabais. On a de plus en
plus de cartes de rabais. Moi, je les ai tous, de 0,08 $, 0,09 $,
0,11 $, 0,12 $, 0,13 $. J'ai eu 0,18 $, l'autre fois, de
rabais sur le litre d'essence. Ils sont capables de baisser le prix de l'essence,
M. le député. Alors, ça répond à votre question.
Ils le font un peu de façon… bien, contournée…
à leur manière, présentement, avec les cartes fidélité, mais, je vous jure, l'autre
fois, c'était affiché à 1,47 $, j'ai pris ma carte, c'était rendu à 1,32 $
sur la pompe. Alors, ils sont capables de pouvoir diminuer le prix de l'essence.
Alors, nous, ce qu'on pense, c'est de… avec… Puis, pour répondre à votre
question, 4 700 mises en demeure, vous avez un chiffre qui vient
répondre directement à votre question. Alors, avec ces mises en demeure là, qui
se sont envoyées, on pense annuellement qu'il y a peut-être plus de 1 000 occasions
annuelles que les Québécois pourraient payer leur essence moins chère sur le
territoire québécois. Donc, on a des chiffres et des données qui nous portent à
croire que ça pourrait être positif.
M. Paradis : Oui. Et ça, d'ailleurs,
c'est une préoccupation que nos deux formations politiques partagent, c'est-à-dire
qu'il y a des iniquités actuellement et il y a des pétrolières qui s'en mettent
plein les poches au détriment des consommateurs. Quelle solution? Donc, c'est
la question. Vous dites : Ils… les détaillants peuvent le faire.
Actuellement, il y a des mises en demeure qui sont transmises, mais la question
c'est : Est-ce que vous… ce que vous proposez va avoir l'effet escompté et
dans quel délai? Parce que le rapport Clark, sur lequel vous basez beaucoup vos
propositions, n'est pas si clair là-dessus, hein? Donc, ils disent : La
conclusion sur le prix plancher, c'est que ce n'est pas démontré tant que ça,
les avantages que ça a eus. Mais il n'y a pas d'indication sur ce que serait l'efficacité
de l'enlever, le prix plancher et ça prendrait combien de temps. Dans le
rapport, il n'y a pas ça et c'est pour ça que je vous demandais si vous, vous avez
étudié cette question-là au-delà de la… de ce que vous me dites. Il y a une
possibilité qu'ils le fassent. Est-ce qu'ils… Est-ce qu'ils vont le faire? Et
est-ce que c'est en raison des dispositions que vous proposez qu'ils le feraient?
Et ça prendrait combien de temps pour avoir un impact?
M. Poulin : Oui. Bien, dans
le libre marché, il est toujours difficile d'arriver avec données et des
statistiques, parce qu'on ne sait pas comment nécessairement le marché va se
comporter. Et le prix plancher nous empêche, surtout dans la dernière année,
parce qu'ils s'y sont approchés beaucoup, de pouvoir bien juger l'impact de l'abolir…
M. Poulin : ...le prix
plancher. Mais, avec plus de 4 700 mises en demeure, avec le fait
qu'ils s'y ont approchés, tout nous porte à croire qu'il va y avoir de la
compétition davantage dans le prix de l'essence au Québec. Et le Dr Clark...
qui n'est pas docteur... Pourquoi je l'appelle «le docteur»? C'est que j'ai beaucoup
de docteurs en tête ces jours-ci. On dit : «Le prix plancher n'a pas
réussi à empêcher la sortie d'un grand nombre de petites stations d'essence ni
à maintenir les prix plus bas que dans d'autres régions du Canada. Il décourage
l'entrée des stations-service à bas prix et empêche les entreprises plus
compétitives de fixer des prix plus faibles. De plus, un prix plancher peut
faciliter la coordination entre les entreprises.» Alors... Puis le régime de
transparence, que j'espère discuter dans les prochaines minutes avec vous,
permet justement de faire en sorte qu'on va surveiller s'il y a des régions
qu'il y a plus de compétition ou pas, et ceux qu'il n'y en aura pas, M. le
député, le Bureau fédéral de la concurrence va peut-être pouvoir aller
enquêter, donc ça va provoquer peut-être une compétition de prix, en donnant
ces stats-là et ces données-là que présentement nous n'avons pas, nous n'avons
pas dans le détail.
M. Paradis : Bon.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. M. le député, vous avez la parole.
M. Paradis : Bon. Néanmoins,
là, vous avez cité un... vous avez cité une partie, mais les paragraphes
précédents, les conclusions sont à l'effet que ce n'est pas clair, les effets.
C'est ça, sa conclusion... Oui, c'est ça, sa conclusion actuellement, que les
effets du prix plancher ne sont pas clairs. Les effets d'enlever le prix
plancher ne doivent pas être plus clairs. En tout cas, lui, dans son rapport,
il n'en parle pas tant que ça, et surtout il n'indique pas les délais dans
lesquels ça peut agir. C'est pour ça que je vous posais la question.
M. Poulin : Oui.
• (16 h 20) •
M. Paradis : Vous avez
raison, on revient un peu plus au libre marché. Mais là, l'idée, c'est d'avoir
un impact à la baisse sur les prix, et ça, je comprends que vous n'avez pas
d'indication sur cet effet-là. Parce que vous savez qu'actuellement il y a deux
mémoires de déposés sur ces amendements, qui font partie des amendements qui
nous arrivent très tard dans le processus, et les deux amendements... ils sont
critiques des mesures proposées, c'est des gens qui s'inquiètent du fait que ça
pourrait avoir l'effet inverse. Et Clark, dans son rapport, dit que oui, c'est
vrai, là, qu'il y a ce débat-là constant entre ceux qui sont en faveur et ceux
qui ne sont pas en défaveur. C'est pour ça que je pose la question de manière
très ouverte sur ce que vous avez ou non en complément de l'étude Clark sur
l'effet que vous recherchez avec les dispositions.
M. Poulin : Bien, en fait, le
prix plancher n'a pas non seulement permis de protéger les stations d'essence,
et surtout n'a pas empêché les hausses de marges de profit qu'il y a eu. Alors,
de l'enlever, pour nous, ça laisse un moment de compétition, de marché, de mise
en concurrence. En Ontario, ils n'en ont pas; en Alberta, ils n'en ont pas.
C'est une certaine mesure protectionniste qui fait qu'on empêche le libre
marché. Alors, de laisser sous-entendre que ça va hausser les prix... Bien,
écoutez, je pense qu'ils sont déjà hauts, parce qu'ils sont déjà au-dessus du
prix plancher dans certains cas, puis les marges de profit ont augmenté au
cours des dernières années. Alors, ce qu'on nous demande...
Puis moi, je trouve que c'est une bonne
nouvelle quand les stations d'essence sont contre cette... certaines stations
d'essence. Il y en a qui sont pour, soit dit en passant, lorsqu'on leur parle.
Que certaines stations d'essence veulent maintenir un prix minimum, c'est une
façon, je pense, de dire aux gens : On veut maintenir nos marges de profit
plus élevées, comme ça a été le cas dans les dernières années. Puis le rapport
Clark, par exemple, là, puis là-dessus je tiens à souligner à grands traits, M.
le député, le rapport Clark recommande l'abolition du prix plancher. Puis on va
mesurer les impacts dans les prochaines années, ça, c'est sûr, on restera à
l'écoute, puis le sens de l'amendement est aussi en ce sens-là également.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien.
M. Paradis : Oui, c'est vrai
que le rapport Clark recommande ça, là, entre autres recommandations. Mais le
député de Beauce-Sud le sait, là, puis, pour le bénéfice de ceux qui nous
écoutent, l'instauration du prix plancher... et ceux qui s'opposent à son
abolition disent en fait que c'est... Ce qui s'est passé à chaque fois qu'on a
fait ça, c'est qu'il y a des mesures prédatrices, donc les gros joueurs se
liguent pour éliminer les nouveaux joueurs qui veulent faire baisser... les
indépendants, notamment, qui veulent faire baisser le prix de l'essence. Donc
là, c'est ces mesures de prédation là qu'on veut empêcher pour ne pas sortir
des joueurs qui peuvent contribuer à maintenir bas le prix de l'essence, puis
c'est un risque, ça s'est déjà passé. Clark dit : Ce n'est pas démontré,
cet effet-là. Je suis d'accord avec vous qu'il dit ça.
Mais donc moi, ma question, c'est de
savoir si vous, vous avez un plan de match, si vous avez des prévisions, si
vous avez regardé ces risques-là, au-delà du rapport Clark, qui le répète, là,
qui dit : Ce n'est pas clair. Sur la base du fait que les effets ne sont
pas clairs, je recommande son abolition. Mais vous... Parce que tout à l'heure
vous avez évoqué des chiffres, puis je ne veux pas dire que c'est... ce sont
vos prévisions, mais vous avez montré des exemples de rabais. Est-ce que vous
avez actuellement fait cette étude-là qui dit : Bien, ce qu'on aimerait
comme effet, c'est ceci, ce qu'on pense qui va arriver, c'est ceci, notamment
dans les régions qui sont les plus affectées par la hausse du prix de l'essence
ou par les prix élevés de l'essence, et le temps que ça va prendre? Tu sais,
c'est vraiment...
M. Paradis : ...ça, le sens de
ma question, puis... mais je comprends que vous n'avez pas actuellement ces
calculs-là.
M. Poulin : Bien, on les a,
dans la mesure où 85 % est géré par un centre de prix, ce qui n'était pas
le cas en 1997, et 72 % de l'essence vendue est gérée par les cinq plus
grands joueurs. Alors, la mesure de prédation, elle s'est faite quand même dans
l'essence au Québec au cours des dernières années. C'est pour ça que, des
indépendants purs, il en reste à peu près 70. Lorsqu'on se dit indépendant et
qu'on a 400 stations d'essence et qu'on est géré par un centre de prix, on
n'est plus dans l'indépendant pur que le Parti québécois voulait protéger en
1997, probablement à juste titre, comme vous avez raison, avec une guerre de
prix.
Alors, oui, nos analyses nous démontrent
que ça n'a pas fonctionné parce qu'on a eu des fermetures de stations d'essence
et la prédation s'est faite quand même. Je pense que, dans la ville de Québec,
là, vous avez... j'ai tellement lu, là, c'est à peu près plus de 85 % qui
est géré par les mêmes propriétaires de stations d'essence. Alors, qui va
devenir le prédateur de qui? C'est les questions que je me pose.
Et pensons aux consommateurs, là. On ne
l'a pas beaucoup parlé dans les dernières secondes, mais le consommateur veut
vouloir avoir du choix lorsqu'il est à Québec, par exemple, et qu'il voit
différentes stations qui sont... qui sont affichées. Tout en vous rappelant, M.
le député, que les stations d'essence ne font pas seulement leurs profits sur
l'essence. Il y a beaucoup d'autres moyens de faire des profits lorsqu'on est
propriétaire d'une station d'essence.
M. Paradis : Donc là, vous
avez évoqué des analyses. Est-ce que vous avez des analyses à partager avec
nous pour qu'on puisse continuer à juger avec vous de la pertinence des
amendements qui viendront plus tard, au-delà de l'étude Clark, là?
M. Poulin : En fait, ça me
fera plaisir. C'est sur le rapport de la Régie de l'énergie. J'ai probablement
le titre du document. Il y a une synthèse au départ qui mentionne les données
que je vous donne. Alors, tout ça est déjà public sur le site de la Régie de
l'énergie. Je pourrai éventuellement vous le trouver, vous comprenez que j'en
ai énormément. Mais, même dans les avis qui ont été faits pour Québec—Chaudière-Appalaches
à l'automne... non pas à l'automne... oui, l'automne 2023, tous les
chiffres que je vous ai nommés sont mentionnés.
M. Paradis : Ce sont des
chiffres, je pense, dont vous tirez des inférences, mais, si je me souviens
bien, M. le député de Beauce-Sud, ce n'est pas... ces études-là ne disent
pas : S'il y a abolition... S'il y a abolition du prix plancher, voici les
effets qu'on pense qu'il pourrait y avoir sur le prix de l'essence et voici le
temps que ça prendrait, ce qui est vraiment le cœur de mes questions.
M. Poulin : Robert Clark le
mentionne, oui, que ça permet, on est à la page 74, que, oui, il décourage
l'entrée des stations-service à bas prix et empêche les entreprises plus
compétitives de fixer les prix les plus faibles. J'ajoute les quatre... mises
en demeure, les centres de prix, les grands concurrents. Lorsqu'on fait des
additions, appuyées par des spécialistes de la question, oui, tout nous porte à
croire qu'on pourra avoir un monde plus compétitif.
M. Paradis : Clark...
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Collègues, je dois prendre la parole à ce niveau-là.
M. Poulin : Je n'ai plus de
temps.
Le Président (M. Montigny) : Par
contre, il y a une possibilité à l'article 246, Mme la ministre a toujours
comme un cinq minutes de réplique après chaque question ou intervention de
l'opposition. Ce cinq minutes-là pourrait être transférable si Mme la ministre
m'en fait la demande.
Mme Fréchette : Je vous en
fais la demande formellement.
Le Président (M. Montigny) :
Merci. C'est aussi nécessaire d'avoir le consentement des membres de la
commission. Est-ce qu'il y a consentement? Merci. Il y a consentement. Dernière
question : Est-ce que ce consentement-là est valable pour l'ensemble des
travaux de la séance d'aujourd'hui? Sinon, je devrai aller le chercher à chaque
fois que son cinq minutes sera terminé.
Une voix : ...
Le Président (M. Montigny) :
Pour l'amendement en question ou pour toute la séance d'aujourd'hui. C'est un
consentement, en fait, jusqu'à la... jusqu'à 6 heures, 18 heures. J'ai juste
besoin de savoir si je vais devoir vous le redemander souvent, le
consentement...
M. Paradis : Est-ce qu'on
peut...
Le Président (M. Montigny) : ...ou
si vous me le laissez jusqu'à 18 heures.
M. Paradis : C'est-à-dire, en
pratique, M. le Président, ça...
Le Président (M. Montigny) : Ce
consentement-là, c'est pour le cinq minutes que la ministre va transférer au
député de Beauce-Sud, et je vous demande s'il y a consentement pour la durée de
la séance, donc jusqu'à 18 heures aujourd'hui.
M. Paradis : Mais seulement
sur le débat de cet article-ci ou sur les autres articles?
Le Président (M. Montigny) : Sur...
Bien, en fait, on ne l'a pas déterminé, là. Moi, je vous demande votre
consentement, il est sur quoi. En fait, vous pouvez me donner un consentement
sur l'article à l'étude. Vous pourriez aussi me donner un consentement pour
l'ensemble de la... du reste de la journée, là, jusqu'à 18 heures.
M. Bouazzi : Mais est-ce que
ça voudrait dire qu'il y a un cinq minutes de plus par article ou c'est un cinq
minutes tout article...
Le Président (M. Montigny) : Bon.
Pour que ça soit très clair, c'est cinq minutes que la ministre a pour répondre
à chacune des questions des membres de l'opposition. Ça pourrait être transféré
au député s'il y a consentement. Vous avez donné consentement, mais là je vous
demande, en fait, si vous le donnez pour l'ensemble de la séance aujourd'hui...
M. Bouazzi : Ah! je comprends.
Le Président (M. Montigny) :
...ou seulement pour ce qu'on est en train de faire. Est-ce que vous le donnez
pour l'ensemble de la séance...
Le Président (M. Montigny) : ...qu'à
18 h?
M. Poulin : Je pense que
c'est pertinent, là, l'échange que nous avons.
Le Président (M. Montigny) : Oui.
On ne peut pas argumenter là-dessus à ce stade-ci, M. le député de Beauce-Sud.
J'ai juste besoin de savoir si j'ai consentement jusqu'à 18 h. Pour voir
le concert. Parfait! Bon. On va y aller étape par étape. Je vais vous demander
juste plus souvent si vous avez... si on a le consentement. C'est tout. Alors,
nous allons procéder. Nous avons le consentement. Ça fait que je vous laisse
continuer les échanges. Au moment de prendre la parole, c'était M. le député de
Jean-Talon qui avait la parole.
M. Paradis : Quelle joie, M.
le Président, de continuer cet échange avec le député de Beauce-Sud grâce à la
générosité de la ministre, avec son cinq minutes! Merci. Merci.
Encore une fois, vous avez raison sur le
fait que le rapport Clark indique qu'il n'y a pas d'indication claire sur
l'effet du prix plancher, c'est-à-dire sur l'aspect concurrentiel des prix.
Mais je vous pose vraiment la question sur... puis c'est une question ouverte
pour bien comprendre ce qui... ce qui vous donne confiance dans l'ensemble des
amendements que vous nous proposez, sur l'effet du retrait du prix plancher. Ma
lecture du rapport Clark était qu'il n'en parle pas non plus clairement. Il ne
dit pas : C'est clair que ça avoir l'effet de diminuer ou d'aider à faire
diminuer les prix de l'essence. Il est dans l'argument inverse, que d'en avoir
un... que d'en avoir un, prix plancher, ce n'est pas clair que ça a eu l'effet
escompté au départ. Maintenant, sur l'inverse, le fait que vous, vous
dites : On va le retirer... Ou, en fait, je vais être très clair, vous
dites : Il va... Il n'y en aura pas nécessairement un. C'est ça, le sens
de vos amendements. Est-ce que vous avez des calculs ou est-ce que vous avez
une idée de ce que ça pourrait donner, surtout du temps que ça va prendre, par
exemple, par région ou dans l'ensemble du Québec pour avoir l'effet escompté?
Parce que j'imagine que ce qu'on veut, tout le monde, c'est assurer qu'il va y
avoir un prix où les consommateurs cessent de se faire avoir, notamment par les
grandes pétrolières, donc un meilleur contrôle, plus de concurrence. Est-ce que
vous avez cette analyse0là sur l'effet de l'enlever sur les prix et sur le
temps que ça va prendre?
• (16 h 30) •
M. Poulin : Bien, deux
éléments. C'est sûr que la dernière fois que nous n'en avons pas eu, c'était en
1997, et il y a eu une guerre de prix. Alors, ça, c'est un indicateur déjà sur
lequel on fait référence.
Maintenant, dans le rapport Clark - puis
je comprends la phrase sur laquelle vous attirez mon attention - page 74,
M. Clark dit : «Même si le prix plancher est aboli, les entreprises
risquent d'être insuffisamment incitées à se faire concurrence sur le prix et à
proposer des prix inférieurs à ceux de leurs concurrents.» Alors, je vais
rejoindre la phrase que vous me dites : «Un régime de transparence des
prix pourrait contribuer à fournir une telle incitation. Si les consommateurs
peuvent identifier les stations-service à bas prix, la demande augmentera ces
emplacements, ce qui incitera les entreprises à baisser leurs prix pour attirer
les clients. Je recommande alors que la Régie mette en place un régime de
transparence.» Et c'est ce qu'on fait dans les amendements que l'on dépose
aujourd'hui.
Donc, vous avez raison sur l'aspect... et
c'est pour ça que moi, dans toutes les entrevues, dans tout ce que j'ai
présenté, j'ai été humble sur l'abolition du prix plancher, parce que le libre
marché, la libre concurrence ne se doit pas d'être dictée par un gouvernement,
par des analystes ou nécessairement par une science quelconque. Il y a le
marché des affaires, il y a la relation entre les clients et les entreprises
qu'on doit laisser aller. Je suis de l'école qui croit que le gouvernement doit
se tasser du chemin des entreprises et pouvoir les laisser travailler.
Et je pense que, même, on sera surpris de
certaines bannières qui sont de propriétés avec des opérateurs québécois qui
vont être prêts à diminuer le prix de l'essence certains jours par semaine pour
attirer des gens. On le voit avec les rabais qu'on peut retrouver dans le monde
de l'épicerie par exemple.
Maintenant, dans les analyses que l'on
fait, c'est celle que le régime de transparence que l'on recommande va amener
une compétition que l'on n'a pas. Donc, que dans un événement, par exemple...
et je pense qu'on pourra en parler lors de l'amendement, l'objectif qu'on a,
c'est de janvier 2026, donc dans les prochains mois, on puisse mettre en place
ce régime de transparence là et qu'on va surveiller dans la prochaine année
l'impact.
Donc, laissons-nous encore quelques mois
pour mesurer l'impact du prix plancher. Et on se donne quand même ici, devant
les parlementaires, des mécanismes de surveillance. Mais, oui, quelques mois et
peut-être même un an ou deux. Ça peut prendre du temps. Chaque marché est
différent. Mais on est humble avec notre approche.
M. Paradis : Merci de ces
précisions. Puis, bon, j'ai souri un peu quand vous m'avez lu ce passage-là,
parce que c'est un peu là que je voulais vous amener aussi. Le rapport Clark
insiste beaucoup sur l'impact du régime de transparence.
M. Poulin : Oui.
M. Paradis : Et, je le redis,
c'est intéressant, ce qu'il y a de proposé. Tout ce qui va favoriser la
transparence est bon. Mais il est possible d'améliorer le régime de
transparence et de ne pas jouer sur le prix plancher ou de ne pas enlever cette
disposition-là. Puis je ne dis pas, là, que c'est... c'est ce qu'on propose...
M. Poulin : Oui. Je
comprends...
16 h 30 (version non révisée)
M. Poulin : ...comprends ce
que vous dites.
M. Paradis : Nous, on a dit
qu'on était ouverts à la discussion avec vous là-dessus. Il faut chercher des
solutions. On en a proposé d'autres, des avenues, dans le débat public, mais
celle-ci, on est prêt à en discuter, mais donc il insiste plus sur le régime de
transparence, et on reste donc sans évaluation claire, dans son rapport, de l'impact
de retirer le prix plancher. D'où, donc, ma question, c'est sur cet aspect-là,
là, donc, transparence. Intéressant, ça, ça peut avoir un impact, mais le prix
plancher lui-même, ce que vous avez, puis là... déjà, vous dites : Ça va
prendre du temps, probablement, quelques mois, peut-être un an ou deux, avec le
régime de transparence, mais, sur l'impact, là, que ça pourrait avoir sur le
prix, ça, vous dites que vous n'avez pas nécessairement de données au moment où
on se parle.
M. Poulin : Bien, on en a,
dans la mesure où on sait que le marché a changé depuis 1997. Les raisons
pourquoi Guy Chevrette a mis le prix plancher, en 1997, ne sont plus valables
aujourd'hui. Alors, c'est des données, c'est des chiffres, et par Robert Clark,
et par la Régie de l'énergie. Donc, oui, on a des données, on s'appuie sur de
la science.
Et Robert Clark recommande l'abolition du
prix plancher. Moi, je me suis entretenu avec lui, je ne sais pas si vous avez
eu l'occasion de pouvoir le faire, je l'ai questionné, et il leur recommande
parce que, selon lui, un régime de transparence sans prix plancher, on va avoir
réellement un vrai régime. Pourquoi mettre un régime de transparence si on
impose un prix plancher quotidien à la grandeur du Québec, et là on n'est même
pas capable de pouvoir s'assurer que les gens puissent diminuer ou puissent
descendre, selon, évidemment le prix d'acquisition, ou le marché, ou le moment
de l'année, ou autre?
Donc, oui, on s'appuie sur de la science,
sur des chercheurs, sur des données de la Régie de l'énergie qui nous
démontrent que la réalité d'aujourd'hui n'est plus la même que de 1997. Alors,
je pense que les deux vont ensemble. Puis d'ailleurs M. Clark dit : CE ne
sera peut-être pas suffisant, mais il ne dit pas que ça ne fonctionnera pas.
M. Paradis : C'est vrai. C'est
vrai. Il ne dit pas que ça ne fonctionnera pas, et c'est très... C'est vrai. C'est
très clairement sa recommandation. Je trouve que l'assise de la recommandation
sur l'effet du retrait est moins solide que son analyse sur l'efficacité ou la
non-efficacité du fait qu'il existe.
Vous avez... Je le disais tout à l'heure,
il y a deux mémoires, actuellement, de déposés, sur ces amendements-là, qui
arrivent très tard dans le processus, et c'est des mémoires qui sont critiques,
et on revient avec le fait que, oui, à court terme, guerre de prix, ça diminue,
mais là ça va sortir un nombre de joueurs qui aident actuellement à maintenir
le prix pas trop élevé. Puis là, après ça, bien, ça va remonter de nouveau. Qu'est-ce
que... Vous savez, là, c'est l'argument classique, là, sur...
M. Poulin : Ah oui! Tout à
fait.
M. Paradis : ...ce
mécanisme-là. Qu'est-ce que vous leur répondez? Parce que vous avez raison, il
y avait une situation au moment de l'instauration. Aujourd'hui, c'est peut-être
différent. Qu'est-ce que vous répondez, donc, à ceux qui vous disent ça en
2025?
M. Poulin : Un, bien... je
vais vous répondre, un, on n'a aucune indication que ça va fermer, parce que
plusieurs sources de revenus d'une station d'essence... Premier élément.
Deuxième élément, on est dans un marché de bannière, donc équilibre au niveau
des revenus, ce qui n'était pas le cas en 1997, et même avec l'instauration du
prix plancher, on a eu un nombre de fermetures... qui a fermé.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. M. le député de Jean-Talon. Il vous environ...
M. Paradis : D'accord. Bien,
je pense que ça conclut notre échange là-dessus, mais si vous avez... C'est
parce que je vous ai entendu une analyse tout à l'heure. Celle de la régie ne
portait pas exactement sur la question que j'abordais avec vous, ni le rapport
Clark. Si vous avez une analyse avec des projections ou des risques et les
mesures d'atténuation de ces risques-là, donc d'avoir l'effet inverse... si
vous avez cette analyse-là, ça peut être intéressant de la partager avec nous
pour analyser le bien-fondé des solutions que vous nous proposez plus tard.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci.
M. Paradis : Et j'aimerais, M.
le Président, réitérer, là, sur le fond, je pense toujours que cet
amendement-là n'est pas nécessaire à vos autres amendements et que peut-être
même, ce n'est pas à l'avantage de l'édifice que vous cherchez à construire...
Donc, je réitère, avec la permission du député de Dubuc, l'exemple du jeu
Jenga, pour mettre des blocs, ça ne veut pas nécessairement dire qu'on en
enlève à la base. Ça, c'est un bloc à la base qui est utile, je pense, à la
transparence et à l'obligation qu'on a de faire le point sur les coûts à chaque
trois ans, de manière objective, établie par la régie. <
Le Président (M. Montigny) : Alors,
M. le député de Jacques-Cartier, vous aviez demandé la parole.
M. Kelley : Oui, j'ai écouté
l'échange entre le député de Jean-Talon et député de Beauce-Sud avec beaucoup d'intérêt.
Et quelque chose qui m'a retenu l'attention, c'est ce principe que, pour l'essence,
on veut aller vers un système où on va laisser le marché décider, qu'on enlève
le prix de plancher puis on va avoir un meilleur prix à cause de la
compétition. Je trouve que c'est intéressant. Juste c'est un petit commentaire
parce...
M. Kelley : ...le projet de
loi. On est en train de faire l'inverse avec Hydro-Québec parce qu'on va
enlever cette... Hydro-Québec va être capable d'aller sans appel d'offres, gré
à gré pour plusieurs projets. Alors, je sais qu'on revient à ce sujet tantôt,
et je pense que c'est une des raisons qu'on veut continuer d'avancer et ne pas nécessairement
aller dans des amendements concernant le prix, le plancher, etc. C'est parce que
les appels d'offres s'en viennent. Mais c'est intéressant, d'un côté, la
logique du gouvernement, pour l'essence, c'est marché ouvert, mais, pour la
production des éoliennes, on va laisser Hydro-Québec aller sans appel d'offres.
On ne sait pas si on va avoir le meilleur prix. On va essayer de juste
s'assurer que c'est bon pour le Québec. On enlève ce principe de transparence
avec un appel d'offres, où il faut avoir le meilleur prix, aller... avoir une
compétition sur un marché qui est ouvert. C'est juste un petit commentaire. Je
trouve ça intéressant. Puis j'espère qu'on ne se retrouve pas, dans
10 ans, dans un moment où on regrette qu'on n'a pas utilisé, peu- être, la
même logique qui présente le député de Beauce-Sud que c'est mieux d'avoir plus
de compétition, d'avoir des marchés qui sont un petit plus ouverts. Mais
commentaire, M. le Président. J'ai juste trouvé cet échange intéressant et ce
point très intéressant, parce qu'on sait les appels d'offres donnent beaucoup
plus de transparence que quelque chose qui fait gré à gré.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. D'autres interventions en lien avec la proposition d'amendement pour
l'ajout de 37.1? Alors, il n'y a pas d'intervention. Nous sommes prêts à la
mise aux voix de l'article 37.1. Est-ce que l'article 37.1 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Montigny) : Adopté.
Merci. Nous allons maintenant dans la suite de nos choses. L'article 39
était suspendu. Si on ne le ramène pas, ça nous ramènerait à 40 pour le
suivant.
M. Bouazzi : ...mais c'est
celui qu'on vient d'adopter?
Le Président (M. Montigny) :
Le 38 a déjà été adopté, le 37 a déjà été adopté, ça nous mènerait à 39 qui est
suspendu, à moins que... si on ne le ramène pas, ça nous ramène à 40. À moins que
vous vouliez aller ailleurs? Il y a 36 qui est suspendu si jamais vous voulez
aller là.
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) :
Oui, oui. Le premier dans l'ordre des suspendus? Oui, le 36 a été suspendu, le
39, le 111 et le 112. Alors, proposition, Mme la ministre?
Mme Fréchette : Non.
Le Président (M. Montigny) :
Non? On ouvre 36?
Mme Fréchette : On ouvre 36.
Le Président (M. Montigny) :
Est-ce qu'on a le consentement pour aller rouvrir l'article 36?
M. Kelley
: Suspension.
Le Président (M. Montigny) :
Suspension? Oui. Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 40)
(Reprise à 16 h 49)
Le Président (M. Montigny) :
Alors, nous reprenons donc nos travaux.
Pour la suite des choses, normalement, nous devrions aller à 36. J'ai besoin
quand même du consentement de la commission pour réouvrir l'article 36,
qui a été suspendu précédemment. Est-ce que j'ai consentement? Consentement. On
se rappellera qu'au moment de la suspension de l'article 36, nous avions
quand même lu et étudié l'article, nous étions dans nos échanges, la section,
je dirais plus, 52.6. Libre à vous, là, ce n'est pas interdit de discuter de
l'ensemble de l'article qu'on vient de réouvrir. Alors, sur l'article 36,
est-ce qu'il y a des interventions? M. le député de Jacques-Cartier, je vous
écoute.
• (16 h 50) •
M. Kelley : Oui, M. le
Président. De mémoire, on a eu une discussion autour de la juste valeur des
actifs, puis je me souviens qu'on a utilisé un exemple sur la Côte-Nord, est-ce
que le fardeau va tomber, peut-être, sur un client exclusivement pour le
réseau. Alors, je pense que... de mémoire, je sais qu'on a débattu un
amendement de le député de Jean-Talon, mais, de mémoire, on était vraiment sur
cette question-là. On a posé plusieurs questions autour de le réseau de le gaz
naturel puis on a eu des questions sur les... la juste valeur des actifs. Puis
c'était s'assurer que le fardeau, quand... dans la mutualisation des coûts,
qu'il n'y ait jamais une situation qui arrive qu'il y a beaucoup des coûts qui
tombent sur un client éloigné dans une certaine région. De mémoire, on était
sur ce point-là probablement en mi-mai ou avril, c'était autour de là. Je ne
sais pas si mes autres collègues ont des autres interventions. On ne rappelle
pas vraiment pourquoi on a suspendu ça. Je ne sais pas si c'est à côté de le gouvernement
de faire les vérifications. Mais bref, on était en train de discuter ça. Je
pense que ça a eu un lien peut-être aussi avec l'article 51. Mais un petit
rappel pour tout le monde de situer où on était sur cet article 36, qui
touche 52.6.
Le Président (M. Montigny) : Très,
très bien. D'autres interventions? M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Bien,
peut-être... peut-être pour le bénéfice des gens qui nous regardent, parce
qu'on a eu des discussions hors d'ondes, c'est un article... c'est un
article 36 qui ajoute quatre articles à la loi sur la Régie de l'énergie,
et on avait divisé nos débats sur chacun des articles ajoutés, 52.5, 52.6, 52.7
et 52.8. Peut-être, M. le Président, si vous pouvez rappeler à tout le monde
l'état de nos débats sur chacun des quatre articles de la loi sur la Régie de
l'énergie ajoutés par l'article 36 du projet de loi n° 69 que nous
étudions.
Le Président (M. Montigny) :
Bien, en fait, on l'avait fait, là, par blocs, vous aviez raison, là, 52.5. On
était, au moment de la discussion, à 52.6, mais je vous rappelle qu'il n'est
pas exclu...
Le Président (M. Montigny) : …pour
tout membre de traiter de d'autres numéros, il s'agit tout simplement de nous
le dire si jamais votre intervention concernait un autre… un autre numéro, là,
comme par exemple le 52.7 ou le 52.6. Au nouveau… au niveau du temps étudié,
nous allons le faire sortir, puis nous pouvons vous revenir, là, avec le temps
pour chacun. Ça vous donnerait une idée du nombre de temps qui a été utilisé,
là, sur chacune des sections de l'article 36. On va vous sortir ça pendant
vos échanges. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Et, pour
mémoire, M. le Président, et c'est vraiment une question ouverte parce qu'on a
quand même débattu de ces… de cet article-là il y a un certain temps, et on
fait beaucoup de va-et-vient pour essayer de favoriser la logique de nos
débats, est-ce que la ministre avait fait la lecture en bloc de l'ensemble de
l'article 35 ou on avait divisé la présentation des articles avec les
commentaires explicatifs par bloc?
Le Président (M. Montigny) : L'information
que j'ai, c'est que ça avait été lu et présenté.
M. Paradis : Au complet? Très
bien.
Le Président (M. Montigny) :
Au complet.
M. Paradis : Donc, l'ensemble
de l'article avec l'ensemble des commentaires explicatifs.
Le Président (M. Montigny) :
Effectivement.
M. Paradis : Puis on n'avait
pas discuté en détail de 52.7 et 52.8.
Le Président (M. Montigny) : Non,
on était… comme le 36 est par section, on avait fait 52.5 et nous étions à
52.6, ce qui est la deuxième partie du 36.
Mme Garceau : Si vous
permettez…
Le Président (M. Montigny) :
Oui, Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Oui, je me
souviens, M. le Président, qu'on avait fait une révision assez, si je peux
dire, détaillée, concernant toute la question de la définition de la juste
valeur des actifs, et qu'il y avait une présomption liée à la définition de la
juste valeur des actifs. Et ça, cette présomption-là, on la voit à l'article 50,
«sont présumés prudemment acquis et utiles les actifs nécessaires pour assurer
l'exploitation du réseau de transport d'électricité, du réseau de distribution
d'électricité ou d'un réseau de distribution de gaz naturel, acquis ou
construit par le transporteur d'électricité, le distributeur d'électricité ou
un distributeur de gaz naturel.»
On a eu des échanges concernant tout cet
aspect-là pour évidemment dire que c'est une présomption, évidemment, très
favorable à Hydro-Québec et Énergir. Et là on avait suspendu, puis là on parle
le 9 avril, les articles 29 à 33, incluant à 35 et
l'article 52.6, parce que la ministre devait retourner vérifier, peut-être
revenir avec un amendement, mais je crois que la ministre est revenue et nous a
confirmé qu'il n'y avait pas d'amendement. C'est ça. Donc, ça, c'est… Je suis
là, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
C'est parfait. Merci beaucoup, collègue. Vous avez encore la parole, si vous le
souhaitez, Mme la députée.
Mme Garceau : Donc… et donc
je reviens à l'article 52.6.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien.
Mme Garceau : Que la juste
valeur des actifs pouvant faire partie de la base de tarification d'un
distributeur de gaz naturel, c'est la définition qui inclut une présomption des
coûts d'acquisition. Je pense qu'il faudrait avoir cette confirmation, Mme…
Oui, on était là.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, très, très bien. Me Marois, je vous invite à prendre la parole, 52.6.
M. Marois (Samuel) : Oui.
Donc, vous établissez un lien, là, entre la présomption puis
l'article 52.6, parce qu'on utilise des mots similaires, mais la raison
pour laquelle on parle de la juste valeur des actifs, c'est parce qu'ici on
crée un tarif qui est applicable aux producteurs qui injectent du GSR dans le
réseau de distribution de gaz naturel. Puis, quand on établit la base de
tarification, on tient compte… la régie qui fait cet exercice-là tient compte
de la juste valeur des actifs qui peuvent faire partie de la base de
tarification. C'est pour ça qu'on utilise ces mots-là, mais, dans le contexte
ici, ça n'a pas de lien avec l'article qu'on a étudié précédemment sur la
présomption.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Me Marois. Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Donc, la
définition de la juste valeur des actifs, nous la trouvons à quel article?
M. Marois (Samuel) : Je vous
réfère au paragraphe un du premier alinéa de l'article 49 qui explique de
quelle manière la régie établit une base de tarification.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la députée…
Mme Garceau : O.K. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Est-ce qu'il y a d'autres interventions en lien avec l'article 36?
Oui, M. le député de Jean-Talon, je ne suis pas trop sûr. Oui, O.K., allez-y,
M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Oui, j'essaie
de... j'essaie de m'assurer, là, qu'on est en ligne avec ce dont on a discuté.
Notamment, je pense qu'on a eu beaucoup de discussions à l'article 52.5,
au dernier paragraphe, sur la récupération des revenus requis visés au deuxième
alinéa. Donc, c'est les revenus requis pour assurer la prestation des services
visés au premier alinéa. Donc, je suis à 52.5, là, puis c'est les coûts de
transport du gaz naturel. Et pourriez-vous nous rappeler, Mme la ministre, là,
quel était l'objectif de cet... de ce dernier alinéa et s'il était vraiment
essentiel à l'architecture de ce que vous proposez dans le projet de loi n° 69?
Parce que certains des groupes qui sont venus en consultations particulières
s'inquiétaient notamment de ce dernier, de ce dernier alinéa, et certains
proposaient de l'enlever.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Donc, M. le
Président, alors le dernier alinéa, bien, vise à rendre plus attractif, donc,
le gaz de sources renouvelables en lui associant un tarif moindre. Donc, c'est
l'objectif de l'alinéa.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Il n'y a pas d'autre
intervention en lien avec l'article 36? Alors, comme ça, nous allons
procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'article 36 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Montigny) :
L'article 36 est donc adopté. Merci. Ça nous amène donc... Il avait été
adopté avec amendement, je crois, hein? Non? Parfait. Il a été adopté.
Ça nous amène maintenant à
l'article 40. Merci. À moins que vous vouliez revenir à un article
suspendu.
• (17 heures) •
Mme Fréchette : Si vous
permettez, on pourrait proposer de revenir à l'article 39 qui avait été
suspendu.
Le Président (M. Montigny) : Tout
à fait. Avant d'aller à 40, c'est parfait de là. 39 Alors, est-ce que nous
avons le consentement pour rouvrir l'article 39 qui avait été suspendu
précédemment?
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) :
Consentement. Oui? Vous aviez une question, M. le député de Jean-Talon?
M. Paradis : Oui. Est-ce
qu'on pourrait avoir une mise à jour ou est ce qu'on en était?
Le Président (M. Montigny) : Pour
le temps sur l'article? Oui, on pourrait suspendre quelques instants...
M. Paradis : Suspendre
quelques minutes.
Le Président (M. Montigny) :
...puis vous faire cette mise à jour.
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 01)
17 h (version non révisée)
(Reprise à 17 h 07)
Le Président (M. Montigny) : lors,
nous reprenons donc nos travaux. Je vais vous demander si vous avez le
consentement pour reprendre l'étude d'un article suspendu...
Le Président (M. Montigny) : ...et
d'un amendement suspendu. Est-ce que nous avons consentement pour reprendre
l'étude de l'article 39? Consentement. Est-ce que vous avez... vous me
donnez consentement pour reprendre l'étude de l'amendement suspendu à
l'article 39? Consentement. Parfait. Nous reprenons donc l'étude de
l'amendement de l'article 39 qui avait été suspendu. C'est un amendement
qui était amené par le député de Jean-Talon. Il vous restait environ
16 minutes, M. le député de Jean-Talon, et les autres députés avaient leur
bloc de 20 minutes de disponible. Alors, sur ce, M. le député de
Jean-Talon, je vous redonne la parole.
M. Paradis : Merci, M. le
Président. Donc, ce sont des conversations qu'on avait suspendues il y a déjà
quelques jours, il faut reprendre le fil. Donc, on est au cœur de ce que moi,
j'ai appelé un des principaux mécanismes de privatisation de la vente
d'électricité au Québec. L'article précédent qui est adopté, c'est
l'article 38 du projet de loi qui modifie l'article 60 de la Loi sur
les Régie de l'énergie et qui permet désormais... malgré l'interdiction qui
existait avant, hein? Donc, en 1996 et ensuite en 2000, il y a eu des
amendements à la loi qui ont ouvert une minuscule possibilité qu'une compagnie
privée vende de l'électricité à une autre compagnie privée. Dans le cas où il y
avait de la biomasse qui produit de l'électricité, là, ton voisin immédiat, tu
peux lui vendre. Et on se souviendra qu'on a eu un échange, la ministre et moi,
un de nos échanges, où la ministre me confirmait qu'il n'y avait au moment où
on se parle aucun tel cas au Québec, où quelqu'un, une compagnie privée qui
vend... qui produit de l'électricité avec de la biomasse en vend à son voisin
immédiat. La grande modification à l'article 60 de la Loi sur la Régie de
l'énergie, qui a été adoptée sur division, c'est que, désormais, tout
producteur d'électricité de sources renouvelables va pouvoir en vendre à un
autre, donc d'une entreprise privée à une autre entreprise privée. Ce qu'il y a
d'intéressant ensuite, on arrive à l'article 61... Et là, en plus de
mettre la ceinture, désormais, on met la bretelle. 61, c'est l'article qui dit
que nul ne peut distribuer d'électricité au Québec à tout autre consommateur
sans être titulaire d'un droit exclusif. Puis ceux qui ont un droit exclusif,
c'est notamment ceux qui sont nommés à l'article 62, qui va suivre, je
suis en train d'expliquer la logique entre les articles et la logique de mon
amendement, et les titulaires, c'est Hydro-Québec et un nombre très limité de
producteurs privés, je pense qu'il y en a 10 ou 12, si je me souviens bien, qui
sont nommés au Québec, mais ils sont déjà nommés.
Alors, ma première question, je pense,
quand on avait commencé à discuter de ça, c'est : Pourquoi on a besoin de
la ceinture et des bretelles? Parce que c'est déjà dit, qui sont les titulaires
de distribution, puis on l'a déjà créée, la brèche à l'article précédent. Donc,
la première raison, c'est : Pourquoi, juridiquement, on a besoin de cette
phrase-là? À moins qu'on veuille lancer un signal très clair qu'on est dans une
nouvelle ère, celle de la vente d'électricité par des producteurs privés.
• (17 h 10) •
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, M. le député.
Mme Fréchette : ...Me Marois.
Le Président (M. Montigny) : Tout
à fait. Alors, Me Marois, vous avez la parole.
M. Marois (Samuel) : Donc,
le... Il faut voir l'article suivant, là, de votre projet de loi, là, qui
modifie l'article 62 de la Loi sur la Régie de l'énergie, c'est l'article
qui prévoit le droit exclusif de distribuer de certaines personnes. Donc,
certaines personnes ont un droit exclusif de distribuer. Hydro-Québec fait
partie de ces personnes. Le corollaire du droit exclusif de distribuer, c'est
l'interdiction de distribuer si on n'est pas titulaire d'un droit exclusif,
puis à ça est associé des sanctions pénales. Donc, c'est pour ça que
l'article 61 de la Loi sur la Régie de l'énergie existe. Ce qu'on fait
dans le projet de loi, c'est qu'on le modifie pour dire que la distribution,
dans le cas d'exception prévue au nouvel article... bien, à l'article
précédent, là, pour le site adjacent, bien, dans ce cas-là, comme il y a une
autorisation de distribuer, bien, il ne faut pas que ce soit interdit de le
faire. Donc, c'est une modification...
M. Marois (Samuel) : ...concordance,
ce qu'on a devant les yeux.
Puis, sur la question plus technique de
l'amendement, le fait de retirer les mots «sauf dans le cas visé au troisième
alinéa de l'article 60» aurait pour effet de rendre interdite une activité qui
serait maintenant permise en vertu de l'article précédent. Ça fait que c'est
sûr que c'est... au niveau de la cohérence, pour ne pas que cette activité
permise par la loi soit également interdite par la loi... bien, c'est sûr que
l'amendement ne permet pas d'atteindre cette cohérence-là.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Me Marois. Maintenant, M. le député de Jean-Talon, vous avez la
parole.
M. Paradis : Bon. Je remercie
maître Marois pour cette précision, mais notons ce qui suit : dans
l'ancienne version de la loi, à l'article 61, ça disait déjà : «Nul ne
peut exploiter un réseau de distribution d'électricité sur le territoire d'un
titulaire d'un droit exclusif de distribution d'électricité.» Et il n'y avait
pas cette mention-là de l'exception qui existait déjà. C'était une minuscule
exception, je le redis depuis longtemps, mais ça existait déjà à l'article 60,
puis on n'avait pas pris la peine de rajouter les bretelles ou la ceinture, à
61. Donc, à 60, ça disait déjà qu'«un droit exclusif de distribution
d'électricité confère à son titulaire sur un territoire où il porte à
l'exclusion de quiconque le droit d'exploiter un réseau de distribution. Ce
droit n'empêche pas quiconque de produire et de distribuer sur son réseau l'électricité
qu'il consomme ou de distribuer l'électricité produite à partir de biomasse
forestière à un consommateur sur un emplacement adjacent au site de
production». Ça existait déjà à 60, deuxième alinéa, deuxième phrase, cette
minuscule ouverture.
De manière intéressante, on ne prenait pas
la peine, au début de 61, de dire «sauf dans le cas visé au deuxième alinéa de
l'article 60». On ne disait pas ça. Là, c'est intéressant, le gouvernement
prend la peine de le mentionner de nouveau. Et je conviens, là, oui, des fois,
il y a des aspects techniques, mais ici ce n'est pas une coquetterie, ce n'est
pas une simple coquetterie de dire : Ah! on va améliorer la façon dont
c'est écrit, c'est que c'est une nouvelle ère qui s'ouvre, celle de la
privatisation de la vente d'électricité, l'ouverture à ce que des compagnies
vendent à d'autres compagnies.
Et là, maintenant qu'on a le... Oui, parce
que le législateur ne parle pas pour ne rien dire, hein, ça fait plusieurs fois
que je le mentionne, et ça nous amène à des échanges qu'on a eus, la ministre
et moi, puis j'ai même eu ces échanges-là avec le premier ministre, qui s'est
levé en réponse à certaines de mes questions. Et j'ai bien vu vos
communications, Mme la ministre, sur les réseaux sociaux, notamment hier, vous
prenez toujours le soin de dire : Il n'y a pas de privatisation
d'Hydro-Québec. Il n'y a personne qui parle de privatisation d'Hydro-Québec.
Privatiser Hydro-Québec, ça veut dire que, ah! on va prendre des actions qui
appartiennent à tous les Québécois puis on va les vendre au privé. Il n'y a
personne qui n'a jamais dit ça nulle part.
Bien, moi, je voudrais savoir, Mme la
ministre, comment ça se fait que vous prenez toujours la peine de répondre
ceci : «Il n'y a pas de privatisation d'Hydro-Québec», alors que ce n'est
pas la question? Moi, je vous dis qu'il y a une très grande ouverture ici,
ailleurs, dans le projet de loi, quand, maintenant, on autorise Hydro-Québec à
vendre des actifs de production au secteur privé, quand on facilite l'octroi au
secteur privé de droits d'utilisation des cours d'eau du Québec, ça, c'est
d'ailleurs dans le projet de loi, c'est des ouvertures au privé. Pourquoi vous
ne répondez pas à cette question-là directement, là? L'article 61, qui vient
avec 60, avant, c'est une ouverture à la vente de compagnies privées à d'autres
compagnies privées.
Je vous ai posé plusieurs fois la
question : Il va y en avoir combien? Deux, cinq, 10, 50, 200? Vous n'avez
jamais répondu à cette question-là, vous avez dit que vous ne le savez pas. Êtes-vous
d'accord, oui ou non, que vous ouvrez à une privatisation avec 61, qu'on est en
train d'étudier, et avec 60, qui est lié, vous ouvrez toute grande la porte à
une privatisation de la vente d'électricité par des... donc, par des compagnies
privées à d'autres compagnies privées. Avant, biomasse, à ton voisin, là, celui
qui a une usine juste à côté. Il y en a combien au Québec? Zéro. Maintenant,
tout producteur d'énergie renouvelable au Québec va être capable de faire ça.
Oui ou non, y a-t-il par cette voie une privatisation de la vente d'électricité
au Québec?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Merci,
M. le Président. C'est toujours étonnant de voir que lorsqu'une possibilité de
vente...
Mme Fréchette : …de
l'électricité à un voisin qui a été permise par le Parti québécois, et sans
impact aux yeux du député de Jean-Talon, alors que, si ça provient d'une
proposition de la Coalition avenir Québec, là, tout d'un coup, ça prend une
ampleur considérable et on vient remettre en question bien des éléments qui
sont associés à Hydro-Québec. Donc, voilà.
Ce qui est proposé dans le projet de loi,
c'est de permettre, tout comme il avait été permis par le… grâce au Parti
québécois, de vendre de l'électricité à un voisin, à un seul compteur
électrique, point. Alors, on peut imaginer que ce genre de projet là, ça
requiert des investissements quand même considérables et que pas grand monde va
vouloir s'en remettre à cette façon de faire. Néanmoins, ça pourrait… ça
pourrait être utile à des gens pour qui l'approvisionnement d'une… à partir
d'une source d'énergie renouvelable pourrait être une voie de solution,
advenant qu'ils ne puissent être connectés au réseau d'Hydro-Québec assez
aisément ou rapidement. Et voilà, c'est le pourquoi, donc, de cet… de cet
amendement précédent qui a été adopté. Et puis, ça, ça fait tout simplement
œuvre de cohérence, cet article-là. Donc, voilà, c'est pour être dans la même
vision des choses, dans la cohérence, dans la bonification qu'est proposé
l'article 61.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. D'autres interventions? M. le député Jean-Talon.
• (17 h 20) •
M. Paradis : C'est
intéressant, hein, que la ministre sente toujours le besoin de s'appuyer sur le
Parti québécois. Je le note avec beaucoup d'intérêt. Mais, encore une fois,
j'ai rappelé ici, lorsqu'on a eu le débat sur l'article précédent, ces deux
articles-là sont liés, j'ai rappelé le contexte dans lequel l'amendement avait été
effectué en 2000 par le ministre Jacques Brassard. Et c'était vraiment
relativement à une situation dans le domaine de la foresterie. Et l'idée était
de permettre de valoriser les résidus forestiers, notamment la biomasse, et de
dire : Quand tu produis de l'électricité avec de la biomasse, tu peux en
vendre à ton voisin immédiat, là, celui qui est à côté, là, il n'y a pas
d'histoire de ça peut être sur des centaines de kilomètres. Ça prend de la
biomasse, donc ça prend des résidus de bois. On génère de l'électricité avec
ça. Ton voisin d'à côté te dit : aïe! Je peux me brancher là-dessus. Là,
tu as le droit de lui en vendre. C'est la seule exception.
Et, redisons-le, répétons-le, la ministre
elle-même a confirmé qu'il n'y en avait aucun, actuellement, Zéro. Ce que vous
proposez est entièrement différent. Donc, vous ne pouvez pas faire… vous ne
pouvez pas comparer des oranges avec des tomates ou même des tournevis. Ce
n'est pas la même chose. Ici, vous ouvrez la possibilité que n'importe quel
producteur d'énergie renouvelable, au Québec, puis il y en a plusieurs, puisse
vendre à une autre compagnie privée n'importe quelle compagnie privée, sur des
centaines de kilomètres. C'est complètement différent. C'est une privatisation.
Il va y avoir plus de compagnies privées qui vendent à d'autres compagnies
privées.
Et ça, ça fait partie du pacte québécois
sur l'électricité. C'est acquis depuis le début, depuis la privatisation en
1963, il n'y a personne d'autre qu'Hydro-Québec qui vend de l'électricité au
Québec, sauf les titulaires très limités de permis dont on parle à
l'article 62, le suivant, il n'y en a pas d'autre, exception. Puis on a
dit : C'est ça. Puis ça, ça fait… c'est un pacte qu'on a avec les
Québécois. Avec taxes et impôts, vous… on construit ensemble des
infrastructures, mais il n'y a personne d'autre qui vend de l'électricité.
Pourquoi? Pourquoi? Parce que, les profits
générés par la vente d'électricité, on veut que ça vienne dans la… dans les
poches des Québécois pour payer les services de santé, pour payer les services
d'éducation, les routes, les infrastructures. Et actuellement, on a un déficit
historique, deux années de suite. Les experts d'Hydro-Québec sont les seuls à
avoir produit une étude. En consultations particulières, ils disent qu'on va
perdre en faisant ça, et avec les autres articles qui arrivent plus loin, qui
ouvrent la porte à une privatisation, on va perdre, comme Québécois,
3 milliards de dollars, qui vont aller dans la poche de compagnies
privées. Et il n'y a aucune autre étude qui est venue la contredire. Et ce sont
les experts d'Hydro-Québec qui sont venus nous dire ça ici.
Puis J'ai posé plusieurs fois la question
à la ministre puis je n'ai jamais eu de réponse. C'est ça qui est en train de
se passer. Ce n'est pas la même chose. Et la question ici…
M. Paradis : ...ici,
c'est : Il faut le faire à visière levée. Si c'est ce qu'on veut faire, si
on veut s'attaquer au pacte québécois sur l'électricité, il faut demander aux
Québécois s'ils sont d'accord. La nationalisation de l'électricité, elle a été
effectuée par des élections générales qui ont été déclenchées par le Parti
libéral en 1962 sur cette question-là. C'est ça, l'importance que ça a. Si le
gouvernement de la CAQ veut s'octroyer le droit de toucher le pacte québécois
sur l'électricité, qu'il demande aux Québécois. Et on revient au fait qu'il n'y
a pas eu de consultation là-dessus et que tout le monde veut se prononcer
là-dessus.
Alors, si ce n'est pas ça que la ministre
est prête à faire, demander aux Québécois, je lui repose la question. Pourquoi
prend-elle toujours le soin de répondre qu'il n'y a pas de privatisation
d'Hydro-Québec? Pourquoi le premier ministre prend toujours soin de
répondre : Il n'y aura pas de privatisation d'Hydro-Québec? Pourquoi, dans
votre publication sur les réseaux sociaux d'hier, vous avez dit : Il n'y a
pas de privatisation d'Hydro-Québec, alors que ce n'est pas ça, la question?
Personne ne parle de vendre des actions d'Hydro-Québec au privé. Ce dont on
parle, c'est la privatisation de la vente d'électricité, et c'est exactement ce
qui est en train de se passer à l'article 61.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Bien,
écoutez, M. le Président, je voudrais mentionner, comme je l'ai déjà fait déjà
plusieurs fois, que tous veulent être raccordés au réseau d'Hydro-Québec. Je
veux dire, ça, il n'y a même pas de questionnement là-dessus. Il n'y a pas un
joueur que j'ai rencontré depuis que j'ai pris mes fonctions à l'Économie qui
ne voulait pas d'abord et avant tout être approvisionné, alimenté par le réseau
d'Hydro-Québec. Maintenant, il y a des limites à ce que le réseau peut faire à
court terme. Et encore faut-il être dans les priorités d'Hydro-Québec si on
aspire à être raccordé et qu'on est situé dans une zone un peu plus en retrait
des réseaux, de l'organisation. Donc, voilà, ça, c'est le souhait de tout un
chacun.
Alors, le Parti québécois, en 2000, avait
permis la vente d'électricité à un voisin à partir de biomasse. C'est une formule
qui peut être une alternative, je dirais, pertinente. Et là il s'avère qu'au
cours des 25 dernières années, l'énergie produite à partir d'éoliennes ou
encore de panneaux solaires est devenue franchement plus accessible. Alors, on
ouvre à d'autres sources énergétiques renouvelables cette possibilité-là de
vendre à un voisin, un seul voisin, ce qui veut dire un seul compteur
électrique.
Et, bon, je vois que le député de
Jean-Talon se questionne à savoir pourquoi est-ce que je m'en remets toujours
au Parti québécois quand j'aborde ces questions-là de privatisation. Bien,
c'est, d'une part, parce que c'est du Parti québécois qu'est venue cette
possibilité-là, de vendre à un voisin pour l'approvisionnement énergétique, et
c'est aussi une idée qui avait été promue par le chef du Parti québécois, et le
chef précédent, M. Parizeau, aussi, lui, proposait une privatisation
d'Hydro-Québec à hauteur de 10 %.
Donc, l'idée émerge de temps en temps,
puis ça fait en sorte que ça reste dans l'espace public. Alors, je pense, c'est
important de préciser que notre formation, notre gouvernement n'entend
aucunement privatiser Hydro-Québec, parce que c'est ce que certains peuvent
craindre, tout simplement. Je pense, c'est important de rassurer les gens,
parce que c'est un élément quand même fondamental de notre pacte social. Alors,
c'est important de le rappeler. Donc, voilà, c'est en ce sens-là. Merci.
Le Président (M. Montigny) :
Merci. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Toujours
intéressant aussi de voir la ministre essayer d'embarquer dans ces
histoires-là. Mais c'est intéressant qu'elle cite un chef du Parti québécois
qui avait écrit un livre avant de devenir le chef du Parti québécois et un chef
du Parti québécois qui s'est prononcé là-dessus après sa retraite de la
politique.
Cela étant dit, revenons à nos moutons,
l'article en question. L'important est de fonctionner à visière levée. Est-ce
que, oui ou non, au Québec, il existe un pacte sur l'électricité qui dit que
seule Hydro-Québec vend de l'électricité, sauf les titulaires qui existent
depuis très longtemps, là, pour des raisons historiques, qui sont nommés
notamment à l'article 62? Est-ce que la ministre est d'accord avec ça, oui
ou non? C'est ça quand on parle que... C'est de ça dont on parle quand on parle
du monopole d'Hydro-Québec sur la vente d'électricité. Est-ce qu'elle est
d'accord que ça existe au Québec, ça?...
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Alors...
Mme Fréchette : ...
Le Président (M. Montigny) : Oui,
Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Merci. Donc,
j'aimerais rappeler en fait que c'est le Parti québécois qui a déréglementé la
production privée. Et ça a permis de développer toute une industrie dont on
peut être fiers, là, aujourd'hui. La vente d'électricité, en fait, a été
déréglementée en... autour de 2000, au début des années 2000. Donc, ça, je
pense que c'est important de le rappeler.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. D'autres interventions? M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Je suis étonné
encore une fois par ce réflexe de la ministre de constamment revenir au Parti
québécois. Je sais que le Québécois... les Québécois reconnaissent le rôle
historique de René Lévesque en matière d'électricité. C'est très vrai, que
notre fondateur, le fondateur de notre parti a joué un rôle essentiel. C'est
vrai, que le Parti québécois a toujours été à l'avant-plan pour la protection
des intérêts publics et du rôle d'Hydro-Québec dans le fait que c'est notre
richesse collective. C'est vrai, qu'on joue un rôle essentiel dans la
protection de notre richesse et de notre richesse collective.
Cela étant dit, on parle de ce que ce
gouvernement de la CAQ est en train de faire. Je suis surpris que la ministre
ne convienne pas avec moi et avec tout le monde au Québec que, quand on parle
du monopole d'Hydro-Québec, c'est de ça dont on parle. La réponse, ça devrait
être clairement oui. Il ne devrait pas avoir d'hésitation, il ne devrait pas y
avoir de moment où on consulte autour, c'est... Ce qu'on veut, c'est... Quand
on vend de l'électricité au Québec, les profits que ça génère, parce que c'est
le fruit de notre travail, c'est le fruit de notre labeur, c'est nous qui avons
construit les infrastructures, c'est vous... c'est nous qui avons fait du
Québec un géant à l'échelle internationale, parce que c'est ça, quand on vend
de l'électricité puis qu'il y a des profits à faire, on veut que ça vienne dans
les poches des Québécois. C'est ça, le principe. C'est de ça dont on parle.
Donc, la question qui vient, j'aurais mis
une réponse plus claire à ça, mais à la question suivante est la suivante, la
question suivante, donc, est celle-ci : Est-ce que la ministre est prête à
admettre à visière levée que l'article 61 qu'on étudie, lié à
l'article 60 qui précède, c'est une ouverture à ce que plus de compagnies
privées vendent de l'électricité à d'autres compagnies privées? C'est écrit
noir sur blanc dans les articles, mais la ministre ne le dit jamais en réponse
au salon rouge puis on ne le dit pas ici. C'est ça, l'objectif :
privatisation de la vente d'électricité. Les articles disent ça. Pourquoi la
ministre n'est pas capable de le dire à visière levée aux Québécois? Ils nous
regardent, là.
• (17 h 30) •
Le Président (M. Montigny) : M.
le député, juste pour votre information, il vous restera 12 secondes. Je
ne voulais pas vous couper. Mme la ministre. Mme la ministre, vous avez la
parole.
Mme Fréchette : Oui. Il y a
bien des industries, par exemple, dans des zones éloignées qui, pour l'instant,
utilisent des sources d'énergies fossiles et qui aimeraient bien, eux aussi,
entrer dans le principe de décarbonation, s'engager dans la transition
énergétique. Qu'est-ce que le député de Jean-Talon offre à ces entreprises,
qu'est-ce qu'il offre?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
très bien, il reste 10 secondes.
M. Paradis : Je suis
stupéfait que la ministre me pose la question à moi. C'est son projet de loi.
Et elle, elle l'offre la privatisation de la vente d'électricité. C'est ça
qu'elle offre aux Québécois.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Bien, je
pense qu'on comprend qu'il n'y a pas d'alternative qui est proposée par le
député de Jean-Talon. C'est important, dans le contexte actuel, d'offrir des
alternatives à de l'énergie fossile, et c'est ce qu'on propose sur la base
d'une proposition qui avait été initialement mise de l'avant par le Parti
québécois.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
toujours à l'étude de cet article, est-ce qu'il y a d'autres interventions? M.
le député de Maurice-Richard?
M. Bouazzi : Bien, c'est une
conversation intéressante, M. le Président. Moi, ma question pour la ministre,
c'est... Parce que concrètement... Donc, ce que je comprends de ce que... de ce
que vous nous dites, c'est que cet article-là vient régler une cohérence avec
l'article précédent qu'on a... qu'on a adopté. Donc, si l'article est adopté
tel quel, sans...
17 h 30 (version non révisée)
M. Bouazzi : ...sans l'amendement,
ça voudrait dire qu'une compagnie qui décide de distribuer... enfin, qui
produit de l'électricité pourrait distribuer à un consommateur... Juste...
expliquez-moi pourquoi on a absolument besoin de ça pour que l'article
précédent fonctionne. Je ne comprends pas.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Bien, Me
Marois nous a expliqué, là, tout à l'heure le pourquoi : c'est dans un
esprit de cohérence que c'est... cet amendement-là est mis de l'avant, et
voilà, je... À moins qu'on veuille lui redemander de nous réexpliquer, je pense
que l'explication a été donnée tout à l'heure.
Le Président (M. Montigny) : Bien.
M. Bouazzi : Mais, si on
revient à l'affirmation que cette modification n'existait pas, alors que la
vente... des questions de biomasses qui effectivement ne se sont jamais
vraiment matérialisées existaient, pourquoi avant c'était possible, et
maintenant on a besoin de cette modification-là?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Je le répète,
c'est une bonification, c'est une amélioration. C'est juste dans un esprit de
cohérence, «tant qu'à», tant qu'à revoir le vocabulaire.
M. Bouazzi : Du coup, on en a
besoin. Je comprends, là. Mais, d'un côté, on dit : Si on n'a pas ça, on
ne peut pas appliquer l'article précédent, et de l'autre côté on dit :
Bien, en fait, on pouvait, mais là on ne fait qu'améliorer. On améliore quoi,
au juste? C'est quoi? J'aimerais bien qu'on... C'est... Ou bien avant, la loi
ne marchait pas, puis c'est correct si c'est ça, votre réponse, ou bien la loi
marchait, et donc ça, bien, ça apporte quelque chose de plus ou de moins, mais
ça change quelque chose.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Avant, il y
avait une incohérence dans le projet de loi.
M. Bouazzi : O.K.
Mme Fréchette : Donc, on
vient réparer cette incohérence-là. Je pense que ce n'était pas l'esprit de
ceux qui avaient élaboré la loi, mais, dans les faits, dans les termes, il y
avait une forme d'incohérence.
M. Bouazzi : O.K. Très bien.
Et donc là, ce qu'on dit, c'est... Concrètement, la seule chose qu'on permet, c'est
à une compagnie privée de produire de l'électricité et à vendre à un acheteur
privé, et ça, ça le matérialise encore plus, disons que ça le... ça garde une
cohérence dans le projet de loi. Mais ce n'est ni plus, ni moins. C'est bien
ça?
Le Président (M. Montigny) : O.K.
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Ce n'est ni
plus, ni moins un... À la fin, vous avez dit... Votre dernier mot?
M. Bouazzi : Bien, de la
phrase que je viens de dire, c'est-à-dire le fait qu'un producteur privé peut
vendre à un producteur.
Mme Fréchette : Oui, oui. C'est
ça. Ça vient confirmer ce qui a été adopté à l'article précédent. Ça vient
rétablir la cohérence.
M. Bouazzi : Ça fait
maintenant depuis le début des années 60 qu'Hydro-Québec existe. Là, vous
revenez souvent sur l'exemple de quelqu'un, un groupe qui est quelque part qui
n'est pas accordé à Hydro-Québec et qui voudrait être raccordé à un producteur
privé. Combien il y en a eu depuis 1962, des groupes comme ça qui n'ont pas pu
être raccordés?
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Bien.
Souhaitez-vous suspendre quelques instants ou...
Mme Fréchette : Non, mais...
Bien, en fait...
Le Président (M. Montigny) :
Non? Allez-y, Mme la ministre.
Mme Fréchette : ..on n'a pas
le décompte de ceux qui reposent sur une source d'énergie qui ne relève pas d'Hydro-Québec,
combien il y en a. Je sais que dans les zones plus isolées, il y en a, et
ça va être d'une grande utilité que d'avoir une alternative éolienne, par
exemple, ou solaire. Mais on n'a pas le compte.
M. Bouazzi : Ça fait qu'on ne
sait pas combien il y en a, mais on va répondre à leurs besoins en
permettant... en faisant un changement majeur. Parce que c'est vraiment un
changement majeur, là, vous en êtes consciente, Mme la ministre. L'idée de dire :
Bien, à partir de maintenant, le privé peut vendre au privé, ce n'est pas
petit, là, c'est comme... ce n'est pas petit, c'est gros, là. On va avoir des
réseaux parallèles à ceux d'Hydro-Québec qui sont des réseaux privés.
Effectivement, il y a des zones quelque
part qui font de l'autoproduction. Vous n'avez pas le décompte de ces gens...
de ces gens-là, mais on peut se mettre d'accord que ça fonctionne, qu'ils sont
capables d'autoproduire pour eux-mêmes, là.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : ...pas tout
le monde... veut autoproduire pour soi-même, au sens où il y en a pour qui ce n'est
pas le cœur de leurs activités économiques. Ils n'ont pas nécessairement l'envie
de se lancer dans cette nouvelle activité économique d'autoproduction, et, s'ils
peuvent reposer sur quelqu'un qui est prêt à fournir de l'électricité à...
Mme Fréchette : ...cette organisation-là,
eh bien, je pense que c'est une chose qu'ils vont peut-être considérer. Il y en
a d'autres qui vont vouloir rouler sur la façon de faire qu'ils ont eue depuis
des décennies, et puis voilà, il n'y aura pas d'impact. Il y en a qui voudraient
s'inscrire dans la transition énergétique, et je pense que ça va pouvoir
représenter une option. Ce n'est pas une option facile, c'est compliqué, c'est
coûteux, mais, au moins, ça pourrait offrir une option dans un contexte où on
est dans la raréfaction de l'offre énergétique aussi. Donc ça, c'est un élément
qui est différent par rapport à ce qui prévalait il y a plusieurs années. C'est
que l'offre énergétique n'est pas la même, les besoins sont très grands, très
variés, et il va falloir... il faut faire des priorités. Mais, par conséquent,
voilà, le contexte change la donne un peu.
M. Bouazzi : O.K. Il y a deux
conversations quand même, Mme la ministre, parce que, d'un côté, il y a une
question de la rareté de l'offre, bon, soit, et, de l'autre côté, il y a le
fait qu'il y a des gens qui ne sont pas connectés au réseau parce qu'ils sont
loin. Aujourd'hui, on peut très bien imaginer l'inverse, c'est-à-dire des gens
qui sont très, très proches et qui vont recevoir de l'électricité de compagnies
privées. Surtout, encore une fois, si on voit à quel point la notion d'adjacent
est élastique, là, on a toujours du mal. Je vous avouerai que, depuis notre
dernière conversation, j'ai beaucoup réfléchi pour me dire : Mais comment
est-ce que le gouvernement peut affirmer que ce qui se passe avec TES Canada
est conforme à la loi?
Et je me dis peut-être, et c'est une
question que je vous pose, Mme la ministre, est-ce que vous considérez que,
quand on met une... quand TES loue un morceau de terre de 100 mètres fois 100,
proches de... pour mettre son éolienne qui, évidemment, en son temps, très loin
de Shawinigan, est-ce que vous considérez que le 100 mètres par 100 mètres
qu'il a loué pour mettre son
éolienne, ça devient son terrain et donc, par
définition, il est dans son terrain? C'est, comment vous arrivez à expliquer
qu'on est adjacent à 20 kilomètres de distance?
Mme Fréchette : Bien,
écoutez, on a discuté longuement de cette question-là il y a plusieurs
semaines. Moi, j'aimerais vous ramener sur l'amendement pour vous donner un cas
d'exemple. Les capacités techniques d'Hydro-Québec, on le sait qu'elles sont
proches de leur maximum dans un certain nombre de régions. Je prends un cas
hypothétique advenant qu'il y ait deux projets d'entreprise qui sont intéressés
à aller s'établir dans une région où la capacité est presque atteinte, la
capacité maximale est presque atteinte, eh bien, si la seule possibilité, c'est
de se raccorder au réseau d'Hydro-Québec, eh bien, il va falloir abandonner un
des deux projets d'entreprise, si le nombre de mégawatts requis est trop
important par rapport à la capacité technique. Avec la possibilité de
s'approvisionner via une source d'énergie éolienne ou solaire, eh bien là, ça
vient quand même ouvrir une option pour que les deux projets puissent vivre. Je
peux vous dire que, dans bien des communautés, avoir deux projets d'entreprise
plutôt qu'une, ça peut faire une grande différence en termes d'activité
économique.
Donc, dans le contexte de la raréfaction
de l'offre énergétique, c'est un atout que d'avoir une alternative qui s'offre.
Je pense que, pour du développement économique régional, ça, vient franchement
offrir une option qui pourrait être intéressante, bien que, je le rappelle,
c'est une option coûteuse qui demande du temps, des efforts, une expertise
particulière. Mais tout de même, ça, au moins, offre une opportunité, une
option qui autrement, n'existerait juste pas.
• (17 h 40) •
M. Bouazzi : Alors, prenons
cet exemple-là et puis allons plus profond, parce que, pour moi, je vous
avouerai que je reste... il reste toujours énigmatique pour moi, cet aspect
capitaliste, néolibéral, sans limites, en se disant : Voilà, on a la
solution, on va en faire plus et puis tout le monde va en avoir plus. Alors, prenons
le cas un par un. D'abord, on est bien d'accord, Mme la ministre, que les
gisements éoliens, c'est comme ça qu'on les appelle, comme il y avait des
gisements de pétrole, maintenant il y a des gisements de vent, ils ne sont pas
infinis. Donc, tous les gisements que le privé va exploiter, c'est des
gisements qu'Hydro-Québec n'exploitera pas. Sommes-nous déjà d'accord sur ce
point?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Donc,
Hydro-Québec peut soit produire lui-même ou s'approvisionner auprès d'une
entreprise qui lui fournira, vendra l'électricité éolienne, à base
d'éoliennes.
M. Bouazzi : Ce n'est pas ma
question. Ma question, c'est : Il y a du vent, c'est un gisement...
M. Bouazzi : ...c'est de l'énergie,
c'est un commun, ça appartient à tout le monde. Et, cette énergie-là, ces
gisements éoliens, comme on les appelle techniquement, ne sont pas infinis. Ils
sont finis. Bon. Et, partout où on va exploiter ces gisements-là, bien, c'est
ou Hydro ou le privé. Mais, une fois qu'on a mis une éolienne du privé, bien,
on n'a pas mis une éolienne d'Hydro. Est-ce qu'on est juste d'accord que les
capacités de la terre, au Québec, ça fait partie... sont finies et le vent qui
se balade est fini? Et donc, à chaque fois qu'on va décider que le privé, comme
dans TES Canada, va exploiter 200 kilomètres carrés de vent, bien, ces
200 kilomètres carrés là, ce n'est pas vrai qu'on va pouvoir rajouter
autant qu'on veut d'éoliennes d'Hydro-Québec. Ce n'est pas... Ce n'est pas un
piège. Moi, j'ai d'autres questions après. Je veux juste qu'on se mette
d'accord que les gisements éoliens sont finis. Et, à chaque fois qu'on va en
donner une partie au privé, bien, c'est une partie dont on se prive, là.
Mme Fréchette : On peut aussi
mettre des panneaux solaires sur les éoliennes, éventuellement, question de
multiplier les sources. C'est sûr que c'est fini, mais on est loin du compte,
là. On entame notre intégration dans le secteur de l'énergie solaire et
éolienne.
M. Bouazzi : Oui mais...
Donc, déjà on avance, donc c'est fini. Ça fait qu'à chaque fois qu'on va se
dire : Il n'y a pas de problème, le privé va pouvoir produire au privé, ce
n'est pas mon problème au public, nous avons transféré une partie de notre
richesse, qu'est le vent, qui... les gisements éoliens qui existent au Québec
au privé.
Bon. Les travailleuses et travailleurs
sont finis. Bon. Les capitalistes aiment bien les appeler des «ressources».
Bon. Tout est une ressource. Le vent est une ressource, les êtres humains,
c'est une ressource. Bon. Appelez-les ressources, restons dans votre
vocabulaire et dans celui de mon ancien employeur, que je salue. Et les
ressources humaines sont... sont finies aussi. Je veux dire, nous avons eu M.
Sabia nous dire : Attention! Si vous mettez trop de TES Canada, bien, moi,
mon projet ne marche plus. Le risque numéro un qu'Hydro-Québec... Ils ont trois
risques, là, dans leur document, ce n'est pas beaucoup de risques... les
analyser. Le premier, c'est le manque de main-d'oeuvre. Si on se retrouve avec,
dans l'exemple que vous donnez, de la main-d'oeuvre qui est accaparée pour
pouvoir répondre a un projet de privé au privé parce qu'il est plus rentable,
bien, évidemment, c'est de la main-d'oeuvre qu'Hydro-Québec n'aura pas pour
faire le projet que vous, vous pensez essentiel, Mme la ministre. Est-ce qu'on
est d'accord que c'est fini aussi, l'expertise, sur notre territoire au Québec?
Et qu'à chaque fois qu'on va envoyer de l'expertise pour faire de la vente du
privé au privé, bien, c'est de l'expertise dont on se prive?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui, la terre
est finie, le talent, sur la terre, est fini, je veux dire...
M. Bouazzi : C'est un fait.
Mme Fréchette : Mais, en même
temps, il y a des améliorations technologiques.
M. Bouazzi : Vous avez raison
de trouver ça drôle. Mais le capitalisme, il ne trouve pas ça drôle du tout, il
pense que c'est vrai. Il y a comme... Hein? Il n'y a que... comme on dit, il
n'y a que les économistes et les fous qui pensent que la terre est infinie.
Mais c'est un problème que nous avons à résoudre en ce moment ensemble. Bon.
Donc, on est d'accord qu'il y a des
ressources, que, si elles partent au privé, bien, elles ne seront pas utilisées
au public. C'est un fait en santé, c'est un fait en éducation, c'est évidemment
un fait pour Hydro-Québec.
Mme Fréchette : Mais c'est un
fait aussi que, parfois, quand c'est produit au privé, bien, c'est plus
efficace.
M. Bouazzi : Maintenant, le
problème qu'on a, c'est que tout ceci est fini. Et, nous, on a une transition
écologique et énergétique à réussir. Il y a des projets, là, qui ne servent pas
à grand-chose. La cryptomonnaie, là, ça ne sert pas à grand-chose. Vous avez
même mis, dans votre projet loi, dans un des nombreux amendements que vous nous
avez envoyés, pour dire : Au-dessus de je ne sais plus, c'est vraiment
très faible, là, en énergie, nous, on ne donne pas d'électricité aux cryptomonnaies.
Pour le privé au privé, là, demain, il y a quelqu'un qui veut faire de la
cryptomonnaie sur le territoire, il met des éoliennes, il a un contrat, ça
rapporte de l'argent. C'est de la spéculation pure. Ça rapporte de l'argent. Il
veut investir dans... comment elle s'appelle, la cryptomonnaie de Trump, là?
Trump Crypto? Je ne sais pas. Il l'appelle True Trump? Comment il l'appelle?
Truth?
Une voix : ...
M. Bouazzi : «Trump coin».
Bon. Et là, il peut? Vous vous êtes donné des règles pour dire : Moi, je
ne veux pas que mon énergie aille à ce genre de compagnie. Est-ce qu'on est
d'accord, Mme la ministre, que ce que vous proposez aujourd'hui, c'est de
dire : Bien oui, s'il y a une compagnie qui veut faire une ferme
énergivore qui va créer des cryptomonnaies, elle a... elle peut tout à fait,
effectivement, avoir un contrat avec Boralex et produire de l'énergie pour
cette compagnie-là?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Je rappelle
que ça va prendre une autorisation du gouvernement. Et, nos orientations, c'est
à l'effet qu'il faut que ce soit structurant, il faut qu'il y ait des retombées
économiques. Et puis il y a des secteurs. Puis vous nommez les cryptomonnaies,
qui, effectivement...
Mme Fréchette : ...ne cadrent
pas avec les objectifs que nous, on se donne. Donc, l'autorisation ne serait
pas donnée.
M. Bouazzi : O.K. Mais on est
d'accord que c'est quand même des projets que vous avez décidé de ne pas...
auxquels vous avez décidé de ne pas donner d'énergie. Vous avez donné un
exemple, là. Quelque part en région, il y a deux projets. Il y en a un, vous
dites : Oui, lui, je le connecte, et l'autre, vous dites : Bien là,
je ne peux pas. Ça fait que, là, il se débrouille lui-même. C'est sûr que celui
que vous avez autorisé est plus utile sur tous vos critères que l'autre. On est
d'accord qu'on va se retrouver à pouvoir accaparer et de la ressource éolienne,
des gisements éoliens, ou du soleil, hein, si vous voulez, mais aussi... mais aussi
de l'expertise et de la sueur de travailleuses, de travailleurs pour le privé
qui n'iront pas au public, qui n'iront pas aux projets... Je veux dire, on
l'a vu, Mme la ministre, c'est assez terrible à quel point... Est-ce que, pour
une fois... Tu sais, d'habitude, on regarde, là, le système de santé, on se
dit : Oh là là là! Il y a du privé partout, on n'est pas capable d'avoir
une infirmière, etc. Il va falloir réussir à corriger ça après qu'on ait ouvert
les vannes partout. Là, on a l'inverse, on a quelque chose qui fonctionne, qui
appartient aux Québécoises et Québécois et on se dit : Bien, tiens, je
vais essayer d'ouvrir. Bien, évidemment que ça va comme détériorer le service
d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
pour le bénéfice de tous, je nous rappelle que nous sommes à une proposition
d'amendement à l'article 39. Ça fait quand même un bon petit bout de temps
qu'on avait des échanges, je voulais simplement le rappeler. Mme la ministre.
Mme Fréchette : En fait,
bien, je voulais mentionner que, par exemple, si nos deux entreprises, il y en
a une, c'est de l'aquaculture, et l'autre, c'est de la production en serre, et
que les deux projets sont intéressants, les deux projets apportent de
l'activité économique mais que, parce qu'on est limité en termes de mégawatts
dans la région, il faut dire oui soit à un soit à l'autre, mais les deux sont
impossibles à combiner parce que les mégawatts ne sont pas là, bon, là,
actuellement, il faudrait dire : Désolé, ce ne sera pas possible, à un des
deux projets. Mais, si la région veut les deux et qu'avec l'amendement on a la
possibilité d'alimenter un des deux projets avec de l'énergie éolienne ou
solaire, eh bien, il me semble que c'est un plus pour la région, il me semble
que c'est un plus pour les promoteurs de chacun des projets économiques de
pouvoir aller de l'avant.
Alors, je comprends que votre préférence
ce serait qu'un des deux on lui dise non parce que ça pourrait affecter l'accès
d'Hydro-Québec à des ressources ou des talents. Je trouve que, là, on est dans
un scénario un peu extrême, là, dans le sens que...
• (17 h 50) •
M. Bouazzi : Est-ce que vous
avez...
Mme Fréchette : ...on n'en est
pas là.
M. Bouazzi : Je veux dire,
est-ce que vous avez juste lu les trois risques qui sont associés au plan
d'Hydro-Québec? Parce que, je veux dire, ce n'est pas un scénario extrême,
c'est le risque numéro un, l'accès aux ressources humaines.
Mme Fréchette : Oui, mais
réduit à l'échelle d'une entreprise, d'un projet d'entreprise, on n'en est pas
dans la gestion d'un risque immense, là, pour Hydro-Québec.
M. Bouazzi : Bien, qu'est-ce
qui dit qu'il ne va pas y en avoir plein, des projets comme ça?
Mme Fréchette : Bien, parce
que tout le monde, comme je disais à la base, veut être d'office rattaché,
raccordé à Hydro-Québec. C'est ça, le souhait de tout le monde.
M. Bouazzi : Non, je
comprends, mais il n'y a plus d'électricité disponible, on le sait. Votre
prédécesseur a distribué des mégawatts, en veux-tu en voilà. Il n'y en a plus,
là. Ça fait que tout ceux que... à qui vous dites non, ils vont vouloir planter
des éoliennes ou embaucher Boralex pour leur donner de l'électricité. Ça fait
que c'est quoi? Est-ce que vous avez des études qui diraient : Bien là, il
va peut-être y en avoir juste 10, juste 100, juste deux? C'est quoi,
vos...
Mme Fréchette : La réalité va
évoluer, d'une part, et elle est différente d'une région à l'autre.
M. Bouazzi : O.K. Et est-ce
que...
Mme Fréchette : Donc, on ne
peut pas établir un nombre pour le Québec au complet, là, parce que ça se
décline différemment dans les différentes régions.
M. Bouazzi : Et sachant
qu'Hydro-Québec dit que son accès au... à l'expertise est le risque numéro un,
est-ce que vous avez fait une étude d'impact pour dire à quel point est-ce que
ça met à risque la planification d'Hydro-Québec jusqu'à 2035, voire 2050?
Mme Fréchette : Dans la
mesure où ces projets-là peuvent n'alimenter qu'un seul compteur électrique, ce
ne seront pas des mégaprojets qui vont, comment dire, ratisser une part
significative des talents disponibles au Québec, là. À chaque fois, on parle
d'un seul consommateur. Et on l'a vu avec la biomasse, il n'y a pas eu
utilisation de cette possibilité-là.
M. Bouazzi : Mais, Mme la...
M. Bouazzi : ...la ministre,
TES Canada, c'est un seul compteur, et... ce n'est même pas... c'est zéro
compteur, là. Mais imaginons qu'il vende de l'électricité. C'est un seul compteur,
c'est 133 éoliennes de 200 mètres de haut, là. C'est du monde, là, c'est du
monde, là. Il y a... Un des gros défauts des énergies solaire et éolienne,
c'est qu'il faut vraiment beaucoup de cellules solaires et d'éoliennes pour que
ça fonctionne, et il faut d'ailleurs beaucoup d'espace aussi parce que ça prend
énormément d'espace.
Ça fait qu'aucune étude d'impact? On est
d'accord. Je comprends votre argument d'un seul... un seul consommateur. Mais
il n'y a aucune étude d'impact pour dire est-ce que, oui ou non, ça met à
risque les plans d'Hydro-Québec?
Mme Fréchette : L'étude, elle
va se faire à chacun des projets qui seront soumis. Je le rappelle, ça prend
une autorisation gouvernementale. Les gens ne vont pas partir comme ça, à
droite, à gauche, avec, chacun, leur projet dans leur besace, puis développer
ça, puis on va se réveiller, un matin, qu'il n'y aura plus de talents
disponibles pour Hydro-Québec parce que tout le monde va avoir démarré son
projet en parallèle. Ça va prendre des études sérieuses pour chacun des projets
qui nous seront soumis, et, si ce n'est pas structurant, si les impacts ne sont
pas ceux souhaités, eh bien, ce sera refusé.
M. Bouazzi : Bien, moi,
j'aimerais bien faire confiance à la raison, mais, malheureusement, votre
prédécesseur, Mme la ministre, il a quand même distribué 2 500 mégawatts
en 18 mois, basé sur aucune étude, qui ne servent même pas à décarboner. Ça
fait qu'il y a-tu une étude qui disait que ça mettait à mal ou pas nos
objectifs de baisse de CO2? On a eu des gens qui ont fait les
calculs, en commission, qui nous ont dit : Bien, en fait, tout ce qu'on a
prévu pour le développement économique a déjà été dilapidé par les promesses de
votre prédécesseur et à peu près rien n'a été fait pour les baisses de CO2.
Même M. Sabia nous a dit ça, là.
Ça fait que...ça fait que rien ne nous
prouve que, si vous, vous ne le faites pas, que le prochain ne va pas
dire : Bien, moi je suis très ami avec les multinationales, je vais leur
permettre toutes sortes de choses. Et puis tant pis pour les consommateurs
québécois, là, rien. Parce qu'il n'y a jamais eu le mandat, pour M. Fitzgibbon,
de faire ce qu'il a fait avec nos mégawatts, là.
Il y a... il y a un point d'ordre.
Allez-y.
Le Président (M. Montigny) : Oui,
M. le député.
M. Tremblay : Oui. En tout
respect...
Le Président (M. Montigny) : Bien,
ce ne sera pas long.
M. Tremblay : ...35-6, 211.
On amalgame des faits très hypothétiques. Je pense qu'on pourrait revenir au
sujet M. le Président.
M. Bouazzi : J'aurais aimé
qu'ils soient hypothétiques, cher collègue. Ils sont très, très documentés,
malheureusement.
Le Président (M. Montigny) : M.
le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Oui. Ça fait
que, tu sais, il n'y a aucun garde-fou. Est-ce que vous dites... je ne sais
pas, moi, est-ce que... est-ce qu'on pourrait imaginer un mécanisme qui dit,
bien : pas plus de tant de projets par an, par... Parce que vous dites
aujourd'hui : il y a un seul... il y a un seul client. À partir du moment
où on a cassé le principe, un omnibus, et puis on dit : pas un, mais 10,
et puis il y aura 10 clients. Je veux dire, le principe est cassé, là, puis
c'est un principe qui, quand même, date du début des années 60, là. C'est gros,
là.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Je
rappelle que le principe existe depuis 2000, depuis 25 ans.
M. Bouazzi : Depuis quoi?
Mme Fréchette : Depuis 25 ans,
le principe, qu'il existe.
M. Bouazzi : Bon, d'abord,
depuis 25 ans, il n'y a pas cet article-là, ça fait qu'on pourrait s'en passer.
Et puis, deuxièmement, on s'entend qu'on ne parle pas de la même chose, Mme la
ministre, quand même, là. Je comprends l'argument que vous donnez au Parti
québécois, bon, c'est de bonne guerre, mais pas à nous, là, ça ne marche pas,
là. Il n'existe pas, le principe, il n'y a aucun cas d'espèce, il n'y en a pas.
Il n'y a aucun projet.
Mme Fréchette : Le principe
n'existe pas parce qu'il y a un cas. Il existe parce qu'il est permis.
M. Bouazzi : Mais ce n'était
pas un risque pour la privatisation de la production de l'électricité au
Québec. Il n'y a aucun cas. Mais ça, on s'entend que, si vous le mettez là,
c'est que ça va arriver, là.
Mme Fréchette : Donc, s'il y
avait deux cas, là, on serait... on serait dans un grand risque pour
Hydro-Québec?
M. Bouazzi : Mais si vous me
dites : Limitons à deux.
Mme Fréchette : Non, je parle
de la biomasse. S'il y en avait eu deux, vous ne pourriez pas dire qu'il n'y
avait pas de risque pour Hydro-Québec?
M. Bouazzi : D'abord, moi, je
ne comparais pas la biomasse avec des éoliennes et du solaire. Deuxièmement, il
y en a zéro. Ça fait qu'effectivement moi, régler des problèmes qui n'existent
pas, ça ne m'intéresse pas beaucoup. Ça, moi, je pense qu'il y en aura plein,
parce que l'électricité, vous avez raison de dire : Il en a besoin. Et
puis il va... je vous dis, ce qui va arriver, c'est, les choses les plus
rentables, qui ne sont pas spécialement celles qui diminuent le gaz...
M. Bouazzi : ...à effet de
serre, eh bien, toute l'électricité qui est accaparée pour faire de
l'intelligence artificielle aujourd'hui, dans des énormes... Vous allez
dire : Ah! bien non, l'intelligence artificielle, c'est contre nos
principes. Vous allez dire oui, et puis ce qui va se passer, c'est qu'on va
avoir une privatisation des gisements éoliens à perte de vue et évidemment,
toutes sortes de «data centers» qui font de l'intelligence artificielle, plutôt
que d'électrifier les choses qui donnent de la job dans les régions, par
exemple. Et c'est vraiment dangereux, là, vous jouez aux apprentis sorciers,
Mme la ministre.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
d'autres interventions? Mme la députée de Robert-Baldwin. Il nous reste à peu
près 1 min 30 s avant l'ajournement.
Mme Garceau : Merci, M. le
Président. La ministre a répondu à une question de mon collègue de
Maurice-Richard — j'ai trouvé la réponse intéressante — concernant
l'article 61, et qu'on a réglé une incohérence. Et j'aimerais savoir quelle
incohérence est-ce que vous avez réglée avec l'article 61.
Le Président (M. Montigny) : Bien.
En une minute, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Me Marois
nous l'a nommée tout à l'heure, là, il disait qu'un article pouvait contredire
le précédent.
Mme Garceau : Bien, je pense
qu'il va falloir clarifier exactement c'est quoi l'incohérence. Parce que je
regarde l'article 60, le troisième alinéa, et l'article... l'ancien article 61,
le nouveau article 61... Donc, j'aimerais voir comment tout ça, c'est... est
cohérent.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Alors, en 30 secondes. Souhaitez-vous... Me Marois.
M. Marois (Samuel) : Bien, en
30 secondes... Bien, avant, pour la biomasse, il y avait une possibilité de
distribuer l'électricité, mais on avait, dans l'article d'après, une
disposition qui disait «nul ne peut distribuer d'électricité» ou... je
paraphrase, là, essentiellement, c'était ça. Donc, on corrige une incohérence,
en venant spécifier que, quand on distribue de l'électricité comme dans le cas
permis par le gouvernement à l'article 60, bien, ce n'est pas une... ça ne
participe pas de l'interdiction de distribuer prévue à l'article 61.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Alors, je vous remercie pour votre collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 heures)