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Présentation de mémoires sur
l'avant-projet de loi sur les
services de garde à l'enfance
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente des affaires sociales est
réunie, ce matin, pour entendre les mémoires des organismes et
des groupes concernant l'avant-projet de loi sur les services de garde à
l'enfance.
Les membres de la commission, pour ce matin, sont Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie) qui remplace M. Forget (Saint-Laurent); M. O'Gallagher (Robert
Baldwin) remplace M. Goldbloom (D'Arcy McGee)...
Mme Lavoie-Roux: le député de Portneuf remplace...
et M. O'Gallagher comme intervenant.
Le Président (M. Boucher): M. Pagé (Portneuf)
remplace M. Goldbloom (D'Arcy McGee)...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Le Président (M. Boucher): M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Alfred (Papineau) remplace M. Gravel (Limoilou); M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), M. Lazure (Chambly), M.
Dussault (Châteauguay) remplace M. Martel (Richelieu); M. Paquette
(Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw (Pointe-Claire).
Les intervenants sont M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Couture
(Saint-Henri), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. O'Gallagher (Robert Baldwin)
remplace M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue); M. Marcoux
(Rimouski), M. Marois (Laporte).
Nous avons demandé aux organismes qui n'ont pu se faire entendre
hier de revenir aujourd'hui. Dans l'ordre, il y aura les Cercles des
fermières du Québec, l'Association féminine
d'éducation et d'action sociale (AFEAS) et l'Association des centres de
services sociaux du Québec.
Je demanderais immédiatement aux Cercles des fermières du
Québec de bien vouloir prendre place à la table centrale, s'il
vous plaît. (10 h 15)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Avant de commencer, j'aimerais savoir si,
d'après la liste qui a été prévue pour aujourd'hui,
tous les invités ont été convoqués. Nous sommes
déjà en retard de trois groupes et, sur la liste d'aujourd'hui,
il y en a huit, et nous terminons à 18 heures. Je me demande si des
dispositions ont été prises pour avertir la dernière
moitié des organismes convoqués aujourd'hui qu'elle ne pourra
être entendue. Hier, on a imposé à des
bénévoles de coucher à Québec, d'encourir des
dépenses, alors qu'on savait déjà qu'on était en
retard de trois organismes. Or, il y en a huit sur la liste d'aujourd'hui, et
on termine à 18 heures. C'est en considération pour les gens
qu'on invite en commission parlementaire.
M. Lazure: M. le Président, je ne voudrais pas perdre de
temps là-dessus. On va faire le nécessaire et si on pouvait
commencer, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Madame, si vous voulez bien
vous identifier ainsi que la personne qui vous accompagne, pour ensuite
procéder à la lecture de votre mémoire.
Cercles des fermières du Québec
Mme Rousseau-Roy (Diane): Diane Rousseau-Roy, membre du
Comité exécutif provincial des Cercles des fermières du
Québec. À ma gauche, Mme Pierrette Paré-Walsh qui est
directrice à la Revue des fermières...
Le Président (M. Boucher): Voulez-vous approcher votre
micro, s'il vous plaît!
Mme Rousseau-Roy: Oui. Directrice à la Revue des
fermières et aussi présidente du Cercle des femmes journalistes
du Québec.
Au nom de leurs 853 cercles locaux groupés en 25
fédérations avec un effectif global de 75 200 membres, les
Cercles des fermières du Québec soumettent les
considérations et les recommandations qui s'imposent et souhaitent qu'il
en soit tenu compte dans la politique de la loi sur les services de garde
à l'enfance. Notre moyenne d'âge étant de 37 ans, nous
représentons une grande partie des usagers de garderie.
Les Cercles des fermières du Québec se sont toujours
intéressés aux politiques sociales du gouvernement.
Dorénavant, nous désirons nous impliquer davantage en participant
à des débats publics comme celui-ci.
Nous aborderons d'abord: La femme et le travail. La conception du
rôle de la femme. L'image traditionnelle de la femme, épouse,
mère, éducatrice est souvent contestée ou combattue. La
promotion de la femme équivaut pour les féministes à
l'émanciper des servitudes de la maternité et du foyer, pour une
égalité inconditionnelle avec l'homme dans toutes les
sphères de l'activité professionnelle et sociale.
Les motivations des femmes qui travaillent. Au Canada, 50% des chefs de
famille salariés sont dans une situation économique
déficiente: par décision de ne pas abandonner une carrière
c'est pourquoi les femmes vont sur le marché du travail
par désir d'indépendance économique personnelle ou pour un
plus haut degré de confort matériel, par dégoût des
tâches domestiques ju-
gées trop monotones et insignifiantes, par un sentiment
d'inaptitude ou un manque de préparation aux tâches familiales,
par besoin psychologique de changer d'air, de rencontrer des adultes,
d'élargir son champ d'intérêts, par souci, vers la
quarantaine, de se recycler professionnellement, de participer plus largement
à la vie sociale, de réaliser des aspirations mises en
veilleuse.
Les deux tiers des femmes se consacrent à leur foyer et à
leurs enfants. Bon nombre considèrent leurs tâches comme un vrai
travail où s'équilibrent compétence,
ingéniosité et technique, ce qui n'empêche pas
l'auto-éducation civique et politique.
De toute façon, "la liberté des femmes passe par le droit
de se réaliser à leur guise par les voies les plus diverses, aux
besoins les plus traditionnels ou les moins conformes à la nouvelle
orthodoxie. Celles-là aussi ont raison". C'était une citation de
France Quéré.
La garderie présente un bilan plutôt négatif en
regard de la mère.
La mère est déchirée entre son travail et ses
enfants. La plupart des femmes qui travaillent affirment qu'elles
éprouvent de la tristesse à quitter chaque matin leurs
enfants.
Évelyne Sullerot, depuis 18 ans l'une des meilleures
spécialistes des questions féminines, avoue que sa propre
expérience confirme les résultats de son étude sur les
femmes au travail. "Il m'est arrivé de vivre moi-même cette
expérience quand j'avais de jeunes enfants, je ne me sentais pas
coupable de travailler, mais triste, ô combien! de ne pas être avec
eux tout le jour. Je sais que c'est vrai de quantité d'autres
femmes."
Elle redoute une nouvelle maternité. Les tensions psychologiques
occasionnées par le sentiment de ne pas remplir adéquatement leur
rôle de mère incite nombre de jeunes femmes à ne pas avoir
un second enfant. Il est difficile, constate le Dr Hélène
Michel-Volfromm, pour une femme, d'avoir un métier et des enfants.
À égalité, elle travaille deux fois plus que l'homme. Ces
propos ont été tirés de Libre propos en
gynécologie.
Elle est vouée au surmenage. Le cumul des activités
professionnelles et des tâches au foyer représente un
horaire-travail de 12 à 16 heures par jour, sans parler de la fatigue
due au transport.
Il est illusoire de penser que, dans une telle condition de surmenage,
la mère puisse, d'une façon habituelle, compenser ses absences
auprès de ses enfants.
Le témoignage suivant résume au mieux, nous semble-t-il,
les considérations précédentes. "Une personne sur
cinquante, pas davantage, même dans les milieux très modestes,
utilise la crèche. Est-ce un manque de crèches? En partie
seulement. Même si je connaissais une bonne crèche ou une bonne
garderie, je n'y mettrais pas mon enfant", ont répondu 84% des
mères interrogées par une psychologue. Ces propos sont
tirés de Rose Vincent, L'Éducation des enfants.
Le même auteur ajoute: "une solution de fortune, genre voisine ou
amie, est surtout préférée à la crèche."
Si on regarde tout ça en regard de l'enfant, même si nous
reconnaissons que la collaboration d'un personnel compétent dans les
garderies peut fournir une protection et des éléments de
formation à l'enfant, nous ne croyons pas que ces avantages puissent
contrebalancer les conséquences de la privation de la mère et du
milieu familial.
N'est-ce pas ce que nous rappelle la Déclaration des droits de
l'enfant émise par l'Assemblée générale de
l'Organisation des Nations-Unies, le 20 novembre 1959: "L'enfant en bas
âge ne doit pas, sauf circonstances exceptionnelles, être
séparé de sa mère" (Principe 6).
Qu'on nous permette maintenant d'étayer notre opinion à ce
sujet par les avis d'autorités en la matière.
La garderie, lieu malsain pour enfants en bas âge. Les
représentants de la Corporation des psychologues de la province de
Québec soutiennent que "favoriser et généraliser
inconsidérément le système des garderies est le plus
sûr moyen de placer un grand nombre d'enfants sur la voie du
développement psychologique perturbé."
Ces spécialistes d'ajouter, "la garderie lieu anonyme presque
dépersonnalisé et caractérisé par les relations
interpersonnelles et affectives réduites au minimum, constitue un lieu
des plus malsains pour les enfants en bas âge".
Ces déclarations furent faites en septembre 1968 à
l'intention des membres de la Commission royale d'enquête sur le statut
de la femme au Canada, lors des audiences publiques à Ottawa.
La rupture du lien maternel concerne la santé publique. Le Dr
John Rowbly, autorité mondialement reconnue en psychiatrie et en
pédiatrie, a consacré 40 ans de sa vie à étudier le
problème de la séparation entre la mère et l'enfant. Il a
démontré, dans une dizaine d'ouvrages, les conséquences
d'une telle séparation.
La principale conclusion de ses recherches est celle-ci: "La rupture du
lien maternel concerne la santé publique". Autrefois, je pensais que
c'était grave, surtout pendant les cinq premières années.
Avec le temps, je me suis rendu compte que les années suivantes sont
tout aussi importantes.
Il est évident que les enfants qui ont été
privés de soins maternels jusqu'à l'adolescence deviennent
très souvent des adultes dépressifs. "Je dirais que les cinq
premières années sont certainement essentielles, mais qu'il ne
faut pas minimiser les risques après l'âge de cinq ans".
(Entretien avec John Rowbly, dans "Psychologie").
La frustration de séparation entraîne chez l'enfant un
état de désagrégation à différents niveaux.
"L'enfant, note William J. Devlin, a progressé depuis le premier jour de
son existence en symbiose avec sa mère, mais il a encore un long chemin
à parcourir avant d'arriver à l'indépendance
émotionnelle et affective à son égard".
Le tout-petit peut "se divertir dans le milieu d'une garderie, mais il
lui sera impossible de donner libre cours à son affectivité,
c'est-à-dire de s'exprimer avec toute la spontanéité et la
confiance qu'il manifeste naturellement lorsqu'il est en
contact avec sa mère. Une telle frustration est inconsciente, il
va sans dire, mais elle n'entrave pas moins l'équilibre affectif de
l'enfant". "Lorsqu'il n'est pas donné à l'enfant de vivre,
précise le psychologue Devlin, cette expérience d'une
présence douce, comblante, sécurisante, la
désagrégation s'installe et ses réactions se dispersent
dans toutes les directions. Sa vie affective ne peut pas s'organiser. Lorsque
cette situation se présente très tôt, même la base
sensorielle de la mémoire lui fera défaut. La
désagrégation s'installe dès le niveau
végétatif. Et lorsque la vie rationnelle et relationnelle se
développera, elle subira le même type de
désagrégation. La personne schizophrénique n'a pas
vitalement le sens de son identité personnelle. Elle reste en
état de dispersion. Elle n'a pas en soi de base ou de centre autour
duquel elle pourrait regrouper ses expériences". C'est tiré de
Psychodynamique de la personnalité, pages 30 à 33.
La compagnie de la mère nécessaire à
l'évolution de la vie mentale de l'enfant.
Michel Phliegler a voulu résumer, dans un ouvrage intitulé
"Le bon moment", les résultats de 20 ans d'expériences et de
recherches auprès des enfants.
Constatation majeure: La structure mentale et morale de l'enfant
s'établit entre trois et sept ans. À cet âge, l'enfant
passe par une phase décisive pour la formation de son jugement. Il
ressent alors un besoin insatiable de savoir et de s'exprimer.
Sans se lasser, il observe et interroge: "D'où je viens?", "Qui a
fait le soleil?", "Qu'est-ce que la pluie?" Il a la tête pleine de
"pourquoi" et de "comment" au sujet du monde qui l'environne et de la conduite
des gens. "Si l'étonnement est le père de la philosophie, comme
le veut Platon, on peut dire que l'enfant est déjà philosophe en
herbe." Il l'est comme peut-être il ne le sera jamais autant. À
partir de sept ans environ, en effet, son esprit et son attention seront
accaparés par un programme de matières scolaires ou des
émissions de télévision. Une bonne partie de ses
énergies sera employée à participer à des
activités extérieures et à s'adapter aux divers groupes
qu'il commence à fréquenter.
D'où l'importance d'être attentif, avant l'âge de la
dispersion, à l'élaboration des assises du jugement de l'enfant
sur le monde et sur la vie. Si la mère fait alors défaut, si elle
n'est pas là pour écouter et répondre aux questions, au
meilleur de sa connaissance, pour accueillir ses impressions et partager ses
expériences au bon moment, la capacité réflexive de
l'enfant, sa sécurité morale, sa confiance en lui-même et
en ses parents en seront diminuées d'autant. Les enfants en garderie ne
pratiquent qu'un "monologue collectif", selon l'expression de Piaget. Tous
peuvent parler mais personne n'écoute. Le vrai dialogue de l'enfant se
tient avec la mère.
L'enfant en communauté risque de devenir "commun". Marie-Paule
Vinay, diplômée en psychologie de la Sorbonne, déclare, de
son côté, à propos des garderies: "Jusqu'à
l'âge de cinq ans, limite de la présente étude, l'enfant
n'a pas besoin de vivre en communauté." "La vie avec d'autres est, au
contraire, un facteur de moindre développement. À vivre en
communauté, disait je ne sais plus qui, on devient commun." "C'est
exactement ce qui se passe pour l'enfant qui est plongé plus tôt
dans un milieu d'enfants du même âge que lui. Sa
personnalité ne se développe jamais sur certaines lignes
destinées providentiellement à compenser certains défauts
naturels. Par contre, ceux-ci s'amplifient et, s'actualisant, se fortifient
d'autant, les lignes de plus grande facilité de notre nature se
trouvent, en effet, à favoriser nos défauts dominants plus que
nos qualités. De plus, un enfant dans une collectivité d'enfants
a toujours besoin de se défendre peu ou prou et les forces qu'il emploie
sont perdues pour son développement en profondeur." Ce témoignage
de Mme Vinay est d'autant plus éloquent qu'elle a eu une
expérience directe dans le monde. "Bien entendu, ajoute-t-elle, je ne
veux pas faire considérer le jardin d'enfants comme une institution
blâmable, je suis moi-même jardinière d'enfants, mais j'ai
eu souvent les larmes aux yeux de recueillir des petits dont les mères
auraient pu admirablement s'occuper si elles y avaient été
initiées ou que je n'eusse point existé". Ces propos sont
tirés de "Une mère et ses enfants".
Nos objections sur les garderies d'État. Devant
l'éventualité de l'établissement des garderies
d'État, nous tenons à exprimer notre opposition à ce sujet
pour les raisons suivantes: 1. les coûts d'implantation, de gestion et de
fonctionnement de garderies d'État seraient trop élevés
et, en conséquence, occasionneraient un surcroît d'impôt
pour les contribuables; 2. le gouvernement devrait, par ailleurs, assumer les
mêmes charges financières à longueur d'année, aussi
bien en période creuse qu'en période d'achalandage; 3. le
vieillissement et la mobilité de la population d'un secteur desservi par
une garderie pourraient amener, un jour ou l'autre, une baisse de
clientèle qui aboutirait au phénomène de
désaffectation que connaissent des centaines d'écoles au
Québec; 4. une institution publique est généralement
soumise à un fonctionnarisme et à une rigidité d'horaires
qui ne favoriseraient pas de nombreuses femmes dont le travail se situe en
dehors du neuf à cinq; 5. la localisation des garderies n'avantagerait
pas nécessairement l'ensemble des usagers, de sorte qu'elle pourrait
occasionner une prolongation des heures d'absence du foyer et un surcroît
de fatigue pour la mère et l'enfant; 6. un système
étatique de garderies risque de ne pas assez respecter les droits des
parents quant aux types de garderies qu'ils voudraient avoir, quant au choix du
personnel, quant aux possibilités de participation dans l'organisation
et l'orientation de ces garderies;
7. les garderies d'État n'ayant peut-être pas la faveur de
la classe privilégiée pourraient facilement devenir des ghettos
réservés aux couches de la population moins favorisées.
(10 h 30)
Pour celles qui veulent rester au foyer. Avant de parler de
l'établissement de garderies de n'importe quel type, nous jugeons
opportun d'attirer l'attention sur un double fait: 1. la condition des femmes
qui sont forcées de travailler à cause d'impératifs
économiques et qui désireraient rester au foyer pour s'occuper
elles-mêmes de leurs enfants; 2. la situation de mères au foyer
qui vivent dans l'insécurité, à cause de l'insuffisance
des revenus du mari et qui, à contrecoeur, se voient dans
l'éventuelle nécessité d'aller sur le marché du
travail.
En toute logique, le gouvernement devrait, en premier lieu, corriger de
telles situations par une politique d'aide à la famille. Les mesures
sociales à cet égard seraient autrement efficaces pour les
familles et rentables pour l'État que les opérations de
suppléance et de rapiéçage que constitue la
généralisation d'un régime de garderies.
Comme mesure correspondant à cette politique familiale, nous
proposons une législation fiscale accordant une allocation de
disponibilité pour la mère au foyer ayant des enfants de la
naissance à 18 ans.
Quand la garde des enfants s'impose, il est bien évident que les
solutions majeures qui s'imposeraient pour apporter l'aide aux familles, telles
que préconisées ci-dessus, sont encore problématiques et
à long terme. Il faut donc envisager la nécessité de
répondre à des besoins immédiats relativement à la
garde des enfants pour les mères au travail.
Dans cette conjoncture, nous nous permettons de soumettre quelques
projets de garderies non étatiques.
Les garderies privées, à but lucratif ou non lucratif,
administrées par les particuliers, pouvant s'accommoder aux horaires et
aux besoins de leurs clientèles, pourvu qu'elles répondent, bien
entendu, aux normes déterminées pour ces genres
d'établissements, puisqu'elles ont l'avantage d'être
créées où le besoin s'en fait sentir, d'être
représentatives du milieu familial, de favoriser les relations entre
parents et personnel. Ici, on parle des "puéricultries".
Quant aux garderies dans les milieux de travail, là où les
conditions le permettent et où le besoin s'en fait sentir, le
financement de ces garderies se ferait, en partie, par les parents
intéressés, selon le revenu familial et à l'aide de
subventions gouvernementales.
L'école au service de la famille. On ne peut parler des garderies
sans songer à l'utilisation que l'on pourrait faire de l'école,
surtout dans les milieux urbains ou industrialisés, pour le
bénéfice des enfants jusqu'à la fin du secondaire et pour
celui des parents.
Étant donné les investissements énormes consentis
par nos gouvernements et par nos commis- sions scolaires pour la construction
et l'aménagement de nos édifices scolaires et leur coût
élevé d'opération, nous jugeons qu'il serait avantageux,
même nécessaire, d'en faire un usage plus systématique et
quasi permanent.
On pourrait, par exemple, offrir à la clientèle
étudiante des grandes villes, à partir de
l'élémentaire, un service de cafétéria à
l'heure du midi. Le Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux
Sports prendrait en charge les étudiants une fois les classes
terminées, pour des activités récréatives,
culturelles et sportives.
Ainsi, des milliers d'enfants dont la mère travaille n'auraient
plus à rester à la maison ou dans la rue sans aucune
surveillance.
En conclusion, lors du congrès des Cercles de fermières du
Québec tenu à Cap-Rouge les 19, 20, 21 et 22 août 1979, les
quelque 600 congressistes et observatrices ont voté pour que le
gouvernement du Québec assure l'implication directe des parents à
toutes les étapes de mise en place et de fonctionnement des services de
garde des enfants; que les parents continuent à contribuer, selon leur
revenu, à leur financement; que les garderies soient situées
près du lieu de résidence des parents, dans des familles de garde
ou encore dans le milieu du travail.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme Roy. M. le
ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier les deux
représentants des Cercles de fermières, une institution qui est
bien ancrée dans notre milieu québécois. Je veux les
féliciter pour avoir pris le temps d'étudier l'avant-projet de
loi et pour nous communiquer, ce matin, des suggestions
intéressantes.
Je vais commencer par votre dernière page, la conclusion à
la page 17, pour commencer par le plus facile, pour vous dire tout simplement
que ces trois résolutions que vous avez adoptées à votre
congrès de Cap-Rouge, nous les partageons, il n'y a rien qui nous
sépare sur ces trois points. L'implication directe des parents à
toutes les étapes de mise en place et de fonctionnement des services de
garde des enfants, précisément, je le disais hier, c'est une des
pierres angulaires, c'est un des fondements de notre politique et de
l'avant-projet de loi, que les parents s'impliquent, et ça se traduit
par un conseil d'administration formé majoritairement de parents des
enfants qui fréquentent la garderie.
Votre deuxième recommandation, que les parents continuent
à contribuer, selon leurs revenus, c'est la situation actuelle. Comme
vous le savez, près de 50%, maintenant, des enfants qui
fréquentent une garderie voient leurs parents toucher une subvention,
laquelle est en moyenne de $7.20 par jour. Pour les 16 000 enfants qui sont en
garderie actuellement, il y en a à peu près la moitié dont
les parents sont admissibles à une subvention; les autres ne le sont pas
parce que leurs revenus sont supérieurs à $16 400 dans le cas
d'un ménage de deux adultes, deux enfants,
pour vous donner un exemple. Nous sommes d'accord avec ce principe, nous
l'appliquons.
La troisième recommandation, que les garderies soient
situées près du lieu de résidence des parents, dans des
familles de garde, ou encore dans le milieu de travail, là aussi, on est
parfaitement en harmonie avec cela. Dans le projet, on n'a pas parlé de
garderies en milieu de travail. On se rend compte qu'il faudra le dire de
façon bien précise; pour nous, c'était compris quand on
disait: Des services de garde en garderie, la garderie pouvait être aussi
bien en milieu de travail que dans un quartier. Mais je pense qu'il y aura
intérêt, dans le texte qu'on va retoucher, de préciser, de
parler de la garderie en milieu de travail.
Sur l'essentiel de vos décisions au congrès de Cap-Rouge,
nous sommes d'accord. En ce qui concerne d'autres aspects de votre
mémoire, je vous avoue que la lecture du mémoire me plaît,
ça me replonge un peu dans mon ancien métier de psychiatre
d'enfants. Vous citez, par exemple, le Dr Rowbly qui était un de nos
maîtres à l'époque, Mme Lavoie-Roux et moi. Il y a
certainement des vérités quasi éternelles que vous avancez
là-dedans. Pour nous, comme gouvernement, il ne s'agit pas de faire un
choix entre la garderie et la famille. Essentiellement, notre rôle est
d'offrir les moyens économiques aux parents pour qu'ils puissent faire
un choix, et en particulier pour la mère qui doit sortir du foyer soit
pour des raisons économiques ou pour des raisons d'équilibre
psychologique, parfois. Quand je dis sortir, ça ne veut pas dire sortir
à plein temps, ça peut vouloir dire sortir quelques fois par
semaine. Pour nous, on ne veut pas prendre position dans ce débat pour
la famille ou contre la famille, pour les garderies ou contre les garderies;
c'est bien évident que les deux sont nécessaires.
Je pense qu'il ne faudrait pas que vous utilisiez le terme garderie
d'État. Je ne sais pas ce que c'est une garderie d'État. Il n'y
en a pas ici au Québec des garderies d'État. Les garderies sont
des entreprises privées. Je l'ai expliqué tantôt, elles
sont mises sur pied par un groupe de parents. L'État aide par des
subventions aux parents, par des subventions pour démarrer une garderie
et, troisièmement, à partir du mois d'avril prochain,
l'État va aider aussi par ces $2.00 qui seront versés directement
à la garderie pour chaque place occupée. $2.00 sur un coût
quotidien de $12.00, ce n'est tout de même pas 20%, ça fait
à peu près 17%.
Alors nous sommes très loin d'une garderie d'État,
très loin. Je faisais remarquer hier à un autre groupe qu'il y a
des excès de langage qui nous plongent dans des chicanes inutiles, de
fausses chicanes. Garderie d'État est un peu un excès de langage,
si vous me permettez. Il s'agit de garderies de quartiers qui sont mises sur
pied par des parents, avec une aide que j'appellerais très minoritaire
de l'État.
La garde en milieu familial que nous avons mise sur pied graduellement,
tout récemment, ainsi que la garde en milieu scolaire sont juste- ment
des nouveaux moyens qui s'ajoutent à l'éventail, aux
différents choix que la mère, parce qu'il s'agit de la
mère en général, ou que le parent aura quand il a besoin
de recourir à des services de garde. Essentiellement, je le
répète encore une fois, pour nous, c'est la prérogative,
le privilège du parent de décider et nous n'avons pas à
trancher le fait à savoir si la garderie en quartier est mieux que la
garderie en travail, si c'est mieux ou moins bien de faire garder son enfant
dans une famille que de le faire garder dans une garderie. Nous n'avons pas
à trancher ces questions.
Vous allez trouver des experts des deux côtés. Je pense,
encore une fois, que nous devons respecter le privilège des parents de
choisir l'endroit où ils veulent faire garder leur enfant.
Finalement, en ce qui concerne les allocations de disponibilité,
on est bien d'accord que ce serait la façon la plus simple d'assister
les parents à l'aide d'une allocation. Les organismes familiaux du
Québec demandent $80 par mois d'allocation pour les services de garde
pour tous les enfants en bas de cinq ans, cela coûterait entre $200
millions et $300 millions par année. Vous allez encore plus loin, vous
demandez l'allocation jusqu'à 18 ans. Je n'ai pas vu quel montant vous
demandiez, cependant. On n'est pas contre, ce serait un excellent
système. Le parent pourrait décider ce qu'il fait avec cette
allocation, mais je pense qu'on n'a pas les moyens comme État, sans
augmenter les taxes ce qu'on ne veut pas faire de payer une telle
allocation.
Cependant, on retient la formule. Si on ne l'applique pas à tout
le monde, ça devient plus compliqué. Si on applique seulement
l'allocation à certains ménages, ça devient
extrêmement compliqué.
Finalement, il y a eu des efforts considérables dans les
écoles. Je sais que les responsables de la Commission des écoles
catholiques de Montréal sont ici, ce n'est pas pour leur lancer des
fleurs, ils n'en ont pas besoin et ce n'est pas mon habitude de le faire, mais
je dois dire que nous avons depuis surtout six mois ou un an, des relations
très bonnes avec la CECM. Je dois dire que la plupart des groupements
qui recherchaient des locaux à Montréal en ont trouvé, de
façon convenable, à des coûts satisfaisants.
Je veux simplement vous faire remarquer que nous sommes conscients qu'il
faut utiliser les locaux d'écoles, à commencer par mon propre
comté; à Chambly même, on utilise une ancienne école
pour une garderie. Il y a de plus en plus d'écoles qui sont
utilisées pour des locaux de garderie.
Je remercie beaucoup les fermières pour leur mémoire.
Le Président (M. Boucher): Mme Roy?
Mme Rousseau-Roy: C'est simplement pour préciser que le
début du document est là dans le but de prouver que, bien qu'on
soit d'accord avec le projet d'implantation de garderies, les
fermières
sont conscientes qu'il y a des pour et des contre, mais on doit d'abord
s'occuper de l'enfant.
Sur un deuxième point, les garderies d'État où vous
accrochiez, c'est une mesure préventive de notre part que d'en faire
état, parce que nous sentons le besoin de l'exprimer. Vous parlez
ensuite... on a certaines inquiétudes aussi, à savoir qui va
payer les gens dans les garderies? Si ça découle directement du
gouvernement, si ces gens sont payés comme je vais prendre un
exemple les enseignants, qui relèvent directement du
ministère, c'est une façon d'étatiser qui n'en est pas
une. Je voudrais que vous puissiez m'expliquer... dans notre idée, les
garderies d'État, on disait: D'où vont provenir les fonds? C'est
bien beau que vous subventionniez, mais est-ce que le paiement des gens qui
vont avoir la charge de garderies va venir directement des fonds du
gouvernement?
M. Lazure: Je vais essayer de répondre avec plaisir
rapidement. Il n'est pas question d'avoir des garderies où les
employés seraient payés par l'État, il n'en est pas
question. Je ne sais pas d'où vous vient cette crainte. Dans le
système actuel, qu'on a l'intention de maintenir, un groupe de parents,
encore une fois, forme une corporation sans but lucratif, demande une charte au
ministère des Institutions financières et chez nous, on approuve.
Il y a des subventions prévues pour le démarrage des garderies,
on en a parlé hier. Actuellement, cela peut aller jusqu'à un
maximum de $30 000 environ, selon la taille de la garderie.
Avec ces subventions de démarrage, les gens louent un local, que
ce soit une ancienne école ou une maison privée et, entre
parenthèses, vous parlez dans votre mémoire de la crainte qu'il
va y avoir des locaux désaffectés dans quelques années,
comme dans le réseau scolaire, mais je vous fais remarquer, encore une
fois, qu'on ne construit pas des garderies. On n'est pas en train de construire
un réseau de garderies, neuf garderies et demie sur dix sont dans des
locaux qui sont loués et, très souvent, une maison privée,
un duplex. Le groupe loue des espaces avec les subventions, ça lui
permet d'acheter l'équipement et de payer le salaire de la directrice
pendant les premiers mois et d'une autre personne. Là, on a des normes,
environ un employé pour sept enfants chez les plus jeunes et un pour dix
chez les plus vieux. Une garderie d'une trentaine d'enfants peut avoir trois ou
quatre employés qui sont payés par le conseil d'administration
qui contrôle la garderie. Ce sont ceux qui paient les employés et
je vous prie de me croire qu'ils n'ont pas les salaires de la fonction
publique, au contraire. On nous disait hier que leur salaire était
d'environ $4.20 l'heure, en moyenne, ce ne sont pas des salaires
exagérés. (10 h 45)
Le conseil d'administration, avec les $10 qu'il touche pour chaque
parent, par jour, peut payer son personnel. Dans les $10 facturés aux
parents, j'ai dit tantôt que 50% des parents reçoivent des
subventions du ministère des Affaires sociales directement, ensuite,
cette subvention est versée à la garderie. La garderie touche
actuellement $10 par jour par enfant. Si elle a trente enfants présents
à la garderie aujourd'hui, elle va toucher $300 et cet argent
accumulé permet de payer le personnel.
Mme Rousseau-Roy: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. À mon
tour, je veux remercier les porte-parole des Cercles de fermières du
Québec pour leur mémoire. Je voudrais quand même faire deux
petites parenthèses que les propos du ministre m'incitent à
faire. J'aimerais après avoir entendu son témoignage sur une
commission scolaire qui met des locaux à la disposition des garderies,
etc., qu'il transmette ce message au ministre de l'Éducation et qu'il
relise avec beaucoup d'attention les accusations sans nuance qui ont
été faites au mois de juin par des députés
ministériels qui voulaient à tout prix que l'État
intervienne et même devienne propriétaire de tous les
établissements des commissions scolaires. Mais ceci est une
parenthèse. C'est un message.
M. Lazure: C'est une parenthèse.
M. Paquette: ... j'aurais le goût de la fermer.
M. Lazure: Ce n'est rien, c'est juste une parenthèse.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais aussi relever un propos du ministre
qui dit: Nous, on ne tranche pas si nous sommes pour les garderies ou pour les
familles. Il y a des besoins, on y répond. Je pense que ce n'est
peut-être pas aussi simple que cela. Ce serait très simple, si
c'était comme cela. Dans le fond, lorsque le gouvernement investit de
l'argent dans un domaine ou dans un autre, il établit des
priorités. À plus ou moins long terme, ces priorités, si,
au départ, elles n'étaient pas des orientations, finissent par
être des orientations précises. Je comprends jusqu'à un
certain point lés inquiétudes de plusieurs groupes qui sont venus
ici et qui se sont faits les porte-parole des femmes qui vivent à
domicile et qui assument elles-mêmes les fonctions d'éducatrice
auprès de leurs enfants.
J'ai également réalisé que vous étiez venues
ici, dans le fond, pour être les porte-parole de la famille, du droit des
enfants et que vous privilégiez la relation mère-enfant.
Là-dessus, je pense que vous avez raison et même le ministre ne
serait pas en désaccord avec cela que cela demeure une donnée
fondamentale extrêmement importante et que c'est peut-être bon
qu'on se le fasse rappeler dans un milieu qui n'est pas homogène quant
à ses orientations touchant l'éducation des enfants. D'ailleurs,
on en a eu la démonstration ici hier et probablement qu'on va continuer
de l'avoir dans les jours qui suivent.
Mais, pour ma part, personnellement, je partagerais votre point de vue
et je pourrais peut-être dire que, de zéro à trois ans,
là où c'est possible et que les circonstances sont bonnes, c'est
mieux que l'enfant soit avec sa mère. Mais, il y a, à
côté de cela, une foule de circonstances que vous reconnaissez
vous-mêmes, dont la plus importante et vous l'avez signalée
est le fait que les mères qui vont travailler vont chercher un
salaire d'appoint, un revenu d'appoint.
Je voudrais ici préciser ce que je veux dire par un revenu
d'appoint, parce qu'hier, quelqu'un m'a arrêtée pour me dire que
je laissais planer l'impression que c'était un salaire de
frivolités, un salaire d'appoint. Ce n'est vraiment pas la signification
que je lui donne, c'est vraiment un salaire qui permet à une famille de
boucler son budget ou de pouvoir donner un peu plus et, dans la majorité
des cas, il s'agit de nécessités, je dirais, presque
absolues.
En résumé, je n'ai peut-être pas de question
très précise à vous poser, mais je pense qu'il faut quand
même se rendre compte que... Vous le mettez vous-mêmes en page 2 ou
en page 3 quand vous citez Mme Quéré. "La liberté des
femmes passe par le droit de se réaliser à leur guise, par les
voies les plus diverses, aux besoins les plus traditionnels ou les moins
conformes à la nouvelle orthodoxie. Celles-là aussi ont raison."
En tout cas, de la façon que je l'interprète, c'est qu'il faut
quand même permettre aux femmes de faire des choix. Qu'ils soient
dictés par des raisons professionnelles, enfin toutes celles que vous
énumérez, que vous veniez et que vous essayiez de rétablir
l'équilibre et de dire qu'à côté de celles qui sont
obligées de sortir du foyer, il y en a d'autres qui veulent y rester et
veulent avoir des moyens de rester au foyer, je pense que c'est bon, mais, d'un
autre côté, je ne peux pas non plus être en désaccord
avec le fait qu'on essaie d'encadrer les activités des soins de garde
pour la petite enfance. Je pense que vous-même, vous en conviendrez.
Même si vous pouvez rester avec les vôtres et avez fait ce
choix-là, je pense que vous avez quand même une conscience sociale
qui vous permet de réaliser qu'il faut assurer les meilleurs soins
possibles à ceux qui sont obligés de sortir de leur foyer pour
une multitude de raisons.
Il y a un point qui demeure ambigu, c'est la question de la garde en
milieu familial. Je suis sûre que le ministre ne le fait pas à
dessein, mais je pense que, quand des groupes viennent ici et disent: On veut
garder la tradition de pouvoir confier son enfant à un voisin ou
à une parente, il faut dissocier cette tradition-là de celle qui
veut que, maintenant, on instaure la garde en milieu familial où on va
regrouper des enfants en nombre de quatre à neuf. Enfin, cela pourrait
être de quatre jusqu'à neuf enfants. Ce n'est pas la "tradition"
qu'on continue, c'est vraiment une nouvelle pratique qu'on instaure d'une
façon généralisée. Comme il s'agit d'une nouvelle
initiative, je pense qu'on a vraiment besoin de savoir où on s'en va, de
quelle façon ce sera encadré, quelle est la surveillance qu'on va
exercer, l'évaluation qu'on va en faire. Je ne voudrais pas qu'on laisse
la population avec l'impression que c'est du pareil au même. Je suis
convaincue je pense que le ministre le sait fort bien, on l'a tous
vécu à tour de rôle quand on laisse un enfant
à sa voisine, à sa grand-mère ou à sa tante, ce qui
s'est fait au cours des années, ou même qu'on laisse deux de ses
enfants à sa grand-mère ou à sa voisine, c'est très
différent de cette nouvelle formule qui existe déjà en
Ontario et qui, selon les informations que j'ai, est très bien
encadrée et répond à des besoins, et probablement dans des
communautés ethniques où les gens ont peut-être une autre
habitude de vie ou n'ont plus cette habitude d'entraide qu'on a
peut-être, malheureusement, un peu perdue. Je pense que c'est bien
important de faire la différence. De notre côté, je peux
vous assurer que, devant ce mode de garde qu'on veut étendre, contre
lequel on ne s'oppose pas en principe, on va s'assurer que ce ne sera pas
quelque chose d'improvisé et que toutes les mesures possibles seront
prises pour que ce soit encadré et qu'on y retrouve une qualité
de soins qui m'apparaît vous serez certainement d'accord
essentielle. Je vous remercie pour votre mémoire.
Le Président (M. Boucher): Mme Roy.
Mme Rousseau-Roy: Merci, Mme Lavoie-Roux. Je voulais revenir
seulement sur un point que vous avez soulevé. C'est qu'on a souvent
l'impression que la mère qui demeure au foyer, par choix, qui choisit
justement de rester avec ses enfants, est nettement défavorisée,
toujours, non pas seulement du côté des avantages sociaux, mais de
rester au foyer on se sent pénalisées parfois, parce qu'on
accorde de l'argent à celles qui travaillent et qui peuvent faire garder
leur enfant, mais celles qui restent à la maison n'en ont pas, on est un
peu comme des gens non productifs. Par contre, ce qu'on va donner à la
société demain, ça va être des gens responsables,
dans la mesure du possible, sauf des accrochages qui peuvent arriver
partout.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec vous, ce que vous dites
là est exact. Dans le rapport du Conseil du statut de la femme, il y a
au moins des formules qui sont mises de l'avant qui auraient un effet positif
quant à la perception que parfois les gens ont, malheureusement, quant
aux femmes qui restent au foyer. On a parlé d'une modification à
la fiscalité actuelle, quant au crédit d'impôt qui est
accordé au mari dont la femme ne travaille pas, la question de
dépendance, etc. Je pense qu'il y aurait là des choses qui
seraient intéressantes si le gouvernement décidait de les
examiner de plus près. On nous dit qu'on les examine, mais c'est une
autre chose.
C'est un fait que, à maints égards, la femme qui est au
foyer n'est pas avantagée dans le sens où vous le dites et
peut-être sera désavantagée aussi dans quelques
années. Quand on regarde l'étude du Conseil du bien-être du
Canada, qui est sortie hier, et qu'on voit que les femmes sont
majoritairement les plus pauvres au pays et que ce fait est relié
justement à la situation de dépendance dans laquelle on les a
gardées pendant si longtemps, il y a certainement lieu de réviser
le statut de la femme au foyer sous tous ses aspects, non seulement financier,
mais au point de vue de sa valorisation comme rôle.
M. Lazure: Juste un mot là-dessus, puisqu'on met le
gouvernement en cause.
Mme Lavoie-Roux: C'est le vôtre qui est là, M. le
ministre.
M. Lazure: Je peux assurer les représentantes des
fermières qu'avec la nomination d'un ministre à temps plein pour
s'occuper de la condition féminine et un ministre qui a aussi son
entrée comme membre du comité des priorités, qui est
ministre d'État, ça illustre bien toute l'importance que le
gouvernement veut donner à l'amélioration des conditions de vie
de la femme de façon générale. Dans ces
améliorations de conditions de vie de la femme, vous pouvez être
assurées que le gouvernement ne pensera pas seulement comme
peut-être ça a été trop la tendance dans le
passé à améliorer le sort des femmes qui doivent
travailler. On a un certain rattrapage à faire du côté des
femmes qui restent au foyer et qui, avec raison jusqu'à un certain
point, se sentent un peu négligées.
Mme Rousseau-Roy: Est-ce que je peux revenir sur le sujet?
Le Président (M. Boucher): Oui, Mme Roy.
Mme Rousseau-Roy: Merci. Vous avez aussi parlé de ce que
vous appelez "garderie en milieu familial", mais de la façon qui n'est
pas traditionnelle, ça devient comme une mini-garderie où une
personne a à sa charge quatre enfants. J'étais heureuse que vous
donniez hier la précision, parce que je trouvais que neuf enfants pour
une seule personne, c'était exagéré. Vous m'avez dit que
c'était deux personnes; là, ça devient dans la normale.
À la page 15, on parle de garderie privée, parce que ça
devient un peu une garderie privée, c'est une mini-garderie
privée. On a dit qu'elle avait l'avantage d'être
créée là où le besoin s'en fait sentir. Mais dans
notre optique, elle doit avoir la même surveillance, les mêmes
priorités qu'une très grande garderie.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Je veux remercier
l'Association des fermières du Québec d'être venue. Il y a
longtemps qu'on vous attendait, on aurait dû vous voir à plusieurs
autres reprises ici. Il y a longtemps qu'on vous attendait, non pas cette
semaine, il y a quelques années qu'on attendait que vous veniez
témoigner devant nos commissions parlementaires, depuis qu'on a ouvert
cette salle au grand public qui vient nous porter des mémoires. Cela
fait une bouffée d'air frais que de vous entendre, comme on l'a dit
hier, vous qui avez des positions un peu plus traditionnelles que les milieux
plus urbains, peut-être. Ce n'est pas un reproche à l'égard
de qui que ce soit. C'est une sensation... (11 heures)
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Grenier: Pardon? Oui, mais c'est majoritairement rural. Je
pense qu'il fait bon d'entendre un son de cloche qui est fort
différent.
Je voudrais aussi revenir à la motion que j'ai faite hier
d'inviter Mme Payette, le ministre à la Condition féminine,
à être présente. J'écoutais la discussion qu'il y
avait tout à l'heure entre le député de L'Acadie et Mme
Roy. Il semble que c'eût été important que le ministre soit
ici ce matin pour entendre le dialogue qu'il y avait à ce
moment-là et se sensibiliser à cette cause de la condition
féminine et du rôle de la mère au foyer, par exemple. Cela
entrera dans son dossier. Elle devra s'occuper d'une charge comme
celle-là. Vous avez idée que la courte motion qu'on a
présentée hier avait son importance.
Dans votre mémoire, vous brossez un vrai tableau du fond du
problème. Certains ont touché à d'autres points, nous
avons eu d'excellents mémoires au cours de la journée d'hier,
mais, aujourd'hui, vous touchez le fond du problème, à savoir
qu'est-ce qu'on attend de la mère de famille? C'est cette toile de fond,
comme on l'a dit hier, qu'on aurait dû avoir avant le dépôt
d'un avant-projet de loi comme celui-là. On aurait travaillé pas
mal mieux si on avait eu ça, si on avait eu la philosophie du
gouvernement face à ce problème. On ne l'a pas. Alors, c'est une
loi comme d'autres. Ce n'est pas un reproche que je fais à l'actuel
gouvernement. C'est un reproche qu'on peut faire aux gouvernements qui se sont
succédé, à savoir que, souvent, on est obligé de
travailler avec du rapiéçage comme ça et ce n'est pas
l'idéal. C'est sûr que ce n'est pas facile.
Il serait bon je vous le dis, je l'ai rappelé hier soir
à un autre groupe, les garderies privées à but lucratif
que vous collaboreriez davantage, que vous mettiez l'accent, dans
l'année qui s'en vient, sur votre rôle, qui serait peut-être
de participer davantage aux commissions parlementaires et d'aider le
gouvernement, avec les partis d'Opposition, à élaborer des lois
dans lesquelles vous allez mieux vous reconnaître, nous aider à
ça, non pas uniquement travailler au niveau de votre association. Vous
faites un magnifique travail. Je pense que j'en suis témoin depuis de
nombreuses années, puisque je suis membre d'une famille qui était
active dans votre mouvement. Vous faites un magnifique travail, sauf qu'on a
besoin de vous ici. C'est souvent des mouvements comme le vôtre... Vous
représentez, je pense, au-delà de 60 000 membres dans le
Québec, tout près, en tous les cas. Je pense qu'on a besoin de
savoir ce que
vous pensez et c'est bon que vous veniez nous le dire.
Vous mettez dans votre mémoire on le sent partout
l'accent sur la cellule familiale, priorité à la cellule
familiale et, pour vous, la garderie, c'est un rôle supplétif.
Pour vous, c'est un moindre mal. Je pense que je ne me trompe pas en affirmant
que c'est ce qu'on dégage de votre mémoire. Remarquez bien que
ça me plaît. Cela entre dans les propositions qu'on défend,
nous, l'Union Nationale, que la cellule familiale, c'est d'abord la base de la
société sur laquelle on doit davantage faire tourner nos projets
de loi. Il faut se préoccuper de ça d'abord et que l'autre vienne
suppléer à ce changement qui arrive dans la
société, cette femme qui doit aller sur le marché du
travail ou même cette ère de loisirs qui nous arrive depuis
quelques décennies, pour permettre aux femmes au foyer de pouvoir en
sortir à l'occasion. C'est un rôle supplétif que les
garderies, mais non pas un rôle prioritaire qui doit primer sur le
travail qui devrait se faire par les gouvernements pour aider davantage la
cellule familiale.
J'ai noté que vous n'étiez pas contre les garderies
à but lucratif. D'ailleurs, le ministre n'est pas contre non plus. Il
connaît bien plusieurs institutions, entre autres, il connaît bien
Marie Tonton, je pense, à Montréal, les foyers à but
lucratif...
M. Lazure: Ce n'est pas à Montréal, c'est à
Saint-Bruno.
M. Grenier: Saint-Bruno? Alors, c'est Marie Tonton quand
même.
M. Lazure: Vous êtes à moitié bien
informé.
M. Grenier: Pas si mal, quand même. Quand on a le nom
juste, ce n'est pas si mal.
M. Lazure: Vous jouez à moitié bien votre
rôle d'Opposition. Mais, essayons de remonter le débat un peu.
M. Grenier: Faites attention! On a déjà dit qu'il y
avait un gars à Ottawa qui était un demi-premier ministre, mais
le demi-premier ministre a battu un premier ministre.
Je voudrais aussi vous féliciter de faire davantage
connaître ce désir des parents. Ce que vous nous donnez... On
apprend que vous êtes en train de mettre sur pied une enquête sur
la femme au foyer et j'aimerais, si ça vous est possible, que vous nous
en informiez un peu, si vous le voulez, et que, bien sûr, vous donniez
votre document à cette commission quand il sera prêt pour qu'on
puisse en prendre connaissance.
Vous n'avez pas idée je pense que vous êtes
sensibilisées, étant donné que vous participez aux
commissions comme c'est important pour la commission d'entendre des gens
qui viennent nous donner des sons de cloche parfois fort différents,
mais c'est ce qui fait l'éclairage et c'est ce qui change nos lois,
aussi. Le ministre défend le projet de loi qu'il amène sur la
table. Quand on fait l'analyse des articles de la loi, on fait des
transformations, on amène des changements, et le ministre amène
des changements aussi. Il vous l'a expliqué hier, un avant-projet de
loi, c'est pour permettre d'entendre les gens et d'apporter des changements, et
c'est important.
On a adopté un autre projet de loi tout de suite après les
Fêtes, cette année, c'était sur l'adoption des enfants.
J'aurais aimé vous entendre, vous n'êtes pas venues, cette
fois-là, et je vous fais un reproche, j'aimerais que vous veniez sur des
rôles aussi importants que ceux-là. J'aurais aimé vous
entendre, parce que le projet de loi aurait changé, je vous le dis, il
aurait permis au secteur privé de rester dans l'adoption de l'enfant, si
on vous avait entendues, j'ai cette conviction, mais vous n'étiez pas
là.
Actuellement, l'adoption de l'enfant cela fait ricaner des
fonctionnaires, quand on a mentionné cela se fait, comme on l'a
signalé hier, par le conseil des services de santé, c'est le
gouvernement qui a son comité et il va faire le placement des
enfants.
On a retiré la possibilité qu'avaient les médecins,
les curés, les avocats de pouvoir placer des enfants. On criait, on
applaudissait, on était bien heureux de cela, sauf qu'on admettait en
même temps, par exemple, qu'ils étaient plus compétents que
ceux qu'on mettait en marche, on admettait cela du même coup, à la
même table. Si on avait eu un appui de personnes qui pensent que ces gens
jouent encore un rôle important dans notre société, les
gens du milieu privé, cela aurait été important pour nous
de l'Opposition, et cela aurait été important pour le ministre,
aussi, qui aurait certainement modifié sa loi, à ce
moment-là.
Dans le moment, dans la loi, c'est écrit en toutes lettres, ce
seront ces gens nommés en comités qui feront le placement de
l'enfant, et vous savez que ce seront des causes d'avortement pour des jeunes
mères de famille, par exemple, qui savent que, maintenant, elles n'ont
pas la possibilité, à moins que ce ne soit une parente, de
pouvoir placer leur enfant dans le milieu de leur choix, dans la famille de
leur choix.
M. Lavigne: Elles vont se faire avorter pour cela!
M. Grenier: Bien sûr, vous n'êtes pas au courant de
cela, vous! Vous allez l'apprendre, vous allez vieillir un peu, vous allez
apprendre cela. Vous avez un parallèle, ici, qu'il est important de
saisir; cela vous dépasse peut-être, mais vous allez l'apprendre
avec l'expérience. Ce n'est pas un nombre effrayant, et je ne veux pas
ici donner l'impression que c'est général, ce n'est pas vrai,
mais s'il n'y avait qu'un cas, c'est un cas de trop, et on aurait pu le
prévoir dans la loi, on ne faisait mal à personne, à ce
moment-là.
M. Paquette: M. le Président, je m'excuse, je ne voudrais
pas interrompre mon collègue...
M. Grenier: Je m'excuse, M. le Président, mais j'ai la
parole, ça peut ne pas plaire, je sais que je n'ai pas la façon
de plaire à tout le monde à la table, surtout pas au
gouvernement.
M. Paquette: Ce n'est pas cela, M. le Président.
M. Grenier: Mais quand j'ai la parole, j'aimerais que vous me la
laissiez.
M. Paquette: Question de règlement.
Le Président (M. Boucher): Soulevez-vous une question de
règlement?
M. Paquette: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je constate depuis ce matin
et c'était le cas hier aussi, je ne vise pas
particulièrement le député de Mégantic-Compton
qu'on est rendu à se chicaner entre nous. On a invité des
gens pour les entendre. Je pense, M. le Président, que vous devriez
inviter cette commission à poser plus de questions à nos
invités plutôt que de leur donner nos opinions, d'essayer de leur
faire une opération de charme, d'essayer de leur dire qu'on est bien
d'accord avec eux, etc. Je pense qu'on devrait se concentrer sur les questions
aux personnes qui prennent la peine de nous présenter des
mémoires. On pourra en débattre en deuxième lecture, on
aura d'autres occasions pour cela.
M. Grenier: M. le Président, j'ai compris, j'ai suivi tous
les dossiers hier...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: J'ai mes vingt minutes, j'ai le droit de les utiliser
comme je le voudrai, vous savez cela. Quand je dis que le groupe qui est ici
devant nous, l'Association des fermières, parle d'une cellule familiale,
qui est ma priorité, je n'ai pas de question à poser, c'est
évident pour moi. Je veux leur signaler que, dans leur mémoire,
c'est important le point qu'on nous a donné. C'est mon rôle de
député de l'Opposition que de signaler dans ce document qu'on
nous a remis, où il y a pour moi des accents forts, c'est mon rôle
de le faire. Quand je n'ai pas de question à poser, c'est parce que,
pour moi, c'est clair dans le document actuel, et j'aime à le signaler.
À part de cela, vous pourriez peut-être faire le reproche à
votre ministre, il n'a pas posé une seule question.
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas posé une seule question.
M. Grenier: Avant de voir la poutre dans l'oeil du voisin, voyez
vos poutres à vous.
M. Paquette: M. le Président, ma remarque s'appliquait
à tout le monde.
M. Grenier: Ah bon!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: J'espère que vous serez ici tout le
temps, pour pouvoir poser des jugements comme cela.
M. Grenier: On en a posé, hier, et on en a posé
longtemps. Ne vous en faites pas, ça tourne au vinaigre, de temps en
temps, ça arrive souvent, plus souvent que ça devrait, et cela
arrive à peu près trois fois sur cinq, quand je prends la parole,
il y a toujours un député du gouvernement qui intervient, et
c'est la bonne habitude depuis le début. Je défends ici ce que je
dois défendre, et je pense que je suis assez correct dans l'ensemble. Je
joue mon rôle de député de l'Opposition, on essaie de voir
clair dans un projet de loi et de faire les corrections qu'on doit apporter, et
les groupes qui sont ici nous aident joliment à le faire, tous les
groupes qui sont passés. Même, hier, on a eu d'excellentes
discussions avec tous les groupes qui sont venus ici, j'en ai profité
largement, et je veux en profiter davantage, j'espère, en pouvant les
rencontrer groupe par groupe, quand ce sera possible.
À partir de là, j'aimerais que vous nous parliez de
l'enquête que vous faites sur la femme au foyer. Y aurait-il
déjà un peu d'informations que vous pourriez nous donner?
Mme Paré-Walsh (Pierrette): L'enquête est
présentement à ses débuts. On prépare le
questionnaire qui sera remis à 75 500 femmes...
M. Grenier: Ah bon! Merci.
Mme Paré-Walsh: ... et tout sera compilé
après. On pourra sûrement avoir les statistiques vers le mois de
mai ou le mois de juin parce que ça représente quand même
un travail assez considérable. On en produira les résultats.
Mme Rousseau-Roy: Elle sera rendue publique quand on aura tout
terminé, mais, pour l'instant, nous disons simplement qu'on s'adresse
à la femme au foyer pour savoir ce qu'elle pense, ce qu'elle veut, mais
on ne peut rien avancer davantage.
J'aurais des précisions à apporter à la suite des
commentaires que vous avez faits. Je remercie Pierrette parce qu'elle a dit
qu'on était 75 500 membres. Vous aviez dit 60 000. Mais, pour les 15 500
autres, c'est important.
Je vous ai écouté et il reste que nous, au sein de
l'association, toutes les femmes, nous regrettons qu'il n'y ait pas de
politique familiale globale venant du gouvernement. Cela est absent. On en fait
de petites parcelles ici et là, mais on ne regroupe jamais rien.
M. le ministre et Mme Lavoie-Roux ont apporté quelque chose sur
le document québécois
Égalité-Indépendance. Les cercles de
fermières se sont penchés sur ce document et en ont fait une
étude approfondie. Nous avons fait paraître un mémoire.
L'allocation de disponibilité à la femme au foyer nous
apparaît comme un moyen, d'accord, mais elle peut se faire de
différentes façons par des mécanismes déjà
existants, soit par des allocations familiales ou par des
dégrèvements d'impôts. Ce sont des mécanismes
déjà existants, ça ne demanderait peut-être pas de
l'investissement bureaucratique comme cela en demanderait pour implanter un
nouveau système. C'était notre vue sur les choses. Je le redis,
on regrette vraiment qu'il n'y ait pas de politique familiale globale.
M. Grenier: Je vous remercie, Mme Roy.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Mégantic-Compton. M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. J'aurais une question
à vous poser. Trouvez-vous normal que les politiques du gouvernement
concernant la famille accordent $240 à la femme qui travaille, lors
d'une maternité, et que le même montant ne soit pas accordé
à la femme qui demeure à la maison?
Mme Rousseau-Roy: ... justement sur le dossier
Egalité-Indépendance qu'on a fait paraître. On s'est
penché nécessairement sur la question. On l'a dit, la femme au
foyer est toujours défavorisée, mais remarquez que ça me
gênerait d'être payée pour avoir des enfants. C'est une
opinion personnelle. Mme Paré voudrait ajouter quelque chose.
Mme Paré-Walsh: Peut-être aussi que, si la femme au
foyer avait l'occasion de contribuer, par exemple, au Régime de rentes
du Québec, si elle veut rester au foyer et qu'elle n'a aucun revenu et
si elle pouvait, sur le salaire de son mari, prendre une partie et contribuer
comme la femme qui travaille... La femme qui travaille, lorsqu'elle a un
congé de maternité, au départ, sur son salaire, on a
retiré un certain pourcentage. Si elle pouvait contribuer, d'une
façon ou d'une autre, par une assurance ou quelque chose comme
ça, ensuite, elle aurait accès à des
bénéfices... Remarquez, encore là, que c'est une opinion
personnelle. Je ne partage pas celle des fermières.
Mme Rousseau-Roy: C'était dans le document
Egalité-Indépendance. J'espère que vous en avez pris
connaissance parce qu'on l'a fait parvenir à tous les
députés et ministres. Il était inclus que la femme au
foyer est d'accord pour avoir des compensations, pour recevoir des avantages,
mais en contribuant, que ça ne soit pas gratuit. (11 h 15)
Le Président (M. Boucher): Merci. Au nom de tous les
membres de la commission, je remercie les porte-parole du Cercle des
fermières pour leur mémoire. J'invite immédiatement
l'Association féminine d'éducation et d'action sociale, l'AFEAS,
à prendre place à la table centrale.
Si vous voulez vous identifier et identifier les personnes qui vous
accompagnent, s'il vous plaît, et procéder à la lecture de
votre mémoire.
Association féminine d'éducation et
d'action sociale
Mme Bellemare (Lucille): Je suis Lucille Bellemare,
conseillère provinciale à l'Association féminine
d'éducation et d'action sociale. À ma gauche, Mme Noëlla
Caron, de la région de Saint-Hyacinthe, qui fait partie du comité
d'action sociale provinciale et, à ma droite, Mme Jeannine Bouvet, de la
région de Nicolet, qui fait également partie du comité
d'action sociale provincial.
Mme Bouvet (Jeannine): L'Association féminine
d'éducation et d'action sociale regroupe plus de 35 000 membres
recrutés dans plus de 600 municipalités à travers le
Québec, tant en milieu urbain qu'en milieu rural. Ces femmes ont 16 ans
et plus et sont de toute confessionnalité. Notre objectif est la
formation intégrale de la femme, sa promotion, la promotion de la
famille et de la société. Nous sommes un mouvement de formation
d'abord, un mouvement d'action ensuite. Nous réalisons ces objectifs au
moyen d'études mensuelles dans chaque cercle, études portant sur
toutes les politiques relatives à l'éducation, les affaires
sociales, l'économie, la politique, l'environnement, les affaires
culturelles, les loisirs, etc.
Après avoir acquis des connaissances, nos membres sont plus en
mesure de se faire un jugement, de réformer leur mentalité, selon
le cas, pour ensuite apporter des suggestions aux organismes en place en vue de
modifier ou d'amener des changements nécessaires à la bonne
marche de la société. C'est une façon, pour la femme bien
ordinaire que nous représentons, d'être présente dans la
société nouvelle et d'occuper toute sa place. Les actions que
nous réalisons peuvent se faire, tant au niveau local, régional
que provincial et même fédéral. Ces actions sont toujours
la résultante d'un mandat de la base.
Mme Bellemare: Le service de garde des enfants préoccupe
les membres de l'AFEAS dont 63% travaillent exclusivement à la maison et
37% occupent une fonction autre que le foyer. Nous attirons votre attention sur
le fait que 28% de nos membres qui ont 35 ans et moins sont susceptibles
d'utiliser les services de garderie. Même si on ne s'est pas
attardé spécifiquement à faire l'étude approfondie
du document qui a été présenté sur les services de
garde, on s'est dit que d'autres organismes, dont les buts sont
nécessairement impliquants pour eux le feront, on tenait quand
même à donner la position de nos membres qui a été
prise par des résolutions découlant de nos congrès
provinciaux.
L'AFEAS est donc heureuse, à l'occasion de cette commission
parlementaire, de vous présenter ses principales résolutions
adoptées en as-
semblée générale. Depuis longtemps, l'AFEAS attend
que le gouvernement provincial établisse une politique favorable
à l'implantation et au financement des garderies. C'est pourquoi elle
accueille favorablement cet avant-projet de loi qui instituera un office des
services de garde à l'enfant, qui aura la responsabilité de
concevoir, d'élaborer une politique générale de services
de garde et de coordonner et promouvoir l'organisation de ces services.
Nous sommes heureuses de cette initiative, pourvu que cette instance
n'alourdisse pas davantage la complexité du système
établi. Nous ne sommes pas d'accord avec certains groupements qui
demandent à l'État un service de garde gratuit. Même si
nous reconnaissons à l'État sa part de responsabilité dans
ce domaine, nous croyons que les parents doivent assumer leur part, si minime
soit-elle, du coût d'une telle entreprise. Il faudrait cependant que des
subventions plus substantielles soient accordées aux personnes
démunies qui utilisent ces services. Ces sommes d'argent permettraient
à un plus grand nombre de personnes d'avoir un service de garde pour
leurs enfants.
Le gouvernement propose, dans la composition de l'office, seize membres,
dont un membre est choisi parmi les commissions ou syndics d'écoles et
un autre, parmi les membres des conseils de corporations municipales. L'AFEAS
se réjouit d'une telle présence du milieu scolaire et municipal.
Elle est toutefois déçue du fait qu'il n'est nullement mention,
dans cet avant-projet de loi, d'utiliser des locaux d'écoles dans les
commissions scolaires, dont les commissions scolaires n'ont plus besoin. Nous
croyons que ces locaux, situés souvent en milieu rural et semi-urbain,
où l'on retrouve moins de services de garde institutionnalisés,
permettraient d'offrir à ce type de population un service à
moindre coût. Des sommes d'argent appréciables seraient ainsi
économisées, vu l'ampleur des déboursés
qu'occasionne l'aménagement de nouveaux locaux.
Nous félicitons le gouvernement d'avoir songé à
établir une politique de garde en milieu familial, même si nos
membres ne se sont jamais prononcés sur le fait que l'État
subventionne la garde en milieu familial. Toutefois, nous croyons pouvoir
affirmer que ce type de service de garde répondrait mieux aux besoins
des milieux ruraux ou semi-urbains. En ces endroits, les distances
géographiques et les densités de population ne permettent pas un
regroupement suffisant d'enfants.
Nous qualifions cependant de rigides certaines exigences requises au
fonctionnement du service de garde en milieu familial. Il est entre autres
demandé qu'un programme d'activités soit donné par une
personne engagée à cet effet et certains règlements pour
obtenir un permis d'opération peuvent être difficiles à
rencontrer. Nous croyons que les mères de famille ayant
déjà pourvu à l'éducation de leurs propres enfants
ont suffisamment d'expérience pour s'occuper de l'entretien et de
l'éducation d'autres enfants. Toutefois, ces exigences risquent de
décourager l'instauration de services de garde en milieu familial. Si on
estime à 130 000 le nombre de places nécessaires en garderie et
que seulement 20 000 sont prévues en 1980, il y a sans doute lieu de
réviser les modalités de ce type de service de garde et de
l'encourager tout particulièrement.
Suite à ces énoncés, l'AFEAS recommande que le
gouvernement provincial établisse une politique favorable à
l'implantation et au financement des garderies; qu'il apporte à la
garderie une aide financière minimum et que les parents assument le
coût additionnel des services de garde, suivant une échelle
favorable à un plus grand nombre d'usagers; que les commissions
scolaires mettent à la disposition des garderies les locaux qui sont
présentement disponibles, afin d'éviter les coûts
élevés d'aménagement. Disons que sur ces recommandations,
ce sont des positions officielles émanant de nos congrès
provinciaux, découlant des années antérieures.
Face à cela, sur les différents articles de l'avant-projet
qui a été présenté: À l'article 46, qui
porte sur le dossier individuel pour les enfants en service de garde, l'AFEAS
s'est déjà prononcée contre le dossier individuel
cumulatif dans le domaine scolaire. J'imagine que nos membres à la base
ne seraient pas trop favorables face à un dossier qui serait
monté pour chaque enfant et qui le suivrait non pas seulement à
partir de la maternelle et de l'élémentaire, mais qui
commencerait à le suivre à partir de ses premières
années d'existence.
Face à l'article 34, qui parle de services de garde en milieu
familial, on pense que, pour ce qui est de la garde, dès qu'il y a plus
que quatre enfants, cela nécessite une deuxième personne dans le
milieu familial. Ce seraient peut-être ces modalités qui seraient
difficiles d'application pour ce service. On trouve que, si c'est difficile
d'application pour un service de garde en milieu familial, cela serait
drôlement désavantager tous les milieux ruraux et les milieux
semi-urbains, car il y a aussi une forte population qui demeure dans ces
milieux.
Pour ce qui est du temps qui a été alloué pour
l'étude de l'avant-projet et pouvoir préparer les
mémoires, on trouve que ce temps a été beaucoup restreint.
Comme on n'est pas un organisme qui se préoccupe uniquement des
garderies, et comme on avait d'autres préoccupations découlant de
nos congrès, il a été beaucoup trop court pour qu'on
puisse en parler et se prononcer en profondeur sur ce projet.
Je pense que nos membres ont déjà aussi demandé que
le gouvernement établisse définitivement une politique globale
familiale où on se préoccuperait de prévention face au
couple, où on se préoccuperait aussi de services face à
l'adolescent et où on se préoccuperait de services face à
la petite enfance. Cela devrait faire partie intégrante d'une politique
globale émanant des gouvernements.
On pense aussi que, dans le projet de loi qui sera préparé
pour être débattu en première, deuxième ou
troisième lectures, à ce moment-là, il y aura beaucoup
plus de précisions faites dans les
divers articles, car, hier, on a parlé d'imprécisions dans
les articles.
Pour ce qui est de l'article 33, où on dit qu'un permis d'agent
de services de garde en milieu familial serait donné à des
corporations municipales, à des commissions scolaires, je pense
qu'actuellement, face aux commissions scolaires, les organismes des milieux ont
beaucoup de difficultés à pouvoir utiliser les locaux scolaires
pour des réunions. Les parents sont propriétaires, par le
paiement des taxes passablement élevées qui sont exigées
des parents, et on a beaucoup de difficultés à occuper des locaux
qui sont à nous, les parents. Je me pose des interrogations. Advenant
que ce seraient, dans toute la province, les commissions scolaires qui se
chargeraient d'instaurer des garderies dans les milieux, et je me demande
jusqu'à quel point cela pourrait être disponible, quand on sait
qu'à partir de 16 heures, on a de la difficulté à occuper
nos locaux.
On serait d'accord aussi en tant que mouvement AFEAS, que l'entreprise
privée soit favorisée, que les garderies à but lucratif et
non lucratif qui sont des entreprises privées, soient
encouragées. C'est sain pour la bonne concurrence qu'il peut y avoir
entre le domaine privé et le domaine public. (11 h 30)
À ce moment, ça laisse aussi un libre choix aux parents
parce qu'on dit qu'on doit, à partir de la petite enfance, amener les
enfants à faire un libre choix à l'école. Les professeurs
tendent de plus en plus à laisser aux enfants la liberté à
l'école. Si on enlève la liberté aux parents, je me
demande si on ne travaille pas à l'envers: on prépare nos jeunes
à une liberté possible et on veut restreindre aux parents la
liberté qu'ils peuvent avoir.
Ce sont des remarques qu'on tenait à faire. On n'est pas d'accord
avec un réseau universel de garderies, qui serait uniquement la
contribution des gouvernements.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme Belle-mare. M. le
ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier les
porte-parole de l'AFEAS de nous avoir présenté, de façon
claire, leurs positions.
Si je m'arrête un moment aux trois recommandations qui
découlent de vos congrès, nous sommes entièrement d'accord
avec le contenu de ces trois recommandations, comme on l'était
tantôt avec les recommandations du groupe des fermières.
Quant aux écoles non utilisées, ça n'apparaît
pas dans le projet de loi parce qu'il s'agit là de questions qui peuvent
être solutionnées par des gestes administratifs. Il y a environ un
an, le Conseil des ministres a établi une procédure, qui est
très claire maintenant, pour disposer de locaux scolaires qui ne sont
plus utilisés. Il y a une liste d'organismes à qui la commission
scolaire doit offrir, par priorité, les locaux; tout d'abord au monde
scolaire de la région, aux autres écoles de la commission
scolaire et à tous les niveaux du monde de l'éducation pour la
région. Si le monde scolaire de la région n'a pas besoin d'un tel
local, le deuxième groupe à qui on offre les locaux, c'est le
monde municipal, et le troisième groupe, c'est le monde des affaires
sociales. Donc, à ce troisième stade, si les deux premiers ne
peuvent pas ou ne veulent pas utiliser les locaux, les affaires sociales
entrent en ligne de compte et on peut, par le biais d'un groupe de parents qui
veut mettre une garderie sur pied, louer les locaux scolaires par la
corporation des parents.
C'est ce qu'on fait actuellement dans une trentaine d'écoles au
Québec, une trentaine d'écoles sont actuellement utilisées
comme locaux de garderies. Il pourrait y en avoir plus, je suis d'accord avec
vous; mais je voulais simplement vous indiquer que notre gouvernement se
préoccupe de cette question qui traîne dans le paysage depuis des
années. Nous pensons qu'il faudra aller un pas plus loin et appliquer
encore plus de pression auprès des commissions scolaires pour que, dans
les locaux d'écoles qui sont encore utilisés pour les
écoliers, mais qui sont libres le soir, la population ait un
accès plus facile à ces écoles. Je sais de quoi vous
parlez, on est bien conscient de ça. Par contre, ce n'est pas facile de
respecter l'autonomie des commissions scolaires, parce que votre mouvement,
comme bien d'autres mouvements, demande que le gouvernement laisse les
autorités régionales s'arranger et prendre leurs
décisions, qu'il s'agisse d'une municipalité ou d'une commission
scolaire.
Comme vous le savez, la décision de prêter ou de ne pas
prêter un local à des groupes, le soir, ça relève de
la commission scolaire locale ou régionale, mais on est bien conscient
qu'il y a un problème de ce côté et on va continuer nos
efforts.
Pour ce qui est de la garderie en milieu familial, vous dites: D'une
part, c'est trop rigide. Hier, on entendait des groupes dire: Ce n'est pas
assez précisé quelles sortes de normes vous allez exiger, quelle
sorte de surveillance vous allez avoir, quelle sorte de niveau de services vous
allez avoir. Je veux simplement vous faire remarquer que certains groupes nous
disent: Vous n'allez pas assez loin; d'autres nous disent: Vous allez trop
loin. Quant à nous, il ne faut absolument pas que ce soit un
système trop bureaucratisé, trop compliqué; il faut qu'il
y ait un minimum de qualité de services rendus, donc il faut qu'il y ait
un peu de surveillance, mais il faut aussi qu'on laisse aux parents
qu'on leur accorde assez de jugement le soin de décider quelles
personnes peuvent faire de la garde d'enfant.
À ce sujet, j'ai une suggestion bien concrète à
faire aux membres de l'AFEAS et aussi aux fermières. Dans le projet de
loi, il est prévu qu'un groupement à but non lucratif peut
devenir une agence de service de garde en milieu familial. Dans les milieux
ruraux ou semi-urbains, je conçois très bien qu'un groupe comme
le vôtre, ou celui des fermières, puisse devenir une agence de
service de garde en milieu familial. Alors, il s'agira de faire une demande
auprès de l'office pour
devenir une agence. Il me semble que vous connaissez assez ces milieux
pour pouvoir jouer un rôle utile. Nous voulons qu'il se développe
un bon nombre de places en garde familiale. L'an prochain, notre objectif, pour
l'année qui commence en avril, c'est 2000 places en milieu familial.
On est bien conscient qu'il faut éviter que ce soit trop
bureaucratisé, que ça devienne trop lourd comme machine. Quant
à moi, je vous ouvre la porte sur cette possibilité d'un champ
d'action.
Finalement, la question du dossier. Hier, peut-être que vous
n'étiez pas ici au moment où j'en ai parlé. Il s'agit
vraiment de fiches d'inscription très simples. Vous pourrez voir les
copies des fiches. Il y a une deuxième fiche qui est une autorisation
des parents pour que l'enfant puisse sortir en groupe avec les gens de la
garderie, et une autre qui est une autorisation pour des soins de
médecin ou d'hôpital en cas d'urgence. C'est tout. Il ne s'agit
pas vraiment d'un fichier cumulatif qui va suivre les enfants dans les moindres
détails.
Politique familiale. Si à peu près aucun gouvernement,
à ma connaissance, dans les pays avec lesquels on a des contacts, n'a
réussi à élaborer une politique familiale, ce n'est pas
parce que les gouvernements ne veulent pas en élaborer. C'est que le
sujet lui-même une politique familiale porte tellement
à controverse. Il y a tellement de divisions dans notre
société, comme dans les autres sociétés, par
rapport à ce qu'est le rôle d'une famille, à ce que doivent
être les fonctions d'une famille. Nous avons un Conseil consultatif de la
famille et des affaires sociales qui nous a fait des propositions. On
étudie ces propositions de ce qui pourrait être le fondement d'une
politique familiale. Mais je vous prie de me croire que ce n'est pas facile,
pour n'importe quel gouvernement, d'arriver à formuler une politique
familiale qui va rallier l'ensemble d'une société qui est devenue
tellement pluraliste, une société dans laquelle on trouve
tellement de divergences d'opinions sur ce qu'est la famille et sur les
rôles qu'elle doit jouer.
Alors, je pense, pour ma part, que c'est un peu comme pour les normes en
garde familiale tantôt. Certains nous disent: Vous êtes trop
stricts; d'autres nous disent: Vous n'êtes pas assez stricts. En ce qui
concerne une politique familiale, je pense que le gouvernement, tout en ayant
une préoccupation des intérêts de la famille, ne doit pas
intervenir de façon trop rigide pour dicter aux gens ce qu'elle doit
être. Bien souvent, ce que les groupes veulent, ce que les citoyens et
citoyennes veulent, c'est d'avoir une espèce d'aide économique ou
des conditions de vie qui sont telles que chaque cellule, chaque citoyen ou
chaque individu pourra réaliser ce qu'il entend comme politique
familiale.
Vous nous reprochez, d'une part, de nous ingérer un peu trop
parfois et, en même temps, vous nous demandez de définir une
politique familiale. Je vous dis que définir une politique familiale de
façon trop précise, de la part d'un gouvernement, peut devenir
une façon de s'ingérer.
Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Mme Bellemare.
Mme Bellemare: J'aimerais revenir sur un point. Le ministre a
parlé, hier, de ce qui a été demandé, à
savoir des choses très précises face aux garderies qu'on exige,
de la surveillance précise. Les groupes qui se sont exprimés
hier, ce sont des groupes de milieux urbains, faciles de regroupement.
Mais quand moi, je dis qu'il ne faudrait pas être trop rigide,
c'est justement pour ne pas défavoriser le milieu rural et le milieu
semi-urbain, où ce n'est pas la même chose que dans un grand
milieu urbain. Il faudrait peut-être, à un moment donné,
que les gouvernements soient capables de voir la différence entre un
milieu rural et un milieu urbain et d'avoir des exigences autres pour un milieu
rural que pour un grand milieu urbain, où il y a peut-être une
densité plus grande de population. Géographiquement, c'est
beaucoup plus facile, donc, il faudrait quand même qu'il y ait des
souplesses pour les milieux ruraux, ce qui ne nuit pas aux garderies
établies dans les milieux urbains parce que, c'est sûr qu'une dame
d'une paroisse à quinze milles d'une ville n'ira pas conduire le matin,
le midi et chercher le soir son enfant dans une garderie bien organisée
où on peut exiger des choses.
Je pense que ce dont les enfants ont besoin, ce n'est pas tant d'avoir
des jouets et de jouer à côté d'autres enfants que
l'écoute face à l'enfant, que d'être capable d'avoir une
attention spéciale face aux enfants, ce qui peut se faire das un milieu
familial, en garde familiale, ce qui ne nécessite pas... Nos
grand-mères qui ont élevé dix ou douze enfants, pourquoi
étaient-elles seules pour en élever dix ou douze et qu'on
exigerait aujourd'hui qu'à partir de neuf enfants, on soit obligé
d'être deux personnes? Cela défavorise la façon
d'implanter, dans les milieux ruraux, le service de garde en milieu
familial.
Le Président (M. Boucher): Merci. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais aussi remercier les porte-parole de
l'AFEAS pour leur mémoire et je les félicite d'avoir pris le
temps de le faire, parce qu'elles ont de nombreuses occupations, elles ont eu
des rencontres assez récemment. Je sais que vous avez beaucoup de pain
sur la planche comme, d'ailleurs, le Cercle des fermières qui vous a
précédé. Je n'ai pas de question précise à
vous poser, sauf une, mais je voudrais quand même expliquer certaines
choses non pas pour venir à la défense des commissions scolaires,
mais je pense qu'il y a des faits qui doivent être rétablis. Qu'il
y ait des commissions scolaires qui n'aient rien voulu comprendre, c'est fort
possible, mais ce qu'il faut que vous vous disiez, c'est que les
commissions scolaires, aussi, sont coincées dans des normes
financières très très rigides; cela, vous le savez, je
pense. Quand, par exemple, ce qui semble si simple... moi-même, je me
souviens, quand quelqu'un nous disait: Pourquoi ne peut-on pas avoir la salle X
on est des parents, ou un groupe de louveteaux de six heures
à huit heures, le soir? C'est que de six heures à huit heures, le
soir, il y a des frais de concierge à assumer, ce qui ne sont pas des
caprices d'une commission scolaire, mais c'est dicté par la convention
de ces employés. Donc, ce qui apparaît très simple au
départ devient un peu plus compliqué quand, par exemple, le
groupe de louveteaux dit: Je n'ai pas d'argent pour payer les $20 de frais de
concierge. La convention oblige que, quand l'école est ouverte, le
concierge soit là.
Il y a toutes ces modalités qui font que des choses simples
deviennent compliquées. Il y a aussi une collaboration avec les
municipalités ou les villes. Dans la ville de Montréal, il s'est
développé une collaboration quand même assez grande pour
que les locaux, par exemple, des polyvalentes... je pense que chaque
polyvalente a un protocole avec la ville, quand elle laisse les locaux, c'est
pris en main par la ville. Le nombre de démarches et de pourparlers que
ceci a impliqués pour que le personnel qui prenait la relève
à 16 heures s'occupe de telle chose, ainsi de suite, et les
responsabilités de chacun... et je sais que dans d'autres
municipalités, je ne veux pas non plus jeter le blâme sur les
municipalités, mais tout cela est très complexe. (11 h 45)
Ce qui est survenu dans le cas des garderies... J'entendais le ministre
dire: On a une politique, on l'offre en premier lieu aux autres organismes
d'éducation, en deuxième lieu, on l'offre aux
municipalités et, en troisième lieu, on l'offre pour
répondre aux besoins gouvernementaux, le gouvernement n'a rien
inventé. C'est une politique qui est en vigueur dans les commissions
scolaires depuis nombre d'années. Je vais vous donner un exemple: quand
le gouvernement a décidé de faire ça il y a un an ou deux,
il y avait un problème de garderie, une garderie qui se cherchait un
local. Alors, il a dit: Désormais, vous pouvez acheter ça
à $1 l'école désaffectée. La garderie a dit: C'est
bien beau, mais il faut que j'administre le bâtiment, que je paie des
assurances. On sait fort bien, et je pense que vous étiez ici hier, vous
l'avez fort bien réalisé, que le financement des garderies et du
personnel est fait par rapport à d'autres milieux. Des chiffres ont
été avancés. Ce sont un peu les enfants pauvres de tout
notre système, je pense qu'on ne se racontera pas d'histoire
là-dessus.
C'est un peu irréaliste de penser qu'une garderie pourrait
acquérir un bâtiment alors que les plus petites
municipalités ne veulent même pas l'acquérir à cause
des frais d'entretien, etc., qu'elles vont encourir.
Je ne veux pas m'étendre plus longtemps sur le sujet, ce n'est
pas un problème qui est aussi simple qu'on peut le croire en surface.
C'est beaucoup plus complexe, ce qui n'est pas une excuse, là où
il y a de la rigidité de part et d'autre et de l'incompréhension.
Je suis sûre que cela existe comme dans n'importe quel autre domaine.
Si le ministère des Affaires sociales dit, depuis un an et demi:
On en vient à des arrangements plus faciles, c'est qu'il a
débloqué un peu plus d'argent aussi pour les garderies pour
qu'elles puissent assumer les frais qu'elles encouraient à
l'intérieur d'un local, les frais de nettoyage, enfin tous les frais
inhérents à la location d'une garderie. C'était facile
pour le gouvernement de dire: Ce sont les commissions scolaires qui ne veulent
rien comprendre. Ce n'est pas un problème aussi simple que ça, il
faut d'abord que les gens aient les moyens financiers, que ce soit la
commission scolaire, la municipalité ou la garderie. Je voulais juste
faire cette mise au point parce que je pense que là où il y a de
la rigidité et de l'incompréhension, il faut le dénoncer
et il faut se battre contre ça. Par contre, je pense qu'il est trop
facile aussi pour tout le monde de dire: C'est la faute de tout le monde, sauf
la nôtre. Le gouvernement trouvait facile de dire: C'est la faute des
commissions scolaires. On sait fort bien qu'à plus ou moins long terme,
on ne sait pas quel sort il leur réserve de toute façon. C'est
vraiment à côté du sujet, et je serais d'accord avec le
député de Rosemont s'il intervenait pour m'interrompre.
Il y a une chose que je voudrais vous demander en relation avec la garde
en milieu familial. Dans le milieu où vous vivez, vous ou les deux dames
qui vous accompagnent, est-ce qu'il y a des expériences de garde qui ont
été faites en milieu familial? Non pas encadrées par un
office, mais de l'initiative même de certaines femmes du milieu?
Mme Bouvet (Jeannine): II y en a eu dans ma municipalité
oui, avec beaucoup de succès. C'était une dame qui avait
déjà été dans l'enseignement. Elle avait de jeunes
enfants elle-même et ne voulait pas à ce moment-là
retourner sur le marché du travail, privilégiant de cette
façon l'éducation de ses propres enfants qu'elle ne voulait
confier à personne d'autre. Il y avait à l'occasion, soit pour un
après-midi, une matinée ou toute une journée, des dames
qui conduisaient là leurs jeunes enfants et je sais que cela a
été un succès.
Mme Lavoie-Roux: Elle prenait soin de combien d'enfants?
Mme Bouvet: Quatre ou cinq enfants, ça n'allait pas
tellement plus loin que ça, mais les siens n'étaient pas
très jeunes, elle n'avait pas de bébés naissants. Elle
avait des enfants de deux ans, trois ans ou quatre ans.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'étaient pas nécessairement
des enfants qui lui étaient confiés de sept heures à cinq
heures ou pour une période de dix heures, comme on retrouve souvent dans
le cas des garderies. C'était plutôt un service de
dépannage.
Mme Bouvet: C'est ça. Si elle était libre le soir,
elle acceptait aussi des enfants le soir, mais c'était surtout le
jour.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais revenir à une remarque de Mme
Bellemare. C'est bien vrai quand vous dites que nos grand-mères ont
élevé 10 enfants elles en ont même
élevé 18, dans certains cas, s'il y en avait 18 qui
réussissaient à survivre mais je me demande si on ne
vivait pas dans un autre contexte, où les choses étaient
relativement plus simples, où on ne se retrouvait pas avec 10 enfants en
bas de cinq ans. C'est bien important de faire la différence. Il y a
aussi le fait que ces dames, dans leur propre milieu, pourront voir revenir,
à l'heure des repas, des enfants plus vieux qui ne demandent pas de
soins de garde, mais qui vont occasionner, à l'heure des repas ou les
journées de congé, les journées pédagogiques ou
autres on sait que les enfants ont pas mal de journées de
congé qui vont se trouver à s'ajouter au nombre.
Même si c'est un enfant de 9, 10, 11, 12 ans, on ne peut pas toujours
dire: Sois raisonnable, parce que j'en ai neuf qui ont en bas de cinq ans.
Je pense que deux personnes pour neuf enfants, cela ne me semble pas
exagéré, mais ce que je voudrais savoir, c'est de quelle
façon cela "nuira au développement de la garde en milieu
familial", si vous en exigez deux pour neuf enfants.
Mme Caron (Noëlla): Je peux compléter son idée
un peu. Je connais, dans mon milieu, deux familles qui gardent des enfants.
Chez nous, c'est le contraire de ma compagne, c'est à temps plein, ce
sont toutes les heures de travail de la mère; les dames en question
gardent environ quatre enfants. Mais, à l'occasion, cela ne les
empêche pas d'en garder plus. Si les normes sont trop
sévères, trop exigeantes, à ce moment-là, cette
dame devra peut-être abandonner... On veut dire, supposons qu'on oblige
ces foyers à avoir beaucoup de matériel pour soi-disant
l'éducation des enfants, on considère que, souvent, c'est
superflu; cette femme, qu'est-ce qu'elle fait? Elle s'occupe des enfants avec
amour, elle les aime et elle en a soin. C'est ce qui est important pour de
jeunes enfants, ce n'est pas un paquet de bebelles, de choses superflues.
On trouve que c'est souvent superflu. C'est sûr que ça
prend des choses pour les distraire, mais vous savez très bien qu'une
boîte de carton, souvent, des papiers, des crayons, une bicyclette quand
il fait beau, c'est ce dont les enfants ont besoin.
Mme Lavoie-Roux: Une balançoire.
Mme Caron: Une balançoire, des choses simples comme
ça. Si on exige beaucoup de choses, ça peut décourager ces
initiatives privées. On en reste toujours avec la
nécessité de conserver des initiatives personnelles.
M. Lazure: Si vous permettez, je ne peux pas être plus
d'accord que vous là-dessus; je suis convaincu que, souvent, les jouets
les plus éducatifs partent d'éléments et d'objets
très simples, les objets courants dans la vie de l'enfant. Pour toutes
sortes de raisons dont on n'a pas à discuter aujourd'hui, on a
exagéré l'importance des soi-disant jouets éducatifs. Mais
je reviens à ma question de tantôt, parce que ça rejoint
votre dialogue: Est-ce que votre groupement serait intéressé
je suis sérieux quand je vous pose la question à
vous et aux fermières, à jouer ce rôle d'agence dans
certaines régions pour nous aider à ouvrir des places en garde
familiale?
Mme Bellemare: C'est peut-être possible dans des milieux
précis, dans des milieux locaux. Maintenant, est-ce qu'on peut
présumer, pour nous autres qui faisons partie du niveau provincial,
qu'à ce moment-là, on instaurera dans les milieux locaux ou on
favorisera ou on incitera... je ne peux pas présumer de l'action
à entreprendre, disons qu'on est un organisme féminin dont les
préoccupations ne sont pas nécessairement celles-là.
M. Lazure: Mais vous pouvez nous donner un coup de main.
Mme Bellemare: On peut quand même donner un coup de main,
mais ça ne veut pas dire... J'aimerais présenter à Mme
Roux une expérience qui a été vécue dans notre
milieu, où six personnes se sont regroupées, six jeunes femmes;
chaque jour, une femme gardait les enfants des cinq autres. Cela veut dire
qu'elle avait six enfants. Donc, une fois par semaine, elle avait six enfants,
mais par contre, les autres jours de la semaine, elle pouvait participer
à un travail à temps partiel ou faire des emplettes, ou faire du
travail à la maison, sans avoir à se préoccuper de son
enfant et des autres. Cela a été une expérience
vécue. Cela veut dire que ces expériences, à ce
moment-là, qui voudraient être aidées par l'instauration de
la garde en milieu familial, ce ne serait probablement pas possible avec des
normes précises comme celles qui existent dans le document. C'est dans
cet esprit.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous avez raison à bien des
égards. Mais il reste que lorsqu'on parle d'encadrement, l'office a
quand même une responsabilité du point de vue du bien-être
et de la protection des enfants. Vous pensez peut-être plus à des
normes précises du point de vue matériel et tout cela. Ceux qui
m'ont déjà vue dans d'autres fonctions se souviendront des longs
débats que j'avais quand j'examinais le matériel coûteux
des maternelles, et particulièrement dans les classes d'accueil. Tout le
monde connaît ma sympathie pour les classes d'accueil. Dans les classes
d'accueil, c'était incroyable ce qu'on v retrouvait. Comme vous le
dites, ce n'est pas nécessairement relié à la
qualité des soins. C'est un
aspect. Il y en a bien d'autres qui sont aussi importants.
Je vous remercie mesdames.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Tout d'abord,
permettez-moi de vous remercier pour votre participation à cette
commission, de même que pour l'éclairage que vous apportez.
Dans votre mémoire, à la page 2, vous mentionnez: "Nous
qualifions cependant de rigides certaines exigences requises au fonctionnement
du service de garde en milieu familial." Tantôt, on a parlé de
certaines exigences. Mais par contre, est-ce qu'il y a d'autres exigences
auxquelles vous faites allusion dans votre mémoire et dont on n'a pas
parlé tantôt?
Mme Bellemare: Non, les exigences, c'est d'après le nombre
requis de personnes pouvant s'occuper des enfants. On pense que cela
entraverait peut-être...
M. Cordeau: C'est la principale. Maintenant, concernant une
politique familiale gouvernementale, le ministre a mentionné qu'il y
avait un conseil consultatif de la famille. Par contre, votre mouvement
serait-il d'accord pour que le gouvernement convoque une commission
parlementaire afin d'entendre différents organismes
intéressés à l'implantation d'une politique familiale, et,
en plus du conseil consultatif, le gouvernement pourrait avoir un
éclairage plus complet des désirs de différents
mouvements?
Mme Bellemare: C'est ce qu'ont demandé les membres de
l'AFEAS, depuis trois ou quatre ans, que les gouvernements se
préoccupent de mettre en place une politique familiale globale pour voir
à la prévention et aussi, dans d'autres domaines, face à
l'enfant, face au couple.
M. Cordeau: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Cordeau: Madame veut continuer.
Mme Caron: Je voudrais ajouter quelque chose sur la politique
familiale. M. Lazure disait tout à l'heure qu'une politique familiale ou
une politique globale, pour plaire à tout le monde, serait difficile.
J'en conviens que ce serait difficile. Mais ce que nous préconisons,
à l'AFEAS comme Mme Bellemare le disait tout à l'heure
c'est surtout préventif. Mais, en même temps, on a
constaté que ce sont toujours des politiques de plâtrage, qui
touchent généralement les marginaux, sans vouloir être
péjoratif. On semble toujours favoriser les familles monoparentales. Je
n'ai rien contre cela. L'AFEAS n'a rien contre cela. Nous sommes d'accord
qu'elles ont besoin de protection, elles ont besoin de politiques
spéciales.
Mais on voudrait que cette politique globale touche la famille. Je veux
dire par là aider aussi les couples qui veulent élever
eux-mêmes leurs enfants, alors les couples et les mères qui
demeurent au foyer pour leurs enfants.
Je pense que ce serait difficile, mais réalisable, d'aider ces
familles, sans aider sur le plan économique, mais aider, de toute
façon, les familles.
Mme Bouvet: ... de façon à susciter de
l'intérêt soutenu pour cela, assurer sa promotion. On engloberait
là-dedans tout ce qui pourrait toucher au Tribunal de la famille, toutes
ces choses qui sont connexes et qui sont franchement laissées pour
compte. On voudrait une politique d'avant-garde face à cela. Ce n'est
pas facile, mais je ne vous apprends rien en disant que ce n'était pas
facile dans le domaine scolaire, ni dans le domaine des affaires sociales, ni
dans tout autre domaine. (12 heures)
M. Lazure: Mais admettez-vous que ce qu'on introduit pour la
première fois, la garde en milieu familial avec des fonds de
l'État, c'est un pas dans la direction que vous préconisez?
Mme Bouvet: Oui, c'est parcellaire, mais c'est quelque chose. On
l'apprécie.
M. Lazure: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Seulement une question technique. Vous
répondiez tout à l'heure à Mme le député de
L'Acadie sur l'expérience tentée par six femmes. Les enfants
allaient-ils d'une maison à l'autre ou étaient-ils toujours
regroupés dans la même maison, réparti sur les six
jours?
Mme Bellemare: Dans l'expérience qui a été
vécue, ils se véhiculaient d'une maison à l'autre.
M. Grenier: Cela n'a pas posé de problème majeur,
le fait d'aller d'une maison à l'autre?
Mme Bellemare: Non, parce que tant que ces femmes-là en
ont senti le besoin, c'est l'expérience qu'elles ont vécue. Quand
l'enfant allait à l'école, c'était autre chose, mais tant
que le besoin s'est fait sentir, cela a bien fonctionné.
M. Grenier: D'accord, merci.
M. Cordeau: En terminant, mesdames, je voudrais vous
féliciter pour le magnifique travail d'éducation et d'action
sociale que vous accomplissez dans vos milieux respectifs.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Avant de terminer, une courte question. Quand vous
nous demandez de faire une distinction entre les groupes ou les
localités, quand vous nous dites de donner plus de souplesse aux
localités rurales par rapport aux localités urbaines, est-ce que,
derrière cette demande-là, vous ne préconiseriez pas dans
les grands centres, dans les villes comme, par exemple, Montréal, les
garderies en milieu familial? Est-ce cela que vous voulez dire quand vous dites
d'assouplir la réglementation en milieu rural par rapport au milieu
urbain? J'aimerais que vous puissiez nous donner des explications
additionnelles là-dessus.
Mme Bellemare: Cela ne veut pas nécessairement dire
d'empêcher le grand milieu comme Montréal de pouvoir participer
aux services de garde en milieu familial, mais cela veut dire qu'il devrait y
avoir des normes assez souples pour que, dans les milieux ruraux à
faible densité de population et à faible densité
d'enfants, ce soit aussi réalisable que cela peut l'être dans un
grand milieu urbain où il y a la population voulue pour être
capable de le réaliser de cette façon-là.
M. Lavigne: Est-ce qu'à travers vos propos vous avez
déjà pensé à une forme d'assouplissement pour le
milieu rural? Quand vous dites cela, que voyez-vous dans la
réglementation au niveau de l'assouplissement? Qu'est-ce que vous
trouvez trop rigide dans l'avant-projet de loi pour le milieu rural dans le
type de garde en milieu familial?
Mme Bellemare: Dans cela, jusqu'où cela peut être
réalisable, une femme dans son milieu familial qui garderait, par
exemple, des enfants de trois ou quatre ans, même si elle en avait six,
donc plus de quatre, elle pourrait à elle seule en garder les six,
tandis que le projet de loi est spécifique en disant: Dès qu'il y
en a plus de quatre, il doit y avoir deux personnes. Cela veut dire qu'avec
cinq enfants, on ne peut pas instaurer dans le milieu familial un service de
garde en milieu familial, dès qu'il y a plus de quatre enfants.
M. Lavigne: Quand il y a des groupes qui viennent ici qui
s'inquiètent sur la qualité des services de garde, ne pensez-vous
pas qu'à partir du moment où il y a une seule personne pour
garder cinq, ou six, ou sept enfants, on n'y perd pas sur la qualité,
d'après vous?
Mme Bellemare: La qualité des services de garde, trois
personnes qui se soucieraient peu du bien-être de l'enfant ou qui leur
donneraient un paquet de bebelles pour les envoyer jouer dans un coin
plutôt que d'être à leur écoute, jusqu'où
c'est plus valable et c'est plus éducatif que la mère qui en
aurait cinq mais qui dirait: J'ai moins de jouets, mais, par contre, je suis
à leur écoute. Ce sont deux sons de cloche. Jusqu'où
est-ce plus valable ou moins valable?
M. Lavigne: Je vous remercie beaucoup.
Le. Président (M. Boucher): Merci.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): Question de règlement?
Allez-y, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: On est en train d'empêcher des
députés ministériels de parler et, au nom de la
démocratie, je pense qu'il faut intervenir et le souligner.
Le Président (M. Boucher): J'attendais que madame
réponde.
Mme Caron: Excusez, je peux peut-être le laisser parler
avant, c'est parce que je pensais que vous disiez que c'était
terminé.
Moi, c'était vis-à-vis de M. Lazure, qui a répondu
tout à l'heure aux fermières que ce n'était pas de
l'étatisation, la politique de garderies. Je suis d'accord avec lui que
ce n'est pas de l'étatisation vraie, autant que le mot le dit, mais
c'est un peu de l'étatisation dans l'esprit des membres de l'AFEAS. Du
moment que c'est l'État qui fournit des fonds, plus ou moins, du moment
que c'est l'État aussi qui supervise ou qui crée un office de
supervision et que c'est l'État qui fixe des normes, à ce moment
je me dis: C'est un petit peu de l'étatisation.
L'AFEAS est pas mal en faveur de diminuer l'étatisation. Elle
s'était déjà prononcée contre le fait qu'on
favorisait beaucoup moins les écoles privées; dans le domaine des
garderies, c'est un peu semblable. Je tenais simplement à vous souligner
qu'on veut que l'étatisation de toutes ces choses ralentisse un peu.
M. Lazure: M. le Président, juste un court commentaire. Le
mot "étatisation" lui-même est un mot qui fait peur et qui est
peut-être employé à toutes sortes de sauces, c'est un peu
comme un Bonhomme Sept Heures, le mot "étatisation".
Ce n'est pas parce que l'État aide un peu les parents
c'est ça qu'on fait un peu dans le domaine des garderies qui
n'ont pas des revenus suffisants, parce que les parents qui ont des revenus
suffisants, on ne les aide pas du tout. Un réseau d'État, c'est
accessible à tout le monde, c'est ça que le regroupement SOS
garderies et certains autres regroupements nous demandent. On dit: Pour nous,
il n'est pas question de faire ça du jour au lendemain.
M. Grenier: Le chat est sorti du sac!
M. Lazure: Je n'ai jamais caché, notre gouvernement n'a
jamais caché et le programme du Parti québécois... J'ai
cité hier l'article...
Mme Lavoie-Roux: Le chat sort du sac!
M. Pagé: M. le Président, est-ce que je peux avoir
la parole?
Le Président (M. Boucher): Un peu d'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lazure: M. le Président, pour revenir sur un ton plus
sérieux, j'aimerais bien que les députés de l'Opposition
accordent un peu de sérieux à cette question.
J'ai cité, hier, le programme du Parti québécois
qui veut, par étapes, étendre les services de garde pour
répondre à tous les besoins, mais, comme on le fait actuellement,
de façon nuancée, c'est-à-dire en laissant aux parents le
choix de la garde en milieu familial, de la garde en garderie, de la garde dans
le milieu de travail, peu importe. C'est là notre position
fondamentale.
Quand vous dites qu'on va vers l'étatisation, on n'est pas
d'accord avec votre diagnostic, on ne va pas vers l'étatisation, on va,
trop lentement à mon goût et au goût de plusieurs, vers une
augmentation du service de garde et on a un rattrapage à faire au
Québec, parce que les gouvernements antérieurs ne s'en sont pas
occupés de façon sérieuse.
Le Président (M. Boucher): Oui, Mme Caron.
Mme Caron: Je suis bien d'accord avec ce que vous venez de dire,
seulement, vous l'avez dit vous-même: Pas assez vite à mon
goût. Je tiens simplement à vous dire notre point de vue à
nous de l'AFEAS, vous allez déjà assez vite, bien assez vite; on
vous demanderait même de ralentir un peu.
M. Lazure: Aidez-nous avec la garde en milieu familial.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, le ministre des Affaires
sociales n'a jamais, bien sûr, boycotté le député de
Papineau, d'autre part, c'est le ministre qui a le plus fait pour le milieu de
l'Outaouais québécois.
Je veux intervenir de façon spéciale pour féliciter
l'AFEAS pour le grand travail d'éducation qu'elle fait dans le milieu.
Je dois vous dire que les femmes qui militent dans l'AFEAS, dans l'Outaouais
québécois, ont apporté une sorte de révolution de
la prise de conscience des femmes, de la prise en main de leurs affaires par
elles-mêmes. J'ai donc un grand témoignage à rendre
à ces femmes qui travaillent très fort et qui font leurs
revendications en tant que femmes. Tout ce que je dois leur dire, c'est deux
mots: Désormais, vous devez dire aux hommes et aux femmes que vous
rencontrez: Je veux et j'exige.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Papineau.
M. Lazure: Adjoint parlementaire de Mme Payette...
Le Président (M. Boucher): Alors, au nom de...
M. Pagé: M. le Président, est-ce qu'on a bien
compris que le ministre s'engageait à recommander au premier ministre de
le nommer adjoint parlementaire; c'est ça?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! Au nom
de tous les membres de la commission, je remercie l'Association féminine
d'éducation et d'action sociale, l'AFEAS, d'avoir présenté
le mémoire, ainsi que les représentantes qui l'ont fait et
j'invite immédiatement l'Association des centres de services sociaux du
Québec.
M. Lacroix, si vous voulez identifier les personnes qui sont avec
vous.
Association des centres de services sociaux du
Québec
M. Lacroix (Gilles): M. le Président, M. le ministre,
madame et messieurs les députés, je voudrais vous
présenter, dans un premier temps, mes collègues. À ma
gauche, Mme Micheline Mayer-Renaud, du service de recherche du Centre de
services sociaux du Montréal métropolitain; à ma droite,
Mme Pauline Marois, de l'Association des CSS, coordonnatrice à
l'implantation et au fonctionnement de la loi 24, la Loi sur la protection de
la jeunesse. Mon nom est Lacroix. Je suis directeur général
à temps plein d'un CSS et, à temps partiel, président de
l'Association des CSS.
Ce n'est pas la première fois que l'Association des centres de
services sociaux comparaît devant les commissions parlementaires traitant
de problèmes ou de projets reliés à l'enfance. Qu'on
songe, entre autres, aux quelques avant-projets de loi sur la protection de la
jeunesse et, tout récemment encore, sur celui portant sur
l'adoption.
Même si le projet actuellement à l'étude n'a pas
nécessairement les mêmes implications pour nos membres, en tant
qu'organisme, il n'en est pas moins tout aussi important en ce qui concerne la
clientèle famille-enfance avec laquelle nous travaillons
quotidiennement. Nous n'avons pas l'intention de relire ici notre
mémoire, mais de vous en présenter plutôt les
éléments qui nous apparaissent les plus importants.
Nous aimerions de plus vous signaler que nous n'avons pu faire une
étude exhaustive de tous les articles du projet, compte tenu du temps
dont nous disposions. Nous avons plutôt procédé en
sélectionnant certains éléments de l'avant-projet,
éléments ayant un impact sur notre clientèle et, par voie
de conséquence, sur nos établissements et sur la population en
général.
Suivant le cadre de notre mémoire, dans un premier temps, nous
aborderions l'avant-projet en tant que politique sociale. En deuxième
lieu, nous nous arrêterions aux impacts que ce projet peut avoir sur les
centres de services sociaux et enfin, dans un dernier temps, nous aimerions
conclure en utilisant les résultats de certaines recherches
venant confirmer ou infirmer l'approche prônée par l'actuel
avant-projet de loi.
Nous sommes d'accord avec le projet, de façon
générale, et reconnaissons qu'il s'agit d'un autre pas
législatif important. Par ailleurs, la commission ne sera sans doute pas
surprise de nous voir reprendre ici l'une de nos demandes les plus
fondamentales, demande sur laquelle s'appuient plusieurs de nos
démarches antérieures. Et, en ce sens, nous réaffirmons la
nécessité et l'urgence nous différons un peu avec
certains groupes qui se sont déjà présentés
d'une politique sociale axée sur la famille. Nous n'osons plus parler
d'une politique de la famille, mais d'une politique sociale axée sur la
famille et qui pourrait prévoir, entre autres, des services à
l'enfance et à la famille intégrés. Si cette politique
existait, elle devrait couvrir des sujets aussi vastes que la politique du
revenu, du logement, du travail, etc.
Prenons, à titre d'exemple, le rapport du Conseil du statut de la
femme sur la condition féminine. Si, déjà, un cadre
semblable était tracé relativement à la famille, nous
croyons que l'actuel avant-projet pourrait venir s'inscrire comme un
élément d'un tout plus fonctionnel et mieux
intégré. (12 h 15)
Cela étant dit, nous reconnaissons, d'autre part, que tant par la
multiplication des ressources de garde reconnues dans l'avant-projet que par
les programmes de développement qui seront appliqués, les
services de garde pourraient devenir de plus en plus, dans une politique
sociale mieux intégrée aux besoins de la famille, des ressources
d'appui permettant entre autres, outre un enrichissement pour l'enfant, un
renforcement du tissu familial et possiblement un frein à la dislocation
familiale avec les conséquences que l'on connaît.
Enfin, pour terminer avec ce chapitre sur l'avant-projet comme politique
sociale, nous croyons que l'office, comme structure, devrait avoir non
seulement le pouvoir, mais l'obligation de se décentraliser. En effet,
cette structure, si on la veut plus humaine, plus capable d'adaptation, doit
pouvoir s'inscrire davantage dans la quotidienneté régionale.
Il serait sûrement plus juste de parler d'abord de l'avant-projet
et de son impact sur les clientèles des centres de services sociaux.
Nous l'avons un peu abordé au chapitre précédent, nous y
reviendrons de façon plus systématique en conclusion. Nous nous
attarderons plutôt ici à l'analyse des fonctions qu'on semble
vouloir confier à des organismes du réseau et dont les centres de
services sociaux pourraient être avec un point d'interrogation
soit le rôle d'agence de services de garde en milieu familial.
Nous ne refuserions pas, a priori, d'assumer une telle fonction; nous voulons
cependant en circonscrire les exigences et y poser certaines limites.
En effet, certains centres de services sociaux, de par la lourdeur de
leurs responsabilités auprès de la population, et en particulier
auprès des enfants et des personnes âgées, ne sont sans
doute pas les mieux placés pour répondre à l'intention du
législateur qui désire une instance de décision
légère et souple. En ce sens, l'Association des centres de
services sociaux croit que chaque situation devrait être
évaluée au mérite, et surtout en fonction des ressources
régionales disponibles et des ressources les plus aptes à
répondre aux besoins.
Il est certain, par ailleurs, que des centres de services sociaux ne se
défileront pas face à des responsabilités accrues. Mais en
toute objectivité, il faudra s'attendre à un fonctionnement
possiblement moins souple, et on peut s'en douter, des demandes de ressources
additionnelles. Par contre, l'Association des centres de services sociaux croit
que les CSS auront un rôle important à jouer dans la
définition des besoins de garde et dans la promotion des services et,
à ce titre, souhaite y participer et y collaborer de façon
active.
Enfin, en tant que centre de services sociaux, nous ne pouvons passer
sous silence la notion de garde en milieu familial versus la notion de famille
d'accueil. À ce chapitre, l'Association des centres de services sociaux
désire attirer l'attention du législateur sur la
différence de contribution qui sera versée à la personne
responsable de services de garde en milieu familial, comparativement à
celle versée aux familles d'accueil. De mémoire, les centres de
services sociaux ont la responsabilité d'entre 15 000 et 18 000 familles
d'accueil au Québec.
Nous nous interrogeons sur les implications d'une telle politique sur la
motivation et le recrutement des familles d'accueil. Il serait temps,
croyons-nous, que le rôle des familles d'accueil dans toutes ses
dimensions soit peut-être davantage pleinement reconnu. L'actuel
avant-projet de loi fait ressortir davantage certaines aberrations relativement
aux exigences que l'on pose au réseau des familles d'accueil.
L'avant-projet ayant été traité en tant que
politique sociale et relativement à son impact sur les centres de
services sociaux, nous n'avons pas l'intention de reprendre la partie touchant
l'analyse de certains articles particuliers, mais si les membres de cette
commission veulent poser des questions sur les points que nous soulevons dans
notre mémoire, nous serons disponibles pour y répondre.
Nous aimerions plutôt tenter d'ouvrir des pistes de solution et,
à ce titre, nous aimerions plutôt vous citer les conclusions d'une
recherche effectuée par M. Jacques Vachon, intitulée "Les parents
face au placement". Cette recherche a d'ailleurs été
subventionnée par le ministère des Affaires sociales du
Québec, et est le fruit d'une collaboration de plusieurs organismes
dont, entre autres, le Centre de services sociaux du Montréal
métropolitain, de même que le département de sciences
sociales de l'Université de Sherbrooke. Il nous semble opportun de vous
rappeler certaines des conclusions de l'étude qui nous apparaissent
venir appuyer l'ensemble des affirmations qu'on a faites aujourd'hui.
"II est nécessaire que des mesures fiscales à grande
échelle soient introduites pour une augmentation sensible du revenu
familial pour l'amélioration des conditions de logement et le
développement d'un meilleur système d'emploi." Ces propositions
ne sont pas nouvelles car elles reviennent comme un refrain dans de nombreux
rapports et études qui s'intéressent au bien-être de la
famille et de l'enfance.
Devant l'importance des enjeux, on ne doit donc pas s'abstenir de
reformuler à nouveau ce type de propositions.
Au niveau de la prévention secondaire, deux grands types
d'investissement apparaissent nécessaires, soit des investissements au
plan des systèmes de support à la vie familiale et des
investissements importants en termes d'interventions préventives.
Dans le domaine des systèmes de support, on devrait inclure des
réseaux de garderie accessibles à tous et n'ayant pas seulement
une fonction de garde, mais une fonction de socialisation et de
développement des enfants.
Parallèlement, il y aurait lieu d'établir des
équipements de services de gardiennes à la portée des
possibilités économiques des familles et dont les critères
d'opération seraient fonction des réalités quotidiennes de
ces familles.
L'aide à domicile pouvant fournir une assistance
matérielle ou éducative dans les cas d'hospitalisation,
d'incapacité physique ou émotionnelle des parents est une autre
composante d'un système de support à la famille qui
nécessiterait d'être élargie.
Dans l'état actuel du système de support à la
famille, la fragilité de nombreuses familles monoparentales n'en est que
plus accrue et l'intégrité de ces familles est
régulièrement menacée par une défaillance
même légère des parents.
Une suggestion offerte par Jenkens et Norman, soit celle du
"neighborhood parenting" qui rejoint le concept de l'affiliation sociale par
opposition ou comme différente de l'affiliation sanguine, une notion
selon laquelle certains types de soins substituts pourraient avoir lieu dans le
voisinage afin de ne pas déranger la fréquentation scolaire et de
préserver l'intégration de l'enfant dans son milieu.
En conclusion, nous aimerions retourner à Vachon et
référer à certaines de ses conclusions. La conclusion de
Vachon sur les familles ayant déjà placé un enfant appuie
ainsi notre demande pour une politique sociale axée sur la famille. En
effet, les familles qui placent un enfant sont, la plupart du temps,
socioéconomiquement défavorisées, très souvent des
familles monoparentales et dont le chef est une femme. L'expérience du
placement provoque une séparation douloureuse de l'enfant et de ses
parents, avec un risque très élevé d'une séparation
qui devient définitive. Plusieurs de ces séparations pourraient
être évitées par une politique de prévention et de
support qui les rendrait inutiles ou qui les réorienterait vers des
services beaucoup plus fidèles aux véritables besoins des
familles.
M. le Président, je vous remercie de votre attention et nous
sommes à votre disposition.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Lacroix. M. le
ministre.
M. Lazure: Avec le consentement de la commission, nous pourrions
peut-être prolonger, comme on l'a fait hier, de quinze minutes environ,
pour permettre d'abord un échange...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Une voix: D'accord.
M. Grenier: ... en ouvrant ce quart d'heure.
M. Lazure: Si vous voulez, vous aurez votre
récréation de deux heures au complet, M. le député
de Mégantic.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce n'est pas de la
récréation, on a du travail à faire à nos
bureaux.
M. Lazure: Je veux remercier l'Association des centres de
services sociaux pour leur travail fort bien étoffé. J'ai
quelques questions et quelques commentaires. Je ne veux pas
répéter les commentaires que j'ai faits tantôt sur les
difficultés d'élaborer une politique familiale. Je veux
m'arrêter sur deux points particuliers: la décentralisation et la
garde en milieu familial.
La décentralisation, vous proposez qu'elle soit obligatoire. La
question que je vous pose, c'est: Comment voyez-vous l'application d'une telle
obligation? Comment implanter une décentralisation obligatoire de
l'office en région?
Mme Marois (Pauline): On n'a pas effectivement poussé
très loin cette recherche-là, mais la façon dont le groupe
de travail l'avait un peu vu, ce qui rejoint un peu aussi l'approche des
centres de services sociaux, on dit que parmi l'ensemble des fonctions
prévues et la loi en définit un certain nombre on
pense qu'effectivement certaines fonctions devraient relever essentiellement de
la base régionale, quitte à ce qu'un encadrement très
large soit défini par un office centralisé.
On pense, entre autres, par exemple, à la définition de
programmes d'aide ou de développement dans certaines garderies ou
même au niveau de la garde en milieu familial. Selon les
différentes régions ou selon chaque région, on dit qu'il y
a plus ou moins de services disponibles ou de services accessibles, de telle
sorte qu'en fonction des régions, qu'on soit en milieu rural, semi-rural
ou urbain, à forte concentration ou à faible densité, on
pourrait effectivement en arriver à définir des programmes et des
services répondant de façon plus adéquate, selon une piste
et, dans un autre, selon une piste différente.
Dans ce sens, on dit qu'effectivement, il devrait y avoir des fonctions
essentiellement lais-
sées au pouvoir régional. Maintenant, comment faire
ça? C'est toujours un peu embêtant et on en a parlé au
cours de la commission. On parle des organismes du réseau en disant
qu'ils sont lourds, bureaucratiques, etc., qu'on ne devrait surtout pas leur
donner ces fonctions. Ils sont monstrueux. C'est vrai parfois, je pense qu'il
ne faut pas le nier, et, parfois, ce n'est pas vrai. On peut être
très souple et très près des populations qu'on dessert. Il
y a différentes raisons, mais je pense qu'on n'est pas ici pour les
expliciter.
On a regardé la possibilité d'offices régionaux,
mais on dit que c'est encore une nouvelle structure. On est aux prises
actuellement avec l'implantation d'une nouvelle loi, on sait les coûts
que cela entraîne et on sait les ressources limitées dont on
dispose, de sorte que les services en souffrent d'autant. On dit alors: Est-ce
qu'on va encore proposer une nouvelle structure, qui va entraîner encore
des coûts? On est conscient de ça et on dit alors: Ce n'est
probablement pas à privilégier ou à souhaiter.
À ce moment, si on regarde ou si on analyse la situation
régionale des affaires sociales d'une façon
générale, il reste qu'on aboutit aux conseils régionaux de
la santé et des services sociaux qui, jusqu'à maintenant,
demeurent quand même, au niveau du réseau, qui sont restés
un organisme de planification, de recherche, de consultation, de concertation,
et auxquels on veut donner de plus en plus des rôles d'action positive,
dans le sens d'intervention, dans leur milieu. Je me dis que ce serait
peut-être une façon de commencer. Ils sont quand même, dans
la structure des affaires sociales, relativement légers comme
organismes, à comparer, entre autres, à certains CSS, il faut le
reconnaître. Je pense qu'on n'est pas naif à ce point.
On n'a pas poussé davantage cette étude, sauf qu'on dit
que c'est important de le faire. Peut-être qu'en fouillant plus loin, on
trouverait qu'il y a d'autres organismes qui peuvent assumer ça. Il y a
dans certaines régions des conseils régionaux de
développement, qui étaient les anciens conseils
économiques; peut-être que ce sont eux, dans certains cas, qui
pourraient assumer ça.
M. Lazure: Merci. C'est pour ça qu'on a laissé une
expression assez large, organisme sans but lucratif ou quelque chose du genre,
qui permettra, comme vous dites, selon les régions, des initiatives
particulières. J'en profite pour en parler, je ne l'ai pas encore
tellement dit clairement, mais une de nos principales inquiétudes, avec
les augmentations de budget importantes qu'on a cette année et l'an
prochain, c'est d'éviter qu'on ait des crédits
périmés, c'est de réussir, si vous voulez, à
dépenser tout cet argent.
Je ne suis pas sûr qu'on va, malgré les
améliorations dans les subventions de démarrage de nouvelles
garderies, réussir à ouvrir des places, que ce soit en garde
familiale, en garderie, milieu de travail ou garderie de quartier, à un
rythme souhaitable. C'est pour ça que je fais appel aux groupements qui
passent ici, que ce soient des groupements du réseau des affaires
sociales ou des organismes bénévoles. On ne rejette pas les CSS,
même si ce sont des structures fort imposantes. Il y a peut-être,
dans certaines régions, des CLSC qui pourraient intervenir de
façon encore plus légère, si vous voulez, auprès de
leurs clients. Je comprends très bien que vous êtes
déjà, les centres de services sociaux, à même de
connaître des milliers de familles d'accueil. Qui sait si, parmi ces
milliers de familles d'accueil, il n'y en a pas un certain nombre qui
pourraient faire de la garde en milieu familial? Il y a donc là un lien
logique.
Mme Marois: Si vous me permettez, je m'excuse, avec ce qu'on nous
soulignait d'autre part, le fait que les sommes qu'on va donner dans le cas
d'une famille de garde, en regard de ce qu'on verse à une famille
d'accueil, on sait que c'est difficilement comparable, même si, je
préviens tout de suite la question, dans un cas, c'est un revenu et,
dans l'autre, ce ne l'est pas. (12 h 30)
M. Lazure: C'est cela. C'était mon dernier commentaire.
Vous avez raison de souligner l'importance de garder toujours une
cohérence entre l'aide qu'on apporte aux familles d'accueil et les
subventions, l'aide qu'on apporte aux services de garde. On s'est
efforcé de garder cette cohérence. Il va falloir la garder
constamment, pour qu'un réseau n'entre pas en concurrence
déloyale avec l'autre réseau. On a besoin des deux types de
ressources.
Je vous remercie, tout le groupe des services sociaux. Votre document
mériterait une discussion plus approfondie qu'on pourra peut-être
remettre dans un autre contexte, étant donné que j'ai l'occasion
de vous rencontrer assez souvent.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Gosselin: II me semble que c'est la première fois qu'on
aborde vraiment la question de la décentralisation, des rôles
régionaux qui peuvent être joués...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Avec la permission du député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, on va peut-être continuer
dans cette veine, nous autres aussi.
Le Président (M. Boucher): Je retiens votre intervention,
M. le député de Sherbrooke. Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Quelquefois, il y
a une question qui est une sous-question, mais, si vous retouchez le
problème de la décentralisation, je pense que cela devient une
question d'ordre général.
Quoi qu'il en soit, je veux remercier l'Association des centres de
services sociaux du Québec.
Vous signalez plusieurs points, ou plusieurs lacunes, dans
l'avant-projet de loi, que j'ai eu l'occasion de souligner au cours de la
journée d'hier, en particulier le fait que l'avant-projet de loi ne
s'articule pas sur une politique. Et je ne parle même pas d'une politique
sociale axée sur la famille, mais même d'une politique des soins
à l'enfance, d'une façon générale. C'est un peu
comme un hors-d'oeuvre. Cela répond à un besoin, mais c'est mal
intégré et on a l'impression d'être devant une absence de
politiques, à toutes fins pratiques.
Vous soulevez le problème de la décentralisation. Comme
vous le dites, vous n'avez pas la réponse. C'est un problème
extrêmement important, parce que, dans toute la création ou
l'établissement de nouvelles structures, qu'on les appelle offices,
commissions ou autres, il faut être... Le ministre se souviendra que,
là-dessus, dans le cas de l'étude de la loi sur les
handicapés, j'avais fait une bataille c'est un grand mot
on avait discuté assez longuement sur la nécessité de ne
pas créer un office qui soit une nouvelle structure bureaucratique qui
prenne les responsabilités des autres. Le même problème
pourrait se présenter ici, avec la création d'un office des soins
de garde.
Le problème de la décentralisation au niveau
régional, pour assurer la souplesse dont d'autres groupes ont
parlé, pour mieux coller aux besoins, cela me semble important. Est-ce
que c'est le CRSSS? Je ne le sais pas. Mais une chose est certaine, c'est qu'il
faut une décentralisation et il faut empêcher que l'office ne
devienne une autre superstructure.
Quant aux responsabilités que pourraient assumer les CSS, c'est
vraiment un problème pour moi. On vous a donné et je pense
que c'était normal qu'on vous le donne on vous a demandé
d'assumer, en grande partie, l'application de la loi 24. Là, vous allez
avoir aussi des demandes qui vous seront adressées. Apparemment, la
machine ne se met pas en vitesse aussi rapidement qu'on l'aurait
souhaité. Vous avez aussi des responsabilités à
l'égard de l'application de la loi 9, pour les personnes
handicapées. Et là, on arriverait, en prenant comme
hypothèse que, du côté de la garde en milieu familial, vous
aviez beaucoup de responsabilités... Je me dis que c'est une autre
fonction qu'on vous demande d'assumer. Je pense que vous avez vu, par la loi
24, que, quand on vous demande d'assumer des responsabilités, il n'y a
pas toujours les ressources correspondantes qui vous sont accordées.
Mais, quoi qu'il en soit, même si on vous accordait les ressources
suffisantes, est-ce que, vraiment, vous ne vous voyez pas même au
niveau d'un CSS plus dans le domaine de la planification des besoins, ou
d'un apport à cette planification des besoins, que dans un rôle
d'évaluation des milieux familiaux qui accepteraient de faire de la
garde. De quelle façon voyez-vous votre rôle?
Mme Marois: Je pense qu'effectivement il peut se situer à
deux paliers. D'une part, pour ce qui a trait à l'identification des
besoins de garde, là, on s'entend dans le sens qu'on a d'abord quand
même des fonctions de recherche, compte tenu d'une vision
régionale globale. À cause de notre mission et à cause de
nos responsabilités, on a cette vision. Ce serait même
sous-utiliser ou mal utiliser nos ressources que de ne pas se servir de cette
connaissance pour la traduire ou pour l'organiser. Dans ce sens, on a des
fonctions de recherche et d'identification de besoins, ce qui ne veut pas dire
de le faire essentiellement d'une façon théorique, mais de le
faire d'une façon très pratique aussi. On l'a déjà
fait. Il y a des recherches qui le prouvent actuellement. Il y a cette fonction
que l'on ne veut absolument pas nier, au contraire. À cause de notre
intervention dans des milieux très défavorisés où
il y a présentement des besoins, entre autres, extrêmement grands
relativement à la notion de garde, il faut être capable et
être en mesure d'appréhender ces besoins et de les traduire,
à tout le moins. C'est un volet.
Un autre volet vous le suggérez un peu pourrait
être l'évaluation de la famille de garde et, dans ce sens,
être l'agence de services de garde. On a effectivement des
habiletés. Une de nos tâches parfois, on nous juge
sévèrement, mais il reste qu'on l'assume avec une assez grande
qualité c'est l'évaluation de la famille d'accueil, par
exemple, et l'utilisation de cette ressource. La famille d'accueil peut,
jusqu'à un certain point, se rapprocher de la notion de famille de
garde. Effectivement, on a des habiletés et des outils qui ont
été développés relativement à
l'évaluation de familles, de capacités aussi de familles
d'intervenir auprès d'enfants. Dans ce sens, on pourrait intervenir. Ce
sont les deux rôles possibles.
Là où on met un frein, c'est à ce deuxième
volet, parce qu'on pense à quelque chose de souple, de près des
gens, facilement accessible, etc. On met un frein à certains CSS pour
lesquels il ne s'avère pas possible d'assumer cela, mais, d'autre part,
on dit: Dans certains milieux prenons un centre de services sociaux dans
le Bas-du-Fleuve, à Chicoutimi ou dans des régions un peu plus
rurales ou semi-rurales où c'est souvent la seule ressource en termes de
système organisé un peu capable d'avoir déjà sur
place les éléments sans avoir à les créer ou
à les inventer de toutes pièces cela prend un temps
très long. Au contraire, ces centres offrent dans certains cas de la
souplesse, de la disponibilité, de la facilité d'accès,
mais on dit: Ce n'est pas vrai pour tous. Chaque situation devrait finalement
être évaluée au mérite dans ce sens-là.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, je pense bien qu'il n'y a pas de
décision de prise. Est-ce que madame voulait ajouter quelque chose?
Mme Renaud (Micheline): S'il vous plaît. Je voudrais
reprendre votre question au sujet du rôle de l'identification des besoins
que pourraient assumer les CSS. Je voudrais seulement ajouter à ce que
vient de dire Pauline Marois que le rôle de recherche que les CSS ont
accepté à l'intérieur de leur mémoire s'est
concrétisé déjà à l'intérieur du
CSSMM où il y a déjà eu une analyse des besoins
de la population du territoire en matière de services de garde,
de services de santé et de services sociaux, un peu pour montrer
jusqu'à quel point on a reconnu dès avant l'avant-projet de loi
notre rôle à ce niveau-là.
Je voudrais ajouter aussi que d'autres recherches faites par les centres
de services sociaux ou par des collaborateurs de ces centres ouvrent des pistes
quant aux services de garde et aussi quant à une politique d'ensemble
pour la famille. Entre autres, M. Lacroix a cité la recherche de Vachon
sur les familles ayant placé un enfant, les CSS étant
placés en bout de ligne. Les CSS se retrouvent à accueillir les
gens qui ont des problèmes et qui ont vraiment besoin d'aide ayant
vécu des situations difficiles. Les recherches que l'on peut faire avec
les personnes qui ont des problèmes nous permettent souvent de voir ce
qui a pu manquer avant, quelles sont les lacunes qui ont amené les gens
à venir nous demander de l'aide, qui nous ont amenés à
voir des situations très détériorées et à
nous ouvrir des pistes sur ce qui aurait pu exister comme services qui auraient
pu aider ces gens-là avant qu'ils ne se détériorent
davantage.
Je voudrais seulement souligner, d'une part, que les CSS ont un
rôle important à jouer, qu'ils l'assument et qu'ils le
reconnaissent et que ce rôle les amène souvent à
considérer qu'une politique globale sur la famille ou axée sur la
famille s'impose pour diminuer les situations de détérioration
que nous rencontrons à tous les jours.
Mme Lavoie-Roux: Si je vous comprends bien il y a deux
rôles, celui de la planification je ne sais pas si vous appelez
ça un "département" de recherche, mais vous avez une section de
recherche qui est assez importante. Vous pouvez collaborer dans ce sens.
La question que je vous posais était bien davantage
vis-à-vis du deuxième rôle que, d'ailleurs, vous avez
identifié d'une façon précise. On voit, par exemple, que
vous êtes obligés, parce que vous assumez une nouvelle
responsabilité, de peut-être enfin c'est ce que j'entends
dire laisser de côté les services de "counseling" aux
couples; il s'en fait moins qu'il ne s'en faisait, alors qu'il faudrait qu'il
s'en fasse plus. Il y a peut-être des priorités à
établir et c'est pour ça que je voulais savoir... Je suis
contente que vous ne disiez pas: II faut que ça nous revienne; il faut
regarder dans un éventail plus large et voir là où on
pourra assurer, soit la meilleure évaluation, soit le meilleur suivi ou
la meilleure prévention, qu'on l'appelle de quelque façon que ce
soit.
Je vous remercie, il y a bien d'autres questions qu'on pourrait ajouter,
mais je pense qu'on n'a pas le temps, si on veut terminer. On tiendra compte de
vos remarques.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme le
député de L'Acadie. M. Lacroix.
M. Lacroix: M. le Président, j'aimerais peut-être
ajouter un commentaire. L'orientation des CSS et la grande préoccupation
des CSS, c'est de développer de plus en plus une politique ou des
politiques de maintien à domicile de travail auprès des
familles.
Je voudrais citer, à ce sujet, et retourner à ma
présentation qui mentionne que, pour nous, les services de garde sont
perçus essentiellement comme des services de soutien à la
famille; bien sûr, ils rejoignent l'enfant, mais ils s'adressent d'abord
à la famille.
Je pense à une recherche récente, dont on vient d'avoir
les conclusions, l'Opération 30 000 enfants, où on retrouve,
à l'analyse de la population, que sur les 30 000 enfants placés
au Québec, il y en a 65% qui sont issus de milieux à parents
uniques ou à absence de parent, tuteur légal ou tuteur d'office,
d'où l'importance, à notre point de vue, des rôles qu'on va
jouer, de toute façon, indépendamment de ce qui pourrait
être prévu dans le projet de loi final pour les CSS. Les
rôles d'identification des besoins; on sait que les besoins sont
là. Jusqu'à maintenant, on ne pouvait pas compter sur une
ressource comme celle-là, le jour où la ressource devient
disponible, il est bien sûr que les CSS, malgré leur
monstruosité, sont capables de se tourner vite et de promouvoir, dans un
deuxième temps, la mise sur pied de services de garde dans les
régions dans lesquelles ils sont impliqués, parce que les CSS
savent que le besoin est là et les CSS savent aussi que ça peut
être un élément important pour éviter les
dislocations familiales, avec les conséquences que cela implique.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je tiens à vous remercier et vous
féliciter pour le mémoire que vous nous présentez, vous
avez même du goût dans la couleur de votre mémoire.
Je voudrais vous poser des questions qui sont peut-être plus
techniques que les autres qui ont été posées et dont les
réponses seraient intéressantes pour la commission.
Vous avez dit que vous aviez environ 18 000 familles d'accueil je pense,
environ, plus ou moins. Il y a quelques années, on a parlé
d'affecter davantage des écoles non utilisées, et en ville et en
campagne, aux familles d'accueil. J'aimerais que vous nous disiez si ça
se fait maintenant. Dans les faits, est-ce que ça se précise,
ça? On est moins témoin. On le sait moins. On sait qu'on a ouvert
pour ça le ministre était d'accord... Est-ce qu'on a
ouvert davantage d'écoles désaffectées ou d'écoles
qui ne servaient plus à des familles d'accueil, tant pour adultes que
pour jeunes?
Mme Marois: Je comprends mal la question.
M. Grenier: C'est-à-dire qu'il y a une couple
d'années, si ma mémoire ne me fait pas défaut, on avait
demandé que les écoles soient davantage utilisées que des
lieux familiaux, si vous voulez, qu'on réutilise ces écoles qui
sont désaffectées, à cause du nombre décroissant
d'enfants...
Mme Marois: Pourquoi?
M. Grenier: ... pour l'utilisation des familles d'accueil,
adultes ou jeunes. Est-ce que vous sentez que...
Mme Marois: C'est ça. Est-ce que vous voulez parler de la
notion de centre d'accueil?
M. Grenier: C'est ça.
Mme Marois: D'accord, ça va, c'est parce que la notion
"famille d'accueil", je m'y perdais un peu.
M. Grenier: Oui, de centre d'accueil. (12 h 45)
M. Lacroix: Je sais qu'il y a une politique du gouvernement qui
veut qu'avant de construire de nouveaux centres d'accueil ou des
bâtisses, si on veut, les officiers du ministère s'assurent qu'il
n'y a pas de bâtisses déjà érigées, vacantes,
qui pourraient être utilisées... Je sais, en tout cas... On n'a
pas d'étude exhaustive là-dessus. Je sais que, dans la
région où je suis, pour ma part, il y a des écoles qui ont
été transformées en centres d'accueil.
M. Grenier: Oui. Je me suis occupé de trois ou quatre
dossiers dans ce sens dans mon district électoral et il n'y en a pas un
qui a débouché, à ma connaissance. Je me demandais s'il y
avait des raisons particulières ou si ça pouvait se faire
ailleurs. Vous m'affirmez que ça se fait en différents endroits
et que ça va bien.
Dans vos familles d'accueil, la proportion de jeunes que vous avez et la
proportion d'adultes est de combien, à peu près? Moitié,
moitié ou...
M. Lacroix: Quand je mentionnais c'est un chiffre
approximatif, évidemment que les CSS avaient la
responsabilité d'entre 15 000 et 18 000 familles d'accueil au
Québec, si je fais une proportion rapide, c'est bien sûr que la
grande proportion est au niveau des familles d'accueil pour enfants, parce que
la possibilité d'utilisation de familles d'accueil pour adultes ne date
que de quelques années, ce qui veut dire que si on voulait mettre des
chiffres là, je m'aventure je pense que les officiers du
ministère seraient plus en mesure que moi, mais...
M. Grenier: Mais c'est majoritaire quand même pour les
enfants, surtout avec le réseau...
M. Lacroix: C'est très majoritaire.
M. Lazure: Au moins deux tiers un tiers et peut-être
même trois quarts un quart.
M. Lacroix: On pourrait dire, sous toute réserve, 75%-25%,
75% d'enfants, 25% d'adultes.
M. Grenier: Surtout avec l'ère de développement des
centres d'accueil pour personnes âgées qu'il y a eu, je pense bien
que cela a favorisé ce secteur davantage et que ça fait moins de
familles d'accueil du côté des personnes âgées.
Est-ce qu'il arrive que vous ayez des familles d'accueil
combinées dans la même maison, par exemple, la même
institution? Bien sûr, c'est peut-être séparé
à l'intérieur, des familles d'accueil pour adultes et des
familles d'accueil pour jeunes? Cela ne se produit pas?
Mme Marois: Non.
M. Lacroix: Non. Cela demande des ressources différentes,
je pense, et, pour ces raisons, il y a des familles d'accueil qui sont
clairement identifiées pour adultes et d'autres qui sont clairement
identifiées pour enfants.
M. Grenier: D'accord. Une toute dernière question. Dans
les familles monoparentales vous avez conclu, bien sûr, que les
familles monoparentales consistaient surtout en mères de famille,
principalement il y a un problème qui s'est vu aux
États-Unis, c'est que des filles mères, principalement, des
femmes qui ne veulent pas se marier ou qui ne veulent pas fonder de foyer,
élèvent des enfants. La loi favorise une fille mère, par
exemple, pour élever des enfants seule. C'est le problème no 1,
dans le Sud des États-Unis, principalement. L'aide qui est donnée
par l'État ici je le demande, parce que je n'ai pas
l'information, vous êtes témoins, vous autres, vous êtes
près de ça peut-elle favoriser ça ici? Est-ce que
ce n'est pas un danger dans le moment?
Mme Marois: Cela peut favoriser la mère
célibataire.
M. Grenier: C'est-à-dire, est-ce que ça peut finir
par faire des cas qui sont certainement encore des cas d'exception, des cas
où des femmes désireraient ne pas fonder de foyer,
désireraient rester monoparentales.
Mme Marois: Et qu'on les aiderait à faire...
M. Grenier: Est-ce que la loi favorise cela, comme cas
d'exception? Ce n'est pas encore assez fort pour ça.
Mme Marois: Je pense que non, ni la loi, ni les structures, ni
les ressources qu'on met à leur disposition.
M. Grenier: Elle ne le permet pas. Est-ce que vous êtes
conscients que, dans le Sud des États-Unis, c'est un problème
cuisant, à l'heure actuelle, qui sévit depuis quelques
années? Dans le moment, on est sûrement loin de cela encore.
Mme Marois: Je pense que oui, le problème est d'un autre
ordre actuellement.
M. Grenier: Je peux témoigner aussi, pour avoir
oeuvré dans votre milieu pendant six années,
que, quand on parle de lourdeur des machines, ce n'est pas surtout
à vous qu'on fait allusion, je ne pense pas. S'il y a un secteur qui
fonctionne bien, je pense, ce sont les CSS; ce ne sont pas des louanges qu'on
vous fait, mais il est bon de se le faire dire, de temps en temps. S'il y a un
secteur qui est rapide, qui est expéditif, ce sont les CSS. C'est assez
étrange, je me demande pourquoi, j'ai collaboré dans la
région 03 et dans la région 05, ce n'est pas tout le
Québec, mais, s'il y a eu de bons témoignages dans les deux
secteurs, on a des chances que ce soit... Cela ne vous dérange pas, non?
D'accord.
Mme Marois: On espère que notre ministre l'entend.
M. Grenier: J'aimerais vous le faire savoir parce qu'on se fait
souvent dire... C'est l'autre version que vous avez le plus souvent; alors,
celle-là, il est bon que vous la connaissiez. S'il y a un secteur qui
fonctionne bien, je pense, on peut vous rendre témoignage que ça
va bien dans les CSS, il y a des services qui sont donnés rapidement et
il y a surtout des services très humains donnés chez vous; on les
touche du doigt à plusieurs reprises. Je voulais vous le dire avant de
vous laisser.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Sherbrooke.
M. Gosselin: Vous avez parlé de votre expérience,
de votre expertise très précieuse et sous-utilisée,
d'ailleurs, dans l'identification des besoins de familles de garde, et de votre
désir de contribuer à la promotion des services de garde dans les
régions. D'autre part, beaucoup de groupes qui se sont
présentés depuis hier ont exprimé leur crainte de voir les
services de garde actuels définis en fonction des régions
fortement urbanisées, de sorte qu'il y a un modèle de services de
garde qui vient des grandes villes et qui risque d'imposer, à travers un
office, un modèle qui, finalement, colle moins ou a de la
difficulté à rejoindre les besoins spécifiques des
diverses régions du Québec.
Vous avez avoué que vous n'étiez pas allés
très loin dans la réflexion, par ailleurs, quant au rôle
que vous pourriez effectivement exercer. J'avoue que, dans les discussions
préliminaires sur la création d'un office des services de garde,
il a été discuté assez abondamment, dans les
réunions qu'on a pu tenir entre députés notamment, du fait
d'avoir une structure carrément décentralisée pour la mise
en oeuvre des services de garde, selon des critères de
proportionnalité qui garantiraient des développements
accélérés dans des régions carrément
sous-équipées, en regard des régions où ils sont
déjà pas mal en avance quant à certains types de services
et qui donneraient naissance, un peu dans toutes les régions, à
des regroupements spécifiques, représentatifs, permettant
d'affecter, région par région, des budgets, de développer,
région par région, des formules originales, collant mieux aux
besoins.
J'aurais le goût d'avancer immédiatement une
hypothèse et de demander votre réaction à cette
hypothèse. Supposons que le ministère s'engage à
établir des budgets proportionnels quant au développement qu'il
entend faire de services de garde en fonction de chacune des régions et
à mettre sur pied dans chacune des régions une forme de
commission administrative comme ça se fait dans certaines régions
actuellement à propos des services pour les déficients mentaux,
les handicapés physiques, ça se fait dans la nôtre,
notamment, mais spécifiquement sur les services de garde qu'on
créerait une sorte de commission ou de conseil des services de garde
permettant de réunir un peu les mêmes personnes qu'on veut
réunir à l'office des services de garde, mais au niveau d'une
région, c'est-à-dire un représentant de la commission
scolaire, les représentants d'organismes familiaux, les
représentants des garderies instituées dans la région...
est-ce que le CSS, à partir d'une hypothèse comme
celle-là, pourrait être pilote quant à la mise sur pied
d'un type de structures administratives souples qui assureraient à la
fois que votre expertise quant à l'identification des besoins serve bien
et, aussi, quant à la mise sur pied d'une unité de gestion des
fonds affectés dans les régions qui pourrait être vraiment
sous l'autorité des régionaux? J'irais pas mal plus loin, je suis
un régional, j'irais même jusqu'à dire que les
accréditations pourraient, à la rigueur, être
données en région. Parce que je trouve difficile dans toute notre
structure, dans tout notre appareillage bureaucratique actuellement, d'avoir
à traiter de la moindre accréditation, de la moindre
halte-garderie. On a une petite halte-garderie qui fonctionne depuis quatre ans
grâce au bénévolat de quelques ménagères,
chez nous, et je vois dans l'avant-projet qu'elles devraient détenir une
autorisation du ministère des Affaires sociales.
C'est évident que si on réussissait à se donner un
minimum d'équipement au niveau régional, il pourrait y avoir des
accréditations ad hoc fournies déjà localement qui
seraient probablement plus rapides et qui assureraient peut-être un
meilleur contrôle aussi.
Je vous ai glissé cette hypothèse. Pensez-vous que vous
pourriez contribuer à la mise sur pied d'une plate-forme comme
celle-là? Est-ce qu'il vous semble que le niveau de conscience, votre
niveau de concertation, votre crédibilité dans les
régions, auprès des organismes familiaux, auprès des
institutions, pourraient vous permettre d'entreprendre un modèle de
services ou de structures semblable?
M. Lacroix: C'est demander de patiner vite. Il est
peut-être difficile de penser à des structures, en tout cas, je
trouve difficile de penser... on peut penser à toutes sortes de
modèles de structures, sauf que ce qui me paraît important, c'est
que les services de garde soient intégrés au plan
régional, dans l'ensemble des services à l'enfance. Pour un CSS,
si je pense à un service de garde, on pense à la population en
général, mais on peut penser aussi à des populations
très particulières, comme les déficients mentaux, comme
les handicapés
physiques, d'où l'importance, à mon sens, d'une
intégration régionale à l'ensemble des services à
l'enfance, que ce soit intégré.
Je reviens à la première partie de votre commentaire. On
dit dans notre mémoire que l'association est d'accord avec
l'avant-projet de loi, mais je pourrais ajouter que la dimension
particulière qui fait qu'on est d'accord, c'est justement que
l'avant-projet de loi permet un certain nombre de variances quant au mode de
garde. Je pense que par ce biais, le danger d'un modèle unique qui
pourrait ne pas correspondre à des besoins différents, selon des
milieux différents, est éliminé jusqu'à un certain
point.
Que dans une région, que ce soit le CRSSS, que ce soit le CSS,
que ce soit le CLSC, cela me paraît, à ce stade-ci, un peu
secondaire. Ce qui me paraît important, c'est que ça puisse se
faire. C'est une des recommandations qu'on fait, que ça puisse se faire
rapidement, par un organisme qui peut le faire rapidement. Quel que soit
l'organisme, je pense que les CSS, comme ils le font ou comme ils essaient de
le faire dans leurs régions, seront là pour identifier les
clientèles, promouvoir la mise sur pied d'un ensemble de services de
garde qui puisse correspondre aux besoins de la population qu'ils
desservent.
M. Lazure: Je suis très heureux de ce que M. Lacroix vient
de dire, là-dessus, on est complètement en accord et je pense
qu'il ne faut pas être dogmatique à ce stade-ci de
l'évolution des services de garde. On serait prêt à adopter
le même critère, celui que vous venez d'énoncer, à
savoir que, région par région, on confierait la
décentralisation, les tâches de l'office seraient confiées
à un organisme, soit du réseau ou soit un organisme privé
à but non lucratif, celui qui est le plus en mesure de mettre les
services sur pied rapidement. C'est ça, au fond, qui devrait être
notre critère.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Une petite question. J'aimerais que les commentaires
soient plus longs que ma question.
Le Président (M. Boucher): Nous devons suspendre nos
travaux à treize heures.
M. Cordeau: Pourriez-vous nous faire connaître vos
préoccupations concernant l'aide financière apportée aux
garderies quant aux familles d'accueil?
Mme Marois: En fait, ce qu'on soulève, comme
problème, c'est qu'on dit qu'effectivement toute l'approche,
relativement aux familles d'accueil, est une approche qui est basée sur
le bénévolat. On demande aux gens d'investir d'eux-mêmes,
au niveau du soin à donner à des enfants qu'ils prennent en garde
chez eux et vis-à-vis desquels aussi on demande à ces parents
d'investir énormément au plan affectif, au plan émotif, au
plan des soins, 24 heures par jour, sept jours par semaine, etc.
On dit: Ces familles d'accueil, on les rémunère
très peu, relativement à ce qu'on donnerait à une famille
de garde, par exemple, tel que le prévoit le gouvernement, parce que le
projet de loi ne fait pas état de chiffres, de toute façon. Et on
dit: À ce moment-là: Est-ce que cela ne remet pas en cause
effectivement la notion de famille d'accueil et surtout toutes les exigences
qu'on lui pose, à cette famille d'accueil? Et on ne veut pas dire pour
autant que c'est trop donner à la famille de garde, ce qu'on propose
comme chiffre, parce qu'on pense que c'est même en deçà,
à certains points de vue, de ce qui serait acceptable.
C'est un peu comme cela. On dit: Est-ce que cela ne viendra pas
concurrencer, finalement, la famille d'accueil, surtout qu'on lui en demande
plus encore? (13 heures)
M. Cordeau: Quels moyens suggérez-vous pour
remédier à cette lacune?
Mme Marois: Cela fait longtemps que les centres de services
sociaux y travaillent. M. Gilles Lacroix pourra peut-être confirmer. On
travaille beaucoup avec l'Association des familles d'accueil du Québec,
à essayer de faire réviser effectivement les rôles, les
responsabilités, les investissements financiers qu'on devrait faire
à leur endroit, etc. En fait, on est à travailler et on continue
de le faire, je pense, d'une façon systématique, parce qu'on
voudrait que la famille d'accueil soit mieux reconnue dans notre
collectivité, compte tenu de toutes les exigences qu'on lui pose,
finalement.
M. Cordeau: Vous pouvez compter sur notre aide, madame.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie les représentants de l'Association des
centres de services sociaux du Québec pour la présentation de
leur mémoire. La commission suspend ses travaux jusqu'à quinze
heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise de la séance à 15 h 21)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Étant donné l'heure, on va commencer tout de suite,
même si les autres membres de la commission ne sont pas
arrivés.
J'inviterais immédiatement la Fédération des unions
de familles Inc., représentée par M. Jacques Lizée. M.
Lizée, si vous voulez procéder à la lecture de votre
mémoire.
Fédération des unions de familles
Inc.
M. Lizée (Jacques): Merci. Je suis Jacques Lizée,
secrétaire général de la Fédération des
unions de familles Inc.
M. le Président, M. Lazure, Mme Lavoie-Roux, depuis plus d'une
décennie, la fédération, par des initiatives à la
base dans les milieux les plus variés de ses unions locales, est
intervenue dans le secteur des services de garde à l'enfance. Ses
actions se sont concrétisées, entre autres, par une recherche
dans plusieurs milieux au Québec sur le gardiennage et par des services
de garde de plusieurs types. Nous pensons à la mise sur pied de
garderies, aux dîners surveillés à l'école et aux
services de gardiens-gardiennes à domicile.
Nous considérons que, dans l'élaboration de politiques
d'aide aux familles, les services de garde à l'enfance doivent se
retrouver parmi les services prioritaires.
Quant à la substance de cet avis, elle se limitera à ceci:
D'abord, cette introduction; ensuite, des considérations d'ordre
général; un service que nous souhaiterions voir inclure à
cet avant-projet de loi et, finalement, des contributions venant des
associations familiales.
Il ne nous est pas apparu devoir nous engager actuellement dans une
réflexion sur les modalités d'application de cette loi-cadre.
C'est dans une étape ultérieure qu'il conviendra de le faire.
Considérations d'ordre général. En regardant
l'évolution et l'accroissement du besoin de gardiennage, on constate
qu'il se fait davantage sentir alors que la famille n'est plus en mesure de
faire appel aux ressources de la parenté et du voisinage. On pense ici
à la mobilité des familles et à l'éloignement des
parents. D'un côté, les besoins de garde augmentent et, de l'autre
côté, les ressources immédiates diminuent. Cet écart
sans cesse grandissant et le désir de tenir davantage compte des besoins
des enfants ont amené la définition de plusieurs services de
garde. C'est la juxtaposition des besoins des parents et de ceux des enfants
qu'il faut traduire dans les services de garde. D'une part, ces services
permettent, entre autres, aux parents de travailler, de se faire remplacer lors
d'une maladie et pour des sorties. D'autre part, ces services doivent
répondre aux différents besoins d'enfants handicapés, aux
besoins de socialisation et d'éducation en général des
jeunes et selon les différents groupes d'âge. Les
disparités géographiques et les différences de
densité de population sont autant de facteurs qui influent sur les types
de services à instaurer. L'avant-projet de loi sur les services de garde
à l'enfance est certes un apport considérable à cet
égard, alors qu'il prévoit l'élaboration d'une politique
générale des services de garde.
Cette loi-cadre est pour nous, qui sommes préoccupés par
l'élaboration de politiques en faveur des familles, une reconnaissance
de la diversité des familles québécoises dans l'expression
de leurs besoins et de leurs attentes.
Les fonctions dévolues à l'office, à l'article 24,
témoignent bien de ce souci global de développement des services
et de la nécessité d'être à l'écoute de la
population.
Comme les intervenants de ce matin, je me permets d'ouvrir une
parenthèse pour ce qui est de la politique familiale. La
Fédération des unions de familles a une réputation
d'être un organisme qui a toujours mis de l'avant cette idée d'une
élaboration d'une politique familiale globale. Nous en venons
actuellement à penser qu'il faudrait davantage l'élaboration de
politiques spécifiques à un ensemble de familles et à des
types de familles particuliers, plutôt qu'une politique globale de la
famille.
Ce projet de loi place au premier rang un ensemble de services de garde
et écarte l'idée unique d'un réseau universel gratuit de
garderies. On s'en réjouit, alors qu'il tient compte d'un ensemble de
besoins des familles tout en reconnaissant un accroissement substantiel du
service de garde en garderie.
Quant aux services de garde en milieu scolaire ou en halte-garderie,
nous attendions depuis longtemps cette volonté ferme de la mise sur pied
de tels services, pour lesquels nous avons été au nombre des
pionniers par l'organisation des dîners surveillés en milieu
scolaire. Le développement de ces services nécessite la
collaboration des ministères des Affaires sociales et de
l'Éducation et rejoint notre préoccupation, souvent
exprimée dans des mémoires antérieurs, quant à
l'action concertée entre ces deux ministères en faveur de la mise
sur pied de services à la petite enfance.
Le troisième point de notre mémoire est celui qui traite
du service de gardiens-gardiennes que nous avons dans nos unions.
L'avant-projet de loi ne fait aucunement mention d'un tel service de
gardiens-gardiennes et nous croyons qu'il y a là une lacune. Le
caractère souvent impersonnel de la vie de banlieue et de certains
quartiers de municipalités, ainsi que le souci de faire garder ses
enfants par des gardiens et gardiennes recommandés ont amené la
mise sur pied d'un service de gardiens-gardiennes structuré et
répondant aux attentes des parents. C'est pourquoi nous demandons que
soit ajoutée à la loi une section qui traite de ce service qui
existe depuis plusieurs années et dont la nécessité est
évidente.
À titre d'exemple, une union de familles d'une
municipalité de la banlieue de Montréal comptait, au cours de la
dernière année, plus de 160 foyers bénéficiant du
service, alors qu'autant de gardiens et gardiennes étaient
nécessaires à son fonctionnement. Ce nombre se renouvelle
à plus de 50% annuellement, alors qu'une famille, qui a trouvé
son gardien ou sa gardienne, n'a plus recours au service l'année
suivante.
Finalement, et ça pourrait être en guise de solution
nous proposons des contributions venant des associations familiales dont
nous sommes. Les associations, à cause de leur vécu, sont des
intervenants précieux.
Au stade de l'avant-projet de loi sur les services de garde, nous
croyons qu'elles pourraient fournir deux contributions particulières.
D'abord, une participation à l'office, alors que la composition des
membres prévus nous semble actuellement incomplète. Il serait
important de prévoir, à l'article 6, l'ajout d'un membre qui
serait choisi parmi les organismes préoccupés par
l'élaboration de politiques en faveur des familles, soit
les associations familiales. En d'autres mots, il faudrait
élargir l'office, sa composition.
La deuxième contribution venant des associations pourrait
être celle d'une collaboration au service de garde en milieu familial,
à titre d'organismes ayant la responsabilité du recrutement et de
la supervision du service. La connaissance du milieu par ces organismes et leur
intérêt particulier pour le sujet les placent parmi les groupes
susceptibles d'intervenir dans ce secteur.
Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Lizée. M. le
ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier M.
Lizée et la Fédération des unions de familles pour leur
exposé. J'ai quelques réactions à leur mémoire, la
première, concernant la participation des associations de familles
à l'office. J'ai dit hier aux OFAQ qu'on allait étudier cette
possibilité de façon bien sérieuse, votre collaboration au
service de garde en milieu familial à titre d'organisme ayant la
responsabilité de recrutement; en d'autres termes, la possibilité
que votre groupement agisse comme agence régionale ou locale,
supervisant et mettant sur pied des services de garde en milieu familial. Si
vous étiez ici ce matin, vous m'avez sûrement entendu faire appel
aux AFEAS et aux fermières. C'est clair que je me réjouis de ce
que vous offrez votre collaboration dans ce secteur, pour nous aider à
développer des places en garde familiale. On en prend bonne note et
notre service des garderies aura sûrement des communications avec votre
fédération.
Quant au gardiennage, pour nous, ce gardiennage à temps partiel,
si je comprends bien, est inclus dans la garde en milieu familial. On n'a pas
cru bon d'en faire un type de garde spécial. Encore une fois, je ne
pense pas que l'État doive légiférer et organiser toutes
les sortes de garde qui peuvent se faire à partir de la garde de
quelques heures par semaine. Cependant c'est le cas du gardiennage
je dois vous dire que même dans l'état actuel des choses,
il est possible, que ce soit dans une garderie, en quartier ou en milieu
populaire, ou encore dans la garde en milieu familial, d'avoir un service
à temps très partiel. (15 h 30)
Le système de subventions agit à partir d'une
demi-journée par semaine. En d'autres termes, le système actuel
est très souple, et quand on parle de subventions pour une place en
garderie, il ne s'agit pas seulement du service à temps complet,
ça peut être le service à demi-temps ou même à
seulement une demi-journée par semaine, donc quelques heures par semaine
et plus.
Par conséquent, on pense que, dans notre conception de la garde
en milieu familial, on peut très bien répondre à ce que
vous recherchez avec le gardiennage.
Voilà, M. le Président, ce que j'avais à dire. Je
remercie beaucoup M. Lizée et son groupe.
M. Lizée: M. le ministre, je pense que vous signalez un
point que, dans notre vécu, on pourrait illustrer comme ceci: à
partir de notre service de gardiens et gardiennes, justement, nous avons
dû nous-mêmes élargir la définition qu'on y donnait
et, effectivement, nous avons des familles qui, actuellement, ressemblent
beaucoup aux familles qui sont déjà prévues dans le projet
de loi, à savoir en milieu familial; nous avons déjà des
familles qui accueillent trois, quatre, cinq enfants et qui pourtant au
départ, le service en était un uniquement pour des gardiens et
gardiennes de quinze ans et plus vont garder à l'occasion, les
fins de semaine et le soir.
Je pense que c'est un fait que tout cela se complète, mais nous
voulions être sûrs que ça veuille dire aussi ce secteur.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Lizée. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je veux également remercier M.
Lizée. J'ai une question immédiate, je ne sais pas si elle
s'adresse à M. Lizée ou au ministre, mais je ne suis pas
sûre qu'on se comprenne. Vous avez posé une question
précise à l'égard des gardiens et gardiennes, et vous
venez de préciser un peu. Il s'agit d'un service de gardiennage, vous
avez probablement réussi à mettre sur pied un certain
réseau de ces gardiennes qui peuvent être âgées de 15
à 20 ans et qui, sur appel, vont répondre aux besoins des
familles d'un quartier.
Je voudrais le demander au ministre, il semble vous assurer que tout
cela est compris, mais j'ai l'impression que ceci, comme tel, n'est pas compris
dans l'esprit de l'avant-projet de loi. Ce qui est compris dans le projet de
loi, c'est vraiment le type de garderies familiales que vous avez
développé semble-t-il, mais pas cet autre aspect. Est-ce que je
me trompe, M. le ministre?
M. Lazure: Oui, jusqu'à un certain point, parce que la
garderie en milieu familial, cela ne veut pas dire seulement le
déplacement de quatre enfants vers une dame qui va assurer les soins de
garde toute la journée, cela peut se faire en sens inverse, aussi. En
d'autres termes, on peut concevoir, c'est de plus en plus rare de nos jours,
qu'un ménage a trois jeunes enfants, d'un an...
Mme Lavoie-Roux: Le député de Portneuf.
M. Lazure: ... le député de Portneuf, ses
triplés.
Une voix: Oui, trois enfants ensemble.
M. Lazure: ... et même quatre, les triplés plus un
autre, qui sont en bas âge. À ce moment-là...
M. Pagé: Ils vont avoir le temps de voter pour moi, vous
savez. De la manière que vous êtes parti...
M. Lazure: ... notre système prévoit qu'une
personne, une gardienne, pour être reconnue par
l'agence comme faisant partie du système, même si elle va
faire la garde au domicile du député de Portneuf... Cela joue
dans les deux sens.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais s'il s'agissait, par exemple, d'une
gardienne, chez madame X, qui doit s'absenter pour une raison ou pour une
autre, et on fait appel à elle pour venir garder un ou deux enfants,
à ce moment-là...
M. Lazure: C'est-à-dire que ça pourrait se faire si
c'est une dame reconnue par l'agence pour offrir des services de garde pour
quatre enfants, le maximum pour un adulte seul. Ces quatre enfants, ce peut
être des équivalents de quatre à temps plein. Cela ne veut
pas dire que ce sont quatre enfants à temps plein. Ce peut être
des enfants qui y vont à temps partiel, une journée ou une
demi-journée par semaine. Ce qui équivaut au gardiennage. Si vous
voulez sortir pendant une demi-journée et faire garder votre enfant, le
système le permettrait. Vous pourriez amener votre enfant pour la
demi-journée à cette dame qui est reconnue par l'agence, et vous
seriez admissible au système de subvention.
M. Lizée: M. le Président, je remercie Mme
Lavoie-Roux d'être venue sur ce terrain parce qu'il me semble qu'en soi,
le service gardiens-gardiennes est une chose à laquelle on peut donner
bien sûr une extension, on peut le voir de différentes
manières. Mais il reste une chose certaine; comme on l'a
mentionné brièvement dans notre mémoire, en soi, ce
service-là est voulu par un ensemble de parents qui disent: On arrive
dans des quartiers où nous vivons dans des maisons d'appartements, on a
beau voir une jeune fille dans le coin qui a quatorze ou quinze ans, ce n'est
pas pour nous une référence pour dire qu'elle viendra garder nos
enfants. Les parents veulent être sûrs, du moins moralement, et se
faire rassurer par une agence ou par un groupe du milieu qui puisse dire:
Effectivement, nous recommandons cette jeune fille-là. Et, à sens
inverse, si j'ai une fille de quinze ans qui veut aller garder dans des
familles, je dois savoir dans quelles familles elle ira garder et ce
service-là nous permet justement d'assurer au moins une certaine
garantie morale. Je pense que c'est à la fois semblable et
différent, pour ne pas dire tout à fait différent.
M. Lazure: Dans la partie qui est différente, je vous
répète encore une fois qu'on ne peut pas tout faire comme
gouvernement, comme ministère et comme office. Je pense qu'il faut
reconnaître qu'il y a des choses peut-être plus urgentes, plus
importantes à faire que d'assurer le service de gardiennage d'une
adolescente deux ou trois heures dans une soirée. Je pense que la
plupart des familles, des ménages, sont capables de s'organiser et n'ont
pas besoin de l'intervention de l'État pour organiser cela. Dans la
mesure où ce serait très régulier, je vous dis que
ça peut se greffer à la garde en milieu familial. Dans la mesure
où c'est très irrégulier, je pense qu'il faut faire
confiance aux gens et s'imaginer qu'ils auront assez d'initiative pour trouver
leurs gardiennes pour une durée de trois heures le soir.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'était important
d'éclaircir ça et ça ne me semblait pas... J'ai une autre
question qui s'adresse peut-être moins à M. Lizée qu'au
ministre. Les unions de familles, il y en a deux dans mon comté, l'Union
de familles Cartierville-Bordeaux et l'Union de familles d'Ahunstic, je ne sais
pas si les deux l'ont fait, mais une a certainement organisé des
garderies. Est-ce que ces garderies-là ce sont des garderies de
dépannage, évidemment doivent être reconnues
actuellement par le ministère des Affaires sociales?
M. Lazure: Ce seraient véritablement des haltes-garderies,
je suppose, qui actuellement ne sont pas reconnues par le ministère des
Affaires sociales.
Mme Lavoie-Roux: Dorénavant, elles seront encadrées
par l'office?
M. Lazure: Elles le seraient dans l'avenir, s'il s'agit d'une
halte-garderie régulière et non pas très occasionnelle,
à l'occasion d'un congrès d'un parti politique, par exemple.
Mme Lavoie-Roux: Je n'avais pensé à cette...
M. Lazure: Mais s'il s'agit d'une halte-garderie
régulière, dorénavant, elle aurait besoin du permis.
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, certains de ses membres
deviendraient admissibles plus facilement, probablement, à des
subventions.
Parce que c'est une formule que l'union de familles a
développée à plusieurs endroits, cette formule de garderie
de dépannage. Je pense que je n'ai pas d'autres remarques. Je voulais
faire éclaircir ces points, mais ce qu'on peut conclure, c'est que quand
l'office remplace les différents modes de garderies ou toute la
diversité de services auxquels on peut penser, ils pourraient
s'étendre quant aux modalités. Merci, M. Lizée.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme le
député de L'Acadie. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Vous allez m'excuser
d'abord d'être arrivé en retard. On est une petite formation
politique et on est souvent appelé à remplir plusieurs fonctions
en même temps. Alors, cela m'a empêché d'entendre la lecture
de votre mémoire. Est-ce que vous oeuvrez principalement dans la
région de Montréal ou au niveau de tout le Québec?
M. Lizée: Ce serait prétentieux de dire que c'est
au niveau de tout le Québec. Il y a deux fortes concentrations. Une,
nécessairement, dans
le milieu du Montréal métropolitain et ses banlieues et
une dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Alors, ce sont les deux
plus fortes concentrations.
M. Grenier: C'est à l'extérieur de Montréal
et des banlieues. Dans les régions de l'Estrie, par exemple, ce n'est
pas répandu?
M. Lizée: Non, pas du tout.
M. Grenier: Est-ce qu'il y a quelque chose de semblable qui peut
exister dans d'autres régions qui ne font pas partie de votre
mouvement?
M. Lizée: Oui, il y a d'autres services semblables, parce
que l'union de familles, à la base, c'est un groupe de citoyens qui se
réunissent pour se donner des services que la communauté n'offre
pas. Il existe ailleurs aussi des groupes semblables qui oeuvrent au plan de
famille, sans s'appeler nécessairement l'union de familles et nous
regroupons ces groupes sous le chapeau d'une fédération qui est
un organisme de représentation.
M. Grenier: Vous avez combien de familles dans l'union de
familles à peu près?
M. Lizée: 3000 familles.
M. Grenier: Je ne veux pas vous questionner trop longtemps, parce
que j'ai peur de tomber dans les mêmes questions que vous ont
posées M. le ministre ou Mme le député de L'Acadie. Mais
dans le moment, il n'y a aucune rémunération qui vous est
donnée de la part de personne. L'union de familles a un budget et, avec
cela, vous administrez un certain nombre de personnes qui font du gardiennage,
j'imagine.
M. Lizée: Le service de gardiens-gardiennes se finance par
lui-même, par les membres qui y viennent.
M. Grenier: Vous avez d'autres sortes de services qui se donnent
par l'union de familles dont celui-là en est un?
M. Lizée: Oui, comme par exemple, il y a des cours
prénataux qui se donnent aussi, entre autres...
M. Grenier: Le service de gardiennage, est-ce que ces jeunes
filles ou ces jeunes garçons, j'imagine, gardiens et gardiennes...
M. Lizée: Les deux, mais plutôt des jeunes
filles.
M. Grenier: J'imagine. Et quel âge ont-ils?
M. Lizée: Nous les prenons à partir de quinze ans.
Ceux qui viennent avant cela sont des cas d'exception. La raison pour laquelle
nous ne les prenons pas avant cet âge, c'est que nous trou- vons que les
gardiens et gardiennes doivent faire leurs premières armes avec l'appui
de leurs parents, ce que le service ne peut offrir. Quand ils viennent au
service comme tel, ils ont fait leurs armes avant. Ils ont été
supervisés par leurs parents respectifs.
M. Grenier: Est-ce que vous offrez certains cours de
préparation à ces gardiens et gardiennes?
M. Lizée: Nous offrons effectivement une mini-formation
qui peut être une rencontre avec un pompier, avec des gens de la
Croix-Rouge, pour sensibiliser les jeunes à différentes
éventualités lors du gardiennage.
M. Grenier: Quel est le nombre de jeunes qui peuvent faire du
gardiennage?
M. Lizée: Je vais vous donner un exemple d'un milieu
où, pour répondre à la demande, cela prend au moins 160
gardiens et gardiennes durant l'année. Et, à chaque année,
il faut renouveler le nombre de 60% parce que les familles, après
qu'elles ont trouvé leur gardien ou gardienne, bien sûr,
l'année suivante, n'ont plus nécessairement recours au service,
parce qu'elles ont trouvé leur gardien et gardienne.
M. Grenier: Est-ce que c'est un vase fermé? Est-ce que ce
sont des gardiennes qui vont garder chez des familles de la
Fédération des unions de familles ou si elles vont garder
n'importe où?
M. Lizée: Dans un premier temps, elles viennent garder au
sein des familles des membres. L'année suivante, ce ne sont plus les
mêmes membres, ce sont des nouvelles familles qui ont recours à
nos services. C'est ouvert à toute la population.
M. Grenier: Cela veut dire que tout le monde peut faire appel
à votre service, même si on n'est pas membre de votre
fédération?
M. Lizée: Oui.
M. Grenier: Vous vous financez vous autres mêmes et vous
voulez être inclus dans la loi, n'est-ce pas? C'est ce que j'ai cru
comprendre.
M. Lizée: II y a un autre point que j'aimerais discuter
avec M. Lazure, une petite minute, puisque vous m'amenez à l'introduire.
Nous sommes conscients que les familles peuvent trouver elles-mêmes, pour
quelques heures, un gardien ou une gardienne et que l'État ne peut pas
répondre à toutes les demandes.
Par ailleurs, si on prend le cas d'une famille monoparentale, qui veut
s'impliquer dans un groupe à la base, elle éprouve effectivement
des difficultés à trouver un gardien ou une gardienne.
Tantôt, elle a la possibilité, dans le milieu immédiat, de
le faire, mais tantôt, elle ne l'a pas.
Et je dis ceci: Nous savons l'intérêt que porte le
ministère des Affaires sociales à l'action volontaire,
actuellement. Je pense que c'est une façon d'aider les groupes, si on
veut qu'ils participent à l'activité. Souvent, ils ont à y
participer, soit comme parent unique, si c'est une famille monoparentale, ou
soit en tant que couple, si c'est une famille. Ce service de gardien et
gardienne devient une nécessité si on veut favoriser cette action
volontaire que le ministère appuie très bien actuellement.
J'espère ajouter un petit quelque chose à cela.
M. Grenier: Je... Pardon.
M. Lazure: Puisque cela n'implique pas de crédits, par
définition...
M. Lizée: Ce n'est pas en termes de crédits que
cela se fait.
M. Lazure: En termes de support technique ou d'aide, de
coordination. Ce sera un des rôles d'une agence de services de garde
familiale région par région d'aider des groupements
bénévoles comme cela. Je reviens un peu à votre offre du
début. Vous avez offert de participer à la mise sur pied de la
garde en milieu familial. Je pense que toutes les modalités ne pourront
être discutées éventuellement que lorsque l'office sera mis
sur pied.
M. Lizée: Je vous remercie.
M. Grenier: Je vous remercie, M. Lizée.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie M. Lizée pour le mémoire qu'il nous a
présenté au nom de la Fédération des unions de
familles Inc. J'invite maintenant le Conseil scolaire de l'île de
Montréal.
M. Dussault: M. le Président, pendant que le nouveau
groupe va se présenter devant nous, je voudrais que vous m'aidiez
à respecter un engagement que j'ai pris ce midi.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Châteauguay.
Association des centres de services sociaux du
Québec (suite)
M. Dussault: Je vous dis tout de suite qu'il ne s'agit pas d'une
promesse électorale. Un groupe, l'Association des centres de services
sociaux du Québec, a dû nous quitter et il a demandé au
député de Châteauguay de demander à la commission la
permission de pouvoir transcrire intégralement son mémoire au
journal des Débats.
M. Lazure: D'accord.
M. Grenier: Quel groupe est-ce?
M. Lazure: Consentement.
M. Dussault: L'Association des centres de services sociaux du
Québec.
Le Président (M. Boucher): Étant donné que
l'Association des centres de services sociaux a résumé son
mémoire, le mémoire au complet sera retranscrit en annexe au
journal des Débats. (voir annexe)
M. Dussault: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Me Mongeau.
M. Mongeau (Jacques): Oui.
Le Président (M. Boucher): Veuillez présenter les
gens qui sont avec vous et procéder à la lecture de votre
mémoire.
Conseil scolaire de l'île de
Montréal
M. Mongeau: M. le Président, j'aimerais d'abord vous
présenter, à ma droite, Mme Constance Middleton-Hope, directeur
général adjoint du Conseil scolaire de l'île de
Montréal, et, à ma gauche, Mme Nicole Saint-Jean-Demers,
responsable et coordonnatrice de la politique alimentaire dans toutes les
écoles de l'île de Montréal, et aussi rattachée
jusqu'à un certain point au ministère des Affaires sociales pour
affaire de prêts et de services en raison d'une journée-semaine et
au ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation aussi.
M. le Président, madame, messieurs de la commission, la parution
récente de l'avant-projet de loi sur les services de garde à
l'enfance a suscité un vif intérêt dans les milieux de
l'éducation.
Les commissions scolaires de l'île de Montréal sont
conscientes des besoins dans ce domaine. Leurs nombreuses initiatives au cours
des dernières années en témoignent: organisation de
surveillance et de dîners à l'école primaire,
activités parascolaires, location de locaux au prix coûtant
à des garderies et, plus récemment, organisation de garderies en
milieu de travail et mise sur pied de services de garde parascolaire. (15 h
45)
De plus, le Conseil scolaire de l'île de Montréal a
déjà officiellement manifesté son intérêt
pour les services de garde à la petite enfance. Il recommandait, dans
son mémoire, en réaction au livre vert du ministre de
l'Éducation, "que les commissions scolaires de la province soient
autorisées à ouvrir des garderies éducatives pour les
enfants âgés de 2 à 5 ans."
Si l'annonce d'une politique sur les services de garde à
l'enfance a grandement réjoui les membres du Conseil scolaire de
l'île de Montréal, la parution du texte de l'avant-projet de loi
les a profondément déçus à plusieurs points de
vue.
Nous voudrions, très brièvement, vous faire part de ces
déceptions et vous soumettre quel-
ques suggestions susceptibles de combler certaines lacunes de
l'avant-projet de loi et d'en redresser certaines erreurs, facilitant ainsi la
mise sur pied d'un réseau fonctionnel et coordonné de services de
garde à l'enfance.
Le projet de loi sur les services de garde à l'enfance institue
un office des services de garde à l'enfance, chargé notamment de
concevoir et d'élaborer une politique générale de services
de garde à l'enfance. C'est l'article 24, paragraphe 2.
Nous aurions préféré que le gouvernement
élabore lui-même une telle politique, qu'un éventuel office
aurait eu comme mandat d'appliquer. À cet égard, le projet de loi
nous semble une solution de facilité; solution par ailleurs
teintée d'incohérence puisque le ministre peut, avec
l'approbation du gouvernement, émettre des directives portant sur les
objectifs et l'orientation de l'office; celui-ci est tenu de s'y conformer.
Il nous semble que l'avant-projet de loi restreint abusivement
l'obtention d'un permis de services de garde en garderie. En effet, une formule
efficace de services de garde pourrait être développée en
milieu de travail. Pourquoi n'inciterait-on pas les entreprises à
organiser de tels services? Les institutions relevant des ministères des
Affaires sociales et de l'Éducation ne pourraient-elles pas servir
d'organismes-ressources dans la mise sur pied de tels services? Pourquoi
éliminer les garderies privées plutôt que de les
réglementer et de les normaliser au même titre que les garderies
coopératives? On tolère pourtant bien les écoles
privées.
Pourquoi le projet de loi élimine-t-il péremptoirement les
commissions scolaires de ces services de garde en garderie? Les commissions
scolaires ne possèdent-elles pas souvent, dans des endroits
stratégiques, en milieu industriel, des locaux et des équipements
disponibles, du matériel éducatif et ludique riche et
diversifié, du personnel expérimenté et quelquefois mal
utilisé - enseignants en surplus des spécialistes dans
diverses disciplines dont la compétence pourrait être mise
à contribution, en particulier pour favoriser le dépistage
précoce et le traitement de certaines anomalies?
Le gouvernement ne fait pas confiance aux commissions scolaires pour
l'implantation d'un réseau de garderies éducatives, nous le
déplorons. C'est aux municipalités que l'avant-projet de loi
confie la responsabilité de développer les services de garde en
garderie. Nous sommes assurés que, si le gouvernement maintient cette
orientation, les commissions scolaires de l'île de Montréal
continueront, malgré tout, comme elles le font déjà, de
mettre à la disposition des municipalités, au prix coûtant,
leurs locaux et leurs équipements disponibles.
Après avoir nié toute compétence aux commissions
scolaires dans l'organisation de services de garderies éducatives,
l'avant-projet de loi concède aux commissions scolaires
l'admissibilité à l'obtention d'un permis d'agence de services de
garde en milieu familial. Serait-ce un prix de consolation? À notre
point de vue, les commis- sions scolaires ne se reconnaissent aucune vocation
particulière et, dans le présent contexte, elles sont
plutôt faiblement motivées pour agir efficacement comme
intermédiaires entre l'Office des services de garde à l'enfance
et des particuliers désireux d'organiser des services de garde en milieu
familial. Il nous semble que les commissions scolaires ne se sentiraient
aucunement offusquées si, par cohérence, l'article 33 de
l'avant-projet de loi les oubliait, comme l'article 31. Le Conseil scolaire de
l'île de Montréal est conscient de l'impérieuse
nécessité d'établir une étroite coordination entre
les services de garde disponibles à la petite enfance, d'une part, et
les services de garde parascolaires, d'autre part, afin de répondre
adéquatement aux besoins des familles.
Les commissions scolaires n'ont pas attendu que le gouvernement soit
sensibilisé à ce problème pour, avec des moyens
pécuniaires déjà précaires, répondre au
moins partiellement aux besoins de garde en milieu scolaire. Depuis 1973,
plusieurs projets ont été mis en place dans la majorité
des commissions scolaires de l'île de Montréal, en ce qui a trait
à la garde des élèves à l'école primaire le
midi.
En 1978-79, environ 130 de ces écoles obtenaient du Conseil
scolaire de l'île de Montréal des subventions spécifiques
prévues dans sa politique alimentaire. Cette aide pécuniaire du
Conseil scolaire de l'île de Montréal permet de réduire
sensiblement le prix de vente de certains mets lait, fromage, fruits,
etc. dont on veut favoriser la consommation. Par ailleurs, le coût
de la surveillance était en partie assumé par les parents, les
commissions scolaires assumant les déficits d'opération.
Partout, il semble que les parents étaient responsables de
formuler leurs demandes à l'école qui les acheminait aux services
en cause à la commission scolaire pour approbation.
Plusieurs démarches ont été entreprises par les
commissions scolaires auprès du ministère de l'Éducation
et du ministère des Affaires sociales afin de faire reconnaître
les besoins de services de garde parascolaire. Ce n'est que l'an dernier que le
Conseil des ministres confiait au ministère de l'Éducation,
à partir de l'automne de 1978, et en collaboration avec le
ministère des Affaires sociales, la responsabilité d'organiser,
selon des moyens mis à sa disposition, des services de garde en milieu
scolaire pour les enfants d'âge scolaire.
Aussi, la teneur de l'article 58, qui stipule qu'une commission scolaire
doit fournir des services de garde en milieu scolaire aux enfants à qui
elle dispense des programmes d'enseignement de niveau primaire, nous laisse
songeurs. S'il fallait à tout prix créer une obligation
légale d'instituer des services de garde parascolaires, cette obligation
aurait sans doute dû être faite au ministère de
l'Éducation de fournir le support financier et l'encadrement que les
commissions scolaires réclament depuis longtemps.
Nous maintenons que c'est par un amendement à la Loi de
l'instruction publique que l'on
devrait établir cette nouvelle responsabilité des
commissions scolaires en précisant le rôle du ministère de
l'Éducation dans le financement, la réglementation et
l'encadrement des services de garde parascolaires confiés aux
commissions scolaires.
Il nous semble qu'une telle façon de procéder serait
beaucoup plus fonctionnelle et plus respectueuse des structures en place, tout
en libérant l'office des services de garde à l'enfance d'un
fardeau considérable. En effet, le ministère de
l'Éducation, en concertation avec les commissions scolaires, où
des ressources et une expertise certaine existent déjà, est
certes en mesure d'assumer avec efficacité cette
responsabilité.
Nous sommes les premiers à reconnaître l'immense besoin de
services de garde parascolaires. Nous croyons que les commissions scolaires ont
un rôle à jouer, mais nous sommes surpris de ce que le projet de
loi permette à divers groupes d'organiser des garderies, mais oblige les
commissions scolaires à organiser des services de garde donnant
l'impression à la population que les commissions scolaires ne veulent
pas bouger dans ce domaine.
Nous sommes d'autant plus surpris que le Conseil des ministres vient
tout juste de mandater le ministère de l'Éducation d'agir dans ce
domaine et que la direction générale des réseaux est en
train de structurer cette initiative du ministère de
l'Éducation.
Peut-on interpréter ce revirement d'orientation comme un manque
de confiance vis-à-vis du ministère de l'Éducation?
Notre étonnement persiste à la lecture de l'avant-projet
de loi en constatant que la section IV, qui s'intitule: "Contribution,
exonération et aide financière" est muette sur les services de
garde en milieu scolaire. Doit-on comprendre que ce service de garde en milieu
scolaire sera offert gratuitement et que les dépenses des commissions
scolaires rattachées à ces services seront
défrayées par le ministère de l'Éducation?
Si cette interprétation est juste, nous y voyons une raison de
plus pour que la complète juridiction sur les services de garde en
milieu scolaire relève du ministère de l'Éducation,
plutôt que de l'éventuel Office des services de garde à
l'enfance, et nous suggérons en conséquence de supprimer les
alinéas 13 et 16 de l'article 72 concernant les pouvoirs de
réglementation de l'office.
Quel que soit le sort qu'il sera fait de ces quelques commentaires, nous
aimerions réitérer que le Conseil scolaire de l'île de
Montréal et nous pouvons l'affirmer les commissions
scolaires de l'île de Montréal demeurent ouverts à toute
forme de collaboration que le futur office des services de garde à
l'enfance pourra juger utile de requérir du monde scolaire
montréalais. Si les commissions scolaires n'ont pu s'impliquer plus
qu'elles ne l'ont fait jusqu'à maintenant dans les services de garde
parascolaire comme dans le développement de services communautaires,
c'est qu'avec les contraintes budgétaires qu'elles connaissent et avec
les augmentations du coût des services qu'elles subissent, elles ne
peuvent faire plus avec de moins en moins de moyens.
Nous avons pourtant acquis suffisamment d'expérience dans les
commissions scolaires de l'île de Montréal pour pouvoir affirmer
que l'organisation de services de garde parascolaires de qualité exige
beaucoup, aussi bien au niveau de l'organisation qu'à celui des
ressources humaines, physiques et pécuniaires. Cette expertise, nous
sommes désireux de la partager. Nous avons des choses à dire,
nous aimerions avoir l'occasion de les dire, en particulier lorsque l'office
élaborera sa politique et ses règlements. Nous sommes prêts
à collaborer, nous souhaitons être consultés.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Mongeau. M. le
ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier M. Mongeau
et ses collègues. Les choses que vous avez à dire et que vous
nous avez dites très clairement sont fort intéressantes. Je vais
tout simplement reprendre rapidement, parce que vous avez un bon nombre de
points d'interrogation dans votre mémoire, auxquels je vais essayer de
répondre. Au tout début, vous reprochez au projet de loi de ne
pas énoncer de politiques. Le reproche est pertinent, dans une bonne
mesure. J'ai dit hier que nous allions étoffer la première partie
du projet de loi, pour essayer de traduire ce qui n'est pas toujours
facile en termes législatifs, une politique, une philosophie des
services de garde.
Je pense, cependant, qu'il ne faut pas non plus accorder une valeur
magique au mot "politique". Souvent, on entend des groupes ou des individus
reprocher au gouvernement: Vous n'avez pas de politique là-dessus; c'est
quoi, votre politique, là-dessus? On peut faire connaître ou
rendre concrète, appliquée, une politique de deux façons.
On peut le faire par un livre blanc très savant, par un rapport bien
étoffé qu'on essaiera ensuite d'expliquer aux gens et qu'on
appliquera graduellement; cela, c'est une façon. Il y a une autre
façon, aussi, qui est peut-être moins spectaculaire, et qui
paraît moins valorisante au plan théorique. Pour toutes sortes de
raisons, c'est un peu cette deuxième façon qu'on a dû
prendre, étant donné l'urgence des besoins. Cette autre
façon de bâtir une politique, on peut appeler cela "en
pièces détachées", mais à la condition que ce soit
tendu, sous-tendu par une cohérence; on pense qu'on l'a, la
cohérence, ça finit par être une politique. J'ai
essayé, hier matin, de l'expliquer, d'en démontrer les deux ou
trois piliers principaux.
Le premier, c'est que les coûts afférents à des
services de garde cela, c'est une question de politique doivent
être partagés par l'État, dans la mesure où les
ménages n'ont pas les revenus suffisants. C'est un élément
important d'une politique. À côté de cela, vous pourriez
avoir une autre politique, qui nous a été proposée hier,
d'avoir un réseau universel gratuit; cela aussi, c'est une politique.
Donc, le premier élément de notre
politique: Des frais partagés entre l'utilisateur et
l'État.
Deuxièmement, notre préférence, au point de vue
politique, va à des corporations à but non lucratif,
contrôlées majoritairement par des parents usagers. Cela, c'est
une politique, aussi.
Enfin, un troisième exemple d'un élément de
politique, c'est la diversité des modes de garderie, laissant aux
parents le soin de décider quel va être leur choix. (16
heures)
Je voulais simplement, tout en acceptant votre critique, elle est
constructive, je l'accepte, quand même ne pas laisser passer l'occasion
et éviter que les gens croient qu'on improvise et qu'on n'a pas une
pensée directrice. Il n'existe peut-être pas de politique en blanc
et noir, mais il y a certainement une pensée directrice, qui est
facilement perceptible et explicable, quand on s'y arrête.
Vous parlez du pouvoir de directives comme étant quelque chose
d'incohérent. J'ai eu l'occasion de dire encore hier que ce pouvoir de
directives existe dans un certain nombre de lois. Il a existé sous
l'ancien gouvernement, nous l'introduisons dans notre gouvernement et je ne
pense pas qu'un pouvoir de directives du ministre vis-à-vis d'un office
ou d'une régie fasse preuve d'incohérence. Au contraire, je pense
que c'est dans la cohérence des responsabilités politiques des
élus qui doivent répondre ce n'est pas le président
d'un office ou d'une régie qui répond devant la population ou
devant l'Assemblée nationale si les crédits ont bien
été dépensés ou pas dépensés, c'est
un ministre, c'est un élu. Il s'agit donc d'une prudence
législative. Ce pouvoir de directives est très rarement
utilisé, mais je pense qu'il n'y a rien d'incohérent à le
prévoir dans un texte de loi.
Milieu de travail. Je répète que nous allons l'introduire
de façon spécifique dans le texte qui sera corrigé, dans
le futur texte du projet de loi. Pour nous, c'était clair que
c'était compris: quand on parlait d'une garderie, c'était une
garderie qui pouvait être aussi bien en milieu de travail que dans un
quartier, mais il y a avantage à le spécifier. Je dois vous dire
que, là aussi, vous êtes un peu sévères, parce que
vous avez l'air de penser qu'on n'a rien fait dans ce domaine. On a
envoyé en juin dernier une lettre à toutes les entreprises de 500
employés et plus, leur expliquant tout le système de subventions
pour démarrer des garderies. On a eu, je pense, une ou deux
réponses, M. Mongeau. C'est un peu désolant. J'ai eu aussi
l'occasion de déplorer le manque d'intérêt des entreprises
privées, mais je vais revenir à la charge et je compte bien,
puisque la chose vous intéresse, sur votre appui. Nous n'avons pas
l'intention de laisser tomber et je pense que les entreprises privées,
surtout avec les subventions fort généreuses qu'on a maintenant
pour le démarrage d'une garderie, devraient entrer dans cette
responsabilité sociale. Je pense qu'elles devraient remplir cette
responsabilité sociale vis-à-vis de leurs employés,
surtout leurs employés féminins.
Le projet de loi ne mentionne pas les commissions scolaires en ce qui
concerne l'émission de permis de garderie. Ce n'est pas à la
légère que nous l'avons rédigé ainsi. Il y a eu
beaucoup de discussions, beaucoup de consultations. Je dois dire tout de suite
de façon générale que je suis très heureux de
l'intérêt énorme que vous semblez manifester, le Conseil
des commissions scolaires de l'île de Montréal, vis-à-vis
de tout ce qui est garderie, garde en milieu scolaire. Je suis très
heureux de cet intérêt et je vous avoue que j'ai bien hâte
de constater, en faisant des sondages ailleurs dans l'ensemble du
Québec, j'ai bien hâte de vérifier si cet
intérêt est aussi fort dans l'ensemble du Québec qu'il
l'est sur l'île de Montréal.
En tout cas, je m'en réjouis. Je suis content que vous nous
fassiez la recommandation de l'inclure. Je suis content de savoir que vous
êtes intéressés à mettre sur pied des garderies et
je vous poserais une question tout de suite sur ce sujet, une double question.
Dans l'état actuel des choses, il n'y a absolument rien qui
empêche une commission scolaire de mettre sur pied une garderie, comme il
n'y a rien qui empêche un hôpital ou un CLSC ou un cégep de
mettre sur pied une garderie. On a une cinquantaine de garderies aux
cégeps, à l'université, d'une part, 25, et dans les
hôpitaux et autres établissements du réseau des Affaires
sociales. Comment se fait-il qu'on ne trouve pas de garderies au niveau
scolaire élémentaire, disons, ou secondaire, des commissions de
l'île de Montréal?
M. Mongeau: Je pense qu'on peut répondre ceci, M. le
ministre: Bien sûr, il pourrait y avoir... Vous dites qu'il n'y a rien
qui s'y oppose en soi, c'est vrai, sauf qu'on pense que, pour ouvrir une
garderie, il faut quand même avoir le financement nécessaire. On
pense qu'il faut avoir le personnel qualifié. On pense que cela prend
des choses comme celles-là et, présentement, tout ce que le
ministère de l'Éducation nous donne ce n'est pas un
reproche que je fais ce sont les moyens de dispenser de
l'enseignement.
Alors, ce que les commissions scolaires font, en attendant votre projet
de loi, comme on le mentionne dans le mémoire un petit peu plus loin,
c'est que, quand même, il y a un certain système de garde, par
exemple, à l'heure du midi. Il y a des systèmes de garde
après certaines heures de classe sous des formes variées, mais
c'est véritablement, avec les moyens dont on dispose, tout ce que l'on
pouvait faire.
Peut-être que ce qui nous effare le plus dans l'avant-projet de
loi et que vous avez mentionné, c'est le reproche que nous faisons de ne
pas y avoir inclus les commissions scolaires. Justement, nous nous disons,
nous, par le hasard des choses et à cause de la décroissance de
la population, que nous avons les locaux. Nous avons les équipements.
Nous avons des personnes qui pourraient être recyclées facilement,
qui sont qualifiées, qui sont habituées d'être avec des
enfants, de travailler avec des enfants. Est-ce que cela ne
serait pas beaucoup plus simple et facile de permettre à ces
commissions scolaires d'installer et d'instaurer immédiatement un
réseau de garderies dans leurs écoles, structurées de la
façon que je viens de vous mentionner?
Il ne s'agit pas uniquement, quant à nous, au niveau des
garderies, de n'avoir qu'un endroit pour garder des enfants, en attendant que
l'heure arrive où ils puissent s'en aller chez eux. Pour nous, une
garderie, c'est un petit peu plus que cela et nous disons qu'avec les
équipements que nous avons et les personnes que nous avons, comme on le
mentionne dans le mémoire plus loin, nous pourrions faire oeuvre
d'éducation en même temps. La loi ne nous le permet pas.
L'avant-projet de loi ne nous permet pas de le faire. C'est pour cela que nous
disons que cette partie, à notre sens, devrait relever du
ministère de l'Éducation, qui pourrait nous donner les moyens
financiers.
M. Lazure: Je peux vous dire, pour reprendre les termes de votre
texte à la page 5, que je fais confiance aux commissions scolaires pour
l'implantation de services de garderies. Encore une fois, je vous
répète que je suis très heureux de voir
l'intérêt que vous portez à la question. On va envisager
très sérieusement la possibilité d'inclure les commissions
scolaires parmi les organismes qui pourraient se voir décerner des
permis de garderies.
L'agence des services de garde, si vous y êtes, c'est parce que
nous pensons que des comités de parents, en particulier attachés
au monde scolaire, lorsque les mères travaillent, surtout durant les
congés pédagogiques ou les vacances d'été, il y a
une répercussion constante des inconvénients causés par la
fermeture temporaire de l'école et c'est un problème qui est bien
connu des commissions scolaires. Je ne veux pas m'étendre
là-dessus, mais, surtout si on en arrivait à inclure des
commissions scolaires au même titre que les corporations municipales,
comme pouvant mettre sur pied des garderies, je pense qu'il y aurait une
cohérence à ce que vous ayez aussi les agences.
Quant au service de garde en milieu scolaire, je vais vous poser la
question suivante: Nous avions commencé l'an passé, avec un
budget modeste de $150 000, "annualisé", c'était $250 000...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'était même pas $250 000...
M. Lazure: Mais à tout événement, cette
année, c'est $700 000, Mme la députée de L'Acadie, que
nous passons du ministère des Affaires sociales au ministère de
l'Éducation qui, lui, rend ce montant disponible aux commissions
scolaires. Je serais curieux de voir un peu, dans la région de
Montréal, ce qui se passe avec la partie du $700 000 que vous avez
à distribuer, pour la garde en milieu scolaire.
M. Mongeau: Je pense que les commissions scolaires ont
participé à ce projet. Il y a présente- ment une centaine
d'écoles dans l'île de Montréal qui y participent. Il y a
27 permis qui ont été émis...
M. Lazure: Combien?
M. Mongeau: 27, à cet égard. Il n'y a aucun doute
que les commissions scolaires de l'île de Montréal y sont
entrées de plein pied.
M. Lazure: Je suis très content de l'entendre. Je savais
qu'il y avait des projets.
Mme Lavoie-Roux: II y en a depuis 1973, M. le ministre.
M. Lazure: II y en a depuis un bon bout de temps. Mais je parlais
de projets rattachés à ces nouvelles subventions
spéciales.
M. Mongeau: À cette nouvelle structure, oui.
M. Lazure: II y a eu quelques corrections. Je pense qu'on vous a
passé le texte de cinq amendements. Par conséquent, il y a des
questions posées dans votre mémoire, auxquelles on répond
par des amendements.
M. le Président, je veux simplement, en résumé,
constater avec beaucoup de plaisir que le Conseil de l'île de
Montréal a plus que pris connaissance du projet de loi, il l'a
étudié sérieusement. Il nous a fait des recommandations
très pertinentes et, la plupart de ces recommandations, nous les
retenons avec énormément d'intérêt et un bon nombre,
probablement, pourront apparaître dans la version modifiée.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais d'abord exprimer mon plaisir de voir
ici des anciens collègues et des représentants du milieu
scolaire. Chose assez étrange, j'ai été critique de
l'Opposition officielle pendant trois ans, dans le domaine de
l'éducation, et jamais je n'ai vu, en commission parlementaire, des
représentants du monde scolaire. Il aura fallu que je devienne critique
des affaires sociales pour en retrouver deux ou trois groupes dans un
même après-midi.
M. Lazure: C'est une très bonne chose pour les affaires
sociales.
Mme Lavoie-Roux: Cela peut vouloir dire deux choses, M. le
ministre. Tout d'abord, l'Éducation et les Affaires sociales se
recoupent à maints égards. C'est peut-être la
première chose. Et la deuxième cela va être un
compliment pour vous, M. le ministre c'est peut-être qu'il y a
plus de transparence et plus de choses véritables qui se passent au
ministère des Affaires sociales qu'au ministère de
l'Éducation.
Cela étant dit, j'ai quand même des questions
précises...
M. Lazure: C'est un cadeau de Grec que vous me faites. Je dois
protester au nom de mon collègue.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est la réalité des choses,
M. le Président.
Inutile de vous dire que je suis tout à fait d'accord avec votre
mémoire, en page 4, quand vous déplorez que le gouvernement ait
confié à un office l'élaboration d'une politique
plutôt que d'en élaborer une lui-même. Si vous aviez
été ici hier matin, vous auriez cru qu'on s'était
consulté, parce que, peut-être en des termes moins
élégants, c'était le premier reproche que j'adressais au
gouvernement. Mais le ministre se montre fort repentant et il est prêt
à insérer cela d'une façon un peu plus substantielle dans
le projet de loi éventuel qui sera présenté.
Je voudrais passer à la page 5 où vous déplorez que
vous ne soyez pas impliqué, ou, pour utiliser vos termes, que le projet
de loi élimine péremptoirement les commissions scolaires des
services de garde en garderie. (16 h 15)
Le ministre dit: Je suis prêt. Savez-vous, pour ma part, j'ai
peut-être des réticences. Je n'ai pas de position
définitive là-dessus, mais je pense qu'honnêtement je veux
bien vous en faire part.
La première des choses, vous allez avoir la
responsabilité, dans un premier temps, d'établir des services de
garde à l'heure du lunch et surtout en fin d'après-midi, afin de
couvrir les heures où l'enfant n'est pas d'une façon formelle
à l'école, mais où il doit quand même être
confié à la garde de quelqu'un. Ceci va demander passablement
d'organisation. Je suis d'accord avec vous quand vous dites qu'il serait
probablement préférable que ceci soit intégré dans
la structure de l'éducation comme faisant partie, du point de vue
financier, du point de vue organisation, de la structure du ministère de
l'Éducation. Là-dessus, je suis tout à fait d'accord avec
vous, mais quand vous parlez d'établir des services de garde en
garderie, c'est de deux ordres; vous pourriez en établir pour votre
personnel, c'est une chose qu'il vous est loisible de faire. Il y a aussi le
fait je crois comprendre cela que vous voudriez aussi exploiter
des garderies pour le grand public. Je me demande si, à cet
égard-là, on ne risque pas petit à petit
d'"étatiser", entre guillemets, le système de garderies de la
même façon qu'on a étatisé le système
d'éducation. C'est le premier point.
Le deuxième point, croyez-vous que cela pourrait
être une possibilité; peut-être qu'on pourrait s'entendre
là-dessus, quoique, remarquez bien, ce n'est pas moi qui vais prendre la
décision finale; le principe de l'établissement des garderies
actuellement, les parents en prennent l'initiative dans votre esprit, ce
serait encore laisser les parents en prendre l'initiative de garder le
même concept, à savoir que c'est une garderie gérée
par les parents en majorité ou, en tout cas...
M. Lazure: En majorité.
Mme Lavoie-Roux: ... quitte à ce que vous mettiez à
leur disposition les locaux et possiblement du personnel qualifié qui
pourrait être du personnel en surplus des commissions scolaires ou enfin
du personnel qui ait de l'expérience dans le monde de
l'éducation? Ce point-là est important. Il y a deux types de
garderies. Il y en a un qui finirait pas intégrer le régime de
garde, enfin le système de garderies dans la grande structure du
ministère de l'Éducation... Là, quand on laisse partir la
machine, à un moment donné, tout peut être avalé. Si
cela doit être avalé par l'État, c'est probablement mieux
que ce soit avalé par le ministère de l'Éducation, mais ce
qu'on discute depuis le début de ces auditions, c'est qu'on veut
justement éviter qu'on se retrouve en tout cas, c'est quand
même la position du Parti libéral dans une organisation
identique à celle de l'organisation publique, du système
d'éducation présentement. Je ne sais pas si ma question est
claire, mais j'aimerais...
M. Mongeau: Oui, je pense que votre question est claire et ma
réponse le sera aussi. Je veux d'abord vous dire qu'on n'en a pas
discuté entre nous et cela n'apparaît pas à
l'intérieur du mémoire, mais, pour ma part, c'est clair, cela
doit continuer à être géré par des parents. Il n'y a
absolument aucun doute là-dessus. Les commissions scolaires pourraient
servir de ressource, fournir le personnel, l'équipement, les locaux, des
conseils, des personnes-ressources. On n'a absolument aucune objection à
cela.
M. Lazure: J'ai une question additionnelle, si vous
permettez.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! si cela vous suggère des
questions, tant mieux!
M. Lazure: Cela devient intéressant comme débat. M.
Mongeau, vous dites: Les commissions scolaires seraient prêtes à
mettre sur pied des garderies avec des conseils d'administration
contrôlés majoritairement par les parents-usagers. Je vous pose la
question: Pourquoi, actuellement, indépendamment de ce projet de
loi-là, ne favorisez-vous pas la mise sur pied de garderies sur
l'île de Montréal, dans des locaux scolaires qui ne sont pas
utilisés, en en confiant l'administration à des conseils
d'administration composés majoritairement de parents? Vous pouvez
très bien faire cela actuellement.
M. Mongeau: C'est-à-dire que je vais revenir à ma
réponse de tantôt, M. le ministre. Je pense d'abord qu'avec les
commissions scolaires de l'île de Montréal je ne voudrais
pas parler pour mon collègue de la CECM qui va parler après moi
la seule façon qu'on puisse agir présentement, dans un
sens global à ce niveau-là, c'est véritablement en louant
des locaux.
Ce qu'il nous manque présentement le plus, ce sont des moyens
financiers, je le dis et je le répète. Nous avons
présentement vous le savez M. le ministre sur l'île
de Montréal, une politique alimentaire que nous sommes les seuls
à avoir dans tout le Québec et que les contribuables de
Montréal paient à cent pour cent de leur poche,
$2 500 000. Cela fait des années qu'on demande au
ministère des Affaires sociales de contribuer et nous n'avons jamais
reçu aucun cent, ni du ministère de l'Éducation ni du
gouvernement tout entier; ce, depuis 1970 ou 1972.
Vous nous demandez pourquoi on n'a pas instauré jusqu'à
maintenant des garderies en plus, savez-vous ce que cela aurait
coûté aux contribuables de l'île de Montréal? Nous
voulons profiter du projet de loi...
M. Lazure: II y a des subventions pour mettre sur pied une
garderie depuis le 1er septembre, subventions qui vont jusqu'à $30
000.
Mme Lavoie-Roux: Oui, depuis le 1er septembre!
M. Lazure: Oui, elles sont disponibles.
M. Mongeau: Depuis le 1er septembre de cette année, M. le
ministre.
M. Lazure: Avant ça, c'était $20 000, mais il y en
avait aussi.
Mme Lavoie-Roux: Bon, je vais revenir! Il reste que ce que le
président du Conseil scolaire de l'île dit est exact et les
commissions scolaires sont coincées au point de vue
budgétaire.
Je ne retrouve pas la page, mais on voit un peu plus loin qu'on dit: On
ne peut pas faire plus avec moins; en recevant de moins en moins. Vous avez
ça quelque part?
M. Mongeau: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je ne vais pas recommencer ici les plaidoyers
que j'ai faits dans le passé, à plusieurs reprises, M. le
ministre; je les ai faits au printemps. Quand, année après
année, les dépenses d'opération des commissions scolaires
ne sont pas budgétisées l'exemple qui me reste toujours en
tête et que j'ai cité à plusieurs reprises, c'est qu'il y a
deux ou trois ans, la CECM devait tout à coup assumer $1 million en
supplément pour le chauffage je ne sais pas ce qu'elle assume
pour cette année, c'est une donnée précise que j'avais
pour l'année 1978 il fallait quand même qu'elle le trouve
quelque part, parce que vous ne vous êtes pas laissé attendrir
pour dire: Oui, mais elle pourrait peut-être aussi développer des
garderies.
L'autre chose, c'est qu'il ne faut pas oublier, M. le ministre, que vous
avez l'air de dire qu'il y a beaucoup d'argent pour développer des
garderies, mais on a entendu des gens qui sont venus nous dire, hier, que
c'était de peine et de misère qu'ils arrivaient avec les budgets
qui étaient accordés aux garderies. Tout le monde a admis
à cette table que les gens à peu près les plus mal
payés, dans le monde de l'éducation pris dans son sens le plus
large, ce sont les gens qui travaillent en garderie. Alors, est-ce que, si les
commissions scolaires décidaient d'intégrer du personnel en
surplus, etc., elles pourraient intégrer ces gens à $4 l'heure,
M. le ministre?
M. Lazure: Je vais répondre à votre question.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas $4 l'heure?
M. Lazure: II y a peut-être un grand malentendu qui risque
de sortir de cette discussion. Je pose la question au président du
Conseil scolaire de l'île de Montréal, à savoir pourquoi,
étant donné son grand intérêt pour les garderies, il
ne met pas actuellement des garderies sur pied, soit pour les enfants des
enseignants et des enseignantes, soit pour des enfants du voisinage et pourquoi
il ne le fait pas comme 50 autres organismes parapublics l'ont fait, les
cégeps, les universités, les hôpitaux, les CLSC, en
profitant d'un système de subventions qui existe et qui est à la
disposition de tout le monde, y compris du conseil de l'île. C'est
là ma question. Il n'est évidemment pas question, en tout cas
à notre point de vue je voudrais bien que le président
clarifie que des garderies soient mises sur pied par une commission
scolaire en utilisant les normes de salaires du personnel scolaire actuel.
M. Mongeau: Je n'ai jamais dit ça.
M. Lazure: Alors, on s'entend là-dessus?
M. Mongeau: On s'entend là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: II reste qu'il y a quand même un
problème du point de vue du recyclage des professeurs actuels dans le
domaine des garderies.
M. Lazure: Cela est un autre problème.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est un problème réel,
parce que c'était une hypothèse qui avait été
soulevée.
Puisqu'on en est aux générosités du gouvernement,
il a été question tout à l'heure j'avais même
évalué le montant à $250 000, vous m'avez dit que
c'était $150 000 des $150 000 qui avaient été
donnés l'an dernier aux commissions scolaires pour justement
développer des services de garde en dehors des heures de classes. Je
crois comprendre que ces $150 000 devaient être appliqués,
j'imagine, à l'ensemble de la province.
M. Lazure: Oui, c'était pour mettre sur pied une vingtaine
de projets pilotes, parce que, sauf sur l'île de Montréal, il y a
très peu d'endroits où il y avait de tels services.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Et vous...
M. Lazure: Alors, il y en a eu un certain nombre de mis sur pied
l'an passé; on espère qu'il y en aura beaucoup plus cette
année.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ferai remarquer que... Vous dites: Sauf
à la CECM... D'ailleurs, j'ai
vu justement, dans le rapport du comité interministériel
sur la petite enfance, qu'on citait justement des commissions scolaires de
l'île de Montréal comme des exemples en ce domaine. Mais je dois
vous dire que, jusqu'à ce moment-là, elles l'avaient, une fois de
plus, assumé à même la surtaxe qu'elles imposaient aux
contribuables de Montréal ou de la CECM, ou enfin les contribuables de
Montréal, parce qu'il n'y avait pas un sou qui était versé
pour ces services. Elles l'avaient fait de leur propre initiative en surtaxant
leurs contribuables.
Maintenant, j'aimerais demander au président du Conseil scolaire
de l'île de Montréal si vous avez des chiffres, à savoir
c'est peut-être la CECM qui aurait les chiffres les plus
précis ce que représente le coût pour garder
ce n'est pas universel, on le sait; c'est selon les besoins des milieux
les enfants durant la période du dîner à l'école,
leur assurer des services de garde. Quel en a été le
coût?
M. Mongeau: On ne les a pas avec nous actuellement, mais je crois
que la CECM les a. On pourra vous les fournir.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que ce serait peut-être
intéressant, à ce moment-là, d'examiner le
bien-fondé des réclamations des porte-parole des milieux
scolaires quand ils disent: On est bien prêts à mettre des
services de garde le midi et le soir, après ou avant les heures de
classe, mais donnez-nous les moyens. Quand on me parle de $700 000 pour
l'année...
M. Lazure: $700 000 pour l'année courante.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Cela, c'est pour l'ensemble de la
province...
M. Lazure: C'est pour l'ensemble du Québec. Je ne connais
pas la part de l'île.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Lazure: Quelle est votre part là-dedans?
M. Mongeau: À peu près 20%, ou quelque chose comme
ça, j'imagine.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Mais, de toute façon, en
considérant l'ensemble de la province, je ne suis pas sûre que ce
soit assez.
M. Lazure: Je suis sûr que ce n'est pas assez.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Par contre, la loi va leur faire
l'obligation de...
M. Lazure: Non, cela a été corrigé hier
matin, Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ah! cela a été corrigé.
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ces gens n'ont plus l'obligation,
maintenant.
M. Lazure: Un amendement, oui, c'est ça. Mme
Lavoie-Roux: Bon! Bien...
M. Lazure: Les cinq amendements qu'on vous a
distribués.
Mme Lavoie-Roux: Alors, qu'est-ce que ça va être?
"Ils peuvent..."?
M. Lazure: Attendez un petit peu. L'article 58 sera
modifié de manière que le pouvoir réglementaire de
l'office soit rattaché et à l'obligation de fournir des services
de garde en milieu scolaire et aux périodes de garde, et que cet article
indique la nature des critères sur lesquels devra se fonder l'obligation
de fournir les services de garde.
L'obligation n'apparaîtra pas dans la loi. Elle pourra être
réglementée, si vous voulez, selon certains critères.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ce que vous me dites, M. le ministre,
c'est que...
M. Lazure: C'est une obligation plus nuancée, si vous
voulez.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Est-ce que c'est parce qu'on manque
d'argent...
M. Lazure: Non, ce n'est pas une question d'argent.
Mme Lavoie-Roux:... ou si on n'est pas sûr de la politique
qu'on fait?
M. Mongeau: Au lieu d'être la loi qui va le faire, c'est
l'office.
M. Lazure: Non, c'est-à-dire qu'on se donne d'abord un
certain répit et on va faire comme on fait aujourd'hui. On va se
reconsulter...
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! D'accord.
Une voix: Ce qu'on n'ose pas faire par la loi, on va faire faire
ça...
M. Lazure:... sur cette réglementation, qui sera faite
conjointement entre l'Éducation, les Affaires sociales et les
commissions scolaires.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, M. le ministre, je veux bien qu'on
ait toute la coordination nécessaire, tout le monde, l'office, les
commissions scolaires, le ministère, etc. Mais il ne faudrait quand
même pas créer l'impression dans le public que, d'ici X temps, il
y aura des services de garde d'assurés en dehors des heures de classe et
les jours de congé pour les enfants du primaire. Cela ne me semble pas
être le cas, selon ce que vous venez d'exprimer.
Je voudrais revenir au haut de la page 6. Vous dites: Nous ne croyons
pas avoir la compétence dans l'organisation des services de garderie
éducative, mais la loi concède aux commissions scolaires
l'admissibilité à l'obtention d'un permis d'agence de services de
garde en milieu familial. Je vais taire la dernière ligne.
Mais, est-ce que vous ne croyez pas que cette expertise c'est
peut-être à ça qu'on se référait vous
l'auriez dans les milieux, enfin, dits défavorisés ou, quand
même, vous allez peut-être davantage dans le milieu familial par
les projets de prématernelle, les maternelles maisons, etc.? Vous ne
l'auriez pas pour l'ensemble du territoire, mais vous l'auriez peut-être
dans les milieux défavorisés. (16 h 30)
M. Mongeau: Nous nous voyons très mal exercer ce pouvoir,
même dans les milieux défavorisés. Je pense que, d'abord,
il ne faut pas oublier une chose, à moins que je ne me trompe ou que
j'interprète mal. Le service de garde et de garderie va d'abord et
surtout, j'imagine, servir à des gens qui travaillent à
l'extérieur, de part et d'autre, ou à des familles monoparentales
dont le seul parent va travailler à l'extérieur. Je pense qu'on
vise d'abord et avant tout la famille moyenne, on vise aussi, bien sûr,
les milieux défavorisés. Mais au chapitre des milieux
défavorisés, il y a une foule d'autres politiques qui
s'appliquent présentement d'une façon ou d'une autre. Là
où nous nous voyons mal, c'est de détenir ce permis d'agence de
garde dans les familles, on se demande véritablement ce qu'on va aller
faire là, purement et simplement.
M. Lazure: M. le Président, j'avoue qu'on avait
plutôt en tête les commissions scolaires des milieux ruraux et
semi-ruraux.
M. Mongeau: Ah bon! là je comprends mieux.
Mme Lavoie-Roux: C'était peut-être cela...
D'accord.
M. Mongeau: Oui, parce que c'est différent.
Mme Lavoie-Roux: Si le projet de loi était adopté
avant Noël vous voyez qu'on est confiant, M. le ministre...
M. Lazure: Je vous remercie de votre appui, j'en prendrai bonne
note.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas un engagement, je fais une
hypothèse. Est-ce que, du moins, de la façon dont c'est
rédigé aujourd'hui, vous croyez que vis-à-vis de la
population vous aurez, en 1980/81, l'obligation de mettre sur pied des services
de garde en dehors des heures scolaires pour l'ensemble de la population
élémentaire que vous servez?
M. Mongeau: Je pense que de la façon dont c'est
rédigé, avec l'amendement dont M. le ministre a parlé
tantôt, selon que l'office réglementera ou pas, on sera
obligé ou on ne sera pas obligé, si j'ai bien compris.
Maintenant, il n'y a aucun doute encore, parce que nous le
répétons quand même à la fin du mémoire, nous
allons offrir toute notre collaboration à cette fin. Je dois même
vous dire que, le printemps dernier, le Conseil scolaire de l'île de
Montréal a adopté une résolution demandant au directeur
général de procéder à la rédaction d'un
projet d'établissement de garderies éducatives dans l'île
de Montréal. Nous avons un comité de formé, et ce sont les
membres de ce comité, dirigé par Mme Middleton-Hope, qui ont
travaillé au mémoire que nous vous présentons; ces
derniers travaillent présentement à ce projet
d'établissement de garderies dans l'île de Montréal. Ils
doivent nous le présenter, à la réunion du mois de
décembre du Conseil scolaire de l'île de Montréal. Nous
n'avons pas attendu que l'avant-projet sorte; au cours du printemps dernier,
déjà, nous adoptions une telle résolution et les membres
du comité se mettaient au travail.
Mme Lavoie-Roux: Je reviens, vous n'avez pas d'estimation
générale quant au coût d'un projet de garderie en dehors
des heures de classe pour l'ensemble de l'île de Montréal?
M. Mongeau: Malheureusement, je n'en ai pas avec moi, ici cet
après-midi, mais je pense que la CECM, qui nous suit, aborde ce
problème.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Une dernière question, est-ce
que vous avez été consulté avant la production de cet
avant-projet?
M. Mongeau: Pas à ma connaissance, je n'ai pas
été consulté; nous n'avons pas été
consultés.
M. Lazure: M. le Président de la commission, tout
l'exercice d'une commission parlementaire sur un avant-projet de loi, c'est
précisément de consulter les groupes. C'est ce qu'on fait
aujourd'hui.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je crois vous avoir entendu dire
qu'un grand nombre de groupes avaient été consultés...
M. Lazure: Au moment de l'étude du comité
interministériel, ai-je dit hier matin, Mme la
députée.
Mme Lavoie-Roux: Alors, est-ce que les commissions scolaires
avaient été consultées à ce moment-là?
M. Lazure: Au moment de l'étude? Il y a une liste
d'à peu près 45 groupements qui ont été
consultés il y a un an et demi ou deux ans, quand le comité
interministériel a fait ses travaux. Je ne sais pas si le Conseil
scolaire de l'île de Montréal... C'est la Fédération
des commissions scolaires qui a été consultée à ce
moment-là.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie. J'aimerais que vous
continuiez, possiblement, à débattre entre les commissions
scolaires ce principe de
l'orientation, au point de vue administratif, que pourrait prendre le
développement de garderies en milieu scolaire pour éviter ce qui,
je pense, pourrait être un écueil à long terme et irait
probablement contre l'esprit que la plupart des groupes ont exprimé ici
quant à I'"étatisation", entre guillemets, du système de
garderies.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Très
brièvement, M. Mongeau, vous mentionnez à la page 4 une
excellente suggestion, je pense. Vous dites à la toute fin: "En effet,
une formule efficace de service de garde pourrait être
développée en milieu de travail. Pourquoi n'inciterait-on pas les
entreprises à organiser de tels services". Vous parlez là des
institutions des Affaires sociales et de l'Éducation. Quand vous parlez
d'entreprises, que ce soit une manufacture, est-ce que c'est...
M. Mongeau: On parlait de toute entreprise, au sens le plus
général du mot, et aussi ce qu'on voulait dire parce que
je connais la réponse que les entreprises ont donnée au
gouvernement et je le déplore autant, bien sûr, que M. le ministre
lui-même et tout le monde ici présent c'est que nous nous
disions que les entreprises se montreraient peut-être un peu plus
intéressées, du moins sur l'île de Montréal. Il y a
quand même des écoles qui sont géographiquement
situées à côté d'entreprises et si la garderie de
l'entreprise était développée dans l'école à
côté de la bâtisse où se trouve l'entreprise, est-ce
que ce ne serait pas merveilleux? Peut-être que les entreprises
accéderaient plus facilement, parce que peut-être pensent-elles
présentement à un bouleversement de leur équipement
à l'intérieur et à du personnel supplémentaire,
etc. Pourquoi ne pas se servir des bâtisses et des écoles qui sont
à proximité des entreprises? C'est là le sens de notre
suggestion.
M. Lazure: Je retiens la suggestion, elle est excellente. Je
pense que les entreprises qui, surtout par la nature de l'entreprise parfois,
ne pourraient pas avoir sur les lieux un local pour la garderie pourraient
très bien louer, avec les subventions de démarrage qu'on donne et
les frais qu'ils vont retirer de jour en jour, vos locaux. C'est une suggestion
intéressante.
M. Grenier: Bien sûr, lorsqu'il s'agit d'entreprises, vous
allez répondre, je pense, que ce sont les individus au niveau des
entreprises, et non pas l'entreprise elle-même, qui devraient faire des
efforts. Ce sont les individus, les parents à l'intérieur de
l'entreprise que vous nous indiquez ici, j'imagine. Ce n'est pas l'entreprise
elle-même qui va cotiser, par exemple, ses employés à
l'occasion pour ériger une garderie.
M. Mongeau: Je vais être franc avec vous. Entrer dans le
détail de l'organisation, nous ne l'avons pas fait et nous disons
simplement ce que nous devrions viser tout le monde ensemble: la question de
l'organisation. Qui devrait payer exactement et de quelle façon? Je
pense que le ministère, le gouvernement et les intéressés
sont assez bien équipés pour faire des études
là-dessus et faire des propositions.
M. Grenier: Mais en principe, parce que ça rejoint une
question de principe qu'on discute depuis le début, vous voudriez
là aussi, comme ailleurs, que les parents aient la responsabilité
d'abord, avant que ce soit encore un corps public.
M. Mongeau: Dans ce sens-là, c'est évident.
M. Grenier: À la page 5, il y a un paragraphe de trois
lignes qui dit: "Pourquoi éliminer les garderies privées,
plutôt que de les réglementer et de les normaliser au même
titre que les garderies coopératives?" Et vous terminez en disant: "On
tolère pourtant bien les écoles privées". Vous rejoignez
bien sûr des propos qu'on a tenus hier et je pense que vous avez
analysé assez justement le projet de loi. Le ministre va peut-être
se faire moralisateur encore, pour vous dire que vous avez des écarts de
langage dans les mots "tolère" ou "éliminer", mais je pense que
vous avez lu les mêmes choses qu'on a lues et c'est peut-être un
paragraphe qui vous inquiète. Vous témoignez ici d'une situation
que l'on reprend dans la loi et vous le mettez sur papier. Que le ministre nous
dise que pour lui, c'est plus que ça, j'imagine que vous voudriez vous
contenter, que vous serez satisfait quand ce sera écrit dans la loi. Je
crois entendre que vous aimeriez le voir dans la loi.
M. Mongeau: C'est-à-dire que nous nous posions d'abord la
question, parce que c'était frappant que ça n'y soit pas. C'est
peut-être parce qu'on cherchait puisqu'on a posé le
problème dès le départ; je comprends que maintenant nous
avons la réponse du ministre, mais replaçons-nous avant
dès le départ la philosophie qui sous-tendait cet avant-projet de
loi, ses principes directeurs que nous ne retrouvons pas dans l'avant-projet de
loi, ce que nous appelons communément la politique.
C'est peut-être à cause de cela que nous nous posions ici
cette question: Est-ce que c'est parce que cela faisait partie d'une
philosophie sociale qui sous-tendait cet avant-projet de loi à savoir
que les garderies de nature privée soient oubliées ou
enlevées de la circulation et, bien sûr, peut-être pour
souligner le point, en faisant la comparaison avec le système
d'éducation, on disait: Pourtant, on tolère bien ou on accepte
bien encore qu'il y ait un réseau d'institutions d'enseignement
privées. Alors, pourquoi non dans le système de garderies?
Dans le fond, c'est réellement la philosophie qui sous-tend tout
cet avant-projet de loi que nous recherchons toujours. M. le ministre dit que,
dans le projet de loi qui sera déposé, elle y sera; je pense
qu'à ce moment, on sera à même de la voir et de la lire
comme tout le monde. Mais, dans
l'avant-projet de loi, cela n'y était pas et c'était
peut-être une autre façon de reposer la même question.
M. Grenier: Je suis content que vous le signaliez, parce que
c'est une préoccupation qui va me tenir, tant et aussi longtemps qu'on
n'aura pas accouché de ce projet de loi, et qu'on ne le verra pas
écrit en noir sur blanc, dans la loi elle-même, à savoir
que l'élimination ne devrait pas se faire. Quant à l'autre
partie, dans le domaine du secteur privé de l'enseignement, il nous
appartiendra de faire les batailles qu'on doit faire pour que ce ne soit pas
une tolérance qu'on fasse, mais qu'on les inscrive véritablement,
qu'on écrive un autre paragraphe dans le programme du Parti
québécois, pour que ce ne soit pas une tolérance du
secteur privé, mais qu'on en fasse aussi un article de son programme
pour nous assurer que ce sera une permanence qu'on aura. Ce sera notre travail
à nous de le faire, mais je suis content de voir que vous rejoignez le
point de vue de l'Opposition dans ce paragraphe court mais combien
éloquent.
M. Mongeau: Si vous me le permettez, M. le Président,
remarquez bien que je ne voudrais pas que vous me fassiez dire par ceci que
nous sommes de façon non restrictive, par exemple, pour un réseau
d'écoles privées. Ce n'est pas le sujet du débat.
C'était véritablement une question, procédant par
comparaison, pour tenter de retrouver les principes directeurs ou la
philosophie sous-tendant le projet de loi.
Quant aux problèmes, à savoir si on devrait ou si le
Québec devrait avoir des réseaux privés, que ce soit de
garderies ou d'écoles ou de choses comme cela, c'est un tout autre
débat dans lequel je ne voudrais pas entrer. Il ne faudrait pas donner
à notre mémoire, à ce sujet, plus de signification qu'il
n'en a réellement.
M. Grenier: Est-ce que vous pourriez nous émettre votre
opinion, nous dire ce que vous pensez des garderies privées à but
lucratif? Ce serait peut-être intéressant de connaître ce
que vous en pensez. Est-ce qu'elles doivent être maintenues,
peut-être pas dans leur statut actuel, mais on est prêt à
plusieurs concessions, je pense, dans ce champ d'activité? On en a
témoigné depuis hier matin. Qu'est-ce que vous en pensez
personnellement?
M. Mongeau: Pour l'instant, je ne pourrais pas répondre
à votre question, M. le député de Mégantic-Compton,
parce que, encore une fois, nous ne nous sommes pas penchés sur cet
aspect de la question. Bien sûr, tout ce que je pourrais avancer ne
pourrait m'être que personnel et je ne voudrais pas l'imputer au Conseil
scolaire de l'île de Montréal et encore moins à ses huit
partenaires de la commission scolaire de l'île de Montréal.
M. Grenier: Merci. Vous avez parlé d'un projet de garderie
qui pourrait s'élaborer au niveau de la commission scolaire. Vous n'avez
pas été précis quant au personnel et vous avez
effleuré le sujet. Mais est-ce qu'il y aurait lieu de faire un personnel
permanent? Est-ce que c'est votre point de vue de faire un personnel permanent
qui serait chargé des garderies vous allez me dire que c'est de
la plomberie, peut-être - mais est-ce que ce pourrait être une
tâche qui appartiendrait aux professeurs, que d'avoir une partie de
garderie et une autre d'enseignement? Voyez-vous cela sous cet aspect?
M. Mongeau: Ce que nous mentionnons dans notre mémoire,
c'est qu'à cause de la force des choses, avec un surplus d'enseignants,
nous disions: Là, nous avons un potentiel, une pépinière
de gens qui sont spécialisés en éducation, qui sont
spécialisés en approche auprès des enfants. Bien
sûr, ce n'est pas la même chose d'enseigner à une classe que
de tenir une garderie, mais nous pensons qu'avec un minimum de recyclage, ces
pauvres enseignants, on les fait recycler tellement souvent depuis 20 ans, ils
passent leur temps en études et en projets spéciaux, finalement,
ce n'est pas un de plus, surtout pour ceux qui sont en surplus et qui sont
là à attendre qu'on leur trouve des emplois à quelque
part. Ne serait-ce pas là l'idéal que de se servir de ces gens,
au moins comme personnes-ressources? (16 h 45)
M. Grenier: Le ministre en a entendu parler, bien sûr, il
m'a été donné de piloter une délégation
à Ottawa, il n'y a pas si longtemps, de médecins de la
région de Québec qui ont un programme et je voudrais
connaître votre point de vue je fais un parallèle entre les
deux sur une institution qu'on projette d'ouvrir, ici à
Québec; on semble avoir eu la bénédiction du gouvernement
du Québec et on est sur le point d'avoir celle d'Ottawa; une institution
pour malades cancéreux en phase finale. Et on développe là
un service de bénévoles assez important. Cela m'a surpris de voir
que tant de personnes, en plus de leur travail régulier, assurent un
travail de bénévole continuel, non pas d'une semaine et ensuite
rien, mais régulièrement, chaque jour, pour plusieurs, et pour
d'autres chaque semaine, un service bénévole important. Est-ce
que vous voyez que, dans un milieu comme cela, des garderies, qui pourraient
être implantées dans un système scolaire, il pourrait y
avoir également du travail bénévole?
M. Mongeau: Je pense que...
M. Grenier: Si je fais le parallèle, c'est parce que je
pense que, du côté de l'institution qui pourrait être
érigée à Québec dans peu de temps, il y a un aspect
fort humain. Et dans le domaine des garderies, il y en a aussi un qui est fort
humain.
M. Mongeau: Je pense que du travail bénévole, il y
en aura toujours. On en aura toujours besoin. Mais il ne faut pas en faire un
but ou un objectif. Je ne suis pas étonné du tout de ce que
vous dites, parce qu'un sondage récent fait à travers le
Canada, au sujet de la participation des parents à la vie de
l'école... Et cela en est, du travail bénévole, parce que
ce n'est pas juste assister à des réunions de comité
d'école. Si on prend par exemple le programme de lait-école du
ministre de l'Agriculture, ce sont des parents bénévoles qui s'en
occupent d'une façon pratique, tous les midis, dans les écoles,
pendant dix mois de temps. Si on regarde toutes les autres organisations
parascolaires, ce sont encore des parents bénévoles qui le font.
Je vous dis que le sondage qui a été fait à
l'étendue du Canada a démontré que c'est le Québec
qui a la plus grande participation de parents bénévoles dans des
écoles, dans tous les domaines dont on parle présentement. Et je
pense que c'est une plume au chapeau des parents du Québec.
M. Grenier: Je suis content de vous l'entendre dire, parce qu'il
y a longtemps qu'on le sait, mais, quand on se le fait confirmer par des
personnes qui sont du milieu... Il n'est pas dans mon idée d'instituer
un système de bénévoles, alors qu'on dirigerait uniquement
les garderies avec des bénévoles. C'est bien sûr que cela
prend du personnel en place. Mais cela pourrait être encadré avec
un bon personnel bénévole également, si cela pouvait se
faire. Je suis au courant, pour avoir rencontré pas mal de groupes, que
cette ère de bénévoles ne va pas en diminuant, mais en
augmentant, en ce moment, dans le Québec. Et vous venez de confirmer ce
que je pensais. Je vous remercie, M. Mongeau.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Lazure: Juste un commentaire sur ce que le président du
Conseil de l'île a soulevé tantôt et qui a été
repris par le député de Mégantic-Compton, concernant les
garderies privées et les garderies publiques.
Dans notre projet de loi, nous disons que nous n'émettrons pas de
nouveaux permis pour des garderies à but lucratif. C'est ce que nous
disons. Pour nous, cela n'est pas le vieux débat entreprises
privées par rapport à entreprises publiques, qui nous
amène à présenter cet article du projet de loi.
C'est tout simplement cette espèce d'objectif et de pierre
angulaire majeure de tout le réseau qu'on veut mettre sur pied, à
savoir la participation majoritaire des parents aux conseils d'administration.
Et cela n'a rien à voir avec le vieux débat privé-public.
Je vous ferai remarquer encore une fois, comme je le disais hier soir, que les
deux types de garderies, sans but lucratif et à but lucratif, sont des
garderies privées, sont des corporations privées, qui
reçoivent une partie minoritaire de leurs fonds de l'État, soit
par le biais des contributions des parents subventionnés, soit par le
biais des $2 par jour par place, à partir du mois d'avril prochain, soit
par le biais des subventions de démarrage.
Et la partie du financement de ces garderies privées, à
but non lucratif, qui émane de l'État, est minoritaire. Donc,
c'est charrier que de dire: On a des garderies d'État, comme on l'a
entendu ce matin, ou des garderies publiques, et des garderies privées.
On a deux types de garderies privées. Et nous, on privilégie le
premier type, celui qui confie aux parents, par le conseil d'administration
majoritairement contrôlé par les parents, la bonne gestion de
cette garderie.
C'est cela, la philosophie derrière l'exclusion de futurs permis
pour de nouvelles garderies à but lucratif. Le jour où les
garderies à but lucratif se montreront prêtes à accepter
les parents de façon majoritaire dans un conseil d'administration,
là, il faudra en parler à nouveau. Je serai prêt à
réviser le projet de loi à ce moment-là. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Dussault): Merci. M. le
député de Mégantic-Compton, si vous me permettez, M. le
député de Rosemont aussi voulait prendre la parole.
M. Paquette: Je m'excuse. J'avais une ou deux questions.
Concernant ce parallèle entre le problème des garderies à
but lucratif et non lucratif et celui des écoles, je pense
qu'actuellement le ministère de l'Éducation, pour subventionner
les écoles privées, exige que ce soit des corporations à
but non lucratif ou encore des coopératives. Je pense qu'il y a un
parallèle qui se fait très bien. C'est simplement une remarque
que je voulais faire.
Quant au reste, je partage l'opinion que le ministre vient
d'émettre pour ce qui concerne le fait que nous devions
privilégier les garderies contrôlées
démocratiquement par les parents.
Ma question portait sur le financement. Vous mentionnez, à la fin
de votre mémoire, que vous souhaiteriez que le ministère des
Affaires sociales évalue l'impact financier de l'instauration des
services de garde dans les commissions scolaires, compte tenu des
dépenses additionnelles et tout cela. Je pense qu'on doit avoir une
double préoccupation pour ce qui concerne l'implantation de garderies en
milieu scolaire. L'une d'entre elles a été exprimée par le
député de L'Acadie. Je suis parfaitement d'accord avec cela.
C'est d'assurer un contrôle des parents sur ces garderies-là comme
sur les autres et d'éviter que cela devienne une espèce de
prolongement des services de la commission scolaire. J'ai cru comprendre
tantôt que ce n'est pas cela que vous aviez à l'esprit quand vous
proposiez que les commissions scolaires puissent mettre sur pied des
garderies.
Ma deuxième préoccupation, c'est le financement. Par
exemple, les $700 000 qui, cette année, sont mis à la disposition
des commissions scolaires, cela m'inquiète un peu que les $700 000
partent du ministère des Affaires sociales, s'en aillent au
ministère de l'Éducation, s'en aillent au niveau des commissions
scolaires pour éventuellement aboutir à quelque chose qui sera
utile, c'est-à-dire servir à l'implantation des services. J'ai
l'impression qu'il y a des bouts de budget accro-
chés à chacune des stations. Avez-vous fait cette
évaluation-là? J'imagine que le ministère de
l'Éducation, peut-être pas cette année, mais
peut-être l'année prochaine, va nous dire: Cela me prendrait un ou
deux fonctionnaires pour administrer cela. Au niveau des commissions scolaires,
on va avoir tendance à faire la même chose. Avez-vous une
idée de combien vont nous coûter des services de garde en milieu
scolaire par rapport à des services de garde confiés à des
corporations sans but lucratif?
M. Mongeau: Non, je dois vous dire que je n'ai pas d'idée
plus que cela pour l'instant, parce que, si on prend les $700 000 qui viennent
d'être mis à la disposition du ministère de
l'Éducation, c'est pour des projets du 1er septembre dernier,
c'est-à-dire que cela ne fait même pas un mois encore. Je pense
que c'est après réellement une année qu'on pourra faire
une évaluation.
M. Paquette: Mais, sur le plan du fonctionnement, envisagez-vous
qu'on aura besoin de personnel supplémentaire pour administrer les
programmes de garderies au niveau de chacune des commissions scolaires?
M. Mongeau: C'est-à-dire...
M. Paquette: Vous n'avez pas commencé à examiner ce
problème-là, si je comprends bien?
M. Mongeau: Je pense que, là aussi, on verra d'ici la fin
de l'année, mais sûrement que cela prend au moins une ou deux
personnes, bien sûr, pour coordonner et agir comme personnes de soutien,
c'est évident, mais il ne s'agit pas de vouloir monter toute une autre
structure, il n'y a aucun doute là-dessus.
M. Paquette: D'accord, je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci. Au nom de tous les
membres de la commission, je remercie le Conseil scolaire de l'île de
Montréal et ses représentants pour la présentation du
mémoire.
M. Mongeau: Merci, M. le Président.
Lecture de deux télégrammes
Le Président (M. Boucher): J'appellerai
immédiatement la Commission des écoles catholiques de
Montréal, représentée par Me Raymond Paquin. Entre-temps,
on m'a demandé de communiquer à la commission deux
télégrammes reçus aujourd'hui dont l'un se lit comme suit:
"Le Comité des femmes du Syndicat des professionnels du gouvernement du
Québec manifeste son désaccord sur l'avant-projet de loi sur les
services de garde à l'enfance déposé le 28 août 1979
par le ministre des Affaires sociales, M. Denis Lazure, puisqu'il le juge
nettement insatisfaisant. En effet, son projet de loi ne répond pas
à la revendication du regroupement des garderies sans but lucratif du
Québec et à laquelle nous souscrivons d'un réseau
universel de garderies financé par l'État, accessible à
tous et contrôlé par les parents et travailleurs de garderies.
En ce sens, nous donnons notre entier appui à ' la position et
aux recommandations énoncées par le regroupement des garderies
dans son mémoire présenté à la commission
parlementaire, le 2 octobre 1979.
Nous espérons que des corrections, conformes à nos
revendications, seront apportées au texte de l'avant-projet de loi pour
correspondre aux véritables besoins des Québécois." C'est
signé: Regroupement des garderies sans but lucratif du Québec,
847 rue Cherrier, Montréal.
Un autre télégramme qui se lit comme suit: "Nous appuyons
les revendications du Mouvement des regroupements de garderies." C'est
signé: Le Syndicat des professeurs du Collège de Sainte-Foy.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je viens de recevoir du secrétariat
comme tous les autres députés la liste des travaux pour la
journée de demain. Je constate qu'il y a...
Le Président (M. Boucher): Je regrette, M. le
député de Mégantic-Compton, on vient de soustraire cette
liste, étant donné qu'on doit la corriger. Vous allez en avoir
une nouvelle tout à l'heure.
M. Grenier: Je voudrais bien qu'on s'assure, il reste encore une
heure de travail...
Le Président (M. Boucher): Pour cet après-midi, il
y a encore deux groupes de prévus, soit la Commission des écoles
catholiques de Montréal et l'Association d'éducation
préscolaire du Québec. Ce sont les deux seuls groupes qui
restent. Les autres groupes vont être convoqués demain.
M. Grenier: Merci.
Le Président (M. Boucher): Monsieur, si vous voulez
identifier....
Commission des écoles catholiques de
Montréal
M. Larivée (Luc): M. le Président, permettez-moi de
m'identifier et de corriger la présentation. Dr Luc Larivée,
président de la CECM; le document avait été envoyé
par M. Raymond Paquin. Alors, il y a deux corrections. Le mémoire est
présenté par le président de la CECM. La deuxième
correction, ce n'est pas Me Paquin, parce que si c'était le cas, on
serait obligé de lui payer une rétroactivité salariale
extraordinaire; même si j'ai beaucoup de considération pour lui.
Il s'agit de M. Paquin.
Je ne sais pas s'il est dans l'ordre d'une telle présentation,
mais j'aurais une déclaration prési-
dentielle à faire. Elle est écrite et elle a
été remise aux services de presse; si vous me permettez, je vais
la lire.
Dans la préparation de son mémoire, qu'elle
présente aujourd'hui à la commission parlementaire, sur
l'avant-projet de loi sur les services de garde à l'enfance, la
Commission des écoles catholiques de Montréal n'a pu,
étant donné les délais impartis, procéder à
une analyse en profondeur de toutes les facettes de l'avant-projet.
Toutefois, avant de procéder à la présentation du
mémoire de la CECM, mémoire qui s'attarde tout
particulièrement sur notre collaboration avec les garderies
déjà existantes je tiens à le souligner "notre
collaboration" et la mise sur pied des services de garde scolaires, je
désire souligner en quatre points principaux certaines
préoccupations qui ne font pas l'objet de recommandations
précises dans notre mémoire: 1. Est-ce la volonté du
ministère des Affaires sociales, et par là du gouvernement du
Québec, de doter la province d'un régime universel de garderies
offert à l'ensemble des familles, ou veut-on plutôt assouplir le
régime existant pour les enfants de zéro à cinq ans et
l'élargir, en rendant applicable, via les commissions scolaires, la mise
sur pied de services de garde pour les six à douze ans?
Évidemment, je suis ici depuis ce matin, j'ai entendu et des
questions dans un sens un peu identiques et des réponses. Je suis mal
à l'aise de répéter des questions identiques pour
lesquelles il y a eu des réponses, celles qui en auront eu,
évidemment on n'attendra pas une répétition.
Il nous semble pour le moins curieux qu'à l'intérieur d'un
avant-projet de loi provenant du ministère des Affaires sociales, on
fasse obligation aux commissions scolaires, qui sont du réseau du
ministère de l'Éducation, d'offrir des services pour les enfants
de six à douze ans, alors que le ministère des Affaires sociales
ne se donne aucune obligation de services à l'intérieur de son
propre réseau pour les enfants de zéro à cinq ans.
En effet, selon la politique actuelle, il n'existe pas une planification
d'ensemble du développement des garderies pour les enfants de
zéro à cinq ans et c'est par voie d'initiative locale, sans
approche globale, que s'effectue présentement l'implantation des
services de garde pour la petite enfance. (17 heures)
La CECM s'est prononcée déjà, à plusieurs
reprises, sur le bien-fondé et la nécessité d'offrir des
services de garde à l'enfance. Est-il besoin de rappeler que, dès
octobre 1976, la CECM innovait en ce domaine en se dotant d'une politique de
collaboration avec les garderies à but non lucratif
accréditées par le MAS. Depuis, la CECM n'a pas
ménagé ses efforts pour faciliter le développement de
garderies dans ses propres édifices et pour assurer la mise sur pied de
certains services de garde en milieu scolaire.
Cependant, nous nous interrogeons sérieusement sur le fait que
l'avant-projet de loi semble nettement favoriser les familles ayant des enfants
de six à douze ans, au détriment d'une politique vigoureuse
auprès des enfants de zéro à cinq ans. Notre intention
n'est pas de recommander à la commission parlementaire le choix de l'un
ou de l'autre niveau de services, mais bien plutôt d'insister fortement
sur le fait que les familles ayant des enfants de zéro à cinq ans
ont des besoins beaucoup plus grands dans le domaine de la garde que celles qui
ont des enfants au primaire. À cet égard, il est à noter
que la famille monoparentale est nettement plus démunie au moment de la
petite enfance que lorsque l'enfant est inscrit dans une école primaire.
Il est en outre plus facile d'assurer le gardiennage pour des enfants plus
âgés, d'autant plus qu'il s'agit d'assurer ces services pour
quelques heures seulement durant la journée. Par ailleurs, les
programmes éducatifs et de développement à l'intention des
jeunes enfants, de même que les activités du sport auprès
des parents ont une portée beaucoup plus vaste et une importance toute
première s'ils rejoignent les enfants de zéro à cinq ans.
De plus, n'est-ce pas surtout les parents ayant des enfants en très bas
âge qui sont démunis lorsque ceux-ci présentent des
difficultés d'adaptation reliées à une forme ou à
une autre de handicap, puisqu'à l'âge scolaire, le jeune
fréquente déjà, en règle générale,
des milieux spécialisés d'éducation ou de
réadaptation?
Enfin, nous souhaitons que l'avant-projet de loi insiste d'une
façon toute particulière sur la vocation éducative des
garderies et des services de garde. Il nous apparaît important qu'en
développant un réseau de services pour la petite enfance, le
Québec mette l'accent sur la qualité des interventions. Nous
aurions souhaité que la compétence du ministère de
l'Éducation et, par là, des commissions scolaires, soit mise
à contribution en vue d'assurer cette qualité
éducative.
Je passe maintenant au mémoire. Je ne ferai que quelques courts
commentaires à l'occasion. Est-ce que vous préférez poser
des questions sur la déclaration ou que je lise immédiatement le
mémoire?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous avez
l'intention de lire le mémoire au complet?
M. Larivée: Je voudrais le lire au complet, parce
que...
Le Président (M. Boucher): Étant donné le
temps...
M. Larivée: Je le fais rapidement.
Le Président (M. Boucher): II y aurait plus de temps pour
les questions par la suite s'il y avait un résumé du
mémoire, étant donné que les membres de la commission ont
eu le temps d'en prendre connaissance.
M. Larivée: Je vous laisse choisir, parce que je peux
aller aux recommandations...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le président de
la Commission des écoles catholiques de
Montréal peut utiliser 20 minutes, ce qu'on a déjà
accordé aux autres, puis il faudra peut-être qu'il abrège
la conclusion. Est-ce que vous voulez procéder de cette
façon?
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Larivée: D'accord, donnez-moi une quinzaine de minutes
au maximum et...
Mme Lavoie-Roux: Non, vous avez droit à 20 minutes.
M. Larivée: Merci.
Dès l'année scolaire 1975/76, les rapports et les
résolutions de la commission présentent un aspect très
positif face à l'implantation d'un réseau de garderies et
indiquent un bon esprit de collaboration entre la division des services
spéciaux de la commission et le ministère des Affaires
sociales.
Pendant cette période, la division des services spéciaux
de la commission a produit, avec la collaboration de plusieurs
spécialistes, le document "Projet garderie", qui contient les objectifs
suivis alors par la commission. À la suite de ce rapport, le conseil des
commissaires, à sa session régulière d'octobre 1976,
adoptait la résolution que vous pouvez lire et qui est très
explicite à cet égard. Elle est déjà connue,
d'ailleurs, du ministre. Il convient de souligner que, par la suite, les
membres du comité exécutif et le conseil des commissaires ont
consacré beaucoup de temps à l'étude de rapports
concernant les garderies.
Qu'il nous suffise de signaler que depuis l'année scolaire
1976/77, on dénombre près de 60 résolutions sur le sujet.
La commission a actuellement, dans ses édifices, 19 garderies. De ces 19
garderies, dont vous avez la nomenclature, il ne nous en reste que deux avec
lesquelles nous avons à terminer les ententes. Je crois que nous sommes
sur une bonne voie d'entente dans un très bref avenir.
Je dois vous affirmer que, parmi toutes ces garderies, une seule existe
dans une école où il y a des élèves actuellement,
c'est la garderie reliée à l'édifice Radio-Canada. Les
employés de Radio-Canada ont demandé que leurs enfants soient en
garderie à l'école Sainte-Brigitte, qui est tout près, et
la commission scolaire permet - c'est déjà une innovation quand
on est en perte de clientèle que l'enfant fréquente
l'école du milieu où il est en garderie. Ce fait est au
détriment d'une autre école. Je pense que c'est remarquable.
Quelqu'un a cité le fait, tantôt, que des industries
pourraient demander à des milieux scolaires de recevoir leurs enfants,
cela devient garderie et halte-garderie dans la même école puisque
l'enfant peut suivre ses cours dans la même école où son
frère ou sa soeur est en garderie, même s'il vient d'un autre
bassin que cette école.
Bien que les services de garde sous toutes les formes n'aient pas
été de la juridiction de la commission, nous pouvons affirmer que
son at- titude à l'égard de l'implantation des garderies indique
clairement qu'elle a été consciente de sa responsabilité
sociale et qu'elle a accepté, dans la mesure de ses moyens, d'offrir ses
services et ses locaux pour le développement d'un réseau de
garderies, conformément aux orientations du ministère des
Affaires sociales. Je ne veux répéter que ceci: Dans la mesure de
ses moyens. Nous avons des contraintes et nous devons les respecter.
Frais d'exploitation. Nous ne pouvons passer sous silence, dans ce bref
mémoire, les problèmes rencontrés par la commission avec
quelques garderies qui refusaient de payer les frais d'exploitation des locaux
qu'elles occupaient. Les media d'information ont parfois donné
l'impression que la commission refusait de collaborer avec les responsables des
garderies. Comme vous avez pu le constater déjà, la commission a
toujours eu une attitude très positive face au phénomène
nouveau que sont les services de garde. Malgré les difficultés
rencontrées, la commission a continué avec fermeté
à suivre sa politique envers l'ensemble des garderies et à
recevoir même les demandes de locaux de nouvelles garderies. Nous avons
encore quelques demandes sur nos tables, que nous sommes en train de
négocier.
Il ressort clairement que la commission s'est retrouvée au coeur
d'un conflit qui ne la concernait qu'indirectement. Car, certaines garderies ne
contestaient pas uniquement les normes et les tarifs de location de la
commission, mais, surtout, se servaient de cette tribune pour obtenir la
gratuité des services de garde.
En ce qui concerne les coûts de services exigés par la
commission, il convient de souligner que les garderies situées dans des
édifices désaffectés ou qui occupent des locaux dans des
écoles en fonctionnement se doivent de payer seules ou de partager avec
d'autres occupants les coûts des frais réels: les coûts de
chauffage et d'électricité, d'entretien physique, de taxes et de
frais d'administration qui sont supportés par la commission pour le
maintien de ses immeubles.
À ce sujet, la commission a toujours suivi la politique que le
Conseil des ministres a adoptée le 4 avril 1979, suite à un
mémoire présenté par le ministre des Finances concernant
les espaces pour les garderies dans les édifices publics et parapublics.
Il a été décidé que "les garderies auront à
payer un loyer équivalent à des frais d'exploitation encourus par
l'établissement", peu importe que ce soit dans un établissement
des Affaires sociales ou dans un établissement du ministère de
l'Éducation.
De plus, la commission ne peut employer pour l'implantation et le
maintien des garderies les fonds qu'elle reçoit pour des fins
d'éducation. À ce propos, le ministre de l'Éducation
signifiait par lettre au ministre des Affaires sociales nous avons cette
lettre: "II importe de bien distinguer les responsabilités de nos
ministères respectifs dans ce dossier. Pour ma part, j'estime que les
services d'enseignement et d'éducation à l'intention de tous les
enfants, y compris ceux qui
fréquentent les maternelles, sont de la responsabilité du
ministère de l'Éducation et des organismes scolaires. Par contre,
pour ces mêmes enfants, les services de garde, de quelque nature qu'ils
soient, sont de la responsabilité du ministère des Affaires
sociales et des organismes qui relèvent de lui. "Je suis bien sûr
sympathique aux objectifs que vous poursuivez, mais je ne peux exiger des
commissions scolaires, déjà aux prises avec de lourds fardeaux
financiers, qu'elles s'imposent de nouvelles responsabilités à
l'égard d'un secteur qui n'est pas de leur juridiction." Nous ne
contestons pas les juridictions, mais nous contestons le fait d'avoir à
nous servir des agents de l'éducation pour faire du service de
garde.
En résumé, la commission a toujours eu de bonnes relations
avec l'ensemble des garderies et elle a même nommé un
négociateur spécial pour arriver à des ententes
acceptables avec les quelques garderies contestataires qui
bénéficient encore, d'ailleurs, des services de la
commission.
Nous tenons à souligner c'est un fonctionnaire de la
commission qui est payé par les enveloppes budgétaires de la
commission le soutien que nous recevons maintenant des hauts
fonctionnaires du ministère des Affaires sociales face aux
problèmes suscités parfois par l'implantation des garderies. On
peut se rendre compte par l'exposé ci-dessus que les services de garde
comportent pour la commission des implications financières sous forme de
personnel et de services. Évidemment, ce n'est pas tout de dire que nous
louons, il existe aussi du temps, du personnel utilisé et des sommes
d'argent qui sont prises à même les sommes allouées pour
l'éducation.
Nous espérons que les commentaires et les recommandations de la
commission sur l'avant-projet de loi sur les services de garde à
l'enfance seront bien reçus, car ils sont faits dans le seul but de
corriger certaines lacunes et de collaborer avec le ministère des
Affaires sociales à la mise sur pied de meilleurs services de garde
à l'enfance.
Là-dessus, je passe à l'analyse de l'avant-projet de loi,
j'arrive tout de suite au milieu de la page, à l'article 1 : "Est
institué l'Office des services de garde à l'enfance." De qui
relève cet office? J'apprends, par certains renseignements, qu'à
la lecture de vos corrections, modifications apportées, que l'office
relève du ministre. Ce n'était pas indiqué dans
l'avant-projet de loi.
Je passe à la page 9, au milieu: "II nous semble très
important de définir clairement les différents services de
garde". Je vous assure que demander aux gens sur le coin de la rue ce qu'est un
service de garde en halte-garderie, un service de garde en milieu familial, un
service de garde en milieu de travail, évidemment ça demande une
qualification parce qu'il y a peu de gens qui auraient la réponse
à de telles questions.
Page 10, article 31. "Un permis de service de garde en garderie ne peut
être délivré qu'à une association
coopérative, une corporation sans but lucratif dont le conseil
d'administration est composé majoritairement de parents d'enfants qui
seront inscrits dans cette garderie lors de son ouverture ou une corporation
municipale".
Il nous semble que cette liste est très restrictive et ne peut
que priver les citoyens de ressources importantes qui se trouvent dans leur
milieu. Par exemple, a-t-on oublié les centres de santé
communautaires, les comités des services sociaux, les CLSC, les
commissions scolaires, etc.? Je pense que vous avez soulevé
tantôt, M. le ministre, ces extensions possibles qui arriveront par la
suite.
Je voudrais faire remarquer à la commission qu'en mai 1979,
l'Alliance des professeurs de Montréal présentait un rapport
à la commission dont voici quelques extraits. Je ne veux pas vous lire
les extraits, mais je vous montre le dossier qui a été produit
par l'Alliance. Ce dossier indique bien clairement que l'Alliance cherchait ce
qu'on retrouve dans différents organismes publics comme dans les
cégeps ou dans les hôpitaux, toujours, par contre, en ayant une
deuxième corporation vivant dans un mariage plus ou moins complexe ou
avec une corporation différente dans un même milieu. Quand, dans
un cégep, il y a une garderie, c'est une corporation indépendante
de la corporation administrant le cégep. À cet égard,
ça peut créer des difficultés.
Nous avons noté que, quand l'Alliance nous faisait une telle
demande, il arrive ceci, et c'est l'exemple qu'on nous citait, c'était
une école où il y avait peut-être dix professeurs, une
école de huit classes, disons deux professeurs exceptionnels dans cette
école, et ces gens-là nous demandaient l'ouverture d'une garderie
en milieu de travail, mais, effectivement, ne pouvaient fournir que trois ou
quatre enfants. Donc, la garderie ouverte dans cette école serait
devenue une garderie de quartier, ce contre quoi nous n'avons rien. Nous
l'aurions accepté facilement, mais nos milieux ne favorisent pas un
groupe suffisant d'enfants de la part de nos enseignants ou du personnel d'une
école, sauf dans les grandes polyvalentes, pour avoir des garderies
exclusives à ce personnel. Cela deviendrait une garderie de milieu. Je
vous laisse le soin de lire cette partie du texte.
En bas de la page 11: "Un permis est délivré pour deux
ans, etc. Afin de simplifier les démarches administratives, ne
pourrait-on pas prévoir un renouvellement automatique du permis à
moins que l'organisme ne reçoive au préalable de l'office un avis
de trois mois l'avisant du non-renouvellement?" Quand vous aurez 500 garderies
en 1980 ou en 1981, plus les haltes-garderies, vous allez avoir
évidemment une lourdeur administrative qui va faire que, tous les deux
ans, à moins d'informatique, vous serez toujours obligés de
revenir sur vos anciennes ententes et... Pardon?
Mme Lavoie-Roux: À la condition qu'il n'y ait pas de
grève à l'informatique.
M. Larivée: Oui, j'admets que ça ne vous sert pas
beaucoup dans le moment. Nous considérons que vous devriez avoir une
reconduction tacite, à moins d'un avis de trois mois et peut-être
que ça diminuera la charge dans la fonction publique.
Je ne vous lis pas l'article 41, mais je vous lis le commentaire en page
suivante: "Nous croyons
qu'une corporation municipale ou une commission scolaire ou tout autre
organisme public ont à leur disposition le personnel compétent et
les services nécessaires pour la réalisation de plans
d'aménagement et sont donc en mesure de se conformer aux normes
établies. Cet article ne devrait donc pas les concerner. "De plus, les
garderies qui s'implantent dans la ville de Montréal doivent obtenir un
permis municipal et se conformer aux normes prévues par la ville."
Ce doit certainement être la même chose ailleurs et les
hasards de la vie font que je suis à un autre conseil public où
je suis obligé d'accepter ce que j'ai déjà accepté
précédemment au niveau de la commission scolaire et je
réalise que les normes municipales sont extrêmement
sévères et souvent seulement les écoles sont capables de
disposer de locaux adéquats en fonction des normes municipales. (17 h
15)
Article 46. "Le titulaire d'un permis de service de garde en garderie
doit tenir, conformément au règlement, un dossier individuel pour
chaque enfant qu'il reçoit." Je n'irai pas plus loin dans ce texte, mais
je voudrais vous demander, M. le ministre, d'avoir la prudence de poser des
questions à votre collègue de l'Éducation en ce qui
concerne le dossier scolaire. À partir de ceci, cela évitera
d'avoir de longues batailles, souvent fort émotives, en ce qui concerne
les dossiers, parce qu'évidemment, si vous n'avez que le nom ou
l'âge et l'adresse de l'enfant, ce n'est pas grave comme dossier. Mais,
dès que vos réglementations iront plus loin que ça, on
tombe dans de grandes charges émotives et cela devient très
risqué de faire des dossiers qui soient trop "inquisiteurs".
Je passe à la page 13. À l'article 58, vous dites: "Une
commission scolaire doit." La commission, la CECM aimeraient bien que vous
écriviez "peut", parce que nous voudrions pouvoir installer des services
de garde en milieu scolaire à la demande du milieu, et les écoles
ont cette chance d'avoir des comités d'école qui, eux, peuvent
produire la demande. Ce sont des gens du milieu et, s'ils se chargeaient de
produire une demande, évidemment, la commission scolaire pourrait les
écouter et voir à les informer et à les aider.
Mais si la commission doit leur fournir les services, elle risque de ne
les fournir à personne. Dans d'autres situations, la commission scolaire
pourrait inversement avoir des demandes pour trois ou quatre enfants en
halte-garderie et, au lieu elle-même de chercher à donner le
service dans son école, elle pourrait trouver des familles du voisinage
qui pourraient tenir lieu d'endroits de haltes-garderies pour trois ou quatre
élèves quant il y en aurait moins.
Alors, pour nous, ce qui compte, c'est de juger des besoins du milieu et
des moyens du service. L'article 60, encore une fois, je ne le lis pas. Je vous
transfère à la page 60. On considère que les organismes
qui ont le droit de donner des permis de service de garde en milieu familial
pourraient aussi donner les services de haltes-garderies chez eux. Vous en
tenez compte, j'imagine.
En page 14, vous allez voir, septièmement: Déterminer les
éléments du programme d'activités qu'un service de garde,
etc. Vous savez, quand j'ai lu cet article, je me suis dit: Comment va-t-on
faire pour superviser les personnes qui devront appliquer cette partie de
l'article 74? Tout ceci relève de la même façon... Nous
sommes à la recherche d'une façon d'évaluer notre
personnel au ministère de l'Éducation. Nos enseignants, comment
les évaluer? Encore là, il y aurait une question
d'évaluation et, lorsqu'il y a trois ans, la CECM a offert à la
société, à notre milieu montréalais, non seulement
d'utiliser les locaux dont on pouvait disposer, mais, en plus de cela, de
former parce que nous avions un service d'éducation des adultes
les gens devant dispenser de la surveillance et même
peut-être une certaine éducation dans les garderies, nous avons
obtenu une fin de non-recevoir. Nous avons vu que les gens considéraient
qu'on jouait dans leur terrain et ils ont dit: Nous ne voulons pas avoir
l'ingérence de la CECM dans la façon d'administrer des garderies
ou d'administrer l'éducation dans des garderies.
Immédiatement, la CECM s'est retirée de cette proposition
qu'elle leur faisait.
Je passe à la page suivante, à la page 15. Après
l'étude des articles 58 et 59, sur les services de garde en milieu
scolaire, la commission se déclare toujours prête à
collaborer, dans toute la mesure du possible, à l'expansion de ses
services au bénéfice des écoliers des niveaux primaire et
secondaire. De cette façon, peut-être que la commission scolaire,
et c'est notre choix très évident, pourrait donner une
contrepartie à l'école privée qui elle, souvent, propose
aux parents de garder les enfants plus tard que les heures de classe voulues et
nous considérons qu'à ce moment, c'est une façon de
valoriser l'école publique. Mon but n'est pas d'aider le
ministère des Affaires sociales, mais surtout de valoriser
l'école publique où j'ai plus affaire...
En conclusion, j'inscris: Donc, si les commissions scolaires sont tenues
d'offrir un service de garde, il devient nécessaire de prendre en
considération l'impact budgétaire sur les réalisations de
ce projet en milieu scolaire. J'ajoute tout de suite ici qu'à la CECM,
nous avons des projets expérimentaux que nous avons faits cette
année de haltes-garderies, projets subventionnés par le
ministère des Affaires sociales dans, je crois, douze de nos
écoles. Nous avons eu, par exemple, dans les budgets qui nous
étaient accordés, l'autorisation d'utiliser certaines sommes
d'argent, en particulier pour donner une collation à l'enfant qui,
à 15 h 30, finit la classe et reste à l'école, en
attendant l'heure de retour des parents à la maison.
Il est extrêmement difficile de refuser à l'enfant de lui
offrir une collation. Si on n'avait affaire qu'à des adultes, on
pourrait leur dire: Dans la boîte à lunch que vous apportez le
matin, vous vous gardez quelque chose pour trois heures de l'après-midi.
Mais
vous savez ce qui arrive quand on est des enfants. À midi,
l'enfant aura vidé sa boîte à lunch et, à 15 h 30 ou
16 heures, il n'aura plus rien. Et on est obligé de lui dire: Vous
restez à l'école jusqu'à 17 h 30, jusqu'à ce que
les parents arrivent. Évidemment, là, on perd les enfants, parce
que c'est le magasin de patates chips et de Coca-Cola qui va écoper de
ce qu'on ne leur donne pas, s'ils ont de l'argent dans leur poche. Je pense
que, raisonnablement, on doit leur en fournir.
Mais nous avons reçu, en date toute récente, une directive
qui nous vient du ministère de l'Éducation et qui dit ceci, en
s'adressant au directeur général de la commission: "J'attire
votre attention qu'à titre exceptionnel, et pour cette année
seulement, la subvention couvrant les frais de collation des enfants, et
à moins d'avis contraire, les frais de collation ne feront pas l'objet
de subvention l'an prochain. Conformément au guide de la garde
parascolaire, les montants affectés à la réalisation des
projets serviront à couvrir les dépenses prévues au
budget."
Vous vous imaginez bien que lorsque nous avons les locaux, le personnel,
les équipements, l'argent ne peut pas nous servir beaucoup à
autre chose qu'à donner une collation et à payer le personnel.
Les autres choses, on les a déjà en mains et cela ne nous
coûte rien.
Prérequis en termes de budget et d'efficacité. Je vous
laisse bien comprendre ce qui a été dit. Évidemment, si on
donne du personnel et si on fait du service, comme on a pu affecter les sommes
d'argent de l'éducation, il faudrait des compensations
d'équilibre budgétaire.
Je suis rendu à la page 17. On pourrait penser, chez nous, que
nos jardinières d'enfants, par exemple, pourraient superviser des
techniciennes en garderie, à la condition que la responsabilité
nous en soit donnée, ce qui n'est prévu, ni dans les politiques
du ministère des Affaires sociales jusqu'à maintenant, ni
évidemment dans la Loi de l'instruction publique. Encore là, ce
sera au niveau gouvernemental, au niveau de l'Assemblée nationale
à faire des concordances entre les obligations des commissions scolaires
et les services à donner à des enfants de moins de quatre
ans.
Maintenant, vous savez, il y a un risque de conflit que je veux bien
vous donner. Et cela répondra à une question que Mme le
député de L'Acadie posait tout à l'heure au
président du Conseil scolaire de l'île. On parlait de
bénévolat tantôt. Nous avons commencé par offrir de
la garde pour enfants en milieu scolaire à l'heure du dîner. Nous
avons eu du bénévolat de la part des parents du milieu qui
venaient garder. Mais à partir du moment où nous avons
commencé à en payer un, parce qu'on n'avait pas de
bénévoles, il a fallu payer tous les autres. Nous demandons une
certaine somme d'argent, qui est de $0.25 par jour par enfant, ce qui fait
$1.25 par semaine on est peut-être rendu à $1.50
pour les parents qui peuvent payer. À la CECM, l'an passé, cela
nous a coûté $250 000 payés par les parents du milieu qui
avaient les moyens, qui donnaient $1.25 par semaine. Cela a coûté
à la CECM - parce qu'il n'y avait plus de bénévolat - $250
000 de nos budgets. Quand viendra le temps de payer des gens qui seraient des
surveillants de haltes garderies, il faudra à ce moment-là qu'il
y ait une concordance entre les salaires qu'on donnera aux deux, puisque celui
qui sera là à surveiller le dîner et celui qui sera
là à surveiller des enfants considéreront qu'ils ont le
même rôle de surveillance.
M. Lazure: Vous me permettez? M. Larivée: Oui,
allez.
M. Lazure: Pour bien comprendre, c'était pour payer le
salaire du personnel, le midi?
M. Larivée: Qui surveillait le dîner des enfants
à l'élémentaire.
M. Lazure: Seulement le midi? Pas en fin d'après-midi?
M. Larivée: Pas du tout.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse. M. Larivée, est-ce que vous
avez dit $500 000 ou $250 000?
M. Larivée: $250 000 chacun, cela fait $500 000 au
total.
M. Grenier: Est-ce que c'étaient des professeurs au
même salaire qui faisaient la surveillance?
M. Larivée: Ce ne sont pas des professeurs, ce sont des
parents ou des étrangers. En général, ce sont des gens
choisis par les comités d'écoles. On laisse aux comités
d'écoles le soin de nous faire des recommandations sur les gens qu'ils
ont, et ils viennent servir et, s'ils sont malades, ils en appellent un autre
pour surveiller.
M. Lazure: Le salaire horaire est de combien? Mme Lavoie-Roux:
C'était $5.
M. Larivée: C'est $4.60 actuellement et c'est pour un
travail d'à peu près deux heures. Et c'est à peu
près 40 enfants par parent.
Mme Lavoie-Roux: C'est pourquoi je soulevais la question tout
à l'heure, M. le ministre, en fonction des budgets qui sont
prévus.
M. Lazure: Je vous ai dit que ce n'était pas assez, mais
que c'était mieux que ce que le gouvernement antérieur avait
donné.
Mme Lavoie-Roux: C'est trop facile, M. le ministre. C'est vous
qui faites la politique et en faites la publicité.
M. Lazure: Écoutez. C'est facile aussi de dire que $1
million, ce n'est pas assez.
Mme Lavoie-Roux: Mais qu'on ne fasse pas croire aux gens qu'ils
vont avoir un service quand on met des sommes ridicules comme cela.
M. Lazure: II n'y a personne qui fait croire cela aux gens.
Mme Lavoie-Roux: Votre publicité est dans ce
sens-là, M. le ministre.
M. Lazure: II n'y a eu aucune publicité
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Vous l'avez annoncé en conférence
de presse.
M. Lazure: Voyons, si vous appelez cela de la publicité
quand on parle aux media, vous en faites vous aussi quant à cela.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais quand vous dites qu'il y aura des
services de garderies midi et soir et en dehors des heures de cours, il faut
faire bien attention d'en mesurer...
M. Lazure: Tout ce qu'on a dit, c'est qu'il y aura une somme de
$1 million à partir du 1er avril qui sera consacrée pour payer
les frais d'une partie des enfants qui devraient recevoir ces
services-là. C'est tout ce qu'on dit.
M. Larivée: Vous me permettez de me tenir hors du
débat politique.
Mme Lavoie-Roux: On s'excuse, M. le Président.
M. Larivée: Soyez bien à l'aise, parce qu'à
ce moment-là, je ne fais qu'écouter. J'en suis rendu à la
page 20. Recommandations. Je les lis très rapidement. Que le
ministère des Affaires sociales évalue l'impact financier
j'imagine que ce sera son obligation que l'instauration de services de
garde aura sur les commissions scolaires, compte tenu des dépenses
additionnelles prévues au plan des effectifs, du perfectionnement, de la
coordination, des assurances, des locaux, etc.
Deuxièmement, que, tenant compte des multiples implications de
l'organisation de services de garde en milieu scolaire, le législateur
n'impose pas à une commission scolaire l'obligation stricte d'instituer
de tels services. On avait dit pourquoi tantôt.
Qu'un service de garde parascolaire soit organisé uniquement dans
les écoles où il existe un minimum de besoin et que les parents
collaborent à l'implantation de cette activité et même
"génèrent" la demande.
Quatrièmement, que l'on évalue la pertinence d'inclure ou
d'exclure les journées pédagogiques comme partie d'un service de
garde. Vous en avez causé tantôt, parce que cela crée
évidemment des problèmes.
Que le MAS reconnaisse, en milieu scolaire, le principe d'aide aux
familles à faible revenu au même titre que pour les garderies. On
considère que c'est une loi sociale nécessaire.
Que l'on applique, le midi, les mêmes normes en termes de
surveillants et de salaires.
Que l'on prévoie à l'intérieur des conventions
collectives la dimension des services de garde. Imaginez-vous qu'on est pris
avec des conventions collectives avec nos concierges, nos directeurs
d'école et, si on augmente leur responsabilité, parce qu'ils ont
la responsabilité de l'édifice, il faut une concordance dans les
conventions collectives.
Huitièmement, que l'on prévoie, à
l'intérieur de la contribution demandée aux parents, une
collation nutritive à être distribuée
l'après-midi.
Neuvièmement, que la CECM cela devient plus simple et
moins généralisé soit bien
représentée à l'intérieur de l'Office des services
de garde à l'enfance. Si nous mettons cet élément, ce
n'est pas par orgueil simple, par prétention, c'est que nous
considérons que, dans la province de Québec avec le plus
d'humilité possible nous sommes probablement le milieu qui a
été le plus touché par les implantations de garderies
depuis une dizaine d'années et nous considérons avoir ce que les
Américains appellent, au moins partiellement, le "know how". Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, Dr Larivée. M. le
ministre.
M. Lazure: M. le Président, je suis très heureux de
renouer avec mon ancien collègue, mon ancien compagnon d'armes dans nos
luttes étudiantes. Je veux lui rendre hommage, à lui et à
ses collègues de la CECM et à son personnel, pour les efforts
considérables. Je suis conscient du temps que lui-même a
passé aux problèmes qui ont entouré et qui entourent
encore la mise sur pied de garderies dans des locaux de la CECM. On a pu avoir
dans le passé des divergences et on en aura probablement encore dans
l'avenir. Je veux lui rendre, lui et à ses collaborateurs, l'hommage que
ses efforts lui ont mérité. Je veux mentionner aussi c'est
encore plus important que les efforts ont été
couronnés dans la très vaste majorité des cas.
Je pense que la formule où un employé, un membre du
personnel de la CECM, est affecté à temps plein aux
négociations, cette formule-là a été
extrêmement heureuse et je me réjouis de la bonne collaboration
qui existe entre la CECM et le ministère des Affaires sociales.
On avait eu l'occasion de se rencontrer il y a un an et demi. On a
certainement eu à se réjouir par la suite des résultats et
des améliorations.
L'ensemble des recommandations de la CECM, j'y souscris, si on les passe
une par une. Il faut évidemment, M. le Président de la CECM,
avoir en tête les cinq amendements qui ont été
rédigés depuis que vous avez rédigé votre
mémoire qui répondent à la plupart de vos
préoccupations.
Vers la fin de vos recommandations, le principe d'aide aux familles
à faible revenu au même titre que pour les garderies, c'est
couvert dans un des cinq amendements, tout ce qui est contribution des parents.
(17 h 30)
Pour ce qui est d'être représenté à
l'intérieur de l'Office des services de garde, si on en arrivait dans le
texte final du projet de loi, qui sera déposé à
l'Assemblée d'ici environ un mois, à inclure les commissions
scolaires comme étant des organismes aptes à recevoir des permis
de garderies, comme le Conseil de l'île le proposait tantôt, il est
bien évident que la CECM serait représentée au conseil
d'administration de l'office.
Il y a des recommandations spécifiques qui sont
intéressantes et que je retiens, par exemple, le renouvellement
automatique avec avis de trois mois. Peut-être faut-il faire preuve
d'originalité dans le réseau des garderies et ne pas suivre
automatiquement le système que nous avons pour l'ensemble des autres
établissements, hôpitaux, centres d'accueil, etc. Je retiens
cela.
Définition des termes; c'est une chose qui apparaîtra dans
le prochain texte.
Dossier; je répète que ce que nous appelons dossier dans
le texte correspond à des fiches à toutes fins pratiques
très sommaires et je pense qu'au moment où on va déposer
le projet de loi on va déposer le modèle de fiche que nous
recommandons actuellement aux garderies; elles ne sont pas obligées de
le suivre tel quel, mais on va le rendre public tout simplement pour apaiser
les craintes des gens. Vous avez raison de dire que c'est une corde très
sensible et il faut rassurer la population à ce point de vue; on n'a pas
du tout l'intention de ficher les gens.
J'aurais un dernier commentaire et ensuite une question. Pour revenir
à notre petit échange de tantôt, le député de
L'Acadie et moi en avons de temps à autre.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait progresser les débats.
M. Lazure: C'est ça! Sérieusement, je faisais un
petit calcul mental rapide tantôt; pour le budget d'avril prochain, on
l'a dit, ce sera un minimum de $1 million pour la garde en milieu scolaire.
Vous dites que ça vous a coûté, pour la période du
midi, environ $500 000 pour la garde dans le milieu scolaire le midi. J'imagine
que les besoins de garde en milieu scolaire le midi et en fin
d'après-midi sont infiniment plus grands à la CECM qu'à la
Commission scolaire de Paspébiac ou toute autre commission scolaire en
milieu rural ou semi-rural; j'imagine, je tiens ça pour acquis au
départ. La proportion des enfants au niveau élémentaire,
pour la CECM, représente combien par rapport à l'ensemble du
Québec?
M. Larivée: Un peu plus de 10% des élèves de
la province.
M. Lazure: Si on touche seulement à la population des
jeunes qui ont besoin de garde dans le milieu scolaire le midi et en fin
d'après-midi, à ce moment la proportion est beaucoup plus de 10%
de l'ensemble de la population élémentaire du Québec.
M. Larivée: Oui, parce qu'évidemment, M. le
ministre, il est certain que c'est plus dans les milieux urbains que la
mère n'est pas à la maison, en général, à
l'heure du retour de l'enfant; en milieu rural, on soupçonne que les
mères sont plus souvent à la maison. Enfin, il me semble que
ça doit être comme ça.
M. Lazure: Ce que je veux dire par ma remarque ça
s'adresse autant au président qu'au député de L'Acadie
c'est que, en bout de ligne, je ne serais pas étonné que
la part du million qui va aller à la CECM soit pas mal plus proche de ce
qui est son coût réel actuellement, au moins pour la
période du midi, si on veut bien dépenser cet argent, non pas de
façon aveugle, juste par des pourcentages dans les livres, mais bien par
les demandes du milieu.
Ma question est toujours en rapport avec la garde dans le milieu
scolaire, qui, à part l'autre dossier de location des locaux à
des garderies, est probablement le dossier le plus important dans les mois et
les quelques années qui viennent. J'aimerais voir un peu de quelle
façon vous avez dépensé les sommes qui vous ont
été allouées par le ministère de
l'Éducation, sommes qui émanaient du MAS.
En d'autres termes, est-ce que vous aviez des critères
très rigides pour la dépense de ces fonds ou est-ce que ça
pouvait être, dans certains cas, pour des salaires d'employés qui
faisaient la garde ou, dans d'autres cas, pour de la fourniture, des
équipements?
M. Larivée: En fait, il faudrait qualifier cette question,
parce que nous recevons du ministère de l'Éducation de l'argent
qui vient d'abord du ministère des Affaires sociales, à
l'égard de projets pilotes ou d'expériences faites par la CECM.
Ces projets sont déjà présentés au ministère
de l'Éducation et, finalement, au ministère des Affaires sociales
et doivent être acceptés par ces gens. Il y a un budget qui est
autorisé, et le budget est totalement suivi par la structure,
jusqu'à la dépense de la dernière cenne obligatoire et le
reste du budget non utilisé est retourné, à ce
moment-là. C'est ce qu'on appelle, nous, notre enveloppe 3,
c'est-à-dire des paiements de compensation garantie. C'est toujours
comme ça dans toutes ces choses, sauf qu'il y a des endroits plus
particuliers où le MAS nous touche. C'est, par exemple, chez nos
handicapés, chez nos élèves... Handicapés à
tous les points de vue, à cause des équipements qu'on doit leur
fournir, etc., tout est budgétisé.
Je considère que, il y a deux ans, on a fait un pas majeur. On
est parti du budget à base zéro, que vous connaissez, le
"Zero-base budgeting" et, à partir de ça, on a fait une
évaluation et tous nos budgets, même quand ils viennent de
l'extérieur, c'est-à-dire d'un ministère autre que le
ministère de l'Éducation, nous faisons la même application
que ce qui vient du ministère de l'Éducation, avec certains
malaises. Mme le député de L'Acadie doit certainement se souvenir
de ces genres de malai-
ses. Vous savez, nous avons à administrer des budgets
compensés en totalité avec des gens qui ont la certitude qu'ils
ont une compensation totale, par exemple, le service d'éducation des
adultes. Si on n'était pas là pour avoir un oeil fort et
éveillé, j'espère, à l'égard de leurs
dépenses, c'est trop facile de nous répondre: Ne vous
inquiétez pas. De toute façon, le ministère de
l'Éducation va dépenser la totalité ou va compenser la
totalité.
Quand ça vient du ministère des Affaires sociales, en
général, ça n'est pas une compensation a posteriori, mais
un paiement a priori. Alors, à ce moment-là, on ne peut ni le
dépasser, ni conserver l'argent qu'on aurait sauvé si, par
hasard, on ne le dépensait pas en totalité. C'est toujours comme
ça qu'on fonctionne avec le MAS, ce qui est probablement pour nous plus
intéressant qu'avec des budgets ouverts, qui nous arrivent parfois
d'autres ministères. On l'avait avec le ministère de
l'Immigration, en ce qui concerne les COFI. Cela a causé des
problèmes, parce qu'on avait des budgets ouverts encore.
M. Lazure: Oui, simplement une sous-question. Est-ce que dans
certains de ces budgets de projets pilotes, vous pouviez utiliser des fonds
pour payer du personnel?
M. Larivée: C'était déjà
prévu, à ce moment-là, lors de la présentation de
nos besoins financiers. Or, si on devait utiliser du personnel, lorsqu'on
présentait la facture préalable à l'acceptation du projet,
la question du personnel est déjà indiquée et le montant
fixé.
M. Lazure: Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne serai certainement pas en reste avec le
ministre des Affaires sociales pour également saluer un bon
collègue, avec qui j'ai eu beaucoup de problèmes en commun
à résoudre. Je voudrais aussi souligner la présence de M.
Paquin et, par son entremise, transmettre mes salutations à tous ses
collègues fonctionnaires qui ont toujours été, je pense,
au service de la commission d'une façon assez extraordinaire.
Je voudrais revenir sur la question du dossier... Évidemment, il
y a des questions sur lesquelles je ne reviendrais pas, la petite
méditation à laquelle j'ai invité le Conseil scolaire de
l'île de Montréal, à savoir: Comment, au plan
administratif, pourraient s'articuler des services de garderies qui seraient
pris en charge par les commissions scolaires? Je pense que vous n'avez
probablement pas la réponse, vous non plus, mais ça
mériterait d'être examiné de plus près.
Quant à la question du dossier 46, ça fait plusieurs fois
qu'il en est question ici à cette commission parlementaire et, à
chaque fois, j'entends le ministre qui dit: Ne vous inquiétez pas. Ce
sera très simple. C'est le permis de pouvoir sortir les enfants, son nom
et sa date de naissance, enfin, quelque chose du genre. Peut-être que le
ministre aura une explication, mais ça peut-être... Je suis
prête à prendre sa parole. D'ailleurs, je ne la mets pas en doute,
mais ça me semble un peu contradictoire avec le contenu de l'article 46.
Si c'est aussi simple que tout ça, le nom, l'adresse, la permission des
parents et ainsi de suite, de les amener en promenade, pourquoi a-t-on un
article 46 aussi important quant à sa substance, quant à son
contenu?
Je passe le premier paragraphe. Le deuxième: Ce dossier est
confidentiel et nul ne peut en donner ou recevoir communication écrite
ou verbale ou y avoir autrement accès, même aux fins d'une
enquête, si ce n'est... etc. Toutefois, l'office, pour fins
d'enquête... Bon! Je ne le lis pas... Tout le monde est capable de faire
de la lecture à haute voix et rapide.
Je comprends l'inquiétude des gens qui sont venus, et cela a
été soulevé au moins une dizaine de fois au cours des deux
dernières journées, et c'est probablement ce contenu fort
substantiel, en particulier des deuxième et troisième
paragraphes, qui devra être modifié, j'imagine, pour correspondre
à ce que vous nous avez dit, M. le ministre. Il semble que vous trouvez
cela un peu trop important comme contenu vous aussi.
Je voudrais revenir sur la question des budgets. L'an dernier, quand le
ministère des Affaires sociales a transmis une somme d'argent au
ministère de l'Éducation pour qu'elle soit utilisée
à des projets pilotes, quelle est la part que la CECM a eue de ce
montant? Je pense que c'était $150 000.
M. Larivée: L'an passé, en ce qui concerne les
projets pilotes de halte-garderie exclusivement, le montant total devait
être autour de $17 000, et à la suite de notre utilisation dans
douze écoles, les dépenses se sont élevées à
$17 000 après avoir eu les autorisations suffisantes pour pouvoir
procéder jusqu'à la fin de l'année. Ceci ne devait pas, si
ma mémoire est fidèle, servir de paiement pour du personnel, mais
exclusivement pour des services.
Mme Lavoie-Roux: Je pense également que ces choses sont
arrivées d'une façon très tardive.
M. Larivée: Je n'ai pas de détails quant au moment
où c'est arrivé.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas qui est responsable, mais cela a
peut-être...
M. Lazure: La machine.
Mme Lavoie-Roux: Oui, la machine, quelque part. Cela, je ne
l'imputerai pas au ministre.
N'y avait-il pas une contrainte à l'utilisation de cet argent,
à savoir que ça ne devrait pas être affecté...
D'ailleurs, vous y revenez comme recommandation, en page 21, si je ne m'abuse.
Vous dites: "Que l'on applique, le midi, les mêmes normes en termes de
surveillants et de salaires". Est-ce que cet argent ne devait pas être
affecté à la garde du midi?
M. La rivée: C'est justement dans ce sens qu'on dit que la
réglementation du projet expérimental nous disait que ça
ne devait pas servir à payer du personnel. Le midi, ceux qui restaient
à l'école, parce qu'on surveillait les dîners, on les
payait. S'il y avait des enfants qui se trouvaient à rester là
avec leur lunch et qu'on avait dû ajouter du personnel en halte-garderie,
on ne pouvait pas le payer, la somme de $17 000 ne devait pas servir pour cela.
Cela a créé des difficultés, mais, comme dans la plupart
de nos écoles, il y a maintenant le dîner à
l'élémentaire, on pouvait se servir des mêmes personnes
pour faire la surveillance des dîners acceptés par la commission,
et ne pas ajouter à leur salaire pour des enfants de plus en
halte-garderie.
Mme Lavoie-Roux: La question précise que j'aimerais poser
au ministre pour clarifier ceci, c'est: Dans l'avenir, quelles que soient les
sommes que vous rendiez disponibles aux commissions scolaires pour assurer des
services, j'imagine, non seulement d'après-classe, mais de midi, de
lunch, est-ce que ces sommes pourront être affectées
indifféremment à l'une ou à l'autre?
M. Lazure: À l'une ou à l'autre?
Mme Lavoie-Roux: À l'une ou à l'autre des
périodes.
M. Lazure: Certainement. Nous autres, le mot d'ordre, ce sera la
souplesse. Il s'agit de répondre aux besoins. Cela peut être le
midi autant qu'en fin d'après-midi, et même le matin, de bonne
heure, dans certains cas. Quant à nous, aussi, je le dis bien
franchement, ça devra être autant pour payer du personnel que pour
de l'équipement. Je pense que ça devrait être surtout pour
payer du personnel. Je ne vois pas trop quel équipement...
M. Larivée: On l'a déjà.
M. Lazure: Vous avez déjà l'équipement.
Là, on aura des discussions à avoir avec nos amis de
l'Éducation là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement souligner au ministre
et ce n'est pas à la défense de la CECM, mais à la
défense de l'ensemble des besoins, d'abord, des enfants, des parents, et
des commissions scolaires vous dites que la partie de $1 million
coïnciderait à peu près, compte tenu que la CECM
représente 10%, etc. Je veux vous faire remarquer que d'abord le ratio
du midi est très élevé; on a eu beaucoup de
difficultés à faire accepter aux parents un ratio de surveillance
de 1/40. C'est très élevé. C'est vraiment strictement, M.
le ministre, je pense que je parle par expérience je ne voudrais
pas non plus caricaturer pour éviter le pire. Quand vous avez 40
enfants...
M. Lazure: Écoutez, je suis très sensible à
ça. Je me souviens qu'on avait à l'hôpital
Rivière-des-
Prairies 200 enfants qui venaient le jour; on les gardait le midi et il
fallait avoir des gens pour la période du dîner. Je sais
très bien de quoi vous parlez, et 1 pour 40 ce n'est presque pas humain.
(17 h 45)
Mme Lavoie-Roux: Ce qui veut dire que c'est déjà
une estimation très conservatrice quand on parle de $250 000, et il ne
faut pas oublier que quand nous l'étendrons à la période
du soir ou de la fin d'après-midi, à ce moment-là,
entreront en ligne de compte le problème des concierges et probablement
le problème même d'autre type de personnel, peut-être pas en
grand nombre... Le midi, n'oubliez pas que vous avez le directeur
d'école qui est là aussi. Alors, quand vous l'étendez
à la période de 4 à 6, ça peut gonfler
également les chiffres. Je ne vous dis pas que vous pourriez en donner
plus, vous n'en donnez pas, mais il faut quand même voir les choses dans
le contexte. Je vous assure que lorsque j'ai vu la somme de $1 million, surtout
que je l'avais interprété comme devant couvrir tous ces
besoins-là...
L'autre chose aussi sur laquelle il ne faut pas s'illusionner,
même si vous mettez toutes les finances à la disposition des
intéressés, c'est que ça rencontre beaucoup de
résistance dans les milieux aussi, l'organisation de services de
garderie. Cela dérange bien du monde. Si on fait la petite histoire
à la CECM, on a eu une période très difficile. Il semble
que ça fonctionne assez bien maintenant, mais, les premières
années, ça été très laborieux. Je pense que
ça aussi c'est un autre facteur dont il faut tenir compte. Il semble que
les sommes qui sont rendues disponibles pour des fins de garderie, chaque
année, ne sont pas utilisées d'une façon complète
parce que cela accroche quelque part dans la machine ou dans la bureaucratie.
Il faudrait peut-être être un peu plus généreux. Je
pense qu'on ne prendrait pas tellement de risques. Il serait intéressant
de savoir le 30 avril combien des $22 millions ont été
dépensés finalement.
M. Lazure: Oui et vous pouvez être sûre que je vais
surveiller ça de très près. Je l'ai dit ce matin. Une de
mes grandes inquiétudes, c'est qu'on n'arrive pas à
dépenser au cours de l'année financière les sommes qu'on
a. On va l'évaluer de mois en mois et, si on se rend compte que pour le
dernier trimestre il nous reste des sommes considérables qui ne touchent
pas la garde en milieu scolaire et qu'on est en train de tout dépenser
en garde en milieu scolaire, on demandera de dévier des fonds pour les
affecter là où ils pourraient être dépensés
et possiblement que ce sera plus facile peut-être à très
court terme de les dépenser en milieu scolaire pour la garde. C'est
probablement plus facile de les dépenser comme ça que de
créer 50 garderies dans l'espace de six mois.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'autres questions. Je veux
remercier le président de la CECM et M. Paquin d'être venus. Je
suis heureuse que vous ayez profité de l'occasion pour peut-être
faire certaines mises au point que j'ai tenté de faire ce
matin, quand on parle de la disponibilité des équipements
scolaires. C'est une chose qui n'est pas aussi simple qu'on le prétend.
Je ne veux pas rentrer dans le fond de votre problème de garderie, mais
comme principe général, je pense que c'est une bonne occasion. Je
vous remercie, Dr Larivée.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme le
député de L'Acadie. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Vous m'excuserez, je ne pourrai pas vous rendre la
pareille, comme l'a fait M. le ministre et Mme le député de
L'Acadie, n'ayant pas eu l'occasion de vous coudoyer d'aussi près qu'ils
l'ont fait. Je suis de ce grand monde rural de la région de l'Estrie et
on se contente de n'entendre que du bien de vous tous, de Montréal, et
de vous rencontrer dans des occasions comme celle-ci. Ce qu'on entend, et par
les media et plus directement, quand on s'y rend, c'est qu'il se fait là
un travail que plusieurs villes aimeraient suivre, je pense bien, dans le
secteur scolaire, principalement, sur l'île de Montréal.
Vous avez soumis une suggestion. Le ministre l'a reprise après et
a mis une restriction. Pour avoir oeuvré, encore une fois, dans le
milieu des Affaires sociales, il a semblé laisser en sourdine, le fait
que le renouvellement des permis pouvant être automatique dans le domaine
de la garde de l'enfant, du côté des hôpitaux ou des centres
d'accueil, cela pourrait plus difficilement être automatique. J'aimerais
qu'il se penche davantage sur ce problème à cette occasion et
qu'il nous souligne si ce ne pourrait pas être la même chose. Vous
semblez être une personne, M. Larivée, qui veut profiter de
l'adoption d'une loi comme celle-là pour "désalourdir" la machine
gouvernementale, s'il y avait lieu. Je me demande si le ministre ne pourrait
pas retenir aussi que cela pourrait se faire dans d'autres secteurs.
On sait qu'il y a sujet à changement dans ces centres. C'est
peut-être un peu plus compliqué, mais il me semble qu'on pourrait
saisir l'occasion ici pour tout rentrer dans le même système: les
garderies, les hôpitaux et les centres d'accueil.
Vous avez parlé, à la page 12 de votre mémoire, de
l'article 46. Mme le député de L'Acadie l'a également
rappelé. J'ai ici une formule de demande pour de l'aide
financière pour enfants en garderie. Vous dites: "Si ce dossier ne
comprenait que des généralités: nom, adresse, âge,
etc.", il n'y aurait pas de problèmes. Mais sur la fiche que vous devrez
remplir pour les enfants en garderie, cela va un peu plus loin que cela. Il y a
là des parties qu'il me semble que j'aimerais voir disparaître, si
le dossier devait être ainsi. On sait que quand cela entre dans les mains
de tant de gens, il y a des dossiers confidentiels qui ne le sont plus, parce
qu'il y a d'autres paliers ailleurs où on discute. Une fois qu'il y a
deux personnes qui sont au courant, il y a bien des chances que bien d'autres
le sachent aussi.
Il y a le statut, par exemple, des parents de l'enfant qu'il ne serait
peut-être pas bon de rendre public dans un dossier comme celui-là.
Il y a, par exemple, le montant des revenus, c'est-à-dire la copie du
rapport d'impôt. Il y aurait certainement d'autres moyens à
trouver que de mettre cela au niveau des garderies, alors que cela pourrait
être dans les mains de trop de gens.
Je pense que cette formule devrait certainement être
modifiée pour apporter des changements assez...
M. Lazure: Juste une correction, si vous le permettez, pour que
les gens ne pensent pas que les rapports d'impôt demeurent à la
garderie. Ils ne vont pas du tout à la garderie. C'est auprès de
l'agent de l'aide sociale. Si le parent peut être
bénéficiaire de nos subventions, à ce moment-là, il
suit la procédure normale de l'aide sociale et tout le rapport
d'impôt reste là, confidentiel, à l'aide sociale.
M. Grenier: Sans entrer à la garderie.
M. Lazure: II n'entre pas du tout à la garderie.
M. Grenier: Le reste semble assez conforme. Je pense que la
formule qui est là est correcte, sauf ces deux éléments
que je vous ai rapportés là-dessus. Mais encore là, si
cela ne va que dans les mains de l'aide sociale, c'est moins pire.
Vous avez relevé un point qui m'a intéressé quand
vous avez parlé de l'école qui se situe près des
édifices de Radio-Canada. Vous rejoignez et vous le savez sans
doute un article de la loi 101 qui est exactement dans le même
esprit. On peut faire la comparaison pour d'autres raisons. C'est exactement la
lettre de cet article, pour permettre aux frères et aux soeurs de cet
enfant d'être dans la même école. Je ne suis pas dans le
grand milieu de Montréal, mais si c'est vrai pour Radio-Canada,
j'imagine que vous avez d'autres propositions pour d'autres grands
édifices qui pourraient vous faire les mêmes demandes. Je ne pense
pas ici à la Sun Life. Est-ce que vous avez déjà d'autres
demandes en ce sens?
Mme Lavoie-Roux: Je trouve qu'il n'y a pas beaucoup...
M. Larivée: ... actuellement, mais nous considérons
que dès qu'il y aura une ouverture, ce sera rendu public par les
débats à l'Assemblée nationale. Évidemment, il y a
des gens qui vont commencer à ouvrir les yeux. Et dans tous les milieux,
maintenant, il y a des gens qui vont "générer" de telles demandes
et nous sommes très réceptifs. Si tout allait toujours aussi bien
que cela va à l'école Sainte-Brigitte, avec le milieu de
Radio-Canada, je peux vous assurer que cela peut être cité en
exemple à n'importe quel milieu de la province de Québec. Je
pourrais vous montrer des lettres d'appréciation qui sont
extraordinaires de la part des usagers.
M. Grenier: Cela fait du bien d'apprendre des choses comme cela,
pour voir que ce n'est pas toujours dans le grand engrenage du
ministère,
que tout peut se faire dans une commission scolaire comme la
vôtre. Et vous êtes quand même capable de voir la couleur des
régions et de répondre aux services des gens du milieu. C'est
intéressant de connaître des expériences comme
celle-là. Ce n'est pas de nature à chambarder le niveau de vos
écoles à Montréal. J'imagine qu'il n'y aurait pas
suffisamment de personnes qui pourraient faire des demandes de ce genre, pour
chambarder la vie dans les autres écoles de Montréal.
M. Larivée: Non, nous ne le croyons pas, sauf que
l'avenir, vous savez, si on l'avait prévu il y a dix ans, on aurait
peut-être moins bâti d'écoles. Il y a tout un tas de choses
qui peuvent entrer en ligne de compte. Dans dix ans, qu'est-ce qui arrivera? On
avait prévu dans nos classes d'accueil et le ministre des
Affaires sociales est certainement au courant un certain nombre
d'immigrants, sauf que les Vietnamiens ont décidé de s'en venir
à Montréal. Ce qu'on avait prévu l'an passé ne
s'applique même pas cette année. C'est pour cela qu'on ne peut
prévoir, suite aux débats à l'Assemblée nationale
sur ce projet, quels seront les yeux qui s'ouvriront et qui viendront chez nous
pour dire: Comment pouvez-vous nous accommoder? Comme je le disais dans le
dossier, il s'agira de savoir, de la part du milieu, de quelle façon
seront "générées" les demandes qui viendront à la
CECM. Mais nous nous attendons à ce que la loi, une fois adoptée,
devienne attrayante et nous avons la certitude d'avoir beaucoup de
sollicitations. Nous sommes sûrs de cela.
M. Grenier: Je pense que je n'ai pas beaucoup d'autres questions.
Je pense qu'avec des situations qui vous arrivent, comme celles de cette
année vous faites allusion aux Vietnamiens j'ai
l'impression que vous êtes un groupe qui se tourne de bord assez
rapidement et que les problèmes ne traîneront pas longtemps,
même si ce n'était pas prévu. Je veux vous remercier de
votre participation. Vous avez vraiment un dossier bien étoffé et
les recommandations que vous donnez sont faites avec justesse, je pense, et
seront retenues, si ce n'est pas dans la totalité, dans presque la
totalité, je pense bien. Je vous remercie, messieurs.
M. Larivée: Merci beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup, Dr
Larivée. Au nom de tous les membres de la commission, je vous remercie
pour la présentation de votre mémoire.
J'inviterais l'Association d'éducation préscolaire du
Québec.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux:... je vais être très brève,
je ne veux surtout pas prendre trop de temps. On arrive toujours aux
mêmes difficultés. On prend des rendez-vous. C'est le seul temps
où on peut les prendre après le temps régulier de la
session. Je suis prête à entendre madame. Je sais qu'elle est
patiente, elle doit être là depuis au moins deux jours. Je
regarde. Demain, il y a encore...
M. Grenier: C'est la même histoire.
Mme Lavoie-Roux:... huit mémoires. Il y en a encore qui
vont se trouver... J'arrête mes commentaires, c'est à vous autres
d'en juger.
Le Président (M. Boucher): Merci. Si vous voulez
procéder à la lecture de votre mémoire.
M. Grenier: Je m'excuse, seulement une seconde.
Mme Lavoie-Roux: Je ne peux pas aller plus loin que 18 h 10, j'en
suis dans l'impossibilité.
M. Lazure: 18 h 10, 18 h 15.
Mme Lavoie-Roux: Jusqu'à quelle heure?
Mme Tremblay (Suzanne): Supposément.
M. Grenier: Je devrai quitter moi aussi à 18 h 10.
Mme Tremblay: 18 h 10?
M. Lazure: 18 h 15, 18 h 20. Allez-y. Commencez.
Mme Tremblay: Supposé. Je vous avouerai que je trouve cela
un peu dérangeant.
Mme Lavoie-Roux: Je vous comprends.
M. Grenier: Je vous comprends. Vous ne vivez pas le
problème qu'on vit ici. Chaque jour, on arrive... Regardez ce qui nous
attend demain. On sait qu'on ne peut pas rencontrer tous ces
gens-là.
Une voix: Je suis prête à revenir à 19
heures.
M. Grenier: II faut partir avec cela. La journée va se
terminer demain soir à 23 heures.
M. Lazure: M. le Président, depuis le début de la
commission, nous avons prolongé d'une demi-heure pratiquement à
chaque séance. Je propose sérieusement qu'on prolonge au moins
d'une demi-heure pour entendre ce groupement. Il faut arrêter de toujours
faire la critique. C'est évident qu'on ne peut pas minuter avec un
chronomètre chaque groupe et arrêter la discussion et dire: Vous
avez fini. Si on veut être souple, on arrive avec des situations comme
cela. Étant donné qu'on l'a fait à chaque séance,
je propose qu'on le fasse encore.
Le Président (M. Boucher): Y a-t-il accord des membres
pour continuer jusqu'à 18 h 30?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis prête
à revenir à 19 heures, mais j'ai un rendez-vous à 18 h 15
que je ne peux pas éviter. Je suis prête à revenir de 19
heures à 22 heures, si vous voulez, mais il ne faut quand même pas
nous coincer dans des circonstances comme cela.
M. Lazure: On peut commencer?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je suis prête à commencer,
mais mon consentement est...
Le Président (M. Boucher): Jusqu'à 18 h 15? Mme
Lavoie-Roux: Jusqu'à 18 h 15.
Association d'éducation préscolaire du
Québec
Mme Tremblay (Suzanne): En mai dernier, dans le cadre de son
congrès national, notre association convoquait des états
généraux de la petite enfance. Près de deux cents
personnes représentatives des neuf régions administratives du
Québec et des différents secteurs de la petite enfance ont
étudié un ensemble de recommandations concernant l'enfant de
zéro à six ans.
Notre organisme est donc heureux de répondre à
l'invitation du ministère des Affaires sociales et de transmettre ses
commentaires au sujet de l'avant-projet de loi sur les services de garde
à l'enfance, mais, comme bien d'autres organismes, déplore le peu
de temps mis à sa disposition.
À la suite d'un bref exposé des principes qui guident
notre intervention, nous nous interrogeons sur des articles précis de
cet avant-projet de loi.
Organisme responsable de la petite enfance: La petite enfance est la
période de la vie qui s'échelonne de la naissance à six
ans.
Actuellement, plusieurs ministères et organismes interviennent
auprès de cette clientèle et la coordination de leur action n'est
pas réalisée de façon satisfaisante. Les ministères
offrent des services différents qui se retrouvent bien souvent en
compétition les uns avec les autres. Nous avons beaucoup plus
l'impression que le développement de ces services s'effectue par le
biais d'efforts ponctuels, sectoriels et disparates plutôt qu'à la
lumière d'une politique globale de la petite enfance que l'on voudrait
cohérente et concertée.
Nous applaudissons à l'annonce d'un avant-projet qui crée
un office. Mais nous refusons qu'il soit limité aux services de garde
à l'enfance. Dès maintenant, l'office doit recevoir comme mandat
de coordonner tous les services éducatifs et de garde offerts aux
enfants d'âge préscolaire et les services de garde en milieu
scolaire. Il est urgent que le gouvernement prenne ses responsabilités
dans ce domaine et développe un réseau de services unifiés
et complémentaires pour éviter la duplication et la concurrence
de ces services.
Nous pensons plus particulièrement aux enfants de quatre et cinq
ans qui fréquentent à la fois la maternelle et la garderie. Ils
ont à subir deux systèmes parallèles qui se ressemblent
à bien des égards. Mais rien ne justifie, par exemple, que le
même enfant soit soumis à deux programmes de développement
physique, intellectuel et social, l'un à la garderie, proposé par
le MAS et l'autre, à la maternelle, proposé par le MEQ. (18
heures)
La liste des inconvénients de cette duplication de services ne
s'arrête pas là. Il suffit d'en énumérer
quelques-uns pour que les membres de cette commission et du gouvernement
réalisent le sens impératif de notre requête:
l'aménagement et l'équipement d'un local de garderie, alors qu'il
y a déjà plusieurs locaux de maternelle qui sont
aménagés et équipés mais inoccupés; le
transport scolaire qui, à certains endroits, effectue la navette entre
la garderie et la maternelle ou vice versa, impose, à notre avis, aux
principaux concernés, les enfants, un déplacement coûteux
pour le contribuable québécois alors qu'il serait possible,
souvent à moindre frais, d'offrir sur place un service de garde
complémentaire à une maternelle; l'enfant qui, dans la même
journée, doit fréquenter deux institutions doit faire face
à des environnements similaires, mais à plusieurs adultes qui
utilisent le même matériel avec une pédagogie et une
approche éducative différentes. Seul un office responsable de
tous ces services permettra un développement rationnel d'un
réseau de maternelles et de services de garde adéquat.
Le droit de la femme au travail, aux études, aux loisirs et
à la participation. Tous les enfants québécois de
zéro à six ans ont besoin d'être gardés à un
moment ou l'autre. Les services de garde des enfants sont au premier rang des
revendications de la majorité des associations féminines du
Québec. Ils ne constituent pas un privilège, mais l'une des
mesures concrètes du droit des femmes au travail, aux études, aux
loisirs et à la participation. Il est inadmissible que ces services
soient inadéquats, restreints et bien souvent inaccessibles pour les
plus démunis, et plus encore qu'ils permettent le profit. L'État
québécois doit reconnaître que ce besoin, de nature
collective, découle d'une redéfinition des règles de
fonctionnement de la famille qui ne font plus consensus.
Le choix des parents. La reconnaissance et la concrétisation des
deux principes qui précèdent permettraient aux parents d'avoir
vraiment le choix. Dans tous les cas, les parents et citoyens
intéressés devraient jouer un rôle actif et
prépondérant dans le choix du service qui correspond le mieux
à leurs besoins. Par exemple, si l'office coordonne tous les services
offerts et si l'on reconnaît à la mère du village X le
droit aux loisirs, il serait possible de lui offrir la maternelle animation,
doublée d'une journée de halte garderie. La mère, ainsi
libérée, pourrait s'accorder en toute quiétude et de temps
en temps une journée bien à elle pour refaire le plein
d'énergie et de patience que requiert l'éducation d'un jeune
enfant.
Cependant, dans ses formules variées, les parents et surtout les
mères ne doivent pas faire fonction de main-d'oeuvre à bon
marché dans des
formules qu'on utiliserait parce qu'elles coûtent moins cher. Il
faut pouvoir en tout temps garantir à l'enfant son droit fondamental
à une éducation de qualité et lui éviter un double
système. Idéalement, la garderie devrait être
réservée aux enfants de trois ans et moins, alors que la
maternelle, avec ou sans garde intégrée, devrait être
disponible pour les trois à six ans.
La tentation est forte de ne pas reconnaître toute l'importance
d'un personnel qualifié pour de si jeunes enfants. Qui n'a pas entendu
la phrase célèbre? Je connais ça les enfants, j'en ai.
C'est si naturel d'avoir un enfant! C'est pourtant naturel d'être
ramancheur, d'avoir un don et de guérir les gens, mais le seul à
qui l'on reconnaît légalement le droit de poser ce geste est le
docteur en médecine. Il est indispensable de ne pas minimiser cette
question et il est bon de se rappeler qu'il est encore plus économique
et plus rentable à long terme de prévenir que de
guérir.
Après cette brève présentation de quelques
principes importants pour nous, nous vous soumettons nos objections, nos
commentaires ou nos interrogations en suivant l'ordre chronologique des
articles de l'avant-projet de ladite loi.
À l'article 1, nous nous opposons à ce que l'office soit
aussi limité. Il doit couvrir tous les services offerts aux enfants de 0
à 6 ans. Nous dilapidons inutilement des deniers publics dans des
programmes concurrentiels qui ne correspondent pas toujours aux besoins
réels d'une population donnée. À coups de millions, nous
nous donnons souvent l'impression d'agir, mais en avons-nous vraiment pour
notre argent?
Le choix du président de l'office est de toute première
importance. Il lui faudra, entre autres, être un spécialiste de
l'enfance et posséder une bonne connaissance pratique du secteur
à développer. Compte tenu des millions, il faudra aussi, sans
doute, qu'il soit un bon administrateur.
La composition est, pour nous, à revoir. Il nous faut des
garanties que les onze personnes nommées par le gouvernement auront en
majorité une bonne connaissance de l'enfant et de ses besoins. Qui sont
les employeurs visés dans le texte? Qui sont les travailleurs
visés? Il nous semble légitime et indispensable de
réclamer au moins un représentant des organismes qui oeuvrent
dans le secteur de la petite enfance.
Article 23. Les pouvoirs conférés au ministre nous
inquiètent. S'il faut une loi pour donner les objectifs et l'orientation
de l'office, pourquoi une simple directive, même avec l'approbation du
gouvernement, pourrait-elle tout changer?
Article 24. Trop limitatif compte tenu de notre requête à
l'article 1.
De plus, nous tenons à souhaiter bonne chance au ministre
responsable de l'application de cette loi en ce qui concerne le paragraphe 5,
c'est-à-dire la formation. Il lui faudra convaincre son collègue
de l'Éducation d'émettre une nouvelle directive aux
universités, pour qu'elles offrent à nouveau une formation
distincte de celle du primaire aux personnes désireuses de travailler
dans le secteur de la petite enfance, et d'enlever aux programmes de techniques
de garderie offerts dans les cégeps leur étiquette permanente de
"programmes expérimentaux" avec tout ce que cela comporte. Ce qui,
à notre avis, prouve hors de tout doute le besoin urgent de coordination
entre le MEQ et le MAS.
Article 29. On utilise le mot "garderie" sans jamais le définir
dans la loi. Dans le Guide pour l'élaboration d'un projet de garderie,
le seul élément qui distingue la garderie d'une maternelle est
qu'elle répond "aux besoins de garde des parents". Mais il y a des
parents d'enfants de cinq ans qui ont un besoin de garde tous les matins, par
exemple, et qui envoient garder leur enfant à la maternelle puisque
c'est gratuit.
Dans un autre document, Projet de normes pour les garderies, la
définition est tellement précise qu'elle est suivie de quatre
exceptions dont les pouponnières et les haltes-garderies.
Il nous semble donc important que la loi précise ce qu'est une
garderie.
Il est vrai que si les services sont intégrés et l'action
concertée, il deviendra superflu de couper les cheveux en quatre puisque
l'on n'aura plus à craindre de marcher dans les plates-bandes des
collègues.
L'article 30 est à réajuster à la lumière de
l'article 1 pour éviter que l'enfant de quatre ans et surtout
celui de cinq ans n'ait à subir à la fois le
système des deux ministères, sans oublier celui qui
fréquente la garderie pendant deux ou trois ans avant d'arriver à
la maternelle publique, au moins pour une partie de la journée. Il ne
faut pas perdre de vue les enfants de zéro à trois ans qui
restent malgré tout les enfants qui ont le plus de besoins et le moins
de services.
L'article 32 précise une restriction: Pas plus de 24 heures
consécutives. Cette même restriction est levée pour la
garde en milieu familial. Est-ce à dire que cette dernière est
assimilée à une famille d'accueil?
Articles 33 et 34. Quand on sait tout ce qui est exigé d'une
garderie, même pour dix enfants, et qu'on lit résidence
privée jusqu'à neuf enfants, il y a lieu de se demander si les
auteurs de ce texte ne se seraient pas par hasard souvenus de leur promenade
à une époque où il était encore fréquent
d'avoir du personnel de service dans des quartiers comme Outremont, Westmount,
Sillery et Mont-Royal. Trêve d'humour, nous reconnaissons qu'il s'agit
donc là d'une formule à conserver, spécialement pour les
petits centres et le milieu rural, mais nous savons qu'une programme
éducatif de qualité n'est pas quelque chose de facile à
improviser. Aussi demandons-nous "qu'au plus neuf enfant incluant les siens"
soit remplacé par "au plus cinq enfants incluant les siens" et ce nombre
devrait être réduit à trois si les enfants sont
âgés de moins de trois ans. De plus, nous recommandons que les
règlements concernant ces articles soient scrutés à la
loupe pour éviter les abus, l'improvisation et l'exploitation.
Article 41. Il n'est fait mention ici que de la garderie. Nous estimons
que l'office devra se montrer aussi exigeant pour les autres types de
services de garde. Sous un autre angle, pourquoi le MAS aurait-il des
exigences si différentes de celle du MEQ? Dans l'avant-projet, neuf
enfants est la limite maximale en résidence privée et dix, le
minimum en garderie; un seul enfant justifie-t-il tant de frais?
Article 58. D'après la réalité scolaire
quotidienne, le préscolaire n'est pas un niveau et la maternelle cinq
ans est assimilée au primaire; malgré la loi qui nous met hors de
l'école primaire quand il s'agit d'accorder des crédits à
la commission scolaire pour le préscolaire, on lui dit: C'est compris
dans le primaire. Maintenant, sans doute qu'il faudra ajouter ici que, quand il
s'agira de demander des garderies pour les enfants du préscolaire, on
nous dira que ce n'est pas dans le primaire. Quand on écrit jours de
classe, se réfère-t-on au calendrier des élèves ou
des enseignants? Il ne faudrait pas oublier que l'enfant qui a besoin des
services de garde en milieu scolaire est bien souvent laissé à
lui-même pendant que ses parents travaillent et que son professeur est en
réunion.
Article 72. Nous ne pouvons que vous faire part de notre
inquiétude devant tant d'inconnus. Il nous reste à vous remercier
de l'attention que vous avez accordée à ce bref mémoire
qui n'a pu que souligner l'essentiel. Cet avant-projet de loi est
peut-être un grand pas pour le gouvernement, mais, pour les personnes qui
oeuvrent dans le secteur de la petite enfance, il s'agit à peine d'un
premier pas. Il est même décevant d'exprimer ces besoins depuis
deux décennies et de constater que nous avons peut-être
été entendus, mais sûrement pas compris. Il nous reste
à espérer que, cette fois, le gouvernement osera faire aux
enfants du Québec le seul cadeau qui leur permettrait de marcher de
l'avant et qui mettrait fin au tiraillement du MEQ et du MAS, un office de la
petite enfance.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme Tremblay. M. le
ministre.
M. Lazure: Je vous remercie, Mme Tremblay, d'avoir
présenté ce mémoire. Tout en étant court, il est
quand même très dense et a son franc parler. Je retiens votre
dernière remarque, vous y revenez à deux ou trois reprises dans
votre mémoire, les tiraillements entre le ministère des Affaires
sociales et le ministère de l'Éducation. Dans notre esprit, c'est
précisément un des rôles majeurs que l'office devrait jouer
de rendre plus cohérentes les actions de ces deux ministères. Il
y a d'autres ministères qui vont être touchés aussi. C'est
pour cela que, dans le projet de loi, on prévoit qu'il y ait des
représentants de cinq ministères touchés par la petite
enfance pour siéger au conseil d'administration. Mais, comme vous, on
espère bien que cet office pourra améliorer la coordination entre
les deux ministères. C'est plus facile de l'accomplir par le biais d'un
office que de le faire par deux directions de ministères
différents qui, comme vous le savez, tiennent trop souvent des positions
un peu rigides. Pour ce qui est de la composition ou plutôt de la
formation du personnel, vous y revenez aussi et je vous poserais la question,
qu'est-ce que vous entendez par du personnel formé? Vous avez mis
l'accent sur cet aspect de la bonne formation du personnel. C'est quoi,
d'après vous, bien formé?
Mme Tremblay: Cela fait 21 ans que j'oeuvre dans le milieu de la
petite enfance à former du personnel pour travailler dans la petite
enfance et je suis constamment soit dans les garderies, dans les classes
d'accueil ou dans des choses comme cela, et c'est loin d'être aussi
facile qu'on le croit d'être responsable d'un groupe d'enfants. Ce n'est
pas non plus vrai qu'une diplômée va être une bonne
travaillante dans ce milieu, comme ce n'est pas plus vrai que, parce qu'on est
un parent, on va être forcément un bon éducateur pour les
enfants des autres. Très souvent, quand le parent a élevé
le sien, il a son voyage, si vous me permettez l'expression. Je pense qu'il
faudrait arriver à ce qu'on puisse avoir du personnel qui soit conscient
de l'importance du développement d'un enfant. Au juste, qu'est-ce que
cela pourrait être? On a essayé plusieurs formules, soit dans les
universités, soit dans les cégeps, et on est toujours en train de
se poser des questions, parce qu'il y a toujours un psychologue ou un
psychiatre qui nous sort un nouveau programme ou une nouvelle approche.
Il est évident que, de plus en plus, on sait à quel point
cela devient important d'établir une relation positive avec les enfants,
d'établir une relation qui va permettre à l'enfant de
développer son autonomie de pouvoir s'exprimer, de pouvoir apprendre
à communiquer.
Les approches, par exemple, comme l'écoute active, tout ce qui
peut mettre en cause le développement social et affectif d'un enfant,
c'est la pierre angulaire de sa survie comme individu. S'il est capable de
s'intégrer comme personne, cela ne devrait pas poser de problème.
Au minimum, cela demanderait de la formation dans ce secteur pour
connaître les types d'intervention.
On a trop souvent des formations qui préparent les gens à
aller faire tel type d'activité pour le développement
intellectuel, le développement perceptivo-moteur, utiliser tel jeu et
telle façon; c'est de la vrai foutaise. Il faut préparer les gens
à travailler avec les enfants de façon à ce que leur
développement global et intégral soit assuré. Le reste
devrait aller.
M. Lazure: On se comprend bien, on se comprend bien. J'apprends
avec beaucoup d'étonnement que les programmes de formation en techniques
de garderie sont encore des programmes expérimentaux.
Mme Tremblay: Et depuis février 1978, les
universités, par une directive du ministère de
l'Éducation, ont perdu l'autorisation de former du personnel en
préscolaire. On doit maintenant les préparer pour le primaire et
le préscolaire, mais on leur demande de tout faire en même temps.
C'est une nouvelle directive de 1978.
M. Lazure: J'en prends bien note. Les neuf enfants dont il est
question dans le projet de loi, une mise au point a été faite
hier, c'est pour deux adultes. C'est véritablement un adulte pour quatre
enfants.
Écoutez, je vais prendre avec notre groupe le temps de bien
étudier votre mémoire et surtout de parler aux gens de
l'éducation, parce que c'est un des mémoires où il y a le
plus de contenu touchant le ministère de l'Éducation et non pas
exclusivement le ministère des Affaires sociales.
Mme Tremblay: Vous savez, au ministère de
l'Éducation, pour les enfants d'âge préscolaire, on fait
beaucoup de choses. Mais on consacre beaucoup de millions à
Passe-Partout, on consacre plusieurs millions aux ludothèques,
peut-être des milliers de dollars parce que cela commence, on commence
des maternelles, cela dure quatre ans, on les ferme après pour remplacer
cela par Passe-Partout. Je n'ai jamais vu une émission de
télévision qui va remplacer, pour un enfant, un contact avec un
autre enfant, avec les pères, etc. Je trouve qu'on abuse de la
population en voulant nous faire croire que Passe-Partout va remplacer
avantageusement les maternelles ou les garderies. On garde encore la
mère à la maison à regarder une émission de
télévision. Il ne faut quand même pas se leurrer, les
mères braquent l'enfant devant la télévision,
l'émission est bien faite et très intéressante, elles sont
bien contentes de voir leur enfant tranquille pendant une demi-heure. Mais je
trouve qu'on charrie beaucoup en mettant autant de millions dans Passe-Partout.
(18 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Vous avez raison, madame.
M. Lazure: Moi, je peux, en terminant...
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai dénoncé il y a trois
ans.
M. Lazure: M. le Président, en terminant, je veux
remercier madame pour nous avoir fait part de son expérience de 20 ans
dans le réseau. Quant à moi, c'est une personne-ressource vers
laquelle il faudra se tourner. Je partage tout à fait votre avis sur vos
derniers commentaires concernant la télévision et
Passe-Partout.
Le Président (M. Boucher): Merci. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vous permets de
prolonger. J'ai trouvé une âme secourable qui est allée
tenir compagnie aux invités. C'était cela, mon problème.
Je ne prendrai quand même pas une demi-heure, mais je suis contente moi
aussi et je veux remercier Mme Tremblay de son témoignage. On
était à la veille de s'endormir dans beaucoup de bons sentiments
et tout cela. Évidemment, vous arrivez avec l'autre côté de
la médaille. On a eu un côté de la médaille. On est
habitués, nous autres quand je dis nous autres, c'est tout le
monde dans la province au mouvement du balancier. À un moment
donné, on a développé l'enfance spécialisée.
Il fallait que tout le monde soit sorti et là on dit: Non, il faut les
intégrer. Il faudrait que tout le monde soit intégré
même s'ils ont un quotient de 30. On est porté à faire
cela.
Du côté de la préenfance, des techniques de garderie
ou de l'éducation préscolaire ou de l'éducation en
général, on a fait beaucoup de professionnalisme, mais, tout
à coup, on se dit: Mon Dieu, peut-être que tout cela a
été fait inutilement, et là on va retourner vers la bonne
volonté de tout le monde. Je pense qu'il n'y a pas de
vérité absolue dans un sens ni dans l'autre. Mais votre
mémoire, je pense, est un choc dans le sens que vous nous dites:
Arrêtez-vous et établissez un équilibre quelque part. Je ne
dis pas que c'est vous qui l'avez ou d'autres que nous avons entendus plus
tôt dans la journée, mais je pense que votre témoignage est
important. C'est assez étrange. C'est peut-être une constatation
que j'avais déjà faite, mais, probablement parce que je suis pas
mal plus éloignée du monde de l'éducation, j'avais
oublié ce n'était plus dans mon vécu le fait
que vous avez des enfants qui sont exposés à deux genres de
programmes inutilement. Est-ce possible de faire une coordination? C'est plus
complexe, mais il reste que la réalité des choses est
celle-là et que vous pouvez exposer... Les enfants sont adaptables. Les
changer de milieu trois fois par jour, ce n'est pas grave, mais changer
d'approche, il faudrait peut-être que ce soit examiné de plus
près. Je pense que votre recommandation de la page 2 au deuxième
paragraphe je ne la relis pas rejoint une suggestion qui a
été faite aussi par la CECM, qui s'est inquiétée de
la qualité des services offerts et de faire ce joint entre des principes
éducatifs et des principes de garderie, si on peut les dissocier comme
cela.
En haut de la page 4, on retourne au fameux principe fondamental d'une
façon indirecte. Vous dites: "II est inadmissible que ces services
soient inadéquats, restreints et bien souvent inaccessibles pour les
plus démunis. L'État québécois doit
reconnaître que ce besoin de nature collective découle d'un
redéfinition des règles de fonctionnement de la famille qui ne
font plus consensus." Vous dites que l'État doit reconnaître ce
besoin de nature collective. Compte tenu des autres éléments qui
ont précédé, que l'approche qui est prise
présentement, c'est-à-dire qu'un groupe de parents prend
l'initiative de la formation d'une garderie, approche avec laquelle je suis
d'accord dans le sens que les parents se retrouvent impliqués dans la
garderie. Mais, pensez-vous, qu'en maintenant cette approche, l'État ou
le gouvernement va finir par remplir ses responsabilités à
l'égard de tous les besoins de garderie?
Mme Tremblay: Peut-être que ce n'est pas très clair,
ici. En fait, quand on dit qu'on doit reconnaître ce besoin de nature
collective, c'est que tous les enfants, de zéro à six ans, ont
besoin,
à un moment donné, d'être gardés. C'est
collectif, ce besoin. Ce ne sont pas uniquement les mères qui
travaillent, ce ne sont pas uniquement les mères de famille
monoparentale, ce ne sont pas uniquement les mères malades, même
les mères en bonne santé qui ont besoin d'être
libérées de leur enfant. Ce que nous faisons, c'est d'inventer
des formules comme la maternelle-animation qui pourrait en être une. On
s'en va dans un village et on convainc les gens que c'est cela qu'il y a de
mieux pour eux. Nous décidons cela. Là, on leur offre deux
demi-journées par semaine, une maternelle-animation. On se met à
parler avec les parents et ils nous disent: "C'est beau, on le prend, cela ne
nous coûte rien, mais ce qu'on aimerait, c'est prendre l'autobus à
huit heures, le matin, et passer toute la journée au centre commercial
de Place Laurier. Comme cela, on fera ce que l'on veut, nos magasinages; on ira
prendre un café avec nos amies; on ira au cinéma, si c'est
possible, et on reprendra l'autobus du village à six heures, le soir."
C'est évident qu'elles aimeraient mieux cela, mais nous, nous
décidons que c'est mieux de faire une maternelle-animation pour elles.
Mais tout ce dont ces gens-là auraient besoin, c'est peut-être la
maternelle-animation, parce qu'il y a des éléments
intéressants dans la formule, mais quand les parents demandent une
halte-garderie, on leur répond: "Ah bien non! Cela n'est pas notre
responsabilité, c'est le ministère des Affaires sociales, nous,
notre responsabilité, c'est l'éducation. Nous venons vous
éduquer à être de meilleurs parents." Ils apprennent
peut-être à être de meilleurs parents, mais, comme on ne les
libère pas, ils deviennent très impatients et ne sont pas de bons
parents.
Mme Lavoie-Roux: Mme Tremblay, au bas de la page 4,
idéalement, la garderie devrait être réservée aux
enfants de trois ans et moins, alors que la maternelle, avec ou sans garderie,
devrait être disponible pour les enfants de trois à six ans. Vous
êtes un spécialiste de la petite enfance, faites-vous de cela une
recommandation pour l'ensemble de la population des enfants de trois ans?
Mme Tremblay: Oui, c'est évident, ce pourrait être
dans cinq plans quinquennaux. Mais c'est peut-être la chose vers laquelle
on devrait s'orienter, parce que, si on regarde les textes, dans un texte, par
exemple, je ne l'ai pas cité, mais, dans un autre texte, on dit que,
pour une garderie, il faut être au moins de façon
consécutive quatre heures et plus dans un lieu. En ce qui concerne les
classes d'accueil, pour les enfants de quatre et cinq ans qui sont en classe
d'accueil, pour les anglophones et les allophones, la Presse s'étonnait
en fin de semaine qu'il y ait un rebondissement épouvantable des
anglophones, du côté des classes d'accueil. Je comprends, on leur
donne des garderies de luxe: les enfants sont là de neuf heures à
trois heures de l'après-midi. C'est évident que les immigrants et
les anglophones vont les prendre gratuitement, avec le petit auto- bus qui va
à domicile prendre les enfants. C'est évident, et je ferais la
même chose, si j'étais immigrante et anglophone, mais j'aimerais
bien aussi que les Québécois aient un peu de la soupe des
immigrants et des anglophones.
Mme Lavoie-Roux: Vous abordez le problème sous un angle
pratique. Mais, moi, je ne suis pas convaincue et je ne vous demanderai pas de
réagir pour la généraliser...
Mme Tremblay: Vous avez peut-être un peu peur de mes
réactions.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas dans ce sens-là. Mais
pour généraliser la maternelle peu importe que ce soit une
étape ou non, c'est au niveau du principe que la maternelle soit
quelque chose d'indispensable. Là-dessus, on pourrait discuter plus
longuement.
Mme Tremblay: Mais cela pourrait rester un choix possible pour
les parents qui, de toute façon, le désirent.
Mme Lavoie-Roux: Si cela reste un choix, d'accord, mais en
faire...
Mme Tremblay: Mais cela ne deviendra jamais obligatoire. Cela ne
pourrait jamais devenir obligatoire.
Mme Lavoie-Roux: Le personnel qualifié, il en a
été question, et je pense qu'il ne faut exagérer ni dans
un sens, ni dans l'autre, ce que vous disiez tout à l'heure. La
composition du conseil, le ministre en a parlé. Je puis vous assurer que
ce sujet, l'Opposition officielle va l'examiner de très près,
pour essayer vraiment que cela corresponde de façon concrète aux
intérêts des gens et que soient représentés ceux qui
sont le plus touchés.
Je voudrais revenir sur votre question de neuf enfants. Je dois vous
dire que je n'avais jamais réagi à ce sujet, auparavant, mais ce
n'est pas parce que je n'avais pas réagi intérieurement. Comme je
croyais qu'on m'avait vendu une personne avec quatre enfants, c'était
plus facile de me vendre deux personnes avec neuf enfants. Je suppose qu'on
fait une espèce de calcul, mais il reste que neuf enfants, au point de
vue espace et au point de vue responsabilité d'ailleurs, je l'ai
peut-être un petit peu dit, hier après-midi avec ceux qui
arrivent à l'heure du lunch et le mari qui arrive à quatre
heures, enfin, il y a toutes sortes de...
Mme Tremblay: Le téléphone qui sonne.
Mme Lavoie-Roux: ... composantes. M. Grenier: La
télévision qui marche. Une voix: Les colporteurs.
Mme Lavoie-Roux: C'est beaucoup de monde. Il ne faut pas
s'imaginer, quand on en mettra
neuf, qu'il ne faudra pas avoir les mêmes dispositions du point de
vue de surveillance, supervision, que pour une garderie de dix. Le point que
vous soulignez ici est important.
La dernière intervention, il y en a qui vont la considérer
politique. C'est celle que vous avez faite sur le programme Passe-Partout.
C'est le grand effort qui a été fait pour les milieux
défavorisés par le gouvernement dans le budget de 1977/78,
1978/79. Je dois vous dire que j'ai protesté énergiquement pour
deux raisons. La première, c'est que la télévision est
devenue la gardienne des enfants. Au moins, le programme Passe-Partout a le
mérite d'être...
Mme Tremblay: Une bonne émission.
Mme Lavoie-Roux: ... une bonne gardienne. Je pense que ce
n'était pas de cette façon qu'on pouvait répondre aux
besoins des milieux défavorisés par le truchement de la
télévision, même s'il y a des maternelles-animations. Elles
ne sont encore que marginales. Au point de vue publicitaire ou au point de vue
d'impact sur l'ensemble de la population, une émission qui va dans tous
les foyers du Québec, je pense que c'est bien plus rentable que des
programmes moins spectaculaires, mais qui touchent plus en profondeur les gens
qu'on veut vraiment servir. Je peux vous dire que je partage pleinement ce
point de vue que vous venez d'exprimer.
J'ai une dernière question. Je sais bien que vous
représentez l'Association d'éducation préscolaire du
Québec, mais pouvez-vous me dire quelques mots seulement de cette
association?
Mme Tremblay: C'est une association qui a fêté,
cette année, son 25e anniversaire...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Tremblay: ... et qui regroupe, sur une base volontaire,
toutes les personnes qui sont intéressées à la petite
enfance.
Mme Lavoie-Roux: Pas nécessairement des professeurs.
Mme Tremblay: Non. On a des parents, des principaux
d'écoles. Il y a des gens des garderies avec nous. Il y a des gens des
maternelles. La plus grosse clientèle est composée de maternelles
parce que, originalement, on était des éducatrices en
éducation préscolaire uniquement dans l'association. Depuis deux
ans, on a changé nos objectifs de recrutement. Au dernier recrutement,
au dernier bilan, on était 800 membres. On a des sections
d'organisées dans chacune des régions administratives du
Québec, soit neuf sections qui sont dirigées par des
comités locaux, des comités régionaux et un regroupement
au niveau provincial, un conseil provincial qui est composé de personnes
élues par l'assemblée générale et, en plus, d'un
représentant élu par chacune des régions.
Mme Lavoie-Roux: Merci beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci. La dernière question du
député de L'Acadie était ma première. Je suis
content de votre réponse. Il y a certaines définitions qu'on a
besoin de connaître. Quand vous avez signalé "pour neuf enfants",
le ministre vous a répondu à cet égard que ce
n'était plus une personne, mais deux. Je peux vous dire une chose.
J'aimerais mieux que vous ne veniez pas travailler comme gardienne dans ma
famille parce que vous perdriez patience. Il n'y a pas neuf enfants, il y en a
deux seulement. Si jamais vous avez une garderie de neuf enfants, demandez-moi
pour y aller, mais je ne ferai qu'un discours d'ouverture. Je ne pense pas que
je pourrai y demeurer plus longtemps.
Je pense qu'on se comprend. On est content de vous avoir gardée
en dernier, ce soir, parce que quand on est un peu fatigué, c'est
peut-être bon de trouver des personnes comme vous qui ont le langage un
peu carré et qui ne passent pas leur temps à nous demander de les
excuser de nous dire la vérité. Vous avez parlé dans votre
mémoire, tout à l'heure, de l'urgence de créer un
organisme gouvernemental responsable de la petite enfance. Dans le moment,
comment êtes-vous reçus par le gouvernement? Quelle part vous
fait-on...
Mme Tremblay: Quelle part on nous fait?
M. Grenier: ... comme organisme de la petite enfance?
Mme Tremblay: D'abord, on n'a aucun organisme de la petite
enfance présentement. Il y a le côté des garderies qui est
sous la juridiction du ministère des Affaires sociales. Au
ministère de l'Éducation, il y a un responsable à
Montréal pour des maternelles d'accueil. À Québec, au
sixième étage, il y a un responsable pour les dossiers des
milieux défavorisés; au septième, il y en a un autre; au
dixième, il y en a un autre; au onzième, il y en a un autre. Ils
ne se connaissent pas entre eux. Ils ne se parlent pas entre eux. Ils
établissent, chacun pontifie de son côté, ce qu'il y a de
mieux pour les maternelles de quatre ans, ce qu'il y a de mieux pour les
maternelles de cinq ans, l'équipement le meilleur et tout cela. Mais il
n'y a pas de spécialistes en éducation préscolaire, sauf
les ADP, c'est-à-dire les agents de développement
pédagogique qui ont été choisis dans le milieu scolaire.
Ces derniers sont venus à la rescousse des fonctionnaires qu'on a
rapatriés d'un peu partout. Parce qu'il faut bien, à un moment
donné, comme ils sont permanents, les mettre quelque part. Tout le monde
connaît les enfants, donc on peut confier le dossier à n'importe
qui. (18 h 30)
M. Grenier: Merci, je pense que le ministre aurait avantage
à écouter les propos que vous tenez, parce que vous avez l'air
à dire de grandes
vérités qui sont peut-être méconnues, un peu,
et du ministre et de son entourage. Je ne vous cache pas que j'ai grandement
apprécié votre document qui nous dit...
M. Lazure: M. le Président, le député de
Mégantic-Compton fait des avancés complètement gratuits.
Le ministre est bien au courant de ce dont Mme Tremblay parle.
M. Grenier: Oui, j'imagine que vous êtes au courant du
problème, mais la façon qu'a madame de nous transmettre ces
vérités, ce soir, est d'une originalité qu'on n'a pas
connue depuis le début.
M. Lazure: C'est très pittoresque, c'est très
vivant.
M. Grenier: Et vous auriez avantage à l'entendre.
M. Lazure: C'est très vivant et je l'entends avec beaucoup
d'intérêt.
M. Grenier: J'espère que vous allez la comprendre,
aussi.
M. Lazure: Oui, je la comprends, je pense.
M. Grenier: Je voudrais simplement vous dire que vous nous avez
donné un document qui est éloquent et qui a l'air à nous
transmettre des problèmes dont la commission n'avait pas encore
été saisie. Quand vous demandez d'avoir un représentant
à l'office, je pense que vous avez toutes les raisons non pas de le
demander, mais de l'exiger et je pense qu'il serait difficile pour le ministre
de vous refuser d'avoir un porte-parole, avec le travail que vous faites. Je
vous remercie.
Mme Tremblay: Je voudrais ajouter un commentaire. J'ai entendu
les gens du Conseil scolaire de l'île de Montréal, de la CECM et
tout... Mais je pense que l'office soit très vigilant avec les
commissions scolaires, parce qu'elles ont pris la mauvaise habitude, avec le
ministère de l'Éducation, de passer outre à la
réglementation, concernant par exemple les normes d'espace, de
matériel, de ceci et de cela. Je pense que si on se donne la peine de
garder les enfants, il faudra leur donner des conditions décentes. On
pensait, peut-être, ce matin, qu'on ne leur faisait pas confiance. J'ai
beaucoup de méfiance à l'égard du respect des normes parce
que, si on mettait les normes des maternelles en application, il faudrait en
fermer plus de 75% dès demain matin, à travers le Québec,
parce qu'il y en a plusieurs qui sont situées au sous-sol; il y en a
plusieurs où les enfants n'ont même pas l'espace minimal, en pieds
cubes, pour survivre. On en entasse vingt dans des locaux où on devrait
en mettre quatorze, vingt-six dans des locaux où on devrait en mettre
seize, etc. Alors, je pense que si on veut que du côté de la
garde, on soit strict sur la réglementation, il faudra avoir l'oeil sur
les commissions scolaires. Merci.
Le Président (M. Boucher): Alors, au nom de tous les
membres de la commission, je vous remercie pour la présentation de votre
mémoire au nom de l'Association d'éducation préscolaire du
Québec.
Demain, la commission changera de local. Elle se tiendra à la
salle 81-A.
Pour l'information de tous les membres de la commission, je
répète que demain, la commission siégera à la salle
81-A.
La commission ajourne ses travaux à dix heures, demain matin.
Fin de la séance à 18 h 33
ANNEXE
Mémoire sur le projet de loi sur les services
de garde à l'enfance
présenté par l'Association des centres
de services sociaux du Québec
à la commission parlementaire des affaires
sociales
Octobre 1979
Monsieur le Président
Commission Parlementaire des Affaires Sociales
Édifice "A"
Bureau 2
Cité Parlementaire
Québec, Qué.
Monsieur le Président,
L'enfance a toujours été pour les centres de services
sociaux une clientèle de toute première instance. C'est dans ce
contexte que nous avons tenu à vous faire part de nos commentaires en
tant qu'Association des centres de services sociaux du Québec.
Le mémoire que nous soumettons ne couvre pas tous les articles de
l'avant-projet de façon exhaustive. Il doit être perçu
comme une réflexion globale sur l'ensemble de la proposition
gouvernementale.
En attendant notre parution en Commission Parlementaire, je vous prie
d'agréer l'expression de nos sentiments distingués.
Bien à vous,
Pauline Marois, Responsable de la Loi sur la Protection de la jeunesse
à I'A.C.S.S.
Pour: Gilles Lacroix,
Président.
INTRODUCTION
L'Association des centres de services sociaux du Québec tient
d'abord à signifier, dans ses grandes lignes à tout le moins, son
accord quant à l'actuel avant-projet de loi sur les services de
garde.
Nous croyons qu'il s'agit ici d'un pas important en ce qui concerne une
politique sociale tant attendue par de nombreux québécois et
québécoises.
De plus, nous espérons que cette Loi permettra le
développement de ressources alternatives au placement, même si
ceci nous semble encore trop modeste, les jalons en ce sens sont enfin
posés.
Par contre, fidèles à nos démarches et affirmations
antérieures, l'Association des centres de services sociaux du
Québec continue à insister pour que ce genre de Loi vienne
s'inscrire dans une politique familiale intégrée, ce qui n'est
pas encore le cas.
D'autre part, et le mémoire en fait état de façon
plus précise, nous croyons que la structure proposée doit
s'inscrire davantage dans la quotidienneté régionale, et que
l'Office ne doit pas devenir une grosse boîte où la bureaucratie
et les lenteurs priment sur la souplesse et la qualité des services.
Voici à grands traits les orientations véhiculées
dans le mémoire de l'Association des centres de services sociaux du
Québec. Nous abordons la Loi selon trois volets: soit en l'analysant
comme politique sociale, soit en évaluant son impact quant aux C.S.S. et
enfin en nous arrêtant de façon plus précise sur certains
articles importants de la Loi.
PREMIÈRE PARTIE Avant-projet de loi sur les
services de garde à l'enfance comme politique sociale
L'avant-projet de loi sur les services de garde à l'enfance
comporte des améliorations notables aux politiques antérieures
concernant les services de garde. Cependant, il comporte des lacunes à
certains niveaux, en ce qui concerne l'absence d'une politique
intégrée à la famille et à l'enfance, le risque
d'une certaine centralisation des structures mises en place, et d'une
institutionnalisation outrancière qui pourrait faire obstacle à
l'accessibilité des services.
1.1
Les innovations de la Loi
Nous ne pouvons que nous réjouir de voir se multiplier les
ressources de gardes à la disposition des familles. En effet,
l'instauration de la garde en milieu scolaire, de même que la
reconnaissance de la garde en milieu familial et en halte-garderie apportent un
éventail de ressources qui permettront de répondre à la
diversité des besoins et des aspirations des familles.
De plus, nous voyons d'un oeil très favorable l'obligation faite
aux services de garde de présenter et appliquer un programme de
développement physique intellectuel et social des enfants dont ils ont
la charge et d'assurer ainsi une qualité des services.
Tant par la multiplication des ressources de garde reconnues dans la Loi
que par les programmes de développement qui seront appliqués, les
services de garde pourront devenir de plus en plus des ressources alternatives
au placement des enfants en famille d'accueil.
En effet, en l'absence de ressources de garde en nombre et
qualité suffisante, les centres de services sociaux se voient souvent
contraints de placer en familles d'accueil des enfants dont les parents ne
peuvent s'en occuper durant le jour ce qui provoque une dislocation de la
famille dont souffrent autant les parents que les enfants. Les ressources de
garde, par leur plus grande accessibilité, pourront ainsi être
utilisées avec plus de facilité, pour alléger les
responsabilités des familles en difficulté, constituant, ainsi un
des éléments du plan d'intervention des services sociaux.
Il faut espérer que les sommes investies par le Ministère
des Affaires sociales dans la subvention de services de garde
diversifiés seront suffisantes pour assurer un rôle
véritable de services-support aux familles en difficulté.
1.2
L'absence d'une politique
intégrée
II faut cependant déplorer le fait que lavant-projet de Loi sur
les services de garde à l'enfance ne soit pas défini comme l'un
des éléments d'une politique globale sur la famille, et plus
spécifiquement sur la petite enfance.
Même s'il n'est pas dans le rôle d'un projet de Loi de
définir de façon spécifique les orientations
générales et les priorités d'action à l'enfance et
à la famille, l'absence d'orientation et de priorité explicites
de la part du gouvernement dans ce domaine se fait sentir dans le contenu de
l'avant-projet de Loi. En effet, celui-ci se préoccupe de
développer des services de garde sans intégrer dans son approche
les autres services destinés aux enfants et à leur famille.
Ainsi, malgré un effort louable en vue de favoriser le
développement physique, intellectuel et social des enfants dans le
contexte des services de garde, le projet de Loi ne prévoit, à
aucun moment, d'instaurer des programmes de prévention et de
dépistage des problèmes physiques et psycho-sociaux. Pourtant,
l'importance de la prévention, du dépistage et du traitement
précoce des problèmes qui peuvent survenir dans la petite enfance
n'est plus à démontrer que ce soit dans une optique de
rentabilisation des services que dans une perspective d'amélioration du
bien-être des enfants et de leur famille.
Il nous apparaît nécessaire qu'une politique d'ensemble des
services à l'enfance et à la famille soit élaborée,
à l'intérieur d'un livre blanc par exemple, et que les projets de
loi concrétisant l'un ou l'autre aspect de cette politique d'ensemble,
se rattachent tant dans leur approche que dans les structures qu'ils mettent en
place, à un cadre de services intégrés.
1.3
L'Office et sa structure
La structure définie dans lavant-projet de Loi instituant
l'Office des services de garde à l'enfance, responsable de l'ensemble
des services de garde tant dans leur gestion que leur exécution, nous
apparaît présenter des risques de centralisation.
Nous comprenons que lavant-projet ouvre la porte à une possible
décentralisation, mais trop timide encore. Ainsi, au lieu du "peut " de
l'article 25, nous aimerions plutôt retrouver la notion de "doit". Dans
cet esprit, nous proposons que l'Office puisse s'actualiser à deux
paliers: a) Au plan provincial l'Office assumant les fonctions
explicitées dans lavant-projet à l'article 24, paragraphes
2°, 3°, 4°, 5°, 6°.
b) Au plan régional, l'Office voyant à confier les
fonctions axées sur l'identification des besoins du milieu et la
coordination des services de garde, à un organisme tel le C.R.S.S.S. par
exemple.
Nous considérons qu'il appartiendrait à l'Office
provincial, d'établir des normes minimales quant à la
réglementation, et de déléguer à une structure
régionale les pouvoirs dans l'adaptation de ces normes, afin que soient
respectées les particularités diverses des localités
où s'implanteront les services de garde à l'enfance. Re: milieu
rural, milieu urbain, grand centre, petit centre, etc.
Dans cette perspective, il pourrait appartenir davantage à une
structure régionale, tel que défini, à l'article 72,
1° alinéa du Chapitre III sur la réglementation, de
déterminer les éléments du programme d'activités
qu'un service de garde en garderie ou en milieu familial, doit fournir aux
enfants pour leur développement physique, intellectuel et social et de
le soumettre à l'Office provincial. Un cadre général
pouvant se dégager par la suite.
Nous sommes conscients que ces propositions appellent une
révision des fonctions de l'Office, révision plus poussée
que ce que nous présentons maintenant. Notre intention étant
exprimée, les modalités seraient à discuter.
1.4 Institutionnalisation
L'étude de I'avant-projet sur les services de garde à
l'enfance soulève le danger d'institutionnaliser de façon rigide,
tout ce qui a trait aux services de garde en milieu familial et de mettre fin
à un réseau informel de services de garde.
Dans le but d'assurer un nombre suffisant de places de garde en milieu
familial, les normes régissant la garde en milieu familial devraient
à notre avis, être souples et permettre à ce réseau
informel de continuer d'exister. Ceci ne semble pas clair dans la Loi.
DEUXIEME PARTIE
L'avant-projet de loi sur les services de garde
à l'enfance et son impact sur les centres de services sociaux
2.1
Les C.S.S. et le besoin de services de
garde diversifié
Tel que déjà soulevé, l'avant-projet prévoit
la possibilité d'autoriser les établissements publics à
être amenés à exercer les responsabilités de
l'Office, l'article 25. De plus, à l'article 33, on souligne le fait
qu'un établissement puisse devenir une agence de services de garde en
milieu familial.
En soi, compte tenu de l'expertise développée dans les
centres de services sociaux, nous reconnaissons qu'il s'agit là de
tâches, particulièrement le rôle d'agence de services de
garde, pouvant fort bien être assumés par les centres de services
sociaux.
Compte tenu de demandes maintes fois répétées de
notre part en vue de permettre la mise en place de ressources alternatives au
placement, nous serions très mal venu de nous opposer à la
solution proposée.
Notre travail auprès de la famille et de l'enfance nous
amène, en effet, à être sans cesse confronter avec des
besoins de plus en plus grands et des ressources de plus en plus
limitées. Nous ne pouvons donc que souscrire aux solutions nouvelles
amorcées par l'actuel avant-projet de loi.
Nous croyons donc comme établissement avoir un rôle
important à jouer dans la définition des besoins de garde, et
nous souhaitons être d'actifs collaborateurs en ce sens.
Si l'Office et ses instances régionales voulaient nous voir
assumer des responsabilités à ce niveau, nous croyons être
en mesure de pouvoir donner notre accord.
2.2
Les agences de services de garde en milieu
familial et les C.S.S.
D'autre part, en ce qui concerne la possibilité pour un centre de
services sociaux d'être amené à assumer les fonctions d'une
agence de services de garde en milieu familial, nous croyons que chaque
situation doit être évaluée au mérite, fonction de
facteurs tels: le contexte régional de développement du
réseau, selon qu'il s'agit d'une région rurale ou urbaine,
à grande ou faible densité de population, etc.
Les centres de services sociaux ont déjà à assumer
de lourdes responsabilités de type administratives: gestion de
ressources telles les familles d'accueil (recrutement, évaluation,
paiement) gestion de longues listes d'attentes dans le cas des personnes
âgées, etc.
Nous comprenons que l'agence de services de garde en milieu familial se
veut une instance de décision et d'action légère et
souple. Amenée à jouer des rôles similaires (recrutement,
évaluation, supervision) à ceux joués par les centres de
services sociaux mais vis-à-vis d'autres types de ressources. Les
responsabilités définies plus haut sont déjà
très lourdes pour certains centres de services sociaux, et leur ajouter
de nouvelles fonctions du même ordre ne viendrait qu'alourdir davantage
leur mode de fonctionnement.
Par contre, d'autres centres de services sociaux, compte tenu de leur
dimension, du contexte régional dans lequel ils s'inscrivent (absence ou
présence de C.L.S.C.) pourraient croyons-nous s'acquitter tout à
fait adéquatement de cette fonction. Ceci entraînant un coût
qui reste à évaluer.
2.3 La garde en milieu familial vs la famille
d'accueil
Nous voudrions attirer l'attention sur un autre aspect de l'avant-projet
pouvant avoir une incidence sur les centres de services sociaux et plus
spécifiquement sur les familles d'accueil. L'avant-projet prévoit
qu'une contribution sera versée à la personne responsable d'un
service de garde en milieu familial. Cette contribution est versée par
le parent utilisant un service de garde, ou par l'Office si le parent a
été exonéré. Selon la politique du Ministère
des Affaires sociales pour l'année 79-80, le montant minimum que
recevrait la famille gardant l'enfant serait de $6.00 par jour.
La famille d'accueil, pour une même catégorie d'âge,
reçoit $4.70 par jour. En plus des responsabilités que peut
assumer une famille de garde, on lui demande d'assumer tous les frais
liés à l'entretien d'un enfant (nourriture, vêtements,
loisirs). On lui demande aussi une implication dans un plan de travail, et un
engagement affectif important. La responsabilité en est une de temps
plein.
Il est vrai que la compensation payée aux familles d'accueil
n'est pas un revenu au sens de la Loi de l'impôt, contrairement à
la famille de garde qui devra les déclarer. Malgré cela, nous
nous interrogeons sur la différence de traitement? Nous ne croyons pas
que la solution soit de diminuer le montant que doit recevoir une personne
responsable de service de garde en milieu familial, loin de là.
Cependant, l'Association des centres de services sociaux se demande quelles
seront les implications de la situation actuelle sur les familles d'accueil,
sur leur motivation? Quel sera l'impact sur le recrutement de nouvelles
familles d'accueil? Il serait sans doute temps de réviser notre
conception du rôle des familles d'accueil et de reconnaître toutes
les dimensions de leur engagement.
TROISIEME PARTIE Propositions concernant des articles
particuliers
Après avoir livré des commentaires généraux
sur le projet de législation et exprimé notre point de vue sur
des questions controversées, nous apportons ici quelques propositions
dans le but de préciser ou de corriger le texte de Loi, et nous
soulevons un certain nombre d'interrogations sur quelques dispositions du
projet de Loi. 1° Pour une bonne compréhension de la Loi, il nous
apparaît essentiel que soient définis, dès le
départ, les termes suivants:
Services de garde en garderie
Services de garde en milieu familial
Agence de services de garde en milieu familial
Services de garde en milieu scolaire
Services de garde en halte-garderie 2° L'article 8 tel que
libellé prête à confusion quant à
l'interprétation de la durée du mandat du vice-président.
Nous présumons que le législateur a fixé son mandat
à 3 ans et c'est pourquoi nous suggérons que le texte se lise
comme suit: "Toutefois, parmi les premiers membres, trois sont nommés
pour un an, quatre pour deux ans, et trois dont le vice-président pour
trois ans". 3° L'article 13 semble difficilement applicable compte tenu que
le vice-président étant un parent, pouvant provenir d'une
région éloignée, pourrait être dans
l'incapacité d'accomplir cette fonction à temps plein, d'autant
plus qu'il peut s'agir d'un travailleur.
Deux formules pourraient être retenues, soit d'une part: qu'en cas
d'incapacité d'agir du président, le Ministre après
consultation auprès du vice-président, désigne un
remplaçant pour la durée de cette incapacité. soit d'autre
part: qu'on puisse évaluer la possibilité de dégager cette
personne à temps plein: congé sans solde, l'employé
étant rémunéré par l'Office, par exemple. 4°
Article 41
Concernant les autorisations des plans et modifications, nous
suggérons que cette responsabilité soit attribuée aux
représentants régionaux et ceci principalement en vue
d'éviter la complexité administrative dû à
l'éloignement du centre de décision que serait l'Office. 5°
Article 5
Afin d'assurer la participation des régions nous suggérons
que l'Office ait plutôt le devoir de désigner des
représentants. 6° Article 46
En vue d'assurer la confidentialité permanente et éliminer
les problèmes de conservation des dossiers, nous recommandons que le
dossier soit remis au titulaire de l'autorité parentale lors
du départ définitif de l'enfant. Ceci assurerait le
transfert du dossier d'une garderie à l'autre ou à un autre
établissement au choix de l'autorité parentale. 7° L'article
58 limite l'accessibilité aux services de garde en milieu scolaire aux
jours de classe seulement, et pour le niveau primaire uniquement.
Or, durant l'année scolaire, les enfants ont des congés
(journées pédagogiques, jours fériés...) dont les
parents travailleurs ne bénéficient pas
nécessairement.
Pour combler cette lacune, nous proposons que les services de garde en
milieu scolaire soient fournis de façon régulière durant
les jours de semaine de l'année scolaire.
Si l'on veut vraiment offrir un service adéquat on devrait
inclure les vacances de l'été.
Enfin, la clientèle des enfants fréquentant la maternelle
et la pré-maternelle est complètement oubliée en ce qui a
trait à la garde. Nous croyons qu'elle doit pouvoir
bénéficier des mêmes services que la clientèle du
niveau primaire. 8° Article 66
Ajouter à la fin du premier paragraphe: "tout en conservant un
minimum de contribution" (genre ticket modérateur)
Ceci afin de garantir un peu de responsabilité concrète de
la part du titulaire parental.
Le deuxième paragraphe devrait être aboli, tenant compte
que ce parent se soumettra aux mêmes conditions d'exonération que
les autres. S'il ne remplit pas les conditions, il n'est pas
exonéré.
Les personnes responsables d'un service de garde en milieu familial
peuvent avoir des motifs valables pour envoyer leur enfant à un autre
service de garde sans être pénalisées.
Section V 9° Article 68
La personne responsable d'un service de garde en milieu familial devrait
bénéficier d'un recours de révision de décision
d'une agence en cas de refus de reconnaissance ou de prolongation. 10°
Article 72
Nous comprenons que l'Office ait des pouvoirs de réglementer.
Cependant, nous souhaitons que cette réglementation soit souple et
favorise l'adaptation à chacune des régions par la participation
de celles-ci à la conception générale des
règlements. Tel que déjà dit, nous suggérons que ce
mécanisme soit prévu dans la loi.
CONCLUSION
Pour toutes les raisons énoncées plus avant, l'Association
des centres de services sociaux du Québec est d'accord avec
l'économie générale de l'actuel avant-projet de Loi.
Nous réaffirmons notre impatience quant à
l'énoncé d'une politique intégrée à la
famille, nous commençons à douter sérieusement qu'elle
puisse devenir un jour réalité.
Par contre, nous nous engageons, dans la mesure de nos moyens, à
être des partenaires actifs, intéressés que nous sommes au
bon fonctionnement de l'ensemble des services de garde du Québec.
(ANNEXE I)
Référer à la version PDF page B-9359