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Commission permanente des affaires sociales
Projet de loi no 88
Loi modifiant la loi de la protection
de la santé publique
Séance du jeudi 27 février 1975
(Dix heures quinze minutes)
M. Lafrance (président de la commission permanente des
affaires sociales): A l'ordre, messieurs!
Avant de commencer les audiences de ce matin, je voudrais faire part
à la commission parlementaire des changements des membres de la
commission. Mme Bacon (Bourassa) est remplacée par M. Chagnon
(Lévis); M. Fortier (Gaspé) est remplacé par M. Leduc
(Taillon); M. Lecours (Frontenac) est remplacé par M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier); M. Massicotte (Lotbinière) est remplacé par M.
Marchand (Laurier).
Ce matin, le premier groupe à se faire entendre devant la
commission parlementaire des affaires sociales est le Front commun contre la
fluoration, représenté par ses porte-parole, MM. Brunet et
Bohémier, c'est exact?
M. Bohémier: Exact, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Si vous avez quelqu'un
d'autre, vous pourriez nous le présenter, si vous permettez.
Front commun contre la fluoration
M. Bohémier: D'accord. M. le Président, MM. les
membres de la commission, mon nom est Guy Bohémier, je suis le
vice-président du Front commun contre la fluoration. Je vous
présente à ma gauche, la secrétaire du Front commun, Mme
Micheline Quézel, à ma droite, M. Aimé Bastien, professeur
de biochimie et de physiologie humaine, et à mon extrême-droite,
le maire de la ville de Tracy, M. Aurèle Racine.
MM. les membres de la commission parlementaire, la question de la
fluoration artificiel le des eaux potables soulève partout dans le monde
de vifs débats. Les uns prétendent qu'il s'agit d'une mesure
favorable à la santé de la population, alors que les autres y
voient une combine financière possible, une source grave de pollution,
une atteinte à la liberté individuelle et une tragique erreur sur
le plan scientifique. Nous n'avons pas l'intention dans ce court
mémoire, de soulever tous les arguments qui militent contre la
fluoration artificielle; ces arguments ont été largement
exposés dans de nombreux ouvrages, celui qui désire
connaître ces points de vue est donc prié de s'y
référer. Il nous era d'ailleurs plaisir d'en fournir la
bibliographie.
Néanmoins, nous désirons attirer l'attention sur certains
aspects de la question. Nous pensons que les remarques qui suivent suffisent
largement pour que soit définitivement abandonnée l'idée
de la fluoration artificielle des eaux de consommation au Québec.
Lorsque nous parlons de l'abandon de l'idée de la fluoration
artificielle, nous le faisons parce que nous croyons vraiment que cette mesure
n'est pas valable. Cependant, nous respectons les règles de la
démocratie et nous ne nous opposons pas évidemment à ce
que ceux qui croient en la valeur de la fluoration soient en mesure de
consommer tout fluor ou les fluorures qu'ils désirent. A cet effet, nous
avons été agréablement surpris hier d'entendre la position
soutenue par l'Opposition officielle; il ne fait pas de doute que, sur le plan
des libertés démocratiques, nous ne pouvons qu'appuyer le Parti
québécois, nous estimons qu'il est tout à fait normal et
nécessaire de permettre à la population d'exprimer clairement son
opinion sur la fluoration par référendum.
Les propagandistes de la fluoration artificielle soutiennent que le
fluor, à raison d'une partie par million ou, selon les endroits 1.2
partie par million comme on le recommande ici au Québec, peut
prévenir la carie dentaire et renforcer les os du squelette humain.
Acceptons pour l'instant cette affirmation, même si plusieurs travaux
sérieux permettent de la mettre en doute; attardons-nous plutôt
sur la question du dosage et demandons-nous comment il est possible de
contrôler avec exactitude, donc scientifiquement, la quantité
totale de fluor absorbée chaque jour par un individu.
Evidemment, les gens ne boivent pas tous les mêmes
quantités d'eau. D'un individu à l'autre, les quantités de
liquide ingérées varient considérablement. Certains
boivent beaucoup, d'autres très peu. Les premiers absorberont
nécessairement plus de fluor que la dose dite requise alors que les
seconds en seront privés. Comme les enfants consomment le plus souvent
du lait et des jus de fruits, il est bien possible que la fluoration
artificielle de l'eau leur soit peu profitable. Cette mesure devient alors
inutile. On nous dira que certains enfants consomment aussi des boissons douces
et que si l'eau était fluorée, bien sûr, elles en
contiendraient.
On a entendu hier les représentants de l'Ordre des dentistes et
des facultés d'art dentaire. Ils ont dit, à un moment
donné, qu'il y avait d'autres moyens de prévenir la carie
dentaire que la fluoration et, parmi ces moyens, ils ont mentionné une
bonne alimentation. Je suis certains que tout le monde est d'accord pour
reconnaître que la consommation de liqueurs douces ne constitue pas
nécessairement une bonne alimentation.
Alors, même si les enfants trouvaient des quantités de
fluorure dans les liqueurs douces, je pense que ce serait quand même
condamnable. Si l'on voulait vraiment procéder scientifiquement, il
faudrait plutôt proposer un système de distribution de
comprimés de fluor qu'on ajouterait aux breuvages des enfants. De cette
façon, on pourrait contrôler avec exactitude les quantités
de fluor absorbées et la mesure prendrait un caractère plus
scientifique.
Alors, lorsqu'on parle de dosage, on ne met pas en doute que les usines
de traitement des eaux soient en mesure de doser effectivement à 1.2 ppm
le fluor qu'elles laissent évidemment sortir vers la distribution, vers
les foyers. Mais ce dosage-là ne peut jamais être exact au moment
où il est consommé, parce qu'on n'a pas de contrôle sur
les
doses consommées. On a posé la question hier aux
dentistes, leur demandant s'ils avaient des chiffres sur la consommation d'eau
que font les enfants. Alors ils nous ont dit qu'ils n'avaient pas de chiffres
là-dessus.
On comprend tous évidemment que, d'un individu à l'autre,
les doses d'eau consommées dans une journée varient
évidemment considérablement. Alors, cela devient strictement
impossible de faire consommer par ce moyen, aux gens, le dosage que l'on veut
et que l'on estime requis. Si donc on procédait d'une façon plus
scientifique en utilisant des comprimés de fluor, du même coup le
respect des libertés individuelles serait sauvegardé. Personne ne
serait forcé de consommer de l'eau fluorée, les individus qui
croient au bien-fondé de la fluoration artificielle pourraient jouir de
cette mesure à leur guise, ceux qui n'y croient pas seraient libres de
la refuser. Ainsi tous seraient satisfaits.
Dans Dossierfluor, publié aux Editionsdu Jour, on trouve un
chapitre intitulé: "L'histoire cachée de la fluoration". On y
apprend comment est née l'idée de la fluoration artificielle.
C'est un fait bien connu que certaines industries ont du fluor à
vendre.
Voici ce que disent à ce sujet les docteurs Morin, Roy et Boutet,
professeurs de médecine à l'université Laval, dans un
texte publié dans le Devoir du 27 janvier 1975: "Dans
l'éventualité où la fluoration de l'eau deviendrait
obligatoire, les grandes alumineries et les grandes aciéries seraient
les principaux fournisseurs de sels de fluor, puisque cette substance est
présente comme contaminant dans les métaux qu'ils
produisent".
Hier, lorsqu'on a soulevé la position qu'avaient prise ces
professeurs de médecine de l'université Laval, je pense qu'on a
mentionné qu'ils soulevaient surtout des interrogations dans leur
article. Je ferais remarquer qu'ici il n'est pas question d'interrogation,
c'est véritablement une affirmation. On verra d'ailleurs tantôt
nous avons une deuxième référence à cet
article que c'est effectivement aussi une affirmation.
En d'autres termes, ces grandes industries nous feraient boire leurs
déchets. Par contre, si la fluoration artificielle devait être
systématiquement bannie, ce sont ces industries qui seraient les grandes
perdantes. Encore de nos jours, des gens bien intentionnés, que l'on
voudrait lucides et intelligents, servent naïvement les
intérêts économiques de ces industries au détriment
de la santé publique.
Je sais que la compagnie Alcan a manifesté l'intention de
présenter un mémoire devant cette commission. Vous savez qu'on a
soutenu et qu'on soutient souvent et d'ailleurs on ne manque jamais de
mentionner que les antifluorationnistes soulèvent souvent que les
compagnies d'aluminium ont du fluor à vendre. Je pense que la position
actuellement peut avoir un peu changé sur cet aspect. Effectivement, il
semble bien que les compagnies d'aluminium vendent moins de fluor qu'elles en
vendaient.
Je voudrais quand même ajouter ceci: elles en ont certainement
déjà vendu. Dans un ouvrage qui s'appelle "Fluoridation in truth
decay", remarquez, on ne parle pas de "tooth decay", mais bien de "truth
decay", si on traduit, cela veut dire la fluoration et la carie de la
vérité, ouvrage qui est signé par Gladys Caldwell et par
un médecin, le Dr Philip-E. Zanfagna m.d.
Or on trouve dans cet ouvrage à la page 224, la mention suivante:
On dit, l'Alcoa, l'Aluminium Company of America commença à
annoncer son fluorure de sodium en janvier 1950, dans le Journal of the
American Water Works Association et l'annonce se lisait comme suit: Fluorez
votre eau, en toute confiance, utilisez le fluorure de sodium de l'Alcoa
reconnu pour sa grande pureté. Le fluorure de sodium convient
particulièrement à la fluoration des eaux potables. Si votre
ville fluore son eau, ou voudrait le faire, laissez-nous vous montrer comment
le fluorure de sodium de l'Alcoa peut s'acquitter de cette tâche.
Alors je pense que ça démontre au moins, que s'ils ne le
font pas actuellement, je pense, qu'ils ont au moins déjà vendu
du fluorure de sodium.
Les composés de fluor qu'on ajoute à l'eau au cours de la
fluoration artificielle présentent une rare toxicité. Pour nous
en rendre compte, il suffit de lire ce qui est écrit sous la rubrique
"Manipulation du fluor" dans le dossier technique sur la fluoration de la Ligue
d'hygiène dentaire de la province de Québec. En fait, le fluor
est un des éléments les plus toxiques et les plus réactifs
connu en chimie. Il est corrosif pour la majorité des métaux et
peut même dépolir le verre. A l'état pur, il explose
très violemment au contact de l'air et de l'eau.
Le fluor que l'on ajoute à l'eau au cours de la fluoration
artificielle se présente sous forme de fIuorure de sodium, de
fluosilicate de sodium et d'acide fluosilicique. Ces composés ne se
trouvent pas tels quels dans la nautre. Ils sont les résultats de
processus chimiques réalisés au cours de la fabrication de
certains produits. L'industrie de l'aluminium, de l'acier, des fertilisants
chimiques, entre autres, produisent de tels composés. Ce sont en
réalité des déchets qui servaient surtout avant la
sinistre fluoration artificielle à la fabrication de poisons à
rats et insecticides divers. Lorsqu'on parle de poison à rats, on nous
accuse de jouer sur l'émotivité, de chercher à fai re peur
aux gens, en mentionnant justement ce fait. Je tiens à souligner ici,
que c'est un fait très connu, que le fluorure de sodium a longtemps
été utilisé comme poison à rats. On l'a
utilisé aussi comme insecticide, pour tuer les co-querelles et autres
bestioles du genre. Même les tenants de la fluoration sont d'accord
là-dessus. L'un deux, le Dr F.-A. Bull, décédé
aujourd'hui, disait ceci à la 4e conférence annuelle des
directeurs dentaires des Etats américains, conférence tenue
à Washington, du 6 au 8 juin 1951.
Le Dr Bull s'adressait aux congressistes, des gens qui prônent la
fluoration.
En relevant les remarquesd'un des participants à la
conférence, le Dr Bain, le Dr Bull disait ceci: "J'ai remarqué
que le Dr Bain a utilisé, ajoutez du fluorure de sodium, ne dites jamais
cela. C'est du poison à rats. Ce que l'on ajoute, ce sont des
fluorures.
Si on nous accuse de faire de l'émotivité avec
ces questions, on peut au moins ne pas nous accuser de dire des
mensonges. On ne peut peut-être pas en dire autant d'un texte qui a
été publié dans la revue 65 à l'heure d u
ministère des Affaires sociales, le numéro d'octobre 1974, volume
4, no 5, dans un article intitulé: "La fluoration, avons-nous les moyens
de nous en passer" et signé par M. Maurice Arguin. On peut lire en page
12 ceci: "Ce qu'on ajoute à l'eau, ce n'est pas du fluor à
l'état pur, mais des sels de fluor, fluorure en très petites
quantités, pas plus nocif que le sel de table. Alors on mentionne que
les fluorures ne sont pas plus nocifs que le sel de table.
Ecoutez, moi je suis prêt à consommer dans un verre d'eau,
au moins une cuillerée à thé de sel de table.
Je ne sais pas si un membre de cette commission serait prêt
à consommer la même quantité de fluorure de sodium dans un
verre d'eau. Si on s'en tient à ce qu'on nous dit dans cet article-ci,
à savoir le fluorure ne serait pas plus nocif que le sel de table.
On a parlé hier, devant cette commission, que le fluor qu'on
ajoute à l'eau est le même que celui qui est contenu naturellement
dans les eaux naturellement fluorées. Ce n'est pas exact. Bien
sûr, l'ion-fluor, quel qu'il soit, demeure toujours l'ionfluor. Dans la
nature, on ne trouve pas le fluor à l'état pur. J'ai dit
tantôt qu'il s'agissait d'une substance extrêmement dangereuse,
qu'elle explosait violemment au contact de l'air et de l'eau. Je n'ai jamais
rencontré, dans les endroits où l'eau est fluorée, ce
genre d'explosion. C'est tout simplement qu'on ne trouve pas le fluor à
l'état pur dans la nature et tout le monde est d'accord
là-dessus.
Ce que l'on trouve dans la nature là encore, tout le monde
est d'accord là-dessus et on le mentionne dans le dossier technique sur
la fluoration ce sont des fluorures. Les fluorures n'ont pas tous la
même toxicité, contrairement à ce qu'on nous a dit hier.
Les fluorures naturels, ceux que l'on trouve naturellement, à savoir le
fluorure de calcium, entre autres c'est celui-là que l'on trouve
particulièrement dans les eaux fluorées naturellement est
loin d'avoir la même toxicité que les fluorures artificiels qu'on
utilise au cours de la fluoration artificielle.
J'ai dit tantôt que les fluorures utilisés dans la
fluoration n'étaient pas les produits que l'on trouve tels quels dans la
nature. Ce sont les produits qui résultent de la transformation de
certains éléments au cours, donc, de processus chimiques. Dans un
livre qui porte essentiellement sur cette question, et qui s'appelle Toxic
Properties of Inorganic Fluorine Compounds, écrit par M. Eggers, on peut
lire ceci au tout début, dans l'introduction. Il explique, dans ce
livre-ci, les différences de toxicité entre les divers
composés inorganiques de fluor. Quand je parle de "inorganiques", on
veut dire le fluor qui se trouve à l'extérieur de la
matière vivante; pas celui qu'on trouve dans les plantes, ni dans les
animaux, mais celui qu'on trouve en dehors de la matière vivante.
Il explique, au début, que, dans la nature, on trouve surtout le
fluorure de calcium, sel simple, un atome de calcium uni à deux atomes
de fluor; on trouve aussi de la cryolithe où on a affaire, cette
fois-ci, à un sel qui contient du sodium et de l'aluminium, trois atomes
de sodium et un atome d'aluminium unis à six atomes de fluor. Parlant de
ces sels que l'on trouve dans la nature, ces fluorures naturels, il dit ceci:
"Heureusement, oes minéraux ne sont pas aisément solubles dans
l'eau. Ainsi, ce sont les moins toxiq ues, car la toxicité des
composés de fluor inorganiques dépend largement de leur
solubilité dans l'eau et de leur degré de dissociation en
ionfluor." Cela veut dire que tous les fluorures n'ont pas les mêmes
propriétés physicochimiques. Certains ont la
propriété de se dissoudre très facilement dans l'eau,
alors que d'autres ne sont pas facilement dissouts dans l'eau. Le fluorure de
calcium n'a pas cette propriété; il est donc moins toxique.
Ce qui fait qu'un fluorure quelconque est toxique ou non, ce sont ces
deux propriétés dont on parle dans le livre dont j'ai fait
mention, à savoir: 1 ) la solubilité du sel dans l'eau; 2) son
degré de dissociation en ionfluor. Si l'on veut exprimer plus facilement
d'une façon plus imagée cette question, on trouve, dans
Fluoridation and Truth Decay, une excellente image qui, je pense, fait mieux
comprendre.
On dit ceci: "Les fluorures naturels peuvent être comparés
à de dangereux criminels enfermés dans leur prison. Les fluorures
artificiels qu'on ajoute à l'eau potable ressemblent eux aussi à
des criminels, mais à des criminels en liberté, libres de
commettre des crimes". Cela a rapport évidemment directement à
l'idée que les fluorures artificiels ont, premièrement, une
très grande solubilité et ont un degré élevé
de dissociation en ion fluor, ce qui n'est pas le cas pour la plupart des
fluorures naturels et principalement le fluorure de calcium que l'on trouve
là où l'eau est fluorée naturellement.
Je pense que les chimistes sont d'accord là-dessus. J'ai eu
l'occasion de jeter un coup d'oeil sur le mémoire que les membres de
cette profession ont soumis à cette commission et, sans vouloir
anticiper, en page 4 de ce mémoire, on peut lire ceci: II est important
de faire un choix éclairé, nous disent les chimistes, lors de
l'achat du produit on parle du produit pour fluorer car il y a de
nombreux facteurs à considérer, comme par exemple les
propriétés physico-chimiques du composé.
Ils n'ont donc pas tous les mêmes propriétés,
contrairement à ce qu'on nous a dit hier. Deuxièmement, les
réactions et la solubilité ce qui rejoint l'idée
que j'ai exprimée du composé dans l'eau. Tout ceci dans le
but de connaître la quantité qu'on doit ajouter à l'eau
pour obtenir la concentration optimale de fluor. Si donc il s'agit d'un
composé dont la solubilité...
Le Président (M. Lafrance): Je m'excuse, les
règlements de l'Assemblée nationale prévoientque, lors des
auditions en commission parlementaire, il y ait un exposé d'environ 20
minutes, plus une période de questions de 40 minutes...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Un instant, un instant, je
n'ai pas fini. C'est moi qui ai la parole, ce n'est pas le député
de Rouyn-Noranda. Je m'excuse. C'est moi qui parle.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Lafrance): Alors on vous demande...
M. Samson: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Lafrance): On vous demande... C'est moi
qui parle. C'est moi qui parle. On vous demande...
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement.
On est au service de la commission.
Le Président (M. Lafrance): ...de vous en tenir à
votre document, quitte à vous laisser une latitude, comme on l'a fait
hier pour d'autres groupes. Si vous voulez prendre quelques minutes pour finir
votre exposé et par la suite répondre aux questions, vous pourrez
nous arriver avec les arguments que vous nous amenez là. On n'aura pas
d'objection à cela. Vous en profiterez durant la période des
questions pour répondre à ces choses.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Chicoutimi avant le député de Rouyn-Noranda.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, votre
intervention se situe peut-être à l'intérieur des
règlements...
M. Samson: ...président partisan comme cela que cela va
aller.
M. Bédard (Chicoutimi): ...cela peut être
justifié, mais je voudrais bien qu'on soit clair au niveau de la
commission, qu'on donne les mêmes droits à ceux qu'on entend
présentement que ceux qu'on a donnés en fait aux autres groupes
qui étaient pour la fluoration...
Le Président (M. Lafrance): C'est d'ailleurs ce que j'ai
dit, qu'on arrive avec un exposé au début puis il y a une
période de questions. On a donné de la latitude à d'autres
également et on va en donner aussi à ceux-là. C'est
tout.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, il
faudrait quand même nous laisser finir notre intervention, c'est que vous
semblez vouloir imposer un certain cadre dans la manière dont...
Le Président (M. Lafrance): Cela prouve, excusez, le
député de Chicoutimi...
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais laissez-nous donc finir,
M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Très bien. Allez-y.
M. Bédard (Chicoutimi): ...si on a tort, vous nous le
direz.
M. Samson: C'est un président partisan, son idée
est faite. Comment voulez-vous qu'il puisse présider la commission?
M. Bédard (Chicoutimi): Ceux qui ont à
présenter un mémoire ici, il n'y a rien qui dise dans les
règlements qu'ils doivent s'en tenir à un texte, qu'ils doivent
en sortir ou ne pas en sortir. Alors je pense qu'on ne doit pas presser M.
Bohémier de finir son exposé, puis je crois qu'il a toute la
latitude de s'en tenir à son texte ou d'en sortir s'il le veut. Nous
aurons la latitude de poser des questions après. Mais n'essayez pas de
presser. Jusqu'à maintenant on n'a pressé personne qui ait fait
des exposés.
Le Président (M. Lafrance): II ne faudrait pas oublier
qu'il y a sept mémoires à entendre aujourd'hui.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends, maison a
adopté une ligne de conduite au niveau de la commission, on est
prisonnier de la latitude qu'on a décidée au début aux
autres groupes qui ont été entendus. Cela a été une
attitude ouverte, qui leur permettait en fait de dépasser le temps et
puis de n'être pas à cheval sur les règlements. Alors je
pense que, dans le cas présent, il faut suivre la même ligne de
conduite.
M. Samson: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Souvent, quand I exposé est
plus long, cela nous épargne de poser plus de questions.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, nous avons accepté de
bonne grâce, hier, que les gens qui sont venus témoigner devant la
commission nous lisent les textes et qu'ils les commentent au fur et à
mesure qu'ils sortaient du texte. On aaccepté cela de bonne grâce
hier. On l'a fait pour l'Ordre des dentistes, on l'a fait pour les
représentants des trois universités. On a même
accepté de sortir des règles de procédure de la commission
parlementaire, en revenant à deux heures, pour entendre un témoin
qui devait retourner aux Etats-Unis.
On nous a demandé notre collaboration, nous l'avons
donnée. Par la suite, les représentants des universités
ont présenté leur mémoire en le commentant largement et en
sortant du mémoire, en sortant même des textes; ils sont
allés plus loin que les expertises en nous obligeant à discuter
de points de vue qui n'étaient même pas dans leur texte.
M. le Président, je pense que nous n'avons pas le droit de
bousculer les autres; il y en a sept aujourd'hui, vous n'aviez qu'à
faire comme hier, en mettre deux. Il y en avait deux hier parce que vous
aviez considéré que c'étaient peut-être des
témoins valables en faveur de la fluoration. Parce qu'aujourd'hui on a
un témoin qui est contre la fluoration, on voudrait le bousculer. Et je
souligne ceci, parce que je veux que ce soit entré au journal des
Débats. Vous avez vous-même, hier, en tant que membre de la
commission, participé aux débats favorables à la
fluoration et je pense qu'aujourd'hui, en occupant le poste de
président, c'est un manque de délicatesse. Vous devriez vous
faire remplacer parquelqu'un qui a été neutre jusqu'à
présent, qui ne s'est pas prononcé. Moi, quand vous voulez
bousculer des gens qui sont contre la fluoration, je n'ai pas d'autre chose
à conclure que c'est parce que vous êtes vous-même
impliqué. Vous avez votre droit d'implication, c'est votre droit
d'être favorable à la fluoration, M. le Président, mais je
pense qu'il serait plus délicat, à ce moment-ci, que nous ayons
un autre président qui préside à nos
délibérations, quelqu'un qui n'a pas encore été
engagé. Je fais appel aux autres membres de la commission pour que ce
soit compris de tout le monde. Mon point de vue n'est pas de m'attaquer
à la présidence, mais c'est que le président actuel
ce n'est pas la présidence c'est une personne qui s'est
prononcée; donc, s'étant prononcé, c'est bien dommage, si
vous continuez à bousculer les gens comme ça, je ne pourrai plus
avoir confiance en la présidence et je ne voudrais pas manquer de
confiance envers la présidence.
Le Président (M. Lafrance): II n'a été
aucunement question de bousculer. C'est qu'on a demandé, j'ai
demandé à M. Bohémier... S'il veut sortir de...
M. Samson: M. le Président, je m'excuse... Le
Président (M. Lafrance): Je m'excuse...
M. Samson: ...vous m'avez bousculé en plus d'avoir
bousculé ces gens.
Le Président (M. Lafrance): ...j'ai laissé toute la
latitude voulue, c'est à mon tour.
M. Samson: Quand je vous ai demandé, parce que, quand on
invoque le règlement...
Le Président (M. Lafrance): J'ai demandé à
M. Bohémier de s'en tenir à son texte, s'il voulait s'en
tenir.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement
encore une fois.
Le Président (M. Lafrance): Je m'excuse...
M. Samson: Quand on invoque le règlement, le
président est obligé de nous donner la parole; vous me l'avez
refusée tantôt. Vous m'avez bousculé moi-même. Je dis
que vous devriez quitter le fauteuil de la présidence et qu'on aille
chercher un autre président; je n'ai plus confiance en vous comme
président.
Le Président (M. Lafrance): J'espère que vous
allez, cette fois-ci, parce que je vous ai laissé parler, me laisser la
chance de m'expliquer moi aussi. J'espère que j'ai au moins ce droit
comme président. J'ai demandé à M. Bohémier s'il
avait l'intention de sortir de son texte; on n'a aucune objection. Mais il y
aura une période de questions dont on pourra profiter, tout le monde,
à la fois, les membres de la commission ainsi que nos
invités.
Deuxième chose, si on veut absolument que je sois remplacé
comme président, cela me fera énormément plaisir, et je
suis même prêt à suggérer aux membres de la
commission d'en nommer un autre. Il y a ici un autre président qui fait
partie de la banque des présidents. Je vais vous suggérer de me
remplacer par le député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Je dois vous dire, M. le
Président...
M. Samson: M. le Président, vous allez enlever quelqu'un
de l'Opposition pour vous remplacer, une minute!
M. Bédard (Chicoutimi): Question de règlement. M.
le Président, je dois vous dire...
M. Samson: Des pièges libéraux, on en aassez.
M. Bédard (Chicoutimi): ...qu'avant que cette commission
ne siège...
M. Bellemare (Rosemont): II y a toujours des limites à se
faire invectiver par le député de Rouyn-Noranda. On n'a pas
bousculé du tout, on est tous d'accord avec le monsieur qui est
là...
M. Samson: M. le Président, je reconnais la haute teneur
des connaissances en règlement du député de Rosemont.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Rouyn-Noranda a une question de règlement...
M. Bellemare (Rosemont): II y a toujours des limites à se
faire invectiver.
Le Président (M. Lafrance): ...qui prime sur vos
interventions. Question de règlement, le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, pour faire
suite à votre suggestion, je dois porter à votre attention et
à l'attention de la commission qu'avant la tenue de cette commission,
j'ai été appelé par Mlle Langlois, qui s'occupe de
répartir les présidents de commission au niveau des
différentes commissions, afin de présider et je lui ai
exprimé mon incapacité de présider la commission, d'une
part, parce que j'étais le porte-parole de l'Opposition officielle au
niveau des affaires sociales et que, deuxièmement, nous avions une
position qui était très explicite concernant le sujet que que
nous discutons et que je serais dans une position quand même assez
difficile.
Le Président (M. Lafrance): Pour continuer dans la
même veine, c'est qu'après...
M. Bédard (Chicoutimi): II ne faut pas oublier que je ne
refuse pas, mais que, dans les conditions, c'est difficile.
Le Président (M. Lafrance): Après vous avoir
appelé, étant donné qu'il n'y en avait pas d'autres
disponibles, elle m'a appelé. Parce qu'il n'y a pas d'autres
présidents disponibles, on m'a demandé de présider
aujourd'hui. C'est avec plaisir.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense que, si on mettait fin
à l'incident...
Le Président (M. Lafrance): Pas de problème, c'est
ça. On demande à M. Bohémier d'accélérer;
s'il veut sortir de son texte, aucune objection.
M. Bédard (Chicoutimi): Peut-être que vous y
pensiez...
Le Président (M. Lafrance): Non, mais j'ai l'intention
d'en faire.
NI. Samson: M. le Président, je tiens à souligner
que c'est...
Le Président (M. Lafrance): Avez-vous encore l'intention
de demander de changer de président?
M. Samson: Oui, j'ai l'intention de demander de changer de
président, ça n'a pas changé le problème de
place.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Question de règlement,
question de règlement.
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Rosemont.
M. Samson: On peut suspendre la séance et demander au
président d'en nommer un autre.
Le Président (M. Lafrance): Vous avez soulevé une
question de règlement tout à l'heure, je vous l'ai
accordée. C'est une question de règlement du député
de Rosemont.
M. Samson: J'avais la parole, pourquoi me lavez-vous
enlevée?
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, pour prouver
encore une fois notre bonne foi au député de Rouyn-Noranda, je
suggérerais qu'on suspende l'Assemblée pour quelques minutes et
qu'on essaie de trouver un autre président. Là, on ne sera pas
accusé encore de partisanerie pour rien et se faire invectiver.
Le Président (M. Lafrance): D'accord, on suspend la
séance pour dix minutes.
(Suspension de la séance à 10 h 46)
Reprise de la séance à 10 h 57
Le Président (M. Pilote): Est-ce qu'on pourrait dire que
le président déchu devient membre de la commission en
remplacement de M. Verreault?
Une Voix: C'est cela, M. le Président. M. Lafrance:
Merci, M. le Président.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement.
Je n'accepterais pas qu'on dise qu'il est déchu. Quand même, le
député de Rivière-du-Loup ne mérite pas qu'on dise
qu'on l'a déchu. On lui a tout simplement demandé de se faire
remplacer, étant donné qu'il avait participé aux
débats. C'est son droit de le faire. Cela va lui permettre de continuer
à participer aux débats.
M. Lafrance: M. le Président, je remercie infiniment le
député de Rouyn-Noranda d'avoir demandé le remplacement du
président. J'espère, je suis assuré que les
lumières que je pourrai apporter réussiront à convaincre
le député de Rouyn-Noranda que de fluorer les eaux de
consommation au Québec, c'est une bonne mesure.
M. Samson: C'est...
Une Voix: Cela ne ramollit pas trop les cerveaux.
M. Samson: II a besoin d'être sur... M. Lafrance: M.
le Président...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, messieurs! Je pense
que c'est terminé, la patente. On reviendra tantôt.
M. Lafrance: On reviendra tantôt. On parleradu
ramollissement de cerveaux tantôt.
Le Président (M. Pilote): Je vous inviterais à
continuer, messieurs.
M. Bohemier: M. le Président, merci. Au moment où
cette interruption est survenue, j'étais en train d'expliquer que les
chimistes soulignent, d'une part, que tous les sels de fluor n'ont pas les
mêmes propriétés physiques et chimiques, que leurs
réactions peuvent être différentes et que leur
solubilité dans l'eau est également différente. A partir
de ces différences, lorsqu'on veut ajouter du fluorure dans l'eau, il
faut en tenir compte pour pouvoir doser convenablement le fluor. Ceci veut dire
que les fluorures naturels n'ayant pas la même toxicité,
c'est-à-dire la même solubilité, ni le même
degré de dissociation ionique, pour avoir les mêmes effets, il
faut nécessairement en mettre davantage. On parlait hier des villes qui
sont naturellement fluorées, et là où on n'avait pas
remarqué de fluorose dentaire. Les faits s'expliquent maintenant, c'est
que les fluorures naturels, étant moins toxiques, provoquent moins
évidemment ce genre de dommages au système de la dentition.
Je reprends mon texte en page 5, au centre. De très nombreuses
recherches ont démontré les effets toxiques du fluor sur la
cellule vivante. Je vous ai présenté M. Aimé Bastien comme
professeur de physiologie et de biochimie. Si vous avez des questions
tantôt à lui poser, vous pourrez le faire. On a soulevé
beaucoup de questions à ce sujet. On a dit que le fluor était un
poison des enzymes. On pourra répondre à cette question. On a
parlé du rôle que jouait le fluor au niveau de l'émail des
dents. Vous pourrez également, je pense, lui poser des questions sur cet
aspect.
Voici ce que disent à ce sujet, au sujet donc de la
toxicité du fluor, les docteurs Morin, Roy et Boutet, de
l'université Laval, dans le texte mentionné plus haut, donc le
texte du Devoir. Une absorption régulière d'un léger
excès de fluor dans l'organisme peut provoquer
l'ostéosclérose, maladie où la densité et la
calcification des os sont augmentées de façon excessive avec
calcification possible des tendons et des ligaments et l'apparition de
marbrures sur les dents. Les signes d'intoxication bénigne au fluor
peuvent apparaître à la suite d'une absorption prolongée
d'eau contenant aussi peu qu'une partie de fluor par million de parties d'eau.
Remarquez que c'est différent de ce qu'on a dit hier. Lorsqu'on a
posé à ces messieurs les dentistes la question à savoir si
la fluorose dentaire pouvait apparaître alors que l'eau n'est
fluorée qu'à 1 ppm ou 1.2 ppm, on nous a dit: Absolument pas. Or,
ce n'est pas l'opinion de ces médecins de l'université Laval,
professeurs de la faculté, et ce n'est pas l'opinion non plus de ceux
qui rédigent les textes de biochimie des manuels que nous utilisons dans
les facultés universitaires. A ce sujet, je voudrais vous mentionner ce
que l'on dit sur cette question dans le précis de biochimie de Harper.
Harper est un biochimiste américain dont l'ouvrage a été
traduit ici au Québec par des gens du département de biochimie de
la faculté de médecine, dont le directeur actuel ainsi que deux
autres professeurs de ce département. C'est un ouvrage utilisé
largement en faculté, le précis de biochimie, et voici ce qu'on
trouve dans ce précis concernant la fluorose dentaire pouvant
apparaître à des doses aussi faibles que 1.2 ppm. Je m'excuse, je
cite au texte Harper. "Dans les régions où le taux du fluor dans
l'eau se situe entre 0,6 et 1,2 partie par million, moins de 2% des enfants
subissent des dommages aux dents". Evidemment, pas 50%, moins de 2%. Sur une
population de 6 millions, si on veut parler uniquement des enfants, bien
sûr ce n'est pas 6 millions. Supposons que nous ayons un million
d'enfants, moins de 2%, soyons conservateurs, disons 1%, cela fait quand
même un bon nombre d'enfants qui devraient, en principe, si on se fie
à ce que nous dit Harper, être atteints de fluorose dentaire,
possiblement pas à un degré avancé, mais quand même
atteints de fluorose dentaire. Je pense que c'est un peu différent de ce
qu'on nous a dit hier. On a mentionné aussi hier que le fluor
était un nutriment. Or, un nutriment, c'est une subsistance n utritive
essentiel le à la santé. Là encore, ce n'est pas l'opinion
des savants bio-
chimistes ou physiologistes qui rédigent des manuels que l'on
utilise dans nos facultés. Harper, à ce sujet, le même
Harper qu'on a traduit ici à l'université Laval, que des membres
du département de biochimie de la faculté de médecine ont
traduit dont le directeur actuel voici ce qu'il dit à
savoir que le fluor pourrait être un nutriment. "Les études faites
avec des animaux recevant des rations alimentaires faibles en fluor n'ont
jamais pu dé montrer si cet élément est essentiel. En
quantité élevée, il est difinitivement toxique. Pour
savoir si un élément est véritablement un nutriment,
c'est-à-dire s'il est nécessaire à la cellule vivante, il
faut carencer les animaux sur lesquels on fait des expériences. Dans le
cas du fluor, il faut leur donner une alimentation où il y a
pratiquement pas de fluor et voir si, à partir de cette alimentation
carencée en fluor, ils ne développeraient pas des troubles
quelconques.
Harper nous dit que ces expériences ont été faites
sur des animaux et qu'on n'a jamais pu démontrer si cet
élément est essentiel, c'est-à-dire qu'on n'a jamais pu
prouver que leur métabolisme était faussé à cause
de l'absence du fluor.
Guyton, dans "Medical physiology", un autre ouvrage qu'on utilise dans
les facultés universitaires médicales, dit ceci: Le fluor ne
semble pas être un élément nécessaire à
l'organisme. C'est un ouvrage qu'on utilise et qui fait autorité dans ce
domaine. Smith, un autre auteur du genre dans "Principles of biochemistry" dit
ceci: II n'y a aucun indice qui me permette de croire que
l'élément fluor est nécessaire au métabolisme.
C'est encore un peu différent de ce qu'on nous a dit hier.
Finalement, pour n'en citer que quelques-uns, Harrow, un autre auteur
utilisé, dans "Biochemistry" dit ceci: "Actuellement, la fonction du
fluor est inconnue". Ce qu'on nous a dit hier, c'est que le Département
des aliments et drogues des Etats-Unis...
Le Président (M. Pilote): Je vous inviterais à ne
pas mentionner ce qui a été dit hier, mais à bien
présenter votre rapport. Les questions viendront ensuite, parce que, si
on permet de revenir à hier ou à avant-hier, on n'en finira plus
sur le sujet. Des questions vous seront posées en relation avec les
rapports d'hier.
M. Bohemier: D'accord.
M. Samson: M. le Président, je pense que, hier, nous avons
permis au deuxième groupe de faire référence à des
questions posées au premier groupe.
Le Président (M. Pilote): A la période des
questions.
M.Samson: Non, même dans leur présentation, parce
que le deuxième groupe...
M. Forget: Seulement dans les questions.
M. Samson: ...qui a passé hier, nous avait demandé
la permission de prendre son mémoire par bloc et de le commenter au fur
et à mesure.
Le Président (M. Pilote): Exactement. On a
commenté...
M. Samson: A ce moment, M. le Président, on réclame
la même chose pour le groupe de ce matin.
Le Président (M. Pilote): Voici ce qui est arrivé,
hier.
M. Forget: On ne leur a pas demandé la même chose,
ce matin.
Le Président (M. Pilote): Hier, on a commenté,
article par article, le rapport qui a été présenté
le deuxième rapport par le Dr Lussier et les doyens des
trois facultés. C'était article par article.
M. Lafrance: Les trois doyens.
Le Président (M. Pilote): J'inviterais, actuellement,
celui qui présente le rapport, à lire son rapport. Les questions
viendront ensuite. On pourra, à ce moment, faire rapport sur ce qui
s'est dit hier ou vous pourrez, faire rapport sur ce qui s'est dit hier.
M. Bohemier: Je vais éviterde faire rapport sur ce qui
s'est dit hier. Je souligne donc tout simplement que les auteurs de manuels
utilisés dans les facultés de médecine affirment que le
fluor n est pas un élément essentiel à l'organisme. Donc,
par conséquent, il n'est pas un nutriment.
Les propagandistes de la fluoration artificielle ne semblent pas vouloir
tenir compte du fait que les aliments que nous consommons renferment du fluor
en quantité significative. Nos aliments nous fournissent donc
abondamment tout le fluor dont notre organisme peut avoir besoin. Ce fluor se
présente sous une forme beaucoup moins toxique que les composés
de fluor artificiel. En effet, dans les aliments, on trouve du fluorophosphate
de calcium, substance organique naturelle, digérée par les
végétaux. Ce sel de fluorest 85 fois moins toxique que le
fluorure de sodium. C'est ce qu'affirmait M. Armand Marchand, L.Ph dans un
rapport intitulé "Notre océan d'eau douce, une richesse à
préserver.'
Si l'on ajoute à cela que le fluor contient certains additifs
alimentaires je m'excuse ... le fluor que contiennent certains
additifs alimentaires, les poussières de l'air, les insecticides, les
pesticides et plusieurs médicaments, la carence en fluor devient
pratiquement inexistante. Au contraire, on peut déjà parler d'une
véritable pollution par le fluor.
Les recherches de MM. Marier et Rose, du Conseil national de recherche
à Ottawa, ont démontré que des citoyens demeurant dans des
villes où l'eau est fluorée artificiellement, à raison
d'une partie par million, absorbaient entre deux et cinq milligrammes de
fluorure par jour. Ces chiffres furent d'ailleurs confirmés par une
autre recherche publiée dans l'American Journal of Clinical Nutrition
(avril 1969). Cette recherche fut faite par le Dr Herta Spencer, m.d., et ses
collaborateurs au Stritch School of Medecine de l'université Loyola. Ces
chercheurs évaluèrent entre 3.57 et 5.37 milligram-
mes par jour l'absorption de fluorure chez un groupe d'individus en
parfaite santé.
Une autre recherche faite au Japon, pays de plus en plus
industrialisé, où l'agriculture, d'ailleurs, est de plus en plus
industrialisée et où on utilise de plus en plus d'engrais
chimiques qui renferment du fluor, a démontré ceci: Plus un pays
est industrialisé et plus il compte sur les méthodes modernes
d'agriculture utilisant de fortes doses d'engrais chimiques, riches en
phosphate, plus grand est le contenu en fluor des aliments qui y sont
produits.
Ainsi, en 1958, à l'Ecole d'agriculture de l'université
Meijo au Japon, on découvrait qu'un individu moyen absorbait 4.38
milligrammes de fluor par jour. En 1965, la même recherche a
montré que la dose quotidienne absorbée était maintenant
rend ue à 11.13, parce que la consommation, l'utilisation de phosphate
avait largement augmentée pour la culture des aliments.
Dans le dossier technique sur la fluoration, en page 52, on mentionne
cette question-là. On dit bien que le fluor, on ne le trouve pas que
dans l'eau. Il existe à d'autres niveaux: On en trouve dans les
aliments, on en trouve dans l'atmosphère, dans les dentifrices, etc.
Cependant, c'est assez curieux de constater qu'on ne mentionne pas
à quels endroits on a prélevé ces doses que l'on
mentionne. Vous comprendrez que, dans une ville où sont situées
des industries, des alumineries, parexemple, où s'échappent, des
hauts fournaux de ces industries, des émanations de fluor, dans
l'atmoshpère, on va en trouver évidemment beaucoup plus que dans
une ville qui est située loin de ces industries.
On sait aussi que dans la fabrication de l'essence, plusieurs compagnies
utilisent le fluor; or, les moteurs à combustion interne et le gaz
d'échappement qui en sort renferment des fluorures. Par
conséquent, le fait, dans une grande ville, où il y a beaucoup de
circulation automobile, on va respirer davantage de fluor dans l'air qu'on peut
en trouver loin des centres de pollution surtout causée par les moteurs
à combustion interne.
Le dossier technique ne nous dit pas à quel endroit on a
prélevé ces échantillons de façon à ce qu'on
sache où sont situées les concentrations de fluor. C'est comme si
elles n'existaient pas, ces concentrations.
Une telle absorption quotidienne de fluorure est considérable.
Elle dépasse largement la dose que même les propagandistes de la
fluoration artificielle reconnaissent comme dangereuse. En effet, ceux-ci
admettent que 2 milligrammes de fluorure par jour constituent une dose toxique.
C'est mentionné en page 51 du dossier technique sur la fluoration. On
peut lire au bas de la page: "La quantité de fluor ingéré
quotidiennement par un enfant ne doit pas dépasser 2 milligrammes, si on
veut éviter tout risque d'apparition de l'émail
tacheté".
Alors, les doses que j'ai mentionnées, celles que MM. Marier et
Rose, de même que les travaux du Dr Herta Spencer démontrent que
ces doses sont déjà largement dépassées. C'est la
raison pour laquelle on dit qu'on peut déjà parler de pollution
par le fluor.
On le voit clairement maintenant, notre organisme absorbe
déjà trop de fluor. Seuls les gens ignorants et irresponsables
peuvent proposerqu'on en ajoute davantage, en procédant à la
fluoration artificielle des eaux de consommation.
Puisque les sels chimiques artificiels de fluor sont extrêmement
toxiques, la question de la pollution de l'environnement a maintes fois
été soulevée. Le fluor qu'on ajoute dans les eaux de
consommation se retrouve finalement dans les cours d'eau. Ici au Québec,
c'est dans le Saint-Laurent que le fluor s'accumulera.
Voici ce que disent à ce sujet, les docteurs Morin, Roy et Boutet
dans le texte mentionné plus haut, toujours celui du Devoir: "Du point
de vue écologique, les effets d'une augmentation de la teneur en fluor
de l'eau du Saint-Laurent ne sauraient être pris à la
légère. La chaîne nutritionnelle qui va de la plante marine
au poisson de consommation courante permet l'accumulation excessive de
certaines substances toxiques dans l'organisme de certaines espèces
animales. Les effets désastreux d'une intoxication de la faune marine
dans l'estuaire du Saint-Laurent ne sauraient être pris à la
légère et devraient inciter à une extrême
prudence".
Je vous ferai remarquer que, contrai rement à ce qu'on a
souligné hier, il ne s'agit pas d'interrogations, mais bel et bien
d'affirmations. Que pouvons-nous ajouter de plus à ces paroles de
sagesse? Le gouvernement québécois va-t-il lui-même
financer une grave forme de pollution de notre environnement?
Les propagandistes de la fluoration artificielle basent leur
argumentation sur l'hypothèse que le fluor réduit la carie
dentaire. Ils prétendent que des études sérieuses
justifient leur position, mais lorsqu'on analyse judicieusement ces
études, comme l'a fait le professeur Albert Schatz, Ph. D., on
s'aperçoit que la fluoration artificielle ne réduit en rien la
carie dentaire. Le professeur Schatz a démontré clairement ce
fait dans un article intitulé: "The Failure of Fluoridation in England",
publié dans le numéro d'octobre 1972 de la revue "Prevention". En
1966, il publiait également dans une revue dentaire du Chili un rapport
intitulé "The Failure of Fluoridation in Chile, a Critical Analysis
After Eleven Years ".
Lorsqu'ils sont contredits par des hommes de science, les propagandistes
de la fluoration artificielle essaient généralement de
discréditer ces derniers. Dans le cas du professeur Albert Schatz, ce
n'est pas possible. Le professeur Schatz est un savant de réputation
internationale, détenteur d'un Ph. D. en microbiologie de la Rutgers
University et co-découvreur de la streptomycine, médicament
utilisé avec succès dans le monde médical pour enrayer la
tuberculose. Premier médicament, d'ailleurs, reconnu comme ayant des
effets au niveau de cette maladie.
Le professeur Schatz a fait partie du corps professoral de nombreuses
universités. M enseigne actuellement à laTemple University. Ses
travaux et ses affiliations à des sociétés scientifiques
sont évidemment trop nombreux pour que nous puissions les mentionner
ici. Pour le bénéfice des membres de la commission qui voudraient
se documenter sur cette question, je pourrais fournir la liste des travaux
concernant les dents la question dentaire
réalisés par le Dr Schatz de même que ses nombreuses
affiliations. Nous avons d'ailleurs à son sujet un dossier où
quelques-uns de ses travaux sont présentés. Nous en avons quatre
ou cinq copies. Les membres de la commission qui voudraient consulter ces
travaux pour se documenter davantage pourraient le faire avec
intérêt. Comme on l'a mentionné hier je pense que
c'est le député de Rouyn-Noranda si la commission
désirait faire comparaître le Dr Schatz devant elle, elle pourrait
l'inviter. Je pense qu'actuellement c'est l'homme le plus qualifié pour
exposer le point de vue des "anti-fluorationnistes" sur cette question.
Le professeur Shatz s'est également penché sur d'autres
implications de la fluoration artificielle. Ses recherches au Chili ont
montré que la fluoration artificielle était responsable d'une
très forte augmentation de la mortalité infantile. Une
étude statistique a en effet prouvé qu'après dix ans de
fluoration artificielle, la ville de Curicô, première ville au
Chili à adopter la fluoration, présentait 233% fois plus de
mortalités infantiles dues à des malformations
congénitales que la ville témoin de San Fernando. L'incidence de
la carie dentaire n'a d'ailleurs pas été réduite à
Curicô, selon les recherches du Dr Schatz.
De tels travaux ne sont jamais mentionnés par les propagandistes
de la fluoration artificielle. On a dit hier, je pense, que 98.8 des gens de
science étaient opposés à la fluoration. Je ne sais pas
d'où vient cette statistique. Je pense que c'est largement
exagéré.
Les propagantistes de la fluoration ne parlent pas non plus des autres
hommes de science qui ont rejeté l'idée de la fluoration
artificielle après l'avoir étudiée objectivement. Ils
préfèrent continuer de soutenir trompeusement que la fluoration
réduit l'incidence de la carie dentaire et est absolument
inoffensive.
Tôt ou tard la vérité doit être reconnue et
les imposteurs démasqués. Comme le dit si bien le professeur
Schatz: "II ne fait aucun doute que le mouvement anti-fluoration triomphera
éventuellement. Il ne peut échouer car la fluoration est
dommageable et ne prévient pas la carie dentaire".
La prévention de la carie dentaire réside essentiellement
dans une meilleure alimentation. C'est de ce côté que le
gouvernement doit s'orienter s'il désire vraiment améliorer la
santé des Québécois. Merci.
Le Président (M. Pilote): Le ministre des Affaires
sociales.
M. Bellemare (Rosemont): En dessous des noms, Jean-Marc Brunet,
n.d. et Guy Bohémier, n.d.
M. Bohémier: Diplômés en naturopathie.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais demander en premier
lieu au porte-parole du Front commun contre la fluoration à quel titre
ils apparaissent devant nous. J'aimerais savoir s'ils apparaissent ici comme un
groupe de citoyens préoccupés par la question de la fluoration ou
s'ils prétendent représenter ici un point de vue scientifique.
Est-ce qu'ils ont eux-mêmes fait des recherches sur ces questions, comme
groupe ou individuellement? J'aimerais qu'ils nous expliquent un peu au nom de
quoi ils viennent nous parler, au nom de qui ils viennent nous parler.
M. Bohémier: Le front commun représente, entre
autres, l'opinion de divers indididus ou divers organismes qui, à partir
du fait que nos positions étaient connues depuis longtemps, j'ai
parlé tantôt de la publication de Dossier fluor, les naturistes se
sont opposés, je pense, ici, en premier lieu à la fluoration. A
partir de cette opposition, des groupes ont demandé à joindre
notre position et c'est ainsi que le front commun contre la fluoration a
été fondé. Nous représentons donc actuellement un
certain nombre d'organismes, de même que tous les individus qui nous ont
fait parvenir des lettres demandant à être entendus au nom du
front commun contre la fluoration.
M. Forget: M. le Président, si je comprends bien, on nous
dit qu'il n'y a aucune prétention scientifique du groupe en question. On
vient comme un groupe de citoyens présenter des opinions sur la question
de la fluoration, et non pas à titre de groupe scientifique ayant fait
des recherches sur le sujet ou ayant des responsabilités
professionnelles dans le secteur de la santé. C'est bien cela?
M. Bohémier: Exactement. Les seules préoccupations
scientifiques sont celles que nous avons soulevées et qui ont
été rapportées par d'autres individus.
M. Forget: Donc, vous vous faites les porte-parole d'un groupe
d'individus, mais vous ne prenez pas à votre compte
nécessairement les affirmations scientifiques que vous avez faites.
M. Bohémier: Nous les prenons à notre compte. M.
Forget: A quel titre?
M. Bohémier: A titre de membres d'un front commun de gens
qui sont opposés à la fluoration. Cela veut dire, en termes
simples, que les gens qui sont opposés à la fluoration croient
aux travaux des savants les gens dont j'ai fait mention dans mon texte
qui se sont prononcés contre la fluoration. Ils y croient
sincèrement.
M. Forget: Remarquez que je ne mets pas en doute votre
sincérité, mais je veux simplement établir, pour le
bénéfice de la commission, si votre groupe se compare, par
exemple, à ceux que nous avons entendus hier, qui, à titre de
professionnels de la santé ou à titre de scientifiques, doyens de
faculté enseignant l'art dentaire, la médecine dentaire, se sont
prononcés sur une base professionnelle et scientifique sur le dossier de
la fluoration. Ce que vous me dites, c'est que vous représentez un
groupe d'individus qui n'a aucune prétention de cette nature.
M. Bohémien Un groupe d'individus et un groupe d'organismes qui
ont expressément manifesté l'intention d'appuyer le front commun
contre la fluoration.
M. Forget: Quels sont ces organismes?
M. Bohémier: La secrétaire pourra vous faire
lecture. Je vais le faire, si vous voulez. Il y a d'abord le Mouvement
naturiste social, Offensive pour la vie, la Ligue démocratie
Québec, le Comité Québec-Etats-Unis, l'Institut de
formation sociale, l'Association naturiste du Québec, la Ligue des
droits de la nature, la Section enfants-famille de la clinique naturiste
Brunet, le Mouvement pour les libertés démocratiques, le
Mouvement occidental, l'Association des femmes démocrates, l'Institut
naturopathi-que, la Ligue sociale chrétienne, l'Association des
marchands détaillants d'aliments naturels, la Société des
iridologues du Québec, le Collège des naturopathes du
Québec, le Mouvement action-santé, l'Alliance chrétienne
démocrate, la Ligue pour l'agriculture naturiste, ainsi qu'un bon nombre
d'autres individus à titre personnel que je ne nommerai pas ici,
incluant M. le maire Aurèle Racine, de la ville de Tracy, ici
même.
M. Forget: Vous parlez du Collège des naturopathes.
J'aimerais que vous nous précisiez quel est ce collège, quel est
son rôle et son organisation. Vous vous rendez compte que la nature de ma
question n'est pas de vous embarrasser. Mais vous utilisez une expression qui
est aussi utilisée ou qui était utilisée par des ordres
professionnels. C'est dans le même sens que ma première question.
Je veux bien clarifier le statut professionnel ou scientifique du groupe que
vous représentez.
M. Bohémier: II s'agit d'une corporation professionnelle
qui détient une charte du gouvernement. Le nom donc est
protégé.
M. Forget: En vertu de quelle loi?
M. Bohémier: En vertu, je pense, de la deuxième
partie de la Loi des compagnies.
M. Forget: Ah! la Loi des compagnies. M. Bohémier:
Oui.
M. Forget: Je vois. Ce n'est pas un organisme professionnel au
sens du code des professions.
M. Bohémier: Exactement.
M. Forget: C'est un groupe de citoyens qui peut être
formé pour des buts quelconques. Il peut s'agir d'un club de tennis, il
peut s'agir d'un groupe de naturopathes. C'est la même chose.
M. Bohémier: Exactement.
M. Forget: Très bien. Je reviendrai plus loin
là-dessus.
Je suis personnellement c'est le premier point que j'aimerais
élucider fasciné par votre argumentation qui est contenue
aux pages 3 et 4 de votre mémoire où vous faites allusion
sans vraiment préciser votre pensée, j'aimerais que vous le
fassiez à l'histoire cachée de la fluoration, les grands
perdants. Vous mentionnez que le fluor est évidemment quelque chose qui
est produit par quelqu'un et que, si on veut l'utiliser, il va falloir
l'acheter quelque part.
Au-delà de ce que vous dites dans votre texte, vous semblez
porter une accusation assez importante, qui me vise d'ailleurs, je crois,
personnellement à titre de ministre des Affaires sociales, comme parrain
de ce projet de loi. Vous semblez créer ou voir une implication en
termes de conflits d'intérêts. Je crois que le public est assez
sensibilisé à ces questions que si vous avez vraiment des
indications à cet effet, je vous serais reconnaissant, et je suis
sûr que toute la commission le serait aussi, de bien vouloir
préciser exactement ce que vous voulez dire.
M. Bohémier: Tout ce que je veux dire ici, c'est que les
fluorures utilisés pour la fluoration de l'eau, puisqu'ils ne sont pas
des produits qu'on retrouve dans la nature, proviennent donc de quelque
industrie. Il faut acheter le fluor quelque part. Ce n'est pas mon intention de
prétendre que le ministre des Affaires sociales peut avoir des
intérêts quelconques dans une maison semblable, mais il faut bien,
je pense, l'acheter quelque part. Je ne pense pas que les villes qui
actuellement fluorent leur eau reçoivent gratuitement le fluor qu'elles
utilisent dans la fluoration. Je pense qu'on s'entend là-dessus. Il y a
donc des industries qui peuvent en profiter.
D'ailleurs, à l'idée des professeurs Morin, Roy et Boutet,
les grands perdants seraient justement les compagnies qui produisent ces
substances si, effectivement, on décidait de ne pas fluorer à
l'échelle du Québec les eaux de consommation des diverses
municipalités.
M. Forget: Vous savez...
M. Bohémier: II y a donc un intérêt
commercial là-dedans. C'est tout simplement ce que je veux faire
remarquer à la commission.
M. Forget: J'aimerais que vous précisiez votre
pensée davantage, parce que vous me dites qu'il est évident qu'un
produit doit être acheté quelque part. C'est aussi ce que je
crois, c'est évident; comme c'est évident que, si on donne des
prothèses gratuitement en vertu du régime d'assurance-maladie, il
faudra également les acheter quelque part. Donc, les fabricants vont
nécessairement être payés pour cela. C'est tellement
évident que je cherche la raison pour laquelle vous l'avez indu dans
votre mémoire, puisque, normalement, on ne voit pas des évidences
dans un mémoire qui porte, paraît-il, sur une question
controversée. J'aimerais que vous le précisiez davantage. Est-ce
que vous croyez vraiment que le gouvernement va bénéficier de
redevances à partir des compagnies qui produisent le fluor? Est-ce que
vous croyez que je vais en bénéficier personnelle-
ment? Vous n'avez aucun de ces doutes dans votre esprit?
M. Bohémien C'est certain que vous ne bénéficierez
pas personnellement des ventes que peuvent réaliser ces compagnies au
niveau du fluor. Quand on a parlé de la compagnie américaine
Alcoa, pourquoi pensez-vous qu'à un moment donné de son histoire,
elle a vendu du fluor? Parce qu'elle réalisait un profit. Elle
était intéressée à en vendre et c'est normal qu'une
compagnie soit intéressée à en vendre.
M. Forget: Encore une fois, si c'est normal et si c'est
évident, à quelles fins précises se rapporte ce paragraphe
de votre mémoire? Vous voulez exprimer une évidence. Vous me
dites: II n'y a aucun doute dans votre esprit, qu'il ne s'agit pas d'un conflit
d'intérêts, qu'il n'y a aucun bénéfice personnel ,
à votre avis, qui va en être tiré par qui que ce soit.
Alors pourquoi l'avoir mentionné? Je ne saisis toujours pas la
raison de ce paragraphe.
M. Bohémier: Tout simplement pour dire que, si les
compagnies peuvent en vendre, elles sont intéressées à
mousser la publicité de leur produit. On donne des renseignements un peu
partout, comme le cas de l'annonce publicitaire que je vous ai lue de la
compagnie Alcoa tantôt, où ils vantaient les mérites de
leur fluorde sodium; ils ne le faisaient certainement pas dans
l'intérêt de la santé publique, mais pour leurs
intérêts purement commerciaux.
M. Forget: Avez-vous des indications précises à
savoir que ces compagnies ont été actives au Québec et ont
promu d'une façon ou d'une autre, par de la publicité, par de la
propagande, par une action de "lobbying" auprès de groupes
professionnels ou auprès du gouvernement, la question de la
fluora-tion?
M. Bohémier: Non, je ne pense pas que cela ait pu jouer au
Québec. Je sais que cela a joué aux Etats-Unis puisque cette
annonce publicitaire a paru dans un journal spécialisé. C'est
à partir de cela ensuite que la question de la fluoration a
été élaborée. Je pense qu'aujourd'hui la plupart
des gens qui prônent la fluoration sont très sincères mais
je pense qu'à l'origine il y a peut-être quelques doutes qui
peuvent planer sur la validité de ceux qui l'ont endossée. Vous
savez qu'une fois que la fluoration est endossée ça fait boule de
neige. Une fois qu'une association professionnelle se prononce, ça
devient extrêmement gênant de retirer son approbation à la
fluoration, parce qu'à ce moment-là ce serait avouer qu'elle
s'est trompée et elle perdrait toute espèce de
crédibilité face à l'opinion publique.
A l'origine, je pense qu'il y a eu des intérêts commerciaux
et l'annonce publicitaire que je vous ai lue, qui a paru dans un journal, dans
une revue spécialisée, en témoigne, c'est tout ce qu'on
veut dire. Actuellement, je suis certain que tous les gens qui prônent la
fluoration ici au Québec sont des gens parfaitement honnêtes et
sincères.
M. Forget: Je suis tout à fait d'accord avec vous
là-dessus. Par ailleurs, cet argument ne s'applique-t-il pas à
d'autres points de vue également? Par exemple, vous avez
déclaré tout à l'heure que des positions, une fois
exprimées, ont tendance à être
répétées. Est-ce que cela ne vaut pas également
pour les arguments qui sont avancés contre la fluoration?
M. Bohémier: Sauf que ces arguments reposent sur des
textes publiés par des hommes de science; j'ai mentionné le
professeur Albert Schatz, qui a fait des recherches.
M. Forget: C'est vrai des deux côtés égale
ment. M. Bohémier: Ah oui!
M. Forget: Donc, cet argument, que ça fait boule de neige,
est également vrai des deux côtés.
M. Bohémier: Oui.
M. Forget: Vous auriez tout aussi bien pu le mentionner dans
votre mémoire.
M. Bohémier: Si vous voulez me faire dire par là
qu'il y a eu des exagérations à certains moments sur certains
aspects de la question de la fluoration, je vais vous dire que je suis d'accord
avec vous.
M. Forget: Vous avez mentionné des écrits, un livre
publié aux Editions du Jour. Ce livre, qui a été vendu,
j'imagine, en un certain nombre d'exemplaires, est-ce que les membres ou le
Mouvement naturiste social ont bénéficié
financièrement de la vente de ce livre?
M. Bohémier: Je ne pense pas. Les contrats qui sont
passés avec les éditeurs sont des contrats qui sont passés
entre l'auteur et l'éditeur. C'est l'auteur du volume qui a pu
réaliser des profits, si son livre s'est vendu.
M. Forget: Donc, il y a eu des profits et les auteurs sont des
membres également. Ils peuvent très bien être des membres
du Mouvement naturiste social?
M. Bohémier: Les auteurs ne sont pas les membres. Il n'y a
pas cinquante auteurs, il y a un auteur.
M. Forget: Et il est membre?
M. Bohémier: II est membre du Mouvement naturiste social,
bien sûr.
M. Forget: Donc, la vertu n'est pas uniformément d'un seul
côté dans tout ça?
M. Bohémier: Non, disons que sous cet aspect on pourrait
envisager la question comme vous le faites, sauf que je ne me place pas
à ce niveau, je me place au niveau des idées qui sont
exprimées dans ces ouvrages.
M. Forget: Je vous encourage à rester à ce niveau
d'ailleurs.
M. Bohémien D'accord.
M. Forget: Vous faites allusion, dans votre texte écrit,
à une abondante bibliographie; je remarque qu'elle n'est pas jointe
à votre mémoire. Cependant, vous avez cru bon, durant votre
exposé, d'en citer certains extraits. J'aimerais cependant être un
peu plus spécifique. Vous dites, par exemple, en page 2 de votre
mémoire, que l'on affirme dans certains milieux que la fluoration peut
prévenir la carie dentaire et renforcer les os du squelette humain. Vous
dites: "Acceptons pour l'instant cette affirmation, même si plusieurs
travaux sérieux permettent de la mettre en doute." Est-ce que vous
faites exclusivement allusion aux travaux que vous citez plus tard, aux
publications du Dr Schatz, par exemple?
M. Bohémier: Non. Il y a beaucoup d'autres sources qui
peuvent justifier cette position.
M. Forget: Est-ce qu'il vous est possible de communiquer à
la commission la liste des références spécifiques que vous
faites dans ces cas?
M. Bohémier: Oui, entre autres, par exemple, je pourrais
citer certains auteurs de manuels en biochimie q ui soutiennent effectivement
que le fluor ne renforce pas l'émail des dents.
M. Forget: Citez-les donc.
M. Bohémier: Oui, si vous me donnez quelques instants pour
les retrouver, je vais vous en citer. D'ailleurs, le professeur de biochimie
qui est à mes côtés serait plus qualifié pour vous
répondre là-dessus, peut-être qu'il pourrait le faire.
M. Bastien: Si vous me permettez, M. le ministre, j'ai fait une
dizaine d'années d'études à l'Université de
Montréal en physiologie humaine, et la question du fluor me
préoccupe depuis plusieurs années parce que j'enseigne la
biologie, l'écologie également. Je suis à préparer
un volume sur la survie de l'humanité actuellement.
M. Forget: Voulez-vous parler un peu plus fort, s'il vous
plaît?
M. Bastien: Oui. Pour toutes ces bonnes raisons, parce que je
prépare un volume actuellement sur la survie de l'humanité, je me
suis appliqué et ai fait un petit travail de recherches sur le fluor, la
fluoration des eaux potables, un travail de recherche. Une copie a
été envoyée, dans le temps, au ministre Goldbloom,
médecin, ainsi qu'au ministre Castonguay, ainsi qu'à Jean
Drapeau, etc., plusieurs grandes autorités en la matière. Le Dr
Goldbloom a répondu assez favorablement, sans accepter tous mes points.
Toutefois, pour faire courte une longue histoire, j'ai essayé, depuis
ces dix années d'études, de trouver quelque chose de bon dans le
fluor, au point de vue physiologique et biochimique et je n'ai jamais rien vu
de scientifiquement exposé et favorable à l'utilisation du
fluor.
Je crois que cette idée se propage que le fluor est bon pour les
dents et dans tous mes volumes que j'ai lus à l'université,
conjointement avec les étudiants en médecine et en art dentaire,
je ne vois absolument rien et c'est ce qui m'a poussé à faire ce
petit travail.
Vous demandiez des références tout à l'heure. Tout
le monde sait, par exemple, que, dans les universités
américaines, à McGill, à Montréal, nous avons en
physiologie médicale, Guyton; nous avons dans les principes de
biochimie, Smith, nous avons également en biochimie, Harrow, et nous
avons en physiologie médicale, Fabre et Rougier, qui sont des livres
classiques d'université. Je n'ai jamais de ma vie trouvé une
fonction bénéfique au fluor. Je pourrais peut-être vous
mentionner comme ça quelques petites déclarations du dictionnaire
de médecine, à la page 223, "Le fluor est le plus réactif
de tous les éléments, il est toxique, corrosif et dangereux pour
tout tissu vivant. Il s'associe rapidement à la plupart des substances
organiques, le fluor peut se combiner au calcium, au sodium, au
magnésium, au potassium, à l'aluminium, etc.", affirme le
dictionnaire de médecine.
D'autre part, on lit dans Fabre et Rougier, Physiologie médicale,
page 269, livre de classe, "Les substances minérales essentielles
à l'homme proviennent des aliments d'origine végétale.
Elles ne sont jamais ingérées à l'état
d'élément car, à l'état pur, ces
éléments ne sont pas utilisables et sont extrêmement
dangereux. On ne peut pas les utiliser sous forme de sels minéraux mais
seulement sous forme de sels organiques, c'est-à-dire combinés
à des substances organiques élaborées par les
végétaux". Fabre et Rougier, Physiologie médicale, page
269.
Smith, Principle of biochemistry, page 199, "Le fluor s'associe à
l'ion hydroxile de l'hémoglobine et il se forme de la
métémoglobine, laquelle ne peut plus capter l'oxygène ou
l'oxyde de carbone". Si l'hémoglobine qui transporte l'oxygène
des poumons par le sang vers toutes les cent quatrillons cellules du corps
pouvait rapporter leur quota d'oxygène, si le fluor vient
déranger son travail, nous souffrirons de carence d'oxygène.
M. Forget: Permettez que je vous pose une question. Vous citez un
texte d'un M. Smith...
M. Bastien: Oui.
M. Forget: Est-ce qu'il s'agit du "Metabolism of Inorganic
Fluoride"?
M. Bastien: Non. Smith, c'est "Principle of Biochemistry". C'est
un livre de classe à l'université.
M. Forget: Quelle est sa date de publication?
M. Bastien: Pardon, monsieur?
M. Forget: Quelle est sa date de publication?
M. Bastien: Ecoutez! Malheureusement, je n'ai pas apporté
ma bibliographie avec moi.
M. Forget: Mais vous savez sans doute, puisque
vous avez fait des études, vousdites, en physiologie, que
l'état de la science est en développement continuel. Il y a
toujours un certain risque à citer des manuels, puisque les manuels
reflètent souvent l'état des connaissances dix ans avant la date
de publication ou cinq ans avant la date de publication. Ne serait-il pas
beaucoup plus sûr de parler des publications scientifiques qui rapportent
non pas l'état des connaissances qui est un peu figé dans les
manuels, mais l'état le plus récent des connaissances et, en
particulier, de discuter spécifiquement des travaux qui portent
spécifiquement, également, sur l'effet du fluor sur
l'émail des dents ou sur le développement du squelette, soit chez
les animaux, soit chez l'être humain, plutôt que de citer des
déclarations qui sont sans doute vraies dans le contexte où elles
sont formulées, c'est-à-dire dans le contexte très
général d'un manuel qui traite de certains éléments
naturels ou de certains composés chimiques, bien sûr, mais non
dans un contexte spécifique, et avec une date de publication probable
des années soixante. Ceci ne permet pas à l'auteur, en toute
justice, de tenir compte des recherches qui se sont effectuées depuis la
date de publication et, en particulier, des recherches qui ont
démontré, selon les informations que nous avons obtenues hier,
lors de la présentation du mémoire par les doyens des
facultés de médecine dentaire, par exemple, des recherches du Dr
Schatz sur le développement squelettique des rats dans le cas d'une
diète absolument libre de fluor et de l'effet assez spectaculaire de
l'absence complète de fluor sur le développement du squelette.
Cette recherche a été faite en 1971. Relativement, par exemple,
à cette recherche, êtes-vous en mesure, sur la base de vos propres
travaux ou sur la base de connaissance d'autres travaux que vous avez
consultés, de mettre en doute ces résultats?
M. Bastien: Pour répondre à votre question de tout
à l'heure, M. le ministre, on a ici Harner, "Précis de
biochimie", édition de 1973. Maintenant, probablement, parce que j'ai un
certain âge, avez-vous pensé que mes études allaient
très loin dans le passé. Cela fait cinq ans que j'ai
terminé mes études à l'Université de
Montréal. Je me suis recyclé au cas où cela pourrait vous
influencer, voyez les cheveux gris sur mes tempes.
M. Forget: Je vous loue dans vos efforts pour vous recycler, mais
je vous dis que ce travail n'est jamais terminé. Etant donné
qu'il s'agit d'une question controversée, je crois que les plus
récents travaux doivent être discutés. S'ils apportent des
affirmations contraires aux vôtres, je crois que vous avez le devoir de
nous informer soit que vous n'admettez pas la méthodologie scientifique
de ces travaux, soit qu'ils contredisent d'autres travaux également
valables. Donc, il faut se poser des questions sur l'échantillonnage ou
quoi que ce soit.
Mais il reste qu'on ne peut tout simplement pas se borner à une
affirmation basée sur un manuel qui ne traite pas spécifiquement
de la santé dentaire ou de la fluoration des eaux de consommation, et
qui, évidemment, va parler de l'effet toxiq ue du fluor, q ui ne se
retrouve pas dans la nature de toute manière à l'état pur,
et qu'il n'est pas question comme tel d'administrer aux gens.
Aucune objection à ce que vous débattiez du mérite
scientifique des études qui ont été proposées
à l'attention de la commission, encore faut-il le faire
spécifiquement.
M. Bastien: Quand j'ai nommé tout à l'heure Guyton,
c'est un livre que nous avons à l'Université de Montréal,
aussi bien en médecine qu'en art dentaire et en biologie. Je croyais que
c'était tellement évident que ces choses... Parce qu'il y a des
médecins et des dentistes aussi, je ne sais pas, qui peuvent corroborer
et confirmer le fait. Je croyais que ces livres étant classiques,
étant des livres de classe, que c'était...
M. Forget: Oui, mais nous ne parlons pas de la Bible, n'est-ce
pas? Nous parlons de livres scientifiques qui sont datés, donc qui sont
susceptibles de devenir désuets lorsque de nouvelles connaissances sont
acquises, et qui doivent toujours être faits non pas par rapport à
un rappel à l'autorité, mais par rapport à leur valeur
intrinsèque.
Or, hier j'aimerais que vous nous fassiez vos commentaires
là-dessus l'Ordre des dentistes qui, je pense bien, ne peut pas
être soupçonné d'avoir des intérêts à
encourager la fluoration, et les doyens des facultés de médecine
dentaire qui doivent connaître, eux aussi, les livres dont vous parlez et
qui doivent aussi les lire, qui doivent aussi s'intéresser à ces
questions, je pense nous ont parlé très spécifiquement,
non pas de l'effet du fluor en général, dans l'ensemble de la
nature, mais très spécifiquement de l'effet sur différents
systèmes, y compris, évidemment, le système osseux, les
dents, l'émail dentaire. J'aimerais, si vous êtes en mesure de le
faire, que vous puissiez nous dire qu'ils se sont trompés, qu'ils ne
sont pas à la page, qu'ils ont mal lu ce qu'ils ont cru lire, de
manière à faire progresser le débat, puisque, autrement,
nous en serons réduits à confronter des affirmations qui, dans le
fond, ne portent pas véritablement sur le même point.
M. Bohémier: M. le ministre, pour vous éclairer
peut-être sur cette question, vous avez mentionné, je pense,
tantôt, un travail qui date de 1971, qui prouverait que, sans fluor, le
métabolisme humain ne peut pas s'accomplir...
M. Forget: II ne prouve pas cela, non. M. Bohémier:
Non?
M. Forget: On a éliminé je vous
réfère d'ailleurs au mémoire présenté hier
de façon absolument rigoureuse le fluor de la diète de
rats. On ne peut pas le faire pour les humains, c'est évidemment un
processus assez difficile, comme vous le savez vous-même, que
d'éliminer tout le fluor de tous les aliments.
On l'a fait et on a constaté chez ces rats, sur lesquels on
faisait l'expérience, une croissance très anormale du
squelette.
M. Bohémier: Je vous ferai remarquer, à ce
moment-là, que les traducteurs du précis de biochimie de Harper,
à savoir le directeur actuel du département de biochimie de la
faculté de médecine et de deux autres professeurs de ce
département, ne semblent pas être au courant de ces recherches,
puisque la publication est datée de 1973, elle provient des presses de
l'université Laval, et le travail dont vous me parlez date de 1971.
Or, eux continuent à affirmer que le fluor...
M. Forget: Les traducteurs ne sont pas là pour
écrire de nouveau le manuel.
M. Bohémier: Les traducteurs sont des gens qui dirigent le
département de biochimie de la faculté de médecine.
Peut-être pourraient-ils ajouter, si vraiment Harper était
déclassé sur cette question, au moins, une note en marge qui
préciserait un peu, je pense, la pensée scientifique
actuellement. Alors, ils ne l'ont pas fait.
M. Forget: Oui, mais cela ne prouve rien contre le fluor. Cela
prouve peut-être qu'ils auraient pu faire un travail plus complet, mais
encore, les traducteurs, normalement, n'écrivent pas de nouveau les
livres qu'ils ont à écrire. Cela nous place, vous l'admettrez
sans peine, je pense, assez loin d'une contestation scientifique de
l'étude en question. C'est sur ce point, je pense, comme sur ces points
analogues, que nous aimerions avoir une opinion scientifique; non pas une
opinion de circonstance, à savoir: Est-ce que le traducteur a fait son
travail consciencieusement? Là n'est pas la question et ce n'est pas sur
ce sujet qu'on doit décider je pense que vous êtes aussi
d'accord avec moi sur cela du mérite de la fluoration. Ce n'est
pas sur les qualifications des traducteurs de manuels américains.
Vous faites allusion à des travaux qui ont été
faits et publiés par le Dr Schatz, relativement à un taux de
mortalité dans une ville du Chili, un taux de mortalité de 233%
plus élevé que celui d'une ville témoin du Chili,
présumément, également, San Fernando.
Si ces résultats sont exacts, comment pouvez-vous expliquer que
les études semblables faites au Canada et aux Etats-Unis depuis 30 ans
n'ont pas fait ressortir un taux de morbidité ou de mortalité
dans les villes où l'eau était fluorée?
M. Bohémier: Bon. Je vous ferai remarquer d'abord...
M. Forget: Avez-vous eu connaissance vous-même
d'études qui auraient pour résultat de prouver le contraire?
M. Bohémier: J'ai devant moi la monographie de ce rapport.
Je ferai d'abord remarquer qu'il date du 4 décembre 1973, ce qui est
relativement récent; ce n'est pas une recherche qui remonte à 30
ans en arrière. Si ces gens-là n'en ont pas fait mention, ce
n'est pas ma faute; cela a été publié dans les journaux,
au département de Pediatric Dentistry de l'Université de Buenos
Aires. Cela fait partie de la documentation scientifique disponible à
tous les chercheurs. C'est compilé dans...
M. Forget: Ce sont toujours les travaux du docteur Schatz?
M. Bohémier: Oui, parce que vous me parlez de
celui-là, celui qui soulève la question des 233%...
M. Forget: Oui. Je ne nie pas que ce travail existe.
M. Bohémier: Ah bon!
M. Forget: Comment expliquez-vous que des études
analogues, comparatives, de villes où l'eau est fluorée et de
villes où l'eau n'est pas fluorée, qui se sont faites à
des centaines d'exemplaires, pendant une période de presque trente ans,
puisqu'il y aura trente ans cette année que la fluoration a
été introduite dans certaines villes du continent
nord-américain, comment se fait-il que toutes ces études
j'en ai vu plusieurs moi-même ne montrent aucune
différence, pour ce qui est des taux de morbidité ou de
mortalité?
M. Bohémier: Peut-être que M. Bastien pourrait vous
répondre sur la validité des statistiques qu'on soulève
à ce niveau.
M. Bastien: Jusqu'à maintenant, les scientifiques n'ont
pas pu prouver que le fluor était bénéfique aux dents des
enfants. Ils disent déjà que ce n'est pas pour les adultes, mais
pour les enfants. Ils se servent de statistiques. Les statistiques sont une
bonne chose en soi pourvu que l'on respecte les règles du jeu. Les
"fluorationnistes" ne respectent pas les règles du jeu. Donc, leurs
statistiques perdent toute signification.
En effet, s'il n'y avait, pour protéger les dents de la carie,
qu'un seul facteur impliqué, soit le fluor, leurs statistiques seraient
valables. Malheureusement, pour les "fluorationnistes", les facteurs
impliqués dans la prévention à la carie dentaire sont
tellement nombreux qu'un statisticien qui ne considère que le fluor perd
son temps et celui de tout le monde.
En effet, pour qu'une dent soit saine, donc résistante aux acides
et aux enzimes bactériennes, il faut, d'après tous les bons
auteurs étudiés en physiologie médicale,
premièrement, des matériaux de construction fournis à
l'organisme en quantité suffisante à un rythme satisfaisant,
entre autres, le calcium, les phosphates, etc. C'est avec cela que se formera
l'hydroxy-apatite qui est l'élément par excellence de
l'émail et qui fait que l'émail est résistant. Tous ces
matériaux sont fournis par de bons aliments. Mais le calcium est aussi
utilisé dans des processus vitaux. Le sang à lui seul requiert
six centigrammes de calcium par litre de sang et ce, de façon constante.
En cas de déficience de calcium sanguin, le sang ira chercher le calcium
dans les os et dans les dents, appauvrissant ainsi ces derniers dans leur
structure, mais sauvant l'organisme de la destruction.
Ces matériaux de construction, le calcium et les tres, ne peuvent
se structurer ni s'entretenir par eux-mêmes. Ce sont les enzymes
phosphatases qui font l'association des molécules entre elles et
structurent ainsi les tissus, l'émail, la dentine, le cément,
l'os, etc.
Pour se structurer les enzymes ont besoin de magnésium; pas de
magnésium, pas d'enzyme, pas d'enzyme, pas d'émail sain. Une
déficience alimentaire en magnésium est cause de
déficiences enzymatiques. Incidemment, la chlorophylle de feuillages
verts, laitue, etc. regorge de magnésium. Quand on pense que le fluor
enlève aux enzymes leur magnésium, on l'a déjà
prouvé précédemment. Ce sont des cellules qui
sécrètent toutes les substances en-zymatiques et plastiques
nécessaires à la bonne structuration des os et des dents.
On pourrait continuer longtemps, mais un autre facteur essentiel aussi
à la bonne structuration des dents, c'est la vitamine C qui est
nécessaire à la formation du collagène, un matériau
essentiel à la structuration des dents.
M. Forget: Excusez-moi, je ne veux pas vous interrompre, mais
est-ce qu'on n'est pas un peu loin de la question que je vous ai posée?
Je vous ai demandé comment il se fait... Vous m'avez dit, si je
comprends bien, que les statistiques qu'on alléguait pour
démontrer les effets positifs du fluor pour enrayer la carie dentaire ne
vous impressionnent pas. Cependant, je crois que vous avez beaucoup fait
état du taux de mortalité de 233% dans deux villes du Chili. Le
Chili, c'est assez loin.
Je veux bien croire que c'est peut-être un taux de
mortalité élevé. Vous dites qu'on ne peut pas en
connaître les causes de prévention de la carie dentaire.
Cependant, vous êtes assez formel pour dire que vous connaissez les
causes du taux de mortalité plus élevé dans une ville du
Chili. J'aimerais essayer de comprendre la logique de votre argumentation.
Est-ce que vous croyez au moins un peu aux statistiques ou pas du tout?
M. Bohémier: M. le ministre, avant de permettre à
mon confrère de terminer, c'est moi qui ai mentionné le travail
du Dr Schatz. Si vous le lisez, vous allez voir qu'il tient compte des facteurs
qui, justement, sont impliqués dans la carie dentaire et que son travail
est beaucoup plus fouillé que le simple fait d'énoncer le chiffre
de 233%. Ceci dit, je vais permettre à M. Bastien de terminer.
M. Forget: Toujours sur ce point, je veux bien croire qu'il est
plus fouillé, mais, dans votre affirmation, ce n'est pas très
fouillé.
Vous dites essentiellement qu'il y a une relation de cause à
effet, ou vous laissez soupçonner qu'il y a une relation de cause
à effet, entre le taux de mortalité plus élevé dans
une ville et la f luoration de l'eau. Ce point-là a une importance
capitale. Si, effectivement, la fluoration de l'eau dans une ville a fait
doubler ou plus que doubler le taux de mortalité, je crois que vous avez
le devoir de nous instruire et de nous dire si c'est bien le seul facteur
causal, ou peut-être que vous me dites, par vos remarques, qu'il y a un
tas d'autres facteurs qui sont également mentionnés dans cette
étude et qui sont peut-être responsables, eux, de la
différence dans les taux de mortalité.
M. Bohémier: II y a d'autres facteurs qui sont
impliqués. Il y a des facteurs qui justifient la mortalité
infantile par une malformation congénitale qui sont
étudiés par le professeur Schatz et cela lui a permis, en les
étudiant, de dire que ce n'étaient pas eux qui étaient en
cause.
M. Forget: Donc, c'est la fluoration qui tue les gens au
Chili?
M. Bohémier: On suppose que c'est la fluoration.
Maintenant, le docteur Schatz...
M. Forget: Vous le supposez ou vous l'affirmez?
M. Bohémier: Un instant. Le docteur Schatz suppose que
c'est la fluoration. Il dit bien que d'autres travaux pourront venir confirmer
ou infirmer sa thèse. Il se place vraiment sur un terrain scientifique.
Il faudrait le lire, écoutez.
M. Forget: Sur les autres travaux, ses travaux infirment des
travaux précédents, et en très grand nombre. Ma question,
je la reformule; si je n'ai pas été clair, je m'en excuse. S'il a
pu déceler un cas, une ville où la fluoration fait doubler le
taux de mortalité, comment se fait-il que des études qui ont
porté sur le même phénomène au Canada et aux
Etats-Unis, là où on sait que les statistiques de santé
sont peut-être un peu plus fiables sans discrimination envers les
pays sud-américains qu'au Chili, ne sont pas apparues à
tous les chercheurs? Ou est-ce que vous appliquez à tous les chercheurs
la même épithète assez dédaigneuse que vous
appliquez à un tas d'autres personnes, apparemment, à la page 7
de votre mémoire, où vous dites que seuls les gens ignorants et
irresponsables peuvent proposer qu'on ajoute du fluor? Je vous comprends de le
dire si, vraiment, cela double le taux de mortalité, mais il y a un
point spécifique sur lequel il faudrait s'entendre.
M. Bohémier: L'objection que vous soulevez est
particulièrement valable. D'ailleurs, le professeur Schatz y a
lui-même répondu, dans son travail. Il a dit ceci: Dans les pays
où la sous-nutrition existe, il est tout à fait normal que les
dangers inhérents au fluor soient accentués parce que des
éléments manquent à ces enfants-là. Ils ont plus de
chance que les dangers du fluor les atteignent directement. Il s'exprime bien
là-dessus. Il dit très bien que si on reprenait la même
étude aux Etats-Unis, on n'arriverait pas sensiblement au même
taux aussi élevé. C'est expliqué.
M. Forget: Cela ne vous inquiète pas, une affirmation
comme celle-là?
M. Bohémier: Cela ne m'inquiète pas. Cela prouve
une chose, c'est que si on veut voir si le fluor
est vraiment nocif, comme le dit le professeur Schatz, il faut vraiment
qu'on l'utilise, qu'on l'applique là où il y a le plus de chance
que ces dangers apparaissent. C'est sur des populations sous-nourries,
effectivement, que cela peut apparaître.
Si cela apparaît sur ces populations, cela prouve
évidemment que le fluor est nocif. S'il était un nutriment, un
élément absolument essentiel, non seulement il ne ferait pas
apparaître chez les sous-nourris ces phénomènes-là,
mais il améliorerait la santé de ces gens-là.
Ce sont ces villes témoins ou ces groupes d'individus
témoins, sous-nourris, qui sont les meilleurs sujets sur lesquels on
peut expérimenter. Cela aussi, le professeur Schatz le souligne dans son
travail.
M. Forget: Dans une oertaine mesure, donc, c'est une étude
qui n'a pas une signification particulière pour le Québec, parce
que je pense bien qu'on peut reconnaître, malgré tous nos
malheurs, que nous ne sommes pas une population sous-alimentée.
M. Bohémier: Mais l'enquête Nutrition Canada n'a pas
montré qu'on était particulièrement bien nourri non
plus.
M. Forget: Les témoignages que nous avons entendus hier,
j'aimerais que vous les commentiez. Nous avons entendu plusieurs explications
sur les mécanismes qui font que l'organisme, le métabolisme
humain assure un certain équilibre dans le sang, vu le fluor qui est
ingéré, premièrement, en éliminant par l'urine,
dans les déchets, une proportion élevée du fluor
absorbé et, deuxièmement c'estd'ailleurscequi fait son
avantage pour les fins de la prévention en emmagasinant dans le
système osseux et dans les dents l'ion-fluor qui est absorbé par
l'organisme, donc, en maintenant dans le flux sanguin une proportion assez
constante de fluor.
Par ailleurs, on nous a montré également que le fluor qui
est consommé sous des formes autres que dans l'eau n'est pas sous une
forme qui est facile à assimiler pour l'organisme et que ce fluor est
éliminé très largement dans les déchets. Donc, nous
avons de deux façons des espèces de garanties ou des
espèces de mécanismes régulateurs qui font qu'une
ingestion normale, dans une marge de sécurité assez large
d'ailleurs, est elle-même, en quelque sorte, contrebalancée par le
métabolisme. A ce moment, des dangers réels vous paraissent-ils
demeurer, puisque vous faites certaines affirmations qui me laissent un peu
songeur, étant donné ce que nous avons entendu hier?
Vous parlez, par exemple, de la dose requise de fluor. Or, hier, on nous
a clairement démontré qu'il n'était pas question d'une
dose requise de fluor. Il est surtout question d'une dose minimale de fluor. La
dose minimale de fluor peut être dépassée sans danger.
Evidemment, on peut se situer à un niveau inférieur
également sans danger, pourvu ce qui est impossible effectivement
qu'il n'y ait pas une absence totale de fluor. Donc, il n'est pas
question d'unedose requise. Il n'y a rien de critique, selon les
témoignages entendus hier, dans le dosage du fluor, mais il est requis
en quantité minimale pour avoir un effet préventif. Etant
donné cette situation, je m'explique mal les références
nombreuses que vous faites à une dose requise.
M. Bohémier: Ecoutez! Quant à la dose requise,
avant que je permette à M. Bastien de répondre à la
première partie de votre question, Harper souligne qu'entre 0.6 et 1.2
ppm, la fluorose dentaire peut apparaître chez moins de 2% de la
population.
M. Forget: La fluorose dentaire, on nous a également dit
qu'elle avait des inconvénients esthétiques. On nous a cependant
affirmé que la fluorose dentaire n'a aucun autre inconvénient
qu'esthétique, que les dents affectées par cette tacheture
même conservent toute leur qualité au point de vue de la
prévention de la carie dentaire, encore accrue dans une certaine mesure,
et qu'il faut dépasser de plusieurs fois les niveaux nécessaires
pour faire apparaître la fluorose avant que des problèmes de
santé n'apparaissent. Etes-vous d'accord avec cela?
M. Bohémier: Non, nous ne sommes pas d'accord avec cela.
Nous croyons que la fluorose dentaire est une désintégration de
la dent. D'ailleurs, M. Bastien, je pense, est en mesure de vous expliquer
pourquoi.
M. Bastien: J'aurais tant aimé, M. le ministre, finir mon
point de tout à l'heure. Si vous me le permettiez, cela prendrait 30
secondes.
Le Président (M. Pilote): Allez!
M. Bastien: Je veux seulement souligner que structurer une dent,
ce n'est pas une question de fluor. C'est une question d'aliments sains, de
calcium, vitamine A, vitamine C, vitamine D et glandes parathyroïdes, qui
exercent le contrôle du calcium dans la voie sanguine. Un dernier facteur
est la mastication. On reviendra là-dessus.
Etant donné qu'il y a tellement de facteurs qui sont responsables
d'une bonne structuration dentaire, je rejette d'une façon scientifique,
si vous me permettez le terme, toute statistiq ue. On ne peut pas se baser sur
les statistiques parce qu'on ne considère qu'un facteur, le fluor, alors
qu'il y en a peut-être une centaine.
Si vous prenez tous les facteurs et faites des statistiques, je serai
d'accord. Cela, c'est pour la première partie de tout à
l'heure.
Pour ce qui est de la deuxième partie, il est vrai que le fluor
s'en vient au niveau de la dentine et de l'émail. C'est vrai que le
fluoro-apatite est dur. C'est vrai que c'est résistant. Mais je crois
qu'on s'est fourvoyé en croyant que c'était là un produit
de synthèse normal et sain. En réalité, le fluoro-apatite
sur l'émail décolle, défait, désintègre
l'hydroxyapatite, qui est le véritable agent de résistance de
l'émail. Je crois qu'il n'y a pas un médecin ici qui peut rejeter
ce fait; c'est même pris dans mes notes de médecine physiologique.
Mais l'hydroxy-apatite est dur dans l'émail, pour un émail sain,
chez un
enfant sain au point de vue de la santé, mais le fluor, avant de
désintégrer l'émail avec son fluoro-apatite et causer des
taches jaunes, blanches et noires, a auparavant, au préalable,
défait la dentine et défait l'ivoire en prenant le calcium, parce
qu'il y a beaucoup de phosphate de calcium là-dedans. Il a défait
le calcium et amoindri la base même de l'émail, parce que
l'émail repose quand même sur le reste de la dent, et c'est une
base. Le fluordéfait, désintègre la base de la dent et
l'émail, par conséquent, deviendra... voilà.
M. Forget: Voulez-vous m'indiquer quel est
l'élément qui est substitué par le fluor dans
l'émail des dents?
M. Bastien: L'émail des dents est l'élément
le plus dur dans le corps, c'est le tissu le plus dur qui soit,
minéralisé à 97%. Vous avez des phosphates de calcium, des
phosphates de potassium en quantité variée et vous avez aussi des
enzymes, parce que toutes ces molécules, que ce soit du fluorure ou
autre chose, sont agencées par des enzymes, qui sont les ouvriers qui
structurent la dent, surtout du calcium et du potassium, des phosphates.
M. Forget: Mais ma question était: Quel
élément est remplacé, dans la dent, par le fluor?
M. Bastien: Le fluoro-apatite remplace l'hydroxy-apatite, qui est
un composé normal et sain de la dent. Quand on a une dent qui dure
jusqu'à l'âge de 100 ans, c'est que son hydroxy-apatite est bon et
solide. Tandis que le fluoro-apatite, le pauvre petit gars n'ira pas
très loin avec son fluoro-apatite, même si, apparemment c'est dur.
Je vous ferai remarquer que le fluor n'est pas absorbé par
l'émail, il est adsorbé, c'est différent. L'émail
va aussi adso -ber le strontium mais tout le monde sait que c'est un produit
radioactif très nocif mais c'est un moyen d'autodéfense. Ce n'est
pas une constitution normale, c'est un moyen d'autodéfense. C'est
là qu'on confond, il y a confusion.
M. Forget: Je pense que vous avez clarifié un point,
j'avais cru comprendre que vous affirmiez que le fluor remplaçait le
calcium. Il n'en est pas question.
M. Bastien: Non, il fait un complexe avec le calcium. Parce qu'il
a beaucoup d'affinités avec le calcium, le magnésium et le
potassium.
M. Forget: Est-ce que je pourrais vous demander, à la
suite de cet exposé fort savant, si malgré tout vous mettez en
doute les propriétés du métabolisme d'établir un
équilibre dans l'organisme et de tolérer des variations quand
même assez sensibles de part et d'autre du taux proposé dans le
projet de loi de fluoration dans les eaux de consommation?
M. Bastien: Si on fait l'analyse du sang, un sang sain et normal,
il y a beaucoup de déchets dedans, parce qu'on sait que le sang apporte
non seulement l'aliment à la cellule mais en rapporte aussi les
dé- chets, dont le CO2, etc. Parmi ces déchets, tout le monde
sait qu'il y a de l'urée, de l'acide urique, parfois, du plomb. Personne
ne va dire que le plomb est bon pour la santé mais il en existe dans le
sang et ce plomb est éliminé par les reins. Il y a une
espèce de constante qui permet aux reins d'éliminer facilement
les déchets du sang et parmi ces déchets, d u moins ce que l'on
considère comme déchet, c'est le fluor qui sera dans le sang une
quantité maximale de 1 ppm. Le plomb sera là à 0.5 ppm. Il
semble que, plus le déchet est toxique, moins le sang en prendra une
grande quantité. En d'autres termes, plus c'est toxique, plus la
quantité que le sang transportera sera petite. C'est le cas pour le
plomb à 0.5 ppm et le fluor à 1 ppm. Cela ne veut pas dire que
c'est un produit normal mais c'est un produit de déchet et le sang
l'apporte aux reins pour le faire excréter.
Même là où l'eau n'est pas fluorée, nous
avons déjà dans le sang pour excrétion des
quantités de 0.5 ppm de fluor qui viennent de l'alimentation. Si vous
ajoutez tout de suite 1 ppm dans votre fluoration, ça va faire 1.5
grosso modo et tout le monde, même les fluorationnistes, ad net
qu'au-dessus de 1 ppm le fluor est nocif à la santé et au
métabolisme.
M. Forget: J'aimerais que vous laissiez aux gens qui sont en
faveur de la mesure le soin de défendre leur propre cause. Il reste que
vous n'avez toujours pas répondu à ma question. Bien sûr
qu'il y a élimination d'excès de fluor par la voie rénale.
Encore une fois, je repose ma question, est-ce que vous niez la capacité
de l'organisme à s'ajuster en quelque sorte à des variations dans
l'absortion de fluor de manière à s'assurer que le taux qui
demeure dans le sang soit acceptable pour l'organisme par le double
mécanisme de l'élimination rénale et de l'adsor-ption par
le squelette.
M. Bastien: Mais, au départ, vous acceptez comme
préacquis que le fluor est bon pour l'organisme mais moi je le rejette.
Je dis que c'est un produit de déchet. Maintenant, tous les organismes
des vivants, quels qu'ils soient, sont capables d'excréter ce qui n'est
pas bon, de choisir ce qui est bon, parce que je crois foncièrement
à la perméabilité sélective de la cellule
intestinale qui choisit ce qui est bon et rejette ce qui n'est pas bon. Mais,
malheureusement, c'est là que les statistiques ne sont pas très
bonnes, c'est que, dans l'intestin grêle, lorsque les cellules
intestinales absorbent ce qu'il y a dans le chyle, elles absorbent ce qui est
bon et rejettent ce qui n'est pas bon pour autant qu'elles soient saines. Mais
si elles sont droguées, par n'importe quelle drogue, les
médicaments, l'alcool, la nicotine, la caféine, etc., la cellule
intestinale, tout comme un homme drogué ou un homme ivre, ne pourra pas
remplir ses fonctions spécifiques, à savoir choisir d'une
façon consciencieuse ce qu'il faut, ce qui est bon et ce qui n'est pas
bon. Mais elle a des moyens de défense partout dans le corps, tout le
monde sait cela et il y a une première barrière, si la cellule
est droguée, ça entrera dans le sang, mais il y a d'autres lignes
de défense, comme le foie; ensuite, tout le monde connaît la
question des globules blancs qui sont là pour épurer, combattre,
mais le sang, c'est
définitif, ne prendra pas plus que 1 ppm pour transporter cela
aux reins, le reste sera assimilé quelque part, et c'est là qu'on
souffrira de fluorose dentaire ou autre, parce que la fluorose ne se limite pas
seulement aux dents. Il y a fluorose quand ça dépasse une
certaine limite, quand ça dépasse la limite de résistance
de l'organisme, du système.
M. Forget: J'ai l'impression que vous sautez des étapes,
si le sang ne peut pas absorber plus qu'un certain maximum, il ne peut pas y
avoir d'empoisonnement par cette voie, il le rejette automatiquement par la
voie rénale, et je ne peux que noter, après avoir posé la
question trois fois, que vous n'avez pas vraiment répondu, du moins
à ma satisfaction, à la question que je vous ai posée
là-dessus. Mais je vais poser une autre question, si vous permettez.
Vous avez fait beaucoup état, dans votre mémoire, de la
différence dans la toxicité et la solvabilité dans l'eau
de différents fluorures. Vous avez cru vous opposer à ceux qui
recommandent la fluoration en soulignant l'importance de ces
différences. Si j'ai bien compris, aux exposés que nous avons eus
hier, personne n'a nié qu'il y avait des différences dans les
différents sels de fluor, et effectivement des différences
existent au niveau de la solubilité dans l'eau et de la toxicité
sans aucun doute. Ce qu'on a cependant affirmé, c'est que les ions
fluors, une fois absorbés par un moyen ou par un autre et avec les
concentrations ou la dilution nécessaire étant donné le
médium ou le véhicule utilisé, que tous ces ions fluors
étaient indifféren-ciables les uns des autres et qu'ils avaient
les effets qu'on leur attribue sur la dentition. C'est véritablement ce
point qui est important.
Est-ce que vous affirmez, indépendamment de ce que vous pouvez
dire sur la solvabilité ou la solubilité dans l'eau et la
toxicité de certains fluorures dans une concentration que vous ne
mentionnez d'ailleurs pas, qu'une fois que c'est absorbé par
l'organisme, une fois que c'est dissous dans l'eau, de toute façon, on
ne peut différencier une source naturelle, une source artificielle et
que tous ces ions fluors auront l'effet décrit sur l'émail des
dents?
M. Bastien: Je pense avoir dit, M. le ministre, que l'ion fluor,
quel qu'il soit, qu'on le trouve dans n'importe quel sel de fluor, demeurait
toujours l'ion fluor. Ce que j'ai dit, ce n'est pas l'ion fluor que l'on avale
lorsqu'on boit de l'eau fluorée, c'est un fluorure dissous dans l'eau.
Or, les fluorures n'ont pas tous la même toxicité. Si on me
donnait l'ion fluor, il n'y aurait pas de problème. Malheureusement, on
me donne les fluorures qui eux, ne sont pas tous aussi toxiques les uns que les
autres, Les fluorures naturels sont beaucoup moins toxiques que les fluorures
artificiels parce que, justement, ils sont moins solubles dans l'eau et leur
degré de dissociation de l'ion fluor est beaucoup moins grand. Donc, le
criminel que constitue l'ion fluor est emprisonné dans les fluorures
qu'on pourrait appeler naturels, ceux qu'on trouve dans la nature, alors que,
dans les fluorures artificiels, il est en liberté. C'est là que
vient le danger des fluorures.
Est-ce que je me fais bien comprendre sur cette question?
M. Forget: Vous vous faites bien comprendre, mais j'aimerais
attirer votre attention sur le fait qu'hier on a mentionné
l'émotivité dont s'entoure ce débat.
Ne croyez-vous pas qu'il serait plus susceptible d'éclairer
vraiment l'opinion en n'employant pas des expressions comme "le criminel en
prison" et "le criminel en liberté"? N'est-ce pas un peu colorer votre
argumentation de manière à influencer les gens par les mots que
vous utilisez plutôt que par les arguments que vous avez?
M. Bohémier: Si cela donne cette impression, ce n'est
certainement pas mon intention. C'est une image que j'ai utilisée parce
que je comprends que des considérations aussi techniques puissent
être difficiles, parfois, à saisir pour des gens qui en entendent
parler peut-être pour la première fois.
M. Forget: Faites-nous confiance, on peut vous suivre. On va
essayer de vous suivre.
M. Bohémier: Je veux bien vous faire confiance,
personnellement.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je crois
que le ministre des Affaires sociales n'a pas à faire de procès
d'intention. Il ne faudrait pas aller jusqu'à faire des procès
d'intention à ceux qui comparaissent devant la commission.
M. Forget: M. le Président, je n'en ferais pas si je ne
trouvais pas, un peu partout dans ce texte, des accusations qui en font, des
procès d'intention. On parle des gens qui sont irresponsables et
ignorants. C'est, je crois, le seul mémoire soumis à cette
commission qui emploie de pareilles épithètes. Je crois que c'est
malheureux.
M. Bédard (Chicoutimi): Laissez les gens le juger.
M. Forget: Je pense que la modestie, dans le choix des mots,
pourrait servir davantage la cause du Front commun contre la fluoration.
M. Bohémier: L'optique est différente, M. le
ministre. Si vous étiez convaincu, comme nous le sommes, que le fluor
dans l'organisme, quelle que soit sa provenance, n'est pas un nutriment
là-dessus, je me suis basé sur des manuels, sur des auteurs qui,
quand même, font autorité je pense que vous auriez une
conception différente. Nous pensons que le fluor n'est pas un nutriment
et moins on en a, mieux on s'en trouve. A partir de là, cela explique
peut-être pourquoi on utilise à l'occasion, pour qualifier le
fluor, des termes qui l'associent à un intrus ou à une substance
qui n'est pas désirable. A partir de là, cela peut justifier une
certaine terminologie.
M. Forget: Je respecte vos opinions.
M. Bohémier: D'accord.
M. Forget: Je vous signale, pour vous donner
quand même l'occasion de me détromper si je fais erreur,
que sur la question du fluor comme nutriment vous n'avez pas nié la
validité de l'étude de 1971, que je vous ai citée,
autrement que dans des termes généraux qui ne sont pas de nature
à ébranler les conclusions de cette étude. Lorsque je vous
ai posé la question à savoir si la fluorose dentaire était
une maladie sérieuse, à part ses inconvénients
esthétiques, étant donné les marges possibles de
variations alentour du taux de 1.2%, je n'ai pas, non plus, eu d'indication
positive et spécifique de votre part.
M. Bohémier: Je peux ajouter, M. le ministre, que ceux qui
soutiennent que le fluor est un nutriment s'appuient sur le fait que le "Food
and Drug " américain l'a classifié dans cette catégorie
d'aliment. Or, les "Food and Drug", si vous me permettez la remarque, je pense
que l'on peut parfois un peu douter de leur valeur. Je vous ferai remarquer, en
passant, que le "Food and Drug " canadien a permis que soit mis sur le
marché la thalidomide. Vous savez quels ont été les
ravages causés par ce médicament. Or, il l'avait permis.
M. Forget: J'aimerais vous poser une question sur une
recommandation qui est contenue à la page 3 de votre mémoire.
C'est une recommandation, évidemment, un peu hypothétique de
votre part. Vous dites: S'il était vraiment nécessaire de
procéder à la fluoration, nous vous suggérons un
système de distribution de comprimés de fluor. Quelles sont vos
conclusions, à la suite de l'expérience qu'a tentée, par
exemple, la Saskatchewan à cet égard, où il s'est
avéré impossible de distribuer efficacement le fluor? N'est-il
pas plus dangereux de le faire sous cette forme, dans une certaine mesure, si
vous croyez vraiment qu'il s'agit d'un poison, puisqu'à ce
moment-là sa dilution ou son taux de consommation est encore moins
contrôlable?
M. Bohémier: Vous avez raison mais nous sommes
essentiellement des démocrates. J'ai bien dit que les gens qui voulaient
des fluorures, nous ne serions jamais parmi les organismes qui s'opposeraient
à ce qu'ils en aient. Si le gouvernement voulait voter une loi
bannissant toute espèce de fluoration, y compris la fluoration
volontaire, nous serions parmi les premiers à nous y opposer parce que
nous croyons essentiellement aux libertés individuelles fondamentales.
Ce n'est pas au gouvernement de décider ce qu'on doit prendre et ce
qu'on ne doit pas prendre. C'est sur cet argument q ue je me base pour
expliquer le contenu de ce paragraphe.
Je n'ai pas d'autres questions, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, comme il
fallait s'y attendre, nous avons profité, si je peux employer
l'expression, d'une longue conversation entre le ministre des Affaires sociales
et notre invité. Je tiens quand même à vous
féliciter, indépendamment des différends que l'on peut
avoir sur les effets bénéfiques du fluor, sur votre
exposé. Je crois qu'on peut, comme l'a fait le ministre des Affaires
sociales, difficilement mettre en doute votre bonne foi. Vous ne vous
êtes pas présentés comme des scientifiques. D'ailleurs,
même des gens qui sont dans la profession, comme l'Ordre des
médecins, hier, qui est venu devant la commission, ont avoué
qu'ils n'avaient pas fait d'étude particulière mais qu'ils se
référaient à des scientifiques en lesquels ils avaient
confiance, ce qui les amenait à exprimer leurs convictions devant la
commission.
Egalement, votre conviction, votre bonne foi viennent de la
crédibilité que vous accordez c'est votre droit
à des ouvrages que vous avez cités, à des auteurs quand
même sérieux que vous avez cités, ce qui vous amène
à soutenir et à exprimer les inquiétudes que vous avez
exprimées tout à l'heure devant la commission. De votre passage
à la commission, je crois qu'il ressort puisqu'il y aura une
sensibilisation de la population à faire, à moins qu'on l'impose
sans coupférir au moins un point, la nécessité
qu'aurait cette commission de faire venir, de faire comparaître des
scientifiques et de s'assurer qu'ils viendront qui pourraient
être contre la fluoration, de manière à informer
équita-blement cette commission. A ce que je sache, il n'y a pas
tellement de scientifiques ou d'experts scientifiques au sein de la commission;
il faut se prendre pour ce qu'on est.
Comme l'information vient, à mon sens, si elle veut être
objective, de la possibilité des parties opposées de pouvoir
s'exprimer, je pense que cela fait ressortir la nécessité pour le
ministère et la commission de faire venir ces experts qui ne partagent
pas les vues exprimées par les "profluor ". Je pense que cela
permettrait d'informer correctement la commission; cela permettrait aussi de
commencer une certaine information objective au niveau de la population. Votre
conviction, comme je l'ai dit, vient de ces ouvrages que vous nous avez
cités, de ces experts que, j'avoue très sincèrement ne pas
connaître plus qu'il ne faut. Il reste que, comme n'importe qui, que ce
soit en faveur du fluor, ceux qui citent des experts qui sont pour la
fluoration ou contre la fluoration, quand on cite des ouvrages ou des auteurs,
il y a toujours le danger de ne pas faire les nuances que pourraient
peut-être faire ces experts s'ils étaient entendus devant la
commission. Tout cela se fait de bonne foi.
Si on pouvait, d u point de vue scientifique, avoir la
possibilité d'entendre des experts comme Schatz vous en avez
cité quelques-uns peut-être que ces derniers pourraient
faire des nuances qu'on ne fait pas. Ce serait à l'avantage, je crois,
de l'information non seulement de la commission mais aussi de l'ensemble de la
population.
Vous êtes un mouvement, tel que vous l'avez explicité tout
à l'heure, qui est actif, il semble, et qui. je crois puisque la
loi no 88 est déposée semble vouloir travailler à
une information de la population dans le sens des idées que vous venez
d'émettre, n'est-ce pas, pour essayer de faire partager à la
population les doutes que vous venez de nous ex-prfmer ici en commission.
Dans ce sens, l'Ordre des dentistes, de même
que, j'en suis convaincu, toutes les autres corporations
professionnelles sérieuses vont nous dire, nous ont dit
déjà, pour celles qui ont été entendues, qu'ils
avaient fait des efforts de sensibilisation au niveau de la population dans le
sens de leurs idées, à savoir la nécessité de la
fluoration, mais que leurs efforts s'avéraient extrêmement
difficiles, que cette information s'avérait extrêmement difficile.
Leur pessimisme était tel que cela les amenait presque, pour certains,
d'une façon très claire, à être d'accord sur le
principe du projet de loi, qui est d'imposer la fluoration, parce qu'ils se
disent: On a travaillé très fort pour informer la population et
on en arrive à la conclusion qu'on n'est pas capable,
c'est-à-dire qu'on doute de la capacité de cette population de
comprendre notre message et d'accepter.
Je pense que cela va être important; dans les deux prochains mois
on va parler de fluoration de plus en plus. Dans les efforts que vous faites,
même si on ne partage pas les mêmes idées sur les effets du
fluor, les mêmes doutes, est-ce que au même titre que l'Ordre des
dentistes, qui a été entendu hier, vous obtenez d'aussi
piètres résultats que ceux qui nous ont été
exprimés hier par des groupes...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, s'il vous
plaît! On va permettre aux représentants de
réfléchir sur la réponse. Le ministre est pris à un
dîner, à une rencontre très importante à midi trente
et on suspendrait les travaux jusqu'à deux heures trente. Alors la
commission ajourne ses travaux à deux heures trente. Préparez
votre réponse.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
Reprise de la séance à 14 h 45
M. Pilote (président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
Je crois que le député de Chicoutimi avait posé des
questions aux représentants du groupement qu'on entend actuellement. Je
céderai la parole au député de Rouyn-Noranda en attendant
que le député de Chicoutimi soit ici. Il aura, lui aussi, des
questions à poser.
M. Samson: D'accord, M. le Président, peut-être
à la condition cependant qu'on s'entende, au cas où j'aurais
terminé mes questions avant que le député de Chicoutimi
arrive, pour qu'on lui donne une chance.
Le Président (M. Pilote): On va vous laisser le temps, je
pense, de poser toutes vos questions.
M. Samson: Je n'ai pas parlé seulement pour moi, mais pour
le député de Chicoutimi. Au cas où j'aurais fini avant
qu'il arrive qu'on lui donne une chance de poser ses questions.
Le Président (M. Pilote): Oui, d'accord.
M. Samson: Vous êtes d'accord?
Le Président (M. Pilote): Je suis bien d'accord.
M. Samson: M. le Président, d'abord, je dois m'excuser.
J'ai manqué un bout, ce matin, de la présentation du Dr
Bohémien Cependant, j'avais déjà la présentation du
mémoire. Elle m'avait suggéré certaines questions. Je
réalise la présence, dans la délégation du Front
commun contre la fluoration, de M. Racine, qui est maire de la ville de Tracy
et qui est également membre du comité du Front commun contre la
fluoration. Cela m'incite à poser une question, parce que j'ai pris
connaissance d'une résolution qui a été publiée par
la ville de Tracy et que j'ai en main. J'ai également une liste de
villes qui ont appuyé cette résolution, ce qui veut dire que cela
intéresse énormément de gouvernements municipaux. Je
voudrais demander à M. Racine s'il lui serait possible, étant
donné qu'il fait partie de la délégation contre la
fluoration, de nous expliciter les raisons qui l'ont amené à
faire partie de ce groupe et, également de nous dire quels sont les
points de vue, puisqu'il est maire d'une ville importante quand même, des
officiers municipaux quant à la fluoration. Est-ce qu'il serait permis
à M. Racine de répondre à mes questions?
M. Racine (Aurèle): D'accord. M. le Président, M.
le ministre, MM. les membres de la commission, je dois d'abord me
présenter. Je suis le maire de la ville de Tracy, mais mon occupation,
mon gagne-pain est le dessin industriel, je suis "designer" comme on dit. Il
n'y a pas de terme français pour cela.
Pour moi, la question de la fluoration des eaux n'est pas une question
politique, mais une question médicale. Comment ai-je été
amené à me prononcer
contre la fluoration? J'ai d'abord été élu comme
conseiller dans le domaine municipal. J'ai ensuite été
nommé par les autorités de ma ville commissaire à la
Commission de l'aqueduc de Saint-Joseph-de-Sorel et Tracy. Evidemment, comme il
y était question de traitement des eaux et de fluorje voulais me
faire une opinion, parce que nous avions à prendre une décision
j'ai eu d'abord à rencontrer le maire Jean Drapeau dont les vues
sont très connues sur le sujet.
J'ai eu avec lui une discussion d'à peu près une heure
lors d'un congrès de l'Union des municipalités. Evidemment, je
n'avais vu qu'un côté de la médaille. Comme j'avais la
documentation favorable, signée entre autres par le dentiste Jean
Lambert, nous avons les deux conseils de ville, parce que l'usine de
filtration de Tracy dessert aussi Saint-Joseph-de-Sorel invité le
dentiste Lambert à venir nous rencontrer et à fournir des
explications.
J'avais eu le temps d'avoir la documentation contre la fluoration des
eaux, toujours du côté médical. Après une discussion
au début, j'étais le seul, parce que j'étais
commissaire à la Commission de l'aqueduc d'à peu
près deux heures, en présence des deux conseils municipaux de
Tracy et de Saint-Joseph-de-Sorel, la décision des deux conseils
municipaux fut de rejeter la fluoration des eaux.
Je voudrais tout de suite, M. le ministre, souligner une chose que vous
avez mentionnée ce matin. Pour moi, j'ai dit que ce n'était pas
une question politique, Ce n'est pas une question pécuniaire non plus,
parce que nous n'avons pas de chiffres sur ce que coûteraient
l'installation, l'entretien pour l'avenir, le personnel qualifié pouvant
manipuler ce poison qui, en définitive, est un peu comme d'autres
médicaments qui sont poisons. Du côté pécuniaire,
cela peut peut-être s'évaluer.
Je n'ai pas de chiffre à donner, mais du côté
pécuniaire, cela implique de l'argent des deux côtés,
d'autant plus que l'achat et la provenance du fluor ne me préoccupent
pas plus que l'achat de l'alun pour la précipitation des matières
dans l'eau et le chlore pour tuer les bactéries dans l'eau. On
l'achète parce qu'on en a besoin. La provenance ne m'occupe pas plus,
que ce soit un résidu ou que ce soit autre chose, s'il peut servir
à quelque chose de bien, de ce côté, je n'ai pas à
voir à cela.
Comme administrateur municipal, il faut se tourner du côté
scientifique. Si vous permettez, d'abord une première résolution
fut votée alors que j'étais commissaire, résolution
très courte, et qui fut adressée à votre
prédécesseur, M. le ministre, M. Castonguay. Si vous le
permettez, je vais lire cette première résolution qui est
très courte d'ailleurs.
Extrait du procès-verbal de la séance de la commission de
l'aqueduc de Saint-Joseph-de-Tracy le 14 octobre 1969: Fluoration.
Motion: Attendu que la fonction d'un système public d'aqueduc est
de fournir à la population de l'eau pure et saine et non de servir de
véhicule pour l'administration de drogues;
Attendu que le rôle et l'efficacité du fluorure dans la
diminution de la carie dentaire fait l'objet d'une vive controverse et qu'il y
a des moyens moins hasardeux et plus efficaces pour obtenir les
bénéfices attribués au fluorure que de déverser ce
fluorure dans l'approvisionnement public d'eau potable;
Attendu que la fluoration soumet à un risque extraordinaire
certains individus, qui, pour des raisons d'occupation, circonstances
environnantes, état de santé, habitudes
diététiques, etc., sont déjà exposés
à une absorption relativement forte de fluorure;
Considérant que l'addition de fluorure aux eaux potables ne
poursuit pas le but de maintenir ou améliorer la qualité de l'eau
ou de l'assainir;
Considérant que personne n'a suggéré que la carie
dentaire est transmise par l'eau ou que l'eau soit cause de carie dentaire;
Considérant qu'aucune raison satisfaisante n'a jamais
été avancée pour démontrer pourquoi chaque membre
d'une communauté doit être forcé de subir pendant sa vie
entière le risque d'une soumission extraordinaire à l'action
toxique des fluorures, surtout lorsque des moyens plus sûrs, plus
efficaces et plus économiques d'administrer les fluorures en vue de
réduire la carie dentaire chez les enfants ont été
démontrés et sont disponibles...
C'est une première résolution au ministre Castonguay.
Maintenant, si vous me permettez, je vais lire la résolution que nous
avons adressée à M. le ministre et que nous avons fait parvenir
aussi à toutes les villes qui ont des usines de filtration dans la
province de Québec.
Considérant que la fonction d'un système d'aqueduc est de
fournir à la population de l'eau pure et saine et non de servir de
véhicule pour l'administration de drogues je le
répète, c'est la même chose...
La raison pour laquelle cette nouvelle résolution est plus
explicite, c'est qu'on se posait la question, après la première:
II y a controverse, mais la controverse qu'est-ce que c'est? La controverse
vient du fait que des scientifiques, parmi les plus grands du monde... C'est
que nous avons voulu, dans notre deuxième résolution, apporter le
point de vue, la réponse à la question: Quelle est la
controverse?
Article 2: Considérant que six gagnants du prix Nobel de la
santé s'opposent à la fluoration, un d'entre eux, le Dr William
P. Murphy, de l'école médicale de Harvard, déclare entre
autres: "Je suis opposé d'une manière très ferme à
la fluoration obligatoire de l'eau du robinet pour différentes raisons.
Je crois que cette médication ne doit pas être incluse dans un
programme obligatoire ". Un autre, le Dr Theorel I, a réussi à
persuader la diète impériale de Suède qu'elle devait
déclarer la fluoration illégale. Il s'est contenté de
décrire la détérioration des enzymes causée par les
fluorures. Je cite toujours le domaine médical parce que, comme vous le
savez, je suis technicien.
Article 3: Considérant que plusieurs faits nouveaux prouvent que
la fluoration est dangereuse pour la santé, le Dr Simonson, de Hastings,
Nebraska, déclare: "Autrefois, on pensait que l'ingestion de 1
milligramme de fluor dans l'eau, par jour, pouvait rendre les dents plus
résistantes à la carie avec un minimum de danger; maintenant,
nous sa-
vons que les gens prennent de 3 à 5 milligrammes de fluor chaque
jour dans la nourriture et l'air pollué seulement.
Si vous me permettez, dans la ville de Tracy, où le gouvernement
actuel fait, depuis plusieurs années, des recherches sur la pollution de
l'air, il y a des stations d'échantillonnage d'installées
à Sorel, à Tracy et à Saint-Joseph-de-Sorel. Le dernier
rapport qu'on a eu, était daté de 1971, donne seulement les
retombées, à part les gaz, évidemment, qu'on doit respirer
les retombées, c'est disponible; le Dr Goldbloom peut vous les
fournir 42 tonnes par mille carré par mois, dans tout notre
territoire, la pollution atmosphérique.
Quatrièmement: Considérant qu'autrefois, on croyait que le
fluor était retenu seulement dans les dents et les os, maintenant nous
savons que le fluor s'accumule dans les vaisseaux sanguins où il a
été prouvé qu'il interfère dans leurs
fonctions.
En 1971, un rapport du Public Health Service dit qu'on a
enregistré 8,400 ppm de fluor dans l'artère principale du coeur
de jeunes personnes normalement, il est de 1 ppm, une partie par million
ces dernières résidaient à Grand Rapids, Michigan,
dont l'eau est fluorée artificiellement depuis 1945. Pourtant, les
propagateurs du fluor continuent de dire que le fluor est emmagasiné
exclusivement dans les os et les dents. Là-dessus, si vous le permettez,
encore une fois, il serait bon, je crois, pour les membres de la commission, de
demander à la clinique Mayo, qui est universellement connue, et surtout
aux Etats-Unis, en Amérique, et qui a fait des rapports prouvant la mort
de jeunes de 17 ans et de 18 ans par les fluorures, même à 1.2
partie par million. J'ai des rapports ici qui paraissent dans le "National
Fluoridation News", mais je crois que, devant un tel état de fait, les
membres de la commission, avant de prendre une décision, devraient
s'adresser à la clinique Mayo pour avoir, justement, ces
déclarations qui ont été faites par elle, qui, en fin de
compte, est reconnue, je pense, partout le monde.
Cinquièmement: Considérant une observation du professeur
Arvid Carlson, du département de pharmacologie de l'Université de
Goteborg, en Suède, selon laquelle la fluoration est un moyen de fournir
une drogue à une population entière dans le but d'induire un
effet systématique. Le terme de médication de masse est
adéquat. En ajoutant une drogue à l'eau du robinet, le risque
d'un trop grand dosage devient plus grand à cause de la grande
différence qu'il y a entre chacun de boire de cette eau. Je parle, ici,
d'une drogue. Il en a été question hier. On a dit que ce
n'était pas une drogue, que c'était plutôt une
prévention. Si vous me permettez un exemple personnel. Je suis
cardiaque, j'ai fait une thrombose, etc.; évidemment, la thrombose ne se
guérit pas. Alors, les médicaments, les drogues que mon
spécialiste m'a prescrits, je les prends non pas pour me guérir,
mais pour prévenir une autre thrombose. C'est une drogue que je ne dois
pas mettre dans les mains des enfants. Je parle en tant... J'aimerais comme
scientifique, comme je vous l'ai fait remarquer au début.
Sixièmement: Considérant quel'article 7 du pacte
international relatif aux droits civils et politi- ques adopté à
l'unanimité, le 16 décembre 1966, stipule qu'il est interdit de
soumettre une personne, sans son libre consentement, à une
expérience médicale ou scientifique.
Septièmement: Considérant que d'autres voix
autorisées se sont fait entendre il y a deux ans; il s'agit d'un groupe
de quinze professeurs de l'université Laval, spécialisés
en biologie, en sciences de l'alimentation, en nutrition, en chimie du fluor,
en bionique, en physique et en pollution, qui ont adressé une lettre
à M. Castonguay, alors ministre de la Santé, le suppliant
c'est textuel solennellement de retirer son projet de loi obligeant les
municipalités à fluorer leur eau potable. Les quinze professeurs
de Laval soulignent une autre vérité scientifique
indiscutée, même par les partisans du fluor, selon laquelle la
carie n'est pas causée par une carence de fluor dans la diète. Il
est curieux qu'on nous parle souvent de telle ou telle municipalité
américaine qui a adopté la fluoration, mais jamais des quelque
180 municipalités de ce même paysqui l'ont essayée et,
ensuite, l'ont abandonnée.
Si vous me permettez, là-dessus. C'était en 1972, 180
municipalités américaines, dans la déclaration qui a
été faite, et qui apparaît dans d'autres documents que j'ai
ici, l'ont rejetée après l'avoir essayé pendant dix
ans.
Partout dans le monde, c'est une complète régression au
sujet de la fluoration des eaux. Je pourrais vous nommer huit pays en Europe.
On a cité, hier, la France et la Suède. Il y a aussi la
Norvège, le Danemark, la Hollande, l'Espagne, enfin, je pourrais
continuer, à nommer des pays où c'est illégal, où
une loi du gouvernement la défend.
Alors, le Québec deviendrait à ce moment-là, le
seul endroit au monde, je crois, sauf peut-être quelques Etats
américains où, obligatoirement, on mettrait du fluor dans l'eau
de l'alimentation.
Pour ces motifs, il est proposé et secondé que la ville de
Tracy condamne l'addition de fluorure dans l'approvisionnement des eaux
potables. Que copie de cette résolution soit transmise à
l'honorable Claude Forget, ministre des Affaires sociales, ainsi qu'à
toutes les municipalités du Québec qui possèdent un
réseau d'aqueduc, comme cela a été fait récemment.
Déjà, on a eu des réponses.
Je vais vous citer ici les villes qui appuient la résolution,
telle que je viens de la lire: D'abord la ville de Montréal, les vues
sont très connues là-dessus; la ville de Québec; la ville
de La Tuque; la ville de Port-Alfred; la ville de Mascouche; la cité de
Loretteville; la ville de Longueuil; la ville de Varen-nes ; la cité de
Verd un ; la cité de Salaberry de Valley-field; la ville de Bienville;
la ville de Hauterive; la cité de Sherbrooke; la ville de Courville; la
ville de Baie-Comeau; la ville de Saint-Joseph-de-Sorel; la ville de Matane; la
Commission scolaire régionale Carignan, qui comprend tout le secteur de
Sorel, Tracy et des environnements; la Corporation municipale de la paroisse de
Contrecoeur; la ville de Drummondville-Sud.
C'est à la date où je suis parti ; il en rentre
continuellement à tous les jours. Donc, on ne peut pas taxer
d'incompétents, je pense bien, ou d'irresponsables des gens comme M.
Drapeau, maire de Mon-
tréal, M. Gilles Lamontagne, maire de Québec, M. Robidas,
maire de Longueuil; je parle des maires, mais je devrais parler des conseils,
puisque cela a été approuvé.
Les villes qui n'ont pas appuyé cette résolution, mais de
qui nous avons reçu une réponse jusqu'ici, ce sont des villes
dont l'eau est déjà fluorée. Ils nous disent: Dans notre
cas, c'est déjà fait, on a accepté une subvention.
Les autres répondent ainsi: La cité de Montmagny: sujet
trop controversé; la municipalité de Rock Forest: sujet trop
controversé; la ville de Mont-Laurier: sujet trop controversé; la
ville de Candiac: sujet trop controversé. Enfin, elles ne se prononcent
pas parce que le sujet est trop controversé.
Si vous me permettez, je vais essayer de faire rapidement pour apporter
des points qui n'ont pas été portés à votre
attention. J'ai eu l'occasion de parler de la drogue. On a parlé de
l'expérience de la thalidomide tout à l'heure, expérience
qui fut néfaste. Il y a aussi celle du DDT qui était,
évidemment, une découverte formidable, mais aujourd'hui, on
cherche des moyens pour se défaire du DDT qui est en train de tout
polluer; on en retrouve même dans les poissons qu'on prend dans le
Nord.
Il y a une autre chose aussi, la pénicilline. On n'a pas
parlé des gens qui sont allergiques au fluor. Il y en a sûrement.
Cela a d'ailleurs été admis dans la rencontre avec le docteur
Lambert qui a écrit la documentation. La pénicilline est un
remède merveilleux, mais, par contre, vous pouveztuer celui qui est
allergique à la pénicilline. Qu'est-ce qu'on fera des gens qui
sont allergiques au fluor?
Dans le domaine scientifique, on dit ce sont des chiffres que
j'avais cités au dentiste Lambert que 1% de la population est
allergique. Il n'a pas confirmé ou infirmé ce 1%, parce que ce
n'était pas défini. Il a donc signé pour 1%.
J'ai entendu une réflexion d'un des membres de la commission
hier, qui m'a infiniment surpris. Il disait, en réponse à une
question du député de Rouyn-Noranda: Les gens, qu'ils s'en
achètent de l'eau. Evidemment, tous les gens qui s'achètent de
l'eau, ils la paient, l'eau.
A la ville de Tracy, par exemple, suite à un rapport de mon
ingénieur, je peux vous dire que nous produisons, par jour, par
personne, 150 gallons d'eau traitée. La moyenne provinciale j'ai
les chiffres qui ont paru dans la revue Municipalité est de 138
gallons d'eau traitée par jour, par personne.
Quelle quantité de cette eau va servir à
l'amélioration de la carie dentaire? Il y a aussi un point bien
important. Il y a un dentiste, ici, qui est venu, qui a parlé du
fluorure. Avec ces tablettes de fluorure qu'il donnait à ses enfants, il
a obtenu de très bon résultats. Mais, ce qu'il aurait fallu
ajouter, c'est que ces tablettes de fluorure sont des tablettes de fluorure de
potassium, non pas des tablettes de fluorure de sodium ou de silicate de sodium
ou d'acide chloro-silique.
Le fluorure de potassium est 85 fois moins toxique que le fluorure de
sodium. Ici, j'ai justement un rapport de Mead Johnson, fabriquant les
tablettes de Poly-Vi-Flor. Dans la posologie, précautions: La posologie
suggérée ne devrait pas être dépassée, car
l'ingestion continue de grandes quantités de fluorure peut provoquer la
fluorose dentaire et, éventuellement, marbrer l'émail des dents.
La bouteille doit être gardée hors d'atteinte des enfants. Si ce
n'est pas une drogue, je me demande ce que c'est.
Avant de prescrire Poly-Vi-Flor, il faudrait s'assurer que l'eau
absorbée par le patient ne contient pas plus de 0.7 partie par million
de fluorure. Il ne doit pas être administré aux enfants prenant
déjà des médicaments contenant du fluorure et/ou des
patients montrant des signes évidents de fluorose dentaire. C'est le
fabricant qui dit cela, mais, croyez-le ou non, quand j'ai commencé
à étudier cela, je ne connaissais pas les villes qui pouvaient
avoir le fluor. On m'a cité Sorel et Contrecoeur, qui sont nos voisins
de chaque côté. Je me suis rendu dans une pharmacie à
Sorel. J'ai demandé au pharmacien s'il y avait de l'eau... J'ai d'autres
documents ici. L'Association des pharmaciens demande aux pharmaciens de ne
jamais donner de médicaments avec du fluor dans une ville où
l'eau est fluorée. Cinq ans après l'existence du fluor dans la
ville de Sorel, le pharmacien ne le savait même pas.
Je lui ai dit: Téléphonez à votre aqueduc
municipal. C'est ce qu'il a fait. Il a été le plus surpris du
monde. Cela faisait déjà cinq ans. Récemment, la semaine
dernière ou il y a quinze jours, à la fin de notre carnaval
d'hiver de Tracy, il y avait le maire de Contrecoeur, M. Fernand
Tétreault, qui est un de mes bons amis. Il me signalait justement
qu'à Contrecoeur, le ministère, par une analyse des eaux, avait
découvert que le taux en fluor avait dépassé la limite
dangereuse. On voit ici, dans la liste que je vous ai donnée tout
à l'heure, que la corporation municipale de paroisse de Contrecoeur est
absolument contre le fluor. Elle a été avisée par le
gouvernement de prendre les procédures nécessaires.
On a fait allusion que là où l'eau est fluorée,
cela a été adopté sans que les gens le sachent. Je le
crois, on y a fait allusion hier.
Parmi mes compagnons de travail, parmi ceux qui travaillent avec moi, il
y a des gens de Contrecoeur et des gens de Sorel. Un jour, on m'a posé
la question: Est-ce que vous avez du fluor dans votre eau à Sorel ou
est-ce que vous avez du fluor dans l'usine de Contrecoeur? Non, on n'a pas
cela. J'invitais les gens à téléphoner en disant:
Téléphonez donc. Ils téléphonaient pour apprendre,
à leur grande stupéfaction, qu'il y avait de l'eau
fluorée. Je n'ai pas de difficulté à les croire, parce que
je vous ai parlé tout à l'heure de la rencontre avec le dentiste
Jean Lambert. A cette rencontre, je lui ai posé une question. Je lui ai
demandé: Etes-vous prêt à venir discuter en
assemblée publique? Apportez vos arguments et j'apporterai les miens.
Remarquez bien que je ne veux aucunement attaquer l'Association dentaire. Au
contraire, je veux la féliciter, parce que je vois son souci,
étant donné qu'elle doit prévoir la carie dentaire, c'est
un souci qu'elle a de prévenir la carie dentaire par le soin des dents.
Je ne la blâme pas, elle est même à féliciter. Mais
il faut voir le côté de l'ingestion dans notre système de
ce fluor qui, par contre, est contesté par d'autres scientifiques.
On a parlé de dosage. Je lis, dans la propagande
pour la fluoration, le dosage. Cela peut être un dosage
automatique ou semi-automatique.
M. Lafrance: Question de règlement, M. le
Président. Est-ce qu'on présente un deuxième
mémoire ou si on est à la période des questions? Quand on
pose une question, je pense qu'on devrait répondre sur une question.
M. Samson: Pour répondre à la question, M. le
Président, je pense qu'on a intérêt à écouter
ce qui se dit présentement.
M. Lafrance: D'accord, merci.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais qu'on me pose la
question à nouveau, parce que j'ai perdu le fil entre la question et la
réponse. Pourrait-on nous rafraîchir la mémoire?
M. Samson: Mon doux, M. le Président! J'avais l'impression
que le ministreécouteraitceux qui sont contre la fluoration.
Qu'arrive-t-il au ministre? Il écoute seulement ceux qui sont en
faveur?
Le Président (M. Pilote): A l'ordre!
M. Samson: M. le Président, que fait-on ici, à
cette commission, si le ministre n'écoute pas?
Le Président (M. Pilote): J'inviterais quand
même...
M. Racine: Je vais essayer d'être bref.
Le Président (M. Pilote): II reste que c'est un
deuxième mémoire.
M. Samson: Laissez-le parler. Il a quelque chose
d'intéressant à nous dire.
M. Racine: On a parlé des dosages mécaniques et de
procédés automatiques ou semi-automatiques. Dans ce domaine, cela
tombe... Je suis "designer" et c'est là-dedans que je travaille. Quelle
que soit la mécanique automatique ou semi-automatique, cela peut
manquer. On a beau faire les études avec des ingénieurs qui
dirigent notre département et tout cela, il y a des... Prenez le
système IBM dans l'industrie où je travaille
présentement qui est reconnu, on a des problèmes.
Evidemment, il faut donner à la machine les bonnes données pour
avoir les bonnes réponses, mais, malgré tout cela, malgré
ces experts, il arrive qu'il y a des différences et on est obligé
de faire venir les spécialistes de la compagnie pour réparer tout
cela.
En ce qui concerne le dosage, il est mécanique; donc, cela peut
manquer. On peut se faire jouer des tours de ce côté. Tout ce qui
est mécanique, tout ce qui est dirigé par des humains n'est
jamais parfait.
J'ai visité une usine de filtration, pas pour voir le fluor,
mais, à ce moment, c'était pour voir les grilles
mécaniques, parce qu'on avait des obstacles pour l'entrée de
l'eau. A cette usine de filtration, comme j'ai su qu'il y avait du fluor, j'ai
demandé l'autorisa- tion de voir. Après mon insistance j
'étais justement avec M. Girouard, de la firme Girouard, Lalonde et
Letendre j'ai réussi... On m 'a demandé... On a ouvert la
porte, mais on m'a prévenu, avant d'entrer: II ne faut toucher à
rien. Ne faites pas de mouvements rapides pour soulever les poussières
qui pourraient être en suspension. Vous pourriez les respirer et c'est
extrêmement dangereux; surtout, n'allez toucher à rien avec votre
doigt humide, parce que vous allez vous brûler au troisième
degré. Cela donne une idée des conditions de l'opérateur
qui devra travailler avec ce matériel.
On a parlé de milieux défavorisés, et, justement,
c'est au point de vue de l'alimentation que ceux-ci ont des problèmes,
parce que, si on considère les données dans les carottes...
Enfin, il y a des légumes qui ont jusqu'à 17.7 parties par
million, 40 et 70 pour le thé... Enfin, je ne les nommerai pas tous. Les
spécialistes pourront le faire. Il y a l'alimentation dans le monde. Je
pourrais en citer encore d'autres pendant... Je pourrais vous en parler pendant
des heures, parce q ue cela fait six ans que je travaille sur le
problème. J'ai même passé des nuits blanches, et je
laissais mes livres sur le fluor pour m'en aller travailler à huit
heures à l'usine. J'ai fait une thrombose, et c'est peut-être
à cause de cela, parce que j'ai passé beaucoup de nuits à
travailler sur le problème. C'est pour cela que je pourrais vous en
parler un peu trop longtemps. Mais je voulais vous faire valoir le point de vue
municipal, le point de vue des villes qui nous appuient, les plus grandes
villes de la province. Elles ne l'ont sûrement pas fait à la
légère, avec les hommes responsables qui les dirigent. Ces
conseils ne nous ont pas appuyés sans au moins avoir pris connaissance
des faits que je lis dans notre résolution.
Excusez-moi. J'ai peut-être été un peu long, mais je
vous remercie, M. le ministre, M. le Président, d'avoir bien
toléré quelques minutes de plus. Merci, M. Samson, pour avoir
suggéré d'avoir l'opinion municipale. Encore une fois, en toute
démocratie, cela mérite des félicitations.
M. Forget: Vous me permettez une question incidente à
votre présentation, s'il vous plaît?
M. Samson: ...M. le Président, c'est parce que j'aurais
une autre question à poser, mais on m'a informé que le
député de Rivière-du-Loup devait partir bientôt, et
qu'il aurait des questions à poser. Je n'ai aucune objection à ce
qu'on lui permette de poser ses questions pour lui permettre de quitter la
séance. Après cela, on pourrait continuer.
M. Forget: J'aurais une question découlant de la
présentation qu'on vient d'entendre, mais je veux bien céder ma
place au député.
M. Lafrance: Merci bien aux membres de la commission, M. le
ministre et les membres de l'Opposition, qui me permettent de poser quelques
questions. Ce sera très court, je vous en avertis d'avance, parce que
j'ai un rendez-vous chez le médecin. Je ne voudrais pas faire perdre le
temps du médecin non plus. Il y en a d'autres d'ailleurs... Il y a trop
de gens déjà qui perdent leur temps.
Je voudrais poser une question à M. Bohémier, qui est
vice-président du Front commun contre la fluoration.
Vous avez un front commun et on a déjà entendu parler d'un
front commun qui avait un nombre défini de membres. Vous avez combien de
membres dans votre front commun?
M. Bohémier: Cela dépend des organismes qui le
composent et de par les noms que nous avons en dossiers d'individus, nous
estimons approximativement à 150,000 le nombre de personnes qui
pourraient en faire partie.
M. Lafrance: Vous considérez toutes les associations qui
vous ont appuyés, y compris les municipalités.
M. Bohémier: Non. M. Lafrance: D'accord.
M. Bohémier: Non, parce que là on
dépasserait...
M. Lafrance: D'accord, je ne vous en demande pas plus. Je vous
demanderais d'être bref dans les réponses comme j'ai
été bref dans les questions.
Est-ce que vous accepteriez ou est-ce que vous êtes d'accord sur
le fait que fluorer les eaux de consommation peut causer le ramollissement du
cerveau?
M. Bohémier: Je n'ai pas de données scientifiques
qui me permettraient de me prononcer dans ce sens.
M. Lafrance: Alors, vous êtes neutre dans ce domaine.
M. Bohémier: Exactement.
M. Lafrance: Vous êtes neutre, d'accord. Etes-vous capable
de me définir la Temple University que vous avez mentionnée ce
matin? Qu'est-ce que c'est?
M. Bohémier: L'université Temple? M. Lafrance:
Oui.
M. Bohémier: C'est une université
américaine, à Philadelphie. C'est une université, ce qu'il
y a de plus reconnu je pense, dans le monde entier. Qu'on demande aux gens qui
sont dans le domaine scientifique de vous parler de l'université Temple
et je pense que sa réputation n'est plus à faire.
M. Lafrance: C'est dirigé par qui cette
université?
M. Bohémier: C'est dirigé par qui? M. Lafrance:
Oui.
M. Bohémier: Vous voulez dire quel est le doyen de
l'université Temple?
M. Lafrance: II y a un conseil d'administration?
M. Bohémier: Comme toutes les autres universités,
je présume.
M. Lafrance: Vous n'osez pas dire que c'est dirigé par des
Mormons.
M. Bohémier: Je n'en sais rien.
M. Lafrance:Très bien. Mettez-vous en doute la
lucidité et l'intelligence des organismes, comme l'American Dental
Association, le Canadian Dental Association, et mettez-vous en doute aussi la
lucidité et l'intelligence des législateurs aux Etats-Unis, dans
les dix Etats où on a voté une loi pour obliger la fluoration des
eaux de consommation?
M. Bohémier: Non, je ne pense pas. Vous parlez de
l'Association dentaire canadienne, entre autres?
M. Lafrance: Toutes. Si vous voulez. Vous avez d'ailleurs le
dossier sur la fluoration.
M. Bohémier: D'accord. A ce sujet...
M. Lafrance: Vous les avez toutes énumérées
dedans. Je vais m'en dispenser.
M. Bohémier: A ce sujet, j'aimerais peut-être
souligner que le professeur Schatz, dont j'ai parlé tantôt, est
effectivement membre de l'Association dentaire canadienne. Ses travaux sur les
problèmes de dentition l'ont amené à pouvoir devenir
membre de cette association. Alors, si on veut l'interroger davantage sur cette
question, on pourra le faire.
M. Lafrance: Alors, vous ne mettez pas en doute la
lucidité et l'intelligence des gens qui préconisent la
fluoration?
M. Bohémier: Non.
M. Lafrance: Alors, qu'est-ce que vous dites dans votre
mémoire en page 4: Encore de nos jours, des gens bien
intentionnés que l'on voudrait lucides et intelligents servent
naïvement les intérêts économiques de ces industries
au détriment de la santé publique. Alors, vous incluez
là-dedans à la fois les associations et à la fois les
législatures.
M. Bohémier: Ecoutez...
M. Lafrance: Alors, il faudrait peut-être enlever ce
paragraphe.
M. Bohémier: Non.
M. Lafrance: Vous ne l'enlevez pas.
M. Bohémier: Non, je ne l'enlève pas.
M. Lafrance: Alors, vous vous contredisez et vous ne l'enlevez
pas.
M. Bohémien Est-ce que vous voulez que je vous dise pourquoi?
M. Lafrance: Très bien, je n'ai plus besoin d'autre
réponse.
M. Bohémier: D'accord, je ne vous le dirai pas.
M. Lafrance: Je voudrais vous demander... Non, j'ai la
réponse, je l'ai eue.
M. Samson: C'est un dialogue de sourds. M. Lafrance: Je
voudrais demander... Le Président (M. Pilote): A l'ordre! M.
Samson: Un dialogue libéral.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre!! La parole est au
député de Rivière-du-Loup.
M. Lafrance: Si vous me permettez, je vais vous dire autre chose.
Vous voulez entendre des spécialistes. Nous en avons un dans la salle.
Il se nomme Dr Kleinberg, et doit partir à 3 h 45 et cela fait depuis
dix heures ce matin qu'on entend ces gens. On a voulu les entendre, maison va
se priver d'un spécialiste qui va être obligé de nous
quitter et qu'on ne pourra pas entendre tout à l'heure. C'est pour cela
que mes questions sont courtes. D'accord?
M. Samson: Oh! Cela les fatigue!
M. Bédard (Chicoutimi): Pourquoi ne pas avoir le Dr
Garcia?
M. Lafrance: Je voudrais poser à votre collègue,
monsieur...
M. Bohémier: M. Bastien.
M. Lafrance: M. Bastien, oui. Pourriez-vous nous donner votre
curriculum vitae, s'il vous plaît?
M. Bastien: Je ne sais pas ce que cela peut faire sur le poids
d'un argument. Quand on est objectif...
M. Lafrance: Vous avez dit tout à l'heure que vous
étiez un scientifique, alors je voudrais savoir...
M. Bastien: Très bien, je vais vous le donner, monsieur.
Je suis bachelier ès arts deux fois, pour commencer, à vingt ans
et à 45 ans. J'ai fait mon B.S.C. deux fois.
M. Lafrance: Vous avez bien dit bachelier ès arts deux
fois?
M. Bastien: Bachelier ès arts deux fois, oui monsieur. A
l'âge de 20 ans et à l'âge de 45 ans. Je suis
retourné aux études à 45 ans. Je me suis recyclé
pour toutes sortes de bonnes raisons.
M. Lafrance: En quoi?
M. Bastien: Ensuite j'ai mon B.S.C. en biologie, ensuite j'ai ma
maîtrise en biologie, j'ai une licence en pédagogie avec option de
biologie et j'ai un baccalauréat en pédagogie
également.
M. Lafrance: Vous enseignez à l'heure actuelle?
M. Bastien: J'enseigne à l'heure actuelle. M. Lafrance:
Où?
M. Bastien: Au collège Marie-Victorin, à
Montréal-Nord, monsieur.
M. Lafrance: Très bien. Est-ce que, M. Bohémier,
vous êtes parce que vous le dites contre la fluoration des
eaux, vous êtes contre le fluor? C'est exact?
M. Bohémier: Je suis contre le fluor? M. Lafrance:
Oui.
M. Bohémier: Je ne suis pas plus contre le fluor que
contre le strontium 90 ou n'importe quelle substance qu'on trouve dans la
nature. Je soutiens que le fluor ne devrait pas être ajouté
à l'eau, tout simplement.
M. Lafrance: C'est ce que vous essayez de nous prouver depuis ce
matin. Mais pourquoi, par exemple, acceptez-vous qu'on donne des pilules ou des
comprimés à des enfants? C'est du fluor quand même.
M. Bohémier: Pour la bonne et simple raison qu'une
personne qui croit en la fluoration, c'est son droit le plus
démocratique de pouvoir en prendre. Je ne m'opposerai jamais à ce
qu'une personne, qui croit à quelque chose puisse, en toute
liberté, pouvoir le faire.
M. Lafrance: Alors, vous n'êtes pas contre le fluor en
lui-même? Vous êtes tout simplement contre le mode d'application de
la loi. Je vais vous poser la question d'une autre façon. Si, par
exemple, le ministre disait dans sa loi: Par référendum, on
demande aux municipalités d'imposer les eaux de fluoration, est-ce que
vous seriez encore contre?
M. Bohémier: Par référendum, voici ce qui se
passerait. Le front commun, avant le référendum, expliquerait
à la population les raisons pour lesquelles il s'oppose à la
fluoration et, ensuite, nous nous plierions à la décision
populaire.
M. Lafrance: Alors, vous n'êtes pas contre le principe en
lui-même?
M. Bohémier: Je ne suis certainement pas contre le
principe de la démocratie.
M. Lafrance: Je vous demande si vous êtes contre le
principe de la fluoration, oui ou non?
M. Bohémier: Je pense que la fluoration est une mesure qui
n'est pas valable et cela, je pense l'avoir expliqué.
M. Lafrance: Vous êtes contre, mais vous admettez quand
même qu'on puisse donner des pilules.
M. Bohémier: Je suis contre la fluoration, mais je suis un
démocrate.
M. Lafrance: D'accord. Je poserais une autre question à M.
Bastien. Vous nous avez parlé de fluoro-apatite et d'hydroxy-apatite ce
matin. Lequel des deux est le plus soluble?
M. Bastien: Question de solubilité. La question est de
savoir si la fluoro-apatite est une synthèse normale et saine de
l'organisme. Mon point était que la fluoro-apatite... D'abord le fluor
est un antigène, je l'ai toujours considéré comme un
antigène et lorsque tout antigène entre dans le corps, on forme
des anticorps. La fluoro-apatite devient un composé, un complexe, pour
excrétion; l'hydroxy-apatite étant, au contraire, la formule
normale de cet élément de résistance de l'émail
dentaire. C'est cela que j'ai voulu dire.
M. Lafrance: Alors, l'hydroxy-apatite est beaucoup plus soluble
que la fluoro-apatite?
M. Bastien: C'est cela, d'accord.
M. Lafrance: Alors, c'est prouvé et cela le sera encore
à nouveau.
M. Bastien: Oui, mais excusez-moi. Ce n'est pas un critère
de valeur.
M. Lafrance: M. Bohémier, vous avez dit cet
après-midi que ce n'est pas du fluor qu'on nous donne dans l'eau, ce
sont des fluorures; est-ce exact?
M. Bohémier: Oui, monsieur.
M. Lafrance: Vous disiez que c'était toxique, la
fluorure?
M. Bohémier: Oui, monsieur.
M. Lafrance: Savez-vous que le fluor est poison?
M. Bohémier: Oui, monsieur.
M. Lafrance: Vous disiez que le fluor était moins
dangereux que le fluorure?
M. Bohémier: Je pense que vous m'avez très mal
compris.
M. Lafrance: J'ai très bien compris, parce que je me suis
fait traiter de...
M. Bohémier: Est-ce que les membres de la commission me
permettent de réexpliquer ce que j'ai dit à ce sujet-là,
en détail?
M. Lafrance: Allez-y, j'aimerais vous entendre, pour voir si vous
allez dire la même chose.
M. Bohémier: Je vais vous résumer cela. J'ai dit
que l'ion fluor, quel qu'il soit, est toujours le même, qu'on le trouve
dans quelque sel de fluor que ce soit. J'ai mentionné qu'en soi le gaz
qu'on appelle fluor est une substance dangereuse, tous les chimistes sont
d'accord là-dessus.
J'ai dit ensuite que, lorsqu'on comparaît les différents
fluorures, les différents sels de fluor, ils n'avaient pas tous la
même toxicité. J'ai dit que les fluorures naturels, entre autres,
le fluorure de calcium que l'on trouve naturellement dans l'eau, n'a pas la
même toxicité que les fluorures artificiels qu'on veut ajouter ou
qu'on ajoute effectivement dans la fluoration, dont le fluorure de sodium et le
fluo-silicate de sodium.
Pour les raisons que j'ai soulignées, premièrement,
à cause du fait que ces fluorures n'ont pas la même
solubilité et ensuite, parce que leur degré de facilité de
libérer l'ion fluor n'est pas le même; c'est cela que j'ai
dit.
M. Lafrance: M. le Président, je regrette infiniment
d'être obligé de vous quitter, parce que la discussion est assez
belle et assez intéressante. J'aurais souhaité entendre le
docteur Kleinberg, mais malheureusement, j'ai l'impression qu'on ne pourra pas,
parce qu'il doit nous quitter à 3 h 45 et c'est un des grands
spécialistes dans le domaine de la fluoration. Si vous vous donnez la
peine de regarder le curriculum vitae du docteur Kleinberg dans le document 8M
qui nous est présenté, vous avez son curriculum vitae et vous
avez également ses interventions, ses articles ainsi que les cours qu'il
a pu donner un peu partout. Cela aurait été très
intéressant au point de vue information. J'aurais souhaité que
les membres qui font partie du Front commun contre la fluoration puissent
l'entendre, mais c'est malheureux, on ne pourra pas l'entendre.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le député
de Rivière-du-Loup ne croit pas que, si des membres de cette commission,
comme lui et tous ceux du côté ministériel, étaient
au courant que ce spécialiste d'envergure, que nous avons aussi
intérêt à entendre, que nous avons hâte d'entendre,
devait nous quitter à quatre heures, il me semble qu'ils auraient
dû le faire intervenir et tout simplement intervertir l'ordre des
comparants devant la commission et non pas essayer, comme il l'a fait tout
à l'heure, de laisser entendre qu'on en a peut-être assez
d'entendre ces gens-là et qu'il serait peut-être mieux d'en
entendre un autre.
M. Bellemare (Rosemont): On n'était pas au courant, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Si on n'entend pas le
spécialiste dont vous parlez, cela dépendra de la commission et
non pas de ceux qui nous sommes en train d'entendre.
M. Bellemare (Rosemont): Je m'excuse, M. le Président,
j'invoque le règlement. On n'était pas au courant et, là,
le député dit que cela dépendra de la commission. Je ne
voudrais pas que le député de Chicoutimi généralise
parce que, personnellement, je n'étais pas au courant.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon, je m'en réfère
aux propos du député de Rivière-du-Loup.
M. Samson: Cela nous fait plaisir de savoir que même vous
autres n'étiez pas au courant.
M. Bellemare (Rosemont): Je savais que le docteur passait, mais
je ne savais pas...
M. Lafrance: M. le Président, je reviens aussitôt
que possible pour reprendre la discussion. Merci.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Verdun.
M. Caron: M. le Président, on a parlé de la ville
de Verdun, tout à l'heure, en mon absence. Je dois travailler à
la commission des engagements financiers, ce soir, et je voudrais faire
remarquer à M. Racine que les membres du conseil ont appuyé la
résolution de votre ville, la ville de Tracy; par contre, ils ne se sont
pas donné la peine de demander un rapport du directeur médical.
Le directeur médical est favorable. Je pense que les membres du conseil
auraient dû se donner la peine de demander un rapport à des
personnes compétentes en la matière et je suis convaincu
qu'après avoir reçu le rapport du directeur médical, vous
n'auriez paseu la résolution que vous avez eue.
M. Racine: A ceci, je pourrais répondre...
M. Caron: Je tenais à faire cette mise au point. Je
présidais l'assemblée, je n'avais pas à voter mais, si
j'avais eu à voter, je n'aurais pas voté pour cette
résolution.
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre des
Affaires sociales.
M. Forget: M. le Président, comme on nous a
informés d'une difficulté d'horaire, je demanderais la permission
de nos collègues de la commission pour suspendre nos travaux sur cette
question et entendre tout de suite le Dr Kleinberg avant son départ, de
manière à pouvoir bénéficier de ses lumières
avant que l'on poursuive avec le même groupe ultérieurement, si
c'est nécessaire.
M. Bédard (Chicoutimi): Nos invités semblent
d'accord, j'imagine.
Le Président (M. Pilote): Etes-vous d'accord?
M. Bohémier: Je n'ai aucune espèce d'objection. Je
pense qu'il serait intéressant pour tout le monde de l'entendre. Est-ce
qu'il a un mémoire?
Le Président (M. Pilote): J'inviterais le Dr Kleinberg
à prendre place, s'il vous plaît, avec son groupe à la
barre. C'est le mémoire no 8, présenté par l'Ecole de
médecine dentaire de l'université Laval, et on a invité le
Dr Kleinberg à accompagner les intervenants. J'inviterais M. Paul
Simard, le directeur, à identifier les personnes qui l'accompagnent.
Ecole de médecine dentaire de
l'université Laval
M. Simard (Paul): M. le Président, M. le ministre, madame,
messieurs, vous avez eu l'amabilité, hier, d'entendre les
représentants des trois facultés dentaires du Québec qui
ont présenté un mémoire conjoint. Vous acceptez,
aujourd'hui, de recevoir l'Ecole de médecine dentaire de Laval et
surtout son invité; je tiens donc à vous remercier.
Vous le voyez sans doute de plus en plus, la question de la fluoration
est très vaste. Le mémoire des trois facultés dentaires
abordait plusieurs aspects de cette mesure de santé publique. Celui que
nous présentons aujourd'hui est circonscrit aux propriétés
inhibitrices du fluor sur la carie dentaire et a pour but de vous fournir un
bref résumé de nos connaissances actuelles sur ce sujet, sur ce
point précis. C'est donc notre intention de nous en tenir à ce
point particulier qui a fait l'objet d'une multitude de travaux et de recherche
et de répond re aux q ues-tions qui s'y rapportent.
Le mémoire, de moins de cinq pages, sera lu et commenté
par le Dr Trahan, professeur de l'Ecole de médecine dentaire. Le
DrTrahan est responsable de la recherche à l'Ecole de médecine
dentaire de l'université Laval. Il est D. PH. en biochimie, il a fait
des études spécialisées en biologie dentaire, en biologie
orale surtout, et, en dépit de son jeune âge, le DrTrahan compte
déjà de très nombreuses publications et est très
bien préparé pour traiter le sujet qui nous intéresse
aujourd'hui.
Auparavant, toutefois, avec votre consentement, et en raison des
difficultés de transport et le rendez-vous pris antérieurement,
je demanderais au Dr Israël Kleinberg de vous adresser la parole en
premier. Le Dr Kleinberg est dentiste. Il est détenteur d'un D. Ph. en
biochimie orale. Il a consacré sa vie à l'enseignement et surtout
à la recherche. Le député, tout à l'heure,
indiquait jusqu'à quel point le Dr Kleinberg avait fait de la recherche.
Je pense que, dans le petit mémoire que vous avez là, il y a au
moins douze pages qui font état de toute la recherche qu'il a faite, de
tous ses travaux, de ses publications. Il est actuellement directeur du
département de biologie orale et de pathologie à l'Ecole de
médecine dentaire à la State University of New York, à
Stoney Brook. C'est un autre Canadien qu'on a malheureusement perdu, que les
Américains sont venus nous chercher.
Le Dr Kleinberg est un chercheur mondialement reconnu dans le domaine de
la plaque dentaire. Nous avons joint à notre mémoire la liste
imposante des conférences et surtout des publica-
tions scientifiques présentées par le Dr Kleinberg.
L'Ecole de médecine dentaire de Laval est donc très heureuse de
vous présenter le Dr Kleinberg, qui vous parlera du mécanisme
inhibiteur du fluor sur certaines affections dentaires. J'attire votre
attention non seulement sur la carie dentaire, mais sur d'autres affections
dentaires. Je me permets aussi d'attirer votre attention sur la partie de
l'exposé du Dr Kleinberg qui met en évidence les effets
bénéfiques du fluor non seulement pour les enfants, mais aussi
pour les adultes. Il y a deux points qu'on oublie souvent: Le fluor peut
être utile non seulement pour combattre la carie dentaire, peut
être utile non seulement aux enfants, mais aussi aux adultes. Je pense
que ce sont deux points qu'il vaut la peine de souligner.
Le Dr Kleinberg.
M. Kleinberg (Israël): I am sorry I have to give my
presentation in English. I am afraid I cannot communicate effectively in
French. My apologies.
I am going to take just a few minutes, basically to try to put
fluoridation in perspective, relative to a total health care problem, and that
is one dealing with dental disease. The reason why I would like to do this is
that, as a result of the substantial amount of research that has taken place
during the last two decades in the area of what is called dental plaque
these are the bacterial films that collect on the teeth we now know that
when you are dealing with tooth decay, you are only dealing with one part of
what one refers to as plaque disease.
Another aspect of plaque disease is your gum problems, and, actually,
the two go together in one overall package.
M. Samson: Pourrais-je invoquer le règlement pour demander
s'il n'y aurait pas possibilité d'avoir une copie du mémoire qui
nous est présenté présentement?
M. Leduc: Vous l'avez devant vous, je crois, 8M. M. Samson:
C'est celui-là? Une Voix: C'est cela.
M. Simard (Paul): Non. Ce que présente le Dr Kleinberg,
c'est autre chose...
M. Samson: Autre chose...
M. Simard (Paul): ...que je n'ai pas moi-même.
M. Samson: Vous ne l'avez pas non plus? D'accord!
M. Simard (Paul): On pourra peut-être demander le texte,
mais je ne l'ai pas.
M. Kleinberg:The reason forthis is because this will preface some
of the remarks I wish to make relative to why fluoridation, as compared to
other methods of fluoride, etc. I do not know well that cannot be seen... O.K.,
that may be adequate...
Would you mind if I could go up there? Perhaps it might be a little
easier. I do not think I can get anything...
What we have here is a mouth that has been neglected and what we see are
accumulations these whitish materials that we see here and unsoft
tissues around the teeth, those accumulations are bacterial masses, which is
called dental plaque.
What the dental plaque does in the mouth is, not only does it cause
tooth decay, but it also causes gum problems. It also causes mouth odor and it
is also responsible for many of the stains that you get in your mouth. It is
responsible also for the accumulation of these large deposits of scale on your
teeth.
Can I have the next slide?
This shows you more dramatically the scale deposits and these masses are
all bacteria. I am going to show you some pictures of these in a moment.
Can I have the next one?
Here again you can see the masses, on the tongue, it is on the soft
tissues. It is not something that just deals with the teeth.
Can I have the next one?
Here is a younger patient and you can see: Look at the masses. Again,
soft tissues. Look at the destruction that it causes in the mouth. So, it is
not just teeth. It is the whole mouth that is affected.
Can I have the next one, please?
Now, with the development of instruments that permit us to look in three
dimensions, a very high magnification of this plaque, we can look at the
different kinds of bacteria. Here, for example, is one type that looks like a
puff ball, a coccus. There are other types, you can see, that have long,
string-like or filament forms.
Can I have the next one, please?
This again shows what the plaque looks like. It is really just a jungle
of bacteria.
Can I have the next slide?
On the soft tissues, we see that it attaches to the epithelial cells.
These are the cells that cover your soft tissues. There are masses of
bacteria.
Can we have the next one, please?
This shows, in the very high magnification that we get with the
electromicroscope, you can see, the remains of the soft tissue, and then you
can see the bacteria.
Can we have the next one?
This shows you at a very high magnification; this is one single cell,
just a piece of it. Here you can see the bacteria that are attached.
There is not a person in this room who does not have quite a bit of this
in their mouth. It is extremely difficult to keep the mouth in away whereby you
can keep the numbers down so that it is healthy.
Can we have the next one?
I have to use this diagram to tell you what happens in the plaque and
how fluoride comes into the picture. This is a graph that shows you time in
minutes here and shows acidity, acidity on this scale is going down. In other
words, the more acid we have in the mouth, the more this number will drop. What
this shows is what happens when you introduce some carbohydrates in your mouth,
like sugar. Here
you have a fairly safe level of acidity. It is neutral. At this point,
if you introduce some sugar into the mouth, immediately the bacteria make acid
and this causes a drop in this acidity scale, which is called pH. That happens
in minutes, and then what happens is that it levels off only when the
carbohydrate is used up, then only when this is used up either by... I am
sorry. Let me backtrack. What will happen is that when you introduce the
carbohydrate, you get this immediate formation of acid and this drop in pH.
This is an acidity level. It will stay down here as long as there is
carbohydrate in the mouth. Just as soon as that is gone, either because the
saliva moves it or if it used up by the bacteria, then it gradually returns to
a safe level. All right.
Can I have the next slide?
Now, what this slide shows is what I have shown you before, except what
happens during the normal course of events during the day when the person eats
breakfast, has a snack, lunch, has another snack. What happens is, everytime
they eat and introduce carbohydrate into the mouth, we get acid and this index
falls. Again, adid; acid again. This keeps up like so. Every time a person eats
carbohydrate, we get these amounts of acid on the tooth. There is a protection
due to the saliva. There is also a protection due to the tooth itself, and that
protection gives you something that is called a critical cage. In other words,
a certain level up to which or down to which you can have acid but it will not
cause any damage. But if you cause more acid than that, then you cause damage.
These are the periods during which the tooth will dissolve.
Now, what fIuoride does is, fIuoride reduces the size of this zone.
Fluoride will move this down and it it moves it down far enough, you will get
no cavities. If you move it down a little bit, you get caries, but less of it,
so that whether or not you have some fluoride or a lot of fluoride, you will
have some effect on this process.
Can I have the next slide?
Th is is the last slide. Th is is a looking at the tooth surface under
the scanning electromicroscope. The way the tooth is dissolved is not simply in
a parallel fashion. There is a tunneling that takes place, and we can see the
tunneling here. This is simply the lower magnification.
In other words, the acid does not go flat, uniformly into the tooth, it
penetrates. The important thing about fluoridation of the water supply is that
when the tooth is being built in the body, fluoride gets incorporated, so that
you do not have fluoride just in the outer layer, you have it through further
into the tooth. That is something you cannot get easily or, in fact, you cannot
get to the same extent with any kind of topical proced ure or what you have.
They still get fluoride on the tooth, but you cannot get that depth
penetration. You can only get this with fluoride in the water supply. That is
why it is an extremely important way of putting fluoride in, in order to give
us the protection.
With that as a background, the comments I wish to make are as follows: I
think one has to look at the fluoridation process and this building-in of the
fluoride into the tooth, somewhat analogous as to put- ting in insulation into
a house while it is being built. If one does it at that time, one can do an
effective job and one can do it cheaply. On the other hand, if you try to do it
afterwards, if you do not have the insulation in there, as the house is built,
and you try to do something about insulating the house afterwards, not only is
it more costly, but it is not as effective.
The thing about fluoride, as far as to how it works: It works in two
ways. One is its effect on the enamel itself, and the second is an effect on
the ability of the bacteria to produce acid. As far as the tooth itself, what
it does is it builds a better crystal. It builds a better calcium-phosphate
crystal in the tooth. Not only does it make a more defined crystal, one that
does not dissolve so readily, but it is a better crystal. As far as the
protection with acid is concerned, because the plaque, at the same time that is
forming, lays down a certain amount of a certain kind of calcium phosphate in
the saliva. It can trap some of the fluoride. If that dissolves as it will
during the time that acid is being formed, then, fluoride is available. But
there is one thing that is unique here, as compared as to elsewhere in the
body, as far as to how fluoride works. Fluoride is more effective when we have
an acid condition. If we were to compare the levels you need at a neutral pH to
have an effect on the cell as compared to an acidic pH, it is a factor of ten
to a hundred times. So what happens is that for the same level that will cause
an effect on the tooth because of the acid condition, you get no effect
elsewhere in the body. Nature seems to have taken care of this. Because of the
fact that only in the teeth you get the kind of pH. I have described, the kind
of acidity levels described, consequently the low levels of fluoride, the
levels that are recommended to be placed in water supplies, these levels are
effective here and safe elsewhere in the body.
Much attention is always paid on the benefits to the young, and that is
understandably, because of the fact that I think most people are concerned. If
they have children, I am sure they are always concerned that they will not
suffer some of the problems associated with plaque disease and particularly
that related with caries. But there are things that are starting to happen
relative to the older patient. Because today, what we are finding is that the
individuals are living longer. There is more effective means of making them
still effective. In other words, what we are finding is that many patients who
ordinarily would have to be in hospital are now ambulatory, and what one finds
is that because individuals are living longer, one sees what we call root
caries, because the gums recede with age, then this exposes the roots of the
teeth and the roots of the teeth are more soluble than the enamels. What
happens is that, if you do not have enough fluoride in that portion of the
tooth, that will be now be more vulnerable to acid and what we are now seeing
is a problem with older patients is that we are seeing cervical caries.
What is happening, is that any therapy that is used that results in
reduction in saliva flow, results in a very sharp rise in caries incidence.
Two places where this occurs is the increasing use of tranquilizers that
are being used today and
what is happening as a result of this is that the adults who previously
were not getting caries or were susceptible to caries have now become more
susceptible to caries. Another place that has become a problem is that because
of the greater effectiveness of cancer therapy, patients living longer, what is
now happening is that where there is a therapy in the region of the head, then
what happens is, a radiation will cause what they call atrophy of the salivary
glands, so one ends up with very little saliva flow. These individuals end up
having a very sharp increase in caries. If they had fluoride in their teeth and
at effective levels, this would be an easier problem to manage.
Another thing that is being identified is the fact that in the
post-menopausal period of females, there is a greater tendency for
osteoporosis, and if the fluoride has been built into the bone, then this
becomes less of a problem.
Basically, what I am saying is that there has tended to be considerable
attention focused on the young patient ans essentially with caries, and what is
happening as a result of the increased number of individuals who are reaching
the older ages, caries will also be a problem of the adult.
These are the base of my remarks.
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre des
Affaires sociales.
M. Forget: M. le Président, je pourrais peut-être
suggérer de demander au Dr Simard de continuer la présentation
qu'il avait l'intention de faire et de laisser après...
M. Simard (Paul): Pardon, M. le ministre, M. le Président.
Le Dr Kleinberg doit aller prendre un avion dans quelques minutes. Alors, on a
quand même un peu de temps. Est-ce qu'il y aurait possibilité de
lui poser des questions tout de suite, parce qu'après cela il partira.
Le Dr Trahan pourra continuer, enchaîner avec la présentation du
court mémoire de l'Ecole de médecine dentaire.
Si on a des questions à poser au Dr Kleinberg.
M. Forget: J'accepte volontiers la suggestion, M. le
Président. Je vais poser une question au Dr Kleinberg, si vous le
permettez, de manière à laisser à mon collègue de
l'Opposition et à ceux du côté ministériel le temps
peut-être d'en poser une ou deux.
Doctor, I found your presentation very interesting. I would like to take
this opportunity to ask whether, in your own experience over several years, you
have come across any deleterious effect or a questionable effect of
fluoridation on the teeth of patients or people you have seen.
M. Kleinberg: At the levels that we are talking about in the
water supply, no. At higher levels, you can see mottling, and essentially when
we are talking about fluoridation of water supply, basically what we are
talking about is adjustment to a level which is not too low and not too high.
In other words, there is no water supply that does not have fluoride present.
They all have fluoride. If you get to levels that are below this figure of
approximately one and above approximately two, then the benefits and the least
adverse effects follow a curve upwards. Basically, what I am saying is that we
find many places where you have natural fluoride, which are at eight and ten
parts per million, and so forth, and these should be adjusted downwards.
Essentially, fluoridation of water supply really is a fluoride adjustment to a
level which the scientific evidence, taken as a whole, says, should be around
1.2, somewhere at this sort of level.
M. Forget: Thank you.
M. Bédard (Chicoutimi): Simplement une question. Je
voudrais savoir si le Dr Kleinberg connaît un des spécialistes
auxquels on s'est référé beaucoup dans le groupe qu'on a
entendu précédemment, le professeur Albert Schatz, qui serait
professeur à...
M. Kleinberg: Yes, I know Professor Schatz, yes.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'il connaît les
études qu'il a faites concernant la fluoration et ses effets?
M. Kleinberg: The biggest problem with much of Professor Schatz's
work and the reason why he has not received acceptance in the scientific
community is not because of the persecution that he claims, but simply because
he is continually asked to present data and he never presents data. Professor
Schatz always talks in philosophy, and that is the biggest problem.
That is why, in the scientific community, Schatz enjoys no reputation.
He claims that he has been persecuted, but there are several very highly
regarded individuals like Professor Jenkins, in Newcastle, who has continually
asked him to present some data, some actual experimental data. That is the
reason why he enjoys no reputation.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le docteur a lu un
article ou un ouvrage de cet homme dont je viens de parler, qui était
intitulé je m'excuse de mon anglais et de ma prononciation
The failure of fluoridation in England"?
Une Voix: Voulez-vous répéter, s'il vous
plaît? Le titre...
M. Bédard (Chicoutimi): Peut-être... Je peux le dire
en français: "La faillite de la fluoration en Angleterre ", qui a
été publié dans le numéro d'octobre 1972 de la
revue "Prévention..."...
M. Kleinberg: O.K. What you are saying is about the failure of
fluoridation. On that question, one could go on and on debating as to why. But
it has not been a failure. The biggest problem, as I pointed it out on the
diagram here, is this: If you have a very severe acid drop, as I showed you, if
the curve goes down very low, and if the fluoride, that you have built
in, has not moved that appreciably or has moved it, but there is still a
very large gap, then it is very difficult to see in clinical trials, because
the problem with clinical trials is that there is a very large error associated
with scoring of caries. As a consequence, you can have errors that can be as
much as plus or minus 20%, 30%, something of this sort of order with some of
the... techniques. Consequently, what happens is that if you have a very severe
caries attack, then you will not see the benefits of fluoride as readily as you
will where the caries attack is less. Fluoride is one approach that we have to
have in order, ultimately, to control caries. It is essentially one means of
making the tooth more resistent. The area of research that is actively going on
now is, of course, to see whether or not we can do something about the plaque
bacteria so they will not make as much acid. Once we get that, then we may have
the whole picture.
So, fluoride is not a complete answer. It is only a complete answer for
those people who have, say, a moderate to modest, and those that have severe,
you are still going to see the caries. Of course in Britain, the caries attack
is extremely high.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous remercie.
Le Président (M. Pilote): Y a-t-il d'autres membres qui
seraient intéressés à poser des questions?
M. Forget: I would like, perhaps, to thank Dr Kleinberg on behalf
of the members of this commission, and thank him for his presentation and wish
him good luck in going back wherever he is going.
M. Kleinberg: Thank you very much.
Le Président (M. Pilote): J'inviterais à
présent le Dr Simard à présenter son mémoire.
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Non, j'avais compris qu'on suspendait l'audition des
membres du front commun pour permettre au Dr Kleinberg de présenter son
témoignage.
M. Forget: ...revenir...
M. Samson: Je n'ai pas d'objection à ce qu'on revienne par
la suite au groupe du Dr Simard. C'est parce que c'est l'entente que nous
avions acceptée pour permettre au Dr Kleinberg de présenter son
témoignage.
Le Président (M. Pilote): J'inviterais l'autre groupe
à reprendre place. On vous remercie, messieurs.
L'honorable ministre des Affaires sociales.
M. Forget: M. le Président, je vous remercie. On se
souviendra que j'avais indiqué le désir de poser, à la
suite de la réponse de M. Racine à une question du
député de Rouyn-Noranda sur la position des autorités
municipales de Tracy et de certaines autres villes sur la fluoration, une
question visant à éclaircir un point qui est contenu dans cette
résolution dont il nous a fait lecture et qui consiste dans le
témoignage qu'il invoque de six gagnants du prix Nobel comme s'opposant
à la fluoration.
J'aimerais qu'il puisse nous donner un peu plus de détails sur
ces déclarations en particulier une énumération
complète des personnes impliquées et aussi des citations
précises des publications ou des déclarations qu'ils auraient
faites et des dates en particulier relativement à trois personnes dont
les noms sont parfois indiqués. J'ai ici des déclarations faites
par trois de ces titulaires du prix Nobel où ils indiquent clairement
qu'ils sont, contrairement aux indications fournies par le front commun, dans
certaines de leurs publications ou certains groupes qui sont associés
avec eux, où ils disent clairement qu'ils sont en faveur de la
fluoration des eaux de consommation et qui indiquent d'ailleurs les
circonstances dans lesquelles leur nom aurait pu être associé
à un mouvement contre la fluoration. Enfin, ils allèguent que le
Dr Murphy se déclare opposé à la fluoration. J'aimerais
savoir s'ils pourraient nous dire quand cette déclaration a
été faite ou même s'ils savent si le Dr Murphy est toujours
du même avis qu'à l'époque où il a fait cette
déclaration.
M. Racine: D'abord, sur ce billet du National Fluoration News
assez réoent, si le Dr Murphy a fait d'autres déclarations, je ne
suis pas au courant, mais comme tout à l'heure, on le dit bien dans la
résolution textuellement: Je suis opposé d'une
manière très ferme à la fluoration obligatoire de l'eau du
robinet pour différentes raisons. Je crois que cette médication
ne doit pas être incluse dans un programme obligatoire.
M. Forget: M. Racine, j'ai bien compris la déclaration. Ce
que je voudrais savoir c'est où et quand cette déclaration a
été faite de manière, je pense que c'est normal quand on
cite quelqu'un, qu'on dise où et quand on peut retrouver cette
déclaration.
M. Racine: C'est une chose pour laquelle je pourrais faire la
recherche nécessaire pour vous le dire, mais, actuellement, fouiller
dans tout cela, je pense que cela prendrait beaucoup de temps, mais quand la
résolution a été faite, on avait les documents en main qui
déclaraient exactement ce q ui est marqué dans la
résolution. Maintenant, en ce qui concerne d'autres personnes, je ne
suis pas au courant.
M. Forget: Vous êtes conscient, je suppose, que le Dr
Murphy... On doute d'abord s'il est encore en vie, mais il est né il y a
fort longtemps et il se peut que cette déclaration remonte à 30
ou 40 ans, donc, ce n'est pas une vaine question de ma part, mais c'est un peu
dans le même esprit que les questions que j'ai posées tantôt
pour s'assurer que oette déclaration est faite à la
lumière des informations qui sont maintenant disponibles.
Pour ce qui est des autres déclarations et des autres noms,
est-ce que vous pouvez nous donner d'autres détails puisque, encore une
fois, sur trois autres prix Nobel, j'ai devant moi des déclarations fort
complètes qui nient cette position.
M. Racine: Vous donner des dates exactes, j'aurais probablement
dû les marquer à ce moment-là, quand on a fait la
résolution, mais je ne peux pas, actuellement, vous donner ces dates
exactes. Il y a une chose, en passant, si vous me permettez, un exemple. Il y a
deux ans environ, paraissait dans le Reader's Digest la déclaration du
Dr J.H. Johnson, rédacteur en chef du journal de l'Association dentaire
de l'Ontario. Il y a environ deux ans. "Peut-être le fluorure
retarde-t-il l'apparition de la carie chez les jeunes sans défense, mais
il n'en reste pas moins un poison et je pense qu'il faudra attendre encore 25
ans pour en mesurer vraiment la nocivité." C'est le Dr J.H. Johnson,
rédacteur en chef.
M. Forget: On pourrait passer l'après-midi, je pense bien,
à lire des déclarations de tous vos membres. Vous dites que vous
en avez 150,000, mais il reste que, sur un point précis, sur
l'autorité des détenteurs ou des titulaires des prix Nobel, si je
comprends bien, vous pouvez peut-être nous faire parvenir, dans les
prochains jours, la liste des références précises qui nous
permettront de vérifier ces choses et si ce sont des déclarations
qu'ils ont faites, je crois qu'il serait prudent de s'assurer qu'ils les ont
effectivement faites et à quelle époque.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous pourriez également en
faire parvenir à l'Opposition, parce que ce sont quand même des
témoignages de poids.
M. Forget: Moi, je peux vous donner tout de suite, de toute
façon, une copie des déclarations qu'ils font et qui sont
à l'opposé de ce que vous alléguez. C'est pour cela, je
crois que cela a une certaine importance d'être bien sûrs qu'ils
les ont faites, ces déclarations.
M. Racine: Alors, je pense que le président du front
commun...
M. Forget: Je peux vous donner les dates également.
M. Racine: ... pourra le faire, étant donné que
moi, je suis maire; donc je suis à temps partiel, je dois
également gagner ma vie. Il y a toute l'administration municipale
à voir, je n'aurai probablement pas le temps de m'attarder sur ce
sujet-là, mais le président du front commun essaiera de le faire,
de vous donner des dates.
M. Forget: Je sympathise avec vos problèmes. On est
prêt à attendre quelques jours, sans difficulté.
Le Président (M. Leduc): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, j'ai remarqué, dans la
présentation du mémoire du front commun, qu'on fait
référence au Dr Albert Schatz. J'ai également
remarqué tantôt, à l'occasion d'une question posée
par le député de Rivière-du-Loup, cette tentative de
discréditer le Dr Schatz, avec cette référence aux
mormons, à l'université. Je vous avoue que cela m'a un peu
déçu cette espèce de tentative. Cela frisait la tentative
de discrimination religieuse; c'était passablement disgracieux.
Puisque la question est venue, je voudrais demander au Dr
Bohémier de me dire si ceci est véridique. Tantôt, on m'a
informé j'ai dû sortir quelques minutes que le Dr
Kleinberg aurait mentionné, à propos du Dr Schatz et
c'était le député de Chicoutimi qui avait posé la
question qu'il était plutôt de tendance philosophique et un
travailleur isolé.
J'ai un document qui nous donne une liste des activités du Dr
Schatz. Je voudrais vous les lire afin que vous me disiez si, selon vous, c'est
véridique ce que j'ai en mains. 1968-1972: Member of USA-USSR Academic
Council.
Citizen Exchange Corps Field Institute for Russian Studies. New York
City. 1970-1973: Temple University representative to International Research and
Exchanges Board. New York City. 1961: Member. American Advisory Committee.
Medicina Universalis. 1970: Chairman of Session on Chemotherapy. Xth
International Congress of Microbiology. Mexico City. 1970: Member of the
Presidency of the Scientific Sessions. Symposium on Microbiological
Transformation of Organic Matter in the Soil. Budapest. 1962: Kearney
Foundation of Soil Science Lecturer. University of California. College of
Agriculture. 1960 to date: Member. Editorial Board. Compost Science. 1960-1964:
Abstractor. New York State Dental Journal and New York Journal of Dentistry.
1964: President of Opening Session. International Stomatological Conference.
Budapest. 1964 to date: Member. Board of Associate Editors. The Pakistan Dental
Review. 1967: Member of the Presidency for Sessions on Civilization Diseases
and Dental Health. 13th Annual Meeting. International Society for Research on
Nutrition and Vital Substances. Luxembourg and Trier. 1968-1970: Member of the
Scientific Council International Society for Research on Civilization Diseases
and Vital Substances. 1969: Member of the Presidency for Session on Dental
Health. 15th Annual Meeting. International Society for Research on Civilization
Diseases and Vital Substances. Hanover, Germany. 1969 do date: Member of the
Editorial Board of Fluoride Quarterly Reports, Journal of the International
Society for Fluoride Research. 1973 to date: Member of the Editorial Board of
National Fluoridation News.
Il détient les "patents" suivants:
1948: Streptomycin and Process of Preparation. United States. No
2,449,866. 1949:Un procedimiento para la produccion de estreptomicina.
Argentina. No 71,416. 1945: Improvement and Chemical Compounds and Processes
for Preparing the Same (Streptomycin). New Zeland, No. 92,780. 1952: Chemical
Compounds and processes for Preparing the Same (Streptomycin). Canada. No.
481-108.
J'achève, M. le Président. Si le député veut
me donner quinze secondes, il pourra soulever sa question.
M. Bonnier: II me semble que c'est moi...
M. Samson: M. le Président, tantôt, on a
tenté de mettre en doute la crédibilité du Dr Schatz.
M. Bonnier: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! Sans cela, je fais
tout fermer.
M. Samson: Faites-les fermer, M. le Président. On ne se
laissera pas "bulldozer" par les libéraux. Cela n'est pas vrai.
Le Président (M. Pilote): On va vous donner cinq minutes
pour vous engueuler et puis...
Une Voix: ... par les créditistes.
M. Bonnier: Est-ce que je peux soulever ma question de
règlement?
M. Samson: Ce n'est pas parce que vous êtes 101 que vous
allez nous "bulldozer". Ne vous cassez pas la tête.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! A l'ordre! Il n'est
pas question de "bulldozage". La parole est au député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je vous remercie, M. le Président. Vous
êtes un bon président. 1954...
M. Bonnier: Je ne crois pas, M. le Président, parce que je
n'ai pas pu dire ce que j'avais à dire.
M. Samson:... A Process... Ai-je la parole, M. le
Président?
Le Président (M. Pilote): Oui. M. Samson: Merci.
M. Boudreault: M. le Président, M. Samson, ce matin... m'a
rappelé, sur une question de règlement, qu'il avait droit...
M. Bonnier: II me semble que j'ai le droit de soulever ma
question de règlement.
M. Boudreault:... vous deviez lui donner la parole. Je pense que
le député...
Le Président (M. Pilote): Je n'ai pas compris que
quelqu'un...
M. Bonnier: Si vous n'avez pas compris, il me semble que j'ai
soulevé une question de règlement.
Le Président (M. Pilote): Allez.
M. Bonnier: On ne m'a même pas laissé la
liberté de dire ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Pilote): Allez, sur la question de
règlement.
M. Bonnier: Sur la question de règlement, je voudrais
savoir si l'objet de notre commission est de décliner les titres ou les
ouvrages faits par telle et telle personne ou si c'est d'essayer de voir
exactement et de comprendre davantage les effets du fluor sur la maladie en
général et sur l'état de santé des dents en
particulier. Parce que là, je pense qu'on a perdu cinq ou dix minutes de
bon temps.
M. Samson: M. le Président, est-ce que je peux
continuer?
Le Président (M. Pilote): Allez!
M. Samson: M. le Président, j'ai vu tantôt le
député de Rivière-du-Loup demander sa biographie à
un de nos invités. C'est ce qui m'a incité à vouloir faire
part de celle de la personne qu'on a voulu discréditer. Et je terminais
en disant: 1954: A Process for the Production of Streptomycin, Japan. No.
207,508.
Je voudrais demander au Dr Bohémier si, à son avis et
selon ses connaissances, cette biographie est véridique.
M. Bohémier: Le document que vous avez lu est celui que
nous a fait parvenir le professeur Albert Schatz lui-même et s'intitule:
Miscellaneous activities. Vous en avez lu un peu plus d'une page. Il y a en
réalité dix pages.
M. Samson: C'est ce que je voulais savoir, M. le
Président. C'est parce que je n'accepterai pas que, par des moyens
détournés, on discrédite le Dr Schatz.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je pense
qu'il faut essayer, en tant que membre de la commission, de savoir ce qui en
est. C'est moi qui ai posé, comme c'est mon droit, la question à
celui que nous avons entendu tout à l'heure, le Dr KIeinberg.
M. Bonnier: C'est une question du député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): II me semble... Personnellement,
je ne suis pas intéressé à me faire charrier ni d'un
côté, ni de l'autre.
M. Bonnier: Oui, je suis d'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): De tout ça, de toute notre
petite discussion, de notre patente...
M. Bonnier: M. le Président, je n'avais rien contre la
question du député de Chicoutimi...
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous permettez, j'en tirerais
juste une conclusion. C'est que je verrais très difficilement que le
ministre des Affaires sociales refuse d'inviter le Dr Schatz dont on a tant
parlé et qui me semble être une des références, en
termes d'expert, les plus valables auxquelles on s'est
référé jusqu'à maintenant au cours des travaux de
cette commission. Qu'il y ait au moins une invitation officielle de la part du
gouvernement, du ministère des Affaires sociales, à son endroit
et qu'on trouve les moyens de le faire entendre ici. Ceci, à l'avantage
des membres de la commission et aussi à l'avantage de l'information de
l'ensemble du public.
Je ne sais pas si cette suggestion, si vous seriez heureux...
M. Bohémier: Oui, elle répond très
certainement...
M. Bédard (Chicoutimi):... de le voir paraître
à la commission.
M. Bohémier: Elle répond très certainement
à la fois à nos intérêts et à notre plaisir.
Si nous avons mentionné les travaux du professeur Albert Schatz, c'est
parce que nous, du Front commun contre la fluoration, y attachons une valeur
certaine. S'il pouvait, à l'invitation de la commission, venir ici
s'expliquer lui-même, parce que je soutiens que c'est certainement, parmi
les opposants à la fluoration, la personne la plus qualifiée pour
exposer l'aspect "antifluorationniste."
M. Bédard (Chicoutimi): II me semble que le public
québécois aurait droit à cela, de cette source de
renseignements, et cela ne doit pas être si difficile que cela de lui
faire parvenir une invitation et d'assurer sa présence.
Le Président (M. Pilote): Le ministre des Affaires
sociales.
M. Forget: M. le Président, dans tous ces travaux de la
commission parlementaire, je n'ai adressé d'invitation à personne
en particulier, mais à tous les groupes et tous les individus qui
s'intéressaient au problème, qui voulaient éclairer la
commission par leurs opinions ou leurs connaissances. Certains groupes que nous
avons déjà entendus ont jugé bon de se faire accompagner
par des experts qu'ils ont eux-mêmes invités et je n'ai pas eu
à participer à ces invitations. Je ne vois pas, dans le cas du Dr
Schatz, pourquoi le gouvernement participerait à ces invitations ou
ferait une invitation à qui que ce soit. Maintenant, il est clair que
les groupes qui sont venus devant nous et ceux qui vont se succéder
devant nous durant le restant de la journée, durant au moins une autre
séance, ont toute liberté pour faire les invitations qu'ils
veulent faire et j'imagine que, s'ils ont décidé de ne pas le
faire, nous ne devons pas nous substituer à eux dans ce jugement,
étant donné que la possibilité existait et que ce choix a
déjà été fait. Maintenant, du côté des
oppositions, l'Opposition officielle comme les autres, il y a des fonds de
recherche qu'elles peuvent consacrer aux fins qu'elles désirent et elles
n'ont pas besoin pour cela de ma permission, Dieu merci, et elles peuvent voir
là à compléter leur dossier si elles jugement que le
dossier technique que nous leur avons remis il y a plusieurs mois n'est pas
suffisant pour les éclairer.
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis surpris des remarques du
ministre, d'autant plus que notre position jusqu'à maintenant, nous
fiant sur le rapport d'experts, est de ne pas douter des effets
bénéfiques du fluor, comme vous, en toute bonne foi, vous fiant
à d'autres experts, vous en venez à la conclusion contraire. On
sait fort bien, et c'est facile de le constater par la liste que nous avons
devant nous, d'abord ceux qu'on a entendus et ceux qu'on entendra, que les
organismes qui sont pour la fluoration semblent, prima facie, ont
définitivement les fonds pour pouvoir s'inviter des experts afin
d'apporter... Je me permets de continuer. Prenez, par exemple, on vient
d'entendre...
M. Forget: ... Il me semble que le député de
Chicoutimi fait des insinuations qui sont déplacées dans le cadre
du débat actuel, qui est de savoir: Est-ce que nous devons...
M. Bédard (Chicoutimi): Quand j'aurai fini, on verra ce
qui est déplacé.
M. Forget:... ou non, à même les fonds de
l'Assemblée nationale, faire des invitations et il semble
suggérer qu'il y a des nantis et des non-nantis. On nous dit qu'il y a
150,000 membres dans une association, un front commun, qui croit qu'il y va de
la santé publique de s'opposer à une telle mesure. Je crois que,
devant un tel appui populaire, avec une cotisation de $0.10 par membre, il
serait possible de faire venir tous les experts imaginables sur le sujet sans
que cela constitue un fardeau excessif et je pense que ce sont des
considérations qui ne devraient pas entrer en ligne de compte ici.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela ne m'empêche pas de
continuer à m'étonner du raisonnement du ministre des Affaires
sociales.
Le Président (M. Pilote): Je vous inviterais à
conclure là-dessus.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je vais
présenter l'idée que je veux développer. Il reste quand
même qu'il est facile de voir... On a eu l'invité, l'expert, M.
Kleinberg. qui a été invité par... je ne sais pas
si c'est à même nos fonds mais qui a quand même
été invité par la faculté de médecine. C'est
facile de voir que, prima facie, ils ont plus d'argent que nous pour pouvoir
amener des invités pour soutenir leurs allégations. Mais
indépendam-
ment de cela, que ce soient des fonds de recherche ou quoi que ce soit,
il reste que, pour le point important que nous discutons, la fluoration des
eaux, nous nous apercevons, au cours de la discussion, qu'il y a, d'une part,
les experts qui sont d'accord et qu'il y a, d'autre part, un expert, tout
particulièrement équipé pour pouvoir amener une version
qui soit différente. Je me demande, alors qu'on est en train de discuter
d'une mesure qui sera peut-être susceptible d'affecter ou
d'améliorer la santé de l'ensemble des Québécois,
tel qu'on l'a exprimé de notre côté, de la clôture,
je vois très mal qu'on mette même complètement de
côté la possibilité de l'inviter à venir se faire
entendre au niveau de cette commission. Je ne vois pas...
M. Forget: La possibilité a toujours existé et elle
continue d'exister.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais je pense qu'il y a toute
la différence du monde, je le soumets respectueusement, entre une
invitation officielle, qui viendrait de la part du gouvernement, à un
spécialiste tel que M. Schatz, et une invitation faite par des groupes
à l'intérieur de la population. Je ne vois pas comment on peut
priver la commission de cette source de renseignements qui, à mon sens,
est nécessaire et s'impose.
Parce que même si, jusqu'à maintenant, j'ai
carrément exprimé mon opinion de profane sur les effets
bénéfiques du fluor, il reste une chose, je crois de mon devoir
et du devoir de l'ensemble des membres de la commission de ne pas rejeter la
possibilité d'entendre l'autre partie, l'autre côté de la
situation, d'entendre la voix d'experts autorisés en la
matière.
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Je ne vois pas, pour le moment,
que la commission puisse décider de faire venir quelqu'un ici et d'en
défrayer le coût. Je pense qu'il faudrait référer
cette question àqui de droit, on va y réfléchir. Avant de
s'engager...
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais faire une proposition,
M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Avant que la commission
s'engage...
M. Bédard (Chicoutimi): pour que la commission prenne
l'initiative d'envoyer... Je vais faire ma proposition, vous la battrez, ce
n'est pas compliqué, cela. Je fais la proposition que cette commission
fasse une invitation formelle au Dr Schatz de venir se faire entendre devant la
commission.
M. Forget: II n'y a aucune raison, M. le Président, de
privilégier une personne parmi d'autres, ce serait le seul "expert" que
nous inviterions pour témoigner devant la commission, il n'y a aucune
raison de faire un statut privilégié à un expert parmi
d'autres. Les groupes qui viennent ici sont assez adultes et responsables, je
l'espère, pour décider eux-mêmes de qui ils veulent se
faire accompagner et avec qui ils veulent venir discuter cette question devant
l'Assemblée nationale. Nous n'avons pas besoin de leur imposer ou de
leur dicter ou de les aider à accomplir leur rôle si l'on croit
vraiment que ces groupes sont représentatifs d'une partie de l'opinion.
Ils ont comme les autres groupes, s'exprimant de l'autre côté, les
mêmes moyens de faire venir des experts, pour donner des
témoignages divers, et s'ils ne l'ont pas choisi, je ne vois pas que
cette commission doive se substituer à leur jugement.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je laisse
de côté la responsabilité des groupes de se faire
accompagner ou non d'experts. Simplement, cette commission a des droits et des
pouvoirs, et ma proposition est très claire: C'est que la commission
juge bon d'inviter le Dr Schatz à venir témoigner devant cette
commission. Vous pouvez ne pas être d'accord, mais je suis convaincu
qu'il y a bien des Québécois qui pourraient être
intéressés à l'entendre et voir quels sont les arguments
de valeur qu'il peut apporter au soutien du fait qu'il semble carrément
être contre et ne pas reconnaître les effets
bénéfiques du fluor.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je serai évidemment en
faveur de la motion qui nous est présentée par le
député de Chicoutimi. J'ai mentionné dès le
début des auditions, hier, que notre commission devrait inviter, parmi
les opposants à la fluoration, les experts qui seraient jugés
utiles. C'est une possibilité, M. le Président. Depuis hier, on
entend parler du Dr Schatz comme de quelqu'un qui est une autorité en la
matière. C'est évidemment également, comme l'a d'ailleurs
si bien souligné le député de Chicoutimi, que parmi ceux
qui appuient cette mesure, se retrouvent des organismes qui sont beaucoup plus
en position financière de se payer des experts, de défrayer les
coûts de voyage de ces experts que parmi ceux qui se retrouvent contre la
fluoration. M. le ministre a dit tantôt $0.10 par tête dans ceux
que représentent le Front commun contre la fluoration, ça
pourrait régler le cas. Mais je me dis: Pourquoi obliger la population
à se cotiser pour faire venir un expert qui est contre la fluoration
alors qu'on n'oblige pas la population à se cotiser pour en faire venir
qui sont en faveur de la fluoration? Que ce soient des universités qui
nous ont présenté le Dr Schatz hier ou le Dr Kleinberg
aujourd'hui, que ce soient eux qui aient défrayé ou qui aient
pris des arrangements pour les amener devant la commission, je n'ai rien contre
cela.
D'ailleurs, nous les avons bien reçus et c'était notre
devoir de bien les recevoir. Mais il demeure que les universités, c'est
évident, ont des budgets leur permettant beaucoup plus de se payer ces
choses qu'un simple comité formé dans la population. Egalement,
bien entendu, ces budgets proviennent indirectement du gouvernement, sinon
directement, indirectement du gouvernement.
A l'appui de mes prétentions, je vois que le mi-
nistère lui-même s'est appuyé sur un dossier qui a
nécessité beaucoup de recherches, qui a nécessité
sûrement des paiements à des experts. Je ne sache pas, c'est
là l'importance de le dire... parce que le ministre a fait
référence tantôt à la possibilité des budgets
de recherche des partis de l'Opposition pour défrayer les coûts
d'experts qu'on pourrait faire venir devant la commission, parce que si on
parle du professeur Schatz, on pourrait parler d'autres aussi qui sont
spécifiés dans les mémoires qui sont
présentés par les opposants. Quand on fait
référence au budget de recherche des groupes de l'Opposition,
à ce moment, c'est injuste de faire référence à
cela, parce que je suis pas mal persuadé que ce n'est pas le budget de
recherche du Parti libéral qui a défrayé le coût de
ce dossier qui est publié, qui a coûté de l'argent. Cela
provient du budget du ministère. Or, on ne peut pas comparer un budget
de ministère avec un budget de recherche d'un parti politique. Si cela
provenait entièrement du budget de recherche du Parti libéral,
parce qu'il y a eu d'autres dossiers que les ministres nous ont
présentés à l'occasion d'autres commissions, il n'y aurait
sûrement pas assez d'argent dans leur budget de recherche pour faire
cela. Donc, cela doit provenir du budget du ministère.
A l'encontre de cela, on doit permettre, si l'on veut être bien
informé, si le ministre qui a convoqué cette commission
parlementaire a en tête d'écouter tous les sons de cloche... Si,
au contraire, il a en tête de convoquer la commission parlementaire
seulement pour sauver les apparences, seulement pour la frime, à ce
moment, bien sûr, il ne nous donnera pas de possibilité d'entendre
les opposants parce que son idée, au ministre, est faite depuis
longtemps. Elle est tellement faite depuis longtemps, qu'il a manqué son
coup en 1973 alors qu'il était sous-ministre des Affaires sociales. Son
ministre, M. Claude Castonguay, à ce moment, avait dû retirer le
projet de loi devant l'opposition du peuple, devant l'opposition des
municipalités. Drôle de coïncidence, ce projet de loi... je
le dis à l'attention des nouveaux députés, de ceux qui
n'étaient pas avec nous avant 1973, il serait peut-être bon de
leur faire un peu l'historique à ceux-là...
M. Bonnier: On a suivi les débats, on est au courant.
M. Dufour: On est au courant.
M. Samson: A l'attention des nouveaux députés, nous
savons tous...
M. Dufour: Tu veux prolonger... Il parle bien.
M. Samson: ... que le ministre Claude Castonguay avait dû
retirer ce projet de loi à la toute veille...
M. Dufour: Lâche pas. Continue.
M. Samson:... d'un déclenchement d'élections. Car
cette mesure préconisée par le gouvernement était
tellement impopulaire que si le premier ministre avait déclenché
des élections à ce moment, il y aurait eu un grand risque de
rentabilité électorale pour le Parti libéral. Donc, on a
joué au chat et à la souris avec la population. On a
retiré le projet de loi à la toute dernière minute. On a
évité le débat...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! J'aimerais à
ce que le député de Rouyn-Noranda s'en tienne au fait d'inviter
ou de ne pas inviter le Dr Schatz.
M. Samson: M. le Président, vous n'avez pas à me
tracer un corridor. Je parle sur une motion de fond. A ce moment, j'ai droit
à 20 minutes sur cette motion de fond. Je dois prendre toutes les
comparaisons que je trouve valables. C'est à moi de décider ce
que je dirai ou non à la présidence.
M. Dufour: Même les conneries.
M. Samson: Je regrette, mais c'est moi qui vais décider ce
que j'ai à dire.
M. Dufour: Lâche pas.
M. Samson: Je continue. En 1973...
M. Dufour: On va te subir.
M. Samson: ... parce qu'il était important à ce
moment, devant l'opinion publique de retirer le projet de loi pour des raisons
uniquement électorales.
Pourquoi l'a-t-on fait à ce moment? Pour éviter le
débat. De plus, M. le Président, je dois dire que si vous vous
rappelez j'espère que vous vous le rappelez et que si les
autres membres de cette commission se le rappellent et, s'ils ne se le
rappellent pas, je leur demande de faire référence au programme
électoral du Parti libéral d'octobre 1973, ils verront à
ce moment que ce gouvernement n'a aucun mandat pour imposer la fluoration. En
aucun moment, dans le programme du Parti libéral, on n'a
mentionné ce fait. Au contraire. Plutôt que de mentionner ce fait,
on est allé jusqu'à promettre que ce gouvernement
protégerait l'environnement, verrait à l'assainissement des eaux,
etc.
J'ai quelque part, dans mes documents, la référence que je
ne retrouve pas pour le moment, mais je la retrouverai, s'il le faut. Maisil
reste que je défie qui que ce soit de me dire le contraire, je
défie qui que ce soit de me dire que le gouvernement libéral a un
mandat pour imposer la fluoration à la population, ce gouvernement n'a
pas de mandat pour le faire. Cela renforce d'autant plus la prétention
que nous avons dans l'Opposition qu'il n'a pas le droit de l'imposer sans un
référendum sur cette question, d'autant plus qu'il y a
actuellement des villes où il y a fluoration. Tantôt, par le
témoignage du maire de Tracy, nous avons été à
même de constater que même chez eux, à Sorel, les
pharmaciens ne savaient pas que l'eau était fluorée depuis cinq
ans.
C'est donc dire que, dans différents endroits, cela s'est fait
sans que la population en ait connaissance. Cela s'est fait ainsi chez nous,
cela s'est fait ainsi ailleurs. Donc, le référendum devrait
s'appli-
quer partout. Que l'on consulte la population. A-t-on tellement peur de
consulter la population? Le gouvernement considère-t-il que le peuple du
Québec n'est pas assez intelligent pour se faire une idée sur
cette question? Le gouvernement considère-t-il que le peuple du
Québec ne mérite pas d'être consulté sur cette
question?
M. Boudreault: On a eu notre mandat le 29 octobre.
M. Samson: Non, M. le Président. On s'est contenté
d'aller chercher, par toutes sortes de moyens, de l'appui populaire en 1973,
mais en évitant d'amener cette question sur la place publique.
Je dis qu'au moins le gouvernement, à ce moment-ci, devrait
accepter de payer les frais de spécialistes que nous pourrions faire
comparaître devant cette commission parlementaire pour parler contre la
fluoration et nous dire quelles sont les raisons d'ordre scientifique.
Quant à moi, je n'ai pas à invoquer des raisons d'ordre
scientifique. Je vous l'ai dit au début: Ce qui nous préoccupe,
ce sont les libertés individuelles. Mais puisque le débat semble
vouloir s'orienter de façon scientifique, à des
témoignages scientifiques, il nous faudra opposer d'autres
témoignages scientifiques en ce qui concerne cette partie du
débat. On va s'occuper de l'autre partie du débat, mais en ce qui
concerne cette partie, on a le droit de le demander, et il n'est pas exclu dans
les possibilités d'une commission parlementaire de faire
comparaître des spécialistes et de défrayer le coût
de ces spécialistes, ce n'est pas exclu. Je vous réfère,
M. le Président, aux nombreux débats de l'Assemblée
nationale où, à différentes reprises, nous avons
adopté des motions de fond, des motions de députés qui ont
ordonné la tenue d'une commission parlementaire sur différents
sujets. Je cite notamment la commission parlementaire, par exemple, du travail,
de la main-d'oeuvre et de l'immigration concernant les fameux permis de
construction et l'autre commission parlementaire du travail, de la
main-d'oeuvre et de l'immigration concernant ce qui se passe à la
Commission des accidents du travail. A chacune de ces motions, et je vous
réfère aux débats de l'Assemblée nationale, il est
dit que la commission aura le pouvoir d'entendre et de convoquer toute personne
jugée utile.
Nous l'avons fait également à l'occasion d'une motion que
nous avions présentée en juin 1973, quand nous voulions la
convocation de la commission des richesses naturelles aux fins de faire
entendre les représentants de la Société de la baie James
toute personne jugée utile des entrepreneurs, des
représentants des travailleurs et, évidemment, en payant les
frais de ceux que la commission déciderait de faire entendre. Cette
motion avait été adoptée à l'unanimité parce
que nous avions retiré la date dans notre motion. Dans notre motion,
nous avions mis "sans délai", et comme nous avions accepté de
retirer le "sans délai", le gouvernement lui-même avait
accepté cette motion.
C'est donc dire qu'il n'est pas exclu, dans les règles de
pratique que nous avons, de faire venir, devant la commission, des gens qui
viendraient comparaître. D'autant plus, M. le Président, que,
même avec le nouveau règlement de l'Assemblée nationale, il
est dit, dans les tout premiers articles de ce règlement, que la
procédure de l'Assemblée nationale du Québec, article 3,
est réglée, premièrement, par des lois;
deuxièmement, par des règlements; troisièmement, par des
règlements adoptés pour la durée d'une seule session;
quatrièmement, par des ordres spéciaux adoptés par
l'Assemblée dont l'effet est limité aux matières pour
lesquelles ils sont votés et, cinquièmement c'est cela que
je voudrais souligner, M. le Président par des
précédents établis par suite de l'interprétation
des lois et du règlement.
Donc, les précédents établis nous
réfèrent à l'ancien règlement beaucoup plus
volumineux, qui contenait, je pense, 848 ou 850 articles et, par cet ancien
règlement qui découle, évidemment, des traditions du
parlementarisme britannique, il est déjà arrivé, dans le
passé, qu'un comité ait convoqué devant lui des personnes
de l'extérieur du pays et en a payé les frais. Je fais
référence au major Douglas en 1935 devant le comité
fédéral des banques où le gouvernement
fédéral avait accepté, à ce moment, de le faire
venir d'Ecosse et de payer les frais.
Je vous dis qu'il n'est pas exclu que c'est possible et que le ministre
ne doit pas se défiler devant cette exisgence de l'Opposition qui, je
pense, a raison de demander qu'on fasse comparaître devant nous les gens
qui pourraient nous apporter certaines lumières et, en tout cas, un son
de cloche peut-être différent. Cela ne veut pas dire
qu'après avoir entendu ces témoignages, la commission n'est pas
maître de ses travaux. Cela ne veut pas dire, après avoir entendu
ces témoignages, que les représentants des différents
partis politiques, alentour de la table, ne sont pas maîtres de leurs
décisions, mais cela veut dire que nous pourrions le faire en meilleure
connaissance de cause.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Taillon.
M. Leduc: M. le Président, je crois que la motion
le député de Chicoutimi a parlé de proposition mais, en
fait, c'est une motion qui est devant nous est recevable et
l'argumentation qu'a amenée tantôt le député de
Chicoutimi était excellente à entendre, mais, en fait, le fait
demeure que cette motion est recevable. Le député de Chicoutimi
n'avait pas besoin de convaincre les membres de la commission qu'elle est
recevable.
Cependant, la seule chose qui m'inquiète et la raison pour
laquelle, si nous en venons à un vote, je voterai contre, c'est
premièrement, qu'à ce stade-ci de nos travaux, nous nous
permettons de privilégier un groupe, les opposants, sans
nécessairement s'engager à faire venir d'autres gens.
Deuxièmement, lorsqu'on vient au stade de convoquer des
"experts", on commence au point A et on s'arrête où? C'est cela
qui m'inquiète. Je crois qu'à chaque fois que nous avons eu une
commission parlementaire où nous avons eu à assigner des
gens, de mémoire je peux me tromper il était
quasi implicite, dans la motion, quels seraient les gens que nous
convoquerions, tandis qu'ici on s'embarque un peu dans ce que je pourrais
appeler un labyrinthe. C'est là qu'est le danger.
Je crois que, déjà, des organismes ont
décidé de se faire accompagner par des experts. Ils sont les
bienvenus. Si d'autres gens manifestent j'ai bien l'impression que,
probablement, le ministre serait consentant d'ici quelque temps et
qu'ils veulent se faire entendre ou rencontrer les membres de la commission, de
leur propre chef, je pense bien qu'on serait bien mal placé pour refuser
de les entendre, mais de là à faire des invitations
spécifiques, on s'arrête où? C'est la question que je me
pose et je doute d'avoir une réponse qui me satisfera. En
conséquence, je voterai contre cette motion.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, pour
répondre au député, on n'aura pas à se poser la
question de savoiroù on s'arrête si on ne commence pas. Il faut
quand même poser un geste avant de se poser des questions. Si on invite
quelqu'un, quand est-ce qu'on va s'arrêter pour ne pas en inviter
d'autres? Il faut quand même commencer par en inviter un. Après
cela, on se posera la question à savoir jusqu'à quel point c'est
nécessaire d'arrêter. Je prends chaque problème au moment
opportun. Je crois que la proposition que nous faisons, nous la faisons en
étant convaincus que le gouvernement ne peut pas refuser cela, d'autant
plus je n'ai pas élaboré là-dessus, mais mon
collègue en a touché un mot tout à l'heure que le
principe de ce projet de loi est d'imposer obligatoirement la fluoration, ce
qui veut dire que le seul débat qu'il y aura sur cette question est
celui que nous avons à compter d'hier jusqu'à l'adoption de la
loi.
Si le principe de la loi consacrait ce que je pense qu'il serait
nécessaire du point de vue démocratique, la possibilité
pour des populations d'être consultées et d'accepter ou de
refuser, à ce moment-là, peut-être que l'urgence serait
moins grande de recourir dès maintenant à des experts qui ne
soutiennent pas seulement un côté de la médaille, mais qui
également viennent nous montrer l'autre côté de la
médaille. Mais comme il n'y aura qu'une période très
restreinte qui va s'écouler entre le moment présent et l'adoption
de la loi, et comme l'idée du gouvernement est de l'imposer, nous sommes
d'autant plus responsables, comme membres de cette commission, de devoir, au
nom de cette population à qui on veut imposer une mesure, prendre tous
les moyens pour nous renseigner afin de prendre la décision
adéquate et, par le fait même, renseigner également cette
population.
Il est clair, et je le redis, que ce que ce projet de loi n'a pas, c'est
qu'il n'a aucune couleur démocratique. C'est clair. On l'impose. C'est
ce que fait ce gouvernement. A plusieurs reprises depuis un certain temps
cela ne fait quand même pas longtemps que je siège ici en
cette Chambre, mais les exemples ne manquent pas pour le prouver il
semble donner pour habitude d'imposer, de consulter le moins possible, d'avoir
toujours peur de la population.
M. Leduc: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous permettez, je vais vous
donner...
M. Leduc: J'invoque le règlement. Le député
de Chicoutimi n'a pas droit, j'imagine que c'est de bonne foi, de dire que ce
gouvernement ne consulte pas. Il n'y a pas un gouvernement qui a eu autant de
commissions parlementaires pendant des mois et des mois. C'est exactement ce
que vous avez dit.
M. Bédard (Chicoutimi): Non.
M. Leduc: Non, c'est faux ce que vous avez dit, je vous dis que
c'est quelque chose qui est faux. On n'a jamais eu autant...
M. Bédard (Chicoutimi): Une question de
privilège.
M. Samson: Une question de privilège.
M. Leduc: II n'y a pas de question de privilège en
commission parlementaire.
M. Samson: Une question de privilège, M. le
Président.
M. Leduc: II n'y a pas de question de privilège.
M. Samson: J'invoque mon privilège en vous posant une
question de règlement, parce que le député n'a pas le
droit, M. le Président, vous le savez très bien d'ailleurs,
d'interrompre un opinant à moins que ce soit pour lui poser une question
à ce moment-ci ou à moins que l'opinant viole le règlement
lui-même. Ce que fait le député, il a le droit...
M. Leduc: L'opinant viole le règlement parce qu'il a fait
une affirmation qui est fausse.
M. Samson: M. le Président, ce que fait le
député, il a le droit de le faire en vertu de l'article 96,
rectifier des propos, lorsque le député aura fini son
intervention, mais non pas avant. Vous connaissez tellement bien le
règlement, M. le député de Taillon, que vous devriez
savoir cela.
M. Leduc: D'accord.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Si le député de
Taillon n'est pas d'accord, ce n'était pas une question de
règlement qu'il a soulevée et il aura l'occasion de
répondre.
Des Voix: Passons.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais je tiens à lui
rappeler, en le disant, je plaide simplement sur le fond de la motion que j'ai
présentée, M. le Président. Je
tiens à dire que ce n'est pas une fausseté dans mon esprit
quand je dis que ce gouvernement consulte de moins en moins la population,
qu'il a une attitude de gouvernement qui a peur de la population, que ses
projets de loi font en sorte que lorsqu'il y a le moindrement la
possibilité de consulter la population, il ne le fait pas. Les exemples
en sont nombreux, même si cela ne fait pas longtemps que je suis dans
cette Chambre.
Une Voix: Prouvez-le!
M. Bédard (Chicoutimi): Je vais vous en donner. Juste
avant les Fêtes, qu'est-ce que vous avez eu? Des fusions forcées.
On n'a pas consulté la population, dans toute la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean où on a forcé les fusions. Aucune
consultation. Vous en avez eu quand cela a été le temps d'imposer
le bill 22. C'est évident. Vous avez également
procédé de la même manière quand cela a
été le temps de publier des règlements pour les
handicapés sociaux. Lorsque le gouvernement s'est aperçu qu'on
venait contester devant la commission parlementaire, on a arrêté
les travaux de la commission. Ensuite, les handicapés se sont vus
collés avec des règlements qu'ils n'avaient pas le choix
d'accepter ou de ne pas accepter. Vous avez en quantité des exemples de
ce gouvernement qui, à mon humble opinon, bâtit le Québec
beaucoup plus à coups de hache qu'à coups de démocratie ou
de gestes démocratiques. Concernant ce projet de loi, l'attitude du
Parti québécois et de l'Opposition officielle en est une
d'opposition sur le principe. La meilleure preuve en est que, lorsque le projet
de loi 31 a été présenté qui prévoyait une
consultation de la population, l'Opposition, le Parti québécois,
qui n'était pas l'Opposition officielle à ce moment-là,
était pleinement d'accord sur le projet de loi. Devant ce même
projet de loi, quant au contenu qui est présenté, mais où
on ne prévoit pas de référendum ou de possibilité
pour la population d'en sortir, de ne pas accepter cette mesure, si elle ne le
veut pas, ceci explique notre opposition qui en est une au niveau du principe
démocratique de la démarche du gouvernement.
M. le Président, d'autant plus que le gouvernement, par la loi
88, veut faire l'imposition obligatoire, également parce qu'il y aura un
temps très court qui va s'écouler entre maintenant jusqu'à
l'adoption de la loi et q ue la population n'aura pas la possibilité de
s'exprimer, je crois qu'à ce moment-là nous ne serions, à
mon sens, pas sérieux. Nous serions également irresponsable si
nous nous privions du moyen que nous avons d'avoir au moins d'essayer
devant nous un expert qui me semble valable les avis sont
partagés, on l'a vu cet après-midi qui est l'expert auquel
se réfèrent presque tous les groupes qui sont contre la
fluoration.
Je ne vois pas comment, étant sérieux et responsables, on
pourrait se priver et priver la population d'entendre ce que cet homme de
science pourrait avoir à nous dire.
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre des
Affaires sociales.
M. Forget: M. le Président, après avoir entendu les
derniers exposés de nos collègues de l'Opposition, je ne puis que
déplorer le ton qu'ils apportent dans ces discussions et je
désire les assurer que ce n'est pas à coups de
déclarations démagogiques qu'ils vont me persuader du
bien-fondé de leur position.
S'ils croient que dans cette démarche que nous entreprenons par
profonde conviction il y va de l'intérêt de la population
québécoise, de sa santé nous allons nous
prêter à ce jeu et favoriser, par une action tout à fait
exceptionnelle, un spectacle auquel va se prêter un soi-disant
scientifique, alors que le groupe qui s'en réclame a jugé bon,
pour des raisons qui sont les siennes, de ne pas le faire venir, de ne pas le
faire témoigner en sa faveur, je pense qu'ils se trompent
grandement.
Je n'ai aucune intention de céder à ces chantages, parce
que c'en sont, qui veulent faire paraître notre attitude comme une
attitude d'autoritarisme injustifié, qui veulent accréditer, sous
le couvert d'une lutte pour les droits fondamentaux relativement à la
fluoration, des conceptions politiques auxquelles ils sont attachés pour
d'autres raisons. Ils veulent accréditer l'idée d'un attachement
viscéral du Parti québécois à un
référendum, pas pour l'intérêt qu'il a sur le sujet
dont nous discutons ici, mais pour un tout autre objet, pour un tout autre
motif. Alors, je ne me prêterai pas du tout à ces manoeuvres, et
je les condamne, parce que ce à quoi on assiste aujourd'hui, c'est un
petit groupe de nos collègues de l'Assemblée nationale qui sont
prêts à faire passer leurs intérêts partisans
au-dessus de la santé de tous les Québécois.
A mon avis, il s'agit là d'une manoeuvre tout à fait
déplorable qui n'est pas digne d'un membre de l'Assemblée
nationale.
M. Samson: Est-ce qu'on doit considérer...
M. Bédard (Chicoutimi): J'imagine que le ministre sait,
lorsqu'un député pose un geste qui n'est pas digne de
l'Assemblée nationale, qu'il doit avoir des recours pour le remaner
à la raison.
M. Samson: Est-ce qu'on doit considérer, M. le
Président... Est-ce que je peux poser une question au ministre?
Le Président (M. Pilote): Dans votre optique...
M. Samson: Je peux poser une question au ministre? Est-ce qu'on
doit considérer la dernière déclaration du ministre comme
étant une accusation de sa part, du fait que les membres de l'Opposition
sont indignes de siéger à l'Assemblée nationale?
M. Forget: J'ai parlé d'un comportement. M. Samson:
Alors, vous...
M. Bédard (Chicoutimi): Autrement dit,
démagogiquement.
M. Samson: Vous l'avez fait, comme le dit le député
de Chicoutimi, démagogiquement, mais vous n'oserez pas porter
d'accusation.
Est-ce que le ministre porte l'accusation que les membres de
l'Opposition sont indignes de siéger à l'Assemblée
nationale?
M. Forget: M. le Président, le piège est vraiment
trop gros. Je rappellerais le député de Rouyn-Noranda au calme,
à la sérénité qui lui convient normalement
très bien et dont il pourrait faire bénéficier nos
travaux. Je sais qu'il peut faire la distinction entre un comportement
responsable et un comportement irresponsable et qu'il en donne parfois des
échantillons. Alors je l'invite à faire la même chose dans
ce cas-ci.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement.
Il s'agit ici d'une question de privilège des membres de
l'Assemblée nationale. Le ministre a laissé planer un doute et je
réfère le ministre aux règlements de l'Assemblée
nationale. Il a parfaitement le droit, s'il croit en ces propos j'en
doute de nous accuser directement d'être indignes de siéger
à l'Assemblée nationale. Et en faisant référence au
livre de règlements, à ce moment-là, il devra mettre son
propre siège en jeu. Nous devrons alors convoquer la commission de
l'Assemblée nationale pour vider cette question. Si le ministre veut
jouer à ce jeu, j'espère avoir perçu suffisamment de
teinte dans ses propos pour en conclure que ses paroles ont peut-être un
peu dépassé sa pensée.
Mais je trouverais extrêmement regrettable que le ministre veuille
nous amener sur ce terrain. On n'a pas à se gêner, nous avons des
mandats et, quelle que soit la façon dont nous déciderons de
débattre les sujets à l'Assemblée nationale, ce n'est
sûrement pas le ministre des Affaires sociales qu'on va aller consulter
pour décider de notre stratégie.
Le Président (M. Pilote): Sur le droit de réplique,
l'honorable député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Je serai très bref, M. le
Président. Cela ne fait pas longtemps que je suis en politique, mais
j'ai déjà entendu pas mal d'exposé démagogiques.
Mais un comme celui que vient de faire le ministre des Affaires sociales, en si
peu de temps, c'est vraiment un chef-d'oeuvre. Parce que, franchement, c'est
mon humble opinion, il faut être malade ou démagogue pour voir un
piège dans la proposition que je viens de faire.
Le ministre a déploré le ton que j'avais employé
pour le faire. Remarquez que le ton s'est haussé au niveau de la
discussion, bien plus à la suite des interventions qu'autrement. Je
déplore les arguments qui nous ont été amenés par
le ministre des Affaires sociales, qui sont indignes de lui. Je nedirai pas
qu'il est indigne de siéger à l'Assemblée nationale, mais
je crois que les arguments qu'il nous a apportés sont indignes de lui,
pour ce que je le connais.
Des arguments comme le suivant: Si vous voulez avoir des experts, les
groupes, cotisez-vous. Un petit $0.10 par chacun de vos membres et emmenez-le,
l'expert, alors qu'on parle d'un sujet que je crois important. Et, s'il yen a
un dans ce débat qui ne fait aucune démagogie, à mon sens,
je ne me pose pas en exemple, mais je vous dis mon état d'esprit... Je
pense bien que, en aucune façon au cours de ce débat, je n'ai
fait preuve de démagogie ou encore de manque de sérieux ou je
n'ai posé des gestes ou dit des paroles qui peuvent laisser croire,
comme l'a affirmé le ministre tout à l'heure, que le Parti
québécois n'est pas intéressé par le fond
même de la question que nous discutons.
Il a affirmé que c'était simplement par démagogie
que nous faisons cette proposition qui, à mon sens, est tout à
fait normale dans le cadre de la discussion que nous avons. Peut-être que
le ministre aurait pu employer cet argument si nous avions fait cette demande
dès le début des travaux de la commission, si cela avait paru
comme une sorte de tactique de notre part de vouloir accumuler les invitations.
C'est arrivé tout simplement, on le sait, suite à certains
mémoires qu'on a eu à écouter, parce que les tenants qui
sont contre la fluoration je m'en aperçois, on est tous à
même de s'en apercevoir se réfèrent surtout à
cet expert qu'est le Dr Schatz. D'autre part, nous avons entendu le Dr
Kleinberg, un invité de l'université, qui a exprimé son
opinion sur ce docteur en question et c'est ce qui fait qu'à un moment
donné, quelqu'un qui est sérieux se dit: J'ai affaires à
des experts. Et même, les experts, entre eux, ont leur opinion sur leur
propre compétence mutuelle et respective. Eh bien, je pense que c'est un
comportement sérieux que de dire: II est normal que cet expert, qui
semble plus valable, soit entendu par la commission ou soit, tout au moins,
invité à la commission.
C'est le sens de ma motion: Simplement de l'inviter. Je ne peux
même pas concevoir que vous soyez contre le fait de l'inviter. S'il ne
vient pas, on s'arrangera autrement. Mais que vous soyez même contre le
fait de faire la démarche de l'inviter, je trouve que, justement, vous
jouez un jeu qui n'est pas sérieux. Quand l'Opposition officielle fait
cette demande, elle le fait sérieusement, elle ne joue pas un jeu.
Il n'est pas question d'un commencement de stratégie, d'inviter
qui que ce soit, n'importe qui à cette commission, mais pour ce qui est
du Dr Schatz, l'Opposition officielle y tient.
Motion pour entendre le Dr Schatz
Le Président (M. Pilote): Est-ce que les membres sont
prêts à se prononcer sur cette motion? Nous allons passer au vote.
La motion se lit comme suit: Que cette commission décide d'inviter
officiellement le Dr Schatz à venir témoigner devant elle,
concernant la fluoration des eaux de consommation. C'est bien cela?
Le Président (M. Pilote): M. Chagnon (Lévis)?
M. Chagnon: Contre.
Le Président (M. Pilote): M. Bellemare (Rosemont)? M.
Bellemare (Johnson)? M. Bédard (Chicoutimi)?
M. Bédard (Chicoutimi): Pour.
Le Président (M. Pilote): M. Bonnier (Taschereau)? M.
Boudreault (Bourget)?
M. Boudreault: Contre.
Le Président (M. Pilote): M. Charron (Saint-Jacques)? M.
Dufour (Vanier)? M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Contre.
Le Président (M. Pilote): M. Leduc (Taillon)?
M. Leduc: Contre.
Le Président (M. Pilote): M. Saint-Germain? M. Marchand
(Laurier)? M. Samson (Rouyn-Noranda)?
M. Samson: Pour.
Le Président (M. Pilote): M. Verreault (Shefford)?
M. Verreault: Contre.
Le Président (M. Pilote): Est-ce que vous permettez
à M. Dufour, qui était retenu... Alors, M. Dufour (Vanier)?
M. Dufour: Je suis contre.
Le Président (M. Pilote): La motion est rejetée. M.
Bonnier est contre. La motion est rejetée par sept contre deux.
Est-ce que les membres veulent continuer de poser des questions?
M. Bédard (Chicoutimi): On va lire le dossier technique,
seulement sur un côté.
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Rouyn-Noranda.
M. Samson: J'aimerais poser une question au Dr Bohémier.
Est-ce que votre mouvement aurait les moyens d'inviter le Dr Schatz et de
défrayer le coût de ses déplacements?
M. Bohémier: Notre mouvement est un mouvement
essentiellement bénévole. Les organisations qui en font partie ne
feraient absolument rien, n'ont rien à payer comme cotisation. C'est un
mouvement qui s'est organisé essentiellement sur le plan
idéologique. Je pense qu'en affirmant cela, cela répond à
votre question.
M. Samson: Est-ce que vous auriez évalué le
coût de ce genre d'invitation?
M. Bohémier: Non, nous n'y avons pas pensé. Le
professeur Schatz demeure à Philadelphie. Je ne sais pas si cela peut
vous indiquer quelques orientations.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'il enseigne toujours
à l'endroit que vous mentionnez dans votre mémoire?
M. Bohémier: II est professeur àTemple
University.
M. Samson: Est-ce que vous avez eu des communications avec le Dr
Schatz? Est-ce que vous sauriez nous dire si ce dernier accepterait
l'invitation qui pourrait lui être faite?
M. Bohémier: II est venu à Montréal
l'été dernier. J'ai eu l'occasion de le rencontrer. Nous n'avons
pas discuté, évidemment, de la possibilité pour lui de
venir devant une commission, puisque celle-ci n'existait pas, sur cette
question précise. Personnellement, je pense qu'il accepterait avec
plaisir l'invitation. Je connais ses vues et l'intérêt qu'il porte
à la question de la fluoration. J'ai souligné qu'il avait
publié de nombreux travaux et sur la question des dents en
général et de la fluoration en particulier. Je pense qu'il serait
particulièrement intéressé à présenter son
point de vue.
M. Samson: Est-ce que vous auriez, en tant que front commun
antifluoration, d'autres personnes, d'autres experts qu'il vous semblerait
utile d'entendre devant cette commission?
M. Bohémier: Personnellement, je pense que le professeur
Schatz serait la personne la plus qualifiée pour présenter
et je I ai dit tantôt le point de vue des
"antifluorationnistes".
M. Samson: Selon vous, il ne serait pas absolument
nécessaire de faire appel à d'autres personnes pour venir nous
donner un témoignage d'experts, dans le même sens que votre
mémoire?
M. Bohémier: Non, je pense qu'il connaît
parfaitement bien la question et qu'il pourrait la vider quant au point de vue
des "antifluorationnistes".
M. Bédard (Chicoutimi): S'il était entendu, vous
auriez la conviction que ce que vous défendez a eu l'occasion
d'être défendu par quelqu'un qui est capable de le faire.
M. Bohémier: Oui, je suis d'accord avec vous qu'un front
commun serait parfaitement... Je trouverais parfaitement justifiable,
acceptable et exhaustive, si vous voulez, quant à lui, l'intervention du
professeur Schatz.
Le Président (M. Pilote): D'autres questions? On vous
remercie, messieurs, ainsi que...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est-à-dire que j'avais
posé une question lors de...
M. Bohémier: Vous m'aviez posé une question au tout
début, avant que nous levions l'assemblée. Est-ce que vous
pourriez la résumer?
M. Bédard (Chicoutimi): C'est parce que, lorsqu'on a
entendu l'Ordre des dentistes du Québec, hier, plusieurs se sont
exprimés dans le sens que cela faisait bien longtemps qu'ils
travaillaient à sensibiliser la population sur les effets
bénéfiques de la fluoration. Mais ils devaient constater que les
efforts qu'ils avaient faits pour informer la population se soldaient par une
sensibilisation très peu avancée de cette population. A un point
tel qu'ils abondaient dans le sens d'une attitude pessimiste qui va
jusqu'à dire: Si on ne l'impose pas obligatoirement, ça ne se
fera pas. Il y aura des débats sur la place publique et, encore une
fois, ça ne pourra pas s'appliquer. Vous avez dit au début de
votre exposé que vous aviez l'intention, comme front commun, de
continuer votre sensibilisation de la population sur cette question, avec les
idées que vous avez, et que vous l'aviez fait aussi dans le
passé, depuis un certain temps. Je voulais savoir quels sont les
résultats que vous pouvez percevoir, s'ils sont perceptibles et si vous
êtes aussi pessimistes que les dentistes sur la capacité d'une
population de comprendre là où se trouve son mieux-être si
on lui donne de l'information valable qui lui fait voir les deux
côtés de la médaille.
M. Bohémier: Je pense avoir établi à
plusieurs reprises au cours des réponses que j'ai pu donner aux membres
de la commission que, fondamentalement, nous étions essentiellement
orientés vers les libertés démocratiques. Personnellement,
je suis absolument convaincu que tout individu intelligent peut comprendre, si
on lui expose convenablement une situation, le bien-fondé de cette
situation. Nous n'avons pas trouvé, nous, particulièrement
difficile d'expliquer aux gens ce que nous croyons être les
méfaits de la fluoration.
M. Bohémier: Bien sûr, notre attitude serait de
respecter la décision populaire. Ceux parmi nos membres, les gens qui
sont groupés autour du Front commun contre la fluoration, ceux qui ne
voudraient pas vraiment consommer de l'eau fluorée devraient trouver
d'autres moyens pour ne pas en consommer. Ce que je ferais personnellement.
Maintenant, nous serions pénalisés; nous payons des taxes, comme
l'a souligné tantôt le maire de Tracy, pour que nos aqueducs nous
fournissent de l'eau qui soit pure. Ces gens, je pense, seraient
pénalisés.
M. Boudreault: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Le député de
Taschereau a demandé la parole.
M. Bonnier: Je ne voudrais pas couper la parole au
député de Bourget. J'ai une seule question à poser. Lors
des différentes études ou des présentations que nous
avons, il y a beaucoup d'insistance sur la q uestion de la carie mais
très peu sur les effets secondaires au niveau de l'environnement; or,
dans votre mémoire, vous soulevez cette question. Est-ce qu'à
votre avis, à part l'opinion qui a été émise par
les trois spécialistes de Laval à savoir qu'il ne fallait pas
prendre à la légère les effets que cela pourrait avoir sur
la faune aquatique, il y a eu des études ou est-ce que vous en avez
faites? Parce que vous mentionnez qu'un de vos membres disait qu'il
prépare une étude sur la survie...
M. Bohémier: Survie de l'humanité.
M. Bonnier: C'est un sujet fort important. Est-ce que dans votre
étude vous avez un chapitre là-dessus? Est-ce que vous avez fait
quelques études là-dessus ou est-ce que vous connaissez des
études dans ce domaine des relations entre fluor et faune aquatique?
M. Bastien: J'ai déjà commencé cela il y a
plusieurs années et cela va entrer dans mon livre, la Survie de
l'humanité. C'est consacré au fluor exclusivement, c'est une
recherche sérieuse de plusieurs années. Ce n'est pas...
M. Bonnier: Vous-même avez fait des recherches?
M. Bastien: Oui, c'est ma recherche; même s'il y a des
citations d'auteurs classiques, le travail est personnel et le tout est un
contexte, c'est le mien.
M. Bohémier: M. le député, si je peux
maintenant vous répondre au nom du Front commun contre la fluoration,
j'aimerais souligner, quant à votre question, que le professeur Albert
Schatz a fait de nombreux travaux quant à l'écologie face au
problème de la fluoration. Il a fait des travaux, non pas uniquement sur
la question de la carie dentaire ou l'hygiène dentaire, mais aussi sur
des aspects très précis de la pollution par le fluor dans
l'environnement.
M. Boudreault: M. le Président, je voud rais vous faire
part qu'on a apporté à mon attention tout à l'heure qu'il
y avait d'autres personnes dans cette salle qui devaient nous présenter
des mémoires. Je crois qu'on va se réveiller dans le même
cas que M. Kleinberg, on va être pris à les entendre à la
dernière minute parce qu'ils ont des heures d'échéance
pour s'en retourner. Je ne sais pas s'il n'y aurait pas moyen de demander
à ces messieurs de passer ces gens? Est-ce que vous avez objection?
Le Président (M. Pilote): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
Une Voix: J'ai fini, moi.
M. Boudreault: Si c'est terminé...
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Pilote): On vous remercie, messieurs, de
votre mémoire.
M. Bohémier: C'est nous qui vous remercions.
Le Président (M. Pilote): La commission va le prendre en
considération. J'inviterais le Dr Paul Simard, directeur de l'Ecole de
médecine dentaire de l'université Laval, à venir continuer
la présentation de son mémoire.
M. Simard: Le groupe des médecins me demande s'il pourrait
passer avant nous. Je ne sais pas si les membres de la commission seraient
d'accord. Nous serions prêts à accéder à cette
demande puisqu'il y a déjà longtemps qu'ils attendent. Ils
demeurent à l'extérieur. Je suis prêt à laisser la
place et à revenir un peu plus tard si les membres de la commission sont
d'accord.
Le Président (M. Pilote): Pas d'objection? J'inviterais le
Dr Augustin Roy, président de la Corporation professionnelle des
médecins du Québec, à venir présenter son
mémoire.
M. Boudreault: M. le Président, est-ce qu'on a des gens de
l'extérieur du Québec dans cette salle?
Le Président (M. Pilote): Je l'ignore. J'inviterais le Dr
Roy à identifier les personnes qui l'accompagnent.
Corporation professionnelle des médecins du
Québec
M. Roy (Augustin): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission parlementaire. Je suis le Dr Augustin Roy,
président de la Corporation professionnelle des médecins du
Québec. Je suis accompagné par le Dr Reynald Mo-rency,
spécialiste en anatomie-pathologie à l'Hôpital de
l'Enfant-Jésus et professeur à l'université Laval; le Dr
Yves Warren, spécialiste en néphrologie, chef de service en
néphrologie à l'Hôtel-Dieu de Québec et professeur
à la faculté de médecine de Laval; le Dr Marc Bouchard,
spécialiste en biochimie, médecin, chef du département des
laboratoires de l'Enfant-Jésus; du Dr Paul-Emile Roy,
anatomo-pathologiste, professeur à l'université Laval; du Dr
Laurent Dufour, pédodontiste en charge de la dentisterie
pédiatrique à l'Ecole de médecine dentaire de
l'université Laval et au CHUL, et du Dr Luc Tra-han, professeur de
biochimie orale à l'Ecole de médecine dentaire de
l'université Laval.
Messieurs, avant de parler du bill 88, je serais tenté de
philosopher un peu sur la nature de notre système parlementaire, parce
que j'ai trouvé la journée non seulement moi mais
plusieurs de mes confrères extrêmement frustrante et
désapoin-tante, mais je vais m'en tenir au bill 88.
Consciente de ses responsabilités vis-à-vis de la
population du Québec en matière de santé, la Corporation
professionnelle des médecins du Québec se présente devant
vous pour appuyer, sans réserve, le projet de loi no 88 en ce qui
concerne plus spécifiquement la section traitant de la fluoration des
eaux de consommation. Les doyens des quatre facultés de médecine
du Québec appuient également notre prise de position qui est
semblable à celle de toutes les organisations dentaires et
médicales importantes de l'Amérique du Nord.
Ce n'est pas pour protéger leurs intérêts personnels
que les dentistes que je tiens à féliciter personnellement
de toute la prime qu'ils se sont donnée pour préparer un dossier
sur la fluoration des eaux de consommation et les médecins
s'entendent pour recommander au gouvernement du Québec l'instauration,
la plus rapide possible, d'une telle mesure; c'est uniquement parce que la
démonstration scientifique de l'efficacité de la fluoration des
eaux de consommation nous satisfait et que la santé publique nous tient
à coeur. Nous sommes heureux que le ministre des Affaires sociales ait
le courage de rendre obligatoire la fluoration de l'eau potable, sachant fort
bien que cette mesure essentielle de santé publique a ses
détracteurs dans le monde entier.
Nous avons eu, aujourd'hui, le Front commun contre la fluoration qui en
a parlé toute la journée. Je ne dirai pas que ces gens sont
ignorants, irresponsables ou criminels, parce que je suis persuadé
qu'ils sont sincères avec eux-mêmes, mais j'espère qu'ils
rectifieront leur tir devant le flot d'arguments scientifiques apportés
devant cette commission, qu'ils cesseront cette bataille d'arrière-garde
et qu'ils se rallieront à notre opinion.
Ces détracteurs dans le monde entier sont ceux-là qui ont
combattu également les moyens de prévention aussi reconnus que la
vaccination et l'immunisation. Où en serions-nous sans ces mesures
importantes? Il y a longtemps qu'on ne parle plus de variole au Québec;
pourtant, des épidémies ont fait des milliers de morts au cours
du siècle dernier. Une épidémie, à Montréal,
en 1885, a fait 5,000 morts. On n'en parle plus, c'est disparu, à cause
de la vaccination.
Qu'on se rappelle la poliomyélite, communément
appelé paralysie infantile. Plusieurs de nos concitoyens en portent
encore les marques et les séquelles. Pourtant, elle est aujourd'hui
pratiquement disparue depuis l'utilisation de vaccins très efficaces.
Que nous arriverait-il si nous cessions la pasteurisation du lait? L'incidence
de la tuberculose et de là fièvre typhoïde, pour ne nommer
que deux maladies, remonterait en flèche. Pourtant, cette mesure a
été violemment combattue lors de son instauration.
Ce n'est pas notre intention de démontrer en détail la
valeur scientifique de la fluoration des eaux de consommation. D'autres
organismes l'ont fait abondamment avant nous et d'autres le feront
également.
Un nombre impressionnant d'articles et de volumes ont été
publiés sur ce sujet. Nous notons en particulier la monographie de
l'Organisation mon-
diale de la santé parue en 1972 ; j'engagerais tous les membres
de cette commission à lire ce document avec beaucoup d'attention. 93
spécialistes de divers pays ont participé à la
préparation de cette étude impressionnante. Il est abondamment
prouvé que l'ingestion régulière d'une eau contenant 1.2
partie par million de fluor réduirait la carie dentaire dans une
proportion de 60% à 65% des cas, sans causer d'effets secondaires. Quand
on compare le coût minime d'une telle mesure préventive (environ
douze à quinze cents par personne par année, en tenant compte de
l'inflation) au coût moyen annuel des frais dentaires de chaque individu
(trente dollars et plus et même quarante dollars), on doit conclure
qu'une province comme le Québec n'a pas les moyens de ne pas se payer la
f luoration de ses eaux de consommation, surtout lorsqu'on tient compte du
mauvais état de la dentition d'une bonne partie de la population du
Québec, condition mauvaise qui a été
démontrée hier, et surtout dans les milieux
défavorisés pour qui nous nous battons ici aujourd'hui.
Il est important, par ailleurs, qu'un bon contrôle, une bonne
vérification du fonctionnement de l'équipement servant à
la fluoration puisse être assurée et, également, que la
compétence de ceux qui font fonctionner ces instruments soit
vérifiée.
Nous voulons terminer sur ce sujet en répondant rapidement
à ceux qui s'opposent à cette mesure en prétendant qu'il
s'agit d'une atteinte à leur liberté. C'est vrai, mais ne faut-il
pas payer un certain prix pour vivre en société?
Connaissent-ils, eux, un meilleur moyen de diminuer grandement la carie
dentaire chez notre population ? Les experts sont unanimes à affirmer
que la meilleure méthode de fluoration est celle qui consiste à
ajouter une certaine quantité de fluorures à l'eau potable.
Encore là, cela a été abondamment prouvé, au cours
de la journée d'hier, cela le sera sûrement encore dans les jours
à venir.
M. le ministre, la Corporation professionnelle des médecins du
Québec vous incite à voir à ce que soit mise en
application la fluoration obligatoire des eaux de consommation. L'immense
majorité des gens du Québec vous en sera reconnaissante. Pensons
aux 100 millions d'Américains, aux 7,500,000 Canadiens et millions
d'autres personnes dans le monde entier qui boivent de l'eau fluorée qui
n'est absolument pas dommageable dans des conditions normales. Ainsi, le Centre
d'intoxication de l'hôpital Sainte-Justine pour les enfants, à
Montréal, n 'a relevé aucun cas d'intoxication au fluor,
secondaire à l'ingestion d'eau fluorée dans les
municipalités où la fluoration est existante. De même, le
département de pathologie de l'Université de Montréal, par
l'entremise de son chef, m'a fait parvenir un rapport après une
étude, démontrant que jamais aucun cas de mortalité par
l'utilisation exagérée de fluorure n'a été
décelé dans la région de Montréal, de même
qu'à l'Institut de médecine légale.
Peut-être le ministre pourrait-il, en même temps, voir s'il
est possible d'étendre la couverture des soins dentaires jusqu'à
l'âge de douze ans, couverture qui est actuellement donnée
jusqu'à l'âge de huit ans. Ce serait là, évidemment,
une autre mesure qui aiderait notre population de jeunes à maintenir une
bonne santé dentaire.
Finalement, sur un autre sujet de ce projet de loi, nous désirons
attirer l'attention du ministre des Affaires sociales sur le Daragraphe "L" de
l'article 1 qui définit un studio d'esthétique. Ce projet de loi
no 88 est un projet de loi qui amende la loi 30 sur la santé publique.
Le ministre n'a sûrement pas voulu inclure dans cette définition
un cabinet de médecin. Par exemple, le "peeling" et la greffe des
cheveux, dont il est fait mention dans cet article, sont des actes chirurgicaux
qui ne peuvent être faits que par un médecin. Quant à
I'électrolyse, il s'agit également d'un acte médical qui
pourrait être confié à une personne qualifiée sous
la responsabilité et la surveillance d'un médecin. Nous croyons
donc que lorsqu'il définit "studio d'esthétique", le ministre a
à l'esprit un endroit où sont fournis des soins de beauté
et où l'on vend diverses crèmes de valeur variable. Nous
demandons donc au ministre de bien vouloir réviser cette
définition pour qu'elle n'entre pas en conflit avec les dispositions
d'autres lois et que, en même temps, elle assure la protection du public
dans le domaine de l'esthétique, domaine important où il est
presque impossible pour un profane et même un expert de faire la
distinction entre une personne compétente et une autre qui ne l'est pas.
Il est grandement temps que le législateur fasse des règlements
sur les studios d'esthétique. Cette initiative du ministre mettra de
l'ordre dans un domaine où règne le désordre. Nous le
félicitons de cette initiative et espérons que le gouvernement
actuel du Québec instaurera la fluoration obligatoire des eaux de
consommation dans le plus bref délai possible. Merci.
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre des
Affaires sociales.
M. Forget: Je vous remercie, Dr Roy, pour cette
présentation qui nous réconforte, sans aucun doute, dans notre
projet d'instaurer la fluoration. J'aimerais, puisque vous êtes
accompagné de spécialistes en néphrologie et en
pathologie, que vous commentiez peut-être avec l'aide des personnes qui
vous accompagnent, d'une part, les allégations qui sont contenues dans
le dossier technique du ministère des Affaires sociales relativement aux
effets, par exemple, sur les personnes qui sont affligées d'une
affection rénale ou qui subissent un traitement de dialyse
rénale, des affirmations assez catégoriques sont faites dans ce
dossier, selon lesquelles ces procédures et ces pathologies ne sont pas
affectées de façon adverse par la présence de fluorure
dans l'eau de consommation; et, d'autre part, que vous commentiez aussi, si
cela vous est possible, des déclarations qui ont été
souvent citées, peut-être hors contexte, et qui sont
attribuées à des pathologistes, relativement à la
fluoration, encore une fois, de façon générale,
relativement à la détérioration possible du milieu
ambiant.
M. Roy (Augustin): Mais c'est que le Dr Warren a
commencé!
M. Morency (Reynald): Oui. Tout d'abord, pour
ce qui est des pathologistes, disons que le point de vue qui est
généralement accepté actuellement, c'est qu'à la
concentration de 1.2 partie par million, véritablement, il n'y a pas
d'effet toxique véritable décelable chez les patients. En fait,
plusieurs patients ont subi des autopsies. De toute façon, on n'a pas
trouvé d'effet toxique à cette concentration et la
majorité des auteurs dans la littérature s'entendent
là-dessus.
Cependant, ce sur quoi nous voulons insister, c'est quand même que
cette concentration doit être bien contrôlée de telle
façon qu'on ait véritablement que 1.2 partie par million dans
l'eau potable. C'est le point de vue, actuellement, des pathologistes.
Là-dessus, je peux peut-être donner la parole au Dr Paul-Emile
Roy, qui est à ma droite, c'est-à-dire à la droite du Dr
Roy, et auquel vous faites peut-être allusion en parlant des rapports de
certains pathologistes.
Le Président (M. Pilote): Le Dr Roy.
M. Roy (Paul-Emile): Les commentaires que nous avons faits dant
les journaux étaient surtout éclairés par un souci de
contribuer, comme scientifiques, à un raisonnement qui pourrait, selon
nous, être peut-être positif. C'est pourquoi nous avons
pensé soulever certaines choses qui nous paraissaient de base, pour
éclairer la population. Bien sûr que le fait de ma présence
ici, aujourd'hui, montre que ce n'est pas équivoque et q ue je suis
favorable à l'application de la fluoration.
C'est pour une raison qui sort, d'une façon assez patente, de la
littérature à ce sujet, et cela peut se résumer en
très court, c'est le fait que la fluoration semble retarder les caries
dentaires dans 60% des cas, d'une part, et, d'autre part, qu'il y a au moins
100 millions de personnes en Amérique du Nord dont l'eau est
fluorée. Les rapports relatant des maladies sont très peu
nombreux. Alors, on est en face ici d'une disproportion sûrement assez
importante en faveur de la fluoration, si on considère que là on
semble corriger un défaut très grand sans créer de
défaut de quelque gravité que ce soit.
Ceci pour ce résumé-là, qui, de toute
évidence, nous paraît trop simple; de toute évidence, la
situation n'est peut-être pas aussi simple que cela. La première
observation a trait au fait qu'il ne semble pas y avoir de maladies qui sont
relatés dans les différents centres d'Amérique. Bien
sûr, il n'y a pas eu de fléau important, d'épidémie
de cancer ou de crise tragique de mortalité, aucune maladie de cet
ordre. S'il y a une pathologie là des maladies autrement dit, je pense
que personne n'est capable de dire qu'il n'y en a pas. Mais, s'il y en a, il
faudrait que ce soit dans le genre d'une action plus subtile sur, par exemple,
le processus de vieillissement ou de la sénilité un peu plus
précoce ou l'aggravation peut-être de certains processus
pathologiques qui sont normalement attribués à d'autres
causes.
Dans ce secteur, on ne sera jamais capable d'avoir le fond de la
vérité là-dessus parce que je pense que les scientifiques,
quels qu'ils soient, prix Nobel ou pas prix Nobel, ne sont pas capables de
mettre la main dans le feu pour dire qu'il n'y a abso- lument pas de danger
pour la santé, en aucune façon, avec les taux de fluor
préconisés.
La deuxième question a trait à l'efficacité de
contrôler la carie, qu'on dit être de 60%. Il y a des rapports
là-dessus. Je pense qu'on est obligé d'en tenir compte. Mais je
pense que ce serait naïf de croire que c'est cela qui va se produire ici.
La réponse, c'est qu'on ne le sait pas probablement je ne sais
pas si le ministre a une réponse précise là-dessus
à donner dans le moment mais, si on peut risquer une
prédiction, le résultat va tomber autour de 30% ou 40% ou quelque
chose de ce genre, si on veut être réaliste.
Je pense que 60% à 65% sont des chiffres optimistes. J'en
viendrais tout de suite à la recommandation qui découlerait de
cela: Si le ministère s'occupe de bien voir et de bien contrôler
s'il y a vraiment 25% et plus de protection contre la carie dentaire dans la
province, dans les cinq prochaines années, grâce à cela, je
pense que le programme aura été justifié. Si on arrive
à des améliorations qui sont n'importe où en bas de 25%,
dans les cinq prochaines années, je pense que cela n'en vaudrait pas le
coût. Je pense qu'il faudrait, à ce moment-là,
arrêter le programme immédiatement parce que là les
équivalences entre les avantages et les risques ne seraient plus en
faveur de la fluoration mais probablement en faveur de l'autre
côté à cause de beaucoup de grands inconnus qui semblent
planer autour de ce sujet.
Alors, je crois bien que le ministère devrait absolument, au
départ, établir des contrôles sur l'efficacité du
programme sur la carie dentaire et arriver avec des résultats au bout de
cinq ans, de façon à pouvoir juger par la suite. Je pense aussi
que le ministère devrait probablement profiter de l'occasion pour
commencer des recherches dans le milieu scientifique québécois
touchant la fluoration. Je pense que ce serait un moment tout à fait
bien choisi. On a une faculté d'art dentaire qui ouvre ses portes
à Laval. Je pense que les gens de l'art dentaire de l'université
Laval, en association avec d'autres centres, pourraient peut-être
accomplir des travaux qui seraient complémentaires à une
étude épidémiologique, comme je viens de le
mentionner.
Comme conclusion à tout cela, je vais réitérer la
recommandation du Dr Roy, à ma gauche, qui parle au nom du
Collège des médecins, voulant que la dose, la teneur dans l'eau
soient extrêmement bien contrôlées et
vérifiées avec la plus grande sévérité.
M. Forget: Je vous remercie, Dr Roy. J'aimerais peut-être
vous poser quelques questions en rapport avec ce que vous venez de dire, de
manière à bien préciser le sens de vos remarques. Je crois
que nous les avons écoutées avec beaucoup
d'intérêt.
Tout d'abord, j'aimerais peut-être préciser, pour que ce
soit bien clair, que vous êtes un des auteurs qui ont été
abondamment cités par le groupe qui vous a précédé,
je crois, et qui a publié, il y a quelque un mois ou deux mois, ou
quelques semaines disons, un article dans le Devoir. C'est bien celai
Je comprends que vous avez exprimé, relativement aux effets du
fluor, une réserve qui est basée
sur un fait, évidemment, qui est vrai universellement, à
l'effet qu'il n'est pas possible, je crois, scientifiquement ou autrement, de
prouver un négatif, c'est-à-dire de faire la preuve qu'une chose
n'existe pas. Par exemple, il y a un vieux proverbe qui dit qu'on n'a jamais
prouvé que Jupiter n'existait pas. Alors, on a cessé d'y croire
tout simplement. Et, de la même façon, par une
démonstration scientifique, c'est assez difficile de démontrer
qu'une chose n'existe pas, qu'une conséquence n'existe pas parce que,
pour faire une démonstration, il faut, au contraire, démontrer,
par une chaîne de causalités, qu'une certaine cause produit un
certain effet.
Or, si on ne peut pas avoir d'effet parce que, notre hypothèse,
c'est qu'il n'y en a pas. Alors, cela ne se prouve pas parce qu'il n'y a rien
qu'on puisse vérifier. Dans cette mesure, ne croyez-vous pas que c'est
peut-être très exigeant, dans le fond, de supposer une preuve
négative? Si je vous ai bien compris, parce que je pense bien qu'on est
d'accord là-dessus, vous avez formulé un certain nombre
d'hypothèses qui ont fait l'objet d'une extrapolation par ceux qui ont
pris vos propos littéralement mais ce n'était, en tout
état de cause, que des hypothèses que vous avez formulées,
des hypothèses qui, à cause de leur nature négative, ne
peuvent pas être vérifiées.
M. Roy (Paul-Emile): M. le ministre interprète bien mes
paroles par ce qu'il vient de dire; je les répéterais à
peine autrement.
M. Forget: D'accord. Alors, pour ce qui est de
l'efficacité, ce qui est l'autre aspect de vos remarques, vous dites: II
ne serait peut-être pas réaliste d'anticiper une efficacité
des deux tiers au Québec. Je pense qu'il est vrai qu'il ne faut pas
s'attendre à une efficacité des deux tiers immédiatement.
Tout le monde admet que l'effet principal de la fluoration, en plus de son
effet topique, qui, évidemment, est valable dès le départ
et pour tout le monde, c'est un effet dans la formation de l'émail
dentaire et c'est particulièrement important à la période
de formation des dents. Donc, il va falloir attendre un certain nombre
d'années pour que des enfants soient nés dans ces conditions pour
pouvoir vérifier l'effet sur la prévention de la carie
dentaire.
Il reste qu'au Québec même il y a des villes qui ont l'eau
fluorée depuis longtemps. Il y en a une en particulier qui afait l'objet
d'une étude comparative, la ville de Berthier, je crois, où on a
montré un effet très comparable à l'effet observé
aux Etats-Unis quant à la réduction de la carie dentaire chez les
enfants de cette ville. Donc, est-ce que votre réserve est basée
sur une prudence disons de scientifique ou si elle est basée sur
l'observation d'autres villes au Québec où ces taux ne se
seraient pas vérifiés après une application d'une longueur
comparable?
M. Roy (Paul-Emile): Disons que c'est une prudence qui est
basée sur les deux, sûrement sur une prudence de scientifique. 60%
de résultat, cela me paraît tellement trop beau que dans les
meilleures expériences, où les résultats sont flagrants,
on n'obtient souvent pas des résultats aussi clairs que
ceux-là.
Maintenant, pour ce qui est des travaux qui ont été faits
ici, dans la province de Québec, sans vouloir trop discuter
là-dessus, j'aimerais bien qu'on commence les études d'une
façon un peu plus provinciale.
M. Forget: Cela ne sera possible qu'avec la fluoration de tout le
monde.
M. Roy (Paul-Emile): C'est cela.
M. Forget: Je vous remercie, Dr Roy. Sur l'autre aspect
enfin, là je parle à l'autre Dr Roy, au président de
l'ordre croyez-vous qu'il soit opportun de faire un commentaire puisque
vous avez avec vous, un néphrologue? Il serait peut-être important
que nous ayons le bénéfice de cela.
M. Roy (Augustin): D'accord. Est-ce que le Dr Warren...?
M. Warren (Yves): Au point de vue de la néphrologie,
c'est-à-dire au point de vue de maladie du rein, il semble assez
évident que la fluoration, aux taux qui sont utilisés dans l'eau
potable, n'augmente pas l'incidence de maladies rénales, d'une part.
Par contre, il y a beaucoup de controverse qui ont eu lieu quant
à l'effet des fluorures chez des patients souffrant d'insuffisance
rénale, c'est-à-dire ayant le principal organe démonctoire
atteint. Je pense que le mieux qu'on puisse dire est que les études
à ce niveau ne sont pas concluantes. Il semble, en effet, que les taux
varient peu, peuvent parfois augmenter, sont parfois diminués dans le
sang. Une chose est claire: II semble y avoir augmentation légère
et, dans certains cas, assez marquée, de fluor dans les eaux.
Quelles sont les conséquences à long terme de ceci? Je
pense qu'il est encore trop tôt pour se prononcer. De toute façon,
je pense qu'il faut dire qu'il n'existe, jusqu'à maintenant, même
dans l'insuffisance rénale, aucune évidence d'une diminution de
vitalité ou d'une augmentation de morbidité ou de pathologie
osseuse secondaire à cette accumulation.
Je dois signaler d'ailleurs qu'il ne s'agit pas seulement de la seule
substance qui est storée dans les os, dans l'insuffisance rénale,
et que la composition des os chez les patients souffrant d'insuffisance
rénale ressemble beaucoup à la teneur de l'eau potable qu'ils
emploient, qu'elle soit naturelle, fluorée ou autre.
Un autre point qui a été très discuté, qui a
d'ailleurs fait l'objet d'études au Canada est l'utilisation des
fluorures au moment de la dialyse par rein artificiel. En effet, il faut se
rendre compte qu'il s'agit de patients qui n'ont aucune fonction rénale,
donc aucune capacité de se débarrasser d'un fluor qu'ils peuvent
recevoir au moment du traitement de dialyse. Une étude venant d'Ottawa,
entre autres, a cru démontrer que le fluor était responsable de
maladies osseuses. Or, je suis heureux de dire que depuis une étude qui
a été faite à Toronto où on a ajouté
ou enlevé du fluor à des patients dialyses a
montré que l'incidence, jusqu'à maintenant, des maladies
rénales était exactement la même.
Je dois dire aussi qu'on a eu aussi à Québec une
expérience assez particulière, celle d'avoir exactement avec nos
malades le même problème qui avait été imputé
à Ottawa à la présence de fIuor dans l'eau sans qu'il y
ait ou qu'il y ait à peine de fluor dans l'eau utilisée par la
ville de Québec.
En conséquence, il nous semble que ce rôle est probablement
secondaire, d'autant plus que l'attitude actuelle de tous les
néphrologues qui font de la dialyse, c'est-à-dire du rein
artificiel, est d'utiliser un traitement préalable de l'eau, soit par
déonisation, soit par d'autres techniques, afin d 'utiliser une eau
absolument pure et, à ce titre, ceci ne causerait aucun problème
pour les patients qui pourraient se dialyser, mais possiblement, cependant, une
augmentation modérée des coûts de la dialyse.
M. Forget: Je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, j'ai
écouté, avec un sourire le Dr Roy louer le courage du ministre
des Affaires sociales. Je me disais que la vie change parce que je me
remémorais certaines interventions du Dr Augustin Roy, il n'y a pas si
longtemps, concernant les projets de loi 42, 93, etc. Mais cela me prouve que
c'est sûrement par conviction qu'il est venu nous expliciter son appui
à la mesure gouvernementale.
Comme il le sait, au sujet des propriétés
bénéfiques du fluor, la discussion n'est pas longue pour autant
que je suis concerné, mais je voyais qu'il précisait bien dans
son mémoire, au tout début, qu'il appuyait sans réserve le
projet de loi qui, comme principe, préconise l'imposition obligatoire de
l'eau fluorée.
Je me demandais si le Dr Roy verrait peut-être d'un mauvais oeil
le fait que ce projet de loi pourrait prévoir peut-être,
appliquer le programme dans tout le Québec la possibilité
pour une population d'une municipalité concernée de se retirer du
programme, si à ce moment, il aurait comme attitude de croire que le
projet de loi serait moins bon dans cet esprit.
M. Roy (Augustin): Comme je crois en l'honnêteté du
député de Chicoutimi, je suis sûr qu'il va bien me
comprendre. A titre de citoyens responsables, il nous fait plaisir, et
même nous nous en faisons un devoir, d'appuyer la législation
gouvernementale lorsqu'elle est dans l'intérêt public. Si nous
nous prononçons en faveur du projet de loi 88, c'est parce que nous y
croyons. Je dois préciser immédiatement que, lorsque M.
Castonguay avait déposé le projet de loi 31, il y a un certain
nombre d'années, nous nous sommes prononcées pour le principe de
la fluoration des eaux de consommation avant le dépôt du projet de
loi. Nous n'avons fait aucune remarque par la suite, pour la bonne et simple
raison que le projet de loi est mort à la première lecture et
qu'il n'y a pas eu de commission parlementaire, ni de seconde lecture, et que
nous n'avons pas eu à faire de représentations. Si nous avions eu
à en faire, nous nous serions justement opposés au projet de loi
à cause des mesures qui étaient préconisées dans ce
projet de loi, soit le référendum qui le rendait, à toutes
fins pratiques, inapplicable. C'est pour cela que je trouve que le ministre
actuel des Affaires sociales a un projet de loi énormément
amélioré. Vous avez eu la démonstration devant vous
aujourd'hui de ce que serait un référendum dans les 1,200
à 1,500 municipalités du Québec sur un tel projet.
M. Bédard (Chicoutimi): Je veux préciser le sens de
ma question, Dr Roy. Un référendum ou une consultation de la
population pour se retirer du programme, si cette population le
désire.
M. Roy (Augustin): Un référendum négatif en
ce sens.
M. Bédard (Chicoutimi): Pas pour l'appliquer, pour s'en
retirer.
M. Roy (Augustin): Oui, je comprends très bien. C'est
déjà une amélioration sur votre pensée d'hier,
parce qu'à ce moment on demandait un référendum pour se
joindre au plan, mais là je pense que c'est déjà une
grosse amélioration. Encore là, je voudrais...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous me permettrez, je m'excuse de
vous interrompre, peut-être que vous avez perçu cela, mais ce
n'est pas une amélioration sur son idée d'hier, parce que...
M. Roy (Augustin): C'était cela votre idée d'hier?
J'ai peut-être mal interprété votre pensée à
la commission parlementaire.
M. Bédard (Chicoutimi): Je me suis peut-être mal
exprimé, remarquez.
M. Roy (Augustin): Je suis très heureux que vous soyez
d'accord sur la fluoration obligatoire des eaux de consommation. Ce matin, j'ai
passé à une émission de radio, où on m'a
posé toutes sortes de questions sur la fluoration. Les mêmes
arguments qui ont été invoqués aujourd'hui l'ont
été à ce poste de radio, des arguments très
démagogiques qu'il est très difficile de réfuter. Tenons
compte, en particulier, de l'apathie de la population, pensons au pourcentage
du vote aux élections municipales, combien d'énergie il faut
dépenser pour organiser une élection provinciale ou
fédérale, pensons aux énergies que l'on dépense et
au temps que l'on prend seulement pour venir défendre un projet de loi
ici dans l'intérêt du public, un projet de loi qui a une dimension
sociale tellement grande qu'on pense qu'il est de l'intérêt
public, qu'il y va du bien commun que le gouvernement prenne une mesure
énergique.
Après tout, un gouvernement n'est-il pas élu pour
gouverner? Je pense qu'il doit prendre les mesures pour le faire. Même si
un référendum négatif serait moins pire que ce qui
était préconisé dans le bill 31, encore là je me
dis que, si on est d'accord sur le principe que la fluoration de l'eau, c'est
bon, alors pourquoi ne pas la rendre obligatoire sans possibilité d'en
sortir, surtout si on veut aider toute notre population du Québec, si on
veut la mettre à l'abri de certains démagogues, si on veut
surtout aider les pauvres, les défavorisés, ceux qui ont la plus
mauvaise dentition. En fait, c'est dans cet intérêt que, je pense,
le législateur a le droit, et non seulement le droit, mais le devoir
d'imposer une loi parce que le bien commun l'exige. Il y a d'autres exemples de
lois où on impose des restrictions aux libertés individuelles des
gens, parce que c'est le prix, comme je le disais, qu'il faut payer pour vivre
en société. Des débats semblables ont eu lieu lorsque
d'autres mesures ont été introduites, mesures qui sont d'ordre
très émotif et qu'il est très difficile de discuter sur la
place publique lorsqu'on a affaire à un petit groupe d'individus qui
amènent des arguments démagogiques, surtout lorsque toute la
preuve n'a pas encore été faite que, sur un recul d'une trentaine
d'années, c'est à 100% efficace.
On est raisonnable, on dit 60%. Le Dr Paul-Emile Roy est encore plus
restrictif, mais, quand même, je me fie à toutes les
données ailleurs, au Québec, au Canada, aux Etats-Unis,
où, après des études scientifiques, on en arrive à
une réduction de la carie dentaire de 60%. Je dis sur cela, en tant
qu'ancien hygiéniste dentaire, ancien hygiéniste médical,
médecin d'unité sanitaire, qu'il faut évidemment ajouter
des mesures d'hygiène de la bouche, enseigner, éduquer notre
population à bien se brosser les dents, à manger des aliments
sains, à éviter les sucreries. Il faudrait peut-être sortir
les machines à coke des écoles et ces choses, j'en suis
parfaitement d'accord. Mais commençons par instaurer la fluoration
à un coût minime pour la population du Québec, pour que nos
enfants n'aient pas la même bouche que nous et nos parents avons, pour
que nous ne soyons plus des édentés perpétuels et pour que
nous ayons une dentition convenable, surtout en tenant compte de la
santé dentaire, mais aussi en tenant compte de l'aspect
esthétique, qui prend de plus en plus de valeur dans notre
société.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous pensez que, malgré un
plaidoyer aussi éloquent que celui que vous venez de nous faire, que
vous feriez à la population, celle-ci ne serait pas capable de voir que
peut-être son mieux-être est dans la voie que vous indiquez.
M. Roy (Augustin): Oui, mais, M. le député de
Chicoutimi, je suis sûr que, si j'allais dans votre comté avec
vous, je serais capable de gagner la population de votre comté, mais,
malheureusement, j'ai moi aussi des contraintes. J'ai du travail à
faire. Je ne peux pas travailler à temps plein à une campagne de
fluoration à l'échelle provinciale. Lorsque la preuve est faite,
c'est établi que c'est une bonne mesure, je pense que le gouvernement a
le devoir de légiférer le plus rapidement possible. Après
tout, cela fait 20 ans qu'on parle de cela. A Pointe-Claire, à
Montréal, l'eau est fluorée depuis 1955; à Laval, depuis
17 ans. Les gens qui sont là se portent bien. Des gens d'autres
provinces, d'autres pays se portent bien. Je ne vois pas pourquoi les gens des
autres municipalités du Québec ne pourraient par jouir de la
même protection.
Je suis un citoyen de Montréal. Je paie des taxes à
Montréal. Le service de santé de Montréal s'est
prononcé en faveur de cette mesure et, par une action dictatoriale, le
maire de Montréal s'est opposé à cette mesure. Je pense
qu'il doit y avoir une autorité supérieure qui doit, à un
moment donné, agir et décider, parce que c'est elle qui a eu le
mandat de la population de gouverner.
M. Bédard (Chicoutimi): Remarquez que cela fait des
milliers d'années qu'on parle des libertés personnelles, qu'on
considère comme des libertés fondamentales. Ce n'est pas une
raison pour arrêter d'en parler et de ne pas faire des efforts pour en
promouvoir le respect. Je voudrais poser une autre question au Dr Roy.
M. Roy (Augustin): Paul-Emile.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans votre exposé, vous
avez dit très clairement qu'il y avait des dangers, si je vous ai bien
compris, qu'il ne fallait pas minimiser concernant la possibilité de
sénilité précoce, également, je crois, de
vieillissement des os et peut-être d'autres éléments dont
vous avez parlé mais, entre autres, ces deux-là. Vous avez
également dit que c'était clair dans votre esprit que
c'était être beaucoup trop optimiste que de penser à une
amélioration de 60%, n'est-ce pas? C'était clair. Vous avez dit
que, s'il y avait, pour employer vos termes, une amélioration de 25%, ce
serait déjà probablement suffisant pour justifier l'application
de ce projet de loi et l'action gouvernementale et que, si cela devait
être en bas de cela, cela ne vaudrait vraiment pas la peine d'appliquer
ce projet de loi. Jusqu'où va votre conviction que c'est dans l'ordre
des possibilités que cela puisse être une amélioration de
moins de 25%?
M. Roy (Paul-Emile): Le peu de travaux que j'ai vus... Remarquez
que mes études là-dessus n'ont pas été exhaustives,
loin de là. J'ai regardé par-ci, par-là les rapports.
Certains disent 60%, ce sont les plus optimistes. Il y en a d'autres qui sont
en bas de cela. Il yen a un certain nombre qui disent qu'il n'y a rien. En
gros, il semble clair qu'il y a une amélioration. Dans le moment, on est
en train de parler des chiffres les plus optimistes qui circulent dans la
documentation. C'est presque trop beau pour être vrai. C'est à peu
près cela qui...
M. Bédard (Chicoutimi): Je note vos réticences.
Le Président (M. Pilote): D'autres questions? Le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je voudrais m'adresser au Dr Augustin Roy. J'ai
écouté avec beaucoup d'attention le
mémoire qu'il nous a présenté. En page 1 du
mémoire, à la fin de la page, on écrit et je cite:
"Sachant fort bien que cette mesure essentielle de santé publique a ses
détracteurs dans le monde entier." Je voudrais poser la question
suivante au Dr Roy. Est-ce que vous voulez dire par là, je ne suis pas
absolument convaincu de ce que vous voulez dire, que le fait de ne pas
préconiser les mêmes idées que vous préconisez
présentement ferait que ces gens qui s'y opposent sont automatiquement
des détracteurs? Est-ce que le fait de s'opposer pour des raisons
peut-être aussi scientifiques que les vôtres, cela devient des
détracteurs?
M. Roy (Augustin): C'est la question du député de
Rouyn-Noranda, à lequel je vais répondre avec beaucoup de
plaisir. Le sens de détracteur, c'est le sens de dissident. Je crois aux
libertés, je crois à la dissidence. Je sais qu'il y a des
personnes qui n'ont pas la même opinion, mais c'est la minorité
des personnes. Ce que nous disons dans notre mémoire, c'est que dans le
monde entier, sur cette question de la fluoration, comme sur les questions de
la vaccination, de l'immunisation, de la pasteurisation du lait, des grandes
mesures de santé publique, il y a toujours eu des gens qui se sont
opposés. Généralement, cela a toujours été
les mêmes groupes qui se sont opposés aux mêmes mesures. Je
les appelle des détracteurs, ce sont des dissidents, je respecte leur
opinion, je ne la partage pas. Je dis que c'est une minorité de
personnes. Je pense qu'un gouvernement légifère pour la vaste
majorité des invididus et légifère dans leur
intérêt public. Je respecte la dissidence, mais je ne peux en
aucun point partager le fait que des gens nient encore les effets
bénéfiques d'une mesure aussi valable que la fluoration des eaux
de consommation.
M. Samson: Est-ce que cela voudrait dire, Dr Roy, que vous vous
associez à l'idée qu'étant donné qu'il n'y a qu'une
minorité dans votre monde qui s'y oppose cela justifie de l'imposer?
Est-ce que c'est cela que j'ai bien compris?
M. Roy (Augustin): En fait, si nous acceptons le système
de la démocratie, il faut que nous le vivions. A ce moment, c'est la
majorité qui doit mener. Evidemment, la majorité a le devoir de
prouver qu'une mesure est bonne. Je pense que c'est ce qu'elle fait
aujourd'hui. Nous avons entendu déjà un bon nombre de
mémoires. La preuve en est qu'il y a, je pense, 18 groupes qui se
présentent ici devant cette commission parlementaire, je ne sais pas
combien s'opposent à la fluoration. Par le nombre de mémoires, le
nombre de personnes, vous allez voir en général qui est
minoritaire et qui est majoritaire. Je pense qu'il faut respecter l'opinion du
monde scientifique, médical et dentaire, qui a mis beaucoup
d'énergie, beaucoup de temps à étudier cette question, non
pas pour protéger ses intérêts, mais encore une fois pour
protéger les intérêts de la collectivité, du monde
entier. Lorsque je vois cette étude où 93 personnes de
différents pays se prononcent de façon très scientifique,
je pense que je dois m'incliner et dire: Voici des gens qui sont
sérieux, qui ne sont pas des chevaliers d'industrie, mais qui sont des
scientistes, qui admettent que cette mesure a des effets
bénéfiques. Ils sont honnêtes, ils ne disent pas que c'est
à 100% valable. Ils sont conservateurs, je pense, 60%. Je suis un peu
plus libéral dans le sens, sur le mot "fluor"...
M. Samson: On espère que c'est seulement dans ce sens.
M. Roy (Augustin): Parce que je suis apolitique pour le moment.
Mais, dans ce sens, je vais jusqu'à 65% et peut-être, si nous
avions l'énergie et la conviction de bien éduquer notre
population, nous pourrions aller à des chiffres encore plus
élevés en ajoutant avec le fluor des mesures de
prévention, d'hygiène dentaire.
J'en profite pour dire juste un mot sur les pilules, les pastilles de
fluor. Quelqu'un a justement parlé de fluorure de potassium, alors que
le fluorure de sodium était très dangereux. Je
répète une expérience dont a fait mention hier le Dr
Gosselin, le président de l'Ordre des dentistes. J'ai trois enfants au
lieu de quatre et mes trois enfants ont pris un en prend encore
des pastilles de fluor. En l'occurrence, c'est du caridium et du caridium, si
ma mémoire est bonne, c'est du fluorure de sodium, ce que certaines
personnes appellent vulgairement du poison à rats ou du poison. J'en
donne à mes enfants et je n'ai pas l'intention de les empoisonner. Mes
deux filles les plus vieilles ont de très bonnes dents et mon fils de
huit ans également, ils prennent leurs pastilles de caridium tous les
soirs, mais je dois dire que cette mesure que je prends pour la protection de
mes enfants, c'est une mesure très assidue et c'est très
difficile de s'assurer chaque soir qu'ils prennent leur pilule jusqu'à
un certain âge. Même rendu à dix ou douze ans, il faut
encore vérifier si les dents sont bien brossées.
Je dis et je pense que la majorité de la population n'aurait
peut-être pas le temps et la patience de faire ce que certaines personnes
et moi-même faisons. Mais si je le fais, c'est parce que j'y crois et je
crois que cela n'empoisonne pas mes enfants. Au contraire, cela leur est
bénéfique. J'aurais aimé, dans mon enfance, pouvoir jouir
d'une même mesure.
M. Samson: Dr Roy, si je m'associe à votre
déclaration, étant donné qu'il semble y avoir une
majorité parmi vos gens qui est d'accord sur la fluoration et qui trouve
que c'est convenable qu'en toute démocratie il faut respecter cette
majorité, est-ce que, à ce moment, il ne serait pas valable, pour
ma part, de vous demander de vous associer également à la
même pensée en ce qui concerne d'autres sortes de gens,
c'est-à-dire l'ensemble de la population? Vous avez défendu avec
beaucoup d'ardeur le fait qu'il fallait respecter la majorité en
démocratie. Vous l'avez défendu en ce qui concerne le monde
médical, mais est-ce que vous ne trouvez pas que envers ceux qui
prétendent qu'il vaut mieux demander l'avis de la population, à
ce moment, il faudrait aussi respecter les mêmes règles
démocratiques? Autrement dit, ce que je veux dire par là, est-ce
que vous
acceptez le fait que si on vit en démocratie, il faut en accepter
les règles d'un bout à l'autre de la ligne? Est-ce que vous
acceptez cela?
M. Roy (Augustin): J'ai répondu tout à l'heure. M.
Samson: Non, je m'excuse.
M. Roy (Augustin): La démocratie est le système que
nous vivons.
M. Samson: Peut-être que je ne me suis pas fait bien
comprendre.
M. Roy (Augustin): J'ai bien compris.
M. Samson: Vous avez longuement répondu sur un aspect
autre que celui-là, mais sur cet aspect de ma question, si vous semblez
exiger d'autres gens qu'ils respectent les règles démocratiques
quand cela fait votre affaire, il faudrait peut-être aussi penser
à les respecter même si cela ne fait pas votre affaire dans
d'autres domaines.
M. Roy (Augustin): Je suis bien d'accord, j'ai dit que je
respecte la démocratie, donc le jeu de la majorité d'un
gouvernement dûment élu. Si jamais un gouvernement adopte cette
loi j'espère fortement qu'elle sera adoptée et
qu'un autre gouvernement voulait la modifier, un gouvernement
démocratiquement élu pourrait le faire. Ce serait à lui de
prouverque la mesure n'est pas bonne, alors que nous disons qu'elle est bonne.
A l'heure actuelle, nous avons assez tergiversé, c'est le temps d'agir.
Il y en a assez d'énergie de dépensée sur ce sujet.
En fait, aujourd'hui, vous me parlez de la question des libertés,
je suis d'accord sur cela, mais, sur la question des référendums,
si on allait à l'absurde, un gouvernement ne pourrait pas gouverner,
adopter des lois sans recourir à des référendums.
M. Samson: C'est à...
M. Roy (Augustin): Je suis de Montréal. Quand le maire
Drapeau a décidé d'avoir les Jeux olympiques, il n'a pas
passé de référendum, et quand il a décidé
d'avoir Expo 67, il n'a pas passé de référendum. Il a
été élu, il gouverne...
Une Voix: Comment l'appelle-t-on?
M. Roy (Augustin):...et il prend ses responsabilités.
Quand le gouvernement veut adopter des projets de loi, c'est à lui de
les adopter. S'il adopte de mauvaises lois, évidemment il en fera
rapport à la population. C'est tout.
M. Samson: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Comment appelle-ton...
M. Samson: ... oela m'oblige à tenir compte
intégralement de la déclaration que vient de faire le Dr Roy. Il
cite en exemple la ville de Montréal, qui n'a pas fait de
référendum, alors que quelques minutes plus tôt il a
pratiquement et presque directement accusé le maire de Montréal
d'être un dictateur. Alors, à ce moment-là, à quel
moment doit-on prendre votre déclaration? Vous sembliez tantôt ne
pas être d'accord et là vous semblez être d'accord en ce qui
concerne la mesure qu'il a prise pour les Jeux olympiques. Cela revient
peut-être à ce que je disais tantôt. Quand cela fait votre
affaire, la démocratie, vous y al lez et, quand cela ne le fait pas,
vous n'y allez pas.
Est-ce que vous acceptez ceci? Je vais vous poser une autre question.
Est-ce que vous acceptez qu'un gouvernement, sur une mesure aussi importante
que celle-là, se doit d'imposer la mesure même s'il n'a pas un
mandat pour le faire? C'est-à-dire que, vous le savez, le jeu de la
démocratie veut que les partis politiques présentent un
programme. Quand c'est à l'extérieur du programme, on ne peut
pasdire que le gouvernement a eu un mandat. Est-ce que je dois comprendre que
vous, vous considérez que même sans mandat le gouvernement doit y
aller?
M. Roy (Augustin): S'il fallait que tous les gouvernements
élus soient obligés de remplir leurs programmes
électoraux, évidemment je pense que peu de gouvernements seraient
réélus. Ecoutez, un programme, c'est un programme. Et la
société change, la société évolue. Ce n est
pas une promesse formel le de dire: Si je suis élu, je m'engage
à... Alors, un gouvernement est élu pour gouverner, prendre des
mesures dans l'intérêt de la population. Alors, la question de la
fluoration a été discutée. Elle a été
recommandée antérieurement. Le gouvernement n'a jamais dit qu'il
ne présenterait pas de mesures contre la fluoration. Il n'a jamais dit
qu'il ne fluorerait pas les eaux de consommation. Au contraire, M. Castonguay a
dit que c'était une de ses priorités. Alors, il n'y avait rien
qui laissait croire que le gouvernement avait changé d'opinion.
Je pense qu'un gouvernement, c'est fait pour gouverner. Si cela gouverne
mal, la population n'a qu'à le changer.
M. Samson: Si on prend pour principe, Dr Roy, que ce qui n'est
pas partie d'un programme d'un gouvernement ou de son mandat, si on prend comme
exemple...
M. Bonnier: Je soulève une question de règlement.
On est encore engagé dans le même débat qu'hier. Je pense
qu'il est convenable pour les membres de la commission de savoir le point de
vue des experts sur cette question mais pas d'argumenter trop longtemps parce
que là c'est en dehors de leurs compétences spécifiques.
Ils ont été invités ici en tant que médecins et non
pas en tant que politico-logues.
NI. Samson: M. le Président, je continue avec votre
permission.
Le Président (M. Pilote): II est six heures et nous aurons
à revenir siéger ce soir, à huit heures. Il nous reste
encore quatre ou cinq mémoires à en-
tendre. Est-ce qu'on ne pourrait pas conclure avec ce groupe?
M. Roy (Augustin): Est-ce que ce serait possible, s'il y a des
questions d'ordre scientifique et médical, de nous les poser? C'est le
temps. Nous pouvons répondre à tous vos arguments.
M. Samson: M. le Président, malheureusement, vous avez
déclaré qu'il est six heures. On est prisonnier du
règlement. On reviendra à huit heures.
M. Boudreault: ...de les faire revenir.
Le Président (M. Pilote): On pourrait aller jusqu'à
six heures et cinq minutes ou six heures et dix minutes.
M. Forget: ...avons été assez
généreux avec le premier groupe...
M. Samson: Ecoutez, M. le Président, si vous me demandez
d'aller jusqu'à six heures et cinq minutes ou six heures et dix minutes,
je n'ai pas d'objection. J'ai quelques questions à poser et cela va
durer cinq à dix minutes.
Le Président (M. Pilote): Est-ce qu'il y en a
d'autres?
M. Samson: Je vais essayer de les faire durer moins longtemps.
D'accord?
Des Voix: D'accord.
M. Roy (Augustin): Posez des questions moins longues et les
réponses vont être plus courtes.
M. Samson: Ah bien là, je m'excuse, mais je poserai les
questions que je devrai poser et prendrai le temps qu'il faut. Si c'est un
marathon que vous voulez...
M. Roy (Augustin): D'accord.
M. Samson: Partons du principe qu'un gouvernement qui n'a pas un
mandat spécifique, lorsqu'il arrive quelque chose d'urgent, il doit,
évidemment, légiférer. Cela est un principe. Mais, dans le
cas présent, est-ce que vous étiez je m'imagine que oui
mais en tout cas je vous pose la question pour les fins du journal des
Débats au Québec en 1973?
M. Roy (Augustin): Si j'étais au Québec en
1973?
M. Samson: Oui.
M. Roy (Augustin): Certainement.
M. Samson: Bon, je le savais mais c'est pour les fins du journal
des Débats.
M. Roy (Augustin): Oui, oui, d'accord. Vous aussi... pour la
deuxième lecture.
M. Samson: A ce moment-là, vous n'êtes pas sans
savoir que le même gouvernement on n'a pas changé de
gouvernement cette année venait de retirer son projet de loi et
il n'a pas parlé du tout de cette mesure durant les élections. Il
est revenu sans mandat spécifique. A ce moment-là, on tente de
nous l'imposer.
Est-ce que vous êtes quand même d'accord avec cette
procédure?
M. Roy (Augustin): Ecoutez, je ne me suis pas
présenté pour un parti politique. Vous posez une question d'ordre
politique. Je pense y avoir répondu tout à l'heure.
M. Samson: Je m'excuse, là.
M. Roy (Augustin): Mais si j'étais...
M. Samson: Dr Roy, vous avez mentionné tantôt le jeu
de la démocratie. C'est ça dont je vous parle.
M. Roy (Augustin): Oui. Je vous ai dit que nous étions, en
1973...
M. Bonnier: M. le Président, il me semble qu'encore une
fois...
M. Samson: Non, cela va durer plus longtemps. Continuez.
M. Bonnier: ...le député de Rouyn-Noranda...
M. Samson: Continuez, cela va durer plus longtemps.
M. Bonnier: Un instant.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre!
M. Samson: Vous ne m'arrêterez pas.
M. Bonnier: M. le Président, à un moment
donné, vous allez être obligé de statuer...
M. Samson: Non, non, il n'y a pas de...
M. Bonnier: ... parce que l'on perd royalement son temps. Il faut
quand même être franc une fois pour toutes. On l'a perdu hier avec
des questions. Moi, je pense que c'est le privilège des membres de la
commission de sonder les experts peut-être sur cette question-là,
en passant, d'accord, mais pas d'engager une argumentation. A ce
moment-là, on perd son temps et on ne se réfère pas
à l'objet pour lequel ces gens ont été invités
ici.
C'est en vue de leur mandat scientifique et non pas en vue de leurs
connaissances politiques...
M. Samson: Bien, M. le Président...
M. Bonnier:... même s'ils ont le droit d'avoir des opinions
politiques.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur la question de
règlement.
Le Président (M. Pilote): Oui, allez-y.
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis d'accord et on
l'avait statué hier que, lorsqu'on a des experts, on s'en tient
aux questions scientifiques avec les connaissances que l'on a. Mais, quand ces
mêmes experts se permettent d'entrer dans un domaine où ils sont
peut-être plus vulnérables, je ne vois pas en quoi on n'a pas le
droit de leur poser des questions.
M. Bonnier: Oui, mais pas argumenter.
M. Bédard (Chicoutimi): Si on était
simplement...
M. Bonnier: C'est ça que je veux dire.
M. Bédard (Chicoutimi): ... aux témoignages
scientifiques qui nous ont été donnés tout à
l'heure par pi usieurs des invités q ue nous avons, il n'y aurait pas de
problème. Mais, quand on lit le mémoire, on s'aperçoit que
le mémoire est entré dans d'autres choses que des questions
scientifiques. L'appuyer sans réserve...
M. Bonnier: Notre rôle, à ce moment-là...
M. Bédard (Chicoutimi):... cela veut tout dire. Il y a un
principe à une loi et le principe de cette loi...
M. Bonnier: Oui, mais notre rôle, c'estd'essayer de nous
informer.
M. Bédard (Chicoutimi): ... il ne faut quand même
pas le mettre de côté.
Le Président (M. Pilote): Le rôle de la commission
est de se renseigner sur le sujet, sur le fluor, d'abord et avant tout.
M. Dufour: C'est ça.
Le Président (M. Pilote): Ce n'est pas de poser des
questions politiques à ceux qui viennent nous rencontrer. J'inviterais
les membres de la commission à s'en tenir à se renseigner sur le
fluor. Il est vrai que M. Roy a amené un élément de
démocratie. J'inviterais les membres à fermer, disons, cette
discussion et à poser des questions d'aspect scientifique.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement.
Le but de la convocation de cette commission n'est pas uniquement de nous
renseigner sur le fluor parce que le projet de loi no 88, ce n'est pas le
fluor, c'est la Loi modifiant la loi de la protection de la santé
publique. C'est ça le projet de loi.
M. Dufour: Pas la santé du gouvernement.
M. Samson: Cela englobe un paquet de choses. Dans ce projet de
loi, il y a une imposition. Alors, cela veut dire qu'on a le droit de poser les
questions que l'on veut en temps voulu.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! M. Samson: M.
le Président,...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! A l'ordre! Je
voudrais relever ce qui vient d'être dit. A l'article 9 de nos
règlements, c'est bel et bien marqué: "Lors des auditions, le
président, en plus de l'exposé, n'autorise que des questions
permettant à la commission de se renseigner." Ici, nous avons affaire
à des hommes de science. J'inviterais les membres à poser des
questions scientifiques.
M. Samson: Je regrette, M. le Président, mais on ne s'en
tiendra pas aux questions scientifiques. Ce n'est pas vrai. Personne ne s'en
est tenu aux questions scientifiques. On va s'en tenir à ce qu'il y a
dans le bill, aux questions que nous avons à poser pour ce qu'il y a
dans ce projet de loi...
M. Dufour: Non, mais vous avez la chance de vous renseigner, de
vous ouvrir des horizons.
M. Samson: ...no 88.
M. Dufour: Vous avez des spécialistes.
M. Samson: Mais, M. le Président,...
M. Dufour: Profitez-en parce que...
M. Samson: ...si vous voulez éterniser le débat,
continuez.
M. Bonnier: Non mais, M. le Président,...
M. Samson: J'en avais pour cinq ou six minutes.
M. Dufour: ...des déclarations antérieures...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! A l'ordre!
M. Samson: J'en avais pour cinq ou six minutes...
M. Dufour: Cela va vous faire du bien de consulter les
spécialistes.
M. Bonnier: ...cela fera. M. Dufour: ...psychiatre.
M. Samson: M. le Président, on reviendra à huit
heures d'abord.
Le Président (M. Pilote): La commission suspend ses
travaux jusqu'à vingt heures.
(Suspension de la séance à 18 h 4)
Reprise de la séance à 20 h 7
Le Président (M. Pilote):A l'ordre!
M. Samson: II n'y a pas de représentant de l'Opposition
officielle encore.
Le Président (M. Pilote): L'Opposition officielle, vous
allez poser vos questions, j'imagine.
M. Samson: L'opposition naturelle est là! M. Dufour:
II manque le PQ, je crois.
Le Président (M. Pilote): Je considère que nous
avons quorum. On peut y aller. Je voudrais mentionner que M. Faucher
(Nicolet-Yamaska) remplace M. Bellemare (Rosemont).
Est-ce que les membres ont des questions à poser aux
représentants des médecins?
L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, nous étions, lorsque
nous sommes partis à six heures et dix minutes environ, dans une
discussion des plus intéressantes. Au risque de décevoir
peut-être le Dr Augustin Roy, je ne continuerai pas dans le même
sens.
Cependant, j'ai noté avec beaucoup d'intérêt les
réponses qu'il m'a données. Je voudrais m'adresser, M. le
Président, au Dr Roy; à la page 2 du mémoire, vous parlez
de vaccination et de maladies contagieuses.
Est-ce que vous estimez que des individus qui ne consommeraient pas
d'eau fluorée représenteraient un danger pour la
société?
M. Roy (Augustin): Je pense que, honnêtement, je dois dire
que non. Il n'y a pas de danger à ne pas consommer d'eau fluorée.
Il y a des bénéfices à en consommer, par ailleurs.
M. Samson: D'accord. C'est parce que...
M. Roy (Augustin): Evidemment, il y a des dangers pour...
M. Samson: ...j'ai remarqué...
M. Roy (Augustin): ...le porte-monnaie parce que cela peut
coûter plus cher en soins dentaires.
M. Samson: ...que dans votre mémoire vous faisiez
référence surtout au cas du vaccin comme mesure pour
prévenir des maladies contagieuses, par comparaison, si vous le voulez,
pour établir le besoin de l'imposer. C'est surtout dans ce sens que je
pose ma question.
Alors, si on part de votre mémoire, si vous nous dites qu'il
était justifiable d'imposer un vaccin parce que cela pouvait
empêcher des maladies contagieuses de se propager, est-ce que, à
ce moment-là, on ne peut pas honnêtement utiliser le même
raisonnement quant au fluor? Suivant la réponse que vous me donnez
vous-même, cela ne constitue pas un danger au même sens qu'une
maladie conta- gieuse, par exemple, par rapport au vaccin qui est
nécessaire.
M. Roy (Augustin): Oui.
M. Samson: Je vous dis que c'est nécessaire aussi dans le
cas des vaccins.
M. Roy (Augustin): D'accord. Je comprends bien la question du
député de Rouyn-Noranda. Les comparaisons sont toujours
dangereuses. Lorsqu'on fait ces comparaisons, évidemment c'est pour
montrer que certaines mesures d'ordre obligatoire ont été
instituées. Il y en a d'autres.
Je pourrais dire l'obligation qu'il y a pour un médecin, par
exemple, d'avertir le Bureau des véhicules automobiles du fait qu'une
personne est inapte à conduire. Cela ne présente pas de danger
pour l'individu. C'est une question de bien commun. Alors, tout ça est
une question de dosage de la part d'un gouvernement responsable qui
décide si une mesure q ui est bonne, doit être imposée ou
non dans l'intérêt de la communauté.
M. Samson: Mais là, Dr Roy, vous m'amenez une autre
comparaison.
M. Roy (Augustin): Je le sais, toutes les comparaisons sont
boiteuses.
M. Samson: Oui, je l'admets avec vous, surtout lorsque je vous
entends! En fait, le genre de comparaison que vous m'apportez n'est pas
tellement différent de l'autre. Lorsque vous dites qu'un médecin
est obligé de faire rapport, il y va, à ce moment-là d'un
danger public, si une personne est inapte à conduire. Alors, ce n'est
pas dans le même sens.
Maintenant, vous dites: Si l'on impose la fluoration, c'est un bienfait,
ce n'est pas pour empêcher un danger. Est-ce que je vous ai bien
compris?
M. Roy (Augustin): Je comprends très bien. On
n'empêche pas un danger public, mais on empêche un fléau,
une catastrophe au point de vue de la santé de la population. Au
Québec, on possède presque le championnat. Alors, on a des
études sur la nutrition, des rapports de commissions d'enquête qui
ont établi qu'on avait des indices de morbidité très
élevés. On est obligés d'admettre que ces statistiques
sont véridiq ues. On essaie de les corriger. Imaginez le rôle d'un
médecin. Evidemment, c'est principalement un rôle curatif, de
soigner. Mais ce serait beaucoup mieux pour la population de prévenir.
On a quand même un rôle préventif.
Je crois en la médecine préventive. J'en ai fait dans ma
carrière. J'en ai fait, en pratique général, dans votre
comté de Témiscamingue, où j'ai débuté dans
ma carrière médicale.
M. Samson: Cela est une bonne référence.
M. Roy (Augustin): Cela est une bonne référence.
Cela me donne des notes, je suppose!
M. Samson: Cela ne vous nuit pas.
M. Roy (Augustin): Je crois en la médecine
préventive. Et en croyant en la médecine préventive, je
pense que l'on va éviter une foule de maladies. On peut diminuer
l'incidence des maladies cardio-vasculaires, par exemple, avec des mesures de
médecine préventive: exercice physique, bonne alimentation,
bonnes habitudes de vie. Je pense que tout le monde est d'accord sur ça.
C'est de l'éducation. Alors, c'est dans le même sens qu'on dit: Si
une mesure qui est prouvée scientifiquement bonne, non dangereuse quand
elle est bien appliquée va réduire la carie dentaire de 60%
environ et peut-être plus si on ajoute d'autres mesures
d'éducation, je me dis pourquoi refuser...
M. Samson: Juste pour ouvrir une parenthèse. C'est parce
que je ne veux pas oublier ce que vous venez de dire. Vous parlez de 60%.
Est-ce que vous pouvez affirmer cela, hors de tout doute?
M. Roy (Augustin): Hors de tout doute, d'après l'avis de
tous les experts compétents qui ont fait des études scientifiques
dans le domaine et même des études ici, au Québec...
M. Samson: Je m'excuse...
M. Bédard (Chicoutimi): Voulez-vous dire que M. Roy n'est
pas compétent?
M. Roy (Augustin): Oui, je veux dire...
M. Samson: Parce qu'on a entendu l'autre M. Roy nous dire...
M. Roy (Augustin): Oui, M. Roys'estexpriméetil est avec
nous. Il est un peu plus conservateur.
M. Samson: Vous l'obligez à respecter la
majorité.
M. Roy (Augustin): Ce n'est pas un défaut d'être
conservateur. Ce sont ses opinions, que je respecte. L'opinion que j'exprime
n'est pas la mienne, c'est celle des experts. Je vous suggère de lire
les rapports des experts qui ont fait des études scientifiques sur le
sujet et qui en sont tous arrivés à peu près aux
mêmes conclusions.
Alors, une mesure semblable, qui va réduire
énormément les coûts de santé dentaire, je pense
qu'on ne peut pas s'en priver dans le contexte actuel du Québec. Je
pense qu'on n'est pas une province assez riche pour se payer le luxe de ne pas
avoir une bonne politique de prévention dentaire.
M. Samson: Vous avez sûrement, comme nous, entendu
parler... Parce que, si je me rappelle bien, vous nous avez parlé du
dossier, préparé par le ministère comme étant
valable, excellent, d'ailleurs. Vous avez sûrement entendu parler de
l'autre publication du ministère des Affaires sociales: La fluoration,
avons-nous les moyens de nous en passer? C'est un passage de cela que je veux
relever pour vous demander votre avis. "Ce que l'on ajoute à l'eau, ce
n'est pas du fluor à l'état pur mais des sels de des fluorures,
en très petite quantité, mais pas plus nocifs que le sel de
table". Est-ce que vous êtes d'accord sur ce qui est
déclaré dans la revue du ministère des Affaires
sociales?
M. Roy (Augustin): Je suis d'accord. Je pourrais peut-être
demander à quelqu'un d'expliciter davantage, au point de vue chimique,
en ce qui concerne les réactions qui se font dans l'organisme.
Qui est-ce qui veut en dire un mot?
M. Trahan: Voulez-vous répéter votre quest ion?
M. Samson: Oui. Je vais vous citer ce que je lis dans la
circulaire du ministère des Affaires sociales, qui s'intitule "La
fluoration, avons-nous les moyens de nous en passer?" Je cite un passage: "Ce
que l'on ajoute à l'eau, ce n'est pas du fluor à l'état
pur, mais des sels de fluor (fluorures), en très petites
quantités. mais les plus nocifs que le sel de table." Et le Dr Roy me
dit que c'est vrai.
M. Roy (Augustin): C'est vrai. Le sel de table...
M. Samson: Ce n'est pas plus nocif que le sel de table?
M. Roy (Augustin): Je veux juste embrayer la discussion. Le sel
de table, c'est du chlorure de sodium, NaCI, si ma mémoire est bonne. Et
vous ajoutez du fluorure de sodium, NaS. Alors, de toute façon, c'est
une réaction. Ce sont les ions fluor qui comptent. Le sel de table, en
fait, il ne faut pas en abuser non plus. Le sel de table, c'est peut-être
une des choses que les médecins disent le plus à leurs
patients:...
M. Samson: Je sais que lorsqu'on est malade vous nous
l'enlevez.
M. Roy (Augustin): Soyez prudents dans l'utilisation du sel de
table parce que le sel de table peut causer une rétention d'eau, et le
Dr Warren est beaucoup plus compétent que moi pour en parler. Mais,
alors, on dit que c'est une question de dosage. Trop de sel, c'est
peut-être bien plus nocif que trop de fluor. Cela, peut-être que le
Dr Warren...
M. Samson: Vous êtes d'accord sur ce qui est écrit
là, que les fluorures utilisés pour la fluoration de l'eau, ce
n'est pas plus nocif que le sel de table. Vous êtes d'accord sur
ça.
M. Trahan: Aux concentrations qu'on propose de mettre dans l'eau
de consommation, ce n'est pas plus nocif...
M. Roy (Augustin): 1.2 partie par million d'eau. M.
Trahan: A 1.2 ppm.
M. Samson: Ah bon! à une concentration différente.
Est-ce ça que vous voulez dire?
M. Trahan: Oui.
M. Samson: C'est parce que je ne suis pas un médecin, je
suis comme le commun des mortels et je lis ça. Je veux bien faire
confiance au ministère des Affaires sociales, qui a fait écrire
ça. Quand je lis ça: "Ce que l'on ajoute à l'eau, ce n'est
pas du fluor à l'état pur, mais des sels de fluor (fluorures), en
très petites quantités, mais pas plus nocifs que le sel de table.
" Alors, si je me base sur ce qui est écrit, si je ne prenais pas la
précaution de vous poser la question, textuellement, si je prenais une
cuillère de sel de table et que je mettais ça dans un verre d'eau
et que je prenais une cuillère de fluorure de sodium et que je mettais
ça dans un autre verre d'eau pour vérifier la
véracité des faits de ce q ui est écrit, là je me
ramasserais dans le tombeau tout de suite.
Alors, vous voyez que ce que je voulais vous faire dire dans le fond, au
sujet de ce qu'il y a dans le dossier du ministère des Affaires
sociales, sur lequel tout le monde qui est favorable à fluoration vient
s'appuyer. Dans les publications du ministère des Affaires sociales il y
a des choses, si on les suivait à la lettre, qui seraient dangereuses
pour notre santé. C'est cela que je voulais faire comprendre...
M. Roy (Augustin): C'est une question
d'interprétation.
M. Forget: M. le Président, il serait important de ne pas
induire en erreur le groupe qui est devant nous; c'est bien indiqué "en
petites quantités".II faut lire toute la citation.
M. Samson: Non. M. le Président, j'ai demandé aux
experts parce qu'on m'a demandé tantôt de m'en tenir aux
questions scientifiques, cela va me brûler les tripes un peu, mais en
tout cas de nous expliquer ça. Si on n'avait eu cette
explication, à la lecture de ça, n'importe lequel des citoyens du
Québec, de bonnefoi, pourrait dire: Je fais confiance au ministre des
Affaires sociales en tout cas là, à partir de ce moment,
il lui fera peut-être moins confiance. Il nous dit que ce n'est pas
dangereux, je l'essaie pour voir si c'est bien vrai. Il ne sera pas là
le lendemain matin pour nous dire si c'était vrai! C'est ça que
je veux faire ressortir devant la commission.
C'est le même ministère qui prépare les documents,
le dossier technique. C'est pour vous démontrer que, moi, je peux mettre
cela en doute, une fois qu'on vient de m'expliquer. Il aurait dû
être inclus, dans ce que le ministère a publié: A des
quantités différentes. Cela aurait dû être
marqué. Cela ne l'a pas été. Cela veut dire que, pour le
reste du dossier technique, on peut, parce que c'est le même
ministère qui l'a préparé, mettre aussi certaines autres
pages en doute. Evidemment, je n'ai pas l'intention de tout relire ça
avec vous autres et le recommenter. Je pourrais probablement vous poser un tas
d'autres questions. Mais je vous remercie, Dr Roy, parce que là vous
m'avez drôlement apporté un témoignage qui me fait de plus
en plus mettre en doute ce que le ministère des Affaires sociales
publie.
M. Roy (Augustin): Je vous ai empêché de vous
empoisonner, alors c'est un bon coup que je fais!
M. Samson: Pardon?
M. Roy (Augustin): J'espère que j'ai fait un bon coup en
empêchant de vous empoisonner!
M. Samson: Comme vous avez déjà pratiqué
dans mon comté, je vous faisais confiance au point de vous
consulter.
J'ai maintenant une question que j'aimerais poser au Dr Roy, mais
à l'autre Dr Roy, celui qui, tantôt, dans son témoignage,
nous a soulevé plusieurs points d'interrogation. Dr Roy, vous êtes
bien le docteur Roy qui a écrit dans le journal Le Devoir avec MM.
Boutet et Morin? C'est bien cela. Ce n'est pas un article d'un journaliste.
C'est vous autres qui l'avez écrit.
M. Roy (Paul-Emile): Disons que j'en prends la
responsabilité. Oui.
M. Samson: Bon. D'accord. Dans l'un des paragraphes, vous dites:
"Dans la nature, le fluor se retrouve sous forme de fluorospath, un sel de
calcium sous forme de cryolithe, un sel composé formé de sodium
et d'aluminium ou sous forme d'apatite, un sel composé de calcium et de
phosphate. Dans l'éventualité où la fluoration de l'eau
deviendrait obligatoire, les grandes alumineries et les grandes aciéries
seraient les principaux fournisseurs de ces sels de fluor. Cette substance est
présente comme contaminant dans les métaux qu'ils produisent".
Puis-je considérer que vous soutenez encore cela?
M. Roy (Paul-Emile): Oui.
M. Samson: D'accord. Un peu plus loin... "Les connaissances
actuelles sur les produitsorganiques démontrent cependant que ceux-ci
peuvent être chlorés lors du traitement des eaux pour la
consommation et que, de façon générale, les produits
organiques chlorés sont plus aptes à provoquer le cancer que le
produit organique original. Il est plus que probable que le fluor aurait des
propriétés semblables, ce qui est inquiétant dans cette
perspective. C'est qu'il est maintenant reconnu que, lorsque plusieurs
substances aptes à provoquer le cancer se retrouvent dans un milieu
donné, leurs effets s'additionnent et produisent les mêmes effets
que si une quantité plus grande d'une seule substance était
présente. Les études récentes effectuées à
la Nouvelle-Orléans semblent démontrer la véracité
des observations citées précédemment et devraient inciter
à une très grande réserve vis-à-vis de la
fluoration des eaux de consommation". Vous soutenez encore la même chose?
D'accord.
Un peu plus loin: "Le point de vue écologique ". Je vais en
passer parce que... "Les effets désastreux d'une intoxication de la
faune marine dans l'estuaire du Saint-Laurent ne sauraient être pris
à la légère et devraient inciter à une
extrême prudence".
C'est là dessus que j'aimerais avoir plus de précisions.
De quelle façon estimez-vous qu'il y aurait ce danger dans le
Saint-Laurent? Comment cela pourrait-il provenir?
M. Roy (Paul-Emile): Je n'ai pas de réponse à cela.
Evidemment, la question est entièrement ouverte. Il s'agit ici, bien
sûr, d'injecter dans le fleuve Saint-Laurent des quantités assez
appréciables d'un élément et il y a lieu de se demander ce
qui va se passer dans la faune et la végétation aquatiques dans
ce milieu.
Je suis sûr que les réponses existent, mais la raison pour
laquelle nous avons écrit cela, c'est parce que nous ne les avions
pas.
M. Samson: C'est une mise en garde. Etes-vous d'accord avec ceux
qui disentque la consommation d'eau potable par les humains est d'environ 1% de
l'eau distribuée parles robinets, parexemple, parles systèmes
d'aqueduc?
M. Roy (Paul-Emile): Je ne suis pas spécialiste dans
cela.
M. Samson: Quelqu'un saurait-il me dire cela?
M. Warren (Yves): C'est aux environs de ce pourcentage. Je n'ai
pas le pourcentage exact.
M. Samson: Aux alentours de cela. On peut dire à 1%
près ou à 2% près, cela peut-être cela.
M. Warren: C'est dit qu'un faible pourcentage de l'eau sert
à l'ingestion. Le reste, évidemment, vous vous en servez pour
prendre votre bain, votre douche. Il faut faire la cuisine, etc., mais,
même en calculant la perte, c'est quand même économique.
M. Samson: Ce n'est pas tellement de ce point de vue que je veux
amener le débat. En demandant au Dr Paul Roy: Puisque vous avez
émis certaines inquiétudes dans ce que vous avez écrit
concernant la contamination, la pollution possible, peut-être... Je ne
sais pas si j'ai bien interprété.
Puisque vous avez émis certaines de ces inquiétudes,
seriez-vous d'avis que, s'il y avait dans les égouts, dans l'eau qui
retourne dans la nature après utilisation, 1%ou2%d'eau qui aurait
été fluorée, cela serait moins dangereux que si 100% de
l'eau avait été fluorée?
M. Roy (Paul-Emile): En admettant qu'il y aurait des
conséquences néfastes, bien sûr que c'est
mathématique.
M. Samson:Toujours en admettant les possibilités et les
inquiétudes que vous avez manifestées, cela m'amène
à me poser une question. Pourquoi fluorer toute l'eau de façon
obligatoire si cela n'est pas nécessaire pour autre chose que la
prévention de la carie dentaire? Je verrais mal la
ménagère laver ses couches à l'eau fluorée
plutôt qu'à l'eau ordinaire et dire: Mon bébé va
être mieux traité dans cette eau que dans l'autre. C'est un peu
charrier, je l'avoue, je vois le Dr Augustin Roy qui semble sourire. C'est
peut-être un peu charrier, mais c'est peut-être aussi pour dire
finalement: Pourquoi exiger, de façon obligatoire, 100%, alors qu'il y
en aura 1 % qui sera utile? N'y a-t-il pas d'autres moyens? Je pose laq uestion
au Dr Augustin Roy.
M. Roy (Augustin): Oui, il y en a d'autres.
M. Samson: Si on tient pour acquis, scientifiquement je ne
suis pas prêt à le tenir pour acquis parce qu'il y a de la
contestation et, évidemment, on n'est pas des hommes de science; on ne
peut se fai re une idée en partant seulement de ce que vous nous
apportez comme témoignage parce que d'autres témoignages
contraires nous arrivent. Je pense que vous comprendrez qu'il faut
considérer tout le monde. Mais en tenant pour acquis que cela serait
valable, à ce moment, n'est-il pas mieux d'utiliser un autre moyen
plutôtquede risquer de la pollution par le moyen du retour de l'eau qu'on
contamine, si le fluor est considéré, possiblement, comme
pollution?
M. Roy (Augustin): II y a plusieurs moyens qui ont
été envisagés. En faisant une boutade, si le Québec
était le Koweït ou l'Iran ou la Lybie, je dirais: Ayons deux
réseaux d'aqueduc, un avec l'eau fluorée...
M. Samson: ... le pétrole...
M. Roy (Augustin): ...et un avec l'eau non fluorée, mais
je pense que nous n'avons pas les possibilités de vous payer un tel
luxe. On a parlé des autres moyens comme les pastilles de fluor que les
parents peuvent faire prendre à leurs enfants. J'ai mentionné les
inconvénients que cela comportait. Il a grandement été
question hier du lait fluoré, que le député de Chicoutimi
a mentionné, qui présente également des
inconvénients. C'est une possibilité. Cela présente
plusieurs inconvénients: la quantité que cela prend, à peu
près quatre pintes de lait par enfant, le fait qu'un certain nombre
d'enfants ne boivent pas de lait, le fait qu'un certain nombre d'enfants soient
allergiques au lait alors qu'on n'est pas allergique au fluor, contrairement
à ce qui a été avancé cet après-midi; il n'y
a pas d'allergie au fluor. C'est prouvé scientifiquement. Il y a aussi
le fait que la réaction chimique n'est pas la même et l'effet
topique n'est pas le même. Je ne sais si quelqu'un veut mettre un peu
plus l'accent sur cela. Cela peut être important parce qu'il y a un
problème chimique qui est le plus important, à part aussi
l'élément... Le Dr Trahan pourrait peut-être mettre
l'accent sur ce point.
M. Trahan (Luc): Oui, effectivement. D'ailleurs, c'est
mentionné dans le mémoire qu'a déposé l'Ecole de
médecine dentaire en introduisant le Dr Kleinberg, qui, en fait, aurait
dû être entendu à la commission bien avantqu'on ne parlede
cela actuellement. Mais on peut ajouter que l'effet topique du fluor au niveau
de la plaque dentaire... Le Dr Kleinberg nous a montré ce
qu'était une plaque dentaire. C'est le dépôt de
protéines. C'est surtout constitué de bactéries à
la surface des dents, qui sont responsables des caries. La plaque dentaire
accumule le fluor et l'accumulation de fluor dans la plaque dentaire, selon les
études, peut atteindre même jusqu'à 70 ou 80 parties par
million dans la plaque dentaire. Cette accumulation de fluor est responsable de
l'inhibition des bactéries de la plaque qui sont responsables des
caries.
Alors, cette action d'accumulation dans la plaque se produit petit
à petit par l'apport constant d'un peu de fluor, de fluorure dans l'eau
d'alimentation, dans l'eau de consommation et on n'a pas ces effets quand on
prend une pilule de fluorure de sodium une fois par jour. On n'a pas ces effets
non plus quand on met du fluorure de sodium dans le lait parce qu'à ce
moment le fluorure de sodium forme des complexes avec à la fois et le
calcium et les protéines du lait, et le fluor n'est pas
libéré au niveau de la bouche. Il est libéré
uniquement au niveau du tube digestif et on a une action systématique.
On perd l'action topique au niveau de la plaque dentaire.
M. Samson : Dr Roy, vous avez mentionné en me donnant une
réponse tantôt que, si on était au Koweït ou dans des
pays semblables, on pourrait se payer deux systèmes d'aqueduc et on
pourrait avoir de l'eau fluorée et de l'eau non fluorée. Cela
veut-il dire que je dois comprendre que vous admettez qu'il y a des gens qui ne
voudront pas boire de l'eau fluorée?
M. Roy (Augustin): Qui ne veulent pas quoi?
M. Samson: Qui ne voudront pas boire de l'eau fluorée, une
fois qu'elle sera fluorée.
M. Roy (Augustin): Je pense bien que tout le monde doit boire de
l'eau. Evidemment, s'ils ne veulent absolument pas en boire, en fait ils
n'auront qu'à boire de l'eau embouteillée ou du scotch, d'une
certaine façon! Il reste qu'ils boiront l'eau qui est à leur
disposition. C'est une question très générale. Je pense
qu'il n'y a pas de danger. Nous, on dit qu'il n'y a pas de danger à ce
que cette eau soit fluorée et que tout le monde en boive. Il n'y a aucun
inconvénient.
M. Samson: Actuellement, l'eau n'étant pas fluorée
partout, ceux qui veulent bénéficierdu fluor doivent l'acheter.
On est d'accord là-dessus? lls doivent l'acheter eux-mêmes, se le
procurer. Une fois l'eau fluorée, ceux qui ne voudront pas boire de
l'eau fluorée devront acheter de l'eau.
M. Roy (Augustin): Cette hypothèse que vous posez,
malheureusement, ne s'applique pasdans les faits, parce qu'il y a beaucoup de
villes où l'eau est fluorée et personne ne refuse de boire de
l'eau. C'est une hypothèse qui ne se réalise pas dans la
réalité des faits.
M. Samson: Un instant. Ce n'est pas dit qu'il n'y a pas de monde
qui achète de l'eau. Il y a un bon marché là-dessus
présentement. Ce q ue je veux vous faire comprendre, c'est que
présentement ceux qui veulent utiliser le fluor peuvent se le payer, ils
sont libres de le faire. Une fois toute l'eau fluorée partout, ceux qui
ne voudront pas en boire devront payer pour acheter de l'eau. A ce moment, ce
sont encore les riches qui pourront se la procurer et les pauvres ne pourront
pas le faire. Est-ce que ce n'est pas là une mesure...
M. Roy (Augustin): Je pense que c'est de l'interprétation,
pas mal de charriage.
M. Samson: Ecoutez, on le sait. Vous ne connaissez pas les
barèmes de bien-être social pour dire cela. Un instant. Le
ministre devrait vous les dire, les barèmes de bien-être social.
Vous verrez que ces gens n'ont pas les moyens de s'acheter de l'eau
ailleurs...
M. Roy (Augustin): Non, c'est justement pour ces gens que la
mesure est essentielle. Ce sont eux qui ont la pire condition dentaire. C'est
pour ces gens, je l'ai dit, qu'on est ici à se battre pour tenter de
vous faire comprendre que c'est une bonne mesure dans l'intérêt du
public. Vous, qui êtes si près du peuple, évidemment, vous
devriez le comprendre, vous qui avez le petit peuple qui vous écoute et
qui vous comprend parfois.
Je pense que vous devriez être plus en mesure de saisir...
M. Samson: Vous êtes en train de mêler les cartes pas
mal.
M. Roy (Augustin): ...les bénéfices que peut
retirer la population d'une telle mesure, surtout le pauvre monde. Je suis en
contact fréquent avec les gens. Je peux vous dire que les gens n'auront
pas d'objection à cette mesure. Evidemment, tantôt vous m'avez dit
que si on était riche comme...
M. Samson: J'admets ce que vous venez dire, mais vous venez de
dire quelque chose de très intéressant. Vous dites que les gens
n'auront pas d'objection. Cela m'intéresse, parce que, lorsque vous
affirmez que les gens n'auront pas d'objection, je prétends que vous ne
devriez pas non plus avoir d'objection à aller l'expliquer aux gens, si
vous êtes sûr qu'ils n'auront pas d'objection.
M. Roy (Augustin): Je l'ai expliqué.
M. Samson: Pourquoi refusez-vous de l'expliquer à la
population? Tentez-vous de le lui imposer dans ce cas?
M. Roy (Augustin): Vous êtes le représentant du
peuple. Je ne suis pas élu député, heureusement
peut-être, parce que je comprends votre tâche. Je viens souvent ici
à l'Assemblée nationale. Je sais que c'est un rôle
très ingrat, le rôle de député. J'ai suivi avec
intensité les débatssurvos salaires. J'ai étudié
les réactions du peuple. Je dis que le député qui
travaille doit être bien payé, c'est un peu un
à-côté. Je dis que ceux qui travaillent méritent un
bon salaire, parce que c'est une tâche ingrate.
M. Samson: ...par les libéraux.
M. Roy (Augustin): Vous êtes les représentants du
peuple. C'est votre devoir de vendre à la population une bonne mesure.
C'est un devoir que vous avez vis-à-vis de la population de vendre une
bonne mesure. Evidemment, nous tentons de vous en convaincre, de vous
convaincre que c'est bon. D'ailleurs, vous l'avez chez vous à
Rouyn-Noranda, l'eau fluorée. Vous n'en êtes pas morts personne.
Vous
avez l'air en santé. Vousêtes resplendissant de
santé. Ou vous n'allez pas dans votre comté du tout, cela me
surprendrait, parce que vos électeurs seraient mal servis, ils se
plaindraient de ne pas avoir un bon député avec eux...
M. Samson: Ce n'est pas vous, docteur, qui avez dit aujourd'hui
qu'on devrait avoir plus d'expérience sur le territoire du
Québec, qu'on n'a pas d'expérience encore? Comment pouvez-vous
dire que je suis plus en santé parce que je bois de l'eau
fluorée? Voyons donc! Ecoutez, soyez conséquent, Dr Roy, avec ce
que vous avez dit aujourd'hui. Vous nous avez dit qu'il n'y a pas
d'expérience encore sur le territoire du Québec. Il devrait y en
avoir.
M. Roy (Augustin): II y en a des expériences. C'est le
contraire. Cela a été dit qu'il y a des expériences.
M. Samson: Vous avez dit: Faisons-en plus. Par contre, j'ai
remarqué que le ministre a dit: Oui, on va fluorer et ils feront les
expériences après.
M. Roy (Augustin): Non, il y a des expériences. Ecoutez,
il y a des expériences au Québec. Il y en a, évidemment,
plus en Ontario.
Il y en a plus dans d'autres pays qui ont une plus longue
expérience que nous, mais au Québec, pour donner deux exemples,
il y a Lakeshore, Dorva!, Pointe-Claire. Les Anglais de Montréal, eux
l'ont l'eau fluorée.
M. Samson: Ce n'est pas le Parti québécois qui les
a fait fluorer.
M. Roy (Augustin): Peut-être qu'ils sont plus intelligents
que nous. Par ailleurs, les gens de Laval ont l'eau fluorée depuis 17
ans, et ils en sont parfaitement heureux. Ils n'en sont pas morts personne.
M. Samson: Je vais vous poser une dernière question.
M. Roy (Augustin): Pas de problème.
M. Samson: Puisque vous semblez dire que tout le monde acceptera
cela ça saute aux yeux...
M. Roy (Augustin): Avec votre collaboration!
M.Samson: ...êtes-vous prêt à aller
jusqu'à permettre que la population puisse juger directement en bonne
connaissance de cause ou, sinon, du moins par l'entremise de ses
députés, et puisse écouter les pour et les contre du point
de vue scientifique? Seriez-vous d'accord sur cela, au moins?
M. Roy (Augustin): Je pense que c'est le but de la commission
parlementaire: De faire entendre...
M. Samson: Je parle de spécialistes.
M. Roy (Augustin): II y en a eu des spécialistes hier.
M. Samson: Bon.
M. Roy (Augustin): II y en a eu aujourd'hui.
M. Samson: Vous êtes d'accord sur cela?
M. Roy (Augustin): II peut y en avoir la prochaine fois. Vous en
avez ici aujourd'hui.
M. Samson: Etes-vous d'accord sur cela que la commission puisse
entendre les spécialistes des deux catégories, des opposants, si
vous voulez?
M. Roy (Augustin): Oui, mais écoutez... M. Samson:
Si je vous pose la question...
M. Roy (Augustin): Si vous m'embarquez dans un débat, et
je peux embarquer, vous savez...
M.Samson: Dr Roy, si je vous pose la quest ion...
M. Roy (Augustin): ...je suis capable de vous suivre sur votre
terrain. Je vous dis ceci: Ceux qui voulaient emmener des spécialistes
n'avaient quà faire comme moi, c'est-à-dire en emmener.
M.Samson:Si je vous pose la question, Dr Roy...
M. Roy (Augustin): Ils n'en n'ont pas emmené et je peux
vous dire qu'ils avaient raison de ne pas en emmener parce que leurs
spécialistes se seraient peut-être faits déculotter. C'est
ce qui serait arrivé.
M. Samson: Dr Roy, si vous êtes sûr que les
spécialistes se feront déculotter, vous n'aurez pas d'objection
à ce qu'ils viennent dans ce cas parce que vous aurez avantage à
les laisser déculotter.
M. Roy (Augustin): Ils n'avaient qu'à venir et ils ne
voudront pas l'emmener de toute façon.
M. Samson: Bon. Très bien.
M. Roy (Augustin): Ce n'est pas mon problème.
M. Samson: Je vous ai entendu dire que ce que vous voulez, c'est
le bien du peuple. Je sais que votre association a de l'argent. Je veux vous
demander ceci: Etes-vous prêt...
M. Roy (Augustin): Non. On n'a pas...
M. Samson: ...à nous aider à défrayer le
coût pour faire venir le Dr Schatz ici? Etes-vous prêt à
faire cela pour le bien de la population?
M. Roy (Augustin): Savez-vous qui est le Dr Schatz?
M. Samson: Non. Je ne veux pas savoir...
M. Roy (Augustin): Savez-vous qui est le Dr Schatz?
M. Samson: Faites-le venir.
M. Roy (Augustin): Je peux vous informer sur le Dr Schatz.
M. Samson: Faites-le venir.
M. Roy (Augustin): D'abord, il n'est ni médecin, ni
dentiste.
M. Samson: Je m'excuse. J'ai dit: Docteur. C'est professeur que
je voulais dire. Ne trouveriez-vous pas valable qu'on le fasse venir ici? S'il
n'est pas correct, vous serez vainqueur.
M. Roy (Augustin): S'il avait voulu venir, il n'avait qu'à
se faire inviter par un groupe qui voulait...
M. Samson: Le Parti québécois, le Ralliement
créditiste, l'Union Nationale l'invitent mais nous n'avons pas d'argent
pour le faire venir.
M. Roy (Augustin): Vous avez eu deux mois pour présenter
des mémoires et inviter des groupes, susciter de l'opposition. J'ai
l'en-tête du papier à lettre du Dr Schatz et j'ai appris dans le
métier à me méfier d'une chose. Plus les en-têtes du
papier à lettre d'un individu sont larges, plus il faut se
méfier. Parce que plus on a besoin de se vanter qu'on a des titres, et
qu'on est professeur de telle ou telle chose et qu'on a un doctorat en...
M. Samson: Pourrais-je avoir une copie de vos en-têtes de
lettre?
M. Bédard (Chicoutimi): ...des lettres des Affaires
sociales.
M. Roy (Augustin): ...plus il faut être prudent.
Pardon?
M. Samson: Etes-vous prêt à déposer une copie
de vos en-têtes de lettre?
M. Roy (Augustin): Les en-têtes de cette lettre?
M. Samson: Non. De vos en-têtes de lettre à
vous.
M. Roy (Augustin): Mes en-têtes de lettre sont très
simples, mon cher!
M. Samson: Oui?
M. Roy (Augustin): Elles sont très simples.
M. Samson: Et ceux de...?
M. Roy (Augustin): Mon nom n'apparaît même pas.
M. Samson: Etes-vous prêt à faire l'affirmation pour
tout le corps médical?
M. Roy (Augustin): Je n'ai rien à prouver.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, messieurs! M. Samson:
M. le Président, je m'excuse...
M. Roy (Augustin): Je voulais tout simplement dire que ce
monsieur, qui n'est ni médecin, ni dentiste, a fait très peu de
publications dans le domaine de la dentisterie. Le reste est dans le domaine de
la chimie et il est parti dans une croisade antifluoration. C'est son droit. Il
fait une croisade aux Etats-Unis, mais je dois vous dire qu'il n'est pas
accepté dans les milieux scientifiques. Il est très
controversé dans les endroits qu'il fréquente. Ses
théories ne sont pas admises. C'est son droit. Je connais, moi ici au
Québec, des médecins avec lesquels je ne suis pas d'accord et ils
ont droit à la dissidence. Cela ne veut pas dire qu'ils ont raison.
Lorsque 99.9% des gens vous disent que telle chose est bonne et qu'il y
en a un sur 100 qui vient vous dire que cela n'est pas bon, je dis:Très
bien. Tu peux dire que cela n'est pas bon, mais tu n'as pas raison. C'est dans
ce sens qu'il faut prendre le témoignage de ce M. Schatz qui n'a aucune
valeur. Est-ce assez clair?
M.Samson: II y a le député de Chicoutimi qui me dit
que le Christ s'est fait crucifier comme cela.
M. Roy (Augustin): Je termine là-dessus, M. le
Président.
M. Bedard (Chicoutimi): Evidemment, c'est parce qu'il semblait
avoir raison tout seul.
M. Roy (Augustin): Je ne suis pas Juif, heureusement!
Le Président(M. Pilote): Leministre des Affaires
sociales.
Si c'est possible, il nous reste encore quelques organismes à
entendre. Je sais qu'il y en a qui sont obligés de monter à
Montréal, ce soir. Je veux m'en aller au lac Saint-Jean. Lui, veut s'en
aller à Chicoutimi. J'inviterais quand même les gens, les
organismes et les membres de la commission à tenter de nous donner une
chance pour pouvoir surtout entendre les gens des autres organismes. Il nous en
reste cinq.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais poser une
dernière question si possible au Dr Roy et aux personnes qui
l'accompagnent. Je crois quand même que le sujet est suffisamment
important pour que nous l'épuisions, d'autant plus que certains aspects
ont peut-être été traités au détriment
d'autres. Je ne crois pas que ce soient les principaux et les plus importants
qui aient eu nécessairement la première place. Mais à tout
événement, j'aimerais donner l'occasion aux personnes qui
accompagnent le Dr Roy, ou au Dr Roy lui-même peut-être, de nous
aidera faire le point sur les arguments d'ordre biologique, puisque nous avons
devant nous, il ne faut pas l'oublier, la Corporation professionnelle des
médecins. D'autres viendront témoigner sur les aspects
d'ingénierie et certains autres aspects. Il demeure que sur le plan
des effets biologiques d'ensemble, d'une mesure comme celle-là,
je pense qu'il serait peut-être utile que les membres de la commission
aient l'occasion de faire un peu le tour en écoutant un des membres de
la délégation nous faire le point sur cet aspect, l'effet du
fluor sur l'organisme humain dans son ensemble.
M. Roy (Augustin): Le Dr Bouchard va répliquer.
M. Bouchard: N'ayez crainte, je ne décrirai pas toutes les
équations du métabolisme intermédiaire. Je vais être
extrêmement concret. En étudiant le dossier du fluor, je ne me
suis posé que des questions scientifiques, et je vais essayer de
répondre dans ce sens.
La première question que je me suis posée: Le fluor est-il
un élément essentiel à la nutrition? Est-ce que c'est
nécessaire à l'organisme d'avoir du fluor? Je pense qu'on peut
à ce moment-ci diviser cela en deux, à savoir, au point de vue
dentaire et au point de vue général. Je pense que les
données de la littérature scientifique décrites dans les
documents qui m'ont été fournis d'une part, et ceux que j'ai pu
examiner, par une revue de la littérature récente,
c'est-à-dire de l'année 1974, prouvent hors de tout doute
scientifique raisonnable que le fluor est béné-fiq ue pour la
santé des dents. Je pense que cela a été largement
prouvé dans le courant de la journée et que cela l'a
été hier; je n'étais pas ici, mais d'après oe qu'on
m'a dit.
Au point de vue général, c'est un domaine qui est en
pleine évolution. Je peux citer un auteur qui s'appelle c'est
très mauvais les arguments d'autorité, il faudrait faire les
expériences nous-mêmes M. Neilson, publié dans une
excel lente revue, un journal américain de nutrition, où il fait
une revue sur un certain nombre de composés qu'on trouve dans
l'organisme, dont le fluor. Les données les plus récentes datent
de 1972. Elles tendent à prouver d'une façon relativement
certaine bien que cela n'ait pas été confirmé,
comme vous le savez, dans le domaine scientifique, un auteur publie quelque
chose, cela peut prendre des années avant que cela soit
répété et confirmé absolument que le fluor
serait nécessaire pour maintenir chez l'individu un hématocrite
normal, un niveau de fertilité satisfaisant. Il serait nécessaire
à la croissance.
Si on l'infère à l'homme, évidemment, le
problème est un peu différent, parce qu'il n'y a pas encore
d'expérience qui a été faite sur l'homme. C'est
extrêmement difficile de donner à l'homme un régime carence
absolument en fluor pour regarder sur l'homme si le fluor est un
élément essentiel à sa croissance. D'ailleurs, je pense
qu'au point de vue de l'éthique, ce ne serait pas acceptable. Alors, on
doit se contenter des données biologiques qui ont été
prouvées chez l'animal ou qui, actuellement, tentent à être
prouvées. C'est le problème général.
La deuxième question que je me suis posée: Le fluor,
à la dose où il est recommandé, est-ce que c'est
dangereux?
Si on examine ici encore la littérature scientifique qu'on trouve
dans de bonnes revues, je pense bien qu'il n'y a aucune preuve que cela
pourrait être dangereux. Que le fluor recommandé, soit un
milligramme par litre ou 1,2 milligramme par litre, je pense que c'est à
peu près semblable au point de vue pratique, ce n'est pas dangereux.
Si on augmente la dose jusqu'à 2,5 milligrammes par litre, ce
n'est pas dangereux non plus. On n'a pas trouvé d'effet nocif, et
même j'irais plus loin, la concentration sérique du fluor reste au
même niveau.
Le troisième point, maintenant. Vous savez, on traite certaines
pathologies maintenant avec le fluor, certaines maladies de l'oreille et ainsi
de suite. Même si on augmente la dose de cinquante fois,
c'est-à-dire que, si on monte à cinquante milligrammes par litre
de sang, étant donné la clairance rénale, c'est un terme
un peu technique, c'est-à-dire la facilité qu'a le rein
d'éliminer le fluor, il y a un "peak" à un moment donné,
mais ce n'est pas nocif. Cela aussi, c'est un point que... A la concentration
où on le donne, je pense bien qu'il ne peut pas y avoir de danger.
Même s'il y a un accident dans le dosage, je vais en parler maintenant,
je pense que cela ne peut pas l'être beaucoup.
Il y a un troisième point qui m'a préoccupé,
celui-là, non pas parce que je suis médecin, mais parce que je
suis biochimiste et que je m'occupe de laboratoire. Je ne connais pas
d'équipement infaillible. La question que je vais poser est la suivante:
Je me suis dit: S'il arrive un accident dans les mécanismes qui
libèrent, incorporent le fluor, le fluorure de sodium ou tout autre
composé dans l'eau, qu'est-ce qui va arriver? Sommes-nous devant la
possibilité d'une catastrophe?
J'ai l'impression que c'est extrêmement improbable,
particulièrement si on emploie le fluorure de sodium. Je vais vous
expliquer pourquoi. La dose dangereuse, d'une façon chronique, du fluor
je pourrais en discuter avec mes collègues c'est à
peu près 4,000 milligrammes par jour environ. Cela voudrait dire 4,000
milligrammes par litre de sang. J'ai l'impression qu'avant qu'on parvienne
à ce niveau, étant donné que le fluor est un sel, comme
vous le savez, et qu'au Ph de l'eau, qui est d'environ de 6, 5 à 7,
d'une façon normale, tout dépendant des impuretés... Quand
on purifie l'eau d'une façon parfaite, on obtient un Ph de 7. La
dissociation du fluorure de sodium à titre d'exemple est presque
à 100%.
A ce moment, je pense que l'eau sentirait d'une façon importante.
Tout ce que cela pourrait provoquer, ce serait ce qu'on appelle une fluorose
chronique. J'ai l'impression que, si les mécanismes de contrôle
sont adéquats pour l'incorporation du fluor dans l'eau, il n'y aurait
pas de problème pour cela, parce qu'on s'en apercevrait avant.
Dernière possibilité. Encore là, on peut discuter
sur le chiffre et je ne veux pas ouvrir un débat sur cela. La dose
létale du fluor, c'est d'environ quatre grammes de fluorure de sodium,
ce qui est une quantité considérable. Je me suis trompé,
je m'excuse. J'ai passé une étape. C'est 1,000 que j'aurais
dû dire avant et ensuite 4,000. Donc, c'est environ 4,000 milligrammes de
fluorure de sodium dans un litre d'eau.
Or, pour que ce soit extrêmement dangereux
pour la santé, il faudrait qu'un individu, d'une seule dose, le
bouffe dans un verre comme cela. Cela fait qu'il faut multiplier ces valeurs
à peu près par dix, ce qui nous ferait environ 40,000
milligrammes de fluor dans un verre d'eau. Il faudrait que les machines qui
distribuent le fluor se soient trompées d'une façon
extraordinaire et qu'il n'y ait pas de contrôle.
Si on résume, je pense qu'on tend à prouver que c'est un
élément essentiel, mais je ne pense pas que ce soit dangereux
avec les doses qu'on veut utiliser.
Finalement, je crois que, même dans le cas d'un accident, on s'en
apercevrait avant que ce soit dangereux pour la santé des individus. Il
y a un ou deux ans, il est arrivé, à Montréal, un accident
dans une piscine à cause du niveau de dosage du chlore dans ce cas.
Il y a des enfants qui ont été incommodés, mais
cela n'a pas eu de conséquence grave. J'ai bien l'impression qu'il
arriverait la même chose s'il y avait une erreur dans les appareils,
quelle que soit leur perfection, qui incorporent le fluor dans l'eau. Je n'ai
pas d'autres commentaires.
M. Roy (Augustin): Maintenant, pour ajouter, je l'ai dit dans mon
mémoire. J'ai vérifié avec le Centre des poisons de
Montréal, et on n'a rapporté aucun cas d'intoxication au fluor.
Je n'en ai vu aucun dans la littérature. Evidemment, à ce dosage,
l'odeur et la couleur seraient tellement évidentes que cela
paraîtrait à la face même. Il reste quand même que
comme on l'a mentionné, il faut exercer un contrôle important,
comme pour la chloration de l'eau, sur ce mécanisme, d'addition ou
d'ajustement du fluor dans les eaux de consommation.
M. Bonnier: Seulement une petite question. On a beaucoup
souligné l'importance du fluor pour la dentition chez les enfants de
couche économiquement faible. On note, en fait, peut-être une
dentition défectueuse, due à l'alimentation, au manque de soins
ou peut-être d'alimentation. A ce moment, peut-être que le fluor
viendrait aider. Cependant.au cours de la journée, on nous a dit que,
justement, dans cette catégorie de population, le danger d'absorption de
fluor est encore plus grand parce qu'à cause d'une alimentation
défectueuse, la réaction au fluor serait beaucoup plus
dommageable. Est-ce que c'est exact? Est-ce qu'on peut penser cela?
Peut-être que le Dr Bouchard peut nous dire cela.
M. Roy (Augustin): C'est l'étude de Chili qu'on met en
doute, parce que ce ne sont pas les mêmes cond itions de vie.
Effectivement, je pense q ue le fait que la mortalité soit plus
élevée, n'est pas du tout du au fluor, elle est due à la
malnutrition. On sait, évidemment, que la malnutrition entraîne
beaucoup de maladies, particulièrement les maladies infectueu-ses, une
moins grande résistance de l'organisme. C'est une des raisons. Le Dr
Bouchard veut peut-être ajouter d'autres choses.
M. Bouchard: Je peux peut-être répondre à
cela. La toxicité du fluor est plus grande lorsque l'alimentation est
moins bonne. C'est pour cela, d'ailleurs, que la fluorose même sur les
dents, la fluorose générale et la fluorose ankylosante
diffè- rent en fonction de la concentration du fluor que l'individu
ingère, d'accord, mais aussi en fonction de son alimentation. S'ils
s'alimentent moins bien, la concentration toxique est plus basse. Je ne sais
pas si cela répond à votre question.
M. Bonnier: Oui, mais est-ce que cela peut être
dangereusement plus...
M. Bouchard: Je n'ai pas l'impression que dans... Qu'est-ce que
vous voulez, si j'étais aux Indes...
M. Bonnier: Notre type de climat et prenez nos habitudes
alimentaires...
M. Bouchard: Je ne pense pas qu'ici ce soit dangereux.
M. Roy (Augustin): Je ne pense pas que nos enfants se comparent
à ceux du Bangla Desh comme on a vu l'autre soir à la
télévision, ni à ceux de l'Ethiopie. On n'est pas dans cet
état de malnutrition, même s'il y aurait encore de la place pour
l'amélioration des bonnes habitudes alimentaires. Les habitudes ne sont
quand même pas si mauvaises. Evidemment, manger du chocolat et boire du
Coke, comme le député de Rouyn-Noranda, c'est très mauvais
pour la santé.
M.Samson: L'eau est fluorée au Bangla Desh, je
suppose?
M. Roy (Augustin): Pardon?
M. Samson: Avez-vous dit que l'eau était fluorée au
Bangla Desh?
M. Roy (Augustin): Non, mais j'ai ditqu'il yavait des enfants qui
étaient sous-nourris. Ils n'avaient pas des riz, pas de chocolat, ni de
Coke.
M. Samson: Vous devriez ajouter que c'est parce que je n'ai pas
soupé. Cela vous ferait mieux comprendre.
M. Roy (Augustin): Oui, je comprends. Cela augmente un peu le
sucre dans le sang.
M. Samson: Cela donne de l'énergie. Je peux continuer si
vous voulez.
M. Roy (Augustin): Moi aussi.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais, si les membres
n'ont pas d'autre question, remercier le Dr Roy et les personnes qui
l'accompagnent, non seulement pour l'excellence de leur présentation,
mais également pour la patience dont ils ont fait preuve en attendant
leur tour aussi tard et en étant encore avec nous même ce soir. Je
leur souhaite un bon retour, étant donné que l'heure est
déjà avancée. Je crois que tout le monde va se joindre
à moi pour les remercier.
M. Roy (Augustin): Merci beaucoup.
Le Président (M. Pilote): On vous remercie, messieurs.
M. Roy (Augustin): Merci et sans rancune. Pas besoin de passeport
encore?
M. Samson: On ne vous l'imposera pas.
Le Président (M. Pilote): J'inviterais à
présent le Dr Paul Simard qui a bien voulu céder sa place le
numéro 8.
M. Simard (Paul): On a presque l'impression de faire partie de
l'équipe du Parlement. Je pense bien que c'est la dernière fois
qu'on comparaît.
M. le Président, est-ce que je peux vous demanderceci? Si le
mémoire est tout simplement déposé, est-ce qu'il va
paraître aux dossiers ou s'il faut absolument en faire la lecture?
Maintenant, s'il y a des membres de l'Opposition... Je dois dire que ce
mémoire...
M. Bédard (Chicoutimi): En ce qui regarde l'Opposition
officielle, on n'aurait pas d'objection.
Le Président (M. Pilote): Le mémoire a cinq
pages.
M. Simard (Paul): Le mémoire est une entrée en
matière, en fait, au travail ou à la conférence qu'a
présentée le Dr Kleinberg. Il va absolument dans le même
sens. Ce serait pour épargner du temps à to ut le monde.
J'aimerais, cependant, qu'il soit porté au dossier.
Le Président (M. Pilote): Avec le consentement de la
commission, il est permis de l'intégrer au journal des Débats.
(Voir annexe 1)
M. Simard (Paul): Je pense bien, M. Samson, qu'on ne parlera pas
de libertés individuelles ce soir?
M. Samson: Cela va me priver d'une bonne période de
questions.
M. Bédard (Chicoutimi): On en a assez parlé.
M. Simard (Paul): Alors, je remercie la commission parlementaire
de nouveau.
Le Président (M. Pilote): Est-ce que les membres ont des
questions?
NI. Forget: Cela n'empêche pas que nous posions des
questions. Il y a peut-être des questions.
M. Samson: M. le Président, je n'en ai pas à poser.
On s'est questionné, je pense, hier. On remercie le Dr Simard d'avoir eu
le courage de revenir deux jours.
M. Simard (Paul): Cela a été très
agréable.
M. Samson: C'est pas mal.
M. Simard (Paul): Je vais passer près d'être
candidat, pas député.
M. Samson: Si vous revenez une autre journée, on vous fait
élire.
M. Simard (Paul): II s'agirait de déterminer q uel parti,
je ne le sais pas.
Le Président (M. Pilote): Si je comprends bien, le
mémoire, qui comprend cinq pages on veut éviter les
publications à l'intérieur du journal des Débats
fera quand même partie intégrante du journal des
Débats.
M. Simard (Paul): C'est très bien.
Le Président (M. Pilote): On vous remercie, M. Simard,
ainsi que celui qui vous accompagne. J'inviterais à présent le Dr
Jean-Guy Bonnier. Est-ce qu'il est présent? L'Association dentaire
canadienne, représentée par le Dr Sidney Silver et le Dr Ralph
Burgess; est-ce qu'ils sont ici?
Association dentaire canadienne
M. Silver (Sidney): M. le Président, MM. les membres de la
commission parlementaire des affaires sociales, permettez-moi de
présenter mes titres et qualités. Je suis administrateur et
membre du comité administratif de l'Ordre des dentistes du
Québec. Je fais également partie du comité exécutif
et du Bureau des gouverneurs de l'Association dentaire oanadienne. Je
désire vous soumettre, à titre de représentant de
l'Association dentaire canadienne, un mémoire recommandant la fluoration
des eaux de consommation au Québec. Vous avez tous reçu copie du
mémoire. Je tiens surtout à énumérer ici ses points
saillants, plutôt que de vous relire encore le texte entier. En voici
donc le résumé.
La fluoration de l'approvisionnement d'eau fait l'objet d'études
scientifiques documentées depuis au moins 30 ans. Aucune autre
disposition dans le domaine de la santé publique n'a fait l'objet d'une
investigation aussi approfondie. L'amélioration obtenue en ce qui
concerne la santé dentaire par suite de la fluoration a comme
résultat non seulement l'amélioration de l'état de
santé général, mais encore la réduction du nombre
d'absents à l'école ou au travail, ainsi qu'une diminution de 50%
du coût des soins dentaires pour les enfants. La fluoration a l'appui des
autorités médicales, dentaires et du domaine de la santé
publique. Elle est également sanctionnée par la
Fédération dentaire internationale et l'Organisation mondiale de
la santé.
Un nombre total de 120 millions de personnes du monde entier
bénéficient aujourd'hui de la fluoration dirigée deseaux
de consommation. Les résultats de la fluoration sur une période
de dix ans sont impressionnants: une réduction de la carie dentaire de
l'ordre de 50% pour les enfants et de 35% pour les adolescents.
La fluoration, l'hygiène buccale adéquate et le
régime alimentaire approprié sont les
procédés les plus efficaces pour réduire la carie
dentaire. Je me permets ici, M. le Président, une observation
personnelle. Chez les enfants qui ont bénéficié de la
fluoration, on voit non seulement la réduction de la carie dentaire
déjà mentionnée, mais surtout les caries que l'on trouve
ne sont ni très profondes ni très grandes.
Le docteur Ralph Burgess se présente avec moi en tant que
témoin expert. Ses qualifications et son expérience sont
imposantes. Né à Montréal, le Dr Burgess obtient son
baccalauréat dans le domaine de la biochimie animale en 1949, à
l'université McGill. Il y reçoit également sa
maîtrise en nutrition animale en 1952. Vous voyez qu'il était bien
qualifié pour entrer dans l'étude de l'art dentaire. Il obtient
son DDS àToronto en 1957. Il est actuellement professeur et directeur du
département de dentisterie préventive de l'Université de
Toronto.
Depuis ce temps, le Dr Burgess a fait de considérables
recherches. Ses investigations scientifiques comprennent l'examen biochimique
de la formation du tissu dentaire dur, y compris l'incorporation
d'éléments mineurs, tels que, par exemple, le fluorure dans
l'émail dentaire, l'étude de l'efficacité clinique et
l'emploi de procédés alternatifs à la fluoration de l'eau,
l'enquête approfondie de la concentration et de la nature du fluorure
naturel existant dans l'eau, de plus, une évaluation dentaire clinique
de l'ingestion de fluorure de sodium par des enfants qui résident
à proximité d'usines d'engrais chimiques.
Le Dr Burgess sera heureux de répondre à vos questions et
de vous exposer les données les plus récentes. L'Association
dentaire canadienne, consciente et de la compétence et de la courtoisie
traditionnelle des Québécois, a préparé son
exposé en langue anglaise, puisque le Dr Burgess ne se sent à
l'aise que dans cette langue. Il demande respectueusement que les questions lui
soient posées autant que possible en anglais et qu'il lui soit permis
d'y répondre en anglais.
M. le Président et MM. les membres de la commission, je vous
remercie de votre attention soutenue et je vous passe le Dr Burgess.
Le Président (M. Boudreault): M. le ministre.
M. Forget: Dr Burgess, as a biochmist with considerable
experience in fluoride chemistry, are you in a position to comment on the
research done by previously mentioned Dr Schatz, who allegedly is a member of
the association you represent here?
M. Burgess: Mr President, members of the Council, I should first
make a comment in reference to the statement that Mr Schatz is a member of the
Canadian Dental Association and clarify this point. He is an associate member
of the Canadian Dental Association; it is the policy of the Canadian Dental
Association that anaybody who claims an interest in dentistry can be an
associate member.
This neither implies any approval of their views by the association, nor
does this association de- mand that any associated member agree to the general
policies of this association, a housewife or anyone else could have this status
and therefore we do not recognize Dr Schatz as an expert in this area. In fact,
the association defers very strongly in views expressed by Dr Schatz.
Dr Schatz, on research, as indicated earlier, is mainly in the field of
chemistry and he is done virtually no research that I am aware of, himself,
relative to water fIuoridation or either the ideal effects or the beneficial
effects on dental caries. So, I do not feel that he is an expert in this
field.
M. Forget: Thank you. In your capacity as a dentist, with a
particular knowledge of the subject of fluorides, can you tell me about the
incidence of mottled enamel in fluoridated and nonfluoridated regions of this
country or abroad?
M. Burgess: In considering this subject, I think it is important
to realize that there are a variety of causes for blemishes of enamel I
think, in French, it is "tacheté", I have gotfixed thatword up
these blemishes in enamel arise from many causes. One of which is the ingestion
of a very high level of fluoride in water supplies. If the level of fluoride is
approximately two parts per million, then, roughly 15% of children living in
such an area will show minor blemishes in the enamel. At the level suggested
for water fluoridation here, one point two parts per million, there are no
blemishes apparent.
I referred, earlier, to other causes of blemishes because this is
interesting that, in communities, they have a very low level of fluoride. There
is the high frequency of blemishes for a variety of reasons. The incidence of
this type of blemishes actually lower in areas which have water fluoridation
so, in other words, these teeth, far from being disfigured orharmed in anyway,
are actually improved and this has been proven by at least three studies that I
know of.
M. Forget: Although, I realize that it maybe somewhat out of your
proper field of competence because it has nothing to do, strictly speaking,
about chemistry. Allegations were made today that fluoridation, as a preventive
help measure, is on the decline throughout the world, that many communities,
that had it, or countries or states or provinces that had it have desisted from
this measure and have abandoned it. Is that a true statement of fact? Can you
confirm it?
M. Burgess: No, I do not believe that this is a true statement of
fact. I think it is better to say that the rate of increase in fluoridation is
not as rapid as it was saying in the early sixties. This is simply because many
areas have al ready adopted fIuoridation and you just cannot continue at the
same rate inde-finately. For instance, in Ontario, where I come from, all of
the large cities have adopted fluoridation. So, we cannot continue to go on an
upward graph at the same rate. Ever the less, we are progressing and each year
more people are drinking fluoridated water than ever before. I think there are
several coun-
tries recently that have adopted legislation, widening the use of
fluoridated water. Greece has introduced mandatory fluoridation, Brazil has
introduced fluoridation and I believe that the Soviet Union is now greatly
extending the use of fluoridated water.
M. Forget: Thank you. I have no other question, M. le
Président.
Le Président (M. Boudreault): Vous n'avez pas de
questions?
M. Leduc: Oui, M. le Président. Dr Silver, dans le
mémoire que vous avez présenté, à la page deux,
dernier paragraphe, vous mentionnez: "Naturally, at first, acceptance was
slow", en vous référant à la fluoration.
M. Silver: Un instant, s'il vous plaît.
M. Leduc: A la page 2 au sujet de la "fluoridation"...
M. Silver: Oui.
M. Leduc: You mentioned naturally, at first, acceptance was slow.
Questions were asked, is it effective, is it safe? By 1953, the Canadian Dental
Association became satisfied on both points. Now we heard today that very
little research has been made in Canada or may be elsewhere, from my
understanding of the "témoignage" that we heard today, that is 20 years
ago.
How did the association become satisfied that it was effective and safe
by 1953, I do not know whether it is clear or not with the question.
M. Silver: If I remember rightly, Brantford was one of the
Canadian cities that started experimentation in fluoridation in 1945, so that
by 1953, there was scientific documented evidence. However, the evidence was
respected' the fluoridation goes back much farther than 30 years ago. It goes
back now, something between 50 to 70 years from empirical observation by a
dentist that people living in areas with naturally fluoridated waters,
observably had much less dental cary than those living in areas where there was
no fluoridation, natural fluoridation of the water supply, so that by 1953,
when the Canadian Dental Association took this position, there was a wealth of
cumulative evidence of which 8 years of it was absolutely scientifically
documented and therefore it was able to take this position and...
M. Leduc: Over and above that, 8 years from 1955 to 1963, you
mentioned that that there had been some experience elsewhere that were
documented to a degree that this might have helped you come to the conclusion
that it was helpful.
M. Silver: What were the other two? That was Chicago and there is
another...
M. Burgess: Newburg.
M. Silver: Newburg in... M. Burgess: That is right.
M. Silver: In New York. There were three pioneer cities in Canada
and in the United States which started this program.
M. Leduc: ...survie, affirmation I do not know what word,
what it is in English that was made this afternoon that there was not
very much research on the effects of fluoridation, your judgment is false.
M. Silver: I certainly agree that that was an improper
interpretation of the evidence.
M. Leduc: Thank you.
Le Président (M. Pilote): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? Le député...
M. Bonnier: ...a question in relation with your statement that in
Ontario, most of the cities and towns already have this kind of system. Was it
organized on a voluntary basis or by the government itself, imposed by the
government, what was the natural reaction of the people to it?
M. Burgess: I should correct an impression. I believe that I said
all of the large cities have now fluoridated their water supply. Our experience
has been this:That it was very easy to gain acceptance of fluoridation in the
large cities. Dr Roy commented this afternoon on the amount of efforts it
takes, experts, personal to go on testified it, town meetings, etc. People like
myself, Dr Roy and others would give up days of time, to carry out the public
information in the large cities, but when it comes to the hundreds of smaller
towns and cities, this is quite impossible. So I think it is fair to say that
the utilization of fluoridation in Ontario in the small communities has not
progressed as rapidly unfortunately for their children.
M. Bonnier: But it could be increased if you had time to discuss
the matter with the civic authorities in different towns, I presume, but the
reaction was...
M. Burgess: Well, if we had people paid full time to do this, it
might be possibly easy, but people like myself...
M. Bonnier: People were available.
M. Burgess: ...have a full time job apart from that, we do that
in the evenings.
M. Bonnier: Thank you.
Le Président (M. Pilote): D'autres questions?
M. Forget: I would like, on behalf of this commission, thank both
of you for attending the meeting today and waiting for your turn a considerable
number of hours. Thank you very much.
Le Président (M. Pilote): J'inviterais le Or Jean-Guy
Bonnier, du Conseil de la santé et des services sociaux du
Montréal métropolitain. Le Dr Bonnier représente
également, après entente avec Mme Rachel Larivée, le
Conseil de la santé et des services sociaux de l'Outaouais.
Conseil de la santé et des services sociaux de
Montréal
M. Bonnier (Jean-Guy): M. le Président, M. le ministre,
honorables députés, sans malice, je vous remercie de m'avoir
convoqué pour comparaître devant la commission parlementaire
à dix heures. Ceci m'a donné l'occasion de comparaître
à 21 heures. Ainsi, j'ai bénéficié...
Le Président (M. Pilote): ...votre temps.
M. Bonnier (Jean-Guy): ...de mon baptême, de mon initiation
aux débats parlementaires. Pour cette raison et à cause aussi de
mon nom, qui pourrait m'identifier à un honorable député
ici présentée sais que vous serez indulgents à mon
égard.
Vous excuserez Mme Larivée. Je ne suis pas le porte-parole du
Conseil de la santé et des services sociaux de l'Outaouais mais vous
avez un document qui vous a été présenté. J'en ai
discuté, lors du souper, avec Mme Larivée. Si je fais une revue
globale des représentations de l'Outaouais, du Conseil de la
santé et des services sociaux de la région du Saguenay
Lac-Saint-Jean, du Conseil régional de la santé et des services
sociaux de la région sud de Montréal, je constate, sans
consultation préalable, que c'est unanime comme type de
présentation comme conseil régional.
Pour l'Outaouais, je veux simplement mentionner le fait que Mme
Larivée insiste pour dire quels sont les problèmes de
santé dentaire qui existent dans la région: Manque de dentistes
et pénurie au point de vue de la fluoration des eaux dans son coin. Elle
m'a demandé de vous le mentionner.
Quant au projet de loi no 88, voici nos commentaires. Il est reconnu que
la santé dentaire de la population québécoise est dans un
état déplorable. Il était urgent que le ministère
des Affaires sociales établisse un programme complet de santé
dentaire. A ce jour, les divers volets de la politique de santé buccale
du ministère des Affaires sociales sont les suivants.
M. Bedard (Chicoutimi): Peut-être, puisque vous vous
êtes référé au mémoire qui est
présenté par l'Outaouais, qu'il y aurait lieu de le
déposer tenant compte du fait que madame a été dans
l'obligation de partir, il y a seulement quelques minutes elle est
restée avec nous toute la journée. Elle m'avait dit de demander
à la commission si c'était possible de consigner, comme on l'a
fait tout à l'heure avec un autre, son mémoire au journal des
Débats.
Le Président (M. Pilote): Surtout qu'elle a attendu toute
la journée ici; je pense qu'il serait décent qu'on intègre
son mémoire au journal des Débats.
M. Dufour: Excellente idée.
Le Président (M. Pilote): C'est accepté. (Voir
annexe 2)
M. Bonnier (Jean-Guy): En son nom, je vous remercie.
Les divers volets de la politique de santé buccale du
ministère sont les suivants: 1.Gratuité des soins de chirurgie
buccale prodigués en milieu hospitalier; 2. Gratuité des soins
dentaires en cabinet privé pour les enfants de moins de huit ans.
Le troisième volet que propose le ministère des Affaires
sociales est une loi sur la fluoration des eaux de consommation.
Les deux premières mesures, principalement la première,
sont plutôt à caractère curatif et ont une action
restreinte à des individus ou à des petits groupes d'individus.
La troisième mesure, la fluoration des eaux de consommation, a par
ailleurs un caractère nettement préventif dont peut
bénéficier l'ensemble de la collectivité.
Par ce projet de loi no 88, les autorités provinciales imposent
aux municipalités qui exploitent une usine de filtration l'installation
d'un appareil de filtration. De plus, l'achat de l'installation des appareils
de fluoration sont aux frais du ministère.
Sur le plan juridique et vu l'aspect sociosani-taire de cette mesure,
nous croyons opportun et nécessaire que les autorités
provinciales prennent sous leur juridiction, leur autorité et leur
compétence la loi qui oblige les propriétaires d'une usine de
filtration à installer, selon des normes décrétées,
un appareil de fluoration. Il ne faudrait pas favoriser une loi qui permettrait
seulement aux propriétaires d'une usine de filtration l'installation
d'un appareil de fluoration.
L'achat et l'installation des appareils de fluoration. Le ministre est
autorisé à les financer.
Nous croyons aussi que les coûts d'exploitation devraient
être aux frais du ministre. En effet, c'est le ministre qui est
responsable de la santé de la population je vous
réfère au chapitre 48 je m'excuse, M. le ministre, et la
fluoration est nettement une mesure préventive à effet
circonscrit dont les effets bénéfiques sur le plan
économique réduiront éventuellement pour la province le
coût des soins dentaires. C'est une attitude que nous prenons, d'autant
plus que je fais simplement remarquer... Je vois, par exemple, que le conseil
régional de Sherbrooke appuie la fluoration, appuie le ministre dans son
projet de loi et, préalablement, on a dit que la ville de Sherbrooke
avait passé une résolution contre ce projet.
Quant au dossier technique, nous en avons fait une revue. Je pense
qu'à la suite des débats qui ont eu lieu aujourd'hui, je peux
passer assez vite là-dessus, simplement pour dire, en ce qui nous
concerne, que l'appui des organismes reconnus est une garantie suffisante. Si
on fait abstraction des personnalités qui approuvent le fluor ou qui
sont contre, nous croyons que, pour cette mesure scientifique, l'opinion d'un
individu, pour ou contre, importe peu pour le moment.
Quant à l'aspect juridique, nous pourrions nous
étendre longtemps là-dessus, mais nous croyons que le bien
public a actuellement priorité.
Nous dépassons ces aspects qui ont été longuement
discutés, et nous apportons d'autres considérations au
ministre.
Le premier point, c'est la formation des techniciens qui opèrent
une usine de filtration. Nous le faisons dans un but très constructif
et, surtout, en vue de l'avenir. En collaboration avec le ministèrede
l'environnement, je réfère ici la commission à la Loi de
la qualité de l'environnement, surtout à l'article 46, qui donne
la responsabilité des eaux de consommation à ce
ministère.
Décrire les qualifications requises pour les techniciens qui
exploitent une usine de filtration avec ou sans appareil de fluoration.
Organiser des stages de formation en cours d'emploi. Offrir aux
municipalités des subventions pour réaliser les deux
éléments précédents. Avoir à son emploi des
ingénieurs et des techniciens compétents qui assureraient une
surveillance étroite des eaux de consommation et qui apporteraient leur
aide technique aux organismes responsables de fournir l'eau potable au
public.
Pour les substances chimiques utilisées tant pour le fluorque
pour les autres produits chimiques utilisés dans les usines de
filtration et les aqueducs, des normes précises sur la composition, le
dosage, le mode d'utilisation devraient être définies par
règlements ou directives.
Un troisième point: Des études
épidémiologiques constantes sur la santé dentaire et les
effets de la fluoration devraient être une préoccupation
prioritaire constante du ministère des Affaires sociales. A
l'intérieur du ministère des Affaires sociales, des structures
valables en santé buccale devraient témoigner de cette
préoccupation et le ministre devrait peut-être, alors, compter sur
un sous-ministre adjoint, dentiste, qui ferait le lien entre le
ministère des Affaires sociales, les organismes dentaires et le public,
tant celui qui appuie fortement la fluoration que celui qui, d'une façon
inconsciente ou apathique, ou celui qui s'oppose pour des raisons d'ordre
scientifique ou moral à la fluoration, afin d'assurer une certaine
continuité.
Un quatrième point: Nous entrons avec un autre ministère.
En collaboration avec le ministère de l'Education, les organismes
dentaires, les départements de santé communautaire, les CLSC, les
unités sanitaires et les services de santé, le ministère
des Affaires sociales doit élaborer immédiatement un programme
d'éducation sanitaire de première valeur et continu. Cette
préoccupation, alliée aux autres éléments, serait
un indice que le ministère des Affaires sociales développe
vraiment une politique globale en santé buccale, témoigne de son
sérieux et que la fluoration n'est qu'un élément dans
l'ensemble du programme. Il ne faudrait pas que la mise en application de la
fluoration constitue, pour le ministère des Affaires sociales, la
solution miracle aux problèmes de santé buccale et devienne un
cran d'arrêt pour les autres activités d'hygiène
dentaire.
Conclusion: Le sujet de la fluoration a été et sera
l'objet de nombreuses discussions. Il appartient au gouvernement du
Québec de prendre la décision finale et d'arrêter ces
tergiversations.
Le ministère des Affaires sociales est responsable de la
santé de la population. Il impose que les eaux fournies pour une usine
de filtration aient une teneur en fluor de 1.2 partie par million.
Après étude, nous appuyons ce projet de loi et nous en
profitons pour soumettre au ministre certaines recommandations et suggestions
notamment sur les points suivants:
En plus du financement et de l'installation des appareils de fluoration,
les coûts d'exploitation devraient être aux frais du gouvernement
provincial;
Etablir des liens étroits et fonctionnels avec les
ministères de l'environnement et de l'Education;
Etablir des normes sur la formation et le perfectionnement des
techniciens qui exploitent une usine de filtration. Le contrôle de la
quantité;
Définir des normes sur les produits chimiques
utilisés.
Enfin, posséder à l'intérieur du ministère
des Affaires sociales des structures valables dans le domaine de la
santé buccale;
Etablir des études épidémiologiques
appropriées.
Comme vous constatez, ce qui nous préoccupe, c'est d'appuyer ces
projets de loi, mais nous voulons que ce projet de loi soit fait dans un but
positif. Ce qui nous préoccupe, c'est que ce soit un continuum. C'est la
qualité qui devrait être une préoccupation du
ministère des Affaires sociales. Je vous remercie.
Le Président (M. Pilote): Le ministre des Affaires
sociales.
M. Forget: M. le Président, je ne crois pas avoir de
question. C'est un exposé très clair et très constructif.
Je n'ai pas de question particulière à poser.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas de question non plus.
Cela rejoint naturellement le contenu de plusieurs des mémoires qui ont
été présentés. Je m'associe au ministre pour vous
féliciter de votre...
M. Bonnier (Jean-Guy): Vous êtes bien gentils, je vous
remercie.
Le Président (M. Pilote): On vous félicite, M.
Bonnier, et soyez assuré que les membres de la commission vont prendre
en considération votre mémoire. On vous remercie.
M. Bonnier (Jean-Guy): Merci beaucoup.
Le Président (M. Pilote): J'inviterais à
présent le
Dr Bertrand Forest, président de l'Ordre des agronomes du
Québec. Si vous voulez identifier également ceux qui vous
accompagnent.
Ordre des agronomes du Québec
M. Forest (Bertrand): Oui, M. le Président. Cela me fait
plaisir d'abord de me présenter moi-même Bertrand Forest,
président de l'Ordre des agronomes, directeur général de
la recherche et de l'enseignement au ministère de l'Agriculture du
Québec.
Cet avant-midi, j'avais avec moi les membres du comité
administratifs. Maintenant, ils ont dû s'absenter, ils ont
siégé cet après-midi et ce soir. Eux aussi doivent
travailler. J'ai à ma droite le Dr Fer-nand Gauthier, directeur
général adjoint de la recherche au ministère de
l'Agriculture du Québec. A mon extrême gauche, le Dr Gilles Emond,
chef de la division de la défense des cultures au ministère de
l'Agriculture du Québec. A ma gauche, le Dr Morton Tabi, chef de la
division des sols au même ministère de l'Agriculture du
Québec.
Le Président (M. Pilote): Si vous voulez faire la lecture
du mémoire, vu qu'il est très bref.
M. Forest: M. le Président, à la suite de
l'étude du projet de loi 88, intitulé Loi modifiant la Loi de la
protection de la santé publique, le bureau de l'Ordre des agronomes
réuni en réunion régulière à Drummondville,
le 14 février dernier, a fait parvenir de brefs commentaires à la
commission parlementaire chargée de l'étude du projet de loi 88.
Le court espace de temps entre la réunion du bureau et la date limite
qui nous était fixée pour déposer le document ne nous a
pas permis de rédiger un texte plus complet, le bureau s'étant
prononcé et ayant approuvé les commentaires brefs que nous avons
acheminés le plus rapidement possible à la commission
parlementaire.
Je voudrais, avec votre bienveillante autorisation, vous donner
aujourd'hui des renseignements supplémentaires, après d'autres
études faites par les membres de notre ordre et par d'autres
spécialistes du ministère et d'ailleurs, sur la présence
du fluor dans le sol, dans les plantes et les animaux, sur ses effets, afin de
vous permettre, par analogie, de tirer vos propres conclusions et d être
mieux en mesure de prendre vos responsabilités.
Les autres spécialistes qui sont passés ont couvert le
domaine de la médecine et de l'art dentaire. Ce n'est pas notre
intention d'y revenir. On trouve du fluor dans le sol, dans les plantes et les
animaux. Dans certaines régions seulement, cette concentration du
fluordans l'eau, le sol ou la nourriture serait assez élevée pour
causer des troubles alimentaires chez les plantes et les animaux. Dans des
sols, la teneur en fluor varie de zéro à .15%, les sols en
contiennent normalement de 100 à 300 parties par million de fluor avec
une augmentation de ia concentration dans le sous-sol. Les sols
dérivés de roches très riches en phosphate peuvent en
contenir jusqu'à 8,000 parties par million.
Mais, attention, comme je l'ai dit tout à l'heure, on n'a pas dit
s'il était soluble ou insoluble dans ces parties. Il y a une
différence entre la quantité totale et la quantité
assimilable directement par les plantes.
Dans les sols, l'ion basique prédominant est le calcium et, comme
la solubilité de fluorure de calcium est d'environ seize parties par
million dans l'eau, il est douteux que la concentration maximale du fluor dans
le sol excède huit parties par million, qui est la quantité de
fluor dans une solution saturée de ce sel.
Le fluor existe en quantités très variables dans un grand
nombre d'espèces végétales. Il est essentiel à
certaines espèces. Il exerce même un effet bénéfique
dans certaines zones. La teneur des plantes en fluor varie de dix à
vingt parties, vingt milligrammes par kilogramme de matières
fraîches, jusqu'à 80 milligrammes par kilogramme de
matières sèches dans certains cas, ce qui donne environ de deux
à vingt parties par million suivant les endroits où ces plantes
croissent.
Des analyses de 107 échantillons de foin de luzerne provenant de
différentes régions des Etats-Unis, régions qui
étaient exemptes de pollution industrielle, assez
éloignées d'usines où il pouvait y avoir de
l'émanation de fluor, usines d'aluminium ou encore de transformation
d'engrais chimiques, ont révélé une teneur en fluor
très variable. Elle variait de .8 de 1%à36.5 parties par million
avec une moyenne de 3.6 parties par million. Il n'y avait aucune relation entre
la teneur en fluor des échantillons et leur provenance
géographique. La limite de tolérance fixée par The
American Feed Control Office est de 90 parties par million de fluor dans les
aliments du bétail.
Dans un milieu de culture, la concentration optimale pour les plantes
serait de .002% ou de .0021%. On le rencontre surtout dans les feuilles. Il y
en a très peu dans les fruits et les graines. Les feuilles de
thé, paraît-il, seraient très riches en fluor, puisqu'elles
en contiendraient de 160 à 200 milligrammes par kilogramme.
Plusieurs chercheurs ont étudié les effets du fluor sur
les plantes. On a rapporté des augmentations de rendement avec certaines
plantes, aucun effet avec d'autres. On a, par ailleurs, trouvé que
l'action du fluor sur l'ananas et le maïs devenait apparente, mais
seulement en présence d'une très forte concentration d'ions de
fluor. On ajoute du fluor au sol lorsqu'on emploie certains engrais chimiques
provenant de phosphate de roches de la Floride et du Tennessee, qui contiennent
de 3% à 4% de fluor dont les trois quarts seraient retenus dans les
engrais fabriqués avec du minerai de ces sources.
La toxicité du fluor peut être corrigée chez les
plantes et les animaux par l'addition de chaux et l'emploi de phosphates
solubles qui immobilisent les fluorures solubles et produisent l'apatite
minérale très insoluble contenant le phosphore.
Dans les sols acides, à la suite d'application d'engrais
contenant du fluor, la teneur de certaines plantes en fluor peux
s'élever jusqu'à 500 parties par million ou davantage.
D'ordinaire, on observe les dommages lorsque la teneur s'élève
à 50 parties par million. A une concentration plus élevée,
il va sans dire que les plantes meurent.
On a toutefois démontré que la quantité de fluor
absorbée par les racines n'est pas proportionnelle à la
concentration dans le sol et qu'il y a peu de transport dans les autres parties
de la plante, excepté lorsque la concentration du sol est de plusieurs
milliers de parties par million.
Les seuls éléments mineurs dont on a
démontré les déficiences chez les animaux, mais on
pourrait dire chez l'homme, sont le fluor, le cobalt, l'iode et le fer. On n'a
pas cependant de preuves du besoin
physiologique des animaux en fluor. On sait qu'il est utile parce qu'il
est une partie constituante, comme on l'a répété tout au
cours de la journée, des dents et des os.
L'effet d'une teneur élevée en fluor chez les plantes
utilisées comme aliments des oiseaux n'est pas connu. Des travaux ont
démontré qu'une diète contenant quatorze parties par
million de fluor empêchait le développement normal des dents chez
les rats.
On affronte surtout des problèmes, en alimentation animale,
lorsqu'on donne du phosphate de roc pulvérisé aux animaux,
phosphate de roc provenant de minerai qui serait très riche en fluor, au
lieu de donner aux animaux de la farine d'os. Mais on peut obvier à cet
inconvénient en faisant griller le minerai à une
température élevée pour en chasser le fluor, comme on le
fait dans la fabrication des engrais chimiques où l'on chasse le
fluor.
On a rapporté des troubles chez des animaux qui buvaient de l'eau
contenant de dix à vingt parties par million de fluor, mais, lorsque la
teneur de l'eau en fluor est trop élevée, on peut encore la
réduire en filtrant l'eau avec des filtres fabriqués à
l'aide d'os moulus.
Chez les volailles, on dit qu'ils seraient beaucoup moins sensibles et
qu'il y aurait danger de fluorose lorsque l'on donne du phosphate de roc au
lieu de donner du supplément minéral normal.
M. le Président, les raisons pour lesquelles on devrait refuser
l'autorisation d'employer un produit chimique ou celles pour lesquelles on
devrait le retirer de la circulation devraient toujours être
basées sur des preuves scientifiques reproductives, comme on l'exige
pour leur utilisation. Si l'opinion publique doit jouer un rôle important
dans le processus politique et elle doit en jouer un il faut que
cette opinion publique appuie toujours ses assertions sur des analyses
critiques des faits plutôt que sur l'émotivité, la
sensiblerie ou des craintes du genre croque-mitaine, Bonhomme-Sept-heures de la
part de plaisantins de l'Apocalypse. Les décisions doivent être
basées sur une évaluation objective de preuves scientifiques
irréfutables et non sur les seules opinions publiques ou politiques
fussent-elles démocratiques. Les décisions d'obédience
scientifique conditionnées par des expédients politiques, avec
caution gouvernementale, ne sont pas toujours adéquates ni
bénéfiques.
Je vous remercie, messieurs, de nous avoir écoutés.
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre des
Affaires sociales.
M. Forget: Je vous remercie, Dr Forest. J'aimerais que nous nous
arrêtions un moment sur certaines affirmations qui ont été
faites aujourd'hui, selon lesquelles le déversement dans les eaux
d'égout des déchets et de l'eau usée, mais fluorée,
aurait des effets inconnus et imprévisibles sur la biologie animale et
végétale.
Vous attirez, dans vos notes à la page trois, l'attention sur la
possibilité que la toxicité du fluor puisse être
corrigée par l'addition de chaux et l'em- ploi de phosphates solubles
qui immobilisent le fluorure soluble et produisent l'apatite minérale
très insoluble contenant le phosphore. Est-ce qu'un processus analogue
ou un processus identique à celui-là n'est pas de nature à
se produire, justement, dans les eaux d'égout qui contiennent du
phosphate on sait qu'il y a quelques années on parlait de la
surabondance de phosphate dans les eaux usées et de provoquer une
réaction de ce genre qui est susceptible de neutraliser, en quelque
sorte, les fluorures qui se trouvent dans l'eau, de manière à les
rendre totalement inoffensives?
M. Forest: Vous avez raison, M. le ministre. Ceci démontre
comment il faut être prudent lorsqu'on projette, dans l'avenir, des
possibilités de réactions ou autres. Vous avez mentionné,
précisément, une possibilité qu'il y ait
déjà neutralisation dans ces groupes. Par ailleurs, on pourrait
prétendre qu'il y aurait danger de concentration, comme on le dit
malheureusement trop souvent. La fameuse chaîne alimentaire dont on parle
si souvent; dans cette chaîne alimentaire, il y a concentration,
peut-être, mais on oublie toujours s'il y a aussi dégradation et
détoxication d'un organisme à l'autre.
Vous avez certainement vu, messieurs les membres de la commission, de
nombreuses publications où il y avait des exagérations, il faut
le dire. On vous a montré en graphique une dizaine je pourrais
laisser mon confrère expliquer le graphique d'insectes
empoisonnés, dix grenouilles qui mangeaient chacune dix insectes et la
couleuvre qui mangeait dix grenouilles empoisonnées et l'aigle, enfin,
qui... C'est une grossière représentation de ce qui se passe dans
la nature.
Il y a concentration mais on a oublié qu'il y a
dégradation et détoxication tout au cours de la chaîne
également. Il y a d'autres processus que l'on ignore. Il faut être
très prudent lorsqu'on projette, comme cela, ou qu'on émet des
hypothèses sans référence scientifique précise.
M. Forget: Vous faites également allusion, dans votre
mémoire je pose la question pour être bien sûr de
comprendre les implications à l'absorption, par les racines des
plantes, du fluor qui se trouve présent dans le sol.
Vous indiquez que l'absorption par les racines n'est pas proportionnelle
à la concentration dans le sol et qu'il y a peu de transport dans les
autres parties de la plante, excepté lorsque la concentration est de
plusieurs milliers de parties par million. Est-ce que, par exemple, l'arrosage
des pelouses, des fleurs et des jardins par de l'eau fluorée dans les
villes où les gens peuvent avoir des potagers ou simplement des
pelouses, est susceptible de causer des difficultés quant à la
culture, à rendre stériles les potagers, à tuer le gazon
ou quoi que ce soit du genre?
M. Forest: II y a beaucoup plus de danger avec le sel que l'on
applique dans les eaux. Encore là. vous voyez les pelouses reverdir. On
a dit que les végétaux digéraient, mais les
végétaux ne digèrent pas; ils transportent, par tout un
mécanisme, des
racines aux différentes parties de la plante, les minéraux
qu'ils absorbent. Mais, je l'ai mentionné, il y a un blocage parfois au
niveau des racines, le Dr Gauthier se rappelle ici qu'un de nos
confrères avait travaillé avec du manganèse, avec
différentes variétés d'une même espèce; il a
trouvé que chez certaines variétés, il y avait un blocage
génétique au niveau des racines. C'est donc que des plantes ne
peuvent s'adapter et peuvent avoir certains gènes. Ce que l'on oublie
encore dans les considérations scientifiques un
spécialiste qui n'aurait été que dans le domaine de la
physiologie pure... on avait l'avantage, à cette station de recherche,
d'avoir un généticien qui avait travaillé conjointement
avec les spécialistes en fertilité des sols et qui ont fait cette
découverte, malgré les fortes concentrations de manganèse
il y avait là blocage au niveau des racines, à cause d'un
gène dans la variété qu'on avait réussi à
développer et à créer dans la station.
M. Forget: Est-ce qu'on peut dire, donc, Dr Forest, que ce qui se
passe dans le corps humain pour équilibrer en quelque sorte, dans le
flux sanguin, le dosage de fluorure, soit par l'élimination, la voie
rénale, soit par l'emmagasinage dans les tissus osseux, cela se passe un
peu, toutes proportions gardées, du côté de la vie
végétale aussi, par des mécanismes qui s'assurent qu'au
niveau de la tige, des feuilles et des fruits, par exemple, le niveau de
concentration de fluorure qui peut se trouver dans le sol, par l'arrosage ou
naturellement, par l'irrigation, ou Dieu sait comment, ne se transmet pas et
que la chaîne en quelque sorte, est brisée, de cette
façon-là? Je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Bourget.
M. Boudreault: J'aurais peut-être une petite question
à poser à M. Forest, à savoir, dans la page 4 de son
mémoire, qui mentionne qu'on a rapporté des troubles chez les
animaux qui buvaient de l'eau contenant de 20 à 20 ppm... Quels sont ces
troubles qu'on a rencontrés chez les animaux?
M. Forest: Le même genre, à peu près, que
vous avez rapporté chez les humains, de déposition dans
l'émail, dans les mâchoires, etc. C'était surtout cela. En
somme, s'il y a une trop forte concentration de fluor chez les humains, vous
allez avoir dans la dentition un dépôt, comme on l'a
appelé; chez les animaux, il y aura déposition là
encore.
M. Dufour: Dans vos lectures, M. le Président, vous avez
certainement dû rencontrer des gens qui sont pour ou contre la
fluoration. Qu'est-ce que vous avez à dire, en résumé,
là-dessus?
M. Forest: Disons brièvement, M. le Président, que
j'ai tâché d'étudier toutes ces références
que j'ai pu consulter et le plus objectivement possible, avec un esprit le plus
critique possible aussi. Toujours ayant en mémoire combien ma
naïveté avait été surprise, ma bonne foi avait
été surprise il y a vingt ans, alors qu'on avait publié
trois volumes d'un auteur américain:
Malabar Farms, Pleasant Valley, Plowman's Folly, la folie du laboureur,
et qui avaient ébranlé tout le monde agronomique à cette
période, au point qu'un de mes professeurs avait obtenu l'autorisation,
dans le temps, d'aller visiter les fermes de Louis Broomfield, Malabar Farms,
dans la Pennsylvanie. Il avait été on lui avait dit qu'il
serait accueilli tel jour il se rend là, il nous revient fort
surpris de ce qu'il avait vu. Louis Broomfield faisait de la culture, qu'il
prétendait naturelle, biologique, sans employer aucun engrais chimique,
de peur de contaminer ses plantes et les produits que l'on consommerait, de
peur aussi d'empoisonner les humains. Aucun engrais chimique, aucun pesticide.
Le professeur avait trouvé que les rendements étaient passables,
absence de maladie, d'insectes et revint un peu décontenancé
l'hiver passé.
Vingt ans après, M. le ministre, il rencontre le gérant de
la ferme Malabar Farm qui lui dit: Dr Ca-rew, je vous connais bien. Le Dr Carew
ne se rappelait pas M. X qui était en congrès et lui dit qu'il ne
le connaissait pas. Il dit: Vous êtes venu visiter Malabar Farm en 1954,
alors que j'étais gérant de la ferme de Louis Broomfield, Malabar
Farms, qui avait vendu des livres et des livres. Il ajouta: Cela ne vous a pas
surpris? Le docteur répondit: J'ai été surpris un peu. Il
dit: Savez-vous ce que nous faisions? Nous avions été
prévenus de votre visite. Un professeur d'université viendrait
visiter les fermes de Louis Broomfield pour constater ses méthodes de
culture. Il dit: Louis Broomfield nous avait dit, la veille: Cachez tous les
sacs d'engrais chimiq ue, tous les sacs de pesticide, tous les appareils
servant à pulvériser dans la vieille grange à l'autre bout
de la ferme et n'amenez pas le professeur Carew dans cette grange. Le
professeur Carew a publié un article et a dit: Où que tu sois,
Louis Broomfield, ta fumisterie de 20 ans a coûté cher et tu as
pris ma naïveté de professeur en défaut.
Il faut toujours être critique quand on voit certaines choses
semblables. Il demande: Mais pourquoi avez-vous fait ces choses? Celui-ci
répondit: II fallait bien employer des engrais chimiques. Il fallait
bien employer des pesticides, autrement, nous n'aurions eu aucune
récolte. Par ailleurs, Louis Broomfield s'était enrichi en
publiant trois volumes contre l'emploi des pesticides et des engrais chimiques.
Il faut toujours un peu se méfier des fumisteries, il faut avoir
l'esprit assez critique. Le professeur Carew avait été victime,
comme je l'avais été moi aussi.
M. Dufour: M. le Président, je voudrais poser une
dernière question. Vous dites qu'il n'y avait pas d'insectes dans cette
ferme, est-ce que le fluor serait un insecticide?
M. Forest: Je vais passer la parole à mon
spécialiste en pesticides, le Dr Gilles Emond, qui connaît les
pesticides et les insecticides qu'il faut bien distinguer. Lui va faire la
distinction entre chacun des...
M. Emond (Gilles): Je pense qu'il faut faire une
distinction ici. Quand on parle de pesticides, on se
réfère aux insecticides contre les insectes, aux fongicides
contre les maladies des plantes, et aux herbicides contre les mauvaises herbes.
Il y en a, évidemment, toute une gamme. Il y a les acaricides, ainsi de
suite, les rodenticides. Mais, tout de même, si on se
réfère à ces produits, aux produits qui sont
utilisés au Québec, on s'aperçoit qu'aucun des
insecticides recommandés ne contient du fluor. Il y a seulement deux
herbicides que nous recommandons au Québec qui contiennent du fluor,
mais, tout de même, il faut s'assurer, évidemment, que ces
produits soient homologués par le ministère de la Santé,
des Aliments et Drogues à Ottawa, et soient couverts par une
documentation très soutenue. Je ne crois pas qu'il y ait de
problème de ce côté, du côté des pesticides
proprement dits.
M. Forest: Et, surtout, ces deux herbicides sont utilisés
des produits chimiques l'un, pour détruire les mauvaises
herbes dans le tabac et l'autre, dans les plates-bandes, les fleurs.
M. Dufour: Merci!
Le Président (M. Pilote): D'autres questions?
On vous remercie, Dr Forest, ainsi que ceux qui vous accompagnent, de
votre mémoire, et soyez assurés que les membres de la commission
voudront prendre bonne note de vos recommandations.
M. Forest: Merci beaucoup!
Le Président (M. Pilote): Avant d'ajourner les travaux, je
voudrais mentionner les organismes que nous allons entendre le mardi 4 mars:
L'Association dentaire du Québec; l'Association médicale du
Québec; l'Ordre des chimistes; la ville de Laval; l'Association
québécoise des techniques de l'eau; l'Alcan et l'Association des
esthéticiennes.
La commission ajourne ses travaux au mardi, 4 mars, à 10
heures
M. Samson: Je m'excuse. Est-ce que c est seulement pour mardi ou
s'il y en aura mercredi également? Est-ce qu'on peut nous informer?
M. Forget: Non, c'est seulement mardi. M. Samson:
Seulement le 4.
M. Forget: Tous ceux qui ont demandé à être
entendus dans les délais fixés sont compris dans la liste qui
vient d'être donnée.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Chicoutimi me demande si on ne pourrait pas commencer à 10 h 30; je le
comprends, parce que...
M. Boudreault: J'allais poser la même question. M. le
Président...
Le Président (M. Pilote): Quand on part du Lac-Saint-Jean
ou de Montréal...
M. Boudreault: C'est peut-être préférable...
M. Bédard (Chicoutimi): A 10 h 30.
Le Président (M. Pilote): La commission ajourne ses
travaux à 10 h 30.
(Fin de la séance à 21 h 50)
ANNEXE 1
MEMOIRE DE L'ECOLE DE MEDECINE DENTAIRE DE
L'UNIVERSITE LAVAL INTRODUCTION
Le présent mémoire, soumis en plus du mémoire
conjoint des facultés dentaires des universités du Québec,
a pour objet de contribuer à élucider un point particulier de la
question de la fluoration des eaux de consommation. En fait, il a pour but
spécifique d'exposer un bref résumé des connaissances
actuelles concernant les propriétés inhibitrices du fluor sur la
carie dentaire.
Les recherches relatives à la prévention des caries
dentaires ont progressé remarquablement au cours de ces dernières
années, particulièrement à l'égard de
l'étude du processus même de la carie. Bien que la question soit
l'objet d'une abondante documentation, ce mémoire n'ambitionne pas d'en
présenter une revue exhaustive. Il se bornera à constituer une
simple introduction aux travaux que notre invité, un scientifique de
réputation reconnue, aura l'honneur de présenter aux membres de
la commission.
EFFETS DES FLUORURES SUR LA CARIE DENTAIRE
En médecine dentaire, les chercheurs s'accordent
généralement à déclarer que la carie dentaire
résulte de l'interaction de trois facteurs: 1-une dent
vulnérable; 2-la présence de la plaque dentaire (*) contenant des
bactéries;
(*) La plaque dentaire est constituée par la couche de
bactéries en suspension dans une matrice protéique qui se
dépose sur la dent.
3- l'effet du sucre contenu dans les aliments.
En conséquence, la prévention de la carie dentaire repose
formellement sur toute action répressive touchant l'un ou l'autre de ces
facteurs.
L'hygiène buccale vise particulièrement à
éliminer la plaque dentaire de la cavité buccale, de même
que de saines habitudes alimentaires tendent à minimiser les facteurs
cariogènes reliés à l'alimentation. Par ailleurs, la
fluoration des eaux de consommation permet de s'attaquer à la fois aux
facteurs mentionnés en 1 et 2.
Les principaux stades du processus de la carie dentaire peuvent
être décrits succinctement ainsi: les bactéries de la
plaque dentaire transforment en acides les sucres alimentaires qui sont au
contact de la plaque; les acides ainsi formés entraînent alors la
dissolution de l'hydroxy-apatite, principal constituant de la structure des
dents. Notons que la solubilité de l'hydroxy-apatite s'accroît,
dans la mesure où le degré d'acidité de la plaque dentaire
s'élève.
Les fluorures réduisent la vulnérabilité de la dent
en diminuant la solubilité de l'émail. Bien que le
mécanisme de diminution de la solubilité soit actuellement
controversé, il ne subsiste aucun doute concernant la
propriété des fluorures de réduire la solubilité de
l'émail, par leur présence dans l'émail ou dans le
solvant. Plusieurs travaux scientifiques en témoignent. Qu'il suffise
d'en mentionner quelques-uns (1-4). Il semble que l'un des mécanismes
les plus admissibles soit la transformation, durant la période de
développement et de maturation de la dent, d'une partie de
l'hydroxy-apatite en fluorapatite de caractère moins soluble. Ce
phénomène n'exclut pas, évidemment, l'effet topique des
fluorures, produit uniquement par contact direct. Ainsi, les fluorures
véhiculés dans les liquides ingérés continuent de
s'infiltrer dans l'émail, à une profondeur de 100 à 200
microns, c'est-à-dire dans la couche superficielle des dents (5). Il s'y
produit une substitution ionique et l'on y observe une très forte teneur
en fluor.
Les fluorures attaquent également la plaque dentaire en inhibant
les microorganismes présents. Il est reconnu depuis longtemps que le
fluor agit sur les enzymes du métabolisme des sucres. Il est aussi admis
que cette inhibition réclame des concentrations de fluorures plusieurs
fois supérieures à la concentration maintenue dans le plasma (0.1
à 0.2 ppm) par les mécanismes homéostatiques(6-8). De
plus, pratiquement tous les enzymes exercent leur action dans le liquide
intracellulaire, un liquide dont la teneur en fluorures est encore moins
élevée que celle du plasma. C'est-à-dire que l'on ne peut
pas démontrer une inhibition enzymatique in vivo aux concentrations de
fluorures existantes dans le plasma, qui sont maintenues de 0.1 à 0.2
ppm, même si l'eau de consommation présente une teneur
s'élevant à 5.4 ppm de fluor (9). De plus, des études sur
les enzymes du sérum de patients traités pour
l'ostéoporose, à l'aide de fortes doses de fluorure de sodium,
n'ont présenté aucune modification significative de
l'activité enzymatique (10, 11).
Si l'on peut affirmer que la fluoration de l'eau de consommation ne
semble pas affecter les systèmes enzymatiques des consommateurs,
principalement parce que la teneur en fluor in vivo est maintenue à un
bas niveau par un mécanisme de régulation, l'on ne peut
heureusement en affirmer autant des bactéries de la plaque dentaire,
cause de la carie.
En effet, dès 1959, Jenkins (16,17) démontrait qu'une
concent ration de 6 à 10 ppm de fluorures suffisait à interrompre
complètement la production d'acide par les microorganismes de la salive,
à un pH de 5.0. Notons que l'action inhibitrice des fluorures sur les
enzymes s'accroît lorsque les microorganismes sont soumis aux fluorures
à un pH acide (15), un étatf réquent de la plaque
dentaire. De plus, il est maintenant reconnu que la plaque contient une
concentration de fluorure étonnament élevée (12,13). On a
également démontré une relation entre les fluorures de la
plaque et les fluorures contenues dans l'eau de consommation (13).
Selon les auteurs et les conditions existantes, la teneur moyenne de la
plaque en fluorures serait de l'ordre de 26 à 70 ppm (12, 13), dont une
grande partie sous forme liée (14). Il semble évident qu'une
telle accumulation de fluorures dans la plaque proviendrait principalement
d'une infiltration lente de la salive et de lavages beaucoup plus abondants,
mais intermittents, par l'eau de consommation. Evidemment, la présence
de fluorures dans la plaquedentaire a surtout été
considérée du point de vue de ses effets anti-enzymatiques, mais
elle peut aussi vraisemblablement exercer une influence sur la carie en
diminuant la solubilité de l'émail.
Des chercheurs canadiens de l'Ecole de médecine dentaire de
l'Université du Manitoba ont apporté une contribution remarquable
à l'étude de l'action des fluorures sur des cultures pures de
bactéries buccales (18-21). C'est ainsi que les résultats de
leurs travaux (24), confirmés par d'autres chercheurs (25), ont
démontré que la synthèse de polyssacharides, à
partir des sucres par les bactéries buccales, est inhibée, comme
la production d'acide, par des concentrations en fluorures de 2 et de 4 ppm,
une teneur qui correspond bien à celles qui s'établissent,
vraisemblablement, lorsque la plaque est acide. D'autres travaux (20, 21)
démontrent clairement que l'inhibition reconnue de l'énolase par
les fluorures interrompt non seulement la production d'acides, mais aussi le
transport du glucose exogène à l'intérieur des cellules
bactériennes, par l'inhibition de l'un des mécanismes de
phosphorylation.
CONCLUSION
Bien que ces quelques considérations n'exposent pas
entièrement les phénomènes de l'action répressive
des fluorures sur la carie dentaire, elles constituent toutefois un
résumé succinct des connaissances actuelles concernant les
propriétés protectrices du fluor au bénéfice de la
santé dentaire.
Les scientifiques de plusieursdisciplines s'efforcent
présentement de définir, avec plus de précision, les
mécanismes de l'action inhibitrice du fluor sur les caries dentaires.
Toutefois, l'efficacité des fluorures pour
prévenir la carie dentaire est parfaitement reconnue depuis
longtemps. De plus, la grande majorité des scientifiques reconnaît
que, dans l'état actuel de nos connaissances, la fluoration des eaux de
consommation, du strict point de vue de l'effet du fluor, constitue le seul
moyen pratique, sûr et économique d'obtenir la protection dentaire
maximale des fluorures, au bénéfice de l'ensemble de la
population.
L'Ecole de médecine dentaire de l'Université Laval est
heureuse de contribuer aux travaux de cette commission parlementaire, en y
présentant l'un des chercheurs les plus réputés du domaine
de la biochimie de la plaque dentaire, le docteur Israël Kleinberg, DDS.
PhD., de l'Université de l'Etat de New York à Stoony Brook, Long
Island. Ses nombreux travaux sur la production d'acide par les microorganismes
de la salive et de la plaque ont contribué considérablement au
progrès de nos connaissances des mécanismes de la carie dentaire.
La liste de ses principaux travaux dans ce domaine apparaît dans l'annexe
suivante.
ANNEXE 2
MEMOIRE DU CONSEIL DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DE
L'OUTAOUAIS INTRODUCTION
Après avoir pris connaissance de l'article 2, projet de loi no 88
portant sur la fluoration des eaux de consommation, le Conseil de la
Santé et des Services sociaux de l'Outaouais désire y apporter un
appui inconditionnel. Le Conseil s'appuie sur l'avis d'un certain nombre de
spécialistes, pour affirmer que la fluoration des eaux de consommation
est une nécessité. Le Conseil souscrit donc à
l'idée de rendre obligatoire la fluoration des eaux, au fait que le
financement en soit assuré à 100% par le ministère des
Affaires sociales et qu'il n'y ait pas de référendum pour en
déterminer l'opportunité. Le CSSSO ne peut prétendre
posséder toute l'expertise requise pour se prononcer validement sur la
question. Cependant l'appui massif déjà apporté par des
organismes, associations et personnalités à travers le monde, les
Etats-Unis, le Canada et le Québec donne une autorité
incontestable au bien-fondé d'une législation rendant la
fluoration obligatoire.
Il ne sert donc plus à rien de reprendre toute l'argumentation en
faveur de la fluoration puisque celle-ci est fort bien étayée
dans le dossier technique sur la fluoration (1974) du ministère des
Affaires sociales, ainsi que dans un autre document intitulé "La
fluoration des eaux de consommation", le rapport final d'un comité ad
hoc de l'Association Québécoise des techniques de l'eau
publié en mai 1970. Dans le présent mémoire nous nous
bornerons donc à une description de la situation de l'hygiène
dentaire dans l'Outaouais à partir de quelques données et nous
essaierons de faire ressortir comment la fluoration des eaux est très
importante pour notre région.
1. UN PRINCIPE DE BASE
Affirmons au départ qu'un bien public pour lequel tous les
citoyens ne peuvent saisir la haute technicité doit être
imposé par une loi. Lorsque des études scientifiques approfondies
ont démontré la nécessité d'un tel bien public,
celui-ci doit être imposé par la force de l'autorité
politique même si des minorités s'y opposent. Il est possible que
de telles oppositions se fassent jour compte tenu des préjugés,
des mystifications et des rumeurs qui alimentent l'opinion publique sur des
matières hautement complexes. Nous affirmons donc que le
législateur doit prendre ses responsabilités pour assurer la
prévention de la carie dentaire chez l'individu et de la
détérioration de la santé dentaire de l'ensemble de la
population. Au lieu de compter sur la bonne volonté de tous et chacun,
particulièrement des spécialistes, des dentistes et des
hygiénistes, le législateur doit assurer, par l'exercice massif
d'une technique prouvée scientifiquement, une action massive touchant
l'ensemble de la population. Même avec les mesures aussi louables que
l'assurance-santé dentaire pour les enfants, il est impossible
d'atteindre toute la population pour des traitements préventifs et
curatifs car la législation sur l'assurance-santé dentaire
n'augmente pas le nombre réel des dentistes et même si une telle
législation devait porter sur des enfants d'un âge plus
avancé, ceci ne ferait que compliquer le problème compte tenu
qu'il ne serait pas assuré qu'il y aurait une augmentation suffisante de
dentistes pour atteindre l'ensemble de la population.
2. QUELQUES DONNEES SUR LA SITUATION DE LA SANTE DENTAIRE DANS
L'OUTAOUAIS 2.1 Ressources humaines
Au niveau des ressources humaines affectées à la
santé dentaire, nous pouvons dénombrer environ quarante-deux (42)
dentistes dans l'Outaouais dont les 2/3 environ sont situés en milieu
urbain couvrant une population d'environ 140,000 personnes, l'autre tiers (1/3)
étant dispersé dans l'arrière pays à
caractère rural pour une population d'environ 110,000 personnes. Par
rapport à l'ensemble du Québec, l'Outaouais est nettement
défavorisée. Le taux provincial par 10,000 habitants est de 288
alors que le taux régional est de 1.72 par 10,000 habitants. Des
hygiénistes dentaires se retrouvent en nombre très limité,
deux hygiénistes
dentaires publics ont pu être recensés; tout au plus cinq
ou six sont présumément rattachés à des bureaux de
dentistes en milieu urbain. Il en découle qu'il est donc nettement
impossible de pouvoir apporter tous les soins préventifs requis à
l'ensemble de la population et plus particulièrement de la population
des enfants de la région de l'Outaouais par l'exercice des
professionnels de la santé dentaire. Or, il n'est pas assuré que
l'on puisse trouver à court terme le moyen d'augmenter et de mieux
répartir les professionnels de la santé dentaire de
manière à ce que l'ensemble de la population puisse avoir
satisfaction à ses besoins à ce niveau.
Il s'ensuit donc que si une technique est connue qui puisse
réduire la carie dentaire dans la masse de la population, que cette
technique est applicable dans de brefs délais et économique dans
sa réalisation, on ne peut en priver la population de l'Outaouais.
2.2Taux de carie chez les enfants
L'ensemble des relevés effectués dans l'Outaouais chez les
enfants d'âge scolaire entre les années 65 à 70
décèle qu'il y a une moyenne de 6 à 7 caries par enfant.
Plus précisément, un relevé effectué dans la
région de l'Outaouais de septembre à décembre 1971 donne
des résultats assez probants. Deux mille huit cent quatre-vingt-onze
(2,891) enfants d'âge de 6, 7 et 8 ansont été
examinés. Sur ce nombre, 2,478 possédaient au moins une dent
cariée; la moyenne de dents cariées s'élève
à 7.4 et dans la plupart des cas, il s'agit de dents temporaires.
S'il est plus plausible de penser que la fluoration pourrait
réduire ce taux de carie à environ 2 à 3 dents par
personne, nous ne pouvons que souscrire encore une fois à ce principe de
prévention massive qu'est la fluoration. 2.3 Facteurs
écnomiques
Dans l'Outaouais, d'autres facteurs rendent la prévention en
santé dentaire plus difficile que dans d'autres régions. Dans le
milieu urbain, la situation est sans doute com parable à d'autres
endroits du Québec mais en milieu rural, l'accès aux services est
extrêmement difficile et les moyens courants qui pourraient être
mis à la disposition de la population pour fins de fluoration sont non
disponibles à cause du facteur d'éloignement et de dispersion de
la population. Il faut ajouter à ceci que les économiquement
faibles ne peuvent aussi facilement que les autres utiliser les services d'un
dentiste. La fluoration des eaux de consommation est donc un départ
indispensable pour parer au plus grave. 2.4 La fluoration dans l'Outaouais
Actuellement dans l'Outaouais aucune municipalité ne dispose d'un
système de fluoration. Seules huit (8) municipalités ont
déjà l'eau fluorée naturelle, mais à des niveaux
inférieurs ou supérieurs à 1.2 partie par million. La
population ainsi atteinte par la fluoration totalise 4,450 habitants sur
environ 245,000.
L'usine régionale de fiItration de la Communauté
régionale de l'Outaouais est équipée pour la fluoration,
mais ne la dispense pas. Cet équipement inutilisé pourrait
être rapidement mis en service pour couvrir une partie importante de la
population de l'Outaouais.
3. AUTRES MESURES A ENTREPRENDRE:
La fluoration des eaux de consommation n'est cependant pas une
panacée universelle. Il ne faudrait pas s'asseoir sur les lauriers de la
fluoration pour prétendre que tout a été fait au niveau de
la prévention en santé dentaire. Cette technique doit s'associer
à l'augmentation et à l'amélioration des autres programmes
en hygiènedentaire. Mentionnons en particulier le cas de beaucoup de
gens qui demeurent en milieu rural et qui ne pourront pas profiter de la
fluoration des eaux de consommation étant donné qu'ils ne sont
pas branchés sur des aqueducs municipaux. Dans leur cas, il faudrait
envisager la possibilité d'un programme d'eau fluorée dans les
écoles qui pourrait contenir de 7 à 9 parties par million compte
tenu du fait que l'enfant n'est que 5 jours par semaine à l'école
et sur une période de 9 mois par année, ou encore, on pourrait
mettre en place des programmes
systématiquesderince-bouchefluoréeoude tout autre moyen qu'on
peut imaginer rendant aisé l'accès à la fluoration chez
les enfants en milieu rural. Sur un autre plan, il ne faudra pas
négliger la nécessité d'assurer la distribution
adéquate des professionnels de l'hygiène et de la santé
dentaire.
De plus, de concert avec le département de santé
communautaire et les CLSC, des services additionnels de prévention, des
programmes et des actions bien concrètes devront être entreprises
de manière à assurer aux québécois de l'Outaouais
une meilleure dentition. La fluoration aura sans doute, au départ, le
mérite additionnel d'accentuer la préoccupation de
l'hygiène buccale et peut-être même de l'hygiène en
général.
CONCLUSION
II serait un désastre pour la région de l'Outaouais,
particulièrement ses sous-régions les plus
sous-développées que l'on retarde encore la mise en application
de la fluoration systématique des eaux de consommation. Nous ne pouvons
que souhaiter que le législateur ne se laisse pas impressionner outre
mesure par ceux qui crient le plus fort leur opposition. Leurs cris n'ont aucun
poids à côté des arguments scientifiques et approfondis au
niveau des études effectuées dans le domaine et à
côté des cris des pauvres édentés ou mal
embouchés sur le dos de qui on fait des procès
idéologiques.