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Question avec débat
(Dix heures dix-huit minutes)
La Présidente (Mme Cuerrier): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des affaires sociales se réunit ce matin
du vendredi 14 mars pour discuter la question avec débat de Mme la
députée de L'Acadie à M. le ministre des Affaires sociales
sur le sujet suivant: la politique gouvernementale au sujet des centres
d'accueil, des centres hospitaliers pour soins prolongés et des soins
à domicile.
L'article 162-A du règlement propose vingt minutes à Mme
la députée de L'Acadie, suivies d'une période de vingt
minutes à M. le ministre des Affaires sociales. Nous nous
réserverons, si vous le voulez bien, comme à l'accoutumée,
deux périodes de dix minutes à la fin pour que Mme la
députée de L'Acadie puisse conclure et que M. le ministre des
Affaires sociales puisse lui donner la réplique.
Mme la députée de L'Acadie.
Exposé du sujet Mme Thérèse
Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, Mme la Présidente. Au moment
où l'Assemblée nationale semble presque complètement
occupée par les débats sur la question
référendaire, je pense qu'il ne faut pas oublier que, pour
l'ensemble de la population, la vie continue avec son quotidien et que, pour
certains, même un assez grand nombre de gens, ce quotidien n'est pas
toujours facile.
Si nous avons proposé aujourd'hui que la question avec
débat porte sur la politique touchant les centres hospitaliers, les
centres d'accueil et les services à domicile, ce n'est pas une simple
coïncidence, mais bien à cause du fait que, de plus en plus, on
observe, dans le réseau des institutions hospitalières, des
centres d'accueil et des maisons d'hébergement, des problèmes qui
ne semblent pas trouver une solution facile.
Dans le secteur hospitalier, on sait qu'avec les plans de redressement
budgétaire des hôpitaux qui remontent maintenant à 1975-76
et qui se continuent, d'année en année, les administrations
hospitalières, de même que le corps médical et toutes les
personnes qui travaillent à l'intérieur des hôpitaux,
sentent que les restrictions et les contraintes budgétaires sont
très difficiles.
Je voudrais simplement, ici, vous référer à un
article de la Presse du mois de juin 1979. Je cite: "Dans l'immédiat, le
secteur hospitalier s'inquiète des contraintes pour les trois
années à venir et s'interroge sur les moyens de maintenir et
d'améliorer les services actuels." D'après l'Association des
hôpitaux de la province de Québec, l'AHPQ, qui tenait à ce
moment-là un congrès, l'accroissement annuel des budgets des
quelque 60 hôpi- taux de soins prolongés et de soins
psychiatriques se situera légèrement en deçà de
celui des salaires et du prix des fournitures d'hôpitaux pour soins
aigus. On réalise que les budgets proposés ne pourront compenser
intégralement, là encore, l'augmentation des salaires et les prix
des fournitures. "Comme les salaires représentent 80% du budget d'un
hôpital, a précisé M. Pleau, le président de
l'Association des hôpitaux de la province de Québec, il faudra y
récupérer de l'argent, réduire ou modifier les services,
ne pas remplacer le personnel de vacances, etc. "A court terme, les actions
proposées par les hôpitaux pour faire face à la musique se
relient donc directement aux négociaions dans le secteur public
évidemment, c'était au mois de mai face aux implications
concrètes des coupures budgétaires du gouvernement, qui ferme de
plus en plus le robinet dans le domaine de la santé, les hôpitaux
en appellent à la collaboration des principaux partenaires". Fin de la
citation.
Mme la Présidente, ceci est une constatation que nous avons
entendue à plusieurs reprises et qui va en s'accentuant. Nous avons
également il s'agit davantage des hôpitaux pour soins de
courte durée et des hôpitaux pour soins prolongés eu
des représentations qui ont été faites par les centres
d'accueil. Il y a eu, la semaine dernière ou il y a quinze jours, cette
décision des centres d'accueil de ne plus accueillir de personnes, tant
et aussi longtemps que certaines promesses qui avaient été faites
par le ministre n'auront pas été remplies.
Je ne veux pas revenir sur ce point particulier, mais simplement
souligner que cette demande des centres d'accueil ne remonte pas uniquement
à la semaine dernière ou il y a quinze jours; des
repré-sensations avaient été faites au gouvernement
à l'automne 1978. On veut, de plus en plus, diriger vers les centres
d'accueil les personnes qui requièrent plus de soins, plutôt que
de les garder dans des hôpitaux pour soins aigus. Mais ceci requiert,
évidemment, plus de services et c'est là que les centres
d'accueil trouvent que les services qu'ils doivent rendre à cette
population ne peuvent pas être adéquats à moins que le
gouvernement ne prenne des mesures ou n'accorde des ressources
financières supplémentaires.
Mais le problème réel évidemment, nous
sommes presque dans un cercle vicieux c'est que les ressources
d'hébergement sont limitées à un point tel que, par
exemple, dans la région de Montréal; et ceci, je le tire d'un
rapport qui émane du Conseil de la santé et des services sociaux
de la région du Montréal métropolitain. On y lit: "Une
accumulation de situations de pénurie se traduit par une série de
symptômes difficiles et de distorsions observables dans le réseau.
Par exemple, les listes d'attente sont impressionnantes et l'attente risque
souvent d'être longue; elle s'est développée dans toutes
les institutions du réseau, que ce soit les hôpitaux de courte
durée, de longue durée, les centres d'accueil et les HLM."
Un autre problème: l'urgence. Lorsque l'attente de services n'est
plus possible, une situation d'urgence se développe. A ce
moment-là, ce sont les hôpitaux pour soins aigus qui,
quotidiennement, doivent absorber les situations urgentes à cause de la
pénurie de ressources. Je ne rappellerai que le cas, tout récent,
de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont et de l'hôpital Jean-Talon
où, sans aucun doute, le ministre me dira qu'ils ont pris les mesures
nécessaires et puisqu'on ajoutera des lits, mais ce ne sont pas
là les deux seuls hôpitaux. Par exemple, pas plus tard qu'il y a
une dizaine de jours, peut-être même la semaine dernière,
l'Hôtel-Dieu de Lévis était obligé de fermer son
urgence parce que, justement, il y a trop de personnes à l'urgence qui
requéraient des soins en centres hospitaliers de soins prolongés
plutôt que dans des centres hospitaliers de courte durée ou dans
des hôpitaux pour les malades qui requièrent des soins aigus.
Hier, on me disait que l'hôpital Christ-Roi de Québec avait
également fermé son urgence pour une journée. Il l'avait
fermée la fin de semaine dernière encore à cause de cet
engorgement de personnes requérant des soins prolongés pour qui
les ressources ne sont pas disponibles et qui doivent avoir recours aux
hôpitaux réguliers qui, eux, devraient se préoccuper
davantage des soins à donner dans les cas de maladies aiguës.
Si bien que, dans la région de Montréal, à cause de
ce manque de ressources, même si, en 1976, l'ancien ministre des Affaires
sociales avait émis enfin, on va l'appeler ainsi une
directive disant que 10% des lits d'hôpitaux pour soins aigus devraient
être occupés par des personnes requérant des soins
prolongés, on a dépassé de beaucoup ces chiffres-là
non seulement dans la région de Montréal, mais également
dans la région de Québec.
Par exemple, on me disait qu'à l'hôpital de Lévis,
alors qu'on devrait réserver 30 lits pour les malades chroniques, 70
lits leur sont offerts. A
Saint-François-d'Assise, on est rendu à 113 lits alors que
ce qui avait été prévu était un nombre beaucoup
moindre. Je les retrouverai peut-être tantôt pour les donner plus
exactement. Saint-François-d'Assise, 150 lits, et l'hôpital a un
permis pour 60 lits pour les personnes qui requièrent des soins
prolongés.
Dans la région de Montréal, il y a 1351 lits pour soins
prolongés dans les hôpitaux pour soins aigus et en pratique
près de 1900 lits sont occupés par d'autres cas que ceux de
courte durée. On connaît cet engorgement des salles d'urgence et
cela devient un cercle vicieux. On ne peut plus répondre aux besoins des
malades pour soins aigus et quand ceci touche les salles d'urgence, vous vous
souviendrez, Mme la Présidente, que lors de la grève des
hôpitaux qu'on a connue le printemps dernier et encore à
l'automne, il y avait au moins une chose qu'on tentait de préserver,
c'était le fonctionnement le plus régulier possible des salles
d'urgence.
Je pense que c'est M. Jean-Guy Dubuc de la Presse qui faisait remarquer
évidemment, je cite de mémoire à peu
près ceci: On s'inquiétait énormément quand les
salles d'urgence étaient fermées durant les grèves, mais
on semble beaucoup moins préoccupé quand la même situation
se retrouve non pas à cause de grèves, mais justement à
cause d'un mauvais fonctionnement de l'ensemble du réseau des services
de santé.
Je voudrais revenir sur la situation à Montréal. Pour
l'ensemble de la province, il y avait eu une norme mise de l'avant par l'ancien
ministre des Affaires sociales, à savoir six places d'hébergement
par cent personnes âgées. Dans la région de
Montréal, on n'a que 3,9 places au lieu de 6 qui est la norme
désirée. Si on reconnaît ce manque de places, on nous dit
que le ministère des Affaires sociales a l'intention de construire 3251
places d'ici 1981. Même avec ceci, si l'on utilise comme base de calcul
la population prévue en 1981, Mme la Présidente je vous ferai
remarquer que ce chiffre émane du ministère que la
population des personnes âgées entre 1976 et 1981 augmente de 16%.
Je ferai remarquer au ministre que dans son petit feuillet on parle de 29%,
mais je pense qu'on s'est trompé dans les calculs. (10 h 30)
Si on prend comme base de calcul la population prévue en 1981, on
obtient un ratio de 5 ou même de 4,9 selon les prévisions du
ministère des Affaires sociales. Cela veut dire en 1981 un
déficit de places, pour les personnes requérant des soins de
longue durée, de près de 2300 places. Et, si l'on ajoute les 3251
places que le ministère des Affaires sociales promet et qu'on n'a pas
encore, on atteint le chiffre assez impressionnant d'un manque de places qui
atteint 7251.
Vous voyez, ici, Mme la Présidente, comment cette situation
à laquelle on ne semble pas répondre, cette pénurie de
places, crée des problèmes, évidemment, pour le
fonctionnement normal des centres hospitaliers. Mais ce qui nous
préoccupe d'abord, ce sont les problèmes que ça
crée pour la population, la population qui requiert des soins de courte
durée et celle qui requiert des soins prolongés. Je pense qu'il
est important qu'aujourd'hui le ministre des Affaires sociales qui, sans doute,
peut faire valoir l'argument que l'on met tant de millions ici et tant de
millions là, etc., nous dise et je lui pose des questions
précises si la norme d'hébergement de 6 pour chaque
centaine de personnes âgées de 65 ans et plus demeure la
même et s'il entend la respecter. Je lui demande aussi de nous indiquer
d'une façon précise quels sont ses objectifs et comment il va
tenter de les atteindre.
Si on regarde le nombre de places... Excusez. J'ai ici une lettre qui
provient du ministère des Affaires sociales et qui est signée par
le sous-ministre, M. Jean-Claude Duchesne. On dit qu'en 1978-1979, il y a eu
ouverture au Québec de onze centres d'accueil pour 758 places. Ceci est
bien inférieur au nombre de places en centres d'accueil qui ont
été créées dans les années
antérieures, disons entre 1972 et 1976. En 1979-1980, ouverture pour 954
lits. Cela aussi se situe en deçà d'une moyenne raisonnable. En
1980-81, on parle de
3032 lits. Mais, est-ce que le ministre peut ce matin nous assurer que
ces places seront, en fait, ouvertes durant l'année 1980-1981? On semble
vraiment être en face d'un ralentissement quant à la mise à
la disposition des personnes qui en ont besoin de ressources suffisantes.
Le ministre nous rétorquera peut-être: Écoutez on
veut mettre l'accent sur les soins ou les services à domicile pour les
personnes de 65 ans et plus. Là encore, j'aimerais que le ministre nous
dise quels sont ses objectifs, combien de personnes il rejoint par ces
programmes de services à domicile, quel en est le coût par
personne. Peut-il nous dire si, selon lui, ceci est suffisant pour compenser le
manque de ressources en hébergement pour les personnes qui
requièrent des soins prolongés?
Mme la Présidente, c'est peut-être un survol assez rapide,
mais ce que je veux bien signaler, c'est qu'il y a présentement
engorgement dans les hôpitaux pour soins de courte durée, dû
au fait qu'on manque de ressources pour les personnes qui requièrent des
soins prolongés, ce qu'on appelait autrefois, les malades chroniques;
aujourd'hui, on a un langage plus sophistiqué. Egalement, du
côté des soins à domicile, même s'il y a eu
augmentation depuis 1976, je vous fais remarquer que, si on examine le livre
des crédits officiels pour les années 1974 à 1980, on
remarquera que, de 1975 à 1976, il y a eu une augmentation de 46,9% du
budget affecté aux soins à domicile; de 1976 à 1977, il y
a eu une augmentation de 24,7%, c'était avant l'arrivée du
gouvernement actuel; de 1977 à 1978, on observe une augmentation de 38%,
mais elle est quand même inférieure par rapport à une
augmentation de 46,9% qu'on pouvait voir de 1975 à 1976; pour
l'année 1979/80, on a là une augmentation de 19,7%. Il ne semble
pas y avoir là suffisamment de ressources. Il ne faut pas s'illusionner
non plus. Les soins à domicile ne pourront jamais, dans les cas lourds,
comme on les appelle, ou de personnes requérant des soins complexes,
remplacer d'une façon complète les centres d'accueil, à
moins qu'on veuille investir dans les services à domicile des sommes qui
seront extrêmement importantes. Quand on parle de soins à domicile
ou de services à domicile, j'aimerais que le ministre nous donne une
moyenne, à savoir quel est le nombre de visites, soit pour des soins
à domicile ou pour de l'aide à domicile, qui sont plus des
services domestiques, des services de soutien, etc., par personne.
Les contacts que j'ai eus et les observations qui m'ont
été faites, c'est que même à ce moment-là, on
a de la peine à répondre aux demandes qui sont faites pour des
services à domicile. Ecoutez, quand vous avez un cas lourd et qu'on vous
dit qu'il y aura deux visites d'une demi-heure par semaine, cela ne
répond pas aux besoins des gens.
Ce que je voudrais vraiment que le ministre nous dise aujourd'hui, c'est
quels sont ses objectifs, vers quoi s'oriente-t-il, quelles mesures entend-il
prendre et quelles sont les sommes qu'il va mettre à la disposition des
différents services de santé et services sociaux pour que les
objectifs soient atteints et qu'on ne se retrouve pas avec la situation
actuelle. Mme la Présidente, je pense que je n'exagère rien. Vous
n'avez qu'à suivre les journaux. C'est à peu près à
toutes les semaines que des gens réclament davantage de services, qu'on
entend parler que des hôpitaux ont des difficultés de
fonctionnement. Evidemment, ceux qui doivent assurer le support aux familles
savent que, dans la région de Montréal, l'attente peut être
de deux ou trois ans, comme d'ailleurs, me dit-on, sur la rive sud, dans le
comté de Lévis, également dans le comté de
Lotbinière, dans le comté de Rivière-du-Loup, du
côté de Témiscouata où il n'y a pas de
ressources.
Je n'ai pas eu le temps de faire le survol de toute la province, mais,
si j'insiste sur Québec et Montréal, c'est que c'est là
que se retrouve le plus grand nombre de personnes âgées et, selon
les prévisions à venir, c'est là que le nombre va en
augmentant, sauf peut-être pour la région du Nord-Ouest,
c'est-à-dire où le pourcentage d'augmentation est le plus
grand.
Le problème est aigu, Mme la Présidente, et j'aimerais
qu'aujourd'hui le ministre nous indique d'une façon précise
quelles sont les mesures qu'il entend prendre pour corriger cette situation
déplorée non seulement par la population, mais par l'ensemble des
personnes qui assument des responsabilités à l'égard des
services à donner aux personnes du troisième âge.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre des Affaires
sociales et député de Chambly.
Réponse du ministre M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, Mme la Présidente. Je suis heureux que
nous ayons la chance, en ce matin de grande tempête où les gens
sont à la maison et auront peut-être l'occasion de suivre ce
débat, de mieux renseigner la population sur les efforts que ce
gouvernement-ci fait depuis trois ans pour améliorer les services aux
personnes âgées.
Si vous permettez, je vais commencer par une des dernières
remarques de la députée de L'Acadie touchant le nombre de lits
ajoutés dans les centres d'accueil pour personnes âgées. Un
fonctionnaire vient de me remettre des tableaux que je pourrai déposer,
qui remontent à l'année financière 1975-76 et qui se
prolongent jusqu'à 1981-82.
Contrairement à ce que la députée de L'Acadie
laissait entendre tantôt, nous avons été prévoyants.
Nous avons planifié un programme de construction de centres d'accueil
pour personnes âgées. Je pense que tout le monde, à peu
près, le sait au Québec, actuellement. Vous allez voir,
d'après les chiffres que je vous donne, la progression depuis 1975-76.
Il s'agit, non pas de projets d'année en année, mais de nouveaux
lits ouverts en centres d'accueil aux soins prolongés. Pour 1975-76,
sous l'ancien gouvernement, 335 lits
d'ouverts cette année-là. Pour 1976-77, 269 lits; 1977-78,
la première année complète du nouveau gouvernement, 963
lits; 1978-79, 758 lits; 1979-80, 872 lits; 1980-81, 3082; 1981-82, 2119 lits,
pour un total de 6028 lits qui auront été ouverts à la fin
de l'année 1981-82. Sur ces 6000 lits ou un peu plus, Mme la
Présidente, il y en a à peine 600 qui ont été
ouverts, soit 10% qui ont été ouverts durant les deux
dernières années du régime Bourassa.
Si on a vu seulement 600 lits d'ouverts durant les deux dernières
années du régime Bourassa, alors que le député de
Saint-Laurent était ministre des Affaires sociales, cela veut tout
simplement dire qu'il n'y a pas eu de planification. Cela veut tout simplement
dire qu'on a été imprévoyant. Une des premières
choses qu'on a faites lors de l'arrivée au pouvoir, cela a
été de prévoir un programme massif de construction de
centres d'accueil comme jamais il s'en est vu au Québec, Mme la
Présidente.
Nous avons actuellement, en chantier, tout près de 60 nouveaux
centres d'accueil dont une quarantaine sont dans Montréal
métropolitain. C'est à cause de ce programme de 60 nouveaux
centres d'accueil que nous pourrons, comme je viens de le dire, dès
1980-81 donc, durant l'année financière qui commence au
mois d'avril ouvrir au-delà de 3000 nouvelles places en centres
d'accueil; l'année suivante, lorsque les constructions seront
terminées, 2119 nouvelles places.
Donc, Mme la Présidente, je pense qu'il est essentiel de faire
cette mise au point en partant. Je pense que, encore une fois, l'Opposition
essaie, d'une façon trop facile et je dirais même, sans être
trop conséquente avec ses gestes passés, surtout que le
député de Saint-Laurent était ministre des Affaires
sociales, essaie de faire porter le blâme de certaines difficultés
sur le gouvernement actuel.
En réalité, si nous éprouvons c'est vrai que
nous éprouvons des difficultés des difficultés
quant à l'insuffisance des services pour personnes âgées,
c'est précisément parce qu'on a négligé, de 1970
à 1976, de planifier le développement important dont nous avions
besoin quant aux centres d'accueil pour personnes âgées.
J'ajouterais qu'au moment où le plan actuel qui est en voie de
réalisation sera terminé dans environ un an et demi, ça
voudrait dire, à toutes fins pratiques, qu'il n'y aura presque pas de
listes d'attente ou, à tout le moins, il y aurait des listes d'attente
avec l'addition de ces 6000 lits, parce que les listes d'attente depuis deux ou
deux ans et demi se maintiennent entre 6000 et 7000 lits. Je pense que les
chiffres que la députée de L'Acadie donnait, de toute
façon, concordent un peu avec ça.
De temps à autre, nous faisons le bilan des différentes
listes d'attente région par région au Québec, à
travers les quatorze centres de services sociaux. Les attentes se situent entre
6000 et 7000. Ce qui veut dire des périodes extrêmement longues
qui peuvent aller jusqu'à deux ans, parfois. D'autre part, il n'y a
aucune société, aucun pays qui puisse se payer le luxe de ne pas
avoir de listes d'attente, surtout dans une société où le
nombre de personnes âgées augmente de façon rapide, comme
c'est le cas au Québec depuis quelques années. (10 h 45)
Deuxième remarque, Mme la Présidente: l'aide à
domicile. Il est vrai que de 1974 jusqu'à 1976 ou 1977, le gouvernement
antérieur a fait des efforts pour améliorer les crédits
à l'aide à domicile. Mais ce qui est encore aussi vrai, c'est
que, depuis notre arrivée au pouvoir, ces efforts ont été
encore plus marqués. Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, les
dépenses totales, réelles pour l'aide à domicile durant
l'année 1976-77 la dernière année du gouvernement
Bourassa se situaient autour de $22 millions. Les dépenses
réelles pour l'année financière qui se termine dans
quelques semaines se situent autour de $46 millions. Donc, nous avons plus que
doublé les crédits à l'aide à domicile. Nous
continuons, année après année, à injecter des
sommes importantes.
Bien sûr, là aussi, tous ne peuvent pas recevoir l'aide
à domicile, au moment précis où les personnes en ont
besoin. Parfois, il doit y avoir une certaine période d'attente,
malheureusement. Mais je pense que ce qui est important pour la population,
c'est de voir que le mouvement est dans la bonne direction, autant dans la
construction de centres d'accueil que dans l'augmentation des crédits
pour l'aide à domicile.
Quant aux urgences dans les hôpitaux, la députée de
L'Acadie a parlé longuement de l'encombrement de salles d'urgence et
d'un certain nombre de lits dans les hôpitaux généraux par
des personnes âgées. Je veux tout de suite faire remarquer
à la députée de L'Acadie que la vocation d'un
hôpital général, que ce soit Christ-Roi, à
Québec ou Notre-Dame à Montréal, personne n'a
décrété que c'était, d'abord et avant tout, pour
les malades qui nécessitent des soins aigus.
La vocation d'un hôpital général est d'accueillir
toute personne, quel que soit son âge, qui a un besoin immédiat de
soins, qu'il s'agisse de soins prolongés, parce qu'on peut
présenter une maladie qui demande des soins prolongés et quand
même avoir un besoin aigu de se faire dispenser ces soins
prolongés.
Je pense qu'il faut dénoncer l'attitude de certains
hôpitaux qui, devant une personne âgée de 80 ans qui
présente une pneumonie, à la salle d'urgence, sont plus
frappés par l'âge de la personne que par la pneumonie. Je pense
qu'il faut dénoncer cette mentalité qui s'est
développée et ceci, ce n'est pas partisan chez
beaucoup de médecins, chez beaucoup d'infirmières, le personnel
hospitalier et les administrateurs aussi, mentalité qui vise à
faire croire aux gens que si on est âgé, on n'a pas d'affaires
dans une salle d'urgence, si on a plus que 70 ans, on n'a pas d'affaires dans
une salle d'urgence. Il y a un phénomène de rejet actuellement
qui est marqué. Il faut le reconnaître. Ce n'est pas seulement au
Québec. Je pense que c'est assez commun en Amérique du Nord. On a
pris l'habitude de croire que l'hôpital général, c'est pour
des cas d'accidents, c'est pour des cas de chirurgie et des cas
de maladies aiguës, alors, qu'en réalité, la vocation
de l'hôpital n'a pas de frontières quant à la durée
du séjour des patients à l'hôpital, elle n'a pas de
frontières quant à l'âge des patients à
l'hôpital. Je pense qu'il est temps de défaire ce mythe que
l'hôpital général doit être un hôpital, d'abord
et avant tout, au service des patients qui y séjournent seulement de
trois à quatre jours.
Bien sûr qu'il faut conserver un équilibre entre les deux.
Le gouvernement antérieur avait établi à 10% le minimum;
je rappelle à la députée de L'Acadie qu'il s'agissait d'un
minimum, la règle du 10%. Et nous ne l'avons pas modifié. En
1976, lorsque le député de Saint-Laurent était ministre
des Affaires sociales, il avait, comme vous l'avez dit tantôt,
décrété que chaque hôpital général de
plus de 200 lits devait réserver au moins 10% de ses lits pour des
malades chroniques. Nous étions d'accord avec cette règle, mais
elle doit être considérée comme un minimum et rien ne
s'oppose à ce qu'un hôpital général ait 20%, 25%,
30%, 35% de malades chroniques dans ses murs, si cela correspond aux besoins de
la population.
Je pense, Mme la Présidente, que ce qu'il faut que la
députée de L'Acadie comprenne et le monde hospitalier et la
population, c'est que le rôle d'un hôpital général
est d'ajuster ses fonctions, ses services aux besoins changeants de la
population. Notre population vieillit. Il est normal, par conséquent,
que notre hôpital général accorde plus d'importance, et
cela peut vouloir dire en nombre de lits, aux personnes âgées.
Quant à l'engorgement des urgences toujours, il y a d'autres
causes à part de la présence de personnes âgées, et
tout aussi importante, probablement plus importante, est la présence de
fausses urgences. Tous s'accordent pour dire, médecins, administrateurs
ou infirmières, qu'au moins 50% des individus qui se présentent
dans les salles d'urgence ne devraient pas y aller. Si les rendez-vous dans les
cliniques externes dans les hôpitaux étaient mieux
organisés, non seulement l'avant-midi, comme c'est le cas actuellement,
mais aussi l'après-midi et même le soir, et parfois même le
samedi si on veut vraiment rendre service à la population, nous avons la
conviction qu'il y aurait moins d'engorgement dans les salles d'urgence.
Autre facteur, la politique d'admission dans certains hôpitaux.
J'ai eu l'occasion, récemment, d'en discuter publiquement à un
colloque d'administrateurs hospitaliers et j'ai été
agréablement surpris de voir avec quelle conviction on se montrait
d'accord avec le diagnostic que je posais, qui était le suivant et qui
est une troisième cause de l'engorgement des salles d'urgence. Plusieurs
hôpitaux ont une politique d'admission qui contingente, qui assigne un
certain nombre de nouveaux cas, de nouveaux patients à certains services
et à certains médecins. Autrement dit, et cela se voit surtout en
chirurgie, la politique d'admission dans certains hôpitaux favorise trop,
parfois, l'entrée de malades qui ont besoin d'être
opérés, mais pas de façon urgente et ceci se fait au
détriment de personnes qui sont sur les civières dans des salles
d'urgence et qui attendent 24 heures, 48 heures et parfois même 72
heures.
Mme la Présidente, ceci est tout à fait inacceptable et
c'est pour cela que depuis une dizaine de jours, nous avons envoyé
à tous les hôpitaux une directive assez longue, assez
détaillée, mais dont les points principaux sont les suivants:
Premièrement: Un malade se présentant en état
d'urgence réelle doit avoir priorité sur tout autre malade qui se
présente sur une base élective ou non urgente. Cela va de soi,
vous me direz, mais en réalité ce n'est pas suivi dans plusieurs
hôpitaux.
Deuxièmement: Un hôpital ne doit pas garder un malade dans
un corridor, sur une civière, plus de 48 heures. Vous savez, il y a des
hôpitaux qui gardent des malades plus de 48 heures sur des
civières alors que 20% des lits sont libres dans l'hôpital. C'est
de la mauvaise organisation interne, strictement de la mauvaise organisation
interne et souvent parce que l'administration de l'hôpital n'ose pas
intervenir dans des politiques d'admission qui sont décidées
principalement par les médecins et parfois, il faut le dire franchement,
à l'avantage de certains médecins.
Mme la Présidente, il faut aussi remarquer dans l'ensemble des
dépenses du gouvernement, et plus spécialement du
ministère des Affaires sociales, la progression étonnante des
dépenses qui sont affectées aux personnes âgées.
J'ai ici le tableau qui résume toutes les dépenses
gouvernementales encore une fois pour la dernière année
financière du gouvernement Bourassa: Répartition des
dépenses afférentes aux services aux personnes âgées
en 1976-77. Total incluant les dépenses de l'assurance maladie pour ces
personnes âgées, $649 millions. Nous avons fait la compilation
pour les chapîtres équivalents, Mme la Présidente, et
l'année budgétaire qui se termine dans quelques semaines nous a
occasionné une dépense de $1 121000 000 pour les personnes
âgées de 65 ans et plus.
Alors, Mme la Présidente, quand on voit, dans l'espace de trois
ans, des dépenses publiques du gouvernement du Québec doubler
pour les personnes âgées, nous, ça ne nous surprend pas
trop parce que le Parti québécois, avant d'arriver au pouvoir,
s'était engagé à accorder une toute première
priorité aux services aux personnes âgées, qu'il s'agisse
de médicaments gratuits, qu'il s'agisse d'aide à domicile, qu'il
s'agisse de construction de centres d'accueil. Nous avons respecté nos
engagements. Et, il ne faut pas être surpris si ces engagements
respectés représentent des dépenses considérables.
Alors, quand l'Opposition vient nous dire que nous manquons à notre
parole vis-à-vis les personnes âgées, je pense que la
meilleure éloquence vient de ces chiffres que je répète
encore une fois, Mme la Présidente: La dernière année du
régime Bourassa, $649 millions et l'année financière qui
s'achève dans quelques semaines, $1 121 000 000, c'est-à-dire le
double. Merci.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député
de Nicolet-Yamaska.
Autres interventions
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci Mme la Présidente. J'aimerais prendre
part brièvement à ce débat. Le ministre nous fait
état de plusieurs lacunes qui existent actuellement dans les
hôpitaux et il ne fait que, comme nous, déplorer certaines
situations. Entre autres, le fait, par exemple, que des malades et
ça, ça se voit couramment soient obligés de
patienter dans les corridors. Souventefois, qui n'a pas eu un parent ou un ami
qui est demeuré dans le corridor de l'hôpital plus de 48 heures,
qui est la limite fixée par le ministre des Affaires sociales. Et,
beaucoup d'autres choses qui se passent dans les hôpitaux qui ne sont pas
normales actuellement. Le ministre déplore ces choses-là. Il
faudrait quand même penser que c'est le ministre qui est responsable de
l'administration de ces hôpitaux et de toutes ces sommes d'argent qui
sont dépensées, de toutes les taxes des citoyens du Québec
qui sont investies dans ces centres hospitaliers. Je me demande ce que le
ministre attend pour intervenir directement dans ces administrations qui,
semble-t-il, ne fonctionnent pas normalement, où il y a des lacunes.
Alors, ce que je demande au ministre ce matin, c'est de voir à prendre
ses responsabilités dans ce domaine et d'intervenir directement
auprès des administrations si elles ne sont pas, elles, en mesure de
prendre leurs responsabilités. S'il y a des lacunes à combler,
que le ministre intervienne directement.
Un autre problème très sérieux auquel a à
faire face le système hospitalier, c'est la question des grèves.
On en a eu beaucoup dernièrement et je pense même qu'on en attend
une autre prochainement de la part des infirmières. On m'a dit que chez
moi, en tout cas, dans ma région, des infirmiers et infirmières
avaient reçu des appels du syndicat dernièrement pour les avertir
qu'il y avait possibilité de débrayage dans ce secteur. Je ne
sais pas si mes renseignements...
M. Lazure: Si M. le député me le permet, juste une
information, en rapport avec ça, mais pour l'information aussi des gens
qui suivent le débat, je pense qu'il est important de leur dire que tous
les contrats collectifs ont été signés avec les
infirmières depuis déjà un mois et demi, autant la FIC que
le SPIC; alors ça m'étonnerait beaucoup. Je n'ai aucune
information à l'effet qu'il y ait des conflits.
M. Fontaine: II y a sûrement un des secteurs qui n'a
pas...
M. Lazure: Je peux vous dire que toutes les infirmières
qui oeuvrent au Québec actuellement se trouvent couvertes par la
signature des nouvelles conventions collectives.
M. Fontaine: En tout cas, j'ai eu des informations à cet
effet-là, peut-être qu'elles ne sont pas bonnes, mais ce sont les
informations que j'ai reçues.
Alors, je pense que le ministre devrait prendre ses
responsabilités concernant l'administration des hôpitaux.
Concernant les centres d'accueil pour personnes âgées, ces
dernières années, le réseau des centres d'accueil a
traversé une foule d'événements, fruits de son
évolution, pour atteindre des proportions qu'on lui connaît
aujourd'hui. Depuis quelque temps, la croissance du système d'accueil
prend une allure pyramidale. Notre gouvernement, style paternaliste, aime bien
prendre à charge tout ce qui s'appelle réseau d'accueil. Ainsi,
non seulement il a découragé, mais il a empêché la
croissance de plusieurs centres d'accueil gérés par des
organismes privés. (11 heures)
C'est un domaine qui revient à l'État, au dire du Parti
québécois. Il ne faut pas que l'entreprise privée vienne
contaminer la ligne de conduite du gouvernement dans ce dossier, qui est la
même que celle que le gouvernement a prise concernant les écoles
privées et concernant les garderies privées. Ce que nous
prétendons, c'est que le gouvernement devrait plutôt encourager de
toutes les façons possibles les centres d'accueil privés, tout en
les contrôlant, bien sûr, pour être sûr d'avoir un
système adéquat.
J'aimerais également attirer l'attention de cette commission sur
une étude de Statistique Canada rendue publique le 6 décembre
à Ottawa et intitulée "Hôpitaux, horizons 2031" ou les
effets du mouvement de la population sur les besoins et les soins hospitaliers.
Selon cette étude, tous les lits d'hôpitaux seront occupés
par des vieillards d'ici 50 ans. Cette situation à laquelle notre
système hospitalier sera confronté fera en sorte que le
coût d'exploitation annuel d'un hôpital aura plus que doublé
d'ici 50 ans. Aussi ce rapport de Statistique Canada suggère aux
autorités hospitalières du pays la construction
d'établissements à vocation plus simple et moins
coûteuse.
En plus, ce qui est intéressant, c'est qu'il suggère un
programme structuré de soins à domicile, lequel pourrait faire
économiser, selon l'étude, $27 milliards en 50 ans, aux
Canadiens, à l'échelle pancanadienne. Alors, j'aimerais savoir du
ministre si des hauts fonctionnaires ou lui-même se sont penchés
sur cette étude de Statistique Canada et, si oui, entend-il prendre au
sérieux et aller plus de l'avant, suivant les recommandations qui ont
été faites dans cette étude?
On a également beaucoup parlé de la situation dans les
centres d'accueil actuellement; on sait que l'Association des centres d'accueil
du Québec a décrété un gel des admissions dans les
centres d'accueil du Québec. J'aimerais, ici, lire une copie de
résolution que j'ai reçue d'un foyer de mon comté, qui
s'appelle Le Foyer de Saint-Célestin, qui est un foyer pour personnes
âgées, pour dames seulement. On m'a fait parvenir cette
résolution et j'aimerais bien que le ministre donne des explications
quant à savoir pourquoi les établissements en sont rendus
à prendre de telles mesures. On dit: "Considérant que, selon la
Loi sur les services de santé et des services sociaux, les centres
d'ac-
cueil et d'hébergement doivent offrir des services de
qualité à la population; "Considérant que nous sommes dans
l'impossibilité de maintenir la qualité de soins exigée
par l'Etat de notre clientèle qui s'est sérieusement
détériorée; "Considérant que cette situation est
connue par le ministère des Affaires sociales depuis l'évaluation
de toute la clientèle en centre d'accueil et d'hébergement faite
en 1978, par les CRSSS; "Considérant que, à la suite de cette
étude, le ministère des Affaires sociales a reconnu la
nécessité de verser $17 500 000 pour pallier à cette
situation alarmante; "Considérant que, malgré cet engagement
formel là le ministre pourra sûrement nous expliquer
comment il se fait que les centres d'accueil, eux, ont compris qu'il s'agissait
d'un engagement formel du MAS et du gouvernement à verser $17 500 000 en
rattrapage seulement $5 400 000 ont été versés en
1978/79; "Considérant qu'en plus les CAH font face à des
réductions d'accroissement budgétaire; "Considérant que
notre centre d'accueil a cru en cet engagement du MAS et a supporté trop
longtemps l'odieux de cette situation inacceptable; "Considérant que
notre centre d'accueil ne peut plus maintenir les services de qualité
requis par notre clientèle, sachant que le gouvernement a
réellement à coeur et préconise de faire passer la
personne avant toute chose Mme Payette se souviendra sûrement de
cette phrase il est proposé aujourd'hui, et unanimement
accepté d'arrêter toutes les admissions de notre centre d'accueil
jusqu'à l'obtention d'un règlement satisfaisant pour l'ensemble
des centres d'accueil et d'hébergement. Que demande soit faite à
l'ACAQ de faire les représentations qui s'imposent en notre nom."
Mme la Présidente, je pense que nous en sommes rendus à
une situation qui est des plus alarmantes dans les centres d'accueil pour
personnes âgées du Québec. Que le ministre ait raison ou
non sur la question des sommes qui doivent être investies dans ces
centres d'accueil, sur les promesses qui auraient ou n'auraient pas
été faites, il reste un fait, c'est que la situation, on la vit,
les personnes âgées du Québec la vivent, les centres
d'accueil du Québec ont gelé les admissions jusqu'à ce
qu'ils obtiennent satisfaction dans les demandes qu'ils ont faites au
gouvernement.
Ce qu'on demande au ministre aujourd'hui, ce n'est pas de nous dire s'il
a raison ou non dans les promesses qui auraient ou qui n'auraient pas
été faites, c'est de nous dire, aujourd'hui, ce qu'il fait pour
régler cette situation parce que, chez nous comme ailleurs dans les
comtés, les personnes âgées attendent et nous
téléphonent, à nos bureaux de comté. Des enfants
nous téléphonent pour nous demander de faire pression afin que
leurs parents entrent dans les centres d'accueil et on ne peut rien faire
puisque les centres d'accueil n'ouvrent plus leurs portes à de nouvelles
personnes.
J'aimerais que le ministre nous dise ce qu'il entend faire à
compter d'aujourd'hui pour régler cette situation afin que les centres
d'accueil du Québec puissent continuer à recevoir nos personnes
âgées.
M. Lazure: Est-ce qu'on veut que je réponde
brièvement là-dessus?
La Présidente (Mme Cuerrier): Oui. M. le ministre des
Affaires sociales. A vous la parole.
M. Lazure: Le député de Nicolet-Yamaska vient de
lire une lettre venant d'un centre d'accueil qui, à la suite d'un
mouvement concerté, un mouvement de pression organisé par
l'Association des centres d'accueil, et principalement par la permanence des
centres d'accueil... Certains centres d'accueil nous ont envoyé des
lettres semblables à celle qu'il vient de lire. D'autres centres
d'accueil nous envoient des lettres comme celle-ci, et je vous la lis, Mme la
Présidente. C'est toujours intéressant d'avoir les deux sons de
cloche. C'est daté du 6 mars, et cela vient du Centre d'accueil de
L'Assomption. "M. le ministre, vous êtes sans doute informé de la
prise de position de l'Association des centres d'accueil du Québec
concernant le gel des admissions dans les centres d'accueil. Vous trouverez
ci-jointe une résolution de notre conseil d'administration qui
désapprouve l'attitude de notre association. Etant donné que
notre raison d'être est le service à la population et cela,
c'est important, non pas faire des débats publics qui, parfois,
deviennent facilement partisans et que notre objectif premier est de
répondre aux besoins des personnes âgées, nous continuerons
à procéder aux admissions dans notre centre."
Je peux vous dire, Mme la Présidente, que chaque jour, depuis une
dizaine de jours, nous faisons des vérifications au hasard dans les
principaux centres d'accueil pour personnes âgées au Québec
et je suis très heureux de vous le dire parce que ça va
rassurer les familles et les personnes âgées qui ont besoin
d'être accueillies dans la vaste majorité des centres
d'accueil, nous n'avons pas encore rencontré de centre d'accueil qui
nous ait dit qu'il refusait les admissions.
Encore ce matin, nous avons fait des vérifications à la
Résidence Jean-de-Lalande, à Montréal, un des principaux
centres d'accueil, on nous répond: Les admissions se font normalement.
Je suis heureux de rendre témoignage aux directeurs des centres
d'accueil qui ne sont pas tombés dans le panneau d'un jeu de pression
principalement politique et partisan. Là aussi, autant pour le personnel
des centres d'accueil que pour la construction des centres d'accueil, si
l'ancien gouvernement avait été plus prévoyant, il aurait
su que les personnes âgées qui entraient dans les centres
d'accueil en bonne santé il y a cinq, six, sept et huit ans, allaient un
jour devenir plus malades et il aurait prévu une addition de personnel,
et ça n'a pas été fait; nous sommes obligés de le
faire depuis deux ans.
La politique d'admission est plus réaliste maintenant pour les
centres d'accueil. Nous favorisons le maintien à domicile des personnes
âgées le plus longtemps possible. C'est ce que veulent les
personnes âgées, à la condition qu'elles aient des services
à domicile. Par conséquent, les personnes qui entrent dans les
centres d'accueil sont des personnes qui ne sont pas en bonne santé,
comme celles qui sont là depuis dix ans sont devenues, à mesure
qu'elles vieillissaient, plus malades. Nous injectons de nouvelles sommes
d'année en année pour ajouter du personnel dans les centres
d'accueil; nous le faisons en tenant compte qu'il y a toute une série de
besoins: le transport ambulancier gratuit pour les personnes âgées
depuis un an, par exemple, il y a toute une série de besoins.
En terminant, je dirais que la réaction d'un centre d'accueil,
comme ceux de L'Assomption ou Jean-de-Lalande et tous les autres qui continuent
de fonctionner normalement, est très réconfortante puisqu'elle
démontre que chez nos cadres, comme chez les syndiqués, il y a
encore un sens social aigu du devoir.
M. Fontaine: Mme la Présidente, une brève
intervention.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député
de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je suis heureux, comme le ministre, de voir que la
plupart des centres d'accueil continuent à recevoir des personnes
âgées. Mais il reste un fait. Si les centres d'accueil du
Québec, de façon assez largement majoritaire, ont pris la peine
d'adopter des résolutions comme celle-là pour dire au ministre:
il y a quelque chose qui ne marche pas dans votre affaire, on n'est pas capable
de donner les services auxquels les résidents qui sont
déjà entrés sont en droit de s'attendre.
Il faudrait que le ministre s'occupe de régler le problème
de fond qui existe et non pas simplement dire: l'ACAQ, l'Association des
centres d'accueil du Québec fait de la politique partisane. Je ne pense
pas que c'est cela qui va régler le problème. Le problème
c'est de trouver les fonds nécessaires pour leur permettre d'avoir une
saine administration et de donner les services auxquels les personnes
âgées résidentes sont en droit de s'attendre.
M. Lazure: Brièvement, ce que nous faisons pour cela,
c'est qu'actuellement, quand nous ouvrons les nouveaux centres d'accueil, le
rapport employé-bénéficiaire, le ratio, si vous voulez,
est maintenant de 0,6% pour un bénéficiaire, alos qu'il y a trois
ans, il était de 0,4%. Passer de 0,4% à 0,6%, cela
représente plusieurs millions de dollars. C'est ce que nous avons fait.
Nous avons augmenté le personnel et nous sommes en mesure de le
démontrer.
La seule différence qu'il y a entre l'Association des centres
d'accusi! et nous, c'est que l'association voudrait qu'on aille plus vite. Et
nous esti- mons que nous allons à un rythme très rapide depuis
quelques années. Mais on ne peut pas aller plus vite que cela. Les
besoins sont là, mais on ne peut pas aller plus vite.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député
de Jean-Talon.
M. Jean-Claude Rivest
M. Rivest: Mme la Présidente, à la suite des
échanges entre Mme la députée de L'Acadie, le
député de Nicolet-Yamaska et le ministre, je pense que le sens du
débat que nous avons soulevé ce matin, c'est de signaler
l'urgence et l'acuité des besoins de la population. Et le ministre
répond de façon on ne peut plus traditionnelle, en bon ministre
qu'il est, en lançant des statistiques ou encore, dès lors qu'on
lui signale un problème concret comme celui que le député
de Nicolet-Yamaska vient de lui signaler, le ministre se contente de dire qu'il
s'agirait là d'opérations politiques.
Il reste qu'il y a des centres d'accueil concrets et le fait pour le
ministre de rejeter une affirmation aussi sèchement, ne règle pas
les problèmes concrets qui existent. Il y a des centres d'accueil qui
sont contraints d'arrêter les admissions au sein des centres d'accueil.
Ce n'est pas une réponse adéquate aux pressions que ces
gens-là font que de dire qu'ailleurs, cela va bien.
Il y a des problèmes et je pense que le ministre devrait
être en mesure d'apporter des réponses beaucoup plus directes que
celles qu'il nous fournit ce matin.
D'une façon générale, sur les centres d'accueil,
les services à domicile ou les conditions dans les hôpitaux, c'est
bien joli de parler du passé, des anciens gouvernements, qui n'auraient
pas planifié. Que je sache, le ministère des Affaires sociales
n'a pas été complètement bouleversé avec
l'arrivée du nouveau ministre. C'est le même ministère, qui
a la même expertise, la même connaissance, la même bonne
volonté d'agir.
Je trouve assez dérisoire ce genre d'excuse dès lors qu'un
ministre fait face à un problème concret que de dire:
écoutez, si ce problème existe, c'est à cause de ceux qui
nous ont précédés ou des erreurs de planification ou de
manque de planification. Je trouve que ce sont des réponses
superficielles qui font probablement partie du jeu, mais qui n'apportent
strictement rien à la population.
En particulier, au titre des centres d'accueil, et également au
niveau des services à domicile, je pense que ma collègue,
députée de L'Acadie, a très bien établi
c'est cela qu'on voulait pour que le ministre puisse nous dire la
façon dont il entend très concrètement... Je comprends que
le ministre nous dise: on a développé les services, on a
construit de nouveaux centres d'accueil, on a augmenté le nombre de
places. Mais il reste une chose très concrète. En raison des
besoins, où se fait l'adéquation entre ce que le ministère
fait et les besoins concrets de la population, en particulier au niveau des
services?
Je comprends que le ministre a dit, concernant les centres d'accueil,
avec le programme qu'il nous promet et j'en reparlerai tantôt
au titre des places nouvelles qui seront disponibles en 1980-1981
il a parlé de 4000 places...
Mme La voie-Roux: 6028 places en 1982. (11 h 15)
M. Rivest: Prenez un exemple. Au niveau des services à
domicile, en particulier pour les personnes âgées, la
députée de L'Acadie l'a signalé et je pense que c'est
commun à tous les députés ici à l'Assemblée
nationale, ce n'est pas tout de dire que le budget est là, etc., que
l'on ne peut pas, tout cela, mais il reste que la question que les gens posent,
les bénéficiaires de ces services-là se plaignent de la
qualité et de la nature des services qui sont fournis. Je trouve que
c'est une réponse très ministérielle dans le sens le plus
traditionnel du terme que de simplement répondre en faisant état
de la hausse des budgets. La hausse des budgets, elle est inhérente au
processus, mais quel type d'action le gouvernement prend-il pour assurer que
ces services soient des services de qualité, pour s'assurer qu'à
l'intérieur des mêmes enveloppes budgétaires, on puisse
répondre, essayer de voir comment on peut ajuster l'horaire de la
fourniture de ces services pour que cela réponde à un besoin
particulier du milieu ou à certains types de clientèle? Il n'y a
pas seulement des réponses d'ordre quantitatif, c'est la qualité
des services qui préoccupe les gens. Je ne conteste nullement les
efforts d'ordre budgétaire qui peuvent être faits par le
ministère des Affaires sociales ou par le gouvernement, ce
gouvernement-ci comme les autres et probablement comme tous les autres qui
suivront, mais c'est dans le sens d'une plus grande humanisation des services
sociaux. Je pense que c'est cela. En tout cas, il me semble que nous, les
députés, si nous avons un rôle dans ce domaine-là,
c'est peut-être pour témoigner de cela, parce que les gens ne
cessent de nous parler de cela.
Un autre aspect que je voudrais également signaler au ministre,
qui a été souligné par le député de
Nicolet-Yamaska. Il reste un problème qui traîne dans le
décor là-dessus, je pense que le ministre ne sera
probablement pas plus fier de sa performance que celle de l'ancien gouvernement
au titre du climat des relations de travail qui préside dans
l'ensemble du réseau des affaires sociales, dans les hôpitaux en
particulier. Or, c'est un problème de société, un
problème de fond qui fait que les professionnels de la santé, les
malades, enfin les travailleurs dans les hôpitaux, les administrateurs
nous parlent d'un climat qui est mauvais, qui est conséquent au
processus lui-même de négociation. Maintenant qu'on vient tout
juste de sortir du processus de négociation, il me semble qu'au niveau
du ministère des Affaires sociales, en dehors du cadre rigide et du
cadre d'affrontement des négociations du renouvellement des conventions
collectives... Je voudrais savoir du ministre si, au niveau de son
ministère, il entend avec tous les intervenants dans le milieu, essayer
de poser pour une fois dans un climat serein la façon dont on pourrait
envisager une amélioration des relations de travail dans le milieu
hospitalier afin que ce ne soit pas les usagers qui, au moment des
négociations bien sûr, soient en quelque sorte pris en otage, mais
que, pendant toute l'application ou la durée de la convention
collective, on puisse améliorer le type des rapports professionnels qui
s'installent au niveau des hôpitaux en particulier. Je pense que ce
serait très important de songer à ce problème-là
dès ce moment-ci.
Enfin, pour les personnes âgées à la suite de
cela, je poserai une question si vous voulez au ministre le ministre
fait état des budgets évidemment des personnes
âgées. D'ailleurs, c'est assez contradictoire. Il dit que la hause
du budget pour les personnes âgées aurait été de
quelque $649 millions, en 1976 et 1977, et, d'après les chiffres fournis
par le ministre, il aurait doublé, enfin il serait de $1 121 000 000. La
raison je ne sais pas si le ministre a été plus
sérieux en disant cela c'est que c'est le Parti
québécois qui a fait doubler cela. On ne parle pas de
l'inflation, des nouveaux programmes qui ont affecté cela, on n'en parle
nullement et le ministre, par ailleurs, invoque que la clientèle des
personnes âgées a considérablement augmenté au cours
des dernières années. Si les budgets ont augmenté avec les
programmes que le ministre a développés, j'en conviens, en
particulier les soins à domicile et les autres, il reste que ce n'est
pas l'arrivée au pouvoir du Parti québécois qui a
entraîné une augmentation du budget pour les personnes
âgées, c'est bien davantage, comme il l'a signalé
auparavant, le fait que la population du Québec vieillit, que les
besoins sont là et que, dans la mesure de ses moyens, le gouvernement du
Parti québécois comme n'importe quel gouvernement qui serait
là fait son possible, j'imagine, pour pouvoir y répondre.
Attribuer cela exclusivement au Parti québécois, je trouve que
c'est un argument qui, pour les personnes âgées, n'est absolument
pas pertinent.
J'ouvre ma question on pourra y revenir tantôt au
titre des habitations à loyer modique. Il y avait une promesse, si on
veut parler du Parti québécois, de 7000 logements par
année. On sait que de novembre 1976 à octobre 1978,
d'après les chiffres qui me sont fournis, il y aurait eu à peine
4000 logements qui auraient été faits. En 1978, j'ai
mensuellement les chiffres, et finalement, le total me donne 1085 unités
complétées, de réalisation complétée, mais
encore là, je ne veux pas que le ministre... Je vais le dire pour lui...
Il y a eu des manques de planification dans le passé et tout cela. Je
comprends cela. C'est facile à dire. Je veux une chose, par exemple,
parlant d'une façon particulière pour la circonscription que je
représente où il y a énormément de problèmes
à ce titre. C'est le point capital.
Par exemple, au niveau de l'Office municipal d'habitation de
Québec pour le secteur de la haute ville de Québec je ne
parle pas du secteur de Sillery où la situation est assez bonne, il y a
un coin où c'est bon, je ne le nie pas, et je le dis
directement au ministre les listes d'attente qui m'ont
été fournies par l'Office municipal d'habitation sont dans un
rapport d'à peu près une place disponible pour sept, huit et
même dix demandes, dans certains cas. Pour moi, et je sais que c'est la
même chose dans bien des comtés, c'est une très grande
priorité, d'autant plus que dans la haute ville de Québec, il y a
Sillery et il y a aussi les priorités auxquelles l'Office municipal
d'habitation de Québec doit répondre pour la basse ville de
Québec où il y a peut-être des besoins
socio-économiques plus prioritaires. On est un peu coincé entre
les deux. C'est un problème vraiment aigu. C'est mon principal
problème. J'en ai déjà discuté avec le ministre des
Affaires municipales, qui est de bonne volonté pour essayer d'y
répondre. J'évoque simplement la possibilité, en posant la
question au ministre, de nous indiquer les habitations à loyer
modique, c'est une chose; j'ai déjà eu l'occasion de lui en
parler à une commission parlementaire l'automne dernier s'il peut
nous le dire ce matin, où en est rendu, au niveau de son
ministère, au niveau du comité interministériel des
affaires sociales ou du Conseil des ministres, le projet d'allocation de
logements qui pourrait certainement apporter ou constituer une réponse
d'avenir pour le problème du logement des personnes âgées,
dans la mesure où les HLM coûtent extrêmement cher, et dans
la mesure aussi où l'entreprise privée pourrait peut-être
faire son bout de chemin et si le gouvernement est prêt ou est sur le
point d'annoncer un programme au titre de l'allocation de logements. Je pense
que tout cela est très important.
La Pésidente (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. Lazure: Mme la Présidente, sur le dernier point,
évidemment, ce n'est pas à moi à annoncer un nouveau
programme. Il y aura un discours fort intéressant le 25 mars, qui
s'appelle le discours du budget. Le député de Jean-Talon sait
très bien que nous avons hâte, ce gouvernement-ci, d'ajouter
à peu près le dernier maillon qui reste à ajouter dans
cette chaîne de services nombreux aux personnes âgées, que
nous avons mis sur pied depuis trois ans. Les progrès de ce dossier sont
fort intéressants, je vais m'en tenir à cela pour le moment.
Le député de Jean-Talon a essayé de ridiculiser
l'augmentation des sommes considérables que nous affectons aux personnes
âgées.
M. Rivest: Si le ministre me permet...
M. Lazure: Je ne vous ai pas interrompu, laissez-moi donc
continuer, si vous voulez. De dire qu'une augmentation du simple au double,
c'est dû à l'inflation, c'est vraiment ne pas savoir compter,
parce que...
M. Rivest: Je m'excuse, mais question de règlement.
M. Lazure: ... l'augmentation de $600 millions à $1 100
000 000, qui est pratiquement du simple au double...
La Présidente (Mme Cuerrier): Question de
règlement, M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Lorsque le ministre affirme que j'ai
ridiculisé, que j'ai attribué cela uniquement...
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député,
je vous ferai remarquer que la question de règlement que vous invoquez
actuellement m'apparaît comme... Il m'apparaît que vous cherchez
à dire à M. le ministre qu'il vous a mal cité. Je crois
que si le ministre vous le permet actuellement, vous pouvez le faire, mais vous
devez attendre selon notre règlement que son intervention soit
terminée pour lui en faire part. M. le ministre...
M. Lazure: Le député a dit textuellement... J'ai
pris en note sa citation.
M. Rivest: Non, M. le ministre, si vous permettez, on va
seulement... L'inflation et l'augmentation des services, et
deuxièmement, l'augmentation des services et des nouveaux programmes que
vous avez établis; troisièmement, l'augmentation de la
clientèle des personnes âgées.
M. Lazure: Laissez-moi terminer! Vous avez dit que la hausse du
budget est inhérente au processus. C'est ça que le
député de Jean-Talon a dit. Quand on passe de $600 millions
à un peu plus de $1 milliard, comment peut-on dire que c'est une hausse
due à l'inflation, une hausse de 100% en trois ans? S'il y a eu une
hausse aussi considérable, Mme la Présidente, c'est parce qu'il y
a eu une volonté politique d'affecter de l'argent à ça,
plutôt que de l'affecter à des Jeux olympiques ou autres
dépenses frivoles du même genre. Et, Mme la Présidente,
quant au nombre...
Une Voix: ...
M. Lazure: ... de postes qui ont été ajoutés
dans les centres d'accueil pour personnes âgées, on me fournit les
chiffres: entre 1971 et 1976, les gouvernements de l'époque ont
consacré $5 millions pour l'ajout de 625 postes, entre 1971 et 1976,
cinq ans; entre 1977 et 1979, nous avons ajouté $6 600 000, pour un
total de 560 postes, deux ans. Pendant cinq ans, les anciens gouvernements
ajoutent $5 millions; pendant deux ans, nous ajoutons $6 600 000. C'est
ça qu'on veut dire par une volonté politique de faire plus pour
les personnes âgées et je pense qu'il n'y a personne qui va
être dupe, qui va se laisser tromper par le député de
Jean-Talon quand il essaie de rire de ces augmentations et de prétendre
que c'est dû à l'inflation.
Quant à l'humanisation des services sociaux qu'il réclame
à bon droit, une plus grande humanisation, je peux dire qu'on a fait des
efforts particuliers dans ce domaine. Par exemple, nous finançons depuis
deux ans ça ne se faisait pas
auparavant sur une haute échelle, par le biais des
conseils régionaux, des organismes bénévoles qui se
consacrent à dispenser de l'aide à domicile. Au lieu de faire
dispenser l'aide à domicile seulement par des centres locaux de services
communautaires ou des centres de services sociaux ou des hôpitaux, nous
autorisons maintenant des dépenses importantes $1 500 000 par
année pour des groupes bénévoles qui se rendent
ensuite à domicile. J'ai la conviction que souvent, des services rendus
par des bénévoles, appuyés par un minimum de financement,
ont souvent une chaleur et une composante humaines plus marquées que
lorsque ces services sont dispensés par des salariés.
Deuxièmement, nos services sociaux sont de plus en plus ouverts
le soir et même 24 heures par jour. Cela n'existait pas ça, il y a
quelques années. Les CLSC, très souvent, sont ouverts le soir et
les centres de services sociaux ont aussi un service de garde 24 heures par
jour.
Dernière remarque touchant les relations de travail. Je n'ai pas
besoin d'être convaincu par le député de Jean-Talon.
Là-dessus, on se rencontre. Moi, j'ai la conviction profonde que si on
doit isoler un facteur dans un établissement, dans un hôpital en
particulier, qui contribue plus que toute autre chose à créer une
atmosphère où la qualité des soins sera bonne, c'est
précisément ce facteur de bonnes relations de travail. C'est pour
ça que j'y ai accordé beaucoup d'importance personnellement
depuis deux ans, en particulier autour des négociations avec le front
commun. Je rappelle que nous avons réussi à atteindre un accord,
à conclure un accord avec les gens du secteur hospitalier beaucoup plus
rapidement que par le passé et avec un minimum de grèves. Il y en
a eu et c'est toujours plein d'inconvénients quand il y en a. Mais il y
en a eu énormément moins, et je le sais, Mme la
Présidente, pour avoir vécu, à titre de directeur
d'hôpitaux, les deux autres fronts communs auparavant. Nous faisons
l'impossible pour faire en sorte que ces relations de travail, tellement
importantes pour la qualité des soins, aillent en
s'améliorant.
Je dois dire que, de plus en plus, on rencontre... Chaque fois que je
vais dans un hôpital, je me fais un devoir de rencontrer d'abord
séparément la partie patronale et ensuite, la partie syndicale
et, souvent ensuite, les deux ensemble. Je dois avouer qu'il y a certainement
un progrès considérable qui s'est fait de ce
côté-là depuis quelques années.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Cuerrier): Mme la députée
de L'Acadie. (11 h 30)
Discussion générale
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais revenir sur certaines affirmations
du ministre, par exemple quand il nous a indiqué le nombre de places
qu'il y avait en centres d'accueil ou l'augmentation du nombre de places en
centres d'accueil.
D'abord je vous ferai remarquer que pour les années 1980-1981,
1981-1982, où sont les nombres les plus considérables? Les places
ne sont pas là, elles sont à venir, première des
choses.
M. Lazure: ... en chantier, Mme la Présidente, on peut
voir les chantiers...
Mme Lavoie-Roux: 1981-1982 sont en chantier aussi? Mme la
Présidente, je n'ai pas interrompu le ministre et...
M. Lazure: Oui, oui, oui, tantôt, vous deux. Mme
Lavoie-Roux: Ce n'est pas moi.
La Présidente (Mme Cuerrier): Pas madame la
députée, M. le ministre, s'il vous plaît!
M. Lazure: Oui.
M. Rivest: Pas la députée de L'Acadie.
La Présidente (Mme Cuerrier): Mme la députée
de L'Acadie, vous avez la parole.
Mme Lavoie-Roux: Alors les places de 1980-1981, 1981-1982 ne sont
pas disponibles pour la population en tout cas, première des choses.
Ensuite le ministre nous donne des chiffres et dit: "En telle année, en
1975-1976, il y a eu quelque 300 places, 335 lits, en 1976-1977 il y a 269
lits." Mme la Présidente, c'est important de dire que quand ce
gouvernement est arrivé au pouvoir, il a gelé à peu
près tous les projets et je vais vous en donner un exemple concret. Par
exemple, au Manoir de Cartierville où déjà la levée
de terre avait été faite, on a retardé les travaux
tellement qu'ils n'ont été recommencés qu'il y a à
peu près un an.
M. Lazure: Vous n'aviez pas prévu d'argent.
Mme Lavoie-Roux: C'est trop facile à dire, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre, vous aurez
l'occasion de répondre.
Mme Lavoie-Roux: Une chose est certaine, c'est que tous les
projets qui avaient été approuvés, que le gouvernement les
révise, c'était son privilège, mais qu'il vienne dire
qu'il n'y a eu que 269 lits d'ajoutés en 1976-1977, il faut aussi savoir
qu'à ce moment-là il y a eu un gel à peu près
généralisé des plans qui étaient déjà
prévus, qui avaient même fait l'objet d'un arrêté en
conseil dans bien des cas. Je vais vous en donner un autre exemple. On a
annoncé il y a quelque temps, enfin ça doit faire quelques mois,
un projet pour la communauté italienne. Il avait déjà
été décrété par arrêté en
conseil, le projet Colombo; on l'a annulé et on en a fait un autre deux
ans plus tard.
Je pense que le ministre n'a pas le droit de fausser les choses. Mais je
voudrais lui poser une question concrète. Peut-il me dire combien il
y
avait de places dans les centres d'accueil en 1969, et combien il y en a
aujourd'hui, et combien il y en avait en 1976 quand il est arrivé au
pouvoir et combien il y en a aujourd'hui? Pas celles qui sont en construction,
mais celles qui sont disponibles pour la population! Quand vous avez des gens
qui attendent un an et demi ou deux ans, et je n'exagère rien, je mets
le ministre au défi de me contredire à l'effet...
M. Rivest: Trois ans.
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne mettrai pas trois ans, j'aime mieux
être dans la ligne conservatrice... Quel était le nombre de places
d'accueil en 1969-1970, en 1976 et combien y en a-t-il maintenant, au moment
où l'on se parle en 1980? Je pense que là, on aura des chiffres.
C'est bien beau de dire qu'on va en ajouter 6000 alors qu'il y en a encore 5000
qui ne sont pas disponibles sur les 6000, ou presque 5000. Cela est une
chose.
Je veux revenir sur les soins à domicile. Je ne peux pas
contredire le ministre sur le fait que son budget est passé de $600
millions à $1 milliard, pour la bonne et simple raison que je n'ai pas
examiné les chiffres dans cette perspective-là, mais ce que je
sais fort bien, par exemple, c'est que pour les soins à domicile, et je
tiens à le répéter, l'augmentation en 1975-1976 a
été de 46,9% pour les soins à domicile sous l'ancien
gouvernement et en 1976-1977 a été de 24,7%. En 1977-1978, 38%
nous sommes alors avec l'actuel gouvernement et on voit 31,7% en
1978-1979 et 19,7% cette année. Et depuis, on a subi une inflation de
35%, vous avez aussi une augmentation du nombre de personnes
âgées, si je voulais faire un peu de démagogie moi aussi,
je dirais 29% puisque c'est ça qu'il y a dans leur livre, mais c'est une
erreur qu'ils ont faite, je pense que c'est 18% ou 19%. Je vous dirai
même que les $9 millions de plus que nous avons ajoutés pour les
soins à domicile en 1978-1979, le premier ministre Lévesque dit:
"la bureaucratie a à peu près tout mangé, ça ne
s'est pas rendu aux bénéficiaires".
C'était votre argumentation prévue pour l'année
1977-1978. Je ne peux cependant pas vous tenir responsables de ceci. Ce que je
veux savoir exactement, c'est que le ministre nous affirme toujours des choses,
on l'a vu cette semaine en Chambre, quand, par exemple, il a affirmé que
le procès-verbal que j'avais en main avait été fourni par
l'Association des centres d'accueil alors qu'il a été fourni par
le ministère des Affaires sociales et que ce sont les centres d'accueil
qui le lui avaient présenté; c'était déformer les
faits.
Je reviens à ma question. On veut avoir les faits exacts. Quel
était le nombre de places d'accueil en 1969-70 au Québec? Quel
était-il en 1976-77, puisqu'il ne veut même pas se
reconnaître de paternité pour 1976-77 et quel est-il aujourd'hui,
au moment où on se parle?
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: C'est une paternité bien partielle, parce que
le député sait fort bien qu'étant donné que les
élections ont eu lieu le 15 novembre, les ministres ne sont
entrés en fonction qu'à la fin de décembre; donc je veux
bien reconnaître la paternité de tout se qui s'est fait en
janvier, février et mars 1977. On est en train de compiler les chiffres
que vous demandez, mais en attendant, je veux relever les commentaires du
député de L'Acadie concernant la soi-disant annulation de projets
de construction de centres d'accueil.
Mme la Présidente, c'est avec un peu de surprise qu'on a
constaté en arrivant au pouvoir qu'il y avait eu, comme dans d'autres
ministères d'ailleurs, subitement, le 12 octobre 1976, toute une
série d'arrêtés en conseil, toute une série de
décisions c'était vrai aux Affaires municipales aussi,
vous le savez fort bien, mais c'était vrai aux Affaires sociales
de projets électoraux, qui n'étaient pas fondés
financièrement sur des prévisions budgétaires. Alors, bien
sûr, nous avons été obligés de retarder quelques
projets annoncés à la veille d'une campagne électorale.
C'est un vieux jeu classique que les vieux partis ont toujours pratiqué.
Nous avons replacé ces projets bidons, ces projets artificiels, dans la
programmation aussitôt que nous avons pu y consacrer des sommes. Quant
aux places de centres d'accueil, de 1980-81 il faut quand même
prendre le temps de construire ces centres d'accueil je vous dis qu'il y
a 60 centres d'accueil en chantier et vous pouvez les voir; je peux vous donner
la liste, les adresses, vous pouvez aller en fin de semaine visiter les sites
des chantiers. Il y en a pas loin de votre comté.
Mme Lavoie-Roux: Pas dans mon comté.
M. Lazure: Mais pas loin de votre comté. Il y en a dans
plusieurs comtés qu'on appelle orphelins, plusieurs comtés qui
sont occupés par vos collègues. Je pourrais vous en nommer. Par
exemple, le comté de D'Arcy McGee...
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, une question de
règlement. J'ai posé une question précise et je voudrais
avoir les chiffres parce que tout cela c'est du verbiage. Ce sont des chiffres
précis que je veux.
La Présidente (Mme Cuerrier): Mme la
députée, je ne reconnais pas votre question de règlement.
M. le ministre.
M. Lazure: Moi non plus.
La Présidente (Mme Cuerrier): Vous aurez la parole
après.
M. Lazure: Je pense qu'il est important, Mme la
Présidente, de relever des affirmations venant de la
députée de L'Acadie qui essaie de discréditer notre
programme de construction et qui essaie de prétendre que c'est la
reprise de l'ancien pro-
gramme. Je vous nomme des projets qui sont dans le comté de
Notre-Dame-de-Grâce, par exemple, les comtés d'Outremont, Robert
Baldwin, des projets qui sont en marche.
M. Rivest: ... ceux dans vos comtés, franchement.
M. Lazure: Le centre d'accueil Denis-Viger, qui est en
construction sur l'île Bizard. Cela vous dit quelque chose, le
comté de Robert Baldwin.
M. Rivest: Voyons donc! Même si ce sont des comtés
libéraux, ce sont des gens qui ont autant de droits que ceux de vos
comtés. Ne vous vantez donc pas de cela. C'est ridicule.
M. Lazure: M. le député de Jean-Talon, je vous ai
laissé parler tranquillement tantôt...
M. Rivest: Vous retournez aux vieilles méthodes.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député,
s'il vous plaît, à l'ordre! M. le ministre, c'est vous qui avez la
parole actuellement.
M. Lazure: Mon fonctionnaire me fournit à l'instant des
chiffres, parce qu'il faut bien comprendre qu'il faut faire une compilation. Ce
n'était pas une question écrite cela, Mme la Présidente.
Mme la députée de L'Acadie a posé une question bien
précise, 1969-70. En fouillant le régistre, on constate qu'il y
avait 13 915 lits. Entre 1971 et le début de 1977, il y a eu ouverture
de 604 nouveaux lits en centres d'accueil, pour un total de 14 519. Depuis le
début de 1977, il y a eu ouverture de 2593 lits pour un total de 17
112.
Mme Lavoie-Roux: Alors, si je comprends bien, on avait en
1976/77, 14 519 lits en centresd'accueil et nous sommes rendus, en 1980,
à 17 112.
M. Lazure: C'est ça. Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Lazure: En centres d'accueil publics, parce qu'il faut bien
comprendre que le nombre de lits en centres d'accueil privés est de
4171; il y a un total de 6700 lits dans le secteur privé plus 17 112
dans le secteur public. Donc, il y a eu une augmentation de toute
évidence plus importante depuis quelques années, par rapport aux
années 1971 à 1977.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je voudrais revenir
quelques moments sur les services de soins à domicile. J'avais
posé des questions précises au départ, mais
peut-être n'étaient-elles pas suffisamment précises; le
ministre n'y a pas répondu. Quelles sont les objectifs qu'on se fixe
dans les services à domicile? Quelle est la clientèle qu'on
rejoint? Est-ce qu'on a fait une éva- luation des coûts? Enfin,
est-ce qu'on veut développer les services à domicile et ralentir
le développement des centres d'accueil? Ce sont des questions que j'ai
posées. Je voudrais simplement faire remarquer au ministre que dans un
rapport du CRSSS de Québec, où on a fait une analyse des services
de soins à domicile, on dit que la grande majorité des CLSC qui
assument une partie des soins des services à domicile sont dans
l'obligation de refuser des demandes de services, à cause d'un manque de
ressources humaines et financières. Les demandes les plus souvent
refusées sont pour les services de travaux lourds et les
clientèles les plus touchées sont les personnes
âgées.
Dans les départements de santé communautaires, on dit: On
ne peut pas répondre à toutes les demandes de services à
domicile. Les handicapés, les personnes âgées, les malades
chroniques, ainsi que les malades psychiatriques sont les plus touchés.
Dans les centres d'accueil fonctionnant de jour où on a une
responsabilité de services à domicile, on se plaint
également de manque d'effectif. Dans les CSS qui ont aussi une
responsabilité dans certains territoires de donner des services à
domicile, on manque de ressources humaines.
Ce que je veux demander au ministre, c'est quels sont ses objectifs eu
égard aux services à domicile? Est-ce qu'il veut les
étendre? Est-ce qu'il a fait une évaluation de ce qui se fait
présentement? C'est bien beau de dire qu'on met des millions dans les
soins à domicile ou les services à domicile, si finalement la
population touchée n'est pas suffisante. Par exemple, dans le cas du
CRSS de Québec, on indique qu'on voudrait rejoindre 8000 personnes et on
en rejoint 3000. On rejoint à peu près 40% de la population cible
qui a été évaluée et qui devrait être
rejointe.
On peut parler de services à domicile, encourager les personnes
âgées à rester chez elles, mais elles se trouvent devant un
vide et il me semble bien que les efforts du gouvernement, dans ce domaine, ne
sont pas suffisants. Est-ce que le ministre pourrait me répondre,
à savoir quels sont ses objectifs et vers quoi on se dirige et comment
on pense les atteindre?
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Oui, avec plaisir. J'ai devant moi un tableau qui nous
donne les chiffres que je citais tantôt se retrouvent ici;
ça se recoupe région par région le nombre de lits
en centres d'accueil pour personnes âgées: 23 246, au moment
où on se parle. Si on y ajoute les lits qui sont en construction
actuellement, ça nous conduit, en 1981, à 28 215 lits. Quelque
part en 1981, certainement à la fin de 1981, nous aurons 28 215 lits; ce
qui donne, pour l'ensemble du Québec, cinq lits par 100 personnes
âgées de 65 ans et plus. (11 h 45)
Nous l'avons région par région. Rapidement, dans la
région du Bas-Saint-Laurent en Gaspésie, avec cette projection de
lits en construction, nous arriverons à 5,7 lits pour chaque cent
personnes âgées de 65 ans et plus; Saguenay-Lac Saint-Jean, 6,3;
Québec, 6 exactement; Trois-Rivières, 5,3; Cantons de l'Est, 5,4;
Montréal métropolitain, 4,7; Laurentides-Lanaudière, 4,4;
Rive-Sud de Montréal, 4,3; Outaouais, 5,2; Nord-Ouest, 5,2; finalement,
Côte-Nord, 6,3.
Alors, ce que nous faisons actuellement avec le projet d'une soixantaine
de chantiers, nous avons choisi les sites de façon que dans chaque
département de santé communautaire il y a 32 zones de
départements de santé communautaire au Québec quand
nous aurons fini ces chantiers, il n'y ait aucune zone de département de
santé communautaire qui ait moins de 4 lits pour chaque cent personnes
âgées. Nous voulons, le plus rapidement possible, selon les
disponibilités financières, augmenter à 5 dans chaque
région. Nous aurons 5 pour l'ensemble du Québec, mais
étant donné qu'il y en a qui ont plus que 6, il y a certaines
régions qui, même en 1981, n'auront pas tout à fait 5; 4,3,
4,4.
Notre prochaine étape. Après ce programme de 60 nouveaux
centres d'accueil, nous aurons une autre tranche qui va nous permettre, nous
l'espérons, d'aller au moins à 4,5% sinon à 5%. Les normes
varient beaucoup de pays en pays. En Europe, évidemment, quand vous
allez dans un pays d'Europe où jusqu'à 15% de la population a
plus de 65 ans, vous pouvez avoir des normes de lits de centres d'accueil qui
vont jusqu'à 10, 7 et même 10 lits de centres d'accueil pour 100
personnes âgées. Mais, ici, notre population de personnes
âgées ne représente que 8,6 de l'ensemble de notre
population. Même si, depuis quelques années, il y a eu un
accroissement rapide des personnes âgées et qu'elles vivent plus
longtemps, il reste que par rapport à la plupart des pays
européens, notre proportion de personnes âgées est beaucoup
moins importante qu'elle l'est en Europe.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, est-ce qu'on ne sera
pas rendu, justement, en 1981-1982 à 8% de la population, alors...
M. Lazure: Oui. C'est ce que je viens de dire. Nous
dépassons même un peu 8% actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Est-ce qu'à ce moment-là,
vous ne rejoignez pas... Tant qu'on est en bas de 8%, c'est reconnu comme
étant en bas des normes universelles, si on veut, mais une fois qu'on a
atteint le chiffre de 8%, on est entré dans le club des populations
vieillissantes. Quand vous me dites qu'on ne peut pas avoir la même norme
qu'en Europe, c'était peut-être le cas jusqu'à maintenant,
mais on est déjà rendu à cela et on va se rendre à
10% et dans certains secteurs, à Montréal par exemple, on
atteindra 10% probablement en 1982, et on reste toujours avec une norme de 4,5
que vous voulez améliorer, j'en conviens, mais qui, à ce
moment-là, sera bien en bas d'une norme généralement
reconnue comme répondant à des besoins minimums.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. Lazure: Encore une fois, nous ne sommes pas encore vraiment
dans le club des sociétés âgées,
sérieusement, avec 8% ou 8,5% d'ici un an, parce que la plupart des pays
d'Europe ont 10, 11, 12, 13%. En France, c'est 12%, Mme la Présidente.
12%. Alors, nous sommes bien loin d'être dans le club des
sociétés âgées. Au contraire, on dit souvent
et avec droit que le Québec est une société jeune,
en pleine évolution, en pleine expansion, qui s'en va vers un avenir
prometteur, une société qui a une jeunesse compétente et
instruite, pleine de ressources naturelles et qui va, inévitablement,
déboucher vers un Québec où l'on sera complètement
maître chez nous.
M. Rivest: C'était un message de notre commanditaire!
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je voudrais bien faire
ce petit genre de pirouette pour tâcher d'entrer le
référendum dans le débat. Si le ministre le désire,
on le pourrait peut-être, mais ce n'est pas l'objet de la discussion
d'aujourd'hui. D'abord, je voudrais lui faire une demande: Qu'il remette aux
membres de l'assemblée les chiffres qu'il a quant aux centres d'accueil.
Sur quoi justifie-t-il maintenant sa nouvelle norme, qui avait
été fixée par l'ancien gouvernement à six places
par personne...
M. Lazure: Correction, je m'excuse, non, non, non...
Mme Lavoie-Roux: Bien, je regrette, je pourrais...
M. Lazure: Moi aussi, je regrette, Mme la Présidente. Moi,
personnellement, j'y crois à là norme de 6%.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui mais là, vous commencez à
la sacrifier.
M. Lazure: Non, mais elle n'a jamais été reconnue
par le gouvernement antérieur non plus.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Lazure: Non, parce que dans les documents officiels du
ministère des Affaires sociales et dans les documents du Conseil du
trésor, j'aimerais bien qu'on retrouve et si la
députée de L'Acadie l'a en main, j'aimerais ça qu'elle
m'en passe une copie l'approbation officielle d'une telle norme, mais ce
n'est pas le cas. Jusqu'ici, l'approbation officielle, si vous voulez, a
été pour 4% et nous avons convenu que, de toute façon,
étant donné qu'il y a beaucoup de rattrapage à faire dans
certaines régions, on va y aller par
étapes, des tranches de 0,5% et pour arriver à 6%,
possiblement, dans quelques années. Mais, je mets la
députée de L'Acadie au défi de me montrer une pièce
officielle qui dirait que le gouvernement Bourassa avait adopté comme
norme 6%. Je ne crois pas que ça existait.
Mme Lavoie-Roux: S'agit-il d'un geste officiel par un
arrêté ministériel quelconque? J'ai ici, quand même,
devant moi, un communiqué qui émane du ministère des
Affaires sociales du mois d'avril 1976 et dans lequel le ministre des Affaires
sociales du temps rendait publique la programmation des centres d'accueil
jusqu'en 1981 et dans lequel il précisait que la norme de six places
d'hébergement pour chaque cent personnes âgées de 65 ans et
plus, norme visée par son ministère, se fonde sur des
études québécoises de même que sur des études
faites à l'étranger. Alors, il semble bien qu'on recule devant
cette norme et qu'on se propose... Enfin, même si le ministre souhaite
que ce soit différent, on recule quelque peu sur cette norme.
M. Lazure: Non, il n'y a pas de recul. Je viens de dire que j'y
crois à cette norme. Mais, pendant qu'on mettait des normes sur papier,
l'ancien gouvernement ne construisait pas. Nous, on aime mieux ouvrir des
chantiers plutôt que de faire des longues listes de normes sur
papier.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, tout ça
ressemble au langage habituel du ministre des Affaires sociales. Il y a quand
même des problèmes sur la qualité des centres d'accueil,
sur laquelle je voudrais l'attention du ministre. J'hésite à les
nommer, mais je pourrai les remettre au ministre. Parce que je sais qu'il y a
de la population dan ces centres d'accueil-là. Mais, le ministre, je
lirai simplement les titres sans identifier les centres d'accueil. Faudra-t-il
attendre un incendie? Et, ça fait plusieurs mois qu'on fait des
représentations auprès du ministre pour que des
améliorations, enfin, des modifications soient apportées à
quelques centres d'accueil où, selon les normes de
sécurité ou autres, ça n'est pas satisfaisant. La seule
raison pour laquelle je ne les nomme pas ce ne sont pas des paroles en
l'air Mme la Présidente, c'est que, je pense, il ne sert à
rien de semer la panique. Je ne les aurais pas apportés, ces
cas-là, si on avait répondu aux demandes qui avaient
été adressées au ministère des Affaires sociales.
Et, jusqu'à maintenant, il semble bien qu'on tarde beaucoup à
poser les gestes qui s'imposeraient.
Mme la Présidente, je pense qu'on est rendu à la fin. Ce
débat a été proposé pour tenter que le ministre des
Affaires sociales fasse la lumière sur les malaises ressentis dans le
réseau des institutions de santé, qu'il s'agisse d'hôpitaux
de courte durée, de longue durée, de centres d'accueil ou
autres.
Evidemment, le ministre en a profité et c'est de bonne
guerre, j'imagine, quand on est ministre pour lancer des chiffres. Je
m'inquiète du fait qu'il dise que la norme de 10%, qui est
réservée, enfin qui avait été prévue comme
étant réservée pour les malades qui nécessitent des
soins prolongés, à l'intérieur des hôpitaux, aille
en augmentant. Il est même allé jusqu'à dire qu'il n'y
avait pas de norme à cet égard.
M. Lazure: Sérieusement, pourquoi cela vous
inquiète-t-il?
Mme Lavoie-Roux: Cela m'inquiète parce qu'on a quand
même des représentations sérieuses qui sont faites de la
part de ceux qui oeuvrent à l'intérieur des centres hospitaliers
pour les soins aigus et qui disent: On ne peut plus répondre aux besoins
des personnes qui se présentent chez nous. Le ministre a beau faire une
recommandation: Vous les garderez seulement 48 heures ou tâchez de mieux
organiser les demandes des personnes qui viennent dans les cliniques d'urgence,
le fait demeure que les gens sont sur des listes d'attente très
longtemps et le résultat est que les soins sont souvent retardés
pour l'admission des patients qui requerraient des services de quelque nature
que ce soit. On retarde les soins qui doivent leur être apportés.
C'est une chose qui m'inquiète. L'autre chose, c'est que les listes
d'attente sont encore très longues pour ceux qui ont besoin de soins
prolongés. Le but de ceci était justement d'en faire prendre
conscience au ministre; mais celui-ci semble satisfait de ce qu'il fait. Alors,
cela augure plutôt mal pour l'avenir.
Je voudrais également porter à son attention les besoins
des centres d'accueil, besoins qui nous ont été signalés
par l'Association des centres d'accueil du Québec. Le ministre a beau
essayer de s'en laver les mains et dire: On fait de la partisanerie politique
avec ça, je le mets au défi de pouvoir prouver quoi que ce soit
de ce genre. Les gens ont fait des représentations alors que nous
n'étions même pas au courant qu'ils allaient les faire. Le
ministre, dans ce cas, comme dans le cas des discussions que nous avons eues
sur les services essentiels, à chaque fois qu'il s'agissait d'un corps
professionnel à ce moment-là, il s'est agi de
l'Association des chirurgiens dentistes de la province de Québec, dans
un autre cas il s'est agi de l'Association des centres hospitaliers du
Québec le ministre l'a rabroué. Il vient de faire la
même chose avec les représentants des centres d'accueil. Parce que
ces gens acceptent de prendre leurs responsabilités et d'alerter
l'opinion publique sur les problèmes réels qu'ils vivent, que les
gens qu'ils servent vivent, le ministre se lance alors dans des accusations qui
sont de l'intimidation. D'ailleurs, on l'a vu, tout à l'heure, chanter
les louanges de ceux qui lui ont envoyé des lettres qui ne le
blâment pas, mais, au contraire, disent: On est bien d'accord.
En passant, je ferai remarquer que même l'hôpital
Saint-Jean-de-la-Lande, dont il nous parlait tout à l'heure, pour
justement en faire les louanges, nous avons su que, là aussi, il y a
alourdissement des cas lourds. On s'y plaint de ne pas avoir les ressources
suffisantes. En parlant de
l'alourdissement des cas lourds, encore une fois le ministre nous a dit:
Dans les centres d'accueil, alors que vous versiez un peu plus de $5 millions,
nous, de telle année à telle année, nous avons
versé un peu plus de $6 millions. C'est justement là l'objet des
représentations des gens qui sont dans les centres d'accueil, Mme la
Présidente, à savoir que les cas se sont extrêmement
alourdis et qu'il faut assurer plus de ressources. Alors, quand je vois le
ministre faire des comparaisons avec ce qu'il y avait avant et ce qu'il y a
maintenant, on sait fort bien qu'il y a quelques années c'est une
chose qu'il faut s'appliquer à corriger les centres d'accueil ont
accueilli des personnes qui, peut-être, ne devraient pas se retrouver
là. Tranquillement, la vocation des centres d'accueil se modifie, mais
si elle se modifie pour rendre des services à des personnes qui ont de
plus grands besoins, il faut leur donner plus de ressources. Alors, au lieu de
tirer gloire du fait que de $5 millions, lui, en a donné $6 millions;
est-ce que vraiment c'est ça la question fondamentale on
donne aux personnes, qui oeuvrent à l'intérieur de ces centres
hospitaliers, de ces centres d'accueil, les ressources dont ils ont besoin et
est-ce qu'on donne aux personnes qu'on y traite ou dont on prend soin, les
ressources dont elles ont vraiment besoin elles-mêmes?
Mme la Présidente, je pense que le problème demeure entier
et tant mieux si on ouvre d'autres lits d'accueil d'ici les années 1980,
1981 et 1982; mais il faudrait que le ministre nous dise quelle est sa
planification maintenant. Une planification avait été faite de
1976 à 1981. Quelle sera la planification maintenant de 1981 et pour les
années à venir, puisque la population vieillissante ira en
augmentant? (12 heures)
L'autre chose, dont il faut se rappeler, Mme la Présidente, le
ministre tire gloire, et là, encore une fois, il faudra refaire la
vérification de tous ces chiffres, le ministre a toute son équipe
pour nous les fournir, etc., mais une chose demeure qu'il ne faut pas oublier:
si ce gouvernement ne s'occupe pas des personnes âgées alors qu'il
n'a à peu près plus de responsabilités dans le domaine des
immobilisations du côté des constructions d'écoles, que
fera-t-il? On sait fort bien qu'il n'en a pas construit depuis qu'il est au
pouvoir. Les priorités se sont déplacées compte tenu de
l'évolution de notre société, c'est-à-dire du
développement de notre société et l'accent qui a
été mis sur les jeunes au moment de la réforme de
l'éducation, doit maintenant se porter vers les personnes
âgées.
C'est le moins que ce gouvernement puisse faire et je suis convaincue
que les investissements que ce gouvernement-là a faits à
l'égard des personnes âgées dans le domaine des
immobilisations, doivent être extrêmement faibles à
l'égard de ce qui a été fait par l'ancien gouvernement
dans le domaine de l'éducation. Encore une fois, je me propose, Mme la
Présidente, de revérifier ces chiffres qu'on nous a donnés
quant aux places, au nombre de places d'accueil depuis 1970 jusqu'à
maintenant. Je ne regrette qu'une chose, le plan qui avait été
fait pour 1976-1981 sous l'ancien gouvernement et qui devait fournir 34 000
places d'accueil en 1981, nous allons être en-deça de cette
planification qui avait été faite, ce qui veut dire que les
problèmes ne se résoudront pas ou se résoudront
partiellement seulement. Il faudrait augmenter davantage les ressources et
assurer une planification qui soit vraiment la plus satisfaisante possible si
on veut répondre aux besoins de notre population vieillissante. Merci,
Mme la Présidente.
Mme la Présidente: Après la conclusion de Mme la
députée de L'Acadie, vous disposez d'une dizaine de minutes, M.
le ministre des Affaires sociales, pour une réplique à cette
conclusion.
M. Lazure: Merci, Mme la Présidente. C'est de bonne
guerre, quand on est dans l'opposition, non seulement de s'opposer nos
amis sont payés pour s'opposer mais aussi...
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, question de
règlement. Nous avons amené ce débat ici parce qu'il y a
un problème important pour la population. Nous ne l'avons pas
apporté pour les motifs que le ministre impute. Lui, je présume
qu'il aurait pu le faire, mais notre intention est de signaler des
problèmes qui nous sont signalés presque d'une façon
quotidienne par la population et par les responsables des services de
santé, Mme la Présidente.
La Présidente: M. le ministre.
M. Lazure: L'habitude de la députée de L'Acadie,
comme du député de Saint-Laurent, c'est de monter en
épingle, certains problèmes qui sont réels je ne
nie pas que ces problèmes-là sont réels mais
là où cela devient un peu curieux, c'est que l'on essaie de faire
oublier à la population les efforts considérables, les
progrès considérables qui ont été faits dans tout
ce domaine des services aux personnes âgées.
Je répète, encore une fois, les chiffres de tantôt.
La députée de L'Acadie n'a pas nié ces chiffres et
j'aimerais bien qu'elle donne sa réaction un jour ou l'autre. Je
répète que de 1971 à 1977, les gouvernements
libéraux de l'époque n'ont ajouté que 604 lits en centres
d'accueil, 604 lits, et que depuis 1977, nous avons ajouté 2593 lits. Ce
n'est pas du verbiage cela. C'est la réalité. Ce que je n'accepte
pas de la députée de L'Acadie, c'est qu'elle insinue toujours que
je refuse de voir les problèmes. C'est ce que je n'accepte pas. Je les
vois les problèmes de façon très claire. Non seulement,
nous les voyons comme gouvernement, mais nous y apportons des remèdes.
Si les gouvernements antérieurs avaient mieux planifié, non
seulement des normes; c'était un peu la spécialité de
l'ancien ministre des Affaires sociales, il a développé, il a
publié plusieurs beaux cahiers de normes, mais durant ce temps-là
il n'y avait pas de chantiers de construction de centres d'accueil. Il n'y en
avait pas!
Lorsqu'il y a eu une programmation, en 1976, peu de temps avant
l'élection, c'était une programmation de construction de centres
d'accueil qui n'était pas basée sur des prévisions
budgétaires. Alors, on ne peut pas s'empêcher de dire que
ça avait l'air un peu électoral. Les personnes
âgées, encore une fois, dans bien des milieux ne sont pas
accueillies aussi chaleureusement, de façon aussi ouverte qu'elles
devraient l'être. J'ai parlé des hôpitaux
généraux tantôt. Mais je pourrais dire la même chose
aussi de certains services sociaux. Ce n'est pas vouloir blâmer des
groupes. Mme la députée de L'Acadie est tendancieuse, lorsqu'elle
dit que ma technique, c'est de blâmer des groupes professionnels.
Mme Lavoie-Roux: C'est évident, tout le monde l'a vu.
M. Lazure: Ce n'est pas vrai. Je mets en relief une
difficulté que nous avons. Nous l'avons, cette difficulté et Mme
la députée de L'Acadie devrait se souvenir de ses années
d'expérience comme travailleuse sociale, pour savoir que souvent, les
professionnels prennent l'habitude, consciemment ou inconsciemment, de
favoriser certaines clientèles, d'être plus à l'aise avec
certaines clientèles. C'est normal; c'est la nature humaine. Je dis
qu'il n'y a pas suffisamment de nos personnels formés pour travailler
auprès des personnes âgées et qui aiment travailler
auprès des personnes âgées. Nous avons demandé aux
universités depuis trois ans... Les facultés de médecine
ont répondu à notre appel. Il y a maintenant des cours beaucoup
plus longs, solides et sérieux qui vont préparer les
médecins, en particulier, à oeuvrer auprès des personnes
âgées.
Mme la Présidente, la députée de L'Acadie a aussi
fait allusion à certains centres d'accueil qui ne correspondraient pas
aux normes de sécurité. J'apprécie sa discrétion.
Je pense que ce ne serait pas responsable de faire peur au monde. Il y a
exactement 862 places sur les 20 000 qui ne sont pas sécuritaires et
nous sommes en train de prendre des mesures pour fermer ces centres.
J'ajouterai, cependant, que depuis trois ans, à même les
programmes de OSE, Opération solidarité économique, nous
avons consacré $35 millions dans le réseau des Affaires sociales
pour faire deux choses: pour rendre les édifices plus
sécuritaires, en particulier les centres d'accueil et aussi pour les
rendre accessibles aux personnes âgées.
Nous sommes préoccupés par cette question, et avec
l'ouverture des nouveaux centres d'accueil, nous pourrons relocaliser quelques
centaines de bénéficiaires qui sont dans des centres d'accueil
qui ne sont pas sécuritaires actuellement.
En conclusion, Mme la Présidente, je pense que nous nous
entendons, la députée de L'Acadie et moi, pour constater que le
Québec a du rattrapage à faire, en ce qui concerne les services
aux personnes âgées, qu'il s'agisse de logements, de centres
d'accueil ou d'aide à domicile. On est d'accord là-dessus. Ce sur
quoi on n'est pas d'accord, c'est lorsqu'elle prétend que nous ne
faisons pas suffisamment, que nous n'agissons pas de façon responsable
et que nous voulons cacher les problèmes.
Les personnes âgées, d'ailleurs, reconnaissent que nous
sommes extrêmement préoccupés par leurs services qui, dans
bien des cas, ne sont pas suffisants. Nous n'avons pas de leçons
à recevoir de l'Opposition dans ce domaine. S'il y avait eu une
meilleure planification, si les gouvernements de 1970 à 1976 avaient
placé en priorité, comme nous l'avons fait, les personnes
âgées, on n'aurait peut-être pas eu ce débat ce matin
et on serait peut-être plus avancé qu'on ne l'est aujourd'hui.
Mais ce qui est en marche actuellement, Mme la Présidente, nous
donne la garantie que d'ici un an et demi, deux ans au maximum, à bien
des égards, logements, services à domicile et centres d'accueil,
la situation se sera grandement améliorée.
La Présidente (Mme Cuerrier): La commission permanente des
Affaires sociales ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 12 h 9