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Etude du projet de loi no 13
(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, madame,
messieurs!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux pour
l'étude du projet de loi no 13, Loi modifiant la Loi de l'adoption.
Les membres de cette commission sont: M. Forget (Saint-Laurent), M.
Goldbloom (D'Arcy McGee)...
Mme Lavoie-Roux: Remplacé par Thérèse
Lavoie-Roux.
Le Président (M. Laberge): ... remplacé par Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie); M. Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), M.
Grenier (Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), M. Lazure
(Chambly), M. Martel (Richelieu), remplacé par M. Jolivet (Laviolette);
M. Paquette (Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Shaw
(Pointe-Claire).
Peuvent aussi intervenir dans cette commission: M. Alfred (Papineau), M.
Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Couture (Saint-Henri), M. Lacoste (Sainte-Anne),
M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Est-ce que vous vous faites remplacer? Non. M. Marcoux (Rimouski) et M. Marois
(Laporte).
Le rapporteur de cette commission a été
désigné comme étant M. Gosselin (Sherbrooke) à une
des dernières séances.
A la fin de la dernière séance, l'article 1 avait
été adopté sur division et une discussion avait
été entreprise concernant l'article 2. J'ouvre les débats
sur l'article 2, qui sont déjà en cours.
Placement par société reconnue ou par
personne (suite)
M. Grenier: J'avais demandé de revenir sur l'article... On
n'avait pas terminé, je pense, l'étude de l'article et j'avais
demandé de me garder un soupir pour pouvoir reprendre ici. J'avais dit
à la commission que j'aurais un amendement à la toute fin de
l'étude de ce projet de loi.
Si on se rappelle des débats de ce moment-là il est
peut-être bon de le faire pour le journal des Débats
j'avais prétendu, au nom de notre parti, qu'il était un peu
pénible de constater que tout le secteur privé de l'adoption
était pour le moins limité et même disparaissait à
peu près pour faire place au comité gouvernemental ou
paragouvernemental qui s'occupera dorénavant de l'adoption et du
placement d'enfants en institutions.
J'avais prétendu, à ce moment, au nom de notre parti,
qu'il était pénible de rejeter du revers de la main ces
sociétés d'adoption privées, qu'on a connues ici au
Québec et qui étaient généralement sous la
responsabilité de prêtres ou de mé- decins qui faisaient,
à mon sens, depuis plusieurs années, une oeuvre importante au
Québec. Si je suis un peu moins bien placé pour analyser la
situation d'un grand centre comme Montréal, j'avais affirmé, lors
de l'étude de cette loi, que dans le secteur rural quand je parle
de rural, j'entends à peu près tout le Québec, sauf
peut-être les villes de Montréal et de Québec il se
faisait du travail vraiment difficile à disqualifier, à cause du
nombre d'années que ces personnes ont mis dans ce métier
difficile à remplir de la part de prêtres, de médecins et
de personnes bénévoles qu'on a connues.
A la suite de ça, j'avais proposé un amendement et je
voudrais que cet amendement se lise comme suit: "Que l'article 2, modifiant
l'article 16 de ladite loi, soit de nouveau modifié en ajoutant,
à la fin du paragraphe c) du deuxième alinéa, un nouveau
paragraphe, numéroté d), qui se lirait comme suit: en fait
une prolongation "d) Le placement a lieu par l'intermédiaire
d'une personne ayant reçu l'autorisation d'une société
d'adoption reconnue et une évaluation a été
effectuée conformément à l'article 13."
On sait également que dans le projet de réforme du Code
civil, qui sera sans doute accepté dans sa presque totalité,
sinon dans certaines de ses recommandations qui sont... On lit ici, à la
section 2, article 316: "... du placement en vue de l'adoption et du jugement";
je saute le premier paragraphe pour aller à 317: "Toute personne autre
qu'un centre de services sociaux qui place un enfant en vue de son adoption
doit en donner avis dans un délai de dix jours à compter du
placement au centre de services sociaux de son domicile ainsi qu'au ministre
des Affaires sociales". On se rend compte que, déjà, il y a une
protection de prévue, il y a une prévision en fonction de
services de placement dans le secteur privé.
Je voudrais bien que le ministre nous dise ce qu'il pense de la
proposition que nous avons là.
Le Président (M. Laberge): Conformément à
notre règlement qui dit qu'un amendement est généralement
recevable à la condition qu'il ne change pas l'esprit de l'article ni du
projet de loi et qu'il y ajoute des mots, le cas échéant, je
déclare cet amendement recevable et je le laisse à votre
discussion.
M. Lazure: M. le Président, je veux d'abord faire
remarquer que l'article 2 laisse la porte ouverte à une certaine forme
d'adoption privée, pour ainsi dire, en ce sens que cette certaine forme
d'adoption peut se faire de façon assez simple en avisant le ministre
des Affaires sociales. C'est le cas de l'adoption où le requérant
est un parent ou un ascendant, un parent en ligne collatérale jusqu'au
troisième degré, et c'est le cas aussi où le
requérant est le conjoint du père ou de la mère de
l'adopté. Donc, il n'est pas tout à fait juste de dire que le
projet de loi met fin à toute
adoption que j'appellerais simplifiée. Le député de
Mégantic-Compton nous dit que le projet de loi abolit les
sociétés privées d'adoption. Il faut faire attention
à l'utilisation des termes.
Les sociétés d'adoption qui existaient autrefois, comme
celle qui était dirigée par l'abbé Hurteau, à
Montréal, qui était la principale, celle-là comme les
autres sociétés d'adoption qui relevaient des services sociaux
diocésains, ont été fusionnées avec les quatorze
centres de services sociaux qu'on connaît actuellement, auxquels la loi
délègue la responsabilité de procéder à
l'évaluation des parents adoptifs et à l'étude de la
compatibilité des futurs parents adoptifs avec les enfants à
être adoptés.
Ce dont le député de Mégantic-Compton parle
finalement, ce ne sont pas des sociétés privées
d'adoption. Il parle d'individus, qu'ils soient prêtres, avocats ou
médecins, qui, jusqu'à récemment, jusqu'à
maintenant, peuvent intervenir comme adopteurs privés, pour ainsi dire,
ou facilitateurs d'adoption privée. Ils peuvent intervenir comme
intermédiaires entre une mère qui vient d'avoir un enfant et
quelqu'un, pas nécessairement un parent ou un ami, qui veut adopter un
jeune enfant.
Nous voulons, nous ne l'avons jamais caché, mettre un terme
à cette entreprise de l'adoption privée où, dans bien des
cas, il n'y a pas d'exploitation du tout, évidemment, mais, au
contraire, des services rendus. Mais, dans certains cas, il y a pourtant de
l'exploitation. Aussi longtemps qu'on laisse la porte ouverte à une
adoption privée, large, on risquera qu'il y ait de l'exploitation.
Pour ces raisons, on doit s'opposer à l'adoption de cet
amendement.
M. Grenier: II est bien sûr que c'est étrange qu'on
ait de ces largesses, parfois, qu'on propose, dans un milieu qui est
près de celui-là, des largesses qui sont difficiles à
mesurer, alors que là, on a une étroitesse d'esprit face aux gens
qui ont fait des preuves qui peuvent être évaluées par des
gens mêlés à ce travail. On voit, par exemple, qu'on veut
donner cette liberté de plus en plus grande à la personne qui
désire se faire avorter; c'est elle qui décide si elle doit
continuer de porter son enfant ou non. Avec ce qu'on a étudié
à une autre commission, elle est rendue libre de disposer à son
gré de l'avenir de l'enfant qu'elle porte. Au moment où on
propose de lui permettre de confier cet enfant qu'elle a continué de
porter, où on voudrait lui laisser la possibilité de le confier
à une famille de son choix, le gouvernement va fermer toutes les
barrières.
Dans la proposition que j'ai faite, on dit: Le placement a lieu par
l'intermédiaire d'une personne ayant reçu l'autorisation d'une
société d'adoption reconnue, et une évaluation a
été effectuée conformément à l'article 13.
C'est donc dire que ce n'est pas le champ libre qu'on donne à ces
personnes qui s'occupent d'adoption. Il y a quand même une surveillance
correcte qui doit être faite au niveau de ces personnes. Ce que je
voudrais, c'est voir travailler ces personnes qui ont réussi dans le
passé. Ce qui est décevant dans une loi qui est aussi de base,
face à la société québécoise qu'on
connaît dans ce système depuis nombre d'années et qui a du
succès, on ne se gêne pas pour tout chambarder, par une loi, du
jour au lendemain, quelque chose qui allait bien.
S'il est vrai qu'il y avait des abus, et je conviens, sans qu'on le
mentionne comme tel, qu'on avait notre marché noir à nous, qui
était quand même fort limité, il me semble que ce n'est pas
par une loi aussi draconienne qu'on devrait changer le système qui a
quand même fait ses preuves. S'il y a deux ou trois cas par 100 enfants
placés qui ne l'ont pas été de façon correcte,
j'aimerais que le ministère nous fournisse quand même une liste
d'enfants qui ont été mal placés par des
sociétés privées. J'ai hâte qu'on compare la liste,
par exemple, publiée par ce bureau de CSS qui placera des enfants d'ici
quelques temps et la liste des enfants placés par le secteur
privé et qu'on fasse la comparaison des enfants qui ont dû
être déplacés ou replacés après leur
adoption.
Il ne faut pas oublier que cette société devra tenir
compte des valeurs morales des familles. Je ne suis pas sûr que cela sera
aussi bien fait que d'autres. Quand on regarde évoluer notre
société dans le contexte actuel, qu'on voit ce qui s'est
passé, la question posée par le chef du Parti libéral, la
semaine dernière, au ministre de l'Education, on voit combien il y a de
gens qui peuvent se fouter d'une majorité de gens, je ne parle pas d'une
minorité, mais d'une majorité de gens élus et voilà
qu'on propose une loi qui va ressembler un peu à cela à plusieurs
égards, je me demande pourquoi tant de rigidité dans une loi qui
est pourtant si humaine de la part des sociétés
privées.
C'est là l'essentiel de mon argumentation. Je voudrais bien qu'on
aille un peu plus lentement. Et il me semble qu'il y aurait place pour un
amendement de ce genre pour assurer une certaine continuité avec le
secteur du passé.
M. Lazure: M. le Président, deux réactions. La
première, dans le préambule du député de
Mégantic-Compton, ce dernier évoque les lois actuelles sur
l'avortement thérapeutique. Je pense qu'il risque d'induire en erreur
ceux qui vont lire le journal des Débats, quand il dit, au sujet de la
femme, que c'est elle qui décide quand elle veut se faire avorter. C'est
absolument faux. Il faisait allusion aux cliniques de planification familiale
que nous avons mises sur pied il y a quelque temps. Et dans ces cliniques de
planification familiale, il y a un comité d'avortement
thérapeutique composé de trois médecins, comité
prévu par la loi fédérale.
Et ce n'est pas la femme qui décide. Je pense qu'il faut faire
attention dans cette campagne qui est entreprise depuis un certain temps par
des mouvements contre les cliniques de planification familiale. Il y a beaucoup
d'excès de langage, d'abus de langage, un peu comme le
député de Mégantic-Compton vient de le dire. La femme ne
décide pas elle-même. Il ne s'agit pas d'avortement sur demande.
Il n'a jamais été question de cela. Faire le rapprochement me
paraît un peu abusif.
Deuxièmement, quant aux personnes bien intentionnées dont
vous parlez, prêtres, avocats, médecins, peu importe, qui ont
aidé dans le passé à faciliter l'adoption privée,
il n'y a rien qui les empêche de continuer à oeuvrer, surtout
quand il s'agit de personnes de bonnes intentions, de bénévoles
et non plus d'exploiteurs, de profiteurs. Il n'y a rien qui empêche ces
personnes de continuer à oeuvrer, en collaboration avec les centres de
services sociaux. Jusqu'à preuve du contraire, les 14 centres de
services sociaux au Québec tiennent compte des croyances et des
coutumes, tiennent compte du milieu sociologique dans lequel ils
évoluent. (10 h 30)
Encore une fois, je pense que nous n'avons pas de bonne raison d'adopter
cet amendement, puisque les améliorations qu'il viserait à
apporter peuvent intervenir, ces personnes peuvent oeuvrer, que ce soit
à titre de bénévole ou à titre de conseiller
auprès des CSS. Comme j'ai la conviction que chaque CSS acceptera
toujours l'intervention de prêtres ou de médecins qui veulent
faciliter l'adoption.
Le Président (M. Laberge): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le ministre pourrait-il
nous dire si on a des données quant au nombre, enfin une estimation,
parce que je pense qu'on n'aurait pas de données précises, mais
au moins une estimation quant au nombre de personnes qui, sans être
intégrées comme autrefois à une société
d'adoption ou, aujourd'hui, à un CSS, font de l'adoption ou s'occupent
de l'adoption d'enfants dans le moment? A-t-on des données
là-dessus? Je ne sais pas si le problème est aussi
considérable que le député de Mégantic-Compton le
dit. Je mets de côté l'adoption internationale, je parle de
l'adoption locale.
M. Lazure: II y a, pour les quatorze CSS, environ 75 personnes,
75 employés qui s'occupent d'adoption.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'était pas cela ma demande. Le
député de Mégantic-Compton dit: II s'est fait dans le
passé des adoptions, non pas par le truchement d'une
société d'adoption, comme on les appelait, mais par le truchement
de personnes qui... Je me souviens que, dans le temps, il y avait des
prêtres. Là-dessus, ils n'avaient aucune... Est-ce que cela existe
encore dans les faits?
M. Lazure: On n'a pas de chiffres là-dessus. Cela existe,
jusqu'à un certain point, un peu, mais on n'a pas de chiffres
là-dessus.
Un indice, c'est qu'il y a environ 600 bébés qui ont
été adoptés l'an passé.
M. Grenier: Combien?
M. Lazure: 600 bébés. Sur les 3000 adoptions au
Québec, au total, il y en a 600 qui étaient de jeunes enfants
adoptés, des bébés, à toutes fins utiles.
De ces 600, il y en a environ 200 qui ont été
adoptés par des voies privées, par un médecin, par un
prêtre.
Mme Lavoie-Roux: C'est beaucoup. M. Lazure: 200 sur le
total de 3000.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais si on parle des...
M. Lazure: Des très jeunes, oui, parce qu'on sait...
Mme Lavoie-Roux: Dans le fond, cela s'est toujours fait.
Historiquement, cela se faisait avec les bébés naissants, dans
les hôpitaux.
M. Lazure: C'est cela. On sait qu'il y a de moins en moins de
bébés naissants disponibles pour adoption. Parmi les 600 qui ont
été adoptés environ 30% auraient été
adoptés. C'est une estimation, on n'a pas de chiffres précis.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Lazure: C'est une estimation qu'ils auraient été
adoptés par des voies privées.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui me rend peut-être sympathique
à la proposition du député de Mégantic-Compton...
Vous avez sans doute pris connaissance, M. le ministre, d'une lettre qui vous a
été adressée, qui vous est parvenue de la Corporation
professionnelle des travailleurs sociaux du Québec. Ils
s'inquiètent. Maintenant que s'est faite l'intégration de tous
les services sociaux à l'intérieur des CSS, on y retrouve une
quantité, un certain nombre de personnes qui, présentement,
feraient de l'adoption sans peut-être avoir les qualifications requises.
Je vais les citer: "On sait, pertinemment, que, dans les centres de services
sociaux ils font allusion à cette intégration des
sociétés d'adoption aux CSS oeuvre un personnel de
différentes disciplines, de niveaux de qualification et
d'expérience fort variables et en nombre restreint. Compte tenu de ces
circonstances, nous insistons auprès du législateur, et ce, en
vue d'assurer une protection efficace au public pour qu'il soit
mentionné dans la loi que cette évaluation soit effectuée
par un professionnel qualifié."
Je connais l'intention du ministre qui est à l'effet de dire: II
y a eu des abus dans le passé je sais qu'il y en a eu des abus;
à un moment donné, on a eu notre petit marché nous aussi,
et je crains fort qu'il se continue maintenant à l'échelle
internationale, mais c'est une parenthèse on va encadrer cette
adoption, ce n'est pas tout venant qui pourra faire de l'adoption.
Déjà, à l'intérieur des CSS, on nous
mentionne qu'il peut se présenter des difficultés, compte tenu de
cette réorganisation du réseau des affaires sociales.
Par contre, le député de Mégantic-Compton dit: II y
a le ministre ne l'a pas nié des personnes qui l'ont fait
avec compétence. Ce que je demande, c'est pour ces personnes qui ont
acquis une expérience et qui l'ont fait d'une façon suivie.
J'imagine que c'est à cela que vous faites référence, et
non pas à un individu ou à un médecin qui, à un
moment donné, dit: II y a un cas d'adoption, il en a peut-être
arrangé deux ou trois dans sa vie. Est-ce que le député de
Mégantic-Compton a en tête le nom de personnes il n'a pas
besoin de les donner qui vraiment ont fait de la question de l'adoption
une de leurs préoccupations ou de leurs priorités? Il dit: A ce
moment: Que ces personnes obtiennent l'autorisation d'une société
d'adoption reconnue. On ne pourrait plus parler de société
d'adoption reconnue, il n'y en a plus comme telle. Ce sont des CSS. Ce seraient
des CSS, ce ne serait pas des sociétés d'adoption reconnues, il
n'y en a pas comme telles.
M. Lazure: C'est exact. Cela a été, comme je
l'expliquais tantôt, fusionné, incorporé aux centres de
services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça. Il faudrait que ce soit
modifié, de toute façon. Mais il y a autant de chances que ces
personnes, qui ont acquis une expertise dans l'adoption... S'il en existe, moi,
je ne le sais pas. Le député de Mégantic-Compton
prétend qu'il en existe. Il y a ceux qui, à l'intérieur
d'un CSS, le feront sans avoir la compétence requise et qui, demain
matin, vont se mettre à faire de l'adoption, de toute façon.
M. Lazure: Encore une fois, M. le Président, c'est pour
ça qu'il faut faire attention aux termes qu'on utilise. Le
député de Mégantic-Compton disait: sociétés
d'adoption privées. Cela n'existait pas. Les sociétés
d'adoption étaient privées au sens d'une charte, d'une
autonomie...
Mme Lavoie-Roux: II y en avait une à Québec, une
à Montréal et une dans les régions...
M. Lazure: Oui, mais ces sociétés étaient
d'utilité publique, pour ainsi dire, et elles ont été
fusionnées aux centres de services sociaux. Je vais être
très catégorique là-dessus. Donc, les gens
compétents, les individus, travailleurs sociaux, psychologues, peu
importe leur formation, ou prêtres, les individus qui oeuvraient dans ces
groupes d'adoption ont été intégrés, s'ils le
désiraient, dans les centres de services sociaux.
Maintenant, si on parle d'individus, que ce soit un prêtre X
à Montréal ou un prêtre Y à Québec qui,
souvent, facilitait l'adoption, pour une fille-mère, de son jeune
bébé auprès d'une famille que le prêtre connaissait,
si on parle de ça, justement, on ne se cache pas que la loi, comme elle
est présentée, les amendements à la loi, comme nous les
présentons, mettraient un terme à ça, parce que c'est
difficilement contrôlable. Encore une fois, ces personnes pourraient
s'adresser aux centres de services sociaux, si elles le désirent, soit
pour y travailler comme salariés, soit pour y travailler comme
bénévoles sur une base de conseillers, à la façon
d'un conseiller. Je suis sûr que les CSS seraient ouverts à
ça. Mais, en laissant la porte ouverte à ces quelques individus,
on risque de permettre à d'autres individus beaucoup moins
re-commandables de continuer un trafic de jeunes bébés.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: ... le ministre se sert toujours de mots qui font
image quand il parle de trafic d'enfants. Je veux bien qu'il
rétrécisse ma pensée en disant... Il me dit que ces
gens-là sont incorporés aux sociétés qui sont
maintenant paragouverne-mentales dans les CSS. C'est bien possible et on n'est
pas en mesure de vérifier ce matin, je pense bien, si ces personnes sont
incorporées ou non. Cela se dit bien dans une commission parlementaire.
Mais on serait peut-être surpris de constater qu'il y a peut-être
pas mal de ces gens maintenant qui n'oeuvrent plus dans ce milieu et qui sont
obligés de faire autre chose.
C'est le principe... Ce n'est pas nécessairement les personnes,
mais c'est le principe que je trouve étrange de la part de ce
gouvernement. On me dit ici que, sur les 600, il y en a eu 200 par les secteurs
privés. Je pense qu'on faisait écho à l'année
dernière. Mais, si c'est 200, je trouve ça considérable.
Je trouve que c'est un nombre considérable de la part du secteur
privé et je me réjouis que ce soit comme ça.
Ce que je trouve étrange, c'est de voir la volonté de ce
gouvernement de s'acharner à tout ce qu'il y a de privé, que ce
soit l'adoption ce matin, que ce soient les centres d'accueil privés,
par exemple, qui sont parfois bétonnés, que ce soit le ministre
de l'Education, dans le secteur des écoles privées, on trouve
toujours une bonne raison pour essayer de mettre la hache là-dedans.
Mais c'est où, cette communauté de pluralisme au Québec?
Pourquoi s'acharnerait-on, ce matin, à vouloir enlever ce tiers
d'enfants qui sont placés, par exemple, par la volonté et par la
compétence de personnes qui font ça de carrière? Quand on
sait que votre contentieux des CSS de la région de Montréal dit
qu'il serait difficile de se passer de personnes qui oeuvrent dans ce milieu
depuis tant d'années. C'est votre contentieux qui le dit, le contentieux
des CSS de Montréal.
A partir de là, qui a intérêt? C'est ce
marché noir, que vous dites? M. D'Amours, monsieur. Ce marché
noir, quelques personnes...
M. Lazure: Est-ce que le député déposerait
ce dont il parle au sujet du contentieux?
M. Grenier: Oui, je pourrais pour le produire cet
après-midi. Je l'ai par téléphone. Je pourrai vous le
donner cet après-midi.
M. Lazure: Ah! par téléphone.
M. Grenier: Oui, par téléphone...
M. Lazure: Voulez-vous expliciter un peu...
M. Grenier: Mais, M. le Président, quand je vois un
ministre répondre à un député et dire: Pouvez-vous
le donner... J'ai entendu le ministre Marois, vendredi, me dire ça: Oui,
mais ce sont des canards. J'avais en main, c'est lui qui l'a rendue publique,
je ne voulais pas le faire, l'affaire des cancéreux, ici à
Québec. Je ne voulais pas le faire parce que je savais que, dans ce cas,
il y avait pas mal de monde qui n'était pas encore au courant. Il m'a
demandé de produire le document, puisqu'il n'avait pas l'air à me
croire sur parole; je produis le document et lui a été assez
gauche pour donner, devant les écrans de télévision, le
nombre de 40 personnes cancéreuses à l'Hôtel-Dieu de
Québec, il a mentionné les noms devant les écrans de
télévision. Cela devait être joli pour les personnes qui ne
le savaient pas encore.
Je vous demande de prendre ma parole, ce matin, pour ne pas que la
commission se termine à 13 heures en disant: Finalement, en attendant,
on a laissé l'impression que c'était plus ou moins vrai. Mais
non, c'est vrai. On a une société pluraliste qu'il faudrait
conserver et, dans ce secteur, c'est extrêmement humain.
M. le Président, je deviens veuf demain matin, ou ma femme me
laisse, comme c'est le cas souvent dans la société actuel le;
voilà que je suis responsable de mes enfants et je décide de les
placer. Moi, je vais faire appel à une commission mise en place par le
gouvernement et je ne saurai plus quel bord prendront mes enfants? Ce n'est pas
vrai que je vais faire ça et il y a pas mal de monde qui pense ainsi.
Tomber dans la masse grise d'une bureaucratie? Je ne ferai pas ça, moi;
c'est un aspect humain qu'on touche ce matin et on touche à un secteur
qui va bien.
Si c'est vrai maintenant qu'on veut mettre ça dans les mains
d'autres personnes qui aimeraient faire à leur goût, se servant de
comité pour faire leur marché noir, moi j'aime mieux que ce soit
fait par des gens qui sont en place et qui ont une réputation acquise
depuis plusieurs années. On n'a aucune raison on ne me l'a pas
prouvé ce matin valable de mettre la hache dans un comité
comme celui-là, c'est un comité qui va bien, et plier à la
demande de personnes qui vous demandent cela, c'est avouer sa faiblesse ce
matin.
Je ne céderai pas sur un amendement aussi sérieux. Je suis
tanné de voir arrachées au secteur privé, par tous les
secteurs possibles du gouvernement, ces choses qui vont bien. On le voit
ramasser par petites graines et, quand on ne réussit pas à
l'accaparer dans un ministère, on le laisse en veilleuse, en
période d'attente, comme on le fait dans les collèges
privés du Québec. On attend, parce que ça fait trop mal,
mais la volonté de gruger le secteur privé et de l'amener au
secteur public est quand même là. On n'a pas de raison de ne pas
accepter l'amendement que je propose. Je fais un adoucissement, je dis qu'on
aura la société de placement qui sera sous la
responsabilité des CSS, et ces personnes vont continuer de faire leur
travail sous surveillance, elles seront évaluées; c'est
raisonnable, c'est humain ce que je propose là.
J'aimerais voir un des ministres ou des députés du
gouvernement qui va voter contre mon amendement, tout à l'heure,
placé dans la situation de laisser ses enfants aux mains d'une
commission grise, comme je l'ai mentionné, et ne pas savoir quel bord
prendront ses enfants.
Les exceptions qu'on donne ne permettent pas, à un cas comme
celui que je viens de vous signaler, de placer ses enfants où il voudra.
En tout cas, moi, je n'accepte pas ça et si la situation devait
m'arriver et que je doive faire face à un article comme celui-là,
parce que c'est une famille qui l'a et d'autres évalueront
peut-être des critères différents pour placer des enfants
dans des maisons... Les critères dont on s'est servi dans le
passé n'étaient pas tellement à rejeter, il n'y a pas
seulement l'aspect financier qui compte pour placer un enfant, les valeurs
morales sont importantes et, dans la sorte de société où
on vit présentement, les valeurs morales prennent de moins en moins
d'importance. Les personnes qui se sont occupées de ça dans le
passé mettaient peut-être l'accent là-dessus, elles.
M. Lazure: M. le Président, le député de
Mégantic-Compton semble laisser entendre qu'on saborde et qu'on
transforme de A à Z le système actuel. Cela n'est pas vrai. Sur
environ 3000 adoptions par année, au Québec, je le
répète encore une fois, il y en aurait environ 200 c'est
une estimation, justement parce que c'est fait par des voies privées
les autres 2800 adoptions sont faites par les centres de services
sociaux. Donc, il ne s'agit pas, en confiant très largement aux CSS
toute l'adoption, de changer la situation actuelle. (10 h 45)
Déjà, dans l'état actuel des choses, les centres de
services sociaux sont ceux qui oeuvrent dans la très grande
majorité des cas d'adoption. On n'enlève pas aux soi-disant
groupes privés dont parle le député de
Mégantic-Compton la part importante de cette activité-là.
Il s'agit, encore une fois, de peut-être 200 enfants sur environ 3000
enfants qui auraient été adoptés par des voies
privées, par des individus.
Je répète: Les centres de services sociaux qui ont
été graduellement mis sur pied à la suite de la fusion de
centres de services sociaux diocésains tiennent compte des croyances et
des exigences du milieu. Si un individu devient veuf du jour au lendemain et
qu'il veut faire adopter son enfant, il a le loisir, en rencontrant le centre
de services sociaux, d'indiquer ses préférences,
évidemment. Il a en plus le loisir, par le biais de la Loi de la
protection de la jeunesse, d'être représenté par un
procureur. Je pense qu'il ne faut pas exagérer et peindre un tableau
d'Apocalypse vis-à-vis de ces quelques amendements celui qu'on
discute
qui ne veulent faire qu'une chose en réalité, c'est de
rendre l'adoption plus équitable à tout le monde.
Si on revient à ce mécanisme privé d'adoption, il y
a deux inconvénients principaux. Le premier, c'est que vous pouvez, par
l'intermédiaire d'un médecin, obtenir, vous qui cherchez un
bébé pour adoption, que le médecin qui vient d'accoucher,
par exemple, une fille-mère, fasse des pressions auprès de la
nouvelle mère pour qu'elle cède son enfant. Vous pouvez obtenir
ça. Mais quelle équité y a-t-il vis-à-vis des
centaines de futurs parents adoptifs qui attendent sur une liste qu'il y ait un
enfant disponible pour adoption. Il n'y a plus d'équité à
ce moment-là. Vous court-circuitez la liste d'attente de quelques
centaines de personnes qui devront attendre la voie officielle, la voie normale
du centre de services sociaux.
Deuxièmement, vous ouvrez la porte, sans parler d'exploitation
commerciale qui existe aussi, mais je laisse cela de côté, mais
vous ouvrez la porte à une pression indue auprès de la femme qui
vient d'accoucher et qui, souvent, est vulnérable, qui peut
difficilement résister aux pressions d'un prêtre ou d'un
médecin qui, lui, s'est fait demander par une amie, par un couple autre,
qui n'a pas d'enfant et qui veut en adopter un, d'intervenir auprès de
la mère qui vient tout récemment d'accoucher. On ouvre donc la
porte à des pressions indues. Ces choses-là se font.
Encore une fois, M. le Président, sans vouloir éterniser
le débat, je pense qu'un tel amendement n'est pas souhaitable et nous
voterons contre l'amendement.
M. Gosselin: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Je voudrais une information du ministre, à la
suite de l'exposé du député de Mégantic-Compton
tout à l'heure. Dans les dispositions actuelles de la loi, selon le
projet de loi qu'on a, vous dites que les CSS effectivement sont en mesure,
à ce moment-ci, de satisfaire aux besoins des parents, eu égard
à la croyance. Je sais que pour beaucoup de gens, c'est très
important. Par exemple, si quelqu'un est témoin de Jéhovah ou
catholique et se voit dans la nécessité de placer son enfant, il
pourrait exiger que son enfant soit placé dans tel autre milieu familial
conformément à sa croyance et d'avoir certaines garanties
à cet égard-là.
Les CSS actuellement peuvent-ils répondre aux besoins de la
famille, eu égard à ces exigences-là?
M. Lazure: C'est tellement vrai que les CSS tiennent compte des
facteurs sociologiques, culturels et religieux et notre gouvernement n'a
pas de mérite, cela a été fait par un autre gouvernement
qu'il y a un CSS à Montréal spécialement pour les
Juifs, pour la communauté juive. Il y a trois CSS à
Montréal, un pour les francophones, un pour les anglophones et un pour
les Juifs. Je répète encore une fois, jusqu'à ce qu'on me
démontre le contraire, nous avons la conviction, au ministère,
que les parents sont respectés dans leurs croyances religieuses et
culturelles quand ils s'adressent à un centre de services sociaux. Tant
la mère qui veut confier son enfant pour adoption peut indiquer ses
préférences vis-à-vis des futurs parents adoptifs, tant
les futurs parents adoptifs, on tient compte aussi de leurs croyances et de
leurs attitudes sociales et culturelles.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux:... Ce qui aurait pu éclairer le
débat, c'est si on avait eu plus que des données on a eu
une estimation de 200 pour savoir par qui avaient été
faites ces adoptions privées. Le problème qui est soulevé,
c'est qu'il y a eu 200 adoptions privées, mais, si on établissait
une moyenne, c'est peut-être une adoption ou deux adoptions par personne
qui a servi d'intermédiaire. Je suis d'accord avec l'argumentation du
ministre, tout le monde peut s'improviser et s'estimer capable de faire des
adoptions, il n'y a aucun doute. Devant l'absence de cette donnée, qu'on
estime à 200, mais on n'a pas décortiqué qui sont les
personnes qui ont fait ces 200 adoptions, on se trouve vraiment devant
l'inconnu.
J'ai quand même eu de l'expérience avec l'adoption, enfin
ça commence à faire quelques années, et cela a quand
même été limité, mais ce domaine ne m'est pas tout
à fait inconnu. Qu'on veuille cerner ou encadrer l'adoption, à
condition que ce soit fait par des personnes vraiment compétentes, je me
dois de suivre l'intention du gouvernement. Il reste un point que le
député de Mégantic-Compton soulève, sans nous
apporter d'exemple précis. Je connais, par exemple, à Sherbrooke,
une personne qui depuis, quand même ça ferait cinq ans, dix ans,
à part son ministère, il s'agit d'un prêtre, a pour
préoccupation principale l'adoption; il a fait nombre d'adoptions depuis
cinq ou dix ans.
On reste vraiment devant une inconnue. Pour cette personne, c'est devenu
un intérêt professionnel, un intérêt humain, un
intérêt social, elle est même reconnue dans la
communauté comme remplissant ces fonctions, il ne lui reste pas le
recours de contacter le CSS de son comté et de faire valoir son point de
vue. Si elle a une réputation dans le milieu au plan privé, je
verrais difficilement qu'un CSS lui refuse de pouvoir opérer à
l'intérieur du cadre du CSS. Devant l'absence de données, devant
les risques, même pour satisfaire une ou quelques personnes auxquelles le
député pense, je trouve que c'est un trop grand risque
d'introduire ceci dans le projet de loi et, malheureusement, je me verrai
obligé de voter contre.
Il y a aussi un autre élément. Ce que le
député de Mégantic-Compton soulève, c'est si on
respecte vraiment les croyances des gens, si on respecte
les caractéristiques socio-culturelles d'un enfant qui doit
être adopté et peut-être davantage les désirs de ses
parents. C'est possible que des erreurs se fassent, et il y en a certainement
qui ont été faites. On ne peut pas prendre au point de
départ que tout se fait dans un climat de non-respect des désirs
des personnes, des désirs des individus qui viennent frapper à
une porte ou à une société ou à un conseil de
services sociaux, et dire: On va délibérément ne pas tenir
compte de leurs désirs, de ce qu'ils représentent et du type de
services qu'ils viennent chercher. Sans ça, on se retrouverait dans un
climat absolu de non-confiance, dans n'importe quelle profession.
Si on va à l'hôpital, on a peut-être un
médecin qui en veut à son patient et qui va essayer, disons en
psychiatrie, de se défouler à travers son patient, on peut avoir
ce genre de choses. Je pense qu'il faut partir avec un minimum de confiance en
disant que ces gens-là ont une formation professionnelle. Mon
inquiétude est bien davantage la remarque que faisait la corporation des
travailleurs sociaux selon laquelle, à l'intérieur des CSS, il se
trouve des personnes qui, présentement, à cause de
l'intégration des services sociaux, ne sont pas vraiment
qualifiés ou n'ont pas l'expertise suffisante. A ce moment-là, on
ne corrige pas tous les points que la loi veut corriger. Là-dessus, je
ne sais pas ce que le ministère se propose de faire, quelles actions il
a entreprises auprès des CSS pour pallier cette situation qui doit
exister puisqu'elle nous est signalée par la corporation des
travailleurs sociaux qui regroupe la majorité des personnes qui agissent
à l'intérieur des CSS.
M. Lazure: Là-dessus, M. le Président, il y a
peut-être et je dis bien peut-être un souci, de la
part de cette Corporation des travailleurs sociaux, de vouloir occuper, sinon
l'exclusivité, du moins la grande partie du terrain dans ce domaine. Je
veux faire remarquer que, dans les centres de services sociaux, que ce soit au
service d'adoption ou au service de protection de la jeunesse, il y a des
équipes multidisciplinaires. Je pense que les travailleurs sociaux
constituent la profession qui occupe la plus large part et c'est normal. Mais
j'imagine que, dans chaque centre de services sociaux, il y a un certain nombre
de psychologues ou d'autres diplômés des sciences humaines qui
oeuvrent à côté des travailleurs sociaux. Je ne voudrais
certainement pas entrer dans une querelle interprofessionnelle ou
interdisciplinaire.
Si, d'autre part, il s'agit d'un voeu de la part de la corporation des
travailleurs sociaux professionnels, c'est-à-dire que le niveau de
formation soit rehaussé dans les centres de services sociaux, je le
reçois comme un voeu, je le reçois comme une chose qui est
souhaitable. Mais nous n'avons pas de plainte, au ministère, que les
standards de formation du personnel oeuvrant on a parlé de 75
personnes environ tantôt qui oeuvrent dans les 14 centres de services
sociaux, plus spécialement auprès de l'adoption que ces 75
personnes soient particulièrement mal préparées ou mal
formées. On peut toujours rehausser le niveau de formation de tout le
personnel, évidemment.
Le Président (M. Laberge): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Mais moi, je ne l'ai pas vu dans le sens d'une
exclusivité qu'on réclamait pour les travailleurs sociaux. Je
pense que je l'ai vu davantage comme une demande d'exclusivité
accordée à du personnel qualifié, qui pourrait être
un psychologue, qui pourrait être... Par exemple, si un prêtre qui
en a fait pendant plusieurs années s'intégrait à une
agence ou à un conseil de services sociaux, il peut avoir une expertise
qui est peut-être bien plus valable que quelqu'un qui ne s'est jamais
intéressé au problème. Je ne l'ai pas vu dans ce
sens-là. Je l'ai vu dans le sens d'une préoccupation d'un
personnel qui soit qualifié. C'est comme cela que je l'ai
interprété. Et le problème qu'on soulève, c'est
peut-être que, partout, il n'existe pas un personnel qualifié,
quelle que soit sa qualification personnelle spécifique. C'est dans ce
sens-là que je l'ai vu.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Une toute dernière intervention, puisque j'ai
l'impression que ma motion sera rejetée. Cela me chagrine un peu. Je me
rends compte que le socialisme, c'est la partie la plus proche entre les
libéraux et le Parti québécois. Ce n'est pas du nouveau.
Je ne suis pas étonné ce matin, mais c'est cela quand
même.
M. Lazure: Oui, avec un tout petit "s" quand même.
Très petit.
M. Grenier: Quand on voit ici un jeu de 3% pour conserver
à notre société son pluralisme dans ce secteur, le
ministre dit: Enfin, pour avoir une liste, pour être juste envers tout le
monde, il n'y a pas de raison... C'est bien évident. C'est cousu de fil
blanc. Et je ne protège pas ici une personne, je protège un
système, un système auquel je crois. Je n'ai pas de personnes en
mémoire. J'en ai une, j'en ai plusieurs qui ont oeuvré. Et ce ne
sont plus des personnes qui en placent 100 par année; il n'y a plus
d'enfants au monde, à comparer avec il y a 30 ans. C'est bien sûr
que leur travail a diminué dans ce secteur. Mais le curé d'une
paroisse, qui a oeuvré là-dedans et qui était la personne
qui faisait cela pour une région, qui faisait son travail
là-dedans, n'est pas moins bon qu'il était il y a 20 ans. C'est
qu'il y a moins de placement à faire, il y a moins d'enfants qui
viennent au monde; avec tout ce qui est arrivé sur le marché, qui
empêche l'enfant de venir au monde ou qui fait qu'il y en a moins, bien
sûr que cela modifie son travail, mais il n'est pas moins bon pour tout
cela. (11 heures)
Ce que je trouve étrange, c'est qu'on n'accepte pas de conserver
notre système et qu'on n'offre pas cette option à cette jeune
fille ou cette jeune mère qui aimerait mieux passer par une de ces
personnes qu'elle connaît. C'est 3% seulement pour sauvegarder ces
situations-là. Le ministre
s'oppose à cela, 3%. Je retiens de cela ce qu'on doit retenir
d'une pareille discussion, mais je me dis en moi-même: C'est vraiment la
fin de cela, c'est bien clair que le gouvernement veut absolument que ce soit
une commission dirigée par le gouvernement et on ne veut pas permettre
à personne d'autre qu'à cette commission de le faire, même
si on fait une motion qui est très acceptable de la part de tout le
monde alors qu'on dit que cette personne pourra avoir reçu
l'autorisation d'une société d'adoption reconnue, sa demande ou
son choix sera évalué par cette même commission. C'est
aller loin. Il n'oeuvre pas tout seul dans un coin. Il ne continue pas un
marché noir, mais cette continuité pour exercer la volonté
de ces quelques personnes, ce 3% des personnes, on n'en veut pas, tant pis. On
n'en veut pas.
J'aurai défendu cette motion. Je pense que c'est vouloir une
société ouverte à différentes pensées et non
pas vouloir que tout se fasse par l'Etat.
Le Président (M. Laberge): D'autres intervenants?
Mme Lavoie-Roux: Seulement une question. Non pas pour
aujourd'hui, mais ce serait intéressant que le ministère se
penche sur qui ont été les parrains des "200 adoptions
privées" cela peut être 175 ou 225 qui ont eu lieu
au Québec en 1977-1978, j'imagine, pour qu'on en ait un tableau. Je
pense que, ce matin, cela aurait pu éclairer le débat d'une
façon beaucoup plus exacte que de tout simplement partir d'une
façon générale.
M. Grenier: J'ajouterais à la demande que fait le
député de L'Acadie, pour qu'elle soit complète, non pas
qu'elle ne soit pas complète, mais dans l'esprit qu'elle l'amène,
cela répond à la question qu'elle se pose, si on fait cette
demande pour les 200 enfants qui ont été placés dans
l'année qui vient de se terminer, j'aimerais savoir, sur les 200 qui ont
été placés par le secteur privé, combien ont
dû être changés d'endroit, alors que parmi les 5800 autres,
conservant la moyenne, combien en pourcentage ont pu être rappelés
des familles où ils étaient placés. Je serais surpris
d'avoir ces chiffres-là ce matin.
M. Lazure: J'ai seulement une dernière remarque sur la
suggestion du député de L'Acadie. On m'informe que les documents
de ces quelques 200 cas nous parviennent d'un bureau d'avocats. Vous savez, ce
n'est plus comme autrefois surtout le fait de quelques médecins ou de
quelques prêtres. Ce n'est plus cela maintenant. Il y a encore quelques
médecins et quelques prêtres qui font de ces adoptions
privées sur les 200, mais pour la grande majorité, c'est par le
truchement de bureaux d'avocats qui se mettent en contact avec des
médecins pour obtenir une telle adoption privée. Dans les
documents qu'on reçoit, on constate encore une fois que la
majorité des cas sont véhiculés par des bureaux d'avocats.
C'est un phénomène assez récent qui remonte à
peut-être sept ou huit ans depuis que le nombre de bébés
pour adoption est tellement rare dans notre milieu. Les gens, plutôt que
d'aller voir un prêtre ou un médecin, vont carrément voir
des avocats. Il y a quelques bureaux d'avocats qui sont réputés
dans ce genre d'intervention.
M. Grenier: Sur ce chiffre, M. le Président, une
dernière fois, sur les 3% de ces gens qui sont placés par le
secteur privé, en supposant que cela aille très mal et en
supposant qu'on exploite une liste noire et en supposant qu'il y en ait le
tiers qui soient mal placés, vous savez que cela fait 1%. C'est
très fort pour vouloir enlever ce secteur-là.
Le Président (M. Laberge): La motion d'amendement du
député de Mégantic-Compton se lit comme suit: Que
l'article 2 modifiant l'article 16 de ladite loi soit de nouveau modifié
en ajoutant à la fin de paragraphe c), du deuxième alinéa,
un nouveau paragraphe numéroté d) qui se lirait comme suit: "d)
le placement a lieu par l'intermédiaire d'une personne ayant reçu
l'autorisation d'une société d'adoption reconnue et une
évaluation a été effectuée conformément
à l'article 13." Cette motion est-elle adoptée?
M. Lazure: Non, rejeté. M. Grenier: Vote
nominal.
Le Président (M. Laberge): On appelle le vote nominal. Que
ceux qui sont pour ou contre cette motion veulent bien se prononcer. M. Forget
(Saint-Laurent)? Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Gosselin (Sherbrooke)?
M. Gosselin: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Gravel (Limoilou)?
M. Gravel: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Laberge): M. Lavigne (Beauharnois)?
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Lazure (Chambly)?
M. Lazure: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Jolivet (Laviolette)? M.
Paquette (Rosemont)? M. Samson
(Rouyn-Noranda)? M. Shaw (Pointe-Claire)? La motion est rejetée
cinq voix contre une.
Je reviens à l'article 2 tel qu'il se lit dans le projet de loi:
L'article 16 de ladite loi est modifié par le remplacement du premier
alinéa par les suivants: "16. Un enfant dont l'adoption est permise par
la présente loi ne peut être placé en vue de son adoption
que par une société d'adoption reconnue. "Pourvu qu'un avis
écrit en soit préalablement donné au ministre, le
placement peut cependant être effectué par une personne autre
qu'une société d'adoption reconnue, dans les cas suivants: "a) le
requérant est un ascendant, un parent en ligne collatérale
jusqu'au troisième degré de l'adopté ou le conjoint de cet
ascendant ou parent; "b) le requérant est le conjoint du père ou
de la mère de l'adopté; "c) le placement a lieu par
l'intermédiaire d'un gouvernement, d'un ministère ou d'un
organisme agissant conformément à une entente ou une convention
visée dans l'article 37-1, et une évaluation a été
effectuée conformément à l'article 13."
Est-ce que l'article 2 sera adopté? Mme le député
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais revenir sur un problème que
j'ai soulevé la semaine dernière ou il y a quinze jours. Je n'ai
pas d'amendement, mais je répète la préoccupation que j'ai
à l'égard des dispositions de l'article 2, où on dit qu'un
enfant peut être adopté directement, sans passer par une
société d'adoption reconnue, s'il est un parent en ligne
collatérale jusqu'au troisième degré de l'adopté ou
le conjoint de cet ascendant ou parent, ou si le requérant est le
conjoint du père ou de la mère de l'adopté.
Je veux simplement sonner une cloche d'alarme au ministère des
Affaires sociales. On est à la veille d'arriver devant des abus.
Evidemment, ceci est né de la situation où il y a plus de parents
divorcés, peut-être bien davantage que de parents
séparés. Lors du remariage, le père adopte l'enfant
autrefois, c'était davantage dans le cas du décès d'un des
parents, le parent se remariait et le nouveau parent adoptait les enfants, etc.
Il reste que même dans ces cas de remariage où l'adoption se fait,
il y a souvent une autre époque d'instabilité qui, elle aussi, se
termine par un divorce. Vous avez, à ce moment, des enfants qui peuvent
être adoptés plus d'une fois. Ils peuvent être
adoptés deux fois. Evidemment, l'histoire ne le dit pas encore, cela
pourrait peut-être aller à des abus: trois fois ou
indéfiniment.
Je sais que la Loi sur la protection de la jeunesse dit: Les enfants,
à partir de douze ans si ma mémoire est bonne sont
consultés quant au type de plan de services qui sera mis à leur
disposition. Ils ont leur mot à dire quand le juge décide dans un
sens ou dans l'autre. Ce problème de l'adoption
répétée peut survenir bien avant l'âge de douze ans.
Un enfant est sensible l'âge que je vais donner est arbitraire, le
ministre pourra contredire ou voir d'une autre façon quel est
l'âge où la sensibilité d'un enfant est déjà
éveillée à ce phénomène de l'adoption
pour être conservatrice, je dirai qu'il l'est déjà beaucoup
dès l'âge de six, sept, huit ou neuf ans, même avant
l'âge de douze ans. Est-ce que, dans un cas d'adoption, la Loi sur la
protection de la jeunesse... Je donne cela comme solution, ce n'est
peut-être pas la bonne, je suis prête à accorder au ministre
qu'elle est improvisée, mais c'est davantage pour le sensibiliser
à la dimension de ce problème. Est-ce qu'un enfant, dans le cas
de son adoption, ne devrait pas être consulté avant l'âge de
douze ans? Est-ce qu'on ne pourrait pas réduire, dans le cas d'adoption,
l'âge ou la consultation d'un enfant est nécessaire? C'est ce
problème que je veux soumettre. Je l'ai apporté la semaine
dernière ou il y a quinze jours, mais j'ai eu l'impression que le
ministre était distrait et ça ne lui semblait pas créer de
problème. J'ai lu justement, depuis ce temps-là, certains
articles touchant ce phénomène, que je n'ai pas avec moi
malheureusement, mais qui venaient confirmer cette expérience que j'ai
vu vécue par d'autres et qui est assez pénible pour les
enfants.
M. Lazure: M. le Président, je ne suis pas distrait, en
tout cas, ce matin, et je comprends très bien le problème que
soulève le député de L'Acadie. J'ajouterais que même
s'il s'agit d'une procédure plus simple dans le cas d'un nouveau couple
où un des conjoints est le père ou la mère de l'enfant
à être adopté, il reste que la loi actuelle de l'adoption,
à son article 25 cela va continuer d'être en vigueur
nous dit que l'adoption ne peut pas être prononcée par le jugement
de Ia cour aussi longtemps qu'il n'y a pas eu un rapport écrit d'une
société d'adoption, donc du centre de services sociaux.
Autrement dit, pour les autres cas où il n'y a pas un lien de
parenté jusqu'au troisième degré, où le nouveau
conjoint est parent de l'enfant, dans les autres cas, dans la plupart des cas,
il y a un rapport du centre de services sociaux, avant le placement de
probation, si vous voulez, et un autre avant le prononcé de l'adoption
par le juge. Il y en a deux. Tandis que, dans ce cas-ci, c'est simplifié
dans le sens où il y a seulement un rapport. Il n'y a pas de rapport de
la société d'adoption qui précède le placement de
probation, pour ainsi dire, du jeune enfant, mais il y en a un qui est
obligatoire, selon l'article 25 de la loi, qui doit être
présenté au juge de la Cour supérieure ou du Tribunal de
la jeunesse, dans le cas qui nous concerne, avant que soit prononcé le
jugement d'adoption.
Donc, pour revenir à votre question, vous avez raison de soulever
ce point, parce que l'enfant pourrait être assujetti à des
adoptions successives, répétées, selon le statut marital
des deux parents ou d'un des deux parents. Mais je pense que ces aspects
psychologiques ou psychosociaux, si vous voulez, entrent en ligne de compte et
devraient être contenus dans le rapport que la société
d'adoption est tenue de présenter au juge avant le prononcé de la
décision sur l'adoption.
M. Grenier: M. le Président, maintenant qu'on a
donné le monopole de l'adoption au gouvernement, j'aimerais que le
ministre, qui est toujours ouvert à la discussion, au dialogue avec tous
ses gens, s'informe auprès de son contentieux, le contentieux du CSS,
par exemple, aille lui demander ce qu'il pense de ça. Ces gens disent
déjà ils vont certainement le répéter au
ministre que ce n'est pas en enlevant toute concurrence qu'on
améliore une société.
Là, on vient d'enlever toute la concurrence dans le secteur
privé, on garde ce monopole au gouvernement et on a même voulu
enlever ces 3%. On le garde maintenant dans les CSS. J'aimerais que le ministre
s'informe, et j'ai la conviction que certaines personnes dans son entourage, en
tout cas, dans le contentieux de la région de Montréal M.
D'Amours, que j'ai mentionné tout à l'heure lui rendraient
de grands services en lui disant qu'il serait peut-être
préférable qu'on laisse d'autres personnes oeuvrer...
M. Lazure: M. le Président, je rappelle ce que j'ai dit
à une séance antérieure. Les centres de services sociaux
ont été largement consultés et je répète que
les centres de services sociaux, bien qu'ils aient été
mécontents qu'on ne fasse pas toute la réforme qu'on voulait
faire dans le domaine de l'adoption, ont compris qu'elle était en deux
étapes et que la deuxième étape allait se faire par la
révision du Code civil. Mais ce que nous présentons aujourd'hui
dans ce projet de loi rallie l'approbation de tous les centres de services
sociaux. Je le dis de façon très solennelle. Je ne vois pas ce
à quoi le député de Mégantic-Compton fait
allusion.
Je reviens aux remarques du député de L'Acadie, parce que
cela atteint un problème réel, j'en conviens. Il y a une autre
espèce de sauvegarde qui peut être évoquée alentour
du problème que le député de L'Acadie soulève.
L'article 9 de notre loi actuelle de l'adoption dit que l'adoption ne peut
avoir lieu qu'avec le consentement de l'enfant s'il est âgé de dix
ans ou plus. Il est sûr que le centre de services sociaux qui a à
produire un rapport au juge avant que le juge se prononce de façon
finale sur l'adoption, ce centre de services sociaux doit tenir compte des
désirs ou des préférences de l'enfant qui a dix ans et
plus. C'est peut-être une des considérations les plus importantes
qui entreraient en ligne de compte à ce moment. (11 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Quoi qu'il en soit, M. le Président, je
pense que ce serait intéressant que les CSS... Evidemment, l'adoption
par le nouveau conjoint est un phénomène assez récent dans
notre société. Cela existe depuis un certain nombre
d'années, mais quand même pas si longtemps. Je ne sais pas,
ça peut exister depuis douze ou quinze ans à peu près.
M. Lazure: Pas beaucoup plus que ça.
Mme Lavoie-Roux: Non, pas beaucoup plus que ça.
M. Lazure: Environ dix ou douze ans.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que ce serait intéressant qu'il
y ait une étude de faite, dans les services sociaux, pour voir comment
ceci évolue. On en arrivera peut-être à la conclusion qu'il
est néfaste, pour un enfant, de subir deux ou trois adoptions. On est en
face d'absence de données, c'est pour ça que je l'apporte comme
problème et non pas comme quelque chose d'absolu, mais même les
enfants en bas de dix ans... Vous savez, pour un enfant de sept ans, ça
compte tellement à l'école de savoir que son père est
absent ou que sa mère est absente, de la même façon que
ça va compter quand il va changer de nom. Dès que vous entrez
dans le monde scolaire, l'adoption a une influence. Déjà, dix ans
est mieux que douze ans que prévoit la Loi sur la protection de la
jeunesse, mais je me demande si, même antérieurement à
ça, on ne devrait pas examiner... En tout cas, je laisse ça comme
réflexion, je pense que c'est une responsabilité du
ministère des Affaires sociales. Qu'on examine ce problème sous
toutes ses facettes, parce que, parfois, ça peut sembler tellement
facile; les gens se remarient, le nouveau conjoint est prêt à les
adopter, tout est beau, mais la réalité peut être
différente pour l'enfant et ensuite, dans l'avenir, ça peut se
révéler un moins grand succès que celui qu'on avait
espéré. C'étaient mes remarques sur ce point.
M. Lazure: On apprécie l'appel à la prudence qui
est lancé par le député de L'Acadie dans ce domaine.
Le Président (M. Laberge): L'article 2 sera-t-il
adopté?
M. Lazure: Adopté.
M. Grenier: M. le Président, pour terminer, j'aimerais
expliciter le problème que soulève le député de
L'Acadie. C'est que nous n'avions pas accepté les dispositions de
l'article 17, quand on a proposé un amendement, à savoir que
l'enfant devait être légalement abandonné. Comme l'article
qu'on a présenté ici n'a pas été reçu, on
n'a même pas eu l'appui de l'Opposition officielle, ça pose des
problèmes qui rebondissent dans le secteur indiqué par Mme le
député.
Le Président (M. Laberge): L'article 2 sera-t-il
adopté?
M. Lazure: Adopté.
M. Grenier: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
J'appelle l'article 3.
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le Président... Je ne sais
pas si le ministre a quelque chose à dire sur l'article 3?
Adoption d'enfants domiciliés ou
résidant hors du Québec
M. Lazure: Non, ça va, je pense qu'on peut...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que, à mon point de vue, on en a
couvert à peu près toutes les dispositions au moment de la
discussion sur l'article 1. On avait d'ailleurs convenu qu'on chevauchait entre
les deux articles.
Encore une fois, cette préoccupation qu'on a exprimée
à l'égard de l'article 2, alors qu'on peut plus facilement cerner
toutes les circonstances de l'adoption, quant à ceux qui ont
abandonné un enfant pour adoption et à ceux qui sont des parents
éventuels d'un enfant, je réaffirme que j'espère
ça demeure toujours de bons voeux, c'est seulement à
l'application qu'on le saura que ces mêmes préoccupations,
on les aura à l'égard des enfants qui viendront par l'adoption
internationale et qu'on aura, pour les parents de ces enfants, les
parents légitimes les mêmes scrupules que ceux qu'on veut
avoir, par l'article 2, à l'égard des enfants qui sont ici au
pays.
Cela demeure ma plus grande préoccupation, c'est-à-dire
qu'on fasse les mêmes pressions que celles que vous avez décrites
longuement au député de Mégantic-Compton à
l'égard de ce qui s'est fait ici, qu'on les fasse bien davantage
à l'égard de parents avec qui on n'a même pas de contact,
avec qui les agences de services sociaux n'ont pas de contact. Cela aussi,
l'avenir le dira, mais ça demeure une grande préoccupation pour
moi.
M. Lazure: J'ajouterai simplement, encore une fois, qu'on a
l'intention d'avoir la même prudence, la même vigilance, autant
à ce chapitre de l'adoption internationale que pour l'adoption qu'on
pourrait appeler locale.
Le Président (M. Laberge): L'article 3 sera-t-il
adopté?
M. Grenier: Adopté.
Aide financière
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 4. L'article 4 sera-t-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Laberge): Mme le député de
L'Acadie vous avez la parole.
Mme Lavoie-Roux: L'article 4 met de l'avant le principe de
l'adoption subventionnée. J'aimerais immédiatement, pour ne pas
perdre de temps, présenter une motion, M. le Président, afin que
l'article 3 soit modifié en retranchant le paragraphe 37.3.
M. Lazure: On vient d'adopter l'article 3.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, l'article 4... Attendez un peu
c'est mon erreur ...
M. Lazure: On vient d'adopter l'article 3.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que j'ai vu ça...
M. Lazure: L'année prochaine, quand on révisera la
loi.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ça ne fait rien. M. Lazure:
On en est à l'article 4.
Le Président (M. Laberge): Nous en sommes à
l'article 4 qui modifie l'article 41.
Mme Lavoie-Roux: C'est la façon dont c'était
présenté, vous avez raison. C'est mon erreur, ce n'est pas la
vôtre.
Cela ne m'empêchera pas de dire, à partir du f, ce que je
veux dire à l'article 37-3. En fait, j'avais deux amendements pour
l'article 37-3. Ecoutez, je vais quand même... Non, je ne peux pas
retourner en arrière...
Le Président (M. Laberge): Non, l'article 3 est
adopté. Maintenant le règlement vous permet de suggérer
des amendements lors du dépôt du rapport en Chambre. C'est votre
droit.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je pense que je peux quand même
à l'article 4 il aurait été plus logique dans
l'article 3 pas celui que j'ai présenté parce que
ça ne peut plus aller...
Le Président (M. Laberge): La commission n'en a pas eu
connaissance.
Mme Lavoie-Roux: A l'article 4, le cas où le ministre peut
accorder l'aide financière prévue par l'article 37-3, j'aimerais
ajouter après le mot "peut" que le paragraphe f... Je vais changer
ça... Que l'article 4 soit modifié en ajoutant dans la
première ligne, après le mot "peut" les mots "pour une
période maximale d'un an".
Le Président (M. Laberge): Dans la première ligne
du paragraphe f).
Mme Lavoie-Roux: f). Cela aurait été plus logique
à l'autre, mais là c'est plus difficile.
Le Président (M. Laberge): Pouvez-vous me remettre la
copie. J'en prends connaissance. Bon! Je vais lire d'abord l'article 4 tel
qu'on le lit et je ferai part ensuite de votre motion pour que ce soit
très clair.
L'article 4 se lit comme suit: "L'article 41 de la loi est
modifié par le remplacement du paragraphe f du premier alinéa par
les suivants: f) les cas où le ministre peut accorder l'aide
financière prévue par l'article 37-3 ainsi que les
critères dont il doit tenir
compte pour déterminer son étendue, ses modalités
et les conditions que doit remplir l'adoptant qui en bénéficie;
g) toute autre matière requise pour l'application de la présente
loi." Voilà l'article 4.
Maintenant, le député de l'Acadie demande ou fait motion
pour que le début du paragraphe f soit amendé pour y ajouter
après le mot "peut" les mots "pour une période maximale d'un an".
Je reçois l'amendement comme étant discutable.
M. Lazure: M. le Président, en parlant contre
l'amendement, je dois expliquer, encore une fois, les objectifs essentiels de
cet article. Le premier objectif, c'est de faciliter l'adoption d'enfants plus
âgés qui séjournent dans certains cas depuis plusieurs
années, soit dans une institution, un établissement du
réseau des Affaires sociales, un centre d'accueil, un hôpital,
soit dans une famille d'accueil.
Nous voulons, pour plusieurs raisons, d'abord, pour des raisons
humanitaires vis-à-vis des enfants qui sont en cause, faire un effort
particulier, avec l'adoption de ce projet de loi, pour favoriser cette
adoption. Dans un certain nombre de ces cas d'enfants plus âgés,
il peut devenir utile que le ministère, que le gouvernement accorde une
aide financière aux parents adoptifs.
J'ai aussi dit, il y a quelque temps, que, très souvent, les
parents adoptifs sont les parents qui ont agi comme famille d'accueil
auprès de l'enfant, qui ont agi comme parents nourriciers auprès
de l'enfant depuis un certain nombre d'années. Ce sont des parents qui
ont un revenu très modeste dans bien des cas et qui ont établi
leur budget familial en incluant le per diem, l'allocation qui est
versée par le gouvernement pour l'enfant qui est en famille d'accueil,
l'enfant qui est en foyer nourricier, allocation qui varie de $4.50 par jour
jusqu'à $7.50 selon l'âge de l'enfant.
Parfois, il est difficile pour des parents nourriciers qui ont l'enfant
dans leur foyer depuis deux ans, trois ans, peu importe et où ça
va bien, autant pour l'enfant que pour les parents, d'adopter cet enfant
légalement, une fois pour toutes. Cela leur est difficile de le faire,
parce que, du jour au lendemain, dans l'état actuel de nos lois, ces
parents vont perdre l'allocation de $4.50 ou de $7.50 par jour. Nous pensons
qu'il faut garder une attitude souple vis-à-vis de ces cas. Il y a
déjà 35 Etats américains sur 50 qui ont modifié
leur loi pour permettre ce qu'on appelle l'adoption subventionnée. C'est
un concept relativement nouveau.
Il est certainement utile, dans le cas d'adoption d'enfants plus
âgés, d'enfants qui, sans ça, ont beaucoup de
difficulté à être adoptés, à trouver une
famille stable. L'amendement que le député de L'Acadie propose
limiterait à une année l'allocation financière. Je dois
dire que dans beaucoup de cas, une année serait suffisante, mais je ne
vois pas pourquoi on se lierait les mains à l'avance et, en adoptant cet
amendement, qu'on se refuserait le loisir, de temps en temps, de prolonger
au-delà d'une année la subvention. Cela peut être un an et
demi, deux ans, trois ans.
L'esprit de cette nouvelle clause dans la loi, encore une fois, c'est un
esprit qui, par définition, doit garder une souplesse pour faire face
à des situations individuelles qui seront évaluées au
mérite, cas par cas.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est évident que
le nouveau sens qu'acquiert ma motion, c'est vraiment pour essayer de corriger,
le mieux possible, cette distraction que j'ai eue à l'égard de
l'article 37, paragraphe 3. Le ministre sait fort bien que j'étais
contre l'adoption subventionnée et que c'est une motion d'amendement que
je suis obligée de faire à l'article 4, au moins pour indiquer
cette restriction très sérieuse que j'avais et qui, dans le fond,
ne touche même pas au principe de l'adoption subventionnée. C'est
dans ce sens que ma première motion, qui n'a pas eu lieu à cause
des circonstances que l'on sait, est tombée caduque, mais ma
véritable intention était d'abolir l'adoption
subventionnée.
Il faut bien se dire que quelqu'un qui prend un enfant en foyer
d'accueil et un parent qui décide de faire une demande officielle pour
adopter un enfant, les motivations sont très très
différentes. Dans le premier cas, je pense que c'est un processus
psychologique où les deux parents décident qu'ils veulent fonder
une famille ou qu'ils veulent agrandir leur famille et toute l'adaptation et le
processus psychologique qui se déroule est très différent
de celui auquel on soumet celui qui veut prendre un enfant en foyer d'accueil.
(11 h 30)
D'une façon générale, chez les parents qui prennent
des enfants en foyer d'accueil, je pense qu'il n'y a rien de péjoratif
à dire qu'il y a à peu près quatre ou cinq motivations. La
première et je pense que cela constitue quand même un
nombre minimum de parents, c'est qu'on voit là une façon d'avoir
un revenu d'appoint. Cela ne sert à rien de se le cacher, c'est un fait.
Mais il se retrouve, il faut le souhaiter, chez un minimum de parents.
Une deuxième motivation, c'est que des parents ont
élevé leur famille, aiment les enfants, veulent, au plan social,
rendre service, ont des motivations fort louables et s'engagent dans cette
vocation de servir de foyer d'accueil pour vraiment rendre service à la
fois aux enfants eux-mêmes et à la communauté en
général. Je pense que c'est une motivation tout à fait
louable.
Il y en a d'autres pour qui ce désir s'exerce à
l'égard d'enfants handicapés qu'ils savent plus difficilement
adoptables ou non adoptables.
Il y a aussi cette catégorie que peut-être on rencontre
moins, de familles qui ont pris des enfants en foyer d'accueil. Ceci se
rencontrait autrefois avec des enfants plus vieux, à la campagne,
où on trouvait là quelquefois une main-d'oeuvre. On aimait les
enfants, mais c'était une main-d'oeuvre utile. Cela peut encore exister
dans certains cas. Je pense que cela ne sert à rien de jouer à
l'autruche et de penser que tout le monde est parfait, que tout le monde a des
intentions pures et que tout le monde veut tout faire, avec les meilleu-
res intentions du monde. Il y a là un danger de l'adoption
subventionnée, surtout si on continue de subventionner les gens
après qu'ils auront fait une demande officielle d'adoption.
Il s'ajoute maintenant aussi une quatrième catégorie. Ce
sont les enfants qui sont pris en famille d'accueil, vu le peu d'enfants
adoptables, où on se dit: Si on le prend en famille d'accueil, c'est une
façon détournée de pouvoir avoir pour adoption un enfant
pour lequel, autrement, les délais seraient très
considérables.
Une chose est certaine et je pense que, là-dessus, les
spécialistes de l'adoption savent fort bien qu'au point de
départ, les motivations des parents qui veulent adopter sont fort
différentes de celles des foyers qui prennent des enfants eri foyer
d'accueil.
Je lisais dans le dernier numéro d'Intervention je ne sais
pas si c'est le dernier, celui de l'hiver 1979 un article sur les
enfants adoptables non adoptés. Les motifs d'hésitation des
parents d'accueil face à l'adoption et leurs réflexions face
à leur expérience. Je conseillerais au ministre de le lire. C'est
assez intéressant. Il y a plusieurs motifs qui sont invoqués. Le
motif le plus fréquent pourque les parents d'accueil n'adoptent pas est
un motif d'inquiétude à l'égard du comportement futur de
l'enfant. Souvent, c'est un enfant qui est un peu plus vieux. Pourquoi n'a-t-il
pas été adopté? Ou c'est un enfant qui a eu des foyers
d'accueil successifs, des problèmes de comportement, ou, encore, c'est
un enfant handicapé.
Le second motif d'hésitation, c'est la crainte reliée au
bagage héréditaire psychologique de l'enfant. Je ne vais pas vous
lire tout l'article.
Le troisième motif est constitué par les
préjugés et les craintes de l'entourage à l'égard
des enfants du service social. C'est un vieux préjugé. C'est le
terme qu'on utilise ici, dans le numéro de l'hiver 1979, qui semble
être encore le terme populaire utilisé j'aurais cru qu'avec le
temps, cela aurait été modifié.
Un quatrième motif d'hésitation vient d'un rejet
manifesté par des personnes précises de l'entourage.
Un cinquième motif d'hésitation a trait à la
question financière.
Un sixième motif d'hésitation j'ai trouvé
cela intéressant, je n'y avais jamais songé a trait au
désir qu'ont les parents d'accueil de ne pas blesser un enfant en
avouant ouvertement, par une démarche d'adoption, une
préférence pour l'autre enfant qu'ils gardent en famille
d'accueil. J'imagine que c'est là où il y a plus d'un enfant en
famille d'accueil. On continue avec 7 et 8.
Je pense que ceci démontre... Je pense qu'on ne peut pas parler
d'étude scientifique, il s'agit d'un nombre limité,
l'échantillon est limité, mais ce sont des observations de
praticiens dans le domaine de l'adoption, dans le domaine des foyers d'accueil.
Je pense que la situation qu'on veut corriger, c'est qu'il puisse exister un
certain nombre de cas où l'adoption subventionnée pourrait
apporter une solution plus durable au problème des enfants. Je pense
qu'on ne peut pas mettre cela en doute, mais, à partir de quelques cas,
faire une règle générale qui donne une autre approche
à tout le domaine de l'adoption, cela me semble prendre un risque
très grand.
J'aimerais peut-être que le ministre me dise... Au lieu de
créer dans la loi tout un mécanisme qui maintenant dit: On va
faire de l'adoption subventionnée, pourquoi n'a-t-il pas recours ou les
CSS n'ont-ils pas recours, si l'hésitation que les parents ont à
adopter est reliée à une question de subvention ou d'aide
financière, à ce que les conseils de services sociaux ont
à l'intérieur de leur budget, ce qu'on appelle les fonds
spéciaux à l'enfance, pour que, dans une période
donnée, si vraiment, en toute connaissance de cause, c'est
évalué que c'est pour une raison strictement financière et
d'abord financière qu'on n'adopte pas un enfant, on puisse, pendant une
période X de temps, lui aider à franchir cette période
difficile?
Je pense que cela serait acceptable, mais faire entrer dans un projet de
loi ou dans une loi ce principe d'adoption subventionnée, je pense que
c'est venir fausser le principe même de l'adoption qui doit partir d'une
motivation différente de celle qu'entretiennent ordinairement et d'une
façon quasi générale, avec toutes sortes de nuances, si
vous voulez, les parents qui prennent des enfants en foyer d'accueil.
C'est pour cela que j'arrive avec cette motion qui, dans le fond, aurait
été une motion de substitution, si ma motion de 37-3 avait
été refusée... A la suite de la recommandation qui venait
de la corporation des travailleurs sociaux qui parle justement de l'adoption
subventionnée... Je lis au texte: "Notre troisième commentaire
vise l'ouverture faite à l'adoption subventionnée. A notre avis,
il s'agit d'une mesure dont l'utilisation peut être très positive,
mais qui doit être utilisée parcimonieusement et avec beaucoup de
prudence. Nous nous demandons si cette mesure ne devrait pas n'être
utilisée que pour un laps de temps donné, ce qui permettrait de
régulariser les cas en souffrance, des situations où,
jusqu'à un certain point, on a fait porter à des familles
d'accueil le poids de certains défauts de la part des
établissements avec lesquels elles travaillent. Notre crainte et
ceci est très important est en effet de voir se
généraliser cette mesure qui, bien que nécessaire, n'a pas
les mêmes effets que l'adoption tout court. A cette première
réticence qui peut se discuter entre écoles de pensée,
nous en joindrions une autre que nous trouvons plus grave. En effet, ne
risquerait-on pas de voir cette mesure devenir discriminatoire face aux
familles naturelles, au seuil ou en deça du seuil de pauvreté,
qui, suite à diverses pressions, placent leurs enfants et qui ensuite ne
trouvent que difficilement moyen de les reprendre?"
Je pense que c'est une considération extrêmement
sérieuse. Je pense que le ministre a la même lettre devant lui.
C'est vraiment mon inquiétude. Autant je veux être de bonne foi et
dire: II se peut que, dans un nombre restreint de cas, une subvention pourrait
résoudre le problème ou pourrait régler ou
légaliser une situation que tout le monde
souhaite voir légalisée, mais on vient d'ouvrir dans un
projet de loi une porte qui, à mon point de vue, peut créer des
abus. Contre ceci, franchement, je tiens à le redire encore une fois, au
moins, ce sera au journal des Débats, ma distraction d'avoir voté
pour l'article 3, alors que je m'oppose formellement à 37-3.
Ce que j'apporte comme motion, à ce moment, évidemment,
c'est bien marginal par rapport au principe auquel je m'oppose. Le ministre
nous avait dit à un moment donné: On va accorder de l'aide
financière, de toute façon, uniquement pour une période X.
Déjà, en introduisant ma motion pour une période maximale
d'un an, on oblige, on force la famille j'aime mieux le terme "obliger"
à dire: J'ai un délai d'un an pour m'arranger
financièrement pour ensuite, totalement, assumer la charge que j'ai
décidé, avec mon conjoint, ou avec toute ma famille, d'assumer.
En le laissant ouvert, d'abord, on expose les CSS à beaucoup de formes
de chantage. Il y aura toujours une situation qui va survenir, parce que
jusqu'à un an, il pourra avoir de l'aide financière, et au bout
d'un an, il y en a un qui tombe malade, ils font face aux mêmes
problèmes auxquels une famille ordinaire fait face.
Pourquoi ... dans le cas de famille d'adoption, si c'est vraiment
l'adoption qu'on veut promouvoir, laissons ouverte, sans restriction, cette
période durant laquelle l'aide financière pourrait être
accordée. Le ministre dit: On ne voudrait pas, par une trop grande
rigidité, que pour trois mois, pour six mois, pour neuf mois, on soit
mal pris, on soit dans un carcan. Je pense que quand vous lui donnez un maximum
d'un an, vous lui donnez quand même une période de temps
nécessaire pour refaire les ajustements nécessaires pour assumer
ce qui est désormais son enfant au même titre que tous les autres
enfants qui composent la famille, ou s'il n'y en a pas d'autre, l'enfant que
l'on décide être le noyau de la famille.
Je pense que ma motion, même si j'ai été
obligée de prendre un détour, demeure justifiée, compte
tenu des dangers et des écueils très sérieux qui
apparaissent à l'adoption subventionnée. Je pense que c'est une
balise minimum qu'on y met. Vous donnez à la famille un an, sans cela,
si elle n'est pas prête après un an, vous allez être
obligé de la subventionner jusqu'à la mort de l'enfant, vous
allez être obligé de la subventionner pendant 25 ans,
jusqu'à ce que l'enfant devienne adulte et puisse subvenir à ses
propres besoins. Si, par hasard, dans le cas d'un handicapé, il ne le
peut pas, il y a les autres dispositions des lois sociales qui viennent
à l'aide de cet adulte handicapé. Le ministre les connaît
mieux que moi.
A mon point de vue, c'est une proposition qui a sa place dans ce projet
de loi comme une balise, cette mesure de prudence à laquelle la
corporation fait appel. Le ministre mentionne les 40 Etats américains.
Cela m'amuse toujours beaucoup. Evidemment, je suppose que tout le monde fait
la même chose. On est souvent en désaccord avec l'Ontario mais
quand une mesure de l'Ontario justifie sa propre argumentation, on cite
l'Ontario comme modèle. Dans le cas des Etats-Unis, quant à faire
notre argumentation, cela devient bon. Si, par hasard, c'était contre
notre propre argumentation, on les dénoncerait. Le cas des polyvalentes
est un excellent cas dans ce sens.
M. Grenier: J'aime mieux Ottawa en exemple.
Mme Lavoie-Roux: Cela leur est arrivé même...
M. Grenier: Oui?
Mme Lavoie-Roux: Oui. D'ailleurs, je pense que c'est un
réflexe...
M. Lazure: ... plus large, c'est pour cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est un réflexe bien humain. Je pense
qu'il y a peut-être l'expérience des Etats-Unis. Les Etats-Unis
ont peut-être eu des problèmes particuliers avec l'adoption des
noirs. Il se peut que cela ait été un facteur. Je parle sans
savoir.
M. Lazure: II n'en manquait pas.
Mme Lavoie-Roux: Je vais arrêter, parce qu'on est rendu
à 11 h 45, mais cela me semble extrêmement important.
Le Président (M. Laberge): Je cède la parole au
député de Mégantic-Compton. (11 h 45)
M. Grenier: Brièvement, sur la motion qui a
été reçue de Mme le député de L'Acadie
qui a soulevé de bons arguments, je pense, bien
étoffés, à savoir, d'abord, les comparaisons entre les
familles d'accueil je connais bien, d'ailleurs, le fonctionnement des
familles d'accueil et la personne qui décide d'adopter un enfant.
Bien sûr, si on les avait devant nous, ce serait simple de pouvoir se
prononcer et l'adoucissement qu'apporte le député de L'Acadie
à la loi en disant: "Pour une période maximale d'un an", va nous
aider à voir clair dans ce que le ministre se réserve, quand on
dit: Le cas où le ministre peut accorder l'aide financière. Cela
veut donc dire qu'il se peut qu'il ne la donne pas non plus. Cela va lui donner
le temps de mesurer l'étendue et ses modalités.
Si on avait eu devant nous les règlements, on n'aurait
peut-être pas eu besoin de l'amendement. C'est une réserve qu'on
se donne ce matin, parce que la personne qui décide d'adopter un enfant
c'est un argument qui est valable à mon sens c'est pour
d'autres raisons que pour un revenu personnel.
Je pense bien que c'est l'économie générale de la
loi qui veut qu'on préserve ici, dans l'adoption des enfants, tant les
familles dans le besoin que les familles plus à l'aise. Je pense que
c'est le but de l'article ici, à savoir que les personnes moins dans le
besoin peuvent faire d'excellents parents, même meilleurs que d'autres,
et on ne veut pas leur fermer cette porte-là. Encore une
fois, si on avait su, de la part du ministre, quelle est son intention
face au niveau de vie, par exemple d'une famille qui a un revenu de $17 000 par
année, ou $15 000 par année... Il n'accordera pas son aide
à l'une et il pourra l'accorder à l'autre, en tenant compte du
nombre d'enfants par famille; c'est tout ça qui nous aurait permis de
voir clair. Mais, compte tenu que nous n'avons pas devant nous cette
réglementation, je pense bien que la période d'un an qu'on
demande ici, dans l'amendement, devrait être étudiée
sérieusement. De toute façon, moi, ça me plaît et je
pense qu'un amendement comme celui-là mérite mon appui.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, un dernier mot contre
l'amendement. Je répète encore une fois qu'il s'agit d'enfants
plus âgés, d'enfants qui sont difficilement adoptables dans les
circonstances. Très souvent, les enfants auront séjourné
pendant quelques années dans une famille d'accueil et il y aurait
avantage pour tout le monde, surtout pour l'enfant en question, qu'il soit
adopté légalement par les parents nourriciers.
C'est une porte que nous ouvrons. Le député de L'Acadie
dit: Pourquoi ne pas tout simplement utiliser les caisses d'aide
financière que possèdent tous les centres de services sociaux
pour des allocations aux enfants? Cela pourrait se faire, jusqu'à un
certain point, mais je pense qu'il est temps qu'on reconnaisse non seulement
l'aspect pratique, l'avantage pratique de cette adoption subventionnée,
mais aussi son principe. Ceux ou celles qui s'opposent au principe de
l'adoption subventionnée invoquent la motivation de parents adoptifs qui
ne devraient pas du tout être influencés par les aspects
pécuniaires. Bon! Moi, j'admire une telle pureté de motivation,
mais ça me fait penser un peu, en sens inverse, à une croyance
qui était répandue autrefois, à savoir qu'on ne pouvait
pas obtenir un traitement de psychanalyse, psychiatrique ou même
psychologique sans avoir à débourser de l'argent directement
à celui ou à celle qui donnait le traitement. Pendant des
années, cela a été un mythe que ça
détruisait la relation entre le thérapeute et l'individu si
c'était fait gratuitement; il fallait que l'individu paie.
A l'inverse, moi, j'ai la conviction que des parents adoptifs peuvent
être d'excellents parents, même s'ils reçoivent une certaine
compensation financière pour l'adoption d'un enfant. Donc, puisque la
plupart des autres sociétés le font depuis quelques
années, nous voulons l'inscrire dans notre loi, le principe de
l'adoption subventionnée. Nous disons dans le texte: Le ministre peut,
dans les cas et selon les critères, modalités et conditions
prévus par règlement, ce sera bien déterminé par le
règlement. J'ai toujours dit, depuis qu'on discute de ce projet, qu'il
s'agissait d'un petit nombre d'enfants. J'ai évoqué une centaine
de cas par année. J'ai toujours dit que c'étaient des solutions
temporaires pour chacun de ces enfants.
Si le député de L'Acadie, dans sa motion d'amendement,
veut faire passer le principe que la subvention doit être temporaire, ce
principe nous le reconnaissons déjà. Mais, en disant un an, on se
met encore une fois une contrainte qui est très rigide, et même si
ça peut être satisfaisant pour la grande majorité des cas
où il y aurait une subvention, ça pourrait être un obstacle
dans un certain nombre de cas. C'est pour ça qu'on doit s'opposer
à l'amendement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je sais que je ne convaincrai pas le ministre,
mais il semble quand même y avoir contradiction dans ses propos. Il dit
que ce sera d'une façon temporaire mais il ne veut pas nous dire quel va
être ce "temporaire". Je pense qu'un an est une période
raisonnable. Quels sont les critères qu'il utilise pour dire qu'il
faudra que ça aille au-delà d'un an? Il dit: II faut le faire,
parce que ce sont des enfants plus âgés. Même pour des
enfants plus âgés, est-ce que ce sont des enfants en pension que
vous voulez laisser à ces familles d'adoption ou si ce sont des enfants
que vous voulez faire adopter? Si ce sont des enfants que vous voulez faire
adopter, il faut qu'une famille examine toutes les implications
financières, économiques, psychologiques ou autres de l'adoption
d'un enfant.
Je ne vois pas pourquoi, parce qu'il s'agit d'un enfant plus
âgé ou d'un enfant handicapé, ces familles, qui
désormais vont se considérer comme une famille une famille
adoptive, pour moi, c'est comme une famille ordinaire vont avoir des
privilèges que les autres familles qui ont les mêmes
problèmes au plan financier parce que c'est un enfant
handicapé ou un enfant difficile, etc. et les mêmes
obligations que la famille avec un enfant adopté.
Je maintiens, M. le Président ce sera mon dernier mot
qu'on introduit dans la loi un principe extrêmement dangereux et
qui, au lieu d'atteindre les objectifs que le ministre dit vouloir atteindre et
qu'il pourrait atteindre, s'il avait accordé une période de temps
pour régulariser certaines choses, va donner une autre direction
à toute la philosophie de l'adoption et malheureusement, je pense,
risquer de gâcher la qualité des adoptions futures en
général.
C'est la seule place où je pourrai voter contre, mais je vais
certainement voter... D'après ce que le ministre vient de nous dire, ma
motion va être rejetée...
M. Grenier: Là, il est ébranlé!
Mme Lavoie-Roux: Oui?
M. Grenier: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Vous croyez à ça, vous?
M. Grenier: Oui, parfois! Il y a parfois des gens qui ont du
jugement.
Le Président (M. Laberge): J'accorde la parole au
député de Beauharnois.
M. Lavigne: M. le Président, je pense qu'il y a une chose
qu'il faut faire ressortir, ici. Je comprends bien les propos du
député de L'Acadie et c'est louable, dans le fond, et ça
devrait toujours être comme ça, à mon avis, lorsque vous
dites que, quand une personne décide d'adopter un enfant, c'est comme
quand une personne ou deux conjoints décident de concevoir, dans le sens
du mot, un enfant...
Mme Lavoie-Roux: On ne peut pas mieux dire.
M. Lavigne: Oui et s'il vient au monde bien beau, bien
intelligent, tant mieux, mais il peut aussi venir au monde handicapé,
etc. Les parents savent que, en ayant un enfant, ça va coûter des
cents, bien sûr, comme au couple ou à la famille qui décide
d'adopter un enfant. A partir de ce moment, ils savent que ça va
coûter des cents aussi. Donc, à ce moment, il n'y a pas de
différence, il s'agit de décider, pour ces parents, s'ils font un
enfant eux-mêmes ou s'ils en adoptent un.
Dans un cas comme dans l'autre, ça va coûter des cents, on
le sait très bien. J'ai vécu ce problème, parce que
j'étais professeur, en milieu défavorisé. J'ai connu,
parmi mes étudiants, plusieurs enfants qui étaient en foyer
nourricier. Initialement, quand les familles d'accueil les prenaient comme
enfants en foyer nourricier elles les prenaient, dans la plupart des cas, pour
un revenu d'appoint. C'était là l'amorce du contact entre ces
nouveaux parents de foyer nourricier et l'enfant, mais il s'avérait que,
en cours de route, ces parents qui avaient pris l'enfant pour un revenu
n'étaient pas des parents bourreaux, c'étaient des parents
sensibles. Au contact de l'enfant, ils ont développé une
espèce d'affection pour cet enfant, une connaissance de l'enfant et le
désir de vouloir le garder pour eux, comme leur propre enfant et
l'adopter pour de bon.
Mais, à partir du moment où ils décidaient de poser
ce geste je pense que c'est ça que vient toucher l'article
ils étaient pénalisés sur le plan pécuniaire. Tant
qu'ils le gardaient comme enfant en foyer nourricier, ils recevaient tant par
semaine ou par mois et, après six mois ou un an, après l'avoir
aimé parce que ça se développe l'amour qu'on peut
avoir pour un enfant au début, quand ils prenaient cet enfant
comme enfant venant en foyer nourricier, ils ne le connaissaient pas, ils ne
savaient pas qu'ils étaient pour l'aimer. Il est arrivé que ces
sentiments d'amour pour l'enfant se sont développés en cours de
route. Le jour où ils ont voulu poser le geste de l'adopter
définitivement, ils étaient pénalisés sur le plan
pécuniaire. Je me dis que ça n'enlève rien, ça ne
donne pas ou ça n'enlève pas de sentiments aux gens qui
décident d'adopter ou de ne pas adopter. Mais pour ceux qui veulent
adopter ces enfants-là parce qu'ils les aiment, pourquoi les
pénaliser sur le plan pécuniaire?
Mme Lavoie-Roux: Pendant combien de temps allez-vous laisser
continuer ça?
M. Lavigne: C'est ça, les règlements viendront le
dire...
M. Lazure: M. le Président, je ne veux rien ajouter aux
paroles très sages du député de Beauharnois. On recourra
à son expertise psychosociale...
Mme Lavoie-Roux: II vient vous appuyer...
M. Lazure: Je pense qu'il a très bien expliqué un
phénomène très courant qui se passe chez les parents
nourriciers. Pour revenir à la dernière question du
député de L'Acadie, je répète encore une fois: Dans
notre esprit, ce sera toujours temporaire. La différence, c'est qu'on ne
veut pas mettre le temporaire dans le texte de loi, mais ça sera dans la
décision du cas par cas; l'aspect de la durée de la subvention
sera évidemment spécifiée. En d'autres termes, on se
rejoint sur le principe, il faut que ce soit temporaire; c'est une mesure de
transition, pour ne pas trop pénaliser les gens...
Mme Lavoie-Roux: ... l'esprit comme temporaire?
M. Lazure: Ce peut être, dans la plupart des cas, j'imagine
que ce sera autour d'un an, mais pourquoi nous barrer les jambes avec un an
exactement si, à un moment donné, dans un cas donné, ce
serait préférable de prolonger à un an et demi?
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi, à ce moment-là, recourir
aux fonds spéciaux?
M. Lazure: Je peux vous assurer que ce sera inclus dans la
décision qui se fera cas par cas. Il y aura une durée limite
durant laquelle cette subvention-là sera accordée.
Le Président (M. Laberge): La motion du
député de L'Acadie la motion d'amendement qui se
lit comme suit...
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): ... "que le paragraphe f) de
l'article 41, amendé par l'article 4 du projet de loi, soit
modifié en ajoutant, dans la première ligne, après le mot
"peut", les mots "pour une période maximale d'un an,"... Cette motion
est-elle adoptée? Vous avez demandé le vote nominal. J'appelle le
vote. M. Forget (Saint-Laurent), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)...
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Laberge): M. Gosselin (Sherbrooke).
M. Gosselin: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Gravel (Limoilou).
M. Gravel: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Laberge): M. Lavigne (Beauharnois).
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Lazure (Chambly).
M. Lazure: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Jolivet (Laviolette), M.
Paquette (Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw (Pointe-Claire). La
motion d'amendement est donc rejetée, le vote étant: deux pour et
quatre contre.
Je reviens à l'article 4 sans amendement.
M. Grenier: A l'article 4, très rapidement, je ne veux pas
employer le temps. J'aurais voulu, pour être conséquent avec
l'article 1, alors que nous avons proposé un amendement qui a
été rejeté, bien sûr, je voudrais proposer quand
même un dernier amendement qui se lirait comme ceci... Je ne reprends pas
la discussion qui a eu lieu au moment de l'article 1, c'est pour ça que
je vous le donne tout de suite. Je dis qu'on devrait ajouter, après le
paragraphe g) de l'article 4, l'alinéa suivant: "Toutefois, toute
personne intéressée peut en appeler au Tribunal de la jeunesse de
toute décision rendue à la suite de l'application d'un tel
règlement". Pour que ce ne soit pas uniquement les fonctionnaires qui
décident, mais que les gens aient quand même droit à un
autre tribunal pour leur permettre l'application de ce règlement. Je
pense que c'est clair, on n'a pas besoin d'autres explications.
Le Président (M. Laberge): Je crois que la motion est
recevable et je la reçois pour discussion. Est-ce que quelqu'un veut
intervenir? M. le... Un instant... M. le ministre.
M. Lazure: On doit s'opposer à cette motion qui
réserverait un droit d'appel au Tribunal de la jeunesse, si je comprends
bien le sens de la motion, dans les cas où il y aurait refus de
subvention pour adoption. C'est ça? On doit s'y opposer parce qu'encore
une fois, il s'agit d'une mesure exceptionnelle qui aura des balises, des
critères, des modalités, des normes bien claires qui seront
édictées par les règlements. (12 heures)
Je ne vois pas en quoi le tribunal de la jeunesse serait
particulièrement compétent, au-delà des recommandations
des centres de services sociaux, puisque le ministère décidera en
tenant compte des recommandations des centres de services sociaux, d'accorder
ou non une subvention au moment de l'adoption.
Je ne vois pas quelle expertise additionnelle le tribunal de la jeunesse
pourrait apporter dans ces cas-là.
M. Grenier: Je n'interviens pas davantage, M. le
Président, tenant compte de la discussion que j'avais amorcée
à l'article 1 qui était dans le même esprit. On avait
demandé qu'il y ait quand même une espèce d'appel, alors
que le ministre était seul appelé à déterminer les
possibilités d'adoption. Alors, dans le même esprit, j'ai
proposé cet amendement avec la pensée qu'il n'y aurait pas,
sur-le-champ, parfois la bénédiction du ministre, mais on ne sait
jamais, on devient plus conciliant, surtout quand on dit qu'il n'y a eu aucun
amendement accepté au cours de la loi. On aurait pu faire certaines
concessions à la fin à l'endroit de l'Opposition.
M. Lazure: M. le Président, une dernière remarque.
Si on acceptait cet amendement, le recours au tribunal de la jeunesse,
ça voudrait dire qu'on crée un droit à l'adoption
subventionnée, alors que ce qu'on veut créer par cette clause de
notre projet de loi, c'est une discrétion ministérielle et non
pas un droit pour chaque futur parent adoptif, de recevoir la subvention en
question. Il n'y a personne qui veut ça, il n'y a personne qui veut
que...
M. Grenier: Encore une fois, si on avait devant nous la
portée de la réglementation, on n'arriverait peut-être pas
avec un amendement comme celui-là, mais étant donné qu'on
ne l'a pas, quand on dit qu'un ministre peut accorder une aide
financière, mais s'il ne la donne pas, on dit "peut", et s'il y a des
cas où ce serait utile qu'elle soit donnée, comme on l'a
mentionné dans l'amendement du député de L'Acadie, si
c'était utile, qu'on...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il ne faudrait pas aller à la
Commission des affaires sociales à ce moment-là?
M. Lazure: Encore là...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il n'y aurait pas un recours?
M. Lazure: ... le comité de législation nous
interdit de faire, de façon indirecte, ce qu'on ne peut pas faire de
façon directe. De façon indirecte, en prévoyant l'appel,
on donnerait un droit, l'adoption à subvention deviendrait un droit,
alors que
dans notre intention, ce n'est pas cela. Dans notre intention, c'est
d'en faire une discrétion ministérielle.
Mme Lavoie-Roux: Pour répondre à ma question, M. le
Président, est-ce que dans n'importe quel domaine des affaires sociales,
là où quelqu'un se sentirait lésé, il n'y aurait
pas un recours auprès de la Commission des affaires sociales pour faire
valoir que le CSS a été injuste à son égard?
M. Gosselin: Si vous permettez, je note de l'intervention du
député de Mégantic-Compton, la préoccupation
suivante, et j'espère qu'on pourra en tenir compte dans nos
règlements. Il pourrait s'agir d'un cas d'un jeune de 16 ans. On sait
comment les jeunes de 14 ans ou 15 ans peuvent être ballotés d'un
foyer nourricier à un autre, et la perte de la subvention aux parents
pourrait amener le fait que le jeune ait à être replacé
dans un nouveau foyer. Je pense qu'il faut, dans nos règlements, dans
nos dispositions, tenter d'éviter ces cas-là et d'éviter
que par manque de ressources financières, une famille qui aurait le
goût d'adopter un jeune, soit empêchée de le faire.
Je ne suis pas en mesure de voter pour cet amendement, parce que je
pense que ça introduit des dispositions toutes nouvelles qu'il vaudrait
la peine d'examiner beaucoup mieux et je ne suis pas certain que les
règlements ne pourront pas prévoir, d'une manière
relativement certaine, les dispositions qui pourraient empêcher ces cas
de se produire.
Mme Lavoie-Roux: Je veux avoir une réponse à ma
question. Est-ce que quelqu'un qui jugerait qu'il est l'objet d'une
décision arbitraire ou discrétionnaire de son travailleur social,
ou de qui que ce soit qui s'occupe de lui, aurait un recours auprès de
la Commission des affaires sociales?
M. Lazure: M. le Président, il y aurait certainement un
recours au conseil régional de la santé et des services
sociaux.
Mme Lavoie-Roux:... seulement à la Commission des affaires
sociales, je pense.
M. Lazure: Je ne l'élimine pas, mais je vous dis que
certainement le CRSSS agit un peu comme I'ombudsman des services de la
santé et des services sociaux pour sa région.
M. Grenier: Mais il n'y a quand même rien de prévu
dans la loi là-dessus. C'est un pouvoir discrétionnaire que le
ministre se donne. C'est bon à l'occasion, mais cela crée aussi
des difficultés comme celles-là. En attendant qu'on ait quelque
chose de plus clair, vu que l'amendement qu'on vient de proposer à f) a
été rejeté, je pense que c'est une espèce de pneu
de rechange qu'il aurait peut-être été important de se
donner. Si le ministre dit non, c'est non, mais c'est à la
discrétion du ministre, c'est lui qui décide. Dans le moment,
avec l'article qu'on a là, il n'y a personne d'autre qui a un mot
à dire. Je veux bien que le CRSSS ait un droit de recours, que l'enfant
ou le jeune, ou les personnes concernées aient un droit de recours, mais
ce n'est pas écrit nulle part. Il n'y a personne qui nous le dit, il n'y
a personne qui le garantit.
M. Gosselin: Est-ce qu'en vertu des dispositions mêmes de
la Loi sur la protection de la jeunesse, une cause ne pourrait pas être
introduite auprès du Tribunal de la jeunesse, peu importent les
dispositions de la loi 13, pour obliger, compte tenu du bien de l'enfant
à dédommager en conséquence la famille qui garde l'enfant,
pour qu'elle puisse continuer de le garder? C'est une question que je
formule.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Sherbrooke demandait si une cause pourrait éventuellement être
introduite devant le Tribunal de la jeunesse au cas où les personnes
croiraient qu'il y a lésion?
M. Lazure: Est-ce qu'on parle encore de l'adoption
subventionnée ou si on parle de l'adoption en général?
Mme Lavoie-Roux: Subventionnée.
M. Lazure: Subventionnée, la réponse est non. Si on
parle d'adoption suventionnée où il y aurait refus du ministre
d'accorder une subvention aux parents adoptifs, dans le projet de loi qu'on
présente, dans la loi actuelle, il n'y a pas de recours au Tribunal de
la jeunesse. Comme je l'ai expliqué tantôt, il y aurait
certainement recours possible au Conseil régional des services sociaux
et des services de la santé.
M. Gosselin: Mais dans la Loi sur la protection de la jeunesse,
est-ce qu'il n'est pas prévu qu'une famille pourrait s'opposer à
ce que l'enfant passe dans un autre foyer, par défaut de
disponibilités financières pour le conserver?
M. Lazure: Oui, mais cela est une autre chose.
Mme Lavoie-Roux: Cela rejoindrait l'objectif soulevé par
le député de Mégantic-Compton si une telle disposition
était présente, si une telle possibilité était
présente.
M. Lazure: Non seulement la famille, mais l'enfant lui-même
peut s'opposer, s'il a 14 ans, par exemple, au transfert dans une autre
famille, ou il peut s'opposer au fait de passer du statut d'enfant dans une
famille d'accueil à enfant adopté. C'est sûr qu'il peut
s'opposer à cela, s'il a 14 ans et plus.
Mme Lavoie-Roux: Le tribunal pourrait obliger le ministre
à dire: La raison de son transfert du foyer A au foyer B est attribuable
à l'absence d'une allocation et il pourrait obliger le ministre à
verser l'allocation.
M. Grenier: Je pense qu'il ne faut pas oublier...
M. Lazure: On étire la loi si on dit cela. Ce n'est pas
notre interprétation.
M. Grenier: Mais l'adoption subventionnée, c'est
maintenant du droit nouveau. Il n'y a rien qui nous assure, dans les textes,
que l'enfant sera protégé ou que les parents qui ont un enfant en
adoption le seront. Le ministre a beau faire référence aux CRSSS,
au Tribunal de la jeunesse, il n'y a rien qui accroche nulle part. On ne se
rejoint nulle part. C'est laissé quand même bien flou, comme le
ministre le constate.
M. Lazure: L'article 9 de la loi actuelle dit que l'adoption ne
peut avoir lieu qu'avec le consentement de l'enfant, s'il est âgé
de 10 ans ou plus. On en couvre une grande partie, surtout que cette adoption
subventionnée, on l'a dit maintes fois, c'est à l'adresse des
enfants plus âgés.
M. Lavigne: Je lis actuellement une espèce
d'inquiétude face à cela. Je ne connais pas toutes les
réglementations et tout ce qui touche l'adoption, mais il n'en reste pas
moins que, même si vous permettez à un enfant de 14 ans de pouvoir
évaluer lui-même les parents qui vont l'adopter ou qui ont fait
une demande d'adoption, vous savez comme moi qu'à 14 ans je ne
sais pas si j'étais plus démuni qu'un autre c'est quand
même assez difficile pour un enfant d'évaluer deux adultes chez
qui il va éventuellement aller vivre et qui vont finalement devenir ses
parents.
On peut bien avoir, si vous me permettez l'expression, une espèce
de "feeling" favorable ou défavorable, mais ce ne sera basé sur
rien de vraiment sérieux, ce sera un aperçu bien superficiel de
ce que pourraient être éventuellement ces adultes pour lui. N'y
a-t-il pas une espèce de balise ou de sécurité qui
pourrait être évaluée par des adultes face à la
capacité des parents adoptifs de recevoir cet enfant-là comme
leur enfant?
M. Lazure: Oui, M. le Président, c'est cela que fait
justement le centre de services sociaux. L'évaluation est
obligatoire.
M. Lavigne: Ah bon!
M. Lazure: Ah oui, elle est obligatoire.
M. Lavigne: D'accord.
M. Lazure: II y a une période de probation aussi, de six
mois.
Le Président (M. Laberge): L'amendement du
député de Mégantic-Compton...
M. Grenier: Rejeté sur division.
Le Président (M. Laberge):... ayant pour effet d'ajouter,
après le paragraphe g) de l'article 4, l'alinéa suivant:
"Toutefois, toute personne intéressée peut en appeler au Tribunal
de la jeunesse de toute décision rendue à la suite de
l'application d'un tel règlement", est à ce qu'il semble
rejeté sur division.
M. Grenier: Rejeté sur division.
Le Président (M. Laberge): J'appelle l'article 5. Pardon!
Il faut que je revienne plutôt à l'article 4.
Une Voix: Adopté. Le Président (M. Laberge):
Adopté. Mme Lavoie-Roux: Sur division. M. Grenier: Sur
division.
Le Président (M. Laberge): Adopté, sur division.
J'appelle l'article 5.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai une remarque sur
l'article 5. Je trouve que les amendes ne sont pas assez élevées,
surtout dans le cas de l'adoption internationale. C'est un secret de
polichinelle que des parents ont payé jusqu'à $3000 et $4000 pour
avoir un enfant à des agences internationales dites d'adoption; $500
d'amende, pour ceux qui ne se soumettent pas à la loi et $1000 pour
récidive, cela ne m'apparaît pas assez élevé. Je
proposerais de les augmenter à $1000 dans le cas de la première
amende et à $2000 dans le cas de la corporation.
M. Lazure: M. le Président, je n'ai pas d'objection de
principe à une hausse. Je fais remarquer à la commission que la
loi actuelle prévoit seulement une amende de $100, n'excédant pas
$100.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il y a eu l'inflation. C'est en quelle
année cela?
M. Lazure: Oui. Ma première remarque, c'est qu'on passe de
$100 à $500, d'une part; le deuxième changement c'est qu'on
impose, on prévoit la peine de prison, qui n'était pas
prévue autrefois et, troisièmement, en cas de récidive, on
peut aller jusqu'à $1000 et à six mois de prison dans le cas de
l'individu et à $2000 s'il s'agit d'une corporation.
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est toujours à défaut de
paiement que vous avez l'emprisonnement, n'est-ce pas?
M. Lazure: Un instant! "d'une amende d'au plus $500 ou, à
défaut de paiement, d'une peine d'emprisonnement de trois mois, s'il
s'agit d'un individu, ou..."
Mme Lavoie-Roux: C'est "à défaut de paiement".
M. Lazure: Oui, vous avez raison, c'est à défaut de
paiement, mais on ne l'avait pas.
Dans le cas de la récidive, "le maximum des amendes et de la
peine prévues par l'alinéa..." On m'informe aussi, comme
dernière explication, qu'il y a une concordance directe avec la Loi de
la protection de la jeunesse, la loi 24.
M. Grenier: M. le Président, je vois la proposition... Je
ne sais pas si on en a fait un amendement ou si c'est une proposition. Un
amendement?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Grenier: Un amendement de $1000. J'aimerais que le ministre
nous informe des réseaux qu'il peut y avoir, parce que, bien
honnêtement, il faudrait peut-être que je vous conte à
nouveau mon histoire de l'autre jour, de la fille de la ville qui tient son
chapeau au vent et de la fille de la campagne qui tient le bas de sa robe au
vent. Je m'explique mal qu'on voie... Madame expose l'argument en disant: $500,
ce n'est pas assez, il faut $1000 et $2000. Concernant la corporation, je mets
cela de côté. Mais l'individu, mon curé chez nous et mon
médecin qui ont placé un enfant et qui ne m'ont pas
demandé un cent, qui ne connaissent pas la loi, par exemple, ou,
même s'ils la connaissent, ne pensent pas qu'elle a des dents de cette
envergure. J'ai l'impression qu'ils seraient surpris d'apprendre cela, parce
que ce ne sont pas tous des gens de mauvaise foi, à moins qu'il y ait
des réseaux que je ne connaisse pas.
Mme Lavoie-Roux: Je pensais aux agences internationales, à
l'adoption internationale bien plus qu'à l'adoption ici. (12 h 15)
M. Grenier: Locale, d'accord.
Mme Lavoie-Roux: je ne pense pas que le marché soit
aussi...
M. Grenier: Localement... Est-ce que le ministre pourrait nous
informer, j'aimerais connaître cela... Il doit certainement être en
mesure de nous dire...
M. Lazure: On a déjà répondu à cette
question. Ce n'est pas un champ d'action où on peut identifier
publiquement et faire des accusations publiques.
M. Grenier: Non, je veux dire... Remarquez bien, ce sont
peut-être des choses connues depuis dix ans...
M. Lazure: Nos fonctionnaires qui sont en contact avec ce domaine
de l'adoption nous disent qu'il y a effectivement des entremetteurs, des
intermédiaires qui exigent plusieurs centaines de dollars, c'est $3000
ou $4000, et qui donnent aussi plusieurs centaines de dollars à une
jeune femme qui vient d'accoucher et qui se laisse convaincre d'abandonner son
enfant pour adoption. Tout le monde sait que cela se passe, ceux qui sont au
courant des questions d'adoption, mais de là à pouvoir faire des
accusations publiquement, il y a une marge.
M. Grenier: Je suis d'accord là-dessus, mais il faut faire
attention aussi de ne pas sortir des épou-vantails à moineaux
quand on veut se donner une loi avec plus de temps. J'aurais aimé que le
ministre nous dise cela, mais je suis en mesure de lui dire ce qu'il disait
tout à l'heure. Je veux bien prendre sa parole, mais je ne suis pas
sûr si c'est confirmé. Il y a eu des poursuites, il y a eu des
agences au Québec. Il dit: On adopte une loi, donc on doit se baser
là-dessus. Depuis une dizaine d'années, il a dû y avoir des
gens de poursuivis. On n'annonce rien ce matin. Si on disait: Depuis une
dizaine d'années, oui, il y a dix, douze ou quinze agences qui ont
été poursuivies avec une amende de tant, et elles vendaient leur
enfant $3000 ou $5000, ce serait peut-être intéressant qu'on
connaisse cela. Vous allez peut-être me dire: Vous devriez approfondir
davantage vos dossiers, et vous auriez raison. Je n'ai pas en mémoire
des personnes poursuivies dans ce sens. Je veux prendre la parole du ministre.
Je veux prendre la parole du haut fonctionnaire de gens qui font des
transactions intéressantes. Je ne vis pas et je n'ai pas vécu
dans un milieu qui me permet de confirmer ce matin que c'est un champ
sauf dans le domaine international qui est vraiment exploité.
Quand je parle de Saint-Nicolas, de Lac-Mégantic, de
Saint-Jérôme et de Sainte-Croix de Lotbinière, il y a des
gens qui oeuvrent là-dedans. Dans la loi, on leur dit: Vous paierez
peut-être une amende de $500; dans leur cas, ce ne sont pas des
corporations pour payer $2000, c'est $500. Je trouve que c'est
déjà pas mal, si cela devait se produire, parce qu'ils sont dans
le même article, ils sont couverts par les mêmes
pénalités que les gens qui oeuvrent dans le domaine
international.
M. Lazure: ... je m'opposais à l'amendement du
député de L'Acadie, moi aussi.
M. Grenier: Possiblement; je m'oppose, mais parce que je manque
peut-être de connaissances dans ce secteur, j'aurais voulu être
éclairé davantage. Si vous me dites: Oui, il y a quinze
réseaux; un instant! je ne m'opposerai peut-être plus. On manque
d'information ici. Je veux prendre la parole des fonctionnaires. S'ils viennent
enquêter dans notre coin, je n'ai pas l'impression qu'ils vont trouver
des cas bien flagrants de transaction d'enfants, de marché noir.
Vraiment, on manque d'information pour faire adopter une loi aussi mordante que
celle-là, l'article 5; aller imposer $1000 à des gens qui
pourraient en faire et qui pourraient encore rendre service, je trouve que
c'est fort à plein. On ne répond pas. Il aime mieux ne pas me
dire combien il y a de réseaux qui ont été
dénoncés depuis dix ans.
M. Lazure: M. le Président, on a parlé de cela
tantôt. On a dit que ce n'étaient pas véritablement des
associations, des réseaux, des sociétés. Il s'agit
d'individus, généralement des avocats, qui se font les
Intermédiaires entre une femme qui veut abandonner, pour ainsi dire, son
jeune enfant, et un couple qui veut adopter un très jeune enfant. La loi
actuelle, avant les amendements que nous proposons, étant donné
qu'elle n'interdisait pas carrément l'adoption privée, cela
rendait d'autant plus difficile l'identification ou la poursuite de ces
pratiques. Elles n'étaient pas carrément illégales. Elles
pouvaient être abusives, au sens criminel, peut-être d'influence
indue auprès d'une mère récente, mais la loi, avec les
amendements que nous proposons aujourd'hui, pourra interdire carrément
ces pratiques. C'est pour cela qu'il faut vraiment mettre à jour les
amendes qui étaient prévues dans l'ancienne loi d'il y a dix ans;
une amende de $100 en 1979, cela ne fait pas très sérieux.
Le Président (M. Laberge): La motion d'amendement du
député de L'Acadie, qui a pour effet de remplacer, à la
fin de la quatrième ligne du premier paragraphe, le chiffre $500 par
$1000 et à la dernière ligne du même paragraphe, le chiffre
$1000 par $2000, est-elle...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, j'aurais dû ajouter "en
conséquence, doubler les chiffres du deuxième paragraphe", parce
qu'il s'agit d'une deuxième récidive. Si on veut être
logique, de toute façon, il faut doubler les autres chiffres.
M. Lazure: C'est cela, oui, concordance. Mme Lavoie-Roux:
Oui.
Le Président (M. Laberge): Je complète cette motion
d'amendement qui veut qu'au deuxième paragraphe du même article
43, on lise "$2000 " à la place de "$1000" et "$4000" à la place
de "$2000".
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
Le Président (M. Laberge): Cette motion d'amendement
est-elle adoptée?
Mme Lavoie-Roux: Apparemment, elle est rejetée sur
division, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): J'en tiens compte. Alors, je
dis: Rejeté sur division.
J'appelle l'article 5 de nouveau, tel qu'il se lit au projet de loi:
"L'article 43 de ladite loi est remplacé par le suivant: 43: Quiconque,
contrairement à l'article 16, place un enfant en vue de l'adoption ou
omet de donner avis au ministre, commet une infraction et est passible, sur
poursuite sommaire, en outre du paiement des frais, d'une amende d'au plus $500
ou, à défaut de paiement, d'une peine d'emprisonnement d'au plus
trois mois, s'il s'agit d'un individu, ou d'une amende d'au plus $1000 s'il
s'agit d'une corporation.. "En cas de récidive, le maximum des amendes
et de la peine prévues par l'alinéa précédent est
porté à $1000 et àsix mois, s'il s'agit d'un individu, et
à $2000 s'il s'agit d'une corporation."
Cet article 5 sera-t-il adopté?
M. Lazure: La motion d'amendement?
Le Président (M. Laberge): Non, on l'a rejetée sur
division.
M. Lazure: Adopté.
Le Président (M. Laberge): C'est l'article 5,
adopté. J'appelle l'article 6.
Mme Lavoie-Roux: Adopté sur division, l'article 5.
Le Président (M. Laberge): Article 5, adopté sur
division. Article 6 appelé.
M. Lazure: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 7?
Entrée en vigueur
M. Lazure: A l'article 7, M. le Président, on a un projet
d'amendement qu'on vient de faire distribuer qui vise à produire deux
choses: Premièrement, à prolonger d'une période de six
mois la pratique actuelle de l'adoption privée, parce qu'il y a un
certain nombre d'actions qui sont déjà en cours pour l'adoption
par les voies privées, qui étaient possibles par la loi et on
veut se donner cette période de transition pour que ces actions soient
terminées.
Deuxième objectif de l'amendement, c'est de retarder, pour une
période de quelques mois aussi, les clauses qui concernent l'adoption
internationale pour nous permettre de conclure les ententes, qui sont
évoquées dans ce projet de loi, avec les pays
étrangers.
Il s'agit d'un amendement, encore une fois, qui nous fournit une
période de transition pour l'adoption privée actuellement permise
de six mois et, deuxièmement, qui nous donne le temps de conclure les
ententes, les accords avec les pays étrangers avant que n'entre en
vigueur la clause sur l'adoption internationale.
Mme Lavoie-Roux: Une seule question je pense que ça
me semble normal ces règlements vont être publiés
dans la Gazette officielle, j'imagine?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: A quelle place est-ce indiqué?
M. Grenier: On aurait pu, M. le Président, au dernier
article, faire un amendement.
Mme Lavoie-Roux: Où est-ce indiqué qu'ils vont
être publiés?
M. Lazure: L'article 41 de la loi actuelle le dit. Mme
Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Laberge): Au dernier membre de
phrase.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que je n'ai pas la loi.
M. Lazure: Je vais vous le lire, si vous permettez.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: C'est très court. "Les règlements,
adoptés en vertu du présent article, entrent en vigueur à
la date de leur publication dans la Gazette officielle du Québec ou
à toute autre date ultérieure qui est fixée".
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de délai de 60 jours. C'est
tout de suite la première parution dans la Gazette officielle. Il n'y a
pas moyen de faire des représentations.
M. Lazure: La réponse est non. Mais les règlements,
comme pour le texte de loi, vont être soumis en consultation à
l'Association des centres de services sociaux, avec qui on a des contacts
très étroits, très suivis et on va certainement tenir
compte de ses opinions, puisque c'est l'Association qui regroupe les quatorze
centres de services sociaux qui doit appliquer cette loi, à toutes fins
utiles.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce possible je ne sais pas quelle est
la coutume que ces règlements qui seront soumis aux CSS, les
membres de l'Opposition puissent en prendre connaissance avant qu'ils ne soient
promulgués?
M. Lazure: La réponse est oui.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous ne nous oublierez pas?
M. Lazure: C'est ça.
M. Grenier: J'ai été tenté de faire un
amendement à l'article 7 pour remplacer, dans la deuxième ligne,
les mots "six mois" par "deux ans", mais cela aurait donné le temps au
gouvernement de changer. J'ai cru avec mon amendement, tout à l'heure,
que... Je ne sais pas si ça nous avantagerait puisqu'on retomberait avec
un autre gouvernement, peut-être parce qu'on en a deux sur trois qui sont
favorables à l'annulation du secteur privé.
M. Lazure: L'autre serait socialiste aussi, M. le
Président.
M. Grenier: Aussi, tout autant.
Le Président (M. Laberge): L'article 7, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Lazure: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant de terminer je
voudrais quand même rappeler au ministre...
Le Président (M. Laberge): Oui, d'ailleurs...
Mme Lavoie-Roux: A-t-on le droit de faire quelques remarques?
Le Président (M. Laberge): Oui, je vous laisse aller pour
quelques remarques, mais il faudra adopter le préambule et la loi, ce
qui n'est pas fait.
Mme Lavoie-Roux: Faites ça et après ça on
pourra...
Le Président (M. Laberge): Le préambule sera-t-il
adopté?
M. Lazure: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Le projet de loi no 13 est-il
adopté?
M. Grenier: Sur division. M. Lazure: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
Quant à moi, j'ai terminé. Vous avez un commentaire?
Mme Lavoie-Roux: Je voulais simplement dire au ministre que,
évidemment, ce projet de loi, vraiment infirme et à l'état
de nain, corrige certaines choses ou régularise certaines choses, mais
laisse en suspens des questions très importantes qu'on a
soulevées. Il y a toutes celles qui ne sont pas incluses et au sujet
desquelles les organismes de services sociaux avaient fait de multiples
représentations. Ils avaient exprimé leur insatisfaction à
savoir que le projet de loi n'allait pas plus loin que ça et même
le fait qu'on se réfugie derrière la révision du Code
civil pour y incorporer d'autres données est loin de leur sembler
suffisant.
En ce qui a trait à l'adoption internationale et à
l'adoption subventionnée, je pense que c'est l'avenir qui nous dira ce
qui en est, mais j'invite le ministre, dès que des problèmes
seront décelés, à ne pas avoir peur de revenir pour faire
modifier son projet de loi, parce que, tel qu'il est, je pense qu'il
soulève des questions très sérieuses sur la qualité
de l'adoption qui s'effectuera dans ces deux domaines particuliers.
M. Lazure: M. le Président, un dernier mot. Je veux
remercier la commission et rappeler encore une fois qu'il y a eu entente,
à l'intérieur du gouvernement, pour que le gros des amendements
que nous jugions nécessaires, nous aussi, d'apporter à la loi
actuelle de l'adoption soient apportés lors de la révision du
Code civil, dans le chapitre de la famille. C'est un engagement public qui a
été pris par le ministre de la Justice à plusieurs re-
prises; les travaux vont bon train et il y a tout lieu de croire que,
dans environ six mois, les amendements au Code civil qui touchent l'adoption,
qui touchent la famille, seront déposés.
M. Grenier: M. le Président, brièvement, j'aurai
l'occasion de revenir en troisième lecture.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: II y a des points que j'aurais voulu voir plus clairs
dans cette loi; je ne suis pas surpris, je m'attendais à ça de la
part du ministre, mais je suis quand même insatisfait et j'aurai
l'occasion de le dire en troisième lecture.
Le Président (M. Laberge): La commission des affaires
sociales qui a étudié le projet de loi no 13, Loi modifiant la
Loi de l'adoption, a adopté, sur division, le même projet de loi
et je prie le rapporteur de faire rapport à la Chambre.
Nous ajournons les travaux sine die.
Fin de la séance à 12 h 29