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Présentation de mémoires sur
l'avant-projet de loi sur les services de garde à l'enfance
(Dix heures vingt-deux minutes).
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission des affaires sociales est réunie ce matin
pour entendre les mémoires des organismes sur l'avant-projet de loi sur
les services de garde à l'enfance.
Les membres de la commission sont: Mme Lavoie-Roux (L'Acadie) remplace
M. Forget (Saint-Laurent), M. Pagé (Portneuf) remplace M. Goldbloom
(D'Arcy-McGee), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Alfred (Papineau) remplace M.
Gravel (Limoilou), M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Lavigne
(Beauharnois), M. Lazure (Chambly); M. Dussault (Châteauguay) remplace M.
Martel (Richelieu); M. Paquette (Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw
(Pointe-Claire).
Les intervenants sont: M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Couture
(Saint-Henri), M. Lacoste (Sainte-Anne); M. O'Gallagher (Robert Baldwin)
remplace M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue); M. Marcoux
(Rimouski), M. Marois (Laporte).
Nous avons huit organismes convoqués pour aujourd'hui. ll s'agit
du Regroupement des garderies de la région 6C, l'Association des
garderies de la région 04, SOS Garderies, Le Réseau d'action et
d'information pour les femmes, la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec, le CLSC Lac-Etchemin, l'Ecole de
Psychologie de l'Université Laval, le Conseil du Québec de
l'enfance exceptionnelle. Nous avons environ huit heures pour la commission. On
va essayer de s'en tenir au maximum d'une heure par groupe, étant
donné que, démocratiquement, nous voulons que tous les groupes
qui ont été convoqués puissent se faire entendre
aujourd'hui.
Je demanderais donc aux membres de la commission la collaboration pour
limiter le temps à une heure par organisme, de façon qu'on puisse
entendre tous ceux qui ont été convoqués. C'est
évident qu'il est difficile parfois de s'en tenir à une heure,
mais j'informerai les membres de la commission que l'heure allouée se
terminera dans dix minutes.
Sans plus tarder je demanderais au Regroupement des garderies de la
région 6C de bien vouloir prendre place devant les microphones à
la table centrale. Si vous voulez bien vous identifier et identifier les
personnes qui vous accompagnent.
Regroupement des garderies de la région
6C
Mme Dansereau (Suzanne): Suzanne Dansereau, présidente du
Regroupement des garderies de la région 6C. À ma droite,
Claudette Robin qui est directeur, membre du conseil d'administration et
permanente au bureau du regroupement, et, à ma gauche, Rose-Marie
Schafroth, qui est membre du conseil d'administration et responsable de la
Garderie coopérative Le Petit Prince à Longueuil.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous avez
l'intention de lire au complet votre mémoire, étant donné
qu'on vous accorde environ 20 minutes pour la lecture de votre
mémoire?
Mme Dansereau: On a l'intention de passer à travers le
mémoire, mais pas nécessairement en le lisant textuellement.
Le Président (M. Boucher): Ah bon!
Mme Dansereau: II y a des éléments qu'on va
passer.
Le Président (M. Boucher): Alors, vous considérez
que cela ne prendra pas plus que 20 minutes pour passer à travers?
Mme Dansereau: On va essayer de vous donner un court...
Le Président (M. Boucher): D'accord, allez-y.
Mme Dansereau: D'accord. Le Regroupement des garderies de la
région 6C est un organisme sans but lucratif, incorporé depuis le
9 mai 1975 et qui compte parmi ses membres des garderies et des jardins
d'enfants sans but lucratif de la région 6C, des organismes et des
individus préoccupés par les services offerts à la petite
enfance.
L'objectif principal et qui chapeaute tous les autres est
l'amélioration des services de garde aux enfants de notre région.
Le regroupement est subventionné depuis 1976 par
Centraide-Montréal et, au cours de l'année 1978-1979, le
Regroupement des garderies a également reçu une subvention de la
Direction générale de l'éducation des adultes.
Deux personnes travaillent en permanence à la coordination de nos
activités, lesquelles peuvent se diviser en quatre grands secteurs ou
services: un service d'information, un service de documentation, un service de
formation et d'animation et un service de coordination et de mise en marche des
mouvements de pression.
Le Regroupement des garderies de la région 6C publie
également, quatre fois par année, un bulletin distribué en
1200 exemplaires et s'adressant aux parents, aux travailleurs de garderies et
jardins d'enfants membres et à tous les organismes et individus qui en
font la demande.
L'objectif principal du Regroupement des garderies de la région
6C, étant l'amélioration des services de garde qui sont offerts
aux enfants de notre région, c'est donc avec intérêt que
nous vous transmettons le mémoire du Regroupement des garderies de la
région 6C, dans le cadre de la commission parlementaire sur
l'avant-projet de loi sur les services de garde à l'enfance. Notre
longue expérience dans le domaine des recommandations nous amène
à vous dire immédiatement que nous sommes conscients des limites
de ces auditions.
À maintes reprises, les recommandations de notre organisme,
justifiées par notre connaissance
du milieu, n'ont pu être retenues par votre ministère et
n'ont pu influencer l'implantation de nouvelles politiques.
Quoi qu'il en soit, nous désirons, par cette invitation
lancée aux diverses instances concernées par les services de
garde, répondre, nous prononcer et exprimer, encore une fois, notre
point de vue sur la question des services offerts à la petite
enfance.
Pour vous situer par rapport aux interventions de notre organisme, il
serait utile de tracer d'abord un bref aperçu historique des garderies
au Québec.
Il faut se rappeler qu'avant 1970 il n'existait ici qu'une dizaine de
garderies subventionnées qui étaient reconnues comme des
organismes de charité. Il existait aussi des services de garde mis en
place par l'entreprise privée.
En 1970-71, grâce à son Programme d'initiatives locales, le
gouvernement fédéral subventionne 62 garderies. Il y aura une
première coupure de fonds dans ce programme en 1972, ce qui fait qu'en
1973, seules 35 garderies subventionnées par ce programme survivent.
C'est vers cette époque que le ministère des Affaires
sociales crée son service de garderie et publie ses premières
normes. C'est aussi à ce moment qu'on voit les garderies s'organiser en
association.
Depuis 1974, le Regroupement des garderies de la région 6C,
officieusement constitué, a maintes fois fait connaître au
gouvernement ses recommandations.
Le tableau des pages qui vont suivre témoigne de
l'assiduité de notre démarche.
Il serait trop long de faire ici lecture du tableau comparatif des
politiques gouvernementales et des pressions exercées par notre
organisme depuis 1974. Permettez-nous de vous rappeler les grands thèmes
de nos interventions.
Parmi les plus importants, il convient de mentionner les politiques de
financement, notamment le plan Bacon, la révision des normes de
garderies, l'intégration des enfants ayant des besoins spéciaux,
le retrait des permis aux jardins d'enfants, la formation du personnel des
garderies.
Comme vous pouvez le constater, à chaque fois que le gouvernement
a annoncé des politiques, envoyé des directives ou appelé
des organismes en consultation, le regroupement a été
présent, a fait connaître son opinion et soumis ses
recommandations à l'aide de documents, de lettres ou de
mémoires.
Comme vous pourrez le constater à la lecture du tableau, celui-ci
fait ressortir clairement la lenteur de la progression pour
l'établissement d'une structure pour les services de garde... (10 h
30)
M. Grenier: Excusez-moi, pourriez-vous nous dire à quelle
page vous allez, cela nous aiderait?
Mme Dansereau: Excusez-moi. Je sautais déjà
à la page 9.
Si je reprends, ce tableau, comme je vous le disais
précédemment, fait vraiment ressortir la lenteur de la
progression dans l'établissement d'une structure pour les services de
garde et le peu de cohérence dans les politiques, qui font
qu'après plus de cinq ans, le système de garde ne s'appuie encore
sur aucune base solide.
Ce n'est pourtant pas dû à l'absence d'implication,
d'énergies investies et canalisées par les gens du milieu qui,
tout au long de ces années, ont su établir une certaine
concertation dans leurs recommandations et une vision globale d'une structure
d'accueil à la petite enfance, conditions qui auraient dû,
normalement, accélérer le rythme de croisière du
développement dans ce domaine.
Cette considération nous laisse donc supposer que, jusqu'à
maintenant, le gouvernement n'avait pas réellement l'intention de
s'impliquer dans la mise en place d'un réseau des services de garde.
Malgré ces constatations, croyant toujours à l'importance
de la consultation dans la planification d'un service de garde adéquat
et correspondant à la réalité du milieu, nous vous
présentons ce mémoire.
Nous espérons que la connaissance du milieu des garderies,
développée tout au long des années d'interventions de
notre organisme, saura faire avancer le débat de ces transformations,
tant attendues, en matière des services de garde et qu'elle provoquera
une certaine interrogation quant à la structure de cet avant-projet de
loi sur les services de garde à l'enfance.
On aborde maintenant l'analyse de l'avant-projet de loi sur les services
de garde à l'enfance. L'institution de l'Office des services de garde
à l'enfance. Considérant le cheminement et les nombreuses
revendications tenues par notre organisme depuis quelques années et
notre vieux désir de voir s'instaurer une structure qui permettra
d'élaborer une politique générale des services de garde et
une planification, à court et à long terme, de l'organisation des
services;
Considérant les recommandations déjà contenues dans
le mémoire à la commission parlementaire sur le projet de
règlement modifiant le règlement en vertu de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux, présentées par
le Regroupement des garderies de la région 6C, en février 1977,
qui rappelaient la nécessité de promouvoir une politique globale
de la petite enfance;
Nous ne pouvons qu'être en accord avec la création de
l'Office des services de garde tel que décrit dans cet avant-projet de
loi.
L'office, par sa définition étant une structure
dotée de sa personnalité propre, ayant sa propre régie
interne et son autonomie financière, jouissant d'un pouvoir et d'une
indépendance sûre vis-à-vis du ministère, correspond
au type d'organisme souhaité et permet la mise en place des structures
d'un véritable réseau des services de garde.
Cependant, nous considérons, après étude attentive
des différentes composantes de cet avant-projet de loi, qu'il y a lieu
de spécifier davantage ou de modifier certains aspects contenus dans ce
document.
C'est en ce sens que se détermine notre participation à la
consultation.
Mme Pitre-Robin (Claudette): Pour une meilleure
compréhension de notre analyse, nous reprendrons l'avant-projet de loi
chapitre par chapitre, apportant nos commentaires et/ou nos recommandations aux
articles que nous désirons voir modifier.
Si on commence à l'article 6 qui concerne la composition de
l'office, le personnel qui oeuvre dans les services de garde nous semble
sous-représenté au sein de cet office. Il serait donc plus juste
de répartir ces postes de la façon suivante:
Premièrement, trois membres, dont le vice-président, sont
choisis parmi les parents qui, au moment de leur nomination, ont des enfants
qui reçoivent des services de garde en garderie, en milieu familial ou
en milieu scolaire, et, deuxièmement, trois membres sont choisis parmi
les personnes oeuvrant dans les services de garde, après consultation
des organismes représentatifs de ces personnes.
Cette modification apportée, nous sommes d'accord avec la
composition de l'office, en ce qu'elle permet une représentation assez
équitable des différents milieux concernés, qu'elle permet
une meilleure concertation entre les services impliqués et qu'elle vient
confirmer la responsabilité de ces organismes face aux services de garde
à la petite enfance.
À la page 13: La section II, article 24, parle des fonctions de
l'office. Considérant nos expériences infructueuses au niveau de
la consultation, comme nous vous l'avons précédemment
exprimé, vous comprendrez qu'il est essentiel pour nous de voir l'office
préciser sa bonne foi en établissant les mécanismes
permanents de consultation à tous les niveaux, autant pour identifier
les besoins, concevoir et élaborer sa politique générale
que pour promouvoir la mise sur pied de cours de formation, de
perfectionnement, etc.
Nous recommandons donc que l'office établisse des
mécanismes permanents de consultation et ce à tous les
niveaux.
L'article 30 se lit comme suit: "Les services de garde en garderie et en
milieu familial sont dispensés conformément à la
présente loi ou à ses règlements à des enfants qui
n'ont pas atteint l'âge de la fréquentation scolaire obligatoire
au sens de la Loi de l'instruction publique."
En incluant dans son avant-projet cet article, le gouvernement
définit la clientèle concernée par les services de garde.
On assure ainsi l'uniformisation des services et quiconque désirerait
offrir des services de garde devra se référer aux conditions et
règlements édictés par l'office. Ce faisant, on
élimine le double emploi en empêchant d'autres organismes
d'établir des services qui ne correspondraient pas aux besoins des
enfants de zéro à six ans. On se réfère ici aux
batailles idéologiques et économiques entre le MAS et le MEC.
On permet ainsi à ces enfants de rester à la garderie
jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de la scolarisation, leur
évitant ainsi le chevauchement garderie maternelle
garderie. Nous sommes donc d'accord avec le maintien de cet article. Cependant,
on est aussi conscient que cet article a été modifié et
que cette modification élimine la dimension importante que nous venons
de vous expliquer. C'est pourquoi on espérait que la définition
de la petite enfance réapparaisse dans un article du projet de loi qui
serait élaboré.
L'article 31 définit à qui peut être
délivré un permis de service de garde et définit la
composition du conseil d'administration.
Premièrement, nous désirons retirer une corporation
municipale, parce que nous considérons que cette corporation devrait
être assujettie aux mêmes spécifications que toute autre
corporation. Ensuite, nous recommandons que l'article 31 soit retiré et
remplacé par l'article 31 suivant: Un permis de services de garde en
garderie ne peut être délivré qu'à: 1. une
association coopérative; 2. une corporation sans but lucratif.
Le conseil d'administration de cette association coopérative ou
de cette corporation sans but lucratif est composé de: deux parents
d'enfants inscrits dans cette garderie, du directeur, de deux
représentants du personnel, soit un du personnel travaillant
auprès des enfants et un du personnel de soutien et de deux
représentants des organismes du milieu.
Nous avons souvent exprimé nos réticences quant à
la composition des conseils d'administration qui donnent aux usagers la
majorité des voix. Les usagers se trouvent dans une situation de conflit
d'intérêts en étant juges et parties, car ils sont à
la fois parents payeurs et parents employeurs. De plus, l'expérience
nous prouve que cette situation conflictuelle rend l'administration de la
garderie difficile, sinon impossible.
Il ne faudrait pas, cependant, confondre ici le rôle de
participation que les parents peuvent et doivent jouer à la garderie
avec le rôle qu'ils doivent jouer au conseil d'administration. Nous
pensons qu'il faudrait répartir les postes de telle façon
également qu'on puisse ouvrir la garderie à son milieu.
L'appartenance de la garderie à la communauté justifie la
représentation des organismes du milieu.
De plus, si on se réfère à la composition des
conseils d'administration des autres établissements du réseau des
affaires sociales, on se rend compte qu'elle prévoit cette
diversité dans la répartition des représentants et la
place accordée à chacun des groupes représentés
n'est jamais majoritaire.
À la page 17, au point 2 de l'article 32, la définition du
programme d'activités manque de précisions quant aux besoins
différents des enfants reliés à leur stade de
développement. Si nous ajoutons cette précision, "ce programme
doit être axé sur le jeu", c'est que les activités
s'adressant à des enfants d'âge préscolaire doivent
être éducatives, sans être scolaires.
Notre recommandation se lit donc comme suit: "L'article 32.2. Un
programme d'activités basé sur des objectifs éducatifs
tenant compte des
différents niveaux de développement des enfants et ce,
tant au plan physique, intellectuel et social. Ce programme doit être
axé sur le jeu. "
Les articles 33 et 34 concernent surtout l'organisation de services de
garde en milieu familial. Bien que nous hésitions à appuyer
l'organisation des services de garde en milieu familial, nous sommes
obligés de constater dans les faits son existence et presque d'avouer
qu'elle peut répondre à certains besoins.
De plus, connaissant l'ampleur de la difficulté que
représente le contrôle de ce service, son implantation devrait se
faire avec beaucoup de prudence.
Nous sommes d'accord avec la reconnaissance de ce service que dans la
mesure où sa supervision serait assurée par la mise en place d'un
mécanisme de contrôle efficace. D'accord également, parce
qu'il offre aux parents une diversité dans le choix des services de
garde et aussi parce qu'il peut répondre aux besoins de certains
enfants.
Cependant, la complexité de la tâche que représente
l'implantation de ce service, le choix et l'évaluation des familles de
garde et leur supervision, nous oblige à reconnaître des exigences
précises quant aux compétences nécessaires que doit
posséder l'agence responsable.
Toutes ces considérations nous amènent à penser
qu'actuellement seule la garderie, par l'expérience qu'elle a acquise
dans le milieu, peut être considérée comme le seul agent
possible à répondre aux conditions déjà
énumérées.
Cette idée de la garderie satellite n'est pas le fruit de notre
imagination, mais s'appuie sur des expériences vécues
actuellement dans plusieurs autres provinces, entre autres la
Colombie-Britannique et l'Ontario. Ce principe "consiste à mettre la
supervision d'un certain nombre de garderies en milieu familial sous la
responsabilité d'une garderie ordinaire.
L'avantage de cette méthode réside dans le fait que la
famille se voit offrir un grand nombre de services à partir d'un seul
point central. Les parents peuvent placer un ou plusieurs de leurs enfants
d'âges différents dans une garderie en milieu familial, ou envoyer
le plus jeune dans une garderie en milieu familial et le plus vieux dans une
garderie ordinaire. Le personnel de la garderie se familiarise avec la famille
et ses besoins et peut créer une certaine continuité lorsque
l'enfant passe d'une garderie en milieu familial à une garderie
ordinaire. La garderie qui sert de point central peut être pourvue de
salles de conférence pour les sessions d'entraînement et d'une
bibliothèque contenant des jouets, des livres et tout
l'équipement nécessaire au fonctionnement des garderies
satellites. Le responsable des garderies satellites peut demander conseil au
personnel de la garderie centrale ou l'inviter à présider
certaines séances d'entraînement. Le fait que les maisons soient
situées à proximité les unes des autres diminue les
coûts de transport tout en facilitant la supervision."
C'est là un extrait d'un travail écrit par Howard Clifford
en 1974, "Garde de jour en milieu fami- lial", et on a repris cet article au
complet dans une annexe.
De plus, la plupart de gens oeuvrant dans le domaine de la petite
enfance, qu'ils soient ou non en faveur de la garde en milieu familial, sont
persuadés que ce service, pour mener à bien ses tâches et
promouvoir le développement des enfants, doit compter sur un support
extérieur.
Selon nous, tout autre type d'organisme ne répond pas comme la
garderie aux conditions nécessaires à l'organisation des services
de garde en milieu familial pour les raisons suivantes:
La garderie est en mesure de fournir, ressourcer et superviser les
personnes responsables de la garde en milieu familial grâce à son
expérience dans le domaine de la petite enfance et des mécanismes
d'animation, d'éducation et d'information déjà contenus
dans son fonctionnement et utilisés dans la garderie, auprès des
parents.
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse de vous
interrompre, il ne reste que cinq minutes, et on est à la page 17.
Mme Pitre-Robin: Oui, mais on va vite, après.
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez
accélérer, s'il vous plaît.
Mme Pitre-Robin: Ses compétences développées
dans l'administration, le financement et les politiques de garde permettent de
gérer sans difficulté la comptabilité spécifique
reliée au service de la garde en milieu familial.
Son habileté à établir des programmes en rapport
avec les besoins spécifiques des jeunes enfants hors du foyer, lui
concède les capacités de le transmettre aux intervenants de la
garde en milieu familial.
C'est pourquoi l'application du principe "garderie satellite" est la
seule condition qui nous permet d'accepter l'implantation du service de garde
en milieu familial.
De plus, cette implantation devra se faire d'abord sur une base
expérimentale et faire l'objet d'une analyse avant de pouvoir
s'étendre davantage.
On passe ensuite à la page 22: II est impensable de voir revenir
à l'article 34 le nombre de neuf enfants alors que, dans toutes les
consultations, tous, autant les représentants du gouvernement que les
membres des organismes impliqués, s'entendaient pour trouver que ce
nombre était nettement trop élevé.
De plus, dans la majorité des provinces où ce service est
établi, le nombre de cinq enfants a été adopté. Ce
nombre de cinq enfants nous semble plus réaliste en ce qu'il
répond à des normes de sécurité et offre de
meilleures garanties de qualité au service, sachant que la personne
responsable, en plus de jouer un rôle d'éducation auprès
des enfants, devra accomplir seule toutes les tâches inhérentes
à son travail: cuisine, entretien ménager et autres.
Également, ce nombre de cinq enfants préserve le
caractère familial que l'on veut privilégier en instituant ce
service.
Notre recommandation va en ce sens.
À l'article 43, troisièmement, page 23, l'office peut
suspendre, annuler ou refuser de renouveler un
permis lorsque la santé, la sécurité ou le
bien-être des enfants qui reçoivent des services de garde en
garderie est menacé.
Nous voulons croire qu'il s'agit là d'un malencontreux oubli et
que le fait de vous le mentionner va rectifier ça. Il n'y a pas juste
dans la garderie que la sécurité, la santé et le
bien-être des enfants est menacé et on devrait pouvoir retirer un
permis. C'est la recommandation que nous faisons. (10 h 45)
L'article 46, où on mentionne un dossier individuel pour chaque
enfant, nous espérons que cet article sera utilisé avec beaucoup
de circonspection afin de ne pas avoir, au niveau des services de garde,
à recommencer la bataille qui s'est engagée autour du dossier
scolaire.
À l'article 55, section I-3, subventions: Nous ne reprendrons pas
ici toutes les récriminations déjà formulées
relatives à la nécessité d'une subvention directe aux
garderies puisque ce n'est pas là l'objet de notre mémoire, mais
nous nous attendons que les subventions fixées par règlement de
l'office s'appuieront sur le coût réel d'exploitation des services
de garde.
Pour ce faire, il faudra tenir compte de tous les aspects de la mise en
place du service, de son maintien et de son amortissement, incluant des
conditions de travail comparables à celles des autres
établissements du réseau des affaires sociales, selon les
responsabilités et les tâches accomplies par le personnel.
Cette subvention devra constituer un fonds de roulement qui pourra
assurer la stabilité de ces garderies.
Nous n'élaborerons pas davantage sur cet aspect, mais vous
pourrez trouver en annexe les dernières recommandations de notre
organisme.
À la section II où il est question de l'organisation des
services de garde, on pense qu'il est essentiel que l'office prévoie des
règlements quant à l'implantation, l'organisation et
l'administration de ces services. C'est pourquoi nous recommandons que l'office
prévoie, comme pour la garde en garderie et la garde en milieu familial,
une réglementation pour la garde en milieu scolaire et en
halte-garderie.
À l'article 58, l'implication des commissions scolaires. Il
était temps que le gouvernement oblige les commissions scolaires
à fournir aux enfants relevant de sa juridiction des services de garde.
Il faudrait cependant prévoir d'étendre ces services aux
journées pédagogiques et aux autres congés prévus
au calendrier scolaire.
À la section III où on parle d'inspection: Afin que tous
les principes exprimés dans le contenu de cet avant-projet de loi soient
respectés, il faut s'assurer que l'office mettra sur pied une structure
de vérification efficace et y affectera le personnel suffisant pour
permettre l'application de cette loi, de ses règlements et de ses
normes.
Nous nous attendons que les articles 66 et 67 viennent abolir le plan
Bacon, sur lequel tous les groupes ont maintes fois fait connaître leur
désaccord. Nous recommandons que soient établies des mesures
d'aide financière aux familles qui correspondent vraiment aux besoins
des familles québécoises.
Au niveau de la réglementation, à l'article 72, aux pages
30 et 31, la qualité des services de garde ne pouvant être
assurée que par une réglementation adéquate, nous sommes
d'accord sur le principe de laisser à l'office, le soin de faire des
règlements devant régir les services de garde.
Nous nous étonnons, cependant, de voir qu'il n'est nullement
question d'une réglementation concernant les conditions de travail du
personnel en garderie.
À la page 32, plusieurs autres sujets importants n'ont pas
été traités dans cet avant-projet de loi sur les services
de garde à l'enfance. Dans ces oublis, nous considérons que deux
sont majeurs: soit les jardins d'enfants et l'intégration des enfants
ayant des besoins spéciaux.
Les jardins d'enfants. Ce service éducatif, habituellement
organisé par les parents, afin de permettre à leurs enfants de
vivre leur expérience de groupe aurait dû faire l'objet d'une
section de ce document.
L'intégration des enfants ayant des besoins spéciaux. Il
est très étonnant de ne retrouver dans l'avant-projet de loi
aucun article concernant cette politique, d'autant plus qu'elle vient de faire
l'objet d'un communiqué annonçant le budget qui y sera
consacré pour l'année 1979/80. Pourtant, ces deux services ont
déjà fait l'objet de consultations et plusieurs recommandations
ont été transmises au gouvernement à ce sujet. Nous
espérons que lors de la rédaction du projet de loi sur les
services de garde à l'enfance, ces carences seront comblées.
Nous passons le chapitre qui reprend toutes nos recommandations.
En conclusion, nous espérons que les opinions et les
recommandations que nous avons formulées dans ce mémoire sauront
être reconnues et utilisées par les gens qui ont la
responsabilité de planifier les services de garde.
Nous sommes conscients qu'il nous aurait fallu plus de temps pour faire
une expertise plus élaborée du milieu et nous souhaitons que lors
de consultations futures, une meilleure planification des
échéances sera prévue.
Considérant les services offerts à la petite enfance comme
étant des services ultimes à développer, à
implanter et surtout, à officialiser, il faut réussir, par
l'implantation de politiques tenant compte des efforts inestimables mis de
l'avant par les gens du milieu, à faire comprendre la valeur, la
nécessité et le sens des services de garde dans notre
collectivité québécoise.
Notre attente est que les politiques préconisées dans cet
avant-projet de loi permettent l'atteinte d'une cohésion entre les
règlements et l'établissement réel des meilleures
structures possible pour l'amélioration des services de garde à
l'enfance.
Point n'est besoin de spécifier que pour parvenir à cette
fin, le gouvernement devra faire des services de garde, une priorité
dans le budget national, faute de quoi, toutes les énergies
déployées à établir un véritable
réseau de services de garde sont inutiles.
La garde de jour constitue un service qui coûte cher. Il serait
naïf à l'extrême d'oublier le rapport entre d'une part, le
nombre et la qualité des services et, d'autre part, les coûts qui
s'ensuivent.
Nous osons croire que le projet de loi, sur les services de garde
à l'enfance, tant attendu, verra le jour et qu'il tiendra compte des
recommandations que nous vous soumettons par la présentation de ce
mémoire.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup, Mlle Dansereau,
pour ce bel effort de...
Mme Pitre-Robin: C'est Robin.
Le Président (M. Boucher): Excusez-moi- M. le
ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux saluer mes amies
collaboratrices de la rive sud de Montréal, que j'ai l'occasion de
rencontrer assez régulièrement, et les féliciter pour leur
excellent travail.
Je ne vais pas répéter les commentaires que j'ai faits,
hier, à la suite de plusieurs mémoires. Je sais que vous avez
assisté aux rencontres. Je vais m'en tenir à deux ou trois points
qui sont assez particuliers dans votre présentation, à savoir: la
représentation au conseil d'administration de l'office, la
représentation au conseil d'administration des garderies et aussi cette
espèce d'exclusivité que vous voudriez qu'on donne aux garderies
vis-à-vis de la garde en milieu familial.
Sur la représentation au conseil d'administration de l'office, je
vous pose la question: Pourquoi augmenter la représentation du personnel
en diminuant la représentation des parents?
Mme Pitre-Robin: Ce n'est pas vraiment au niveau de la
diminution. Dans le nombre, on ne peut pas demander...
M. Lazure: ... des onze.
Mme Pitre-Robin: Je pense que pour tous les organismes, à
un moment donné, il y en avait onze. C'était déjà
beaucoup.
M. Lazure: Ce que vous recherchez, cela pourrait se faire en
augmentant tout simplement le nombre des employés.
Mme Pitre-Robin: Oui, et ce serait idéal, finalement.
M. Lazure: Bon. D'accord. Mais en ce qui concerne le conseil
d'administration d'une garderie, si je comprends bien votre position et
c'est assez particulier à votre groupe à
l'intérieur des garderies à but non lucratif, vous ne
préconisez pas le contrôle majoritaire par les parents des
enfants. Vous avez donné quelques raisons pour cela. J'aimerais que vous
donniez un peu plus d'explications sur le genre de problèmes que cela
pose dans le quotidien, le système actuel.
Mme Schafroth (Rose Mary): Je vais essayer de répondre.
Évidemment, le problème ne se pose pas chez nous, puisque nous
sommes une association coopérative et que les rôles ont
été mieux définis au départ. Mais dans beaucoup
d'autres garderies, dans plusieurs garderies que nous représentons dans
le regroupement Six C, il y a des problèmes réels qui sont
vécus avec le conseil d'administration formé majoritairement de
parents.
Je pense que cela vient du fait qu'on ne donne pas assez de pouvoirs aux
responsables des garderies. Si on veut avoir un responsable de garderie, je
pense qu'il faut lui donner les pouvoirs d'assumer sa tâche. Je pense que
c'est là que cela cloche. Les parents prennent ces pouvoirs et,
finalement, le responsable n'arrive pas à diriger sa barque. Il doit
continuellement en référer, sur des points très mineurs,
au conseil d'administration, et si le conseil d'administration entre en conflit
de personnalité avec ce responsable, sur ce simple conflit, la personne
peut être mise à la porte et remplacée par une autre.
C'est ce qui se vit quotidiennement dans plusieurs garderies. C'est pour
cela qu'on pense qu'il serait plus judicieux de l'équilibrer et non pas
d'enlever le conseil d'administration aux parents. Ce n'est pas vrai. Je
restent quand même en nombre suffisant, cela leur appartient quand
même, quitte à créer, à côté, des
comités d'étude ou pédagogiques qui aideraient beaucoup
plus le personnel de la garderie, mais qu'ils ne soient pas continuellement
employeurs.
M. Lazure: M. le Président, ce que vous décrivez,
au fond, c'est une intrusion, une ingérence désordonnée du
conseil d'administration dans la gestion quotidienne d'une garderie.
Mme Schafroth: Oui.
M. Lazure: Cela peut arriver avec n'importe quelle sorte de
conseil d'administration, dans un hôpital ou n'importe où, qu'il
soit composé majoritairement de parents ou pas. Mais vous
prétendez qu'en diminuant la représentation des parents, ce
phénomène d'ingérence se ferait moins. Est-ce cela votre
prétention?
Mme Schafroth: Je pense qu'il se ferait moins, à moins
qu'on édicte des règlements qui remettraient chacun en place. Ce
qui se passe, par exemple, dans une garderie coopérative. En tout cas le
problème n'est pas vécu comme tel à la garderie
coopérative, puisque les règlements sont très
précis dès le départ ainsi que les rôles de
chacun.
M. Lazure: Évidemment, c'est un terrain où il y a
beaucoup d'éléments subjectifs, parce que, dans le fond, c'est un
peu comme si on reprochait aux parents de trop s'occuper de leur affaire.
Mme Dansereau: Non...
M. Lazure: Je comprends ce que vous voulez dire, je comprends
très bien ce que vous voulez dire, parce que je l'ai vécu parfois
aussi dans le domaine hospitalier. Il y a des conseils d'admi-
nistration, parents ou pas parents, qui viennent se mêler de
façon complètement abusive des détails de la gestion
quotidienne. C'est cela que vous voulez dire.
Mme Schafroth: C'est cela.
M. Lazure: Cela peut paralyser une institution.
Mme Pitre-Robin: Le problème spécifique à la
garderie, c'est que c'est le parent qui paie le salaire de tous les
employés de la garderie. Cela ne vient pas du ministère qui
établit des montants. S'il décide d'améliorer la
qualité en ajoutant une fille, il décide qu'il va payer plus
cher. C'est cela son conflit souvent. Sa capacité de payer est
limitée. Dès qu'on demande d'avoir un meilleur service, cela lui
coûte plus cher. Donc, il est vraiment en conflit
d'intérêts. Ce n'est pas de la mauvaise volonté, mais on se
retrouve vraiment en conflit d'intérêts de la part des
parents.
M. Lazure: Mon deuxième point... J'achève. C'est
assez important quand même ce que vous demandez, que le projet de loi
vous confie en exclusivité toute la supervision, l'organisation des
services de garde familiale. Vous avez évoqué quelques provinces,
je pense, tantôt. On a des renseignements. En Colombie-Britannique, la
garde en milieu familial peut être attribuée, si vous voulez,
à des familles qui font partie du réseau ou n'en font pas partie.
C'est un peu l'approche de notre projet de loi. En Ontario, il y a des familles
de garde regroupées par des garderies ou par des agences autonomes
à but non lucratif. Cela aussi se rapproche de notre formule.
Mme Dansereau: En fait, il est question de court et de long
termes aussi là-dedans.
M. Lazure: Oui.
Mme Dansereau: Je pense que c'est un nouveau service qu'on veut
établir. Si on regarde actuellement les ressources qu'il y a dans le
milieu, elles ne sont pas nombreuses. Elles ne sont pas nombreuses à
avoir une certaine compétence et à avoir acquis une certaine
expérience dans la gestion de l'organisation de vie pour un groupe
d'enfants. On pense qu'actuellement, dans le milieu, la garderie qui a
déjà acquis une certaine habitude pourrait, en commençant
lentement et en faisant vraiment une analyse de ce qui se passe... Ce dont j'ai
peur, c'est de voir, au niveau de toute la province, ouvrir des places pour
ouvrir des places et se retrouver dans une situation, en mettant toujours la
charrue avant les boeufs, où on sera pris avec des services qui n'auront
pas été planifiés d'avance. On aura, d'accord, des places
en garderie, mais elles n'auront peut-être pas la qualité qu'on
voudrait.
M. Lazure: Vous vous rendez compte que vous aurez tout le loisir
de mettre sur pied des places en garderie familiale, avec le projet tel qu'il
est rédigé, vous vous rendez compte de cela, n'est-ce pas?
Mme Dansereau: Oui...
M. Lazure: Mais je ne pense pas qu'il soit sage d'en donner
l'exclusivité aux garderies. Ce sera aux garderies de faire preuve
d'initiative et de mettre sur place, de façon correcte, la garde en
milieu familial. Mais aussi, dans certaines régions du Québec,
des régions rurales et semi-rurales, je pense que ce serait injuste de
confier aux garderies l'exclusivité, parce qu'il n'y a pas de garderie
dans certaines régions.
Mme Pitre-Robin: Sauf que justement dans ces
régions-là c'est ce que tous les groupes, je pense,
réclament dans les zones rurales ou semi-rurales, il y a toujours
un point central où il devrait y avoir une mini-garderie qui permettrait
d'avoir, pour le groupe de parents, ce qui serait finalement la garde en milieu
familial, une espèce d'exemple de ce qu'on peut faire et de
modèle type. Cette mini-garderie aurait sa raison d'être, parce
qu'elle pourrait survivre, puisque même le responsable pourrait avoir la
moitié de son salaire ou plus payé par la supervision de la garde
en milieu familial qui, elle, serait répandue. Cette mini-garderie
pourrait avoir des subventions également, puisque ce serait une
mini-garderie qui pourrait être de neuf, dix ou douze enfants, pour du
matériel et de l'équipement, ce que les gens en milieux ruraux
n'ont pas. Ils n'ont pas plus accès actuellement à tous ces
services-là. En leur donnant la garde en milieu familial d'une
façon tout à fait désorganisée, ils n'y auront pas
plus accès.
Par expérience, même avec toute la bonne volonté des
CLSC, dont on a vu certains aider à l'implantation de garderies, ce
n'est pas la qualité qui règne dans ces organismes. Cela
crée des problèmes. Ils ne sont pas encore... Ils n'ont pas la
compétence. C'est nouveau. Les garderies commencent à
réclamer leur compétence et cela fait dix ans qu'elles existent.
(11 heures)
M. Lazure: C'est sûrement possible, selon les termes de
l'avant-projet de loi, de mettre sur pied une petite garderie de onze ou douze
enfants; vous avez raison, dans plusieurs régions rurales, il faudra le
faire et cette petite garderie pourra ensuite assumer la supervision de la
garde en milieu familial.
M. le Président, je conclus. Une des dernières remarques
du regroupement six C, c'est de nous enjoindre d'en faire une priorité
nationale. Je répète encore une fois que c'est ce que le
gouvernement est en train de faire; nous avons injecté $10 millions
additionnels pour cette année, pour l'an prochain et, très
probablement, pour l'année suivante. Alors, je pense qu'une somme de $30
millions, dans l'espace de trois ans, pour un service qui recevait à
peine $3 500 000 ou $4 millions il y a quelques années, c'est faire
preuve d'un souci qui, pour nous, se traduit par cette priorité
nationale. Je remercie le groupement six C.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je veux remercier le groupe, je passe les
félicitations d'usage, pour prendre le moins de temps possible, il y a
beaucoup de matériel dans votre mémoire, alors j'aime mieux
passer immédiatement aux questions.
Le ministre a touché à la question de la composition de
l'office; moi aussi, là-dessus, je trouve que, s'il faut en ajouter, il
ne faut pas en soustraire aux parents.
Je voudrais revenir sur un problème que vous avez soulevé,
à savoir que dans la réglementation que l'office peut faire, il
n'est nullement question des conditions de travail des employés de
garderie. J'ai eu l'occasion de dire antérieurement que ce sont les
parents pauvres de tout le système d'éducation, pris dans son
sens le plus large; même aujourd'hui, à entendre les
mémoires et voir les représentations qui nous sont faites,
même si je demeure toujours d'accord avec le principe qu'il faut que ce
soit une initiative des parents, parce qu'il faut que les parents s'impliquent
à ce niveau et qu'ils ne se déchargent pas simplement d'une
responsabilité, ça m'apparaît quand même un processus
très lent pour le développement des garderies.
Je vais vous poser immédiatement une question sur cela, je
reviendrai sur la question des salaires. Est-ce que l'approche actuelle,
fondée sur la participation et l'initiative des parents, peut, dans un
avenir assez rapproché, répondre vraiment aux besoins des gens,
parce qu'il y a tout un processus qui s'amorce, je pense, quand des parents
décident de s'organiser ou d'organiser une garderie? Je voudrais savoir,
d'une façon précise, quel est le temps qui s'écoule entre
la prise de décision de quelques parents et l'implantation de la
garderie elle-même? Même si c'est souhaitable au niveau des
principes, est-ce que cela peut réussir à débloquer
l'opération soins de garde?
Mme Pitre-Robin: Je pense que c'est là la lourdeur de
l'implantation et, le ministre en faisait mention, même s'il alloue des
budgets, les garderies n'ouvrent pas. Le problème en est un
d'implantation. On est tout à fait d'accord avec le fait que
l'initiation doit venir de la communauté, sauf que confier à un
groupe de parents, seuls, sans ressources, la mise en place et l'implantation
d'une garderie, cela prend environ un an pour établir la garderie. On
exige donc des parents, pendant un an de temps, alors qu'ils ont besoin des
services de garde immédiatement, de travailler
bénévolement à implanter une garderie qu'ils utiliseront
l'année prochaine. C'est immense. Souvent, les groupes se
découragent en cours de route parce que cela n'avance pas. Ils ont des
problèmes au niveau des locaux. À tous les niveaux, ils ont des
problèmes. Nos villes ne sont pas construites en fonction de locaux
disponibles pour les garderies. Souvent, ils finissent par prendre des locaux
qui ne sont pas du tout adéquats, des locaux dont personne ne veut. Le
ministre aussi l'a déjà dit. Même les locaux scolaires...
Le ministère des Affaires sociales, c'est en troisième lieu. Si
la commission scolaire trouve qu'ils sont trop désaffectés, elle
n'en veut plus, elle les laisse à la municipalité, si elle aussi
trouve qu'ils sont vraiment trop dégueulasses, elle n'en veut pas elle
non plus. La garderie, à ce moment-là, peut les prendre.
C'est à peu près ce qu'on a vécu dans notre
région, celles qui sont dans les écoles, c'est le système.
Cela finit presque toujours dans les développements, il n'y a pas
d'anciens édifices communautaires. Le problème des locaux est
immense. On dit que, dans le fond, quand le ministère veut implanter
n'importe quelle autre sorte d'établissement, que ce soit un CLSC ou
autre, il n'attend pas que la communauté dise: J'en veux un, je vais le
construire et je vous apporte les plans d'architecte et je vous apporte
tout.
Il y a un besoin. Il y a des priorités d'établies. Il y a
un programme. Il y a un besoin dans un secteur donné. On l'installe et
ensuite les jeunes verront à sa gérance. Ils y auront droit, mais
je pense que l'implantation est tellement longue que, quels que soient les
budgets accordés, il n'y aura pas 50 nouvelles garderies l'année
prochaine.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que ça, c'est un point
fondamental. Je ne veux pas insister là-dessus, mais j'ai cru sentir
ça à travers les représentations qui ont été
faites ici. Je ne voudrais pas que le ministre grimpe dans les rideaux, mais on
sait fort bien...
M. Lazure: Ce n'est pas son genre.
Mme Lavoie-Roux: Non... Ah! parfois... Moins que d'autres par
exemple. Cela, je vous le concède.
Mais quand on parlait des budgets de 1976/77 et qu'il y avait eu $3 500
000, finalement, il y avait eu quelque $4 millions de prévus et il y en
a eu seulement $3 millions de dépensés, à cause de la
difficulté... Cela, c'était au début des programmes de
garderie. Là, on peut ajouter $10 millions par année, ça
va être très intéressant de savoir quelle sera la partie
des $22 millions qui aura été dépensée, à la
fin de mars, de ce budget et des autres $10 millions. On peut ajouter et
ajouter, mais, si la machine ne fonctionne pas au point de départ...
Disons que tout le monde a de la bien bonne volonté je ne veux
pas mettre en doute les bonnes intentions de qui que ce soit mais on
peut être encore bien loin de servir les besoins de la population,
à moins... Je trouve que la suggestion qu'ils font de mettre plus
de...
M. Lazure: Est-ce que je peux ajouter un élément
d'information, si vous permettez?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Dans les nouvelles subventions qui sont en vigueur
depuis le 1er septembre de l'année en cours, on prévoit, dans la
subvention
de démarrage, l'argent payant la totalité du salaire de
l'éducateur responsable en chef et des coûts du loyer pendant les
deux mois précédant l'ouverture.
On est conscient de ce que le regroupement déplore ici. C'est
pour ça que, maintenant, on peut donner un budget avant que la garderie
ouvre, ce qui ne se faisait pas autrefois. Ensuite, 40% des coûts fixes
et du salaire du même éducateur pendant les six premiers mois
d'activité où la garderie ne fonctionne pas à plein,
évidemment. Troisièmement, 20% des mêmes coûts
pendant les six mois suivants.
Donc, il y a des subventions d'appoint pour la première
année, qui est toujours plus difficile.
Deuxième et dernière remarque: On a reçu, depuis
nos annonces du mois d'août... On n'a pas reçu, mais on constate
qu'il y a 22 garderies qui ont démarré avec les nouvelles
subventions de démarrage. Il y a quand même eu aussi, en moyenne,
depuis deux ans et demi, 50 garderies nouvelles par année.
Alors, ce n'est pas irréalisable, 50 garderies nouvelles dans les
six ou sept mois qui viennent.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le ministre, je ne voudrais pas qu'on
continue le dialogue trop longtemps, mais, par exemple, c'était en
octobre 1978. Vous avez fait une conférence de presse. Vous avez
annoncé le budget de $22 millions. On en avait même entendu parler
pendant l'été. Il est revenu à l'annonce du discours
inaugural. Il est revenu à l'étude des crédits du
ministère des Affaires sociales et, finalement, ce n'est qu'en
septembre, presque six mois plus tard, qu'il est mis à la disposition
des gens.
M. Lazure: Non, ce n'est pas exact.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas ce que vous avez dit?
M. Lazure: Non, ce n'est pas exact. Les $22 millions ont
été mis à la disposition des gens dès le mois
d'avril, au début de l'année financière, selon les
conditions de subventions qui existaient. Ce qui est arrivé en cours de
route, c'est qu'on a bonifié, on a amélioré les conditions
de subvention, entre autres, au démarrage. Mais les $22 millions avaient
commencé à être dépensés depuis le 1er
avril.
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, ils avaient commencé
à être dépensés puisqu'il y avait des garderies qui
étaient en fonctionnement.
M. Lazure: II y a aussi des garderies nouvelles qui se sont
ouvertes.
Mme Lavoie-Roux: Mais moi, je parle des $10 millions
supplémentaires... Enfin, on n'est pas pour continuer
là-dessus.
Je voudrais parler maintenant des...
Mme Dansereau: On pourrait peut-être simplement ajouter un
point...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Dansereau: ... à ce que vous venez de dire. Moi, j'ai
l'impression qu'au niveau de l'implantation ce serait urgent de prévoir
des mécanismes qui vont accélérer l'implantation,
peut-être en mettant à la disposition des groupes, pas
nécessairement uniquement de l'argent, mais un personnel qui est
compétent pour accélérer. Il y a des questions d'argent
qui sont vraies, mais il y a aussi des questions qui viennent de l'ignorance
des gens et de leur incapacité, parce que ce n'est pas leur
métier de mettre des garderies sur pied; ils ne savent pas ce qu'est une
garderie et il ne faut pas oublier qu'un parent qui a un enfant d'âge
préscolaire, si l'enfant a trois ans quand il décide de le placer
en garderie, si ça lui prend un an pour le placer en garderie, il est
trop tard quand la garderie ouvre. C'est un mécanisme qui doit aller
vite.
M. Lazure: Vous avez raison.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, sur les conditions de travail des
moniteurs de garderie. On sait que la moyenne du salaire est de $4.20 l'heure.
Quelles sont les autres conditions de travail quant aux avantages sociaux, ce
que les gens appellent les "bénéfices marginaux", du point de vue
de l'emploi, par exemple? Si votre garderie ferme demain matin, qu'est-ce qui
vous arrive?
Mme Schafroth: Je pense que dans beaucoup de garderies, en ce
moment, il n'y a pas beaucoup d'avantages sociaux, à part ceux qui sont
prévus par la loi, c'est-à-dire les 4% de vacances, l'obligation
d'adhérer au régime d'assurance-chômage. Dans certains
regroupements, entre autres, le regroupement de la région 6C, avec les
pauvres moyens financiers qu'on a, on a essayé d'améliorer
beaucoup les avantages sociaux en sensibilisant, premièrement, les
parents au fait que ce n'est pas parce qu'on travaille en garderie qu'on doit
continuellement rester des parents pauvres et n'avoir pas le strict minimum de
ce qui est toléré à l'heure actuelle, en sensibilisant
aussi les travailleurs de garderie et en leur faisant comprendre qu'ils ne
doivent pas systématiquement accepter n'importe quelle condition de
travail parce qu'ils sont des éducateurs en garderie. Ces derniers sont
quand même, pour la plupart, compétents, et n'ont pas le salaire
qui correspond à leur compétence.
Petit à petit, dans certains regroupements ou dans certaines
garderies, on a amélioré ces services. Cela correspond à
une petite assurance collective qui vient d'entrer en vigueur au regroupement
des garderies de la région 6C, qui n'est pas un gros plan, mais qui
prévoit quand même au moins des ajustements au niveau des salaires
et des médicaments. Pour le reste, les conditions sont laissées
un peu au conseil d'administration, finalement. Si ces gens veulent faire
travailler les employés 40 heures, ils les font travailler 40 heures;
s'ils veulent les faire travailler 35 heures, ils les font travailler 35
heures; s'ils veulent les
faire travailler au salaire minimum, ils les font travailler au salaire
minimum.
Mme Lavoie-Roux: Oui, allez.
Mme Pitre-Robin: J'aimerais ajouter un point important. Quand on
parle des conditions, ce qui est spécifique aux garderies et je
pense que les gens ne s'en rendent pas compte c'est que si les gens en
garderie sont embauchés pour 35 heures, ils font 35 heures de
présence auprès des enfants, des groupes d'enfants d'âge
préscolaire. On ne voit pas cela dans aucune autre sorte
d'établissement, les gens sont à 20, 22, 25 heures de
présence auprès des enfants, et le reste du temps leur est
alloué pour se préparer, se ressourcer, s'organiser entre eux. En
garderie, quand les gens font 35 heures ou 40 heures, c'est de présence
auprès des enfants. C'est là une condition primordiale,
même pour l'amélioration de la qualité des services.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous savez, par hasard je
devrais le savoir, mais je l'ai oublié depuis trois ans si on
compare le nombre d'heures de présence auprès des enfants, et
souvent des enfants plus jeunes que ceux de la maternelle, avec celui des
professeurs de maternelle dans le système scolaire? Est-ce que quelqu'un
le sait?
M. Lazure: Dix heures de différence.
Mme Dansereau: On me dit qu'il y a une différence de dix
heures.
Mme Pitre-Robin: C'est 25 heures...
Mme Dansereau: Les gens en garderie travaillent dix heures de
plus...
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est dix heures de plus, dans votre
cas.
Mme Dansereau: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi je pose ces questions? C'est que...
Mme Dansereau: Je peux ajouter que 35 heures de présence
auprès des enfants, c'est dangereux. Je travaille directement
auprès de l'enfant. Je trouve que la qualité de la
présence, la qualité de l'écoute, on ne peut pas l'avoir
pendant 35 heures consécutives. C'est échelonné sur une
semaine, mais il faut vraiment qu'à l'intérieur d'une
journée... les conditions de travail incluent la possibilité
d'être vraiment à l'écoute des enfants. Ce n'est pas
possible qu'une personne passe six heures ou huit heures consécutives
par jour en présence des enfants. C'est dangereux.
Mme Pitre-Robin: C'est pour cette raison qu'on demande que la
réglementation, on ne veut pas que l'office gère tout, donne au
moins des minimaux possibles et, en donnant ces minimaux, l'office sera
obligé aussi de donner les subventions appropriées. C'est la
seule façon, qu'il soit obligé de faire un constat
véritable; si je demande telle chose minimale, je suis obligée
d'accorder telle chose en argent. Sinon, il peut toujours se défiler, de
bonne foi; en ajoutant de l'argent, ça peut ne jamais correspondre au
besoin réel. C'est ce qu'on a passé, les besoins réels au
coût d'opération et tout cela; on les a escamotés dans
notre mémoire, pour aller plus vite. Dans le fond, c'est seulement quand
l'office sera obligé, aussi, de reconnaître dans sa
réglementation des conditions minimales qu'il sera aussi obligé
de prévoir que ça coûte tant avec ces conditions. (11 h
15)
Mme Lavoie-Roux: Une autre question. Pour ma part je pense
que je l'ai exprimé ici je suis assez réaliste pour dire:
Demain, on ne peut pas mettre sur pied un réseau universel de garderie,
etc.; ça peut être souhaitable. Je pense que c'est une chose
progressive. Ce que je veux vous demander, c'est: Où l'accent doit-il
être mis? Sur l'amélioration de la qualité ou sur un
développement beaucoup plus rapide pour servir un plus grand nombre de
gens?
Mme Pitre-Robin: C'est évidemment un choix qui est
difficile parce que, dans le fond, on lèse une partie de la population
qui n'en a pas. Par contre, en même temps, on dit que mettre 150 000
nouvelles garderies toutes croches, ça va faire juste des petits enfants
tout croches demain matin, parce que l'amélioration des services
existants, c'est quand même la priorité.
Dans les budgets énoncés, c'est vrai qu'au niveau de
l'implantation, c'est une nette amélioration à différents
niveaux. Mais, au niveau de la stabilité de la garderie qui existe
depuis plusieurs années, il n'y a presque rien. À ce
niveau-là, je pense que la stabilité des garderies en place qui
puissent assurer une qualité, c'est quand même une priorité
parce...
Le Président (M. Boucher): II reste dix minutes.
Mme Pitre-Robin: ... qu'il y a des enfants qui sont là
actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Dans votre mémoire est attachée en
annexe une lettre au ministre des Affaires sociales, en date du 18 septembre
1979. J'avais une question, elle est déjà posée, je vais
la laisser. Je pense que vous faites ressortir à cet effet-là que
votre désaccord avec le budget vient que ça ne s'appuie sur
aucune planification et vient non pas améliorer la qualité des
services actuels, mais simplement augmenter le nombre de services mal
organisés. Mais, en page 3, les améliorations au programme de
subventions pour les garderies servant à des enfants handicapés,
vous dites: "II est stupéfiant de constater que ce programme s'adressant
à des enfants ne s'appuie sur aucun élément de structure."
Pourtant, lors
des consultations, nous avions fait... les garderies avaient fait
connaître au gouvernement leur intention d'intégrer ces enfants,
mais avaient posé des conditions essentielles. Pouvez-vous en parler
davantage et me dire où, à votre point de vue, les choses ne sont
pas satisfaisantes? On peut bien dire qu'on veut faire des choses pour les
handicapés, mais il faut quand même s'assurer de bien les faire
aussi.
Mme Dansereau: En fait, lorsqu'une garderie accepte de prendre un
enfant qui est étiqueté "handicapé", il faudrait pour
commencer définir quel est le handicap et quelle est la profondeur de ce
handicap. Il y a des enfants qui ont un handicap physique, il leur manque un
bras, etc., des choses uniquement physiques, et ces enfants ne demandent pas le
même personnel pour s'en occuper qu'un enfant qui va avoir des
problèmes émotifs, par exemple.
À chaque fois qu'on accepte un enfant qui a des besoins
spéciaux dans la garderie, il faut s'assurer que cet enfant, pour bien
vivre, pour bien s'intégrer au groupe et pour que le groupe l'accepte
aussi, ne vienne pas déranger la vie de la garderie. Donc, il faut
diminuer le groupe dans lequel l'enfant va s'insérer. Pour diminuer le
groupe, il va falloir augmenter le personnel. Il va falloir aussi avoir un
personnel de soutien, il va falloir avoir du support aux éducateurs qui
seront en place. Un enfant qui a des problèmes je ne pourrais pas
vous donner toute la panoplie de problèmes qu'on peut voir...
Mme Lavoie-Roux: Vous ne recevez pas un montant
supplémentaire qui, justement, devrait permettre d'engager du personnel
supplémentaire?
Mme Dansereau: Oui, mais le montant initial de $2500 pour un
enfant ne permet pas de baisser le ratio ou d'augmenter le personnel.
M. Lazure: Je m'excuse, au plan de l'information, cela est
important. Je m'excuse, mais $2500 ce n'est pas un montant initial, c'est un
montant annuel versé pour chaque enfant handicapé, avec un
maximum de 15% par rapport au nombre total de places. Dans une garderie de 30
enfants, ça veut dire cinq enfants au maximum et, à $2500,
ça veut dire $12 500 par année. Cela veut dire le salaire d'une
personne. Donc, parmi les 30 enfants si vous permettez que je finisse
si vous en avez cinq qui sont des enfants handicapés, ça
vous permet d'améliorer le ration en engageant cette personne
additionnelle.
Mme Pitre-Robin: Excepté que, parmi vos 30 enfants, si
vous en avez cinq qui ont des troubles émotifs, même si on abaisse
le ratio de 1/10 à 1/8, vous viendrez voir dans la garderie ce que
ça fait. On a besoin d'un support. Des enfants qui présentent des
problèmes, ce sont des enfants qui présentent des
problèmes. Les éducateurs n'ont pas toujours la compétence
pour répondre aux besoins des enfants qui ont des problèmes. En
même temps... Parce que ça peut être une
variété de problèmes. Les enfants, il n'y en a pas
seulement une sorte. On ne peut pas mettre les inadaptés socio-affectifs
dans un coin et les handicapés moteur dans l'autre coin et, dans
l'autre... Tous ces enfants-là ensemble, cela prend donc des
compétences à tous les niveaux.
La majorité des garderies sont d'accord à prendre, disons,
un enfant, parce qu'elles peuvent l'assumer. Mais un enfant, $2500, cela ne
paie pas un salaire. Cela ne paie rien, finalement.
Mme Lavoie-Roux: Je suis fort sympathique au point de vue que
vous venez d'exprimer. Le ministre des Affaires sociales se rappellera les
ratios, par exemple, avec les enfants qui souffrent de troubles émotifs
sérieux dans des centres comme Sainte-Justine. Elles peuvent avoir de
ces cas.
M. Lazure: Oui, mais, évidemment, tout est dans la
définition d'un handicapé. On ne s'attend pas...
Mme Lavoie-Roux: C'est ce qu'elles ont dit, aussi,
d'ailleurs.
M. Lazure: Oui, tout est là. Nous n'allons pas voir; on
laisse cela au jugement de la direction de la garderie. Vous avez une marge de
manoeuvre importante dans le choix des enfants handicapés.
Mme Dansereau: Vous avez aussi un appât qui est important,
vos $2500. Jusqu'à un certain point, c'est dangereux.
M. Lazure: Ce n'est pas un appât, je m'excuse. Je suis
obligé de relever cela. Les enfants handicapés doivent être
intégrés dans la mesure du possible. Cessez de dire que les
$2500, c'est un appât pour les garderies. Les garderies ont
négligé jusqu'à maintenant les enfants handicapés,
dont plusieurs peuvent être intégrés à des
garderies. Admettez-le. Vous les avez négligés. Mais, sur la rive
sud, vous faites un effort valable actuellement.
Mme Pitre-Robin: Mais la chose importante, seulement, où
notre effort valable accroche, c'est que vous dites que les handicaps peuvent
être légers. Or, quand les handicaps sont légers, les
enfants ne sont pas suivis par des thérapeutes, à
l'extérieur de la garderie, les parents ne les ont pas
étiquetés et, pour que leurs enfants aient droit à cette
subvention, il faut qu'ils aient été déclarés comme
ayant besoin d'un service.
Actuellement, c'est ce qu'on vit, parce qu'il y a une garderie qui l'a
essayé. Le seul moyen qu'on a pour essayer de s'en sortir, c'est
qu'actuellement le DSC de notre région a vécu une
expérience pilote dans une garderie et va tenter de faire
l'identification de certains enfants, parce que, dans les garderies, il ne faut
pas se leurrer, même si les enfants ne sont pas étiquetés,
on a tous des enfants qui ont des problèmes, mais on ne peut pas en
prendre d'autres qui sont étiquetés. On en a déjà
et on n'arrive pas à faire reconnaître ce qu'on a, parce que les
parents
n'ont pas pris la "filière" pour aller voir x intervenants.
Le Président (M. Boucher): II ne nous reste que cinq
minutes...
Mme Lavoie-Roux: De toute façon...
Le Président (M. Boucher):... si M. le
député de Mégantic-Compton veut avoir...
Mme Lavoie-Roux: J'ai fini mes questions. Je veux simplement
signaler j'en aurais beaucoup d'autres, M. le ministre que je
trouve ce mémoire extrêmement intéressant. Je vous remercie
de nous apporter du matériel qui va nous être très utile
je le dis sincèrement au moment des débats
éventuels qui vont arriver et je deviens de plus en plus
sensibilisée à l'aspect peut-être pas très
réaliste de neuf enfants gardés en milieu familial. Je termine
mes commentaires, merci.
M. Lazure: Quand il y a deux adultes. Mme Lavoie-Roux:
Même par deux adultes.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Je suis content que
vous me laissiez la dernière minute.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je suis allée vite,
voyons! Vous pouvez aller plus qu'une minute, voyons donc!
M. Grenier: M. le Président, quand vous avez parlé
tout à l'heure du choix qui devait être fait entre la
qualité et la quantité, j'avais hâte à votre
réponse, puisqu'on est toujours tenté, on fait toujours face, je
pense bien, à ces revendications de gens qui veulent voir étendre
le rayon de plus en plus. J'étais content d'entendre que vous vouliez
d'abord qu'il y ait de la qualité.
Mme Pitre-Robin: On sentait bien qu'on lésait du monde et
cela a un effet important. Dans un choix, dans le pire, qu'est-ce qu'on
prend?
M. Grenier: C'est cela, quand vous avez dit qu'il vaut mieux en
bâtir moins que de faire des enfants tout croches, c'est une expression
qu'on peut retenir. On a vécu cet exemple dans les années
soixante ou en 1961, quand on a décidé, à un moment
donné, que tous les enfants allaient à l'école
jusqu'à 18 ans, alors qu'on savait que, dans le temps, cela devait
être douze ou treize ans je m'excuse, madame, de me rappeler que
c'est seize ans et, à ce moment, il a fallu faire entrer des
professeurs qui ne s'attendaient jamais à faire des professeurs dans
leur vie et on peut se le dire, maintenant que c'est dépassé. Il
y en a qui sont entrés par les fenêtres et cela n'a pas
été la meilleure chose qu'on a faite. On aurait peut-être
dû y aller par étapes aussi, à ce moment. Maintenant, on
rétrograde dans plusieurs secteurs et on fait des garages avec des
écoles. On n'a peut-être pas assez prévu. On est
allé trop rapidement.
Des professeurs qui ont dû se recycler une quinzaine de fois et il
y en a encore qui vont se recycler si ce sont eux qu'on doit utiliser dans les
garderies. Ce n'est pas la meilleure chose qu'on ait faite à ce
moment-là. On peut le voir avec le recul du temps. J'ai
apprécié que vous nous le disiez. Cela nous évite
également, nous, de l'Opposition, de taper trop fort sur le gouvernement
et de dire: Ouvrez-en. Il vaut peut-être mieux stabiliser ce qu'on a et
donner une meilleure qualité à celles qui sont là, quitte
à y aller à petits pas. Comme on le dit souvent, il vaut mieux y
aller à petits pas et ne pas reculer, que d'y aller à grandes
enjambées et être obligés de faire des reculs. Dans un
secteur comme celui-là, c'est sur la qualité de l'enfant qu'on
travaille.
J'ai apprécié votre réponse. On voit que vous
êtes du milieu, parce que vous avez un mémoire joliment bien
étoffé. Ce n'est pas pour vous vanter, mais c'est dommage qu'on
n'ait pas plus de temps à passer sur ce mémoire. Il y a quelque
chose là-dedans, fait par des gens du milieu qui connaissent le sujet
sur lequel ils parlent. C'est intéressant.
À la page 26, vous dites, concernant l'inspection, que le
gouvernement doit "s'assurer que l'office mettra sur pied une structure de
vérification efficace". Vous ne devriez pas avoir de crainte
là-dessus. Quand le gouvernement a une loi entre les mains, il a bien
hâte d'y mettre des fonctionnaires. Je pense bien qu'il va y en avoir un
bon lot. En général, c'est comme cela que cela arrive. Mais
j'aimerais savoir pourquoi vous dites cela à cet endroit? Est-ce que
vous avez des raisons de penser que l'inspection pourrait être mal faite
actuellement?
Mme Pitre-Robin: Rose Mary pourrait peut-être vous dire
combien de fois par année est inspectée une garderie, à
l'heure actuelle.
Mme Schafroth: Je ne pense pas que l'inspection soit mal faite,
quand elle est faite. Jusqu'à présent, le gouvernement n'avait
pas tellement les pouvoirs de fermer ou de garder les portes d'une garderie
ouvertes. Ce qu'il faut faire, c'est justement avoir ces pouvoirs, parce qu'il
y a actuellement des garderies qui méritent d'être fermées.
On a des jeunes enfants et on les met dans des endroits et, finalement, on
prend plus de précautions pour créer un chenil ou pour
créer un endroit où on va mettre des animaux, qu'on n'en prend
actuellement pour placer des enfants.
M. Lazure: Vous êtes presque obligés, selon la loi,
maintenant, de dénoncer de telles situations, ma chère dame. Je
suis sérieux.
Mme Schafroth: On en a fait, des dénonciations. Est-ce
qu'actuellement les garderies qu'on a dénoncées sont
fermées?
M. Lazure: Je ne dis pas que toutes les dénonciations
doivent se rendre jusqu'à mon niveau, mais cela m'intéresse
particulièrement et je vais en
prendre connaissance, si vous en avez fait récemment.
Mme Pitre-Robin: On parlait des inspections. Actuellement, les
garderies, sauf si elles présentent des problèmes cruciaux, ne
sont pas visitées une fois par année. Elles ne sont pas
visitées une fois par année. Il y a des garderies qui n'ont pas
été visitées depuis deux, trois ou quatre ans. On se dit:
Moi, je sens que je donne un bon service, mais je ne vois personne.
Imaginez-vous, si on était croche, ce qui arriverait. Elles ne sont pas
inspectées du tout. On ne répond que pour éteindre un feu.
Si, demain matin, il y a un enfant qui se casse un membre et que le parent fait
une plainte, ils vont aller voir. Ils n'ont pas les moyens. Ce n'est pas tout
de mettre en place un mécanisme, une réglementation, s'il n'y a
personne qui peut aller voir comment cela se passe.
M. Grenier: Vous rappelez tout le problème de l'appareil
gouvernemental. Souvent, l'Opposition s'élève contre le
système de fonctionnaires qui devient trop considérable, cela
alourdit une machine, le système d'inspection. Il se peut que dans un
secteur comme le vôtre, on manque de services de ce
côté-là. On a cela aussi, moins dans les hôpitaux,
mais dans les familles d'accueil ou les centres d'accueil, ce qu'on a mal
appelé les clandestins. C'est par dénonciation qu'on finit par
avoir des inspecteurs qui vont aller y faire un tour. Mais on se rend compte
que cela se résorbe dans ce secteur.
Tout cela revient à la question à laquelle vous avez
répondu tout à l'heure. Si on doit mettre l'accent sur la
qualité, il faut que quelqu'un se charge de faire appliquer cette
qualité. Si on met l'accent sur la qualité, il y a des gens qui
pousseront parce que cela n'ira pas assez vite dans le secteur; voulant ouvrir
d'autres milieux, on fera peut-être face à des problèmes de
clandestinité également dans ce milieu. C'est possible.
Je pense bien que l'avertissement que vous nous donnez à la page
26 suffirait au ministre pour voir à l'application plus adéquate
de ce qu'on se donne.
Aux pages 18 et 20, à la page 20 principalement, cela
m'étonne un peu. Vous dites: "C'est pourquoi l'application du principe
'garderie satellite' est la seule condition." Je pense que si le ministre avait
été dans son ère de monition, profitant du passage du pape
en terre d'Amérique qui s'est fait lui aussi moralisateur hier, je ne
suis pas sûr que ce soit la seule condition. Je pense que vous l'avez
repris tout à l'heure également. Il y a d'autres façons
aussi. C'est un peu ce que vous proposez là, c'est un peu par secteur,
comme un centre d'accueil, par exemple, qui peut avoir des secteurs
privés, des foyers d'hébergement privés, des pavillons.
C'est un peu l'autorité qu'on donne à un centre d'accueil de
"pavillonner", quoique c'est très large et que j'aime la formule du
"pavillonnement". Je l'aime.
Si c'est cela que vous vouliez, un foyer sans but lucratif qui pourrait
"pavillonner", par exemple, ce n'est pas si mal, si c'est cela que vous avez en
vue. Mais, il ne faudrait quand même pas non plus que ce soit une
espèce de monopole que vous vouliez avec cela et dire: C'est nous qui
aurons l'autorité sur les services de garde en famille, parce que, pour
ma part, après la cellule familiale, l'autre étape, c'est le
service de garde en famille auquel je crois le plus, parce que c'est encore ce
qui ressemble le plus à la famille. (11 h 30)
Mme Pitre-Robin: On ne dit pas seulement la garderie, c'est une
garderie par son expérience et sa compétence qui peut voir, mieux
juger les besoins des enfants de groupes, parce que peu importe que ce soit en
milieu familial, l'enfant est sorti de sa famille et les besoins d'un enfant
qui n'est pas dans sa famille sont différents de celui qui est dans sa
famille. On n'a pas une longue expérience au Québec comme
ailleurs des groupes d'enfants. La garderie commence à en avoir une.
Cela fait un bout de temps qu'elle travaille avec cela. Je pense que c'est la
compétence qui peut dire quels sont ses besoins. Elle peut aussi
être un support drôlement important. Cela peut être facile
pour un organisme quelconque qui dira: On va vous en ouvrir. On vous trouve dix
familles. Envoyez-nous l'argent. Cela fera cinquante enfants, donc $50 par
jour. On va s'organiser avec cela. Même si la personne est toute seule
pour superviser, de là à organiser tout un service, être un
support et apporter les ressources, les moyens, et voir ce qui se passe dans le
milieu, je pense que cela prend plus d'un individu isolé. H va falloir
regrouper les individus isolés dans d'autres groupes, encore, cela
remonte... C'est pour cela qu'on pense que la garderie, c'est un milieu qui
peut déjà être un support, parce que, comme on le dit,
même les gens qui sont contre, sont au moins d'accord avec cela, quand
elle existe, il faut qu'elle ait un support extérieur. Il ne faut pas
qu'elle soit isolée à la garde.
M. Grenier: D'accord.
Mme Pitre-Robin: C'est le moyen qu'on a trouvé. En tout
cas, il me semble que ce serait peut-être le moyen à essayer.
C'est ce qu'on propose et, dans un an, on s'en reparlera. On verra à
l'expérience et on pourra en discuter, mais je pense que c'est à
essayer.
M. Grenier: Merci. Le chiffre qu'on défend, depuis le
début de la commission, d'une famille de neuf enfants avec deux
personnes pour superviser, vous semble-t-il discutable? Trouvez-vous que cela
peut être inacceptable?
Mme Pitre-Robin: II est inacceptable, il n'est pas discutable.
Premièrement, savez-vous ce que cela veut dire neuf enfants d'âge
préscolaire dans une maison unifamiliale, même au niveau physique,
même s'il y a un deuxième adulte?
M. Grenier: Madame, je peux vous dire une chose, c'est qu'on
parle souvent dans les corridors peut-être que cela ne se dit pas
ici de familles de neuf ou dix enfants et que les parents pouvaient les
élever. Il faut bien se rappeler que les enfants n'avaient pas tous le
même âge, par exemple, et qu'il y en a plusieurs qui aidaient
la
mère à ce moment-là, qui étaient de bons
collaborateurs. C'est bien sûr que ce ne sont pas des comparaisons qu'on
peut faire, mais je vais vous passer les deux miens pendant une semaine
à 35 heures et vous allez peut-être trouver que deux, c'est assez
pour une personne. Ils ne sont pas pires que d'autres, mais ils ne sont pas
mieux non plus. Quand ils vont courir le chat avec le pot de sirop, vous direz,
après 35 heures: J'en ai assez.
M. Lavigne: ... père.
M. Grenier: Vous dites qu'il pourrait y avoir un conflit sur la
définition de la petite enfance. J'aimerais que vous nous disiez, pour
le besoin de la loi ce sera ma dernière question, parce qu'il
faut faire vite comment vous définissez la petite enfance.
Mme Dansereau: Pour nous, la petite enfance, c'est la
période dans la vie d'un humain qui s'échelonne de sa naissance
à son entrée à l'école. On sait qu'actuellement un
enfant qui entre à l'école à six ans et qui tombe sous la
loi du ministère de l'Éducation est pris en main par le
ministère de l'Éducation qui lui offre des services, tandis que
le jeune enfant entre zéro et six ans est pris en main uniquement par
ses parents. Dans la conjoncture actuelle et de la façon dont on
fonctionne maintenant dans notre société, les parents sont
finalement démunis, ils sont seuls pour répondre à tous
les besoins de leur enfant. Je pense qu'il est urgent qu'on accorde aux enfants
d'âge préscolaire entre zéro et six ans le droit de vivre
et d'être des citoyens à part entière. Qu'on se penche
assez sur eux pour former un personnel compétent qui va s'en occuper.
C'est pour cela que dans notre document sur la formation, on exige que les
universités se penchent sur le problème et mettent sur pied des
cours de formation d'éducateurs de la petite enfance pour qu'on cesse de
mettre auprès de ces enfants-là des enseignants qui sont, quant
à nous, des techniciens de l'enseignement, qui ne sont pas des
éducateurs. On voudrait qu'il y ait encore des éducateurs, mais
je pense qu'ils n'en sont pas actuellement. Je pense qu'il faut des
éducateurs de la petite enfance pour s'occuper de cette
clientèle-là.
Mme Pitre-Robin: La raison pour laquelle on inclut cela ici,
spécifique à la Loi de l'instruction publique, c'est qu'on ne
veut plus voir nos enfants en garderie qui ont cinq ans, parce qu'en principe,
ils ont droit à la maternelle. Ils viennent à la garderie le
matin, ils partent de la garderie pour aller à la maternelle et ils
reviennent ensuite à la garderie. On ne fait pas faire à des
enfants ce qu'on ne fait pas à des adultes. Faire le transport
continuel, s'adapter à de nouvelles gens, des programmes
d'activités différents, pauvres petits... On ne veut plus voir
cela. Je pense qu'il faut régler cela.
La garderie est éducative. Tout le monde s'accorde à dire
qu'il n'y a pas de souci au niveau de sa qualité. Si elle est
éducative, l'enfant n'a pas besoin d'aller prendre un service
éducatif au ministère de l'Éducation. Je pense que la
garderie lui donne son service éducatif et elle lui fait sa
socialisation. Il n'a pas besoin de la maternelle en plus. C'est à ce
niveau-là qu'on l'a inclus, parce qu'on trouve que c'est important pour
nos petits qui se promènent.
M. Grenier: Y a-t-il des chances que la définition que
vous nous donnez de la petite enfance soit celle qui colle le plus à la
réalité, bien sûr, mais aussi à celle que le
gouvernement pourrait nous donner dans une loi?
Mme Pitre-Robin: Vous demanderez au gouvernement ce qu'il en
pense.
M. Grenier: II ne nous le dit pas. Je veux vous remercier.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Mégantic-Compton. M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Deux questions très brèves.
Le Président (M. Boucher): Vous remarquerez que nous avons
dépassé le temps d'au-delà de dix minutes. Si vous voulez
y aller d'une courte question.
M. Paquette: Deux questions très brèves, M. le
Président. Vous avez mentionné tantôt, en proposant que les
conseils d'administration des garderies sans but lucratif soient
modifiés, le danger de conflit d'intérêts entre les parents
payeurs de salaires et les parents usagers de la garderie. C'est drôle,
moi, je ne vois pas de conflit d'intérêts là-dedans. Mais
je me demande si le problème ne vient pas du fait que les travailleurs
des garderies ne sont pas regroupés pour fins de négociation de
leurs conditions de travail. Est-ce que, dans vos garderies, il y a un effort
de fait de ce côté-là?
Mme Pitre-Robin: Savez-vous ce que cela voudrait dire, au niveau
des salaires, si, demain matin, on syndiquait le monde des garderies?
Pensez-vous que les parents sont capables de payer ce que cela
représente? Cela veut dire que nos travailleurs qui gagnent environ $150
par semaine actuellement, s'ils suivent l'échelle du ministère
des Affaires sociales, augmentent d'au moins $100 par semaine. Cela, c'est en
même temps que leurs 25 heures plutôt que 35 heures. Les parents ne
peuvent pas payer cela. Ils sont déjà à $50 et ils ne
peuvent plus. Cela prend des salaires spéciaux et particuliers pour
pouvoir assumer $50 par semaine pour chacun de ces petits à la garderie.
C'est une portion importante. On n'a pas fait l'analyse selon les financiers,
à savoir quelle est la partie du revenu ordinaire d'un parent...
D'habitude on dit: C'est tant pour le loyer et tant pour l'alimentation. Je ne
sais pas quelle
est la partie officielle pour la garde d'un enfant. Mais, $50, c'est
trop en tout cas. Ils sont pris avec cela, car $50, cela correspond tout juste
aux coûts et aux salaires qu'ils font là en ce moment, avec les
locaux qui sont là et les conditions qui sont là. Ils ne peuvent
pas payer plus.
Mme Dansereau: II y a un autre aspect, c'est le fait que le
conseil d'administration est composé d'une majorité de parents.
Ces parents-là passent. Ils sont là un an. C'est très rare
qu'un parent reste deux ans au même conseil d'administration. Souvent la
garderie ouvre avec un certain conseil d'administration qui a travaillé
à son implantation et, finalement, quand les parents n'ont plus besoin
de ce service, il est remplacé par un autre groupe de parents qui peut
voir la garderie d'une autre façon et vouloir la
réaménager à la façon qui correspondrait le plus
à ses objectifs. La responsable des garderies qui, en fait, en assure la
stabilité est toujours exposée à voir chambarder sa
garderie, puisque les parents y ont la majorité. Ils peuvent
décider de ce qu'ils veulent faire ou s'en aller. Dans le courant de
l'année dernière, dans notre région, il y a au moins trois
responsables de garderies qui ont quitté. Elles ont quitté parce
qu'elles ne pouvaient plus vivre ce conflit. C'était impossible. On ne
peut pas chambarder à tout bout de champ une garderie pour venir
à bout de répondre aux besoins de ces parents. Il y a un manque
de modalités. Je pense qu'il faut que cela soit structuré, que ce
soit rodé d'une certaine façon, mais il faut aussi que cela soit
modifié.
M. Paquette: D'accord. L'autre question concerne le support
technique à l'implantation des garderies. On a très bien mis en
évidence le problème tantôt. Ne pensez-vous pas que ce
serait justement au regroupement de garderies à assurer ce support
technique dans l'implantation de nouvelles garderies. Je pense un peu à
un système comme celui qu'on a mis sur pied pour l'implantation de
coopératives dans le domaine de l'habitation. Le gouvernement du
Québec subventionne des organismes sans but lucratif dont le rôle
est de supporter l'implantation des coopératives d'habitation. Je sais
qu'actuellement, je pense, le ministère subventionne le regroupement des
garderies sans but lucratif. Maintenant, je ne sais pas si vous voyez là
vraiment ce support à l'implantation de ce côté-là
ou si vous le voyez ailleurs.
Mme Pitre-Robin: Nous, on le fait un peu dans notre région
au niveau du centre quand il s'agit d'implantation. Cependant, même si on
pense qu'on fait des affaires, on sait aussi qu'on n'a pas de diplôme en
architecture. On n'a pas de diplôme en toutes sortes de choses pour dire:
Vous, vous êtes un parent peut-être. Demain matin, vous êtes
un groupe qui allez mettre sur pied une nouvelle garderie. Est-ce que vous
savez physiquement la bâtisse que ça prend, l'aménagement
que ça prend, le personnel, ses compétences? Vous vous retrouvez,
demain, à penser à tout ça, à planifier tout
ça, embaucher les gens, louer les locaux, faire préparer les
aménagements. Les parents ne peuvent pas avoir cette compétence.
On ne peut pas être compétent en tout. On peut être
compétent vis-à-vis de nos enfants. Notre maison, on la planifie,
mais les services de groupes, c'est autre chose.
M. Lazure: Un petit complément d'information
intéressant, je pense. On est en train de finir le plan d'un
modèle de maison, de bâtiment pour une garderie, comme on a fait
pour les centres d'accueil de personnes âgées. Ce sera à la
disposition de tous les ménages qui veulent créer ou mettre sur
pied une garderie. Mais j'ajoute aussi qu'avec les nouvelles subventions de
démarrage il y a maintenant des garderies, toutes nouvelles, qui
achètent ou qui font construire, avec les $12 000, qui donnent un
premier paiement...
Mme Pitre-Robin: Combien cela coûte-t-il pour ouvrir un
CLSC ou prendre une école désaffectée pour en faire un
CLSC? On aimerait juste ça, un jour, qu'on mette ça côte
à côte. Ce sont des adultes qui vont dans les CLSC.
M. Lazure: Mais vous savez que seulement sur l'île de
Montréal rappelez-vous ce qu'on a entendu hier il y a 19
garderies qui sont dans des anciens locaux scolaires.
Mme Pitre-Robin: Oui, mais on n'a pas dit que c'étaient
les locaux idéaux encore.
M. Lazure: Ah bien! Je vous dis qu'on est en train de faire un
modèle.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, M. le ministre, ce n'est pas
un blâme que je vous fais, et je le sais de ma propre expérience,
j'oublie le nom de l'école, mais je sais où elle est
située à peu près. Alors que, pour les maternelles, on
dit: Vous devez être au rez-de-chaussée et vous devez être
à telle place, les garderies se trouvent occasionnellement dans des
locaux loués dans des deuxième ou troisième étages
d'édifices parce qu'elles se sont retrouvées là où
il y avait des espaces libres.
Mme Pitre-Robin: Nous, on peut apporter un exemple justement dans
Chambly. Vous connaissez même l'endroit. La garderie de Chambly,
l'école désaffectée qui était là. Personne
n'en voulait. Même les gens qui devaient installer là un groupe
d'adolescents ont refusé en disant: Le prix que ça coûtera
pour faire quelque chose de logique et de viable, c'est impossible; la
commission scolaire n'a jamais accepté les coûts. La garderie,
elle, a pu s'organiser avec les moyens du bord, avec des parents qui ne
coûtaient pas cher, avec du monde comme elle pouvait...
M. Lazure:... passé, parce que je connais bien cette
garderie. Je la visite régulièrement, plus souvent que vous le
faites...
Mme Pitre-Robin: Nous aussi.
M. Lazure: ... et elle est au rez-de-chaussée, au premier
étage et les locaux sont très convenables. Je pense qu'on peut
aller trop loin dans cette attitude un peu élitiste de toujours invoquer
la qualité, autant au plan physique qu'au plan du personnel, presque aux
dépens d'un service minimal et priver, de cette façon, avec de
tels critères, un bon nombre de familles du service. Je pense qu'on peut
aller un peu trop loin, dans l'attitude que vous prenez, d'un souci de
qualité à tout prix, aux dépens du service...
Mme Pitre-Robin: On ne peut jamais aller trop loin...
M. Lazure: ... minimal.
Mme Pitre-Robin: ... dans un souci de qualité,
auprès d'enfants d'âge préscolaire. On ne peut jamais aller
trop loin, quand même, dans... Ce sont nos petits. C'est notre avenir et
ce sont eux qui vont nous organiser, demain matin.
M. Lazure: Ce sont les nôtres aussi.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission... Je regrette, est-ce que vous voulez...
Mme Schafroth: Je voudrais simplement poser une question. Je
voudrais savoir si, dans les mécanismes de subventions accordées
aux nouvelles garderies, on a pensé aux garderies qui existent et
qu'elles aussi pourront améliorer leurs services physiques, par exemple.
Est-ce qu'on aura le moyen d'aller récupérer les sommes...
M. Lazure: Oui.
Mme Schafroth: ... les différentes...
M. Lazure: Oui, j'ai dit hier que c'est, pour autant que je suis
concerné, la priorité maintenant et, dans les quelques mois qui
viennent, on va pouvoir améliorer les subventions de renouvellement
d'équipements, par exemple, qu'on a commencées l'an passé
et qui sont insuffisantes. On va les améliorer dans quelques mois.
Mme Schafroth: On n'y a pas touché encore, de toute
façon.
Mme Pitre-Robin: Non, après un an, ils n'ont pas encore
reçu les $40 par enfant. Cela fait un an que c'est annoncé.
M. Lazure: Est-ce qu'ils les ont demandés?
Mme Pitre-Robin: Ah bien, à maintes reprises! On vous a
même écrit une lettre à ce sujet, M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: Ah! M. le ministre! M. le ministre!
M. Grenier: Ah!
Mme Lavoie-Roux: Hein, M. le ministre! Cela, c'est la
conférence de presse d'octobre 1978.
M. Lazure: M. Angers me dit que les chèques sont en train
d'être émis, là. Soyez patients!
Mme Schafroth: C'est ce qu'on nous dit depuis six mois.
M. Grenier: ...
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie...
Mme Lavoie-Roux: ... les conférences de presse pour les
annoncer plusieurs fois.
Mme Schafroth: ...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
Une voix: De cette façon, cela fait beaucoup de millions.
(11 h 45)
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! Au nom
des membres de la commission, je remercie le Regroupement des garderies de la
région 6C.
J'invite l'Association des garderies de la région 04.
Si vous voulez vous identifier et identifier la personne qui est avec
vous.
Association des garderies de la région
04
Mme Monville-Sauvage (Françoise): M. le Président,
M. le ministre, mesdames et messieurs les députés, bonjour. Je
suis Françoise Monville-Sauvage, présidente de l'Association des
garderies de la région 04, accompagnée de Gisèle
Pelletier, vice-présidente de la même association.
Je voudrais d'abord m'excuser pour avoir adressé ce
mémoire au ministre Lazure, alors que nous aurions dû l'adresser
à la commission parlementaire; c'est dû à notre
inexpérience. Quand nous reviendrons, nous améliorerons notre
couverture.
Lorsque nous nous sommes réunis pour étudier lavant-projet
de loi, avant même d'étudier les articles, il nous est apparu
important de nous situer, de situer ce que nous attendions d'un service de
garde. C'était quoi, pour nous, un service de garde? Nous en avons
tiré une définition. C'est un milieu éducatif auquel
l'enfant a droit le ministère de l'Éducation va vouloir
rectifier cela, mais c'est quand même un milieu éducatif
avec un personnel qualifié qui offre un programme pédagogique
d'activités adapté aux besoins de l'enfant. C'est un milieu de
sociabilisation avec un environnement adapté et sécuritaire, un
matériel éducatif adéquat. C'est un milieu
de vie contrôlé, stable, qui suscite la
participation des parents, tant sur le plan des activités, de
l'éducation que des décisions administratives.
Partant de cela, qui a fait notre consensus
c'était vraiment la définition que nous adoptions tous à
l'association nous avons pu étudier l'avant-projet de loi.
L'Association des garderies de la région 04 veut une
loi qui garantisse aux parents qui utilisent les services de garde la
qualité de vie de leur enfant. C'est pourquoi nous avons commencé
l'étude en analysant les articles et en voyant, suivant les
différents services de garde, quels étaient les articles qui
allaient défendre, protéger ou négliger ces objectifs.
Nous n'avons pas élaboré sur la
halte-garderie, bien que, étant ici depuis deux jours, on
s'aperçoit qu'elle a besoin d'une définition. Notre vision de la
halte-garderie, c'est peut-être un service temporaire, comme il peut
exister dans un centre d'achat, comme il peut exister lors de congrès.
Il apparaît que ça pourrait être plus que cela, et il serait
peut-être bon, aussi, que la halte-garderie soit définie comme
telle. Il nous apparaissait aussi que la halte-garderie n'avait pas droit,
jusqu'à maintenant, dans la politique du gouvernement, à des
subventions. C'était vraiment un service temporaire donné pour
une raison temporaire. C'est pour cela que nous n'en avons pas
parlé.
Nous n'avons pas parlé non plus de la garde
post-scolaire. Cela nous a paru un très gros bateau, vu le temps qu'on
avait. Nous avons aussi estimé qu'elle faisait partie intégrante
des services que le ministère de l'Éducation doit offrir, de la
même façon qu'il offre le service à midi. On estime que
ça fait partie de ses responsabilités de tenir compte des besoins
de sa clientèle. De même qu'il assure le transport, de même
qu'il assure le service à midi, il devrait être responsable aussi
de la garde des enfants, la garde post-scolaire. Nous n'en tiendrons donc pas
compte.
Nous retiendrons donc, aux fins de cette étude, la
garderie déjà existante, mais à l'état embryonnaire
dans son organisation globale, et la garde en milieu familial, la grande
nouveauté de l'avant-projet de loi. Nous avons comparé les
articles, et nous nous sommes aperçus, à notre grande surprise,
qu'il y avait des divergences assez importantes dans ce que les articles de loi
prévoyaient pour le service de garde en garderie et en milieu familial.
Ainsi, à l'article 32, le principe de la garderie 24 heures sur 24 est
rejeté. L'article 34, qui définit la garde en milieu familial,
n'en fait pas mention. On peut donc penser qu'elle n'est pas rejetée. Il
y a donc là matière à penser si, en milieu familial, on
pourra garder 24 heures sur 24? La loi ne se prononce pas là-dessus.
À l'article 35, on parle du permis et on explique les
modalités pour son obtention. Pour un permis de garderie, on indique sa
classe, c'est-à-dire qu'on indique l'âge des enfants qui vont
pouvoir être reçus dans la garderie. On indique aussi le nombre
d'enfants. Pour la garde en milieu familial, il n'y a aucune indication pour
l'agence quant au nombre de familles qu'elle va pouvoir recruter, quant
à l'âge des enfants.
À l'article 41, on s'étend
énormément et de façon très sévère
sur le contrôle de l'aménagement, de l'équipement et de
l'ameublement de la garderie. Aucun article ne parle de ça en milieu
familial.
Ce qui nous a le plus surpris, étonnés et
peut-être même indignés, c'est l'article 43, paragraphe 3,
et l'article 47. Tous les deux ont pour objet de prévoir des mesures qui
donnent à l'office le pouvoir de suspendre, d'annuler ou de refuser un
permis et différents points peuvent permettre ces pouvoirs-là. On
voit au paragraphe 3 de l'article 43 et au paragraphe 2 de l'article 47 que le
gouvernement peut donc suspendre, annuler ou refuser un permis lorsque la
santé, la sécurité ou le bien-être des enfants qui
reçoivent des services de garde en garderie sont menacés.
Aucun article de loi ne statue sur les représailles
possibles lorsque la santé, la sécurité ou le
bien-être des enfants sont menacés en garde familiale.
L'article 45, c'est l'article sur le dossier qui nous
paraît avoir tant de détails qu'on a peine à imaginer que
c'est juste un dossier où apparaîtraient le nom de l'enfant et des
notions aussi anodines; de toute façon, il n'est pas exigé pour
le milieu familial non plus. Donc, seul l'enfant en garderie à travers
l'avant-projet de loi a un dossier.
Nous avons donc identifié dans ce projet de loi des
exigences différentes suivant qu'il s'agit de l'un ou l'autre
système de garde et nous dénonçons la partialité de
ces articles de loi cités précédemment.
Nous ne sommes pas d'accord avec la garde en milieu
familial pour des périodes excédant 24 heures, telle que la garde
en milieu familial est définie dans cet avant-projet.
Nous dénonçons le fait qu'on stipule le
contenu du permis uniquement pour la garderie, que la qualité de
l'environnement est exigée uniquement pour la garderie et que la
santé, la sécurité et le bien-être des enfants sont
protégés uniquement en garderie, ce qui revient à dire que
seul l'enfant en garderie est protégé par la loi.
À l'article 46, seul l'enfant en garderie a besoin
d'un dossier; donc, seul l'enfant en garderie a besoin d'un suivi.
Après avoir étudié les articles de la
loi, nous sommes restés très sceptiques sur les services de garde
en milieu familial. Beaucoup de points d'interrogation ont été
soulevés sur ce service, à savoir comment il allait s'organiser
et comment il allait pouvoir répondre à la qualité et
à la définition que vous en donnez au début. Alors, on a
repris des comparaisons très pratiques, qu'on veut vous soumettre pour
les laisser à votre bon entendement et que vous puissiez y
réfléchir comme nous l'avons fait.
Voilà quelques exemples, il y en a bien d'autres,
des meilleurs, des moins bons, mais la garde en milieu familial suscite, je
pense, beaucoup de points d'interrogation.
En garderie, on exige toujours deux personnes sur les lieux
en cas d'accident. L'exigera-t-on en milieu familial?
En garderie, l'espace extérieur doit être
clôturé. L'exigera-t-on en milieu familial?
En garderie, par souci d'hygiène, on refuse les tapis,
l'exigera-t-on en milieu familial?
Le ministère du Travail nous donne un permis, après avoir
exigé des sorties de secours, des escaliers extérieurs, etc. Le
ministère du Travail fera-t-il enquête sur les mesures de
sécurité en milieu familial?
Le ministère de l'Agriculture vient enquêter sur
l'état de nos cuisines, la température de nos frigidaires, la
salubrité des lieux. Le ministère de l'Agriculture fera-t-il
enquête sur l'hygiène de la cuisine en milieu familial? Qui
veillera à la qualité de l'alimentation? Qui veillera à la
qualité de la relation avec l'enfant?
M. Grenier: Des tomates carrées!
Mme Monville-Sauvage: Qui veillera à la qualité des
programmes d'activités? Qui sera responsable en cas d'accident? Qui
prendra les assurances? Qui contrôlera la répartition du temps de
la cuisinière, éducatrice, infirmière, femme de
ménage, comptable et j'en passe, que sera, par la force des choses,
cette femme multidisciplinaire?
Qu'arrivera-t-il lorsque la famille d'accueil sera jugée
incompétente? On s'est posé cette question également. Il
faudra changer les enfants de maison. L'impact social dans un petit village
sera énorme. Autant dire que cette solution sera la dernière
extrémité, et tant pis pour les enfants.
Si l'agence est incompétente, mais que certaines de ses familles
offrent un bon service, que se passera-t-il? Si on suspend un permis de
l'agence, suspendra-t-on le service des familles? L'agence se trouve en conflit
d'intérêts, puisqu'elle recevra un montant d'argent par enfant
placé. Elle a donc avantage à placer le plus d'enfants possible,
quelles que soient les qualités des familles et le support qu'elle est
à même d'offrir, puisque rien ne le stipule dans son permis.
Cela fait déjà un petit bout de temps qu'on parle de la
garde en milieu familial et quand on parlait avec des représentants des
services de garderie, ils nous donnaient toujours l'argument: C'est pour les
milieux ruraux, c'est pour les milieux semi-ruraux. Mais dans l'avant-projet de
loi, il n'y a jamais mention que cela va s'adresser aux milieux ruraux et
semi-ruraux.
Il me semble que dans les régions éloignées, on est
quand même capable de regrouper dix enfants. Les éducateurs et les
éducatrices n'auraient pas leur propre ménage à faire dans
cette garderie de dix enfants. Ils iraient travailler ailleurs, en laissant
leurs soucis et leur organisation familiale en dehors de leur travail.
Je voudrais aussi vous faire quelques remarques sur la garderie. Il a
été mentionné que la garderie était beaucoup plus
accessible aux familles qu'avant, parce que beaucoup plus de familles pouvaient
se prévaloir du plan Bacon, tel qu'il est maintenant.
Je pense, en tout cas, que dans notre région, si on a plus de
parents qui ont droit à des subventions, c'est non pas parce que les
subventions ont été améliorées. C'est plutôt
parce qu'on y a entraîné une clientèle réellement
à faible revenu. Les cas où l'enfant est subventionné en
partie, qu'il a $5, $4, $3, sont rares. En général, nous avons
des enfants subventionnés au maximum de la subvention. Alors, cela nous
fait dire que pour la famille moyenne, la famille qui a un revenu
limité, la garderie n'est pas plus accessible qu'avant.
Avant, quand l'enfant était inscrit à la garderie, le plan
Bacon payait pour toute la semaine et il prévoyait des subventions pour
la semaine. Il y a eu une restriction à ce plan Bacon. Le plan Bacon
paie pour les jours de présence effective. Là, il y aurait
matière à discussion. C'est peut-être la difficulté
d'un budget de garderie en partie, c'est que nous sommes toujours à la
merci de la présence ou de la non-présence des enfants.
Autrefois, le plan Bacon payait à la semaine. Maintenant, c'est
à la présence. Nous sommes à la merci d'une grippe, d'une
rougeole, de "ma tante" qui est venue en visite pour quinze jours à la
maison.
Je pense qu'il faudrait aussi faire le point concernant la garderie. On
a beaucoup parlé, on a mis l'accent sur le fait que la garderie pouvait
dépanner les gens à la journée, ou de temps en temps ou
occasionnellement. (12 heures)
Nous sommes contre cette idée. Nous trouvons que la garderie doit
être un milieu stable de vie. Ce n'est pas un milieu où on
amène l'enfant une fois de temps en temps. C'est un milieu qui est fait
pour les enfants qui viennent régulièrement. Quand la personne a
besoin d'un service de garde une fois de temps en temps, nous pensons que c'est
réservé au système de la gardienne ou du gardien qui vient
à domicile. La garderie, ce n'est pas fait pour la maman qui va
magasiner un après-midi par semaine. Cela va peut-être
dépanner le parent, mais cela ne va pas aider l'enfant. L'enfant en
garderie doit avoir une vie stable. Il doit avoir une identification à
un groupe stable, à une éducatrice.
Nous voudrions faire cette distinction. Le dépannage
momentané, pour une activité de loisir, ce devrait être des
gardiens et des gardiennes. La garderie devrait être un milieu stable de
vie.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous pourriez
accélérer, étant donné qu'il ne reste que cinq ou
six minutes?
Mme Monville-Sauvage: Je déplore, M. le Président,
que de vieux routiers comme vous n'ayez pas mis, au départ de la
commission parlementaire, des conditions de temps, ce qui autorise certains
organismes à avoir trois heures, sans restriction, alors que l'on presse
d'autres organismes, en les énervant, alors que tout le monde a
travaillé de la même façon à préparer son
mémoire, y a mis du temps et attend ici depuis deux ou trois jours. Je
trouve cela extrêmement déplorable. Si vous vouliez mettre une
limite de temps, il fallait la définir au début de la commission
parlementaire. À partir du moment où vous avez accepté un
laps de temps inégal pour tout le monde, je trouve
qu'il faut aller jusqu'au bout de ce raisonnement, de cette
acception.
Vous venez de me dire cela, je suis tout énervée, je ne
sais plus quoi dire, j'ai perdu mes moyens. Et tout le monde l'a vécu de
cette façon. Je trouve que c'est injuste. De vieux habitués comme
vous autres, vous le savez, vous le vivez chaque fois.
Le Président (M. Boucher): Nous nous sommes entendus au
début de la commission, à savoir qu'il y avait 20 minutes par
intervenant. Et, à partir de ce moment-là, on avait dit qu'on
serait très souple. Mais on constate qu'on a dépassé
largement cette norme qu'on s'était fixée au début et que,
compte tenu des organismes qui ont été convoqués et qui
ont dû revenir un autre jour, à ce moment-là, on a dit
qu'il fallait peut-être accélérer et s'autodiscipliner un
peu plus, pour pouvoir entendre les organismes qui ont été
convoqués pour aujourd'hui et qui devront peut-être revenir
demain.
M. Lazure: M. le Président, juste une remarque. Il faut
aussi comprendre que c'est un peu une coutume. Lors de la première
journée et de la deuxième journée, jusqu'à un
certain point, les commissions parlementaires sont plus tolérantes pour
la période de temps qui est allouée aux groupes. C'est normal,
puisque, rendu au troisième ou au quatrième jour, il y a
inévitablement des répétitions, surtout lorsque les gens
qui présentent un mémoire le troisième ou le
quatrième jour ont assisté à toutes les autres auditions.
Je pense qu'il est normal qu'on n'ait pas à reposer les mêmes
questions que celles qu'on a posées la veille ou l'avant-veille. C'est
un phénomène assez naturel. Il ne faut pas y voir là un
désir de vous brimer.
Mme Monville-Sauvage: Je pense que c'est normal de respecter une
égalité pour tout le monde; il ne faut pas faire le jeu de deux
poids, deux mesures. Même si on a répété les
mêmes choses, les personnes qui ont présenté un
mémoire et qui y ont travaillé tiennent à le
présenter.
M. Lazure: Tous les mémoires sont inscrits au journal des
Débats, même s'ils ne sont pas lus en entier. Dans toutes les
commissions parlementaires, il arrive souvent qu'un mémoire ne soit pas
lu en entier. Cela laisse encore plus de temps pour l'échange. Vous
pouvez être assuré cependant que le mémoire est
annexé au journal des Débats.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais ajouter à ce qu'a dit le
ministre; tous vos mémoires sont inscrits. Quand on en fait
l'étude pour une deuxième lecture ou autre, on s'y
réfère. C'est notre cas à nous et je suis sûre que
c'est le cas des autres députés. Il est vrai que les travaux
s'accélèrent un peu, compte tenu des répétitions.
C'est quand même une réalité, je ne peux pas le nier.
Cependant et je tiens à le dire chaque fois et le
ministre en conviendra; hier soir, je lui ai signalé je pense
qu'on en fait venir trop pour demain. J'étais prête à lui
dire: On va essayer de se discipliner. C'est le défaut des commissions
parlementaires. Quand vous faites allusion aux vieux routiers des commissions
parlementaires, c'est un fait que, chaque jour, on en fait venir un trop grand
nombre. C'est tout ce que je voulais dire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Très brièvement, c'est une chicane qui
vient chaque fois qu'on a une commission parlementaire.
Une voix: Une chicane de famille.
M. Grenier: C'est une chicane qui arrive toujours la
deuxième ou troisième journée. On ne prendra pas des
heures pour en discuter. C'est toujours pénible pour les gens qui ne
sont pas invités au début, qui ne sont pas parmi les premiers,
les deux ou trois premières journées. Je reprends les propos du
ministre et du député de L'Acadie. Il y a des choses qui nous
reviennent, mais c'est assez extraordinaire de voir que, même sur 25 ou
30 documents qu'on aura, il y a toujours des choses originales dans chacun des
documents qu'il nous fait chaud d'entendre. Je pense qu'on devrait, par
exemple, être honnête avec les gens et leur dire, dès le
début: Ce sera une heure et pas plus. Il est sûr que les membres
de la commission sont un peu perdants, parce qu'il y a des dossiers qui
méritent plus d'attention que d'autres, c'est sûr. Il y a des gens
qui sont venus s'exprimer en commission parlementaire sur la loi 101 qui ne
représentaient aucun groupement, qui se représentaient
eux-mêmes. Il fallait les entendre deux heures de temps. Ils ne
représentaient personne au Québec. Avec tout le sérieux
qu'on semblait leur donner, ils venaient nous dire pendant deux heures, par
exemple, qu'il faut foutre à la porte du Québec tous les Anglais.
Il fallait entendre cela et faire semblant que c'était sérieux.
Mais quand des associations comme les vôtres arrivent, on ne leur donne
pas le temps qu'il faut. Avec 25 ou 30 documents comme les vôtres, on
finit par avoir quasiment toute l'information. C'est pénible pour des
gens, la deuxième ou troisième journée, mais, encore une
fois, vous avez raison de nous faire un reproche, pour qu'on finisse par
s'entendre à la troisième journée. Cela servira
peut-être d'exemple. On a un bon président, je peux vous dire
cela. Ce n'est pas un vieux routier, il vient d'arriver ici, il y a deux ou
trois ans, mais c'est un excellent président. Si on pouvait faire un
reproche à la présidence, ce serait de lui demander
d'établir la première journée ce qu'on a établi ce
matin. Même si on a beaucoup moins d'information, quand on arrive, comme
membre de la commission, on l'apprendra tout de même au cours de la
commission. Vous aviez raison de vous opposer.
Le Président (M. Boucher): Allez-y, madame. Essayez de
compléter le plus rapidement possible, dans les délais qu'on
s'est fixés, pour qu'au moins on ne dépasse pas ces délais
exagérément.
Mme Monville-Sauvage: Je vais essayer d'être rapide. Tel
que l'avant-projet de loi est présenté, nous estimons donc
qu'à travers les articles il y a deux poids, deux mesures pour les
différents services de garde.
L'Association des garderies de la région 04 exige que la loi et
que les normes qui identifient les conditions indispensables à la
qualité de vie de l'enfant soient identiques, quel que soit le mode du
service de garde, pour respecter les objectifs tels qu'ils ont
été élaborés par le service des garderies. Je vous
fais grâce de la lecture. Vous pourrez le lire, c'est extrêmement
bien fait par le service des garderies, les objectifs de garde.
En ayant lu ces objectifs-là, il nous est apparu évident
que la garde en milieu familial ne peut pas répondre en pratique
à tous ces objectifs. Étant donné que ce système
ouvre la porte aux abus, étant donné que la garde en milieu
familial n'offre pas de garanties suffisantes quant à la santé,
à la sécurité et au bien-être des enfants,
l'Association des garderies de la région 04 rejette la garde en milieu
familial et vous demande de ne pas cautionner par une loi un système
incontrôlable et ce à l'unanimité des
délégués de garderies réunis en journées
d'étude.
La composition de l'office. Nous autres, nous voudrions que tous les
membres de l'office, y compris le président, aient une expérience
directe et pertinente dans le milieu de garde, ce qui n'était pas
spécifié.
Nous rejetons l'article 5, un membre qui serait un commissaire ou un
syndic d'école. On estime que si jamais il y a décentralisation,
il pourrait être choisi aux termes de l'article 25. Avec l'article 2, si
on rejette deux personnes, on en a deux à remettre, et nous voudrions
que quatre membres soient choisis parmi les personnes oeuvrant dans chacun des
services de garde existants sur une base permanente, après consultation
des organismes représentatifs de ces personnes. C'est que, de nouveau,
si on a beaucoup de parents, il ne faut pas oublier que ces gens-là ne
restent pas là pour longtemps. Les personnes stables dans les milieux de
garde, ce sont quand même les individus qui y travaillent. Comme cela, on
aurait quatre personnes qui travaillent dans les milieux de garde. On pourrait
les choisir de façon diversifiée pour qu'elles ne
représentent pas le même mode de garde. Cela pourrait être
une bonne composition.
À l'article 66, on met en relief la cohérence du
système de garde, puisqu'on pénalise la personne qui va garder
ses propres enfants. On ne lui octroie pas de subvention pour le faire garder.
On a présumé que c'était pour éviter les abus qui
pourraient exister, mais c'est quand même extrêmement
incohérent.
À l'article 65: L'office veut déterminer le coût de
garde des enfants en garderies; on voudrait qu'il détermine uniquement
le coût pour les enfants subventionnés et qu'il laisse au conseil
d'ad- ministration le choix du coût pour les autres enfants.
À l'article 72, il y a deux articles, 23 et 24, on trouve qu'ils
devraient être regroupés. L'office s'autorise le droit de
déterminer quand une personne peut être exonérée et
l'article 24 n'a pas de lien: L'office détermine quand une personne peut
avoir une aide financière. Nous, on trouve que les deux vont ensemble,
ça devrait être un seul article. Déterminer les
modalités et les circonstances suivant lesquelles une personne peut
être exonérée du paiement d'une contribution lorsque peut
être versée une aide financière correspondant à
cette exonération de contribution. Cela nous paraît
évident.
Le contrôle aux usagers: Pour éviter les abus, pour
éviter que n'importe qui puisse mettre sur pied une agence ou un service
de garde, nous maintenons le principe des services de garde
contrôlés par les usagers. C'est un principe qui reconnaît
la primauté du parent dans l'éducation de son enfant; à
partir de ce moment, si on veut que tous les services de garde soient
contrôlés par les parents usagers, il faut les
déléguer à un organisme dont les structures permettent que
le conseil d'administration soit formé de parents usagers. Donc, nous
rejetons la corporation municipale entre autres.
Nous voulons attirer votre attention sur l'article 76; on n'a pas
vraiment travaillé là-dessus parce qu'on n'a pas eu le temps,
mais, si la loi nous retire, en tant que garderies des centres d'accueil...
Nous aurions aimé avoir le temps de creuser la question, on a
essayé de se référer à des centres de services
sociaux pour avoir des renseignements, mais on ne les a pas eus. Si on n'est
plus un centre d'accueil, qu'on devient juste une garderie, est-ce que
ça va nous enlever tous les avantages qui étaient reliés
au fait qu'on était des centres d'accueil? Alors, ça nous met un
petit peu en insécurité face à cette question et on
aimerait bien qu'on s'y penche.
À l'article 88, on estime que les droits et privilèges
sont acquis et on se demande pourquoi on a mis la date du 22 août 1979;
on trouve que les garderies qui ont des droits et privilèges acquis
devraient les avoir acquis jusqu'à l'adoption du projet de loi.
Vous voyez, je suis toute perdue avec votre remarque, M. le
Président. Je suis tout énervée. Je sais que vous pensez
que le temps passe et je suis mêlée.
Je vais vite répéter mes recommandations: L'Association
des garderies de la région 04 recommande: Que le gouvernement laisse au
ministère de l'Éducation la responsabilité d'organiser ces
services, y compris les services de garde. L'Association des garderies de la
région 04 rejette la garde en milieu familial parce qu'elle estime son
organisation incontrôlable, parce que son organisation ne répond
pas aux critères de sécurité, au développement
physique, social et intellectuel de l'enfant, tel que formulé dans
I'avant-projet.
L'association exige que tous les membres de l'office, y compris le
président, aient une expérience pertinente et directe dans les
milieux de garde;
exige que l'office n'émette un permis de service de garde qu'aux
organismes dont la structure permet le contrôle aux usagers; maintienne
le statut actuel de centre d'accueil pour les garderies; on n'est pas vraiment
certain, mais on veut savoir quelle implication cela a. On est un peu
insécurisé face à ça.
Respecte qu'une personne ou un organisme détenant un permis,
avant l'adoption de la présente loi, permettant d'exploiter un centre
d'accueil appartenant à la classe des centres de garderies émis
en vertu de la Loi sur les services de santé et les services sociaux
conserve son statut corporatif et les règles de formation de son conseil
d'administration malgré toute disposition inconciliable de la loi.
Alors, voilà notre mémoire. (15 h 15)
Le Président (M. Boucher): Je vous remercie, madame, et
loin de moi la pensée de vous faire perdre contenance par mes
remarques.
M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier le groupe de
la région 04 pour son mémoire et lui demander de nous excuser
pour cette pression qui est exercée sur lui.
Je vais aller tout de suite aux recommandations de votre mémoire.
Je commence par la fin, la dernière, en vous posant une question. Vous
semblez préconiser qu'on respecte ou qu'on maintienne le permis, selon
la classe de centre d'accueil, comme il existe actuellement.
Quels avantages voyez-vous dans ce statut de centre d'accueil, type
garderie, qui régit actuellement l'ensemble des garderies?
Mme Monville-Sauvage: Entre autres, quand les garderies sont
propriétaires, ça nous évite de payer les taxes.
M. Lazure: Vous parlez des garderies à but lucratif?
Mme Monville-Sauvage: Non, à but non lucratif. Il y en a
qui sont propriétaires.
M. Lazure: Propriétaires de l'immeuble? Mme
Monville-Sauvage: Oui.
M. Lazure: Oui, mais cette exemption, pour les centres d'accueil,
elle disparaît au 1er janvier 1980, pour votre information. De toute
façon, vous n'aurez plus cette exemption. Les hôpitaux ne seront
plus exemptés. Les centres d'accueil ne seront plus exemptés.
Mme Lavoie-Roux: ... les écoles...
M. Lazure: Bien sûr. Tous les organismes parapublics
devront, à partir du 1er janvier...
Mme Monville-Sauvage: À ce moment-là, vous pouvez
uniquement le voir simplement com- me une demande de l'association de voir
toutes les implications au niveau de la loi que ça pourrait avoir de ne
plus être un centre d'accueil. Comme je vous le dis, nous n'avons pas eu
l'occasion d'expliciter, mais ça nous a préoccupés.
M. Lazure: D'accord.
À votre première recommandation, vous dites: Que le
gouvernement laisse au ministère de l'Éducation la
responsabilité d'organiser ses services, y compris les services de
garde.
Est-ce que vous parlez seulement de garde en milieu scolaire ou si vous
parlez de tous les services de garde?
Mme Monville-Sauvage: Oui... Non, bien sûr.
M. Lazure: Les services de garde en milieu scolaire.
Mme Monville-Sauvage: Nous estimons que la garde en milieu
scolaire devrait être du ressort du ministère de
l'Éducation avec des ententes interministérielles
adéquates.
M. Lazure: Bon! Évidemment... Je ne veux pas insister,
mais, comme vous le savez, je ne peux pas du tout être en accord avec
votre position vis-à-vis de la garde en milieu familial, à la
fois, pour certains enfants dans certaines situations géographiques.
Mais, quels que soient les angles sous lesquels on l'envisage, la garde en
milieu familial est un type de garde acceptable. Je pense qu'il ne faut pas
prendre une position rigide, dogmatique comme celle que vous prenez
malheureusement, dans votre mémoire, vis-à-vis de ce type de
garde.
Je pense qu'il n'est pas correct d'enlever aux parents un choix dans
l'éventail des choix. Vous pouvez être d'opinion que ce n'est pas
aussi bon que le service de garde en garderie et je peux aussi être de
cette opinion, mais ce n'est pas à nous à choisir pour le parent.
Ce service existe dans la plupart des provinces au Canada et, selon nos
informations, avec un certain succès. Cela répond à un
certain besoin de la population.
J'ai une autre question concernant les membres du conseil
d'administration de l'office. Vous demandez que tous les membres du conseil
d'administration de l'office, si je comprends bien, aient eu une
expérience directe et pertinente. Ne voyez-vous pas là une
contradiction avec votre autre demande, à savoir que les services de
garde soient contrôlés par des usagers? En d'autres termes, quand
il s'agit du conseil d'administration d'une garderie, vous êtes d'accord
pour que le conseil d'administration soit composé majoritairement
d'usagers. Quand il s'agit du conseil d'administration de l'office, vous n'avez
plus cette même position. Vous dites: II faut que cela soit
composé exclusivement de gens qui ont travaillé dans une
garderie.
Mme Monville-Sauvage: Non, ce qu'on appelle une expérience
peut aussi bien être une expérience de parents.
M. Lazure: Ah bon!
Mme Monville-Sauvage: Les mots sont assez vastes. Justement,
c'est pour que ce soient des gens qui ont un intérêt dans les
garderies, que ce soit en y ayant travaillé, en ayant contribué
à la mise sur pied d'une garderie, en ayant été parent
usager. Alors, c'est beaucoup plus large que cela.
M. Lazure: C'est drôlement plus ouvert. Oui, ce
n'était pas clair. Cela répond...
Mme Monville-Sauvage: Oui. Je voudrais revenir sur la garde en
milieu familial. Nous ne nions pas, à l'association, que c'est un
service qui existe et qui existe depuis longtemps. Il faut quand même
aussi faire la distinction. Ce n'est pas une coutume québécoise
établie depuis toujours qu'une dame soit rétribuée
à domicile pour garder neuf enfants, je regrette. Ce qui existe en
coutume québécoise, c'est de s'entraider entre voisins, entre
membres de sa famille pour garder un enfant. Alors, il faut...
M. Lazure: Encore une fois, je fais la correction qui a
été faite hier, pourtant, à deux reprises. Il s'agit de
deux adultes dans le cas de neuf enfants au maximum. Lorsqu'il n'y a qu'un
adulte, la limite est de quatre enfants incluant les enfants de cet adulte. Or,
il est tout à fait dans la coutume québécoise d'avoir une
dame qui garde deux, trois, quatre enfants et même cinq et six enfants.
Cela se fait depuis longtemps. C'est un peu moins fréquent de voir deux
dames qui, ensemble, vont garder jusqu'à neuf enfants. Mais le principe
est sûrement le même.
Je n'ai pas d'autres questions, sauf un dernier commentaire. Il me
semble, encore une fois, qu'on n'a pas intérêt à
ériger ou à développer un débat qui affronterait,
si vous voulez, les tenants, les partisans de la garde en milieu familial et
les partisans de la garde en garderie. Quant à nous du
gouvernement c'est mon dernier mot nous pensons qu'il doit y avoir
le plus grand nombre de choix possible aux parents pour que la décision
revienne aux parents.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Monville-Sauvage: Je voudrais faire un autre commentaire sur
la garde en milieu familial. On en revient tout le temps à dire qu'on
laisse le choix aux parents. Quand on a décidé d'instituer
l'assurance automobile, on n'a pas dit qu'on allait laisser le choix aux
individus. Cela fait partie des responsabilités d'un gouvernement
d'être certain de la qualité de vie d'un enfant et c'est cela
qu'on essaie de mettre en évidence.
Parfois le gouvernement doit aller au-delà du choix de l'individu
pour sa propre protection. C'est aussi le rôle d'un gouvernement. Nous
sommes sceptiques quant à la qualité de la vie de l'enfant en
milieu familial. Il ne faut quand même pas se leurrer et croire que parce
que quelqu'un a mis des enfants au monde, il est habilité à
garder quatre ou neuf enfants, même s'il y a deux adultes. On vous
rappelle d'être très prudents. Quant à nous, on le rejette,
c'est certain qu'on serait ouvert si cela s'en venait quand même, mais il
faut être extrêmement prudent.
M. Lazure: M. le Président, on laisse entendre dans le
mémoire de ce groupe que la garde en milieu familial ne sera pas
surveillée. Ce n'est pas le cas. À l'article 34, on dit: Le
titulaire d'un permis d'agence de service de garde en milieu familial doit
reconnaître, de la manière déterminée par
règlement, à titre de personne responsable d'un service de garde
en milieu familial, une personne physique qui lui en fait la demande et qui
s'engage à fournir, contre rémunération et de façon
régulière, des services de garde, un programme d'activités
favorisant leur développement physique, intellectuel et social... cela
peut être modifié pour l'élargir. Mais cet article 34
établit clairement que nous avons l'intention d'avoir des exigences
vis-à-vis de la qualité des services en milieu familial.
Mme Monville-Sauvage: Est-ce que la personne qui va
contrôler va aller s'installer aux heures des repas pour voir si la
qualité de l'alimentation est adéquate? Est-ce qu'elle va passer
des journées...
M. Lazure: On ne le fait pas plus en garderie actuellement,
chère madame.
Mme Monville-Sauvage:... à voir si les interventions
pédagogiques sont adéquates? Quand la direction de la garderie
est bonne, ça se fait. Quand elle laisse à désirer, il y a
un problème réel qu'il s'agira de régler
effectivement.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais faire une
proposition. Il est 12 h 25, est-ce qu'on pourrait suggérer de revenir
à 14 h 25? Elles se sentent sous pression et j'ai l'impression qu'on
sera sous pression aussi pour poser nos questions. Ou même 14 h 15, si
vous voulez.
M. Lazure: Je pense qu'on a intérêt à
continuer. On l'a fait à chaque séance, chaque
demi-journée de la commission, nous avons prolongé d'environ 25
ou 30 minutes. Il est seulement 12 h 25. Au lieu de suspendre nos travaux
à 12 h 30 on pourrait bien suspendre à 12 h 45 ou 12 h 50 et on
aura donné au-delà d'une heure à ce groupe.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, si vous préférez.
Le Président (M. Boucher): II y a accord pour continuer
après 12 h 30.
Mme Lavoie-Roux: Parfait! Je veux remercier les
représentants de l'Association des garderies de la région 04 de
leur mémoire. Il y a des points sur lesquels je suis d'accord; sur
d'autres, je trouve que vous avez des jugements un peu plus absolus.
Peut-être est-ce là votre rôle.
II y a une chose certaine, c'est que vous avez soulevé des points
très concrets quant à ce qui semble apparaître deux poids,
deux mesures à l'égard des exigences qu'on pourrait avoir
vis-à-vis d'une garderie et celles qu'on pourrait ne pas avoir
suffisamment à l'égard de la garde en milieu familial. Je suis
heureuse, parce que plusieurs points - je ne les relèverai pas
sont intéressants et je les réexaminerai de plus près. ll
y a un principe que je veux établir quand même comme position.
L'Opposition officielle n'est pas contre la garde en milieu familial, mais je
peux vous assurer que nous allons montrer autant de vigilance que vous en
montrez pour que ceci ne devienne pas une formule économique, dans le
sens que cela coûte moins cher à l'État et qu'on y sacrifie
la qualité. Alors, que toutes les balises soient mises, dans la mesure
du possible, et qu'on soit assuré des contrôles, sur cela, nous
sommes avec vous.
Par contre, moi non plus, je ne peux pas dire que je rejette la garde en
milieu familial comme principe. De quelle façon elle peut être
articulée, c'est une autre chose.
Ainsi, par exemple, vous dites: Ce n'est pas nécessaire, la garde
en milieu familial, parce que, dans n'importe quelle municipalité ou
dans les petites municipalités des régions
éloignées, on peut toujours regrouper dix enfants. Je ne suis pas
convaincue de cela, parce qu'il ne faut pas oublier que le coût pour les
parents est quand même élevé. Vous l'avez signalé
vous-même. Alors, dans un petit village je n'en nommerai pas, j'en
connais plusieurs retrouver dix parents qui seront prêts à
assumer les coûts de frais de garderie, parce que ce ne sont pas
nécessairement des gens dont les garderies vont être
assumées en quasi-totalité par l'État, il se peut que ce
ne soit pas possible, dans des régions éloignées, pas
nécessairement éloignées, mais de petites
municipalités, de retrouver dix enfants, même, à
regrouper.
Là-dessus, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous.
Vous avez fait allusion à la question de haltes-garderies. Vous avez
raison, il y a lieu qu'on sache de façon un peu plus précise ce
qu'est la halte-garderie. Mais je ne suis pas d'accord avec vous, à
moins que vous me donniez d'autres raisons, quand vous dites: La garderie n'est
pas un lieu pour dépanner des parents qui veulent aller magasiner un
après-midi ou qui veulent prendre une journée de congé.
C'est vraiment fondé sur une relation continue, sur une
fréquentation régulière.
Peut-être qu'au niveau des principes, vous avez raison, mais au
niveau pratique, dans le fond, les garderies, c'est surtout pour les parents,
il faut quand même en convenir, dans le contexte actuel... Tout à
l'heure, on a parlé de la tradition québécoise, etc.,
mais, dans la tradition québécoise, il y avait le temps où
une femme, avec trois enfants il y a encore des femmes qui ont trois
enfants en bas de six ans pouvait avoir quelqu'un pour venir la
dépanner. Aujourd'hui, la femme est vraiment dans un contexte de vie
beaucoup plus pressant, beaucoup plus exigeant; elle ne peut jamais se
dépanner pour une demi-journée, pour une journée. C'est
extrêmement pénible.
Quant à nous, on trouve que c'est un service extrêmement
important. C'est ce qu'on appellerait peut-être halte-garderie. Il y a
peut-être une ambiguïté sur la signification que vous donnez
au terme de garderie et celle que je peux lui donner, quant à la
nécessité de répondre à des besoins particuliers
des familles.
Mme Monville-Sauvage: Dans beaucoup de garderies de notre
région, les enfants peuvent venir occasionnellement. Certaines garderies
n'acceptent que les enfants qui viennent à la semaine ou plusieurs jours
par semaine, mais de façon régulière. Les garderies qui
acceptent les enfants qui viennent occasionnellement, une fois par mois, deux
ou trois fois par mois, le font parce qu'elles ont un besoin financier. Mais le
résultat, pour l'enfant, j'aimerais que vous alliez dans une garderie et
que vous le voyiez. L'enfant que vous mettez tout d'un coup dans une garderie
et qui a affaire à dix autres enfants de son âge avec des adultes
qu'il n'a jamais vus, dans un cadre insécurisant, parce qu'il est
bruyant, qu'il ne ressemble pas tellement à la maison cela
dépend des cas je trouve qu'on ne lui rend pas service.
C'est pourquoi nous faisons la distinction qu'occasionnellement, ce
serait à repenser, le genre de services qu'on pourrait offrir dans le
cas de besoins de loisirs. Nous, la garderie, dans le cas d'un besoin de
loisirs, ne nous semble pas adéquate pour l'enfant. Peut-être oui
pour le besoin du parent, mais non pour l'enfant. (12 h 30)
Mme Lavoie-Roux: On pourrait discuter de ceci plus longuement,
mais je trouve que votre mémoire, à certains égards, est
un peu absolu. Si je reprends la page 7, vous soulevez des questions fort
pertinentes. Mais vous terminez en disant: "Qui contrôlera la
répartition du temps de la
cuisinière-éducatrice-infirmière-femme de
ménage-comptable qui sera, par la force des choses, cette femme
multidisciplinaire?"
Mais est-ce que vous n'admettrez pas, au point de départ, que les
femmes ont toujours été des professionnelles multidisciplinaires,
traditionnellement? Évidemment, elles ne l'ont pas été
avec neuf enfants en bas de cinq ans dans leur maison, je suis d'accord avec
vous. Mais il reste qu'une femme qui prendrait soin de quatre ou cinq enfants
dans des conditions... Je pense qu'il faut assurer la...
Mme Monville-Sauvage: Je pense qu'elle aura beaucoup de peine
à octroyer un temps d'attention, comme beaucoup d'organismes l'ont
demandé, et de qualités affectives auprès de l'enfant en
ayant toutes les autres tâches accumulées. Plusieurs organismes
qui défendent la famille sont venus. Ils ont tous souligné le
besoin pour les familles qui ne travaillent pas d'avoir des services de garde.
J'ai relevé cette contradiction que, d'un autre côté, ils
demandaient du support à la famille pour l'éducation de ces
enfants. C'est cela qu'ils ont demandé.
Les CSS ont fait les mêmes réflexions: La famille a besoin
de support dans la propre éduca-
tion de ses propres enfants. Nous, on va aller leur mettre les enfants
des autres. Je pense que ce n'est pas adapté à notre
époque.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, je réfléchis, mais je
maintiens encore que, ne serait-ce que pour des circonstances
particulières, on ne peut pas, du revers de la main, dire...
On peut peut-être rêver à la situation idéale,
mais, d'un autre côté, il y a quand même des exigences qui
font qu'il ne faut pas non plus être absolu dans ce genre de
choses-là. Je répète encore. Je le demanderai au
ministère des Affaires sociales. A-t-on fait l'évaluation de ce
que représente, pour le ministère des Affaires sociales, le
coût des garderies en milieu familial par rapport au coût dans une
garderie qu'on pourrait appeler traditionnelle ou régulière? Je
ne veux surtout pas qu'on tente de faire des économies par cette
formule-là. C'est peut-être un point fondamental qu'il faudrait
examiner.
Je vous remercie. Je pense qu'il y a plusieurs points qui nous seront
utiles.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Très brièvement, madame, je veux vous
remercier de votre mémoire qui nous apporte un aspect, bien sûr,
avec des choses qui sont peut-être communes à d'autres
mémoires qui ont été présentés, mais avec
des originalités aussi qu'on n'a pas perçues ailleurs.
À la page 7, la série d'exigences que vous aimeriez voir
appliquer, par exemple, aux garderies familiales, le mémoire
précédent précisait qu'elles étaient
laissées sans inspection, ou à peu près, alors que vous
semblez nous dire, à la page 7, que l'inspection se fait à tout
point de vue dans vos cuisines, dans vos réfrigirateurs, vos
"frigidaires", comme vous dites ici, dans votre cas. C'est pour cela qu'il est
important pour nous d'avoir plusieurs groupes. Vous dites que vous en avez
trop, l'autre groupe prétendait qu'il n'en avait pas. Cela nous fait
juger, nous fait retrouver le juste milieu.
Et ce que vous exigez pour la surveillance en milieu familial, je pense
que vous avez raison d'attirer l'attention de la commission et du ministre pour
qu'il y ait une sécurité donnée à ces enfants. Par
contre vous entendez la voix d'un rural ici, vous vous exprimez entre urbains,
je vous entends; mais il y a aussi...
Mme Monville-Sauvage: Nous ne représentons pas la
région de Montréal et nous sommes peut-être la
première association qui représentons une autre région,
Trois-Rivières, La Tuque, Shawinigan, Grand-Mère, Victoriaville;
nous avons quinze garderies dans notre région et les quinze garderies
sont membres. Alors, c'est un milieu qui n'est pas un milieu rural, mais c'est
un milieu qui n'est pas à forte condensation comme la ville.
M. Grenier: Dans le moment, c'est que nous aurons des garderies
dans des villes comme Weedon, Saint-Romain, Dorset et Val-Racine; ce ne sont
pas des municipalités qu'on connaît tellement, mais ça va
arriver. Mais, encore là, je dois vous dire que ça existe et que
ça existe beaucoup la garderie par une belle-mère ou une
belle-soeur en milieu rural. Il y en a même qui risquent d'envoyer leurs
enfants chez la belle-mère! Cela existe en milieu rural et ça
existe beaucoup.
À partir de là, il y a une collaboration. On n'exige pas,
d'une femme qui va garder trois ou quatre enfants, ce que vous pouvez indiquer
à la page 7 de votre mémoire; il ne faudrait pas non plus
éliminer ça, parce que ça existe; il faut vivre dans le
milieu rural pour savoir que, dans des petites municipalités, ce travail
se fait encore! Cela se fait bénévolement, si vous voulez, ce
n'est pas entré dans la machine gouvernementale, mais ça se fait.
Il ne faudrait pas l'éliminer, je voudrais attirer votre attention
là-dessus. Je pense que vous êtes sensibles à ça
aussi, parce qu'on voit que vous avez vécu tout près d'un milieu
comme celui-là.
Tout à l'heure vous ne vous êtes pas plainte de ça,
mais je sais qu'il y a des enquêteurs du gouvernement qui font la vie
dure aux meilleures maisons que vous puissiez avoir, parce qu'il faut qu'ils
fassent la preuve qu'ils sont allés dans vos institutions, ne serait-ce
que de dire qu'ils ont vu une mouche; ils vont le signaler dans un rapport. Je
le sais, j'ai vécu dans le milieu et il ne viendra pas un inspecteur
dans une de vos maisons sans trouver quelque chose de croche; il faut quand
même qu'ils fassent rapport à quelqu'un. S'ils vous disent que
tout marche merveilleusement, leur job peut être en danger six mois
après. Alors, il ne faut pas vous en faire, il ne faut pas que ça
vous empêche de dormir, c'est le rôle de l'inspecteur de le
faire.
J'aurais aimé que vous nous donniez votre définition de
"halte-garderie", où des enfants sont mis en dépôt pour
quelques jours. Je sais que ça ne répond pas à votre
conception, mais il reste que c'est l'accommodement qu'on donne aux parents. Il
faut constater qu'on ne vit plus en 1930, la population n'est pas faite de 70%
de ruraux et de 30% d'urbains; au contraire, maintenant on vit l'ère des
loisirs, la mère doit sortir de son foyer.
Bien sûr qu'à ce moment-là la halte-garderie va
répondre bien plus aux désirs des parents qu'à celui de
l'enfant. Je comprends la conception que vous avez, à savoir que
l'enfant dans une garderie, il s'agit quand même de le voir progresser,
et je ne pense pas que dans la halte-garderie, ce soit tellement ça.
L'enfant qui arrive dans votre garderie, qui est là une
demi-journée par semaine, alors que pour l'autre, ce sont des gens qui
sont là en permanence si on peut appeler ça une permanence
il va tomber en territoire occupé et va avoir de la misère
à se faire une place là-dedans. Les jouets vont appartenir aux
autres, d'abord, quand il va arriver là, lui, et ça ne lui rendra
pas...
Mais, comme on le signale, je pense bien que c'est plus aux parents
qu'on rend ce service qu'à l'enfant, et ça va répondre,
bien sûr, non pas à la forme de garderie que vous avez ici, mais
à la halte-garderie un peu plus.
Quand à la garderie en milieu rural je peux vous dire ce
qui est vraiment normal la garderie de 24 heures n'est pas
demandée ou si peu demandée que pour les dossiers que j'ai, en
tout cas, elle n'attire pas l'attention d'une façon importante des gens
du milieu. Ce sont des garderies de travail, des garderies de personnes qui ont
besoin de ces services, mais plus de 24 heures, ça ne dépasse pas
ça.
J'aimerais quand même que vous me donniez une idée un petit
peu plus précise de la halte-garderie. Qu'est-ce que vous entendez par
là?
Mme Monville-Sauvage: Justement, on voudrait que le terme
"halte-garderie" soit défini. Actuellement, ce qui entrait dans la
garderie, c'est ce que vous venez un petit peu d'identifier comme
halte-garderie. L'enfant qui vient occasionnellement, une fois de temps en
temps, c'est la garderie. Ce que nous avions identifié, jusqu'à
maintenant, comme halte-garderie je pense que c'est la même notion
que celle que le service de garde avait c'est un service qui est
donné pour un besoin donné et temporaire.
M. Grenier: Oui.
M. Lazure: Si vous permettez...
M. Grenier: Oui.
M. Lazure: ... sur la halte-garderie...
Mme Monville-Sauvage: Oui.
M. Lazure: ... pour tirer cela au clair, il y a deux types de
haltes-garderies. La halte-garderie qui est mise sur pied occasionnellement, de
temps en temps, à l'occasion d'un congrès ou d'une exposition,
peu importe, cela, c'est une garderie occasionnelle, qui ne serait pas sujette,
selon notre projet, à un certain nombre de normes et d'inspections.
Tandis que l'autre, la halte-garderie régulière, existe de
façon régulière comme service. La clientèle peut
changer tous les jours. C'est la halte-garderie dans un centre commercial, par
exemple, qui est toujours là, à chaque jour de la semaine, mais
les enfants changent à chaque jour.
Cette deuxième halte-garderie, elle, sera sujette aux inspections
et à la surveillance.
Mme Monville-Sauvage: Donc, il n'y aura jamais un enfant qui va
aller jour après jour, toute la journée, dans la
halte-garderie.
M. Lazure: C'est exact. Il n'y aura pas d'enfants qui
fréquenteraient à chaque jour la halte-garderie.
M. Grenier: Je pense qu'elle ne prend pas un terme, comme vous le
disiez tout à l'heure, ou dans un dossier précédent, le
terme "temporaire". Je pense bien que ce n'est pas "temporaire" mais
plutôt "permanent", une halte-garderie, sauf qu'elle est occasionnelle
pour des enfants. Elle a quand même un caractère de
permanence.
Mme Monville-Sauvage: C'est la présence de l'enfant qui
est temporaire.
M. Grenier: C'est cela. Je vous remercie, madame.
Mme Monville-Sauvage: Merci.
Le Président (M. Boucher): Au nom des membres de la
commission, je remercie l'Association des garderies de la région 04. La
commission suspend ses travaux jusqu'à 14 h 30. Je suis persuadé
que nous ne commencerons pas à 14 h 30 si nous...
Suspension de la séance à 12 h 41
Reprise de la séance à 14 h 45
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Lecture de télégrammes
Avant d'appeler le prochain organisme, je vais lire quelques
télégrammes reçus au secrétariat des commissions
parlementaires. Le premier date du 2 octobre: "Nous nous opposons à
l'avant-projet de loi sur les services de garde à l'enfance.
L'incitation à la garde en milieu familial est une aberration et
constitue un net recul sur les droits acquis et revendications légitimes
d'un réseau de garderies répondant aux besoins réels de la
population. Nous appuyons le mouvement de lutte s'opposant au contenu de cet
avant-projet de loi. Le comité de direction Clinique des citoyens de
Saint-Jacques."
En date du 3 octobre: "Le Comité des citoyens de Saint-Gabriel de
Québec appuie les revendications du Regroupement des garderies. Sommes
solidaires. Le Comité de citoyens de Saint-Gabriel."
Également en date du 3 octobre: "Nous appuyons les revendications
du Mouvement des regroupements des garderies. Syndicat des professeurs du
Collège Sainte-Foy."
J'appellerais maintenant les représentants de SOS Garderies. Si
vous voulez bien prendre place au centre, s'il vous plaît!
SOS Garderies
Mme Foisy (Suzanne): Mon nom est Suzanne Foisy. Je suis membre de
l'exécutif de SOS Garderies. À ma gauche, Camille Huot, membre
également de l'exécutif de SOS Garderies. Pour respecter les
procédures, je demande à la commission de recevoir la
deuxième version de notre
mémoire qui est complet cette fois-ci. Vous l'avez
déjà en main depuis mardi après-midi. C'est tout
simplement que dans le courant de la semaine dernière, quand on avait
envoyé la première copie, il manquait quelques chapitres, on
avait manqué de temps. Je pense donc que ça devrait être
seulement une question de formalité pour bien vouloir accepter notre
mémoire.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous voulez lire le
mémoire au complet ou si vous allez le résumer pour tenir compte
du temps qu'on a donné ce matin à la lecture du
mémoire?
Mme Foisy: Oui, je comprends. On pense qu'on peut le passer dans
le délai prévu. On va faire vraiment l'impossible. On n'est pas
préparé à une synthèse, mais on va essayer de
procéder le plus rapidement possible, en sautant, s'il le faut, certains
passages.
Le Président (M. Boucher): Avec votre collaboration.
Mme Foisy: On va essayer.
SOS Garderies est un regroupement de garderies à but non lucratif
qui, depuis de nombreuses années, s'est fait le défenseur des
garderies et projets de garderies contre les attaques de tous les paliers du
gouvernement. Nous luttons résolument pour un réseau de
garderies, contrôlées par les usagers et gratuites.
Majoritairement composé de garderies de la grande région
de Montréal, c'est-à-dire, Joliette, Saint-Jérôme,
Longueuil également, le mouvement fonctionne depuis plus de deux ans
sans autre appui financier que les contributions des membres et de dons
provenant d'individus et de groupes qui appuient la lutte que nous menons
depuis plus de sept ans.
Nous ne prétendons pas déposer un mémoire qui
comporterait des données sociologiques et économiques du
même ordre que les excellents documents produits par d'autres organismes,
tels que le Comité conjoint CSN/CEQ et SCFP, avec lequel nous sommes
tout à fait en accord, par exemple, sur l'évaluation des besoins
et l'évaluation des locaux disponibles dans les édifices publics
et parapublics. De même, nous sommes d'accord avec les conclusions du
document du Regroupement des garderies du Québec, en ce qui concerne le
coût réel de fonctionnement d'un bon service de garde.
Notre présentation devant la commission s'appuie sur la
réalité dans laquelle nous vivons et luttons depuis plusieurs
années. Par ce mémoire, nous tenons à prendre position sur
l'avant-projet de loi, à partir de nos réalités
vécues, des conditions pénibles dans lesquelles les garderies
survivent à peine.
Nous voulons faire connaître largement cette situation
concrète; démontrer également à quel point la loi
ne répond pas aux exigences de la réalité, mais, bien au
contraire, les camoufle par des solutions administratives pleines de contra-
dictions; formuler les revendications que nous défendons et que nous
voulons voir inscrire dans la loi.
L'immense majorité des familles québécoises n'ont
pas accès aux garderies. Pour justifier cette situation, voici la
position du ministre Lazure: "Sous le gouvernement libéral, les budgets
consacrés aux garderies étaient de $3 millions selon le
Parti libéral, c'était $4 500 000 ils sont maintenant
passés à $22 millions." D'abord, nous pouvons répondre que
c'est vraiment honteux de la part d'un gouvernement qui avait promis un
réseau de garderies gratuites et contrôlées par les
usagers.
De plus, les $3 millions de 1976 ne peuvent pas être
comparés aux $22 millions de 1979, sans tenir compte de l'inflation, la
hausse constante des demandes de places en garderie. Voilà des variables
importantes qui viennent nuancer considérablement les affirmations de M.
Lazure.
Pour nous, le seul critère objectif et valable sur lequel nous
nous basons pour évaluer la politique présentée, c'est
à savoir dans quelle mesure elle répondra aux besoins
réels et concrets de la population dans ce domaine.
En ce qui concerne l'esprit de la loi, on ne retrouve aucun
élément qui vienne garantir le développement du
réseau de garderies, tel que nous le revendiquons. Malgré les $22
millions consentis aux garderies, ces budgets ne répondent même
pas à 10% des besoins en garderies. Ils n'assurent pas non plus les
conditions minimales de développement pour les garderies existantes. Il
y a un manque chronique de services: 135 000 enfants dont la mère
travaille n'ont pas de place actuellement en garderie.
La majorité des familles ne peuvent pas payer les tarifs de $50
par semaine que les garderies doivent demander. Les garderies n'arrivent pas
financièrement. Elles doivent continuellement se demander si elles vont
hausser encore les tarifs, augmenter leur ratio ou renoncer à indexer le
salaire des moniteurs pour pouvoir assurer la survie du service.
Sans garderies, les femmes ne peuvent pas aller travailler. Cette
situation est intolérable. Les femmes veulent et doivent, de plus en
plus, aller sur le marché du travail. Dans les dernières
années, le nombre de femmes qui ont des enfants de zéro à
cinq ans et qui travaillent est passé de 14% en 1967 à 28% en
1973. En 1980, c'est 40% des femmes qui vont travailler, selon le rapport du
Conseil du statut de la femme, Egalité et Indépendance.
Pour la majorité des familles, c'est devenu une
nécessité vitale. De plus, un nombre croissant de femmes aspirent
à sortir de leur isolement et de la dépendance économique
dans laquelle elles se trouvent, en tant que ménagères. Le
réseau de garderies est une condition de base pour répondre
à ces aspirations légitimes des femmes du Québec.
La position du gouvernement est d'autant plus inacceptable qu'il avait
promis aux femmes, avant son élection, de leur assurer pleinement les
condi-
tions pour qu'elles puissent exercer leur droit au travail.
Ce qui ressort clairement de la politique présentée par le
gouvernement, c'est qu'il ne s'agit pas là d'une simple question de
temps ou d'étape vers des améliorations, mais bien d'un choix
politique, le choix du PQ n'est pas le développement d'un réseau
de garderies. Le gouvernement ne cherche pas, à travers sa loi, et non
plus dans sa pratique, à répondre aux besoins, mais bien,
plutôt, à les camoufler. De nombreux exemples nous le confirment.
Nous en présenterons deux.
La garderie "Maman au travail" s'est vu refuser son incorporation par le
ministère des Affaires sociales, sous prétexte qu'il n'y avait
pas de besoin de nouvelles garderies à Longueuil. Cela s'est
passé pendant un an et demi de temps, ce refus. Ouvrant ses portes
malgré tous les obstacles, elle fournissait des services à 20
familles, à peine deux mois plus tard, ce qui correspondait au maximum
de places disponibles dans la garderie.
Alors que la garderie "La Vermouilleuse" avait en main 200 demandes
d'inscription auxquelles elle ne peut pas répondre, faute de locaux, la
position du gouvernement demeure ferme dans ce comté. Il n'y a pas un
besoin de garderie dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.
Face à de telles situations, on est en droit de se poser de
sérieuses questions sur la volonté du gouvernement à
reconnaître les vrais besoins et à y répondre.
Mme Huot (Camille): C'est une condition de base pour le
développement des garderies, l'accessibilité à des locaux.
Depuis des années, nous demandons des locaux gratuits dans les
édifices publics et parapublics. Ce qui est proposé aux
garderies, c'est d'acheter des maisons privées.
Le ministre Lazure parlait au Conseil des ministres de l'épineux
problème de la disponibilité des locaux à des prix
abordables pour les garderies et les projets. Pour appuyer sa proposition
d'achat de maison, il affirmait que les espaces disponibles dans les
édifices publics et parapublics exemple, les écoles
sont utilisés de façon quasi maximale. Des loyers sont en train
d'être exigés des garderies. Enfin, il se dit impuissant devant
ces faits.
C'est ce qu'on appelle des analyses à courte vue, des solutions
de bout de chandelle sans aucun rapport avec les situations que l'on vit et que
la CECM vous démontrait hier.
Il y a effectivement des locaux disponibles et nous le voyons bien. Des
écoles ferment chaque année un peu partout à travers le
Québec, mais nous n'y avons pas accès prioritairement. Pourtant,
les garderies, c'est un service essentiel et prioritaire. Les écoles,
c'est bâti pour les enfants. Quand on se voit refuser l'accès
d'une école, parce qu'on va y installer à très grands
frais de rénovation tapis, lumière indirecte, redivision
des espaces un CLSC ou un bureau des permis automobiles, comme c'est le
cas à Longueuil, on est en droit de questionner les responsables de
situations aussi incohérentes.
L'exemple de la garderie Soleil du quartier est aussi frappant.
Après avoir aménagé des locaux dans une école
à l'abandon et passablement détériorée, suite au
manque d'entretien minimal de la part de la CECM cette
rénovation-là a demandé des milliers d'heures
d'aménagement bénévole des parents ayant
réaménagé, suite à l'expulsion de
l'été 1978, pour y installer le service pour 80 petits du
quartier, voilà que la CECM expulse de nouveau la garderie de ses locaux
en mai 1979, parce qu'elle a décidé de vendre l'édifice
à d'autres groupes pour les y loger.
Là aussi le gouvernement ferme les yeux et on se fait
répondre qu'il ne peut rien y faire.
Cette impuissance face aux commissions scolaires dont le
ministère aime à se prévaloir cache le refus de ce
gouvernement de reconnaître les garderies comme étant un service
public et de faire face à ses responsabilités.
Le problème d'hébergement des garderies, c'est un
problème épineux, oui, mais qu'il faut régler dans le
meilleur intérêt des enfants et des garderies.
Les écoles, de par leur éclairage naturel, leurs grands
espaces et services sanitaires sont déjà en place ainsi que les
normes de sécurité exigées dans les édifices
publics. Elles correspondent aux exigences des garderies; mais le gouvernement
préfère les entasser dans des petites pièces de maisons
privées qu'il faudra convertir en édifices publics. Quelle
aberration!
Louer des locaux dans une école, c'est un cauchemar. Ce que
viennent de vivre récemment plusieurs garderies obligées de
déménager suite aux décisions administratives de la CECM
en dit long sur les conséquences de l'absence de politique claire du
gouvernement concernant la priorité des garderies comme locataires de
ces locaux.
Pendant plus de cinq mois, ces garderies ont dû passer à
travers de nombreuses négociations, argumentations, elles ont dû
multiplier les pressions, faire face au chantage et aux menaces constantes,
autant de la part des commissions scolaires que des fonctionnaires du
ministère, pour finalement gagner le droit à occuper des locaux
dans des écoles désaffectées.
Oui, ce droit, on l'a eu, mais il faut le payer cher. Ces garderies se
retrouvent devant des engagements financiers qu'elles ne pourront effectivement
pas assumer. Toutes ces garderies fonctionnent déjà au
déficit, la garderie Soleil passe d'un loyer de $820 à $980 par
mois; Saint-Louis, de $250 à $880; La Ruche, qui avait des locaux
gratuits jusqu'à maintenant, se retrouve avec un loyer de $750 par mois.
Toutes ces garderies, en plus, ont signé un bail avec une clause
escalatoire de 8%. Pour d'autres garderies, qui avaient des locaux gratuits
dans les écoles, c'est la menace de perdre leurs droits acquis, par
exemple, Aux Ateliers, on va leur charger près de $2000, ailleurs,
ça va jusqu'à $4000, et on sait très bien que ce n'est que
le début d'une escalade de prix, comme partout ailleurs.
À la suite des pressions des parents et du large appui de la
population à Longueuil, le gouvernement n'avait pas encore
tranché, il avait le choix entre offrir les espaces libres d'une
école, soit à la garderie où
maman travaille ou au bureau du ministère des Transports, pour en
faire un bureau pour les permis d'automobiles. Mais on a appris, hier soir ou
avant-hier, que c'était tranché et que ça allait
être le bureau des permis d'automobiles.
Un grand nombre de garderies sont actuellement logées dans les
propriétés non utilisées des commissions scolaires et cela
à très grands frais. La CECM, à Montréal, et les
autres commissions scolaires du Québec, avec le raisonnement de
banquier, se vantent de rentabiliser leurs locaux. Loin de songer à leur
rôle social, elles construisent et ferment des écoles à
leur guise, sans tenir compte des besoins de la population à qui les
écoles appartiennent. C'est ainsi que la CECM de Montréal est
fière d'annoncer qu'elle a déjà économisé $1
600 000 avec la fermeture de 60 écoles et qu'elle poursuivra cette
opération jusqu'à la fermeture de 132 écoles.
Dans cette même logique, les commissions scolaires ne sont pas
contre la location de locaux aux garderies, comme on a pu le voir hier avec
leurs représentants, M. Paquin entre autres, mais à leurs
conditions et à leur prix. Ainsi, elles visent à combler des
coupures de budget dont elles parlaient aussi hier et qui leur viennent du
ministère de l'Éducation. Mais nous ne sommes pas dupes de ces
manigances, nous ne voulons plus être à la merci de ces politiques
budgétaires d'année en année; nous ne voulons pas non plus
recommencer à nous faire promener d'un ministère à
l'autre, d'un palier de gouvernement à l'autre.
Déjà, l'an dernier, à la suite de nos luttes et de
nos revendications, le PQ a été obligé de
reconnaître sa responsabilité face aux problèmes aigus que
vivaient les garderies à ce moment. Face au grand courant de sympathie
développé dans la population autour de la lutte, le gouvernement
avait dû payer entièrement les dettes des garderies Soleil et
Saint-Louis. (15 heures)
En donnant l'autorisation aux commissions scolaires de vendre ou de
louer leurs édifices à $1 aux organismes à but non
lucratif, dont les garderies, le ministère de l'Éducation a aussi
démontré qu'il avait juridiction sur l'utilisation des locaux
dans l'ensemble du système scolaire. La CECM de Montréal, comme,
d'ailleurs, toutes les autres commissions scolaires, a fait fi de cette
recommandation. Mais nous, nous exigeons que le gouvernement
québécois donne des directives claires et non plus de vagues
suggestions.
Le gouvernement a de nombreuses possibilités de résoudre
le problème de l'hébergement des garderies. S'il est capable
d'acheter l'école où loge actuellement la garderie Saint-Louis,
qui doit déménager, pour la démolir et y construire un
hospice de vieillards, il est parfaitement capable d'acheter des écoles
des commissions scolaires pour y loger des garderies dans des locaux
adéquats et à bon compte.
Nous exigeons du gouvernement québécois une politique
d'ensemble pour résoudre véritablement les problèmes de
locaux que connaissent les garderies. Le gouvernement doit prendre toutes les
mesures nécessaires pour que les garderies aient accès
prioritairement aux édifices publics et para-publics et que ces locaux
soient gratuits et aménagés.
Mme Foisy: Les subventions globales aux garderies: Nous affirmons
depuis des années que, pour assurer la survie des garderies existantes
et le développement de nouveaux services, l'État doit financer
directement et globalement les garderies. C'est aussi la seule façon de
rendre vraiment accessibles à tous les services de garderie.
L'accessibilité aux garderies: Selon le ministre Lazure, la
situation irait de mieux en mieux pour les familles, puisque, actuellement, 55%
des familles qui ont des enfants en garderie seraient subventionnées.
Oui, M. Lazure, 55% de l'infime minorité de familles qui ont une place
en garderie, car c'est bien là le problème. Le gouvernement
refuse de reconnaître que les garderies sont des services publics et
qu'il est responsable de voir à leur plein financement.
Le gouvernement part du principe que la famille est la première
responsable des coûts des services en garderie. De ce fait, il laisse
l'immense majorité des familles sans aucun soutien financier. La
politique de financement partiel des coûts et limitée à un
très petit nombre de familles a été instaurée sous
le gouvernement libéral. Elle a été reprise par le
gouvernement péquiste et, quoi qu'en dise le ministre, aucun changement
fondamental n'a été apporté depuis trois ans. Par exemple,
en 1976, on dénonçait déjà le fait que, quand, dans
une famille, les deux conjoints gagnaient un salaire minimum, ils n'avaient
droit à aucune subvention. En 1978, une famille dont le revenu annuel
est de $15 400 n'avait droit non plus à aucune subvention. En 1979,
quand le revenu familial atteint $16 400, la famille est
considérée comme ayant un revenu trop élevé pour
être financée. Où est le changement?
Cet état de fait est de plus en plus connu par la population.
Aussi, le gouvernement essaie de redorer son image actuellement et les journaux
ont fait largement mention d'une extension de l'aide financière aux
familles qui utilisent la garde en milieu familial.
Par contre, le ministère des Affaires sociales se garde de faire
trop de publicité autour des montants réels qui vont être
accordés à ces familles. C'est qu'en fait la
réalité est plus brutale que les déclarations du ministre
Lazure. Les familles dont le revenu est de $14 300 recevront $0.80 par jour
pour la garde de leur enfant en milieu familial; c'est vraiment
inacceptable.
La survie et le développement des ressources actuelles. La
situation actuelle des garderies. À cause du manque de financement
global des garderies au véritable coût, les garderies sont
constamment aux prises avec la contradiction, ou bien monter
indéfiniment les tarifs, ou bien maintenir les salaires et conditions de
travail des moniteurs au minimum. En général, l'équipement
est réduit au strict nécessaire, et les garderies sont dans
l'impossibilité de développer de nouveaux services comme, par
exemple, des pouponnières. Dans ces conditions, le moindre
imprévu peut mettre en danger la survie même de la garderie.
C'est ce qui se passe quand les garderies font face à des hausses
subites de loyer ou, subitement, une baisse du plan Bacon.
Voici des faits qui vont démontrer quelle est la situation
réelle des garderies. D'abord, les tarifs. La plupart des garderies, au
Québec, doivent exiger des tarifs de $50 par semaine pour pouvoir
arriver. Toutes les garderies ont dû augmenter leurs tarifs de $10 et
plus depuis trois ans. Les garderies qui tiennent à garder leurs tarifs
au plus bas possible pour assurer l'accessibilité aux familles
travailleuses le font malgré les politiques du gouvernement et en se
battant contre tous les obstacles. Par exemple, c'est pour ne pas faire assumer
aux parents de nouvelles hausses de tarifs que les garderies Frisson de
colline, les Enfants de l'avenir et les Ateliers refusent de payer les loyers
qui leur sont imposés, alors que jusqu'à maintenant ils avaient
des locaux gratuits.
C'était aussi dans ce sens que les garderies Soleil et
Saint-Louis avaient mené la même lutte, il y a deux ans.
Cette accessibilité est aussi chèrement payée
à même le travail bénévole des moniteurs et des
parents de ces garderies. C'est de moins en moins possible, et c'est aucunement
une solution acceptable.
Les conditions de travail des moniteurs. Les moniteurs gagnent en
moyenne entre $135 et $150 par semaine. Ils travaillent 35 heures auprès
des enfants sans période de repas puisqu'ils mangent la plupart du temps
avec les enfants. Souvent, ils n'ont même pas de pause-café. Leur
travail pédagogique, c'est-à-dire tout le travail de
préparation et d'évaluation se fait à leurs frais et
s'ajoute à leurs heures régulières de travail. Très
souvent, ils doivent se partager les tâches de ménage à
cause de l'impossibilité pour la garderie d'engager un concierge. Le
personnel de soutien, quand il y en a, est surchargé. La garderie doit
souvent embaucher une cuisinière à demi-temps quand il faudrait
35 heures pour accomplir le même travail.
Quant aux congés de maladie, congés de maternité,
périodes de vacances payées, c'est toujours l'incertitude, selon
la capacité de la garderie à les assumer ou non. Dans tous les
cas, les avantages sociaux sont réduits au minimum. Il faut vraiment des
subventions globales, tenant compte des véritables coûts.
Le gouvernement a réaffirmé sa position quant au
coût des services de garderie. Il maintient qu'il en coûte au plus
$10 par jour par enfant. C'est complètement irréaliste. Par
contre, on ne croit pas que c'est par manque de connaissance concrète de
la situation que le gouvernement péquiste maintient une position
semblable, parce qu'il y a une foule d'enquêtes qui ont été
produites et plusieurs par le ministère des Affaires sociales
lui-même. Le gouvernement arrive à minimiser le coût des
services en se basant sur des ratios inacceptables, des ratios trop
élevés, comme un moniteur pour dix enfants, par exemple, ou en
partant du principe que les moniteurs doivent con- tinuer à être
des travailleurs sous-payés. C'est justement ce que nous refusons.
Dans ce sens-là, nous sommes pleinement en accord avec
l'évaluation des coûts établie par le Regroupement des
garderies du Québec dans son budget global. Un montant de $35.71 par
jour pour les enfants de moins de deux ans et de $23.38 pour les deux à
six ans est nécessaire au développement d'un bon service de
garderies. À ce jour, les garderies fonctionnent avec moins de la
moitié des revenus qui leur seraient nécessaires et ce sont les
parents, les travailleurs et les enfants qui subissent les conséquences
de cette position du gouvernement. Cela doit cesser.
La position du gouvernement: des miettes et pas de subventions globales.
D'abord le plan Bacon et le fonds de roulement de 15%.
Jusqu'en octobre 1978, les garderies n'avaient aucune subvention
directe. La situation de plusieurs garderies était rendue à ce
point critique qu'elles étaient même menacées de fermer. Le
cas des garderies Soleil et Saint-Louis est assez éloquent.
Traînés en procès, les parents et les moniteurs de ces deux
garderies ont tenu bon pendant 18 mois. Refusant de payer les loyers
imposés par la commission scolaire et refusant aussi d'appliquer les
propositions de la cour de changer de clientèle pour pouvoir
rentabiliser, elles ont constamment talonné le gouvernement pour qu'il
admette qu'il était le premier responsable de leur déficit.
À l'automne, après plus d'un an de lutte, le gouvernement a
établi, pour la première fois, le fonds de roulement
équivalent à 15% qui devait, semble-t-il, permettre aux garderies
de faire face à leurs responsabilités.
Pour toutes les garderies, ce montant a apporté une certaine
amélioration, mais ce montant-là est malgré tout
complètement en deçà des besoins financiers des garderies
et sa caractéristique est la plus grande instabilité.
En effet, ce système de financement est basé sur des
subventions aux familles selon leur revenu. Or, il y a une grande rotation de
parents dans les garderies. Les revenus des parents varient aussi, que ce soit
à cause d'une perte d'emploi, d'une indexation de salaire, sans compter
aussi tout ce qui peut se produire quand il y a une vague de picote ou de
rougeole dans une garderie, qui entraîne un manque d'enfants pendant un
certain temps.
Il faut voir les livres des garderies pour se rendre compte à
quel point les revenus sont instables. Dans une garderie de 35 enfants comme La
Ruche, les revenus peuvent parfois marquer une différence de $500 par
deux semaines.
Comment bien administrer une garderie dans une situation pareille?
Encore certains cas qui nous montrent les conséquences de ça:
À Saint-Louis, suite à une baisse de revenus au niveau du plan
Bacon, pour les raisons que j'ai mentionnées, la garderie a dû,
pour pouvoir payer les salaires de ses moniteurs, entamer les sommes qui
devaient assurer les coûts de son déménagement. Aucune
garderie n'est à l'abri de ce genre de problèmes tant que
le gouvernement n'aura pas accepté de financer globalement les
garderies.
Et les $2 comme subvention directe? La veille de la manifestation contre
la loi-cadre, le ministre Lazure faisait connaître à la presse une
partie de sa politique de financement pour 1980. Décidément, on
trouve qu'on a droit à l'information au compte-gouttes. Un montant de $2
par jour par enfant est inclus dans cette politique, mais ce montant-là
aussi est nettement insuffisant, compte tenu du véritable coût des
services.
Mais en plus, le silence du gouvernement au sujet des autres modes de
financement pour l'année 1980/81 nous laisse plutôt perplexes.
Quel sera le montant d'aide aux familles? Si le ministère entend
maintenir le plan Bacon dans sa forme actuelle, pourquoi ne pas l'affirmer
clairement? On se pose des questions.
Les parents dans nos garderies ont lu le mémoire qui a
été présenté au Conseil des ministres à la
fin d'août. Il y était question de remplacer le plan Bacon dans sa
forme actuelle par un système de remboursement des frais, après
paiement des cotisations à la garderie. Cela aurait pour effet de rendre
la garderie absolument inaccessible à la majorité des familles
actuellement subventionnées et particulièrement aux familles
monoparentales qui sont actuellement les seules à être pleinement
subventionnées pour ces services, soit à raison de $9 par
jour.
Comment, en effet, peut-on penser qu'une femme chef de foyer qui gagne
$140 par semaine pourrait se permettre d'avancer une somme de $50 par semaine,
le double, si elle a deux enfants, pour payer la garderie? On se pose des
questions. Est-ce qu'on voudrait l'orienter aussi dans la garde en milieu
familial, un système beaucoup moins coûteux pour l'État,
puisqu'il aide aux familles à $5 par jour au maximum? Dans ce cas, cela
voudrait dire quoi, un véritable choix des services de garde, puisque
c'est cela que le gouvernement prétend garantir?
Dans l'ensemble, si le gouvernement continue à maintenir la
subvention directe à un niveau aussi bas, c'est ni plus ni moins que la
chaîne des garderies. Le système de remboursement viendrait encore
rendre plus instable la gestion des garderies qui ne pourraient plus compter
que sur la capacité de payer des familles pour boucler leur budget.
Alors, nous attendons des réponses claires du gouvernement
à ce sujet et non plus des réponses évasives de la part
des fonctionnaires, ni des déclarations plus ou moins trompeuses de la
part du ministre Lazure.
Des exemples qui suivent, l'exemple de la garderie Soleil de Quartier
nous montre à quel point l'écart est grand entre les sommes qui
sont versées actuellement pour les garderies pour assurer le
fonctionnement et le véritable coût, tel qu'évalué
par le RGQ. C'est énorme, puisqu'on voit que la balance devrait alors
être assumée par les parents. Cela voudrait dire que les parents
devraient payer en moyenne $95 par semaine pour leur enfant, si on voulait
vraiment avoir un bon service et financé pleinement.
Pourtant, les évaluations des coûts établis par le
RGQ se basent sur les coûts reconnus dans le secteur, le salaire des
éducateurs et du personnel de soutien, le coût des loyers. C'est
la réalité. Ce sont ni des coûts farfelus, ni des demandes
injustifiées. Les travailleurs ont gagné le droit à
l'éducation gratuite pour les enfants aux niveaux primaire et
secondaire. Maintenant, c'est un droit acquis. On exige que les garderies
soient reconnues également comme un service public essentiel, au
même titre que l'école, puisqu'il s'agit bien, en fait, de
l'éducation de nos jeunes enfants et nous voulons contrôler nos
services. Nous ne voulons pas concilier sur la qualité des services
à nos enfants, ni permettre non plus au gouvernement de
développer ces services sur le dos de travailleurs
sous-payés.
C'est la raison pour laquelle on exige la pleine accessibilité et
la gratuité des garderies.
En ce qui concerne l'ouverture des nouvelles garderies, la nouvelle
politique financière prévoit une augmentation des subventions
pour l'aménagement des nouvelles garderies, de sommes
supplémentaires pour la période de démarrage, et une
certaine augmentation au niveau des frais d'équipement. Cela correspond
à des revendications maintes fois formulées par les projets de
garderies, se voyant dans l'impossibilité de traverser la période
de démarrage. Deux exemples, il y en bien d'autres. On a sorti les
exemples qu'on connaissait le mieux. Les garderies Saint-Édouard,
Jean-Talon, de Montréal, Maman travaille, de Longueuil, et la Garderie
populaire, de Joliette, ont dû affronter directement le gouvernement,
tout au cours de leur implantation pour obtenir permis, locaux et budget et,
ainsi, réussir à ouvrir leur garderie.
La situation était devenue à ce point difficile pour les
nouvelles garderies que nous étions de plus en plus nombreux à
dénoncer les politiques du gouvernement. De nombreux groupes de parents
cela a été mentionné ce matin ont dû
abandonner leur projet de garderie. Ceux qui ont réussi à mener
à terme leur projet sont arrivés à force de pressions et
d'obstination.
On est donc bien placé pour dire que s'il y a des
améliorations des garderies et de projets, ils les ont bien
gagnées. Mais le nouveau budget de démarrage ne règle pas
tous les problèmes, c'est-à-dire la possibilité d'achat de
maisons.
La garderie La Petite Semence, de Longueuil, s'est vu refuser la
possibilité d'un emprunt endossable par la SHQ, puisque la garderie
n'était pas encore incorporée. Une des personnes du projet a
dû effectuer un emprunt personnel. Nous avons maintes fois
dénoncé le fait que l'incorporation d'un projet de garderie
était accordée trop tard. Cette situation n'a pas
changé.
Quant aux frais d'aménagement, malgré l'augmentation des
budgets, ils sont encore souvent en deçà des coûts
réels, que ce soit pour aménager, réaménager une
école désaffectée et laissée à l'abandon ou
transformer une maison privée en
garderie. Les garderies qui sont en train d'aménager actuellement
à Montréal vivent ce problème d'essayer de faire concorder
un budget. (15 h 15)
L'autre aspect touche la question des infirmeries pour toutes les
garderies. Je pense que je ne le lirai pas, si vous l'avez à votre
disposition. C'est une revendication importante, mais on n'a pas le temps de la
développer ici.
En résumé, sans subventions globales aux garderies, on ne
peut pas parler d'accessibilité aux services, ni de conditions de
travail décentes pour les travailleurs en garderie. C'est pourquoi on
revendique que les moniteurs et le personnel de soutien des garderies soient
reconnus comme des travailleurs salariés du secteur public et
payés en conséquence; que tous les avantages sociaux habituels
leur soient assurés; que tous les frais de fonctionnement soient
entièrement financés par l'État, selon toutes les normes
de qualité des soins; que le ratio un moniteur pour quatre enfants, dans
le cas des poupons de moins de deux ans, et de un pour sept, dans le cas des
enfants de deux à six ans, soit reconnu; que tous les coûts
d'aménagement des garderies ainsi que les frais d'équipement
soient entièrement financés par l'État; que les garderies
aient accès gratuitement et prioritairement à des locaux dans les
édifices publics et parapublics; que l'État finance des services
d'infirmerie et mette à la disposition des garderies tous les services
médicaux nécessaires à la santé de nos enfants.
Mme Huot: L'office des services de garde. Telle que
définie dans l'avant-projet de loi, la création de l'office
donnera la possibilité à l'État d'intervenir dans tous les
domaines de la vie, qu'on cite les pouvoirs d'inspection, les
règlements, au niveau des ratios, ou les pouvoirs de faire fermer des
garderies.
On constate que l'État se donne une structure pour administrer
les services dont il est responsable, c'est un fait que nous ne contestons pas.
Que de bonnes normes soient établies pour assurer la qualité des
services aux enfants, c'est aussi une chose souhaitable, même
nécessaire.
Mais ce qui apparaît très contestable, c'est l'empressement
du gouvernement à se donner des pouvoirs de juridiction dans tous les
domaines, alors qu'il refuse justement de fournir aux garderies le financement
nécessaire pour répondre aux normes de qualité qu'elles
visent. Ce sont les garderies de SOS et du Regroupement qui dénoncent
les ratios trop élevés imposés par le gouvernement. Ce
sont les garderies qui revendiquent de la bonne nourriture, de bons
équipements pédagogiques pour les enfants.
Le gouvernement rejette en bloc toutes nos demandes et veut ensuite se
présenter comme le grand défenseur de la qualité des
services. C'est un peu fort.
Le gouvernement nous refuse l'argent nécessaire pour avoir un
budget stable et équilibré, mais il se donne le pouvoir de
contrôler nos livres en tout temps et de nous traiter de mauvais
administrateurs.
Les parents des garderies de SOS et d'autres garderies sont
choqués par une telle attitude du gouvernement et ils se demandent avec
raison quels sont les intérêts réels que poursuit le
ministère actuellement. Veut-il garantir la qualité des services
ou obliger les garderies à se rentabiliser, de gré ou de force,
veut-il se donner les moyens de mater, si nécessaire, les garderies un
peu trop combatives au goût du gouvernement?
De plus, pour nous, le financement des garderies par l'État n'a
jamais voulu dire contrôle des services par l'État. Dans ce
domaine, nous avons des droits acquis que nous n'abandonnerons jamais. Les
parents comme les moniteurs ont pu vérifier, à travers des
années de pratique dans nos garderies contrôlées par les
usagers, que ce mode de fonctionnement est essentiel à la qualité
de nos services. Par exemple, dans nos garderies, les parents ont toujours eu
plein contrôle sur la sélection des moniteurs. Ils
déterminent eux-mêmes les critères d'embauche, la
proportion du personnel diplômé et non diplômé. Les
parents sont les mieux placés pour évaluer le personnel qui
travaille auprès de leurs enfants.
D'autant plus que ces décisions importantes sont prises par des
comités de parents où se mènent des débats
très enrichissants et éclairants en vue des meilleurs choix
possibles.
Un autre aspect de l'avant-projet qui soulève
l'anxiété, c'est la question du dossier. On reprend passablement
ce qui a été dit par les autres à ce sujet. Mais une des
pires attaques au contrôle des parents sur leur garderie, c'est le
contrôle des cotisations. L'office peut, en effet, faire des
règlements pour déterminer le montant de la contribution, les
montants qu'on paie, qu'on ne paie pas, dont on sera exonéré ou
non. Toutes ces décisions importantes ont toujours relevé des
assemblées générales, dans nos garderies. Cela s'appelle
le contrôle. Dans plusieurs garderies, ce sont les parents qui fixent
l'échelle de contribution, selon les besoins et les possibilités
des familles de la garderie. Suivre l'échelle proposée par le MAS
équivaut on l'a vu plus haut à exclure de fait les
familles qui ne sont pas financées par le plan Bacon et qui n'ont pas
les moyens de payer le montant de $50. C'est vraiment le comble. Le
gouvernement n'apporte pas d'amélioration et, en plus, il prévoit
déjà des règlements qui vont même nous
empêcher d'aménager la situation et d'offrir de meilleurs tarifs
pour nos parents.
Un dernier point qui n'est pas traité par plusieurs et qu'on se
sent obligé de présenter à cause de son urgence, c'est le
postscolaire. On vous prie d'accepter qu'on présente cette
dernière partie.
Les enfants de six à onze ans, ayant besoin de garderies, se
chiffrent à 185 317 en 1980. Et on prévoit 250 000 enfants qui
auront besoin de ces services en 1985. Cela vient du dossier garderies qui a
été produit par le comité conjoint des centrales.
Dans le projet de loi du PQ, on propose un service de garde en milieu
scolaire qui pourrait s'organiser pendant les jours de classe, avant et
après la classe, ainsi qu'à l'heure du dîner. En
quoi cette mesure répond-elle aux besoins des familles et des enfants en
particulier? C'est toujours le point de vue où on se place pour
critiquer une loi.
Nous devons considérer le projet de garde en milieu familial
comme une reconnaissance de la responsabilité du gouvernement à
résoudre les problèmes de garde à ce niveau-là.
Oui, les gouvernements, au niveau provincial et scolaire, ont une
responsabilité sociale face aux besoins de garde des jeunes
élèves du niveau primaire.
Le fait de limiter cette responsabilité aux seules
journées de classe met en évidence encore une fois le refus du
gouvernement d'envisager l'ensemble du problème et d'y apporter des
solutions équitables pour les familles.
Les journées pédagogiques et les congés
élèves-professeurs. Seulement pour cette année, 1979-1980,
on peut compter quinze jours pédagogiques ou congés
élèves-professeurs, sans parler des onze journées de
fêtes civiques ou civiles pendant lesquelles les enfants ne seront pas en
classe. Notons en plus que, sauf le temps de Noël et du Nouvel An, les
fêtes civiques et civiles ne correspondent pas toujours, dans le milieu
scolaire, avec le milieu du travail. Sans exagérer, on peut parler de
plus de vingt jours ouvrables pendant lesquels les enfants sont laissés
sans service de garde pendant l'année scolaire.
Les vacances d'été. C'est à cette période
que le dilemme se pose de façon plus tragique encore pour les enfants et
les parents.
Va-t-on perdre son travail, perdre la source de revenus
nécessaires au budget familial? Va-t-on laisser les enfants à
eux-mêmes, en trouvant des moyens de fortune pour assurer une
surveillance minimale tout au long de ces deux mois de vacances?
Le problème est entier et les solutions sont rares. Dire que le
projet de loi n'en fait même pas mention! Pire encore, le gouvernement
actuel s'oppose carrément à permettre que des solutions soient
trouvées. L'exemple du projet de Longueuil en fait foi.
En mars 1979, un groupe de parents de la rive sud de Montréal
décidés de résoudre collectivement leur problème de
garde des six à onze ans, pendant l'été, rédigent
un projet Jeunesse Canada au travail. Quarante enfants auraient la
possibilité d'avoir un bon programme d'activités, sept
étudiants allaient être assurés d'un revenu net de $135 par
semaine, quand on sait que 60 000 étudiants étaient en
chômage l'été passé et que cela a occasionné,
peut-être dans la majorité des cas, l'impossibilité de
retourner aux études.
En plus, on peut affirmer que ce n'était pas la seule demande, on
était au-delà d'une quarantaine. Tous ces projets ont
été refusés par le ministère des Affaires sociales
du Québec, et pour quelles raisons? Parce que le programme
fédéral venait doubler un programme provincial déjà
existant, parce qu'ainsi réalisé, cela créait des besoins
auxquels le fédéral ne s'engageait que temporairement à
répondre, parce que, si tous les autres enfants ne pouvaient l'avoir...
Vous savez la suite.
Messieurs les législateurs, il ne s'agit pas de créer un
besoin: il existe déjà, c'est le programme qui n'existe pas.
Les enfants ont profité d'un service de garde cet
été, parce que les parents ont tenu jusqu'au bout. Oui, on s'est
battu. Les parents de ce projet, appuyés par tout le mouvement SOS
Garderies et par l'ANEQ, l'Association nationale des étudiants du
Québec, ont réagi fortement à ce refus. On était
déjà à la fin de mai quand on a appris qu'un veto
provincial avait été émis sur des projets de ce type,
alors que ces projets devaient commencer à la mi-juin et que les
montants disponibles pour ce type de projets étaient presque tous
distribués ailleurs.
D'abord, on a contesté le veto, bien sûr, et on a
rencontré le ministre Lazure. Quelques jours après, on a eu des
discussions, animées il faut dire, entre les parents et M. Chaput, haut
fonctionnaire du ministère, en présence de Mme Godard, du
ministère de M. Lazure.
Tout en maintenant le veto, ces personnes osaient froidement nous
proposer le programme de garde en milieu familial tel que prévu dans
l'avant-projet de loi. Ce qu'on voit maintenant, c'est que cela
n'équivalait, ni plus ni moins, qu'à annuler tous les projets de
garde de six ans à onze ans pour la période d'été;
donc, près de 1600 enfants sans service de garde et près de 300
emplois d'étudiants annulés. Il y en a 185 000 qui ont besoin de
ce service l'été. Dans notre cas, à Longueuil, cela
équivalait à laisser tomber une subvention de $14 000 en salaires
pour les moniteurs, argent qui provient bien sûr de nos impôts et
taxes payés au fédéral.
Voilà la logique et la cohérence du présent
législateur!
Par la détermination des parents et les pressions constantes que
tout le mouvement SOS a fait avec les étudiants de l'ANEQ, on a
réussi à obliger le PQ à revenir sur sa décision en
ce qui concerne notre projet, mais on n'a pas réussi à faire
lever le veto sur tous les autres projets, en plus du fait que les
crédits étaient déjà alloués à
d'autres choses. Nous le regrettons pour tous les autres enfants et les
familles et nous voulons ici dénoncer cet abus de pouvoir de la part du
ministère et du gouvernement.
Nous dénonçons le gouvernement de refuser de prendre ses
responsabilités dans ce domaine.
Nous exigeons que soit inscrite dans la loi la reconnaissance du droit
aux enfants de six à onze ans à de bons services de garde pendant
les jours de classe, pendant les journées pédagogiques et les
congés statutaires et pendant les vacances d'été.
Nous exigeons qu'une politique claire d'utilisation des locaux
d'écoles primaires soit émise et respectée pour y loger
des services de garde des enfants de six à onze ans et que ces locaux
soient gratuits, aménagés et entretenus.
Mme Foisy: Pour conclure rapidement, en rejetant toutes les
principales revendications des garderies par son avant-projet et sa politique
de financement, le gouvernement dit non au réseau de garderies gratuites
et contrôlées par les usagers.
On demande des subventions globales versées aux garderies, on
reçoit un montant de $2 par jour.
On demande l'accessibilité aux garderies, la même situation
est maintenue.
On exige le contrôle de nos garderies, il y a toutes les
conditions de la part du gouvernement pour s'ingérer dans le
fonctionnement de nos garderies.
On demande des locaux dans les édifices publics, on se fait
répondre d'acheter des maisons privées.
On demande un vrai système de garde postscolaire, il n'y a rien
de prévu, ni pour les journées pédagogiques, ni pour la
période d'été; de fait, c'est un refus de
reconnaître les garderies comme un service public pour les familles du
Québec. C'est aussi de nier la responsabilité collective de la
garde des jeunes enfants. C'est une position politique claire de la part du
gouvernement; ça revient finalement à dire que ce sont les femmes
individuellement qui doivent assumer les frais de garde de leur enfant si elles
veulent aller sur le marché du travail.
Mme Lise Payette, nouveau ministre d'État à la Condition
féminine déclarait aux travailleuses de la FTQ, lors de leur
dernier colloque sur les droits parentaux: "Je vous demande de ne plus
réclamer ce qui vous est dû en disant s'il vous plaît, mais
en disant je veux et j'exige, c'est la seule façon que le dossier des
femmes va progresser".
Pourtant Mme Payette évalue elle aussi que la nouvelle politique
des garderies représente une nette amélioration par rapport
à ce qui avait été instauré par le gouvernement
précédent. En tout point, elle prend la même position que
M. Lazure, M. Parizeau et tout le gouvernement qu'elle représente.
Mais oui, nous allons continuer à exiger, nous allons continuer
à nous battre comme nous l'avons toujours fait contre les politiques du
gouvernement, contre les politiques que le ministre de la Condition
féminine endosse, lui aussi, en parole et dans les faits.
Le gouvernement essaie actuellement de donner de la
crédibilité à sa politique en prétendant qu'il veut
permettre aux familles d'exercer un véritable choix quant au mode de
garde. Mais de quel choix s'agit-il, quand l'État refuse aux familles le
financement, l'accessibilité et le contrôle des garderies? En
fait, c'est que le gouvernement a fait son choix en faveur d'un système
de garde en milieu familial et ce choix ne se base aucunement sur la
volonté des parents.
Face à la politique qui nous est présentée, c'est
clair que les positions des parents qui demandent des garderies ont pesé
bien peu dans la balance. Le gouvernement n'a pas non plus tenu compte des
besoins des familles qui ont recours aux services de garde en milieu familial.
Le financement consenti à ces familles est tout simplement ridicule lui
aussi. Cette position est d'abord basée sur des intérêts
économiques; le gouvernement prétend développer un
réseau de services de garde, mais il le fait sur le dos de milliers de
ménagères qui ont besoin de gagner leur vie, qui aspirent
à sortir de la dépendance économique. Il les
reconnaît en parole comme des travailleuses autonomes, mais il les
maintient dans l'isolement avec un salaire de moins de $2 l'heure. Il n'y a pas
là une plus grande indépendance pour les femmes, ni au niveau de
leur participation à la vie sociale, ni au niveau économique.
Le réseau de garderies que nous revendiquons pourrait
créer 45 000 emplois. Un grand nombre de gardiennes, en milieu familial
justement, seraient d'excellentes monitrices dans ces garderies, elles
pourraient avoir un salaire plus décent, elles auraient la
possibilité d'être syndiquées. Mais le gouvernement ne pose
pas un seul geste dans ce sens, il va plutôt au meilleur coût; avec
la garde en milieu familial, pas de salaire à payer, pas de coût
d'aménagement à assurer. Quant à l'intérêt
des femmes, quant à l'intérêt des familles et des enfants,
le gouvernement les méprise et les ignore totalement.
Nous n'avons pas d'illusion sur la bonne volonté du gouvernement
après toutes les années de lutte que nous avons
traversées. Qu'il soit péquiste, libéral ou autre, il a
toujours fallu se battre pour aller chercher ce à quoi on avait droit.
Parce qu'on n'oublie pas que jusqu'en novembre 1976, c'était le Parti
libéral qui était au pouvoir et que de là vient
l'événement mémorable du plan Bacon.
Par contre, l'unité autour de la revendication pour des garderies
va en grandissant. La majorité des représentantes de garderies
qui ont parlé depuis l'ouverture de la commission sont d'accord pour
dire qu'il n'y a pas de changement fondamental quant à
l'accessibilité aux services. La majorité aussi reconnaît
qu'il n'y a pas d'amélioration possible des conditions de travail des
moniteurs sans augmentation substantielle des subventions aux garderies. Tous
ceux qui ont abordé la question des locaux ont dit que c'était un
problème sérieux et qu'il était encore sans
véritable solution. C'est pour cette raison qu'on pense qu'au cours des
prochains mois la lutte va prendre de l'ampleur.
Notre réponse à la loi-cadre, c'est de s'organiser et de
s'unir pour gagner tout ce qu'on demande, c'est-à-dire un réseau
de garderies gratuites et contrôlées par les usagers.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, il y aurait matière
évidemment à un très long débat. Je n'ai pas
tellement de questions à poser. On doit féliciter le groupe SOS
pour la clarté de son exposé. Ses objectifs, nous les partageons;
les moyens d'y arriver diffèrent, c'est évident, mais votre
présentation a sûrement le mérite d'être claire. (15
h 30)
Je n'ai pas tellement de questions à poser. Je veux quand
même faire quelques mises au point. Quand vous parlez d'un net recul dans
ce qu'on présente aujourd'hui par rapport à ce qui existait,
j'aimerais bien que vous me disiez en quoi c'est un net recul.
Mme Foisy: M. Lazure, nous n'avons pas dit que c'était un
net recul.
M. Lazure: Oui.
Mme Foisy: Nous avons dit: C'est minime et ce n'est vraiment
absolument rien à comparer avec les besoins qui sont actuellement
là. C'est ça, notre position.
M. Lazure: Non, enfin, j'ai la citation, mais, d'accord, tant
mieux si vous le retirez. Maintenant, si vous regardez le montant de la
subvention maximale qui était accordée en 1976/77, c'est $6; deux
ans plus tard, l'année financière 1978/79, $9; augmentation de
50% dans l'allocation. Tout en admettant que c'est trop peu, il faut
reconnaître quand même que ce n'est pas un recul. 50% dans deux
ans, ça représente plus que les coûts normaux de
l'indexation. Je pense que vous allez le reconnaître.
Si on prenait votre hypothèse à la lettre, en
évaluant à $30 par jour chaque place de garderie et ne comptant
que celles qui existent actuellement, tout près de 16 000, en calcul
rapide, à 250 jours par année, cela nous donne la somme de $120
millions. Bon! Je sais que vous êtes conscientes de ça. Votre
thèse, c'est que l'État devrait payer ce montant. L'État
devrait en faire une priorité au point où il nous faudrait,
à toutes fins utiles, affecter à peu près tout ce qu'on a
comme marge de manoeuvre dans une année. D'une année
financière à une autre, on a une somme d'environ $150 millions
d'argent nouveau pour des programmes nouveaux. Si on voulait donner suite
à vos recommandations, qui sont claires, mais qui nous paraissent
irréalistes, il faudrait affecter presque toute la marge de manoeuvre du
prochain budget. Je ne pense pas que l'ensemble des contribuables au
Québec soit prêt à accepter une priorité aussi
absolue que le gouvernement reconnaîtrait vis-à-vis des services
de garde.
Le réseau le plus considérable possible, c'est notre
objectif. On veut le faire par étapes et selon les disponibilités
financières qu'on peut affecter de façon raisonnable
d'année en année.
Je n'ai pas l'intention de reprendre les histoires de cas que vous nous
citez dans votre texte, les cas individuels, sauf pour vous rappeler que, en
parallèle, à côté de ces quelques cas, il y a quand
même les 19 cas dont le président de la CECM nous parlait
hier.
Mme Huot: Dont nous sommes sept.
M. Lazure: Pardon?
Mme Huot: Dont nous sommes sept.
M. Lazure: II y a 19 garderies actuellement qui ont eu des
ententes avec la CECM et il y en a un bon nombre qui ont des ententes ailleurs
dans l'ensemble du Québec.
Qu'il reste certains cas problèmes dans des garderies qui
relèvent de votre groupement, je le reconnais. Je pense qu'il faut
reconnaître aussi qu'il y en a eu un grand nombre de réglés
et je ne pense pas que personne, ni les fonctionnaires, ni moi-même, nous
nous disions impuissants devant la situation. Nous avons consacré
beaucoup de temps, et au groupe SOS et à d'autres groupements et
à des groupements individuels. Nous allons continuer de leur consacrer
beaucoup de temps, parce qu'on se rend compte qu'il est possible de faire
avancer ces situations.
La garde familiale. Juste au plan des faits, pour corriger certaines
choses, dans un des cinq amendements qu'on a déposés hier au
texte actuel de l'avant-projet, vous savez qu'à l'article 30, il y aura
une modification, de façon que la garde dans le milieu familial soit
accessible et aux enfants d'âge préscolaire et aux enfants
d'âge scolaire au niveau élémentaire. Vous le savez
ça. On l'a dit il y a deux jours. Cela, c'est une correction qui va
être apportée.
Vous demandez plus que ça, je suis bien conscient. Vous demandez
que les enfants d'âge scolaire puissent être admis, même
durant les mois d'été, dans les garderies. Pour le moment, nous
pensons qu'on doit accorder la priorité aux enfants d'âge
préscolaire pour les garderies, même durant l'été,
quitte à ce que les enfants d'âge scolaire qui ont besoin de garde
puissent recourir à la garde en milieu familial.
Je pense que vous exagérez beaucoup, vous nous prêtez des
intentions qu'on n'a pas quand vous dites qu'on veut dorénavant
privilégier la garde en milieu familial. Ce n'est pas le cas. Dans le
budget de l'année courante, ce que nous prévoyons, c'est 500
places en garde familiale, par rapport aux 16 000 places existantes, plus les
4000 qu'on veut ouvrir dans le réseau des garderies. Les 500 places,
vous admettrez que c'est bien modeste et que c'est un nombre très
restreint. Pour l'an prochain, on voudrait cela, on l'a dit aussi il y a
quelques jours ouvrir un plus grand nombre de places en milieu familial,
2000. Là encore, 2000 par rapport à ce que serait l'ensemble des
places l'an prochain, pas loin de 20 000, je pense qu'il ne faut pas laisser
entendre à la population qu'on veut abandonner le développement
des garderies telles qu'on les connaît, les garderies en quartier ou les
garderies en milieu de travail, au profit de la garde en milieu familial. Je
pense que c'est induire la population en erreur.
C'est un de vos messages qui est passé beaucoup dans les
média, et je pense que c'est dangereux. Vous parlez souvent des
déclarations trompeuses du ministre, moi je ne dis pas que c'est
trompeur, ce que vous dites, mais je dis que c'est dangereux et que c'est
inquiétant pour la population, alors qu'on n'a pas du tout l'intention
de mettre un frein au développement des garderies, bien au contraire. On
veut reconnaître une chose que vous ne semblez pas reconnaître: la
garde en milieu familial peut répondre à un besoin, on l'a dit,
je le répète, dans certains milieux, surtout dans les milieux
ruraux, semi-ruraux, pour certains enfants, de très jeunes enfants en
bas de un an ou un an et demi.
Toujours pour corriger certaines impressions que vous pouvez laisser,
qu'on peut retirer à la lecture de votre mémoire, à la
page 11 je le prends un peu comme exemple d'exagération
vous dites, vers la fin du premier paragraphe: "Les familles dont le revenu est
de $14 300 recevront $0.80 par jour pour la garde de leur enfant en milieu
familial. C'est vraiment inacceptable." Quelques pages auparavant, vous preniez
l'exemple parce qu'il faut s'entendre, quand on cite des exemples, pour
toujours avoir le même cadre de référence - du revenu
maximal de $16 400, dans le cas d'un ménage avec deux adultes et deux
enfants, dont un enfant en garderie. Si on regarde la nouvelle...
Mme Huot: ... garderie et garde en milieu familial, il faudrait
distinguer, ce sont deux échelles.
M. Lazure: Oui. Si on regarde la nouvelle échelle que vous
connaissez, d'ailleurs, pour un revenu toujours pour la même
famille type, deux adultes et deux enfants de $14 400, ce n'est pas
$0.80 par jour, c'est $2.50 par jour.
Mme Huot: Vous vous trompez, M. le ministre...
M. Lazure: Vous parlerez tantôt.
Mme Huot: Je m'excuse, M. le Président, il y a deux
échelles qui sont proposées par le ministère:
l'échelle en milieu familial et l'échelle en milieu de garderie.
Si vous reprenez votre texte, M. le ministre, vous allez vous rendre compte
qu'on a identifié deux exemples dans deux échelles
différentes.
M. Lazure: M. le Président, cela me rappelle de longues
discussions qu'on a pu avoir dans le bureau de comté ou ailleurs. Le
sens démocratique, il faut qu'il existe dans les deux sens, on ne vous a
pas interrompues tantôt et on vous a écoutées bien
calmement. Alors, écoutez-moi calmement aussi. Je vous
répète qu'avec la même échelle de $16 400 pour deux
enfants et deux adultes c'est le point tournant où la subvention
commence à s'appliquer à $0.50 si on suit le même
ménage au revenu de $14 400, c'est $2.50. C'est un détail
secondaire, mais j'ai cru bon de le faire ressortir comme illustrant assez bien
une tendance que vous avez de sortir des exemples du contexte, avec des
chiffres qui peuvent paraître assez ridicules de prime abord et qui, en
réalité, ne sont pas conformes aux faits.
M. le Président, je n'ai pas du tout l'intention d'entreprendre
un débat, je veux simplement, encore une fois, rendre hommage et
je suis sérieux au groupe qui nous présente ce
mémoire. Je suis fort conscient que vous luttez depuis des
années, j'en suis très conscient, et je voudrais que vous soyez
conscientes aussi que, peut-être avec des façons
différentes, nous luttons autant que vous.
Le Président (M. Boucher): Oui, Mme Foisy.
Mme Foisy: Je voulais apporter une précision
peut-être pour mieux faire comprendre notre pensée. M. Lazure
parle d'exagération quand on soulève des cas types. C'est ce
qu'on a expliqué depuis le début de notre présentation,
justement. Quand on part des faits, effectivement, on choisit des cas de gens
qui sont démunis, qui n'ont pas de réponse à leurs
besoins, qui n'ont pas les services de garde qu'ils exigent depuis des
années. Bien sûr, M. Lazure, quand vous faites des
conférences de presse, vous faites ressortir principalement les aspects
les plus reluisants de votre politique. Nous faisons ressortir la
réalité. Je ne voudrais pas avoir l'air d'avoir apporté
des faussetés, parce que j'ai en main l'échelle que vous avez
présentée vous-même en conférence de presse. Mon
exemple est tout à fait exact et correct.
Si ce que vous dénoncez, c'est ce que je choisis en exemple pour
démontrer effectivement l'insuffisance de la politique, alors je n'y
peux rien. Je vous apporte la situation bien concrète des parents avec
qui on travaille tous les jours. C'est là leur situation.
Mme Huot: Moi aussi, j'aimerais revenir sur la question des
déclarations qu'on taxait de trompeuses. Je me souviens d'une
expérience récente, c'était le 15 septembre, lorsqu'on
était à l'assemblée générale dans votre
comté. À deux semaines de la commission parlementaire, vous
disiez à vos électeurs qu'on était les seules à
chialer et que toutes les autres garderies allaient bien. C'était
à deux semaines de la commission. Or, la pile de mémoires qui
s'amoncellent ici ne va pas du tout dans le sens de dire: Tout va bien, madame
la marquise; bien au contraire. À ce moment-là, on se sentait
vraiment les porte-parole d'un grand nombre et, depuis que nous sommes ici,
depuis trois jours, ça se confirme. On est tous dans le même
pétrin. C'est un exemple...
M. Lazure: M. le Président, là-dessus, si vous me
permettez...
Mme Huot: Là, c'est lui qui me coupe la parole.
M. Lazure: ... je pense qu'on n'en sortira pas si vous commencez
à raconter des bribes d'histoires. Là où je vous ai dit
que vous étiez les seules, c'était sur votre persistance à
vouloir, à exiger que moi, personnellement, je vous trouve un local.
C'est là-dessus que je vous ai dit que vous étiez assez uniques
en votre genre, et non pour votre lutte générale. Je vous ai dit
en assemblée plénière, il y avait assez de témoins,
qu'il y a quand même 360 autres garderies au Québec où le
ministre n'a pas eu à trouver un local. Et vous venez avec votre petit
papier une fois par semaine et dites: M. Lazure, trouvez-nous un local.
Mme Huot: M. Lazure, laissez-nous le local. L'autre aspect que je
voulais apporter...
Mme Foisy: Parce qu'il était déjà
trouvé. Des parents avaient fait de la recherche des mois durant pour
trouver le local.
Mme Huot: Oui, monsieur, je vous remercie. Le deuxième
point, je pense qu'on a fait un effort sérieux pour ne pas porter de
jugement d'intention. Tout ce qu'on a avancé, on l'a prouvé. Et
c'est sur la base des faits, ce qu'on apporte. Alors, tout à l'heure,
quand vous disiez qu'on ne voudrait pas et qu'on n'est pas content, etc., ce
n'est pas notre intention. L'intention était bonne, mais quand on
regarde le développement objectif des situations, quand on regarde qu'on
passe de 500 places, alors qu'il n'y avait aucune structure officielle de garde
en milieu familial, qu'on institue de façon à rendre la femme
dans des conditions spécifiques de travail et qu'on prévoit
passer à 2000 l'an prochain, qu'est-ce que ce sera l'autre année?
On regarde les faits objectivement. On ne porte pas de jugement d'intention. Je
voudrais bien que ce soit clair. Notre effort est sérieux dans ce
sens-là. C'est pour cette raison qu'on a pris des cas. Pourtant,
docteur, vous devez savoir qu'on part toujours des cas pour arriver à
poser scientifiquement des problèmes.
Le Président (M. Boucher): Merci. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je veux remercier les porte-parole de SOS
Garderies de leur mémoire. Je dois dire que leur mémoire est
présenté sur un ton serein et je pense que d'une façon
générale... Non, je le crois sincèrement, vous pouvez...
C'est vrai qu'ils n'ont pas fait de... Peut-être au début quand on
parle des ministres Lazure et Parizeau, c'est un peu fatigant, mais...
M. Lazure: Et quand on parle du Parti libéral?
Mme Lavoie-Roux: Je vais y revenir au Parti libéral, M. le
ministre. C'est le genre de langage qui est permis. Les faits que vous apportez
sont réels. Là-dessus je regrette, mais c'est exact. Quand vous
dites que vos situations s'appuient sur la réalité, je dois
l'admettre, c'est exact.
(15 h 45)
Je voudrais d'abord vous demander... Dans le fond, les
représentations que vous faites sont assez similaires à toutes
celles qui ont été faites ici devant la commission, qu'il
s'agisse de l'insuffisance des subventions aux familles, de l'échelle
qui est établie; les conditions de travail qui sont accordées aux
monitrices ou aux travailleurs des garderies, on l'a abordé avec
plusieurs groupes ici.
Votre crainte quant au développement du réseau de garde en
milieu familial par rapport au réseau de garde tel qu'on le
connaît de façon plus officielle, si on veut, je ne suis pas
prête à penser que le ministère s'en aille dans cette
direction, la généralise et veuille la généraliser
au détriment de la création de garderies
régulières.
Mais vous faites bien de l'apporter et je l'ai dit avant que vous soyez
là, hier et aujourd'hui. Il y a certainement une composante
économique qui rentre là-dedans. C'est pour cela que je dis: je
ne suis pas contre, en principe, parce qu'il y a des situations
géographiques ou autres je ne reviendrai pas là-dessus
qui peuvent le justifier.
Mais il ne faut pas essayer d'en faire un système de garderie
à bon marché et y sacrifier un tas de choses. Notre vigilance
s'exercera à l'égard des balises, des normes, etc., qui seront
développées pour la garde en milieu familial.
Vous avez raison de dire que ni le gouvernement libéral, ni le
gouvernement péquiste font ou ont fait ce qui aurait dû être
fait pour le développement des garderies. Vous n'y étiez
peut-être pas. C'était la première journée. J'ai
dit: Dans le fond, le développement ou l'évolution des garderies
est parallèle à l'évolution de la condition de la femme,
au Québec ou ailleurs mais parlons du Québec qui a
toujours été faite à partir de luttes
peut-être que je n'utilise pas "luttes" dans le même sens qu'on
prétend que SOS l'utilise à certains égards cela
fait partie d'un problème de femmes qu'elles ont essayé de
résoudre et ce sont encore des femmes qui se battent pour le
résoudre, pour remplir ces fonctions-là. À part cela, on
les tient dans des conditions de travail qu'aucun autre travailleur soi-disant
professionnel accepterait aujourd'hui au Québec. Ce n'est pas de la
démagogie. Ce sont les faits et c'est ce que tout le monde est venu dire
ici.
Je voudrais vous demander ce sera une question un peu plus
partisane; je l'admets au départ vous dites que le gouvernement
avait promis un réseau de garderies gratuites et contrôlées
par les usagers. Je savais qu'il avait parlé de l'établissement
d'un réseau universel de garderies, mais est-ce qu'il avait promis
qu'elles seraient gratuites?
Mme Foisy: Oui, c'est exact. C'était présent dans
le programme de 1975 et le gouvernement avait promis le transport compris. Je
crois même que c'était présent également dans le
programme de 1978. J'ai travaillé avec le programme à ce moment
pour...
M. Cordeau: Vous deviez être déçue.
Mme Lavoie-Roux: Je trouve cela encore plus intéressant.
Moi, au moins, je croyais qu'ils avaient promis un réseau de
garderies...
M. Lazure: ... la situation exacte.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: On n'en a pas honte.
Mme Lavoie-Roux: Je dois dire que je ne lis pas à tous les
jours le programme du PQ.
M. Lazure: Je le lis à tous les jours. "Mettre sur pied un
réseau complet de services de garde gratuits et à long terme,
axés sur le développement de l'enfant, en fonction de ses propres
besoins et animés par des auxiliaires familiaux,
professionnels" à part cela. "Ce réseau inclura les
haltes-garderies, les garderies de quartier et les services de garde en milieu
scolaire, en milieu de travail et les services de dépannage. Cette
implantation c'est cela qui est important pourra se faire par
étapes, mais devra, cependant, être prioritaire".
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est un gouvernement étapiste, de
toute façon.
M. Paquette: Est-ce qu'il y en a qui ne le sont pas?
Mme Lavoie-Roux: Je trouve encore plus édifiant de voir
qu'il y est promis un réseau de garderies universel. Je pense que tout
le monde peut mettre cela dans un programme, mais j'ignorais qu'il devait
être gratuit.
M. Lazure: À long terme. Je continue, si vous voulez avoir
tout le portrait. "Assurer, dans une première étape, un
financement à frais partagés, État, parents, employeurs,
en tenant compte des revenus des usagers". Je ne sais pas si vous étiez
partie au moment où cela a été rédigé, ce
deuxième paragraphe. En tout cas, il faut citer au complet quand on
cite.
Mme Huot: II y avait le transport compris aussi, dans la
première version.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Oui, mais des frais partagés.
M. Paquette: II y a bien des choses qui ne sont pas encore...
Mme Lavoie-Roux: Attendez le prochain programme. Il va être
bon. Cela va être avant le référendum!
M. Paquette: II y a aussi l'article 1 qui n'est pas encore
réalisé.
Mme Lavoie-Roux: Fini pour la politique partisane. Je voudrais
vous poser une question précise à l'égard de la
gratuité. Je sais bien qu'au point de vue idéologique, on
pourrait souhaiter que le système de garderies soit complètement
gratuit. Dans le système où l'on vit, dont vous ne partagez
peut-être pas tous les principes, il reste que les gouvernements doivent
faire des choix quant à leurs priorités. C'est évident
que, pour ni l'un ni l'autre, ni pour celui-ci, ni pour celui qui l'a
précédé, et l'Union Nationale, je voudrais bien lui offrir
des fleurs là-dedans, mais elle n'a pas été...
M. Grenier: C'est dans d'autres choses qu'on a été
bons.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que la population, dans le sens des
contribuables, peut se payer un système gratuit pour tout le monde?
Est-ce que ce n'est pas mieux d'en mettre plus, plus rapidement, et que ceux
qui peuvent payer paient la contribution qu'ils sont capables de payer? Je suis
d'accord avec vous que les tables sur lesquelles on base les subventions sont
insuffisantes, parce que, avec un salaire de $16 400 pour ceux qui ont deux
enfants à faire garder, c'est extrêmement coûteux pour des
familles, compte tenu de la subvention.
Mais, quand même, du point de vue de la sélection, vous le
voulez gratuit pour tout le monde. Ce serait très beau. Mais, dans le
fond, ne retarderait-on pas ou ne risquerait-on pas de faire très peu et
la société ne pourrait peut-être pas le supporter?
Mme Huot: Je risque une réponse. Je ne suis pas dans le
secret des dieux et je ne pense pas qu'on soit plusieurs à
l'être pour pouvoir évaluer la justesse de la
réponse du ministre tout à l'heure, à savoir que vous avez
un jeu de manoeuvre de tant de millions de dollars. Il faudrait pouvoir avoir
les chiffres pour le vérifier. C'est quoi la manoeuvre? On ne le sait
pas.
M. Lazure: Ce n'est pas un secret, c'est public.
Mme Huot: Je m'excuse. Est-ce que je peux continuer? Je n'ai pas
les chiffres. Je n'ai pas non plus la pensée intérieure du
ministre Parizeau pour savoir où il met ses priorités
économiques. Mais ce que je sais, c'est que, dans l'histoire du
développement du Québec, on a vécu des périodes
où on est passé d'un service payé par les individus
à des services gratuits. Je me souviens de ma mère à
l'hôpital, pour qui on a dû mettre des années à
rembourser. Aujourd'hui, on a la "Lazurette", mais, en tout cas, c'était
la "Castonguette".
M. Lazure: La "Lazurance".
Mme Huot: D'accord, vous marquez un point. Ce que je sais, c'est
qu'à force de luttes, les Québécois sont arrivés
à se donner des droits, comme les Canadiens en général, et
les gens à travers le monde, et à arracher des droits à
leur gouvernement. J'en ai la certitude. Et c'est sur cette base qu'on se bat,
chez nous comme dans beaucoup d'autres groupements. Mais je ne suis pas en
mesure de vous donner le détail et de dire comment il se fait
qu'à un moment donné, je vais à l'hôpital et que
cela ne me coûte plus rien. Le détail des colonnes de chiffres, je
ne peux pas vous le donner. Mais je sais que le jour où il y a assez de
monde qui revendique une chose, cela devient une réalité et c'est
cela qu'on vise.
Mme Lavoie-Roux: Vous estimez à $2 l'heure le salaire qui
serait accordé aux femmes qui feraient de la garde en milieu familial.
Sur quoi avez-vous basé cela?
Mme Foisy: C'est une hypothèse. Nous sommes partis du
principe qu'une femme peut garder jusqu'à quatre enfants chez elle. On a
calculé
quatre fois $40 par semaine, en mettant cela au meilleur taux qu'elle
peut retirer de ce travail.
M. Lazure: À quel taux quotidien le calculez-vous?
Mme Huot: $8.
Mme Foisy: $8 par jour. À la semaine, quatre fois $40 par
semaine, cela lui donne $160 par semaine.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas de $8 qu'il est question?
M. Lazure: II n'y a pas de plafond. C'est vous qui le dites.
Mme Huot: Non, c'est sûr, mais juste le plafond du salaire
des parents.
Mme Foisy: Est-ce que je peux me rendre au bout de mon
exemple?
M. Lazure: Actuellement, le coût moyen, on le sait, et vous
le savez, pour faire garder un enfant, c'est $10 par jour, c'est $50 par
semaine.
Le $5 plus le $1 de ticket modérateur, le $6 en tout, ce n'est
pas un plafond. Les gardiennes vont continuer de charger $10 ou $11 par jour
pour garder les enfants.
Mme Foisy: La question, M. Lazure...
M. Lazure: Mais on va accorder $5 aux gens qui ont un revenu de
tel niveau, comme pour les garderies.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'accordez que $5 pour ceux qui sont...
M. Lazure: Non. On part de l'hypothèse, si on veut parler
d'hypothèse, qu'en garde familiale, les normes étant
différentes je ne dirais pas moins bonnes, mais
différentes et appropriées à la garde de quatre
enfants pour un adulte, le coût est moins élevé, le
coût réel d'une telle garde est moins élevé. C'est
pour cela que le maximum de la subvention accordable est de $5 au lieu de
$9.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, en admettant que les cinq
enfants qui seraient confiés seraient tous admissibles, on pourrait voir
cela dans un milieu défavorisé.
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Probablement que, même dans des milieux
ruraux, ce seront peut-être des familles monoparentales qui confieront
leurs enfants à des services de garde. Si vous en avez cinq à $6
par jour, en admettant qu'il n'y en ait pas un qui appartienne à la
mère là-dedans parce que si c'était le cas, il en
resterait seulement quatre, quatre enfants à $6 par jour...
M. Lazure: $24 par jour.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Pendant cinq jours, cela fait $125.
M. Lazure: Pendant cinq jours, cela fait $120 par semaine.
Mme Lavoie-Roux: $120, oui. Quand vous divisez cela par... Vous
calculez que la journée est de combien d'heures?
Mme Huot: Vous n'avez pas payé la nourriture des enfants,
vous n'avez pas payé l'équipement.
Mme Foisy: Nous évaluons que sur quatre enfants qui
viennent à la maison, il y a bien des chances que le premier entre
à 7 heures, 7 h 30 et que le dernier quitte à 18 heures. Cela
fait dix heures de travail auprès des enfants, sans compter le temps qui
est mis en soirée pour remettre la maison en endroit, pour
préparer le macaroni pour le lendemain, tout le ménage qu'il y a
à faire et l'ouvrage de maison qui n'est pas fait. Seulement pour le
temps passé auprès des enfants, si on prend le salaire de base
qu'elle va chercher j'ai fait enquête personnellement
auprès de femmes qui font déjà ce travail-là
il faut calculer au moins $50 par semaine qui vont y passer, que ce soit pour
la nourriture, que ce soit pour des médicaments, le minimum
d'équipement. Même à cela, seulement pour la nourriture,
les collations, il faut que tu enlèves au moins $50 par semaine.
Même avec mon hypothèse de quatre, si elle réussit à
aller chercher $40, il reste à peu près $110 qu'il faut que tu
divises par le nombre d'heures que je vous ai dit. Cela ne revient pas à
$2. Je dis $2, en gros, c'est $1.83 l'heure. Cela ne se compare même pas
au salaire minimum, c'est complètement en dessous.
M. Lazure: Excusez-moi. L'exemple que vous donnez là peut
être spectaculaire.
Mme Foisy: C'est un fait, M. Lazure.
M. Lazure: Ce n'est pas un fait, c'est une hypothèse que
vous faites. Ce n'est certainement pas un fait, parce que le système
n'est pas commencé.
Mme Foisy: M. Lazure, il existe ce système-là. Les
hypothèses que j'émets, ce ne sont pas des hypothèses
farfelues et dans les airs.
M. Lazure: Je vous...
Mme Foisy: Justement, quand je suis allée à votre
assemblée dans le comté, j'en ai profité pour discuter
avec des femmes qui étaient là.
M. Lazure: Ne me dites pas que ce système-là
existe, je vous dis qu'au moment où on se parle aucun montant encore n'a
été versé pour la garde en milieu familial. Cela n'existe
pas.
Mme Foisy: C'est ce que vous disiez vous-même: On n'invente
rien, nous autres, le PQ. On prend une situation actuelle...
M. Lazure: C'est un dialogue de sourds. Vous prenez des
situations qui sont en dehors de la surveillance ou du contrôle du
gouvernement. Je ne nie pas que des femmes gardent actuellement des enfants
à $6 par jour chacun ou qu'elles en gardent quatre. Je ne nie pas cela.
Cela peut exister. Quelque part au Québec, cela existe sûrement,
mais je vous dis: Cela ne découle pas de notre avant-projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais les résultats de votre projet
de loi pourraient donner à peu près la même chose.
M. Lazure: C'est l'hypothèse la plus pessimiste qu'on
puisse imaginer.
Mme Lavoie-Roux: Mettez-la un peu plus optimiste, ce sera...
Mme Huot: M. le Président, reprenons la
réalité, à savoir que le ministre va encourager toutes les
femmes qui garderont à la maison à demander au moins $10 par jour
par enfant; admettons cette hypothèse, une fois que cela sera
réglementé, qu'il obligera ou incitera fortement les femmes en
milieu familial à exiger $10 par jour. L'échelle à
laquelle on se réfère, que vous avez sûrement sur votre
bureau sinon, ce serait important que vous l'ayez cette
échelle-là a un maximum de subvention de $5 par jour et le
Conseil des ministres avait justement établi cette somme maximale
à $5 pour éviter l'impact inflationniste que pourrait avoir une
subvention plus élevée. Ce qu'on a compris nous autres,
c'était qu'on ne donnera pas trop pour éviter que les femmes
demandent trop cher. C'est ce qu'on a compris. Est-ce cela une fonction
inflationniste?
M. Lazure: Voulez-vous que je réponde seulement à
cette question-là? Quant à moi, c'est la dernière, parce
que connaissant...
Mme Lavoie-Roux: C'est moi qui pose des questions.
M. Lazure: Vous posez des questions. Elles sont
appropriées.
Mme Lavoie-Roux: Je vous provoque tout le temps.
M. Lazure: La raison principale pour laquelle on a fixé
à $5 le maximum de la subvention, on l'a expliquée hier et
avant-hier. Il n'y a pas de plus sourds que ceux qui ne veulent pas comprendre.
La raison principale, c'est pour que ce soit en concordance avec les tarifs
actuels octroyés aux familles d'accueil. (16 heures)
Pour un enfant en famille d'accueil actuellement, d'âge
préscolaire, on verse un peu moins de $5 par jour, ça doit
être augmenté en avril prochain, mais on ne voulait pas, comme
l'Association des centres de services sociaux l'a fait remarquer hier à
bon droit, entrer en guerre contre le réseau des familles d'accueil,
pour lesquelles, à tort ou à raison, la subvention maximale pour
un très jeune enfant est tout près de $5 par jour. C'est pour
ça qu'on a fait la concordance, mais le barème sera changé
en avril.
Mme Lavoie-Roux: On ne réglera pas aujourd'hui le
barème, c'est simplement pour vous dire que c'est un point qui nous
apparaît majeur et qui devra être discuté en commission
parlementaire avec un peu plus de précision. Vous serez peut-être
en mesure à ce moment de présenter des données plus
précises.
Une chose est certaine, c'est que, parce que les familles d'accueil ne
sont pas payées suffisamment ou ne le seraient peut-être
pas, je vais le mettre au conditionnel pour ne rien exagérer il
ne faudrait pas utiliser ça comme justification pour ne pas donner
suffisamment de revenus aux femmes qui assumeront les tâches dans les
foyers de garde familiale.
Ceci étant dit, il y a juste un autre point que je voudrais
relever, vous ne l'avez pas relevé, alors j'imagine que ça doit
être exact. Les exemples qu'on a donnés quant aux projets de
garderies pour les enfants d'âge scolaire durant l'été; si
les faits, tels que rapportés, sont exacts, je trouve ça
incroyable. Que, sous prétexte que ce n'était pas un service
permanent, vous ayez refusé que ces garderies fonctionnent, je vous dis,
M. le ministre, que vos préoccupations de guerres
fédérales-provinciales sont plus importantes à vos yeux
que le bien-être des enfants. Il semble qu'il y a eu un seul permis
d'accordé. Je ne redonnerai pas un autre exemple ici, mais on pourrait
reparler de l'indexation des prestations d'aide sociale quand on fait porter
par la population les querelles fédérales-provinciales.
Vous faites une remarque au sujet du ministre d'État à la
Condition féminine; je ne sais pas, elle serait peut-être plus
efficace dans l'Opposition! Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup. M. le
député de Mégantic-Compton, en vous demandant...
M. Grenier: D'être bref; je le suis toujours!
Le Président (M. Boucher):... d'essayer d'être bref,
nous avons déjà dépassé les quinze minutes.
M. Grenier: Je suis toujours très bref, vous savez; ce
n'est pas à moi que vous devriez faire ces recommandations, c'est
à ceux qui me précèdent... Pas tous ceux qui me
précèdent, je devrais dire celui qui précède!
Le Président (M. Boucher): C'est toujours le dernier qui a
tort!
M. Grenier: Merci, M. le Président. D'abord, il y a
certaines mises au point que je devrais faire; je reviens là-dessus, je
veux le signaler devant vous, c'eût été important que le
ministre d'État à la Condition féminine ait
été ici lors des études que nous faisons maintenant. Il y
a plusieurs engagements, on y réfère à peu près
à chaque mémoire et je regrette qu'elle ne soit pas
présente. Elle est préoccupée en Colombie-Britannique
à parler du référendum, c'est le journal qui en parle
aujourd'hui: "Lise Payette à Vancouver. Le référendum
pourrait contenir plusieurs questions." J'aimerais mieux qu'elle s'occupe de la
condition féminine au Québec, c'est pour ça qu'on la paie,
c'est pour ça qu'on lui demande d'être ici.
Mme Lavoie-Roux: Elle s'exerce à la communication.
M. Grenier: Elle fait son jogging en Colombie-Britannique!
D'abord, je veux vous faire remarquer que vous n'êtes pas bien gentilles
pour moi; à la toute fin de votre mémoire, vous me criez des
noms, vous m'appelez "autres", "péquiste, libéral et autres".
J'aurais aimé que vous reteniez qu'on s'appelle l'Union Nationale.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le député de
Mégantic-Compton, il y a les protestants, les catholiques et les
autres.
M. Grenier: Oui, dans la loi 101 il y avait les Français
et il y avait les autres!
Farce à part, j'ai apprécié votre mémoire,
il y a des choses que vous dites qui sont intéressantes pour nous; il
ressemble à celui que nous avons eu hier d'une Mme Tremblay, qui est ici
encore aujourd'hui. Il y a plusieurs expressions qui nous encouragent à
continuer de bons combats dans ce dossier.
J'aimerais avoir certains détails; par exemple, dans vos budgets,
est-ce que l'ambulance est comprise, est-ce que vous avez un surplus au moment
d'un accident, qu'arrive-t-il avec ça?
Mme Huot: C'est aux frais de la garderie, il n'y a aucun...
M. Grenier: II n'y a aucune subvention additionnelle
accordée pour ça?
Mme Huot: Ordinairement, c'est le taxi, parce que c'est moins
cher.
M. Grenier: Remarquez ce qui, dans l'ensemble, se dégage
depuis le début de la commission au sujet des garderies sans but
lucratif, il est vraiment grand temps... Je pense qu'après deux grosses
journées, la troisième bonne journée qu'on passe
là-dessus et on en passera encore deux ou trois autres la semaine
prochaine. Il y a un consensus qui se dégage. C'est qu'il est
évident que, dans ce secteur, c'est le parent pauvre du ministère
des Affaires sociales. Ce sont les gens maltraités et ce sont les gens
mal payés. Je pense que c'est une structure qu'on est en train
d'élaborer.
On se disait tout à l'heure: On ne fait pas de reproche à
l'Union Nationale. Non, on n'est pas là depuis l'ère des
garderies. Cela a vraiment commencé après 1970. Mais, jusqu'en
1970, j'aimerais vous faire savoir il y en a peut-être des plus
jeunes dans la salle qu'on a mis sur pied, nous, un excellent
réseau de centres d'accueil pour personnes âgées et,
même quand le Parti libéral est arrivé, en 1970, on s'est
fait dire que c'était fini...
M. Paquette: Elle est partie à Vancouver.
M. Grenier: Elle est allée à Vancouver...
On s'est fait dire que c'était fini, l'ère des petits
hôtels luxueux en campagne, et cela a été vrai. Ils l'ont
arrêtée aussi. Ils ont mis la hache là-dedans. On a
commencé avec l'arrivée du nouveau gouvernement non pas
partout; ce n'était pas utile partout à Montréal,
d'une façon particulière, et en Gaspésie, dans la
région du Bas-du-Fleuve, à compléter le secteur qui
était resté incomplet au moment de notre défaite en 1970.
Je pense qu'on vous a donné un réseau... On a donné
à la population du Québec un véritable réseau de
foyers sans but lucratif, foyers qui fonctionnent très bien.
J'écoutais en matinée certaines choses dans les dossiers que je
n'ai pas relevées; dans les conseils d'administration, on tient compte
de la représentation des personnes et tout ça. Il y a plusieurs
parallèles qu'on pourrait faire avec vous autres, mais il se
dégage aujourd'hui, après trois jours d'audiences, qu'il y a
vraiment quelque chose à faire dans le système des garderies, si
ce n'était que du côté salaire des personnes qui
travaillent là. Je vous ai exprimé mon opinion à plusieurs
reprises. Il y a des personnes qui sont ici depuis le début et qui ne
sont entendues qu'aujourd'hui. J'ai exprimé mon opinion, à savoir
que j'étais favorable... On se rend compte que le pourcentage d'enfants
qui vont en garderie est quand même minime par rapport à celui des
enfants qui n'y vont pas, mais il reste une chose, c'est qu'il faut absolument
élaborer un système sans but lucratif aussi. C'est une aide
supplémentaire qu'il faut se donner ici et il faut l'élargir
beaucoup plus qu'on la connaît dans le moment, donner plus d'importance
dans les secteurs des grandes villes principalement, en campagne aussi. On l'a
très bien signalé ce matin qu'on sent qu'il y a, dans les petites
régions, un recours en quelque part, qu'on sente ça partout. Mais
on se rend compte de toute évidence que ce sont les grands centres
principalement qui peuvent profiter de ça et qui doivent en profiter
d'abord. Il y a plus de besoins et on n'est pas en 1930. Cela a changé.
Il doit y avoir un système sans but lucratif qui est là et qui
répond à cette demande qui va grandissante.
Cependant, vous dites, à la page 17 je reprends votre
texte "nous exigeons que les
garderies soient reconnues comme un service public essentiel au
même titre que l'école, puisqu'il s'agit bien, en fait, de
l'éducation de nos enfants".
Il faudrait préciser la phrase ici, "de certains de nos enfants",
contrairement à l'école. J'aimerais vous entendre expliquer
ça. À l'école, quand on paie pour un service public, c'est
pour tous les enfants, sauf qu'ici c'est pour certains de nos enfants. Si je
prends vos chiffres, c'est 6,6% qu'on disait, qui vont en garderie. J'ai vu
ça dans le rapport. Ici, c'est mal imprimé, mais...
M. Lazure: C'est près de 10%. C'est 10%, un peu plus.
M. Grenier: Près de 10%? Entendons-nous sur le chiffre de
10%. J'aimerais vous entendre l'expliquer. Vous allez peut-être me
convaincre. Dans le moment, je vois une part venant du parent, qui est un
bénéficiaire de ça, et je vois une part de l'État
aussi. Mais, qu'on le dise dans une phrase avec autant d'éclat,
puisqu'on le met en gros caractères, c'est qu'on y croit chez vous.
J'aimerais que vous me l'expliquiez.
Mme Foisy: D'abord, c'est bien important de ne pas penser qu'on
veut nécessairement que tous les enfants, demain matin, soient
gardés en garderie. Encore une fois, on part de la
réalité. Quand on présente les chiffres de jeunes femmes
qui travaillent et qui ont de jeunes enfants et qu'on arrive à la
situation où, actuellement, il y a déjà 150 000 enfants
dont la mère travaille indépendamment d'où ils sont
gardés, leur mère travaille on doit s'occuper de ces
enfants. Il y en a 180 000 d'âge scolaire. Ces chiffres vont en
croissant. On va être à 40% de femmes qui travaillent en 1980,
selon les chiffres fournis par la CSN, qui a fait quand même une
étude très sérieuse. C'est 250 000 jeunes enfants
d'âge préscolaire et 250 000 enfants d'âge scolaire dont la
société va devoir s'occuper pour assurer leurs services de garde.
C'est vraiment ça qu'est le sens de notre revendication. C'est de dire
que ces enfants doivent être gardés dans des conditions où
c'est justement une fonction d'éducation que doit avoir la garderie.
C'est à ce titre que ça doit devenir un service public et non pas
être assumé présentement sur la base d'initiatives, de
courage et de bénévolat de certaines personnes.
Mme Huot: C'est un autre élément. Peut-être
qu'au niveau de l'école, maintenant, les enfants... On se souvient... En
tout cas, moi, quand j'étais jeune, il y avait les "polices" qui
vérifiaient si on allait à l'école, c'était
obligatoire.
M. Grenier: Cela ne fait pas longtemps.
Mme Huot: En tout cas, je vous laisse le choix c'est la mode de
ce temps-ci. Un aspect qui est important, c'est que "public" ne veut pas dire
nécessairement à 100% utilisable dès maintenant. La
question des hôpitaux, c'est quand on est malade. S'il avait fallu
obliger le monde à être malade pour avoir le service gratuit, cela
aurait été un peu aberrant. Je pense qu'il faut l'entendre en
termes de service public comme étant accessible à tous au besoin.
Il ne s'agit pas de dire que c'est tout le monde qu'on enverra de force dans
les garderies, qu'il y ait un service et des structures établis de telle
sorte que tous y aient accès. C'est dans ce sens qu'on parle de service
public essentiel, comme on parlerait d'un service de santé ou comme on
parlerait d'un service d'école.
M. Grenier: Je ne veux pas me permettre de vous juger, je n'ai
pas cette compétence, mais j'avais peur que vous me répondiez,
avec cette question, justement, comparant cela aux hôpitaux, je craignais
que vous me donniez cette réponse, parce qu'elle est assez correcte
quand vous me répondez avec cela.
Mme Huot: Pourquoi avez-vous peur que je vous dise quelque chose
de correct?
M. Grenier: Je n'ai pas peur, mais je me disais: Elle va
certainement me répondre avec les hôpitaux, parce que ce n'est pas
un service dont tout le monde se prévaut, mais seulement une partie de
la population. C'est quand même toute la population qui paie pour cela,
tandis qu'aux écoles, c'est quand même toutes les familles qui y
participent. Il reste qu'il y a encore un bout de chemin à faire, et je
ne vous blâme absolument pas d'exiger là-dedans. Bien sûr,
ça peut prendre un certain nombre d'années.
On en parlait tout à l'heure... c'est peut-être un peu
politique, mais il y a une dame, hier, dans un corridor, qui me disait qu'elle
était toute surprise de voir qu'il se faisait de la politique à
la table, ici. C'est absolument normal, on discute des politiques d'un
gouvernement qui est là, à l'occasion d'une commission comme
celle-là. Quand on a parlé d'établir un système
gratuit, universel, j'ai l'impression que, dans la campagne électorale,
il n'y a pas beaucoup de candidats qui ont dû appuyer sur le long terme.
On a dû parler d'"universel", mais si quelqu'un avait soulevé,
dans la salle, le long terme, c'est quoi? Il n'y en a pas beaucoup qui vous
auraient dit: On prévoit 20 ans, je pense qu'on vous aurait dit que le
long terme, c'était le mandat, on avait compris que c'était
à la fin du mandat que ce long terme devait être
terminé.
C'est pour cela qu'au cours d'une campagne électorale, il serait
peut-être bon de suivre les partis politiques et leur demander plus de
détails sur leur programme, pour savoir un peu ce que c'est le long
terme, là-dedans. J'ai la ferme conviction... je ne sais pas si cela a
fait élire des candidats dans des comtés, mais si ça
devait aider à amener des votes, si on avait fait expliquer ce que
c'était, le long terme, on aurait peut-être voulu dire que le long
terme, c'était avant la fin du mandat. Un mandat est
généralement de quatre ans, et j'ai bien l'impression que, sur la
longueur de pas qu'on fait, on ne fait pas des enjambées, on
fait de petit pas, on ne veut pas reculer, on l'a dit ce matin, mais
ça va prendre du temps avant d'arriver à terme, avant d'arriver
à un système public universel.
Mme Huot: J'aurais juste une dernière question...
M. Grenier: Oui, allez.
Mme Huot: Excusez, je croyais que vous aviez terminé.
M. Grenier: Je change de question, si c'est là-dessus, par
exemple, j'ai une autre question qui est d'ordre technique. À la page
25, vous faites allusion à quelque chose que je ne connais pas, vous
parlez d'un exemple: "Le problème est entier et les solutions sont rares
il semble que ce sont les vacances d'été et dire
que le projet de loi n'en fait pas même mention. Pire encore, le
gouvernement actuel s'oppose carrément à permettre que des
solutions soient trouvées. L'exemple d'un projet dans Longueuil parle
par lui-même". J'aimerais que vous illustriez votre pensée pour
que ça me permettre de saisir ce que c'est, cette
histoire-là.
Mme Huot: Les pages qui suivent, monsieur, racontent cette
histoire en détail.
M. Grenier: Ce qui s'est passé à Longueuil? Je
m'excuse, c'est parce que je suis sorti tout à l'heure.
Mme Huot: C'est cela, vous n'y étiez pas à ce
moment-là.
M. Grenier: Je m'excuse. M. Paquette: ... non,
ça va.
Mme Huot: J'aurais une dernière question qui était
dans l'objet de notre texte, et j'aurais aimé que M. Lazure
réponde.
M. Lazure: Allez-y.
Mme Huot: Est-ce qu'il est possible d'avoir des précisions
au niveau de l'ensemble du reste des subventions; on a une idée des $2,
qu'est-ce qui arrive de la subvention aux parents?
M. Lazure: Vous parlez des $10 millions additionnels qui seront
ajoutés?
Mme Huot: Je ne sais pas si c'est $10 millions. On sait qu'on
n'aura peut-être plus le plan Bacon, on va peut-être l'avoir.
Quelle est la situation? Tout ce qui est sûr, c'est $2.
M. Lazure: Vous avez l'habitude de m'écouter et de me
retenir mieux que ça. J'ai dit qu'on faisait une brèche
importante dans le plan Bacon. Dorénavant, en plus des subventions aux
parents appelez ça le plan Bacon, si vous voulez il va y
avoir les $2. Cela veut dire qu'au 1er avril, on va estimer à $12 le
coût par jour par place, dont $2 vont aller directement à la
garderie, le $1 que chaque parent paie et les $9 au maximum de subvention.
Mme Foisy: Est-ce que vous pouvez affirmer que ce ne sera jamais
instauré, le système de remboursement du plan Bacon, après
le paiement des cotisations? Est-ce que vous pouvez l'affirmer?
M. Lazure: Affirmer quoi?
Mme Foisy: Dans le mémoire qui a été
présenté au Conseil des ministres, on faisait mention de
changements au mode d'allocations aux familles; on parlait de mettre, au lieu
du plan Bacon, qui parvient, dans un premier temps, d'abord que la famille
avance les sommes à la garderie et ensuite, sur la présentation
de reçus, un remboursement...
M. Lazure: D'accord, je suis avec vous.
Mme Foisy: Est-ce que vous pouvez affirmer, cet
après-midi, que ce système ne sera jamais instauré? (16 h
15)
M. Lazure: II y a deux mots qu'une personne qui s'occupe de
politique en particulier, ou que toute personne publique ne doit jamais
prononcer, c'est "toujours" et "jamais". Pour l'année qui vient,
1980-1981, je peux vous jurer que ce que vous appelez le plan Bacon va rester,
plus les $2 directement aux garderies. Je vous ai déjà dit et je
vous répète qu'on étudie cela a été
une des formules étudiées, le document que vous avez en main
la possibilité d'avoir un système plus souple encore. Vous
n'avez pas aimé le système, je le sais, ou enfin un des
systèmes qui étaient étudiés, mais notre objectif
plusieurs groupes nous l'ont demandé hier et avant-hier dans leur
mémoire c'est de pouvoir donner les mêmes subventions, mais
par le biais du système de taxation. Cela ne veut pas dire le donner en
retard, comme vous le pensiez; ça peut vouloir dire donner des avances.
Tout ce que vous disiez comme critique tantôt, c'est que le
système qui avait été étudié comportait un
remboursement par la suite, mais le même système peut se faire par
une avance au lieu d'un remboursement.
On va continuer de chercher une façon plus simple de
subventionner les gens, selon les revenus, de façon qu'on n'arrête
plus à $15 000, $16 000 ou $17 000, de façon que tout le monde
soit éligible, mais de façon proportionnelle au revenu annuel des
personnes.
Mme Foisy: C'est une intention ou une promesse?
M. Lazure: C'est une intention.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie les représentants de SOS Garderies et
j'invite immédiatement le Réseau d'action et d'information pour
les femmes, représenté par Mme Nicole Tremblay. Voulez-vous
identifier la personne qui vous accompagne? Vous êtes Mme Tremblay?
Réseau d'action et d'information pour les
femmes
Mme Dolment (Marcelle): Non, je suis Marcelle Dolment, mais ce
n'est pas moi qui suis porte-parole du RAIF, c'est Nicole Tremblay. Je vais
simplement faire un tout petit préambule. Nous avons entendu la motion
au tout début de la commission parlementaire pour demander que Lise
Payette soit présente ici. Nous sommes d'accord. On en a parlé
à notre réunion générale à Québec et
tout le monde était d'accord qu'en effet Lise Payette devait
certainement être ici parce qu'elle est ministre d'État à
la Condition féminine. Un dossier aussi important que les garderies, je
ne pense pas qu'on puisse en prendre connaissance uniquement par le rapport
Égalité et Indépendance, qui va d'ailleurs à
l'encontre du programme du Parti québécois. Il aurait
été très important que Lise Payette dise quel chemin elle
prend parce que dans le rapport Egalité et Indépendance on
recommande que le service soit financé à 40% seulement, alors que
le programme du Parti québécois recommande le financement
gratuit; à long terme, mais gratuit quand même. La politique
d'ensemble a été commencée sous le gouvernement
libéral, il ne faut pas l'oublier. Alors on aurait beaucoup aimé
avoir la présence de Lise Payette pour clarifier ce point-là.
Peut-être M. Lazure peut-il le clarifier?
Le Président (M. Boucher): On a eu une motion au
début de la commission et elle a été rejetée.
M. Lazure: M. le Président, juste un mot, si vous
permettez. J'ai expliqué l'autre jour, lorsque la motion a
été présentée, que Mme Payette était
à Vancouver, et vous le savez. C'est de connaissance publique, c'est
dans les journaux. On me dit qu'elle arrive aujourd'hui. Je ne sais pas
à quelle heure, je m'excuse de ne pas connaître son horaire
à l'heure près. On avait espéré qu'elle puisse
être ici aujourd'hui mais ce n'est pas possible. La semaine prochaine
nous avons encore deux séances en commission parlementaire et je
m'engage à faire l'impossible pour qu'elle soit ici. Je vous ferais
remarquer aussi qu'il ne faut pas dramatiser non plus à outrance. Il va
y avoir encore plusieurs semaines de débats sur le projet de loi
proprement dit quand il sera déposé à l'Assemblée
nationale dans environ un mois et Mme Payette va certainement participer
à ce débat-là.
M. Grenier: M. le Président, Mme Dolment, vous avez fait
allusion à une motion que j'ai présentée ici, au tout
début de la commission, et je peux vous dire une chose, c'est que la loi
me permet de présenter une autre motion. Je ne le ferai pas aujourd'hui,
mais dans une autre séance. Ce sera au cours d'une autre séance,
mercredi matin, que je referai la même motion. Si on n'a pas l'assurance
avant que Mme Payette c'est trop important sera ici au cours des
deux journées de la semaine prochaine, je représenterai ma motion
mercredi; la loi me le permet. On va exiger qu'elle vienne nous rencontrer.
J'aime bien les déclarations à l'extérieur, mais
assis à une table, ici, où on peut la questionner, c'est fort
différent d'une conférence en Colombie-Britannique. On veut la
questionner, on ne veut pas seulement l'écouter.
Mme Dolment: Je voulais simplement, M. Lazure, déplorer
qu'elle ne soit pas présente. Je pense qu'on apprend beaucoup en
écoutant tous les dossiers et tous les mémoires qui sont
présentés. Je dois dire je n'ai pas été
présente à toutes les réunions que plusieurs des
mémoires qui ont été présentés posaient
certains problèmes, que, je crois, notre mémoire touche, et
peut-être celui-ci apporte-t-il certaines solutions qui pourront
satisfaire plusieurs groupements. Enfin, on pourra le voir à
l'étude.
Le Président (M. Boucher): Si je comprends, on a deux
documents. Le premier document inclut les principaux points du mémoire
du RAIF avant le projet de loi sur les services de garde et le deuxième
document, c'est le mémoire. Est-ce cela?
Mme Dolment: C'est simplement un résumé. C'est
simplement comme un...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous désirez
lire le résumé, étant donné que le mémoire
est assez long?
Mme Dolment: Non, on ne lira pas le mémoire; ne vous
inquiétez pas. Ce n'est pas moi qui le présente. Je fais juste
parler d'une motion. On sait très bien que le temps est court. On
espère avoir le même temps que les autres, mais on ne lira pas le
mémoire. Vous pouvez être rassuré.
Le Président (M. Boucher): Merci.
Mme Dolment: Je voudrais simplement dire que notre mémoire
a été envoyé dans nos divers réseaux. Un
comité a étudié le sujet avant et après avoir eu
les réponses des autres réseaux. Nous avons consigné cela
dans le mémoire qui va être présenté par une
personne qui a elle-même des enfants et qui, je pense, est très au
courant des problèmes. D'ailleurs plusieurs membres du RAIF sont des
mères de famille. Alors, je crois que le document qui est
présenté répond à la réalité. C'est
Nicole Tremblay qui est le porte-parole du RAIF.
Mme Tremblay (Nicole): Notre mémoire comprend une
introduction et un tableau qui veut
donner une vue globale du RAIF sur les services de garde à
l'enfance, que cette garde soit effectuée par les parents ou par
d'autres que les parents.
Cet après-midi, je vais m'attacher surtout aux points qui sont
développés dans l'avant-projet de loi...
Mme Lavoie-Roux: ... dont vous parlez... Mme Dolment: Vous
ne l'avez pas?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ce sont les deux pages?
Mme Dolment: Oui, vous devez l'avoir. En tout cas, il est sur la
table, là-bas, en arrière, en dessous de la pile. Il y en a toute
une pile avec le résumé.
M. Grenier: ... comme dans les ministères en dessous de la
pile.
M. Lazure: Les lettres des députés de l'Opposition,
en dessous de la pile.
Mme Dolment: J'espère que cela ne me trahit pas! Vous les
avez à la fin. À la fin, vous avez le résumé des
recommandations, à la fin de votre dossier. M. le Président, vous
avez à la fin du document, du mémoire, le résumé
des recommandations, aux pages 13, 14 et 15. L'autre c'est presque juste un
genre de communiqué de presse ou, enfin, les deux petites pages, c'est
un court résumé.
Le Président (M. Boucher): On nous en a remis un extrait
de plusieurs pages ici.
Mme Dolment: Non, ce sont trois pages de recommandations, plus
deux pages de résumé. Mais les trois pages de recommandations
sont à la fin du mémoire.
Le Président (M. Boucher): C'est cela.
Mme Tremblay (Nicole): L'avant-projet de loi apporte, à
notre avis, trois innovations principales, soit l'Office des services de garde,
les services en milieu familial et la halte-scolaire. En ce qui concerne
l'office, nous sommes d'accord pour son existence afin qu'il veille à la
promotion et à la mise sur pied d'un éventail de services de
garde.
Mais nous voudrions ajouter deux points: il faudrait que deux personnes
représentant les organismes socio-économiques en fassent partie,
comme dans les CRSSS ou dans les hôpitaux, notamment les groupes de
femmes qui sont les principales utilisatrices des services de garde et qui
exigent pour leurs enfants des services de grande qualité et qui sont
très sensibilisées aux besoins de leurs enfants.
Nous demandons également, comme le font les établissements
de santé qui y sont tenus par la loi, que l'Office des services de garde
organise, dans chaque région, une réunion publique annuelle
où la population, parents et autres, pourrait poser les questions qui la
préoccupent et faire les remarques et les demandes pertinentes
concernant les services qu'elle reçoit en matière de garde
d'enfants.
La RAIF, en matière de services de garde, désire qu'un
éventail de moyens soient mis à la disposition des pères
ou des mères qui ont la responsabilité de leurs enfants, moyens
sur lesquels il ne faut pas lésiner en qualité et en
quantité. Nous demandons un réseau universel et gratuit de
garderies contrôlées par les parents, où l'on assure le
développement physique, intellectuel, social et affectif de
l'enfant.
Notons que la gratuité d'un réseau universel de garderies
doit se voir plutôt comme un transfert de fonds que comme une
dépense. Si ce sont des femmes qui travaillent qui mettent leurs enfants
en garderie, elles rapportent des impôts substantiels à
l'État et, de plus, dans bien des cas, la possibilité de faire
garder des enfants en garderie évite à l'État de
défrayer des coûts de soins de santé, d'hospitalisation et
de placement d'enfants dans les cas de dépressions ou de maladies dues
à l'enfermement des femmes à la maison. De plus, cette
possibilité de faire garder les enfants prévient certainement la
délinquance juvénile.
Nous trouvons excellent l'article 31 de l'avant-projet de loi qui
accorde un permis de garderie à une coopérative ou à une
corporation sans but lucratif contrôlée par les parents. Nous
souhaitons qu'on oblige les garderies privées actuelles à but
lucratif à se transformer en garderies coopératives ou à
but non lucratif.
Nous trouvons que c'est impensable de faire de l'argent sur le dos des
enfants et nous ne voulons pas en arriver à ce qu'on peut voir aux
États-Unis, par exemple, soit à avoir des chaînes de
garderies. Nous demandons qu'un quota de garderies, de mini-garderies et de
haltes-garderies soit assigné pour chaque région, avec un
échéancier précis, de façon que le Québec
soit doté d'un réseau complet de garderies d'ici quelques
années. Nous recommandons également que les garderies
reçoivent des subventions directes et globales quatre fois par
année.
En ce qui concerne le dossier de l'élève, dans un journal,
j'ai pu lire que le ministre Lazure disait que dans ce dossier il n'y aurait
pas plus que ce qu'on y tient déjà, c'est-à-dire le nom,
une autorisation pour les sorties et pour les urgences. Mon expérience
personnelle me dit qu'on y compile bien d'autres choses: des
appréciations sur le développement de l'enfant, tant physique que
social et affectif, et des remarques s'il y a eu des progrès. Je sais
que même il y a des écoles qui demandent de voir le dossier qui
était à la garderie avant d'accepter un enfant pour voir quelle
sorte de problème il pouvait avoir, dans quel groupe on pourrait
l'intégrer et tout. Nous sommes tout à fait contre un dossier
cumulatif. Nous voulons que le dossier soit remis aux parents quand l'enfant
quitte la garderie. (16 h 30)
Nous demandons également que les garderies, mini-garderies,
haltes-garderies et tout autre établissement qui offre des services de
garde ait des exemptions de taxes au moins autant que les communautés
religieuses. Nous demandons aussi qu'il soit exempt de zonage, des
inconvénients résidentiels pouvant être minimisés
par diverses suggestions faites à ces établissements par les
spécialistes de l'office.
La deuxième innovation dans le projet de loi, c'étaient
les services de garde en milieu familial. Notre position là-dessus,
c'est que nous croyons que l'avant-projet de loi leur donne trop d'importance,
tout en n'exigeant pas assez quant à leur qualité. Nous sommes
tout à fait contre la subvention de ce type de garde, car nous ne
voulons pas promouvoir et institutionnaliser ce genre de garde au
détriment des parents, car nous croyons que l'enfant n'est pas toujours
assuré d'y obtenir des conditions susceptibles de le
développer.
Quatre raisons nous font nous élever contre ce régime de
garde. Actuellement, 125 000 enfants reçoivent des services de garde
dans des logements exigus, sans place pour jouer il faut qu'ils fassent
attention aux bibelots, aux plantes, à tout cela sans plein air
souvent, s'ils sont dans un deuxième ou dans un troisième, sans
activités susceptibles de les développer et parfois même
dans des conditions qui mettent leur sécurité physique, affective
et morale en danger.
La deuxième raison, c'est que nous croyons que la garde en milieu
familial perpétue l'exploitation des femmes en les encourageant à
rester au foyer en faisant un travail sous-payé, parce que ce seront
surtout des femmes qui feront ce genre de travail et elles le feront en plus de
leurs tâches domestiques personnelles.
La troisième raison, c'est que, selon les modalités qui
ont été inscrites dans l'avant-projet de loi, les personnes qui
veulent offrir des services de garde en milieu familial ne seront pas
encouragées à se déclarer, premièrement, parce
qu'actuellement elles font plus d'argent, vu qu'il n'y a pas de quota.
Deuxièmement, elles n'ont pas besoin de fournir un programme
d'activités. Troisièmement, selon le projet de loi, elles seront
inspectées. Quand on se fie au genre d'inspection qu'on peut recevoir,
par exemple, de la part des agents d'aide sociale, je comprends qu'elles seront
réfractaires à cette idée. Si elles se déclarent,
leurs revenus seront grugés par l'impôt et la famille ne pourra
bénéficier de la déduction de personne mariée.
De plus, pour que la garde soit rentable, tout en étant
subventionnée, ces familles de garde voudront garder le nombre maximum
d'enfants permis. Pour ne pas partager ce revenu, elles auront la tentation de
déclarer, pour satisfaire aux normes, une personne de leur famille, un
mari sans emploi, un enfant qui aura l'âge, mais qui sera en fait
très souvent un ou une responsable bidon. Là, la femme,
très souvent, va se retrouver avec neuf enfants sous sa
responsabilité.
Nous croyons que l'avant-projet de loi ne propose aucune mesure
incitative, comme nous venons de le voir, pour recruter et accréditer
des familles, ni aucune mesure punitive, parce que les amendes prévues
sont dérisoires, en cas d'irresponsabilité.
Nous n'avons trouvé nulle part dans le projet de loi l'obligation
de se déclarer, si on fait la garde des enfants.
Le RAIF aussi est tout à fait contre les agences de services de
garde en milieu familial, parce que cela constitue un pas de plus vers
l'institutionnalisation, comme je l'ai dit tout à l'heure, des services
de garde en milieu familial et que, d'autre part, le $1 de subvention par
enfant par jour que le ministère veut octroyer à l'agence pour
recruter, accréditer, surveiller des familles, c'est absolument
ridicule, si on fait le calcul. Cela ne peut pas permettre de faire un travail
suivi et sérieux.
Le RAIF a une tout autre approche. Nous obligeons toute personne ou
famille qui fait de la garde d'enfants à se déclarer, sous peine
d'une bonne amende. Ce seul fait aura valeur d'éducation, faisant sentir
combien la garde d'un enfant est une responsabilité importante.
Nous proposons des mesures incitatrices pour que toute personne qui fait
de la garde d'enfants en milieu familial se déclare. On offrira des
cours: premiers soins, quelques cours de psychologie, quelques cours pour
apprendre à faire du bricolage. Et après avoir suivi ces cours,
la personne pourra recevoir un certificat d'accréditation. Ce
certificat, elle l'exposera dans sa maison et ce sera comme quand on va chez le
médecin ou dans un hôtel où on peut voir quelque chose
d'officiel; je pense que les gens seront fiers de ça, ce sera comme une
incitation morale. Mais la plus grande mesure incitatrice pour nous c'est que
nous exemptons d'impôt tous les revenus provenant de la garde en milieu
familial.
De plus, nous voulons que soit créée une
joujouthèque, où les personnes qui seraient responsables des
services en milieu familial pourraient aller emprunter des jouets. Comme
ça, ça leur ferait des dépenses en moins.
Pour les parents qui utilisent ces types de services, comme d'autres
types de services de garde, nous prévoyons une déduction
d'impôt réaliste et un crédit d'impôt spécial
si les parents vivent dans des régions désignées,
c'est-à-dire défavorisées en services de garde.
Au lieu des agences, nous recommandons que le recrutement et
l'accréditation des familles de garde se fassent par le milieu; nous
voyons deux organismes accréditeurs: les CLSC et les commissions
scolaires.
De plus, nous recommandons d'organiser un service de
conseillers/conseillères, visiteurs/visiteuses pour aider, conseiller et
contrôler une fois par année ou sur appel les gens qui offriront
des services de garde en milieu familial.
De plus, nous demandons que les personnes responsables de la garde en
milieu familial soient protégées par la Régie des rentes
du Québec et par la Commission des accidents du travail.
En ce qui concerne la garde en milieu scolaire, l'avant-projet de loi
parle d'offrir des services pour les enfants qui sont au cours primaire.
Nous
voudrions que soient spécifiés les niveaux
préscolaire et primaire. Préscolaire comprend les
maternelles-quatre-ans et les maternelles-cinq-ans. Nous voudrions que la garde
en milieu scolaire complète la période passée à
l'école, de telle sorte que le tout équivaudrait à la
période d'absence des parents, parce que c'est un véritable
casse-tête pour des parents qui ont un enfant à la maternelle: Que
vont-ils faire avec l'autre demi-journée? Très souvent on est
obligé d'avoir deux sortes de services avec deux approches
différentes, parfois des transports. C'est très compliqué
et surtout pour les enfants.
Qu'en plus des jours de classe, en dehors des heures d'enseignement, les
services en milieu scolaire soient offerts les journées
pédagogiques, les jours où les enseignants sont à
l'école sans la charge des enfants et durant les vacances.
Que du sport et du plein air soient intégrés à ces
heures de garde; qu'on fasse appel aux personnes s'occupant des terrains de
jeu, du plein air pour assumer cette forme de garde, créant ainsi des
emplois pour ce secteur saisonnier.
Compte tenu que les sports et le plein air seront
privilégiés et que des personnes de ce domaine seront
responsables de la garde, qu'une bonne part des revenus de la Loterie
Olympique, maintenant provinciale, soit affectée à financer ce
type de garde.
Que la garde scolaire soit gratuite et que dans chaque école
primaire une cafétéria ou son équivalent soit
organisée afin que les enfants puissent bénéficier d'une
nourriture adéquate et chaude le midi, afin d'alléger la charge
déjà lourde des parents qui travaillent. Qu'une collation
gratuite soit servie aux enfants qui restent à l'école pour
être gardés.
Nous demandons aussi que les modalités de règlements qui
compléteront la loi, comme l'accessibilité des enfants aux
services limitée par des questions de distance de l'école ou
d'absence de locaux disponibles ou de complexité de procédures,
ne sabotent pas, par leurs exigences, la prescription de l'article 58, que
toute commission scolaire doit fournir des services de garde en milieu
scolaire.
En ce qui concerne les haltes-garderies, nous demandons qu'elles aient
des exemptions de taxes importantes et des exemptions de zonage, comme on l'a
dit un peu plus haut. Nous voulons que, dans tout complexe d'habitation ou dans
un centre sportif ou culturel, on offre un service de halte-garderie, de
même que lors d'événements d'importance sociale, pour
permettre aux parents de suivre la vie sociale de leur milieu. Nous
recommandons qu'une banque de gardiennes soit constituée afin qu'on
puisse répondre dans les haltes-garderies à la demande, et non
pas que le fait que l'enfant va aller à la halte ou non, ce soit
à cause des normes.
Nous voulons aussi proposer un autre service de garde
complémentaire. C'est qu'il y ait un service de gardiens et de
gardiennes qui soit mis sur pied par l'office afin, premièrement, que
les gens qui ne peuvent bénéficier des déductions
d'impôt pour frais de garde puissent se libérer au moins une fois
par semaine de leurs obligations familiales. Cela leur permettrait aussi de
venir en aide, lors de maladie ou de coups durs, pour les gens qui n'ont pas de
déductions d'impôt - c'est qu'ils ont des revenus
économiques faibles ce service serait gratuit. Ce service
pourrait aussi dépanner des gens, selon leur revenu ou autre, pour des
urgences ou parfois un mauvais moment à passer, une dépression,
une maladie, un deuil ou quelque chose... ou tout simplement quelqu'un qui
travaille et, à un moment donné, son enfant est malade. Cela
devient parfois très compliqué. Ce service de gardiens et de
gardiennes, je crois, serait d'une grande utilité.
Nous avons écrit, à la fin de notre mémoire, quatre
pages de recommandations, à la suite de notre politique sur les services
de garde et de notre lecture de l'avant-projet de loi.
Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme Tremblay. M. le
ministre.
M. Lazure: Je veux remercier les porte-parole et leurs
collègues du RAIF pour leur mémoire fort intéressant et,
à plusieurs égards, qui nous apporte des ébauches de
solution assez originales.
J'aurai quelques questions. Je veux simplement faire... Je peux
commencer par une question. Je vous avoue être un peu surpris par votre
opposition pas mal vigoureuse au financement du service de garde familiale.
Vous dites quelque part dans le mémoire que le ministre, par son pouvoir
de directive, intervient trop, mais il me semble que, là, vous
intervenez en privant des parents qui voudraient choisir ce mode de garde
familiale, en les privant d'une subvention. Je ne comprends pas très
bien pourquoi vous vous opposez au financement du service de garde
familiale.
Mme Tremblay: Nous nous opposons aux subventions parce que nous
ne voulons pas que ça devienne institutionnalisé, au
détriment des garderies. Cela est notre première raison. Nous
pensons que, s'il y a un service de garderie bien mis en place, on n'aura pas
besoin de faire appel au service de garde en milieu familial; aussi à
cause de tout ce qu'on a dit sur la qualité plus ou moins
contrôlée de ce genre de service. (16 h 45)
Le début de notre mémoire présente une vue plus
globale de ce qu'on pense des services de garde. Là-dedans, on parle
d'aide fiscale aux parents, par des déductions dont tout le monde
pourrait bénéficier, de $500 sans reçu, et des
déductions additionnelles réalistes avec reçu. Donc il y
aurait une base. On ne veut pas qu'ils soient subventionnés; par contre,
ceux qui vont choisir ce service pourront bénéficier, dans notre
optique, de déductions d'impôt.
M. Lazure: En d'autres termes, vous admettez que ces personnes
reçoivent une aide financière, mais par le biais de la
fiscalité plutôt que par le
biais de subventions. Si c'est cela que vous voulez dire, on peut se
rencontrer.
Mme Dolment: Est-ce que je peux ajouter... Tout à l'heure,
quelque chose a été mentionné: l'inflation. Si vous donnez
des subventions, cela a été prouvé par tous les
crédits d'impôt qui ont été donnés, les
mesures qui ont été prises récemment, pour les meubles ou
n'importe quoi, que tout de suite les commerçants haussaient les prix.
Pour éviter que les familles de garde exigent plus cher aux familles qui
en bénéficient, on pense que la formule par la déduction
porte moins à l'inflation.
M. Lazure: Je vous répète que nous allons
continuer, comme je le disais à l'autre groupe tantôt, à
travailler sur des formules fiscales plutôt que sur des systèmes
de subventions. Malheureusement, on n'a pas pu trouver la formule qui
répondrait à tous nos besoins, mais on va continuer à
faire porter nos efforts dans ce sens. Vos suggestions qui touchent, soit le
crédit d'impôt ou les exemptions d'impôt sont pertinentes,
on va les retenir.
Par contre, la première raison que vous donniez tantôt,
c'était et là, on revient à l'agence que
vous êtes contre l'agence, la présence d'une agence de garde
familiale, de peur que ça institutionnalise la garde familiale. Un
réseau de garderies, c'est institutionnalisé, non? Je vous pose
la question.
Mme Tremblay: On est d'accord pour un réseau de
garderies.
M. Lazure: Mais vous n'êtes pas d'accord pour un
réseau de garde familiale.
Mme Tremblay: C'est cela, on n'est pas d'accord pour le
réseau de garde familiale.
M. Lazure: Cela me laisse un peu perplexe quand vous dites: On
n'est pas d'accord parce que ça pourrait institutionnaliser, mais par
contre vous proposez un système de formation avec une espèce de
certificat. Je pense que là, justement, vous ouvririez la porte à
quelque chose d'institutionnalisé. Aussitôt que vous avez un
certificat quelconque, il y a un danger d'institutionnaliser.
Mme Dolment: M. le ministre, ce n'est pas l'institutionnalisation
qu'on n'aime pas, c'est le fait que ce soit la garde familiale qui soit
institutionnalisée. Ce n'est pas le fait d'institutionnaliser comme tel.
Les écoles, c'est institutionnalisé, et on est bien d'accord.
C'est le fait que la qualité de la garde peut difficilement être
contrôlée par la garde familiale. Nous, même pour le
financement, on privilégie la qualité plutôt que la sorte
de garde.
M. Lazure: Justement, pour nous la présence de l'agence
est une garantie... On tourne en rond parce que la présence de l'agence,
un de ses principaux rôles, c'est d'assurer la qualité.
Mme Dolment: On a un autre moyen, nous, c'est le service.
M. Lazure: D'accord, on se comprend. Je comprends vos objections.
Pour ce qui est de quelques suggestions bien pratiques comme la Commission des
accidents du travail, je pense que c'est à retenir, et on va explorer
cela. En principe, je trouve cela intéressant.
Au sujet de la subvention de $1, si je reviens à votre opposition
à l'agence parce qu'il y a quand même une série de
motifs différents qui font que vous y êtes opposées
vous dites, à un moment donné: Ce n'est pas assez; $1 par jour,
c'est ridicule. Si on s'arrête seulement à cette subvention de $1,
le mot "agence" l'implique, il va s'agir d'un mini-réseau. J'imagine que
ce ne serait pas long qu'une agence, que ce soit une garderie qui agisse comme
agence ou un CLSC, pourrait recruter, mettons, dix personnes dans un voisinage,
qui garderaient quatre enfants chacune, donc 40 enfants par jour. Cela vous
fait quand même $40, et c'est un minimum; ça équivaut
à peu près au salaire annuel d'une personne qui pourrait jouer ce
rôle de coordination.
Il est évident qu'on va continuer d'aller chercher des
ressources, l'autre groupement nous en parlait tantôt plus que vous, on
parlait d'infirmerie dans des garderies, on parlait de visites de personnel
professionnel au besoin, mais tout le réseau des affaires sociales
continue d'être disponible gratuitement. Qu'il s'agisse d'aide à
domicile, comme on le fait actuellement avec des infirmières dans
certains cas, cette aide à domicile pourrait théoriquement
être applicable aux femmes qui feraient de la garde familiale.
Je n'éliminerais donc pas au départ
l'intérêt, même si c'est un montant modeste de $1 par place,
de cette subvention. Remarquez qu'il y a aussi des groupes
bénévoles qu'on a entendus, comme l'AFEÀS l'autre jour,
qui pourraient, à l'intérieur d'un budget modeste, assurer dans
certaines régions, surtout dans les régions rurales où
elles ont de bonnes antennes, une coordination de ces services-là.
Je note que vous n'êtes pas d'accord par votre signe de tête
qui n'est pas enregistré au journal des Débats, mais est-ce que
vous pourriez exprimer votre désaccord et l'expliquer?
Mme Dolment: Non, c'est le bénévolat. Les femmes
sont tannées du bénévolat. On en a marre.
Mme Tremblay: La première chose, nous sommes contre le
service de garde en milieu familial parce que, pour nous, ça ne
représente pas un moyen pour assurer la qualité de la garde des
enfants. Tout à l'heure, j'ai donné plusieurs raisons pour
ça et, malheureusement, vous n'étiez pas là.
M. Lazure: Je m'excuse, mais je voudrais vous poser une question.
Dans votre réseau, qu'est-ce que vous avez comme proportion de
représentation rurale ou semi-rurale? À peu près...
Mme Dolment: On a un réseau à Louiseville
actuellement, dans La Mauricie, et nous allons en avoir un aussi à
l'extérieur de Montréal qui est en train de se former, au
Saguenay. Le féminisme fluctue. On en a, ça vient, oui, on en a
quand même et on a beaucoup de monde aussi. On a une revue, dans le
milieu rural on en a énormément.
M. Lazure: Bon! Une dernière remarque concernant vos
appréhensions sur le dossier cumulatif. Je retiens votre suggestion et
on en avait déjà discuté entre nous hier. On est
prêt à spécifier que le dossier serait remis aux parents au
moment du départ de l'enfant de la garderie. Comme je l'ai dit
avant-hier, on sera prêt à rendre public ce guide de dossiers qui,
pour nous, doit être réduit à sa plus simple expression. Je
remercie le réseau.
Le Président (M. Boucher): Merci. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais remercier les porte-parole du RAIF
pour leur mémoire. Je m'attendais bien qu'elles viennent en commission
parlementaire sur un sujet auquel elles s'intéressent depuis si
longtemps. Évidemment, il y a plusieurs surtout que vous avez
été ici de façon bien fidèle depuis quelques jours,
presque totalement questions que vous soulevez qui ont été
débattues déjà. Il y a une... Je voudrais être bien
sûre de saisir l'esprit du mémoire. Vous vous déclarez
définitivement contre le principe de la garde en milieu familial pour
les raisons que vous avez exprimées. Par contre, vous faites plusieurs
recommandations qui touchent la garde en milieu familial. Est-ce parce que vous
vous êtes dit: On va faire une opposition, mais, de toute façon,
ça ne changera pas grand-chose alors on va essayer d'améliorer ce
qui sera retenu?
Mme Tremblay: Ce n'est pas du tout ça. Actuellement, il y
a 125 000 enfants qui sont gardés comme ça et la qualité
n'est pas assurée. Alors nous proposons des mesures pour cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je le comprends, quand vous dites qu'il
faudrait que chacun qui garde des enfants soit obligé de le
déclarer, etc.
Mme Tremblay: Nous avons des tas de cas comme ça.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je le comprends, mais, par exemple, quand
on regarde votre recommandation 17: Que d'autres types de garde soient aussi
subventionnés comme des prématernelles à la maison et un
service de gardienne à la maison pour personnes
défavorisées et urgences. Vous demandez également
je ne sais pas si c'est avant ou après, c'est le 11 qu'une banque
de jouets ou joujouthèque soit mise gratuitement à la disposition
des personnes qui prennent la responsabilité d'une garde en milieu
familial.
Enfin, est-ce que vous faites référence... c'est un peu
confus, on a l'impression que ce sont des mesures qui doivent être mises
à la disposition des gens qui font de la garde en milieu familial. Mais
d'un autre côté, vous dites... c'est juste sur une question de
principe que vous êtes...
Mme Tremblay: Nous disons que nous sommes contre. C'est notre
position. Cependant, nous savons qu'actuellement il y a beaucoup d'enfants qui
sont gardés dans des familles et nous voulons que les familles se
déclarent. Nous proposons des mesures incitatives pour qu'elles se
déclarent. Donc, la possibilité d'avoir un certificat
d'accréditation est une certaine qualification. Les gens sont contents
de cela et la possibilité d'être exempté d'impôt sur
le revenu qui provient de la garde en milieu familial, et la possibilité
d'aller chercher dans une joujouthèque, des jouets pour les enfants
qu'on va garder, pour nous, ce sont des mesures incitatives. Également,
le fait d'avoir un service de conseillers qui vont...
Mme Lavoie-Roux: Je comprends le sens. Je ne l'avais pas saisi et
c'est...
Mme Tremblay: Pour nous, le fait d'avoir des conseillers et des
conseillères visiteurs ou visiteuses est important. Ces derniers vont
répondre aux appels et vont aller une ou deux fois par année voir
les gens, mais ils ne seront pas perçus dans un sens d'inspection, mais
dans un sens d'aide. Cela pourrait être, selon nous, un service qui
serait offert au niveau des centres de services sociaux. On aurait vu cela
ainsi, soit des pères ou des mères de famille, ou des
éducateurs, des éducatrices, des psychologues, je ne sais pas,
des infirmiers.
Mme Lavoie-Roux: II reste que quand même, dans mon esprit
à moi, du point de vue... remarquez bien que c'est peut-être moi
qui manque de logique; je ne veux pas dire que c'est vous.
Une fois au travail les conseillers et les conseillères, et mise
sur pied votre joujouthèque, etc., cela va peut-être
légaliser ce qu'on trouve qui fonctionne, sans exagération, mais
à quelques égards, de façon clandestine ou officieuse.
Vous l'officialisez et, d'une certaine façon, vous accréditez la
thèse de la garderie en milieu familial.
Mme Tremblay: Nous ne l'accréditons pas. mais nous voulons
être logiques avec ce qui se passe et comme c'est le cas, nous voulons
qu'on garantisse une certaine qualité. C'est ainsi que nous le
voyons.
Mme Dolment: Est-ce que je peux ajouter quelque chose? La
subvention qui est assez importante, d'une certaine façon, les $5 par
jour sont un montant d'argent je parle par rapport au gouvernement
nous préférons que ce montant soit affecté à
la qualité de la garde. Si on enlève pour la subvention
c'est vrai qu'il va en avoir une partie qui va aller en déduction
mais ce qui va rester, on voudrait que ce soit sur le service, parce que
même si on ne veut pas
l'institutionnaliser, on est réaliste, c'est-à-dire on a
toujours une place où on a un objectif, mais en même temps, on est
réaliste. Je pense que ce n'est pas être illogique que de dire: La
réalité est celle-ci, on s'y conforme. Je pense qu'il n'y a pas
de contradiction là-dedans. Cela existe, mais on voit, on a qu'à
ouvrir les journaux pour voir comme c'est grave, comme il y a des enfants qui
sont vraiment mal traités, dans certains foyers d'accueil où on
les garde. Ces enfants sont braqués devant la télévision.
À d'autres, on donne du gin, simplement pour les faire tenir tranquilles
ou même de la drogue, ou peu importe.
C'est vrai, il y a des abus et c'est terrible. Je pense que Nicole, qui
a cherché des foyers pour ces enfants, a pu voir comment les enfants
étaient plus ou moins parqués.
Alors, comme cela existe, on veut absolument nous mettre l'argent des
subventions... on trouve cela plus important d'avoir un service de
qualité pour les enfants. Ce n'est pas du bétail. Il faut les
surveiller. On dit qu'il n'y a pas d'argent. J'ai découpé dans le
Globe & Mail d'aujourd'hui, une nouvelle selon laquelle un universitaire de
l'Alberta demande instamment au fédéral que soit
déposée la somme d'argent dépensée en
déduction, parce que c'est véritablement une dépense, la
déduction. Il donne $33 milliards pour le budget du Canada et $13
milliards en déductions, pas des déductions personnelles, mais
à des organismes comme la Banque Royale. Vous savez, la Banque Royale ne
paie à peu près pas d'impôt. Il y a plusieurs gens, je ne
sais pas combien, en tout cas, qui ne paient à peu près pas
d'impôt, des déductions fiscales absolument aberrantes qui n'ont
aucune raison d'être...
Alors, je pense que ces montants pourraient être mieux
dépensés. On l'a l'argent, pour avoir des services de conseillers
ou conseillères et de visiteurs ou visiteuses. Cela ne coûtera pas
une fortune et on aime mieux que l'argent soit mis là pour que nos
enfants soient en sécurité, parce qu'ils ne le sont pas
actuellement. C'est cela qui est important. (17 heures)
On ne donne que pour les déductions pour avoir un fonds de
retraite, c'est $3 milliards. Ils ont déjà leur pension de
vieillesse, ces gens-là, mais on leur accorde une déduction de $3
milliards. Je pense que les enfants sont aussi importants que les gens
âgés, quand même. Les deux sont importants. Mais si on veut
que les gens puissent avoir leur pension, il faut quand même avoir des
gens qui vont être capables de gagner leur vie, qui auront
été bien développés.
Mme Lavoie-Roux: Juste un point que vous soulevez que je trouve
important, concernant une observation que vous faites que si l'idée de
la garde en milieu familial est retenue dans le projet de loi final, ce soit
une incitation aux foyers qui, déjà, le pratiquent, d'être
dans le réseau d'une certaine façon et assurer cette meilleure
qualité et accepter certaines normes. J'ai eu moi-même, il y a
déjà trois ou quatre ans, à essayer de trouver un foyer
pour faire garder un enfant durant la semaine, de jour, et on demandait $50
semaine pour un enfant. C'est probablement ce qui se fait dans bien des cas, et
je ne suis pas sûre que les normes qui sont prévues vont
être aussi élevées que cela. À ce moment-là,
c'est une sorte de "désincitation" à entrer à
l'intérieur d'un cadre qui assurerait plus de protection aux enfants qui
sont confiés à des foyers de garde.
Mme Tremblay: J'ai moi-même fait des démarches
auprès d'une agence ce n'est peut-être pas l'agence
prévue dans l'avant-projet de loi qui offre des foyers de garde
en milieu... On m'a dit que les foyers devaient payer une certaine part de ce
qu'ils recevaient à l'agence, pour faire fonctionner cette agence.
C'est de l'argent qui fait fonctionner une agence, mais qui ne sert pas
aux enfants d'une façon immédiate. C'est pour cela que, dans
notre idée, l'agence a un sens assez péjoratif.
Mme Lavoie-Roux: Comment demandait-on par semaine pour faire
garder vos enfants?
Mme Tremblay: $10 par jour, $50 par semaine.
Mme Lavoie-Roux: $50 par semaine.
Mme Tremblay: II y a une autre affaire aussi sur les agences. On
avait fait un petit calcul. Le ministre Lazure disait qu'il voulait 500
familles de garde pour tout le Québec. On a dit: 500 familles...
M. Lazure: 500 places, pas nécessairement 500 familles.
Cela peut vouloir dire 125 familles.
Mme Tremblay: Nous avions noté 500 familles. Je crois que
le calcul va tenir quand même.
Mme Lavoie-Roux: Cela pourrait être 500 familles.
M. Lazure: Oui, à 2000 places, c'est 500 familles.
Mme Dolment: ... cela va faire cela aussi.
Mme Tremblay: Nous avons calculé qu'environ 250 familles,
cela irait dans la région de Montréal, 100 ou 150 familles dans
la région de Québec. Pour les autres régions, il n'en
reste pas beaucoup. Et nous ne sommes qu'au niveau de la région. Dans
une région, peut-être qu'il y aura plus qu'une agence.
M. Lazure: On ne prétend pas que le réseau graduel
de garde familiale qu'on va étendre va répondre à tous les
besoins. Il y a encore un grand pourcentage de femmes qui ont leur propre
service de garde, leurs arrangements personnels, et elles vont continuer.
Mme Dolment: Mais, pour répondre à la question que
vous posiez, Mme Lavoie-Roux, oui,
il va y avoir certaines mesures incitatives. Du fait qu'elles vont
profiter d'un service de conseillers et de conseillères, les personnes
qui ont de la difficulté avec des enfants, qui ont des problèmes
à la maison, vont avoir ce service qui va les aider.
À part cela, il va y avoir la joujouthèque, qui est une
raison incitative. Il va y avoir le fait que les femmes qui vont se
déclarer vont être exemptes de l'impôt sur le revenu. Et
c'est plus qu'être exemptes d'impôt sur le revenu parce que, si
elles font leur rapport d'impôt, cela va devenir un rapport d'impôt
négatif, car elles vont même pouvoir profiter de la
déduction personnelle de base, qui va devenir un crédit. Cela va
être très incitatif, parce que cela va leur rapporter de l'argent,
par le biais d'un impôt négatif. C'est pas mal. Je ne connais pas
la déduction personnelle de base, mais c'est quand même assez
important. C'est une somme qui va leur revenir.
Une chose qu'on a oubliée, une espèce de dimension
sociale. Vous savez que les mères de famille sont
dévalorisées. Les femmes qui élèvent des familles
sont dévalorisées. Ce sera des familles de garde. Ou fait d'avoir
eu quelques cours minimaux, du fait d'avoir un petit diplôme, tout de
suite elles sentent qu'elles sont reconnues comme travailleuses, qu'elles ont
même une certaine profession. Vous ne pouvez pas savoir jusqu'à
quel point cela peut être important. Quand le recenseur passe et qu'il a
le droit de ne rien inscrire vis-à-vis du nom de la mère de
famille ou de la femme mariée, cela fait mal aux femmes d'y penser.
Mme Lavoie-Roux: On inscrit "madame".
Mme Dolment: Madame et cela suffit. On n'est rien du tout, tandis
que là au moins elles seront des travailleuses reconnues avec un petit
cours qui n'exige pas beaucoup, mais un cours qui sera... Les premiers soins,
c'est important, on sait que la plupart des accidents arrivent dans la maison.
Elles auront eu un cours minimal. Elles auront un petit diplôme. Elles
seront reconnues, elles auront la mesure incitative de l'impôt
négatif, du fait qu'elles ne paient pas d'impôt. Je pense que ce
sont quand même des services comme la joujouthèque.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Très
brièvement encore une fois, vous avez parlé de la politique du
dossier qui devrait être remis aux parents. J'aimerais vous entendre dire
les raisons pour lesquelles vous n'avez pas élaboré
tellement dans votre document vous ne voulez pas que le dossier demeure
à l'institution ou à la famille de garde.
Mme Tremblay: Nous ne voulons pas que le dossier soit cumulatif,
parce que nous pensons que, contrairement à ce qu'on a inscrit dans des
journaux, le dossier contient plus que le nom et bien des petites choses comme
cela. Il comprend des fois des renseignements sur le développement
affectif de l'enfant, le développement social. Il y a aussi des
écoles qui demandent à avoir le dossier d'un enfant qui
était en garderie pour pouvoir le classer, pour savoir quelles
étaient ses attitudes envers le groupe, etc. C'est d'avoir des
préjugés au départ et on est contre cela. C'est pour cela
qu'on veut que le dossier soit remis aux parents à la sortie de la
garderie.
M. Grenier: Répétez donc.
Mme Tremblay: Nous sommes d'accord qu'il y ait un dossier
à la garderie, même qu'on tienne un dossier pendant le temps que
l'enfant est là pour suivre ses progrès, savoir ce qu'il fait,
etc. Les différentes personnes préposées à l'enfant
vont inscrire différentes remarques. Nous sommes d'accord avec cela,
mais nous ne voulons pas que ce dossier-là le suive, parce que ce qui
s'est passé à un moment donné, cela peut être tout
à fait différent dans un autre groupe. Si on arrive
déjà avec un carcan, un préjugé après avoir
lu telle affaire, cela peut nuire à un enfant, et on est contre cela.
C'est pour cela.
M. Grenier: Je pense que vous avez bien raison là-dessus.
Je suis content que vous précisiez davantage. J'ai l'impression que le
ministre est quand même convaincu de l'argument que vous apportez. Cela
en fait un de plus. C'est une des raisons pour lesquelles je vous ai
posé la question. Je pense que cela ne doit pas accompagner l'enfant
tout au long de sa vie, puisqu'il y a des moyens de correction,
c'est-à-dire l'enfant peut bien ne plus être le même,
absolument pas, une fois sorti de la garderie. Les personnes qui auront le
dossier en main seront tentées de tenir compte de ce dossier qui n'a
peut-être aucune valeur une fois qu'il a changé de milieu.
J'admire aussi l'ouverture d'esprit que vous avez en
dénonçant le placement dans les familles tout en faisant au
gouvernement des suggestions. Cela montre la largeur d'esprit que vous avez.
Vous tenez compte, bien sûr, de l'état existant, mais vous tenez
compte aussi du fait que la loi va sans doute permettre, une fois les
discussions faites, que cette garde se fasse dans des familles. Après
l'avoir combattu dans une bonne partie de votre document, vous lui faites quand
même des suggestions importantes. Plusieurs d'entre elles seront
certainement retenues, je l'imagine. Je pense que ce n'est pas tous les groupes
qui feraient ce que vous faites là. Quand on combat, on ne va pas donner
des éléments de solution ensuite à un groupe qu'on combat
sur un problème, mais vous le faites. Je veux signaler l'ouverture
d'esprit que vous avec dans cette opposition que vous faites aux services de
garde en milieu familial.
Il y a eu un argument qui a été faible, qui ne
résiste pas cependant, je pense, c'est que la personne, la dame qui sera
responsable de ce
service de garde sera en plus une mère de famille; elle devra, en
plus d'avoir soin de sa maison, être responsable du service de garde. Je
pense que, là comme ailleurs, si elle retire un salaire, il lui
appartient à ce moment-là d'avoir quelqu'un chez elle qui prendra
charge de sa maison, l'une ou l'autre des deux personnes, s'il y en a une
surtout qui n'est pas chez elle. Il y en aura certainement une des deux qui ne
sera pas chez elle, j'imagine, dans les deux personnes qui seront responsables
d'une famille de neuf.
En tout cas, elle est libre, comme la personne qui décide
d'être une institutrice, une secrétaire ou ce que vous voudrez,
d'engager quelqu'un chez elle. Qu'il y ait des abus, vous l'avez
signalé. Je pense que le ministre devra retenir l'argument que vous avez
apporté, à savoir que les combines pourront être faciles.
Un beau-frère qui reçoit l'assistance sociale ou
l'assurance-chômage pourra devenir la deuxième personne qui ne
mettra peut-être pas souvent les pieds dans la maison. Ce sera à
surveiller et ça demandera un système qu'a proposé un
autre groupe, ce matin, un système de surveillance adéquat pour
ce secteur.
Mais il reste quand même que c'est un choix, et j'ai l'assurance,
comme vous l'avez, qu'on ne donnera pas là-dedans les services que vous
allez pouvoir donner dans une garderie plus officiellement organisée.
J'ai cette assurance, mais c'est quand même le choix des parents qu'il
faut respecter et, si ce n'est pas chez soi qu'on peut garder l'enfant, il y a
pas mal de gens qui vont se tourner vers ça.
Dans ce que vous dites, vous n'êtes pas négatives dans le
sens que vous combattez un concurrent possible. Ce n'est pas dans cet esprit
que vous agissez, parce que vous faites trop de propositions pour que ce soit
ça. Je pense que ce n'est pas là votre intention. Mais il reste
que ce sera à surveiller, là plus qu'ailleurs, par le
gouvernement, parce que dans les services qui seront reconnus de façon
officielle, comme c'est le cas dans des hôpitaux ou des centres
d'accueil, il y aura des visiteurs assez réguliers, alors qu'on pourrait
peut-être être tenté de négliger un autre
côté.
Mme Tremblay: Je voudrais seulement dire que c'est ce que j'ai
dit au point de départ. Le RAIF est content qu'il y ait un office, parce
que ça va permettre de promouvoir un éventail de services de
garde et ça va offrir un choix aux parents. Cependant, nous voulons
absolument que la qualité des services de garde soit là pour les
enfants qui seront gardés; pour nous, c'est un point très
important.
M. Grenier: II y a un autre point qui n'a pas été
abordé: vous demandez que les organismes reconnus soient les CLSC et les
commissions scolaires. Pouvez-vous me donner les raisons pour lesquelles vous
rayez les trois autres organismes qui sont mentionnés dans la loi?
Quelles sont les raisons?
Mme Tremblay: Comme je l'ai dit tout à l'heure, pour nous,
l'agence avait un peu un sens péjoratif, dans le sens agence
privée ou quelque chose du genre. Alors nous avons retenu CLSC et
commissions scolaires parce que nous croyons que le choix des familles et
l'accréditation doivent être faits par des gens qui sont proches
du milieu. C'est pour ça que nous avons retenu les CLSC et, comme il n'y
a pas de CLSC partout, il y a aussi des commissions scolaires qui...
M. Grenier: C'est quand même le deuxième organisme
le plus près. Oui.
Mme Dolment: C'est qu'avant on marquait "n'importe quelle
association à but non lucratif". Or, vous savez que trois personnes
peuvent former une association à but non lucratif.
M. Lazure vient de dire que ça peut rapporter des revenus assez
intéressants, alors peut-être que ces gens seraient
intéressés surtout si les organismes sont à but non
lucratif d'avoir de l'argent de cette façon, sans donner les
services de surveillance adéquats. Il y a encore un risque de fraude
là-dedans.
Alors, nous croyons qu'un CLSC et une commission scolaire sont
formés de gens fiables; ce sont des organismes responsables qui vont
exercer la surveillance. On a été très
étonnées de voir le peu de cas qu'on a fait de la surveillance
des enfants. On est intéressées à aider les parents
à donner de l'argent, mais on n'est pas intéressées
à... Les gens qui ont le plus besoin d'être surveillés,
c'est justement ceux qui ne seront pas subventionnés, qui vont
être ce qu'on appelle des garderies sauvages. Pourtant, si on ne s'en
occupe pas, c'est comme si elles n'existaient pas. C'est vraiment un peu
étonnant!
M. Grenier: Vous avez là un argument qui est vraiment
valable. Je pense que, si on autorisait tous les organismes à but non
lucratif par une loi, on ferait sans doute une erreur qu'il faudra corriger peu
de temps après, parce qu'une loi se corrige, comme on le signalait au
début de la commission. L'ancien gouvernement avait
légiféré là-dessus, et il y avait du bon. Par
exemple, pour les oeuvres de loisir - je vous le dis pour donner de l'assurance
qui résiste à plusieurs arguments le gouvernement avait
décidé que les loisirs seraient sous la surveillance des conseils
municipaux, l'affaire des municipalités dans les paroisses.
C'était bon; parce qu'il arrive qu'il y a beaucoup d'activités de
loisirs qui peuvent aller d'elles-mêmes, mais un jour ou l'autre ce sont
des bénévoles qui tombent. Quand on parle d'un organisme sans but
lucratif, si on donne la responsabilité à un club Lions ou un
club Optimiste d'organiser une garderie, l'année suivante, il est
possible que ces clubs n'existent même plus, alors que le conseil
municipal... En tout cas, c'est un organisme qu'on pouvait imaginer qui est
peut-être plus loin, vous avez raison. Mais prenons vos propres exemples.
Le CLSC, les commissions scolaires sont là pour y rester et on a plus de
chances de continuité. (17 h 15)
Mme Dolment: Maintenant, une affaire assez importante aussi qu'il
faut noter, c'est qu'on ne comprend pas que le ministre ait
suggéré que l'agence de garde soit en même temps
l'organisme qui recrute et l'organisme qui surveille. Il y a conflit
d'intérêts, c'est bien évident. L'organisme à but
non lucratif peut très bien, comme je vous le dis, vouloir avoir de
l'argent. C'est bien évident qu'ils ne sont pas intéressés
à aller saboter leurs propres revenus et à dire: Telle famille ne
paie plus, telle famille ne paie plus, telle famille ne paie plus. Il y a
conflit d'intérêts, c'est évident, c'est logique. On ne
comprend pas qu'il y ait une suggestion de faite dans ce sens-là.
Non seulement ça, mais tout à l'heure on a dit: On va
payer un salaire, mais à une personne. Ce n'est pas ça que
ça prend. Cela prend vraiment des gens compétents. Cela pourrait
être des pères ou des mères de familles pour simplement
faire la surveillance régulière, visiter la famille et tout
ça. Mais, s'il y a un problème complexe, à ce
moment-là, il faudrait qu'il y ait une équipe et là un
psychologue pourrait y aller ou une infirmière ou quoi que ce soit.
C'est vrai qu'il a dit qu'il y avait des services rattachés au CSS, mais
ce n'est pas la même affaire. Justement, on le sait très bien, il
faut un Office des services de garde, parce que c'est une autre orientation. Il
y a des pédiatres, des psychiatres-pédiatres et il y a des
psychiatres pour les adultes. On sait très bien que ce sont deux
spécialités. Alors, c'est la même chose pour ça. Ce
serait important, pour les services de garde, d'avoir un service de conseillers
et de conseillères visiteuses qui soient spécialisés
là-dedans et ça peut être aussi des enseignants qui,
actuellement, sont en chômage, qu'on pourrait recycler là-dedans.
On va pouvoir récupérer du monde. Je pense que ça prend un
service organisé, une équipe qui va pouvoir faire ça et
non pas quelqu'un comme ça, à petit salaire qui va être
donné ici et là. Moi, je trouve que c'est de la broche à
foin, tout simplement.
M. Lazure: M. le Président, le député me
permettra?
M. Grenier: Sûr.
M. Lazure: Conflit d'intérêts, c'est beaucoup dire,
ça. Ce n'est pas parce qu'une agence, admettons, là, un groupe
bénévole, ceux dont on parlait tantôt, l'AFEAS ou le Cercle
des fermières, retirerait un maximum d'environ $10 000 par année,
$12 000 par année pour surveiller une douzaine de familles qui font de
la garde et que, ayant le titre d'agence, elle s'assure en même temps de
la qualité des services, que ça devient un conflit
d'intérêts.
Prenez le cas des CSS. Les Centres de services sociaux recrutent les
familles d'accueil et font, en même temps, la surveillance de la
qualité de l'accueil aux enfants. On ne dit pas que les CSS sont en
conflit d'intérêts à cause de ça et le revenu, qui
est si modeste, n'est pas un attrait financier tel que ça pourrait
contaminer la cons- cience des bonnes gens qui feraient partie de cet organisme
bénévole.
Moi, je pense qu'on a, en plus, la sécurité, la sauvegarde
que l'agence en question est toujours chapeautée par l'office, en
dernière instance. Si une agence fait mal son travail, un peu comme un
centre de services sociaux ou un CLSC peut mal faire son travail à
l'occasion, il y a une responsabilité en appel, si je peux dire, qui
sera celle de l'office à ce moment-là.
Mme Dolment: Est-ce que M. Lazure me permet de lui dire qu'il a
peut-être beaucoup de naïveté? Parce que, là, vous
prenez le Cercle des fermières, vous prenez l'AFEAS qui sont 75 000,
mais vous savez qu'un organisme à but non lucratif peut être
seulement de trois personnes, dix personnes ou cent personnes et il pourrait
être accrédité.
M. Lazure: Mais je sais que c'est l'office qui va
reconnaître les agences et que l'office n'aura pas intérêt
à reconnaître une agence qui arrive tout à coup dans le
paysage dans l'intention simplement de faire des gros sous et qui n'offre pas
des garanties de compétence.
Mme Dolment: Mais il peut être très mal pris et
être obligé de la prendre. Là, vous vivez dans
l'idéal, mais il peut n'y avoir personne qui soit
intéressé à prendre ça. Quant à comparer les
centres de services sociaux, je pense que ça ne se compare pas, parce
qu'ils sont sûrs d'avoir un budget du gouvernement, tandis qu'un
organisme à but non lucratif, très souvent, n'a aucun budget.
Enfin...
M. Lazure: Écoutez, c'est peut-être symptomatique,
mais, pour votre information, le seul groupement, jusqu'à maintenant,
que nous reconnaissons comme future agence, c'est un CLSC. C'est le CLSC du
Lac-Etchemin qui, en réalité, a mis un groupe... Cela
émane du CLSC Etchemin. C'est une initiative du CLSC et, moi, je ne
crains pas qu'on ait des difficultés à trouver des agences. C'est
une question d'opinion.
M. Grenier: Si vous le permettez, sur mon droit de parole,
oui.
Mme Dolment: Oui.
M. Grenier: Non, ce n'est pas à vous que je fais des
reproches, remarquez bien. C'est de l'autre côté qu'ils prennent
de mon temps.
M. Lazure: Merci, M. le député. M. Grenier:
Non, je termine.
Le Président (M. Boucher): Vous êtes toujours sur la
limite du temps.
M. Grenier: Je voudrais vous remercier du dossier que vous nous
avez apporté. Vous cons-
tatez, à vivre avec nous depuis trois jours, combien certains
dossiers nous apportent des éléments qui sont fort
différents les uns des autres. Vous avez été un de
ceux-là qui nous ont apporté un éclairage tout à
fait différent d'autres et d'ici à la fin de l'audition de
groupes qui va se faire ici, je suis sûr qu'on va apprendre des choses
qui seront peut-être différentes des autres dossiers, vous avez
été un de ceux-là.
Je vous remercie. Oui, madame.
Mme Dolment: Est-ce que je peux demander, avant que M. Lazure
s'en aille... on aimerait beaucoup avoir une réponse. J'aimerais savoir
ce que le ministre pense de la suggestion que toute famille je ne parle
pas d'une famille parente, mais d'une famille étrangère
qui garde des enfants soit obligée de s'identifier comme étant
une famille de garde.
M. Lazure: Je vous le dis comme ça vient, très
franchement, je trouve cela un peu exagéré. À la fois vous
nous reprochez l'ingérence dans les affaires personnelles des gens, vos
craintes sur le dossier il est pourtant bien anodin, ce dossier
et, en même temps, vous nous demandez que toutes les dames et tous les
messieurs à travers le Québec qui font de la garde se
déclarent. Comment va-t-on faire le système? Là, ça
vous prendrait un fichu système d'inspection à travers tout le
Québec pour identifier la dame ou le groupe qui garde de temps à
autre ou régulièrement un enfant. Je trouve que c'est naïf,
madame Dolment, je m'excuse, non seulement c'est naïf, mais je trouve que
cela va à l'encontre du respect de la vie privée des gens.
Mme Dolment: Est-ce que ce n'est pas un peu comme les
infirmières? Pourtant, vous obligez toute infirmière à
s'identifier comme telle si elle prend soin d'un malade.
M. Lazure: Ce n'est quand même pas comparable du tout.
Mme Dolment: Mais vous obligez les familles de garde qui sont
subventionnées à s'identifier.
M. Lazure: Je m'excuse, c'est vraiment tellement
différent...
Mme Dolment: Je ne le pense pas.
M. Lazure: Si vous êtes malade et que vous allez à
l'hôpital, vous n'avez pas le choix de l'infirmière, ma
chère dame. L'État veut s'assurer que vous serez bien
traitée par une infirmière compétente.
Mme Dolment: Mais...
M. Lazure: Laissez-moi finir. Si vous êtes mère d'un
jeune enfant que vous voulez placer en service de garde, vous choisissez votre
service de garde, vous choisissez la garderie du quartier, la garde en milieu
familial ou tout autre mode de service de garde. Donc, c'est le choix du parent
et l'État n'a pas à assumer, à ce moment-là, une
espèce de contrôle de façon tatillonne sur chaque choix que
vous allez faire. Si vous choisissez de placer l'enfant chez votre belle-soeur,
est-ce qu'on va aller tester les capacités intellectuelles de votre
belle-soeur?
Mme Dolment: On a dit que ce n'était pas la question de la
parenté, parce qu'à ce moment-là il y a un lien affectif
qui va faire qu'elle va probablement prendre l'intérêt de l'enfant
à coeur. Avant, vous savez que les infirmières, on se faisait
soigner par n'importe qui. À un moment donné, l'État est
intervenu. On n'a pas crié au scandale parce que l'État
intervenait ou parce qu'on oblige un restaurant à s'identifier comme
restaurant. Si je suis chez-moi et que je commence à donner de la
nourriture à des étrangers, on va m'obliger à
contrôler la qualité de la nourriture que j'offre à ces
gens. Je pense que les enfants méritent autant que la nourriture. Je ne
pense pas que ce soit de la naïveté, on n'a pas demandé de
mettre en place un système policier pour surveiller, on a simplement mis
l'incitation morale en disant: Si vous vous identifiez, vous allez avoir
l'avantage de ceci, de cela; si vous ne le faites pas et qu'on le sait...
M. Lazure: Si c'est cela que vous voulez dire, on l'a
déjà dit à plusieurs reprises, les personnes qui feront de
la garde en milieu familial, pour pouvoir être reconnues par l'agence,
devront s'identifier, évidemment.
Mme Dolment: Non, ce n'est pas nécessaire si elles
reçoivent la subvention, nous, on a simplement mis l'obligation morale
que toute famille qui fait de la garde s'identifie afin de pouvoir recevoir les
cours minimaux, je pense que c'est important, les premiers soins, qu'une
personne qui fait de la garde sache au moins quoi faire s'il y a un enfant qui
est empoisonné. Vous savez que la plupart des accidents d'enfants
arrivent dans les maisons, et dans les maisons étrangères encore
plus, parce qu'ils ne connaissent rien, c'est nouveau, ils ne savent pas
où ils vont ou qu'est-ce qu'ils prennent. Demander qu'il y ait des cours
minimaux pour les familles qui font de la garde, ça me paraît le
minimum de sécurité, sans avoir tout un service de surveillance,
mais au moins que ce soit une obligation morale.
M. Lazure: On n'est pas d'accord, mais j'ai répondu
à votre question.
Le Président (M. Boucher): Au nom des membres de la
commission...
Mme Dolment: Une seconde!
Mme Tremblay: Je voudrais ajouter quelque chose.
Le Président (M. Boucher): Oui.
Mme Tremblay: Je voudrais ajouter que quand vous parlez du choix
des parents, ce n'est pas évident. Ce sera évident quand il y
aura vraiment un service de garderies sur pied ou des haltes-garderies, des
mini-garderies, mais actuellement ce n'est pas évident, le choix; je le
sais, je l'ai vécu. Les autres parents, c'est pareil. Quand ils font
affaires avec une famille où ils pensent que les services sont plus ou
moins bons, c'est parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement, très
souvent.
M. Lazure: M. le Président, c'est
précisément l'objectif principal de ce projet de loi,
d'élargir, de multiplier les choix des parents. On est bien d'accord
avec vous que le choix est très limité actuellement. C'est pour
cela que, entre autres, on veut développer des services de garde en
milieu familial.
Mme Tremblay: II y a un autre point, aussi. À chaque fois
que vous dites un petit chiffre, il n'y aura presque pas de familles qui
offriront leurs services pour garder des enfants, j'ai vraiment l'impression
que lorsque vous offrez $5 de subvention, par exemple, à une famille de
garde... La personne qui va recevoir la responsable pourra très
difficilement aller au-delà du prix que l'on demande à la
garderie, donc, ça va revenir quand même moins cher de placer
notre enfant en milieu familial. Peut-être que cela va proliférer
plus qu'on le pense. C'est pour cette raison qu'on veut que soit bien
surveillée la qualité que l'on va offrir dans ce
milieu-là.
Le Président (M. Boucher): D'accord. Merci, mesdames.
J'appelle maintenant la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec. Si vous voulez prendre place et vous
identifier, puis procéder à la lecture de votre
mémoire.
Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec
Mme Gervais (Ghyslaine): M. le Président, mesdames, MM.
les députés, je m'appelle Ghyslaine Gervais, je suis
première vice-présidente de la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec. M'accompagne cet
après-midi, M. Pierre Caron qui est conseiller à la direction des
services pédagogiques de notre organisme.
Je ne vous lirai pas le mémoire que nous avons
présenté, non pas qu'il soit très volumineux, mais il est
facile à résumer, parce qu'on ne s'arrête dans
l'avant-projet de loi qu'au service de garde à l'enfance en
milieu scolaire.
Pourquoi la fédération présente-t-elle un
mémoire? D'abord, elle trouve que l'article 58 a un libellé
prescriptif et impératif qui ne nous convient guère, parce qu'il
y a eu aussi absence de consultation des commissions scolaires. On a
peut-être consulté les parents, on a peut-être
consulté les enseignants, mais on n'a pas consulté les
commissions scolaires.
Ensuite on dit: Déjà les commissions scolaires participent
par des prêts de locaux et de l'expérimentation. Je dois vous dire
cependant que les commissions scolaires approuvent l'esprit de cet
avant-projet, mais elles veulent être responsables.
Quant à l'Office des services de garde à l'enfance, quand
on parle de sa composition, on dit: II pourrait y avoir un commissaire
d'école sur seize personnes qui composeraient l'organisme. On trouve que
c'est un peu injuste de retenir la possibilité d'un seul commissaire
d'école à cet organisme, puisque l'office représentera
plus de 200 commissions scolaires et plus de 500 000 élèves.
Nous trouvons aussi que l'office aurait des pouvoirs centralisateurs qui
ne nous conviennent pas. Quand on parle de l'identification des besoins, de
perfectionnement, de normes d'aménagement, on pense que le tout devrait
être laissé aux commissions scolaires.
L'application de cette loi nous semble extrêmement difficile si
elle doit correspondre à ce qu'il y a dans l'avant-projet de loi pour ce
qui est des commissions scolaires.
À titre d'exemple, est-ce qu'on sait vraiment ce qui se passe
dans les commissions scolaires? Nous faisons du transport d'écoliers.
Quant au jeunes enfants du niveau primaire, imaginons que l'école se
termine à 15 h 30. S'il faut vraiment organiser des services de garderie
en milieu scolaire, et les retourner à la maison qu'à 16 h 30 ou
à 17 heures, qu'est-ce qui arrive? Vous savez que ce sont les
mêmes véhicules qui transportent les élèves du
niveau secondaire, une fois que la tournée du niveau primaire est faite.
Je ne sais pas si vous voyez les difficultés et les obligations
relativement au budget. (17 h 30)
On enlève les taxes aux commissions scolaires. On leur dit: On va
vous laisser les inadmissibles et, encore là, on va vous mettre des
freins, mais depuis qu'on a annoncé cela, on dit aux commissions
scolaires: Vous allez vous occuper de telle et telle chose. Les commissions
scolaires ne sont pas contre les garderies, bien au contraire.
Partout où ce serait possible d'en organiser, elles seraient bien
d'accord pour le faire. Mais sous la juridiction du ministère de
l'Éducation, parce qu'il sait ce qui se passe dans les écoles. Il
connaît les contraintes auxquelles nous devons faire face. Il y a toutes
sortes de contraintes dans les commissions scolaires. On m'a dit tantôt
qu'un groupe qui est passé avant nous manifestait son
mécontentement, face à une commission scolaire en particulier. On
disait qu'on n'avait pas eu beaucoup d'aide de cette commission scolaire.
Est-ce qu'on sait que depuis quatre ans, il n'y a eu aucune indexation
des budgets de commissions scolaires pour les dépenses qu'on appelle
incompressibles? Parmi ces dépenses, je vous citerai non pas la moindre:
le coût de l'huile à chauffage. Il n'y a pas un sou de plus de
subvention pour payer l'huile à chauffage dans les commissions
scolaires. Est-ce qu'une commission scolaire, à partir de cette
donnée, va dire: J'ai une
école que je dois fermer, je n'ai plus de clientèle, mais
je vais continuer à la chauffer à je ne sais pas combien de sous
le gallon, pour permettre qu'on organise une garderie sur le territoire? Cela
serait bien, mais avec de l'argent; parce que la priorité d'une
commission scolaire, c'est l'enseignement et la qualité de
l'enseignement.
Donner des services de garde à l'enfance en milieu scolaire, si
c'est possible de le faire en collaboration avec le ministère de
l'Éducation je ne doute pas que ce le soit qui sait ce qui
se passe dans les commissions scolaires et qui connaît les contraintes,
je vous le répète, étant au courant aussi, du
vieillissement du réseau des écoles primaires dans la province.
Le réseau d'écoles polyvalentes est assez récent. Les
écoles polyvalentes sont pourvues de cafétéria. Ce n'est
pas le cas pour les écoles primaires. Je voudrais attirer l'attention de
M. le ministre sur le fait que je fais partie d'un comité de nutrition,
rattaché au Conseil des affaires sociales et de la famille. On y discute
beaucoup de saine alimentation en milieu scolaire.
Quand les commissions scolaires devront organiser la garderie en milieu
scolaire à l'heure du déjeuner, je ne vois pas beaucoup
d'incitation à la saine alimentation dans un réseau
d'écoles où il n'y a aucune cafétéria. À
cause de la dénatalité, le réseau d'écoles
primaires de la province est vieillissant. Il y a très peu de nouvelles
écoles. Il y en a quelques-unes dans des territoires en expansion, mais
ce n'est pas la majorité. Ce sont de vieilles écoles qu'on
entretient, parce que les commissions scolaires sont bien administrées.
Elles ne laissent pas aller à l'abandon les biens publics. Elles
l'entretiennent, mais il n'y a pas de nouvelles constructions, ou à peu
près pas.
Je tiens à attirer votre attention sur ces faits, qui sont des
réalités avec lesquelles nous devons vivre à la commission
scolaire.
Plutôt que d'expliciter davantage, j'aimerais mieux écouter
vos questions. D'ailleurs vous avez notre mémoire, vous pourrez y
référer.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme Gervais.
M. Grenier: ... au journal des Débats?
Le Président (M. Boucher): Le mémoire sera
inséré en annexe au journal des Débats. M. le ministre.
(voir annexe)
M. Lazure: Je remercie Mme Gervais et je m'excuse d'être
sorti quelques minutes quand vous avez commencé votre
présentation. Votre critique, quant au manque de consultation, elle est
en bonne partie justifiée. Mais je répète ce que je
disais, hier, à un autre groupement qui nous faisait la même
critique, à savoir de ne pas avoir été consulté
dans l'élaboration de l'avant-projet de loi, c'est
précisément le but d'un avant-projet de loi, de permettre une
consultation assez large et dans un cadre bien organisé, comme on le
fait aujourd'hui comme on le fait depuis quelques jours.
C'est avec un esprit très ouvert qu'on a abordé cette
commission et qu'on va continuer d'étudier chaque mémoire.
Considérez donc que c'est actuellement qu'on fait la consultation.
Quant à l'article 58, qui vous touchait de façon plus
immédiate, j'ai annoncé dès le premier jour qu'il
était changé. Vous avez probablement eu copie des cinq
amendements, sinon, on va vous les distribuer.
Mme Gervais: Je n'ai pas sous la main copie des cinq amendements.
J'ai cependant un article du journal. Je ne sais pas s'il est complet.
M. Lazure: Je voudrais que vous preniez plutôt le texte de
l'amendement que le texte du journal.
Mme Gervais: D'accord.
M. Lazure: Dans le texte de l'amendement, vous allez le voir dans
un instant, et dans son esprit aussi, ce qui apparaissait au départ
comme un imbroglio plus qu'autre chose, c'est évident qu'on ne voulait
pas obliger de façon unilatérale les commissions scolaires
à fournir ces services. Ce qui est notre objectif, par des consultations
entre le ministère de l'Éducaton, les commissions scolaires et
nous, nous en arriverons, par voie de règlement, à bien
circonscrire les conditions dans lesquelles une commission scolaire serait
tenue de fournir des services de garde en milieu scolaire. C'est porté
carrément à la partie de la réglementation qui, elle, se
fera par des consultations nécessairement, et, en plus de la
consultation universelle, si j'ose dire, par la parution, pendant 90 jours, du
texte du règlement.
On aura amplement le temps de se reparler sur cette question.
Mme Gervais: Je suis très heureuse d'apprendre cela.
M. Lazure: Vous dites que l'office est trop centralisateur. On a
failli mettre dans l'avant-projet de loi un article où l'office devrait
obligatoirement déléguer en région ses
responsabilités. Il y a quelques groupes qui nous en ont parlé
ces jours derniers. Nous hésitons encore. Je ne rejette pas la
possibilité que, dans le texte final du projet de loi, on ait
l'obligation, de la part de l'office, de déléguer une bonne
partie de ses responsabilités. On ne veut pas que ce soit un office
centralisateur. On veut surtout éviter cela. On sait ce que c'est, vous
et moi, un organisme monstre, comme notre ministère des Affaires
sociales ou le ministère de l'Éducation, et on veut favoriser le
plus de décentralisation possible.
Maintenant, j'ai devant moi la liste de vos recommandations. Elles sont
pertinentes, les recommandations d'analyse des besoins. Ce sera un des
rôles prioritaires de l'office, de faire le bilan des besoins, non
seulement pour la garde en milieu scolaire, mais aussi les autres types de
garde.
Je pense que l'échange qu'on a aujourd'hui, c'est le premier. Il
y en aura sûrement toute une série. Je répète ce que
j'ai dit hier au président du Conseil scolaire de l'île de
Montréal. Je suis très heureux, contrairement à certaines
perceptions qu'on avait, de voir que les commissions scolaires sur l'île
de Montréal, la fédération, votre
fédération, les deux, groupes fort importants, se montrent
très intéressés non seulement à la garde en milieu
scolaire, mais, possiblement, à d'autres formes de garde.
Si on a eu une perception un peu différente, c'est
peut-être parce qu'on a souvent entendu la phrase que vous nous avez
énoncée tantôt, à savoir que le rôle premier
de l'éducation, c'est l'éducation des enfants d'âge
scolaire c'est un pléonasme vous l'avez dit tantôt.
Pour nous, on a perçu que, autant dans le réseau scolaire
qu'à d'autres niveaux, ce n'était pas vu comme quelque chose qui
devait retenir leur attention dans l'immédiat.
Je dis tant mieux si le réseau scolaire est plus
intéressé, plus prêt qu'on ne le croyait. On va
réviser notre tir, à ce moment-là. Merci.
Mme Gervais: Je voudrais, M. le ministre, si vous le permettez,
qu'on s'arrête à toutes nos recommandations. Je remarquais ce
matin, je crois qu'il s'agissait de l'Association des garderies de la
région 04 qui, dans sa première recommandation, recoupait la
nôtre aussi. Elle souhaitait, cette Association de garderies il
n'y a pas eu concertation, je vous prie de le croire que les commissions
scolaires soient soustraites de l'avant-projet de loi sur les services de garde
à l'enfance. Notre première recommandation, c'est cela. Elle l'a
exprimée dans les mêmes termes, sans avoir lu ou sans avoir vu
ce n'est pas possible notre mémoire et nos
recommandations. C'est un signe que ce n'est pas uniquement la
préoccupation des commissions scolaires.
M. Lazure: Mais je vous avoue, si on les passe une par une, que
je ne comprends pas votre première recommandation, parce que, dans votre
mémoire, vous faites état du fait que vous avez contribué
par exemple, à l'existence de 26 ou 27 garderies, je ne sais plus
combien. M. Mongeau aussi, du Conseil de l'île de Montréal, en
parlait hier. Je le répète, on nous a dit hier: On est
très intéressé non seulement à la garde en milieu
scolaire, mais aussi à des garderies. Là, vous ne dites pas que
vous êtes contre l'existence d'un office des services de garde, que je
sache, vous acceptez l'existence d'un office de services de garde. À
partir de là, il me paraît normal que cet office ait une certaine
juridiction, parfois décentralisée, mais sur l'ensemble des
services de garde qui vont se donner. Je ne vois pas pourquoi les services qui
seraient donnés dans le monde scolaire seraient soustraits à
cette juridiction-là.
Mme Gervais: Je vais laisser M. Caron répondre. Je
pourrais le faire, mais...
M. Caron (Pierre): M. le ministre, si on demande cela, c'est
très simple, c'est que nous pensons qu'avec le nombre d'écoles
qui seront incluses dans cette loi et les élèves possibles qui
pourraient profiter de cela, on se demande s'il ne serait pas mieux on
le demande, on se le demande et on vous le demande d'avoir un statut
particulier.
M. Lazure: Ah! Que la CSN ou le Conseil de l'île de
Montréal demande un statut particulier, je comprendrais, mais que toute
la fédération demande cela, je ne comprends pas.
Mme Gervais: La fédération demanderait cela pour
toutes les commissions scolaires.
M. Lazure: Toutes les commissions demanderaient un statut.
Mme Gervais: Je veux sortir de cet office. Comment appelez-vous
cela exactement? L'office pour les services de garde à l'enfance.
M. Lazure: Sérieusement, je ne comprends pas pourquoi vous
voudriez un statut particulier.
M. Caron (Pierre): Je vais donner un exemple qui pourrait
peut-être expliquer cela. Prenons la constitution de l'office
lui-même. Il va y avoir seize personnes y compris les fonctionnaires qui
vont en faire partie et les commissaires vont pouvoir avoir un
représentant tel que stipulé. Pour tous les enfants pour lesquels
on va avoir des responsabilités, est-ce que un sur seize c'est
juste?
M. Lazure: Pour moi, ce n'est pas une question de
mathématiques, ce n'est pas si simple que cela, parce que si on compte
le nombre de parents qui ont des enfants placés chaque jour, au moment
où on se parle, c'est infiniment plus que ce que vous aurez dans un an
ou dans deux ans dans le réseau scolaire. Il ne faut pas partir du
nombre... Admettons que vous ayez 500 000 enfants au niveau
élémentaire et, même en supposant qu'il y ait 50% de
ceux-là, ce qui est beaucoup, qui aient besoin de garde en milieu
scolaire, à la rigueur, cela fait 200 000 familles que vous rejoignez.
Mais on sait qu'il y a pratiquement 150 000 familles où les
responsables, les adultes de la famille travaillent à l'extérieur
et ont besoin d'un service de garde, utilisent actuellement un service de garde
quelconque, cela ne m'impressionne pas trop ce chiffre-là. Il faudrait
plutôt parler en nombre de places que vous auriez dans un avenir
immédiat.
Je ne suis pas contre le fait de réviser la composition du
conseil de l'office. On va prendre bonne note de cela. Si un jour le
réseau scolaire devenait tellement actif dans le domaine des services de
garde, peut-être faudrait-il lui donner un peu plus d'importance dans le
nombre des représentants au conseil aussi.
M. Caron (Pierre): Pour revenir à votre question,
c'est-à-dire au fait que vous trouviez surpre-
nant qu'on demande un statut particulier, c'est que la façon dont
le projet de loi est présenté ne nous plaisait pas. On y voyait
peut-être trop de pouvoir centralisateur. À partir de ce projet de
loi, qu'il semblerait que vous voulez changer, à ce moment notre demande
ne sera peut-être plus la même si vous commencez à
jouer.
Comme j'ai pu le voir dans le journal, hier, au niveau du temps
alloué, les commissions scolaires verraient à ouvrir à une
heure potable le matin, à l'heure du dîner, etc.
Déjà, ce n'était pas marqué là-dedans; c'est
un amendement que vous avez proposé, je pense. (17 h 45)
M. Lazure: II est clair qu'on est prêt à changer.
Cela s'appelle un avant-projet de loi et, par définition, ça doit
être changé et de façon assez importante.
Le Président (M. Boucher): Merci. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme La voie-Roux: Bonjour, Mme Gervais, M. Caron. J'essaie de
comprendre votre position et je voudrais en être assez certaine. D'une
part, ce que je crois comprendre c'est ceci. Si on parle de services de garde
pour les enfants d'âge scolaire, ça relève du
ministère de l'Éducation et ça devrait être
coordonné avec le ministère de l'Éducation, parce que
c'est lui qui connaît nos ressources, c'est lui qui connaît les
contraintes de transport, budgétaires et autres que nous avons. Je
voudrais indiquer au ministre que c'est la première recommandation.
Quand vous dites que vous voudriez peut-être développer des
services de garde, dans le sens de garderies, là vous dites: II faudrait
élaborer une vaste consultation sur les possibilités
d'implantation des services de garde en milieu scolaire. Il y a deux types de
problèmes, deux réalités. La première touche
strictement les enfants d'âge scolaire, pour qui vous assurerez des
services de garde en dehors des heures de classe. D'autre part, vous ne mettez
pas de côté la possibilité qu'on songe aussi à
développer des garderies à l'intérieur du milieu scolaire,
et, là-dessus, il vous faut une vaste consultation. À ce moment,
vous verriez peut-être ça coordonné davantage avec l'office
que si on parle strictement de services pour les enfants d'âge
scolaire.
Mme Gervais: Quand on parle, Mme Lavoie-Roux, d'implantation de
services de garde en milieu scolaire et de vaste consultation, elle se rapporte
à ces services de garde en milieu scolaire et non aux autres services de
garde.
Si on parle de consultation, c'est parce qu'on se dit: II ne faudrait
pas non plus créer des besoins. Il y a possiblement des besoins de garde
en milieu scolaire, peut-être plus tôt le matin. Supposons que les
écoles ouvrent à 8 h 30, peut-être que certains parents
aimeraient y envoyer leurs enfants à 8 heures parce que les mères
s'en vont. Mais est-ce que les besoins sont les mêmes partout?
Il y a toutes sortes d'autres choses, Mme Lavoie-Roux. Vous savez
très bien que dans une commission scolaire... On ne peut pas penser
uniquement à la ville de Montréal. Je pense à la mienne
par exemple. On a douze écoles pour le réseau primaire sur notre
territoire; elles sont dispersées à l'est, à l'ouest, au
nord et au sud, bien sûr. Va-t-il falloir regrouper ces enfants
après l'heure de l'école, si vous en avez deux dans une
école, cinq dans une autre, sept dans une autre? Idéalement, vous
passez à un service de garderie que vous pouvez instaurer partout. Mais,
ça ne se fait pas du jour au lendemain, ça.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je comprends, Mme Gervais, c'est que vos
recommandations touchent strictement les soins de garde pour les enfants
d'âge scolaire.
Mme Gervais: Dans le mémoire, c'est exact, madame.
Mme Lavoie-Roux: Bon! D'accord, ça, c'est une chose
claire.
Mme Gervais: Mais je n'exclus pas la possibilité pour la
commission scolaire que ses locaux, qui sont disponibles, servent pour d'autres
garderies, puisque cela appartient à la population du milieu, les
locaux.
Mme Lavoie-Roux: Vu dans ce contexte. Je pensais que votre
dernière recommandation touchait peut-être l'établissement
de garderies proprement dites.
Mme Gervais: On s'est limité... Mme Lavoie-Roux:
Oui, c'est ça.
Mme Gervais: ... disons, dans notre mémoire, à
toucher les services de garde en...
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas quelle consultation a
été faite entre le ministère des Affaires sociales et le
ministère de l'Éducation quant à cette décision de
faire relever ceci de l'office. On aura d'autres occasions d'en discuter avec
le ministre. Mais il y a une chose certaine, c'est que je pense que si vous
êtes trop contraints par des règles ou des règlements
rigides de l'office, à savoir de fonctionner de telle ou de telle
façon, ça va certainement mettre du sable dans le rouage. Il n'y
a aucun doute là-dessus, parce que je pense que le Conseil scolaire de
l'île de Montréal l'a expliqué hier, la CECM l'a
expliqué hier. Il y a déjà des services de garde en milieu
scolaire qui ont été développés et, même dans
la ville de Montréal, ils ne sont pas développés d'une
façon identique. Cela dépend du quartier, des besoins du milieu.
Enfin, il y a des différences culturelles qui sont énormes et
elles vont jouer, au niveau des commissions scolaires, peut-être encore
davantage dans l'ensemble de la province, compte tenu des disparités
géographiques, socio-économiques, etc.
Moi, je retiens votre recommandation, statut particulier. Je ne suis pas
sûre que je suis bien en faveur de ça, mais...
M. Grenier: ... au Québec.
Mme Gervais: Cela, on identifie ça avec un autre
problème, madame...
M. Lazure: Si vous me permettez, sur ce sujet, l'autonomie des
commissions scolaires pour les façons de mettre sur pied la garde en
milieu scolaire, on veut respecter cette autonomie, cette souveraineté.
Tout ce qu'on demande à l'article 59...
Mme Gervais: Ah oui?
M. Caron (Pierre): On va le noter.
M. Lazure: Mais oui, mais lisez l'article 59 qui dit: "Une
commission scolaire doit, dans les 30 jours de l'instauration de tout service
de garde en milieu scolaire dans son territoire, en aviser l'office". Depuis un
an, on a des projets dans vos milieux scolaires, à part ceux que vous
aviez commencés, les nouveaux qui sont financés par nous, par le
biais du ministère de l'Éducation, et on nest pas intervenu. On
n'a pas l'intention d'intervenir.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais, M. le ministre, ceux-là, vous
aviez donné si peu d'argent... Je ne vous blâme pas, là.
C'est un... Si peu d'argent qu'il n'y a... Ce n'était pas vu comme
un...
M. Lazure: On aurait été malvenu d'intervenir,
oui.
Mme Lavoie-Roux: Non, pas dans ce sens-là. Cela n'a pas
été perçu par la population comme une politique
générale, tandis que, demain matin, ou, enfin, quand ce sera
adopté, dans un délai X, ça deviendra une politique
générale, si bien que le parent de, comment dit-on ça,
Baie-Sablon...
M. Lazure: Blanc-Sablon.
Mme Lavoie-Roux: ... Blanc-Sablon et celui de Saint-Tite-des-Caps
vont dire...
M. Grenier: Saint-Herménégilde.
Mme Lavoie-Roux:... celui de Saint-Herménégilde et
de Sainte-Edwidge et de... vont dire: II nous faut une garderie.
Mme Gervais: II ne va pas dire: II me faut, mais il va dire: La
commission scolaire doit m'organiser...
M. Lazure: La position est telle qu'on veut laisser une grande
latitude aux commissions scolaires. On veut que l'office en soit avisé.
C'est ça que ça dit.
Mme Gervais: Mais, à 58, M. le ministre, quand on a
reçu votre avant-projet...
M. Lazure: 58 a été modifié.
Mme Gervais: ... l'article 58 disait "devra". M. Lazure:
II est modifié.
Mme Gervais: Alors, nous avons préparé notre
mémoire conformément à votre avant-projet.
M. Lazure: D'accord, oui, je comprends. Très bien.
Mme Lavoie-Roux: On aurait pu ajouter Saint-Malo, Paquetville,
n'est-ce pas, M. le député?
M. Grenier: Oui... Une voix: M. Caron?
M. Caron (Pierre): Si vous me permettez, madame, M. le ministre,
j'aurais peut-être une question concernant cela. Cela me fait plaisir, ce
que vous venez de dire là, et soyez assuré que c'est
rentré là et que ce n'est pas sorti de l'autre côté
quand vous dites que vous allez laisser aux commissions scolaires le soin de
voir qu'il y ait vraiment un bon service. On voit, dans les pouvoirs de
l'office, qu'on parle de formation et de perfectionnement des gens qui
pourraient venir. On voit les normes de qualification, entre autres, qu'on
pourrait regarder, le nombre d'enfants, par exemple, par personnel. Est-ce que
ça aussi va pouvoir rentrer là-dedans?
M. Lazure: Cela ne s'applique pas à la garde en milieu
scolaire; les ratios ne s'appliquent pas à la garde en milieu scolaire.
Ce sont les commissions scolaires qui établiront ces ratios.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, on aura l'occasion de le
débattre, de voir de quelle façon ceci sera inséré
dans le projet de loi. Il y a une chose certaine, c'est que les commissions
scolaires ou la fédération devront être vigilantes quant
aux ressources financières qui seront mises à la
disponibilité des personnes. Il y en a beaucoup qui s'imaginent que les
commissions scolaires ont de l'équipement, ont ceci, ont ça at
que cela ne coûte rien, que ça fonctionne par une espèce de
miracle.
Une fois qu'on crée ce besoin, il existe. On dit: Maintenant, on
va répondre à ce besoin, il faut qu'on mette les ressources en
conséquence. Il y a une chose sur laquelle je voudrais revenir, sur
laquelle je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous, c'est quand vous
avez dit que, parmi les difficultés que vous prévoyiez, il y
avait d'abord, la désuétude d'un grand nombre d'écoles
élémentaires là-dessus, je suis d'accord avec vous
et l'absence de cafétérias dans les écoles
élémentaires, ce qui est exact, ce qui va peut-être rendre
difficile la garde. Il faut quand même songer je ne voudrais pas
vous citer Montréal en exemple qu'au niveau
élémentaire, à Montréal et vous en
êtes certainement au courant puisque vous êtes membre de ce
comité des affaires sociales touchant l'alimentation ils ont
réussi quand
même au moins à élaborer un début de
politique alimentaire qui est mise en pratique dans les écoles, avec les
moyens du bord, je suis d'accord avec vous, avec le réfrigérateur
qu'on a acheté...
Mme Gervais: Avec des résultats exceptionnels.
Mme Lavoie-Roux: Ne me faites pas parler du lait!
Mme Gervais: Moi, non plus!
M. Grenier: Je le bois comme ça me plaît.
Mme Gervais: Avec des résultats exceptionnels, j'en
conviens. Il faut cependant, sauf erreur, bien se dire que c'est le Conseil
scolaire de l'île qui a instauré ce service. Le Conseil scolaire
de l'île, quand il impose $0.01 de taxe, va chercher pas mal
d'argent.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela que je dis que si on veut...
Mme Gervais: On ne fait pas cela à travers la
province.
Mme Lavoie-Roux: Je suis tout à fait d'accord avec vous;
d'ailleurs, le ministre le sait, je lui en ai parlé. Ils font des
efforts au ministère des Affairés sociales; c'est le
ministère de l'Éducation qui n'en fait pas assez pour sa
politique alimentaire.
Mme Gervais: C'est possible.
M. Grenier: On va changer les ministres de ministère.
Mme Gervais: Je voudrais bien, madame, qu'on soit...
M. Lazure: Avant que vous changiez de sujet, j'ajoute, parce
qu'il y a eu des protestations dans la salle, tantôt, qui ne sont pas
enregistrées au journal des Débats, mais que j'ai vues, je
répète que le projet de loi prévoit que les commissions
scolaires vont avoir un degré d'autonomie pour...
Mme Lavoie-Roux: Des ressources aussi.
M. Lazure: ... préparer des ressources aussi, c'est
évident, on l'a dit pour adopter des services de garde en milieu
scolaire aux besoins de leur région. Les besoins changent d'une
région à l'autre. Les gens du Regroupement de Montréal
dans la salle semblaient protester. Il est bien évident que puisque les
commissions scolaires devront en aviser l'office, celui-ci va prendre
connaissance des modalités du système de garde en milieu
scolaire. Si jamais que ce soit à cause du ratio ou à
cause d'autre chose c'était fait de façon inacceptable,
l'office pourrait intervenir et devrait intervenir. C'est dans ce
sens-là.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas je pense avoir reçu votre
message et...
Mme Gervais: Je voudrais ajouter une chose à madame et
à M. le ministre. J'ai entendu tantôt des gens dire: Nous sommes
lasses de faire du bénévolat. Vous savez, quand le ministre de
l'Agriculture a décidé qu'il fallait donner du lait aux enfants,
les professeurs ont dit: Cela n'entre pas dans notre tâche. Il a fallu
faire entrer les parents bénévolement pour venir distribuer les
berlingots parce que ça n'entre pas dans la tâche d'un professeur
syndiqué. La garde non plus n'entrera pas dans la tâche d'un
professeur syndiqué. Ce sont donc d'autres personnes qui devront entrer
dans les écoles pour faire la garde le matin, le midi et plus tard
l'après-midi. Ce sont toutes des contraintes auxquelles feront face les
commissions scolaires, c'est pourquoi elles disent: Nous sommes contre
l'impératif "devra" faire ça, parce que ce ne sera
peut-être pas possible partout. Partout où ce sera possible, ce
sera instauré, bien sûr, si les gens le souhaitent, si la
population le demande, mais ailleurs où ce ne sera pas possible, on
s'excusera et on dira: On ne peut pas le faire, on n'a pas les moyens, on n'a
pas les ressources.
Mme Lavoie-Roux: J'ajouterais une chose, si vous me le permettez,
M. le Président. Je demanderais à la Fédération des
commissions scolaires il y a déjà certains programmes qui
existent que vous évaluiez de façon rigoureuse ce que cela
implique comme coût, parce que vous allez vous retrouver encore dans la
même position où on va vous renvoyez la balle en disant: Vous ne
prenez pas vos responsabilités quand, dans l'école X, il n'y aura
pas les services de garde que les parents réclameront.
Je pense qu'il faut que vous fassiez cette étude-là
rigoureusement, que vous la rendiez publique et que vous la fassiez en regard
des subventions qu'on vous accordera, parce que sans cela, vous allez vous
retrouver dans le même cul-de-sac où vous vous êtes
retrouvés à l'égard des accusations qu'on a fait porter
à l'égard de certains endroits peut-être avec justesse,
mais dans beaucoup d'endroits avec moins de justesse, à savoir que vous
ne vouliez pas mettre toutes vos écoles à la disposition de tout
le monde, alors que cela avait d'énormes implications aux points de vue
financier et administratif.
Mme Gervais: Je prends bonne note, Mme la députée,
de votre conseil.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci M. le Président. J'ai eu droit à
une information de première main, puisque j'ai à votre conseil
une représentante de chez nous qui s'occupe de me donner...
Mme Gervais: Ce matin, elle était à une autre
commission parlementaire.
M. Grenier: Vous la saluerez de ma part, puisqu'elle fait un
magnifique travail, elle aussi.
Mme Gervais: Je n'y manquerai pas.
M. Grenier: Elle est à la même école que vous
autres, je pense. Vous avez mentionné pour les commissions scolaires...
On comprend et j'ai été un de ceux qui se sont souvent
insurgés contre ces grandes politiques qu'on voudrait semblables ou
à peu près pareilles dans toute la province. Je l'ai fait
à l'occasion de la construction des écoles secondaires au
Québec dans les années soixante et alors que j'étais dans
l'enseignement à Rigaud. On se rend compte que ces politiques qui sont
trop généralisées ne correspondent pas aux besoins
locaux.
Vous venez de le signaler, en disant que les régions rurales sont
souvent fort différentes des grands centres comme Montréal ou
Québec, par exemple, mais on se rend compte que pour la création
de garderies dans des écoles primaires, cela va poser d'énormes
problèmes. Vous n'êtes pas prêts je pense bien
à endosser tous ces problèmes, surtout pas par les doigts du
ministre, mais vous aimeriez bien que ce soient eux, quand c'est possible.
Vous avez une excellente suggestion à la page 8 que le ministre
devrait retenir. Je pense que vous avez exactement l'expression dont on aura
besoin dans la loi. Les commissions scolaires devraient recevoir le pouvoir
d'organiser de telles garderies, selon la volonté et les besoins du
milieu. Je pense que vous soupçonnez que dans plusieurs villages de la
province, les municipalités qui ne sont pas urbaines, il y aura
possibilité d'avoir, bien sûr, des garderies sans but lucratif,
qui seront au niveau du village et où vous vous engagez à mettre
vos locaux à leur disposition, qui seront aménagés,
même si on a dit tout à l'heure... (18 heures)
Mme Gervais: ... libre, pourquoi pas?
M. Grenier: Quand c'est possible, d'accord. Ce serait
peut-être une bonne raison, parce qu'on l'a essayé dans d'autres
secteurs. On l'a signalé hier que ces écoles peuvent servir
à plusieurs fins. Il y en a qui servent à des familles d'accueil
dans le moment, pour des personnes âgées. Ils pourront servir avec
le peu d'argent qu'on pourrait distribuer et ils pourraient nous permettre,
dans des locaux semblables, d'y aménager des garderies sans but
lucratif.
Je pense, encore une fois, que pour le travail que vous faites,
connaissant vos problèmes, il y a un groupe qui a demandé que les
commissions scolaires ne soient pas obligées de se soumettre à ce
système d'organisation, d'autres retiennent les commissions scolaires,
sachant que vous êtes un milieu plus continu que des groupes sans but
lucratif. Alors, je pense que l'expression que vous nous servez à la
page 8 devrait être retenue dans la loi ou, en tout cas, quelque chose
qui ressemble à cela.
Vous nous apportez des arguments qui sont assommants pour le ministre,
qui font comprendre que même si vous êtes une association, un
groupement important, vous ne pouvez quand même pas ramasser des
étudiants par deux ou par un et demi, dans des villages, pour en faire
une garderie, dans le centre de la commission scolaire. J'ai aimé vous
entendre, parce que c'était vraiment clair, et on savait de quoi on
parlait.
Par contre, à la page 7, vous parlez sur les droits excessifs
accordés à l'office des services de garde à l'enfance.
Qu'est-ce que vous notez comme droits excessifs qui pourraient être
donnés à l'office des services de garde?
M. Caron (Pierre): Ce qu'on pensait des droits excessifs, M. le
ministre nous a bien dit tout à l'heure que cela ne s'appliquait pas aux
services de garde en milieu scolaire.
M. Grenier: Avec le changement qu'il a apporté?
M. Caron (Pierre): J'ai retenu cela et je retire tout ce qui est
écrit.
M. Grenier: Vous êtes au courant, par des mémoires
que vous présentez de temps en temps, que l'Opposition, c'est du
drôle de monde. Quand on présente un mémoire, on dit qu'on
présente un mémoire qui est farfelu et qu'il faut le changer, et
si on n'en présente pas, on dit: Vous devriez en présenter un.
C'est le rôle de l'Opposition de critiquer le gouvernement. Vous devez
savoir cela, vous êtes au courant. Mais il reste une chose, c'est que
l'avantage d'un avant-projet de loi ce qui n'arrive pas souvent en
commission parlementaire, parce qu'on discute généralement des
projets de loi qui sont plus difficiles à changer - j'ai l'impression
qu'il arrivera des modifications importantes dedans. Je pense bien que c'est la
première fois que j'ai l'occasion d'étudier en commission
parlementaire un avant-projet de loi. Je pense qu'il y aura des modifications
majeures qui arriveront, et ce, à l'avantage des gens qui en
bénéficieront, je pense. Je pense bien qu'on pourra vous revoir
quand on arrivera avec le véritable projet de loi, qui sera sans doute
déposé à l'occasion de la reprise de la session la semaine
prochaine, ou pas longtemps après la reprise de la session.
Mme Gervais: M. le ministre a parlé de loi, de
règlement, tout à l'heure. Si nous pouvons nous offrir notre
collaboration, nous le ferons très volontiers et avec plaisir.
M. Lazure: On aura sûrement recours à votre
collaboration. Merci.
M. Grenier: En attendant qu'on arrive avec le projet de loi, je
pense que ce serait important pour nous autres de connaître, à ce
moment-là, quel serait le nombre de commissions scolaires dans le
Québec et je pense au Québec rural principale-
ment, parce que je pense qu'en ville, cela peut se faire un peu partout
- mais les commissions plus rurales, ou semi-urbaines, vous en discutez
déjà depuis un bon nombre de semaines, où est-ce que vous
seriez prêts à avoir des services sous la direction des
commissions scolaires et y a-t-il d'autres lieux où vous pourriez avoir
des locaux à la disposition des groupements sans but lucratif, dans vos
écoles? Il serait peut-être important que vous prépariez un
document comme celui-là et nous le donniez à l'occasion de la
reprise des travaux.
Mme Gervais: C'est possible de le faire. Pour ce qui est des
locaux qui pourraient être mis à la disposition des organismes
sans but lucratif, il y a une condition essentielle; il faut que ce soit une
commission scolaire qui a des locaux disponibles dans le jour; cela veut dire
là où la dénatalité se fait sentir. À la
mienne, la commission scolaire ici à Montcalm, nous avons des espaces
libres. Par ailleurs, la commission scolaire voisine, la Jeune-Lorette
construit deux écoles présentement. On offre déjà
des services, si vous voulez, à des dames. On leur offre des locaux pour
garder les enfants de façon communautaire, si vous voulez. On pourrait
le faire. D'autres ne peuvent pas vraiment le faire. Cela dépend des
milieux.
M. Grenier: Vous avez souligné tout à l'heure que
le ministre de l'Agriculture a demandé le bénévolat pour
la distribution du berlingot.
Mme Gervais: C'est-à-dire que ce n'est pas le ministre qui
l'a demandé; ce sont les commissions scolaires qui ont été
obligées d'avoir recours aux parents pour la distribution, parce que,
dans certains cas je ne veux pas généraliser les
professeurs ont dit: Cela ne relève pas de notre tâche et on ne
fera pas cette distribution.
M. Grenier: Je l'ai signalé hier et un groupe est venu
nous dire que l'offre de bénévolat au niveau du Québec est
un peu différente depuis plusieurs années et c'est un fait
nouveau. Mais je pense que, dans le bénévolat, il faut
distinguer. Il y a des heures de bénévolat qui se donnent
à l'occasion, mais on ne peut pas demander à des gens de faire du
bénévolat chaque jour et chaque semaine de façon
régulière. Il y a eu pire que la distribution du lait, je peux
vous le dire. Le ministre de l'Éducation a demandé la
réouverture d'écoles primaires dans la province. Il y avait du
bénévolat qui devait se faire journellement pour l'heure du
lunch, l'entretien des planchers à l'occasion, l'enlèvement de la
neige hier, etc. Il faut avoir des gens comme vous aujourd'hui pour le
dénoncer, pour dire que ce sont des choses qui ne peuvent pas se faire
de façon persistante et continue. Du bénévolat, je pense
que cela se fait dans des paroisses, que cela peut se faire au niveau des
écoles et on le fait aussi. C'est basé sur l'expérience
des corvées qu'on connaissait autrefois, mais on ne peut pas demander
à des gens de faire du bénévolat de façon
permanente; cela ne se fait pas. À partir de là, il faut nous le
signaler. Vous êtes du milieu et il faut nous le signaler comme vous le
faites aujourd'hui. Je vous remercie.
Mme Gervais: Cela m'a fait plaisir. M. le Président, avant
de partir, j'aimerais vous...
Le Président (M. Boucher): Le député de
Rosemont avait demandé la parole. M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je suis bien conscient des
problèmes soulevés par la Fédération des
commissions scolaires quant aux coûts de l'implantation de garderies en
milieu scolaire. Cependant, il y a quelques éléments qui me
laissent perplexe. Par exemple, quand vous dites: Dans la plupart de nos
écoles élémentaires, il n'y a pas de
cafétéria, je me fais le raisonnement suivant: J'ai deux
garderies dans mon comté. L'une est logée justement dans une
école élémentaire désaffectée, une autre est
dans un sous-sol d'église. Elles trouvent les moyens quand même de
nourrir, je pense, adéquatement les enfants qui sont sous leur garde.
Qu'est-ce qui empêcherait la commission scolaire de faire de même?
Je vais vous dire ce qu'il y a dans le fond de ma pensée. L'impression
que vous me donnez, c'est que vous voudriez faire un service de garde que je
qualifierais de "chromé"...
Mme Gervais: Vous avez des expressions que je connais bien,
à la maison mes fils les emploient tous les jours!
M. Paquette: Oui? Mais avec le résultat qu'on pourrait
offrir un très bon service, mais à très peu de personnes,
parce que le service coûterait très cher.
Mme Gervais: M. le député, je vous ferai remarquer
que quand il y a des garderies qui s'installent dans des écoles
désaffectées, on fait de ces locaux ce qu'on veut bien en faire;
on peut bien organiser une cuisinière électrique, un frigidaire,
etc. Cependant, si nous devons faire de la garderie en milieu scolaire, nos
locaux restent des classes, on ne les transformera pas en véritables
garderies avec un petit coin pour se coucher, comme on fait avec une
école désaffectée dont on change la vocation et dont on
fait une garderie proprement dite. Il faudra garder nos locaux pour qu'ils
servent d'école, que ce soient des classes, quoi. Alors, on ne pourra
pas fonctionner aussi adéquatement; si bien que j'ai peur que, le midi,
le lunch, ce soient ces fameuses sandwiches que tout le monde condamne.
Évidemment, il y a bien des organismes qui parlent aux parents de la
saine alimentation et qu'il faut y habituer vos enfants très jeunes,
mais à partir du moment où on va avoir les garderies à
l'école le midi, si les enfants de six, sept et huit ans mangent des
sandwiches tous les midis, ce n'est pas ce qu'il y a de plus recommandable.
Chez nous, nous transportons
les enfants le midi avec des taxes inadmissibles, j'en conviens,
puisque ce n'est pas reconnu mais les parents sont bien contents
puisqu'ils les font manger chez eux, et les dames qui ne sont pas là, ce
sont les voisines qui les reçoivent; comme quoi, selon les milieux, on
s'organise. Cependant quand on voyait "devra", la commission scolaire devra
faire ça, là on sursaute et on dit: Vraiment!
M. Paquette: Dans un autre ordre d'idées, mais tout aussi
important, je pense que vous réclamez un large degré d'autonomie
quant à l'installation des garderies en milieu scolaire, je pense que
ça va de soi, la commission scolaire connaît bien les autres
contraintes et le ministère de l'Éducation aussi, je suis
sensible à ces arguments. Cependant je pense que c'est une
tendance générale on a toujours tendance à
réclamer de l'autonomie et à être très
réticent à en donner aux autres...
Mme Gervais: Je ne vous le fais pas dire, M. le
député!
M. Paquette: Mais c'est un réflexe très humain que
tout le monde a, en particulier dans les commissions scolaires. Ma question est
la suivante: Dans ces garderies en milieu scolaire, est-ce que vous pensez
qu'on devrait établir un mécanisme de contrôle des usagers
même dans ce cas? Je dis cela, parce qu'il y a très peu de
comités de parents décisionnels encore. Il n'y en a même
pas du tout. Cela va peut-être venir.
Mme Gervais: Ah! mais il y a des comités de parents, cher
monsieur, qui sont consultés tout le temps par les commissions
scolaires. Là, on a un parent qui s'en vient...
M. Paquette: M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais établir un fait: Là
où cela existe, la garde du dîner, ce sont les parents qui en ont
la responsabilité, en effet.
M. Paquette: Bien oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est une initiative du comité
d'école, alors, pourquoi n'ont-ils pas de pouvoirs décisionnels?
C'est enregistré?
M. Paquette: M. le Président, je suis bien conscient que,
là où cela existe, ce sont les parents qui l'ont mis sur
pied.
Mme Lavoie-Roux: Avec l'appui des commissions scolaires.
M. Paquette: Ce que j'aimerais savoir c'est si,
systématiquement, on accepte le principe que la garderie soit sous le
contrôle des usagers à un niveau aussi important que les garderies
à but non lucratif, les garderies de quartier. Je ne sais pas si on peut
aller aussi loin. Quelle est votre réaction à cela?
Mme Gervais: Je réagis mal, parce que je comprends
très mal votre question. Vous m'excuserez. Je ne sais pas si mon
compagnon la comprend mieux, mais, vraiment, je n'ai pas compris, M. le
député, je m'excuse. Enfin, vous me demandez que ce soit
organisé par les usagers. Tantôt, madame a dit: Les comités
de parents s'en mêlent. Ce sont eux qui viennent, ce sont les parents qui
viennent faire la garde. Vous l'avez dit. Ce n'est pas toujours à la
demande des parents. C'est très souvent la commission scolaire qui dit:
On veut organiser la garderie le midi et elle demande au comité de
parents: Venez donc les garder, les enfants. Ils viennent. Est-ce qu'on peut
faire cela partout? Je vous le dis, les dames qui ont dit tantôt qu'elles
étaient à l'âge du bénévolat, je ne suis pas
loin, monsieur, d'être 100% avec elles. Je dis toujours, et je fais un
aparté, que la journée où les femmes seront assez lasses
du bénévolat pour ne plus en faire, une journée
d'élection, pour quelque parti que ce soit, on tiendra compte de
l'opinion des dames.
Mme Lavoie-Roux: Très bien dit.
M. Paquette: M. le Président, j'aurais encore d'autres
questions. Je ne sais pas si on a très bien compris ma question. Ma
préoccupation est la suivante: On va mettre des fonds publics
supplémentaires...
Une voix: On va ajourner.
M. Paquette: ... à la disposition des commissions
scolaires. Ma préoccupation c'est que, dans beaucoup de cas, les
commissions scolaires sont quand même des organismes assez importants.
Ces fonds, personnellement, je souhaiterais que les parents en aient le plus
large contrôle possible. Je comprends que la commission scolaire va avoir
à assumer certains coûts, mais est-ce que les commissions
scolaires seraient prêtes à remettre une partie de ces fonds
publics aux usagers de la garderie, même si elle est en milieu
scolaire?
Mme Gervais: Remettre une partie des fonds publics aux usagers?
Remettre à ceux qui travailleront dans ça, d'accord, mais pas
à ceux qui l'organiseront. Il y a de la décentralisation
budgétaire dans les commissions scolaires, au niveau des écoles.
À ce moment c'est au niveau du principal d'école qui est
maître chez lui. Alors, le principal d'école peut très bien
organiser ça avec les parents. C'est décentralisé dans
plusieurs commissions scolaires au niveau des écoles, mais je ne vois
pas comment...
M. Paquette: Cela répond à ma question.
Mme Gervais: Pensez aux contrôles qu'on devrait imposer.
C'est grave, transférer des fonds publics à des gens qu'on ne
peut pas facilement contrôler. Je vous ai dit, et je vous le
répète, que les commissions scolaires sont bien
administrées. À preuve, il n'y en a pas une qui ait fait
faillite
depuis quatre ans et on n'a pas indexé les budgets.
M. Paquette: Je ne veux pas prendre plus de temps, je voudrais
simplement dire qu'on va le faire, nous, par ce projet de loi, pour des
garderies à but non lucratif, qui sont des garderies de quartier, alors
c'est le même principe et... Enfin, je suis éclairé quand
même, je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): M. Caron.
M. Caron (Pierre): Je voudrais apporter, M. Paquette, un
éclairage supplémentaire. C'est que déjà, au
ministère de l'Éducation, on sait très bien qu'il va y
avoir un parent qui va siéger au conseil des commissaires qui, lui, va
avoir son mot à dire sur toute cette politique qui va être
intégrée.
Déjà, au projet éducatif, présentement en
discussion au ministère de l'Éducation, il va y avoir un
comité où il y aura des parents également au niveau de
l'école même. Cela va certainement entrer dans tout le processus.
Donc, je pense que ces gens vont avoir la chance de faire valoir leur opinion
sur ça. (18 h 15)
Mme Gervais: II ne faut pas oublier non plus que les commissaires
d'école, en général, sont des parents, quand ils ne sont
pas, comme moi, des grands-parents.
Je voudrais, en terminant, tenter de vous dérider un peu, mais
là je ne voudrais pas que ce soit rattaché à la
Fédération des commissions scolaires; ce sera une réaction
personnelle sur des mémoires que j'ai entendus ce matin. J'entendais, ce
matin, parler de garderies en milieu familial et d'une possibilité de
huit ou neuf enfants pour deux personnes. J'ai moi-même
élevé huit enfants, ça n'a pas été si
difficile que ça, mais ils n'étaient pas tous du même
âge.
J'ai aujourd'hui huit petits-enfants et jamais je n'accepterais qu'on me
les confie une demi-journée. Ils ont de deux mois à six ans et si
on me les confiait, je vous dis que ce serait un cas de suicide. Je pense qu'on
devrait songer à cela, ce n'est vraiment pas possible. C'est
irréaliste. Il ne faut pas savoir ce que sont les enfants du même
âge, ensemble. Ah! vraiment. Mais, c'est personnel, je m'excuse.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
L'Acadie, pour l'enregistrement au journal des Débats.
Mme Lavoie-Roux: II y a un public ici. Les questions du
député de Rosemont, qui étaient fort pertinentes, ainsi
que la réponse de Mme Gervais qui, peut-être n'a pas vécu
l'expérience de la garde de midi, en milieu scolaire organisé,
pourraient laisser certaines impressions qui ne sont pas tout à fait
justes. Je puis parler de la CECM. Ce sont les parents eux-mêmes qui ont
la responsabilité d'organiser la garde de midi. C'est proposé au
comité d'école, en début d'année et c'est lui qui
décide si oui ou non il en veut, selon le milieu.
Les gardiennes sont payées pour le midi. Le comité des
parents en a la responsabilité, en relation avec le directeur de
l'école, qui tient la comptabilité. Évidemment, il y a une
subvention de la commission qui vient compléter, mais toute
coopération est entre les mains des parents. Et je pense que c'est
important de dire que cela se fait et qu'il y a moyen de le faire. Ce n'est pas
strictement du bénévolat, même s'il y a une part de
bénévolat.
Mme Gervais: Les besoins sont venus un peu plus rapidement
à Montréal, c'est pourquoi on est un peu plus avancé que
dans les autres régions, Mme Lavoie-Roux, j'en conviens. Moi, je n'ai
pas encore vécu cette expérience.
Le Président (M. Boucher): La commission suspend ses
travaux jusqu'à vingt heures.
Fin de la séance à 18 h 18
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Boucher): À l'ordre,
messieurs!
À la suspension de 18 heures, nous en étions au CLSC de
Lac-Etchemin. Le CLSC de Lac-Etchemin a demandé d'être
reporté à jeudi prochain. Lorsque la commission parlementaire
siégera jeudi prochain, le CLSC de Lac-Etchemin sera le premier
organisme en lice.
Nous allons passer immédiatement à l'Ecole de psychologie
de l'Université Laval avec M. Richard Cloutier. Si vous voulez
présenter les gens qui vous accompagnent.
Ecole de psychologie de l'Université
Laval
M. Cloutier (Richard): Nous présentons un mémoire
en tant que groupe de recherche qui s'intéresse aux facteurs
d'adaptation en milieu de garde d'enfants depuis deux ans déjà.
Quelques représentants de notre équipe ici sont: Réjean
Tessier, à ma droite, Chantale Brouillet et Louise Berlinguer. Nous
prévoyons faire une brève présentation de douze minutes
à peu près et peut-être prendre plus de temps par la suite
pour échanger.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Cloutier: Le présent mémoire comporte trois
parties: d'abord une brève description des services de garde de jour au
Québec, ensuite un modèle de réseau découlant de
certains constats effectués dans nos travaux de recherche et,
finalement, une critique de l'avant-projet de loi tel que nous l'avons eu.
Mme Brouillet (Chantale): Présentement, on distingue trois
grandes zones de services de garde
au Québec: la première, la garderie avec permis; la
deuxième, la garderie familiale, c'est-à-dire une personne qui
garde les enfants chez elle, et la troisième, la garde à
domicile, c'est-à-dire enfants gardés à la maison par une
personne rétribuée.
La figure 1, qu'on voit ici à gauche, donne une estimation de
l'importance relative de chacune de ces zones de service pour la région
03, c'est-à-dire la ville de Québec. Il est frappant de constater
que le degré d'organisation des services est inversement proportionnel
à leur importance quantitative. Ainsi, nous ne connaissons à peu
près rien des caractéristiques de la garde à domicile
alors qu'il s'agit de plus de la moitié des places de garde
utilisées par les familles, soit 55%.
Au troisième rang d'importance vient la garderie à permis,
c'est-à-dire le service de groupe qui requiert un permis du
ministère des Affaires sociales, ainsi que le respect d'une série
de normes. Même s'il ne représente qu'environ 15 000 places pour
l'ensemble du Québec, soit 15%, ce secteur est sans doute le mieux
identifié et le mieux représenté publiquement.
Paradoxalement par rapport à cette organisation sociale plus grande, la
presque totalité des efforts de présence publique de cette zone a
dénoncé le manque d'organisation et la difficulté de
fonctionner avec les moyens financiers disponibles.
Alors, on présente un modèle. Notre modèle se fonde
sur trois principes de base que nous présenterons comme suit: le premier
principe, la garderie, un milieu éducatif centré sur l'enfant. La
garderie est-elle seulement un parking d'enfants ou est-elle aussi un milieu
éducatif? La grande majorité d'entre nous reconnaît la
dimension éducative de la garderie en tant que première
société extra-familiale. De ce fait, les besoins de l'enfant
doivent être considérés au premier chef et
différenciés de ceux de la famille en matière de services
de garde. Même si nos méthodes actuelles sont un peu
décevantes quant à l'isolation d'effets clairs de la garderie sur
le développement de l'enfant, nous savons que ce qui se passe avant
l'âge scolaire détermine beaucoup de ce qui se passe après
le début de la scolarisation.
Nous savons aussi qu'un jeune enfant possède des capacités
développementales très riches et que de leur exploitation
précoce dépend une partie significative des opportunités
sociales futures. Ainsi, le milieu scolaire se bute fréquemment à
l'impossibilité d'intégrer certaines clientèles avec
succès. Certains enfants n'arrivent pas à vraiment s'adapter
à l'école, parce que cette dernière exige d'eux des
comportements différents de ceux dont ils sont équipés
lors de leur entrée. Même les efforts importants de compensation
déployés chez nous, au cours des dernières années,
n'ont pas réussi à résoudre ce problème. Nous
croyons enfin qu'il serait déplorable de sous-estimer la contribution au
développement social que peut apporter un bon réseau
d'éducation de la prime enfance et ce, surtout au moment où
l'État intervient pour organiser les outils de prolongement que se donne
la famille au Québec.
M. Cloutier: Un deuxième principe sur lequel se base notre
modèle veut que la famille soit la première cellule
d'appartenance de l'enfant. Les connaissances psychologiques sur l'attachement
montrent que les relations parents-enfants dominent dans leur signification
pour l'enfant. La mère demeure, par exemple, la première personne
de référence pour l'enfant, même si ce dernier passe
plusieurs heures par semaine avec une éducatrice qu'il apprécie.
La famille, en tant que premier milieu de vie de l'enfant, constitue sa
référence de base au plan psychologique, mais aussi aux plans
social et culturel, incluant l'aspect légal. De ce fait, le gouvernement
doit éviter d'usurper à la famille ses droits et
responsabilités éducatives face à l'enfant. (20 h 15)
Au Québec, on déplore présentement la coupure qui
existe entre la famille et l'école et on fait des efforts pour rendre
les deux plus perméables l'une à l'autre. Au moment de la
planification du support social à fournir à la famille dans son
rôle de garde et d'éducation des enfants, nous devons partir du
fait que l'enfant fait partie intégrante de sa famille et que cette
dernière est la première cellule sociale concernée par son
développement. À ce titre, elle doit avoir le pouvoir principal
dans un réseau de services de garde à l'enfance à
l'intérieur duquel ses choix doivent être respectés.
Une dernière idée sur laquelle se fonde notre
modèle porte sur l'intégration des ressources existantes dans un
réseau organisé éventuel. Puisque présentement les
parents choisissent et utilisent des services de garde en fonction de leurs
besoins, tout un réseau de ressources humaines et matérielles
existe déjà. Par ailleurs, la grande disparité des
formules actuelles rend très probable l'inadaptation de l'imposition
d'un modèle unique de service de garde. Conséquemment, les
qualités du réseau actuel doivent être mises à
profit. Par exemple, le niveau d'organisation plus avancé des garderies
à permis peut faire d'elles un médium privilégié
d'organisation et de coordination des autres zones de service.
De son côté, la garderie familiale représentant
déjà environ 30% des places utilisées répond aussi
à un choix des parents, tout en possédant un fort potentiel de
micro-régionalisation des services.
Mme Berlinguer (Louise): Organisation du réseau que nous
proposons. L'esquisse de modèle que nous proposons vient ainsi
intégrer la dimension éducative de la garderie, la
primauté de la famille en éducation de la petite enfance et la
réalité des ressources existantes du réseau actuel. Nous
croyons que les fonctions assumées présentement par les garderies
à permis et leur degré plus avancé d'organisation en font
une instance privilégiée de coordination locale des services de
garde. Nous proposons trois rôles à la garderie à permis:
premièrement, soins directs de garde d'enfants; deuxièmement,
coordination des services familiaux de garde et, troisièmement,
formation et perfectionnement des éducatrices et de la
famille en matière d'éducation de la petite enfance. De
cette façon, la garderie prolongerait son rôle actuel de soins
directs de garde, tout en constituant un point de référence par
quartier pour les familles et pour les éducatrices familiales. En plus
de mettre en communication les familles avec les services disponibles, la
garderie assurerait le suivi de ces services et la diffusion de l'information
au niveau local. Un service de suppléance pour éducatrices
familiales pourrait exister.
La garderie aurait aussi un rôle de formation et d'animation
familiale en matière d'éducation des enfants et assurerait des
programmes de formation de base et de perfectionnement des éducatrices
familiales. Se posant comme objectif fondamental d'être perméable
à la famille, en parlant son langage et en respectant ses choix, en
évitant de se "fonctionnariser", le réseau de services de garde
posséderait ainsi une dimension d'animation communautaire incitative de
la participation parentale. Une instance administrative contrôlée
par la famille cliente (conseil d'administration élu) déciderait
localement des politiques éducatives en profitant du support offert par
l'État plutôt qu'en ne subissant que son contrôle.
M. Tessier (Réjean): À partir des idées qui
viennent de vous être présentées qui étaient nos
prémisses de base, nous formulons maintenant la critique suivante de
lavant-projet et les propositions qui suivent. Une participation de
l'État aux services de garde à l'enfance est attendue depuis
longtemps. Dans ce sens, le projet de loi constitue certainement un effort
positif d'une rationalisation de cette zone importante de services publics.
Cependant, en fonction des idées énoncées
précédemment, l'avant-projet de loi nous apparaît avant
tout comme une structure de contrôle des services où la dimension
de support de réseau n'est pas au premier plan. L'ensemble de la
dimension éducative n'est pas touché et c'est confié
à la réglementation de l'office. Nous constatons que cette
réglementation de l'office, par les nombreuses dimensions qu'elle
touche, aura plus d'importance pour les usagers que la loi elle-même.
Dans cette réglementation, nous percevons une nette
prépondérance de la dimension contrôle par rapport à
la dimension support. À cet égard, nous craignons que la
centralisation de l'ensemble du pouvoir décisionnel dans les mains de
l'office ait pour effet de reproduire dans cette zone de services sociaux le
retrait de la famille que l'on déplore déjà en
éducation.
La constante association entre l'échec scolaire dès
l'élémentaire et la faible participation de la famille au
processus de scolarisation nous amène à condamner cette
stratégie de réglementation centrale. En acceptant de donner
à la famille la première responsabilité de
l'éducation de l'enfant, on doit aussi accepter de placer cette famille
au premier rang des décideurs.
L'ensemble de la réglementation à teneur éducative
doit, à notre avis, être du ressort local avec implication des
parents au premier chef. La nécessité d'impliquer la famille
directement débouche sur la nécessité de lui donner des
pouvoirs réels non sujets au contrôle central de l'office.
Si, d'autre part, l'on considère la faible proportion des
coûts qu'assumera l'État dans le cadre du projet par rapport aux
coûts réels, nous estimons qu'il y a ingérence abusive de
l'office dans ce domaine éducatif et une attitude de contrôle
omniprésent qui ne peut qu'éloigner la famille. La famille
demeurera la principale source de financement d'un service dont le
contrôle sera centralisé par l'État.
Le concours de l'État est compensatoire, c'est-à-dire
qu'il viendra combler le manque de ressources financières d'une
minorité de familles à plus faible revenu. La plupart des usagers
actuels continueront à payer la plus grande partie des coûts,
tandis que la plupart des décisions relèveront de la structure.
Il s'agit là, certes, de la principale critique que notre groupe adresse
à l'avant-projet.
Nous proposons une stratégie de support au réseau
plutôt que de contrôle seulement. Nous proposons de conserver
à la famille son rôle de responsable de l'éducation des
enfants en axant les efforts sur l'incitation à la participation
familiale au fonctionnement du réseau tout en y acceptant les couleurs
locales.
Alors, c'est ce qui termine la présentation relativement
brève de notre rapport. Nous sommes disponibles pour répondre
à vos questions.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier beaucoup le
groupe de recherche en psychologie et lui faire part de ma grande joie de voir
qu'il y a des écoles de psychologie qui s'arrêtent pour justement
examiner ce que notre société offre actuellement aux jeunes
enfants qui sont en service de garde. Je pense que cela n'est pas
fréquent de voir ce genre de recherches et d'examens et je vous en
félicite. J'espère que vous allez continuer ce travail
d'approfondissement.
J'en tire deux ou trois éléments fort importants et je
vais y arriver tantôt. Évidemment, votre premier principe, j'y
souscris entièrement, à savoir que la garderie doit être un
milieu éducatif axé sur l'enfant. À la page suivante,
quand vous dites: "De ce fait, le gouvernement doit éviter d'usurper
à la famille ses droits et responsabilités éducatives face
à l'enfant", là aussi on s'en rend compte parfaitement et c'est
un des objectifs de la politique gouvernementale d'élargir la
série de choix que la famille pourra avoir vis-à-vis des services
de garde.
À la page suivante, vous dites: "Par exemple, le niveau
d'organisation plus avancé des garderies à permis peut faire
d'elles un médium privilégié d'organisation et de
coordination des autres zones de service". En tout cas, pour moi, c'est
peut-être le message principal que je retiens de votre
présentation. Vous avez raison de dire que, dans
l'ensemble, le projet ne met pas suffisamment l'accent sur ce que vous
appelez le soutien, l'appui technique ou l'appui autre que financier que la
garde en milieu familial surtout devrait recevoir. Dans l'avant-projet qu'on a
devant nous, on a voulu laisser plusieurs organismes jouer le rôle
d'agence de services de garde en milieu familial, mais il me paraît,
surtout à la lecture de votre document, de plus en plus clair qu'on
devrait peut-être privilégier d'abord et avant tout les garderies
qui ont un personnel qui a acquis pas mal d'expérience depuis dix ans,
quinze ans ou vingt ans non seulement pour leur demander, comme on le fait, de
jouer ce rôle d'organisateur d'un réseau de garde familiale, mais
encore plus et c'est plus important de fournir leur expertise et
leur appui. Si je comprends bien, c'est un peu le sens de la remarque que vous
faites au milieu de cette page 5.
Le conseil d'administration élu et là, je vous pose
une question, toujours à la page 5, vers la fin de la page
comment le voyez-vous exactement, le conseil d'administration élu?
M. Cloutier: Je pense avec notre groupe de recherche que ce qui
découle de nos investigations de ce coin-là de la
réalité, c'est que la participation des gens et l'élection
dans un contexte démocratique, c'est toujours sujet aux méthodes
d'incitation qu'on fait auprès des citoyens. Je donne comme exemple
très frappant la très petite, sinon l'inexistence de
représentation ici, dans cette commission, des garderies familiales qui
représentent 30% des services. Il n'y a pas d'organisation. C'est nul
à ce niveau, au niveau de l'organisation. Il ne faut pas s'attendre
à ce que ces gens-là viennent demander spontanément des
fonds de recherche avec des copies Xerox en 20 pages, etc.
Nous-mêmes, on a tenté pendant un an et demi d'approcher ce
milieu, de les réunir autour d'une table et de voir ce que cela
donnerait. On s'est rendu compte qu'il fallait vraiment aller chercher ces
gens, leur donner même parfois un appui pour se déplacer, pour
venir, et que l'organisation minimale pour la participation à un rouage
d'élection ou de mise en nomination nécessiterait une certaine
forme d'aide. C'est vraiment un milieu qu'on pourrait qualifier de
sous-développé de sorte que le conseil d'administration
élu peut très bien se composer demain matin, mais son
degré de représentation de la base va être fonction des
mesures incitatives qu'un tel réseau pourrait mettre à leur
disposition de façon à faciliter leur participation. Il y a
vraiment un effort d'appui au niveau de l'incitation des gens à se
montrer, à venir dire ce qu'ils pensent parce qu'ils sont
complètement désorganisés. La petite minorité du
réseau qu'on connaît est nettement "surreprésentée"
dans une commission comme celle-ci par rapport aux autres services. C'est pour
cette raison qu'on n'entend pas beaucoup la garderie familiale se
défendre.
Nous, dans nos recherches, on a eu l'occasion de tenter de voir ce qui
se passait à ce niveau et on se rend compte qu'il y a une forte
proportion c'est peut-être un peu décevant de dire cela
de conseils d'administration élus dans les garderies actuellement
qui sont des conseils d'administration fantoches que les gens ont mis sur pied
rapidement pour répondre à des exigences qu'imposaient les normes
de subventions à but non lucratif. On sait, par exemple, que des
conseils d'administration se réunissent une fois par an pour
entériner les nouveaux prix du bail que la propriétaire
directrice de la garderie impose à son organisme. Sans vouloir faire de
dénonciation, le concept du conseil d'administration élu, c'est
très relatif. Cela peut très bien être un truc facilement
montable demain matin, mais pour que cela représente vraiment les
parents et la base, nous pensons que le langage qui doit se tenir dans ces
milieux doit être celui qui n'éloigne pas les parents comme
l'école, par son langage un peu différent de certaines zones
souvent socioéconomiquement plus faibles, éloigne les
parents.
Nous proposons que le local ait vraiment le pouvoir et qu'en
matière éducative la réglementation ne soit pas centrale
et nous pensons que la stratégie utilisée en éducation
d'homogénéisation de la qualité des services entre
guillemets ce qui est très relatif, n'est-ce pas? au
Québec, est peut-être bien moins grande pour les gens qui sont
moins riches que pour ceux à qui l'école convient mieux et qui
participent davantage d'ailleurs dans son système et qui sont d'un
niveau socio-économique plus élevé. Dans ce contexte, il
nous apparaît très dangereux d'éloigner les familles,
surtout celles qui ont le plus besoin d'appui. Pour les approcher, il faut
parler leur langage, leur donner un vrai pouvoir et, éventuellement,
leur fournir des aides et un appui qui sont traditionnellement peu communs,
c'est-à-dire vraiment inciter à la participation, motiver les
gens à donner leur avis, à faire en sorte que la garderie soit un
prolongement réel de la famille et non pas un organisme
d'État.
M. Lazure: Le concept du conseil d'administration élu,
appliqué à la garderie comme on la connaît, cela revient-il
au conseil d'administration contrôlé majoritairement par les
parents?
M. Cloutier: Essentiellement.
M. Lazure: Donc, vous êtes un peu d'accord avec ce qu'on
avance.
M. Cloutier: Avec le rôle prépondérant des
parents?
M. Lazure: Oui.
M. Cloutier: Oui. On pense qu'on devrait aller plus loin qu'au
niveau du contrôle, mais de supporter ces gens et leur donner un pouvoir
réel, alors que la réglementation actuellement...
M. Lazure: J'arrive tout de suite à la
réglementation. Pour apaiser un peu vos craintes, à l'article
25 du projet, à la page 7, il est dit: "L'office peut
désigner des représentants régionaux et déterminer
leurs fonctions." Et cela continue: "II peut également l'office
autoriser par écrit une personne, un organisme ou un
établissement public au sens de la Loi sur les services de santé
et les services sociaux à exercer en tout ou en partie les pouvoirs qui
lui sont confiés par la présente loi ou ses règlements."
En d'autres termes, c'est déjà une porte ouverte. J'ai eu
l'occasion de le dire, je ne me souviens pas si c'est hier ou avant-hier. On
avait même envisagé de rendre obligatoire cette
délégation. Est-ce que votre groupe irait jusqu'à rendre
obligatoire cette délégation, soit à un organisme ou
à une personne pour exercer les pouvoirs de l'office? (20 h 30)
M. Cloutier: Je pense que si on conçoit la garderie comme
un prolongement de la famille et que, jusqu'ici, sans même que le
gouvernement s'en mêle vraiment, c'est la famille qui élevait les
enfants, il ne faut pas avoir peur que les parents deviennent méchants,
parce que le gouvernement fait une loi pour prolonger la famille en
matière de services éducatifs.
De ce fait, je pense, et, en plus, avec les constations du fait
impératif du rapprochement de la famille et du réseau,
qu'effectivement, et de façon exclusive, la famille et les groupes de
familles représentés dans les services de garde devraient avoir
le rôle prépondérant en matière
d'éducation.
Notre opinion est donc que la réglementation et les normes que
l'office va devoir élaborer pour ces services, en matière
éducative, devraient être élaborées par la base. Ce
serait un excellent moyen, d'ailleurs, de roder un système de
participation où on demanderait vraiment à la base de
définir ce qu'elle veut comme service éducatif, comme mesures de
contrôle du comportement dans les garderies, et demander à la base
ce qu'elle veut comme style d'éducatrice, de façon que, par la
suite, cela reflète vraiment la base.
M. Lazure: D'accord, mais, bien concrètement, à
supposer qu'un projet de loi équivalent à cela, bonifié,
soit adopté dans x mois et que, dans les règlements, l'office se
voie confier des responsabilités quant à l'inspection des
garderies ou de la garde en milieu familial, dans l'optique d'une
décentralisation de cette autorité, à quelle sorte
d'organisme verriez-vous que l'office délègue ses pouvoirs,
concrètement? Je suis d'accord avec ce que vous dites sur le rôle
des parents.
M. Cloutier: Je vais vous donner une petite bribe de
réponse et je vais demander à Réjean de compléter
mon affaire. C'est un problème, l'inspection. C'est-à-dire que
les normes je pense qu'il a été vécu à
plusieurs reprises ici, avec les mémoires qui ont été
représentés avoir l'idée que l'inspection d'un
organisme public peut s'appliquer à une famille, cela pose des
problèmes. C'est-à-dire que si on...
M. Lazure: Je m'excuse, je parlais seulement de la garde en
milieu familial. Parlons de la garderie premièrement. On pourra revenir
à la garde en milieu familial.
M. Cloutier: Bon! D'accord.
M. Lazure: L'inspection de la garderie qu'il faudrait faire,
qu'il faut faire et qu'on va continuer à faire, dans l'optique d'une
décentralisation, à qui devrait aller ce pouvoir?
M. Cloutier: C'est certain qu'au niveau des normes et simplement
pour parer à des catastrophes et des cataclysmes publics, il y a un
minimum d'hygiène, de pieds carrés, de murs, etc., que le
gouvernement doit peut-être surveiller. Mais, au niveau éducatif,
je pense que c'est la principale zone de normes, et la réelle, que
vivent les enfants, je pense que c'est carrément localement, et que,
même actuellement, en multipliant par dix, les inspecteurs que vous avez
sur la route, les garderies...
M. Lazure: Mais qui, localement, le ferait?
M. Cloutier: Le pouvoir local de la garderie, qui actuellement,
est assez bien...
M. Lazure: Mais là, vous demanderiez au conseil
d'administration d'une garderie d'inspecter sa propre garderie?
M. Cloutier: Comme on demande à un père de famille
de s'occuper à ce que les planchers n'aient pas de trous. Je pense que
cet aspect est local, comme responsabilité. C'est le cas, d'ailleurs.
C'est illusoire de croire...
M. Lazure: Mais demanderiez-vous à un hôpital
d'être lui-même seul responsable de son inspection?
M. Cloutier: Là, on a une question d'échelle qui
entre en ligne de compte. C'est pour cela que je parlais, au départ, de
garderies familiales, parce que l'échelle de garderies familiales rend
difficile...
M. Lazure: D'accord, je parle de garderies-garderies.
M. Cloutier: Je pense que l'idée de notre
présentation, de notre mémoire, c'est avant tout de rehausser et
de ne pas oublier, c'est de vous dire de ne pas oublier le rôle important
et la prépondérance qu'a eus toujours ancestralement la famille
sur l'éducation des enfants, qui a généralement vu
à surveiller l'organisation de l'hygiène et tout cela. À
partir du moment où on met sur pied des concepts et même
physiquement un réseau organisationnel de garderies, on considère
effectivement qu'il y a certains éléments de contrôle qu'il
est important d'assumer, en tant que gouvernement ou en tant que directeurs,
que
responsables de la mise sur pied d'un réseau comme cela.
Toutefois, il est très facile, quand on donne de l'argent,
d'avoir des contrôles qui deviennent de plus en plus grands et qui
enlèvent automatiquement aux gens la prise en charge de leurs propres
responsabilités.
On a toujours observé, et on l'observe généralement
dans les recherches, que, dans tous les milieux où les gens se sentent
le plus responsables des gestes qu'ils posent, les actions sont faites dans
l'optique la plus représentative de leurs valeurs et de ce à quoi
ils croient.
Vous nous posez une question à savoir qui va surveiller la
qualité de la propreté du plancher ou de la toilette, etc. On est
tout à fait d'accord qu'il y a des normes minimales qui doivent
être maintenues; maintenant, que ces normes ne doivent pas être
excessives et doivent toujours laisser une place, elles doivent même
être conçues dans le sens de laisser une place, toujours la plus
grande possible à la famille ou aux parents qui sont finalement les
utilisateurs.
M. Lazure: Je suis d'accord avec ça, à 100%. Mais
je reviens encore à ma question, si vous avez une idée
là-dessus, je suis sérieux en vous la posant. À partir du
moment où on convient qu'un réseau de garderies doit avoir un
minimum d'inspection, de contrôle de l'autorité publique et qu'on
veut, deuxièmement, que ce ne soit pas trop centralisé cet
exercice du contrôle, que ce soit régionalisé, qui
voyez-vous, comme organisme, qui pourrait faire cette inspection?
M. Tessier: Dans l'esprit de notre présentation à
partir du moment où on considère que la garderie la
"garderie garderie", comme vous dites occupe une place
prépondérante dans l'organisation des services de garde de sa
région, plus ou moins immédiate, et à partir du moment
où on considère qu'il y a même des financements possibles
en tant qu'agences, à partir du moment où elle devient agence,
par exemple, il y a même des financements possibles d'organisation de
service, on peut se demander s'il ne serait pas possible que ces mêmes
agences, constituées dans les garderies actuelles, aient un service
organisé pour fins d'inspection et de contrôle, et
contrôlent régulièrement certaines normes.
M. Lazure: Si, comme c'est permis par le projet de loi, une
garderie devient agence de garde familiale, je conçois très bien
que l'office délègue à cette garderie qui est devenue une
agence, pour une région, la responsabilité de faire toutes les
inspections qu'il y a à faire. Cela répond à une partie de
la question.
Mais l'autre partie de la question...
M. Cloutier: Techniquement, au niveau central, qui
voyez-vous?
M. Lazure: La garderie elle-même serait inspectée
par qui?
M. Cloutier: On peut facilement concevoir qu'un office, ne
voulant pas s'identifier à un organisme exclusivement de contrôle,
puisse susciter la participation des garderies elles-mêmes et des agences
elles-mêmes, que les agences se créeraient un palier de
contrôle, que les agences que l'office doit représenter pour ne
pas être coupé de la base et n'être perçu comme un
organisme policier. L'office aurait avantage à déléguer ce
genre de contrôle à des paliers, peut-être élus par
les agences...
M. Lazure: On veut le déléguer justement, ma
question porte sur ça, à qui le
délégueriez-vous?
M. Cloutier: Aux garderies.
M. Lazure: II y a peut-être un problème de
compréhension de ce qu'est l'agence.
M. Gosselin: J'aurais une question qui va dans le même
sens, en tout cas. Je me préoccupe des structures
décentralisées qui, pour administrer dans les régions,
comme la région 03 qui est essentiellement différente de la
région de Montréal, par exemple, les services de garde,
assureraient qu'il y ait une délégation de pouvoirs effective de
la part du ministère ou de l'office. Dans la région 03, il y a
une très grande latitude quant aux types de services à mettre en
place, quant aux priorités à donner, etc.
Supposons que cette commission parlementaire aboutisse aux conclusions
qu'il est reconnu que les garderies, sans but lucratif, par leur rôle
pilote, doivent être les agents moteurs du développement des
autres services, que les principes de responsabilité des commissions
scolaires, des parents, des organismes familiaux qui sont déjà
déterminés par l'office central, idéalement, devraient
être retrouvés au niveau d'une structure régionale,
qu'est-ce que vous penseriez... Disons qu'on prend la région 03. Je la
connais mal, mais pensez-vous qu'il pourrait y avoir dans la région 03,
une structure de fonctionnement pour la mise en place de services de garde qui,
à partir d'une affectation budgétaire, déterminée
proportionnellement aux populations, de la même manière que cela
se fait pour les places d'hébergement dans le réseau des affaires
sociales, avec un plan de développement, idéalement, que le
gouvernement ferait connaître au cours des années, en termes de
budget, est-ce que vous pensez qu'il y aurait moyen de créer, au niveau
des régions, une structure relativement souple, mais en même temps
représentative, dans la région 03, par exemple, qui pourrait
jouer ce rôle.
Je vais peut-être plus loin que la question du ministre. En fait,
je crois personnellement à une forme de commission administrative des
services de garde au niveau d'une région, région par
région. Au-delà du fait que l'office fixerait les grands
paramètres et les normes, finalement, les régions auraient pleine
latitude de procéder à partir d'un modèle où elles
devraient former une sorte de commission administrative ou de conseil
d'administration pour distribuer les montants d'argent et voir aux
développements qui sont à faire dans la région
donnée.
M. Cloutier: C'est vraiment une bonne idée. C'est une
bonne réponse à la question du ministre.
M. Lazure: C'est une des formules de confier à un conseil
régional, un CRSSS, par le biais d'une de ses commissions
administratives, les pouvoirs que l'office se voit confiés par la loi.
C'est une formule.
M. Cloutier: Juste une petite parenthèse. Je ne suis pas
nécessairement la question du CRSSS dans la proposition qui vient
d'être mise... Je n'ai pas de jugement à faire, mais les CLSC ont
peut-être connu des difficultés de pénétration
locale. Leurs services communautaires locaux ont été difficiles
à faire entrer, peut-être parce qu'ils venaient beaucoup d'en
haut, qu'ils venaient directement d'en haut. Les écoles ont de la
misère à retrouver des parents à leurs réunions,
peut-être parce que les gens ne parlent pas ce langage.
M. Lazure: Les CSS sont venus d'en bas, au départ.
M. Cloutier: Dans quelle mesure n'y aurait-il pas lieu de
concevoir une formule complètement nouvelle de représentation et
de contrôle qui soit plus représentative que les CRSSS des
services de garde à l'enfance?
M. Lazure: Vous n'avez pas un choix précis? M.
Cloutier: Non.
M. Lazure: D'accord. Continuez à y
réfléchir. Si vous avez des suggestions à nous faire, vous
nous en reparlerez. Merci beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Moi aussi je voudrais vous remercier. Je passe
immédiatement aux questions parce que je sais qu'on a un autre groupe
à entendre. Je vois que vous êtes chargés, par le
ministère des Affaires sociales ou, du moins, vous avez
reçu des subventions du ministère des Affaires sociales
pour faire des recherches sur la garderie québécoise.
Est-ce que c'est une étude qui se continue? Est-ce que c'est une
étude qui est terminée? Est-ce que c'est une étude dont on
peut avoir les données?
M. Cloutier: II s'agit d'un projet de recherche qui n'est pas une
commandite des Affaires sociales, mais quelque chose qui est
subventionné par la voie du comité de recherches
socio-économiques. Comme le ministère des Affaires sociales
possède cet organisme, il donne des fonds de recherche à
n'importe quel organisme, dont plusieurs sont universitaires. Nous avons un
projet subventionné sur trois ans, qui se termine en mars 1980.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de tranches de cette recherche qui
soient prêtes, qui aient été rendues publiques ou qui
puissent nous être remises? Le ministre doit les avoir, moi je ne les ai
pas.
M. Cloutier: II s'agit d'une recherche en psychologie du
développement qui a fonctionné à partir de multiples
questions de recherche. Le titre, un peu fort, d'analyse fonctionnelle des
facteurs d'adaptation, nous a obligés à prendre une
méthode qui s'adressait à des questions spécifiques. On a
étudié la participation parentale, les programmes
d'activités en garderie, les conditions de travail des
éducatrices en milieu de garde d'enfants.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce qu'il y a de ces tranches qui sont
prêtes?
M. Cloutier: II y a plusieurs fascicules...
Mme Lavoie-Roux: On peut les obtenir de qui? De là? ou de
là?
M. Cloutier: De nous autres.
Mme Lavoie-Roux: De vous autres?
M. Cloutier: Oui.
M. Lazure: Est-ce que vous en avez envoyé au
ministère?
M. Cloutier: Nous en avons envoyé au ministère.
Effectivement, annuellement, on envoie une brique qui constitue un rapport
d'étape. Et on a envoyé, dans le réseau même...
M. Lazure: On pourra vous aider à les diffuser, si vous le
voulez.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que cela pourrait être
intéressant d'ici à ce qu'on revienne au projet de loi, parce
qu'il y a peut-être des données là-dedans...
M. Lazure: Je suis sérieux.
M. Cloutier: C'est une très bonne idée.
Parfait.
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, je ne suis pas pour faire les
mêmes commentaires que j'ai faits à plusieurs reprises. Je pense
qu'en page six vous mettez un peu le doigt sur l'avant-projet de loi, quand
vous dites que c'est avant tout une structure, une structure de contrôle
qui va édicter des normes, etc. On en a discuté longuement ici.
Et avec toute la réglementation qui revient à l'office, je pense
que votre inquiétude, à savoir si
cela va être plus de contrôle, ce n'est pas beaucoup de
support. Cela paraît beaucoup plus de contrôle que de support. Je
suis d'accord avec vous.
Je peux juste vous dire, par exemple, que, quand on reviendra ce
ne sera peut-être pas comme cela à un autre projet de loi,
article par article, il y a peut-être de ces choses qui pourraient
être décidées plus localement, dans un milieu donné,
qu'édictées par un office. Avec tous les pouvoirs qu'elle a, s'il
faut qu'elle exerce tout cela, cela va prendre un grand grand ou gros gros
office. (20 h 45)
Je pense que le point que vous signalez que, du côté
support, il n'y en a peut-être pas suffisamment, a été
mentionné par d'autres. Quant à la remarque ou à
l'observation que vous faites dans le sens que, finalement, une grande partie
des garderies seront encore payées ou subventionnées par les
parents eux-mêmes, alors qu'avec l'office, on pourrait risquer en
tout cas, il ne faut pas prêter d'intention avant d'avoir vu les choses
de les mettre non pas en tutelle, mais presque, même si le
principe de la participation en majorité des parents est toujours
sous-jacente au moins au niveau des bonnes intentions, je pense qu'il y a une
surveillance à exercer de ce côté-là.
On a eu, de la part des groupes qui sont venus devant nous, des
données sur la garderie qu'on peut appeler traditionnelle par rapport
à la garderie en milieu familial. Vous vous êtes penchés
sur la garderie en milieu familial, j'imagine que ce n'est pas uniquement au
niveau des statistiques, pour dire qu'il y en avait 55%. Enfin, c'était
une des données. Mais y a-t-il des observations que vous pourriez nous
faire du point de vue de son fonctionnement, de ses problèmes, de son
bon côté ou des désavantages par rapport à une
"garderie traditionnelle"? Y a-t-il certaines données, sans entrer dans
trop de détails, parce que, dans le fond, après avoir entendu les
autres groupes, c'est ce qui nous intéresserait peut-être
davantage aujourd'hui?
M. Cloutier: Effectivement, nous nous sommes penchés
d'abord sur des espèces de dénombrements qui avaient
déjà été réalisés d'ailleurs, en
1975, par une étude du ministère des Affaires sociales. Nicole
Malo-Ouimet d'ailleurs a participé à cela. On a retrouvé
des chiffres à peu près semblables à son étude, ce
qui nous montre que 30%, c'est un chiffre raisonnable. La grosse constatation
qu'on fait quand on essaie d'étudier ce milieu-là, c'est son
manque d'organisation...
Mme Lavoie-Roux: Oui, vous en avez parlé.
M. Cloutier: ... l'espèce d'incapacité de placer un
profil de la garderie à permis typique qu'on rencontre. Si vous prenez
la garderie à Sainte-Foy, à Cap-Rouge ou à Québec,
vous allez trouver des profils d'organisation et de gestion complètement
différents. Cette constatation se trouve aussi en garderie
familiale.
Il reste cependant que, comme cela a été mentionné
souvent, c'est un choix des parents qui représente le double des places
en garderie, des services avec des permis. Nier cette
réalité-là serait une erreur fondamentale, surtout dans la
perspective d'incitation des parents à l'organisation d'un
réseau. Mais cette différence de profil, l'absence
d'homogénéité, nous ne croyons pas que ce soit une
sonnette d'alarme cette histoire-là, on croit que les familles, au
Québec, sont différentes effectivement, que les parents mangent
des choses différentes, agissent de façon différente et
que c'est dans cette mesure-là peut-être qu'ils réussissent
à déployer une certaine créativité et un certain
développement familial. Nous pensons que
l'homogénéité à l'Hydro-Québec ou tarif
égal dans toute la province, ce n'est pas une stratégie
éducative valable. On croit que les couleurs locales en matière
éducative doivent être respectées, parce que c'est le prix
à payer pour que les gens viennent parler, qu'on parle leur langage.
Dans cette perspective-là, la garderie familiale qui est
très désorganisée au sens de la représentation
publique possède des caractéristiques que les parents choisissent
à 30%. C'est un constat très important qui fait que les parents
sont satisfaits de cela. On constate aussi que la majorité des services
dispensés par ce milieu-là s'adressent à des enfants en
bas âge, parce que les pouponnières publiques à permis
n'existent à peu près pas au Québec, que les familles
considèrent que ce milieu-là est davantage semblable à la
famille qui y est cliente et qu'il y a un moins grand changement
écologique pour l'enfant, lorsqu'il y a placement en garderie familiale,
que la communication avec l'éducatrice se fait souvent dans le
même langage, parce qu'il s'agit d'une éducatrice connue et
choisie par la famille et qu'on parle dans les mêmes termes.
Il y a un niveau de satisfaction qu'on pourrait certainement ne pas
qualifier de plus bas dans les garderies familiales, en termes de services,
qu'avec les garderies à permis, mais tout cela, ce sont encore des
choses qui méritent d'être sondées, parce qu'avant de
pénétrer tout ce milieu-là de façon
représentative statistiquement, c'est très difficile. Il faut
inciter les gens à venir. Quand on leur téléphone pour
savoir s'ils gardent des enfants, ils vont nous dire qu'ils n'en gardent pas,
de peur qu'on soit de l'impôt, par exemple. Quand on s'amène pour
visiter une famille, on a peur qu'on soit des contrôleurs. Il faut faire
venir les gens, il faut faire venir les gens à soi, plutôt que
d'aller les voir un peu avec notre image de contrôle. Tout...
Mme Lavoie-Roux: Ma dernière...
M. Cloutier: ... cela pour dire que la famille le choisit. Cela
répond à ses valeurs et à ses besoins. S'il y avait plus
de places en garderie, il est possible qu'il y ait un changement de la
proportion des places en garderie familiale, mais ce n'est pas certain. Aux
États-Unis, par exemple, des études ont été
menées et on constate qu'effectivement ce choix parental, il ne faut pas
toucher à
cela et que, même si, demain matin, vous défendiez les
garderies familiales d'exister, il resterait encore de nombreuses garderies
clandestines, qui sont déjà un peu clandestines, pour des
questions d'impôt, etc.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question. Je vous
écoute parler et je pense à des réflexions qui nous ont
été faites cet après-midi. Dans votre opinion je
comprends que ce ne soit pas absolument une opinion est-ce que vous
croyez que ces garderies, parce que, de la façon dont vous venez de nous
les décrire, cela peut être des garderies qui ont un, deux ou
peut-être davantage d'enfants, on est mieux de les laisser en paix,
tranquilles, ou si on est mieux d'essayer de les rejoindre par des mesures
incitatives, comme certaines nous ont été décrites, par
exemple qu'on les exempte de l'impôt? Est-ce qu'on devra faire un effort
pour les rejoindre ou s'il vaut mieux les laisser comme cela, parce que, dans
le fond, dans la description que vous m'en avez faite, les parents sont
heureux, la relation en général est bonne, au point de vue
écologique, c'est un moins grand dérangement? Quelle est votre
opinion? Je voudrais avoir une réponse courte.
M. Tessier: II est certain qu'actuellement, ce que Richard
observait tout à l'heure, les garderies en milieu familial sont
sous-représentées par exemple, à cette commission
parlementaire. Il est certain que, par ailleurs, il y a plus d'enfants qui sont
gardés dans ces milieux mêmes que dans les milieux de garde. Il y
en a encore plus qui sont gardés seulement par un voisin. Actuellement,
s'il y avait une capacité pour tous ces gens qui gardent des enfants,
peut-être même une capacité pour tous les enfants de se
regrouper d'une certaine façon et d'analyser quels sont exactement leurs
besoins et de pouvoir les définir clairement et de venir vous les
présenter, c'est certain que, d'une part, au lieu d'entendre 25
représentations, vous pourriez en entendre une, mais elle serait
complète. En termes d'organisation, ce qu'on observe, par exemple, c'est
que moins il y a d'organisation dans un service donné, plus il y a de
disparité au niveau de la qualité de services possibles. La
question qui se pose, c'est jusqu'à quel point on est prêt
à accepter des disparités dans la qualité des services
pour permettre aux parents de faire un libre choix du genre du services qu'ils
veulent avoir. C'est une question qui est indépendante, à mon
avis, du fait de savoir si les garderies l'organisation des services de
garde en milieu familial ne devraient pas être regroupées.
Il est facile actuellement d'utiliser le fait que certains types de garderies
sont regroupés, que d'autres ne sont pas regroupés, d'utiliser
même la chicane qui peut exister ou qui peut surgir entre ces
différents types de services de garde. Au niveau de la population
québécoise, il faut bien s'entendre, ce sont tous des enfants qui
vont grandir demain, de toute façon, et qu'il y aurait possiblement
avantage à créer des structures qui soient les plus facilitantes
possible pour que chacune des personnes qui vivent à l'intérieur
de ces services de garde puisse s'y intégrer, avoir son mot à
dire et être représentée d'une certaine façon.
On considère que la représentation et l'organisation, dans
un sens, sont toujours un avantage socialement, le fait d'être
organisé d'une certaine façon.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. À mon tour, je
veux vous remercier de votre participation à cette commission, et
surtout de nous avoir fait connaître un peu le point de vue des garderies
familiales. À cette commission, bien sûr, les garderies familiales
sont peut-être sous-représentées, mais, par le
témoignage que vous nous apportez ce soir, je crois que vous êtes
les défenseurs de cette manière de garder les enfants, en
garderie familiale. Dans vos recherches, est-ce que vous avez pu
dénombrer le nombre d'enfants que les garderies familiales avaient sous
leur juridiction normalement?
M. Cloutier: Cela représente 30%...
M. Cordeau: Dans chaque garderie, je veux dire?
M. Cloutier: C'est très variable, mais la très
grande majorité des services qui sont offerts le sont à moins de
trois enfants.
M. Cordeau: Actuellement, les garderies familiales de moins de
trois enfants...
M. Cloutier: II existe des garderies de cinq ou de six, mais
c'est en petit nombre.
M. Cordeau: Est-ce que vous avez eu l'occasion d'en visiter
quelques-unes ou plusieurs?
M. Cloutier: On en a visité quelques-unes, rares. On a eu
beaucoup de réponses négatives à notre demande, parce que
les gens sont très peureux. Ils ont peur qu'on soit des
contrôleurs. En fait, il n'existe pas de données sûres
là-dessus présentement. Ce serait un point majeur de recherche
à faire, à savoir d'identifier plus précisément
quelle est la réalité que les enfants vivent dans ces milieux. On
se pose cette question.
On n'est pas capable de pénétrer dans ce milieu
maintenant. On n'a pas de réponse claire à donner
là-dessus. C'est très disparate et, en même temps, c'est
peu organisé. Même si les parents se disent satisfaits, parce que
les parents qui utilisent les garderies... Cela, c'est un petit
phénomène... J'aimerais répondre à madame tout
à l'heure, que les parents sont très satisfaits. Quand on fait
une étude par questionnaire, par exemple, et qu'on demande aux parents:
Êtes-vous satisfaits du service de garde que vous utilisez? On a une
forte
proportion de satisfaction en fonction du service utilisé
déjà, de sorte qu'un parent, par exemple, qui envoie son enfant,
sa fille chez une dame, va dire: C'est très bien. Parce que s'il disait:
C'est très mauvais, il serait dans une situation un peu de
culpabilité ou ferait quelque chose pour changer la situation, n'est-ce
pas? Alors, les gens ont tendance à dire que le service qu'ils utilisent
déjà est satisfaisant. Dans quelle mesure, cependant, cela
répond-il à leurs aspirations éducatives? Cela, c'est une
toute autre histoire. Nous, on n'a pas de réponse à donner
à ça, mais on a cette question qui nous intéresse au plus
haut point, maintenant. Quelle sorte de réalité les enfants
vivent-ils dans ces milieux? Comment arriver dans ces milieux autrement qu'avec
une image de contrôle ou d'investigation, dont les gens ont peur? Moins
les gens comprennent ce qu'on veut faire, plus ils ont peur. Il y a une
espèce de cercle vicieux là-dedans qui fait que l'image qu'on en
a est très distante de la réalité et nous ne voulons pas
donner de données plus précises ici que celles dont on dispose
maintenant.
M. Cordeau: Maintenant, est-ce que, dans votre plan de recherche,
vous avez pu constater les effets sur les enfants qui passent par des
garderies? Il y en a d'autres qui ne passent pas par des garderies. La
mère est à la maison et elle est l'éducatrice de son
enfant. Est-ce que vous allez faire des statistiques, des recherches...
M. Cloutier: Sur les effets?
M. Cordeau: ... sur les effets des enfants qui passent par les
garderies et d'autres qui sont à la maison?
M. Cloutier: Oui. Je pense que, depuis dix ans, en psychologie du
développement, en ce qui concerne les garderies, cela a
été la grosse question, la question la plus intéressante.
Qu'est-ce que ça fait aux enfants, de passer trois ans dans une garderie
publique, par rapport à celui qui est élevé à la
maison?
Dans notre mémoire, on mentionne brièvement une
espèce de synthèse de ces résultats. Les recherches les
mieux financées sont actuellement les recherches américaines, qui
ont été menées pendant deux ou trois ans avec des budgets
assez intéressants. Ces études démontrent qu'avec les
instruments dont on dispose, nous, les psychologues, on n'arrive pas à
isoler des différences significatives marquées, sauf à
certains indices. Je vous donne deux exemples qui apparaissent, d'ailleurs,
dans notre mémoire.
Un premier exemple de constatation claire, c'est que, pour les enfants
à haut risque, c'est-à-dire ceux qui proviennent de milieux
familiaux plus défavorisés, de façon classique, en
psychologie, on observe qu'autour de 18 mois, il y a une baisse de quotient
intellectuel et que cette baisse nuit à la scolarisation et à
l'entrée à l'école. C'est connu. On avait fait, par
exemple, les projets "head start" aux États-Unis pour compenser
l'édu- cation compensatoire. Ici, on a fait toutes sortes de classes
spéciales, classes d'attente, de maturation, etc., qui ont
été évaluées, d'ailleurs, par COPEX,
récemment. On se rend compte qu'avec fréquentation pour ces
enfants à haut risque, fréquentation régulière des
services de garde, cette diminution, depuis, disparaît. Donc, la garderie
peut avoir un avantage intéressant à ce niveau et mieux
préparer l'enfant à ces opportunités sociales plus
démocratiques, peut-être.
On constate aussi ça, c'est le dernier exemple que je
donne et c'est peut-être le seul autre exemple clair qu'on rencontre
qu'au niveau de la socialisation l'enfant qui fréquente une
garderie affiche des comportements un peu plus actifs. Il va être plus
autonome dans ses jeux. Les interactions entre ses compagnons et lui seront
plus grandes, mais ces interactions ne seront pas exclusivement positives,
c'est-à-dire que la balance positive-négative d'interaction,
même si le niveau est plus élevé, sera à peu
près la même. Tout ça pour dire qu'en fait, actuellement,
les effets des garderies, on n'en isole que très peu. Il n'y a pas
d'effets très négatifs et il n'y a pas d'effets très
positifs.
Alors, les gens qui disent que c'est très bon, une garderie,
n'ont pas de données de recherche sûres pour le dire. Les gens qui
disent que c'est très mauvais, une garderie, n'ont pas de données
de recherche sûres pour dire que c'est ça. Les crèches
anciennes, qu'on connaissait en France, en particulier, qui retardaient
significativement le développement des enfants, n'ont rien à voir
avec les garderies qu'on connaît maintenant, de sorte que ces
études ne valent plus.
On est un peu pris avec des instruments qui évaluent mal ce que
ça donne. Cela, c'est honnêtement qu'on le dit, parce que c'est ce
qui ressort.
M. Cordeau: Merci.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie les représentants pour le mémoire
qu'ils ont présenté.
J'inviterais le Conseil du Québec de l'enfance exceptionnelle.
(21 heures)
M. Bouffard, si vous voulez identifier ceux qui vous accompagnent.
Conseil du Québec de l'enfance
exceptionnelle
M. Bouffard (Donald): Je suis président du conseil,
à ma gauche Mme Denise Garon-Dupont qui est professeur à la
faculté de l'éducation à l'Université Laval...
Mme Garon-Dupont (Denise): Chargée de cours.
M. Bouffard: Chargée de cours, pardon. À ma droite,
Mme Madeleine Baillargeon, professeur à la faculté de
l'éducation à l'Université Laval et enfin Mme Doris
McMillan, puéricultrice.
Je souligne pour le bénéfice de la commission que ces
trois personnes sont aussi utilisatrices de services de garde, je pense
qu'elles peuvent parler à ce double titre.
Je remercie d'abord la commission d'avoir accepté de nous
entendre malgré le petit retard dans le dépôt de notre
document. On y tenait beaucoup finalement. On ne va pas faire la lecture de
notre mémoire, on va vous épargner ça, on va plutôt
résumer ce qu'on a à dire.
On a vu le projet de loi, un peu comme un projet de loi d'organisation
et d'orientation des services de garde au Québec. Évidemment on
aurait pu aborder ce projet dans une perspective beaucoup plus large des
services au niveau de la petite enfance en général. On s'est
limité, malgré tout, pour respecter la volonté
exprimée dans le projet de loi, aux questions de services de garde
proprement dites.
Nos commentaires portent sur des aspects que nous considérons
importants dans le projet de loi, notamment les orientations et les principes
qu'on peut y retrouver. On aura d'ailleurs l'occasion de revenir lors du
dépôt de la réglementation, sur des aspects beaucoup plus
particuliers. On aura probablement l'occasion de se prononcer sur des questions
comme le financement, les normes de qualité éventuellement. On
suivra malgré tout la logique de notre mémoire, le
déroulement qu'on a suivi. J'aimerais, par ailleurs, auparavant
souligner un certain nombre de principes ou d'objectifs qui nous ont
guidés dans la rédaction de notre mémoire, lesquels
principes et objectifs devraient, il me semble, sous-tendre toute politique ou
législation en matière de services de garde. Je les résume
rapidement.
Il nous apparaît que toute politique ou législation en
matière de services de garde devrait d'abord viser
l'accessibilité à des services les plus diversifiés
possible, à cause, justement, de la diversité des besoins, la
diversité des attentes, la diversité des valeurs des personnes
qu'il faut respecter.
Il faut donc développer les services pour les rendre accessibles,
il faut les diversifier. La famille de garde qui est proposée dans le
projet de loi constitue, sur le plan de sa reconnaissance légale, un
élément nouveau qu'on doit souligner. Il faudra
éventuellement élargir davantage cette gamme de services et les
reconnaître par des moyens de financement.
La qualité des services, c'est un autre principe de base. Ici,
peut-être une petite note qu'il m'apparaît important de souligner,
compte tenu de ce que nous avons entendu ici. On a entendu beaucoup de gens
nous parler de professionnalisation, si on peut dire, des services de garde.
C'est important. Je ne pense pas qu'on doive, comme dans d'autres secteurs,
parler de déprofessionnalisation à ce niveau-là. Au
contraire, il faut vraiment professionnaliser ce secteur-là. Cependant,
je ne pense pas qu'il faille pour autant tenir pour acquis que
professionnalisation de ce secteur équivaut à scolarité et
à diplôme. La compétence, dans ce domaine, ne
s'évalue pas uniquement en fonction des diplômes.
L'évaluation de la qualité doit se faire sur la base de la
relation qui doit exister dans ces services entre les adultes et les enfants
qui sont, la plupart du temps, des professionnels, et aussi les parents.
La capacité du responsable de répondre aux besoins des
enfants, de développer les aspects sociaux et affectifs. D'ailleurs on
va revenir tout à l'heure sur la question des services de garde. Je
pense qu'il faut capitaliser, non seulement sur les aspects professionnels du
personnel qui s'occupe des enfants, mais sur les aspects plus personnels, leur
capacité à chacune d'entre elles.
Le troisième principe: l'équité. À long
terme, il est important que le mode de financement des services de garde fasse
en sorte que les parents puissent avoir une liberté complète de
choisir le mode qui leur convient. Avec le projet de loi, on reconnaît
que le mode de famille de garde en milieu familial est maintenant reconnu, mais
je pense qu'il faudrait faire en sorte que par le mode de financement, on en
arrive à ce que les parents soient complètement libres de choisir
le mode de garde qui leur convient. Qu'il n'y ait pas de choix qui leur soit
dicté par un mode de financement ou l'autre.
Quatrième principe: la coordination des mesures en faveur de la
petite enfance. Je pense qu'il est important de souligner qu'il existe des
problèmes, Mme Baillargeon va le souligner tout à l'heure, entre
les milieux scolaires, entre les milieux de garde, les problèmes
d'interventions préventives, thérapeutiques. À ce
niveau-là les problèmes sont quand même assez complexes,
ils sont loin d'être réglés. Je pense qu'on doit se donner
l'objectif de coordonner ces différentes mesures en faveur de la petite
enfance.
La participation des parents c'est, bien sûr, un objectif, un
principe qu'on doit défendre, autant au niveau de l'orientation du
réseau, soit par la participation au niveau de l'office des services de
garde, soit également au niveau de l'organisation et de la gestion
courante des garderies ou des services de garde en général. L'un
des deux derniers éléments qui touchent plus le conseil est
l'intégration des enfants en difficulté dans les services qu'on
peut qualifier de génériques, les services normaux. Je pense
qu'il est important que le concept de la normalisation ou de
l'intégration qu'on véhicule au Québec depuis cinq ou six
ans soit bien compris et qu'on fasse en sorte que les enfants puissent avoir
accès aux différentes ressources collectives, notamment les
garderies. Je pense qu'il faut considérer que c'est un droit pour ces
enfants comme pour tout le monde. Également, comme le soulignait le
comité COPEX au ministère de l'Éducation il y a trois ans,
je pense, on doit avouer que, de façon générale, on
reconnaît la supériorité de ce type de mesures collectives
générales, qu'elles sont plus favorables au développement
des enfants en difficulté que des mesures de type
ségrégation.
Enfin, le dernier principe qui intéresse également le
conseil est l'intervention précoce. Je pense que la garderie, les
services de garde en
général peuvent constituer un élément de
dépistage et d'intervention précoce auprès des enfants. Je
pense que toute la théorie et les expériences là-dessus en
matière de services à la petite enfance sont assez
éloquents. Je pense que la garderie doit, dans ce contexte, être
un instrument et doit contribuer au dépistage et à l'intervention
précoce.
Je reviens maintenant au mémoire proprement dit et, plus
particulièrement au niveau de l'office compris dans une perspective de
développement du réseau des services de garde,
c'est-à-dire qu'on pourra continuer de développer des services de
toute nature, compris également dans un objectif d'organisation du
réseau, malgré les efforts des dernières années, il
faut organiser ce réseau, compris également dans un objectif de
développement d'une expertise dans ce domaine. Je pense que l'office des
services de garde se justifie. Ceci dit, je pense qu'il existe des
problèmes de coordination que Mme Baillargeon va souligner tout à
l'heure, qui ne sont pas réglés, et, à ce niveau, on peut
se demander si l'office va réussir à régler ces
problèmes. En somme, on est pour la création d'un office; il
faudrait cependant qu'il puisse régler les problèmes qu'on va
soulever.
Au niveau de la composition de l'office, on remarque que quatre
personnes sur seize sont des parents. Cela apparaît a priori relativement
faible. Je pense que la composition de l'office devrait accorder une place un
peu plus large aux parents. Évidemment, cela pose le problème
d'un gros conseil d'administration, il y a déjà seize personnes
prévues, et s'il faut faire des choix, à ce niveau, je me demande
s'il ne faudrait pas, en quelque sorte, diminuer le nombre de fonctionnaires
prévus à cet office et les remplacer par des parents,
éventuellement, quitte à ce que l'office fasse des pressions
auprès des ministères qui ne sont pas représentés
pour modifier certaines politiques. Donc, nous semble-t-il, les parents
devraient être un peu plus largement représentés qu'ils le
sont au niveau de l'office.
Dans la même veine, il nous apparaîtrait normal que, au
conseil d'administration de l'office, au moins un des parents qui
siègent puisse représenter les enfants en difficulté.
L'approche actuelle, dans le développement des services de garde au
Québec, par le ministère des Affaires sociales, nous
apparaît correspondre aux objectifs qu'il faut viser dans ce secteur,
mais je pense qu'il est important qu'il y ait au moins un parent, une personne
qui puisse continuer de promouvoir cette approche, et surtout prévoir
certains obstacles d'implantation de différentes mesures
destinées aux enfants en difficulté.
Je demanderais maintenant à Mme Baillargeon de poursuivre au
niveau des problèmes de coordination, au niveau scolaire en
particulier.
Mme Baillargeon (Madeleine): Je pense que c'est un secret de
polichinelle, pour tout le monde, que les problèmes de coordination sont
principalement entre le ministère des Affaires sociales et le
ministère de l'Éducation. En particulier, il nous semble qu'ils
sont tout à fait cruciaux au niveau de la clientèle des enfants
du niveau préscolaire, c'est-à-dire ceux de 4 et 5 ans, qui
reçoivent déjà une multitude de services un peu
éparpillés déjà à l'intérieur du
ministère de l'Éducation. Pour ma part, j'ai des relations
surtout dans les milieux de l'éducation, et il me semble qu'il y a
là des problèmes de coordination assez énormes.
Il y a par exemple au ministère de l'Éducation le service
pour les maternelles quatre ans, il y a le service d'animation de
l'émission Passe-Partout, il y a les maternelles maison, les maternelles
animation, les maternelles cinq ans. Il y a au MEQ et un peu ailleurs les
maternelles d'accueil et toutes sortes d'autres interventions de ce genre, ce
qui fait que c'est très difficile, à un certain moment, de savoir
à qui on doit s'adresser, quelles sont les prérogatives de l'un,
celles de l'autre, etc.
Alors, si on ajoute à cela que cette clientèle, ce sont
des enfants qui reçoivent quand même des services à
demi-temps, des services pour la maternelle cinq ans qui sont
généralisés à toute la population et qui sont
gratuits, peut-être qu'une partie de cette clientèle a des besoins
de garde à temps complet. Je pense que cela a déjà
été souligné par plusieurs autres groupements, par l'AEPQ,
par le Regroupement des garderies, etc. L'enfant se promène entre la
maternelle et la garderie. On se posait la question, à la lecture de
l'avant-projet de loi, à savoir si la clientèle du
préscolaire était incluse dans la clientèle d'enfants qui
fréquentent l'école primaire. On a déjà
répondu à cette question par un amendement qui semble l'inclure,
mais il nous semble quand même que le problème de la coordination
reste entier pour ces enfants. Est-ce que les parents vont choisir d'envoyer
les enfants à la garderie où il y a des frais à payer
alors qu'à temps partiel ils ont les services de la maternelle qui sont
gratuits? Pour moi, ce n'est pas clair, je ne sais pas du tout comment on
pourra régler cela et il me semble que c'est un des principaux
problèmes auxquels l'office va faire face au niveau de la coordination.
On s'interroge sur les capacités de l'office de régler ce type de
problème.
Il y a aussi, pour moi qui suis du secteur de l'éducation
préscolaire, surtout la maternelle, le problème de la
coordination des programmes. Il nous semble que jusqu'à maintenant le
réseau des maternelles a beaucoup de difficulté à tenir
compte des expériences que les enfants de la garderie ont
déjà vécues, surtout au niveau social. Les enfants n'en
sont pas à leur première expérience de groupe quand ils
arrivent à la maternelle maintenant. Cela se traduit par les
interventions, cela se traduit par les horaires, cela se traduit même au
niveau du matériel. Il y a des enfants qui arrivent en maternelle avec
du matériel qu'ils utilisent depuis l'âge de deux ans en garderie.
Il y a une espèce d'effet de saturation, on pourrait dire, qui se
produit. Il y a vraiment, d'après moi, un problème de
coordination des interventions à ce niveau-là. Cela se traduit
par des faits aussi concrets que ceux-là.
Jusqu'à maintenant, le milieu de l'éducation, me
semble-t-il je porte un jugement sur le milieu dont je proviens, je me
sens à l'aise de le
faire je pense qu'il a beaucoup de difficulté à
inclure ces nouvelles réalités qui sont de nouveaux défis
pour lui. Il me semble que là aussi l'office a un problème de
coordination à régler et tant qu'une partie des services à
la clientèle visée, qui a moins de six ans, restera à
l'Éducation et une partie sera de la juridiction de l'office... pour
nous, c'est un problème qu'on soulève.
Je vais maintenant souligner de nouveau l'avantage de la garde en milieu
familial, comme M. Bouffard l'a fait tout à l'heure. On est d'accord sur
cette nouvelle reconnaissance que l'avant-projet de loi accorde à la
garde en milieu familial et sur la base de l'équité qu'on accorde
aux parents dans leur choix. C'est, pour le moment en tout cas, quelque chose
d'assez simple qui est préconisé jusqu'à maintenant au
niveau du financement. Cela pourrait s'élargir. Je ne reviendrai pas sur
les arguments qui vont en faveur de cela. Je pense qu'ils ont été
largement soutenus par les autres groupes qui sont venus avant nous, la
question géographique comme la question de préférence des
parents.
Cependant, il nous apparaît et c'est mon expérience
de consommatrice de service de garde que la mentalité des parents
pourrait évoluer relativement rapidement s'ils avaient effectivement le
choix, s'il y avait suffisamment de place en garderie pour qu'ils puissent
envoyer leur enfant en garderie. On pense qu'à l'usage ils se rendraient
compte qu'il y a beaucoup d'avantages à la garderie en milieu familial.
Je crois que leur opinion favorable au service de garde en milieu familial
tient un peu au fait que c'est une formule qui semble moins nouvelle que celle
qu'ils ont connue. C'est un peu une réaction de sécurité
qu'ils ont, je pense. C'est assez normal et je crois qu'il ne faut pas brusquer
le choix des gens à ce niveau-là. Mais il ne faut quand
même pas perdre de vue qu'il faut qu'ils aient le choix. (21 h 15)
Alors, si les gens préfèrent la garde familiale, parce
qu'ils n'ont pas le choix et qu'ils n'ont pas de services en garderie, on fait
le choix à leur place. Alors, c'est un petit peu les problèmes
que soulevait M. Bouffard via la fiscalité, le financement. La
même chose se fait également dans la réalité des
choix réels qui sont offerts aux gens.
À ce niveau, on partage également les craintes de
plusieurs organismes, quant aux garanties de qualité de ce type de
service. Richard Cloutier a, je pense, largement expliqué pourquoi c'est
difficile de pénétrer dans le milieu. Il nous semble qu'à
cause de cela, qu'il est très important que les agences de garde soient
triées sur le volet, qu'on ne confie pas la responsabilité de la
coordination à ce niveau, à n'importe qui.
C'est un terrain délicat. Il faut y aller doucement, mais
où il faut faire quelque chose. Les principaux défauts que ce
type de service pourrait avoir, sont les problèmes de permanence
également qui sont liés à la qualité. Cela a
été mon expérience et c'est celle de plusieurs parents qui
ont utilisé ce service de garde. C'est très instable comme
service. Alors, l'espèce de sécurité que souvent les
parents recherchent dans ce type de service, ils se rendent compte à
l'usage, qu'ils la perdent, bien souvent parce que les personnes qui offrent
ces services ne sont pas payées et toutes les conditions, etc. font que
quand quelqu'un s'est trouvé quelque chose de plus
rémunérateur, de plus intéressant socialement, il le
fait.
C'est difficile de garder la même personne. Il y a des gens qui
sont chanceux, cependant et à ce moment, cela devient avantageux, mais
ce n'est pas le cas de la majorité.
À ce niveau, on irait peut-être dans le même sens que
les gens qui nous ont précédés. On pense que la meilleure
garantie de qualité des services, finalement, c'est au niveau des
parents qu'elle peut être exercée. Plus les parents ont une place
importante autant au niveau de l'organisation, au niveau de l'agence
elle-même qui superviserait les familles de garde qu'au niveau de
l'interaction quotidienne, plus on leur laisse la place, plus on pense que
l'autocontrôle va se faire.
Finalement, les parents n'ont quand même pas intérêt
à ce que leur enfant soit placé dans des conditions pitoyables.
On pense que c'est une forme de contrôle qui n'est pas une supervision
organisée, mais c'est une forme de contrôle qui vient du milieu
lui-même. Autrement dit, d'après nous, très rares sont les
gens, les parents irresponsables. Il y en a, mais ils sont très
minoritaires. On pense que la majorité des parents est capable de
garantir par ces choix, un service de qualité.
Finalement, ce qu'on veut éviter, c'est de transporter aux
services de garde familiale les problèmes qu'on cherche à
éliminer ailleurs, par exemple, dans les services de garderie à
but lucratif. Il faudrait éviter, à tout prix, de transporter ces
problèmes dans l'organisation des services de garde familiale. Il va
sans dire qu'on est d'accord avec l'orientation de l'avant-projet de loi quant
aux garderies à but lucratif. Mme Garon-Dupont va aborder les
problèmes de la garde en milieu scolaire.
Mme Garon-Dupont: Je traiterai brièvement de cet aspect.
On a abordé le thème uniquement au plan des principes directeurs,
puisque c'est une attitude générale qu'on avait
arrêtée pour la présentation ici même. Donc, on n'a
pas analysé les problèmes d'implantation. On est bien conscient
que cela va de pair avec le phénomène, si on veut, mais on pense
que ce n'est pas l'étape, à ce moment-ci, pour en discuter. Donc,
on va vraiment en traiter uniquement au plan des principes.
La position du mémoire signale que parmi les
éléments normatifs proposés dans l'avant-projet de loi,
l'obligation qui est faite aux commissions scolaires à l'article 58
d'offrir des services de garde en milieu scolaire, apparaît comme
vraiment intéressante et susceptible de satisfaire aux besoins d'un
très grand nombre de parents.
Plusieurs parents, un groupe auquel j'ai le grand honneur d'appartenir,
n'hésitent pas à dire que c'est à partir de la
fréquentation de la maternelle et dans les années
ultérieures que
jusqu'à un certain point les vrais problèmes de garde
commencent à apparaître ou en tout cas sont aigus, puisqu'on en
parle moins dans les faits.
En général, comme groupe de parents, on a vraiment peu de
solutions à notre disposition. Il faut inscrire l'enfant à temps
plein à la garderie quand on termine la période dite
préscolaire. Cela peut constituer une solution, mais on se prive
à ce moment, des services gratuits de la maternelle. Même
là, ce n'est pas toujours possible.
L'autre solution peut être de se procurer un service de garde
à demi-temps pour combler la différence. Mais ce service est
généralement peu offert par les garderies parce que, pour des
raisons très évidentes, ce n'est pas très avantageux pour
une garderie d'avoir une clientèle à mi-temps comme cela quand
elle aurait le choix d'avoir une clientèle à temps plein. Donc,
là aussi, le service est plutôt rare. Dans la majorité des
cas, la garde familiale reste la seule solution, mais c'est au prix de
tractations invraisemblables à certains moments, et il y a un
va-et-vient qui devient de la haute voltige jusqu'à un certain
point.
Le conseil s'interroge sur les limites de l'article 58. Tel que
formulé, ou du moins tel que nous l'avons compris, les services
scolaires se limiteraient au niveau primaire et n'incluraient pas le
préscolaire. Je ne répéterai pas ce qui a
été dit par la dame qui nous accompagne, il y a suffisamment
d'éléments qui ont été mentionnés
là-dessus. Cette obligation, toutefois, ne solutionne pas le
problème posé par les journées pédagogiques. C'est
un autre aspect qui est assez embarrassant parce qu'il y a quand même un
grand nombre de jours dans l'année scolaire qui sont consacrés
à du travail dit de planification; d'ailleurs, les enfants très
petits apprennent, dès qu'ils abordent l'étape scolaire, le grand
mot et ils sont tout à fait contents parce que ça correspond
à une journée de congé, ils nous sortent l'explication de
la journée pédagogique ou des journées de
planification.
Il y a aussi les temps libres du midi, les débuts et les fins de
journée. Cela nous mène à des tractations qui ressemblent
à ce qu'on trouve généralement relié aux groupes
d'enfants dits les enfants à clef, les enfants qui ont pour tout partage
la clef dans le cou. Cela a l'air d'une figure de style, mais c'est
malheureusement plus qu'une figure de style. Il y a des formules maisons qui
ont été développées au cours des années par
des parents, afin de régler ce problème, mais on sait que c'est
vraiment au prix de difficultés assez... et ce ne sont pas vraiment
toujours des solutions idéales.
On aurait quelques propositions à faire pour appuyer,
jusqu'à un certain point, l'idée d'ensemble de lier une forme de
services de garde aux commissions scolaires. On propose, par exemple, de ne pas
limiter la forme de garde aux seuls locaux scolaires, ce que
généralement, on est spontanément porté à
croire que commission scolaire et garde en milieu scolaire égalent
locaux scolaires, donc la tragédie; l'enfant passe la journée
à l'école et ça crée des tensions. Je pense que
l'école pourrait, par exemple, offrir aux parents une forme de banque de
personnes qui se proposent, dans un rayon assez proche de l'école. Il y
a le mouvement Parents secours qui existe ici au Québec, de plus en
plus, et c'est déjà un certain nombre de parents qui sont
acceptés comme étant des familles sûres. Ce n'est pas
fréquent de trouver une aide à certains moments dans certaines
commissions scolaires pour cette dimension de l'aide, puisqu'ils n'ont
actuellement pas d'obligations. Donc, à certains moments, on est
vraiment laissé au libre choix de la commission scolaire ou des
personnes responsables pour avoir une aide de ce
côté-là.
Ce serait une alternative aux repas pris à l'école. Je ne
dis pas que ce n'est pas quelque chose de positif dans certains milieux, mais
on voit, dans ce domaine, aussi, diverses possibilités. C'est ce qu'on
propose, en tout cas, une diversité, également, dans ce sens. On
a aussi imaginé que pour le cas où les enfants resteraient
à l'école, les étudiants qui ont peut-être atteint
le niveau du secondaire, ou même le niveau du cégep et qui
seraient à proximité pourraient établir une certaine forme
d'animation, si on veut, pour prendre en charge les enfants, et ça
apporterait de l'intérêt de part et d'autre parce que laisser les
enfants libres, ou en tout cas, tout simplement sous surveillance, en termes de
sécurité, c'est différent d'apporter une animation comme
telle.
On a aussi imaginé, sans entrer dans les détails, que ces
formules devraient aller de pair avec un changement de mentalité, dans
le sens des espaces de jeux, de plein air, ou les aires de
récréation qui sont liées à l'école ou qui
sont rattachées au bâtiment comme tel, actuellement, ça
nous semble être déficient, de toute façon, et à
plus forte raison, dans le cas où les enfants y passeraient plusieurs
heures dans une journée. Donc, il y aurait, de pair avec des solutions
de cet ordre, une démarche à faire, ou une analyse dans ce
sens.
En terminant, je voudrais dire que le conseil souhaite que l'obligation
qui est faite aux commissions scolaires soit suffisamment large pour couvrir
l'ensemble des besoins et que le pouvoir de réglementation qui est
prévu à cet effet soit utilisé au plus tôt par le
gouvernement afin d'accélérer la solution à tous ces
problèmes.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Bouffard: Excusez-moi. Mme McMillan va dire quelques mots
également sur la question des enfants handicapés en garderie.
Cela ne sera pas très long, si vous le permettez.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
Mme McMillan (Doris): Le conseil se réjouit du
développement de mesures administratives et financières du
ministère des Affaires sociales favorisant la garde des enfants
handicapés. Néanmoins, tout repose sur l'application de ces
mesu-
res à travers le réseau des garderies. En principe, tous
sont d'accord pour l'intégration des handicapés, mais, en
pratique, la chose se passe souvent autrement. J'ai moi-même vécu
l'expérience de l'intégration d'un enfant handicapé en
milieu de garderie et l'expérience s'est avérée positive
grâce à certains éléments. On disposait d'une
garderie qui avait des locaux spacieux. Le personnel était très
ouvert et de choix exceptionnel. Elle bénéficiait de stagiaires
qui visitaient la garderie et on a offert une thérapeute pour l'enfant
qui visiterait la garderie, ce qui a tout de suite mis le personnel à
l'aise parce que, naturellement, on avait certaines craintes. Mais les gens ont
été très ouverts.
Cette expérience a été positive, mais ce n'est pas
l'expérience de tous. Bien des gens ont téléphoné,
des parents d'enfants handicapés ont téléphoné dans
plusieurs garderies et, en expliquant qu'ils avaient un enfant
handicapé, ils ont essuyé un refus. Quand on essuie un refus, je
ne pense pas qu'on soit toujours intéressé à poursuivre.
L'enfant, dans d'autres cas, a été accepté dans le milieu
des garderies, mais, après quelques mois, les parents ont
été rappelés pour apprendre que cela ne fonctionnait
plus.
À ce moment les parents sont un petit peu
découragés. Je pense que les parents d'enfants handicapés
se sentent un petit peu marginaux. Tous n'ont pas les ressources voulues. Ils
ne sont pas conscients des droits qu'ils ont à exercer. Très
souvent, ils sont hésitants. L'enfant handicapé a besoin de
fréquenter la garderie. Pour lui, celle-ci devient souvent un instrument
de sociabilité, un moyen de rencontrer d'autres enfants, mais cela peut
avoir aussi un effet très thérapeutique. L'enfant
handicapé est bien souvent isolé. Il vit seul à la maison.
Comme la famille est plus petite, il a souvent un frère ou une soeur qui
fréquente l'école et il passe énormément de temps
seul. À ce moment, la garderie a un effet de sociabilité. Il peut
se mêler à d'autres enfants, copier des choses, apprendre
énormément.
Pour en arriver à ces fins, l'enfant ne doit pas seulement
être toléré dans la garderie, et c'est souvent un sujet de
crainte pour les parents. Les parents d'enfants handicapés ont besoin de
se dégager occasionnellement et ils ont besoin d'un service de garderie,
même si la mère ou les parents ne travaillent pas. Si la
mère fait un travail assez suivi avec l'enfant, je pense qu'il est
très important pour elle de savoir que, dans sa semaine, il y aura un
moment de répit. C'est assez lourd à porter que la charge d'un
enfant handicapé. Alors, le parent doit avoir de l'aide. Le parent d'un
enfant handicapé est fragile et il a eu souvent à encaisser bien
des coups. Au moment d'intégrer son enfant en garderie, tout devrait
être mis sur pied pour lui faciliter la tâche.
Un réseau de garderies élargi et ouvert aux
handicapés ne peut qu'être bénéfique. L'encadrement
professionnel et non professionnel j'insiste sur les mots "non
professionnel" est capital. Je pense qu'on a besoin de spécialistes pour
ces enfants, mais il faut quand même démystifier les choses. Comme
M. Bouffard l'a énoncé au début, souvent des personnes qui
ont un très gros bon sens et beaucoup d'affinité pour ces enfants
peuvent faire le travail tout en étant supervisées, et les
mesures d'aide financière constitueront des conditions de
réussite intéressantes pour l'intégration et le
développement de ces enfants. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je suis très heureux
d'avoir eu l'occasion non seulement d'entendre le mémoire du Conseil du
Québec de l'enfance exceptionnelle, mais d'avoir aussi quelques minutes
pour échanger avec le président, un ancien collaborateur du
ministère, et aussi avec un organisme avec lequel et au sein duquel Mme
la députée de L'Acadie et moi-même avons eu l'occasion
d'oeuvrer pendant plusieurs années.
Je suis tenté de réagir, au départ, aux derniers
commentaires qui viennent de nous être faits par Mme McMillan. Non
seulement je les trouve très pertinents, mais le texte aussi qui touche
l'enfant handicapé est tout à fait à propos, et le
témoignage est quand même un peu beaucoup émouvant. (21 h
30)
C'est le premier groupe, le premier mémoire qui traite de
façon un peu substantielle de la présence de l'enfant
handicapé en garderie. Je vous en félicite. Je retiens les deux
suggestions: une indiquant qu'un des parents au conseil d'administration de
l'office puisse être un parent d'enfant handicapé et l'autre,
encore peut-être plus importante, d'inclure dans le projet de loi un
article qui consacrerait le droit de l'enfant handicapé à
fréquenter la garderie. Je remercie le conseil de nous avoir fait ces
deux suggestions.
Quant à quelques autres propositions bien spécifiques, il
y a le problème de l'enfant en maternelle à demi-temps. Il ne
faut quand même pas espérer que par le biais d'un projet de loi
sur les services de garde, on puisse, par ce détour, amener un
gouvernement à transformer du jour au lendemain tout le système
demi-temps en maternelle en un système plein temps. Il faudrait quand
même en parler un peu à nos amis du ministère de
l'Éducation.
Mme Lavoie-Roux: ... à M. Parizeau.
M. Lazure: Et aussi au ministre des Finances, parce qu'il est
bien évident qu'il s'agirait d'un coût énorme.
Par ailleurs, je suis bien conscient d'autres groupements nous en
ont parlé des difficultés considérables, des
difficultés physiques, ne serait-ce que dans le transport de l'enfant de
la maternelle du réseau public à une garderie ou à une
gardienne pour l'autre demi-temps. C'est un des rôles et cela
débouche sur le manque de coordination que vous avez
déploré avec pertinence, le manque de coordination entre nos deux
ministères de l'Éducation et des Affaires sociales que
l'office devrait jouer, d'assurer cette meilleure coordination. L'idéal,
comme M. Bouffard le disait
tantôt, ce serait peut-être de déboucher un jour sur
un office de la petite enfance. Peut-être qu'on doit le garder comme
objectif. Moi, je pourrais très bien envisager la transformation ou
l'élargissement, à un moment donné, de ce futur office
à court terme des services de garde en un véritable office de la
petite enfance. C'est un rêve que plusieurs collègues et moi
avions caressé, il y a plusieurs années, quand on oeuvrait en
psychiatrie infantile ou en service social ou en psychologie auprès des
enfants et, évidemment, les pédagogues aussi.
Il reste que notre projet de loi aussi bien que les nouvelles mesures
vont quand même rendre un peu plus facile le sort de ces enfants, au
moins pour la partie des congés pédagogiques que nous allons
inclure pour les enfants de l'élémentaire aussi bien que pour
ceux de la maternelle. Votre suggestion que les commissions scolaires utilisent
des locaux à l'extérieur de l'école aussi nous
paraît bien à propos. Cela pourrait être fait, entre autres
façons, par le biais du service de garde familiale. Il n'y a rien qui
empêchera une commission scolaire de devenir une agence de services de
garde familiale et, comme agence de services de garde familiale, donner
accès à ses services à certaines familles, que ce soit
pour seulement une partie de la journée ou pour des journées
entières, durant les journées pédagogiques, en
particulier.
Je m'arrête ici, M. le Président, je veux remercier bien
chaleureusement nos amis du conseil pour leur présentation et les
assurer que nous aurons l'occasion de les consulter tout au cours du
cheminement. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais également me joindre au
ministre pour remercier les représentants du Conseil du Québec de
l'enfance exceptionnelle. Le ministre a déjà touché
à quelques points. Je pense qu'il y a eu deux mises en garde: une en
regard de la professionnalisation des services, enfin l'équilibre
à garder, et l'autre en regard de la garde en milieu familial.
Même si les deux groupes qui sont ici ce soir nous apportent des
statistiques en disant qu'il y a 55% qui sont en garde familiale, 48% ou peu
importe, madame a laissé entendre si je vous ai mal
interprétée, vous me corrigerez - qu'il ne fallait
peut-être pas en conclure que c'était nécessairement le
choix des parents. Il faut quand même se rappeler que les garderies se
sont développées lentement et travaillent dans des conditions qui
ne sont pas toujours faciles et elles sont encore peu accessibles à la
population.
Souvent, le fait qu'elles paraissent loger dans des locaux qui
contrastent beaucoup avec la qualité physique des locaux des maternelles
des commissions scolaires, pour donner un exemple, peut rebuter certains
parents qui ont connu "un certain luxe", particulièrement des
écoles nouvelles, ou même tout l'équipement des maternelles
des commissions scolaires. Je pense qu'il ne faudrait pas en déduire
nécessairement que c'est un premier choix des parents. Cela peut
l'être, dans certains cas, comme vous l'avez signalé, mais dans
d'autres, pas nécessairement.
Madame souhaitait que les commissions scolaires puissent mettre à
la disposition des parents une espèce de banque ou d'éventail de
services. Évidemment, tout ça, c'est peut-être fort
souhaitable, mais il y a deux écueils. Le premier, c'est qu'il existait
déjà, en l'absence de soins de garde, des problèmes
concrets dans certaines écoles et on avait développé une
espèce de banque de voisinage; les enfants qui étaient vraiment
mal pris, Mme Unetelle les recevait. Mais selon mon expérience
personnelle, plus tard, cela a été un obstacle à la
motivation des directions d'école, de mettre en place un système
intégré à l'école, de service de garde au diner,
parce que ça créait plus de problèmes que d'envoyer les
enfants chez la voisine. Je pense qu'il ne faudrait pas prendre l'un pour
l'autre; si les deux peuvent se compléter, tant mieux.
L'autre chose, pour un temps donné, les commissions scolaires
vont avoir une grosse bouchée à avaler pour mettre en place ce
qui existe, et même si on pouvait souhaiter une banque plus grande, on
est peut-être mieux de ne pas les mettre dans trop de direction en
même temps. C'est seulement un commentaire. Je ne rejette pas votre
hypothèse, mais ça peut être assez complexe.
J'endosse absolument les remarques du ministre sur l'intégration
des enfants handicapés. À cet égard, peut-être que
c'est déjà prévu, le ministre va peut-être devoir
prévoir, dans ses budgets de démarrage de garderie, une partie de
ces $25 000, $30 000 ou $35 000, parce que les garderies peuvent être
situées un peu partout, ne serait-ce que des barrières
architecturales, dans des locaux qui ne serviront pas indéfiniment,
simplement pour une période d'années, il y a une certaine
adaptation à l'intérieur. On y a pensé pour les grands
édifices ou les grandes écoles, etc. Mais ça aussi... je
suis contente que l'on retienne l'idée que les parents soient
possiblement représentés au sein de l'office.
Le problème des enfants handicapés, quand il y en a un
seul, ça ne va pas trop mal; on peut toujours, dans un groupe de 25,
s'il est handicapé physiquement. Mais s'il n'est pas un trop gros
problème de comportement, on peut ordinairement, il y en a qui
l'utilisent d'une façon très constructive... Je l'ai vu à
certains endroits.
Mais quand le nombre augmente, ça vient plus difficile et je
pense que c'est peut-être là que les résistances se
créent.
Je n'ai pas de question particulière à poser et je veux
simplement vous remercier. On va certainement reprendre et réexaminer
votre dossier quand on arrivera au vrai projet de loi.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, d'abord, je voudrais... j'ai
été saisi par le témoignage humain de votre dossier, qu'on
n'a peut-être pas senti chez
d'autres, ils n'étaient peut-être pas obligés de
nous en donner dans d'autres mémoires, mais ce que vous nous donnez ce
soir témoigne d'un groupe qui est au courant d'enfants qui sont des cas
de problèmes plus importants que la moyenne des jeunes dans la
société. Je pense bien que le témoignage que vous nous
apportez nous donne des connaissances, jusqu'à la dernière minute
de notre journée. Pour ma part, j'apprends des choses, jusqu'à la
toute dernière minute. On voit avec quoi vous vivez continuellement.
Vous avez apporté également l'autre témoignage qui
est important, quand vous avez parlé d'avoir des locaux hors des
écoles. On sait jusqu'à quel point l'enfant aime les changements
continuellement, et je pense que la proposition que vous faites mérite
d'être retenue puisque ce sont là des suggestions qui sont
importantes. Je pense qu'il faut avoir été mêlé aux
jeunes, ou avoir été dans l'enseignement, ou avoir
été en contact direct avec les jeunes pour comprendre
jusqu'à quel point le changement de milieu peut devenir important pour
des jeunes, au cours d'une même journée.
J'imagine que cette recommandation fera son chemin et qu'on la verra
réapparaître; si ce n'est pas au niveau de la loi et je
pense que cela ne peut pas s'incorporer dans une loi qu'on la rencontre
au moins au niveau des règlements; sans que cela coûte des sommes
d'argent puisque le ministère devra faire face à un budget
qui sera limité qu'on s'assure que, dans des endroits où
c'est possible sans frais importants, on puisse faire appel à cela. Et
premièrement, des locaux comme cela au lieu de locaux scolaires, quand
la chose est possible.
J'aurais une courte question à vous poser. J'aimerais que vous me
donniez l'intégration. J'ai été mêlé
indirectement, mais je n'ai pas de compétence là-dedans.
J'aimerais que vous m'informiez, on a besoin de cela pour être capables
de voter une loi. L'intégration des handicapés, je pense qu'il
faut tenir compte également des handicaps, de la sorte de handicaps.
Mais est-ce que vous proposeriez aussi qu'il y ait des garderies pour
handicapés? Ou ne nous proposez-vous que des garderies pour enfants
intégrés?
M. Bouffard: Je pense qu'il n'y a pas de réponse a priori
à cette question. En principe, si on pouvait s'en passer, je pense qu'on
devrait s'en passer complètement. À moins que l'enfant ne soit
tellement handicapé qu'il faille l'hospitaliser. À ce
moment-là, ce n'est plus une garderie, mais une unité de soins
aménagée de façon telle qu'ils vivent une vie normale.
Mais disons qu'en principe, je pense qu'il est possible
d'intégrer l'immense majorité des enfants handicapés. Il
ne faut pas oublier, par ailleurs, que quand on parle des handicapés, ce
n'est souvent qu'un petit pourcentage qui ont des handicaps tellement
sérieux qu'ils ne peuvent vivre une vie normale. Lorsqu'on parle du 10%
ou 15% d'enfants qui sont en difficulté, on met toujours en
évidence le fait de ceux qui sont très handicapés.
Mais l'immense majorité vit des handicaps pas très
sévères. Je pense que sur ce plan, on doit faire preuve d'audace
et essayer de les intégrer tous, si c'est possible.
M. Grenier: Les enfants handicapés qui ne pourraient pas
être dans une garderie intégrée, par exemple, sont-ils un
nombre très limité? Ils sont gardés ou bien à la
maison ou bien dans des institutions, des maisons privées. Sont-ils un
nombre très limité par rapport aux autres?
M. Bouffard: Je n'ai pas de chiffres à vous donner, mais
d'après les statistiques connues, il semble que ce soit une
minorité d'enfants qui nécessitent des soins intensifs tels qu'il
faille absolument les sortir de leur milieu et créer des milieux
spéciaux, avec des soins spéciaux.
Mme Garon-Dupont: Je peux peut-être apporter un double
témoignage. J'ai aussi été un parent usager de garderie,
avec un enfant qui avait une boiterie fortement accentuée. Je pense
l'avoir vécu un peu avant la lettre, parce que j'ai franchi, comme
madame à l'autre extrémité, certaines étapes assez
difficiles. Mais pendant les trois années où j'ai vécu
cette expérience avec mon fils, je pense que, tout compte fait, ce
n'était pas le handicap qui aurait pu vraiment poser des
problèmes, mais l'attitude qui aurait amplifié le handicap
à l'extrême limite.
L'enfant a passé des années extraordinaires et il en a
gardé une expérience qui lui sert encore aujourd'hui, alors qu'il
est dans un milieu scolaire nettement normal, tout en conservant la même
boiterie.
Mme McMillan (Doris): J'aimerais dire que l'enfant dont je
parlais souffrait d'un handicap qui est considéré comme assez
sévère. C'est un handicap mental. Après un an et demi
d'usage d'une garderie, avec toute la bonne volonté qu'on y a mise, cet
enfant a fait énormément de progrès. C'était
considéré, à prime abord, comme un handicap important. En
considérant que c'était un handicap mental, après un an et
demi, s'il y a eu autant de progrès de fait, son cas n'est
sûrement pas unique. Il peut facilement suivre la garderie, même
s'il n'a pas un usage normal... il n'a presque pas de vocabulaire, mais il est
très conscient du milieu et participe beaucoup à tous les
ateliers. On a été ferme avec lui et, après vraiment tout
ce temps qui est très court pour un enfant handicapé, soit 18
mois, l'enfant suit les activités normales de la garderie, et le
personnel nous dit qu'il ne cause pas plus de problème qu'un autre
enfant. (21 h 45)
Je pense que c'est un exemple pour un enfant, mais qui est valable dans
une foule d'autres petits handicaps.
M. Grenier: Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Je n'ai rien à ajouter à tous les
excellents commentaires qui ont été fournis.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie le
Conseil du Québec de l'enfance exceptionnelle de la
présentation de son mémoire. La commission ajourne ses travaux
sine die.
Fin de la séance à 21 h 46
ANNEXE
Mémoire de la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec
Introduction
Les commissions scolaires catholiques du Québec, incluses sans
aucune consultation dans l'avant-projet de loi sur les services de garde
à l'enfance présenté par le ministre des Affaires
sociales, Denis Lazure, réagissent vigoureusement contre l'intrusion du
gouvernement dans les écoles. En plus de présenter un
mémoire sur le sujet, elles ont la ferme intention de suivre de
très près l'évolution de la situation.
L'avant-projet de loi indique qu'une commission scolaire devra fournir
des services de garde en milieu scolaire aux enfants à qui elle dispense
des programmes d'enseignement de niveau primaire et que les services seront
fournis, de façon régulière, durant les périodes
fixées par règlement, les jours de classe, en dehors des heures
d'enseignement (article 58). Il n'en faut pas plus pour que les commissions
scolaires sursautent et avisent immédiatement le gouvernement de leur
position.
Il est certain que les commissions scolaires entendent prendre toutes
les responsabilités qui leur incombent dans le domaine de
l'éducation. Les idées qu'elles émettent dans ce
mémoire en font foi. Déjà collaboratrices dans les
garderies publiques (projet Lazure pour les jeunes de 18 mois à 6 ans et
projet MEQ-MAS pour les jeunes de 6 à 12 ans), les commissions scolaires
refusent cette fois de se faire imposer des obligations de ce genre alors
qu'elles connaissent les besoins respectifs de chacun de leurs milieux.
Malgré ces réticences, il ne faut pas croire que les
commissions scolaires sont contre l'esprit qui anime l'avant-projet de loi.
Elles ne s'opposent pas à ce que les jeunes qui fréquentent les
écoles puissent y demeurer en attendant de retourner à leur foyer
à la fin d'une journée. Mais elles remarquent qu'une
véritable étude et une consultation sincère des gens
impliqués dans la mise sur pied de services de garde à l'enfance
sont nécessaires au préalable.
Dans ce mémoire, les commissions scolaires commentent les points
suivants: la constitution de l'Office des services de garde à l'enfance;
les fonctions de cet Office; l'obligation pour les commissions scolaires
d'offrir des services de garde à l'enfance; les clientèles
visées; les aménagements nécessaires; le financement du
programme.
L'Office des services de garde à
l'enfance
L'avant-projet de loi sur les services de garde à l'enfance
institue un Office des services de garde à l'enfance et établit
le cadre d'organisation de ces services (chapitre I, articles 1 à 28).
C'est l'organisme le plus important prévu par le gouvernement dans cet
avant-projet de loi et peut-être même sera-t-il le seul organisme
mandaté de pouvoirs réels. Il semble que les garderies, les
agences de services de garde en milieu familial, les commissions scolaires et
les personnes intéressées à fournir aux enfants des
services de garde en halte-garderie ne seront que de simples exécutants.
Nous entretenons donc de sérieuses réserves au sujet de
l'étendue des pouvoirs accordés à l'Office et nous nous
opposons à sa constitution telle que présentée dans
l'avant-projet de loi.
Constitution de l'Office
La composition de l'Office des services de garde à l'enfance nous
apparaît injuste envers les commissions scolaires. Les articles 5 et 6
parlent d'une composition de seize membres, dont onze y compris le
président, seront nommés par le gouvernement après
consultation des associations et des organismes représentatifs. De ce
nombre, un membre seulement sera choisi parmi les commissaires ou syndics
d'écoles, après consultation des associations
représentatives des commissions scolaires (article 6, paragraphe 5).
Il est difficile pour les commissions scolaires d'admettre qu'elles
n'auront droit qu'à un membre sur seize dans la composition de l'Office
alors qu'elles seront les plus touchées par l'avant-projet de loi.
L'obligation pour les commissions scolaires de fournir des services de garde en
milieu scolaire aux enfants à qui elles dispensent des programmes
d'enseignement de niveau primaire (article 58) concernera 164 commissions
scolaires primaires et 39 commissions scolaires intégrées. Un
seul représentant pour 203 commissions scolaires et par
conséquent pour plus de 500,000 enfants, est-ce justifié?
Puisque ce sont les commissions scolaires qui auront le plus d'enfants
à qui elles devront offrir des services de garde à l'enfance
permettant ainsi à tous les élèves du primaire de profiter
des services de garde en milieu scolaire, cela ne justifie-t-il pas la position
des commissions scolaires qui rejettent la participation qu'on lui propose
comme membre de l'Office? Peut-on concevoir, compte tenu de l'obligation qui
leur est faite, que les commissions scolaires n'auront qu'un seul
représentant à l'Office comme les municipalités qui
n'offrent pourtant ces services que si elles le veulent bien? En
considérant le nombre de commissions scolaires concernées ainsi
que le nombre d'élèves qui profiteront des services de garde
à leur école, ne vaudrait-il pas mieux soustraire les commissions
scolaires de cet avant-projet de loi? Les commissions scolaires ne
méritent-elles pas une législation propre à elles,
après une consultation réelle du ministère des Affaires
sociales, du ministère de l'Éducation et des commissions
scolaires? Voilà autant de questions sur lesquelles nous invitons le
gouvernement à réfléchir.
Fonctions de l'Office
Par les fonctions qui lui sont attribuées, l'Office des services
de garde à l'enfance sera le grand maître d'oeuvre de la
présente loi et de ses règlements. Conformément aux
articles 24 et 72, l'Office sera responsable de toutes les décisions
importantes ainsi que de l'élaboration des politiques. Pour ce qui est
de l'organisation des services de garde en milieu scolaire, les gouvernements
locaux n'auront qu'à exécuter ce qui leur sera imposé.
Peut-on parler de décentralisation?
Selon les mandats attribués à l'Office dans l'avant-projet
de loi, il lui appartient d'identifier les besoins de la population et les
services existants en matière de services de garde à l'enfance
(article 24, paragraphe 1), de promouvoir la mise sur pied de cours de
formation et de perfectionnement en matière de services de garde
à l'enfance (article 24, paragraphe 5), et d'établir des normes
d'aménagement, d'équipement, d'ameublement, d'entretien, de
chauffage, d'éclairage des locaux où seront offerts les services
de garde (article 72, paragraphe 2). Ne s'agit-il pas de pouvoirs que les
gouvernements locaux doivent exercer?
Comme l'Office aura le devoir ou le droit de fixer les périodes
durant lesquelles une commission scolaire doit, les jours de classe, en dehors
des heures d'enseignement, fournir un service de garde en milieu scolaire aux
enfants à qui elle dispense des programmes d'enseignement de niveau
primaire (article 72, paragraphe 16), comment réussira-t-il à
respecter les disparités entre les commissions scolaires, comme les
heures d'arrivée et de départ des autobus? Comme il aura le
devoir ou le droit d'établir des normes de qualification des personnes
travaillant dans un service de garde (article 72, paragraphe 18), que fait-on
des commissions scolaires qui s'occupent déjà des normes de
qualification pour l'ensemble du personnel? Comme il aura le devoir ou le droit
de déterminer la proportion entre le nombre de membres du personnel d'un
service de garde et le nombre des enfants qui y seront reçus (article
72, paragraphe 19), l'Office pourra-t-il le faire en tenant compte des
différents facteurs inhérents aux classes, aux écoles ou
aux régions?
En fait, quels mandats reste-t-il aux commissions scolaires? Est-ce la
meilleure façon d'assurer un service de garde en milieu scolaire en
laissant peu de manoeuvre aux principaux intéressés? Quels champs
d'activités demeurent ouverts aux initiatives locales? N'est-ce pas
dévalorisant pour une commission scolaire de constater qu'elle n'est
utile que lors d'une consultation seulement? Un avant-projet de loi moins
centralisateur pourrait donner la chance aux commissions scolaires de montrer
qu'elles peuvent être compétentes dans tous les secteurs qui les
concernent de près ou de loin. Mais quel pouvoir d'action leur
reste-t-il ici?
Les commissions scolaires n'ont pourtant pas attendu la loi pour agir
dans ce domaine. Dans une brève enquête tenue par la
Fédération en août 1979, il est ressorti que 27 commissions
scolaires contribuaient à l'existence de garderies en fournissant des
locaux gratuitement ou en offrant des services professionnels occasionnels et
ce même aux niveaux maternel et pré-maternel. N'est-ce pas un
exemple de responsabilité que peuvent prendre les commissions scolaires
lorsque les besoins du milieu sont présents sans législation
contraignante?
Devant les droits excessifs accordés à l'Office des
services de garde à l'enfance, les commissions scolaires
réagissent fermement et tiennent à informer le gouvernement qu'il
n'est pas mandaté pour venir s'ingérer dans leur fonctionnement
interne. Capables d'innovations et de créations, les commissions
scolaires devraient recevoir le pouvoir d'organiser de telles garderies selon
la volonté et les besoins du milieu. On a choisi la formule
centralisée qui impose à l'aveuglette des services mal
identifiés à une population. Si on avait le respect des
gouvernements locaux et de leur vocation pédagogique et
éducative, on mettrait à leur disposition les ressources
financières nécessaires à l'exercice d'une
responsabilité qui leur revient. Car, il ne faut pas l'oublier, les
services de garde à l'enfance ont une nette connotation
éducative. Ce sont les commissions scolaires et le ministère de
l'Éducation qui devraient se partager les responsabilités.
Que le ministre de l'Éducation propose un Office devant
régir les services de garde à l'enfance et lui donne le pouvoir
de concevoir une politique générale de services de garde à
l'enfance. Il appartient aux gouvernements locaux d'éducation de
promouvoir l'organisation des services de garde à l'enfance, de
préparer et de diffuser la documentation et l'information sur les
services de garde à
l'enfance. Que l'Office soit un organisme de soutien technique et
professionnel aux associations, aux organismes et aux personnes oeuvrant ou
désirant oeuvrer dans les services de garde à l'enfance, cela
serait sans doute mieux vu par les commissions scolaires.
Que l'Office et le ministère des Affaires sociales
s'ingèrent dans les écoles, comme le propose l'avant-projet de
loi, cela les commissions scolaires le refusent. Elles s'opposent
vigoureusement à la création d'un Office aussi centralisateur et
à l'éparpillement de sa vocation éducative et
pédagogique.
Organisation des services de garde en milieu
scolaire
L'avant-projet de loi sur les services de garde à l'enfance
établit quatre catégories de services de garde: la garde en
garderie, la garde en milieu familial, la garde en milieu scolaire et la garde
en halte-garderie. Pour les deux premières catégories,
lavant-projet de loi est assez précis. Il spécifie les
critères devant guider les requérants d'un permis de service de
garde en garderie ou d'un permis d'agence de services de garde en milieu
familial (articles 31 à 34 incls.). Il détermine d'une
manière assez nette les processus de suspension, d'abrogation ou de
refus de renouvellement d'un permis (articles 43, 47, 52 et 54 par exemple).
Pour les deux autres catégories, en particulier pour les services de
garde en milieu scolaire, l'avant-projet de loi est vague, ce qui suscite de
nombreuses interrogations des commissions scolaires.
L'obligation
L'article 58 de l'avant-projet de loi sur les services de garde à
l'enfance stipule qu'une commission scolaire doit fournir des services de garde
en milieu scolaire aux enfants à qui elle dispense des programmes
d'enseignement de niveau primaire. Il n'y existe aucune alternative. Les
commissions scolaires n'ont pas le choix de décider si elles offriront
ou non les services de garde dont il est fait mention dans l'avant-projet de
loi. Le gouvernement semble vouloir créer des besoins. Ce que les
commissions scolaires auront à fournir comme services de garde à
l'enfance peut très bien ne pas correspondre aux besoins du milieu. Il
est difficile de comprendre comment une telle intention a pu naître et
dégénérer en une décision arrêtée sans
qu'il y ait eu une consultation d'au moins quelques commissions scolaires et
une analyse sérieuse des besoins des milieux. S'est-il tenu une forme de
consultation auprès d'un certain nombre de commissions scolaires? A-t-on
procédé à une analyse des besoins des milieux qui ait pu
amener Monsieur le ministre à obliger les commissions scolaires à
participer à l'instauration de services de garderie dans leur milieu?
Comme d'habitude, le rouleau compresseur du système étatique fait
son chemin sans tenir compte des autres gouvernements.
La clientèle
Selon l'article 58, tous les enfants qui reçoivent dans les
commissions scolaires des programmes d'enseignement de niveau primaire pourront
se prévaloir des avantages de la loi. Un recensement des
clientèles scolaires en septembre 1978, montre qu'il se trouvait 572 253
élèves dans les écoles primaires catholiques et
protestantes, sans compter les jeunes de la pré-maternelle et de la
maternelle. Seront-ils tous concernés par la loi? Ressentent-ils tous le
besoin d'un service de garde en milieu scolaire au point que le ministre
intervienne avec une loi et des règlements?
Les aménagements
L'article 72, paragraphe 2, nous dit que l'Office pourra faire des
règlements pour établir des normes d'aménagement,
d'équipement, d'ameublement, d'entretien, de chauffage,
d'éclairage des locaux où sont fournis des services de garde.
Comme les commissions scolaires doivent déjà demander une
autorisation au ministère de l'Éducation pour les
aménagements de tout genre, devront-elles le faire également
auprès de l'Office des services de garde à l'enfance?
Qu'adviendra-t-il en cas de refus d'un des deux organismes? La coordination
entre les ministères n'est pas une réalité de tous les
jours.
Le financement
Dans aucun article de l'avant-projet de loi, il n'est fait mention de
subventions pour les commissions scolaires, est-ce un oubli volontaire? Est-ce
que le ministère des Affaires sociales participera à 100 p.c. au
financement de son projet de services de garderie en milieu scolaire? Les
commissions scolaires devront-elles financer complètement le projet et
ainsi faire payer la note aux parents? Dans aucun article, il n'est question de
contributions. Faut-il comprendre que les commissions scolaires ne toucheront
pas un sou pour les services qu'elles doivent rendre? Si l'État se
montre aussi parcimonieux dans ce domaine que dans les autres domaines
liés aux commissions scolaires, ce sont les services éducatifs
essentiels aux enfants qui en seront affectés. Si c'est l'ensemble des
contribuables qui doit défrayer le coût des services de garde en
milieu scolaire, seront-ils d'accord avec l'obligation? Si les dépenses
encourues par les commissions scolaires relèvent de l'inadmissible, il
faut le dire pour ne pas faire porter le fardeau de l'imposition par les
commissions scolaires.
Si nous nous en tenons à ce qui est écrit dans
l'avant-projet de loi, il nous apparaît que le gouvernement fait fi,
encore une fois, de la mission éducative confiée par
législation aux commissions scolaires, puisqu'il leur impose de
nouvelles obligations sans les assurer du financement nécessaire au
respect de ces obligations.
Les nombreuses interrogations que nous avons soulevées dans
l'analyse de l'avant-projet de loi concernant l'organisation des services de
garde à l'enfance nous amènent à recommander le retrait
des commissions scolaires de l'avant-projet de loi sur les services de garde
à l'enfance. Qu'une politique générale de services de
garde à l'enfance dans le milieu scolaire soit proposée par le
ministre de l'Éducation, cela conviendrait mieux aux commissions
scolaires. Qu'un comité tripartite soit formé par le
ministère des Affaires sociales, le ministère de
l'Éducation et les commissions scolaires pour analyser toutes les
implications d'un tel projet avant de le mettre sur pied. Voilà le
cheminement souhaité par les commissions scolaires. À moins que
le gouvernement ne reconnaisse immédiatement la compétence des
commissions scolaires de s'administrer elles-mêmes et de remplir toutes
les missions éducatives de leur milieu.
Conclusion
L'avant-projet de loi du ministre Denis Lazure propose
l'établissement de services de garde à l'enfance dans le milieu
scolaire. Cette idée mérite attention et réflexion.
L'avant-projet de loi s'avère intéressant et indispensable pour
la garde en garderie, la garde en milieu familial et la garde en
halte-garderie, mais il peut s'appliquer de la même façon pour la
garde en milieu scolaire. Avec un si grand nombre d'écoles et un si
grand nombre d'élèves touchés par l'avant-projet de loi,
nous pensons que les commissions scolaires ont besoin d'un statut particulier
en ce qui a trait aux services de garde à l'enfance.
Les commissions scolaires, responsables dans leur milieu de tout ce qui
regarde l'instruction et l'éducation, ne désirent pas partager,
pour ne pas dire confier, leurs droits et devoirs à un Office
gouvernemental. Les initiatives locales doivent être encouragées
dans ce domaine et ce n'est pas en voulant tout réglementer que le
gouvernement peut parler de pouvoirs décentralisés aux mains des
gouvernements locaux que sont les commissions scolaires.
Nous avons essayé, en quelques pages, de faire connaître la
position des commissions scolaires quant à l'avant-projet de loi sur les
services de garde à l'enfance. Nous avons souligné ouvertement le
désaccord des commissions scolaires avec la démarche suivie et
l'organisation de ces services ainsi qu'avec la constitution et les fonctions
de l'Office. Les commissions scolaires sont outrées de voir le peu de
confiance que leur accorde le gouvernement. Elles sont également
déçues de l'imprécision de l'avant-projet de loi. Nous
avons également noté la démission du ministère de
l'Éducation en faveur du ministère des Affaires sociales.
Le contenu du mémoire surprend peut-être et les
recommandations qui s'en dégagent peuvent décevoir le
gouvernement et son ministre des Affaires sociales. Toutefois, les commissions
scolaires assurent le gouvernement de leur appui total à une politique
générale des services de garde en milieu scolaire en autant que
les principaux intéressés puissent se concerter
sérieusement auparavant.
Quand un gouvernement chante sur tous les toits qu'il veut donner aux
gouvernements locaux ce qui leur revient en droits, il faut aussi le prouver
dans les actes. Que le gouvernement accorde sa confiance aux commissions
scolaires pour des services de garde à l'enfance et il ne sera pas
déçu. Elles sont conscientes de leur mission éducative.
Des services de garde à l'enfance pour les élèves ne les
laissent pas indifférentes.
Recommandations 1. Que les commissions scolaires soient
soustraites de l'avant-projet de loi sur les services de garde à
l'enfance. 2. Que le ministre de l'Éducation n'élabore qu'une
politique générale de services de garde dans le milieu scolaire.
3. Qu'un comité tripartite soit formé du ministère des
Affaires sociales, du ministère de l'Éducation et des commissions
scolaires dans le but: 3.1 d'analyser les besoins nationaux pour des services
de garde en milieu scolaire; 3.2 d'analyser les modes de financement des
services de garde en milieu scolaire; 3.3 d'analyser le fonctionnement des
services de garde en milieu scolaire; 3.4 d'élaborer une vaste
consultation sur les possibilités d'implantation de services de garde en
milieu scolaire.