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Étude des crédits du ministère
des Affaires sociales
(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission permanente des affaires sociales est réunie
pour poursuivre l'étude des crédits du ministère des
Affaires sociales.
Les membres de la commission sont M. Forget (Saint-Laurent), M.
Goldbloom (D'Arcy McGee) remplacé par Mme Lavoie-Roux (L'Acadie); M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), M. Lazure (Chambly), M.
Martel (Richelieu), M. Paquette (Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw
(Pointe-Claire).
Les intervenants sont: M. Alfred (Papineau), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Couture (Saint-Henri), M. Lacoste (Sainte-Anne), M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)
remplacée par M. Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Marcoux (Rimouski), M.
Marois (Laporte).
Nous avions adopté le programme 5, pour faire plaisir au
ministre, mais sous réserve qu'il pourrait y avoir quelques questions
supplémentaires au programme 5 pour ensuite entreprendre le programme
6.
M. Lazure: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Marcoux): Comme on l'avait convenu,
est-ce qu'il y a quelques brèves questions additionnelles sur le
programme 5?
Santé des travailleurs
M. Forget: Quant à moi, M. le Président, j'aurais
une question seulement, enfin un sujet de question, relativement à
l'élément de programme 4, la santé des travailleurs.
J'aimerais que le ministre nous indique quelles sont les activités qui
ont été assumées et qui seront présumément
assumées à même les crédits augmentés de cet
élément de programme qui passe de $1 200 000 à $2 700 000
par les départements de santé communautaire. J'aimerais qu'on
nous brosse un peu le tableau de leurs activités dans le domaine.
M. Lazure: M. le Président, essentiellement cette somme
d'environ $1 million va être utilisée pour l'embauche de
coordonnateurs pour les problèmes de santé en milieu de travail.
Dans la moitié des départements de santé communautaire,
l'an passé, à même les crédits, nous avons pu
commencer l'embauche de ces responsables de la santé en milieu de
travail, si bien qu'au moment où on se parle il y en a un peu plus de la
moitié qui ont déjà ce responsable. Donc, cette nouvelle
somme d'argent va nous permettre d'avoir, dans chacun des 33
départements de santé communautaire du Québec, un
coordonnateur ou un responsable de la santé en milieu de travail.
Essentiel- lement, M. le Président, c'est l'utilisation de cette
somme.
M. Forget: Qu'en est-il de l'élaboration et de
l'application de réglementation relative à la
sécurité en milieu de travail, par exemple, en matière de
bruit. Il y a un certain nombre de risques identifiés qui avaient fait
l'objet de projets de réglementation. Est-ce qu'on songe à
appliquer sans délai additionnel, cette réglementation?
M. Lazure: M. le Président, je demanderais peut-être
à M. Mercier, le responsable de la santé en milieu de travail, de
donner plus de détails. En attendant, pour compléter la
réponse de tout à l'heure, en plus du poste de coordonnateur,
évidemment, il s'agit du personnel de soutien qui va avec cette
création ni plus ni moins à l'intérieur du
département de santé communautaire, d'une section pour la
protection de la santé des travailleurs et on sait que c'est une
infrastructure qui est essentielle, qui est primordiale pour, ensuite, la mise
en place de la future législation sur la santé et la
sécurité au travail. Pour ce qui est des études
particulières, celle sur le bruit, par exemple, je demanderais à
M. Mercier de donner des éléments de réponse.
Il y a peut-être deux choses à dire à ce sujet. La
première, c'est que les postes ou les effectifs dont il est question
ici, dont le ministre vient de parler, sont des effectifs qui sont
appelés, à l'intérieur de chaque département de
santé communautaire, non pas à donner des services directs aux
travailleurs, donc non pas à faire des examens s'il s'agit
d'infirmières ou quoi que ce soit, il s'agit d'effectifs qui vont
permettre au département de santé communautaire d'assumer les
rôles qu'on a prévus pour eux au niveau des liaisons avec les
entreprises et des programmes régionaux qui devront être mis en
place, compte tenu des risques et aussi de la structure industrielle en place
dans la région, des rôles aussi d'évaluation sur le plan du
suivi épidémiologique de ces travailleurs, évidemment avec
un instrument qui devra être mis sur pied, qui n'existe pas actuellement,
qui est celui de rassembler des données. On est assez en retard à
ce sujet au Québec.
Je pense que la deuxième chose qu'on peut dire à ce sujet
c'est que le ministère des Affaires sociales, compte tenu des
orientations du gouvernement, n'a pas cru opportun de décréter
des règlements qui auraient assujetti des entreprises à respecter
certaines normes sur le plan de la santé. D'ailleurs, il y a
déjà une juridiction qui existe et tout cela fait l'objet d'une
réforme en profondeur dont tout le monde a entendu parler. Par contre,
au plan de l'action, au plan des interventions, il y a eu, effectivement,
depuis deux ans et demi, trois ans, des interventions dans certains secteurs
spécifiques, en particulier au niveau de la surdité
professionnelle. Je pense qu'on a rejoint à peu près 90% des
moulins à scie du Québec et on a, dans plusieurs régions,
en particulier dans le
Nord-Ouest, le long des frontières du Maine, impliqué des
établissements et même certains CLSC, en particulier le CLSC de
Saint-Pamphile, dans des programmes de surveillance et de contrôle. Nous
avons également eu, en collaboration avec les inspecteurs de
l'environnement, une opération qu'on a qualifiée
d'opération fonderies, qu'on avait choisie en raison des risques
multiples qu'on trouve dans les fonderies et qui sont de l'ordre des
poussières, des pneumoconioses, du bruit et aussi des toxiques. Cette
opération est en voie de faire l'objet d'un bilan qui sera disponible au
cours des mois qui viennent. Cela a été l'occasion pour les DSC
de se faire la main, de connaître aussi leurs collègues ou les
autres ressources sur le terrain qui sont engagées à un niveau ou
à un autre de la protection de la santé des travailleurs, soit en
matière de sécurité ou soit en matière de
santé. Je ne sais pas si cela répond à votre question.
M. Forget: Si je comprends bien, il y a eu un moratoire qui
continue de s'appliquer relativement à la spécification de
standards minimaux de salubrité dans le milieu de travail, en
dépit de l'existence de pouvoirs réglementaires très
clairs dans la Loi de protection de la santé publique. Le gouvernement a
choisi de ne pas agir en attendant d'avoir les structures nouvelles. Est-ce que
le ministre peut nous expliquer pourquoi il croit que les structures nouvelles
sont absolument nécessaires avant de promulguer des normes sur la
prévention du bruit en milieu de travail? Est-ce qu'il entretient des
doutes quant à la valeur des normes qui ont été
élaborées jusqu'à maintenant? Sinon, quelle
différence vont faire de nouvelles structures quant à
l'intérêt public de publier de telles normes et de les rendre
exécutoires immédiatement?
M. Lazure: M. le Président, je pense qu'il faudrait
d'abord bien comprendre que le fait que les normes ne soient pas
promulguées n'empêche pas les départements de santé
communautaire concernés, ceux qui ont de telles usines dans leur
territoire, d'exercer leurs responsabilités. Il est bien évident
que dans des situations qui paraîtraient aux personnes
compétentes, les directeurs de départements de santé
communautaire, que ce soit sur dénonciation d'une situation par un
groupe syndiqué ou peu importe la source du renseignement, il est bien
sûr que les départements de santé communautaire continuent
d'exercer une vigilance et peuvent intervenir pour demander aux employeurs
d'apporter des correctifs, même si les normes en question ne sont pas
promulguées. Il faut faire attention toujours à cette distinction
parce qu'il y a bien des secteurs où il s'exerce une surveillance et
où il y a des correctifs d'apportés, tout en n'ayant pas un
cahier de normes pour l'appuyer.
D'autre part, le projet de loi sur la santé et la
sécurité au travail doit être déposé
incessamment et il paraît assez raisonnable dans les circonstances de
retarder cette publication de normes jus- qu'à ce qu'on rende publique
la structure, l'organisation qui sera responsable non seulement de la
dispensation des services de médecine du travail, ce dont on discute
actuellement, mais aussi qui définira clairement les
responsabilités de chacun dans le domaine de l'inspection et dans le
domaine de l'exercice, de la surveillance des critères qui devront
être respectés.
Pour toutes ces raisons, il a été jugé
préférable de retarder cette publication, mais le report de cette
publication n'empêche évidemment pas les départements de
santé communautaire d'exercer leurs responsabilités.
M. Forget: M. le Président, je ne comprends pas la
réponse du ministre. Il est évident que si les standards de bruit
tolérable, par exemple, ne sont pas définis, je ne vois pas
comment les départements de santé communautaire pourront exercer
leurs responsabilités s'il n'y a rien d'officiel, s'ils ne peuvent agir
que par la bonne volonté qu'on veut bien leur octroyer dans
l'application de normes qui ne sont pas définies. Encore une fois, quel
que soit le contenu de la future loi, si jamais il y en a une, de santé
et de sécurité au travail, on peut d'avance présumer qu'il
y aura un article transitoire qui sera à la fin et qui dira que tous les
règlements en vigueur relativement à la santé et à
la sécurité continuent d'être en vigueur jusqu'à ce
qu'ils soient remplacés. Encore une fois, qu'est-ce qui fait douter le
ministre qu'à la suite des études, des consultations, qui ont
précédé la préparation de ces normes dans un
certain nombre de secteurs relatifs à la santé et à la
sécurité des travailleurs, ces normes ne sont pas bonnes? Est-ce
que c'est simplement parce que toutes les structures administratives ne sont
pas en place? Est-ce que ce n'est pas faire un peu précéder les
considérations de santé par des considérations
d'administration des structures qui sont bien secondaires?
Encore une fois, pourquoi attendre trois ans pour promulguer des normes
sur la salubrité d'un milieu de travail, alors qu'on sait ce qu'elles
devraient contenir, sous prétexte qu'il y aura des structures qui seront
modifiées, peu importe quelles sont les structures. Ce qui est important
pour les travailleurs, ce sont les normes. Or, on sait déjà, dans
un certain nombre de secteurs d'activité, quelles normes nous devrions
avoir, quelles normes devraient s'appliquer et il existe déjà des
lois qui permettent de rendre exécutoires ces normes. Pourquoi retarder
pendant des années, pendant qu'on discute et qu'on règle les
querelles de pouvoir entre différents ministères, pourquoi
refuser de publier les normes?
Par exemple, dans le domaine de l'amiante, il y a eu des normes qui ont
été publiées, il y a déjà presque quatre ans
de cela, relativement au nombre de fibres en suspension dans l'air qui
pouvaient être tolérées. Pourquoi ne pas faire la
même chose avec les pouvoirs réglementaires qui existent
déjà dans la loi? (10 h 30)
M. Lazure: M. le Président, il ne faut pas oublier une
chose. Parallèlement aux responsabilités du ministère des
Affaires sociales, comme responsable de la santé publique, il y a aussi
tout le service de protection de l'environnement qui, lui, depuis
déjà quelques années, exerce un rôle très
actif, et quand le député de Saint-Laurent dit qu'il n'y a pas de
normes pour le bruit et qu'on n'utilise pas les normes pour les fibres
d'amiante, cela n'est pas exact.
M. Forget: Ce que j'ai dit... Encore une fois, M. le
Président, le ministre répond à une question que je n'ai
pas posée.
M. Lazure: Je comprends que le député de
Saint-Laurent ne soit pas de bonne humeur ce matin, M. le Président,
mais je ne l'ai pas interrompu...
M. Forget: J'étais de très bonne humeur
jusqu'à ce que le ministre se mette à répondre de
travers... Alors que je parle, il parle à ses conseillers et
après il répond à des questions qu'il imagine avoir
été posées.
M. Lazure: M. le Président, voulez-vous rappeler le
député de Saint-Laurent à l'ordre qu'on puisse donner une
réponse. Je dis au député de Saint-Laurent
qu'indépendamment du projet de règlement découlant de la
Loi de la santé publique, dont il parle actuellement, il y a des normes,
des règlements au service de protection de l'environnement que ce soit
pour le bruit, que ce soit pour les fibres d'amiante, et les fonctionnaires au
service de protection de l'environnement font leur travail de façon
normale. Ils n'attendent pas, comme le député de Saint-Laurent le
dit de façon un peu insidieuse, que se règlent des
problèmes de juridiction entre différents ministères
vis-à-vis de la future loi de la santé et de la
sécurité au travail. Ils exercent leurs fonctions, leurs
responsabilités de jour en jour, de semaine en semaine.
M. Forget: Alors, le ministre peut probablement nous donner des
garanties que les normes il va falloir qu'il dise lesquelles cependant
ont été respectées dans les milieux de travail et
que le ministère dont il est responsable s'est employé depuis
deux ans et demi à les faire appliquer. Puisqu'il nous dit que tout se
fait normalement et qu'il est satisfait de la situation actuelle, il va nous
dire quelles normes ont été appliquées et nous donner les
garanties qu'effectivement elles sont appliquées partout dans les
milieux de travail.
M. Lazure: Le service de protection de l'environnement travaille
de façon étroite...
M. Forget: Je ne parle pas du ministère de
l'environnement; je parle de son ministère à lui, M. le
Président. On discutera des crédits de l'environnement à
une autre occasion.
M. Lazure: Si le député de Saint-Laurent veut se
calmer, je vais continuer ma réponse, M. le Président. Le service
de protection de l'environnement travaille de façon étroite avec
les départements de santé communautaire. Il y a un lien qui se
fait constamment et quand le service de protection de l'environnement
dépiste une situation qui est à corriger, que ce soit dans le
bruit pour les scieries ou autre chose, il en avertit et le ministère et
les départements de santé communautaire qui sont concernés
qui, eux, interviennent à ce moment-là.
M. Forget: Encore une fois, M. le Président, est-ce que le
ministre peut nous donner une garantie que les normes il faudrait qu'il
nous dise lesquelles ont été respectées et sont
actuellement respectées par l'action de surveillance et de
contrôle des départements de santé communautaire, oui ou
non?
M. Lazure: M. le Président, la réponse est oui,
dans la limite des capacités humaines et avec les imperfections que
toute réglementation peut subir quand elle est appliquée par des
humains.
M. Forget: Mais, nonobstant les portes de sortie que se laisse le
ministre, est-ce qu'il peut nous donner une garantie quelconque, et quelles
sont les normes dans les différents secteurs d'activités qui ont
été appliquées? Est-ce que c'est une information...
M. Lazure: Ce sont les normes du service de protection de
l'environnement.
M. Forget: Le ministère des Affaires sociales,
relativement au problème d'émission toxique, relativement au
problème de bruit, etc., n'a rien à dire de plus que de prendre
ses directives de la protection de l'environnement!
M. Lazure: M. le Président, encore une fois, c'est fausser
la vérité que de dire cela. Un département de santé
communautaire, par exemple, comme celui de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont
à Montréal, qui est responsable de la santé des
travailleurs pour l'est de Montréal, intervient directement, de par ses
responsabilités, tous les jours dans les milieux de travail. Ils n'ont
pas à attendre des rapports ou des demandes du service de protection de
l'environnement. Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que quant au bruit, si
on parlait de cas spécifiques, le service de protection de
l'environnement est chargé d'inspecter et de s'assurer que le bruit ne
dépasse pas un certain nombre de décibels et s'il y a
dépassement, à ce moment-là ils en avertissent le
département de santé communautaire, mais indépendamment de
cela, de cette fonction d'inspection et de surveillance, par le service de
protection de l'environnement, les départements de santé
communautaire exercent leurs fonctions directement dans les milieux de travail
aussi.
M. Forget: Alors, est-ce qu'on pourrait avoir un rapport sur
l'exercice de leurs fonctions, pour utiliser l'expression du ministre, par les
départements de santé communautaire dans le domaine de la
santé et de la sécurité des travailleurs et pas seulement
un rapport général et vague, mais quelque chose de
détaillé?
M. Lazure: La réponse est oui. M. le Président, le
député de Saint-Laurent exagère de façon vraiment
caricaturale...
M. Forget: Je n'exagère pas, je pose une question.
M. Lazure: II ne s'attend quand même pas qu'on puisse
produire un rapport écrit, détaillé sur chaque question
qu'il va poser. La réponse, c'est oui, on va fournir un rapport au
député de Saint-Laurent dans les meilleurs délais.
M. Forget: J'espère que vous tiendrez plus votre parole
que certains de vos collègues.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Rosemont, sur la question de la santé au travail?
M. Paquette: Non, M. le Président. Je dois aller à
une autre commission. Si on me permettait de poser trois questions sur les
services à domicile, ce ne sera pas très long.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Forget: Pas de problème.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, allez-y.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Rosemont.
Services à domicile
M. Paquette: M. le Président, au nom des
députés de la région de Montréal, j'ai soumis en
janvier un mémoire au ministre sur l'organisation des services à
domicile. J'aimerais vérifier jusqu'à quel point le ministre
pourra en tenir compte au cours de l'année qui vient. Nos
préoccupations vont dans le sens que chaque territoire de CLSC
projeté, et ce sont les deux tiers des territoires de l'île de
Montréal, soit doté d'une équipe de maintien à
domicile.
Deuxièmement, que sur ces territoires de CLSC projetés,
les CLSC voisins puissent jouer, en quelque sorte, le rôle de tuteur des
équipes de maintien à domicile, de façon à
s'assurer que ces équipes aient l'appui et la formation suffisantes pour
donner des services adéquats aux clientèles visées.
Troisièmement, qu'on puisse assurer sur ces territoires de CLSC
projetés la multidisciplinarité des équipes; entre autres,
nous nous sommes élevés contre la pratique de créer des
postes, par exemple, d'infirmières au niveau des DSC d'hôpi- taux
plutôt que de les créer au sein des équipes
multidisciplinaires et de les rattacher aux CLSC voisins.
Sur ces trois points, j'aimerais savoir si la politique du
ministère va dans ce sens. En particulier dans la région de
Montréal, mais peut-être aussi dans les autres régions,
est-ce que l'année qui vient verra la naissance, sur chaque territoire
de CLSC, d'une équipe de médecins à domicile?
Deuxièmement, est-ce que cette équipe aura une certaine
multidisciplinarité, entre autres au niveau des services de soins
infirmiers et troisièmement, est-ce que les CLSC voisins se verront
confier un rôle d'appui et de support à ces équipes de
maintien à domicile?
M. Lazure: M. le Président, les questions qui sont
soulevées par le député de Rosemont trouvent leurs
réponses en grande partie dans une circulaire que nous avons fait
parvenir la semaine dernière aux directeurs des conseils
régionaux de services de santé et de services sociaux concernant
la distribution de nouvelles sommes d'argent, de crédits nouveaux au
montant d'environ $3 millions pour l'aide à domicile en 1979/80.
La moitié de cette somme de $3 millions, c'est-à-dire $1
500 000, devra être attribuée par chaque conseil régional
à des organismes hors réseau, des organismes
bénévoles, principalement pour permettre à des organismes
bénévoles qui oeuvrent déjà dans le secteur des
soins à domicile de mettre sur pied un poste de coordonnateur, d'avoir
un minimum de secrétariat pour animer l'équipe de plusieurs
douzaines de bénévoles qui oeuvrent dans ces organismes. Cela est
une nouveauté, cette année. Nous voulons reconnaître de
façon tangible le travail de plusieurs groupes de
bénévoles dans le secteur de l'aide à domicile à
Montréal, mais aussi un peu partout dans le Québec. Dans chacune
des dix régions du Québec, nous avons demandé aux CRSSS,
dans un premier temps, d'utiliser cette somme de $1 500 000 pour favoriser soit
l'organisation et la mise sur pied de groupes bénévoles qui
dispenseront des services à domicile, soit la consolidation de groupes
bénévoles déjà existants.
L'autre somme de $1 500 000 est distribuée aussi par les conseils
régionaux. Nous recommandons que le CLSC soit le principal dispensateur
de l'aide à domicile, des soins et des services à domicile. Ce
que le député de Rosemont souhaite, à savoir qu'un CLSC
puisse dispenser les services dans le district voisin où il n'y a pas de
CLSC, cette chose est certainement possible et même encouragée par
nos directives.
De façon très claire, on peut dire qu'à peu
près 100% de tous les districts qui n'ont pas de CLSC à
Montréal ou ailleurs verront quand même des équipes d'aide
à domicile s'implanter dans leur district, souvent, par le prolongement
du CLSC du district voisin. Dans d'autres cas, cela pourra être, surtout
en régions rurales ou semi-rurales, un organisme du réseau autre
qu'un CLSC: dans quelques cas, cela pourra être un centre d'accueil, cela
pourra être un centre de
services sociaux qui a déjà des auxiliaires familiales
à son emploi, mais il est clair que pour nous et pour le conseil
régional le groupe privilégié quant à la
dispensation des soins à domicile, c'est le CLSC. C'est très
clair.
Je répète encore une fois que nous voulons, d'une part,
que les groupes bénévoles aient un appui financier plus important
et nous voulons aussi qu'il y ait une articulation entre le CLSC et le groupe
bénévole. Cela répond à des attentes de chaque
côté. Les CLSC sont intéressés à fournir un
service de formation, de préparation auprès des
bénévoles et les bénévoles sont tout à fait
réceptifs à obtenir de la part du personnel professionnel des
CLSC une certaine formation.
M. Paquette: M. le ministre, si je comprends bien, cette
année, nous pouvons espérer que dans chaque territoire de CLSC
projeté il y aura une équipe de maintien à domicile.
M. Lazure: La réponse est oui.
M. Paquette: Est-ce que, dans cette équipe, il y aura une
certaine multidisciplinarité? Jusqu'à maintenant, très
souvent, ces équipes se limitaient au service d'entretien ménager
et n'avaient pas de personnel infirmier, par exemple, à leur disposition
qui était directement rattaché aux équipes. Il y avait une
certaine lacune sur le plan de la multidisciplinarité des services qui
me paraît extrêmement importante pour une politique
cohérente de maintien à domicile.
M. Lazure: En principe, c'est multidisciplinaire. Il faut
distinguer le groupe qui fournit le service à domicile. Il s'agit
habituellement d'auxiliaires familiales qui accomplissent des tâches
domestiques à domicile, que ce soit pour aider une personne
âgée à faire la cuisine, une personne âgée qui
est malade temporairement ou pour aider à faire le ménage dans
l'appartement, dans la maison. Donc, il faut distinguer ce groupe d'auxiliaires
familiales, d'une part et, d'autre part, le groupe qui fournit les soins
à domicile qui sont, généralement, des soins
médicaux ou des soins infirmiers. Dans la deuxième
catégorie, il s'agit de médecins, parfois, et la plupart du temps
d'infirmières.
On demande au CLSC, et c'est l'une des raisons pour lesquelles le CLSC
est le dispensateur par excellence de ces soins, puisqu'il a dans son
établissement les deux services, de faire en sorte qu'il y ait une
complémentarité, une articulation entre les deux équipes,
l'équipe qui fournit les soins infirmiers et l'équipe qui fournit
le travail domestique.
M. Paquette: Merci, M. le Président.
M. Forget: Est-ce que je pourrais revenir très
brièvement sur la question des départements de santé
communautaire?
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
Santé des travailleurs (suite)
M. Forget: M. le Président, je voudrais savoir du
ministre, qui nous a dit qu'il voulait engager du personnel additionnel pour $1
500 000, quels sont les objectifs que le ministère envisage pour les
départements de santé communautaire, dans le domaine de la
santé des travailleurs, au cours de cet exercice financier? J'imagine
qu'on a pensé à autre chose qu'au moyen, qu'à
l'acquisition de personnel, qu'on a des objectifs clairs quant au
développement de rôles dans ce secteur.
M. Lazure: Comme le député de Saint-Laurent le
sait, c'est un secteur qui a été négligé dans le
passé. À l'intérieur des départements de
santé communautaire, jusqu'à il y a deux ans, on s'occupait
très peu de la santé et de la sécurité des
travailleurs. Je pense que sur les 32 départements de santé
communautaire, il y en avait peut-être une demi-douzaine qui s'en
occupait activement. (10 h 45)
Étant donné qu'il n'y a pas abondance de personnel dans
ces départements de santé communautaire, il s'agissait, dans un
premier temps c'est ce qu'on a fait l'an passé de
commencer à mettre sur pied ce petit service de santé des
travailleurs à l'intérieur de chaque département de
santé communautaire. Nous avons eu l'an passé les sommes voulues
pour mettre sur pied ce service dans la moitié des départements
de santé communautaire et avec cette somme d'environ $1 million cette
année nous complétons, pour la plupart des départements de
santé communautaire donc c'est encore au stade des balbutiements
et le gros du travail consiste à faire l'inventaire, dans le
territoire du département de santé communautaire, des milieux de
travail qui devraient retenir l'attention à la fois du service de
protection de l'environnement et à la fois des départements de
santé communautaire. Il s'agit d'identifier les endroits à
risque. C'est la principale tâche à laquelle s'attardent les
départements de santé communautaire.
M. Forget: C'est l'objectif. Faire la visite et l'inspection des
milieux de travail pour déterminer les endroits à risque. Je
croyais, selon la réponse du ministre tout à l'heure, que
c'était l'environnement qui faisait cela.
M. Lazure: J'ai expliqué, M. le Président, que
c'était une responsabilité conjointe. J'ai bien dit je le
répète encore une fois qu'à part des inspections
faites par le service de protection de l'environnement, j'ai même
donné l'exemple du département de santé communautaire de
Maisonneuve-Rosemont, qui se rend directement, indépendamment du service
de protection de l'environnement, dans des usines de Montréal-Est, par
exemple, et qui a fait le bilan des éléments qui peuvent
être dangereux pour la santé et la sécurité des
travailleurs dans un certain nombre d'usines, et qui a fait des
recommandations, ensuite, aux employeurs, pour qu'on y apporte des
correctifs. C'est une chose qui se fait couramment dans un certain
nombre de départements de santé communautaire.
Il est bien clair, étant donné qu'il y a beaucoup de
retard à reprendre dans ce secteur, que dans la majorité des
départements de santé communautaire, il faut d'abord faire le
bilan des choses et, au fur et à mesure qu'on identifie des milieux de
travail où il y a des correctifs à apporter, les
départements de santé communautaire font des recommandations aux
employeurs et nous sommes informés, le Service de protection de
l'environnement est informé aussi et l'employeur y apporte des
correctifs de façon habituelle.
M. Forget: Est-ce que ce que le ministre est en train de nous
dire, c'est que les deux services travaillent en parallèle, parfois
indépendamment, mais qu'il s'agit essentiellement de double emploi?
M. Lazure: Non, ce n'est pas cela que le ministre est en train de
dire.
M. Forget: Alors, quelle est la contribution spécifique
des départements de santé communautaire au maintien des standards
les plus élevés possible de santé et
sécurité en milieu de travail?
M. Lazure: À part de faire l'inventaire des milieux de
travail où il y a des risques pour la santé et la
sécurité, le département de santé communautaire a
aussi à s'assurer que les travailleurs ont des services de santé.
C'est déjà un rôle qui est exercé par le
département de santé communautaire; il doit s'assurer, dans son
territoire, qu'en milieu de travail, les travailleurs puissent recevoir, par
exemple, l'examen médical annuel ou puissent recevoir les premiers soins
adéquats en milieu de travail et puissent aussi... Quand il y a des
facteurs de nuisance à la santé, le département de
santé communautaire intervient directement auprès de l'employeur.
Il ne s'agit pas de deux réseaux qui travaillent isolés l'un de
l'autre, protection de l'environnement et affaires sociales, il s'agit de deux
réseaux qui ont des contacts très fréquents et qui se
complètent.
Je voudrais ajouter que dans l'inventaire dont on parle, il y a, en
particulier, l'inventaire des services de santé eux-mêmes en
milieux industriel et commercial. Actuellement, il n'y a aucune
législation ou réglementation qui impose à une entreprise
d'avoir des services de santé. Il faut donc voir l'état
d'organisation des services de santé et le DSC dans le champ, sur son
territoire, vise à coordonner, aider et relier, à l'occasion,
certains de ces services de santé, soit entre eux, soit avec le
réseau. Ce travail se fait même s'il n'y a pas d'assise
légale imposant des services de santé. Cela fait partie du
travail de promotion des services de santé en milieu de travail et c'est
déjà une chose en cours depuis les dernières années
et à laquelle on doit donner une impulsion, cette année, par des
crédits additionnels.
M. Forget: Alors, je reviens à ma question originale, M.
le Président. Pourrait-on nous préciser quel est l'objectif qui
est poursuivi cette année? A-t-on l'impression, l'espoir, le
désir ou l'intention même que ce travail d'inventaire sera
terminé à la fin de l'exercice, sera fait à 50%, à
10%? Y a-t-il moyen qu'on sache où on s'en va dans ce secteur sans
insulter personne? Il semblerait qu'on pourrait peut-être nous donner
quelques précisions afin de savoir où s'en va cette
activité. Fera-t-on cela encore pendant cinq ans, dix ans, quoi?
M. Lazure: Non, M. le Président. Ce ne sera pas pendant
cinq ans, ni dix ans, ni quinze ans. C'est une question de mois. Cet inventaire
est déjà avancé. Dans les quinze départements de
santé communautaire où il y a eu une équipe mise sur pied
l'an dernier, il est à peu près complété. Donc, il
reste l'autre moitié des départements et nous comptons bien au
cours de cette année qui commence compléter cet inventaire.
M. Forget: D'ici l'an prochain, on devrait avoir un tableau
complet de la situation. Est-ce l'intention du ministère et du
ministre?
M. Lazure: C'est l'objectif. Une voix: M. le
Président...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que sur le...
Mme Lavoie-Roux: ...j'aurais une question à poser pour la
santé au travail.
Le Président (M. Marcoux): Sur le même sujet?
Mme Lavoie-Roux: Sur ce même sujet de la santé au
travail, j'aimerais demander au ministre, M. le Président, si dans cet
inventaire que les départements de santé communautaire effectuent
présentement, ils se sont intéressés aux conditions de
travail et d'environnement dans lesquelles les artisans travaillent. Je pense
que le ministère des Affaires culturelles a maintenant appelons-le un
répertoire des artisans du Québec. Est-il complet ou non? Ils
sont maintenant quelques milliers. Ce sont des gens qui travaillent constamment
certains d'entre eux du moins avec de la pierre, de la terre, du
sable, du bois et ils doivent souvent louer des locaux, surtout dans les grands
centres urbains où on les retrouve en plus grand nombre dans des usines,
des parties d'usine ou des parties de logements qui sont
désaffectés, qui ne peuvent être loués pour du
travail plus organisé ou qui demandent un plus grand nombre de
travailleurs. Il reste que ces personnes sont constamment exposées
à de la pollution causée par les matériaux dont je viens
de parler. J'aimerais savoir si les départements de santé
communautaire s'intéressent à ce problème.
M. Lazure: II ne faut pas se le cacher, M. le Président,
à tort ou à raison, la priorité a été
accordée par les grandes entreprises, les milieux de travail où
on risque de toucher un grand nombre de travailleurs. À
l'intérieur de cet éventail de plusieurs milieux de travail
où il y a un grand nombre de travailleurs, nous avons identifié,
de concert avec la Commission des accidents du travail, le Service de la
protection de l'environnement et les départements de santé
communautaire, quelques problèmes, dont le bruit, comme étant des
problèmes où nous voulions accorder une priorité. Le bruit
et les poussières sont depuis un an et demi les deux problèmes
prioritaires où on s'est d'abord attardé à faire
l'inventaire, ce qui a été fait, et ensuite à apporter des
correctifs qui ont été apportés aussi dans la plupart des
cas par les employeurs. En ce qui concerne les petites entreprises, les
entreprises artisanales, il est sûr qu'il y a des problèmes
là aussi de santé et de sécurité au travail. Il y
en a un peu partout dans le Québec. Mais c'est un secteur qui n'a pas
encore vraiment été touché et qui devra l'être le
plus tôt possible.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que le ministère devrait au
moins dans ses nombreuses priorités leur faire un petit coin. On est
très fier quand arrive le mois de décembre et qu'on a le grand
salon des artisans qui regroupe X milliers d'artisans, mais je pense que ce
sont aussi des travailleurs qui sont constamment et peut-être davantage
que bien d'autres qui sont regroupés et pour lesquels les employeurs
sont obligés de se soumettre au moins à des conditions
élémentaires de travail.
Dans le cas de ces autres travailleurs, à ma connaissance, il
n'existe rien. Je comprends que 2000 travailleurs je pense que les
chiffres exacts, vous pourriez les avoir au ministère des Affaires
culturelles, qui doit avoir une estimation assez exacte comparé
à 200 000 travailleurs, c'est infime. Mais il reste que ce sont des gens
qui, si on ne s'en préoccupe pas, ont souvent des troubles au point de
vue de la respiration. C'est davantage du côté de la
poussière que du côté du bruit, je pense, qu'ils peuvent
être affectés. Je le souligne à l'attention du ministre. Je
pense que c'est une préoccupation que son ministère devrait
avoir, ou les départements de santé communautaire.
M. Lazure: Je suis content que le député de
L'Acadie ait porté à mon attention ce secteur qui, à
première vue, n'ayant pas d'envergure au point de vue du nombre,
risquerait d'être négligé. On en prend bonne note.
M. Grenier: M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: C'est pour une couple de questions qu'il me reste
à poser sur le programme 5.
On sait que le personnel des départements de santé
communautaire n'est pas un personnel syndiqué et qu'il subit
présentement des difficultés à cause de la grève
perlée qu'il y a dans les hôpitaux. Les cours prénataux
seraient suspendus dans plusieurs endroits à cause de cette grève
perlée.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu que les commissions scolaires ouvrent
davantage leurs portes pour permettre la continuation de ces cours
donnés par les départements de santé communautaire?
M. Lazure: M. le Président, je voudrais bien comprendre.
Est-ce que le député de Mégantic-Compton fait allusion au
débrayage qui a eu lieu ces jours derniers dans un certain nombre
d'hôpitaux?
M. Grenier: C'est cela. M. Lazure: Écoutez...
M. Grenier: On sait qu'au niveau des hôpitaux il y avait
des cours prénataux qui se donnaient. On est joliment embarrassés
maintenant avec cette grève perlée.
M. Lazure: Ces débrayages qui sont survenus dans une
cinquantaine d'hôpitaux sur 200 étaient le fait
d'infirmières surtout. C'est sûr que pour une journée cela
a bouleversé les activités normales, y compris les cours
prénataux ou postnataux, mais je ne pense pas que la solution
réside dans le transfert de cette responsabilité à
d'autres personnes ou à un autre organisme. L'organisme dont vous
parlez, l'organisme scolaire, est aussi sujet à des débrayages,
à un moment donné.
M. Grenier: Ce que je veux signaler au ministre, c'est qu'on sait
que les commissions scolaires ouvrent leurs portes à beaucoup d'autres
services des départements de santé communautaire. On sait que
toute la prévention se fait généralement dans les
écoles.
Ce que les gens nous demandent, c'est s'il n'y aurait pas lieu que ces
cours puissent se donner, tant qu'on n'aura pas réglé cette
étape, dans d'autres locaux.
M. Lazure: Ah bon! Ce n'est pas une question de lieux physiques,
c'est une question de personnel. Ce personnel, constitué
d'infirmières et d'infirmiers, s'est toujours engagé et il
nous l'a répété encore récemment à
assurer les services essentiels. Il faut voir si ces cours sont compris ou non
dans les services essentiels. Probablement que non, dans la plupart des
cas.
S'ils ne sont pas compris dans les services essentiels, que les
infirmières syndiquées débraient, que le service soit
donné physiquement dans une école ou dans un hôpital, cela
a peu d'importance. S'il est pour y avoir un débrayage, on aura le
débrayage, que ce soit dispensé dans un milieu scolaire ou dans
le milieu hospitalier. C'est le même personnel.
M. Grenier: Cela veut dire que c'est du personnel syndiqué
également au niveau du DSC?
M. Lazure: Oui, c'est du personnel syndiqué. Les
CLSC
M. Grenier: J'aimerais savoir du ministre, dans les montants
d'argent qu'il nous attribue dans le programme 5, s'il a en programme des
nouveaux CLSC, des nouvelles constructions des nouvelles accréditations,
pour 1979/80.
M. Lazure: On entre un peu dans les détails. M.
Grenier: C'est dans le programme 5.
M. Lazure: Est-ce qu'on pourrait liquider la question de la
santé et de la sécurité au travail? Est-ce que c'est
fini?
M. Grenier: J'ai l'impression que c'est terminé pas
mal.
M. Lazure: Vous voulez des détails sur les dépenses
d'immobilisation, de location, de construction de CLSC?
M. Grenier: Non, quelles sont les prévisions pour 1979/80?
Est-ce qu'on a l'intention de rouvrir, de donner l'autorisation ou
d'accréditer de nouveaux CLSC, et combien?
M. Lazure: Pour le budget 1979/80, la réponse est non. Il
n'y aura pas de nouvelles entités légales, de nouveaux CLSC
créés. Il y aura cependant construction, dans certains cas,
d'immeubles pour abriter des CLSC qui sont déjà
créés. Est-ce que vous parlez de...
M. Grenier: Cela me suffit. Je voulais savoir du ministre s'il
avait l'intention d'en ouvrir de nouveaux.
M. Lazure: II n'y a pas de création de nouveaux CLSC.
M. Grenier: D'accord. On sait qu'actuellement il y a eu des CLSC
en tutelle, on sait par quelles difficultés sont passés ces
organismes. Est-ce qu'il y a encore des organismes en tutelle, au moment
où on se parle? (11 heures)
M. Lazure: Oui, il y a le CLSC de Lotbinière qui est en
tutelle, au moment où on se parle. Oui, on parle de CLSC. Il y a les
centres d'accueil de Lanaudière, mais, comme CLSC, je pense que c'est le
seul actuellement en tutelle, le CLSC de Lotbinière.
M. Grenier: Pour revenir à cette question du CLSC qui
m'intéresse d'une façon particulière, le Fleur-de-Lys de
Weedon, qui a été en tutelle en 1978-1979 avec un dossier assez
volumineux que vous avez étudié, j'en suis convaincu, je sais que
vous avez été retardé par le décès d'un de
vos employés, mais j'aimerais savoir, suite à la demande du
conseil d'administration de ce CLSC pour une somme de $334 346, s'il y a lieu
d'y souscrire entièrement cette année et si vous avez pris la
décision, comme cela semblait, de la répartir sur quelques
années.
M. Lazure: La réponse est sur quelques années.
Si vous voulez, je vais demander au sous-ministre adjoint, M. Malo, de
donner un peu plus de détails, mais c'est échelonné sur
quelques années.
C'est exact. La situation s'est replacée. Le rapport exigeait
quand même, comme vous l'avez dit, un budget de l'ordre de $350 000
additionnels. Effectivement, cette année, il y a une addition de budget
de prévue pour la région 5, mais il appartiendra au CRSSS de
regarder quelles sont les priorités pour les quatre CLSC de ce
territoire-là.
M. Grenier: Suite à une tutelle comme exercée au
CLSC Fleur-de-Lys et la recommandation du rapport Poulin, qui était de
l'ordre de $350 000, est-ce que les CRSSS sont tenus de respecter ces
recommandations ou est-ce qu'il n'y a aucun lien entre la recommandation qui
vient d'une tutelle et les autres obligations auxquelles doivent faire face les
CRSSS.
M. Lazure: Ce n'est pas contraignant, ils ne sont pas tenus. Ce
sont des suggestions, des recommandations qui, en général,
cependant, sont retenues. Elles sont bien fondées en
général. L'implantation peut varier dans le temps. Par exemple,
quand il s'agit d'injecter une somme d'argent importante comme un tiers de
million de dollars, cela doit s'échelonner sur quelques années,
mais, de façon générale, les recommandations, que ce soit
d'un enquêteur ou d'un tuteur, sont retenues sans être
contraignantes quand même.
M. Grenier: D'accord, cela va.
Santé en milieu scolaire
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je peux poser une question sur le
milieu scolaire, seulement une question sur le milieu scolaire, la santé
en milieu scolaire? Est-ce qu'on peut m'assurer que, dans l'ensemble de la
province, au niveau du dépistage et des services de première
ligne, tous les enfants, autant au niveau préscolaire qu'au niveau
scolaire, sont servis par les départements de santé
communautaire?
M. Lazure: La réponse, c'est oui. C'est une des grandes
responsabilités du département de santé communautaire. Que
l'on sache, il s'en acquitte bien.
Mme Lavoie-Roux: Ces services sont disponibles pour tous les
enfants de toutes les écoles de la province?
M. Lazure: M. Mercier, oui-Effectivement, il existe dans chaque
département de santé communautaire des programmes qu'on pourrait
qualifier de dépistages systématiques et des dépistages
systématiques qui ne se font pas qu'une fois au niveau du cheminement ou
de la progression de l'enfant dans le milieu scolaire, mais qui sont
répétés à différents stades.
Évidemment, cela varie souvent selon les programmes, mais je peux vous
donner quelques exemples tirés d'un programme qui est appliqué au
Québec qui est d'ailleurs un programme...
Mme Lavoie-Roux: Non, la seule assurance que je veux avoir, c'est
que partout, tous les enfants de toutes les écoles ont d'abord ces
services de dépistage, ces services de suivi...
M. Lazure: II y a même des dépistages qui se
font...
Mme Lavoie-Roux: ... et de référence pour
traitement, s'il y a lieu...
M. Lazure: Exactement.
Mme Lavoie-Roux: ... en urgence ou à plus long terme.
À plus long terme, c'est probablement plus facile.
M. Lazure: C'est cela et je peux même, pour votre
satisfaction personnelle, ajouter que les enfants qui sont inscrits dans des
classes spéciales font l'objet d'examens plus approfondis. Par exemple,
tous les enfants des classes spéciales ont un test audiométrique
en référence aux besoins.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des enfants qui vont dans des
institutions privées, sont-ils couverts?
M. Lazure: Non, nous n'assurons les services que dans le secteur
public.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce qu'on est porté à
penser aux enfants des écoles privées comme étant des
enfants favorisés. Il y a des écoles privées qui
reçoivent des enfants qui ne sont pas des enfants favorisés.
Je peux vous parler, par exemple ce n'est pas dans votre
comté, c'est dans le comté d'Orford de l'institution qui
existe, Ayer's Cliff, qui reçoit des enfants de tous les milieux. Il y a
des institutions privées qui reçoivent des enfants qui viennent
de milieux familiaux brisés. Souvent ils ne sont pas suivis et ils sont,
sur le plan socio-économique, sans revenu. Vous ne vous
préoccupez pas de ces enfants.
M. Lazure: C'est une question qui revient à la surface
périodiquement, qu'on s'est posée. Ce qu'on est obligé de
dire là-dessus, c'est que cela fait partie des avantages que de
fréquenter le système public et de pouvoir compter sur des
effectifs qui sont taxés sur certaines fonctions dans le secteur de la
santé, qui tiennent du dépistage. Les effectifs qu'on a
retrouvés au niveau du secteur public ne nous ont permis qu'à
fournir des services de santé. Les pressions étaient très
fortes en provenance du secteur public. Je pense que cela peut susciter des
résonances chez vous qui avez connu le milieu scolaire longtemps. On a
déploré que dans les administrations scolaires les effectifs
n'étaient pas suffisants. Il y a eu, au cours des années 1974 et
1975, en particulier, un effort majeur de consenti au niveau des ressources, ce
qui nous a permis de passer d'un ratio d'une infirmière pour 3200
enfants, à une infirmière pour 1800 enfants dans le réseau
scolaire pour les services de santé.
Mme Lavoie-Roux: J'apprécie que l'état des services
se soit amélioré, selon la façon dont vous l'exposez. Il
reste que je voudrais quand même sensibiliser le ministre. Il y a dans le
secteur privé la prématernelle, la maternelle, le scolaire, mais
tenons-nous-en à l'élémentaire pour le moment ou au
primaire, comme on le dit maintenant. Il reste qu'il y a des institutions
privées qui bénéficieraient de ces services des
départements de santé communautaire. Ont-ils le loisir de le
faire? Je ne le sais pas. Tant et aussi longtemps qu'on tolérera ou
qu'on permettra des institutions privées, je pense qu'à ce moment
le gouvernement se reconnaît une responsabilité à leur
endroit, où qu'elles se trouvent. Je voudrais simplement le signaler au
ministre, dans la mesure des disponibilités du ministère. Je
pense qu'on ne devrait pas systématiquement dire: Non, ceux-là,
ce ne sont pas des enfants de la province. Ce sont des enfants qui vivent dans
la lune.
M. Lazure: M. le Président, je prends bonne note des
remarques du député de L'Acadie. Il y a un groupe de travail qui
a été formé récemment par les deux
ministères, notre ministère et celui de l'Éducation, pour
s'assurer que les services sociaux et les services de santé les
deux soient dispensés à tous les jeunes qui
fréquentent le réseau scolaire. Du côté de notre
ministère, il s'agit de M. Mercier, avec Mme Bégin et M.
Lavallée. M. Mercier va sûrement porter à l'attention de ce
comité conjoint le problème que vous soulevez. Il est sûr
que, pour nous, on a autant de responsabilités vis-à-vis des
enfants du secteur privé que ceux du secteur public. Notre
responsabilité est la même.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question. J'avais
demandé ou je me proposais de demander le nombre de femmes qui
occupaient des postes de direction dans les CLSC. Pour ne pas revenir avec la
même question, j'aimerais par la même occasion demander au ministre
s'il peut me donner aussi le nombre de femmes qui occupent des postes de
direction ou qui sont adjointes à la direction, qui sont cadres
supérieurs à son ministère.
M. Lazure: M. le Président, pour ce qui est des CLSC, on
me précise que le chiffre exact est de cinq. Cinq femmes assument la
direction générale de CLSC, cinq sur 81. Ce n'est pas beaucoup.
Quant au ministère, on peut faire la recherche pour avoir la liste
exacte. De mémoire, ce serait une dizaine sur 150 postes de cadres
moyens ou supérieurs, mais on pourra vous fournir la liste dans les
jours qui viennent.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas nécessaire, si vous pensez
que votre estimation est assez juste pour que je puisse m'en servir...
M. Lazure: Pour améliorer les choses à la CECM
peut-être ou quelque chose...
Mme Lavoie-Roux: Non, à la CECM, j'ai essayé de le
faire, mais je ne suis plus à la CECM...
M. Lazure: Je serais curieux, si le député de
L'Acadie me permettait...
Mme Lavoie-Roux: ... avait les mêmes préoccupations,
exactement.
M. Lazure: Oui. Le nombre de cadres supérieurs qui sont de
sexe féminin à la CECM, est-ce que vous avez une idée du
nombre? J'ai l'impression qu'il n'y en a pas beaucoup non plus.
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne pourrais pas vous donner le nombre
parce que les principaux d'école entrent dans les cadres
supérieurs, mais il y avait un gros progrès à accomplir.
Il s'est parti un mouvement. Je pense que cela serait de mauvais goût de
se cacher, pas nécessairement derrière la CSN, mais
derrière ce qui se passait avant. La condition féminine
évolue, il faut penser que, s'il n'y a pas de progrès, cela veut
dire qu'on recule. C'est pour cela qu'on peut toujours comparer avec 1960,
à ce moment on va dire qu'on a fait d'immenses progrès. Mais il
faut quand même tenir compte de l'évolution des mentalités,
des efforts qui ont été menés. C'est dans ce sens qu'il
faut examiner les chiffres d'aujourd'hui.
M. Lazure: De façon très concrète, notre
gouvernement s'est engagé à mettre en application les 300
recommandations du livre blanc, du rapport du Conseil du statut de la femme. Je
pense en avoir parlé un peu la semaine dernière. La plupart des
ministères ont déjà embauché une personne qui agit
un peu comme l'animatrice, la surveillante de la mise en application des
recommandations. Nous, aux Affaires sociales, le tiers des recommandations, une
centaine de recommandations s'appliquent chez nous. Nous avons une personne,
Mme Guyon, qui est à temps plein chargée de surveiller son
application. Une des recommandations qui revient souvent, évidemment,
c'est l'embauche de personnel féminin à compétence
égale, surtout pour une période où il y a tellement de
rattrapage à faire. Nous sommes très préoccupés de
l'embauche, chaque fois qu'il y a comité à former ou un poste
à remplir, nous essayons autant que possible d'avoir des candidates.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous un sous-ministre féminin?
M. Lazure: Actuellement, non.
Mme Lavoie-Roux: Sur combien de sous-ministres?
M. Lazure: On a six sous-ministres adjoints qui sont tous...
Mme Lavoie-Roux: Et un sous-ministre en titre.
M. Lazure: Sept en tout, oui.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, je ne voulais pas vous
entraîner sur ce terrain. J'aurai l'occasion d'en discuter vendredi
matin. Mais je l'ai fait à chaque ministère, c'est pour cela que
je vous le demande.
Les CLSC (suite)
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 5?
M. Forget: Une seule autre question, M. le Président, dans
le même article, les questions qui viennent d'être posées
tout à l'heure par le député de Mégantic-Compton.
Il y a eu des difficultés, semble-t-il cela date de quelques mois
relativement aux locaux pour le CLSC Laurentien, à
l'Ancienne-Lorette. Est-ce que ces difficultés ont été
aplanies? Puisqu'il s'agissait d'une interdiction du Conseil du trésor
d'un montant de $35 000 qui était nécessaire pour permettre la
location de locaux pour permettre le fontionnement en attendant la construction
d'un édifice plus permanent. Il semblait qu'il y avait des surplus de
fonctionnement qui pouvaient être utilisés pour financer cette
location.
M. Lazure: Oui, nous avons eu une autorisation du Conseil du
trésor pour la location. C'est une somme d'environ $30 000, $35 000.
M. Forget: Cela a été autorisé finalement.
M. Lazure: Oui, oui.
Le Président (M. Marcoux): Comme le programme 5 est
déjà adopté, le programme 6.
M. Forget: Cela a déjà été
discuté, je crois.
M. Lazure: Oui, dans la discussion générale, on l'a
pas mal traité.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez remis une liste des
organismes bénévoles et des montants...
M. Lazure: Nous avons remis la semaine passée une liste
partielle, la liste qui touchait tous les organismes féminins, pour un
montant d'environ $800 000.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, je voudrais celle de tous les
organismes bénévoles.
M. Lazure: On me dit que la liste est en route. On va apporter
les copies de ce cahier. Ce cahier contient la liste complète des
organismes.
Mme Lavoie-Roux: On pourra y revenir, s'il y a des organismes
particuliers dont on veut s'informer, quand on aura la liste complète.
Ce sera plus simple.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 6,
adopté?
M. Forget: Sous cette réserve.
Services de consultation et de protection
Le Président (M. Marcoux): Le programme 7, services de
consultation et de protection. M. le député de Saint-Laurent. M.
le ministre, est-ce que vous avez des remarques générales?
M. Lazure: Non, sauf de répéter encore une fois que
l'augmentation des crédits touche surtout les départements de
protection de la jeunesse dans chacun des quatorze centres de services sociaux.
C'est l'embauche de personnel, une somme annualisée d'environ $10
millions pour pouvoir mettre en application la Loi de la protection de la
jeunesse.
M. Forget: Les services sociaux complémentaires
représentent un peu plus du tiers des budgets au programme 7 pour une
variété de tâches diverses, on remarque, malgré
tout, une augmentation dans ce secteur. Est-ce qu'il y a des orientations
particulières relativement à cette somme qui représentait
jusqu'à l'an dernier, la partie la plus importante du budget des centres
de services sociaux qui est dépassé tout juste par la Protection
de la jeunesse cette année?
M. Lazure: Juste un petit moment, M. le Président.
À ce chapitre, services sociaux complémentaires, il n'y a
vraiment pas de développement. Ce sont des ajustements. Si on va aux
détails de l'élément 5 du programme 7, on va voir... c'est
à la page 75. Essentiellement, c'est pour assumer le coût des
conventions collectives et du régime de retraite. Il n'y a pas de
développement.
M. Forget: D'accord, mais il y a quand même un bloc de $44
millions pour les centres de services sociaux. Enfin, ce n'est pas très
informatif, étant donné que l'ensemble du programme vise les
centres de services sociaux. Alors, c'est un peu une définition
circulaire. Mais c'est une masse de crédits extrêmement
importante, $44 millions. Est-ce qu'on a une vision claire de l'utilisation de
cette somme et de son évolution? Parce que ça devient un
élément important du budget du ministère des Affaires
sociales.
M. Lazure: Oui, mais cette somme de $44 millions
représente tout le personnel des quatorze centres de services sociaux
qui assurent en particulier, les services sociaux en milieu scolaire on
en a parlé un peu tantôt ou en milieu hospitalier.
Est-ce qu'on veut avoir le budget détaillé de chacun des
quatorze CSS?
M. Forget: Je crois que le ministre nous donne une réponse
qui porte un peu à confusion, parce que le personnel de la Protection de
la jeunesse est comptabilisé dans les $52 millions consacrés
à la Protection de la jeunesse. La même chose pour les autres
éléments du programme. Il s'agit ici d'une clause
résiduelle de services sociaux complémentaires qui comprend
sûrement des éléments de salaire, mais pas tous les
salaires des Centres de services sociaux.
M. Lazure: Je ne parlais pas du personnel affecté à
l'application de la loi 24. Je parlais des autres services sociaux en milieu
scolaire. Mais si on veut être plus précis, j'ai devant moi la
liste des services spécifiques qui sont assumés par ce personnel
des CSS. Ce n'est pas seulement le personnel des CSS. Il y a le personnel
social dans les Cours supérieures. Ce service psychosocial, matrimonial
et le service en cas de séparations ou de divorces qui est un service
d'experts conseils auprès des juges...
M. Forget: Est-ce qu'il est désormais offert auprès
de chacune des divisions de la Cour supérieure, chacune des...
M. Lazure: II y a eu expansion. Est-ce que ça touche
toutes les divisions de la Cour supérieure? Un instant.
M. Forget: On me dit que cela a été
complété dans tout le territoire.
M. Lazure: La deuxième activité spécifique:
affaires indiennes; la troisième: service aux adultes
délinquants; quatrième: immigration; cinquième:
suppléance spécifique aux CLSC; sixième: services à
domicile qui représentent une partie importante, peut-être la
plus... c'est la structure administrative seulement de l'aide à
domicile.
M. Forget: M. le Président, nous avons déjà,
au début de nos remarques, échangé passablement sur
l'application de la loi de la protection de la jeunesse. Je n'ai pas
l'intention de revenir là-dessus, à ce moment-ci, parce qu'on y a
passé quand même plusieurs minutes. J'aimerais, relativement
à l'ensemble de l'activité des CSS, demander quel est
l'état de la question au sujet des
engagements que le ministre avait pris lors des
précédentes études des crédits du ministère
des Affaires sociales, relativement aux centres de services sociaux. Il nous
avait entretenu longuement, en particulier, des efforts qu'il ferait pour
améliorer les performances au point de vue de la gestion des centres de
services sociaux. On se souvient que le ministre avait annulé un projet
de recherche et de formation des cadres responsables de la gestion des centres
de services sociaux dès son arrivée en fonction et il
s'était fait fort, à ce moment-là, à même les
ressources du ministère, de déployer des efforts
considérables pour améliorer la gestion des centres de services
sociaux.
Je remarque dans un document, un commentaire qui est probablement
typique d'un certain nombre d'autres que l'on peut retrouver sur les centres de
services sociaux. Je ne cite que le titre, c'est dans le Courrier-Sud, qui est
une publication hebdomadaire de la région sud de Montréal,
région de Saint-Jean, on dit: "La lourdeur "cynique" de la bureaucratie
au CSS Richelieu, un obstacle qu'on ne franchit qu'à coup de
pressions".
Je sais, par ailleurs, que les rapports des comités qui se
chargent des plaintes des usagers, en provenance des usagers aux conseils
régionaux aux CRS démontrent que le tiers ou la moitié
dans certains cas des plaintes totales reçues de la part de la
population à l'endroit de l'ensemble du réseau des affaires
sociales, vise des activités qui sont assumées par les centres de
services sociaux. Devant les frustrations continues du public face aux centres
de services sociaux je pense que dans tous nos comtés, tous les
députés ont à vivre cette expérience-là
également, frustrations face aux mécanismes de placement, de la
procédure, de l'attitude des professionnels des centres de services
sociaux quant au placement des personnes âgées, des malades
chroniques, la bureaucratie assez lourde qui existe à ce
niveau-là, et compte tenu, d'autre part, des engagements que le ministre
avait pris de trouver d'autres moyens pour améliorer la gestion,
alléger la gestion, j'aimerais savoir quels sont les résultats
obtenus, quel est le bilan de ces efforts-là? Qu'est-ce qui a
été fait au juste? Jusqu'à quel point, par exemple,
l'espèce d'hypercroissance des structures administratives des cadres
dans les effectifs totaux à l'emploi des centres de services sociaux, a
pu être diminuée? Quant à la satisfaction de la
clientèle, je ne sais pas si le ministre a d'autres renseignements qui
nous permettraient de nier la pertinence des commentaires qu'on voit dans
certains journaux; en d'autres termes, qu'est-ce qui a été fait
pour améliorer cette gestion, pour diminuer l'insatisfaction du public
et quels en sont les signes extérieurs, les manifestations visibles?
M. Lazure: M. le Président, une des mesures sur lesquelles
on a misé le plus, ce sont les rencontres régulières
tenues entre l'Association des centres de services sociaux, association qui
groupe les quatorze CSS d'une part, et le ministè- re d'autre part,
réunions qui sont généralement dirigées par le
sous-ministre adjoint M. Luc Malo, parfois par le sous-ministre en titre, et
réunions auxquelles je participe aussi de temps à autre.
Il n'y a pas de formule magique pour améliorer la gestion
d'établissements comme le sont les centres de services sociaux, mais
à l'intérieur de ces réunions régulières, il
y a des efforts considérables qui ont été faits, que ce
soit à l'occasion du départ de cadres, par exemple, pour ne pas
remplacer les cadres en question; en d'autres termes, pour diminuer le nombre
de cadres.
Il faut se rappeler que si on a retrouvé, depuis quelques
années, dans ce réseau des CSS, un nombre plus
élevé de cadres qu'ailleurs dans le réseau des affaires
sociales, c'est dû, en partie, au fait que ces 14 CSS ont
résulté de la fusion d'au-delà d'une cinquantaine de
services sociaux diocésains, comme on les appelait autrefois, et qu'au
moment de la création des 14 centres de services sociaux
régionaux plus centralisés, il a fallu maintenir un bon nombre de
cadres qui autrement n'auraient pas été justifiés si on
était partis de zéro.
C'est le phénomène des droits acquis, des
privilèges acquis. Par conséquent, il faut mettre un certain
temps avant qu'on puisse assister à une baisse notable, une baisse
importante du nombre de cadres, du pourcentage de cadres.
Deuxièmement, on a profité de l'opération mission
d'information de la loi 24, la Loi de la protection de la jeunesse, aussi bien
que de la deuxième partie, la mission d'implantation, on a
profité de ces deux circonstances au ministère, avec les centres
de services sociaux, justement pour exercer beaucoup de vigilance de part et
d'autre. On a réussi, dans ces cas-là, à embaucher
l'ensemble du personnel qui résulte des $10 millions, de l'argent de
développement, avec un pourcentage de cadres moins élevé
que ce qui existait dans l'ensemble des CSS.
Je pense que ce sont là les deux principales mesures qui ont fait
l'objet de beaucoup d'efforts et on croit, en particulier si on songe au centre
de services sociaux du Montréal métropolitain, qui est le plus
important, le plus considérable, il y a eu un changement de direction il
y a un an et demi et on croit que l'administration de ce centre de services
sociaux, comme exemple, est plus efficace, est plus économique qu'elle
ne l'était dans le passé.
M. Forget: Est-ce que le ministre pourrait étayer cette
affirmation selon laquelle le pourcentage des cadres est moindre? De combien
moindre est-il maintenant?
M. Lazure: On peut faire le relevé détaillé,
mais surtout à cause de cette addition de personnel en rapport avec la
Loi de la protection de la jeunesse où il y a eu très peu de
cadres, ça nous donne au total... Pour l'ensemble des 5000
employés des 14 CSS, cela a baissé le rapport cadres non-cadres.
Mais on pourra vous le donner en détail lors d'une prochaine
séance.
M. Forget: Quel est le pourcentage des dépenses
administratives dans les centres de services sociaux à ce moment-ci?
M. Lazure: Est-ce que vous entendez par dépenses
administratives salaires des cadres ou entendez-vous tout ce qui est à
l'exclusion des salaires?
M. Forget: Non, y compris les salaires, bien sûr. Y compris
les salaires de ceux qui font de l'administration plutôt que de donner
des services.
M. Lazure: M. Forget, pour répondre adéquatement
à votre question, il y a là un problème de
définition. Dans le cas des centres de services sociaux, un examen
récent du guide budgétaire qui est utilisé et la
définition des centres d'activité mettent en relief la
difficulté de bien définir les centres d'activités de ce
milieu. Nous avons une définition et nous avons introduit l'an
passé des unités de mesure, tout en étant conscients
qu'elles péchaient, en quelque sorte, dans certains centres
d'activité pour nous permettre des comparaisons adéquates.
Lorsqu'on parle de dépenses administratives dans un CSS et qu'on y
trouve du personnel préposé à l'accueil, est-ce que ce
sont des dépenses administratives ou sont-ce des personnes pour orienter
le genre de requête qui est faite aux CSS? Il y a là des
problèmes de définition concrète et nous sommes à
réviser le guide budgétaire des CSS pour permettre une
identification plus claire de la nature des dépenses.
Actuellement, nous ne sommes pas du tout satisfaits des comparaisons
qu'on pourrait faire, soit entre les CSS, soit dans l'historique des CSS. Je ne
réponds pas à votre question, je mets en évidence la
faiblesse du guide budgétaire actuellement utilisé dans le
domaine des CSS, lequel est en révision. (11 h 30)
M. Forget: Je comprends qu'on peut toujours améliorer les
données, mais il reste qu'en attendant que les données soient
parfaites, ce qui peut prendre un délai indéfini, parce qu'elles
sont toujours en voie de perfectionnement, j'imagine que le ministère se
fait une certaine idée de ce qu'il fait à un moment donné,
avec les données qu'il a. C'est le but de ma question. Est-ce que, par
rapport aux données que vous avez dans le moment, que vous utilisez
traditionnellement, est-ce qu'il y a une diminution des dépenses
administratives? À quel niveau se situent-elles? Est-ce qu'il s'agit de
40%? Est-ce qu'il s'agit de 45% des budgets? Ou seulement de 38%? J'imagine que
vous avez une idée, vague au moins, de cette question.
M. Lazure: On pourra apporter un relevé plus précis
demain après-midi, lors de la séance.
M. Forget: M. le Président, je remarque qu'à chaque
fois qu'on demande des questions qui dépassent le niveau des
généralités on obtient des réponses
extrêmement réticentes, que ce soit dans le domaine de la
santé et de la sécurité des travailleurs. On a pris une
demi-heure pour savoir à peu près quels seraient les objectifs
pour l'année en cours, ce qui est assez invraisemblable. Là, on
demande si les dépenses administratives sont élevées ou
basses, si elles sont en accroissement ou en diminution, c'est comme si on
demandait de nous décrire la face cachée de la lune.
M. Lazure: M. le Président...
M. Forget: II me semble que le ministère et ses
responsables devraient avoir une idée, vague au moins, de cette
question, sans se réfugier derrière des études à
faire et des rapports à préparer demain.
Je ne peux pas m'expliquer qu'on nous réponde aussi vaguement
pour des questions qui sont, malgré tout, assez
élémentaires.
Dans un autre ordre d'idées, j'ai fait allusion tout à
l'heure, M. le ministre...
M. Lazure: M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Sur cette question, M. le
ministre?
M. Lazure: Sur cette question, M. le Président. Je
n'accepte évidemment pas les commentaires du député de
Saint-Laurent. J'ai dit, de façon bien précise, que le
pourcentage des cadres avait diminué. Je n'ai pas dit que je ne savais
pas. J'ai dit qu'il avait diminué. Mais quant à avoir le
relevé précis sur les 5400 employés des 14 CSS, je pense
qu'il est raisonnable qu'on fasse la recherche, qu'on apporte un tableau
précis.
Je mettrais le député de Saint-Laurent et ex-ministre des
Affaires sociales au défi de me dire, de mémoire, quel
était le pourcentage des frais administratifs au budget des 14 CSS,
alors qu'il était ministre. Je pense qu'il est aussi
déraisonnable de la part du député de Saint-Laurent de
s'attendre à avoir une réponse très précise, quand
il s'agit d'un montant d'argent sur une question aussi spécifique. Il
est aussi déraisonnable de s'attendre à avoir cela que, pour moi,
ministre actuel, de m'attendre que le député de Saint-Laurent
puisse, de mémoire, nous dire combien ces sommes administratives
représentaient en 1975.
M. Forget: Oui. M. le Président, le ministre n'a pas
à accepter ou à ne pas accepter. C'est un jugement qui est tout
à fait légitime. Il y a un certain nombre d'années,
c'était d'environ 30%, les frais d'administration. Je serais
intéressé de savoir si cela a diminué ou si cela s'est
accru, d'autant plus que et le ministre n'a pas soigneusement
répondu à ceci le nombre de plaintes qui sont
acheminées vers les conseils régionaux, qui portent sur la
façon d'administrer les services ou de rendre accessibles les services
des centres de services sociaux, c'est quand même un
phénomène assez remarquable.
Est-ce que le ministère s'est fait une opinion sur la nature, la
justification de ces plaintes, sur
leur cause et est-ce qu'il a un plan quelconque, un programme
quelconque, pour essayer de rencontrer ces plaintes extrêmement
nombreuses et qui ne sont pas toutes farfelues, qui ne sont pas
injustifiées?
Il y a effectivement des difficultés réelles de
fonctionnement.
M. Lazure: Combien de plaintes, M. le Président?
Affirmation tout à fait gratuite. Combien de plaintes? Nombreuses, c'est
combien?
M. Forget: J'ai indiqué tout à l'heure au ministre,
alors qu'il était distrait, qu'environ le tiers à la
moitié des plaintes reçues par un certain nombre de conseils
régionaux...
M. Lazure: Cela veut dire combien, en chiffres, par année?
Je pense que vous dites quelque chose sans pouvoir l'appuyer sur des
chiffres.
M. Forget: Est-ce que le ministre nie qu'il y a des plaintes?
M. Lazure: Je ne nie pas qu'il y a des plaintes, mais quand vous
dites, dans une grande envolée, qu'il y a des plaintes extrêmement
nombreuses, je pense que vous risquez d'induire la population en erreur, de
faire peur au monde. C'est évident, tout le monde le sait, que les
plaintes concernant le placement de personnes âgées, par exemple,
ou même le placement d'enfants constituent un pourcentage
élevé des plaintes, que ce soit un tiers ou 30%, peu importe. De
là à laisser entendre qu'il y a des centaines et des centaines de
plaintes par année, c'est une autre chose.
M. Forget: Quand bien même il n'y en aurait que cent, M. le
Président, si elles viennent toutes de la même source...
M. Lazure: Un tiers.
M. Forget: ... il me semble que le ministre devrait se poser des
questions. Les centres de services sociaux sont loin de représenter la
totalité, ou même la majorité des services donnés
à la population par les établissements du réseau des
affaires sociales. Au contraire, c'est une faible minorité des services
fournis qui le sont par les centres de services sociaux.
L'immense majorité des contacts se fait soit avec des
médecins en cabinet privé, soit avec les établissements
hospitaliers, ou même avec des centres d'accueil des CLSC. Il me
semblerait inquiétant, quant à moi, de constater qu'année
après année les conseils régionaux qui font un rapport des
plaintes reçues constatent que le quart, le tiers ou la moitié
sont des plaintes engendrées à l'occasion des services fournis
par les centres de services sociaux.
On n'est pas pour se quereller sur les chiffres, il s'agit simplement de
savoir si le ministre a une opinion quant à la nature des
difficultés qui donnent naissance à ces plaintes, s'il a un
programme pour éliminer les causes de frustration évidentes qui
font dire à des journalistes, qui font imprimer des titres comme
celui-ci: "La lourdeur cynique de la bureaucratie au CSS Richelieu, un obstacle
qu'on ne franchit qu'à coup de pressions." Ce n'est quand même pas
tout à fait normal de la part d'un établissement public.
M. Lazure: M. le Président, la majeure partie des plaintes
concernant les centres de services sociaux ont trait au placement, surtout au
placement de personnes âgées. C'est bien connu, le ministre le
sait. Nous avons pris des mesures pour corriger cette situation grâce au
programme de construction de 5600 places nouvelles pour les personnes
âgées. Il est évident que, surtout dans la région de
Montréal c'est pour cela qu'on a fait concentrer le gros de nos
efforts de construction dans la région de Montréal où il y
a une quarantaine de centres d'accueil sur les 56 la plupart des
plaintes, la plainte qui revient le plus souvent concernant un CSS, c'est la
lenteur de placement d'une personne âgée et nous y apportons des
correctifs.
M. Forget: Ce n'est pas mon expérience. J'ai
consulté un certain nombre de ces rapports des conseils régionaux
et on constate que ce n'est pas seulement la difficulté d'obtenir des
places, c'est la façon dont les demandes sont traitées par les
centres de services sociaux.
M. Lazure: Je n'ai pas dit "seulement", j'ai dit "un des
principaux motifs de mécontentement".
M. Forget: Cela a été l'élément clef
de la réponse du ministre. Or, il est bien clair que, de ce
côté-là, c'est comme opposer une fin de non-recevoir aux
plaintes qui sont faites. On dit: II n'y a pas assez de places, donc les
plaintes ne sont pas justifiées. Un certain nombre de plaintes au
contraire, un nombre important de plaintes sont justifiées. Lorsqu'on
dit à des personnes âgées: Vous êtes trop malades
pour être admises dans tel ou tel centre d'accueil ou vous ne
l'êtes pas assez pour être admises dans un autre, etc., on place
les gens dans une situation, dans un monde absolument kafkaïen. Il semble
y avoir un minimum de coordination pour ne pas dire aucune coordination entre,
d'une part, les services à domicile et, d'autre part, le processus
d'évaluation et d'admission des personnes âgées au moment
de leur demande et au moment de leur période d'attente. On les laisse
dans le noir, on les laisse dans le vague et souvent on leur donne des
réponses contradictoires, soit que les dossiers changent de main, Dieu
sait quoi, il y a des situations absolument invraisemblables. Il me semble que
ceci mérite une attention plus que sommaire de la part du
ministère des Affaires sociales parce que ces plaintes-là il y en
a plusieurs centaines.
M. Lazure: M. le Président, si on revient aux plaintes qui
ont trait au placement des personnes âgées, il faut distinguer
deux situations: II y a la
personne âgée qui a un besoin urgent de soins
médicaux. Elle se rend à l'urgence, évidemment, et
l'hôpital est obligé de par la loi et les règlements de
traiter la personne. Il y a l'autre sorte de situation où il s'agit de
problème d'hébergement. La personne âgée n'a pas
besoin d'attention médicale mais elle a besoin d'être
hébergée. Le député de Saint-Laurent connaît
le mécanisme. Il y a dans chaque région des comités
d'admission qui sont des comités mixtes, des comités conjoints
entre les représentants d'un centre d'accueil donné et les
représentants du centre de services sociaux.
Que des comités fassent moins bien leur travail que d'autres, il
n'y a personne qui va s'en étonner, mais je ne vois pas à quoi le
député de Saint-Laurent veut en venir. Il déplore le fait
qu'il y a trop de plaintes. Nous lui expliquons qu'un grand nombre de ces
plaintes sont reliées au fait que les ressources pour personnes
âgées sont insuffisantes, surtout les ressources
d'hébergement; deuxièmement, qu'à des ressources de soins
à domicile, d'aide à domicile qui étaient insuffisantes,
nous apportons des correctifs de ce côté-là aussi.
M. Forget: Pour préciser ma pensée, comme le
ministre dit: "je ne sais pas à quoi on veut en venir", c'est tout
simplement à la chose suivante. C'est qu'un malade chronique ou une
personne handicapée ou âgée s'attend, à tort ou
à raison, à tort apparemment, si je comprends bien l'explication
qu'on nous donne, de la part du réseau des établissements des
affaires sociales, à une approche qui soit d'abord humaine et qui soit
continue. Il ne s'attend pas à être traité simplement comme
un numéro sur une liste d'attente. Or, l'attitude typique de la
personne, du fonctionnaire du centre de services sociaux qui s'adresse à
une personne âgée, c'est de dire: Votre demande est dans nos
dossiers, il n'y a pas de place, attendez et vous reviendrez, vous nous
rappellerez dans six mois ou dans un an. Il n'y a pas, de la part des personnes
qui ont besoin d'aide, le sentiment qu'il y a quelqu'un qui s'occupe d'elles de
façon continue, qui s'intéresse à leur état et qui
est capable de faire le lien entre les besoins de cette personne et les
différentes ressources qui peuvent être institutionnelles ou qui
peuvent ne pas l'être. Ceux qui s'occupent du placement en institution ne
s'occupent que de cela, avec des visières en quelque sorte, et ne
semblent pas conscients de la possibilité de certaines autres
façons de tenir compte des besoins de ces personnes. Il ne semble y
avoir aucune espèce de communication. Ceci nous replace dans le contexte
des structures administratives.
Il y a des gens, au sein des centres de services sociaux, qui s'occupent
des ressources institutionnelles. Ils font du placement, ils ne connaissent
rien d'autre. On dirait qu'ils ne sont même pas capables de parler
à d'autres qui s'occupent, par exemple, du suivi par les soins à
domicile et de l'aide à domicile, de sorte que le fait qu'une personne
ait été évaluée comme ayant besoin d'un placement,
mais ne pouvant pas en bénéficier parce qu'il n'y a pas de place,
est complètement étranger et sans intérêt pour
l'autre service du centre de services sociaux qui devrait s'occuper des
services à domicile. Ce genre d'attitudes compartimentées est une
administration qui manque certainement de compétence, parce que c'est ce
que cela doit vouloir dire, dans le domaine des services sociaux; on semble
incapable de mettre en communication deux professionnels qui s'occupent de deux
aspects différents des besoins d'une même personne. C'est de la
mauvaise administration. C'est une source de plaintes et de frustrations pour
les gens qui s'attendent à autre chose d'un centre de services sociaux
qu'une attitude purement...
C'est comme un terminus d'autobus, il y a de la place dans l'autobus ou
il n'y en a pas. Évidemment, cela ne nous étonne pas de la part
d'un terminus d'autobus ou d'un comptoir de réservation pour des billets
d'avion, mais, de la part d'un centre de services sociaux, c'est paradoxal,
c'est troublant, c'est dérangeant, c'est décevant, parce qu'on
s'attend qu'il va se comporter autrement. Or, c'est un fait bien connu que les
structures administratives internes des centres de services sociaux semblent
dresser des obstacles aux communications entre différents professionnels
qui devraient être complémentaires.
Je m'étonne que le ministre semble dire: Non, écoutez, on
va construire d'autres centres d'accueil et cela va peut-être
régler le problème. Cela ne réglera pas ce
problème. On aurait trois fois plus de centres d'accueil, si l'attitude
et les structures administratives des centres de services sociaux ne sont pas
modifiées, on va constamment avoir ce problème,
indépendamment du nombre, de la quantité des ressources, parce
que penser qu'un jour, on va avoir saturé les besoins, c'est se faire
l'illusion la plus triste possible, parce que ce jour n'arrivera pas. Il y aura
donc toujours ce problème d'ajustement des besoins aux ressources
disponibles. Qu'il y en ait plus ou qu'il y en ait moins, le problème ne
change pas de nature et aussi de complémentarité. Les gens qui
attendent leur placement à domicile pendant un an ou un an et demi ou
deux ans, s'attendent à être traités autrement que comme un
numéro qui attend. Ils s'attendent à être traités
comme des gens qui ont besoin d'un certain nombre de services. C'est ce que je
veux dire, M. le ministre. Il me semble qu'il n'y a pas eu de progrès
dans ce sens.
M. Lazure: M. le Président, on parle d'autre chose, on
parle d'attitudes. Le député de Saint-Laurent...
M. Forget: D'attitudes et de structures.
M. Lazure: D'attitudes et de structures, si vous voulez.
Prenons-les un par un. Je pense que le député de Saint-Laurent,
en toute équité, va reconnaître que changer l'attitude de
milliers de professionnels n'est pas une chose facile, ni pour lui ni pour moi.
Quant aux structures, il les connaît
bien puisqu'il a contribué à les mettre sur pied, alors
qu'il était ministre des Affaires sociales. Nous avons
révisé les structures au ministère. Je pense que nous
avons amélioré la communication à l'intérieur du
ministère. Il y a moins de réseaux parallèles qu'il n'y en
avait avec la révision de nos structures. (11 h 45)
Je ne nie pas qu'il devrait y avoir une révision de structures
dans les centres de services sociaux. C'est une des choses qu'on regarde
actuellement.
Si on revient aux attitudes, je pense qu'il est facile d'être
injuste pour un bon nombre de professionnels. Il est bien évident que je
ne peux pas non plus me dissocier des propos du député de
Saint-Laurent. Moi aussi, je déplore que les soins ne soient pas assez
humains que ce soit dans un hôpital ou dans un centre de services
sociaux. Moi aussi, je peux déplorer que nos professionnels n'aient pas
assez le souci de faire le suivi d'un problème, d'une personne, de
prendre la personne en charge. Entre parenthèses, c'est un des grands
mérites de la psychiatrie de secteur, de prendre les gens en charge et
de les garder indéfiniment aussi longtemps qu'ils en ont besoin.
On peut discourir pendant des heures sur le manque d'éthique
pratiquement ou le fonctionnement isolé de services, de sections de
services. Mais pour arriver à quoi? Si on en fait une espèce de
motion de blâme sur l'éthique des professionnels à
l'intérieur des services sociaux, je pense que c'est de
l'exagération. Si on veut dire que c'est un problème qui existe
dans notre société, je n'ai pas besoin du député de
Saint-Laurent pour me l'apprendre. Je le sais aussi bien que lui. Je le
constate souvent, moi aussi. Je peux simplement répondre qu'on est
conscient de ce problème, de cette espèce de froideur
vis-à-vis des bénéficiaires, de la population qui se
présente. Nous ne connaissons pas de formule magique. Si le
député de Saint-Laurent a des formules magiques, des recettes
magiques à nous donner, qu'il nous les donne. Mais on peut simplement
espérer qu'on va transmettre nos préoccupations non seulement au
personnel des centres de services sociaux actuels, mais aussi aux responsables
de l'enseignement. Parce que je pense que si on veut poursuivre cette
discussion, de façon plus sérieuse, il faut aller à la
formation qu'on donne aux professionnels. Peut-être faudrait-il faire
porter nos efforts sur le genre de formation qui est donnée aux
travailleurs sociaux dans nos universités, ou aux psychologues ou aux
médecins.
M. Forget: Je ne ferai pas le procès des attitudes ou des
intentions bonnes ou mauvaises des professionnels qui oeuvrent dans les centres
de services sociaux. Cela n'est pas là mon intention. Mais j'ai
soulevé au début de mes remarques la question de l'étude
des structures, de l'efficacité, du fonctionnement, de la performance,
de façon générale, des centres de services sociaux. Mais
performance face à leurs objectifs, non pas à n'importe quel
objectif. J'ai fait allusion à l'un des objectifs, d'avoir des relations
plus humaines, plus suivies, plus continues avec la clientèle. Or, je ne
peux faire autrement que de remarquer qu'il y a deux ans et demi, quand le
ministre est arrivé, il n'avait rien de plus pressé que d'annuler
le seul effort qui avait été fait, parce qu'aussi ses
prédécesseurs étaient conscients de ce problème. Il
y avait un effort de changer les structures, de les étudier d'abord et
de travailler en collaboration avec un centre de services sociaux, le plus gros
où le problème se pose de façon plus aiguë, avec
l'école d'administration de l'Université de Montréal pour
arriver à définir des structures. Parce que les gens ont les
attitudes que leur dictent les circonstances et les structures dans lesquelles
ils se trouvent. Je pense que le ministre pourrait être d'accord
là-dessus. Cela n'est pas une question d'intention, c'est une question
de placer les gens dans un contexte donné. On les place dans un contexte
compartimenté à l'extrême et tant qu'on ne remet pas en
question cette structure, cette façon d'organiser le travail, on se
heurte à des déceptions, si on se borne à faire des
exhortations à la bonne volonté ou si on se livre à des
blâmes contre des attitudes, et une espèce de morale sociale. Cela
n'est pas ce dont il s'agit. Il s'agit de créer un environnement de
travail dans les centres de services sociaux où ils seront plus
peformants.
Quand le ministre est arrivé, il a annulé cet effort
d'essayer d'examiner la performance des centres de services sociaux pour en
améliorer la performance, en nous disant: Écoutez, on va faire
cela. On a toutes les ressources au ministère pour faire cela. Il nous a
dit récemment, il y a quelques minutes, que cela se bornait à
faire des rencontres régulières avec l'Association des centres de
services sociaux pour échanger. C'est très bien échanger
de l'information entre ministère et association des centres de services
sociaux. Mais je ne pense pas que ce soit le type d'effort, la qualité
d'effort de la part du ministère qui sera nécessaire pour
modifier les structures, modifier les environnements de travail qui à
leur tour vont produire des comportements différents de la part des
professionnels.
Il est bien sûr que si on met tous les gens dans des cases
isolées les unes des autres et qu'on leur demande de travailler, leur
comportement va être dicté par les circonstances.
Si, d'un autre côté, on identifie des clientèles
cibles, comme les personnes âgées et les malades chroniques, et on
leur dit: Organisez vos efforts de manière à servir ces gens
plutôt qu'à administrer des ressources et avoir un tas de chasses
gardées, ils vont avoir un comportement différent. Mais c'est
justement le problème et je me rends compte, après deux ans et
demi, que le ministre qui semblait avoir des remèdes miracles, des
solutions miracles en 1977 quand on lui a posé la question, qui avait
mis de côté des efforts d'obtenir des ressources
spécialisées pour étudier ces problèmes de
performance, n'a rien fait là-dessus. On est dans le même
état qu'il y a deux ans et aussi conscient qu'on pouvait l'être
que le problème existe, sauf qu'il n'y a aucun effort concret qui a
été fait. On doit donc dire aux gens qui se
plaignent: Écoutez, vous allez vous plaindre encore un peu plus
longtemps, parce qu'il n'y a vraiment rien qui ait été fait de ce
côté. Le ministère a réorganisé ses propres
structures, mais avant que cela ait une répercussion au niveau de la
clientèle, il va s'écouler un bon moment.
Je trouve déplorable qu'on nous réponde aussi vaguement
sur un problème dont on se dit conscient depuis deux, trois ans. Il
serait temps qu'on arrive avec un programme précis de changement. Bien
sûr, ces structures ont été créées il n'y a
pas tellement d'années et il y avait une période de rodage. Mais
ça fait déjà belle lurette qu'on se rend compte un peu
partout et pas seulement au ministère des Affaires sociales qu'il y a
des choses à corriger. Pourquoi attendre si longtemps pour les
corriger?
Je comprends que ça dérange les habitudes. Dans les
centres de services sociaux on aimerait peut-être, en certains quartiers,
que ces problèmes ne soient pas soulevés, parce
qu'évidemment ça implique des changements qui vont gêner
bien des gens, mais les exigences de performance face à la
clientèle me semblent dépasser en importance des
considérations comme celles-là. D'autant plus que, encore une
fois, un départ avait été fait, des initiatives avaient
été prises; on a décidé de les mettre de
côté, mais elles n'ont été remplacées par
rien, rien de concret.
M. Lazure: M. le Président, évidemment, c'est faux
d'avancer que rien n'a été fait. Le député de
Saint-Laurent revient sur sa marotte de l'an dernier. Parce qu'on n'a pas
maintenu un certain nombre de consultants en particulier, des Hautes
Études Commerciales qu'il avait embauchés pour faire une
étude du CSSMM il conclut de façon injuste que rien n'a
été fait. Il y a mille façons de se rendre à Rome;
il y a plusieurs façons d'améliorer la gestion des CSS. Une des
façons était d'engager une firme. Nous n'avons pas eu besoin de
firme pour apporter des changements à la structure du ministère
et on n'en a pas eu besoin non plus pour apporter des changements à la
structure de certains CSS.
Il y a, au moment où on se parle, trois CSS, les trois principaux
du côté francophone: Montréal métropolitain,
Richelieu-Rive sud de Montréal et Québec qui, il y a plusieurs
mois, à l'occasion de l'addition de personnel pour la mission Protection
de la jeunesse avec l'aide du ministère, ont révisé chacun
son plan d'organisation et ses structures. Ces trois CSS, en particulier, ont
changé leur structure, leur façon de fonctionner où le
personnel apporte une plus grande polyvalence, où il y a des
équipes qui couvrent une région donnée, une
sous-région donnée et cette équipe, que ce soit la
personne préposée à l'hébergement, ou la personne
préposée aux soins à domicile, ces personnes oeuvrent
ensemble pour desservir, prendre en charge un secteur. Cela a été
fait sans qu'il soit nécessaire de procéder à une
enquête ou à une étude par des gens de l'extérieur.
Cela a été fait essentiellement par la nouvelle administration,
surtout au CSSMM et les gens du ministère.
Alors, il est tout à fait exagéré et injuste de
prétendre que rien n'a été fait. Ces trois principaux CSS
ont amélioré de façon importante leur façon de
fonctionner et je pense, en particulier, à celui du Québec
métropolitain qui a grandement amélioré également
sa procédure pour l'admission de personnes âgées ou
d'adultes en hébergement.
Le député de Saint-Laurent s'était placé,
depuis deux ans, sur une tangente bien précise, il avait fait dans sa
tête l'équation réforme dans les CSS égale le groupe
des consultants des Hautes études commerciales" et que, s'il n'y avait
pas ce groupe de consultants, il n'y avait aucune réforme possible.
C'est ce genre de raisonnement vraiment très étroit qui nous
amène dans des débats absolument stériles. Il est bien
évident qu'en dehors de cette technique du consultant, il y a plusieurs
outils qui ont été utilisés, qui peuvent être
utilisés, et on a assisté à des changements importants
dans au moins trois des plus importants CSS.
M. Forget: Est-ce que ces modifications vont désormais
être généralisées à l'ensemble des CSS?
M. Lazure: Écoutez, chaque CSS, comme je vous le disais
tantôt, à l'occasion de cette addition importante du service de
protection de la jeunesse, doit nous soumettre un plan révisé
d'organisation. Nous avons eu, il y a quelques mois, à travailler avec
les trois principaux CSS et, quant à nous, au ministère,
l'orientation prise par ces trois CSS nous paraît une orientation
souhaitable pour l'ensemble des CSS.
M. Forget: Cette nouvelle structure pour les trois CSS en
question est en place depuis combien de temps?
M. Lazure: De trois à six mois.
M. Forget: Est-ce que cela a fait l'objet d'une évaluation
systématique?
M. Lazure: Non, ça commence à peine.
M. Forget: Pas encore. Toujours dans le domaine des CSS, M. le
Président, est-ce que le ministre pourrait nous expliquer comment les
règles de répartition budgétaire ont été
définies pour l'année qui vient ou même l'année en
cours, relativement aux CSS, et je pense en particulier à ceux de la
région de Montréal? Y a-t-il eu une opération de
redéfinition des bases budgétaires ou est-ce qu'on prévoit
en faire une?
M. Lazure: Je vais demander à M. Malo de donner un peu
plus de détails sur l'opération révision des bases
budgétaires que l'on a l'intention d'entreprendre dans les CSS.
Évidemment il y a d'abord les coûts historiques
indexés qu'il faut considérer, mais on veut quand même
faire une opération de révision budgétaire sur une base
per capita et de facteurs de densité de population. Une étude qui
a été faite
sur plusieurs autres critères disait que, que ce soient les
ressources, l'état relatif de pauvreté ou de richesse de la
population, ces critères s'annulaient l'un dans l'autre et, au bout du
compte on a retenu, on ne retient pour le moment que le critère per
capita et de densité de population, c'est-à-dire favoriser les
régions à faible densité de population, à cause des
coûts supplémentaires de transport, etc. Particulièrement
pour la région de Montréal, il y a eu des travaux importants au
niveau de la sectorisation. Une entente a été établie, qui
ne laisse en litige qu'une zone de LaSalle-Nord et une de LaSalle-Sud, les
zones E-41 et E-42, au niveau des secteurs de recensement où il y a une
contestation de la part du CSSMM de la décision du CRSSS
là-dessus, contestation que nous aussi on considère, parce que la
qualité d'argumentation des deux parties mérite d'être
analysée plus en profondeur.
Nonobstant ceci, donc, ces zones de LaSalle, on s'oriente à
Montréal sur une base de distribution per capita, ce qui va amener des
réaménagements budgétaires.
M. Forget: La distribution des rôles entre les trois CSS de
Montréal se fait sur une base strictement territoriale?
M. Lazure: Territoriale.
M. Forget: Territoriale. C'est sur la base de la population qui
se trouve dans les territoires respectifs que la base budgétaire va
s'appliquer?
M. Lazure: C'est exact.
M. Forget: Est-ce que cette nouvelle base budgétaire
implique des modifications importantes, celles auxquelles on arriverait par
l'application de la méthode historique?
M. Lazure: Tout dépend comment LaSalle va se
régler. Il y a des implications au niveau du CSS Ville-Marie par rapport
au CSS du Montréal métropolitain. Pour ce qui est du CSS juif
à la famille, c'est sensiblement la même chose.
M. Forget: Quelle est la nature des implications pour le
Montréal métropolitain et Ville-Marie?
M. Lazure: On sait actuellement que le CSS Ville-Marie a le plus
gros per capita au Québec, d'une façon importante au-dessus de la
moyenne. Il n'y a pas de justification autre que des coûts historiques et
on pense qu'il y a une équité à rétablir les
choses.
M. Forget: Quel est le pourcentage de variation du budget que va
impliquer l'adoption d'une nouvelle base budgétaire et est-ce que la
transition va être faite en une année ou plus d'une
année?
M. Lazure: On va le faire inévitablement sur plusieurs
années parce que le faire sur une base d'une année impliquerait
une obligation de faire des mises à pied, alors que ce n'est nullement
l'intention du ministre de faire des mises à pied.
M. Forget: En pourcentage, ça fait combien à peu
près de différence par rapport à la base actuelle? (12
heures)
M. Lazure: Je risquerais 25% à 30%.
M. Forget: 25% à 30%. Pour Ville-Marie et pour
Montréal métropolitain et ça implique une
augmentation...
M. Lazure: ... qui est beaucoup moindre à cause du volume
de population.
M. Forget: ... la masse est plus importante.
M. Lazure: Le Montréal métropolitain se situe
légèrement en bas du per capita moyen, très
légèrement, quelques cents.
M. Forget: Je vois.
Mme Lavoie-Roux: Seulement une petite question qui fait suite
à la réorganisation sectorielle des centres de services sociaux.
Si je comprends bien, par exemple, la partie ouest de Montréal, sans
délimiter les frontières exactement, sera desservie par le centre
de services sociaux Ville-Marie, une autre partie par les services juifs, une
autre partie par le CSSMM. Est-ce que les gens qui ne sont pas, par exemple,
tant d'un côté comme de l'autre... Les gens qui sont de culture
française et de langue française, j'imagine qu'ils auront des
services rendus dans leur langue, compte tenu des dispositions de la loi
101.
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que c'est la même chose pour
l'inverse? Parce qu'il faut quand même penser que les gens qui ont
recours aux services sociaux peuvent être des gens... On peut dire que
tous ceux qui sont à l'école maintenant parleront le
français d'ici dix ans, etc. Vous avez quand même une population
qui se situe arbitrairement au-dessus de 45 ans. Est-ce qu'on peut être
assuré que ces gens pourront recevoir des services dans leur langue,
s'ils sont de langue anglaise?
M. Lazure: Si on commence par les gens de langue française
qui sont, par exemple, dans la région de Pointe-Claire, ils doivent
être servis dans la langue française. Cependant, le centre de
services sociaux Ville-Marie qui est le CSS pour les anglophones de
Montréal n'a pas à 100% un personnel qui peut les servir en
français. Il y a une minorité suffisamment large de personnel qui
peut parler français pour que le client francophone qui va au CSS
à Pointe-Claire puisse être servi en français.
À l'inverse, c'est vrai aussi, c'est le même
phénomène; l'anglophone qui habite l'est de
Montréal se rend dans un bureau du centre de services sociaux du
Montréal métropolitain, le CSS principalement pour les
francophones, et le personnel est suffisamment bilingue, il y a suffisamment
d'employés qui sont bilingues dans le CSSMM pour assurer que le client
anglophone de l'est de Montréal puisse être servi dans sa
langue.
Mme Lavoie-Roux: C'est beau au niveau des principes, mais, quand
vous venez...
M. Lazure: Je vous donne un exemple concret.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous venez...
M. Lazure: Je ne veux pas répondre au niveau des
principes. J'étais dans la région de Lachute il n'y a pas si
longtemps et je visitais des points de service du CSS à Lachute. Il y
avait dans le CSS une personne anglophone qui parlait un peu français,
mais qui était là surtout pour desservir la population
anglophone. En plus du fait que la plupart des francophones parlent aussi
l'anglais, dans la réalité, les deux populations sont desservies
dans leur langue.
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, on parlait de la
bureaucratisation des centres de services sociaux. Certaines personnes sont
responsables de certains services à l'intérieur... Vous savez, si
on avait de toutes petites agences où il y a cinq personnes qui donnent
du service direct à une population arbitrairement de 5000 personnes,
là, on pourrait faire une division et dire: Toi, tu t'occuperas de tous
ceux qui parlent anglais et toi, tu t'occuperas de tous ceux qui parlent
français.
Mais quand vous arrivez dans une machine beaucoup plus lourde et que
c'est divisé en un grand nombre de services, que ce soit des services de
placement, des services de "counselling" ou ce que vous voudrez, c'est beaucoup
plus difficile à articuler et on ne peut plus se replier sur le
personnel restreint d'une petite agence à Lachute où vous pouvez
trouver des personnes qui vont répondre aux gens dans une langue ou
l'autre, parce qu'il y a de fortes chances qu'à Lachute, vous trouviez
quelqu'un qui soit de langue anglaise et que vous trouviez quelqu'un qui soit
de langue française. Dans les faits, quand on fait face à la
grosse machine bureaucratique, avec tous les compartiments ou services qui
existent à l'intérieur d'une grosse agence de service, est-ce
qu'on peut être assuré de cette même chose?
M. Lazure: Oui, pour une autre raison aussi. Le citoyen et la
citoyenne ont le droit, un peu comme pour le médecin, d'aller au service
social de leur choix. Quand on disait tantôt que les trois principaux CSS
ont sectorisé leurs activités, ils les ont sectorisées
dans le sens positif du terme sectorisation et non pas dans le sens
négatif, non pas dans le sens d'exclure des gens.
Ce que je veux dire, c'est ceci. La sectorisation veut dire que le
bureau qui dessert, par exemple, la région de
Pointe-aux-Trembles-Montréal-Est, le bureau de district du CSSMM, le
personnel qui est là a l'obligation de recevoir tous ceux de ce secteur
qui s'adressent à lui. Mais ce système n'impose pas l'obligation
à tous les citoyens de n'aller que là, à ce point de
service. N'importe quel citoyen, un anglophone de Montréal-Est, peut
aller à l'extérieur; il peut aller à Snowdon, il peut
aller à Pointe-Claire.
Mme Lavoie-Roux: Mais suivant la façon dont vous allez
budgétiser, comme M. Malo nous l'a expliqué tout à
l'heure, le système de financement...
M. Lazure: Le trafic se fait dans les deux sens et il restera
toujours plutôt marginal. Vous aurez des francophones de l'ouest de
l'île, qui iront peut-être au CSSMM...
Mme Lavoie-Roux: II pourra y avoir un aller-retour de la
population, selon l'agence qui, selon elle, répond le mieux à ses
besoins?
M. Lazure: Certainement, ce qui se fait en psychiatrie de secteur
aussi. Ce que le député de Saint-Laurent n'a jamais bien saisi,
c'est que la psychiatrie de secteur n'oblige pas les citoyens du secteur en
question de n'utiliser que le service du secteur. Elle met plutôt
l'obligation sur le personnel de l'équipe de secteur de desservir tout
le monde qui veut se faire desservir par cette équipe.
Mme Lavoie-Roux: C'est une assurance que le ministre nous donne
que la population qui a besoin de services à l'intérieur des
centres de services sociaux pourra faire appel au centre qui, selon elle, sur
le plan socioculturel ou pour d'autres considérations, répond le
mieux à ses besoins?
M. Lazure: Certainement, comme cela se fait, encore une fois,
dans les hôpitaux. Dans les hôpitaux, cela se passe comme cela.
À l'intérieur de la psychiatrie de secteur, par exemple, il y a
des anglophones qui se trouvaient dans un secteur desservi par l'Institut
Albert-Prévost, l'hôpital Sacré-Coeur, qui pouvaient et qui
peuvent très bien aller se faire traiter au Royal Victoria ou au
Montreal General, en psychiatrie. Ils ne sont pas obligés d'aller se
faire soigner par l'équipe de secteur de l'Institut
Albert-Prévost.
M. Grenier: M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Sur les CSS encore, est-ce que le ministre serait en
mesure de nous dire quelles sommes sont données en général
aux services directs aux patients et quelles sommes sont données...
J'aimerais bien que le ministre prenne un CSS en dehors de l'île de
Montréal, qui soit d'aspect plus rural, qu'il soit de Rimouski, de
Chicoutimi ou de Sherbrooke, et qu'il nous dise
quelles sommes d'argent sont versées ou la proportion du budget
qui est versée en services directs aux personnes et la partie qui est
donnée à l'administration ou en services indirects.
M. Lazure: Cela revient à la question du
député de Saint-Laurent, c'est la composante administrative du
budget de chaque CSS. Je me suis engagé à vous la fournir dans
les jours qui viennent.
M. Grenier: II n'y en a pas de disponible. D'accord.
M. Lazure: Mais pour terminer, si on me permet de revenir en
arrière, un dernier détail pour le député de
L'Acadie. Cela va même plus loin. Il y a déjà, au moment
où on se parle, des échanges de personnel à
Montréal entre le CSSMM, qui est le centre francophone, et celui de
Ville-Marie, qui est l'anglophone. En d'autres termes, il y a des gens du CSSMM
qui sont prêtés pour aller travailler dans les bureaux du
CSS-Ville-Marie, et vice-versa. Ce sont des échanges de services.
Mme Lavoie-Roux: La seule assurance que je voulais, c'est que les
gens puissent être servis. Les francophones ont la loi 101 qui leur
assure des services dans leur langue, où qu'ils soient, et c'est normal.
Je suis d'accord avec cela. Mais il ne faudrait pas qu'à l'inverse, on
n'ait pas les mêmes garanties, parce que là, il s'agit de servir
la personne, de servir le citoyen qui fait face à des problèmes
souvent angoissants. C'est cette seule assurance que je veux avoir.
M. Lazure: Je vous la donne de façon
catégorique.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Grenier: Quelle est je prends celui de l'Estrie pour en
citer un à titre d'exemple l'augmentation au budget du CSS de
l'Estrie?
M. Lazure: L'augmentation est la même pour les quatorze
centres de services sociaux, soit de 3,14%. Elle ne tient pas compte des
réajustements de salaires qu'il faudra faire de façon
rétroactive avec les conventions.
M. Grenier: D'accord. Les 3,14% consistent principalement dans le
développement de services et cela n'affecte pas nécessairement
les centres?
M. Lazure: Non, ce n'est pas pour le développement de
nouveaux services.
M. Grenier: L'amélioration des services existants?
M. Lazure: Non plus, c'est simplement pour tenir compte du fait
que les employés montent d'un cran dans l'échelle.
M. Grenier: Ah bon! J'aimerais avoir une information l'an
passé, on a appliqué une nouvelle norme sur les
élections dans les centres hospitaliers, les centres d'accueil. Est-ce
que les CSS se sont prévalus dans l'ensemble de ce poste qui leur
était accordé aux conseils d'administration pour se faire
élire, pour se faire nommer dans les conseils d'administration ou est-ce
qu'il y a encore des hôpitaux, des centres hospitaliers ou des centres
d'accueil qui ne se sont pas prévalus de cette possibilité?
M. Lazure: Là où il y a des contrats de services,
des ententes de services, la réponse c'est: Oui, ils s'en
prévalent.
M. Grenier: Partout?
M. Lazure: Ils s'en prévalent, oui. Pour compléter
ma réponse de tantôt sur les crédits de
développement, encore une fois, il ne faut pas oublier les $10 millions
pour du personnel additionnel au directorat de la protection de la jeunesse
dans chaque CSS, mais en dehors du personnel nécessaire pour
l'application de la loi 24, il n'y a pas eu de nouveau personnel. L'autre
exception, c'est pour l'aide à domicile aussi, parce qu'il y a encore
des centres de services sociaux qui assurent l'aide à domicile par le
biais des auxiliaires familiales. Là, il y a des budgets de
développement aussi.
Dans l'Estrie, dans la région du député de
Mégantic-Compton on me dit que le budget pour le développement du
personnel affecté à la protection de la jeunesse est de $230
000.
M. Grenier: Pardon?
M. Lazure: $230 000. C'est pour embaucher du personnel qui
s'occupe de l'application de la Loi sur la protection de la jeunesse.
M. Grenier: Cela va.
Le Président (M. Marcoux): Y a-t-il d'autres questions
concernant le programme 7?
M. Forget: Non.
M. Lazure: Un complément de réponse, M. le
Président, si vous permettez, à Mme le député de
L'Acadie, pour les cadres féminins. Le nombre est dix exactement sur 161
dans le ministère. On attire mon attention sur le fait qu'une des
nominations importantes est récente, il s'agit de celle de Mme Robillard
comme présidente de l'Office des personnes handicapées du
Québec.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 7 est-il
adopté?
M. Forget: Adopté.
Réadaptation
Le Président (M. Marcoux): Programme 8,
Réadaptation.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais soulever un
problème d'intérêt général. J'allais le
soulever tout à l'heure relativement au programme 7, mais il revient
dans les mêmes termes, j'imagine, aux programmes 7, 8, 9, 11 et 12. Il
s'agit du taux d'accroissement de la masse budgétaire des
établissements. Le ministre a dit: II s'agit de 3,14% sans tenir
compte...
M. Lazure: Pour les centres de services sociaux, pour les
CSS.
M. Forget: Pour les autres, c'est un pourcentage
différent?
M. Lazure: Pour les établissements de... C'est
légèrement différent, c'est 3,82% pour les
établissements.
M. Forget: Quant aux différences, est-ce qu'on pourrait
nous expliquer le mode d'établissement de ce pourcentage, ce qu'il est
censé couvrir, ce qu'il omet?
M. Lazure: Je vais demander au sous-ministre adjoint de
répondre.
Ce sont des calculs qui ont été faits sur les taux
d'accroissement de la masse salariale à partir des conventions
collectives incluant les salaires et les bénéfices marginaux. Le
poids de 3,82% est appliqué ensuite à la masse salariale de
l'établissement. (12 h 15)
Si on prend les CSS, la masse salariale de l'établissement
étant de l'ordre de 85%, 3,82 de 85%, de là les 3,14%
tantôt, et si on l'applique aux CLSC, si on l'applique aux centres
d'accueil, cela varie un peu et c'est pourquoi cela varie entre 3,14% et 3,25%
ou 3,30%.
M. Forget: Si je comprends bien, il s'agit là d'une somme
qui est basée sur le taux de croissance des salaires, des
échelles dans les conventions collectives et du vieillissement, c'est
à peu près 1% là-dessus, ce qui ne tient pas compte du
montant qui sera ajouté à titre d'indexation au 1er juillet et
qui exclut de façon absolue tous les autres éléments de
dépenses, sauf la composante salariale.
M. Lazure: C'est exact.
M. Forget: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer ce qui
l'amène, de manière générale, à exclure
l'élément d'inflation, qui est non négligeable, sur les
fournitures, les approvisionnements divers des établissements, pour la
troisième année consécutive? Il y a une politique qui est
probablement imposée par le Conseil du trésor, puisqu'on la
retrouve inchangée au ministère de l'Éducation. Comment
peut-on expliquer cela, sauf par l'argent que cela permet d'économiser,
étant donné qu'il y a une inflation significative des fournitures
et de l'alimentation, l'an dernier: 19% d'augmentation. Le chauffage,
j'imagine, doit aug- menter à un rythme impressionnant; un certain
nombre de centres d'accueil sont chauffés à
l'électricité, par exemple. Je pense bien qu'ils ont eu 10%
d'augmentation de leur tarif électrique, comme tout le monde. Quelle
hypothèse le ministère formule-t-il quant aux réserves
dans lesquelles les établissements peuvent puiser pour faire face
à une inflation qui totalise sur trois ans quelque 30%, et pour laquelle
ils n'ont rien reçu, 30% du coût des fournitures et
approvisionnements qui représentent entre 15% et 25% de leurs
dépenses, ce qui veut dire 8% de coupures en termes réels sur
leur budget à ce seul titre?
M. Lazure: M. le Président, je veux profiter de la
question du député de Saint-Laurent pour apporter une mise au
point. La semaine dernière, au moment où la commission
commençait l'étude des crédits, les journaux, en
particulier, la dépêche de la Presse Canadienne, rapportaient
certaines paroles du député de Saint-Laurent, à savoir que
la croissance était de zéro partout dans le réseau des
affaires sociales, y compris les hôpitaux. C'est inexact. Dans les cas
des hôpitaux, il y a une augmentation de 4% pour la partie non salariale.
Je l'avais bien dit pourtant à quelques reprises, et malgré
cela... En tout cas, on semble citer au texte le député de
Saint-Laurent, quand il affirme que cela n'a pas d'allure je pense que
le sous-titre, d'ailleurs, "Cela n'a pas de bon sens d'avoir une croissance
zéro", était tout à fait inexact, parce qu'effectivement,
il y a une augmentation de 4% pour tout ce qui n'est pas salaire du personnel:
fournitures, approvisionnements, etc.
Dans le cas des centres d'accueil, dans le cas des établissements
de services sociaux, ce n'est pas le cas, il n'y a pas de 4%. Effectivement,
c'est zéro partout pour la partie non salariale. Ce n'est pas, si vous
voulez, notre premier choix. Nous aurions aimé pouvoir consacrer un
certain pourcentage pour la partie non salariale. Cela fait partie des choix
que le gouvernement a faits de comprimer jusqu'à un certain point les
budgets dans les centres d'accueil pour personnes âgées, en
particulier, comprimer du côté des fournitures et de
l'équipement, des approvisionnements, pour en même temps pouvoir
accorder des montants du côté du personnel. C'est ainsi que, cette
année, comme l'an passé, on consacre $6 millions de plus par
année seulement dans les centres d'accueil pour personnes
âgées pour augmenter le personnel. C'est un choix que nous avons
eu à faire, de concert avec les centres d'accueil d'ailleurs, qui
convenaient que le plus urgent était d'aller vers une augmentation du
personnel.
Idéalement, il aurait fallu faire les deux. Quand on
connaît l'état financier de l'ensemble des centres d'accueil, je
pense que cette croissance zéro pour la partie des fournitures et de
l'approvisionnement n'est pas dramatique, loin de là. Les centres
d'accueil, contrairement aux hôpitaux, n'ont pas de déficit,
à toutes fins utiles. Il y en a même certains qui ont
accumulé des surplus et je pense que c'est un pis-aller, cette
croissance zéro
pour la partie qui ne concerne pas le personnel, parce que nous avons
favorisé l'injection d'un plus grand nombre d'employés dans les
centres d'accueil.
M. Forget: Au total, évidemment, le trésor public
est gagnant d'une somme assez substantielle, parce que si on calcule ce
qu'aurait coûté l'indexation des fournitures et de
l'approvisionnement sur un budget total d'environ $800 millions aux programmes
7, 8 et 9, je ne parle pas des hôpitaux, seulement des centres d'accueil
et des centres de services sociaux, si on calcule un 2%, c'est-à-dire
10% sur le quart de cette somme équivalant à peu près
à 2%, c'est une somme impressionnante; c'est environ $20 millions qui
sont économisés. On a augmenté le personnel de $6
millions. Par rapport à une simple indexation du budget, on a une
espèce de surplus budgétaire de $14 millions sur ces seuls trois
programmes. Comme il s'agit de la troisième année où cette
règle s'applique, si je comprends bien, la deuxième ou la
troisième année, est-ce que le ministre peut nous donner des
indications, étant donné qu'on est sur le point de commencer la
préparation des budgets 1980/81 le cycle budgétaire
commence, si je comprends bien, le mois prochain est-ce que le
ministère a l'intention de revenir à des pratiques plus normales
à compter de l'an prochain, au moins?
M. Lazure: D'abord, M. le Président, c'est la
deuxième année qu'il n'y a pas de croissance pour la partie des
fournitures et des approvisionnements et j'ai dit tantôt que ce
n'était pas notre premier choix. J'ai confiance que pour l'an prochain
on pourra effectivement consacrer une certaine somme pour une augmentation de
quelques "pour cents" par rapport à ces dépenses tout en
maintenant l'augmentation appréciable principalement du
côté du personnel.
M. Forget: Du côté des services aux enfants
mésadaptés sociaux, est-ce que le ministre pourrait nous tracer
un bref tableau de la situation relativement aux places en hébergement
sécuritaire dans les différentes régions du Québec
et du degré de succès à maintenir les mineurs qui sont
appréhendés d'une façon ou d'une autre soit par la
protection de la jeunesse, soit par la police, en dehors des
établissements de détention pour adultes ou même des postes
de police?
M. Lazure: On vient tout juste de me remettre il y a quelques
jours un rapport d'un groupe, dirigé par M. Pinard, qui a fait un
travail en même temps que se faisait la mission d'information et
d'implantation pour la loi 24. Ce groupe a fait un travail qui a porté
spécifiquement sur les places sécuritaires en centre d'accueil
pour jeunes. On vient tout juste de le remettre. Une des données
principales, une des conclusions principales, touche à l'insuffisance de
places en milieu sécuritaire pour les jeunes anglophones de
l'agglomération de Montréal. En dehors de cela, il y a une autre
région aussi, la région 01, la Gaspésie, le Bas-du-Fleuve,
où il y a une insuffisance, mais où on est en train d'apporter
des correctifs. J'y suis allé la semaine passée. J'ai eu
l'occasion d'en discuter en détail avec les gens sur place. Pour la
région 01, par exemple, au lieu de construire ou d'aménager un
seul centre sécuritaire pour 16 personnes, je pense, 16 places, on a
décidé, à l'intérieur de quatre petits pavillons,
d'une douzaine de jeunes à l'intérieur de chacun de ces quatre
pavillons, d'avoir trois ou quatre places sécuritaires.
Autrement dit, surtout dans une région comme le Bas-du-Fleuve qui
est tellement étendue, clairsemée, il nous semblait plus
judicieux pour l'accessibilité des jeunes aux services d'avoir quatre
petits établissements, des mini-établissements, chacun ayant
quelques places sécuritaires plutôt que d'avoir un seul
établissement régional avec toutes les places sécuritaires
concentrées dans cet établissement.
L'autre région-problème, encore une fois, c'est la
région de Montréal. Il y a des recommandations précises
dans le rapport Pinard. Je n'ai pas encore fini de prendre connaissance de ce
rapport qui est volumineux. Mais je pense bien que d'ici quelques semaines, on
pourra le rendre public.
M. Forget: Comment se compare le nombre actuel de places
sécuritaires avec les recommandations du comité Batshaw?
M. Lazure: Je vais demander à M. Malo de
peut-être...
Au niveau des places sécuritaires, l'équipe Pinard qui a
étudié le nombre de places requises à l'égard de la
situation actuelle, la Loi de la protection de la jeunesse et de
l'expérience de la dernière année, arrive à la
conclusion quasi identique en termes de nombre de places sécuritaires
requises que le rapport Batshaw. La différence se situe surtout au
niveau des anglophones à Montréal.
D'autre part, il faut considérer que dans l'ensemble de la
mésadaptation sociale, au niveau de la réadaptation, on a eu dans
la dernière année même, au niveau des places internes, une
diminution de 240, ce qui est tout à fait dans l'esprit du rapport
Batshaw, de façon à avoir davantage un nombre plus
considérable de jeunes en foyers de groupe et également des
services de jour. Au niveau des foyers de groupe, on a un accroissement de 50
places dans la dernière année. Ceci est en relation avec la
diminution de 240. Donc, c'est tout à fait dans l'esprit du rapport
Batshaw de désinstitutionnaliser.
Par contre, le besoin de places sécuritaires est quand même
là. On a quand même des cas très lourds. Même avec la
Loi de la protection de la jeunesse, on le voit. Les trois régions
où on a un certain nombre de difficultés ont été
mentionnées par M. le ministre tantôt: la région 1, la
région 6-A pour les anglophones et on a un petit problème dans la
région 7 qui est temporaire.
M. Forget: Dans les régions où il y a eu des
problèmes, où on identifie l'existence de problèmes,
j'imagine que cela s'est traduit pendant la dernière année par un
certain nombre de détentions sécuritaires en milieu adulte ou
dans les postes de police.
M. Lazure: Très peu, on a eu de la suppléance
suprarégionale. C'était la responsabilité du comité
Pinard qui a pris la place du comité Goyer à l'époque, qui
a assumé cette suppléance interrégionale. On a une
diminution très importante du nombre de jeunes qui sont en prison.
M. Forget: Est-ce qu'il y a une pratique qui se développe
à savoir référer un certain nombre de mineurs à la
procédure pénale prévue pour les adultes en vertu des
dispositions du Code criminel?
M. Lazure: II y en a quelques-uns. Il y a quelques cas qui ont
été déférés. La loi 24 le permet. Le nombre
n'est pas plus considérable qu'il l'était mais nous alarme quand
même parce qu'on n'a pu le localiser à des endroits
spécifiques. Par exemple, on me signalait récemment que dans la
région de Sorel... et ceci a fait l'objet de discussions dans chaque cas
avec le ministère de la Justice, parce que cela nous inquiète et
on pense que cela doit nous arriver le moins souvent possible.
M. Forget: La prison de Sorel n'est pas utilisée?
M. Lazure: Pas du tout. M. Forget: D'accord.
M. Lazure: J'ai fait allusion à Sorel à cause du
nombre de cas déférés qui nous apparaît plus
élevé qu'ailleurs.
M. Forget: Ceci serait attribuable à l'attitude de
certains juges au moment de la comparution?
M. Lazure: Avocats de la couronne possiblement aussi.
M. Forget: Est-ce que vous avez bon espoir que ces aberrations ou
ces pratiques un peu déviantes vont être corrigées avec la
collaboration du ministère de la Justice? (12 h 30)
M. Lazure: Oui.
M. Forget: Est-ce qu'il y a déjà des signes de
correction?
M. Lazure: II y a des signes, il y a des interventions du
sous-ministre associé à la Justice, Me François Tremblay,
auprès de ses procureurs.
M. Forget: Je ne sais pas si la discussion a continué avec
le ministère fédéral de la Justice relativement à
la Loi des jeunes délinquants. Est-ce que le ministre pourrait...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que c'est un sujet qui
est long parce qu'il est 12 h 30. Normalement, vous avec un caucus.
M. Forget: On pourrait revenir plus tard.
Le Président (M. Marcoux): À moins que ce soit
simplement une...
M. Forget: Ce sera assez long.
Le Président (M. Marcoux): La commission ajourne ses
travaux sine die.
Fin de la séance à 12 h 31