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Présentation de mémoires sur
l'avant-projet de loi sur
les services de garde à l'enfance
(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente des affaires sociales est
réunie ce matin pour entendre les mémoires des organismes,
groupes et personnes sur l'avant-projet de loi sur les services de garde
à l'enfance.
Les organismes convoqués pour aujourd'hui sont les Organismes
familiaux associés du Québec Inc., représentés par
Mme Denise Laporte-Dubuc; le Regroupement des garderies sans but lucratif du
Québec, représenté par Mme Louise-Andrée Boisvert;
la Fédération de la famille de Québec,
représentée par M. Pierre-Yves Boily; l'Association des
propriétaires de garderies du Québec Inc.,
représentée par M. Jean Carol Boucher; les Cercles de
fermières du Québec, représentés par Mme Diane R.
Roy; l'Association féminine d'éducation et d'action sociale
(AFEAS), représentée par Mme Lucille Bellemare; l'Association des
centres de services sociaux du Québec, représentée par Mme
Pauline Marois.
Les membres de la commission: Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), qui remplace
M. Forget (Saint-Laurent); M. Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata) remplace M.
Gravel (Limoilou); M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Lavigne
(Beauharnois), M. Lazure (Chambly), M. Martel (Richelieu), M. Paquette
(Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw (Pointe-Claire).
Les intervenants sont: M. Alfred (Papineau), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Couture (Saint-Henri), M. Lacoste (Sainte-Anne), M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M. Marcoux (Rimouski), M.
Marois (Laporte).
Y a-t-il un rapporteur? M. Lavigne (Beauharnois).
M. O'Gallagher (Robert Baldwin) remplace M. Goldbloom (D'Arcy
McGee).
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Avant de commencer, il y aurait
lieu de demander le consentement des membres de la commission pour que le
Conseil du Québec de l'enfance exceptionnelle, représenté
par M. Daniel Bouffard étant donné que le mémoire a
été reçu le 28 septembre et que le 27 septembre, il
était au bureau du ministre, alors que le délai était au
26 septembre puisse présenter quand même son
mémoire.-
M. Lazure: D'accord, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Nous sommes certainement d'accord, d'autant plus
que l'avant-projet de loi a été rendu public au cours de
l'été alors qu'il était difficile de réunir les
intéressés. Je ferais même la suggestion que s'il y en
avait d'autres qui arrivaient au bureau du ministre durant les journées
d'audition aujourd'hui, demain ou après-demain, on puisse les entendre,
même si on devait tenir une journée d'audition
supplémentaire la semaine prochaine.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les membres de la
commission sont d'accord sur cette proposition?
M. Lazure: Nous les accueillerons certainement avec beaucoup de
sympathie.
M. Grenier: Combien de personnes doivent se présenter, non
seulement aujourd'hui mais aussi au cours des jours subséquents? Est-ce
que je peux savoir le total des mémoires?
Le Président (M. Boucher): On m'informe qu'il y a
actuellement 26 mémoires inscrits. Avec celui de l'enfance
exceptionnelle, il y en aurait 27.
Sans plus tarder, j'invite les Organismes familiaux associés du
Québec, représentés par Mme Denise Laporte-Dubuc. On va
vous demander de parler immédiatement après, M. le ministre... Je
cède immédiatement la parole à M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Denis Lazure
M. Lazure: M. le Président, collègues de la
commission, chers amis du réseau des services de garde, en octobre 1978,
à la suite du dépôt du rapport du comité
interministériel sur les services à la petite enfance, le
gouvernement annonçait son intention de préparer une loi
spécifique sur les services de garde d'enfants et de confier à un
organisme la responsabilité de planifier les coordonnées de
développement de ces services. À peine un an plus tard, il me
fait plaisir de vous soumettre un avant-projet de loi sur les services de garde
à l'enfance qui s'inspire des multiples consultations auprès des
principaux groupes concernés. Je rappelle qu'au moment où le
comité interministériel a étudié l'ensemble des
problèmes qui touchent la garde de la petite enfance, ce comité a
rencontré en consultation une quarantaine d'organismes.
Avant même d'en exposer les différents
éléments, il convient de situer cet avant-projet dans un contexte
historique. Fruit de l'initiative particulière de certains groupes de
parents, l'instauration d'un réseau de garderies au Québec s'est
faite sans planification et sans effort de répartition régionale
de la part des autorités gouvernementales. Qu'on se rappelle seulement
que c'est le gouvernement fédéral, notamment par ses programmes
d'initiative locale, qui, le premier, a offert une aide financière
directe aux parents désireux d'implanter une garderie dans leur
quartier.
Cependant, par égard pour l'histoire, je dois ajouter qu'un peu
plus de 100 ans auparavant je dis bien un peu plus de 100 ans
auparavant, j'en reparlerai à la fin de mes remarques il y a eu
un début d'allocation directe de l'État à cinq garderies,
les cinq premières garderies du Québec mises sur pied en 1858 par
les Soeurs grises du Québec. Le gouvernement de l'époque allouait
une somme de $0.25 par année par place d'enfant. Il y a donc eu un
début en 1858, mais de 1858 à 1960 autour de 100 ans
l'intervention de l'État a été à peu
près nulle, certainement négligeable, sauf quand on arrive
à cette période des années soixante, la période des
PIL et autres subventions fédérales du genre. Donc, aide
financière directe aux parents désireux d'implanter une garderie
de quartier. Ces subventions fédérales ayant été
coupées de la même façon qu'elles avaient été
octroyées, c'est-à-dire sans consultation préalable
auprès du gouvernement québécois, le Québec dut, en
1974, sous la pression des familles, prendre la relève du gouvernement
fédéral et improviser un programme d'aide au développement
de services de garde.
Tout en témoignant d'une certaine volonté gouvernementale
d'intervention dans ce secteur, la situation dont nous avons
hérité en 1976 avec l'arrivée de notre parti au pouvoir
était bien loin de répondre aux besoins grandissants de la
population. De plus, ce système ne reconnaissait pas les besoins
spécifiques de certaines familles et de certains enfants qui ne peuvent
se plier aux exigences d'une garderie habituelle. De fait, en 1976, le budget
consacré au service des garderies atteignait $3 500 000. De plus, ce
budget était limité à l'aide financière aux parents
et ne visait que la garde en garderies de quartiers. À ce moment, on
comptait 245 garderies offrant au total 10 400 places. Quant à l'aide
financière aux parents, elle ne bénéficiait qu'à
2700 personnes, soit environ 25% des enfants en service de garde. Pourtant, la
demande potentielle de garde était à peu près dix fois
plus importante pour les enfants de moins de six ans que ce que le service
offrait à ce moment.
Aussi, après son accession au pouvoir, en 1976, notre
gouvernement a-t-il confié à un comité
interministériel le mandat d'évaluer les besoins en services de
garde et de formuler des recommandations au Conseil des ministres sur ces
modèles de distribution des services d'accueil aux moins de six ans.
Avant même de recevoir le rapport de ce comité, le
ministère des Affaires sociales avait apporté des
améliorations aux services offerts. Ainsi, dès juin 1977 et afin
de favoriser l'intégration des enfants handicapés, une subvention
spéciale était accordée aux garderies sans but lucratif
qui accueillaient ce type d'enfants. Au même moment, un budget a
été consacré à des subventions de démarrage
pour la création de garderies en milieu défavorisé. L'aide
financière aux familles et les subventions d'équipement et
d'aménagement ont également été majorées
sensiblement.
Peu après, les établissements de santé et de
services sociaux étaient invités à mettre gratuitement des
locaux à la disposition de garderies s'adressant principalement aux
enfants de leurs employés. Je dois dire, entre parenthèses, que
cette politique d'incitation des organismes, en particulier du réseau
des affaires sociales, hôpitaux, centres d'accueil, a eu des effets
heureux, puisqu'au moment où on se parle il y a dans le réseau
des affaires sociales tout près de 30 garderies qui sont ouvertes pour
les enfants des employés, mais aussi, dans certains cas, pour les
enfants du quartier.
La même chose est vraie du réseau d'éducation
où on a entre 25 et 30 garderies qui sont ouvertes aux enfants des
enseignants en particulier. Donc, environ une cinquantaine de garderies en
milieu de travail alors qu'il y a trois ans on en comptait à peine une
demi-douzaine. Cette mesure a également été reprise par le
ministère des Travaux publics, qui accepte maintenant de louer à
des prix très raisonnables des espaces excédentaires à des
garderies. Lorsqu'un ministère occupant des locaux qui sont la
propriété ou qui sont loués par le ministère des
Travaux publics a des locaux excédentaires, ce ministère peut
aménager une garderie et être admissible à tout le
système de subventions tel qu'on le connaît, une garderie pour les
enfants des employés de ce ministère et aussi, s'il reste de la
place, pour les enfants du voisinage. Grâce à cette initiative du
gouvernement du Parti québécois, les fonctionnaires du
ministère des Affaires sociales profitent des services de garderie en
milieu de travail. En effet, c'est hier que la garderie qui s'appelle Feu vert,
logée dans l'édifice Joffre sur le chemin Sainte-Foy,
édifice du ministère des Affaires sociales, a accueilli ses
premiers enfants. Et on espère bien que ce feu vert sera vu et entendu,
écouté, si je peux m'exprimer ainsi, par l'ensemble des
ministères et que d'autres ministères imiteront l'exemple du
ministère des Affaires sociales le plus rapidement possible. (10 h
30)
Sans entrer dans le détail de tout ce qui a été
fait en moins de trois ans, il m'apparaît important de souligner que le
budget consacré aux garderies, aux services de garde, a
été multiplié par sept, passant de $3 500 000, en 1976/77,
à $22 500 000 pour l'année courante, l'année 1979/80. $22
500 000.
Ce budget permet aux parents de choisir leur mode de garde, puisqu'il
couvre le financement des services offerts tant en garderie qu'en milieu
familial et en milieu scolaire.
Nous recensons actuellement 364 garderies, offrant au total 16 000
places. Au-delà de 7000 d'entre elles, soit un peu plus de 45%, sont
subventionnées, alors qu'il y a trois ans, à peine 25% des places
des enfants en garderie étaient subventionnées.
Ainsi donc, depuis quelques années, le gouvernement a reconnu la
responsabilité accrue qui lui incombe dans ce secteur important des
services aux enfants et à leur famille. Il importait, en cette
année internationale de l'enfant, de privilégier celui-ci par des
gestes bien concrets, susceptibles d'avoir des répercussions bien
au-delà de cette seule année 1979.
II importait également de donner suite aux recommandations
formulées dans le rapport du Conseil du statut de la femme,
intitulé: Egalité et indépendance, concernant les
garderies.
L'avant-projet de loi marque donc notre ferme intention de
répondre à la première des revendications de la
majorité des associations féminines du Québec, soit de
satisfaire les besoins de la famille québécoise en services de
garde d'enfants.
Ces fondements sont la reconnaissance du droit des enfants et des
parents à des services de garde de qualité, accessibles et
adaptés à leur besoin et à leur choix.
Notre gouvernement reconnaît également sa
responsabilité en matière de développement et de
financement des services qu'il veut partager avec les parents, auxquels il
reconnaît la responsabilité première de l'éducation
des enfants. De plus, étant donné qu'un projet de loi de cette
envergure ne peut manquer d'aller de pair avec une refonte en profondeur du
mode de financement, j'ai rendu publique, vendredi dernier, la décision
du Conseil des ministres à cet effet.
Bien que la question du financement ne doive pas faire l'objet d'un
débat ici, à cette commission, il m'apparaît important de
fournir, dès à présent, ces informations, aux groupes
concernés, et j'y reviendrai tout à l'heure.
L'Office des services de garde. L'avant-projet prévoit la
création d'un office des services de garde chargé de la
planification et du développement des services de garde aux enfants,
principalement d'âge pré-scolaire, mais non exclusivement.
Il propose également la mise en place de services
diversifiés comprenant la garderie de quartier, la garderie en milieu de
travail, la halte-garderie et les services de garde en milieu familial.
Il confie aux commissions scolaires la responsabilité de
développer des services de garde pour les enfants du niveau
primaire.
Il précise enfin le rôle de l'État et des parents en
matière de financement des services.
La création de l'office apparaît à plusieurs titres
pertinente. Elle permet d'impliquer, au plan des décisions, les divers
intervenants: les parents, les praticiens et responsables de services, les
commissions scolaires, les corporations municipales, les travailleurs et leurs
employeurs, de même que les ministères impliqués qui sont
aussi représentés au conseil d'administration de l'office.
Je remarque tout de suite, puisque plusieurs groupements en parlent dans
leur mémoire, qu'il faut distinguer, à l'intérieur du
Conseil d'administration qui est proposé, la présence de membres
avec droit de vote et la présence de membres qui ne sont là
qu'à titre de ressources, c'est-à-dire les représentants
de six ministères. Ces personnes ne sont pas des membres à part
entière, si je puis dire, puisqu'elles n'ont pas le droit de vote.
Les membres à part entière du conseil d'administration de
l'office sont au nombre de onze et l'objet principal de la présence des
six représentants des divers ministères est
précisément de permettre à l'office de mieux remplir un de
ses rôles importants, soit le rôle de coordination de l'action de
plusieurs ministères.
L'office assumera des fonctions exclusives de planification, de
promotion, d'information, de coordination, d'agrément,
d'accréditation et de surveillance des services de garde aux enfants
d'âge préscolaire et suivra de près le développement
des services de garde aux enfants du niveau primaire. L'office se voit confier
un pouvoir de délégation qui lui permettra de confier aux niveaux
local et régional des responsabilités précises pour
permettre aux milieux de s'ajuster aux responsabilités qui leur seront
confiées. Nous n'avons pas cru bon dans un premier temps de rendre cette
délégation obligatoire. Peut-être faudra-t-il à
l'essai, après un certain temps d'application de cette future loi,
recourir à une délégation obligatoire.
Pour faciliter l'accès à des services de garde
adaptés aux besoins des enfants et des familles, l'avant-projet
prévoit une diversité de services et en précise certaines
modalités de reconnaissance et d'organisation. L'office se voit accorder
en plus un pouvoir de réglementation sur différents aspects de
l'organisation et du fonctionnement des services. L'avant-projet définit
la garderie sans égard au milieu où elle se situe et c'est ce qui
explique que dans le texte actuel vous ne voyez pas apparaître le terme
"garderie en milieu de travail". Mais il est bien clair que le terme "garderie"
qui est utilisé comprend autant la garderie en milieu de travail
celles qui existent et celles qui existeront plus tard que les garderies
en quartier. On reconnaît ainsi que toute garderie qui regroupe dix
enfants ou plus doit assurer des services de garde qui favorisent le
développement physique, intellectuel et social des enfants et respecter
les conditions prévues par la loi ou les règlements au chapitre
des garderies. Cette définition qui pourrai être élargie
j'en conviens recouvre également les services qui offrent
un programme de développement aux enfants d'âge préscolaire
à l'exception des classes maternelles reconnues par le ministère
de l'Éducation. La réglementation découlant de la loi
verra à préciser les catégories de services et les
modalités applicables à chacun. Je souligne dès à
présent une modification qui devra être apportée à
l'article 30 de l'avant-projet pour permettre à une garderie et à
une agence de garde dans le milieu familial de recevoir des enfants du niveau
primaire durant les périodes de vacances et les congés
pédagogiques.
L'office pourra octroyer un permis de garderie à une association
coopérative, à une corporation sans but lucratif dont le conseil
d'administration est composé majoritairement de parents d'enfants qui
sont inscrits dans la garderie lors de l'ouverture ou, enfin, à une
corporation municipale. Je pense qu'il faut noter ce critère fondamental
qui illustre peut-être mieux que n'importe quel discours ou n'importe
quel texte que la garderie doit être à but non lucratif et
contrôlée majoritairement par les parents des enfants qui
fréquentent la garderie. Si ce n'est pas là reconnaître le
rôle fondamental que doivent jouer les parents, je ne
sais pas ce que c'est. C'est vraiment une illustration, un
symptôme de la philosophie qui préside à toute
l'élaboration des services de garde. Le gouvernement veut, par cette
mesure, consacrer le rôle premier des parents et de la communauté
dans l'organisation des services. En outre, l'avant projet assure aux
corporations à but lucratif existantes le maintien de leurs droits
acquis.
Les services de garde en milieu familial couvrent les services dans une
résidence privée, qu'il s'agisse de la résidence des
enfants ou celle de la personne responsable. Un maximum de neuf enfants peuvent
y être admis. Mais il est évident que ceci sera
précisé dans les règlements. Il est évident qu'avec
un maximum de neuf enfants il y aura obligation d'une présence de deux
adultes et qu'une adulte seule ne pourra avoir plus de quatre enfants, incluant
son ou ses enfants d'âge préscolaire, si elle en a.
Les parents qui, jusqu'à présent, confiaient la garde de
leurs enfants à un voisin ou à une voisine se trouvaient
privés du support financier de l'État. Pourtant, la
majorité des parents optent encore pour un tel mode de garde. Aussi, la
nouvelle politique de financement des services de garde que j'ai fait
connaître la semaine dernière rétablit-elle cet
équilibre. Elle prévoit, en effet, que dorénavant les
parents seront admissible à l'aide financière gouvernementale.
Leurs enfants seront gardés par une personne reconnue par une agence de
garde en milieu familial.
Cependant, une personne responsable n'est pas tenue à cette
reconnaissance si la famille assume la totalité des coûts. Il est
bien évident que ce que nous faisons actuellement, ce n'est que
reconnaître un mode de garde qui existe de tout temps. La garde en milieu
familial, qu'il s'agisse d'une voisine ou d'une belle-soeur, a toujours
existé. Ce qu'il y a de particulier dans notre action gouvernementale,
c'est de reconnaître pour la première fois que les parents qui
recourent à ce mode de garde sont tout aussi admissibles à des
subventions d'appui de l'État que les parents qui recourent aux services
de garde dans une garderie de quartier ou dans une garderie en milieu de
travail. D'autre part, il est bien sûr que personne, aucune dame qui fait
de la garde volontaire d'enfants ne sera obligée de s'inscrire à
l'agence de garde. C'est bien évident qu'il s'agit là d'un
système volontaire et facultatif.
Je me permets de donner des précisions parce que c'est
peut-être un des aspects de l'avant projet de loi qui a été
le plus mal perçu par certains groupements qui se sont manifestés
de façon assez fracassante dans les médias récemment. Nous
n'inventons pas la garde en milieu familial. Nous ne faisons que l'ajouter
comme un des modes de garde pour lesquels une aide financière aux
parents est possible. La mise sur pied d'une telle ressource s'avère
donc nécessaire pour les besoins de certains enfants, peut-être
plus particulièrement pour les très jeunes enfants, de
zéro à deux ans, de certaines familles aussi, celles qui ont des
enfants de plusieurs groupes d'âges, qui peuvent avoir, par exemple, deux
enfants ou même trois enfants d'âge préscolaire et qui
voudraient les faire garder tous les trois ensemble dans un milieu familial, ou
de certains milieux, tels que les milieux ruraux ou semi-urbains où les
distances et les densités de population empêchent le regroupement
des enfants dans une garderie.
C'est l'agence de garde en milieu familial qui facilitera le
développement, la coordination et l'accessibilité des ressources
de garde en milieu familial. Ces agences seront également
impliquées dans la gestion du programme d'aide financière. Cette
formule de regroupement est en vigueur dans plusieurs États
américains, en Ontario et en France. Une association coopérative,
une corporation sans but lucratif incluant même une garderie, un
établissement public au sens de la Loi sur les services de santé
et les services sociaux, une corporation municipale ou une commission scolaire
pourront être reconnus au titre d'agences de garde en milieu familial
afin d'assurer la flexibilité que requièrent de tels
services.
L'avant-projet prévoit également que, pour exploiter un
service de halte-garderie, une autorisation de l'office sera nécessaire.
Sont considérés comme tels les services fournis de façon
régulière et pour une partie de la journée. Donc, les
services très occasionnels de haltes-garderies n'auront pas à
recevoir les autorisations de l'office. (10 h 45)
Finalement, les commissions scolaires se voient confier la
responsabilité de fournir des services de garde en milieu scolaire aux
enfants à qui elles dispensent des programmes d'enseignement de niveau
primaire. De concert avec le ministère de l'Éducation, notre
ministère a distribué cette année $700 000 aux commissions
scolaires qui étaient prêtes à offrir de tels services.
L'expérience qui est en train d'être menée s'avère
suffisamment concluante et nous avons décidé de confier aux
commissions scolaires la responsabilité de ce type de garde.
Après avoir consulté les milieux concernés, nous avons
apporté des précisions à l'article 58 de l'avant-projet de
loi. Cet article se lira comme suit: Un organisme scolaire doit
développer et fournir, conformément aux règlements, des
services de garde en milieu scolaire et doit en aviser l'office en
conséquence.
Quant à moi, je demeure persuadé que la garde en milieu
scolaire est encore celle qui peut rejoindre le plus grand nombre de parents et
d'enfants. Elle leur permettra de trouver sur place un service de garde de
qualité tout en évitant de déplacer inutilement les
enfants. Pour être valables, ces services devront être
dispensés à l'heure du repas le midi de même qu'avant et
après les heures de classe mais il appartiendra aux commissions
scolaires d'établir elles-mêmes leur programme de garde.
Quelques mots du financement. L'avant-projet de loi énonce les
composantes principales du financement des services de garde, contribution des
parents, contribution de l'État sous forme de subvention aux services et
d'aide aux familles. Le Conseil des ministres s'est prononcé
récemment sur certains éléments du programme de
finance-
ment. Il me fait plaisir de les présenter ici sommairement.
Rompant avec le plan Bacon, divorçant du plan Bacon, si vous voulez, le
gouvernement du Parti québécois reconnaît pour la
première fois le principe du financement direct de la garderie. C'est
une demande, évidemment, qui avait été exprimée de
façon très claire depuis plusieurs années par les
groupements qui sont représentés ici et il y a sûrement des
personnes dans la salle qui se sont battues depuis quelques années,
comme certains d'entre nous l'ont fait aussi, pour obtenir que le gouvernement
reconnaisse la nécessité de subventionner directement la
garderie, en plus des subventions de démarrage évidemment. En
effet, le ministère des Affaires sociales versera, à partir du
1er avril 1980, une subvention de $2 par jour par place occupée
directement aux garderies, leur assurant ainsi un fonds de roulement stable. Il
est évident que ces $2 versés directement à la garderie
s'ajoutent aux $10 actuels que représente le coût d'une place en
garderie. Donc, à partir du 1er avril 1980, le coût quotidien
d'une place en garderie sera reconnu comme étant $12.
D'autre part, le budget total affecté aux services de garde sera
porté en avril 1980 à $32 500 000, ce qui constitue une
augmentation de $10 millions pour la deuxième année
consécutive. La subvention de démarrage accordée aux
nouvelles garderies qui était en moyenne de $7500 pour l'année
courante passera à $14 600 en avril, $14 600 en moyenne. À cela
s'ajoute la subvention accordée pour l'aménagement et
l'acquisition de l'équipement qui sera indexée l'an prochain.
Cette subvention dont le maximum était de $12 000 en 1978/79 a
été portée, comme vous le savez, à $20 800 pour
l'année courante. Elle passera donc en avril à $22 600.
Donc, au total, dès leur entrée en fonctionnement, les
garderies pourront bénéficier au 1er avril 1980 d'une aide
gouvernementale maximale de $37 200. Les crédits affectés
à la garde j'ajoute évidemment qu'on est bien loin des
$8000 qui étaient la subvention maximale pour une nouvelle garderie il y
a à peine trois ans dans le milieu familial seront portés
l'an prochain à $1 200 000 comparativement à $135 000 cette
année. Quant à la garde en milieu scolaire, qui démarre
cette année avec un budget de $700 000, elle verra ses crédits
haussés à un peu plus de $1 million qui seront versés par
notre ministère au ministère de l'Éducation qui les
versera aux commissions scolaires. La subvention accordée aux garderies
accueillant des enfants handicapés ou ayant des besoins spéciaux
demeure celle qui est entrée en vigueur le 1er septembre dernier, soit
$2500 par enfant par année, sans minimum de nombre d'enfants, mais avec
un maximum de 15% des places dans chaque garderie. Finalement, nous avons
également prévu la création d'un fonds spécial qui
servira à dépanner les garderies en cas de force majeure comme,
par exemple, un incendie.
En terminant, j'aimerais rendre hommage à toutes ces femmes,
à tous ces hommes il y a quand même eu quelques hommes qui
ont cru aux garderies; j'en vois quelques-uns dans la salle qui illustrent un
peu ce rôle très minoritaire des hommes dans le mouvement des
garderies au Québec et je pense que c'est un peu normal mais
surtout aux femmes du Québec qui ont oeuvré avec acharnement et
ténacité à la mise sur pied des services de garde.
C'est en 1858 que la Communauté des Soeurs grises ouvrit les cinq
premières garderies au Québec je cite un extrait des
Femmes dans la société québécoise de Marie Lavigne
et M. Pinard ou Mme Pinard, je n'en suis pas sûr, Lavigne et Pinard, en
tout cas: "en vue de permettre aux parents d'être disponibles pour
effectuer un travail fructueux". Cette première initiative, en 1858, se
traduisait par l'allocation de $0.25 par année par place, dont je vous
parlais tantôt. En terminant, je veux assurer toutes celles et tous ceux
qui oeuvrent, souvent dans des conditions fort difficiles, que le gouvernement
du Québec reconnaît leur contribution unique au bien-être de
nos jeunes concitoyens et que l'amélioration et l'accessibilité
des services de garde à la petite enfance constituent quelques grandes
priorités de notre gouvernement. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Nous nous
trouvons réunis ce matin pour discuter d'un avant-projet de loi qui
tient à coeur à la population du Québec. C'est un sujet
fort délicat à maints égards. Il faut se rappeler que
même si les gens que nous allons rencontrer durant les jours qui vont
suivre se débattent et ont mis énormément d'efforts,
d'énergie et d'imagination pour mettre sur pied un réseau,
disons, partiel de garderies, il ne faut pas oublier d'autre part que nombre de
personnes qui justement ne seront pas ici sont très partagées
quant à la mise en place d'un réseau soi-disant l'avenir
le dira universel et diversifié de garderies. C'est
intéressant là-dessus de regarder ou de lire ce que le rapport
sur la petite enfance du comité interministériel dit, par exemple
en page 12: Des facteurs culturels tels que les opinions sur le rôle de
la mère de jeunes bébés ou les préférences
quant au mode de garde. Les résultats d'un sondage sur les besoins de
garde d'enfants indiquent que plus des trois quarts des femmes qui ont
répondu à une enquête, en 1978, croient que le rôle
d'une femme qui a au moins un jeune enfant est de rester à la maison et
de s'occuper de son foyer. Cette opinion varie selon l'âge: 74% chez les
18 à 24 ans; 92% chez les 45 à 54 ans et selon la
scolarité: 86% pour les gradués du primaire; 66% pour les
gradués du collège ou de l'université.
Cette opinion se lie aussi à celle ne trouvant pas bon de faire
garder régulièrement un bébé d'un an. Je ne
poursuis pas la lecture de cette partie du rapport, mais je veux simplement
indiquer qu'il s'agit d'un sujet qui, chez une partie de la po-
pulation, trouve énormément d'adhésions,
répond à des désirs et est amplement justifié
depuis fort longtemps. Une autre partie de la population, d'après ces
statistiques, du moins à l'égard des zéro à deux
ans ou zéro à trois ans, serait peut-être même
opposée à ce qu'un réseau de garderies soit
généralisé.
Cela dit pour simplement rappeler le contexte dans lequel on se trouve
quand il s'agit de prendre des décisions qui touchent l'ensemble de la
population. Les faits demeurent que l'entrée sur le marché du
travail, et la croissance sur le marché du travail des femmes, soit pour
aller chercher des salaires d'appoint, soit pour une question de choix
personnel quant à leur orientation, quant à ce qu'elles
considèrent selon leur propre choix, un désir soit de travailler
ou de se réaliser au plan professionnel, nous obligent je pense
que là-dessus on doit y aller avec la vigueur qui est nécessaire
à ne pas faire l'autruche et dire: Ceci va diviser la famille,
ceci va détruire la famille. Je pense qu'il faut tenir compte des
besoins de l'évolution de la société. Ne pas vouloir faire
un pas en avant, sous prétexte qu'une partie de la population s'y oppose
ne serait pas prendre ses responsabilités.
Il reste que, quand même, on peut se poser des questions. Quand on
regarde les statistiques des femmes qui entrent sur le marché du
travail, on réalise que la majorité d'entre elles vont y chercher
un salaire d'appoint, particulièrement dans les familles des milieux
défavorisés. À ce moment, on peut se demander si
l'État et je ne vise pas ce gouvernement-ci en particulier
d'une façon générale prend vraiment toutes ses
responsabilités à l'égard de la famille ou si, au
contraire, on ne tente pas davantage de colmater les brèches ou de
répondre à des besoins selon les pressions qui s'exercent.
À tout événement, je pense qu'au cours des
auditions que nous aurons, nous aurons l'occasion d'entendre les deux sons de
cloche. D'une part, ceux qui, je pense, croient qu'il faut d'abord et avant
tout aider la famille, lui donner les moyens financiers pour que, lorsqu'une
femme décide d'aller travailler, elle le fasse par choix et non pas par
obligation, pour combler un budget familial qui est trop restreint. Je pense
aussi qu'un autre facteur qui entre dans le choix des femmes qui se dirigent
vers le marché du travail est le fait que, avec l'évolution des
choses, elles se sentent, à maints égards, dans une situation de
totale dépendance. Ce point a d'ailleurs été
souligné dans le rapport du Conseil du statut de la femme. Est-ce que
l'entrée sur le marché du travail, au détriment
peut-être d'autres valeurs qu'elles considèrent très
importantes, est la vraie réponse, alors que peut-être, tel que le
recommandait le Conseil du statut de la femme, un réaménagement
de la fiscalité pourrait répondre à ce besoin, du moins
pour une partie des femmes qui vont sur le marché du travail? (11
heures)
Ce sont là toutes des questions très complexes auxquelles
je ne prétends pas apporter de réponse ce matin. Je voulais
simplement faire valoir ces aspects pour indiquer que c'est un sujet
délicat et qu'il faudrait probablement l'envisager non seulement en
fonction des garderies, mais en fonction d'une politique générale
sur la famille.
Si on se reporte à l'avant-projet de loi qui est devant nous, je
voudrais d'abord, d'une part, souligner on me le dit que c'est un
précédent, qu'un avant-projet de loi ne soit pas
déposé à l'Assemblée nationale, mais soit
déposé en pleine saison d'été et qu'on convoque des
auditions sur cet avant-projet de loi avant même qu'il n'ai
été déposé à l'Assemblée nationale.
C'est une version qu'on m'a donnée. Pour ma part, j'aurais
souhaité que ceci se fasse peut-être plus ouvertement, plus
officiellement. Je voudrais dire quelques mots quant à l'objectif de cet
avant-projet de loi qui est quand même assez étonnant à
maints égards. Je ne mets pas ici en question la nécessité
d'examiner tout le problème des soins de garde au Québec, mais
l'objectif même de l'avant-projet de loi qui, somme toute, a pour effet
de créer un office des services de garde. "Cet avant-projet de loi
et je lis institue un office des services de garde de l'enfance
et établit le cadre d'organisation de ces services. Il soumet à
la compétence de l'office l'ensemble des services de garde et lui
assigne comme fonction, notamment, de concevoir et d'élaborer une
politique générale de services de garde et de coordonner et de
promouvoir l'organisation de ces services". Ceci me semble un aveu assez
étonnant de la part d'un gouvernement qui crée un office pour
déterminer une politique. Comme si cela ne devait pas être le
rôle du gouvernement d'établir d'abord une politique et ensuite de
créer, s'il le désire, un office ou un autre organisme
gouvernemental consultatif ou ce qu'on voudra pour l'exécution et la
mise en place de cet objectif. Mais ceci, je pense, confirme le fait que cet
avant-projet de loi, même s'il répond à des besoins
précis qui ont été maintes fois exprimés par la
population ou une partie de la population, ne s'insère pas dans une
politique générale qui aurait tenté de déterminer
une politique familiale, une politique à l'égard de la condition
féminine. On sait bien qu'il y a eu un livre de déposé
là-dessus, mais le gouvernement en est encore à ses débuts
quant à la réalisation de ce qu'il y a à
l'intérieur de ce livre qui a été préparé
par le Conseil du statut de la femme. On a l'impression que, dans un domaine
aussi important, on fonctionne à la pièce. C'est peut-être
là aussi la raison des représentations ou des points de vue que
l'on retrouve dans les mémoires qui sont devant nous, à savoir
quel sera le rôle exactement de l'office. Est-ce une autre
superstructure? Viendra-t-elle dans le fond couper l'herbe sous le pied des
gens ou des organismes qui déjà prenaient des initiatives dans ce
domaine? Une chose est certaine. L'Opposition officielle, pour sa part,
s'interroge très sérieusement quant à la mise en place de
cet office avant même qu'une politique officielle intégrée
soit adoptée par le gouvernement, et qu'on demande à l'office de
le faire. Ensuite, si vous continuez de lire les notes explicatives,
évidemment, on établit
une catégorie de services de garde, etc. On oblige les
commissions scolaires. Il y a le versement des subventions, etc.
Mais j'ai fortement l'impression que le gouvernement, ne sachant pas au
juste que faire, d'une part voulant répondre à des pressions,
d'autre part, n'étant pas capable de définir sa propre politique
familiale, dit: On va répondre là où on crie le plus fort,
mais il y a vraiment une absence de politique générale.
On pourrait également poser des questions quant au coût de
cet office. Le ministre des Affaires sociales me rétorquera: Vous ne
vous êtes pas opposée à la création de l'Office pour
les handicapés. C'est exact, mais il faut quand même penser qu'il
s'agissait là d'une catégorie de citoyens dont l'âge
s'étend de la naissance à la mort, pour ainsi dire, ce qui
touchait une foule de ministères et demandait une coordination
considérable là où la population est beaucoup plus
éparpillée et beaucoup plus dispersée dans l'ensemble de
la province que lorsqu'on parle de soins de garde pour les enfants.
À tout événement, selon les explications que le
gouvernement voudra nous donner quant au rôle précis de l'office,
quant aux balises qu'il voudra lui donner, quant à certaines
modifications qu'il voudra apporter... je n'en cite qu'une. Par exemple, le
ministre a passé quelques minutes à nous dire qu'enfin
s'affirmait la volonté du gouvernement de laisser aux parents le domaine
des garderies. Or, quand on regarde la constitution de l'office on n'y trouve
que quatre parents, sur un total de quinze, et ces parents sont choisis sans
consultation, ce qui n'est pas les cas quand même des autres membres. Ils
sont choisis dans un milieu très vaste et on précise qu'ils ont
des enfants qui reçoivent des services de garde en garderie en milieu
familial et en milieu scolaire. C'est presque la totalité des parents.
C'est le gouvernement qui les nomme et on ne prévoit pas, en tout cas
à l'article 6, au moins des modalités de consultation.
Viennent s'y ajouter cinq autres membres de l'office qui, selon le
projet de loi, n'ont pas le droit de vote. Mais, quand on voit qu'il s'agit
là de fonctionnaires fort chevronnés, même s'ils n'ont pas
le droit de vote, on peut s'imaginer facilement que leur influence au sein du
comité, à l'égard des quatre parents qui s'y trouvent, et
leur poids pèseront très fort dans les décisions qui
seront prises.
À tout événement, je voulais seulement signaler
ici, quant à la constitution de l'office, en mettant de
côté pour le moment sa justification ou son bien-fondé,
qu'il y aura certainement, si elle est retenue, des modifications importantes
à y apporter.
Le ministre a fait grand état du fait qu'on était
passé de budgets de $3 500 000, en 1976, à $22 500 000. Je lui
chuchotais que, selon ma mémoire de l'étude des crédits,
c'étaient $21 500 000, mais je ne me chicanerai pas pour un million, M.
le ministre. À tout événement, il est exact qu'il y a eu
une augmentation considérable, mais on peut quand même se poser
des questions. Alors qu'il y avait, en 1975-1976, 13 600 places de garderie, au
Québec, le ministre nous dit qu'avec ce budget de $22 500 000,
présentement, à l'heure où il nous parle, il y en a 16
000. Alors, on peut se demander si, entre-temps, il n'y a pas des
garderies...
M. Lazure: Si vous le permettez, juste une petite correction. Ce
chiffre de 13 000, qui a paru quelque part, incluait les places en maternelle.
Alors, le chiffre réel des places en garderie était au contraire
de dix mille et quelques centaines, le chiffre que j'ai cité
tantôt.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, ce sont des chiffres que
j'ai pris dans l'étude des budgets des Affaires sociales depuis que le
gouvernement du Parti québécois est au pouvoir. Je pourrai
même les apporter cet après-midi. De toute façon, cela n'a
peut-être pas tellement d'importance, mais, à ce moment-là,
on nous avait dit, à l'étude des crédits, qu'il y avait 13
500 ou 13 600 places. À l'heure actuelle, on en a 16 000. Alors, on peut
se demander, à partir de ces $10 millions supplémentaires qui ont
été votés cette année, quelle est la partie qui est
présentement engagée près de six mois après
l'adoption du budget. C'est assez étonnant. Ceci a été
signalé par un groupe. J'avais d'ailleurs moi-même réagi,
à savoir que le gouvernement, à plusieurs reprises, donne des
conférences de presse sur à peu près le même sujet.
Sur le même sujet, cela ne serait pas grave, mais il le fait avec les
mêmes données, créant l'impression qu'il s'agit de
données nouvelles. Ainsi, je pense que plusieurs se rappelleront
qu'à l'été 1978 on annonçait ce
développement des garderies avec un ajout de $12 millions qui portait
à $22 millions les dépenses qui seraient encourues en garderie.
Mais il semble que ce soit tout récemment, un an plus tard, cet
été, qu'on vienne dire de quelle façon cet argent
supplémentaire sera dépensé, à l'occasion d'une
nouvelle conférence de presse, alors qu'il s'agit toujours du même
contenu que ce qui avait été annoncé à
l'été 1978 et qui avait été repris à la
conférence conjointe du ministre des Affaires sociales et du ministre
d'État au développement social en octobre.
Je voudrais poser quelques questions. Évidemment, je pense que
cela sera peut-être davantage l'objet de l'étude du projet de loi
car il ne s'agit présentement que d'un avant-projet de loi
article par article. Il s'agit du phénomène de la garderie en
milieu familial. Il est exact, comme dit le ministre, qu'il y a eu une
tradition qui existe encore d'ailleurs à savoir que devant
l'absence de garderie, le parent requérait les services de son voisin,
de son parent ou de son milieu proche pour assumer ces fonctions. On semble
vouloir là institutionnaliser la garde en milieu familial. Je suis
d'accord que dans des endroits, disons, plus éloignés, où
les populations sont plus restreintes on pense particulièrement
à des petites municipalités; je pense que le député
de Mégantic-Compton peut savoir à qui je fais
référence, lui qui
vient d'un comté qui a de nombreuses petites municipalités
où la population est très restreinte... Il y a aussi le danger
tout dépendra de l'accent que l'on mettra sur la garde en milieu
familial par rapport au développement des garderies qu'on en
vienne, en milieu urbain, à restreindre ou à ralentir le
développement de garderies ou d'un réseau de garderies
adéquat pour servir les milieux urbains ou semi-urbains.
On peut se demander aussi des personnes qui viendront devant nous
poseront probablement la question si le financement de ces garderies en
milieu familial va vraiment donner aux femmes qui assumeront ces fonctions
n'oublions pas que ce sont surtout des femmes, sinon en totalité
l'assurance du salaire minimum. Quand on pense qu'on va accorder $5 par
enfant, plus $1 que les parents devront débourser, et ceci pour quatre
enfants, cinq jours par semaine, et des services de garde devant probablement
être ouverts de 7 heures ou 7 h 30 le matin à 18 heures le soir,
je pense que cet aspect devrait être examiné très
sérieusement. Qu'on ne fasse pas un pas en arrière alors qu'on
vient d'adopter une Loi sur les conditions minimales de travail qui avait
surtout pour effet et qui visait surtout en tout cas, je l'ai vu dans
cet esprit à corriger des injustices qui étaient commises
à l'endroit des femmes. (11 h 15)
Si, d'une part, il peut y avoir nécessité pour de la garde
en milieu familial, compte tenu du milieu géographique et de certains
autres facteurs, il faut aussi faire attention qu'elle ne se substitue pas
à une autre et qu'elle ne devienne pas un moyen plus économique
pour l'État de répondre aux besoins de la population.
Je me réjouis évidemment du développement des
haltes-garderies. Je pense que c'est là une mesure qui va
répondre à des besoins temporaires de certaines familles et leur
faciliter la tâche. Là, encore une fois, je ne sais pas
peut-être que le ministre l'a dit quelles sont les sommes qui
seront utilisées à cette fin, mais c'est un aspect important dans
la diversification des types de garderies.
Quant à la garderie en milieu scolaire, je trouve assez
dérisoire la somme qu'on doit y consacrer même pas en
1979-1980, mais en 1980-1981 alors qu'on parle de $1 million. Je me
demande quelle est la part que l'État va assumer pour les parents dans
ce service de garderie en milieu scolaire. Je sais que cette année, par
exemple, là où on a fait des expériences avec les $200 000
ou $250 000 qui avaient été mis à la disposition des
commissions scolaires, ces sommes ne devaient être utilisées que
pour l'équipement, les activités, la collation, etc., et
qu'aucune aide n'a été fournie aux parents. Quand on pense aux
parents qui viennent de milieux défavorisés et que ce sont eux
qui, comme pour les parents d'autres milieux, doivent assumer le salaire des
personnes responsables de soins de garde, on peut se demander si vraiment on ne
fait pas un pas en arrière plutôt qu'un pas en avant à
l'égard de ces parents. Quand on pense à $1 million pour
l'ensemble de la province en 1980-1981, je pose la question au ministre: Est-ce
que cette somme ne suffira encore qu'à couvrir les frais
d'équipement et ne servira d'aucune façon à assumer les
frais de garde proprement dits, ces derniers devant être assumés
en totalité par les parents?
Encore dans le domaine de la garderie en milieu scolaire, on me disait,
par exemple, qu'il y a une directive du ministère de l'Éducation
cette année à savoir que la collation ne doit plus être
assumée par la garderie, mais doit être apportée par les
enfants. On peut s'imaginer facilement les problèmes que cela
crée je pense que le ministre va être sensible à
cela alors que cette occasion de collation pour les soins de garderie
après les heures scolaires pourrait être utilisée pour une
éducation à la nutrition dans la ligne de la politique
alimentaire que le ministère des Affaires sociales veut
développer. On dit: Non, à l'avenir, c'est la famille qui va en
assumer les frais et les coûts, alors qu'on sait fort bien, quand on
connaît les jeunes de six à onze ans, que si les parents leur
donnent déjà un lunch, fort probablement la collation sera
avalée en même temps que le lunch. Je pense qu'il ne faut quand
même pas demander aux enfants de six, sept, huit ou neuf ans de faire la
différence. Ce qui arrivera, c'est que, fort probablement, les enfants
seront partis du foyer et, à 16 heures, ils n'auront plus rien à
se mettre sous la dent, ce que tous les enfants font d'une façon bien
régulière quand ils reviennent à la maison. C'est
peut-être une chose que le ministère des Affaires sociales et le
ministère de l'Éducation devraient examiner conjointement. Tout
ceci pour dire que le $1 million qui sera mis à la disposition du monde
scolaire en 1980-1981 m'apparaît totalement insuffisant pour
répondre aux besoins et que ce seront les parents qui devront encore, si
cela demeure tel quel, assumer la majorité des coûts.
Je disais au départ qu'on créait une structure, que la
politique n'était pas définie. Ceci semble être
confirmé par le fait qu'on retrouve à l'intérieur de
l'avant-projet de loi une réglementation à une foule d'articles.
Ceci n'est pas nouveau, mais, encore une fois, nous laissera, à moins
qu'au moment où le projet de loi sera déposé... Il ne
pourra pas y avoir de projet de réglementation très précis
puisque ce sera à l'office de le déterminer. Il faudrait quand
même que le gouvernement tente de faire un effort pour préciser un
peu plus les choses. Dans sa grande générosité, le
gouvernement a dit: Quant au secteur privé de garderies, on leur
conserve ou on leur maintient leurs droits acquis. Évidemment, ceci se
situe dans la philosophie du gouvernement actuel qui a recouvré sa
ferveur pour l'entreprise privée uniquement au moment du
dépôt de sa politique économique intitulée,
Bâtir le Québec, mais qui, dans tous les autres domaines, fait
tout ce qu'il peut pour l'empêcher de se développer. N'eût
été, je pense, les initiatives du secteur privé, que ce
soit dans le
cas des garderies à but lucratif ou à but non lucratif, on
serait encore probablement devant une absence à peu près totale
de garderies au Québec.
Je sais que le ministre des Affaires sociales a déjà
tenté ceci à l'égard des foyers d'accueil au mois de
décembre, à l'occasion de la loi 103. Il l'essaie de nouveau ici
avec l'avant-projet de loi sur les garderies. On sait fort bien que le
gouvernement voudrait bien tenter la même opération à
l'égard des écoles privées, mais il n'est pas sûr
que la population soit encore prête à avaler le poisson. À
tout événement, je pense que le ministre, si on le lui demandait
privément, reconnaîtrait que même s'il y a certainement eu
des lacunes à déplorer dans le passé et qu'il y en a
peut-être encore présentement, quand même, le secteur
privé a rempli un rôle important dans les services de garderies et
a rempli un rôle utile et de qualité à maints
égards. D'ailleurs, ce témoignage leur est rendu par un grand
nombre de parents qui les fréquentent.
M. le Président, je pense que je me suis assez étendue sur
tout cet avant-projet de loi. Nous aurons l'occasion de revenir sur le projet
de loi à l'occasion de l'audition des mémoires. Je voudrais
simplement dire en conclusion que je me pose de très sérieuses
questions quant à l'existence de l'office, du moins tel qu'il est
conçu, que je me pose également des questions quant à la
garde en milieu familial qu'on veut institutionnaliser de façon
générale. Cela est-il basé uniquement sur des
préoccupations de services aux familles et aux enfants ou n'y entre-t-il
pas trop des préoccupations d'ordre économique?
Finalement, je veux dire sur la question de la réglementation,
évidemment, que cela découle du vague du projet qui est une
création de structure plutôt que la mise en place ou
l'exécution d'une politique définie par le gouvernement.
Je voudrais remercier tous les organismes qui se présenteront
devant nous et qui, en dépit des vacances, en dépit de l'absence
de personnel, d'un fonctionnement peut-être beaucoup plus ralenti des
garderies durant la période d'été, ont pris le temps, ont
fait l'effort de venir faire valoir leur point de vue devant cette commission
parlementaire. Nous examinerons leurs mémoires avec beaucoup
d'attention.
Je suis sûre que l'expérience qu'ils vivent depuis
plusieurs années et toutes les difficultés qu'ils ont
rencontrées, quels qu'en soient les responsables, nous permettront
d'obtenir beaucoup plus de lumière et peut-être, finalement, en
dernière analyse d'adopter un projet de loi à l'Assemblée
nationale qui, d'abord, assurera un réseau de garderies de
qualité, mais qui répondra également aux besoins
véritables de la population sans, d'une part, faire taire ceux qui ont
des points de vue différents et, d'autre part, il permettra que la
population soit le mieux servie. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme le
député de L'Acadie. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
les 26 groupes qui ont accepté de venir présenter des
mémoires devant cette commission et les assurer que nous ferons tout en
notre possible je pense que c'est là l'intention du gouvernement
et du parti de l'Opposition officielle et c'est également notre
intention pour prendre le temps requis pour entendre chacun des groupes
et vous questionner pour mieux former notre opinion relativement à cet
avant-projet de loi qui nous est présenté aujourd'hui. Il est
extrêmement important puisqu'il bâtit un système, continue
d'élaborer un système au Québec avec lequel nous vivons
depuis déjà plusieurs décades et qui sera passablement
transformé d'ici quelques années à la faveur de cet
avant-projet de loi. Je voudrais vous dire que nous serons tous pendus à
vos lèvres pour mieux vous entendre dès que nous aurons
terminé cette première étape qui est la position du
gouvernement, de même que celle des partis d'Opposition.
Depuis le début des années soixante-dix, les besoins en
garderies n'ont cessé de croître dans toute la province.
Déjà en 1974, en instaurant le plan Bacon, le gouvernement
libéral de l'époque s'engageait à soumettre une loi-cadre
pour les garderies. En 1976, c'était au tour du Parti
québécois, dans un enthousiasme préélectoral, de
promettre un réseau de garderies universel et gratuit. Trois ans plus
tard, le gouvernement péquiste accouche d'un avant-projet de loi sur les
garderies aucunement universel et surtout pas gratuit.
Au Québec, on ne peut nier le problème que pose la
pénurie de garderies et ce, à la grandeur du Québec. Tout
le monde reconnaît cela. Cependant, avant d'aller plus loin, vous allez
me permettre de rappeler au gouvernement la philosophie qui prévaut au
Tribunal de la jeunesse. Cette philosophie consiste à assurer à
l'enfant un milieu sain et stable, c'est-à-dire un milieu qui ne
dépersonnalise ni ne désoriente l'enfant, bref, un milieu qui
s'apparente le plus au milieu familial. Ainsi, toute loi sur les garderies
devrait tenir compte le plus possible de l'élément naturel dans
lequel est baigné l'enfant. Tenant compte de ce principe, l'Union
Nationale perçoit les priorités en matières de garderies
de la façon suivante.
Premièrement, la garderie en milieu familial. Ce genre de
garderie devrait être le premier à favoriser, compte tenu des
exigences fondamentales de l'enfant. Il est temps que le gouvernement prenne
des dispositions en vue d'apporter des correctifs à la situation du
gardiennage dans les familles. Qu'en l'occurrence la promesse électorale
du Parti québécois en prenne un dur coup, cela ne tient sans
doute qu'aux exigences du pouvoir. Deuxièmement, la garderie
privée. Au nom de l'Union Nationale, je veux souligner à ce
moment-ci l'importance historique des garderies privées dites à
but lucratif. Ce genre de garderies québécoises a plus de 100 ans
et est le fruit d'efforts et d'acharnement. Il est même le
précurseur des nouvelles garderies populaires. Si je rappelle cela
aux
membres de la commission, c'est que, depuis que j'étudie ce
dossier, il m'a été donné de visiter certaines garderies
à but lucratif et certaines garderies dites populaires. Il m'a
semblé se dégager autour de l'expression "à but lucratif"
une connotation péjorative. Parce qu'un réseau de garderies
perçoit directement des parents les sommes requises à son
expansion, parce qu'il ne requiert presque pas ou pas du tout de subventions
pour son fonctionnement, on le perçoit comme faisant de l'argent sur le
dos du peuple. Enfin, le Parti québécois règle la question
des garderies privées. Avec cet avant-projet de loi, du revers de la
main il voue à une mort certaine toute garderie privée en ne
précisant pas leur statut et en bloquant toute possibilité d'en
ouvrir de nouvelles. Il faut lire l'article 88 pour s'en convaincre. (11 h
30)
Troisièmement, la garderie privée sans but lucratif et la
garderie populaire.
Il est possible que, pour certains quartiers, le système de
garderies en milieu familial ne fonctionne pas et qu'il n'y ait que la garderie
populaire qui convienne au quartier. Alors, pourquoi ne pas procéder
à la création d'une garderie populaire? L'important, pour le
législateur, réside dans le fait qu'il faut être ouvert
à tous les types de garderie, tout en ayant en tête l'ordre de
priorités que je viens de mentionner.
Enfin, l'avant-projet de loi fait état d'un autre type de
garderie qui pourrait être utilisé par la grande majorité
des femmes. Il s'agit de la halte-garderie, à laquelle le ministre
concède peu d'importance. Au Québec, 75% des femmes ne sont pas
sur le marché du travail. Une grande partie de ce pourcentage
élèvent leurs enfants. Je considère que cet avant-projet
de loi sur les garderies est injuste pour ces 75% de femmes. En effet, les
mères de famille auraient pu voir dans la halte-garderie une solution
à leur problème d'accaparement. Hélas! l'avant-projet ne
trouve pas du tout prioritaire ce type de garderie.
J'en profite pour parler de la majorité silencieuse des
Québécoises, c'est-à-dire de ces 75% de femmes qui sont
classées ironiquement comme inactives parce qu'elles ne sont pas sur le
marché du travail. Sous prétexte que la femme au foyer est docile
et moins revendicatrice que les 25% de ses concitoyennes qui travaillent hors
du foyer, le gouvernement péquiste a complètement oublié
cette couche de la population féminine dans ses mesures sociales.
Permettez-moi une brève parenthèse pour illustrer cette
lacune du gouvernement et prenons ces $240 d'allocation pour les travailleuses
qui doivent s'absenter pour un congé de maternité. Par cette
allocation, à mon sens, discriminatoire, le ministre du Travail
dévalorise la mère de famille qui élève ses
enfants. Ainsi, une mère au foyer qui redevient enceinte n'a pas droit
à cette prime de $240. Donc, le gouvernement dit implicitement aux
femmes au foyer qu'elles ne sont pas des femmes à part entière,
parce qu'il ne reconnaît pas leur travail de mère de famille.
Je ne puis que me réjouir des mesures sociales qui
améliorent le sort de 25% des femmes du Qué- bec. Cependant, il
est inadmissible que le gouvernement fasse la sourde oreille aux revendications
répétées des femmes qui ne sont pas sur le marché
du travail, c'est-à-dire de 75% des Québécoises. Pourquoi
le gouvernement ne reconnaît-il pas le travail qu'accomplit une femme qui
élève ses enfants? Sur le plan économique, voici l'absurde
de la situation: Avec cette politique de gardiennage, on va subventionner une
dame qui gardera trois enfants étrangers, alors qu'il n'y aura aucun
pécule de versé à la femme qui gardera, elle, trois
enfants qui lui appartiennent. C'est une attitude qui frise presque le ridicule
ou le mépris de la femme au foyer.
Peut-être la situation changera-t-elle avec la nomination du
nouveau ministre à la Condition féminine, mais je pense que vous
allez me permettre d'en douter. Cette nomination arrive justement en
période préréférendaire, alors qu'on se plaint que
75% des femmes, c'est-à-dire des femmes au foyer, sont réticentes
à la souveraineté-association. Sans équivoque, le
gouvernement a mandaté le nouveau ministre à la Condition
féminine d'aller chercher les "oui" chez cette clientèle plus
conservatrice.
Cette perspective n'est guère réjouissante pour les 75% de
Québécoises sur lesquelles l'intérêt du ministre
sera porté. Nous sommes au début de la saison de la distribution
des "candies" préréférendaires à ces pauvres femmes
indécises. Cela relève de l'exploitation politique, dont les
femmes ne seront certainement pas dupes.
Je voudrais, M. le Président, vous dire que nous aurons au cours
de l'étude de ce projet de loi à préciser beaucoup plus le
rôle que doit tenir le secteur privé dans le système de
garderies. Nous avons eu à discuter, autour de cette table, les
mêmes personnes, soit vous, M. le ministre, Mme le député
de L'Acadie et moi-même, d'autres lois et des crédits, autour de
cette table, qui m'ont parfois éberlué. Dans le programme du
Parti québécois Mme le député de L'Acadie en
faisait mention tout à l'heure en éducation, on
s'était engagé à diminuer à rien le système
de subventions aux institutions privées. On a retardé, puisque
cela ne faisait pas trop politique de couper cela en moins de cinq ans. On a
adopté un autre projet de loi, autour de cette table, aussi, qui a fait
qu'on a aboli complètement le service d'adoption du secteur
privé, qui est devenu, maintenant, une appartenance du conseil de
services de santé.
On n'a, également, pas trop élaboré les politiques
des foyers privés pour personnes âgées alors qu'on met un
accent fort important dans le domaine du secteur public. Vous allez me
permettre de douter de la volonté du gouvernement de vouloir
développer... le ministre dit bien à l'article 88 de son
avant-projet de loi bien sûr, je ne veux pas entrer dans le
détail de l'article "... les services de santé et les
services sociaux, peut conserver son statut de garderie privée
corporatif et les règles de formation..." On peut conserver; bien
sûr, on ne parle pas d'étendre et de rayonner davantage dans le
secteur privé, mais de conserver. C'est probablement une mesure
temporaire en attendant d'arriver avec quelque chose de plus
radical.
Pas besoin de vous dire, M. le Président, que dans le secteur
privé on s'inquiète, et avec raison. On s'inquiète de ces
maisons qu'on a bâties, qu'on a érigées, de ces services
qu'on a rendus à la population, depuis plusieurs années, services
qu'on peut qualifier de tout à fait corrects; dans le moment, on
s'inquiète à savoir s'il y aura continuité pour le secteur
privé. Je ne suis pas au secteur public et je sais que nous avons
besoin, dans plusieurs parties du Québec, de développer davantage
le secteur public des garderies. Je veux vous faire savoir immédiatement
que je m'opposerai à un tel projet de loi s'il ne garde pas le secteur
privé comme il est et si on ne lui permet pas de se développer.
Je m'opposerai avec la dernière énergie. Je voudrais que ce
système, qui a fait ses preuves au Québec, on ne le rejette pas
du revers de la main comme on tente de le faire dans le domaine de
l'éducation, comme on l'a fait dans le service d'adoption et comme on
s'efforce de le faire, depuis quelques années, dans le système
des foyers d'accueil. Inutile de vous dire, M. le Président, que mes
interventions au cours de l'étude de l'avant-projet de loi, au nom de
mon parti, porteront sur l'aspect du secteur privé de garderie,
spécialement là-dessus. Nous nous acharnerons et nous ferons une
lutte pour conserver ce secteur au Québec.
Personnellement, je viens du milieu de l'enseignement et j'ai
également travaillé pendant six années dans le milieu des
affaires sociales. Je suis en mesure de savoir de quoi je parle. J'aime mieux
vous dire immédiatement qu'avec un rouleau compresseur, on peut
réussir à abolir le système de l'enseignement
privé. On peut également réussir à abolir le
système des garderies privées. Mais cela coûte cher
à un gouvernement de faire cela. Je vous avise immédiatement
qu'on devra élaborer davantage les politiques du gouvernement lors de
l'étude de cet avant-projet de loi relativement aux garderies
privées, ou on montrera les dents, de ce côté-ci de la
table.
Il y a une autre chose que j'aimerais faire remarquer au gouvernement.
Je trouve étrange que le ministre d'État à la Condition
féminine ne soit pas présente ce matin. Vous avez signalé
au tout début que cela intéresse, bien sûr, les hommes
je ne vois peut-être pas très bien, mais j'ai l'impression
qu'ils sont en minorité ici mais cela intéresse surtout
les dames. Il me semble que ce serait la responsabilité du ministre,
avant de commencer sa croisade à travers le Québec sur la
condition féminine, de venir entendre ici les organismes provinciaux. Il
y a des organismes qui représentent bon nombre de dames du
Québec. Il y a un organisme, qui va se présenter au cours de la
journée, qui représente 75 000 femmes du Québec. Cela
vaudrait peut-être la peine qu'elle soit présente avec nous. Je
sais qu'elle a d'autres obligations. Elle a principalement l'obligation du
référendum, mais cet avant-projet de loi qu'on étudie
aujourd'hui, c'est le projet de loi sur les garderies.
Motion pour convoquer
le ministre d'État à la Condition
féminine
J'ai une motion ici qui dit que cette commission est d'avis d'inviter
Mme le ministre d'État à la Condition féminine à
venir siéger autour de cette table pendant l'audition des
mémoires relatifs à l'avant-projet de la loi sur les services de
garde à l'enfance. Je vous remercie, M. le Président.
Une voix: Cela va passer à l'histoire.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Une voix: Non.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: M. le Président, il me fait plaisir
d'intervenir dans un bref commentaire sur la présentation des
mémoires, ce matin...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il y a une motion sur la
table.
M. Lavigne: Je m'excuse.
Le Président (M. Boucher): Sur la motion.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre s'est exprimé. Une voix:
D'accord.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que... M. Lavigne:
On va vider cette question.
Le Président (M. Boucher): ... il y a des intervenants sur
la motion?
M. Lazure: Oui, M. le Président, je peux bien intervenir
sur la motion pour dire qu'elle n'est pas la meilleure du député
de Mégantic-Compton. Je dois dire que le ministre d'État à
la Condition féminine est actuellement en Colombie-Britannique, ou
canadienne, comme vous voudrez. En tout cas, elle est assez loin d'ici. Je dois
ajouter qu'elle a suivi de très près toute l'évolution de
cette question des services de garde depuis trois ans et encore tout
récemment. Je pense qu'il est un peu facile de faire croire au monde que
le ministre d'État à la Condition féminine ne
s'intéresse pas aux services de garde parce qu'elle est absente. Elle a
évidemment d'autres obligations, mais elle suit de très
près toute l'évolution de ce dossier.
Le Président (M. Boucher): Merci. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Sur la motion du député de
Mégantic-Compton, je dois dire que j'abonde dans le sens du
député. En fait, cette idée m'avait traversé
l'esprit quand je suis arrivée à la commission parlementaire ce
matin. Pas que je veuille
minimiser le rôle du ministre des Affaires sociales, mais il y a
aussi l'absence du ministre d'État au Développement social. Je ne
ferai pas de motion pour le convoquer. Il est sûr qu'il est
étonnant, d'abord, qu'il y ait l'absence du ministre d'État
à la Condition féminine, le superministre, et peut-être
même qu'aucune femme du Parti québécois ne soit ici, quand
elles sont en plus grand nombre que dans l'Opposition...
M. Lazure: II y en a beaucoup dans la salle.
Mme Lavoie-Roux: À tout événement, cela ne
m'étonne pas. Évidemment, je réalise que Mme le ministre
est en Colombie-Britannique. Si le ministre me le permet, y est-elle retenue
pour toute la semaine?
M. Lazure: Je l'ignore, M. le Président, mais je vais
vérifier. Sur cette question capitale, fondamentale, je vous donnerai
une réponse cet après-midi.
Mme Lavoie-Roux: Cela aurait été fort instructif
pour un ministre qui va vouer ses efforts uniquement à la condition
féminine, M. le député de Mégantic-Compton, de voir
ici comment ce projet de loi est tellement parcellaire par rapport à
tout le problème de la condition féminine. Je ne veux pas revenir
sur les choses que j'ai dites tout à l'heure, à savoir qu'il
s'agit vraiment d'un projet de loi dont on ne sent pas l'intégration
dans le problème général de l'évolution et des
besoins des femmes au Québec. Je pense qu'à cet égard le
ministre aurait peut-être assisté à des auditions fort
instructives pour elle.
Évidemment, on sait qu'elle préfère faire la
tournée de la province, comme elle l'a fait dans le cas de l'assurance
automobile, quand on peut préparer ceux qui viendront se faire entendre,
que les auditoires sont choisis, alors qu'ici je rends témoignage
au ministre, cela n'a pas été fait sur invitation, comme certains
ministres ont l'habitude de le faire; ce fut une invitation ouverte le
ministre aurait peut-être eu un son plus exact de ce que la population
pense que lorsqu'elle part en tournée organisée, bien
arrangée par ses fonctionnaires.
Je pourrais parler vingt minutes, M. le ministre, pour vous dire toutes
les bonnes raisons pour lesquelles il faudrait que le député de
Dorion soit ici, mais, dans les circonstances, je peux simplement exprimer mon
regret. Peut-être peut-on souhaiter qu'au moins elle lise les
mémoires. Je doute fort qu'elle en ait pris connaissance, parce que, si
elle en avait pris connaissance, elle serait peut-être ici aujourd'hui et
non en Colombie-Britannique. J'ai terminé, M. le Président, sur
la motion.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme le
député de L'Acadie. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Oui, deux minutes seulement pour signaler au ministre
que j'ai trouvé un peu bizarre son attitude quand j'ai demandé la
présence du ministre d'État à la Condition féminine
parce que le journal des Débats ne le dit pas et qu'il a
ricané. C'est sans doute qu'il attache peu d'importance à la
crédibilité qu'il accorde au nouveau ministre à la
Condition féminine. Il ne faudrait pas oublier que c'est quand
même un superministre. Elle s'est rangée dans le rang des gros
ministres dans le moment. Ils sont maintenant cinq au lieu de quatre. Je pense,
qu'à ce moment, l'assistance aurait aimé entendre le ministre
d'État à la Condition féminine s'exprimer sur cet
avant-projet de loi. J'ai presque l'assurance que si le ministre d'État
à la Condition féminine avait été ici, elle aurait
peut-être abondé dans notre sens à plusieurs reprises, pour
permettre à ces 75% de femmes du Québec dont elle parle sur les
ondes ce matin... C'est très fragmentaire, c'est peut-être une
déclaration faite de la Colombie-Britannique, mais elle semble
soudainement s'intéresser, comme on l'a signalé tout à
l'heure de part et d'autre, tant le député de L'Acadie que
moi-même, au pourcentage de femmes qui ne sont pas sur le marché
du travail. C'est ce qui est arrivé ce matin. J'ai entendu cela avant de
descendre de ma voiture.
Je pense que cela aurait été intéressant qu'elle
vienne nous dire ce qu'elle pense de cet avant-projet de loi, pour que n'arrive
pas ce qu'on a connu, par exemple, à l'Industrie et au Commerce,
c'est-à-dire que le superministre ne soit pas d'accord avec le ministre
en titre et qu'on arrive, dans une quinzaine de jours, avec ce bris qui fait
mal parfois à un gouvernement et qu'on ne vous souhaite pas. On ne vous
souhaite pas autant de mal que cela. (11 h 45)
On voudrait bien qu'il y ait une entente possible entre votre
superministre, le ministre d'État à la Condition féminine,
et vous. On sait que le ministre d'État à la Condition
féminine est mal à l'aise à l'Assemblée nationale.
Ce sont ses propos. Elle dit qu'elle n'est pas comme un poisson dans l'eau
à l'Assemblée nationale, qu'elle n'aime pas cela. C'est sûr
qu'elle aime mieux se promener dans la province et ailleurs aussi; j'accepte
cela. Ce sont ses paroles, c'est elle qui nous l'a dit. Mais il y a ici des
gens qui ont quelque chose à dire et ils aimeraient le dire devant les
personnes responsables, non pas le dire seulement devant l'Opposition mais
devant les personnes qui auront à prendre une décision.
Honnêtement, avec le projet de loi que nous avons là, si le
ministre d'État à la Condition féminine juge que ce n'est
pas important qu'elle soit ici, pour moi, c'est le monde à l'envers. On
étudie une loi qui, pour moi, est capitale; on entend les gens, c'est
plus important que la loi que nous allons étudier. Les gens viennent se
faire entendre à Québec et ils veulent dire au gouvernement ce
qu'ils pensent, et le ministre qui devrait être fortement
intéressé n'est pas là. J'étais assuré
comme on le signalait tout à l'heure que les deux
ministres seraient ici puisque vous avez un rôle important à jouer
dans cette loi. Il est bien sûr que vous êtes le titulaire de la
loi mais son application aura des répercussions fort importan-
tes sur les femmes au Québec. S'il y a une personne qui a bien
décidé de défendre la condition féminine au
Québec, c'est bien elle et c'est le gouvernement qui lui en a
donné le mandat il y a quelques jours ou, du moins, c'est ce qu'on a
entendu.
M. le Président, on va voter, on a des chances de se faire battre
puisque le gouvernement est toujours majoritaire mais c'est dur d'expliquer un
vote de gens qui pourraient voter contre. On va voter contre la présence
de Mme le ministre à cette table ce matin. C'est assez
étrange.
M. Lazure: M. le Président, le député de
Mégantic-Compton me permettra d'expliquer mon ricanement de tantôt
pour le journal des Débats. Si j'ai ricané, c'est tout simplement
avec, en même temps, un peu de tristesse/de voir qu'on perd du temps
précieux sur une motion qui est aussi loufoque. S'il y a une personne
dans le cabinet actuel des ministres qui a démontré
l'intérêt qu'elle porte à l'amélioration des
conditions de travail des femmes en garderie et aussi pour augmenter les
services de garderie, c'est bien le ministre d'État à la
Condition féminine. Je pense qu'il est absolument irresponsable de
vouloir profiter d'un concours de circonstances où le ministre est
physiquement incapable d'assister à la réunion pour laisser
entendre aux gens qui sont ici ou à d'autres qui liront le journal des
Débats que le ministre d'État à la Condition
féminine n'est pas intéressé à ce projet de loi. Il
n'y a pas de qualificatif pour un tel procédé, M. le
Président, et je n'oserai pas le qualifier mais le moins qu'on puisse
dire, c'est que c'est une perte de temps et un peu une insulte à
l'intelligence des gens qui suivent la scène politique au Québec
et qui connaissent bien les intérêts du ministre d'État
à la Condition féminine.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il me reste encore du
temps de parole.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même... Malheureusement,
je n'ai pas la transcription de cette émission de ligne ouverte
ou de radio, ce n'était peut-être pas une ligne ouverte
où moi-même et Mme la ministre d'État, à la
Condition féminine étions présentes. Ceci remonte à
la Journée des femmes du 8 mars 1977 je pense que ce serait
facile de vérifier où cette question de garderie avait
été abordée de part et d'autres d'une façon
incidente au cours d'un échange d'une dizaine de minutes. À ce
moment-là, Mme la ministre des Consommateurs et responsable du Conseil
du statut de la femme s'était demandé si, aujourd'hui,
c'était aussi important de penser à un réseau universel de
garderies parce que, selon les rencontres qu'elle faisait avec des jeunes
filles, il y avait maintenant une propension à rester avec les enfants,
à en prendre soin, etc. Je me souviens très bien de lui avoir
rétorqué: Ceci peut être le cas de jeunes filles qui
complètent des études universitaires et pour qui, tout à
coup, il peut y avoir un changement de valeurs ou un déplacement
temporaire de valeurs mais que tel n'était pas le cas quand on pensait
à la majorité des femmes qui, elles, étaient
forcément sur le marché du travail pour aller chercher un salaire
d'appoint. C'est encore de cette majorité de femmes qu'il s'agit quand
on discute d'un réseau de garderies. Je ne veux pas minimiser les bons
sentiments de Mme le ministre à l'égard des garderies ou de la
condition féminine, et je pense que je suis prête à appuyer
le ministre sur le fait qu'elle tente dans la mesure du possible, avec les
interlocuteurs qu'elle a comme collègues dans son parti, de faire
avancer la condition féminine. Mais, quant à la question des
garderies, il aurait été fort intéressant de
connaître le fond de la pensée du ministre sur le sujet. Il se
peut fort bien qu'elle ait évolué depuis le 8 mars 1977, mais
elle était quand même à ce moment ministre et elle
était pour le moins, disons, je n'exagère rien, ambivalente quant
à la nécessité de l'établissement d'un
réseau de garderies. Je pense qu'il serait facile, M. le ministre, de
relever, c'était à Radio-Canada, cette transcription. Je pense
que mes paroles, quoi qu'elles ne sont pas répétées
textuellement, situent bien le contexte de l'échange que nous avions eu
à ce moment.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les membres de la
commission sont prêts à voter? M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je veux signaler ce qu'on a
donné comme arguments ici. Je pense que le ministre est conscient lui
aussi, et c'est son rôle d'excuser son collègue qui est absent. Je
pense bien qu'il est conscient aussi que ce serait la place du ministre
d'État à la Condition féminine d'être ici. On
n'exagère pas en demandant cela et je pense bien que le ministre ne peut
pas nous accuser de faire perdre le temps de la commission si l'on prend dix
minutes pour discuter de la présence du ministre d'État à
la Condition féminine.
D'autre part, j'aimerais que le ministre puisse nous donner une
assurance. Il est difficile de monopoliser deux personnes du cabinet pendant
quatre jours de temps, mais si on pouvait, d'ici la fin des auditions, faire
que la ministre d'État à la Condition féminine puisse
être présente au moins à une de nos séances pour
donner son point de vue! J'aurais aimé lui poser certaines questions sur
les ajustements qui seraient faits, par exemple, aux subventions de garde en
milieu familial; j'aimerais connaître sa position là-dessus. Je
pense qu'il y aurait peut-être un éclairage intéressant
à connaître du ministre d'État à la Condition
féminine.
Mise aux voix de la motion
Le Président (M. Boucher): Merci. Est-ce qu'on est
prêt à prendre le vote sur la motion du député de
Mégantic-Compton à savoir que cette commission est d'avis
d'inviter Mme le ministre
d'État à la Condition féminine à venir
siéger à cette table pendant l'audition des mémoires
relatifs à l'avant-projet de loi, Loi sur les services de garde à
l'enfance? Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Chambly.
M. Lazure: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Boucher): La motion est rejetée 4
contre 3.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est quand même pas si mal.
M. Lazure: Je peux vous essayer.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
Modifications à l'avant-projet de loi
M. Lazure: M. le Président, si vous permettez, très
rapidement, avant qu'on ne commence à écouter les
représentants des groupes, j'aimerais faire part à cette
commission et aux groupes de quelques changements très précis qui
seront apportés à l'avant-projet. L'article 30 sera
modifié de manière que la garde dans le milieu familial soit
accessible aux enfants n'ayant pas atteint l'âge scolaire obligatoire et
aux enfants fréquentant l'école primaire, donc, accessible aux
deux groupes d'enfants. L'article 30.
Deuxième changement, l'article 58 je l'ai dit au cours de
mes remarques préliminaires ce matin sera aussi modifié
pour prévoir que l'obligation de fournir les services de garde en milieu
scolaire sera énoncée, explicitée, expliquée par
voie de règlement.
L'article 65 est modifié afin de permettre à l'office de
pouvoir déterminer par règlement le montant de la contribution
qui peut être exigée pour les enfants recevant des services de
garde en milieu scolaire. L'article 67 sera modifié afin de permettre
à l'office de subventionner les enfants de familles à faible
revenu et qui reçoivent des services de garde en milieu scolaire. Et
enfin, à l'article 72, le dernier paragraphe sera modifié de
manière qu'il soit clairement établi que le ministre responsable
de l'office a le pouvoir de créer la réglementation en ce qui
concerne les services de garde et de suggérer des modifications à
la réglementation suggérée au gouvernement par l'office.
Voilà, M. le Président... et peut-être deux...
Mme Lavoie-Roux: C'est difficile de...
M. Lazure: Oui, d'accord. On va en faire photocopier des
exemplaires qu'on va distribuer.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
Mme Lavoie-Roux: J'ai demandé copie des amendements.
M. Grenier: Oui, mais on discutait tout à l'heure d'une
question. On est prêt à étudier l'avant-projet de loi que
vous nous avez présenté et qu'on a en main depuis quelques jours,
mais n'y aurait-il pas eu lieu de faire ces modifications à la parution
du projet de loi? J'ai la conviction que les mémoires vont
également porter sur l'avant-projet de loi tel qu'on l'a en main, alors
que vous nous proposez des modifications fort importantes.
M. Lazure: M. le Président, justement, c'est pour cette
raison. Sur presque la centaine d'articles qu'il y a dans le projet de loi, ce
que je vous communique ce matin à la commission et aux groupements, ce
sont des modifications à cinq articles, et je pense qu'ils sont
suffisamment importants pour que tout le monde le sache au départ et
qu'on en tienne compte dans la discussion. Je répète encore une
fois que l'esprit et l'objectif d'un avant-projet de loi, c'est de permettre
une consultation encore plus large qu'avec un projet de loi proprement dit,
c'est-à-dire de favoriser deux temps de consultation, un pour
l'avant-projet et un deuxième pour le projet lui-même. Ceci
s'explique assez bien puisqu'on a à créer de toutes pièces
une loi sur les services de garde. C'est par un souci de consultation, par un
souci démocratique qu'on a déposé cet avant-projet de loi.
Nous l'avons déposé au cours de l'été tout
simplement parce que nous travaillons à longueur d'année,
été compris. Les groupements des garderies savaient fort bien que
nous allions le déposer au cours de l'été. Nous aurions
préféré le déposer juste avant l'ajournement, mais
cela n'a pas été techniquement possible.
M. le Président, une dernière remarque quant au programme
du Parti québécois. Nos adversai-
res vont souvent nous reprocher de ne pas appliquer le programme. Ils
nous donnent quelques extraits du programme, mais sans jamais se rendre
jusqu'au bout de l'article en question qui est l'article 4 du programme, la
dernière version, à la page 30 qui se termine en disant: "Cette
implantation pourra se faire par étapes, mais devra cependant être
prioritaire." C'est précisément ce que nous faisons. Nous voulons
implanter le réseau le plus complet possible de garderies et un
éventail de services de garde le plus large possible, mais nous le
faisons par étapes et je pense que tout le monde sait que
financièrement ce n'est pas possible de faire autrement.
Mme Lavoie-Roux: Une chance que vous avez entrepris la
première étape avant la fin de votre mandat.
M. Lazure: La première étape est entreprise depuis
le 16 novembre 1976, M. le Président.
Une voix: L'accouchement a été douloureux.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. Sans
plus tarder, j'inviterais les représentants des Organismes familiaux
associés du Québec Inc. qui sont ici dans la salle à bien
vouloir prendre place à la table centrale.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... j'aimerais que nous nous entendions quant
à l'allocation du temps. Je ne sais pas si le ministre veut
procéder d'une façon rigide, 20, 20, 20, c'est-à-dire 20
minutes de présentation, 20 minutes pour le parti ministériel et
20 minutes pour les partis d'Opposition ou 15 minutes pour le parti
ministériel, soit 20 et 15 ou 20 et 20, ou si encore on est prêt,
selon le nombre de points soulevés par un mémoire, à
prolonger peut-être le débat tout en étant bien certain
qu'aucun des intervenants, c'est-à-dire de nos invités, ne se
sente bousculé. (12 heures)
M. Lazure: M. le Président, je suis partisan d'une
méthode souple, flexible. On peut garder, comme guide, les quinze
minutes, si vous voulez, mais cela peut certainement varier, d'un groupe
à l'autre, selon la quantité des questions ou des commentaires
qu'il y aura à faire.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que leur donner vingt minutes...
Évidemment, si le mémoire n'a pas vingt minutes, cela en prendra
dix, mais d'une façon générale, je pense que la
règle, c'est vingt, vingt, vingt, généralement.
Le Président (M. Boucher): C'est cela, la
règle...
M. Lazure: Bon, allons-y pour un maximum de vingt minutes.
Mme Lavoie-Roux: Bien, pour la présentation...
M. Lazure: Comme règle, comme guide.
Mme Lavoie-Roux: Oui, comme guide, d'accord.
Le Président (M. Boucher): Alors, on appréciera
chaque mémoire. Je le mentionnerai aux membres de la commission, si on
dépasse le temps alloué. Alors, messieurs, si vous voulez bien
vous identifier, identifier les gens qui sont avec vous et procéder
à la lecture de votre mémoire. Madame.
Mémoires OFAQ
Mme Laporte-Dubuc (Denise): Je m'appelle Denise Laporte-Dubuc. Je
suis secrétaire générale des OFAQ, les Organismes
familiaux associés du Québec. Je suis accompagnée de deux
membres du conseil d'administration: à ma droite, Jean-Guy Brochu,
vice-président des OFAQ, et, à ma gauche, le trésorier,
Maurice Archambeault. Je suis aussi accompagnée d'une autre permanente
qui a travaillé sur le mémoire, Katoune Témisjian. M.
Brochu va vous lire notre court mémoire et après on sera
disposé à répondre à vos questions.
Le Président (M. Boucher): M. Jean-Guy Brochu.
M. Brochu (Jean-Guy): L'OFAQ est la confédération
qui représente, à travers treize fédérations
d'associations familiales, environ 125 000 familles québécoises.
Depuis sa création, en 1970, le regroupement OFAQ s'est fixé des
objectifs: c'est de travailler à l'épanouissement de la famille;
de promouvoir le regroupement des familles en associations; de favoriser la
connaissance mutuelle, l'échange et la collaboration entre les membres
et autres organismes s'intéressant à la famille; de faire de la
prévention sociale en aidant la famille dans ses diverses fonctions et
d'assurer la représentation de la famille.
Les fédérations familiales provinciales et
régionales membres, composées majoritairement de
bénévoles et faisant la promotion de la famille, sont les
suivantes:
Christian Family Movement Inc., Conseil de la famille de Hull Inc.;
Conseil de la famille Richelieu-Yamaska Inc.; Couple et Famille Inc.; Dames
Hélène de Champlain Inc.; Fédération nationale des
services de préparation au mariage Inc.; Fédération de la
famille de Québec Inc.; Fédération des organismes
familiaux Saguenay-Lac-Saint-Jean Inc.; Fédération des organismes
familiaux Lanaudière Inc.; Institut de la famille de Montréal
Inc.; Inter-Montréal du Mouvement des femmes chrétiennes Inc.;
Office diocésain de la famille de Trois-Rivières Inc. et
Vacances-Familles Inc.
Les services de garde à l'enfance ne sont pas un sujet tout
à fait nouveau. En tant que porte-parole de 125 000 familles
québécoises, les Organismes familiaux associés du
Québec se sont penchés sérieusement sur le
problème, à savoir quels sont les choix ou encore les besoins de
ces familles. Nécessitent-elles davantage une garderie ou une garde en
milieu familial?
Maintes recherches et études ont déjà
été effectuées pour identifier les besoins réels de
la population en ce qui concerne les services de garde à l'enfance.
Entre autres, nous pouvons noter que le rapport du Comité
interministériel sur les services d'accueil à la petite enfance,
appelé en résumé CISAPE nous le verrons plus loin
a excellé par son sérieux.
L'avant-projet de loi sur les services de garde à l'enfance
prévoit l'institution d'un Office des services de garde à
l'enfance et lui définit certaines fonctions. Mais est-ce là un
choix pertinent quant à l'utilisation des fonds publics que cette
institution entraînerait, son organisation, ses fonctions et enfin sa
réglementation?
Nous allons voir, dans une première partie, en quoi la
création de cet office serait inutile; dans une seconde partie, nous
donnons les conditions qui nous amèneraient à accepter un office
des garderies et, ensuite, nous exposerons notre position à
l'égard des services de garde à l'enfance.
En termes d'utilisation des fonds publics, nous croyons que
l'institution de l'office, telle que proposée, ne constitue qu'un
gaspillage de fonds publics: en effet, elle ne représentera qu'une
répétition d'études déjà entreprises
à divers niveaux. C'est ainsi que l'étude réalisée
par les CISAPE a donné lieu à des recommandations vouées
à l'oubli par le législateur. Pourtant, la valeur de ce document
est considérable. Ce comité avait pour mandat d'examiner les
besoins des familles par rapport aux services de garde et aux réseaux de
services existants, et d'explorer de nouveaux modèles de services et
leur financement. Ce mandat nous rappelle étrangement certaines
fonctions de l'office.
Donc, où se trouve le besoin de créer un office
gouvernemental des services de garde surtout dans une période où
l'État semble encourager fortement l'initiative privée, d'autant
plus que cette intervention ne garantit pas l'efficacité par rapport au
but fixé.
L'office est constitué de seize membres nommés par le
gouvernement. Seuls quatre d'entre eux sont choisis parmi les parents d'enfants
recevant des services de garde en garderie, en milieu familial ou scolaire.
Ainsi, le pourcentage des personnes capables d'exprimer une partie des besoins
réels vécus, elles-mêmes étant chargées
d'enfants, n'est que de 25%. Ceci ne permet de connaître qu'une infime
proportion des besoins de garde vécus par M. et Mme Tout-le-Monde, la
partie la plus importante numériquement n'étant même pas
représentée ici.
Doit-on croire que le seul souci du gouvernement en services de garde
porte uniquement sur les mères qui sont au travail? L'injustice est
flagrante ici. Les mères ayant choisi d'élever elles- mêmes
leurs enfants doivent-elles être pénalisées pour
autant?
Les fonctions assignées à l'office ne constituent qu'un
dédoublement de recherches déjà effectuées par des
organismes compétents; notamment, les Organismes familiaux
associés du Québec, en qualité de porte-parole de 125 000
familles, sont capables de garantir l'expression des besoins réels des
familles. Or, dans les OFAQ, étant donné que ce n'est pas une
structure gouvernementale, les frais encourus sont automatiquement moindres.
L'institution d'un office, de par sa constitution même, sera
obligatoirement loin du monde. Par ailleurs, la garde dans le milieu de travail
de même que la garde occasionnelle au domicile de l'enfant n'ont pas
été mentionnées dans les fonctions de l'office.
L'office détient tous les pouvoirs sur les différents
modes de garde. On n'a que faire des règles et normes qui
régissent chacun de nos gestes. Ce ne sont pas les institutions qui
manquent, au contraire. Jacques Dumais, dans un article publié
récemment dans le Soleil, défend exactement nos positions: "Une
bureaucratisation infecte résulterait de l'immixtion trop grande de
l'État dans la garde à l'enfance. On n'a que faire des normes,
règles, rapports froids dans des lieux où l'enfant a surtout
besoin d'humanisme, d'affection, de détente sécurisante, de
sentir la vie et la créativité autour de lui. Dans ce contexte,
la lourdeur déconcentrée des Affaires sociales s'apparente assez
mal merci, comme on l'a suggéré, à la question d'un
réseau de garde en milieu familial".
L'humanisation des services de garde à l'enfance ne pourra
être garantie qu'en tenant compte des besoins des parents puisque ce sont
eux les agents affectifs. Nous voyons dans la création de l'office, tel
que défini, une perte de la responsabilité d'éducateurs
des parents et le glissement de cette responsabilité vers l'État.
Alors que cette responsabilité de l'État se situe uniquement et
seulement au niveau économique, le législateur aura-t-il
oublié de garantir dans cet office tous les droits de l'enfant?
Dans un autre ordre d'idées, l'orientation actuellement en cours
pour les services de garde démontre un déséquilibre en ce
qui concerne le nombre de places accordées en garderie et celles
accordées en milieu familial. En effet, le nombre de places prévu
en garderie est sept fois plus élevé que celui
réservé en milieu familial: 3500 en garderie contre 500 en milieu
familial. Et pourtant, la recherche effectuée par le Comité
interministériel sur les services d'accueil à la petite enfance
nous démontre que les besoins sont inverses: "La garde à domicile
est sans aucun doute la formule la plus utilisée au Québec, mais
elle n'est pas réglementée et financée. Il s'agit de la
garde des enfants dans leur domicile. La Colombie appelée
britannique ici de même que quelques États
américains (Ohio, Arizona, Wisconsin), ont réglementé la
garde à domicile pour les programmes d'assistance financière.
Dans ce cas, seule la garde des enfants d'une seule famille dans leur domicile
par une personne non apparentée contre
compensation financière est reconnue et les programmes
d'assistance financière se limitent aux familles nombreuses et aux
familles dont les parents travaillent sur horaires variables. Donc, dans les
cas où l'utilisation des autres formules s'avère impossible ou
très onéreuse."
La responsabilité de l'État en matière d'aide aux
familles ne doit pas se traduire par la création de nouvelles
institutions ni par une politique d'ingérence dans la vie des familles
à travers celles-ci, mais bien plutôt par la satisfaction des
besoins réels des familles en ce qui a trait aux services de garde. En
d'autres termes, il faut sauvegarder la liberté des familles de choisir
leur mode de garde, indépendamment des motifs de la garde. Le rôle
de support de l'État pourra alors se définir par des allocations
de garde mensuelles, versées directement aux parents qui, eux, les
utiliseront en toute liberté.
La seule conjoncture dans laquelle nous serions favorables à la
création de cet office serait qu'il obéisse aux conditions
suivantes: promouvoir l'existence d'un éventail de services de garde
dont la qualité serait contrôlée par les parents
eux-mêmes; garantir la liberté de choix des parents du mode de
garde qui leur convient; établir les ajustements nécessaires
entre le modèle que nous proposons, allocations de garde mensuelles
versées directement aux parents, et le rôle de
coresponsabilité de l'État.
La participation des parents à l'office devrait être
garantie à plus de 50% puisque la qualité de l'éducation
offerte doit être contrôlée par eux-mêmes.
En ce qui concerne les servies de garde à l'enfance, nous
considérons que les familles doivent avoir le droit de choisir le mode
de garde qui leur convient. L'État doit leur garantir ce droit et cette
responsabilité d'éducateurs. L'État a une
responsabilité partagée avec la famille vis-à-vis des
enfants. C'est la responsabilité économique. Or, nos principes ne
sont pas garantis avec la création d'un office puisqu'il n'y a pas une
reconnaissance réelle d'un éventail de besoins de garde. Le
contrôle de l'éducation des enfants par leurs parents et de la
qualité de celle-ci, peu importe les intervenants, n'est pas
assuré. La participation de M. et Mme Tout-le-Monde est inexistante. Les
services de garde accordés par l'État doivent être
réalisés avec la participation directe des familles puisque ce
sont elles seules qui sont en mesure de connaître leurs besoins.
Nous, organismes familiaux associés, après consultation de
nos membres, estimons que la coresponsabilité de l'État doit se
traduire par une reconnaissance économique des frais de garde, quels que
soient le mode et le motif choisis, sous forme d'allocations de garde
mensuelles.
En conclusion, nous sommes d'avis que l'avant-projet de loi sur les
services de garde à l'enfance est absolument inefficace pour
protéger un certain nombre de droits des parents. Une fois de plus,
l'institution d'un office des services de garde à l'enfance ne pourra
être utile que pour inspecter les familles et non pour subvenir à
leurs besoins. Toute action concernant les chargés d'enfants doit
être pensée et réalisée par eux-mêmes car ce
sont eux qui ont posé le geste social de mettre au monde des
enfants.
Donc, au nom de 125 000 familles du Québec, nous recommandons que
l'Office des services de garde à l'enfance ne soit pas
créé tel que proposé dans l'avant-projet de loi; que, s'il
existe une nécessité d'identifier les besoins de la population en
matière de services de garde, ce rôle revienne aux organismes
familiaux déjà établis, et que le rapport du CISAPE soit
mis en application, à savoir que l'État traduise sa
coresponsabilité par des allocations de garde mensuelles aux familles.
Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier les
représentants de l'OFAQ pour leur mémoire. Nous sommes d'accord
sur l'essentiel de leurs représentations quand ils parlent de
responsabilité parentale, de coresponsabilité de l'État.
On est d'accord avec le libre choix des parents. C'est pour cette raison qu'on
introduit justement, pour la première fois, le concept de la garde en
milieu familial aussi bien que la garde en milieu scolaire et qu'on a
développé aussi depuis trois ans la garde en milieu de travail.
Il faut que les parents aient vraiment l'éventail le plus complet. Je le
répète encore une fois parce que je sais que l'OFAQ y tient
beaucoup et a raison d'y tenir: c'est aux parents de déterminer à
quel mode de garde, à quel genre, à quelle sorte de garde,
à quel service de garde on va confier leur enfant. Ce n'est pas à
l'État de décider cela. On est aussi d'accord pour étudier
cette possibilité d'une allocation. Votre groupement y tient. D'autres
groupements nous font cette suggestion dans leur mémoire.
Nous avons déjà envisagé une allocation de garde
qui aurait un caractère encore plus universel et qui pourrait prendre
des voies fiscales, qui pourrait être faite par le biais de
l'impôt. Nous n'abandonnons pas l'espoir d'en arriver à une
formule équivalente à celle que vous proposez aujourd'hui.
Malheureusement, il s'avère que dans l'immédiat une telle formule
est tellement complexe qu'elle n'est pas applicable à court terme. (12 h
15)
Seulement une dernière remarque. Je pense que vous illustrez
l'ambivalence, les sentiments partagés de beaucoup de groupes
vis-à-vis du rôle de l'État. D'une part, vous
répétez à plusieurs reprises qu'il ne faut pas que
l'État s'ingère, et d'autres groupes aussi ont cette même
attitude un peu ambiguë. D'une part, l'État ne doit pas
s'ingérer et, d'autre part, vous demandez qu'on intervienne de plus en
plus. Vous dites: La garde occasionnelle en milieu familial, on n'en parle pas.
Si on n'en parle pas, c'est justement parce qu'on ne veut pas que l'État
ou l'office qui va représenter l'État soit une machine tellement
tatillonne qu'elle paralyse les initiatives qui se prennent tous les jours
depuis toujours. La garde occasionnelle se fait de tout temps aussi. Je ne
pense pas que l'État
doive intervenir dans un domaine comme celui-là. Je voulais faire
ressortir cette espèce d'ambivalence de sentiments un peu
mélangés; d'une part, on en veut plus de l'État et,
d'autre part, on ne veut pas non plus qu'il vienne demander trop de
comptes.
Il y a finalement la pertinence de votre suggestion de consulter les
groupes familiaux pour la composition de l'office; possiblement aussi que
certains sièges au conseil d'administration pourraient être
identifiés pour certains groupements très représentatifs
d'organismes familiaux. On le retient pour l'étudier plus à fond.
Je poserais une seule question: Qu'est-ce qui manque dans le projet actuel pour
que l'éventail de ces choix que les parents pourront faire soit plus
complet à votre avis?
Mme Laporte-Dubuc: Selon nous, votre projet ne répond pas
aux besoins réels des parents à cause des raisons qu'on vous
donne dans le mémoire et simplement parce qu'il fait d'abord
dédoublement avec des choses qui sont déjà faites comme le
rapport du comité interministériel sur les services d'accueil. Ce
qu'on dit n'est pas ambigu du tout. Il y a quelque chose qui n'a pas
été compris à un moment donné, peut-être
qu'on s'est mal exprimé, mais ce n'est pas ambigu du tout le rôle
de l'État et le rôle de la famille; c'est très clair. Les
parents veulent garder leur rôle, leurs responsabilités
d'éducateurs, de premiers éducateurs des enfants. Les parents
reflètent la société. On n'a pas fait le choix comme
société que l'État devienne responsable de cette fonction
des parents. Il reste que la figure la plus déterminante dans la vie
d'un enfant, ce sont les parents et les parents y tiennent; ils veulent de
l'aide pour bien remplir cette fonction. La responsabilité de
l'État est strictement au niveau économique tout en sauvegardant
la liberté. Cela nous apparaît très clair. Vous avez dit
que c'était ambigu. Ce sont là les réponses. Pourquoi?
Parce que ces principes ne sont pas sauvegardés actuellement.
M. Lazure: M. le Président, je ne vois pas en quoi
l'avant-projet de loi ou une future loi sur les services de garde fait double
emploi avec un rapport de comité interministériel. Le rapport du
comité interministériel est un instrument qui a servi à
élaborer un avant-projet de loi qui va être modifié suite
aux discussions qu'on va avoir avec votre groupe et d'autres groupes, qui va
devenir un projet de loi et qui, encore une fois, va être discuté
et modifié. Mais une loi sur les services de garde, cela
m'étonnerait... Est-ce que c'est là le sens de votre question?
Est-ce que vous êtes contre le principe d'une loi sur les services de
garde? Si c'est cela, c'est une autre affaire mais cela ne fait certainement
pas double emploi avec un rapport d'un comité interministériel
qui a préparé le chemin à une loi.
Mme Laporte-Dubuc: On n'est pas contre le principe d'une loi sauf
qu'on se rend très bien compte que l'arrivée de cette loi est
beaucoup plus pour répondre à des voix, à des groupes bien
organisés qui ont la possibilité de faire un lobbying
extrêmement puissant et que cela ne s'inscrit pas dans une politique
familiale. On est très conscient de cela. C'est un aspect de la
politique familiale: Vous prenez le bébé par le bras et le
bébé va peut-être venir après. Mais nous disons: II
faudrait le prendre par la tête. On voudrait qu'on le prenne globalement.
Vous sortez un aspect parcellaire d'une politique familiale sans qu'il y ait
des principes définis par la société, sans qu'il y ait eu
une réflexion préalable faite par l'ensemble de la
société sur ce qu'est la politique familiale et quels sont les
principes qui la sous-tendent.
Là, vous élaborez, mais il y a un problème de
garde. Peut-être qu'une partie des problèmes des familles seront
satisfaits à travers le projet que vous proposez. Nous, on essaie
d'arracher un petit morceau. C'est certain, par exemple, que l'approche qu'on
aurait souhaitée, cela aurait été un choix clair de la
part du gouvernement qu'on élabore ensemble avec tous les groupes de la
société ce dont on a besoin vraiment, qui est une politique
familiale.
M. Lazure: Une dernière question, M. le Président.
Mme Dubuc, est-ce que vous reconnaissez que ce gouvernement-ci, par le biais du
projet de loi, pour la première fois, va subventionner la garde en
milieu familial et est-ce que vous croyez, oui ou non, que ceci répond
à un besoin?
Mme Laporte-Dubuc: Aujourd'hui, vous nous avez annoncé des
changements. Il m'a semblé c'était difficile de faire la
jonction avec le peu de temps qu'on avait que ce que vous proposez, cela
ne correspond pas. Ce n'est pas cela les besoins des gens. Le comité
interministériel sur les services d'accueil a fait une étude qui
nous apparaît juste et qui correspond vraiment aux besoins de la
population. J'ai le rapport de M. Henri-pin, en 1974, qui n'est pas tellement
vieux et qui confirme la recherche du comité interministériel
dans ce sens, le choix majoritaire des familles, c'est faire garder chez eux ou
autour de la maison par une personne qui a la confiance. Dans votre projet de
loi, il n'est pas question de cela. Il est question du milieu familial, mais
par un organisme. D'abord il n'y avait que 500 familles sur 3500 et je me suis
dit cela va être les 500 premiers arrivés, et c'est une famille
qui serait reconnue par un organisme mais accréditée en somme.
Cela ne correspond pas du tout au vécu des familles. Vous avez des
changements qui semblent corriger un peu cette lacune. Tant mieux, à ce
moment. Le morceau qu'on réussira à arracher va être un peu
plus gros. Mais c'est dans ce sens que cela ne correspond pas aux besoins.
Vous savez, même pour les femmes qui travaillent, puisque cela
semble être votre premier souci et j'admets que vous introduisez
d'autres soucis dans cela quand vous avez un bébé qui fait
102° ou 103° de fièvre, ou un enfant de deux ans ou trois ans
qui a 102° ou 103° de fièvre pendant l'hiver et on peut
dire raisonnablement que
cela arrive trois, quatre ou cinq fois dans une année cela
vous arrache le coeur comme mère de le sortir pour aller le conduire
à la garderie. Cette journée, il y aura le meilleur réseau
universel de garderies d'État, ce n'est pas cela qui répond
à votre besoin en tant que mère. Ce n'est pas cela. La même
chose aussi, même pour ces mêmes femmes, quand elles veulent sortir
le soir avec leur mari, parce qu'il y a un aspect loisir. C'est pour cela qu'on
ne veut pas que vous teniez compte du motif de la garde. Mais si un couple ou
une famille ou même une mère seule ou un père seul
parce qu'il y en a aujourd'hui qui les gardent leurs enfants veut un
soir sortir pour son loisir, si c'est le temps du dodo, il va avoir
naturellement et viscéralement envie de respecter cela. Il ne va pas
avoir envie d'aller le conduire à la garderie. Vous avez dit: Je
voudrais répondre à une chose. Vous avez dit: En quoi ce que nous
proposons dédouble-t-il l'action qui est déjà faite? C'est
dans la fonction étude. Vous donnez une fonction étude à
votre office; les études, pour moi, il y en a de faites et elles peuvent
se poursuivre avec les organismes existants. Si vous lui donnez la fonction de
connaître les besoins de la population, c'est dans ce sens qu'il y a un
dédoublement.
M. Lazure: Juste pour répondre, M. le Président.
C'est une des nombreuses fonctions de l'office et ce n'est pas la principale,
surtout à court terme. Ses principales fonctions, à court terme,
sont beaucoup plus de faire la promotion pour développer des services de
garde, quel que soit le type de services de garde, encore une fois. La
promotion et la coordination. Maintenant, vous semblez tenir pour acquis que
nous voulons satisfaire seulement les besoins de la femme qui travaille. Ce
n'est pas le cas puisque, encore une fois, pour la première fois, nous
introduisons dans le cadre des services financés par l'État
pour la première fois ce service qui n'est pas seulement
pour la femme qui travaille. Le service en garde familiale aussi bien que le
service en garderie populaire, ce n'est pas seulement pour la femme qui
travaille. Je ne sais pas où est-ce que vous lisez cela dans le texte de
loi. Vous faites un procès d'intention.
Mme Laporte-Dubuc: Non, mais j'ai admis tantôt qu'on
sentait qu'il y avait une évolution. Je vous l'ai dit. C'est tant mieux.
J'ai dit que le morceau sera un peu plus gros. Mais, à travers les mass
media, ce qu'on entend dans les interventions et même dans les
revendications, il est évident que c'est lié aux besoins de garde
des femmes au travail. C'est évident que c'est la priorité. C'est
par le biais de ce besoin qu'on introduit une préoccupation
gouvernementale dans la question des garderies ou des besoins de garde des
familles. Personne ne va nier cela. Que vous intégriez la nouvelle
dimension, les autres besoins de garde, tant mieux. C'est parce qu'on a
réussi un petit peu à se faire entendre. C'est dans ce
sens-là que je le discute.
M. Lazure: Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je désire
remercier les représentants des organismes familiaux pour la
présentation de leur mémoire. Je pense que vous êtes venus
nous rappeler la responsabilité des parents. D'ailleurs, vous avez
raison de vous référer au Comité interministériel
sur les services d'accueil à la petite enfance. J'en ai cité une
partie tout à l'heure dans mes remarques du début. À
plusieurs endroits, on indique justement le fait que, même dans le
développement des services d'éducation ou des services
spéciaux pour des enfants handicapés, on semble toujours
rechercher les solutions à l'extérieur de la famille plutôt
que dans la famille.
Mme Laporte-Dubuc: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Les objectifs de votre association sont vraiment
la promotion de la famille. Vous venez ici comme porte-parole des
problèmes que vivent les familles et les femmes au foyer. Je pense qu'il
faut le situer dans ce contexte-là. Je comprends qu'un office qui soit
si distant ou qui soit si loin et auprès duquel les parents sont peu
représentés ceci peut aussi s'appliquer aux parents dont
les enfants fréquentent des garderies ou dont les enfants sont
confiés à un service de garde vous inquiète; je
l'ai signalé aussi dans mes remarques du début. Que vous soyez
inquiets aussi devant toute la multiplicité de règlements qui
vont venir de l'office... On retrouve au moins à une dizaine d'articles
des règlements de l'office. De quelle façon ceci va-t-il venir
vraiment en contradiction avec certaines valeurs ou certains objectifs que
votre association poursuit? Je pense que vos questions sont très
sages.
Je me demande s'il n'y a pas une confusion, cependant, entre ce que vous
entendez par soins de garde en milieu familial et ce que l'avant-projet de loi
indique par soins de garde en milieu familial. Pour vous autres, je pense que
c'était vraiment un service non organisé, non structuré
chez la voisine, chez la grand-maman ou chez un membre de la famille alors
qu'ici il est structuré de telle sorte qu'on donnera une allocation pour
autant qu'on sera regroupé, soit en nombre de quatre ou neuf, incluant
ou excluant les enfants des parents. Enfin, les modalités, je ne les
connais pas par coeur. Pour vous, ce n'est pas cela que vous recherchez. Vous
autres vous vous dites: Nous, on est prêts à assumer la garde
nous-mêmes dans la majorité des situations, mais on a besoin aussi
d'un service de garde qui nous dépanne, qui réponde aux besoins
sociaux de la famille, besoins sociaux dans le sens de loisirs, dans le sens
d'équilibre de la famille. Vous ne trouvez pas réponse à
ceci dans l'avant-projet de loi puisque, de toute façon, même la
garderie en milieu familial j'imagine sera de 7 heures à
18 heures ou de 7 heures à 17 heures, peu importe. Il faudra qu'il y ait
regroupement d'en-
fants. C'est là où vous dites que, dans le fond, on
n'apporte pas un soutien de plus à la famille, du moins à la
famille traditionnelle - je ne le dis pas dans un sens péjoratif
qu'on connaît. Vous avez raison de souligner un fait. Je l'avais dit dans
mes remarques du début et je le redis. (12 h 30)
Étant de l'Opposition, c'est évident que les gens peuvent
interpréter en disant: C'est vrai d'une part mais, d'autre part, dans la
réalité des choses, ce qui me frappe c'est que vraiment cet
avant-projet de loi, à maints égards, est improvisé. On
vient d'en avoir une démonstration sur place. Dans un avant-projet de
loi, on vient de nous donner cinq amendements parce qu'on a admis qu'on n'avait
pas pu, pour des raisons techniques, le déposer à
l'Assemblée nationale avant la fin de la session, qu'il y avait certains
engagements de pris et on le dépose au mois d'août. On a
l'impression que ce n'est pas suffisamment pensé et, je le
répète, pas suffisamment intégré à une
politique familiale et sociale globale. On veut vraiment répondre
à des besoins qui sont là et auxquels il faut répondre
mais on aurait cru... Le ministre me rétorquera que je suis
peut-être mal placée, étant membre d'un parti qui n'avait
pas pris de mesures...
M. Lazure: Qui a si peu fait pour les garderies.
Mme Lavoie-Roux: On pourra toujours voir cela. Il y en a d'autres
qui auront peut-être d'autres sons de cloches. En tout cas, je suis
prête à le prendre. C'est pour cela que je ne me place pas sur une
ligne partisane, je me place devant la réalité des choses. Je me
dis... Le député de Beauharnois peut bien sourire, son
intérêt pour les garderies est probablement un
intérêt d'occasion, de toute façon, de circonstances.
M. Lavigne: M. le Président, je pense que Mme le
député de L'Acadie... Question de privilège, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Je retire mes paroles, M. le
Président.
M. Lavigne: Je voudrais indiquer, M. le Président, au
député de L'Acadie que j'ai fait partie, depuis le début,
du comité interministériel qui a eu à travailler, à
se pencher sur le problème des garderies au Québec. Ne le sachant
pas, Mme le député de L'Acadie s'est aventurée sur un
terrain qu'elle ne connaît pas.
Une voix: Elle connaît mal son dossier.
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse. Tel que convenu,
nous devions suspendre à 12 h 30. Il est 12 h 30 passé.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce qu'on ne pourrait
pas faire une proposition pour compléter ce mémoire...
Mme Laporte-Dubuc: J'ai encore des choses à vous dire.
Mme Lavoie-Roux: ... quitte à ce qu'on reprenne, si on
finit à 12 h 45... Voulez-vous?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous désirez
prolonger jusqu'à 13 heures?
Mme Lavoie-Roux: Pour compléter ce mémoire.
Le Président (M. Boucher): Si on peut compléter
d'ici quinze minutes, je suis bien d'accord pour prendre un autre quart
d'heure, si le groupe est d'accord.
Mme Lavoie-Roux: On commencera un quart d'heure plus tard. Il n'y
a personne qui...
Mme Laporte-Dubuc: Cela devrait aller.
Le Président (M. Boucher): Alors, on complète ce
groupe-ci. Est-ce qu'on s'entend bien? Pour compléter le présent
mémoire, on continue encore quinze minutes.
M. Lazure: Cela veut dire qu'après la suspension, on
revient avec un deuxième groupe. C'est cela que ça veut dire?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: D'accord.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, encore une fois, je
m'excuse auprès du député de Beauharnois.
Évidemment, je ne connais pas les secrets des officines du gouvernement
pour savoir qu'il a travaillé à ce projet de loi. Je ne sais pas
si je peux lui faire des remarques vu qu'il siège comme
président.
Le Président (M. Lavigne): Oui, il est sur la liste des
dépenses.
M. Lazure: II faut surtout être gentille et polie.
Mme Lavoie-Roux: Je parle toujours à la place vacante du
député de Beauharnois. Une chose est certaine, il aurait
peut-être dû travailler un peu plus longtemps à
l'avant-projet de loi et on aurait peut-être quelque chose de mieux
articulé et de mieux intégré.
Le Président (M. Lavigne): Je répondrai quand
j'aurai repris mon siège de député, madame.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. J'ai deux questions. J'en aurai
d'autres après. La première: Est-ce que je me trompe en pensant
qu'il y a confusion dans la notion que vous avez de garderie en
milieu familial et celle qui est présentée par le projet
de loi? Deuxièmement, dans vos contacts avec les familles, est-ce que
vous avez vu quand même, au cours des cinq ou dix dernières
années je ne sais pas depuis combien de temps vous êtes
impliquée dans votre association une évolution des besoins
et aussi la nécessité qu'on réponde aux besoins des femmes
qui sont au travail, quels que soient les motifs pour lesquels elles sont au
travail, que ce nombre va en augmentant et que l'État ne peut quand
même pas se désintéresser de la mise en place de garderies
pour répondre aux besoins? On peut commencer par ces deux-là,
j'en aurai une troisième.
Mme Laporte-Dubuc: Au sujet de la confusion, vous avez raison.
C'est peut-être ce que M. Lazure a appelé l'ambiguïté
tout à l'heure. Nous, ce n'est pas du tout organisé. Quand on
exprime les besoins de garde, ce sont des besoins absolument non
structurés, spontanés, où on n'a pas besoin de faire tout
un processus de réhumanisation des services. L'humanisation est
là tout le temps; c'est la voisine. Cela n'a rien à voir avec une
structure.
C'est pour cela que, dans notre réflexion, si on voulait tenir
compte de ce besoin, qui est le besoin majoritaire, on n'avait pas d'autre
ressource que de demander une allocation de garde et on est allé
discuter avec les membres du cabinet de M. Parizeau dernièrement, il y a
quinze jours, et on a discuté de cette question. Contrairement à
ce que M. le ministre des Affaires sociales semble dire, ce n'était pas
un problème, une difficulté, c'était même ce qui
était le plus simple de donner une allocation de garde aux familles,
quand on a discuté avec les membres de M. Parizeau, on l'a
rencontré deux fois dans l'année et on a discuté ce
problème avec lui. C'est de la simplicité la plus grande. Le
moyen le plus simple serait de donner une allocation de garde pour les
zéro à six ans aux familles.
M. Lazure: M. le Président, à titre d'information,
si vous me permettez, puisque Mme Dubuc donne des renseignements si
précis, je suis obligé d'en donner un peu pour ne pas induire les
gens en erreur. Je ne sais pas quel membre de M. Parizeau, comme elle le dit,
elle a vu, je ne veux pas le savoir. J'espère encore une fois que c'est
conforme à l'éthique de certain parti qui n'est pas le
nôtre.
Mme Laporte-Dubuc: Je n'étais pas seule avec lui.
M. Lazure: Vous n'étiez pas seule avec ses membres, tant
mieux, seule ou avec d'autres. Sérieusement, je ne peux pas laisser
passer cette remarque. Mme Dubuc laisse entendre que des gens dans l'entourage
de M. Parizeau seraient d'accord avec l'allocation de garde. C'est cela qu'on
comprend quand on vous écoute.
Mme Laporte-Dubuc: Comme j'ai dit...
M. Lazure: Si vous permettez, moi, j'ai dit tantôt que nous
avions étudié ce système. Nous l'avons
étudié et il a été mis de côté pour le
moment par un comité interministériel qui comprenait justement le
sous-ministre des Finances et qui comprenait le ministre des Finances
évidemment, le ministre des Affaires sociales et quelques autres
ministères. Je vous dis de façon bien officielle, pour le journal
des Débats, que la position officielle du ministre des Finances et du
sous-ministre des Finances, encore une fois j'ignore à quel membre de
l'entourage Mme Dubuc a parlé, c'est que ce n'était pas
réalisable dans l'immédiat.
Mme Laporte-Dubuc: D'abord, on est allé, un groupe,
rencontrer un groupe, c'est évident.
M. Brochu (Jean-Guy): À notre avis, la recommandation
centrale de notre rapport permet ceci, c'est que nous recommandons une
allocation de base aux familles pour les besoins de garde, ce qui évite,
ce qui permet à l'État d'assurer sa responsabilité que
nous croyons être une responsabilité économique. À
ce moment, l'État n'a pas besoin d'une foule de règlements pour
tous les cas de garde qui peuvent exister, que ce soit le soir, dans la
matinée, l'après-midi ou la nuit. Lorsque vous parlez
d'ambiguïté au niveau de la garde en milieu familial, je reconnais
avec vous que c'est difficile de faire une liste de toutes les méthodes
de garde en milieu familial. C'est celle organisée qui est
subventionnée et je pense qu'elle doit entrer dans le projet de loi, que
le projet de loi doit l'encadrer. Mais il y a une foule d'autres besoins de
garde, soit pour aller jouer aux quilles le lundi soir, soit parce que la femme
reste au foyer et qu'on n'a pas besoin d'encadrer, mais l'allocation de base
aux familles permet aux familles de mieux satisfaire leurs besoins de garde.
L'État reconnaît ce besoin de garde, mais il n'est pas
obligé de légiférer sur chacun des détails, sur la
façon de faire cette garde.
Mme Laporte-Dubuc: J'ai ri avec vous autres, j'ai
écouté, j'avais perdu ma réaction à donner, je vais
laisser faire, pour ne pas intervenir, ne pas discuter ce que vous avez dit, M.
Lazure, mais je vais répondre à votre question, Mme Lavoie-Roux.
Vous avez parlé de l'évolution des besoins des femmes au travail.
Je pense, par ce que je constate, par ce que je vois, par ce que j'entends avec
les groupes avec lesquels on travaille, que ce sont des femmes un peu plus
vieilles qui vont sur le marché du travail. Les femmes qui ont des
enfants, qui sont mères d'enfants de zéro à un an, de
zéro à deux ans, de zéro à trois ans, tiennent
à les élever encore, en majorité. Il y a même une
étude récente qui a été faite dans les milieux
scolaires et qui a montré combien on peut appeler cela
traditionnel, si on veut, sans même que ce soit péjoratif
elles y tiennent.
Il reste que c'est une fonction importante dans la vie d'une femme, et
dans la vie d'un homme aussi, avoir un enfant. Je connais des jeunes qui
planifient et qui veulent vivre la naissance de l'enfant dans tout ce
que cela a de beau et de grand. Ce n'est pas obligatoirement une chose qui
aliène les femmes. Cela a aliéné certaines femmes, mais
cela a épanoui d'autres femmes. C'est ce que je veux surtout dire. Il y
a peut-être une évolution du point de vue nombre. Je ne fais pas
les recherches sur le nombre, mais on ne fait pas intervenir souvent
l'âge des femmes au travail. On dit: II y a 52% des femmes qui sont sur
le marché du travail qui sont des femmes mariées, mais ce ne sont
pas obligatoirement des mères de jeunes enfants.
Il y a des nuances qui ne sont pas toujours données dans les
recherches. Ensuite, il y a autre chose, et cette position est la nôtre.
Il y a eu dans les interventions un accent vers une certaine
professionnalisation des parents. On a dit: Dans le milieu familial, cela
va-t-il garantir la qualité de l'éducation? Quand on prend un
enfant de sa famille parce que cela va bien mal, les parents se sont
séparés ou qu'un enfant délinquant a des problèmes
et qu'on veut le placer dans une famille d'accueil, là, on ne se soucie
pas de la professionnalisation. C'est un substitut heureux, le plus
adéquat possible. Je conviens que c'est un substitut valable, mais on ne
se soucie pas de la qualité et, pour toutes les femmes ordinaires qui
n'ont pas d'aide et qui se lancent dans l'éducation des enfants, et les
hommes aussi je ne veux pas les exclure il n'y a pas d'aide pour
eux. On ne se soucie pas de la qualité de l'éducation qu'ils vont
donner à leurs enfants.
Là aussi, il y a un rôle pour l'État. Ce serait
à intégrer dans une politique familiale, mais, tout à
coup, on en discute. Ce n'est pas dans l'avant-projet de loi, mais c'est dans
les discussions on l'a lu dans la Presse et la
nécessité d'assurer une qualité de l'éducation.
Pourquoi, dans le secteur des garderies tout à coup, alors qu'on ne s'en
soucie pas pour les familles d'accueil et pour les parents ordinaires qui
élèvent tout le temps leurs enfants? Il n'y a jamais eu
d'intervention par rapport à la qualité de l'éducation.
Peut-être en faudrait-il une! S'il y en avait une, il y aurait
peut-être moins de familles qui soient obligées de faire appel
à des substituts comme cela?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais seulement
ajouter un mot. Je pense que ce à quoi Mme Laporte-Dubuc fait allusion,
c'est à la nécessité de l'éducation, appelons-la
familiale, si vous le voulez bien, à l'intérieur des programmes
d'éducation. Je pense que les gens deviennent de plus en plus
conscients, en sentent de plus en plus la nécessité, et
peut-être le système scolaire n'a-t-il pas été
très vigilant là-dessus. Cela éviterait peut-être un
certain nombre de problèmes qui s'ensuivent. Il reste, Mme Laporte-Dubuc
je peux avoir mon point de vue personnel sur les garderies ou pas
que, quand je regarde la situation sociale en face, quand je regarde les faits,
je suis d'accord qu'il y a des femmes qui veulent prendre soin de leurs enfants
et on doit leur donner tout l'appui nécessaire. Je pense que je l'ai dit
au départ. Il y a aussi des femmes qui travaillent, même si on
mettait de côté celles qui travaillent parce qu'elles ont fait des
études supérieures et elles veulent poursuivre une
carrière, mettons-les de côté et prenons seulement les
femmes qui travaillent pour aller chercher un salaire d'appoint. Elles
aimeraient peut-être garder leurs enfants et je ne pense pas qu'une
subvention de garde uniquement suffirait à compléter le salaire
d'appoint. Elles n'ont pas le choix d'y aller ou de ne pas y aller. Dans le
fond, une politique générale de soins de garde ou une politique
familiale devrait être de permettre aux femmes de faire les choix
qu'elles veulent. Je pense qu'on n'en est pas encore rendu là parce que,
justement, on n'a pas pensé le problème dans sa globalité
ou dans sa totalité. Mais je dis qu'il reste des femmes qui, non pas par
choix d'autres, c'est par choix sont obligées d'aller
travailler et il faut prévoir pour ces personnes ou pour ces familles
des soins de garde bien organisés au moins durant le jour. C'est
peut-être une priorité, parmi tous les soins de garde. C'est tout
ce que j'avais à dire. Je ne sais pas si vous voulez ajouter quelque
chose.
M. Brochu (Jean-Guy): C'est bien sûr que nous reconnaissons
que la garderie répond à un besoin. Ce que nous déplorons,
c'est que la garderie soit venue d'un besoin pour les femmes qui vont au
travail et c'est ce réseau qui s'est d'abord développé
pour répondre à un besoin immédiat. Nous voudrions aussi
que tous les besoins de garde soient reconnus et non pas celui seulement
naissant des milieux de travail.
Mme Lavoie-Roux: Merci bien.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Brochu. M. le
député de Mégantic-Compton. (12 h 45)
M. Grenier: Très brièvement, puisque le temps fuit
on a d'autres groupes à rencontrer, on pourra certainement revenir sur
cette question à plusieurs reprises, alors que les groupes
présenteront d'autres mémoires; mais ce que vous signalez aux
pages 5, 6 et 7 de votre mémoire, sur ces principes sur lesquels vous
revenez, rejoint la position que je défendais tout à l'heure et
que je pense qu'on défend de ce côté-ci de la table, quand
vous dites que l'injustice est flagrante, parce que les mères qui ont
choisi d'élever elles-mêmes leurs enfants doivent être
pénalisées pour autant. C'est à la page 5.
À la page 6, vous dites: Création d'office, tel que
défini. Une perte de responsabilité de l'éducateur, des
parents, et le glissement de cette responsabilité vers
l'État.
Vous complétez, à la page 7, en disant: "Le rôle du
support de l'État pourra alors se définir par des allocations de
garde mensuelles, versées directement aux parents qui, eux, les
utiliseront en toute liberté".
En fait, ce que vous reprochez au projet de loi, c'est de trop vouloir
encadrer, alors que vous
voulez une plus grande liberté. C'est peut-être l'envers du
projet de loi que vous voudriez, à savoir qu'on devrait d'abord
compenser les familles pour qu'elles s'occupent elles-mêmes de leur
gardiennage, et ensuite suppléer avec l'État dans d'autres formes
de garderies, alors que c'est l'envers qu'on a dans le moment. On commence par
donner l'importance à la formation de garderies et très peu au
fonds pour la garderie familiale. Je pense que c'est votre désir dans
votre mémoire.
J'ai l'impression, depuis tout à l'heure, que vous notez comme
nous le manque total de politique familiale. On aimerait voir dans le
gouvernement une toile de fond, qui est une politique familiale et on ne
l'accroche pas, on ne la sent pas. C'est une loi de "patchage" qu'on a dans le
moment, qui comble certains vides, à certains endroits, qui peut aider
à régler certains problèmes, mais on ne dégage pas
cette toile de fond d'une politique familiale que vous voulez, qu'on voudrait
voir établir par le gouvernement du Québec.
Il n'est pas question de reproches à d'anciens gouvernements; on
fait face à une loi dans le moment et on se dit: C'est du "patching". On
aurait préféré sentir davantage cette toile de fond d'une
politique familiale au Québec qu'on n'a pas. On l'a senti par des
mesures qui sont venues préalablement à celle-là; on en a
parlé tout à l'heure au sujet de l'avortement, par exemple, on
peut parler de services de placement d'enfants; dans l'enseignement, ce ne sont
pas toutes les responsabilités de l'actuel ministre, mais on le sent
dans plusieurs projets de loi. Ce que vous dites ce matin, c'est dire tout fort
ce que pas mal de gens pensent plus bas.
S'il y avait une question à vous poser, je pense que ce serait
peut-être sur le fonds dont parlait le ministre pour les garderies en
milieu familial: on parlait d'un montant de $135 000 qui était
donné et on donne $1 200 000. Il serait peut-être
intéressant de savoir du ministre il ne peut pas nous le dire
à ce moment-ci ce que ce projet de loi va coûter pour
être mis en oeuvre dans le Québec et cette part qui est
donnée en garderies familiales, ce que coûtera proportionnellement
aux Québécois l'application d'un tel projet de loi. Il serait
fort surprenant de constater que le but que vous poursuivez et que nous
poursuivons dans notre parti est loin d'être comblé, puisque c'est
une minime part qu'on donne aux garderies familiales. Je pense que vous avez
raison de dire que l'État s'ingère beaucoup trop dans la vie des
citoyens et que ce serait peut-être une occasion toute donnée de
le retirer de certains secteurs.
Aimeriez-vous émettre quelques opinions?
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député. Mme Laporte-Dubuc.
Mme Laporte-Dubuc: Je suis contente de voir que, quand on parle
à l'Opposition, elle est toujours d'accord. Cela me rappelle que, quand
M. Marcel Léger était à l'Opposition, il avait
puisé largement dans un de nos documents où on demandait une
politique familiale; il avait, comme membre de l'Opposition, accusé le
gouvernement d'alors de ne pas se préoccuper d'une politique familiale.
C'est facile pour moi d'utiliser ça évidemment, mais là,
la situation se répète, mais ça ne nous donne toujours pas
la politique familiale, c'est malheureux, mais ça ne nous la donne
toujours pas.
Il me semble que je ne peux pas partir avant de peut-être
rectifier une chose. L'OFAQ ne représente pas juste des familles qu'on
peut appeler traditionnelles ou, si vous voulez, biparentales; ce n'est pas
là la perception qu'il faut avoir de l'OFAQ, on a des familles
monoparentales en nombre important, il y a des femmes qui utilisent les
garderies au sein de l'OFAQ et il y a des gens qui ont encore presque la
malchance - il faut ridiculiser la situation d'être des
biparentaux aussi au sein de l'OFAQ. Alors, c'est la famille, ce sont les
chargés d'enfants pour lesquels on travaille, mais pas la famille
traditionnelle obligatoirement; la position n'est pas traditionnelle, mais,
quand on associe le mot "famille", c'est toujours le mot "traditionnelle" qu'on
met avec. Je veux le dire parce que c'est une tribune parfaite pour dire ce
genre de chose.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme Laporte-Dubuc. M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je pense que je comprends
une des préoccupations du groupe qui est devant nous. On voudrait qu'on
accorde plus d'importance aux services de garde en famille par rapport aux
garderies. Je vous avoue que je suis en train de me faire une idée sur
la question. Je n'ai pas d'idée préconçue
là-dessus.
Cela étant dit, je reviens sur cette question de la
responsabilité strictement économique de l'État. Que
l'État ait une responsabilité économique, je pense que
tout le monde est d'accord, et le projet de loi l'assume, en tout cas de
façon plus grande que précédemment. Les parents et les
services de garde seront subventionnés de façon supérieure
à ce qu'ils étaient précédemment. Quand vous dites
"strictement économique", est-ce que cela veut dire que vous voudriez
que l'État puisse distribuer des fonds sans qu'il puisse, jusqu'à
un certain point, s'assurer de la qualité des services de garde?
Autrement dit, vous n'êtes pas contre l'existence de permis
d'opération pour les garderies, par exemple?
Mme Laporte-Dubuc: Non. Quand on dit "strictement
économique", on dit, par exemple, que la fonction de l'État,
c'est de redistribuer des fonds pour des services dont le milieu a vraiment
besoin. Je ne l'applique pas aux garderies, mais c'est non. On ne serait pas
contre. On n'est pas contre l'existence des garderies. C'est vrai qu'il y en a
un besoin. Sauf qu'on dit que les parents reçoivent l'argent et qu'ils
installent les garderies. En somme, cela équivaut en
écoutant tantôt les interventions qui précédaient,
je me dis que notre position équivaut à demander un
réseau pas
à demander, mais à proposer qu'il y ait au Québec
un réseau de garderies privées. On ne s'y est pas
opposé. En tout cas, il n'y a pas eu d'écho, à savoir
qu'il ne pourrait pas y avoir d'aide directe aux garderies. On n'a pas fait une
opposition systématique. Je veux préciser ce qu'est la
responsabilité économique. Par exemple, il y a un besoin d'aider
les familles au niveau de leur fonctionnement, au niveau de la qualité
de la fonction que les parents remplissent. On est dépourvu quand on
élève des enfants. Ce n'est pas d'aller s'ingérer dans la
façon dont les parents devraient élever leurs enfants cela
sera une ingérence mais de permettre l'organisation des services
que les familles se donneraient elles-mêmes pour se munir du support dont
elles ont besoin. Ce sont deux choses différentes. La fonction est
strictement économique, mais la définition du service peut
être réservée aux familles et aux associations
familiales.
M. Paquette: Puisque vous êtes d'accord pour que
l'État émette des permis, donc s'assure d'un seuil de
qualité minimale je pense toujours aux garderies à
ce moment-là, préférez-vous que ces permis soient
émis, parce qu'une des fonctions de l'office, c'est justement
d'émettre les permis d'après l'avant-projet de loi? Est-ce que
vous préférez que cela soit fait par une direction
générale du ministère des Affaires sociales ou n'est-il
pas préférable qu'on ait un office représentatif où
siègent des parents, des représentants d'autres organismes qui le
fassent plutôt que le ministère, en s'assurant toujours que, dans
les garderies elles-mêmes, ce soient les parents qui contrôlent la
garderie?
Mme Laporte-Dubuc: Pourquoi cela ne serait-il pas dans un
organisme régional? On est dans une vogue de déconcentration, de
décentralisation.
M. Lazure: M. le Président, c'est prévu dans le
projet de loi...
Mme Laporte-Dubuc: Pourquoi ne seraient-ce pas les CRSSS?
M. Lazure: ... que cela peut être
décentralisé et régionalisé. La
régionalisation n'est pas obligatoire dans un premier temps. Mais c'est
certainement possible et on va l'encourager.
Mme Laporte-Dubuc: Alors, vous n'aurez pas besoin d'office
à ce moment-là.
M. Paquette: Ce sont des offices régionaux. C'est un
office décentralisé régionalement. Est-ce que c'est cela
que vous me dites?
Mme Laporte-Dubuc: Les CRSSS ou les CSS, pourquoi n'y aurait-il
pas une intégration au niveau régional?
M. Paquette: Là, vous allez augmenter la bureaucratie.
Mme Laporte-Dubuc: Les gens ne savent presque pas que ce
réseau-là existe.
M. Paquette: Je regrette. Je m'excuse, mais je suis obligé
de ne pas être d'accord avec vous parce que là vous allez
augmenter la bureaucratie. Vous voudriez qu'on insère tout cela dans le
réseau des Affaires sociales. Il me semble que le projet de loi, tel
qu'il est, garantit beaucoup plus l'autonomie des garderies
qu'actuellement.
Mme Laporte-Dubuc: Nous n'avons pas étudié les
modalités d'un office.
M. Paquette: Oui, mais vous dites...
Mme Laporte-Dubuc: On a réagi comme des parents qui ne
sont pas des spécialistes.
M. Paquette: Oui, mais vous dites qu'on augmente la
bureaucratisation. C'est cela que je ne comprends pas.
Mme Laporte-Dubuc: C'est évident pour nous.
M. Paquette: À quel point de vue?
Mme Lavoie-Roux: Voyons donc!
Mme Laporte-Dubuc: C'est évident pour nous.
M. Grenier: M. le Président, si vous me le permettez.
Avant de partir, j'aurais une requête à faire à Mme
Laporte-Dubuc. On a discuté il n'y a pas si longtemps d'un projet de loi
sur le placement de l'enfant, et j'aurais aimé vous entendre.
Mme Laporte-Dubuc: Est-ce qu'il y a eu une commission
parlementaire?
M. Grenier: La famille était concernée. Je ne sais
pas si vous avez été invitée. Il n'y a peut-être pas
eu de mémoire, je n'ai pas lu votre réaction dans les journaux.
Mais je vous ai écoutée ce matin et j'ai été
joliment emballé par votre proposition. J'aurais aimé vous
entendre lors de l'adoption de la loi.
Nous étions seuls de l'Opposition. On disait, tout à
l'heure: C'est drôle que l'Opposition, quand on est le gouvernement, cela
n'a plus l'air d'être pareil, mais quand on est seul pour se
défendre, dans l'Opposition, on aime entendre les groupes. Vous en
représentez un fort important. J'aimerais connaître votre
réaction à l'adoption de cette loi sur l'adoption de l'enfant,
qui est faite maintenant par l'État. Ce n'est plus le secteur
privé.
Mme Laporte-Dubuc: Mais, monsieur, nous envoyons
régulièrement des communiqués aux journaux. Nous avons un
mal énorme à passer dans les mass media. On se demande pourquoi.
Peut-être que nous ne savons pas faire du lobbying.
M. Grenier: Vous pourriez venir à moi, que j'en fasse
état, à un moment donné, à la commission
parlementaire au moins.
M. Brochu (Jean-Guy): Vous avez sûrement déjà
reçu des lettres venant de l'OFAQ.
Mme Laporte-Dubuc: Je vous ai répondu.
Le Président (M. Boucher): La commission doit suspendre
ses travaux jusqu'à 15 heures
Suspension de la séance à 12 h 56
Reprise de la séance à 15 h 11
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
À la suspension de 13 heures, nous avions entendu le
mémoire des Organismes familiaux associés du Québec.
Maintenant, j'inviterais les représentants du Regroupement des garderies
sans but lucratif du Québec à bien vouloir s'approcher de la
table centrale.
Regroupement des garderies sans but lucratif du
Québec
Pour l'instant, on m'a demandé de faire part à la
commission des télégrammes reçus concernant le prochain
mémoire. Je vais lire les télégrammes succinctement.
D'abord, il y a un télégramme reçu au secrétariat
des commissions le 20 septembre, adressé à la commission
parlementaire sur les services de garde à l'enfance, au soin de M. Marc
Cantin, secrétaire des commissions parlementaires, Hôtel du
gouvernement, bureau 2, édifice A, Québec: "Par la
présente, la Fédération des ACEF tient à exprimer
son appui et sa solidarité aux revendications mises de l'avant par le
Regroupement des garderies du Québec."
C'est signé: Daniel Fournier, pour la Fédération
des ACEF.
En date du 1er octobre, un autre télégramme adressé
également à la commission parlementaire sur les services de garde
à l'enfance: "Nous, de l'AJTM, endossons le mémoire
présenté à la commission parlementaire à
Québec les 2, 3 et 4 octobre 1979 par le Groupement des garderies sans
but lucratif du Québec Inc. concernant l'avant-projet de loi des
services de garde à l'enfance."
C'est signé: L'Association des jeunes travailleurs de
Montréal.
Également, une lettre reçue le 1er octobre,
adressée à M. Marc Cantin, secrétaire des commissions
parlementaires, Hôtel du gouvernement, bureau 2, édifice A,
Québec. Re: Commission parlementaire sur les services de garde à
l'enfance: "Monsieur, auriez-vous l'obligeance de prendre note que Feux Verts,
journal d'action communautaire, appuie en tous points le mémoire que le
Regroupement des garderies sans but lucratif du Québec Inc.
présentera à la commission parlemen- taire sur les services de
garde à l'enfance. Dans l'espoir que vous trouverez le tout à
votre satisfaction, je vous prie de croire en mes sentiments
distingués.
C'est signé: Richard Théoret, coordonnateur, journal Feux
Verts.
En date du 2 octobre...
M. Grenier: Ils sont tous pour.
Le Président (M. Boucher): C'est un
télégramme...
M. Grenier: C'est un geste spontané, ils ont envoyé
cela, eux autres.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, mais ils sont pour.
M. Grenier: Ils sont pour la loi.
Mme Lavoie-Roux: Bien non, bien non, écoutez donc! Ils
sont pour un appui au regroupement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton, c'est un appui au prochain mémoire qui...
M. Grenier: Ah! bon.
Le Président (M. Boucher): ... est présenté
par...
M. Grenier: Je pensais que vous disiez que c'étaient des
gens qui étaient favorables au projet de loi.
M. Lazure: Ils n'ont pas le problème que l'OFAQ avait ce
matin avec les media.
Le Président (M. Boucher): Également le 2 octobre,
un autre télégramme: "Nous appuyons fortement le mémoire
du Regroupement des garderies du Québec et faisons nôtres ses
recommandations auprès du MAS, concernant les services de garde. Les
enfants, d'une responsabilité collective".
Le Centre de santé des femmes du quartier.
Également le 2 octobre, un télégramme de
l'exécutif du Carrefour des associations de familles monoparentales du
Québec: CAFMQ appuie le mémoire, une critique de l'avant-projet
de loi de services de garde à l'enfance, présenté par le
Regroupement des garderies sans but lucratif du Québec à la
commission parlementaire et dénonce l'avant-projet sur les services de
garde à l'enfance déposé dernièrement par le
ministre Lazure. Ce projet va à l'encontre des revendications du CAFMQ
dans son mémoire sur la situation des femmes chefs de famille vivant sur
l'assistance sociale, novembre 1977, et notre organisme réclame un
réseau universel de garderies. C'est signé Claire Leblanc pour le
bureau exécutif du CAFMQ.
Enfin, un dernier télégramme en date du 2 octobre: "Le
Syndicat des professeurs du Québec
métropolitain appuie le Regroupement des garderies sans but
lucratif du Québec dans la présentation de leur mémoire en
commission parlementaire. Nous demandons d'y donner suite dans les plus brefs
délais." Jacques Couture, président. (15 h 15)
Madame, si vous voulez bien vous identifier, identifier les gens qui
sont avec vous et procéder à la lecture de votre mémoire.
J'ignore actuellement si vous avez un résumé de votre
mémoire ou si vous allez le lire au complet.
Mme Boisvert (Louise-Andrée): On comptait le lire au
complet parce que tous les éléments sont très importants
pour en arriver à l'argumentation.
Le Président (M. Boucher): Croyez-vous y arriver dans une
vingtaine de minutes?
Mme Boisvert: Dans une demi-heure.
Le Président (M. Boucher): On avait convenu quand
même d'une vingtaine de minutes pour la présentation des
mémoires.
Mme Boisvert: Alors, cela peut être 20 ou 25 minutes.
Le Président (M. Boucher): Les membres de la commission
sont-ils d'accord pour...
Mme Boisvert: Je pense qu'il y a quand même eu du temps
perdu ce matin.
Le Président (M. Boucher): Oui.
Mme Boisvert: On a accepté que se perde du temps. À
notre sens, c'était du temps perdu.
M. Lazure: Merci.
Le Président (M. Boucher): Même si cela
dépasse 20 minutes, les membres sont-ils d'accord pour que la
présentation du mémoire soit faite au complet?
Mme La voie-Roux: Moi, je suis d'accord, mais je pense que c'est
un des mémoires les plus volumineux qu'on ait.
M. Lazure: Oui.
Mme Boisvert: Je suis Louise-Andrée Boisvert,
présidente du Regroupement des garderies du Québec Inc.
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
Mme Boisvert: Louise-Andrée Boisvert. Il y a Camille
Gariépy qui est membre de l'exécutif, Hélène
Allaire, membre de l'exécutif, Louise Bourgon-Paré, permanente au
RGQ à Montréal et Pierre Simard, conseiller.
Il y a peut-être certains éléments qui ont
été utilisés ce matin soit dans l'argumentation de
Mme Thérèse Lavoie-Roux ou l'argumentation utilisée
par le ministre. On reconnaissait quand même des bouts de notre propre
argumentation. On ne voudrait pas que cela ait l'air qu'on prend vos termes,
mais nous, on ne savait pas ce que vous alliez dire à ce
moment-là. Je pense que l'argumentation est d'autant plus
justifiée à ce moment-là.
Mme Lavoie-Roux: ... ce matin et je ne vous en impute pas
le...
Mme Boisvert: Alors, c'est que c'est d'une évidence...
Mme Lavoie-Roux: Ce doit être cela.
Mme Boisvert: ... incontestable. Alors, on commence.
Le Regroupement des garderies sans but lucratif du Québec est un
organisme jeune, créé il y a quinze mois, en mai 1978. Cet
organisme se retrouve, par contre, au milieu d'une problématique qui,
elle, date de plusieurs années, celle des garderies.
Si ce jeune organisme se retrouve aujourd'hui devant une commission
parlementaire gouvernementale, c'est, entre autres, grâce à sa
détermination à presser l'intervention des gouvernements en
matière de garderie. Il est d'ailleurs largement responsable de la tenue
même de cette commission parlementaire.
Si le RGQ n'existe officiellement que depuis quinze mois, ses membres,
eux, sont sur le terrain depuis une dizaine d'années déjà.
En 1970-1971, les projets d'initiatives locales permettaient la mise en marche
de dizaines de garderies au Québec. L'évolution normale et
prévisible des garderies a subi un choc lorsque le gouvernement
fédéral procéda à la coupure des subventions
attendues, laissant une soixantaine de garderies sans autre ressource
financière que la contribution des parents. C'est alors que des groupes
de citoyens ont décidé d'entreprendre la lutte pour la
reconnaissance du droit aux garderies. Cette lutte fut menée de
façon convaincante par le Comité de liaison des garderies
populaires d'abord, puis par SOS garderies.
Les pressions exercées alors obligèrent le gouvernement
libéral de M. Robert Bourassa à mettre sur pied un programme de
subventions destinées à soutenir le développement des
garderies. Inutile de vous rappeler l'insuffisance honteuse du plan Bacon,
présenté en 1974. Dénoncé de toutes parts et
surtout par l'Opposition officielle à l'Assemblée nationale
d'alors, mais devenue gouvernement aujourd'hui, le plan Bacon a
entraîné une longue série de luttes et de revendications
axées sur l'implantation d'un réseau complet de garderies et sur
le financement direct de ces garderies.
Une autre lutte se dévoilait parallèlement, une lutte
politique, électorale plus précisément. L'enjeu, le
pouvoir. Le gagnant, le Parti québécois. La date, le 15 novembre
1976.
Le changement de gouvernement entraîna de facto le retrait du
projet Forget de juin 1976 touchant les garderies. Ce retrait laissait aux
garderies le temps de se regrouper et de manifester leur attentes.
En mars 1977, le ministre des Affaires sociales, M. Lazure, et le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, Mme Lise Payette, convoquent les gens oeuvrant dans les
garderies à une rencontre où l'on veut connaître leur
opinion sur les politiques en matière de garderies, les problèmes
qu'elles soulèvent et les solutions suggérées.
À la suite de cette rencontre, une conclusion s'impose pour ceux
qui oeuvrent en garderie. Il faut procéder à un regroupement de
nos forces et il faut préparer nos revendications, car si le mot
"garderie" doit être écrit sur une page de notre histoire, il sera
écrit par les citoyens eux-mêmes.
Pendant six mois, nous allions alors procéder à un travail
de déblayage, à l'identification des principaux problèmes
et des objectifs à atteindre. Constamment, les discussions se feront sur
une base démocratique avec la participation d'intervenants issus des
quatre coins du Québec. Le temps du rassemblement pointe alors à
l'horizon. Il aura lieu en octobre 1979 alors que sera créé un
bureau provincial provisoire composé d'un délégué
par région.
À partir de là, le regroupement provisoire des garderies
se met en marche et multiplie les rencontres avec ses garderies membres, met
sur pied différents comités sur les statuts et règlements.
D'autres comités préparent l'action et la stratégie. Un
vaste processus de consultation s'enclenche dans les garderies membres afin de
connaître les besoins de tous et chacun, afin de préparer une
politique des garderies qui sera intimement liée au vécu
quotidien de nos intervenants. Le travail de préparation est alors
terminé.
Mai 1978. C'est une nouvelle page de l'histoire des garderies qui
s'ouvre avec la tenue du congrès de fondation du RGQ. Un organisme
provincial, représentatif de toutes les régions du Québec
en matière de garderie naît de la seule volonté et de la
participation de ses militants membres. Cet organisme est aujourd'hui en mesure
de revendiquer auprès du gouvernement une politique en matière de
garderies façonnée par les parents et les travailleurs du
milieu.
Octobre 1978. Les ministre Lazure et Marois publiaient alors le rapport
du comité interministériel sur les services d'accueil à la
petite enfance et annonçaient leur nouvelle politique de financement en
matière de garderies. Le RGQ tient alors son congrès à
Montréal. À cette occasion, les délégués
dénoncent entre autres les principes qui sous-tendent la reconnaissance
et le financement de la garde en milieu familial. De plus, ils réclament
un financement direct, équitable et adéquat pour les garderies
sans but lucratif. Ces positions sont publicisées lors d'une
conférence de presse. Dès lors, nous savions qu'il faudrait
compter sur nos propres forces militantes et sur notre mobilisation à
assurer le développement des garderies. Le regroupement s'attaque donc
à des dossiers majeurs: étude précise du coût
réel d'un enfant en garderie, ce qui mènera à la
présentation du document "Budget global" en mai 1979; définition
du profil socio-économique des membres; définition des ententes
et conditions de travail types pour les travailleurs en garderie.
Déjà en octobre 1978, le RGQ entreprend une étude
sur les différents statuts possibles pour les garderies, statuts qui
seront définis dans une loi-cadre qu'on nous promet pour juin 1979. En
moins de six mois, le RGQ est donc sur la première ligne, parfaitement
informé de tous les dossiers concernant les garderies,
démocratiquement structuré et promoteur de revendications issues
des besoins concrets des garderies membres. Cette stabilité du
regroupement, cette force interne, cette capacité de travail qui lui ont
apporté une indéniable compétence en matière de
garderies, nous les devons aux membres du RGQ.
Impliqués depuis des années dans les garderies, c'est de
là qu'ils ont tiré, à la lumière de la
réalité quotidienne, petit à petit les objectifs
essentiels d'une politique de garderies. Leur détermination au travail
était d'autant plus grande qu'elle était fouettée par
l'inaction des gouvernements au pouvoir et les longs retards apportés
à la mise en place et à la réalisation de leurs propres
objectifs.
C'est à travers cette force militante qu'est apparue la
nécessité de promouvoir le regroupement de toutes les garderies
sans but lucratif du Québec. C'est l'expérience quotidienne de
nos membres qui commande au RGQ de promouvoir la qualité de vie des
enfants en milieu de garderie et de promouvoir également des conditions
de travail équitables pour tous les travailleurs en garderie. C'est le
résultat de toutes nos consultations auprès de la population qui
engage le RGQ à agir comme groupe de pression ayant pour but la
promotion et la défense des intérêts des garderies.
L'organisation de ces rencontres, de conférences et d'assemblées
devient nécessaire afin de diffuser l'information que les gouvernements
oublient de transmettre.
C'est donc en s'appuyant sur des objectifs clairement définis et
nettement identifiés à une situation où prédomine,
sur le terrain politique, des rapports de force précis que le RGQ ne
cessera d'exiger l'établissement d'un réseau universel de
garderies, financé directement par l'État, accessible à
tous et contrôlé par les usagers et les travailleurs.
Concernant nos revendications, confrontés tous, tant que nous
sommes, à l'évidence et au caractère irréversible
des besoins de la population québécoise en matière de
services de garde, nous avons vu émerger au Québec, depuis
quelques années, à la faveur d'initiatives individuelles ou de
petits groupes, différentes formules de services de garde dont la mise
sur pied et le maintien relèvent davantage de l'urgence du contexte et
du moment que du souci d'assurer un éventail complet et articulé
de services de garde de qualité.
Il est devenu impérieux de donner un cadre, une infrastructure
qui permette le développement sain et l'articulation harmonieuse d'un
réseau de
services de garde qui, pour le moment, se limite à des
initiatives isolées, en butte, et de façon assidue, à des
difficultés de fonctionnement multiples dues à un financement
pour le moins déficient.
En réclamant depuis des années une loi-cadre, le
Regroupement des garderies sans but lucratif du Québec reconnaît
la nécessité fondamentale d'assurer la mise sur pied d'un
réseau de services de garde universel, partout et sous toutes les
formes, qui réponde de façon assurée à des normes
de qualité uniformes, et qui soit intégré et accessible
à tous. À l'heure où le gouvernement s'apprête
à mettre en place une loi-cadre sur les services de garde à
l'enfance, et à titre de population expérimentée en la
matière, nous intervenons aujourd'hui.
En première partie de ce mémoire, nous tenterons de vous
exposer la réalité de la famille atomique et les besoins qu'elle
engendre chez ses différentes composantes, soit les parents, les
mères en tant que femmes et les mères en tant que travailleuses,
de même que les enfants.
Devant cette situation de fait, nous vous expliquerons ensuite en quoi
nous croyons que l'État a une responsabilité sociale et
financière, face à ce phénomène, et pourquoi nous
considérons que nos revendications sont justifiées. En
dernière partie, nous vous démontrerons les lacunes de l'actuel
avant-projet de loi et les modifications préalables à y
être apportées avant toute considération.
René Lévesque écrivait, à l'automne 1975
dans le journal Le Jour: "Pour la famille "atomique" d'aujourd'hui, il faut
qu'on organise au plus tôt, aussi universellement présente que la
petite école traditionnelle, une institution qui, de la
pouponnière à la maternelle, puisse accueillir les marmots du
voisinage avec autant de chaleur et de compétences".
En 1979, quatre ans plus tard, le RGQ constate que la carence de service
de garde énoncée alors est d'une actualité navrante. La
réalité de la famille atomique existe; nous nous devons de la
reconnaître et il nous revient de l'assumer collectivement. Ce nouveau
type de famille, née de l'industrialisation et de l'urbanisation
grandissante de la société québécoise se
caractérise par l'isolement de ce noyau social et son nombre
réduit d'enfants. Contrairement à ce qui existait autrefois, les
enfants vivent anormalement dans un univers d'adultes jusqu'à ce qu'ils
soient d'âge scolaire. Cette transformation sociale importante n'est pas
propre au Québec. Elle va dans le sens normal de l'évolution de
la société occidentale.
Selon le profil socio-économique des Québécoises,
établi par le Conseil du statut de la femme, dans son document
"Egalité et indépendance", il ressort que deux
Québécoises sur cinq sont sur le marché du travail et que
l'une des deux a un enfant de moins de six ans. Nous n'avons pas trouvé
de statistiques qui indiquent précisément combien d'entre elles
travaillent pour des raisons économiques, mais quand on sait qu'en 1978,
on dénombrait 130 000 femmes chefs de famille et que, par ailleurs, sept
Québécoises sur dix avaient un revenu inférieur au seuil
de la pauvreté, on peut conclure que ces travailleuses le font avant
tout par nécessité et non par choix.
À ces phénomènes, s'ajoute de façon positive
celui de la scolarisation et de la professionnalisation accrues des femmes en
général, incluant les mères de famille. Selon une
étude faite par le ministère de l'Éducation, Service de
l'informatique, en 1975-1976, la représentation féminine relative
dans la répartition de la clientèle scolaire au niveau
collégial était de 48,6%. Par ailleurs, en 1974, au niveau
universitaire, cette représentation était de 38,4% au premier
cycle, de 30% au second cycle et 14,4% au troisième cycle. En outre, les
statistiques indiquent clairement que l'accroissement du taux de
fréquentation universitaire des femmes est inversement proportionnel
à leur âge, ce qui nous permet de croire qu'indéniablement,
le phénomène amorcé ira en progressant d'année en
année. Ce mouvement irréversible doit nous inciter à
mettre en place des conditions de réalisation optimales pour les 52% de
la population que constituent les femmes.
Dans un document produit par Richard Cloutier, de l'École de
psychologie de l'Université Laval, celui-ci constate avec justesse que
la femme se retrouve au coeur du problème des services de garde autant
que ces derniers se retrouvent au centre du problème des droits sociaux
des femmes. Dans la famille, la femme cumule les fonctions de gardienne, de
ménagère et d'éducatrice. Cette situation relève
d'une tradition voulant que les services de garde soient confiés
à la mère. "La distinction entre la responsabilité
familiale et celle de la mère en matière de garde apparaît
comme une étape préalable au droit des femmes d'accéder
librement au marché du travail." (15 h 30)
En 1980, 40% des femmes ayant de jeunes enfants auront des
activités de travail qui les obligeront à recourir à un
mode de garde. Les autres 60%, bien que plus disponibles à
l'éducation des enfants, n'ont souvent pas les conditions favorables
pour assurer un développement optimal des enfants. Pensons seulement aux
nombreux enfants uniques élevés dans des logements exigus qui
n'ont à peu près pas de relations avec des enfants de leur
âge avant leur entrée en classe maternelle. Les activités
sociales organisées pour les enfants de moins de cinq ans n'existent
pour ainsi dire pas et les équipements sociaux pour ce groupe
d'âge sont tout aussi rares. La mère de famille d'aujourd'hui
n'est que très rarement secondée par les membres de sa propre
famille ou de son entourage. Avec ses seules ressources, elle doit fournir
à ses enfants des conditions lui assurant un développement sain
comme s'il s'agissait d'une sentence prononcée par la
société pour payer sa procréation. Si la fonction de garde
et d'éducation des enfants n'est plus automatiquement attribuée
à la mère, c'est à la famille que s'adresse la garderie.
Les responsabilités de la famille et de la mère ne doivent pas
être confondues en matière de garde des enfants. Une
première différenciation à ce niveau pourrait sans
doute contribuer à l'élaboration d'une conception plus
contemporaine du rôle social de la garderie. Dans le cas de familles
monoparentales où un seul parent doit cumuler les fonctions
généralement attribuées aux deux parents, il devient
évident que le rôle social de service de garde prend une ampleur
plus qu'importante.
L'établissement de services de garde à contenu
éducatif s'avère être une solution pour répondre au
besoin de garde de la famille, mais encore plus au besoin de socialisation des
enfants. Nous ne pouvons faire abstraction de cette dimension qui aura une
influence sur toute la vie future de l'enfant. Il revient à nous,
adultes, d'instaurer les mécanismes pour leur permettre d'y
accéder.
Loin de vouloir sous-entendre que tous les enfants doivent être
placés en service de garde dès leur plus jeune âge, nous
considérons toutefois que tous y tireraient avantage à des
niveaux différents de développement. L'avantage suprême
d'avoir accès à un service de garde est de se retrouver dans un
milieu privilégié, animé par une équipe d'adultes
dont la préoccupation première réside dans le
bien-être et le développement harmonieux des petits et ceci dans
un environnement aménagé et équipé en fonction de
leurs besoins spécifiques.
Dans de telles conditions, le service de garde favorise la socialisation
des jeunes enfants en permettant des interactions fréquentes des enfants
entre eux et avec une équipe d'adultes dont les compétences et
les personnalités se conjuguent pour offrir à l'enfant un
répertoire élargi de ressources et de modèles humains. De
plus, la vie en groupe favorise auprès de l'enfant l'apprentissage du
respect des autres, du respect du bien collectif, de l'autodiscipline, de
l'autonomie, de l'acquisition de la confiance en soi par des activités
de vie à leur mesure.
Outre un régime de vie équilibré face à
l'alimentation, au sommeil, à l'hygiène, au plein air, la garde
organisée offre l'avantage d'un milieu stimulant permettant aux enfants
des expériences multiples et où une certaine prévention
peut être réalisée par le biais d'un dépistage
précoce des difficultés d'apprentissage.
L'enfant d'un milieu familial peu stimulant peut dans un tel contexte
développer son potentiel d'apprentissage au même titre qu'un
enfant bénéficiant de meilleures conditions familiales. S'il est
vrai que tout se joue avant six ans, tous les enfants, peu importe leur milieu
social, économique ou géographique, ont droit à des
conditions optimales de développement. N'oublions pas qu'ils sont des
citoyens à part entière, malgré leur bas âge, et
qu'ils sont en plus les adultes de demain. En 1976, les 98 781 enfants qui
fréquentaient la maternelle coûtaient à l'État $100
millions, soit 0,9% du budget total de la province. Comment accepter qu'en
1979, les 600 000 enfants de moins de six ans ne reçoivent qu'un budget
de $22 500 000 avec les limites d'accessibilité et de qualité que
ce budget impose. Le RGQ s'explique très mal cette différence
énorme des coûts so- ciaux assumés par l'État entre
un enfant de plus de cinq ans et un de moins de cinq ans.
S'il est maintenant évident que les familles, les femmes et les
enfants ont besoin de services de garde pour des raisons propres à
chacun des groupes et pour d'autres raisons indissociables d'un groupe à
un autre, il est aussi dans la société une autre population qui a
besoin d'un tel service: les travailleuses. D'ailleurs, des études
américaines viennent confirmer ces besoins des femmes au travail,
lesquelles les employeurs québécois n'ont pas encore
daigné considérer. "Bien que ceux-ci, les employeurs, ne se
sentent pas encore concernés par les problèmes de garde
éprouvés par leurs employés au Québec, certaines
études américaines révèlent que les services de
garde en milieu de travail peuvent constituer un atout permettant d'attirer et
de retenir le personnel. De façon générale, des services
de bonne qualité, fournis en milieu de travail, en quartier, en milieu
scolaire ou en milieu familial, semblent limiter l'absentéisme,
réduire le taux de roulement, accroître la productivité et
favoriser un meilleur climat de travail." Puisque nous avons établi que
les femmes doivent avoir un libre accès au marché du travail, il
devient incontestable que nous nous devons de leur fournir les dispositions
matérielles et financières pour y accéder. Sinon, il
devient carrément prétentieux et malhonnête de parler de
liberté de choix pour elles.
Nous reconnaissons que plus un changement social menace l'ordre
établi, plus l'acceptation de ce changement est tortueuse et
pénible. Il ne faudrait pas toutefois être réactionnaire au
changement au point de mettre en péril la qualité d'être
d'une ou deux générations de Québécois. Un
gouvernement peut être un frein ou un stimulus à un changement de
valeurs culturelles et sociales. Le gouvernement du Québec, qui
s'apprête à adopter une politique d'avant-garde en matière
d'énergie, au nom d'une responsabilité à l'égard de
nos richesses naturelles ou collectives, ne peut nier sa responsabilité
à l'égard de la richesse humaine collective que constituent les
enfants.
Présentement au Québec, l'éventail des formules
possibles se limite, à peu de choses près, à la garderie
de jour, ouverte en moyenne de 6 h 30 à 18 heures et accueillant au
moins 30 enfants. La responsabilité de mettre en place un réseau
complet de mode de garde ne peut être assumée, malgré toute
la bonne volonté, l'énergie et les ressources personnelles qu'ils
y consacrent, par des groupes de parents isolés et les garderies qu'ils
ont réussi à mettre sur pied.
Le Regroupement des garderies sans but lucratif du Québec, une
voix collective dans le domaine s'il en est une, reconnaît depuis
longtemps la multiplicité des besoins et la nécessité de
différencier les formes de services de garde: des garderies de jour, des
mini-garderies, des garderies 24 heures, des garderies parascolaires, des
garderies pour les moins de deux ans et des haltes-garderies.
De plus, nous croyons qu'il ne suffit pas de mettre en place un
éventail de formules de services de garde, encore faut-il que cet
éventail soit articulé en un réseau où
prévalent les mêmes normes de qualité, les mêmes
conditions qui permettent d'assurer ces normes.
Tous ces types de services de garde sont possibles et
nécessaires. Nos seules exigences à l'endroit des services de
garde autres que les garderies sous la formule où nous les connaissons
aujourd'hui prennent racine dans la raison d'être même qui
caractérise les garderies sans but lucratif, c'est-à-dire le
souci d'assurer une qualité optimale au milieu de vie des jeunes enfants
québécois et au service qu'elle assure à une proportion
grandissante de parents usagers.
C'est pourquoi nous exigeons que les normes de qualité que nous
voulons voir assurées par une législation et les
réglementations adjacentes, en ce qui concerne les garderies soient les
mêmes pour toutes les formes de services de garde; outre des ratios
raisonnables, des locaux adéquats, des conditions de travail
décentes pour les travailleurs, ainsi qu'un financement direct et
suffisant qui permette l'actualisation de ces normes, la loi devra miser sur
l'implication des parents et leur reconnaître la responsabilité du
contrôle des services de garde dont ils sont les usagers.
Pour avoir vécu sous ce régime de contrôle direct
des usagers, les garderies souhaitent voir reconnaître cette formule
administrative à l'échelle de tous les types de services de garde
au Québec. En effet, malgré des conditions d'exploitation souvent
misérables, les garderies ont réussi à se donner un niveau
de qualité plus que suffisant pour obtenir l'accréditation du
MAS. À l'expérience vécue des garderies et aux convictions
profondes acquises au RGQ quant à la garantie que constitue le
contrôle des usagers, se greffent les conclusions d'études
spécialisées sur le sujet, dont celles de Richard Cloutier qui
affirme dans son document "La garderie, c'est pour les enfants ou leurs
parents?": "La considération de l'enfant comme citoyen à part
entière pose le problème de la démocratisation des
"opportunités" sociales déjà à l'âge
préscolaire. Le constat des effets négatifs d'un environnement
socioculturel appauvri sur l'avenir de l'enfant a justifié les
importants mouvements d'éducation compensatoires amorcés dans
divers pays depuis les années soixante. Ces efforts de discrimination
positive se sont constamment heurtés aux problèmes de maintien
des gains chez l'enfant. Replongé dans son environnement socioculturel
de provenance, une fois les années d'éducation compensatoire
terminées, ce dernier perd les gains obtenus au niveau du rendement
intellectuel, tel qu'évalué par les instruments traditionnels de
mesure, et reprend un déclin par rapport à la ligne moyenne de
scolarisation".
L'implication familiale dans un effort éducatif plus
précoce semble constituer une stratégie plus prometteuse pour la
démocratisation des "opportunités" sociales des enfants. "Aux
États-Unis, la tendance s'oriente vers une participation accrue des
parents à l'éducation de la petite enfance.
Cette tendance se fonde sur six facteurs. En premier lieu, tous les
secteurs de la société revendiquent de plus en plus le droit de
participation à toutes les décisions; les parents, notamment,
réclament un contrôle accru sur l'éducation de leurs
enfants. Deuxièmement, c'est une vérité première
que les résultats scolaires dépendent moins des écoles
telles qu'elles sont actuellement constituées que des parents qui sont
de ce fait considérés comme l'élément central du
processus éducatif. Troisièmement, on constate un
intérêt accru porté aux cinq premières années
de la vie de l'enfant au cours desquelles les parents étaient
traditionnellement responsables de l'éducation. En quatrième lieu
vient l'échec des systèmes fondés sur l'école
à réaliser l'égalité des résultats de
l'éducation. Cinquièmement, on apprécie davantage ce que
les écoles peuvent apprendre des parents et, enfin, l'on prend de plus
en plus conscience de la nécessité éventuelle d'une
éducation des parents dans tous les secteurs de la
société.
Puisque le hasard de la naissance demeure un facteur de
développement social de premier ordre, une véritable
démocratisation des chances dans la vie implique une politique
éducative cohérente qui doit non seulement encadrer la garderie
comme milieu de développement, mais aussi impliquer l'unité
familiale en tant qu'agent significatif d'éducation. Si l'enfant est un
citoyen à part entière, il a droit à un accès
démocratique aux "opportunités" sociales.
En conséquence, nous ne pouvons être d'accord avec un mode
de garde en milieu familial dont le contrôle relèverait, de
façon limitée, d'agences, d'autant plus qu'on n'exige nullement
que ces dites agences soient elles-mêmes contrôlées par les
usagers du service de garde qu'elles administrent. Si nous privilégions
la formule de mini-garderies en regard de la garde en milieu familial, ce n'est
pas pour une question de termes, mais bien pour s'assurer que le droit au
contrôle soit reconnu aux usagers de ces services comme à ceux des
garderies ou de tout autre mode de service de garde. C'est aussi, rappelons-le,
la meilleure façon de doter ce type de service de garde du même
degré de qualité que nous voulons voir garantir au niveau d'une
loi pour les garderies sans but lucratif. En effet le Comité
interministériel sur les services d'accueil à la petite enfance
reconnaît lui-même, dans son rapport, à la page 51, quand il
établit un tableau comparatif des familles de garde, qu'en ce qui
concerne la famille de garde le milieu qui appartient à un autre
la personne qui offre le service chez elle peut vraisemblablement
créer chez l'enfant gardé des conflits de propriété
s'il y a d'autres enfants dans la maison il n'y a pas de sentiment
d'appartenance et que les stimulations apportées aux enfants sont
strictement reliées aux capacités des gardiennes.
Comment le parent peut-il exiger d'une personne qui garde des enfants
chez elle, jusqu'à dix heures par jour, cinq jours par semaine, sans
autres ressources humaines que les siennes, une
recherche d'harmonisation du milieu de vie offert à chaque enfant
avec les valeurs familiales et une démarche de perfectionnement en
matière de pédagogie s'il n'est pas légitimé de le
faire à la faveur d'une formule administrative instituée au
niveau de la loi? Il reste toujours, pourrait-on argumenter, le jeu de l'offre
et de la demande qui se manifesterait dans le domaine par le principe suivant:
Si le service ne satisfait pas aux exigences du consommateur, ce dernier peut
toujours choisir. Or, il ne faut pas oublier que la marchandise dont il s'agit
s'avère être des enfants de zéro à six ans.
De plus, nous contestons vivement les conditions de travail que
subiraient les personnes assumant ce mode de service de garde: travailleur
isolé et, de ce fait, défavorisé comparativement aux
travailleurs en garderies, au niveau des ressources humaines et
matérielles, sans avantages sociaux, dû à son statut de
travailleur autonome, telles sont les conditions que laissent entrevoir les
mesures financières et administratives mises en place en 1979-1980 par
le présent gouvernement pour lancer cette nouvelle formule. Nous
pouvons, à juste titre, nous demander ce qu'il y a de nouveau dans cette
formule qui consacre, entre autres, l'exploitation des femmes. Comme le
souligne fort opportunément Richard Cloutier dans son étude, le
développement et le fonctionnement même des services de garde
d'enfants au Québec sont à plus de 95% assumés par les
femmes garderies publiques et familiales, prématernelles
elles-mêmes aux prises avec des difficultés reliées au
travail féminin: salaires inférieurs, conditions de travail
défavorables, insécurité d'emploi, etc. Ainsi, en tant que
milieu de travail, la garderie se retrouve directement impliquée dans la
problématique de l'accès des femmes à des conditions
équitables d'emploi.
La politique actuelle tend donc à confiner la femme dans son
rôle traditionnel et à perpétuer l'exploitation
éhontée de celle-ci. Pourtant, c'est le même gouvernement
qui, dernièrement, prétendait instaurer des conditions de travail
minimales pour les travailleurs non syndiqués.
Or, la femme qui gardera des enfants chez elle ne touchera même
pas le salaire minimum. De plus, elle travaillera de dix à douze heures
par jour, isolée, sans bénéfices marginaux. Le
gouvernement est très conscient de cette situation puisqu'il a
trouvé un moyen pour contourner la Loi du salaire minimum en
déclarant que ces femmes sont des travailleuses autonomes et non des
employées des agences. Le Regroupement des garderies sans but lucratif
du Québec dénonce cette exploitation de la femme et exige des
conditions de travail décentes, comparables à celles des
travailleurs du secteur public, pour tous les travailleurs du secteur des
services de garde.
Toutes ces raisons nous justifient grandement d'exiger une loi qui
assure une mise en place et le développement d'un réseau
universel régi par des normes uniformes qui garantissent une
qualité optimale des services. (15 h 45)
Or un réseau universel, c'est aussi un réseau
équitablement implanté qui garantit aux citoyens du
Québec, parents et enfants, quelle que soit la région où
ils vivent, l'accès à un service de garde qui réponde
à leurs besoins. C'est présentement loin d'être le cas au
Québec. En effet: "Par rapport à l'ensemble du Québec, la
région 03 qui est la région de Québec
regroupe environ 10% des places en garderie pour 15% de la population. De son
côté, la région de Montréal compte 79% des places
pour 56% de la population alors que le reste du Québec possède
15% des places pour 35% de la population."
Outre l'universalité du réseau que devrait instituer une
loi-cadre sur les services de garde à l'enfance, dans les conditions que
nous venons d'exposer, la même loi devra assurer l'intégration du
réseau. Présentement, il n'y a pas de réseau, nous en
convenons tous. Or, quant à en implanter les assises dans une loi,
autant prévoir lui garantir un développement harmonieux en lui
conférant dès le départ une intégration rien de
moins que rationnelle. Ainsi, ladite loi devra-t-elle avoir une juridiction
d'égale valeur sur tous les types de service de garde en laissant le
moins possible à d'autres la responsabilité de mettre en place un
secteur ou l'autre du réseau.
Qui dit réseau dit aussi qu'il ne doit pas y avoir discrimination
dans l'accessibilité aux services. Si nous mettons de l'avant une telle
revendication, c'est que la situation n'a guère changé depuis
trois ans. Le choix réel d'envoyer son enfant en garderie au
Québec reste toujours le privilège des familles les plus
démunies, admissibles de façon substantielle aux subventions, et
des familles les plus riches qui peuvent se payer le luxe d'assurer en entier
les frais de garderie. La classe moyenne laborieuse, travaillant au seuil du
salaire minimum, n'a pas plus droit qu'il y a trois ans aux garderies, les
indexations de l'échelle d'aide n'ayant jamais dépassé de
façon raisonnable les maigres augmentations dont ont pu
bénéficier leurs revenus.
Pour établir ces services de garde qui apporteraient de
façon évidente la solution aux problèmes, il nous faut
maintenant parler de financement. Nous ne détaillerons pas ici notre
étude économique sur les coûts de fonctionnement d'une
garderie puisque nous la déposons en annexe à ce mémoire
mais nous en rassortirons les grandes lignes.
La création de nouvelles garderies et de nouveaux services ainsi
que la survie des garderies existantes exigent une politique de financement
adéquate. Afin d'établir cette politique sur une
évaluation sérieuse et réaliste, le Regroupement des
garderies a entrepris l'an dernier une étude du coût de
fonctionnement des garderies. Nos calculs sont basés non pas sur une
situation idéale mais bien en fonction d'une situation normale. Tous nos
chiffres ont été basés sur des montants minimaux afin de
permettre aux garderies de fonctionner normalement et non pas de façon
luxueuse.
Selon notre étude, pour garder un enfant de moins de deux ans, il
en coûte $23.85 par jour au minimum si le ratio personnel-enfants est de
1-7. Pour les enfants de deux à six ans, il en coûte $17.88 au
minimum avec un ratio de 1-10. Ces ratios sont ceux préconisés
par le ministère des Affaires sociales du Québec et ils sont
inférieurs aux normes qui prévalent dans la plupart des autres
provinces canadiennes. Pour sa part, le regroupement prône des ratios de
1-4 pour les enfants de moins de deux ans et 1-7 pour les plus de deux ans, ce
qui porte le coût de garde à $35.71 et à $23.38 par jour
selon l'âge.
Il est évident que les parents ne peuvent pas assumer seuls ces
frais. C'est pourquoi le regroupement exige que le gouvernement fournisse aux
garderies un financement direct pour assurer leur stabilité
financière.
Si l'on compare les coûts qui ressortent de notre étude aux
barèmes du présent gouvernement, ils peuvent sembler exorbitants
à première vue. En réalité, ce sont les conditions
actuelles de fonctionnement des garderies qui sont anormales. Pour assurer la
survie des garderies, les moniteurs sont sous-payés, les parents doivent
fournir une large part de bénévolat, les ratios sont excessifs et
le matériel insuffisant. Enfin, le système en vigueur d'aide
indirecte accordée aux parents plutôt qu'aux garderies ne permet
pas à celles-ci d'être assurées d'un revenu stable. Bien
plus, il ne rejoint qu'une minorité de la population. Les
salariés moyens ne recevant aucune aide, ou bien doivent payer une somme
excessive pour la garderie, ou bien n'y ont pas accès. Les coûts
qui ressortent de notre étude ne sont point exorbitants. Au contraire,
ils démontrent à quel point le gouvernement est en retard en
matière de politique de garde d'enfants.
Ceci ressort encore plus clairement lorsqu'on compare le Québec
à d'autres pays ou encore à d'autres provinces canadiennes. En
1977, par exemple, le coût des crèches en France était
estimé à 80 francs, soit $18 par enfant de moins de trois ans par
jour en moyenne. Par contre, l'Ontario versait l'an dernier $15.34 par jour par
enfant en subvention directe aux garderies. Ce montant est présentement
en révision. Nos demandes sont alors très comparables aux
montants accordés ailleurs. En outre, le principe même de
financement direct des garderies est accepté dans bon nombre de pays. En
effet, d'après une étude sur les services de garde
effectuée dans sept pays et deux provinces canadiennes pour le compte du
Comité interministériel sur les services d'accueil, dans tous les
cas, l'État apporte une contribution financière directe et, dans
plusieurs endroits, le gouvernement local également. Par exemple, en
Suède, en France, au Danemark, en Allemagne, en Ontario, en Alberta et
en Yougoslavie.
Cette contribution directe de l'État représente en moyenne
60% à 80% des coûts de fonctionnement de la garderie sauf aux
États-Unis et dans les provinces canadiennes. Partout, le tarif maximum
exigé des parents est inférieur au coût économique
des services car il représente de 20% à 40% de ces coûts.
Cette contribution des parents varie selon une échelle qui tient compte
du revenu des parents, du nombre d'enfants en garde et du temps de garde. En
Suède, par exemple, la cotisation maximum était de 20 couronnes
en 1976 soit $5.34.
Nos estimations ne semblent point exagérées non plus
lorsqu'on les compare aux coûts de fonctionnement de la maternelle
à l'heure actuelle. À la garderie, les enfants passent en moyenne
10 heures par jour et reçoivent au moins un repas et deux collations.
Les coûts horaires à la garderie qui varient de $1.79 à
$3.57 selon l'âge et le ratio, se comparent d'autant plus favorablement
à celui de la maternelle, si l'on considère qu'un enfant à
la maternelle ne reçoit aucun repas et ne nécessite plus les
soins particuliers que requièrent les bébés, par exemple.
En effet, d'après les chiffres avancés par le rapport du
Comité interministériel en 1977, un enfant en maternelle
coûtait à l'État $905 par année, soit $2.50 l'heure
avec un ratio de 1-20.
Le coût d'un enfant à la maternelle ne cesse d'augmenter
depuis 1978, puisqu'en 1978 il avait déjà grimpé à
$1300 par année contre $905 en 1977. Il en est tout autrement de
l'argent que perçoit la garderie. Celle-ci ne touche actuellement aucune
subvention directe statutaire proportionnelle au nombre d'enfants qu'elle
reçoit. Une étude de l'Université Laval démontre
qu'en 1978-1979, le ministère des Affaires sociales du Québec
subventionnait 465 des 1155 places en garderie de la région de la ville
de Québec avec une moyenne d'environ $7.10 par jour, par place, selon le
revenu familial. Reportées sur l'ensemble des places, ces subventions
donnent une moyenne de $3 par jour par place. Pour les 185 demi-journées
de maternelle, le ministère de l'Éducation du Québec, en
incluant la subvention à l'immobilisation avec celle du fonctionnement,
verse environ $1300 par enfant par année, ce qui revient à
environ $14 par jour.
Soulignons cependant que dans les faits, les garderies ne
reçoivent même pas $3 par jour-place en moyenne, puisque le
système d'allocations actuel est discriminatoire et fluctuant d'une
région à l'autre, d'une garderie à l'autre et d'une
année à l'autre.
Le Regroupement des garderies sans but lucratif entend donc critiquer
cette loi sur la base de ses revendications fondamentales, soit: Un
réseau de garderies universelles et accessibles à tous, le
contrôle des garderies par les parents usagers et les travailleurs du
service de garde, (II y a un erratum dans le texte, un oubli), un financement
direct des garderies par le gouvernement sur la base d'un budget global
évalué de manière à assurer des normes de
qualité pour les enfants et des conditions de travail décentes
pour les travailleurs en garderies, le droit de tous les enfants et de tous les
parents d'avoir accès à un service de garde d'égale
qualité.
Mme Allaire (Hélène): On en est maintenant à
la critique de l'avant-projet comme tel. Il est de
notoriété publique que toute loi est sujette à des
interprétations différentes selon le point de vue ou les
intérêts de ceux qui la manipulent. Or, dans le cas de
l'avant-projet de loi sur les services de garde à l'enfance que nous
discutons aujourd'hui, la marge de manoeuvre et l'arbitraire prend d'autant
plus d'envergure que le projet de loi n'est pas accompagné d'une
spécification des principes généraux qui la sous-tendent.
Nous croyons essentiel d'inclure de façon non équivoque le droit
des enfants à un service de qualité, le droit des parents
à un service de garde et au contrôle réel de ce service et
le droit des travailleurs du milieu à une qualité de vie
décente afin que ces droits soient assurés et défendus par
cette loi.
De plus, pour élucider tout problème de
compréhension de la loi et pour la rendre plus accessible aux parents
québécois, une définition des termes utilisés est
plus que souhaitable. Par exemple, le service de garde en milieu familial
n'étant pas clairement défini dans cet avant-projet de loi, on
peut se demander quelle distinction existerait entre cette famille de garde et
la famille d'accueil au sens de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux. En effet, l'article 34 ne délimite d'aucune
façon que par le nombre d'enfants reçus le sens de ce mode de
garde. Les enfants pourront-ils y être reçus 24 heures par jour,
sept jours par semaine? Ces deux conditions sont un prérequis essentiel
avant même de pouvoir discuter du contenu de l'avant-projet. Ce dernier,
très vague sur plusieurs points, laisse la porte ouverte à des
reculs importants.
Le Regroupement des garderies sans but lucratif du Québec
réclame donc que les principes généraux que devrait
sous-tendre cette loi soient clairement identifiés et fassent partie
intégrante de la loi.
Les garderies demandent depuis fort longtemps que les services de garde
soient dissociés de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux. En effet, cette loi place les garderies actuelles dans le
même cadre que les services d'accueil pour enfants requérant des
soins spéciaux, subventionne les parents selon des critères
d'assistance sociale, ne régit aucune politique ou normes émises
par le service des garderies, bref est inadéquate. Donc, en principe, le
Regroupement des garderies sans but lucratif du Québec n'est pas en
défaveur d'une loi permettant aux services de garde d'être
régis de façon autonome. Par contre, l'avant-projet de loi soumis
à notre attention ne répond pas à nos attentes.
En effet, cet avant-projet de loi crée un Office des services de
garde à l'enfance. À première vue, cet office semble avoir
des pouvoirs très étendus. Or, l'article 23, qui confère
au ministre des Affaires sociales le pouvoir de déterminer les
orientations et les objectifs de cet office, limite de façon radicale la
capacité d'agir de ce dernier. Si l'on considère en plus que cinq
fonctionnaires, bien que sans droit de vote, siégeront de facto au
conseil d'administration de l'office, on peut s'interroger sur le pouvoir
réel des membres de ce conseil. Nous considérons que c'est
là donner un droit de vote déguisé aux cinq
fonctionnaires, puisque c'est sûrement à partir de leurs
recommandations que le ministre concerné émettra ses
directives.
De plus, le Regroupement des garderies sans but lucratif du
Québec s'interroge fortement sur la pertinence de la composition
stéréotypée de l'office proposée par l'avant-projet
de loi à l'article 6. En effet, l'office qu'on nous présente est
conçu selon les mêmes critères de représentation que
les conseils d'administration des hôpitaux, des CLSC et autres services
sociaux actuels. Or, la participation des ressources du milieu que le projet de
loi 65 prétendait favoriser s'est avérée sinon nulle, du
moins non efficace à l'usage et les critiques à cet égard
fusent de toute part. Pourquoi alors répéter l'expérience
dans le domaine des services de garde?
De notre point de vue, l'organisme régissant d'une façon
autonome les services de garde se doit d'être un organisme
représentatif du milieu de garde, avec des pouvoirs réels de
planification et de consultation, lui permettant de préciser ses
objectifs et ses orientations.
Le Regroupement des garderies sans but lucratif du Québec ne
prétend pas avoir de solutions miracles à proposer à ce
sujet au niveau national, mais il tient dès lors à attirer
l'attention de cette commission sur la nécessité flagrante
d'assises régionales pour l'office. À l'article 25 de
l'avant-projet, il est fait mention de possibilité pour l'office de
"désigner des représentants régionaux". Le Regroupement
des garderies sans but lucratif du Québec considère que, plus
qu'une possibilité, la représentation régionale de
l'office est un devoir. De plus, nous tenons à souligner que nous ne
concevons pas comme valable la représentation régionale qui
serait exercée par "un organisme ou un établissement public au
sens de la Loi sur les services de santé et les services sociaux", tel
que mentionné au deuxième alinéa du même
article.
En effet, l'implication des ressources des services de garde dans les
CRSSS, les CSS, les CLSC et autres établissements sociaux est loin
d'être acquise et la pratique actuelle démontre clairement que les
services de garde sont définitivement traités en parents pauvres
à ces niveaux. Aucun mécanisme dans cette loi n'assure que ces
établissements répondront aux demandes de l'office; tout comme
les hôpitaux qui n'ont pas répondu aux exigences du MAS pour la
mise sur pied de comités d'avortement thérapeutique, ces
organismes gouvernementaux auront libre choix de remiser sur des tablettes les
demandes de l'Office des services de garde.
Cette loi doit donc prévoir des mécanismes de consultation
directe qui permettent à l'office d'avoir des assises régionales
solides, en contact permanent avec les usagers des services de garde locaux.
Afin d'identifier les besoins de la population, la qualité des personnes
et organismes à être consultés par l'office devrait
être clairement identifiée à l'article 24 du projet de loi.
Ce n'est que dans un tel contexte qu'il pourrait être concevable
qu'un tel office remplisse les fonctions qui lui sont attribuées
dans l'avant-projet de loi.
Comme nous l'avons exposé plus haut, le Regroupement des
garderies sans but lucratif du Québec revendique un réseau de
services de garde où tous les services répondraient aux
mêmes critères tant au niveau du statut corporatif qu'au niveau
des normes de qualité ou des contrôles à être
assurés. Aussi est-il inacceptable pour notre organisation que les
services de garde soient classifiés de façon différente
selon l'âge des enfants (préscolaire ou scolaire) auxquels ils
s'adressent, le nombre d'enfants qui les recevront plus ou moins dix
enfants ou encore le temps pendant lequel ils sont offerts
halte-garderie. (16 heures)
À notre avis, la section I du chapitre II de l'avant-projet doit
donc uniformiser l'organisation de tous les services de garde à la fois,
soit garderie, mini-garderie, garderie parascolaire, halte-garderie et l'office
doit régir directement tous les types de services de garde.
La nécessité de détenir un permis pour un service
de garde est l'objet de l'article 29 du projet qui nous est soumis.
Conformément à ce que nous avons déjà
annoncé, nous insistons sur la nécessité de
délivrer sur la même base des permis pour tous les modes de garde.
Les dispositions de l'avant-projet de loi sur l'organisation des services de
garde en milieu scolaire ou en halte-garderie, telles que trop
brièvement déterminées aux articles 58, 59 et 60, nous
apparaissent donc définitivement inacceptables puisqu'elles ne sont
aucunement du même ordre que celles prévues pour les
garderies.
De plus, nous croyons des plus urgents que l'office puisse sévir
contre toute forme de garde clandestine. Nous savons tous que des lieux de
garde inadéquats, voire même scandalisants, existent et pour
qu'ils disparaissent définitivement, il faut absolument que des places
de garde de qualité indéniable soient créées. En
effet, dans la situation actuelle, plusieurs parents n'ont pas d'autre choix
que de confier leurs enfants à des services inadéquats puisque
les services organisés, tels garderies ou mini-garderies, sont
inexistants ou minoritaires par rapport aux places requises. À ce
propos, nous considérons que l'article 29 de l'avant-projet ne garantit
pas les mesures qui s'imposent puisque quiconque n'utilise pas dans son nom ou
sa raison sociale le mot "garderie" ou les expressions "services de garde en
garderie", "services de garde en milieu familial" peut légalement garder
des enfants sur une base régulière sans que l'office puisse
intervenir pour contrôler les abus.
Pour assurer le contrôle de la vie quotidienne des enfants par les
parents, nous tenons à ce que ces derniers puissent jouer un rôle
actif et bénéficier d'un pouvoir décisionnel à la
garderie. La corporation sans but lucratif, dont le conseil d'administration
est formé majoritairement de parents usagers de la garderie,
répond à nos attentes sur ce point. Le regroupement des garderies
sans but lucratif du Québec exige que toutes les ressources de garde
soient bâties selon ce modèle. Seul le contrôle réel
des activités tant administratives que pédagogiques d'un service
de garde par les parents et les travailleurs de ce service assure une
continuité entre les objectifs familiaux et les objectifs de garde. Le
pouvoir collectif d'intervention des parents sur le milieu de garde est une
garantie de qualité du service. Ce pouvoir décisionnel est et
doit demeurer entre les mains des parents usagers de tous les services de
garde.
Nous ne pouvions accepter qu'une garderie soit du ressort d'un organisme
aussi peu représentatif des parents qu'une corporation municipale, tel
que le permettrait l'article 31, ou encore qu'une coopérative à
but lucratif puisse administrer une telle ressource et en tirer des profits au
détriment de la qualité des services offerts aux enfants.
La structure proposée à l'article 33 pour la formation
d'agences de service de garde en milieu familial entraîne
indéniablement la non-participation des parents aux décisions
impliquant le service de garde.
Comment un parent pourra-t-il avoir droit de regard sur ce qui se passe
dans une famille de garde considérée comme une structure
autonome, si en plus cette famille est elle-même recrutée par un
organisme aussi lointain qu'une corporation municipale, une commission scolaire
ou un établissement public au sens de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, par un organisme dont la
préoccupation première est tout autre que le service de garde qui
préoccupe l'usager?
Tout comme pour la garderie de plus de dix enfants, le service de garde
de moins de dix enfants devrait être géré par une
corporation sans but lucratif dont le conseil d'administration est
composé majoritairement de parents usagers. Nous le
répétons, c'est le seul statut corporatif acceptable pour quelque
mode de garde que ce soit, quels que soient la taille du groupe d'enfants
(garderie, mini-garderie) et l'âge de ces enfants.
Nous ne voyons donc pas la nécessité de créer des
agences pour administrer des places surtout si ces mêmes agences n'y
voient qu'une façon d'aller chercher des subventions et, par le fait
même, de boucler leur budget comme certains organismes pourraient
être tentés de le faire.
Par exemple, les changements récents du pouvoir municipal de
taxation pourraient inciter les municipalités à aller chercher
des subventions sans effort en mettant sur pied un service d'agences. Les
corporations municipales n'y verront qu'un moyen supplémentaire de se
faire des revenus additionnels.
Nous entrevoyons d'un oeil sceptique les discussions à venir
entre maires et conseillers au sujet de l'application pratique des normes de
gestion concernant nos enfants. Leurs intérêts en seront "de
gestionnaires" qui n'ont aucun sens des réalités quotidiennes
d'un monde de marmots de trois mois à douze ans.
II en est de même pour les commissions scolaires et les autres
établissements où les pouvoirs décisionnels
n'appartiennent pas aux parents usagers.
De ce fait, le Regroupement des garderies sans but lucratif du
Québec demande qu'un permis de service de garde ne puisse être
accordé sans que le contrôle effectif des usagers y soit
assuré et que le projet de loi soit modifié en ce sens, en
particulier les articles 31, 33, 58 et 60.
En plus de revendiquer une qualité au moins égale à
celle des garderies des enfants d'âge préscolaire, le Regroupement
des garderies sans but lucratif du Québec estime que les services de
garde s'adressant aux enfants de six à douze ans doivent être
disponibles en toute période de l'année. En effet, les services
de garde pour ces enfants sont nécessaires non seulement les jours de
classe, comme le propose l'article 58, mais aussi les jours de congé
pédagogique et pendant les vacances d'été. De quelle
utilité serait un service de garde aussi incomplet pour des parents
travailleurs qui sont loin de bénéficier d'autant de jours de
congé que leurs enfants?
Certains articles de cette même section I du chapitre II
étalent avec acuité les différences d'exigences
gouvernementales entre les garderies d'une part, et les autres modes de garde,
d'autre part. Soulignons plus précisément que nous trouvons pour
le moins bizarre que seuls les services de garde en garderie doivent obtenir
une autorisation de l'office pour aménager un local ou le modifier,
à l'article 41, alors que tous les autres services de garde n'ont pas
à se prêter à de telles exigences. Qu'on ne se
méprenne pas ici sur la teneur de nos propos. Ce n'est pas parce que
nous voulons soustraire les garderies à de telles formalités,
mais bien plutôt que nous jugeons des plus importants que l'environnement
physique de l'enfant soit adéquat dans tous les types de services de
garderies.
Cette notion de deux poids deux mesures réapparaît encore
clairement à l'article 43, troisièmement, alors que les mesures
de suspension, annulation ou refus de renouvellement de permis pour cause de
menace à la santé, à la sécurité ou au
bien-être des enfants ne s'appliquent qu'aux services de garde en
garderie et non aux autres modes de garde prévus dans l'avant-projet de
loi, car ce ne sont pas les parents usagers d'un service de garde où ils
n'exercent pas collectivement un pouvoir décisionnel qui pourront faire
suspendre ou annuler le permis d'un service inadéquat; ils pourront
retirer leurs enfants d'un lieu menaçant la santé, le
bien-être et la sécurité, mais la place pourra être
comblée dès le lendemain par un autre enfant.
L'article 43,3e paragraphe, apparemment anodin, confirme que les
familles de garde ne seraient contrôlées que par les agences qui
risquent fort de devenir à l'image des agences de services sociaux qui
sélectionnent les familles d'accueil pour placement d'enfants et qui
n'ont d'autres contacts avec ces familles que lors du placement et du
déplacement des enfants.
Nous percevons à travers cette politique l'intention du
gouvernement de mettre de l'avant un mode de garde bon marché et de
qualité douteuse. Mais le gouvernement s'en lave les mains, puisqu'il ne
se portera pas responsable de la supervision et du contrôle. On comprend
bien qu'il ne veuille pas en assumer la paternité complète.
Enfin, toujours dans la même veine discriminatoire, seules les
garderies doivent tenir un dossier individuel pour chaque enfant qu'elles
reçoivent. Cette fois, le RGQ s'insurge contre le principe même
des dossiers des enfants. Si ces dossiers sont si anodins que certains veulent
nous le laisser croire, pourquoi alors y tient-on autant? Pourquoi alors la
nécessité de la confidentialité de tels rapports, de
quelle utilité alors seraient-ils pour des fins d'enquête,
d'étude ou de recherche? Le Regroupement des garderies sans but lucratif
du Québec trouve indécent de commencer à classifier les
enfants et à les codifier dès la naissance ou presque et les
garderies qui en sont membres refusent irrémédiablement de devoir
tenir de tels dossiers et encore plus de les mettre à la disposition de
qui que ce soit.
Dans la troisième partie de la section I du 2e chapitre,
l'avant-projet donne à l'office le pouvoir d'accorder des subventions
directes au service de garde. Le Regroupement des garderies sans but lucratif
du Québec est fermement convaincu que l'octroi de subventions directes
est un devoir essentiel de tout office créé par un gouvernement
qui désire vraiment promouvoir l'essor des services de garde au
Québec. Par contre, nous dénonçons la possibilité
de financer des paliers intermédiaires tels que les agences qui
favorisent une bureaucratisation du réseau beaucoup plus que son
extension tant quantitative que qualitative.
La section IV du même chapitre traite aussi des dispositions
d'aide financière et du montant de contributions qu'un service de garde
peut exiger. Suite aux résultats de son étude économique
sur l'établissement du coût jour-enfant en garderie, le RGQ est
des plus sceptiques face à la détermination du montant de
contribution des parents par l'office. En effet, l'étude
économique "Pour la reconnaissance du droit aux garderies: un
financement direct et adéquat", conduite par Mme Ruth Rose-Lizée,
professeur en science économique à l'Université du
Québec à Montréal, établit à $23.85 le
coût jour-enfant minimum pour les 0 à 2 ans et à $17.88
celui des 2 à 6 ans. Or, le gouvernement l'estime actuellement à
$10 par jour, peut-être $12, sans différenciation des
catégories d'âge où les ratios sont différents et
ce, bien que des études gouvernementales arrivent elles-mêmes
à établir des coûts supérieurs.
Comment alors les services de garde pourront-ils offrir un service de
qualité s'ils ne reçoivent que peu ou pas de subventions directes
et qu'en plus leurs coûts sont sous-estimés d'une part, mais qu'on
leur impose des normes et des contrôles stricts d'autre part? Le
Regroupement des garderies dénonce l'objet de cette loi qui, sous le
couvert de statuer sur la contribution qui peut être exigée pour
les enfants, détermine une
enveloppe budgétaire stricte. La capacité de payer des
parents a déjà atteint sa limite indépendamment de
l'échelle d'aide qui peut être versée à ces
derniers. Aussi, le RGQ conteste fermement la possibilité
illimitée d'augmenter la contribution des parents, selon les
circonstances et les besoins identifiés par règlement inscrits
à l'article 65.
Toute augmentation des coûts doit être absorbée par
l'État par voie de subvention directe. Les dispositions
financières stipulées à l'article 65 briment de
façon inacceptable le contrôle effectif des parents sur les
services de garde; ceux-ci se voient confinés à un rôle de
commis, sans aucune latitude pour augmenter la qualité du service
au-delà des normes prescrites par règlements sans risquer de se
voir accusés de malversation de fonds ou de mauvaise administration.
À l'heure actuelle, les ratios personnel-enfants mis de l'avant
par le service des garderies sont de un adulte pour sept enfants de zéro
à deux ans et de un adulte pour dix enfants de deux à six ans.
Ces ratios entraînent des coûts estimés à $23.85 pour
les plus jeunes et à $17.88 pour les plus vieux. Par contre, les
garderies membres de notre organisme prônent des ratios de un-quatre pour
les zéro à deux ans et de un-sept pour les deux à six ans;
les coûts quotidiens s'élèvent alors respectivement
à $35.71 et $23.38. Comment des parents pourraient-ils décider de
s'offrir un service de plus grande qualité sans enfreindre cette loi qui
détermine à la fois l'enveloppe budgétaire et les
normes?
Par ailleurs, le Regroupement des garderies sans but lucratif du
Québec s'est toujours opposé à la formule du plan Bacon
qui subventionne les parents de façon inadéquate. Or, l'article
67 de l'avant-projet laisse présumer que cette formule
inéquitable sera perpétuée, d'autant plus que le principe
de financement direct des ressources n'est pas garanti dans la loi.
Le Regroupement des garderies sans but lucratif du Québec ne peut
que constater que le chapitre III de l'avant-projet de loi réaffirme les
inégalités entre les divers modes de garde proposés. Les
thèmes sur lesquels l'office aura à établir une
réglementation sont différents selon qu'il s'agit de services de
garde en milieu familial ou en garderie, en halte-garderie ou en milieu
scolaire.
De plus, le RGQ s'interroge sur la pertinence de laisser le champ libre
à ce point au niveau de la réglementation. Ce faisant, le projet
de loi laisse ouverte la possibilité de reculs considérables dans
le domaine des services de garde selon que le gouvernement sera plus ou moins
sensibilisé à sa responsabilité sociale d'offrir des
services de garde universels de qualité.
L'étendue du pouvoir de réglementation est d'autant plus
large que la loi ne fixe que très peu de limites. On ne peut que
constater l'inaptitude de cette loi en elle-même; elle est tellement peu
précise que toute réglementation sera possible sans qu'on puisse
la contester ou la déclarer ultra vires. C'est pourquoi le Regroupement
des garderies sans but lucratif du Québec insiste pour que certains
principes fondamentaux apparaissent clairement dans l'énoncé de
la loi pour qu'ils dirigent le sens de la réglementation à
venir.
Mme Boisvert: En conclusion, le Regroupement des garderies sans
but lucratif du Québec revendique une loi qui régisse les
services de garde depuis sa fondation. Pourtant, il conteste fermement le
contenu de la loi qui lui est présentée aujourd'hui et constate
avec amertume que, loin de promouvoir l'essor et la qualité des services
de garde, ce projet de loi ne fait que consacrer la médiocrité
des services offerts à la population.
En effet, le Regroupement des garderies sans but lucratif du
Québec s'insurge contre le concept restrictif de la garderie qui
transpire dans cet avant-projet, contre la démission du gouvernement
face à sa responsabilité en matière de services de garde,
contre la bureaucratisation et la dépersonnalisation de ces dits
services, contre l'éparpillement des ressources, contre l'incertitude
causée par le trou béant creusé par la trop grande place
laissée à la réglementation et enfin et surtout contre la
perte d'un droit acquis, le contrôle des usagers des services de
garde.
Le Regroupement des garderies sans but lucratif du Québec exige
donc que le principe du contrôle des usagers des services de garde soit
préservé intégralement par cette loi; que tous les types
de service de garde répondent aux mêmes critères tant au
niveau du statut corporatif qu'au niveau des normes de qualité et des
contrôles à être assurés; qu'un énoncé
de principes définissant les droits des enfants, des parents et des
éducateurs en garderies fasse partie intégrante de la loi; que
l'office fixe lui-même ses orientations et ses objectifs après les
résultats des consultations, recherches ou expériences pilotes
qu'il aura menées; que les cinq fonctionnaires prévus dans la
composition du conseil d'administration de l'office soient retranchés;
que l'office repose sur des assises régionales solides en lien avec les
services locaux; que le principe de subventions octroyées directement
aux services de garde soit assuré sans équivoque; que soit mis
sur pied un réseau de garderies universelles intégrées et
accessibles à tous; que ce réseau de garderies soit de type
multiforme, soit des garderies de jour, des garderies de 24 heures, des
garderies parascolaires, des garderies pour moins de deux ans, des
haltes-garderies, des mini-garderies. De là, nous nions toute autre
forme parallèle de système de garde tel que le propose
l'avant-projet de loi au niveau de la garde en milieu familial, la
halte-garderie et la garde parascolaire, qui serait sous la juridiction du
ministère de l'Éducation. (16 h 15)
Le Président (M. Boucher): Merci. Je dois vous faire part
d'un autre télégramme qui vient d'arriver au secrétariat
des commissions: "Monsieur, nous, du Syndicat des professeurs du cégep
de Limoilou, appuyons le Regroupement des garderies sans but lucratif dans la
présentation d'un mémoire au sujet des services de garde."
C'est signé: Line Boyer, secrétaire du Syndicat des
professeurs de Limoilou. M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, il est difficile
évidemment de ne pas être d'accord sur tous les objectifs qui sont
énoncés dans le mémoire du Regroupement. Pour ma part, je
voudrais surtout essayer de ne pas engager la discussion sur un ton de
polémique et je suis prêt à passer pardessus des
excès de langage qui sont nombreux dans ce mémoire. Cela fait
peut-être partie d'un vocabulaire contestataire universel et je le
reconnais, c'est une réalité de la vie. J'en prends note et
j'essaie de rester serein.
Nous nous étions rencontrés en mars 1977; madame la
porte-parole a évoqué cette rencontre. Ce qu'elle n'a pas dit,
c'est que le gouvernement, à ce moment-là, a spontanément
offert aux représentantes que nous avions convoquées de toutes
les régions du Québec de mettre sur pied un secrétariat.
Dans l'ensemble des services relevant du ministère des Affaires
sociales, à ma connaissance, c'était le seul service qui ne
recevait pas une aide financière du gouvernement pour avoir un
secrétariat, une permanence. Nous l'avons offert. Il y a eu une
première subvention, il y en a eu une deuxième et il y en a une
troisième qui s'en vient. Je pense que vous avez été
avisés que la troisième s'en vient incessamment.
Notre objectif autant pour vous que nous autres à
ce moment-là, c'était d'avoir un véritable regroupement de
toutes les garderies du Québec sans but lucratif. Il existe actuellement
tout près de 300 garderies sans but lucratif au Québec. Pour
autant qu'on puisse obtenir des renseignements, votre regroupement n'inclut
qu'à peu près 70 ou 75 garderies sans but lucratif au
Québec. Je pense qu'au départ il faut établir cela. Je ne
vous cache pas que je suis un peu déçu, si on remonte à
mars 1977, que plusieurs régions se soient dissociées de votre
regroupement: la région 6C, la rive sud de Montréal, la
région 6A, la région de Montréal, la région 04, la
région de Trois-Rivières. Ces groupements se sont
dissociés par écrit, ils nous ont envoyé des lettres nous
disant qu'ils ne faisaient pas partie du regroupement.
Je pense qu'on a un problème sérieux et notre
intérêt, au gouvernement, c'est de subventionner une association,
un regroupement qui va vraiment être représentatif de la
majorité des garderies sans but lucratif.
Cela dit, je comprends que c'est difficile. Et si on peut vous
être utile à réaliser un tel regroupement au moins
majoritaire, sinon unanime, vous pouvez être certaines que, quant
à moi, j'offre mes bons services.
Je vais d'abord reprendre les conclusions de votre mémoire.
À la page 50, votre conclusion est un bel exemple d'excès de
langage quand vous dites que le gouvernement démissionne face à
ses responsabilités en matière de garde. Je vous rappelle tout
simplement les commentaires que je faisais ce matin, à savoir que ce
gouvernement actuel consacre, cette année, $22 500 000 par rapport
à $3 500 000 il y a à peine trois ans. Nous nous engageons
publiquement, depuis ce matin, à dépenser $32 500 000 l'an
prochain, c'est-à-dire dix fois plus qu'il y a quatre ans. Qu'on vienne
nous dire dans un mémoire officiel, de façon très
éclatante et percutante, que le gouvernement démissionne devant
ses responsabilités, vous comprendrez que je ne peux pas accepter un tel
verdict de la part de nos amis des garderies.
Quand vous dites aussi, au bas de la page 50, "... et enfin et surtout
contre la perte d'un droit acquis, c'est-à-dire le contrôle des
usagers des services de garde...", M. le Président, justement, dans
notre projet de loi, nous consacrons de façon bien officielle le
principe fondamental. J'ai dit, ce matin, qu'une garderie doit être
administrée par un conseil où on retrouve majoritairement des
parents des enfants qui fréquentent la garderie. Si ce n'est pas cela le
contrôle des usagers, je ne sais pas ce que vous entendez par
contrôle des usagers. Nous en faisons une pierre angulaire du projet de
loi. Il y a vraiment un dialogue de sourds, ou bien, on ne veut pas lire le
projet comme il est présenté et on nous prête des
intentions. Parce qu'on le dit textuellement dans le projet de loi: Un conseil
d'administration contrôlé majoritairement par les parents des
enfants. Ensuite, à la page 51 : 2. que tous les types de service de
garde répondent aux mêmes critères tant au niveau du statut
corporatif qu'au niveau des normes de qualité et des contrôles
à être assurés.
Votre principale critique touche la garde en milieu familial. Vous
prétendez que par la garde en milieu familial, nous voulons avoir une
main-d'oeuvre à bon marché et qu'en même temps nous allons
diminuer la qualité des services de garde. C'est une opinion et cela
demeure strictement au niveau de l'opinion. Nous avons l'opinion contraire, non
seulement nous, mais d'autres, beaucoup d'autres. Je ne veux pas refaire
l'historique encore une fois de la garde en milieu familial qui est une
institution qui date depuis des générations. Il n'y a personne
qui a démontré que pour avoir une bonne garde éducative,
pédagogique ou psychosociale adéquate, il fallait avoir un
diplôme de cégep ou d'université. Il n'y a personne qui a
démontré cela.
Quand vous dites: On demande le même niveau de qualité de
garde en milieu familial qu'en garderie, nous sommes d'accord sur le principe,
mais une qualité peut être interprétable selon les
circonstances. Il est bien entendu qu'il y a des qualités humaines, que
ce soit des qualités d'une personne qui garde quatre enfants,
belle-soeur ou voisine, qui sont difficilement mesurables, qui ne sont pas
mesurables par un diplôme ou par des normes d'un ministère, mais
nous prétendons que c'est un mode de garde qui est conforme aux us et
coutumes de notre société québécoise. Nous
prétendons que l'ingérence de l'État que vous
dénoncez si facilement quand cela fait votre affaire serait
réelle si on disait: Nous allons choisir Mme Une-telle comme responsable
de quatre enfants en garde familiale selon toute une série de
critères. Nous pensons que ce n'est pas opportun de faire cela. Cela
étant dit, il y aura certainement, par le
biais de l'agence des services de garde en milieu familial, un processus
de sélection pour celles qui voudront volontairement s'inscrire comme
des gardiennes en milieu familial. Je répète que ce mode de garde
en milieu familial sera strictement facultatif. Nous n'allons pas obliger les
femmes puisqu'il s'agit de femmes en général qui
font de la garde actuellement d'un, deux, trois ou quatre enfants à
s'inscrire.
Je continue votre série de recommandations. Je ne m'oppose pas
à l'énoncé de principe définissant les droits des
enfants. Peut-être y aurait-il lieu de l'inclure dans le projet de loi.
Je répète que c'est un avant-projet qui va avoir beaucoup de
modifications et, il y aura ensuite le projet proprement dit qui, même
lui, sera modifié comme tous les projets de loi. Mais, je retiens cette
suggestion d'inclure un énoncé de principe. "Que l'office fixe
lui-même ses orientations et ses objectifs d'après les
résultats des consultations, recherches..." Je suis d'accord. "Que les
cinq fonctionnaires prévus dans la composition du conseil
d'administration de l'office soient retranchés;". Il faut comprendre le
but de cette présence des cinq fonctionnaires. Un des rôles
principaux de l'office on l'a dit ce matin est de coordonner
l'action de plusieurs ministères. Il n'y a pas seulement le
ministère des Affaires sociales qui doit intervenir dans le domaine des
services de garde; il y a aussi le ministère de l'Éducation, il y
a le ministère des Loisirs, l'ex-Haut-commissariat, il y a le
ministère du Travail aussi, puisqu'on parle de normes. Bref, il y a cinq
ministères que nous avons identifiés pour lesquels il y aurait
intérêt, comme on le fait pour l'Office des personnes
handicapées où il y a des représentants des
ministères qui siègent au conseil de l'office sans avoir droit de
vote et qui sont là comme des personnes ressources pour éclairer
les membres du conseil au besoin, mais aussi ensuite pour se faire des
propagandistes des services de garde, dans notre cas, une" fois
retournés dans leurs ministères. Nous pensons honnêtement
que c'est utile d'avoir ce mécanisme, parce que c'est un reproche qu'on
fait souvent au gouvernement d'être mal coordonné, d'être
mal articulé entre les ministères. On pense que cette formule est
utile.
Que l'office repose sur des assises régionales solides en lien
direct avec les services locaux, nous sommes d'accord avec cela. Nous n'avons
pas jugé nécessaire de rendre obligatoire la
délégation de pouvoirs de l'office vers les régions. Je ne
suis pas fermé au principe de la rendre obligatoire si on nous convainc
que c'est nécessaire. À ce moment, peut-être faudra-t-il se
donner un délai raisonnable pour ne pas rendre obligatoire quelque chose
qui ne peut pas être appliqué ensuite une fois la loi
promulguée.
Enfin, il y a le principe des subventions octroyées directement
aux services de garde. Je pense que j'ai répondu ce matin en
annonçant la décision toute récente du Conseil des
ministres de dorénavant, à partir d'avril 1980, financer
directement, au rythme de $2 par place occupée par jour.
Vous parlez de bureaucratisation quand vous faites allusion aux agences
de services de garde dans le milieu familial. Si vous regardez l'article comme
il faut, vous vous rendrez compte que nous avons pris une attitude souple.
Plusieurs organismes sans but lucratif peuvent agir comme agences de services
de garde en milieu familial. Il y a les établissements du réseau
des affaires sociales. Vous vous êtes concentrés sur
ceux-là surtout, mais il n'y a pas seulement ceux-là. Cela peut
être aussi une garderie populaire. Cela peut être tout organisme,
et c'est bien dit dans l'article, tout organisme à but non lucratif.
Cela peut être un organisme comme un cercle de fermières, un
cercle d'AFEAS. Cela peut être un organisme du genre de ceux qui militent
dans les rangs pour maintenir ou sauvegarder les droits féminins. Enfin,
quant à nous, cela n'a pas besoin d'être un organisme du
réseau des affaires sociales. Nous avons mis cette formule comme une des
formules possibles. Il y a déjà des projets qui nous ont
été présentés par certains CLSC, des Centres locaux
de services communautaires, qui sont assez proches de leur population et qui
s'offrent d'agir comme agence.
Je ne vois pas pourquoi on se couperait, on s'empêcherait
d'utiliser ces organismes. Justement, c'est dans le but de ne pas créer
une autre structure inutilement. Sur qualification des définitions, je
suis aussi d'accord. C'est un peu comme pour l'énoncé de
principe. Je pense que c'est une suggestion pertinente qu'on va retenir. Quant
à la garde des enfants d'âge scolaire lors des jours
pédagogiques et des vacances, à cela j'ai répondu à
midi aussi en vous donnant la liste des cinq amendements que nous allons
apporter à l'avant-projet de loi.
Là, je vous pose une question: Sur quoi vous basez-vous pour
affirmer que l'avant-projet consacre la médiocrité des services
offerts, ou est-ce que cela fait partie des excès de langage qu'on doit
accepter sans trop trop sourciller? Vous avez parlé des coûts
tantôt. Vous avez parlé de l'Ontario. Je pense qu'en toute
justice, il faut parler des autres provinces aussi. Colombie-Britannique: $8
par jour en garderie, $6 par jour, garde en milieu familial. Saskatchewan,
$8.60 par jour, garderie; $6.50, garde en milieu familial.
Nouvelle-Écosse, $7.50 en garderie. Nouveau-Brunswick, $6, etc. Vous
avez évidemment sorti la province qui était la seule à
avoir un per diem plus élevé que celui de $12 que nous aurons au
1er avril, et cela est de bonne guerre, je suppose. Je pense qu'en toute
justice, il faut donner un tableau plus complet. (16 h 30)
Votre suggestion d'avoir dans les agences de services de garde en milieu
familial, une participation accrue des parents, je trouve cette suggestion
intéressante. Et elle est possible, actuellement, comme le texte est
libellé. Je répète encore une fois: Tout groupement, y
compris un conseil actuel d'administration d'une garderie populaire pourrait,
selon les termes de ce projet, agir comme agence de service de garde en milieu
familial.
Il ne faut pas faire peur au monde inutilement; le dossier dont il est
question dans le projet de loi, c'est celui qui est utilisé actuellement
dans les
garderies. Vous l'utilisez. Que veut dire le dossier? Cela ne veut pas
dire grand-chose. Cela veut dire la fiche d'inscription j'ai les textes
devant moi, pour ceux ou celles qui y sont intéressés
comme on a n'importe où, quand on a recours à un service.
Ensuite, cela veut dire la fiche d'autorisation pour les sorties des enfants
et, finalement, l'autorisation des parents, en cas d'urgence. Et tout cela, on
le dit très bien en haut, ce sont des guides de fiche. Or, ce n'est pas
envoyé au ministère, c'est pour la bonne marche de vos garderies.
Ce qu'on demande dans le projet de loi, c'est tout simplement ce qui existe
actuellement. Alors, il ne faut pas semer la panique et alerter la Commission
des droits de la personne. En définitive, il n'y a rien qui brise le
secret de la vie privée des gens là-dedans et on n'a pas
l'intention de ficher les citoyens ou citoyennes du Québec, à
partir de l'âge d'un an ou de six mois. Pas du tout.
Alors, M. le Président, une dernière remarque. À la
page 26 du mémoire, vous dites aussi qu'il n'y a rien
d'amélioré, par rapport à il y a quelques années,
quant aux classes moyennes. C'est faux, M. le Président, c'est
absolument faux. Vous le savez que c'est faux. Ce n'est pas correct de dire des
choses aussi fausses. Dans l'échelle des revenus, un couple, deux
adultes avec deux enfants, dont l'un est en garderie, alors qu'il y a à
peine quelques années, un tel couple, avec deux enfants, s'il gagnait
plus de $10 000, n'était pas admissible aux subventions du tout.
Aujourd'hui, depuis le 1er septembre, vous le savez, cette échelle
s'étend à $16 400. Et je trouve cela dommage que vous charriiez,
un peu, l'opinion publique, de cette façon-là. Vous vous enlevez
une crédibilité qui, autrement, est fort utile. Alors, on y
touche, de plus en plus, à la classe moyenne. À cet égard,
je pense qu'il faut faire les clarifications qui s'imposent. Non seulement on
touche de plus en plus à la classe moyenne, mais aussi, par rapport
à il y a trois ans, alors qu'à peine 25% des 10 000 enfants qui
étaient en garderie étaient admissibles à des subventions,
aujourd'hui, c'est 46% des 16 000 enfants qui sont admissibles aux subventions,
qui touchent des subventions.
Alors, ne venez pas me dire qu'il n'y a rien de changé et que le
gouvernement du PQ démissionne devant ses responsabilités. Ce
n'est pas vrai. Alors cela étant dit, on a quand même noté
plusieurs choses intéressantes, pertinentes et utiles dans votre
mémoire et on va en tenir compte. Merci.
Le Président (M. Boucher): Mme Boisvert, est-ce que vous
voulez...
Mme Boisvert: Oui. Le ministre vient de nous entretenir de
beaucoup de choses.
M. Lazure: Vous aussi, pendant une heure. Quant à moi, je
n'ai pris que quinze minutes.
Mme Boisvert: Ce n'est pas un reproche. Si, effectivement, il y a
beaucoup de choses sur lesquelles vous êtes d'accord, pourquoi ces cho-
ses ne figurent-elles pas comme volonté dans la loi? C'est s'amuser
à légiférer sur les dossiers, alors que les dossiers
pourraient être quelque chose qui figure dans la réglementation.
Il y a des choses tellement plus importantes qui pourraient figurer dans la
réglementation, comme le droit aux garderies. Parce que là, il
faut bien penser que si ce n'est pas mis dans la loi et que c'est laissé
à une réglementation, à partir du moment où il y
aura un autre gouvernement ou que ceux qui vous remplaceront auront une autre
volonté, ce sera tout à refaire, il faudra recommencer à
tous les quatre ou six ans, tout cela, parce qu'il n'y aura rien d'assis dans
la loi. C'est un reproche qu'on fait à la loi.
M. Lazure: À cet égard, M. le Président, je
vous l'ai dit tantôt, on va envisager le fait d'inclure
l'énoncé de principe.
Mais, pour revenir à votre question fondamentale, vous me dites:
Si vous êtes ouvert à ça, pourquoi ne l'avez-vous pas mis
dans votre loi? Parce qu'on n'a pas la science infuse; on ne l'a pas et c'est
pour ça qu'on fait une commission parlementaire où on va entendre
25 ou 26 groupements; ensuite, on va avoir un projet de loi qui va être
amélioré, qui va être débattu à trois
étapes, qui va encore être amélioré. Je n'ai aucun
problème de culpabilité ou je ne me sens pas sur la
défensive de dire qu'on va changer telle ou telle chose. Cela fait des
mois qu'on travaille là-dessus, mais c'est loin d'être parfait et
c'est améliorable.
Mme Boisvert: Si c'est une politique voulue, les choses qui
touchent la politique, qui ne sont pas sujettes à être
changées avant qu'il y ait un changement de mentalité dans la
population devraient être incluses dans la loi et non pas laissées
à une réglementation. Je ne sais pas si je peux intervenir sur
tout ce que vous avez dit ou si c'est à Mme...
Le Président (M. Boucher): Vous pouvez y aller.
Mme Boisvert: Quand on parle de la perte de contrôle des
usagers, c'est que dans les garderies à but lucratif, vous conservez le
pouvoir des conseils d'administration qui sont déjà effectifs
dans ces garderies. Alors, le contrôle aux usagers n'est pas
assuré là. Il n'est pas assuré dans les
coopératives qui peuvent très bien être des
coopératives à but lucratif. Il n'est pas assuré, non plus
dans les municipalités. Quel parent va pouvoir aller siéger
à la municipalité pour finalement faire valoir le contrôle
de la garderie, dans tout ce qui touche les agences, dans les familles de
garde? À notre sens, ce n'est pas le contrôle aux usagers;
ça va être la loi de l'offre et de la demande.
M. Lazure: Voulez-vous qu'on les prenne une par une? Il est vrai
qu'il existe encore à peu près 80 garderies à but lucratif
sur les 360. On l'a dit ce matin. Il n'y a pas de nouveau permis d'émis
pour les garderies à but lucratif, vous le savez.
Mme Boisvert: Non, mais celles-là peuvent subsister
longtemps.
M. Lazure: Cela est un choix, mais vous n'êtes pas
obligée d'envoyer vos enfants là.
Deuxièmement, l'association coopérative
généralement, c'est toute la philosophie du mouvement
coopératif, ça comprend des gens qui sont des usagers du service;
des coopérants, par définition, ce sont des gens qui utilisent un
service. Je pense que, à l'exception des 80 à but lucratif, si
c'est ce que vous voulez dire, on est d'accord, on s'entend, mais pour nous
c'est une espèce de droit acquis qu'on laisse aller. Mais, pour tout le
reste, on pense que la loi, comme elle est faite, consacre le contrôle
des usagers.
Mme Allaire: Elle le consacre peut-être, mais ne l'assure
pas. Si on revient à l'exemple des coopératives, si on
étudie la Loi des coopératives où il doit y avoir douze
membres actifs, il se peut très bien qu'une coopérative à
but lucratif vous fasse une demande de permis. Qu'est-ce qui va vous permettre
de le leur refuser?
M. Lazure: On va ajouter dans le texte: "coopératives
à but non lucratif", si c'est ce que vous voulez, d'accord.
Mme Allaire: Merci. Pour ce qui est des garderies à but
lucratif, la discussion vient de ceci: s'il y a vente ou autre en termes
d'achalandage, de bâtisse, d'équipement, le nouveau
propriétaire devra modifier son statut, mais, si on ne vend que les
actions, si on conserve le statut de départ, une garderie qui
s'appellerait Louise et André, qui serait vendue à Mme X et qui
continuerait à s'appeler la garderie Louise et André pourrait
exister encore pendant 300 ans. La vente des actions n'indique pas une
possibilité à court terme de modifier le statut de cette garderie
pour devenir une garderie sans but lucratif.
M. Lazure: Si je veux bien comprendre, vous préconisez
qu'on demande aux 80 garderies à but lucratif qui existent d'avoir des
conseils d'administration où il y aurait majoritairement des parents.
Est-ce ce que vous demandez?
Mme Allaire: En fait, ce n'est pas la demande précise que
l'on vous fait. La demande que l'on vous fait, c'est que, à court terme,
ces garderies soient contrôlées par les parents usagers et
qu'elles perdent leur statut de but lucratif. Parce que la marchandise, dans ce
cas-ci, ce sont des enfants de zéro à six ans, entre autres.
Le Président (M. Boucher): Avez-vous terminé?
Mme Boisvert: Pour poursuivre sur l'indexation de
l'échelle dont vous nous parlez, je trouve que vous pouvez
peut-être le dire avec un soupçon de fierté que maintenant
deux parents ensemble peuvent gagner jusqu'à $16 400 et toucher encore
$0.50 de subvention. Mais quand on pense que les salaires ont augmenté,
là comme ailleurs, pour ces gens-là comme pour vous ou moi,
à $16 400, ça ne leur donne toujours que $8 200 de revenu. Il ne
faut pas s'imaginer que ça s'adresse à la classe moyenne, les
garderies. On est dans le domaine des garderies, on le voit à qui cela
s'adresse.
Aussitôt que le parent a une position, ce qui pourrait s'appeler
autre chose que... même un ouvrier spécialisé, il n'a plus
droit à la subvention. Je comprends vos chiffres de 40% et 50%, mais
c'est parce qu'il s'est créé d'autres garderies aussi, et les
gens qui retirent des subventions, ce sont justement ceux qui sont encore sous
l'assistance sociale ou les familles monoparentales, qui ont peut-être un
peu plus de facilité à avoir des subventions et à gagner
des salaires qui leur permettent de vivre. Mais ce sont des salaires...
M. Lazure: Si vous voulez nous dire qu'il faut l'élargir
encore, je suis d'accord avec vous. Mais quand vous dites qu'on n'a rien fait,
je ne suis pas d'accord avec vous.
Mme Boisvert: Bien, cela n'a pas modifié de beaucoup les
choses. Cela n'a pas modifié de beaucoup les choses. Le budget est
passé de $12 millions à $22 millions mais, dans les faits, cela
n'a pas... moi, je n'étais pas subventionnée il y a trois ans et
je ne le suis pas plus aujourd'hui. Les gens ont eu des augmentations de
salaire aussi qui ont annihilé finalement leur possibilité
d'être subventionnés. Quand on parle aussi des $2 par jour, cela
m'a fait un peu sourire, lorsque je l'ai entendu la semaine dernière en
conférence de presse et, ce matin, avec l'exemple que vous nous ameniez
par rapport aux $0.25 par année qui se payaient il y a 100 ans, je me
dis que, pour une garderie qui existe présentement je ne parle
pas des nouvelles garderies à être créées, parce
qu'effectivement il y a de bons montants. Dieu merci, cela va aider à
élargir le réseau de garderies mais pour une garderie qui
existe présentement, qui a trois ans, cinq ans d'existence, elle va
toucher $2 par jour par enfant, plus $13.33 par année par enfant pour la
subvention de renouvellement de l'équipement. Bien, si on reporte cela
à 100 ans après, finalement, les $0.25...
M. Lazure: Plus les $10 par jour... Mme Boisvert: $2.
M. Lazure: ... quand même, n'oubliez pas. Mme Boisvert:
La garderie...
M. Lazure: $2 venant directement de l'État, plus les
$10.
Mme Boisvert: Oui, mais directement, nous demandons que le
financement direct soit proportionnel à ce que cela coûte vraiment
dans les garderies, non pas à l'évaluation que vous en
faites. À $10 par jour, on n'arrive pas! C'est fou, cela. On peut
bien arriver avec des déficits de $40 000 et, après cela, on sera
mis en tutelle parce qu'on sera accusé de mauvaise administration. Je ne
sais pas si vos comptables ont pu comptabiliser cela mais on ne peut pas
arriver, dans une garderie; même à $12 par jour, on ne peut pas
arriver.
Mme Allaire: II y a deux ans, quand on parlait d'un financement
direct, on avait une petite demande de $2 par jour, il y a même trois
ans, même quatre ans. Aujourd'hui, vous nous l'accordez, on le
reconnaît; le principe du financement direct, comme tel, dans vos
politiques, par réglementation, vous nous l'accordez. Dans la loi, vous
parlez de "possibilités à l'office de réglementer en vertu
d'un financement direct" mais ce n'est pas acquis. Si un autre gouvernement
vient, s'il y a des coupures de budget, on va être comme tous les autres
organismes qui sont subventionnés par le gouvernement; d'une certaine
façon, on va être les premiers à se faire couper un budget
de financement direct si ce principe n'est pas reconnu clairement en termes de
devoir à l'intérieur de la loi comme telle. Il y a cela.
Les fameux $2, vous dites que cela fait $12, plus le restant des sous
qui peuvent nous parvenir. Mais les garderies les plus mal prises sont celles
qui existent à l'heure actuelle. C'est la consolidation du
réseau, par une augmentation de la qualité des services, qu'il
faut voir maintenant. Vous avez fait des efforts louables pour ce qui est des
garderies qui vont être créées, mais, pour les garderies
à l'heure actuelle, ce que vous donnez comme choix aux garderies qui
existent depuis quelques années pour essayer de renouveler leur
équipement selon des critères de qualité, pour essayer
d'aller chercher des sous, vous leur demandez quasiment de
déménager, d'agrandir pour aller chercher les fameuses
subventions que vous avez annoncées, car elles n'y auront pas droit et
ce sont elles qui en ont surtout besoin.
Les $2 qu'on demandait il y a quatre ans arrivent aujourd'hui, mais,
avec l'indexation du coût de la vie, avec toutes les autres
dépenses inhérentes, avec l'augmentation des salaires des
employés parce qu'eux aussi ont voulu avoir des augmentations de
salaire, ils en étaient au salaire minimum et là ils en sont
peut-être à $0.20 ou $0.40 de plus, alors ils viennent d'y passer,
à l'heure actuelle, aujourd'hui, cela ne nous aide pas à
prévoir, par exemple, un budget d'organisation qui ne serait pas
déficitaire. (16 h 45)
M. Lazure: Ma dernière remarque, M. le Président.
Je vous concède que les efforts qu'on a faits depuis quelques
années portent des fruits surtout pour les nouvelles garderies. Je vous
concède cela et on a essayé quand même d'ajouter quelque
chose pour les garderies existantes. Je suis conscient que ce n'est pas assez.
Vous avez raison, et je pense qu'il va falloir travailler là-dessus dans
les mois qui viennent du côté du financement. Je pense maintenant
qu'au moins là, on a un point d'accord ensemble que pour les nouvelles
garderies, il y a des subventions intéressantes qui permettent de
démarrer de nouvelles garderies, très intéressantes. Il
reste, en plus des $2 par jour par personne, à trouver d'autres
façons de consolider les garderies existantes, et on va y
travailler.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier les représentantes du Regroupement des garderies de leur
mémoire.
Je voudrais quand même, en premier lieu, reconnaître les
efforts que vous avez faits pour faire évoluer les garderies au
Québec, quel que soit le moment où vous l'avez fait. Que vous
continuiez de le faire, je pense que c'est extrêmement important. Que
vous soyez peut-être un peu plus agressives que le ministre le
souhaiterait, ce n'est peut-être pas aussi grave que cela. Il reste que
vous avez réussi, non seulement vous, mais tous les autres qui ont
assumé des tâches à l'intérieur des garderies depuis
plusieurs années on a parlé d'il y a 100 ans, mettons
depuis dix ans c'est quand même vous qui avez rendu possible cette
évolution. Que vous vous battiez pour des services de qualité, je
ne pourrais pas vous le reprocher, non plus que vous vous posiez des questions
quant à la garde en milieu familial, pour bien vous assurer que ce
seront là des services de qualité. Ce matin, il y avait
confusion. Je ne parle pas de la garde en milieu familial traditionnel qu'on a
connue, le service de la voisine qu'on rémunérait, etc. Je parle
de l'institutionnalisation du service de garde en milieu familial pouvant aller
de quatre à neuf ans. Je n'ai pas encore de démonstration et
peut-être que cela reviendra. Le ministre, le parti ministériel et
l'Opposition auront d'autres occasions pour avoir des faits plus précis
là-dessus, mais il y a une chose certaine: qui va s'occuper d'assurer la
qualité de ces garderies? Sans aucun doute, on parle des agences qui
pourront être des agences... Le ministre était ouvert à
toutes sortes de possibilités d'organismes existants dans le milieu,
mais encore faudra-t-il que ces agences, en prenant l'hypothèse, par
exemple, que dans un milieu, ce soit un conseil de service social qui le fasse,
aient la disponibilité pour le faire vraiment. Je ne sais pas si c'est
vous qui avez dit cela. Je l'ai peut-être lu ailleurs. On demande, par
exemple, au Conseil de services sociaux d'assumer de nouvelles
responsabilités vis-à-vis des handicapés, d'assumer
l'application de la Loi de la protection de la jeunesse, d'assumer maintenant
l'évaluation des garderies en milieu familial et je ne sais quoi. Il ne
s'agit pas de déléguer une responsabilité pour être
sûrs qu'elle sera exercée; encore faut-il que les gens à
qui on demande de l'exercer aient les moyens de l'exercer. Que vous vous
inquiétiez des services de qualité dans tous les types de
garderies, je suis avec vous et je pense que c'est là votre rôle,
comme d'ailleurs tous les autres qui vont se
présenter derrière vous, j'imagine, vont le faire de la
même façon. Des services de qualité en garderie, on ne
saurait trop insister là-dessus.
Évidemment, vous avez cité l'Ontario. Je dois vous dire
que le parti ministériel aime beaucoup se comparer à l'Ontario.
Je pense qu'il ne peut pas trop en vouloir d'avoir pris l'Ontario comme point
de comparaison. Mais il y a une autre chose que je voudrais faire. Quand je
regarde le coût des soins de services en garderie, en admettant que ce
soit de la même façon à la grandeur du pays etc., je me
demande si ce n'est pas rattaché à l'histoire du
développement des garderies. Vous avez là une profession. Vous
avez là d'abord un réseau de services ou une partie de
réseau de services qui a fait la préoccupation des femmes presque
exclusivement depuis toujours. Vous avez également dans ce
secteur-là presque exclusivement... Je m'excuse, monsieur;
êtes-vous un conseiller? Vous êtes un moniteur, n'est-ce pas?
M. Simard (Pierre): Non, non.
Mme Lavoie-Roux: Un conseiller juridique. Voyez-vous,
j'espérais qu'il y aurait un moniteur dans la salle, mais vous
êtes un conseiller juridique.
M. Simard: Ce n'est pas tout à fait la même
chose.
M. Grenier: On est poigné avec un avocat encore.
Mme Lavoie-Roux: Je dis "presque exclusivement" parce que je sais
qu'il y a maintenant certaines expériences qui sont faites où on
a des moniteurs masculins dans des garderies. Je pense que vous êtes
d'accord que c'est vraiment très minoritaire. Vous avez là une
occupation qui est remplie principalement par des femmes. Il ne faut pas
s'étonner, non plus, que c'est peut-être à peu près
de tous c'est peut-être absolu, vous me corrigerez les
groupes qui terminent des études professionnelles dans les cégeps
ceux qui sont le moins rémunérés quand ils entrent sur le
marché du travail. Qu'ils soient moins rémunérés au
point de départ, disons qu'ils commencent. Mais c'est presque un
état statique dans le développement des
rémunérations des moniteurs. On pourrait ajouter d'autres points,
mais je pense que tout ceci indique que cela a vraiment été le
problème des femmes. On ne peut pas le dissocier de l'ensemble du
problème de la condition féminine. C'est pour cela qu'on peut
être heureux de penser qu'il en coûte $8 en Saskatchewan et $6 au
Nouveau-Brunswick; ce n'est pas souvent qu'on se compare au Nouveau-Brunswick.
Plus horizontalement, ce serait $7 partout. Le fait reste que c'est encore
là un domaine...
Une voix: Terre-Neuve.
Mme Lavoie-Roux: Terre-Neuve... qui est une démonstration
des conditions de travail et de la façon dont la société
en général a traité les problèmes qui touchaient
plus exclusivement ou quasi exclusivement les femmes. Qu'il s'en trouve
quelques-unes pour le contester et essayer de le faire avancer, je les suis.
Maintenant, j'ai des réticences sur d'autres points et j'y
reviendrai.
Une première question que je voudrais vous poser même si je
suis dans l'Opposition, si jamais ma formation politique ou une autre prenait
le pouvoir, vous...
M. Grenier: Vos déclarations vous suivent. M. Paquette:
Ne parlez pas de malheurs!
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela que j'y mets toutes les
précautions oratoires. Même si je suis dans l'Opposition et que je
pourrais me lancer dans des promesses irresponsables comme on en a entendu
alors que le gouvernement qui est là siégeait de ce
côté et qu'on puisse...
Une voix: Voyons!
Mme Lavoie-Roux: ...être en faveur d'une
accessibilité universelle avec tous les services diversifiés
possibles, services de 24 heures. Vous en avez énuméré
plusieurs. En pratique, c'est souhaitable que toutes ces choses soient
là, mais aujourd'hui, au moment où on se parle, je pense que pour
quelque gouvernement que ce soit me voilà à la défense du
gouvernement; eux en ont fait des promesses, par exemple!
M. Paquette: Comment cela?
Mme Lavoie-Roux: En tout cas. M. le Président, il me
distrait, le député de Rosemont.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont, s'il vous plaît!
M. Paquette: Vous tendez des perches.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie, vous avez la parole.
Mme Lavoie-Roux: Quelles seraient vos priorités? Il y a
quand même la considération économique. Vous dites: On
regrette que la classe moyenne ne soit pas plus aidée par les
dispositions actuelles des subventions qui sont accordées en fonction
des revenus, etc. Mais, quand on parle d'une accessibilité universelle,
la meilleure possible, de qualité, etc., il reste que c'est
peut-être la classe moyenne qui va le plus la payer, cette
accessibilité universelle à un réseau de garderies. C'est
quand même une considération qu'on ne peut pas taire
complètement.
Personnellement, je me dis: Est-ce que ce n'est pas mieux, là
où on est capable de donner des services de meilleure qualité, de
payer le personnel d'une façon décente? Quelles seraient vos
priorités aujourd'hui, compte tenu des facteurs économiques dans
ce souhait que vous faites de
l'accessibilité universelle et générale? Vous savez
fort bien qu'au plan concret on ne peut pas procéder demain et
l'établir ou est-ce que vous pensez que c'est vraiment une
négligence de l'État parce que cela ne l'intéresse pas
suffisamment? Quelles seraient vos priorités dans les services de garde
aujourd'hui, compte tenu des disponibilités économiques de
l'État?
Mme Boisvert: Ce n'est pas à nous de trouver des
mécanismes pour permettre à plus de gens d'accéder aux
services de garde. Si cela doit se faire par des crédits d'impôt
ou d'autres façons, ce n'est pas à nous de le faire. Il y a des
gens au gouvernement; s'ils ont le mandat de le faire dans cette optique, ils
vont trouver des solutions. Ils trouvent des solutions pour d'autres choses qui
ne font pas toujours notre affaire. Ce n'est pas de notre ressort. Par
ailleurs, si on accepte que les enfants sont une responsabilité
collective et constituent la relève de demain, ce n'est pas aux parents,
parce qu'ils ont mis des enfants au monde, d'assumer tous les frais qu'encourt
un enfant. Déjà, la femme est pénalisée pour avoir
des enfants parce qu'elle doit se retirer ou retarder son entrée sur le
marché du travail. En termes de coûts économiques, c'est
beaucoup parce que l'année ou les trois ans d'expérience qu'elle
n'acquiert pas, qu'elle n'accumule pas à son travail, il faut les
comptabiliser. La difficulté d'entrer sur le marché du travail,
si elle attend que les enfants aient douze ans et qu'ils ne requièrent
plus de services de garde, cela va lui coûter cher aussi non seulement
pour l'aspect pécuniaire mais aussi pour le droit qu'on est censé
lui accorder. C'est un droit qui est nié à ce moment-là si
on dit: Restez à la maison jusqu'à ce que vos petits aient douze
ans, cela coûtera moins cher à l'État et vous irez
travailler après. Je trouve qu'on aborde le problème de
façon bien détournée.
Mme Lavoie-Roux: D'après vous, cela devrait être une
priorité du gouvernement de procéder dans les plus brefs
délais à l'établissement d'un réseau universel.
Mme Boisvert: II me semble que cela fait déjà assez
longtemps que la situation poireaute et qu'il n'y a rien de vraiment... Cela se
fait tellement à petits pas. Le budget a été
multiplié par sept mais ce sont sept petits pas alors qu'on en a
tellement à reprendre qu'on ne peut pas attendre de faire cela à
petits pas comme ça indéfiniment. On n'arrivera jamais à
un niveau comparable à l'égalité et l'indépendance
qui a été soulevé dans un rapport gouvernemental.
M. Lazure: Vous permettez une information? Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. Lazure: Puisqu'on a parlé d'impôt, vous savez
qu'il existe actuellement une déduction d'impôt qui va
jusqu'à $2000 par année par enfant, qui peut aller jusqu'à
$5000 pour la même femme adulte. Cela existe déjà et cela
aussi a été augmenté; c'était $1000 et cela a
été monté à $2000 par notre gouvernement.
Mme Boisvert: Les études démontrent que la classe
moyenne, justement la classe à laquelle Mme Roux faisait allusion, est
pénalisée par un système semblable. Cela coûte plus
cher aux gens de classe moyenne, les déductions rapportent moins que si
tu fais $30 000 alors que tes $2000 de déduction vont te rapporter
pleinement à ce moment-là. Plus tu as de l'argent, plus tu vas
pouvoir retirer toutes les déductions qui sont allouées par ce
système-là. C'est pour cela qu'on ne préconise pas du tout
le système de déduction. Il faudrait avoir un autre
système qui serait peut-être un système de
crédits.
Mme Lavoie-Roux: Ce que Mme Boisvert dit est
démontré, je pense, dans le rapport du comité
interministériel.
Mme Boisvert: Oui.
M. Lazure: C'est juste mais, d'autre part, si on continue le
raisonnement, votre ménage à $30 000 et plus paie
évidemment un pourcentage d'impôt pas mal plus élevé
sur l'ensemble de ses impôts que le ménage à $16 000.
Mme Boisvert: Les frais encourus par le service de garde sont
plus élevés aussi.
M. Lazure: Oui.
Mme Boisvert: Je pense que nous n'avons pas à
démontrer cela; votre gouvernement l'a même analysé. (17
heures)
Mme Lavoie-Roux: II y a ce qui m'apparaît dans votre
mémoire peut-être pas une contradiction absolue mais j'ai de la
difficulté à concilier les deux. D'une part, vous mettez beaucoup
l'accent sur le contrôle par les usagers des garderies quelles qu'elles
soient, quelle qu'en soit la forme. Là-dessus, je suis d'accord avec
vous et je dois vous dire que vos luttes, sur ce point, ont peut-être
empêché je veux bien admettre que c'est une
hypothèse que je fais que l'on rende, que l'on crée un
système de garderies qui soit absolument public dans le même sens
qu'on a créé un système d'éducation et que
maintenant, on essaie de corriger, c'est-à-dire, une espèce de
bureaucratie scolaire, et vos luttes font peut-être que le gouvernement
est plus hésitant à procéder immédiatement avec un
système de garderies complètement contrôlé par
l'État. Vous dites à la page 12, vous insistez beaucoup sur ce
contrôle par les usagers, vous dites comme c'est important la place des
parents qui sont les mieux... Vous développez toute une argumentation
là-dessus, comment ils sont les mieux placés pour faire ceci,
faire cela, ainsi de suite. À la page 12, vous dites: Loin de vouloir
sous-entendre que tous les enfants doivent être placés en service
de garde dès leur plus jeune
âge, nous considérons toutefois que tous y tireraient
avantage à des niveaux différents de développement.
Là, vous développez également toute une
argumentation pour dire, finalement, moi, ce qui m'apparaît comme une
préférence pour que tous les enfants passent par la garderie en
faisant valoir, par exemple, que la mère est laissée dans un
état d'isolement, enfin, peut-être que je ne cite pas
d'après le texte. On se demande, à un moment donné... Je
reste convaincue personnellement en tout cas, que si parfois des mères
décident de rester avec leurs enfants à la maison, de jouer ce
rôle d'éducatrices, je n'ai pas l'impression, en tout cas,
jusqu'à l'âge de 4 ou 5 ans, je dirais même jusqu'à
la première année scolaire dans bien des cas, que l'enfant s'en
trouvera pénalisé. D'ailleurs, on a fait des études pour
trouver des comparaisons entre le développement d'enfants qui
étaient allés à la maternelle et ceux qui n'avaient pas eu
l'année préscolaire, l'année avant la première
année, et on n'a pas pu conclure dans un sens ou dans l'autre que les
enfants avaient été nécessairement plus favorisés
parce qu'ils étaient passés par une maternelle ou qu'ils n'y
étaient pas passés. Je veux bien faire des nuances. Cela peut
dépendre du milieu de provenance de l'enfant. Cela peut dépendre
du stimulus, des stimulations qu'un enfant reçoit. J'ai l'impression
qu'en page 12, vous ne l'avez peut-être pas voulu, mais indirectement
vous diminuez un peu en tout cas ce qui m'apparaît encore un rôle
qu'une mère qui est heureuse d'être éducatrice, qui peut le
faire, qui est dans des circonstances où elle peut le faire, qui choisit
de le faire, je ne suis pas sûre que son enfant y perde en ne s'en allant
pas à la garderie même si là il rencontrera plus d'enfants
que dans son milieu familial.
Mme Boisvert: II y a peut-être une erreur de
compréhension dans le texte. On n'a jamais voulu dire que tous les
enfants doivent être placés. On ne veut pas enrégimenter
les enfants à compter de l'âge de six mois pour en faire tous des
petits modèles semblables. Ce qu'on dit, c'est que les enfants... que la
famille atomique qui est le modèle de la famille présentement,
n'a souvent pas les moyens et les ressources de subvenir à tous les
besoins de développement de l'enfant. On ne dit pas que tous les enfants
doivent être là cinq jours par semaine, de 8 heures à 18
heures, mais la mère qui est seule à la maison avec son enfant
vient peut-être à bout de ressources en ce qui concerne le
développement de l'enfant, peut-être qu'à un moment
donné elle aimerait cela deux journées par semaine ou une
journée ou trois jours, ou cinq jours si elle a besoin de cinq jours, de
le placer en garderie ou dans d'autres types de garde où elle serait
assurée de la qualité du service. Elle aurait son mot à
dire sur les valeurs à être transmises dans ce mode de garde pour
le développement de son enfant. Jamais on a voulu dire que les enfants
appartenaient à l'État et que c'était l'État qui
devait les enrégimenter de la façon dont ils voulaient les voir
plus tard.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas ce que j'ai dit que vous aviez dit,
mais c'est parce que je trouvais qu'il y avait une espèce de
contradiction entre, d'une part, votre argumentation pour l'utilisation des
parents comme conseil d'administration et, d'autre part, la
nécessité des enfants d'être en garderie comme condition
presque sine qua non de leur développement.
Mme Boisvert: C'est de laisser l'accessibilité à
tous ceux qui en font la demande. On se plaint que le taux de natalité
va en décroissant. Peut-être que s'il y avait un peu plus de
facilités, le taux de natalité irait en s'accroissant,
plutôt qu'en décroissant. On y pense drôlement, avant de
mettre des enfants au monde, quand on sait qu'on va ou bien payer $2500 par
année ou $3000 par année pour le faire garder; il faut avoir les
moyens; ou bien ne pas avoir d'enfant, parce qu'on n'a pas les moyens de s'en
payer. On y pense, avant de mettre des enfants au monde. Il y a aussi les
enfants qui sont placés dans des familles d'accueil. Si la garderie
était universelle, peut-être ces parents-là pourraient-ils
garder ces enfants avec eux, sachant qu'il y a une ressource sociale, dans le
milieu, qui pourrait prendre les enfants, pour compenser un peu leur
incapacité temporaire, si on veut, à prendre complètement
les enfants à leur charge émotive et financière.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de questions précises que je
voudrais vous demander. Ce sont des problèmes auxquels vous avez fait
allusion, pas nécessairement, dans votre mémoire d'aujourd'hui,
mais dans...
Mme Boisvert: Le budget global.
Mme Lavoie-Roux: Oui, dans votre étude budgétaire
de toute façon et, au cours des différentes conférences de
presse que vous avez faites. D'abord, est-ce que les deux dollars qui ont
été annoncés, en conférence de presse, il y a
quelques jours et dont le ministre a parlé en disant: "Voilà une
rupture avec le plan Bacon". Dans les faits, c'est une rupture avec le plan
Bacon, puisque c'est la première fois que vous recevrez directement ces
deux dollars. Mais, est-ce que ceci répond vraiment aux attentes quant
à la liberté de fonctionnement, à la planification et
à l'organisation de vos garderies?
Mme Boisvert: Cela comble seulement l'argent qu'on doit aller
chercher par différents moyens, soit par des bazars, soit par du temps
où les travailleurs se mettent en chômage et viennent travailler
à la garderie en retirant du gouvernement fédéral leur
salaire et en faisant, parfois, combler leur salaire par la garderie. Cela
comble les projets pilotes qu'on va continuer à aller chercher, et ce
sera moins vital pour boucler le budget. Cela comble à peu près
seulement cela. Il n'y aura pas d'amélioration dans la qualité du
service. Les appareils qui se détériorent ne pourront pas plus
être remplacés, le personnel ne
pourra pas être mieux payé pour autant, parce qu'il y aura
deux dollars. Les garderies budgétisent toujours de façon assez
serrée, de sorte que les prévisions amènent toujours des
déficits. Il y a toujours des déficits prévus. Alors,
là, les deux dollars par jour vont donner, pour une garderie de trente
enfants, $15 000. C'est limitatif.
Mme Allaire: Puisqu'on parle de budget, j'aimerais faire un
commentaire, à savoir que les garderies sans but lucratif ont toujours
l'air de ne pas arriver, tandis que les garderies à but lucratif disent
toujours: "Nous, nous arrivons avec l'argent qu'on nous donne". Et c'est
très peu, apparemment. À ce moment-là, j'aimerais faire le
commentaire suivant: pour répondre au nom du gouvernement, on doit avoir
un ratio moniteur-enfants, qui corresponde en termes de valeur, à
l'heure actuelle, avec ce qui est préconisé par les services de
garderie, ce qui est préconisé, je dis bien, parce que cela n'a
pas force de loi, là, un sept chez les petits et un dix, chez les plus
vieux. Cela, c'est un ratio en fonctionnement. Ce n'est pas un ratio en
comparaison avec la comparaison suivante: dans nos garderies, sans but
lucratif, quand on compare notre ratio, on assure un temps, en présence,
auprès des enfants, qui va en concordance avec le ratio demandé
par le Service des garderies. On ne fait pas, comme dans plusieurs garderies
à but lucratif, le calcul suivant: on ne prend pas le nombre d'enfants,
divisé par dix, pour obtenir le nombre de moniteurs. On le calcule,
nous, selon les heures de présence des enfants, selon les heures de
présence des moniteurs, c'est très différent. Les
garderies à but lucratif peuvent bien dire qu'elles arrivent et qu'elles
ne demandent pas tant d'argent que cela au gouvernement et qu'elles peuvent
s'en tirer avec les budgets qu'on leur donne.
Nous, si nous assurons une qualité minimale, en termes de
présence d'adultes-enfants, il faut pouvoir les payer ces
gens-là. De là, toute la différence. En proportion, en
pourcentage, il y a au moins 80% de notre budget qui va en salaire à nos
employés qui sont payés à peu près $4.20 l'heure,
en moyenne. Calculez le pourcentage dans les garderies à but lucratif
qui va au salaire et vous allez tout de suite voir la différence.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre a beaucoup parlé de
l'augmentation des budgets. Si on le laisse faire, cela va devenir du
triomphalisme, parce que je l'entendais tout à l'heure dire que
c'était dix fois ce qui était versé avant. Je vous ferai
remarquer, M. le ministre, qu'en 1976/77 le budget n'était pas de $3 500
000, mais il était de $4 200 000. Vous avez six mois d'exercice de cette
année budgétaire et vous n'avez dépensé que $3 500
000, j'ai le journal des Débats ici, je peux vous le lire au
complet c'est pour ça qu'on se réfère toujours
à $3 500 000, mais c'était $4 200 000. Il reste que ce n'est pas
juste... pas que le ministre en mette de plus en plus.
Il est indéniable qu'il y a eu augmentation des budgets. Mais
compte tenu du nombre de places qu'il y a maintenant en garderie, de
l'augmentation, et compte tenu de l'inflation annuelle, est-ce que vraiment il
y a plus d'argent qui arrive aux garderies pour s'occuper d'un enfant?
Mme Boisvert: Non, je pense qu'on y a répondu tout
à l'heure en disant que les subventions d'aménagement
annoncées pour démarrer une garderie sont louables, mais, pour
les garderies existantes, il n'y a absolument rien. Le même petit
régime de misère continue, la petite misère noire.
Mme Lavoie-Roux: D'une année à l'autre, on est
passé de $6 à $8 à $9 et à $10, mais...
Mme Boisvert: Oui, mais les coûts ont augmenté
aussi.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'a pas couvert autre chose que la hausse
des coûts.
Mme Boisvert: Absolument pas, on est toujours en
deçà de ce que ça coûte; il faut toujours continuer
à aller chercher de l'argent ailleurs.
M. Lazure: C'est absorbé en bonne partie par
l'augmentation du nombre de places en garderie, il ne faut pas l'oublier.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ce que je dis, mais ce qui
m'intéressait du point de vue de la qualité, c'est de savoir si
pour un enfant X dans une garderie on reçoit davantage. C'est
probablement pour ça qu'une grande partie a été
absorbée par l'augmentation du nombre d'enfants et par l'augmentation du
coût de la vie. Mais ce qui m'intéresse de savoir, c'est qu'on
peut bien dire: On donne beaucoup plus, etc., mais du point de vue de la
qualité du service qu'on peut donner et de l'argent qu'on met vraiment
en disponibilité pour un enfant en garderie, est-ce qu'il y a
augmentation? On me dit que non, on pourra y revenir au moment de
l'étude article par article. Mais, étant donné que ces
personnes sont ici, je croyais opportun de le leur demander.
Une autre question, c'est sur la fameuse mesure touchant les enfants
handicapés. J'ai ouï-dire, vous pourrez me corriger, que ça
n'avait pas vraiment répondu aux attentes que même le ministre
avait. Je pense que la mesure en soi était louable, mais, dans la
pratique, est-ce que ça permet vraiment une intégration
significative de l'enfant handicapé ou est-ce qu'on ne peut pas parfois
être porté à s'en servir pour boucler son budget, puisque
ça paie un peu plus?
Mme Boisvert: C'est tentant de le faire parce qu'effectivement il
y a des crédits qui ont été votés et qui peuvent
améliorer un tant soit peu les conditions des garderies, mais il ne
faudrait pas acheter les places pour les enfants handicapés, ce serait
vraiment disgracieux et honteux de procéder ainsi pour financer une
garderie en déficit.
M. Lazure: Je ne vois pas comment ça fait partie
des excès de langage encore une fois on peut prétendre que
c'est un encouragement à acheter des places avec des enfants
handicapés. Ce n'est vraiment pas correct de dire ça. C'est un
effort qui est honnête de notre part... plusieurs garderies le font et
j'espère que vous allez intégrer de plus en plus un nombre
raisonnable... 15%, ça veut dire sur 30 enfants dans une garderie quatre
ou cinq enfants handicapés. Cela n'est pas acheter la survie des
garderies.
Si on revient aux chiffres de tantôt, en 1976/1977 l'allocation
maximale pour les parents était de $6 par jour; aujourd'hui elle est de
$9 par jour. Donc, c'est une augmentation de 50% en trois ans, et ça
c'est plus que l'augmentation du coût de la vie. Je m'excuse, mais on n'a
plus les mêmes calculs si on parle d'augmentation du coût de la
vie. 50% en trois ans, c'est beaucoup plus que le coût...
Mme Lavoie-Roux: De $6 à $9, ça ne fait pas
50%.
M. Lazure: Oui, $3 par rapport à $6, ça fait
50%.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. Lazure: Donc, au moment où on se parle, il y a eu 50%
d'augmentation et, en avril 1980, il faudra ajouter à cela les $2 de
plus. Alors, je n'accepte pas du tout l'opinion que les représentantes
du regroupement expriment, à savoir qu'il n'y a rien de changé
dans les revenus réels, ce n'est pas vrai!
Mme Boisvert: On pourrait vous montrer à tous nos
états financiers. Ce n'est pas plus facile d'administrer une garderie en
1979-1980 que ça l'était en 1974.
M. Lazure: Que ce soit difficile, j'en suis, mais ne venez pas
dire qu'il n'y a pas eu de progrès. (17 h 15)
Mme Boisvert: Le progrès a été mangé,
je veux dire que les subventions additionnelles ont couvert seulement le
fonctionnement. Que voulez-vous que je vous dise? C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question sur la formation
des moniteurs. Évidemment, il n'en est pas question nulle part dans le
projet de loi. Je ne pense même pas que ce soit la responsabilité
de l'office de s'en préoccuper, mais il faudrait que je le
vérifie.
Mme Boisvert: C'est dans les devoirs.
Mme Lavoie-Roux: À tout événement, est-ce
que, dans le moment, le ministère de l'Éducation prévoit
suffisamment de ressources pour la formation des moniteurs de garderies ou s'il
y a encore des besoins? Qu'en est-il de ce problème?
Mme Allaire: À l'heure actuelle, en termes de
facilités, on forme les étudiantes en technique de garderie
d'enfants. Pour ce qui est des moniteurs déjà en place dans les
garderies, le service des garderies a tenté une certaine formation en
cours d'emploi, mais qui n'est pas accessible à la grandeur du
réseau actuel. Au niveau de la formation en cours d'emploi, je pense
qu'il y aurait des efforts à entreprendre dans ce sens.
C'était une troisième question. J'ai trois commentaires
que j'aimerais faire sur l'ensemble de ce qui a été dit ou
reprendre simplement. J'aimerais parler des municipalités, des
corporations municipales qui pourront s'octroyer un permis d'agence, faire une
demande pour un permis d'agence. Quand on parlait des discussions qu'on
pourrait prévoir entre un maire et ses conseillers sur la question du
service à offrir en garderie, je pense qu'on a tous en tête un
certain conseil municipal et à voir le fonctionnement pour trouver une
raison à en redire là-dessus. Mais il y a aussi tout le patronage
municipal qui pourra se faire auprès des électeurs. "Si tu es
fine, je vais te donner ton permis d'agence. Tu pourras garder des petits chez
toi." Je pense qu'il faut être conscient de cela, du patronage municipal
qui pourra être fait avec l'octroi au niveau des agences.
Une autre chose, c'est quand on parle de la représentation de
l'office.
Mme Lavoie-Roux: Vous devriez avoir honte, vous autres!
Mme Allaire: Si on parle de la représentation de l'office
et si on demande des assises régionales, il faudrait peut-être
penser à un système de représentation à l'office
qui soit relié directement à la représentation
régionale des gens du milieu. Autre chose, on parle de commission
parlementaire sur un avant-projet. On nous a annoncé qu'il y aura
peut-être une commission parlementaire à venir sur le projet de
loi comme tel. On aimerait bien que ce ne soit pas nécessairement une
commission parlementaire de courtoisie, mais qu'on ait vraiment le temps
d'analyser de nouveau le projet de loi qui sera retravaillé, qu'on ne
soit pas pris de court pour présenter un mémoire sur ce projet de
loi, si commission parlementaire il y a.
M. Lazure: Bon, d'accord.
Mme Allaire: Je pose la question...
M. Lazure: Votre commentaire sur le rôle des
municipalités est à propos. Pour ma part, je pense que c'est une
formule qui serait utile et intéressante dans des petites
municipalités. D'ailleurs, il y en a dans la région de
Québec qui se sont déjà prévalu de leur
possibilité d'intervenir, à Saint-Nicolas de Lévis, tout
près d'ici. Dans une grande municipalité comme Montréal,
je suis d'accord avec vous; c'est peut-être une chose qu'il faut
éviter pour le moment, en tout cas.
Mme Allaire: Même dans les petites municipalités,
encore plus!
M. Lazure: Bien, écoutez. Encore une fois, le conseil
municipal, surtout dans une petite municipalité où les gens
participent à l'élection, ne venez pas me dire que ce n'est pas
démocratique. Ce sont quand même des gens qui sont élus,
bon. Mais ce n'est qu'une des nombreuses formules possibles. Ce sera au milieu
à décider, aux parents qui ont de jeunes enfants à faire
garder, quelle sorte d'agence ils veulent avoir.
Mme Allaire: Personnellement, j'aurais un dernier commentaire qui
porte peut-être sur votre première intervention, M. le ministre
Lazure, en regard du Regroupement des garderies sans but lucratif du
Québec. Vous avez très bien précisé que c'est lors
d'une rencontre où vous nous aviez convoqués, l'ensemble des
représentants des régions, que la décision de former un
regroupement qui aurait une conjoncture provinciale a été prise.
C'est vrai que vous avez aussi accordé des subventions mais ce qui est
vrai aussi, c'est que les 70 garderies que nous représentons viennent de
partout dans la province. Ce qui est aussi vrai, c'est que la région qui
est la plus difficile, où on a le plus de travail à faire en
termes de "membership", c'est la région de Montréal et pourquoi?
C'est que les garderies ont toujours été tenues dans un
état de pauvreté tellement apparente, on a tellement eu toujours
à se débattre, il y a si peu de moyens d'assurer une permanence
chez les employés, chez le personnel, que c'est un monde où les
radicaux ont appris à s'infiltrer et à venir travailler fort pour
faire passer la majorité de leurs revendications. Il est clair qu'un
organisme comme le nôtre a de la difficulté à rallier les
garderies, même les garderies sans but lucratif, parce que la plupart de
ces garderies, au fil des années si on regarde l'histoire des
garderies ont eu à se débattre dans des débats
politiques avant même de penser à la qualité de vie des
enfants en garderie.
Je pense qu'en quinze mois, le Regroupement des garderies sans but
lucratif du Québec a fait ses preuves. Il a su rallier 70 garderies qui,
autrefois, avaient des intérêts très divergents, des
garderies qui n'avaient pas réussi, autrefois, à se rallier
autour d'une chose. Je pense qu'au niveau des revendications et de la
qualité des revendications que le regroupement avance, on ne doit pas
parler et essayer de nous discriminer sur la base qu'on n'a pas rejoint les 300
garderies sans but lucratif du Québec. Il n'y a aucun organisme qui a
essayé de rallier des garderies dans la province au niveau de l'histoire
qui a réussi en si peu de temps à rallier 70 membres,
membres-garderies en plus.
M. Lazure: Mais vous en aviez plus que cela au début. Il y
en avait plus que cela au début.
Mme Allaire: On n'en avait pas plus que cela au début. On
a commencé avec 25 garderies de la région 04 et de la
région 6C. Pour des raisons très personnelles qui sont facilement
identifiables, elles se sont dissociées. Elles ont le libre choix de le
faire. Il reste que toutes les autres régions du Québec sont
représentées à notre organisme et que dans l'ensemble, en
termes de proportions, toutes les garderies de la Gaspésie sont membres.
Les garderies du Saguenay-Lac Saint-Jean sont membres. Il y a des garderies
dans l'Outaouais qui sont membres. La majorité des garderies de la
région de Québec sont membres. Il y a une grosse proportion
maintenant des garderies de Montréal qui sont membres. Je pense qu'on
n'a plus à se justifier à ce point de vue.
M. Lazure: Je veux seulement exprimer le souhait que vous
représentiez le plus tôt possible la majorité des 270
garderies à but non lucratif.
Mme Allaire: Laissez-leur le temps de nous reconnaître
comme un organisme qui veut prôner la qualité des services.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Comme vous n'avez pas
été tendre pour l'Opposition tout à l'heure, au
début, je pense qu'on peut se permettre aussi de vous rendre la
semblable à l'occasion. À l'égard de vos
prédécesseurs, vous avez manifesté qu'on vous avait fait
perdre votre temps à attendre. Il faut bien conclure maintenant que cela
fait deux heures et 20 minutes qu'on est avec vous et on a pris une heure
quinze avec le premier groupe qui représentait quand même un
organisme très valable, qui était Organismes familiaux
associés du Québec. Je veux vous le dire parce que je dois avoir
l'honnêteté de le faire.
Je ne suis pas ici pour ramasser des votes pour notre parti seulement et
flatter tout le monde. Il y a des choses qui doivent se dire en commission
parlementaire. Je n'accepte pas, comme membre de cette commission, de me faire
faire des reproches parce qu'on veut questionner un organisme plus qu'un autre,
de se faire dire qu'on a perdu notre temps. Je pense que les gens qui vont vous
suivre maintenant auront la décence de dire qu'ils n'ont pas perdu leur
temps parce que j'ai appris des choses de vous cet après-midi que je ne
connaissais pas, honnêtement. Vous m'avez appris des choses et je pense
que ce matin, je n'ai pas perdu mon temps et je n'ai pas l'impression non plus
d'avoir fait perdre le temps de la commission en écoutant le premier
organisme qui s'est présenté devant nous et qui avait
d'excellents arguments.
Mme le député de L'Acadie a soulevé un argument
à la page 12 et j'en avais soulignés; quand on parle le
troisième, on ramasse ce qui reste à dire, mais j'ai l'habitude
de cela elle a signalé un quelque chose à la page 12, et
je dois dire que cela se répète aux pages 11, 12, 13, 15 et 19 et
je suis arrêté là. Cet argument-là, alors que vous
dites que l'enfant qui est placé en famille de garde, placé en
garde, c'est une priorité, c'est là
qu'il apprendra sa vraie socialisation. Moi, j'ai oeuvré. J'ai
une famille. Je suis un père de famille et je considère que ce
n'est pas la première priorité. Je pense que le père de
famille, la mère de famille et les enfants, les frères et les
soeurs sont la première cellule qu'on doit défendre et moi, comme
député ici, c'est la première cellule que je vais
défendre. Mme le député de L'Acadie vous a posé
quelques questions. Je vous affirme que c'est la première cellule que je
vais défendre et non pas la garde pour les enfants, d'abord la famille,
et je vais faire en sorte que mes interventions contribuent à ce que le
ministre donne davantage à la mère qui veut rester au foyer avec
ses enfants. Il y a beaucoup de mères, vous savez, qui veulent rester au
foyer avec leurs enfants. Il y en a un très grand nombre. Il ne faut pas
les négliger, celles-là non plus.
À partir de là, je suis prêt, bien sûr,
à accepter qu'on ait un plan de garderies sans but lucratif, mais je
suis prêt aussi à ce qu'on continue de subventionner les garderies
à but lucratif parce que pour moi, ce n'est pas onéreux. Il n'y a
pas de connotation onéreuse à avoir des garderies à but
lucratif et quand j'entends le ministre dire: II reste encore
j'espère que c'est un mot qui lui a échappé 80
garderies, j'espère que son intention va changer et que ce sera autre
chose que cela qu'il nous dira un peu plus tard et que ce sera dans d'autres
secteurs aussi, pas seulement dans les garderies. Il y a quand même une
limite aussi à vouloir tout donner à l'État, tout faire
faire par l'État. En tout cas, pour un point bien précis, une
mère de famille qui décide d'élever ses enfants
bien sûr, on l'a signalé tout à l'heure n'a
peut-être pas la formation de trois années de cégep dans
tous les cas, mais elle a quand même cette psychologie qu'on ne peut pas
enlever à une mère de famille. Je les défendrai tout le
temps ici et je dirai toujours que c'est la première chose qu'on doit
défendre ici comme député. Je pense bien qu'il n'y a pas
beaucoup de députés qui vont dire le contraire de moi ici
à cette table. Il n'y en aura pas un, même. Je peux vous le dire.
Pas un seul ne viendra contredire cette assertion.
Que ce soient des personnes dans des garderies à but lucratif,
que ce soient des médecins qui font adopter des "castonguettes" ou des
"lazurettes", que ce soient des dentistes qui le fassent ou que ce soient des
personnes d'autres secteurs de la société, que ce soient vous
autres, par exemple, des groupes sans but lucratif qui retirez des salaires de
garderies subventionnées, rien de cela ne me scandalise. Je ne suis pas
scandalisé par cela. Je trouve que notre société ne doit
pas être copiée sur une autre société qui n'est
peut-être pas plus heureuse. J'en ai vu des pays, j'en ai visité
des pays où c'était l'État qui se chargeait uniquement des
garderies, bien sûr, sans but lucratif. C'était à
Berlin-Est. Cela allait très bien, cela avait l'air d'aller très
bien. Il y avait certains mécontentements qu'on n'a pas pu
découvrir parce qu'on n'avait pas le droit de parler à tout le
monde. Je peux vous dire que ce n'était pas l'idéal non plus; je
peux vous dire cela.
Je défendrai un système qui est différent
d'ailleurs. Je défendrai le système au Québec qui doit
être différent d'ailleurs. Des deux côtés de la
table, si on veut que le Québec soit différent d'un autre pays ou
d'une autre province, si vous voulez je veux qu'il soit absolument
différent et vous aussi êtes de cet avis, à savoir qu'il
soit différent il faut garder nos différences. Il y a
là une différence qui s'appelle le secteur privé des
garderies. Il faut le défendre. Il faut que vous nous aidiez à le
défendre aussi si vous voulez qu'on soit différent des autres, si
vous ne voulez pas qu'on s'assimile à d'autres communautés.
Alors, il faut avoir l'appui de tout le monde, de l'Opposition, du gouvernement
et de vous autres aussi. Dans un communiqué comme le vôtre - je
lisais celui-là cela revient à chacune des pages.
Évidemment, si on se rend compte que l'atmosphère n'est pas trop
propice, on dit: Non, ce n'est pas exactement cela, etc. Mais à chacune
des pages, les pages 11, 12, 13, 15 et 19 je me suis arrêté
là il est dit que l'enfant doit passer par une garderie si on
veut qu'il soit vraiment un enfant qui ait toutes les connaissances de
socialisation et d'adaptation à la société. On peut en
être, mais on peut aussi ne pas partager...
Remarquez que je respecte votre opinion. Je ne la partage pas, par
exemple, mais je la respecte. J'ai appris cela en commission et j'ai appris
beaucoup de choses cet après-midi. Il est bon que des groupes comme le
vôtre viennent se faire entendre. Ce n'est pas la première fois
qu'on entend des gens qui viennent contredire une loi et qui viennent essayer
de l'améliorer. Il y a de la place pour beaucoup d'améliorations.
Je ne voudrais pas que la loi ressemble uniquement à ce que vous
proposez parce que je me sentirais beaucoup moins Québécois si
c'était le cas. Je m'assimilerais à d'autres pays pour lesquels
je n'ai rien envisagé et dont je n'ai rien à emprunter non
plus.
Cela dit, vous avez fait une comparaison avec des chiffres de l'Ontario.
Vous avez de bons renseignements, je pense. Cela me semblait tout à fait
correct ce que vous aviez. En comparant avec l'Ontario, et vous le savez sans
aucun doute, est-ce que le nombre d'enfants en garderies sans but lucratif ou
en garderies privées est aussi important que le nôtre ou moins
important? Honnêtement, je ne le sais pas.
Mme Boisvert: Malheureusement, je ne peux pas
répondre.
M. Grenier: On se compare avec l'Ontario. On a signalé
tout à l'heure les autres provinces. Ici, autour de la table, des
comparaisons, ne vous vous en faites pas, vous savez que vous êtes dans
le ton. C'est toujours avec l'Ontario qu'on se compare et votre dossier est
tout à fait à point, à ce moment-là.
Mme Bourgon-Paré (Louise): Non, malheureusement. Je pense
qu'il faudrait peut-être commencer par préciser qu'actuellement
toutes les
garderies sont des garderies privées, qu'elles soient à
but lucratif ou non. Quand on propose des garderies sans but lucratif, ce ne
sont pas des garderies publiques. Ce sont encore des garderies
privées...
M. Grenier: Oui, d'accord.
Mme Bourgon-Paré: ... contrôlées par une
corporation qui est une corporation autonome privée et qui est
contrôlée par des parents, majoritairement usagers de la garderie.
Il peut y avoir aussi d'autres membres à l'intérieur du conseil
d'administration.
M. Grenier: D'accord.
Mme Bourgon-Paré: Mais ce ne sont pas des garderies
publiques.
M. Grenier: Non.
Mme Bourgon-Paré: La seule chose, c'est que ces garderies,
même si elles sont privées, ne le font pas dans un
intérêt d'amasser des profits, mais le font dans un
intérêt autre qui est celui d'offrir des services de
qualité aux enfants que l'on dessert.
M. Grenier: Oui, d'accord. J'ai compris ce que vous dites depuis
ce matin.
Mme Bourgon-Paré: C'est parce que...
M. Grenier: J'ai compris cela et je comprends aussi qu'il y a des
garderies privées qui font cela aussi pour rendre service. Ce n'est pas
uniquement... Elles gagnent leur vie tout simplement là-dedans. Ce ne
sont pas des gens qui entassent des magots. J'en ai visité et je vais en
visiter d'autres. Elles le font et c'est ce qui fait la couleur du
Québec. Je voudrais qu'on considère mes... Mais ma question
portait sur l'Ontario principalement. Si vous aviez des détails à
nous donner là-dessus, sur le nombre d'enfants en garderies...
Mme Boisvert: Non, on n'a pas...
M. Grenier: ... subventionnées ou pas.
Mme Boisvert: ... de proportion...
M. Grenier: Vous n'en avez pas.
Mme Boisvert: ... de chiffres qui démontreraient la
proportion des enfants en Ontario qui fréquentent des garderies
privées ou des garderies à but lucratif ou sans but lucratif.
M. Grenier: Vous n'avez pas de chiffres.
Mme Boisvert: C'est sûrement trouvable. Peut-être
qu'on les a au centre de documentation.
M. Grenier: D'accord. On pourra le demander au ministre. Il
devrait nous le donner. J'ai également une question à vous poser.
Alors que vous dites que dans les garderies à but lucratif, que vous
appelez et qui s'appellent de cette façon, on parle d'incorporer des
personnes, des parents, par exemple, dans l'administration. C'est une
suggestion que vous avez faite, je pense. Si ce n'est pas dans votre dossier,
je pense que vous l'avez signalé tout à l'heure en discutant avec
le ministre. C'est une espèce de cogestion, je pense. C'est à peu
près cela que vous proposez. (17 h 30)
Mme Boisvert: C'est ce qui existe présentement.
M. Grenier: Ne trouvez-vous pas que les formules
coopératives qui sont introduites ici par la loi répondent un peu
à cette question? Est-ce qu'on ne devrait pas avoir ce champ
d'activités privé d'un côté, des formules
coopératives qui sont préconisées, qui sont cette
cogestion que vous retrouvez pas mal dans ce que vous proposez et, ensuite, ces
garderies à but non lucratif?
Mme Boisvert: Je pense que quand on parle de garderies, le
premier thème à retenir est la qualité des services
offerts aux enfants. Dans une garderie sans but lucratif, il y a juste cela qui
peut subsister comme intérêt parce qu'il n'y a pas de redivision
de profits ou il n'y a pas de grossissement de salaires des
propriétaires, cela n'existe pas.
M. Grenier: II y a grossissement quand même du salaire des
personnes qui sont là. Cela se fait. J'étais dans les affaires
sociales aussi; j'étais dans ceci et...
Mme Boisvert: Cela se fait pour l'ensemble des travailleurs mais,
présentement, quand on considère le salaire qui est offert, on ne
peut pas déplorer cette situation. Au contraire, il faudrait se
réjouir que les corporations...
M. Grenier: Est-ce que vous me diriez, par exemple, qu'il
pourrait y avoir, en plus du secteur privé que nous connaissons, le
secteur sans but lucratif et le secteur coopératif, une autre formule de
cogestion et si vous voulez que cette cogestion soit incorporée au
niveau du secteur privé?
Mme Boisvert: Elle se fait présentement au niveau du
secteur privé sans but lucratif, la cogestion.
M. Grenier: D'accord mais je m'excuse dans le
secteur privé à but lucratif?
Mme Boisvert: On ne trouve pas que le thème principal de
fonctionnement d'une garderie à but lucratif nous permette même de
viser cette cogestion. Les intérêts sont peut-être trop
différents pour essayer même de viser la cogestion dans les
entreprises à but lucratif.
M. Grenier: Le ministre parlait de 270. Dans les 70 parce
que vous êtes quand même une association qui est importante
si vous avez 70 garderies, c'est quand même un chiffre important cela
représente combien d'enfants comme moyenne?
Mme Boisvert: On peut mettre une moyenne de 45 enfants par
garderie parce qu'il y en a des plus grosses et des plus petites.
M. Grenier: Elles sont implantées, vous dites, à la
grandeur du Québec. Je viens de l'Estrie; est-ce que vous y avez des
garderies? Vous ne l'avez pas mentionné tout à l'heure quand vous
avez mentionné les régions.
Mme Boisvert: Dans l'Estrie, toutes les garderies sont membres du
regroupement.
M. Grenier: Vous en avez combien dans l'Estrie?
Mme Boisvert: II y a quinze garderies et il y a quelques projets
qui sont en voie de réalisation.
M. Grenier: Principalement dans la région de Sherbrooke,
dans la région de la ville?
Mme Boisvert: Oui, il y en a à La Patrie, à
Coaticook.
M. Grenier: À La Patrie, c'est une garderie dans votre
association?
Mme Boisvert: Oui.
Une voix: C'est la patrie du député.
M. Grenier: Oui, c'est une belle patrie. Vous la visiterez.
M. Lazure: Le temps avance. Une voix: Sauf le
député.
M. Grenier: Ah non, il va bien lui aussi et il est bien
apprécié; je peux vous dire cela. Il y aurait certainement
d'autres sujets... Si c'était possible qu'on ait l'occasion de se
rencontrer pour jaser d'autres sujets qui m'intéresseraient parce qu'il
y a d'autres secteurs ici que j'aurais voulu aborder. On n'a pas le temps
à cette commission mais si c'était possible qu'on puisse
rencontrer votre groupe parce qu'il m'a été donné de le
faire avec d'autres groupes et je peux vous dire qu'il y a des choses à
apprendre considérablement et cela me fera plaisir.
Mme Boisvert: Avant de terminer, je voudrais juste faire une
rectification. Ce n'est pas dans le but de le faire inscrire au journal des
Débats, c'est juste par honnêteté pour le groupe qui nous a
précédé. Quand on a fait allusion à la perte de
temps qui a été encourue ce matin, ce n'était pas du tout
jamais cela nous a passé par la tête par rapport au
groupe qui s'était présenté. C'était plutôt
par rapport aux lenteurs de procédure. C'est une rectification qui
s'imposait.
M. Grenier: Vous êtes chanceuse, c'est une des
premières fois qu'il y en a si peu.
Mme Lavoie-Roux: II n'y en a pas eu, en fait.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Portneuf, vous désirez intervenir? Il faudra que je demande la
permission de la commission.
M. Pagé: Je voulais tout simplement savoir quelles
procédures il y a eu aujourd'hui.
M. Lazure: M. le Président, le député de
Mégantic-Compton demandait un renseignement sur ce qui se passait en
Ontario. Il y a exactement 50% des places qui sont à but lucratif et 50%
à but non lucratif.
Mme Lavoie-Roux: Combien d'enfants sont inscrits?
M. Grenier: Combien d'enfants?
M. Lazure: Tout près de 50 000 enfants inscrits. Nous
sommes loin en arrière. C'est ce qu'on dit ensemble, vous et moi, depuis
trois ans.
Mme Lavoie-Roux: Ils ont 2 millions de population de plus, par
contre.
M. Lazure: II faut tenir compte de presque 2 500 000 de plus
qu'ici mais, même proportion gardée de la population, on est en
arrière d'eux. Il n'y a pas de doute là-dessus. On est en
arrière de I'Alberta aussi en nombre de places en garderie. Je vous
remercie du travail que vous faites et continuez, vous nous aidez.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sherbrooke, sur cette question.
M. Gosselin: Seulement une note en terminant. Je suis
impressionné par l'expérience riche du Regroupement des
garderies, une expérience qui sera signée dans plusieurs
années de combats et dans des rôles de représentation
publique qui les ont mis souvent en évidence et par lesquels ils ont pu
étoffer leur philosophie des choses. En même temps, à
travers les deux mémoires consécutifs qu'on vient d'entendre, je
ne puis que constater la rupture quant aux options fondamentales sur
l'installation des services de garde entre deux traditions qui existent au
Québec. Vous en amenez une qui est importante et qui aurait
mérité d'être développée bien avant ça
au Québec, qui est née tardivement et qui, par l'intensité
de l'expérience qu'elle vous apporte, vous amène peut-être
une forme d'exclusivité quant aux vues d'avenir. Moi, je pense qu'on ne
peut pas actuellement penser ouvrir et élargir une
accessibilité
universelle uniquement à travers le modèle qu'est le
vôtre. Vous semblez, actuellement, en tout cas, dans votre discours et je
le mets sur le compte de l'expérience que vous vivez dans ce type de
garderie... Ce que je peux dire, c'est que je n'accepte pas certains
vocabulaires non plus que vous employez quand vous parlez des garderies
privées et cela peut sembler un peu étonnant qu'un
député du parti ministériel défende les garderies
privées oui, à but lucratif, d'accord simplement
pour dire qu'il y a aussi de ces garderies privées à but lucratif
qui sont proprement tenues et pour lesquelles les gens qui y travaillent font
du bon travail.
D'accord? Cela me semble important aussi et je n'accepterais pas qu'on
endosse trop simplement la disparition pure et simple des garderies
privées y compris quant au fait qu'on permette à de nouvelles de
naître. Cela me semble important. C'est un parti ouvert justement. Ce
sont mes convictions personnelles.
Mme Lavoie-Roux: On verra le vote à la fin.
M. Grenier: Arrêtez, vous allez en perdre d'autres.
M. Gosselin: Quant aux services de garde, là je n'endosse
vraiment pas votre point de vue là-dessus, au type de
réglementation auquel vous voulez nous amener par vos propositions comme
si le choix des Québécois à ce moment-ci qui font garder
leurs enfants par la belle-mère, par la voisine, par les gens du
voisinage, n'étaient pas déjà sains et ne faisaient pas
déjà une large discrimination quant à la qualité
des ressources qui existent. J'avoue que de ce côté, je comprends
mal votre philosophie. Je pense qu'on risquerait d'embarquer dans un
système qui tuerait bientôt toute forme de dynamisme et
d'originalité si on s'appliquait trop à uniformiser absolument,
à régulariser absolument, à normaliser à tout prix
toutes les formes de garde existantes.
Mme Boisvert: Quand on parle de garderies, peut-être que le
député M. Gosselin a compris qu'on parlait uniquement des
garderies du regroupement. Quand on parle de garderies dans notre langage, il
faut comprendre mini-garderies, haltes-garderies, garderies postscolaires,
parascolaires, garderies pour les moins de deux ans, en fait, tout cela, on
voudrait que ce soit régi par une même loi, qu'il n'y en ait pas
un petit brin qui dépende du ministère de l'Éducation, un
autre petit brin qui dépende d'une agence. Depuis cinq ans, on demande
qu'il y ait une régie autonome, qu'il y ait un office, qu'il y ait une
tête à cela et dans la loi, on ne voit pas une seule tête.
Il y a trois petites têtes qui se dessinent. On voudrait une seule
tête et dans ce sens, quand on demande qu'il y ait un même statut
pour tout le monde, c'est pour que justement cela relève d'une seule
tête, tout le temps, et que celui qui sera à l'office, que
l'office pourra voir à réglementer tout cela sinon les
garderies... On veut abolir les garderies clandes- tines, le ministre
lui-même veut le faire. Toutefois, il va se créer toutes sortes de
petits réseaux parallèles. Le petit réseau
parallèle parascolaire, le petit réseau garde en milieu familial.
On en a contre la garde en milieu familial telle qu'elle est
présentée. Tout ce qu'on demande, qu'on l'appelle mini-garderie
nous autres, cela va possiblement se passer dans les mêmes locaux de la
dame rurale ou semi-rurale, c'est avec le même monde, avec la même
dame. On ne demande pas d'aller suivre un cours de trois ans au cégep,
mais on demande que les parents aient le contrôle sur ce qui se passe
dans cette mini-garderie s'il y a moins de dix enfants, ou moins de cinq
enfants que les parents aient un droit de décision sur ce qui va se
passer là-dedans. À ce même titre, que ce ne soit pas sa
propriété privée, sa petite mini-garderie ou sa petite
garde en milieu familial. Qu'elle soit l'employée d'une succursale
régionale de l'office, qui serait la tête qu'on demande,
finalement.
M. Gosselin: Je ne suis pas nécessairement d'accord avec
votre conception des choses.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Beauharnois.
M. Lavigne: Je serai bref. Cela me fait plaisir d'avoir pris
connaissance de votre mémoire. Comme mon prédécesseur, M.
Gosselin, le député de Sherbrooke, le disait, je pense que c'est
le fait que vous ayez travaillé dans le milieu et que vous vous soyez
battues depuis déjà longtemps que vous êtes parvenues
à pondre un mémoire aussi étoffé. J'endosse aussi
les propos du ministre, lorsque tout à l'heure il disait que vous le
faites avec un verbe assez radical, mais chacun peut avoir ses écarts de
langage et ses façons de dire les choses. L'important, c'est
d'être capable de lire à travers vos revendications ce qui est
nécessaire ou ce qui est essentiel pour le mieux-être des jeunes
Québécois ou Québécoises qui vont être en
garderie.
Je me dis que ce que vous préconisez... ce n'est pas facile quand
on est au gouvernement d'entendre des groupes comme le vôtre et d'autres
dans le sens suivant, c'est que nous regardons la situation au moment où
on arrive. On sait que le réseau des garderies au moment où on
est arrivé faisait vraiment pitié, c'était
pitoyable...
Mme Lavoie-Roux: Et vous...
M. Lavigne: Peu importe, en attendant on est là et on fait
notre gros possible. Je pense qu'on va laisser notre trace, même si on
vient à partir. On aura une trace intéressante à laisser,
en plus, Mme la députée.
Ce que je veux dire, c'est que, quand on examine le mémoire qui a
été présenté juste avant le vôtre, le
mémoire des Organismes familiaux et associés du Québec,
qui, essentiellement Mme Laporte le disait ce matin
préconise avant tout... l'essence même de ce mémoire porte
sur la garde de l'enfant chez la voisine, la belle-mère, la soeur ou
l'amie. C'est cela, l'essentiel de ce qu'il
est venu nous dire. Nous sommes ici, nous écoutons, nous sommes
attentifs. Vous venez nous dire à peu près presque l'inverse.
Vous n'êtes pas carrément contre cela, mais vous voulez beaucoup
plus institutionnaliser le réseau des garderies. Nous sommes
réceptifs aux deux groupes et il va venir d'autres groupes tout à
l'heure. Ce qu'il est important de comprendre pour tous les groupes qui
passeront devant nous, c'est de voir la situation passée, la situation
présente même, avec l'augmentation des fonds qu'on a mis,
même si ce n'est pas encore idéal. J'entendais discuter de la
question des $22 millions plutôt que des $3,5 millions ou des $4 millions
qu'il y avait au moment où on est arrivé. Maintenant, entre ce
qui serait l'idéal, entre ce qu'il y avait et ce qu'il y a aujourd'hui,
je pense qu'il y a quand même eu un effort de fait. On présente un
avant-projet de loi sur le réseau des garderies, et je pense que ce
qu'il faut retenir là-dedans, c'est la volonté du gouvernement de
ne pas maintenir le statu quo. On veut faire un pas en avant. On a besoin de
tous les groupes qui s'occupent des garderies pour venir nous donner des
conseils, venir nous faire part de leur expérience et je pense qu'on est
bien ouvert là-dessus. Je suis sûr que parmi les mémoires
qui vont nous être présentés, on retiendra des choses. Il y
a des choses qui sont intéressantes dans le vôtre. Maintenant, de
là à dire que tous les gens qui vont avoir à oeuvrer dans
le domaine... quand vous parlez de la qualité qu'on doit avoir dans un
réseau de garderies, j'en suis. Je pense qu'il n'est pas question
d'envoyer des enfants n'importe où, n'importe comment et à
n'importe qui. Mais de là à institutionnaliser cela de
façon que tous les gens qui vont avoir à garder un enfant aient
suivi un cours extraordinaire, de là à ce que cela coûte
encore des fortunes, je pense qu'il y a une distinction à faire. C'est
important.
Je suis aussi sceptique quant à l'approche de l'avant-projet de
loi face aux conseils municipaux. Nous, comme gouvernement, nous essayons
d'avoir une unité de pensée. Quand on regarde ce qu'on voudrait
donner, dans l'avant-projet de loi, comme pouvoirs aux municipalités en
ce qui a trait au réseau de garderies, on essaie de décentraliser
les services et de donner aux hommes et aux femmes du Québec des
responsabilités sur leur terrain. Il est bien sûr que quand on
regarde dans le passé tout ce qui a pu se passer au niveau du patronage,
que vous mentionniez tout à l'heure, vous êtes sceptiques et on
peut peut-être être sceptique aussi. Mais dans d'autres projets de
loi que le gouvernement du Québec actuel a adoptés sur le plan de
la décentralisation et les pouvoirs accrus qu'on a donnés aux
municipalités, en essayant de faire comprendre aux citoyens du
Québec qu'un gouvernement municipal, c'est un gouvernement important qui
va avoir, d'année en année, de plus en plus de
responsabilités, je pense que ça fait essentiellement partie de
la responsabilité des Québécois de se donner des
gouvernements municipaux et provinciaux à la hauteur de leurs besoins.
(17 h 45)
Si vous avez des gouvernements municipaux qui s'adonnent encore à
du petit patronage, il va falloir que les gens se réveillent et qu'ils
élisent des gouvernements municipaux plus honnêtes, plus
sérieux qui vont répondre à leurs aspirations.
Vous allez peut-être me dire que c'est utopique, mais si on met
des balises assez sévères et qu'on tient tout le monde dans le
statu quo de peur d'avancer sur le plan démocratique, je me dis: Que
fait on? On a seulement à se mettre des barrières, des balises et
à ne pas bouger.
Je dis que le conseil municipal aurait un rôle à jouer dans
le service de garderie en autant bien sûr qu'il va bien jouer son
rôle.
C'étaient les quelques remarques que j'avais à faire. Je
trouve que ce n'est quand même pas facile de faire le point et de
trancher entre tous les gens qui vont venir nous porter des mémoires. On
n'en a vu que deux depuis ce matin et il y a des distinctions majeures entre
les deux. Nous, on est au centre et on va devoir dire, à la fin: On va
prendre telle ou telle orientation. L'avant-projet de loi, c'est un
avant-projet de loi; il sera sûrement modifié et
amélioré et c'est grâce à des gens comme vous s'il y
a des améliorations qui y sont apportées. Je vous remercie,
c'étaient les quelques commentaires que je voulais apporter.
Mme Allaire: Puis-je répondre aux commentaires, mais de
façon très brève?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
Mme Allaire: Si on fait la distinction entre le groupe qui est
passé ce matin et nous, vous y voyez une très grande distinction
du fait que le groupe de ce matin rappelle que toute femme, toute famille doit
pouvoir avoir accès à des subventions en termes de pouvoir
s'assurer des services de garde à tout moment de la journée. Je
pense que ce n'est pas vrai de dire qu'on ne se rejoint pas à un certain
moment.
Quand on parle de garderies de 24 heures, ou de mini-garderies, ou de
tout autre service de garde en assurant une universalité et une
accessibilité, on peut parfois se rejoindre. Je ne crois pas qu'on
soient si éloignés l'un de l'autre comme groupes.
Premièrement, on n'a jamais, mais jamais nié la
qualité de la femme, de la grand-mère, de la tente, de l'oncle ou
de l'ami pour garder des enfants. Tout ce qu'on demande c'est que la structure
qui sera imposée par cette loi prévoie des modalités de
contrôle et de supervision ainsi que l'assurance d'une qualité
minimale dans tous ces types de services; ce qu'elle ne nous donne pas,
à l'heure actuelle, comme garantie.
M. Lazure: M. le Président, là-dessus, s'il vous
plaît? Dans l'article 72, l'office peut faire des règlements pour
toute une série d'activités en particulier l'article 72,
paragraphe 6, "établir les normes d'hygiène, de salubrité
et de sécurité qui doivent être respectées dans les
locaux où sont fournis des services de garde en garderie, en milieu
familial ou en halte-garderie."
Si vous continuez, au paragraphe 7, "déterminer les
éléments du programme d'activités qu'un service de garde
en garderie ou en milieu familial doit fournir aux enfants afin de favoriser
leur développement physique, intellectuel et social."
Dans notre esprit et si ce n'est pas assez clair, on va le rendre
plus clair ce que vous demandez, nous partageons votre avis
là-dessus. Nous pensons que l'office des services de garde à
l'enfance devrait avoir non seulement pouvoir de réglementation sur
l'ensemble de tout ce qui sera service de garde mais aussi une juridiction
très réelle. Là-dessus, on n'a pas de chicane.
Mme Bourgon-Paré: Je pense qu'on paraît
peut-être un peu comme l'avocat du diable mais c'est un peu notre
rôle en temps que chien de garde, dans le sens que vous avez
peut-être de bonnes intentions à l'intérieur des
réglementations que vous voulez mettre sur pied mais il n'y a rien qui
nous assure, dans la loi, que cette réglementation ne pourra pas
être changée à l'inverse des intentions du gouvernement
actuel. On ne peut que présumer de vos intentions parce qu'elles ne sont
pas clairement définies et clairement inscrites dans la loi.
M. Lazure: Lisez l'article 72 comme il faut, c'est clair.
Mme Bourgon-Paré: C'est clair que vous avez des pouvoirs
pour le faire, que vous allez en faire. Mais jusqu'à quel point cela
va-t-il aller et jusqu'à quel point le contrôle sera-t-il
exercé pour aller voir ce qui se passe effectivement dans les familles
de garde? Ce ne sera pas à l'office de le faire; ce sera à
l'agence de vérifier si les normes prescrites par règlement
seront effectivement mises de l'avant par les familles de garde.
Mme Allaire: À l'heure actuelle, l'agence n'a pas ces
ressources, en termes de disponibilité. Si on compte seulement le fameux
$1 que vous leur accordez dans le projet que vous avez mis de l'avant, est-ce
qu'on peut compter pour une agence, par exemple, qui va placer 50 enfants,
à $50 par jour, après avoir payé une secrétaire
pour administrer tout cela, s'être payé une dactylo et un
téléphone, qu'est-ce qu'il va lui rester?
M. Lazure: Justement, on veut prendre des organismes qui existent
déjà de préférence, au moins pour la partie
cléricale, pour faire en sorte qu'on ne soit pas obligé d'engager
du nouveau personnel clérical.
Mme Bourgon-Paré: À ce moment-là, on se
demande, entre autres, comment une municipalité va libérer du
personnel pour aller vérifier la qualité des services offerts
dans les familles, comment une commission scolaire va aller vérifier la
qualité du service offert dans les familles, comment un CSS va le
faire.
M. Lazure: Encore une fois, la seule réponse que j'ai
à cela, c'est que les parents, dans une région donnée, une
ville donnée, un quartier donné, un village donné, qui ont
des enfants à faire garder, ce sont eux et elles qui décideront
quelle sorte d'agence ils vont utiliser. Le texte de loi prévoit une
grande ouverture à ce chapitre et vous avez tout un choix soit sur le
conseil municipal ou un organisme à but non lucratif, ou même une
garderie qui est déjà en place.
Mme Bourgon-Paré: À cela, M. le ministre, on ne
peut que vous répondre que les parents insatisfaits n'auront le choix
que de s'en aller ailleurs mais la place sera toujours vacante et étant
donné le grand besoin de places en service de garde, cette place sera
comblée peut-être pour une période très courte par
un autre enfant qui aura à subir les mêmes affres que le
précédent.
Mme Allaire: Si vous ne trouvez pas d'objection, pourquoi est-ce
que... vous devriez mettre dans la loi, dans la volonté, dans les
paragraphes du début, pourquoi cette loi est conçue. Si c'est
pour assurer une qualité, pourquoi n'est-ce pas là? Si c'est
laissé à un pouvoir de réglementation, cela ne nous assure
pas que ce ne sera pas interprété, parce que cela peut facilement
être interprété.
M. Lazure: Non. L'énoncé des principes et des
objectifs, j'ai dit tantôt que je le retenais. On peut envisager de
l'inclure dans la loi. Il n'est pas coutumier d'inclure cela dans une loi, mais
cela peut se faire.
Mme Allaire: On parle d'énoncé, mais encore
là, ce n'est pas une garantie pour nous de 100%. La seule garantie qui
serait de 100%, ce serait de voir les articles de la loi où les
principes qui sous-tendent la politique sont clairement définis. On ne
veut pas envisager que du jour au lendemain votre gouvernement partira ou
même des intentions présumées d'un autre gouvernement. Cela
fait 100 ans qu'on se bat. Vous avez parlé vous autres mêmes des
$0.25. On est peut-être tanné de se battre. On veut
peut-être que la seule possibilité qu'on a aujourd'hui avec une
loi qui va enfin réglementer les garderies réponde
définitivement à nos attentes. On ne peut pas espérer que
dans dix ans, on révisera la loi. Vous savez comme moiqu'une
loi se révise aux 100 ans, et encore. La place à la
réglementation est trop grande dans cette loi et vous devez nous
indiquer clairement les politiques qui sous-tendent par voie d'articles dans la
loi. J'aimerais ramener une chose au niveau des politiques municipales, la
fameuse question des municipalités...
M. Lazure: Vous pourrez nous faire des suggestions
concrètes là-dessus!
Mme Allaire: Vous parlez de quoi, là? De l'ensemble de
tout cela? Je pense que le mémoire en parle comme tel.
M. Lazure: Non, non. D'articles. Vous parlez d'articles qui
expliciteraient la philosophie de la loi.
Mme Allaire: Mais il y a beaucoup de choses où on parle de
pouvoirs et où on pourrait parler de devoirs, entre autres. Il y a une
très grande différence.
M. Lazure: Oui, d'accord.
Mme Allaire: En tout cas, on pourrait en parler longtemps, mais
si on revient aux municipalités, le contrôle aux usagers qui est,
à notre sens, la seule garantie qui fait que le parent en ayant le
pouvoir décisionnel pourra s'assurer de la qualité de services.
C'est là la solution à vos problèmes. Trouvez une
structure où le contrôle aux usagers sera garanti et
peut-être pourra-t-on parler le même langage.
Mme Boisvert: On s'entendra peut-être sur le projet de loi,
si on ne s'entend pas sur l'avant-projet de loi, si vous ajoutez tout cela.
Mme Lavoie-Roux: Le projet de loi dans les notes explicatives,
c'est simplement une structure qu'on met en place. Il n'y a aucune politique de
définie. Là-dessus, je comprends leur inquiétude.
M. Lazure: La politique a été définie en
bonne partie par le rapport du comité interministériel que le
gouvernement s'est engagé à réaliser dans la mesure du
possible.
Mme Allaire: II n'y a pas de référence officielle
à cela dans la loi. Ce n'est pas écrit.
M. Lazure: On commence le début d'une longue série
de discussions et j'espère que cette longue série de discussions
va nous permettre d'adopter vers le 15 ou le 20 décembre 1979, avant
l'ajournement des Fêtes, un projet de loi avec lequel vous serez
d'accord. J'ai confiance qu'on va y arriver, ici.
Mme Lavoie-Roux: Si je peux exprimer un voeu, j'espère
qu'on le débattra avant le 16 décembre.
Mme Boisvert: Votre expérience dans la lutte des
garderies...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont, il ne reste que cinq minutes.
M. Grenier: Exprimez-vous le voeu qu'on entende le
député de Rosemont avant la fin? On a cinq minutes...
Mme Boisvert: ... les garderies.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont, il ne reste que cinq minutes.
M. Grenier: II ne faudrait pas être privés de son
intervention puisque je sais que cela sera collé à la
réalité. Il a l'habitude.
M. Paquette: Je ne répondrai pas à celle du
député de Mégantic-Compton; cela prendrait une demi-heure.
Il y avait tellement de substance là-dedans et tellement d'affirmations
qui mériteraient d'être commentées, mais...
M. Grenier: On se verra.
M. Paquette: J'aimerais simplement dire aux gens qui sont devant
nous à quel point on a apprécié la qualité de leur
mémoire qui vient d'une expérience vécue de combats dans
des circonstances qui étaient assez adverses. J'en ai été
témoin à plusieurs reprises. Je pense qu'on a là un point
de vue qui va nous éclairer. Le ministre nous a mentionné un
certain nombre d'amendements qu'il était prêt à faire.
Règle générale, je me place un peu dans la même
perspective que vous défendez, à deux exceptions près. Je
ne vous parlerai pas des points avec lesquels je suis d'accord parce qu'on
n'est pas ici pour se congratuler ou s'appuyer mutuellement. On est ici pour
essayer de voir où sont les points de différence et ce qui ne
marche pas.
Le premier point, c'est la question des garderies à but lucratif.
Je suis tout à fait d'accord pour qu'on privilégie et qu'on mette
l'accent, à l'avenir, sur le développement des garderies à
but non lucratif parce qu'elles assurent mieux, me semble-t-il, un
contrôle des parents. Cependant, vous semblez souhaiter qu'on transforme
les garderies à but lucratif existantes en garderies à but non
lucratif. Vous nous demandez, en quelque sorte, d'établir un principe,
jusqu'à un certain point, de rétroactivité dans la loi.
Est-ce que vous admettez que, dans les garderies à but lucratif
existantes elles ont été soumises à des
inspections, de multiples inspections, elles ont été
vérifiées quant à la qualité, etc. il ne
vaudrait pas mieux on est dans un contexte de ressources rares aussi, il
n'y a pas trop de garderies au Québec; je pense que tout le monde en est
conscient... Dans certains cas, vous avez là aussi des gens dont les
efforts sont parfois même je dirais la plupart du temps
tout aussi respectables que ceux des garderies à but non lucratif. Il y
a des gens qui se sont battus pour créer des garderies à but
lucratif et pas toujours pour faire la piastre parce qu'il n'y avait pas
d'autre moyen et que cela apparaissait plus commode, plus facile pour une, deux
ou trois personnes de mettre sur pied une garderie. Ces gens-là ont
investi là-dedans. Ils ont investi du temps, pas seulement de l'argent,
mais du temps et ils arrivent à un point où il y a une ressource.
Ne pensez-vous pas qu'on devrait respecter cela dans un contexte de ressources
rares? C'est le premier point.
Le deuxième point, c'est l'uniformité. Vous dites par
exemple à la page 17: Nous exigeons que les normes de qualité que
nous voulons voir
assurées par une loi et les réglementations adjacentes en
ce qui concerne les garderies soient les mêmes pour toutes les formes de
services de garde. Je comprends qu'il faut assurer une qualité minimale
à tous les services de garde. Je suis d'accord avec cela mais cela
pourrait aller très loin. Est-ce qu'il n'est pas exact que pour certains
enfants je connais des cas le fait de les mettre dans une
garderie a entraîné certaines régressions de leur
développement? Cela dépend de l'enfant. Pour certains enfants, il
peut être préférable de les mettre dans un milieu familial
voisin, de les confier à la voisine, même si elle n'a pas tout
l'appareillage psychopédagogique, tous les diplômes et toutes les
ressources nécessaires qu'on peut souhaiter trouver dans une garderie.
Cela dépend beaucoup des enfants. Est-ce qu'on devrait demander à
l'office de réglementer de façon uniforme ou si on ne devrait pas
dire: On va essayer de développer des ressources de garderie
diversifiées pour tenir compte de la diversité des enfants?
Mme Boisvert: Je suis bien d'accord avec cela, c'est pour cela
qu'on amène le principe de la mini-garderie. Un enfant qui ne fonctionne
pas dans un grand groupe peut très bien, effectivement, tirer profit
dans un plus petit groupe. Mais pourquoi ce ne serait pas des mini-garderies
avec un statut juridique qui seraient contrôlées par les parents
de ces enfants? C'est à peu de choses près, au niveau de
l'organisation, ce que vous voyez quand vous parlez de familles de garde sauf
qu'au niveau du statut et au niveau du conseil d'administration, du pouvoir de
décision, ce n'est plus la dame qui décide, c'est le parent qui,
avec les autres parents utilisant le service, définit avec la dame ce
qui va se faire, quel sera le programme pédagogique et le fonctionnement
interne de la journée. (18 heures)
II faut quand même tenir compte que ce sont des petits enfants
qu'on confie à une voisine et les parents sont en droit et en devoir de
se prononcer sur ce qui se passe. Il y a une autre chose qui est revenue
plusieurs fois et on n'a peut-être pas été assez clair. On
ne veut pas que toutes les dames aillent au cégep pour faire un cours de
technique de garderie. Ce n'est absolument pas cela qu'on vise. Tout le monde
le reprend un peu à son compte mais on n'a jamais laissé entendre
cela. À l'intérieur des garderies, il y a des gens de formations
diverses et on trouve que c'est plus enrichissant finalement. On ne
préconise même pas le cours de technique de garderie pour
l'ensemble des travailleurs de garderie. Cela fait plus enrichissant d'avoir
des formations diversifiées pour les enfants.
M. Paquette: Quant aux services de garde dans le milieu familial,
est-ce que vous ne trouvez pas suffisant, dans le cas où les agences
sont des corporations à but non lucratif, donc où il y a une
majorité d'usagers au conseil, est-ce que les agences ne pourraient pas
jouer ce rôle que vous souhaitez, de faire en sorte qu'il y ait un
contrôle des usagers même dans le cas des garderies en milieu
familial?
Mme Boisvert: S'il y a 50 familles, 50 ou 100 parents qui
utilisent la garde en milieu familial ou les mini-garderies pour utiliser notre
terme, chaque parent ne saura pas pour autant qu'est-ce qui se passe dans la
mini-garderie où il fait affaire. C'est très
éloigné finalement, l'agence.
M. Lazure: Voulez-vous dire que vous iriez jusqu'à
préconiser un conseil d'administration formé majoritairement de
parents pour chacune de ces mini-garderies?
Mme Boisvert: Une structure qui permette aux parents de se
prononcer à l'intérieur des minigarderies de moins de dix
enfants.
M. Lazure: Cela ressemble à de la bureaucratisation.
Mme Allaire: II ne faut pas rêver en couleur non plus.
Quand on parle d'une structure pour chacune de ces mini-garderies, mais il faut
vraiment tenir compte d'une réalité que l'agence ne nous
garantira pas... Quand on parle d'usagers, il faut penser aux parents usagers
fonctionnant dans ces mini-garderies. Il faut que la structure permette
à ces parents de bien s'interroger et de bien faire valoir leur point de
vue.
Le Président (M. Boucher): Je regrette, il est 18 heures
et la commission doit suspendre ses travaux jusqu'à 20 heures. Est-ce
qu'on considère que pour le groupe actuel, le mémoire est
terminé?
M. Lazure: Je pense que le groupe actuel a passé plusieurs
messages très importants. On les note et on les remercie beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie le Regroupement des garderies sans but lucratif du
Québec et la commission suspend ses travaux jusqu'à 20
heures.
Suspension de la séance à 18 h 3
Reprise de la séance à 20 h 11
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
À la suspension, nous avions terminé avec le Regroupement
des garderies sans but lucratif du Québec. J'inviterais maintenant la
Fédération de la famille de Québec à bien vouloir
prendre place à la table centrale.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... ce matin, quand vous me faisiez faire la
révision de qui était membre ou non de la commission pour
l'Opposition officielle, j'ai omis de vous dire que le député de
Portneuf... En fait, on peut peut-être le mettre comme intervenant, si la
commission est d'accord, vu qu'on a mis M. O'Gallagher à la place de M.
Goldbloom, mais on a eu deux réaménagements de fonctions et on
sait bien que santé et salubrité au travail...
M. Lazure: Consentement. Consentement.
Mme Lavoie-Roux: C'est le seul genre de remaniement qu'on puisse
faire, nous autres.
M. Lazure: Consentement.
Le Président (M. Boucher): Vous demandez que M. le
député de Portneuf...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Boucher): ... remplace M.
O'Gallagher?
Mme Lavoie-Roux: Non. M. Larivière pour le moment et
demain, on le mettra comme...
M. Grenier: C'est un bon père de famille d'abord, le
député de Portneuf.
Mme Lavoie-Roux: Oui et lui, il a de l'expérience...
M. Pagé: ... dans les garderies.
M. Lazure: II ne fait pas cela en double, mais en triple.
Mme Lavoie-Roux: En triple? M. Lazure: En triple.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas un gars du PQ qui a
été capable de faire cela.
M. Grenier: C'est un monsieur qui a des triplés. Il
connaît cela, les enfants. Cela n'a pas l'air de ça, n'est-ce
pas?
M. Pagé: Sept à la table en cinq ans.
M. Grenier: Sept à la table.
M. Pagé: Ce n'est pas pire, cela.
M. Grenier: Je ne sais pas si c'est à lui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf remplace M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue) comme
intervenant.
Voulez-vous vous identifier, identifier les gens qui sont avec vous et
procéder à la lecture de votre mémoire, s'il vous
plaît?
Fédération de la famille de
Québec
M. Boily (Pierre-Yves): Pierre-Yves Boily. À ma droite,
Madeleine Dontigny. À ma gauche, Lucie Brien. Nous sommes trois
délégués à la Fédération de la
famille de Québec représentant les différents organismes
qu'on va vous mentionner dans notre mémoire. Je laisse le soin à
Mme Brien de vous faire lecture de notre mémoire.
Mme Brien (Lucie): La Fédération de la famille de
Québec est un organisme ayant pour but de représenter et
revendiquer les droits des familles auprès des autorités, de
sensibiliser l'individu, le couple et la société aux besoins des
familles, de favoriser la collaboration entre les différents organismes
familiaux. Pour ce faire, nous regroupons différents mouvements et
services familiaux. Chaque organisme membre a un délégué
permanent qui assiste à une rencontre mensuelle. Nos interventions ou
actions sont faites à partir des besoins démontrés par nos
organismes membres et en fonction de l'actualité politique. Nous
représentons environ 10 000 membres. Les organismes membres qui en font
partie sont inscrits dans le rapport.
Création de l'office des services de garde à l'enfance.
Nous sommes heureux de voir que le législateur veuille s'arrêter
sur cette dimension de la vie familiale qu'est la garde des enfants. La
société québécoise est prête, selon nous,
à partager avec les familles la responsabilité de
l'éducation des enfants, et un projet de loi sur les services de garde
doit être pour le législateur une occasion de
réfléchir sur le problème plus large de la
nécessité d'une politique familiale québécoise. Ce
bref mémoire s'inscrit dans cet effort de réflexion en
s'attachant, bien sûr, sur la dimension particulière de la garde
des enfants. (20 h 15)
Nous sommes d'accord sur la création d'un office des services de
garde à l'enfance et nous souhaitons que cet office ait les ressources
humaines et financières suffisantes pour qu'il puisse s'attaquer
à l'ensemble des problèmes de garde et non qu'il se limite
à être un administrateur de garderies.
Par ailleurs, nous sommes étonnés et déçus
du peu d'orientations politiques générales, quant au contexte et
à l'objectif social, en fonction desquelles le mandat de l'office
devrait être exécuté. Cette lacune relève pour nous
de l'absence d'une véritable politique familiale
québécoise.
Le contexte social doit orienter cet office des services de garde
à l'enfance vers la coresponsabilité "famille-État" quant
à l'éducation des enfants en accordant la primauté
à la famille. Les services de garde devraient éviter
l'écueil de la prise en charge totale par l'État, écueil
sur lequel s'est échouée l'éducation scolaire par une
infime participation des parents.
L'objectif social que nous proposons pour orienter l'office est le
suivant: l'amélioration de la qualité de vie des enfants et de
ceux qui prennent charge de leur éducation. Cet objectif oriente
clairement l'office vers la prévention et le support aux parents comme
éducateurs plutôt que vers la suppléance et la régie
de la vie familiale. Cet objectif reconnaît aussi les services de garde
comme instrument d'assistance à la fonction parentale, celle-ci
étant d'abord assurée dans les familles.
En regard de ce contexte social et de cet objectif, l'article 24 du
projet de loi (les fonctions de l'office) devrait indiquer, et cela nous
apparaît une préoccupation majeure, un éventail de services
de garde qui puissent répondre adéquatement aux
différentes exigences des familles. Si les parents pouvaient choisir
parmi cet éventail de services, ils accueilleraient et
éduqueraient les enfants comme ils le désirent, ce qui est leur
droit le plus strict.
Une liberté de choix des services de garde commande non seulement
une diversité d'équipements sociaux, mais aussi une
reconnaissance économique des frais de garde, ce que les articles 66 et
67 ne font qu'effleurer. Le versement aux parents d'allocations de garde par le
seul fait qu'ils sont responsables d'un enfant et que celui-ci et
ceux-là ont droit à une qualité de vie, voilà ce
qui permettrait vraiment, selon nous, une éducation responsable.
Grâce à la diversité des services et grâce au
support économique, le mode de garde sera choisi en tenant compte de la
situation psychologique et sociale propre au vécu de chaque famille.
Nous ne sommes pas d'accord avec la formulation plusieurs fois
répétée dans l'avant-projet de loi, où "les
services de garde en garderie, en milieu familial ou en milieu scolaire"
(article 6.10) sont présentés comme étant sur la
même échelle.
Pour nous, une garderie est un des moyens utilisables pour fournir un
service de garde dans un milieu donné, et non un milieu de vie en soi.
De plus, le milieu de travail est complètement oublié, comme si
les services de garde ne doivent rejoindre que le milieu familial et le milieu
scolaire. Toute cette formulation est contraire à l'ouverture que nous
souhaitons dans le mandat de l'office.
L'avant-projet de loi mentionne aussi à quelques reprises "le
développement physique, intellectuel et social de l'enfant" (article
32.20). Deux graves oublis ici: le développement affectif et/ou
psychologique et le développement spirituel de l'enfant. Ces deux
dimensions sont pourtant inscrites dans la Charte internationale des droits de
l'enfant aux numéros 2 et 6 et un projet de loi présenté
durant l'Année internationale de l'enfant ne les mentionne pas. Nous
tenons à ces deux dimensions.
À l'article 6, aucun des membres de l'office
désignés par le gouvernement ne provient des organismes
familiaux. Bien sûr, le paragraphe 1 indique des parents, mais cela ne
nous apparaît pas suffisant pour assurer une réflexion, une
recherche et une action de l'office qui soient en lien avec l'ensemble d'une
politique familiale. Nous souhaitons donc qu'un membre de l'office soit
nommé sur recommandation de l'ensemble des organismes familiaux par le
biais des OFAQ. De plus, il y aurait intérêt à ce que
l'article 8 précise quelles sont les catégories de membres
énumérés à l'article 6 qui sont nommés pour
un, deux ou trois ans.
Nous proposons que les membres choisis parmi les employeurs, parmi les
conseils de corporation municipale et parmi les commissaires d'écoles
soient les trois membres nommés pour un an. Ceci permettra, selon nous,
de donner plus de force aux premiers intéressés, les parents.
En conclusion, nous voulons que les services de garde soient
perçus comme un moyen d'améliorer la qualité de la vie des
enfants et des parents et comme une occasion pour l'État de
reconnaître dans les faits aux parents leur responsabilité
première dans l'éducation des enfants et leur droit de choisir
les moyens qui conviennent à leur famille. Un élément de
politique familiale n'est ni de nature rétrograde, ni dans une
perspective nataliste, mais bien simplement une façon concrète de
reconnaître la coresponsabilité de l'État et de la famille
dans l'éducation des enfants.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier les
porte-parole de la Fédération de la famille de Québec. En
peu de pages, je pense que ce groupe a très bien résumé
l'orientation que ce groupement et d'autres comme les OFAQ ce matin et d'autres
aussi qu'on entendra plus tard cette semaine nous expriment dans les
mémoires. Votre dernière remarque, quand vous parlez d'une
façon concrète de reconnaître la coresponsabilité de
l'État et de la famille dans l'éducation des enfants, est, je
pense, une excellente formule pour bien illustrer ce que nous, en tout cas, au
gouvernement, nous croyons être l'objectif de la plupart des parents et
de l'ensemble de la population au Québec. Je pense que l'ensemble de la
population au Québec considère que les services de garde doivent
être assumés conjointement et par les parents et par
l'État.
Quelques réactions à vos recommandations
spécifiques. Je me réjouis que vous soyez en accord avec la
création de l'office. Votre proposition qui recoupe celle des OFAQ, soit
d'avoir un représentant des organismes familiaux au conseil
d'administration de l'office, j'en prends bonne note et je pense que cela
mérite considération. Vous parlez du peu d'orientation politique.
Si vous étiez ici cet après-midi je pense que vous y
étiez vous avez compris que j'étais tout à fait
ouvert à cette possibilité d'avoir un certain nombre d'articles
au début de la loi qui énonceraient les principes et les
objectifs de ce projet de loi et qui, en même temps, résumeraient,
si vous voulez, cette espèce de philosophie sociale qui est à la
base de tous nos efforts et des efforts que des groupes comme le vôtre
font depuis un bon nombre d'années.
Quant à votre définition de l'objectif de l'office,
à la page 3 de votre mémoire, qui est l'amélioration de la
qualité de vie des enfants et de ceux qui prennent charge de leur
éducation, je pense que sur cela aussi on ne peut qu'être
d'accord.
L'éventail des services. Je suis un peu surpris de voir que vous
ne voyiez pas cet éventail. Pourtant, on a bien essayé de
l'étaler au grand jour, de le préciser. Il reste que pour la
garderie en milieu de travail, il y aurait probablement avantage à ce
que ce soit spécifié dans notre esprit. Quand on parlait de soins
de garde en garderie, cela couvrait autant la garderie en milieu de travail que
la garderie dans un quartier, mais je pense qu'il vaudra la peine de
spécifier dans le projet "la garderie en milieu de travail".
Enfin, vous proposez le versement aux parents d'allocations de garde un
peu comme les OFAQ l'ont fait ce matin. C'est une formule qui est, à
prime abord, séduisante parce qu'elle donnerait aux parents tout le
loisir de décider de l'utilisation de cette allocation. Cela pourrait
être parfois utilisé pour la garde en milieu familial, parfois
pour la garde en milieu d'emploi ou en quartier. Mais comme je le disais ce
matin, en dépit de l'apparente simplicité de cette formule, il
nous paraît impossible de l'implanter pour le moment parce que de deux
choses l'une, ou bien on accorde cette allocation de garde de façon
universelle à tous les enfants en bas âge, et alors, comme les
OFAQ l'ont déjà proposé, cela représenterait pour
chaque enfant d'âge préscolaire $80 par mois. Si vous
étendez une telle allocation aux services de garde à tous les
enfants d'âge préscolaire au Québec, vous atteignez
facilement une somme d'environ $300 millions. C'est la première
possibilité, une espèce d'allocation universelle pour tous les
enfants. C'est facile d'application. Il s'agirait d'ajouter au chèque
d'allocation familiale la somme de $80 par mois pour les enfants de moins de
cinq ans. Malheureusement, je ne pense pas que les contribuables du
Québec soient prêts à faire face à cette nouvelle
dépense qui, nécessairement, amènerait une augmentation
des impôts.
L'autre possibilité est d'avoir cette même allocation de
garde réservée seulement pour les ménages à revenus
modestes. C'est là que la formule apparemment simple d'application
devient très difficile d'application. C'est pour cette raison, encore
une fois, que, sans rejeter le principe d'une allocation de garde au
contraire, nous pensons qu'il faut en arriver à une telle allocation de
garde, un jour pour le moment, cela ne nous paraît pas
d'application pratique.
Enfin, dans le projet de loi, nous parlons du développement
physique, intellectuel et social de l'enfant. Je pense qu'avec raison vous
relevez quelques lacunes dans les qualificatifs et vous voulez qu'on ajoute
"développement affectif ou psychologique et développement
spirituel de l'enfant". Pour certains, quand on parle de développement
social, cela peut inclure tout cela dans le sens très large de "social".
Je peux vous dire qu'on en prend note. Personnellement, je ne suis pas du tout
opposé à ce qu'on ajoute les qualificatifs que vous nous
proposez.
Finalement, M. le Président, je veux manifester mon
appréciation pour cette espèce d'accord au moins partiel que les
représentants de la Fédération de la famille de
Québec manifestent vis-à-vis de I'avant-projet de loi et leur
dire que leurs remarques vont être prises en sérieuse
considération. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre.
M. Boily: Vous me permettrez quelques commentaires
là-dessus?
Le Président (M. Boucher): M. Boily. (20 h 30)
M. Boily: D'abord, je voudrais indiquer que notre mémoire
a été élaboré de façon tout à fait
indépendante de celui des OFAQ, même si on en arrive à des
positions fort similaires.
J'ai aussi entendu cet après-midi, par exemple, le
député de Sherbrooke, dire combien c'étaient des positions
différentes de celles des regroupements des garderies. Or, il ne nous
semble pas qu'on soit en opposition avec le Regroupement des garderies, mais
bien qu'on regarde deux aspects très différents d'une même
problématique et on ne se voit pas comme étant en opposition.
Quand on mentionne l'éventail des services, M. le ministre, vous
déplorez qu'on n'aie pas élaboré notre pensée
là-dessus. Je sais qu'il y a beaucoup de mémoires qui, comme
celui du Regroupement des garderies, élaborent un certain nombre de
services disponibles, plus ce qui est déjà indiqué dans
l'avant-projet de loi et il nous semblait que c'était une des fonctions
de l'office de découvrir d'autres modes de services de garde.
Quant à la coresponsabilité État-famille, j'entends
que vous êtes d'accord avec cette coresponsabilité et je voudrais
simplement mentionner que, dans notre mémoire, à la page 2, on
indique fort bien qu'on tient à accorder une primauté à la
famille, dans cette coresponsabilité.
Une autre remarque. En fonction de l'allocation de garde, ce à
quoi nous tenons, derrière cette allocation de garde, c'est la
reconnaissance d'un droit de toutes les familles à avoir des services de
garde, selon leur choix.
Comment cela sera-t-il appliqué? Selon des modes financiers? On a
pensé à ce mode-là. Est-ce que cela coûte plus cher
qu'un réseau de garderies universelles? Je n'en suis pas aussi sûr
que cela. Vous mentionnez le chiffre de $300 millions. On pourrait
peut-être comparer nos chiffres en un autre moment, mais si on regarde
les enquêtes faites et par le comité interministériel et
par le réseau des garderies, on pourrait estimer entre 150 000 et 200
000 le nombre d'enfants qui pourraient bénéficier de ces
allocations et je doute moi, personnellement, je suis prêt
à chercher au niveau des chiffres que cela s'élève
à un montant aussi gros. Voilà.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Boily. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais d'abord remercier les
représentants de la Fédération de la famille de
Québec de s'être déplacés. Nous entendons, ici,
d'une certaine façon, de la même façon que ce matin, avec
les OFAQ, les personnes qui sont impliquées au premier chef dans les
garderies et qui, d'une certaine façon, n'ont pas d'intérêt
pécuniaire dans toute la question, du moins d'une façon directe.
Je pense que cela permet de présenter les choses d'une façon
détachée et objective, non que je veuille mettre en question
l'objectivité des groupes qui sont venus ou qui viendront, mais je pense
que c'est vraiment la voix des personnes les plus autorisées et les plus
intéressées.
Je dois vous dire que je viens juste de prendre connaissance de votre
mémoire, parce que et de cela, je ne tiens personne responsable
tous les mémoires nous sont arrivés au dernier mille
c'est d'ailleurs la coutume, ici mais je relève, par
exemple, en page 2, le paragraphe 3, si vous étiez ici, ce matin, vous
avez dû remarquer que j'ai souligné cette lacune, en disant que,
finalement, le projet de loi m'apparaissait comme une mise en place de
structures sans qu'on ait vraiment une politique de définie, qu'on
l'appelle familiale ou autrement, même une politique
générale ou une philosophie des garderies, et que ceci se
reflétait même dans les notes d'introduction de la loi qui dit:
"l'office définira une politique", ce qui m'apparaît un peu
surprenant.
Je suis heureuse que vous ayez signalé, au paragraphe 3a, qu'il
n'y avait pas vraiment de divergence fondamentale entre votre position et celle
du Regroupement des garderies. Je pense que le paragraphe 3a indique bien que,
dans ce sens-là, vous allez dans la même direction, du moins que
"les services de garde devraient éviter l'écueil de la prise en
charge totale par l'État, écueil sur lequel s'est
échouée l'éducation scolaire, par une infime participation
des parents."
En cela, je pense qu'il faut rendre quand même témoignage
aux garderies, au Regroupement des garderies qui se sont continuellement
opposés à une prise en charge totale du système de
garderies par l'État, comme on l'a fait pour l'éducation avec,
maintenant, les correctifs à y apporter, la marche arrière, etc.
C'est pourquoi cela m'apparaît extrêmement important qu'au niveau
de l'office il y ait un représentant des OFAQ, tant mieux, mais je pense
qu'il devrait également y avoir plus de représentants des
parents. L'équilibre est mal établi, tel qu'il nous est
présenté. Je crois comprendre que le ministre est prêt
à envisager des correctifs là-dessus. Si on veut vraiment
être capable de poursuivre, compte tenu de l'implication
financière de l'État qui ira en grandissant forcément dans
le domaine des garderies et de tous les autres changements qui en
résultent, il faudra que les associations de parents, les
fédérations de parents ou ceux qui regroupent les familles soient
extrêmement vigilants pour que ce qu'on ne fait pas aujourd'hui on ne le
fasse pas dans cinq ou dix ans, parce qu'à ce moment-là la
machine nous aura un peu échappé, elle suivra son cours et on ne
pourra plus faire marche arrière.
Le ministre s'est montré sensible à votre suggestion du
point 7, c'est-à-dire les deux dimensions que vous voulez ajouter. J'en
suis fort aise, parce que le terme social le ministre sera probablement
d'accord avec moi même si pour certains il recouvre ces
dimensions, quand on le prend dans son sens précis, quand on parle de
développement social, c'est plus ou moins certain que ces dimensions
soient vraiment incluses mais, de toute façon, le ministre s'est
montré sympathique à cela.
Il y a un point sur lequel j'aimerais que vous précisiez un peu
votre pensée; c'est le point 6: Nous ne sommes pas d'accord avec la
formulation plusieurs fois répétée dans l'avant-projet de
loi où les services de garde en garderie, en milieu familial ou en
milieu scolaire sont présentés comme étant sur la
même échelle. Une garderie est un des moyens utilisables pour
fournir un service de garde dans un milieu donné et non un milieu de vie
en soi.
Je comprends mal l'association que vous faites entre votre premier et
deuxième paragraphes. Peut-être pouvez-vous expliciter cela?
M. Boily: Si on considère un office des services de garde,
on peut voir que la garderie est un des moyens pour offrir des services de
garde dans différents milieux dont le milieu familial, dont le milieu
scolaire. Mais, si on met sur le même pied l'instrument qu'est la
garderie avec des milieux de vie ou le milieu de travail, par exemple, à
ce moment-là, on a confusion de vocabulaire comme on en a eu toute la
journée à savoir, par exemple, si des services de garde en milieu
familial devraient avoir une garderie comme instrument ou si des services de
garde en milieu familial peuvent avoir d'autres modes d'intervention qu'une
garderie très bien structurée. De sorte que, pour nous, mettre
sur le même plan garderie, qui est un mode d'intervention dans un milieu
donné, fausse la perception de l'ensemble du projet de loi où la
garderie peut-être considérée comme un des instruments
d'intervention pour offrir des services de garde dans différents
milieux.
M. Lazure: Me permettez-vous une petite correction?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Nous pensions que c'était clair;
peut-être peut-on le réviser, mais dans tout l'avant-projet, on
parle de services de garde qui peuvent être donnés soit en
garderie ceci inclut, comme je le disais tantôt, garderie en
milieu de travail et garderie en quartier et deuxièmement,
service de garde du type garde en milieu familial et non pas garderie
familiale. Pour nous, c'est clair que
quand on parle de garde en milieu familial, il ne s'agit pas d'essayer
de recréer le même schéma, la même organisation qu'on
retrouve dans une garderie de quartier ou de milieu de travail.
M. Boily: Je suis content de vous entendre dire que pour vous
c'était clair, mais maintenant qu'on a déjà entendu trois
mémoires où cela ne semble pas clair, il serait
intéressant de clarifier cela en disant que la garderie est un des
instruments d'intervention et qu'il y a des milieux donnés dans lesquels
elle peut être un instrument, mais pas nécessairement
celui-là.
M. Lazure: Exactement.
M. Boily: Un autre commentaire. Mme Lavoie-Roux, vous parliez
aussi de la carence signalée d'une politique familiale d'ensemble.
J'aimerais seulement mettre l'accent là-dessus pour un instant. Tant
qu'on n'aura pas une réflexion plus large au niveau d'une politique
appelons-la familiale aussi, on va faire des interventions à coups de
pinceau, à la pièce. C'est ce qui est arrivé au niveau de
la loi 24. C'est ce qui est arrivé quand on a discuté des projets
de loi touchant les personnes âgées. C'est ce qui est en train de
se passer au niveau du Code civil quand on revoit le nom des enfants, etc.
parce qu'on n'a pas de pensée ou de politique globale touchant le
couple, la famille et les enfants. Alors, à chaque fois, on est
obligé de remettre ou de confronter et d'ajouter dans un projet de loi
des intentions au point de départ qui devraient être comprises,
dans le fond, dans une loi-cadre ou une politique générale de la
famille au Québec.
Mme Lavoie-Roux: Je suis tout à fait d'accord avec vous.
À la décharge du gouvernement, je dois dire quand même que
ce n'est pas une tâche facile, mais je l'ai signalé ce
matin cela vient recouper quand même une politique plus globale
à l'égard de la condition féminine. Ce n'est pas non plus
totalement intégré et c'est soulevé dans le comité
interministériel sur la garde de l'enfance où on fait ce
recoupement, mais ici, cela revient plus comme un mécanisme ou un moyen
de pallier à des problèmes ou des besoins plus urgents ou plus
immédiats qui ont été identifiés.
Vous faites allusion à la révision du Code civil. Je pense
que c'est aussi un autre exemple. J'allais justement vous poser une question
sur la politique familiale. Vous êtes un organisme familial. Je ne vous
demande pas de la définir pour le gouvernement, mais vous y avez quand
même réfléchi. Par exemple, où en êtes-vous
dans votre réflexion sur l'évolution de la famille comme
organisme? C'est peut-être un des points, par exemple, qui accrochent. Il
y aura peut-être certaines corrections à y apporter à
partir de la révision du Code civil. Le problème est assez
complexe, mais je pense que cela ne justifiait pas que ce projet de loi soit
tout à fait muet sur aucune espèce de politique. Le gouvernement
semble avoir l'air de s'en décharger totalement sur l'office, alors que
je disais ce matin que l'office est vraiment plus un lieu d'exécution,
un lieu de... Mais avez-vous réfléchi à ce problème
et quelle est, à ce moment-ci, votre définition non pas d'une
politique familiale, mais de la famille? Comment la considérez-vous dans
vos discussions entre les membres de votre groupe?
M. Boily: Je sais que les OFAQ, à plusieurs reprises en
commission parlementaire, entre autres en 1976, ont présenté des
éléments de politique familiale d'ensemble globale. Il y a toute
une réflexion d'entreprise au niveau des OFAQ, donc au niveau de la
province dans chacune des régions aussi sur ce que pourrait être
une politique de la famille au Québec. D'ailleurs, il y a un document
des OFAQ qui a été distribué à tous les membres
régionaux, sur lequel nous avons travaillé dans la région
de Québec et qui sera publié d'ici deux ou trois semaines. Cela
présente notre réflexion sur une politique familiale d'ensemble.
Nous avons beaucoup travaillé aussi en fonction de la définition
que le comité des affaires sociales et de la famille avait
établie de ce qu'était une famille; on définissait surtout
la famille en fonction de la fonction parentale, donc, autour des enfants,
qu'on l'appelle atomique ou nucléaire et...
M. Lazure: Cela ne se peut pas, la famille atomique.
M. Pagé: C'est votre premier ministre... M. Lazure:
Non, non. Cela ne vient pas de lui. Mme Lavoie-Roux: Cela ne vient
pas de lui. M. Lazure: II répondait... M. Grenier: Ils
l'ont cité...
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Il l'avait emprunté quand
même.
M. Lazure: C'est cela. Il répondait à un groupe de
représentants de familles atomiques.
Mme Lavoie-Roux: Non. Ce n'est pas le style du premier
ministre...
M. Boily: À partir de cette définition du CASF,
plusieurs réflexions ont été faites là-dessus,
plusieurs colloques ont été faits là-dessus. Je suis
sûr qu'on vous communiquera le résultat de cette pensée
dans les semaines à venir.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Je veux vous
féliciter et vous remercier d'être venus à cette
commission. C'est la première occasion que
j'ai de vous rencontrer. J'ai pris connaissance, à la page 2, des
groupes que vous représentez. Ce sont des groupes avec lesquels nous
sommes plus familiers quand on représente le milieu rural. J'imagine que
c'est la même chose en ville aussi, mais comme je représente le
milieu rural, ce sont des groupes que nous coudoyons de façon
régulière, de façon permanente et je pense bien que vous
représentez, ici, devant nous, nos valeurs traditionnelles auxquelles je
crois profondément. (20 h 45)
Je pense qu'il fait bon de vous entendre de temps en temps et ce serait
peut-être une bonne habitude à développer chez vous que de
venir nous rencontrer plus souvent. Vous représentez une dizaine de
milliers de personnes, d'après ce qu'on a dit, tout à l'heure, au
début. Alors, à partir de là, je pense qu'on doit vous
entendre plus souvent, puisque l'occasion nous en est donnée. On a
développé comme système, depuis trois ou quatre ans,
d'écouter les groupes avec plus de temps. Alors, il faudrait
développer comme bonne habitude d'être présent lorsqu'on
fait l'appel. Et, même lorsqu'on ne fait pas appel à vous, il
serait bon de vous imposer de temps en temps. Ce serait important qu'on vous
sente proche.
Vous dites, à la page 2, que le service de garde devrait
éviter l'écueil de la prise en charge totale par l'État,
écueil sur lequel s'est échouée l'éducation
scolaire, par une infime participation des parents. Vous avez vécu je
pense bien, ce milieu et vous voyez que, si on laisse cela à des gens
qui ne sont pas des représentants des familles, à un moment
donné, on prend des embardées, qu'on regrette quelques
années après. Vous le mentionnez ici, avec pas mal
d'à-propos, je pense bien. Je reviendrai sur la page 4, pour vous en
parler.
Vous avez également souligné les deux thèmes dont
vous ont parlé le ministre et Mme Lavoie-Roux, les deux appellations que
vous aimeriez voir mieux définies au projet de loi. Encore une fois, je
pense que le développement affectif ou psychologique et le
développement spirituel devraient davantage faire partie d'un projet de
loi, en reconnaissant bien que ce ne sont pas des choses faciles. Mais
l'insistance que vous avez mise, à la fin de votre paragraphe, en
disant: Nous tenons à ces deux dimensions indique que vous
témoignez d'une vérité que vous aimeriez voir transpirer
dans le projet de loi.
Ce n'est pas l'habitude d'un projet de loi de faire des exposés
au début, des exposés philosophiques du projet de loi. Mais, ici,
on se rend compte plus que dans tout autre projet de loi on l'a
mentionné cet après-midi, vous avez été
témoins, vous étiez dans la salle qu'on manque de plus en
plus de cette toile de fond d'une politique familiale. Vous êtes sur le
point de nous livrer un document, à ce que nous a répondu un
monsieur, tout à l'heure, et ce sera fort intéressant, je pense,
d'en prendre connaissance pour savoir ce que vous entendez. Le gouvernement,
bien sûr, s'en inspirera et les partis d'Opposition, aussi. On a besoin
de cela. Si vous ne pouvez pas nous le donner et si vous ne deviez pas nous
fournir un document comme celui-là, on se demanderait sur qui se
rabattre pour se faire donner un tel document. Ce serait préparé
par des personnes moins compétentes que vous, c'est évident, et
cela correspondrait moins à ce que vous demandez. Je pense que vous avez
dû donner pas mal de temps bénévole à la
société et vous allez en donner encore beaucoup, j'imagine. Mais
vous êtes justement les personnes dont on a besoin, la sorte de personnes
qu'on doit rencontrer plus souvent, la sorte de personnes qui doivent nous
produire des documents, de temps en temps, qui doivent nous inspirer. N'oubliez
pas de vous servir aussi des partis d'Opposition, ils sont là pour
quelque chose, pour vous soutenir dans vos efforts.
Mme Lavoie-Roux:... pour les députés, aussi.
M. Grenier: Ah! oui, il faudrait que le gouvernement se penche
davantage sur ce que vous lui proposez, pas seulement dire: C'est bien bon ce
que vous nous donnez, mais aussi s'en inspirer et que vous vous reconnaissiez
dans les lois.
J'aimerais que vous nous disiez, quand vous dites qu'il devrait y avoir
une participation plus grande de la famille, ce que vous entendez. Bien
sûr, on peut toucher du doigt le manque de participation des parents ou
des familles dans la politique scolaire, par exemple, que vous avez
regretté, à la page 2. Mais, dans ce projet de loi, pourriez-vous
nous donner deux ou trois indications ou balises ou une couple de jalons qui
pourraient nous permettre de comprendre ce que vous entendez par une meilleure
participation des parents?
M. Boily: D'abord, je voudrais vous remercier de votre invitation
à collaborer. On le fera certainement. Une petite introduction; vous
mentionniez qu'on représentait des valeurs traditionnelles.
Peut-être, sûrement. Maintenant, quand on représente des
valeurs traditionnelles, certaines fois on peut avoir un langage qui pourrait
déranger, même un langage qui pourrait être qualifié
d'écarts de langage. Si je prenais, par exemple, le message des
évêques québécois, sur la famille, en 1974, qui est
aussi un document dont on pourrait se servir pour élaborer une politique
familiale, il y a beaucoup de vocabulaire là-dedans qui pourrait
être qualifié d'écarts de langage, dans une commission
parlementaire.
Quant à une meilleure participation de la famille, des parents,
ce qu'on considérait c'était, au niveau de l'office, un plus
grand nombre de parents qui puissent participer comme membres
délégués à cet office et qu'il soit nommé
là pour un terme de trois ans pour qu'il puisse prendre le roulement
parce que des volontaires ne travaillent pas aussi rapidement que des
professionnels fonctionnaires engagés pour cela. Au niveau des services
de garde, si on prend les services de garde déjà
structurés, on estime qu'au niveau des garderies il y a
déjà comme on l'a souligné à
plusieurs reprises une participation très grande des
parents. Ce n'est pas là qu'on voudrait des changements, on estime cela
excellent. Mais s'il y a création de nouveaux instruments d'intervention
au niveau des services de garde, encore là l'office devrait voir
à ce que les parents soient les premiers à collaborer et qu'ils
soient majoritaires au niveau de ces organisations.
M. Grenier: Vous avez une autre recommandation que je qualifie de
timide, celle de la page 5, quand vous dites que vous devriez avoir une
personne de nommée vous en faites la recommandation comme les
OFAQ l'ont faite ce matin parmi les cinq représentants qu'il
pourrait y avoir. Je me demande pourquoi vous n'avez pas parlé de deux,
par exemple, même de trois. Il est bien sûr que le gouvernement
nommera cinq personnes et bien sûr que, parmi celles-là, il y aura
possiblement des pères de famille ou des mères de famille qui
pourront être d'excellents représentants au comité.
Mme Lavoie-Roux: Des péquistes.
M. Grenier: Oui, peut-être qu'on exigera d'abord qu'ils
aient leur carte de PQ avant d'être nommés là mais, en
dehors de cela farce à part je pense qu'il serait
peut-être intéressant qu'on ait plutôt, au lieu de gens
nommés par le gouvernement, des personnes de votre milieu qui ont
l'habitude de travailler avec vous, qui sont vraiment sensibilisés aux
problèmes que vous voulez voir discuter. Je pense que des personnes
compétentes, il y en a un peu partout. Je ne veux pas discréditer
les personnes qui pourraient éventuellement être nommées
par le gouvernement, mais j'aurais confiance en des personnes nommées
par votre groupe. J'aimerais qu'il y en ait au moins une couple qui soient des
représentants. Je pense que le ministre ne fait pas la sourde oreille
à des recommandations de ce genre. On pourrait en avoir une couple au
moins capables de représenter, comme on l'a dit tout à l'heure,
nos valeurs traditionnelles qui sont vraiment adaptées à
vous entendre et à lire votre mémoire aux besoins du
temps.
M. Boily: Si vous le qualifiez de modeste, tant mieux. Si nous
avions déjà une personne au niveau de l'office, ce serait
énorme.
M. Grenier: Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Mégantic-Compton, M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Un bref commentaire sur votre mémoire
très dense, qui contient beaucoup de choses tout en n'allant pas au bout
de la réflexion qui est à pleine entamée là-dedans.
Un peu pour manifester la même chose que le député de
Mégantic-Compton, vous êtes timide dans ce sens que la large
représentativité qu'est celle des organismes familiaux ma
remarque s'adresse également aux OFAQ devrait vous autoriser
à aller plus loin dans l'expression de vos recommandations. C'est une
simple remarque. J'aimerais vous demander d'expliciter ce que vous dites ici.
Je trouve cela très intéressant. C'est une ébauche, mais
je sens qu'il y a vraiment quelque chose là qui est important et
j'aimerais vous demander de l'expliciter. Quand vous dites que le rôle de
l'office devrait être un rôle de support et de prévention
aux parents comme éducateurs, c'est tout une approche qui peut vouloir
dire beaucoup plus que seulement des services de garde; elle peut amener un
type d'intervention de l'office des services de garde tout autre auprès
des parents dans des modèles d'éducation, etc. Est-ce que vous
avez une idée un peu plus précise sur un rôle de support et
de prévention auprès des parents?
M. Boily: D'abord, quand vous dites que nous ne sommes pas
allés au bout de notre réflexion, c'est très vrai. Je ne
veux pas nous excuser ici mais nous sommes un regroupement de volontaires qui
avons reçu ce document il y a un mois et demi. Nous l'avons reçu
avant mais nous étions tous en vacances et les organismes familiaux ne
fonctionnent pas l'été.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez compris, M. le ministre?
M. Boily: Qu'on soit modeste dans nos revendications, je suis
heureux de l'entendre dire de l'autre côté aussi. J'espère
que vous répéterez la même chose au comité des
budgets quand vous étudierez, entre autres, le budget des OFAQ.
Une voix: C'est une autre affaire.
M. Grenier: Répétez la même chose au
comité des budgets.
M. Gosselin: Je l'ai déjà dit lors d'une question
en Chambre.
M. Pagé: C'est un engagement que vous prenez?
M. Boily: Quant à la dimension support et
prévention, il y a deux choses là-dessus qui pourraient retenir
l'attention d'un office. On le voit au niveau de l'éducation à la
fonction parentale par le biais des organismes familiaux. On connaît, par
exemple, pour ne vous donner qu'un exemple, la grande mode ces temps-ci de la
formation à parents efficaces qui nous vient des États-Unis.
Là, c'est soit le secteur privé à but lucratif, soit les
bénévoles qui le prennent en charge. Ce pourrait être, s'il
y avait accompagnement de l'État, une des actions éducatives qui
pourraient être très payantes à ce niveau. Une
deuxième, c'est au niveau de l'information, si je prends, par exemple,
tout l'aspect de la sécurité familiale. On se préoccupe
beaucoup de la sécurité des travailleurs dans les industries. Il
y a aussi tout un dossier sur la
sécurité familiale qu'entre autres les OFAQ ont bâti
et qui pourrait vous être disponible n'importe quand et qui devrait
être, selon nous, un des dossiers sur lesquels on devrait informer les
familles. Quand on parle de support et de prévention, c'est bien plus
dans la ligne d'éducation et d'information et aussi dans la ligne
je reviens à cela d'une politique familiale. Plutôt que de
penser en termes de catégories d'âge je mets tout cela
entre guillemets plutôt que de "parquer" nos vieux dans des
bâtisses et nos petits dans des garderies, si on pensait à
structurer les services qu'on offre à une famille, qu'elle soit atomique
ou qu'elle soit plus large, de telle sorte qu'elle soit un milieu de vie
acceptable pour des groupes d'âge différents, on pourrait à
ce moment-là avoir une intervention de l'État auprès des
familles en fonction d'une prévention et d'un support. Plutôt que
de penser à cela en termes de catégories d'âge ou de
personnes, de le penser dans une optique globale d'une famille avec toutes les
catégories d'âge. Je ne veux pas dire, pour autant, de revenir
à la famille traditionnelle où dans la même maison il y
avait mon oncle, ma tante, plus grand-papa et grand-maman, mais qu'on ait des
organisations familiales et des services de l'État qui permettent
à des familles de vivre mieux ce qu'elles veulent vivre. Plutôt
que d'investir, par exemple, dans des programmes pour les enfants ou les
personnes âgées, si on investissait plus, par exemple, au niveau
des services pour les couples, alors qu'on est en train de fermer tous les
services de consultation conjugale dans toute la province, si on s'occupait que
les couples tiennent debout et qu'il y ait un service pour qu'ils soient de
meilleurs parents, on aurait à long terme une ligne préventive,
car c'est bien sûr qu'on joue aux pompiers parce qu'on essaie
d'éteindre des feux et je ne suis pas contre, non plus.
M. Gosselin: Ne devrait-il pas y avoir, plus qu'un office de
garde, une sorte de grand office de la famille duquel relèveraient les
services de garde et ces efforts de prévention auprès des
parents? Finalement, ce que vous nous proposez, c'est toute une action
auprès des couples. Vous avez raison. Vous avez drôlement raison
là-dessus. Je me réjouis de voir que les associations
diocésaines prennent actuellement en charge des rôles
thérapeutiques, des rôles de soutien, de support et de
prévention auprès des couples, alors que les centres de services
sociaux abandonnent leur rôle et que ces groupes n'ont presque pas de
ressources. Je le dis publiquement: Le gouvernement n'accorde pas...
Mme Lavoie-Roux: Sans leur donner de ressources.
M. Gosselin: ... assez de ressources à ces organismes. Les
rôles qui sont joués sont...
M. Grenier: Le ministère de la famille qu'on a connu
serait peut-être le grand organisme dont parle le député.
Il serait peut-être temps qu'on remette au monde le ministère de
la famille.
M. Gosselin: Je veux seulement terminer là-dessus pour
espérer...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, un
à la fois. Un à la fois, s'il vous plaît!
M. Gosselin: ... que cette réflexion de la part de la
Fédération de la famille de Québec se continue avec les
OFAQ. Je pense que les appuis parmi les parlementaires de tous les partis
seront de plus en plus soutenus pour entendre et accompagner les requêtes
ou les recommandations que vous avez à nous formuler.
M. Boily: Une dernière remarque.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Sherbrooke.
M. Boily: Nous ne tenons pas du tout à avoir un office de
la famille, un ministre d'État à la famille ou un
ministère de la famille. Ce à quoi nous tenons, c'est à
avoir une politique familiale qui sera applicable dans les différents
projets de loi qui touchent, entre autres, à la famille.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Boily. Au nom de tous
les membres de la commission, je remercie la Fédération de la
famille de Québec pour la présentation de son mémoire.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Le Président (M. Boucher): J'inviterais maintenant
l'Association des propriétaires de garderies du Québec Inc.,
à prendre place à la table centrale, s'il vous plaît. (21
heures)
Si vous voulez vous identifier et identifier les gens qui sont avec
vous.
Association des propriétaires de garderies du
Québec Inc.
M. Boucher (Jean-Carol): À mon extrême gauche, vous
avez M. Georges Coneim, vice-président de l'association; à ma
gauche immédiate, Mme Huguette Bacon, présidente de
l'association, laquelle n'a aucun lien avec le plan Bacon; à mon
extrême droite, Mme Erika D'Isep, Mme Ceppi et, à ma droite
immédiate, Mme Chambefort qui est secrétaire de
l'association.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous avez
l'intention de lire votre mémoire au complet? Étant donné
le peu de temps dont nous disposons, est-ce qu'il y aurait possibilité
de le résumer? De toute façon, je peux vous assurer que le
mémoire au complet pourrait être versé en annexe au journal
des Débats.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse, mais s'ils
jugent qu'il n'est pas à propos de
lire leur mémoire au complet, ils peuvent exercer leur propre
jugement. Je pense que dans les circonstances, nous avons entendu cet
après-midi assez longuement un groupe et je pense que la même
règle doit s'exercer à leur endroit, compte tenu que,
peut-être, sur certains points de vue, il s'agit de deux groupes qui ont
des positions opposées, du moins du point de vue administratif sinon du
point de vue de l'approche des enfants ou de la philosophie de la garderie.
M. Grenier: Pour compléter, M. le Président,
j'aimerais que même si on a un résumé... C'est un
mémoire que j'ai entièrement lu parce qu'il m'intéressait.
Je n'ai pas besoin de vous raconter des peurs et vous dire que j'ai lu tous les
mémoires je n'ai pas eu le temps de tous les lire mais
c'en est un que j'ai lu complètement et j'aimerais mieux qu'on l'entende
au complet, qu'on prenne le temps qu'il faut pour l'entendre au complet. Cela
ne peut pas nous prendre bien du temps. Il est à peu près le
tiers de celui qu'on a vu cet après-midi. Cela nous rafraîchirait
les idées d'abord et cela nous permettrait d'en discuter un peu plus
longuement. On a au moins une bonne heure devant nous.
M. Lazure: M. le Président, je vous ai entendu proposer au
groupe ou bien de lire ou de résumer. L'intérêt de
résumer le mémoire est que cela nous laisse plus de temps pour la
discussion.
M. Boucher (Jean-Carol): En fait, on s'était
déjà posé la question avant de se présenter
à la table. Je pense que la formule qui va être employée va
être une formule mixte, c'est-à-dire qu'à certains moments
il y aura une partie de lecture peut-être, mais ce ne sera pas une
lecture servile; je veux dire par là qu'en fait je vais essayer de
reprendre le tout dans la présentation du mémoire de façon
relativement vivante dans un concept général de discussions et
d'échanges avec les membres de la commission, tout en ajoutant, d'autre
part, certaines remarques sur certains arguments qui ont été
apportés par des groupes qui nous ont précédé cet
après-midi et ce soir.
Le Président (M. Boucher): Alors, allez-y Me Boucher.
M. Boucher (Jean-Carol): M. le Président, M. le ministre,
Mme et MM. les députés. Comme vous avez pu le remarquer, le
mémoire de l'Association des propriétaires de garderies du
Québec concernant l'avant-projet de loi sur les services de garde
à l'enfance est un mémoire qui se rapproche de façon
très proche du texte lui-même de l'avant-projet de loi et des
différents chapitres qui composent cet avant-projet de loi.
Au premier abord, évidemment, l'association ne peut que se
réjouir de voir que le gouvernement a procédé à
l'élaboration d'un projet de loi sur les services de garde à
l'enfance et que, suivant les mécanismes qui sont actuellement en
marche, il appert que le projet de loi pourra être adopté dans un
avenir prochain.
En fait, comme nous le rappelons dans le mémoire lui-même,
le contexte socio-économique québécois s'est largement
développé au cours des dernières années et le
concept ou la réalité que l'on a connu sous le nom de garderie
est devenu de plus en plus évident pour la majorité de la
population. Devant cette évidence, il est certain que le gouvernement se
devait de prendre en main ce champ d'activité et de
légiférer principalement afin d'éviter que tout groupe
d'aventuriers ou d'inexpérimentés se mette à implanter des
garderies au Québec et offre des services qui soient de qualité
plus ou moins douteuse.
C'est à ce niveau que l'association se permet d'être
d'accord avec le principe d'un avant-projet de loi tout en y apportant les
tempéraments qu'on y retrouve aux pages suivantes du mémoire.
Par ailleurs, avant d'aborder les différents points de
l'avant-projet de loi et principalement la question de l'Office des services de
garde à l'enfance, j'aimerais plutôt sauter immédiatement
et je pense que les membres de la commission me permettront cet
égarement à la page 5 du mémoire, envisager de
façon plus concrète avec vous et attirer votre attention sur ce
que constituent les garderies à but lucratif. En fait, si l'on se
reporte à l'ensemble des discussions qui ont eu lieu ce matin et cet
après-midi sur le sujet, on remarque, en regard de l'avant-projet de
loi, que les garderies à but lucratif constituent une sorte de
fantôme et que, d'autre part, elles n'ont aucun droit de cité dans
l'ensemble du projet de loi, exception faite, évidemment, d'un article
qui regroupe toute la question des droits acquis. Pourtant, nous croyons que
les garderies à but lucratif devraient certainement avoir droit de
cité dans le contexte socio-économique du Québec des
années quatre-vingt, d'une part, parce que, depuis plus de 80 ans, des
garderies à but lucratif oeuvrent sur le territoire
québécois et, d'autre part, parce que si l'on s'en reporte
à l'énoncé de politique économique du ministre
Landry dans son document intitulé "Bâtir le Québec", on y
remarque que le secteur privé y est traité de façon
privilégiée. À la page 5 du rapport, nous citons un
extrait de la page 168 du document intitulé "Bâtir le
Québec" et nous croyons que si l'on met en regard le texte du document
même et la philosophie générale et des principes qui
ressortent de l'avant-projet de loi, nous y retrouvons à tout le moins
une situation assez paradoxale et contrastante, c'est-à-dire que, d'une
part, le ministre veut privilégier le secteur privé et fonder une
part de l'avenir du Québec sur le dynamisme des agents du secteur
privé et que, d'autre part, ce qui traite du secteur privé et
plus particulièrement des garderies à but lucratif est absolument
inexistant dans l'avant-projet de loi. Il s'agit en fait du premier paradoxe
que l'on retrouve dans l'avant-projet de loi et que nous voulons souligner aux
membres de la commission.
J'aimerais, avant de continuer cette question de la
nécessité des garderies à but lucratif, exposer
peut-être aux membres de la commission ce qu'est exactement le concept de
garderies à but lucratif dans son aspect légal, mais surtout
dans son aspect d'application quotidienne. Je pense qu'il existe une
différence essentielle entre la notion du but lucratif en
général et de profit, telle qu'on la retrouve dans de grosses
compagnies ou des multinationales, et les garderies à but lucratif qui
constituent, en fait, des petites et moyennes entreprises ou des entreprises
gouvernées par un ou deux individus seulement.
Concernant le concept de garderies à but lucratif lui-même
comme je le soulignais précédemment c'est depuis
les toutes premières garderies, exception faite des bonnes soeurs
auxquelles faisait allusion le ministre ce matin, que les garderies à
but lucratif existent.
Si elles se sont implantées, c'est d'abord en vertu d'un sens
"d'entrepreneurship" des gens qui les ont implantées, lesquelles
personnes voulaient, en implantant un tel type de garderie, promouvoir et
mettre de l'avant une volonté personnelle d'oeuvrer dans le secteur de
l'aide à l'enfance. En fait, tous les gens qui oeuvrent dans le secteur
des garderies à but lucratif ont des connaissances, des
spécialités et sont à même de pouvoir
répondre aux besoins de la population. Alors, eu égard à
ce premier élément de connaissance, joint au sens
"d'entrepreneurship" auquel je faisais allusion précédemment,
c'est ce qui donne naissance aux garderies à but lucratif, telles qu'on
les a connues par le passé et telles qu'on les connaît
actuellement.
On répliquera, évidemment, que la notion de profit se
rattache à un tel type de garderies. Il est très vrai que le
profit, en tant que tel, fait partie du but d'une corporation à but
lucratif. D'autre part et je pense que le gouvernement a en main tous
les documents pour démontrer ce que je vais avancer si l'on se
place au niveau des propriétaires de garderies à but lucratif, on
a simplement un échange de notions, c'est-à-dire qu'au lieu de
parler de salaire proprement dit, on parle de profit ou de dividendes. Mais,
dans l'ensemble des garderies qui composent l'Association des
propriétaires de garderies privées du Québec et qui en
sont membres et il y a 60 établissements qui reçoivent
approximativement 5000 enfants pour la très large
majorité, le mot profit n'a pas de sens comme tel et correspond
plutôt à un salaire. Il est évident que le salaire
correspond plus ou moins aux heures mises, mais on ne retrouve pas, dans les
garderies à but lucratif, comme elles existent actuellement, et dans le
cadre de celles qui font partie de l'association, des garderies où le
profit est traité en tant qu'élément directeur de
l'opération de la garderie. Comme je le disais
précédemment, c'est plutôt le sens "d'entrepreneurship" et
la volonté d'être relativement indépendant dans un secteur
d'activité qui font que les gens qui sont propriétaires de
garderies, soit en société, soit seuls ou à titre de
corporation à but lucratif, procèdent aux soins des enfants, tels
qu'ils les donnent actuellement.
Si, d'autre part, on prend en considération que dans les
cégeps ou dans les différentes autres institutions du
Québec, plusieurs finissants en techniques de garderie vont arriver sur
le marché du travail, on doit se rendre compte et admettre qu'une partie
de ces mêmes finissants vont aller, évidemment, à l'emploi
de divers types de garderies, mais que certains de ces finissants auront, comme
beaucoup de Québécois, le sens de "l'entrepreneurship", la
volonté d'avoir une entreprise qui soit la leur et la volonté de
servir la population du Québec, à leur compte ou avec certaines
personnes, sans pour autant ériger la notion de profit en
système. Si l'on veut faire un peu d'étymologie, on doit quand
même voir qu'avec le mot profit, on peut tirer le mot profitable et que
si cela peut être profitable pour les gens qui exercent
l'activité, cela peut également et cela doit également
être profitable pour l'ensemble de la population à laquelle on
rend les services.
Je pense que c'est un point très important qu'il faut prendre en
considération, si l'on considère que les finissants de
cégep ou des institutions où l'on donne le cours de techniques de
garderie devront trouver des débouchés et nous soumettons
à cette commission que l'un de ces débouchés pourrait
être et devra être l'ouverture de nouvelles garderies qui pourront
être à but lucratif.
Alors, sous cet aspect, je pense que le fantôme ou le spectre que
plusieurs ont laissé poindre à l'horizon n'est pas du tout ce que
l'on a bien voulu présenter, mais qu'il faut y apporter de larges
nuances.
Concernant toujours le spectre des garderies à but lucratif, on a
également parlé des parents. Je me dois de rappeler aux membres
de cette commission que, si, d'une part, on prévoit que les garderies
à but non lucratif devront être formées majoritairement,
à leur conseil d'administration, de parents, dans le cadre du
fonctionnement des garderies à but lucratif les parents sont
également présents. Certes, les parents ne sont pas
présents nécessairement comme membres du conseil
d'administration, mais ils sont présents dans divers comités. Ils
sont présents aux assemblées de parents et ils sont
présents quotidiennement dans les commentaires qu'ils émettent au
propriétaire ou directeur de la garderie. Sous cet aspect, nous croyons
que le rôle du parent n'est aucunement négligé ou mis
à l'écart dans la garderie à but lucratif. Certes, les
parents sont à un niveau différent, mais ils sont là. Nous
croyons que la place des parents est importante puisque, si les parents avaient
certains mécontentements en regard des services offerts par la garderie
à but lucratif, le premier geste du parent serait évidemment de
retirer son enfant de ce type de garderie. Et, comme le salaire du
propriétaire est, en fait, le profit qu'il retire à la fin de
l'année, vous comprendrez très certainement qu'il n'est
aucunement de l'intérêt du propriétaire ou d'un actionnaire
de garderie à but lucratif de laisser le profit s'envoler ou de laisser
le parent partir. D'où le fait que, dans le cadre même des
principes généraux de concurrence et d'application d'une garderie
à but lucratif, on peut, à toute le moins, être
assuré que le service sera de qualité plus que minimale et sera
même de qualité supérieure puisque la survie
même de la garderie à but lucratif, en tant que commerce, y
est en jeu en regard du service qu'elle rend. Je pense qu'il s'agit là
d'un élément très important à considérer et
qui fait en sorte que la garderie à but lucratif n'est pas seulement et
n'est même aucunement cette organisation qui vise un profit sur le dos
des parents et des enfants et en minimisant le service qui est offert aux
enfants. Vous pourrez le demander tout à l'heure aux divers membres qui
sont ici à la table avec moi. Les services offerts par les garderies
à but lucratif, les équipements mis sur pied par ces mêmes
garderies à but lucratif sont d'une qualité égale ou
même supérieure aux autres types de garderies que l'on
retrouve.
Globalement, dans ses concepts généraux, l'Association des
propriétaires de garderies du Québec fonde les principes de son
mémoire et fonde la nécessité de son existence même
sur le respect de deux points fondamentaux, lesquels ont d'ailleurs
été soulignés par le ministre au début et à
l'ouverture de la présente commission parlementaire, à savoir
tout d'abord le respect des besoins spécifiques de certaines familles et
de certains enfants et également le respect de la volonté
individuelle des parents. Car il ne faut pas l'oublier, si certains parents
veulent que leurs enfants aillent dans des garderies à but non lucratif,
certains parents, d'autre part, et même certains membres de la
Législature ou du cabinet veulent que leurs enfants soient placés
dans des garderies à but lucratif ou dans d'autres types de garderies.
Somme toute, ce que l'Association des propriétaires de garderies
privées du Québec veut dire au gouvernement et à cette
commission, c'est que, si, d'une part, l'ensemble des types de garderies qui
sont envisagés dans le projet de loi est acceptable, souhaitable,
valable et nécessaire, il est, d'autre part, nécessaire d'y voir
également inclus les corporations à but lucratif, de même
que les sociétés. En fait, si le gouvernement veut respecter la
volonté individuelle des parents et respecter les besoins
spécifiques des familles et des enfants, il faut offrir à la
population du Québec un éventail complet de services de garde et,
parmi cet éventail complet, il existe indéniablement les
garderies à but lucratif. Ceci donc pour le premier aparté que je
voulais mettre au point avec la commission. Maintenant, je vais me reporter
à une critique plus systématique du projet de loi
lui-même.
Cette critique ou ces commentaires sont toujours faits dans l'optique
que les garderies à but lucratif constitueront l'une des
catégories mentionnées à l'article 31 du projet de loi.
L'un des points importants dont traite le projet de loi et auquel l'association
donne son appui, sous certaines réserves évidemment, c'est
l'institution d'un Office des services de garde à l'enfance. Il pourra
peut-être apparaître curieux aux membres du gouvernement et du
parti ministériel que notre association soit d'accord avec ce principe.
En fait, ce que l'association considère, c'est que le secteur des
services de garde à l'enfance constitue une sorte de microcosme dans son
fonctionne- ment général et qu'il est important qu'un office soit
créé à cette fin. Il a été longuement
discuté avec les membres de l'association et principalement avec
l'exécutif de la nécessité ou de la
non-nécessité d'un office. Nous croyons que globalement, pour
mieux servir la population et surtout pour donner un service à la fois
plus direct et plus rapide, un office pourrait s'avérer très
efficace.
Toutefois, nous aimerions apporter quant aux pouvoirs
généraux de l'office et à ses caractéristiques les
tempéraments suivants. Le premier tempérament est à
caractère strictement juridique. On note, en effet, à l'article 3
de l'avant-projet de loi, que l'office jouit des droits et privilèges
d'un mandataire du gouvernement. À cet égard, si l'on se replace
dans le désir général du gouvernement au pouvoir d'avoir
une transparence quant à l'accomplissement de ses devoirs
gouvernementaux, nous comprenons assez mal comment ce gouvernement peut
vouloir, d'autre part, se réfugier derrière un principe de droit
aussi général. En fait, si ce principe demeure dans le texte de
loi tel qu'adopté, à toutes fins utiles, il s'avère que
toutes les décisions de l'office quelles qu'elles soient, exception
faite d'un excès de juridiction flagrant ou d'un abus grave de pouvoir,
ne sauraient être corrigées par aucun tribunal, même s'il y
avait une erreur de droit.
Nous soumettons qu'en regard du fait que l'office, suivant les
prévisions gouvernementales, doit énoncer les diverses politiques
en matière de services de garde, il ne saurait y avoir pour lui un
paravent semblable, puisque ce serait rendre l'office inattaquable à
quelque critique que ce soit ou à quelque recours judiciaire que ce
soit. Par le fait même, advenant une erreur de droit ou une erreur
d'application technique dudit office, il n'y aurait aucun recours d'un
justiciable, sauf si l'office excédait formellement sa juridiction.
C'est pourquoi nous croyons que l'office ne devrait point jouir d'un
privilège aussi grand.
Concernant, évidemment, les nominations et désignations
prévues à l'article 6 assumant que les garderies à but
lucratif seront incluses dans l'avant-projet de loi, nous croyons
évidemment que, parmi les représentants choisis, un de ces
représentants devrait venir du secteur des garderies à but
lucratif. D'autre part et c'est peut-être le point le plus
important quant à l'office lui-même nous nous interrogeons
sérieusement sur la marge de manoeuvre réelle qui est
accordée à l'office dans le libellé de l'avant-projet de
loi. On y voit, en effet, au premier alinéa de l'article 23 que l'office
doit se conformer aux directives émises par le ministre concernant les
orientations et les objectifs de l'office.
Nous croyons déceler là un sérieux danger que
l'office ne devienne, à toutes fins utiles, un instrument
manoeuvré par les directives ministérielles. En fait, si l'office
doit jouer le rôle que théoriquement le gouvernement veut lui voir
jouer, nous voyons mal comment le ministre pourrait avoir un tel pouvoir
d'intervenir et d'imposer ses vues. Si le ministre veut imposer ses vues, point
n'est besoin de créer un office. Que le ministre
crée un service à l'intérieur de son
ministère et il sera servi à souhait.
Si le ministre veut créer un office qui soit indépendant,
qui ait des pouvoirs et qui puisse réellement agir en dehors des
contraintes politiques globales, nous croyons que cet office se doit
d'être indépendant. Le ministre, certes, peut faire des
suggestions à l'office, mais les suggestions ministérielles ne
devraient, en aucune façon, lier l'office lui-même.
D'autre part, concernant les pouvoirs de l'office, l'association
souhaite que dans le processus de consultation des personnes et organismes
intéressés, le secteur des garderies privées,
évidemment, à savoir le secteur des garderies à but
lucratif, soit considéré à sa juste valeur et ne soit
aucunement écarté comme il semble l'être actuellement dans
l'avant-projet de loi. Nous croyons, en effet, que si l'office se veut
réellement pleinement représentatif et consultatif, il se doit de
considérer les garderies à but lucratif comme partie
intégrante du système des services de garde de l'enfance et que,
par voie de conséquences, il pourrait, dans une certaine mesure,
s'inspirer du parallèle qu'on peut faire entre l'école
privée et l'école publique tel qu'il existe actuellement.
Concernant maintenant la section de l'organisation des services de garde
en garderie, j'ai parlé précédemment de la
nécessité de l'existence des garderies à but lucratif et
de la nécessité de sa reconnaissance à l'article 31 du
projet de loi. Je ne voulais point revenir sur ce principal fait.
Quant à la clientèle des services de garde en garderie,
j'aimerais attirer l'attention de la commission sur l'une des dispositions de
l'article 30 concernant les enfants d'âge scolaire en tant que clients
potentiels des services de garde en garderie. Tel que libellé
actuellement, ce même article 30 exclut les enfants d'âge scolaire
en tant que clients potentiels des services de garde en garderie. Toutefois,
l'association, tout en étant d'accord sur le principe
général, croit que cet article devrait être amendé
pour permettre l'admission des enfants d'âge scolaire dans les garderies
pour les jours non scolarisés, entre autres pour les périodes de
vacances. En fait, l'association croit que le fait de vouloir avoir des
services de garde en garderie en milieu scolaire est une excellente chose,
évitant une duplication à une époque donnée,
à savoir l'époque scolaire, entre autres, mais si on se replace
dans le contexte de la période estivale, je pense que les membres de la
commission reconnaîtront que la garderie en milieu scolaire ne saurait
fonctionner à cette étape. Pour certaines mères de famille
qui sont au travail à ce moment, il est nécessaire de
prévoir que certains enfants d'âge scolaire pourront être
admissibles dans les services de garde tels qu'ils sont définis à
l'avant-projet de loi.
Toujours concernant le fonctionnement des services de garde en garderie,
l'association désire apporter certains principes concernant le fait de
savoir qui est titulaire d'un permis de services de garde. Si on lit
l'avant-projet de loi, il nous semble à tout le moins remarquer une
forme de contradic- tion à cet effet. À certains articles, il
nous semble reconnaître que c'est l'organisme qui sera titulaire du
permis alors que dans d'autres articles on croit déceler qu'un
requérant ou représentant de l'organisme sera titulaire d'un
permis. À tout le moins, nous croyons que le projet de loi doit
clarifier clairement qui demande le permis et au nom de qui. Sur une base
pratique, l'association suggère et propose au gouvernement d'indiquer
clairement que le permis soit délivré à l'entité
juridique, et ceci pour un motif très pratique. (21 h 30)
Si, même dans le cadre d'une garderie à but non lucratif,
le permis est émis au nom d'un parent et que ce parent et son enfant
quittent les services de garderie, cela présuppose immédiatement
qu'à chaque fois que le parent quittera, il y aura une nouvelle
application, une nouvelle demande et nouvelle formule présentée
à l'office pour réduire la paperasserie gouvernementale qui est
déjà trop considérable, nous proposons et suggérons
au gouvernement que le permis soit émis au nom de l'entité
juridique qui exploite le service de garde, de sorte que quel que soit le
changement de parent à l'intérieur de la structure, ou quel que
soit le changement des individus qui seront au conseil d'administration, le
permis sera toujours valide et toujours en vigueur et qu'il n'y aura pas de
période d'inactivité ou de période de non-permis pour
l'exploitation d'une garderie.
Quant au renouvellement du permis, l'association désire apporter
certains commentaires. Si l'on s'en rapporte à l'article 36 de
l'avant-projet de loi, on y voit que le permis de service de garde pourra
être renouvelé à des conditions qui seront prescrites dans
la loi ou dans les règlements. Actuellement, aucune condition n'est
prescrite dans l'avant-projet de loi et il y a tout lieu de présumer,
comme c'est normal, que les conditions de renouvellement seront prévues
dans la réglementation à venir.
Par ailleurs, si on recherche l'esprit de l'article 36 suivant son
libellé même, il ressort clairement de l'avis de l'association que
le fardeau de la preuve pour le renouvellement d'un permis soit et est
assumé par le titulaire du permis, de sorte qu'on n'y retrouve aucune
garantie implicite au renouvellement du permis. Aussi, dans le but d'assurer
une continuité valable pour les parents et l'enfant dans le
fonctionnement de la garderie, nous croyons que le titulaire du permis devrait
posséder en principe le droit au renouvellement du permis. C'est
pourquoi, considérant cette présomption du droit au
renouvellement du permis, l'association suggère que l'article 36 soit
modifié et qu'il soit expressément prévu que le permis ne
serait point renouvelé au cas où le titulaire du permis se soit
rendu coupable d'infraction à la loi ou à l'un de ses
règlements ou que la conduite générale des affaires du
service de garde soit telle qu'elle ne réponde plus aux normes
prescrites par la loi ou les règlements.
En fait, par un semblable changement, il s'agit simplement de modifier
le fardeau de la preuve pour l'obtention d'un permis et de donner le
bénéfice du doute et une présomption que le permis
sera accordé au titulaire, et que ce titulaire soit une corporation
à but lucratif, une corporation à but non lucratif, une
municipalité, une association coopérative ou un individu ou
société.
Concernant maintenant la cession et le transport des permis, nous
croyons qu'il y a lieu également d'apporter certains correctifs. Par
esprit d'équité envers les titulaires actuels de permis, nous
croyons qu'il devrait être ajouté à l'article 39, une
disposition prévoyant que l'office ne peut refuser une cession ou un
transport de permis, sauf au cas de décision motivée, lesdits
motifs pouvant être donnés en regard des critères
généraux de la loi ou de l'un des règlements et,
après audition, de toutes les personnes concernées. Nous croyons
en effet que l'office, malgré ses nombreux pouvoirs, ne saurait
être dispensé de normes aussi élémentaires de
justice naturelle.
Concernant enfin la modification des locaux occupés par un
service de garde en garderie, plus particulièrement en regard des
principes énoncés à l'article 41 de l'avant-projet de loi,
l'association est d'avis que la restriction prévue et que la demande
d'autorisation ne devraient pas s'appliquer dans les cas de modification
locative tel qu'il est prévu généralement au Code civil du
Québec. En d'autres termes, si une demande de modification est requise
de la part de l'office, elle devrait l'être lorsque la modification est
sérieuse et non pas simplement pour une modification mineure qui ne
requerrait que l'approbation d'un service municipal d'incendie ou de
sécurité. Si ces normes sont respectées et si elles
n'affectent pas les heures générales d'occupation, nous ne
croyons point qu'une demande devrait être faite en surplus auprès
de l'office.
Concernant la cessation des activités d'un titulaire de permis,
le principe général, à notre avis, est très
applicable dans le cadre de tous les types d'exploitants de services de garde
de l'enfance, sauf dans le cas des garderies à but lucratif.
En effet, vouloir interdire à un titulaire de permis de fermer
son établissement, sauf permission de l'office, constitue, à
notre avis, un certain arbitraire. Dans le cadre des corporations à but
lucratif, on comprendra qu'une corporation pourrait s'éteindre par suite
du désir de ses administrateurs de ne point continuer ou de certains
événements d'ordre financier qui empêcheraient la
continuation de ses activités.
Par ailleurs, dans le cadre de certains types d'exploitants de garderies
qui recevraient des subventions, nous croyons qu'à ce moment l'office
peut demander d'être consulté avant d'autoriser la cessation des
activités.
Quant aux garderies à but lucratif, nous croyons qu'il devrait
simplement être indiqué au projet de loi que les garderies
devraient donner un avis raisonnable à l'office avant de cesser toute
activité.
Concernant, enfin, la suspension, l'annulation ou le refus de
délivrer et de renouveler un permis, l'association reconnaît le
bien-fondé du principe que l'on retrouve à l'article 44 de
l'avant-projet de loi. Toutefois, nous croyons que tout titulaire de permis,
quel que soit le type de garderie qu'il exploite, et tout requérant en
vue de l'obtention d'un permis ont droit à ce que la décision de
l'office soit prise dans le plus grand respect des règles de justice
naturelle.
À cet égard, nous croyons, entre autres, qu'on devrait
indiquer clairement au projet de loi la possibilité pour le
requérant ou le titulaire de se faire entendre par l'office avant que la
décision soit prise. À cet égard, l'association propose
qu'il soit spécifiquement indiqué à l'article 44 que, sur
demande du requérant ou du titulaire, aux fins de se faire entendre par
l'office, le secrétariat de l'office soit obligé
d'expédier au titulaire ou au requérant un résumé
des faits et des témoignages sur lesquels s'est basé l'office
pour refuser la délivrance ou pour suspendre, annuler, ou refuser le
renouvellement du permis.
Le Président (M. Boucher): Me Boucher, je m'excuse, est-ce
que vous pourriez accélérer ou abréger, étant
donné l'heure? Il y a au-delà de 20 minutes de passées
pour le mémoire, actuellement, et on s'est entendu au début pour
que les mémoires ne dépassent pas cela.
M. Boucher (Jean-Carol): J'y arrive. Il reste à peine
quelques pages et le reste va être assez abrégé. Mais dans
ce contexte-ci, nous devions donner les énoncés principaux parce
que, quand même, cela touche des éléments qu'on pourrait
qualifier de cuisine, et ce sont pourtant ces mêmes
éléments de cuisine avec lesquels sont pris quotidiennement ceux
qui exploitent des services de garde, quels qu'ils soient, et ils se posent
souvent de nombreuses questions. Pour une fois que nous sommes au stade d'un
avant-projet, je crois que pour la partie que je viens
d'énumérer, il était important de le faire longuement.
Pour le reste, je suis d'accord avec vous, M. le Président,
d'abréger et de résumer les autres points pour permettre ensuite
à la commission de s'exprimer.
Le Président (M. Boucher): Je vous fais confiance et je
vous remercie.
M. Boucher (Jean-Carol): Concernant la confidentialité des
dossiers, on en a déjà parlé cet après-midi. En
fait, sans être contre le principe de fournir à l'office des
renseignements contenus dans les dossiers individuels, l'association croit que
les renseignements à être fournis devraient être d'ordre
objectif et ne point contenir de noms ou de signes qui permettraient
d'identifier à qui on fait référence formellement.
En résumé, nous croyons qu'il devrait s'agir de
renseignements d'ordre général et d'ordre statistique. D'autre
part, nous nous permettons de suggérer à la commission la
création, pour le ministère des Affaires sociales, d'un fichier
central contenant les différents renseignements recueillis dans divers
types d'enquêtes, de sorte que les garderies ne soient pas prises
à répondre à cinq ou à
six reprises à un même questionnaire, relevant de cinq ou
six directions du même ministère.
Malheureusement, nous retrouvons parfois un semblable état de
fait. Alors, nous croyons que la création d'un registre central pourrait
éliminer de semblables problèmes.
Concernant l'administration provisoire d'un service de garde par
l'Office des services de garde à l'enfance, nous référant
ici aux articles 47 à 54, nous croyons que les dispositions
prévues dans ces articles sont exagérées et qu'elles vont
au-delà des pouvoirs normaux qui pourraient être accordés
à l'office. En effet, suivant ce libellé, nous soumettons que
l'office devient à la fois juge et partie, et autant pour la fermeture
que pour l'administration provisoire, pour résumer ici les commentaires
de notre association, nous croyons qu'avant de fermer, de bloquer ou de refuser
quoi que ce soit, il est important que le projet de loi prévoie que,
pour fermer ou prendre en main un service de garde déjà existant,
l'office, ou quelle que soit la structure établie par le projet de loi,
ne le fasse que sur permission d'un juge de la Cour supérieure. Nous
croyons en effet qu'il doit exister une présomption de bonne foi, de bon
fonctionnement et de validité des opérations de la part des
divers groupes qui y opèrent et que, de la seule décision du
directeur de l'office ou des membres de l'office, aucune garderie, de quelque
type qu'elle soit, ne saurait être fermée ou que son
administration, dis-je, ne saurait être prise en main avant qu'un juge de
la Cour supérieure ne se prononce, de sorte qu'un témoin
indépendant puisse prendre une décision à cet effet. Nous
suggérons simplement le modèle de l'injonction interlocutoire
pour ce type d'action, ce qui permettrait à chacune des parties de se
faire entendre et éviterait comme je l'ai déjà dit
que l'office devienne à la fois juge et partie. Il me semble que
c'est là un principe de justice naturelle qui se doit d'être
respecté.
Concernant les octrois de subventions, les remarques de l'association
ont été brèves pour une seule raison. Toute la question
des subventions relève des projets de règlement, que nous ne
connaissons pas, et nous serions malvenus de vouloir faire quelque commentaire
que ce soit. D'autre part, nous nous permettons simplement de suggérer
et de requérir du gouvernement au pouvoir que le régime de
subventions, quel qu'il soit, soit clairement établi, clairement
déterminé, et qu'il ne laisse aucune place à l'arbitraire,
de quelque sorte que ce soit.
Concernant l'inspection des livres et comptes d'un titulaire de permis,
l'association croit que l'office pourrait avoir le droit de réviser les
livres et comptes d'un titulaire de permis, pour autant que le même
titulaire ait déjà bénéficié d'une
subvention ou d'une aide gouvernementale, de quelque sorte que ce soit. Si le
titulaire d'un permis n'a reçu aucune aide gouvernementale, nous croyons
que seul le ministère du Revenu ou le ministère des Finances
pourrait avoir un droit de regard sur les livres comptables du titulaire du
permis.
Concernant d'autre part les infractions et peines, nos remarques sont
les mêmes que celles mentionnées précédemment. Nous
croyons qu'aucune fermeture ou aucune destitution d'aucune sorte ou aucun
arrêt de fonctionnement ne devrait être permis sans l'autorisation
d'un juge de la Cour supérieure, car nous croyons qu'il y aurait
là un arbitraire de premier ordre.
Enfin, sur la question des droits acquis, nous constatons que l'article
88 considère les garderies à but lucratif existant au 22
août 1979 comme n'étant point soumises à l'avant-projet de
loi. Dans un premier temps, nous aimerions souligner à cette commission
que le projet de loi oublie de façon complète les
sociétés et les individus qui exploitaient déjà des
services de garde avant cette même date et qu'à tout le moins, les
individus et les sociétés doivent être inclus dans le
même article 88 et non point seulement les corporations à but
lucratif. Par ailleurs, en regard des principes premiers que j'explicitais
précédemment, nous croyons davantage que l'article 88 ne saurait
avoir aucune utilité si le gouvernement en place, dans le respect des
besoins spécifiques de certaines familles et de certains enfants et dans
le respect de la volonté individuelle des parents, inscrit les garderies
à but lucratif, les sociétés et les individus
opérant des services de garde dans le contexte de son article 31.
Nous vous remercions.
Le Président (M. Boucher): Merci, Me Boucher. M. le
ministre.
M. Lazure: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
reprendre les points un par un; il y en a trop. Je vais surtout m'attarder aux
points fondamentaux de la présentation de l'Association des
propriétaires de garderies. (21 h 45)
Je pense bien que le premier point fondamental, c'est la proposition qui
nous est faite par ce groupe d'étendre l'émission de permis
nouveaux aux garderies à but lucratif. Tout le reste, nous en prenons
note et il y a des choses avec lesquelles nous sommes d'accord et d'autres
qu'on va étudier, mais je vais m'attarder à ce point fondamental.
L'association est habile. Elle part en compagnie de mon collègue, M.
Landry. C'est de bonne guerre, mais quand on cite M. Landry, le ministre
d'État au développement économique, on fait un tout petit
peu d'adaptation puisque, quand il parle de l'"entrepreneurship" un
terme que vous avez employé souvent la citation que vous nous
présentez du ministre, de mon collègue, elle parle bien du
secteur privé et non pas nécessairement du secteur à but
lucratif. Je répète encore une fois que les garderies qu'on est
porté à considérer comme publiques sont effectivement des
garderies privées à but non lucratif. Les garderies
privées, justement, dans notre esprit, étant donné
qu'elles sont axées, qu'elles sont à la disposition de
l'initiative des groupes de parents et qu'elles sont conditionnées par
l'esprit d'initiative des groupes de parents, pour nous, c'est un instrument,
un médium qui se prête tout à fait aux
objectifs d"'entrepreneurship" dont vous parliez tantôt. Je pense
que les principes qui nous guident en voulant favoriser les garderies à
but non lucratif entre parenthèses, je vous fais remarquer, ainsi
qu'aux membres de la commission, que c'est la politique du ministère des
Affaires sociales depuis 1974 et non pas depuis l'élection du 15
novembre 1976 et vous le savez fort bien; donc, il faut que cela soit clair
dans l'esprit de tout le monde c'est une politique que nous n'avons pas
initiée, mais avec laquelle nous sommes d'accord. Cela arrive de temps
à autre que nous soyons d'accord avec des politiques qui ont
été initiées par le gouvernement antérieur, le
gouvernement du Parti libéral. Cela en est un exemple. Cela arrive
parfois et...
M. Grenier: Je vous signale qu'ils se sont fait battre avec cette
politique-là.
M. Lazure: Cela reste à voir.
M. Pagé: On en sait quelque chose, vous savez.
M. Lazure: Nous pensons que les parents doivent avoir le
rôle on en a parlé toute la journée majeur
dans la mise sur pied d'une garderie, dans l'administration, la direction,
l'orientation d'une garderie. Nous avons une conviction profonde à cet
effet et pour nous, la garantie importante pour que ceci puisse se faire, c'est
justement que ce soit une garderie à but non lucratif. On conçoit
mal une garderie à but lucratif, comme vous le disiez tantôt; vous
avez dit "profit", c'est un beau mot, cela peut profiter à tout le monde
mais le "lucre", c'est un mot aussi, "lucratif" cela veut dire "lucre", cela
veut dire avantage, cela veut dire intérêt, cela veut dire un
profit, mais aussi une espèce de préoccupation de gagner son pain
avec cela. Remarquez qu'il n'y a rien de mal à cela, mais je pense que
de plus, dans le contexte du Québec 1979, cela répond aux
désirs de la société québécoise, à
tort ou à raison. On a vu la même chose dans le secteur
hospitalier. Il y avait des hôpitaux à but lucratif.
Graduellement, la société a trouvé que c'était une
chose qui n'était pas tout à fait correcte. Il y avait aussi
beaucoup de foyers pour personnes âgées à but lucratif. La
société a trouvé graduellement que ce n'était pas
tout à fait correct. On peut constater certains changements dans
l'opinion de la société. L'opinion de la société
sera peut-être différente dans cinq ou dix ans, mais nous, comme
hommes politiques, comme gouvernement, c'est un peu notre devoir de sentir le
pouls de la société.
Nous avons la conviction que l'ensemble de la société est
d'accord avec ce principe général que, quand il s'agit du
bien-être des enfants, des personnes âgées ou des malades,
l'État doit assumer, par le biais d'organismes bénévoles
ou à but non lucratif, un rôle entier. L'État ne doit pas
abdiquer, le gouvernement ne doit pas abdiquer sa responsabilité en
confiant à un entrepreneur ou un individu, un groupe d'individus cette
responsa- bilité extrêmement importante de veiller au
bien-être d'une catégorie de la population. M. le
Président, c'est à la fois pour nous une question de principe,
mais en même temps c'est une question de continuité avec une
politique qui a été établie il y a quelques années.
Que je sache, cette politique établie depuis cinq ans n'a pas
suscité tellement de protestations et d'opposition dans la
société québécoise, sauf pour l'association des
propriétaires, évidemment, et c'est normal. J'ajouterais aussi
que, si M. le porte-parole nous disait tantôt que les parents sont
représentés dans la gestion d'une garderie à but lucratif,
on pourrait s'interroger à savoir si ces garderies seraient prêtes
à ce que les conseils d'administration soient majoritairement
composés de parents qui utilisent la garderie. Je serais curieux
d'entendre votre réponse à cette question.
Enfin, juste un ou deux points spécifiques. Vous semblez inquiets
des pouvoirs de directive du ministre. C'est une disposition qu'on retrouve
dans un certain nombre de projets de loi, encore là, autant sous
l'ancien gouvernement. Par exemple, dans la Loi de la Régie de
l'assurance-maladie, il y a un pouvoir de directive du ministre. Je pense qu'il
faudrait jouer le jeu de l'autruche pour prétendre que l'office doit
être un organisme complètement indépendant et non
influençable par le pouvoir élu, le pouvoir politique. Je pense
que c'est une grande illusion. Il est bien évident que l'office est une
émanation du gouvernement, mais, au lieu d'en faire simplement une
direction du ministère, nous pensons, un peu comme la garderie,
où il y a présence majoritaire des parents-usagers, que l'office
a l'avantage d'avoir comme gestionnaires des gens qui sont beaucoup plus
proches du milieu, qui sont beaucoup plus proches du service que si nous avons
une structure émanant du ministère comme une direction
générale. Je ne pense pas qu'il faille se scandaliser du fait que
ce projet prévoie le pouvoir de directive ministériel.
J'ajouterai, cependant, que ce pouvoir de directive est quand même
tempéré par deux choses; par le Conseil des ministres et par le
dépôt nécessaire à l'Assemblée nationale. Il
faut bien comprendre qu'il n'y a aucun ministre qui va s'amuser à
émettre des directives ministérielles à un tel office
puisqu'il a à en rendre compte autant au Conseil des ministres
qu'à l'Assemblée nationale.
Les renouvellements de permis, dans notre esprit et dans le texte de la
loi, il n'y a pas de régime particulier pour les garderies à but
lucratif par rapport aux garderies à but non lucratif. On dit simplement
que c'est objet de réglementation et, là aussi, je pense que
c'est tout à fait normal pour ce genre de projet de loi. Enfin, la
même remarque pour l'administration provisoire, la tutelle. Dans la
plupart des ministères qui ont des réseaux à administrer,
l'Éducation, les Affaires municipales ou les Affaires sociales, il y a
un pouvoir d'administration provisoire qui est utilisé peut-être
quelques fois par année, dans certains cas. Je pense que c'est une
prudence que l'État doit exercer de maintenir ce recours dans certains
cas. M. le
Président, en résumé, si le projet de loi ne parle
des garderies à but lucratif que pour maintenir les droits acquis, c'est
parce que nous pensons que la formule idéale pour le
développement des garderies à l'avenir c'est ce qui s'est
fait depuis quatre ou cinq ans c'est par le biais des groupes de
parents, par la biais des garderies à but non lucratif
contrôlées par des parents-usagers. C'est aussi parce que nous
pensons que, socialement, la population trouve normal qu'autant l'ensemble des
services scolaires que l'ensemble des services hospitaliers soient
administrés, gérés, si vous voulez, dispensés par
des corporations à but non lucratif.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. Me
Boucher.
M. Boucher (Jean-Carol): Si vous me permettez simplement quelques
points sur ce que M. le ministre a avancé, M. le Président, le
ministre a parlé de continuité. À cet égard,
j'aimerais souligner au ministre que, dès qu'un parent change de
secteur, de coin ou dès que son enfant cesse de fréquenter la
garderie, ce même parent n'est plus nécessairement au conseil, de
sorte que, dans l'optique d'une garderie à but non lucratif,
gérée au conseil d'administration majoritairement par des
parents, la continuité va être quelque chose d'assez difficile
à réaliser. Il y aura une certaine forme de chaos ou de
difficultés de fonctionnement due à cette rotation qui est
normale. Les enfants évoluent et grandissent. À moins qu'on n'ait
affaire à une mère de famille qui a quatre ou cinq enfants qui
partent de zéro à cinq ans à la suite, vous êtes
certain que votre conseil d'administration va être modifié.
Alors, je pense que, sous l'aspect de la continuité, la garderie
à but lucratif sert beaucoup mieux la population que la garderie
à but non lucratif ne peut la servir. D'autre part, si l'on se replace
dans la question de l'abdication des responsabilités, je ne crois pas
qu'en considérant les garderies à but lucratif à part
entière dans le projet de loi le gouvernement abdique d'aucune
façon sa responsabilité.
La responsabilité gouvernementale, comme nous la retrouvons dans
l'avant-projet de loi, repose essentiellement sur l'office et c'est le motif
pour lequel notre association est d'accord avec l'établissement de
l'office. Dans les faits, ce que l'association reconnaît, c'est que
l'office va effectuer un certain tamisage du grand nombre de garderies existant
actuellement, de quelque sorte qu'elles soient. L'office va mettre de l'ordre
dans les garderies et va s'assurer que les garderies qui continueront à
fonctionner seront de qualité et seront valables, quelle que soit la
structure à l'intérieur de laquelle la garderie fonctionne.
Sous cet aspect, nous ne croyons pas que le fait que les garderies
à but lucratif existent soit un handicap à cette
responsabilité gouvernementale, bien au contraire. Concernant, d'autre
part, le désir de favoriser les garderies à but non lucratif,
nous croyons que le fait de favoriser lés garderies à but non
lucratif n'est absolument pas incompatible avec l'existence des garderies
à but lucratif dans le cadre du projet de loi général.
Je ne crois aucunement, M. le Président je pense que le
ministre sera d'accord avec moi que le fait de favoriser un type de
garderies puisse inclure le fait d'exclure un autre type de garderies. On peut
favoriser un type, tout en ayant un autre type à l'intérieur du
projet de loi. Je ne pense pas que l'on doive fermer la porte formellement aux
garderies à but lucratif pour favoriser les garderies à but non
lucratif. Il n'y a aucun synonyme, à mon sens, entre les deux.
On parlait des parents également. M. le Président et M. le
ministre me permettront de leur apporter le point suivant et beaucoup de
propriétaires de garderies vous le diront aussi. Lorsque le parent a
fait sa journée et reprend son enfant le soir, je ne pense pas que le
premier désir du parent soit de s'occuper d'administrer une
garderie.
Le premier désir du parent, quand il est 18 heures ou 19 heures,
c'est de prendre son enfant, d'avoir un contact avec lui, de le voir un peu et
de le coucher avant qu'il soit trop tard. C'est le premier désir du
parent. Je pense que, si on veut être logique eu égard à ce
constat qui est fondamental pour quelque parent que ce soit et de quelque
nature qu'il soit, on reconnaîtra que la garderie à but lucratif
vient justement pallier ce point et que, tout en permettant au parent de le
faire, ne l'oblige pas à s'intégrer à l'administration de
la garderie et respecte le premier désir du parent qui, le soir venu,
veut reprendre contact avec son enfant. (22 heures)
Je pense, M. le ministre, que ce principe est très important et
que, dans cette optique, le fait de garder à l'intérieur d'un
projet de loi les garderies à but lucratif n'est absolument point
incompatible avec tous les objectifs du gouvernement, lesquels sont,
évidemment, partagés par l'association, exception faite d'exclure
les garderies à but lucratif du champ des services de garde à
l'enfance.
M. Lazure: Dans l'hypothèse où des parents
voudraient s'occuper d'un conseil d'administration d'une telle garderie, est-ce
que vous les admettriez majoritairement au conseil d'administration?
M. Boucher (Jean-Carol): M. le ministre, je pense qu'à cet
effet, ce serait plutôt aux propriétaires ici à
répondre, mais on a discuté de ce point. Vous pourrez le leur
demander, je pense quand même que je ne suis pas le seul interlocuteur
devant la commission, et ils vous diront tous que l'intérêt
majoritaire du parent de confier son enfant à la garderie à but
lucratif est d'abord de connaître le propriétaire de la garderie,
d'avoir une relation individuelle avec ce propriétaire et de pouvoir
faire des récriminations, des demandes ou des reproches s'il y a lieu.
Dans le cadre d'une garderie à but non lucratif, vous avez un conseil
d'administration. Qui est le conseil d'administra-
tion? Qui est le pouvoir décisionnel? C'est tout le monde, mais
c'est personne. Dans le cadre des garderies à but lucratif, vous pouvez
identifier l'autorité, vous pouvez identifier l'interlocuteur valable et
vous pouvez vous exprimer à lui. Pour le reste, je cède la parole
aux gens qui sont avec moi, ils pourront vous dire, en fait, le désir
premier du parent. On peut présumer du désir d'administrer, mais
je pense que des gens qui, comme mes parents, sont de simples travailleurs,
quelqu'un comme mon père, qui était plombier pour une compagnie
de chemin de fer, n'est pas intéressé, le soir venu, à
s'occuper de l'administration d'une garderie. Il est beaucoup plus
intéressé à reprendre le contact avec ses enfants. Je ne
pense pas, M. le ministre, que la majorité de la population
québécoise soit composée de professionnels comme vous et
moi. Je pense que sur ce point, nous devons prendre en considération la
nature des gens qui confient leurs enfants à la garderie.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux remercier
les porte-parole de l'Association des propriétaires de garderies du
Québec pour leur mémoire. De façon générale,
je pense qu'il y a plusieurs éléments touchant les pouvoirs
éventuels de l'office qui ont été notés par vous et
qui, je pense, méritent d'être examinés de plus
près. Je pense que c'est également l'intention du ministre quant
à cela. Certains pouvoirs pourraient quand même, à certains
égards, être excessifs et les remarques que vous avez faites
pourront également être utiles à toutes les autres
garderies, qu'elles soient à but lucratif ou non. Je vous en remercie.
Je ne reviendrai pas sur chacun de ces éléments; vous les avez
soulevés d'une façon précise.
Je voudrais quand même revenir sur le problème fondamental
de l'existence de garderies privées à but lucratif versus les
garderies privées à but non lucratif. Le ministre a
souligné qu'en 1974 je pense que c'est probablement suite
à l'adoption de la politique du plan Bacon on a gelé, dans
une certaine mesure, ou on a arrêté le développement des
garderies à but lucratif, c'est ce que je crois comprendre. Je
n'étais pas membre du gouvernement à ce moment-là ni
même simple député; je n'étais simplement pas
à l'Assemblée nationale. Il reste qu'aujourd'hui, on le fait
d'une façon officielle ou on pourrait le faire de façon
officielle si on s'en tient à l'avant-projet de loi et s'il était
adopté tel quel. Je pense qu'il faut se poser des questions très
sérieuses qui touchent, évidemment dans le cas qui nous occupe,
les garderies, mais aussi l'ensemble du problème du secteur
privé.
Le ministre se souviendra qu'au mois de décembre, nous avons
discuté assez longuement d'un autre projet de loi qui fut finalement
adopté, le projet de loi no 103 dans lequel, aussi, on voulait mettre un
frein officiel et légaliser, si je peux dire, le développement
des centres d'accueil privés pour personnes âgées ou
malades en soins prolongés. Le ministre, pour des raisons dans
lesquelles je ne voudrais pas entrer ce soir, a finalement été
obligé de modifier quelque peu la teneur de ce projet de loi. Il me
semble que l'association des propriétaires ici dit: Nous sommes
prêts à nous soumettre à l'office, nous voulons même
être intégrés à part entière par ce projet de
loi en ce sens que les conditions, les règlements, etc., établis
par l'office sont ceux auxquels nous devrons nous soumettre. Ils ont
peut-être déploré l'absence d'une politique très
structurée jusqu'à maintenant, qui a justement
empêché de faire d'une façon absolument efficace le tri
entre l'ivraie et le bon grain dans le domaine des garderies. Vous vous
réjouissez qu'à ce moment-ci ce projet de loi, cet encadrement
que l'office viendrait apporter pourrait permettre ceci. Je demeure convaincue
que ce n'est pas en éliminant tout ce qui est dans le secteur
privé qu'on rend meilleur le secteur public. Le même
problème se pose à l'occasion du secteur privé
d'enseignement et c'est un problème sur lequel le gouvernement je
l'ai dit brièvement ce matin pour des raisons politiques fort
compréhensibles peut-être plutôt des raisons
électorales ne le fait pas à ce moment-ci. Le fera-t-il
après le référendum? C'est une autre chose. Il faudra
attendre le résultat du référendum. C'est une attitude
d'attentiste.
M. Pagé: Oui, oui. Vous voulez déplaire au moins
grand nombre de gens possible!
M. Lazure: Le projet de loi est très clair.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est parce que cela touche moins de
monde.
M. Lazure: Allons donc!
Mme Lavoie-Roux: Écoutez! Voyons donc!
M. Pagé: C'est gros comme la lune.
M. Lazure: On touche au moins 150 000 familles au Québec.
C'est beaucoup de monde, ça!
Mme Lavoie-Roux: Non, vous ne touchez pas 150 000 familles en
touchant au secteur privé des garderies.
M. Lazure: Non, mais...
Mme Lavoie-Roux: Vous ne touchez pas 150 000 familles en touchant
le secteur privé des garderies.
M. Lazure: En touchant aux familles qui ont des besoins de
services de garde, on touche à 150 000 familles.
Mme Lavoie-Roux: Je parle de l'élimination à plus
ou moins long terme du secteur privé, je ne parle pas des soins de
garderie en général. Je ne
pense pas qu'on prétende être capable de répondre
à tous les besoins de garderie dans le secteur privé. Voyons
donc, M. le ministre!
M. Lavigne: Je n'en suis pas au nombre de familles, j'en suis au
référendum.
Mme Lavoie-Roux: Ah!
M. Lavigne: Ce n'est pas ce qui joue du tout.
Mme Lavoie-Roux: C'est vous qui y attachez beaucoup d'importance,
je l'avais déjà oublié.
Une voix: C'est très important pour nous.
M. Pagé: Vous ne faites partie que du caucus, vous, pas du
Conseil des ministres!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! On
s'écarte.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'essaie bien...
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
M. Pagé: C'est tellement évident.
Mme Lavoie-Roux: Comme, dans le domaine de l'éducation, la
priorité doit être, je pense, accordée au
développement d'un secteur public, parce que c'est ordinairement
là... Quoique, encore là, c'est public dans un sens
mitigé, puisqu'il s'agit de garderies privées à but non
lucratif, mais, pour autant que les garderies veulent fonctionner à
l'intérieur des règlements et de toutes les directives de
l'office, je ne vois pas quel est l'intérêt du gouvernement, ou
même du précédent. Au moins, le précédent
gouvernement ne l'avait quand même pas confirmé par une loi.
Voulait-il éventuellement le modifier ou non? Je ne le sais pas.
M. Lazure: ... à faire une loi.
Mme Lavoie-Roux: Même si c'était cela, M. le
ministre...
M. Pagé: On s'en reparlera tantôt, vous
n'étiez pas là.
M. Lazure: On suivait quand même l'affaire de
près.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, le principe fondamental en cause
est que le gouvernement actuel, en dépit de certaines protestations
officielles, a décidé de faire table rase du secteur
privé. Il y va progressivement, comme je le disais tout à
l'heure, pour des raisons politiques. Je lui demanderais d'examiner la chose
d'une façon prudente. Je trouve même que c'est une certaine forme
d'exploitation des gens qui oeuvrent dans ce domaine. Pendant 75 ans ou 80 ans,
on leur a demandé d'assumer cette responsabilité; là, on
ne peut pas s'accuser réciproquement et dire que c'est votre faute ou la
nôtre, on n'y était pas. Pendant 75 ans, on leur a demandé
d'assumer cette fonction.
Encore aujourd'hui, on serait peut-être un peu mal pris si, demain
matin, tout le secteur privé fermait ou que le secteur qu'on va appeler
public par opposition à lucratif et à non lucratif - devait
se porter acquéreur de tous les équipements qui existent
présentement dans le secteur privé à but lucratif. Dans le
fond, voici ce qu'on dit: Faites les poissons jusqu'au moment où on aura
le temps de vous avaler, il y a quand même une question de justice.
Autant il faut que, quand l'office aura établi ses règlements
et, à l'heure actuelle, le ministère des Affaires sociales
doit être très rigoureux; peut-être n'a-t-il pas à sa
disposition le personnel requis les normes soient respectées,
autant c'est agir de façon désinvolte après que de
reconnaître qu'on permette encore l'existence ou le maintien, mais tant
et aussi longtemps que cela fera notre affaire. C'est un sursis qu'on vous
donne, mais après, peu importe ce qui arrivera.
J'aimerais quand même poser aux personnes qui sont ici
présentes une question. Vous avez répondu à une question
du ministre: Non, nous ne considérerions... Vous n'avez pas dit: Nous ne
considérerions pas, vous avez dit: II semble que les parents ne soient
pas tellement intéressés à faire partie d'un conseil
d'administration. Ce qu'ils veulent, c'est, le soir ou en fin de
journée, venir chercher leur enfant. Ils veulent surtout avoir une
personne responsable qu'ils puissent reconnaître, comme responsable,
à qui ils peuvent faire leurs récriminations, etc. Dans
l'école privée du milieu scolaire il existe quand même des
comités de parents ou des associations de parents-maîtres
enfin, peu importe le terme qu'on utilise. Mettriez-vous de côté
également une formule comme celle-là? J'admets au départ
que, souvent, les parents des garderies sont plus mal pris, au point de vue
disponibilité de temps, que les parents de l'école privée;
encore une fois, d'une façon générale, je ne dis pas cela
d'une façon absolue. Mais cette possibilité des parents de se
former en association à l'intérieur d'une école, comme on
la retrouve à l'intérieur de l'école privée, est-ce
que c'est une formule qui vous rebute complètement ou dont vous ne voyez
pas le bien-fondé?
M. Boucher (Jean-Carol): Voici, Mme la députée de
L'Acadie. Comme je le disais précédemment et j'en ai
rediscuté au repas ce soir avec plusieurs personnes à la table et
d'autres qui sont à l'arrière pour être certain avant de
m'avancer sur une affirmation dans ce sens-là; on m'a confirmé
à nouveau que des comités de parents et des réunions de
parents existent dans les garderies à but lucratif actuellement. La
seule différence, c'est que les parents ne sont pas formellement membres
d'un conseil d'administration et il y a certaines garderies qui ne sont pas des
corporations
à but lucratif, qui sont des sociétés simplement
administrées par une ou deux personnes, sociétés au sens
du Code civil qui, elles aussi, ont leur comité de parents dans leur
garderie. La consultation des parents et la participation des parents existent,
sauf qu'ils n'ont pas tous les pouvoirs. Cela ne s'exerce pas, dis-je, dans
tout le cadre prévu par la troisième partie de la Loi des
compagnies du Québec, à savoir que ce sont des parents qui
décident de l'achat de telle ou telle chose, de la couleur du mur, de
ceci ou de cela, est-ce qu'on va agrandir, rapetisser, faire une demande pour
une augmentation du nombre d'enfants. Les suggestions viennent des parents
souvent, mais ce ne sont pas les parents qui prennent la décision finale
parce que, évidemment, les parents ne siègent pas au conseil
d'administration formellement, mais ils sont consultés. Les
comités de parents existent et il n'y a aucun problème à
ce niveau-là, en fait, sauf que le parent n'a pas, comme dans le cas
d'une garderie à but non lucratif, l'obligation, s'il est membre du
conseil, de siéger aux assemblées, de prendre les pouvoirs
décisionnels, de léguer le tout à un gérant et tout
le reste.
En fait, il existe un mécanisme à peu près
semblable. Si on veut réellement, dans la pratique, saisir et cerner
exactement la différence entre une corporation à but lucratif et
une corporation à but non lucratif, on peut dire que dans un cas, le
parent vote la décision je parle là de la corporation
à but non lucratif il siège au conseil d'administration et
on engage un gérant. (22 h 15)
Dans le cas de la corporation à but lucratif, le gérant
est habituellement le promoteur, l'initiateur, l'entrepreneur premier du projet
de garderie qu'il administre, qui a pris son époux, son frère ou
son voisin ou quelqu'un pour l'aider à avoir trois personnes pour
respecter la Loi sur les compagnies du Québec, première partie,
et les parents sont consultés. Ils agissent à titre consultatif
et donnent leur avis aussi. En fait, dans le cas des garderies à but non
lucratif, le gérant constitue celui qui a la supervision quotidienne
durant les heures normales du projet de garderie, d'une certaine
continuité, alors que les parents, eux, le soir ou à d'autres
moments, se réunissent et administrent, prennent les
décisions.
Dans la garderie à but lucratif, c'est l'individu qui est de
l'autre bord, un peu comme le gérant, qui prend les décisions,
qui administre quotidiennement, qui fonde ses décisions, très
souvent, et c'est dans son intérêt, sur les commentaires des
parents, parce que si l'individu prend sa décision à l'encontre
des commentaires des parents, qu'est-ce qui arrive? Les parents retirent
l'enfant et cela se termine là.
Au niveau pratique, à la limite, on obtient le même
résultat. Ce que défend l'association, c'est le droit pour
quelqu'un qui, par le passé, a implanté un projet de garderie, de
continuer à l'implanter, comme il l'était, sous une forme
à but lucratif, de société ou par un individu. Ce que les
gens qui sont à la table avec moi reconnaissent, c'est que ce même
esprit d'"entrepreneurship" va exister.
On ne peut pas nier cela; on forme les étudiants pour vouloir
l'avenir de notre province, s'élever un peu et quitter ce qu'on
appelait, jadis, les "porteurs d'eau".
Alors, parmi les gens qui étudient dans le secteur des techniques
de garderie, il est certain qu'il va s'en trouver qui vont vouloir s'impliquer
davantage, qui vont vouloir administrer quelque chose de semblable et le
processus va se continuer.
Ce que nous demandons, c'est de reconnaître que le processus
existe, qu'il a existé et qu'il peut se continuer, le tout, comme...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse de vous interrompre, Me Boucher,
parce que le temps passe. Si, par exemple, l'office faisait une obligation
formelle aux garderies à but lucratif d'avoir une association de
parents, pas responsable nécessairement de l'administration, mais une
association de parents qui soit consultée régulièrement,
est-ce que vous vous y soumettriez?
M. Boucher (Jean-Carol): C'est certain, Mme la
députée, je suis convaincu vous pouvez demander à
tout le monde, vous allez avoir un "oui" massif qu'il n'y a aucun
problème à ce niveau. Au contraire...
Mme Lavoie-Roux: J'y vais rapidement, je voudrais juste que vous
me répondiez "oui" ou "non". Du point de vue du contrôle de vos
finances, etc., de votre tenue de livres, évidemment, tout le monde dit:
Bien, ils font des profits. C'est lucratif dans le sens où le
ministre... en fait, c'est la signification du terme, que c'est très
payant. Seriez-vous opposés à ce que l'office puisse examiner vos
livres, par exemple?
M. Boucher (Jean-Carol): Voici. Les remarques que nous avions
dans le rapport, constituaient principalement le fait que s'il y avait quelque
subvention que ce soit accordée par le gouvernement, de quelque nature
qu'elle soit, il est certain qu'à ce moment, le gouvernement, accordant
une subvention, a plein droit de regard.
Mme Lavoie-Roux: De la même façon que pour
l'école privée?
M. Boucher (Jean-Carol): Exactement. Si le gouvernement accorde
une subvention, il est normal, il est même nécessaire que le
gouvernement intervienne par la suite, croyons-nous, pour vérifier,
examiner et s'assurer que les deniers des contribuables sont utilisés
à bon escient; cela tombe sur le sens, je pense. Vouloir le
refuser...
M. Lazure: Une mise au point. Dans le cas des garderies,
étant donné que l'État subventionne les parents, qui, eux,
choisissent d'envoyer l'enfant à la garderie à but lucratif ou
non lucratif, il est clair on n'a pas à faire l'hypothèse
que si l'État subventionne, oui, on ouvrira les livres. Je vous
dis que l'État subventionne actuellement les garderies
Dans la garderie à but lucratif, c'est l'individu qui est de
l'autre bord, un peu comme le gérant, qui prend les décisions,
qui administre quotidiennement, qui fonde ses décisions, très
souvent, et c'est dans son intérêt, sur les commentaires des
parents, parce que si l'individu prend sa décision à l'encontre
des commentaires des parents, qu'est-ce qui arrive? Les parents retirent
l'enfant et cela se termine là.
à but lucratif par le biais de subventions aux parents.
M. Boucher (Jean-Carol): Là-dessus, je m'avance
peut-être, mais...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse. Je ne sais pas si quelqu'un d'autre
du groupe, qui est impliqué dans la...
M. Boucher (Jean-Carol): Oui, demandez-le leur. Le
problème avait été discuté un peu. Je pense qu'ils
peuvent très bien répondre là-dessus.
Mme Bacon (Huguette): Je tiendrais à dire à M. le
ministre que cela a été fait à l'assemblée de
l'Association des propriétaires de garderies privées. On voudrait
vous demander, au même titre que ce que vous avez fait avec les
médecins, d'établir une courbe des salaires minimaux et maximaux.
Vous allez voir que la question de gros sous, on ne la fait pas. Je vous
demande de le faire. C'est votre devoir de le faire exactement comme vous
l'avez fait pour les médecins ou tout autre groupe professionnel.
M. Lazure: Je ne pense pas avoir parlé de gros sous dans
les remarques que j'ai faites.
Mme Bacon: Non, non. Je ne vous parle pas de gros sous, mais je
vous dis simplement...
M. Lazure: Je sais très bien que les propriétaires
de garderies à but lucratif ne font pas de gros sous. Je sais cela.
Mme Bacon: Je vous demande tout simplement c'est un voeu
de l'association de demander à votre gouvernement
d'établir une courbe d'après les salaires des garderies, ce qu'un
propriétaire de garderie privée peut faire au minimum et au
maximum. Je vous demande de le souligner.
Mme Lavoie-Roux: Seulement un dernier point.
Mme Bacon: À ce stade-là je m'excuse
je ne vois pas d'inconvénient à vous montrer mes livres.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Il y a seulement un dernier point sur
lequel je veux vous dire qu'à première vue, en tout cas, je ne
suis pas d'accord avec vous. C'est l'article, peut-être pas 88, mais un
article où vous dites que si un groupe ouvre une garderie sans permis et
l'exploite vous pourriez peut-être me référer au bon
article, peut-être 61... Enfin à ce moment-là,
l'office ne peut pas d'autorité fermer cette garderie qui a
été ouverte d'une façon clandestine, sans qu'il y ait
d'abord eu possibilité d'appel devant un tribunal d'une tierce personne
qui juge, etc. Là-dessus, j'ai beaucoup de difficulté à
vous suivre. D'une part, on dit qu'il faut un office, il faut quand même
un cadre pour qu'on permette aux... Cela va être une chose très
publique. Tout le monde va la connaître, etc. Je trouve difficile
d'accepter que vous disiez que l'office ne peut pas intervenir pour faire
évacuer je pense que c'est le terme utilisé dans l'article
75...
M. Boucher (Jean-Carol): Vous êtes à quel
article?
Mme Lavoie-Roux: À l'article 75.
M. Boucher (Jean-Carol): Ce n'est pas compliqué. On parle
d'activités exercées sans permis ou sans autorisation, pour
lesquelles un permis ou une autorisation peut être exigée. En
fait, je pense qu'il y a lieu de voir le fait suivant. Quand j'en ai
discuté avec les membres de l'association, on se rapportait à des
expériences quotidiennes. Les membres de l'office peuvent, sous certains
aspects, considérer que l'on exerce sans permis, mais il arrive parfois
je vous prie de croire en certains dossiers que j'ai déjà
examinés, dont je me suis déjà occupé, où on
accusait des gens de fonctionner sans permis et où on a fait la preuve
que cette accusation était inexacte, compte tenu de tel ou tel point de
droit. Si on laisse le tout fonctionner tel qu'écrit, cela veut dire que
dès que l'office a décidé que c'est sans permis, le
jugement est déjà rendu. Ce que nous voulons, c'est que si
l'office croit qu'un individu fonctionne sans permis du même genre
et je crois d'ailleurs qu'on parle exactement dans cet exemple de l'injonction
interlocutoire à moins de 24 heures d'avis, vous avez votre
autorisation, mais l'office a dû aller voir une tierce personne
indépendante, lui expliquer la question et dans les 24 ou les 48 heures,
il obtient la fermeture. Ce que nous refusons, c'est que la seule
décision de l'office soit suffisante pour fermer. À ce
moment-là, on peut vous m'excuserez le parallèle se
trouver avec un second Roncarelli, d'une façon ou d'une autre. Nous
voulons qu'une tierce personne indépendante intervienne parce qu'il
arrive parfois et je vous prie de me croire dans le monde
judiciaire, qu'on accuse des gens ou qu'on poursuive des gens pour avoir
exercé sans permis sous tel ou tel motif et qu'à la fin du
procès, on dise: Non, le permis était valide sur une question de
droits acquis ou sous d'autres questions semblables. C'est ce principe qu'on a
voulu sauvegarder en mettant cette remarque.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie. Je pourrais continuer, mais on
va se limiter.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme le
député de L'Acadie. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je vais tâcher de faire
très brièvement puisqu'on s'était entendu pour terminer
à 22 heures. Il est déjà 22 h 25. J'aurais bien voulu
prendre une bonne demi-heure pour questionner ce groupe, mais je pense qu'on
devra terminer dans quelques minutes seulement.
J'ai aimé bien sûr la présentation de votre
mémoire et c'est regrettable que cela arrive à cette heure de la
nuit. J'aurais eu besoin de questionner davantage là-dessus. Je peux
vous dire qu'avec l'intervention que le ministre a faite tout à l'heure,
quand il a comparé à cette volonté de l'opinion de la
société qui veut qu'on ait commencé par les hôpitaux
privés et qu'on les ait fermés... On est rendu aux centres
d'accueil privés qu'il faudrait également fermer, toujours selon
l'opinion de la société, et, maintenant, ce serait le tour des
garderies privées. Je dois d'abord dire au ministre...
M, Lazure: De fermer des garderies.
M. Grenier: Non, le terme n'est pas encore compris dans la loi,
mais, ne vous en faites pas, le glas est sonné, on l'a compris tout
à l'heure. Vous ne me ferez pas croire le contraire. Quand je lis la
loi, je commence à avoir l'habitude qu'un ministre commence par nous
dire: Vous savez, c'est l'opinion de la société, d'abord, ce
n'est pas l'opinion de la société. C'est l'opinion de
technocrates autour de vous et de quelques personnes qui veulent absolument
l'omniprésence de l'État dans tous les secteurs. Ce sont ces
personnes, ce n'est pas la société, je m'excuse. Mais vous
devriez écouter ce qu'on a entendu cet après-midi.
M. Lazure: À but non lucratif, ce ne sont pas des
garderies d'État.
M. Grenier: Pardon?
M. Lazure: Des garderies à but non lucratif, ce ne sont
pas des garderies d'État.
M. Grenier: L'État paie, il est patron. C'est cela qui
s'en vient. Vous n'avez pas de dessin à nous faire. Les
déclarations que vous avez faites tout à l'heure ne m'ont pas
pris par surprise. Je le sens depuis le début de la loi et je pense que
le groupe qui est devant nous est conscient de ce qui se passe. Le glas des
garderies à but lucratif, vous l'avez sonné quand on voit ce que
vous disiez cet après-midi, qu'il en reste encore 80, que cela semble
lourd à peser, à supporter. Il me semble que j'aurais aimé
qu'on entende ce gouvernement qui parle continuellement de pluralisme dans
cette société tenter par tous les moyens d'être
omniprésent dans chacun des projets de loi. On en a vécu
d'autres. Là-dedans, je fais appel au groupe qui est ici devant nous. Je
ne reprendrai pas les propos de cet après-midi, mais je fais appel
à ce groupe pour être présent au moment de la loi, pour
venir faire des suggestions à l'Opposition et nous aider à faire
que, dans la loi, on se reconnaisse et que ce ne soit pas un "candy"
préréférendaire, qu'on ne fasse pas tout à fait les
courbettes qu'il y a à faire devant ce monde pour se faire le moins
d'adversaires possible. C'est bien sûr que ce n'est que 60 institutions,
ce n'est que 5000 enfants. Ce n'est pas pesant dans la balance
référendaire, mais il reste une chose, c'est que je rappelle
à ce groupe que c'est important dans la transformation de notre
société, ce qui se produit ce soir, ce qui va se produire dans
l'adoption de la loi. Je demande à ce groupe d'être présent
ici au moment de la loi, pour qu'on conserve le secteur privé, si vous
voulez. Qu'il n'arrive pas là-dedans ce qui est arrivé dans
d'autres secteurs.
Cette volonté, ce n'est pas la volonté de la
société. C'est la volonté d'un groupe très
limité, et je fais un devoir à ces groupes qui sont ici ce soir
d'être présents à l'adoption de la loi. On a besoin de vous
autres. Si le gouvernement n'en a pas besoin, moi, j'en ai besoin comme membre
d'un parti d'Opposition. J'ai besoin de votre appui ici au moment de l'adoption
de la loi. Il faut que vous veniez nous dire comment vous devez continuer
d'exister dans notre société. On veut que cette mosaïque
soit complète au Québec. Je l'ai dit après-midi, je ne
reprends pas ces termes. Vous l'avez saisi, je pense. Si vous n'êtes pas
là au moment de l'adoption de la loi, ne venez pas accuser le
gouvernement et ne venez pas accuser l'Opposition. On a besoin de vous. C'est
dommage, vous êtes trop tard, il n'y aura pas une ligne d'écrite
nulle part sur ce que vous avez dit, parce que vous êtes trop tard. Si
vous aviez été ici demain matin, cela aurait été
différent. Vous aviez un dossier qui était important ce soir.
J'aurais aimé que vous soyez le premier demain matin pour le soumettre.
Cela va passer inaperçu, si vous n'êtes pas présents. Si
vous n'y êtes pas, ne venez pas me blâmer, si vous n'êtes pas
présents à l'adoption de la loi.
C'est votre rôle à vous d'être ici. Je veux que vous
nous aidiez à continuer dans cette voie à mettre à la loi
des dents pour être sûr qu'on conserve dans cette loi le statut de
garderies privées à but lucratif. On a besoin de cela, nous
autres aussi, dans la société.
Je vous le dis carrément, à vous autres, et je le dis au
ministre, je le dis aux partis qui sont ici: On a besoin de cela dans notre
société et on ne refoulera pas du revers de la main ces
années qu'on a passées et qui ont fait des preuves. Je pense bien
qu'on aurait peut-être avantage à lire l'histoire de la petite
poule devant le ministre. Je la lui expédierai, s'il ne l'a pas lue.
Maintenant, vous savez, on en a vu d'autres et méfiez-vous des
règlements. Ils ne sont pas produits. Ils ne sont pas donnés avec
la loi. Méfiez-vous des règlements. On a vu d'autres lois. Vous
viendrez voir une loi qui est difficile à comparer, c'est une loi de
l'agriculture, j'aimerais vous parler plus longuement des problèmes que
j'ai vécus cette semaine. Quand il est question de fermer un
établissement ou de transporter un permis à une autre personne,
les difficultés qu'on crée par les règlements, vous
viendrez voir cela. Il y en a plusieurs qui subiront des fermetures à
cause du transfert de permis qui devient absolument inacceptable, absolument
pas possible pour les gens. Je vous mets en garde contre cela. Dans les cas de
fermeture, dans les contestations d'activités, des transferts de permis
aussi; on peut vous dire parfois: À qui voulez-vous
transporter votre permis? À des personnes, alors que c'est
absolument impossible de les remettre à ces personnes.
J'ai aussi aimé ce que vous avez dit sur l'avis de consultation
je ne veux pas être plus long à l'article 42, quand
vous avez dit, par exemple, que le gouvernement pourrait fermer... Ce n'est pas
de même que cela se fait, c'est bien sûr. Il faut que ce soit
corrigé dans la loi. On ne peut pas décider que cela va fermer
à tel moment, quand la personne est déficitaire chaque semaine ou
chaque mois ou bien que l'on décide, quand pour une personne, cela va
bien, de mettre la hache là-dedans et d'implanter une autre garderie
sans but lucratif. Cela ne doit pas se faire comme cela. Je pense que, quand on
veut avoir une mosaïque complète de gens qui veulent oeuvrer au
niveau du Québec, ce n'est pas comme cela qu'on fonctionne. J'ai
aimé l'avis que vous avez émis, Me Boucher, à savoir que
l'on doit s'entendre sur le nombre de mois ou de semaines pour faire parvenir
l'avis de cessation à une personne qui doit fermer sa garderie; j'ai
aimé la façon dont vous l'avez présenté. (22 h
30)
Le mémoire que vous avez présenté aujourd'hui,
même si vous ne représentez qu'une soixantaine d'institutions. Je
pense qu'il est important qu'on en entende parler prochainement quand on aura
cette loi devant nous. Si cela vous est possible, faites les efforts
nécessaires pour être présents à ce
moment-là. Maintenant, encore une fois, j'ai la conviction qu'on se
gargarise souvent de mots ici et j'ai la ferme opinion que ce n'est pas la
société qui demande ces choses-là; ce sont quelques
personnes seulement. Vous êtes convaincus du contraire. Moi, je suis
convaincu du contraire aussi. Ne vous en faites pas, il y a aussi d'autres
secteurs. Ne partez pas coupables, hein! Vous n'êtes pas coupables,
dites-vous bien cela. Il y a aussi d'autres secteurs sans but lucratif. Il y a
des gens qui créent des "jobs" dans ces secteurs; il ne faut pas avoir
honte de le dire. Ce n'est pas seulement dans le secteur privé que cela
arrive; cela arrive dans le secteur public. Dans le secteur public "sans but
lucratif", il y a des gens qui vont là pour créer des emplois. Il
faut dire cela. Je veux les deux. Chez nous, on a besoin du secteur "sans but
lucratif", mais je veux aussi que le secteur privé vive à
côté. Ce n'est pas tout de dire à ces gens-là: Vous
voulez faire des gros sous et nous autres on est des anges. Cela n'est pas
vrai. Il y a des gens qui veulent former des garderies pour se créer une
"job". C'est clair cela. Et sans but lucratif. Je vais vous donner des noms si
vous en avez besoin ou si vous ne me croyez pas. Je les fournirai au ministre.
Il y a une limite à faire rire de nous autres, à un moment
donné, seulement pour dire: II faut changer pour changer.
Vérifiez autour de vos gens dans votre ministère et vous allez
trouver des appuis fort importants. Je vous conseille d'ici le
référendum de ne pas faire trop de bouleversement dans ce
secteur-là: cela ne sera pas payant.
M. Gosselin: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: ... j'apprécierais de pouvoir formuler encore
quelques questions au groupe. Je constate que le député de
Mégantic-Compton était très bien parti. Je pense que tous
les membres de la commission, de quelque parti que ce soit, ont très
bien compris les représentations du groupe ici ce soir. Je l'ai
moi-même manifesté tout à l'heure. Je ne parle pas au nom
de tout mon groupe, mais ce sont des sujets qui sont discutés chez nous
aussi. Il y a aussi des gens chez nous qui sont ouverts à ces
réalités et qui plaident pour la pleine reconnaissance des
expériences acquises au Québec dans ce secteur comme dans
d'autres. Je ne voudrais pas que le député de
Mégantic-Compton laisse croire à tout le monde que le monopole de
la vérité, l'Union Nationale le détient, ou, en tout
cas...
M. Grenier: Ah, non!
M. Gosselin: ... qu'il existe une seule vérité
perçue de ce côté-là.
M. Grenier: J'en suis bien convaincu.
M. Gosselin: II y a une question qu'il me plaît de vous
formuler parce qu'on vous connaît mal. D'accord? Cela tient
peut-être au statut de clandestin. On utilise ce terme pour parler des
garderies comme pour parler des foyers. J'aimerais savoir ceci: La tradition de
vos membres, quelle est-elle? La moyenne des groupes de votre association en
activité ont combien d'années d'administration, par exemple? La
moyenne, de combien à combien varie-t-elle?
Mme Bacon: Dix, quinze, vingt ans.
M. Gosselin: Dix, quinze, vingt ans. Alors, c'est une moyenne de
sept ou huit ans d'activité, j'imagine.
M. Boucher (Jean-Carol): Au moins. Une voix: Et plus.
M. Boucher (Jean-Carol): Au moins. M. Gosselin: Oui.
M. Boucher (Jean-Carol): Je ne pourrais pas vous donner de
chiffres, mais comme procureur de l'association, je peux dire que les garderies
que l'on retrouve le plus souvent représentées existent au moins
depuis six à sept ans, comme il faut; celles que nous
représentons. Votre moyenne de sept ans est valable, je pense.
M. Gosselin: Juste en termes d'information supplémentaire
dans la perspective de mieux connaître qui vous êtes, je sais qu'il
y a des gens qui, après l'enseignement, se sont lancés dans les
garderies. D'autres sont venus à partir de diverses
autres disciplines. Pourriez-vous nous faire un portrait professionnel
ou scolaire de vos praticiens?
Mme Chambefort (France): J'étais assistante dentaire en
spécialité pour les enfants et j'ai fait une technique de
garderie après.
Mme Bacon (Huguette): Je ne crois pas que sur le panel, cela
donne une vue, mais je peux vous dire, en gros, qu'il y a des
infirmières, des professeurs, des institutrices, des
puéricultrices, des professionnels d'autres secteurs qui sont venus se
joindre à nous. Je ne suis pas tout à fait certaine, mais il y a
aussi des mères de famille.
M. Gosselin: Je vous remercie infiniment.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Très brièvement, M. le
Président. Je voudrais tout d'abord remercier nos intervenants de ce
soir de leur mémoire. Sans être un spécialiste de la
question des affaires sociales et ayant à m'occuper d'autres dossiers,
on ne peut demeurer insensible au dossier des garderies. Mes premiers
commentaires, M. le Président, seront tout d'abord adressés au
ministre relativement à la référence qu'il a faite
je ne vous dérange pas? à plusieurs reprises aujourd'hui
au projet ou à ce qui avait été énoncé par
le précédent gouvernement, dont j'étais
député à l'époque, en 1974. Je trouve cela un peu
cavalier de la part du ministre. Je trouve que c'est une faible défense
de se ramener à un projet qui avait déjà été
élaboré en 1974. De toute façon, le gouvernement qui
était là en 1974 a été jugé. Il a
été défait. On en sait quelque chose et je me le rappelle.
C'est maintenant votre cru; c'est le cru du gouvernement; c'est vous qui avez
maintenant la responsabilité du ministère des Affaires sociales.
Le moins que je puisse dire, c'est que je trouve cavalière et un peu
grossière votre référence à 1974.
Deuxième commentaire que je voulais formuler; je vous remercie et
j'espère que le ministre a pris bonne note de vos commentaires,
particulièrement sur ce que vous avez évoqué, Me Boucher,
sur l'application de certains articles de la loi qui, à un juriste,
doivent nécessairement impliquer des préoccupations, entre autres
aux articles 3, 47, 75. J'espère que le ministre pourra, avec l'aide de
son contentieux, voir les implications légales qui peuvent survenir avec
le projet. Pour avoir fait la lecture de l'avant-projet, il m'apparaît,
quant à moi que l'office aura des pouvoirs exorbitants et, de par la
définition de l'office prévue à l'article 3, comme Me
Boucher l'a signalé, l'article 33 du Code de procédure civile,
c'est-à-dire le recours à la Cour supérieure, ne pourra
pas s'appliquer. Dans plusieurs des cas, l'office sera juge et partie. Je ne
pense pas que ce soit là une façon justifiée pour le
législateur de permettre à un organisme d'être à la
fois juge et partie.
Troisième commentaire, votre revendication et vos
inquiétudes. Je dois tout d'abord, M. le Président, vous exprimer
ma surprise du feu tout récent qui semble jaillir du côté
des péquistes à l'égard de l'entreprise privée.
L'entreprise privée a un handicap, un sérieux handicap, vous avez
la méfiance du gouvernement. Il faut dire les choses comme elles sont.
On a un gouvernement au Québec qui n'est pas contre l'entreprise
privée, d'accord, mais il est particulièrement méfiant
à l'égard de ce qui s'appelle entreprise privée, capital,
intérêt et production. Aujourd'hui, que le député de
Sherbrooke vienne nous faire un serment nouvelle vague à l'égard
de sa foi dans l'entreprise privée, je ne veux pas lui imputer de
motifs, cela se reproduit d'ailleurs chez plusieurs membres de l'équipe
de la majorité ministérielle depuis quelques semaines, c'est pour
le moins qu'on puisse dire attentiste, et on peut présumer tout au moins
que cela s'inscrit dans le cadre d'une stratégie
préréférendaire. D'ailleurs...
M. Gosselin: Je m'excuse, M. le député de
Portneuf...
M. Pagé: J'ai bien dit que je ne voulais pas vous imputer
de motifs, mais...
M. Gosselin: ... mais un homme a des traditions, des
expériences et il peut se permettre à l'occasion de mettre ses
convictions sur la table sans qu'on lui impute toutes sortes de motifs.
M. Pagé: J'ai bien dit que je ne voulais pas vous imputer
de motifs, sauf qu'on ne le dit pas assez souvent dans votre parti que
l'entreprise privée est au Québec et que l'entreprise
privée est importante au Québec. Vous rappelez-vous ce qui est
arrivé il y a deux semaines à votre ministre de l'Industrie et du
Commerce, qui a claqué la porte? On pourrait s'en parler, mais on s'en
parlera dans d'autres circonstances.
Pour revenir à l'entreprise privée, je voudrais tout
simplement dire au ministre d'être prudent. Le ministre nous dit: Elle ne
disparaîtra pas. Ce que le député de L'Acadie, ma
collègue, a évoqué tout à l'heure, que le poisson
allait nager jusqu'à ce qu'il soit avalé, je pense que c'est une
crainte qu'on peut énoncer autour de la table et le ministre devrait
profiter des modifications au projet de loi, parce que c'est un avant-projet de
loi on peut présumer qu'il sera modifié, que certains
articles seront retouchés et de l'intervention de cette
association ce soir pour répondre à ses inquiétudes d'une
part et, d'autre part, s'assurer que, dans le projet de loi, il y aura de la
place pour l'entreprise privée à but lucratif. Je me permets un
commentaire qui n'est peut-être pas celui de mon parti, mais je
l'énonce quand même: je trouve un peu illusoire qu'on veuille
donner l'administration aux parents des enfants en garderie.
À moins que je ne me trompe je ne suis pas un
spécialiste, M. le ministre, mais le chef de famille monoparentale ou le
couple dont les conjoints travaillent, quand ils reprennent l'enfant
le soir, j'hésite à croire qu'ils aient beaucoup de temps
à consacrer à l'administration de la garderie et aux
réunions du conseil d'administration. L'expérience qui a
été menée jusqu'à maintenant dans toute notre
structure, qui a été mise sur pied par nous à compter de
1970 dans les hôpitaux, les CLSC, un peu partout, où, au conseil
d'administration, c'est un peu tout le monde qui est là, je ne suis pas
convaincu que cela ait toujours été concluant.
J'inviterais le ministre tout au moins à regarder cela et
à y penser sérieusement avant de se lancer dans une politique
comme celle-là. Il y aura des modifications à ce projet de loi.
Il y a des choses auxquelles nous souscrivons dans ce que vous nous avez
annoncé ce soir. Il y a des choses avec lesquelles nous ne sommes
peut-être pas d'accord. On va le dire et on aura d'autres débats.
Ce projet de loi sera déposé en première lecture. On aura
un débat en deuxième lecture. On aura ensuite l'étude du
projet de loi article par article, où on présentera probablement
des amendements si le ministre n'en a pas présenté à notre
goût. Mais soyez convaincus que, quant à moi, je suis satisfait de
la présentation de votre mémoire. Comme juriste, je verrai entre
autres à ce que des amendements soient apportés relativement aux
pouvoirs exorbitants de l'office qui s'en vient.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Lazure: Deux mots, M. le Président. D'abord, avec
l'arrivée du député de Portneuf, le débat risquait
de changer de niveau et il a changé de niveau. Je pense que le
député de Portneuf, qui n'a même pas suivi les
débats, est malvenu non seulement pour imputer par la bande des motifs
au député de Sherbrooke, mais aussi pour parler de ce qui est
arrivé au gouvernement il y a deux semaines avec le ministre de
l'Industrie et du Commerce et, surtout, pour venir dire que je me cache
derrière l'action du gouvernement antérieur. J'ai simplement
voulu...
M. Pagé: À deux reprises aujourd'hui...
M. Lazure: Ayez la décence de ne pas rn'interrompre. Je ne
vous ai pas interrompu. J'ai simplement voulu renseigner les gens qui sont ici
et dire, pour le journal des Débats, qu'il ne s'agissait pas d'une
politique nouvelle. Je n'ai aucunement tenté de me cacher
derrière l'ancien gouvernement du Parti libéral.
M. Pagé: Tant mieux.
M. Lazure: J'ai établi les motifs qui nous amenaient
à présenter le projet comme nous le présentons, en toute
bonne foi, et j'espère que le député de Portneuf va
apprendre à maintenir le haut niveau des débats que nous avons eu
dans cette commission jusqu'ici. Je remercie le groupe...
M. Pagé: M. le Président, là-dessus, je vou-
drais quand même soulever une question de règlement et mon
collègue va me le permettre. Je ne laisserai pas mon collègue, le
député de Chambly et ministre des Affaires sociales faire...
M. Lazure: M. le Président, quel règlement? Quel
numéro? Quel règlement?
M. Pagé: ... de tels commentaires. M. le Président,
l'article...
M. Lazure: Quel article?
M. Pagé: ... 98.
M. Lazure: Quel article? Quel article?
M. Pagé: Je vais vous le dire... C'est qu'en commission
parlementaire, on n'a pas le droit de soulever une question...
M. Lazure: 03?
M. Pagé: ... de privilège, mais on a le droit de
soulever une question de règlement pour rétablir le
privilège.
M. Lazure: Je vous demande quel règlement.
M. Pagé: Que le ministre des Affaires sociales me dise ce
soir que je ne suis pas un spécialiste de la question et que je suis
récemment arrivé, j'en conviens...
M. Lazure: Ce n'est pas cela. Je vous ai dit que vous changiez le
niveau de la discussion quand vous arriviez.
M. Pagé: Je m'occupe du ministère du Travail, vous
savez, et avec le paquet de grèves qu'on a au Québec, on ne peut
pas toujours être ici. Je vous dirai: Le débat, on va le suivre et
ce ne sont pas les commentaires du ministre des Affaires sociales qui vont
m'empêcher, quant à moi, de donner mon point de vue sur le projet
de loi et sur l'attitude tout à fait nouvelle et récente du
gouvernement, qui semble avoir un nouveau préjugé à
l'égard de l'entreprise privée.
M. Lazure: Vous sortez d'une boîte à surprise, M. le
député.
M. Pagé: Voyons donc! On vous a vu venir.
Le Président (M. Boucher): D'accord. Merci. Oui?
M. Coneim (Georges): Je voudrais faire une petite
déclaration qui viserait à modifier un tant soit peu les
déclarations du ministre au début. Le ministre a dit qu'il
faisait état d'une évolution ressentie par la population en ce
qui concernait la transformation des établissements dans le
Québec, en ce qui concernait les hôpitaux et les écoles. Je
pense qu'il fait abstraction des 500 000
signatures de la pétition qui a été
déposée au gouvernement et qui l'ont forcé à
suspendre les procédures visant à abolir l'école
privée.
M. Lazure: M. le Président, il n'a jamais
été question d'abolir l'école privée. Je ne sais
pas ce que cela vient faire dans la discussion.
M. Coneim: II y avait un moratoire. Vous avez dit qu'il y avait
une... Comment dire?
M. Lazure: Cela ne relève pas du tout de la
compétence de cette commission.
M. Coneim: Je pense que c'est une déclaration que vous
avez faite que la population voyait une évolution et ne
réagissait pas à une évolution dans ce sens-là. Or,
je pense qu'il a été clairement soulevé avec ce
problème des 500 000 pétitions une réaction violente de la
part d'une grande partie de la population. D'autre part, il y a, je pense, une
précision importante qu'il faut apporter en ce qui concerne le besoin
des garderies. On dit que le besoin potentiel est de 150 000 familles. Notre
association croit en la liberté des parents de choisir leur propre
solution. (22 h 45)
Or, le gouvernement a tendance à préjuger de la
volonté des parents. À peu près 20% à 30% des
parents venant visiter une garderie, qu'elle soit privée, à but
lucratif ou à but non lucratif, viennent nous voir et, contrairement
à ce que pourraient penser les membres de cette commission, après
interview, des fois, qui peut aller d'une heure à deux heures, nous
disons aux parents: D'après ce que vous nous dites, pour le service que
vous attendez, vous n'avez pas foi dans la solution de la garderie et ce n'est
pas cette solution que vous cherchez. Vous avez un service qui est existant.
Vous cherchez à l'utiliser, mais cela ne correspond pas à ce que
vous attendez.
D'autre part, bien des parents dans la garderie ne sont pas vendus au
problème ou à la solution de garderies ou à la solution de
garde en milieu familial. Il y aura toujours une grande partie de la population
qui voudra garder les enfants à la maison avec la mère, et je
pense que nous abondons dans le sens du député de
Mégantic-Compton qui, à cet égard, est d'accord que la
population doit avoir le choix.
Dire que le besoin est de 150 000 familles, je pense que c'est
exagérer un peu. D'autre part, nous avons eu des expériences
très pratiques. Nous prendrons un exemple d'une population d'à
peu près 20 000 personnes. Dans cette municipalité je
pense que le ministère a été tenu au courant par le biais
du directeur des services de garderies il y a eu un CLSC qui a voulu
mettre sur pied une garderie populaire, malgré l'existence de six
à sept garderies, qui avaient le choix de garderies à but non
lucratif, dirigées par les parents, ou de garderies à but
lucratif. On a pris les fonds publics pour faire de la publicité d'une
part, de porte à porte, quatre fois de suite, parmi 20 000 de
population. La première fois, il y a eu exactement trois personnes qui
se sont présentées. La deuxième fois, il y a eu sept
personnes. La troisième fois, quatre personnes.
D'après vous, pensez-vous qu'il y a un besoin réel de
garderies dans ces environs? Je pense que si vous aviez 20 000 personnes avec
des garderies existantes, on met trop l'accent sur le besoin impératif
de garderies.
Le Président (M. Boucher): Merci.
Mme Bacon: Avant de terminer, j'aurais juste une dernière
formulation...
Le Président (M. Boucher): Brièvement, s'il vous
plaît.
Mme Bacon: ... qui s'adresse à M. Lazure. M. Gosselin, cet
après-midi, a demandé au regroupement: Est-ce que vous voulez du
secteur privé? Alors, je formule la question à M. Lazure. Est-ce
que vous voulez du secteur privé?
M. Lazure: M. le Président, la réponse, c'est oui.
Le texte du projet de loi le dit, quand on affirme que nous voulons maintenir
les garderies à but lucratif qui existent. Alors, ma réponse,
c'est oui, nous voulons du secteur privé. Nous voulons que le
développement des garderies à venir se fasse selon une formule
que j'ai expliquée à plusieurs reprises aujourd'hui, que j'ai
encore expliquée ce soir, une formule qui est axée sur la
participation sans esprit de profit matériel, si vous voulez
majoritaire des parents, des usagers. C'est cela que nous voulons. Nous
n'avons pas l'intention, en dépit de ce que les députés de
l'Opposition ont pu vous faire croire, de fermer les 80 ou les 90 garderies
privées à but lucratif qui existent.
Mme Bacon: Si vous n'avez pas l'intention de les fermer, pourquoi
s'est-il créé auprès du ministère un
précédent? Les permis se donnaient toutes les années. Vous
les avez fixés aux deux ans, c'est-à-dire qu'ils se terminent en
1981. Mais, après 1981, qu'est-ce que vous allez nous demander?
M. Lazure: M. le Président, encore une fois, il y a un
malentendu, parce que nous avons effectivement modifié, avec la loi 103,
l'hiver passé, la durée des permis, non seulement pour les
garderies, mais tout ce qui relève du ministère des Affaires
sociales. Alors, cela n'a rien de particulier aux garderies.
Mme Bacon: Oui, mais, après 1981, qu'est-ce qui va
arriver?
M. Lazure: Ce sera maintenu. Aussi longtemps je l'affirme
de façon très solennelle que les garderies actuelles qui,
à ma connaissance, ne présentent pas de problèmes et ne
présenteront pas de problèmes, elles seront maintenues.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que les garderies actuelles peuvent se
développer?
M. Grenier: Oui, pourvu qu'elles se conforment à l'esprit
du gouvernement.
M. Lazure: Oui, il s'agit de non-émission de nouveaux
permis. Sous toute réserve...
Mme Chambefort: On ne peut pas s'agrandir; on n'a pas le droit de
s'agrandir. On les garde mais on n'a pas le droit d'agrandir nos garderies. Ce
n'est pas vrai. J'ai eu une lettre de M. Angers. On n'a pas le droit de se
transformer.
M. Lazure: On m'informe, pour le moment, que, toujours, depuis
quelques années, il n'y a pas possibilité d'augmentation du
nombre de places aux permis. Ce qui est dit dans la loi, c'est qu'il n'y aura
pas de nouveaux permis. Quant à cette partie, celle qui a pour but
d'augmenter le nombre de places aux permis, personnellement, je suis prêt
à regarder si, dans certains coins d'une ville ou du Québec, il y
a lieu d'augmenter, si l'intérêt public l'exige vraiment,
il serait ridicule de dire non le permis de 30 à 40 ou quelque
chose du genre. On peut regarder cela.
Mme Bacon: Comment se fait-il que lorsqu'on s'est
rencontré, au mois d'avril, vous nous avez dit: II y aura
peut-être possibilité, pour les garderies privées, d'avoir
de nouveaux permis, ce sera laissé à la discrétion du
ministre? Maintenant, c'est l'office. Lorsque l'office va prévaloir, la
discrétion du ministre...
M. Lazure: On n'est pas rendu au projet de loi encore.
Mme Bacon: Non, mais vous le voulez fortement.
M. Lazure: Mme le député de L'Acadie a fait
allusion tantôt au projet de loi no 103. Aussi bien aller au bout de
cette piste. Quand on a discuté du projet de loi qui amendait la Loi des
services de santé et des services sociaux la loi 103
l'hiver dernier, en ce qui concerne les centres d'accueil, nous nous sommes
finalement entendus sur une formule. Nous n'avons pas été
obligés, comme le député de L'Acadie le disait...
Mme Lavoie-Roux: Hum!
M. Lazure: ... mais nous avons consenti à cette
proposition qui dit, en somme, qu'il sera possible, à l'avenir, d'ouvrir
des centres d'accueil privés dans telle région du Québec
lorsque l'intérêt public l'exige.
M. Grenier: Combien y en a-t-il d'ouverts depuis?
M. Lazure: II n'y a pas de demande jusqu'à présent.
Il est bien sûr qu'à un moment ou à un autre, on va
regarder très sérieusement la possibilité d'appliquer ou
de ne pas appliquer cette formule qui a été utilisée dans
la loi 103, pour les centres d'accueil privés. Ce n'est pas du tout un
engagement que je prends, le texte qui vous est proposé ne
prévoit pas de nouveaux permis, mais on va avoir l'occasion d'en
rediscuter lors de cette commission et aussi lors de la présentation du
projet de loi proprement dit.
Mme Bacon: Est-ce qu'on sera avisé? On est toujours
ignoré.
M. Lazure: Vous n'êtes pas ignorés.
Mme Bacon: On reçoit toujours les documents après.
Ce doit être à cause du courrier ou je ne sais trop. On a
déjà fait allusion à cela.
M. Lazure: On est assez nombreux ici, il y a assez de
témoins, je m'engage à ce que vous soyez avertis en temps, comme
les autres, comme tout le monde.
Mme Bacon: Oui? J'espère que cela ne fera pas comme...
M. Lazure: Le courrier, c'est le fédéral!
M. Pagé: Cela lui fait d'ailleurs plaisir de le dire.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie Me Boucher.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Un instant, s'il vous
plaît. Je vais finir et on pourra continuer. Je remercie Me Boucher ainsi
que les gens qui l'accompagnent pour le mémoire présenté.
Il avait été entendu ce matin qu'on ajournerait ce soir à
22 heures. Je regrette qu'il reste encore trais associations, trois groupes qui
devaient comparaître aujourd'hui. Y a-t-il des groupes qui sont dans
l'impossibilité de revenir demain matin? Il y a le Cercle des
fermières du Québec, représenté par Mme Diane Roy.
Pourrez-vous être ici demain matin? D'accord, vous serez la
première sur la liste demain matin.
L'Association féminine d'éducation et d'action sociale,
AFEAS. Pourrez-vous revenir demain matin? Oui? Aussi, l'Association des centres
de services sociaux du Québec, M. Lacroix, vous pourrez revenir demain
matin. Disons que ce seront les trois organismes qu'on entendra demain matin
à compter de 10 heures.
La commission ajourne ses travaux à 10 heures demain matin.
Fin de la séance à 22 h 54