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Etude du projet de loi no 9
(Dix heures vingt minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires sociales est réunie pour poursuivre
l'audition des mémoires concernant le projet de loi no 9, Loi assurant
l'exercice des droits des personnes handicapées.
Les membres de la commission sont M. Boucher (Rivière-du-Loup),
M. Charron (Saint-Jacques) remplacé par M. Gagnon (Champlain), M. Clair
(Drummond), M. Forget (Saint-Laurent), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel
(Limoilou), M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Marois (Laporte)
remplacé par M. Jolivet (Laviolette), M. Martel (Richelieu), Mme
Ouellette (Hull), M. Paquette (Rosemont), M. Saindon (Argenteuil), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Shaw (Pointe-Claire).
Aujourd'hui, nous entendrons les mémoires de l'Association des
manufacturiers canadiens, de la Chambre de commerce de la province de
Québec, du Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec
Inc., du Conseil du patronat du Québec, du Conseil
québécois des ateliers de réadaptation Inc., et si nous en
avons le temps, un mémoire d'un individu, M. Pierre Nadeau, le
mémoire 30-M.
J'inviterais maintenant l'Association des manufacturiers canadiens
à nous présenter son mémoire. M. Ethier, pouvez-vous
présenter vos collègues? Les règles de cette commission
sont que vous avez une vingtaine de minutes pour lire votre mémoire ou
le résumer, en présenter les grandes lignes. Ensuite, les
échanges se poursuivent avec nos invités durant les 45 minutes
qui suivent.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement, je vous ferai remarquer que je suis d'accord pour que nous
continuions, mais vous n'avez pas encore quorum.
Le Président (M. Marcoux): Oui, le quorum est de neuf.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas dix?
Le Président (M. Marcoux): Non, d'après la feuille
que j'ai ici, c'est neuf.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): M. Ethier, vous avez la
parole.
Association des manufacturiers canadiens
M. Ethier (Jean-M.): M. le Président, M. le ministre,
madame et messieurs les parlementaires, l'Association des manufacturiers
canadiens est représentée ce matin par les deux personnes qui
m'accompagnent et moi-même, à ma droite, M. Jean-Claude Brisebois,
directeur des relations de travail de Reynolds Aluminium, au
Cap-de-la-Madeleine, qui représente notre comité des relations de
travail, et à ma gauche, M. Paul Delisle, président de Vitrerie
Citadelle de Québec, membre de notre comité exécutif. Je
suis moi-même directeur de la division du Québec de l'Association
des manufacturiers canadiens.
Ayant pris connaissance des intentions du ministre d'amender, d'une
certaine façon, le projet de loi no 9, ceci modifie sensiblement le ton
de certaines représentations qui apparaissent dans notre mémoire,
c'est pourquoi je ne le lirai pas en entier. Je résumerai certaines
parties, peut-être en les commentant, et ceci, bien à
l'intérieur des 20 minutes qui me sont accordées.
Comme la loi no 9 vise particulièrement l'intégration de
personnes handicapées au marché du travail, il est évident
que les membres de l'Association des manufacturiers canadiens, à titre
d'employeurs, sont directement intéressés dans la formulation de
toute nouvelle politique sociale à ce sujet. Jusqu'ici, notre
société s'était plus ou moins conditionnée à
l'acceptation de certains impôts dont le produit était
destiné, en partie, à assurer un minimum vital à toute
personne handicapée, sous forme à la fois de soins et
d'assistance sociale.
Nous reconnaissons que la philosophie et la politique sociales ont
évolué considérablement au cours de la dernière
décennie. Des programmes spéciaux d'éducation ont
été conçus et mis sur pied à l'intention de
l'enfance inadaptée. Nous avons assisté à une
scolarisation massive de cette clientèle. Parallèlement, divers
services de réadaptation sociale et d'apprentissage aux habitudes de
travail ont été dispensés, à l'intention des
adultes handicapés, par les ministères de l'Education, des
Affaires sociales, du Travail et de la Main-d'Oeuvre et de l'Industrie et du
Commerce.
Face à cette évolution, il y a peut-être lieu pour
l'employeur moyen de reconsidérer ses positions. Sa contribution
strictement financière n'est peut-être plus suffisante. Telles
sont les prémisses qui présideront à notre analyse
critique du projet de loi no 9.
Au niveau des principes. Le livre blanc a fait état de cinq
grands principes généraux dont la législation doit
s'inspirer. Je n'ai pas à les lire, ils apparaissent très bien au
livre blanc.
L'AMC se déclare pleinement d'accord avec ces principes qui
semblent traduire fidèlement l'évolution de notre
société au cours des dernières années, laquelle
évolution a donné lieu, entre autres choses, à la
promulgation de la Charte des droits et libertés de la personne.
C'est plutôt au niveau des modalités que notre association
entend proposer des modifications lorsque certaines orientations du projet de
loi semblent aller à l'encontre des principes généraux
énumérés plus haut.
Le dépôt du projet de loi en première lecture a
provoqué un tollé quasi général de la part
d'associations de personnes handicapées. Une vaste campagne
d'information fut alors entreprise dans la province par le ministère des
Affaires sociales. Notre association a délégué quelques
représentants à certaines des réunions publiques
organisées à cette fin. Nous avons l'impression que les
objections premières des associations de personnes handicapées
n'ont pas encore été dissipées et qu'il reste beaucoup
à faire pour convaincre celles-ci du bien-fondé de la nouvelle
loi.
Vu l'existence, dans nos statuts, de la Charte des droits et
libertés de la personne, dont l'application n'exclut en aucune
façon les personnes handicapées, la nécessité d'une
nouvelle loi apparaît en effet discutable. Ici, nous avons pris
connaissance des intentions relatées dans le Devoir de ce matin. Je vois
que nous allons nous référer avec beaucoup plus
d'intensité à la Charte des droits et libertés de la
personne. Je passe ce paragraphe.
L'article 1m du projet définit l'expression "personne
handicapée" comme "toute personne limitée de façon
significative et persistante dans l'accomplissement d'activités
normales, à cause d'une déficience physique ou mentale et
reconnue comme telle par l'office". Le chapitre premier du livre blanc laissait
entrevoir déjà des difficultés sérieuses quant
à la manière de cataloguer les handicapés tant mentaux que
physiques. Nous reconnaissons ces difficultés.
Toutefois, comme le degré d'incapacité ou d'inadaptation
peut s'avérer d'une importance capitale dans toute décision d'un
employeur relative à l'embauchage ou à la rétention des
services d'une personne handicapée, particulièrement en rapport
avec les articles 68, 73 ou 74 du projet, la définition
précitée se doit d'être élaborée. S'il y a
lieu de croire, en effet, que bon nombre de personnes handicapées
pourraient être intégrées au marché du travail
grâce au programme envisagé par le ministère, il est loin
d'être établi que tous les handicapés mentaux et physiques
puissent être soumis avec succès aux diverses étapes de ce
programme. Il faudra donc circonscrire, par la définition, aussi
précisément que possible, la clientèle à laquelle
s'adresse ce programme.
Comme c'est le cas pour toute loi-cadre, le projet de loi no 9 accorde
un vaste pouvoir de réglementation à l'Office des personnes
handicapées. Nous remarquons que de nombreux articles pourront faire
l'objet de cette réglementation: 4, 33, 35, 39, 42, 43, 44, 54, 60, 64,
71 et 75. Nous regrettons considérablement que les règlements en
question ne soient pas disponibles au moment où nous avons
étudié le texte de loi, car ce sont des règlements qui
précisent dans plusieurs cas la portée véritable des
articles.
L'AMC s'est toujours opposée en principe à la
législation par voie de loi-cadre. Elle estime que cette façon de
procéder constitue une abdication du pouvoir et du devoir du
législateur en faveur de l'administration publique. Nous remarquons avec
satisfaction, toutefois, que les projets de règle- ments ne pourront
être adoptés que moyennant un préavis de 90 jours
publié dans la Gazette officielle du Québec et qu'ils devront
recevoir l'approbation du gouvernement.
Nous sommes pleinement d'accord avec les dispositions des articles
relatifs au contrat d'intégration sociale. Nous remarquons avec
satisfaction que la liberté et la dignité de la personne
handicapée y sont pleinement respectées. Il en est de même
en ce qui concerne l'employeur virtuel. Le principe moteur de ce genre
d'entente repose sur la persuasion et l'incitation.
Notre seule réserve, quant au contrat d'intégration
professionnelle a trait à l'article 69, où il est prévu
que les conditions de travail du bénéficiaire d'un tel contrat
prévaudront sur toute disposition inconciliable d'une convention
collective ou d'un décret applicable. Nous ne prévoyons pas
d'objections majeures de la part de nos membres à ce sujet. Mais puisque
chaque contrat d'intégration professionnelle devra comporter une
certaine négociation entre un représentant de l'office et tout
employeur virtuel, nous suggérons que le représentant de l'office
discute lui-même, dans chaque cas particulier, avec le syndicat ou le
comité paritaire concerné, l'exception que cette clause
prévoit. Il serait regrettable, en effet, que cette disposition donne
lieu à des différends entre nos membres et les syndicats. A part
cela, nous accordons notre appui presque inconditionnel à la formule. Il
n'en est pas de même des articles 73, 74 et 75 auxquels le livre blanc ne
nous avait pas préparés, mais auxquels le ministre semble devoir
apporter certaines corrections.
L'article 73 a pour objet d'interdire à toute entreprise de 50
employés ou plus de congédier un salarié pour la seule
raison qu'il devient une personne handicapée. De plus, toute
contravention à cet article autorise le salarié à faire
valoir ses droits auprès d'un commissaire-enquêteur nommé
en vertu du Code du travail au même titre que s'il s'agissait d'un
congédiement pour activités syndicales; cette situation est
régie par les articles 14 à 19 du Code du travail.
D'abord, pourquoi 50, pourquoi 25? Le nombre ne nous apparaît pas
un critère valable. En second lieu, pourquoi faire intervenir ici le
Code du travail? L'Office des personnes handicapées semblerait beaucoup
plus approprié pour négocier cette situation particulière
avec l'employeur concerné, et surtout, pour tracer un programme de
réhabilitation en faveur du nouvel handicapé, peut-être
même au service du même employeur, en vertu de certaines
dispositions du projet de loi no 9.
En troisième lieu, il faudra voir dans chaque cas la nature et
les conséquences de l'accident qui a provoqué le handicap du
salarié. S'il s'agit d'un accident du travail, il y a lieu de croire que
les dispositions de la Loi des accidents du travail permettront de disposer du
cas, grâce à des soins appropriés et des indemnités
adéquates. S'il s'agit, par ailleurs, d'un accident non relié aux
activités professionnelles, il faudrait en reconnaître la
gravité et mesurer son incidence sur la capacité
du salarié concerné à satisfaire aux exigences de
son poste de travail, voire de tout poste de travail. Encore ici, l'office
apparaît plus qualifié que les commissaires-enquêteurs
nommés en vertu du Code du travail pour adjuger du cas.
En quatrième lieu, nous notons que l'article 73 prévoit
une double pénalité, soit, d'une part, une contravention qui
pourrait donner lieu rétroactivement à des remboursements de
salaire et, d'autre part, une infraction à la loi pouvant occasionner le
paiement d'une amende entre $2000 et $5000. Le principe de la double
pénalisation est contraire à nos traditions en matière de
justice.
Quant aux articles 74 et 75, qui prévoient l'obligation aux
employeurs d'engager, selon un plan de service, un certain nombre
d'employés, nous avons pris note des intentions du ministre d'y recourir
comme dernière mesure.
A la page 7, la confidentialité.
L'AMC estime qu'il est normal que les dossiers constitués par
l'office au sujet d'une personne handicapée soient confidentiels. Par
contre, il nous apparaît anormal que, "nonobstant toute autre loi
article 27 l'office puisse obtenir tout renseignement d'un
ministère ou d'un organisme du gouvernement, chaque fois que la chose
est nécessaire pour l'application de la présente loi."
Nous pensons, par exemple, aux rapports d'impôt sur le revenu.
Ceux-ci ne concernent que le ministère du Revenu et le contribuable,
personne physique ou morale. La loi en garantit la confidentialité. Il y
a donc lieu de limiter la portée de l'article 27, en substituant les
mots "à moins de dispositions contraires dans toute loi" aux mots
"nonobstant toute loi".
Juridiction de la Commission des accidents du travail. L'article 78 du
projet prévoit l'obligation, pour l'office des personnes
handicapées, de conclure, avec la Commission des accidents du travail,
un contrat de service par lequel les parties s'engageront, dans le cadre de
leur juridiction respective, à dispenser des services aux personnes
pouvant bénéficier de la loi assurant l'exercice des droits des
personnes handicapées et de la Loi des accidents du travail. Ce contrat
de service devra prévoir l'engagement de la CAT et de rembourser
à l'office le coût des services que celui-ci leur dispense.
Il y aurait lieu de clarifier cet article. S'il s'agit de services
dispensés par l'office en raison de circonstances résultant
d'accidents du travail antérieurs, à l'égard desquels des
soins doivent être dispensés et des indemnités
payées par la CAT, nous estimons qu'il est normal que la CAT soit
appelée à rembourser l'office pour ses frais en ce sens, en
autant qu'on tienne compte de la rémunération du
bénéficiaire intégré au marché du
travail.
D'autre part, lorsque les frais de réhabilitation se rapportent
à un handicap qui ne relève pas d'un accident de travail, nous
estimons que la CAT ne devrait pas être appelée à effectuer
quelque remboursement que ce soit à l'Office des oersonnes
handicapées. C'est peut-être dans cet article qu'il faut
interpréter l'article 98. Du moins, nous l'espé- rons. Il nous
semble tout simplement que cet article, tel que rédigé, n'est pas
tout à fait clair et nous demandons que l'intention du
législateur soit précisée, sans plus.
Comme certaines des affirmations qui sont contenues dans la
dernière partie de notre mémoire peuvent sembler
négatives, nous tenons à réitérer le parfait accord
de l'association avec les principes généraux qui ont
inspiré la rédaction du projet de loi. Les quelques objections
que nous avons formulées dans les pages précédentes se
rapportent spécifiquement aux dispositions du projet dont la
phraséologie ou l'inspiration semble oublieuse des principes
généraux du livre blanc. Il nous apparaît essentiel de
sauvegarder la dignité des personnes handicapées qui seront
assujetties au programme et d'éviter toute disposition coerci-tive qui
risquerait d'en compromettre l'efficacité et le succès en
limitant la collaboration des employeurs virtuels. Merci.
Le Président (M. Marcoux): Je remercie M. Ethier.
M. Clair: Puis-je avoir une directive de votre part? Je constate
que nous avons quorum, mais que seuls deux des partis reconnus à
l'Assemblée nationale sont représentés; l'Opposition
officielle n'étant représentée par aucun de ses membres.
Est-ce qu'il y a quelque chose qui nous empêcherait de continuer nos
travaux en l'absence d'un représentant de l'Opposition officielle, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): La directive sera facile
à donner. A partir du moment où une commission a quorum, elle
peut siéger et poursuivre ses travaux. Je vais céder la parole
à M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier
l'Association des manufacturiers canadiens, division du Québec, pour le
travail qu'elle nous présente ce matin. Je veux aussi souligner l'esprit
positif avec lequel les représentants de l'association ont abordé
ce projet de loi. J'ai quelques réactions. Je me réjouis que
l'association soit pleinement d'accord avec les principes qui sont
avancés. Vous vous posez la question, comme une certaine minorité
des groupes qui nous ont envoyé des mémoires, vous posez la
question à savoir est-ce que c'est bien nécessaire d'avoir une
loi? Encore une fois, il faut répéter que, idéalement,
cela ne devrait pas être nécessaire d'avoir une loi, mais que, en
pratique et c'est l'expérience qu'on retrouve dans beaucoup de
pays étant donné qu'il y a beaucoup de rattrapage à
faire, de trous à combler dans nos services, il est commode de souligner
l'importance du travail à faire par une loi.
Il est commode d'avoir un organisme permanent qui va principalement agir
comme chien de garde et qui va aussi agir comme coordonnateur de tous les
services qui doivent être donnés par différents
ministères, y compris, évidemment, le
réseau des affaires sociales. Il ne s'agit pas, pour cet office,
de créer lui-même des services; il pourra le faire de façon
très exceptionnelle tant que les structures en place des
ministères ne parviendront pas à le faire.
Je vous fais remarquer aussi et jusqu'ici je n'en ai pas
parlé je pense que pour ceux qui liront le journal des
Débats, il est important de noter que nous n'improvisons pas dans ce
domaine. Les Etats-Unis ont passé, le gouvernement fédéral
américain a passé une législation en 1973; depuis,
plusieurs états américains, la plupart, ont passé une loi
spéciale; chaque état a passé une loi spéciale pour
la réadaptation, si vous voulez, des handicapés physiques et
mentaux. Les pays d'Europe occidentale... La Grande-Bretagne est à
l'avant-garde dans ce domaine. Depuis 1944 que la Grande-Bretagne a
légiféré dans ce domaine, sa loi a été
révisée en 1953 et il existe en Grande-Bretagne, par exemple,
à l'intérieur de sa législation, une clause qui oblige les
employeurs de plus de 20 employés à réserver 3% des postes
pour les handicapés physiques et mentaux. En Allemagne de l'Ouest, il y
a cette législation aussi.
Si je fais ces remarques ce matin, c'est peut-être rattaché
à la nature ou, si vous voulez, aux préoccupations de nos amis de
l'Association des manufacturiers qui, déjà, s'inspirent souvent
de l'Allemagne de l'Ouest au plan des politiques industrielles, des politiques
commerciales. Souvent, on regarde avec une certaine admiration le renouveau
économique de l'Allemagne de l'Ouest. D'une part, plusieurs ici nous ont
fait valoir qu'il n'était pas opportun d'avoir une mesure coerci-tive;
mais je fais remarquer que l'expérience, dans beaucoup de pays d'Europe,
c'est qu'après avoir essayé des mesures incitatives pendant
plusieurs années, ils se sont rendus compte que cela n'était pas
suffisant. Cela ne veut pas dire que la mesure obligatoire de 3% en Allemagne,
aussi bien qu'en Angleterre, a donné des résultats miraculeux,
mais cela a quand même été mieux que seulement
l'incitation.
C'est cela que je voudrais que les gens comprennent, autant les
personnes handicapées elles-mêmes que les groupements qui nous
présentent des mémoires. De toute façon, nous nous
rallions au voeu de la majorité et nous allons, en tout cas, dans un
premier temps, nous en tenir aux mesures incitatives; nous espérons que
les employeurs, qu'ils aient, comme vous le dites, 50 ou 20 employés,
peu importe... On a mis 50, c'est sûr que c'est arbitraire le chiffre 50,
comme le chiffre 20 est arbitraire aussi en Grande-Bretagne ou en Allemagne.
Mais on pensait justement qu'il fallait peut-être, au début
surtout, ne pas être trop exigeant vis-à-vis des petites
entreprises et c'est pour cela qu'on a établi le chiffre 50 et plus; ce
pourrait être 60, 70, 75, je suis bien d'accord avec vous.
Je pense que la nécessité d'une loi pour nous, si on
regarde l'expérience dans le monde occidental, elle nous paraît
évidente cette nécessité-là. Je vois que vous
êtes d'accord avec les articles qui traitent de l'intégration
professionnelle. Vous avez certaines réticences et vous suggérez
que l'office, par le biais du syndicat de l'entreprise, joue un rôle dans
l'acceptation d'un plan d'intégration. Je pense que c'est une suggestion
fort intéressante et on va en tenir compte. Il y aura évidemment
au conseil d'administration de l'office un représentant du monde
syndical aussi bien qu'un représentant du monde patronal. Je pense que
ces questions que vous nous posez, nous allons en tenir compte. Pour la
confidentialité, nous avons dit hier que l'article 27 serait
révisé un peu dans le sens que vous nous proposez ce matin.
L'article aussi qui impose dans un sens une double pénalité,
l'article 82, aussi nous paraît devoir être modifié.
Enfin, ma dernière remarque c'est concernant la Commission des
accidents du travail, c'est l'article 78. Pour répondre à votre
question, il est évident qu'il s'agit seulement de cas d'accidents du
travail. C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous avez des
commentaires ou des précisions à apporter sur les propos du
ministre?
M. Ethier: J'ai deux commentaires. Nous sommes au courant, M. le
ministre, des expériences qui ont été faites tant aux
Etats-Unis, en Allemagne, en Angleterre et ailleurs, mais nous avons aussi lu
les commentaires sur ces législations et leur efficacité tel
qu'ils apparaissent dans le journal des Débats au moment où le
projet de loi no 55 a été étudié et
présenté par l'ancien gouvernement sur le même sujet mais
dans une orientation bien différente cependant. L'efficacité de
la législation en Allemagne... c'est très discutable. D'ailleurs,
il s'agit d'un domaine qui doit reposer sur la bonne volonté. On
n'impose pas à quelqu'un de faire la charité ou d'être bon.
Il faut qu'il y ait au départ certaines convictions à ce sujet et
c'est pourquoi l'orientation nouvelle que vous avez adoptée de recourir
à la coercition en dernier recours et, si c'est nécessaire,
d'avoir ce chien de garde qui serait là pour assurer une
évolution dans un sens donné, cela nous apparaît
très raisonnable.
Vous avez peut-être mal interprété une intervention
lorsque nous avons parlé de l'exemption de certaines conditions de
travail des handicapés sur le plan de services, des dispositions de la
convention collective ou des dispositions d'un décret. Vous avez dit que
l'office pourrait, via le syndicat, accomplir certaines choses. Ce
n'était pas l'intention que nous poursuivions. Le point que nous
désirions faire est à l'effet que, s'il y a exemption de
certaines dispositions de la convention collective ou d'un décret
à établir, à l'endroit d'un handicapé, et qu'il
faille à ce moment-là obtenir le consentement d'un syndicat, quel
qu'il soit, nous aimerions que la négociation à cette fin
relève de l'office vis-à-vis du syndicat plutôt que de
l'employeur avec le syndicat. Nous avons déjà assez de choses
à négocier avec les syndicats et peut-être
particulièrement avec ce projet de loi parce qu'on a noté
le désir de la CSN de voir le gouvernement retirer le projet s'il
y a négo-
ciation à faire et que c'est possible que l'office la fasse, nous
préférerions que ce soit l'office qui la fasse.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Lazure: Oui, rapidement. Sur le dernier point pour qu'on
s'entende bien, je pense avoir mieux saisi l'objet de votre intervention. Ma
réponse, à première vue, c'est non pas de dire que cela
devrait être réglé entre l'office et le syndicat mais
plutôt que cela devrait être discuté et réglé
par une rencontre tripartite: l'employeur, le syndicat et l'office. Je crois
qu'on s'entend là-dessus?
M. Ethier: Oui, l'office ayant à demander certaines choses
à l'employeur, à l'intérieur de ce plan spécifique
du plan de services...
M. Lazure: D'accord.
M. Ethier: ... et ayant certaines choses à demander au
syndicat pour favoriser ce plan. Je suis bien d'accord mais que ce ne soit pas
une négociation entre l'employeur et son syndicat qui puisse donner lieu
à des différends. Il y en a assez déjà, Dieu
merci!
M. Lazure: Sur l'autre point, ma dernière remarque. Vous
faites allusion aux évaluations plus ou moins négatives par
rapport à l'expérience d'Angleterre et d'Allemagne qui
apparaît au journal des Débats. Il faudrait d'abord voir de qui
viennent les remarques.
Vous avez souligné avec beaucoup d'à propos que l'esprit
dans lequel le bill 55 était présenté et l'esprit dans
lequel le bill 9 est présenté, ce sont deux esprits
différents. C'est normal, il s'agit de deux gouvernements
différents. Ces remarques qui apparaissent au journal des Débats
sur le bill 55 seraient aussi discutables. Chose certaine, c'est qu'en 1974, en
Angleterre, 574 000 personnes handicapées étaient inscrites au
registre des personnes handicapées et de ce nombre, au-delà de
400 000 avaient un emploi. En Allemagne, pour l'année 1975, 113 000
employeurs fournissaient 619 000 emplois aux personnes handicapées. Sur
ces 619 079 emplois, 450 283 provenaient du secteur privé.
Cela me rappelle un peu les longues discussions qu'on avait eues au
Québec il y a plusieurs années en rapport avec
l'assurance-maladie, venant, en particulier, des groupes de médecins qui
disaient: "c'est épouvantable l'assurance-maladie que vous voulez
installer. Regardez donc en Grande-Bretagne, en Allemagne et un peu partout
pour voir ce que cela a donné. C'est affreux". C'était un
diagnostic posé par les groupes de médecins qui s'opposaient au
régime d'assurance-maladie. Le diagnostic posé par un simple
citoyen qui, à l'époque, allait en Angleterre, était
très différent et très favorable vis-à-vis du
régime d'assurance-maladie. Aujourd'hui, personne ne met en cause, dans
ses fondements, le régime d'assurance-maladie. Tout cela pour dire, M.
le Président, qu'on se rallie encore une fois à la méthode
incitative, mais il ne faut pas rejeter du revers de la main les
expériences qui ont été faites dans d'autres pays avec des
méthodes différentes. Merci.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ...l'Union Nationale parce que j'ai
été...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Merci, M. le Président. Comme première
question: vous avez pris connaissance de la situation des handicapés
dans les autres pays d'Europe et des Etats-Unis? Avez-vous fait des
études de l'AMC sur la question des handicapés?
M. Ethier: Pas des études poussées dans les autres
pays, mais nous avons commencé un relevé chez nos membres de
l'emploi de personnes handicapées. Cela devrait être
terminé dans quelques semaines. Nous allons soumettre au gouvernement ce
document qui va démontrer que déjà, sans
législation, il existe certaines politiques qui varient
énormément, mais qui tendent à favoriser, jusqu'à
un certain point, chez beaucoup d'employeurs, l'embauche de personnes
handicapées. Nous n'avons pas fait d'études des
législations ailleurs bien que nous les connaissions vaguement.
L'étude du projet 55, à l'époque, avait favorisé
des discussions relativement à ce qui se fait ailleurs. En Allemagne,
aussi bien du côté de l'Opposition que du côté du
gouvernement, on reconnaissait que les employeurs qui s'opposent à ce
genre de lois payaient régulièrement l'amende et cela finissait
là. Les amendes n'étaient d'ailleurs pas très
onéreuses.
M. Shaw: C'est évident qu'il y a des moyens
d'éviter des procédures qui sont impliquées dans un projet
de loi, comme une forme de taxe additionnelle. Avez-vous parlé avec vos
membres, avez-vous discuté de ce projet de loi, en ce sens que c'est
vraiment une forme de taxe additionnelle pour les employeurs?
M. Ethier: Nous ne soulevons pas ce problème de taxe.
Jusqu'ici notre société semblait accepter que par les taxes que
nous payons, nous supportions les handicapés que notre
société comporte; que ce soit par des mesures de bien-être
social, par l'érection et la mise en place de systèmes
spéciaux d'enseignement, de maisons de réhabilitation.
C'était une façon de le faire. La réintégration est
une autre façon de le faire. C'est peut-être dans le sens de
l'orientation d'une société qui évolue. On est prêt
à considérer cela. Avant on s'était reposé. Il y a
un problème. Combien cela coûte?
Et aujourd'hui, non, on est peut-être plus humanisé et on
dit: Oui, intégration. Quel est-il, ce plan de service? Qu'on
l'étudié! Il nous apparaît logique...
M. Shaw: Alors, vous commencez maintenant à avoir une
politique chez l'AMC pour les handicapés. Il faut que vous commenciez
à développer une politique parce qu'il y a les deux
côtés de la médaille dont l'un est la réinsertion
sociale des handicapés dans le milieu de travail. Alors, chaque
organisme a une responsabilité civique envers ces personnes. Avez-vous
commencé à développer une politique?
M. Ethier: Au niveau de l'association, non. Au niveau des
membres, nous avons noté qu'il y a des politiques locales personnelles
chez beaucoup d'employeurs qui existent depuis bien avant que l'on ne parle de
législation en ce sens. Peut-être que les éléments
du plan de service prévu et c'est la première fois dans
notre histoire sociale au Québec qu'on a un plan de service dont les
éléments sont aussi bien développés, aussi bien
agencés peut-être que les principes sous-jacents à
la réinsertion sociale des handicapés seront
l'élément moteur qui nous permettra d'établir une
politique dans le sens de tout ce qui est positif et incitatif dans la loi.
M. Shaw: C'est évident, aussi, que pour éviter la
coercition dans ce domaine, j'ai toujours peur d'une grosse régie, on a
assez de régies au Québec, maintenant, dans tous les domaines,
mais toutes ces régies sont le résultat du fait que le secteur
privé n'a pas agi comme il le faut pour répondre à
certaines demandes. Maintenant, on parle des handicapés et
peut-être que cela sera bon et, qu'à cause de cette crainte de
coercition, nous allons voir une politique humaine pour les handicapés
développée par l'AMC.
M. Ethier: Ce n'est pas tellement la crainte de la coercition qui
motive notre intervention, c'est plutôt la conviction que la coercition
n'est pas la vraie méthode d'apporter la collaboration qui est si
nécessaire dans des objectifs comme ceux qu'on poursuit
là-dedans.
Vis-à-vis du handicapé, vous avez d'abord une
décision très sérieuse à prendre. Le type qui va
s'engager dans un programme va devoir s'engager dans un programme à long
terme. Qu'il s'engage d'abord pour six mois, c'est peut-être possible de
travailler sans trop de difficultés, par exemple, pendant des mois
d'été avec une chaise roulante, mais si on est en août et
on s'engage pour six mois, il faut y penser deux fois. Ensuite, il faut
s'inscrire, il faut d'abord compléter l'éducation scolaire, il
faut parachever des cours d'intégration au marché du travail,
d'adaptation au marché du travail. Le libre blanc fait état de
cours qui disent: Qu'est-ce qu'un contremaître? Cela demande une
décision et un certain niveau de sérieux à ceux qui vont
le faire. Vis-à-vis de l'employeur, ensuite, pour le contrat d'insertion
au marché du travail, il faut aussi un engagement qui comporte une
période. On dit: La coercition ne serait peut-être pas
nécessaire parce qu'il est loin d'être établi qu'on a assez
de candidats. Il serait bon qu'on en ait de très nombreux candidats,
mais on ne les a pas encore, et il y a beaucoup d'handicapés,
déjà, qui travaillent, et, de cela, il faudrait, à un
moment donné, en tenir compte parce qu'on va aller voir un employeur et
on va dire: D'accord, comment fais-tu pour établir 3% de ton personnel
handicapé? Mais, lui, va nous en donner quinze de son personnel qui le
seraient en vertu de la définition un peu trop vague qu'on a, mais qui
seraient peut-être des handicapés aux fins de la loi, et il en
reste peut-être 1,5%.
M. Shaw: Vous voyez que même le pourcentage de 3% est
arbitraire, mais la chose importante est que, dans les autres pays, on voit que
les quatre cinquièmes des handicapés sont employés, ont
des emplois.
Peut-être, avec le projet proposé par le ministre,
pourrons-nous procurer à quatre cinquièmes des handicapés
du Québec, des emplois, ces chiffres peuvent changer. Mais, il faut une
attitude positive des deux côtés...
M. Ethier: Oui, mais avec l'appui assez discutable reçu
jusqu'à ce jour des associations des handicapés, il n'est pas
établi encore que ou quatre cinquièmes ou deux tiers ou la
moitié des handicapés désirent s'inscrire selon le plan
prévu à la loi proposée. Ce n'est pas établi
encore. Et, dans quelque six semaines, peut-être, on sera en mesure de
vous dire combien de personnes handicapées ont des emplois dans le
domaine manufacturier. On sera en mesure de vous le dire, dans un certain
temps, on a entrepris la recherche.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député...
M. le ministre?
M. Lazure: Pour préciser, pour Mme le député
de L'Acadie, les chiffres que je citais tantôt elle était
absente pour quelques minutes ce sont des chiffres de Grande-Bretagne,
de 1974; sur 574 000 personnes handicapées qui étaient inscrites
au registre on tient un registre permanent un peu plus de 400 000
occupaient un emploi dans le cadre des 3% qui là-bas sont
obligatoires.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Si vous me permettez une question
supplémentaire. Est-ce qu'il s'agissait nécessairement d'emploi
ou d'occupation dans l'industrie, la fonction publique ou parapublique, ou si
on parlait également des ateliers protégés
là-dedans?
M. Lazure: Non, il s'agissait véritablement d'emploi et
non pas d'atelier protégé. Pour l'Angleterre, on n'a pas la
division entre public et
privé. On l'a, cependant, pour l'Allemagne et j'ai cité le
nombre tantôt. Si vous me donnez deux secondes; cela serait au journal
des Débats. Ah oui, je l'ai ici. En Allemagne de l'Ouest, sur 619 079
emplois aux personnes handicapées, 450 283 proviennent du secteur
privé.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je veux d'abord vous remercier pour votre
mémoire. Vous y faites valoir des points de vue intéressants
quant à l'intégration des handicapés. Une partie de vos
préoccupations doit être diminuée suite aux amendements que
le ministre a mis de l'avant. Je voudrais simplement signaler, je suis heureuse
que vous le fassiez vous-même au haut de la page 4, les pouvoirs
excessifs de réglementation. Ils pourront prêter à des
difficultés. Le fait qu'on n'ait pas établi à
l'intérieur de la loi des seuils minimums d'incapacité, par
exemple. Comme dans bien d'autres cas où parfois c'est difficile de
trancher, on renvoie dans le cas présent à l'office le soin
d'établir ses seuils ou de définir ce qu'est
l'incapacité.
Cela pourra éventuellement, créer des difficultés
sans compter que tous ces règlements, une fois de plus, retirent du
pouvoir législatif les responsabilités qui, normalement,
devraient être siennes. Je dois dire, à la décharge du
gouvernement actuel, même si je suis de l'Opposition officielle, que cela
n'est pas une nouvelle tendance. Mais elle me semble s'accentuer, dans le cas
du gouvernement présent. Les lois deviennent de plus en plus
squelettiques et, finalement, c'est dans des règlements qu'on finit tant
bien que mal par administrer les citoyens et tout le domaine public.
J'ai cru comprendre, à la fin, que vous aviez dit que vous
n'aviez pas de statistiques quant au nombre de handicapés qui sont
présentement dans l'industrie manufacturière. Est-ce exact?
M. Ethier: C'est exact.
Mme Lavoie-Roux: Faites-vous des recherches là-dessus?
M. Ethier: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'autres remarques, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Drummond.
M. Clair: M. le Président, nos invités
mentionnaient tantôt qu'effectivement il y avait déjà trop
de handicapés qui étaient au travail dans diverses
entreprises.
Un groupe qui était entendu hier, je pense, suggérait que
le Code du travail soit amendé dans le but d'imposer, de forcer tout
groupe syndical et tout patron qui négocient une convention collective
d'inclure dans cette convention collective des dispositions relativement
à la possibilité pour des handicapés de sauter des postes
dans un plan de carrière, dans le but d'éviter que le
handicapé, parce que la convention collective s'applique
également à tous les salariés, ne puisse, à un
moment donné, franchir des postes et s'établir un plan de
carrière comme tout autre individu, simplement parce que la convention
collective, à toutes fins pratiques, vient l'en empêcher.
J'aimerais entendre les commentaires de l'Association des manufacturiers
sur une telle suggestion.
M. Ethier: A prime abord, une orientation comme celle-là
c'est personnel parce que je n'en ai pas discuté avec d'autres,
mais, en tant que directeur de la division du Québec de l'association,
j'estime connaître assez bien ces politiques je pense qu'il s'agit
là d'une orientation très discutable. Nous demandons,
relativement à l'article 73, par exemple, qu'on dise ceci
entièrement: ce projet du Code du travail. Je verrais d'un mauvais oeil
qu'on ajoute une nouvelle relation avec le Code du travail. Le Code du travail
poursuit un but précis, c'est cadrer les relations patronales-syndicales
en vue de la convention collective, des conditions de travail pour un groupe
donné. C'est le groupe majoritaire. Par la convention collective, on ne
vise pas des groupes particuliers, surtout des groupes exceptionnels; je ne
pense pas que ce soit en conjonction avec le Code du travail qu'on doive viser
cet objectif. C'est plutôt à l'intérieur de cette loi
précise qui assure l'exercice de droits pour personnes
handicapées. On peut envisager le plan de carrière comme un de
ces droits. Il s'agit d'une personne au même titre qu'en vertu de la
Charte des droits et libertés de la personne.
Ce n'est pas quelque chose spécifiquement relié au Code du
travail, mais ce serait spécifiquement relié au projet de loi
qu'on discute présentement. C'est plutôt là, dans la
réglementation de l'office.
M. Clair: Est-ce que la convention collective qui est intervenue
entre un employeur et ses employés n'est pas régulièrement
un obstacle à l'évolution d'une personne handicapée dans
un plan de carrière et, à ce moment, est-ce que cela ne devient
pas une question de relations de travail, justement, qui devrait être
régie par le Code du travail? Egalement, lorsqu'une personne est
congédiée ou remerciée de ses services, parce qu'en vertu
de la convention collective, d'une part, il n'y a pas de postes qui sont
ouverts et, d'autre part, parce qu'elle n'est plus en mesure d'effectuer le
travail qu'elle effectuait auparavant, est-ce que ce n'est pas un
congédiement qui doit être régi également par le
Code du travail?
M. Ethier: C'est certainement quelque chose qui pourrait
être envisagé, comme je pense qu'il faudra d'abord définir
d'une façon plus précise, probablement par la
réglementation que la loi 9 envisage, les conditions
"particulières" qui doi-
vent s'appliquer aux personnes handicapées. La convention
collective doit viser d'abord ces grands objectifs. Bien sûr, lorsqu'on a
une convention collective, on peut l'avoir négociée de bonne foi
et on s'aperçoit qu'il y a des clauses qui sont très nuisibles
après. Je donne un exemple. Lorsqu'on a des clauses d'ancienneté
très fermes pour l'ouverture ou l'attribution de postes, on
s'aperçoit que cela nuit à l'embauchage de personnes qui viennent
d'institutions qu'on a développées dans un cadre
d'évolution de la société. Prenons, par exemple,
l'école de technologie ou nos CEGEP dans les options
professionnelles.
Vous développez là des gens qui seront très
désirables pour l'industrie, qui ont une plus grande scolarité.
Lorsque vient le temps pour eux de s'intégrer dans un cadre industriel
à un niveau donné, à une entrée latérale, et
non pas au salaire de base de l'entreprise, il se peut fort bien qu'on ait
déjà des politiques d'ancienneté pour une ouverture ou
l'attribution de postes qui empêche l'embauche de ces personnes qui sont
et c'est complètement à l'opposé de la situation
mieux qualifiées, mieux préparées pour cet emploi.
Mais on est obligé de le donner à un gars qui a une
quatrième année parce que c'est lui qui a
l'ancienneté.
Imaginez-vous que si on arrive avec la même politique et qu'on
envisage de protéger ou de respecter les droits d'une personne qui, au
point de vue du travail, a un handicap, comment l'ancienneté
viendrait-elle nuire? C'est pourquoi la solution que suggère le ministre
ce matin, d'une négociation qui serait tripartite... L'office a quelque
chose à vendre à l'employeur et aux syndicats, qu'il fasse sa
négociation; qu'elle soit tripartite, d'accord, mais, de grâce,
qu'il ne nous la confie pas parce qu'on ne peut pas protéger l'emploi de
technologues mieux préparés que beaucoup de nos employés;
on ne peut pas assurer l'emploi des finissants des CEGEP. Avec les syndicats,
on va avoir beaucoup de difficultés à assurer l'emploi des
handicapés, surtout quand il y a une des grandes centrales qui a
demandé le retrait de la loi 9.
M. Clair: A mon sens, vous démontrez justement la
nécessité que la personne handicapée ait des droits
solides. Finalement, dans toute cette négociation, tant l'employeur que
le syndicat, bien souvent, ont des intérêts communs de ce
côté; ils ne feront pas une grosse chicane concernant une personne
handicapée. Je vis actuellement le cas d'un monsieur qui a eu une
blessure dans le mollet et qui ne peut plus continuer à travailler
debout comme il le faisait; il s'ouvre un poste assis, qu'il pourrait occuper,
mais justement à cause des clauses d'ancienneté dans la
convention collective, il ne peut occuper le poste. Ni le syndicat ni
l'employeur n'ont fait, à mon sens, le moindre geste pour tenter de lui
donner des chances de continuer à faire carrière dans cette
entreprise manufacturière.
Dans ce sens, je me dis que si on ne prévoit pas des dispositions
assez fermes au niveau du Code du travail au sujet de la personne handica-
pée en tant que travailleur, je crains que l'entente soit
peut-être trop facile entre l'employeur et le syndicat, à ce
moment-là.
M. Ethier: Là, on prévoit une étape de plus,
une étape très spécifique favorable à la personne
handicapée et qui serait la négociation tripartite que le
ministre a suggérée. Il y aurait un nouveau corps
intermédiaire qui interviendrait, ce serait l'office, qui
négocierait avec les deux l'application de cette loi. C'est beaucoup
plus influent et susceptible d'avoir des résultats que la
négociation in camera du représentant syndical et du
représentant patronal, surtout que ce n'est pas assujetti au vote de
ratification.
M. Clair: Je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): Brièvement, le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Sur la même lignée, quand on regarde
l'article qui dit que cela permet au salarié de faire valoir ses droits
auprès d'un commissaire-enquêteur nommé en vertu du Code du
travail, vous dites que cela devrait être envoyé, cette
possibilité, ailleurs. Où la voyez-vous? Si vous parlez d'une
négociation tripartite entre l'office qui est créé, le
patron et le syndicat, quels seraient les mécanismes? Le
mécanisme du Code du travail est rigide sur cela, ça permet des
droits d'appel au niveau du commissaire-enquêteur. De quelle façon
voyez-vous le droit pour le salarié de se protéger dans le cas
où une personne fait une crise cardiaque et qu'on la congédie
parce qu'elle est considérée comme invalide, d'un certaine
façon, pour le travail qu'elle faisait avant? Vous jugez cela
comment?
M. Ethier: Le paragraphe suivant ou le même paragraphe
affirme que l'office nous paraît être un organisme beaucoup mieux
adapté ou plus approprié pour régler ces situations, que
le commissaire-enquêteur qui est habitué, lui, à intervenir
dans des chicanes, avec des parties qui opèrent, parce que c'est
l'économie du Code du travail, dans un climat d'adversaires, alors que
là on vise un but qui devrait être dénué
complètement de ce climat. Il s'agit de la réinsertion sociale de
la personne handicapée. On établit une convention au
départ dont est partie la personne handicapée elle-même,
l'office, l'employeur et peut-être même, à cause des
négociations tripartites, le syndicat, parce qu'il va devoir consentir
des exemptions, mais pas un commissaire-enquêteur, avec un responsable de
l'office, puisque c'est la fonction de l'office.
M. Jolivet: II ne s'agit pas ici de réinsertion du
salarié, il est déjà à l'emploi sauf qu'il devient
handicapé puis on le congédie parce qu'il devient
handicapé, ce n'est pas une réinsertion, c'est de protéger
ses droits de salarié d'avoir une occupation à l'intérieur
des différents postes possibles de l'industrie, comme faisait mention le
député de
Drummond sur cette question quand il dit: une personne ne peut plus
accomplir une tâche debout mais elle pourrait en accomplir une assise.
Cette personne est congédiée purement et simplement à
cause de son nouvel handicap, alors qu'elle était déjà
à l'emploi. C'est un congédiement, ce n'est pas un nouvel
employé cela, c'est dans ce sens que je vous pose la question.
M. Ethier: II y a des corps publics, des corps
intermédiaires qui ont des fonctions très spécifiques;
ceux qui travaillent en vertu du Code du travail ont certaines fonctions,
l'office en aurait vis-à-vis la protection des droits des personnes
handicapées et la meilleure façon et les meilleures façons
de les assurer, on ne voit pas pourquoi on sortirait cela de l'office pour le
mettre dans un autre ministère ou enfin, pas dans un autre
ministère, mais les fonctions qui relèvent d'un autre
ministère. Et à part de cela, en discutant avec des employeurs,
on empêche, on interdit de congédier la personne. Vous savez,
elles ne sont pas toutes congédiées, les personnes qui seraient
handicapées, et ce n'est pas toujours en vertu d'accidents du travail.
Il y a beaucoup de personnes qui deviennent handicapées et qui
continuent à travailler. On le démontrera en temps et lieu quand
on aura des chiffres.
Mais je ne pense pas que cette orientation vis-à-vis le Code du
travail plutôt que vis-à-vis l'office soit désirable.
Le Président (M. Marcoux): Sur le même sujet.
M. Clair: Est-ce que nous n'avez pas l'impression, à ce
moment-là, que vous considérez la personne beaucoup plus comme
une personne handicapée et ainsi vous la mettez en marge de la
société, pas comme un travailleur ordinaire qui fait face
à des problèmes spécifiques. J'ai l'impression, en tout
cas, votre façon de répondre à la question nous laisse
voir que vous considérez cette personne, d'abord et avant tout, comme
une personne handicapée, et non pas comme une personne au travail, un
travailleur qui a les mêmes droits que tout autre travailleur en vertu du
Code du travail ou des lois générales.
M. Ethier: Je ne voudrais pas être méchant, mais
c'est peut-être le texte original du projet qui tend à faire
penser comme cela. Heureusement qu'arrivent certains amendements qui vont faire
de la personne handicapée une personne au même titre que les
autres. Aujourd'hui on lit dans le Devoir qu'on reconnaît maintenant,
bien oui, que la charte s'applique à ces personnes-là comme
à toute autre personne, qu'on va laisser tomber le certificat. Non, nous
n'avons pas voulu penser en ce sens et nous demandons que la législation
pense de plus en plus à cette personne dans le sens d'une personne comme
les autres.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre. M. Lazure:
M. le Président, simplement deux mots suite aux dernières
remarques du représentant de l'Association des manufacturiers canadiens.
Cela ne nous est pas arrivé comme un éclair de dernière
minute qu'on pouvait reconnaître les droits des personnes
handicapées par la charte. J'ai eu de longues discussions, depuis
plusieurs mois, là-dessus.
Les avis qu'on nous avait donnés dans d'autres ministères,
jusqu'à tout récemment, c'était qu'il valait mieux, pour
protéger ces droits, les inscrire dans le projet de loi no 9.
Il y a eu des avis contraires donnés plus récemment. On
aurait préféré, au départ, tout simplement les
inscrire dans la charte. C'était simplement pour s'assurer, disait-on
à l'époque les conseillers juridiques d'autres
ministères qui nous avisaient qu'il était encore
préférable de les inscrire, comme je viens de le dire, dans le
projet de loi pour les droits des personnes handicapées. Mais, à
partir du moment où on nous assure, au plan légal et c'est
ce qu'on a fait récemment à partir du moment où on
nous assure que ces droits seront tout aussi bien assurés, sinon mieux,
maintenant, dans la charte, nous, on dit: bravo, on se réjouit de cela.
Je veux remercier les représentants de l'association pour leur
mémoire.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie, M. Ethier,
pour la présentation de votre mémoire et pour la contribution que
vous avez faite aux travaux de cette commission.
J'inviterais maintenant la Chambre de commerce de la province de
Québec à venir nous présenter son mémoire.
Chambre de Commerce de la province de
Québec
M. Boudreau (Louis): M. le Président, mon nom est Louis
Boudreau. Je représente ici le bureau exécutif de la Chambre de
commerce de la province de Québec. Je suis accompagné de M.
Pierre Morin qui est directeur général des affaires publiques
à la Chambre de commerce de la province de Québec.
Je voudrais simplement vous mentionner que l'essentiel du mémoire
que nous vous avons soumis à été approuvé à
l'assemblée générale annuelle de nos membres, et qu'il a
été approuvé de façon unanime lors de notre
congrès, ici à Québec, au début du mois de
novembre.
M. Morin étant responsable de la recherche qui a conduit à
la rédaction de ce mémoire, je lui laisserai donc le soin de le
lire et de le commenter.
M. Morin (Pierre): M. le Président, si ma
compréhension est exacte, je crois que le texte de notre mémoire
est versé au compte rendu, au journal des Débats.
Le Président (M. Marcoux): Ce n'est pas automatique. On
peut le demander. Si vous le demandez et que les membres de la commission sont
consentants, il peut être versé en annexe ou ajouté au
compte rendu du journal des Débats. A ce moment là, vous pouvez
le résumer.
M. Morin (Pierre): Je souhaiterais vous le demander, M. le
Président, si les membres sont consentants.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que les membres de la
commission sont d'accord pour que le mémoire présenté par
la chambre de commerce soit versé au journal des Débats? Ce sera
fait.(voir annexe A).
M. Morin (Pierre): Merci. Cela me permettra d'être un peu
plus bref, tout au moins dans la présentation du mémoire. Un
autre préalable que l'on doit faire, c'est que l'annonce faite par le
ministre de certaines modifications au projet de loi, le 29 novembre dernier,
répond en plusieurs points aux interventions que nous vous soumettons
dans notre mémoire. Nous vous en remercions, M. le ministre.
L'intervention de la chambre de commerce se situe à deux niveaux
précis. D'abord, la problématique qui devrait sous-tendre une
législation visant à assurer l'exercice des droits des personnes
handicapées. Pour votre information, M. le Président, j'en suis
à la page 2, au centre de la page, illustré par certains articles
du projet de loi 9, et certains aspects techniques du projet de loi.
Au niveau de la problématique, une société saine,
démocratique et le législateur qui la représente ne
peuvent qu'être soucieux d'assurer à tous leurs citoyens,
défavorisés ou non, handicapés ou non, l'exercice en
pleine égalité de leurs droits et libertés fondamentales.
Cependant, certains citoyens sont, dans les faits, mieux placés que
d'autres pour jouir de leurs droits et les exercer, et il est alors normal que
le législateur s'adapte à cette réalité et il est
aussi indispensable qu'il apporte les correctifs nécessaires pour
remédier à cette malencontreuse situation.
Une législation qui apporte les correctifs nécessaires se
doit d'intervenir avec précision et justesse. Il faut
légiférer tout en tenant compte de la dignité et de
l'amour-propre des personnes visées par les dispositions nouvelles. Il
faut légiférer tout en ayant à l'esprit que,
déjà, la nécessité de cette législation tend
à démontrer que les personnes handicapées ne seraient pas
des citoyens à part entière, mais des citoyens qui, au même
titre que les mineurs et les déficients mentaux, demandent à
être protégés comparativement aux autres.
Aussi, s'agit-il d'un secteur délicat de législation. Les
personnes handicapées ont à coeur de démontrer qu'elles
sont des citoyens normaux, aussi débrouillards que les autres, et il ne
faudrait pas contrecarrer cet effort d'adaptation par une législation
trop paternaliste qui consacrerait le principe que toutes les personnes
handicapées ont à être dorlotées, envers et contre
tous.
Malheureusement, nous constatons que le projet de loi 9, dans sa version
initiale, tout au moins, rencontre justement ces objections. Il est certes
louable pour le législateur de vouloir assurer l'exercice des droits des
personnes handicapées; cependant, la façon de
légiférer dans ce cas-ci est aussi importante que l'objectif
poursuivi.
Par souci d'assurer l'exercice d'un droit, il ne faut pas renforcer
l'idée que les handicapés sont tellement
défavorisés qu'ils doivent être placés sous la
tutelle de l'Etat. A maints endroits, c'est ce que fait le projet de loi.
Je lis maintenant à la page 7 de notre mémoire. Les
paragraphes et articles que je saute, essentiellement, ont déjà
trouvé réponse dans la déclaration du ministre. C'est
pourquoi nous passons outre.
Nous sommes parfaitement conscients que le législateur ne veut
que s'assurer que les personnes handicapées pourront exercer leur droit
sans faire l'objet de discrimination. Cependant, son attitude et les
différentes modalités prévues au projet de loi ne
changeront pas vraiment la situation actuelle, car dorénavant les
personnes handicapées qui seront sujettes à une discrimination
factuelle le seront également de par la loi.
Enfin, la section 4 du projet de loi s'adresse à l'emploi de la
personne handicapée. Les trois grands éléments de cette
section sont: a) l'interdiction faite à l'entreprise de 50
employés et plus de licencier un salarié pour la seule raison
qu'il est devenu une personne handicapée; b) la possibilité pour
l'office d'exiger des entreprises de 50 employés et plus l'embauche de
personnes handicapées jusqu'à concurrence de 3% des effectifs; c)
la possibilité pour l'office de subventionner les entreprises soit pour
l'adaptation des postes de travail, soit pour favoriser l'emploi des personnes
handicapées. A priori, les trois éléments de cette section
paraissent équilibrés et en principe ils le sont. Il est normal
de concevoir qu'une partie importante de l'intégration ou de la
réintégration sociale et professionnelle d'une personne
handicapée soit déterminée par l'emploi et que
l'entreprise puisse et même doive y jouer un rôle important.
Cependant, l'équilibre apparent ne résiste pas à
l'examen, ni pour la personne handicapée, ni pour l'entreprise. D'abord,
la personne handicapée est très vaguement définie comme
étant "limitée de façon significative et persistante dans
l'accomplissement d'activités normales, à cause d'une
déficience physique ou mentale et reconnue comme telle par
l'office."
Oublions, pour les fins de la discussion, le handicap physique et
examinons la déficience mentale. Celle-ci peut emprunter plusieurs
formes et peut même à la rigueur résulter de
l'incapacité de la personne à s'adapter à la nature
même de l'entreprise ou du milieu de travail. Or, ce milieu de travail
n'est pas composé que de l'employeur seul sur qui repose l'interdiction
de licencier, mais aussi de collègues de travail. Dans de telles
circonstances, la personne handicapée peut voir son droit
respecté tout en perdant un autre droit celui à l'intimité
et à l'intégrité de sa personne.
Pour l'entreprise visée, il peut y avoir conflit entre, d'une
part, le respect du droit de la personne handicapée et les
pénalités pouvant être encourues. Ce sont là les
pénalités prévues à l'article 58 du projet de loi
45, sans tenir compte des amendements introduits récemment à
l'article 18
du projet de loi 45 et, d'autre part, ses obligations vis-à-vis
de l'ensemble de ses commettants, clients et salariés. Par exemple,
comment concilier la situation d'une personne handicapée qui, dans le
milieu de travail et de par la nature du handicap pourrait constituer pour les
autres salariés une menace à leur santé ou à leur
sécurité. Aux dispositions actuelles, nous
préférerions substituer une problématique
différente, visant le même objectif, mais procédant d'une
autre démarche.
Par exemple, modifier l'article 10 de la Charte des droits et
libertés de la personne, chapitre 6 des lois de 1975, pour inclure les
personnes handicapées, au sens du bill 9 nous présumons
que la définition vise celles où il existe des
possibilités d'intégration sociale et professionnelle
rendrait opérantes les dispositions contenues aux articles 16, 17, 18,
19 et 20 de la charte.
Voilà qui consacrerait le droit de la personne handicapée
sans la stigmatiser face aux autres personnes.
Pour assurer la participation de l'entreprise, toujours en visant les
objectifs de la section 4 du présent projet, nous suggérons une
première disposition habilitant l'office à négocier avec
toute entreprise de 50 salariés et plus, l'adaptation de postes de
travail ou toute autre mesure favorisant l'emploi d'une personne
handicapée.
La conclusion favorable de cette négociation conférerait
à l'entreprise un agrément sanctionné par l'office
à une réclamation spéciale pour fins d'impôt sur le
revenu tenant compte des dépenses engagées et pour un terme
limité ou déterminé. D'autre part, une entreprise
déjà exemptée de la Loi de l'impôt sur le revenu
pourrait obtenir une subvention en lieu d'exemption.
Il s'agit là, entre autres, d'entreprises parapu-bliques ou
d'entreprises à but non lucratif.
Notre démarche s'inspire, non seulement de la
responsabilité sociale de l'entreprise et des contraintes réelles
de son environnement, mais aussi de son intérêt. Or, pour
l'entreprise privée du Québec en général, une
subvention comporte, à coût égal pour l'Etat, . moins
d'avantages puisqu'elle doit la considérer à titre de revenu
imposable, pour fins d'impôt fédéral et provincial. On
conçoit mal qu'une contribution financière du Québec,
destinée, en définitive, à l'adaptation de l'entreprise,
pour l'amélioration de la condition de la personne handicapée,
aboutisse dans les coffres d'un autre gouvernement.
Aspect technique du projet de loi 9: Cette partie du mémoire
comporte surtout des interrogations soulevées par le projet de loi,
entre autres, l'article 27 du projet qui se lit comme suit: "Nonobstant toute
autre loi, l'office peut obtenir tout renseignement d'un ministère ou
d'un organisme du gouvernement, chaque fois que la chose est nécessaire
pour l'application de la présente loi". Cette disposition a-t-elle pour
effet de permettre, par exemple, à l'office d'obtenir des renseignements
du ministère du Revenu au sujet de la déclaration d'impôt
d'une personne handicapée? Si tel est le cas, nous ne voyons pas
pourquoi l'office bénéficierait des pouvoirs d'enquête d'un
tribunal, sans pourtant être soumis au même contrôle.
Nous ne voyons pas pourquoi, par cette loi, on créerait exception
au devoir spécifique de confidentialité créé par
les lois régissant d'autres ministères. L'article 36 stipule ce
qui suit: "L'office accorde le certificat visé à l'article 35
à un organisme, sans but lucratif, qui: a) à son avis, s'occupe
principalement de la défense des droits, de la promotion des
intérêts et de l'amélioration des conditions de vie de la
personne handicapée, b) est constitué en vertu d'une loi du
Québec, c) a transmis à l'office copie de son acte constitutif et
de ses règlements". Cet article semble indiquer qu'un organisme de
promotion des intérêts des personnes handicapées,
constitué en vertu d'une loi fédérale ou d'une loi
étrangère, ne pourrait bénéficier d'un certificat
de reconnaissance. Si la réponse est positive, nous voyons mal les
motivations derrière cette façon d'agir car ces organismes
peuvent jouer un rôle valable pour la promotion des droits des personnes
handicapées et, ceci, indépendamment de leur lieu de
constitution.
L'article 40, qui se lit comme suit: "L'office peut, pour cause,
révoquer le certificat de reconnaissance d'un organisme de promotion". Y
a-t-il un droit d'appel de cette décision? Sinon, il y aurait lieu de
prévoir un tel recours, car la révocation d'un certificat de
reconnaissance est une grave pénalité pour un organisme de
promotion et ce dernier devrait pouvoir enregistrer sa dissidence auprès
des tribunaux supérieurs, grâce à un mécanisme
spécifique d'appel, plutôt que par la voie prohibitive d'ailleurs
du pouvoir de revision et de contrôle de la Cour supérieure sur
les tribunaux inférieurs l'article 33 du Code de procédure
civile.
Les articles 41 et 42 prévoient ce qui suit: "Personne ne peut,
s'il ne détient un certificat en vertu de l'article 36: a) solliciter ou
recueillir des fonds par l'offre ou la vente de biens, de toute autre
manière, en affirmant ou en laissant croire que ces fonds sont
sollicités ou recueillis pour le bénéfice de personnes
handicapées, b) affirmer ou laisser croire qu'il bénéficie
d'une reconnaissance de l'office. L'office peut accorder un permis d'atelier
protégé à une association coopérative ou à
un organisme sans but lucratif qui: a) produit des biens ou services, b)
emploie en majorité des personnes handicapées ne pouvant
travailler dans des conditions ordinaires, afin de leur permettre d'utiliser et
de développer leurs possibilités professionnelles dans des
conditions de travail appropriées, c) s'engage à embaucher les
personnes handicapées, placées par l'office, pour la durée
que celui-ci indique, d) fournit aux personnes handicapées un travail
utile et rémunérateur, e) femplit les conditions prescrites par
règlement".
Si notre compréhension de cet article est exacte, un atelier
protégé devra obtenir le certificat de reconnaissance visé
à l'article 35 avant de vendre les biens produits par les personnes
handicapées et en les annonçant comme tels. Il nous semble que
l'association ou l'organisme qui détient déjà un permis
d'atelier protégé devrait pouvoir solliciter des fonds du public,
tel que prévu à l'article 41a, sans être obligée, en
plus, d'obtenir un permis de reconnaissance visé à l'article
36.
Enfin, l'article 68 stipule que l'office peut, dans le cas d'un plan de
services, conclure avec tout employeur et un bénéficiaire, un
contrat en vue de l'intégration de ce bénéficiaire au
marché du travail. Un tel contrat a une durée d'au plus six mois
et n'est renouvelable que deux fois. L'office assure le respect des obligations
qui incombent à cet employeur en vertu d'un tel contrat. Pourquoi
limiter la durée du contrat de services à un maximum de six mois?
Pourquoi le contrat de services n'est-il renouvelable que deux fois?
Les dispositions de l'article 73 interdisant le congédiement en
plus de poser un problème d'équité pour le salarié
d'une entreprise de 50 employés ou plus, en soulèvent un autre,
sur le plan technique, de concordance avec les dispositions prévues dans
un autre projet de loi à l'étude devant l'Assemblée
nationale; celui portant sur le régime d'assurance automobile.
Effectivement, ce dernier projet prévoit la diminution des
indemnités pour une personne dont le handicap résulte d'un
accident et qui touche des gains provenant d'un emploi. La combinaison de ces
dispositions pourrait donc priver une personne handicapée d'une partie
substantielle de ses indemnités et, notons-le, il en va de même
pour les personnes visées par la Loi des accidents du travail.
L'article 79 stipule que tout transporteur doit, dans l'année qui
suit insérer ici la date d'entrée en vigueur du
présent article faire approuver par le ministre des Transports un
plan de développement visant à assurer dans un délai
raisonnable le transport en commun des personnes handicapées dans le
territoire qu'il dessert. Ce plan peut tenir compte du taux de renouvellement
de son équipement et de la nature des services offerts. Il y aurait
peut-être lieu de prévoir un délai un peu plus
prolongé, car un an, c'est un peu court.
En conclusion, la Chambre, quoique favorable aux principes de la loi,
croit que la problématique sous-jacente à ce dernier doit
composer avec la dignité et le désir d'indépendance des
personnes qui y sont visées.
La Chambre croit de plus qu'il serait préférable de
modifier la Charte des droits et libertés de la personne afin d'assurer
l'exercice des droits des personnes handicapées pour éliminer la
nécessité d'une loi spéciale à cet effet qui isole
alors le cas des personnes handicapées et les encadre dans un
régime législatif parallèle au régime
législatif prévu pour tous les Québécois.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux féliciter et
remercier la Chambre de commerce de ce mémoire qui contient un grand
nombre de suggestions fort pertinentes. Comme le directeur de la Chambre l'a
dit tout à l'heure, une grande proportion de ces suggestion ont
déjà été transmises depuis quelques mois, à
la suite de la tournée que nos fonctionnaires ont effectuée
à travers le Québec, et aussi à ta suite de la
réception des diffé- rents mémoires, dont le vôtre.
Je ne voudrais pas retourner à chacun de ces articles que nous
envisageons de réviser dans le sens des propositions que vous nous
faites ce matin. Je vais relever seulement quelques-unes de ces propositions.
Naturellement, tout ce qui semblait devoir être obligatoire comme
identification, je le répète encore une fois, deviendra, quant
à nous, facultatif.
Pour les emplois aussi, comme vous le savez, nous voulons nous en tenir
à des méthodes d'incitation. Les subventions pour adaptation des
postes sont prévues à l'article 71 du projet actuel. Vous
proposez aussi certains modes d'exemption d'impôt; je vous avoue que nous
préférons, et c'est pour cela que nous l'avons incluse dans le
projet, la modalité de subvention parce que les coûts sont plus
facilement calculables; ils sont plus évidents aussi pour tout le monde,
mais nous allons examiner plus attentivement cette possibilité.
Quant à la confidentialité et au respect de la vie
privée, effectivement, l'article 27 nous paraît aller trop loin.
L'essentiel, en tout cas, l'esprit dans lequel nous abordons le
problème, c'est qu'on ne doit pas donner accès aux autres
fichiers; on doit aussi respecter, par exemple, les dispositions du chapitre
48, la Loi sur les services de santé. Alors, il y aura lieu de
réviser cet article 27.
Pour la reconnaissance des organismes, nous nous proposons de
prévoir un mécanisme d'appel. Quant à la reconnaissance
des ateliers protégés, elle est déjà prévue,
cette reconnaissance, pas au même chapitre que les organismes de
promotion, si vous voulez, mais il y aura lieu de faire une concordance. Dans
notre esprit, il est évident que la reconnaissance d'un atelier
protégé qui, de facto, devient une réalité par la
voie des subventions, est, moralement en tout cas, suffisante pour permettre
à l'atelier de vendre les produits, mais nous verrons, s'il y a lieu,
à faire un ajustement de concordance.
Quant aux transporteurs, il s'agit d'un délai d'une année
pour que ceux-ci nous fournissent leur plan. Ce délai d'une année
pourra être plus long, évidemment, pour la mise en vigueur du
plan.
Enfin, M. le Président, je vais m'en tenir à ces quelques
remarques, quitte à revenir un peu plus tard dans la discussion sur
d'autres articles qu'il resterait à préciser.
Le Président (M. Marcoux): Avez-vous des commentaires, des
précisions à apporter aux propos du ministre?
M. Morin (Pierre): Oui, trois très courts commentaires, M.
le Président.
Pour ce qui était des ateliers protégés,
c'était simplement de faire attention pour qu'ils n'aient pas besoin de
deux permis, c'est ce qui nous semblait... Effectivement, vous avez une
disposition de concordance, c'est parfait.
Dans le cas des transporteurs, le délai d'un an nous
apparaît court et nous nous expliquons. C'est que, dans des milieux
urbains tels que Mont-
réal ou Québec, les deux communautés urbaines, il y
a déjà le problème d'identifier sur les circuits
disponibles les concentrations de personnes handicapées,
c'est-à-dire qu'un plan qui doit être dressé dans le
délai d'un an, si cela doit dépasser simplement le stade des
principes, nous apparaît difficilement réalisable dans ce
délai d'un an à cause de l'identification des concentrations et
des types d'équipement qu'on a besoin de mettre en oeuvre, qu'on a
besoin d'identifier pour desservir la population handicapée.
C'était strictement une question technique.
M. Lazure: Je pense que l'observation de M. le directeur est
pertinente; peut-être faudrait-il, pour les grandes concentrations
urbaines, allonger le délai, effectivement.
M. Morin (Pierre): Ou les diviser sur le territoire,
c'est-à-dire demander, sur le territoire, des plans en fonction de
l'intégration. Enfin, la troisième remarque porte sur notre
suggestion de substituer aux subventions un poste de déductions pour
fins d'impôt. Il y a à cela deux raisons. On est conscient du
problème d'identification, mais, dans ce cas, le poste serait
agréé par l'office; donc, la comptabilité et le montant
agréé pour fins d'impôt, c'est-à-dire la
dépense agréée pour fins d'impôt, pourraient
être facilement établis et suivis. Le problème, avec la
subvention, c'est lorsque, dans notre système fédéral
actuel, l'un des deux niveaux de gouvernement donne une subvention à une
entreprise, cette dernière doit la comptabiliser à même ses
revenus. Or, ces revenus sont imposables et déjà, au
départ, il y a une partie importante de la subvention qui, à
cause de notre système d'imposition c'est la majeure partie de
l'imposition fait que cela retourne au gouvernement
fédéral. C'est là le gros problème, et c'est un
problème qui a trait non seulement aux subventions dans le cas
précité, mais qui s'applique tout aussi bien à l'ensemble
des subventions versées par l'Etat. Alors, comme l'intention est non pas
d'aider un autre ordre de gouvernement, mais d'aider les personnes
handicapées, c'est là qu'il apparaissait peut-être un peu
plus opportun de procéder à même un mécanisme
différent.
M. Lazure: M. le Président, il est bien clair que M. le
directeur de la chambre marque des points avec ce genre d'argumentation. En
tout cas, moi, je ne dis pas non; on va l'examiner. Il reste que si
c'était le mode par exemption d'impôt, est-ce que cela ne
favoriserait pas plutôt les grandes entreprises qui
bénéficient de tables d'impôt plus avantageuses que les
petites entreprises?
M. Morin (Pierre): Pour ce qui est des entreprises visées,
M. le Président, soit 50 employés et plus, en vertu de la loi
fédérale qui permet, je crois, $250 000 de profits et un maximum
de $400 000 ou $500 000 de profits accumulés, on est
véritablement dans l'ordre, c'est-à-dire qu'elles sont
elles-mêmes visées au même niveau que les grandes
entreprises pour ce qui est des impôts, c'est-à-dire 48% ou 47%,
dont 12% appartiennent au gouvernement du Québec; la différence
va au gouvernement du Canada.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux d'abord
remercier la Chambre de commerce du Québec qui, je pense, a
présenté un mémoire nuancé. Dans la première
partie vous oposez la problématique, vous indiquez bien le défi
d'une telle législation, c'est-à-dire conserver
l'équilibre entre le désir de faire une place plus grande aux
handicapés, d'une part, mais, d'autre part, de ne pas les marginaliser
davantage. Je pense que ce souci est reflété tout au long de
votre mémoire. Par contre, je me demande si ce souci que vous avez ne va
peut-être pas un peu trop loin et j'aimerais vous référer
à la page 5 où vous donnez, comme exemple, les articles 30 et 31,
où vous vous inquiétez que l'office, par exemple, effectue des
dépistages de personnes susceptibles de bénéficier des
dispositions de la présente loi et l'article 31 qui demande de
préparer et de publier périodiquement des statistiques sur la
population des personnes handicapées du Québec.
Ne croyez-vous pas que ceci répond quand même à un
besoin réel, ces deux fonctions qui incomberont à l'office? D'une
part, cela peut peut-être vous surprendre mais il y a encore un grand
nombre de handicapés, peut-être davantage de handicapés
mentaux que physiques, qui sont souvent devenus des reclus parce qu'on les
isole presque physiquement et, d'autre part, je pense que la deuxième
obligation ou la deuxième responsabilité qui est confiée
à l'office de tenir des statistiques est également un moyen de
sensibiliser la population aux besoins et de présenter un tableau
réaliste des problèmes dans ce domaine. C'est pour cela que
j'aimerais que vous m'expliquiez davantage quelle est la nature exacte de vos
objections à l'égard de ces deux responsabilités que l'on
confie à l'office?
M. Morin (Pierre): M. le Président, on s'excuse si on a
donné l'impression d'aller trop loin, là n'était point
notre intention. On se référait un peu à l'économie
du projet de loi et à sa rédaction et, dans un sens, l'ensemble
de l'économie portant sur les droits des handicapés,
essentiellement pour donner des droits aux handicapés, l'ensemble de
l'économie, la section, semblait en enlever. Entre autres, lorsqu'on
parle du dépistage des personnes susceptibles de
bénéficier des dispositions de la loi. En apparence, cette
disposition prise seule est excellente. Lorsque vous la prenez dans
l'économie de cette partie du projet de loi, il y avait là un
ensemble de choses où l'office semblait vouloir se subroger
essentiellement aux personnes handicapées, ce que corrige d'ailleurs le
texte du ministre en disant que les personnes qui veulent s'enregistrer au
registre pourront le faire; la carte d'identité ne sera plus
obligatoire. C'est cet ensemble de choses. C'est là où on s'est
ac-
croche peut-être à une série d'articles qui
traduisaient, qui semblaient peut-être aller un peu trop loin même
dans cette économie.
Maintenant que le registre sera ouvert, que les gens qui voudront bien,
les personnes qui voudront s'inscrire au registre parce qu'il y a des
personnes handicapées qui, pour toutes sortes de raisons, pourraient
avoir l'impression de se marginaliser en s'inscrivant au registre, surtout dans
l'économie du projet de loi tel que rédigé dans sa
première version c'était là où cela nous
semblait aller trop loin. Donner la possibilité aux personnes qui,
effectivement, ont fait déjà, par leurs propres efforts, leur
réinsertion dans la société, qui trouvent un emploi
rémunérateur, qui ont réussi essentiellement à
dépasser leur handicap et qui ne voulaient pas se voir incluses, non pas
dans les statistiques, mais dans les démarches de l'office, de pouvoir
le faire... Ce que le projet de loi ne permettait pas.
Mme Lavoie-Roux: Un deuxième point que je voudrais
soulever, c'est au bas de la page 9 et au début de la page 10. Quand
vous suggérez une première disposition pour habiliter l'office
à négocier avec des entreprises de 50 salariés et plus et,
suite à cette négociation, confierait à l'entreprise un
agrément, sanctionné par l'office, d'une réclamation
spéciale pour fins d'impôt sur le revenu, croyez-vous que,
dorénavant, ceci devrait toujours aboutir sur une compensation
financière pour l'entreprise? Je vais vous laisser répondre
à cette première question.
M. Morin (Pierre): Si je comprends bien, M. le Président,
le sens de la question c'est de savoir si l'entreprise n'a pas elle-même
des responsabilités sociales sans se voir dédommager par l'Etat.
C'est bien le sens de votre question?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela mais il y a aussi une autre
préoccupation, c'est que si on devait arriver à cette conclusion,
il faudrait déduire que l'engagement d'une personne handicapée
est toujours, jusqu'à un certain point, une hypothèse pour
l'entreprise, ce que personnellement je ne crois pas.
M. Morin (Pierre): Non, ce que nous ne croyons pas
nous-mêmes. C'est que, dans certains cas, l'aménagement
parce que là il s'agit de toutes les entreprises de 50 employés
de postes de travail peut aussi demander d'autres aménagements
tels par exemple, des modifications aux structures de l'entreprise, des
dépenses au niveau de l'accès même à l'entreprise,
dans certains cas, qui pourraient être considérées comme
faisant partie de ces dépenses et qui, dans le contexte immédiat,
ne sont pas des dépenses productives, dans une certaine mesure. Elles ne
contribuent pas à augmenter d'aucune façon la productivité
de l'entreprise. Or, c'est un peu cette compensation qui varie d'une entreprise
à une autre dans certains cas. Il se peut fort bien que, dans le cas
d'une nouvelle entreprise, déjà les barrières
architecturales disparaissent ou qu'on fasse en sorte qu'elles n'existent pas,
qu'on aménage des postes qui font simplement partie de l'investissement
normal de l'entreprise qui, à ce moment, pour des fins productives,
bénéficie déjà d'amortissement
accéléré, pour fins d'impôt.
Essentiellement, la proposition que nous faisons est sensiblement la
même chose. Ce serait traduire sur un même plan, avantager
l'entreprise existante sur le même plan que le serait une nouvelle
entreprise, une entreprise qui s'établit.
Il ne faut pas non plus oublier que l'exemption que nous projetons n'est
que temporaire; l'emploi, lui, est permanent, mais l'exemption pour
l'aménagement des postes, n'est que temporaire.
Mme Lavoie-Roux: II y a un autre endroit où vous soulevez
la difficulté quant à l'emploi de personnes qui,
particulièrement au plan de déficience mentale, peuvent
créer des difficultés, non seulement à l'employeur, mais
aux collègues de travail. J'aimerais que vous élaboriez
là-dessus parce que ça devient extrêmement délicat
de savoir de quelle façon un projet de loi peut prévoir ou
contrer cette difficulté.
M. Morin (Pierre): C'est que, M. le Président, dans la
définition d'un handicapé; la définition est très
vaste et très large...
Mme Lavoie-Roux: Trop large, je suis d'accord.
M. Morin (Pierre):... et c'est là où on a dû
tracer un certain nombre d'hypothèses. L'hypothèse que nous avons
retenue, par exemple, est celle de l'alcoolisme: l'alcoolisme qui peut,
effectivement, et qui pourrait, à la rigueur, être
considéré comme un handicap à un certain stade ce
phénomène de l'alcoolisme qui entraîne, à la fois,
dans son stade le plus virulent, l'absentéisme, le manque d'attention
etc. dans la mesure où il est reconnu comme un handicap et dans la
mesure où il est traité comme les autres handicaps. Souvent, la
personne qui en est affligée peut avoir à faire un travail
auprès de collègues dans des situations qui pourraient être
un peu plus dangereuses et c'est essentiellement là le fondement de
l'hypothèse que nous avons retenue, c'est-à-dire la crainte de
voir une personne affligée par l'alcoolisme devenir un danger pour des
collègues, surtout l'hypothèse qu'on avait dressée
puisque ça s'adressait aux entreprises de 50 employés et plus
dans un domaine tel que, par exemple, la construction. La
fiabilité même de la personne, à cause de son handicap, est
grandement réduite. C'était un peu là le sens de...
Mme Lavoie-Roux: Merci, monsieur.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
remercier la Chambre de commerce pour
son mémoire parce qu'il est presque dans la même veine de
critiques que nous avons nous-mêmes envisagée.
Nous avons autant de changements dans le projet de loi, avec les
amendements proposés par le ministre, mais peut-être pourrais-je
demander au ministre, s'il a un moment c'est qu'on a ici une
excellente étude que nous avons vue avant sur le projet de loi 9;
maintenant on parle de changement aux articles 36, 27...
Même la base d'identification, la base du changement est
incitative au lieu de coercitive dans les emplois. On arrive maintenant avec
autant de changements; est-ce que vous prévoyez réimprimer cette
loi?
Mme Lavoie-Roux: II va y avoir la loi 109.
M. Lazure: Peut-être, peut-être, peut-être,
peut-être. Ecoutez, il n'y a pas de problème pour admettre qu'il
va y avoir beaucoup de changements. On se fait reprocher parfois d'avoir une
attitude trop rigide; j'espère qu'on ne me reprochera pas d'être
souple. L'essentiel, c'est d'arriver à la meilleure loi possible. Si
cela veut dire réimprimer une autre loi, on le fera, mais je ne suis pas
sûr que cela veuille dire une réimpression. On verra vers la fin
des auditions de la commission.
M. Shaw: Parce que je suis convaincu que la Chambre, avec nous,
est craintive de cette régie. Quelle sorte de forme va-t-elle prendre?
Nous avons parlé hier...
M. Lazure: Vous parlez de l'Office des handicapés?
M. Shaw: ... de l'office, régie, on change les noms...
M. Lazure: On l'a dit à plusieurs...
M. Shaw: ... mais c'est la même chose. C'est un autre
organisme gouvernemental. On ne connaît pas les paramètres de cet
organisme. Est-ce que nous pouvons commencer à critiquer un organisme
qui, à un moment donné, avec le projet de loi 9, a beaucoup de
pouvoir dans tous les domaines, maintenant qui a été
changé, peut-être même par l'application directe de certains
pouvoirs. Je suis convaincu que la Chambre peut nous donner des renseignements
avec une nouvelle étude. Est-ce que vous êtes venu faire
étudier le projet de loi 55 qui a été fait...
M. Morin (Pierre): Oui, nous avions comparé, M. le
Président.
M. Shaw: Vous êtes venu ici encore avec un nouveau projet
de loi qui est presque totalement changé. Est-ce que la Chambre est
craintive, sans avoir premièrement les chiffres, du coût d'un
nouvel office des handicapés, sa fonction et même l'organigramme,
la structure de cet office, les moyens qu'ils vont prendre pour effectuer leur
mandat? Un organisme aussi vague que cela vous rend-il craintif?
M. Morin (Pierre): M. le Président, nous entretenions
certaines craintes au niveau de l'office, telles que prévues par le
projet de loi 9, non pas tellement au niveau des dépenses, mais au
niveau des pouvoirs et des pouvoirs d'appels dont peut disposer le citoyen
handicapé ou non face à l'office. Les modifications
proposées par le ministre dans son texte font que nous sommes beaucoup
moins craintifs. Nous reconnaissons l'utilité et même la
nécessité de mettre sur pied un office pour promouvoir les droits
de la personne handicapée. Aucun doute. Une fois cette question de
principe posée, il reste des modalités. Encore là, quel
sera le mandat exact de l'office, quels seront ses pouvoirs? Nous avons
déjà indiqué le sens que nous souhaiterions voir donner au
mandat de l'office ainsi qu'à ses pouvoirs dans la mesure où ce
mandat et ses pouvoirs respecteraient, iraient généralement dans
la ligne de pensée que nous avons suggérée, nous serions
totalement d'accord avec la création et le fonctionnement d'un tel
office. Et nous souhaiterions aller même un peu plus loin et voir au sein
même de l'office se créer soit au niveau de son conseil
d'administration le ministre a déjà parlé de
régionalisation au niveau de son conseil d'administration mais
pouvoir voir là à la fois la présence de l'entreprise et
des salariés représentés, de façon,
précisément, à pouvoir ajouter essentiellement au mandat
et à la force de l'office.
M. Lazure: M. le Président, si vous me permettez de
réagir. Dans cette orientation justement que nous voulons prendre de
créer un office avec une structure centrale légère, nous
tiendrons aussi compte, régionalement, de la composition de l'office
central, si je peux dire. Au conseil d'administration de l'office, on retrouve
un représentant du monde syndical et un représentant du monde
patronal. J'espérerais que, régionalement, on puisse avoir la
réplique de cette composition. Encore une fois, pour revenir au
député de Pointe-Claire, les objectifs de l'office demeurent les
mêmes. Ce que nous proposons maintenant, c'est essentiellement de
réaliser ces objectifs par des méthodes incitatives plutôt
que par des méthodes coercitives. C'est essentiellement le gros du
changement.
M. Shaw: Nous avons demandé une certaine protection des
handicapés par la société ainsi que l'aide de la
société. Nous avons besoin d'un office des handicapés qui
peut fonctionner. Mais on parle maintenant en termes vagues. On parle d'une
application qui n'est pas dans le projet de loi et on fait des études.
Vous voyez que c'est bien marqué dans mon livre que cela a
été étudié, mais c'est totalement changé
dans le projet dont on parle maintenant. On parle toujours d'un gouvernement
transparent. Je ne dis pas que le ministre cache quelque chose, mais si nous
voulons étudier comme il faut tout le projet de loi, il faut y apporter
des amendements fondamentaux.
C'est pour cette raison que je n'ai pas de question fondamentale sur
votre étude, parce que c'est l'étude du projet de loi 9, et
maintenant c'est peut-être le 109, ou9a ou quelque chose d'autre, mais
c'est peut-être totalement différent.
Le Président (M. Marcoux): Alors...
M. Lazure: Oui, mais justement, M. le Président, cela fait
partie du processus démocratique des tournées ou des commissions
parlementaires. On ne peut jamais dire d'avance combien d'amendements on va
retenir à la suite des mémoires qui nous sont
présentés. De toute façon, on en reparlera à la
deuxième lecture, il va y avoir une étude article par
article.
M. Shaw: Je voudrais remercier la chambre pour son mémoire
et j'espère qu'au projet de loi 109 vous aurez une autre occasion de
faire un autre discours.
Le Président (M. Marcoux): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie les représentants de la Chambre de commerce
de la province de Québec pour la présentation de leur
mémoire.
Conseil québécois des ateliers de
réadaptation Inc.
J'inviterais maintenant le Conseil québécois des ateliers
de réadaptation Inc., à venir nous présenter son
mémoire.
M. Paquin, c'est vous?
M. Paquin (Maurice): C'est moi.
Le Président (M. Marcoux): II me fait plaisir de vous
souhaiter la bienvenue. Je vous inviterais à présenter les
collègues qui vous accompagnent.
Comme la commission termine ses travaux à 12 h 30 pour les
reprendre... N'ayez crainte, nous allons consacrer tout le temps dont vous avez
besoin pour nous exposer votre point de vue.
Durant la première partie, comme plusieurs membres de la
commission ont reçu le mémoire seulement ce matin, probablement
pour des raisons d'erreurs techniques, nous allons entendre la
présentation de votre mémoire jusqu'à 12 h 30 et la
période de questions et d'échanges suivra cet après-midi,
à la reprise de nos travaux.
M. Paquin: A quelle heure, M. le Président?
Le Président (M. Marcoux): Oh! C'est très
aléatoire. C'est entre 15 heures et 17 heures. Ordinairement, c'est aux
environs de 15 h 30.
M. Paquin: Merci.
M. le Président, M. le ministre des Affaires sociales, madame et
messieurs les membres de la commission parlementaire, mesdames, mesdemoiselles,
messieurs, comme président du Conseil québécois... Cela va
aller vite, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Présentez vos
collègues.
M. Paquin: Oui, je les présente. Cela ne sera pas long. Je
vous remercie d'abord de nous avoir donné l'occasion de présenter
notre mémoire le Conseil québécois et, de ce
pas, je vous présente les collègues qui vont le défendre
avec moi: A ma gauche, M. Robert Capistran, vice-président du Conseil
québécois des ateliers de réadaptation et aussi, dans la
vie privée, directeur général de Centrap (Mitis), à
Sainte-Flavie. A ma droite, M. Armand-F. Patenaude, vice-président aux
services administratifs du CQAR et aussi directeur général du
Centre d'accueil socio-professionnel de Sala-berry à Valleyfield. A mon
extrême droite, M. Jean Gauthier, directeur du conseil
québécois et aussi directeur général d'un atelier
protégé, le Transit, à Pointe-aux-Trembles. A mon
extrême gauche, M. Jacques Steingue, directeur du conseil
québécois et aussi directeur général du Centre de
travail des Îles aux Iles-de-la-Madeleine et, moi-même, Maurice
Paquin, aussi directeur général du Centre de travail de Laval
Inc.
Avant de débuter, permettez-moi... Nous avons fait une
synthèse de notre mémoire que j'aimerais distribuer aux membres
de la commission avant de commencer, si c'est possible. On a des copies ici. Y
aurait-il possibilité que cette synthèse du mémoire soit
inscrite au journal des Débats?
Le Président (M. Marcoux): Allez-vous nous lire votre
synthèse?
M. Paquin: Oui. On vous la donne pour mieux nous suivre.
Le Président (M. Marcoux): Alors, en la lisant, c'est
automatique. Cela sera inscrit au journal des Débats.
M. Paquin: Alors, M. Capistran.
M. Capistran (Robert): M. le Président, l'exposé
que nous allons maintenant faire reprend et complète les commentaires
généraux et les principaux amendements écrits dans le
mémoire qui fut déposé à cette commission en
septembre.
Nous allons préciser certains éléments de notre
mémoire et nous ajouterons des recommandations
supplémentaires.
Le fait de présenter un projet de loi portant sur l'exercice des
droits des personnes handicapées cadre mal avec les principes de
normalisation tels que définis dans le document du ministère des
Affaires sociales du mois de juin 1974 et intitulé: Eléments
d'une politique de réadaptation des adultes.
Par la présentation de ce projet de loi, le gouvernement traite
les personnes handicapées comme des êtres à part et la
préférence qu'il leur accorde constitue une certaine forme de
discrimination pourtant condamnée à l'article 2 du projet de
loi.
En présentant cette loi, le gouvernement avoue l'existence de
ségrégation dans plusieurs de ses lois et politiques actuelles,
principalement au niveau de l'éducation, de la main-d'oeuvre, des
affaires sociales, du transport et de l'habitation.
Le gouvernement avoue son impuissance à faire appliquer ses lois
à l'avantage de tous les citoyens et crée une nouvelle loi pour
les faire appliquer.
Des amendements aux lois existantes ou des directives que les lois
s'appliquent à tous respecteraient beaucoup plus les principes de la
normalisation. C'est pourquoi le premier objectif du futur Office des personnes
handicapées devrait être de s'autodétruire dans un
délai d'au maximum dix ans, c'est-à-dire de faire en sorte que,
d'ici dix ans, les lois et les politiques du gouvernement soient les
mêmes pour tous et que, d'ici dix ans, la personne handicapée soit
réellement un citoyen à part entière dans notre
société.
A cet effet, nous verrons à préciser plus
complètement, plus loin dans le présent exposé, le mandat
et l'organigramme de l'office.
Pour qu'un tel objectif se réalise, une politique globale et
étapiste doit être conçue. Le projet de loi 9 ne s'adresse
pas à toutes les personnes handicapées et le livre blanc ne
présente pas une telle politique globale et étapiste des services
aux personnes handicapées.
Dans le projet de loi et le livre blanc, l'accent est mis sur les
adultes seulement et la catégorie d'adultes ayant un potentiel assez
élevé d'intégration sociale.
Nous convenons que beaucoup d'adultes handicapés, n'ayant pas
reçu dans les années passées des services adéquats,
ont besoin de services spéciaux pour leur permettre de rattraper une
certaine normalité.
Mais que fera le gouvernement pour éviter que de telles
situations continuent d'exister? Nous ne voyons aucun engagement de la part du
gouvernement à améliorer le système éducationnel,
les services de santé, les services d'hébergement public. Par
exemple, à quoi peut servir d'augmenter de 18 à 21 ans le droit
à la fréquentation scolaire si l'enseignement qui est
donné reste à peu près le même. Nous aurions
préféré que le gouvernement s'engage à faire en
sorte que X% des personnes handicapées puisse vivre d'une façon
autonome à l'âge de 18 ans. C'est de 0 à 18 ans que les
personnes handicapées doivent avoir les services adaptés de
façon qu'elles ne deviennent pas marginales. Si les services
étaient donnés à temps, il ne serait pas nécessaire
de créer une catégorie spéciale de centres d'accueil, soit
le centre de réadaptation pour adultes. Il serait peut-être
préférable de mettre l'accent sur les 0 à 3 ans au lieu
des 18 à 21 ans.
D'autre part, le gouvernement oublie presque complètement les
personnes handicapées au niveau psychique et socio-affectif. Le malade
mental chronique a certes besoin de services, mais pour éviter que bien
d'autres malades psychiatriques et handicapés socio-affectifs deviennent
des malades chroniques, il faudrait leur donner à eux aussi des services
éducationnels, des services de placement au travail, de l'emploi en
centre de travail. Leur handicap n'est pas aussi chiffrable qu'un potentiel
intellectuel, mais il n'en est pas moins réel.
Nous voulons maintenant faire ressortir trois éléments de
la loi 9 qui nous paraissent primordiaux et se rattachent de plus près
aux ateliers de réadaptation existant au Québec. Le premier
élément concerne l'implication de chacun des ministères,
le deuxième, l'emploi protégé et le troisième, le
rôle des organismes de promotion.
D'habitude, quand nous parlons de personnes handicapées, nous
nous référons au ministère des Affaires sociales.
D'ailleurs le projet de loi fut présenté par ce ministère
et les informations furent données par ce ministère. Dans leur
tournée d'information réalisée durant l'été,
combien de personnes représentant l'éducation, le travail, le
transport, les syndicats, etc., ont assisté aux réunions
publiques? A peu près personne. Les autres ministères et leurs
organismes ne se sentent pas impliqués. Il est temps que le gouvernement
et la population arrêtent d'identifier handicapés avec affaires
sociales, si ce n'est aide sociale. Il faut que chacun des ministères
desserve les personnes handicapées au même titre que tout autre
citoyen et coordonne ces services pour une complémentarité plus
grande. Pour que chacun des ministères se sente impliqué, pour
qu'il y ait une coordination réelle entre eux, pour sortir le
handicapé du cadre des affaires sociales, nous recommandons que le
ministre chargé de l'office soit le ministre d'Etat au
développement social.
L'office se doit de n'être qu'un office de promotion des
intérêts des personnes handicapées, de recherche et de
coordination interministérielle et interorganisme. L'office ne devrait
pas donner des services directs mais avoir les pouvoirs de voir à ce que
les services soient donnés. L'office devrait être une structure
très décentralisée, ce qui est certes dans la
mentalité de ce gouvernement. Le rôle des représentants
régionaux dont il est question à l'article 31c devrait être
de former et d'animer des comités de concertation formés par les
organismes ayant à distribuer des services aux personnes
handicapées. Ainsi, la demande d'une personne handicapée
désirant un plan de services devrait se faire non pas auprès de
l'office, mais auprès de ce comité de concertation locale ou
sous-régionale animé par l'office. Nous pensons que c'est en
mettant dès maintenant les organismes dans le réel des services
qu'ils doivent rendre que nous éviterons que l'office devienne une autre
structure de services, une sorte de réseau parallèle qui
empêchera une vraie normalisation et qui fera de l'office une structure
permanente.
Nous considérons l'atelier protégé comme un
établissement nécessaire. Nous avons dans nos ateliers des
personnes handicapées qui sont autonomes ou presque, mais qui ne sont
pas compétitives sur le marché régulier du travail
à cause de leur handicap. Le système actuel les oblige à
vivre dans un état continuel de dépendance et d'aide sociale,
situation qui les empêche de développer leurs aptitudes, de gagner
leur vie, d'être des citoyens à part entière.
L'atelier protégé n'a son sens que s'il constitue une
entreprise normale au niveau du produit fabriqué et du service rendu. Il
faudrait d'ailleurs lui enlever l'étiquette d'atelier
protégé et parler plutôt d'industrie adaptée, de
centre de travail ou autre appellation plus normalisante.
Traditionnellement, au Québec, atelier protégé est
significatif d'activités occupationnelles et non d'entreprises
industrielles. L'atelier protégé qui ne serait qu'une certaine
forme d'aide sociale déguisée serait socialement condamnable.
Nous n'avons pas le droit de donner un emploi à une personne du
seul fait qu'elle est handicapée. Le devoir de l'Etat est de compenser
la perte d'une entreprise suite à un faible taux de production d'une
personne, conséquente à son handicap. C'est pourquoi l'atelier
protégé devra être structuré sur le modèle
d'une entreprise normale et non sur le modèle des ateliers existants.
Dans cette optique, en considération d'un office des personnes
handicapées qui ne donne pas de services directs, nous recommandons que
les futurs ateliers protégés soient rattachés au
ministère de l'Industrie et du Commerce.
L'atelier protégé n'est pas la seule forme d'emploi
protégé que l'Etat pourrait utiliser. Au lieu d'obliger les
entreprises à engager des personnes handicapées, pourquoi ne pas
compenser le manque de productivité d'un employé handicapé
par une subvention équivalente durant tout le temps que la personne
handicapée se rend chez un employeur? Cette formule serait beaucoup plus
normalisante que l'atelier protégé et si vous en faites le calcul
précis, serait économiquement beaucoup moins dispendieuse.
Une autre forme d'emploi protégé est l'aide directe
à une ou des personnes handicapées qui voudraient partir leur
propre entreprise de commerce, par exemple, un atelier de réparation
d'appareils électriques, une cordonnerie, etc. Nous connaissons de ces
personnes qui ont des projets de petite entreprise, mais qui ne trouvent pas
l'aide technique et les fonds nécessaires. Si nous voulons
l'intégration de la personne handicapée à notre
société, forçons-nous les méninges pour
éviter ces espèces de grosses structures où la personne
handicapée est beaucoup plus un patient ou un client qu'un travailleur
et un citoyen à part entière.
Concernant l'emploi protégé, nous voudrions que l'Etat
considère tout handicapé comme susceptible d'occuper un emploi.
L'expérience démontre qu'un déficient intellectuel,
même profond, peut occuper un emploi si nous prenons le temps et les
moyens de lui permettre un apprentissage adéquat.
Les organismes de promotion: les associations de parents de
handicapés, les associations de handicapés, les différents
organismes, en grande partie bénévoles, sont les principaux
artisans des développements survenus dans les services aux personnes
handicapées durant les dernières années. Le gouvernement a
certes mis des fonds supplémentaires dans ce secteur, mais ce sont les
organismes de promotion qui ont forcé les ministères à
donner des services auxquels les personnes handicapées ont droit au
même titre que tout autre citoyen.
Nous félicitons le gouvernement d'en tenir compte dans la
composition de l'office et nous recommandons une plus forte
représentation des organismes de promotion. Mais l'office ne se
donne-t-il pas des pouvoirs trop élevés sur ses partenaires?
Quelle latitude un organisme de promotion aurait-il pour contester le
gouvernement ou l'office? Nous sommes en faveur d'empêcher certains
organismes de soutirer frauduleusement des sommes de la population au nom des
handicapés, mais il faudrait éviter de contrôler ses
partenaires.
Au contraire, le gouvernement devrait donner davantage de ressources
à ces organismes de promotion qui, souvent, font en une semaine, ce que
les centres d'accueil font en un mois.
Le livre blanc sur une politique à l'égard des personnes
handicapées mentionne la mise en place de centres de réadaptation
pour adultes visant la réadaptation sociale et l'apprentissage aux
habitudes de travail. Ces futurs CRA, comme on les appelle, sont attendus avec
impatience par nos membres. Du fait que la plupart du temps, la
publicité a mis en vedette ceux de nos ateliers membres qui ont le plus
gros chiffre de vente brute, bien des gens croient que la réadaptation
est un élément secondaire dans nos ateliers. Or, la grande
préoccupation dans le réseau actuel des ateliers est d'en arriver
à faire de la vraie réadaptation. L'analyse de nos membres
démontre que la majorité est destinée à devenir des
centres de réadaptation pour adultes et non des ateliers
protégés.
A part les bonnes intentions, combien le ministère des Affaires
sociales est-il prêt à investir en ressources humaines dans les
futurs CRA? Il serait ridicule et fautif de former une nouvelle
catégorie de centres d'accueil sans leur donner les ressources
nécessaires.
Le budget total de nos 40 ateliers membres est de l'ordre de $6 millions
pour 2000 personnes handicapées. En milieu hospitalier et en centre
d'accueil, il en coûterait au moins $70 millions. L'Etat serait-il plus
intéressé à soigner, à héberger, qu'à
réadapter?
Un des points qui touchent le plus les stagiaires actuels de nos
ateliers, et pour une bonne part d'entre eux, les stagiaires des futurs CRA,
c'est l'allocation qu'ils recevront durant leur stage. Le 17 novembre dernier,
ces stagiaires ont exposé au ministre des Affaires sociales leur demande
et le ministre a avoué lui-même que leur demande était des
plus raisonnables.
Considérer le stagiaire en CRA comme un assisté social
à qui, certes, on veut bien défrayer les frais encourus par le
stage, est catastrophique au plan de la réadaptation. L'Etat
énonce des principes de normalisation et met ces stagiaires en situation
complètement à l'encontre de la normalisation.
Pourquoi ne pas considérer ces stagiaires au même titre que
tous les adultes en formation, qui
eux, n'ont pas l'étiquette d'assisté social? Et c'est
dès maintenant que la situation doit être changée. Pourquoi
attendre que la loi 9 soit sanctionnée, vu qu'elle ne touchera, dans un
premier temps, qu'environ 25% des stagiaires actuels de nos ateliers? Si la
demande de nos stagiaires est raisonnable, pourquoi ne pas y répondre
immédiatement? Ils attendent le changement depuis 1974.
Selon le livre blanc, les futurs CRA seront des centres d'accueil en
vertu de la Loi des services de santé et des services sociaux. Nous
sommes en accord avec cette politique, mais considérant le rôle
nouveau et bien particulier des CRA, nous recommandons d'éviter
l'intégration des centres actuels à des centres d'accueil ou des
centres hospitaliers existants ayant une mission différente.
Il est recommandé de créer une instance spéciale
à l'intérieur du chapitre 48 qui serait appelé CRA. Il
n'existe pas actuellement de professionnels et de techniciens
spécialisés dans la réadaptation sociale et
l'apprentissage des activités de travail. Le personnel de nos ateliers
s'est formé par l'expérience. Le Conseil québécois
des ateliers de réadaptation organise des sessions de formation, des
rencontres d'échanges, mais il serait nécessaire de cumuler
toutes les expériences pour élaborer scientifiquement des
méthodes de réadaptation les plus efficaces possible.
C'est pourquoi nous recommandons au ministère des Affaires
sociales et au ministère de l'Education, de voir à la formation
structurée du personnel des futurs CRA.
Le premier ministre, M. Lévesque, disait qu'il trouvait humiliant
de devoir présenter la loi 101 sur la langue française. L'Etat
devrait être aussi humilié de devoir présenter une loi sur
l'exercice des droits des personnes handicapées. Mais même si, sur
un plan idéologique, il aurait été souhaitable de ne pas
avoir une loi spécialement sur l'exercice des droits des personnes
handicapées, nous considérons que la loi 9 apporte des
éléments positifs dans une politique d'ensemble qui est
malheureusement encore un peu, si ce n'est beaucoup, boiteuse.
C'est pourquoi le Conseil québécois des ateliers de
réadaptation veut être le partenaire du gouvernement dans
l'application de cette loi et nous sommes heureux que le ministère des
Affaires sociales nous ait déjà demandé notre
collaboration. Tous les ateliers membres du Conseil québécois des
ateliers de réadaptation sont touchés par la loi 9 et le livre
blanc. Certains deviendront ateliers protégés, d'autres, centres
de réadaptation des adultes.
Il est primordial que dans le processus de changement, l'Etat respecte
les énergies que les bénévoles des conseils
d'administration et le personnel de nos ateliers membres ont mis à
bâtir le réseau actuel. C'est pourquoi l'Etat devrait former une
mission chargée de bien les informer, de recevoir leurs suggestions
d'avenir et de favoriser la concertation régionale entre les
différents organismes.
Nos membres sont prêts à accepter le changement, mais dans
le souci même d'un meilleur service à la clientèle, ils
veulent participer activement aux changements.
En terminant, nous résumons notre exposé par les
recommandations suivantes: 1) que l'Office des personnes handicapées
vise à ce que, dans dix ans, les services soient donnés aux
personnes handicapées, comme à tout autre citoyen, de sorte que
l'office puisse lui-même disparaître. 2) que l'Etat élabore
une politique globale et étapiste des services aux personnes
handicapées. 3) que l'Office des personnes handicapées soit
rattaché au ministre d'Etat au développement social. 4)que
l'Office des personnes handicapées ne donne pas de services directs,
mais vise essentiellement la promotion des intérêts des personnes
handicapées, la planification des services dans le cadre d'un politique
globale à élaborer, la recherche de nouveaux moyens
d'intervention, principalement en bas âge, et la coordination
interministérielle et interorganisme; 5)que la personne
handicapée désireuse d'un plan de services s'adresse à un
comité de concertation locale ou surrégionale formé des
organismes pouvant lui offrir des services, comité animé par le
représentant de l'office; 6)que les ateliers protégés
soient rattachés au ministère de l'Industrie et du Commerce; 7)
que l'Etat favorise plusieurs formes d'emplois protégés, comme
une compensation de l'employeur pour le manque de productivité d'une
personne handicapée et l'aide technique et pécuniaire à
des initiatives individuelles; 8)que l'Etat donne aux organismes de promotion
des ressources nécessaires à leur fonctionnement; 9)que les
futurs centres de réadaptation pour adultes aient les ressources
humaines nécessaires à l'atteinte de la mission qui leur est
fixée, de même que l'Etat consacre aux ateliers
protégés les sommes qui leur sont nécessaires; 10) que
l'allocation aux stagiaires en centres de réadaptation pour adultes soit
basée sur les principes de l'allocation donnée à tout
autre adulte qui veut parfaire son éducation et que ce changement se
fasse dès maintenant; 11)que l'Etat reconnaisse le statut particulier
des futurs CRA et évite de les rattacher à des centres d'accueil
et à des centres hospitaliers existants; 12) que l'Etat voit à la
formation de professionnels et de techniciens spécialisés en
réadaptation sociale et apprentissage aux activités de travail;
13)que dans le processus de changement qui s'en vient, le Conseil
québécois des ateliers de réaptation et chacun de nos
ateliers membres soient des partenaires actifs.
M. le Président, nous remercions cette commission de nous donner
l'occasion d'exprimer nos recommandations. Nous savons que vous leur donnerez
toute l'attention qu'elles méritent.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie,
au nom de tous les membres de la commission, de la présentation
de votre mémoire.
Nous nous retrouverons pour les questions après l'avis
donné par le leader en Chambre, cet après-midi,
c'est-à-dire tantôt, j'ai blagué un peu
probablement vers 15 h 15. Je vous remercie beaucoup.
La commission des affaires sociales ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 28)
Reprise de la séance à 17 h 4
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires sociales est réunie pour poursuivre
l'audition des mémoires concernant le projet de loi no 9 sur la
protection des handicapés.
Les membres de la commission sont M. Boucher (Rivière-du-Loup),
M. Charron (Saint-Jacques) remplacé par M. Gagnon (Champlain); M. Clair
(Drummond), M. Forget (Saint-Laurent), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel
(Limoilou), M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Marois (Laporte), M. Martel
(Richelieu), Mme Ouellette (Hull), M. Paquette (Rosemont), M. Saindon
(Argenteuil), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Shaw (Pointe-Claire).
Nous nous excusons de notre retard. Nous en étions rendus
à l'échange qui fait suite à la présentation du
mémoire du Conseil québécois des ateliers de
réadaptation.
M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier
chaleureusement le Conseil québécois des ateliers de
réadaptation pour ce qui est sûrement une des contributions les
plus éclairées et les plus pertinentes que nous ayons entendues
jusqu'à maintenant à cette commission. Je veux aussi en profiter
pour remercier ses membres pour le travail extrêmement précieux
qu'ils accomplissent depuis un certain temps, c'est-à-dire d'essayer de
regrouper ce que nous appelions, il n'y a pas si longtemps, les ateliers
protégés. Ils ont mentionné, dans leur mémoire, une
certaine satisfaction du fait que le ministère travaille de façon
de plus en plus étroite avec ce conseil québécois.
En gros, je dois dire que les remarques, dans l'allocution d'ouverture
de la commission de mardi dernier, rejoignent plusieurs des recommandations,
des suggestions qui nous sont faites dans le mémoire du conseil
québécois. Je dois donc dire que nous sommes à peu
près sur la même longueur d'ondes. Je vais commenter rapidement
quelques unes des principales recommandations. La première et je
me réfère à la page 12 des treize recommandations
principales... J'admire l'esprit d'optimisme de nos amis qui émettent
l'hypothèse que, dans dix ans, on aura suffisamment changé la
mentalité de notre société pour arriver à la
conclusion que l'office serait, à toutes fins pratiques, superflu.
Je l'espère. J'espère que cela sera réalisé.
C'est tout ce que je peux en dire parce qu'encore une fois, ce rôle de
coordination, de stimulation et d'ombudsman que l'office devra jouer, on
espère que, de plus en plus, des groupements locaux et régionaux
assumeront ce rôle et il est fort possible qu'à un certain moment,
l'office ne soit plus nécessaire.
Quant à la politique globale que vous réclamez,
évidemment, le livre blanc en a esquissé les grandes lignes. Le
projet de loi, avec les modifica-
tions qui y seront apportées, ajoute à ces grandes lignes.
Il y a aussi certains autres documents que j'appellerais plus
spécialisés, plus sectoriels comme un document portant sur la
réadaptation des enfants handicapés visuels et auditifs, document
qui circule actuellement dans tout le Québec à titre
consultatif.
Il y a plusieurs documents qui, réunis ensemble, et ce
sera une des premières responsabilités de l'office
formeront la pierre angulaire de ce qui deviendra la politique globale.
Vous demandez aussi que l'office soit rattaché au ministre d'Etat
au développement social. Il y a un autre mémoire qui fait la
même suggestion. Je comprends la logique qui sous-tend cette demande,
à savoir qu'étant donné que plusieurs ministères,
presque une dizaine de ministères, sont concernés et je
souligne en passant la présence du ministre délégué
au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports et
député de Saint-Jacques il peut être logique que la
coordination, par le biais de l'office, se fasse par un ministre d'Etat, plus
particulièrement celui au développement social.
Il n'a pas été jusqu'ici dans les coutumes encore jeunes
de ce gouvernement de confier des tâches administratives aux
différents ministres d'Etat. C'est la seule remarque que je peux faire
et on va quand même étudier cette hypothèse.
Je peux assurer aussi les gens que le ministre des Affaires sociales ne
cherche pas à agrandir un empire déjà trop
considérable.
La cinquième recommandation, à l'effet que la personne
handicapée désireuse d'un plan de services puisse s'adresser
à un comité de concertation local ou sous-régional et non
pas directement à la maison-mère de l'office, entre aussi tout
à fait dans la lignée de nos orientations.
Il y aura une décentralisation de cet office. Le premier ministre
a déjà dit, il y a plusieurs mois, qu'il souhaitait que
même l'office, dans ses quartiers généraux, soit
situé en dehors de Montréal ou de Québec, de façon
à souligner l'intention de décentralisation qu'a notre
gouvernement. Peu importe l'endroit où il sera situé, l'office
aura des filiales, pour ainsi dire, régionales qui pourront être
greffées, composées de gens qui sont déjà dans le
réseau de la réadaptation. Cela peut être par des centres
de réadaptation déjà existants, cela peut être par
des centres locaux de services communautaires, ou même des conseils
régionaux. Mais nous voulons utiliser au maximum toutes les ressources
existantes, localement et régio-nalement. L'autre proposition, c'est que
les ateliers protégés soient rattachés au ministère
de l'Industrie et du Commerce; là aussi je comprends le motif
derrière cette proposition. Nous allons étudier cette
proposition. Je ne la rejette pas, en principe.
Le numéro 9, que les centres de réadaptation pour adultes
aient les ressources nécessaires et que l'Etat consacre aux ateliers
protégés... Evidemment, cela aussi sera une des principales
tâches de l'office, celle de stimuler le gouvernement ou le
ministère ou le ministre qui sera responsa- ble, de façon qu'il y
ait des crédits importants d'alloués. Il est bien évident
qu'on a besoin de beaucoup plus d'ateliers protégés que nous n'en
avons actuellement. L'allocation aux stagiaires du centre de
réadaptation; il faut distinguer le centre de réadaptation de
l'atelier protégé, évidemment. Le principe de l'allocation
aux stagiaires, nous le reconnaissons comme étant très valable.
Vous avez fait allusion à la rencontre que nous avons eue il y a quelque
temps avec des représentants de votre groupe et je pense que nous ne
sommes pas loin d'une entente quant aux sommes qui sont impliquées.
Enfin, M. le Président, pour l'appellation de l'atelier
protégé, je retiens une des suggestions que vous faites: centre
de travail adapté.
Cela me paraît une appellation assez logique car dans le projet de
loi, nous parlons d'adapter des postes de travail dans l'entreprise publique ou
privée, sur le marché régulier du travail. Cela me
paraîtrait une contrepartie intéressante d'avoir non seulement des
postes adaptés dans l'entreprise, mais aussi d'avoir des centres de
travail complètement adaptés.
Je m'en tiens à ça, pour le moment, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous avez des
commentaires ou des précisions à apporter aux propos du
ministre?
M. Paquin: Des commentaires, M. le Président, c'est moins
houleux qu'à l'Assemblée, au départ. M. le ministre des
Affaires sociales semble bien conscient et a précisé qu'il y a
une longueur d'ondes qui s'est établie entre les organismes
consultatifs; c'est fort heureux qu'on le reconnaisse. D'ailleurs, les
recommandations qu'on fait semblent être retenues sans être trop
compromises. Maintenant, M. Capistran aurait une question à ce
sujet.
M. Capistran: J'aurais une question ou un commentaire concernant
l'allocation aux stagiaires. Il ne faut pas voir le problème simplement
comme étant une demande d'argent supplémentaire qu'ils auraient
à la semaine. Le problème est une question de statut. C'est
d'enlever le statut d'assisté social qui est très
déprimant pour nos stagiaires qui viennent en réadaptation. Ce
n'est pas seulement une question de montant, mais aussi une question de
statut.
M. Lazure: Je comprends fort bien, M. le Président, la
remarque de M. Capistran et je partage son optique entièrement. Il me
semble qu'on peut comparer, justement, la période de temps qu'un
stagiaire doit passer dans un centre de réadaptation à un stage
que fait n'importe quel étudiant adulte à l'intérieur du
reclassement de certains adultes. Moi aussi, je ne demande pas mieux qu'on
élimine une fois pour toutes le statut d'assisté social quand il
s'agit des handicapés.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: A mon tour, je vais me joindre au ministre des
Affaires sociales pour remercier et féliciter le Conseil
québécois des ateliers de réadaptation pour la
qualité de son mémoire. En dehors des suggestions fort utiles que
vous faites, j'ai l'impression que vous posez des jalons qui suggèrent
un dynamisme qui va au-delà de ce qui est contenu dans le projet de loi.
Je trouve cela extrêmement intéressant.
Par exemple, il y a deux points qui retiennent particulièrement
mon attention, c'est l'implication de chacun des ministères dont vous
parlez, de rattacher les ateliers au ministère de l'Industrie et du
Commerce et, en somme que chacun des ministères concernés se
sente vraiment impliqué.
Je pense que vous ne m'en voudrez pas de faire une certaine analogie
avec la condition de la femme c'est la première fois que je fais
cela en commission parlementaire où on dit aussi: La
journée où chacun des ministères impliqués verra
vraiment cela comme sa responsabilité, on aura fait un grand pas en
avant dans l'évolution des mentalités, dans l'acceptation des
personnes.
Je pense que c'est le message que vous transmettez ici, de les sortir un
peu de cette perspective souvent limitée que cela relève des
affaires sociales, avec tout ce que cela comporte de marginalisation quand on
fait appel à ce concept ou à cette notion. Je pense que dans ce
sens-là, c'est extrêmement intéressant.
L'autre message que vous passez, et que moi j'ai vu, c'est un peu cette
crainte que les pouvoirs de l'office, enfin, la place qu'éventuellement,
l'office pourrait occuper, pas nécessairement parce que c'est dans la
loi, mais parce qu'une fois qu'on est en place, on tend toujours à
prendre plus de place, ne devrait pas venir démobiliser une population
locale, ou la prise en charge par les populations, ou par les organismes
locaux, de même que paralyser un peu la créativité qui
devrait demeurer vraiment dans les régions respectives qui, d'ailleurs,
sont beaucoup mieux placées que l'office pour répondre aux
besoins de cette population. Je pense que c'est toujours un danger qui nous
guette quand on adopte une loi ou on crée un office ou une commission
qui, tout à coup, se voit accorder des pouvoirs très
importants.
Je pense que c'est un autre message qui m'apparaît important et
que, à ma connaissance, vous êtes le premier organisme à le
présenter d'une façon aussi éloquente n'est
peut-être pas le motexacte que vous le faites.
Il y a des recommandations intéressantes que vous faites,
auxquelles le ministre a fait allusion, par exemple le changement du nom de
l'atelier fermé en centre de travail adapté. Vous parlez
également de la question des salaires, de l'allocation aux stagiaires.
Je pense que le ministre semble d'accord là-dessus, cela me semble
très intéressant.
Il y a un autre point sur lequel vous nous mettez en garde. C'est la
participation des organismes de promotion.
Je pense que le ministre des Affaires sociales, autant que
moi-même, a été en mesure de réaliser, au cours de
ses activités professionnelles, comme je l'ai été
moi-même, vraiment le rôle important que ces organismes ont
joué dans le développement des ressources, dans la
sensibilisation des populations. Même si on les inclut dans l'office
à titre de représentants ou de membres de cet office, que ce soit
bien important qu'on leur laisse aussi le plus de latitude possible. Jamais on
ne pourra remplacer le dynamisme de ce type d'organisation, parce qu'il n'y a
rien qui ne menace plus, je pense, le progrès social ou la
sensibilisation d'un gouvernement ou d'une société que de tout
à coup retrouver tout le monde enrégimenté dans les
proches parents du fonctionnarisme, au fond. C'est un autre point que vous
faites valoir et qui est extrêmement important.
Une question que je voudrais vous poser; quand on travaille avec des
personnes handicapées, c'est fort heureux l'engagement qui se
développe à l'égard de ces personnes ou de ces groupes.
Parfois, on voit peut-être les choses d'une façon un peu trop
optimiste. C'est dans ce sens que je voudrais vous demander... Par exemple,
quand vous parlez, en page 7, concernant l'emploi protégé...
"Nous voudrions que l'Etat considère tout handicapé comme
susceptible d'occuper un emploi. L'expérience démontre qu'un
déficient intellectuel même profond peut accomplir un emploi si
nous prenons le temps et les moyens de lui permettre un apprentissage
adéquat".
Je suis en accord avec une bonne partie de ceci, parce que, finalement,
l'évaluation du déficient intellectuel dépend tellement
d'une foule de facteurs et non pas uniquement d'un quotient un peu
désséché; mais il reste quand même je ne sais
pas s'il n'y a pas une partie de vous et de désirs bien légitimes
de votre part que la réalité est peut-être dans les
faits un peu différente et il faudra garder des maisons de garde,
également des ateliers qu'on appelle d'occupations ou d'avantages mais
pas uniquement des ateliers où tout le monde pourra avoir un emploi.
M. Paquin: Pour répondre à votre question, Mme
Lavoie-Roux, il est vrai, certainement, que ce n'est pas utopique, que ce n'est
pas trop optimiste de penser que certains handicapés voire profonds
puissent réaliser des choses.
Je déplore le fait que la plupart des membres de cette
commission, des membres de l'Assemblée nationale n'aient pas
visité d'atelier protégé, au départ, dans la
province. Il y en a quarante. Je sais que nous sommes une minorité au
service d'une minorité.
En fait, nous, qui sommes vraiment impliqués de près dans
le domaine de la réadaptation et dans la réadaptation où
le moyen thérapeutique principal du moment est le travail, parce qu'on
n'avait pas d'autre choix, on a réalisé de grandes choses. C'est
bien entendu qu'il ne faut pas écarter les centres de
réadaptation pour adultes où on devra vraiment accentuer l'aspect
de la réadaptation sociale telle qu'elle est. Jacques?
M. Steingue (Jacques): Je voudrais simplement faire une remarque.
Tout handicapé, quel qu'il soit...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous pouvez vous
identifier aux fins du journal des Débats, s'il vous plaît?
M. Steingue: Jacques Steingue. Tout handicapé quel qu'il
soit, peut exercer un travail. C'est relié à une question de
tâches à l'intérieur d'une activité de travail, que
ce soit dans un centre de réadaptation pour adultes ou dans ce qu'on
appelle un atelier protégé, le fait est là. C'est
d'organiser des activités de travail en rapport avec leur potentiel.
Mme Lavoie-Roux: L'autre question que je voudrais vous poser
concerne les principes que vous avez énoncés au départ,
à savoir que vous êtes bien d'accord avec le projet de loi dans le
sens qu'on accorde des droits beaucoup plus grands et qu'on se préoccupe
davantage des handicapés. Vous mettez l'accent sur le fait que
peut-être, et c'est dans ce sens que vous parlez d'étapisme, on
devrait peut-être aussi avoir mis l'accent davantage sur les soins des
zéro à trois ans en premier lieu, et enfin jusqu'aux 18 ans, et
que ceci semble avoir été quelque peu oublié dans ce
projet de loi.
Compte tenu de l'expérience que vous vivez présentement et
de votre connaissance des ressources actuelles, tant au plan éducatif,
au plan de réadaptation, entraînement professionnel et tout,
est-ce que vous seriez capable de développer un peu quelles seraient
pour vous les priorités dans ce groupe d'âge, de zéro
à trois ans, trois ans à dix-huit ans, les besoins qui devraient
être comblés et qui n'existent pas et vous semblent vraiment des
carences qui, finalement, limitent le développement total de
l'handicapé devenu adulte, parce que c'est évident qu'il y a
encore beaucoup de carences, on le sait. Quels seraient pour vous, dans ce
groupe d'âge, les besoins que vous identifieriez comme les plus
importants à combler dans un avenir le plus rapproché
possible?
M. Steingue: Je veux seulement faire une remarque encore
concernant ce groupe d'âge dont vous parlez. Je vais vous donner un
exemple je ne parlerai pas des priorités, un autre en parlera
seulement pour vous dire à quel point c'en est rendu. Cela date
d'avant-hier.
J'ai rencontré deux personnes à Montréal. Ce sont
une dame et un homme qui ont un enfant mongol de 18 mois. Ces personnes se sont
adressé au CLSC de leur région pour que la garderie puisse
prendre ce petit bonhomme durant la journée. On a refusé en
disant que cela serait au détriment des autres enfants qui sont
là. C'est un organisme du domaine du social.
M. Lazure: Vous comprendrez, M. le Président, que je ne
peux pas m'empêcher de réagir à cela. Je trouve
évidemment cela tout à fait inacceptable. Encore une fois, ce
n'est pas parce que ces personnes sont des employés dans un service du
réseau des affaires sociales qu'elles ont compris. Il y en a encore
plusieurs qui n'ont pas compris, un peu comme toute la société en
général. Je veux juste ajouter, en rapport avec cela on
n'en a pas parlé depuis l'ouverture de la commission puisqu'on
parle d'enfants maintenant, il y a presque un an, suite à l'augmentation
des crédits pour les garderies, nous avons ajouté une clause
nouvelle dans les réglementations de garderie qui permet à chaque
garderie qui admet jusqu'à 20 à 25% d'enfants inadaptés
d'avoir une subvention additionnelle pour permettre d'avoir du personnel
additionnel. Il est bien clair que, pour nous, l'enfant handicapé, quel
que soit son niveau, préscolaire ou scolaire, doit être
intégré le plus souvent possible dans le courant régulier,
dans la garderie pour l'ensemble des enfants, comme pour l'école qui est
destinée à l'ensemble des enfants.
M. Paquin: Pour répondre à votre question, Mme
Lavoie-Roux, c'est que ce qui nous touche le plus, ce sont les 18 ans qui
doivent sortir des centres d'accueil actuels, des centres de
réadaptation, qui sont référés à nos
ateliers protégés on les appelle malheureusement comme
cela, l'appellation va changer . Ces jeunes, bien souvent, arrivent chez
nous sans autonomie. Ils devraient avoir acquis cette autonomie à
l'intérieur d'un CRA, à l'intérieur du centre d'accueil.
On déplore cela. On veut les orienter vers l'atelier
protégé et bien souvent il faudrait avoir, en atelier
protégé, justement un secteur réadaptation au
départ. De la structure organisationnelle des ateliers actuels, il est
à peu près impossible. De là les listes d'attente, de
là le "output" qui ne se fait pas à partir du centre d'accueil,
CRA, à l'atelier protégé excusez-moi l'anglicisme
mais il y a un "bottle neck" qui se fait là. Est-ce que cela
répond à votre question?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Dans le fond, c'est peut-être au
niveau des programmes à l'intérieur du système
d'éducation, mais aussi au niveau des ressources d'accueil. Il semble
exister encore des carences. Les programmes éducatifs destinés
aux enfants handicapés, quel que soit leur handicap, ne sont pas encore
adéquats.
M. Paquin: Je déplore ce fait, mais par contre il n'est
pas tout à fait de notre ressort de vraiment critiquer ou blâmer
ce qui se passe dans ces centres d'accueil parce que, en fait, nous sommes
vraiment impliqués au niveau de la réadaptation via l'atelier
protégé. On déplore certaines lacunes. Je ne me vois pas
ce n'est pas mon rôle ici je pense que d'autres organismes
savent ce qui se passe. Je déplore les lacunes. Il y a évidemment
les questions de financement, les questions de personnel, aussi les questions
de clientèle. C'est bien difficile pour nous de nous impliquer dans ce
domaine.
Mme Lavoie-Roux: Ma dernière question, si le ministre des
Affaires sociales veut y répondre, c'est à lui que je veux la
poser. Je le référerais à la page 10, troisième
paragraphe. "Il n'existe pas ac-
tuellement de professionnels, de techniciens spécialisés
dans la réadaptation sociale et dans l'apprentissage aux
activités de travail. C'est pourquoi nous recommandons au
ministère des Affaires sociales et au ministère de l'Education de
voir à la formation structurée du personnel des futurs CRA."
M. Lazure: J'ai mis un gros point d'interrroga-tion devant ce
paragraphe. Je comprends la question. C'est vrai et ce n'est pas vrai. Je pense
comprendre ce que le groupe veut dire. Il existe plusieurs groupes
professionnels ou non professionnels qui oeuvrent actuellement dans ce domaine,
que ce soit la partie apprentissage au travail, incluant l'intégration
du marché régulier du travail, ou que ce soit la partie
intégration sociale, ou apprentissage de la vie en
société. Dans cette deuxième section, on a recours,
habituellement, au service social, dans son sens large du terme, les
travailleurs sociaux professionnels ou les techniciens en aide sociale. Dans la
première partie, c'est moins clair. On a parfois des pédagogues.
On a des moniteurs d'ateliers. On a parfois des conseillers en orientation.
Il est vrai de dire qu'il n'existe pas une profession qui aurait la
compétence entière pour prendre le handicapé dès le
début et le mener jusqu'à son intégration complète
dans la société. Il n'existe pas une profession polyvalente. Il
existe des morceaux un peu spécialisés. C'est un problème,
mais je ne suis pas sûr qu'il faille développer une autre
spécialité, une autre profession. Je ne suis pas sûr.
M. Paquin: Permettez-moi, M. le Président. M. Gauthier
pourrait peut-être répondre à cette question. C'est fort
bien ce que vous dites, mais en fait, on a des éducateurs
spécialisés. C'est sûr, mais on pourrait avoir des
éducateurs spécialisés et améliorer la
spécialisation en fonction de l'atelier protégé,
éventuellement.
M. Gauthier, s'il vous plaît.
M. Gauthier: M. le Président, ce que le Conseil
québécois yeut particulièrement dire pour la formation de
personnel, c'est ceci: Lorsqu'on parlait tout à l'heure de centres
d'accueil qui s'occupaient des enfants et qui étaient structurés
avec du personnel pour les enfants, mais qu'au niveau des adultes, ils ne
l'avaient pas, ce qui se passe au niveau du personnel spécialisé,
c'est l'inverse. Au niveau des enfants, on a quelque chose qui s'appelle
l'éducation spécialisée. Dans beaucoup de CEGEP du
Québec, il y a des programmes d'éducation
spécialisée pour former des éducateurs
spécialisés pour les enfants surtout.
Il y a quelques endroits dans la province où on a certains
programmes pour les adultes, mais ce sont des besoins régionaux
identifiés comme tels.
A cet égard, j'ai siégé à un comité
MAS-MEQ où on tentait de redéfinir la tâche et la fonction
d'un éducateur spécialisé afin qu'il puisse
répondre aux besoins des enfants et des adultes. Il y a des gens
impliqués dans le milieu qui travaillent depuis des années au
niveau des enfants qui se demandaient qu'est-ce que pouvait bien avoir de
différent un adulte lorsqu'on avait suivi un cours d'éducateur
spécialisé pour les enfants.
Alors, une fois que ces gens ont compris la différence, la
redéfinition, comment le structurer... mais nous disons au Conseil
québécois qu'il ne faudrait pas que cela prenne un temps
énorme, parce qu'en attendant, il y a des handicapés qui seraient
prêts, éventuellement, à recevoir un soutien plus
précis de la part d'éducateurs ou de professionnels pour les
adultes, mais ils ne le reçoivent pas présentement.
Nous trouvons cela déplorable. On fait de nos pieds et de nos
mains pour essayer de leur donner le support adéquat. Il n'est pas
toujours sûr qu'on y parvient. Alors, on essaie, à
l'intérieur de notre organisme, de former notre personnel
déjà en place, mais c'est petit comme effort et le besoin est
énorme.
C'est ce que nous voulons dire par formation de personnel
spécialisé qui relèverait de l'Etat, donc qui serait plus
facile d'accès pour les gens en place et le futur personnel des CRA et
des ateliers protégés.
Mme Lavoie-Roux: Je me demande, M. le Président, si le
problème que nos invités signalent n'est pas similaire, dans le
fond ce ne sera pas une consolation pour vous autres à
celui qu'on rencontre dans tout le domaine de l'éducation des adultes
où, finalement, on a simplement transplanté je parle
toujours d'une façon générale, je pense qu'il y a une
légère évolution des éducateurs de
l'enseignement primaire et secondaire à l'enseignement des adultes alors
qu'il y a des approches qui doivent être différentes. Je pense que
les universités ont commencé à réfléchir un
peu là-dessus. Cette préoccupation devra avoir un prolongement,
dans le sens des besoins spécifiques dont la population que vous servez
a besoin.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Merci, M. le Président. Premièrement, je
voudrais aussi féliciter le conseil pour son mémoire qui est si
bien fait. Quand j'ai lu ce document, c'était une bonne
préparation au projet de loi, même si presque tout le projet de
loi sera changé. Je vois aussi que vous avez les mêmes craintes
que celles de presque tous les témoins en ce qui concerne les pouvoirs
et la fonction de l'Office des handicapés. J'espère que le
ministre et je crois que le ministre est aussi conscient que nous avons besoin
de conserver le rôle du secteur privé, le secteur communautaire
dans le domaine des handicapés. J'ai noté le principe que vous
avez présenté, c'est-à-dire intégrer non seulement
les handicapés dans les lieux, mais préparer les lieux pour les
accepter comme il faut.
J'ai quelques petites questions sur les subventions aux industries qui
acceptent des handicapés au lieu de les employer dans des ateliers
fermés,
ou des ateliers spécialisés. Dans quel sens
prévoyez-vous que nous pouvons faire ces subventions sans que ce soit
sous forme d'aide sociale?
M. Capistran: II s'agit de subventions qui sont données
aux handicapés qui travaillent dans une entreprise privée. C'est
bien cela, votre question?
M. Shaw: C'est cela.
M. Capistran: Nous avons pris l'idée d'après des
informations que nous avons eues du régime existant en Suède
où il y a des emplois protégés dans l'industrie
privée et le gouvernement compense jusqu'à 40% du salaire qui est
donné à la personne handicapée. C'est une formule qui
existe en Suède et c'est là qu'on a pris l'idée.
M. Shaw: Est-ce que je peux poser la même question au
ministre? Parce que j'ai entendu dire que le système suédois
donne des subventions directement aux compagnies au lieu de produire un effet
négatif sur les entreprises privées; c'est une forme qui a un
effet positif.
M. Lazure: On a parlé ce matin et hier du mécanisme
de subventions que nous prévoyons déjà dans le texte de
loi. Par exemple, on le prévoit pour l'adaptation de postes au travail.
On prévoit un mécanisme de subventions aux entreprises pour
adapter des postes pour certains handicapés.
Nous en avons discuté ce matin aussi; je pense que c'est avec la
chambre de commerce qui préconisait plutôt des exemptions
d'impôt. Notre position, actuellement, c'est plutôt vers la
subvention qui est plus facilement comptabilisable et qui semble
répartir plus équitablement, surtout en rapport avec les petites
entreprises qui seraient moins avantagées si c'était des
exemptions d'impôt.
M. Shaw: II y a un autre endroit important dans ce domaine, c'est
la fonction publique elle-même. C'est évident qu'avec toutes les
régies que nous sommes en train de former, ça prend du personnel
aussi. Est-ce que le ministre a des postes pour un pourcentage des
handicapés dans le service public du Québec?
M. Lazure: Oui, j'ai donné l'exemple, l'autre jour, d'une
action que nous avons prise au ministère des Affaires sociales, il y a
déjà plusieurs mois, et à la Régie de
l'assurance-maladie. Nous avons émis la directive à notre service
du personnel de réserver 2% des emplois des fonctionnaires à
notre ministère et à la Régie de l'assurance-maladie pour
les personnes handicapées. J'ai écrit aux autres
ministères du gouvernement pour les encourager à faire la
même chose.
M. Shaw: J'ai eu la chance hier de visiter le festival de la
citrouille, Pumpkin Festival, où j'ai eu l'occasion de voir les produits
faits dans vos ateliers. Je peux constater que cela a du bon sens et on doit
faire un marché pour ces produits, vers l'extérieur du
ministère de l'aide sociale, comme vous avez suggéré, cela
aurait du bon sens. Mais est-ce que ça représente, vous parlez de
40 ateliers, en comparaison avec la Suède ou les autres provinces
canadiennes, est-ce que nous avons du succès dans ce domaine au
Québec?
M. Paquin: On a sûrement du succès avec nos ateliers
protégés au Québec, mais ça prendrait des ateliers
protégés améliorés, comme je le disais
tantôt. Vous dites que vous avez visité le festival de la
citrouille, je déplore le fait et le conseil québécois a
vraiment honte d'un festival des citrouilles. Vous avez vu des belles choses,
c'est vrai, mais c'est un festival tenu sous l'égide de la pitié,
vente du handicapé sous la pitié. Quand on vend trois citrouilles
$1400 la citrouille, on peut faire sept tartes avec ça, ça fait
$200 la tarte, ce n'est plus le "fun" en 1977. Je pense bien que le conseil
québécois qui s'implique davantage dans la distribution d'un
réseau de marketing pour ces produits, qu'il réponde à des
normes de consommation, des normes de compétition, doit oublier cette
espèce de bénévolat.
Je ne le dénigre pas, on en a besoin pour certains ateliers qui
ne produisent pas suffisamment pour permettre d'écouler leurs produits
sur un réseau normal d'écoulement. Par contre, si on
considère les ventes globales des 40 ateliers protégés,
l'an passé, pour l'exercice se terminant le 31 mars 1977, on a vendu
pour $1 939 371.
M. Shaw: Cela représente...
M. Paquin: Je peux dire qu'environ 50% des ateliers
protégés actuels participent quand même avec une production
assez élevée. Je peux vous citer le cas de deux ateliers
protégés au Québec qui produisent ensemble au-delà
de 3/4 de million de dollars à eux seuls, avec à peu près
100 handicapés.
M. Shaw: Et vous avez combien de personnes impliquées dans
les ateliers maintenant?
M. Paquin: Au niveau clientèle, stagiaires, travailleurs
stagiaires qui bénéficient, qui participent à nos
programmes, 2143, pour un budget global, un apport du ministère des
Affaires sociales, de $7 millions.
M. Shaw: Mais un septième est payé par la
production de votre...
M. Paquin: Dans la plupart des ateliers malheureusement,
certains ne s'autofinancent pas à cause des régions
éloignées, à cause des produits fabriqués, il y a
des lacunes, ce qui existe n'est pas nécessairement bon sur toute la
ligne la clientèle influence aussi la production, les
équipements influencent la production. C'est sûr qu'on doit
développer d'autres ateliers protégés.
M. Shaw: Est-ce que vous avez pensé, quant à la
question d'identité et d'identification, c'est fa-
cultatif, pensez-vous que les handicapés impliqués vont
être craintifs de ne pas être enregistrés?
M. Paquin: Ils ne sont pas craintifs, ils réclament
eux-mêmes un statut de travailleurs. Même si ce sont des
travailleurs handicapés, ils réclament leur statut. M. le
ministre Lazure les a rencontrés, ils réclament ce statut. Ils
n'ont pas vraiment peur de recevoir un salaire minimum. La loi 9 parle beaucoup
plus d'ateliers protégés que de CRA, de centres de
réadaptation. Ils n'ont pas peur d'avoir un salaire minimum.
Je vous mets en garde contre une chose qui existe, que je déplore
dans nos ateliers protégés actuels, c'est le fait que des gens
qui produisent des biens de consommation ne sont même pas couverts par la
Loi des accidents du travail. On n'en parle peut-être pas dans notre
mémoire, mais on vit cette question.
Le Conseil québécois a dû s'assurer que tous ses
membres aient une police d'assurance couvrant quelqu'un qui pouvait se couper
une main, par exemple. Ce sont de petites choses comme celles-là qui,
dans l'ensemble, ont besoin de s'améliorer, pour vous situer.
M. Shaw: Merci.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre, est-ce que vous
voulez conclure?
M. Lazure: Non, sauf remercier le groupe du Conseil
québécois et le féliciter pour l'excellent travail qu'il a
présenté.
Le Président (M. Marcoux): Avant le mot de la fin,
j'aimerais vous remercier également, au nom de tous les membres de la
commission, car en plus de la rédaction de votre mémoire, vous
avez pris le temps de faire une synthèse de ce mémoire qui a
été adaptée aux événements récents,
par exemple, suite à la présentation de la pétition du
CEDAP d'Alma, au nom de l'ensemble de ses travailleurs. Je pense que plusieurs
l'ont appréciée. Je me devais de le signaler.
Je voudrais vous signaler également que plusieurs des
députés ici présents n'ont pas eu l'occasion de visiter un
atelier protégé, mais nous avons eu le plaisir de visionner, au
début de nos travaux, un film réalisé par le CEDAP d'Alma,
qui nous a mis en situation; même si nous n'avons pas tous eu le plaisir
de visiter un atelier protégé, jusqu'à maintenant.
Je vous laisse le mot de la fin.
M. Paquin: Avant le mot de la fin, M. le Président,
permettez-moi de revenir à la page 9. Je semble vouloir insister, M. le
ministre des Affaires sociales, mais on parle du statut d'assisté
social.
Ma grande crainte et la grande crainte des membres du Conseil
québécois des ateliers membres est la suivante: Si jamais cette
loi n'était pas adoptée, qu'adviendrait-il du fameux statut
d'assisté social qu'on colle à nos handicapés en atelier
protégé? Est-ce que, par voie de règlement ré-
troactif, on ne pourrait pas... Il y a 300 000 assistés sociaux au
Québec; dans les ateliers protégés, il y en a 2000. Pour
l'amour du Ciel, faisons quelque chose pour eux.
M. Lazure: Vous dites, si jamais le projet de loi n'était
pas adopté, je ne sais pas sur quoi vous fondez cette note pessimiste. A
ce que je sache, le gouvernement au pouvoir a une majorité assez
confortable. J'ai toutes les raisons de croire que...
Mme Lavoie-Roux: Nous n'avons pas l'intention non plus de le
saboter, on va peut-être essayer de l'améliorer.
M. Lazure: C'est cela. Vous voyez les témoignages des deux
partis de l'Opposition. J'ai toutes les raisons de croire sérieusement
que le projet de loi sera adopté assez rapidement, le plus rapidement
possible. Je pense que là-dessus on peut vous rassurer.
M. Paquin: Je vous remercie, M. le ministre. Permettez-moi de
souligner aux membres de cette commission que nous avons trois travailleurs
stagiaires en ateliers protégés qui sont partis de
Montréal, d'Alma et de Charlevoix en les personnes de Serge Boudreault,
Patrice Fraïoli et Onésime Henry.
Je vous remercie, M. le Président, MM. les membres de cette
commission, MM. les députés. J'espère que vous n'oublierez
pas que le Conseil québécois est l'organisme impliqué de
près avec le ministère des Affaires sociales, et de nous retenir
comme partenaires éventuels. Merci.
Le Président (M. Marcoux): C'est enregistré au
journal des Débats.
J'inviterais maintenant le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec à venir présenter son mémoire. Je vous
invite à vous présenter et à présenter vos
collègues. D'ici la fin de cette période, à 18 heures,
vous pouvez présenter votre mémoire. Si vous n'avez pas
terminé la présentation du mémoire, même s'il faut
prolonger de quelques minutes, je pense qu'on sera d'accord pour... L'ensemble
des députés sont engagés à 18 heures.
Présentez votre mémoire. De toute façon, on
complétera à partir de 20 heures.
Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec
M. Fréchette (Jean-Guy): M. le Président, M. le
ministre, Mme et MM. les députés, il me fait plaisir, au nom du
Syndicat des fonctionnaires, comme vice-président mon nom, c'est
Jean-Guy Fréchette de vous présenter le bref
mémoire que nous avons préparé à ce sujet sur le
projet de loi no 9.
Pour préparer ce mémoire, j'ai eu l'entière
collaboration de mes deux collègues, premièrement, Yves Carrier,
secrétaire adjoint du président du Syndicat des fonctionnaires et
Me Jean Poudrier, conseiller juridique du Syndicat des fonctionnaires.
Pour ce faire, suite au projet d'amendement ou à la
déclaration que le ministre a faite concernant le projet de loi no 9, il
est évident que nous aurions peut-être un exposé sommaire
à vous faire qui n'était pas compris dans le mémoire que
nous avons déposé dû au fait que certains exposés
compris dans la déclaration du ministre rencontrent certaines de nos
demandes à ce sujet.
Si vous nous permettez, c'est seulement un bref mémoire de deux
pages que je vais vous lire pour vous donner un peu une idée de ce qu'on
pense de la déclaration du ministre à ce sujet.
M. le Président, permettez-nous, avant de commencer la lecture de
notre mémoire sur le projet de loi no 9, de commenter sommairement
l'exposé du ministre des Affaires sociale lors de l'ouverture de la
présente commission parlementaire. En premier lieu, nous aimerions
reprendre les différents points de la politique gouvernementale du
Québec à l'égard des personnes handicapées, nous
identifiant aux objectifs visés par le gouvernement; ceci, dans le but
de faire le parallèle entre, d'une part, l'exposé du ministre des
Affaires sociales et, d'autre part, notre mémoire. Le premier but
visé par le gouvernement par ce projet de loi est la promotion,
l'autonomie des personnes handicapées. Nous vous référons
donc à la page 2 du préambule de notre mémoire,
deuxième paragraphe, où nous disons que la préoccupation
de l'Etat employeur à l'égard de ces handicapés doit
d'ailleurs, à notre avis, être totale, coordonnée,
quotidienne et efficace.
L'Etat employeur, avec la collaboration du Syndicat des fonctionnaires
provinciaux, devrait être l'exemple à suivre et devrait engendrer
l'éveil de la conscience sociale de tout employeur et syndicat au
Québec.
A la conclusion de notre mémoire, nous soulignons que nous
reconnaissons le droit au travail des handicapés et la
nécessité de leur valorisation. Le deuxième but
visé par cette politique du gouvernement est de développer et de
maintenir au maximum les handicapés, les capacités des personnes
handicapées. Nous vous demandons donc de faire référence
aux pages 4 et 5 de notre mémoire, division C, laquelle division traite
des emplois réservés et du reclassement favorable et des
structures gouvernementales et ministérielles d'exécution, de
même qu'à la page 3 de notre mémoire, deuxième
paragraphe, où nous disons qu'il aurait suffi qu'un représentant
du ministère accepte la proposition syndicale et celle l'INCA,
c'est-à-dire l'utilisation d'un Visualteck par M. Lavoie, pour que
celui-ci puisse accomplir son travail avec rendement. Cette offre fut
carrément refusée et ce, à maintes reprises.
Pour ce qui est des buts des articles 3 et 4 de la politique
gouvernementale, à savoir dans l'ordre: adapter les équipements
aux besoins des personnes handicapées, et quatrièmement,
favoriser l'intégration des personnes handicapées aux
activités et aux situations de vie considérées comme
normales dans notre société, nous référons à
la page 4 de notre mémoire où nous disons que chaque
ministère devrait avoir, au sein de son service du personnel, un
responsable dont la tâche principale consisterait à voir à
l'application de ce projet de loi. Ce représentant, plus ouvert aux
problèmes des handicapés, verra à sensibiliser les cadres
de ce ministère, à surveiller l'application de la loi et assister
quotidiennement les handicapés dans leurs besoins. De même
qu'à la page 5 où nous disons, au cas où un reclassement
est nécessaire, c'est un comité tripartite qui devrait s'occuper
de cette tâche. Ce comité serait composé d'un
représentant de l'employeur, c'est-à-dire le gouvernement du
Québec, dans le cas qui nous préoccupe, d'un représentant
du syndicat et d'un représentant choisi par les deux parties dans un
organisme compétent, compte tenu du handicap de l'employé.
L'exemple de l'INCA pour les aveugles.
Nous disons de plus que la loi devrait prévoir l'obligation
d'impliquer le syndicat lorsqu'il s'agit d'une entreprise syndiquée et
les modalités d'une telle implication. Nous soulignons que le
reclassement favorable de l'employé doit se faire dans un emploi
où son handicap ne lui nuit pas, ou au contraire pourrait l'aider. Par
exemple un handicapé de l'ouïe affecté à un lieu de
travail à hauts décibels. Aucune perte de salaire ne doit
résulter de ce reclassement pour l'employé. Nous continuons en
affirmant que les règlements découlant de la loi devraient aussi
prévoir un schéma d'exécution ou de modalités
d'application de la loi semblable à ce que nous vous proposons. Le
système actuel n'implique le syndicat qu'après la soumission d'un
grief par l'employé et est inhumain pour l'employé
handicapé. Les cas handicapés ne doivent pas, en principe,
être traités en arbitrage devant un juge.
Le cinquième objectif visé par la politique du
gouvernement, à savoir assurer progressivement la prise en charge par
l'Etat des coûts entraînés par un handicapé, nous
vous référons à la page 5 de notre mémoire, au
deuxième paragraphe où nous disons que cette valorisation peut
s'effectuer dans certains cas par l'achat d'un appareil qui supprime le
handicap, par exemple, Visualteck. Aucun reclassement de l'employé n'est
alors nécessaire et le coût d'achat ou de location d'un tel
appareil devrait être subventionné en partie ou en totalité
par la Régie de l'assurance-maladie.
Nous sommes heureux de voir aussi que le ministre traite l'office
institué par le projet de loi comme un instrument d'intervention.
Cependant, nous tenons à vous souligner que, quant à nous,
l'office devrait avoir le pouvoir de lier la couronne lorsqu'il rend la
décision, tout au moins, lorsque cette décision doit s'appliquer
à l'Etat employeur. Et v0us admettrez avec nous qu'il est important de
remettre à l'office un tel pouvoir puisque, comme le souligne le
ministre dans son exposé à la page 5, et nous citons: "L'office
pourra aussi jouer, de concert avec les organismes et ministères
concernés, le rôle d'éducation population en matière
de prévention des handicaps physiques et mentaux".
Il va sans dire, quant à nous, que les préoccupations de
l'Etat employeur à l'égard de ses em-
ployés handicapés doivent être quotidiennement
efficaces. L'Etat employeur doit être l'exemple à suivre et doit
engendrer l'éveil de la conscience sociale de tout employeur et syndicat
au Québec. Nous allons maintenant passer à la lecture du
mémoire comme tel et pour cela, je vais demander à Yves Carrier
de le lire.
M. Carrier (Yves): Ce document s'inspire de l'expérience
vécue par des handicapés travaillant au gouvernement du
Québec. Jusqu'à un certain point, il se veut le prolongement de
différentes démarches rendues nécessaires par le manque de
compréhension de plusieurs gestionnaires du gouvernement du
Québec vis-à-vis de ses employés handicapés ou
devenus handicapés.
Une mise en garde s'impose avant d'aller plus loin. Certains documents
accolés au présent mémoire ne relèvent pas de la
science-fiction, mais bien de la réalité tandis que le contenu de
certains autres pourront faire naître dans votre esprit la révolte
contre le chantage qui se produit, à un certain moment, dans la vie d'un
fonctionnaire handicapé.
Nous ne voulons pas que vous vous instituiez juge contre des personnes
utilisant de telles méthodes envers des handicapés.
Nous reherchons plutôt de votre part un consensus afin que les
fonctionnaires de l'Etat, ayant à supporter un handicap et/ou devenant
mafheureusement handicapés, soient intégrés à
l'application du projet de loi 9, loi assurant l'exercice des droits des
personnes handicapées. Nous espérons que ce document pourra vous
aider à soumettre une loi assurant l'exercice des droits des personnes
handicapées qui soit à la hauteur des aspirations
légitimes des employés handicapés de la fonction publique
québécoise, non seulement dans leur vie de citoyen: accès
aux édifices publics, à des logements adaptés à
leurs besoins. etc., mais surtout à leur vie au travail. La
préoccupation de l'Etat employeur à l'égard de ses
handicapés doit d'ailleurs, à notre avis, être totale,
coordonnée, quotidienne et efficace. L'Etat employeur, avec la
collaboration du Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec,
devrait être l'exemple à suivre et devrait engendrer
l'éveil de la conscience sociale de tout employeur et syndicat au
Québec.
Ce mémoire a pour but d'étudier la situation des personnes
handicapées travaillant dans la fonction publique, de suggérer
à cet égard certains amendements et améliorations à
leurs conditions de travail. Nos recommandations ou suggestions sont aussi
applicables sous plusieurs aspects au secteur parapublic ou privé.
Notre mémoire se divise ainsi: Situation antérieure
à la convention collective 1975-1978 et volonté syndicale de
correction de cette convention, nécessité de lier la couronne,
emplois réservés, reclassement favorable et structures
gouvernementales et ministérielles d'exécution, dispositions
transitoires, et à la fin, conclusion.
Les arbitres nommés aux différentes conventions
collectives de la fonction publique ont toujours reconnu le droit des
employés malades temporairement sentence Gaston Robert, vous
pourrez voir notre annexe a) ces employés ont droit d'utiliser
leur caisse de congés de maladie et sont couverts par le régime
d'assurance-maladie. Toutefois, lorsqu'il s'agit d'une maladie persistante,
constante et définitive, l'approche n'est plus la même...
Le Président (M. Marcoux): Si vous le permettez, je vais
vous interrompre parce que les membres de cette commission sont tous attendus.
Alors, nous reprendrons nos travaux tantôt. Je suspends la séance
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 19
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
J'inviterais nos invités, le Syndicat des fonctionnaires
provinciaux du Québec, à poursuivre la présentation de
leur mémoire et à être le plus concis possible pour que
s'engage le plus tôt possible le dialogue avec les membres de la
commission.
M. Carrier (Yves): Alors, je continue. Si l'employé
devient incapable physiquement d'accomplir ses tâches de façon
significative cinq mois sur douze et persistante, il est
congédié. Exemple: sentence Tancrède Lavoie, notre annexe
B. Ni l'arbitre, ni la convention collective ne peuvent obliger le gouvernement
à être humanitaire. Devant une telle situation, le syndicat, dans
ses demandes pour le renouvellement de la convention collective expirée
en 1975 désirait qu'il n'y ait aucune discrimination contre un
fonctionnaire à cause de sa race, ses croyances religieuses ou leur
absence, son sexe, sa langue, son ascendance nationale, son origine sociale,
son état physique ou psychologique et ses opinions politiques.
Cette demande syndicale fut rejetée par le gouvernement.
Pourtant, notre demande se rapprochait, quant aux personnes visées, de
l'article 1-M de votre projet de loi et, quant à ces droits, des
articles 2 et 73. Voulant empêcher le congédiement des
handicapés et devant le refus patronal de la demande
précitée, le syndicat dut convenir que l'employeur pourrait
rétrograder un handicapé, ou qu'un handicapé pourrait
lui-même demander sa rétrogradation, mais le gouvernement exigea
que tout soit sous réserve du droit de l'employeur de le
congédier.
Nous avons cru que, logiquement, l'employeur replacerait le
handicapé dans un travail lui convenant, quitte à ce que ce
déplacement entraîne une certaine baisse de salaire, mais tel ne
fut pas le cas. Ainsi, au ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières, M. Georges-Henri
Lavoie, qui travaillait à ce ministère depuis sept ans, et dont
l'état visuel n'avait substantiellement pas changé depuis son
embauche, a été, pour incapacité physique, mis en demeure
d'accepter d'être placé sous le régime de
l'assurance-salaire. Lorsque deux ans d'assurance-salaire se seront
écoulés, il est évident qu'il sera congédié.
Il aurait suffi qu'un représentant du ministère accepte la
proposition syndicale et de l'INCA de l'utilisation d'un Visualteck pour M.
Lavoie pour que celui-ci puisse accomplir son travail avec rendement. Cette
offre fut carrément refusée, et ce, à maintes
reprises.
En annexe C, nous reproduisons certains écrits illustrant le cas
précité, mais nous ne voulons pas discuter un cas personnel. Nous
voulons plutôt voir l'avenir de façon positive et constructive.
Nous ne pouvons que féliciter le gouvernement d'avoir introduit
l'article 104 dans son projet. Il est capital que cet article soit
adopté. La conscience sociale du gouvernement devrait même
être non pas égale, mais supérieure à celle de
l'entreprise privée, qu'elle lie par ce projet. Il est à noter
toutefois que ce projet renvoie à d'autres lois dont certaines
pourraient ne pas lier la couronne. Certaines lois, comme le Code du travail,
lient au moins sur certains sujets, le gouvernement. Mais, dans le
passé, le ministère du Travail a toujours omis de nommer un
conciliateur lorsque le gouvernement était partie à la
négociation.
De la même façon, il faudrait être certain que
l'Office des personnes handicapées du Québec puisse dans la
réalité contraindre le gouvernement. A notre avis, il ne suffit
pas de décréter que la loi lie la couronne, il faudrait que dans
la réalité quotidienne l'office lie la couronne. Il est urgent
pour l'exécution de ce projet de loi que le gouvernement évalue
le nombre de handicapés à son emploi et identifie les emplois
réservés. Ce travail devrait se faire en coopération aveo
le syndicat. Dans certains pays, par exemple, la Suède, des emplois sont
réservés aux handicapés. Exemples: archives, informations
par téléphone, perforation de cartes d'informatique, etc. chives,
informations par téléphone, perforation de cartes d'informatique,
etc.
Chaque ministère devrait avoir au sein de son service du
personnel un responsable dont les tâches principales consisteraient
à voir à l'application de ce projet de loi. Ce
représentant, plus ouvert aux problèmes des handicapés,
verrait à sensibiliser les cadres de ce ministère, à
surveiller l'application de la loi et à assister quotidiennement les
handicapés dans leurs besoins. A notre avis, non seulement un
handicapé ne doit pas être congédié à cause
de ce fait, mais encore tous les efforts doivent être faits pour le
valoriser à son travail. Cette valorisation peut s'effectuer dans
certains cas par l'achat d'un appareil qui supprime le handicap.
Aucun reclassement de l'employé n'est alors nécessaire et
le coût d'achat ou de location d'un tel appareil devrait être
subventionné en partie ou en totalité par la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. Au cas où un reclassement est
nécessaire, c'est un comité tripartite qui devrait s'occuper de
cette tâche. Ce comité serait composé d'un
représentant de l'employeur, d'un représentant du syndicat et
d'un représentant choisi par les deux premiers dans un organisme
compétent compte tenu du handicap de l'employé. Exemple: l'INCA
pour les aveugles.
La loi devrait prévoir l'obligation d'impliquer le syndicat
lorsqu'il s'agit d'une entreprise syndiquée et les modalités de
telle implication. Le reclassement favorable de l'employé doit se faire
dans un emploi où son handicap ne lui nuit pas ou, au contraire,
pourrait l'aider. Exemple, un handicapé de l'ouïe affecté
à un lieu de travail à hauts décibels. Aucune perte
salariale ne doit résulter pour l'employé de ce reclassement.
Les règlements découlant de la loi devraient aussi
prévoir un schéma d'exécution ou des modalités
d'application de la loi semblables à ce que nous proposons. Le
système actuel qui n'implique le syndicat qu'après la soumission
d'un grief par
l'employé est inhumain pour l'employé. Les cas de
handicapés ne doivent pas, en principe, être traités
à l'arbitrage.
Nous aurions souhaité que les dispositions de la loi soient
rétroactives. A défaut, tout cas de handicapé devrait,
jusqu'à l'adoption de la présente loi, être
référé à un comité tripartite: Commission de
la fonction publique, ministère impliqué et syndicat, aux fins de
résoudre le cas dans l'esprit des politiques proposées par le
livre blanc et par votre projet de loi.
A l'heure actuelle, certaines catégories d'employés de
l'Etat le surnuméraire en vertu de la Loi de la fonction publique
et l'occasionnel sont mieux traités que le fonctionnaire
permanent qui est devenu handicapé, ce qui est inadmissible. Il est
d'ailleurs dommage que les demandes syndicales à cet effet aient
été rejetées par le gouvernement. Il ne faudrait pas de
plus que le présent projet de loi soit, quant au gouvernement,
annulé par les termes "insuffisance professionnelle " utilisés
dans le projet de loi no 53 sous le titre "rétrogradation,
révocation ou destitution pour insuffisance professionnelle". Ce danger
est réel si l'on se fie aux définitions que certains arbitres ont
déjà données aux termes "compétence" et
"rendement".
Les principes émis dans votre projet de loi devraient lier tout
arbitre comme s'ils étaient inscrits dans toute convention collective,
à moins que telle convention ne prévoie des droits
supérieurs aux handicapés.
En conclusion, nous reconnaissons le droit au travail des
handicapés et la nécessité de leur valorisation. Nous
espérons que nos suggestions qui partent d'un esprit positif et
constructif seront retenues.
Nous espérons que les cas en suspens de certains
handicapés seront résolus avec l'esprit nouveau qui ressort du
projet de loi. Afin de vous sensibiliser encore plus aux différentes
thèses que nous venons d'effleurer, permettez-moi de vous lire un
extrait de la partie 5 de notre mémoire.
Cet extrait est de la correspondance échangée dans le cas
que nous avons mentionné, celui de Georges-Henri Lavoie. Il vient du
bureau du sous-ministre du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières. Il est daté de
Québec, le 28 février 1977. C'est recommandé et
envoyé à M. Georges-Henri Lavoie.
Je lis: "Monsieur, je vous informe, par la présente, que votre
nomination est révoquée à compter du 11 mars 1977, 16 h
30, pour la raison suivante: incapacité physique de remplir vos
fonctions. Cependant, d'ici cette date, je suis disposé à vous
assurer mon entière collaboration pour vous faciliter l'obtention de
l'assurance-salaire, tenant lieu et place de cette révocation, si vous
manifestez le désir de vous prévaloir de ce
bénéfice et de fournir les documents nécessaires. Veuillez
accepter l'expression de mes sentiments distingués." C'est signé:
Gérard Barbin, sous-ministre."
En terminant, nous demandons l'unanimité de cette commission pour
que les parties non lues de notre mémoire soient incluses au journal des
Débats de cette commission. Ce sont les parties III, IV et V. Avant de
terminer notre exposé, nous nous permettons de demander à
l'honorable ministre des Affaires sociales s'il est intéressé
à ce que le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec le
saisisse des différents cas où des décisions
administratives prises par les autorités des différents
ministères ou organismes publics ont eu pour effet de brimer dans leurs
droits des employés de l'Etat qui sont handicapés ou qui sont
devenus handicapés. Nous vous remercions de votre bonne attention.
Le Président (M. Marcoux): Les membres de la commission
semblent d'accord pour inscrire au journal des Débats les annexes de
votre mémoire que vous n'avez pas eu le temps de lire. (Voir annexe
B).
M. le ministre.
M. Lazure: Je veux remercier le Syndicat des fonctionnaires
provinciaux du Québec pour sa présentation, pour le travail de
recherche qu'il a dû effectuer pour documenter, en annexe, le
mémoire qu'il nous présente. Je veux relever trois ou quatre
propositions ou suggestions qui nous sont faites. D'abord, en ce qui concerne
le projet de loi 53, vous faites une mise en garde à toutes fins
pratiques.
Nous croyons que l'article 73 du projet actuel viendrait non seulement
mettre une fin à certaines pratiques que vous avez décrites tout
à l'heure dans la fonction publique, mais je pense que l'article 73
préviendrait aussi des situations que vous appréhendez dans votre
interprétation du bill 53. Je prends bonne note de votre mise en garde
et je vais en discuter avec le ministre de la Fonction publique. C'est bien
clair qu'il faudra qu'il y ait concordance sur cet article 73. On a eu
l'occasion d'en discuter avec un autre groupe hier, je crois. L'esprit,
évidemment, c'est d'empêcher qu'un employeur, que ce soit dans le
secteur privé ou dans le secteur public, puisse discriminer et remercier
de ses services un individu pour la seule et unique raison qu'il est
handicapé.
On a dit hier, qu'il faudra nuancer cet article. On y tient à cet
article, parce que l'expérience de la Commission des accidents du
travail, aussi bien que votre expérience à vous autres,
démontre qu'il est tentant, pour un employeur, de remercier, quand il a
à remercier des employés, en tout premier lieu, la personne
handicapée. Alors, d'une part, on peut concevoir, comme un groupe nous
l'a fait valoir, que cet article est peut-être trop ouvert et
peut-être trop absolu. Il peut arriver certains accidents qui causent des
handicaps tellement majeurs que l'individu ne pourrait véritablement
remplir aucune tâche, même adaptée à son handicap.
Alors, il faudra nuancer dans ce sens. Evidemment, il y a d'autres
mécanismes qui pourraient compenser, que ce soit la Commission des
accidents du travail ou tout autre mécanisme.
Vos remarques aussi sur l'article 104 de notre projet, en rapport avec
la couronne. Il est bien sûr que l'office devra jouer son rôle de
chien de garde, non seulement pour les entreprises privées par rapport
à leur plan d'embauche que l'office leur demanderait, mais
évidemment aussi par rap-
port aux organismes publics et en particulier les ministères.
Je répète que, déjà, dans notre
ministère, depuis plusieurs mois, et la même chose pour la
Régie de l'assurance-maladie, nous avons demandé au service du
personnel de réserver 2% des postes pour des handicapés. J'ai,
par écrit, demandé aux autres ministères d'emboîter
le pas. Il est clair que l'office serait vigilant pour s'assurer que les
ministères commencent eux-mêmes par donner l'exemple.
Il est évident aussi qu'il faudra qu'il y ait des emplois
adaptés dans les entreprises et nous prévoyons un système
de subventions pour les employeurs qui voudraient adapter des emplois aux
handicaps de leurs candidats. Mais aussi vous dites de façon bien
pertinente que, si les employeurs publics et privés se donnaient la
peine, plusieurs tâches seraient tout à fait compatibles avec
certains handicaps. Vous donnez l'exemple du handicapé de l'ouïe
qui est un candidat tout désigné pour travailler dans un milieu
où il y a énormément de bruit; même chose pour la
chambre noire, pour un handicapé de la vue. Je pense que là aussi
l'office, dans son rôle de stimulant de plus grands emplois pour les
personnes handicapées, devra utiliser ce genre de situations qui,
naturellement, par la force des choses, sont adaptées à certains
handicaps.
Une dernière remarque: Vous formulez, si je comprends bien, le
souriait que le ministère des Affaires sociales, plus
précisément le ministre, accepte de recevoir des rapports de
votre syndicat des fonctionnaires provinciaux ou d'autres organismes qui
dépisteraient des actions discriminatoires vis-à-vis des
handicapés. Encore là, l'office jouera ce rôle d'ombudsman
et moi je suis bien prêt à le jouer temporairement si ça
peut rendre service. Merci.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous avez des
commentaires ou des questions suite aux propos du ministre?
M. Fréchette: Oui, sur le projet de loi 53. Il faudrait
bien se situer dans le texte; il ne faut pas oublier que le Syndicat des
fonctionnaires est régi par une loi spéciale et la nouvelle loi
qui semble venir, la Loi sur la fonction publique, le projet de loi 53. A
l'article 3, on définit bien que ce sont les pouvoirs du ministre de
déterminer par règlement ce que va être l'insuffisance
professionnelle. En plus, si on se réfère à l'article 88,
on définit ce qu'est une insuffisance professionnelle. Donc, le ministre
ne peut pas aller en dehors de cela. Ce qu'on dit, c'est "incapable d'exercer
ses fonctions".
Si on prend les exemples qu'on a donnés on pourrait donner celui,
sans prendre le cas de M. Lavoie, d'un accidenté à l'Office des
autoroutes, un cas qu'on a essayé de régler. Comme le type n'est
pas capable d'exercer la fonction pour laquelle il est handicapé, en
vertu du texte original de la loi, on ne serait pas capable, en vertu de
l'article 73, nous, ayant un employé régi par cette loi et nos
conventions collectives, de passer à côté. C'est pour cela
qu'on met en garde votre ministère sur ce point parce qu'autrement on va
être pris entre deux chaises à un moment donné pour dire:
Qu'est-ce qu'on va appliquer pour lui? On a déterminé bien
précisément ce que c'est d'exercer ses fonctions avec
insuffisance professionnelle et insuffisance incapacité. Sur ce point,
c'est assez précis ce que nous voulions apporter dansla loi.
Si on regarde l'autre point de vue à l'article 104 lorsque vous
nous dites que déjà on l'a demandé à certains
ministères, nous ce qu'on voulait, c'est que quand l'office aura le
pouvoir, que ce ne soit pas seulement des directives demandées au
ministère, mais des droits d'application. Réellement, il faut que
ce soit concret. Si, à ce moment, il y a une décision de
l'office, qu'on prévoie réellement des postes. En prenant notre
exemple, on sait qu'au gouvernement il y a beaucoup de postes de gardiens
d'édifices qui appartiennent au gouvernement. Vous pouvez avoir un
handicapé qui, sûrement, est capable de remplir une telle
fonction. Prenons l'exemple suivant. Notre type est un conducteur
d'équipement mobile et il se fait couper un bras. Il est peut-être
capable d'être gardien sauf que si on se réfère à
notre situation de la convention actuelle, alors qu'on avait voulu amener autre
chose dedans, il ne serait pas possible de le garder à l'emploi. On sait
que l'arbitre si on va en arbitrage sur un grief, aura à statuer
exactement sur le cas de la fonction que le gars remplit, point.
Quand on parlait des cas à vous présenter, sûrement
qu'on est bien d'accord, d'ici à ce que la loi soit adoptée, pour
vous présenter des cas, temporairement, pour essayer de les
régler. On a certains cas assez précis qu'on pourrait vous
amener. Là-dessus, on est complètement d'accord pour le faire.
Soyez assurés qu'on va faire en sorte que vous puissiez connaître
ces cas.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais remercier le Syndicat des
fonctionnaires d'être venu ce soir présenter son mémoire.
Je pense qu'il fait oeuvre extrêmement utile. En effet, j'ai eu
l'occasion de vivre certaines expériences dans la fonction,
peut-être, parapublique où il s'exerçait
véritablement un certain chantage auprès de la personne
handicapée qui devait changer de fonctions. On tentait de la
réaffecter, mais, quand cela semblait le moindrement difficile, je pense
qu'on a exercé, à certaines occasions, du chantage pour avoir sa
démission, avec une certaine compensation en retour, etc. La personne
était assez démunie, se trouvant seule, en fait, devant des gens
qui connaissaient peut-être plus les rouages administratifs qu'elle.
C'est peut-être le message que vous venez porter ici.
Maintenant, il y a une question que je voudrais vous poser. Si ma
mémoire est fidèle, une des difficultés qu'on retrouvait,
là où je travaillais, à reclasser du personnel qui
était frappé d'une certaine incapacité, c'est qu'il y
avait peut-être, d'une part, du côté du patron, de
l'incompréhension,
mais on trouvait aussi, à l'intérieur des conventions,
certaines dispositions, par exemple dans les concours ou dans les
priorités accordées à l'intérieur de certains
emplois, qui empêchaient de réaffecter les personnes. Elles
n'avaient pas priorité à l'intérieur des concours qui
devaient être tenus pour certains emplois, etc.
Une fois qu'on a fait la part des préjugés que peuvent
avoir l'employeur ou ces fonctionnaires, etc., est-ce que, d'après vous,
il existe du côté des conventions collectives aussi, des
dispositions qui empêchent que ce travail de reclassement se fasse de la
façon la plus satisfaisante possible pour la personne touchée par
un handicap?
M. Fréchette: Dans notre mémoire, on dit que ce
qu'on voudrait, c'est pouvoir reclasser les gens sans perte de traitement dans
ces conditions. Je pense qu'on n'est pas dans notre convention contre cela
parce que c'était déjà notre demande en 1975. D'accord?
Sauf que le gouvernement a mis peut-être certaines restrictions. Il a
dit: L'employé handicapé, nous, on est prêt à le
rétrograder. Nous, on a dit: Si, jamais, il faut le réaffecter
à une fonction, on a déjà prévu cette partie,
même si, en dernier, le gouvernement a gardé son droit,
après les deux ans d'assurance-salaire, de le mettre à pied.
Même, dans notre mémoire on vous demande d'avoir un comité
tripartite comprenant le gouvernement, le syndicat et une association
professionnelle des handicapés.
De ce côté-là, il est évident qu'à
l'intérieur de notre convention on ne veut aucunement restreindre la
possibilité de réaffecter ces employés. On sait qu'au
gouvernement, dans les fonctions, il y a sûrement des possibilités
de réaffectation, sauf dans des cas extrêmes. Si un employé
peut être reclassé, on le favorise et soyez assurés que
c'est notre position.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être que ma question n'a pas
été énoncée très clairement. A tort ou
à raison, j'ai l'impression que dans certaines conventions collectives,
peut-être pas dans toutes, il y a certaines clauses qui prévoient,
par exemple, que quand un poste s'ouvre, on doit procéder par concours,
et dans ce concours, il y a certains critères auxquels il faut
répondre. Par exemple, il peut y avoir la clause de
séniorité, il peut y avoir la clause d'expérience, etc.
Même si le patron montrait une bonne volonté, de l'autre
côté vous rencontrez cette difficulté.
Est-ce que vous êtes prêts à renoncer, dans les
conventions collectives, à ces dispositions qui deviennent une
contrainte dans la réaffectation des employés, même s'il
s'agit de personnes handicapées?
M. Fréchette: Voici, pour nous il n'y a pas de
restrictions à l'intérieur de la convention collective. Et
même plus que cela, on est prêt à y collaborer à fond
de train pour tenter d'apporter à un handicapé qui est
déjà au travail, la possibilité de participer à des
concours et d'obtenir des postes. Même, on prévoit, et cela on l'a
mis dans nos articles de convention, que, premièrement, lorsqu'il y a un
poste ouvert, on devrait l'offrir aux employés déjà
à l'intérieur de la fonction publique. Donc, on prévoit
déjà cela en partie. Et même, nos demandes de la prochaine
convention prévoient que, dans le cas d'un employé qui devient
handicapé, on ne fasse pas de discrimination d'aucune façon. Ce
qui était à l'article 4 qu'on vous a soulevé, a un moment
donné, qui avait été refusé antérieurement.
Donc, dans notre convention actuelle, il n'y a aucune restriction
là-dessus. Si l'employeur est prêt à le faire, de ce
côté il n'y a pas de restriction pour nous autres.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je veux dire: par exemple, dans ces
fameux concours, il y a un poste qui s'ouvre, et il y a certains
critères que le candidat doit remplir pour avoir accès à
ce poste. Ce n'est pas une question de faire de la discrimination contre la
personne handicapée, vous n'en voulez pas faire, ce n'est pas parce
qu'elle est handicapée qu'elle ne pourra pas se présenter au
concours. Mais êtes-vous prêts à ce que certains postes
soient réservés pour des personnes handicapées?
M. Carrier: Oui, mais écoutez, c'est exactement, en fin de
compte, la réponse à votre question qui se retrouve à
l'article c) de notre mémoire où on traite des emplois
réservés et reclassements favorables pour ces personnes. On dit:
Exemple: Dans un endroit où il y a des décibels qui sont plus
élevés que la normale, à ce moment, on pourrait
créer des corps d'emplois réservés à des
handicapés de l'ouïe. En fin de compte, c'est exactement ce qu'on
veut. On veut donner aux personnes le droit au travail, sans discrimination,
qu'ils soient oui ou non handicapés.
M. Poudrier (Jean): Non seulement cela, si vous permettez, mais
on est prêt, avec l'employeur, à identifier ces postes et à
s'impliquer dans un comité tripartite pour trouver de l'emploi à
ces gens. On pourrait vous donner un autre exemple qu'on vit
présentement: II s'agit d'un gardien à l'Office des autoroutes
qui est dans une guérite. Prenons l'autoroute du Nord, si vous vouiez.
Effectivement, il a été frappé, alors qu'il était
à l'intérieur de sa guérite, par une remorque, une vanne,
de telle sorte qu'il a été blessé et il souffre d'un
traumatisme. Il ne peut pas travailler à nouveau à
l'intérieur de cette guérite.
Tout ce que l'employeur nous répond: S'il ne peut pas remplir son
emploi à l'intérieur de la guérite, on va le
congédier. Je pense qu'autant que nous vous serez d'accord qu'il faut
donner une priorité à une telle personne. Surtout que c'est
l'équivalent d'un accident de travail qui l'a vraiment
traumatisé, c'est anormal de dire que, si cet individu ne peut plus
remplir ses fonctions de péager à l'autoroute, il doive
être congédié.
Vous serez sûrement d'accord avec nous qu'il faut le replacer
ailleurs et de façon prioritaire et non pas le congédier. Ce
qu'on vous dit est l'expérience qu'on vit présentement, dans
certains ministères, peut-être autres, cependant, que les Affaires
sociales. Bien qu'il y ait des directives qui
puissent exister, dans le concret, on voit des cas où les
employés sont congédiés à cause d'un handicap qui
survient en cours d'emploi, l'exemple que je viens de donner du péager,
ou dans le cas de Georges-Henri Lavoie, qui souffre de ce handicap depuis qu'il
a été engagé au gouvernement. Il a été
engagé avec ce handicap, il a toujours eu ce handicap et un bon matin on
décide qu'on le congédie pour ce handicap. Je pense que vous
serez d'accord avec nous que cela ne devrait pas procéder de la
façon qu'on vous décrit.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas besoin de me convaincre de ceci,
je suis tout à fait d'accord avec vous. Mais c'est parce que cela, c'est
un effort conjoint et il faut que les deux parties soient prêtes à
le faire et qu'un moment donné on ne s'enfarge pas, si vous me passez
l'expression, dans des contraintes de dispositions à l'intérieur
de concours de la fonction publique, etc. Mais, comme vous dites, vous
êtes prêts, conjointement avec le gouvernement en l'occurrence, de
réserver un certain nombre de postes, compte tenu de la nature de ces
postes pour ces personnes.
C'est parce que, dans le passé, j'ai vu des abus des deux
côtés. Je pense qu'il s'agit que les gens fassent un effort
conjoint pour pallier ce genre de problème.
M. Poudrier: Si vous me permettez, non seulement vous avez notre
intention ou notre optique qui est clairement expliquée, mais je vous
réfère aussi à la page 5 de notre mémoire,
quatrième paragraphe, où on dit: La loi devrait prévoir
l'obligation d'impliquer le syndicat, lorsqu'il s'agit d'une entreprise
syndiquée, et les modalités de telle implication. Dans notre
esprit, cela va aussi loin que dire que cette collaboration ou cette optique ou
cette mentalité devrait être une préoccupation du
gouvernement, devrait aussi être petit à petit une
mentalité qu'on créera chez l'employeur et aussi chez le
syndicat, lorsqu'un syndicat existe dans la boîte ou l'entreprise. On va
même jusqu'à dire: Pour faciliter le recours, non
nécessairement le recours à l'office mais aussi le recours qui
est la voie normale d'expression d'un syndiqué, à savoir le
grief, on devrait prendre la loi qui existe présentement comme
étant un minimum inclus dans une convention collective, même si
elle n'y figure pas. Exemple, il n'y aura pas de discrimination à cause
de l'état physique ou psychologique d'un individu. Si cette clause
était implicite dans toute convention collective, même si cela
n'existe pas dans le concret, cela donnerait une voie ou un recours à
tout individu syndiqué et on ne vivrait pas, tant au gouvernement
qu'ailleurs, certaines situations que, malheureusement, on a eu à
vivre.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Merci, M. le Président. Je crois que le ministre
est presque totalement d'accord sur votre position. J'aimerais vous poser
quelques ques- tions, parce que je trouve très intéressante la
proposition que vous avez faite en 1964. Est-ce en 1964?
M. Frechette: En 1975.
M. Shaw: La convention collective expirée en 1975 disait
qu'il n'y avait aucune discrimination contre un fonctionnaire à cause de
sa race, ses croyances religieuses et même sa langue, etc. Comment se
fait-il que cela n'ait pas été adopté?
M. Frechette: Ce qu'on n'a pas obtenu, c'est l'état
physique ou psychologique de l'employé. Cela n'a pas été
mis dans le texte; cela a été refusé parce que l'employeur
se réservait un autre article et la possibilité de mettre
l'employé à pied après le délai de
l'assurance-salaire prévu dans la convention. On revient encore à
la charge et on espère cette fois-ci que le gouvernement va en tenir
compte lors de nos prochaines négociations qui vont débuter
probablement au cours du mois de février alors que nous serons
prêts à déposer notre projet de convention.
Pour répondre en même temps à Mme le
député de L'Acadie, en incluant cette partie de clause dans
l'article 4 de notre convention, cela ferait en sorte que même pour tout
poste d'avancement, non pas seulement pour une rétrogradation,
l'employé ne pourrait souffrir de discrimination, autant syndicale que
patronale. L'article 4 de la convention dit qu'il ne doit y avoir aucune
discrimination de la part de l'employeur ou du syndicat en ce qui concerne
toutes les clauses incluses. C'est la répétition de notre
article, de notre demande en vue de notre prochaine convention, encore une
fois.
M. Shaw: Si l'handicapé est un pilote et qu'il devient
aveugle, il est évident qu'il est impossible qu'il continue à
travailler dans sa profession, mais vous dites que vous êtes prêts
à négocier avec le gouvernement ou avec le ministère
impliqué pour chercher d'autres emplois. Est-ce votre point de vue?
M. Frechette: Oui. Vous avez comme exemple dans nos annexes le
cas de Tancrède Lavoie qui a été congédié.
C'est un gars qui ne pouvait travailler durant la période d'hiver parce
qu'il travaillait à l'entretien des routes à l'extérieur.
Par contre, ce gars est capable de travailler sept mois par année,
même s'il travaille à l'extérieur, tant et aussi longtemps
que la température n'est pas trop froide. Nous étions prêts
à dire au gouvernement, au ministère en question: Mettez-le
à titre d'employé saisonnier durant la période
d'été. Il y en a au gouvernement, on ne s'en cache pas, au
ministère des Transports. C'est un exemple qu'on pourrait donner dans un
secteur où il y a à peu près 120 employés, durant
cette période, qu'on appelle "des occasionnels éternels". Vous
avez à peu près de 200 à 250 employés qui viennent
travailler de sept à huit mois par année.
C'est ce qu'on cherche et ces emplois, on est capable de les identifier.
C'est comme notre gars
de l'autoroute qui a eu un accident. On lui a même trouvé
un poste de gardien dans le même ministère, sauf qu'on a dit: Ce
n'est pas "ta job". On a dit: On ne t'affecte pas là parce que ce n'est
pas "ta job". Nous sommes prêts à le faire et c'est pourquoi nous
sommes encore prêts à le remettre dans la convention collective.
On est prêt à les chercher, on a même déjà
fait ces démarches.
M. Shaw: Vous parlez assez longuement de ceux qui sont
désavantagés pendant une période d'emploi, mais votre
syndicat est-il prêt aussi à accepter une proposition de 2% de
tous les employés qui doivent être handicapés, au
début?
M. Fréchette: Oui, parce qu'on demande bien plus que cela.
On demande l'application de l'article 73 de votre projet de loi, qui
prévoit 3%. Donc, on est prêt à aller jusque-là, un
minimum de 2%. Nous, on disait: Au moins ce qui est prévu à
l'article 73, qui est 3%. C'est évident qu'il y a des fonctions qu'on
est prêt à accepter.
M. Poudrier: Prenons, si vous le permettez, l'exemple du
téléphone. Qu'est-ce qui empêche le ministère du
Revenu d'avoir un handicapé à qui il manque les deux jambes pour
répondre au téléphone? Ou'est-ce qui empêche le
ministère des Transports d'avoir un handicapé, là encore,
du côté de la démarche, du côté des jambes,
pour donner les conditions des routes l'hiver? On pourrait vous en donner
à l'infini des exemples. Je pense qu'on peut attirer votre attention sur
le titre de notre mémoire: "Nous sommes tous handicapés." Je ne
sais pas si cela vous a frappés, mais je pense qu'il y a une
leçon à tirer de cela. Ce qu'on veut dire, c'est que n'importe
qui d'entre vous, si on le met gardien de but au hockey demain matin, est
handicapé. Qu'on prenne le gardien de but et qu'on lui mette un violon
entre les mains, lui aussi est handicapé. Nous sommes tous
handicapés. Alors, il s'agit d'utiliser au maximum le potentiel de
chacun, c'est tout, "the right man in the right place".
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Puisqu'on en est sur des exemples de
handicapés, je comprends qu'on est tous handicapés, mais il reste
qu'il a été évoqué, au cours des mémoires
précédents, l'exemple de l'alcoolique. Est-ce qu'à partir
de la définition qui est donnée à l'article 1m vous
considérez qu'un alcoolique est un handicapé?
M. Poudrier: D'abord, je vous répondrai rapidement qu'il
est prévu dans notre convention collective, et ce depuis la
dernière convention collective seulement, qu'un alcoolique est
considéré comme un malade, ce qui est une optique tout à
fait nouvelle du gouvernement. Il a fallu, d'ailleurs, aller en arbitrage pour
faire rentrer cette notion nouvelle dans l'esprit du gouvernement. A l'heure
actuelle, l'alcoolique, tant qu'il se fait traiter, est sur
l'assurance-salaire. En d'autres termes, il est considéré comme
un malade. Je pense qu'il y aurait peut-être lieu, encore là, de
repenser ce problème peut-être plus à fond, de voir quelle
serait notre position là-dessus. Ce que je vous dis pour l'instant,
c'est qu'on a réussi à faire entrer dans l'esprit du gouvernement
qu'un alcoolique, c'est un malade, tandis que, dans les anciennes conventions
collectives, un alcoolique était tout simplement congédié,
avec plus ou moins de tolérance, selon le supérieur
immédiat qu'il pouvait avoir et qui le comprenait ou non.
M. Boucher: II n'est pas couvert par la loi 9. Il est couvert par
la convention collective.
M. Fréchette: Actuellement, si on regarde le texte, moi,
je dirais non. A ce moment-là, la seule partie qui le couvre, c'est
notre partie de la convention au point de vue de l'assurance-salaire. J'ai eu
à en traiter un dernièrement; c'est une personne qui n'est
peut-être pas allée voir le médecin tant et aussi longtemps
qu'elle n'a pas eu de problèmes de congédiement. Par la suite,
elle a accepté de se faire traiter, sauf que là on a dit que l'on
ne reconnaît plus rien; que ce soit un handicap ou non, on ne le
reconnaît plus.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Lazure: Pour revenir à la question du
député de Rivière-du-Loup, c'est vraiment une zone grise,
l'alcoolisme. C'est un débat qui dure depuis bien longtemps. Est-ce que
l'alcoolisme est une maladie ou pas? Dans la mesure où on accepte la
thèse qui veut que ce soit une maladie, évidemment, l'alcoolique
pourrait être inclus dans la dernière partie de la
définition, au paragraphe m), à la page 2 du projet de loi,
"à cause d'une déficience physique ou mentale et reconnue comme
telle par l'office". Il y a sûrement un bon nombre d'alcooliques qui ont
des déficiences mentales ou des maladies mentales qui sont persistantes.
Dans ce sens, il y a sûrement un pourcentage de personnes alcooliques qui
pourraient être considérées comme des personnes
handicapées. La même chose pour les narcomanes. Ce n'est pas que
le législateur veuille rester vague dans la loi, c'est un
problème qui n'est pas résolu dans notre société:
c'est quoi exactement un alcoolique?
Je n'ai pas d'autres commentaires, M. le Président, sauf pour
remercier le syndicat.
Le Président (M. Marcoux): Un bref commentaire? Nous avons
encore deux invités, je crois.
M. Carrier: Avant d'arriver au mot de la fin, j'aimerais retenir
une promesse que le ministre a faite à l'effet qu'il parlerait à
son collègue le ministre de la Fonction publique. Si on regarde
aujourd'hui dans le Devoir, sous la collaboration d'Alain Baccigalupo qui est
un politicologue à l'université Laval, il dit, quand il traite du
projet de loi 53: "Or, chacun sait qu'il est très facile de confier
à un agent dont on veut se débarrasser un
travail très difficile, ou l'inverse, de ne lui attribuer qu'une
charge de travail très faible afin de le déclarer ensuite
incompétent". En fin de compte, c'est la réserve qu'on a au
moment où on se parle. Quand il y a dés projets de loi qui sont
pensés et écrits après, il nous semble, à toutes
fins utiles, qu'il y a un manque de communication entre les divers ministres et
que l'application des différentes lois devient, à ce
moment-là, impossible. Je n'ai pas l'impression que le projet de loi 9,
lorsqu'il sera sanctionné, sera appliqué par la Commission de la
fonction publique.
Il y a une question je crois qu'on va partir sans réponse
parce qu'elle est très technique qu'on pose, à
l'intérieur de notre mémoire, au ministre: de nous fournir le
pourcentage de handicapés présentement à l'emploi du
gouvernement du Québec. C'est très important. On se fait
répondre, à diverses occasions, par des responsables de
ministères, par exemple, qu'ils ont une dame à qui il manque un
bras et qui fait un travail de technicienne. Ils disent: Pour nous, c'est une
handicapée, physique. Et ce n'en est pas pour le poste qu'elle occupe.
J'ai l'impression qu'il faudrait être très alerte, au
ministère des Affaires sociales, lorsque vous aurez ces chiffres afin de
savoir quels postes ces gens remplissent et quelles fonctions ils font
effectivement.
M. Lazure: M. le Président, on va faire l'impossible pour
obtenir les chiffres des autres ministères. Quant à mon
collègue de la fonction publique, vous avez bien dit que je me suis
engagé à lui parler. Vous présumez qu'il y a
incompatibilité; je n'en suis pas tout à fait sûr mais on
va vérifier.
Mme Lavoie-Roux: Je trouve que la dernière remarque que M.
Carrier vient de faire est une nuance extrêmement importante. C'est qu'il
ne faut pas fabriquer des handicapés non plus. Je pense que c'est un
message extrêmement important.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie, au nom des
membres de la commission, de la présentation de votre mémoire.
J'inviterais maintenant le Conseil du patronat du Québec.
M. Fréchette: J'aimerais remercier le ministre de sa bonne
attention, tous les députés, autant de l'Opposition que du parti
en place, ainsi que M. le président, de l'accueil que vous nous avez
fait. Merci.
Conseil du patronat du Québec
Le Président (M. Marcoux): Merci. J'inviterais maintenant
les représentants du Conseil du patronat du Québec à venir
nous présenter leur mémoire.
M. Dufour, je vous inviterais à présenter vos
collègues et à lire ou présenter votre mémoire en
prenant une vingtaine de minutes autant que possible pour l'essentiel de votre
mémoire pour permettre de passer le plus rapidement possible aux
échanges.
M. Dufour (Ghislain): M. le Président, M. le ministre, Mme
le député, MM. les députés, mon collègue de
gauche est Jacques Tremblay, directeur de la recherche au Conseil du patronat,
et à ma droite c'est M. Pierre Lalonde, qui est directeur du personnel
à Aigle d'Or.
M. le Président, je n'avais aucune intention de lire notre
mémoire. Si vous faites la même entente que tantôt avec
nous, je voudrais que notre mémoire soit tout simplement versé au
journal des Débats. Je vais tenter de le résumer en tenant compte
des intentions d'amendements qu'a suggérées le ministre cette
semaine.
Au tout début, peut-être deux commentaires. Le premier pour
signaler que, évidemment, le Conseil du patronat est très
intéressé par ce projet de loi, notamment à l'égard
de l'intervention possible de l'Etat dans le domaine de l'intégration au
marché du travail des handicapés.
Le deuxième commentaire porte sur la consultation. Nous sommes
très heureux de signaler la démarche de consultation qu'a faite
le ministre dans ce cas; il a consulté, au cours de l'été,
mais surtout il a tenu compte de l'ensemble des mémoires. Cela s'exprime
très clairement dans les intentions d'amendements qui ont
été annoncées au début de la semaine. Pour nous,
c'est assez intéressant parce que c'est peut-être une
première fois qu'on a l'impression qu'on n'a pas simplement
été écoutés, mais qu'on a été
entendus, M. le ministre.
Les trois principes que véhicule le projet de loi sont, quant
à nous, l'aide de l'Etat, empêcher la discrimination et offrir des
services sur mesures. Quant à l'aide de l'Etat, les cinq grands
principes que l'on retrouve au livre blanc nous les endossons pleinement. Nous
avions quand même certaines inquiétudes à l'égard de
la façon dont on avait transposé ces principes dans le projet de
loi, mais dans le texte de mardi il nous semble, à ce moment, que ce que
l'on veut privilégier, c'est vraiment une offre de services et que cette
aide de l'Etat sera le moins coercitive possible. Cette forme d'intervention de
l'Etat qui est incitative et non coercitive, quant à nous, à
notre plein appui.
Dans notre mémoire, nous nous préoccupions aussi beaucoup
de cette intention qui nous apparaissait, chez le législateur, faire une
distinction à l'égard des handicapés avec une loi
spéciale. Encore là, dans les amendements de mardi, on semble
vouloir transférer, à la Charte des droits et libertés de
la personne, toute cette section; donc, notre total accord.
Même chose finalement sur le troisième grand cran de ce
projet de loi qui est d'offrir des services sur mesures. Vous avez notre entier
appui là-dessus.
Cela nous amène à des choses plus particulières
à l'intérieur du projet de loi et qui nous préoccupent
plus. Evidemment les articles 73 à 76 et certaines autres dimensions.
Comme nous considérons que, dans les amendements, vous n'êtes pas
allé assez loin, je vais me permettre de rappeler les grands principes
de notre position contenus dans le mémoire.
Bien sûr, il s'agit de l'article qui donne le pou-
voir à l'office de fixer des quotas. Nous considérons que
cette proposition, même amendée, est tout à fait contraire
à ce qui est déjà exprimé dans le livre blanc. Nous
avons d'ailleurs cette citation, dans notre mémoire, a la page 58,
où on ne se réfère qu'à l'aspect incitatif de
l'intégration au marché du travail.
Nous disons que, même avec l'amendement, vous donnez à
l'office un pouvoir qui est inutile. En effet, l'office s'occupera
d'information, de campagne de promotion. L'office aura surtout le pouvoir de
conclure des ententes avec tout employeur et de contribuer
financièrement à l'adaptation de postes de travail aux
possibilités de personnes handicapées.
Il nous apparaît que, par ces divers moyens, l'office pourra
contribuer, mais vraiment, à l'intégration des handicapés
au marché du travail en respectant à la fois cela nous
apparaît important les lois du marché et le libre choix du
bénéficiaire.
Troisièmement, cela nous apparaît une technique
inapplicable. Certains pays d'Europe, certains Etats américains ont
tenté l'expérience de régler des problèmes sociaux
pas nécessairement ce problème par la technique des
quotas. A notre connaissance, les résultats furent mauvais. Bien
sûr, le ministre pourra nous citer l'expérience de certains pays
européens; nous lui opposerons l'expérience d'autres pays
européens et, à ce moment-là, on en arrivera à dire
que les expériences ne sont pas nécessairement concluantes.
La position concurrentielle des entreprises nous apparaît
importante. Dans les conditions normales d'intégration professionnelle
dont parle le projet de loi, l'entreprise peut assumer une plus large part de
responsabilité dans l'intégration professionnelle et sociale des
handicapés sans, pour cela, sacrifier sa mission proprement
économique.
Par contre, une entreprise d'une centaine d'employés qui se
verrait imposer deux ou trois employés alors qu'elle n'est pas
disposée à les recevoir, non seulement indisposerait même
les handicapés mais supporterait une charge financière
relativement importante et finalement contraire à l'opinion des
handicapés et des employeurs. Comme les handicapés vous l'ont
signalé eux-mêmes, je me réfère tout simplement
à l'expérience des employeurs.
Nous avons conduit, au début de 1977, une brève recherche
sur cette question. Nous avons demandé aux employeurs qui sont membres
chez nous d'exprimer leur opinion sur le principe, au moment où on en
parlait, avant même le dépôt du projet de loi no 9. Plus des
deux tiers des répondants déclarent ou bien que le principe est
inacceptable, ou bien qu'il est inapplicable dans leur secteur propre
d'activité. Et là, évidemment, on n'avait pas fait de
distinction. Nous, cela avait été une recherche très
générale qui s'appliquait à des secteurs souvent aussi
compliqués que la construction, ou les mines, ou les pâtes et
papiers.
D'autres secteurs, malgré leur accord de principe,
décrivent diverses conditions à son application, si bien que ce
principe général ne pourrait s'appliquer qu'à la suite
d'une entente particulière avec chaque genre d'entreprise. Donc, la
proposition d'amendement va dans ce sens, mais quant à nous, elle garde
encore un aspect coercitif parce que l'office conserve toujours un pouvoir
délégué d'imposer un quota.
L'autre question, c'est l'article 73. L'objet de cet article est de
protéger la personne handicapée contre un congédiement
injustifié. Cela nous apparaît évidemment beaucoup moins
grave que l'article précédent, mais quand même possiblement
abusif. Nous le signalons à l'attention de la commission parlementaire,
non pas parce qu'il est faux dans son intention et nous insistons
là-dessus mais parce qu'il risque de causer à l'entreprise
des difficultés inutiles.
Le texte de l'article 73 interdit à une entreprise de 50
employés et plus de congédier une personne pour la seule raison
qu'elle devient handicapée, mais handicapée physiquement et
mentalement. Cette formulation est ambiguë. Si le handicap en question
rend la personne inapte à occuper un emploi dans l'entreprise en cause,
cette proposition s'appliquerait-elle encore? Si oui, elle oblige, en pratique,
l'entreprise à payer le salaire d'un employé non productif.
Si, par ailleurs, il s'agit d'un handicap qui n'empêche pas
l'employé d'accomplir son travail ordinaire, le congédiement par
l'entreprise et c'est ce que vous voulez protéger
deviendrait un cas de discrimination et, alors, cet article est inutile,
puisque c'est déjà protégé par la Charte des droits
et libertés de la personne. Le seul élément nouveau dans
la disposition par rapport à celle qui traite de la discrimination
serait de donner à la personne lésée un droit de recours
à un commissaire enquêteur nommé en vertu du Code du
travail. Or, une telle orientation, pour nous, étant rejetée,
nous l'avons rejetée dans le cas de la loi 101 aussi. Il ne faut pas
mélanger des problèmes de relations de travail avec des
problèmes du type de la langue, ou du type qui nous préoccupe
ici, celui des personnes handicapées. C'est une section, d'ailleurs, qui
n'est pas touchée par les amendements qui sont proposés depuis
mardi.
Alors, M. le Président, c'est une synthèse très
rapide. Dans trois minutes, je résume maintenant ce qui nous
apparaît les points clés au moment où on se reparle. Le
chapitre 2 nous semble à peu près réglé parce qu'il
y a un transfert à la Charte des droits et libertés de la
personne. Deuxièmement, les pouvoirs de réglementation de
l'office nous apparaissent encore beaucoup trop importants parce que vous
conservez toujours le pouvoir du quota.
Troisièmement, l'article 27. On n'en a pas parlé ici, mais
l'article 27, quant à nous, devrait être corrigé de
façon à assurer aux handicapés exactement la même
protection dans l'usage des dossiers confidentiels que celle qui est
accordée aux autres citoyens. Quatrièmement, les articles 35
à 41 devraient être rédigés de façon à
ne pas limiter le droit d'association des handicapés. Je pense qu'encore
là vous avez donné certaines orientations nouvelles avec
lesquelles nous sommes parfaitement d'accord.
Un article qui a été très peu touché, je
pense,
même par les organismes patronaux ce matin, c'est l'article 69 qui
prévoit que les clauses d'un contrat entre un employeur et l'office
"prévalent sur toute disposition inconciliable d'une convention
collective ou d'un décret". Cela nous apparaît un nid de
guêpes. C'est la responsabilité de l'office de négocier un
contrat avec un employeur, mais en tenant compte des engagements
antérieurs de cet employeur avec ses autres employés, notamment
avec le syndicat. Dans le cas où l'office jugera nécessaire de
demander une exception à un contrat collectif, il faut absolument que
l'office s'entende, et que ce soit dit dans la loi, avec les deux parties
signataires du contrat en cause.
Si seulement l'office et un employeur font une entente, vous imaginez
immédiatement ce qui va se passer avec le syndicat. Il faut absolument
que cette chose, quant à nous, soit refaite pour éviter le
problème des relations de travail. Finalement, je résume ce qu'on
dit sur les articles 73 à 77. L'article 73 sur l'obligation de conserver
devrait être, en tout cas, remodelé. Sur l'autre, M. le ministre
et M. le Président, nous maintenons nos objections. Nous
considérons que cela doit être pour l'instant, en tout cas, tant
et aussi longtemps qu'on n'aura pas vraiment fait une expérience, soit
incitatif, quitte à ce que la loi soit amendée, si cela ne donne
rien et qu'à ce moment le législateur se donne un pouvoir
coercitif, mais pas un organisme administratif. Voilà, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie et je remarque
que vos habitudes de venir nous voir, de venir voir les députés
en commission parlementaire, vous servent bien quand c'est le temps de
résumer un mémoire aussi long. Je demanderais maintenant au
ministre de prendre la parole.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier le Conseil
du patronat pour sa contribution et en particulier M. Dufour pour son expertise
comme présentateur aux commissions parlementaires. Effectivement, depuis
l'allocution d'ouverture vous avez pris connaissance du texte
aujourd'hui il reste très peu de différends entre votre
position et la nôtre. En ce qui concerne la question du quota, j'ai dit,
mardi matin, que, dans notre esprit, cela devait être utilisé en
dernier recours. Je ne suis pas sûr, au moment où on se parle, si
nous le maintiendrons dans le texte du projet de loi. Il est possible qu'on ne
le maintienne pas et qu'on fasse l'essai, pendant un certain temps, strictement
de la méthode incitative. Comme vous l'avez dit vous-même, on peut
se lancer des chiffres l'un l'autre pendant longtemps. J'ai cité, ce
matin ou hier, les chiffres de l'Allemagne de l'Ouest qui a un quota de 6%.
L'Allemagne de l'Ouest, c'est un pays quand même qui, au plan des
affaires, vous inspire souvent. Je parle du monde des affaires
généralement.
Ils ont un quota de 6% à partir des entreprises de 16
employés et cela a été assez fructueux. Grosso modo, je
peux vous citer les chiffres si vous voulez, mais ils réussissent
à maintenir envi- ron 75% des personnes handicapées dans des
emplois. A tout événement, notre orientation, pour le moment, est
de recourir aux méthodes incitatives. Je cite l'exemple de l'Allemagne.
On pourrait parler de l'exemple de l'Angleterre aussi pour, encore une fois,
faire comprendre aux gens qu'il ne s'agit pas d'un caprice tout simplement et
qu'une fois la tentative faite pendant un certain temps strictement par les
méthodes incitatives, si jamais cette méthode s'avérait
infructueuse, nous pourrions rejoindre le rang de certains pays qui ont de
telles clauses dans leur législation.
En ce qui concerne l'article 27, très rapidement, je l'ai
annoncé mardi en réponse à une question d'un groupe, il
faut réviser cet article. Effectivement, il faut que cela soit
concordant avec les autres lois, en particulier le chapitre 48 sur les services
de santé et les services sociaux. Il ne faut pas que l'office ait
accès aux autres dossiers.
L'article 69, on en a parlé hier aussi. J'ai émis
l'hypothèse d'une révision dans le sens d'une espèce de
comité tripartite, employeur, employé, syndicat défendant
les droits de la personne handicapée, et l'office. Je pense qu'il faut,
dans une situation comme celle-là, que l'office joue un rôle
d'ombudsman; et le rôle d'ombudsman, de protecteur des droits des
personnes handicapées pourrait être pertinent dans des situations
comme celle-là.
Quant au congédiement, c'est 73, nous avons dit l'autre jour
aussi qu'il fallait nuancer. Nous voulons éviter, évidemment,
qu'un employé soit remercié de ses services seulement parce qu'il
est handicapé. Par contre, nous nous rendons compte qu'il peut arriver
des cas où le handicap soit tellement majeur que la personne ne puisse
remplir aucune espèce d'emploi. Il y aura lieu de nuancer cet article.
D'autre part, en maintenant cet article dans son esprit principal, au lieu de
recourir tout simplement à la Charte des droits de l'homme, nous pensons
que c'est plus qu'utile à la personne handicapée, en ce sens que
le fardeau de la preuve, à ce moment, repose sur les épaules de
l'employeur.
Ma dernière remarque, vous parlez d'information et de promotion
comme étant les deux fonctions principales que l'office devrait jouer,
nous nous rejoignons là-dessus. Nous pensons que l'office aura un
rôle d'éducation populaire fort important à jouer, si on
veut modifier les attitudes de la société qui, encore trop
souvent, demeurent discriminatoires.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous avez des
commentaires ou des questions à ajouter aux propos du ministre?
M. Dufour: Pas de commentaires sur l'article 27, parce que cela
semble réglé.
L'article 69, l'idée du comité tripartite, je pense que
c'est une excellente avenue.
Sur la question des quotas, en tout cas, si on vous comprend bien, vous
dites que l'orientation à ce jour est vraiment d'être incitative
et non coerci-tive et éventuellement seulement d'amender la loi
pour la rendre coercitive. C'est exactement notre approche.
Il reste donc surtout l'article 73. A l'article 73, il faut d'abord
signaler la loi 52 sur l'amiantose et la silicose qui nous empêcherait
d'appliquer même cet article, parce que dès que vous perdez un
certificat de mineur, vous ne pouvez pas être gardé par une
entreprise. C'est un cas particulier, vous allez me dire, mais qui,
déjà, existe. Donc, il y a une certaine contradiction avec la loi
52 qui, d'ailleurs, est remise en cause parce que même si l'entreprise
n'a pas la nécessité de garder l'employé à son
service, il y a des montants forfaitaires, et on a établi que ces
montants forfaitaires étaient trop dispendieux pour l'entreprise. Il
faut vraiment revoir cette section.
Nous, la position qu'on a prise, même pas vis-à-vis des
handicapés en général, mais vis-à-vis de ceux qui
nous préoccupent davantage qui sont les accidentés du travail, a
été beaucoup plus une approche de réhabilitation et de
réadaptation qu'une approche de service social dispensé par
l'entreprise. On pourrait peut-être vous référer
là-dessus au rapport Riverin, fait pour le compte de la Commission des
accidents du travail cela a sûrement été
regardé par votre équipe et qui est justement au niveau de
l'approche de conserver le travailleur dans un emploi où il est
absolument non productif et peut souvent se sentir lui-même très
malheureux parce que non productif. Au lieu d'avoir un coût social par
l'entreprise pour le maintenir en fonction, avoir une réorientation,
comme le suggérait Riverin, qui est de réhabilitation. A ce
moment, non pas une entreprise individuelle, mais l'ensemble des entreprises,
au niveau notamment de la CAT, qui paie l'ensemble des fonds, assumerait au
moins la réhabilitation de ces gens au lieu de les conserver de
façon non productive dans l'entreprise. Ils en sortiraient probablement
beaucoup plus heureux.
C'était une approche différente de l'approche de l'article
73 qu'on vous demanderait d'explorer et d'explorer peut-être de
façon ad hoc; au lieu d'essayer, à ce moment-ci, de régler
le sort du monde, on pourrait peut-être essayer de voir si on ne peut pas
regarder de façon plus précise les secteurs où on pourrait
agir en tenant compte des sommes d'argent disponibles dans ce
secteur-là. Cela nous paraît trop omnibus pour avoir des
résultats probants.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je veux remercier le Conseil du patronat. Le
ministre des Affaires sociales l'a déjà rassuré sur un
assez grand nombre de points. Vous soulevez le problème de l'article 69;
il peut présenter les difficultés dont vous parlez mais, à
mon point de vue, il y a une autre difficulté qui se présente,
tel que rédigé parce que je pense qu'il permettrait à un
contrat d'intégration de déroger même à l'obligation
du salaire minimum, si on le prend sous un autre angle que celui que vous avez
envisagé. Je vois qu'il y en a qui ne sont pas d'accord derrière,
mais cela me paraît tel quel.
Pour ce qui touche l'article 73, au deuxième paragraphe de la
page 12, je conçois qu'il y ait des difficultés. A quel moment ou
de quelle façon établit-on qu'un employé qui devient une
personne handicapée l'est tellement que, finalement, elle ne peut
vraiment remplir aucun emploi à l'intérieur de l'entreprise? De
la façon dont vous le rédigez, si, par ailleurs, il s'agissait
d'un handicap qui n'empêche pas l'employé d'accomplir son travail
ordinaire, le congédiement deviendrait un cas de discrimination selon la
Charte des droits et libertés de la personne. Si le handicap en question
rend la personne inapte à occuper un emploi dans l'entreprise en cause,
cette proposition s'appliquerait-elle encore? Dois-je comprendre que vous
faites abstraction des possibilités de relocalisation à
l'intérieur de l'entreprise? Vous dites que cela devient inutile de
toute façon.
M. Tremblay (Jacques): On peut imaginer des centaines de cas
hypothétiques. Dans une entreprise de 50 employés, par exemple,
qui peut être en cause vis-à-vis de la loi, la possibilité
de relocalisation n'est pas énorme. Si un employé perd un bras et
ne peut plus occuper l'emploi qui lui demandait deux bras auparavant, mais qui
peut très bien être gardien de nuit, c'est une hypothèse
qui s'analyse et qui se règle par elle-même. Vous ne pouvez pas
multiplier indéfiniment ces hypothèses. Lorsqu'on dit que dans le
cas où un employé souffre d'un handicap, qu'il devient un
handicapé et ne peut plus être utilisé de façon
productive par une entreprise, c'est après un effort de relocalisation,
de réadaptation, etc. Si vous parlez de la fonction publique, où
vous avez des milliers de personnes, les jeux de relocalisation sont
peut-être énormes, mais, dans le cas de la majorité des
entreprises, les nombres ne sont pas si grands et même le cas de
relocalisation n'est pas sans poser certains problèmes.
Si vous parlez de quelqu'un qui était chauffeur de camion et que,
le lendemain, vous voulez en faire un veilleur de nuit, peut-être
devrez-vous vous demander si vous ne devrez pas congédier un veilleur de
nuit, qui lui, par ailleurs, s'attendait à conserver son emploi. Votre
chauffeur de camion, vous devrez le remplacer, d'une part, et si vous mettez
cet homme à la place d'un veilleur de nuit, le veilleur de nuit qui
était déjà là, qu'est-ce que vous en faites s'il ne
peut pas, lui, devenir chauffeur de camion? Les possibilités de
relocalisation dans une entreprise relativement spécialisée ne
sont pas toujours très grandes. C'est bien sûr que, dans les cas
où il y a une relocalisation possible, cela entre dans notre
hypothèse où le congédiement deviendrait un cas de
discrimination.
Mme Lavoie-Roux: Dans l'hypothèse, justement, il se peut
qu'il y ait des cas où vraiment il n'y a pas possibilité de
relocaliser, soit que la personne soit trop handicapée, etc., et les cas
que vous soulevez peuvent être tout à fait exacts.
Mais d'un autre côté, je suis d'accord que l'ar-
tide 73 peut peut-être être reformulé autrement. Je
pense qu'il faut quand même garder une disposition quelconque pour mettre
les individus à l'abri quand même d'abus possibles, parce que
c'est toujours facile de trouver une justification selon la sensibilisation du
chef de l'entreprise au problème des personnes handicapées. C'est
toujours facile de trouver une justification, surtout dans une plus petite
entreprise, où il n'y en a pas de place pour la relocalisation. Je pense
qu'il y a peut-être un juste milieu entre les deux.
M. Dufour: Non seulement il y a deux aspects, mais ce qui peut se
produire aussi dans le prolongement de l'intervention de M. Tremblay, c'est
qu'on peut avoir à faire face, comme entrepreneur dans une petite
boîte de 150, 200 employés, à une situation un petit peu de
catastrophe où vous avez quatre ou cinq employés qui pourraient
être en cause à ce moment-là et vous avez à les
garder. Cela est drôlement un coup pour l'entreprise.
Une dernière intervention, Mme le député, si vous
permettez. Je pense que dans votre intervention aussi, vous soulevez une
question qui est importante. Vous l'avez posée d'ailleurs au Syndicat
des fonctionnaires tantôt et il n'a pas tellement mordu; c'est toute la
question de l'ancienneté et cela nous apparaît majeur. Même
dans les phénomènes de relocalisation, lorsque vous avez un
syndicat, Dieu sait combien on a de ces problèmes, surtout si par hasard
le handicapé en question n'est pas membre du syndicat. On sait comment
cela se passe, on va avoir des problèmes syndicaux, avec l'application
de cette clause, souvent fantastiques.
Le fait aussi que vous vous référiez au commissaire
enquêteur pour le règlement de ces cas fait que vous allez faire
régler les problèmes de gens qui souvent sont non
syndiqués par une structure qui est purement une structure prévue
pour des relations patronales-ouvrières. Encore là on va relier
des problèmes de relations ouvrières à une question qui
est tout à fait différente finalement.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question. Tout à
l'heure vous mentionniez que ce serait peut-être préférable
qu'il n'y ait pas un quota d'établi, à savoir 2% ou 3% quant au
nombre de personnes handicapées qui devraient être
engagées. Ce serait peut-être idéalement la meilleure
solution, mais il reste que vous devez être aussi conscients que nous, je
pense, strictement comme simples citoyens, que l'évolution des
entreprises au plan de la pensée sociale est très
différente ou peut être très différente d'une
entreprise à l'autre. Est-ce que le Conseil du patronat, comme organisme
qui rejoint quand même un grand nombre d'entreprises, a des programmes
à caractère social dans le sens de la sensibilisation, par
exemple, des entreprises à ces dimensions des problèmes humains,
parce que s'il n'y a pas de quota, il faut quand même qu'en contrepartie
il y ait un travail qui se fasse. Evidemment, l'office va en assumer une
partie, peut-être une large partie, mais est-ce que le Conseil du
patronat comme or- ganisme se reconnaît des responsabilités
à cet égard au plan de l'éducation?
M. Dufour: Je dois dire que jusqu'au dépôt du projet
de loi 55 de M. Forget, ce n'était pas un problème auquel on
était tellement sensibilisé.
M. Lazure: II faut mettre la clause.
M. Dufour: Cela a eu l'avantage de nous mettre en contact, et
beaucoup, avec les associations de handicapés, notamment le bureau des
conférenciers, le comité de liaison, donc toute une série
de groupes avec lesquels on est en contact constant depuis ce temps, et nous a
permis d'entrer en relation avec les sections de placement du
fédéral, du provincial. Donc, il y a une sensibilisation en tout
cas en ce qui nous concerne au plan des structures depuis un an et demi, deux
ans, au problème de l'intégration de ces gens au marché du
travail.
C'est pour cela d'ailleurs qu'on reçoit bien la proposition du
ministre à savoir que jusqu'à un certain point les entreprises
soient obligées de déposer auprès de l'office un programme
d'intégration, parce que ce qu'on a réalisé dans notre
propre recherche qui a d'ailleurs sensibilisé beaucoup de monde
c'est que même certains secteurs comme ceux de la construction
nous disaient: Le principe est achetable, mais c'est peut-être facile
d'acheter pour nous, parce qu'on ne pourra pas en prendre de toute
façon. Dans les entreprises de services, quand on demandait même
un potentiel possible de quota dont certains allaient jusqu'à 7%, 8%,
10%, on nous disait: De toute façon souvent on en a jusqu'à 5% ou
6%, il n'y a pas de problème.
Cette idée de demander à une entreprise, en y mettant les
formes je pense que c'est important des programmes pour fins
d'embauche additionnelle seront bien reçus dans l'entreprise. Il y a une
sensibilisation dans notre milieu, depuis un an ou deux, qui m'apparaît
drôlement lancée dans un prolongement à venir
important.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il ne faut pas oublier qu'il y a un
tas de lois et probablement trop de lois qu'on est obligé d'adopter,
parce que c'est un rôle supplétif finalement que l'Etat joue
à l'égard d'une certaine inconscience ou d'une
méconnaissance de problèmes auxquels peut-être la
population devrait prendre l'initiative de répondre elle-même.
C'est peut-être regrettable, d'une certaine façon, que cela se
produise ainsi.
M. Dufour: D'ailleurs, c'est pour cela que nous disons: Si
l'expérience incitative et là on se rejoint finalement
ne donnait pas les résultats voulus, on sera probablement les
premiers à accepter l'aspect coercitif à cadrer, à ce
moment-là, et à appliquer de façon différente. Je
ne retournerai pas sur les chiffres de l'Allemagne, parce que c'est bien
sûr que le taux de chômage est différent; donc, la situation
est tout à fait différente.
Si on revoit, après une expérience de deux ou trois ans,
tout le schéma, on sera peut-être les
premiers à être d'accord pour dire: II faut y aller avec la
coercition. Mais pas tout de suite.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Merci, M. Dufour.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: M. le Président, j'ai seulement une petite
question, parce que je n'ai pas remarqué dans votre mémoire la
question de la grandeur, de la forme, de la structure, de l'organigramme de
l'office lui-même. Comme Conseil du patronat qui s'occupe vraiment
d'administration, n'êtes-vous pas craintif? Cela peut ne pas être
tout de suite, mais le "reinforce self-interest" peut, à un moment
donné, faire grossir l'organisme.
M. Dufour: Vis-à-vis des organismes d'Etat, nous sommes
toujours craintifs. Quant au nombre d'employés éventuellement,
c'est sûr, cela commence toujours à dix employés et,
éventuellement, c'est 100. Ce qui nous préoccupe davantage, ce
sont les pouvoirs et c'est ce que nous avons essayé
d'établir.
Par ailleurs, dans les amendements qui nous ont été
proposés au début de la semaine, on parle d'un office où
le personnel serait vraiment très restreint. Cela nous apparaît
une orientation beaucoup plus acceptable, beaucoup plus achetable pour nous.
Mais on peut bien le dire et le répéter; on le dit à tout
coup: Lorsqu'on crée un organisme gouvernemental, c'est toujours avec
dix employés, mais, finalement, cela devient un monstre administratif.
On n'y échappera peut-être pas ici. On ne l'a pas souligné
parce que, pour nous, c'est une réaction normale à tout projet de
ce type. Je ne le retrouve pas, M. le ministre, mais il me semble que dans
votre projet de mardi vous souligniez justement la question de personnel; ce
sera réduit au minimum?
M. Lazure: Oui, oui. On en a parlé mardi et on veut
vraiment maintenir l'office au strict minimum quant aux effectifs. Je suis
sûr que les groupes de personnes handicapées et aussi les groupes
qui parlent au nom des personnes handicapées vont nous surveiller de
très près. Je ne craindrais pas trop, M. le député
de Pointe-Claire.
M. Shaw: Merci, M. le Président. C'est la seule question
que j'ai.
Le Président (M. Marcoux): Avant de vous céder la
parole, M. le député de Bourassa, je dois demander aux membres de
la commission s'ils sont d'accord pour que vous ayez le droit de parole puisque
vous n'êtes pas membre de la commission. Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on devrait discuter la motion
pendant dix minutes.
Le Président (M. Marcoux): Je vois qu'il y a un
quasi-consentement.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Papineau,
apparemment, vous a donné le droit de parole, M. le député
de Bourassa. Alors, je suis d'accord.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Je dois vous féliciter, d'abord, de la
qualité du mémoire. Comme chez tout bon patron, il y a toujours
des inquiétudes sur tout ce qui touche un petit peu au portefeuille dans
de telles situations, surtout si on parle de handicapés. Vous faites
référence très nettement à ce qui arriverait si on
vous obligeait, si on avait à le faire, à conserver une position
pour une personne qui subirait un accident chez vous. Tout de suite, vous
invoquez le nombre de faillites qu'il y a au Québec actuellement pour
essayer d'alourdir nos sentiments. Vous parlez de l'aspect pécuniaire
pour une entreprise de 50, 100 employés et plus.
Je dois d'abord vous féliciter de commencer à vous
sensibiliser aux handicapés. Vous avez avoué vous-même
cela a fait partie d'une question qu'à venir
jusqu'à aujourd'hui, vous n'étiez pas tellement
intéressé ou sensibilisé au problème.
M. Dufour: Pas aujourd'hui. J'ai dit deux ans, à peu
près.
M. Laplante: Dans les conventions collectives, vous en connaissez
plusieurs avec des contenus, est-ce qu'il y a beaucoup de conventions
collectives qui traitent de ce genre de problème sur des travailleurs
qui deviennent handicapés dans le secteur industriel?
M. Dufour: Sur votre première intervention je ne
peux pas y échapper ur la question des faillites, quand on en a
parlé, on a tout simplement voulu soulever un autre coût
additionnel pour l'entreprise. Je pense que personne n'a intérêt
à avoir des coûts sociaux dans l'entreprise qui lui permettraient
de ne pas être concurrentiels. On le sait tous. On a des problèmes
dans ces secteurs, par exemple les secteurs mous. Ce n'est pas nous qui les
avons identifiés. Il y a des problèmes économiques dans
certains secteurs. Il faut vraiment se le dire.
Sur l'autre question des conventions collectives, oui, il y a des
conventions collectives qui le prévoient, mais c'est
généralement au niveau des cas d'accidentés du travail. Il
y a des conventions qui prévoient qu'on doit garder le travailleur
handicapé dans un poste, ou essayer de trouver un poste avec salaire
à peu près comparable. Souvent, cela tiendra compte de
l'ancienneté. Par exemple, si c'est un travailleur qui a dix ou quinze
ans de services, à ce moment, il y a des conventions collectives qui,
effectivement, prévoient cela.
M. Laplante: Sur les conventions collectives,
sentez-vous qu'il y a un besoin d'introduire dans une convention
collective... Depuis combien d'années environ les syndicats sentent-ils
le besoin d'en faire des clauses? Est-ce qu'il y a une augmentation?
M. Dufour: Au niveau des accidents du travail, avec de gros
syndicats comme les métallos, les travailleurs unis de l'automobile, les
gros syndicats nord-américains, ce sont des demandes qui sont faites
depuis déjà bon nombre d'années.
M. Laplante: Ici, localement, au Québec? On est toujours
un peu en retard, là-dedans, nous.
M. Dufour: Quand je vous parle des travailleurs unis de
l'automobile, je parle du Québec.
M. Laplante: Je parle des autres secteurs, parce qu'on ne se
fiera pas à une compagnie comme GM, où ils ont une assez bonne
protection actuellement là-dessus.
M. Dufour: Je n'ai pas de données. C'est bien sûr
que nous, on n'a jamais suggéré au syndicat de nous faire des
demandes de ce type. Si, eux, ne les ont pas faites, c'est un peu la mission
sociale comme telle des syndicats qui peut être mise en cause. Nous, ce
sur quoi on a surtout travaillé c'est ce que je disais
tantôt au ministre c'est non pas de leur conserver des emplois
dans l'entreprise, mais de les réhabiliter. C'est dans ce sens qu'on a
travaillé, beaucoup plus avec la Commission des accidents du travail
qu'avec les syndicats.
M. Laplante: Dans nos bureaux, on a très souvent, comme
plainte, le problème des colonnes. Après qu'ils reçoivent
une greffe ou qu'ils ont un accident quelconque, l'employeur, la plupart du
temps, renvoie ces gens. Il n'y a plus de travail pour eux, même pas pour
chauffer un camion.
M. Dufour: Là vous me donnez une date de
référence. Le problème que nous avons dans l'entreprise,
ce genre d'accident, c'est depuis qu'il y a la motoneige au Québec.
Finalement, les cas d'accidents du travail, les cas les plus rapportés
sont ce genre de cas. Encore là, on pourrait peut-être adresser au
président de la commission des données relatives aux conventions
collectives. Cela existe au centre de données de McGill. Ce genre de
clause, on pourrait l'expédier au président de la commission.
M. Laplante: J'aurais plusieurs autres questions mais, vu qu'il y
a un autre mémoire à entendre, je vous remercie, monsieur.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie de la
présentation de votre mémoire, au nom de tous les membres de la
commission, et nous espérons vous revoir.
M. Dufour: Nous revoir sur ce problème? C'est
réglé.
Le Président (M. Marcoux): Non, sur les autres.
J'inviterais maintenant M. Pierre Nadeau à venir nous présenter
son mémoire.
M. Pierre Nadeau
M. Nadeau (Pierre): M. le Président, M. le ministre, Mme
et MM. les membres de la commission, je suis très conscient de l'heure
tardive. Je ne reviendrai pas tellement sur les amendements qui ont
déjà été apportés au projet de loi parce que
je calcule que c'est passablement bon au niveau de la Charte des droits et
libertés de la personne. Je pense que l'intégration à
l'intérieur de la charte était nécessaire. Soit dit en
passant, j'ai émis, dans mon mémoire, des propos peut-être
un peu humoristiques et j'espère que les membres de la commission ne
m'en tiendront pas rancune.
Mon intervention va être au niveau du fonctionnement de l'office.
A l'article 19 on dit qu'une personne ne pourra pas participer à des
décisions qui mettent en conflit ses intérêts; d'accord,
c'est normal. Mais je pense que c'est important et que cela peut apporter, au
niveau des points à débattre, qu'une telle personne donne au
moins son point de vue. Il y a aussi l'article 26, deuxième paragraphe,
qui est une adaptation de l'article 4 de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux où l'accès aux dossiers se
limite seulement aux professionnels, dans l'article 4.
On m'a dit que comme dans la Loi de la protection de la jeunesse pour ce
droit, on avait l'expression "toute personne". Je suis bien conscient que cela
prend l'approbation de l'office, que cela prend l'approbation de l'individu,
mais je suis quand même inquiet qu'il y ait des fraudes qui se fassent
à ce niveau.
Les pouvoirs de l'office. Le ministre a annoncé qu'il
était pour assouplir les pouvoirs en deuxième lecture. Ce qui m'a
intéressé, c'est qu'il a parlé de représentation
régionale à l'intérieur de l'office. C'est bien, mais je
me pose des questions. Ces représentants régionaux vont
être nommés par qui? Mon point de vue dans le fond,
d'accord, je suis seulement un individu c'est qu'il serait bon que ce
soit les instances régionales elles-mêmes qui regroupent les
intervenants d'une région, entre autres, les organismes; que l'instance
régionale nomme son représentant à l'office.
Je suis bien conscient qu'en ayant des structures régionales,
c'est quand même dangereux d'alourdir la structure, mais ces instances
régionales, sans avoir des pouvoirs administratifs plein les bras,
qu'elles soient pour le représentant la source de ses consultations,
c'est-à-dire que le représentant régional soit en rapport
constant avec son comité consultatif régional ou quelque chose
comme cela.
Au niveau des structures c'est pas mal et on va laisser tomber l'article
33 au niveau des chiens-guides. On va passer à la reconnaissance des
organismes de promotion. Je suis bien content que finalement on se
débarrasse des vendeurs de shampoing qui font de l'exploitation avec la
grosse finance. D'accord, mais je suis inquiet
d'un côté quand j'entends dire que quelqu'un demande une
charte pour avoir un organisme, puis qu'on lui demande de retirer un des
mandats qui dit de travailler à l'intégration sociale des
personnes handicapées.
Pour moi, c'est un non-sens, parce que tout le monde doit travailler
à l'intégration sociale que je considère très
importante. Il y a l'article 41 qui dit: Nul ne pourra faire de sollicitation
à moins d'être reconnu par l'office. Cela peut protéger les
personnes avec un handicap, la population et les organismes. Je pense que cela
va être bon aussi de contrôler la publicité des organismes
surtout pour attirer la pitié.
On parlait même, tout à l'heure, d'un festival qui s'est
tenu, cette semaine, à Montréal, je ne reviendrai pas
là-dessus, je pense que ce n'est pas nécessaire vu les
modifications, de dire que j'avais peur que ce soit un moyen légal de
contrôler un organisme qui parle trop fort. Il y a un point sur lequel,
je pense, on devrait faire une loi aussi. C'est au sujet de la sollicitation
par les personnes handicapées elles-mêmes, c'est-à-dire les
handicapées qui vont solliciter de l'argent au coin des rues. Ce que je
trouve encore plus révoltant, c'est qu'il y a des villes qui donnent des
permis pour de la sollicitation.
Je ne peux pas me permettre de dire comme cela qu'on devrait interdire
la sollicitation. Je sais que c'est mal; moi, je ne le fais pas, mais le gars
qui le fait, il me bloque quand il me dit que le steak et le beurre sont chers.
Je voudrais savoir quel moyen le gouvernement va prendre pour régler
cette situation que notre société civilisée ne peut se
permettre.
Il y a aussi les ateliers protégés. C'est bien beau de
leur donner un salaire rémunérateur, mais il serait bon de tenir
compte des capacités réelles de l'individu. Je cite un cas. J'ai
passé une fin de semaine avec des déficients mentaux qui m'ont
dit qu'ils étaient tannés de faire de la courtepointe.
Même si c'était plus payant là, de faire de la
courtepointe, juste de la courtepointe, cela devient plate avec le temps.
Et puis au niveau des contrats d'intégration professionnelle, je
me pose la même question que la Chambre de commerce du Québec,
à savoir pourquoi c'est renouvelable juste deux fois et pourquoi c'est
seulement six mois. Je me demande si cela ne ressemble pas un peu à des
projets PIL; on leur donne du nanane, parce que moi j'appelle cela du nanane,
pendant une période de temps, puis après on leur enlève
leur nanane, puis le gars rétrograde. Pour moi il faudrait y voir.
Au niveau de la population 0-18 ans, le ministre a suffisamment
éclairé ici la situation. Il dit qu'au niveau du travail il
favorise pour le moment des mesures incitatives. Je me mets dans la peau d'un
gars qui va être engagé à la suite de mesures coercitives;
à un moment donné il pourrait se faire dire: Toi tu travailles
ici parce qu'on est obligé de te donner une job puisque tu es un pauvre
petit handicapé. Tu sais, je pense que cela peut prendre du temps, mais
il faut aussi que la personne handicapée elle-même se batte pour
avoir un emploi et qu'elle fasse ses preuves.
A ce niveau, c'est bien important. Quant au transport, on parle de
délais raisonnables pour les commissions de transport pour mettre sur
pied un système adéquat pour la population dont on discute ici.
Il y en a qui disent qu'un an c'est trop court, que ça devrait
être plus long, mais au moins que le gouvernement précise ce
qu'est un délai raisonnable au niveau du transport pour qu'on n'attende
pas des années et des années. Il faut dire que le transport,
c'est la colonne vertébrale de l'autonomie des personnes
handicapées. Il ne faudrait pas que cela traîne.
Comme conclusion, je peux dire que je ne suis pas satisfait des
amendements annoncés et j'espère que d'autres vont venir s'y
ajouter. Je remercie la commission de m'avoir entendu.
Le Président (M. Marcoux): C'est moi qui vous remercie
également au nom des membres de la commission. Je pense que vous aviez
dit que vos propos seraient imagés; vous avez été
fidèle à ce que vous avez dit que vous feriez. M. le
ministre.
M. Lazure: M. le Président, je remercie M. Pierre Nadeau
pour sa présentation. Je veux ajouter quelques précisions, par
exemple, sur les six mois dans le programme d'intégration renouvelable
à deux reprises. Il y a un certain nombre de mémoires qui nous
ont suggéré de lever, d'enlever la limite, et je pense que c'est
ce que nous allons faire. Evidemment, l'esprit de cette clause c'était
de bien souligner qu'un tel programme d'intégration doit être, par
définition, temporaire et passager.
Je conçois très bien que, dans certains cas, cela pourrait
prendre trois, quatre ou cinq périodes, mais cela devrait rester quand
même exceptionnel.
M. Nadeau: II faut considérer aussi le rythme de
l'individu. Comme exemple, c'est très difficile de comparer un
paralytique cérébral à un paraplégique.
M. Lazure: C'est très juste. Sur un autre point, les
courtepointes. Moi aussi, je suis tanné que ce soit des courtepointes ou
des espèces de travaux qui n'ont pas vraiment de sens pour la personne
handicapée, pas seulement parce que les produits n'ont pas
d'utilité, mais aussi parce que cela ne correspond pas aux aptitudes,
aux goûts, à la culture et aux intérêts de la
personne handicapée. J'ai remarqué qu'un groupe qu'on a entendu
cet après-midi ou hier, la corporation du Québec, a fait et
continue de faire un bon travail dans ce sens: diversifier les activités
et les matériaux de production dans les différents ateliers qui
deviendront peut-être des centres de travail adaptés, comme
quelqu'un nous l'a suggéré aujourd'hui.
Je note aussi dans votre mémoire que vous faites des suggestions
quant aux représentants régionaux possiblement accrochés
aux CRSSS, aux conseils régionaux de la santé, et des services
sociaux. C'est une structure régionale qu'on veut utiliser de plus en
plus. On va en tenir compte en
établissant des bureaux régionaux du futur office. Merci,
M. Nadeau.
M. Nadeau: Avant de terminer, au niveau des ateliers
protégés je vais essayer d'être bref cela
peut arriver que les ateliers protégés ne puissent pas desservir
une clientèle de handicapés lourds. Cependant, étant
donné que je travaille au niveau d'une association sur la rive sud de
Montréal, on a des handicapés lourds et il y en a
là-dedans qui n'ont jamais sorti de chez eux et on leur a fait la
charité d'aller chez eux.
N'y aurait-il pas moyen, à un moment donné, de mettre sur
pied des genres de centres de jour pour une clientèle
particulière?
M. Lazure: Je pense que oui, il y a moyen. Cela a
déjà été fait pour certaines clientèles
particulières et il va falloir diversifier le genre de centres de jour
selon les capacités de chaque personne handicapée.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais remercier M. Nadeau de son
mémoire. J'ai été particulièrement
intéressée par la mise en garde que vous faites au sujet des
structures de l'office. Je pense que vous avez appelé cela de l'humour.
Mais quand vous faites allusion au fait que, peut-être, ce que l'on
entrevoit comme structures de l'office ne correspond peut-être pas
tellement, dans la réalité, à des désirs de
décentralisation, cela m'apparaît tout à fait juste.
Je retournais, pendant que vous faisiez votre exposé, à
l'article 30 qui définit les devoirs et pouvoirs de l'office: "L'Office
a pour fonction d'informer et de conseiller les personnes handicapées,
de promouvoir leurs intérêts et de favoriser leur
intégration professionnelle et sociale." Après cela, vous
arrivez, évidemment, avec six ou sept points sur lesquels, finalement,
il sera permis à l'office de faire à peu près tout.
Même si le ministre, tout à l'heure, nous rassurait que ce serait,
enfin, minime, comme nombre, et qu'on serait surveillé par les
associations de personnes handicapées elles-mêmes, je ne peux pas
m'empêcher de faire un point de comparaison. Evidemment, on a chacun ses
points de référence et c'est probablement la présence du
député de Bourassa qui me fait faire cette comparaison avec ce
qui était censé être les pouvoirs du conseil scolaire de
l'île de Montréal où il se trouvait, au départ, une
phrase vague et vaste comme celle-ci: "pour fonction d'informer et de
conseiller les personnes handicapées et de promouvoir leurs
intérêts."
Cela veut dire que sous le couvert de cette unique phrase, on ouvre la
porte à faire tout et à prendre toutes les
responsabilités, et vous avez toujours la loi derrière vous pour
vous appuyer. Je trouve que c'est un point sur lequel on devrait se repencher
d'une façon sérieuse parce qu'on va entrer dans des batailles de
juridiction entre les pouvoirs régionaux et le pouvoir central.
Malheureusement, je pense que, comme vous le signalez très
justement, on peut se demander pourquoi il revient, par exemple, à
l'office de tenir le registre des logements destinés aux personnes
handicapées alors que cela reviendrait beaucoup plus normalement aux
instances régionales ou plus locales de faire une opération comme
celle-là. Si les instances régionales lui soulignent un manque de
ce côté, là il y a peut-être des interventions qu'il
peut faire en haut lieu.
Il me semble vraiment qu'on a multiplié inutilement les
responsabilités de l'office. Je ne mets pas en doute les intentions du
ministre, qui voudrait limiter le plus possible les activités de
l'office mais, quand on met dans un projet de loi un cadre aussi large et aussi
vaste que celui-là, on s'expose, malgré soi, à une
très grande centralisation et à des conflits de juridiction. Tout
votre chapitre sur les structures et le rôle de l'office me semble tout
à fait approprié. Je vous remercie de l'avoir signalé
d'une façon aussi claire que vous l'avez fait dans votre
mémoire.
Le Président (M. Marcoux): Nous verserons au journal des
Débats votre mémoire, que vous n'avez pas lu, mais que vous avez
résumé, (voir annexe C). Egalement, j'aimerais ajouter que vous
avez repris certaines idées qui ont été
énoncées depuis trois jours devant cette commission. Mais votre
courtepointe à vous dans cela n'était pas une courtepointe plate.
Elle était vraiment intéressante. Je vous remercie de la
présentation que vous avez faite de votre mémoire, au nom de tous
les membres de la commission.
Maintenant, je voudrais aviser les membres de la commission des
numéros des mémoires que nous entendrons mardi prochain à
compter de 10 h 30. Les mémoires 33, 10, 19, 25, 42, 37 et 2. Compte
tenu de la charge de travail que nous aurons mardi, je pense qu'il serait
important que nous commencions aux environs de 10 h 30.
La commission ajourne ses travaux à mardi prochain, 10 h 30.
(Fin de la séance à 22 h 13)
ANNEXE A
Mémoire de la Chambre de Commerce de la
Province de Québec
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre des Affaires sociales
Messieurs les Membres de la Commission Parlementaire
A Introduction
(1)
La Chambre de Commerce de la Province de Québec apprécie
et vous remercie de l'occasion offerte, dans le cadre des audiences de la
Commission parlementaire, de vous soumettre ses observations et recommandations
relativement au projet de loi 9, soit la Loi assurant l'exercice des droits des
personnes handicapées.
(2)
La Chambre
La Chambre, fédération regroupant quelque deux cents
chambres de commerce actives au Québec, représente ainsi plus de
31 000 membres, dont la majorité sont des hommes d'affaires, ainsi que,
2600 entreprises commerciales et industrielles, lesquelles adhèrent
directement à la Chambre du Québec et l'appuient dans ses
objectifs et son action.
(3)
Objectifs de la Chambre
La Chambre, constituée par une loi spéciale du parlement
fédéral a pour objectifs de "favoriser le progrès
économique, civique et social au Québec". Ses objectifs, vastes
à souhait, permettent de situer l'intervention de la Chambre devant
vous, ce jour.
(4)
Intérêt de la Chambre
Effectivement, la Chambre se justifie d'un intérêt
évident dans son intervention auprès du législateur
relativement aux droits des handicapés.
On apprécie le niveau de développement social et civique
d'une société démocratique à sa façon
libérale de traiter, protéger et assurer les droits de ses
défavorisés.
Assurer l'exercice des droits des personnes handicapées, c'est
favoriser le développement social du Québec.
B Intervention de la Chambre
La Chambre situe son intervention à deux niveaux précis, -
la problématique qui devrait sous-tendre une législation visant
à assurer l'exercice des droits des personnes handicapées,
illustrée par certains articles du projet de loi 9. - certains aspects
techniques du projet de loi.
C Problématique
Une société saine, démocratique, et le
législateur qui la représente, ne peuvent qu'être soucieux
d'assurer à tous leurs citoyens, défavorisés ou pas,
handicapés ou non, l'exercice en pleine égalité de leurs
droits, et, libertés fondamentales.
Cependant, certains citoyens sont dans les faits mieux placés que
d'autres pour jouir de leurs droits et les exercer, et il est alors normal que
le législateur s'adapte à cette réalité, et
indispensable, qu'il apporte les correctifs nécessaires pour
remédier à cette malencontreuse situation.
Une législation qui apporte les correctifs nécessaires se
doit d'intervenir avec précision et justesse.
Il faut légiférer tout en tenant compte de la
dignité et de l'amour-propre des personnes visées par les
dispositions nouvelles.
Il faut légiférer tout en ayant à l'esprit que
déjà la nécessité de cette législation tend
à démontrer que les personnes handicapées ne seraient pas
des citoyens à part entière mais des citoyens qui au même
titre que les mineurs et les déficients mentaux demandent à
être protégés comparativement aux autres.
Aussi, s'agit-il d'un secteur délicat de législation.
Les personnes handicapées ont à coeur de démontrer
qu'elles sont des citoyens normaux, aussi débrouillards que les autres,
et il ne faudrait pas contrecarrer cet effort d'adaptation par une
législation trop paternaliste qui consacrerait le principe que les
personnes handicapées ont à être dorlotées et
préservées envers et contre tous.
Malheureusement, nous constatons que le projet de loi 9 rencontre
justement ces objections.
Il est certes, louable pour le législateur de vouloir assurer
l'exercice des droits des personnes handicapées.
Cependant, la façon de légiférer dans ce cas-ci est
aussi importante que l'objectif poursuivi.
Par souci d'assurer l'exercice d'un droit, il ne faut pas renforcer
l'idée que les handicapés sont tellement
défavorisés qu'ils doivent être placés sous la
tutelle de l'Etat.
Or à maints et maints endroits, c'est ce que fait le projet de
loi.
Ainsi, pourquoi le chapitre II du projet de loi s'intitule-t-il "Les
droits des personnes handicapées?"
L'article 2 du projet stipule que les personnes handicapées
jouissent des droits et libertés de la personne. Elles jouissent
également des droits qui leur sont conférés par le projet
de loi 9. (Par exemple, l'article 3 du projet de loi.)
Ces dispositions ne peuvent entraîner qu'une seule
déduction logique, c'est que les personnes handicapées sont des
citoyens marginaux car elles bénéficient de plus de droits que
les citoyens ordinaires.
L'article 4 du projet de loi 9 se lit comme suit: "Le
propriétaire de tout logement dont l'un des occupants utilise de
façon permanente un fauteuil roulant doit, aux fins de
sécurité, identifier ce logement à l'aide d'un symbole
prescrit par règlement. Le propriétaire n'est tenu à cette
obligation qu'en autant qu'il est informé, par écrit, de la
présence de cette personne".
Cet article n'a-t-il pas pour effet de créer une distinction
entre certains locataires et d'autres? Cette distinction est-elle de la
discrimination? (cf. art. 3)
Cette identification peut-elle diminuer pour la personne
handicapée la jouissance libre et paisible de son appartement?
Dorénavant, ce symbole permettra aux autres locataires et
à leurs visiteurs d'identifier le logement d'une personne qui utilise en
permanence un fauteuil roulant, c'est une pensée amusante pour un
handicapé qui ne désire que passer inaperçu (car, de par
la rédaction de l'article, l'on ne peut présumer que seule la
personne handicapée ne pourra signaler par écrit sa
présence.)
L'article 11 prévoit la création d'un office des personnes
handicapées du Québec.
L'article 30 précise que: "L'Office a pour fonction d'informer et
de conseiller les personnes handicapées, de promouvoir leurs
intérêts et de favoriser leur intégration professionnelle
et sociale.
L'Office: b) effectue le dépistage de personnes susceptibles de
bénéficier des dispositions de la présente loi;"
Ainsi, les personnes handicapées feront l'objet d'un
dépistage; elles n'auront plus la liberté d'opter pour ou contre
une collaboration avec l'office mais se verront imposer cette
dernière.
L'article 31 prévoit que: "L'office peut: e) préparer et
publier périodiquement des statistiques sur la population des personnes
handicapées du Québec."
Les handicapés sont une classe sociale distincte!
L'article 33 se lit comme suit: "L'Office peut, par règlement:
a)déterminer les lieux publics ou les catégories de lieux publics
accessibles au handicapé visuel accompagné d'un chien-guide,
délimiter, à l'intérieur de ces mêmes lieux, les
parties non accessibles à un chien-guide, statuer sur les mesures de
sécurité qui doivent alors être prises par les gardiens de
ces lieux pour assurer le déplacement et la sécurité du
handicapé visuel, la garde du chien-guide et la protection des tiers et
prévoir le mode d'affichage de ces mesures de sécurité
dans les lieux publics; b)pourvoir à la reconnaissance des personnes
handicapées par la délivrance de cartes d'identité selon
les conditions et modalités qu'il prescrit, cette carte devant, dans le
cas du handicapé visuel, indiquer, s'il y a lieu, qu'il a droit
d'être accompagné d'un chien-guide; c)établir les
critères de reconnaissance des écoles d'entraînement de
chiens-guides et fixer les modalités de délivrance de la
médaille que doit porter le chien-guide du handicapé visuel ainsi
que les inscriptions qui doivent figurer sur cette médaille; d)statuer
sur le contenu, la conservation et la consultation du dossier d'une personne
handicapée."
Cet article vise à faciliter les déplacements des
handicapés avec leurs chiens-guide, cependant, dans les faits, il
crée de la discrimination: -certains lieux seront accessibles et pas
d'autres -une carte d'identité spéciale pour les
handicapés. -...etc.
Nous sommes parfaitement conscients que le législateur ne veut
que s'assurer que les personnes handicapées pourront exercer leur droit
sans faire l'objet de discrimination, cependant son attitude et les
différentes modalités prévues au projet de loi ne
changeront pas vraiment la situation actuelle, car dorénavant les
personnes handicapées qui seront sujettes à la discrimination
factuelle le seront également de par la loi.
Enfin, la section IV du projet de loi s'adresse à l'emploi de la
personne handicapée. Les trois grands éléments de cette
section sont: a)l'interdiction faite à l'entreprise de cinquante
employés et plus de licencier un salarié pour la seule raison
qu'il est devenu une personne handicapée; b)la possibilité pour
l'Office d'exiger des entreprises de cinquante employés et plus
l'embauche de personnes handicapées, jusqu'à concurrence de trois
pour cent des effectifs; c)la possibilité pour l'Office de subventionner
les entreprises, soit pour l'adaptation des postes de travail, soit pour
favoriser l'emploi des personnes handicapées.
A priori, les trois éléments de cette section paraissent
équilibrés et, en principe, ils le sont. Il est normal de
concevoir qu'une partie importante de l'intégration ou de la
réintégration sociale et professionnelle d'une personne
handicapée soit déterminée par l'emploi et que
l'entreprise puisse et même doive y jouer un rôle important.
Cependant, l'équilibre apparent ne résiste pas à
l'examen, ni pour la personne handicapée, ni pour l'entreprise.
D'abord, la personne handicapée, très vaguement
définie comme étant: limitée de façon significative
et persistante dans l'accomplissement d'activités normales, à
cause d'une déficience physique ou mentale et reconnue comme telle par
l'Office. (Art. 1m)
Oublions, pour les fins de la discussion, le handicap physique et
examinons la déficience mentale. Celle-ci peut emprunter plusieurs
formes et peut même, à la rigueur résulter de
l'incapacité de la personne à s'adapter à la nature
même de l'entreprise ou du milieu de travail. Or, ce milieu de travail
n'est pas composé de l'employeur seul sur qui repose l'interdiction de
licencier mais aussi de collègues de travail. Dans de telles
circonstances, la personne handicapée peut voir son droit
respecté tout en perdant un autre droit celui à l'intimité
et à l'intégrité de sa personne.
Pour l'entreprise visée, il peut y avoir conflit entre, d'une
part, le respect du droit de la personne handicapée et les
pénalités pouvant être encourues ($5000, art. 82) et $500
par jour (art. 58 du projet 45) et, d'autre part, ses obligations
vis-à-vis l'ensemble de ses commettants, clients et salariés. Par
exemple, comment concilier la situation d'une personne handicapée qui
dans le milieu de travail et de par la nature du handicap pourrait constituer
pour les autres salariés, une menace à leur santé ou
à leur sécurité?
Aux dispositions actuelles, nous préférerions substituer
une problématique différente, visant le même objectif mais
procédant d'une autre démarche.
Par exemple, modifier l'article 10 de la Charte des droits et
libertés de la personne (ch. 6, lois de 1975) pour inclure les personnes
handicapées, au sens du bill 9 (nous présumons que la
définition vise celles où il existe des possibilités
d'intégration sociale et professionnelle) rendraient opérantes
les dispositions contenues aux articles 16, 17, 18, 19 et 20 de la Charte.
Voilà qui consacrerait le droit de la personne handicapée,
sans la stigmatiser face aux autres personnes.
Pour assurer la participation de l'entreprise, toujours en visant les
objectifs de la section IV du présent projet, nous suggérons une
première disposition habilitant l'Office à négocier avec
toute entreprise de cinquante salariés et plus, l'adaptation de postes
de travail ou toute autre mesure favorisant l'emploi d'une personne
handicapée.
La conclusion favorable de cette négociation conférerait
à l'entreprise un agrément sanctionné par l'Office
à une réclamation spéciale pour fins d'impôt sur le
revenu tenant compte des dépenses engagées et pour un terme
déterminé. D'autre part, une entreprise déjà
exemptée de la loi de l'impôt sur le revenu pourrait obtenir une
subvention en lieu d'exemption.
Notre démarche s'inspire non seulement de la
responsabilité sociale de l'entreprise et des contraintes réelles
de son environnement mais aussi de son intérêt. Or, pour
l'entreprise privée du Québec en général, une
subvention comporte, à coût égal pour l'Etat, moins
d'avantages puisqu'elle doit la considérer à titre de revenu
imposable pour fins d'impôt fédéral et provincial. L'on
conçoit mal qu'une contribution financière du Québec
destinée en définitive à l'adaptation de l'entreprise pour
l'amélioration de la condition de la personne handicapée
aboutisse dans les coffres d'un autre gouvernement.
D L'aspect technique du projet de loi
9
Cette partie du mémoire comporte surtout des interrogations
soulevées par le projet de loi. L'article 27 du projet se lit comme
suit: "Nonobstant toute autre loi, l'Office peut obtenir tout renseignement
d'un ministère ou d'un organisme du gouvernement, chaque fois que la
chose est nécessaire pour l'application de la présente loi."
Cette disposition a-t-elle pour effet de permettre, par exemple à
l'office d'obtenir des renseignements du Ministère du revenu au sujet de
la déclaration d'impôts d'une personne handicapée?
Si tel est le cas, nous ne voyons pas pourquoi l'office
bénéficierait des pouvoirs d'enquête d'un tribunal sans
pourtant être soumise aux mêmes contrôles.
Nous ne voyons pas pourquoi par cette loi on créerait exception
au devoir spécifique de confidentialité créé par
les lois régissant d'autres ministères.
L'article 36 stipule ce qui suit: "L'Office accorde le certificat
visé à l'article 35 à un organisme sans but lucratif qui:
a)à son avis, s'occupe principalement de la défense des droits,
de la promotion des intérêts et de l'amélioration des
conditions de vie de la personne handicapée; b)est constitué en
vertu d'une loi du Québec; c)a transmis à l'Office copie de son
acte constitutif et de ses règlements.
Cet article semble indiquer qu'un organisme de promotion des
intérêts des personnes handicapées constitué en
vertu d'une loi fédérale ou loi étrangère ne
pourrait bénéficier d'un certificat de reconnaissance.
Si la réponse est positive, nous voyons mal les motivations
derrière cette façon d'agir car ces organismes peuvent jouer un
rôle valable pour la promotion des droits des personnes
handicapées et ceci indépendamment de leur lieu de
constitution.
L'article 40 se lit comme suit: «L'Office peut, pour cause,
révoquer le certificat de reconnaissance d'un organisme de
promotion.»
Y a-t-il un droit d'appel de cette décision?
Si non, il y aurait lieu de prévoir un tel recours, car la
révocation d'un certificat de reconnaissance est une grave
pénalité pour un organisme de promotion, et ce dernier devrait
pouvoir enregistrer sa dissidence auprès des tribunaux supérieurs
grâce à un mécanisme spécifique d'appel plutôt
que par la voie prohibitive d'ailleurs du pouvoir de révision et de
contrôle de la Cour supérieure sur les tribunaux
inférieurs. (Art. 33 C.P.C.)
Les articles 41 et 42 prévoient ce qui suit: «Personne ne
peut, s'il ne détient un certificat en vertu de l'article 36:
a)solliciter ou recueillir des fonds, par l'offre ou la vente de biens ou de
toute autre manière, en affirmant ou laissant croire que ces fonds sont
sollicités ou recueillis pour le bénéfice de personnes
handicapées; b)affirmer ou laisser croire qu'il bénéficie
d'une reconnaissance de l'Office." «L'Office peut accorder un permis
d'atelier protégé à une association coopérative ou
à un organisme sans but lucratif qui: a)produit des biens ou services;
b)emploie en majorité des personnes handicapées ne pouvant
travailler dans des conditions ordinaires, afin de leur permettre d'utiliser et
de développer leurs possibilités professionnelles dans des
conditions de travail appropriées; c)s'engage à embaucher des
personnes handicapées placées par l'Office pour la durée
que celui-ci indique; d)fournit aux personnes handicapées un travail
utile et rémunérateur; et e)remplit les conditions prescrites par
règlement.
Si notre compréhension de ces articles est exacte, un atelier
protégé devra obtenir le certificat de reconnaissance visé
à l'article 35 avant de vendre les biens produits par les personnes
handicapées en les annonçant comme tels.
Il nous semble que l'association ou l'organisme qui détient
déjà un permis d'atelier protégé devrait pouvoir
solliciter des fonds du public tel que prévu à l'article 41a sans
en plus être obligé d'obtenir un permis de reconnaissance
visé à l'article 36.
L'article 68 stipule ce qui suit: «L'Office peut, dans le cadre
d'un plan de services, conclure avec tout employeur et un
bénéficiaire un contrat en vue de l'intégration de ce
bénéficiaire au marché du travail. Un tel contrat a une
durée d'au plus six mois et n'est renouvelable que deux fois.
L'Office assure le respect des obligations qui incombent à cet
employeur en vertu d'un tel contrat.»
Pourquoi limiter la durée du contrat de service à un
maximum de 6 mois?
Pourquoi le contrat de service n'est-il renouvelable que deux fois?
Les dispositions de l'article 73 interdisant le congédiement en
plus de poser un problème d'équité pour le salarié
d'une entreprise de 50 employés ou plus en soulève un autre, sur
le plan technique, de concordance avec des dispositions prévues dans un
autre projet de loi à l'étude devant l'Assemblée
nationale: celui portant sur le régime d'assurance automobile.
Effectivement, ce dernier projet prévoit la diminution des
indemnités pour une personne dont le handicap résulte d'un
accident et qui touche des gains provenant d'un emploi.
La combinaison ae ces dispositions pourrait donc priver une personne
handicapée d'une partie substantielle de ses indemnités. Et,
notons-le, il en va de même pour les personnes visées par la loi
des accidents du travail.
L'article 79 stipule ce qui suit: «Tout transporteur doit, dans
l'année qui suit le (insérer ici la date de l'entrée en
vigueur du présent article), faire approuver par le ministre des
transports un plan de développement visant à assurer, dans un
délai raisonnable, le transport en commun des personnes
handicapées dans le territoire qu'il dessert.
Ce plan peut tenir compte du taux de renouvellement de son
équipement et de la nature des services offerts.»
Il y aurait peut-être lieu de prévoir un délai plus
prolongé car un an, c'est un peu court.
E Conclusion
Somme toute, la Chambre, quoique favorable au principe du projet de loi,
croit que la problématique sous-jacente à ce dernier doit
composer avec la dignité et le désir d'indépendance des
personnes qui y sont visées.
La Chambre croit de plus qu'il serait préférable de
modifier la Charte des droits et libertés de la personne afin d'assurer
l'exercice des droits des personnes handicapées pour éliminer la
nécessité d'une législation spéciale à cet
effet, qui isole alors le cas des personnes handicapées et les encadre
dans un régime législatif parallèle au régime
législatif prévu pour tous les Québécois.
La Chambre de Commerce de la Province de Québec le 9 septembre
1977
ANNEXE B
Chapitres III, IV et V du mémoire du Syndicat
des fonctionnaires provinciaux
Partie III
CANADA DEVANT L'ARBITRE DES GRIEFS
PROVINCE DE QUEBEC DISTRICT DE QUEBEC
Dossier No 02-68-4818
DANS L'AFFAIRE DU GRIEF DE GASTON ROBERT (Commission des Accidents du
Travail).
LE GOUVERNEMENT DE LA PROVINCE DE QUEBEC, ci-après appelé:
«LE GOUVERNEMENT», et
LE SYNDICAT DES FONCTIONNAIRES PROVINCIAUX DU QUEBEC (Unité
Ouvriers), ci-après appelé: «LE SYNDICAT»
Sentence exécutoire
II s'agit du grief de Gaston Robert, un nettoyeur-laveur à
l'emploi de la Commission des Accidents du Travail, au Centre de
Réadaptation, à Québec, qui est entré à
l'emploi du Gouvernement le 9 juillet 1969 et qui a été
congédié par une lettre en date du 29 janvier 1971, par
l'honorable Maurice Belle-mare, président de la CAT.
Le plaignant prétend que le congédiement est
injustifié et il réclame sa réinstallation dans sa
fonction avec tous les droits et avantages qui s'y rattachent.
L'arbitre soussigné a eu le concours de messieurs ERNEST RINGUET,
assesseur patronal, et PAUL CHOINIERE, assesseur syndical, dans l'étude
de la preuve et des arguments des parties pour en arriver à la
présente décision.
Les faits
Le Gouvernement a fait une longue preuve tendant à établir
les absences répétées de cet employé depuis son
entrée en fonction, absences qui se chiffrent aux alentours de vingt
pour cent (20%) des jours ouvrables durant la période
concernée.
Le Gouvernement a également établi que les
supérieurs du plaignant Gaston Robert l'ont averti à plusieurs
reprises d'avoir à être plus assidu et le 31 juillet 1970,
l'attaché d'administration du personnel, M. Maurice Gaudreau, lui a fait
parvenir une lettre qu'à l'avenir il devrait produire un certificat
médical attestant qu'il était physiquement incapable de remplir
ses fonctions de nettoyeur-laveur, et cela, même pour des absences de
trois jours ou moins. Ce certificat devait accompagner la formule P-51
dès son retour au travail.
Subséquemment, le Gouvernement par l'intermédiaire du
président de la C.A.T., soit le 5 août 1970, a suspendu le
plaignant pour une période de quinze (15) jours sans paie, entre le 7
août et le 21 août 1970.
Dans la lettre de suspension, pièce G-12, le président de
la C.A.T., terminait en disant: «Nous comptons que cette suspension vous
incitera à améliorer votre assiduité, sans quoi, nous
serons dans l'obligation de demander votre révocation.»
Mais à la suite de cette suspension sans paie, la preuve a
révélé que le plaignant a été quelques mois
sans s'absenter, ses premières absences pour maladie survenant les 22 et
23 octobre 1970. Par la suite, les absences se sont
répétées assez fréquemment, toujours pour cause de
maladie et, dans bien des cas, alors que la caisse de crédits du
plaignant était épuisée et qu'il ne recevait aucun salaire
pour ses absences-maladie. Ces faits apparaissent très bien dans la
fiche d'assiduité, pièce G-5, qui fait voir le grand nombre de
jours d'absence-maladie non rémunérés.
Les raisons invoquées le 29 janvier 1971 par le président
de la C.A.T., pour demander la révocation de Gaston Robert, sont
basées sur ses absences répétées avant comme
après sa suspension du 5 août 1970.
De son côté, le Syndicat a prouvé par le
témoignage du Docteur Antonin Fournier que Gaston Robert avait
été son patient et qu'il l'avait examiné pour une
lombalgie, le 27 octobre 1969, et lui avait donné un certificat
médical établissant qu'il était incapable de travailler et
qu'il pourrait probablement retourner au travail aux environs du 3 novembre
1969.
Le Docteur Fournier a expliqué que lors de l'examen clinique de
son patient, il lui fallait se fier à ce que le patient lui disait quant
aux malaises physiques dans le dos, mais qu'il y avait un moyen de
vérifier un état grippal et c'était de prendre la
température. Le 31 octobre 1969, Gaston Robert faisait de la
température, ce qui confirmait un état grippal accompagné
de douleurs musculaires.
Par la suite, le Docteur Fournier a revu le plaignant le 9 janvier 1970
et il avait encore un état grippal accompagné de douleurs
musculaires et il lui a donné un certificat médical pour la
période du 6 au 12 janvier 1970.
Le 11 décembre 1970, il a revu son patient qui souffrait d'une
légère brûlure à la main gauche, le rendant
incapable de travailler au moins pour une journée, mais il ne lui a pas
donné de certificat médical.
A d'autres occasions, le plaignant Gaston Robert a obtenu des
certificats médicaux pour couvrir différentes périodes
d'absence-maladie, comme celle du 12 février au 9 mars 1970, par le
Docteur Eugène Bissonnette.
Il ressort de la preuve médicale, qui a été faite
devant moi par le Docteur Fournier, qu'il s'agissait d'un homme qui a fait des
épisodes grippaux à répétition et qui avait un
seuil de douleur assez bas, ce qui l'aurait rendu souvent incapable de
travailler durant la période concernée. Le Docteur Fournier avait
déjà été consulté par le plaignant avant
qu'il ne travaille pour le Gouvernement, et cela pour des cas sérieux,
et il en a conclu qu'il s'agissait d'un patient fiable qui ne se plaignait pas
pour rien. Se basant sur son expérience avec Gaston Robert, le docteur
Fournier conclut qu'il est plausible qu'il ait été
véritablement malade chaque fois qu'il s'est absenté en
alléguant la maladie dans sa formule P-51 et alors que l'absence
n'était pas assez longue pour nécessiter un certificat
médical.
Le Gouvernement n'a pas tenté de prouver qu'en une seule occasion
le plaignant Gaston Robert se soit déclaré malade alors qu'en
réalité il ne l'était pas et avait accompli autre chose
durant cette absence-maladie en voulant ainsi frauder le Gouvernement. Au
contraire, le plaignant Gaston Robert a établi qu'à chaque fois
qu'il s'était déclaré malade, c'était bien exact et
il n'était pas sorti de la maison pour aller faire autre chose. Il a
admis qu'un jour, il avait téléphoné à M. Charles
Hardy, son supérieur immédiat, pour lui dire que son automobile
était gelée et qu'il ne pouvait pas se rendre au travail, et en
essayant de la partir il a pris du froid et a dû perdre deux ou trois
jours à cause de la grippe.
Tenant compte du fait que, le plus souvent, les absences-maladie du
plaignant n'ont pas été rémunérées, faute de
crédit en maladie il est raisonnable de conclure que le plaignant a
été de bonne foi lorsqu'il s'est déclaré malade
pour justifier ses absences au travail. Il n'avait rien à gagner en
agissant ainsi et sa bonne foi ne peut être mise en doute.
Enfin, sur la question de fournir un certificat médical
après le 31 juillet 1970 pour toute absence-maladie, la preuve a
révélé que M. Maurice Gaudreau n'a pas rescindé son
exigence par écrit du 31 juillet 1970, pièce G-11, mais
après la suspension de Gaston Robert, ce dernier s'est adressé
à Charles Hardy qui lui aurait laissé entendre que l'affaire
était arrangée et qu'il n'aurait plus, à l'avenir,
à fournir de certificat médical pour des absences de trois jours
ou moins.
A ce sujet, Charles Hardy admet avoir téléphoné
à M. Maurice Gaudreau pour lui demander d'exempter Gaston Robert de
l'obligation contenue dans la lettre du 31 juillet 1970 et M. Gaudreau aurait
déclaré: «Je vais essayer d'arranger cela» et M.
Hardy lui aurait fait part de cette réponse de Maurice Gaudreau. Quoi
qu'il en soit, ni Maurice Gaudreau, ni Charles Hardy n'ont insisté,
après le 31 juillet 1970, pour obtenir des certificats médicaux
pour des absences-maladie de trois jours ou moins.
Le droit
Le savant procureur du Syndicat, Me Jean Poudrier, a soutenu que
même si le Gouvernement avait réussi à prouver des absences
répétées de la part du plaignant, et cela dans la
proportion de vingt pour cent (20%) environ des jours ouvrables durant la
période concernée, si ces absences étaient motivées
par la maladie, elles ne pouvaient pas justifier un congédiement.
Il a cité une nombreuse jurisprudence à cet effet et je
crois devoirreproduire quelques-unes des plus importantes qui ont établi
ce principe: 1- «UNITED ELECTRICAL WORKERS, Local 504, -and-
CANADIAN WESTINGHOUSE CO. LTD. Labour Arbitration Cases, Vol. 14, page
232: Rule 10 of the plant rules provided for disciplinary action in case of
'failure to maintain regular
attendance'. The Board unanimously held that this rule required some
form of offence or misconduct, and could not be applied to justify a written
warning or other disciplinary action for an employee who was absent by reason
of legitimate and well-known illness, no matter how often such absences were
repeated.» 2-«UNITED BREWERY WORKERS, Local 304, -and-
MOLSON'S BREWERY (Ontario) LTD.
Labour Arbitration Cases, Vol. 11, page 381:
Where an employee's absence from work because of illness is in fact
justifiable, failure to obey a regulation requiring independent proof of such
justification is not a 'just cause' for discharge, even as a culmination of a
previously unsatisfactory record, where the company neither requires the
employee to bring forth such independent proof nor institutes inquiries of its
own as to the truth of the employee's assertion.» 3-«UNITED RUBBER
WORKERS, Local 232, -and-
GOODYEAR TIRE & RUBBER CO. OF CANADA LTD.
Labour Arbitration Cases,
Vol. 17, page 137:
The grievor was absent for two days because, as he testified, he had
injured his leg at work. When he did report for work, he was discharged, no
attempt being made to ascertain the truth of his story. The grievor had a
clearly unsatisfactory attendance record, and had been successively warned and
suspended on that account. Held, by a majority of the board of arbitration, R.
V. Hicks dissenting, in the absence of evidence indicating misconduct on the
grievor's part on the occasion in question, discipline was not justified, and
the grievor was ordered reinstated with compensation.»
Dans une sentence de UNITED AUTOMOBILE WORKERS, L.A.C., Vol. 17, page
289, il a été décidé également que la
maladie ne pouvait pas constituer une cause de congédiement et que si un
employé devenait incapable de remplir convenablement son travail par
suite d'absences-maladie répétées, il pourrait être
mis à pied en attendant de lui trouver un emploi convenable à ses
capacités réduites ou encore il pourrait lui être
accordé un congé-maladie sans solde pour lui permettre de se
guérir et de revenir ensuite au travail pour fournir un travail normal
avec des absences-maladie normales.
Il y a aussi une décision du notaire Perrin où il semble
que l'arbitre ne soit pas d'avis que la maladie, si elle est prouvée,
comme cause très fréquente d'absence, puisse entraîner un
congédiement. Ce serait plutôt pour avoir fait défaut de
fournir la preuve de la maladie et d'avoir averti son supérieur
immédiat de sa maladie que le plaignant Gérard Paradis a
été congédié.
En réponse aux arguments du procureur syndical, le savant
procureur du Gouvernement, Me Rémi Chartier, soulève l'opinion
émise par l'arbitre Jean-Réal Cardin dans la sentence de Imperial
Tobacco Limitée, à l'effet que l'employeur conserve ses droits de
mettre fin à leur emploi ou de les assigner à d'autres fonctions
si la preuve révèle que des employés, d'une façon
constante et définitive, ne peuvent remplir valablement les exigences de
leur tâche. Il s'agissait d'un manque d'assiduité pour cause de
maladie, mais l'arbitre n'a pas conclu qu'il s'agissait d'une déficience
définitive bien que les pourcentages d'absentéisme pour maladie
aient été beaucoup plus élevés dans le cas qu'avait
à décider l'arbitre Cardin que dans le nôtre.
Il me faut donc conclure que les absences répétées
de Gaston Robert ont été justifiées par la maladie et
qu'aucune preuve de fraude ou de mauvaise conduite n'a été faite
contre lui et qu'une mesure disciplinaire ne pouvait pas, dans les
circonstances, lui être imposée.
Je comprends que les absences répétées de cet
employé ont embarrassé considérablement le Centre de
Réadaptation et que le président de la CAT. était
justifié d'agir pour mettre fin à une telle situation, mais il ne
pouvait pas le faire par une demande de révocation mais plutôt par
une mise à pied ou encore en offrant au plaignant un
congé-maladie sans solde pour une période assez longue pour lui
permettre de se rétablir complètement, comme il semble
l'être aujourd'hui suivant le rapport du docteur Fournier, en date du 17
mai 1971, pièce S-2.
Si le gouvernement, par la voix du président de la C.A.T. avait
mis à pied Gaston Robert le 2 février 1971, il aurait
été certes quelques mois sans travailler pour se rétablir
de ses épisodes grippaux à répétition et il y a
lieu de conclure qu'il aurait pu être en mise à pied ou en
congé-maladie sans solde jusqu'au 17 mai 1971, date où il a
été déclaré apte à reprendre son travail. Il
y a donc lieu de ne lui accorder le remboursement de salaire qu'à
compter du 17 mai 1971.
Conclusion
EN CONSÉQUENCE, POUR CES MOTIFS:
J'ANNULE la décision du Gouvernement de congédier GASTON
ROBERT à compter du 2 février 1971.
J'ORDONNE au Gouvernement de le réinstaller dans ses fonctions de
nettoyeur-laveur au Centre de Réadaptation de la C.A.T., à
Québec, et cela avec tous ses droits en vertu de la convention
collective, et J'ORDONNE au Gouvernement de lui rembourser le salaire perdu
à compter du 17 mai 1971 jusqu'à la date de sa
réinstallation, moins le salaire qu'il a pu gagner ailleurs ou toute
compensation qu'il a pu recevoir pendant cette période.
Cette sentence est exécutoire dans le plus bref délai
possible suivant l'article 13.07 de la convention collective.
EN FOI DE QUOI, j'ai signé à SHERBROOKE, ce 15 juin
1971.
Jean-Louis Péloquin, Juge provincial, Arbitre unique.
Partie IV
CANADA
PROVINCE DE QUEBEC
DISTRICT DE QUEBEC
Devant l'arbitre des griefs
Dossier: No. 02-68-5064
Dans l'affaire du grief de Tancrède Lavoie
LE GOUVERNEMENT DU QUEBEC
___et_
LE SYNDICAT DES FONCTIONNAIRES PROVINCIAUX DU QUEBEC (unité
ouvriers)
Décision exécutoire
Le 19 mai 1971, le Syndicat des Fonctionnaires Provinciaux du
Québec, unité ouvriers, donnait à M. le Juge Alan B. Gold
avis d'arbitrage du grief sommairement exposé comme suit:
«Contestation d'un congédiement».
Le 16 septembre 1971, l'enquête au mérite procédait
devant le soussigné et les deux assesseurs désignés par
chacune des parties.
Les faits sont relativement simples. Ils se résument à ce
qui suit.
Le plaignant était un «ouvrier de voirie» à
l'emploi du Gouvernement depuis environ onze ans. Ses fonctions consistaient
à travailler douze mois par année à l'extérieur sur
les chemins publics.
En décembre 1969, la maladie le força à abandonner
son emploi jusqu'au 16 mars 1970, tel qu'il appert du certificat
médical, produit sous la cote G-2.
Le ou vers le 26 octobre 1970, le plaignant remit à son
employeur, de la part de son médecin traitant, le document (G-3) qui se
lit comme suit: «Dr. Joachim Bouchard, m.d. Médecin Chirurgien,
106, rue St-Edouard, St-Urbain, Cté Charlevoix
Le 26 octobre 1970 A qui de droit,
Sujet: Tancrède Lavoie, St-Urbain, Co. Charlevoix
Je certifie que Monsieur Tancrède Lavoie est incapable d'occuper
son emploi à compter du 15 novembre au 15 avril 1971.
Je vous suggère donc de lui donner un congé sans solde
pour cette période de temps car je lui interdis de travailler sur le
sablage des chemins pendant l'hiver en raison de sa condition physique.
Joachim Bouchard, m.d.»
Sur réception de ce document, le Gouvernement, par écrit,
s'enquit auprès du plaignant si son incapacité était
temporaire ou permanente, le médecin traitant du plaignant transmit,
alors, à l'employeur l'avis (G-4) suivant: «Dr. Joachim Bouchard,
m.d.
Médecin Chirurgien, 106, rue St-Edouard,
St-Urbain,
Charlevoix
Le 16 janvier 1971
Ministère de la Voirie La Malbaie Co. Charlevoix
A qui de droit,
Sujet: Tancrède Lavoie, St-Urbain, Co. Charlevoix
En réponse à la lettre que vous adressiez au
précité en date du 15-01-71, je dois vous dire que
l'incapacité de travailler l'hiver pour Monsieur Tancrède Lavoie
est permanente.
Joachim Bouchard, m.d.»
Suite à cet avis du médecin traitant, le Gouvernement mit
fin au contrat de travail du plaignant.
Or, la question qui se pose est donc de savoir si, pour cause
d'incapacité permanente, l'employeur était en droit de mettre fin
au contrat de travail du plaignant.
Hors pour ce qui a trait à certains cas d'espèce,
l'arbitre est en mesure d'affirmer, qu'à son avis, comme règle
générale, il est prohibé à l'employeur de
s'autoriser de la fréquence des absences réelles pour maladie
d'un employé pour le congédier, ou mettre fin à son
contrat de travail.
La règle nie ce droit à l'employeur, cela la jurisprudence
l'a établi clairement. Pour mieux s'en convaincre, qu'il suffise de
référer à deux décisions particulières:
«Gaston Robert dossier: no 02-68-4818
Le gouvernement de la province de Québec et
Le Syndicat des Fonctionnaires Provinciaux du Québec
(u.o.)»
Cette décision de M. le Juge Jean-Louis Péloquin fait
état d'une jurisprudence abondante, niant le droit à l'employeur
de «congédier» un employé pour absences
fréquentes ou prolongées, mais temporaires, motivées par
la maladie. «Thérèse Gauvin
Les Produits Imperial Tobacco Ltée et
Le Syndicat International des Travailleurs du tabac, local
315.»
Après avoir fait, à la fin du premier paragraphe de la
huitième page, une affirmation qui fixe les normes qui, à son
avis, différencient un cas d'espèce d'une toute autre nature,
dans cette dernière décision le président du tribunal, M.
Jean Réal Cardin, en arrive à la même conclusion que dans
la décision précédente: la fréquence des absences
ou la durée de la période d'absences pour maladie, temporaire,
d'un employé ne peut être cause de son congédiement.
Si ces deux décisions, avec celles auxquelles elles
réfèrent, résument généralement la
jurisprudence qui doit s'appliquer au titre des congédiements pour cause
de maladie, il s'impose, toutefois, d'en dégager les lignes
maîtresses, afin de voir si les faits qu'elles rapportent et les
principes qu'elles posent s'appliquent effectivement au litige qui nous
concerne.
Or, l'arbitre constate que dans chacune des décisions
citées, le tribunal était en présence d'employés
que la maladie, «dans le sens ordinare du mot» (article 34.01),
avait éloigné de leur travail de façon temporaire et
accidentelle, quoique pour des périodes plus ou moins
prolongées.
Dans aucun de ces cas, l'état, «la condition»
physique ou une déficience permanente de l'employé ne l'avait
rendu indéfiniment pour toujours inapte à exercer
telle fonction spécifique qui était sienne. Sa maladie,
prolongée ou à «répétition», en le
forçant à garder le lit ou la maison, l'avait seulement
empêché pour un temps de travailler généralement et
non, une fois guéri, rendu inapte pour toujours à remplir un
emploi donné.
Dans le présent litige, force est d'affirmer que le plaignant,
qui ne souffre d'aucune maladie, «dans le sens ordinaire du mot»,
ne peut plus exécuter «valablement», de façon
permanente, «constante et définitive», la tâche
spécifique à laquelle il était assigné, «les
exigences de sa tâche».
Aussi, l'arbitre est-il d'opinion qu'il est effectivement en
présence d'un cas où l'employeur était justifié de
mettre fin au contrat de travail du plaignant.
A cause de son état physique, de sa déficience permanente,
pendant cinq mois sur douze («à compter du 15 novembre au 15
avril» dit le médecin), le plaignant ne pourra plus jamais
exécuter le travail pour lequel il a été
engagé.
Dans son cas, il ne s'agit pas d'absences répétées
ou prolongées, causées par la maladie, «au sens ordinaire
du mot», absences qui, toutefois, restent temporaires et accidentelles et
qui, à brève ou longue échéance, appellent un
retour à la normale. Il ne s'agit pas d'une situation qui, un jour ou
l'autre étant rétablie, permet à un employé de
reprendre l'exécution raisonnable de son contrat de travail. Au
contraire, bien que guéri, le plaignant ne pourra plus jamais
cinq mois sur douze , à cause d'incapacité physique,
s'acquitter de ses fonctions. Il ne pourra plus jamais
«valablement» exécuter son contrat de travail.
Il s'en suit, donc, que l'employeur avait tous les droits d'y mettre
fin. L'arbitre ne voit aucunement qu'il s'agisse ici d'un cas de maladie
régi par les articles 34.01 et 34.03 de la Convention collective.
A notre sens, le présent litige exprime précisément
le cas d'exception que note la décision Cardin, à la page 8,
auquel l'arbitre souscrit entièrement.
D'autre part, comme il a commencé à le faire, le
Gouvernement devrait-il désormais, à chaque année, donner
du travail au plaignant quand sa capacité physique lui permet d'en
effectuer. Cela est affaire humanitaire qu'il n'appartient pas à
l'arbitre de trancher. Il doit se borner à le souhaiter.
PAR CES MOTIFS, l'arbitre:
REJETTE, à toutes fins que de droit, le grief de M.
Tancrède Lavoie. En foi de quoi, j'ai signé à
Québec, ce 26ième jour d'octobre 1971.
Jean Bérubé
Juge de la Cour provinciale
Arbitre unique.
Partie V 1) Correspondance à Georges-Henri Lavoie de
Gérard Barbin, sous-ministre, ministère des consommateurs,
coopératives et institutions financières, en date du 28
février 1977. 2)Correspondance à Charles-A. Gauthier, service des
relations de travail, ministère des consommateurs coopératives et
institutions financières, de Jean-Guy Saint-Pierre, représentant
du comité de qriefs du SFPQ en date du 21 avril 1977. 3) Correspondance
à Jean-Guy Saint-Pierre, représentant du comité de griefs
du SFPQ de Charles-A. Gauthier, service des relations du travail,
ministère des consommateurs, coopératives et institutions
financières, en date du 27 avril 1977.
Gouvernement du Québec
Ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières
Bureau du sous-ministre
800, place d'Youville, Québec G1R 4Y5
Québec, le 28 février 1977. RECOMMANDE
Monsieur Georges-Henri Lavoie 2280, Chemin Ste-Foy, app. 307 Ste-Foy,
Que.
Monsieur,
Je vous informe, par la présente, que votre nomination est
révoquée à compter du 11 mars 1977, 16.30 heures, pour la
raison suivante: incapacité physique de remplir vos fonctions.
Cependant, d'ici cette date, je suis disposé à vous
assurer mon entière collaboration pour vous faciliter l'obtention de
l'assurance-salaire, tenant lieu et place de cette révocation, si vous
manifestez le désir de vous prévaloir de ce
bénéfice et de fournir les documents nécessaires.
Veuillez accepter l'expression de mes sentiments distingués.
Gérard Barbin Sous-ministre
Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec Inc.
Siège social
155 est, Boul. Charest
QuébecG1K3G6
(418) 529-4581
Québec, le 21 avril 1977
Monsieur Charles-A. Gauthier
Service des relations de travail
Ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières 800 Place d'Youville
Québec, P.Q.
Objet: Monsieur Georges-Henri Lavoie
Griefs 229502 229564 266091 266092
Monsieur,
La présente est pour vous réitérer ma demande
à l'effet de tenir une rencontre spéciale afin de discuter du cas
de l'employé ci-haut mentionné, et ce, suite à notre
conversation téléphonique du 19 avril courant au cours de
laquelle vous m'informiez que vous n'étiez pas intéressé
à nous rencontrer, étant donné le fait que selon vous il
s'agirait d'une perte de temps, puisque les représentants de votre
ministère, soit messieurs Poulin, Carrier et Barbin, ainsi que
vous-même, n'aviez pas l'intention de bouger dans ce dossier.
Je tiens également à vous confirmer que nous prendrons
tous les moyens légaux nécessaires a-fin que justice soit rendue
à monsieur Lavoie, et j'entends par ces moyens la Commission
parlementaire qui devrait avoir lieu incessamment sur les handicapés
physiques, ainsi que des poursuites contre le Dr. Richard Audet qui vous avait
transmis des informations alors qu'il n'avait pas l'autorisation de monsieur
Lavoie, de même que tous les moyens couverts par la convention collective
en regard de chaque dossier.
J'ose donc espérer que vous reviserez votre position et
accepterez qu'une telle rencontre soit tenue, à laquelle je serais
accompagné de notre procureur, Me Jean Poudrier, ainsi que du
président de section, monsieur Yves Carrier.
Espérant donc vous lire favorablement à ce sujet dans les
meilleurs délais, je demeure,
Votre tout dévoué,
Jean-Guy St-Pierre Représentant Comité de griefs
«F»
Gouvernement du Québec
Ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières
Québec, le 27 avril 1977.
Monsieur Jean-Guy St-Pierre
Représentant Comité de griefs «F»
Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec Inc. 155 est,
boul. Charest
Québec.
G1K 3G6
Objet: Georges-Henri Lavoie
Griefs 229502 229564 266091 266092
Monsieur,
Suite à votre lettre du 21 avril 1977 et à une nouvelle
étude des cas mentionnés en titre, nous désirons
reconsidérer sommairement avec vous chacun des griefs qui à votre
avis devraient faire l'objet d'une rencontre avec notre ministère.
Grief no 229502:
Changement de grade refusé: Séance d'arbitrage du 9 nov.
1976 Sentence rendue le 7 février 77 et rejetant le grief du
plaignant.
Grief no 229564:
Changement de grade refusé: Séance d'arbitrage
prévue pour le 15 avril 77, mais reportée en juin 77.
(Grief identique à celui au sujet duquel une sentence a
été rendue le 7 février 1977).
Grief no 266091: - Refus de subir un examen de la vue (soumis le 17
février 77) - L'employé s'est présenté chez le
médecin pour examen de la vue le 18 février 1977.
Grief no 266092: - Refus de subir un examen de la vue (soumis le 17
février 77) -L'employé exige le retrait à son dossier
personnel de la lettre lui demandant de subir un examen de la vue
-L'employé nous ayant remis le 7 mars 1977 trois certificats
médicaux suite à des examens de la vue subis chez des
médecins de son choix; la lettre mentionnée au paragraphe
précédent ne peut être retirée du dossier
puisqu'elle en est une partie intégrante.
Comme vous pouvez le constater il n'y a pas lieu, étant
donné la nature de ces griefs et l'étape qu'ils ont
déjà atteinte, de nous rencontrer pour en discuter à
nouveau.
Soyez, cependant, assuré que nous continuons de porter un
intérêt particulier au cas de cet employé.
Veuillez accepter, Monsieur St-Pierre, l'expression de nos sentiments
distingués.
Charles A. Gauthier
Division des relations de travail
Service du personnel c.c.: Dossier
ANNEXE C
Mémoire sur le projet de loi no 9
présenté à la commission
parlementaire
des Affaires sociales
par Pierre Nadeau un des six millions d'êtres
humains du Québec
O.P.H.Q Préambule
En regardant la page couverture de ce mémoire, on remarque que
l'on peut y trouver plusieurs significations: 1)La partie écrite se veut
l'expression d'un désir d'être reconnu comme un être humain
sans distinction de RACE, de LANGUE, de CONDITION SOCIALE... OU PHYSIQUE, OU
MENTALE. 2)Les pétales de la fleur de lys identifient un peuple qui se
pose des questions à tous les niveaux (politique, culturel, appartenance
économique... et sociale etc.). 3)La figure entre les deux
pétales pourrait être considérée de plusieurs
façons; elle pourrait représenter l'ombre d'une chandelle, lueur
d'espoir, ou bien une pierre tombale? tout dépend des individus.
En tout cas, ça permet de se poser bien des questions auxquelles
on peut trouver des réponses... vagues quelquefois.
Dans le cas présent, on s'interroge sur le projet de loi no 9. On
peut bien s'interroger puisque ce projet de loi influencera la vie de plusieurs
personnes. (Reste à savoir de quelle façon).
Il faut dire que ie «LIBERAL-55» a laissé un
goût amer dans l'esprit de plusieurs d'entre-nous et jusqu'ici, le
«PQ-9» ne donne meilleure impression. C'est surprenant parce que
les «livres de recettes» ne manquent pas. Pourtant, au MAS,
«on vous a donné de quoi faire une «maudite
bouffe».»
Voici donc ENCORE des suggestions venant de la part d'un individu qui
n'a pas la prétention de «tout» savoir mais...
Le présent mémoire sera «PASSABLEMENT COLORE»
et «BIEN ASSAISONNE». Aussi, il se peut que mon sens de l'humour
soit «UN PEU PIQUANT».
Où est allé tout ce monde qui avait quelque chose à
raconter? On a mis quelqu'un au monde, on devrait peut-être
l'écouter!
Les droits des personnes handicapées
Déjà, quand on commence à lire le projet de loi,
une question se pose à l'article 2 qui ressemble comme deux gouttes
d'eau à l'article 10 de la charte des droits et libertés de la
personne. Alors on se pose la question à savoir si on ne veut pas faire
de nous une classe à part «UNE BONNE FOIS POUR TOUTES».
Il y a aussi l'article 4 qui nous achale «ben gros» à
savoir l'étiquetage des logements où vivent des personnes
handicapées; on dit pour des raisons de
«sécurité», à cause du feu etc.. mais, vous
n'avez pas pensé que ce symbole pourrait être une invitation au
vol, au vandalisme etc.. Cet article va aussi à rencontre d'une
liberté fondamentale, celle du droit à la vie privée.
La plupart des autres articles sont aussi une adaptation de la charte
pour les PERSONNES HANDICAPEES!!!
En fait, ce chapitre devrait n'être réservé
qu'à des droits particuliers mais ENCORE LA, on devra jouer franc jeu.
Si l'on regarde l'article 5 sur le droit d'accès des personnes ayant un
handicap visuel on dit bravo mais on s'aperçoit que ce droit est
limité par l'article 33 qui confère les pouvoirs à
l'Office de décider où ces personnes pourront aller. CELA NE
REGLE ENCORE RIEN...
Il est surprenant qu'à l'article 9 on reconnaisse à la
commission le droit de considérer toute demande d'enquête; mais
ceci laisse sous-entendre que nous aurons besoin de l'approbation de l'Office
pour s'y adresser.
LE FAIT DE DEMANDER QUE LES DROITS FONDAMENTAUX SOIENT RAPATRIES DANS LA
CHARTE DES DROITS ET LIBERTES DE LA PERSONNE N'EST PAS UNE QUESTION DE CAPRICE,
MAIS PLUTOT DE DIGNITE.
Il est évident qu'une personne ne peut participer à des
décisions mettant ses intérêts personnels en conflit mais
il me semble que l'article 19 devrait prévoir que cette dernière
puisse au moins avoir droit de parole car une personne en conflit
d'intérêt peut quand même apporter des points positifs
à une discussion. Cela peut peut-être vous paraître bizarre
mais certains conseils d'administration d'associations ont déjà
tenu des assemblées sans aviser certaines personnes étant en
conflit d'intérêt, ce qui me semble quand même injuste.
L'article 26, 2e alinéa est une adaptation de l'article 4 de la
loi des services de santé et des services sociaux. En effet,
l'accès aux dossiers qui se limite seulement aux professionnels dans
l'article 4 est permis à toutes personnes dans le projet de loi 9 comme
dans la loi de la protection de la jeunesse. Il ine semble que, malgré
le fait que l'Office doit donner son approbation et que l'anonymat de la
personne handicapée doit être respecté, il y a danger
d'atteinte à la vie privée.
Les pouvoirs de l'Office
L'abstraction du mot «devoirs» est «VOLONTAIRE»
puisqu'il me semble que l'Office a plus de pouvoirs qu'elle a de devoirs.
L'article 30 est pour moi un exemple flagrant de centralisation en
considérant les sous-articles suivants:
L'Office: a)Déloge les organismes de promotion déjà
mandatés pour faire ce travail; b)tient un registre de logements
accessibles quand les CLSC et les CRSSS pourraient s'en occuper;
c)prépare des plans de services quand elle pourrait plutôt en
coordonner la préparation par différents intervenants (centres de
réhabilitation, commissions scolaires et autres).
Il semble y avoir beaucoup de dédoublements à plusieurs
niveaux.
Les structures de l'Office
L'Office, tel que défini dans le projet de loi no 9, semble
vouloir centraliser tous les pouvoirs dont plusieurs sont déjà
dans le mandat de maints organismes.
Et dire que la politique du nouveau gouvernement se veut
décentralisatrice!
La structure proposée est intéressante mais semble TRES
LOIN de la base. Il faudrait, à moyen terme, penser à une
régionalisation de l'Office qui impliquerait les intervenants du milieu
avec un représentant de chaque région au sein de l'Office afin de
pouvoir répondre à des besoins régionaux; et il pourrait y
avoir une centralisation au niveau des problèmes d'envergure avec la
participation des régions.
Une telle structure pourrait être mise sur pied par le biais de
comités, à l'intérieur des CRSSS par exemple, pour quand
même donner une certaine souplesse à cette dernière en se
servant des mécanismes existants.
Les CRSSS, en vertu de l'article 16, en particulier aux paragraphes a,
b, c, e et f de la loi sur les Services de Santé et Services Sociaux,
pourraient servir d'intermédiaire entre les groupements et l'Office en
avant toujours un comité prévu à cette fin à
l'intérieur de leurs structures. Quand on parle de la structure d'UN
CONSEIL REGIONAL, on voit qu'elle réunit plusieurs intervenants autour
d'une même table; c'est un peu de cette façon que les
régions pourraient être structurées. Les membres de ce
comité seraient des personnes représentant divers intervenants
d'une région. Il est donc à espérer que l'Office aura une
structure qui pourra tenir compte des disparités régionales afin
d'être efficace.
L'Office serait très efficace si elle se limitait au mandat qui
serait énuméré à l'article 31 en faisant de la
coordination tel que demandé précédemment. Mais si, par
contre, l'Office essaie de tout faire, tout contrôler, elle sera
inefficace.
La reconnaissance d'organismes de promotion
II est très important qu'un certain contrôle soit
établi afin qu'il y ait le moins possible d'exploitation des personnes
ayant un handicap ainsi que de la population en général.
Cependant, il serait bien de connaître les critères d'admission
exigés par l'Office pour reconnaître un organisme. La loi n'est
pas encore sanctionnée qu'elle cause déjà des
problèmes aux organismes. J'ai appris dernièrement de la part
d'un des fonctionnaires gouvernementaux que la MAS voulait qu'un organisme de
Granby retire de sa demande d'incorporation la responsabilité de
travailler à l'intégration sociale des personnes
handicapées (?) c'est plutôt drôle hein! Pourtant, tout le
monde doit travailler à l'intégration, pas vrai? On peut aussi se
demander si l'Office ne pourra se débarasser des organismes qui parlent
un peu trop fort en vertu des articles 36a et 40.
L'article 38 me porte à m'interroger à Savoir que l'Office
POURRA consulter les organismes de promotion sur toute question relative
à l'application de la loi et des règlements. Il est donc permis
de se poser la question à savoir comment l'Office utilisera ce pouvoir.
Il est vrai que l'Office ne pourra consulter tous les organismes à tout
moment mais il pourrait y avoir une consultation régionale par le biais
des CRSSS.
L'article 41 est un peu obscur à savoir si les individus faisant
de la sollicitation seront eux-aussi touchés. Cet article peut
protéger les personnes ayant un handicap, la population et les
organismes puisque certaines organisations se servent du nom d'un organisme
afin de frauder le public et souvent d'exploiter le phénomène de
la pitié.
L'Office devra aussi voir de quelle façon la publicité des
organismes de promotion sera faite afin d'amasser des fonds. (Affiches,
commerciaux, téléthons etc..) D'un autre côté, ne
serait-ce pas une forme de chantage de la part de l'Office afin de mettre des
bâtons dans les roues des organismes qui parlent trop.
Dans le cas où l'Office révoquerait le certificat de
reconnaissance d'un organisme de promotion en vertu de l'article 40, le projet
de loi ne prévoit même pas de droit d'appel (laissez-nous au moins
l'échelle!!!).
Agrément des ateliers
protégés
Depuis longtemps, on a parlé d'exploitation dans les ateliers
protégés. On pourrait aussi parler de l'utilité des
travaux exécutés à ces endroits et de la valorisation
qu'ils apportent à l'individu.
Durant un camp de fin de semaine, j'entendais discuter quelques
personnes atteintes d'une déficience mentale légère qui
disaient entre-autre: «Les courtes pointes, c'est rendu plate seulement
faire ça et pis dix piastres par semaine c'est pas beaucoup comme
salaire; faudrait partir une union», (croyez-moi, c'était bel et
bien leurs propres mots...). Vous savez messieurs encore mieux que moi (du
moins, je l'espère) que les personnes atteintes d'une déficience
mentale peuvent être très conscientes des situations dans
lesquelles elles se trouvent. Y SONT PAS FOUS VOUS SAVEZ!!!
Donc, quand, à l'article 42 a. on dit «Produit des biens et
services.» on devrait ajouter «en tenant compte des
capacités REELLES des individus.»
A 42 b. il semble y avoir une lacune; cela dépend de quel point
de vue on se place. Comment parler d'intégration quand on emploie en
majorité des personnes handicapées. Je favoriserais beaucoup plus
un système de coopérative comme une industrie sans buts lucratifs
de la région montréalaise où seulement le tiers du
personnel est formé de personnes handicapées.
Il est aussi à noter qu'à cet endroit, ce sont des
«vieux du métier» et non des professionnels qui ont
formé les personnes; il est possible de faire de l'intégration
quand les deux tiers du personnel n'a pas de handicap apparent. Il ne faudrait
surtout pas que les ateliers protégés deviennent des
«boîtes à savon» où on entasserait les
personnes; «PARCE QUE D'LA COURTE-POINTE MEME AVEC LE SALAIRE MINIMUM,
ÇA PEUT ETRE AUSSI PLATE!»
L'intégration professionnelle et sociale 1)LES PLANS DE
SERVICES: II est vrai que l'intégration professionnelle et sociale des
personnes avec déficience physique ou mentale dépendra des moyens
mis à leur disposition et les plans de services me semblent être
le cheminement logique vers cette intégration. Il est toutefois à
souhaiter qu'on débute ce cheminement en bas-âge pour une plus
grande efficacité. L'article 56 me semble cependant dictatorial en ce
sens qu'il déclare que l'Office est chargé de la
préparation de ce plan» et laisse sous-entendre qu'il le fera avec
ou sans la personne qui elle, est directement concernée par ce plan. On
devrait y fusionner «selon les besoins et aspirations de la
personne». 2)AIDE MATÉRIELLE: Y a-t-il quelque chose de
prévu pour les personnes qui sont sur le marché du travail et
qui, pour parfaire leurs connaissances, veulent retourner aux études.
3)CONTRAT D'INTÉGRATION PROFESSIONNELLE: Cette section du projet de loi
semble intéressante MAIS plusieurs questions se posent: Face à
l'article 68, 2ième alinéa qui dit qu'un contrat a une
durée d'au plus six mois et n'est renouvelable que deux fois, il y a
lieu de se poser la question à savoir ce qui arrivera à la fin du
contrat. Ne serait-ce pas une forme déguisée d'exploitation de la
part des employeurs étant donné que la personne aura droit
à ses allocations et que ces dernières seront déduites de
son salaire? (Art. 70, 2ième alinéa) VOYEZ-Y!
Reste à savoir quelles seront les obligations d'un employeur face
à un tel contrat MIEUX VAUT ENVISAGER LES INCONVÉNIENTS TOUT DE
SUITE PLUTÔT QUE DANS QUELQUES ANNÉES. 4) PROPOSITION D'UN
PROGRAMME DE PRÉ-INTÉGRATION POUR LES 0-18 ans: II me semble que
la population 0-18 ans est, comme dans le «Libéral-55»
délaissée. On ne mentionne pas si le projet de loi no 9 s'adresse
aux 0-18 ans. Sinon, on devrait prévoir un programme de
pré-intégration qui aurait pour but un programme éducatif
et un autre de réadaptation.
Emploi de la personne handicapée
II est à espérer que le gouvernement utilisera des moyens
autres que celui d'imposer un pourcentage aux employeurs. Cette dernière
mesure serait plus ou moins efficace. Il serait mieux de favoriser la mise sur
pied de campagnes d'information au monde patronal et syndical. L'Office
pourrait travailler en ce sens en collaboration avec les divers
intervenants.
Transport
Le projet de la loi no 9 modifie les chartes des différentes
commissions de transport mais ne précise aucun délai maximum
raisonnable pour la mise sur pied du service de transport.
Conclusion
Je conclus ce mémoire en faisant les propositions suivantes:
1.Que le chapitre II soit transféré dans la charte des droits et
libertés de la personne 2.Que de vrais droits soient acquis pour les
propriétaires de chiens-guides 3.Que la structure de l'Office soit
démocratisée par la mise sur pied de comités
régionaux à l'intérieur des CRSSS afin d'y réunir
les intervenants du milieu 4.Que les fonctions de l'Office concernant les plans
de services définis aux articles 52 à 58 deviennent dans les
faits des fonctions des CRSSS 5.Que l'Office se limite à la promotion et
à la coordination entre les divers organismes 6.Que le gouvernement fixe
un délai maximum pour la mise sur pied d'un système de transport
adapté non seulement dans les grands centres mais aussi en province
7.Que des mesures soient prévues pour assurer des services
adéquats à la population 0-18 ans 8.Que le projet de loi accorde
un droit d'appel aux organismes de promotion qui se feraient révoquer
leur certificat de reconnaissance en vertu de l'article 40.
Pierre Nadeau 855 B, Ste-Hélène, Longueuil, P.Q.
514-651-8156 (résidence) 514-271-2548 (bureau)