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Commission permanente des affaires sociales
Projet de loi no 88
Loi modifiant la loi de la
protection de la santé publique
Séance du mardi 4 mars 1975
(Dix heures quarante minutes)
M. Pilote (président de la commission des affaires sociales):
A l'ordre, messieurs! La commission permanente des affaires sociales est
réunie aujourd'hui pour entendre les mémoires concernant la Loi
modifiant la Loi de la protection de la santé publique, le projet de loi
no 88. Sont membres de la commission M. Faucher (Nicolet-Yamaska) qui remplace
Mme Bacon (Bourassa); M. Bellemare (Rosemont), M. Bellemare (Johnson), M.
Bédard (Chicoutimi), M. Bonnier (Taschereau), M. Boudreault (Bourget),
M. Charron (Saint-Jacques), M. Dufour (Vanier), M. Forget (Saint-Laurent); M.
La-france (Rivière-du-Loup) remplace M. Fortier (Gaspé); M.
Lacroix (Iles-de-la-Madeleine) remplace M. Lecours (Frontenac); M. Massicotte
(Lotbinière), M. Samson (Rouyn-Noranda); M. Ostiguy (Verchères)
remplace M. Verreault (Shefford).
Ce matin, nous allons entendre, dans l'ordre, la ville de Laval,
l'Association des chirurgiens-dentistes du Québec, l'Aluminium du Canada
Limitée, l'Ordre des chimistes du Québec, l'Association
québécoise des techniques de l'eau, la Société des
esthéticiennes du Québec et l'Association médicale du
Québec.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, pourriez-vous
répéter après l'Ordre des chimistes?
Le Président (M. Pilote): Après l'Ordre des
chimistes, c'est l'Association québécoise des techniques de
l'eau.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas sur notre programme, M. le
Président. Oui, oui, très bien. Continuez, d'accord.
Le Président (M. Pilote): J'inviterais...
M. Bellemare (Johnson): Un instant! Je soulève un point
d'ordre, si vous voulez.
Le Président (M. Pilote): Oui
M. Bellemare (Johnson): Je m'aperçois ce matin, dans
l'énumération de toutes les sociétés, associations
et villes, que je ne vois pas le nom du maire de Montréal, M. Drapeau,
qui a manifestement et publiquement déclaré qu'il aimerait se
faire entendre à la commission.
Je ne sais pas s'il y a eu un malentendu quelque part ou si les
délais, qui étaient fixés en vertu de nos
règlements pour les commissions parlementaires, n'ont pas
été respectés, mais j'aimerais bien enten- dre les raisons
qui motivent ce matin, qui ont motivé ou si c'est un refus du ministre
ou des membres de l'organisation des commissions parlementaires de ne pas
entendre le maire de Montréal.
Le Président (M. Pilote): Le ministre des Affaires
sociales.
M. Forget: M. le Président, le député de
Johnson pose une question pour laquelle je n'ai pas nécessairement de
réponse très spécifique sauf celle-ci qui est de
caractère général. Il connaît, comme tous les
membres de la commission, les règles qui sont applicables aux
délais pour se faire entendre dans toutes les commissions ou du moins
dans la plupart d'entre elles. Il est même à ma connaissance qu'il
y a des personnes ou des groupes qui font des demandes pour comparaître
après l'expiration des délais. Etant donné la grande
libéralité dans l'accessibilité aux commissions
parlementaires pour l'ensemble de la population et pour tous les groupes que
reflètent nos règlements actuels, la position adoptée est
de ne pas accepter toute demande de comparution qui est formulée
après l'expiration des délais.
Il y a eu l'an dernier, à l'automne, des commissions
parlementaires pour lesquelles d'autres groupes ont essuyé des refus de
ce genre et je crois qu'il est essentiel à la bonne marche des travaux
des commissions, que nous recevions à l'avance l'indication de
l'intention, par différents groupes ou individus, de comparaître,
de même que des copies des mémoires qu'ils vont nous soumettre de
manière que nous puissions préparer nos travaux en
conséquence. Il s'agit, je crois, d'un cas particulier d'application de
ces règles générales, celui visant la demande faite, non
pas par M. Drapeau lui-même, mais par un secrétaire de son bureau,
en son absence, peut-être pour prévenir une intention possible de
sa part, mais qui a été formulée plus tard que les
délais prévus.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que le ministre ne pourrait pas
appliquer ce principe qui veut que l'esprit d'une loi, si on vit en vertu de
l'esprit de la loi la lettre tue et l'esprit vivifie ne pourrait
pas s'appliquer dans un cas comme celui du maire Drapeau qui était,
à ce moment-là, pris avec sa représentation à
Lausanne pours'expliquer un peu quant à la préparation des
jeux.
Il avait là une responsabilité énorme, suite
à la commission parlementaire qui a siégé, suite à
de nombreux autres problèmes, la reprise des travaux sur les chantiers
des Olympiques, etc., etc. et ou son absence du pays pendant un certain temps.
L'honorable ministre ne ferait-il pas une exception qui prouverait une
règle, d'entendre le maire de la métropole du Canada, qui est un
homme, je pense, bien averti? Il représente au moins 50% de la
population générale de la province et, c'est un homme dont la
réputation est sans contredit celle d'un expert en affaires municipales.
Je pense que l'honorable ministre ne décevrait pas la population en
entendant le maire de Montréal.
Le maire de Montréal n'est pas n'importe qui dans la province. Il
possède un prestige assez important et sa longue expérience des
hommes et des choses, particulièrement de l'administration municipale,
dans tous les secteurs, santé publique, économie
générale, prouve avec évidence que cet homme ne devrait
pas être mis de côté pour une technicité. Je pense
que le maire de Montréal devrait avoir la chance, au moins, de venir
dire son idée devant la commission. Je pense qu'il n'y a pas un seul
membre de la commission qui s'opposerait à ce que le maire de
Montréal vienne lui aussi, à cause des raisons que j'ai
données. Ce n'est pas un homme ordinaire. M a été, je
pense, pris deux fois comme le ministre avec des problèmes qui
étaient d'une acuité et d'une urgence exceptionnelle. Je pense
que le ministre devrait faire une exception qui revaloriserait la largeur de
vues du ministre. Je pense que ce serait peut-être le temps, aussi, que
le ministre, d'un coup de main, ne dise pas: Non. Le maire de Montréal,
c'est un homme comme un autre. C'est non, ce sont les règlements. Je
sais que le ministre est bien plus conciliant que cela. Il possède une
expérience, au point de vue de l'administration, dont je lui sais
gré, mais je pense que, dans les circonstances un peu
particulières, là où l'on va probablement, par une loi,
imposer une réglementation très sévère, on devrait
prendre le privilège d'entendre le maire de Montréal.
M. Forget: M. le Président, je crois que le
député de Johnson soulève un problème un peu
factice. Informé de l'expiration des délais, il n'y a pas eu, de
la part du bureau de M. Drapeau, d'expression de surprise ou de tentative pour
remettre en question cette situation. Je sais qu'il est capable de le faire
lui-même et je ne pense pas qu'il soit nécessaire que M. le
député de Johnson se fasse son avocat ici.
Par ailleurs...
M. Bellemare (Johnson): Un instant, M. le Président. Je
soulève un point de règlement. Le ministre ne me mettra pas de
côté comme cela, ce n'est pas vrai. Non, non. J'ai ici mon droit,
moi aussi, comme tous les députés, et le ministre va cesser
d'être arrogant.
Ce matin, ça va arrêter, c'est fini. Vous avez ri de tout
le monde pendant trois jours mais, ce matin, j'y suis et vous ne direz pas que
je n'ai pas le droit de représenter le maire et de me faire son
interprète. Ce n'est pas vrai. Une minute, l'arrogance, ça
duré trois jours, ça ne durera plus.
Si vous voulez que j'aie droit de parole en cette commission, j'ai le
droit de dire que j'aimerais entendre le maire de Montréal et je n'ai
pas besoin du ministre pour me dire que le maire de Montréal n'a pas
besoin d'interprète. Je suis ici pour le demander, comme membre de la
commission, et j'espère que le ministre va cesser, ce matin,
d'être arrogant. Il faut que je prenne ce ton, M. le Président,
mais je n'aime pas ça, ce n'est pas mon genre.
Une Voix: Moi non plus.
M. Bellemare (Johnson): Cela vous a fait mal...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, à l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Cela commence à vous
travailler...
M. Lacroix: ...on a trouvé cela assez drôle...
M. Bellemare (Johnson): Oui et il y a eu bien autre chose aussi
que vous avez oublié de remarquer.
M. Lacroix: Cela va vous...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, messieurs, à
l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Vous avez la garantie que la chemise que
vous portez, elle vous dépasse le cou.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! Nous sommes ici pour
entendre les mémoires...
A l'ordre! Nous sommes ici pour entendre les mémoires qui nous
sont présentés aujourd'hui et j'inviterais les membres de la
commission à conclure cette discussion le plus rapidement possible.
Motion pour faire témoigner M. Drapeau
M. Bellemare (Johnson): Alors, M. le Président, je fais
motion pour que le maire de Montréal soit entendu ici à cette
commission parlementaire, pour nous donner son avis concernant le bill 88.
M. Forget: M. le Président, on nous invite à ne pas
avoir une attitude arrogante, mais je pense qu'il faudrait d'abord
prêcher par l'exemple et j'invite le député de Johnson
à un peu plus de calme dans ses interventions.
M. Bellemare (Johnson): Ne me fournissez pas d'occasion, j'en ai
assez entendu parler à la lecture que j'ai faite, en fin de semaine, de
vosdéclarations.
M. Forget: II a pu s'exprimer fort longuement, mais je pense bien
qu'il ne nous en voudra pas de lui dire que nous ne sommes pas convaincus par
les arguments qu'il avance. C'est une question de justice. D'autres groupes ont
cherché, dans le passé, à se faire entendre, en dehors des
délais, et ils ont essuyé un refus. Je peux donner des exemples.
Le Barreau du Québec, la CSN, l'automne dernier, se sont trouvés
dans la même situation. J'ai indiqué, à ce
moment-là, que j'étais disponible pour rencontrer
privément les groupes en question, mais je crois que le bon ordre de la
marche des travaux de chaque commission indique qu'il faut respecter notre
règlement à ce sujet. Autrement, il peut en résulter un
usage beaucoup moins libéral de la pratique des commissions
parlementaires. Si n'importe qui peut se présenter n'importe quand sans
préavis, je crois que les travaux des commissions ne pourraient pas se
dérouler dans l'ordre requis et avec la possibilité pour les
membres des commissions d'être saisis à
l'avance des mémoires, de manière à pouvoir les
étudier et à poser des questions qui soient bien
informées.
C'est donc une question qui dépasse le point particulier qui est
soulevé par le député de Johnson, c'est un point important
que l'intégrité des règlements des commissions
parlementaires. C'est la raison pour laquelle je crois absolument important que
nous y adhérions sans exception.
Rien n'empêche les membres, individuellement, de chercher à
compléter, par des rencontres à l'extérieur de la
commission, l'information dont ils disposent, et j'ai indiqué
moi-même, à toutes les occasions où j'en avais la chance,
que j'étais moi-même disponible pour rencontrer tous les individus
et tous les groupes qui veulent me faire part de leur point de vue particulier
sur un sujet comme celui que nous considérons ce matin.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je suis un peu surpris de
l'attitude du ministre ce matin, quoiqu'à la suite des discussions de la
semaine dernière, cela me surprend peut-être un peu moins. Il
semblerait qu'à l'occasion de cette commission parlementaire, on nous
ait convoqués tout simplement pour la forme, et que le ministre sait
d'avance se boucher les oreilles bien dur pour n'entendre qu'un
côté de la médaille.
M. le Président, quand le ministre nous dit qu'il y a des
précédents selon lesq uels il a refusé d'autres groupes
à d'autres moments donnés, je pourrais lui retourner la balle en
lui disant qu'il y a aussi des précédents qui font qu'à
d'autres commissions parlementaires, nous avons décidé d'entendre
des groupes qui n'apparaissaient pas sur les listes des commissions
parlementaires.
Je pense que le ministre, tout technocrate qu'il est, M. le
Président, devrait au moins connaître un peu les méthodes
de pratique à nos commissions parlementaires. Il semble vouloiren
ignorer l'essentiel volontairement, mais je lui rappelle que les règles
de pratique font qu'il y a évidemment des délais pour les groupes
qui veulent se faire entendre devant la commission parlementaire. Mais la
commission est maîtresse de ses travaux et tout membre de la commission
qui aimerait entendre d'autres personnes pour mieux s'informer d'une situation,
M. le Président, est libre de présenter une motion et,
normalement, si on est là pour en connaître davantage, si on n'est
pas là seulement pour utiliser la commission parlementaire comme un
bouclier, je dis, M. le Président, que nous devons tenir compte des
demandes que font les membres de la commission parlementaire.
La semaine dernière, nous avons fait une demande. Nous avons fait
motion c'est le député de Chicoutimi qui a fait motion, la
semaine dernière pour demander qu'on entende la professeur Albert
Schatz. Cette demande a été refusée. Nous savons pourquoi
cette demande a été refusée, parceque cela n'aurait
peut-être pas plu au ministre d'entendre un autre son de cloche.
Par contre, ce matin, l'honorable député de Johnson nous
présente une motion en vue de faire comparaître devant la
commission, quelqu'un, qui est bien de chez nous, qui est bien connu, qui a, et
c'est évidemment reconnu de tout le monde, une
représentativité, quelqu'un qui a peut-être fait
connaître aussi un son de cloche différent de celui du ministre.
C'est peut-être la raison pour laquelle le ministre ne veut pas
l'entendre, mais il demeure, M. le Président, que le maire Drapeau de
Montréal, avec qui je n'ai pas communiqué, mais sachant qu'il a
manifesté publiquement son désir de venir devant la commission,
je peux vous dire, M. le Président, qu'en tant que membre de cette
commission, je suis grandement intéressé à entendre le
témoignage du maire Drapeau.
Bien entendu, M. le Président, si le ministre ne veut pas
permettre à un tel personnage de venir devant la commission, nous tiend
rons compte de ce refus et nous devrons malheureusement l'additionner au
débit du ministre en ce qui concerne cette commission parlementaire.
Mais, il demeure qu'on peut toujours, les membres de la commission qui y sont
intéressés, entendre le maire Drapeau dans d'autres
circonstances. Cela, c'est entendu, parce qu'à ce moment-là ce
n'est pas la commission parlementaire qui nous régirait. Nous serions
libres de nos actes, nous n'aurions pas besoin du ministre non plus; mais si
nous exigeons, en tant que membres de cette commission, d'entendre le maire
Drapeau, c'est que nous voulons en même temps permettre au ministre de
l'entendre. Si le maire Drapeau fait des déclarations, je ne suis pas
sûr que le ministre va les écouter, si ce n'est pas fait devant la
commission.
Je ne suis même pas sûr qu'il va les écouter si c'est
fait devant la commission. Alors il faudrait pas courir au moins trop de risque
de ce côté. Le maire Drapeau est quelqu'un qui a des
responsabilités, nous le savons tous, de grandes responsabilités.
Cette loi que le ministre s'apprête à imposer je dis bien
à imposer va toucher la population, mais va toucher
également les administrateurs municipaux, va toucher les gens qui sont
en responsabilité dans des municipalités.
Je pense que de la part d'une ville comme Montréal, ce serait
faire insulte à l'intelligence de la population que de refuser
d'entendre son premier magistrat devant cette commission, surtout, sachant
qu'il a déjà pris position, publiquement, contre la fluoration
obligatoire. Il a déjà manifesté publiquement son point de
vue, en donnant différentes raisons que je considère comme
très valables. Mais, si M. Drapeau a manifesté le désir de
venir devant la commission, c'est qu'il a sûrement un dossier complet et
qu'il a sûrement des choses à dire qui peuvent nous
intéresser.
La semaine dernière, nous avions le plaisir d'avoir avec nous le
maire de Tracy qui nous a parlé pendant passablement longtemps, devant
cette commission, et qui a dit des choses des plus intéressantes. Il a
présenté une résolution faite par le ville de Tracy,
appuyée par plusieurs autres villes. C'est donc dire que les
représentants municipaux sont intéressés par ce
projet.
La résolution de la ville de Tracy, à l'encontre du projet
de fluoration des eaux potables obligatoire du ministre, était justement
appuyée par des villes aussi importantes que la ville de Québec,
de Port-Alfred, de Loretteville, de Varennes, de Verdun. Quoiqu'en ait dit, la
semaine dernière, le député de ce comté, il demeure
que les conseillers de la ville de Verdun ont appuyé cette
résolution majoritairement.
La ville de Blainville, la ville de Sherbrooke ne sont quand même
pas des petits coins reculés par le tonnerre. Ce ne sont pas des
hameaux, ce sont des villes, ce sont des gens responsables. La ville de
Baie-Comeau, la ville de La Tuque, Mascouche, Longueuil, Chicoutimi, Salaberry
de Valleyfield, la ville de Chicoutimi ont appuyé la résolution
de la ville de Tracy par des communications écrites dont le maire de
Tracy nous a fait part la semaine dernière. La ville de Haute-Rive, la
ville de Courville, la ville de Mont-Laurier également.
M. le Président, il y a la ville de Montréal
également qui a manifesté le désir de venir devant cette
commission et d'autorité, avec dédain...
M. Bellemare (Johnson): Arrogance.
M. Samson: Je dis avec dédain, M. le Président, le
ministre va rejeter du revers de la main cette possibilité que nous
aurions d'entendre un autre son de cloche. Bien sûr, j'ai vu dans les
journaux de la semaine dernière que tous ceux qui se sont
présentés devant la commission, il y a une certaine
quantité de groupes qui se sont prononcés en faveur, qui ont
encensé le ministre. Il a même fait venir les centres de services
sociaux, vous savez, ces machines qui collaborent régulièrement
avec le ministreetqui sont de la dépendancedirectedu ministre.
Il se fait encenser par son organisation pour démontrer qu'il y a
beaucoup de monde en faveur de cela...
M. Bellemare (Johnson): II a fini par en ramasser.
M. Samson: Mais ces groupes sont dans nos régions. C'est
drôle que la population n'est pas d'accord avec ces groupes. C'est
drôle qu'on est capable de soutenir, à n'importe quel moment, que,
si le gouvernement décidait, pour une fois, d'être un temps soit
peu démocrate et aller au référendum, on n'ait pas peur
d'aller au référendum, nous autres.
On a dit au ministre: Si vous pensez que c'est vrai, que c'est si bon
que cela, votre affaire, allez-y donc au référendum. On a
même dit à d'autres groupes qui sont venus devant la commission
parlementaire et qui nous disaient: Tout le monde comprend cela, il n'y a pas
de problème... Si tout le monde comprend cela et qu'il n'y a pas de
problème, allez-y donc au référendum, n'ayez donc pas peur
de le faire.
Le maire Jean Drapeau est un type qui représente du monde dans la
province de Québec, plus que le ministre des Affaires sociales, parce
que le ministre des Affaires sociales représente un comté de la
province. Il a été élu par la machine libérale, il
n'a sûrement pas été élu par son pouvoir. Cela veut
dire que le maire Jean Drapeau représente beaucoup plus de monde dans la
province de Québec que le ministre des Affaires sociales n'en
représente. Qu'est-ce que le ministre a donc à avoir peur
d'entendre le maire Drapeau? Qu'est-ce qu'on a donc à avoir peur de
l'entendre?
Là, on va jouer sur les points de règlement. Ecoutez-moi
donc ça! On va jouer sur les points de règlement pour, comme le
disait le ministre tantôt, ne pas permettre à n'importe qui de
venir devant la commission parlementaire à l'extérieur des
délais requis, à n'importe qui. Je le répète une
autre fois, le ministre a dit: A n'importe qui. Cela veut dire que le ministre
considère le maire de Montréal comme n'importe qui. C'est une
insulte à la population de Montréal que le ministre vient de
faire, le ministre technocrate des Affaires sociales.
Je pense que le ministre n'a pas le droit de refuser, cette fois-ci. Il
s'est défilé, la semaine dernière, devant nos demandes
justes, raisonnables, alors que nous avions dit, avec raison, aux
universités qui se sont présentées devant nous avec des
experts qui venaient de l'extérieur et qui ne sont pas venus ici de
façon bénévole: II y a quelqu'un qui a payé pour.
Il y a quelqu'un qui avait les budgets pour payercela. Que ce soit le budget de
l'université ou le budget du gouvernement, peu importe, ça
provient des fonds publics de toute façon. Nous autres, on a
demandé la même chose pour faire connaître I autre
côté de la médaille. On a demandé cela, nous, de
l'Opposition; mais non, le ministre n'a pas trouvé mieux, pour nous
répondre, que de nous dire que les députés de l'Opposition
avaient des budgets de recherche et qu'ils pouvaient fouiller là-dedans
pour faire venir ces gens-là...
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Samson: ...alors que le dossier technique du ministère
des Affaires sociales n'a pas été préparé par le
budget de recherche du Parti libéral, il a été
préparé par le budget du ministère des Affaires sociales;
cela a été pigé à même les fonds du
ministère pour nous dire un paquet de choses qu'on peut mettre en doute.
Je reviens sur une chose que je disais la semaine dernière. Dans une
publication, encore payée à même les fonds publics du
ministère des Affaires sociales, on disait à la population ce qui
suit et je cite: "Ce qu'on ajoute à l'eau, ce n'est pas du fluor
à l'état pur mais des sels de fluor, des fluorures en très
petite quantité, mais pas plus nocifs que le sel de table. "
II n'y a pas plus mensonger que cela.On dit cela à la population
avec les fonds publics, on dit: II n'y a pas de problème, ce n'est pas
plus nocif que du sel de table. Si cela n'avait pas été de la
déclaration d'un représentant du Collège des
médecins, qui nous a bien expliqué qu'il y avait là une
question de concentration, je peux vous dire que le commun des mortels qui
lisait cela aurait pu se dire: Bien oui, il n'y a aucun danger, ce n'est pas
plus dangereux que le sel. Mais, c'est une question de concentration.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! A l'ordre!
M. Samson: Je continue, M. le Président. Le
Président (M. Pilote): II y a une motion.
M. Samson: Je ne suis pas sur la motion, M. le Président,
voyons donc!
Le Président (M. Pilote): Vous êtes en dehors pas
mal.
M. Samson: J'ai le droit de dire ce que je voulais dire
là-dessus.
M. Bellemare (Johnson): Vous n'avez pas le droit de
l'arrêter.
M. Samson: On recommence le même sujet que la semaine
passée.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre!
M. Samson: On voudrait nous tracer un corridor. On voudrait nous
empêcher de parler, dès qu'on commence à dire des choses
qui ne sont pas favorables au ministre. Or, j'ai l'intention de vous dire, M.
le Président, que tout ce que je vais dire ne sera pas favorable au
ministre. C'est bien dommage, mais faites-vous une idée tout de suite,
c'est comme cela qu'on commence ce matin.
Le Président (M. Pilote): Favorable ou non au ministre
à l'ordre! favorable ou non au ministre, j'inviterais le
député de Rouyn-Noranda à s'en tenir au fond de la motion
présentée par le député de Johnson, à savoir
pourquoi faire venir ou non le maire à Montréal.
M. Samson: M. le Président, je dis que nous aurions
avantage à entendre le maire de Montréal pour les raisons que je
viens de citer. C'est mon droit de dire cela. Voyons donc, M. le
Président! Je ne veux pas vous être personnellement
désagréable, je sais que c'est votre fête aujourd'hui, mais
il reste que vous êtes victime de vos affreux collègues. Ce n'est
pas notre faute, mais je dis que le député de Johnson nous disait
devant cette commission q ue le maire Drapeau pourrait venir nous aider
à réfuter ces choses. On nous a dit, M. le Président, que
le sel de fluor n'est pas plus dangereux que le sel de table, qu'il y a
là une question de concentration. A ce moment-là, ce n'est pas
plus intelligent de dire cela que si quelqu'un venait vous dire: Cela ne sent
pas plus mauvais au sortir d'un tuyau d'égout que sentent les fleurs,
c'est une question de concentration. Oui, c'est une question de concentration.
Ce sont des déclarations imbéciles et stupides comme cela qu'on
nous sort du ministère des Affaires sociales avec les budgets de la
population, avec les fonds publics. Là, on va nous refuser de faire
venir quelqu'un devant cette commission parce que ce quelqu'un s'est
manifesté publiquement contre le projet de loi du ministre. C'est la
seule raison, M. le Président. Si le maire Jean Drapeau avait dit: Je
suis d'accord, s'il avait encensé le ministre comme l'ont fait certains
de ces groupes sociaux qui sont venus devant la commission la semaine
dernière, je vous dis tout de suite que le ministre se serait
dépêché lui-même de demander aux membres de la
commission la permission de faire entendre le maire de la ville de
Montréal, M. Jean Drapeau. M. le Président, je vous le dis, il y
a des précédents là-dessus aussi, et c'est à
d'autres commissions parlementaires que les ministres ont eux-mêmes pris
l'initiative de demander l'unanimité de la commission en s'adressant
à l'Opposition officielle et aux autres Oppositions pour nous demander
de faire entendre des personnes dont l'audition n'avait pas été
prévue dans les délais normaux. On a dit: Oui, parce que
l'Opposition n'a jamais eu peur d'entendre des groupes devant les commissions
parlementaires.
Je vous réfère, M. le Président, à la
commission parlementaire qui eut lieu au mois de juin dernier sur le projet de
loi modifiant la Loi de la commission de contrôle des permis d'alcool. Le
ministre de la Justice, lui-même à ce moment-là, nous a
demandé, alors que cela n'avait pas été prévu,
d'entendre l'association des hôteliers du Québec. M. Gérard
De-lage est venu devant nous, nous l'avons accueilli à bras ouverts,
mais il ne venait pas nous dire des choses que l'Opposition voulait entendre,
il venait nous dire des choses que le ministre voulait entendre. C'est un jeu
qui se joue à deux, cela. L'Opposition a autant le droit légitime
d'entendre des groupes qui ne sont pas favorables au gouvernement que
d'entendre ceux qui sont favorables au gouvernement. Je dis que le ministre est
mal venu de considérer le maire de Montréal, qui
représente du monde dans la province de Québec, comme n'importe
qui, comme il a dit tantôt. Je le dis: C'est une insulte à la
population de Montréal, c'est une insulte aussi à la population
de la province de Québec qui reconnaît en M. Drapeau une personne
capable. Le maire Jean Drapeau est venu devant d'autres commissions. Bien
sûr, c'est peut-être pour cela que le ministre a peur de le faire
venir devant cette commission. Il est venu devant une autre commission et il
est venu faire face aux technocrates du gouvernement. Il s'est tenu debout, le
maire Jean Drapeau. Il a eu gain de cause devant la commission des affaires
municipales. C'est peut-être pour cela que le ministre ne veut pas le
voir, parce qu'il sait qu'il aurait peut-être des choses à dire
qui feraient rougir davantage le ministre comme s'il n'était pas
déjà assez rouge comme cela.
M. le Président, je vous dis que je voterai en faveur de la
motion de l'honorable député de Johnson et qu'au nom de notre
parti, nous réclamons également la présence du maire Jean
Drapeau devant cette commission parlementaire.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
Une Voix: Ce n'est pas fini, ne vous en faites pas.
Une Voix: Cela ne fait que commencer.
Une Voix: Les lumières sont fermées, il y en aura
de bonnes!
Une Voix: Vous êtes énervés!
Une Voix: Oui, on vous attend.
M. Bellemare (Johnson): On a été assez pris
ailleurs, les semaines passées, on est ici ce matin.
Le Président (M. Pilote): La parole est à
l'honorable député de Chicoutimi.
M. Dufour: On vous attend.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez été assez pris
ailleurs la semaine passée, vous...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je serai
d'accord avec la motion qui a été présentée par le
député de Johnson et mon argumentation ne sera pas très
longue puisque déjà, plusieurs des arguments favorables à
cet effet ont été soulevés par mes honorables
collègues.
Concernant l'objection de procédure qui a été
apportée par le ministre des Affaires sociales, je crois qu'elle ne
tient pas puisque dès la semaine passée, nous avons eu l'occasion
en fait, de violer d'une certaine façon ces règles de
procédure lorsque nous avons, du consentement de la commission,
accepté d'entendre les représentations du maire de Tracy, M.
Aurèle Racine qui, après en avoir fait la demande à la
commission, a été entendu de bonne grâce. Je crois que,
quelles que soient les idées que nous puissions avoir concernant la
fluora-tion, les éléments qu'il a apportés étaient
de ceux qu'il est normal d'apporter devant cette commission, de manière
que chacun des membres puisse se faire une idée objective sur le sujet
dont nous discutons.
Alors, concernant le fond même de la motion, M. le
Président, il est clair que le document de travail qui a
été rédigé par le min istère des Affaires
sociales est un document de travail à sens unique, à savoir que
l'ensemble, non seulement la majorité mais l'ensemble du document de
travail est à l'effet, tout simplement, de prouver un point, le point
favorable à l'effet bénéfique de la fluoration des
eaux.
Simplement pour exemple, M. le Président, il s'agit de constater
qu'il y a à peu près, une page qui est consacrée la
page 50 aux objections qui sont apportées à la fluoration
des eaux, où on y explicite les cinq points, les cinq aspects qui sont
soulevés par ceux qui sont contre la fluoration des eaux et,
naturellement, on ne fait que soulever les points et nulle part ailleurs on ne
retrouve, à la suite de ces oppositions, une argumentation de la part de
ceux qui sont contre la fluoration.
Le reste, de la page 51 à la fin du document, ce sont des
témoignages, des résultats d'expériences ou
d'enquêtes qui ont pour but cela, c'est la responsabilité
du ministère des Affaires sociales de répondre,
simplement, à ces objections mais d'une façon très
élaborée, sans avoir permis à ceux qui s'y opposent
d'émettre d'une façon aussi élaborée les raisons de
leurs objections.
M. le Président, également, je serai en faveur de cette
motion et je crois que nous devrions l'accepter, au niveau de la commission. Il
est clair que M. Drapeau n'est pas le dernier des maires de la province de
Québec. Ce n'est pas celui qui a les moindres responsabilités.
Ses objections à la fluoration, il me semble, si elles ne sont pas
d'ordre scientifique, peuvent peut-être être d'un tout autre ordre
et je crois qu'il serait important, de toute façon, d'entendre son
argumentation, l'argumentation qu'il a à apporter devant la commission,
pour soutenir, en tant que maire de Montréal, son opposition à la
fluoration.
Je dis bien que ce ne seraient peut-être pas des arguments
scientifiques qu'il nous apporterait. Déjà, la commission a
refusé, la semaine passée, d'entendre, à la suite d'une
motion que l'Opposition officielle a faite, un expert scientifique auquel se
référaient ou se réfèrent encore la plupart des
tenants qui sont contre la fluoration, à savoir le Dr Schatz.
La commission, majoritairement, a refusé carrément de
faire les démarches nécessaires pour que ce dernier puisse
être entendu, afin d'avoir les deux côtés de la
médaille, ce qui permettrait aux membres de la commission,
jusqu'à preuve du contraire personne n'est un expert scientifique
en termes de fluoration de par l'audition de témoignages
contradictoires, de pouvoir se faire une idée plus sérieuse sur
le sujet que nous discutons.
M. le Président, si le document de travail cela, c'est la
responsabilité du min istère des Affai res sociales est
à sens unique, il est clair que la commission parlementaire ne peut pas
se permettre d'être à sens unique aussi. Il faut que cette
commission parlementaire, si elle veut être sérieuse, permette
à toutes les opinions de s'exprimer, non pas seulement par
règlementation, mais qu'elle fasse les gestes nécessaires pour
pouvoir permettre une présentation assez complète, scientifique,
de la thèse de ceux qui sont contre la fluoration.
Nous avions la chance, la semaine passée, comme membres de cette
commission, de le faire, en acceptant au moins d'envoyer une invitation au Dr
Schatz; nous l'avons refusée.
Je le dis et je le redis, mon opinion n'est pas changée, j'ai la
conviction, jusqu'à maintenant, de l'effet bénéfique de la
fluoration, mais je crois que, comme commission, nous avons à discuter
d'un projet de loi qui sera soumis à l'Assemblée nationale et
ensuite imposé à la population. Nous nous devons, au nom de cette
population, par respect, de présenter à son attention les deux
côtés de la médaille pour qu'elle puisse se faire une
idée sur la validité de la loi que le gouvernement
s'apprête à imposer.
Je l'ai dit la semaine passée et je le redis: Si cette loi
n'avait pas comme principe d'imposer obligatoirement la fluoration, sans aucune
possibilité pour quelque municipalité ou quelque population de
pouvoir en sortir si elle n'est pas satisfaite, je n'aurais peut-être pas
la même attitude, parce que je pourrais très bien me faire le
raisonnement que, si ce n'était pas une loi imposée, mais qu'on
faisait appel au référendum ou à un mode de consultation
populaire qui pourrait permettre à une population
de s'exprimer sur le sujet, à savoir si elle la veut oui ou non,
je pourrais très bien me faire le raisonnement que, lors de la
consultation ou du référendum, toutes les parties auraient la
possibilité de se faire entendre et de faire entendre les experts
qu'elles voudraient auprès de la population.
Mais, comme ce n'est pas le cas et qu'on veut imposer la fluoration avec
aucune possibilité d'en sortir pour les municipalités, je dis que
cela impose à la commission une obligation de plus, celle d'essayer de
voir vraiment les deux côtés de la médaille ou, tout au
moins, même si cela ne change pas nos opinions, d'apporter suffisamment
de renseignements au niveau de cette commission pour que les citoyens soient
à même de juger de la portée valable, scientifique de la
loi.
M. le Président, je voterai en faveur de la motion pour ces
considérations. Egalement, nous le savons, nous sommes à
même de le constater par les mémoires et par la liste des
associations que nous avons entendues et que nous entendrons aujourd'hui,
jusqu'à maintenant il n'y a qu'une association qui s'est fait entendre,
qui était contre la fluoration. Je pense que le sujet est d'importance
et il faut que la commission se charge, dans l'étude sérieuse
qu'elle doit faire du projet de loi, devant cette situation, celle qu'il n'y a
qu'un groupe qui s'est fait entendre pour montrer l'autre côté de
la médaille, je crois que nous avons la responsabilité... C'est
dans ce sens que nous faisions notre motion la semaine passée concernant
le Dr Schatz. Comme commission, il faut suppléer à cette carence
d'organismes ou d'experts scientifiques qui ne seront pas entendus devant la
commission, soit effectivement parce qu'à cause des règles de
procédure, ils ne le peuvent pas, ils ne sont pas disponibles, ou soit
parce que les organismes qui sont contre la fluoration n'ont pas les
possibilités financières d'amener ces experts, de pouvoir payer
leur déplacement, afin de pouvoir faire valoir leur point de vue au
même droit que les autres.
M. le Président, je voterai favorablement à la motion. Je
fais une correction concernant la ville de Chicoutimi. J'ai eu l'occasion de
rencontrer M. Au-rèle Racine. Effectivement, la ville de Chicoutimi ne
s'est pas prononcée encore sur ce sujet, mais c'est un détail, M.
le Président. Je crois quand même que la liste qui a
été donnée par le député de Rouyn-Noranda de
toutes les municipalités et celle qui nous a été
donnée également par M. Aurèle Racine, maire de Tracy, qui
ont je pense, de bonne foi exprimé leur opposition
à la fluoration, sont quand même imposantes. A moins de partirdu
principe que ces gens n'y connaissent rien, que ces gens n'ont pas le sens des
responsabilités nécessaire pour au moins appuyer leur opinion ou
leur opposition sur une information qui leur est parvenue et en laquelle ils
croient, je crois que la commission, au moins, doit faire un travail
sérieux dans le sens que, en entendant les deux côtés de la
médaille, on apportera peut-être à ces édiles
municipaux les lumières nécessaires pour qu'ils révisent
leur position ou encore qu'ils demeurent de plus en plus convaincus de la
position qu'ils ont déjà prise.
M. le Président, je serai en faveur de la motion
présentée par le député de Johnson.
Le Président (M. Pilote): Le député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. Lacroix: On a perdu assez de temps, M. le Président.
Quant au maire de Montréal, je pense qu'il est assez grand garçon
pour, quand il décide de se présenter devant une commission, le
faire lui-même. Il y a des gens sérieux qui sont ici qui
désirent également se faire entendre. Pourquoi ne voterait-on pas
pour ensuite travailler? Ceux qui se sont déplacés pour venir ici
devraient se faire entendre immédiatement et qu'on cesse de perdre du
temps pour rien. L'Opposition veut jouer le rôle du gouvernement, mais je
pense que ce serait à notre tour de jouer le rôle du gouvernement,
d'être le vrai gouvernement, de gouverner, dediriger et de cesser de
faire perdre le temps des membres de cette commission.
M. Bellemare (Johnson): II y a tellement d'autres domaines...
M. Bédard (Chicoutimi): II n'est pas question de... On va
aider le gouvernement à jouer son rôle.
M. Bellemare (Johnson): J'espère bien.
M. Lacroix: Vous allez l'apprendre. Cela fait assez longtemps que
vous nous insultez, vous. Vous allez apprendre à vivre, tranquillement
pas vite.
M. Bellemare (Johnson): J'ai un droit de réplique, M. le
Président?
Des Voix: Non! Une Voix: Ah oui!
M. Bellemare (Johnson): Oui, certainement, j'ai le droit de
réplique.
M. Lafrance: Vingt minutes par intervention.
M. Bellemare (Johnson): C'est une motion de fond, M. le
Président, et j'ai le droit, en vertu du règlement, mutatis
mutandis, d'exercer...
M. Lafrance: Non! Quel numéro?
M. Bellemare (Johnson): C'est dans notre règlement. Je
n'ai pas à être votre professeur.
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre des
Affaires sociales, sur la motion présentée par le
député de Johnson. Vous avez droit à vingt minutes
chacun...
M. Lafrance: Vingt minutes en tout.
M. Bellemare (Johnson): Le président a déjà
donné son opinion.
M. Forget: M. le Président, j'ai adressé mes
remarques aux...
Le Président (M. Pilote): J'accorderai le droit de
réplique au député de Johnson.
M. Forget: ...interventions du député de
Johnson......à faire des commentaires sur...
M. le Président, je laisserai mes remarques dans les limites les
plus brèves. Il demeure qu'on fait allusion à un si grand nombre
de choses lorsque l'on discute de cette question de procédure que je me
crois dans l'obligation d'apporter certaines précisions.
On a parlé, au tout début de nos travaux, du climat
d'émotivité dont certains voulaient entourer cette question. Je
crois que nous nous sommes plongés à nouveau ce matin dans un
climat d'émotivité et ceci de la façon la plus
déplorable que l'on puisse le faire, c'est-à-dire en
proférant des faussetés et en proférant également
ce qui est l'équivalent d'insultes vis-à-vis des personnes qui
sont jusqu'à maintenant apparues devant nous. Les faussetés qu'on
a proférées, M. le Président, ce sont celles où
l'on affirme que nous avons refusé d'entendre qui que ce soit. On sait
très bien, et ceux qui suivent ces travaux depuis le début,
c'est-à-dire depuis la semaine dernière, savent très bien
que nous avons entendu abondamment non seulement ceux qui se sont
exprimés favorablement au projet de loi, mais encore plus ceux qui ont
exprimé une opinion contraire. En effet, malgré que les
règlements de cette commission ceci illustre très bien que
nous ne faisons pas de procédurite indiquent un délai de
20 minutes pour présenter un mémoire et un délai de 20
minutes de part et d'autre pour en discuter avec les groupes qui viennent
devant nous, nous avons passé pas moins de cinq heures en commission
parlementaire à entendre le seul groupe qui, de lui-même,
volontairement, s'est présenté devant nous pour s'opposer au
projet de loi et s'opposer à la fluoration dans son ensemble. Ce n'est
donc pas de la procédurite. Ce ne sont donc pas des refus qu'ils ont
essuyés, mais au contraire, une oreille extrêmement
attentive...
M. Bellemare (Johnson): M. le ministre, c'est à 20 minutes
qu'on a droit pour la réplique?
Le Président (M. Pilote): Non, c'est sur...
M. Forget: C'est sur la comparution des différentes
parties.
M. Bellemare (Johnson): Après, on a 20 minutes aussi?
M. Forget: C'est cela.
M. Bellemare (Johnson): Pour poser des questions?
M. Forget: C'est 40 minutes au total. M. Bellemare (Johnson):
C'est 40?
M. Forget: C'est 40 de part et d'autre.
M. Bellemare (Johnson): C'est 40 minutes.
M. Forget: M. le Président, c'est donc une illustration
que les règles que nous avons dans cette commission ont
été interprétées le plus libéralement
possible. On allègue autre fausseté que nous avons
refusé de convoquer des experts. Or, c'est faux. Nous avons
refusé effectivement de convoquer un expert, mais nous n'avons pas
refusé d'entendre qui que ce soit, expert ou non. Ce que nous avons dit
cependant, c'est, très clairement, que cette commission parlementaire
n'est pas une commission d'enquête. Si c'était une commission
d'enquête sur un sujet comme celui-là, sa composition serait
certainement différente, parce que je crois que, quelles que soient les
compétences que l'on puisse attribuer à mes collègues de
la commission parlementaire, pour ma part, je ne me sens pas qualifié
à me prononcer à titre d'homme de science sur ce sujet.
Donc, ce n'est pas à nous d'entendre des démonstrations
scientifiques, mais plutôt à entendre des groupes de citoyens, des
groupes professionnels, des groupes scientifiques, qui viennent nous dire
quelles sont leurs conclusions à eux sur ce sujet et non pas nous faire
des démonstrations scientifiques pour lesquelles cette commission,
même si elle votait à une majorité quelconque, ne peut pas
donner une équivalence scientifique ou un effet scientifique à
ses conclusions et à ses travaux.
Donc, les experts qui sont venus l'ont été à
l'invitation de groupes professionnels et scientifiques. Nous nous sommes
abstenus de convoquer, de notre propre mouvement, et je crois que nous avons
bien fait de le faire, tout expert indépendant qui n'aurait pas de
lui-même sollicité de venir nous parler, puisque cette commission,
encore une fois, n'est pas une commission d'experts, mais une commission
politique, une commission parlementaire qui doit prendre des décisions
sur la base des avis qu'elle reçoit en pleine connaissance de cause, des
groupes en question, de toutes les implications sur le plan de la santé,
sur le plan scientifique, mais sans essayer de se substituer au jugement des
organismes professionnels et scientifiques, ce qu'elle est manifestement
incapable de faire et ceci sans reproche, bien entendu, à qui que ce
soit.
Donc, nous n'avons pas refusé d'entendre qui que ce soit, nous
n'avons pas ergoté sur la procédure et les principes. Nous avons
été extrêmement ouverts et partiaux en faveur de ceux qui
s'opposaient à la fluoration. S'il y a une partialité quelconque
qui a été démontrée dans nos travaux, elle
était favorable à ceux qui se sont opposés à la
fluoration, parce que nous les avons entendus durant une période de
temps disproportionnée par rapport à leur nombre de
disproportionnée, pourrais-je l'ajouter, par rapport à leurs
qualifications professionnelles et scientifiques.
Cependant, il nous a fait plaisir de les entendre et la question qui est
soulevée ici de la participation d'une autre personne ou d'un autre
groupe, est à mon avis, M. le Président, une question
absolument
factice. Elle est factice, parce que le problème effectivement ne
se pose pas. Ayant été informé comme je l'ai dit au tout
début de ces travaux, d'ailleurs, essayant par là,
d'abréger des discussions stériles, comme je l'ai indiqué
au début, ayant appris l'expiration des délais, ayant appris que
les règlements de ces commissions sont ce qu'ils sont et respectueux de
l'observation des règlements et je crois que c'est une qualité
que nos amis d'en face ne voudront pas dénier, lorsqu'on l'applique au
maire de la ville de Montréal, respectueux de nos règlements, il
nous a indiqué qu'il n'avait pas l'intention de comparaître devant
cette commission.
C'est donc un désir qu'il n'a pas exprimé ou qu'il n'a pas
maintenu, ayant appris que les règlements applicables aux comparutions
excluent sa participation. Je crois qu'il est tout à fait futile de
vouloir soulever un problème alors qu'il n'en existe pas et que le
principal intéressé, avec qui j'ai eu l'occasion de m'entretenir
à ces sujets, a décliné de participer à cette
commission. Et non seulement cela, il a indiqué également, il y a
quelques années et encore récemment, que cette question de la
fluoration, à mon avis, était une question qui relevait de la
responsabilité du gouvernement du Québec et que, dans la mesure
où le gouvernement du Québec prenait ses responsabilités
à cet égard et adoptait une politique claire, il s'y conformerait
comme tout citoyen doit le faire dans des cas comme ceux-ci.
Mais, avant de terminer, M. le Président, j'aimerais apporter
malgré tout un certain nombre d'autres corrections à des
affirmations faites par le député de Chicoutimi, relativement
à la comparution de M. Racine, de la ville de Tracy, devant nous jeudi
dernier.
M. Racine appartenait, comme on le sait, au Front commun contre la
fluoration. Il n'a donc pas comparu ici à brûle-pourpoint, sans
avis, mais il faisait partie de la délégation qui avait
été annoncée longtemps à l'avance et qui avait
déposé son mémoire également dans les délais
prescrits.
Enfin, dernière fausseté qu'il est important de dissiper,
lorsque l'on nous dit que nous avons fait preuve, dans la préparation de
ces documents, de partialité, c'est qu'on nous accuse d'un non-sens. Il
est évident que, si le gouvernement se présente devant
l'Assemblée nationale avec un projet de loi comme celui-là, c'est
qu'il a tranché, dans son esprit, la question, c'est-à-dire qu'il
a examiné quelle était la prépondérance de la
preuve, en quelque sorte, relativement à la fluoration, relativement
à ses effets positifs, relativement à l'absence de danger et
qu'il doit, dans les documents qu'il utilise, dans les documents qui font
état de ces travaux et de ces recherches, évidemment, exposer la
situation telle qu'elle est, c'est-à-dire sans créer
artificiellement l'impression que cette question demeure très
controversée sur le plan scientifique.
Malgré tout ce qu'on en dit, la controverse est purement dans les
mots, elle est purement dans les rumeurs, elle n'est pas dans les faits. Il
fallait bien qu'on le dise dans le dossier technique du ministère des
Affaires sociales sur le sujet. On ne se débarrasse pas du revers de la
main de toutes les objections qui sont faites. Il y a toute une section de ce
rapport qui est consacrée à prendre une par une les objections
qui ont été formulées et à présenter les
raisons pour lesquelles elles ne doivent pas, elles ne peuvent pas être
retenues. C'est donc une attitude systématique et non pas simplement une
ignorance ou un mépris de ces objections. Au contraire, une attitude
systématique, respectueuse des opinions des autres et également
respectueuse de la vérité qui nous indique dans ce domaine, sur
le plan scientifique, que les dangers allégués sont
inexistants.
Je crois que, si l'on constate, d'une part, toutes les faussetés
et les insultes, puisque c'est une affirmation que j'ai faite et qu'il
m'appartient, en dernier lieu, de motiver, les insultes qui ont
été adressées un peu gratuitement et tout à fait
gratuitement, d'ailleurs, à des organismes qui ont comparu devant
nous...
Je pense, par exemple, aux conseils régionaux de la santé
et des services sociaux, dont le député de Rouyn-Noranda a dit,
très facilement, très désinvoltement, qu'il s'agissait
là de créatures du gouvernement, de gens qui n'ont aucune
espèce de colonne vertébrale, qui vont dire n'importe quoi,
pourvu que nous le leur demandions. Je crois que c'est faire insulte aux
personnes qui, de façon bénévole, travaillent dans ces
conseils régionaux de la santé et des services sociaux, qui ont
d'ailleurs déjà démontré, à l'occasion de
problèmes particuliers, leur capacité de faire part au
gouvernement de différences d'opinion et de différences de points
de vue, de façon très marquée. Ils ont donc prouvé
leur autonomie, leur indépendance vis-à-vis du gouvernement.
C'est les traiter de façon très cavalière que de dire que
ce sont nos créatures et qu'ils ne sont apparus ici qu'à notre
demande. C'est tout à fait faux. Ils l'ont fait parce qu'ils
étaient convaincus et c'est une insulte que de dire, après les
avoir entendus, qu'ils ne représentent rien, qu'ils sont des
marionnettes et qu'on a que faire de leur opinion.
Je crois que les propos que le député de Rouyn-Noranda
nous adressait se retournent contre lui, au moins dans ce cas-là, ils se
retournent également contre lui...
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement.
Non seulement...
M. Boudreault: Ne vous occupez pas de nous autres.
M. Dufour: Vous avez dit assez de balivernes.
M. Samson: M. le Président, le ministre est hors d'ordre
depuis le début. Je vous rappelle au règlement, M. le
Président...
M. Forget: ...des barrières.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! M. Forget:
...concerne le débat...
M. Samson: M. le Président, je vous demande de faire
respecter...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): ...c'est M. le Président
qui...
Une Voix: Question de règlement. M. Samson:
J'invoque le règlement.
M. Bellemare (Johnson): II y a un président, qu'il y
voit.
M. Samson: Non seulement...
M. Bellemare (Johnson): II l'a référé...
Le Président (M. Pilote): Le député de
Rouyn-Noranda sur une question de règlement.
M. Bédard (Chicoutimi): ...M. Bellemare...
M. Samson: J'ai accepté de laisser aller le ministre,
même s'il parlait deux fois sur la même motion, chose qui est
interdite, M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): Certainement.
M. Samson: ...par l'article 95 de notre règlement,
où il est dit qu'un député ne peut prendre la parole plus
d'une fois sur une même question, si ce n'est que pour s'expliquer ou
exercer le droit de réplique. Ce n'est pas un droit de réplique
que le ministre exerce à ce moment-là, parce que la motion n'est
pas de lui, mais de l'honorable député de Johnson qui lui seul a
un droit de réplique. Je n'accepterai pas plus longtemps, M. le
Président, que le ministre tente d'insulter les membres de la
commission...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président... M.
Samson:...alors qu'il n'a pas droit de parole. M. Bellemare
(Johnson): C'est un...
M. Samson: ...c'est par l'unanimité qu'on lui a
accordé le droit de parole, M. le Président, et pas autrement. Si
on se base sur le règlement, puisque c'est une motion...
M. Bellemare (Johnson): Article 95.
M. Samson: Articles 94 et 95, si cela vous intéresse, M.
le Président. Vous verrez que nous avons un droit de parole de vingt
minutes outre, évidemment, le chef de l'Opposition officielle, ou le
chef d'un parti reconnu, ou le ministre qui présente une motion de fond
parce que c'est une motion de fond qu'on présente, ce n'est pas un
débat en questionnant des gens qui viennent comparaître.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! A l'ordre!
M. Samson: Le droit de parole.
Le Président (M. Pilote): Selon moi. ce n'est pas une
question de fond. Une question de fond, c'est une question qui vient modifier
un projet de loi quelconque.
M. Samson: Ah non, je regrette!
Le Président (M. Pilote): Actuellement, c'est une
invitation qu'on veut faire au maire de Montréal.
M. Samson: M. le Président, je regrette. M. Bellemare
(Johnson): Voyons donc!
M. Samson: C'est une motion de fond que nous présentons,
ce matin. L'article 94, qui parle du droit de parole, nous lie. Nous sommes
liés. Nous avons accepté, de bonne grâce, de laisser parler
le ministre deux fois alors que les autres n'ont parlé qu'une seule fois
sur le sujet.
M. Dufour: Eh! Combien de fois avez-vous parlé?
M. Samson: Je vous dis, M. le Président, que le ministre
n'a pas le droit, à ce moment-ci, de parler deux fois sur le même
sujet. On l'a laissé faire et s'il veut utiliser ce temps de parole pour
lancer des affirmations gratuites aux membres de cette commission
parlementaire...
Des Voix: Ah! Ah! Ah!
M. Dufour: Ils sont malades.
M. Samson: ...on ne le laissera pas faire plus longtemps.
M. Dufour: Le fluor ramollit l'esprit.
M. Samson: Quant à ce que j'ai dit concernant les services
sociaux, je le maintiens et je peux continuer à le dire; mais je ne me
servirai pas du droit de parole, à ce moment-ci, parce que je n'en ai
pas le droit plus que lui...
M. Dufour: Fermez-vous alors!
M. Samson: ...de parler deux fois sur le même sujet. Par
exemple, je dis qu'en vertu de l'article 96 j'ai le droit de rectifier les
faits. Ce que j'ai dit, M. le Président, je le maintiens, Les groupes
qui sont venus à la commission parlementaire sont victimes du ministre.
C'est cela que j'ai dit et je le maintiens.
M. Boudreault: Ce n'est pas nous autres.
Une Voix: On vote, M. le Président.
M. Dufour: II a l'air de se croire.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
M. Dufour: II se croit, en plus, c'est terrible. C'est
épouvantable.
Le Président (M. Pilote): L'article 96 se lit comme suit:
"Le député qui prend la parole pour donner des explications sur
le discours qu'il a déjà prononcé ne peut le faire que
lorsque le discours qui les provoque est terminé..." A l'article 95,
également, on dit: "Un député ne peut prendre la parole
plus d'une fois sur une même question si ce n'est pour s'expliquer..." Je
crois que le ministre a pris la parole pour s'expliquer.
M. Forget: Exactement.
M. Massicotte: On vote, M. le Président.
M. Samson: Pour s'expliquer...
M. Lafrance: Le règlement.
M. Samson: Le règlement, M. le Président...
M. Boudreault: Le règlement. Respectez-le donc, le
règlement! Respectez-le, le règlement, vous autres!
Le Président (M. Pilote): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Commencez par le respecter.
M. Samson: Arrêtez donc de beugler!
M. Boudreault: Commencez par le respecter.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, à l'ordre!
Une Voix: On n'a pas le cerveau ramolli pour beugler, nous
autres.
M. Bellemare (Johnson): Attendez-vous un ministère
prochainement?
M. Dufour: Non, non, non.
M. Samson: J'ai quelque chose pour vous, tantôt.
M. Dufour: On ne vous en demandera pas non plus.
M. Boudreault: ...cerveau ramolli.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, à l'ordre,
messieurs!
M. Bellemare (Johnson): Ne criez pas pour rien.
M. Samson: J'ai quelque chose pour vous.
Le Président (M. Pilote): Si vous voulez...
M. Bellemare (Johnson): Les ministres ont déjà
été choisis. Ils viennent d'Ottawa, ils ne viennent pas de
Québec.
M. Boudreault: Le règlement, M. le Président. Le
Président (M. Pilote): A Tordre!
M. Samson: On sait, M. le Président, que le dentiste de
Rivière-du-Loup en arrache pas mal, mais ça ne nous
dérange pas.
Une Voix: C'est une farce.
M. Lafrance: Cela prend un cerveau ramolli pour beugler.
Le Président (M. Pilote): Si vous voulez qu'on suspende
cinq minutes pour continuer l'engueu-lade, on va le faire.
M. Dufour: Arrêtez les conneries, Seigneur! Le
Président (M. Pilote): Droit de réplique. M. Dufour:
Ce n'est même pas intelligent.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, j'exercerai mon
droit de réplique sans hausser le ton puisque cela a déplu
à l'honorable ministre.
M. Massicotte: Cela va être nouveau. M. Dufour: Cela
va être nouveau.
M. Bellemare (Johnson): Je ne voudrais pas lui déplaire et
surtout pas qu'il m'enlève de son carnet d'amis. Je tiens à y
rester.
M. Boudreault: M. le Président, point d'ordre. Est-ce que
l'honorable ministre avait terminé son exposé?
M. Bellemare (Johnson): Le droit de parole m'a été
accordé par le président et non pas...
M. Boudreault: On n'est pas au courant s'il a terminé son
droit de parole.
M. Bellemare (Johnson): ...par l'honorable député.
Mon droit de réplique m'a été donné par le
président...
M. Massicotte: II pose une question au président.
M. Bellemare (Johnson): ...et je l'exerce.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Je dis donc...
M. Boudreault: Le ministre s'est fait couper la parole.
M. Belletnare (Johnson): ...que je vais le faire dans le calme le
plus serein. Je dirai, d'abord, que ce n'est pas une perte de temps, ce q ue
nous faisons ce matin, alors que nous voulons entendre le maire de
Montréal. Je pense que le ministre s'est rendu compte qu'il y a eu des
précédents dans les commissions parlementaires, autrefois, et que
l'Opposition y avait acquiescé de bonne grâce. Il vient de le
redire dans son exposé, pour la deuxième fois, exposé qui
n'était pas permissible en vertu de l'article 95, savoir que nous sommes
prêts à entendre toute personne mais, nous ne sommes pas
prêts à faire de la procédurite. Ce sont ses expressions,
je l'ai remarqué.
Si l'honorable ministre est logique, s'il ne veut pas faire de
procédurite et, s'il était consentant à entendre l'une des
plus hautes autorités municipales de notre province, M. le maire
Drapeau, je verrais là un geste de bonne grâce. Je comprends que
cela va probablement contredire ce qu'il pense, dans l'optique qu'il s'est
tracée, et la planification de tous les dossiers qu'il a entrepris pour
que tout le monde soit d'accord. Je pense que cela va le déranger un
peu, mais, qu'il soit donc démocrate, qu'il s'habitue donc, comme nous
autres, à en recevoir. Il va falloir que la peau lui épaississe
un peu, l'honorable ministre. Il va falloir qu'il arrête d'être
susceptible. Si on veut être un bon politicien et surtout un bon
parlementaire, il faut être capable de recevoir les critiques.
Combien de fois ai-je vu M. Lesage, qui pour moi est un grand bonhomme,
qui était pour moi un grand parlementaire, en recevoir comme premier
ministre, mais il s'est tiré d'affaires et tout le monde
considère que M. Lesage a été un grand parlementaire.
Pourquoi le ministre ne permettrait-il pas au maire de Montréal de se
faire entendre quand, dans le journal Montréal-Matin du 25
février, on lit ceci en gros et ce n'est pas moi qui ai fait
écrire cela: "Drapeau ne boira pas d'eau fluorée. " C'est le 25
février, cela ne fait pas longtemps, M. le Président. Celui qui a
écrit cet article devait avoir des renseignements de quelqu'un et il
dit: "...acharné de la fluoration de l'eau, le maire Jean Drapeau
s'opposera d'une manière définitive à l'adoption d'un
projet de loi en ce sens qui a récemment été
déposé devant les membres. Le maire profitera d'une séance
de la commission parlementaire des affaires sociales le 4 mars prochain pour
faire valoir ses objections à la fluoration obligatoire de l'eau des
consommateurs de Montréal. " Ce n'est pas moi qui ait écrit cela,
M. le Président, mais il y a quelqu'un qui l'a écrit de bonne
foi, parcequ'il avait eu sûrement des entrevues avec quelqu'un. Ce matin,
pour respecter ce que l'on met en jeu, les libertés individuelles et
collectives de bien des gens, j'espère que le ministre ne
s'élèvera pas contre des péccadilles comme
celles-là, surtout de la procédurite, pour empêcher le
maire de Montréal... Le maire de Montréal lui en tiendra compte.
La population de Montréal lui en tiendra compte et oela ne vous aidera
pas. Je ne fais pas de menace, je fais simplement une constatation. Ce serait
si gentil de la part du ministre de dire: Oui, nous allons l'entendre. Je suis
assez courageux pour l'entendre.
M. Dufour: Non.
M. Bellemare (Johnson): Je suis assez parlementaire pour entendre
un homme comme M. Drapeau dire: Je suis contre. Je suis prêt à
l'entendre. J'ai des arguments contre cela, je vais faire valoir ces arguments
devant lui. J'espère que le ministre va être assez bon
parlementaire pour dire: Oui. Qu'est-ce que cela va changer dans le portrait
que le maire Drapeau vienne dire pourquoi il est contre? Toute la population va
être contente d'entendre cela. Si le ministre décide, après
de procéder, c'est son privilège, c'est sa responsabilité.
Il a le pouvoir. Il ne lui en reste plus que 100 aujourd'hui, il en a encore
perdu un autre, mais il en a 100 qui vont l'appuyer. C'est sans bon sens. M. le
Président, j'espère que le ministre va comprendre que ce n'est
dans l'intérêt d'aucun parti d'Opposition de lui causer des
embêtements.
M. Dufour: Personne.
M. Bellemare (Johnson): Non, M. le Président. Mais comme
bon parlementaire, il va dire: Oui, monsieur, l'Opposition a raison ce matin,
il y a eu une petite peccadille, il y a eu une petite affaire de
procédurite, cela n'a pas été régulièrement
accompli, mais, à cause des précédents déjà
établis, comme ministre des Affaires sociales, comme grand bonhomme, je
dis: Oui. Que le maire vienne devant nous, on va être contents de
l'entendre. Cela, M. le Président, revaloriserait, peut-être
encore un peu plus, l'opinion que j'ai du ministre.
M. Dufour: C'est un avocat.
M. Boudreault: S'il avait exprimé une opinion
semblable...
M. Beliemare (Johnson): M. le Président, je ne permettrai
pas à l'honorable ni à vous non plus, j'espère... Il a
peut-être beaucoup de dynamisme, ce brave député, mais
qu'il se contienne un peu.
M. Boudreault: C'est parce que j'ai beaucoup de respect pour les
gens qui sont ici et qui attendent.
M. Bellemare (Johnson): C'est bien plus difficile pour nous de
vous entendre parfois, surtout de vous comprendre.
M. Dufour: Et, pour nous, de vous subir.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je demande au
ministre de réviser...
M. Massicotte: Vous prenez assez de temps à conclure.
M. Bellemare (Johnson): ...la portée de son jugement qui
est très grave, ce matin. Il sait, comme ministre, qu'il a une
responsabilité énorme à porter vis-à-vis de
l'opinion publique, surtout devant la présentation d'une loi obligatoire
sans référendum et où les libertés individuelles
sont mises en cause. Il
me semble que l'éclairage que nous donnerait le maire de
Montréal serait avantageux pour la population et, si cela ne fait pas
l'affaire du ministre, il procédera. M. le Président, je demande
le vote sur ma motion.
Le Président (M. Pilote): La commission va se prononcer
sur la motion du député de Johnson qui se lit comme suit: Que la
commission parlementaire invite le maire de Montréal, M. Jean Drapeau,
à venir devant la commission pour faire part, aux membres de celle-ci,
de ses commentaires sur le projet de loi no 88 et, particulièrement, sur
les articles traitants de la fluoration des eaux de consommation.
M. Bellemare (Johnson): Faites attention comment vous allez
voter.
M. Lacroix: On n'a pas de leçon à recevoir de
vous.
Le Président (M. Pilote): M. Faucher?
M. Bellemare (Johnson): Merci beaucoup, très cher
professeur.
M. Lacroix: Les vieux...
M. Bellemare (Johnson): Et vous, quel âge avez-vous?
M. Lacroix: Pas mal moins vieux que vous. M. Faucher:
Contre.
Le Président (M. Pilote): M. Bellemare (Johnson)?
M. Bellemare (Johnson): II y a des vieux... Pour.
Le Président (M. Pilote): M. Bédard
(Chicoutimi)?
M. Bédard (Chicoutimi): En faveur.
Le Président (M. Pilote): M. Bonnier (Taschereau)?
M. Bonnier: Contre.
Le Président (M. Pilote): M. Boudreault (Bourget)?
M. Boudreault: Contre.
Le Président (M. Pilote): M. Dufour (Vanier)?
M. Dufour: Contre.
Le Président (M. Pilote): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Contre.
Le Président (M. Pilote): M. Lafrance
(Rivière-du-Loup)?
M. Lafrance: Contre.
Le Président (M. Pilote): M. Lacroix
(Iles-de-la-Madeleine)?
M. Lacroix: Contre.
Le Président (M. Pilote): M. Massicotte
(Lotbinière)?
M. Massicotte: Contre.
Le Président (M. Pilote): M. Samson (Rouyn-Noranda)?
M. Samson: En faveur.
M. Bellemare (Johnson): ...68 ans à la tête du
pays.
Le Président (M. Pilote): M. Ostiguy
(Verchères)?
M. Ostiguy: Contre.
Le Président (M. Pilote): La motion est rejetée par
neuf contre trois.
M. Bellemare (Johnson): Alors, c'est dommage, je déplore
énormément l'attitude de la commission, M. le
Président.
M. Dufour: J'en suis fort aise.
Le Président (M. Pilote): Aujourd'hui, nous avons deux
groupes de mémoires, si vous voulez. Il y a des mémoires qui sont
à portée scientifique et il y a d'autres mémoires qui sont
à portée technique. Si vous le permettez, nous allons
étudier ce matin les mémoires qui sont à portée
scientifique.
J'inviterais les représentants de l'Association dentaire du
Québec, le Dr Chicoine à présenter ceux qui l'accompagnent
et à présenter son mémoire.
Association des chirurgiens dentistes du
Québec
M. Prudhomme (Pierre): M. le Président, je voudrais faire
une correction. Permettez-moi tout d'abord de me présenter. Je suis le
Dr Pierre Prudhomme, président de l'Association des
chirurgiens-dentistes du Québec, et non pas de l'Association dentaire du
Québec.
Je voudrais, en premier lieu, vous remercier de l'occasion que vous nous
donnez de présenter notre point de vue et, sans plus tarder, parce que
je constate que votre temps est précieux et que vous l'employez
utilement, permettez-moi de présenter ma délégation. A ma
gauche, le directeur général, le Dr Claude Chicoine, qui fera
lecture du mémoire; le principal rédacteur du mémoire, le
Dr Denis La-flamme, et, à ma droite, Me Yvan Brodeur, du bureau de nos
conseillers juridiques.
M. Chicoine (Claude): M. le Président, l'Asso-
dation des chirurgiens-dentistes du Québec désire
remercier la commission parlementaire des affaires sociales de lui fournir
l'occasion d'exprimer son opinion sur la fluoration de l'eau de
consommation.
La fluoration représente une étape essentielle au niveau
des mesures de santé publique et nous ne pouvons que nous réjouir
du fait que cette importante mesure de prévention soit reconnue et
appliquée chez nous comme elle l'a été dans dix Etats
américains au cours des dernières années.
Les cinquante dernières années de recherches
médico-dentaires ont fourni une documentation abondante au sujet de la
fluoration. Il ne serait pas superflu d'ajouter qu'aucune découverte n'a
été plus analysée, examinée médicalement,
socialement, légalement et scientifiquement que la fluoration de
l'eau.
Les deux idées qui se dégagent des études faites
à ce sujet se résument à peu près à ceci:
Premièrement, la fluoration contrôlée de l'eau est une
mesure de santé basée sur des faits vécus depuis des
générations par des populations entières.
Deuxièmement, la fluoration contrôlée de l'eau est la
méthode de prévention de la carie la plus sûre, la plus
efficace et la plus économique connue à ce jour.
Selon l'Organisation mondiale de la santé, "la carie est l'une
des maladies les plus courantes et la plus répandue dans le monde". Des
études entreprises à travers le Canada ont
révélé qu'à l'âge de cinq ans, environ 80% de
tous les enfants ont des caries et, à 19 ans, le nombre des dents
cariées, absentes ou obturées est de 19.
Devant un tel état de fait, nul ne demeure impassible. Or, comme
on ne peut produire suffisamment de personnel dentaire qualifié pour
répondre aux besoins actuels, la fluoration, comme mesure de
prévention à grande échelle, nous apparaît comme la
seule solution pour freiner les dégâts causés par la
carie.
Les effets biologiques des fluorures ont été
décrits dans plus de 5,000 rapports cliniques et expérimentaux au
cours des cinquante dernières années. Ce travail, comme l'indique
l'Organisation mondiale de la santé, n'a pas été le
monopole d'une science en particulier. Au contraire, il provient de la
contribution des scientifiques de domaines aussi différents que la
biologie, la physiologie, la toxicologie, la pharmacologie, la chimie, la
pathologie, la médecine et la dentisterie.
Ce domaine de la recherche, comme tous les autres, n'est pas exempt de
controverse scientifique. Cependant, la grande majorité des
résultats de ces recherches s'articule autour d'une idée
maîtresse pour démontrer et l'efficacité et la
sécurité de l'utilisation de la fluoration.
D'ailleurs, cet ensemble d'évidences est sans
précédent dans les annales de mesures de santé publique.
C'est pourquoi aucune autre mesure de prévention n'a reçu autant
d'appui d'organismes officiels de la santé.
Les recherches ont établi que l'eau fluorée naturellement
ou d'une manière contrôlée à la concentration de 1.1
à 1.3 partie par million pour notre climat réduit l'incidence de
la carie dentaire de 60% à 65% sans provoquer d'effets secondaires.
Le fluor absorbé par l'organisme est gardé uniquement dans
le squelette et les dents, l'excès en étant
éliminé. Dans les dents, il se dépose avant tout au niveau
de l'émail et ce, en trois étapes. Premièrement, au moment
de la formation de l'émail, avant que la dent ne fasse éruption;
deuxièmement, après que la minéralisation de
l'émail soit achevée, mais toujours avant l'éruption de la
dent et. troisièmement, toute la vie de la dent, le dépôt
se faisant alors en surface.
Le fluor enveloppe littéralement la dent d'un écran
protecteur contre la carie dentaire. En effet, quand l'ion fluor entre en
contact avec l'émail de la dent, il se combine avec certaines substances
pour former de nouveaux oomposés chimiques plus résistants aux
acides et aux bactéries responsables de la carie. Les carbonates sont
ainsi remplacés par des fluorures qui rendent l'émail moins
sensible à l'attaque combinée des acides et des bactéries
de la plaque dentaire.
Comme le fluor est l'un des éléments qu'on trouve un peu
partout dans l'écorce terrestre, il est pratiquement impossible de
s'alimenter sans absorber de fluorures. Donc, quel que soit le pays où
nous vivons, nous ingérons quotidiennement une quantité variable
de fluorures. Où se déposent-ils et quels effets ont-ils sur la
santé? On sait qu'une eau potable ayant la teneur optimale en fluorures
est bénéfique aux dents et des recherches récentes portent
à croire que, dans les régions où l'eau contient une forte
concentration de fluorures, les personnes âgées ont des os qui se
maintiennent en meilleur état, et j'ajouterais que la théorie que
cela amenait des ramollissements de cerveau n'est pas valable.
La diète quotidienne fournit approximativement 0.3 à 0.5
milligramme alors que six verres d'eau contenant une partie par million de
fluorure en apporteront l'addition de 1.2 pour un total de 1.5 à 1.7
milligramme.
Les montants combinés de l'eau et de la diète ne sont pas
suffisants pour produire des effets toxiques, il faudrait environ 2,500 fois
cette dose pour en arriver à une dose fatale ou à une dose
toxique ou trois à quatre fois cette dose pour produire un émail
madré. Le fluor est toxique en quantité excessive. Mais la
différence entre la dose thérapeutique et la dose toxique est
énorme et presque tous les fluorures ingérés
jusqu'à cinq milligrammes par jour sont excrétés
quantitativement dans l'urine, la sueur et les fèces. D'après le
rapport annuel "La fluoration au Canada au 31 décembre 1972",
compilé par l'Association dentaire canadienne, il y avait, à
cette date, 337 réseaux d'eau du Canada bénéficiant de la
fluoration contrôlée. Ces réseaux desservant 417
municipalités pour une population de 6,800.000 personnes. De plus,
200,000 personnes de 137 municipalités sont protégées par
une eau naturellement fluorée à des proportions convenables.
En d'autres termes, un Canadien sur trois consomme une eau enrichie de
fluorure. S'il fallait se rendre aux arguments des "antifluorationnistes. il
faudrait conclure qu'un Canadien sur trois est en mauvaise santé ou en
voie de le devenir. Qu'on le veuille ou non, le fluor est une
réalité quotidienne
dans l'alimentation de chaque individu, au même titre que les
minéraux, les protéines ou les carbohydrates; ce qui est
souhaitable, en somme, c'est que l'équilibre, là où la
nature l'a distribué trop généreusement, qu'on le
réduise, là où la nature est déficiente, qu'on le
rajuste à un niveau idéal.
C'est toujours dans l'optique d'atteindre un juste milieu que se
réalisent les progrès en nutrition comme dans bien d'autres
domaines. L'addition d'iode au sel de table pour prévenir le
goître est un exemple parmi beaucoup d'autres.
La conclusion à laquelle aboutissent les auteurs du Consumers
Report résume bien notre pensée. De façon pratique, il
n'existe qu'un moyen d'utiliser le fluor pour le rendre hautement efficace,
complètement sans danger et non dispendieux sur une grande
échelle. Il faut l'intégrer à un réseau de
distribution des eaux de consommation.
Les enfants qui boivent de l'eau fluorée au cours des huit
premières années de leur vie, ont donc en moyenne 60% moins de
caries que ceux qui grandissent sans les bénéfices du fluor.
Cette résistance se maintient au cours de la vie et plus
particulièrement pour ceux qui continuent de boire de l'eau
fluorée.
Les conclusions déjà très abondantes continuent de
s'accumuler en faveur de la fluoration. L'on peut résumer ainsi: Le
fluor utilisé selon les normes établies pour la prévention
contre la carie est sans danger pour les gens de tous les âges, malades
ou en santé. En deuxième lieu, la fluoration est de loin le
meilleur moyen de réduire la carie de façon aussi radicale.
L'Association des chirurgiens-dentistes du Québec se réjouit des
intentions du ministère des Affaires sociales, car elle comprenait
très mal qu'en défrayant un programme de prévention chez
les jeunes de zéro à huit ans, le ministère puisse en
même temps négliger une mesure plus essentielle, plus efficace et
plus économique à la fois. Ce paradoxe échappait d'autant
plus à notre compréhension que, jusqu'ici, les arguments fournis
par les antifluorationnistes n'ont jamais fait le poids dans la balance.
L'Association des Chirurgiens dentistes du Québec recommande que le
gouvernement du Québec agisse dans les pi us brefs délais pour
obliger toutes les municipalités exploitant un aqueduc en vertu d'une
franchise à installer un système de fluoration adéquat, et
qu'en retour, ce même gouvernement aide lesdites municipalités
sous forme de conseils techniques et de subventions à réaliser
l'installation d'un tel système. Voilà, M. le Président,
la position de l'Association des chirurgiens dentistes du Québec.
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre des
Affaires sociales.
M. Forget: Je voudrais en premier lieu, M. le Président,
remercier l'Association des chirurgiens dentistes pour son mémoire et sa
présence à la commission parlementaire.
J'aimerais demander à l'un ou l'autre des porte-parole de
l'association s'ils ont pu constater ou si, dans leur pratique personnelle, les
effets du fluor ajouté à l'eau de consommation, puisque cer-
taines municipalitésdu Québec ont de l'eau fluorée,
parfois depuis seulement quelques années, parfois depuis beaucoup plus
longtemps, et que certains de leurs membres sont présumément dans
des endroits où la population a bénéficié de cette
mesure. Est-ce une constatation qu'ils ont pu faire personnellement ou qui
aurait fait l'objet de discussions au sein de leur association?
M. Laflamme (Denis): J'espère avoir compris votre
question, M. le ministre. L'acoustique n'est pas tellement bonne de ce
côté-ci, malheureusement.
Si j'ai bien compris votre question, vous demandiez si, dans
l'expérience des dentistes, évidemment, qui composent ce groupe
aujourd'hui, si, d'après leur expérience personnelle, il existe
une différence de fait entre les enfants qui proviennent de
région où l'eau est fluorée et où l'eau n'est pas
fluorée.
Je parlerai évidemment de ma pratique personnelle, et je pratique
à Dorval. Depuis déjà dix ans, Dorval est une des
premières municipalités du Québec, je crois, en 1957,
à avoir promu la fluoration. Je suis à même de constater,
chaque jour, dans ma pratique, chez des enfants qui viennent des
régions, par exemple, de Lachine, LaSalle ou Verdun ou même
d'ailleurs, qui n'ont pas eu les bénéfices de la fluoration qu'il
existe, de fait, une différence énorme au point de vue des
caries, au point de vue des indices cariogéniques de ces enfants. C'est
exact.
M. Forget: Vous n'avez pas pu observer des conséquences,
disons, fâcheuses qui pourraient résulter pour ces enfants, soit
au niveau de leur santé dentaire ou au niveau, plus
généralement, de troubles qui seraient venus à votre
connaissance des effets nocifs présumés de l'addition de fluorure
dans l'eau.
M. Chicoine: M. le Président, le Dr Laflamme a quelque
difficulté à comprendre d'un côté. Il n'entend pas
du tout, alors il a de la difficulté à comprendre les questions
du ministre. Serait-il possible de répéter et de donner la chance
de mettre le volume un peu plus élevé, afin que le Dr Laflamme
puisse très bien comprendre les questions?
M. Forget: Je parlerai un peu plus fort.
Ma question visait à savoir si la même expérience
personnelle qui vous a permis de vérifier l'effet favorable, l'effet
positif de l'addition de fluor, par exemple, à Dorval ou dans d'autres
municipalités du Québec qui en ont, vous aurait permis de
constater des conséquences qui, elles, seraient indésirables soit
sur l'effet des dents, soit de façon plus générale.
Evidemment, de façon plus générale, c'est peut-être
assez difficile pour vous d'en parler, mais au niveau des dents, par exemple, y
a-t-il eu des cas significatifs de fluorose dentaires ou, par exemple, puisque
c'est le seul inconvénient au niveau esthétique, peut-être,
qui est mentionné relativement à la fluoration des eaux de
consommation.
M. Laflamme: Je n'ai jamais personnellement
vu de cas de fluorose dentaire dans la région de l'ouest de
Montréal où l'eau évidemment est en partie fluorée,
je n'ai jamais vu aucun cas d'émail madré dans les dix
dernières années de ma pratique. Alors je crois que du moment
où c'est contrôlé, dans les centres situés ailleurs
comme au Texas, aux Etats-Unis où on a vu l'effet contraire sur les
dents, le problème se pose d'une façon différente. Mais
dans le contexte actuel au Québec, où le contrôle se fait
de façon efficace, je ne me souviens pas d'avoir, dans ma
carrière, vu un cas de fluorose dentaire.
M. Forget: Je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président, du moins pour le moment.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Tel qu'on peut le voir dans votre
mémoire, votre position est basée sur les conclusions
d'études qui ont été faites par des experts que vous citez
à l'intérieur de votre mémoire. Je voudrais savoir si
votre association, comme telle, a déjà fait des études non
seulement théoriques mais pratiques concernant le fluor?
M. Chicoine: L'Association des chirurgiens dentistes et le
Syndicat des dentistes, il est là, pour représenter et
défendre les intérêts des dentistes, mais en dessus de tout
cela ou en dessous de tout cela, nous sommes aussi des dentistes. Alors le
fluor pour nous, cela nous intéresse en ce sens que, lorsqu'on couvre
une partie des soins pour les enfants de 0 à 8 ans et qu'on oublie une
mesure importante de prévention, on y voyait un non-sens et c'est la
raison pour laquelle nous appuyons le présent projet de loi.
Seulement, quant aux études relatives aux allusions que vous
faites, nous nous sommes contentés d'obtenir ce qui avait
été fait ailleurs. Maintenant, nous avons tous suivi à
l'Association un cours qui avait été donné à ce
moment-là par le Dr Lussier, un cours de recherche, quant aux effets du
fluor; c'est à la lumière de ces choses que nous avons recueilli
les données qui sont là pour prendre une position
définitive.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous appuyez le projet de loi du
gouvernement présentement, parce que. fondamentalement, vous
reconnaissez les effets bénéfiques du fluor sur le principe
même du projet de loi. J'imagine que vous appuieriez tout aussi fortement
le gouvernement, même si ce projet de loi prévoyait à
l'intérieur une disposition qui permettrait à une population ou
à une municipalité de pouvoir se retirer du programme, si elle le
désire, comme cela peut se faire du point de vue
démocratique?
M. Laflamme: Je crois, que c'est monnayer dangeureusement la
santé de gens. Dans mon cabinet, lorsque j'ai une décision
personnelle à prendre qui concerne les traitements ou les soins de mes
patients, je ne passe pas de référendum à mon bureau pour
savoir si mon personnel est d'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous êtes face à un
client, là un législateur est face à une population...
M. Laflamme: D'accord, je pense qu'il appartient à l'Etat
à ce moment-là, de veiller à ce que les décisions
se prennent dans le sens du bien-être public, de la santé et du
bien-être public.
M. Bédard (Chicoutimi): Même si l'Etat ou même
si des individus comme vous, même si. personnellement, vous croyez au
bien-fondé d une solution pour l'ensemble d'une population, vous
admettez avec moi que ça ne vous donne pas le droit de l'imposer. Vous
avez le droit démocratiquement de faire valoir votre point de vue.
Maintenant, est-ce que, dans votre esprit cela vous donne le droit de
l'imposer, quelles que soient les réactions de cette population?
M. Chicoine: Nous ne sommes pas pour décider de quelle
façon le gouvernement va faire ses lois. Nous sommes là pour lui
dire: Ce que vous pensez dans le moment, c'est excellent. Quant à la
façon dont le gouvernement va l'appliquer, nous ne sommes pas ici en
tant que juges.
M. Bédard (Chicoutimi): Ecoutez, vous vous dites
favorables au gouvernement...
M. Chicoine: En faveur de la fluoration.
M. Bédard (Chicoutimi): ...puis, sans embages. lorsque le
gouvernement dit que c'est bénéfique, qu'il exprime son opinion
sur les effets bénéfiques du fluor, vous ne faites pas de
détour, vous vous prononcez. En vous prononçant pour le projet de
loi no 88 aussi, vous vous prononcez sur le principe du projet de loi, qui est
de l'imposer à la population. Est-ce que je dois comprendre que vous
préférez limiter votre opinion à l'aspect scientifique du
projet de loi et ne pas exprimer d'opinion concernant l'aspect peut-être
plus politique ou, comme vous voudrez, à savoir l'imposer ou non?
M. Chicoine: Disons que, personnellement, je ne ferai jamais un
politicien, mais je respecte ceux qui le sont.
M. Bédard (Chicoutimi): Justement, on ne sait jamais.
M. Beltemare (Johnson): Vous n'avez pas encore entendu
l'appel.
M. Chicoine: Si j'ai entendu l'appel, il n'est pas venu de votre
parti.
M. Bellemare (Johnson): M. Chicoine. vous n'avez pas besoin de
vous identifier, vous étiez déjà reconnu. D'ailleurs,
j'aurai une bonne question à vous poser dans deux minutes.
M. Chicoine: Très bien.
M. Brodeur (Yvan): Si vous permettez. M. Bé-
dard, la réponse à la question que vous avez posée,
au fond, vous l'aviez déjà eue, en ce sens qu'on vous a dit:
Nous, on considère que le projet de loi du gouvernement est tout
à fait acceptable, et c'est ce qu'il faut pour le Québec
actuellement.
En disant cela, au fond, on disait tout et on se prononçait
même sur l'opportunité politique. Je place le problème
différemment, si vous voulez. En régime parlementaire
britannique, il est évident qu'il n'y a qu'une seule façon de
voter une loi, c'est de la présenter ici, au Québec, à
l'Assemblée nationale et que les députés, les élus
du peuple, décident que c'est la loi qui correspond au bien commun.
Le référendum, cela existe dans certaines constitutions,
cela peut exister dans la constitution française, mais cela n'est pas
une façon de faire adopter une loi. Quand on dit que le projet de loi
qui est devant la commission parlementaire et qui sera présenté
peut-être devant l'Assemblée nationale éventuellement, pour
nous, répond aux besoins de la population du Québec, je pense
qu'on se prononce à la fois sur l'aspect technique et sur
l'opportunité du projet de loi.
M. Bédard (Chicoutimi): Si j'en déduis, vous nous
dites que le référendum existe dans d'autres constitutions. Il
existe aussi au Canada, dans la constitution canadienne, dans notre
système parlementaire. Est-ce que vous prétendez qu'il n'existe
pas?
M. Brodeur: Je dois vous corriger ici. Le
référendum n'existe pas comme moyen de faire adopter une loi. En
régime parlementaire britannique, on peut bien voter une loi... Cela
s'est déjà fait dans les provinces de l'Ouest, en Saskatchewan,
par exemple, cela s'est fait au Manitoba. Il y a eu un projet de loi
déposé à l'Assemblée nationale, en 1970, pour
créer une loi-cadre de référendum. Au Québec, il
est possible de voter une loi à l'Assemblée nationale qui va
prévoir un cadre pour consulter les gens, pour consulter le peuple, mais
il n'en reste pas moins que c'est à l'Assemblée nationale de
prendre ses responsabilités et de décider si oui ou non, pour le
bien commun, il faut adopter une loi concernant le fluor.
Nous, ce que nous disons, c'est que dans notre régime au
Québec, dans le régime parlementaire britannique tant
qu'on l'aura, M. Bédard, on est pris pour s'entenir à cela
le référendum, c'est une façon. C'est peut-être un
peu plus que cela, mais c'est pratiquement un pool d'opinions qu'on prend. La
loi dit quand même, juridiquement, être votée par
l'Assemblée nationale et on dit que c'est la responsabilité de
l'Assemblée nationale de voter cette loi. Nous, on considère que
ce projet de loi devrait être adopté par l'Assemblée
nationale.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela dépasse la
démarche d'un régime. Quel que soit le régime, il y a
aussi la démarche démocratique, vous admettrez cela avec moi.
M. Brodeur: Vous savez, le régime et la démarche
démocratique, cela va souvent ensemble. Il faut dire que le
régime qu'on a, c'est celui qu'on se donne. Je ne veux pas entrer dans
un débat constitutionnel, mais dans la constitution française,
ils se sont donné un mécanisme par lequel le président
peut faire voter une loi directement en s'adressant aux gens. C'est une
possibilité que nous n'avons pas, nous; ce n'est pas notre régime
à nous.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous prenez l'argument que c'est
bon pour le bien commun, c'est votre conviction, remarquez qu'on peut avoir la
même; personnellement, on n'a pas mis en doute les effets
bénéfiques du fluor. Ceci ne donne pas nécessairement le
droit d'imposer la solution. Ce n'est pas parce qu'on a la conviction que
quelque chose est bien, souhaitable pour le bien commun que cela nous donne le
droit de l'imposer.
Vous me permettrez peut-être une comparaison que j'ai
déjà employée pour un groupe différent.
Personnellement, je peux être convaincu de la nécessité de
l'indépendance du Québec pour la santé
démocratiquedes Québécois, cela ne medonne pas le droit de
l'imposer. N'est-ce pas?
M. Brodeur: Vous savez, nous sommes tous convaincus de la
nécessité de l'enseignement et on l'a imposé dans la Loi
de l'instruction publique, en prévoyant que tout enfant doit aller
à l'école. Il y a de la jurisprudence de la cour d'Appel du
Québec à ce sujet-là, où on a dit bien clairement:
C'est valable, parce que c'est un bien social, c'est un bien individuel qui est
tellement important qu'il devient un bien social et la société,
à travers l'Assemblée nationale, est justifiée de
l'imposer.
M. Bédard (Chicoutimi): Comme il s'agit de la santé
publique, comme vous le dites souvent, ne croyez-vous pas qu'une population
équitablement informée de la situation est capable de
décider dans le sens de son mieux-être, si on l'informe
correctement?
M. Brodeur: Vous me posez une question de façon presque
personnelle. Je vous dirai que la population s'est choisi un certain nombre de
représentants en 1973, et elle a pris ses responsabilités
à ce moment-là, en leur déléguant le mandat
d'administrer la province de façon valable. Je pense que la population a
parlé à ce moment-là.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ad mettrez qu'elle ne leur a
pas donné le mandat, elle ne donne jamais le mandat là, je
ne ferai pas de politique dans un régime démocratique,
à un gouvernement d'agir de façon dictatoriale. Cela ne peut
jamais être aussi total que cela.
Le Président (M. Pilote): Je crois...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, c'est le
principe du projet de loi. On est en plein dans le projet de loi. Il y a un
article qui dit qu'elle sera imposée d'une façon obligatoire. Je
vous soumets respectueusement, M. le Président, que nous sommes en plein
sur le projet de loi. Que l'Opposition ait l'idée d'accentuer ses
interventions ou ses ques-
tions sur un aspect du projet de loi plutôt que sur l'autre,
puisque nous avons déjà fait connaître notre position
concernant les effets bénéfiques du fluor, c'est tout à
fait normal, M. le Président, à moins que vous me disiez le
contraire, pourvu qu'on demeure à l'intérieur du cadre du projet
de loi, je crois qu on a le droit d'orienter nos questions dans la partie q
u'on veut.
Le Président (M. Pilote): Je crois que nous n'avons pas
affaire ici à des politicologues.
M. Bédard (Chicoutimi): On n'a pas affaires à des
politicologues...
M. Brodeur: Je pense, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): ... mais à des experts ou,
tout au moins, à des chirurgiens dentistes, mais ce sont quand
même des gens qui, en outre de se prononcer sur l'aspect scientifique,
ont pris la liberté, qui leur appartenait, de se prononcer
également sur le fond même du principe du projet de loi qui est
l'imposition obligatoire. A ce moment-là, s'ils dépassent les
cadres...
M. Brodeur: J'allais dire, M. le Président, que les
dernières questions de M. Bédard (Chicoutimi), quant à
moi, avaient beaucoup plus trait à l'opportunité du projet de loi
qu'à la légalité, si on veut, d'un projet de loi de cette
espèce face aux individus. Si c'était la dernière
question, j'y répondrais. Si c'est la première, sur
l'opportunité, je peux donner mon opinion mais, cela vaut pour mon
opinion à moi.
M. Bédard (Chicoutimi): Seriez-vous tout autant pour le
projet de loi si ce même projet de loi prévoyait qu'une
municipalité peut s'en retirer?
M. Brodeur: Je préférerais laisser le
président de l'association répondre.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ce que je veux savoir.
M. Chicoine: Non.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, lorsqu'il yaeu le projet de
loi 31, de M. Claude Castonguay, l'Association des chirurgiens dentistes s'est
prononcée pour. Très carrément, l'association... Essayez
de vous rappeler. Votre conviction des effets bénéfiques du fluor
le projet de loi de Claude Castonguay a été
présenté en 1972 est-elle toute récente ou si cela
remonte à quelques années?
M. Laflamme: En 1972, lors d'une autre campagne sur le projet de
loi 31 je me rappelle avoir dirigé cette campagne au nom de la
Ligue d'hygière dentaire du Québec on avait insisté
sur la mollesse des cadres du projet de loi no 31. Justement, à ce
moment-là, on trouvait que le projet de loi n'avait pas de dents, si
vous nous passez l'expression. On trouvait, évidemment, que
c'était monnayer la santé publique d'une façon indue de
dire aux gens: En voulez-vous ou n'en voulez-vous pas? Vous décide2
vous-mêmes de ce que vous voulez. On a accusé à deux
reprises le ministre Castonguay, à l'époque d'avoir
préparé un projet de loi qui, véritablement ne se tenait
pas, qui n'avait pas de corps.
M. Bédard (Chicoutimi): Malgré ces
réticences que vous dites avoir explicitées remarquez que
je n'ai pas eu l'occasion d'en prendre connaissance, par exemple est-ce
que, d'une façon générale, vous étiez pour le
projet de loi?
M. Laflamme: D'une façon générale, parce que
c'était un pas en avant, d'accord, mais au point de vue des
référendums ou de laisser le choix aux municipalités, on
était entièrement contre, à ce moment-là.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'avez pas fait campagne pour
que le projet de loi ait des dents?
M. Laflamme: J'ai fait campagne en 1972, oui. Je regrette mais
j'ai fait campagne. On a fait campagne en 1972, oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Voulez-vous m'explici-ter le sens
de la campagne que vous avez pu faire à ce moment-là?
M. Laflamme: La Ligue d'hygiène dentaire du
Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais quel était le
sens de la campagne que vous prétendez avoir faite?
M. Laflamme: La campagne approuvait la fluo-ration de
façon globale pour toute la province, pour toute la population.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous explicitiez que
vous étiez pour enlever le référendum dans ce projet de
loi no 31?
M. Laflamme: Dans les répliques qu'on a faites au ministre
Castonguay, on a dit qu'on était, dans l'ensemble, en faveurde la
présentation du projet de loi no 31 sauf, et les exceptions
étaient justement les modalités de refuser, qu'on laissait aux
municipalités.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, vous pensez qu'à
partir du moment où un groupe de scientifiques ou un groupe d'hommes
qualifiés comme vous pouvez l'être, vous êtes d'accord sur
une mesure, si c'est de l'intérêt de la santé publique,
cela va jusqu'à vous donner le droit de l'imposer et de ne pas consulter
ces populations.
M. Laflamme: Ce n'est pas à nous d'imposer les lois.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais vous influencez la
confection des lois quand vous venez ici...
M. Laflamme: On nous demande notre opinion. On a droit à
une opinion.
M. Bédard (Chicoutimi): ... à la commission
parlementaire apporter votre appui total au gouvernement.
M. Forget: Votre question est désobligeante à
l'endroit de ceux qui...
M. Bellemare: II est pour ou contre?
M. Bédard (Chicoutimi): Non, je ne crois pas que je sois
désobligeant. Si elles sont désobligeantes, M. le
Président, je permets à notre invité de mêle dire et
j'essaierai d'en changer le ton. Ce ne sera pas plus grave que cela. Que le
ministre se fasse le défenseur, c'est un peu fort.
M. Bonnier: Non, mais, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez dans votre
mémoire...
M. Bonnier:... sur un point de règlement. On l'a
soulevé la semaine dernière. Je ne veux pas être
désagréable envers le député de Chicoutimi, je sais
que ces mêmes types de questions du député de Rouyn-Noranda
vont revenir. Je ne veux pas présumer des questions du
député de Johnson, maison a bien statué, je crois, la
semaine dernière, que c'est bien sûr qu'on pouvait peut-être
demander sur ce point précis l'opinion des groupes, mais que cela
finissait là, et non pas une argumentation d'ordre politique avec un
grand P, je comprends bien, avec des groupements qui viennent ici avec d'autres
prétentions. Leurs prétentions sont d'ordre scientifique et non
pas politique. Une fois qu'on a su quelle est l'opinion de l'association, cela
finit là. On n'a pas à commencer chaque fois... Il me semble, M.
le Président, qu'il faudrait statuer sur une politique d'interrogation
envers nos groupes.
M. Bédard (Chicoutimi): Pouvez-vous me donner une raison
pour laquelle vous croyez que les municipalités ne devraient pas avoir
le droit de se prononcer par une consultation populaire ou par un
référendum?
M. Bellemare (Johnson): C'est une bonne question. Il y a un
politicologue qui vient de nous dire que le gouvernement est suprême.
M. Boudreault: Avec un conseiller juridique.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense que ma question est dans
l'ordre.
Le Président (M. Pilote): Votre question est dans l'ordre.
Allez.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'avez pas de
difficulté à me convaincre des effets bénéfiques du
fluor, mais j'aimerais bien que vous essayiez de me convaincre de la
non-nécessité d'une population de pouvoir se prononcer.
M. Brodeur: Je ne suis pas politicologue, pour commencer, je suis
simplement un avocat.
M. Bellemare (Johnson): Je ne voulais pas vous insulter.
M. Brodeur: Vous ne m'avez pas insulté du tout, je serais
heureux de l'être.
M. Bellemare (Johnson): Ah! un autre appel.
M. Brodeur: On peut l'acquérir de bien des façons
et vous en avez eu un, sûrement, M. Bellemare. Le mien est d'être
un avocat simplement.
Je pense que la question qui est posée a trait à
l'opportunité encore là je ne réponds pas
tellement, je suis porte-parole, en tant qu'avocat du projet de loi ou
de l'obligation qui est faite aux municipalités. C'est une question qui,
avant l'adoption du projet de loi est une question de philosophie politique.
Après, cela deviendra une question purement juridique. Au niveau de la
philosophie politique, je pense que si l'Association de chirurgiens dentistes
dit: Pour nous, le projet de loi doit être voté tel qu'il est, il
doit y avoir une obligation faite aux municipalités, c'est qu'il
considère que, d'une part, la carie dentaire c'est un problème
extrêmement important au Québec et que, d'autre part, il n'y a pas
d'effets néfastes à partir des recherches scientifiques qui ont
été faites, il n'y a pas d'effets néfastes sur la
santé et que, troisièmement, en mettant ensemble le
premièrement et le deuxièmement, c'est une question qui
mérite qu'il y ait une loi qui en décide, de sorte q ue les
effets bénéfiques se fassent sentir pour chacun des citoyens.
C'est un choix politique que l'on fait, à ce moment-là, en
évaluant l'importance, quant à nous, d'une loi sur ce
problème.
M. Bédard (Chicoutimi): Si c'est aussi
bénéfique que vous le dites, pourquoi l'imposer?
M. Brodeur: Ecoutez, je pourrais vous retourner la question.
C'est un choix que l'on fait, que vous ne partagez peut-être pas. De la
même façon, je pourrais vous demander: Pourquoi n'a-t-on pas
prévu, dans la Loi de l'instruction publique, que l'éducation
obligatoire soit laissée au niveau des municipalités? Mais on a
décidé que, provincialement, nationalement pour le Québec,
c'était important que ce soit obligatoire pour tout le monde. C'est la
même chose. Peut-être que vous ne serez pas d'accord avec cela
mais...
M. Bédard (Chicoutimi): L'enseignement et la fluoration,
ce sont deux choses quand même assez différentes.
M. Brodeur: Ce sont deux choses mais le principe est le
même.
M. Bédard (Chicoutimi): Aux Etats-Unis, tel qu'en fait
état votre rapport, vous parlez des endroits où elle est en
vigueur présentement. Est-ce que c'est exact qu'il y a au moins 180
municipalités des Etats-Unis qui l'ont révoquée?
M. Prudhomme: M. le Président, il y a peut-être eu
des municipalités qui l'ont révoquée mais jamais pour une
raison d'ordre médical, tout simplement parce qu'il y avait des gens qui
ont réussi à faire peur à la population mais ils n'ont
jamais réussi à prouver leur avancé.
Je voudrais attirer surtout votre attention sur le fait que la
fluoration contrôlée, aux Etats-Unis, a couvert une population de
45 millions, en 1960 et elle est passée à 90 millions,
actuellement. Au lieu de régresser, elle a fait un bond en avant et un
bond vraiment significatif.
M. Bédard (Chicoutimi): Simplement votre opinion, il reste
quand même qu'une loi imposée, cela peut avoir un
caractère, quand même, difficile d'acceptation au niveau d'une
population, en vertu de son caractère même d'imposition
obligatoire. Ne croyez-vous pas qu'il y aurait une meilleure acceptation de la
part de la population si, d'une part, on établissait le programme de
fluoration des eaux partout mais qu'on prévoyait la possibilité
d'en sortir? Non pas un référendum avant l'implantation du
réseau comme tel mais la possibilité d'en sortir pour une
municipalité.
M. Laflamme: Est-ce que votre position, c'est de demander aux
gens de prendre les décisions politiques en ce qui concerne un
problème médical? Je ne vois pas tellement le rapport.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas une décision
politique, nécessairement, un référendum. Ecoutez,
c'est...
M. Laflamme: Est-ce que le peuple, à ce moment-là,
est-ce que les gens sont à même de porter un jugement?
M. Bédard (Chicoutimi): Cela concerne leur santé.
Il se peut qu'à un moment donné, une population ait le droit
de... Vous ne croyez pas, autrement dit, à la capacité d'une
population de réaliser que c'est le chemin qu'elle doit prendre pour
assurer le mieux-être de sa collectivité?
M. Chicoine: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais savoir si c'est parce
que vous êtes pessimistes dans vos possibilités de pouvoir
l'expliquer correctement à la population pour que celle-ci
l'accepte?
M. Chicoine: M. le Président, d'abord, il y a deux choses.
Vous nous demandez si nous serions pour une forme de consultation ou non et si
nous serions prêts à informer le public là-dessus. Disons,
d'une part, que vous nous dites que vous êtes convaincus du
bien-fondé du fluor. Les organismes qui sont connexes au nôtre et
qui ont été énumérés dans le mémoire
scientifique ou autre, sont aussi favorables au fluor. Si vous êtes si
favorables que cela, prenez vos responsabilités: C'est bon ou ce n'est
pas bon pour la population. Si c'est bon, vous attendez quoi? Une autre
décade avant que les gens du Québec aient des dents en
santé?
On a la réputation d'être la population la plus
édentée du globe. On a la réputation d'être la
population la plus mal foutue. Et vous tatillonnez sur des petits points pour
savoir si on va l'aider ou si on ne l'aidera pas, cette population. Prenez vos
responsabilités. On vous dit: Dans vos responsabilités,
n'attendez donc pas sur certaines choses. Parce qu informer le public, vous
nous demandez si on y est prêt. Je ne suis pas prêt à faire
une campagne J'ai 2,000 dentistes à défendre vis-à-vis du
gouvernement, en tant que négociateur, et j'ai de la difficulté
à en informer 2,000. Imaginez-vous si on commence à informer la
population du Québec.
Comme les arguments du fluor représentent beaucoup plus
d'émotivité que des choses bien fondées, on va l'informer
sur quoi?
Vous n'avez qu'à écouter les lignes ouvertes qui se
veulent des émissions d'information. Vous n'avez qu'à regarder
les émissions de télévision au cours desquelles on peut
être invité pour parler du fluor. On essaie tout simplement de
nous mettre en boîte. Il n'y a personne, aujourd'hui, qui veut
réellement informer la population de façon positive. Du moment
qu'on est négatif, du moment qu'on a un scandale, cela fait la
première page des journaux. Le fluor va faire la première page
des journaux si on essaie d'en faire un petit scandale en commission
parlementaire ou toutes sortes de choses pour les journalistes, mais si vous
voulez réellement prendre vos responsabilités, vous direz au
gouvernement: Ecoutez, le Québec va de l'avant. Il veut aller de l'avant
en matière de santé dentaire. Prenez vos responsabilités,
on est là pour vous épauler nous autres aussi.
Quant à l'information, si on doit se faire le porte-parole du
gouvernement pour un projet de loi qu'il veut adopter, moi, je ne joue pas
à cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous ne croyez pas que,
comme homme politique, il y a d'autres manières, en démocratie,
de prendre aussi ses responsabilités? S'il y a un
référendum ou s'il y a une consultation de la population, est-ce
que. justement, la position de l'homme politique qui se tient debout et qui est
favorable n'est pas celle de dire à cette population mais en la
consultant, non pas en lui imposant une mesure de dire très
carrément son opinion?
M. Chicoine: C'est pour le bien du public qu on paie des
impôts. J'aimerais avoir un référendum avant de payer mes
impôts. C'est pour le bien du public qu'on le fait.
M. Bédard (Chicoutimi): La démocratie, quand
même, quand vous faites des élections...
M. Chicoine: On n'élit pas toujours qui on veut, vous
savez.
M. Bédard (Chicoutimi):... vous risquez délire le
mauvais gouvernement et, une fois qu'il est élu, quelle que soit votre
opinion, vous l'acceptez après.
M. Chicoine: C'est relatif d'élire le bon ou le mauvais
gouvernement.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est difficile, la
démocratie, je suis d'accord avec vous.
M. Bédard (Montmorency): C'est un
référendum.
M. Bonnier: Sur un point de règlement; encore une fois, M.
le Président, on perd encore du temps précieux. Il me semble que,
si on discutait de philosophie politique, je serais tout à fait d'accord
sur l'argumentation. Je ne dis pas, encore une fois, qu'on ne doit pas savoir
simplement quelle est l'opinion du groupe, mais on ne doit pas argumenter,
parce qu'on va partir un débat extrêmement long.
M. Bédard (Chicoutimi): De toute façon, ce sera ma
dernière question concernant cet aspect. Donnez-moi tout simplement
parce que, tout à l'heure, j'ai posé la question et je
n'ai pas eu de réponse trois bonnes raisons pour lesquelles une
municipalité n'aurait pas le droit de s'en retirer ou d'être
consultée?
M. Chicoine: Premièrement, il faudrait d'abord informer
tous les gens des municipalités. Ils sont impliqués
politiquement. Ils vont agir selon ce que les gens de leur entourage vont leur
dire et non pas selon ce que les arguments scientifiques vont apporter.
Deuxièmement, ils vont plutôt mettre des budgets sur des
choses futiles, mais qui vont bien paraître, alors que la fluoration de
l'eau, ce n'est pas tellement phénoménal ou,
extérieurement, cela n'apparaît pas beaucoup.
Troisièmement, il faudrait quand même qu'on soit certain
que les gens qui sont là puissent prendre leurs responsabilités,
parce que, aujourd'hui, c'est devenu difficile de prendre ses
responsabilités.
M. Bédard (Chicoutimi): De vos trois raisons, j'en
déduis...
Une Voix: Dernière question...
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous dites, à votre
première raison, que c'est rare, que les gens vont plutôt suivre
ce que dit leur entourage, vous admettrez avec moi que leur entourage, c'est
peut-être leur homme politique qui dit que c'est une bonne mesure, qu'il
faut l'accepter et voter en faveur.
Deuxièmement, quand vous dites qu'ils sont plutôt
portés à se donner des priorités qui seraient plus futiles
que celles de la santé, je me permets de vous dire que vous
mésestimez un peu, quand même, la préoccupation que peut
avoir la population du point de vue de la santé.
M. Bonnier: M. le Président, encore une fois, M. le
député de Chicoutimi, je crois que vous argumentez sur des choses
et que vous forcez un groupement dont la compétence n'est pas d'ordre
politique, il faut bien l'admettre, à se prononcer...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, quand ils
viennent nous dire que c'est futile, que la population va considérer que
la fluoration, c'est une chose futile, je ne le crois pas, c'est cela qu'on
veut savoir.
M. Boudreault: Qu'ils nous disent si c'est bon ou si ce n'est pas
bon!
M. Bonnier: Je pense que, justement, vous êtes en train de
les amener dans un dédale qui va être extrêmement
compliqué. Ils sont obligés d'émettre certaines
idées...
M. Bédard (Chicoutimi): Ne compliquons pas les choses.
M. Bonnier: ... qui se réfèrent à des
valeurs, parfois. Poser des jugements de valeur, j'admets avec vous que cela
peut être complexe. Je pense que ce n'est pas tout à fait correct
d'emmener ce groupement, comme les autres qui viennent ici, d'ordre
scientifique, sur ce terrain. Je pense que ce n'est pas correct.
Le Président (M. Pilote): J'inviterais les membres de la
commission, de la gauche ou de la droite, à poser des questions
scientifiques aux gens de science qui sont en face de nous et non pas des
questions politiques.
M. Bédard (Chicoutimi): ... des gens de science...
Le Président (M. Pilote): C'est une invitation que je vous
fais.
M. Bellemare (Johnson): ... eu la liberté de choisir nos
questions, s'il vous plaît.
Une Voix: Ils ont cité des...
M. Bellemare (Johnson): Ils ont donné leur version, qu'ils
appuyaient le gouvernement. On a le droit de leur poser des questions. Je pense
que l'honorable député...
M. Boudreault: ... la loi...
M. Bellemare (Johnson): Le député est certainement
louable dans ses questions.
M. Boudreault: Ils appuient la loi...
M. Bédard (Chicoutimi): Dans votre mémoire vous
nous dites: La fluoration comme mesure de prévention à la
page 2 à grande échelle nous apparaît comme la seule
solution pour freiner tant soit peu les dégâts causés par
la carie. D'autre part, dans votre mémoire, à la page 7, vous
explicitez d'autres moyens connus, mais, selon votre idée, moins
valables qui seraient, par exemple, l'application topique de fluorure,
comprimés solubles par la salive, comprimés à effet
systémique, brossage aux pâtes fluorées, gomme à
mâcher, sel fluoré, lait fluoré, et bien d'autres.
Pouvez-vousexplicitersurle degré d'effets bénéfiques que
pourraient avoir ces éléments que vos mentionnez?
M. Laflamme: Le degré de quoi?
M. Bédard (Chicoutimi): Le degré
d'efficacité.
M. Laflamme: Ecoutez, ce serait difficile de reprendre chacune
des choses mentionnées ici, une à une. A toutes fins pratiques,
lorsque vous parlez, par exemple, de lait f I uoré, les études
ont été faites dans deux pays; on s'est rendu compte que le fluor
agissait avec certains composants du lait et devenait inefficace. Cela, c'est
rayé. Le sel fluoré, évidemment, la chose n'a jamais
été essayée comme telle, mais, au point de vue de
l'efficacité, c'est à peu près nul aussi. Au point de vue
de la gomme à mâcher, on a de la difficulté,
déjà, à convaincre les jeunes de ne pas avoir de gomme
à mâcher, de ne pas s'en servir. S'il faut leur demander de s'en
servir, je me demande quelle valeur ont nos arguments vis-à-vis de la
gomme à mâcher. C'est un effet qui est uniquement topiq ue et non
systémique, encore une fois. Au point de vue du brossage aux pâtes
fluorées, les tentatives ont été faites dans plusieurs
écoles américaines. Cela vaut jusqu'à ce que la motivation
dure. Dès que la motivation disparaît, c'est à peu
près nul comme effet.
Cela résume, en somme, les études qui ont
été faites jusqu'à maintenant sur les autres
méthodes qui sont à peu près ou à peu près
pas valables.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'autre question pour
le moment.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Dans le mémoire qui nous a été
présenté, on fait référence au fait que la
fluoration contrôlée peut réduire l'incidence de la carie
dentaire de 60% à 65%, sans provoquer de fluorose dentaire ou autre
chose.
Sauriez-vous me dire si cette affirmation de 60% à 65% a
été contrôlée au point que vous pouvez la soutenir
sans crainte qu'il y ait erreur?
M. Laflamme: Ces chiffres ont été publiés
d'après les moyennes d'études qui ont été faites
jusqu'à maintenant. C'est pour cela qu'on dit de 60% à 65%. Dans
certaines études, vous pouvez relever des 40%, des 60%, des 75%. C'est
une moyenne qui est donnée pour l'ensemble des études sur les
5,000 dossiers qu'on a jusqu'à ce jour depuis les 50 dernières
années. Ce n'est pas un chiffre qui est envoyé à peu
près. C'est un chiffre qui est soutenu par les références
qu'on a à la fin, ici.
M. Samson: Vous êtes bien certains de cela, que c'est de
60% à 65%, compte tenu de vos sources de renseignements dont vous
êtes certains?
M. Laflamme: Compte tenu de ces renseignements, oui.
M. Samson: Donc, vous êtes certains de ces sources?
M. Laflamme: Oui.
M. Samson: Vous pouvez endosser les sources de
renseignements?
M. Chicoine: Certainement.
M. Laflamme: Pour autant que ce sont des associations
médicales valables, oui.
M. Samson: A ce moment, je suis tenté de vous poser la
question suivante: Quels seraient vos commentaires à une
déclaration qui a été faite la semaine dernière par
le Dr Paul-Emile Roy. de l'université Laval, qui a soutenu devant nous,
à plusieurs reprises, qu'il ne croyait pas à une
possibilité de 60% à 65%, mais que, si on atteignait 25%. ce
serait, selon lui, selon ce qu'il nous a dit...
M. Laflamme: Vous soulignez un membre qui a fait une étude
personnelle. Nous, on souligne des références qui ont trait
à des organismes, à des centres de recherche. C'est l'opinion
personnelle d'un seul homme. Je ne crois pas que le Dr Roy...
M. Samson: Ecoutez...
M. Laflamme: ... vous ait mentionné...
Nous, on l'a considéré comme tel. C'est la
déclaration qu'il nous a faite. Alors, je vous le demande, à ce
moment-là, parce que nous, évidemment, on ne débat ce
projet de façon scientifique. On prend vos témoignages, mais il
reste que nous avons devant nous des témoignages de personnes qui se
disent des experts et dont les témoignages sont contradictoires. C'est
évident qu'on cherche à en savoir plus.
M. Laflamme: II me semble que le gouvernement...
M. Brodeur: Si vous me permettez, je pense. M. Samson, que vous
avez mêlé deux MM. Roy ./M. Roy qui vous a dit cela, ce n'est pas
Augustin Roy qui vous aurait dit cela, ce ne serait pas, je pense. M. Augustin
Roy, président...
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement.
Ce n'est pas le Dr Augustin Roy...
M. Bellemare (Johnson ): C'est un M. Samson...
M. Samson: Ah! cela ça ne me dérange pas, ce n'est
pas grave.
M. Bellemare (Johnson): C'est M. Samson. J'ai bien entendu
Samson.
Une Voix: Le micro ne fonctionnait peut-être pas.
M. Samson: M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
Une Voix: Oui.
M.Samson:... Je voudrais spécifier que j'ai bien
cité le Dr Paul-Emile Roy, de l'université Laval, qui
accompagnait le Dr Augustin Roy. Il ne faudrait pas confondre à ce
moment-là. Je voudrais connaître la réponse de...
M. Laflamme: Vous vous référez sans doute à
un article qui a paru dans le Devoir il y a à peu près deux
ans.
M. Samson: Non, non, je me réfère au
témoignage fait par le Dr Paul-Emile Roy, de l'université Laval,
qui faisait partie du groupe qui est venu devant nous, de l'Ordre des
médecins, et qui agissait comme témoin, si vous le voulez, en
faveur de la fluoration avec le groupe de l'Ordre des médecins, et c'est
ce qu'il nous a déclaré textuellement.
M. Laflamme: Est-ce que vous seriez chagriné du fait qu'il
ait trouvé seulement 30% au lieu de 60%?
M. Samson: Non, non, écoutez, je vous dis que nous on
cherche à en savoir davantage. Il y a des experts qui viennent devant
nous. Vous soutenez 60% à 65%...
M. Laflamme: C'est une moyenne.
M. Samson: Une moyenne, mais, à ce moment-là,
l'autre soutient lui, une moyenne de 20% à 25%...
M. Laflamme: C'est une entité dans la moyenne,
d'accord.
M. Samson: Lui, il dit une moyenne de 20% à 25% alors je
trouve qu'il y a un écart considérable. On tente d'en savoir plus
long.
M.Chicoine: II y a certainement un écart de 40% entre les
deux.
M. Samson: C'est assez considérable.
M. Chicoine: Cela c'est très considérable.
Seulement, nous, on se base sur les chiffres qui ont été
donnés par l'organisation mondiale de la santé. Les chiffres qui
ont été donnés par l'Association dentaire canadienne sont
à peu près les mêmes. Seulement, les chiffres donnés
en Nouvelle-Zélande diffèrent un peu à cause de la
condition climatique et aussi à cause de la condition de nutrition des
gens. Je suis personnellement allé en Nouvelle-Zélande pour voir
de quelle façon cela fonctionnait. Même si le niveau de vie y est
assez élevé, on y a une condition qui est quand même au
point de vue nutrition différente de la nôtre. On y a
trouvé que dans le sol, il y avait un produit qui favoriserait
peut-être la carie dentaire. On est en train de l'étudier, parce
que c'est là où le taux de fluor a donné les moins bons
résultats à comparer aux autres pays.
M. Samson: D'accord. Maintenant, puisque vous vous soutenez que
la moyenne, suivant les sources d'information, que vous endossez serait de 60%
à 65% de réduction des incidences de la carie dentaire, à
ce moment-là, est-ce que ça voudrait dire qu'avec un programme de
fluoration, selon ce qui est proposé, il y aurait une possibilité
de réduction des dentistes proportionnellement à ce
pourcentage...
M. Chicoine: Excusez-moi.
M. Samson: ...une fois que le programme serait appliqué
depuis assez longtemps?
M. Chicoine: Non, en fait, on pourrait peut-être reformuler
la question, en disant que si les dentistes soutiennent la fluoration, c'est
parce qu'ils vont avoir moins de travail?
M. Samson: Non, non, je ne le vous dis pas comme cela. C'est
parce que je me réfère à la semaine dernière, au
membre de Sherbrooke, de l'Ordre des dentistes, qui a soutenu...
M. Chicoine: Non, écoutez, M. Samson...
M. Samson: ...qui a soutenu devant nous, qu'avec la
difficulté de recrutement des dentistes, c'est évident que si
ça réduisait de 60% à 65%, ça prendrait moins de
dentistes ou que ceux-là travailleraient moins fort. C'est le Dr
Gosselin.
M. Chicoine: Non. Remarquez bien, je connais très bien le
Dr Gosselin, d'ailleurs, il représente l'Ordre des dentistes et je
respecte cet organisme, seulement il ne faudrait peut-être pas
interpréter les gens.
Je pense qu'il n'y aura pas moins de dentistes parce que si on regarde,
actuellement, il sort plus de 100 étudiants à l'Université
de Montréal; Laval a ouvert une faculté; McGill en ouvre une et
on calcule que d'ici huit ans, ce qui ne s'est jamais produit au Québec,
on pourra avoir un dentiste par 2,000 de population. Remarquez bien qu'en
Suède, il y a un dentiste par 800 de population. On est loin de se
rendre encore à cet effectif.
Ceci s'insère dans une politique globale du gouvernement qui veut
améliorer, d'une part, la santé des gens; mais on sait, d'autre
part, qu'il y a à peu près seulement 25% de la population qui
visite les dentistes régulièrement. L'autre 75% se limite
à l'urgence.
Si, avec la fluoration, on améliore d'abord les dents et qu'on
ajoute à ceci des campagnes d'éducation pour que les gens du
Québec aient, non pas des dents obturées, mais des dents saines
dans la bouche, à ce moment-là, pour les dentistes, il n'y a pas
de problème au point de vue du travail. Même à un dentiste
par 800 de population, le gars est occupé 365 jours par année. La
carie dentaire est un élément dans une bouche, mais ce n'est pas
le seul élément.
M. Samson: Je voudrais aussi connaître votre opinion sur un
autre témoignage qu'on a eu je n'ai pas le mémoire devant
moi si je me rappelle bien, du groupe des doyens des universités,
qui
nous ont cité, la semaine dernière, à l'appui des
avantages de la fluoration, une réduction du nombre des dentistes. Je
voudrais savoir si vous êtes au courant de ce mémoire, de ces
informations qu'ils ont exposées dans leur mémoire, à
savoirque dans la ville de Karl-Marx, en Allemagne de l'Est, il y aurait eu une
étude de faite et qu'après un certain nombre d'années, dix
ans, je crois, il y avait eu une réduction de 40% du nombre des
dentistes sur le même territoire, ou quelque chose comme cela.
Je ne vous donne pas les chiffres exacts; je vous cite cela de
mémoire. Est-ce qu'à ce moment-là, je dois comprendre que
vous ne soutenez pas votre mémoire en fonction d'une possibilité
de réduction du nombre de dentistes, advenant que la fluoration
réduise la carie dentaire? Est-ce que c'est cela que je dois
comprendre?
M. Chicoine: Absolument pas.
M. Samson: Vous avez mentionné... Tout d'abord une autre
question, parce qu'on parle de contrôle en parties par million de fluor
dans l'eau. On soutient régulièrement que c'est important
d'être contrôlé. Est-ce que, en admettant qu'on puisse, par
les moyens techniques disponibles, contrôler à 1.2 partie par
million, le contrôle de la consommation n'aurait pas autant une
importance? Il est évident que même s'il y a 1.2 partie par
million de fluor dans l'eau, tous les gens ne consommeront pas la même
quantité d'eau tous les jours.
M. Chicoine: On sait qu'en moyenne les gens consomment environ 1%
de la quantité d'eau qui passe dans une maison. Le reste sert pour la
douche et à toutes les autres choses. Ils consomment seulement 1%. La
moyenne est là. Il faudrait consommer environ 2,400 fois cette dose; il
faudrait qu'une personne boive la bol de toilette, tous les jours, pour arriver
à avoir l'émail madré à une concentration de 1
partie par million.
M. Samson: Evidemment, c'est votre affirmation. Je dois prendre
votre parole. Devant la commission parlementaire, on doit prendre votre parole
mais, c'est parce que je dois la prendre que je la prends.
Le Dr Paul-Emile Roy, qui est venu devant nous, a écrit dans le
Devoir et, à ma demande, la semaine dernière, il a
réitéré qu'il prenaittoute la responsabilité de ce
qu'il avait écrit. C'est un professeur à l'université
Laval. Il prétend qu'il y a des dangers pour la santé, même
dans le contexte qui est suggéré. C'est loin des 2,400 gallons
dont vous parlez.
M. Laflamme: Est-ce que je peux préciser? M. Forget: M. le
Président, point de règlement. M. Samson: Dois-je
comprendre...
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre, sur un
point de règlement.
M. Forget: M. le Président, on interroge les per- sonnes
qui sont devant nous en demandant un commentaire sur une affirmation qui n'a
pas été posée devant elles mais devant nous et qui a fait
l'objet, à ce moment-là, d'une clarification. Je soulève
simplement cette question, M. le Président, qu'il y a plusieurs
façons d'interpréter les affirmations qui ont été
faites par le Dr Roy devant nous. Si notre collègue de Rouyn-Noranda
demande un commentaire, je pense qu'il est important de savoir s'il peut le
faire sur la base de sa propre interprétation ou si cette question ne
devrait pas être faite... C'est une espèce de confrontation entre
deux témoignages.
Je n'ai pas d'objection, a priori, mais il reste que c'est une
confrontation qui devrait être faite d'après une
interprétation correcte. Evidemment, il y a des différences
d'opinion, sans doute, entre le député de Rouyn-Noranda et
moi-même sur l'interprétation correcte de ce qu'a dit le Dr
Paul-Emile Roy devant nous, mais je peux tout de suite demander je vous
demande une directive à ce sujet s'il ne serait pas sage que l'on
fasse les deux interprétations si l'on veut avoir les commentaires de
l'Association des chirurgiens dentistes sur une affirmation qu'on
interprète en même temps qu'on la rapporte.
M. Samson: M. le Président, je pense qu'on n'a pas
tellement d'autres moyens, si on veut faire la lumière sur la question
qui est devant nous. Je regrette de ne pas être d'accord avec le
ministre. C'est un regret que j'exprime avec toute la force dont je suis
capable.
M. Forget: Au moins, là-dessus, on est d'accord, M. le
Président.
M. Samson: Mais nos mutuels regrets n'arrangeront pas les choses.
Nous sommes obligés de questionner suivant ce qui est devant nous. On
vient de nous dire que tout ce mémoire, qui nous est
présenté, n'est pas une affirmation de l'Association des
chirurgiens dentistes, c'est basé sur des sources d'information. A ce
moment-là, si ce qui est devant nous est basé sur des sources
d'information, ce qui est venu devant nous aussi était basé,
partiellement, sur des sources d'information et, partiellement, sur des
affirmations des personnes qui ont soutenu en prendre toute la
responsabilité, tel que le Dr Paul-Emile Roy.
Pour mieux me faire comprendre, M. le Président, et pour ne pas
que le ministre prétende que j'interprète je ne voudrais
pas qu'il soit dit que j'interprète je vais citer textuellement.
Ce n'est pas une interprétation, vous l'interpréterez comme vous
le voudrez. Est-ce que cela donnerait satisfaction au ministre si je citais
textuellement plutôt que de le faire hors texte?
M. Forget: Etant donné que cela a été
précède d'un long préambule, cette question, même
s'il y a une citation, elle n'est pas dénuée
d'interprétation par le contexte dans lequel elle est
formulée.
M. Samson: Non, non. M. le Président...
M. Forget: Je vous demanderais, M. le Président, qu'on
puisse formule ri'interprétation qui a été donnée
ici verbalement...
M.Samson: ...je voudrais donc être agréable au
ministre...
M. Forget: ... par le Dr Roy.
M. Samson:... mais ce n'est pas possible, dans les circonstances.
Il s'est fixé un objectif et il ne voit pas autre chose que cela.
Qu'est-ce que vous voulez? Un long préambule. J'ai demandé devant
vous et on peut soutenir cela au Dr Paul-Emile Roy s'il prenait
la responsabilité de cet écrit et il a dit: Oui. C'est clair.
M. Forget: Mais il a dit qu'il s'agissait d'hypothèses
dans le cas des doutes qu'il a soulevés.
M. Samson: Un instant, vous l'interprétez. Moi, je vous
l'ai cité.
M. Forget: Je pourrais vous citer la transcription de nos
débats de jeudi dernier.
M. Samson: Je le lui ai demandé et il a dit qu'il prenait
toute la responsabilité de ce qu'il avait écrit. Je cite et je
poserai ma question après: "Les connaissances actuelles sur les produits
organiques démontrent cependant que ceux-ci peuvent être
chlorés lors du traitement des eaux pour la consommation et que, de
façon générale, les produits organiques chlorés
sont plus aptes à provoquer le cancer que le produit organique original.
Il est plus que probable que le fluor aurait des propriétés
semblables. Ce qui est inquiétant, dans cette perspective, c'est qu'il
est maintenant reconnu que lorsque plusieurs substances aptes à
provoquer le cancer se retrouvent dans un milieu donné, leurs effets
s'additionnent et produisent les mêmes effets que si une quantité
plus grande d'une seule substance était présente. Les
études récentes effectuées à la
Nouvelle-Orléans semblent démontrer la véracité des
observations citées précédemment et devraient inciter
à une très grande réserve vis-à-vis de la
fluoration des eaux de consommation".
En partant de cette citation, je pose la question suivante: Puisque
celui qui a écrit cet article a été amené devant la
commission comme un expert par l'Ordre des médecins, est-ce que cette
inquiétude manifestée vous incite à continuer à
soutenir ce que vous avez soutenu tantôt, que, parce que c'est
considéré comme une mesure de santé publique, le
gouvernement est bienvenu de l'imposer? Est-ce qu'avec cette citation
compte tenu de ce que je viens de citer qui a été soutenue
devant nous, encore une fois, ces inquiétudes quant à certains
effets néfastes je cite celui qui l'a dit, je n'en prends pas la
responsabilité, ce n'est pas mon domaine mais puisqu'il y a des
inquiétudes qui sont suscitées, est-ce que vous soutenez toujours
que, malgré cela, le gouvernement doit imposer cette mesure sans au
moins passer par un référendum, comme le disait le
député de Chicoutimi, tantôt?
M. Brodeur: M. le Président, on nous dit, à toutes
fins pratiques qu'il y a un médecin, peut-être notre recherchiste,
qui est venu devant la commission parlementaire On cite une partie de ce
qu'il aurait dit Est-ce que vous maintenez votre position? Si la
question était posée différemment, je comprendrais...
M. Bonnier: M. le Président, je peux peut-être
rectifier. Ce que le député de Rouyn-Noranda vient de lire n'a
pas été dit spécifiquement à la commission
parlementaire, cela a été écrit dans le Devoir. N'est-ce
pas? Il y a une différence.
M. Brodeur: D'accord.
M. Samson: Pour mieux me faire cornprendre...
M. Bonnier: Mais, par le biais de...
M. Samson:... ce que je viens de citer a été
écrit dans le Devoir et j'ai pris la précaution, devant la
commission parlementaire, de demander à l'auteur s'il prenait toute la
responsabilité de ce qu'il avait écrit dans le Devoir du 27
janvier 1975.
M. Bonnier: Oui, mais il a bien spécifié: sous
forme d'hypothèse cependant.
M. Samson: Un instant.
M. Bonnier: Ils n'ont pas fait de recherche.
M. Samson: Un instant, M. le Président. Est-ce que vous
allez permettre qu'on intervienne comme cela?
M. Dufour: Oui, on a assez de le subir.
M. Samson: Ce n'est pas lui qui a la parole. J'ai la parole.
Le Président (M. Pilote): Comme, à l'occasion, vous
le faites aussi.
M. Samson: D'accord, M. le Président, puisque vous
m'invitez à le faire, je vais continuer plus tard.
Le Président (M. Pilote): Comme, à l'occasion, vous
l'avez fait dans le passé.
M. Samson: Mais, M. le Président, je spécifie
encore une fois pour ceux qui ne veulent pas comprendre.
M. Dufour: Lui, il comprend.
M. Samson: Je spécifie encore une fois que j'ai
personnellement demandé au Dr Paul-Emile Roy s'il appuyait ce qui avait
été écrit dans le Devoir du 27 janvier. Il a dit: J'en
prends toute la responsabilité. J'ai cité un passage de ce qu'il
a écrit. Il n'affirme pas, il démontre des inquiétudes. Je
dis, à partir de ces inquiétudes qui sont
démontrées c'est aussi simple que cela . Est-ce que
ces inquiétudes ne
sont pas suffisantes pour nous amener à être un peu plus
prudents, et justifier peut-être la position que toute l'Opposition a
prise, à savoir qu'il faudra au moins plus de consultation avant de
l'imposer par la force?
M. Brodeur: Est-ce qu'il serait possible d'avoir le texte? Il
s'agit d'un article de quelle date, M. Samson?
M. Samson: Du 27 janvier 1975, dans le Devoir, à la page
5.
M. Brodeur: Est-ce qu'il est possible qu'on voie l'article, si
vous l'avez devant vous?
M. Samson: Oui. Mais ce que je veux savoir je ne pars pas
de tout l'article c'est que, puisqu'on a manifesté devant nous
des inquiétudes, c'est à partir de ces inquiétudes que je
vous demande si vous maintenez toujours la même position, à savoir
que vous êtes d'accord pour que ce soit imposé.
M. Chicoine: M. le Président, le docteur que vous citez a
d roit à son opinion et je la respecte. Cela ne change en rien la
position de l'Association des chirurgiens dentistes du Québec. Parce
que, lorsqu'on parle de cancer, vous avez l'American Cancer Society, qui s'est
prononcée en faveur de la fluoration des eaux de consommation et, quant
à moi, sans jeter de l'eau sur personne, l'American Cancer Society
représente une opinion beaucoup plus forte et beaucoup plus valable.
Deuxièmement, si j'ai bien compris l'article que vous avez lu, on
a fait un parallèle entre le chlore et le fluor. Il a dit: J'ai des
doutes. Moi, j'ai des doutes sur bien des choses, vous savez.
M. Samson: Non, non, mais...
M. Chicoine: Mais cela ne veut pas dire que mes doutes sont
fondés.
M. Samson: Ecoutez, M. le Président...
M. Chicoine: II n'est dit, nulle part, dans cet article, que les
doutes exprimés sont fondés. Personnellement, nous nous appuyons
sur les organismes qui ont appuyé la fluoration, dont l'American Cancer
Society. Les propos du docteur que vous mentionnez ne changent en rien la
position de l'association. J'ai répondu, je pense, à votre
question.
M. Samson: Oui, d'accord, c'est évident. C'est ce que je
voulais savoir. A partir de la citation, cela ne change rien à votre
témoignage, cela ne change rien à votre position.
M. Forget:Cela ne change rien àcelui du Dr Roy non plus,
comme il nous l'a dit lui-même, d'ailleurs. Il est en faveur, lui aussi,
de la fluoration.
M. Samson: M. le Président, c'est de
l'interprétation maligne. C'est pire que l'interprétation
ordinaire.
M. Forget: Je comprends que c'est malin pour le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je comprends, M. le Président. M. Forget:
... ils sont parfois malins.
M. Samson: Sauf que le Dr Roy soutenait que si on n'atteignait
pas 25% de résultats, il faudrait revoir tout le programme, il faudrait
cesser le programme et cela n'en vaudrait pas la peine. Le Dr Roy a aussi dit
cela à ce moment.
M. Samson: M. le Président, qu'est-ce que vous voulez?
Cela ne peut pas faire l'affaire du ministre, même si le Dr Roy a
été amené pour témoigner en faveur de la
fluoration, si ses propos ont dérangé grandement ceux qui
étaient devant nous. Mais on va laisser cela de côté, si
vous le voulez, parce que j'ai eu une réponse à ce que je
demandais.
M. Dufour: J'ai aussi assisté à cette rencontre, M.
le Président, et...
M. Samson: M. le Président, j'ai la parole. M. le
Président, à l'ordre!
M. Dufour: ...j'ai trouvé que le Dr Paul-Emile Roy avait
beaucoup évolué au point de vue de ses idées.
M. Samson: M. le Président, est-ce que vous allez laisser
faire cela toute la journée?
Le Président (M. Pilote): La parole est au
député de Rouyn-Noranda.
M. Dufour: Non, mais il parlera plus tard, il a assez
parlé depuis ce matin. J'ai mon voyage!
M. Samson: M. le Président, que vous ayez votre voyage, je
m'en fous.
M. Dufour: Va chercher ton Dr Schatz, il n'est pas même
docteur.
M. Samson: Vous parlerez quand ce sera le temps à
l'Assemblée nationale au lieu d'être "back-bencher" comme vous le
faites...
M. Dufour: ... le Dr Schatz.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre!
Le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: On commence à en revenir de vous autres.
M. Dufour: On commence à en revenir de toi. cela fait
longtemps aussi.
M. Samson: M. le Président, je demande...
M. Dufour: Tu me coupes l'appétit.
M. Samson: ... au député qui vient de parler et
qui s'est référé à moi en disant "toi". M.
le Président, de suivre le règlement qui veut qu'on nomme le
député comme le député d'un tel comté. Je
vous demande, M. le Président, de faire appliquer le
règlement.
Le Président (M. Pilote): La parole est au
député de Rouyn-Noranda.
M. Dufour: L'eau est fluorée depuis cinq ans. Sans le
savoir, il est renseigné.
M. Samson: M. le Président, si l'honorable
député de Vanier ne peut pas supporter cela, ce n'est pas ma
faute. Je continue.
Une Voix: Vous reviendrez... M. Dufour: Cet
après-midi.
M.Samson: II pourrait se reposer et on l'invitera à
revenir.
M. Bellemare (Johnson): Allez boire un peu d'eau.
M.Samson: N'en prenez pas de la fluorée, cela va vous
empirer.
M. Boudreault: Cela va ramollir... ramollissement du cerveau.
M. Samson: M. le Président, est-ce que je peux continuer
à poser des questions à nos invités?
Le Président (M. Pilote): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: C'est beaucoup plus positif.
M. Chicoine: En 1971, cela a été fluoré chez
vous?
M. Samson : M. le Président, justement, puisque vous
voulez amener ce débat de cette façon, est-ce que vous me
permettez de l'amener de cette façon? Mais, écoutez, il s'agit de
s'en tenir à ce qu'on nous dit à la commission, mais on
dérange du...
M. Chicoine: Si vous voulez charrier, on est prêt à
embarquer.
M. Samson: Puisque vous semblez vouloir prendre cela comme
exemple, ce n'est pas tellement gentil, comme l'a dit le député
de Johnson, mais cela ne me dérange pas tellement.
M. Boudreault: Vous n'êtes pas très gentil avec ces
gens non plus. L'Opposition n'est pas très gentille avec ces gens.
M.Samson: M. le Président, en 1971, puisqu'on en parle,
à Rouyn-Noranda...
M. Boudreault: Vous avez charrié depuis le matin avec ces
gens. Ce sont des questions techniques, ce ne sont pas des questions
politiques.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas moi qui ai charrié,
c'est lui. Un instant, M. Boudreault!
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Un instant! Le
député...
M. Samson:... puisqu'on semble nous accuser de charrier, je vais
demander à nos invités: Est-ce que j'ai été impoli
envers vous?
M. Chicoine: Non. M. Samson: Bon! Une Voix: Voyez-vous...
M. Chicoine: Sauf que vous avez dit, au début, que cela
paraissait, ou que vous avez dit que les organismes scientifiques
étaient peut-être des créatures du gouvernement. Vous avez
dit cela dans votre exposé...
M. Samson : Je n'ai pas parlé de vous autres. J'ai
parlé d'organismes de services sociaux. Je le maintiens de ce
côté à part de cela.
M. Bellemare (Johnson): C'est pour dire que quand vous avez
dit..
M. Chicoine: Vous avez parlé de nous aussi.
M. Bellemare (Johnson): ... Ecoutez! Ce n'est pas pire que, tout
à l'heure, docteur quand vous avez dit que les journaux...
M. Samson: Un instant! Voulez-vous qu'on en parle de vous
autres?
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, messieurs!
M. Samson: Voulez-vous qu'on en parle de vous autres?
Le Président (M. Pilote): II est 1 h moins 2... A
l'ordre!
M. Samson: Si vous voulez qu'on en parle de vous autres dans le
journal de la fin de semaine...
Le Président (M. Pilote): La commission suspend ses
travaux à cet après-midi, trois heures.
Une Voix: Un autre petit... (Suspension de la séance
à 12 h 58)
Reprise de la séance à 15 h 7
M. Pilote (président de la commission des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs! J'inviterais les membres de la commission
ainsi que ceux qui viennent ici pour présenter des mémoires
à être assez concis dans leurs questions et dans leurs
réponses, il nous reste sixorganismes à entendre d'ici minuit ce
soir et déjà nous avons quelques heures de passées avec
l'organisme qui est devant nous. Je vous inviterais à poser des
questions courtes, à éviter de politiser les débats. La
tâche du président est très difficile, je ne sais pas si
vous vous en êtes rendu compte. Sur le mémoire qui vous a
été présenté, la parole est au député
de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Je comprends que le député
de Rouyn-Noranda n'a pas terminé son intervention. Je n'ai aucune
objection pour autant qu'on va lui garder son droit de parole.
Le Président (M. Pilote): Au moment où il
reviendra, s'il a d'autres questions, on lui donnera le droit de parole.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, j'aurais
simplement quelques questions à poser à ceux qui ont
déposé ce matin le document de l'Association des chirurgiens
dentistes du Québec. Je voudrais savoir s'il y a une grosse
différence entre ce qu'on appelle le fluor naturel et le fluor
artificiel, puisqu'il en est question dans la page 7 de votre mémoire,
le fluor naturel, artificiel ou le fluor contrôlé.
Je veux savoir la différence au niveau toxique bien entendu. Vous
avez dans votre page 7, un exposé où vous dites que les autres
s'opposent à la fluoration sous le prétexte que le fluor
provenant des puits ou de courants d'eau est considéré comme
étant sans danger, même si la concentration est
élevée, alors que le fluor ajouté n'est pas naturel et
donc préjudiciable à la santé.
Vous continuez: Certains scientifiques évoquent le fait qu'au
niveau gouvernemental, ainsi qu'au niveau municipal, on utilise le terme
artificiel plutôt que le terme contrôlé, le reste de cet
article nous laisse croire qu'il y a une différence de niveau toxique
entre le fluor artificiel et le fluor contrôlé.
M. Laflamme: De fait, il n'existe aucune différence entre
les deux fluors, c'est pour faire une distinction de terminologie, si vous
voulez. Ce qui est actif, en somme, c'est l'ion fluor qui entre en contact avec
l'os des dents, l'os du squelette et qui assure des fonctions
prédéterminées. Il n'y a aucune différence entre
les deux. C'est uniquement une nuance technique, en ce sens que, lorsqu'une
municipalité rajuste le taux, on doit faire appel à un produit,
c'est tout. C'est uniquement une nuance technique. Il n'y a aucune
différence entre les deux, absolument pas.
M. Bellemare (Johnson): II n'y a aucune différence entre
le fluor contrôlé et le fluor artificiel, sauf dans l'application
peut-être plus facile, celle de dire que c'est un fluor
contrôlé et que l'autre est un fluor artificiel. Si, dans un
coursd'eau, il est prouvé qu'il y a un fluor surabondant, mais qui
existe quand même, comme vous le dites dans votre article, cela peut-il
être nocif?
M. Laflamme: Absolument pas! Dans les cours d'eau, on a
décelé, au maximum, jusqu'à 15 parties par million de
fluor. Même à ce taux-là, ce n'est pas toxique. Ce qu'on
fait pour ces municipalités qui ont trop de fluor naturel, c'est qu'on
demande la même chose, les mêmes procédures,
c'est-à-dire diminuer le taux, ramener un taux optimal.
M. Bellemare (Johnson): Quand elles exercent...
M. Laflamme: Quand il excède.
M. Bellemare (Johnson): Quand il excède, mais quand la
municipalité ou la ville le contrôle, le fluor, quand elles ont
déjà la fluoration?
M. Laflamme: Quand elles ont des valves, des systèmes
techniques en conséquence pour ie faire.
M. Bellemare (Johnson): Si elles ne les ont pas?
M. Laflamme: A ce moment-là, c'est difficile pour elles de
le contrôler.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'à ce moment-là,
cela devient, au niveau toxique, dangereux pour ceux qui le prennent...
M. Laflamme: Non, absolument pas.
M. Bellemare (Johnson): ...lorsqu'il vient du cours d'eau
lui-même? Vous dites, dans votre article, que cela peut être
fortement... Ce fluor, dans un cours d'eau, est considéré comme
étant sans danger, même si la concentration est très
élevée.
M. Laflamme: Attention, il y a une nuance. J'ai dit que
c'était l'objection que reprenaient les naturistes et les naturopathes,
parce que, selon eux. tout ce qui est naturel ou se retrouve dans la nature
n'est pas toxique. Ce n'est pas notre nuance à nous.
M. Bellemare (Johnson): Quelle est la différence entre un
fluor artificiel et un fluor naturel?
M. Laflamme: II n'y a pas de différence. C'est le
même ion, c'est la même molécule, si vous voulez, qui va
avoir une réaction sur le tissu osseux. C'est comme le sel de table qui
est composé de chlorure, de sodium et de chlore...
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que c'est possible de traiter la
fluoration de l'eau dans une usine ordinaire, sans danger pour la personne
humaine?
M. Laflamme: Absolument. Dans la documentation il n'y a aucun
rapport de toxicité jusqu'ici
d'empoisonnement à cause d'un fonctionnement défectueux de
valves, de systèmes d'intégration.
M. Bellemare (Johnson): Quand on voit, dans certains documents
qui nous ont été distribués, que cela prend des gants de
caoutchouc, des lunettes protectrices, des bottes de caoutchouc, qu'il ne faut
pas que cela vienne près de la peau, cela ne doit pas être
vrai9
M. Laflamme: C'est absolument vrai.
M. Bellemare (Johnson): Ah, c'est vrai?
M. Laflamme: C'est absolument vrai.
M. Bellemare (Johnson): Pourquoi est-ce vrai?
M. Laflamme: La concentration est différente; vous avez
prononcé le mot "concentration " ce matin, si je me souviens bien.
M. Bellemare (Johnson): Ah, c'est la concentration, et puis,
c'est dangereux.
M. Laflamme: C'est dangereux pour celui qui le manipule.
M. Bellemare (Johnson): C'est dangereux à l'externe, mais
ce n'est pas dangereux à l'interne.
M. Chicoine: Non, ce n'est pas pareil.
M. Bellemare (Johnson): Ah! ce n'est pas pareil. Expliquez-moi
cela.
M. Chicoine: Celui qui le manipule...
M. Bellemare (Johnson): Est-ce un poison pareil?
M. Chicoine: Comme l'aspirine, en très grande
quantité, est un poison; comme la pénicilline, en très
grande quantité, est un poison.
M. Bellemare (Johnson): Ah bon! Et puis, ça prend des
gants et des caoutchoucs. Il faut faire bien attention. Est-ce vrai que c'est
marqué "poison" sur les bouteilles?
M. Chicoine: II n'y a pas que là où ça prend
des caoutchoucs.
M. Bellemare (Johnson): Non, n'allez pas ailleurs parce que,
à mon âge, j'ai plus de tentatives que de tentations. Vous avez eu
le soin, bien pratique, de m'envoyer sur un "side-line", comme on appelle cela,
mais, je reviens à ma question.
M. Chicoine: D'accord.
M. Bellemare (Johnson): Ce qui m'inquiète, c'est la
santé publique. Ce qui m'inquiète surtout, dans votre
mémoire, c'est que vous avez dit, ce matin, à l'honorable
député de Chicoutimi que l'ho- norable Claude Castonguay, dans
son projet de loi no 31, présenté en 1972, intitulé Loi de
la fluoration des eaux de consommation, consacrait une section entière
à la possibilité, pour les habitants d'une ville ou d'un village,
ayant une usine de filtration, de se prononcer par référendum.
Vous avez dit, et le poli-ticologue, M. l'avocat, a dit, avec beaucoup de
raison: C'est le maître, celui qui a reçu l'autorité de la
province d'administrer, qui doit décider.
Quelqu'un, l'honorable député de Chicoutimi, a dit:
Même malgré que les gens d'une municipalité ne veulent pas
se la faire imposer? Vous avez dit oui. Est-ce que le oui que vous avez dit,
mon cher, veut dire que les libertés individuelles et collectives
doivent être méprisées même si on a une
majorité assez substantielle pour les ignorer?
Des Voix: Oh! Oh! Oh!
M. Bellemare (Johnson): Non, non, je veux savoir.
M. Laflamme: ...au point de vue légal.
M. Bellemare (Johnson): Je veux savoir. Je cherche la
vérité, moi. Est-ce que, à ce compte, le ministre des
Affaires municipales doit forcer les municipalités à faire des
fusions? Je parle d'un autre domaine. Le ministre des Affaires municipales a
pris le soin de dire des fusions volontaires. Il avait le pouvoir de
dire...
M. Dufour: Qu'est-ce qu'a fait l'Union Nationale?
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Dufour: Qu'est-ce qu'a fait votre docteur avec vos fusions?
Cela vient de vous autres.
M. Bellemare (Johnson): Si vous voulez, l'honorable
député de Vanier, me laisser un peu la chance de parler.
M. Dufour: Oui, mais...
M. Bellemare (Johnson): Si vous voulez parler, le
président vous donnera la parole...
M. Dufour: Je suis tanné d'entendre le placo-tage.
M. Bellemare (Johnson): ...mais arrêtez de
m'interrompre.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! La parole est...
M. Bellemare (Johnson): Imaginez quelle patience nous avons de
les endurer. C'est bien dur.
M. Dufour: Je sais cela, on devient malade.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, c'est vous qui
êtes maître ici.
Le Président (M. Pilote): La parole est au
député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Bon! J'espère que le
député de Vanier a compris.
M. Dufour: D'accord, M. le Président. M. Bellemare
(Johnson): Je continue. Une Voix: La pertinence du débat.
M. Bellemare (Johnson): La pertinence du débat, M. le
Président, c'est que ce matin les honorables messieurs qui sont de
l'autre côté de la barre nous ont dit: Oui, le gouvernement a le
devoir d'imposer. Nous vivons en pays démocratique. Quand il s'agit de
la santé publique, qu'on ait au moins la chance, si on s'est
trompé une fois en votant, de sauver notre vie. Quand notre vie est en
danger, qu'on soit au moins le maître de notre vie si on n'est plus
maître de notre vote. Sur cela, je pense bien que le ministre devrait
avoir la prudence comme M. Cas-tonguay avait eu la prudence vous avez
dit que vous étiez contre de mettre tout un chapitre particulier
où il était question... M. Castonguay exerçait son pouvoir
de législateur, mais il était un grand démocrate. Il
était libéral, c'était un homme dont le ministre
d'aujourd'hui s'est largement inspiré, mais celui-ci a oublié ce
petit volet qui est très important pour toute la population, les 100
voix qu'on n'entend pas. On entend les grands génies, on entend les
grands messieurs, mais l'homme du peuple et de la rue, allez lui parler
même si l'honorable monsieur de tout à l'heure a dit que les
journaux faisaient de l'émotion et qu'il ne fallait pas trop avoir
confiance aux journaux parce qu'ils faisaient la première page.
M. Chicoine: Je n'ai pas dit cela.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez méprisé les
journaux.
M. Chicoine: Non, soyez honnête. Je n'accepterai pas, M. le
Président, qu'on me prête des propos que je n'ai pas tenus.
M. Bellemare (Johnson): En disant que les journaux pouvaient
faire demain matin de la sensation en réveillant l'émotion.
M. Bonnier: M. le Président, le débat ne porte pas
sur les journaux ou la valeur des journaux. On est toujours sur le fluor.
M. Bellemare (Johnson): Si le député voulait me
laisser, de temps en temps, dire le fond de ma pensée. Cela peut vous
fatiguer, c'est sûr...
M. Dufour: II fait de la...
M. Bellemare (Johnson): ...mais laissez-moi le temps. Cela me
prend du temps, je ne suis pas allé à l'école longtemps.
Cela me prend du temps à finir ma phrase.
M. Dufour: Pourtant, vous avez appris à patiner il y a pas
mal longtemps.
M. Bellemare (Johnson): Comment?
M. Dufour: On continue. Continuons, mais sur le fluor, s'il vous
plaît.
M. Bellemare (Johnson): Le député a dû en
prendre une trop grosse dose.
M. Dufour: Non, il paraît...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, M. Castonguay a
précédé le député d'aujourd'hui, le ministre
des Affaires sociales. Vous aviez confiance en M. Castonguay, M. le
ministre.
Je le crois. Vous étiez un de ses bons amis. Il a peut-être
été votre patron. M. Castonguay, disait, lui, que pour imposer
cette loi, il fallait un référendum. L'honorable
député de Chicoutimi a demandé ce matin si la consultation
par référendum était possible. Les honorables messieurs de
l'autre côté de la table ont dit: Non. Le gouvernement a une
majorité. C'est à lui d'imposer la loi. Un instant. Je pense bien
que, lorsqu'il est question de liberté individuelles, d'en boire ou de
ne pas en boire, on devrait être capable de se prononcer.
M. Laflamme: Vous nous entraînez dans un débat
parlementaire. Je regrette, mais on ne peut pas répondre à ce
genre d'argumentation.
M. Bellemare (Johnson): Non. Je vous comprends aisément.
Surtout au salaire que vous êtes payés pour le dire.
M. Laflamme: Par qui? Je vous demande pardon.
M. Bellemare (Johnson): Mon cher monsieur, pour venir faire de la
représentation.
M. Laflamme: Je vous demande pardon, est-ce que vous voulez
préciser votre pensée, s'il vous plaît?
M. Bellemare (Johnson): Oui, monsieur... Le Président
(M. Pilote): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Vous ne vous dérangez pas pour
rien.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): ...pour prêcher une doctrine, mon
cher monsieur...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): ...vous ne vous dérangez pas pour
rien.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Vous n'êtes pas ici
bénévolement. Si le peuple...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Si le peuple pouvait venir à votre
place...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): ...si les gens de la rue pouvaient venir
à votre place, ils diraient bien le contraire de vous!
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! à l'ordre!
Nous avons ici des représentants de divers organismes, entre autres
l'Association des chirurgiens dentistes. On les a invités à venir
donner leur opinion sur le bill 88. Il faudrait s'en tenir au bill 88.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Ils sont venus ici pour nous
renseigner, pour renseigner les membres de la commission et il faudrait s'en
tenir au bill 88 et à leur opinion concernant la fluoration des
eaux.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je voudrais vous
rappeler le dernier incident qu'a causé l'honorable monsieur avec le
député de Rouyn-Noranda, à la fin de la séance. Je
ne sais pas si vous avez trouvé cela bien gracieux de sa part, ce qu'il
nous a dit et comment il nous l'a dit. Je pense que cela devrait être
signalé. Dire ce que vous avez dit tout à l'heure à
l'honorable député de Rouyn-Noranda, avant la fin du
débat, je pense que c'est pas mal grave cela aussi, M. le
Président.
Je reviens à la pertinence du débat, M. le
Président.
Le Président (M. Pilote): Je l'espère. M. Dufour:
Oui.
M. Bellemare (Johnson): Vous espérez mais nous autres
aussi, on espère que vous allez nous comprendre, aussi, pas seulement
nous entendre.
M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Si les membres de la commission
s'en tenaient aux questions des experts et aux réponses des experts et
évitaient de politiser le débat, comme cela se fait actuellement,
je pense que l'ensemble de la commission en profiterait.
M. Bellemare (Johnson): Tout l'ensemble de la commission, M. le
Président, a été dirigé, depuis trois jours, depuis
les dernières séances, seulement au point de...
M. Boudreault: Vous n'étiez même pas là!
M. Bellemare (Johnson): Non, j'étais pris, parce que le
gouvernement m'a forcé d'être partout ailleurs.
M. Boudreault: Cela a bien été quand vous
n'étiez pas là.
M. Bellemare (Johnson): Ah oui! parce qu'il n'y avait personne
pour contredire? Il y en avait d'autres.
Le Président (M. Pilote): Revenons à la pertinence
du débat.
M. Bellemare (Johnson): Quand votre gouvernement nous oblige
à siéger à trois autres commissions, on ne peut pas
être partout à la fois!
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, à l'ordre!
M. Lacroix: On n'est toujours pas pour retarder le gouvernement
parce que vous êtes tout seul!
M. Bellemare (Johnson): Comment?
M. Lacroix: On n'est toujours pas pour retarder le gouvernement
parce que vous êtes seul!
M. Bellemare (Johnson): Non mais quand j'y suis, par exemple,
j'aime bien avoir le droit de parole et je n'ai pas besoin de vos...
M. Lacroix: ...je vais parler moi aussi.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! A l'ordre,
messieurs!
M. Bellemare (Johnson): ...poser des questions.
M. Lacroix: Soyez poli là.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, messieurs!
M. Lacroix: Parce que, si vous n'êtes pas capable
d'être poli... Vous passez votre temps à nous faire des
leçons de parlementarisme...
M. Bellemare (Johnson): Oui, monsieur, qu'est-ce que j'ai dit qui
était anti-parlementaire là? J'ai demandé...
M. Lacroix: Vous passez votre temps à vous moquer de tout
le monde et vous essayez...
M. Bellemare (Johnson): Non, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, messieurs, à
l'ordre, messieurs! '
M. Bellemare (Johnson): ...je dis, par exemple...
M. Lacroix: ...vous êtes un dictateur...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, à l'ordre,
messieurs!
M. Bellemare (Johnson): ...vous en avez cinquante chez
vous...
Le Président (M. Pilote): Coupez! Coupez!
A l'ordre, messieurs, on revient au débat. A l'ordre, messieurs,
j'inviterais les députés, sans ça, on va recouper et vous
donner encore trente autres secondesou uneautre minute pour vous engueuler.
J'inviterais les députés à me donner leur
collaboration. Ce n'est pas facile d'être ici. J'inviterais les gens,
s'il y en a qui sont capables de le faire, à venir prendre ma place.
M. Bellemare (Johnson): Etes-vous en faveur de la fluoration du
lait?
M. Lacroix: C'est une question "vache".
M. Laflamme: C'est une question pertinente.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas étonnant qu'on ait eu
une réplique de veau. En tout cas.
M. Lacroix: Cela vous a pris du temps à la sorti r. M.
Bellemare (Johnson): Mais cela ne fait rien. M. Lacroix: Vous
ramollissez.
M. Bellemare (Johnson): Je voulais laisser tomber un peu les
applaudissements.
Est-ce que vous êtes en faveur de la fluoration du lait?
M. Laflamme: II doit sûrement y avoir un problème.
J'en ai justement discuté. On a dit que ce n'était pas tellement
efficace au point de vue économique et au point de vue des
résultats aussi.
M. Bellemare (Johnson): La gomme à mâcher aussi?
M. Laflamme: Cela a été expérimenté
et ça a donné plus de résultats.
M. Bellemare (Johnson): Avec des pâtes à dent
fluorées aussi?
M. Laflamme: Les associations canadiennes et américaines
se sont prononcées en faveur.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que c'est plus grave que de l'eau
fluorée?
M. Laflamme: Est-ce que c'est quoi?
M. Bellemare (Johnson): Plus grave que de l'eau
fluorée?
M. Prudhomme: M. le Président, nous verrions mal un enfant
nouveau-né mâcher de la gomme pour protéger ses dents qui
vont venir...
M. Bellemare (Johnson): Oui, je comprends.
M. Prudhomme: ...ses dents primaires.
M. Bellemare (Johnson): Je verrais mal... Oui, je comprends qu'il
y a des âges pour en mâcher. J'ai déjà vu un
député en Chambre mâcher de la gomme et se faire rappeler
à l'ordre aussi. C'était l'honorable député des
Iles-de-la-Madeleine. Ce n'était pas bien séant.
M. Lacroix: Cela, M. le Président, le député
qui a provoqué cela, c'est son imbécillité... quand il
avait soulevé la question.
M. Bellemare (Johnson): II avait donné comme raison, pour
mâcher de la gomme, qu'il avait mangé des oignons le midi. Cela,
c'est son affaire.
M. Lacroix: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, messieurs! A
l'ordre!
M. Lacroix: Un point de règlement!
M. Bellemare (Johnson): Je pourrais répondre à
votre question.
M. Lacroix: Je ne laisserai pas passer une question
d'imbécile de même qui m'a été posée par
l'imbécile qui vient de la répéter. Parce qu'à ce
moment, je venais d'être opéré, et sur recommandation du
médecin, à cause de mon état de santé, je devais
mâcher de la gomme. Si la question était imbécile à
ce moment-là, elle l'est encore davantage aujourd'hui.
M. Bellemare (Johnson): Merci, M. le Président, merci
beaucoup!
M. Lacroix: C'est une question d'imbécile et vous agissez
comme un imbécile.
M. Bellemare (Johnson): Alors, M. le Président, tout
cela...
M. Lacroix: Si vous aviez été malade comme je l'ai
été...
M. Bellemare (Johnson): Je l'ai été plus que
vous...
M. Lacroix: ...vous ne poseriez pas de question de petit fou de
même.
M. Bellemare (Johnson): ...et je ne le dis pas...
M. Lacroix: Non. Vous avez joué au martyr, vous avez
joué au malade...
M. Bellemare (Johnson): ...et je ne m'en vante pas.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, messieurs!
M. Bellemare (Johnson): Je peux vous en montrer des certificats,
moi, tandis que vous, vous n'en avez pas.
Le Président (M. Pilote): A I ordre, messieurs!
M. Bellemare (Johnson): Vous avez seulement un gars qui s'appelle
Patterson...
Le Président (M. Pilote): Si vous voulez parler de gomme
à mâcher pendant cinq minutes, on va vous laisser le temps de
parler de gomme à mâcher pendant cinq minutes.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je suis bien
d'accord qu'un enfant ne mâche pas de gomme, mais par exemple, je suis
bien d'accord qu'un enfant peut boire du lait. Ma question était, M. le
Président, sur le lait fluoré, et vous m'avez dit que vous
n'aviez pas d'opinion sur cela.
M. Prudhomme: Voici: M. le Président, s'il n'y avait qu'un
seul véhicule possible pour faire bénéficier la population
de l'usage de certains produits fluorés, nous serions d'accord à
ce moment. Mais nous trouvons que la fluoration contrôlée des eaux
de consommation est le moyen le pi us économique, le plus efficace et
qui va bénéficier à l'individu durant toute sa vie. Pour
ce qui est du lait, premièrement l'ion fluor est moins bien
libéré que l'ion fluor dans l'eau. Deuxièmement, cela va
bénéficier aux enfants dans leur jeune âge, mais cela ne
profitera pas à l'individu durant toute sa vie, parce que ses habitudes
alimentaires vont changer. C'est la même chose pour les autres
véhicules que nous pouvons utiliser pour transporter l'ion fluor, le
rendre jusqu'à la personne. C'est parcequ'ilssonttout simplement moins
efficaces et moins pratiques. C'est pour cette raison que nous recommandons la
fluoration des eaux de consommation.
M. Bellemare (Johnson): N'admettez-vous pas, Dr Prudhomme, que
les enfants, jusqu'à un certain âge, boivent beaucoup plus de lait
que d'eau?
M. Prudhomme: Je ne voudrais pas entrer en pédiatrie, si
je me rappelle mes enfants, ils ne buvaient pas seulement du lait dans le jeune
âge, ils buvaient d'autres choses aussi. Il y avait des jus de fruit, ils
buvaient de l'eau aussi.
M. Bellemare (Johnson): De l'eau en moins grande quantité
que du lait?
M. Prudhomme: L'enfant à moins besoin...
M. Laflamme: La première des choses qu'on a
soulignée au cours du rapport, si vous vous souvenez, c'est que la
mère fait déjà bénéficier l'enfant
dès qu'elle le porte et c'est là que le plus grand
bénéfice en est retiré. C'est que la matrice de
l'émail est déjà calcifiée, si vous voulez,
déjà formée et reçoit déjà l'ion
fluor; alors que si l'enfant ne reçoit uniquement que du lait ou un
contact "topic", si vous voulez, la protection est uniquement superficielle,
c'est-à-dire l'ion fluor n'est pas intégré à la
matrice de la dent, ne fait pas partie intégrante de la dent.
M. Bellemare (Johnson): Quand il est au monde, il n'est plus dans
sa mère, est-ce qu'il boit du lait ou s'il boit de l'eau?
M. Laflamme: II boit les deux à travers la diète
des aliments qui sont cuits avec l'eau, qui sont bouillis avec de l'eau.
L'enfant consomme aussi de l'eau.
M. Bellemare (Johnson): Oui mais vous seriez en faveur du lait
fluoré?
M. Laflamme: Non, absolument pas. Parce qu'on a dit tout à
l'heure que ce n'était pas efficace. Avec cette mesure il faudrait
l'employer, c'est évident. Il y en a d'autres plus efficaces et plus
économiques aussi. A $0.46 la pinte, je ne vois pas comment les gens
peuvent débourser $0.05 ou $0.06 additionnels pour avoir quelques
bénéfices qui sont très marginaux, puisqu'on a dit tout
à l'heure qu'à cause des ingrédients contenus dans le
lait, l'action était diminuée, parce que les liaisons se
faisaient avec l'ion fluor à ce moment-là.
M. Bellemare (Johnson): Oui certainement j'en ai une autre
à poser en même temps.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur la question de fluor
artificiel, fluor naturel, est-ce que j'ai bien compris vos explications, en me
disant que dans votre esprit, la notion de fluor artificiel, ça n'existe
pas. Autrement dit...
M. Laflamme: C'est juste. C'est un terme qui est employé
suivant...
M. Bédard (Chicoutimi): Un fluor ne devient pas... il est
naturel, c'est un élément de la nature, même si on y
ajoute... il devient pas artificiel par le fait même, c'est du fluor.
M. Laflamme: II n'existe pas deux formes d'ion fluor. Il en
existe un seul. Il peut être lié àdu calcium, à du
potassium, si vous voulez, c'est la même chose.
M. Bellemare (Johnson): Vous dites dans votre rapport qu'il faut
intégrer à un réseau de distribution d'eau de consommation
de façon pratique, il n'existe aucun autre moyen d'utiliser le fluor
pour le rendre hautement efficace. Cela, c'est vérifié par les
médecins, par les experts, ce que vous donnez au point de vue
médical, pour la santé, même d'une personne
âgée, c'est un jugement de tout repos.
M. Laflamme: C'est un jugement de valeur qui est fondé,
oui.
M. Bellemare (Johnson): Cela a été
vérifié. M. Laflamme: C'est fondé.
M. Bellemare (Johnson): C'est fondé auprès
de...
M. Laflamme: L'Organisation mondiale de la santé a
été la première à le reconnaître
d'ailleurs.
M. Bellemare (Johnson): Que même une personne
âgée doit boire de l'eau fluorée?
M. Laflamme: Doit, c'est une indication; vous
faites une ordonnance, "doit", une personne âgée qui boit,
qui est malade, ou qui est en bonne santé, n'a subi aucun effet toxique
ou néfaste du fluor. Au contraire, dans certaines villes
américaines on a fait des études comparatives. Les gens
d'âge avancé ont des fractures osseuses en moins grand nombre,
parce que l'armature si vous voulez squelettique est plus calcifiée est
plus résistante.
M. Bellemare (Johnson): Pour finir, la dernière question.
Quel est le pourcentage, je pense bien que vous ne l'avez peut-être pas
en main, quel est le pourcentage responsable de l'état pathologique des
cancéreux, à cause de la fluoration de l'eau?
M. Laflamme: II n'y a eu aucun rapport ou rapprochement fait
entre le taux de cancer, même de différents types de cancer, et
les proportions d'ingestion de fluor, à ce jour.
M. Bellemare (Johnson): Même l'assertion faite par le Dr
Roy?
M. Laflamme: Je n'ai pas vérifié ce que le Dr Roy a
écrit, mais ce que l'American Society of Cancer a
décrété, a rendu public, c'est ceci: C'est le fluor, sous
n'importe quelle forme, ne peut aggraver ou engendrer des problèmes au
niveau des cancers ou des...
M. Bellemare (Johnson): Le Dr Roy, selon son point de vue, qu'il
a fait valoir dans les journaux, publiquement, admet une autre théorie
que la vôtre.
M. Laflamme: Vous avez dit: Une théorie, mais on ne s'est
pas fondé sur des théories, on s'est fondé sur des
recherches.
M. Bellemare (Johnson): Mais, lui aussi, parce qu'il a
vécu des expériences, dans sa profession, je pense, que, comme
docteur, il n'est pas un homme à mettre de côté si
facilement.
M. Laflamme: II a exprimé des doutes si je me
rappelle des termes de l'article et non pas des critères qui sont
fondés sur des faits scientifiques. Ces doutes sont personnels.
M. Bellemare (Johnson): Personnellement, vous contredisez son
assertion?
M. Laflamme: Je ne la contredis pas, je ne l'ai pas lue.
M. Bellemare (Johnson): Vous ne l'avez pas lue. Si vous l'aviez
lue, avec votre expérience, si le Dr Roy disait que cela peut provoquer
du cancer, vous lui diriez: Non?
M. Laflamme: Absolument pas! Je lui demanderais d'abord de
décrire ses méthodes de recherche, de quelle façon il a pu
prouver, pour arriver à des chiffres semblables, et avec quels chiffres
ils les a aussi comparés.
M. Bellemare (Johnson): Cela va.
Le Président (M. Pilote): D'autres questions.
M. Bellemare (Johnson): M. Samson n'avait pas terminé tout
à l'heure.
M. Samson: Dans le même ordre d'idées, puisqu'on est
sur cette question d'affirmations qui ont été faites quant
à des inquiétudes du Dr Roy à propos du cancer, est-ce
que, dans vos recherches, vous avez pris connaissance des
références du Dr Hoffman, du Royal Institute of Pathology, qui
dit que l'eau fluorée à une partie par million
accélère le développement du cancer, comme le fait
l'iodure de sodium et le bromure de sodium?
Il y a une autre référence: Cancer Research, volume 24,
1964, page 751: Proceeding of the society for experiment of biology and
medecine, volume 119, 1965, page 252. Est-ce que vous avez, dans vos
recherches, eu l'occasion de consulter ces volumes?
M. Laflamme: Oui. Dans le livre du congrès de Washington,
on fait mention déjà des études du Dr Hoffman, mais ces
études ont été rejetées en vrac par la
Société américaine du cancer.
M. Samson: Vous avez probablement pris connaissance d'un article
signé par Guy Cormier, dans la Presse du 28 février, nous
référant au New York Times du 8 décembre 1974 et nous
incitant à prendre contact avec le National Cancer Center de Tokyo.
Est-ce que vous avez eu l'occasion de vérifier ces données?
M. Laflamme: J'ai lu déjà l'article de Guy Cormier
auquel vous faites référence. J'ai aussi lu l'article du Devoir,
il y a deux ans, en 1972, publié par les docteurs Morin, Boutet et Roy,
si j'ai bonne mémoire et aussi un article du New York Times de 1971, si
ma mémoire est bonne, également.
Je crois que ces articles sont, encore une fois, des expériences
personnelles, qui souvent, ont été entreprises sur des bases
d'équipe, dans des hôpitaux, et aussi dans certains
départements de médecine. Encore une fois, comme les articles ont
été publiés par Marier et Rose à Ottawa
déjà, ces produits, les résultats de recherche n'ont pas
été entérinés par les cadres supérieurs ou
les organismes qui chapeautent ces gens. Ce fut la même chose pour
l'article qui a été publié dans le Time.
M. Samson: A un autre moment, quelqu'un a soutenu devant la
commission je voudrais avoir votre avis là-dessus qu'il se
peut que certaines personnes présentent des allergies au fluor.
Pouvez-vous nous donner votre point de vue là-dessus?
M. Laflamme: Nous sommes bien catégoriques
là-dessus, il n'existe aucune forme d'allergie connue au fluor.
L'Association des allergistes a déjà fait une déclaration
dans ce sens. Il n'existe aucune forme d'allergie connue.
M. Samson: On nous a fait mention j'aimerais savoir ce que
vous pourriez nous donner éga-
lement comme avis là-dessus que MM. Faultman et Gazzel
auraient démontré que 1% des gens sont allergiques au fluor,
présentant de l'exéma, des dermatites, de l'urticaire et on nous
donne, comme référence, les index pharmaceutiques: Allergie
Reaction to fluoride, Journal of Asthma Research, septembre 1964. Sauriez-vous
nous dire si vous avez été à même de consulter ces
documents?
M. Laflamme: Non, je ne me souviens pas par coeur de ce document,
d'accord, mais je sais que, par la suite, c'est-à-dire
dernièrement encore, en 1972, la Société américaine
pour les allergies a catégoriquement nié toute assertion qu'il y
aurait des relations quelconques entre le fluor et les allergies. La
médecine est catégorique à ce sujet.
M. Samson: Merci.
Le Président (M. Pilote): D'autres questions?
M. Boudreault: M. le Président. Vous nous avez produit un
rapport; est-ce le même rapport que vous nous avez présenté
ou s'il y a eu des petits changements, j'imagine.
M. Chicoine: C'est un résumé.
M. Boudreault: C'est un résumé. C'est parce
qu'à la fin du troisième paragraphe il y avait une phrase qui
était assez importante pour nous. Je ne sais pas si vous l'avez
oubliée.
Une Voix: Quelle page?
M. Boudreault: Si vous me permettez dans la
première page de l'introduction je vais la citer. "Une fois de
plus, le gouvernement du Québec démontre qu'il sait prendre ses
responsabilités au chapitre de la santé publique." Je voudrais,
M. Chicoine, vous affirmer que le gouvernement va prendre ses
responsabilités.
Le Président (M. Pilote): M. Chicoine, ainsi que ceux qui
l'accompagnent, nous vous remercions de la façon dont vous avez
présenté votre mémoireet je suis assuré que les
membres de la commission vont prendre en considération vos
recommandations.
M. Chicoine: Cela nous a fait plaisir, M. le Président, et
nous sommes à la disposition du gouvernement lorsqu'il s'agit de la
santé publique. Sauf moi, qui suis permanent à l'association, les
autres ici sont venus bénévolement. Merci.
M. Forget: J'aimerais m'associer aux remarques du
président pour vous remercier également.
Le Président (M. Pilote): J'inviterais à
présent l'Association médicale du Québec. M. Blouin, si
vous voulez nous présenter ceux qui vous accompagnent.
Association médicale du Québec
M. Chesney (L.-P.): Je m'excuse, M. le Président, je suis
le président de l'Association médicale du Québec et je
m'appelle le Dr Chesney.
M. le Président, M. le ministre, messieurs les membres de la
commission parlementaire, au nom de l'AMQ et à titre personnel, je vous
remercie de nous avoir accordé la permission de vous présenter un
mémoire sur la fluoration des eaux de consommation. L'AMQ est la
division québécoise de l'AMC, l'Association médicale
canadienne, qui nous aaidés énormément dans la
préparation du mémoire actuel. J'aimerais tout d'abord vous
présenter, mesdames et messieurs, les membres de notre
délégation. Je commence. A ma gauche, le Dr Jules Gilbert, un de
nos experts qui a accepté de venir avec nous. Il a beaucoup
d'expérience dans cette matière. Il a été
professeur à l'Ecole d'hygiène de l'Université de
Montréal pendant au moins 20 ans. Il aété aussi directeur
de l'éducation sanitaire à l'ancien ministère de la
Santé. C'est le Dr Jules Gilbert. Je m'appelle le Dr Chesney. A ma
droite, le Dr Jean-Paul Couture, premier vice-président de l'Association
médicale du Québec, qui sera le porte-parole pour la
présentation de notre mémoire. Le Dr Dun-ton, un autre de nos
experts. Elle est d'origine montréalaise. Pendant 30 ans, elle a
vécu une expérience très importante parce qu'elle a
été le directeur de la santé à Brantford.en
Ontario, la première ville du Canada à adopter la fluoration des
eaux de consommation. Elle est présentement directeur de la santé
du district d'Hamilton en Ontario. Le Dr Fabien Poulin, ancien président
de l'Association médicale du Québec, qui a beaucoup
d'expérience sur ce sujet et les autres. A l'arrière, le Dr
DaSylva, qui est directeur des services médicaux de l'AMC, l'Association
médicale canadienne, et M. Blouin, notre administrateur
délégué.
Alors, si je peux, M. le Président, j'aimerais donner la parole
à mon confrère le Dr Couture.
Le Président (M. Pilote): Le Dr Couture.
M. Couture (Jean-Paul): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les membres de la commission, l'Association médicale du
Québec, appuyée par les 27,000 membres de l'Association
médicale canadienne, saisit avec empressement l'occasion de donner son
opinion au sujet de la loi 88 et de fournir certains renseignements à
cet égard.
L'Association médicale du Québec désire marquer son
appui au gouvernement du Québec, auquel elle adresse ses
félicitations, pour avoir proposé une loi qui impose l'addition
de fluorure dans le système de distribution de l'eau potable, dans la
proportion de 1.2 partie pour un million, ce, en vue de prévenir la
carie dentaire.
Dès 1954, l'Association médicale canadienne ainsi que ses
divisions provinciales recommandaient officiellement l'addition de fluorure
dans l'eau pourvu que ce soit fait sous surveillance et avec les
précautions qui s'imposent.
Ce programme de santé publique si bénéfique n'a pas
cessé, depuis plus de 20 ans, de faire l'objet de l'attention constante
de l'association quant aux résultats d'expériences
pratiquées dans le monde entier. Elle s'est fait un devoir de
dépouiller les publications médicales de tous les pays pour
justifier d'une manière scientifique aussi bien les avantages que les
inconvénients éventuels présentant une signification
importante sur le plan médical.
N'ayant pas trouvé trace d'effets secondaires non
désirables d'une importance médicale majeure et convaincue par
des preuves accumulées de l'efficacité grandissante de
l'expérience, l'association a continué à préconiser
l'addition de fluorure dans l'eau pour mieux assurer la protection contre les
maladies dentaires.
C'est pourquoi l'assemblée annuelle de l'Association
médicale canadienne de 1972 fit adopter, à l'unanimité des
voix des 220 membres de son conseil général, la résolution
suivante:
Attendu que le conseil général de l'Association
médicale canadienne aapprouvé, en juin 1954, l'addition de
fluorure dans les systèmes publics de distribution d'eau sous
surveillance et avec les précautions qui s'imposent;
Attendu que la Société des pédiatres canadiens (une
des principales associations affiliées à la nôtre,
particulièrement qualifiée dans les soins apportés
à la santé de l'enfance) est favorable à cette mesure
d'intérêt public;
Attendu qu'il est démontré que la consommation d'eau
additionnée de fluorure, dans des conditions optimales, a pour
résultat de diminuer les risques de carie initiale et progressive au
cours des années de développement de la dentition;
L'Association médicale canadienne décide de
réaffirmer la position qu'elle a prise en 1954 quant à l'addition
de fluorure et demande à ses divisions provinciales d'insister
auprès de leurs gouvernements respectifs pour qu'ils rendent
obligatoire, par la promulgation d'une loi, l'addition de fluorure dans les
systèmes publics d'adduction d'eau.
Notre association n'a pas l'intention de fournir des preuves ni de faire
des commentaires au sujet des effets bénéfiques de la fluoration.
Tous les témoignages et tous les renseignements pertinents vous ont
été fournis par nos collègues dentistes, éminemment
plus qualifiés et plus compétents que nous pour assumer cette
tâche en fonction de leur formation, de leur expérience et de
leurs recherches.
C'est à l'aspect médical des programmes d'addition de
fluorure aux systèmes publics d'adduction d'eau que nous bornerons nos
commentaires.
Nous vous suggérons d'examiner le rapport de l'Organisation
mondiale de la santé, rapport écrit en 1970, portant le no 59. Ce
rapport est à l'origine de la résolution adoptée par la
22e assemblée de l'Organisation mondiale de la santé, proposant
que les Etats membres imposent cette mesure dans les régions où
la consommation totale de fluorure par la population est inférieure au
niveau optimal admis pour la prévention de la carie dentaire. Cette
résol u-tion fut alors appuyée par le Canada.
Le rapport de l'Organisation mondiale de la santé couronnait
l'une des enquêtes médicales internationales les plus
complètes qui n'aient jamais été entreprises. 29 experts
d'une compétence reconnue internationalement, en provenance de onze
pays, s'y sont attelés avant de le soumettre ensuite à 93 autres
experts sous forme d'avant-projet. Ce sont donc les opinions et les
recommandations de 122 experts de réputation internationale qui ont
été prises en considération lors de la rédaction du
rapport définitif de l'Organisation mondiale de la santé. C'est
grâce à cette prudence peu commune que nous pouvons nous tenir
pour assurés de posséder un document reflétant l'opinion
scientifique dans le monde entier à l'époque. Les conclusions
énoncées par ce rapport n'ont pas cessé d'être
corroborées par les résultats des études
subséquentes.
Ce n'est pas dans un mémoire aussi limité que nous allons
tenter de vous fournir la liste complète des écrits, des
témoignages scientifiques, etc., consacrés à ce
procédé. Au cas où il serait nécessaire de
communiquer ces renseignements et ces documents de travail, l'Association
médicale du Québec se ferait un plaisir de le faire. Nous
estimons que le consensus de l'opinion médicale internationale quant
à l'addition de fluorure aux systèmes publics d'adduction d'eau
est parfaitement exprimé dans le numéro du 15 août 1970 de
la prestigieuse revue médicale "The Lancet" publiée en
Grande-Bretagne: "On trouve la preuve de l'effet cariostatique. ce qui veut
dire la prévention de la carie dentaire, des fluorures lorsqu'il se
trouve à l'état naturel ou artificiel dans certaines
régions; ces effets se manifestent jusqu'à l'âge de 60 ans;
chez les personnes très âgées, il est normal que cet effet
soit moins marqué puisque chez elles la mortalité dentaire est
due surtout à la maladie péridontale. Des rapports en provenance
de nombreux pays du monde entier continuent à démontrer que
l'addition de fluorure aux systèmes d'adduction d'eau ne présente
pas de danger pour la santé." "L'ion de fluorure est facilement
absorbé au niveau gastro-intestinal et le sang se débarrasse
rapidement du fluorure en excès grâce au mécanisme
homéostatique qui maintient un niveau dans le plasma de 0.14 à
0.19 partie pour un million, proportion qu'il est normal de rencontrer aux
niveaux des taux d'absorption de fluorure habituels en Grande-Bretagne. Les
fluorures sont aisément excrétés par les reins dont la
facilité d'excrétion pour cette substance est plus grande que
pour les chlorures. Les fluorures ne s'accumulent pas dans les tissus mous
alors qu'ils sont fixés dans le squelette et dans les dents. Il semble
que cette action soit partiellement due à un échange d'ions dans
les cristaux d'hydroxyapatite et partiellement à l'accroissement des
cristaux dont le fluorure augmente la taille et diminue la solubilité.
La quantité totale de fluorure présente dans le squelette tout
entier dépend, en partie, de l'âge du sujet, et en partie de la
dose absorbée.
A dose excessive, le fluorure provoque le syndrome de fluorose du
squelette et dans ce cas il n'a jamais été prouvé que
l'absorption d'une dose importante de fluorure ait augmenté la
gravité ou la fréquence de la calcification pathologique en
dehors du système squelettique.
Dans le cas d'ostéoporose sénile, les fluorures peuvent
être bénéfiques bien qu'il soit nécessaire, dans ce
cas, d'employer une dose plus importante que celle que réclame la
protection dentaire. Des cas de sclérose osseuse ont été
signalés au Moyen-Orient et en Extrême-Orient. Ces cas furent,
pendant quelque temps, la pierre d'achoppement à
laquelle on s'est heurté lorsqu'il s'est agi de définir
les marges de sécurité préconisées dans les pays
occidentaux. Toutefois, il semblerait actuellement que bon nombre
d'enquêtes effectuées en Orient dans le passé aient
été basées sur des données insuffisantes q uant
à la dose de fIuorure absorbée et quant aux
antécédents des patients observés. Les travaux qui ont
suivi, comme on peut le voir dans la monographie de l'Organisation mondiale de
la santé, rapport 59, ont démontré qu'il ne fallait pas
négliger les facteurs importants tels que les habitudes
diététiques nationales et le climat. La dose appropriée
optimale pour la Grande-Bretagne de 1 ppm serait trop importante dans les
systèmes d'adduction d'eau de l'Inde et du Japon; elle serait
insuffisante dans les régions plus froides dans lesquelles on n'inclut
pas de thé ou d'autres denrées riches en fluorure dans le
régime alimentaire. Il appartient, par conséquent, à
chaque pays d'établir sa propre évaluation quant à la
concentration optimale nécessaire à sa distribution d'eau."
En résumé, c'est avec enthousiasme que l'Association
médicale du Québec apporte son appui à l'addition
contrôlée et surveillée de fluorure dans les
systèmes publics d'adduction d'eau dans la proportion de 1.2 partie par
million. Etant donné l'importance des problèmes humains
économiques et politiques qui retardent la fluoration de l'eau au niveau
local.
Nous demandons instamment d'adopter et de faire appliquer aussi vite que
possible les dispositions des articles du projet de loi 88 qui ont trait
à l'addition de fluorure dans les systèmes publics d'adduction
d'eau
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre des
Affaires sociales.
M. Forget: Je vous remercie, M. le Président. Je voudrais
remercier le Dr Couture et tous ceux qui l'accompagnent pour leur
présentation extrêmement claire de la position de l'Association
médicale canadienne.
J'aimerais, Dr Couture et peut-être à vos collègues,
poser un nombre limité de questions.
En premier, on a allégué devant nous la semaine
dernière que, dans les facultés de médecine, on utilise
comme manuel classique un manuel préparé par le professeur Harper
et dans lequel on trouverait des indications contraires à la position
que vous avez défendue ici devant nous. J'aimerais savoir si cette
position officielle, c'est-à-dire cette position qui est adoptée
ou qui est apparemment adoptée par le professeur Harper dans son manuel
a été correctement rapportée ou si l'on a mal
interprété le sens de ses remarques. Est-ce qu'il s'agit d'une
position qui est commune non seulement au Dr Harper, mais aussi aux
facultés de médecine ou même à votre association, de
quelque manière que ce soit?
M. Couture: M. le ministre, je n'ai pas lu l'auteur en question.
Mon volume de référence en nutrition est: The Modem Nutrition in
Health and Aisease, de Wool and Goodhart, actuellement, dans le milieu au au
moins que je fréquente. Je fais partie d'un hôpital universitaire
à Montréal et je suis lié à l'université
McGill. C'est notre ouvrage de référence, si vous voulez, pour
contrebalancer les opinions qui ont pu être apportées à ce
moment. Je pourrais vous donner les opinions de nos auteurs qui s'occupent de
nutrition. D'après ces auteurs, il n'y a aucun danger, comme nous
l'avons énoncé dans notre mémoire, a l'absorption de
fluorure à des doses normales, comme cela a été dit par
nos confrères, les dentistes, ce matin. Evidemment, il faut que ce soit
dans un système contrôlé. C'est un produit toxique, comme
n'importe quel autre produit est toxique. Il faudrait dire que c'est beaucoup
moins toxique que le tabac, que la cigarette ou d'autres produits, mais c'est
un produit toxique.
Evidemment, il y a des doses que nous recommandons comme dosage moyen
pour la province de Québec. C'est 1.2. Il y a eu des études
très sérieuses faites par les nutritionnistes pour voir quels
sont les effets du fluorure à des doses plus élevées que
la dose que nous recommandons. Tous les nutritionnistes actuellement et tous
les autres scientifiques, incluant les pédiatres, les dentistes sont
d'accord pour dire qu'en bas de deux parties par million, il n'y a aucun signe
de fluorose qui peut apparaître. Dans le cas d'absorption de deux parties
par million jusqu'à quatre parties par million, apparaissent les
premiers symptômes de fluorose. Il ne faut pas s'en faire. Fluorose ne
veut pas dire nécessairement maladie. Cela veut dire tout simplement que
nous pouvons détecter que le fIuor s'est déposé quelque
part et entre deux et quatre parties par million. Les dentistes pourront vous
dire qu'on peut voir des petites taches blanchâtres qui peuvent
apparaître sur l'émail des dents, lesquelles taches ne sont pas
inesthétiques. Elles ne sont qu'une preuve que le fluor qui a
été absorbé, a été déposé au
niveau des dents et rend ces dents plus résistantes aux caries. Entre un
dosage de 0.4 et 0.8, il y a des signes plus avancés de fluorose qui
peuvent apparaître à ce moment, mais cela se limite, encore une
fois, au domaine des dents. Tout ce qu'on voit apparaître, à ce
moment, c'est tout simplement des taches un peu plus brunâtres sur les
dents. Cela se fait déjà à un dosage évidemment
beaucoup plus élevé que ce que nous recommandons à 1.2,
mais nous sommes rendus à huit parties par million à ce
moment.
Quand on parle d'effets toxiques, à ce moment, il faut parler de
dosages beaucoup plus élevés que les dosages qui ont
été expérimentés par les auteurs et experts en
nutrition.
M. Forget: Lorsque vous parlez, docteur, de dosage plus
élevé, vous parlez d'un dosage plus élevé pas
seulement pendant une journée ou même pendant une semaine, mais,
j'imagine, d'un dosage plus élevé de façon soutenue
pendant une période plus longue. Est-ce que...
M. Couture: En effet, quand on parle d'expérimentation
dans ce domaine, comme on est déjà rendu, environ, dans la 30e
année d'expérimentation, cela a été
expérimenté ailleurs, et les nutritionnistes qui nous donnent des
renseignements nous
parlent d'une expérience qui dure déjà depuis 30
ans, dans des milieux où, évidemment, déjà, les
gens étaient en contact avec le fluor, soit le fluor dit naturel, parce
qu'il n'était pas ajouté au système d'adduction d'eau, ou
le fluor qu'on dit artificiel, et qui était ajouté au
système d'adduction d'eau, qui est le même fluor.
M. Forget: Docteur...
M. Bellemare (Johnson): Je poserais une question qui va revenir.
A la page 3, vous citez la fameuse revue The Lancet et vous parlez d'une
différence qui existe entre le fluor naturel et artificiel. Je ne sais
pas si vous avez remarqué cela. On dit que, lorsqu'il se trouve à
l'état naturel ou artificiel... Alors, il y en a deux, il y a une
différence entre les deux.
M. Couture: Je regrette, il ne s'agit pas de différence,
c'est dire l'origine du fluor tout simplement. Un fluor d'origine naturelle,
c'est-à-dire qui est dans la source mêmed'eau dont on se sert pour
la canalisation, ou une fluor qu'on appelle artificiel, c'est-à-dire que
c'est un fluor qu'on ajoute au système d'adduction d'eau, parce qu'il
n'y en a pas suffisamment dans l'eau de consommation.
M. Bellemare (Johnson): II y a une différence
marquée entre le naturel et l'artificiel.
M. Couture: Absolument aucune différence au point de vue
chimique. On parle tout simplement de l'origine, d'où vient le fluor, ou
bien il vient directement de la source ou bien il vient du contenu d'un sac ou
d'une poche qu'on a pris et qu'on a envoyé dans le système. C'est
la seule différence qui existe. On parle de l'origine et non pas de la
nture du fluor.
M. Forget: J'aimerais peut-être revenir là-dessus,
et je réalise que je vous demande peut-être de
réitérer ce que d'autres avant vous, ici, devant la commission,
ont dit, mais je pense que c'est essentiel que nous en ayons la confirmation
par le plus grand nombre de spécialistes et de professionnels possible.
Vous avez fait état, dans la résolution de 1972 de votre
association, de l'Association canadienne des pédiatres, on pourrait
aussi dire: Est-ce qu'il s'agit là d'une réserve mentale et
est-ce que les autres associations, d'autres spécialités de
médecine interne, de néphrologie, de cardiologie, etc.,
exprimeraient le même sentiment et, en particulier, à la
lumière de l'expérience, justement, de trente années
d'application du fluor, quelles constatations générales peut-on
faire relativement à des maladies, parexemple, comme le cancerou les
maladies rénales? Vous avez parlé de la capacité d u rein
d'éliminer rapidement les excès de fluorure qui se trouvent dans
le système, est-ce que cette capacité existe au même
degré chez ceux qui sont atteints de difficultés rénales
ou est-ce que ça peut compliquer leur traitement?
M. Couture: Je peux répondre à votre
première question, mais la question de n'avoir nommé que la
Société de pédiatrie n'est pas une chose exclusive et ce
n'est pas une chose qui élimine les autres associations. A ma
connaissance, il n'y a pas une seule de nos associations affiliées qui
s'est prononcée contre, mais, évidemment, le domaine de la
fluoration de l'eau intéresse davantage les pédiatres, parce que,
pendant la période de dentition et de la formation des dents, ce sont
eux qui sont en mesure de mieux apprécier les améliorations de
l'état de santé de l'enfant pendant cette période.
Pour répondre à votre deuxième question, dans le
cas des maladies rénales, nous avons inclus dans notre mémoire,
ici, la grande facilité qu'a le rein d'éliminer le fluor. Nous
avons dit qu'il a une plus grande facilité à éliminer le
fluor qu'à éliminer le chlore. En fait, c'est une chose
pratiquement automatique, si vous voulez. Aussitôt qu'il y a un niveau de
fluor trop élevé dans le sang, la voie d'élimination
rénale normale, qui est le rein, se fait très rapidement. Les
ajustements de dosage se font très rapidement, même dans un cas de
maladie de rein où la principale difficulté qu'on peut
éprouver, c'est l'élimination des chlorures et
l'élimination du potassium. On n'a pas éprouvé de
difficulté à éliminer le fluor, même en cas de
maladie rénale.
Pour répondre à votre troisième question en ce qui
a trait au cancer, je crois que les membres de cette commission sont
très soucieux de ce problème et je pense que c'est à bon
droit également. Je pense qu'aujourd'hui nous devons être
très conscients de toutes les additions qu'on fait dans notre
environnement. C'est très important de se poser des questions pour
savoir, lorsqu'il y a un nouveau produit qui est introduit dans notre
environnement, si ce nouveau produit ne déclenchera pas des maladies.
Une des maladies les plus fréquentes de nos jours, c'est certainement le
cancer. On ne connaît pas la cause du cancer.
Je pense que les membres de la commission prennent leurs
responsabilités en posant des questions de ce
côté-là; je suis content de voir qu'ils ont posé la
question. Cette question m'intéresse d'autant plus que moi-même,
je m'occupe de médecine du travail et je suis en plein dans le milieu de
l'introduction de la substance chimique dans l'organisme; c'est un sujet qui
m'intéresse particulièrement.
S'il y a une substance qui a été étudiée
depuis les derniers trente ans, on peut dire que c'est l'introduction de fluor
dans l'organisme. Je ne pense pas qu'il y ait un seul produit, actuellement,
dans notre environnement, qui a été aussi scientifiquement
étudié que la question du fluor. A ma connaissance, il n'y a pas
un seul cas, une seule statistique qui ma montré que les gens qui
avaient été exposés au fIuor étaient plus
portés à faire du cancer que d'autres gens.
J'irai plus loin même. Il y a des gens qui ont pensé se
servir du fluor pour traiter certaines sortes de cancer. Il y a
dernièrement eu des expériences je ne me souviens pas
exactement si c'est aux Etats-Unis où on a essayé
d'utiliser le fluor en se basant sur la théorie que dans un cancer des
os, un myélome multiple, un cancer qui attaque l'os, on a pensé
que si on renforçait l'os en rajoutant du fluor à la diète
du patient, on pourrait peut-être protéger ce patient et son
squelette contre l'invasion cancé-
reuse. En fait, ces recherches se sont révélées
actuellement inefficaces; mais c'est pour vous démontrer que
l'étude du fluor, c'est une des études les plus complètes
qu'on a faite jusqu'à maintenant. Dans la plus grande majorité
des produits chimiques qu'on connaît, je crois que parmi ceux-ci, c'est
le fluor qui a été le plus étudié ces
dernières années.
M. Bellemare (Johnson): Au sujet des maladies, est-ce que
l'honorable ministre me permettrait juste une question sur les
diabétiques?
M. Forget: Je vous en prie. Vous incitant à m'imiter dans
ma mansuétude, l'occasion se présentant.
M. Bellemare (Johnson): Comment? M. Forget: Allez.
M. Bellemare (Johnson): Merci de votre bonne obligeance. J'ai
rencontré, ces jours derniers, un médecin avec lequel je causais
de diabète. Il m'a dit tout bonnement que moins il y aurait de fluor,
mieux ce serait pour un diabétique. Je ne suis pas un connaisseur. Je
vous demande, puisque vous parlez de maladies...
M. Dufour: II est comme vous ce médecin, il n'est pas
recyclé.
M. Bellemare (Johnson): II est bien plus jeune que vous.
M. Dufour: II est trop jeune.
M. Bellemare (Johnson): Je pose une question. Je me fiche de la
réponse que peut me donner le Dr Dufour.
M. Couture: Je crois que scientifiquement, il y aurait deux
raisons qu'on pourrait invoquer pour expliquer le raisonnement du
médecin en question. Le diabétique non traité, un de ses
symptômes qu'on appelle la polydipsie, est de boire beaucoup. Si on pense
que ce type boit une quantité d'eau très supérieure
à la moyenne des individus, peut-être qu'il absorbera trop de
fluor.
Maintenant, comme les dentistes l'ont dit ce matin, ils ont raison, pour
que cela devienne une chose toxique, il faudrait qu'une personne en prenne
assez, c'est-à-dire à peu près 400 fois plus qu'un
individu normal. C'est pratiquement une impossibilité.
La deuxième raison scientifique invoquée pour avoir une
intoxication aiguë au fluor, cela prend un minimum de deux milligrammes de
fluor, il faudrait que vous absorbiez deux milligrammes de fluor. C'est une
chose qui ne peut pas arriver en buvant de l'eau. Cela peut arriver, au point
de vue industriel peut-être, chez les fabricants de fluor où
quelqu'un pourrait ingérer un verre de fluor pur. A ce moment-là,
parmi les symptômes de la maladie, déclenchée par une
intoxication aiguë, se trouve le fait que le taux de sucre dans le sang
augmente. C'est un des symptômes. Ce qui a fait penser à certaines
gens que cela pouvait être dangereux pour les diabétiques, mais en
fait, et en pratique, cela n'a jamais été démontré
dangereux pour les diabétiques, sauf dans les cas d'intoxication
aiguë; mais là, le type n'est pas diabétique en partant.
C'est un des symptômes de l'intoxication aiguë qui fait que le taux
de son sucre augmente dans le sang.
M. Bellemare (Johnson): C'est une réponse qui est
certainement beaucoup plus sensée que ce que m'adit l'honorable
député, le Dr Dufour. Merci, c'est un bon recyclage pour le
député.
M. Dufour: II va finir par comprendre.
M. Bellemare (Johnson): Je ne fais pas qu'entendre, depuis le
matin, je comprends.
M. Dufour: J'espère encore à votre sujet.
Le Président (M. Pilote): Cela allait bien, continuez,
s'il vous plaît.
M. Forget: M. le Président, je n'ai encorequ'une ou deux
questions. Je voudrais peut-être adresser celle-ci mais je laisse
le soin à nos invités de répondre comme ils le veulent,
évidemment en tenant compte de la présence du Dr Dunton
qui est responsable de la santé publique, si je comprends bien, pour la
région de Hamilton et qui, sauf erreur, comprend la ville de Brandford,
là où la fluoration est en vigueur depuis trente ans. Je crois
que nous avons avec nous quelqu'un qui, au Canada, est en mesure de
témoigner d'après une expérience de trente ans, la plus
longue au Canada, sur l'application de la fluoration. Elle pourrait nous dire,
puisqu'étant responsable de la santé publique, elle serait la
première à le savoir, si l'introduction de cette mesure, pendant
toute cette période de temps, a causé des problèmes au
niveau de la morbidité générale, au niveau de
l'état de santé de la population et s'il y a quelques doutes dans
l'esprit des gens de Brandford sur l'opportunité de maintenir cette
mesure.
Je peux, si vous voulez, traduire la question si ça cause un
problème.
Mme E.A. Dunton: Je suis à Brandford depuis six ans et
c'était commencé avant mon temps. Il n'y a pas de problème
du tout avec la santé et les dents des enfants sont en meilleure
condition que celles des enfants des alentours. Bien mieux. Les statistiques
n'étaient pas différentes du tout, quant à la
santé, des autres parties de l'Ontario. Y a-t-il d'autres questions?
M. Forget: Oui. Il y a une autre question que j'adresse à
tous nos invités. Nous avons entendu, jeudi, une référence
à une étude d'un docteur ou d'un M. Schatz qui aurait
découvert que, entre deux villes du Chili, il existait un écart
de 233% dans le taux de mortalité entre la ville qui fluorait et la
ville qui ne fluorait pas. Ce résultat, dans le taux de
mortalité, qui semble être attribué, dans cette
étude, à l'existence de la fluoration ne serait-il pas, s'il
était vérifié, une découverte scientifique de tout
premier
plan qui mériterait immédiatement que l'on s'arrête
et que l'on fasse des études plus sérieuses? Ce serait un
résultat, il me semble, extrêmement spectaculaire.
Connaissez-vous cette étude ou connaissez-vous des études
comparables au Canada qui permettraient de confirmer ou d'informer un
résultat comme celui-là?
M. Couture: Vous parlez de maladies, à ce
moment-là, de complications dans un domaine bien particulier.
M. Forget: Je parle d'un taux de mortalité. M. Couture:
Du taux de mortalité.
M. Forget: On a attribué, à un taux de
mortalité, présumément, pour des enfants d'un certain
âge ou peut-être pour toute la population, qui serait attri-buable
à l'existence de la fluoration dans une ville du Chili. On a
comparé cette situation à une autre ville du Chili où le
taux de mortalité était de l'ordre du tiers, puisque c'est le
rapport entre 100% et 233%, c'est de l'ordre de 1 à 3, à peu
près, ou de 1 à 2 1/2. Ma première question: Si cette
étude est valable, ne s'agit-il pas là d'une chose
extrêmement importante qui devrait retenir l'attention de toute la
communauté scientifique et médicale? Sinon, pourquoi ne
jugez-vous pas que cette étude mérite d'être prise en
considération, présumément, puisque d'autres
études, au Canada, ne donnent pas les mêmes indications?
M. Couture: Personnellement, je n'ai vu aucun rapport sur la
question du taux de mortalité d'âge moyen, de survie sur les gens
qui prenaient du fluorure ou des gens qui ne prenaient pas de fluorure dans
leurs eaux de consommation. Les seules statistiques que nous avions, c'est
d'avoir cherché pour chaque maladie, par exemple pour les maladies du
coeur, si, dans une ville où il y a actuellement addition de fluorure
dans le système d'adduction d'eau par comparaison à une autre
ville où il n'y a pas d'addition de fluorure aux conduits d'eau,
à ce moment-là, il n'y a aucune différence notable.
Il y a des résultats très contradictoires à ce
point de vue. Dans une ville, on va trouver que les gens font moins de maladie
de coeur, font moins de cancer, font moins de ceci, font moins de cela, s'ils
sont fluorés, et un autre rapport va donner exactement le contraire. Je
ne crois pas qu'actuellement on puisse tirer des conclusions à cet
effet. C'est sûr que, pour une province comme la nôtre, qui va se
lancer là-dedans, il y aurait un sujet de recherche très
intéressant à faire dans l'avenir. Actuellement, je ne sais pas
si quelqu'un...
M. Poulin (Fabien): Aux Etats-Unis à partir de 1954,
Hagan, Pastemack et Scholtz ont fait une étude comparative et leur
étude inclut deux millions de personnes, on y compare les effets du
fluor ou la morbidité chez les gens de villes où il y avait
fluoration et de villes où il n'y en avait pas, pour 100,000 de
population dans ces populations étudiées.
Par maladie du coeur, dans les villes fluorées, il y avait un
taux de mortalité de 154.4. Dans les villes non fluorées, il y
avait un taux de 157.1. C'est avec les néphrites, qu'on commence
à s'inquiéter à cause des reins, dans les villes
fluorées, la mortalité due à des néphrites, des
maladies de reins était de 21.9. Dans les non fluorées, elle
était de 26.9. Par cancer, la mortalité est de 135.4 dans les
villes fluorées et de 139.1 dans les villes non fluorées. Par la
cirrhose du foie, parce que le foie est aussi un organe assez délicat,
la mortalité dans les villes fluorées était de 6.6 et elle
était de 8.2 dans les villes non fluorées. Enfin, toutes causes,
l'une dans l'autre, on arrivait à peu près au même, 1,010
dans les villes fluorées et 1,005 dans les villes non fluorées.
Mais toutes causes, cela inclut d'autres maladies que celles
énumérées spécifiquement comme les maladies un peu
plus précises et spéciales où certains organes plus
spécifiques peuvent être affectés.
Au Canada, le Dr Roach a fait une étude aussi à Newburg et
à Kingston, pendant seize ans, de 1942 à 1954. Kingston et
Newburg sont au Canada. Lui s'est intéressée la mortalité
due au cancer. De 1942 à 1945, la mortalité à Newburg dans
les eaux non fluorées, était de 195.8 et à Kingston de
195.4. C'était dans les eaux non fluorées.
Par contre, avec d'autres où les eaux étaient
fluorées, dans les populations fluorées, le taux était de
2.5 et de 2.49, mais ici je dois vous faire remarquer qu'il y a une erreur,
c'est l'inverse dans les chiffres qu'on a fournis et la mortalité
était un peu plus basse dans la population où les eaux
étaient fluorées de sorte que...
Quant à l'étude dont vous nous parlez au Brésil,
s'il y avait eu lieu d'alarme de la part des médecins du Brésil,
cette étude aurait été suivie et on suivrait encore
aujourd'hui des publications à ce sujet. Mais on n'en entend plus
parler.
M. Forget: Je précise le but de ma question je n'ai
peut-être pas été bien compris je suis conscient de
toutes ces études sur les taux respectifs de mortalité ou de
morbidité dans des villes ou des régions fluorées et non
fluorées d'autre part. Du fait qu'une étude comme celle qui est
alléguée avoir été faite par M. Schatz, où
on allègue des taux deux fois et demi supérieurs de
mortalité, et qu'on I attribue à la fluoration, du fait que cette
étude dis-je, ne soit pas considérée par vous comme une
découverte majeure et n'ait pas donné lieu à un
réexamen par l'Association médicale du Canada, est-ce qu'on doit
voir là un jugement que vous portez sur l'importance ou la signification
ou même la valeur de cette étude?
M. Poulin: Sur la valeur.
M. Forget: Je n'ai pas d'autre question, M. le
Président.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Chicoutimi.
M. Samson: Est-ce que je pourrais, avec la permission du
député de Chiooutimi, M. le Président,
poser une question au ministre? C'est en relation avec les questions que
le ministre vient justement de poser. Je n'ai pas saisi si nos invités
nous avaient dit que leur association avait pris connaissance du rapport du
professeur Schatz concernant l'étude faite au Chili. Est-ce que j'ai
bien saisi ou si j'en ai perdu des bouts?
Une Voix: Nous n'avons pas cela à l'heure actuelle.
M. Samson: Vous n'avez pas eu connaissance de ce rapport.
M. Couture: Si les membres de la commission veulent avoir un
exemplaire de notre bibliographie, ce qui a été
étudié par l'association avant de présenter le
mémoire, j'en ai un exemplaire ici. Il y a à peu près 150
auteurs de...
M. Samson: Je m'excuse, M. le Président, mais ce n'est pas
cela que je veux savoir.
M. Couture: Oui, d'accord.
M. Samson: Je ne mets pas en doute votre bibliographie, mais
c'est parce que le ministre vous a posé des questions concernant une
étude faite par le professeur Albert Schatz concernant des
expériences faites au Chili. Ce que je n'ai pas bien saisi, ce dont je
ne suis pas certain, c'est si vous nous avez dit que vous avez pris
connaissance de ce rapport ou si vous n'en avez pas pris connaissance. C'est
tout ce que je pose comme question.
M.Poulin: M. le Président, je disais tout à l'heure
que si la question avait été grande et d'une importance tellement
grande, une alarme nationale pour le Brésil, cette étude aurait
été suivie. Le Dr Schatz, qui est un professeur du Temple
University aux Etats-Unis, a peut-être observé quelque chose et il
n'a peut-être pas été assez loin dans son investigation de
ces choses. Il a peut-être attribué au fluor la cause de la
mortalité plus élevée dans une ville parce que le fluor
était là, comme cela arrive souvent; parce que quelqu'un fait
telle chose, on dit: II en meurt plus souvent.
M. Samson: Je m'excuse, M. le Président, mais...
M. Poulin: Je n'ai pas fini, M. le Président.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement.
J'ai posé une question qui est assez claire.
M. Forget: Qu'on laisse répondre le témoin. M.
Samson: Je m'excuse, M. le Président. M. Forget: Qu'on laisse
nos invités répondre.
M. Samson: Un instant, là, un instant. Je vais laisser les
invités répondre à des questions que je pose mais je n'ai
pas eu de réponse à la question que j'ai posée. On est en
train de m'expliquer quelque chose sur une base technique. Ce n'est pas cela
que je veux savoir. Est-ce que vous avez pris connaissance du rapport? Si vous
n'en avez pas pris connaissance, on ne vous en voudra pas pour cela, mais si
vous n'en avez pas pris connaissance, on ne permettra pas que vous le
critiquiez. Si vous en avez pris connaissance, à ce moment-là, je
vous demanderai des explications. C'est tout ce que je pose comme question.
M. Gilbert (Jules): Je comprends le désir des membres de
la commission de questionner les membres de la délégation sur une
référence bibliographique précise. Cela se comprend. Mais
ainsi qu'on vous l'a indiqué il y a un instant, nous avons ici une
bibliographie de 59 pages qui comprend des centaines et des centaines de
références. Il ne faut pas vous scandaliser si on n'est pas en
mesure de trouver la réponse exacte à celle que vous avez
choisie.
M. Samson: Non, non, ce n'est pas moi qui l'ai choisie. C'est le
ministre qui a choisi de citer un ouvrage et il vous a posé des
questions sur cet ouvrage. Evidemment, je veux être bien certain que j'ai
bien compris. Je veux savoir si vous en avez pris connaissance. Si vous n'en
avez pas pris connaissance, on ne vous en tiendra pas rigueur, remarquez bien.
Vous pouvez avoir pris connaissance d'un tas d'autres choses, mais le ministre
lui-même a soutenu qu'il y aurait peut-être lieu, si on tient
compte de cette référence, de nous alarmer. C'est pourquoi on
tente de savoir si vous en aviez pris connaissance. Parce que si cette
référence n'a pas été portée à votre
connaissance, on ne peut pas vous blâmer de ne pas en avoir tenu compte.
C'est aussi simple que cela.
M. Forget: M. le Président...
M. Samson: Si je comprends bien, vous n'avez pas eu la chance
d'en prendre connaissance.
M. Gilbert: Pas moi personnellement, non. M. Samson:
D'accord.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais apporter une mise
au point, puisqu'on dit que j'ai posé la question. C'est tout à
fait juste. Il est important de saisir le sens de la question que j'ai
posée. On allègue que, sur un plan scientifique, sur un plan
médical, il n'y a pas de conséquence adverse à la
fluoration.
Il est évident que l'Association médicale canadienne, qui
nous fait une recommandation, qui joint à ceci une bibliographie
extensive qui énumère plusieurs centaines de
références, n'attend pas après la commission parlementaire
des Affaires sociales pour compléter sa bibliographie.
Ce qui est significatif, c'est justement que des hommes de science, des
médecins puissent se prononcer catégoriquement sur un sujet sans
même sentir qu'ils ont besoin de faire un commentaire spécifique
sur une étude qu'on nous a brandie à la
figure pendant toute une journée parce que, si cette étude
avait quelque valeur que ce soit, on n'aurait pas besoin de poser la question.
Ce serait une découverte majeure, on aurait eu une étude qui
aurait montré qu'on comprenait quelque chose qu'on ne comprenait pas
avant; ce serait un développement très significatif que d'avoir
un effet aussi considérable sur le taux de mortalité d'une
ville.
Le fait même que cette étude ne soit pas dans la
bibliographie, qu'elle ne semble pas évoquer un intérêt
particulier chez nos invités démontre, je pense, à cette
commission-ci, de façon éclatante, que cette prétendue
étude extraordinairement révélatrice n'est, en somme,
qu'une prétention sansfondement à établir une chose qui
n'est pas du tout établie et qui d'ailleurs contredit 59 pages de
bibliographie, nous dit-on.
Alors, je pense que la démonstration est assez parfaite par le
fait qu'on n'a pas discuté spécifiquement...
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement.
La vérité a ses droits. Le ministre n'a pas le droit de
mentireffrontément comme il le fait présentement. Voyons donc, il
y a toujours une limite! Vos bibliographies, il y a des gens qui sont venus
témoigner contre la fluoration. Ils en avaient aussi de la
bibliographie...
M. Forget: Ils nous ont cité des manuels datant de dix
ans.
M.Samson: J'inviterais le ministre à en prendre
connaissance. Il nous cite un rapport. Il est en train de condamner un rapport,
l'a-t-il lu avant de le condamner?
M. Forget: On a entendu...
M. Samson: Est-ce que le ministre en a pris connaissance?
M. Forget: Pas plus que vous.
M. Samson: Je l'ai devant moi, M. le Président.
M. Forget: Je ne prétends pas plus que vous être
capable... Alors, vous nous l'expliquerez.
Motion pour dépôt de documents
M. Samson: Je fais motion, M. le Président, pour
déposer à cette commission le rapport du Dr Schatz. De cette
façon le ministre pourra en prendre connaissance.
Le Président (M. Pilote): Sur une question de
règlement, le député de Chicoutimi.
M. Samson: J'ai fait une motion, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Est-ce que la motion est
acceptée? Accepté.
Sur une question de règlement, le député de
Chicoutimi.
M. Lafrance: M. le Président, pourrait-on l'ajouter
à la bibliographie des spécialistes que nous avons devant
nous?
M. Bellemare (Johnson):... pas capable de demander sans rire.
Le Président (M. Pilote): Sur une question de
règlement, le député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, j'en
étais sur le fait que le ministre et le député de
Rouyn-Noranda, quand même, argumentaient sur des conclusions à
tirer c'est leur droit, mais je me demande si ce n'est pas en dehors des
débats à ce stade...
M. Forget: ... l'intervention du député de
Rouyn-Noranda qui cherchait à tirer une interprétation fausse de
la déclaration de nos invités. Il a dit expressément que,
s'ils ne l'avaient pas lue, ils ne pouvaient pas faire de commentaires. Je
crois, au contraire, que l'absence de commentaires spécifiques sur cette
étude parle par elle-même sur la valeur de l'étude et sa
signification.
M. Bellemare (Johnson): Le ministre se charge de donner la
réponse.
M. Bédard (Chicoutimi): On s'entend sur une chose, M. le
Président. Il semble que nous étions vraiment au stade de
l'argumentation, et je crois que nous sommes maintenant rendus au stade des
questions.
M. Samson: M. le Président, nos invités nous ont
dit ne pas avoir pris connaissance du rapport en question. Nous ne leur en
voulons pas pour cela, mais ils n'en ont pas pris connaissance.
M. Forget: M. le Président, j'ai ici la bibliographie de
l'Association médicale canadienne. Comme on veut justement donner aux
lecteurs des Débats de cette assemblée la possibilité de
prendre connaissance de tous les documents pertinents, je crois que c'est un
instrument de travail extrêmement intéressant. Il pourrait
également être joint au compte rendu des Débats. Il y a
là en effet 59 pages d'articles scientifiques qui soutiennent
l'argumentation de l'Association médicale du Canada. Je fais la motion
de le joindre au journal des Débats, de la même façon que
cet article l'a été.
M. Samson: M. le Président, sur la motion...
Le Président (M. Pilote): Sur la motion, juste un
instant.
Le député de Rouyn-Noranda a fait une motion pour le
déposer à la commission. Il n'a pas nécessairement dit que
nous allions l'inscrire à l'intérieur du journal des
Débats. Le voeu du ministre des Affaires sociales est-il de l'inscrire
au journal des Débats? La motion du député de
Rouyn-Noranda ne demande pas de l'inscrire. C'est tout simplement un
dépôt devant la commission.
Que ce soit le ministre des Affaires sociales ou que ce soit le
député de Rouyn-Noranda, vous connaissez les coûts
d'impression au journal des Débats. Un dépôt tout
simplement, est-ce que cela ira?
M. Forget: Je suis d'accord sur le dépôt.
Le Président (M. Pilote): Le dépôt est
accepté? Accepté.
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: ...je n'ai pas d'objection à ce que ce soit un
dépôt de documents. D'ailleurs, c'est ce que je faisais
également, parce que faire inscrire cela au journal des Débats,
cela coûterait énormément cher à ce moment-ci. Il
reste qu'une motion de dépôt de document attire toujours une autre
motion de dépôt de document, M. le Président, et à
cet effet, je désire déposer par motion le document suivant:
Critique technique du dossiertechnique sur la fluoration en 1974. C'est une
critique qui a été faite par des gens concernant le rapport
technique que le ministre a lui-même déposé. Je le
dépose devant la commission, M. le Président, au même
titre...
M. Bellemare (Johnson): Cela a été
présenté par qui?
M. Samson: Cela a été présenté
par...
M. Bédard (Chicoutimi): M. Gilles Parent... Mlle Jeannette
Baron...
M. Samson: ...naturopathe.
M. Forget: M. le Président, le document que je viens de
déposer fait partie de la présentation de nos invités. Je
crois qu'il ne s'agit pas de la même chose dans le cas du document qu'on
vient de déposer.
M. Samson: J'en profite, M. le Président...
M. Forget: Ce n'est qu'une annexe. Je me permets de souligner,
malgré tout, que, comme on dit qu'un dépôt de documents en
entraîne un autre, je n'ai pas d'objection à déposer
l'annuaire du téléphone si vous voulez, mais il reste que...
M. Samson: M. le Président, j'invoque le
règlement!
M. Forget: ...ce document-ci est une annexe... M. Samson:
M. le Président...
M. Forget: ...à un mémoire déposé
devant cette commission.
M. Samson: Le ministre n'a pas le droit de faire autant de
démagogie. Ce que nous avons déposé, ce sont des documents
sérieux, et je n'accepterai pas, M. le Président, que le ministre
tente, par ces moyens, de ridiculiser des gens qui ont fait des études
sérieuses. Vous pouvez cela compte pour les autres aussi
ne pas être d'accord. C'est votre droit. Vous pouvez ne pas être
d'accord avec ce qu'il y a dans les documents. C'est votre droit. Mais vous
n'avez pas le droit de ridiculiser les citoyens de la province de
Québec...
M. Massicotte: C'est ce que vous faites. M. Samson: Non,
M. le Président...
M. Massicotte: Vous faites cela depuis le matin, rire du
monde.
M. Samson: ...nous avons déposé un document. On ne
l'a pas commenté. On l'a déposé.
M. Forget: Je ne sais pas pourquoi le député de
Rouyn-Noranda est si outré...
M. Samson: Si le ministre veut déposer... M. Forget:
...d'un simple document...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre!
Les dépôts sont faits? D'accord? Ils ont été
acceptés?
M. Lafrance: Non, M. le Président. M. Samson: M. le
Président...
Le Président (M. Pilote): Au moment où j'ai
posé laquestion: Si ces documents étaient déposés,
étaient acceptés...
M. Samson: C'est cela.
Le Président (M. Pilote): ...et j'aimerais... Je
cède la parole au député de Chicoutimi sur des
questions...
M. Lafrance: M. le Président, je m'excuse, mais vous
n'avez pas demandé l'appui de la commission, et on n'a pas donné
notre accord sur le dépôt des documents. Je m'excuse, M. le
Président, nous avons aussi des droits comme membres de la commission.
J'ai fait une opposition quand vous avez demandé si les
dépôts de documents étaient acceptés et je voudrais
m'expliquer, M. le Président.
M. Samson: M. le Président, sur un point de
règlement...
Le Président (M. Pilote): Excusez. Lorsque le
député de Rouyn-Noranda a présenté un document pour
dépôt, il a été accepté.
M. Lafrance: Pardon, M. le Président!
Le Président (M. Pilote): Oui, il a été
accepté...
M. Lafrance: Vous avez accepté en votre nom
personnel...
Le Président (M. Pilote): Non.
M. Lafrance: ...et non au nom de la commission, M. le
Président.
J'ai fait une objection.
Le Président (M. Pilote): Ecoutez! A l'ordre! M.
Lafrance: J'ai fait une objection.
Le Président (M. Pilote): J'ai demandé si les
membres étaient d'accord...
M. Samson: M. le Président, les gens...
M. Lafrance: M. le Président, les membres de l'Opposition
sont nerveux, on voudrait vous écouter, c'est beaucoup plus
intéressant que ce qu'ils disent. Si vous voulez, M. le
Président, on est prêt à vous écouter.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Rouyn-Noranda a déposé un document. On a accepté sa
déposition. Je l'ai demandé à ce moment. Le ministre des
Affaires sociales a déposé un document. J'ai demandé si
tout le monde était d'accord à ce moment. Tout le monde
était d'accord. Le député de Rouyn-Noranda a
déposé de nouveau un autre document. J'ai demandé si la
commission était d'accord.
Une Voix: ...pas d'accord.
Le Président (M. Pilote): La commission n'est pas
d'accord?
M. Lafrance: Non, M. le Président. Je m'excuse, mais on
n'était pas d'accord.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Lafrance: On a manifesté l'opposition
immédiatement, M. le Président.
M. Massicotte: ...pertinent au débat.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement.
Les documents sont maintenant déposés. Il est trop tard pour
revenir.
M. Massicotte: II a décidé cela, lui.
M. Samson: Si les honorables députés ne se sont pas
réveillés à temps, ce n'est pas de notre faute, et s'il y
a doute, M. le Président...
M. Massicotte: On n'a pas besoin de dormir pour dire des
conneries.
M. Samson: ...je vous demanderai de suspendre les débats,
on va attendre le journal des Débats et on fera vérification qui
s'impose à ce moment.
M. Lafrance: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Pilote): Sur la question de
règlement, le député de Rivière-du-Loup.
M. Lafrance: Si vous ne revenez pas sur la décision que
vous venez de donner, je considérerai que mes droits de
député ont été brimés, et si le
député de Rouyn-Noranda vient accuser la commission de brimer ses
droits, c'est ce qu'il fait à l'heure actuelle.
M. Massicotte: Absolument!
M. Lafrance: On s'oppose à la déposition de ce
document et je veux en donner les raisons. Vous ne voulez pas me donner raison,
M. le Président.
M. Samson: C'était de vous opposer dans...
M. Lafrance: Vous avez décidé, M. le
Président. Je suis prêt à accepter votre
décision.
M. Samson: Arrêtez de dormir!
M. Lafrance: Je considère que vous brimez nos droits en
tant que parlementaires et membres de cette commission, M. le
Président.
Le Président (M. Pilote): Je crois qu au moment où
il y a eu une déposition, je l'ai demandé...
Une Voix: Pas pour la troisième...
Le Président (M. Pilote): En tout cas...
M. Lafrance: Continuez, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): On vérifiera dans le
journal des Débats, on pourra revenir là-dessus ce soir. La
parole est au député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais, au nom de
l'Opposition officielle, vous féliciter pour votre mémoire
très articulé. Vous dites que l'Association médicale du
Québec est appuyée par les 27,000 membres de l'association.
Est-ce qu'on doit comprendre qu'il y a eu une méthode assez
précise de consultation qui puisse vous permettre de faire cette
affirmation?
M. Couture: L'Association médicale du Québec, qui
est une section...
M. DaSylva: M. le Président, l'Association médicale
canadienne est composée de quelque 27,000 membres. Chacun est membre par
l'intermédiaire de sa division provinciale. Une fois l'an au moins, il y
a réunion du conseil général de l'association, où
il y a des délégués présents de chacune des
divisions provinciales. En plus de ces délégués, il y a
des représentants de chacune de nos sociétés
affiliées qui représentent à peu près toutes les
spécialités médicales.
Lorsque vous voyez un vote à l'unanimité des 220
représentants au conseil général, cela veut dire
que 220 personnes sur 220 ont voté en faveur de recommander la
fluoration des eaux; alors, c'est l'appui total de l'association.
M. Bédard (Chicoutimi): Votre mémoire est, je
pense, un de ceux qui fait ressortir jusqu'à quel point il faut
être prudent concernant les méthodes d'addition de fluorure dans
l'eau et que ce processus, que cette addition de fluorure doit s'entourer d'une
surveillance tout à fait adéquate et également avec les
précautions qui s'imposent. Entre autres, vous faites ressortir,
à la page 5 de votre mémoire, peut-être que, pour moi,
c'est ressorti plus clairement que dans les autres mémoires, que c'est
plus important qu'on peut le penser, la question de l'addition de fluorure sur
le contrôle, sur le pourcentage qu'il doit y avoir. Il y en a certains
qui ont témoigné au niveau de cette commission, nous disant que,
du fait qu'il y ait 1.2 par million ou qu'il y en ait 1.5, il n'y a pas grande
complication, il semblait même que ça pouvait aller plus haut que
cela. En tout cas, on a dit qu'il n'y avait à 1.2 aucune
difficulté concernant les études faites pour le Québec,
pour le Canada.
Entre autres, à la page 5, vous faites ressortir que les travaux
ont démontré qu'il ne fallait pas négliger des facteurs
importants tels que les habitudes diététiques nationales et le
climat; pour vous citer, la dose appropriée optimale pour la
Grande-Bretagne de 1 ppm serait trop importante dans les systèmes
d'adduction d'eau de l'Inde et du Japon, et elle serait insuffisante dans les
régions plus froides dans lesquelles on n'inclut pas le thé ou
d'autres denrées riches en fluorure dans le régime alimentaire.
Vous dites qu'il appartient par conséquent à chaque pays
d'établir sa propre évaluation quant à la concentration
optimale nécessaire à sa distribution d'eau. Cela fait ressortir
le besoin de contrôle. On ne peut pas jouer avec des pourcentages; 1.2,
c'est important, et quand on parle de 1.5, c'est important. Cela peut amener de
grandes différences, comme lorsque, en Grande-Bretagne, on parle de 1
ppm, c'est un pourcentage qui est important.
Est-ce que vous avez la conviction qu'il y a des études
suffisantes qui ont été faites, je parle au niveau du
contrôle, non pas des effets du fluor comme tel, lorsqu'il est mis en
dose bien contrôlée, lorsque l'adduction en est faite de
façon bien contrôlée? Est-ce q ue vous avez des
études q ui vous semblent vraiment satisfaisantes, qui ont
été faites ici au Canada et au Québec en particulier,
puisque là il s'agit du Québec où on veut l'imposer, et
qui puissent vous amener à conclure que le 1.2 dont il est question est
vraiment un pourcentage qui a été fixé à la suite
d'études très sérieuses?
M. Couture: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Parce que, lorsqu'on voit une
quantité de 1 partie, c'est trop important et c'est trop, en
Grande-Bretagne, on se pose des questions, ici au Québec, quant au
degré de 1.2.
M. Couture: En Grande-Bretagne, il y a un fait particulier qui
est connu de tout le monde, c'est que ce sont de grands buveurs de thé.
Il y a un autre fait qui est connu par les scientifiques, c'est que, dans
certaines feuilles de thé, surtout, il existe une pro- portion
énorme de fluor. En fait, dans certaines infusions de thé,
à votre insu, vous buvez 100 parties par million de fluor
actuellement.
Quand on parle de conditions culturelles et diététiques en
certaines régions, c'est là qu'on a eu le problème en
Orient, où les gens sont également de grands buveurs de
thé. On s'est aperçu qu'on avait des problèmes de
fluorose. Après étude, on a vu que les problèmes de
fluorose ne dépendaient pas de la quantité de fluor qu'il y avait
dans l'eau, mais de la quantité de thé infusé,
absorbé par les populations locales.
C'est pour cela qu'en Grande-Bretagne, on met 1.00 partie par million,
tandis que, dans nos climats à nous, ici au Québec, cela a
été calculé d'après des températures
moyennes; en se basant sur la température moyenne, au point de vue
climatique, dans une région, on peut en déduire que les gens vont
boire plus ou moins, selon qu'ils ont plus ou moins froid ou chaud.
M. Bédard (Chicoutimi): ... à la matière,
mais quelles sont les références scientifiques qui se rapportent
spécifiquement aux études qui ont été faites pour
déterminer le pourcentage et non pas le... uniquement ce
point-là.
M. Couture: Les études ont été faites
partout dans le monde, surtout aux Etats-Unis.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais pour le
Québec?
M. Couture: Pour le Québec...
M. Bédard (Chicoutimi): Comme c'est différent selon
le climat, selon la situation climatique, selon les habitudes
diététiques, il reste quand même qu'il doit y avoir,
à mon sens, des études qui ont dû être faites d'une
façon toute particulière concernant !e Québec, concernant
le Canada, en tenant compte de ces situations diététiques et
climatiques dont vous nous parlez. Est-ce qu'il y en a des études ici,
au Canada ou au Québec?
M. Couture: Au Canada, certainement en Ontario, où ils ont
suivi de très près... Cela a été une des
premières usines au monde qui a fourni du fluor. Evidemment, depuis
trente ans, on fait des études en Ontario. Au Québec, on est en
retard, beaucoup. Actuellement, il y a seulement quelques villes au
Québec qui emploient cela. On ne peut pas dire que les études
sont tellement avancées. Je pense qu'actuellement, on base nos
critères sur les expériences qui ont été faites en
dehors, surtout.
M. Bédard (Chicoutimi): Au Canada, est-ce qu'il y a des
ouvrages particuliers auxquels vous pourriez me référer qui
contiennent ce point spécifique du pourcentage?
M. Forget: II y a dans le dossier technique une
référence à une étude faite par le docteur Paul
Simard, qui est au département de dentisterie préventive de
l'Université de Montréal, qui a écrit sur cette
question-là.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais, en dehors du dossier des
Affaires sociales...
M. Forget: Mais il reste que ce sont des études qui ont
été faites pour le Québec par des dentistes au
Québec. C'est la même physiologie. La physiologie du
Québécois n'est pas différente de la physiologie humaine
ailleurs, les ajustements de la température peuvent tenir compte des
caractéristiques locales et des caractéristiques locales au point
de vue de la nutrition. Mais la physiologie, elle ne change pas de nature quand
on passe les frontières.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, nous
sommes en face d'invités que je respecte beaucoup de par l'aspect
scientifique qu'ils représentent à nos yeux. En ce qui me
regarde, j'aimerais avoir une réponse de leur part, parce qu'ils sont
quand même venus nous dire, d'une façon très
spécifique, qu'à 1.2, il n'y a pas d'inquiétude pour le
Québec.
Si vous en arrivez à cette conclusion à partir de la
consultation que vous avez faite du dossier qui a été
présenté par le ministère des Affaires sociales, d'accord,
je comprendrai votre référence, mais pour nous l'affirmer comme
cela, quand on sait jusqu'à quel point cela peut être important,
je voudrais quand même savoir si vous avez des références
particulières à des ouvrages scientifiques dans ce domaine.
M. Couture: Je crois qu'encore une fois, je vais vous
référer à la bibliographie qui a été
consultée. C'est une bibliographie internationale, ce n'est pas
limité au Québec. Comme je l'ai dit tout à l'heure...
M. Bédard (Chicoutimi): Même si je voulais vous dire
que j'aurais le temps de lire tous ces ouvrages auxquels vous nous
référez, avec toute la bonne volonté que je peux avoir, je
sais que ce serait difficilement possible. Mais comme vous avez eu l'occasion
d'approfondir le sujet, il me semble qu'il est normal de vous demander,
à l'intérieur des ouvrages que vous nous citez, des auteurs que
vous nous citez, quels sont ceux qui, spécifiquement, au Canada, et, au
Québec, s'il en existe, ont traité, d'une façon tout
àfait spéciale, le degré de concentration
nécessaire pour qu'il n'y ait pas de danger pour la santé
publique.
M. Poulin: D'abord, j'aimerais vous référer
à tous les rapports de Brown, qui ont été
déposés au ministère national de la Santé. Ces
rapports ont été déposés en 1954, 1957, 1959, 1961,
1962 et 1963. Il n'y en a pas après cela. Naturellement, il y a des
villes, un peu partout, qui ont fait leur rapport annuel en décelant des
effets, mais tout cela a été orienté sur les effets
dentaires. Quant aux effets physiologiques, ceux-là ne changent pas de
partout le monde. Eux ont été étudiés, ont
été documentés et vous avez, dans notre documentation, si
vous lisez n'importe quel ouvrage de celle-là, les rapports des
médecins sur les effets physiologiques du fluor. Toute notre
bibliographie en parle.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous comprenez le sens de ma
question. Je ne mets pas en doute les effets bénéfiques que
pourrait avoir, pour la dentition, comme prévention de la carie
dentaire, le fluor.
M. Poulin: Non.
M. Bédard (Chicoutimi): Tous les effets
bénéfiques du fluor, de l'eau fluorée sont quand
même conditionnés par une chose bien importante, qu'il y ait un
pourcentage bien spécifique de fluor. Ce que je veux savoir, c'est
quelles sont les études qui ont traité d'une façon toute
spéciale du pourcentage qu'il devait y avoir dans l'eau fluorée
pour le Québec, sans qu'il y ait danger.
M. Poulin: II n'y a pas d'étude au Québec
même présentement.
M. Bédard (Chicoutimi): D'après vous, les
études ont été faites en dehors, mais on a analysé
les conditions climatiques et, également, les conditions
diététiques du Canada ou du Québec, selon vous.
M. Poulin: Sous les mêmes climats, des climats identiques,
ces études ont été faites ailleurs et non pas en les
comparant à d'autres climats.
M. Bédard (Chicoutimi): Selon votre mémoire, quelle
analyse aurait été faite sur un climat identique? Cela se
référerait à quel pays, par exemple? Une analyse aurait
été faite dans quel pays?
M. Poulin: II y a la Hollande, l'Angleterre qui l'ont fait, les
Américains l'ont beaucoup fait. Vous pouvez regarder la Norvège,
la Suède. Ce sont des climats identiques au nôtre.
M. Bédard (Chicoutimi): Aux Etats-Unis, de combien est le
pourcentage là où il y a de l'eau fluorée, là
où c'est accepté? Quel est le pourcentage?
M. Poulin: Cela couvre 80 millions de la population,
présentement.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non. Quel est le pourcentage
de concentration? Est-ce 1.2% ou 1.1% aux Etats-Unis?
M. Poulin: C'est 1.2% dans la majorité des cas.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est 1.2% dans la majorité
des cas.
M. Poulin: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous êtes sûr de
cela.
M. Poulin: C'est de la documentation américaine.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon, d'accord. Dans votre
mémoire, par exemple, vous parlez des cas de sclérose osseuse qui
ont été signalés au Moyen-
Orient vous en faisiez d'ailleurs état encore tout
à l'heure et en Extrême-Orient. Vous dites que ces cas ont
été, en quelque sorte, la pierre d'achoppement pour
empêcher que l'eau fluorée soit acceptée plus facilement.
Si je lis textuellement vos remarques, à la suite de ce danger que vous
signalez, vous n'êtes quand même pas tellement affirmatif. Je ne
sais pas si ce n'est qu'une manière de phraséologie, votre
manière de vous exprimer, mais vous nous dites puisqu'on parle du
domaine scientifique, ça doit quand même être assez
précis que concernant ces cas de sclérose osseuse qui ont
été signalés au Moyen-Orient et en Extrême-Orient,
il semblerait vous savez, vous n'êtes pas tellement affirmatif
actuellement que bon nombre d'enquêtes effectuées en
Orient, dans le passé, aient été basées sur des
données insuffisantes quant à la dose de fluorure absorbé,
quant aux antécédents des patients observés.
Si je prends textuellement votre mémoire, disons que c'est
peut-être le ton affirmatif qu'il lui manque, je ne sais pas, mais si je
vous lis textuellement, je ne peux faire autrement que rester avec l'impression
qu'effectivement vous n'avez pas tiré de conclusion définitive de
cela, mais il vous semble que les études n'ont pas été
assez poussées.
M. Couture: Ce qu'on essaie de faire, c'est de rapporter le fait
qu'il y a eu des cas là-bas et qu'on essaie de faire une
rétrospective afin de voir aujourd'hui ce qui a pu se passer; parce
qu'à ce moment-là on a eu, je crois, deux rapports en provenance
de l'Orient qui ont démontré les cas
d'ostéo-sclérose. Ces rapports, qui ont été faits
dans le temps, on n'est pas capable de les refaire; mais, à ce
moment-là, c'était tellement imprécis qu'on n'est pas
capable d'établir et dire exactement ce qui est arrivé à
ce moment-là. On a des données insuffisantes, c'est pour cela
qu'on dit qu'il semblerait qu'on n'avait pas assez de données à
ce moment-là pour poser un jugement. On a posé un jugement quand
même. C'est dans ce sens qu'on rapporte actuellement.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. Quand on parle de 1.2
pour le Québec, qu'est-ce que vous dites à ceux qui disent
qu'à même 1.5 il n'y a pas de danger?
M. Couture: Selon mon idée, à moi, je pense que ce
seraient plutôt les techniciens qui pourraient dire cela. C'est une
moyenne qui va être injectée dans un système d'eau au
Québec. Dans certains mois de l'année, par exemple en
été, où la consommation est supérieure, c'est
calculé selon la température et les prévisions
d'absorption d'eau par le citoyen. A ce moment-là, peut-être que
ce sera 1.8 tandis que durant des mois très froids, pendant l'hiver,
où on pense que la consommation est très basse, il pourrait
peut-être être indiqué de monter la concentration à
1.4 partie par million, à ce moment-là. C'est une moyenne qui a
été établie à 1.2. Que ce soit 1.2 ou 1.4 ou 1.5,
on n'est pas encore dans la zone de danger. Comme j'ai dit tout à
l'heure, il faut au moins atteindre 8 parties par million pour qu'on parle
réellement d'un début de fluorose. Il faut mon- ter pas mal plus
haut que cela. Je ne serais pas tellement strict sur 1.2, mais si vous
médisiez 1.1 ou 1.3, d'accord, il faut que ce soit réglé.
Il faut...
M. Bédard (Chicoutimi): II faut que la moyenne de 1.2 soit
respectée. On ne peut pas jouer avec une moyenne de 1.5.
M. Couture: C'est ce que nous recommandons, une moyenne de
1.2.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela semble quand même
très important quand on constate que la dose optimale pour la
Grande-Bretagne est de 1 partie par million. Cela serait dangereux si ce
même pourcentage était additionné à l'eau dans des
régions comme l'Inde et le Japon. Du point de vue du contrôle,
c'est clair qu'il en faut un qui soit adéquat, qui soit très
strict. Quelles seraient les mises en garde que vous pourriez avoir à
faire pour la population même des mises en garde à
l'Opposition ou au gouvernement pour que certaines précautions
très précises soient prises afin de respecter ce contrôle,
afin que ce contrôle soit bien établi?
M. Couture: Je ne crois pas que ce soit un problème qui
regarde la médecine comme telle. C'est plutôt un problème
d'ingénierie; mais si j'avais un conseil à donner, n'étant
pas ingénieur, ce serait d'avoir un bon système de distribution.
Pour les patentes, je ne suis pas capable de vous donner... Je pourrais vous
faire un dessin de ce que j'ai vu, mais je ne peux pas vous donner beaucoup
d'explications à ce sujet. Une chose que j'aimerais voir appliquer, si
cela devenait effectif j'espère que cela va le devenir
c'est qu'au niveau même de l'aqueduc, qu'on ne garde jamais plus qu'une
certaine quantité de fluor par exemple, soit pour un ou deux jours. A ce
moment, on pourrait avoir la garantie...
M. Bédard (Chicoutimi): Pour éviter les
erreurs.
M. Couture: ... que même aucune erreur humaine ne pourrait
survenir, parce que le fluor ne serait pas en place.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends que sur l'aspect
technique vous ne vous posez pas en expert.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sont les questions que j'ai
à poser. Je comprends qu'il y aurait peut-être un long
débat à faire je ne veux pas le rééditer
concernant votre appui non seulement sur l'aspect scientifique mais, il
semble aussi, votre appui sur le principe du projet de loi qui est d'imposer la
fluoration, l'eau fluorée, et non pas de permettre à une
population ou à une municipalité de pouvoir être
consultée pour dire son acceptation ou son refus. Pourriez-vous,
peut-être pas tellement d'une façon élaborée, me
dire pourquoi vous croyez que cela doit être imposé?
M. Chesney: Dans bien d'autres cas, M. le Président, on a
assisté naturellement au projet pour contrôler des maladies, par
exemple la pasteurisa-
tion du lait, et pour qu'on mette du chlore dans les eaux de
consommation. Je pense que cela a été accepté et, dans
notre système, c'est une équilibre, à mon avis, entre la
liberté et la nécessité qui exige la santé
générale de la population. J'accepte que ce soit exigé par
la loi.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous prenez l'exemple de Pasteur,
la pasteurisation, naturellement; même s'il avait la conviction qu'il
avait raison, lorsqu'il a fait sa découverte, ce n'est pas du jour au
lendemain qu'on lui a donné la permission de l'imposer à la
population. Peut-être que cela aurait été une mauvaise
chose que de l'imposer tout de suite après sa découverte. Il y a
quand même, du point de vue scientifique, le temps qui doit faire son
oeuvre.
Vous, dans votre esprit, je comprends que cette épreuve du temps
est faite concernant les effets bénéfiques de l'eau
fluorée.
M. Chesney: Oui, monsieur.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je remercie également
les membres de l'Association médicale qui se sont
présentés devant nous et je les félicite de la
façon dont ils défendent leur mémoire.
J'ai posé une question au groupe qui les a
précédés et je voudrais leur poser la même question.
Est-ce que vous pouvez nous affirmer qu'il n'y a pas de possibilité que
quelqu'un soit allergique au fluor?
M. Poulin: Allergique? Non, il n'y en a pas.
M. Samson: Aucune possibilité.
Quelqu'un a dit, devant cette commission, que les pharmaciens ne
devaient pas vendre de médicaments à base de fluor dans les
régions où il y avait de l'eau fluorée. Est-ce que vous
sauriez me dire si cette règle peut se pratiquer en toute
sécurité ou s'il n'y aurait pas, dans le processus,
d'après votre expérience, des possibilités que de tels
médicaments puissent être quand même vendus dans les
endroits où cela serait fluoré et surtout, évidemment, si
cela l'était partout?
M. Poulin: Ceci relève de la direction
fédérale des aliments et drogues de voir à ce
problème.
M. Samson: Oui, d'accord. Maintenant, selon vous, quel est le
danger auquel nous aurions à faire face s'il y avait un manque de
contrôle de ce côte, par exemple, médicalement parlant?
M. Poulin: A quel médicament, M. le Président, le
député de Rouyn-Noranda pense-t-il, par exemple?
M. Samson: Ecoutez, je ne pense à aucun médicament
particulier. Je vous ai dit en commençant, tantôt, que je faisais
référence à quelqu'un qui nous avait cité cela
devant la commission parlementaire, en nous disant qu'un pharmacien ne devait
pas vendre de médicament je ne sais pas à quel
médicament il faisait référence, est-ce qu'il y en a plus
d'un, j'imagine que oui qui contient du fluor. C'est, si je me rappelle
bien, le maire de Tracy qui nous a parlé de ce problème en citant
comme exemple le fait qu'à Sorel, où l'eau était
fluorée, suivant son expérience et ses vérifications
personnelles, il avait découvert que même un pharmacien, chez qui
il s'était présenté, n'était pas au courant que
l'eau était fluorée dans sa ville.
C'est de là que je suis parti pour vous demander quel serait le
danger, s'il y en a un, qu'un médicament fluoré soit vendu dans
une région où il y a fluoration de l'eau potable.
M. Poulin: M. le Président, je ne connais pas
personnellement de médicament fluoré qui soit sur le
marché disponible au public. Les dentifrices n'ont aucune
possibilité d'être dommageables à la santé
puisqu'ils ne sont pas ingérés, ils n'ont qu'un contact local et
sont excrétés immédiatement.
M. Samson: Quant à la concentration du fluor, vous avez
tantôt répondu à plusieurs questions du
député de Chicoutimi là-dessus, mais ce n'est
peut-être pas au point de vue médical, c'est peut-être
plutôt au point de vue technique. Est-ce que vous êtes en mesure de
nous rassurer sur la différence de concentration qu'il pourrait y avoir
d'un endroit à l'autre d'une ville? Par exemple, on nous a dit que,
techniquement, on introduit le fluor avec l'appareil en question mais que, d'un
point à un autre d'une même ville, il pourrait y avoir un
degré de concentration différent compte tenu du pli de l'eau ou
de la pression, je ne sais pas trop. Est-ce que ces possibilités de
différence de concentration de fluor d'un point à l'autre d'une
ville sont venues à votre attention?
M. Poulin: Je comprends très bien la question. M. le
député, mais je ne peux pas voir comment un produit en solution
dans l'eau comme les ions de fluor le sont quand on les injecte dans le
système peut avoir une concentration différente à un bout
du tuyau ou à l'autre bout du tuyau. Ce n'est pas une question de
pression, c'est une question de diffusion; l'ion fluordans une masse d'eau va
se diffuser également partout. A moins qu'on aille injecter du fluor
directement dans un tuyau, je ne vois pas comment il pourrait y en avoir plus
dans un endroit que dans l'autre. Je ne comprends pas.
M. Samson: Si j'ai posé cette question, c'est parce que je
suis parti d'un rapport qui est cité dans l'un des documents que j'ai
ici, Georgia Dental Journal, 1951, Chrietzberg et Lewis. Rapport de la
commission de la santé du comté de Westchester, Etat de New York,
Dr James W. Thornton.
En résumé, les statistiques témoignaient pour une
période de six ans d'après ce que j'ai là, de la
concentration du fluor dans l'eau. La teneur idéale se chiffre, à
cet endroit précis, à 1 ppm et les chiffres qu'on nous cite sont
que 23% ont atteint l'idéal, c'est-à-dire, en tenant la moyenne,
entre 0.9 et 1.1
partie par million, 6% trop élevé, 71% trop bas. C'est
pourquoi je posais la question pour savoir si ça pouvait constituer un
danger quelconque, le fait qu'il peut y avoir autant de différence que
cela. Là, on est parti d'une expérience faite.
M. Poulin: D'accord, j'accepte vos chiffres comme
expérimentaux.
M. Samson: Ce ne sont pas les miens. C'est ce que j'ai.
M.Poulin: Non, les chiffres contenus dans votre dossier. Mais aux
concentrations que vous donnez là, il n'y a aucun danger, de toute
façon.
M. Samson: D'accord, je vous remercie.
M. Bédard (Chicoutimi): Avec votre permission, M. le
Président, vous dites dans votre rapport, à un moment
donné, que, pour la Grande-Bretagne, un pourcentage de 1 ppm
était le pourcentage, parce qu'on tenait compte du fait que
c'était un pays buveur de thé où il y avait
déjà pas mal de fluor.
Est-ce qu'on peut continuer le raisonnement en disant qu'ici, pour ceux
qui sont des grands consommateurs de thé... Peut-être qu'il y en a
plus qu'on pense. Personnellement, j'en connais passablement. Est-ce qu'il y a
plus de danger pour eux que pour ceux qui n'en consomment pas?
M. Couture: Je ne pense pas qu'il y ait un grand danger, parce
qu'en fin de compte, si vous calculez le danger, il ne viendra pas, à ce
moment si danger il y avait de l'eau de consommation. Je vous ai
dit tout à l'heure qu'il y avait 100 fois plus de parties par million
dans le thé que dans l'eau. S'il y avait danger, c'est que nos buveurs
de thé auraient déjà des signes de fluorose. Ce n'est pas
une partie par million qu'on va ajouter à leurs 100 parties par million
quand ils boivent leur tasse de thé qui va changer grand-chose à
leur concentration sanguine.
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis prêt à
accepter votre explication, mais je comprends difficilement que, tantôt,
vous m'apportiez comme argument qu'à telle place, parce que ce sont de
grands buveurs de thé, il y a tel pourcentage de concentration, qu'il ne
faut pas aller au-delà de cela parce que cela devient dangereux.
Là, vous me dites: Ici, à moins que le thé ait des
propriétés différentes, au Canada et au Québec,
vous me dites qu'il n'y a pas de danger. Est-ce que le buveur de thé du
Québec ou du Canada est différent du buveur de thé de
Grande-Bretagne? Je ne sais pas, moi, ou est-ce que le thé est
différent? Le buveur ne doit pas être bien différent, mais
le thé l'est peut-être. Je ne sais pas. Mais je ne comprends pas
que vous puissiez dire: On a tel pourcentage parce qu'on tient compte de tel
facteur en Grande-Bretagne, et ici, même si vous avez le même
facteur, ce n'est pas grave, on n'a pas besoin d'en tenir compte, cela ne
changera rien. Il n'y a pas de danger.
M. Dasylva: M. le Président, si vous me permet- tez. Je
pense bien qu'il faut tenir compte, ici, quand on parle de taux de fluor dans
l'eau, du fait qu'il y a une grande variation dans la consommation d'eau des
individus à l'intérieur d'une communauté quelconque. Or,
les taux qui ont été établis, si on peut dire,
arbitrairement, à un certain moment, tenaient compte de ces grandes
variations, de sorte que, même les grands consommateurs d'eau ne seraient
pas affectés de façon néfaste par leur consommation d'eau,
ce qui veut dire nécessairement que ceux qui en boivent moins en ont
moins. Donc, ce taux tient compte des fluctuations. Il est sûr que le
taux de 1.2 n'est pas un chiffre absolu gravé dans le marbre, mais cela
tient compte des fluctuations de consommation d'eau chez les gens, et cela nous
donne une marge qui nous permet d'assurer un effet bénéfique tout
en se tenant loin des taux toxiques. Ce n'est pas un chiffre magique,
évidemment.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, ce n'est peut-être pas
un chiffre magique, mais c'est un chiffre important.
M. Dasylva: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Parce que, tout à l'heure,
si vous nous dites: C'est tel pourcentage dans un pays parce qu'on tient compte
je prends votre mémoire du fait que ce sont des buveurs de
thé et qui consomment certaines autres denrées richesen fluorure,
c'est .1. Si on l'augmente à 1.2 ici, j'imagine qu'on en est venu
à la conclusion qu'on était moins buveur... Je ne sais pas...
Qu'il n'y avait quand même pas de danger, parce que des buveurs de
thé, il y en a ici comme ailleurs; même s'ils sont moins nombreux,
ils ont le droit d'être protégés du point de vue de la
santé au même titre que ceux qui n'en prennent pas.
Une Voix: D'accord!
M. Bédard (Chicoutimi): De même, dans votre
mémoire, vous parlez du thé et vous parlez d'autres
denrées riches en fluorure dans le régime alimentaire.
Pourriez-vous m'en citer quelques-unes, pour voir si on consomme les
mêmes denrées riches en fluorure ici qu'en Grande-Bretagne?
M. Couture: Je ne pourrais pas vous en citer spontanément.
Les aliments riches en fluorure les plus connus actuellement, à part le
thé, ce sont surtout les produits de mer, les "seafoods", et, dans les
autres produits, les légumes; cela dépend de l'eau qui arrose les
légumes. Même dans la viande que l'on consomme, il y a une
certaine proportion de fluorure. Il ne faut pas oublier que l'ion fluorure,
c'est un ion qui est normalement présent...
M. Bédard (Chicoutimi): Dans la nature.
M. Couture: ...dans toutes les classes de cellules vivantes.
M. Bédard (Chicoutimi): A un certain moment, vous avez dit
dans votre rapport qu'il n'y avait pas de
danger pour que l'eau fluorée puisse amener comme
conséquence le début de maladies de rein d'une façon
spéciale. Mais ce que je voudrais savoir, c'est que, pour ceux qui en
ont déjà une, qui n'est pas attribuable au f I uor, est-ce que
cela peut amener des difficultés pour ceux qui ont déjà
une faiblesse aux reins?
M. Couture: Pour ceux qui ont déjà une faiblesse
des reins, il y a des...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que, pour eux, ce sera plus
difficile, l'eau fluorée, que l'eau naturelle qu'ils avaient, dans
laquelle il y avait un autre pourcentage de fluor?
M. Couture: Pour ces gens qui ont une insuffisance rénale,
dans les termes scientifiques, on dit qu'il y a "clearance", une
facilité d'excrétion pour certaines substances qui est
évidemment diminuée. On sait qu'un patient qui souffre de maladie
rénale, par exemple, on va lui empêcher de manger du sel de
cuisine, parce que le rein élimine mal, surtout s'il est malade, le
sodium; la même chose pour le potassium. On sait que c'est un autre
produit chimique qui est difficilement éliminé par un rein
malade, mais, comme il est écrit dans le mémoire, heureusement
pour la question du fluor, le rein, même malade, est très
perméable au fluor et ne présente pas de difficulté
d'élimination pour ce produit en particulier.
Le Président (M. Pilote): On vous remercie, messieurs.
M. Bonnier: M. le Président, je voudrais poser une
question, parce que, disons, le taux de concentration, moi aussi, ça me
fatigue un peu, cette histoire. Je puis bien comprendre, parce que le ministre
tout à l'heure nous a laissé entendre qu'il y avait quand
même une étude au Québec qui a été faite par
le Dr Simard, est-ce que c'est exact? Est-ce que c'est ça que vous avez
voulu dire? Je trouve que c'est important, la question du député
de Chicoutimi est quand même importante, parce que, si une des raisons
pour lesquelles on devrait peut-être mettre ce système-là
obligatoire, sans vouloir discuter outre mesure de savoir s'il doit être
obligatoire ou non à ce stade-ci, c'est que, dans le fond, ceux qui ont
tendance à dépenser moins de leur revenu du côté
alimentaire, donc, à être peut-être sous-alimentés,
ce seraient peut-être des gens qui en bénéficieraient
davantage puisque l'alimentation est extrêmement importante pour une
bonne dentition et le squelette.
Cependant, si les études que nous avons faites pour
déterminer justement le degré de concentration sont des
études qui sont d'un pays, même les Etats-Unis, où les
habitudes alimentaires sont un peu différentes quand même, alors
là, je me dis: II y aurait peut-être des questions à se
poser, même si le 1.2 est une moyenne globale. J'ai l'impression que
votre 1.2 est une moyenne tenant compte du fluor qui se trouve dans d'autres
aliments et qui est ab-sorbéde façon naturelle. Mais je voudrais
faire réfé- rence à cette étude du Dr Simard, si
elle a été faite vraiment au Québec, parce q ue cela nous
rapproche davantage de nos propres problèmes et, s'il n'y avait pas de
telles études si on avait eu une étude en Ontario, encore
ça se rapprocherait je crois que les arguments ou les
préoccupations du député de Chicoutimi seraient pas mal
valables, parce qu'il faut quand même faire la juxtaposition, comme vous
le dites si bien, d'ailleurs, dans votre texte.
Le Président (M. Pilote): Le ministre des Affaires
sociales.
M. Forget: M. le Président, c'est juste une mise au point,
j'ai fait une allusion qui n'a peut-être pas été comprise
puis je pense que ça peut être utile pour tout le monde. Le
dossier technique publié par le ministère reproduit, dans son
annexe 2, une étude faite par le docteur Paul Simard qui n'a pas
été faite à notre demande ni pour les fins de publications
dans ce dossier technique, mais qui a été faite quelques
années auparavant, sans considérer la possibilité,
même à cette époque, d'une législation et qui
reprend et donne, d'ailleurs, des références et les
références sont incluses à la page 130 d'une
étude faite au Canada, qui est parue en 1965 dans le journal dentaire de
l'Association dentaire canadienne, par McPhail, Zacherl et Zacherl et d'autres
auteurs. Donc, c'est une étude qui établit la relation qui existe
entre la température, par exemple, et les taux de concentration
nécessaires pour prévenir la carie dentaire. C'est une
étude qui est adaptée aux conditions canadiennes et qui,
évidemment, n'est pas uneétude nécessairement de
première main sur tous les aspects.
On utilise les résultats des études sur la physiologie
humaine permettant de mettre en relief les relations entre le taux de
concentration et les effets sur l'émail des dents, par exemple, et on
applique ces études à la situation observée au Canada au
point de vue climatique et nutritif. Alors je pense que c'est une
précision qui peut être importante. C'est une documentation que
les membres de la commission ont déjà devant eux.
M. Poulin: D'ailleurs, M. le Président, dans cette
étude le Dr Simard établit la variation de fluor dans l'eau,
suivant certaines conditions, entre 1.9 et à 1.5 et c'est pour fins
dentaires, pour fins de protection dentaire.
M. Bonnier: Alors 1.2, c'est quand même une norme
sécuritaire?
M. Couture: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est la seule étude qu'on
a, à proprement parler, qui fait l'analyse des conditions
diététiques et climatiques sur le Québec?
M. Couture: C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): II reste quand même que cela
fait ressortir jusqu'à quel point, le Dr Paul
Simard met une importance, dans le sens qu'on ne peut pas jouer avec les
pourcentages de concentration de fluor. Il y a quand même certains
organismes qui ont été entendus, comme experts en
médecine, qui nous parlaient de 1.2, 1.5, disant: II n'y a pas de
complication. Il reste que lui semble tenir à ce que ce soit d'une
façon tout à fait spéciale 1.2. Il fait une
différence entre 1.2 et une concentration de 1.2 ppm de litres d'eau et
1 ppm. C'est pour cela que cela me surprend de voir des gens de science qui
sont déjà passés devant et qui, eux, ne font pas de
différence entre 1.2 et 1.5. Cela ne semble pas si important que cela,
que ça varie à ce point-là, et là-dessus, par
exemple, je dois dire qu'il y a lieu de s'étonner.
M. Couture: Le souci principal du Dr Simard, c'est
d'établir la valeur optimale, c'est-à-dire ce dont le citoyen
québécois a besoin, comme taux de fluorure dans son sang, pour
avoir une bonne dentition. C'est un problème; cela a été
établi à 1.2 dans la province de Québec, avec notre
température moyenne et la quantité d'eau qu'on va absorver.
Quand on parle au point de vue médical, on dit que cela n'a pas
tellement d'importance que ce soit 1.2, 1.5, 1.7 et même 2, j'irais
jusqu'à dire. On ne parle pas de la même chose; on parle de
toxicologie, on parle du danger. Vous pouvez le mettre à 1.2, vous
pouvez le mettre à 1.5, sans que ce soit dangereux, pour autant qu'on
s'en tient à la valeur optimale, laquelle valeur a été
établie parle Dr Simard à 1.2 pour le citoyen
québécois.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est un des premiers qui
amène la précision quand même assez clairement.
Le Président (M. Pilote): On vous remercie, messieurs, de
votre mémoire et soyez assurés que les membres de la commission
vont prendre en considération vos recommandations.
M. Couture: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Vu que c'est l'année de
la femme, la Société des esthéticiennes du Québec
m'a demandé de passer avant l'heure du souper. Je pense que tout le
monde va être d'accord à ce qu'on la passe
immédiatement.
J'inviterais Mme Denise Gillet-Robert. On avait hâte de vous voir
et de vous entendre également. Ce sera un apéritif. Si vous
voulez nous présenter celles qui vous accompagnent...
Société des esthéticiennes du
Québec
Mme Gillet-Robert (Denise): M. le Président, M. le
ministre des Affaires sociales, MM. les députés, mon nom est
Denise Gillet-Robert, je suis esthéticienne et je suis le porte-parole
de la Société des esthéticiennes du Québec. Je vais
vous présenter mes collègues. A ma droite, Mme Suzanne Tremblay,
esthéticienne, et à ma gauche, Mme Pierrette Sauvé,
esthéticienne.
Avant de commencer, M. le Président, j'aimerais souligner que
nous n'avons pas fait de résumé écrit du mémoire,
et ceci avec la permission du secrétaire des commissions parlementaires.
Cependant, compte tenu des règles de pratique des commissions
parlementaires, nous allons résumer notre mémoire dans les
limites de ces règles.
Permettez-moi tout d'abord de vous dire que la Société des
esthéticiennes du Québec est une association toute nouvelle qui
vient à peine, il y a quelques semaines, de se former
spontanément, faisant suite à la lecture du projet de loi no
88.
La Société des esthéticiennes du Québec
groupe plus de 200 esthéticiennes réparties à peu
près dans toutes les régions du Québec et ces personnes
oeuvrent dans différents secteurs, notamment la pratique privée,
soit comme propriétaires ou salariées, l'enseignement,
l'industrie, en plus d'un certain nombre d'étudiantes qui sont
considérées à titre de membres associés. Le but
premier de la présentation de ce mémoire est de faire remarquer
respectueusement au législateur que ce projet de loi, et plus
particulièrement les articles 1, 3, 5, 6, 7, 8, 11 et 12, remet en
question la raison d'être de la profession d'esthéticienne et est
loin de réglertous les problèmes imputés à tort ou
à raison à l'esthéticienne.
Sans vouloir mettre en doute la bonne foi et la compétence des
personnes qui ont présidé à la rédaction de ce
projet de loi, et plus particulièrement à la rédaction de
l'article 1, nous croyons qu'il serait utile, pour les membres de cette
commission, de connaître certains principes de base concernant la
formation de l'esthéticienne et l'exercice de l'esthétique. C'est
pourquoi nous avons cru extrêmement important de fournir aux membres de
cette commission, dans les sept premières pages, certaines
considérations générales sur l'esthéticienne et
l'esthétique, que nous allons résumer très
brièvement, avant d'exposer nos vues sur les articles du projet de loi
no 88 relatifs à l'esthétique.
Dans les quatre premières pages, nous attirons l'attention du
législateur sur les métiers connexes à l'esthétique
et sur la formation de l'esthéticienne au Québec, formation se
donnant par l'entremise de l'enseignement secondaire, de l'enseignement aux
adultes et de l'enseignement privé. Tout en souhaitant que cet
enseignement soit un jour uniformisé, nous désirons signaler
à cette commission que l'électrolyse est une des matières
enseignées. De plus, nous soulignons l'impossibilité de
vérifier actuellement l'authenticité des diplômes
qu'utilisent certaines esthéticiennes. Enfin, aux pages 5, 6 et 7, nous
définissons les thermes "studio, esthétique, électrolyse
et peeling".
Nous passons donc à la deuxième partie de notre
mémoire, à la page 8, soit l'analyse des articles pertinents
à l'esthétique du projet de loi no 88, en soulignant d'abord
à cette commission que le projet de loi no 88, ou Loi modifiant la Loi
de la protection de la santé publique, a été
étudié après avoir fait la relation ou la concordance avec
d'autres lois et d'autres règlements, notamment la Loi de la protection
de la santé publique, la Loi sur les services de santé et les
services sociaux et les règlements pertinents. Les articles 1, 3 et 12
du projet de loi no 88, nous semblant particulièrement des articles
de
fond, feront l'objet de nos commentaires et recommandations.
En résumé, l'article 1 introduit dans la loi la
définition de "studio d'esthétique". L'article 3 introduit
l'obligation, pour un studio d'esthétique, de détenir un permis
et l'article 12 introduit un pouvoir, pour le lieutenant-gouverneur en conseil,
après consultation du bureau provincial de médecine, de
réglementer pour déterminer des normes pour tout studio
d'esthétique et son personnel. C'est ainsi qu'on en arrive à
définir un studio d'esthétique comme une installation
aménagée hors d'un établissement, par exemple un centre
hospitalier, installation dans laquelle sont fournis des services
d'électrolyse, de "peeling" ou de greffe de cheveux. D'après le
titre du projet de loi, il est clair que le législateur vise à
protéger la santé publique. Notre société se dit
tout à fait d'accord sur ce principe; toutefois, la définition de
"studio d'esthétique" nous semble mal choisie pour atteind re cet
objectif.
Comme nous l'avons expliqué aux pages 5, 6 et 7 de ce
mémoire, premièrement la greffe des cheveux ne se pratique pas en
esthétique et ne devrait pas être pratiquée, même
avec un permis, sauf dans un endroit approprié et par des
médecins. Deuxièmement, le "peeling", dont parle le
législateur semble être le "peeling" profond et ne devrait pas
être pratiqué en esthétique même avec un permis ni
dans aucun endroit sauf un endroit approprié et par des médecins.
Si le législateur tient à garder cette notion de "peeling" dans
le projet de loi, il faudrait donc en préciser la portée en
consultant les organismes que nous citons dans notre mémoire, à
la page 9, afin d'établir une liste de substances provocant un "peeling
" profond et considérées comme médicaments, et une liste
de substances provocant un "peeling" léger et considérées
comme cosmétiques.
Les substances provoquant un "peeling" profond devraient relever de
l'exercice de la pharmacie en ce qui concerne leur préparation et de
l'exercice de la médecine en ce qui concerne leur utilisation et leur
application. Les substances provoquant un "peeling" léger devraient
relever de l'exercice de l'esthétique. Troisièmement,
l'électrolyse dont parle le législateur est un terme limitatif,
même si nous présumons que l'intention du législateur
couvrait toutes les techniques d'épilation définitive. Ce
problème est différent de ceux de la greffe de cheveux et du
"peeling" profond. Selon nous, le terme "électrolyse " devrait d'abord
être remplacé par "épila-tion électrique
définitive" ou autre terme équivalent pouvant être
explicité dans les futurs règlements, comme nous l'avons
expliqué à la page 6. Selon nous, l'épilation
électrique définitive est une technique qui ne relève pas
exclusivement de la médecine comme dans les deux cas
précédents. Toute personne ayant la formation et la pratique
nécessaires peut exercer cette technique. Toutefois, comme le
législateur, nous considérons nécessaire que ces personnes
détiennent un permis émis par le ministre. Ce permis, selon nous,
déterminerait la compétence de l'esthéticienne pratiquant
l'épilation électrique ou de toute autre personne
spécialisée. Etant donné certaines contre-indications
à l'épilation électrique définitive, nous
considérons qu'un certificat de santé émis par un
médecin devrait être obligatoire.
Enfin, si le législateurdevait conserver le terme "studio
d'esthétique" avec la définition du projet de loi no 88, nous
désirons lui souligner qu'un certain nombre d'installations
esthétiques portant actuellement le nom de "studio d'esthétique"
et ne faisant ni électrolyse, ni"peeling" profond, ni greffe de cheveux,
mais exerçant uniquement l'esthétique, seraient obligés
soit de fermer leurs portes ou de changer de raison sociale. Nous sommes
assurées que telle n'était pas l'intention du
législateur.
Compte tenu de cequi aété affirmé auparavant, que
la définition de "studio d'esthétique" a très peu à
voir avec l'esthétique, que le terme "studio" n'est pas pertinent
à ce projet de loi, que le "peeling" profond et la greffe de cheveux
sont réservés à d'autres personnes qu'à des
esthéticiennes, nous considérons respectueusement que cette
définition est tout àf ait inadéquate. Si l'intention du
législateur est de contrôler strictement les trois aspects,
électrolyse, "peeling" et greffe de cheveux, nous lui conseillons de
faire appel à d'autres dénominations que celle de "studio
d'esthétique". Si, d'autre part, l'intention du législateur est
de contrôler l'exercice de l'esthétique, nous considérons
ce projet de loi comme incomplet et ne protégeant le public que de
façon limitée.
Nous restons à la disposition du législateur pour de plus
amples informations, mais nous croyons que le seul véritable moyen de
protéger le public est de considérer l'esthéticienne ou la
profession d'esthétique à titre réservé et à
exercice exclusif. Si on continue, M. le Président, avec l'article 3 du
projet de loi no 88, on s'aperçoit que nul ne peut opérer un
studio d'esthétique au Québec s'il ne détient un permis
délivré à cette fin par le ministre. Nous
considérons que les mêmes commentaires que nous avons faits
relativement à la définition de "studio d'esthétique"
s'appliquent à l'article 3 du projet de loi no 88. Quant à
l'article 12 du projet de loi no 88, il introduit, comme nous l'avons
déjà affirmé à la page 8, un pouvoir, pour le
lieutenant-gouverneur en conseil, de faire des règlements pour
déterminer, après consultation du Bureau provincial de
médecine, les normes d'équipement, de fonctionnement technique et
de salubrité de tout studio d'esthétique ainsi que la
qualité du personnel à y employer pour fins de
sécurité de la personne humaine. Nous considérons que les
mêmes commentaires que nous avons faits relativement à la
définition de "studio d'esthétique" s'appliquent à
l'article 12 du projet de loi no 88.
Relativement aux possibilités pour le lieutenant-gouverneur en
conseil de faire des règlements sur les points déjà
mentionnés, nous désirons souligner au législateur qu'il
existe déjà certains organismes comme la direction
générale de la protection de la santé et les services
d'hygiène municipaux ou services de santé. Cependant, nous
sommes d'avis que les normes actuelles sont tout à fait
insuffisantes et nous sommes d'accord pour que le Bureau provincial de
médecine soit consulté quant à la détermination des
normes relativement au "peeling" profond et à la greffe des cheveux.
Toutefois, en ce qui concerne l'épilation définitive et toute
autre norme d'équipement, de fonctionnement technique et de
salubrité relevant de l'exercice de l'esthétique, ainsi que la
qualité du personnel, nous considérons qu'il est indispensable
que le lieutenant-gouverneur en conseil consulte aussi les
esthéticiennes. A cet égard, la Société des
esthéticiennes du Québec vous assure de son entière
collaboration.
Avant de passer aux recommandations, j'aimerais ouvrir une
parenthèse et vous assurer que nous sommes bien conscientes qu'une
certaine partie de-nos recommandations ne relève pas, du moins
directement, de cette commission. C'est pourquoi nous avons fait parvenir copie
de ce mémoire à l'Office des professions.
D'autre part, il nous a paru important de saisir tous les
députés de l'Assemblée nationale, par
l'intermédiaire de cette commission, de tous les problèmes
soulevés dans ce mémoire, toujours dans le but d'offrir au public
la meilleure protection possible.
Attendu que le titre d'esthéticienne n'est pas
réservé;
Que l'exercice de l'esthétique n'est pas exclusif;
Que le ministère de l'Education du Québec agrée la
formation des esthéticiennes au Québec;
Que le ministère de l'Education du Québec prévoit
un complément de cosmétologie à la fonction
d'esthéticienne;
Que la formation de l'esthéticienne est différente d'un
endroit à l'autre;
Que l'exercice de l'esthétique par des personnes non
autorisées peut présenter des dangers;
Que la greffe des cheveux ne relève pas de l'exercice de
l'esthétique;
Qu'il existe différentes sortes de "peelings";
Que les "peelings" profonds ne relèvent pas de l'exercice de
l'esthétique;
Qu'il existe d'autres méthodes d'épilation
définitive que l'électrolyse;
Que la définition de studio d'esthétique du projet de loi
no 88 ne s'applique qu'à une spécialisation de
l'esthétique;
Que la définition de studio d'esthétique limite l'exercice
de l'esthétique;
Que le projet de loi no 88, tel que rédigé dans sa forme
actuelle, notamment les articles 1, 3 et 12, ne donne pas au publictoute la
protection à laquelle il a droit;
La Société des esthéticiennes du Québec
recommande:
Que les mots "esthétique" et "esthéticienne" soient
définis de façon uniforme dans les différentes lois, les
règlements et les prospectus du ministère de l'Education du
Québec;
Que le gouvernement du Québec fasse des pressions au niveau
fédéral, c'est-à-dire la DGPS, pour que les
cosmétiques fassent l'objet d'une évaluation scientifique et que
l'étiquetage mentionne le nom, le pourcentage d'ingrédients
actifs ainsi que la date limite d'utilisation;
Que la vente des cosmétiques et les communications s'y rattachant
soient réservées aux esthéticiennes;
Que la préparation et l'utilisation des "peelings" profonds
soient réservées respectivement aux corps pharmaceutique et
médical;
Que la vente et l'utilisation des "peelings" légers soient
réservées aux esthéticiennes;
Que les techniques d'épilation électrique
définitive, que ce soit l'électrolyse ou d'autres
méthodes, soient pratiquées par des personnes
spécialisées et sur présentation d'un certificat de
santé;
Que les médecins ne puissent se servir du mot "esthétique"
sauf s'il est accompagné des mots "médecins" et/ou
"chirurgie";
Que le gouvernement du Québec profite des services de
l'esthéticienne pour assurer la diffusion de toute information sur
l'esthétique;
Enfin, que le législateur abroge ou modifie, selon nos
recommandations, les articles 1, 3, 12 et tous les articles de concordance.
Considérant l'expérience de nos membres, qui
évoluent dans tous les secteurs de l'esthétique, la
Société des esthéticiennes du Québec recommande au
législateur de modifier le projet de loi no 88 de façon que le
public soit protégé en obtenant une qualité optimale des
biens et services esthétiques.
Enfin, la Société des esthéticiennes du
Québec fait parvenir copie de ce mémoire au Conseil
interprofessionnel du Québec et à l'Office des professions du
Québec en vue d'une reconnaissance éventuelle et est heureuse
d'offrir au ministère des Affaires sociales et à cette commission
parlementaire son entière collaboration.
Permettez-nous de vous remercier de l'attention portée à
la présentation de ce mémoire. J'aimerais demander, M. le
Président, étant donné que notre mémoire a
été morcelé, s'il serait possible d'annexer le
mémoire original, relativement court une quinzaine de pages
au journal des Débats. Merci.
Le Président (M. Pilote): Est-ce que les membres de la
commission sont d'accord? Accepté. (Voir annexe)
L'honorable ministre des Affaires sociales.
M. Forget: Merci, M. le Président. Je désire
remercier la Société des esthéticiennes pour une
contribution de pionniers à notre compréhension d'un domaine qui
est nouveau je pense qu'on l'aura compris pour le
législateur, au Québec, et qui, sans aucun doute, va
bénéficier, par cet effort de législation, des remarques
qui ont été faites.
On peut s'interroger sur la raison qui nous a amenés à
présenter un projet de loi qui semble toucher les aspects de
l'activité économique et sociale qui sont habituellement
considérés comme en dehors de notre domaine et juridiction
relativement à l'application des mesures sociales et des mesures de
santé. Je crois qu'il est important de nous souvenir et c'est
là essentiellement le but de cette loi qu'il y a eu des
accidents, des accidents même tragiques dans le passé
récent et qu'en l'absence et
dans le vide presque total de législation permettant de cerner
les responsabilités de chacun, il nous est apparu nécessaire,
dans le cadre d'une législation pour la protection de la santé
publique, de prévoir des dispositions.
Le but de ces dispositions n'est pas de réglementer
complètement les activités des esthéticiennes et des
établissements d'esthétique mais d'assurer, d'une façon ou
d'une autre, que certains risques inutiles ne sont pas pris dont peuvent
évidemment avoir à faire les frais les clients qui ne sont pas
toujours informés des dangers que peuvent représenter certaines
techniques.
Donc, le but essentiel est de limiter les risques et non pas de
réglementer cette activité dans son ensemble. Je ne crois pas
qu'il soit opportun, à ce moment-ci, du moins, personne n'a fait la
démonstration, mais j'aimerais peut-être poser la question, il ne
semble pas qu'il soit opportun de réglementer de façon globale
toutes les activités d'esthétique puisque, du moins, c'est
l'impression que j'ai, tout effort de définition risque de nous
entraîner à une réglementation extrêmement large, qui
va toucher des activités des établissements que nous n'avons
jamais eu l'intention, au départ, de toucher, étant donné
l'intention de diminuer les risques, comme je le disais tantôt.
Etes-vous d'avis, que, premièrement, l'approche du gouvernement
devrait être une approche d'exception, c'est-à-dire d'essayer
justement de circonscrire, de limiter certaines activités à
risque élevé, si vous voulez, ou plutôt d'essayer de
réglementer dans son ensemble, d'une façon plus globale,
l'ensemble de ces activités, au risque de déboucher sur une
réglementation des salons de coiffure, des barbiers, etc? En fait, c'est
un domaine qui est peut-être difficile à circonscrire.
Mme Gillet-Robert: Je suis tout à fait d'accord sur la
première optique, c'est-à-dire d'essayer de limiter les risques
avec les accidents qui ont lieu et tout. Mais justement, à ce
moment-là, ce qui nous frappe, c'est que vous semblez vouloir limiter
les risques quant aux "peelings" profonds, à la greffe des cheveux,
à I'électrolyse, et nous sommes tout à fait d'accord.
Encore là, il y a certaines différences là-dedans, mais,
même à cela, ce qui arrive c'est que c'est mal défini si
cela entre sous le vocable de studio d'esthétique, parce que, selon nous
cela a toujours été établi, que la greffe des cheveux et
les "peelings" profonds ne sont absolument pas du domaine de
l'esthéticienne. Cela relève du corps médical. Nous
croyons que c'était peut-être déjà couvert, quoique,
si vous voulez, même malgré les accidents, dans les
règlements de l'Ordre des médecins.
Mais, selon nous, il est tout à fait nécessaire de
protéger le public entre autre contre ces deux choses. Mais cela serait
quand même incomplet, parce qu'il y a d'autres dangers.
M. Forget: Je vous remercie. Il y a donc deux approches
possibles, unequi pourrait consister, par exemple, à interdire, à
rendre illégales certaines activités, quitte à les
définir avec beaucoup de soin, sans se préoccuper de donner des
permis à qui que ce soit, en disant: II est interdit à quiconque,
etc.. sauf sous la surveillance médicale et dans un établissement
de santé, etc. Ou alors, il est possible d'émettre des permis qui
ne peuvent être conservés qu'à la condition de respecter
certaines règles et ces règles pourraient comporter des
interdictions. Mais l'approche est bien différente. J'aimerais savoir,
vis-à-vis de chacune d'entre elles, ce que votre groupe croit le plus
approprié?
Mme Gillet-Robert: Notre opinion est vraiment que, selon nous
devraient être interdits, la greffe des cheveux et les "peelings"
profonds. L'électrolyse n'entre pas dans la même catégorie.
Selon nous, l'électrolyse est une technique et peut être
exécutée par une personne qui a été formée
pour ça. Seulement, encore là, avec une carte de santé,
comme nous le recommandons, et avec un permis. Mais pour ce qui a trait aux
"peelings" profonds et à la greffe des cheveux, je considère que
cela devrait être interdit sauf par des médecins parce que,
vraiment, ce sont des actes médicaux.
M. Forget: C'est véritablement une interdiction que vous
envisagez, ce n'est pas...
Mme Gillet-Robert: Vis-à-vis des
esthéticiennes.
M. Forget: ...une permission conditionnelle de certains studios
ou certains salons d'esthétique de le faire à telle ou telle
condition. C'est une interdiction pure et simple.
Mme Gillet-Robert: Si, M. le ministre, vous adressez une
interdiction vis-à-vis des esthéticiennes, oui,
c'est-à-dire que selon nous... Mais je dis bien.les "peelings" profonds,
parce que si vous avez remarqué, dans le mémoire, il y a une
nette différence. Le terme "peeling" appartient aussi au domaine de
l'esthétique, dans ce sens qu'il existe des "peelings" légers
dans lesquels il n'entre aucun danger, aucune contre-indication, et le mot
"peeling", à ce moment, devrait être mieux précisé,
explicité, si vous préférez. On pourrait, peut-être,
parler de "peeling" léger, ou cosmétique, enfin, on laisse aux
législateurs le choix; mais lorsqu'il s'agit de "peelings" profonds...
Par "peelings " profonds, vous passez aux "peelings" qui ont causé de
graves accidents, à base de substances dangereuses et ce sont ces
"peelings" profonds j'aimerais bien qu'on insiste sur le terme
"profond" qui devraient être interdits aux
esthéticiennes.
M. Forget: Si on essaie de définir, par exemple, le
"peeling" profond, est-ce qu'on est capable de faire une définition qui
serait comprise de la même façon par toutes les
esthéticiennes et peut-être aussi par le public qui devrait
peut-être savoir pour reconnaître les moments où on franchit
la ligne interdite?
Mme Gillet-Robert: Oui, je considère que c'est vraiment
possible, et c'est pour cela que nous avons suggéré, entre
autres, de consulter, de former un
comité consultatif avec certains organismes, comme la DGPS, le
Conseil de pharmacologie, l'Ordre des médecins, les
esthéticiennes et tout, et d'établir une liste de substances, par
exemple, les résorcénols phénols, acides salicyliques,
etc., domaine médical et autres substances, comme des enzymes
digestives, papaïne, pepsine, etc., du domaine de l'esthéticienne.
Si c'était établi dans un document, quitte à ce que ce
document soit accessible au public, à ce moment, je trouve que le public
serait protégé et l'esthéticienne saurait à quoi
s'en tenir. Elle saurait que telle substance n'est pas de son domaine et telle
autre l'est.
M. Forget: Bon. Je vous remercie. Je n'ai pas d'autres questions,
M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Je tiens à remercier
également nos invitées pour leur mémoire.
Ma première question s'adresse au ministre des Affaires sociales.
D'après le premier projet qui avait été
présenté sur la fluoration, le projet 31, de 1972, c'est clair
qu'il y a de quoi à être surpris, ou encore à se poser des
questions à savoir, pourquoi, dans ce projet de loi de la fluoration
à un certain moment, on passe à l'esthétique. Je voudrais
savoir du ministre des Affaires sociales s'il y a une raison spéciale
qui a amené le ministère, en fait, à apporter ces mesures
à l'intérieur d'un projet de loi de la fluoration.
M. Forget: M. le Président, on sait que depuis quatre ou
cinq ans, l'ensemble des législations sociales dans le domaine de la
santé et des services sociaux fait l'objet d'une reformulation, d'une
refonte d'ensemble. Il était clair, par exemple, que l'ancienne Loi de
l'hygiène publique c'était la désignation il y a 30
ou 40 ans pour la santé publique méritait d'être
reprise dans son ensemble. Elle l'a été en 1972, dans ce qui est
devenu le chapitre 42 des lois de 1972.
On retrouve dans cette loi toute une série de mesures un peu
disparates, mais qui trouvent là un cadre commun, c'est-à-dire de
constituer des mesures positives ou négatives, c'est-à-dire des
interdictions ou des obligations qui ont toutes pour effet commun d'avoir un
impact important sur la santé publique et qui ne sont pas, dans leur
mise en oeuvre, dépendantes de l'intervention, par exemple, des
médecins en cabinet privé, largement, ou des
établissements qui dépendent du ministère des Affaires
sociales. Ce sont un ensemble d'obligations ou de prescriptions qui s'adressent
à tout un ensemble d'organismes sur lequel nous n'avons aucun autre
contrôle que celui que la loi nous donne de cette façon et qui
s'adressent au public en général.
C'est donc une loi-cadre qui regroupe un très grand nombre
d'éléments, par exemple, c'est au titre de la Loi de la
protection de la santé publique que l'on peut exiger le traitement
obligatoire de certaines maladies infectueuses, qu'on peut exiger la
déclaration obligatoire, malgré la confidentialité des
dossiers médicaux, de certaines maladies, qu'on peut réglementer
l'activité des thanatopraxis- tes, des entrepreneurs de pompes
funèbres autrement dit, et des embaumeurs...
M. Bédard (Chicoutimi): La crémation des
cadavres.
M. Forget: ...la crémation des cadavres, toute une
série de mesures qui ont un impact ou qui peuvent avoir un impact sur la
santé publique. C'est un cas par excellence, je pense, que
l'esthétique, cela peut avoir un impact sur la santé publique, il
y a eu des décès, c'est donc clair que ça peut avoir un
impact sur la santé publique. Maintenant ce ne sont pas des choses qui
se font dans des établissements, ni par les professionnels de la
santé. C'est donc le cadre et c'était pour éviter de
retrouver dans des lois extrêmement dispersées, un cadre commun
pour toutes ces mesures qui ont un but commun, mais qui sont par leur nature
même disparates. Evidemment, cela, on ne peut pas l'éviter et
c'est un processus qui n'est pas achevé.
Il y aura probablement encore des lois amendant la Loi de protection de
la santé publique, de manière à y faire des additions qui
peuvent s'avérer nécessaires pour compléter ce travail.
C'est un hasard, si vous voulez, que ces deux mesures, celle relative aux
studios d'esthétique et celle relative à la fluoration, se
retrouvent dans le même projet.
Maintenant, il y a d'autres mesures, c'est peut-être
intéressant d'en parler deux minutes, puisqu'aucun groupe ne s'est
présenté pour en discuter, il y a d'autres mesures qui sont
prévues dans ce projet de loi et, en particulier, les articles qui
portent sur la vente des animaux exotiques, de petites tortues, par exemple,
qui viennent des pays tropicaux et qui peuvent être porteuses de
salmonellose ou d'autres maladies infectieuses. Il y a des dispositions
également dans cette loi pour en réglementer la vente et assurer
que l'on ne fait pas encourir des risques disproportionnés aux avantages
par l'importation et la vente de ces animaux.
Ce sont des mesures de détail, si vous voulez, mais qui, à
l'expérience de cette loi, depuis trois ans, se sont
révélées comme faisant défaut dans la
législation originale.
Et ce n'est pas fini, le processus est encore en marche, il y a encore
des domaines, malheureusement, où le législateur, dans le
passé, ne s'est pas encore penché et on les découvre
à la lumière des accidents parfois, mais je pense qu'à ce
moment-là il faut intervenir et la loi, telle qu'elle est conçue,
nous offre un cadre assez souple pour introduire différentes mesures de
cette nature.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, le
ministre nous dit que c'est par hasard que se trouvent à
l'intérieur d'un projet de loi comme la fluoration dont nous discutions,
d'autres mesures qui vont des soins esthétiques en passant par la
crémation des cadavres à aller jusqu'à ce que vous nous
parlez.
Maintenant, c'est un hasard quand même qu'a voulu le gouvernement,
il me semble. Il l'a fait délibérément...
M. Forget: Par exemple, dans le cas de l'esthétique, ce
sont les décès qui sont survenus au moment où nous
envisagions la possibilité de formuler
un projet de loi. On n'a pas choisi ce moment-là, c'est
arrivé à ce moment-là.
M. Bédard (Chicoutimi): Sauf que le but de mes remarques
est le fait qu'on sait que dans le projet de loi, dans la partie concernant la
fluoration des eaux, il y a une question de principe tout à fait
fondamentale. Vous avez eu d'ailleurs l'occasion d'en entendre parler
abondamment aujourd'hui, c'est celle de l'imposition obligatoire, alors que les
mêmes questions de principe ne se retrouvent pas avec la même
acuité dans les autres dispositions de ce projet de loi. Ceci a comme
conséquence on saura faire le partage en temps et lieu
qu'on a une partie du projet de loi qui a, absolument, à sa base, un
principe démocratique qui est important, selon que nous soyons d'un
côté ou de l'autre de la table. Cette même situation ne se
retrouve pas dans les autres domaines que traite le projet de loi, ce qui
amène, à un moment donné, l'Opposition, d'une façon
générale, à une situation difficile quand vient le temps
de faire connaître son opinion ou de voter, d'une façon globale,
sur le projet de loi.
Vous avez été à même de constater
jusqu'à quel point nous étions contre l'imposition obligatoire de
la fluoration, mais cela ne veut pas dire, à ce moment-là... Nous
pouvons très bien être d'accord sur les représentations que
vous avez faites au nom de votre association, sauf qu'à un moment
donné nous aurons à nous prononcer, sans distinction, lorsque le
projet de loi viendra en Chambre, sur l'ensemble du projet de loi; nous
pourrions être en désaccord sur une partie, mais qui est
complètement différente, et être très en accord avec
la partie que vous avez explicitée tout à l'heure.
Ceci m'amène à dire qu'en ce qui regarde l'Opposition
officielle, non seulement pour un vote qui puisse se faire plus clair, mais
également au niveau d'une étude qui puisse se faire pi us
élaborée, tant en commission qu'au niveau du projet de loi
lui-même, il aurait été préférable qu'il y
ait, à mon sens, deux projets de loi qui soient vraiment
différents. Cela aurait permis à ceux qui avaient des
représentations à faire en dehors de ce qu'on appelle le
problème de la fluoration de ne pas avoir l'impression d'arriver comme
un cheveu sur la soupe. C'est ce que vous avez ressenti un petit peu au
début de votre exposé lorsque vous nous avez dit que cela ferait
vraiment différent, en termes de discussion et de contexte.
Nous vous soumettons bien respectueusement que, si c'est possible encore
de le faire, il y aurait lieu de séparer les deux, de sectionner ce
projet de loi, de voir à ce q ue la partie où il y a
nécessai rement à sa base un principe démocratique qui est
en cause soit différenciée du reste du projet de loi.
Concernant le mémoire que vous nous avez fait, le ministre des
Affaires sociales, de même que vous-mêmes, avez fait état de
votre préoccupation pour protéger la santé publique, pour
éviter certains accidents qui sont survenus.
Je voudrais simplement savoir si vous pourriez nous expliciter la nature
de ces accidents ou de ces incidents que vous voulez éviter, et ce, avec
votre préoccupation que vous avez très bien expliquée,
à savoir la protection de la santé du public.
Mme Gillet-Robert: D'accord. Les accidents. Tout le monde a
probablement lu, il y a à peu près deux ans que certains
accidents sont arrivés avec des "peelings" profonds. Même, une
infirmière est décédée. Ce qui est arrivé,
c'est que, justement, ce problème du "peeling" n'étant jamais
explicité, le terme "peeling" veut dire tellement de choses
différentes que certaines personnes, du public, vont s'y
référer. Il est arrivé un accident, c'est-à-dire
que cette personne a reçu un "peeling " profond. Encore là, je ne
sais pas si le cas est réglé mais il a été devant
les tribunaux. Il y avait aussi des médecins, c'était sous
surveillance médicale, mais, encore là. c'étaient des
substances extrêmement dangereuses, ce sont des substances qui causent
des brûlures au deuxième degré. La personne est
décédée, selon les rapports parus dans les journaux, de
différentes causes, entre autres, de brûlures entre le
deuxième et le troisième degré, d'abus de
médicaments, etc., d'un tas de facteurs.
Ces instituts, si vous voulez, n'avaient même pas leur formule
approuvée parla DGTS et n'étaient même pas censés
avoir un permis de la ville. Ce qui arrive, c'est que les gens lisent ces
articles, voient qu'il y avait des esthéticiennes là-dedans.
Automatiquement, "peeling", esthéticiennes, décès; deux et
deux font quatre. Alors, les esthéticiennes consciencieuses en subissent
les contrecoups et c'est vraiment dommage parce que ces choses, c'est tout
à fait médical, et le public devrait être
protégé. Le public ne l'est pas. C'est pour cela que. selon nous,
pour une partie de la loi, nous sommes contentes de voir que le
législateur veut protéger des "peelings" mais, encore là,
ce sont les termes utilisés pour le définir et le manque
d'explications va encore laisser des confusions, si vous voulez.
M. Bédard (Chicoutimi): Votre prétention est-elle
que, de la manière que le projet de loi est rédigé
concernant le "peeling", cela a comme effet d enlever...
Mme Gillet-Robert: Du côté esthétique, vous
voulez dire?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui. Il y a ce que vous appelez un
"peeling" profond et un "peeling" léger.
Mme Gillet-Robert: Non, je m'excuse. Le problème majeur
est dans la définition, dans l'article 1. c'est-à-dire que
automatiquement on démarre mal.
Si on définit un studio d'esthétique comme un endroit hors
d'un centre hospitalier, si vous voulez, établissement dans le terme de
la loi, où se fait la greffe des cheveux, les "peelings" ce n'est
pas dit "profonds" et l'électrolyse, un studio
d'esthétique est défini comme étant un endroit où
cela se fait. Ce n'est pas cela un studio d'esthétique. D'ailleurs, nous
ne sommes pas d'accord sur le terme "studio '. mais un institut
d'esthétique et tout cela, c'est un endroit où se font des soins
de la peau, le nettoyage de la peau, mais aucune de ces choses, sauf
I'électrolyse qui est une spécialisation.
Si vous voulez, les deux points qui nous touchent le plus, ce sont les
points greffe des cheveux
et "peeling" reliés à la définition de "studio
d'esthétique". Partant de ces définitions, le reste s'ensuit.
Tout peut porter à confusion.
M. Bédard (Chicoutimi): N'étant pas un expert en
termes d'esthétique, quand vous parlez de "peeling" léger, cela
va jusqu'où?
Mme Gillet-Robert: Dans les substances qu'on emploie, il peut y
avoir certains produits qu'ils appellent "coup de gomme", c'est-à-dire
un nettoyage mécanique. La personne applique un masque et le gomme. Ce
ne sont que les couches superficielles, les cellules mortes de la couche
cornée qui sont éliminées. La peau est
oxygénée. Il y a aussi des substances qui, comme la papaïne,
des choses comme cela, digèrent les cellules mortes. Encore là,
cela n'agit que sur les cellules en surface et toute personne peut avoir cela
à n'importe quel moment. Il n'y a aucune contre-indication,
contrairement au "peeling" profond qui cause des brûlures au
deuxième degré.
Le Président (M. Pilote): D'autres questions? Le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je voudrais également remercier les membres de
l'Association des esthéticiennes de leur mémoire qu'elles ont
présenté de façon si objective et avec le sourire. Je vous
assure que cela nous aide grandement à mieux comprendre leur
mémoire. Quoique, également, je suis peut-être, un peu
comme le député de Chicoutimi, intéressé davantage
par la forme du bill comme tel; nous en reparlerons un peu plus tard à
l'occasion des débats à l'Assemblée nationale.
Peut-être, immédiatement, comme indication au ministre, entrevoir
la possibilité de scinder le bill, parce qu'il y aura peut-être
deux principes. Nous soutenons qu'il y a deux principes, plusieurs principes,
mais, en tout cas, deux principes dans ce bill. En ce qui nous concerne, nous
allons sûrement être d'accord sur la partie qui concerne les
esthéticiennes. Une meilleure définition du mot "peeling",
après vos explications en tout cas, nous intéresse davantage et,
de ce côté, je ne vois pas que cela pose de problème. Je
pense qu'on va faire l'unanimité là-dessus. Quant au reste, on en
reparlera un peu plus tard. Merci.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne suis pas sûr que nous
fassions l'unanimité là-dessus, à moins que le ministre
nous assure qu'il y aura peut-être la possibilité de faire deux
parties différentes. Moi, je tiens bien à avoir l'accord du
ministre sur ce point parce qu'à un moment donné, vous allez
être au courant que le bill 88 est adopté, et parce que vous savez
qu'il y a une partie qui est très importante, concernant la fluoration,
cela ne veut pas dire que la vôtre ne l'est pas. Elle est tout aussi
importante, et je voudrais que vous sachiez déjà à
l'avance que nous ne sommes pas seulement sympathiques à votre
mémoire, mais que nous voyons justement que vous proposez des mesures
fort judicieuses pour la santé publique également pour la
protection de votre profession. Cela est nécessaire. Je ne voudrais pas
que, lorsque vous aurez à analyser le vote qui sera fait et qui pourrait
être un vote contre, parce que, justement, il y a une partie du projet,
qui est la fluoration, sur laquelle vous savez nos positions vous avez
été à même de les ébouter aujourd'hui
vous en tiriez la conclusion que nous étions contre la partie qui vous
concerne.
Je suis convaincu que le ministre va nous accorder cela.
Le Président (M. Pilote): On vous remercie, mesdames, de
votre mémoire et soyez assurées que nous allons le prendre en
sérieuse considération.
M. Bédard (Chicoutimi): Ma question est au ministre.
Est-ce qu'on peut avoir...
M. Forget: M. le Président, après les explications
que viennent de nous donner le député de Rouyn-Noranda et le
député de Chicoutimi, je suis sûr que nos invitées
de cet après-midi ne leur en voudront pas lorsqu'ils voteront contre le
projet de loi. Elles ont très bien compris qu'ils n'en veulent pas aux
esthéticiennes, seulement au ministre des Affaires sociales. Je suis
sûr que le message est bien compris de tous.
Pour ce qui est de l'autre question, je crois qu'il sera plus
approprié d'en discuter à un autre moment.
M. Bédard (Chicoutimi): Quoiqu'on ne fasse jamais trop de
rectifications, est-ce que cela veut dire une fin de non-recevoir à la
demande que nous faisons?
M. Forget: Je pense que vous avez assez bien compris cela,
oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui? Il me semble que ce n'est pas
difficile de dire non.
M. Samson: En terminant, M. le Président, j'aimerais
spécifier que c'est évident que, quoi qu'il advienne, si le bill
était scindé pour nous permettre de discuter de cette question
spécifiquement, en deuxième lecture, nous voterions
évidemment en faveur de cette partie du projet de loi. Si le bill n'est
pas scindé, c'est évident qu'on aura à se prononcer contre
le projet de loi dans son ensemble. Mais on tient à vous dire que cela
ne serait pas contre la partie qui vous intéresse.
Cela voudrait dire qu'en troisième lecture, selon nos
règlements parlementaires, après la deuxième lecture,
quand on arrivera article par article, il nous fera plaisir d'appuyer un
amendement pour rendre le projet de loi selon vos désirs.
Motion pour dépôt de documents
(Suite)
Le Président (M. Pilote): On vous remercie, mesdames.
Soyez assurées que les membres de la commission vont prendre bonne note
de vos recommandations.
Avant de suspendre les travaux pour le souper, si vous me le permettez,
il y a eu un conflit, cet après-midi, concernant le dépôt
de documents.
J'ai vérifié dans le journal des Débats et je donne
raison au député de Rivière-du-Loup. Je n'avais pas
demandé l'assentissement des membres de la commission...
M. Lafrance: Nous avons un très bon président.
Le Président (M. Pilote):... sur le troisième
rapport. J'avais demandé l'assentiment sur le rapport
présenté par le député de Rouyn-Noranda, sur le
rapport du Dr Schatz; j'avais demandé également l'assentiment des
membres sur la bibliographie de la fluoration présentée par le
ministre des Affaires sociales mais, pour le troisième document, je
n'avais pas demandé l'assentiment des membres.
Or, en vertu des règlements, à l'article 176 de nos
règlements, du règlement de la Chambre, la commission est la
continuation de la Chambre, si vous voulez, il est spécifié ce
qui suit: "Le gouvernement n'est pas obligé de produire des documents
s'il le juge contraire à l'intérêt public; il peut aussi
refuser de produire ceux qui peuvent être obtenus normalement par
d'autres moyens et dont la préparation serait trop longue en regard de
leur utilité." Egalement à l'article 175, je m'excuse, c'est
plutôt l'article 175, on dit: "Qu'il peut être prié de le
faire par un député." C'est le cas ici, c'est le
député de Rouyn-Noranda qui l'a fait et cette motion n'est
susceptible ni de débat, ni d'amendement.
Je mets aux votes le dépôt du document
présenté par le député de Rouyn-Noranda, Critique
technique du dossier sur la fluoration 1974, ministère des Affaires
sociales, Gilles Parent, Roger Fos-sier et Jeannette Baron.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement.
Avant de passer au vote, d'abord, il est six heures, j'ai une argumentation
à faire valoir quant au règlement sur ce point de vue. Alors,
avec votre permission, étant donné qu'il est six heures, est-ce
qu'à huit heures on pourrait me permettre de faire valoir mon
argumentation au point de vue du règlement?
Le Président (M. Pilote): C'est que le règlement,
justement, dit ni discussion ni débat ni amendement.
M. Samson: Non, M. le Président, j'ai un point de
règlement à expliquer. J'ai invoqué le règlement
à ce moment-là et il est six heures.
M. Bédard (Chicoutimi): L'esprit du règlement est
qu'il n'y a pas d'argumentation sur le fait que le document doit être
déposé ou non. C'est comme cela que je l'interpréterais,
mais le député a quand même le droit à
l'argumentation sur l'application ou non de cet article...
M. Samson: Le règlement.
M. Bédard (Chicoutimi):... de règlement, sur un
point de règlement.
Le Président (M. Pilote): Alors, la commission suspend ses
travaux il est six heures à huit heures. (Suspension de la
séance à 18 h 4)
Reprise de la séance à 20 h 13
M. Pilote (président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
J'inviterais les membres de la commission à prendre leur
place.
Au moment de suspend re les travaux ce soir, à 6 heures, il
était question de dépôt de documents, et je suspendrais le
droit de réplique ou le droit de règlement du
député de Rouyn-Noranda pour donner la parole au ministre des
Affaires sociales. ~
M. Forget: Merci, M. le Président. Pour abréger les
débats et permettre à la commission de poursuivre ses travaux, je
suggérerais, M. le Président, que nous acceptions de consentement
unanime de déposer les documents suggérés par le
député de Rouyn-Noranda, pourvu qu'on y joigne également
le document du ministère des Affaires sociales, dont ce premier document
est un commentaire d'ailleurs.
M. Samson: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela fera une suite logique.
M. Samson:... je suis très heureux de voir que,
finalement, le dépôt de documents que nous avons fait cet
après-midi va nous valoir un autre dépôt de documents. Bien
entendu, cela me prive d'un très beau débat de procédure
que j'avais préparé sur l'heure du souper. Tout ce que j'ai
à regretter, c'est que je n'ai presque pas soupé pour
préparer ce débat.
M. Dufour: Attendez, je vais prendre note de cela.
M. Samson: Mais, M. le Président, je suis prêt,
malgré tout, à abandonner tout cela. Ce que nous voulions, dans
le fond, c'est que ces documents soient déposés. Ils le sont.
Chacun a mis de l'eau dans son vin et c'est merveilleux.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Rivière-du-Loup.
M. Lafrance: M. le Président, je vous remercie pour avoir
reconnu, cet après-midi, que nous étions strictement dans la
légalité en refusant le dépôt du document.
Après avoir regardé le journal des Débats, je n'ai pas
d'objection à ce qu'on dépose le document, quoique le
règlement ne nous le permette pas. Je n'aurai pas d'objection, M. le
Président, à condition que cela ne devienne pas une coutume.
C'est une exception qu'on fait à la règle, et on peut
considérer, en ce qui me concerne, que le document est
déposé.
Mais, il ne faudrait pas oublier, M. le Président, que si chacun
des organismes revient à la charge, pour expliquer ou dire d'autres
choses qui n'ont pas été dites ou qu'ils ont oublié de
dire en commission, ça va devenir un charivari et on ne peut accepter
cela. Alors j'accepte, pour cette fois-ci, le dépôt de ce document
pour que l'on puisse entendre les autres organismes qui sont venus nous
présenter des mémoires et qu'on a bien hâte d'entendre. Je
vous remercie, M. le Président.
M. Samson: Je m'excuse, je suis obligé, à la suite
des propos que je viens d'entendre, M. le Président, de vous dire que,
malgré tout, je ne suis pas d'accord sur l'interprétation du
député de Rivière-du-Loup. Je n'ai pas l'intention de
soulever un débat de procedure, je ne veux pas que cela aille plus loin,
mais je voudrais quand même que l'entente qu'on a prise à la
dernière minute soit sans préjudice à mes droits futurs
à l'occasion d'une circonstance analogue...
M. Lafrance: C'est pour nous sans préjudice pour vos
droits.
M. Samson:... parce que la documentation que j'avais
apportée pour ce débat de procédure pourra m'être
utile à un autre moment.
M. Dufour: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Le député de
Chicoutimi m'a demandé la parole.
M. Bédard (Chicoutimi): Je veux simplement dire que
j'accepte inconditionnellement le dépôt des documents. Si une
autre situation se présente, on la réglera en temps et lieu.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Vanier.
M. Dufour: Je voudrais dire au député de
Rouyn-Noranda qu'une fois n'est pas coutume. Merci.
Le Président (M. Pilote): J'inviterais, messieurs, l'Ordre
des chimistes, représenté par M. Jean-Guy Villeneuve, le Dr
Boutin à bien vouloir présenter ce rapport et identifier les
personnes qui l'accompagnent.
Ordre des chimistes du Québec
M. Villeneuve: M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission, nous tenons à vous remercier de nous avoir
permis de venir vous soumettre nos représentations sur l'importante
question de la fluoration des eaux de consommation.
Les membres de l'Ordre des chimistes qui agissent à titre de
représentants sont à mon extrême gauche, Mme Henriette
Bataille, vice-présidente de l'Ordre des chimistes, M. Marius D'Amboise,
professeur au département de chimie de l'Université de
Montréal, M. Claude Barbeau, professeur au département de chimie
de l'université Laval, à mon extrême droite, M. Jean-Claude
Roy, directeur du département de chimie de l'université Laval, et
M. Denis Boutin, président de l'Ordre des chimistes.
M. le Président, notre présentation comporte trois volets,
c'est-à-dire un exposé qui est un résumé sommaire
du contenu de notre mémoire; deuxièmement, M. Boutin vous
exposera, d'une façon un peu plus scientifique, l'origine des fluorures
et, fina-
lement, M. Claude Barbeau et M. Marius D'Amboise effectueront une
démonstration de dosage de fluor.
A titre d'observation préliminaire à notre mémoire,
nous tenons à situer notre mémoire dans le contexte de
l'étude de la commission parlementaire des affaires sociales. Notre
mémoire s'abstient d'entrer dans la controverse, pour ou contre la
fluoration.de même qu'il s'abstient de se prononcer sur le choix du
gouvernement ou du législateur, du véhicule de fluor ou de
fluorure; plus particulièrement, nous nous en tiendrons rigoureusement
au problème du contrôle du fluor ou des fluorures qui sont
ajoutés aux eaux de consommation.
Au plan du contrôle, on doit distinguer deux niveaux, soit le
contrôle au moment de l'addition du fluor et, dans un deuxième
niveau, un contrôle au moment de la consommation. Au moment du
contrôle, c'est-à-dire en ce qui concerne le contrôle au
moment de l'introduction du fluor dans l'eau, il y a trois
éléments qu'il faut considérer: La qualité des
fluorures utilisés, les appareils doseurs de fluor et, finalement, le
personnel qui est chargé d'effectuer les manipulations de fluor ou de
fluorure que l'on ajoute à l'eau.
Au niveau de la qualité des fluorures utilisés, nous vous
référons à la page 4 de notre mémoire,
particulièrement, et nous laissons à M. Boutin le soin
d'élaborer davantage ce point.
En ce qui concerne l'appareillage, c'est-à-dire les appareils
doseurs de fluor, nous voulons simplement mentionner que nous présumons
que le gouvernement se prévaudra de l'expertise des gens
compétents en la matière, susceptibles de le guider dans le choix
de ces appareils. Nous pensons particulièrement aux
ingénieurs.
En ce qui concerne le personnel qui est chargé d'effectuer les
manipulations en vue de fluorer l'eau de consommation, nous croyons qu'il doit
avoir un minimum de connaissances techniques et scientifiques. Nous croyons
également qu'il est nécessaire que des personnes
compétentes puissent vérifier la qualité de son
travail.
En ce qui concerne le contrôle de la teneur en fluorure au moment
de la consommation, nous en arrivons au point le plus important de notre
mémoire. Comme vous le savez, l'écart entre la dose optimale et
la dose minimale efficace est extrêmement mince. Ceci nécessite un
contrôle sérieux, parce que l'eau que l'on offre au consommateur
n'est pas chimiquement pure. On peut, en effet, retrouver une quantité
importante d'éléments qui peuvent réagir avec le fluor
qu'on ajoute à l'eau et influencer en conséquence la
concentration. Il faudra donc une analyse continue et régulière
de l'eau pour assurer que la concentration optimale est respectée.
De plus, un facteur dont il faut tenir compte au niveau du
contrôle de teneur en fluorure dans l'eau est le facteur temps. Il est en
effet nécessaire de maintenir en to ut temps la concentration en
fluorure dans l'eau très près de la dose optimale afin de
respecter les normes de variation minimales et maximales, d'où
l'importance d'un contrôle continu de la teneur en fluor.
Il serait également bon d'ajouter que, dans les systèmes
d'aqueduc plus complexes, c'est-à-dire dans les grandes villes, nous
croyons qu'un contrôle devrait être exercé à tous les
points.
Au niveau du projet de loi 88, nous aimerions formuler quelques
observations. Les articles 24 a) et 24 b) de l'article 2 du projet de loi
obligent le propriétaire d'une usine de filtration à
procéder à l'analyse des eaux de consommation en vue de
déterminer la teneur naturelle en fluor de ces eaux. Cependant, nous
constatons que ces articles ne stipulent rien quant aux modalités
d'exécution de cette obligation légale, de façon à
assurer l'authenticité scientifique de ces analyses.
En ce qui concerne les mécanismes de contrôle de la
qualité des appareils doseurs de fluor, de même que la
vérification de leur fonctionnement et les opérations de ces
appareils, la loi nous semble contenir les mécanismes de contrôle
adéquats. En ce qui concerne l'article 13 qui oblige tout
propriétaire à effectuer les analyses req uises par le ministre
qui peut faire procéder lui-même à ces analyses en cas de
défaut, nous constatons que la loi est muette sur la fréquence et
les modalités d'application de ces mesures de contrôle. En
particulier, la loi ne prévoit pas comment un propriétaire doit
procéder à l'analyse des eaux de consommation et par qui ces
analyses doivent être effectuées. Pourtant, il nous semble que
c'est au moment de la consommation que les mesures de contrôle sont
importantes, parce qu'elles donnent l'assurance que cette mesure de protection
atteint sa pleine efficacité et prévient ces effets nocifs.
En conclusion, nous avons mis l'accent sur différents facteurs
dont il faut tenir compte pour en arriver à une fluoration optimale dans
l'eau de consommation. Ces facteurs nous amènent à conclure qu'un
contrôle très sérieux par des gens compétents doit
être fait, tant au niveau de l'usine de traitement qu'au niveau de la
consommation. Sans aller jusqu'à prétendre que le contrôle
doit être laissé à l'entière responsabilité
des chimistes, nous pensons, en particulier, au contrôle journalier, nous
croyons que la surveillance ou tout au moins les contrôles
périodiques doivent être effectués par la personne la plus
compétente en matière d'analyse chimique, soit le chimiste.
C'est pourquoi l'ordre des chimistes a tenu à attirer l'attention
de la commission pour que les dispositions appropriées soient incluses
dans le projet de loi no 88, afin d'assurer adéquatement la protection
de la santé publique.
Sur ce plan, précisément, nous aimerions ajouter, sans
aucun doute, que certaines réponses à nos observations seront
contenues dans la réglementation et, en particulier, comme la Loi de la
protection de la santé publique prévoit un délai de 90
jours entre la publication de cette réglementation et son adoption par
le lieutenant-gouverneur en conseil, sans aucun doute, les organismes
intéressés auront l'occasion de faire des représentations
au ministre.
Cependant, nous continuons à nous interroger sur certaines
imprécisions contenues dans la loi en
ce qui concerne le pouvoir réglementaire conféré au
ministre. Nous relions ces imprécisions aux observations que nous avons
formulées antérieurement en ce qui concerne les modalités
et la fréquence des analyses chimiques en vue d'un contrôle
adéquat des fluorures dans les eaux de consommation.
A ce stade-ci, j'aimerais passer la parole à M. Boutin,
président de l'Ordre des chimistes, qui traitera brièvement de
l'origine des fluorures.
M. Boutin (Denis): M. le Président, le fluor, le plus
électro-négatif de tous les éléments chimiques est
doté d'une activité telle qu'il n'existe pratiquement jamais
à l'état libre dans la nature. Abstraction faite du fluor
à l'état gazeux préparé en quantités
relativement peu abondantes, cet élément se trouve surtout dans
l'industrie comme dans la nature sous forme de combinaisons, les fluorures.
Parmi les fluorures manufacturés, les composés
minéraux demeurent les plus abondants bien que l'importance et le nombre
des composés organiques ne cesse de croître. Les rares fluorures
organiques naturels constituent surtout une curiosité et ne jouent
pratiquement aucun rôle économique.
Sous forme de fluorure, le fluor occupe la 17e place, par ordre
d'abondance, parmi les principaux éléments de l'écorce
terrestre. Des analyses récentes n'ont pas modifié cette
estimation.
Compte tenu de cette abondance, il n'est pas surprenant de trouver
d'importantes quantités de fluorure dans l'eau de mer, dans maintes
sources d'eau potable, dans des gîtes minéraux, fluorine,
cryolithe, fluorapatite et dans les poussières superficielles au
voisinage de certains de ces gisements.
Les principales sources de fluor intervenant dans la physiologie humaine
sont premièrement l'eau, certaines espèces
végétales, des poissons et des fruits de mer, les
poussières dans diverses régions et quelques processus
industriels.
On peut être assuré qu'aucune des eaux à la
disposition de l'homme pour ses besoins personnels n'est pure au sens chimique
du terme. Elles renferment toutes, à des concentrations plus ou moins
élevées, de multiples substances dissoutes ou en suspension;
calcium, magnésium, sodium, potassium, manganèse, strontium,
etc.
La plupart des eaux potables, sinon toutes, renferment aussi des
fluorures constituant ainsi pour l'homme une source presque universelle de ces
composés.
La masse d'eau dont l'homme dispose normalement intervient dans le cycle
hydrique, dont on peut considérer qu'il prend naissance dans les mers.
L'eau de mer contient d'importantes quantités de fluorure, les
concentrations indiquées allant, selon les estimations, de 0.8 à
1.4 partie par million. Ces données datent de 1962.
Par ailleurs, l'atmosphère contient fréquemment des
fluorures d'origines diverses, poussières arrachées à des
sols fluorés, fumées industrielles, feux de charbon dans les
zones habitées et émanations de gaz dans les régions
d'activité volcanique. Toutes ces sources peuvent contribuer à
élever la teneur en fluorures des précipitations.
Pourtant, les fluorures parvenant dans l'eau, à partir de l'eau
de mer, soit directement, soit par le biais de la pollution
atmosphérique, sont sans doute peu abondants par rapport à ceux
qui résultent de la lixiviation des roches et des sols superficiels.
Les fluorures sont largement répandus dans la nature. On estime
que, sous cette forme, le fluor constitue environ 0.032% de l'écorce
terrestre.
Le fluor présent dans les roches et dans le sol peut appartenir
à des minéraux extrêmement variés, fluorine,
apatite, micas, et le fluorure le plus fréquent est la fluorine ou spath
fluor Cat 2 qui renferme jusqu'à 49% de fluor, d'où une teneur en
fluor très élevée.
La présence de fluor dans les diverses catégories de
roches constituant l'écorce terrestre a fait l'objet d'une vaste
compilation de la part d'investigateurs. Par exemple, en Finlande, le granite,
qui contient de 1,100 à 4,700 ppm de fIuor, est considéré
comme à l'origine des eaux fortement fluorées.
Il convient de mentionner les gîtes de minéraux
fluorés où la teneur en cet élément est suffisante
pour leur conférer une valeur commerciale. Les minéraux les plus
importants à cet égard sont la fluorine ou spath fluor, la
cryolithe et la fluoroapatite. Les gisements exploitables de fluorine sont
très répandus, mais les principales zones productives sont
situées en Amérique du Nord, notamment dans l'Illinois, le
Kentucky et à Terre-Neuve. La cryolithe aluminofluorure de sodium est le
minérai préféré dans l'industrie, en raison de son
point de fusion peu élevé et de sa faible température de
décomposition. Les principaux gisements possédant une valeur
commerciale sont les pegmatites à cryolithe du Groenland. L'apatite est
le constituant essentiel des phosphates de roches, matières
premières des engrais phosphatés.
La chimie des fluors en présence de l'eau. La teneur en fluor des
précipitations dépend pour beaucoup de la nature et du
degré de liberté des polluants atmosphériques qu'elles
contiennent. Par ailleurs, dans les eaux superficielles et souterraines, cette
teneur dépend des facteurs plus nombreux dont le principal est le
degré de liberté de la solubilité des minéraux
fluorés avec lesquels elles sont en contact. La plupart des
minéraux fluorés sont peu solubles et cette solubilité
peut dépendre de celle des roches auxquelles ils appartiennent.
Outre la présence et la solubilité des composés
fluoraux, d'autres facteurs jouent un rôle important dans la
détermination de la teneur en fluor d'eaux superficielles ou
souterraines. On peut citer la porosité des roches et des sols où
l'eau circule et la vitesse de cette circulation, la température
à laquelle a lieu l'interaction entre les eaux et les roches, la
concentration de l'eau en ions H plus et en CA plus plus. La teneur en fluor
est généralement plus élevée dans les eaux
alcalines, ainsi que dans les eaux plus chaudes que la normale. Très
souvent, l'eau contient un excès de calcium. Dans ces conditions, le
composé qui régit la concentration en fluor est
généralement le fluorure de calcium, dont la solubilité
à la température ordinaire est d'environ 15 p. p.m. Lorsqu'un
fluorure est en solution dans l'eau, le fluor élémentaire se
trouve essentiellement sous la forme d'anion fluor F-. Mais il arrive
également
que sous l'influence de la concentration ionique et du PH de la
solution, il soit sous la forme de HF2-ou de HF non dissocié. Dans les
solutions diluées à PH7, le fluor est presque
intégralement sous la forme d'ions F-, mais lorsque le PH diminue, les
ions F- disparaissent progressivement au profit des ions HF2 et de HF non
dissocié. Il ne faudrait pas en conclure que, selon le composé
fluoré dont ils proviennent, les fluorures sont différents. La
raison de cette remarque est que certains auteurs font une distinction entre
fluorures naturel et artificiel. Si l'on fait, dans des conditions identiques,
deux solutions aqueuses, l'une de fluorure de calcium et l'autre de fluorure de
sodium, composé dont on peut admettre qu'il représente
respectivement ces deux catégories de composés, ces
composés s'ionisent et, dans les deux cas, on obtient le fluor sous les
formes F-HF et HF2- dont chacune est identique au point de vue chimique
à son homologue, quelque soit le composé dont elle provient.
Ceci pour vous indiquer l'importance de bien connaître la
composition des eaux naturelles, avant d'y introduire d'autres fluorures
puisque la quantité de fluorure libre est aussi fonction de la
concentration des autres éléments présents dans les eaux
naturelles. Maintenant, j'aimerais demander au professeur Barbeau, de vous
donner quelques définitions concernant la fluoration, concernant le
fluor, concernant l'ion fluor, etc.
M. Barbeau (Claude): Pour un chimiste, il apparaît que le
terme utilise dans le projet de loi, que ce soit le terme français ou le
terme anglais, laisse supposer qu'on met du fluor dans l'eau. Il faut
distinguer entre du fluor et du fluorure. Le fluor est un
élément, c'est un composé chimique extrêmement
toxique, au même titre que le chlore, mais encore beaucoup plus toxique
que le chlore. C'est un composé qui est tellement réactif qu'en
présencede l'eau, il se décompose pour donner du fluorure.
Donc, pour un chimiste, il apparaît malheureux qu'on ait
utilisé le terme "fluoration" plutôt que "fluoruration". Le terme
anglais qui est utilisé, "fluorination" donne l'impression
également qu'on y introduit du fluor, alors que le terme en usage, assez
courant pour les scientifiques, c'est "fluoridation" c'est-à-dire qu'on
y met du "fluoride" qui se trouve à être du fluorure. Alors il y a
autant de différence entre du fluor et du fluorure qu'entre un canon
chargé et un canon qui n'a pas de boulet.
Il faudrait, dans toute considération de nature scientifique,
bien distinguer fluor de fluorure et dans l'eau seul l'ion fluorure peut
exister. Le composé extrêmement toxique fluor ne peut pas exister
contrairement au composé "chlore" qui existe dans l'eau et
également aux chlorures qui existent. Les deux peuvent cohabiter, mais
fluor et fluorure ne peuvent pas cohabiter. Le terme "composé
fluoré" peut s'appliquer ordinairement à une gamme de
composés qu'on utilise quotidiennement par exemple dans les bonbonnes en
aérosol, ce qui permet la projection c'est ordinairement des
fluorocarbone. Egalement, dans la plupart des systèmes
réfrigérants, on utilise du fréon c'est-à-dire des
flurocarbones. La production industrielle des composés contenant du
fluor est au-delà de 70% dans les composés fluorocarbones. Et,
seuls les composés minéraux tels que le fluorure de calcium ou le
fluorure de sodium peuvent se dissoudre dans l'eau et, en se dissolvant,
libèrent le fluorure. Alors, pour un chimiste, le terme "fluorure" est
très différent du terme "fluor" et ne prête pas à la
confusion que le terme français utilisé, apparemment
mondialement, peut susciter.
Pour faire une démonstration très rapide, très
succincte du dosage du fluorure dans l'eau, nous avons apporté ici une
électrode à ion spécifique, qui à l'heure actuelle,
est la méthode la plus sensible, la plus rapide. On peut vous
démontrer rapidement comment cela fonctionne, en utilisant des solutions
qui contiennent du fluorure, qui n'en contiennent pas, de l'eau qui a
été prise à Sainte-Foy, Québec, et pour
répondre à certaines questions, le thé qui était
disponible au Café du Parlement.
Le professeur D'Amboise et moi-même, allons faire très
rapidement.
M. Samson: On va vous servir l'autre par la suite.
Le Président (M. Pilote): Les membres peuvent s'avancer
pour vérifier.
M. Barbeau: II faudrait mentionner que, lorsqu'on dose une
certaine teneur, le résultat est toujours entaché d'une
imprécision. Par exemple, lorsqu'on dit qu'on mesure un p.p.m., il
faudra toujours préciser, comment ce p.p.m. est obtenu. Est-ce de
l'ordre de 10% ou de 20%? Il ne faut pas se fier bêtement à
l'appareil. L'appareil reçoit un signal. Si le censeur est faux, le
signal sera faux. On ne peut pas avoir une meilleure précision que la
composante la moins précise.
M. Forget: Nous avons actuellement...
M. Samson:... de l'eau avant d'ajouter le fluor.
M. Barbeau: Non, c'est une solution de fluorure qui a
été préparée à partir d'étalons.
M. D'Amboise: En fait, c'est pour donner, pour faire une... Cela
prend un certain temps avant que l'électrode réagisse, c'est pour
cela que Ion observe une... Ceci est une concentration de .8 partie par million
de fluorure et maintenant...
M. Barbeau: II est à mentionner que I appareil
répondra si on note beaucoup d'autres ions hydroxides. Dans le mode
opératoire, on demande de travailler dans des conditions
d'acidité bien fixes.
Dans la plupart des eaux de consommation, il n'y a pas de
problème et l'addition de ce tampon qui amène à une
constante d'acidité est suffisante pour donner une bonne lecture. Mais
il est évident que. dans certaines eaux qui sont très alcalines,
la teneur en ion hydroxide peut affecter et le contrôle devrait
être bien fait pour ramener les eaux dans des conditions exactes pour la
détermination du fluorure et non pas de l'autre ion.
Ce sont des électrodes à ion spécifiques, mais dans
des conditions bien déterminées.
M. D'Amboise: Ici, nous pouvons dire qu'il n'y a aucun fluorure
dans cette eau. Le signal est, à toutes fins pratiques, zéro.
M. Barbeau: C'est une eau de Sainte-Foy.
M. D'Amboise: II n'y a absolument rien dans celle-là non
plus.
M. Barbeau: Ceci, c'est du thé qui a été
pris au Café.
M. D'Amoise: On va l'ajouter à une eau qui n'en contient
pas et qui contient de la solution tampon. On va le faire directement.
Déjà, sans faire de mesures tellement précises, on voit
qu'il y a au moins une partie par million de fluorure et cela, c'est
après dilution. Quand on la mesurera directement, on aura une
quantité évidemment plus grande. Il y a au moins deux parties par
million de fluorure dans le thé que l'on voit ici. On a une indication
à 1.5...
On peut peut-être examiner le café pour ne pas
perdre...
M. Barbeau: C'est également du café qui vient du
Parlementaire.
M. D'Amboise: Encore une fois, ceci ne contient pas de... Un
moment! Le café, on le voit, en a très peu. L'addition du
café ne produit à peu près pas de changement...
Cette échelle-ci est divisée à l'heure actuelle en
unités qui vont de .1 jusqu'à 10 p.p.m. Le mille qui est
là, il est équivalent à dix parties par million de
fluorure.
Nous avons évidemment un signal qui est entaché d'une
certaine erreur. L'erreur est fonction évidemment de l'appareil et aussi
du système que l'on utilise, pour faire des mesures. Est-ce que vous
avez autre chose à ajouter sur cette partie?
M. Barbeau: II peut survenir des problèmes au niveau de
l'électrode. C'est un censeur qui permet aux ions qui sont dans l'eau de
traverser à l'intérieur d'une membrane. Cette membrane, si elle
est partiellement bouchée ou si elle est partiellement détruite,
n'aura pas la même sensibilité. C'est évident qu'avec des
solutions étalons, on peut corriger, mais l'appareil étant moins
sensible, la précision va être moindre. Donc, ces
électrodes ont une durée de vie finie. On doit les changer
après un certain temps. Ce qui est important lorsqu'on utilise des
solutions étalons, c'est de bien vérifier que les étalons
sont bons, de la même façon que lorsque vous allez chez un
commerçant, vous vous attendez à ce que les pesées soient
bonnes, on apporte des poids qui sont des étalons, de la même
façon, les solutions qui servent à calibrer l'appareil doivent
être des solutions étalons et doivent provenir d'organismes ou
d'industries qui sont extrêmement consciencieux. De ce fait, il faudrait
que les solutions étalons soient sous contrôle d'un organisme
supramunicipal. Il existe également d'autres problèmes au niveau
de l'appareil parce que le calibrage de cet appareil doit être
effectué. On doit vérifier s'il répond bien. Là
aussi, on ne peut pas laisser au seul technicien d'une municipalité le
soin de décider si l'appareil est valable ou si les solutions
étalons sont bonnes, de même qu'on doit vérifier si le
technicien possède la compétence voulue et si, dans certains
types d'eau, il n'y a pas des problèmes qui viennent s'ajouter au mode
opératoire standard qu'on utilise. Egalement, les résultats
devraient toujours être donnés avec l'erreur qui y est
associée. Ainsi, si on mesure une partie par million à 5% ou
à 10% près, il faudra s'attendre donc à ce que la teneur
se situe entre 0.9% et 1.1% p.p.m., partie par million. Dans toute
méthode analytique, il y a deux aspects: II y a le mode
opératoire, il y a la technique en soi et il y a l'interprétation
de l'analyse, l'interprétation du résultat. Un bon technicien
comme un bon appareil technique peut effectuer une mesure.
L'interprétation de cette mesure doit être faite en tenant compte
de la connaissance du système, de la connaissance des
interférences, de la précision aussi de la méthode, parce
qu'il y a différents types d'erreurs. Il y a des erreurs
systématiques qui correspondent, en fait, au problème du niveau
de l'électrode, de l'appareil ou de la méthode. Il y a des
erreurs aléatoires qui sont des erreurs qui peuvent varier selon la
personne, qui peuvent varier selon le nombre d'échantillons que l'on
prend. Il y a également la sensibilité de l'appareil ou de la
méthode. En fait, une méthode en soi ne peut pas donner quelque
chose d'absolu. Il faut toujours qu'elle soit comparée à une
autre méthode. Il faut un contrôle. Dans cet ordre, nous
suggérons fortement que les techniciens des appareils soient sous
contrôle d'un personnel compétent, c'est-à-dire
professionnel au niveau de la chimie.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Boutin (Denis): M. le Président, suite à la
lecture de nombreux mémoires qui ont été
présentés à la commission parlementaire, on se
référait toujours au volume "Standard method for the examination
of water and water analysis" pour les analyses des fluorures dans l'eau.
L'expérience qu'on vient de vous faire est une expérience de
dosage des fluorures à l'aide d'électrodes spécifiques.
Dans le volume en question, c'est la méthode 121 B. Au paragraphe 6, on
dit: Precision and accuracy. Si l'on prend un inconnu d'eau pure et que l'on
ajoute 0.85 p.p.m. de fluorure, on dit qu'avec la méthode de
l'électrode spécifique, on obtient une déviation standard
de 3.6%, c'est-à-dire que 68% des résultats ont une erreur de
3.6%.
Or, en chimie, on ne travaille jamais avec une précision de 68%.
On travaille toujours avec une précision de 95% ou plus ou moins deux
sigmas, ce qui veut dire que c'est entaché d'une erreur d'environ 7.2%,
avec cette méthode.
Si on prend la méthode 121 c), on a une erreur, une
déviation standard de 8% et, si on ajoute des alcalis, si on ajoute des
traces d'aluminium et d'autres composés, on peut arriver à une
erreur de 16.2%. Par contre, si on fait la distillation telle que recom-
mandée, c'est une technique qui est très longue, à
ce moment-là, on descend à une erreur de 5.9%.
C'est pour vous montrer que le dosage des fluorures, c'est une chose qui
est complexe et il est très important que ce soient des gens
compétents qui aient le contrôle, à travers la province, de
ces dosages de fluorures.
M. Villeneuve: Avant de terminer, M. le Président, je
voudrais simplement faire une remarque en ce qui concerne notre mémoire,
qui constitue en réalité un effort de vulgarisation avec les
imprécisions que cela comporte, spécialement au plan de la
terminologie. Il est bien entendu qu'au lieu d'y voir une contradiction, il
faudra... Bien entendu, il faut parler en termes de fluorure et non de fluor et
en termes de fluoruration et non de fluoration.
Egalement, notre mémoire comporte un complément à
caractère plus scientifique qui a été
préparé par M. Jean-Claude Roy, qui est également membre
du comité ici présent, et qui s'intitule: Fluoration
contrôlée de l'eau. Merci.
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre des
Affaires sociales.
M. Forget: Merci, M. le Président. Je voudrais remercier
l'Ordre des chimistes du Québec pour non seulement son mémoire,
mais également une démonstration fort intéressante. J'ai
très peu de questions à poser, mais, malgré tout, M. le
Président, je crois qu' il est peut-être nécessaire de
revenir, encore une fois, sur cette distinction entre les fluorures artificiels
et les fluorures naturels.
Je crois que nos invités étaient présents, plus
tôt durant la journée, lorsque les représentants de
l'Association médicale canadienne ont insisté sur cette
distinction, celle reflétant des origines différentes, mais ne
comportant, sur le plan médical, au moins, celui sur lequel ils se
prononçaient, aucune différence.
Sur le plan chimique, une fois les fluorures ajoutés à
l'eau de consommation, est-il possible de distinguer entre, pour employer votre
expression, une eau fluorurée naturellement et une eau fluoru-rée
artificiellement?
M. Roy (Jean-Claude): M. le ministre, absolument pas. Une fois
dans l'eau, peu importe l'origine du fluorure, c'est toujours l'ion
fluorure...
Le Président (M. Pilote): Pourriez-vous parler plus fort
s'il vous plaît?
M. Roy (Jean-Claude):... et il n'y a absolument aucune
méthode pour distinguer le fluorure artificiel, produit par des
méthodes synthétiques, de celui que l'on trouve dans la
croûte terrestre. C'est absolument la même espèce,
absolument non identifiable l'une de l'autre.
M. Forget: Je vois. On a eu la démonstration d'un test par
un analyseur d'ion, si je comprends bien. Il y a aussi d'autres tests que l'on
retrouve, des tests colorimétriques, un peu comme les gens font pour
tester le niveau d'acidité ou autre, le niveau de chlore dans les
piscines.
Tout le monde a utilisé, je pense bien, maintenant, ces tests qui
indiquent, par la couleur, sur des échantillons, le dosage. Est-ce que
des tests colorimétriques peuvent également être
utilisés soit comme alternative ou comme contrôle d'autres tests
qui sont faits par les méthodes dont vous avez fait la
démonstration?
M. Barbeau: II y a quelques années, seule la
méthode colorimétrique était con nue et ce n'est que
depuis deux ans qu'aux Etats Unis on a accepté les résultats de
l'analyse par électrode à ions spécifiques. La
méthode par colorimétrie peut se faire de deux façons,
soit que l'on extraie le fluorure et qu on le mette dans un autre contenant et
on le concentre pour ensuite le faire réagir avec un système qui
donnera une coloration ou encore on le mesure directement. Lorsqu'on le mesure
directement, l'imprécision est extrêmement grande parce que non
pas seulement le fluorure mais le sulfate, des ions de sulfate sont
présents, des ions de salathe. vont donner la même
réaction. C'est la raison pour laquelle on doit distiller,
c'est-à-dire sortir le fluorure. C'est évident que lorsqu'on sort
le fluorure d'un milieu, il y a des probabilités de perte, au point de
vue technique c'est beaucoup plus complexe et plus long qu'une méthode
directe comme celle que nous avons montrée. Mais il est évident
que c est une méthode très bien connue et lorsqu'il y a dispute
au niveau de deux arbitres qui doivent faire une mesure de fluorure, la mesure
effectuée par colorimétrie est celle qui prévaut
encore.
Il se pourrait que, dans quelques années, on accepte celle avec
électrode à ions spécifiques.
Il est évident que les deux méthodes doivent donner
à peu près la même valeur.
M. Forget: Certains arguments que nous avons entendus en
commission tendaient à suggérer que certains véhicules
pour l'ion fluor étaient plus nocifs, pouvaient être plus nocifs
qu'un autre véhicule; en particulier, on a contrasté à cet
égard le fluorure de sodium au fluorure de calcium, je crois. Est-ce
qu'effectivement il y a un avantage marqué à utiliser un
véhicule plutôt que l'autre ou est-ce qu'il y a des dangers qui
sont associés en particulier à l'utilisation du fluorure de
sodium?
M. Boutin (Denis): M. le Président, dans le volume
Fluoridation de Chemical Rubber de 1972, à la table 12, on donne soit
l'utilisation du fluorure de calcium, de l'exasilicofluorure de sodium, du
fluorure de sodium, de l'acide exahydrofluorosilicique, de l'exasilicofluorure
de magnésium et de l'exasilicofluorure d'ammonium.
Dans ce tableau, on donne les formes, soit les formes de poudre, de
liquide ou de cristaux et on donne aussi le coût. Parexemple, si on a un
système pouvant utiliser le fluorure de calcium, ça revient
à $0.063 par livre de fluorure disponible. Si l'on prend
l'exasilicofluorure de sodium, ce qui est grandement utilisé, ça
revient à $0.0169 par livre de fluorure disponible, le fluorure de
sodium à $0.48, l'acide hydrofluorosilicique H2Sif6 à $0.47, le
silicofluorure de magnésium ou l'exasilicofluorure de magnésium
à $0.54 et l'exasilicofluorure d'ammonium à $0.24.
Maintenant, lorsque les fluorures sont dans l'eau, comme on l'a dit
précédemment, nous avons ion F- dans l'eau et peu importe la
provenance, que ça provienne du fluorure de calcium ou du fluorure de
sodium ou de l'exasilicofluorurede sodium, nous avons toujours le F- 1.2 partie
par million qui équivaut à 1.2 partie par million.
M. Forget: Au point de vue de la solubilité, j'imagine
qu'il y a avantage à utiliser un sel de fluor qui est le plus soluble
possible de manière à assurer une dispersion de la solution qui
soit absolument uniforme.
A cet égard, est-ce qu'il y a un avantage à l'un ou
à l'autre des sels qui est mentionné?
M. Boutin (Denis): M. le ministre, la question que vous venez de
nous poser, on peut vous donner les solubilités des différents
produits, mais lorsque vient le moment de le solubiliser, d'en faire... Nous
croyons que c'est un problème d'ingénierie. Cela relève
totalement des ingénieurs d'arriver et de vous proposer un
système qui fera en sorte que l'on aura une solubilité identique
qui pourra être utilisée dans toute la province.
Je peux vous donner la solubilité du fluorure de calcium dans
l'eau à 25 degrés par 100 grammes, c'est 0.0016; le fluorure de
sodium, c'est 0.762, c'est-à-dire l'exact silicofluorure de sodium,
0.762 et le fluorure de sodium, 4.05. Pour solubiliser le fluorure de calcium,
on n'utilise pas uniquement le fluorure de calcium, mais en ajoutant de l'alun,
on obtient des concentrations que l'on peut très bien calculer et que
l'on peut manipuler, de telle sorte qu'on peut utiliser facilement le CaF2
comme source de fluorure. On peut retrouver toutes les données que je
vous donne dans le volume "Fluoridation, the Chemical rubber, 1972".
M. Forget: En d'autres termes, est-ce que je comprends bien en
disant, si j'essaie de prendre vos propos, sous d'autres termes, que les
différences qui peuvent exister entre différents sels de fluor
sont, d'une part, les différences de coût et, d'autre part, des
différences, peut-être, de solubilité qui peuvent
être surmontées avec les moyens connus sur le plan du
génie, de l'"engineering" nécessaire pour obtenir le
résultat désiré. Il n'y a rien de particulièrement
difficile. C'est un problème d'utiliser des moyens
appropriés.
M. Bourin (Denis): C'est exact. Si l'on a des chimistes et des
ingénieurs qui travaillent ensemble, à ce moment, il y a des
systèmes qui pourront être construits qui seront très
efficaces, et on pourra obtenir de l'eau qui contiendra une proportion de 1.2
p.p.m. dans tout le système. Maintenant, en ce moment-ci, j'aimerais
souligner qu'il nous manque une experte, en la personne de Mlle Agathe
Bourassa, qui a été retenue à Montréal; elle n'a pu
être libérée pour assister à la séance de la
commission parlementaire. C'était l'experte pour répondre
àtou-tes les questions du genre de celles que vous venez de nous
poser.
M. Forget: Je ne veux pas insister sur des pro- blèmes de
génie qui ne sont pas strictement de votre domaine, mais dans la limite
où des réponses que vous croyez pouvoir nous donner, on
allègue que des problèmes pourraient exister dans la dispersion
d'une solution dans de très grandes masses d'eau de quantité
aussi minime. Est-ce que, effectivement, c'est un problème, en premier
lieu? Deuxièmement, est-ce qu'une solution, une fois obtenue dans une
usine de traitement des eaux de consommation, peut se dégrader, en
quelque sorte, dans son trajet vers les lieux de consommation, vers les
habitations, par exemple, soit parce que les pressions varient, soit parce que
durant les périodes nocturnes il y a peu de consommation d'eau et qu'il
pourrait y avoir une précipitation des sels, donc une diminution de la
concentration? Est-ce que ces problèmes sont réels ou si ce sont
des problèmes fictifs?
M. Barbeau: II y avait plusieurs points, je crois, dans votre
question de nature générale. Si vous me permettez, je vais
comparer avec d'autres systèmes, c'est-à-dire d'autres produits
chimiques qui sont ajoutés quotidiennement dans notre eau, que ce soit
l'eau de Québec ou l'eau de Sainte-Foy, par exemple. Dans le cas d'une
eau, donc de notre région on ajoute du chlore.
Alors,c'estvraimentduchloreque l'on ajouteet ça se disperse
très bien. On ajoute également du permanganate de potassium,
ça se dissout très bien et ça se disperse. On ajoute
quelquefois aussi de la soude caustique et apparemment ça se disperse
bien.
Alors, il n'y a pas de raison, si on ajoute correctement, qu'il n'y ait
pas une excellente dispersion. Pour répondre à votre
deuxième question, s'il y a des variations en cours de route, dans le
réseau, c'est extrêmement plus complexe. Je peux vous donner un
exemple. Du cuivre, il n'y en a pas dans l'eau de consommation, sauf si vous
ouvrez le robinet le matin, la première gorgée d'eau contiendra
environ 60 ppm de cuivre. C'est que l'eau a séjourné sous
pression dans une tuyauterie de cuivre, en présence d'ammoniaque et de
chlore, et c'est évident qu'à la température ambiante sous
pression, pendant une longue période, il peut y avoir réaction
chimique.
Donc, il peut y avoir variation, mais c'est dans des cas très
extrêmes. Par exemple, les 60 ppm de cuivre sont dans la première
gorgée et ensuite ça tombe en bas du ppm, la partie par million.
Il peut y avoir précipitation de fluorure, si la teneur en calcium est
extrêmement élevée, mais on ne peut pas atteindre cette
teneur en calcium dans les eaux courantes. Alors, le produit de
solubilité, c'est-à-dire la concentration d'ion fluorure de
calcium, n'est jamais suffisamment élevée pour qu'il y ait
précipitation. De même, il n'y a jamais assez de magnésium,
d'aluminium ou de fer en solution pour qu'il y ait précipitation.
M. Forget: Alors, ce sont des problèmes factices, dans la
limite des concentrations indiquées et dans la limite des conditions
d'utilisation normale.
M. Barbeau: Je n'oserais pas me prononcer là-dessus
sur...
M. Forget: Mais vous dites, parce qu'il est assez important de
comprendre ce que vous dites, qu'il n'y a pas de précipitation par
exemple, de cuivre, d'aluminium ou de fer dans les eaux de consommation. Donc,
quelqu'un qui alléguerait que l'eau qu'on boit le matin par exemple ou
l'eau qu'on boit durant la journée est chargée de fer et peut
causer un risque pour la santé ou le cuivre soulèverait un
problème factice, puisque cette précipitation ne peut pas se
produire.
M. Barbeau: Quelqu'un qui prend seulement des verres d'eau le
matin et qui prend beaucoup de cuivre, aura probablement des problèmes
plus tard, mais c'est dans des cas très extrêmes et très
particuliers et, de façon générale, c'est évident
que nous n'avons pas de cuivre dans notre eau, comme le matin, par exemple, il
est fort peu probable qu'on ait du clore résiduaire dans l'eau, parce
qu'il y a eu une réaction. La teneur en chloramine qui donne ce
goût ou cette odeur est beaucoup plus élevée le matin
également parce qu'il y a eu une réaction durant la nuit, mais,
sauf cette période, il n'existe pas de problème au niveau de
réactions chimiques et encore moins dans le cas du fluorure, qui est
l'espèce la moins réactive, c'est-à-dire qu'elle va rester
sous la forme de fluorure tout le temps.
M. Forget: Quand vous parlez de réaction, vous parlez de
réaction de ces substances en solution dans l'eau de consommation avec
la tuyauterie par exemple.
M. Barbeau: Par exemple.
M. Forget: Je vois. Pas d'autres questions, M. le
Président.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je
désire également féliciter l'Ordre des chimistes du
Québec pour son mémoire, un des mémoires les plus
sérieux, à mon humble opinion, qui a été
présenté et également le mémoire qui fait
réfléchir. Ce mémoire est à partir d'une
étude que vous avez faite vous-mêmes et vous ne vous prononcez que
sur les éléments du problème que vous avez pu constater
vous-mêmes du point de vue scientifique.
Votre mémoire prouve que, même si on part du principe que
le fluor, d'une façon générale, a des effets
bénéfiques, ça ne règle pas définitivement
le problème que le degré de concentration optimale est de toute
première importance d'une part et également que la manière
de faire le dosage et l'aspect technique que cela peut représenter, le
contrôle qui doit être effectué se doit d'être
efficace, très soutenu, si l'on veut arriver à des
résultats qui soient bénéfiques pour la santé.
Vous avez parlé, au début de votre... Je comprends que
vous ne portez pas de jugement de valeur sur le pourcentage de concentration
optimale qu'on dit devoir être 1.2 ici au Québec. Vous tenez pour
acquis, autrement dit, que ce doit être cela, parce que, effectivement,
des études en de- hors de vous ont été faites et sont
arrivées à cette conclusion.
M. Boutin (Denis): M. le Président, notre champ de
compétence, comme on l'a dit dans le mémoire se résume,
pour les fluorures, à doser les fluorures et, si on nous dit que la
quantité de fluorure doit être de 1.2, on verra, en tant
qu'organisme pour la protection du public, à ce qu'il y ait 1.2. plus ou
moins l'erreur qui est allouée pour les différentes
méthodes de dosage. A savoir s'il doit y avoir 1.2 ou 1.3. nous n'avons
pas la compétence...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne portez pas de jugement de
valeur là-dessus?
M. Boutin (Denis): On ne porte aucun jugement
là-dessus.
M. Bédard (Chicoutimi): Une chose qui est certaine, c'est
que vous établissez également dans votre mémoire, et c'est
peut-être plus clair là que cela ne l'a été dans les
autres, la nécessité rigoureuse de respecter les standards. A la
page 3 de votre mémoire, vous spécifiez que tout
procédé de fluora-tion, si on ne respecte pas les standards,
devient ou totalement inefficace ou préjudiciable à la
santé.
Comme nous, vous avez mentionné d'une façon très
claire que l'écart entre la non-efficacité et le danger pour la
santé publique, c'est quand même très faible. Autrement
dit, on ne peut pas jouer... Je ne vous poserai pas la question, parce que vous
ne voulez pas porter de jugement de valeur, j'imagine. Je voulais vous poser la
question: Est-ce qu'on peut parler indifféremment de 1.2 ou de 1.5? De
ce côté-là, j'imagine que vous ne portez pas de jugement.
Vous demeurez conforme à votre manière de procéder.
M. Boutin (Denis): M. le Président, nous nous sommes
basés sur les données qui nous ont été fournies par
des gens compétents dans le domaine et, à partir de ces
données, nous nous en tenons au dosage. Nous voulons la protection du
public et. si on nous dit que cela doit être compris entre 1.1 et 1.3,
nous devons tout faire pour que ce soit compris entre 1.1 et 1.3.
M. Bédard (Chicoutimi): Personnellement, vous savez que
l'écart entre ce qu'on appelle la non-efficacité et le danger
pour la santé publique est quand même minime, est quand même
faible, pour employer l'expression de votre mémoire.
M. Boutin (Denis): Si je reprends votre question, je ne peux pas
me prononcer personnellement, parce que nous représentons ici un ordre
professionnel. A ce moment-là, on ne peut pas se prononcer
personnellement.
M. Bédard (Chicoutimi): Disons que, personnellement, vous
ne pouvez pas vous prononcer. Maintenant, les études que vous avez
consultées, quand même, explicitent très clairement que cet
écart est faible?
M. Boutin (Denis): Exact.
M. Bédard (Chicoutimi): Tel que vous le dites dans votre
rapport.
M. Boutin (Denis): C'est exact.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous dites, dans votre rapport: Au
Québec, on utilise à la page 4 de votre rapport
surtout le silicofluorure de sodium pour la fluoration des eaux, parce qu'il
semble que ce produit contient la plus grande concentration de fluor soluble
dans l'eau et que c'est aussi le produit qui coûte le moins cher, si l'on
tient compte de son coût et de sa concentration en fluor, comparativement
aux autres produits.
Pouvez-vous apporter un jugement de valeur là-dessus, si c'est ce
produit qu'on emploie au Québec qui, normalement, à votre opinion
est celui le plus souhaitable?
M. Boutin (Denis): Nous nous sommes basés sur le dossier
technique de 1974 sur la fluoration.
M. Bédard (Chicoutimi): Le dossier technique des Affaires
sociales.
M. Boutin (Denis): Du ministère des Affaires sociales.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
M. Boutin (Denis): On nous donne tous les noms des villes qui
utilisent les différents composés. Il nous a semblé que le
silicofluorure de Sodium ou, plus précisément,
l'exasilicofluorure de sodium était l'élément de base le
plus utilisé.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, il est le plus
utilisé. Est-ce que les études que vous avez pu faire ou les
experts que vous avez pu consulter ou les travaux que vous avez pu consulter
vous incitent à croire que c'est le produit préférable
à d'autres?
M. Boutin (Denis): A ce moment-ci, il faut vous souligner une
chose, c'est que nous, en laboratoire, travaillons avec de petites
quantités et, lorsqu'on arrive dans le système d'une ville, on
trouve maintenant des problèmes d'ingénierie, en grand nombre. La
réponse à ceci, à mon avis, relève de l'Ordre des
ingénieurs. On ne veut pas se prononcer sans avoir une étude
complète du coût de toute l'installation avec tout ce que cela
entraîne. En ce moment, cela relève des ingénieurs.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais tel que le dit votre
mémoire, c'est un des aspects importants, à savoir faireun choix
éclairé de l'achat du produit sur lequel il y a de nombreux
facteurs à considérer tels que la solubilité et d'autres
facteurs dont vous parlez dans votre mémoire.
M. Boutin (Denis): Ce paragraphe du mémoire provient
d'études d'ingénieurs.
M. Bédard (Chicoutimi): D'études
d'ingénieurs.
Pouvez-vous nous donner des références plus
précises?
M. Boutin (Denis): II provient d'études
d'ingénieurs et, si le président ainsi que ministre le
permettent, à ce moment, on pourra former un comité conjoint
d'ingénieurs et de chimistes et on pourra, dans un avenir assez
rapproché, vous dire lequel des produits sera le moins dispendieux
à utiliser pour la fluoruration des eaux.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends que vous ne vous
prononciez pas, parce que vous êtes encore au stade des études de
ce côté?
M. Boutin (Denis): On n'est pas au stade des études de ce
côté. Nous considérons qu'il y a un problème de
génie. Les problèmes de génie, cela relève des
ingénieurs, comme les problèmes de chimie, à notre humble
avis, relèvent des chimistes.
M. Bédard (Chicoutimi): Toujours à la page 4 de
votre mémoire, vous dites qu'au niveau du stockage, si le produit est un
liquide, il faudrait en avoir une grande quantité à cause de sa
faible concentration en fluor. Parce que, cet après-midi, l'Ordre des
chirurgiens dentistes, je pense, lorsqu'il a été entendu, a
parlé de recommander au ministère qu'il n'y ait pas trop de
stockage. C'était plutôt dans le sens contraire, si j'ai bien
compris ses recommandations, de manière à limiter le danger qu'il
y ait une adduction de fluor qui soit trop grande au point de risquer
d'être un danger. C'était l'Association médicale du
Québec.
M. Roy (Jean-Claude): Oui, si le produit est un liquide, à
cause de la très faible solubilité de plusieurs produits
fluorés, il faut probablement en garder de grandes quantités. Il
y a possibilité de précipitation s'il y a des variations brusques
de température. Ordinairement, il y a un refroidissement. Donc, il y a
certainement un problème, là. Si c'est le choix qu'on s'impose,
d'utiliser des solutions parce que plusieurs distributeurs vendent leurs
produits sous forme de liquide, là, il y aura lieu des
s'inquiéter de la quantité qui sera manipulée. Il peut y
avoir des bris d'appareils ou manipulation des liquides qui peuvent mener
à des erreurs techniques ou humaines. Ce sont des possibilités
auxquelles il faudrait porter une attention toute spéciale. C'est pour
cela que nous pensons qu'il faut qu'il y ait des professionnels qui
contrôlent et surveillent plusieurs étapes, non pas simplement le
dosage des fluorures, mais aussi la manipulation des produits et ensuite
l'addition aux différents dispositifs qu'on utilise pour les injecter
dans le réseau de distribution.
Le président avait raison de dire que beaucoup de questions que
vous avez posées dépendent en grande partie de la nautre du
dispositif qui est utilisé pour dispenser les fluorures. Il y a
probablement plusieurs types différents sur le marché.
Malheureusement, c'est une question qui dépend beaucoup des
ingénieurs. Il est difficile de dire à l'avance, sans
connaître le genre de machines qu'on utilise pour dispenser des
fluorures, quel serait le choix du composé, et ainsi de suite. Cela
dépendra
beaucoup de l'outil qu'on utilise pour l'injecter, je le pense. Est-ce
que cela répond à votre question?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui. Vous dites également
que, s'il y a des variations de température, il y a des risques que les
fluorures se précipitent, changeant ainsi la concentration du produit.
Plus loin, vous avez mentionné également qu'il fallait une
analyse de l'eau, que l'eau elle-même n'était pas limpide,
n'était pas nécessairement pure, qu'il pouvait y avoir des
dangers de réactions qui soient différentes d'une eau à
l'autre à cause de certains éléments qui pourraient se
trouver dans une eau et qui ne se retrouvent pas dans l'autre. Vous avez
mentionné aussi, bien d'autres facteurs qui font qu'il faut une
surveillance quand même très continuelle pour assurer une pleine
sécurité du public, surveillance qui doit être faite par
des hommes qui s'y connaissent, à savoir des chimistes ou des gens qui
s'y connaissent.
M. Roy (Jean-Claude): Peut-être pas une surveillance
continuelle, mais une surveillance continue, si vous voulez, si je peux
employer ce terme. L'eau, c'est un milieu tout de même assez complexe. Si
on veut connaître les réactions possibles, il faut connaître
la qualité de son eau, sa composition chimique. Cela peut varier
beaucoup d'une place à l'autre, si on n'utilise pas le fleuve comme
source d'alimentation. Il faut la connaître d'abord pour prévoir
les réactions qui peuvent se produire et le choix du com posé
fluoré peut dépendre aussi de la qualité de l'eau. C'est
un facteur que je n'ai pas mentionné tantôt, mais il faudrait
peut-être le mentionner immédiatement. Le choix de la
méthode analytique utilisée pour doser le fluor dépend
aussi de la qualité de l'eau. Il n'y a pas tout de même de grandes
variations, mais il peut y avoir des sources, surtout lorsqu'elles viennent des
lacs, de certaines montagnes, certains endroits, il peut y avoir des
différences notables, surtout en calcium. Je pense que ce sont des
problèmes qu'il faut connaître et auxquels il faut faire
attention.
M. Bédard (Chicoutimi): Tout à l'heure, vous avez
fait une expérience qui, en fait, prouvait que dans le thé il y
avait quand même une présence de fluor assez importante, en tout
cas très visible, par rapport à la non-présence qu'il
pouvait y avoir dans le café.
Egalement, cet après-midi, une association qui a
témoigné faisait état, dans son rapport, que dans des pays
buveurs de thé, comme en Angleterre, on sentait le besoin de diminuer,
pour la protection de la santé publique, le pourcentage de concentration
optimale. Ici, au Québec, on sait qu'il y a quand même pas mal de
buveurs de thé, est-ce qu'on peut tirer la conclusion qu'il peut y avoir
plus de danger de difficultés, pour les buveurs de thé que pour
les buveurs de café?
M. Barbeau: C'est une conclusion qui ne relève pas d'un
chimiste. C'est une conclusion qui relève de chaque individu. Cela ne
peut pas être une conclusion d'une analyse chimique.
M. Bédard (Chicoutimi): Ils nous prouvent qu'il y en a
définitivement plus. La présence très réelle de
fluor dans le thé par rapport à...
M. Barbeau: On ne peut établir la toxicité, ce
n'est pas de notre domaine. La seule chose qu'on peut dire, c'est qu'il y en
a.
M. Bédard (Chicoutimi): Ah bon! Vous voulez vous limiter
à la preuve que vous avez faite, quitte à nous de tirer nos
conclusions; mais est-ce qu'il n'y a pas des conclusions que vous pouvez tirer
vous-mêmes? Il me semble que vous êtes plus aptes à les
tirer que nous.
M. D'Amboise: Je pense que c'est une conclusion médicale,
cela ne regarde pas le chimiste.
M. Boutin (Denis): M. le Président, on a parlé
à plusieurs reprises de la concentration des fluorures dans le
thé comme étant environ 100 ppm. Maintenant, il faut savoir ce
qu'est un ppm. Lorsqu'on a parlé de 100 ppm pour le thé,
c'étaient 100 parties de fluorure dans 1,000 parties de feuilles de
thé. C'est totalement différent 100 ppm dans une feuille de
thé et 100 ppm dans une tasse de thé. Il faut dissoudre les
fluorures, les amener en sol ution dans la tasse de thé et là, il
faut les boire.
Dans une tasse de thé, vous n'aurez pas 100 ppm de fluorure parce
qu'il faudrait mettre 1 million de parties de feuilles de thé pour les
dissoudre dans une tasse de thé. Or, 1 million de parties, c'est
énorme. Seulement les feuilles ne rentrent pas dans une tasse de
thé.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends que, s il y a juste
le thé, il n'y aura pas de problème, mais comme vous l'avez dit,
dans presque tous les aliments, il y a du fluor. A un moment donné, il
faut savoir ce que cela donne au bout. Personnellement, je n'ai pas à me
demander ce que cela peut représenter, quand vous faites
l'expérience par rapport à une tasse de thé; mais quand je
vois que dans un pays donné, on tient compte de ce facteur pour
diminuerde 1.2 à une partie par million, c'est ce qui importe. C'est
qu'il doit y avoir des raisons, quand même.
M. Boutin (Denis): La seule réponse qu'on peut vous donner
là-dessus, c'est que c'est complètement en dehors de notre
juridiction.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous voulez vraiment rester dans
le cadre de votre mémoire. D'ailleurs, on voit que vous ne vous
êtes pas prononcés sur le principe du projet.
Quand vous dites, dans votre mémoire, concernant le personnel de
contrôle, qu'il faut se rappeler que les gens qui ont la charge de faire
les manipulations requises en vue de fluorer l'eau de consommation doivent
avoir un minimum de connaissances techniques et scientifiques, pouvez-vous nous
donner des précisions? Qu'est-ce que vous entendez par un minimum de
connaissances techniques et scientifiques?
M. Boutin (Denis): Qu'est-ce qu'on entend par personnel?
Permettez-moi, à ce moment-ci, de glisser un peu en dehors du sujet et
de vous rappeler que, à la Canadian Copper and Refinery, à
Montréal, le surintendant de la section, semblerait-il, ne savait
même pas qu'il y avait de l'arsenic dans la section où ses gens
travaillaient. Alors, il faudrait au moins que le personnel sache le genre de
produits qu'ils doivent utiliser, il faudrait aussi que ces gens soient
capables de manipuler leur instrumentation et aussi ils devraient être
capables de dire à leur supérieur immédiat qu'il y a des
choses qui ne se font pas normalement, parce que plus on est dans la routine,
moins on voit les problèmes.
M. Boutin (Denis): A ce moment-là, dans la
réglementation, comme on a dit lors de la présentation du
mémoire, nous espérons que nous serons consultés pour
faire en sorte que chacun des opérateurs soit recyclé ou
reçoive la formation nécessaire pour sauvegarder la
sécurité de la personne humaine.
M. Bédard (Chicoutimi): Lorsque vous présumez que
le gouvernement prendra les dispositions pour doter les usines de filtration
d'appareils doseurs de fluor les plus adéquats, est-ce que ça
relève des ingénieurs ou si vous avez une idée sur ce que
sont les propriétés des appareils qui peuvent être les plus
adéquats?
M. Boutin (Denis): C'est un travail conjoint.
M. Bédard (Chicoutimi): Conjoint. Voulez-vous expliquer
votre pensée un peu?
M. Boutin (Denis): Dans le moment, nous ne pouvons pas nous
prononcer là-dessus, nous sommes ici en tant qu'ordre professionnel,
pour la protection du public, c'est notre fonction principale et, à ce
moment-ci, nous n'avons pas fait d'étude dans le domaine parce que nous
sommes tous des bénévoles au sein de l'ordre.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous dites également, dans
votre mémoire, à la page 6: "II est encore plus important que
cette teneur en fluor se retrouve encore à 1.2 mg/1. partie dans le
verre d'eau du consommateur." Tout à l'heure, vous avez dit que
certaines difficultés peuvent se présenter qui font qu'en cours
de route, même si le dosage a été bien fait, le dosage
qu'on a fait au départ ne se retrouve pas le même dans le verre du
consommateur. Est-ce que vous pourriez expliciter les difficultés qui
pourraient se présenter, qui pourraient donner ce résultat?
Je comprends que, s'il n'y a pas de complication, tous les
problèmes sont factices, comme on le sait. On vous demandait s'ils
étaient factices les problèmes qui étaient
soulevés, tout à l'heure. Il est évident que s'il n'y a
pas de complication, ils le sont, mais s'il y en a, quel ordre de complication
pourrait-il y avoir?
M. Barbeau: Cela affecterait la teneur qui varie- rait, à
ce moment de 1.2 qu'elle était initialement à une valeur
probablement inférieure.
M. Bédard (Chicoutimi): A ce moment-là, elle serait
inefficace.
Le premier verre d'eau dont vous faisiez état, quand il s'agit du
cuivre, est-ce que la situation peut se présenter également quand
il s'agit du fluor?
M. Barbeau: Le fluorure, en fait, il y en aura peut-être un
peu moins, et c'est le seul effet. On ne peut pas avoir addition de fluorure
à moins qu'il y ait un bris dans le réseau de distribution et
qu'il y ait des sources thermales à cet endroit, ou encore que ce soit
dans un sol qui contienne beaucoup de spath fluor ou de fluoroapatite. C'est
très peu probable que, dans le réseau de distribution, on
rencontre précisément une source naturelle de fluorure.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais la possibilité peut se
retrouver, tel que vous en faisiez état pour le cuivre, mais avec moins
de risques. La probabilité est moindre.
M. Barbeau: La probabilité est encore là, celle
que, dans un réseau de distribution, vous ayez une fuite, vous ayez des
eaux d'égout qui y pénètrent et que votre chlore
résiduaire, à ce moment, ne soit pas suffisant pour
éliminer tous les conformes et que vous ayez une eau, quand même,
qui soit contaminée. Cela aussi, c'est une possibilité dont la
probabilité est très minime quand même.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela n'irait pas jusqu'à
conseiller aux gens, lorsqu'on imposera obligatoirement la loi, à leur
dire de ne pas prendre le premier verre, qu'il pourrait y avoir du danger.
M. Barbeau: Pas dans le cas du fluorure.
M. Bédard (Chicoutimi): A la page 6 de votre
mémoire. Je comprends que j'en ai parlé tout à l'heure, au
début, je crois, de la nécessité de l'analyse continue et
régulière. Vous dites qu'il faudra faire un contrôle
sérieux, parce que l'eau que l'on offre aux consommateurs n'est pas
chimiquement pure. On y retrouve en effet une quantité importante
d'éléments qui peuvent réagir avec le fluor qu'on ajoute
à l'eau et influencer en conséquence la concentration. Il faudra
donc une analyse continue et sérieuse de l'eau pour assurer que la
concentration optimale soit respectée.
Vous dites: Cette analyse devra de plus tenir compte du facteur temps.
En première partie, je pense, vous en avez parlé au début.
Je vous ai posé la question. Il faudra tenir également compte du
facteur temps. Vous donnez trois exemples. Pourriez-vous nous donner, je ne
sais pas, mettre en valeur...
M. Boutin (Denis): Si l'on prend...
M. Bédard (Chicoutimi):... l'importance du facteur
temps.
M. Boutin (Denis): Si l'on prend la page 7, on
reprend les calculs et supposons que l'on a 1.2 milligramme par litre ou
1.2 ppm de fluor durant six heures, à ce moment, on va prendre le
facteur temps, six heures, comme étant un, et cela nous donne 1.2
milligramme ou 1.2 ppm. Les six heures suivantes, on a 1.3 ppm; à ce
moment, cela nous donne 1.3 au bout de la ligne. Les douze heures qui suivent,
advenant que l'on aurait 1.5 ppm, douze divisé par six nous donne deux
et nous trouvons 3 ppm. La moyenne devient de 1.4 ppm, et on ne respecte plus,
à ce moment, la variation plus ou moins .1, tel que cela avait
été décrit dans d'autres mémoires. C'est la raison
pour laquelle on dit...
M. Bédard (Chicoutimi):... explicité au
début de votre mémoire.
M. Boutin (Denis): ... qu'il faut qu'il y ait un dosage par des
gens compétents et sérieux. Il ne faut pas uniquement regarder
les diagrammes et voir s'il y a eu des fluctuations dans les diagrammes. Il
faut faire des dosages pour être sérieux. Avant d'ajouter des
fluorures dans l'eau, il faut connaître la teneur en fluorure dans cette
eau. Or, le printemps, dans les rivières, il y a moins de fluorure que
durant l'été, à cause de la fonte des neiges, etc., et
lorsqu'il y a de la pluie dans les régions où il y a eu
fertilisation, à ce moment, on retrouve les engrais chimiques, en
partie, dans l'eau et il faut aussi en tenir compte.
M. Bédard (Chicoutimi): Comme on a un climat qui est,
quand même, plus changeant que certains autres climats, des conditions
climatiques plus changeantes, est-ce que cela rend plus difficile le
contrôle...
M. Boutin (Denis): Connaissant...
M. Bédard (Chicoutimi): ... l'évaluation de la
concentration du fluor?
M. Boutin (Denis): Non, connaissant les fluorures qu'on a avant,
on ajoute la quantité qui manque et pour nous, hommes de science, on
trouve que c'est très simple.
M. Bédard (Chicoutimi): Remarquez, je ne suis pas un
expert, peut-être que ma question pourra paraître...
M. Boutin (Denis): D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi):... plus ou moins intelligente,
mais c'est parce qu'on nous dit dans le rapport que, quand on fixe le
degré de concentration optimal, on tient compte des facteurs
diététiques, on tient compte également des facteurs
climatiques. A partir de ce moment-là, je me pose la question sur la
conséquence suivante. Là, on dit toujours que c'est 1.2, le
degré. Normalement, si on tient compte des différences
climatiques, est-ce qu'il ne devrait pas y avoir une différence de
degré de concentration l'hiver par rapport à
l'été?
M. Boutin (Denis): Si, dans la réglementation sortant du
ministère des Affaires sociales, on nous dit que du 15 juillet au 15
août on doit avoir 1.2, que du 15 août au 15 septembre on doit
avoir 1.1, etc. à ce moment-là, nous avons la compétence
voulue pour faire en sorte que l'eau soit selon les normes du
ministère.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans votre mémoire,
à l'analyse critique la partie 3 de votre mémoire
du projet de loi no 88, vous dites que les articles 24 a) et 24 b) de l'article
2 du projet de loi ne stipulent rien quant aux modalités
d'exécution de cette obligation juridique qui est contenue de
façon à assurer l'authenticité scientifique de ces
analyses. Est-ce que vous pourriez expliciter ce que vous...
M. Boutin (Denis): Je demanderais à notre conseiller
juridique.
M. Bédard (Chicoutimi): ... préconiseriez comme
amendement?
M. Villeneuve: Enfin, nous ne pouvons que présumer quant
à ces modalités d'exécution. L obligation qui est faite au
propriétaire d'une usine de fiIt ration de procédera l'analyse de
la teneur naturelle de fluorure, nous présumons que la
réglementation contiendra des exigences pour que cette analyse soit
faite suivant les normes scientifiques que nous avons exposées dans
notre mémoire. Evidemment nous concevons que les lois ne peuvent pas
aller dans un ordre de détail. C'est pour cela que nous présumons
qu'évidemment ces questions de modalité seront prévues par
règlement. Nous ne pouvons, à ce stade-ci, que souligner qu'il y
a une certaine imprécision ou une absence de précision dans la
loi.
M. Bédard (Chicoutimi): De même, à l'article
13, par une modification à l'article 52 de la Loi de la protection de la
santé publique, vous remarquez le fait que le projet de loi est, pour
employer vos termes, muet sur la fréquence et sur les modalités
d'application des mesures de contrôle.
Est-ce que vous avez une idée sur ce q ue devrait être
cette fréquence? Cela relève de votre compétence. Cela
pourrait aider les membres de la commission.
M. Villeneuve: Encore là les commentaires formulés
dans votre question antérieure s'appliquent ici. Je voudrais juste
relever les commentaires qui ont été formulés à
propos du facteur temps. Evidemment, quand on parle de fréquence dans
notre mémoire, il faut juxtaposer cette motion à celle du facteur
temps dont on a fait état. Par conséquent, nous devons encore
présumer que les règlements iront dans cet ordre de
précision.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous regrettez que le projet de
loi soit muet sur la fréquence et sur les modalités
d'application. C'est votre secteur, est-ce que vous pouvez parler? Quelle
devrait être cette fréquence, et ces modalités
d'application, que devraient-elles être? C'est afin de nous renseigner,
de manière que, s'il y a des amendements à faire, on puisse les
faire.
M. Boutin (Denis): Lorsque le professeur Barbeau a fait, avec le
professeur D'Amboise, la démonstration pour le dosage des fluorures, il
a bien dit que l'on devrait utiliser des solutions étalon provenant du
même fournisseur, de telle sorte que ce serait toujours une solution
étalon véritable. A ce moment-là, l'opérateur qui
serait sous la responsabilité d'hommes de science saurait très
exactement comment faire les analyses; on lui donnerait également la
fréquence.
On vous a parlé de la teneur qui peut varier selon le temps. A ce
moment-là, nous croyons que, dans le contexte actuel, c'est
prématuré d'arriver et de dire: A toutes les deux heures,
à toutes les quatre heures, à toutes les six heures. Nous
espérons qu'il y aura une table ronde et que l'on pourra discuter d'une
façon scientifique pour arriver à des normes rigides, de telle
sorte qu'on pourra arriver toujours avec le 1.2 tel que stipulé.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous remercie.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Rouyn-Noranda.
M.Samson: Je n'ai pas beaucoup de questions, M. le
Président, étant donné qu'il y a pas mal de
réponses qui ont été données.
Dans votre mémoire, vous nous parlez de cette question
d'être prudents quant à la manipulation, au contrôle, au
dosage, etc. Est-ce qu'on doit conclure que vous suggérez qu'il vaudrait
mieux que cela se fasse dans toutes les municipalités, sous la
surveillance d'un chimiste?
M. Boutin (Denis): II faut que ce soit fait par des hommes
compétents, qu'il y ait un contrôle qui soit effectué
régulièrement et, à ce moment-ci, nous ne pouvons pas
arriver et dire qu'à Saint-Clinclin cela prendra un chimiste 24 heures
par jour. J'ai bien dit que l'opérateur doit être assez
consciencieux, que l'opérateur doit connaître les produits qu'il
utilise, de telle sorte que s'il se pose un problème, le moindre
problème, il demandera conseil à des gens compétents dans
le domaine. C'est de là que proviendrait, selon nous, une table ronde
pour recycler et former des gens compétents dans le domaine.
M. Samson: Ces gens que vous nous suggérez, dont vous
suggérez la formation dans le domaine, est-ce que selon vous, cela
devrait q uand même être des gens qui seraient sous la
surveillance, sinon au niveau municipal, peut-être au niveau
régional, sinon un comité, au moins un chimiste par région
ou des choses comme cela?
M. Boutin (Denis): Assurément, pour les dosages, il
devrait y avoir un chimiste qui serait responsable, soit un chimiste à
temps plein, un chimiste itinérant, appartenant à une firme
privée tout aussi bien qu'à l'entreprise gouvernementale, pour
pouvoir s'assurer que les dosages sont réels et exacts. On ne fait pas
tout simplement que regarder les chartes qu'il y a; il n'y a pas eu de
variations, donc, on a les mêmes rapports analytiques.
M. Samson: Cela suppose, selon le raisonnement que vous apportez,
que quand même il doit y avoir un chimiste dans le décor pour
surveiller ces opérations. Si ce n'est pas le chimiste qui fait les
analyses, ce n'est pas le chimiste qui fait directement le dosage, c'est pour
la surveillance des opérations, au moins dans un secteur
donné.
M. Boutin (Denis): Oui, la chimie, à notre humble avis,
doit être faite par des chimistes et les techniciens sont nos bras
droits. Nous avons besoin d'eux. Ils peuvent faire des travaux sous notre
direction et on doit contrôler tout ce qui est fait pour la protection du
public.
M. Samson: Advenant qu'il y ait fluoruration sur tout le
territoire, est-ce qu'il y a actuellement au Québec suffisamment de
chimistes pour exercer toute la surveillance qui sera requise?
M. Boutin (Denis): Comme je vous l'ai dit
précédemment, selon les normes que nous allons édicter,
nous croyons qu'il y aura suffisamment de chimistes, soit itinérants,
soit des chimistes sur place pour faire le travail. L'Ordre des chimistes a une
responsabilité vis-à-vis du public. S'il faut contingenter les
gens pour aller à la baie James pour surveiller la fluoruration des eaux
de la baie James, à ce moment, nous croyons que nous aurons les outils
nécessaires pour le faire, toujours dans le but de protéger le
public.
M. Samson : Vous avez parlé tantôt, je pense, de
plusieurs méthodes d'analyse possibles. Compte tenu de la qualité
de l'eau ou de différentes choses comme cela, est-ce que, tenant pour
acquis qu'il y aurait un besoin de différentes formes d'analyses d'une
municipalité à une autre municipalité, cela pose un
problème au niveau de la surveillance chimique ou est-ce que cela
n'exigerait pas davantage de professionnels, étant donné qu'il
faut tenir compte de la qualité de l'eau partout avant d'adopter une
méthode qui pourrait peut-être changer, si j'ai bien compris,
suivant les variantes de la température également?
M. Boutin (Denis): II faut connaître l'eau avant de pouvoir
y ajouter des fluorures. Il faut connaître sa composition et aussi la
variation de la composition que l'on rencontrera selon les saisons. Nous sommes
assurés qu'un membre de l'ordre a la compétence voulue pour
pouvoir choisir les méthodes analytiques appropriées pour chacune
des régions et même chacune des municipalités où il
y aura une usine de filtration.
M. Samson: Est-ce que les méthodes analytiques pourraient
varier dans une même municipalité compte tenu de la saison, par
exemple? Je m'explique. Est-ce qu'il pourrait y avoir un besoin
différent d'analyse d'une saison à une autre dans un même
réseau?
M. Boutin (Denis): Pour répondre à votre question,
si je prends la région où j'habite, la région du
Richelieu, c'est évident qu'au mois d'août l'eau a une
composition qui est différente de l'eau que l'on rencontre au mois
d'avril, parce qu'au mois d'avril je ne demeure pas sur le bord du Richelieu,
mais je demeure dans le Richelieu. Ace moment, la composition de l'eau, les
sels qui sont dissous dans l'eau, c'est différent de l'eau que l'on
rencontre au mois d'août, parce qu'au mois d'août on peut presque
marcher sur l'eau. Si l'on a des caoutchoucs qui ne sont pas percés, on
a des chances de flotter. Les méthodes analytiques sont
légèrement différentes. A ce moment, on peut être
obligé de faire de la distillation, mais la fin de la méthode est
identique. Nous croyons toujours qu'un chimiste a la compétence voulue
pour choisir sa méthode.
M. Samson: Autrement dit, cela prendrait des chimistes partout
pour faire l'analyse de l'eau...
M. Boutin (Denis): Pas en tout temps.
M. Samson: ...avant les dosages, pas en tout temps, à
certaines périodes de l'année.
M. Boutin (Denis): II pourrait y avoir des chimistes
itinérants. La fluctuation, la variation dans les eaux, cela ne varie
pas d'heure en heure à des quantités qui sont énormes.
S'il y a une pluie torrentielle, à ce moment, la personne qui sera
responsable pour le dosage dans l'endroit donné, par exemple, à
Ot-terburn Park, la person ne saura qu'elle devra faire la distillation. Les
ordres seront donnés pour faire la distillation avant de faire son
dosage.
M. Samson: Autrement dit, si l'on se reporte à la revue
Québec-Science de novembre 1974, qui soulignait que beaucoup
d'opérateurs n'avaient aucune compétence dans les réseaux
déjà établis, il faudrait une nette amélioration de
la situation actuelle.
M. Boutin (Denis): Personnellement, je n'ai pas lu le
Québec-Science en question, mais j'ai dit à plusieurs reprises
qu'il faudra recycler des gens qui, selon Québec-Science, comme vous
venez de me dire, n'ont pas de compétence et il faudra en former
d'autres pour pouvoir manipuler, d'une façon décente et d'une
façon honnête, tout le système.
M. Samson: S'il y avait, selon vous, dans les appareils de dosage
des défectuosités qui surviendraient, est-ce que, compte tenu des
différentes possibilités que des experts soient présents
ou non constamment près du réseau, cela voudrait dire qu'une
défectuosité pourrait entraîner des dangers
quelconques?
M. Boutin (Denis): Pour répondre à votre question,
il faudrait que vous me définissiez les appareils doseurs, parce que,
dans des mémoires que l'on a vus, les appareils doseurs impliquaient les
appareils pour introduire le fluor sous forme de fluorure dans l'eau. Nous, par
les appareils doseurs, on peut vouloir dire des appareils pour mesurer la
quantité de fluorure. J'aimerais avoir votre définition
d'appareils doseurs.
M. Samson: Ma définition d'appareils doseurs est un peu
celle qu'on retrouve partout. On en a appris beaucoup plus que vous à
cette commission parlementaire quant aux appareils doseurs, en tout cas. Quelle
que soit la forme d'appareils revenons-en là-dessus s'il y
avait défectuosité à un moment donné et que cette
défectuosité ne serait pas identifiée
immédiatement, est-ce que cela pourrait occasionner des dangers
quelconques pour la santé publique?
M. Boutin (Denis): Concernant les appareils doseurs, tel qu'on
peut présupposer pour ajouter les fluorures dans l'eau, il y a des
arrêts automatiques sur les instruments. Maintenant, concernant les
appareils pour mesurer la quantité de fluorure, dans le courant de la
journée et des analyses, nous demandons à nos techniciens ou
technologistes de faire des standards, de mesurer des standards, comme je l'ai
dit précédemment et comme le professeur Barbeau l'a dit aussi,
les standards des solutions étalon provenant de la même source, et
si on ne peut pas reproduire nos résultats avec nos solutions
étalon, c'est signe qu'il y a un problème analytique qui se pose.
Nous présupposons toujours que nous avons des gens honnêtes qui
travaillent pour nous.
M. Samson: Est-ce qu'il serait avantageux qu'une analyse se
fasse, non seulement à la source ou au centre de distribution des eaux,
mais également au point de consommation?
M. Boutin (Denis): Assurément, au point de consommation
aussi.
M. Samson: Aussi au point de consommation. Cela voudrait dire
que, d'après vos suggestions, non seulement un chimiste devrait
surveiller les travaux, mais des gens devraient prendre des
échantillonnages au point de consommation pour fins d'analyse, afin de
s'assurer que le degré, si vous voulez, de concentration soit le
même à la consommation.
M. Boutin (Denis): Nous croyons que. pour connaître
l'efficacité d'un système, il faut l'étudier au complet et
pour l'étudier au complet, il faut connaître la quantité de
fluorure que l'on va trouver tout le long du réseau de distribution.
Aussi il faudra qu'il y ait des échantillonnages qui soient pris
régulièrement par le terme régulièrement,
cela reste à définir pour s'assurer que toutes les
manipulations se font d'une façon normale.
M. Samson: Je vous remercie.
Le Président (M. Pilote): D'autres questions? Alors on
vous remercie, messieurs, de votre rapport, surtout très technique.
M. Boutin (Denis): On vous remercie.
Le Président (M. Pilote): Soyez assurés que les
membres de la commission vont prendre vos recommandations en
considération.
J'inviterais à présent M. Gilles Vaillancourt.
porte-parole de la ville de Laval, à venir présenter le
mémoire et à identifier les personnes qui l'accompagnent.
Ville de Laval
M. Vaillancourt (Gilles): M. le Président, M. le ministre,
MM. les membres de la commission parlementaire, permettez-moi tout d'abord de
vous présenter les gens qui composent la délégation de
Laval. Tout d'abord, à ma droite, M. Jean-Claude Lafond,
ingénieur, assistant au gérant aux services urbains, ville de
Laval; à ma gauche, M. Marcel Na-deau, ingénieur et directeur du
service du génie de la ville de Laval et M. André Perrault,
ingénieur et directeur adjoint du service du génie de la ville de
Laval.
M. le Président, j'ai l'honneur aujourd'hui de vous
présenter le mémoire de la ville de Laval sur la fluoration de
l'eau de consommation. Ce mémoire est une approche positive face
à la fluoration. Nous croyons fermement, toutefois, que le
problème en cause est de nature scientifique et nous faisons confiance
aux spécialistes et aux experts qui l'ont étudié tout
comme nous leur avons fait confiance lorsqu'il a été question
d'adopter cette pratique chez nous ou encore de la perpétuer.
Après 17 années de fluoration à Laval, nous sommes
en mesure de vous affirmer que nous al Ions continuer cette pratique parce que,
jusqu'à ce jour, nous n'avons connu aucun problème de quelque
nature que ce soit du fait que nous fluorons notre eau potable.
A la lecture et à l'explication de notre mémoire, vous
pourrez constaterde plus que la responsabilité de notre système
de fluoration relève d'un personnel expert qui compte de nombreuses
années d'expérience et que rien n'a été omis pour
assurer la sécurité à tous nos citoyens.
En terminant, je voudrais vous faire remarquer qu'à un coût
inférieur à $0.10 par personne, par année, la fluoration
de l'eau de consommation est certainement un élément
bénéfique et facilement accessible à l'ensemble.
Sans plus tarder, je cède la parole à M. Nadeau, qui va
vous donner toutes les explications nécessaires sur notre
mémoire.
M. Nadeau (Marcel): M. le Président, MM. les membres de la
commission, étant donné l'heure plutôt tardive, vous me
permettrez de résumer le dossier que j'avais à vous
présenter. Evidemment, il va en résulter un style décousu,
je m'en excuse à l'avance.
Si on commence avec l'historique de la fluoru-ration à Laval, on
trouve l'usine de filtration du Pont Viau qui a été
équipée, en 1958. d'un appareil à fluoration, ou
fluoruration, si vous me permettez je vais utiliser le mot "fluoration",
ça se dit plus facilement. C'est à la suite de l'incitation de la
Ligue d'hygiène dentaire que le conseil de la ville de Pont-Viau aurait
adopté la fluoration des eaux de consommation.
L'ex-ville de l'Abord-à-Plouffe a commencé à
fluorer l'eau potable en 1958. En 1961, l'ex-ville de Renaud a
été réunie à l'Abord-à-Plouffe et Saint-
Martin pour former Chomedey. A ce moment-là, l'usine de Chomedey
alimentait aussi une partie du territoire de Laval-des-Rapides. Si vous
remarquez, je mentionne toujours des ex-villes qui composent aujourd'hui la
ville de Laval.
Lors de la construction de l'usine de filtration de Sainte-Rose, en
1962, un système de fluoration de l'eau aété
incorporé à l'usine. Vers 1964, l'ex-ville de Fabreville a
été desservie par le réseau d'aqueduc de Sainte-Rose. Le 6
août 1965, les quatorze municipalités de l'île Jésus
ont été fusionnées pour former la ville de Laval. La
population recevant de l'eau fluorée était de 168,000 personnes.
Par la suite, l'intégration des réseaux d'aqueduc à
l'intérieur du territoire de Laval a permis d'alimenter l'ex-ville de
Sainte-Dorothée à partir de l'usine de Chomedey.
Le nombre de personnes buvant de l'eau fluorée était alors
de 232,500 personnes. Par ailleurs, la mise en marche d'un projet de fluoration
à l'usine de Saint-François a été retardée
jusqu'à cette année en attendant les résultats d'une
étude globale du système d'aqueduc. Les ingénieurs avaient
d'abord envisagé de fermer l'usine de Saint-François, mais il est
maintenant assuré que l'usine de Saint-François demeurera en
opération. Laval a présenté un dossier au service de
protection de l'environnement pour faire approuver l'installation d'un
fluorateur à l'usine de Saint-François et nous sommes
assurés que ce projet sera mis à exécution au cours de
1975.
Quelques mots sur le mécanisme de fluoration. Le composé
de fluor utilisé par la fluoration de l'eau à Pont Viau,
Chomedey, à l'usine originale et Sainte-Rose est vendu sous forme
sèche, c'est une poudre granulaire blanche, le silicofluorure de sodium.
La nouvelle usine de filtration de Chomedey construite en 1973 a
été équipée avec un système permettant de
doser le fluor sous forme liquide, l'acide hydrofluosilicique est
utilisé. Le système de fluoration installé à
l'usine de filtration de Pont Viau depuis le 27 juin 1958 comprend un doseur
à sec du type volumétrique.
Le taux d'alimentation, c'est-à-dire la quantité de fluor
introduit dans l'eau, est contrôlé par le système
d'engrenage du doseur qui règle le mouvement de la vis
d'alimentation.
L'opérateur peut ajuster le taux d'alimentation en tournant une
poignée sur le côté de l'appareil. Le fluor est introduit
après la filtration de l'eau dans le bassin d'eau traitée. Il y
séjourne environ de quatre à six heures avant d'entrer dans le
réseau de distribution pour arriver aux consommateurs.
Notons que ce fluorateur installé en 1962 est similaire au
fluorateur de l'usine de Pont-Viau, son fonctionnement et son contrôle
s'effectuent de la même manière.
J'ai oublié de mentionner que je parlais de l'usine de
Sainte-Rose. Evidemment, dans le résumé, je l'ai souligné
tout à l'heure.
Le contrôle permet de maintenir la concentration de fluor à
1.2 milligramme par litre, tel que recommandé par le ministère
des Affaires sociales. Le système de Chomedey est similaire au
système de Pont Viau et Sainte-Rose à l'usine originale. Depuis
1973, une pompe doseuse à diafragme, modèle 740 de BIF, injecte
directement au bassin d'eau
claire l'acide hydrofluosilicique utilisé pour l'addition du
fluor dans l'eau.
Un analyseur automatique de fluor de type à électrode
permet de contrôler continuellement la quantité de fluor dans
l'eau potable. Une deuxième pompe doseuse, modèle 1740 de B.I.F.,
sert de pompe auxiliaire.
L'acide hydrofluosilicique est introduite proportionnellement au
débit d'eau filtrée, suivant un point de consigne ajustable et
relatif à la concentration du fluor résiduel mesurée par
l'analyseur du fluor.
L'acide hydrofluosilicique traverse les chicanes pour assurer un
mélange homogène avec l'eau traitée. Le fluor
séjourne de huit à douze heures dans le réservoir avant
d'être distribué aux consommateurs.
L'installation des systèmes de fluoration en usage à la
ville de Laval a été effectuée lors de la construction des
usines de filtration. Par conséquent, l'espace requis pour le
fluorateur, les accessoires, la tuyauterie nécessaire pour conduire la
solution fluorée vers le bassin d'eau traitée ont
été prévus lors de la préparation des plans et
devis. On peut dire d'une façon générale qu'il est
possible d'installer le fluorateur dans un endroit approprié dans toutes
les usines de filtration.
Essentiellement, l'installation d'un système de fluoration avec
le silicofluorure de sodium comprend les principaux points suivants:
L'installation d'un doseur volumétrique avec moteur et
accessoires; l'installation d'un bassin de mélange équipé
d'un agitateur pour la mise en solution du fluor; l'installation d'une
trémie de chargement avec porte hermétique et
dépoussiéreur; l'installation d'une balance équipée
d'un enregistreur automatique de perte de poids; l'installation des accessoires
pour le contrôle automatique à partir d u débit
mètre ou d'un analyseur de fluor s'il y a lieu; l'installation de la
tuyauterie nécessaire pour injecter la solution fluorée, les
raccordements électriques des moteurs et des appareils de
contrôle.
L'installation du système de fluoration de Chomedey, lors de
l'agrandissement en 1973, est différente des systèmes
précédemment décrit. Puisqu'il s'agit de doser un produit
sous forme liquide, il comprend essentiellement un réservoir en fibre de
verre, les pompes doseuses et l'analyseur de fluor qui sert à
contrôler l'addition de l'acine hydrofluosilicique.
L'entretien des appareils servant à la fluoration se compare
à l'entretien d'autres appareils semblables utilisés dans les
usines de filtration. L'entretien est effectué par les employés
de l'usine; il s'agit de nettoyer, de lubrifier, de changer quelques
pièces de l'intérieur du doseur volumétrique. L'attention
doit spécialement être portée sur la boîte
d'engrenage, puisque c'est elle qui contrôle les mouvements de la vis
d'alimentation.
Il faut souligner que tous les appareils installés initialement
à Pont-Viau Chomedey ou Sainte-Rose sont encore en opération en
1975.
L'opération des fluorateurs s'insère dans la
procédure normale d'opération d'une usine de filtration.
L'opérateur doit s'assurer que la quantité de produit est
suffisante dans la trémie d'alimentation et ajuster l'appareil pour
alimenter la silicofluorure de sodium proportionnellement au débit. Dans
les usines de Pont-Viau, Sainte-Rose et Chomedey, en 1958, l'ajustement de
l'appareil se fait manuellement par l'opérateur suivant le débit
de filtration de l'usine. A la nouvelle usine de Chomedey, agrandie en 1973, le
dosage est contrôlé automatiquement. L'opérateur doit
s'assurer que tout le système fonctionne normalement. Des analyses de
laboratoire sont effectuées par l'opérateur.
Les deux composés suivants sont utilisés pour la
fluoration de l'eau à ville de Laval: Le silicofluorure de sodium et
l'acide hydrofluosilicique. La silicofluorure de sodium est utilisé dans
les usines de filtration de Pont-Viau, Sainte-Rose, et l'usine no 1 de
Chomedey. Ce produit est vendu sous forme sèche, sous forme de poudre
granulaire, il est dosé à l'aide d'un doseur à sec du type
volumétrique. Il contient 60% d'ions de fluor.
L'acide hydrofluosilicique est vendu sous forme liquide et son dosage
doit se faire à l'aide d'une pompe doseuse. Ce composé chimique
est utilisé dans la nouvelle usine de Chomedey. En
général, l'acide hydrofluosilicique est utilisé dans les
grandes installations, car il est plus facile de doser un produit chimique sous
forme liquide, lorsqu'une grande quantité est requise.
Le pourcentage de fluor de l'acide hydrofluosilicique est de 25%. Le
silicofluorure de sodium utilisé à la ville de Laval est conforme
à la spécification de I'American Waterworks Association B702-60
tandis que l'acide hydrofluosilicique est conforme à la
spécification AWWA-B703-60.
Le silicofluorure de sodium utilisé à la ville de Laval
est acheté en sac de 110 livres. Ce produit est importé soitde
Belgique, soit de France ou d'autres pays par des négociants de produits
chimiques. Les livraisons de produits s'effectuent généralement
en quantité de 20 tonnes. Chaque usine reçoit en
général une quantité de produits suffisante pour quatre
à six mois.
On évite de commander des produits durant l'hiver à cause
des retards dus aux problèmes de navigation sur le fleuve Saint-Laurent.
L'acide hydrofluosilicique est entreposé dans un réservoir en
fibre de verre de 10,000 gallons situé près des réservoirs
des autres produits chimiques. Le déchargement du camion-citerne
s'effectue par air sous pression. Il n'y a aucune manipulation à faire
de la part des opérateurs. La silicofluorure de sodium est
entreposé dans des pièces séparées des autres
produits chimiques pour éviter toute erreur possible.
Notons que les possibilités d'erreurs nous semblent assez minces,
à cause de l'identification très nette du silicofluorure de
sodium sur chacun des sacs. Les entrepôts de silicofluorure de sodium
sont des pièces sèches, bien ventilées, pour éviter
toute humidité possible, parce que ce produit est hygroscopique. Les
opérateurs sont avertis des précautions à prendre pour
manipuler le silicofluorure de sodium, afin d'éviter toute inhalation ou
ingestion du produit. L'opérateur doit respecter ces normes lorsqu'il
manipule le produit.
Au cours de la manutention, l'opérateur doit
aussi s'efforcer de maintenirla poussière de fluor au minimum,
lors des opérations de chargement de la trémie. Toutes les
trémies d'alimentation sont équipées d'un
dépoussiéreur, d'un ventilateur et d'une conduite de ventilation
vers l'extérieur, ce qui élimine la poussière de fluor. La
ville de Laval peut s'enorgueillirde pouvoircompterun personnel qualifié
pour assurer l'opération et le contrôle du système de
fluoration. Plusieurs opérateurs ont suivi des cours de perfectionnement
en traitement des eaux. Ces cours, complétés par
l'expérience acquise sur place, ont permis à nos
opérateurs de bien comprendre le fonctionnement des systèmes de
fluoration et d'être en mesure d'effectuer correctement les analyses pour
déterminer la concentration de fluor résiduel.
La ville de Laval compte quatre contremaîtres qui ont entre 15 et
23 ans d'expérience à la tête d'une usine de filtration.
Ces réservoirs de compétence unique au Québec permettent
une supervision efficace des systèmes de fluoration. Deux techniciens en
laboratoire assurent le contrôle de la fluoration à partir
d'analyses en laboratoire. Un de ces techniciens est en plus chargé de
la formation des opérateurs, en préparant des exposés sur
les méthodes d'analyse et en assistant au besoin l'opérateur pour
les analyses quotidiennes.
L'opérateur en devoir est responsable de l'opération du
système de fluoration. Il doit assurer l'alimentation du doseur et
ajuster celui-ci aux besoins. Deux fois par huit heures, l'opérateur
effectue une analyse de laboratoire pour déterminer la concentration du
fluordans l'eau potable. A la fin d'un quart de travail, l'opérateur
fait le bilan de l'eau traitée et de la qualité de fluor
utilisée. Il calcule ensuite la concentration théorique de fluor
ajoutée à l'eau potable durant ses heures de travail.
Quatre fois par semaine, un échantillon prélevé
à la sortie de chacune des usines est analysé au laboratoire
central. Ces analyses permettent de maintenir un contrôle interne sur
l'opération des systèmes de fluoration. Les méthodes
d'analyse utilisées sont les méthodes décrites dans
Standard methods for the examination of water and wastewa-ter de l'American
Public Health Association.
Ces méthodes sont universellement reconnues et utilisées
pour l'analyse des eaux de consommation. Dans les usines de filtration, les
opérateurs utilisent la méthode de comparaison visuelle Alizarin
visual method, au laboratoire central, la méthode SPADNS et la
méthode de détermination aux électrodes sont
utilisées, tour à tour pour comparer les résultats
obtenus.
Les systèmes de fluoration de l'eau utilisant des doseurs
à sec du type volumétrique coûteraient actuellement environ
$10,000. Les coûts d'installation d'un système de fluoration dans
une usine existante sontdifficilesàévaluer. Cependant, on
doitdireque ces installations sont assez simples en général et,
par conséquent, peu dispendieuses. Un coût d'installation moyen de
$5,000 par usine nous semble réaliste.
Les frais d'entretien d'un système de fluoration ne sont pas
considérables. Une moyenne de $1,000 par système par année
nous paraîtrait raisonnable.
Les coûts actuels des produits chimiques utili- sés pour la
fluoration des eaux à la ville de Laval sont les suivants:
silicofluorure de sodium: $172 la tonne; acide hydrofluosilicique: $115 la
tonne, incluant le transport.
En résumé, la fluoration de l'eau a été
pratiquée à Laval depuis 1958, soit 17 ans. A notre connaissance,
aucun problème majeur n'est venu entraver la bonne marche des
systèmes de fluoration des eaux durant cette période.
Les systèmes de fluoration de la ville de Laval, incluant les
appareils de contrôle, s'intègrent parfaitement avec les autres
composantes des usines de filtration. Leur exploitation s'effectue dans
l'ensemble des activités de l'usine.
On importe le silicofluorure de sodium d'outre-mer; il faut que
l'entreposage permette une grande autonomie de l'usine, en
général de 4 à 6 mois.
Les méthodes d'analyses utilisées sont celles de "Standard
Methods forthe Examination of Water and Wasterwater". Les méthodes de
contrôle respectent les exigences du ministère des Affaires
sociales. Un rapport du contrôle quotidien de la fluoration est
envoyé au ministère.
Le coût de la fluoration à Laval est de l'ordre de $22,000
par année, soit $0.095 par personne par année. Merci.
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre des
Affaires sociales.
M. Forget: Merci, M. le Président. Je voudrais remercier
les représentants de Laval pour un exposé excellent sur un grand
nombre de problèmes qui faisaient tantôt l'objet de nos
interrogations, pas seulement tantôt, mais durant tout le cours de ces
auditions en commission parlementaire.
J'aimerais aussi les remercier pour leur patience, étant
donné l'heure avancée à laquelle nous sommes rendus.
J'aimerais leur poser un petit nombre de questions qui découlent de ce
qu'ils ont dit, et aussi, de ce qu'ils n'ont pas dit, mais sur lesquelles ils
peuvent peut-être avoir à exprimer une opinion. En particulier,
puisqu'il s'agit d'une initiative des municipalités qui ont
précédé Laval, et c'est encore aujourd'hui une
responsabilité que la ville a assumée en attendant autre chose,
êtes-vous conscients des tendances qui ont été
alléguées sur le plan municipal, au Canada ou ailleurs, de se
retirer de cette expérience de fluoration, soit ici au Québec ou,
plus généralement, dans le reste du Canada et de
l'Amérique du Nord?
M. Vaillancourt (Gilles): II est bien évident que, tant et
aussi longtemps que notre activité sera contrôlée comme
elle l'est actuellement et tant et aussi longtemps que les sommités du
monde de la santé ne nous prouveront pas qu'il y a un danger ou que nous
errons en fluorant l'eau, il n'est pas question qu'on se retire de la
fluoration de l'eau.
M. Forget: Est-ce qu'il y a eu, à Laval, une opposition
significative à la fluoration des eaux de boisson depuis son
introduction il y a 17 ans? Ou est-ce que c'est une question qui n'a tout
simplement pas fait l'objet d'opposition, de discussion depuis son origine?
M. Nadeau: J'exerce ma profession sur le territoire de
l'île Jésus, depuis 1959, donc, une année après que
la fluoration des eaux eut débuté. A ma connaissance, il n'y a
pratiquement pas eu d'opposition. Je me souviens au tout début, vers
l'automne 1959, d'avoir eu quelques commentaires d'une ou deux personnes au
plus qui m'ont fait parvenir, à mon bureau, des reproductions, certaines
formules ou certaines parties de sermons qui démontraient...
C'étaient plutôt des oppositions de nature émotive,
à mon point de vue, de peut-être une ou deux personnes, à
ma connaissance.
Depuis ce temps, jamais qui que ce soit ne s'est opposé à
la fluoration.
M. Forget: Depuis l'entrée en vigueur de ces mesures
17 ans cela fait passablement longtemps pour certaines des
anciennes municipalitésau moins, y a-t-il eu, de la part de chercheurs,
de médecins ou de professeurs de chirurgie dentaire, des études
faites sur le territoire de la ville de Laval, à votre connaissance, sur
les effets de cette mesure, ou d'autres manières, par les services de
santé rattachés de quelque manière à la ville de
Laval?
M. Nadeau: M. le Président, à ma connaissance, il y
a eu une étude qui a été entreprise par j'oublie le
nom le Dr Lamoureux, dentiste-hygiéniste et les résultats
de cette étude ont démontré, en fait, que l'addition de
fluor dans notre eau de consommation était bénéfique. Nous
avons avec nous ici une copie du rapport du Dr Lamoureux.
M. Forget: Pourriez-vous peut-être nous résumer
brièvement ses conclusions?
M. Nadeau: Je peux peut-être vous le lire, c'est une
page.
M. Forget: D'accord.
M. Nadeau: Grâce à la clairvoyance de ses
administrateurs, la majeure partie de la population de Laval peut
s'enorgueillir de s'être prévalue des bienfaits de la fluoration
de ses eaux de consommation, depuis déjà treize ans.
Afin d'évaluer les mérites de cette mesure
préventive, une enquête fut menée par le Dr J.C. Lamoureux,
dentiste-hygiéniste à l'unité sanitaire locale
auprès de quelques 695 enfants âgés respectivement de six
et sept ans. Pour ce faire, un choix à peu près égal
d'enfants fut effectué dans deux secteurs différents. D'une part,
une école de Saint-François, municipalité où un
mince filet territorial est encore incompatible au raccordementdu réseau
central d'eau fluorée et, d'autre part, une école de Duvernay.
L'enquête ainsi instaurée tenait compte de la parité
économique et sociale.
En lisant le tableau ci-joint le tableau qui est joint au
présent rapport il se dégage certains faits particuliers.
Chez l'enfant de six ans, le pourcentage de dents cariées est 40%
inférieur dans un endroit où l'eau est fluorée à
celui où elle n'y est pas. Un plus faible décalage est à
souligner chez les dents tem- poraires, alors qu'à six et sept ans
respectivement le pourcentage différentiel n'est que de 17.3% et 35.4%.
Quant à la molaire de six ans, première molaire permanente, elle
accuse une protection maximale de 50% à l'âge de sept ans, ce qui
signifie une augmentation de 13% sur l'année précédente.
Aussi est-il universellement reconnu que dès l'âge de six ans, la
pratique de la Tonodontie est une priorité essentielle dans
l'élaboration d'un programme de santé publique.
Cette étude, nous vous la livrons comme une simple
évaluation locale. D'autres statistiques pourront peut-être
l'infirmer ou la confirmer, mais chose certaine, les bienfaits de la fluoration
demeurent un fait indéniable et toujours discutable.
Est-ce que vous avez chacun un...
M. Forget: Je vous remercie, cela a été
distribué.
M. Nadeau: Vous avez les chiffres?
M. Forget: En effet. Dernière question. Nous avons entendu
certaines observations sur la nécessité d'établir des
contrôles réguliers.
Vous avez, dans votre mémoire, parlé d'un contrôle
deux fois sur des périodes de huit heures, donc essentiellement six fois
par période de 24 heures. Est-ce que les variations observées
dans les différentes lectures qui sont prises ou, si on veut le
considérer d'un autre côté, est-ce que les variations qui
sont nécessaires dans le réglage ou le débit de l'appareil
de distribution de fluor sont considérables? Autrement dit, est-ce qu'on
fait face à des variations importantes et fréquentes dans le
volume de fluoration additionnelle qu'il faut apporter à l'eau, donc
à la nécessité de faire des corrections fréquemment
durant la journée?
M. Perrault (André): M. le Président, je pourrais
répondre à cette question. Je pense qu'évidemment il y a
toujours des variations lorsqu'on fait des analyses chimiques. Cela n'arrive
pas toujours, si vous voulez, exactement au même résultat, c'est
normal. Seulement, pour les variations, tel que vous le mentionnez, en l'espace
d'une journée, l'écart est tout à fait normal,
c'est-à-dire peut-être de l'ordre de 20%, c'est-à-dire que
la concentration peut varier entre 1.0% et 1.3% ou 1.4%. De toute façon,
nous pensons que notre contrôle à ce moment est
adéquat.
M. Forget: Donc, il y a des corrections qui sont
apportées, mais ce sont des corrections qui se situent à
l'intérieur d'un écart de 20% de part et d'autre du chiffre
désiré.
M. Perrault (André): Exact.
M. Forget: Vous n'avez pas à rapporter d'écarts
beaucoup plus substantiels attribuables à des difficultés de
fonctionnement qui soient suffisamment fréquentes pour mériter
d'être mentionnées. Evidemment, sur 17 ans, j'imagine qu'il y a
eu, à certains moments, la nécessité de retirer un
appareil pour faire une réparation ou quelque chose du genre.
M. Perrault (André): Oui, il ne faudrait pas penser qu'il
n'y a jamais de problème. Je crois que l'esprit du mémoire qui
est présenté ici à la commission, est de démontrer
que les problèmes sont de nature courante. Pour les opérateurs
d'une usine de filtration, ce ne sont pas des problèmes plus graves que
de traiter l'eau avec d'autres appareils, que ce soient les appareils de
chloration ou les appareils servant à la filtration de l'eau ou à
la coagulation. Evidemment, on doit arrêter l'appareil à certaines
périodes pour faire une réparation. Comme il est mentionné
ici, ces réparations sont assez mineures en général. Je
pense que la ville de Laval n'a jamais eu à recourir à de l'aide
extérieure. Simplement avec les mécaniciens et les techniciens
à l'emploi de la ville, on a pu procéder aux réparations
normales et usuelles des appareils.
M. Forget: Est-ce qu'il y a déjà eu un accident
quelconque impliquant pour les manipulateurs, les opérateurs des
difficultés, des problèmes avec leur santé qui auraient
été attribuables à une intoxication ou quoi que ce soit du
genre?
M. Perrault (André): Non, absolument pas. D'ailleurs, j'ai
vérifié moi-même ce point de vue. Je suis à l'emploi
de la ville depuis sept ans, mais il y a des gens, comme je l'ai
mentionné, qui sont depuis plus de vingt ans à l'emploi de la
ville. Il n'y a jamais eu de cas d'accidents parce qu'en définitive la
poudre blanche, qui est le silico-fluorure de sodium, on la manipule avec soin,
c'est bien entendu. Maintenant, c'est un sel, qui, au contact avec la peau,
même si normalement ce n'est pas fait, n'est pas si dangereux que cela.
Pour ce qui est de l'acide hy-drofluosilicique, on ne le manipule pas, comme il
est mentionné. En fait, tout se fait d'une façon automatique, si
vous voulez; que ce soit l'opération de chargement ou l'opération
de dosage dans l'eau, tout se fait d'une façon automatique, sans
manipulation.
M. Forget: Je vois. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Je tiens également à
vous remercier au nom de l'Opposition officielle pour votre mémo ire
sérieux et qui montre aussi avec quelle efficacité vous avez
assuré le contrôle de l'eau fluorée de manière
à sauvegarder, comme vous l'avez si bien dit, la santé de vos
concitoyens, la sécurité aussi.
Vous avez parlé, suite à une question du ministre des
Affaires sociales sur la possibilité de vous retirer d'un programme,
disons, de cesser ou encore de la possibilité qu'il y aurait, puisque
cela s'est fait ailleurs, pour certaines municipalités de se retirer
d'un programme de fluoration. Vous avez très clairement exprimé
votre idée que tant que les professionnels de la santé, les
experts de la santé seront d'accord sur les effets
bénéfiques de ce que vous faites présentement, il n'est
pas question de vous retirer.
Cela m'amène à vous poser peut-être une autre
question. Vous l'avez faite volontairement, la fluoration, chez vous?
M. Vaillancourt (Gilles): C'est une mesure volontaire.
M. Bédard (Chicoutimi): Volontaire. La population a
compris, si je comprends bien, le sens de la direction qu'elle devait prendre
dans cette matière.
M. Vaillancourt (Gilles): II semble que tout le monde soit
parfaitement heureux de la situation présentement.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon.
M. Vaillancourt (Gilles): M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela m'amène à vous
poser une question. Si le projet de loi du gouvernement prévoyait la
possibilité pour une municipalité ou une population d'une
municipalité, je dis bien, de se retirer d'un programme qui serait
implanté, à ce moment-là qui serait instauré et non
pas imposé dans tout le Québec, est-ce que votre opinion est
qu'il y en aurait peut-être très peu qui, aprèsen avoir
fait l'expérience, se prévaudraient de cette possibilité
de se retirer?
M. Vaillancourt (Gilles): Vous parlez des municipalités en
général, M. le Président?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui
M. Vaillancourt (Gilles): Si on se base évidemment sur
l'expérience que nous avons vécue chez nous, je suis enclin
à croire très sincèrement, très honnêtement,
qu'il n'y a pas une municipalité qui se retirerait.
M. Bédard (Chicoutimi): Qu'il n'y aurait pas une
municipalité qui se retirerait.
M. Vaillancourt (Gilles): Non. Dans des conditions normales, M.
le Président, je crois que les municipalités resteraient dans ces
programmes.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais aucune de ces
municipalités, si elles avaient au préalable l'assurance de la
possibilité de se retirer, si tel est le désir de leur
population, n'aurait l'impression de se faire imposer mais au contraire, comme
chez vous, aurait plutôt l'impression que ce régime a
été instauré et ce, avec l'approbation de l'ensemble de la
population.
M. Vaillancourt (Gilles): Enfin, M. le Président, c'est un
énoncé de faits que vous faites et je pense que je n'ai pas
à porter un jugement sur votre énoncé en particulier.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais est-ce que vous pensez que,
du point de vue psychologique, il y aurait peut-être eu une
différence entre la réaction
de votre population si cette mesure lui avait été
imposée plutôt que proposée, comme vous l'avez fait, puis
après cela acceptée par la population?
M. Vaillancourt (Gilles): M. le Président,
évidemment, on peut toujours, aujourd'hui, faire des hypothèses
mais, en toute objectivité, je ne crois pas que cela aurait
été vraiment différent. Si on réussit à
éliminer le climat philosophique ou émotif qu'il peut y avoir
autour de la question, je crois qu'il n'y a personne qui, au fond, ne cherche
pas à améliorer sa santé personnelle et cela doit
être la même chose pour la santé collective.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends que vous avez
réussi à éliminer ce climat émotif au niveau de
votre municipalité et, encore une fois, cela a été
instauré comme cela par une décision volontaire.
M. Vaillancourt (Gilles): Par les décisions du conseil
municipal, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous rappelez-vous si, à ce
moment-là, il y avait eu une certaine consultation de la population? Je
comprends que cela remonte quand même assez loin.
M. Nadeau: Quel genre de consultation? M. Bédard
(Chicoutimi): Pardon?
M. Nadeau: Vous demandez s'il y avait eu des consultations?
M. Bédard (Chicoutimi): Une consultation
générale de la population, une consultation au niveau de la
population.
M. Nadeau: C'est assez difficile pour moi de vous
répondre; comme je vous l'ai dit tantôt, je suis arrivé en
1959, c'était déjà installé. Mais après
avoir parlé, disons, à l'ingénieur qui avait
instauré ces systèmes, il semble qu'il n'y ait pas eu de
difficulté; ils se sont fiés aux recommandations des
spécialistes dentaires du temps et tout semble avoir été
bien accepté.
M. Bédard (Chicoutimi): II y avait eu une sensibilisation
de la population?
M. Nadeau: Je ne pourrais pas vous le dire, je n'y étais
pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Je me posais simplement une
question. S'il y avait une grève, concernant tous ces opérateurs,
ces personnes qui sont préposées au bon fonctionnement du
système, quelles pourraient être les conséquences?
M. Nadeau: Je m'excuse, on me parlait des deux
côtés, j'ai manqué les deux.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a
déjà eu une grève au niveau de ceux qui sont
préposés, tel quec'estdécritdansvotre mémoire,
à l'entretien, au bon fonctionnement général du
système de fluora-tion chez vous?
M. Perrault (André): Effectivement, il y a eu, à
Laval, deux grèves assez récentes de la part des
opérateurs des usines de filtration, une grève en 1970 a
duré dix semaines, et la plus récente, vers la fin de 1974,
seulement quelques jours. Mais durant la grève, évidemment, les
services essentiels étaient maintenus. Je n'ai pas besoin de vous dire
que les services d'eau... l'opération normale des usines de filtration
était maintenue. A ce moment-là, le système de fluoration
fonctionnait d'une façon normale comme tout le reste de l'usine.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends mal. Qui assurait,
à ce moment-là la relève?
M. Perrault (André): Je ne voudrais pas entrer dans trop
de détails, trop de technicités, si vous voulez, concernant les
grèves. Lors de la première grève, il y a eu, d'abord, des
contremaîtres non syndiqués qui ont assuré le
fonctionnement pendant un certain temps, ensuite, le processus des services
essentiels est intervenu; des opérateurs, certains opérateurs en
nombre minimum, si vous voulez, ont assuré l'entretien avec supervision
spéciale, etc. De toute façon, la ville a toujours assuré
le maintien de ces services d'une façon normale.
M. Bédard (Chicoutimi): Tel que la grève s est
faite chez vous, ça n'a pas eu de conséquences sur le maintien
des services que vous assuriez à la population?
M. Perrault (André): Pas le service d'eau.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans ce secteur-là. Je vous
remercie. Je n'ai pas d autre question.
Le Président (M. Pilote): D'autres questions?
Alors, on vous remercie messieurs et on vous félicite de votre
rapport non seulement pour le fond, mais également pour la forme. Soyez
assurés que nous allons prendre bonne note de ce mémoire.
J'inviterais à présent l'Association
québécoise des techniques de l'eau, représentée par
M. Jean-Paul Dorion.
Association québécoise des techniques de
l'eau
M. Dorion (Jean-Paul): M. le Président, nous étions
quatre, nous sommes maintenant trois; ce n'est pas mal.
M. Forget: II était temps de vous entendre!
M. Dorion (Jean-Paul): En tant que président de
l'Association québécoise des techniciens de l'eau, je suis
heureux de l'occasion qu'a notre association de pouvoir se faire entendre au
sujet de la fluoration, sujet qui fait actuellement l'objet d'une étude
par votre commission dans le cadre du projet de loi 88.
L'AQTE compte au-delà de 900 membres recrutés parmi des
techniciens et des scientifiques qui sont intéressés au
traitement des eaux de consommation dans le Québec. L'AQTE groupe, entre
autres, plusieurs catégories de membres telles que des villes, des
fonctionnaires provinciaux, des ingénieurs municipaux, des
ingénieurs-conseils et également des professeurs
d'université.
Elle compte dans ses rangs, également, un fort contingent de
préposés à l'opération et à l'entretien des
usines de traitement d'eau. On peut donc affirmer que l'AQTE est en mesure de
se prononcer sur la fluoration, compte tenu que, d'une part, elle a parmi ses
membres des gens qui sont aptes à démontrer techniquement le
bienfait d'une eau fluorée et que, d'une autre part, elle compte
également dans ses rangs des techniciens qui en contrôlent
l'application.
J'aimerais souligner que l'AQTE a constitué un comité
d'étude sur la fluoration des eaux de consommation dès 1969. A ce
moment, les intentions à l'époque, c'était le
ministère de la Santé concernant la fluoration obligatoire
des eaux n'étaient pas connues dans le grand public. En 1970, notre
association a présenté au public un dossier technique "La
fluoration des eaux de consommation". Ce dossier résumait la situation
de la fluoration dans le monde et plus particulièrement au
Québec. Ce dossier parlait aussi des techniques de la fluoration des
eaux. Il a été démontré clairement dans ce rapport
que la fluoration artificielle des eaux s'avérait une mesure sûre,
efficace et plus coûteuse de protection contre la carie dentaire.
Plusieurs de nos membres ont été appelés a faire
l'installation d'opération des systèmes de fluoration. Sur le
plan strictement technique, il nous est possible d'affirmer que les
méthodes d'application de contrôle de la fluoration s'apparentent
aux autres méthodes utilisées dans le traitement des eaux.
D'autre part sur le plan mécanique, on peut affirmer que les appareils
utilisés sont tous assez simples pour ne pas créer des situations
graves ou difficiles.
L'Association québécoise des techniques de l'eau croit
qu'il est de son devoir de prendre position en faveur de la fluoration des eaux
de consommation, compte tenu de toutes les expériences et de toutes les
expertises réalisées dans le passé. D'autre part, notre
association sera appelée, advenant l'adoption du projet de loi 88,
à jouer un rôle important pour bien renseigner les
opérateurs des usines de filtration au sujet de cette nouvelle
application.
A ce stade-ci, je vais céder la parole à notre expert dans
le domaine, celui qui dirigeait le comité ad hoc qui a
rédigé, en 1970, le document sur la fluoration des eaux de
consommation. Je veux parler de M. Roger Labonté, qui est ici à
ma gauche, et qui est professeur titulaire en génie de l'environnement
à l'Ecole polytechnique. J'aimerais souligner également que M.
Labonté est très familier avec les organismes internationaux,
ayant travaillé deux ans pour l'Organisation mondiale de la
santé, qui est un organisme qui relève des Nations Unies. Il est,
actuellement, consultant pour cet organisme.
Avec nous, également, ce soir, se trouve M. Louis-Philippe
Couture, ingénieur-conseil de Qué- bec, qui est président
ex-officio de notre association. Je passe la parole à M.
Labonté.
M. Labonté (Roger): M. le ministre, M. le
Président, MM. les députés, à cette heure tardive,
l'heure n'est pas à un cours théorique, mais l'heure est
plutôt au réalisme. Pour nous, membres de cette Association
québécoise des techniques de l'eau, l'eau, c'est notre vie. Nous
ne sommes pas des poissons, nous sommes des traiteurs d'eau, et nous
espérons bien que, dans un avenir prochain, nous pourrons servir au
robinet du Québécois ce cocktail bienfaisant d'une eau, d'une sol
ution contenant des fluorures dans la concentration optimale de 1.2 milligramme
par litre.
Ce rapport de l'Association québécoise des techniques de
l'eau, au moment de sa parution, se voulait une étude globale
surl'état de la fluoration et se proposait d'éclairer les
municipalités et les membres de l'AQTE sur les divers aspects de la
fluoration. Aujourd'hui, diverses associations ont présenté, avec
beaucoup d'argumentation, les aspects médicaux et dentaires relatifs
à la fluoration.
Nous n'avons pas l'intention de revenir là-dessus. Nous voulons
plutôt exposer les aspects techniques qui relèvent
spécialement de notre domaine.
C'est en ce sens que notre contribution ici peut être utile
à votre commission. Pour ce qui concerne le principe de la fluoration,
pour nous, ceci est résumé dans ces ouvrages publiés par
l'Organisation mondiale de la santé.
Lorsque l'Organisation mondiale de la santé a groupé pour
préparer un rapport, 93 experts recrutés partout dans le monde,
et quand on sait avec quelle lenteur et quelle prudence travaillent des
organismes comme cela, combien de tamis sont imposés à ces
travaux de comité, à ces séminaires, etc., on peut
considérer les données médicales comme des faits bien
acquis.
Depuis 1970, la fluoration continue à progresser lentement dans
le monde. Les idées mettent du temps à progresser, elles avancent
lentement mais sûrement. On est habitué de considérer que
les Canadiens sont en retard sur les Américains, que les
Québécois sont en retard sur les Canadiens, mais si l'on continue
comme cela, nous serons bientôt en retard sur les Européens.
Je cite ici une petite publication qui émane du centre de
référence de l'Organisation mondiale de la santé, sur
l'alimentation en eaux collectives. Ce centre est situé à La
Haye, en Hollande, sur son bulletin mensuel de nouvelles, bulletin no 48, qui
date de décembre 1974, on lit ici cette nouvelle qui est d'un
intérêt pour nous. "Dans une résolution sur la santé
des dents, les ministres délégués au Conseil de l'Europe
c'est le Marché commun, reconnaissant la gravité des
maladies dentaires pour la société soulignent l'importance
de la fluoration en affirmant que le moyen le plus efficace d'augmenter la
résistance aux caries dentaires est la fluoration de l'eau potable et
proposent que l'on fluorure l'eau potable pour lui donner une teneur en
fluorure d'environ 1 milligramme par litre". Vous voyez qu'en Europe même
la fluoration est de plus en plus d'actualité.
L'Association québécoise des techniques de l'eau est en
faveur de la fluoration des eaux de consommation. L'AQTE possède dans
son sein les personnes compétentes pour assurer la mise en valeur de ce
mode de traitement. Cependant, nous voudrions apporter certaines rem arques
pour ce qui concerne l'implantation de ce procédé. D'abord, je
pense qu'il serait illusoire de généraliser la fluoration dans
tout le Québec. Théoriquement, on est limité aux
réseaux publics de distribution. Les gens qui ne sont pas reliés
à un réseau public ne peuvent pas être atteints par cette
mesure de santé publique.
Deuxième restriction, il nous faut au moins, dans une phase
initiale, ne pas essayer d'implanter tout de suite la fluoration à
l'échelon de tout le Québec dans tous les réseaux publics,
jl nous faudra sans doute commencer par les grandes villes, moi, j'oriente ici
les populations les plus importantes et aucun problème ne sera
anticipé dans ces grandes villes où il existe un personnel
compétent, des équipements à point, des laboratoires bien
équipés. Pour les petites agglomérations, là
où il n'y a même pas de centrale de traitement, là
où il n'y a qu'une station de pompage, il faudra attendre un certain
temps pour revaloriser ces usines et avoir un personnel compétent.
Dans notre état d'esprit, quand le rapport a été
présenté si vous remarquez en appendice nous nous
référons comme appendice aux normes et directives qui
étaient en vigueur à ce moment-là au ministère de
la Santé, et pour nous, ces normes et directives sont une partie
intégrante de ce rapport, et nous ne voyons pas une législation
comme celle que l'on propose être mise en application, sans des
règlements, des normes et directives qui seraient mises en application
par des services techniques du gouvernement.
Ainsi, un système de surveillance et de contrôle s'implique
et est nécessaire de la part du ministère. D'abord, du point de
vue de l'approbation des installations; deuxièmement, du point de vue de
l'implantation en certains endroits. Il n'est pas exclu qu'en certaines
circonstances les services techniques du ministère soient obligés
de tempérer les ardeurs de certaines petites agglomérations qui
voudraient se prévaloir des avantages de la fluoration. Il faudra leur
faire entendre qu'il y va de leur intérêt de retarder un peu,
d'apporter des améliorations techniques à leur station, avant d'y
implanter la fluoration.
De la part des services techniques du gouvernement, un service
d'inspection des installations s'impose également afin de
vérifier les analyses qui sont faites par les opérateurs sur
place, afin de vérifier la manutention des produits chimiques, etc.
Ce personnel technique pourrait aussi être appelé à
prélever indépendamment du personnel municipal ses
propres échantillons et imposer son propre contrôle. Ce personnel
pourrait aussi être appelé à fournir des directives, car il
s'agirait d'un personnel ayant les connaissances et une vaste expérience
qui pourrait fournir également des conseils aux
municipalités.
En conclusion, notre position est la suivante: La fluoration, c'est bon,
c'est sûr, ce n'est pas cher, mais selon certaines modalités
d'implantation.
Deuxièmement, la mise en oeuvre de la fluoration peut se faire
d'une façon sûre, là où il y a des usines bien
équipées, des laboratoires ad hoc et aussi, un personnel
d'opérateurs compétents.
Troisièmement, la fluoration peut rejoindre avec profit une
partie importante des populations du Québec, résidant dans des
villes, qui possèdent des stations de traitement bien
équipées et bien opérées.
Quatrièmement, la généralisation de la fluoration
à tous les réseaux publics se situe, dans le cas de la
revalorisation des petites stations, de stations présentement
sous-équipées. A ce point de vue, il faut dire qu'au
Québec, dans certaines régions, les petites stations sont un peu
assimilables à celles que l'on trouve dans les pays en voie de
développement. Là où on n'est même pas capable
d'opérer un appareil de chloration avec compétence, il est
illusoire de vouloir pour le moment, ajouter, la fluoration.
Cinquièmement, les services techniques du ministère ont
une fonction importante pour approbation, inspection, contrôle,
directives techniques.
Sixièmement et en dernier lieu, l'AQTE est prête à
conseiller le gouvernement, comme elle l'a fait à plusieurs reprises
dans le passé, dans le domaine de l'eau.
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre des
Affaires sociales.
M. Forget: Merci, M. le Président. J'aimerais remercier,
à plus forte raison encore, ce dernier groupe, pour sa patience et de
l'intérêt considérable de sa contribution puisque, comme il
l'a dit, il regroupe un certain nombre de personnes qui, à des titres
divers, sont intéressées par cette question.
C'est peut-être ma seule question. J'aimerais que vous commentiez
une affirmation qui a été faite devant nous, je crois que c'est
ce matin, et ceci, à la lumière des informations que vous tenez,
sur l'évolution de la fluoration comme mesure de santé publique,
dans différents pays.
Sur le progrès qu'on enregistre ou qu'on n'enregistre pas dans
certains pays, premièrement, est-il exact que cette mesure de
santé publique fait des progrès dans le monde entier? Est-ce que
vous pouvez nous donner quelques indications de pays qui ont adopté ou
qui se préparent à adopter cette mesure, en dehors de
l'Amérique du Nord?
M. Labonté: J'ai mentionné qu'en Europe on se
prépare lentement. Dans les pays en voie de développement,
l'Organisation mondiale de la santé ne pousse pas la fluoration, pour la
bonne raison qu'on a d'autres priorités que cela. On doit d'abord, avant
d'instaurer la fluoration, fournir une eau potable, une eau qui ne transmet pas
de maladies.
Quand on a des problèmes de typhoïde et de choléra,
on lutte contre la maladie avant de lutter contre la carie dentaire, car on ne
meurt pas de la carie dentaire alors qu'on meurt de choléra. En fait, ce
sont les pays industrialisés, surtout l'Amérique du Nord, qui
sont en avance.
Il faut dire qu'en Europe c'est une autre chose, excusez-moi
la situation est un peu diffé-
rente, car on est habitué à boire beaucoup d'eau de table,
alors que ceci ne fait pas partie de nos moeurs; ici, les gens boivent l'eau du
robinet. Ici, il nous est possible de rejoindre la population, de
compléter sa diète en fluorure au moyen de l'eau du robinet,
alors que, pour l'Europe, c'est un fait...
M. Forget: Est-ce le sens de la réponse que vous feriez
relativement à une déclaration qui a été
attribuée ici au député de Johnson? Malheureusement, il
n'est pas ici pour entendre la réponse, si vous en avez une à
formuler sur ce point. Un spécialiste des eaux, en France, aurait
déclaré que cette mesure est un concept dépassé. Je
vous demande quels sont vos commentaires là-dessus. Etes-vous au courant
de cette déclaration?
M. Labonté: M. le ministre, je ne suis pas au courant de
cette déclaration. Elle me surprend beaucoup et je pense que cette
mesure est encore, aujourd'hui, d'avant-garde. Elle est loin d'être
dépassée. C'est une mesure importante de santé publique
qui permet de rejoindre des populations entières, quel que soit leur
niveau social, quel que soit leur revenu, et ceci à un coût
vraiment bas. C'est une mesure préventive, alors que, par d'autres
moyens, il faut se limiter à des mesures correctives qui coûtent
beaucoup plus cher.
M. Forget: Je n'ai pas d'autres questions. Je vous remercie.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Au nom de l'Opposition officielle,
je tiens à vous féliciter également pour votre
mémoire. Etant donné l'intérêt que votre association
a toujours porté à ce sujet, vous aviez raison d'expliciter au
tout début que vous croyez qu'il était de votre devoir comme
association de venir exprimer votre point de vue sur le projet de loi 88,
compte tenu de toutes les expériences que vous avez eues dans le
passé.
Vous dites dans votre mémoire que, advenant que la loi 88 soit
adoptée, vous aurez à jouer, tel que vous le dites textuellement,
un rôle important pour bien renseigner les opérateurs des usines
de filtration au sujet de cette nouvelle application. Pouvez-vous m'expliquer
le sens du travail que vous pensez avoir à faire à ce moment, en
tant qu'association? Tout à l'heure, on a entendu les chimistes, qui
semblaient réclamer, d'après ce que j'ai pu comprendre, cette
responsabilité que vous-mêmes vous vous offrez à
remplir.
M. Dorion (Jean-Paul): Si je puis répondre, je
mentionnais, dans ma présentation, que l'AQTE compte au-delà de
200 membres qui sont directement reliés au fonctionnement et à
l'entretien des usines de traitement d'eau dans le Québec. Evidemment,
il yen a peut-être 1,200, on me dit environ 1,200, mais il y en a quand
même 200 qui sont membres de l'AQTE; plusieurs dans ces 200 ou la
majorité sont ceux qui dirigent les usines.
Depuis quelques années, dans le Québec, il se fait
sûrement un bon pas dans l'instruction et dans l'amélioration de
techniques de ces gens. Nous, de l'AQTE, c'est notre devoir, en fait,
étant membres de notre association, de promouvoir, de pousser même
sur le gouvernement. On a d'ailleurs, actuellement, sur notre table de travail,
un projet de certification qu'on a présenté au ministère
des Affaires municipales pour améliorer le standing des
opérateurs. C'est dans ce sens que notre association peut faire
beaucoup, en organisant dans les différentes parties du Québec
c'est ce que nous faisons actuellement des conférences
régionales données par des personnes qualifiées, pour
renseigner ces opérateurs.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous semblez très
catégorique sur le fait qu'il n'est pas question, selon vous, de penser
à la fluoration des eaux de tout le Québec, et même qu'il
serait illusoire, d'après ce que vous avez dit, de penser à
fluorer dès maintenant, dans un premier temps, tous les citoyens, les
populations qui s'alimentent à même un réseau public, et
qu'il faudrait, en conséquence, pour être pratique, pour
être réaliste, que le gouvernement pense surtout à
appliquer cette mesure dans les grandes concentrations au départ, et
dans celles qui sont suffisamment équipées au Québec pour
pouvoir effectivement assurer le degré de sécurité auquel
le public a droit. Pouvez-vous être plus explicite un peu de ce
côté, sur cet aspect que vous avez soulevé, peut-être
en nous indiquant, le plus précisément que vous le pouvez... Dans
votre opinion, quels seraient les centres? J'en imagine facilement quelques-uns
au départ, quand vous parlez de grandes concentrations de population,
mais pouvez-vous être plus explicite de ce côté?
M. Labonté: C'est exact, c'est bien ce que j'ai dit. Nous
envisageons la mise en oeuvre de la fluoration d'une façon progressive,
d'ailleurs, en commençant par les grands centres, c'est comme cela que
nous allons, dans un premier temps, rejoindre un pourcentage
élevé de la population. Lorsqu'on arrive aux villes de 10,000
habitants, on peut trouver des problèmes de personnel pas suffisamment
formé, d'équipements au point, de laboratoires mal
équipés. Même si l'on voulait installer la fluoration dans
de très petites municipalités où il n'y a que 1,000 ou
2,000 habitants, on trouverait que ces villes n'ont même pas les moyens
d'avoir un opérateur compétent. Car, à ce moment, on ne
peut plus se contenter d'un opérateur qui a bien de la bonne
volonté, mais qui n'a comme formation que l'entretien des pompes avec
des moteurs électriques, car il s'agit d'un traitement à
opérer. Si on voulait faire trop vite, à mon sens, on pourrait
même manquer d'opérateurs. Il faut même penser à
encourager la formation professionnelle des opérateurs. Il en existe de
bien formés au Québec, mais pas suffisamment,
présentement. C'est à la cité des jeunes à
Vaudreuil, maintenant c'est incorporé au CEGEP Saint-Laurent. On forme
des gens très bien préparés pour opérer ces usines,
faire les essais en laboratoire. Les grandes villes peuvent se permettre
d'avoir un chimiste pour contrôler un laboratoire important comme on en a
à Montréal, comme on en
a à Laval. Il y a de la place pour des ingénieurs, des
chimistes et surtout des opérateurs.
M. Bédard (Chicoutimi): Sûrement pas dans des
petites municipalités où...
M. Labonté: Ils n'ont pas les moyens de s'offrir...
M. Bédard (Chicoutimi): Ils n'auraient pas les moyens,
à moins que le gouvernement décide de les aider efficacement de
ce côté.
M. Labonté: Sur le plan technique, il faudrait aider.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous disiez, entre autres, que,
parmi les facteurs qui vous amenaient à conclure qu'il faudra que cela
s'implante graduellement, par étape...
M. Labonté: Ce serait plus sage.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, ce serait plus sage. D'une
part, il y avait les raisons que vous invoquez, à savoir si certaines
municipalités ou certaines agglomérations qui ne sont pas
pourvues des usines ou encore des laboratoires qui sont nécessaires pour
un contrôle efficace. Egalement, vous avez parlé, vous avez fait
mention du personnel qui était nécessaire pour le bon
fonctionnement du système. A l'heure actuelle, avec les renseignements
que vous avez sur le personnel qui est disponible dans le Québec, que ce
soit par l'Association des chimistes ou par d'autres associations qui sont
sensibilisées non seulement au problème, mais qui ont quand
même des qualifications scientifiq ues, est-ce que votre appel à
l'implantation par étapes vient du fait que vous avez vraiment
constaté qu'il y aurait, de toute façon, un manque de personnel
suffisamment spécialisé pour pouvoir l'implanter d'un coup dans
tout le Québec?
M. Labonté: J'ai bien dit dans les très petits
centres.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, oui.
M. Labonté: Dans les grandes villes et les villes
moyennes, il n'y a pas de problème. Il y a déjà tous les
équipements, les laboratoires, le personnel. On parle plutôt des
petites...
M. Bédard (Chicoutimi) : Vous parlez des petites
municipalités.
M. Labonté: ...municipalités, des petits villages
en particulier où il n'y a qu'une station de pompage et un appareil de
chloration. Dans certains cas, on n'a même pas un
débitmètre. Lorsqu'on fluore, il faut une fluoration, un dosage
proportionnels au débit.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Labonté: Alors, cela requiert certains
équipements additionnels.
M. Bédard (Chicoutimi): Tel que le disait l'Association
des chimistes, il faut une surveillance sinon continuelle, du moins assidue et
continue...
M. Labonté: Par des gens responsables qui savent ce qu'ils
font.
M. Bédard (Chicoutimi): ...pour être sûr de
préserver équitablement la santé des gens. Je n'aurai pas
d'autres questions.
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre et
l'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Forget: Une brève question additionnelle, M. le
Président. Vous avez dit tantôt que vous sentiez comme
organisme intéressé aux techniques de l'eau la
responsabilité, de pousser sur le gouvernement pour améliorer un
certain nombre de choses. Je peux comprendre, en effet, qu'un groupe qui
s'intéresse à un domaine particulier comme cela, sur le plan
technique, voie les possibilités d'amélioration. On sait, par
ailleurs, qu'actuellement un certain nombre d'installations pour la
distribution des eaux impliquent l'addition de chlore. On nous a parlé
aussi d'un certain nombre d'autres éléments qu'on doit, à
l'occasion, ajouter aux eaux pour obtenir certaines corrections soit
d'acidité, ou autre chose. Il y a donc une nécessité, du
moins une utilité, dans un grand nombre de cas, pour la santé des
gens, pour s'assurer que les eaux sont en bon état, d'exercer un certain
nombre de contrôles. Ces responsabilités, si je comprends bien,
sont assumées par les municipalités qui sont la plupart du temps
propriétaires de systèmes de distribution. Faut-il donc
comprendre qu'indépendamment de toute question de fluoration, les
municipalités, même lorsqu'il est question de santé, de
santé par l'eau et par les systèmes de distribution d'eau, se
sont montrées dans le fond pas suffisamment empressées ou
intéressées, dans bien des cas, à prendre les mesures
appropriées et vous sentez la nécessité que cette
responsabilité soit assumée par le gouvernement du Québec,
le gouvernement à un niveau supérieur?
M. Dorion (Jean-Paul): Je pense, M. le ministre, que c'est aux
municipalités, à mon avis, de s'occuper de ce problème
d'avoir des équipements adéquats, d'avoirdu personnel
adéquat. Bien sûr, c'est mon opinion. On ne doit pas toujours
compter sur les autres.
Ce que je mentionnais tout à l'heure, c'est peut-être
à la suite de ce que j'ai mentionné, la certification des
opérateurs. La certification des opérateurs, c'est un projet que
l'AQTE a préparé. Maintenant, on voudrait que cela s'applique.
C'est évident que cela ne peut pas s'appliquer du jour au lendemain. Il
y a des étapes à franchir. On le sait. D'ailleurs, on a
préparé et suggéré même un programme pour en
arriver à la certification des opéra-
teurs, une classification des opérateurs ou une classification
également d'usines de traitement d'eau. Maintenant, on voudrait
qu'éventuellement cela s'applique pour toute la province. C'est
là que le gouvernement peut intervenir. C'est cette intervention,
disons, à mon avis, que je mentionnais tout à l'heure.
M. Forget: S'assurer qu'on respecte les standards minimaux qui,
actuellement, ne sont pas respectés.
M. Dorion: C'est cela.
M. Labonté: Je suis de l'avis de mon collègue, que
le traitement de l'eau relève des municipalités. L'Etat,
toutefois, a un rôle de surveillance et de contrôle pour s'assurer
que les municipalités remplissent bien leurs fonctions, pour qu'un bon
service technique soit indispensable.
M. Forget: D'accord.
M. Labonté: Le ministère. M. Forget: Je vous
remercie.
Le Président (M. Pilote): On vous remercie, messieurs, de
votre mémoire et soyez assurés qu'on va prendre note de vos
recommandations.
On inviterait, en dernier lieu, M. Laurent Tessier et M. Gerald Kaine,
de l'Aluminium du Canada Limitée, à venir présenter leur
mémoire.
Aluminium du Canada
M. Tessier (Laurent): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission parlementaire, permettez-moi d'abord de
compléter la présentation, je suis Laurent Tessier et ma fonction
est celle de directeur des services de protection de l'environnement des usines
de l'Alcan au Québec.
Je suis accompagné du Dr Kaine qui est directeur
général des services médicaux des entreprises de l'Alcan
au Canada et par le monde. Nous tenons à remercier la commission
parlementaire de l'occasion qu'elle nous donne de faire des commentaires sur le
projet de loi 88. Nous avons présenté un mémoire à
ce sujet et je ne crois pas qu'il y aura lieu d'en faire la lecture au complet
à ce stade-ci. Cependant, je tiens à souligner que, dans ce
mémoire, sans prendre parti pour ou contre la fluoration de l'eau de
consommation, nous tenons à dissiper, une fois pour toutes, la fausse
rumeur qui court depuis déjà un certain temps selon laquelle
l'Alcan est intéressée financièrement à la
fluoration de l'eau parce que cela représenterait un
débouché pour nos produits.
Tout d'abord, je me permets de citer le deuxième paragraphe de la
page 2 de notre mémoire à savoir que l'Alcan ne fabrique ni ne
vend du fluorure de sodium, du fluosilicate de sodium ou toute autre forme de
fluorure destiné à la fluoration de l'eau potable. La compagnie
ne dispose pas d'installations nécessaires à la fabrication de ce
produit et elle n'envisage d'aucune manière que ce soit la fabrication
d'une substance pouvant être vendue pour la fluoration de l'eau
potable.
En page 3, on mentionne aussi qu'à l'Alcan, de 1948 à
1952, on a fabriqué du fluorure de sodium pour lequel il existait alors
un marché prometteur, soit un produit pour la préservation du
bois appelé Osmose. Il existait aussi en puissance un marché pour
la fluoration de l'eau.
Mais entre-temps, le fluosilicate de sodium a rendu peu rentable pour
l'Alcan la fabrication et la vente du fluorure de sodium. L'usine a donc
été fermée et l'équipement est utilisé
ailleurs. Depuis 1952, l'Alcan n'a jamais plus envisagé de fabriquer
à nouveau ce produit.
Nous tenons à vous remercier de votre attention et il nous fera
plaisir de répondre aux questions que vous pourriez nous poser à
ce sujet.
M. Forget: Je vous remercie pour la mise au point qui, je pense,
est utile pour clarifier le débat et le faire porter au moins sur les
véritables éléments qui doivent être
discutés. J'aimerais clarifier un point mentionné à la fin
de la page 2, de votre texte, où vous parlez de l'usage que vous faites
du spath fluor, par exemple, comme électrolyse lors du traitement de
l'alumine pour le transformer en métal, en aluminium.
Cet élément, ce sel que vous ajoutez à ce moment,
au moment de l'électrolyse, est-ce qu'il est utilisé et
réutilisé constamment ou est-ce qu'il se combine et devient un
produit de déchet ou est-ce qu'il disparaît entièrement,
soit par une méthode ou par une autre? En d'autres termes, est-ce
qu'à la fin du procédé de fabrication de l'aluminium, il
vous reste un déchet contenant une proportion de fluor qui pourrait
être utilisable?
M. Tessier: Les fluorures servent comme électrolytes pour
l'électrolyse de l'alumine pour produire l'aluminium, et on ne retrouve
pas nécessairement de fluorure dans le produit fini, parce que le
produit est un métal pur. Dans ce procédé de fabrication,
il y a des émanations de fluor que nous, dans la pi upart de nos
installations, captons par des épu-rateurs pour recycler ces
matériaux. On essaie de recycler tous les matériaux que nous
captons. Le fluor est un produit dispendieux et on en a besoin pour
contrôler notre procédé électrolytique.
M. Forget: Autrement dit, il sert un peu dans ce processus comme
un catalyseur...
M. Tessier: Comme catalyseur.
M. Forget: ...il n'est pas consommé ou utilisé dans
le processus. Il se retrouve à la fin du processus de fabrication. Il
est recyclé et réutilisé à nouveau pour les
mêmes fins.
M. Tessier: Oui.
M. Forget: Dans le passé, il y a eu, je crois,
peut-être une pratique différente de celle que vous venez
d'expliquer, qui ne consistait pas à récupérer les
émanations de fluor, mais à les laisser s'échapper dans
l'air ambiant. Je crois qu'il y a eu des expériences qui ont
été faites par votre compagnie pour en venir à ce nouveau
procédé. Pourriez-vous nous donner quelques explications
là-dessus?
M. Tessier: Comme je l'ai fait remarquer, dans la plupart de nos
installations, nous avons des épu-rateurs pour capter ces
émanations de fluor. Nous avons encore certaines installations de
moindre importance où nous n'avons pas encore ces épura-teurs.
Ils seront installés prochainement, quoique, dans notre usine la plus
importante à Arvida, toutes nos salles de cuves sont
équipées d'épurateurs pour capter les émanations de
fluor. Là où on n'a pas d'équipement de ce genre, il y a
des émanations atmosphériques de fluorures.
M. Forget: Vous serait-il possible de nous dire si,
d'après ce que vous savez sur les émanations de fluor dans l'air
ambiant, il y a des études ou des conclusions qui vous permettraient
d'affirmer quelque chose, de conclure d'une façon ou d'une autre sur les
effets possibles d'une combinaison de l'absorption par les voies respiratoires
à la fluoration dans l'eau, comme pouvant constituer un danger?
M. Tessier (Laurent): On pourrait peut-être mentionner
comme exemple notre usine la plus importante à Arvida, qui est la plus
grosse aluminerie au monde, dans le secteur le plus affecté par les
fumées de l'usine, nous avons des concentrations atmosphériques
qui sont très basses, comparées à ce qui est
nécessaire pour protéger la santé humaine. On peut
affirmer que, dans ce secteur qui est le plus affecté, en moyenne, j'ai
fait le calcul qui montre que la population respire à peu près 4%
du fluor qu'elle pourrait absorber en prenant de l'eau fluorée et,
à la clôture même de notre usine, mettons l'endroit le plus
exposé, ce serait peut-être trois à quatre fois
supérieur à cela. Alors, c'est très inférieur
à la quantité qu'une personne pourrait absorber en prenant de
l'eau fluorée.
M. Forget: Oui. C'est tout, M. le Président, je n'ai pas
d'autres questions.
M. Bédard (Chicoutimi): Je tiens également, au nom
de l'Opposition officielle, à vous féliciter pour votre
mémoire, surtout votre mise au point. Je crois qu'elle n'était
pas futile, parce que c'était plus qu'une rumeur, c'était une
affirmation qui avait été faite ici au niveau de la commission.
On disait que la compagnie ALCAN était d'accord sur la fluoration, parce
qu'elle y trouvait son intérêt et son profit; je pense que votre
mise au point était nécessaire.
Personnellement, venant de la région Saguenay-Lac-Saint-Jean, je
serais porté à profiter de l'occasion, étant donné
la rumeur de la construction éventuelle d'une aluminerie à
Québec, pour vous poser des questions sur l'optimisme que vous pouvez
avoir concernant les projets d'expansion de la plus grande aluminerie au monde,
de l'ALCAN, à Arvida, mais je sais que vous n'êtes pas venus pour
répondre à des questions de cet ordre.
M. Tessier: J'aimerais bien être en mesure de vous
répondre des projets futurs sur une maquette. Dans le moment, c'est
remis à plus tard, mais temporairement.
M. Bédard (Chicoutimi): Nous espérons que ce ne
sera pas trop tard.
Le Président (M. Pilote): Etant moi-même un gars du
Lac-Saint-Jean, situé à proximité de I'lle-Maligne,
où vous avez des usines, j'aurais été
intéressé également à voir si c'est dans le secteur
du Lac-Saint-Jean ou dans le secteur de Chicoutimi. On vous remercie,
messieurs.
Le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, n'étant pas dans le
secteur, je ne poserai pas le genre de question que l'honorable
député de Chicoutimi vous aurait peut-être
posée.
Comme représentant de l'Alcan, vous avez mentionné
tantôt que l'Alcan ne prend pas une position dans ce débat,
favorable ou non favorable à la fluoration des eaux de consommation.
Est-ce que j'ai bien compris?
M. Tessier: C'est ce que j'ai mentionné.
M. Samson: D'accord. Parce que le premier paragraphe, la
première page, laissait peut-être lieu à des
interprétations. Vous avez mentionné, à la page 3, que
l'Alcan ne fabrique plus, n'a pas l'intention de continuer à fabriquer
du fluorure de sodium. Par contre vous mentionnez qu'il y en a
déjà eu de fabriqué, pour les raisons suivantes: soit un
produit pour la préservation du bois ou encore pour un marché en
puissance pour la fluoration de l'eau.
Même si l'Alcan affirme aujourd'hui quelle ne fabrique plus ce
produit parce qu'il est devenu, comme vous le dites, peu rentable pour vous, il
demeure qu'on peut conclure vous me direz si je suis correct ou non
qu'à un moment donné il aurait pu y avoir un marché
intéressant pour l'Alcan.
M. Tessier: C'est ce qu'on affirme dans le mémoire, M. le
Président, qu'il y avait un marché en puissance pour le fluorure
de sodium, pour la fluoration de l'eau.
M. Samson: Maintenant, ce marché n'est plus
intéressant pour vous, pour l'Alcan, parce que les compétiteurs
dans ce domaine peuvent vendre le produit, c'est-à-dire un produit qui
donne le même résultat à meilleur marché.
Dans votre position, vous affirmez aujourd'hui, que l'Alcan ne fabrique
plus, n'a pas l'intention d'en refabriquer. C'est évidemment en ce qui
concerne la compagnie Alcan. Vous ne parlez pas pour les autres entreprises
d'aluminium dans le monde, j imagine bien? C'est seulement pour l'Alcan?
M. Tessier: Je ne suis pas en mesure de répondre pour les
autres compagnies dans le monde.
M. Samson: D'accord, M. le Président, c'est ce que je
voulais savoir. Je voulais le faire dire aux représentants de l'Alcan,
parce que c'est une nuance importante à apporter dans le débat.
Il reste qu'on serait peut-être intéressé à avoir
devant nous
les représentants des autres compagnies qu'il y a dans le monde,
pour en savoir plus long. En ce qui concerne l'Alcan, je suis satisfait du
mémoire que vous nous présentez et des raisons que vous nous
donnez.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez, à un moment
donné, dit que vous aviez installé, depuis déjà
longtemps, des purificateurs d'air, à votre usine située à
Arvida. Est-ce qu'il y en a d'installés également à
l'usine de l'Isle-Maligne?
M. Tessier: Toutes les salles de cuves de l'usine de
l'Isle-Maligne sont équipées...
M. Bédard (Chicoutimi): Toutes les salles de cuves...
M. Tessier: ...d'épurateurs aussi.
A notre usine de Shawinigan c'est en partie installé. A l'usine
de Beauharnois, une installation importante est à la veille d'être
complétée.
M. Bédard (Chicoutimi): Merci.
Le Président (M. Pilote): D'autres questions? On vous
remercie, messieurs, de votre mémoire et nous allons en prendre bonne
note.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 35)
ANNEXE
MEMOIRE DE LA SOCIETE DES ESTHETICIENNES DU QUEBEC PREAMBULE
Permettez-moi tout d'abord de vous dire que la Société des
Esthéticiennes du Québec est une association toute nouvelle qui
vient à peine, il y a quelques semaines, de se former
spontanément, faisant suite à la lecture du projet de loi no
88.
La Société des Esthéticiennes du Québec
groupe plus de 200 esthéticiennes réparties à peu
près dans toutes les régions économiques du
Ministère de l'Industrie et du Commerce du Québec et ces
personnes oeuvrent dans différents secteurs; notamment la pratique
privée soit comme propriétaire ou salariée;
l'enseignement; l'industrie, en plus d'un certain nombre d'étudiantes
qui sont considérées à titre de membres
associés.
Le but premier de la présentation de ce mémoire est de
faire remarquer respectueusement au législateur que ce projet de loi et
plus particulièrement les articles un (1), trois (3), cinq (5), six (6),
sept (7), huit (8), onze (11 ) et douze (12) remettent en question la raison
d'être de la profession d'esthéticienne et est loin de
régler tous les problèmes imputés, à tort ou
à raison, à l'esthéticienne.
Sans vouloir mettre en doute la bonne foi et la compétence des
personnes qui ont présidé à la rédaction de ce
projet de loi et plus particulièrement à la rédaction de
l'article un (1), nous croyons qu'il serait utile pour les membres de cette
commission de connaître certains principes de base concernant la
formation de l'esthéticienne et l'exercice de l'esthétique.
C'est pourquoi nous croyons extrêmement important de fournir aux
membres de cette commission certaines considérations
générales sur l'esthéticienne et l'esthétiq ue,
avant d'exposer nos vues sur les articles du projet de loi no 88 relatifs
à l'esthétique.
CONSIDERATIONS GENERALES 1. Esthétique et métiers
connexes
L'esthéticienne est une personne qui possède la formation
nécessaire pour voir à l'entretien et à l'hygiène
de la peau afin de la garder saine. L'Esthéticienne utilise aussi des
techniques et des produits visant à conserver à la peau sa
souplesse, son élasticité et son hydratation afin d'en
prévenir le vieillissement. L'esthéticienne est donc une
spécialiste en soins faciaux, en cosmétologie et en
maquillage.
Elle peut aussi, si elle le désire, poursuivre ses études
en manucurie, pédicurie, massage corporel et electrolyse. Toutefois,
toutes les esthéticiennes ne sont pas nécessairement manucures,
pédicures, masseuses ou électrologistes.
Par ailleurs, d'autres personnes peuvent devenir électrologistes,
masseuses, manucures et même maquilleuses sans être
esthéticiennes.
D'autre part, il existe aussi des cosméticiennes qu'il ne faut
pas confondre avec les esthéticiennes. Sans vouloir jeter de
discrédit sur les cosméticiennes, nous désirons souligner
au législateur que la cosméticienne est une simple vendeuse qui a
reçu un attestation d'un ou de plusieurs fabricants de
cosmétiques, après avoir subi un lavage de cerveau qui lui fait
attribuer des qualités miraculeuses aux produits de ces compagnies,
qu'elle doit vendre à tout prix son salaire étant basé sur
une commission.
Nous avons cru bon d'apporter ces précisions au
législateur, parce que l'usurpation du titre d'esthéticienne" se
fait couramment. L'exercice de l'esthétique n'étant pas exclusif
et le titre d'esthéticienne n'étant pas réservé, il
arrive en effet très souvent q ue des personnes n'ayant ni formation, ni
connaissance, exercent la profession d'esthéticienne et utilisent aussi
le titre. C'est malheureusement chez ces personnes que l'on retrouve le plus
d'audace ce qui les rend susceptibles de causer le plus de
préjudice.
2. Formation de l'esthéticienne
L'enseignement de l'esthétique au Québec est sous le
contrôle du Ministère de l'Education et relève de deux (2)
Directions générales et d'un Service général: La
Direction Générale de l'Enseignement Secondaire La Direction
Générale de l'Enseignement aux Adultes Le Service
Général de l'Enseignement Privé.
Enseignement secondaire
La Direction générale de l'enseignement secondaire donne
l'enseignement de l'esthétique aux niveaux des 3e, 4e et 5e
années secondaires. La DIGES a identifié ce secteur comme
étant celui des "SOINS ESTHETIQUES".(1)
Les soins esthétiques sont définis comme suit et je cite:
"Au sens large, on pourrait définir les soins esthétiques comme
étant l'art de rendre l'être humain le plus attrayant possible.
L'appellation "soins esthétiques" n'identifie pas exclusivement les
traitements du visage, mais recouvre toutes les disciplines relatives à
la conservation et à l'embellissement du visage, du corps et des
cheveux. L'aspect de la conservation est plus important encore que celui de
l'embellissement. Il peut même s'étendre jusqu'aux soins curatifs
des multiples maladies de l'épiderme et du cuir chevelu. Ces techniques
visent à maintenir un soin équilibré de la
régénérescence des éléments
épidermiques et capillaires.
Le cadre des fonctions de travail défini par ce secteur exclut la
chirurgie esthétique, considérée comme acte
médical" ...fin de la citation du Ministère de l'Education
Les pages qui suivent cette définition renferment la description
du cours d'exploration technique et les profils scolaires devant
préparer à un certain nombre de fonctions.
Le premier est exclusivement destiné aux élèves
inscrits à l'enseignement professionnel court (3e et 4e secondai res) et
s'intitule "soins esthétiques auxiliaires". Les autres s'adressent aux
élèves du professionnel long (4e et 5e secondaires) et
s'intitulent "esthétique et vente et distribution de
cosmétiques". (1)
Sans décrire totalement les objectifs et le contenu des cours,
mentionnons qu'il existe des cours théoriques et pratiques en pi us de
stages en entreprise. Dans le programme théorique, nous pouvons noter
des cours: d'anatomie et physiologie de la peau et du cheveu; de notions de
microbiologie, de réglementation des produits cosmétiques,
d'initiation aux affaires, etc., en plus de cours pratiques de
démaquillage et nettoyage de la peau; de techniques manuel les
esthétiques du visage ;d'épilation à la cire; de
techniques de manucurie; de traitement esthétique des pieds; de
maquillage, etc.
Cependant, la lecture du chapitre de 70 pages sur les soins
esthétiques (2) nous fait voir des choses surprenantes sur les profils
scolaires. Mentionnons, à titre d'exemple, le cours de pharmacologie
(3), le cours sur les maladies vénériennes (4), le cours sur les
peelings dont le contenu mentionne et je cite "les substances utilisées
pour provoquer "l'exploitation" (exfoliation) totale des couches superficielles
de l'épiderme, soit la résorcine, l'acide salicylique et l'acide
phénique". (5).
Mentionnons également que les cours d'électrolyse
totalisent environ 200 heures.
Enseignement aux adultes
La Direction générale de l'enseignement aux adultes, par
les commissions de formation professionnelle et en collaboration avec les
commissions scolaires et les centres de main d'oeuvre du Canada donne aussi des
cours d'esthéticienne.
Ces cours peuvent être suivis à temps plein ou à
temps partiel. Les cours à temps plein sont d'une durée de
quarante (40) semaines. (6) Les cours à temps partiel peuvent
s'échelonner sur un certain nombre d'années et totalisent environ
1,400 heures. Sur ce nombre d'heures, 240 étaient
réservées jusqu'en 1974 à I'électrolyse. (7)
D'autre part, le Prospectus de l'Education des Adultes du
Ministère de l'Education 1974-75 présente la description des
objectifs du cours comme rendre l'étudiant capable de: -offrir des soins
de beauté et des traitements de la peau et du visage; -déceler
les imperfections de la peau (acné, assèchement, etc.) et les
corriger à l'aide de moyens physiques ou de cosmétiques;
-nettoyer la peau en profondeur et procéder au maquillage du visage; -
pratiquer les épilations et soigner les ongles; -donner divers conseils
aux clients sur les soins d'hygiène, le maquillage, les produits de
beauté, etc... (8)
Enseignement privé
Quant aux écoles privées qui relèvent du Service
général de l'enseignement privé, il nous a
été difficile d'obtenir des renseignements précis quant
aux objectifs et aux contenus des cours. Il semble cependant
qu'on retrouve des cours d'électrolyse dans le secteur
privé, à raison de 300 heures. Chose surprenante, la plupart
sinon toutes les écoles privées utilisent dans la formation de
leurs étudiants des appareils et des produits cosmétiques dont
ils sont les fabricants ou distributeurs.
En résumé, nous avons cru bon de signaler au
législateur certaines différences importantes dans la formation
des esthéticiennes ayant terminé leurs études au
Québec.
Nous souhaitons qu'un jour cette formation soit uniformisée
à tous les niveaux.
Il nous faut ajouter à ces lacunes le fait que le Canada
étant un pays d'immigration, de nombreuses personnes,
esthéticiennes ou non, arrivent au Québec avec des diplômes
sur lesquels il n'existe aucun contrôle et dont il est impossible de
vérifier l'authenticité. Parmi ces personnes, plusieurs ont
été formées de façon nettement différente,
dans des pays où les lois sont différentes des nôtres,
particulièrement dans l'utilisation de substances jugées ici
dangereuses. 3. Exercice de l'esthétique (en relation avec le projet de
loi no 88)
Sans vouloir par cet exposé limiter l'exercice de
l'esthétique, nous avons cru bon de donner certaines explications
supplémentaires relatives aux termes et expressions utilisés dans
le projet de loi no 88, notamment les mots: -studio; -esthétique;
-électrolyse; - peeling; - greffe de cheveux. 3.1 Studio
Les esthéticiennes exercent leur profession soit sous leur propre
nom ou soit sous une raison sociale commençant par différentes
dénominations. Les noms les plus souvent utilisés par ordre
d'importance sont les suivants: institut; salon; studio; clinique; centre,
etc.
Si l'on consulte le Petit Robert, on peut s'apercevoir facilement que
l'appellation la pi us appropriée pour exercer l'esthétique est
le mot institut, (9) que les mots salon, (10) clinique, (11) et centre (12)
manquent de précision et qu'enfin le mot studio (13) signifie: 1o un
atelierd'artiste;2o une pièce servant de salon, de salle à manger
et de chambre à coucher; 3o une salle de spectacle de petite dimension.
3.2 Esthétique
L'esthétique est d'un point de vue très large "la science
du beau". Cependant, plus près de nous, la Direction
générale de l'enseignement secondaire du Ministère de
l'Education considère que l'esthétique est l'art de: "dispenser
des soins du visage et du corps, d'effectuer un maquillage; de posséder
la maîtrise des instruments les plus fréquemment utilisés,
d'identifier et d'appliquer des traitements à l'aide des
cosmétiques et des techniques appropriés". (14)
Selon le Ministère de l'Education: "lesconnaissances acquises
permettent l'exercice de la fonction de travail suivante: ESTHETICIEN
(NE)". (14) 3.3 Electrolyse
L'électrolyse est une méthode d'épilation.
Mentionnons que les méthodes d'épilation peuvent être
divisées en deux (2) catégories: l'épilation temporaire et
l'épilation définitive.
Epilation temporaire
L'épilation peut se faire de façon temporaire par des
moyens mécaniques comme la pince àépiler, les cires
à épiler, etc ...ainsi que par des méthodes chimiques en
utilisant des produits dits d'épilatoires. Ces techniques sont
utilisées par toutes les esthéticiennes et ne présentent
pratiquement aucun danger.
Epilation définitive
II existe aussi des méthodes très efficaces pour se
débarrasser définitivement des poils superflus. Elles consistent
à enfoncer une petite aiguille servant d'électrode dans le
follicule pileux et à appliquer ensuite un courant électrique
dans le but de détruire la papille, élément nourricier du
poil.
S'il s'agit d'un courant électrique galvanique, la technique
s'appelle "electrolyse".
S'il s'agit d'un courant électrique alternatif de haute
fréquence(diathermique), la technique est appelée
"électrocoagulation", "thermolyse" ou "diathermie".
Le mécanisme d'action des deux méthodes est
différent, mais le résultat est le même. Mentionnons
cependant que l'électrolyse est de plus en plusdélaissée
pour faire place à l'électrocoagulation.
Ces deux dernières techniques d'épilation
électrique définitive ne sont appliquées que par un
certain nombre d'esthéticiennes spécialisées. Toutefois,
comme nous l'avons déjà mentionné, d'autres personnes
ayant étudié ces techniques pratiquent sous le nom
"d'électrologistes". Nous désirons toutefois mentionner que
l'électrolyse et l'électrocoagulation sont des méthodes
qui présentent des contre-indications et qui demandent des
précautions particulières. 3.4 Peeling
Avant de se prononcer sur un sujet aussi délicat que le peeling,
nous avons demandé l'avis de professionnels de la santé
intéressés par ce problème.
Voici en résumé ce qui ressort de cette consultation: "Le
mot peeling est un mot anglais qui vient du verbe to peel et qui signifie
peler. En réalité, le peeling est une méthode
d'exfoliation de la peau par des substances physiques ou chimiques. Cette
exfoliation est destinée à nettoyer la peau ou à enlever
certaines imperfections ou altérations de l'épiderme, telles que
constatées dans certains cas d'hyperkératose, d'acné,
d'hyperpigmentation, etc.
Comme l'action du peeling est un renouvellement de certaines couches de
l'épiderme, il est aussi employé comme méthode de
rajeunissement de la peau.
En fait, il n'existe pas de peeling mais des peelings. Selon que
l'imperfection ou l'altération du visage sera superficielle ou profonde,
on utilisera des substances ou des méthodes qui agiront en surface ou en
profondeur. On aura ainsi des peelings dits légers et des peelings dits
profonds. "
Peelings légers (lysings)
Les peelings légers ou lysings sont fabriqués à
base d'enzymes protéolytiques comme la papaïne, la pepsine, la
trypsine, etc.. et ont pour effet de digérer les cellules mortes des
couches superficiel les de l'épiderme. (15) Mentionnons aussi la
méthode dite de "gommage" ou "coup de gomme" qui agit par action
mécanique et élimine le surplus de cellules mortes. Ces peelings
peuvent être utilisés sans aucun danger par les
esthéticiennes.
Peelings profonds
Les peelings profonds peuvent être obtenus de différentes
façons, notamment par application de neige carbonique (cryopeeling),
mais surtout à l'aide de substances corrosives telles le phénol,
le resorcinol (résorcine) et l'acide salicylique.
Le phénol, par exemple, est un composé hautement toxique
et quand il est appliqué sur la peau, il y a d'abord formation d'une
pellicule blanche de protéines précipitées. Cette
pellicule devient rapidement rougeâtre pour plus tard s'exfolier,
laissant ainsi la surface cutanée brunâtre. Si le phénol
reste en contact avec la peau, il peut pénétrer jusqu'aux tissus
les plus profonds et causer la gangrène. (16) Le résorcinol
possède sensiblement les mêmes actions que le phénol, bien
que moins actif. (17) Enfin l'acide salicylique est aussi très irritant
vis-à-vis de la peau et détruit les cellules
épithéliales. Son action kératolytique est utilisée
pour le traitement local des verrues, des cors, des infections fongiques et
provoque une desquamation. (18).
Même si de nombreuses esthéticiennes pratiquent le peeling,
à notre avis, il s'agit de peelings légers. Quant aux
méthodes d'exfoliation profonde, il est entendu que leur utilisation
comporte sans aucun doute des dangers et devrait être
considérée comme un acte médical. Par ailleurs, la
préparation des peelings profonds devrait être un acte
pharmaceutique. 3.5 Greffe de cheveux
A notre connaissance, la greffe des cheveux ne se pratique pas par des
esthéticiennes et ne relève pas de l'exercice de
l'esthétique. La greffe des cheveux devrait être
considérée, selon nous, comme un acte médical.
ANALYSE DU PROJET DE LOI NO 88 1. Introduction
Nous désirons d'abord souligner à la commission
parlementaire sur les affaires sociales que le projet de loi no 88, ou projet
de loi modifiant la Loi de la Protection de la Santé Publique, a
été étudié après avoir fait la relation ou
la concordance avec d'autres lois et d'autres règlements notamment: -
Loi de la Protection de la Santé Publique (sanctionnée le 21
décembre 1972);
- Loi sur les Services de Santé et Services Sociaux
(sanctionnée le 24 décembre 1971); - Règlements de la Loi
sur les Services de Santé et Services Sociaux.
Nous avons alors constaté que les articles un (1), trois (3),
cinq (5), six (6), sept (7), huit (8), onze (11) et douze (12) du projet de loi
no 88 réfèrent directement ou indirectement à
l'esthétique.
D'autre part, les articles cités précédemment (du
projet de loi no 88), modifient respectivement les articles un (1), vingt-cinq
(25), trente-deux (32), trente-trois (33), trente-quatre (34), trente-cinq
(35), quarante-sept (47) et cinquante (50) de la Loi de la Protection de la
Santé Publique, sanctionnée le 21 décembre 1972.
Les articles cinq (5), six (6), sept (7), huit (8) et onze (11) du
projet de loi no 88, traitent des permis et des enquêteurs en plus de
référer aux articles cent quatre (104) à cent dix-neuf
(119) de la Loi sur les Services de Santé et les Services Sociaux qui
traitent aussi des permis et des appels.
Les articles un (1), trois (3) et douze (12) du projetde loi no 88 nous
semblent particulièrement des articles de fond et feront l'objet de nos
commentaires et recommandations.
Article 1
En résumé, l'article 1 du projetde loi no 88 modifie
l'article 1 de la Loi de la Protection de la Santé Publique en
introduisant dans la loi la définition de "studio
d'esthétique".
Article 3
En résumé, l'article 3 du projet de loi no 88 modifie
l'article 25 de la Loi de la Protection de la Santé Publique qui
introduit l'obligation pour un "studio d'esthétique" de détenir
un permis.
Article 12
En résumé, l'article 12 du projet de loi no 88 modifie
l'article 50 de la Loi de la Protection de la Santé Publique en
introduisant un pouvoir pour le Lieutenant Gouverneur en Conseil, après
consultation du Bureau Provincial de Médecine, de réglementer
pour déterminer des normes pour tout "studio d'esthétique " et
son personnel. 2. Commentaires sur le projet de loi no 88
II est entendu que nous faisons nos commentaires en excluant tous les
mots et expressions ne touchant pas l'esthétique. 2.1 Article 1 du
projet de loi no 88
Cet article modifie l'article 1 de la Loi de la Protection de la
Santé Publique au paragraphe (I) et après y avoir introduit la
définition d'établissement de la Loi sur les Services de
Santé et les Services Sociaux, l'article 1 (I) de la Loi de la
Protection de la Santé Publique, deviendrait le suivant:
TEXTE: "Dans la présente loi, à moins que le contexte
n'indique un sens différent les expressions et mots: "studio
d'esthétique" désigne une installation aménagée
hors d'un établissement (centre local de services communautaires, centre
hospitalier, centre de services sociaux ou centre d'accueil) dans laquelle sont
fournis des services d'électrolyse, de peeling ou de greffe de
cheveux;"
COMMENTAIRES
D'après le titre du projetde loi, il est clair que le
législateur vise à protéger la santé publique.
Notre Société se dit d'accord avec ce principe. Toutefois, la
définition de "studio d'esthétique ' nous semble mal choisie pour
atteindre cet objectif.
Comme nous l'avons expliqué aux pages 5, 6 et 7 de ce
mémoire:
La greffe des cheveux ne se pratique pas en esthétique et ne
devrait pas être pratiquée, même avec un permis sauf dans un
établissement approprié et par des médecins.
Le peeling dont parle le législateur semble être le peeling
profond et ne devrait pas être pratiqué en esthétique,
même avec un permis ni dans aucun autre endroit sauf un
établissement approprié et par des médecins.
Si le législateur tient à garder cette notion de peeling
dans le projet de loi, il faudrait donc en préciser la portée en
consultant des organismes comme la Direction Générale de la
Protection de la Santé, le
Conseil Consultatif de Pharmacologie, les Bureaux Provinciaux de
Médecine et de Pharmacie et la
Société des Esthéticiennes du Québec pour
établir une liste de substances provoquant un peeling
profond et considérées comme médicaments et une
liste de substances provoquant un peeling légeret
considérées comme cosmétiques.
Les substances provoquant un peeling profond devraient relever de
l'exercice de la pharmacie en ce qui concerne leur préparation et de
l'exercice de la médecine en ce qui concerne leur utilisation et leur
application.
Les substances provoquant un peeling léger devraient relever de
l'exercice de l'esthétique.
L'électrolyse dont parle le législateur est un terme
limitatif même si nous présumons que l'intention du
législateur couvrait toutes les techniques d'épilation
définitive.
Ce problème est différent de ceux de la greffe de cheveux
et du peeling profond. Selon nous, le terme électrolyse devrait d'abord
être remplacé par épilation électrique
définitive ou autre terme équivalent pouvant être
explicité dans les futurs règlements comme nous l'avons
expliqué à la page 6.
Selon nous, l'épilation électrique définitive est
une technique qui ne relève pas exclusivement de la médecine
comme dans les deux cas précédents. Toute personne ayant la
formation et la pratique nécessaire peut exercer cette technique.
Toutefois, comme le législateur, nous considérons
nécessaire que ces personnes détiennent un permis émis par
le ministre. Ce permis selon nous déterminerait la compétence de
l'esthéticienne pratiquant l'épilation électrique ou de
toute autre personne spécialisée.
Etant donné certaines contre-indications à
l'épilation électrique définitive, nous considérons
qu'un certificat de santé émis par un médecin devrait
être obligatoire. Ce certificat serait basé sur le même
principe que celui du certificat de santé buccale nécessaire aux
denturologistes. "Studio d'esthétique "
Si le législateurdevait conserver le terme "studio
d'esthétique "avec la définition du projet de loi 88, nous
désirons lui soulignerqu'un certain nombre d'installations
esthétiques portant actuellement le nom de studio d'esthétique et
ne faisant ni électrolyse, ni peeling profond, ni greffe de cheveux,
mais exerçant uniquement l'esthétique seraient obligées
soit de fermer leurs portes ou de changer de raisons sociales.
Nous sommes assurées que telle n'était pas l'intention du
législateur.
COMPTE TENU 1. de ce qui a été affirmé auparavant;
2. que la définition de "studio d'esthétique " a très peu
à voir avec l'esthétique; 3. que le terme studio n'est pas
pertinent à ce projet de loi; 4. que le peeling profond et la greffe de
cheveux sont réservés à d'autres personnes que les
esthéticienne;
NOUS CONSIDERONS RESPECTUEUSEMENT QUE CETTE DEFINITION ESTTOUT A FAIT
INADEQUATE.
Si l'intention du législateur est de contrôler strictement
lestrois (3) aspects (électrolyse, peeling, greffe de cheveux), nous lui
conseillons de faire appel à d'autres dénominations que celle de
"studio d'esthétique" par exemple: celle de chirurgie ou médecine
esthétique pour le peeling profond et la greffe de cheveux.
Comme il arrive que des personnes pratiquent l'épilation
électrique dans des endroits très différents tels que:
instituts d'esthétique, salons de coiffure, bureaux de médecin,
etc... et comme, tel que prévu à l'article cinq (5) du projet de
loi, l'émission du permis devrait être au nom d'une personne
physique, nous pensons qu'il serait préférable que ces personnes
exercent sous leur propre nom, suivi du mot "électrologiste" (ou autre
terme équivalent), plutôt que sous une raison sociale ne pouvant
les identifier. Si, d'autre part, l'intention du législateur est de
contrôler l'exercice de l'esthétique, nous considérons ce
projet de loi 88 comme incomplet et ne protégeant le public que de
façon limitée. Nous restons à la disposition du
législateur pour de pi us amples informations, mais nous
considérons que le seul véritable moyen de protéger le
public est de considérer l'esthéticienne ou la profession
d'esthétique à titre réservé et à exercice
exclusif.
L'exercice de l'esthétique est comparable aujourd'hui à
l'exercice des professions de chiropraticien.de denturologiste et de
pôdiatre d'il y a quelques années. 2.2 Article 3 du projet de loi
no 88
Cet article modifie l'article 25 de la Loi de la Protection de la
Santé Publique. L'article 25 de la Loi de la Protection de la
Santé Publique deviendrait le suivant:
TEXTE: "Nul ne peut opérer un studio d'esthétique au
Québec s'il ne détient un permis délivré à
cette fin par le ministre".
COMMENTAIRES
Nous considérons que les mêmes commentaires que nous avons
faits relativement à la définition de "studio
d'esthétique" s'appliquent à l'article 3 du projet de loi 88.
2.3 Article 12 du projet de loi no 88
Cet article modifie l'article 50 de la Loi de la Protection de la
Santé Publique. L'article 50 (a) deviendrait le suivant:
TEXTE: "Le Lieutenant Gouverneur en Conseil, en vue de protéger
contre les dangers à la santé publique peut faire des
règlements pour: a) déterminer, après consultation du
Bureau Provincial de Médecine, les normes d'équipement, de
fonctionnement technique et de salubrité de tout studio
d'esthétique, ainsi que la qualité du personnel y employé,
pour fin de la sécurité de la personne humaine".
COMMENTAIRES
Nous considérons que les mêmes commentaires que nous avons
faits relativement à la définition de "studio
d'esthétique" s'appliquent à l'article 12 du projet de loi
88.
Relativement aux possibilités pour le Lieutenant Gouverneur en
Conseil de faire des règlements pour déterminer des normes
d'équipement, de fonctionnement technique et de salubrité de tout
studio d'esthétique, ainsi que de la qualité de son personnel,
nous désirons souligner au législateur qu'il existe certains
organismes comme la Direction Générale de la Protection de la
Santé et les services d'hygiène municipaux. Cependant, nous
sommes d'avis que les normes actuelles sont tout à fait insuffisantes et
nous sommes d'accord à ce que le Bureau Provincial de Médecine
soit consulté quant à la détermination des normes
relativement aux peelings profonds et à la greffe de cheveux.
Toutefois, en ce qui concerne l'épilation définitive et
tout autre norme d'équipement, de fonctionnement technique et de
salubrité relevant de l'exercice de l'esthétique, ainsi que la
qualité du personnel, nous considérons qu'il est indispensable
que le Lieutenant Gouverneur en Conseil consulte aussi les
esthéticiennes. A cet égard, la SOCIETE DES ESTHETICIENNES DU
QUEBEC vous assure de son entière collabo ration.
RECOMMANDATIONS ATTENDU QU'(E): le titre d'esthéticienne n'est
pas réservé; l'exercice de l'esthétique n'est pas
exclusif; le MEQ agrée la formation des esthéticiennes au
Québec; Le MEQ prévoit un complément de
cosmétologie à la fonction d'esthéticienne; la formation
de l'esthéticienne est différente d'un endroit à l'autre;
l'exercice de l'esthétique par des personnes non autorisées peut
présenter des dangers; la greffe des cheveux ne relève pas de
l'exercice de l'esthétique; il existe différentes sortes de
peelings; les peelings profonds ne relèvent pas de l'exercice de
l'esthétique; il existe d'autres méthodes d'épilation
définitive que l'électrolyse; la définition de "studio
d'esthétique" du projet de loi no 88 ne s'applique qu'à une
spécialisation de l'esthétique; la définition de "studio
d'esthétique" limite l'exercice de l'esthétique; le projet de loi
no 88 tel que rédigé dans sa forme actuelle (notamment les
articles un (1 ), trois (3) et douze (12)) ne donne pas au public toute la
protection à laquelle il a droit;
LA SOCIETE DES ESTHETICIENNES DU QUEBEC RECOMMANDE QUE: les mots
"esthétique" et "esthéticien(ne)" soient définis de
façon uniforme dans les différentes lois, règlements et
prospectus du MEQ; le Gouvernement du Québec fasse des pressions au
niveau de la DGPS pour que les cosmétiques fassent l'objet d'une
évaluation scientifique et que l'étiquetage mentionne le nom, le
pourcentage d'ingrédients actifs ainsi que la date limite d'utilisation;
la vente des cosmétiq ues et les communications s'y rattachant soient
réservées aux esthéticiennes ; la préparation et
l'utilisation des peelings profonds soient réservées
respectivement aux corps pharmaceutique et médical; la vente et
l'utilisation des peelings légers soient réservées aux
esthéticiennes; les techniques d'épilation électrique
définitive soient pratiquées par des personnes
spécialisées et sur présentation d'un certificat de
santé;
les médecins ne puissent se servir du mot "esthétique"
sauf s'il est accompagné des mots médecins et/ou chirurgie; le
Gouvernement du Québec profite des services de l'esthéticienne
pour assurer la diffusion de toute information sur l'esthétique; le
législateur abroge ou modifie, selon nos recommandations, les articles
un (1), trois (3), douze (12) et tous les articles de concordance.
CONCLUSION
Considérant l'expérience de nos membres qui
évoluent dans tous les secteurs de l'esthétique, la
Société des Esthéticiennes du Québec recommande au
législateur de modifier le Projet de Loi No 88, projet de loi modifiant
la Loi de la Protection de la Santé Publiq ue, de façon à
ce que le public soit protégé en obtenant une qualité
optimale des biens et services esthétiques.
Enfin la Société des Esthéticiennes du
Québec fait parvenir copie de ce Mémoire au Conseil
Interprofessionnel du Québec et à l'Office des Professions du
Québec en vue d'une reconnaissance éventuelle et est heureuse
d'offrir au Ministère des Affaires Sociales et à cette Commission
Parlementaire son entière collaboration. Permettez-nous, en terminant,
de vous remercier de l'attention portée à la présentation
de ce mémoire.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
(1) Gouvernement du Québec; Ministère de l'Education;
Annuaire de l'Enseignement Secondaire; 1974-1975, page 02-1189.
(2) Gouvernement du Québec; Ministère de l'Education;
Annuaire de l'Enseignement Secondaire; 1974-1975, pages 02-1189 à
02-1259
(3) Gouvernement du Québec; Ministère de l'Education;
Annuaire de l'Enseignement Secondaire; 1974-1975, pages 02-1193
(4) Gouvernement du Québec; Ministère de l'Education;
Annuaire de l'Enseignement Secondaire; 1974-1975, pages 02-1214
(5) Gouvernement du Québec; Ministère de l'Education;
Annuraire de l'Enseignement Secondaire; 1974-1975, pages 02-1245
(6) Formation professionnelle des Adultes; La Commission de formation
professionnelle Montréal Métropolitain en collaboration avec les
commissions scolaires de la région et les centres de main d'oeuvre du
Canada; prospectus 1974-1975, page 29
(7)Formation professionnelle des Adultes; La Commission de formation
professionnelle Montréal Métropolitain en collaboration avec les
commissions scolaires de la région et les centres de main d'oeuvre du
Canada; prospectus 1974-1975, page 45
(8) Gouvernement du Québec; Ministère de l'Education;
Direction Générale de l'Education des Adultes; prospectus
1974-1975, page 144
(9) Le Petit Robert; Dictionnaire alphabétique de la langue
française, 1973, page 917 (institut)
(10) Le Petit Robert; Dictionnaire alphabétique de la langue
française, 1973, page 1600 (salon)
(11) Le Petit Robert; Dictionnaire alphabétique de la langue
française, 1973, page 293 (clinique)
(12)Le Petit Robert; Dictionnaire alphabétique de la langue
française, 1973, page 246 (centre)
(13) Le Petit Robert; Dictionnaire alphabétique de la langue
française, 1973, page 1699 (studio)
(14) Gouvernement du Québec; Ministère de l'Education;
Annuaire de l'Enseignement Secondaire; 1974-1975, pages 02-1198
(15)Enzymes in cosmetics; Am. Cosm. & Perf., Vol. 87, août 72,
page 39/ (16) Goodman, Louis S. et Gil man, A., The Pharmaco logical Basis of
Therapeutics, 2e édition, page 1079
(17) Goodman, Louis S. et Gilman, A., The Pharmaco logical Basis of
Therapeutics, 2e édition, page 1082
(18) Goodman, Louis S. et Gilman, A., The Pharmaco logical Basis of
Therapeutics, 2e édition, page 282