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Commission permanente des affaires sociales
Etude des crédits du ministère des
Affaires sociales
Séance du vendredi 11 avril 1975
(Onze heures cinquante-trois minutes)
M. Kennedy (président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs! Est-ce que nous avons quorum pour
reprendre nos travaux?
Aide aux ménages privés de moyens de
subsistance (suite)
M. Charron: Oui, M. le Président. J'aimerais, si vous me
donnez la parole, M. le Président...
Le Président (M. Kennedy): Oui, oui, personne n'avait la
parole, lors de l'ajournement d'hier.
M. Charron: Quand nous avons abandonné nos travaux, hier
soir, M. le Président, nous étions déjà
entrés dans ce que j'avais appelé la jungle du règlement
de l'aide sociale, certains des points les plus difficilement applicables. Le
ministre se rappelera que l'année dernière je n'ai pas
l'intention de le reprendre, mais je le lui rappelle nous avions eu un
débat où nous avions exprimé assez clairement notre
opinion sur cet article du règlement qui concerne le barème de
logement. Notre opinion n'a pas changé sur ce sujet. Au contraire, la
vie d'une année comme député d'un comté où
bon nombre de citoyens sont des bénéficiaires de l'aide sociale
n'a fait que confirmer notre opinion là-dessus.
Je sais que cette norme n'existe maintenant qu'artificiellement, qu'elle
aura, dans une politique de revenu minimum garanti, complètement
disparu, mais son effet d'injustice, pour le moment, à l'égard de
certains citoyens, demeure encore extrêmement sévère.
Pour votre information, M. le Président, le barème de
logement est injuste de cette façon. C'est qu'il est anormal au fond de
pénaliser un bénéficiaire qui réussit à se
loger pour moins que ce que le barème lui donne. S'il est une personne
seule, c'est $65, s'il est avec une famille, c'est $85. Le député
de Rouyn-Noranda, en intervenant lors des remarques préliminaires, avait
signalé ce problème. Il avait effectivement signalé
également que l'ensemble des loyers au Québec est plus
élevé que cette norme, que donc beaucoup de
bénéficiaires de l'aide sociale doivent payer des loyers
supérieurs à $65 par mois, s'ils sont seuls, ou à $85,
s'ils sont avec une famille. Mais il s'en trouve quand même qui
réussissent, par beaucoup d'imagination et souvent beaucoup de
concessions quant à la salubrité de leur logement, à se
loger dans des logements qui coûtent moins que cela. Plusieurs des taudis
du bas de la ville de Montréal, par exemple, à cause de
l'insalubrité totale de l'endroit, font que le propriétaire se
sentirait gêné d'exiger plus qu'il n'exige actuellement.
Il y a donc des familles, effectivement, qui vivent dans des logements
qui leur coûtent moins de $85 par mois, surtout qu'il y a des personnes
seules qui, vivant en chambre ou vivant dans un tout petit logement, ont
réussi à trouver des logements qui leur coûtent moins de
$65 par mois.
Or, lorsque ces personnes réussissent à faire ces
économies, on leur retire l'équivalent de l'économie
qu'elles ont faite sur leur chèque de bien-être social.
C'est-à-dire que si une personne réussit, en faisant une
concession, comme je le dis, sur la salubrité et son bien-être
propre, à se loger pour moins de $65, on lui soustraira sur son
chèque de bien-être social exactement l'équivalent de ce
qu'elle a réussi à sauver. Cela me paraît injuste. Cela
n'est pas le cas, encore une fois, de la majorité des gens. Nous parlons
d'une catégorie de population qui est déjà suffisamment
pénalisée dans sa vie quotidienne sans que nous ajoutions des
"tatillonnages" administratifs qui deviennent, à l'occasion, absolument
aberrants.
Je n'ai sonc pas l'intention de reprendre de a à z l'explication
de ce phénomène et de son injustice, puisque nous travaillons
à l'étude des crédits de ce programme avec l'annonce faite
par le ministre que l'ensemble du règlement sera retouché,
reconsidéré au cours de la présente année
financière, rendu plus humain, plus facilement administrable. Enfin,
nous verrons le résultat avant de le qualifier. Je voudrais demander au
ministre sur ce point, que nous lui avions signalé l'année
dernière, qui est demeuré inchangé au cours de
l'année financière écoulée, qui demeure donc
effectif dans le règlement actuel, s'il peut assurer aux membres de la
commission parlementaire, et à l'opinion publique également,
qu'un des endroits où effectivement se portera la modification
annoncée sera, à l'article 3, les paragraphes 3.02 et 3.03 du
règlement de l'aide sociale, pour aménager le calcul du
barème de façon différente afin de ne pas pénaliser
les gens qui réussissent à se loger pour moins que le
barème-calcul.
M. Forget: M. le Président, je me bornerai à des
remarques très brèves. On me dit que l'application du
barème, à l'heure actuelle, affecte quelque 20,000 familles sur
un total d'environ 90,000. Donc, moins du quart des familles paient
effectivement un loyer inférieur au barème.
Ceci ne doit pas nous étonner sans doute lorsque l'on tient
compte de l'effet de l'inflation qui, joint à l'effet d'une diminution
des barèmes, a fait que de moins en moins de personnes sont, comme le
dit le député de Saint-Jacques, pénalisées pour les
compromis qu'elles font quant au loyer qu'elles doivent payer ou, alors, pour
la bonne fortune relative que certains peuvent avoir de trouver encore, dans
certains milieux, des habitations à des coûts extrêmement
modiques.
J'ai déjà indiqué, sur le plan des principes, que
c'était un reliquat d'un régime de soutien du revenu basé
sur l'évaluation des besoins beaucoup plus que sur l'évaluation
des revenus ou d'une carence de revenus. A long terme, nous voudrions bien
éliminer ces caractéristiques, mais, si nous cher-
chions à les éliminer totalement, dans le contexte actuel
du partage du coût du régime, nous nous placerions dans une
situation difficile au titre de ce partage. Mais tout ceci doit
s'interpréter dans le contexte des efforts qui sont faits pour
déboucher sur un régime de sécurité du revenu
basé sur un concept beaucoup plus large et beaucoup plus moderne,
dirais-je, de la sécurité du revenu, donc sur
l'élimination d'un test de besoins.
Je ne crois pas qu'il me soit possible de donner l'assurance aux membres
de la commission que les révisions des règlements que nous
envisageons puisse nous permettre dès maintenant d'éliminer ce
test, étant donné que c'est une révision des
règlements qui se fait, malgré tout, dans le contexte de la loi
et des régimes tels qu'ils sont. Malgré que ceci ne s'applique
qu'à 20,000 familles sur l'ensemble des bénéficiaires,
cela demeure un élément important du régime pour les
raisons que je viens d'indiquer, c'est-à-dire les raisons de partage. Ce
n'est qu'à plus long terme qu'il sera possible d'envisager une
élimination de ces barèmes.
Pour ce qui est d'une réduction nouvelle du barème, il ne
faut pas l'exclure a priori, même si ce barème doit demeurer, mais
il demeure qu'il faut éviter aussi de produire une situation où
ce test des besoins n'aura plus qu'une existence purement théorique,
purement symbolique, pour les raisons déjà indiquées.
C'est l'essentiel de ce que je crois important de dire aujourd'hui.
M. Charron: Quand vous dites, M. le ministre, "pour les raisons
déjà indiquées", est-ce que cela sous-entend la
participation québécoise au régime canadien d'assistance
publique?
M. Forget: Oui, c'est ça.
M. Charron: Vous vous devez, pour pouvoir
bénéficier de certaines de ces sommes mises à la
disposition des provinces par le gouvernement canadien, remboursées, en
fait, par le gouvernement canadien, maintenir à un endroit ou à
un autre ce genre de test de besoins ou ce barème qui, ici, s'applique
au logement, qui pourrait s'appliquer ailleurs. Moi je crois que quelque soit
le nombre, le pourcentage, par rapport à l'ensemble, ces 20,000 familles
constituent un nombre plus qu'appréciable de cas où cette
injustice, je le répète, cette pénalisation inutile se
porte sur ces familles.
Quand je vous disais, à un autre moment de nos conversations, que
je crois que le régime politique dans lequel nous vivons a des effets
sur nos propres capacités à combattre la pauvreté de la
façon que nous le voudrions, vous venez de témoigner, je pense,
d'un des endroits où le resserrement administratif a des exigences qui,
sur le plan de la vie humaine, est particulièrement difficile pour
certains citoyens du Québec.
M. Forget: II ne faut pas, M. le Président, tirer des
conclusions qui dépassent la portée des prémisses et je
pense que c'est ce qui se produit ici.
Il est indubitable que le Québec, dans son en- semble,
bénéficie du régime canadien d'assistance si l'on
considère l'importance relativement grande des dépenses
d'assistance publique dans le total des dépenses gouvernementales au
Québec par rapport à la situation dans la plupart des autres
provinces, dépenses qui entraînent automatiquement et sans limite
la participation égale du gouvernement fédéral.
Il est inévitable qu'un régime qui est incrusté
dans les ententes intergouvernementales, avec l'évolution des
années, se fasse sentir comme une contrainte à l'occasion.
Cependant, il est possible de faire évoluer ce régime, et
d'ailleurs couramment il existe un comité des sous-ministres du
bien-être comme il est convenu de les appeler, qui se penche
précisément sur la réglementation du régime
canadien d'assistance publique, la réglementation
fédérale. Il est trop tôt pour anticiper les
résultats d'une telle révision de la réglementation
fédérale.
Il est clair que plusieurs aspects sont susceptibles d'être
touchés, mais il est également clair que les
préoccupations que le Québec entretient vis-à-vis de
l'approche des besoins par rapport à une approche basée
essentiellement sur l'estimation des revenus ou le calcul des revenus sont
partagées non seulement par d'autres provinces mais par le gouvernement
fédéral aussi.
Il n'est pas exclu d'envisager des modifications qui permettraient une
approche plus conforme aux objectifs que nous avons maintenant, mais qui, il
faut bien le noter, n'étaient pas ceux que nous avions lorsque le
Québec, avec d'autres provinces, et je pense bien au premier rang des
provinces, a contribué à l'élaboration du régime
canadien d'assistance publique.
Ce n'était pas du tout nos objectifs, et je pense bien que les
objectifs du Québec à l'époque ont été
effectivement incorporés dans le régime tel qu'on le trouve. Ceci
a été fait par des ententes que nous ne pouvons évidemment
pas modifier unilatéralement. Mais un comité a été
formé, en février dernier, pour réviser dans le court
terme la réglementation fédérale, et il n'est pas exclu de
croire qu'un certain nombre de problèmes pratiques comme ceux-là
seront tranchés.
Tout ceci dans le contexte d'un avantage fiscal assez marqué du
Québec dans l'administration de ce régime, pour ce qui est de la
part relative que le Québec en tire relativement à d'autres
provinces.
Le Président (M. Kennedy ): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: J'avais posé quelques questions hier au
ministre, et parmi ces questions, il y en a déjà qui ont
reçu des réponses, quant au logement par exemple. Quant aux
situations relatives aux barèmes pour personnes demeurant chez des
parents, est-ce que le ministre peut nous dire si on envisage des modifications
dans le cadre de la révision des règlements?
M. Forget: Des modifications, oui et non. Il est question de
modifications, mais essentiellement le
raisonnement qui sous-tend notre attitude dans ce domaine et qui est
basé sur la différence qui existe entre un individu seul qui doit
payer chambre et pension chez un étranger et le même individu qui
réside chez des personnes qui ont envers lui une obligation alimentaire,
ce raisonnement va se maintenir.
Sa manifestation concrète peut être appelée à
être modifiée.
Il est possible qu'on veuille la modifier pour la rendre peut-être
encore plus cohérente avec l'ensemble des autres mesures sur le plan de
l'impact financier. Il demeure que ce raisonnement est valable et il a
été adopté, je me permets de le rappeler, à la
suite des difficultés qu'avait constituées pour le régime
et pour les bénéficiaires la pratique ancienne qui faisait
traiter ces gens comme n'importe qui d'autre, mais qui, malgré tout
appelait une répercussion dans le revenu de leurs parents, qui sont
souvent également des bénéficiaires de l'aide sociale. Les
difficultés ont été telles qu'elles nous ont
amenés, avec, je pense bien, l'appui, à ce moment-là, de
tout le monde qui y voyait une amélioration, à adopter cette
approche qui est administrativement beaucoup plus simple pour tout le monde et
qui est logique dans le cadre de ce que nous faisons pour les autres
bénéficiaires. En effet, l'obligation alimentaire est
réelle et, même si on dit que les dépenses de logement sont
réelles pour le cas d'une personne qui est dépendante, qui vit
chez ses parents, la question qu'il faut se poser, c'est: Est-ce que, dans la
plupart des cas ou même dans tous les cas, on ne se retrouve pas devant
des coûts fixes? Une famille ne déménagerait pas pour
autant. Si un enfant qui a plus de 18 ans, par exemple, déménage,
quitte le foyer, ces coûts sont inchangés. Le fait qu'il en
bénéficie n'est pas effectivement une dépense
additionnelle pour la famille.
M. Samson: Je pourrais peut-être rajouter une dimension que
le ministre n'a pas exploitée dans sa réplique. C'est entendu
que, même si un enfant, une personne ayant atteint l'âge de 18 ans,
quittait le foyer, cela ne changerait pas les dépenses fixes du
maître de maison.
Par contre, si on regarde cela d'un autre côté, si le
maître de maison n'a pas à héberger une personne de sa
parenté de 18 ans et plus, dans plusieurs cas et ce sont des cas
qui sont extrêmement possibles ces personnes peuvent louer des
chambres à des étrangers et en recevoir un
bénéfice.
Alors, c'est un manque à gagner pour plusieurs de ces familles
qui, évidemment, se retrouvent prises avec ce que vous appelez
l'obligation alimentaire. Moi, je n'aime pas trop le terme obligation
alimentaire.
Si on a dans une autre loi, dans ce même Parlement, établi
qu'à 18 ans c'est l'âge de la majorité, à partir de
là, ça donne des libertés à des personnes de 18
ans, âge de la majorité, mais ça donne également des
responsabilités, et ça enlève des responsabilités
aux parents quand l'enfant atteint l'âge de la majorité. Je pense
qu'on doit tenir davantage compte de cela et ne pas obliger les familles
à ce genre d'obligation alimentaire parce qu'il y a un lien de
parenté. Je ne pense pas que l'on puisse, raisonnablement, tenir ces
propos sans causer des préjudices à certaines familles, voire
même à certaines personnes qui sont des
bénéficiaires.
On dit, dans certaines réponses que l'on reçoit du
ministère: C'est impossible, pour un enfant qui loge chez des parents,
chez un père et une mère, un grand-père, une
grand-mère ou un enfant, par contre, un frère, cela fait. Vous
voyez qu'il y a une ligne de démarcation qui est extrêmement
délicate. Un frère, cela fait. Pourtant, à ce que je
sache, il y a des liens de parenté assez proches entre un frère
ou une soeur, si vous voulez. Dans ces cas-là, on peut donner le
maximum, permettant, hypothétiquement, au frère de recevoir, pour
son logement, une partie de l'argent en fonction de la prestation maximum dans
ce cas. Et on ne permet pas, dans le même contexte, au père de
famille, qui a peut-être d'autres enfants à faire vivre et qui
n'est peut-être pas sur le bien-être social, mais dont le salaire
est peut-être très faible, on ne lui permet pas, à lui, de
recevoir cette partie de revenu que, normalement, il devrait recevoir.
Le ministre sait peut-être que les anciennes traditions les
temps sont peut-être changés mais ils ne le sont peut-être
pas tellement, non plus veulent que dans une famille, quand un enfant
atteint l'âge de la majorité, il est de coutume que cet enfant
paie sa pension. S'il travaille et s'il a son propre revenu, il paie sa
pension. C'est une coutume établie que je trouvais très valable
parce que cela permettait à l'enfant de prendre ses
responsabilités, d'arrêter de se fier au père et à
la mère rendu à l'âge de la majorité. C'est
différent quand l'enfant est handicapé, il reçoit
l'allocation du bien-être social. On dirait que dans ce cas-là on
veut lui faire comprendre davantage qu'il est aux crochets des parents alors
que ce n'est pas légalement dans d'autres lois. C'est le même
gouvernement pourtant. Moi, je pense qu'il y a un manque de cohérence.
On doit réviser cela.
Je n'ai pas l'impression d'avoir convaincu le ministre, mais il reste
qu'un ministre non convaincu, cela ne lui donne pas raison, quand même.
Il reste qu'il va falloir continuer à revendiquer.
Le Président (M. Kennedy): Vous pourrez peut-être
vous consoler en disant que vous avez, au moins, un ministre
informé.
M. Samson: Je ne suis pas sûr.
M. Forget: Un ministre informé en vaut deux.
M. Samson: M. le Président, si un ministre informé
en vaut deux, je reprends espoir.
Est-ce que le ministre n'est pas prêt à considérer
quand même ces nuances importantes?
M. Forget: Enfin, oui et non, vous savez.
M. Samson: C'est cela, un ministre qui en vaut deux, M. le
Président. Il y en a un qui dit oui, puis l'autre dit non.
M. Forget: Je vais cependant expliquer une réponse qui
peut être mal interprétée, parce que je n'ai pas
l'intention de me dédoubler. Je pourrais faire deux réponses,
pour aller dans la même logique que celle de tantôt, aux arguments
qui viennent de nous être donnés. D'une part, si on envisage le
paiement d'une pension, comme le suggère le député de
Rouyn-Noranda, puisqu'on dit: C'est un manque à gagner qui pourrait
être comblé si une chambre n'était pas occupée, par
exemple, nous nous retrouvons dans la même situation, vu qu'il s'agit
là d'un revenu pour la personne qui le reçoit, un revenu qui est,
en partie, une compensation pour les services fournis, mais qui est en partie
aussi un revenu net et, un élément de profit dont il faut tenir
compte, dans le cas où le bénéficiaire de ce revenu est
aussi un bénéficiaire de l'aide sociale.
S'il ne l'est pas et si tout ceci s'inscrit dans le contexte de
relations familiales, je crois que nous dépassons la signification de
l'aide sociale que d'envisager le paiement d'un revenu à la famille,
puisque l'aide sociale ne vise pas à payer des revenus à des gens
en fonction du statut des bénéficiaires de l'aide sociale, de
leur relation de parenté avec des bénéficiaires de l'aide
sociale.
Ceci est mon deuxième élément de réponse. Je
crois qu'il n'est pas exact, sur le strict plan de nos institutions juridiques,
de prétendre qu'après 18 ans les obligations alimentaires
cessent. Ce n'est pas ce que prévoit le code civil. Je ne suis pas
sûr, loin de là, peut-être même à
l'opposé, qu'il est socialement désirable que par ses gestes, par
ses politiques, par ses prestations l'Etat encourage la notion que ces
obligations alimentaires, qui ne sont que la traduction économique des
liens qui doivent unir les uns aux autres les membres d'une même famille,
indépendamment de l'âge, indépendamment de toutes sortes de
circonstances extérieures... Je ne suis pas du tout...
M. Charron: II serait bon que cette philosophie soit
étendue aussi...
M. Forget: Je ne suis pas du tout conscient qu'il faille
encourager la notion qu'elle est fausse ou qu'elle est malvenue ou qu'elle
n'est pas encouragée ou ne doit pas être encouragée.
M. Charron: Est-elle appliquée partout?
M. Forget: Cependant, et ceci pour diminuer peut-être
l'élément négatif de ma réponse sur ce point en
particulier, il est clair que c'est un problème qui est souvent
invoqué.
Je devrais dire souvent invoqué principalement par l'Opposition
créditiste, les membres de l'Opposition créditiste à
l'Assemblée nationale. Ils semblent plus sensibles que d'autres à
ces difficultés pour une raison qui est peut-être purement
accidentelle.
Mais il demeure que c'est un sujet comme d'autres sur lequel notre
réflexion peut, sans aucun doute, éventuellement nous amener
à des conclusions légèrement différentes. Mais je
ne vois pas sur quelle base nous pourrions améliorer une situation qui
cherche, encore une fois, à traiter ces personnes comme toutes les
autres, compte tenu des difficultés qui ont été
expérimentées dans le passé lorsqu'un régime
différent a été appliqué.
M. Samson: Je souligne au ministre, M. le Président, que,
dans le domaine de l'éducation, on tend à délaisser cette
notion de l'obligation des parents. Et c'est demandé par les
étudiants, qui auront sans doute gain de cause. Alors, je pense que nous
devrons retrouver aussi la même évolution du côté du
ministère des Affaires sociales.
Ce que j'ai souligné tantôt, c'est une partie du
problème du manque à gagner des familles dans ces cas. Mais il
demeure aussi que la différence existante entre un autonome et un
assisté social qui demeure chez des parents fait que l'autonome peut se
loger ailleurs et recevoir l'équivalence de prestation.
Alors, à ce moment-là, c'est indirectement encourager le
départ d'un membre de la famille vers un autre logement le rendant
autonome. Vous savez qu'il y a à ces âges, on le sait, des
désirs de jeunes de se rend re autonomes. Là ils sont
favorisés alors que, s'ils avaient des avantages équivalents, ce
désir pourrait peut-être être moins fort compte tenu de la
situation et permettre aux familles de demeurer plus unies.
Mais c'est indirectement défavoriser, dans ce domaine comme dans
ceux que j'ai dénoncés au début de mes remarques
préliminaires, l'unité familiale. Je le dis, je ne pense pas que
le ministre veuille le faire absolument pour démanteler les familles.
Mais les résultats des politiques sont tels que, finalement, cela tend
à encourager la désunion familiale.
C'est pourquoi je ne démords pas là-dessus. Il faut que
nous prenions en considération ces points. Bien sûr que, si vous
avez une famille qui est également sur le bien-être social, on me
dira: De cette façon, cela augmenterait un peu la prestation. Bien,
j'aime mieux à ce moment-là rejoindre le raisonnement du
sous-ministre, hier soir, quand il a parlé de retour au travail, en
disant que ce sont des erreurs qui ont été valables. Vous savez,
si le ministère ne faisait que des erreurs valables, je l'applaudirais.
Evidemment, il en fait d'autres qui sont moins valables.
Mais si cela permettait d'avoir un peu plus de revenus, par ce jeu,
à quelques familles, je ne m'en plaindrais pas. Je pense que, du
côté de l'Opposition, personne ne s'en plaindrait. Là
où on se plaint, c'est quand il n'y en a pas assez. Là où
on est sûr de notre coup, c'est qu'il n'y en a pas assez partout.
Si on pouvait en aider quelques-uns de cette façon.
De toute façon, je ne vais pas plus loin là-dessus. Je
laisse le soin, compte tenu de nos argumentations, au ministère, de
faire les études pour tenter de régler ce problème.
J'aurais une autre question à poser. Il y a eu des
vérifications, cet hiver, au mois de février. On a obligé
tous les assistés sociaux à se rendre au bureau chercher leur
chèque. Moi, je n'ai pas admis ce genre de choses. Je veux bien croire
que le minis-
tère a besoin de faire un certain contrôle une fois l'an ou
une fois périodiquement. Je suis prêt à l'admettre. Mais
qu'on nous flanque cela en plein mois de février, je ne marche pas. Je
voudrais qu'on nous dise pourquoi on l'a fait de cette façon. Sans nous
dire le mois d'avance parce que si c'est une vérification de
contrôle, cela ne s'annonce pas d'avance, généralement, je
suis bien prêt à admettre cela aussi qu'on nous rassure au
moins qu'on ne nous braquera pas cela en plein froid d'hiver comme cela a
été le cas cette année.
M. Forget: M. le Président, la vérification qui a
été faite en février n'a pas été faite pour
tous les assistés sociaux. Je peux demander à M. Houde de nous
décrire, peut-être...
M. Samson: Non, je m'excuse, M. le Président. J'ouvre une
parenthèse immédiatement. Je me suis peut-être fait mal
comprendre. Il y a eu des catégories qui ont été
exemptées.
M. Forget: C'était sélectif.
M. Samson: Oui, oui. Il y a eu des catégories
exemptées. Mais le principe demeure le même. Ce sont des gens qui
sont sur le bien-être social, même s'ils ne sont pas absolument
handicapés, et sont capables de voyager un peu. Mais il reste que
l'hiver, or ne se promène pas à pied. On se promène moins
à pied l'hiver que l'été. On est donc obligé de
prendre un taxi pour aller chercher une pitance. A ce moment-là, je ne
marche pas. C'est dans ce sens que je dis qu'il est inapproprié de faire
cela l'hiver.
M. Forget: Je tiens compte de la remarque du député
de Rouyn-Noranda mais il demeure que différentes considérations
entrent en ligne de compte dans la détermination du mois et c'est sans
aucun douté une considération parmi d'autres. Mais je dois dire
qu'à cause du caractère sélectif utilisé dans
l'application de la mesure de vérification, le mois d'hiver qui est,
après tout, un mois d'activité normal pour tous les
Québécois, l'hiver est quand même quelque chose qui, je
comprends, peut impliquer un certain degré de difficultés
légèrement plus considérables, mais je crois que tous les
Québécois, de naissance au moins, sont acclimatés et
peuvent fonctionner.
On en est rendu, M. le Président, dans presque toute notre vie,
à ce que je considère des sophismes: Les périodes des
Fêtes ne doivent pas être utilisées, les périodes
d'été sont inutilisables pour toutes sortes de raisons, les
périodes d'hiver, parce que le climat est trop rigoureux.
M. Samson: M. le Président, un instant.
M. Forget: Peut-être qu'il faudrait arrêter de vivre
tout le long de l'année mais il y a toujours de bonnes raisons
pour...
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement.
On nous prête des intentions. Le ministre n'a pas le droit de nous
prêter des intentions comme cela. Dans mon argumentation, je n'ai pas
exclu toutes les périodes comme le ministre semble vouloir le dire
présentement. Je voudrais qu'on le prenne bien en considération.
Ce que j'ai dit et je suis prêt à le répéter
pour bien me faire comprendre c'est qu'en plein mois de février,
les assistés sociaux sont obligés de dépenser de l'argent
pour aller chercher le chèque d'allocation, alors que si on le fait dans
un autre mois de l'année, en période d'été, ils ne
seront pas obligés de le faire. Ils peuvent circuler plus facilement. On
peut marcher, l'été, sur les rues, alors que l'hiver, on prend
l'autobus ou on prend un taxi parce qu'il fait froid.
D'ailleurs, le ministre aurait pu, sans le vouloir,
décréter des jours de vérification qui tombent, comme la
semaine dernière, en pleine tempête, alors que tout a
bloqué.
Ce sont des choses qu'il faut prendre en considération. Moi,
j'exclus, je pense, et on doit le faire pour ce genre de vérification,
la saison hivernale. Prenez les mois d'été que vous voudrez,
ça ne me dérange pas. A ce moment-là les conditions
climatiques n'empêchent pas les gens de se rendre et ne les obligent pas
à dépenser l'argent des prestations qu'ils reçoivent et
qui sont déjà trop basses. C'est ce que je veux faire
comprendre.
M. Forget: Je voudrais juste un peu rendre justice au ministre
qui se sent solidaire envers ses fonctionnaires. En fait, lui-même m'a
fait vos observations quand, moi, je lui ai soumis la suggestion, et on a
hésité longuement. La raison pour laquelle je l'ai soumise en
prenant bien soin d'exclure, cette fois, une série d'erreurs que nous
avions commises la première fois, notamment le fait d'éviter
à ceux pour lesquels il n'y avait pas de bureau sur place de se
déplacer, c'est que nous avons fait procéder à une revue
du nouveau système et cette fois-là, vous pourriez le
blâmer administratif par une maison spécialisée qui
a fait un très grand nombre d'hypothèses quand à des
écarts encore possibles. Nous voulions vérifier avant de nous
engager dans le processus d'aménagement qui a lieu actuellement et il me
paraissait important, avant de bousculer les choses, de mesurer l'impact.
Effectivement, nous avons raison de le faire car nous avons constaté,
comme je vous l'ai dit, un pourcentage d'écarts beaucoup beaucoup plus
faible que la première fois.
Par contre, si ce n'avait été d'une raison semblable, je
penserais que, de façon générale, les observations du
député de Rouyn-Noranda ont du mérite. Je le dis d'autant
plus à l'aise qu'encore une fois, même si aujourd'hui je...
M. Samson: Vous voulez que je retienne encore votre nom, vous
là?
M. Forget: Non, je le dis, au fond, pour le ministre parce qu'il
m'avait fait, à l'époque, en substance, les mêmes
représentations.
M. Samson: Mais est-ce que ça voudrait dire qu'il y a eu
une circonstance particulière qui vous a obligé à le faire
à cette époque-là? Est-ce que cela
voudrait dire qu'il y aurait possibilité que ça se fasse
autrement une prochaine fois?
M. Forget: Oui.
M. Samson: Là ça me rassure. C'est dans ce
sens-là...
M. Charron: Si ça se fait à une autre époque
de l'année, la prochaine fois, ce qui est éminemment souhaitable,
est-ce que ce prochain contrôle de routine, comme ça a
été qualifié, sera accompagné d'explications
fournies aux assistés sociaux?
Certains organismes qui travaillent auprès des assistés
sociaux ont vivement reproché que les gens se trouvaient tout à
fait dans l'ignorance.
Le sous-ministre a fait lui-même état, hier, du fait que
certains événements dans la vie de ces personnes, qui, de notre
côté nous paraîtraient tout à fait anodins, prennent
un caractère de drame auprès d'elles.
Moi, je sais qu'à cette époque, je n'ai été
mis au courant, en fait, de cette mesure aucunement par le ministère, ni
même ici en Chambre, mais bien par des assistés sociaux
eux-mêmes qui téléphonaient à mon bureau pour me
demander, puisque, comme ils disaient, je faisais partie du gouvernement, ce
que je me suis empressé...
M. Samson: Quelle insulte!
M. Charron: ...de nier, M. le Président; Vous, vous
êtes bien placé pour le savoir: Qu'est-ce qu'ils nous veulent
exactement? C'est pourquoi? A quel temps devrais-je passer là? Est-ce
que je dois faire garder mes enfants? Est-ce que ça va être toute
une journée? Est-ce que c'est un test "fling flang" comme ils font
à la maison? Si c'est comme à la maison, pourquoi ne viennent-ils
pas à la maison, puisque, de toute façon, ils ont passé le
secteur au crible il y a quelques mois? Cette espèce
d'insécurité devant un contrôle de routine qu'en principe
je ne refuse pas même, si je l'ai particulièrement, comme dit le
député de Rouyn-Noranda, trouvé mal placé dans le
temps...
Un minimum de décence c'était d'indiquer aux gens qu'il
n'y avait rien à craindre et de quelle nature c'était exactement
parce que toutes les hypothèses sont faites.
Encore une fois, quand on vit avec $195 par mois, et qu'on pense qu'on
peut s'en faire enlever $5 sur $195, c'est une proportion considérable.
Certaines gens refusaient d'y aller...
M. Samson: ...$10...
M. Charron: ...et j'ai été obligé d'en
convaincre connaissant particulièrement les officiers de chacun des
bureaux qui fonctionnent dans mon comté, sachant très bien qu'ils
les recevraient avec égard, mais j'ai rassuré mes concitoyens. Je
n'ai pas envie de faire la même "job", je pense que d'autres
députés ont eu à le faire aussi, à chaque fois que
le ministère va faire un contrôle de routine.
Ce n'est pas à moi d'expliquer aux assistés so- ciaux
qu'ils n'ont rien à y craindre. C'est le ministère, c'est sa
responsabilité.
M. Forget: Pour cette raison, je pense que non seulement on ne
devrait peut-être pas en hiver procéder à pareille
vérification, mais j'hésiterais beaucoup à l'avenir
à le faire d'une façon générale.
Ce que nous tentons plutôt de développer, ce sont des
modalités qui permettront à chaque bureau, dans le temps,
à des périodes raisonnables, de faire sélectivement des
vérifications, autant que possible à domicile.
Et comme je vous l'ai dit, c'est que nous étions dans une
situation particulière de changement dans ce sens. Il y a une remarque
qui est vraie aussi dans ce qui a été dit, nous avons fait une
hypothèse et peut-être encore une fois que cette hypothèse
c'est le défaut que nous avons parfois était
irréaliste, c'est qu'on a fait l'hypothèse que, dans la mesure
où nous voulions traiter les gens comme des citoyens ordinaires, nous
voulions aussi et nous souhaitions qu'ils saisissent que des
éléments de contrôle, même dans un système de
revenu garanti, sont un élément normal et même rassurant de
l'efficacité d'un système dont ils sont les premiers à
profiter.
Noss avons voulu délibérément choisir un ton
très neutre, très muet simplement pour souligner le fait que
c'est une fonction normale et qu'ils n'ont pas plus à y craindre qu'un
autre régime par rapport à un citoyen ordinaire.
Mais les réflexions du député de Saint-Jacques sont
justes, je pense que cette hypothèse était d'avant-garde par
rapport à la situation de vie des gens.
M. Charron: J'ai presque envie de vous dire qu'elle était
technocratique.
M. Forget: Je l'ai admis avant de commencer. Mais quand le
député de Saint-Jacques parlait des médicaments, je pense
que ça nous ramenait un peu plus à une réalité.
Encore une fois, ç'a au moins l'avantage de nous servir des
leçons utiles.
M. Charron: Puis-je maintenant entraîner la discussion sur
un autre sujet de malaise à l'intérieur de l'application du
règlement? C'est le caractère des besoins spéciaux que
comporte le chapitre du règlement. Ces besoins spéciaux n'ont pas
été modifiés en profondeur depuis déjà un
certain nombre d'années.
Rapidement, je ne veux pas en faire un objet de grand litige, prenons
quelques-uns des cas où il serait utile au ministère que nous
suggérions des amendements à la suite de notre expérience.
Par exemple le coût d'achat des lunettes nous a été
signalé par certains assistés sociaux. Le remboursement actuel ne
couvre plus le coût réel chargé par les lunettes.
Est-ce qu'on ne devrait pas payer plutôt le coût réel
sur présentation de la facture plutôt que suivant un barème
édifié à l'avance qui peut être carrément
insuffisant pour certains citoyens qui ont besoin de plus de soins?
Si le ministère s'engage et c'est tout à fait
normal, ce n'est pas ce principe que je condamne de défrayer le
coût d'achat de lunettes, il s'agit de la santé des gens encore
une fois, comme les médicaments ou les soins médicaux, est-ce
qu'il ne serait pas normal qu'une personne ne soit pas pénalisée
si le traitement pour sa vue s'avère plus coûteux...
M. Forget: Je pense que non.
M. Charron: ...que pour un autre citoyen, et qu'il n'y ait pas un
barème appliqué à tout le monde qui, à un, peut
convenir, mais qui, à l'autre, défraie à peine une partie
des coûts?
M. Forget: A l'heure actuelle, je pense qu'il y a deux
éléments dans la question du député de
Saint-Jacques, M. le Président, il pourra me corriger. Je pense qu'il se
réfère d'abord au montant même du barème et ensuite
à la façon dont le barème est appliqué. Quant au
montant même du barème, le projet de règlement auquel le
ministre a fait allusion prévoit, je pense, une solution qui, à
tout le moins, pourrait être de nature à satisfaire, autant par
l'effet de mise à jour que par la référence dont nous nous
servirons et je ne voudrais pas le révéler là,
à la place du ministre pourrait, je pense, satisfaire les
inquiétudes à cet égard.
Quant au service rendu lui-même, le mécanisme actuel des
besoins spéciaux fait que, de façon générale, on
demande à la personne de se rend re au bureau local et de se munir d'une
autorisation, avant d'obtenir compensation des frais. La raison pour laquelle
on le fait maintenant, particulièrement dans les besoins de
santé, c'est d'éviter qu'une personne ne soit appelée
à encourir des coûts, qu'ensuite, en vertu d'un barème, on
ne puisse lui rembourser.
De l'autre, si le barème était ouvert, on subirait vite
l'assaut, non pas de la part nécessairement des
bénéficiaires mais des fournisseurs, de frais ou de facture dans
lesquels on se trouverait en conflit de situation. La solution vers laquelle
nous tendons, c'est d'essayer de faire en sorte que les besoins relatifs
à la santé se déplacent, même quant à
l'administration, dans le cadre d'un régime qui les traiterait comme les
médicaments et qui, de la même façon, pourrait permettre au
citoyen qui est le bénéficiaire de ne pas avoir à se plier
à ces exigences.
Pour un ou deux types de besoins spéciaux, la formule pourrait
être mise en vigueur prochainement. Pour la question des lunettes, des
prothèses oculaires, je ne peux pas, à l'heure actuelle, donner
la même assurance, quoi qu'on pourrait penser.
On pourrait penser éventuellement, adopter la même
politique. Je m'excuse de ne pouvoir être plus précis, j'ai
laissé au ministre le soin de décider s'il préfère
attendre la divulgation du règlement lui-même.
Je pense qu'on peut peut-être se limiter à ces indications,
puisque aller plus loin préjugerait un peu de certaines orientations
finales qui ne sont pas définitivement arrêtées. Mais il
est exact que nous avons demandé à la Régie de
l'assurance-maladie d'assumer l'administration de certains régimes de
besoins spéciaux, en particulier celui des soins den- taires, qui est le
plus important, et qu'elle administre pour les enfants et qu'elle pourrait de
la même façon être appelée à administrer pour
les assistés sociaux. Je crois que c'est tout à fait dans la
même logique, puisqu'on sait que, durant l'année, nous avons
modifié les barèmes pour les ajuster aux ententes intervenues
dans le cadre des soins des enfants de 0 à 8 ans.
Donc, ce sont les mêmes barèmes, les mêmes
professionnels déjà inscrits à la régie, et c'est
un transfert de responsabilités qui se fera au cours des prochains mois,
sansqu'unedate précise ait encore pu être fixée. Dans toute
la mesure où nous avons affaire à des types de prestation en
services ou en nature qui existent déjà pour d'autres
clientèles, cette solution apparaît tout à fait
appropriée.
Pour ce qui est des autorisations préalables, il est clair que la
pression des fournisseurs est une chose avec laquelle il faut compter. Il y a
aussi leur désir, lorsque c'est le gouvernement qui paie, de demander ce
que le gouvernement peut payer au maximum; d'où la
nécessité d'un certain contrôle et la possibilité
d'envisager un certain nombre d'alternatives. On sait que plusieurs
régimes existent à travers le monde pour le remboursement de
certains besoins spéciaux; différentes formules peuvent
être imaginées si celle qui est utilisée actuellement ne
fait pas l'affaire. Ces décisions-là n'ont pas encore
été prises.
M. Samson: II y a une question peut-être un peu difficile
à régler du côté des allocations pour lunettes, par
exemple. Ce n'est pas tout à fait aussi facile qu'un produit à
prix fixé. Vous pouvez tout aussi bien, en vous plaçant deux
verres dans la figure, payer $50 de différence pour le même
service, compte tenu du luxe. Je comprends que c'est assez difficile.
M. Forget: II faut, en effet, faire une différence entre
la lentille et la monture. De ce côté-là, c'est un peu ce
à quoi on faisait allusion.
M. Samson: Je pense qu'on doit atteindre le véritable
besoin, on doit payer pour le véritable besoin qui pourrait
peut-être faire l'objet d'ententes avec les professionnels
concernés, le véritable besoin minimum, peut-être avec une
marge de manoeuvre de quelque dollars.
Je suis absolument conscient que, si on acceptait de payer la facture
telle quelle quand on a le choix entre tout ce qui est possible et qu'on
n'a qu'à envoyer la facture, on sait ce qui arrive vous
retrouveriez des gens avec des I unettes à des prix hors de proportion,
alors que vous n'auriez pas réglé leur problème
d'alimentation. Ce serait quand même assez drôle, mais cela
pourrait arriver, en pratique.
Je pense que l'on tend à trouver un mode qui nous assure
parce qu'actuellement il ne semble pas que le mode l'assure le paiement
total du besoin réel. Il semble que c'est en deça.
M. Forget: Je pense que l'on peut dire, avec confiance,
qu'à court terme il y a une solution envisagée qui va
pratiquement exactement dans le sens de ce que vous dites.
Le Président (M. Kennedy): M. le ministre, le
député de Saint-Jacques m'informe qu'il vient d'avoir un appel
qui l'oblige à quitter immédiatement. Il aurait encore des
questions à poser sur le programme 2. Si vous étiez d'accord, on
pourrait peut-être considérer qu'il est une heure et ajourner
à mardi, dix heures trente, tel que la Chambre l'a prévu.
M. Forget: S'il n'est pas possible de faire autrement.
M. Charron: Je regrette, mais je ne peux vraiment pas.
M. Forget: D'accord, on peut ajourner immédiatement.
Le Président (M. Kennedy): La commission ajourne ses
travaux à mardi matin, dix heures trente.
(Fin de la séance à 12 h 41)