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Etude des crédits du ministère des
Affaires sociales
(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux pour
étudier les crédits budgétaires du ministère des
Affaires sociales. Les membres de cette commission sont M. Alfred (Papineau),
M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Gosselin
(Sherbrooke), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Marcoux
(Rimouski), M. Martel (Richelieu), M. O'Gallagher (Robert Baldwin)
remplacé par M. Mathieu (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw
(Pointe-Claire). Comme intervenant qui devrait venir ce matin, il y a M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue) remplacé par M. Forget
(Saint-Laurent).
Nous avons terminé le programme 5 et le programme 6. Je pense
qu'il y a entente pour qu'on aborde le programme 1, si je ne me trompe, M. le
ministre, savoir les allocations familiales.
M. Lazure: Je remercie la députée de L'Acadie pour
sa collaboration.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi.
Le Président (M. Jolivet): Oui, madame.
Mme Lavoie-Roux: Ce ne sera pas long, M. le ministre. Il y aurait
trois, enfin, non pas des rapports, mais des statistiques que j'aimerais avoir.
Je voudrais les demander ce matin pour qu'on les ait avant la fin de la
commission. Ordinairement, cela ne nous arrive pas toujours très
tôt, sans imputer de faux motif à qui que ce soit. Je voudrais
d'abord avoir la liste du personnel des statistiques y compris le personnel
féminin du ministère, à partir de postes de cadre
supérieur tant l'intermédiaire, professionnel, etc. Est-ce qu'il
y a moyen d'avoir cela?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Deuxièmement, est-ce qu'on pourrait nous
donner également, non pas en détail, mais simplement les budgets
des CRSSS et le contenu de la population qu'ils ont à desservir.
Simplement le budget global, je ne veux pas que vous me ventiliez cela, mais
là n'est pas la question.
M. Fontaine: On a demandé...
Mme Lavoie-Roux: C'était pour le CLSC.
M. Lazure: Mme la députée parle des douze CRSSS. Ce
n'est pas la même chose.
Mme Lavoie-Roux: Je ne vous demande pas de m'apporter ces briques
des CRSSS, mais pour pouvoir établir des comparaisons...
M. Lazure: Oui, on peut faire cela.
Mme Lavoie-Roux: La même chose pour les CSS.
M. Lazure: Pour les quatorze CSS, oui.
Mme Lavoie-Roux: Oui. M. Lazure: C'est possible.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on va pouvoir obtenir les statistiques
que j'ai demandées sur les centres d'accueil depuis 1969 jusqu'à
aujourd'hui, soit le nombre de places, ceux qui sont ouverts, ceux qui sont
fermés? Cela doit exister. Cela semble être une commande
très difficile à remplir. Mais si on a cela après la fin
de l'étude des crédits, cela ne nous est plus utile.
Soutien du revenu familial
M. Lazure: Je remerciais donc les membres de la commission
d'avoir accepté d'intervertir l'ordre, ce qui va nous permettre
d'aborder ce matin, le programme no 1 qui concerne essentiellement le soutien
au revenu familial. Il est constitué presque à 100% par un seul
élément, c'est-à-dire les allocations familiales du
Québec, y compris la nouvelle allocation familiale pour enfant
handicapé à domicile.
Alors, je vous présente le juge Gill Fortier qui est
président de la Régie des rentes et qui pourra collaborer dans la
discussion, participer à la discussion. Essentiellement, on voit, dans
les crédits 1980-1981, un montant de $180 650 000, par rapport à
$164 200 000 l'année précédente. Si on regarde la
clientèle des allocations familiales, j'ai devant moi un tableau qui
démontre l'évolution, une légère diminution des
bénéficiaires des allocations familiales. En 1977-1978, par
exemple, nous avions 1 897 000 bénéficiaires; en 1978-1979, 1 836
000; en 1979-1980, 1 800 000 et la projection pour 1980-1981 est de 1 774
000.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre aime mieux continuer et
que je pose les...
M. Lazure: Non, je m'en tiens à cela, quitte à
répondre aux questions.
Mme Lavoie-Roux: 1 897 000, c'était l'année
1976-1977?
M. Lazure: 1977-1978, pardon.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que je n'ai pas mis les
années à côté. D'accord. Comment expliquez-vous
cette baisse alors qu'on parle d'un léger renouveau dans la
natalité?
M. Lazure: II y a beaucoup plus d'enfants âgés de
15, 16 et 17 ans que d'enfants âgés de 1, 2 et 3 ans. Lorsque ces
groupes d'âge atteignent l'âge de 18 ans et qu'ils sont
enlevés des enfants admissibles, vous avez une diminution qui n'est pas
compensée par les enfants en plus bas âge. C'est essentiellement
la raison de la diminution.
C'est essentiellement cela.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, sur ces statistiques, est-ce que
vous pouvez nous indiquer la variation attribuable aux départs de la
province? Partant de l'année 1977 dont vous avez parlé, quelles
ont été les variations attribuables aux départs de la
province?
M. Lazure: Ecoutez, je pense que je puis vous donner le chiffre
pour l'an dernier, pour le dernier exercice financier, 1979-1980.
Mme Lavoie-Roux: 1979-1980. Allocations familiales
M. Lazure: Pour 1979-1980, parmi les enfants qui ont cessé
d'être admissibles aux allocations, il y en avait 17 531 qui avaient
quitté la province, c'était la raison pour laquelle ils avaient
cessé d'être admissibles. Maintenant, je n'ai pas,
personnellement, une étude, une analyse.
M. Shaw: Combien?
M. Lazure: 17 531. Je ne puis pas vous dire de quelle
façon cela se compare aux années précédentes, il
n'y a pas d'étude là-dessus.
Je peux ajouter un élément donné dans les
statistiques. J'ai devant moi les chiffres du nombre total de naissances au
Québec depuis 1974, je pense que c'est pertinent à notre
discussion. En 1979, c'est 96 455.
Mme Lavoie-Roux: En 1979-1980?
M. Lazure: Non, là, je suis l'année civile.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. Lazure: Pour l'année 1979, on a 96 455
nouveau-nés, ce qui est le record. J'ai les chiffres jusqu'en 1974. En
1978, 94 860; en 1977, 95 690; en 1976, c'est presque autant que 1979 et on
sait pourquoi, 96 342.
Mme Lavoie-Roux: Bien non, vous êtes arrivés au
pouvoir à la fin de 1976.
M. Lazure: Oui, mais on a fait ça vite, on travaille
vite!
Mme Lavoie-Roux: Quand même, là!
M. Lazure: On s'était préparé. On ne l'avait
pas dit, mais on s'était préparé.
Mme Lavoie-Roux: Avec ce gouvernement-là, on pourrait bien
avoir des bébés dans les éprou-vettes!
M. Lazure: Des bébés-instants!
Mme Lavoie-Roux: Cela ne dure pas longtemps, par exemple!
M. Lazure: En 1975, 93 597. Mme Lavoie-Roux: 95 000...
M. Lazure: Non, pardon, en 1975, 93 597 et en 1974, 89 364, le
creux de la vague. Il y a eu un certain déblocage appréciable
depuis 1975, à partir de 1975, mais ça tend à se
plafonner, si vous voulez; donc, depuis quatre ans, ça joue entre 96 000
et 94 000. Il y a en moyenne 95 000 naissances par année.
Mme Lavoie-Roux: Qui tient les statistiques de la population du
Québec?
M. Lazure: C'est le registre de la population, c'est notre
ministère.
Mme Lavoie-Roux: Votre ministère?
M. Lazure: On a un service qui s'appelle le registre de la
population.
Mme Lavoie-Roux: Au registre de la population, avez-vous aussi
puisqu'on est dans les statistiques les variations de la
population au Québec depuis l'année que vous voudrez, 1974 ou
1975?
M. Lazure: Oui, on a cela. Mme Lavoie-Roux: Oui?
M. Lazure: Je ne l'ai pas devant moi, mais on peut obtenir
cela.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait nous les fournir?
J'aimerais cela, cela m'intéresserait.
M. Lazure: Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: Et pour la dernière année. C'est
parce qu'une année...
M. Lazure: Vous voulez dire la population totale.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, totale. M. Lazure: Depuis les
mêmes années?
Mme Lavoie-Roux: Oui, prenons les mêmes années.
M. Lazure: La population totale depuis 1974.
Mme Lavoie-Roux: Parce qu'à un moment donné, il y a
une année où on était perdant de 8000 ou 9000, quelque
chose du genre, depuis l'avènement du Parti québécois. Il
y avait eu une perte nette de population au Québec. Mais je voulais
savoir si, maintenant, on se maintient ou si on regarde...
M. Lazure: II y a une légère augmentation à
chaque année, une très légère augmentation à
chaque année.
Mme Lavoie-Roux: Mais qui est beaucoup moindre... par rapport
à l'Ontario, par exemple.
M. Lazure: Ah! je n'ai pas les chiffres de l'Ontario, je ne les
connais pas. Moindre qu'en Ontario, probablement, oui.
Mme Lavoie-Roux: Je crois que l'Ontario commence à
diminuer aussi...
M. Lazure: Oui, il plafonne lui aussi, mais...
Mme Lavoie-Roux:... parce que des gens s'en vont dans
l'Ouest.
M. Lazure: C'est cela, "Go West, young man".
Mme Lavoie-Roux: Alors, d'accord. Maintenant qu'on a les
statistiques...
M. Lazure: Peut-être une dernière statistique
d'intérêt général. Les familles, quant au nombre
d'enfants: 41,7% de toutes les familles ont seulement un enfant; 38%, deux
enfants; 14,5%, trois enfants et 5,7%, quatre enfants et plus. Si vous voulez,
il y a 955 200 familles avec enfants, des ménages avec enfants. On me
dit qu'il y a plus de familles qu'autrefois, proportionnellement parlant.
Mme Lavoie-Roux: II y a plus de...
M. Lazure: II y a moins d'enfants, mais il y a plus de
familles.
Mme Lavoie-Roux: II y a plus de familles.
M. Lazure: En 1975-1976, il y avait 938 000 familles tandis que
là, il y en a 955 000.
On dira ensuite que le gouvernement n'a pas de politique de la
famille!
Mme Lavoie-Roux: Bien là, il va falloir... C'est important
de faire la révision du Code civil pour les entrer dans les cadres
juridiques officiels.
M. Fontaine: ... de cela.
M. Lazure: Faites-en, faites-en, M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Ce sont des familles sans enfant qu'ils ont.
M. Lazure: On ne demande pas mieux. J'encourage mon
collègue de Nicolet-Yamaska à faire des enfants.
M. Fontaine: Oui, j'en fais, tous les soirs. Mme Lavoie-Roux:
Modérément.
M. Lazure: C'est cela, 5% des familles ont quatre enfants et
plus; ce n'est pas beaucoup.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez des statistiques sur
l'origine des familles qui ont quatre enfants et plus, du point de vue des
revenus, du point de vue de leur arrivée au Québec? Vous n'avez
pas ça?
M. Lazure: Non. Je vais vérifier. Au registre de la
population, on aurait probablement l'origine ethnique...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: ... par rapport à la langue parlée. Au
moins, ça donne une bonne indication.
Mme Lavoie-Roux: Parce que, du point de vue de la projection, ce
serait intéressant.
M. Lazure: Mais l'origine ethnique par rapport au...
Mme Lavoie-Roux: Je veux dire que, du point de vue des
projections à long terme de la population du Québec, ce serait
intéressant.
M. Lazure: Oui, quant aux professions. Je ne sais pas, quant aux
occupations, si on l'a, mais en tout cas, je comprends ce que vous voulez. On
va essayer de vous obtenir ça.
Mme Lavoie-Roux: Cela va pour ces statistiques.
M. Fontaine: Selon les renseignements que vous avez, est-ce vrai
qu'on serait, par exemple, à un taux de remplacement? Parce que, quand
il y a deux parents, pour remplacer le nombre de parents, il faudrait qu'il y
ait un taux de natalité de deux enfants par famille. Actuellement, on
serait à 1,6%. Est-ce exact?
M. Lazure: Pourriez-vous répéter, s'il vous
plaît? (10 h 30)
M. Fontaine: Oui. Normalement, pour se maintenir en tant que
population, quand il y a deux parents, il faut qu'il y ait deux enfants pour
avoir un taux égal.
M. Lazure: Ah bon! Je vois où vous voulez en venir.
Effectivement, dans le moment, depuis quelques années, le nombre
d'enfants moyen par fa-
mille est un peu en bas de deux. Il est tombé en bas de deux.
M. Fontaine: 1,6%.
M. Lazure: Pas tout à fait. Je pense que c'est
plutôt 1,7%, mais en tout cas. Pour les bénéficiaires
d'allocations, c'est 1,87%.
M. Fontaine: Cela veut dire que, si on n'augmente pas le nombre
de naissances, comme le demande, par exemple, le ministre de l'Education
actuellement j'ai vu, en tout cas, ses commentaires dans les journaux,
disant aux Québécois: Essayez de faire plus d'enfants si
on n'augmente pas ce pourcentage, notre population va aller continuellement en
décroissant.
M. Lazure: II y a un danger, c'est sûr. Actuellement,
ça nous préoccupe beaucoup. Comme vous le savez, le gouvernement
précédent avait commencé à moduler les allocations
familiales du Québec pour donner plus aux familles "nombreuses", entre
guillemets, trois enfants, quatre enfants et plus. On a continué et
accentué ce mouvement, cette politique de donner des montants plus
considérables aux enfants du troisième rang, du quatrième
rang et plus.
Mme Lavoie-Roux: Sauf l'indexation, est-ce que vous avez
ajouté quelque chose?
M. Lazure: Oui, on a réajusté il y a deux ans ou il
y a trois ans.
Mme Lavoie-Roux: L'indexation?
M. Lazure: Non, à part l'indexation, il y a deux ans ou
trois ans.
Une Voix: II y a eu des changements dans les ajustements.
M. Fontaine: C'est quoi, les changements?
M. Lazure: II y a eu des ajustements dans les montants. On a
donné proportionnellement plus aux catégories du troisième
et plus et du quatrième et plus qu'aux premier et deuxième.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'existait-il pas déjà? M.
Lazure: Oui, c'est ce que je disais.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous avez augmenté.
M. Lazure: Mais on a accentué.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Lazure: On a accentué ces
différences-là.
M. Fontaine: Etant donné que cette politique, même
si elle a été changée il y a quelques années, ne
semble pas donner de résultats satisfaisants jusqu'à
présent, est-ce que le ministre envisage d'aménager d'autres
politiques qui vont favoriser un plus grand nombre de naissances?
M. Lazure: La réponse, c'est oui. On envisage d'autres
mesures. Le gouvernement, lors des négociations dans le secteur public
et parapublic, a répondu favorablement aux demandes syndicales. Comme
vous le savez, nous avons instauré le congé de maternité
pour les femmes qui travaillent dans la fonction publique autant que dans le
réseau parapublic. Deuxièmement, nous avions auparavant il
y a déjà, quoi, un an et demi environ; c'était un
programme qui était administré par le ministère du Travail
et de la Main-d'Oeuvre décidé de consacrer la somme de
$240 pour la femme qui doit accoucher et qui travaille à
l'extérieur de la maison pour payer ce délai de carence que ne
paie pas l'assurance-chômage. Il est actuellement envisagé
la députée de L'Acadie l'a soulevé hier ou quelqu'un du
groupe l'a soulevé hier d'affecter la somme équivalente
aux femmes qui travaillent au foyer et non pas à l'extérieur du
foyer, pour compenser un peu les dépenses qui sont occasionnées
par la naissance d'un enfant. Cela est envisagé sérieusement
actuellement.
M. Fontaine: Vous parlez de somme équivalente.
M. Lazure: Les $240.
M. Fontaine: Les $240. D'accord.
M. Lazure: C'est une mesure qui est envisagée
actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Allez-vous indexer ces $240?
M. Lazure: II faudrait demander cela au ministre du Travail et de
la Main-d'Oeuvre; je peux le lui demander. Je ne sais pas si la décision
est prise ou non. Je prends note de la question.
M. Fontaine: Dans quel délai escomptez-vous mettre toute
cette politique en application, parce qu'il y a 75% des femmes, si je ne me
trompe, qui travaillent à la maison?
M. Lazure: C'est exact. Des 96 000 naissances dont on parlait,
pour l'an passé, les trois quarts sont des femmes qui sont à la
maison, qui travaillent à la maison. Le plus tôt possible. Je suis
persuadé que c'est une mesure qu'il faut prendre. Alors, aussitôt
que les conditions financières de nos crédits vont le permettre,
on y arrivera.
M. Fontaine: Mais cette année, il n'y a rien de
prévu dans le budget à ce sujet?
M. Lazure: Ce n'est pas prévu comme tel dans le budget de
cette année, mais, comme vous le
savez, chaque année, il y a un budget supplémentaire;
alors, ce n'est pas impossible.
M. Shaw: Quant à la question de la diminution de la
population, M. le Président, j'ai peu de chiffres; 17 531, c'est pour
l'année 1978-1979?
M. Lazure: 1979-1980.
M. Shaw: 1979-1980. Est-ce que vous avez des chiffres pour les
années précédentes?
M. Lazure: Je ne les ai pas ici, mais on a publié cela
dans le rapport annuel de la régie, lequel rapport est toujours
déposé à l'Assemblée nationale.
M. Shaw: Pour la première fois peut-être, on voit un
chiffre qui diminue au point de vue des dépenses du gouvernement. C'est
incroyable, parce que tous les autres ont augmenté. Nous avons besoin de
parler précisément des causes de cette différence de
coût parce que, si on tient compte seulement de l'augmentation des
allocations versées durant cette période et du nombre d'enfants
qui remplissent les demandes, on constate une diminution de $16 000 000 et une
diminution de la population de 17 531 et ce, pour une seule raison, l'exode des
enfants du Québec. Cela, c'est une perte nette...
M. Lazure: M. le Président, si vous me permettez, je
voudrais bien comprendre la question qui va arriver au bout de cette
allocution. A quelle diminution le député de Pointe-Claire
fait-il allusion?
M. Shaw: Aux allocations familiales.
M. Lazure: Le nombre d'enfants, les sommes d'argent? De quoi
parlez-vous exactement?
M. Shaw: Excusez-moi. Le nombre d'enfants a diminué.
M. Lazure: Le nombre d'enfants, oui.
M. Shaw: Oui, et est-ce que c'est le même tracé, le
même profil d'année en année?
M. Lazure: Le président de la régie a donné
l'explication tantôt.
M. Shaw: L'explication était que l'âge moyen de nos
enfants avait augmenté; cela est un effet. Le deuxième effet, qui
est peut-être le plus important, c'est l'exode des enfants.
M. Lazure: Sur quoi le député se base-t-il pour
dire que c'est le plus important, l'exode des enfants québécois?
Sur quoi? Est-ce que je pourrais avoir les sources d'information du
député de Pointe-Claire?
M. Shaw: C'est cela que j'ai demandé. Est-ce que c'est une
perte nette ou quoi?
M. Lazure: Je vous ai donné un chiffre. C'était une
analyse pour expliquer la diminution du nombre de bénéficiaires.
On a dit: II y en a 127 000 qui ont atteint 18 ans et qui ne sont pas
bénéficiaires. Vous en avez 17 000, avais-je dit, qui ont
quitté la province. Il y en a 1000 qui sont décédés
et il y en a 3800 qui avaient cessé de vivre avec leurs parents et qui
étaient à leur propre compte, donc, qui n'avaient plus droit
à l'allocation. Au cours de la même période, on a eu 90 587
nouveau-nés et 20 365 enfants provenant en majorité d'une autre
province ou d'un autre pays, enfants venant d'ailleurs.
On peut se rassurer, il n'y a pas d'hémorragie de nos enfants
québécois. Il y a un gain net de 3000 enfants.
M. Shaw: Un gain net de 3000.
M. Lazure: Un gain net de 3000 entre ceux qui partent et ceux qui
arrivent.
M. Shaw: C'est pour cela que je veux encore des chiffres. Vous
dites que nous avons une perte d'enfants de 17 000. Vous dites aussi que nous
avons un gain de 20 000.
M. Lazure: Oui.
M. Shaw: De l'extérieur.
M. Lazure: C'est cela.
M. Shaw: Vous avez dit avant que cela était une des
raisons d'une réduction du nombre de bénéficiaires.
Maintenant, vous dites que nous avons une augmentation.
M. Lazure: C'est sûr, c'est une raison de la
réduction: 17 000 sont partis. Si vous analysez votre groupe de
bénéficiaires et que vous analysiez les raisons de la diminution
des bénéficiaires, vous avez ceux qui ont atteint 18 ans, vous
avez ceux qui sont partis, vous avez ceux qui sont
décédés. Par contre, pour compléter votre fichier,
vous ajoutez les nouveaux enfants, ceux qui sont venus d'ailleurs. Il n'y a pas
de contradiction dans cela. M. le Président, ce n'est pas
compliqué, il y en a 127 000 qui ont atteint 18 ans, donc, 127 000 de
moins. 90 000 naissances.
M. Shaw: Je comprends ce qu'il a dit. Je n'ai pas besoin de vos
renseignements.
M. Lazure: Le député de Pointe-Claire a compris.
Une multiplication, trois soustractions.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si le ministre a quelque chose
à ajouter. Moi, je voudrais aborder le problème des allocations
familiales pour enfants handicapés et son application, savoir si vous
avez des problèmes de fonctionnement. Je dois vous dire que j'ai eu des
échos touchant l'in-
satisfaction d'un certain nombre de parents, compte tenu de ce qui
apparaîtrait comme des mesures d'évaluation qui sont plutôt
rigides quant à la possibilité d'obtention de cette allocation
familiale spéciale.
M. Lazure: M. le Président, avant de laisser le
président de la régie donner une information plus
détaillée, je veux simplement dire à la commission que le
règlement qui a été adopté par le Conseil des
ministres, par le gouvernement, et qui préside à l'allocation de
cette prestation de $60 par mois, j'ai demandé qu'on l'applique de
façon très souple. On est un peu en terrain inconnu.
En gros, il s'agit d'enfants qui sont au domicile de leurs parents et
qui ont un handicap physique ou mental à un degré de
gravité moyenne ou profonde. C'est le critère principal,
fondamental. Il y a, dans le règlement, un certain nombre de
détails, mais je peux vous assurer qu'étant donné que nous
étions dans un programme totalement nouveau je ne connais pas de
programme équivalent dans d'autres provinces; peut-être y en
a-t-il, mais je n'en connais pas il faut l'appliquer avec souplesse et
le réviser éventuellement.
Je vais demander au président de la régie de nous donner
des statistiques sur ce qui a été octroyé jusqu'à
ce jour.
Alors, le règlement qui définit ce qu'il faut entendre par
enfant handicapé a été publié dans la Gazette
officielle, le 16 avril. Avant cette date, nous avions mis en marche tout le
mécanisme pour recevoir des demandes; il ne nous était pas
possible de faire une étude de ces demandes sans connaître les
règles qui s'appliquaient.
Nous avons reçu jusqu'à ce jour environ 6426 demandes, et
à la fin de mai, nous avions accepté et mis en paiement 3000 cas
qui avaient été respectés. Il y en avait eu 1100 de
refusés et il y en avait à peu près 2000 qui
étaient en traitement. Il est certain, comme l'a expliqué M. le
ministre, qu'il s'agit d'un programme nouveau. On a établi certaines
règles. Nous, à la régie, devons administrer le programme
conformément aux règles qui ont été
établies. C'est un domaine où il n'y a pas de
précédent, il s'agit d'apprécier le handicap d'enfants
dont l'âge varie de quelques mois jusqu'à 18 ans. Nous observons
des cas évidents qui ne posent aucun problème; d'autres cas sont
un peu plus difficiles. Alors, nous nous sommes mis à la besogne. Les
requérants peuvent demander le réexamen de la décision
lorsqu'ils ne sont pas satisfaits. Nous avons déjà
commencé à réviser des cas. Il y a des cas qui, en
révision, ont été acceptés. A la suite de cela, il
y a un appel à la Commission des affaires sociales. Il est sûr
que, sur certains cas, il va s'établir, à l'interprétation
du règlement, une certaine jurisprudence. Mais comme l'a dit aussi le
ministre, il est possible que l'on puisse réviser certains
critères.
Mme Lavoie-Roux: Pourriez-vous nous dire... je comprends qu'il y
a eu le règlement, mais dans le règlement, même la loi
établit comme principal critère que l'enfant doit souffrir d'un
handicap grave et permanent. Est-ce que vous avez la liste des critères
avec vous?
M. Lazure: J'ai le règlement ici. C'est un
règlement qui définit dans le détail trois sortes
d'enfants handicapés.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous en avez une copie?
M. Lazure: II y a l'enfant handicapé moteur, l'enfant
handicapé visuel, l'enfant handicapé auditif et l'enfant
handicapé mental. Dans le cas de l'enfant handicapé visuel et
auditif, on se conforme de façon assez précise aux
critères. Pour ma part, je ne suis pas un médecin, mais, par
exemple...
Mme Lavoie-Roux: Les mi-voyants, les demi-sourds.
M. Lazure: ... on parle, à un moment donné, de 41
décibels, alors c'est très précis.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: II faut que ce soit selon cette norme. Est-ce que la
norme est bonne? Moi... (10 h 45)
Mme Lavoie-Roux: Dans quelle mesure le critère scolaire
est-il un critère de référence?
M. Lazure: Dans tous les cas, le règlement dit que le
handicap... Dans les trois types de handicap, on retrouve à la fin: et
dont l'état nécessite la mise en place de mesures
spéciales en matière de réadaptation et de scolarisation.
C'est un des critères qui doivent être appliqués dans
chacun des cas. En d'autres termes, il est sûr qu'il y a plusieurs
enfants qui souffrent d'un handicap, mais si le handicap n'empêche pas
l'enfant d'aller à l'école presque normalement, il ne se trouve
pas qualifié sous la définition.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, j'aimerais vous faire remarquer
que, compte tenu de la politique de réintégration des enfants
exceptionnels à la classe régulière je pense que
c'est un objectif sur lequel les gens sont d'accord, enfin dans la plus grande
mesure possible est-ce que ceci ne découragera pas cet effort de
réintégration scolaire? Je vais vous donner un exemple concret.
Quelqu'un me parlait d'un cas, celui d'un enfant qui a été
amputé des deux jambes. Il y a celui à qui manquent les doigts;
de celui-là, j'en ai entendu parler aussi. Je parle d'un amputé
de deux membres qui porte des prothèses et qui fréquente une
classe normale. Il reste quand même que, pour cet enfant, il y a des
mesures de réadaptation qui peuvent s'imposer; est-ce qu'un enfant comme
celui-là serait admissible?
M. Lazure: Là, vous parlez...
Mme Lavoie-Roux: Un enfant amputé...
M. Lazure: Si l'enfant est capable de se rendre à la
classe normalement...
Mme Lavoie-Roux: Oui, s'il est capable de se rendre, mais...
M. Lazure: Bien oui, mais, écoutez...
Mme Lavoie-Roux: ... on peut tous se rendre, même en chaise
roulante.
M. Lazure: Je vais prendre la définition qu'il y a
actuellement. Si on change les définitions... Il faut que vous
compreniez la position de la régie. La régie est chargée
d'administrer le programme et d'interpréter le règlement.
Evidemment, comme je vous l'ai mentionné, il y a appel de nos
décisions et on peut se tromper. Si on veut discuter ce matin pour
savoir si les définitions doivent être autres que ce qu'elles
sont, c'est une autre chose. Si vous posez la question: "dans tel cas,
qu'est-ce qu'on fait suivant le règlement?", là-dessus, je peux
vous dire que notre position, vu la définition qu'il y a dans le
règlement, lorsque l'enfant va à l'école normalement,
qu'il n'y a pas de problème, qu'il est capable de se rendre seul et
qu'il va en classe avec tous les autres écoliers, à ce
moment-là, on a décidé qu'il n'entrait pas dans la
définition, malgré le handicap qu'il peut avoir.
Si vous me permettez, en toute justice, comme l'a dit le
président de la régie, la régie fait de son mieux pour
administrer un règlement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, si je pose la question, c'est pour demander
au gouvernement de modifier ce qui ne va pas.
M. Lazure: C'est cela; alors, on va engager le dialogue. J'ai
bien compris et je l'ai dit dans mon préambule: II est clair qu'il va
falloir faire des modifications au règlement, c'est un premier pas. Cet
aspect en particulier devra être clarifié. Quant à moi, le
cas que vous venez de décrire, Mme la députée de L'Acadie,
devrait pouvoir bénéficier, la famille devrait pouvoir
bénéficier de l'allocation.
Mme Lavoie-Roux: II n'y en a pas eu dans ce cas-là.
M. Lazure: Je m'en doutais bien. L'expression "mesures
spéciales" peut porter à confusion. Un enfant gravement
handicapé peut très bien, à mon avis, être dans une
classe régulière et cela découle de la politique
d'intégration des enfants handicapés dans des classes
régulières le plus possible, pour normaliser le plus possible les
conditions scolaires de l'enfant. Il ne faudrait pas que cette
intégration dans une classe régulière soit un obstacle
à l'obtention de l'allocation spéciale, il ne faudrait pas. Si
cela l'est à cause de la teneur du règlement, on va modifier le
règlement. Dans notre esprit, un enfant handicapé peut se
qualifier pour cette allocation de $60 par mois tout en étant dans une
classe régulière. Il ne faut pas qu'il soit
pénalisé parce qu'il va dans une classe régulière;
on peut être dans une classe régulière et requérir
des mesures spéciales quand même, des mesures spéciales de
réadaptation, même si on est dans une classe
régulière.
M. Fontaine: M. le Président, dans le même sens, je
pense également qu'il y a un problème d'interprétation.
Peut-être que M. Forcier pourrait nous dire si c'est vrai ou non, par
exemple, dans le cas d'un enfant aveugle qui doit, pour continuer ses
études, aller à une école spécialisée. Je
sais qu'il y en a une à Longueuil...
M. Lazure: Oui.
M. Fontaine: ... une école braille. A ce moment-là,
le règlement, semble-t-il, prévoit que l'enfant doit être
complètement à la charge des parents pour
bénéficier de l'allocation. Lorsqu'il va à l'école
braille, il est pensionnaire à Longueuil et la régie, dans un cas
précis que j'ai eu, a décidé qu'il n'était pas
complètement à la charge des parents puisque l'école est
gratuite et il ne va chez lui que les fins de semaine.
M. Lazure: C'est un cas un peu spécial. Il est bien
sûr que, quand on a envisagé d'implanter cette mesure,
c'était pour favoriser le maintien à domicile des enfants
handicapés, d'abord et avant tout. Dans notre esprit, ne pouvaient pas
se qualifier les enfants qui étaient en institution. Je pense que,
là-dessus, il n'y a pas de dispute.
Mais le cas que vous soulevez est un peu entre les deux chaises, il est
dans une zone grise. Il est partiellement à la charge de la famille,
partiellement à la charge de l'Etat. Je vous avoue que ces cas, il va
falloir les ajuster...
Je pense que la loi là-dessus exige qu'il soit
complètement à la charge de la famille. Le principe premier que
vous avez mentionné, c'était de ne couvrir, dans un premier
temps, que les enfants gardés au foyer. Mais je pense que quelqu'un l'a
soulevé, il est possible que l'enfant ne soit pas au foyer, mais que la
famille assume tous les coûts d'entretien de l'enfant. C'est là
qu'on a ajouté que ce groupe d'enfants pourrait bénéficier
de l'allocation, mais pour autant qu'il est tout à fait à la
charge de la famille.
M. Fontaine: Mais, dans un cas...
M. Lazure: Si les parents paient, par exemple, les frais
d'internat.
M. Fontaine: Oui. Mais, dans un cas comme cela, pour les
aveugles, si je ne me trompe, l'école est gratuite, mais les parents
paient pour l'entretien de l'enfant, l'entretien normal; il vient chez lui
toutes les fins de semaine, ils ne peuvent pas faire autrement parce qu'il n'y
a pas d'école à tous les coins de la rue, ils sont obligés
de l'envoyer là.
M. Lazure: Mais le critère...
Je ne suis pas familier avec ce cas, je ne voudrais pas vous donner de
réponse sans avoir plus d'éléments, mais j'en prends
note.
M. Fontaine: C'est un cas particulier que j'ai eu, mais il y a
sûrement beaucoup d'autres cas semblables dans la province. Les enfants
qui vont à cette école sortent les fins de semaine et vont chez
eux.
M. Lazure: Là, il y aurait une question
d'interprétation. Je ne peux pas vous dire ce qui a été
décidé dans ce cas-là, je ne le sais pas.
Si vous voulez nous soumettre le cas en question, on va le regarder.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Beauce-Sud. D'accord, mais...
Mme Lavoie-Roux: Allez-y, allez-y.
M. Mathieu: Juste un mot pendant qu'on est sur ce sujet, M. le
Président. Je voudrais demander au président de la régie
si, dans les cas de révision soumis, vous avez une statistique, à
savoir dans combien de cas la décision a été maintenue,
dans tant de cas elle a été...
M. Lazure: Ecoutez, cela fait deux semaines qu'on siège en
révision et on n'a pas établi beaucoup de statistiques encore. Je
puis vous dire que, dans les deux dernières semaines, pour les cas que
j'ai pu examiner, il y a un certain nombre de cas où la décision
a été changée, mais je pense que, d'une façon
générale, la décision première a été
maintenue. Mais on ne peut pas juger sur deux semaines comme cela.
M. Mathieu: Justement hier, à mon bureau, j'ai eu un cas
semblable, celui d'un enfant de trois ans, handicapé depuis l'âge
de sept mois par une maladie des os; son état nécessite des
visites mensuelles chez un spécialiste à Québec, ce qui
occasionne des coûts considérables aux parents, sans compter le
manque à gagner, tout cela, les visites chez le médecin et les
médicaments. Ils ont fait une demande, mais on dit que l'enfant n'est
pas admissible. Alors, on offre d'aller en révision. Le problème
est qu'en allant en révision, je comprends qu'on ne puisse pas avoir
d'autres attestations que celles qui ont déjà été
fournies pour soumettre le cas, on ne peut pas avoir d'autres attestations que
celles du médecin spécialiste et du médecin de famille. On
dit: Cela a déjà été refusé une fois
à la régie; quelle chance a-t-on?
M. Lazure: II ne faut pas oublier que, à la suite de la
décision du comité de révision, la famille peut aller
à la Commission des affaires sociales.
M. Mathieu: Mais vous comprenez que c'est pas mal de tracasseries
pour la famille.
M. Lazure: Oui. Si on essaie de nous démontrer qu'il y a
des cas qui sont dans des zones grises, on a bien compris le message et on va,
à la lumière de l'expérience qu'on a, depuis quelques mois
maintenant que le programme est en mar- che, reviser le règlement pour
le rendre à la fois plus clair et probablement aussi un peu plus
généreux, pour englober un plus grand nombre de handicaps. Il y a
certaines maladies qui sont handicapantes. Vous parlez d'une maladie des os.
S'il s'agit d'une maladie permanente, ça peut être très
handicapant et une telle maladie peut ne pas être incluse dans
l'état actuel de notre règlement. On va prolonger ce
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais revenir, dans votre
règlement, à la définition de l'enfant handicapé
mental. "Tout enfant qui, de façon significative et permanente, est
affecté d'une déficience mentale moyenne ou profonde
évaluée à partir d'examens standardisés du type
quotient intellectuel ou toute autre épreuve scientifique et dont
l'état nécessite la mise en place de mesures spéciales en
matière de réadaptation et de scolarisation." Est-ce que cela
exclurait les mésadaptés socio-affectifs sérieux et qui
vont peut-être requérir des soins de garde particuliers?
Là, on semble faire allusion uniquement à la question du quotient
intellectuel, M. le ministre, alors...
M. Lazure: Non...
Mme Lavoie-Roux:... qu'on sait fort bien qu'il y a des
perturbations...
M. Lazure: ... j'ai bien pris garde, justement, qu'on ne soit pas
restreint seulement à ce critère. Si on lit attentivement: le
caractère significatif et permanent de la déficience "...
évaluée à partir d'examens au pluriel
standardisés du type quotient intellectuel". Cela ne veut pas dire
seulement un examen du type quotient intellectuel..." ou toute autre
épreuve scientifique". C'est l'expression "ou toute autre épreuve
scientifique" qui est importante. Ce n'est certainement pas seulement le
quotient intellectuel, non. On peut tenir compte du rendement scolaire, on peut
tenir compte de l'examen médical. A votre question précise:
Est-ce qu'un enfant mésadapté socio-affectif profond... Cela
dépendrait si son rendement intellectuel est affecté.
Mme Lavoie-Roux: Je pense aux enfants autistiques et aux enfants
prépsychotiques qui vont avoir des résultats quand
même...
M. Lazure: Oui. Ceux-là, dans l'esprit du
règlement, oui, ils sont admissibles. Je l'ai dit publiquement la
semaine dernière ou il y a deux semaines. Les enfants psychotiques et
autistiques sont admissibles.
Mme Lavoie-Roux: J'imagine que vous avez un programme
informatisé quand des demandes vous sont faites à partir d'un
rapport médical d'un médecin. Les médecins ont-ils
été informés du type de rapport qu'ils doivent maintenant
remplir,
parce qu'il peut y avoir des variations entre ce qu'ils étaient
habitués de faire pour d'autres fins et le programme informatisé
du Régime de rentes?
M. Lazure: Oui. Je pense que les médecins qui s'occupent
de cette catégorie d'enfants le savent certainement beaucoup mieux,
maintenant que le règlement a été publié et qu'on a
établi quels étaient les genres d'examens nécessaires. Ils
sont plus au courant de ce qui est requis pour établir le handicap de
l'enfant.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de problème de concordance
entre...
M. Lazure: Ce n'est pas la même chose que pour
l'invalidité sous le Régime de rentes. Le questionnaire n'est pas
établi du tout de la même façon. Le questionnaire est
établi en fonction du règlement ici.
Mme Lavoie-Roux: Pourrait-on avoir une copie de votre
questionnaire?
M. Lazure: Oui. Je n'en ai pas ici, mais... Mme Lavoie-Roux:
J'aimerais en avoir un. M. Lazure: Oui. Il n'y a pas de
problème.
Mme Lavoie-Roux: En conclusion, ce qu'on peut dire, c'est que le
programme est dans sa phase d'essai et de rodage...
M. Lazure: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: ... et qu'il y a des problèmes, mais que
vous êtes à élargir...
M. Lazure: L'accès au programme, à
l'allocation.
Mme Lavoie-Roux: ... l'accès au programme. Le
critère de fréquentation scolaire en classe
régulière n'est pas une difficulté pour l'obtention...
Ecoutez! C'est ça. Là, il semble qu'on ait un
problème.
M. Lazure: Non. Je réponds à la question. Encore
une fois, la régie n'administre qu'un règlement au meilleur de sa
connaissance.
Mme Lavoie-Roux: Quand le ministre se pro-pose-t-il de modifier
ça?
M. Lazure: Le ministre peut vous dire que, dans son esprit... Et
si le règlement doit être modifié pour que l'application
suive l'esprit, il sera modifié. (11 heures)
Dans mon esprit, je le répète, la fréquentation
d'une classe régulière ne doit pas être un
empêchement à l'allocation spéciale. Si cela l'a
été jusqu'ici dans l'interprétation, on va modifier le
règlement pour que l'interprétation soit plus facile à la
Régie des rentes. Il ne faut certainement pas que la
fréquentation d'une classe régulière soit un obstacle.
Mme Lavoie-Roux: Je vois que le ministre nous dit avoir un bon
esprit ou un bel esprit, mais, entre cela et la modification des
règlements, combien de temps vous donnez-vous? Il semble vraiment que
c'est un point qui a causé un problème.
M. Lazure: D'accord. Ecoutez, on vient de dire que le
règlement n'est en vigueur que depuis environ un mois. Alors, on va
laisser porter encore environ un mois. Je pense que cela nous prend une
période de deux ou trois mois d'essai raisonnable pour ne pas être
obligés de modifier le règlement tous les trois mois à
l'avenir. Alors, donnons-nous une période de quelques mois encore et il
y aura des modifications et des clarifications.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 1 ?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Jolivet): Oui, allez.
Mme Lavoie-Roux: Parce que cela touche le Régime de
rentes. Non, cela ne touche que les allocations familiales. J'avais des
questions sur la Régie des rentes du Québec. Qui répond
à cela?
Une Voix: M. le ministre peut répondre.
Le Président (M. Jolivet): La régie des rentes du
Québec, M. le ministre.
M. Lazure: Oui, l'un ou l'autre. Cela dépend de la
question.
Mme Lavoie-Roux: C'est la fameuse question de l'indexation de la
rente de l'orphelin de parents qui ont cotisé au Régime de rentes
du Québec, qui est toujours demeurée à $29 et qui, me
semble-t-il, après dix ans, devrait être indexée de quelque
façon. Je sais qu'une réponse a été donnée
à l'Assemblée nationale, à savoir qu'on avait davantage
favorisé l'indexation ou la majoration de la rente du parent survivant
que celle de l'orphelin. M. le Président, je suis au courant de cas
c'est vrai qu'aujourd'hui, cela arrive moins souvent, mais cela arrive
encore d'orphelins de père et de mère. C'est la rente de
l'orphelin qui n'est pas majorée. Quelle est l'intention du gouvernement
à cet égard?
M. Lazure: Dans la réforme importante qui a
été apportée, vers les années 1973 et 1974, sous
l'ancien gouvernement, à tout notre régime de
sécurité sociale, cette question avait été
abordée. Si j'ai bien compris l'esprit et le sens de cette
réforme qui a été faite sous l'ancien gouverne-
ment, théoriquement et même objectivement, cette rente
à l'orphelin aurait pu disparaître, parce que les autres avantages
sociaux, les autres prestations sociales, qu'il s'agisse de l'aide sociale
proprement dite ou des allocations familiales, avaient été
aménagés pour tenir compte du statut d'un orphelin. Si cela n'a
pas été carrément enlevé, c'est tout simplement
parce qu'il est toujours difficile de faire disparaître une espèce
de privilège acquis. Mais étant donné qu'autant l'ancien
gouvernement que l'actuel gouvernement considéraient que c'était,
à toutes fins pratiques, une chose qui s'ajoutait et qui, au plan de
l'équité, au plan de l'objectivité, n'aurait pas dû
être nécessaire dans le cadre de la réforme de la
sécurité sociale, nous avons maintenu ce montant sans l'indexer.
C'est l'explication qui avait été donnée à
l'époque par l'ancien gouvernement et que j'endosse personnellement. Je
ne sais pas si le président de la régie a quelque chose à
ajouter.
Ecoutez, c'est une question de politique gouvernementale, mais je pense
que ce que vous dites correspond à ce qui a été fait
à ce moment-là. C'est en 1974 que l'on a mis fin à
l'indexation de cette prestation. Les motifs qui avaient été
invoqués dans le temps, c'était que, dans le cas des enfants,
c'est au moyen des allocations familiales que le problème devait se
régler. Comme on ne voulait pas faire disparaître totalement la
rente d'orphelin, on a enlevé l'indexation.
Mme Lavoie-Roux: Je reviens à ma question. Dans le cas de
l'orphelin ou d'orphelins des deux parents, de père et de mère,
finalement, la ressource pour ces enfants-là, ce sont les prestations
d'aide sociale, même si leurs parents avaient contribué selon la
période requise pour être admissibles au Régime de rentes.
Est-ce que c'est cela, la réponse?
M. Lazure: Oui, c'est une partie de la réponse, mais, dans
un tel cas, l'enfant doit vivre quelque part, si les deux parents sont
disparus. Souvent, dans un cas comme celui-là, l'enfant sera dans une
famille d'accueil l'ancien foyer nourricier et tous ses besoins
seront comblés par des politiques qui sont prévues lorsqu'un
enfant, orphelin ou pas, vit dans une famille d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: Mais quand ils vivent avec des parents, par
exemple...
M. Lazure: Là, tout dépend de son...
Mme Lavoie-Roux: Le fond de ma question, c'est celui-ci: Les
parents ont contribué pendant X années à un Régime
de rentes du Québec. Parce qu'ils ont le double malheur de
décéder relativement jeunes, que ce soit par accident ou
autrement, finalement, les enfants se retrouveront, comme seule ressource,
bénéficiaires de l'aide sociale. Je sais qu'aujourd'hui, ce n'est
pas fréquent, la disparition des deux parents, c'est vrai.
M. Lazure: Je pense que le ministre l'a bien indiqué. Dans
une telle situation, l'enfant est pris en charge par une famille, que ce soit
dans la parenté ou autrement, ou il est pris en charge par l'Etat,
auquel cas s'appliquent les différents programmes auxquels le ministre a
fait allusion, que ce soient des programmes de services sociaux en termes de
familles d'accueil, par exemple. C'est l'Etat qui se substitue, en quelque
sorte, au support financier que requiert désormais cet enfant.
Mme Lavoie-Roux: II reste que, du point de vue du principe
même, du fait que les parents ont contribué au Régime de
rentes et que, à ce moment-là, toute succession est
éliminée sauf pour les $29 par mois, cela m'apparaît...
M. Lazure: C'est comme quelqu'un qui a contribué
lourdement à un régime d'assurance; certains en
bénéficient au-delà de ce qu'ils ont contribué;
d'autres, en-deçà de ce qu'ils ont contribué. C'est la
formule de mise en collectivité d'un risque auquel on fait
référence, en l'occurrence le décès. C'est
inhérent à la formule même de contribution et de prestation
de rentes.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais dans un régime d'assurance, par
exemple, vous payez des assurances, vous n'êtes pas malade, vous vous
réjouissez même d'avoir payé vos assurances et de ne pas
vous en servir. Dans ce cas-ci, ce sont quand même des parents qui ont
versé à une caisse de dépôt et, finalement, les
parents disparaissent et les enfants ne reçoivent à peu
près aucun bénéfice. Est-ce que, à ce
moment-là, ils reçoivent deux fois $29? Probablement pas, non
plus, même pas.
M. Lazure: Evidemment, je ne veux pas discuter, à savoir
si les rentes doivent être indexées ou non. Si elles sont
indexées, je vais les payer indexées, il n'y a pas de
problème. Je veux simplement faire allusion au fait que, lorsque vous
parlez des sommes qu'ont pu payer les parents, il faut considérer qu'il
y a eu des améliorations au Régime de rentes et que, si on essaie
d'établir...
Mme Lavoie-Roux: Pour le conjoint survivant, il y a eu des
améliorations.
M. Lazure: Oui, et pour l'invalide aussi. Mme Lavoie-Roux:
Oui, mais...
M. Lazure: Par rapport au montant payé, on peut se
demander si on essaie de balancer chaque catégorie de
bénéficiaire et de déterminer qui est gagnant ou qui est
perdant. Par contre, c'est la décision qui a été prise
dans le temps: Est-ce qu'il était plus avantageux d'augmenter les rentes
du conjoint survivant ou d'indexer les rentes d'orphelins?
Mme Lavoie-Roux: Le cas bien précis que j'apporte ne se
situe pas là-dedans parce que vous avez deux parents disparus. Dans le
cas où vous
dites: Pour celui qui a encore des enfants à sa charge, on indexe
la rente du conjoint d'une façon plus généreuse et il
s'occupe de son enfant, etc.
M. Lazure: Oui, mais remarquez que, si vous voulez régler
le cas de ces deux orphelins, l'indexation ne le réglerait pas. Au lieu
de recevoir $29, ils recevraient $55; ce n'est pas cela qui va leur permettre
de vivre.
Mme Lavoie-Roux: L'autre question que je voulais vous poser sur
le Régime de rentes, j'avais des notes là-dessus, mais je vais
vous les dire de mémoire, j'espère que je ne me tromperai pas.
Pouvez-vous me dire si, dans le cas du Régime de rentes, quand une
conjointe disparaît, l'autre conjoint a droit au Régime de rentes.
Quand lui devient admissible au Régime de rentes, est-ce qu'il continue
de recevoir la rente du conjoint ou la rente du conjoint est-elle à
zéro?
M. Lazure: Vous faites allusion au cas, par exemple, d'une
personne qui recevrait la rente de conjoint survivant, à la suite du
décès de son conjoint. Cette même personne, qui est
bénéficiaire d'une rente de conjoint survivant, arrive à
65 ans et devient bénéficiaire d'une rente de retraite de son
propre chef parce que cette personne a versé des cotisations. La loi
prévoit dans ce cas que l'on doit combiner les deux prestations. C'est
la même chose, par exemple, pour les cas... Il peut se présenter
d'autres cas également où un bénéficiaire d'une
rente de conjoint survivant devienne bénéficiaire d'une rente
d'invalidité de son propre chef. La loi prévoit qu'il y a un
montant maximal qui est payable dans ces cas. Les deux rentes ne sont pas
payables au maximum. Il y a une formule... Ecoutez, je ne connais pas la
formule par coeur, mais il arrive dans certains cas, selon l'importance du
montant de la rente de retraite qui est payé, que la rente de conjoint
survivant soit considérablement réduite.
Dans le régime, ce que l'on a prévu, c'est qu'à 65
ans les gens retirent à peu près tous le même montant.
Evidemment, le montant payé à 65 ans dépend des
cotisations versées et du salaire moyen, mais ce que je veux dire, c'est
que, rendu à 65 ans, on met tout le monde sur le même pied. Ceux
qui ont deux rentes, en résumé, on doit les ramener à une
rente maximale.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Une question d'information. Je vois qu'au niveau de
l'administration des allocations familiales, il y a une diminution importante
de près de $20 000 000. Je suis bien content de voir cela.
M. Lazure: II y a une explication.
M. Fontaine: C'est cela que je veux savoir.
M. Lazure: C'est que l'an dernier, dans le budget, vous aviez
deux programmes: les allocations familiales et la contribution à
l'impôt foncier scolaire; c'étaient deux programmes
séparés. Vu que le programme de contribution à
l'impôt foncier scolaire est terminé et que, cette année,
on ne va continuer qu'à régler les dernières choses qui
restent à régler dans ce programme, on a décidé, au
niveau du gouvernement, de combiner les deux. Les $24 000 000 que vous avez
pour 1979-1980 comprennent les choses suivantes: les prestations payées
au programme de contribution à l'impôt foncier scolaire,
l'administration du programme d'impôt foncier scolaire et
l'administration du programme d'allocations familiales.
M. Fontaine: II y a des prestations là-dedans.
M. Lazure: Oui, il y en a peut-être pour $18 000 000.
M. Fontaine: Ce n'est pas de l'administration, cela.
M. Lazure: Ecoutez, ce n'est pas moi qui ai fait cela...
M. Fontaine: Non, je comprends.
M. Lazure: Cette année, par exemple, dans les $6 783 000,
il y a $524 000 qui sont des prestations à l'impôt foncier
scolaire. Il y a $603 000 pour l'administration du programme d'impôt
foncier scolaire. Evidemment, à première vue, cela va
paraître curieux, mais le montant pour l'administration est
supérieur aux prestations qu'on va payer; mais il faut penser que, pour
l'impôt foncier scolaire, il y a beaucoup de choses à terminer,
des révisions de cas, des gens qui font des demandes en retard. Alors,
il faut nettoyer tout cela, on en a peut-être encore pour une
année. $524 000 en prestations, $603 000 pour l'administration du
programme d'impôt foncier scolaire et $5 655 000 pour l'administration du
programme d'allocations familiales. C'est ce qui explique ces chiffres.
M. Fontaine: II y a combien de personnes qui s'occupent de
terminer l'administration de l'impôt foncier scolaire? (11 h 15)
M. Lazure: II n'y a pas de personnel. Vous savez que ce programme
revenait chaque année. En somme, à chaque année, au mois
d'août, on envoyait les formulaires aux bénéficiaires et,
à ce moment, nous engagions du personnel occasionnel qui était en
fonction pendant quelques mois. Actuellement, à la régie, il n'y
a pas de personnel additionnel pour ce programme. C'est le personnel
régulier qui continue à liquider l'affaire.
M. Fontaine: Comment se fait-il que l'administration de ce
programme, comme vous le men-
tionniez tantôt, coûte plus cher que ce qu'il reste de
prestations à verser?
M. Lazure: C'est le montant de prestations qui a
été accordé dans le budget. Il est possible qu'on en aie
plus. Je ne sais pas quelles demandes on avait faites; il reste à payer
un certain nombre de prestations, mais il reste à régler aussi de
vieux cas qui ne seront pas nécessairement payés, des gens qui
viennent en révision parce qu'ils ont été
refusés;alors, il y a une administration.
M. Fontaine: C'est le personnel normal de la régie qui
fait cela?
M. Lazure: Oui. Il n'y a pas de personnel additionnel pour
cela.
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas d'autres questions
sur le programme?
Mme Lavoie-Roux: Le reste a été discuté au
ministère des Finances, hier soir.
Le Président (M. Jolivet): Donc le programme 1 est
adopté. Merci.
Le programme 2. Excusez-moi, le programme 3.
M. Lazure: Le programme 3, selon notre entente... J'inviterais le
docteur Laberge, président et directeur général de la
Régie de l'assurance-mala-die, à venir avec ses collaborateurs
autour de la table.
Mme Lavoie-Roux: Non, on revient au programme 3.
Le Président (M. Jolivet): On revient au programme 3. On y
reviendra. M. le ministre.
Assistance-maladie (suite)
M. Lazure: Je n'ai pas de commentaires bien particuliers Quand on
regarde au cahier des crédits, il y a une légère
augmentation, $2 600 000. Les crédits pour ce programme passent de $48
200 000 à $50 800 000. Ce programme couvre essentiellement les
médicaments, les appareils et les services dentaires ou
optométriques qui sont requis par les bénéficiaires de
l'aide sociale.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Bonjour, M. le président. J'aurais une
question concernant l'application de la loi 84. Est-ce que vous pouvez nous
dire... Il y a un dépliant. Dans quelle mesure considérez-vous,
par exemple, que l'exigence de la fameuse carte-soleil vous a facilité
la tâche? La question touchant le comité de révision et ces
choses, quels sont les... C'est un bilan...
M. Lazure: M. le Président, évidemment, la
question... Je voudrais juste faire une remarque. Il faut bien se rappeler
qu'on étudie le programme no 3.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous allez me faire revenir
encore?
M. Lazure: Je veux bien qu'on fasse une petite diversion pendant
quelques minutes, mais je pense qu'il ne serait pas tout à fait
approprié qu'on ait de longues discussions sur l'application de la loi
84. M. le président de la régie veut dire quelques mots
sur...
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, mais cela touche quand même son
budget, non?
M. Lazure: De façon très indirecte.
Mme Lavoie-Roux: En ce qui touche la carte-soleil, cela touche
certainement le...
M. Lazure: Cela touche, si vous voulez, mais là, vous
dépassiez la carte-soleil, vous parliez du comité de
révision. On débordait beaucoup, mais la carte-soleil, M. le
Président...
Je peux vous répondre brièvement. J'aimerais
peut-être vous présenter les quatre administrateurs de la
régie qui sont M. Mockle, des opérations; Me Lafrance, directeur
au contentieux; M. Forcier, directeur aux finances, et le docteur Fer-nand
Hould, directeur des affaires professionnelles.
Les retombées de la loi 84 à la régie ont
été, dans l'ensemble, très mineures à comparer avec
ce qui avait été appréhendé. Les repasser une par
une... La première et la plus importante...
Les retombées négatives, vous voulez dire? ... Oui. ...
était la carte d'assurance-maladie obligatoire. Je me rappelle qu'au
moment où on a reçu 12 000 000 de demandes de paiement, on avait
eu 8000 réclamations qui venaient de bénéficiaires, ce qui
représentait une fraction de 0,1%, contrairement aux
appréhensions suivant lesquelles on serait peut-être à 4%
ou 5% de gens qui devaient demander une carte. On a fait à nouveau un
bilan sur les six premiers mois de la carte obligatoire et c'est demeuré
une très petite fraction de la population qui, encore une fois, est
inférieure à 0,1% qui n'a pas de carte.
Les façons de se la procurer sont tellement faciles que, si
quelqu'un l'a perdue, en téléphonant, on peut la remplacer. Cela
n'a pas causé d'impact. Les autres problèmes de la loi 84; quant
aux signatures des demandes de paiement, on a demandé que ce soit le
professionnel qui signe, c'est absolument normal; ou encore, si ce n'est pas le
professionnel qui signe, la personne qui signe, en son nom, le professionnel en
est responsable. Cela n'a pas causé de problème.
Le délai d'envoi des demandes de paiement; encore là, je
pense qu'on a peut-être eu un cas qui a dépassé les six
mois. C'est-à-dire qu'on a ramené le délai de deux ans
à six mois. Les professionnels, autrefois, avaient deux ans pour
envoyer leur compte; là, ils ont six mois. Je pense qu'on a eu un
cas qui a dépassé six mois; il y a eu une décision
administrative, il y avait des raisons qui le justifiaient. Il y a quand
même un règlement qui vient préciser que, si ça
dépasse six mois, mais que le cas est devant un comité de
révision, si le cas est à l'arbitrage ou s'il s'agit d'une
succession, on peut tolérer que ça dépasse six mois.
La vérification des services rendus qu'on a introduite;
c'était là depuis 1971 et cela a été introduit dans
la loi. On en envoie 500 000 par année, c'est-à-dire 10 000
demandes par semaine, pour savoir si les services ont été rendus.
Cela aussi n'a pas causé de problème. Radiation temporaire du
régime lorsqu'un professionnel est condamné au criminel. Je vais
demander à Me Lafrance; je pense qu'on en a eu deux à ce jour qui
ont été condamnés au criminel. Automatiquement, la
régie dit à ce médecin: A partir de maintenant, vous
n'êtes plus participant. Ou elle dit à ce professionnel: Vous
n'êtes plus participant pour une période de trois mois. Vous vous
rappelez? Si c'est une récidive, c'est pour une période de six
mois. Il y a eu deux cas, je pourrais dire, durant l'année, qui ont
répondu à cela. Le refus de paiement ou l'obtention d'un
remboursement, ça n'a rien donné de spécial.
Renseignements et documents fournis à la régie. J'ai fait
un relevé. Sur 50 000 000 de demandes de paiement par année, on
demande, par le secteur des affaires professionnelles, que ce soit en
médecine, dentisterie ou pharmacie mais surtout en
médecine environ 10 000 fois sur 50 000 000. Ce n'est que 10 000
fois qu'on va demander un protocole opératoire ou un protocole
d'anesthésie ou un rapport anatomo-patholo-gique pour nous permettre de
mieux apprécier la demande de paiement. On ne fait pas de harassement
avec cela, c'est-à-dire qu'on ne fait pas de tracasseries
administratives inutiles auprès des professionnels.
Pour terminer avec les comités de révision, je pense qu'il
est trop tôt pour se prononcer; il semble y avoir des problèmes.
Vous dire qu'actuellement, cela fonctionne de façon extraordinaire, ce
ne serait pas correct; vous dire que cela fonctionne pire qu'avant, ce n'est
pas correct. Une anecdote peut-être; au dernier comité de
révision des médecins spécialistes... Le médecin a
le droit de se faire entendre au comité de révision. Le
médecin est arrivé avec son avocat et des témoins.
Là, les médecins du comité de révision ont dit:
Nous autres, on ne revient plus. Cela devient un peu une cour. Est-ce qu'avoir
un avocat à la barre du comité de révision n'est pas trop?
Je me pose la question.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le président de la
régie a l'impression que l'utilisation obligatoire de la carte-soleil
ce sur quoi l'Opposition officielle était d'accord, si M. le
ministre s'en souvient a permis de freiner ce qui était
frauduleux auparavant? Vous nous aviez donné des chiffres, que je ne
voudrais pas citer de mémoire, de pertes de plusieurs millions de
dollars; je pense que vous aviez évalué le fait qu'on
transportait les cartes trop facilement ou qu'on ne les utilisait pas.
M. Lazure: Je ne voudrais pas refaire tout le débat de la
loi 84.
Mme Lavoie-Roux: Non, moi non plus! On ne partirait pas en
vacances.
M. Lazure: Ce qu'on avait dit à ce moment-là, et
qui a été mal interprété, c'est qu'il y avait
environ 14% des gens qui se présentaient chez les médecins. Ce
n'est pas le cas pour les prothèses visuelles, les protèses
auditives ou les orthèses et prothèses, la carte est obligatoire.
S'il n'y a pas de carte, on ne paie pas les services. Chez les médecins,
il y en avait 14% qui n'avaient pas de carte. Sur les 14%, on en retrouvait la
moitié, soit 7%. Pour les 7% qu'on ne retrouvait pas, on payait $4 200
000 par mois, ce qui fait $50 000 000 par année.
Les gens pensaient que c'est... On me dit que c'est de la fraude; ce
n'est pas de la fraude. Cela faisait $50 000 000 par année payés
à des professionnels de la santé du Québec dûment
inscrits pour des services assurés, on avait vérifié, mais
pour des personnes dont nous ignorions l'identité.
On a fait une enquête; on a pris, à un moment donné,
100 cas; une autre fois, on a pris 200 cas et on est allé les fouiller
jusqu'au bout, pour qui on a payé, et, dans 95% ou 96% des cas, il
s'agissait de résidents québécois qui n'avaient tout
simplement pas leur carte.
Les montants qui seront économisés, si on peut dire, par
la présentation obligatoire de la carte d'assurance-maladie, peuvent
être évalués autour de $1 500 000 ou $1 000 000. Mais ce
n'est pas $50 000 000. Cela freine sûrement l'individu je pense
surtout aux Etats proches de Montréal, limitrophes, le Maine, le New
Hampshire, le Vermont, l'Etat de New York de venir à
Montréal se faire soigner et retourner chez lui.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que, à votre connaissance, il y a
encore de la fraude quant à la transmission des cartes? J'ai
ouï-dire, encore une fois, particulièrement dans les régions
limitrophes et également dans le cas d'étudiants qui se
léguaient cela comme dot...
M. Lazure: II se prête une carte d'un individu à un
autre. Quelqu'un arrive... Mais là, on ne peut pas demander à
chaque professionnel, que ce soit un médecin, un dentiste, de devenir un
policier au nom de l'Etat.
Mme Lavoie-Roux: De les identifier, c'est cela.
M. Lazure: Mais il va arriver un individu de 18 ans avec une
carte, il donne sa carte et s'en va. Cet individu, la carte qu'il a dans les
mains, c'est
la carte de son voisin, de son compagnon au collège. Alors, on ne
peut pas prendre cela.
Il y a également des cartes qui se vendent, qui se transigent. Il
y a des numéros d'assurance sociale, des cartes d'assurance sociale qui
se transigent, il y a des certificats de baptême qui se transigent, il y
a des passeports qui se transigent et il y a aussi des cartes
d'assurance-maladie. Quand on va les prendre, à mesure qu'on va les
prendre, on va...
Mme Lavoie-Roux: Cela vous apparaît assez marginal, de
toute façon.
M. Lazure: Oui.
M. Fontaine: II y a également des anciens résidents
du Québec, qui sont rendus aux Etats-Unis, qui viennent ici de temps en
temps quand ils sont malades, pour se faire soigner.
M. Lazure: De ce côté, c'est pas mal fermé.
C'est-à-dire, chaque fois... Le nombre de gens qui partent du
Québec pour aller à l'extérieur, pour aller
s'établir ailleurs pour voyager, il y a 3 240 000
Québécois par année qui vont en dehors du Canada, en
voyage mais des gens qui s'en vont demeurer à l'extérieur,
on n'en sait pas le nombre. Mais il y a une chose, quand ils tombent malades et
qu'ils nous envoient un compte les supposés
Québécois qui tombent malade on fait une
vérification de l'admissibilité. Le fait d'avoir le nom dans le
fichier n'est pas suffisant. On peut avoir mon nom, Martin Laberge, dans
le fichier et je peux être installé à New York
depuis trois ans. Là, on fait une enquête pour savoir s'il a
encore une résidence, s'il paie des taxes; on va même appeler
à la commission scolaire pour voir s'il a des enfants qui vont
là, le maire de la place, le secrétaire de la
municipalité, les voisins. Le premier moyen, c'est dans le bottin
téléphonique; si le nom n'est plus dans le bottin
téléphonique, on se pose des questions.
Il nous arrive régulièrement de refuser de payer des
comptes, et parfois des comptes très onéreux, de $20 000 à
$100 000 pour quelqu'un, un ancien Québécois qui est
installé ailleurs aux Etats-Unis.
M. Fontaine: C'est pour ceux qui se font traiter aux Etats-Unis,
mais il y en a également une quantité qui font le voyage des
Etats-Unis au Québec pour se faire traiter et qui retournent
ensuite.
M. Lazure: Oui, ceux-là, c'est lors de la
réémission des cartes qui se faisait tous les deux ans au
début et qui se fait maintenant tous les quatre ans; la chance, c'est
qu'ils n'aient plus d'adresse au Québec. S'ils ont une résidence
au Québec, c'est différent, mais s'ils n'ont plus d'adresse au
Québec, les cartes nous sont retournées; alors, on se demande...
On a actuellement 3% ou 4% des cartes retournées pour mauvaise adresse,
3% qui nous sont retournées.
Alors, on vérifie si c'est juste un changement d'adresse, parce
qu'il y a entre 800 000 et 900 000 Québécois qui changent
d'adresse par année, ou si c'est quelqu'un qui est parti. Si c'est
quelqu'un qui est parti, on le raie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais demander au
ministre si on prévoit, dans le programme AMEO pour les
handicapés visuels, le déblocage de la troisième phase du
programme pour les handicapés visuels de 35 ans et plus. Selon les gens
qui travaillent dans ce domaine, 75% des handicapés visuels ont plus de
35 ans.
M. Lazure: Nous avions espéré pouvoir passer
à cette troisième phase, la première ayant
été de 0-18 et ensuite de 18-35, la troisième étant
de 35 à 55 ou 65, de 35 à 65. On avait espéré
pouvoir le faire durant cet exercice financier qui vient de commencer.
Malheureusement, nous n'avions pas suffisamment de crédits. (11 h
30)
Je ne peux pas répondre à la députée de
L'Acadie, je ne peux pas lui donner une date précise. On va revenir
à la charge au moment des budgets supplémentaires pour essayer de
le faire démarrer vers la fin de l'année financière, mais
j'espère bien que, si ce n'est pas possible avec le budget
supplémentaire, ce le sera lors du prochain exercice financier, l'an
prochain. Je suis bien conscient des besoins. J'ai rencontré
récemment les gens qui administrent le programme AMEO sur la rive sud de
Montréal et ce que vous dites est vrai. On a cru à l'origine
commencer par les plus jeunes. Je pense que c'était une décision
sage, mais il est urgent de penser aux plus de 35 ans.
Mme Lavoie-Roux: Pour les prothèses auditives
également, c'est limité aux gens en bas de 35 ans. Là
aussi, je ne connais pas les statistiques, mais ce ne serait pas
étonnant que ceux qui en ont le plus besoin... Evidemment, il y a les
sourds profonds, mais, finalement, ceux qui en ont le plus besoin sont vraiment
les gens de 40 ans et plus, si on tient compte de la population.
M. Lazure: En quantité, oui, d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Souvent, ces gens, quand on connaît...
M. Lazure: Mais il était urgent...
Mme Lavoie-Roux: ... les taux de chômage qui interviennent
à partir de 50 ans ou même 45 ans et plus, c'est difficile pour...
Pour ça aussi, évidemment, vous en avez remis l'application.
M. Lazure: C'est ça. Pas parce que le besoin n'est pas
urgent, mais parce que les crédits n'étaient pas disponibles.
Pour revenir à la philosophie qui a présidé au choix des
plus jeunes pour amorcer le programme, je pense qu'on conviendra que,
même si ça touchait un moins grand nombre
de sujets, il était important d'assurer aux jeunes, surtout ceux
qui étaient du niveau scolaire, qu'avec ces appareils gratuits, ils
pouvaient prolonger le plus longtemps possible leurs études, leur
scolarité et qu'ils pouvaient aussi, deuxième volet, à
part l'aspect strictement scolaire, obtenir l'entraînement auditif ou
visuel, selon le cas, qui leur permettrait d'avoir une vie qui se rapproche le
plus de la normale. Ceci étant dit, il est urgent de s'occuper aussi des
personnes plus âgées, des plus de 35 ans, dans les deux cas.
Mme Lavoie-Roux: Y a-t-il, en fait, de nouveaux programmes qui,
cette année, sont ajoutés et qui seront désormais
couverts qui ne l'étaient pas par l'assurance-maladie?
M. Lazure: Oui, effectivement. Il y a quelques nouveaux
programmes qui doivent commencer, certains au mois de juillet, d'autres au mois
de septembre. Par exemple, les laryngectomisés je pense en avoir
dit un mot hier les personnes...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: ... qui ont un larynx artificiel. Nous commencerons
dans les mois qui viennent et ce sera administré par la régie. Il
y a aussi le programme des stomisés...
Mme Lavoie-Roux: Oui, vous en avez parlé hier.
M. Lazure: ... ceux et celles qui ont des anus, des intestins
artificiels, colotomies ou iléostomies. Ce sont les principaux
programmes qui doivent débuter, certains au mois de juillet, d'autres au
mois de septembre.
Une Voix: ...
M. Lazure: Oui. Enfin, le dernier qui est en discussion depuis un
certain temps, les seringues et les aiguilles pour les malades
diabétiques; jusqu'ici, on ne couvrait que l'insuline, le
médicament. On va, à l'avenir, couvrir aussi les seringues et les
aiguilles.
Mme Lavoie-Roux: D'une façon universelle.
M. Lazure: Oui.
M. Fontaine: A compter de quand?
M. Lazure: II y a un dernier programme qui est modeste quant au
nombre de personnes que ça touche, mais qui est quand même vital
pour ceux que ça touche, les yeux artificiels.
Mme Lavoie-Roux: Les yeux?
M. Lazure: Les yeux artificiels ce qu'on appelait
autrefois l'oeil de vitre pour les gens qui ont subi
l'énucléation ou se sont fait enlever un oeil, l'oeil artificiel
sera payé par la régie.
Mme Lavoie-Roux: Ceci m'amène vous l'avez
peut-être vue à cette lettre qui a paru, je pense, dans la
Presse au mois de juin, du Dr Massenat et qui parle des prothèses
maxillo-faciales.
M. Lazure: Oui, j'ai vu la lettre.
Mme Lavoie-Roux: On y écrit: "II est pénible pour
ces personnes de se présenter en public avec de gros pansements
dissimulant l'ablation d'un nez, d'un oeil d'un oeil, il semble que vous
allez vous en occuper... Ils demandent au moins...
M. Lazure: On me dit que ce sont deux hôpitaux, un à
Montréal et un à Québec, qui sont en train de nous fournir
les données nécessaires pour rendre ce programme gratuit.
Là aussi, cela ne touche pas un grand nombre d'individus, mais c'est
assez dramatique et ces prothèses sont assez coûteuses. Alors, on
a aussi l'intention de le commencer dans les mois qui viennent.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez l'argent au budget pour ces
programmes?
M. Lazure: La réponse, c'est oui.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Maintenant, M. le Président,
hier, j'avais posé une question et le ministre m'a dit que le
président de la régie pourrait me dire cela. Si je regardais tout
cela, c'est 1978... Je vous avouerai franchement qu'avec le
référendum, je n'ai pas eu le temps de passer à travers.
Qu'en est-il des...
M. Lazure: Vous auriez peut-être dû.
Mme Lavoie-Roux: Vous pensez que cela aurait été
plus chanceux pour vous.
M. Fontaine: ... Mme Payette faisait le travail pour nous
autres.
Mme Lavoie-Roux: Hein?
M. Fontaine: Mme Payette faisait le travail pour nous autres.
Mme Lavoie-Roux: Vous savez, avec Mme Payette, je vous assure
que...
Le Président (M. Jolivet): Revenons au sujet.
M. Fontaine: Pour le référendum, elle nous a
aidés beaucoup.
Mme Lavoie-Roux: ... on ne serait pas rendu loin.
Le Président (M. Jolivet): Revenons au sujet.
M. Lazure: Pas de relent de sexisme, s'il vous plaît! Et je
vais avoir l'appui de Mme la députée de L'Acadie, à part
cela.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des compensations que vous avez
versées pour les avorte-ments à l'extérieur du
Québec.
M. Lazure: M. le Président, pour revenir à la
question de Mme la députée de L'Acadie, si le Dr Laberge a les
chiffres à la portée de la main, je n'ai pas d'objection qu'on
passe un petit bout de temps là-dessus, mais je reviens à ma
remarque de tantôt. Ce qui est en discussion ce matin, c'est le programme
3...
Mme Lavoie-Roux: Qui touche...
M. Lazure: ... qui touche trois éléments.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on va le faire revenir?
M. Lazure: II touche l'élément 1 qui s'appelle
prestations de médicaments et d'appareils médicaux, l'autre,
l'administration et certains services. Mais je veux faire remarquer qu'on
discute d'un budget de $50 000 000 et non pas du budget de presque $1 000 000
000 de toute la Régie de l'assurance-maladie.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Mais à quel moment va-t-on en
discuter?
M. Lazure: On n'en discute pas.
Mme Lavoie-Roux: On n'en discute pas.
M. Lazure: Non.
M. Fontaine: C'est justement. C'est le temps de poser des
questions à ce sujet.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Fontaine: Si on veut avoir une réponse.
M. Lazure: Ce serait à la commission parlementaire des
finances. Il y a une partie des crédits, si on parle du budget
général de la régie, qui sont statutaires et une autre
partie qui passe par le biais des Finances.
M. Fontaine: M. le Président, on est ici pour
étudier l'administration de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec.
M. Lazure: Non, pas de façon générale. Il
s'agit des crédits du ministère des Affaires sociales. Si vous me
le permettez...
M. Fontaine: Oui, mais on parle de l'administration...
M. Lazure: Oui, mais je vais vous expliquer dans quel contexte on
parle d'administration. Il s'agit de l'administration de certains programmes
qui sont des programmes du ministère des Affaires sociales et le
ministère confie à la régie l'administration de ces
programmes...
M. Fontaine: D'accord.
M. Lazure:... tels les médicaments, les
prothèses...
M. Fontaine: Si on veut poser des questions au président
de la Régie de l'assurance-maladie du Québec sur son
administration, on peut lui dire, par exemple, qu'on le félicite.
D'après les renseignements qu'on a, il y a 36% de réduction des
effectifs, il y a 172 employés de moins. Depuis quelques années,
on a réduit les frais d'administration de 20%. Je pense qu'on peut le
féliciter là-dessus, sur son administration.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs vous nous avez envoyé tout
cela avec le livre des crédits.
M. Fontaine: On peut également...
M. Lazure: C'est parce qu'on est transparent.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est bien le seul point où vous
êtes transparent!
M. Fontaine: ... poser des questions sur l'administration de la
régie au point de vue des prestations. D'ailleurs, on l'a fait
tantôt. On a posé des questions sur ce qui était
payé pour des gens des Etats-Unis qui venaient se faire soigner au
Québec.
M. Lazure: Oui, M. le Président, je n'ai pas d'objection
du tout à ce qu'on passe un certain temps sur cela et je l'ai dit au
début de mes remarques. Je pense qu'il faut être souple dans cette
discussion des crédits. Mais je ne voudrais pas non plus qu'on entre de
façon indue dans une longue discussion sur l'ensemble des crédits
de la régie parce que ce n'est pas cela qui est notre propos
aujourd'hui. Ceci étant dit, je veux bien qu'on fasse preuve de
souplesse. Si le président de la régie a des chiffres sur les
montants payés, pour revenir à la question de Mme la
députée de L'Acadie, pour les avortements...
Mme Lavoie-Roux: C'est vous qui avez suggéré hier
que je le demande au président de la régie.
M. Lazure: Oui, je n'ai pas d'objection, si le président
les a à portée de la main, mais je voudrais qu'on comprenne que
le président n'a pas nécessairement tout à portée
de la main, surtout quand il s'agit de questions qui ne sont pas incluses dans
le programme dont on discute aujourd'hui.
M. Fontaine: Je pense que le président savait qu'on avait
des questions à poser là-dessus; d'ailleurs, on l'a
mentionné hier, on l'a mentionné publiquement. Même le
député de Beauce-Sud en a parlé à
l'Assemblée nationale la semaine dernière,
M. Lazure: II y a certains chiffres que le président peut
donner, si on lui en donne la chance.
Je pourrais simplement commencer par le nombre et le coût des
avortements pour les services reçus hors du Québec et les
remboursements aux bénéficiaires dans le cadre de
l'assurance-maladie pour l'année 1977 et l'année 1978. Le nombre
dépend du code d'actes; en gros, pour l'année 1977,
c'était environ 170; pour l'année 1978, c'était à
peu près le même nombre. Si on additionne les chiffres en vitesse,
c'est ce qui a été payé directement aux médecins.
Vous pouvez ajouter à cela 183, en 1977, remboursés aux
bénéficiaires, plus 145 exactement en 1978.
M. Fontaine: Alors, c'est 170 plus 183. M. Lazure: Pour
1977, je vous ai dit 170... M. Fontaine: Plus 183.
M. Lazure: Là, on parle hors Québec. Plus 183
payés aux bénéficiaires.
M. Fontaine: II y en a qui sont payés aux médecins
et d'autres payés aux bénéficiaires.
M. Lazure: C'est cela. Cela fait 350 hors Québec, en tout,
à peu près. Le nombre que le régie a payé en 1971,
si cela vous intéresse, 1275 et, en 1978, 9704, au total.
Mme Lavoie-Roux: Cela indique qu'il y a une diminution...
M. Fontaine: De 300 à 350.
M. Lazure: De ceux payés aux Etats-Unis.
Mme Lavoie-Roux: ... de ceux payés aux Etats-Unis.
M. Lazure: Les 9000 incluent les avortements
thérapeutiques faits dans les hôpitaux. 9000, c'est les deux, dans
les hôpitaux et à l'étranger.
A l'étranger et dans les cabinets privés; ici ou à
l'étranger. C'est cela?
C'est cela.
M. Fontaine: Le coût est de combien?
M. Lazure: Le coût, c'est multiplié par environ $60.
Il y a trois actes différents et le coût de chacun varie, mais, en
moyenne, cela fait $60.
M. Fontaine: Cela veut dire que la Régie de
l'assurance-maladie du Québec paie en moyenne $60 par avortement et, en
1977-1978, il y a eu de 300 à 350 avortements qui ont eu lieu à
l'extérieur du Québec.
M. Lazure: C'est cela.
M. Fontaine: Maintenant, on sait que la régie, pendant une
certaine période je pense que c'était une semaine ou deux
semaines au cours du mois d'août dernier a cessé ses
paiements. Est-ce que vous pourriez nous dire pour quelle raison vous avez
cessé d'effectuer ces paiements et pour quelle raison vous avez
recommencé à les payer?
M. Lazure: C'est très simple, une règle
d'application on appelle cela une règle d'application, il y a 700
règles dans la régie nous avait été fournie
par la Fédération des médecins spécialistes nous
disant que les seuls avortements qu'on payait étaient ceux faits dans
les centres hospitaliers. On a demandé au ministère, sur
l'approbation d'un comité thérapeutique en milieu hospitalier,
c'était la règle faite par les médecins
spécialistes. (11 h 45)
M. Fontaine: Avez-vous cette règle?
M. Lazure: C'est une règle qui fait partie de
l'entente.
M. Fontaine: De l'entente avec les médecins?
M. Lazure: Des médecins spécialistes; il y a deux
groupes de médecins: spécialistes et omni. L'autre est dans mon
cahier...
M. Fontaine: Cette règle est conforme avec le Code
criminel?
M. Lazure: On a demandé un avis au ministère de la
Justice. Et l'avis que le ministère de la Justice a donné que
j'ai quelque part, si vous me donnez trois secondes pour le trouver
se termine en disant: "La règle de paiement de la régie
devrait permettre la rémunération des avortements
pratiqués en cabinet privé lorsque ces actes sont requis
médicalement et que le médecin est justifié de passer
outre aux exigences du Code criminel". C'est la conduite actuelle de la
régie basée sur l'avis du ministère de la Justice.
M. Fontaine: Est-ce que vous auriez objection à me
remettre une copie de cet avis juridique?
M. Lazure: Vous demanderez cela au ministre des Affaires
sociales.
C'est un avis qui a été élaboré à la
Justice, on me permettra d'en discuter avec mon collègue de la Justice
et le président de la régie. Je ne dis ni oui ni non. Je prends
avis de votre question, je la prends en délibéré.
M. Fontaine: Je ne vois pas pourquoi on devrait avoir une
discussion avec le ministre de la Justice quant à savoir si les
parlementaires peuvent connaître le contenu d'un avis juridique que vous
donnez, par le ministère de la Justice à la Régie de
l'assurance-maladie. Normalement, cet avis aurait dû être public
pour que tout le monde sache pourquoi la régie...
M. Lazure: J'avais donné les conclusions de cet avis
à l'Assemblée nationale. Je me le rappelle très bien.
Comme le docteur Laberge vient de le
faire. A prime abord, je n'ai pas d'objection de principe à
rendre le document public, mais ne serait-ce que par courtoisie, je veux
consulter mon collègue de la Justice pour être bien sûr
qu'il n'y a pas d'inconvénient à le transmettre aux membres de la
commission parlementaire...
M. Fontaine: Les gens du ministère de la Justice...
M. Lazure: On va siéger cet après-midi et ce soir,
alors je vous apporterai une réponse.
M. Fontaine: Les gens du ministère de la Justice n'ont
certainement pas d'objection, ils n'ont pas honte de leur avis juridique. Ils
vont certainement vouloir qu'il soit publié.
M. Lazure: Le député de Nicolet-Yamaska sait fort
bien qu'il n'est pas question de honte dans cela, il est question de
courtoisie.
M. Fontaine: Maintenant, M. Laberge, vous, à la
régie, vous avez des conseillers juridiques; d'ailleurs, il y a Me
Lafrance qui est ici, est-ce qu'il a émis un avis juridique
là-dessus?
M. Lazure: Je pense que ce qui fait la conduite de la
régie ou ce qui trace la conduite de la régie, pour nous autres,
peu importe qu'un avocat de la régie ait dit des choses d'une
façon ou de l'autre, quand il y a un doute, on demande un avis au
ministère de la Justice. Ce n'est pas la seule fois qu'on a
demandé un avis au ministère de la Justice. Quand on a l'avis du
ministère de la Justice, on se conduit selon l'avis du ministère
de la Justice.
M. Fontaine: Je vous demande si, au conseiller juridique de votre
régie, vous avez demandé d'émettre un avis et s'il en a
émis un.
M. Lazure: II n'y en a pas eu de la part de Me Lafrance que vous
avez mentionné.
M. Fontaine: D'un autre conseiller juridique.
M. Lazure: II y a un avocat de la régie qui a pu
écrire, à un moment donné, quelque chose.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre aurait objection
également, et là il n'a pas à demander la permission au
ministère de la Justice puisque cela relève de son propre
ministère, à ce que les membres de la commission puissent
connaître le contenu de cet avis juridique?
M. Lazure: Vous parlez d'un document de travail interne. Encore
une fois, je ne vous dis ni oui ni non pour le moment. Je vais prendre cela en
délibéré. Vous comprendrez que, dans une commission
parlementaire qui étudie les crédits, on ne va pas apporter ici
et rendre publics tous les documents internes de chaque ministère, de
chaque régie. Le document dont vous parlez, si je comprends bien, c'est
un document interne de la régie.
M. Fontaine: Je suis bien d'accord là-dessus. C'est un
document interne, mais c'est un document qui, sans doute, tend à
justifier le paiement par la régie de fonds publics envers des
prestataires ou des médecins qui bénéficient de la
Régie de l'assurance-maladie. Je pense que, si on veut, nous, en tant
que parlementaires, faire un travail consciencieux, à savoir si
réellement les deniers publics sont dépensés en
conformité avec la loi, ce serait normal que nous sachions pourquoi le
ministère, la régie a décidé de payer ces
avortements qui, semble-t-il, selon les renseignements qu'on peut avoir,
seraient faits en conformité avec le Code criminel.
M. Lazure: Mais la raison vous a été donnée
tantôt, c'est que l'avis du jurisconsulte du gouvernement, qui est le
ministère de la Justice, dit clairement à la régie: Oui,
vous devez payer ces actes lorsqu'ils sont médicalement requis. On
revient à l'avis du ministère de la Justice. Moi, je vous dis que
je n'ai pas d'objection en principe de rendre public cet avis pour les membres
de la commission parlementaire. Je vais simplement en discuter avec le ministre
de la Justice ce midi.
Vous parliez aussi d'un autre document qui n'a pas du tout la même
importance, qui n'est pas comparable. Il s'agit d'un document de travail. Que
ce soit pour un avocat ou un médecin, je ne pense pas qu'il soit dans
l'intérêt public de publier les avis qu'un professionnel peut
donner à un directeur de service ou à un président de
régie. Ce n'est pas du tout la même classe de documents que l'avis
du ministère de la Justice.
M. Fontaine: Non, mais c'est un document qui, certainement, a
servi de base à la décision qui a été prise de
continuer à payer les avortements faits à l'extérieur du
Québec et en cabinet privé au Québec. C'est un document
dont on s'est servi, dont la régie s'est servie pour rendre une
décision publique. Je pense que les citoyens du Québec doivent
savoir quel est le contenu de ce document et savoir si tout va bien à
l'appui de la thèse du paiement des indemnités en question, qui
sont payées à même les taxes des contribuables du
Québec.
M. Lazure: L'avis dont nous nous sommes servis est celui du
ministère de la Justice. Il n'y a jamais d'avis du contentieux de la
régie signé par le directeur du contentieux. Il y a eu des avis
d'avocats à l'intérieur de la régie. Il y en a un qui
disait une chose, un autre pensait autrement. On a donc demandé un avis
au ministère de la Justice et c'est l'avis du ministère de la
Justice, comme le disait le ministre, qui est le jurisconsulte de tous les
ministères... Pour nous, il y a un avis à suivre, c'est celui qui
nous a été envoyé par le ministère de la
Justice.
M. Fontaine: Le ministre refuse de nous donner ce document.
M. Lazure: M. le Président, le ministre ne refuse rien. Le
ministre vous a dit qu'il prenait en délibéré la demande
et qu'on en reparlerait cet après-midi.
M. Fontaine: Cet après-midi?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: M. le...
M. Fontaine: J'aurais une autre question à poser.
On a parlé des avortements effectués à
l'extérieur du Québec, vous nous en avez donné le nombre
et le coût. Est-ce que vous pourriez maintenant nous donner le nombre
d'avortements effectués en cabinet privé pour lesquels la
régie a également déboursé?
M. Lazure: En 1978, en cabinet, 2626 là, je mets
les trois codes d'actes; 6905, 6908, 6909; le plus fréquent, c'est 6905
$151 713. En établissant, quant à y être, pour ne
pas revenir tantôt, c'est 7244...
M. Fontaine: En cabinet, cela?
M. Lazure: En établissement, à l'hôpital;
7244 comparé à 2600, $390 673.
M. Fontaine: Excusez, voulez-vous répéter?
M. Lazure: $390 673. D'accord? Les cinq premiers mois de 1979, en
cabinet, 1181...
Mme Lavoie-Roux: Les trois premiers mois.
M. Lazure: Les cinq premiers mois, pour les trois codes d'actes,
1181 en cabinet et 3126 en établissement. Les coûts en cabinet
étaient de $75 921. Les coûts en établissement sont de $168
512. On peut aller plus loin au niveau des régions.
M. Fontaine: Si vous me donnez seulement les cinq premiers mois,
c'est parce qu'ils ont six mois pour présenter les comptes?
M. Lazure: Oui, c'est parce que les données de
l'année 1979 sont en train d'être barattées pour
préparer le rapport statistique que madame a dans les mains. En fait,
les données devraient être prêtes à la fin de
septembre.
M. Fontaine: Vous constatez une augmentation d'à peu
près combien, en pourcentage?
M. Lazure: C'est sensiblement la même chose.
Mme Lavoie-Roux: II y avait 8000 et il y a 9000.
M. Fontaine: C'est sensiblement la même chose.
M. Lazure: C'est une augmentation "normale".
Mme Lavoie-Roux: Sur cette question particulière, je ne
veux pas vous faire passer des heures à le faire, mais si, par hasard,
vous le saviez, les avortements en cabinet privé, est-ce que cela se
répartit en un grand nombre de cabinets privés? Enfin, un grand
nombre, relativement grand, toujours. Ou s'il y a des cliniques privées
qui fonctionnent on sait qu'il y en a une y en a-t-il d'autres
qui se sont développées et qui ne font que ce type
d'interventions?
M. Lazure: Je dirais que 10 au maximum en font 95%.
Mme Lavoie-Roux: 10 en font 95%. M. le ministre, est-ce qu'elles
vont continuer à le faire?
Une Voix: Est-ce qu'on va parler du programme?
M. Lazure: Peut-être qu'on va parler du programme, je ne
sais pas; du programme en cause.
M. Fontaine: Cela a l'air à vous gêner qu'on parle
de cela.
Mme Lavoie-Roux: Le programme en cause? Vous nous avez dit que
vous aviez ajouté quelques catégories qui touchent un nombre
infime de personnes, que vous n'aviez pas débloqué dans le cas
des sourds et des aveugles au-dessus de 35 ans, qui sont les cas les plus
touchés, alors, qu'est-ce que vous voulez qu'on ajoute? On peut
espérer que, l'an prochain, vous allez le faire parce qu'il y a des
besoins urgents.
M. Lazure: Je n'ai pas à vous dicter les questions.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les personnes les plus touchées.
A moins que vous n'ayez d'autres choses dont vous voulez nous faire part?
M. Lazure: La situation de la femme au ministère des
Affaires sociales?
Mme Lavoie-Roux: Non, non, cela, ce n'est même pas encore
rendu... Ah! Bien oui, tiens, cela me fait penser...
M. Lazure: Une petite diversion, n'est-ce pas? Mme
Lavoie-Roux: D'ailleurs, je l'avais dit. M. Fontaine: On va terminer
là-dessus.
M. Lazure: Alors, ça n'intéresse pas le
député de Nicolet-Yamaska?
M. Fontaine: Oui, ça m'intéresse, mais ça
peut attendre.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'avortement qui l'intéresse!
M. Lazure: C'est cela.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Concernant les avortements effectués en
cabinet privé, il y a déjà eu des questions posées
en Chambre là-dessus.
M. Lazure: Oui.
M. Fontaine: On avait même, je pense, donné un
exemple d'un cabinet privé qui effectuait des avortements. Il y avait
même de la publicité qui était faite. Si je ne me trompe
pas, c'était un cabinet qui était établi par la CSN ici,
à Québec. Le ministre avait, à ce moment-là,
dénoncé publiquement ce cabinet et d'autres cabinets semblables.
Est-ce que le ministre, puisqu'il aime rencontrer le ministre de la Justice, a
rencontré le ministre de la Justice pour discuter de cette question et
lui a demandé de prendre des poursuites?
M. Lazure: Dénoncer, ce n'est pas mon style habituel,
c'est le député de Nicolet-Yamaska qui le dit. Je me souviens
d'avoir...
M. Fontaine: Je m'excuse, M. le Président. Je m'excuse
d'interrompre le ministre, je voudrais tout simplement vous lire ce que vous
avez dit à ce moment-là, le 16 novembre 1979. "M. Lazure: C'est
ce que je fais actuellement, je le dénonce parce que je n'étais
même pas au courant d'une telle annonce. Cela n'a rien à faire
avec..."
M. Lazure: Voulez-vous lire la question?
M. Fontaine: C'est M. Fernand Grenier qui posait la question: "M.
Grenier: M. le Président, le ministre devrait être saisi de cela;
si c'est voulu, si c'est accepté, qu'il le dise, sinon, qu'il le
dénonce." Vous avez dit que c'est ce que vous faisiez, que vous le
dénonciez.
M. Lazure: Bon, voilà. Bien oui, c'est une façon de
parler, si vous voulez.
M. Fontaine: Alors, si vous l'avez dénoncé, il faut
donner des suites à cela.
M. Lazure: Pour les avortements qui se font dans les cabinets
privés, que ce soit dans un cabinet de médecin à
Montréal ou que ce soit dans une clinique qui est organisée par
un groupe de travailleurs et de travailleuses, on vient de le dire, on a
passé plusieurs minutes là-dessus, la Régie de
l'assurance-maladie, ayant sollicité un avis du ministère de la
Justice, arrive à la conclusion que, lorsque l'avortement
thérapeutique est médicalement requis, la régie doit
payer. (12 heures)
Le sens de ma réponse aux questions du député de
Mégantic-Compton à l'époque... Et c'est lui qui voulait
absolument utiliser le mot "dénoncer". Le sens de ma réponse
était le suivant: J'avais été saisi, presque sur-le-champ,
de l'existence de cette clinique que je ne connaissais pas et j'ai voulu
répondre en disant que, justement, si on avait une plus grande
collaboration de la part de certains groupements, des groupements hospitaliers,
des groupements médicaux plus particulièrement, et d'autres
groupements dans la société qui ne cessent pas d'entreprendre des
campagnes de dénigrement et de calomnie contre ce qu'ils appellent les
cliniques Lazure, si on n'avait pas créé un tel climat
frénétique d'hostilité et d'opposition à
l'implantation de ces cliniques normales en milieu hospitalier, si tout cela ne
se passait pas, on aurait moins de cas comme celui qui avait été
soi-disant dénoncé par le député Grenier en
Chambre.
On me permet de continuer. Si le député de Nicolet-Yamaska
veut faire oeuvre utile dans ce débat, je pense qu'il pourrait faire
appel à des groupements qu'il connaît bien et qui, encore une
fois, par des bulletins qui s'appellent La feuille de chou, ou d'autres
bulletins du genre, ne cessent de répandre c'est le nom officiel
d'un bulletin qui s'appelle La feuille de chou et qui est parti en
croisade contre...
Mme Lavoie-Roux: ... pas d'illusion.
M. Lazure: C'est cela. ... cette institution...
M. Fontaine: ... l'histoire du chou.
M. Lazure: ... qui s'appelle la Clinique de planification
familiale.
Mme Lavoie-Roux: Ah! cela vient de là.
M. Lazure: Le jour où nos cliniques de planification
familiale pour conclure seront développées de
façon plus solide un peu partout dans le Québec, les femmes qui
ont besoin d'un service qui est prévu par la loi pourront se rendre en
toute sécurité dans un hôpital, région par
région, et obtenir ce service. De plus, les mêmes femmes, les
femmes qui sont dans des conditions semblables, n'auront pas à se rendre
soit aux Etats-Unis, soit dans les cliniques clandestines ou encore dans les
bureaux, dans les cabinets privés qui, à mon avis, offrent un
éventail de services moins important que ce qu'on retrouve dans une
clinique de planification familiale qui est établie dans un
hôpital.
M. Fontaine: M. le Président, le ministre ne peut me
reprocher, ni reprocher aux groupes en question de dénoncer ces
cliniques d'avortement puisqu'elles ne sont pas en conformité avec le
Code criminel, l'article 251 du Code criminel, que vous connaissez fort bien.
Si on est rendu, puisque l'administration de la justice relève du
ministère de la Justice, et si le ministre de la Justice lui-même,
par l'entremise de son contentieux, émet des avis juridiques voulant
qu'il ne prendra pas de poursuite contre ces cliniques d'avortement qui.
à
mon avis, sont illégales puisqu'elles sont à rencontre du
Code criminel, on peut se demander où on en est rendu avec notre
administration de la justice, alors qu'on réclame, dans les discussions
constitutionnelles, beaucoup plus de pouvoirs dans ce domaine.
M. Lazure: M. le Président, ce n'est pas si simple. J'ai
dit hier je ne sais pas si le député de Nicolet-Yamaska
était ici qu'il y a eu un jugement de la Cour d'appel, du juge
Montgomery, en 1974...
Mme Lavoie-Roux: Encore le juge Montgomery-
M. Lazure: Encore le même juge Montgomery. ... qui a
statué, dans une cause qui impliquait la Régie de
l'assurance-maladie du Québec et une dame anglophone dont j'oublie le
nom cela n'a pas d'importance que, lorsque l'avortement
thérapeutique était médicalement requis et que le
médecin pouvait faire la preuve que c'était médicalement
requis, cet avortement pouvait se faire en dehors du cadre hospitalier. Comme
avocat, vous devriez être au courant de cette cause. Il ne s'agit pas de
répandre...
M. Fontaine: II a dit que la régie devait payer.
M. Lazure:... la terreur, de répandre la crainte dans la
population en disant: Le gouvernement est dans l'illégalité quand
il laisse payer des avortements en cabinet privé, alors que le Code
criminel dit que cela doit se faire dans un hôpital. C'est une partie
seulement de la vérité que le député de
Nicolet-Yamaska nous dit à ce moment-ci. S'il veut dire la
vérité en entier, il faut qu'il ajoute qu'il y a une
jurisprudence, le juge Montgomery, 1974-1975, Cour d'appel, qui dit bien
clairement cela n'a pas été contesté depuis
que cette...
M. Foniaine: Ce que le juge Montgomery a dit...
M. Lazure: On me permettra de finir.
M. Fontaine: Je peux me tromper, mais ce que le juge Montgomery a
dit, c'est que la régie pouvait payer.
M. Lazure: On me permettra de finir.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: II n'a pas dit que c'était...
M. Lazure: On me permettra de finir. Un tel avortement doit se
faire, même s'il vient à l'encon-tre de la lettre du Code
criminel. Un tel avortement est légal et la régie doit payer.
Dixit le juge Montgomery.
M. Fontaine: On va vérifier cela.
M. Lazure: Vérifiez-le. Je l'ai vérifié, il
n'y a pas longtemps.
M. Fontaine: On attend votre réponse cet après-midi
concernant l'avis juridique.
M. Lazure: J'ai un extrait. Le président de la
régie me donne un extrait du texte du juge Montgomery en anglais. Entre
guillemets, c'est sorti du texte: "An abortion might be legally justifiable in
case of necessity even though not performed in the manner authorized by section
251 of the Criminal Code." C'est clair? Autrement dit, la preuve de
nécessité reconnue par la Cour d'appel le juge Montgomery
en matière civile pourrait donc faire échec aux
prescriptions du Code criminel et obliger de ce fait la régie à
rémunérer un tel acte.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
L'Acadie.
Médicaments et services pharmaceutiques
Mme Lavoie-Roux: J'espère que, cette fois-là, on va
être dans le programme. C'est sur les médicaments. Dans la revue
"La Gazette des femmes" d'ailleurs, le ministre n'a pas répondu
à un de ces nombreux points que j'ai soulevés hier dans mon
introduction on dit que le coût des médicaments et des
services pharmaceutiques s'est accru en 1978 de 44,6% par rapport à
1977, pour atteindre $88 000 000...
Une Voix: ...
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes peut-être rendu à
1979. C'est pour cela que vous avez $110 000 000.
M. Lazure: Pour 1980-1981, $110 000 000, 1979-1980, $102 000
000.
Mme Lavoie-Roux: Et c'est une augmentation constante
d'année en année?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: De quel pourcentage?
M. Lazure: $102 000 000 à $110 000 000 que j'ai ici, cela
fait 8%.
Mme Lavoie-Roux: Mais, de 1977 à 1978, il y aurait eu une
augmentation de 44,6%?
M. Lazure: A ce moment-là, on a mis le nouveau programme
en vigueur pour les personnes âgées de 65 ans et plus, programme
qu'on a assumé pendant une partie de l'année. On l'a
assumé environ cinq ou six mois. L'année suivante, on l'a eu pour
douze mois. Les coûts ont augmenté rapidement. Il y a deux
programmes; un pour les bénéficiaires de l'aide sociale. Cela
représente, pour l'année 1980-1981, $31 500 000
et, pour les personnes âgées, $78 500 000. Donc, disons $81
000 000 pour les personnes âgées et $31 000 000 pour les
bénéficiaires de l'aide sociale. Le nombre de
bénéficiaires de l'aide sociale est d'environ 435 000 ou 440 000
et les personnes âgées, autour de 555 000.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas adresser des reproches et
il ne faudrait pas que ce soit interprété comme ça
à la régie parce que leurs dépenses pharmaceutiques
augmentent. Je pense que c'est normal, mais il semble bien que, depuis 1977, si
on faisait le pourcentage d'augmentation de 1977 à 1981, puisque vous
avez même les chiffres jusqu'à 1981, on est dans un pourcentage
d'augmentation très élevé.
M. Lazure: Un instant! Il faut quand même se rappeler que
la gratuité des médicaments pour les personnes âgées
a commencé en octobre 1977...
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. Lazure: ... mais cela fausse complètement le jeu. Vous
comparez des bananes et des oranges, à ce moment-là. Il faudrait
isoler seulement les médicaments aux assistés sociaux, aux
bénéficiaires de l'aide sociale...
Mme Lavoie-Roux: Prenez depuis...
M. Lazure: On pourrait le faire sur une période de cinq ou
six ans. Ce serait significatif.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Le dernier tiers s'est ajouté en
19/7 pour les médicaments.
M. Lazure: Octobre 1977, pour les personnes
âgées.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il y en avait déjà deux tiers
qui étaient payés.
M. Lazure: Oui, mais on ne parle pas de ça dans le
moment.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais il reste que les augmentations de
consommation de médicaments sont quand même significatives et,
même si vous me dites que, l'an dernier, on a augmenté encore de
8%, ou de 8% à 10% de 1980 à 1981, du coût des
médicaments, est-ce attribuable à une consommation plus grande ou
uniquement à une indexation des prix?
M. Lazure: C'est un mélange des deux.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais cela veut dire que les campagnes du
ministère des Affaires sociales, que j'approuve dans le sens de ses
campagnes de santé et tout ça, n'ont peut-être pas les
effets que l'on prévoit. C'est un peu comme les campagnes pour la
sécurité routière où les accidents continuent
d'augmenter en nombre.
M. Lazure: Sérieusement, je pense que ce n'est pas juste
de dire ça, parce que l'augmentation pour 1980-1981 par rapport à
1979-1980 on vient de le voir est de 8% pour l'ensemble et
là, ce sont...
Mme Lavoie-Roux: Ils ne m'ont pas donné le
pourcentage.
M. Lazure: ... des programmes comparables incluant à la
fois les bénéficiaires de l'aide sociale et les personnes
âgées. C'est une augmentation de 8% qui couvre à la fois
l'augmentation prévue dans nos ententes avec les pharmaciens
propriétaires sur le prix des médicaments et...
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce que vous ne vous proposez pas
d'abaisser justement ces ententes avec les pharmaciens
propriétaires?
M. Lazure: Non, mais on en reparlera tantôt, si vous
voulez.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Pour suivre le fil de mon raisonnement, l'entente est
la même, celle qui explique les coûts pour 1980-1981 ou pour
1979-1980. On a pris les mêmes conditions de l'entente. Donc, c'est
comparable et il y a une augmentation d'année en année
prévue à l'entente. Alors, une augmentation globale de 8% sur un
poste d'environ $100 000 000, qui tient compte à la fois de
l'augmentation légère de la consommation et de l'augmentation de
la rémunération aux pharmaciens, cela me paraît une
augmentation très modeste et on ne peut pas en déduire qu'il y a
une augmentation appréciable de la consommation per capita des
médicaments.
Mme Lavoie-Roux: II y a quand même, si on fait la division
entre la consommation par les personnes âgées qui
représente... Evidemment, vous ne pouvez pas la calculer pour les autres
c'est cela, la différence pour le reste de la
population...
M. Lazure: Non, seulement les bénéficiaires de
l'aide sociale. Le programme comprend deux catégories: le
bénéficiaire de l'aide sociale et la personne âgée.
Pour le bénéficiaire de l'aide sociale, on a commencé le
1er août 1972. On a ajouté, au 1er janvier 1974, les gens qui
recevaient le maximum du supplément au revenu garanti. On a
ajouté, l'année suivante, le 1er janvier 1975, toutes les
personnes qui recevaient un supplément quelconque au revenu garanti. Au
1er octobre 1975, on a ajouté les gens de 60 à 64 ans dont le
conjoint recevait... Chaque année, il y a eu une extension au programme.
C'est difficile de le comparer avec ce qui n'est pas comparable. Pour que cela
soit comparable, il faudrait décanter ce qui a été
ajouté, l'extension.
Mme Lavoie-Roux: Ils sont comparables à partir des
années 1978, 1979 et 1980.
M. Lazure: C'est cela. Maintenant, en octobre 1977, on a
ajouté les 65 ans et plus. En 1973 je vais vous donner les
chiffres $18 000 000, la première année; $20 000 000 en
1974; $23 000 000 en 1975; $23 800 000 en 1976; $25 200 000 en 1977, et $27 900
000 en 1978. Ces augmentations sont de 10,3%, 13,8%, 3,2%, 5,7%, 10,6%. C'est
pour les bénéficiaires de l'aide sociale.
Si vous voulez que j'aille aux personnes âgées et que je
vous donne des chiffres semblables, il y a peut-être, en passant, une
chose qu'il est important de savoir: il y a une composante qui est une
composante professionnelle, ce qu'on donne aux professionnels pour
exécuter l'ordonnance, et l'autre qui est le coût du
médicament. Alors, c'est à peu près 50-50. Mais la
composante professionnelle augmente le 1er avril. Au 30 septembre 1979, elle
était à $2.70. A partir du 1er octobre 1979, elle est à
$2.75. Il y a la composante professionnelle qui augmente, le coût du
médicament qui augmente et la consommation des gens qui augmente. Pour
les personnes âgées, de mémoire, c'est environ 20
ordonnances par personne par année. Maintenant, si vous voulez les
chiffres pour les personnes âgées, la première
année, on avait $8 000 000, ce n'était pas une année
complète; $26 000 000 pour l'année suivante; $35 000 000; $35 000
000 en 1977 quand c'est arrivé, le programme pour toutes les personnes
âgées de plus de 65 ans. Tantôt, je vous ai
défini...
Mme Lavoie-Roux: Oui, les deux tiers.
M. Lazure: ... qu'on couvrait ceux qui avaient le
supplément au revenu garanti...
Mme Lavoie-Roux: C'est environ deux tiers.
M. Lazure: ... tous ceux qui avaient droit au revenu garanti.
Alors, on passe de $35 000 000 en 1977 à $60 300 000 l'année
suivante, soit une augmentation de 68%, mais on a fait une extension au
programme, à ce moment-là. Là, je suis en 1978. Le nombre
de prescriptions a augmenté de 44% et le coût moyen par
ordonnance, c'est $5.74. Le nombre de personnes admissibles en 1979-1980
était de 549 000. Le nombre de prescriptions par personne, je vous ai
dit 20 tantôt; c'est 20,34.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous avez ajouté le dernier tiers
en1977-1978...
M. Lazure: Octobre 1977.
Mme Lavoie-Roux: ... de personnes âgées, vous avez
subi, chez les personnes âgées, une augmentation de 68%, si j'ai
bien compris.
M. Lazure: Si on prenait le montant dépensé pour
l'année financière 1978-1979 pour les personnes
âgées, par rapport à l'année 1979-1980, qu'est-ce
que cela donne? Ce serait une comparaison fiable...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ensuite, il devait y avoir une
certaine stabilisation.
M. Lazure: ... puisque c'est la même population.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous avez ajouté le dernier tiers
des personnes âgées, grosso modo, c'est de cette façon
qu'on l'évaluait, vous avez eu une augmentation de 68%. Je vous ai bien
entendu dire qu'il y avait eu une augmentation de 68%.
M. Lazure: 68% entre l'année 1977 et l'année
1978.
Mme Lavoie-Roux: Au moment où s'est ajouté le
dernier tiers, pour les personnes âgées.
M. Lazure: Pour les personnes âgées.
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est considérable. (12 h 15)
M. Lazure: Vous dites un tiers; c'est peut-être plus qu'un
tiers qui s'est ajouté.
Mme Lavoie-Roux: II ne s'en est quand même pas
ajouté...
M. Lazure: Vous avez les chiffres de 1979-1980 par rapport
à ceux de 1978-1979 pour les personnes âgées?
En 1979-1980, le nombre de demandes de paiement était de 7 180
000. Pour 1979-1980, les prévisions révisées sont de $71
739 000; pour 1980-1981, de $78 700 000.
Pour 1978-1979?
Pour 1978-1979, $60 329 000.
C'est passé de $60 300 000, en 1978-1979; on couvrait toutes les
personnes âgées...
A $71 700 000 et à $78 700 000 en 1980-1981.
C'est la progression: $60 000 000, $71 000 000, $78 000 000.
C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: II semblerait qu'une certaine stabilisation se
soit faite après que le programme eut été appliqué
pendant un an. Cela semble une progression, comme vous dites, un peu comparable
d'année en année. Entre l'application universelle et
l'application partielle, il y a eu...
M. Lazure: Un gros bond.
Mme Lavoie-Roux: ... un gros bond qui n'est pas uniquement
causé par l'augmentation de la population, j'en suis convaincue.
M. Lazure: II y a toujours plusieurs facteurs.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ce troisième tiers
était celui qui utilisait le plus de médicaments?
M. Lazure: C'est sûr que les personnes âgées
utilisent plus de médicaments...
Mme Lavoie-Roux: Non, mais je veux dire le troisième tiers
qui n'était pas bénéficiaire de l'aide sociale... non pas
bénéficiaire de l'aide sociale, mais...
M. Lazure: Oui, mais si on compare le nombre d'ordonnances par
bénéficiaire d'aide sociale et par personne âgée, il
y en a plus pour les personnes âgées.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je le sais.
M. Lazure: II y a un autre facteur aussi, c'est que le nombre de
personnes âgées, d'année en année, augmente.
Mme Lavoie-Roux: Comment est-ce que les deux se comparent? Si
vous pouvez le faire seulement avec les bénéficiaires de l'aide
sociale... C'est la seule catégorie avec laquelle vous pouvez le faire;
eux aussi, je pense, en utilisent plus que d'autres, plus que la moyenne. Ce ne
sont pas des comparaisons fiables.
M. Lazure: Ce ne sont pas des populations typiques.
Mme Lavoie-Roux: Non. Ne cherchez pas d'autres statistiques parce
que...
M. Lazure: Le nombre d'assistés sociaux, on a
calculé 428 000 dans l'année, d'après ce qu'on avait
là. Les facteurs dont il faut tenir compte, c'est,
premièrement... Vous parlez d'un tiers et je ne comprends pas
très bien votre question sur le tiers. Je vous dis qu'on a deux
programmes, mais pas trois tiers. Ce sont deux programmes: un qui s'applique
aux bénéficiaires de l'aide sociale à qui on a
ajouté 100 000 personnes, à un moment donné, en disant:
ceux qui auraient droit au supplément du revenu garanti, le maximum du
supplément garanti; on n'ajoutait pas beaucoup de monde et, à un
moment donné, on a ajouté tout le monde de plus de 65 ans. On a
divisé le programme en deux: un pour les bénéficiaires de
l'aide sociale et l'autre pour les personnes âgées de 65 ans et
plus. Les personnes de 65 ans et plus consomment plus, environ 20 ordonnances
par patient. L'augmentation dans la consommation est minime, peut-être de
l'ordre c'est assez près de la vérité de 2%.
Il y a l'augmentation du coût des médicaments, l'augmentation de
l'ordonnance médicale, de la composante professionnelle et
l'augmentation, comme l'a mentionné le ministre, des personnes
âgées; on a plus de personnes âgées. Si on met tout
cela ensemble... C'est un programme qui est mieux connu; dans les premiers six
mois, trois mois ou neuf mois, les gens ne sont pas trop au courant et,
à un moment donné, ils le deviennent. Si vous mettez tout cela
ensemble, vous avez ces augmentations.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous négociez le prix de ces
médicaments avec les pharmaciens ou les compagnies? Est-il exact que,
pour l'année qui vient, vous diminueriez le montant accordé aux
pharmaciens?
M. Lazure: Les négociations se passent entre le
ministère des Affaires sociales et l'Association des pharmaciens
propriétaires du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Comme le disait le Dr Laberge, on aboutit à une
entente où on donne un tarif professionnel qui est maintenant de $2.75
par prescription et on négocie aussi sur le prix...
Mme Lavoie-Roux: Le prix des médicaments. M. Lazure:
... des médicaments, sur les deux.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Richelieu.
M. Martel: Je tiendrais à faire remarquer au
député de L'Acadie que les pharmaciens au Québec ont les
honoraires professionnels les plus bas au Canada.
M. Lazure: Ce à quoi Mme la députée de
L'Acadie fait allusion, en dehors de la convention collective qui avait
été signée il y a deux ans et qui vient d'expirer, c'est
au fait que le gouvernement a posé un geste, il y a quelque temps, par
un arrêté en conseil où on a réduit de 12,5%
à 9% la marge de profit que le pharmacien faisait. Je vais demander au
Dr Mockle, qui est pharmacien, de vous expliquer cela dans le micro.
La mécanique, c'est qu'il existe un conseil consultatif de
pharmacologie qui se rapporte directement au ministre, qui ne se rapporte pas
à la Régie de l'assurance-maladie. Le conseil établit la
liste des médicaments et fixe ce qu'il appelle le prix juste, autant que
possible, par appels au niveau des fabricants. Ce ne sont pas des appels
d'offres, mais il vérifie et il ajuste en conséquence. Il y a
deux façons de le faire actuellement; pour les médicaments les
plus vendus, ils ont ce qu'ils appellent le DMEP, le débit moyen
extrapolé de la population, c'est-à-dire que le conseil de
pharmacologie, même s'il y a une population d'à peu près un
million qui est couverte pour les médicaments les plus vendus, ajuste le
prix du fabricant en conséquence et extrapole à la population,
aux 6 000 000 le coût des médicaments. C'est la première
chose. La deuxième chose, c'est qu'au niveau du grossiste, étant
donné que les pharmaciens achètent leurs médicaments par
un grossiste, le grossiste depuis le début du programme ajoutait 12% au
prix du fabricant, de façon à payer ses frais. Le conseil de
pharmacologie a baissé cela à 9,5%. De 12%, il l'a baissé
à 9,5%.
Mme Lavoie-Roux: C'est le conseil de pharmacologie; ce n'est pas
le cabinet du ministre.
M. Lazure: II fait rapport au ministre. Le conseil fait rapport
au ministre. Si vous me le per-
mettez, le pharmacien n'a rien à dire sur le prix des
médicaments. C'est fixé par le conseil de pharmacologie et
approuvé par le ministre. Le pharmacien n'a rien à dire sur le
prix des médicaments. Il n'a rien à dire également sur les
honoraires parce que c'est négocié avec l'AQPP. Il n'a
qu'à appliquer les coûts.
M. Fontaine: D'accord, mais, pour le pharmacien, le profit n'est
pas changé. C'est celui du grossiste qui est changé.
M. Lazure: M. le Président, une information additionnelle
qui est importante. C'est que la marge de profit du grossiste qui vend au
détaillant était baissée depuis quelques années
à 9%. On n'a fait que reconnaître une situation de fait qui...
Mme Lavoie-Roux: Qui va coûter moins cher au
gouvernement.
M. Lazure: ... va coûter moins cher au public. Au fond,
c'est un peu un cadeau qui était fait depuis quelques années aux
pharmaciens parce qu'on avait maintenu les 12% au grossiste plutôt qu'au
pharmacien et on a réajusté cette marge pour être conforme
à la réalité qui est autour de 9%.
Mme Lavoie-Roux: Un dernier point. Dans le même article que
j'ai mentionné hier après-midi, on dit, dans le rapport de la
Régie de l'assurance-maladie: "Les statistiques annuelles de 1978 nous
apprennent que les femmes fréquentent plus que les hommes les cabinets
de médecins" et les auteurs du rapport affirment que "les soins
découlant de la nature biologique féminine ne sont pas suffisants
pour expliquer cet écart entre les hommes et les femmes dans la
consommation des services de santé". Est-ce qu'à ce moment, vous
avez recommandé qu'une étude soit faite à ce sujet?
M. Lazure: Avant que le Dr Laberge réponde, nous, au
ministère, on a commandé une étude, justement en
collaboration avec le Conseil du statut de la femme, il y a déjà
quelques mois, sur ce phénomène, en ce qui touche plus
directement aux maladies psychiatriques. Parce qu'on retrouve de façon
encore plus marquée dans la clientèle des psychiatres, en
particulier des médecins psychiatres, mais je dirais même dans la
clientèle des professionnels de la santé mentale, une proportion
très élevée de femmes, beaucoup plus élevée
que celle d'hommes. C'est un phénomène qui inquiète le
Conseil du statut de la femme et qui nous inquiète aussi. Alors, on a
une étude qui est commencée pour éclaircir cette situation
et essayer de trouver les causes réelles de ce
phénomène.
Pour la régie, je ne dirais pas que c'est un
préjugé favorable qu'on a pour les femmes qui fait qu'on les
soigne davantage, mais il y a 72% de la population c'est assez important
qui utilise les services de la régie quelque part, durant
l'année, c'est-à-dire au-delà de 4 000 000 d'indivi- dus.
On remarque, depuis les tout débuts de la régie, que les femmes
sont à 76% par rapport aux hommes. Dans le rapport statistique, on
n'essaie pas de tirer de conclusion. Ce n'est pas notre rôle. Ce qu'on a
voulu dire, c'est que, si on enlève aux femmes certaines parties de leur
anatomie qui ne sont pas propres aux hommes, comme, par exemple,
l'utérus, les ovaires, les seins on ne peut pas faire
d'hystérectomie chez les hommes...
Mme Lavoie-Roux: Vous autres, ils ne peuvent pas vous enlever
grand-chose.
M. Lazure: On enlève la prostate aux hommes et on fait des
circoncisions. Ce que je veux dire, c'est que, même si on fait
cela...
Mme Lavoie-Roux: Vous ne pouvez pas aller plus loin que cela.
M. Lazure: Si on fait cela, cela fait que les femmes consomment
encore davantage que les hommes. Là, on a regardé plus
précisément dans quel champ d'activité et c'est presque
général.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas uniquement en
gynécologie.
M. Lazure: Le ministre a parlé des consultations en
psychiatrie, elles sont plus fréquentes chez les femmes que chez les
hommes. On va aller voir les consultations en neurologie, elles sont plus
fréquentes chez les femmes que chez les hommes. On va aller en
dermatologie, c'est plus fréquent chez les femmes que chez les hommes.
Je pense que le phénomène, c'est que les femmes consomment...
Mme Lavoie-Roux: Sont bien maltraitées.
M. Lazure: ... quelque pourcentage de points... Elles sont
très bien traitées, au contraire. Elles sont bien
choyées.
Sérieusement, il ne faut pas non plus dramatiser à
outrance le phénomène, parce qu'en psychiatrie, je sais
pertinemment qu'à peu près dans tous les pays de l'Occident, le
pourcentage est pas mal plus élevé chez les femmes patientes par
rapport aux hommes patients, dans une clientèle psychiatrique.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'il y a de plus étonnant, c'est que
les hommes...
M. Lazure: Ce n'est pas un phénomène unique au
Québec.
Mme Lavoie-Roux:... viennent au monde plus fragiles que les
femmes. Ce doit être la société qui leur réserve un
mauvais sort.
M. Lazure: C'est cela.
Les plus grands consommateurs sont de 0 à 1 an. Si vous regardez
les courbes de consommation, les plus grands consommateurs sont entre 0 et 1
ans.
Consommateurs de soins médicaux. C'est la chorale de la
régie.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je n'ai pas...
Le Président (M. Jolivet): Pas d'autres questions sur le
programme 3?
M. Fontaine: J'avais oublié une question, tantôt,
concernant l'avortement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Quand vous avez décidé d'arrêter
pendant une certaine période de temps, au mois d'août, le paiement
des prestations...
M. Lazure: J'ai compris, j'écoute.
M. Fontaine: Est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi vous avez
arrêté et pourquoi vous avez recommencé? Je ne pense pas
que vous ayez répondu à cette question.
M. Lazure: Pour la première partie de la réponse,
je vous disais qu'il y a à la régie environ 700 règles
qu'on appelle des règles de validation ou des règles
d'évaluation ou des règles de paiement. Je pourrais vous donner
plusieurs noms... ce sont des règles. On avait reçu une lettre
je vous l'ai dit une règle de la Fédération
des médecins spécialistes nous disant dans quelle condition on
devait payer l'avortement je vous l'ai lue tantôt en milieu
hospitalier, après avoir passé devant un comité
d'avortement thérapeutique. Il y a une règle qui a
été faite pour arrêter de payer les avortements, à
ce moment-là.
M. Fontaine: Cette règle n'a pas été
changée en l'espace d'une semaine. Pourquoi avez-vous repris?
M. Lazure: Quand on a reçu l'opinion du ministère
de la Justice.
M. Fontaine: Ah bon! La règle est arrivée avant
l'opinion du ministère de la Justice.
M. Lazure: Oui.
M. Fontaine: C'est à la suite de cette opinion que vous
avez recommencé?
M. Lazure: C'est cela.
M. Fontaine: Ce n'est pas le ministre qui vous l'a
demandé?
M. Lazure: Non, pas du tout. D'ailleurs, c'est la régie
qui a demandé l'opinion au ministère de la Justice.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, cela ne touche pas le
président de la régie. Le ministre a mentionné hier deux
régions où les services sont encore déficients. Qu'est-ce
que le ministre compte faire?
M. Lazure: Continuer à essayer le travail de persuasion,
avec l'aide des fonctionnaires, auprès de ces hôpitaux, de la
région de la rive sud de Montréal, en particulier l'hôpital
Charles-Lemoyne.
Mme Lavoie-Roux: C'est dans votre comté, je crois
bien?
M. Lazure: Non, c'est le comté voisin. Mais il y a un jeu
de balancier, depuis un an et demi, deux ans. Le conseil d'administration de
l'hôpital Charles-Lemoyne, à un moment donné, nous dit:
Nous venons d'adopter une résolution acceptant de créer une
clinique de planification avec tous les volets. Deux mois plus tard, on nous
dit: Non, il y a eu un changement, une nouvelle résolution...
Mme Lavoie-Roux: Ils ont perdu un volet.
M. Lazure: ... qui a enlevé un volet, on sait lequel.
Mme Lavoie-Roux: Puis l'autre région? (12 h 30)
M. Lazure: L'autre région, c'est l'Outaouais, la
région de Hull.
Mme Lavoie-Roux: Bon.
Le Président (M. Jolivet): Donc, le programme 3 est
accepté en entier.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Merci, messieurs.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Maintenant, nous
revenons...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, mais il me restait une question, M.
le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, allez-y. M. Lazure:
Sur cela?
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela va vous faire plaisir. Remarquez bien
que je suis peut-être dépassée par les
événements, mais vous souvenez-vous du fameux débat avec
le Dr Roy sur la provenance des fonds? On dit qu'il est président...
M. Lazure: Candidat dans quel comté?
Mme Lavoie-Roux: Dans le comté de Chambly!
Des Voix: Ah, ah, ah!
M. Lazure: J'aimerais donc ça!
Mme Lavoie-Roux: Oh non! On vous en réserve un
meilleur!
M. Lazure: Oui? Vous aviez pourtant présenté votre
meilleur en 1976; on voit ce que cela a donné avec M. Saint-Pierre.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes venu dans la vague. Vous avez
été battu au référendum.
Une Voix: Comme tous les autres!
Une Voix: Vous considérez que M. Roy n'est pas le
meilleur?
M. Lazure: Pour répondre à votre question,
concernant le financement de la régie...
Fonds de l'assurance-maladie
Mme Lavoie-Roux: Je vais juste relire ceci... Ce n'est pas une
question de partisanerie, je veux avoir le fond de l'affaire. M. Roy disait que
l'analyse du budget actuel de la Régie de l'assurance-maladie pour la
dispensation des services assurés démontrait, en vertu de la loi,
que 60% de l'argent provenait des contributions des employeurs, 37,6% du
gouvernement fédéral et seulement 2,4% du fonds consolidé
de la province qui verse ainsi $22 700 000. La question du Dr Roy était,
je pense, la suivante... Jusqu'en 1978, je pense qu'on déduisait
directement à la source les contributions à la Régie de
l'assurance-maladie; des sommes étaient prélevées
auprès des contribuables, alors qu'aujourd'hui, on a
intégré cela aux tables de l'impôt. La question de M. Roy
était de savoir... Je ne suis pas sûre que vous puissiez
répondre à cela, peut-être que le ministre pourra le faire.
Quel est le montant maintenant prélevé à la suite de
l'intégration aux tables d'impôt des frais d'assurance-maladie?
Est-ce que toutes les sommes prélevées à ces fins sont
utilisées aux fins de l'assurance-maladie ou retombent-elles dans le
fonds consolidé de la province et sont-elles utilisées à
d'autres fins? Je pense que c'était le fond du débat.
M. Lazure: Avant que le Dr Laberge explique le système de
financement qui est assez complexe et qui a été convenu entre le
gouvernement et la régie en 1978, je voudrais quand même revenir
sur ce qui n'était pas une question à l'époque du Dr Roy,
on s'en souviendra d'ailleurs; cela a été sa sortie
préréférendaire, c'est une déclaration que le Dr
Augustin Roy faisait, il accusait le gouvernement de détourner des
fonds. Je me rappelle très bien ce que les journaux en rapportaient en
tout cas, c'était lors du passage de la commission Hall à
Montréal.
Mme Lavoie-Roux: II a fait une rectification, n'est-ce pas?
M. Lazure: II a peut-être fait une rectification,
mais...
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, la question qui m'intéresse,
c'est celle-là.
M. Lazure: Vous voulez connaître le mécanisme
exact.
Mme Lavoie-Roux: Le mécanisme et également...
M. Lazure: Expliquez donc le mécanisme de financement, Dr
Laberge, si vous voulez.
Je vais revenir à ce que vous disiez il y a un instant; jusqu'au
1er avril 1977, la régie était financée par trois sources:
la première, la contribution des employeurs, 0,8%; la deuxième,
la contribution des employés, 0,8%, et la troisième, 50% du taux
canadien moyen per capita. Avec ces revenus, la régie, comme vous le
savez, a accumulé des surplus de l'ordre de $130 000 000.
Mme Lavoie-Roux: Oui, qui ont été avalés,
n'est-ce pas?
M. Lazure: Comment?
Mme Lavoie-Roux: Ils ont été avalés
après?
M. Lazure: Non, je pense qu'ils ont été
utilisés à bon escient, pour améliorer des programmes,
pour créer de nouveaux programmes.
Je ne pense pas que la régie soit là pour accumuler des
surplus et devenir une caisse de dépôt. En tout cas...
Mme Lavoie-Roux: II faudrait qu'on nomme un autre
président pour la tutelle... M. Cazavant.
M. Fontaine: M. Cazavant, il aimerait être là,
lui!
M. Lazure: La Régie de l'assurance-maladie va très
bien.
Au mois de mai 1978, une nouvelle loi a été votée
sur le financement de la régie dans laquelle on disait que la
contribution de l'employeur, qui était de 0,8%, mais qui avait
été augmentée en 1975 à 1,5%... Cela avait
été très délicat parce que, pour le 0,8% de
l'employeur, qui est passé à 1,5%, on a dit que 0,8% pour
l'assurance-maladie restait tel quel. L'assurance-maladie a assez d'argent.
Mais 0.7%, c'est pour des programmes de santé spéciaux. A ce
moment-là, disons qu'il y a bien des gens qui...
M. Marcoux: ... taxe déguisée...
M. Lazure: Je ne l'ai pas dit, mais il y a bien des gens qui ont
dit toutes sortes de choses.
Mme Lavoie-Roux: Ce devaient être les gens qui
étaient dans l'Opposition à ce moment-là.
M. Lazure: Cela ne venait pas à la régie. En 1978,
avec le ministère des Affaires sociales, le Dr Lazure et M. Parizeau, on
a convenu que le 1,5%
dont on avait taxé les employeurs continuerait encore à
1,5%, mais qu'il viendrait dans un fonds spécial qui s'appelle le fonds
de l'assurance-maladie, dans lequel les crédits seraient statutaires et
qui est en communication, si on veut, avec le fonds consolidé de la
province. Le 1,5% représente 60% de nos revenus pour l'année qui
s'en vient, 1980-1981, c'est-à-dire $568 000 000. Il y a deux autres
montants qui vont là: un montant qui est la contribution
fédérale, et la contribution fédérale, pour
l'année qui s'en vient, est de $356 000 000. Maintenant, la contribution
fédérale je ne voudrais pas vous compliquer cela, mais je
vais essayer très simplement de vous dire comment elle est faite
est en deux volets.
Le jour où les provinces et le gouvernement fédéral
ont mis fin aux régimes à frais partagés, ils ont mis fin
à trois régimes: assurance-maladie, assurance-hospitalisation et
enseignement postsecondaire. L'enseignement postsecondaire donnait 32,4% des
montants; 17,7% allaient aux soins médicaux, c'est-à-dire
à l'assurance-maladie, et 49,9% à l'assurance-hospitalisation.
Or, le pourcentage de 17,7%, dans l'année qui s'en vient, est
égal à $187 000 000, plus un autre montant qui est le transfert
fiscal, c'est-à-dire les transferts d'impôt. En gros,
c'était 3,1 points d'impôt à $48 000 000, mais la valeur du
point change à chaque année, ce qui va donner, pour
l'année qui s'en vient, au total, $356 000 000. C'est la deuxième
contribution.
Pour la troisième contribution il manque de l'argent
là, on n'a pas le budget on va dans le fonds consolidé
chercher $22 700 000, soit 2,4% du fonds consolidé. Maintenant, je ne
sais pas s'il y a des précisions.
C'est pas mal complet. Tous les chiffres ont été
mentionnés, je ne vois pas ce que je pourrais ajouter de plus.
Mme Lavoie-Roux: La question fondamentale enfin, une des
questions parce qu'il y en avait quelques-unes de M. Roy est que, si
cela a été intégré aux tables d'impôt pour
remplacer la contribution qui était faite auparavant, qu'on retrouvait
sur nos talons de chèque, on ne sait vraiment pas ce que cela
représente. Le savez-vous?
M. Lazure: Non, on ne peut pas dire, il n'y a pas un montant
spécifique d'intégré aux tables d'impôt puisque le
montant dont la régie a besoin vient du fonds consolidé. C'est le
contribuable...
M. Lavoie-Roux: Alors, ce que M. Roy disait, c'est qu'il peut
fort bien y en avoir une partie qui s'en va au fonds consolidé.
M. Lazure: M. le Président, si vous permettez. Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: La question qu'il posait pour les services de
santé, il pourrait la poser pour l'éducation.
Mme Lavoie-Roux: Mais il n'y a pas...
M. Lazure: Que voulez-vous? Les contribuables paient...
Mme Lavoie-Roux: A l'éducation, il n'y a jamais eu de taxe
sur...
M. Lazure: Heureusement, cette invasion du pouvoir central dans
les domaines qui étaient de compétence provinciale ne
s'était pas passée en éducation.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais ce n'est pas de cela que je parle.
M. Lazure: Donc, on ne peut pas comparer. Mais il est normal que
le jour où les provinces et le fédéral s'entendent pour
ramener provincialement des points d'impôt qui appartiennent aux
provinces...
Mme Lavoie-Roux: Mais ce n'est pas de cela que je parle. Je parle
de ce qu'était la contribution de l'employé.
M. Lazure: ... le gouvernement des provinces utilise l'argent
comme il lui semble bon.
En 1978-1979, pour les contributions de l'employé dans le fonds
consolidé, on est allé chercher 1,6%, $1600 000; l'année
1979-1980, on est allé chercher $74 000 000; l'année qui s'en
vient, 1980-1981, l'année qu'on vit, $22 000 000. Ce qui veut dire que
la contribution de l'employé en fait est minime si on la compare aux
huit dixièmes d'autrefois qui seraient la moitié des $568 000
000; c'est-à-dire qu'autrefois, on allait chercher $270 000 000 à
peu près chez l'employé. Là, on va chercher, dans
l'année en cours, environ $22 000 000 au lieu de $270 000 000.
Alors, si vous voulez savoir la part que vous payez dans vos taxes, dans
vos impôts, pour la Régie de l'assurance-maladie, mettez $22 000
000 sur les X milliards d'impôts que le gouvernement reçoit des
particuliers, vous allez voir la proportion qui va à l'assurance-maladie
et qui est minime, en fait. Il y a une précision que j'apporte toujours.
Les montants qui proviennent du fédéral sont des montants qui ont
déjà été payés en taxes par les
contribuables québécois. Ce n'est pas un cadeau.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas ce que j'ai essayé de vous
faire dire non plus. D'abord, j'ai des nouvelles pour vous. Il n'y a aucun
gouvernement qui fait des cadeaux, paraît-il, à quelque niveau
qu'il soit.
M. Lazure: Si le Dr Roy comprenait l'esprit de ces
négociations qui avaient abouti à un rapatriement des points
d'impôt, s'il le comprenait justement comme un rapatriement, un moyen de
ramener ce qui était la propriété du gouvernement du
Québec, il n'en ferait pas un plat. Cela devient des questions que
n'importe quel député de l'Opposition peut poser soit à
une commission
parlementaire de crédits ou lors de la période des
questions à l'Assemblée nationale.
Comment utilisez-vous les impôts qui sont perçus? C'est ce
qu'on fait depuis deux semaines, depuis plusieurs semaines, en étudiant
les crédits. Il est clair qu'étant donné que
l'augmentation des coûts, soit pour les soins médicaux, soit pour
les soins hospitaliers, suit une courbe normale depuis quelques années,
il est évident qu'on met de plus en plus d'argent des impôts dans
ces services, et laisser entendre, par des questions un peu dramatiques, qu'on
utilise de l'argent perçu sous le couvert de besoins de santé
pour l'utiliser ailleurs il parlait même de routes, de
construction, toutes sortes de choses c'est vraiment du charriage. C'est
essayer de semer la confusion. Tout ce qui est perçu pour les besoins de
santé, on en a amplement besoin et on ne le donne pas à d'autres
ministères.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rimouski.
M. Marcoux: Ce qu'il s'agit de voir, c'est simplement un
changement comptable parce qu'avant cette réforme, les employeurs
payaient 0,5%. Il y a 0,8% qui allait à la régie plus le 0,8% que
payait le salarié. On aurait pu tout aussi bien dire: Après la
réforme, on continue à prendre seulement le 0,8% de ce que
l'employeur paie, mais, sur la proportion qui est payée à
l'impôt en général et qui n'est pas payée dans une
colonne à part, il y a l'équivalent de 1,6% ou de 1,7% de ce que
paient les gens à l'impôt qui va à la régie. En
fait, ce qu'on a voulu, c'est simplifier.
M. Lazure: La contribution de l'employeur est passée de
0,8% à 1,5%.
M. Marcoux: C'était déjà...
M. Lazure: Non. La contribution de l'employeur de 1,5%... Il y
avait seulement le 0,8%...
M. Marcoux: Mais l'employeur payait déjà, en 1978,
1,5%.
M. Lazure: 1,5%. Il a continué à payer 1,5% avec la
différence que le total du 1,5%...
M. Marcoux: Va à la régie.
M. Lazure: ... va à la régie pour 60% de nos
...
M. Marcoux: Par contre, ce que les salariés paient par
leur impôt général va dans le fonds consolidé au
lieu de dire qu'il va à la régie.
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... du Dr Roy. C'est cela. C'est aussi une taxe
qui va au fonds consolidé et qui ne va pas à la Régie de
l'assurance-maladie. C'est ça.
M. Lazure: C'est la taxe Garneau. Vous parlez de la taxe
Garneau.
M. Marcoux: Le seul point qui est vraiment nouveau dans cette
réforme, c'est qu'il n'y a pas de maximum.
M. Lazure: II y avait une taxe Garneau déguisée,
mais là, il n'y a plus de taxe déguisée actuellement.
Quand on...
Mme Lavoie-Roux: C'est dans votre table d'impôt, ce que
vous payez.
M. Lazure: Oui, mais ce n'est pas déguisé. Mme
Lavoie-Roux: Mais on peut le déguiser.
M. Lazure: Ce n'est pas déguisé du tout.
Voyons!
M. Marcoux: Le changement important, c'est qu'il n'y a plus de
plafond et quel que soit votre niveau de revenu, vous payez puisque c'est
intégré à la table générale et qu'il n'y a
pas de limite. C'est qu'il n'y a pas de... Alors qu'avant, il y avait une
limite et on payait jusqu'à tel niveau de salaire la proportion qui
allait à l'assurance-maladie. Maintenant, on paie sur la totalité
des revenus. C'est sûr que ceux qui ont le plus de revenus paient
beaucoup plus qu'avant, proportionnellement.
Mme Lavoie-Roux: Mais ce qu'on ne sait pas exactement, c'est
combien d'argent est recueilli par le fonds consolidé.
M. Shaw: C'est la taxe déguisée...
Mme Lavoie-Roux: Combien d'argent est recueilli? Vous venez de
dire que... (12 h 45)
M. Lazure: Ecoutez! M. le Président, le cahier des
crédits, on l'a chacun devant nous. On le sait, il s'agit de faire des
calculs. Au budget de $5 200 000 000 qui est le budget en discussion, ajoutons
le budget de presque $1 000 000 000 de la Régie de l'assurance-maladie,
au-delà de $1 000 000 000. Tout cela ensemble représente
au-delà d'un tiers du budget du Québec. Par conséquent,
cela représente, grosso modo, au-delà d'un tiers des sommes
perçues par les impôts des Québécois. Il n'y a aucun
déguisement là-dedans.
Il y a peut-être une précision pour le député
de Rimouski. Le changement important, c'est que les employeurs versaient
à la régie 0,8%. Il y avait une taxe de 1,5%, mais, à la
régie, il ne venait que 0,8%. Aujourd'hui, il vient 1,5%. Alors, c'est
le montant de $568 000 000, c'est-à-dire que cela a doublé.
Normalement, ils paieraient cette année $280 000 000; ils paient $568
000 000. Mais ils n'ont pas été augmentés parce que c'est
le 0,7% qui a été ajouté au 0,8% qui était le 1,5%
dont vous parliez, soit le 0,7% déguisé.
La deuxième partie importante; quand je dis que l'employeur donne
$568 000 000, du fédéral, il
y a $356 000 000, et que, du fonds consolidé, il y a $24 000 000,
je ne peux pas vous dire que vous payez, dans le fonds consolidé, de
façon épouvantable, des montants atroces. Vous payez de tout
petits montants.
Mme Lavoie-Roux: Mais comment pouvez-vous m'assurer que vous ne
recevez que $24 000 000 du fonds consolidé? Les employés, eux,
paient-ils plus que $24 000 000? Vous ne savez pas cela.
M. Lazure: Non, on ne sait pas cela. Mme Lavoie-Roux: Vous
ne le savez pas. M. Lazure: II n'y a aucune...
Mme Lavoie-Roux: C'est la question du Dr Roy.
M. Marcoux: Ils paient l'impôt pour l'ensemble qu'ils
perçoivent.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. Lazure: M. le Président, je pense qu'il faut aussi bien
comprendre que l'ensemble des services de santé, cela n'est pas
restreint. Cela déborde le cadre de la Régie de
l'assurance-maladie, du budget de la Régie de l'assurance-maladie. Il y
a des budgets de santé...
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, on fera un petit comité et
on va examiner cela.
M. Lazure: ... qui sont directement administrés par le
MAS, le ministère des Affaires sociales.
Le Président (M. Jolivet): Donc, le programme 3
étant accepté, nous passons au programme 7.
Mme Lavoie-Roux: ... d'argent dedans.
M. Shaw: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le
député.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que vous recevez, mais ce n'est pas
nécessairement ce qu'on verse.
M. Lazure: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Pointe-Claire, je dois vous dire que le programme était
déjà accepté. Donc, je pense qu'on va faire comme on a
fait avec Mme la députée de L'Acadie, on va accepter une
dernière question après l'acceptation du programme.
M. Shaw: Je veux seulement savoir ceci. Avec les nouvelles
propositions de votre projet de loi de l'année passée, la loi no
84, ce qui implique une extension des soins à l'extérieur, dans
les régions éloignées de Montréal, qu'est-ce qui
s'est passé? Vous avez eu des montants de versés pour un
programme de soins, pour promouvoir les soins à l'extérieur des
centres développés. Qu'est-ce qui s'est passé avec ces
fonds que vous avez reçus?
M. Lazure: Est-ce que vous faites référence
à un article de la loi qui était à la fin et qui parlait
de primes d'installation?
M. Shaw: Oui, c'est cela.
M. Lazure: D'accord. Il n'y a eu aucune prime d'installation de
votée. Il n'y en a eu aucune d'accordée. Ce' qu'on a
continué à faire, ce sont les bourses d'études parce que,
dans la loi antérieure, il y avait place pour des bourses
d'études...
M. Shaw: Les bourses étaient disponibles.
M. Lazure: ... et des bourses de recherche. Les bourses
d'études s'adressent maintenant non seulement aux médecins, mais
également aux dentistes. On a actuellement environ 95 bourses
d'études qui sont données et, chaque année, quand ils
terminent leurs études parce que les bourses sont données
à partir de la deuxième année, en gros ils vont
dans un endroit désigné. A ce jour, tous les gens qui
s'étaient engagés pour des bourses d'études sont
allés pratiquer dans l'endroit désigné.
M. Marcoux: Le taux de la répartition dans les
régions, c'est quoi?
M. Lazure: Des études ont été faites sur la
répartition géographique des différents professionnels et
le trou chez les médecins, si on peut appeler cela ainsi, s'est
comblé au cours des années 1971 à 1978; l'augmentation des
médecins omnipraticiens a été de 81,2% au Québec;
le taux de spécialistes a été de 46,9%. Je ne l'ai pas par
région administrative.
M. Shaw: Cela, c'est parfait, sauf que, quand j'ai posé la
question, c'était précisément sur l'application du projet
de loi sur les primes.
M. Lazure: Alors, ma réponse précise, c'est qu'on a
donné des bourses d'études, on a continué à donner
ces bourses aux étudiants en médecine, pour les deuxième,
troisième, quatrième années de médecine. En
1979-1980, 55 bourses à $6000 ont été données, une
bourse de $15 000 qui se donne au niveau de l'internat, pour un total de $345
000. On a prévu, pour l'année qui vient, environ $400 000 pour
des bourses d'études. Il y a eu des primes d'installation données
pour des médecins psychiatres. C'est un programme du ministère
qui est administré par la régie.
M. Shaw: Est-ce que ce programme est en vigueur? Vous avez
insisté, l'an passé, sur le fait qu'il était important
qu'on mette en vigueur un règlement pour fournir des primes afin de
placer des professionnels...
M. Lazure: Comme le président vient de le dire, il y a
deux choses qui sont en place: il y a les bourses, qui existaient depuis
quelques années, et aussi les primes d'éloignement et de
rétention pour les médecins psychiatres. Il reste le
troisième volet...
M. Shaw: Combien sont impliqués?
M. Lazure: Combien de psychiatres sont impliqués
là-dedans?
M. Shaw: Oui.
M. Lazure: 26 ou 27.
M. Shaw: 26 ou 27? C'est tout le résultat de cet article
du projet de loi? 26 psychiatres?
M. Lazure: Pour le moment, oui.
M. Shaw: Cela indique peut-être qu'il y a pour les
psychiatres des demandes plus élevées que pour les autres, mais
est-ce que vous avez des projets pour d'autres formes de primes pour d'autres
médecins ou d'autres professionnels?
M. Lazure: Oui, on est toujours en train de discuter avec les
autorités centrales, si vous voulez, avec le Conseil du trésor,
pour être plus précis, les modalités d'application de ce
troisième volet qui s'appelle les primes d'installation, qui sont
prévues dans la loi.
M. Shaw: Est-ce que ces...
M. Lazure: Malheureusement, on n'a pas encore obtenu
l'autorisation de faire commencer le programme, mais cela devrait venir
bientôt.
M. Shaw: Est-ce que ces installations se font dans des cabinets
privés ou dans des CLSC?
M. Lazure: L'un ou l'autre, l'un et l'autre.
M. Shaw: Les psychiatres, est-ce qu'ils sont tous dans des
institutions ou s'ils sont...
M. Lazure: Ils sont rattachés à des institutions,
mais cela ne les empêche pas d'avoir une pratique privée. Un
psychiatre peut être rattaché à une institution à
temps plein le jour et faire du bureau un soir ou deux soirs par semaine.
M. Shaw: Premièrement, ce sont des primes pour
installation dans les institutions.
M. Lazure: C'est cela. Mais c'est surtout pour le réseau
public.
M. Shaw: Les programmes qui sont prévus...
M. Lazure: Dans le cas d'un dentiste, par exemple, la prime
d'installation ne serait pas rattachée seulement au CLSC.
M. Shaw: Evidemment.
M. Lazure: Si, dans une région où il n'y a pas de
dentiste du tout, on peut obtenir d'un dentiste qu'il aille y pratiquer selon
les conditions prévues dans la prime d'installation, on souhaiterait que
le dentiste en question donne au moins une partie de ses services dans le
réseau public, mais ce ne sera pas une condition sine qua non.
M. Shaw: Est-ce que nous pouvons faire une comparaison avec,
disons, le gouvernement de l'Ontario qui a maintenant un programme de $50 000
comme prime d'installation pour un dentiste, dans des situations qui sont
privilégiées?
M. Lazure: $50 000, un montant forfaitaire ou
échelonné sur plusieurs années?
M. Shaw: "Cash" d'avance.
M. Lazure: Pardon?
M. Shaw: C'est un montant d'installation.
M. Lazure: Forfaitaire pour le départ.
M. Shaw: C'est cela. Est-ce que vous avez des programmes comme
cela ou est-ce que vous voyez d'autres...
M. Lazure: C'est précisément de cela qu'on discute
actuellement et on n'a pas réussi à avoir une entente sur les
montants de cette prime d'installation pour les différents
professionnels de la santé. On travaille là-dessus. Ce dossier
est très actif.
M. Shaw: Vous avez des moyens parce que vous avez le projet de
loi.
M. Lazure: Oui.
M. Shaw: C'est seulement la question que vous n'avez pas
procédé, sauf pour les psychiatres.
M. Marcoux: J'ai une question à poser à M. Laberge.
Ce programme de prime pour les médecins étudiants, pour les
professionnels de la santé...
M. Lazure: Bourse.
M. Marcoux: Bourse... a permis... moi, ce qui
m'intéressait, c'est la rétention par région. Quelle est
la proportion? Est-ce que c'est 50% qui demeurent, au-delà de leur
engagement de deux ans, je suppose, leur engagement à rester dans telle
région? Quelle est la proportion de professionnels qui demeurent
au-delà de leur engagement?
M. Lazure: C'est difficile de l'appliquer à ceux à
qui on a donné les bourses pour la raison
suivante. C'est que les bourses ont été données en
deuxième année de médecine, après cela en
troisième, ensuite en quatrième, à l'internat; il y en a
qui sont allés pratiquer et d'autres nous ont demandé la
permission de faire une année de médecine familiale, ce qu'on a
autorisé. Je veux dire, rendus dans les régions, les premiers
sont allés il y a deux ans, il y en a qui sont allés l'an dernier
et, cette année, il y en a entre 20 et 25 qui seront disponibles pour
aller en région. Ce qui est peut-être important à retenir,
je l'ai mentionné tantôt, c'est qu'ils sont tous allés,
tous ont respecté leur engagement c'est premièrement
les régions sont déterminées par le
ministère et un comité de répartition
géographique.
M. Marcoux: Cela va, c'était seulement cela.
M. Lazure: Troisièmement, si je prends l'expérience
de l'Ontario, neuf sur dix des gens qui vont s'installer dans une région
y passent deux ou trois ans; 90% restent là.
M. Marcoux: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Le programme 3 étant
adopté, nous passons au programme 7.
M. Lazure: Merci, M. le Président, merci tout le monde.
Avant de prendre le programme 7, pendant qu'on se prépare, j'ai un
renseignement ici qui avait été demandé par la
députée de L'Acadie sur le pourcentage de femmes au
ministère des Affaires sociales. Il y a un petit tableau devant moi. Au
MAS, le pourcentage des cadres est de 6,16% par rapport à 2,05% dans
l'ensemble de la fonction publique. Chez les professionnels, c'est 22,6% chez
nous par rapport à 14,4% dans l'ensemble de la fonction publique.
Mme Lavoie-Roux: Mais par rapport à votre
ministère? Moi, j'ai demandé à l'intérieur de votre
ministère.
M. Lazure: A l'intérieur du ministère même?
Mme Lavoie-Roux: Oui. M. Lazure: Oui, on a cela.
Mme Lavoie-Roux: Pourriez-vous nous en faire une copie?
M. Lazure: On a cela aussi, d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Parce que, quand vous nous servez une
série de chiffres...
M. Lazure: Donnez donc la première page de cela et
l'autre, d'accord.
Le Président (M. Jolivet): Sur le programme 7, M. le
ministre.
Services de consultation et de protection
M. Lazure: Je vais attendre les questions. Je n'ai pas de
commentaires particuliers.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ne vous sauvez pas, Dr Laberge, j'ai une
question à vous poser. Le programme 7, c'est celui qui touche la loi 24.
Hier, le ministre nous a dit qu'il devait se tenir un colloque les 26 et 27
juin.
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: II est officiel, il est annoncé?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, j'avais préparé beaucoup
de questions, mais vu que ce colloque doit être tenu, qu'il y a un
engagement officiel du ministre...
M. Lazure: Les convocations sont envoyées depuis un bout
de temps.
Mme Lavoie-Roux: Les convocations sont envoyées. Je pense
que le ministre est au courant autant que moi des problèmes qui ont
été soulevés. Je pense que l'objectif de la loi demeure
bon. Par contre, dans l'application, il s'est présenté beaucoup
de problèmes qui sont peut-être dus à une question
d'évolution des mentalités par les différents groupes
concernés, que ce soit le corps policier, la justice ou les affaires
sociales.
Quoi qu'il en soit, je pense que vous allez faire là le bilan. Il
semble indiqué également que vous avez l'intention d'apporter
certaines modifications à la loi à la suite de cette rencontre
des 26 et 27 juin.
Ma seule question toucherait le budget. Touchant proprement
l'application de la loi 24, je crois comprendre que vous allez utiliser un
surplus, une réserve de $1 500 000, plus les $9 000 000 que vous avez
actuellement.
M. Lazure: Je vais faire le point là-dessus, si vous
voulez.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Justement, j'ai les chiffres de façon bien
claire. A nos crédits de 1980-1981 apparaissent $800 000 pour du
personnel additionnel dans les directions de protection de la jeunesse.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Cela s'ajoute à des sommes qui ont
déjà été votées, soit au budget de l'an
passé,
au budget régulier, ou au budget supplémentaire. J'en fais
le bilan: $9 000 000 d'un coup, plus $2 600 000. C'est devenu $2 600 000
"annualisés", c'étaient des crédits partiels qui ont
été injectés au cours de l'année. Alors, c'est 9%,
plus 2,6%.
Donc, ce sont les $11 600 000, à ce jour, qui ont
été dépensés pour engager du personnel additionnel.
A côté de cela, en rapport avec la loi 24, il y a eu une somme de
$1200 000 pour permettre aux centres de services sociaux d'assumer leurs
responsabilités en matière de transport des enfants, $1200 000.
C'est $11600 000 plus $1 200 000 pour le transport, plus $800 000 pour d'autre
personnel. Si on parle de personnel, c'est $11 600 000 à ce jour plus
$800 000.
Mme Lavoie-Roux: $800 000?
M. Lazure: $800 000 "annualisés" à 1,1%, c'est
cela; ce qui fait, au total, $11 600 000 plus 1,1%.
Mme Lavoie-Roux: Mais cela représente quoi, comme
personnel? 1,1%, même sur une base annuelle, c'est quoi? Une quarantaine
de personnes? Une trentaine de personnes?
M. Lazure: Attendez un peu. Une trentaine. De trente à
quarante personnes, mais qui s'ajoutent aux 500 des $11 000 000.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Les $11 000 000 ont permis l'embauche...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ces 500 sont distribués
à l'intérieur...
M. Lazure: Des 14 CSS.
Mme Lavoie-Roux: Des 14 CSS, ce qui veut dire à peu
près, dans l'ensemble, une quarantaine de personnes?
M. Lazure: C'est cela, 35 ou 40.
Mme Lavoie-Roux: 35 ou 40 personnes.
M. Lazure: Pour le nouveau budget et cela s'ajoute aux 500 ou
environ.
Mme Lavoie-Roux: Alors, voici mon autre question. Ce ne sera pas
long, si vous voulez me donner trois minutes, je vais les poser à la
suite l'une de l'autre. Est-ce que vous prévoyez d'abord une
augmentation des cas, une augmentation de la clientèle? Ma
deuxième question est celle-ci: Pouvez-vous confirmer ou infirmer cette
nouvelle qu'on a vue à plusieurs reprises, c'est-à-dire qu'il y
aurait une augmentation de la délinquance chez les jeunes? (13
heures)
M. Lazure: A la première question, il y a eu une
augmentation d'environ 20% par rapport au signalement qu'on avait prévu;
autrement dit, la clientèle a été plus forte que celle qui
avait été anticipée. On me dit que, depuis quelques mois,
cela s'est stabilisé. Pour être plus précis, on avait
prévu 46 000 signalements par année et on en a eu 55 000, mais
là, il semble que cela se stabilise. L'écart était
explicable en partie parce qu'il y avait pas mal de cas qui n'attendaient que
la nouvelle loi pour être signalés, pour se manifester.
Maintenant, quant à la deuxième partie de votre question,
à savoir si vraiment il y a un pourcentage accru de délinquance,
s'il y a un taux de délinquance beaucoup plus élevé depuis
un an ou deux, je demanderais à M. Malo d'expliquer la courbe qu'il a
devant lui.
Par rapport à nos prévisions de départ de 46 000
signalements, nous allons actuellement vers une moyenne de 50 000; si on
répartit cela par période, cela donne à peu près,
bon an, mal an, 50 000, si la tendance continue, ce qu'on a vécu par
rapport à ce qui se continue. L'accroissement est plus fort au niveau
des articles 40, mais plus faible au niveau des articles 38, par rapport
à nos prévisions.
Mme Lavoie-Roux: 40, c'est-à-dire...
M. Lazure: Ce sont les cas de délinquance.
Mme Lavoie-Roux: C'est plus fort dans quelle proportion?
M. Lazure: Je n'ai pas fait le calcul de la proportion exacte,
mais c'est de l'ordre de 40%. Je dirais que c'est là qu'on va chercher
la proportion de 25% de plus.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous parleriez d'une augmentation
de...
M. Lazure: 20%, dont 25% au niveau de la délinquance.
Mme Lavoie-Roux:... 25%. C'est du côté de la
protection qu'il y en a moins.
M. Lazure: Au niveau des signalements. Au niveau de la
protection, il y en a moins, légèrement moins. Toujours par
rapport à des prévisions basées sur l'histoire.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, sur cette augmentation de la
délinquance, qui n'est pas uniquement au Québec, je pense qu'on
retrouve...
M. Lazure: Qu'on retrouve chez les adultes aussi.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Quelles études ou quelles
observations générales pouvez-vous faire et dans quelle direction
comptez-vous situer votre action? Vous parlez d'une augmentation du taux de
délinquance de près de 25%, et on parle seulement de la
délinquance juvénile; dans le cas de la délinquance
adulte, c'est dans une propor-
tion de combien? Vous ne le savez pas non plus, bon!
Il semble qu'il y ait un problème du côté de la
délinquance. Quelles sont les réflexions du ministère et
ses intentions au plan de l'action à l'égard d'un
phénomène qui est important?
M. Lazure: Ecoutez, c'est toute une commande que vous donnez
à deux minutes de la suspension.
Mme Lavoie-Roux: Au moins, pouvez-vous y
réfléchir?
M. Lazure: Oui, on va y réfléchir.
Mme Lavoie-Roux: Vous pourrez me donner la réponse
après le lunch.
M. Lazure: D'accord, merci pour le délai.
Le Président (M. Jolivet): Ajournement sine die, sachant
qu'on revient après la période des questions.
Suspension de la séance à 13 h 4
Reprise de la séance à 16 h 38
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, madame et
messieurs!
La commission des affaires sociales se réunit à nouveau
jusqu'à 18 heures et de 20 heures à 24 heures si
nécessaire, pour étudier les crédits budgétaires du
ministère des Affaires sociales.
Les membres de cette commission sont: M. Alfred (Papineau)
remplacé par M. Marquis (Matapédia); M. Boucher
(Rivière-du-Loup), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Gosselin
(Sherbrooke), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Marcoux
(Rimouski), M. Martel (Richelieu), M. O'Gallagher (Robert Baldwin)
remplacé par M. Mathieu (Beauce-Sud); M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw
(Pointe-Claire).
Le rapporteur de la commission est toujours M. Gosselin
(Sherbrooke).
Au moment où nous nous sommes quittés, à l'heure du
dîner, nous en étions toujours au programme 7. Mme la
députée de L'Acadie avait des questions à poser. Tout
d'abord, le ministre a quelque chose à ajouter avant qu'on reprenne le
débat.
M. Lazure: Deux remarques, si vous le permettez, M. le
Président. D'abord, en réponse au député de
Nicolet-Yamaska, après consultation avec mon collègue de la
Justice, nous distribuons la copie de l'opinion qu'avait émise le
ministère de la Justice, concernant le paiement des avortements
thérapeutiques par la Régie de l'assurance-maladie du
Québec.
Deuxièmement, M. le Président, j'aimerais demander
à M. Malo, sous-ministre adjoint au ministère, d'apporter
certaines clarifications sur les statistiques dont il nous parlait juste avant
la suspension, concernant les jeunes soumis à des signalements, soit
pour délinquance ou pour protection.
J'ai malheureusement fait une erreur tantôt lorsque j'ai
avancé certains chiffres. Nous avions prévu, au moment de
l'implantation de la loi, d'avoir approximativement 16 500 signalements au
niveau de l'article 38 de la Loi de protection de l'enfance. Nous en avons eu
effectivement 24 000, ce qui représente une augmentation de 44% par
rapport à nos prévisions.
Au niveau des enfants maltraités, nous avions prévu 4400.
Nous en avons eu 4681, ce qui représente un accroissement de 5,8%.
Une Voix: Pardon?
M. Lazure: 4688, ce qui représente un taux d'augmentation,
par rapport à nos prévisions, de 5,8%.
Mme Lavoie-Roux: II y avait une action qui existait depuis plus
longtemps dans le cas des enfants battus, n'est-ce pas? Il y avait eu un effort
au cours des années antérieures.
M. Lazure: C'est exact. On avait de meilleures bases pour faire
nos prévisions, d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Lazure: Au niveau de l'article 40, des cas de
délinquance, nous avions prévu 26 000 signalements pour
l'année. Il y en a eu effectivement 27 190, soit un accroissement de
4,4%.
Le total de l'accroissement est de 18,8%, parce que, si on regarde le
total des prévisions, il était de 47 000 et nous avons un
réel, pour la période du 1er avril 1979 au 31 mars 1980, de 55
876, ce qui donne un taux d'accroissement, par rapport à nos
prévisions, de 18,8%.
D'autre part, ce qui a amené d'ailleurs un peu la confusion
tantôt, c'est que, de l'avis de tous, il y a un accroissement au niveau
de la délinquance. Or, si on regarde le profil ou la courbe, comment
cela se situe d'une période à l'autre, des périodes de 28
jours depuis le 1er avril, on peut dire qu'il y a un accroissement de la
délinquance dans les dernières périodes en termes de
graphique.
Mme Lavoie-Roux: Cela va avec le printemps d'ailleurs.
M. Lazure: Cela va avec le printemps.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas une blague que je fais.
M. Lazure: Cela va aussi avec le degré d'implantation. Au
début, on peut présumer qu'il y avait moins de signalements,
moins de cas référés
au Tribunal de la jeunesse et là, c'est parti; tandis qu'au
niveau des cas de l'article 38f, c'est-à-dire les cas d'enfants
maltraités, il y a une stabilisation, depuis un certain temps. Donc,
cela va selon nos prévisions. Pour les cas de l'article 38, cela va non
pas selon nos prévisions, mais selon les 24 000. On peut croire que, si
la tendance se maintient, on en aura également 24 000 l'an prochain. Si
la tendance se maintenait au niveau de la délinquance, on peut
présumer qu'on va dépasser les 30 000 ou 32 000.
Je voudrais ajouter un autre élément, si vous permettez.
Ce qui est aussi signalé par les directeurs de la protection de la
jeunesse et les centres d'accueil, c'est un changement au niveau de la nature
de la délinquance. On la dit plus répétitive, plus
violente et davantage par le fait de sujets qui sont plus jeunes et un peu plus
détériorés. C'est essentiellement cela, le changement.
Mme Lavoie-Roux: II y a un député qui nous
dérange. Je m'excuse, je n'ai pas...
M. Lazure: Un député prometteur?
Mme Lavoie-Roux: Cela, l'avenir le dira. Je m'excuse, mais votre
dernière réflexion, je l'ai manquée.
M. Lazure: J'ai mentionné que les changements
étaient notés surtout au niveau de la nature de la
délinquance. Selon les professionnels dans le réseau, que ce soit
au niveau de la direction de la protection de la jeunesse ou des centres
d'accueil, on dit que la délinquance est plus répétitive,
plus violente et davantage par des sujets qui sont plus jeunes et plus
détériorés au moment où ils sont pris en charge.
C'est un sujet d'inquiétude qu'il faut regarder d'une façon
particulière, ce qui implique qu'on soit davantage capable d'isoler les
caractéristiques de ces jeunes-là, les caractéristiques
des actes délinquants, c'est-à-dire la manifestation
délinquante, également la provenance des jeunes
délinquants, pour être capable d'avoir des programmes
d'intervention.
Actuellement, on a expérimenté des programmes
d'intervention en situation de crise, c'est-à-dire à court terme,
avec des jeunes délinquants. Il va falloir dépasser cela; il va
falloir être capable de cerner, par quartier, quasiment par
pâté de maisons, les manifestations de délinquance pour
pouvoir agir sur le milieu. Nous avons eu des discussions d'ailleurs avec la
Fédération des CLSC à ce niveau-là, pour une action
plus préventive.
Mme Lavoie-Roux: Je remercie le sous-ministre pour cette
information. Pourrait-il simplement m'indiquer quelle est, à sa
connaissance, l'étude la plus récente, qu'elle provienne de votre
ministère ou qu'elle provienne d'une recherche au niveau universitaire,
sur le phénomène de la délinquance juvénile, ces
dernières années, jusqu'à aujourd'hui? Parce qu'il y a la
question de la récidive, il y a la question... Je pense que vous avez
fait allusion au fait que cela semble être répétitif.
Est-ce que je vous ai bien compris?
M. Lazure: J'ai bien dit que c'était fondé sur la
perception des professionnels, ce n'est pas fondé sur une recherche. Les
dernières recherches connues, que je sache, sont celles de M. Marc
Leblanc et de M. Fréchette, de l'Université de Montréal,
qui tendent à démontrer que ce phénomène de la
jeunesse délinquante est important, et l'importance aussi d'agir
très rapidement, au moment où on est jeune, dès les
premières manifestations de la délinquance, ne pas attendre que
le jeune ait 17 ou 18 ans. C'est un résumé très simpliste
que je fais. Ces recherches datent quand même de deux ou trois ans. (16 h
45)
En rapport avec cela, la députée de L'Acadie s'en
souviendra, on a nommé, il n'y a pas longtemps, Mme Marie-Andrée
Bertrand présidente du Conseil de la recherche sociale du Québec.
Ce Conseil de la recherche sociale du Québec, qui se veut un peu le
pendant du Conseil de la recherche en santé du Québec, on lui a
demandé d'accorder, dans l'octroi des bourses, des subventions de
recherche, de privilégier les projets de recherche qui touchent des lois
nouvellement implantées, comme la loi no 24, la loi no 9, les
différentes lois qui ont été nouvellement
implantées. Connaissant l'intérêt de cette nouvelle
présidente, qui est criminologue, pour la délinquance,
j'espère qu'on pourra, dans les quelques années qui viennent,
avoir des travaux de recherche dans ce domaine.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il est trop tôt pour
établir ce type de relations, mais vous savez qu'au sujet de la loi no
24, il y a eu, parmi les reproches qu'on lui a faits, entre autres, celui du
travail de réhabilitation à plus long terme qui, selon les
individus, était plus fragile; enfin, cela posait des problèmes.
Je sais que les gens en centre d'accueil en ont parlé. Je pense aussi
que les gens des CSS en ont parlé, et d'autres ont même
été jusqu'à dire: Maintenant ce n'est pas que
j'endosse cela, mais ce sont les réflexions qu'on a entendues que
l'enfant a sa loi, il peut faire la loi, ce genre de choses. Est-ce qu'il est
trop tôt pour relier ce caractère répétitif ou ces
récidives chez les jeunes à une approche différente
créée par la loi no 24 ou certaines dispositions de la loi no
24?
M. Lazure: Je suis bien sensible à cette remarque que
certains groupes ont exprimée, à savoir que la loi garantit aux
jeunes leurs droits et ne parle pas assez de leurs responsabilités.
Au colloque des 26 et 27 juin, j'aurai l'occasion de m'exprimer sur les
différents thèmes des ateliers du colloque et il y en a un
justement qui va porter sur les droits et responsabilités du jeune, non
pas seulement sur les droits.
Peut-être que la loi a pu donner cette impression,
c'est-à-dire qu'elle favorisait de façon indue les droits...
Mme Lavoie-Roux: ... pour...
M. Lazure: ... mais je n'en suis pas convaincu. De toute
façon, ça va être étudié en atelier,
cette
espèce de jonction qui doit se faire entre les droits et les
responsabilités de chaque jeune.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Les centres d'accueil, j'ai eu l'occasion de le dire
hier, et surtout quelques centres d'accueil du type de celui de Boscoville, de
bonne foi, selon les techniques que ces centres ont développées
depuis un certain nombre d'années, croient qu'il faut garder en internat
un jeune pendant plusieurs mois, et la période habituelle, c'est deux
ans, pour qu'il puisse vraiment réapprendre des comportements et des
attitudes, si vous voulez, plus socialement acceptés. Même si
cette théorie est très discutée dans le milieu, nous,
comme ministère, on n'a pas à s'introduire et à se
prononcer sur une philosophie de traitement. La loi ne se prononce pas non plus
pour favoriser une technique plutôt qu'une autre. Mais la loi dit qu'au
bout d'un certain nombre de mois trois mois en internat, le
centre d'accueil doit démontrer au tribunal qu'il est nécessaire,
pour le bien-être et pour le traitement du jeune, de prolonger cette cure
ou ce traitement.
Par conséquent, la loi n'empêche pas le séjour
prolongé d'un an ou de deux ans. Je conviens qu'elle le rend plus
compliqué, mais ce n'est pas mauvais que les professionnels aient
à faire le bilan, de trois mois en trois mois, sur l'évolution de
l'état du jeune et que ce bilan soit, si vous voulez,
apprécié par le Tribunal de la jeunesse.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne voulais pas
discuter de la philosophie de la loi parce que, justement, cela aura lieu les
26 et 27. J'ai deux questions très concrètes. Y a-t-il
suffisamment de places en centres d'accueil pour ces enfants-là,
présentement? Est-ce que le ministre peut nous dire que, tant du
côté anglophone que du côté francophone, les
ressources en centres d'accueil sont suffisantes pour répondre aux
besoins des enfants qui tombent sous la loi 24?
M. Lazure: Du côté des francophones, c'est oui,
très catégoriquement; il y a amplement de places, il y a
même des places libres. Je pourrais vous en nommer. Je l'ai
déjà fait. Du côté des jeunes anglophones, on a un
problème. Il y avait, autrefois, certaines institutions du type internat
pour anglophones dont la vocation a été soit discontinuée
ou transformée à la suite d'un certain rapport Batshaw.
Actuellement, depuis déjà plusieurs mois, on est en train d'en
arriver à une décision puisqu'il s'agit du Montréal
métropolitain, à toutes fins pratiques. C'est en discussion avec
le conseil régional de la santé et des services sociaux de
Montréal, les intervenants sociaux et le ministère et on est en
train de trouver, dans des locaux existants du réseau, des espaces pour
les jeunes anglophones. Il y a une certaine insuffisance d'espaces du
côté des anglophones. On est conscient de cela et on va la
corriger en utilisant des espaces qui existent ailleurs dans le réseau
et qui ne sont pas occupés.
Mme Lavoie-Roux: II manquerait un pourcentage de combien,
à peu près, dans les besoins?
M. Lazure: Pour les anglophones. Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: M. Malo, est-ce qu'on peut préciser un
pourcentage?
Je ne l'ai pas en pourcentage, mais c'est en termes de nombre
d'unités. Si on avait 24 places de réaménagées,
à peu près 24, 24 à 30 places, ce serait suffisant. De
toute façon, actuellement, on peut affirmer qu'aucun jeune anglophone
n'a été déféré en prison pour adultes par
manque de place. On s'est toujours débrouillé pour que ça
marche et il y a eu seulement deux cas d'anglophones
déférés depuis le premier janvier.
Déféré veut dire référé aux
tribunaux pour adultes.
Depuis l'implantation de la loi 24, on a passé de 68 cas
l'année dernière à 24, je crois, cette année. Je
pourrai vous donner le chiffre exact tantôt.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a eu que deux jeunes qui...
M. Lazure: Depuis le premier janvier, il y a eu seulement deux
anglophones.
Mme Lavoie-Roux:... qui ont été
déférés à un tribunal pour adultes?
M. Lazure: Ce qui est une amélioration par rapport au
passé où il y avait beaucoup plus de jeunes qui étaient
déférés aux tribunaux pour adultes.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Sur la question de l'hébergement, vous voyez que
vous avez plus de 40 et les 40, dans le réseau anglophone, commencent
à remplir tous les espaces qui sont disponibles. Cela veut dire que, si
on prend Youth Horizons, par exemple, la moitié de leurs lits sont
maintenant remplis par les cas qui sont du code 40 tandis que le mandat de
Youth Horizons est, premièrement, pour les codes 38. On voit cela
partout dans le réseau. Je suis d'accord que les recommandations du
Batshaw Report sont allées trop vite. Je suis totalement d'accord. Ces
gens voulaient remplacer le réseau au complet et ont laissé
quelques lacunes dans le réseau. Est-ce que le ministre accepte, pour le
moment, que nous ayons aussi besoin de travailler dans le réseau pour
soigner les jeunes qui sont du code 38, pour que les mandats de Youth Horizons
puissent être seulement accordés à ceux qui sont du code 38
et que les autres du code 40 soient accordés seulement à des
Shawbridge Boys' Farm Network?
C'est le problème dans le moment, parce qu'on voit, même
dans les petites maisons d'accueil d'urgence, que plus de la moitié,
plus des deux tiers sont des codes 40 au lieu des codes 38. Avec le bill 24, si
on met trop de pression sur l'espace qui est disponible pour répondre
aux besoins de soins des codes 40, tous ceux qui sont impliqués dans le
code 38 sont lésés. C'est pour cela que je demande au ministre
s'il a de bons moyens pour chercher à implanter un réseau pour
les codes 40, et s'il a, en même temps, réfléchi aux codes
38 qui sont peut-être ceux qui ont le plus besoin d'intervention de bonne
heure par les effets de la loi 24.
M. Lazure: J'ai beaucoup de sympathie, M. le Président,
pour ceux et celles qui lisent le journal des Débats. Quand on parle de
38 et de 40... Le député de Pointe-Claire fait allusion, quand il
parle des 40, aux jeunes qui tombent sous l'article 40 et qui sont
considérés plus comme délinquants alors que ceux qui
tombent sous l'article 38 sont considérés plus comme des cas de
protection de la jeunesse. Je souhaiterais bien qu'on ne commence pas, dans le
réseau, à dire: Moi, j'ai douze 38 et toi, tu as quatorze 40,
etc., comme on fait pour les A-2 et les A-3.
On essaie déjà de changer ce jargon, que je trouve
affreux, personnellement. Ceci étant dit, je veux corriger le
député de Pointe-Claire, quand il dit que le centre d'accueil qui
s'appelle Youth Horizons a comme vocation de s'occuper seulement des cas de
protection. C'est faux, c'est un centre d'accueil comme tous les autres centres
d'accueil d'ailleurs, cela apparaît à son permis qui
a à s'occuper de jeunes mésadaptés socio-affectifs. Que le
problème présenté par le jeune soit
considéré comme un problème de délinquance ou de
protection, peu importe; peu importe, c'est la responsabilité de Youth
Horizons de s'en occuper.
Ce que le député de Pointe-Claire exprime reflète
précisément une tendance qu'on retrouve trop souvent dans
certains établissements, celle de vouloir s'occuper exclusivement
d'individus dans ce cas-ci, il s'agit de jeunes, mais c'est vrai aussi
pour des personnes plus âgées qui présentent des
cas, des situations moins graves et de laisser à d'autres les cas plus
graves.
Je veux corriger cette impression que le député peut avoir
que tel ou tel centre d'accueil s'occupe seulement des cas légers et que
l'autre s'occupe des cas plus graves. Ceci étant dit, à partir du
moment où Youth Horizons ou d'autres centres d'accueil s'occupent de
façon polyvalente de tous les jeunes qui se présentent, il reste
que, du côté anglophone, je le répète, on manque
d'espace, de place pour le soin aux jeunes anglophones qui ont besoin
d'être gardés en centre d'accueil.
Alors, c'est de 20, 25 ou 30 places dont on manque. Je pense que,
très bientôt, avec le conseil régional et les centres de
services sociaux, on en arrivera à désigner des centres d'accueil
qui auront des espaces spéciaux, des sections spéciales
réservés aux jeunes anglophones.
M. Shaw: Si nous pouvons continuer dans la même veine, je
vais enlever les nombres 40 et 38. Comme cela a été
jusqu'à maintenant, le gouvernement présent a peut-être
changé le mandat ou le concept, vous avez deux réseaux. Il y a
Shaw-bridge Boys' Farm, selon le principe original. Vous lui avez
accordé la responsabilité de soigner des cas de
délinquants qui sont plus durs qu'avant. On vient de le constater.
Si nous continuons à y mettre des jeunes qui ont seulement des
problèmes de protection parmi ceux qui sont des délinquants...
Est-ce que vous croyez que c'est le voeu du projet de loi 24? Est-ce que c'est
cela que vous voulez, mettre les deux ensemble? C'est cela que vous faites
maintenant, avec le réseau qui est en place.
M. Lazure: La loi 24 ne se prononce pas et n'a pas à se
prononcer sur la répartition des jeunes qui tombent sous l'article 40 ou
des jeunes qui tombent sous l'article 38, la répartition à
l'intérieur d'un même centre d'accueil. La loi 24 ne se prononce
pas là-dessus.
M. Shaw: ... avant. (17 heures)
M. Lazure: De la même façon que la Loi sur les
services de santé ne se prononce pas sur la répartition des lits
de chirurgie dans un hôpital par rapport aux lits de médecine ou
par rapport aux lits pour malades chroniques dans un hôpital.
Il s'agit de gestion interne qui doit se raffiner, s'améliorer,
s'adapter aux besoins nouveaux. C'est un effort collectif qui se fait non pas
seulement par le centre d'accueil, mais aussi en collaboration avec le conseil
régional et le ministère des Affaires sociales.
M. Shaw: En effet, c'est cela qui arrive. Si nous continuons
comme cela se fait maintenant, de placer des jeunes délinquants, souvent
très durs, avec des jeunes garçons et des jeunes filles qui sont
seulement des cas de protection, est-ce que vous trouvez que c'est le voeu du
projet de loi 24?
M. Lazure: Je répète que ce n'est pas le voeu du
projet de loi 24. Cela n'est pas du ressort d'une loi, en d'autres termes. Cela
n'est pas du ressort de la loi 24 de se prononcer là-dessus.
M. Shaw: Mais c'est à votre ministère de
fonctionner selon les besoins des jeunes.
M. Lazure: Le ministère a à se prononcer et il le
fait constamment. Je viens de vous expliquer que le ministère, avec les
centres d'accueil pour jeunes et les conseils régionaux, essaie de
maintenir, dans chaque centre d'accueil, ou tout au moins dans chaque
région du Québec, une ouverture d'esprit de la part des
autorités du centre d'accueil et des gens qui y travaillent, pour ne pas
se contenter d'admettre des jeunes qui ont des problèmes plus
légers et d'accepter aussi d'autres jeunes.
A partir de ce moment-là, est-ce qu'il faut que ce centre
d'accueil ait deux sections séparées ou
pas? Ce n'est pas de notre ressort. Si le centre d'accueil vient
demander conseil au ministère, on va en discuter et on va lui donner
notre avis. Mais cela fait précisément partie de la régie
interne d'un centre d'accueil, de la direction et du conseil d'administration.
On paie des cadres supérieurs pour avoir l'expertise qui va leur
permettre de déterminer de quelle façon les jeunes vont
être traités. Est-ce qu'ils vont être traités, dans
une même section, moitié jeunes qui ont des caractères
moins délinquants, moitié jeunes qui ont besoin de protection? Ou
est-ce que ce sera une section 100% de cas de protection et 100% de cas de
délinquance?
Vous savez, le problème que vous soulevez n'est pas nouveau. On
peut faire le parallèle avec la psychiatrie. Il n'y a pas si longtemps,
au Québec, il y a à peine 20 ans, chaque malade psychiatrique
qu'on retrouvait au Québec devait être placé dans deux
hôpitaux, à toutes fins utiles: Saint-Michel-Archange et
Saint-Jean-de-Dieu. Et, pour les anglophones, à l'hôpital
Douglas.
Aujourd'hui, 20 ans plus tard, on retrouve quelque chose comme 70
départements de psychiatrie dans des hôpitaux
généraux, que ce soit dans la Beauce, que ce soit en Abitibi, au
Lac-Saint-Jean, dans toutes les régions du Québec.
Autrefois, les directeurs d'hôpitaux généraux ou les
médecins prétendaient qu'ils ne pouvaient pas admettre des cas de
psychiatrie, ce que vous appelleriez aujourd'hui un cas lourd, un cas dur,
mais, aujourd'hui, c'est tenu pour acquis. Je dirais que 90% des cas de
psychiatrie peuvent être traités dans un hôpital
général, sans aller à Saint-Jean-de-Dieu ou à
Saint-Michel-Archange. C'est un peu la même chose, par voie de
comparaison, avec les jeunes.
Pour ma part, si vous me demandez une opinion personnelle, je crois
qu'on peut très bien traiter dans une même institution des jeunes
qui ont des problèmes plus légers; d'autres, des problèmes
moyens; d'autres, des problèmes plus graves.
M. Shaw: Pouvez-vous dire ici que vous êtes d'accord qu'une
jeune fille victime d'un abus de sa famille puisse être dans la
même situation qu'une autre jeune fille accusée de cinq ou six
actes criminels?
M. Lazure: Je vous dis que, dans un même centre
d'accueil... De la même façon que vous pouvez avoir je vous
le répète dans un hôpital psychiatrique, une
personne qui souffre d'une dépression et qui est tout à fait
inoffensive et, dans le même établissement, un malade
psychiatrique qui se sent persécuté et qui a assassiné son
voisin. Cela se voit tous les jours. Une fois qu'ils sont dans le même
établissement, il revient aux professionnels de l'établissement
d'offrir à chacun de ces individus un programme de traitement conforme
à ses besoins. Cela ne veut pas dire qu'il doit vivre dans le même
groupe que des jeunes qui ont seulement besoin de protection. Cela peut vouloir
dire qu'il y a dans le même éta- blissement des groupes
différents, des unités de vie différentes.
M. Shaw: Un de nos problèmes est que nous avons des
réseaux, mais les comités d'admission craignent toujours
d'accepter certains types de clients. Il arrive souvent que nous ayons cinq, ou
six, ou même vingt lits disponibles dans le réseau pour des cas
plus lourds qui peuvent changer totalement le traitement pour ces enfants
déjà en place. Cela dérange totalement l'effet du
système, du système au complet, mais vous croyez que cela a du
bon sens, que c'est rentable, que c'est cela qu'on fait avec les...
M. Lazure: Non. M. le Président, je ne voudrais surtout
pas que le député de Pointe-Claire se mette à
interpréter les affirmations que je fais. Si on revient au centre
d'accueil dont il parle, Youth Horizons, qui a été une
création de l'ancien gouvernement à la suite du rapport Batshaw,
cela a été une fusion de plusieurs centres d'accueil, de
plusieurs services, de plusieurs établissements qui avaient des
clientèles quelque peu différentes mais tous des
clientèles de jeunes. Le principal objectif de cette fusion-là,
c'était précisément que Youth Horizons, avec un seul
conseil d'administration, une seule direction, pouvait dorénavant
s'occuper de toute la gamme des jeunes et, avec une seule entité
juridique, cela permettait cette meilleure coordination et cela assurait que
certains jeunes ne tombaient pas entre deux chaises.
Ma perception du problème qui s'est développé,
c'est que Youth Horizons, comme d'autres, malgré cette vocation
initiale, est en train de se dire: Nous voulons seulement les beaux cas, les
cas légers. Je ne blâme pas plus Youth Horizons que d'autres, je
dis que c'est une tendance généralisée un peu partout dans
le réseau.
M. Shaw: Youth Horizons avait toujours le mandat des cas plus
légers que...
M. Lazure: C'est vous qui le dites, M. le député de
Pointe-Claire, c'est absolument faux. Ce n'est pas vrai.
M. Shaw: ... plus légers que...
M. Lazure: Npn, ce n'est pas vrai. Si on vous dit cela, on ne
vous dit pas la vérité. Il faudrait que les gens de Youth
Horizons rencontrent les fonctionnaires du ministère. Je vous
répète que les gens de Youth Horizons qui vous racontent cela
peuvent avoir comme volonté de s'occuper surtout des cas moins
difficiles, mais ce n'est pas vrai que c'était leur vocation ou que
c'est leur vocation.
M. Shaw: Quelle est la vocation du Shawbrid-ge Boys' Farm...
M. Lazure: C'est de s'occuper des jeunes délinquants, et
plus particulièrement des jeunes délinquants qui sont plus
difficiles.
M. Shaw: Ah!
M. Lazure: Là, vous parlez d'autre chose. Vous parlez du
centre d'accueil Shawbridge qui, par tradition, se trouvait un peu en dehors du
circuit des institutions de Montréal. Shawbridge se trouve à
Shawbridge et il avait développé un programme de
résidence, un programme en internat pour les jeunes garçons plus
difficiles. Encore une fois, je vous le répète, pour eux aussi,
le permis est tel qu'ils doivent s'occuper de tous les jeunes en
difficulté, que les jeunes tombent sous l'article 40 ou sous l'article
38.
M. Shaw: Le problème qui arrive, c'est qu'il y a 55 000
cas de signalés et 80% sont dans la section 6-A. Est-ce que c'est vrai?
Est-ce que vous avez les chiffres exacts? Quel est le pourcentage des cas
signalés qui sont dans la section 6-A?
M. Lazure: Des cas de? M. Shaw: Des cas signalés.
M. Lazure: Des cas signalés? M. Shaw: Signalés,
oui.
M. Lazure: 86% des cas du Québec, vous voulez dire?
M. Shaw: Combien, quel pourcentage des cas du Québec sont
dans 6-A?
M. Lazure: Un instant! 36,1%.
M. Shaw: 36,1%.
M. Lazure: Pas 86, mais 36%.
M. Shaw: 36,1% de tous les cas de la province. Quel pourcentage
des cas...
M. Lazure: 24% des enfants, 36% des signalements, 51% des
ressources.
M. Shaw: Quel est le pourcentage des 40? M. Lazure: Des
40?
M. Shaw: C'est la différence. C'est là le
problème, ce sont les 40, parce que les cas lourds, nous pouvons les
laisser à la maison. Quand vous avez...
M. Lazure: Si le problème principal, d'après le
député de Pointe-Claire, dans la communauté anglophone,
chez les jeunes...
M. Shaw: Ce n'est pas seulement dans la communauté
anglophone dans ce cas. Je vous donne, par exemple, le fait qu'avec le bill 24,
vous mettez beaucoup de travail sur le dos d'une section, la protection de la
jeunesse. Avec les ressources qui sont disponibles, les cas plus lourds sont
les cas qui sont traités en premier. C'est évident que le besoin
est là. Si nous prenons tout le réseau pour prendre soin
seulement des cas lourds, on ne fait presque rien pour les cas qui sont
légers. C'est pour cela qu'au lieu de renverser la direction vers moins
d'actes délinquants, on fait plus d'actes délinquants et ces
actes sont plus durs qu'avant.
M. Lazure: M. le Président, je pense que le
député de Pointe-Claire devrait peut-être restreindre ses
remarques au cas de la communauté anglophone qu'il connaît mieux
que la communauté francophone, de toute évidence. Parce que, dans
la communauté francophone, chez les jeunes je l'ai dit
tantôt et je le répète autant pour les cas de
protection que pour les cas de délinquance, il y a suffisamment de
places, il y a même des places en surplus.
Si on revient à la communauté anglophone, si Youth
Horizons, d'après vos remarques, traite surtout ou s'occupe surtout des
jeunes qui sont des cas de protection et si, d'autre part, la communauté
anglophone dit: Notre gros problème actuellement, ce sont les jeunes qui
tombent sous l'article de la délinquance, moi, je vous réponds,
à ce moment-là, que Youth Horizons ou son conseil
d'administration rajuste son tir et que cette institution s'occupe plus des
jeunes qui tombent sous l'article de la délinquance au lieu de confiner
ses efforts chez les jeunes qui tombent sous l'article de la protection.
M. Shaw: C'est ça qu'ils doivent faire, parce que c'est
rempli de cas comme ceux-là. Alors, vous avez un réseau qui
était à l'origine spécialisé dans les cas durs, les
cas de garde, et qui est rempli. Maintenant, même le réseau qui
est en place pour s'occuper des cas de protection est aussi rempli par les
codes 40. Alors, vous n'avez pas de soins ni à domicile, ni ailleurs
pour les cas légers dans le système. C'est pour ça que...
Vous avez eu 300 cas, l'année passée, de trafic de drogue.
M. Lazure: C'est absolument faux, M. le Président.
M. Shaw: Et de ces 300, seulement...
M. Lazure: Je ne peux pas accepter des affirmations
complètement fausses comme ça. Les cas légers, quand vous
dites qu'ils ne sont pas traités dans le système...
Premièrement, ce que vous appelez les cas légers, la plupart du
temps, justement, n'ont pas besoin d'aller dans un internat et ils peuvent
recevoir une assistance pédagogique, psychosociale, en dehors d'un
internat, que ce soit dans - un cadre scolaire ou dans le cadre d'un CLSC ou
d'un organisme bénévole du genre "Grands Frères", les "Big
Brothers". J'ai eu l'occasion, il n'y a pas longtemps, de rencontrer les
autorités de l'organisme qui s'appelle "Grands Frères" et qui est
en train d'établir des filiales un peu partout dans le Québec
pour les communau-
tés aussi bien anglophone que francophone. C'est là un
exemple d'organismes bénévoles ou d'organismes communautaires qui
s'occupent des jeunes qui ont été signalés, sous l'empire
de la loi no 24, mais qui tombent sous l'article de la protection et où
le directeur de la protection de la jeunesse peut confier un jeune aux bons
soins d'un organisme communautaire du genre des "Grands Frères".
M. Shaw: Ce sont des cas très légers. Quant
à moi, je parle des cas de protection qui ont besoin
d'hébergement, mais qui doivent retourner à la maison parce qu'il
n'y a pas de place dans le réseau pour les garder, même pour un
petit bout de temps, parce que c'est plein de cas durs de délinquance.
Si le ministre est prêt à dire que tout est propre et qu'avec 24
ou 30 lits de plus, tout sera arrangé, c'est faux. Le système est
tout mêlé maintenant et il n'y a pas d'actes positifs, parce que
c'est plein...
M. Lazure: M. le Président, ma dernière remarque
là-dessus, c'est que, premièrement, la loi no 24 n'est
certainement pas responsable d'un état de fait qui est décrit par
le député de Pointe-Claire, parce que la disparition de certaines
institutions dans le réseau anglophone en particulier, je l'ai dit
tantôt et je le répète, cela s'est fait en 1975 et en 1976,
bien avant la loi 24. (17 h 15)
Si le député veut partir un débat là-dessus,
il faudrait faire le débat à trois, avec l'ex-ministre des
Affaires sociales...
Mme Lavoie-Roux: Voyons!
M. Lazure: ... pour en parler de façon plus
poussée. Mais le député de Pointe-Claire mêle
complètement ce qui résulte de la loi 24, d'une part, et ce qui a
résulté de décisions dont je ne veux pas discuter
aujourd'hui, qui partaient d'un bon motif, en tout cas.
Mme Lavoie-Roux: On va faire venir l'ancien ministre des Affaires
sociales. Vous avez seulement à nous le demander et on va l'appeler.
M. Lazure: Je n'ai pas à répondre. Vous êtes
le chef de la délégation de l'Opposition officielle, vous faites
venir qui vous voulez faire venir.
Mme Lavoie-Roux: Si vous insistez trop.
M. Lazure: Je ne savais pas que la personne en question pouvait
être utilisée comme une menace.
Mme Lavoie-Roux: C'est bon, il y a des fonctionnaires qui ont ce
sentiment-là.
Le Président (M. Jolivet); De toute façon, on est
à prolonger un débat qui devait être court, ce matin.
M. Lazure: Bien oui.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui. je ne suis pas pour l'allonger.
Le Président (M. Jolivet): Donc, le programme 7 est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Attendez. Il y a plusieurs
éléments dans le programme 7.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Donc, vous
étiez à l'élément 1. Vous allez à
l'élément 2?
Mme Lavoie-Roux: Oui. A l'élément 2, il y a une
augmentation de 10% ou 10,7% pour la protection des adultes. Il y a 5%,
j'imagine...
M. Lazure: II n'y a pas de crédit de développement
dans cela.
Mme Lavoie-Roux: On reprendra la question si vous
m'autorisez des malades psychiatriques quand on reviendra. D'accord?
Donc, adopté.
Le Président (M. Jolivet): Donc, élément
3.
M. Lazure: Dans l'élément 3, il y a un peu de
crédits de développement: $400 000.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Les services sociaux en milieu scolaire,
principalement, la députée de L'Acadie s'en doute bien, pour la
rive sud de Montréal et la rive nord de Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Sur la rive sud, cela va...
M. Lazure: Sérieusement, pas seulement parce que le
ministre est député sur la rive sud de Montréal, mais
surtout parce que, on le sait, l'ex-Dansion de la ieune population se fait sur
la rive sud de Montréal et sur la rive nord de Montréal. 6-C et
6-B.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, ils en ont besoin sur la rive sud,
on y reviendra plus tard. Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Elément 4.
M. Shaw: J'aurais juste une question pour l'élément
3.
Mme Lavoie-Roux: Moi qui ai de bonnes intentions.
M. Shaw: Un des problèmes du projet de loi 24, et le
nombre de jeunes qui sont mis, disons, dans le réseau de la protection
de la jeunesse, est que, dans les écoles, la directive
présentement est que, si vous avez un enfant qui est "acting out", la
solution du problème est toujours qu'on mette cet enfant à
l'extérieur de l'école. J'ai fait une étude, seulement
dans les écoles et les commissions sco-
laires anglophones, pour voir combien de jeunes étaient mis
à l'extérieur de ce système d'éducation par un
tribunal, selon les provisions de la loi. Aucun n'a été mis
à l'extérieur du système d'éducation par cette
voie.
Mais, en même temps, les directeurs généraux des
commissions scolaires ont tous dit qu'ils ont avisé les familles de
certains jeunes que ces derniers sont mieux à l'extérieur, avec
un système qui est au-dessus du réseau de protection de la
jeunesse. Est-ce que vous avez des prévisions pour insister
auprès des directeurs généraux des commissions scolaires
pour que plus d'efforts soient faits pour garder, dans le système de
l'école, les enfants qui se sauvent peut-être un peu de
l'école ou les enfants un peu difficiles?
M. Lazure: M. le Président, le ministre de l'Education a
rendu publique, il y a deux ans environ, une nouvelle politique qui s'appelle
la politique d'intégration des enfants en difficulté dans le
milieu scolaire. Cette politique d'intégration ou de normalisation, si
vous voulez, s'applique non seulement aux enfants qui souffrent de
déficiences mentales ou de déficiences physiques, qui souvent,
dans le passé, étaient placés dans des classes
spéciales ou des écoles spéciales, mais cette politique
d'intégration s'applique aussi à des jeunes qu'on appelle, dans
le jargon des jeunes qui ont des problèmes socio-affectifs, des
mésadaptés socio-affectifs, des jeunes
prédélinquants ou délinquants. La réponse est oui.
Autant l'esprit de la loi 24 que les politiques du gouvernement sont tels que,
normalement, les écoles doivent faire tous les efforts pour garder dans
le circuit régulier des jeunes qui peuvent avoir des problèmes
occasionnellement avec la loi.
M. Shaw: C'est la politique du gouvernement? M. Lazure:
Oui.
M. Shaw: Est-ce que vous avez fait des interventions
auprès des directeurs généraux ou des commissions
scolaires?
Mme Lavoie-Roux: II faudrait revoir ce qui a été
dit aux crédits du ministère de l'Education.
M. Lazure: Oui et, si le député de Pointe-Claire
est ici l'an prochain, je lui conseille d'aller à la commission de
l'éducation, justement, parce qu'il en apprendrait. L'éducation
fait des efforts sérieux de ce côté-là.
Mme Lavoie-Roux: Hum! M. Shaw: Hum, hum! Oui. M.
Lazure: Très sérieux.
Mme Lavoie-Roux: Au niveau des intentions, c'est bien.
M. Lazure: Non, aussi au niveau des faits. Il y a eu des postes
additionnels accordés dans les commissions scolaires pour permettre aux
jeunes en difficulté d'être intégrés à des
classes régulières et cela comprend les jeunes
délinquants.
Le Président (M. Jolivet): Adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Elément 4?
Mme Lavoie-Roux: Services sociaux en centres hospitaliers.
M. Lazure: II y a une légère augmentation là
aussi: $130 000 "annualisés" à $300 000 pour augmenter un peu les
effectifs en services sociaux hospitaliers.
Mme Lavoie-Roux: Dans quelles régions?
M. Lazure: A Cité de la santé de Laval.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, adopté.
M. Lazure: A Hauterive et à Sept-lles.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Elément 5?
M. Lazure: Cela correspond à vos dossiers?
Mme Lavoie-Roux: A mes informations. Je n'ai pas de gros dossiers
là-dessus. On est rendu à l'élément 5. Cela m'a
l'air qu'il n'y a pas de développement là.
M. Lazure: Non, il n'y a pas de développement.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Elément 5 adopté. Là,
j'arrive à 6.
Le Président (M. Jolivet): D'accord, 6.
Mme Lavoie-Roux: Je tousse parce que je suis enrhumée.
Dans les familles d'accueil, je note une diminution de 0,079. Ce sont des
familles d'accueil à la fois pour les adultes et pour les enfants, je
pense. Cela couvre les deux. Dans le cas des familles d'accueil pour enfants,
est-ce qu'on peut me donner des statistiques ou des explications sur... Il n'y
a pas de diminution dans le cas des familles d'accueil pour enfants, mais, par
contre, il n'y a pas non plus d'augmentation. Vous avez $46 000 000 et $46 000
000, il y a $300 000 de différence, même pas.
M. Lazure: Le nombre d'enfants placés en familles
d'accueil est effectivement stable, mais il
faut prendre garde, au niveau de ces crédits, parce qu'en outre
des crédits de dépenses qui sont prévus, il y a la
contribution qui, lorsqu'elle s'accroît, peut entraîner en
réalité une augmentation, sans que ça paraisse au niveau
des dépenses.
Mme Lavoie-Roux: Pourriez-vous me donner les taux...
M. Lazure: Les taux actuels? Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Dans les familles d'accueil adultes, c'est $9.69,
$9.70 par jour...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: ... dans les quelques cas de S-2, à taux fixe,
c'est $9.35 par jour.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce que vous appelez S-2 à taux
fixe?
M. Lazure: C'est une classification historique, ce sont quelques
petits centres qu'on appelait écoles privées; en fait, c'est une
ancienne classification.
C'est marginal.
C'est privé.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Lazure: Au total, il y a 489 cas. Ce n'est pas
significatif.
Mme Lavoie-Roux: C'est $9.70 par jour.
M. Lazure: Oui, c'est $9.70 par jour pour les adultes.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Et pour les enfants?
M. Lazure: Pour les enfants, ça varie selon
l'âge.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ça.
M. Lazure: Cela va de $4.85 à $8.10, plus $2.75 pour
les...
Mme Lavoie-Roux: 16 ans et plus?
M. Lazure: ... enfants qui ont des problèmes
spéciaux.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Quel que soit l'âge, $2.70
supplémentaire. Il y a à peu près 25% des enfants en
famille d'accueil qui sont considérés comme cas spéciaux
et où le montant de $2.70 s'applique.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez eu... Cela ne fait pas
partie de mes dossiers, c'est une question que je vous avais posée au
moment de l'étude de la Loi sur les services de garde; $4.85, j'imagine
que c'est pour les 0 à 1 an, 2 ans ou quelque chose... 0 à 4 ans.
C'est par jour. On a prévu que, pour les services de garde, en garde
familiale, c'est même $6.
M. Lazure: $6, oui.
Mme Lavoie-Roux: Disons pour 10 heures, j'ai toujours
établi ça sur une base de 10 heures, ça peut être 12
heures, comparativement à $4.85 pour les foyers d'accueil. Y a-t-il eu
des représentations faites de la part de l'association? Je pense que ces
gens ont une association de foyers d'accueil.
M. Lazure: Si on a eu des représentations de la
part...
Mme Lavoie-Roux: II y a une association des familles
d'accueil?
M. Lazure: Oui. Oui, on a des représentations annuelles de
la part de cette association comme d'autres associations et, effectivement, il
va y avoir une hausse des barèmes cet automne.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'elle est prévue... Elle ne
semble pas beaucoup être prévue dans vos crédits, parce
qu'ils sont à peu près stationnaires.
M. Lazure: C'est prévu dans le budget
supplémentaire.
Mme Lavoie-Roux: C'est un petit trou.
M. Lazure: Non, mais, sérieusement, ça va prendre
effet seulement à l'automne, je viens de vous le dire.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais le budget supplémentaire, c'est
au mois de décembre.
M. Lazure: Oui, à l'automne, tard. L'automne va jusqu'au
21 décembre.
Mme Lavoie-Roux: De quel ordre serait cette augmentation?
M. Lazure: D'environ 10%.
Mme Lavoie-Roux: 10%. Mais ces taux sont indexés quand
même régulièrement, pour les familles d'accueil?
M. Lazure: Les 10% ou environ, cela inclut l'indexation. Dans le
passé, il n'y a pas eu d'indexation automatique pour ces services. Il y
a eu des hausses en moyenne tous les deux ans, un an et demi, deux ans. Je
pense qu'il y en a eu trois, c'est la troisième depuis quatre ans. La
hausse inclut l'indexation.
Ce n'est pas tout à fait complété encore. J'ai
rencontré l'association en question il n'y a pas longtemps. On veut
donner suite à ses demandes. Depuis une bonne secousse et à bon
droit, elle demande que ce soit indexé automatiquement chaque
année, en plus des ajustements, des hausses qui pourraient avoir lieu de
temps en temps.
Il va y avoir cet automne un ajustement d'environ 10%, c'est
assuré. Deuxièmement, on espère pouvoir obtenir
qu'à l'avenir, ce soit indexé automatiquement.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, M. le ministre. Cela a l'air
impressionnant, votre indexation de 10%, votre hausse de 10%.
M. Lazure: Je n'ai pas dit que c'était impressionnant.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je me suis laissé impressionner
pendant quelques instants. Quand on considère cela sur $4.85, cela monte
à quoi? A $5.40?
M. Lazure: $5.50.
Mme Lavoie-Roux: Nous serons encore en dessous des taux
prévus pour les services de garde.
M. Lazure: Je vous dis ce qu'on a décidé de
façon claire. Cela va être autour de 10%, globalement, pour
l'ensemble. Il se peut qu'on hausse un peu plus les jeunes et un peu moins les
plus vieux.
Mme Lavoie-Roux: C'est 10% pour l'ensemble?
M. Lazure: Pour l'ensemble.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, le seul point que je veux faire
valoir, M. le ministre, c'est qu'on sait fort bien que le besoin en famille
d'accueil ne diminue pas. Comme le sous-ministre l'a dit, il est au moins
stationnaire. Je pense que, si on ne veut pas en perdre, compte tenu de
l'inflation qui est presque régulièrement de 9% à 10% par
année, il faut essayer de leur donner des ressources.
M. Lazure: L'évolution. Il y a une diminution
effectivement. En 1975, 18 800; en 1976,19 400; en 1977, 20 008. C'est le
sommet. Ensuite, cela rebaisse à 19 400, 19 000 et 18 300 au 26 janvier
1980.
C'est à peu près stable depuis cinq ou six ans. Il y a eu
un petit sommet de 20 000. Ce à quoi je pensais avant de regarder le
tableau, c'est qu'avec la multiplication des services de garde, les garderies
plus particulièrement, dans les villes, on a l'impression que va
légèrement diminuer la demande de placement en famille d'accueil.
Il y a des mères qui sont obligées de travailler et qui, à
l'époque où il n'y avait pas de garderies ou très peu, se
voyaient pratiquement obligées de confier l'enfant à une famille
d'accueil.
Aujourd'hui, c'est un peu plus facile, quand même, pour la
mère qui travaille et qui a de jeunes enfants de trouver un service de
garde, en garderie ou en garde familiale. (17 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas sûre que la relation que
fait le ministre soit exacte, mais on pourra surveiller révolution des
clientèles.
Dans le cas des familles adultes, il y a aussi une indexation
prévue, j'imagine, aux $9.70.
M. Lazure: Oui, la même chose. Mme Lavoie-Roux:
10%. M. Lazure: C'est la même, 10%. Mme Lavoie-Roux:
Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Programme...
M. Shaw: J'aurais une autre question.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Pointe-Claire.
M. Shaw: Compte tenu du fait qu'il découle de la loi 24
qu'il y a plus de jeunes enfants qui ont besoin d'être placés,
comment se fait-il que vous ayez une diminution de places dans les familles
d'accueil? Je me demande si c'est une véritable diminution.
M. Lazure: L'accroissement des signalements ne signifie pas
nécessairement un accroissement du nombre d'enfants qui doivent
bénéficier d'une famille d'accueil. Il n'y a pas de relation
directe. On peut avoir des signalements pour des cas de protection, mais il y a
différentes façons de prendre un enfant à charge. Cela
peut être strictement de la consultation familiale; cela peut être
en milieu tout à fait ouvert, sans nécessairement que cela
requière un placement en soi en famille d'accueil.
M. Shaw: Je suis totalement au courant de cela, mais vous pouvez
constater que la famille d'accueil est un morceau du réseau de placement
des enfants...
M. Lazure: Ce sont des ressources, oui. M. Shaw: ... qui
ont besoin de protection. M. Lazure: D'accord.
M. Shaw: Avec les chiffres, vous avez démontré que
ce nombre de personnes qui ont été signalées a
augmenté. Il y a 55 000 personnes et vous voyez même une
diminution du nombre de personnes qui sont placées dans des familles
d'accueil. Est-ce parce que les familles d'accueil
ne sont pas assez valorisées? Les familles d'accueil ne
sont-elles pas aussi disponibles qu'avant? Est-ce un manque de planification?
Pourquoi avons-nous une situation avec plus de cas signalés qu'avant et
pourquoi avez-vous moins de places dans un morceau du réseau de
placement, les familles d'accueil? Vous avez une réduction du
nombre.
M. Lazure: II faut toujours se placer dans la perspective que
l'objectif ultime, la protection, c'est que l'enfant vive dans sa famille, avec
ses parents.
M. Shaw: Dans sa famille?
M. Lazure: On n'a jamais comme objectif de placer des enfants en
famille d'accueil. C'est toujours la résultante, la conséquence
d'une situation. Il ne nous apparaît donc pas incompatible d'avoir des
signalements et d'avoir une diminution du nombre d'enfants en famille
d'accueil; au contraire. Tant mieux, si c'est cela le résultat. Je pense
que le problème ne découle pas du fait qu'on manque de familles
d'accueil, surtout pour les jeunes enfants. Je ne dirais pas la même
chose pour les adolescents. Il y a des difficultés de recrutement pour
les adolescents, c'est clair, mais il reste que l'objectif ultime, c'est que
les enfants retournent chez eux. Il faut changer les modes d'intervention pour
travailler davantage avec la famille et avec les jeunes. Si on arrive à
un résultat où le nombre d'enfants en famille d'accueil a
baissé de 800, dans la dernière année, c'est un
résultat très positif.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, une courte question. Je
voudrais savoir sur quelle base se fait l'agrément ou
l'accréditation des familles d'accueil.
M. Lazure: Allez-y donc, M. Morin.
Avec l'Association des centres d'accueil et l'Association des centres de
services sociaux, nous avons préparé un guide pour
l'évaluation des familles d'accueil qui comprend plusieurs
critères qui touchent à la fois la vie du couple, la relation
avec les enfants, les lieux physiques, etc.
Sur la base de ce guide, les professionnels du centre de services
sociaux font une évaluation des familles d'accueil. Ils constituent, de
ce fait, une espèce de banque de familles d'accueil. D'autres
professionnels travaillent avec des enfants et là, au besoin, on essaie
de faire le repérage le plus adéquat possible de la famille
d'accueil pour répondre aux besoins de l'enfant.
M. Mathieu: C'est la même chose pour les adultes?
M. Lazure: Pour les familles d'accueil pour adultes, c'est la
même chose.
M. Mathieu: C'est parce que j'ai eu un problème: Une
famille d'accueil a été désaffectée, et on n'a
jamais pu savoir pourquoi.
M. Lazure: Une famille d'accueil, en soi, ne reçoit pas un
permis, n'est pas affectée en soi.
M. Mathieu: C'est bien cela. Elle l'est en fait, mais elle ne
l'est pas en droit.
M. Lazure: C'est une reconnaissance d'une disponibilité de
places. Quelqu'un offre une disponibilité et, si on en a besoin, on
l'utilise. Il peut arriver que des familles d'accueil ne soient pas
utilisées, malgré une évaluation positive, pour
différentes raisons. J'ai déjà vu...
M. Mathieu: Quand elle est utilisée et qu'elle cesse, on
lui dit: On retire les personnes, sans qu'on puisse savoir pourquoi.
M. Lazure: II doit y avoir de bonnes raisons, sauf que les
raisons ne peuvent pas toujours être rendues publiques et
dévoilées aux gens. Si c'est le bénéficiaire
lui-même qui dit: Sortez-moi de là, je ne veux plus rester
là, c'est une raison qui peut être très valable, mais ce
n'est pas une raison qu'on peut nécessairement donner à la
famille d'accueil: Le petit bonhomme que vous gardiez depuis deux ans ne
voulait rien savoir et il voulait sortir de chez vous.
Généralement, on essaie de trouver d'autres raisons pour
expliquer la situation.
M. Mathieu: Comment appelez-vous le fameux guide en question?
M. Lazure: Le guide d'évaluation...
M. Mathieu: Est-ce que vous pourriez nous en faire parvenir une
copie?
M. Lazure: Manuel de référence à l'usage des
familles d'accueil, oui, je peux vous en faire parvenir une copie.
M. Mathieu: Je vous en saurais gré.
M. Lazure: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Le programme 7 est
adopté. Nous passons au programme 8.
Réadaptation
M. Lazure: Réadaptation. Quatre éléments.
Pour l'ensemble du programme 8, il y a une augmentation de $31 000 000. Il y a
des développements à l'élément 1, $150 000. Il y a
des développements, à l'élément 2, plus
considérables, $2 500 000. Il y en a à l'élément 3
aussi, pour un montant de $400 000. A l'élément 4, pour $1 200
000. Je vais plutôt essayer de répondre aux questions.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais simplement que le ministre,
très brièvement, plutôt que de lui poser des questions qui
vont retarder... Peut-il nous dire sur quoi porte le développement,
parce que $150 000 sur $162 000 000, je vous assure que cela doit être
pour...
M. Lazure: Oui. Les $150 000 sont annualisés à $250
000...
Mme Lavoie-Roux: Même cela?
M. Lazure: C'est pour une région précise, c'est
pour la région 04, la région de Mauricie,
Trois-Rivières.
Mme Lavoie-Roux: Vous aviez dit cela, dans la région de
Trois-Rivières, oui.
M. Lazure: Oui, c'est cela. C'est pour l'élément
1.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y avait des lacunes
particulières à Trois-Rivières?
M. Lazure: Mésadaptés sociaux, oui. Allez-y, M.
Malo.
On tend à équilibrer les ressources et à rendre
chacune des régions autosuffisantes. Vous avez remarqué, l'an
dernier, que l'effort a été porté à la
région 01 et à la région 07; cette année, c'est la
région 04. Cela demeure les trois régions qui...
Mme Lavoie-Roux: Quels types de services donnez-vous pour $150
000? C'est une bagatelle.
M. Lazure: Je vais vous donner un exemple, Mme la
députée de L'Acadie. C'est du personnel. C'est l'embauche de
trois, quatre, cinq ou six personnes même plus. Un exemple d'objectif qui
tend à rendre autosuffisante une région. J'ai eu l'occasion, il y
a quelques mois, justement dans la région de Trois-Rivières,
d'être saisi d'une situation qui ne me paraissait pas correcte ou normale
et qui durait depuis un bon bout de temps.
Des jeunes enfants devaient être transportés par autobus,
de Drummondville, chaque jour, jusqu'à Trois-Rivières et
même de La Tuque, chaque jour, pour aller chercher des services à
Trois-Rivières, lesquels services peuvent très bien être
donnés à La Tuque. Je pense que le président de la
commission parlementaire est tout à fait d'accord avec nous, puisque
c'est dans son comté. Lesquels services, donc, peuvent être
donnés à La Tuque et aussi à Drummondville, à
condition qu'on ait un budget pour embaucher trois, quatre, cinq, six personnes
à La Tuque ou à Drummondville qui pourront prendre soin de ces
cinq, six enfants qui, actuellement, font en véhicule
l'équivalent peut-être de 75 milles par jour, ce qui n'a pas
d'allure.
Alors, c'est pour boucher des trous comme ça, pour engager de
petites équipes de réhabilitation dans des
sous-régions.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes allé vous promener
là, M. le ministre?
M. Lazure: Je me suis pas mal promené, oui, depuis
quelques mois. Vous aussi, n'est-ce pas?
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous inviter dans mon comté, si
cela a d'aussi bons résultats.
M. Lazure: Mme Lavoie-Roux, on pourrait citer l'écart en
rappelant qu'il y a 6,7% de la population, dans la région de la
Mauricie, alors qu'elle a 3,7% du budget de réadaptation. Il y a un
écart en mésadaptation sociale.
Mme Lavoie-Roux: Non, je n'ai pas d'objection à ce que
vous leur en donniez.
M. Lazure: C'est très évident. C'est dans le but de
normaliser les ressources. C'est presque du simple au double lorsqu'on
regarde...
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord. Les $2 500 000 aux
handicapés mentaux. Elément 1, adopté, en autant que je
suis...
M. Lazure: L'élément 2, $2 500 000, c'est
"annualisé" à $2 700 000. Il s'agit de consolider, d'ajouter du
personnel, surtout dans les établissements qui faisaient partie du
réseau Anbar.
Mme Lavoie-Roux: Ah! mon Dieu, oui, et comment!
M. Lazure: Vous vous rappelez, il y a deux ans et demi, trois
ans, le gouvernement a acheté ce réseau où il y avait
au-delà de 2000 enfants et, si on l'a acheté, c'était
justement dans le but d'améliorer les services. Alors, d'année en
année, on ajoute du personnel.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est strictement pour Anbar.
M. Lazure: Oui, strictement. Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Lazure: II y a là un réseau de six ou sept
écoles.
Mme Lavoie-Roux: Oui. M. le Président, je ne sais pas si
c'est le moment ici ou s'il faudrait... Enfin, si on le fait ici, on ne le fera
pas au 12.
J'aimerais soulever un problème touchant les enfants
handicapés mentaux. En fait, je voudrais en soulever deux.
D'abord, le manque peut-être pas tellement de ressources au plan
éducatif, mais de qualité des... Vous allez me dire: Vous auriez
dû soulever ça à l'étude des crédits du
ministère de l'Education, mais je pense que les deux ministères,
sur ces deux choses, j'imagine, doivent collaborer. Vous
avez sans doute reçu un mémoire de l'association des
parents pour les déficients mentaux où on faisait justement
état de ce manque de ressources, à la fois pour les parents qui
gardent leurs enfants et également du point de vue des programmes qui
sont offerts, particulièrement pour les débiles profonds et ce
qu'on appelle les semi-éducables. Je n'ai jamais été
sûre que la terminologie soit très exacte, mais, en tout cas, peu
importe. Cela, c'est la première question. Je vais vous laisser
répondre à celle-là. Quelle est votre action à
l'égard de ces demandes qui m'apparaissent légitimes, en tout
cas, auxquelles on tente de répondre dans une certaine mesure?
M. Lazure: J'ai vu le mémoire. C'est l'Association du
Québec pour les déficients mentaux, l'AQDM, son mémoire
annuel, et ces gens ont raison de dire qu'il manque encore de ressources pour
les jeunes, surtout les déficients mentaux plus profonds.
Il y a, du côté de l'Education, des efforts qui se font
pour accueillir un plus grand nombre de ces jeunes à partir de
l'âge de 5 ans.
Pour les plus jeunes, pour ceux qui sont d'âge préscolaire,
on a fait des efforts du côté des garderies avec un succès
bien mitigé, j'en conviens. Mais il y a quand même eu du
progrès, je pense, alors qu'il y a un an, on avait, si ma mémoire
est bonne, une quarantaine d'enfants seulement handicapés physiques ou
mentaux dans les garderies. Aujourd'hui, on est passé à autour de
200. Alors, il y a un léger progrès de ce
côté-là.
Nous, on pense que, pour les enfants d'âge préscolaire qui
sont déficients mentaux, les garderies ou le service de garde en garde
familiale, jusqu'à un certain point, mais peut-être encore plus
les garderies, devraient être le principal service. En plus de cela, il y
a quand même des hôpitaux, des cliniques qui le font depuis
plusieurs années; Sainte-Justine le fait, l'hôpital
Rivière-des-Prairies. Il y a un hôpital, ici à
Québec, l'Hôtel-Dieu du Sacré-Coeur. Il y a de plus en plus
d'hôpitaux qui ont des centres de jour pour enfants psychotiques ou
enfants déficients mentaux profonds. Cela aussi, ça a besoin
d'être développé. Malheureusement, quand on sort de
Montréal, Québec et Trois-Rivières, Sherbrooke, il n'y a
pas grand-chose, et cela reste à développer, des centres de jour
pour enfants très déficients.
Je pense que l'alliance des deux services, garderies et centres de jour,
devrait pouvoir absorber éventuellement la plupart de ces
jeunes-là. (17 h 45)
Mme Lavoie-Roux: J'aurais également une question sur la
qualité des programmes ou du développement des programmes. Quand
le ministre me dit: Au niveau du préscolaire, finalement, c'est presque
insignifiant en nombre, les enfants qui sont reçus.
Particulièrement, ils sont davantage prêts à recevoir un
handicapé physique...
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... que l'enfant arriéré mental
plus profond, même un arriéré mental éducable. Je
pense que le ministre conviendra peut-être que l'éducation
préscolaire de ces enfants quand je dis préscolaire, je
veux dire l'attention préscolaire, si on veut est au moins aussi
importante sinon plus importante, comme stimulation, dès le point de
départ pour ces enfants-là.
Je ne veux pas prendre beaucoup de temps là-dessus, M. le
ministre. Je veux simplement vous signaler, lorsque vous établissez vos
priorités d'année en année, que peut-être un effort
particulier devrait être mis de ce côté-là. Je pense
que Peter Hall admet un certain nombre d'enfants de 3 et 4 ans.
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je peux me tromper, je suis assez loin de cela
maintenant.
M. Lazure: Oui, je sais qu'ils le font.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que cela devrait être davantage
généralisé, parce que, quand ces enfants-là,
surtout dans les endroits plus éloignés, où il n'y a pas
de ressources et qu'ils arrivent à 5 ou 6 ans, c'est déjà
très tard... Parce que je suis sûre que le même principe de
stimulation la plus hâtive possible vaut certainement au moins autant
pour ces enfants-là que pour toute autre catégorie d'enfants
handicapés ou avec des problèmes de tous ordres.
M. Lazure: J'ai eu l'occasion d'en parler avec la nouvelle
présidente de l'Office des services de garde qui entre en fonction le
1er juillet, Mme Servais, et je l'ai sensibilisée. Je pense que cela
doit être une des grandes priorités de l'Office des services de
garde dans l'année qui vient: ouvrir beaucoup plus les services de garde
aux jeunes enfants handicapés mentaux surtout. Les conditions
financières, maintenant, le permettent, il y a encore beaucoup de
résistance parce qu'il y a maintenant une somme de $2500 qui est
donnée...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous savez que...
M. Lazure: ... par enfant. Mme Lavoie-Roux: Oui, je
sais.
M. Lazure: Alors, c'est quand même... Si vous avez un
groupe de quatre ou cinq enfants handicapés, et c'est un nombre correct
pour une monitrice ou un moniteur, cela vous permet d'embaucher une personne
additionnelle dans votre garderie qui pourrait s'occuper exclusivement de ces
quatre ou cinq enfants. On va faire plus d'information et de persuasion
auprès des garderies.
Mme Lavoie-Roux: L'autre point que je voulais soulever, M. le
Président, est le suivant et je
vais lire, pour être moins longue, simplement un editorial qui a
paru dans le Feu vert, mais celui-là, je l'ai trouvé plus
récemment. Il y avait eu, à la fin de décembre 1978, mais
l'article m'était parvenu assez tard, dans le Globe and Mail, Retarded
are affected, et il y a eu plus récemment, dans le journal Le Soleil, au
mois d'avril, ce même problème qui a été
soulevé. Il s'agit de la stérilisation des déficients
mentaux. Je sais que c'est un problème délicat. Il y a tout un
problème d'éthique autour de ceci et je vais juste lire le
premier paragraphe.
Je pense qu'il situe assez bien le problème, ou enfin permet
d'aborder la question: "Au Québec, depuis quelques années, et
surtout quelques mois, des symposiums, des colloques se tiennent sur ce sujet
délicat. L'envoi de rapports au ministre Lazure, aujourd'hui
clôture ces belles réunions. Le Dr Roy, du Centre de
bio-éthique, attend encore un signe de vie..." si je le lis, ce
n'est pas pour vous faire des reproches, M. le ministre, c'est parce que c'est
dans le texte "... de M. Lazure au sujet de son rapport sur le symposium
de décembre dernier, mais le ministre..." Je vais même passer ce
qu'on ajoute pour ne pas avoir l'air de vous blâmer. "... Du
Côté fédéral..." on va blâmer le
fédéral, plutôt "... la commission de réforme
du droit...
M. Lazure: Vous allez avoir l'occasion de le faire de plus en
plus avec ce qui se passe.
Mme Lavoie-Roux: ... présente des recommandations..."
ne me provoquez pas "... en vue d'un futur projet de loi". Je
pense que cela situe le problème. Mes questions précises sont
d'abord: Quelle est la philosophie du ministère là-dessus? Est-ce
que vous avez des indications que, dans des hôpitaux pour soins
prolongés ceux auxquels je pensais, c'étaient ceux de
Montréal, mais je pense à des endroits comme Douglas ou des
endroits comme Rivière-des-Prairies et peut-être même
Louis-Hippolyte-Lafontaine est-ce que, même dans des appels
auprès de médecins privés, ou dans des hôpitaux en
général, il y en a qui se pratiquent? Je pense que oui. Quelles
sont les statistiques que vous avez là-dessus? Quelle est l'orientation
que le ministère veut prendre à ce sujet?
M. Lazure: J'avais demandé, il y a environ un an et demi,
deux ans, à notre comité consultatif sur la santé mentale,
un comité multidisciplinaire, un avis sur cette question, la
stérilisation des individus déficients mentaux. On l'a
reçu il n'y a pas longtemps. On l'a reçu il y a à peu
près deux mois et je peux en passer une copie volontiers, aux membres de
la commission.
Mme Lavoie-Roux: Pour que vous puissiez la distribuer.
M. Lazure: On l'aura peut-être ce soir. Mme Lavoie-Roux:
Espérons ce soir.
M. Lazure: D'accord, on fera un spécial pour le
député de L'Acadie et pour les membres de la commission, parce
qu'elle est très gentille.
Mme Lavoie-Roux: On a le pot avant!
M. Lazure: On a commencé à consulter
différents groupements, dont le groupe du Dr Roy, à l'Institut de
recherches cliniques, la bioéthique, mais on consulte d'autres groupes,
l'Office des personnes handicapées, par exemple. On a l'intention de
donner suite aux quelques recommandations du rapport du comité de la
santé mentale. Il n'y a rien de sorcier. Il y a des données
intéressantes dans le rapport; par exemple, il y a plus d'adolescentes
déficientes mentales qui subissent...
Mme Lavoie-Roux: Que des garçons.
M. Lazure: Oui, on s'y attendait. Mme Lavoie-Roux: C'est
classique.
M. Lazure: II y a quand même un plus grand nombre de cas
d'hystérectomie ou d'interventions de toutes sortes, ligatures de
trompes, chez des déficientes mentales qu'on ne l'aurait cru. Je pense,
de mémoire, que c'est autour de 400 à 500 par année. Cela
se passe un peu partout dans le Québec. Il n'y a pas un hôpital ou
deux hôpitaux qui ont le monopole.
Mme Lavoie-Roux: Non, on peut penser que là où ils
sont en plus grand nombre...
M. Lazure: C'est ça. Mais cela se passe plutôt dans
les hôpitaux généraux.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Parfois, à partir de demandes qui peuvent
émaner d'un hôpital psychiatrique ou d'un centre pour
déficience mentale. Donc, c'est assez répandu et la principale
recommandation du comité de la santé mentale, c'est que le
ministère s'assure de la mise sur pied, région par région,
d'un comité qui serait un peu l'équivalent d'un comité
d'avortement thérapeutique prévu par le Code criminel, par voie
de comparaison, car il n'y a rien de criminel dans le sujet dont on parle. Dans
ce comité, il y aurait des professionnels qui évalueraient
l'état mental et physique de la déficiente mentale, mais il y
aurait aussi des représentants d'associations de parents. C'est l'aspect
un peu original de la recommandation du comité qu'on endosse. En somme,
ce serait un comité à la fois d'experts et de
représentants de la communauté qui pourrait se prononcer
lorsqu'il y a une demande, que la demande vienne des parents d'une
déficience mentale, ou qu'elle vienne de la déficiente mentale
elle-même, ou qu'elle vienne de l'institution où se trouve la
déficiente mentale, surtout dans les cas où c'est une
déficiente mentale complètement abandonnée et qui est dans
une institution.
C'est la principale recommandation du comité et, à la
suite des consultations qui se poursuivent, on a l'intention, dans quelques
mois, à l'automne probablement, de mettre sur pied ces comités
spéciaux et il y en aurait un dans chaque région.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'inviterais le ministre
à agir le plus rapidement possible. Evidemment, s'il me dit à
l'automne, je ne peux pas lui en faire grief. Je pense que le seul reproche que
je pourrais lui faire, à lui et à l'ancien gouvernement
cela va lui faire plaisir, cela aussi c'est qu'on n'ait pas
examiné la question plus tôt.
A l'heure actuelle, cela me semble extrêmement important que les
hôpitaux où on fait ce type d'intervention soient encadrés
et l'idée d'un comité dont on pourra ultérieurement
examiner les modalités ou quelque chose comme cela... Vous savez, il y a
beaucoup de préjugés à l'égard de
l'arriération mentale. Il y a aussi beaucoup d'appréhension. Il
n'y a pas que de préjugés, mais aussi de l'appréhension.
Il y a aussi des connaissances, ou peut-être un manque de connaissances
génétiques également, qui fait que, si on est
arriéré, on va engendrer un enfant arriéré, etc. Et
sous la pression du milieu, que ce soit la famille, que ce soit le milieu
hospitalier qui reçoit l'adolescente ou autre, finalement, on respecte
plus ou moins la personne elle-même, celle qui est l'objet d'une
intervention chirurgicale.
Je lisais un article de M. de Bellefeuille du journal Le Soleil qui
donnait quelques exemples. Ces pratiques de stérilisation ne se font pas
au grand jour. Comme le cas de cette femme légèrement
déficiente qui a appris avec désolation, vers l'âge de 35
ans, que ce n'était pas l'appendice qu'on lui avait enlevé
lorsqu'elle était jeune, mais bel et bien l'utérus. Comme cet
adolescent de 14 ans vasectomisé qui fréquente une école
de Québec.
Est-ce que le ministre compte obtenir un avis, une fois la formule
élaborée, de la Commission des droits de la personne?
M. Lazure: La commission a été consultée.
Quand le comité de santé mentale a fait ses travaux pour en
arriver à l'avis qu'il nous a fourni il y a quelques mois, ces gens ont
eux-mêmes consulté plusieurs organismes dont la Commission des
droits de la personne. Vous allez voir, à l'intérieur de l'avis,
des références aux opinions de la commission. En réponse
à votre question, c'est oui. Je pense qu'il va falloir, quand on en
arrivera à une action finale cet automne, revoir la Commission des
droits de la personne parce que, fondamentalement, il y a surtout une question
de protection des droits de l'individu qui est diminué
intellectuellement, déficient mental, mais qui, comme vous le dites, est
souvent victime de décisions qui sont trop hâtives ou qui sont
trop radicales et qui sont à son insu.
Je pense que les remarques de la députée de L'Acadie sont
pertinentes. C'est ce souci de protéger les droits de la personne
déficiente mentale qui va nous guider dans la mise sur pied de ces
comités spéciaux.
Mme Lavoie-Roux: Vraiment, l'article du Soleil laissait entendre
qu'il se pouvait que ces stérilisations ne se fassent pas toujours au
grand jour. Enfin, je lis ce qui est là. Dans quelle mesure le
gouvernement, au moment où il prendrait action là-dessus,
songerait-il quand même à essayer de contrôler ce qui peut
se faire privément? En fait, c'est un peu comme l'avortement. On ne peut
pas non plus aller dans les cabinets de médecins et savoir exactement ce
qui se passe, mais, au moins, je pense qu'il faudrait examiner, enfin les
soumettre à certaines contraintes de la même façon...
M. Lazure: Oui, il faudrait qu'il y ait une certaine
réglementation.
Mme Lavoie-Roux: Oui, dont tout le monde ferait l'objet?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Parmi les avis qui sont demandés, à
partir de l'avis transmis par le comité de la santé mentale, il y
a l'Office des personnes handicapées, comme a dit le ministre, la
Commission des droits de la personne et aussi les services juridiques, afin de
voir justement quelle assise juridique on peut donner à cette
formule.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Lazure: Selon qu'il s'agit de quelqu'un en
établissement ou qui n'est pas en établissement, l'assise
juridique n'est absolument pas la même. C'est aussi à partir de ce
constat qu'il faut voir de quelle façon encadrer cette activité
possible. Lorsqu'il s'agit d'une personne qui est à la maison ou lorsque
c'est quelqu'un en hébergement, on n'a pas du tout affaire au même
cadre juridique.
Il y a une autre complication juridique, il y a un autre intervenant
juridique dans cela, c'est le curateur public.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Le curateur public, dans beaucoup de cas, a la charge
de cette jeune personne déficiente mentale. Actuellement, le curateur
public se voit demander l'autorisation de procéder à une
intervention chirurgicale, que ce soit de cette nature ou d'une autre nature.
Bien souvent, il est très mal placé pour donner une opinion.
Alors, entre parenthèses, il va y avoir des modifications à la
Loi sur la Curatelle publique, c'est actuellement en préparation. Il
faudra qu'il y ait un lien avec la Loi sur la Curatelle publique, tout cela
pour conclure qu'il va falloir qu'il y ait une assise réglementaire
juridique là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: J'imagine que vous allez impliquer
également, au niveau de la consultation, les associations de parents ou
de...
M. Lazure: Oui, telles que l'Association de Québec pour
les déficients mentaux.
Mme Lavoie-Roux: Oui, les principales, comme celle pour malades
mentaux ou...
M. Lazure: Oui. Oui, on doit avoir une consultation avec
l'Association du Québec pour les déficients mentaux. (18
heures)
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre s'engage je lui
permets même de dire que l'automne finit le 25 décembre ou
même le 1er janvier à ce que, d'ici ce temps, il y ait une
action réelle qui soit prise et qu'on puisse justement...
M. Lazure: Je pense que c'est réaliste de prendre
l'engagement d'ici les fêtes, oui.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu de l'heure, nous
pourrions suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 1
Reprise de la séance à 20 h 15
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire des affaires sociales continue son travail
amorcé de l'étude des crédits. Nous étions rendus
au programme 8. Je ne sais pas si M. le ministre, avant de débuter, a
quelque chose à ajouter ou si on passe aux questions auxquelles on
était rendu à l'élément 4. Avez-vous terminé
l'élément 3?
M. Lazure: On va passer aux questions, si vous voulez.
Le Président (M. Jolivet): D'accord.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne sais pas si le
ministre serait d'accord, quoiqu'il pourrait peut-être nous donner des
informations quand même, parce que je pense qu'on pourrait revoir les
services aux enfants handicapés physiquement et aux adultes
handicapés à l'occasion de l'étude du budget de l'Office
des handicapés.
M. Lazure: Si vous voulez, oui.
Mme Lavoie-Roux: Sauf que je ne voudrais pas perdre de vue les $1
200 000... Seulement me dire pourquoi c'est pour les adultes et on pourrait
adopter le programme.
M. Lazure: II s'agit d'adultes handicapés et l'essentiel
de cet argent va aux centres d'accueil pour alcooliques et toxicomanes.
Mme Lavoie-Roux: Combien, M. le ministre?
M. Lazure: L'autre partie est pour de nouvelles places en centres
de réadaptation pour adultes, les CRA, qui ont remplacé les
ateliers protégés, d'une part, et les centres de travail
adapté, d'autre part. Alors, c'est $800 000 pour l'alcoolisme et la
toxicomanie et $1 000 000 pour les centres de réadaptation pour
adultes.
Mme Lavoie-Roux: Pour qu'on ait le plaisir d'adopter un
programme, il y a des questions touchant certaines institutions pour enfants
handicapés. On pourrait revenir avec...
Hébergement
Le Président (M. Jolivet): Donc, le programme 8 sera
adopté. On passera au programme 9: Hébergement,
élément 1.
M. Lazure: Dans le programme 9, il y a une augmentation des
crédits, comme on le voit, d'un peu plus de $5 000 000. Si on prend
l'ensemble du programme 9 qui comprend autant les enfants que les adultes, les
crédits totaux sont donc de $363 000 000, soit une augmentation de $46
000 000 par rapport à l'an passé. L'élément 1 de ce
programme 9 touche à la garde des enfants. Dans cet
élément 1, les crédits sont de $27 800 000, une
augmentation de $5 200 000 par rapport aux crédits modifiés de
l'an passé.
Mme Lavoie-Roux: II y a eu $5 000 000 de crédits
périmés, est-ce que c'est ce que vous avez dit?
M. Lazure: Oui. On en a parlé hier.
Mme Lavoie-Roux: Vous m'avez dit que vous me donneriez plus
d'explications.
M. Lazure: Oui, c'est cela, je suis en mesure de vous en donner,
si je peux retrouver...
Les dépenses réelles pour 1979-1980 au chapitre des
services de garde sont de $16 300 000, ce qui laisse un surplus
périmé de $6 100 000. Ce qui explique la somme non
dépensée... Premièrement, on se rappellera que les
nouvelles réglementations quant aux subventions, spécialement
pour les subventions de démarrage et d'équipement des nouvelles
garderies, cette nouvelle réglementation a pris effet en octobre 1979
alors qu'il y avait pratiquement six mois de l'année fiscale
d'écoulés. On s'était fixé comme objectif d'ouvrir
3500 places au cours de l'exercice financier. On a effectivement ouvert au
cours de l'exercice 2346 places.
Mme Lavoie-Roux: 2346.
M. Lazure: 2346 d'effectivement ouvertes avant la fin de
l'année fiscale. Toutefois, on a aussi
accepté 749 places au cours de l'année fiscale qui se sont
ouvertes plus récemment.
Donc, on n'a pas atteint l'objectif du nombre de places à ouvrir.
La deuxième raison des crédits périmés, c'est la
suivante: On avait estimé que l'aide financière moyenne pour
chaque parent bénéficiaire serait de $7.25 et, en
réalité, elle a été de $7.10. Finalement, le taux
de participation au programme d'aide financière avait été
établi à 55% dans nos prévisions et, en
réalité, il n'a été que de 45%. En d'autres termes,
45% seulement des enfants ont vu leur mère ou père
éligible aux subventions moyennes qui ont été de $7.10 par
jour au lieu de $7.25 tel que prévu.
Peut-être les derniers chiffres qui sont pertinents. Le nombre
actuel de places en garderie ce ne sera pas long c'est tout
près de 17 000. Je n'arrive pas à retrouver le chiffre exact. M.
Angers, est-ce que vous l'avez quelque part? Environ 17 500. On est parti de 15
200, puis on est monté de 2300.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous d'autres informations, M. le
ministre?
M. Lazure: Non, ça va. C'est l'essentiel pour le
moment.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous regardez la progression du nombre de
places, finalement c'est une progression assez uniforme parce que vous dites
que vous êtes partis de 15 200, vous êtes montés à 17
500. Je le dis de mémoire, mais il me semble qu'en 1974-1975 ou en
1975-1976, il y avait à peu près 12 000 places.
M. Lazure: En décembre 1976, il y avait 10 435 places; au
31 mars 1977, 11 030; au 31 mars 1978, 13 271 places. Un an plus tard, le 31
mars 1979, 15 379 places...
Mme Lavoie-Roux: En 1979, oui.
M. Lazure: Au 31 mars 1980, 17 483 places.
Mme Lavoie-Roux: II reste quand même que c'est une
progression assez uniforme d'année en année. Il n'y a pas eu
à un moment donné, parce qu'il y a eu beaucoup plus d'argent
d'investi, tout à coup un bond de 4000 places. Il y a environ 2000
places de plus cette année, mais vous êtes passés de 13 200
à 15 200, de 11 000 à 13 000... Il ne semble pas que ce soit
rodé nécessairement à un plus grand investissement
financier, la progression plus ou moins rapide du développement des
places en garderies. Est-ce qu'il y a d'autres raisons qui peuvent être
invoquées? Par exemple le fait que les familles subventionnées
restent quand même... D'ailleurs, vous aviez même prévu que
50% des familles pourraient se prévaloir des subventions. Finalement,
vous vous retrouvez avec 45%. Dans le fond, est-ce que...
M. Lazure: C'est assez stable depuis trois ans.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais si vous élargissiez votre
subvention... les balises pour la subvention aux familles, c'était de
les élargir dans le sens d'être plus généreux.
Est-ce que vous ne toucheriez pas plus à une classe un peu plus moyenne
et qui aurait...
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Parce que les $6 000 000 qui ne sont pas
dépensés, c'est beaucoup.
M. Lazure: On l'a déjà fait. On a élargi
l'éventail des catégories de revenus qui sont éligibles.
On l'a élargi à deux reprises depuis trois ans et demi. Par
exemple, en mars 1977, j'ai les chiffres devant moi, seulement 28% de toutes
les places en garderies étaient subventionnées. Cela a
augmenté à 44%, un an plus tard, en mars 1978; à 46%, un
an plus tard, en mars 1979. Là, on revient à 45%, Depuis mars
1978, donc depuis deux ans, c'est stabilisé à 45% environ. On
aurait espéré pouvoir aller un peu plus haut. Mais par rapport
à la situation, il y a plus de trois ans, on a augmenté de
beaucoup le nombre de ménages qui sont subventionnés. Le montant
de la subvention a augmenté aussi en moyenne on l'a vu
tantôt de $7.10 par jour.
Mme Lavoie-Roux: Mais il reste, M. le ministre je ne suis
pas pour refaire un grand discours là-dessus, on l'a discuté
assez longtemps au moment de la création de l'Office des services de
garde à l'enfance que la garderie demeure quand même pour
la moyenne des parents un fardeau financier onéreux, c'est-à-dire
ceux qui ne sont pas éligibles au financement.
M. Lazure: C'est juste.
Mme Lavoie-Roux: Je me demandais devant ce fait auquel vous
arrivez, c'est-à-dire des surplus de l'ordre de $6 000 000 sur un budget
de $21 000 000, est-ce que vous n'avez pas pensé...
M. Lazure: Oui, on entre dans les correctifs. Un des correctifs
qu'on a apportés, il y a déjà cinq ou six mois, a
été l'embauche de treize personnes, au mois de décembre,
de concert avec la Fédération des CLSC. On a embauché
treize personnes qui, dans chaque région, sont chargées d'aider
elles sont à temps complet et accrochées à des CLSC
de chaque région les parents qui sont en train de mettre sur pied
une garderie. Une des causes de la difficulté de dépasser tous
les crédits, c'est quand même le rythme un peu lent de la mise sur
pied des garderies. Dans une région donnée, qu'elle soit
semi-urbaine ou rurale, peu importe, ou urbaine, il va s'écouler un
certain temps avant que la demi-douzaine de mères qui a besoin de ce
service de garderie puisse se regrouper avec d'autres mères et
finalement entrer en contact avec le ministère des Affaires sociales.
C'est pour ça que cette nouvelle structure intermédiaire et
surtout à cause de la période difficile de transition
entre le service des garderies actuelles du ministère qui va donner sa
place le 1er juillet à l'Office des services de garde, durant cette
période de transition, il nous paraissait important d'aller dans chaque
région pour reconnaître les besoins qui ressortent et aider les
mères de famille qui ont besoin de services de garde à
s'organiser et, ensuite, contacter le ministère. Je n'ai pas de rapport
récent sur l'action des treize animatrices.
Mme Lavoie-Roux: Quand les avez-vous engagées?
M. Lazure: En décembre ou en janvier.
Mme Lavoie-Roux: Même ça, c'est compris dans ce qui
a été dépensé, dans les $16 300 000?
M. Lazure: Ce qui s'est fait a commencé quand même
quelques mois après l'entrée en fonction de ces personnes.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: On ne peut pas, de façon instantanée,
créer une garderie. Il faut reconnaître...
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, on l'avait signalé, parce que
les gens qui sont venus ici se sont plaints...
M. Lazure: D'une certaine lenteur.
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire de la difficulté pour
eux de s'organiser et de passer à travers toutes les étapes et
tout ça. (21 h 30)
M. Lazure: Je pense qu'il y a lieu d'ajouter qu'il y a eu une
campagne de publicité, ce qui a entraîné une demande
récente, particulièrement au niveau des services de garde en
milieux familiaux. En outre, du côté de l'éducation
où une partie des crédits a été affectée en
cours de route, il y avait en 1978-1979, treize garderies et en 1979-1980, 37
garderies représentant 6246 places avec le milieu scolaire qu se
définit un peu autrement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ceux-là ne vous coûtent
pas très cher.
M. Lazure: II y a eu des virements de crédits dans le
développement, lorsqu'on a voulu envisager le développement des
services de garde et aussi non seulement regarder le développement
historiquement aux masses, mais aussi depuis peu au niveau de
l'éducation.
Mme Lavoie-Roux: Mais, au niveau de l'éducation, si je
comprends bien, sauf pour de l'équipement, ce n'est pas
subventionné?
M. Lazure: C'était la politique jusqu'ici.
Mme Lavoie-Roux: Quelle est-elle maintenant?
M. Lazure: La politique est en voie de révision. Est-ce
qu'elle a été révisée?
Cela a été corrigé. A partir de septembre prochain,
les commissions scolaires pourront utiliser le montant de $1 700 000 qu'on a
déplacé, qu'on leur a donné, elles pourront utiliser cet
argent non seulement pour l'équipement, mais aussi pour payer du
personnel de garde scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que les garderies en milieu scolaire
ouvrent leur porte aux enfants du quartier ou simplement aux enfants du
personnel?
M. Lazure: On parle, dans le moment, de garde dans le milieu
scolaire. Les garderies à proprement parler qui seront mises sur pied
par des commissions scolaires, on l'avait prévu dans la loi ou dans les
règlements, mais en tout cas, c'est prévu, c'est d'abord et avant
tout pour les enfants du personnel scolaire, mais cela peut aussi, le cas
échéant, si les places ne sont pas comblées, de
façon secondaire servir aux enfants du quartier.
Je pense qu'il y a lieu de distinguer ici entre la garderie et la garde
en milieu scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je sais. On parlait des garderies, vous me
donnez les statistiques sur les garderies.
Est-ce que vous avez songé à ouvrir une garderie ici pour
le personnel de l'Assemblée nationale?
M. Lazure: Songé, oui.
Mme Lavoie-Roux: Allez-vous passer à l'action? Il faut
arrêter de rêver un jour.
M. Lazure: On a transmis la suggestion aux
autorités...
Mme Lavoie-Roux: Au président?
M. Lazure: C'est cela, au président de l'Assemblée
nationale, comme on l'a fait à un certain nombre de ministères.
Comme tout le monde le sait le ministère des Affaires sociales a
déjà une garderie pour les enfants des fonctionnaires et il y a
quelques projets en marche actuellement. M. Angers, quels sont les
ministères qui sont en train d'envisager ou d'étudier la
possibilité de mettre sur pied des garderies?
Il y a le ministère du Revenu à Sainte-Foy, le
ministère de la Justice également qui a un projet qui
s'élabore et il y a, évidemment ce n'est pas loin de notre
ministère, c'est à la Régie de l'assurance-maladie...
Mme Lavoie-Roux: Moi, je parle à l'Assemblée
nationale.
M. Lazure: Oui, c'est à l'étude actuellement chez
le président.
Mme Lavoie-Roux: Quand doit-il aboutir?
M. Lazure: II faudrait lui demander bientôt. Je pense qu'il
y aurait lieu que les membres de la commission des affaires sociales qui sont
spécialement intéressés à cela fassent des
suggestions ou des demandes auprès du président de
l'Assemblée nationale. Je pense que cela aiderait. Sérieusement,
il faut identifier les besoins, que ce soit à l'Assemblée
nationale ou à un de nos ministères, dans la mesure où il
y a des besoins précis, il est permis maintenant à un
ministère lorsqu'il y a des espaces disponibles de créer une
garderie et cette garderie devient éligible à toutes les
subventions régulières du ministère.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi dites-vous qu'il va falloir faire
pression sur le président? Est-ce que le président n'est pas tout
à fait convaincu?
M. Lazure: Pression dans le sens de bien véhiculer les
besoins parce que je ne suis pas convaincu qu'il y a des besoins. S'il y a des
besoins, est-ce que c'est pour une garderie de 1 ? enfants, de 20 enfants, de
30 enfants, je ne le sais pas.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ce ne serait pas au président
de prendre l'initiative d'évaluer les besoins?
M. Lazure: Je vous dis que c'est à l'étude,
justement, chez le président actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Vous nous dites aussi qu'il faut faire pression
sur le président.
M. Lazure: Faites-lui part des besoins que vous avez
identifiés.
Mme Lavoie-Roux: M y en a plusieurs à l'étage.
M. Marcoux: On va étudier les crédits de
l'Assemblée nationale cette semaine, ça va être l'occasion
parfaite de le lui demander.
Mme Lavoie-Roux: Oui, bien je pense que je n'irai pas. J'en ai
fait assez de crédits cette semaine. Il m'en reste d'autres d'ailleurs
vendredi.
Je voudrais avoir des statistiques, d'abord sur le nombre d'enfants
si vous ne voulez pas me répondre aujourd'hui et si vous me
promettez de me les envoyer, mais pas des promesses... le nombre
d'enfants handicapés qu'il y a présentement et la progression par
rapport... Cela fait une couple d'années seulement qu'il y a la
subvention spéciale.
M. Lazure: C'est ça. J'y ai fait allusion aujourd'hui, si
ce n'est pas satisfaisant, le nombre exact, je ne sais pas si on l'a. Le nombre
de garderies qui ont admis des enfants handicapés, c'est 40 sur un total
de 71 enfants. C'est trop peu. Quand on dit 40 garderies, pour situer ça
dans le total, c'est 381 garderies au 31 mars 1980. On doit être rendu
tout près de 400.
Mme Lavoie-Roux: II y aurait d'autres statistiques touchant la
garde en milieu familial, mais je pense que ça ne fait pas assez
longtemps que la loi est passée. On va attendre à I an
prochain.
Est-ce que vous pouvez me dire si les halte-garderies sont
subventionnées?
M. Lazure: Voulez-vous expliquer le système de subventions
pour les halte-garderies.
Mme Lavoie-Roux: Parce que j'ai eu des demandes là-dessus
disant que les halte-garderies n'avaient pas de subventions et je voudrais
savoir si c'est exact ou pas.
M. Lazure: C'est exact dans le moment, sauf qu'avec la nouvelle
loi qu'on a fait adopter à I'Assemblée nationale au mois de
décembre, il est prévu, par cette loi, avec le nouvel office, que
des permis soient attribués aux halte-garderies et des subventions
pourront leur être également accordées.
Office des services de garde
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Ceci m'amène à parler de
l'Office des services de garde. Est-ce que le ministre pourrait nous donner
quelques détails sur la façon dont le concours s'est fait pour le
choix de la présidente de l'Office des services de garde?
M. Lazure: Le concours s'est fait selon les règles
habituelles.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Est-ce que la présidente qui a
été choisie a suivi le même, comment dirais-je, pas le
même cheminement mais le même canal que les autres candidates?
M. Lazure: II faut bien comprendre que le poste de
président ou présidente de l'Office, comme le poste de
président d'une régie ou d'autres organismes du genre, c'est un
poste qui est nommé par le gouvernement, par un arrêté en
conseil, par un décret. Et quand je dis que la procédure
habituelle a été suivie dans le cas d'un président d'un
office ou d'une régie, il ne s'agit pas d'un concours normal
régulier de la fonction publique. Il y a eu des consultations par
écrit avec tous les organismes qui avaient présenté des
mémoires en commission parlementaire, dans un premier temps, il y a
déjà plusieurs mois, peut-être six mois environ. On a
écrit à tous ces organismes leur demandant de nous faire des
propositions sur le choix d'un président ou d'une présidente.
Après avoir reçu toutes ces propositions, nous avons
établi un comité de sélection au ministère, pardon
de pré-sélection dans un premier temps, qui a rencontré
je ne me souviens plus combien de
personnes une vingtaine de personnes. Ensuite, ce comité
de pré-sélection a retenu cinq ou six personnes qui ont
été vues par le comité de sélection. Et le
comité de sélection a fait rapport au ministre qui lui, ensuite,
a eu à faire une recommandation au Conseil des ministres.
Mme Lisette Gervais, si votre question vise à savoir, si oui ou
non elle était dans le groupe initial des 20 personnes, la
réponse est non. Mais, il n'y a absolument rien dans la loi qui dit que
le gouvernement doit nommer, comme président ou présidente d'un
office, quelqu'un qui a été recommandé par des
organismes.
Mme Lavoie-Roux: Alors, elle n'était pas dans le
comté de présélection. Se retrouvait-elle dans le groupe
des six, que vous appelez le groupe de sélection plus...
M. Lazure: Non, parce que le groupe des six venait du groupe des
vingt.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais elle aurait pu arriver en un
deuxième temps.
M. Lazure: Non, non.
Mme Lavoie-Roux: Non. Est-ce que ceci veut dire que dans le
groupe de sélection finale, disons, ou du deuxième temps, il ne
se trouvait personne de compétent, puisque ces personnes vous avaient
été quand même référées...
M. Lazure: Cela ne veut surtout pas dire cela!
Mme Lavoie-Roux: Cela ne veut surtout pas dire cela, alors,
qu'est-ce que cela veut dire?
M. Lazure: Cela veut dire que le gouvernement a
arrêté son choix sur une personne qui a été
proposée par le ministre titulaire de cet office.
Mme Lavoie-Roux: Vous dites que cela ne veut surtout pas dire
qu'il n'y avait pas de personne compétente dans le premier groupe.
M. Lazure: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Du moins, les six qui se sont rendues à
la deuxième sélection, et prestement comme cela, on les a
écartées et on est allé en chercher une autre.
M. Lazure: Surtout pas au pied levé non plus...
Mme Lavoie-Roux: Non?
M. Lazure: Parce que, en plus du comité de
présélection et du comité de sélection, j'ai
rencontré, moi-même, les cinq ou six finalistes, si vous voulez.
Cela a été une décision très difficile à
prendre. Après avoir bien réfléchi, ma recommandation a
été de nommer cette personne qui est maintenant la
présidente et qui entre en fonction le 1er juillet. Elle n'était
pas parmi les cinq ou six finalistes. Encore une fois...
Mme Lavoie-Roux: Je comprends que c'est une prérogative du
gouvernement et du ministre. Je ne veux pas dire que vous n'avez pas suivi la
loi, les règlements, mais je pense que cette lettre qui est
signée par le Regroupement des garderies de la région 6-C...
M. Lazure: La région 6-C. C'est ma région, je la
connais bien.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Cette lettre semble avoir un fondement. En
tout cas, cela laisse fortement croire, et je cite uniquement quelques
paragraphes de la lettre qui est adressée au ministre et dans laquelle
on dit: "Nous nous posons des questions quant à la valeur de la
consultation qui a précédé cette nomination. En tant
qu'organisme oeuvrant dans les services de garde depuis plus de cinq ans,
croyant toujours à l'importance de la consultation dans la planification
d'un service de garde adéquat et correspondant à la
réalité du milieu, nous avions recommandé que la personne
qui serait choisie, pour assumer le poste à la présidence de
l'office allie à une solide connaissance dans le domaine des garderies
une implication dans le milieu. "Votre décision nous laisse donc
supposer que le gouvernement a préféré faire un choix
politique plutôt que de nommer une personne qui aurait su allier la
connaissance du milieu et l'expérience, tant dans la mise sur pied des
services de garde que dans leur gestion."
Je pense, devant les explications du ministre, que je dois dire qu'il a
été, qu'il a donné les faits tels qu'ils se sont
passés... Enfin, cette version qu'il vient de nous donner confirme, je
pense, dans une large mesure, l'intuition...
M. Lazure: Cela confirme quoi?
Mme Lavoie-Roux: ... que cela a été une nomination
politique. Vous nous dites qu'il y avait des personnes compétentes, que
vous aviez procédé à une consultation de tous les
organismes qui s'étaient déplacés c'est ce que vous
nous disiez pour venir présenter un mémoire ici...
M. Lazure: Oui, c'est ça.
Mme Lavoie-Roux: ... qui étaient intéressés
par la chose. J'imagine que parmi les finalistes, il devait se trouver des
personnes qui venaient... enfin, celles qui avaient été
recommandées après la consultation. Vous nous dites, loin de
là! Le choix a été très difficile; il y avait,
parmi ces finalistes, des personnes... On va à l'extérieur en
choisir une autre...
M. Lazure: M. le Président, je dois préciser que,
dans les cinq ou six finalistes, il y en avait qui n'avaient pas
été proposées par les 38 oganismes. Il faut bien
comprendre ce que le regroupement 6-C
n'a pas bien compris. C'est qu'il s'agissait là d'une
consultation, et le gouvernement ne pouvait pas se sentir lié, ne
pouvait pas se sentir obligé de nommer une des 20 ou 30 personnes
proposées par tous ces groupements. (20 h 45)
II faut bien comprendre ça. Une fois qu'on a compris ça,
on se scandalise moins. Il y a des personnes outre Mme Gervais qui, finalement,
ont été jugées aptes par le gouvernement pour
présider à l'office. Il y en a d'autres qui n'avaient pas
été proposées par les 30 groupements et qui auraient pu
être choisies pour devenir présidente et on aurait eu la
même critique.
Alors, je pense qu'il faut distinguer entre un concours normal,
régulier de la fonction publique pour un poste où ce n'est pas le
gouvernement, comme gouvernement, qui choisit le président ou la
présidente. Moi, je n'accepte évidemment pas l'affirmation qui
est faite par le groupement 6-C que vous nous transmettez, que la nouvelle
présidente est moins compétente que d'autres qui avaient
été proposées. Il faut certainement tenir compte de tout
le passé, social ou autre, d'un individu. Mme Gervais je ne pense
que ce soit la place pour faire un éloge public de quiconque peut
être reconnue surtout pour un certain travail qu'elle a fait dans la
communication, mais d'autres qui la connaissent mieux sont bien au courant du
travail social qu'elle a accompli, surtout dans la région de
Montréal, en particulier dans le domaine de l'enfance, non seulement
dans diverses associations de parents adoptifs, mais aussi dans plusieurs
groupements bénévoles qui s'occupent de l'enfance
délinquante ou de la petite enfance dans le réseau scolaire.
Alors, je pense que c'est trop court comme jugement, qu'on soit dans le
milieu des garderies ou ailleurs, de dire qu'il s'agit d'un choix politique et
que la personne est moins compétente que d'autres auraient pu
l'être. C'est un jugement de valeur, quand on dit ça. Si on veut
prétendre que chaque fois qu'un gouvernement nomme un président
d'office ou de régie, c'est une décision politique, je veux bien.
C'est sûr que c'est une décision politique dans le sens
très large du terme, dans le sens qu'il faut à la fois
évaluer les travaux antérieurs de l'individu, son
expérience et aussi sa compréhension du rôle que le
gouvernement veut faire jouer à ce nouvel organisme.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que ceci est un
avertissement. Il ne s'agit pas de la compétence de Mme Gervais. Je ne
l'ai pas vue; je ne pourrais pas vous dire quelle est sa compétence. Ce
n'est pas là-dessus. Mais je pense que c'est un avertissement, tant aux
membres de l'Assemblée nationale et bien davantage à tous les
organismes, quand on prépare une loi où il y a des nominations de
prévues, qu'on dise: Les organismes du milieu seront consultés,
etc. Je sais qu'une consultation n'engage pas, mais si, au moins, on nous avait
dit que dans les vingt personnes ou les finalistes, il n'y avait personne de
compétent, j'aurais pu comprendre qu'on s'écarte je ne
sais pas si c'étaient juste des candidates; il y avait peut-être
des candidats de ceux ou celles qui avaient franchi les étapes
normales, mais le ministre lui-même vient nous dire: Parmi
ceux-là, loin de moi de vouloir laisser entendre qu'il n'y en avait pas
qui étaient compétents. D'ailleurs, j'étais convaincue que
c'était comme ça que ça se passait, c'est simplement pour
dire que toutes ces fameuses consultations, dans les projets de loi c'est pour
la frime et que, finalement, j'ose espérer que, dans la majorité
des cas, on essaie d'allier la compétence à la nomination
politique. Mais ça m'apparaît que dans le cas qui est devant nous,
peut-être que l'aspect politique a joué au moins tout autant que
la compétence. Alors, c'est une bonne démonstration de certaines
dispositions de nos lois, particulièrement en ce qui a trait à
l'établissement de régies, d'offices, de nominations. On l'a vu
au Conseil des collèges. Enfin, si c'est comme ça que ça
doit fonctionner, je suppose qu'il faut s'y résigner, mais il faut au
moins que le monde le sache.
M. Lazure: M. le Président, je suis obligé de dire
que la députée de L'Acadie est tout à fait injuste. Elle
n'a pas l'habitude d'être injuste, mais sur cette question elle est tout
à fait injuste.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas être injuste, c'est la
réalité.
M. Lazure: Elle est tout à fait injuste parce que, dans
les consultations que nous avons faites auprès des organismes du milieu,
dans la lettre nous demandions de proposer des candidats ou des candidates non
seulement au poste de président ou présidente de l'office, mais
aussi aux autres postes du conseil d'administration. Les nominations ne sont
pas encore faites pour l'ensemble, cela doit se faire incessamment. Il y a, si
on s'en souvient, douze autres personnes qui font partie du conseil
d'administration. On peut démontrer que la députée de
L'Acadie est injuste quand elle dit que les consultations sont faites pour la
frime. Je veux citer à ce sujet l'Office des personnes
handicapées et, sans vouloir faire de personnalité, la
comparaison est valable. Dans le cas de l'Office des personnes
handicapées, que nous avons mis sur pied il y a à peu près
un an, la loi prévoyait de la même façon que le
gouvernement nommait le président, la présidente et le conseil
d'administration. Il se trouve que la personne avec laquelle on aura
peut-être l'occasion de dialoguer tantôt, la présidente, Mme
Laurette Champigny-Robillard, n'était pas du milieu non plus. Par
contre, si on regarde la composition du conseil d'administration de l'ensemble
de l'Office des personnes handicapées, je pense qu'on a retenu à
85% toutes les propositions venant du milieu. Je trouve souverainement injuste
que la députée de L'Acadie saute à la conclusion que c'est
de la frime, ces consultations. On a cru bon ne pas nommer une des vingt
personnes je le répète proposées par les
différents groupements des garderies, mais il est très
probable
qu'on retienne la majorité des personnes qui ont
été proposées pour faire partie du conseil
d'administration.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le ministre a
essayé d'établir une comparaison avec la présidente de
l'Office des personnes handicapées. Je pense que le cas particulier qui
était devant nous, c'était celui de l'office des garderies dont
le ministre nous avait décrit, je dois le dire avec franchise, le
cheminement du choix de la présidente. Je ne crois pas et je ne
retire rien de ce que j'ai dit, même si le ministre veut dire que je suis
injuste je pense qu'il est fort évident que dans ce cas
particulier il y a eu un choix politique qui a fortement pesé dans la
balance. Ceci dit, je voudrais juste savoir combien de personnes jusqu'à
maintenant ont été... Quel est le personnel maintenant de
l'office des garderies? Quel est le budget particulier de l'office des
garderies pour l'année 1980-1981?
M. Lazure: Dans cette période de transition, comme on
l'expliquait tantôt, la loi sur les services de garde n'est que
partiellement en vigueur et la transition va se faire au cours des mois
d'été entre le service des garderies du ministère et
l'Office des services de garde. Le budget que vous voyez ici va être,
à toutes fins pratiques, le budget de l'Office des services de garde,
c'est-à-dire $27 000 000. Il va être transféré du
service des garderies du ministère à l'Office des services de
garde. Quant au nombre d'employés à l'Office des services de
garde, il est de 28 personnes à temps complet, plus 8 postes
occasionnels.
Mme Lavoie-Roux: C'est un peu plus que ce que vous m'aviez
annoncé au moment de la discussion...
M. Lazure: Qu'est-ce que j'avais dit à l'époque?
Une trentaine de postes, vingt-cinq?
Mme Lavoie-Roux: Une quinzaine de postes.
M. Lazure: Non, on n'a jamais dit cela. Le service a à peu
près quinze, dix-sept postes? Seize postes.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, pour ne pas être
injuste, il faudrait que je vérifie.
M. Lazure: Oui, je vous le conseille fortement. Comme je voudrais
d'ailleurs que vous suspendiez votre jugement sur le conseil d'administration
de l'Office des services de garde jusqu'à ce qu'il soit formé en
entier.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas sur le choix du conseil
d'administration, c'est sur le choix du président ou de la
présidente...
M. Lazure: Mais je voudrais que vous précisiez...
Mme Lavoie-Roux: Si c'est là-dessus que vous voulez que je
suspende mon jugement, je ne le suspendrai pas.
M. Lazure: Vous revenez parfois sur des questions, moi, je vais
revenir sur une réponse. Vous dites: C'est un choix politique. Je dis:
Oui, c'est politique dans le sens que c'est le pouvoir politique qui
décide en dernière instance. Mais si vous voulez dire que c'est
un choix qui a été guidé par des préoccupations
partisanes...
Mme Lavoie-Roux: Jamais je ne vous soupçonnerais d'une
telle chose.
M. Lazure: Je m'en doutais bien. Merci de m'avoir rendu cet
hommage, Mme la députée.
Mme Lavoie-Roux: J'ai demandé il est trop tôt
apparemment pour le savoir quel était le budget de l'office. Vous
avez raison de dire que tout va être transféré à
l'office.
M. Lazure: Cela va être transféré.
Mme Lavoie-Roux: Mais je voulais strictement parler des sommes
qui seraient dépensées pour le fonctionnement de l'office.
M. Lazure: Ce sera légèrement supérieur,
dans la proportion de 17 postes à 28 postes, si vous voulez.
Mme Lavoie-Roux: Plus huit occasionnels? M. Lazure:
Oui.
Mme Lavoie-Roux: Bon, ça veut dire quoi, ça?
M. Lazure: L'équivalent de 32.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ne jouez pas au plus fin.
M. Lazure: Cela peut vouloir dire autour de $700 000 ou $800
000.
Mme Lavoie-Roux: $700 000 ou $800 000. D'accord. Une
dernière chose sur les garderies...
M. Lazure: Pour résumer, le budget de l'office serait en
gros le double de celui du service des garderies proprement dit qui fonctionne
avec 16 employés actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais sauf que là... Où
va-t-il être situé, l'Office des services de garde?
M. Lazure: Ce n'est pas décidé encore. Ce sera une
décision politique ça aussi, parce que c'est le gouvernement qui
va la prendre.
Mme Lavoie-Roux: Non, là, c'est d'accord. Que vous
décidiez de le mettre à Drummondville
plutôt qu'à Trois-Rivières, au moins
là-dessus je n'ai pas d'objection.
M. Lazure: On a un certain préjugé favorable pour
la déconcentration ou la décentralisation, mais ce n'est pas
décidé encore.
Mme Lavoie-Roux: Moi, si j'étais vous, je le
mettrais...
M. Lazure: Sur la rive-sud de Montréal?
Mme Lavoie-Roux: Non, au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Une Voix: C'est une déconcentration.
M. Lazure: Je suis sûr que M. Bédard serait bien
content de vous entendre dire ça.
M. Marcoux: Si on se fonde sur ce critère, ça va
être à Rimouski.
Mme Lavoie-Roux: C'est vrai, le petit orphelin de Rimouski
là-bas.
M. Marcoux: Au contraire, on ne se sent pas orphelin du tout.
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous dire que tous vos autres
confrères se sentent orphelins dans leur comté?
M. Marcoux: Non, la notion d'orphelin, c'est un peu la notion de
l'isolement. Au contraire, on sent que c'est un mouvement d'avenir.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ça, les autres doivent se
sentir orphelins par opposition.
M. Marcoux: C'est le premier d'une longue famille à
venir.
Mme Lavoie-Roux: Les garderies sont revenues à la charge
cette année, que ce soit SOS garderies, que ce soit le Regroupement des
garderies, pour demander une allocation de loyer. On continue de
prétendre que ce qui leur est versé est insuffisant. Je mets
même de côté le salaire des monitrices. Est-ce que c'est
l'intention du gouvernement d'augmenter l'allocation à la garderie
même je sais que vous êtes passés de zéro
à $2 ou est-ce que c'est le statu quo pour l'année qui
vient?
M. Lazure: Ecoutez, on vient de commencer le premier avril 1980
à verser les $2 par jour, par place. Cela vient de commencer.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord. Cela devrait les aider à
payer leur loyer?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Elles ont écrit après qu'elles ont
su que $2...
M. Lazure: Elles vont continuer d'écrire, j'en suis
sûr. L'Opposition va continuer de jouer son rôle et on va essayer
de réajuster...
Mme Lavoie-Roux: Non, écoutez, ce n'est pas juste jouer
notre rôle dans le cas des garderies, je m'excuse, il y a un
problème réel.
M. Lazure: Ce n'est pas péjoratif.
Mme Lavoie-Roux: II y a un problème réel dans le
fonctionnement des garderies. Vous le savez, M. le ministre, que ce n'est pas
facile.
M. Lazure: Oui. On dit qu'il est quand même
amélioré par rapport à ce qu'il était il y a
quelques années.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il y a eu l'inflation aussi, M. le
ministre. Quelles sont vos projections du nombre d'enfants pour l'an prochain
en garderie?
M. Lazure: On voudrait créer 3500 nouvelles places dans
les garderies proprement dites.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Et on voudrait aussi créer, dans les services
de garde familiale quel est l'objectif pour l'année? 1000
places en garde familiale.
Revenez, Mme Lavoie-Roux, à l'aide directe aux garderies qui
représentait, selon la technique des 15% d'autrefois... En 1978-1979, il
v a eu une aide directe de $211 000; en 1979-1980, cette aide est passée
à $1 179 000 et la nouvelle formule entraîne, pour 1980-1981, $7
540 000. (21 heures)
En deux ans, c'est passé de $200 000 à $7 500 000. Alors,
en termes d'aide directe aux garderies, c'est la différence entre la
misère et l'organisation concrète, de $200 000 à $7 500
000.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. On attendra les commentaires. Alors,
cela va pour les garderies.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Elément 1,
adopté. Elément 2, "Hébergement des adultes et personnes
âgées".
Hébergement des adultes et personnes
âgées
Mme Lavoie-Roux: II faudrait que je ressorte les tableaux que
vous m'avez envoyés.
M. Lazure: Pendant que vous sortez les tableaux, voici quelques
chiffres: à l'élément 2, il y a une augmentation de $41
000 000, dont $21 000 000 vont à des développements. Ces $21 000
000 en développements seront "annualisés" à $48 000 000.
Si on décompose les crédits de $21 000 000 en
développements, on a $15 600 000 pour les dépenses de
fonctionnement des nouveaux centres d'accueil qui vont ouvrir au cours de
l'année financière 1980-1981. On sait
qu'au cours de l'année 1980-1981 il y aura ouverture d'une
quarantaine de centres d'accueil. Donc $15 600 000 pour l'embauche du personnel
de ces nouveaux centres d'accueil; $500 000 pour l'ouverture de 10 centres de
jour dans des centres d'accueil déjà existants, puisque les
nouveaux centres d'accueil auront tous un centre de jour à l'avenir.
Ensuite, $2 200 000 pour ajouter du personnel dans les centres d'accueil
existants. Cela fait partie de la somme de $14 600 000,
échelonnée sur trois ans, pour les centres de jour
déjà existants où les bénéficiaires
deviennent de plus en plus malades. Quatrièmement, $2 500 000... pardon,
c'est ce que je viens de citer. Ce n'est pas $2 200 000, c'est $2 500 000.
Finalement, $400 000 pour les ajouts d'effectifs. Je ne sais pas pourquoi on a
mis les deux chiffres côte à côte.
En résumé, les crédits de $21 000 000 en
développements "annualisés" à $48 000 000 sont
essentiellement destinés à l'embauche du personnel de la
quarantaine de nouvaux centres d'accueil qui vont ouvrir; deuxièmement,
ils sont destinés aux dix nouveaux centres de jour dans les centres
d'accueil déjà existants et troisièmement pour tenir
compte dans les centres d'accueil déjà existants du fait que les
bénéficiaires sont plus malades. On ajoute du personnel là
aussi. Voilà.
Mme Lavoie-Roux: Pour l'année 1979-1980, dans le cas de
l'alourdissement des clientèles, c'est $3 200 000 qui ont
été versés.
M. Lazure: Pour l'année 1979-1980?
Mme Lavoie-Roux: Pour l'année 1979-1980.
M. Lazure: II y a eu différentes façons de calculer
cette somme étalée sur trois ans. Je vais vous le donner ici. En
1977-1978...
Mme Lavoie-Roux: Oui. Ce sont les $14 000 000 qui avaient
été promis.
M. Lazure: C'est cela. On arrive au total de $14 200 000. Je vais
vous le disséquer: en 1977-1978, $1 200 000; en 1978-1979, $5 400 000;
en 1979-1980, $2 700 000...
Mme Lavoie-Roux: Vous allez un peu vite... M. Lazure:
Alors, $1 200 000...
Mme Lavoie-Roux: Oui, en 1977-1978. 1978-1979?
M. Lazure: $5 400 000.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: En 1979-1980, $2100 000. En 1980-1981, $5 500 000.
Cela devrait faire $14 200 000.
Mme Lavoie-Roux: Bon. M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Alors, en 1979-1980, vous leur avez donné
$2 100 000...
M. Lazure: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Alors que l'Association des centres d'accueil
disait qu'une somme de $5 500 000 lui avait été promise.
M. Lazure: Oui, je rappellerai à la députée
de L'Acadie ce que j'ai dit hier. Après ce débat public qui a
duré quelques semaines et qui avait précédé le
discours du budget, aussitôt que le budget a été connu,
nous avons communiqué avec l'Association des centres d'accueil. Nous lui
avons fait part de ses crédits et l'association s'est dite satisfaite.
C'est pour ça d'ailleurs que tout est rentré dans l'ordre.
Il était relativement peu important de savoir si les $15 000 000
allaient être concentrés sur telle ou telle année, en
majeure partie ou non. L'important pour les centres d'accueil était de
pouvoir, sur une période de trois ou quatre ans, avoir une augmentation
de l'effectif appréciable.
Alors, l'objectif étant de $15 000 000, sur cette période
de trois ou quatre ans, et le total arrivant à $14 200 000,
l'Association des centres d'accueil s'est montrée satisfaite de ce
règlement. Nous avons l'intention de continuer l'an prochain à
ajouter des crédits.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Je ne poserai qu'une seule autre question
sur les centres d'accueil je ferai par la même occasion un
commentaire sur le tableau que vous nous avez passé. Je dois dire
que le ministre, ou celui qui a préparé sa déclaration
d'ouverture hier... cela ressemble beaucoup à ce que les politiciens
font.
Le ministre a mis en parallèle...
M. Lazure: Les hommes politiques ou les femmes politiques...
Mme Lavoie-Roux: Jusqu'à maintenant il semble que ce
soient surtout les hommes.
Le ministre a mis en parallèle le fait que, entre les
années 1973 et 1975, l'ouverture des centres d'accueil a maintenu une
moyenne de 46, comparativement à 1200 environ de 1976 à 1980. Ce
que je trouve un tout petit peu mesquin, c'est qu'on choisit les années
1973 à 1975, en fait, les années 1973-1974 et 1974-1975, alors
qu'en 1974-1975 il n'y a pas eu d'ouverture de lits. Mais quand vous prenez la
période qui va de 1969 ou 1970 à 1975 ou 1976 et qu'on laisse
même de côté les années 1976-1977, qui a
été l'époque de la planification faite par l'ancien
gouvernement, du moins en partie, on en arrive à une moyenne de 978
lits. Quand on prend l'autre sur une période de six ans, vous arrivez
à une moyenne de 1293 lits, alors que le ministre hier nous opposait, en
sortant deux années enfin, les pires du tableau une
moyenne de 46... Vous nous avez bien dit cela, vous avez dit cela dans votre
discours, M. le ministre.
M. Lazure: Je parlais du rendement du dernier gouvernement...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais le dernier gouvernement n'a pas
administré seulement pendant les années 1973-1974 et
1974-1975.
M. Lazure: Le dernier gouvernement a eu un mandat de trois ans,
de 1973 à 1976. Oui ou non? On parlait du dernier gouvernement, celui
qui était là avant nous.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous auriez pu prendre 1972-1973; il y
a eu 1217 lits cette année-là. Vous avez pris bien soin de
laisser celle-là de côté.
M. Lazure: Non, non, nous avons parlé du dernier
mandat...
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, si vous voulez me laisser
finir...
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Quand on a fait notre débat du
vendredi sur les centres d'accueil je ne l'ai pas avec moi on
concluait que... Je vous avais demandé des chiffres précis pour
les années 1970 à 1976. Vous aviez conclu que c'étaient
à peu près 600 lits qui avaient été ajoutés.
Aujourd'hui, quand on regarde cela, à la condition qu'on m'ait
donné tous les chiffres, on en arrive à une moyenne, pour les
années de l'administration libérale, de 970 lits-année. On
en arrive, sur une période de six ans, parce qu'on y ajoute aussi
1981-1982, avec une moyenne de 1293 lits.
Quand vous mettez en opposition en choisissant deux années,
1973-1974 et 1974-1975, et que vous nous sortez les 46, permettez-moi de vous
dire si ce n'est pas vous qui l'avez fait, à celui qui l'a fait
que je ne peux pas m'empêcher de trouver que c'est pour le moins
pour ne pas dire mesquin un peu inexact.
M. Lazure: Non, ce n'est pas...
Mme Lavoie-Roux: Peut-être pas inexact au sujet des deux
années choisies, mais de l'approche pour présenter des chiffres,
je trouve cela vraiment inconvenable. Regardez la moyenne, c'est vous qui me
l'avez donnée.
M. Lazure: Chacun peut commenter. La preuve qu'on essayait de ne
rien vous cacher, c'est que vous avez le tableau depuis hier.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que je vous l'ai demandé.
M. Lazure: Non. Le tableau était préparé
pour la commission d'hier et vous l'avez eu hier.
Mme Lavoie-Roux: Cela faisait quinze jours qu'on le demandait
à votre ministère, et on ne nous le donnait pas; vous me l'aviez
promis au mois de mars.
M. Lazure: Ah! non, je m'excuse. Mme Lavoie-Roux: Oui.
Oui. Oui. M. Lazure: Non. Non.
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous qu'on relève le journal des
Débats?
M. Lazure: II s'est passé un bon bout de temps pendant
lequel vous ne demandiez pas ce rapport. Vous l'avez redemandé depuis
deux semaines et les fonctionnaires l'ont fait depuis quelques semaines.
Mme Lavoie-Roux: Qui a imposé ce référendum
à la population? Est-ce que c'est nous ou est-ce que c'est vous? C'est
vous qui avez tout paralysé pendant six mois.
M. Lazure: M. le Président, ce n'est pas notre faute non
plus si le premier ministre libéral en 1976 a déclenché
une élection avant que ce gouvernement ait pu ouvrir un nombre minimum
de centres d'accueil pour personnes âgées. Il s'est repris en
faisant plusieurs promesses à l'époque et je continue dans la
même veine que vous avez amorcée tantôt...
Mme Lavoie-Roux: Ah non, j'ai les chiffres ici et c'est vous qui
venez de me les remettre.
M. Lazure: Moi, je ne tiens pas à continuer dans cette
veine-là. Le seul commentaire que je peux faire, c'est que le tableau
est public. Vous pouvez très bien constater d'année en
année, depuis 1969, qu'au fond il y a eu ce que je décrirais
comme trois vagues de planification de centres d'accueil pour personnes
âgées. Deux importantes et une beaucoup moins importante. La
première, tout le monde sait qu'elle a été
planifiée par le gouvernement de l'Union Nationale durant les
annés 1966-1970...
Mme Lavoie-Roux: Ah, ah, ah, ah! Faites-moi rire!
M. Lazure: Planifiée... Ha! oui. Les faits sont là
pour le démontrer.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, vous aviez une planification
jusqu'à 1981, vous ne l'avez pas respectée, vous l'avez
jetée par-dessus bord.
M. Lazure: Si vous me permettez de finir... Je vais donner
crédit dans un instant à la planification du gouvernement
libéral de 1973 à 1976.
Mme Lavoie-Roux: II a été là depuis 1970 le
gouvernement libéral. Je regrette, M. le Président.
M. Lazure: Mais en 1970, pour votre information, le gouvernement
libéral, une des premières
choses qu'il a faites a été de geler tous les projets de
centres d'accueil qui avaient été présentés au
début du mandat 1970 par les fonctionnaires. Cela a été
mis sur la glace, comme les projets de construction d'hôpitaux aussi.
Tout te monde sait cela. Cela a été un des premiers gestes de M.
Castonguay, à l'époque.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez fait la même chose.
M. Lazure: On les a étudiés et on les a
dégelés rapidement.
Mme Lavoie-Roux: Hum! hum!
M. Lazure: La preuve, c'est qu'on en trouve 40 cette année
et qu'on va ouvrir les autres au début de l'année fiscale
prochaine. En résumé les gens pourront interpréter
le tableau comme ils voudront l'interpréter il y a eu la vague
que j'appelle de l'Union Nationale avec 6700 lits de planifiés par le
gouvernement de l'époque. Il y a eu la planification du gouvernement
libéral, de 1973 à 1976, et je n'en prends pas crédit, ces
lits ont été ouverts depuis que nous sommes au pouvoir, mais
ç'avait été planifié par le gouvernement
antérieur pour un total de 1900 lits. La troisième vague, si vous
voulez, qui nous donne un total de 5500 lits, a été
planifiée par nous et ouvrira des lits grâce à nous,
à 80%, 90%, d'ici sept ou huit mois.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le gouvernement de
l'Union Nationale s'est fait battre en avril 1970, et je m'en souviens
très bien. Vous avez pour 1969-1972, 5272 lits d'ouverts. Les centres
d'accueil, quand on les met en construction vous le savez fort
bien, M. le ministre cela prend un an. La majorité du mandat a
été sous un gouvernement libéral.
M. Lazure: Je regrette, mais je pourrais vous démontrer,
avec chiffres et documents à l'appui, que ce n'est pas exact ce que vous
dites.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce qu'il y a dans votre livre.
M. Lazure: Non. Cela prend maintenant un an, un an et demi pour
construire un centre d'accueil, mais dans ce temps-là, cela prenait deux
ans, deux ans et demi.
Mme Lavoie-Roux: Même si cela avait pris deux ans, vous
avez de 1970 à 1972.
M. Lazure: C'est ce que j'ai dit, cela a été
planifié par le gouvernement de l'Union Nationale et ensuite
construit...
Mme Lavoie-Roux: Bien non! Quant à cela, tout ce que vous
avez planifié... Je pourrais vous dire que ce qui a été
construit jusqu'à la fin de 1978-1979, cela est dû à la
planification du gouvernement libéral qui vous a
précédés. (21 h 15)
M. Lazure: C'est ce que je viens de dire. Je viens de dire
ça.
Mme Lavoie-Roux: Mais quand vous m'avez donné la moyenne
M. le Président, il faut quand même que le ministre soit un
peu honnête hier, de 231 lits, vous y avez inclus tous les lits
qui ont été ouverts depuis 1976-1977 à 1981. Mais quand
vous m'avez donné la moyenne de 46, vous avez pris les années
1973-1974, 1974-1975. Au moins donnez-leur trois ans. Je n'ai pas à
défendre le gouvernement Bourassa. Je n'en faisais pas partie. Mais je
trouve qu'il faut avoir une certaine objectivité et une certaine
honnêteté dans les chiffres. Il est toujours tellement difficile
d'avoir des chiffres sur les centres d'accueil, et je vous ferai même
remarquer que je vais vous demander des renseignements supplémentaires.
Je voudrais d'abord savoir combien il y a de places en centres d'accueil au
Québec. Je n'admettrai pas que le ministre, qui a une facilité
extraordinaire pour passer à côté des questions... On l'a
vu en Chambre donner des informations erronées, des fois. Il y a quand
même un bout que je n'accepte pas.
M. Lazure: M. le Président, je ferais remarquer à
Mme la députée de L'Acadie que depuis deux jours on passe notre
temps à fournir des documents. On n'a pas arrêté de fournir
des documents.
Mme Lavoie-Roux: On n'en a pas eu beaucoup.
M. Lazure: Je n'accepte vraiment pas la critique de Mme la
députée de L'Acadie quand elle dit qu'on essaie de cacher les
documents. Encore une fois, le document sur les centres d'accueil est
là.
Mme Lavoie-Roux: Parce que je l'ai demandé et parce que
j'ai insisté à trois reprises pour l'avoir.
M. Lazure: On pourra l'interpréter comme on voudra. Le
nombre de lits dans les centres d'accueil publics...
M. Boucher: C'est utile, l'Opposition!
Mme Lavoie-Roux: Certain qu'elle est utile. Cela rend le
gouvernement un peu plus transparent, malgré lui!
M. Boucher: Vous passez votre temps à demander des
documents.
Mme Lavoie-Roux: Comme charriage, j'avais rarement vu quelque
chose d'aussi réussi que ça.
M. Lazure: Vous voulez avoir le nombre de lits pour personnes
âgées, par centre d'accueil?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: En mars 1980, 7817 dans des centres d'accueil publics,
3847 dans des centres d'accueil privés conventionnés, plus 1900
dans des centres d'accueil qui sont rattachés à des centres
hospitaliers, plus 471 dans des centres d'accueil privés à taux
fixe, plus 3673 dans des petits centres d'accueil qu'on appelle maintenant des
pavillons, pour un total de 27 658, par rapport à mars 1976 on me
dira que j'interprète les chiffres, mais je lis ce qui est devant moi
mars 1976, dis-je, 23 441. Le nombre pour terminer la
série de chiffres actuel, au 31 mars 1980, est de 27 638. Il
était de 23 441 en mars 1976 et l'an prochain, en mars 1981, avec le
programme qui est en marche, on va passer à 31 444. Cela comprend,
encore une fois, les centres d'accueil publics, les centres d'accueil
privés subventionnés, les centres d'accueil rattachés
à des hôpitaux, les petits centres d'accueil pavillons.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que le
ministère des Affaires sociales publie un répertoire des centres
d'accueil?
M. Lazure: Bien sûr, pas seulement des centres d'accueil
mais de tous les établissements; c'est accessible au grand public.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous le mettre à notre
disposition, avec le nombre de places qu'il y a dans chaque
établissement?
M. Lazure: Oui, bien sûr.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait l'avoir à notre
disposition?
M. Lazure: Bien sûr!
Mme Lavoie-Roux: II est publié depuis combien
d'années, ce répertoire? Trois ou quatre ans?
M. Lazure: Depuis quatre ans.
Mme Lavoie-Roux: Avant que vous n'arriviezl II existait avant que
vous n'arriviez.
M. Lazure: Ce n'est pas moi qui l'ai dit.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il existait ou non?
M. Lazure: Je ne veux pas politiser l'information. Les
fonctionnaires me disent...
Mme Lavoie-Roux: II n'existait pas? M. Lazure: II
n'existait pas avant.
Mme Lavoie-Roux: Alors, le premier a été
publié en quelle année?
M. Lazure: En 1975-1976 ou en 1976-1977. Là, on va avoir
un débat à savoir si c'est 1975-1976 ou 1976-1977...
Mme Lavoie-Roux: Non, non, mais puisque vous voulez faire de la
petite politique, on va en faire!
Une Voix: Monsieur Dufour, je voudrais savoir la date du premier
répertoire du MAS?
Une Voix: Oh non! Je ne le sais pas, je suis trop jeune!
M. Lazure: Si cela peut vous faire plaisir, je pourrais
concéder que c'était 1975-1976. Je ne le sais pas vraiment. Mais
c'est autour de cela, soit vers la fin du mandat du gouvernement
précédent ou au début du nôtre.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez ici des chiffres qui nous ont
été transmis également sur la liste des centres d'accueil.
J'en vois un dans LaSalle, si je peux le retrouver.
M. Lazure: De quelle liste parlez-vous?
Mme Lavoie-Roux: Celle qui nous a été transmise
avec les données statistiques, ce matin.
M. Lazure: Avec les dates d'ouverture prévues?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. M. Lazure: D'accord, ça
va.
Mme Lavoie-Roux: II y en a un dans LaSalle, comté de
Marguerite-Bourgeoys, d'une capacité de 200. Est-ce qu'il a toujours une
capacité de 200?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'a pas été réduit
à 100?
M. Lazure: Non, non, absolument pas.
Mme Lavoie-Roux: C'est resté à une capacité
de 200.
M. Lazure: J'y suis allé deux fois. Je peux vous
l'affirmer catégoriquement. C'est 200.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Maintenant, quand vous dites que vous
prévoyez également, pour la période 1981-1982, 19 projets
qui sont en voie de réalisation, qui s'ajouteront aux 1604, est-ce
qu'ils ne sont pas inscrits dans cette liste?
M. Lazure: Oui, dans le document plus épais, oui.
Mme Lavoie-Roux: Ils sont inscrits dans cela. Alors, le grand
total de 5266 places, ce sont ceux...
II y en a en réalité qui ont été ouverts en
1979, enfin quelques-uns ont été ouverts en 1979, il y en a qui
seront ouverts à la fin de 1980. Si on compte ceux qui ne seront ouverts
qu'à la fin de 1980, on ne se retrouve pas avec 5266 places, mais
plutôt avec un nombre passablement inférieur à 5266
places.
M. Lazure: Vous voulez répéter votre question, s'il
vous plaît?
Mme Lavoie-Roux: Quand on fait l'addition des places qui seront
ouvertes, en 1980, et qu'on laisse de côté celles qui seront
ouvertes en 1981, on arrive avec un nombre passablement inférieur aux
5266 places.
M. Lazure: A quel chiffre, arrivez-vous?
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai perdu, mais j'arrivais à environ
2000 ou 3000, il me semble.
M. Lazure: II faut mettre ensemble les deux années
fiscales. Celle qui commence l'année 1980-1981, mais aussi
1981-1982.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous me dites que tout ce qui est
là sera terminé avant le 31 mars 1981?
M. Lazure: Non. Attendez un petit peu! Le document qui donne,
région par région, les dates d'ouverture, tout cela sera
terminé avant la fin de l'année de calendrier 1981. Les derniers
seront vers l'été de 1981. C'est ça. Nous avons les dates
pour chacun. Les derniers seront à l'été de 1981, dans
environ un an.
Mme Lavoie-Roux: Cela comprend la planification pour
1981-1982?
M. Lazure: C'est ça. Parce que ceux qui ouvriront à
l'été tombent dans l'année fiscale 1981-1982.
Mme Lavoie-Roux: Combien y en a-t-il qui vont être
fermés entre-temps? Combien de places seront fermées?
M. Lazure: Le seul centre où on envisage de fermer 220
places, c'est la résidence Dorchester, à cause de l'état
des lieux, qui n'est pas recommandable, selon les rapports du service de la
ville de Montréal. On envisage de transférer ces
bénéficiaires dans les centres d'accueil qui vont ouvrir, cet
automne, dans la région de Montréal.
Cependant, dans un deuxième temps, pour la programmation de
1980-1981, nouvelle programmation qui est en discussion actuellement au
gouvernement et pour laquelle il n'y a pas de décision parce
qu'il faut bien comprendre que ceux qui apparaissent ici comme ouvrant en
1980-1981 ou 1981-1982, ça remonte à la programmation de
1978-1979 dans la programmation qui est en discussion actuellement pour
le plan quinquennal de 1980-1981, nous demandons un cer- tain nombre de centres
d'accueil dont un pour remplacer justement la résidence Dorchester, les
220 lits qui seront transférés, pour le moment, dans des centres
d'accueil qui ouvriront à l'automne.
Mme Lavoie-Roux: Lors de la question avec débat du
vendredi, vous m'aviez mentionné, à la suite d'une de mes
questions, qu'il y avait environ 800 places pour remplacer 900 places qui
n'étaient pas sécuritaires dans les centres d'accueil. Quelle
mesure avez-vous... Ecoutez, M. le ministre, c'est ce que vous m'aviez dit.
M. Lazure: Je ne le nie pas, ça se peut. Je ne suis pas
sûr du terme quand vous dites sécuritaire.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. Lazure: II me semble que j'ai parlé de centres
d'accueil qui étaient vétustes, qui étaient...
Mme Lavoie-Roux: Non, non, sécuritaires. Vous avez
parlé de sécurité.
M. Lazure: Peut-être. 700 ou 800, c'est possible. La
résidence qui a priorité, si vous voulez, parmi les non
sécuritaires, c'est la résidence Dorchester. Il y a d'autres
centres, est-ce que c'est cinq, six ou sept à travers tout le
Québec, qui sont de vieux centres qui remontent à peut-être
30 ans, 40 ans, 50 ans et même plus au point de vue de la construction et
qu'il faudra remplacer éventuellement. Mais si la députée
de l'Acadie veut raccrocher sa dernière question au
phénomène de remplacement par des nouveaux centres d'accueil, je
peux la rassurer: le seul centre d'accueil existant qui va être
remplacé dans l'immédiat par des places dans les nouveaux centres
d'accueil, c'est la résidence Dorchester.
Mme Lavoie-Roux: II y avait également un centre d'accueil,
et cette fois-ci je vais le nommer parce que, selon mes nouvelles,
c'était public dans les journaux du coin, à Magog, où
l'en-tête des journaux parlait de danger de feu et ainsi de suite.
Quelles sont les mesures qui ont été prises pour ce centre
d'accueil?
M. Lazure: Effectivement, c'était un de ceux qui
étaient dans la liste des sept ou huit dont on avait parlé il y a
quelques mois à Magog. Dans le moment, il y a des discussions à
savoir si ce centre-là peut être rénové ou bien si,
éventuellement, il devra être fermé complètement.
Mais il n'y a pas de décision de prise. Vous savez, quand il y a des
rapports, que ce soit venant d'un service municipal d'incendie ou même du
ministère du Travail, les rapports peuvent paraître dramatiques
dans bien des cas. Moi, j'ai vu des rapports sur le service d'incendie qui
concluent en recommandant des rénovations ou des achats
d'équipement genre gicleurs automatiques qui coûteraient des
dizaines sinon des centaines de millions si on appliquait les mêmes
critères rigoureux à toutes
les institutions du réseau des Affaires sociales. Je veux
simplement faire remarquer que toute cette question de sécurité
par rapport au danger d'incendie, c'est très subjectif. Il y a beaucoup
de pays qui ont une excellente qualité de soins et qui hébergent
leurs malades dans des hôpitaux ou des centres d'accueil qui, dans ces
pays-là, seraient sûrement condamnés si on était
obligé de suivre les normes qu'on a dans la plupart de nos services
municipaux d'incendie.
En somme, il y a une appréciation à faire là aussi.
Le degré de sécurité ou d'insécurité,
ça devient un jugement de valeur assez subjectif. Alors, il y a cette
demi-douzaine de centres d'accueil qu'on est en train de regarder et celui
qu'il nous paraissait le plus urgent de remplacer, c'est la résidence
Dorchester. Quant aux autres, il n'y a pas de décision de prise sur la
rénovation ou le remplacement. (21 h 30)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux bien comprendre
que des fois les gens, comme l'explique le ministre, peuvent faire valoir les
dangers de feux pour peut-être obtenir un service de gicleurs ou des
choses comme ça. Mais je viens de retrouver un article: Le
progrès de Magog, le mercredi 4 juillet 1979. "Pour réparer le
foyer Sacré-Coeur, faudra-t-il attendre un incendie? Cette histoire
pourrait commencer"... Je vous passe le début. "Le directeur de
l'hôpital La Providence n'y va pas par quatre chemins pour affirmer
qu'une multitude de démarches ont été entreprises au
niveau du gouvernement du Québec. Cette histoire pourrait commencer en
1977, alors que la Corporation du foyer c'est bien de valeur; cette
fois-là, c'est en 1977 soumettait à l'attention du
ministre des Affaires sociales et du CRSSS deux évaluations des
réparations à effectuer pour que le foyer redevienne un immeuble
sécuritaire. On constatait alors une désuétude
complète du système électrique et la
nécessité de procéder dans les plus brefs délais
à l'isolation de certaines parties de la construction. Les
évaluations mettaient aussi en évidence le fait qu'il fallait
ainsi refaire toutes les fenêtres qui sont devenues inadéquates."
Je comprends que le froid soit aussi un inconvénient, mais je pense
plutôt au service électrique qui est un danger d'incendie. "Ce
n'est toutefois qu'à l'été 1978 que le ministère
des Affaires sociales soit au moins un an plus tard
dépêchait sur les lieux un ingénieur dont le mandat
était de vérifier l'exactitude de ces données. A l'hiver
1979, un autre spécialiste du même ministère se
présentait au foyer afin de s'entretenir avec les autorités
locales des problèmes réels de l'établissement. Les
spécialistes en question, sans pour autant se prononcer, laissaient
alors entendre qu'il était urgent d'entreprendre les rénovations.
Malheureusement, les rapports que ces deux fonctionnaires provinciaux devaient
produire ne sont jamais parvenus à Magog et la multitude de
démarches entreprises pour les obtenir ou pour en avoir tout au moins un
aperçu s'avérèrent vaines et sans suite. La situation est
toujours la même et l'inquiétude est grandissante au foyer
où l'on se demande si la sécurité des résidents est
vraiment prise au sérieux. Les dangers d'incendie sont réels, et
ça, le ministère des Affaires sociales ne peut l'ignorer ou tout
au moins, se dit-on, pas pour longtemps encore."
Le ministre vient de nous dire que le seul qui, dans l'immédiat,
lui semble le plus urgent, c'est le cas de la résidence Dorchester qui,
elle, évidemment, est plus en hauteur; c'est encore probablement plus
sérieux. Mais j'aimerais demander si son ministère s'est
penché sur ce cas et quels sont les résultats.
M. Lazure: Oui, les fonctionnaires, à ce qu'on me dit, y
sont allés encore récemment et la décision n'est pas
encore prise à savoir si, comme je l'ai dit tantôt, il vaut mieux
rénover cet édifice ou le démolir complètement et
reconstruire. La décision n'est pas prise et devrait se prendre
bientôt.
Mme Lavoie-Roux: Mais, entre-temps, est-ce que vos fonctionnaires
vous ont dit que c'est sécuritaire ou que ce ne l'est pas?
M. Lazure: Si les fonctionnaires constataient que
l'insécurité a un caractère tellement urgent qu'il faille
déménager des bénéficiaires tout de suite, on le
ferait, Darce qu'on l'a déjà fait. C'est là qu'on revient
à l'aspect subjectif, discutable de ce qu'est la grande
insécurité ou l'insécurité moyenne. Quand il s'agit
d'incendie... Je ferais remarquer qu'une des meilleures méthodes de
prévention, dans des situations comme celles-là, dans les centres
d'accueil ou les hôpitaux qui ont un certain âge, c'est la tenue
régulière d'exercices d'évacuation. Là-dessus, le
ministère exerce une surveillance assez étroite, dans les
hôpitaux et dans les centres d'accueil. On s'assure que chaque
établissement a un plan d'évacuation qui est bien clair, connu
des employés, qui est affiché partout et qui est mis à
l'épreuve de temps en temps, quelques fois par année, par des
évacuations. C'est ce qui explique, par exemple, que récemment,
à l'hôpital Notre-Dame-de-Montréal, il y a eu un
déménagement important, tout près de 400 malades,
tôt le matin, sans aucun incident, sans aucun accident, parce que le
personnel connaissait bien le plan d'évacuation. Bien souvent, beaucoup
plus que des fenêtres modernes ou que des gicleurs, la meilleure
prévention contre des désastres et des accidents, c'est la tenue
fréquente d'exercices.
Mme Lavoie-Roux: Moi, mon rôle de l'Opposition, c'est
simplement de resignaler d'une façon précise le cas de cet
hôpital. Je pense que c'est le ministère qui en a la
responsabilité. C'est fort heureux que tout se soit passé comme
cela s'est passé à l'Hôpital Notre-Dame, il y a deux
semaines ou dix jours. Il reste que dans le cas du foyer Sacré-Coeur,
j'ai l'impression que l'ensemble de la clientèle doit être une
clientèle âgée et dont une partie peut être
passablement handicapée. C'est tout ce que j'ai à dire, que le
ministère prenne ses responsabilités.
M. le Président, si vous me le permettez, j'aimerais juste
revenir un instant sur les subventions pour l'alourdissement des
clientèles. Le ministre nous a parlé de $14 000 000 alors que,
selon les documents que je viens de retrouver, c'était une
répartition d'une somme de $17 500 000 que le ministre avait
mentionnée en octobre 1978, dont il s'était engagé
à verser, en 1978-1979, $5 400 000, en 1979-1980, $5 500 000 et, en
1980-1981, $6 600 000. De $17 000 000, je crois comprendre que vous avez
diminué à $14 000 000?
M. Lazure: Est-ce que Mme la députée de l'Acadie
lit un communiqué de l'ACAQ?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Oui. Cela, c'était la perception de l'ACAQ. A
un moment donné, les $15 000 000 dont il avait toujours
été question dans nos rencontres, depuis quelques années,
sont devenus, aux yeux de l'ACAQ, l'Association des centres d'accueil, $17 000
000, mais la somme pour laquelle on avait pris un engagement moral, où
on avait dit qu'on essaierait sur une période d'environ trois ans
d'augmenter les crédits d'à peu près $15 000 000, cette
somme, nous, avec $14 200 000, nous pensons l'avoir respectée. Je
répète encore une fois que si l'ACAQ n'avait pas
été à peu près satisfaite, je pense qu'elle
l'aurait dit. Si on observe la scène publique depuis quelques mois,
l'ACAQ n'a pas sauté de joie peut-être, dans les rues de
Montréal, mais au moins elle a cessé les moyens de pression et
elle s'est dite, vis-à-vis nous en tout cas, satisfaite.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, si j'étais le ministre,
je ne me glorifierais pas trop parce qu'on sait que, quand quelqu'un dans le
milieu ose contester le ministre et le ministère, les réactions
du ministre sont assez violentes.
M. Lazure: Non. Ce qu'on a reproché à l'ACAQ,
c'était d'exiger qu'on sorte des chiffres avant le discours du budget.
Rappelez-vous le débat!
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez quand même pas donné en
1979-1980 ce que vous vous étiez engagé à donner.
M. Lazure: On s'était engagé à le donner sur
une période de trois, quatre ans et c'est ce qu'on fait.
Mme Lavoie-Roux: Cela va pour les centres d'accueil.
Le Président (M. Jolivet): Le programme 9 est donc
adopté. Nous passons au programme 10: Equipement des services
sociaux.
M. Lazure: II s'agit de location...
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Programme 11. M. Lazure: On va
changer nos équipes.
Mme Lavoie-Roux: II y avait un malheureux qui attendait pour le
programme 10.
Une Voix: Merci quand même. Merci au nom des
malheureux.
M. Lazure: Programme 11.
Mme Lavoie-Roux: On est rendu...
Le Président (M. Jolivet): Au programme 11 : Services de
courte durée.
Services de courte durée
M. Lazure: M. le Président, c'est un des gros programmes
du ministère pour 1980-1981. Les crédits sont de $2 120 000 000
alors que l'an passé ils étaient de $1 948 000 000. Il y a des
crédits de développement à l'élément no 1,
Soins des maladies physiques, au montant de $6 300 000; à
l'élément no 2, Soins des maladies mentales, au montant de $824
000 et à l'élément no 3, au montant de $2 600 000. C'est
tout. Oui, on pourra revenir aux détails quand on passera à
chaque élément.
En attendant les questions, j'aurais quelques autres détails. A
l'élément no 1, les crédits de développement sont
accordés, dans un premier temps, pour la gratuité des appareils
des gens qui se font enlever les intestins en entier ou en partie, qui doivent
porter des anus artificiels, ce qu'on appelle les stomisés. Ensuite, il
y a aussi les appareils gratuits pour les laryngectomisés et d'autres
services d'hémodialyse. Et, dans un deuxième temps, toujours
à l'élément no 1, il y a des crédits
d'accordés à toute une série d'hôpitaux
généraux, une quinzaine d'hôpitaux. Souvent, c'est par
suite d'agrandissements comme je vois l'hôpital Saint-Raymond de
Portneuf qui est un de nos châteaux forts, comme tout le monde le sait
qu'il y a une augmentation du nombre de lits; l'agrandissement de
l'hôpital, donc, va amener des crédits additionnels pour
l'effectif, pour le personnel. La Tuque aussi, Saint-Joseph de La Tuque, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Aussi à
Grand-Mère.
M. Lazure: Vous vous en réjouissez. Non, il n'y a pas
Grand-Mère. Dolbeau. Alors, c'est ça, essentiellement à
l'élément no 1, je répète, il s'agit de nouveaux
programmes pour certains types de handicaps dont j'ai parlé
tantôt, des programmes qui vont être administrés par
l'assurance-maladie et, deuxièmement, de l'augmentation de personnel
dans une douzaine d'hôpitaux pour un montant, dans les hôpitaux, de
$6 300 000 annualisés à $14 000 000, des hôpitaux qui ont
eu des agrandissements, ou encore où on met sur pied de nouveaux
services, par exemple, l'hémodialyse.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, dans le cas des
hôpitaux, est-ce que le ministre pourrait nous faire le point sur
l'état du plan de redressement des budgets des hôpitaux?
Plan de redressement financier des
hôpitaux
M. Lazure: Bon, je pense que c'est une des questions les plus
importantes qu'on peut traiter à ce chapitre et comme commentaire
général, avant de passer la parole à M. Dallaire qui est
notre grand expert des plans de redressement des hôpitaux, je dois dire
que les hôpitaux ont très bien collaboré dans l'ensemble.
On va voir par les résultats obtenus que, sans vouloir triompher, on
peut quand même se réjouir d'un succès plus que
satisfaisant pour la plupart des hôpitaux. Alors, M. Dallaire,
voulez-vous faire le point?
Oui, au niveau des plans de redressement, la première
année a été bien sûr 1978-1979, alors que le Conseil
des ministres approuvait un projet de retour à l'équilibre
budgétaire pour les centres hospitaliers qui avaient un déficit
anticipé pour cet exercice financier. (21 h 45)
Les résultats que l'on a obtenus, pour 1978-1979, ont
été un redressement de $16 400 000 et, pour 1979-1980, un
redressement de $19 500 000. Pour 1980-1981, on attend, bien sûr, le
premier rapport trimestriel pour pouvoir en faire une évaluation.
Mme Lavoie-Roux: Les hôpitaux se plaignent assez
régulièrement. Je pense qu'ils acceptent, et le ministre l'a dit
tout à l'heure, de collaborer à ce plan de redressement
financier. Mais ils se sentent très à l'étroit. Si j'ai
bien compris, cette année, on ne prévoit qu'une indexation des
dépenses courantes de 5%. Est-ce que je me trompe ou si c'est exact?
M. Lazure: Sur les dépenses non salariales.
Mme Lavoie-Roux: Sur les dépenses non salariales.
M. Lazure: Sur les 20% du budget de l'hôpital qui ne sont
pas des dépenses salariales, soit 5% plus 10% pour l'huile à
chauffage.
Mme Lavoie-Roux: Ah! vous avez ajouté l'huile à
chauffage, cette année? Pour toutes les institutions?
M. Lazure: Oui, c'est ça.
Mme Lavoie-Roux: L'an dernier, dans ce plan de redressement des
hôpitaux, il y avait des hôpitaux qui avaient fait valoir que
lorsqu'ils ne se pliaient pas ou ne pouvaient pas remplir les exigences du plan
de redressement... Enfin, d'une certaine façon, vous encouragiez les
hôpitaux qui répondaient le mieux au plan de redressement, alors
que les autres, qui avaient encore des déficits, avaient une sorte de
pénalité qui leur était imposée, et à ce
moment-là, les hôpitaux disaient: Nous ne recevons même pas
l'indexation générale de 5%. Est-ce encore la même chose ou
si tout le monde va recevoir 5% d'indexation?
M. Lazure: II y a une compression générale, si vous
voulez, dans l'ensemble des réseaux, puisqu'il y a 5% d'indexation.
L'utilisation de cette masse de 5% n'est pas répartie également,
mais elle tient compte de la performance, du rendement d'un
établissement...
Mme Lavoie-Roux: C'est encore la même chose que l'an
dernier.
M. Lazure: Elle se répartit entre 0 et 8%, disons, comme
stimulant général et stimulant davantage ceux qui ont de la
difficulté à l'être.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui veut dire qu'un hôpital pourrait se
retrouver avec 0 d'indexation?
M. Lazure: Oui. Dans ce cas-là, il s'agit d'hôpitaux
qui ont ce qu'on peut appeler une surbudgétisation par rapport à
des hôpitaux comparables. C'est une façon d'appliquer un
mécanisme d'équité parmi les établissements d'un
même type ou d'une même vocation.
Chacun estime un peu tout seul. Je veux dire que les points de
comparaison sont toujours des choses difficiles, mais...
Mme Lavoie-Roux: Mais, dans l'ensemble, l'opération se
continue...
M. Lazure: Effectivement.
Mme Lavoie-Roux: Parce que l'an dernier, on se souviendra
moi je ne l'ai pas oublié, si vous l'avez oublié qu'un
hôpital a même été fermé pendant
l'été pour répondre...
M. Lazure: On peut vous dire qu'il ne fermera pas cet
été.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'était aussi bien. Je l'ai su trop
tard.
M. Lazure: Ce n'était pas, si vous voulez, une initiative
du ministère des Affaires sociales. Ce n'était pas la trouvaille
du siècle, non plus.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! On n'y reviendra pas. On en a
discuté longtemps. Parce qu'il reste quand même...
M. Lazure: Dans ce domaine de la fermeture des lits, pour
l'été, nous avons des chiffres intéressants aussi. Vous
les avez les chiffres. L'an passé, il y a eu, à
l'été 1979, 1650 lits qui ont fermé et, cette
année, il y en aura 1140, pour l'ensemble du Québec. Pour avoir
un ordre de grandeur, cela veut dire 1100 lits sur un total de 22 000 lits dans
les hôpitaux, environ. Chaque conseil régional
nous donne l'assurance que la fermeture d'un certain nombre de lits,
pour l'été, dans sa région, n'affecte pas, de façon
appréciable, l'accessibilité aux soins.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous me dire combien, s'il en existe
là je ne parle pas de l'été, je sais que
l'été, il y a des mesures particulières qui sont prises
mais durant les mois de fonctionnement...
M. Lazure: Oui, on a le nombre de lits, on fait le relevé
périodiquement. On a le nombre par région.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je pourrais avoir une copie de cela,
parce que quand vous me donnez une série de chiffres, j'ai...
M. Lazure: Dans la région de Montréal, de
mémoire, il y a l'hôpital Royal Victoria où il y a une
centaine de lits de fermés depuis quelques années...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure:... et il y en a deux ou trois autres, pour un total
d'un peu plus de 200 ou 250 lits, dans la région 6-A. 300 lits de
fermés au 31 mars 1980, dans la région 6-A, c'est-à-dire
pour l'ensemble de la région de Montréal.
Mme Lavoie-Roux: 300. Où se trouvent-ils? L'hôpital
Royal Victoria, c'en est un, mais les autres?
M. Lazure: L'hôpital Royal Victoria: 127; l'Hôpital
Général de Montréal: 47; l'Hôpital
général juif 38; l'hôpital Saint-Luc: 71; l'hôpital
Sacré-Coeur: 16 et l'Hôtel-Dieu de Montréal: 9.
Mme Lavoie-Roux: Y en a-t-il à l'Institut de cardiologie
qui sont fermés?
M. Lazure: Non, il n'y a pas de lits de fermés, bien qu'il
y ait eu un agrandissement...
Mme Lavoie-Roux: II y a des lits qui ne sont pas ouverts!
M. Lazure: ... au sujet duquel il y a des discussions de budget
de fonctionnement et d'ouverture, mais il n'y a pas eu de lits de fermés
à l'Institut de cardiologie.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! c'est un autre langage. Là, on a
eu des statistiques sur les lits fermés, pourriez-vous nous donner les
statistiques sur les lits non ouverts? Je ne savais pas qu'il y avait
deux...
M. Lazure: Vous comprenez que quand on construit... il faut
d'abord construire, avant de faire fonctionner.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais dans le cas de...
M. Lazure: Et effectivement, ils n'ont jamais été
fermés... Il s'agit de l'équivalent d'une unité à
l'Institut de cardiologie, qui pourrait contenir une dizaines de lits.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce votre intention de les ouvrir?
M. Lazure: C'est en discussion. Cela touche en particulier
l'organisation de la chirurgie cardiaque à Montréal. Il y a des
pourparlers qui impliquent l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, l'Institut de
cardiologie et d'autres institutions qui offrent aussi la chfrurgie cardiaque,
mais principalement l'hôpital Maisonneuve-Rosemont et l'Institut de
cardiologie, car il y a un projet de transfert de l'activité de
chirurgie cardiaque de l'hôpital Maisonneuve pour la concentrer à
l'Institut de cardiologie. Alors, le conseil régional, ces deux
institutions et le MAS sont en discussion sur ce projet.
Mme Lavoie-Roux: La seule chose que je voudrais rappeler au
ministre, c'est qu'il y a quelques mois à peine, il y avait eu un
embouteillage de la salle d'urgence de l'Institut de cardiologie, au point
même où l'on devait détourner les ambulances. J'avais fait
remarquer au ministre, je pense, que compte tenu du type de patients qui
allaient à l'Institut de cardiologie, ce n'était peut-être
pas le meilleur endroit pour détourner les ambulances. Et il semblerait
que cette situation des engorgements était reliée ou, enfin,
aurait pu être solutionnée peut-être pas
reliée, puisqu'elle n'avait jamais été ouverte
qu'on aurait pu éviter dans l'avenir le même problème si
cette unité de soins avait été ouverte.
M. Lazure: On me permettra d'en douter beaucoup parce que,
d'abord, c'est très rare qu'il y a des engorgements d'urgence à
l'Institut de cardiologie. C'est très rare.
Mme Lavoie-Roux: II ne faut pas qu'il y en ait souvent non plus.
C'est mieux.
M. Lazure: C'est très rare. Je comprends que les
autorités de l'hôpital aient pu dire: Voyez-vous, si nos dix lits
qui n'ont jamais été ouverts l'avaient été, on
n'aurait pas eu d'engorgement. Il faut se mettre dans la tête une fois
pour toutes que, par définition, une salle d'urgence connaît un
trafic imprévisible et qu'il peut y avoir des moments et cela
arrive dans tous les pays du monde, même si on a douze lits par mille
habitants au lieu de huit où il va y avoir un engorgement
temporaire. Dans une ville comme Montréal où à tous les
dix coins de rue, vous avez un hôpital, ce n'est pas parce qu'une salle
d'urgence qui devient trop pleine est fermée pour quelques heures, une
demi-journée et qu'on dit aux ambulances d'aller plus loin, ce n'est pas
à cause de cela qu'on doit alarmer la population ou encore se servir de
cela
comme prétexte et dire: Voyez-vous, cela nous prend dix lits de
plus. Il faut regarder le taux d'occupation moyen, à l'année
longue, d'une telle institution et le taux d'occupation des cliniques externes,
des salles d'urgence. L'Institut de cardiologie n'est pas, sauf exception, un
endroit où l'urgence est encombrée, contrairement à
d'autres hôpitaux où c'est le cas, comme à Notre-Dame,
à Maisonneuve ou au Sacré-Coeur.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'explication que le ministre donne. Si
l'administration de l'hôpital ne la trouve pas satisfaisante, je l'invite
à revenir à la charge auprès du ministère des
Affaires sociales.
M. Lazure: II y aurait peut-être lieu de préciser
que les discussions avec l'Institut de cardiologie touchent aussi au
fonctionnement de l'urgence. Car vous imaginez aisément que l'occupation
de l'urgence ou des lits fait partie de l'argumentation invoquée par
l'Institut de cardiologie pour agrandir l'espace qui est actuellement libre. On
est très au courant non seulement de la situation en termes
généraux, mais de la statistique d'utilisation et des lits et des
soins intensifs et du bloc opératoire et de l'urgence de l'Institut de
cardiologie. C'est l'objet de la discussion en cours. Il n'y a pas de
difficulté à se comprendre sur ces statistiques, mais l'effet de
la réorganisation, les budgets requis et le transfert possible avec
Maisonneuve, tout cela fait partie des discussions et là, ce sont les
discussions les plus difficiles.
Mme Lavoie-Roux: Un autre centre hospitalier je pense que
je n'ai pas besoin de le soumettre à votre attention c'est celui
de l'hôpital Fleury. Je voudrais vous faire part c'est assez
récent...
M. Lazure: II y a un front commun de tous les partis sur cet
hôpital Fleury, en faveur de l'hôpital Fleury.
Mme Lavoie-Roux: Si les députés responsables ne
s'en occupent pas, il faut bien que l'Opposition s'en occupe.
M. Lazure: Ils s'en occupent. Je vous dis qu'il y a un front
commun, et justement le député du coin m'en parlait encore cet
après-midi. Mais, on s'en occupe, nous aussi. Allez-y, on va voir.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être que vous vous en occupez, mais
une chose est certaine, c'est que c'est un problème et là, le
ministre va être content, car cela traîne même depuis
l'ancien gouvernement. Quand c'est exact, je suis prête à
l'admettre. Mais à tout événement, les responsables
avaient demandé ou croyaient avoir obtenu une autorisation pour
développer une aile ou un département de psychiatrie.
Paraît-il que maintenant, le MAS supprime le projet psychiatrique en
invoquant le fait que le nombre de lits à des fins psychiatriques est
suffisamment élevé à Montréal. Tout le projet
d'agrandissement de l'hôpital qui allait finalement se réaliser
semble encore retarder. Le Dr Dutil, président du conseil des
médecins et dentistes de l'hôpital, souligne qu'aucun autre
échéancier n'a été fixé et qu'on entretient
peu d'espoir de voir les travaux s'échafauder l'automne prochain.
Peut-être que le prochain gouvernement pourra régler le
problème.
M. Lazure: C'est un peu normal que chaque institution, les
hôpitaux peut-être plus que les écoles d'ailleurs,
plusieurs hôpitaux ont un comité permanent qui s'appelle
comité de la construction c'est un peu normal et c'est dans nos
moeurs, ici, en Amérique du Nord, que pratiquement chaque hôpital
ait dans son tiroir un plan d'agrandissement ou un plan de rénovation.
Que ce soit le cas de l'hôpital Fleury on a d'autres propositions
pour agrandissement à tout bout de champ on comprendra que dans
une ville comme Montréal, encore une fois, je le répète,
où il y a une diminution de la population... Il ne faut pas l'oublier,
il y a une diminution importante de la population en faveur des banlieues et,
d'autre part, les patrons des hôpitaux, les médecins et les
administrateurs, voudraient augmenter les capacités de ces
hôpitaux. Alors, il faut quand même prendre avec beaucoup de
nuances les argumentations qui viennent de telle ou telle administration
hospitalière.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas les photos de cela le
ministre me dira peut-être que cela fait partie de ce qui semble
être l'imagination des administrateurs d'hôpitaux mais il y
a eu souvent des problèmes de salle d'urgence à Fleury. Il y
avait engorgement de la salle d'urgence.
M. Lazure: C'est un hôpital bien occupé, à
l'urgence, oui.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je ne peux pas croire que toutes les
demandes qui sont faites depuis déjà quelques années au
sujet de l'hôpital Fleury soient le produit uniquement d'une sorte de
mégalomanie de la part de ses administrateurs. Mais, d'une façon
concrète, quels sont vos plans pour l'hôpital Fleury? Voulez-vous
nous les dire?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Au lieu de continuer à faire des demandes
si les gens savaient exactement où vous en êtes... Quelle est la
vocation de l'hôpital Fleury? C'est un hôpital
général, mais...
M. Lazure: Nous, comme ministère, nous avons fait
l'évaluation des demandes de Fleury et nous avons endossé une
partie des demandes de Fleury, en particulier la partie qui touche la
psychiatrie: une augmentation de dix à quinze lits en psychiatrie. Nous
l'avons endossée, mais nous n'avons pas encore réussi à
obtenir les crédits nécessaires. (22 heures)
Mme Lavoie-Roux: Ah! bon. Vous êtes d'accord avec la
psychiatrie.
M. Lazure: Cette partie-là. On n'a pas rejeté du
revers de la main leur plan. On a accepté certaines parties de leur plan
et on en a rejeté d'autres parties.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez accepté le projet de
développement des services psychiatriques?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: L'unité psychiatrique?
M. Lazure: Oui, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Quels sont les autres plans que vous avez
acceptés? Le Conseil du trésor ne l'a pas accepté?
M. Lazure: C'est en discussion.
Mme Lavoie-Roux: Cela peut être assez long?
M. Lazure: Sûrement quelques mois. Les autres composantes
du projet? Allez-y donc, M. Sou-cy.
Les autres composantes du projet sont la cardiologie, les services
ambulatoires, l'urgence et les cliniques externes, les laboratoires, en plus de
dix lits en psychiatrie. En gros, ce sont les composantes du projet de
l'hôpital Fleury.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a seulement la psychiatrie qui
est gelée au Conseil du trésor ou l'ensemble?
M. Lazure: Seulement la psychiatrie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'ils peuvent procéder en deux
étapes? Procéder au reste et ne pas s'occuper des quinze lits ou
de l'unité psychiatrique?
M. Lazure: Nous sommes presque au terme des discussions avec le
Conseil du trésor sur cette question.
Autrement dit, leurs chances sont meilleures qu'ils ne le croient.
Mme Lavoie-Roux: Ils peuvent espérer d'ici un mois?
M. Lazure: Un mois ou deux.
Mme Lavoie-Roux: Le Conseil du trésor ne va pas en
vacances.
M. Lazure: Nous non plus!
Mme Lavoie-Roux: Cela va pour Fleury. Un autre point. Quelles
sont les ressources dans la région de Châteauguay?
M. Lazure: Je vous vois venir. Allez-y, continuez!
Mme Lavoie-Roux: Non. Je l'ai posée ma question. Pas dans
n'importe quel domaine, mais dans celui des soins de courte durée.
M. Lazure: Au chapitre des hôpitaux? Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. Lazure: II n'y a pas d'hôpital encore à
Châteauguay. C'est cela que vous voulez savoir?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ce dont je me doutais.
M. Lazure: La région de Châteauguay prétend
qu'il devrait y en avoir un. Nous avons terminé l'étude des
besoins dans cette région. Nous aussi pensons qu'il devrait y en avoir
un.
Mme Lavoie-Roux: Le Conseil du trésor, lui?
M. Lazure: Ce n'est même pas rendu en discussion encore.
D'ailleurs, je l'ai dit aux gens de Châteauguay, il y a quelque temps.
Si, dans le plan quinquennal pour les hôpitaux j'ai dit
tantôt que la partie du plan quinquennal pour 1980-1981 quant aux centres
d'accueil, ce n'est pas encore décidé; quant aux hôpitaux,
ce n'est pas encore décidé, cela a été
décidé pour les CLSC, on l'a vu hier il y a des
crédits pour un nouvel hôpital au Québec, ce sera
probablement dans cette région.
Mme Lavoie-Roux: La région de Châteauguay?
M. Lazure: Oui. Probablement.
Mme Lavoie-Roux: La région de Châteauguay. S'il y a
des crédits?
M. Lazure: S'il y a des crédits pour un nouvel
hôpital, dans l'ensemble du Québec, ce sera probablement dans
cette région. La population de Châteauguay, à proprement
parler, je pense, est environ de 65 000 ou 70 000. C'est une région
où il y a un taux de natalité pas mal élevé. Les
gens doivent soit traverser le pont Honoré-Mercier, aller à
l'hôpital LaSalle, ou encore aller à Valley-field. Valleyfield est
déjà assez congestionné et LaSalle aussi. En
résumé, nous avons terminé nos études, nous faisons
une demande pour des crédits à l'intérieur du plan
quinquennal pour 1980-1981.
Mme Lavoie-Roux: Vos plans ne sont pas pour un agrandissement de
LaSalle, mais pour la construction à Châteauguay?
M. Lazure: Pour la construction d'un hôpital à
Châteauguay.
Mme Lavoie-Roux: Au moins, sur cela, la décision est
prise.
M. Lazure: Oui. Ce serait un hôpital d'environ 300
lits.
Mme Lavoie-Roux: Dans le reste du Québec, qu'en est-il des
besoins de construction d'hôpitaux de courte durée?
M. Lazure: Si on fait un rappel, depuis décembre 1976, les
projets qu'on a mis en construction dans les hôpitaux, c'est d'abord sur
la rive sud de Montréal à tout seigneur, tout honneur
l'hôpital Pierre-Boucher à Longueuil...
Mme Lavoie-Roux: Là, c'est parce que c'était dans
le... Là, on en avait besoin.
M. Lazure: Deuxièmement, à l'hôpital de
Gatineau où il y avait un gros besoin. Agrandissement à
Repentigny, qui équivaut, à toutes fins pratiques, à la
construction d'un hôpital nouveau.
Mme Lavoie-Roux: II ne devrait pas avoir trop de misère
pour l'approbation du Conseil du trésor, celui-là!
M. Lazure: Ce sont les trois gros projets hospitaliers qu'on a
eus, jusqu'à maintenant. J'oubliais, à Valleyfield, il y a un
agrandissement qui est en marche pour 200 lits. A Hauterive, il y a un
agrandissement aussi, qui apporte 150 lits de plus.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question, c'est... Regardez
donc ça! Ils sont bien organisés! C'est bien! L'hôpital
Fleury croule sous ses responsabilités psychiatriques. Cet
été, l'hôpital Fleury doit garder 38 à 40 lits
ouverts. On ne les avait pas gardés ouverts l'été dernier,
ce qui veut dire, pour eux enfin, c'est ce qu'on disait un
déficit de $170 000. Est-ce que vous allez le financer?
M. Lazure: Ils ont eu la garantie qu'il y aurait un financement
spécial pour ces 38 lits durant la période
d'été.
Mme Lavoie-Roux: Parfait, merci. Le ministre des Affaires
municipales ne dira pas que je néglige son comté! Si on passait
aux soins des malades mentaux.
M. Lazure: L'élément 2? Mme Lavoie-Roux:
Oui.
Soins des maladies mentales
M. Lazure: A l'élément 2, il y a des
développements pour $824 000 qui, annualisés, donnent $1 300 000.
Justement, ça vous fera plaisir: on retrouve l'hôpital Fleury. On
n'en sort pas.
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est toujours juste sur papier,
jusqu'à maintenant.
M. Lazure: Mais là, c'est dans les crédits. Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Sur les $824 000 de crédits nouveaux pour les
soins aux malades mentaux, il y en a $147 000 exactement qui vont à
l'hôpital Fleury pour son service de psychiatrie et $10 000 c'est
un poste annualisé à $60 000 à Sacré-Coeur
de Montréal. Mais l'essentiel de ces crédits vont en
développement des programmes de santé mentale pour les soins de
longue durée, dans des hôpitaux tels que Giffard, Lafontaine.
C'est entièrement de courte durée; je m'excuse. Je ne vois pas
pourquoi on a mis longue durée; c'est une erreur. Dans tout ça,
il s'agit de services de psychiatrie à l'intérieur
d'hôpitaux généraux. C'est, ou bien ajouter du personnel
aux cliniques externes des services de psychiatrie d'hôpitaux
généraux, ou du personnel interne, l'un ou l'autre, parfois aussi
aux cliniques de jour. Il y a deux endroits, Québec et Sherbrooke
où c'est pour la psychiatrie infantile, et Saguenay-Lac-Saint-Jean, pour
un centre de jour.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a quelque chose de prévu
pour le Centre hospitalier de Chandler?
M. Lazure: En psychiatrie? Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: C'est la région 01. Une somme de $60 000 est
prévu pour Chandler, pour du personnel de psychiatrie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ceci veut dire que vous allez rendre
opérationnel le département de dix lits?
M. Lazure: A Chandler?
Mme Lavoie-Roux: Oui, dans le Centre hospitalier de Chandler.
M. Lazure: On parle de la nouvelle aile. C'est là
où il y a une nouvelle aile à Chandler? C'est ça.
Construction du centre... Elle est finie là?
Mme Lavoie-Roux: Elle est construite. M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: On s'est adressé à vous, en tout
cas, on vous a fait signer les lettres, les réponses, M. le ministre,
entre autres, une à M. Le Moignan de l'Union Nationale, dans laquelle on
vous demandait de permettre que ces dix lits soient opérationnels. Parce
qu'il était même, apparemment, question d'un agrandissement de
l'hôpital alors qu'il existe déjà cette unité de
soins psychiatriques, ou de lits en tout cas, qui n'est pas ouverte.
M. Lazure: Bon, il y a un conciliabule là-bas. L'ancien
directeur du conseil régional, M. Gagné, qui est maintenant au
ministère, avec M. Soucy, a-t-il la réponse à cette
question?
Après le conciliabule, on se rend compte qu'il y a un malentendu.
Je m'excuse, mais pour ma part c'est la baie des Chaleurs, ce n'est pas
Chandler, je n'ai pas le renseignement.
Il y a une unité qui n'est pas ouverte, depuis le début de
l'hôpital, parce qu'il n'y a pas de psychiatre. C'était
commencé.
Au fond, c'est une somme d'argent qui est disponible pour cette
région et la région n'a pas encore recruté de psychiatres
ou d'équipe psychiatrique. Mais les fonds seront disponibles
aussitôt que le conseil régional aura réussi à
recruter une équipe, parce qu'il y a un problème, surtout dans
des spécialités comme la psychiatrie. Ce n'est pas pour rien
qu'on a dit, hier quand le docteur Laberge était ici qu'il
y a eu des primes spéciales dans les régions
éloignées, pour les psychiatres en particulier. C'est la
spécialité où on a le plus de difficulté à
avoir des médecins psychiatres pour s'installer dans des régions
comme la Gaspésie, la Côte-Nord ou l'Abitibi.
Alors, vous parlez de l'unité de dix lits qui n'est pas ouverte,
c'est sûrement rattaché à cette difficulté de
recruter du personnel.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas ça, M. le ministre. Je
vais vous lire votre lettre, celle qu'on vous a fait signer.
M. Lazure: Datée de quand? Aidez-moi un peu!
Mme Lavoie-Roux: Elle est datée du 25 février 1980.
Je comprends qu'il y a eu le référendum depuis ce
temps-là.
M. Lazure: Ce n'est pas loin pourtant. Oui, cela nous a
distrait.
Mme Lavoie-Roux: Cela vous a distrait et les résultats
aussi...
M. Lazure: Ne soyez pas "triomphaliste"!
Mme Lavoie-Roux: Oh! non. Jamais! Jamais! Moi, je prends cela au
jour le jour. C'est ce que je fais d'ailleurs...
M. Lazure: ... d'heure en heure, cas par cas, comme une bonne
travailleuse sociale.
Mme Lavoie-Roux: "Je désire, par la présente,
donner suite à votre lettre du 15 septembre dernier, au sujet de
l'unité de soins psychiatriques à l'hôpital de Chandler.
"L'unité de soins psychiatriques, d'une capacité de dix lits,
dont il est question, a été construite dans un but de
planification à long terme. Les parties impliquées dans cette
décision, à l'époque, étaient conscientes que l'on
ne pourrait utiliser cette unité aux fins prévues, à moins
que les besoins de la population n'évoluent au point de la justifier.
"Nous avons réévalué ce dossier et nous demeurons
convaincus du bien-fondé de notre décision..." Apparemment, de ne
pas rendre opérationnels les dix lits, c'est ce que je crois
comprendre.
M. Lazure: Oui, mais pourquoi ne pas les rendre
opérationnels? C'est la question. Est-ce parce qu'il n'y a pas assez de
besoins ou parce qu'il n'y a pas de recrutement possible? Je vous avoue que je
n'ai pas...
Mme Lavoie-Roux: Selon les gens, il y a des besoins. Ecoutez,
nous ne sommes pas pour prendre deux heures sur le cas de l'aile psychiatrique
ou de l'unité psychiatrique de Chandler. Il y a quand même des
requêtes qui vous ont été adressées, qui ont
été adressées, apparemment, au chef de l'Union Nationale.
Moi, cela m'est parvenu par je ne sais quel canal, mais, en tout cas, j'ai cela
devant moi.
M. Lazure: Le canal rouge! Un canal plein de sang!
Mme Lavoie-Roux: Voilà la question fondamentale que je
pose: Est-ce qu'il y a des besoins pour des services psychiatriques? Les gens
du coin prétendent que oui. Il semble que votre ministère ne
veuille pas débloquer.
M. Lazure: Oui, il n'y a pas de doute là-dessus. C'est
pour ça qu'on consacre une partie des crédits pour recruter du
personnel. Je prends note de la lettre du mois de février, à
Chandler. On va regarder cela de nouveau. (22 h 15)
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Apparemment, nous pourrions même
vous en donner une copie. Nous en avons plusieurs, paraît-il.
M. le ministre, je soulevais, hier, en début de commission, le
problème du "follow up" des patients psychiatriques qui sont
hébergés dans des unités d'hôpitaux, pour une courte
durée. Je pense que la même question pourrait se poser
probablement à l'égard de l'hébergement dans des
hôpitaux tels que Louis-Hippolyte-Lafontaine, etc., et la
difficulté dans laquelle les familles se trouvaient.
On s'est tous attristés de cette situation, mais est-ce que le
ministre peut nous dire aujourd'hui... Je sais qu'il a annoncé, il y a
une couple de mois, la mise sur pied de maisons de transition. En fait,
c'est... Non, ce n'est même pas une maison neuve, c'est toujours la
fameuse maison Saint-Jacques qui criait famine, et pour laquelle vous avez
octroyé des fonds; il me semble que c'est un peu plus de $200 000.
M. Lazure: Oui, on en octroie chaque année et on leur dit
à chaque année qu'il va y en avoir encore l'an prochain, mais ils
ont toujours peur qu'il n'y en ait pas.
Mme La voie-Roux: Bon, il y a cette maison et il y en a une
autre; y a-t-il d'autres maisons de transition ou est-ce vos plans d'en
établir d'autres, d'en créer d'autres? Parce que là je
pense qu'il ne s'agit pas d'un problème imaginaire et que je n'ai pas
besoin de sensibiliser le ministre à cette sorte de problème.
M. Lazure: Non, quand on parle de suivre d'anciens malades
psychiatriques, ça prend tout un éventail de services, comme vous
le savez. Alors, il y a les services en clinique externe, en clinique de jour,
il y a des maisons de transition, il y a l'insertion au travail par le biais
des centres de réadaptation pour adultes ou par le biais des centres de
travail adapté. Donc, ça prend toute une gamme de services.
Dans les crédits qu'on étudie actuellement, les soins de
courte durée pour les maladies mentales, j'ai dit tantôt que les
$824 000 sont annualisés à $1 300 000 et quand je regarde le
détail de ce $1 300 000, justement, c'est pour affecter du personnel,
qu'on appelle des équipes de secteur, un peu partout dans chaque
région du Québec et, dans quelques cas, pour des centres de jour.
Pour Trois-Rivières, en Mauricie, un centre de jour; au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, un centre de jour; sur la Côte-Nord, douze lits
psychiatriques, à Sept-lles; dans l'agglomération
montréalaise, on a une somme de $300 000 pour recruter des
équipes de secteur et des ressources ambulatoires.
Le peu d'argent qu'on peut obtenir, d'année en année, pour
des crédits nouveaux dans ce secteur, va essentiellement à la
formation d'équipes qui vont assurer le suivi, que ce soit dans un
centre de jour ou dans une clinique externe; je vois un centre de jour dans
l'Outaouais, je vois, dans le Nord-Ouest, équipe volante plus centre de
jour. Alors, on fait un effort; ce n'est pas assez. Il y a, pour ce qui est des
maisons de transition, quelques développements; il y en a une qui vient
d'ouvrir il y a moins d'un an, sur la rive sud, et qui s'appelle "Maison
Vivre", pour les anciens malades mentaux.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les deux qui ont reçu du
financement, celle-ci est la deuxième.
M. Lazure: Mais il n'y en a pas suffisamment.
Mme Lavoie-Roux: Combien existe-t-il de maisons de
transition?
M. Lazure: De véritables maisons de transition classiques,
comme celles-là, il y a "Forward House", qui en est une pour les
patients anglophones et le Centre de la Croix Blanche; il y en a une autre
à Québec et il y en a une en formation dans le
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il y en a quatre ou cinq en tout.
Mme Lavoie-Roux: Elles peuvent accommoder combien de personnes,
parce que c'est quand même minime, n'est-ce pas?
M. Lazure: C'est ça, de 15 à 20 personnes.
Mme Lavoie-Roux: Cela veut dire qu'il y a peut-être des
ressources pour au plus une centaine de personnes, en étant
optimiste.
M. Lazure: Oui, encore une fois, c'est une ressource
nécessaire pour un certain type de patients, mais il y a beaucoup
d'autres patients qui ont plutôt besoin d'une famille d'accueil pour un
certain temps ou d'un foyer de groupe, avant de retourner dans leur propre
famille ou d'être autonomes.
Si on avait à identifier un seul type de service c'est
peut-être injuste pour les autres qui est particulièrement
important, à mon avis, ce serait le centre de jour.
Dans les semaines ou les quelques mois qui suivent une hospitalisation,
surtout une hospitalisation qui a été assez prolongée
deux, trois, quatre ou cinq mois en psychiatrie, il est
extrêmement précieux d'avoir une période de transition
d'un, de deux ou de trois mois où la personne retourne dans le milieu
où elle a été traitée, que ce soit un centre
d'accueil, un hôpital ou peu importe, pour la demi-journée ou pour
toute la journée. On a mis l'accent sur les centres de jour.
Mme Lavoie-Roux: II y a combien de centres de jour?
M. Lazure: II y a beaucoup plus de centres de jour.
Mme Lavoie-Roux: Approximativement, dans la province, il y en
aurait combien?
M. Lazure: En milieu psychiatrique, incluant les hôpitaux
psychiatriques et les hôpitaux généraux qui ont des
services de psychiatrie, je dirais que, pour enfants et adultes, il y en a au
moins 25.
Mme Lavoie-Roux: Ordinairement, c'est utile pour les gens qui
retournent dans leur famille et qui ne retournent pas seuls. Je pense que c'est
plus facile pour eux de se prévaloir du service du centre de jour pour
l'étape de transition ou de réintégration. Je pense que
dans le cas des foyers de transition, cela concerne ceux qui ne peuvent pas
retourner dans leur famille, soit parce qu'elle n'existe pas, soit pour des
raisons autres. Cela s'adresse probablement à des besoins
différents.
M. Lazure: C'est ça; ça prend vraiment tout un
éventail de services. Je dois dire qu'on a mis l'accent sur les services
de jour et les services externes. J'ai eu l'occasion, en allant à
l'ouverture de la Maison Vivre, il n'y a pas longtemps, d'en reparler. Il
faudrait qu'on accentue un peu notre action du côté des foyers de
transition proprement dits.
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas le temps d'en discuter ce soir, mais
il faudrait peut-être regarder les statistiques, ne serait-ce qu'à
l'égard des suici-
des qui souvent concernent des gens qui sont passés par des
services psychiatriques. On pourrait se poser des questions, à savoir si
ces choses-là pourraient être évitées si les
ressources étaient plus grandes ou plus adéquates pour servir
cette population. En tout cas, il me semble que les besoins, du
côté du "suivi", entre guillemets, des patients psychiatriques, ou
enfin, le support qu'on peut leur donner, etc., sont assez
déficients.
M. Lazure: Oui, c'est peut-être un des problèmes les
plus importants dans la suite des traitements, comme vous le dites, parce
qu'autant du côté des CLSC que des hôpitaux, il y a une
espèce de réticence à faire un travail assez massif, un
travail de suivi pour les ex-malades. Encore une fois, les gens semblent plus
attirés par le nouveau patient ou la nouvelle patiente. Tout le groupe
des malades chroniques, que ce soit en maladie mentale ou physique, est
vraiment un peu au bas de la liste de priorités pour beaucoup de nos
institutions, beaucoup de nos professionnels. C'est pour ça qu'on
essaie, par toutes sortes de façons, de valoriser ce travail et de
souligner l'importance de développer ces services de relance par des
cliniques de jour et des cliniques externes.
Mme Lavoie-Roux: Finalement, on se retrouve avec pas mal de
clientèle qui est rejetée. Vous avez les personnes
âgées qui sont rejetées dans les hôpitaux de courte
durée quand elles arrivent à l'urgence. Il y a les patients
psychiatriques qui sont rejetés. Il y a les...
M. Lazure: Les alcooliques.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est peut-être pas un sujet pour rire,
mais il faut peut-être choisir sa maladie. J'arrête mes remarques
ici. Je veux simplement demander au ministre que, dans les priorités
à venir, une attention spéciale soit accordée à ces
cas, d'autant plus qu'on peut se réfugier derrière le fait que ce
n'est pas toujours identifiable, les conséquences de tout ceci, parce
que les problèmes peuvent paraître solutionnés parce qu'ils
ne remontent pas à la surface, mais ils peuvent peut-être
être très coûteux au plan social et à bien d'autres
plans.
M. Lazure: Comme symptôme de notre souci, peut-être
que ce serait intéressant de noter qu'on a ressuscité au
ministère le service de santé mentale qui avait été
aboli dans les années 1970. Je pense que c'est vers 1972 que cela a
été aboli. On l'a ressucité; c'est dirigé par le Dr
Amyot de Montréal. Il y a une équipe de six personnes, au
ministère, qui deviennent vraiment nos experts et qui attirent notre
attention sur des problèmes comme ceux-là, nous poussant à
poser des gestes. Cela devrait s'améliorer d'ici quelques
années.
Mme Lavoie-Roux: Cela va, M. le Président. Le
Président (M. Jolivet): Elément 3.
Mme Lavoie-Roux: Services de santé préventifs.
Services de santé préventifs
M. Lazure: II y a une augmentation des crédits de
développement de $2 600 000. Essentiellement, ces crédits de
développement de $2 600 000 annualisés à tout près
de $4 000 000, $3 900 000, sont pour défrayer un nouveau programme qu'on
appelle ici le Régime public de soins dentaires aux enfants de onze ans
et moins. Brièvement, il s'agit d'instaurer dans le réseau
parapublic, dans notre réseau des affaires sociales, des services qui
seraient dispensés par des hygiénistes dentaires
principalement...
Mme Lavoie-Roux: Vous n'entrez pas dans le débat.
M. Lazure: On va y revenir dans les semaines qui viennent. Et par
des dentistes, aussi évidemment. La priorité sera placée,
la première année, sur les enfants de onze ans et moins, les
enfants des écoles primaires. Ces programmes, à travers tout le
Québec, vont être confiés aux départements de
santé communautaire. Les 32 départements de santé
communautaire, lesquels, pour la plupart, ont déjà au moins une
ou un hygiéniste dentaire, ont déjà un dentiste. Il se
fait déjà un certain travail de prévention de santé
dentaire dans ces départements de santé communautaire. On veut
l'accentuer et rendre systématiques, pour illustrer le programme, non
seulement l'examen dentaire pour tous les enfants de onze ans et moins, au
moins une fois par année, mais aussi des interventions qui aident
à la prévention de caries dentaires chez les jeunes enfants. Pour
cela, évidemment, il faut que le gouvernement passe un règlement
qui va déléguer certains actes, détenus exclusivement par
les dentistes actuellement, aux hygiénistes dentaires. Un peu comme on
l'a fait avec les actes médicaux, les actes infirmiers. Il y a des
discussions actuellement avec les différents groupes. Pas plus tard que
ce matin, j'ai rencontré, avec mon collègue, le ministre Morin,
qui est responsable des professions, l'Ordre des dentistes et on espère
pouvoir mettre ce programme en oeuvre à l'automne. En tout cas, on a les
crédits pour le faire à partir de cet automne. En somme, cela
veut dire 160 postes d'hygiénistes dentaires dans le réseau
public.
Le Président (M. Jolivet): Le programme 11 est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Jolivet): Nous passons au programme 12:
Les soins prolongés.
M. Lazure: On compte sur votre collaboration. On a votre
collaboration par anticipation?
Mme Lavoie-Roux: La mienne en tout cas.
Le Président (M. Jolivet): Elément 1: Soins des
maladies physiques.
M. Lazure: Un instant, s'il vous plaît. J'allais
suggérer, M. le Président, qu'on donne priorité au
programme 19. Les gens de l'Office des personnes handicapées qui sont
juste devant moi sont venus de Drummondville, soit Mme Robillard, avec
quelques-uns de ses collaborateurs dans ce but. Je ne pense pas que ce soit un
programme tellement long.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Lazure: Merci.
Le Président (M. Jolivet): Le programme 19.
Direction et gestion de l'Office des personnes
handicapées du Québec
M. Lazure: Mme la présidente, je vous demanderais de
présenter vos collègues. Il y en a combien? Un, deux. M.
Paradis.
M. Paradis, secrétaire général de l'Office, et M.
Denis Maillette, professionnel au service des finances. Il y a aussi des femmes
qui travaillent avec moi. (22 h 30)
Le Président (M. Jolivet): Elément 1 : Service aux
adultes en travail adapté.
M. Lazure: Avant de passer la parole à la
présidente de l'office, je veux simplement qu'on s'entende, qu'on
identifie la marge des crédits cette année, par rapport à
l'an passé. Cette année, au total: $17 400 000 et, l'an
passé, $3 400 000. Un des aspects majeurs de cette augmentation
importante, c'est la mise en marche de certains programmes. L'office vient de
connaître, à toutes fins pratiques, sa première
année d'existence et plusieurs programmes ont démarré
graduellement et vont atteindre leur vitesse de croisière.
Deuxièmement, il y a l'embauche de personnel additionnel de façon
assez importante: les effectifs sont passés à tout près de
60.
Mme Lavoie-Roux: Cela comprend le personnel de soutien,
l'ensemble de l'office?
M. Lazure: Oui, au total, 46 permanents et 13 occasionnels.
M. le Président, je vais tout simplement laisser le soin aux
membres de la commission de poser des questions à Mme la
présidene, à moins que Mme la présidente n'ait des
commentaires généraux à faire avant.
Mme Lavoie-Roux: II y a un an qu'on s'est rencontré,
peut-être que si Mme Robillard voulait nous dire ce qui s'est produit
durant l'année parce que l'an dernier, elle semblait avoir beaucoup de
désirs et je ne sais pas dans quelle mesure ça s'est
concrétisé... Enfin, de quelle façon l'office a
évolué et quelles sont ses priorités pour l'année
à venir.
M. Lazure: Je pense que le développement le plus important
de l'office a été la création, le 31 mars 1980, de 15
centres de travail adapté, dont certains étaient des ateliers
protégés convertis et d'autres étaient de nouveaux centres
de travail adapté, pour un total de 735 travailleurs handicapés
recevant un salaire. On prévoit se rendre jusqu'à 1135 postes au
cours de l'exercice.
La priorité la plus importante était le
développement des plans de service. Nos règlements étant
entrés en vigueur au début d'avril 1980, certains plans de
service sont en cours et, dans certains cas, de l'aide matérielle a
été accordée, pour un budget total de $33 000 seulement,
dans le courant du dernier exercice, mais d'autres demandes ont
été acceptées et sont dans le système dans le
moment.
Une autre priorité était évidemment le
développement et l'organisation de l'office qui a quand même
développé plusieurs dossiers, dont celui de
l'accessibilité et qui, je pense, est à la veille d'atteindre un
rythme de croisière quand notre recrutement pour le personnel
exercice en cours sera plus avancé.
Mme Lavoie-Roux: On sait que les régions urbaines,
particulièrement Montréal et Québec, étaient
peut-être tout étant relatif plus favorisées,
quant aux ressources existantes, que les régions plus
éloignées. A la suite des études que vous avez faites
depuis un an, études formalisées ou non, quelles sont, à
votre point de vue, les régions qui ont le plus besoin de ressources?
Des ressources de tous ordres, qu'elles soient scolaires, institutionnelles,
centres de travail, etc. Quelles sont les régions sur lesquelles
l'accent devrait être mis?
M. Lazure: Ce n'est pas une question simple.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais c'est un des buts de l'office de
pouvoir servir tout...
M. Lazure: Oui. Nous avont été passablement
présents dans certaines régions. On a travaillé beaucoup
avec la base, avec les associations. Dans bien des cas, il ne s'agit pas
nécessairement de manque de ressources, mais de manque de coordination
et de complémentarité des ressources. La loi nous donne des
outils pour développer cette complémentarité et le plan de
services en est un.
Ce qu'on a surtout fait dans certaines régions, c'est de
travailler, par exemple, dans la région 03, avec le conseil
régional de la santé et des services sociaux, à faire une
planification plus globale. Notre rôle, à nous, n'étant pas
de faire cette planification mais d'agir, par nos connaissances, plutôt
que par intervention.
Nous sommes intervenus aussi dans plusieurs dossiers scolaires, à
partir de demandes indivi-
duelles où, dans certains cas, les réponses collectives et
les ressources se sont dégagées. Les ressources étaient
là, mais on ne prenait pas toujours les décisions dans
l'intérêt des personnes handicapées.
Je pense que nous serons en mesure, dans un prochain rapport annuel, de
faire le tour d'une question, d'une façon plus globale.
Mme Lavoie-Roux: Ce que vous nous dites, c'est qu'au plan des
ressources, si on prend les ressources éducatives...
M. Lazure: C'est un commencement.
Mme Lavoie-Roux: ... elles existeraient dans l'ensemble de la
province, sauf qu'elles seraient peut-être sous-utilisées ou mal
coordonnées, ou encore, qu'il y aurait des carences dans certains
endroits.
M. Lazure: Je pense que les projets pilotes qui sont en marche
présentement sont un commencement. Certaines commissions scolaires, dont
la CECM, ont des services assez importants de développés. Dans
d'autres endroits, on ne répond pas au service des enfants et on ne
donne pas le personnel additionnel de support qui est nécessaire, quand
on veut intégrer des enfants dans l'école normale.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je reviens à ma question
originale, c'est ce que je soupçonnais, dans le cas des centres urbains,
il y avait certainement plus de ressources et plus de facilités. Mais si
je prends, par exemple, les régions que je vais nommer d'une
façon précise, sans savoir la réponse, Gaspésie,
Bas-du-Fleuve, Côte-Nord, Mau-ricie quoique, pour la Mauricie, il
y ait la ville de Trois-Rivières qui n'est pas tellement loin
même à cela, localement, vous n'êtes pas pour
déménager tous les enfants qui ont cinq et six ans; quelles sont
les régions finalement qui sont dans le besoin? Est-ce
général que les ressources soient assez minces au plan
éducatif? Mises à part Sherbrooke, Trois-Rivières,
Montréal, Québec.
M. Lazure: II y a certainement des problèmes sur la
Côte-Nord. Il y a, dans la grande région
périphérique de Montréal, de graves problèmes de
transport scolaire, pour les enfants qui vont à Victor-Doré et
qui doivent subir un transport de trois heures par jour, sans surveillance.
C'est un problème qu'on essaie de régler, à la fois avec
le ministère des Transports, le ministère de l'Education et les
commissions scolaires. Il y a eu certains progrès de faits. Il y aura
nécessité de développer des fonds, certainement, de ce
côté-là.
En plus de cela, il y a des inconnus. On ne sait pas encore combien
d'enfants sont affectés par la désinstitutionnalisation. On ne
sait pas encore exactement quels sont leurs besoins. Ce que cela veut dire en
termes de logistique. C'est un problème assez douloureux. Il y a des
commissions scolaires, comme celle de Drummondville pour ne pas la
nommer qui refusent encore des enfants qui ont certains problèmes
de comportement. Dans plusieurs de ces dossiers, on intervient vraiment cas par
cas.
Mme Lavoie-Roux: Je pense bien que vous n'avez pas de statistique
avec vous; j'espère que le rapport annuel contiendra des statistiques,
sans ça...
M. Lazure: Je pense qu'un des éléments importants,
c'est que, dans le moment, on a un agent de développement, un
représentant de l'office, dans quatre régions seulement; on
compte qu'en juillet ou août, il y aura un représentant de
l'office dans chacune des régions. Cette personne travaille vraiment au
niveau communautaire à la fois avec les associations et les ressources.
Avec les personnes qui sont en poste depuis quatre ou cinq mois, il y a
déjà une espèce de développement qui se fait autour
de cette activité et une meilleure connaissance des
problèmes.
Mme Lavoie-Roux: Du côté des plans de service, l'an
dernier, je vous avais posé la question. Là, vous me dites que
vous avez pu investir $33 000, c'est-à-dire que c'était compte
tenu du travail que vous aviez eu le temps de faire, ce n'était pas
nécessairement compte tenu des ressources. Mais quelles sont les
ressources financières qui sont à votre disposition pour une
année? Ou est-ce encore trop difficile d'estimer quels seront les
besoins?
M. Lazure: On a fait des prévisions et le Conseil du
trésor nous a consenti $1 000 000 pour l'aide matérielle. Nos
prévisions étaient basées sur l'expérience
à défaut d'autres expériences de la Commission des
accidents du travail et de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, pour une moyenne de $3000 par demande.
Le Conseil du trésor nous a dit que c'était un budget
ouvert, à défaut d'une planification plus rigoureuse. Dans le
moment, on a atteint un certain rythme de réception de demandes d'une
vingtaine par semaine. On est en retard dans un certain nombre de dossiers et
on a pris des mesures pour corriger ça d'ici la mi-juillet. A ce moment,
on sera plus en mesure de faire des projections. Il y a une certaine prudence
à prendre dans les décisions d'accorder de l'aide
matérielle parce que chaque décision crée un
précédent. Nos règlements sont aussi à peu
près similaires ou visent à donner des avantages similaires aux
personnes qui font des demandes de plan de services et aux accidentés du
travail ou de l'automobile, justement pour ne pas créer de
catégories de personnes défavorisées. Mais il y a une
expérience à acquérir qui est encore trop neuve pour en
tirer des conclusions.
Mme Lavoie-Roux: La loi prévoyait des
responsabilités à l'égard des municipalités, en
particulier... pas seulement pour les municipalités, je pense même
pour le gouvernement du Québec, à l'égard de
l'accessibilité aux édifices publics,
enfin, les fameuses barrières architecturales. On
prévoyait des responsabilités de transport, on prévoyait
des responsabilités d'aménagement. Cela faisait partie de
l'accessibilité, les trottoirs, etc. Je sais qu'à Montréal
cela a été fait. A présent, il faudra apprendre aux gens
à ne pas stationner devant la pente douce qui a été faite,
parce que si les voitures sont garées devant, ça n'aidera pas
beaucoup; mais ça, c'est un détai.
Vous avez certainement établi un échéancier de
réalisations. D'abord, êtes-vous satisfaits des règlements
qui ont été adoptés à cet égard et où
en sommes-nous rendus?
M. Lazure: Là aussi, il y a beaucoup
d'éléments. Pour la question de l'accessibilité aux
édifices publics, le ministère du Travail avait publié un
projet de règlements parce que c'est le ministre du Travail qui
est responsable de cette partie de la loi mais ni l'office ni les
associations qui regroupent les personnes handicapées n'étaient
d'accord avec ces règlements. L'office a formé un comité
qui a réuni plusieurs représentants de personnes
handicapées, le personnel du ministère du Travail, le conseiller
juridique de l'office, et on publiera demain un rapport qui contiendra des
recommandations qui viseront des solutions à la fois juridiques et
techniques. (22 h 45)
J'ai discuté de certaines de ces recommandations avec les
ministres concernés. Je pense qu'il y aura des modifications et que ce
sera reçu... Il y avait des problèmes administratifs, juridiques
et techniques. On a fait des propositions de solutions, des recommandations, ce
qui a retardé la mise en vigueur de cet article de la loi. Mais je pense
que cela a permis à à peu près tous les intervenants de
faire un grand bout de chemin.
Selon le ministre du Travail, il y aurait entente à 80% à
peu près, dans le moment. Ce sera rendu public demain. Vous pourrez vous
procurer le rapport. En même temps, le rapport prévoit une
espèce de guide de références techniques. C'est quoi
l'accessibilité, c'est quoi une rampe? Il y a des gens qui font des
rampes qui sont très bien pour glisser en traîne sauvage, mais qui
ne sont pas très bien pour les fauteuils roulants. Il y a tout ce
travail d'éducation à faire. C'est un dossier dans lequel on
s'est impliqué directement. On a engagé un architecte
handicapé qui était spécialiste de ces questions. Quand on
a remis cette responsabilité aux municipalités, parce qu'elle
appartient partiellement aux municipalités, certaines
municipalités ont fait comme la ville de Montréal qui a un plan
de cinq ans pour modifier tous ses équipements et tous ses
édifices. Certaines municipalités sont impliquées,
d'autres sont très peu conscientes. Quand notre rapport sera
publié, il sera adressé à tous les élus des
municipalités et aussi au directeur général, ou
l'équivalent, de la municipalité, comme il sera aussi
adressé aux évê-ques parce que les églises ne sont
pas très accessibles.
Donc, plutôt que d'avoir un plan global, parce que le
contrôle de ça nous échappe et revient vraiment au
ministère du Travail, nous avons fait à la fois le travail de
proposer les solutions et un travail de diffusion et de sensibilisation qui
seront repris par les associations avec lesquelles on travaille.
Mme Lavoie-Roux: Du point de vue du transport?
M. Lazure: Du point de vue du transport, on ne s'est pas
impliqué partout, parce qu'on n'était pas présent partout.
Mais on s'est impliqué dans plusieurs régions, dans plusieurs
municipalités. Les transports adaptés qui se sont
développés à Montréal vont bien. On n'a pas de
plaintes des usagers. On était présent par des associations. Dans
plusieurs régions, les plans n'ont pas encore été
présentés, mais ils sont en élaboration et dans la plupart
des cas où on est présent et où on a des contacts,
ça se fait avec les associations. Certaines municipalités ne sont
pas intéressées et n'ont rien débloqué. Où
il ne s'est rien passé, c'est parce que les associations et les usagers
possibles et potentiels n'en ont pas fait la demande. Cela restera pour nous un
travail de développement à faire avec notre agent de liaison et
de développement dans le milieu. Certaines commissions de transport ont
l'obligation de présenter un plan de développement au ministre
des Transports, mais les municipalités peuvent se prévaloir des
budgets de subventions du ministère des Transports et n'ont pas
l'obligation de présenter un plan. Alors, c'est pour ça qu'il y a
deux niveaux.
Je serai en mesure de vous donner par écrit, la semaine
prochaine, le nombre de municipalités et de régions où il
y a soit des choses à développer, des plans de
développement de présentés ou des projets assez
avancés.
Mme Lavoie-Roux: Compte tenu de l'heure, le dernier point... il y
en avait bien d'autres. Pour terminer sur ces deux premiers points et
peut-être sur d'autres dispositions de la loi, de mémoire, il y
avait des échéances précises que la loi créait
à l'égard des municipalités, soit pour
l'accessibilité aux édifices publics, soit pour le transport,
etc. Je ne m'en souviens pas de mémoire, mais il doit y avoir des
pénalités aussi.
M. Lazure: Non, il n'y a pas vraiment de pénalités.
Les municipalités ont la réfection des trottoirs. Au moment de la
réfection ou de la construction des trottoirs, nous agissons par
vigilance et par surveillance de nos associations. Quand nos associations nous
disent: Cela ne se fait pas, là, on intervient auprès de la
municipalité. On a un lien à notre conseil d'administration,
forcément, avec le ministère des Affaires municipales. Une des
raisons pour laquelle nous avons dernièrement investi beaucoup d'efforts
et d'énergie dans une tournée d'information, c'est pour
sensibiliser davantage les associations à ce rôle de surveillance
et leur donner les meilleurs outils pour le faire.
Mme Lavoie-Roux: C'était plus moral qu'autre chose?
M. Lazure: II y avait des échéances dans les
articles sur l'accessibilité aux édifices publics...
Mme Lavoie-Roux: Oui. Sur le transport aussi, je pense.
M. Lazure: Sur le transport aussi, un plan de
développement aurait dû être présenté le
premier avril, mais il y en a très peu qui étaient prêts le
premier avril.
Mme Lavoie-Roux: A ce moment-là, vous faites un rappel,
j'imagine?
M. Lazure: Oui, avec le ministère des Transports, mais
encore une fois, dans bien des endroits, les gens n'étaient pas vraiment
prêts. Les usagers éventuels n'avaient pas fait de demande. Il y a
un rattrapage qui se fait dans le moment et à plusieurs endroits, c'est
notre personnel qui fournit le soutien technique pour que le plan de
développement se réalise.
Mme Lavoie-Roux: Un autre point, où en êtes-vous et
quelles sont les indications que vous avez à l'égard des
ouvertures possibles qu'il y a dans les entreprises pour développer des
postes de travail? Quelles initiatives les entreprises ont-elles prises pour
présenter un plan d'embauche?
M. Lazure: Cet article n'est pas encore en vigueur, l'article 63,
parce qu'il nous est impossible de l'administrer. 10 000 employeurs de plus de
50 salariés auraient dit: On va engager chacun trois personnes
handicapées. On n'avait pas 30 000 personnes handicapées
répertoriées, fichées, aptes au travail. Il y avait aussi
le besoin de sensibiliser à la fois les associations patronales et les
centrales syndicales à cet objectif de la loi qui est d'intégrer
les personnes handicapées au ministère du Travail.
Il y avait aussi un travail de recherche et d'information assez
important à faire. L'employeur ordinaire ne sait pas ce qu'est une
personne handicapée. Il s'imagine toujours que c'est quelqu'un en
fauteuil roulant, ou bien il nous dit: je vais prendre dix personnes sourdes
dans mon atelier d'usinage parce qu'il y a trop de bruit pour le monde normal.
On a fait un travail de recherche qui est achevé et qu'on a testé
avec des employeurs. En septembre, tout ce travail d'information sera rendu
public à un colloque qui sera organisé de concert avec le Conseil
du patronat. On aura aussi l'assentiment de 50 employeurs clés parmi les
leaders qui accepteront un programme d'égalité des chances, un
projet pilote. On leur proposera ce n'est pas encore publié
diverses façons de promouvoir l'emploi de la personne
handicapée à plusieurs niveaux. Ensuite, on passera au
début de 1981 à un élargissement de ce projet pilote et
à une entrée en vigueur de la loi, une sorte d'évaluation
de ce projet pilote des 50 employeurs. Il nous fallait aussi développer
les services de main-d'oeuvre; il y a beaucoup de gens qui ont participé
à cette opération. On a mobilisé à peu près
toutes les ressources: les conseillers en placement spéciaux, les
projets d'extension, les conseillers d'orientation. C'est une entreprise qui,
je pense, jusqu'à maintenant a rejoint à peu près 250
personnes dans toutes sortes de ressources.
Mme Lavoie-Roux: Une autre question au sujet de l'application de
la Charte des droits et libertés de la personne. Est-ce que cela a fait
l'objet de plusieurs interventions de votre part?
M. Lazure: Les plaintes que l'on reçoit à l'office
qui portent sur la discrimination sont transmises à la Commission des
droits de la personne. On a plusieurs dossiers pendants à la Commission
des droits de la personne. On n'a pas eu de cas réglé. Il y a
aussi le problème que la Commission des droits de la personne a une
autre définition de la personne handicapée qui est plus large que
la nôtre. Il y a eu plusieurs échanges avec la Commission des
droits de la personne qui fait elle aussi de l'information sur notre loi, mais
aucune plainte n'a été réglée, à ma
connaissance. Il y a plusieurs plaintes sur les chiens guides...
Mme Lavoie-Roux: II y a une situation particulière que
j'aimerais vous signaler, peut-être que vous y avez déjà
accordé une certaine attention, peut-être que ça pourrait
être l'objet d'attention. C'est la question des assurances.
M. Lazure: On a fait une étude qui n'est pas encore rendue
publique, assez exhaustive de tout cet aspect-là.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous l'avez faite en particulier
à l'égard des enfants? Parce que c'est un problème, je
pense que M. le ministre s'en souviendra, à l'égard des enfants
qui sont des arriérés mentaux. Je sais que l'association des
arriérés mentaux avait fait passablement de travail, mais il y a
un cas qui m'a été signalé, ce sont les enfants qu'on
appelle spina-bifida et j'en connais deux qui sont dans des écoles
régulières. Evidemment, on refuse d'assurer une fillette.
M. Lazure: Avec l'assurance scolaire?
Mme Lavoie-Roux: Je ne le sais pas, mais la famille voulait les
assurer, probablement pas par une assurance scolaire. De toute façon,
les assurances scolaires, c'est annuel?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ce serait peut-être une
possibilité que je n'ai pas examinée, mais au-delà des cas
particuliers, est-ce que cette question pourra faire l'objet d'examen par la
Charte des droits et libertés de la personne? Parce qu'il peut y avoir
un élément de discrimination, fondé ou pas, je ne le sais
pas.
M. Lazure: L'article 97 de la charte, qui n'est pas encore en
vigueur, touche les assurances collectives, mais pour les assurances
individuelles, ça pourrait être synonyme de discrimination, compte
tenu de la justification de la compagnie d'assurance qui pourrait refuser de
prendre un risque qui paraîtrait trop élevé ou qui pourrait
devenir trop onéreux en termes de primes versus risques. Nous,
l'étude qu'on a faite portait sur le travail, vraiment. Mais c'est un
point qui, je pense, est intéressant et je vais certainement rapporter
la chose pour qu'on fasse certaines recherches.
Mme Lavoie-Roux: Un dernier point que je voudrais apporter
à votre attention, et peut-être que vous l'avez déjà
examiné, c'est la question, enfin, c'est toute la fameuse question de
l'intégration des enfants handicapés que tout le monde souhaite
au niveau des principes, mais qui doit être faite avec une certaine
prudence. Je voudrais vous signaler d'une façon plus particulière
le problème de l'intégration des étudiants sourds aux
classes régulières. Présentement, ça fait
l'objet... C'est un vieux débat, mais il est resurgi
dernièrement. Est-ce que c'est un problème que vous avez
examiné ou que vous vous proposez d'examiner?
M. Lazure: On a reçu certaines communications et j'ai
rencontré l'association justement hier à Trois-Rivières.
On a convenu d'une rencontre avec l'AQETA sur ces questions-là.
C'était, jusqu'à maintenant, un dossier parmi d'autres qu'on
n'avait pas pu privilégier, mais il y a une ébauche de rencontre
de prévue avec l'AQETA là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que, pour conclure, compte tenu du rythme
de développement que vous pouvez suivre, les ressources vous
demander ça devant le ministre, c'est vous demander beaucoup de
vertu...
M. Lazure: Elle en a, elle en a. Nos objectifs sont vertueux
d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Lazure: Nos objectifs sont vertueux.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que les ressources qui sont mises
à votre disposition vous apparaissent suffisantes pour atteindre les
objectifs que vous vous êtes fixés pour l'année
1980-1981?
M. Lazure: Je pense que le Conseil du trésor a
répondu à 80% de nos demandes. Cela reste une année
expérimentale et le fait que, par rapport à l'aide
matérielle, ce sera un budget ouvert, je pense que ça peut nous
permettre d'être peut-être moins prudents et de pouvoir profiter
d'une expérience assez importante compte tenu qu'il nous manque encore
des éléments de connaissance de notre clientèle qu'on n'a
pas complètement cernée. (23 heures)
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'autre question, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Donc, le programme 19 serait
adopté en entier.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je voudrais remercier Mme Robillard et
celui qui l'accompagne, leur souhaiter bonne chance et les assurer de mon
appui.
Le Président (M. Jolivet): Avant de revenir au programme
12, j'aimerais simplement faire une vérification. Vous avez dit hier
à la commission que vous désiriez qu'on termine vers 11 heures.
Est-ce que c'est toujours votre désir?
Mme Lavoie-Roux: Non, non, écoutez...
Le Président (M. Jolivet): Moi je ne fais simplement
qu'essayer de répondre à ce que vous avez exprimé comme
possibilité.
Mme Lavoie-Roux: J'ai l'impression, M. le...
Le Président (M. Jolivet): On irait jusqu'à 24
heures?
Mme Lavoie-Roux: Qu'on va se rendre jusqu'à mercredi
matin.
Le Président (M. Jolivet): Mercredi matin. Mme
Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Jolivet): Madame veut se rendre
jusqu'à mercredi matin.
Mme Lavoie-Roux: Bien, après minuit, c'est mercredi matin,
non?
M. Lazure: Ah! d'accord. Je vous suivais de ma troisième
oreille.
Le Président (M. Jolivet): Donc, nous sommes au programme
12. Nous revenons au programme 12.
Mme Lavoie-Roux: Oui. M. Lazure: Oui, c'est cela. Soins
prolongés. Soins prolongés
Mme Lavoie-Roux: Ça commence par l'éthique. Je vais
au moins demander une réponse à ma lettre.
M. Lazure: Au sujet de la maison des soeurs, c'est cela?
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas tellement la maison des soeurs que
Saint-Joseph-de-la-Provi-dence.
M. Lazure: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Mais Saint-Joseph-de-la-Providence veut acheter... on
est sur la même longueur d'onde.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, dans le fond, ce n'est pas pour
soulager les religieuses de leur maison, c'est pour développer des
services.
M. Lazure: Oui, mais comme vous venez de le voir quand on a
parlé des programmes de construction de centres d'accueil pour personnes
âgées...
Mme Lavoie-Roux: Cela, c'est pour les malades chroniques.
M. Lazure: Oui. Bon, écoutez, M. Deschênes, notre
sous-ministre, m'informe à l'instant que malheureusement, quant à
la lettre que vous m'envoyiez le 3 avril 1980, qui est arrivée une
semaine plus tard au bureau c'était au cours d'une période
plutôt occupée le projet de réponse à votre
lettre est sur son bureau, effectivement.
Mme Lavoie-Roux: Elle était, elle a cogité...
M. Lazure: Non, ce n'est pas pire, un mois, un mois et demi.
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
M. Lazure: Surtout en période
référendaire.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. D'ailleurs, je ne vous en tiens pas
rigueur. J'en ai envoyé une autre la même journée et je
n'ai pas eu de réponse non plus.
M. Lazure: Ah bon!
Mme Lavoie-Roux: Elle doit être sur le bureau du...
M. Lazure: Mais pour le journal des Débats et que ce soit
compréhensib-e...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure:... Mme la députée de L'Acadie appuie en
somme une demande qui venait, comme vous le dites, du centre hospitalier
Saint-Joseph-de-la-Providence, qui est situé au Bois-de-Boulogne, dans
le nord de la ville. C'est dans votre comté, cela?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: II s'agit d'un petit hôpital pour malades
chroniques qui existe déjà et l'hôpital nous dit: Voici,
voisin de nous, si je comprends bien...
Mme Lavoie-Roux: Assez.
M. Lazure:... il y a une maison de religieuses.
Mme Lavoie-Roux: C'est plus que voisin ordinaire, parce que les
deux institutions... Saint-Joseph-de-la-Providence a été
fondée par ces religieuses. Alors, c'est relié d'une façon
souterraine et aussi en surface...
M. Lazure: Ah! bon.
Mme Lavoie-Roux: ... parce qu'il y a une église entre les
deux.
M. Lazure: Ah! bon, bon.
Mme Lavoie-Roux: ... ou une chapelle. Moi, j'appelle cela une
église, c'est tellement gros, c'est presque une église. Alors,
des deux côtés, c'est... tout cela fait partie d'un ensemble.
M. Lazure: Ah! bon. Mais on parle de l'acquisition de l'immeuble
des Oblates-Franciscaines-de-Saint-Joseph.
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est cela.
M. Lazure: C'est une autre communauté parce que...
Mme Lavoie-Roux: Ah oui, ce ne sont pas des religieuses de la
Providence, ce sont des Oblates.
M. Lazure: Oui. Mais le centre hospitalier
Saint-Joseph-de-la-Providence...
Mme Lavoie-Roux: Ce ne sont pas des soeurs de la Providence,
non.
M. Lazure: Ah! cela complique d'autant plus le dossier.
C'étaient des Oblates.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont toujours des Oblates.
M. Lazure: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire que c'étaient des
Oblates, il en reste quelques-unes.
M. Lazure: En somme, écoutez, on avait répondu
à l'époque, il y a plus d'un an, au directeur
général de cet hôpital lui disant c'est le
sous-ministre adjoint, M. Cantin, qui avait répondu que le refus
de cette offre était basé sur deux raisons: d'abord, pour ce type
de malades nécessitant des soins prolongés, les malades
chroniques, Montréal n'est pas un endroit prioritaire où on doit
ajouter des ressources dans le moment. Il y a des endroits qui sont plus
prioritaires. En d'autres termes, la ville de Montréal est à peu
près suffisamment desservie pour ce qui est des lits de malades
chroniques.
Deuxièmement, nos experts disaient aussi que l'édifice
actuel était inadéquat, même après des
rénovations qui paraissaient coûteuses, pour ac-
cueillir une clientèle de soins prolongés. Les petites
unités de soins qu'on aurait pu y aménager, en plus de ne pas
permettre une organisation de soins et de vie qui aurait correspondu aux
besoins des bénéficiaires, rendaient le fonctionnement trop
onéreux. Si la vente de cet immeuble à des intérêts
privés amenait une perte de revenus pour votre établissement,
cette question serait examinée le temps venu par les officiers de ma
direction.
Mme Lavoie-Roux: C'est dommage que vous n'ayiez pas ma lettre,
parce que vous savez, M. le ministre, que lors de l'étude des
crédits l'an dernier vous m'aviez...
M. Lazure: J'ai votre lettre devant moi, j'ai la copie, oui.
Mme Lavoie-Roux: Vous m'aviez dit: Je vais leur demander...
M. Lazure: Je vous avais dit, oui, que je le
reconsidérerais.
Mme Lavoie-Roux: Oui, que vous le reconsidéreriez, mais
vous me relisez la lettre que vous aviez en main la semaine
dernière.
M. Lazure: Non. Je vous ai dit tantôt que l'autre lettre
était sur le bureau du sous-ministre, M. Deschênes. En somme,
l'autre lettre répète un peu. Les gens y sont allés, ils
ont rouvert le dossier, si vous voulez. Nos gens continuent de dire les deux
mêmes choses: premièrement, sur le plan de la structure, ce n'est
pas un immeuble qui se prête au soin des malades qui ont besoin de soins
prolongés, les malades chroniques; deuxièmement, même si
cela était, cette clientèle est suffisamment bien desservie
à Montréal. Nos priorités sont ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Je pense vraiment qu'il va falloir que le
ministre vienne dans mon comté.
M. Lazure: J'y pensais, j'y pensais.
Mme Lavoie-Roux: Je le répète, ce n'est vraiment
pas créer une institution pour mon comté, elle est là.
Comme je le disais, c'est la population... Apparemment, il y a environ 120
patients...
M. Lazure: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: II n'y en a pas le tiers, je pense, qui vient du
comté de L'Acadie. Ce n'est pas pour avoir une institution toute
particulière dans mon comté, mais, compte tenu du fait que des
services existent déjà et que depuis ma dernière visite...
j'ignorais qu'il y avait derrière une ancienne résidence
d'infirmières, sur le même terrain. Elle aussi est
désaffectée, ce que j'ignorais, même si cela fait deux ou
trois ans que je connais la question.
Evidemment, si on pense uniquement en ter- mes d'institution pour soins
prolongés, avec tout ce que cela peut requérir, il est
probablement exact que la conversion de l'institution des religieuses serait
coûteuse, mais c'est peut-être un endroit, compte tenu je
reviens encore avec cette dimension de l'environnement...
M. Lazure: C'est près d'un parc?
Mme Lavoie-Roux: C'est un parc en soi. Personne du
ministère n'y est allé?
M. Lazure: Vous nous mettez l'eau à la bouche. J'y suis
allé il y a plusieurs années, mais je ne l'ai pas vu
récemment.
Mme Lavoie-Roux: Oui, eh bien, allez-y! Cela fait combien
d'années? Plusieurs années?
M. Lazure: Six ou sept ans.
Mme Lavoie-Roux: Bon, retournez-y maintenant et allez voir comme
tout l'environnement est extraordinaire dans la ville de Montréal. Quand
vous nous dites et je vais être un petit peu méchante, je
dois vous dire que la suggestion n'est pas la mienne, elle vient d'un
méchant péquis-te que Montréal n'est pas
prioritaire, vous pouvez avoir raison, mais il n'y a pas tellement longtemps,
cela est peut-être terminé vous me direz quand il y
a un an, on a ajouté à l'hôpital de la Visitation je
ne sais pas si c'est son nom dans le comté voisin, celui de M.
Tardif, ce n'est pas par jalousie, c'est simplement une question de bien servir
le monde...
M. Lazure: On a ajouté...
Mme Lavoie-Roux: ... un étage...
M. Lazure: ... une vingtaine de lits pour un centre
d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: On a ajouté un étage à ce
qui existait déjà.
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Dans un endroit...
M. Lazure: Dans le cadre des centres d'accueil pour personnes
âgées. Justement, je veux être constructif moi aussi,
l'idée de l'agrandissement du centre hospitalier de soins
prolongés, je pense qu'il faut l'abandonner une fois pour toutes.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Lazure: Ce qu'on peut envisager maintenant... J'en ai
parlé avec M. Deschênes tantôt, je prends l'engagement qu'un
de nous deux sinon les deux va y aller d'ici trois mois... Je
pense que je vais y aller.
Mme Lavoie-Roux: Vous me le ferez savoir, cela me fera plaisir de
vous accompagner.
M. Lazure: Sérieusement, un de nous deux va y aller d'ici
quelques mois. Voulez-vous que j'aille avec vous?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, d'accord.
M. Lazure: Juste pour une fois, une fois. Je sais bien que vous
nous donnez des leçons.
Dans le cadre des places pour personnes âgées en centre
d'accueil où les installations matérielles sont quand même
pas mal différentes de ce qu'on retrouve dans un hôpital pour
soins prolongés, c'est envisageable, compte tenu du type d'immeuble.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je pensais davantage à un complexe,
peut-être un centre d'accueil. Ensuite, quand les cas deviennent
extrêmement lourds, aller en trois ou quatre... c'est-à-dire quand
les cas deviennent vraiment chroniques et qu'ils requièrent beaucoup de
soins médicaux, avoir...
M. Lazure: On a tenu notre engagement de l'an passé, on a
réétudié, la réponse de nos fonctionnaires,
toujours négative, toujours dans l'optique d'une extension du CHSP.
Maintenant, ce qu'on peut faire comme ultime tentative et on va le faire
c'est d'aller sur place, M. Deschênes ou moi, et si ça
paraît convenable comme il semble d'après votre description
à des lits de centre d'accueil pour personnes âgées,
on pourra alors le considérer.
Mme Lavoie-Roux: D'un autre côté, je sais fort bien
que l'institution dans le fond, on appelle ça un couvent
est plus résidentielle qu'un couvent ordinaire, dans ce sens qu'il y a
des salles de bain dans à peu près chaque chambre, etc. Mais si
on veut dans une maison comme celle-là faire exactement les normes d'un
nouveau centre d'accueil je sais comment c'est dans les écoles,
on ne veut jamais décrocher des normes officielles
peut-être que ça peut représenter des coûts
considérables.
Par contre, est-ce que parfois on ne peut pas se dégager de
certaines normes?
M. Lazure: C'est possible, mais on a de la misère; on le
fait dans l'ancienne institution des sourds-muets. Finalement, je suis
allé visiter, avec M. Dechênes, parce qu'on tournait un peu en
rond... Il ne faut pas, comme vous le dites, appliquer les normes habituelles
dans les édifices qui ont 50 ou 60 ans.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça, c'est monstrueux comme
coût.
C'est déjà un petit progrès sur l'an dernier. Je
n'ai pas de question particulière, vous connaissez les besoins pour les
malades requérant des soins prolongés. Dans le cas des malades
mentaux, c'est la même chose.
M. Lazure: Elément 12, adopté.
Mme Lavoie-Roux: Laflèche, Grand-Mère... Oui, je
vais sortir ça, d'ailleurs... mais j'ai tout oublié
ça!
Le Président (M. Jolivet): Laflèche,
Grand-Mère.
M. Lazure: M. Soucy, Laflèche, Grand-Mère...
Saint-Raymond de Portneuf encore; on gâte les comtés de
l'Opposition, ce n'est pas possible!
Mme Lavoie-Roux: Mais ça m'a l'air que c'est tout dans
Portneuf. Chaque fois que vous me parlez de quelque chose, c'est Portneuf!
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas de
problème, M. le ministre, c'est juste une farce de ma part, si c'est en
marche, c'est très bien.
M. Lazure: Alors, adopté?
Le Président (M. Jolivet): Programme 12,
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Jolivet): Vous n'avez pas
terminé?
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Jolivet): Excusez-moi.
Mme Lavoie-Roux: Pendant que vous parliez, moi j'ai...
Une Voix: Vous avez préparé autre chose?
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes chanceux, si j'avais plus de
temps, ça durerait...
M. Lazure: II faut que je surveille votre santé, Mme la
députée de L'Acadie, en tant que médecin.
Mme Lavoie-Roux: Ma santé, je suis capable de...
M. Lazure: Vous devriez vous coucher plus tôt.
Mme Lavoie-Roux: On a assez de votre propagande "Va jouer
dehors", vous allez au moins nous laisser aller nous coucher quand on veut!
J'avais une question sur le centre hospitalier
Côte-des-Neiges.
M. Lazure: Oui, le centre hospitalier Côte-des-Neiges.
Mme Lavoie-Roux: Qui était autrefois l'hôpital Queen
Mary, dont on a fermé, me dit-on, le département pour
paraplégiques. Ceci semble être regretté par les
paraplégiques qui étaient habitués d'y aller; qu'en est-il
exactement?
M. Lazure: A ma connaissance, Mme Lavoie-Roux, on n'a pas
fermé l'unité pour paraplégiques
de l'hôpital Côte-des-Neiges. C'est qu'une douzaine de lits
étaient mis à la disposition de paraplégiques
traités sous la surveillance et par le personnel de l'Institut de
réadaptation de Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Oui, de la rue Hudson.
M. Lazure: Et depuis que le Dr Gingras est parti ou en même
temps que son départ, si vous voulez, le contrat de services qui
existait entre les deux établissements a pris fin. (23 h 15)
Je pourrais ajouter, parce qu'il se trouve que je suis bien au courant
du problème, parce qu'avant de faire le métier que je fais
aujourd'hui, j'ai eu l'occasion d'agir comme inspecteur pour le Conseil
d'accréditation des hôpitaux et je suis déjà
allé à l'Institut de réhabilitation de
Côte-des-Neiges il y a peut-être six ou sept ans. On m'avait
expliqué le système qui existait. Il y avait eu une entente de
services selon laquelle au moment où l'institut de réhabilitation
était surchargé, l'hôpital des Vétérans avait
accepté, par l'intermédiaire du Dr Gingras, qui était
attaché aux deux hôpitaux, de donner ce coup de main. Mais au
moment où je suis allé à l'institut c'est encore le
cas aujourd'hui il n'est plus surchargé... Au contraire, il y a
un certain nombre de lits qui ne sont pas occupés à l'Institut de
réhabilitation de Côte-des-Neiges. Beaucoup de cas qui avaient
besoin d'être gardés dans l'hôpital autrefois peuvent
être traités aujourd'hui en clinique externe où on va le
jour pour ses exercices de physiothérapie, etc.
Alors, l'entente a pris fin et les services qu'offrait l'hôpital
des Vétérans sont offerts par l'Institut de réadaptation,
comme il s'appelle aujourd'hui.
Mme Lavoie-Roux: Alors, il n'y a pas de problème?
M. Lazure: Non, il n'y a pas de problème en ce sens que
les malades qui ont besoin de ces services peuvent les obtenir à
l'institut.
Mme Lavoie-Roux: Cela va. Me permettriez-vous... en
étirant ça un peu, je pense qu'on pourrait dire que c'est un
centre d'accueil. L'institution Monseigneur-Guay...
M. Lazure: De la région de Québec.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je pense que c'est considéré
comme centre d'accueil?
M. Lazure: Oui, c'est un centre d'accueil de jeunes.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ça.
M. Lazure: Vous étirez drôlement, on est dans les
hôpitaux.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que je l'ai oublié. Si vous
le voulez, on peut suspendre la séance et je vais trouver les autres que
je ne retrouve pas pour le 12! C'est un vieux problème; de temps
à autre on remet en question la survie de l'institution. Je sais que
c'est un endroit où on traite surtout des socio-affectifs.
M. Lazure: Je suis bien au courant.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a une décision...
M. Lazure: Non, il n'y a pas eu de décision.
Mme Lavoie-Roux: Le CRSSS de la région de Québec
avait peut-être recommandé... mais vous n'avez pas
arrêté votre décision.
M. Lazure: C'est ça. Nous n'avons pas pris notre
décision. Notre orientation, c'est que, si ça correspondait
à un besoin, ce serait de changer la vocation de l'établissement,
puisqu'il ne semble pas y avoir suffisamment de clientèle pour
l'établissement. Mais on étudie actuellement la
possibilité de faire assumer une ou d'autres vocations par
l'établissement au lieu de fermer l'établissement, comme il en a
déjà été question.
Mme Lavoie-Roux: Je me souviens, il y a bien des années,
qu'il y avait un certain nombre d'enfants épileptiques; j'imagine que
ça a dû diminuer. Il y en avait qui requéraient des soins
institutionnels je ne sais pas s'ils en ont encore
rétablissement pourrait garder cette clientèle, quitte à
ajouter ou à transférer cette clientèle et...
M. Lazure: Non, nous n'avons pas d'objection à ce qu'un
établissement ait plus d'une sorte de clientèle. Il peut y en
avoir deux ou trois. On a des établissements pour adultes, par exemple,
qui ont une vocation de centre hospitalier tout en ayant une vocation de centre
d'accueil. Alors, un établissement pour enfants pourrait admettre, comme
vous le dites, des enfants épileptiques, des enfants déficients
mentaux ou des enfants qui ont des problèmes émotifs. Quant
à nous, au contraire, on n'a pas d'objection à une certaine
polyvalence.
Mme Lavoie-Roux: Comme ce problème existe depuis assez
longtemps, est-ce que vous pouvez confirmer, M. le ministre, que la
décision est prise dans le sens du maintien de l'institution, quitte
à en faire une meilleure utilisation et qu'elle serve davantage
qu'actuellement? On ne peut pas remettre des institutions de ce type
continuellement en question, à savoir: est-ce qu'on ferme cette
année; est-ce qu'on ferme l'an prochain?
M. Lazure: C'est juste.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait quelques années,
peut-être deux ou trois, que ce problème est à
l'étude. Est-ce que les gens pourraient avoir une confirmation de ce que
le ministre vient de nous dire?
M. Lazure: Nous avons reçu il y a quelques semaines les
recommandations du conseil régio-
nal qui touchent l'organisation d'un certain nombre
d'établissements de ce type dans la région.
Nous avions antérieurement refusé de prendre une
décision sur un seul cas, avant de voir quels sont les autres taux
d'occupation ou les besoins de l'ensemble de la région. Et, comme le
ministre l'a indiqué, on pense plus à réorienter la
vocation d'un établissement qu'à autre chose. Cela devrait
prendre environ un mois et demi pour revoir l'ensemble parce qu'on ne veut pas
prendre Monseigneur-Guay comme orientation, mais en voir un certain nombre
d'autres. Ce serait environ le temps qu'il faudrait pour enligner
sérieusement l'établissement et aviser tous les
intéressés.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ce n'est pas encore définitif que
l'institution puisse conserver ce type de service-là?
M. Lazure: Non, je pense que c'est ce que le ministre vient de
dire. Disons que notre orientation encore une fois, c'est de maintenir
l'institution ouverte et de lui faire assumer d'autres fonctions si sa fonction
actuelle n'est pas suffisante pour la rendre "rentable" entre guillemets
si vous voulez. Pour décider si on doit y greffer une
deuxième vocation ou une troisième vocation, comme le
sous-ministre vient de le dire, il faut à ce moment-là faire le
tour du réseau des institutions d'enfants dans la région de
Québec et voir s'il y a une ou d'autres institutions, par exemple, qui
seraient congestionnées ou qui auraient des listes d'attente pour telle
ou telle sorte de clientèle et pour laquelle on pourrait organiser une
entente de services avec Monseigneur-Guay pour qu'ils acceptent de tels
enfants. Ce sont des hypothèses qui vont être
étudiées entre le ministère cette fois-ci et le conseil
régional. Le conseil régional a fait son travail et il nous a
fourni son rapport. Ce sont des recommandations. Nous, on n'est pas d'accord
à 100% avec les recommandations et c'est pour ça qu'on va
reprendre avec le conseil régional.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que c'est trop demander de penser que
d'ici le 15 septembre ces gens-là auraient une réponse?
M. Lazure: Non, ce n'est pas trop. C'est fort raisonnable et je
pense qu'on peut prendre l'engagement que d'ici septembre, il y aura une
décision de prise sur leur avenir.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Alors, moi, j'ai...
Le Président (M. Jolivet): Alors, le programme 12 serait
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui, les autres ça ira à l'an
prochain.
Le Président (M. Jolivet): Programme 13.
M. Lazure: Programme 13, Equipement des services de santé.
Alors, Acquisition, location...
Equipement des services de santé
Mme Lavoie-Roux: L'adoption.
Le Président (M. Jolivet): L'adoption?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Jolivet): L'adoption.
M. Lazure: Merci, merci, merci, merci tout le monde. Vous avez
passé une bonne journée, une bonne soirée.
Mme Lavoie-Roux: Mais, consolez-vous, cela aurait
été plus long si on avait posé des questions.
M. Lazure: Allez vous occuper de mon centre d'accueil de
Boucherville.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'on continue les
programmes 14, 15, 16 ou si on revient...?
M. Lazure: On continue les programmes 14,15, 16, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Programme 14.
Recherche
M. Lazure: Le programme 14, c'est Recherche, je crois.
Mme Lavoie-Roux: Mais il y a une augmentation en recherche, si
vous pouviez juste m'indiquer... Il y a une augmentation de 34%.
M. Lazure: II y a un jeu de chiffres. C'est tout simplement un
transfert de certains budgets qui ont été mieux identifiés
au niveau des services hospitaliers. Par exemple, au Centre hospitalier de
l'Université Laval, il y avait une partie du budget où il y avait
confusion entre la recherche et les soins. L'identification de ce budget a
entraîné un transfert. Ce sont les résultats de ce
transfert et non pas une augmentation sensible du budget de recherche. Ce
budget de recherche est plutôt indexé, point.
Les délinquants... Vous commencez votre soirée, vous
autres.
Une Voix: ...
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est Guy eux. Une Voix: Bon,
d'accord.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, au lieu de poser des questions,
est-ce qu'on pourrait pas ce soir, ni cette nuit avoir une liste
des principaux projets de recherche en cours?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Vous devez certainement avoir cela.
M. Lazure: Oui, oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je pense que...
M. Lazure: Cela constituait une espèce de rapport annuel
en même temps. Et santé, et social.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela. Le Président (M.
Jolivet): Adopté? Mme Lavoie-Roux: Adopté. Le
Président (M. Jolivet): Programme 15.
M. Lazure: Programme 15: Coordination régionale.
Coordination régionale Mme Lavoie-Roux: Ah, ah, ah.
M. Lazure: Cela, essentiellement, ce sont les conseils
régionaux.
Mme Lavoie-Roux: Cela est la plus intéressant.
M. Lazure: Ça vous intéresse? Bon, on va s'y
arrêter un peu. Je vais inviter M. Jean-Claude Gagné. Merci M.
Dallaire, merci Mme Soucy.
Mme Lavoie-Roux: Le tableau, ça va aider, ça va
raccourcir.
M. Lazure: Un petit tableau de ce matin. Mme Lavoie-Roux:
Oui. M. Lazure: La population.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je l'ai ici. Je vais le ressortir. Attendez
une minute. Je les ai. Il est chanceux. Tout le monde lui prépare
cela.
Il faut que je me retrouve dans mes papiers.
Une Voix:...
Mme Lavoie-Roux: Elle fait ses premières armes. Je ne suis
pas sûre qu'elle revienne.
M. Lazure: Ce matin, je pense que vous avez soulevé la
question. Le pourcentage d'accroissement de la population par rapport à
l'Ontario. C'était 2% au Québec, l'an passé par rapport
à il y a deux ans, tandis qu'en Ontario, c'était 3.5%. C'est
encore un petit peu plus élevé là-bas.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je pense que je l'ai lu quelque
part pour la première fois de leur histoire, je ne suis pas
sûre qu'ils n'aient pas une diminution de population en Ontario cette
année.
M. Lazure: Cela se peut, oui. Oui, parce que 3.5% ce n'est pas
beaucoup. Je m'attendais qu'ils aient plus que cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Cela se peut que ce soit en train de se
stabiliser.
Mme Lavoie-Roux: ... M. Lazure: Bon, alors.
Mme Lavoie-Roux: On finira par y aller un jour.
M. Lazure: Oui, le tableau donne les populations desservies par
chaque conseil régional et le budget qui est affecté à
chacun de ces conseils, pour un total de $10 900 000.
Une Voix: ...
Mme Lavoie-Roux: Prenez votre temps. La nuit est jeune encore.
Vous devriez savoir que je me... Ecoutez, je vous remercie pour nous avoir
envoyé les budgets des CRSSS pour les différentes régions
et la population. Quand on fait une estimation, un peu à l'oeil, en
divisant la population par le budget ou le budget par la population, vous
arrivez grosso modo, à la suite l'un de l'autre: $3 per capita, $2,
$1.25, $1.50, $3, même un peu plus. Ce sont les Cantons de l'Est qui ont
le plus, en fait. Montréal métropolitain, $1;
Lau-rentides-Lanaudière $1.75; le sud de Montréal, à peu
près $0.75; l'Outaouais, $1.75; le Nord-Ouest, $3 plus; la
Côte-Nord, $4. plus. (23 h 30)
Je comprends que, dans les régions éloignées, les
coûts soient peut-être plus élevés compte tenu que la
population est plus éparse, qu'il y a du transport, qu'il y a un plus
grand nombre de municipalités, etc. Mais vous arrivez, dans des
régions comme Montréal métropolitain, à $1 et
à Québec à $1.25 ce n'est peut-être pas exact
à la cent à Laurentides-Lanaudière, il y a une
partie rurale, mais c'est quand même passablement différent du
Nord-Ouest de la Côte-Nord ou de la Gaspésie, et vous arrivez
à $1.75. Pour le sud de Montréal, vous arrivez à $0.75
environ. Je voudrais savoir sur quels critères vous établissez
ces montants.
M. Lazure: Le critère du per capita, il ne faut pas qu'il
soit le seul, évidemment.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Lazure: Vous avez introduit un facteur...
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela que je l'accepte, mais...
M. Lazure: ... qui apporte une variation, les distances. Il y a
d'autres facteurs, mais le principal, je dirais que... Dans le cas d'organismes
qui ont un rôle de coordination régionale, de planification, de
surveillance et, de plus en plus, avec les mandats qu'on leur donne, d'action
et de décision sur telle ou telle sorte de problème, dans ce
genre d'organisation, il y a un groupe minimum d'effectifs que cela vous prend
pour pouvoir accomplir toutes ces fonctions. Le groupe d'effectifs minimum,
tout en étant optimum, si vous voulez, le minimum raisonnable se situe
autour de quinze, vingt employés. Il faut quand même qu'il y ait
une équipe suffisante de plusieurs types de professions. Cela peut aller
de l'ingénieur qui est là au CRSSS rattaché à la
fonction de l'allocation des ressources régionales pour les
équipements des hôpitaux, pour les travaux de rénovation,
etc., jusqu'au psychologue ou au travailleur social qui est en charge de la
commission administrative s'occupant des services de santé mentale pour
la région. Il y a une grande diversité de main-d'oeuvre
professionnelle dans un conseil régional. Ce minimum de quinze, vingt,
vingt-cinq, autour de vingt employés, on a les effectifs ici, cela va
vous donner automatiquement un minimum comme montant de base pour votre budget
qui peut aller justement autour de $500 000, $600 000. Quelle que soit la
population, que la population soit de 200 000 à desservir oi de 1
000 000, vous avez besoin de ce noyau, de cette base.
Mme Lavoie-Roux: Cela, je le comprends.
M. Lazure: Je dirais que cela, c'est la principale variable qu'on
introduit. Cela varie effectivement: le plus bas, seize personnes au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, et cela va jusqu'à... Oh! pardon, 18. Il y en a
un autre, 17. Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, c'est 17, Lac Saint-Jean,
c'est 18, la même chose. Cela va jusqu'à 72 dans le cas du
Montréal métropolitain.
Ce qui est encore plus significatif que l'argent, c'est peut-être
le nombre d'employés. Si on prend le Bas-Saint-Laurent qui a $600 000...
un peu plus de $1 000 000 par rapport au Montréal métropolitain
qui a presque trois fois plus, je ne sais pas exactement pourquoi, si
Montréal paie des salaires moins élevés ou s'il y a
d'autres facteurs qui interviennent...
Il y a des mandats spéciaux qui interviennent aussi comme SERVCOM
sur la Côte-Nord. C'est un mandat spécial de coordination et qui
est propre à la région. Dans le cas du Conseil régional de
Montréal, l'organisation des déclarations de naissance dans un
transfert, c'est fait; il y a un registre téléphonique pour
cumuler rapidement les naissances et avoir de meilleurs registres au point de
vue population. A Sherbrooke, vous avez l'expérience de la
décentralisation à laquelle il a fallu ajouter quelques effectifs
pour assurer un meilleur suivi de l'expérience. A la base, c'est un
montant de $135 000 comme point de départ, $0.10 per capita, $0.20 par
mille carré et $100 par établissement. On part de là comme
base à tous les conseils régionaux. Ce qui correspond à
l'effectif minimal.
Ensuite, s'ajoutent des mandats qui ne sont pas tous standards, par
définition, lorsqu'on parle de régionalisation. Il y a certains
mandats propres à une région.
Mme Lavoie-Roux: Combien par mille carré?
M. Lazure: $0.10 per capita, $0.20 par mille carré de
territoire plus une allocation de $100 par établissement, pour un
montant de $135 000. C'est une façon d'essayer d'avoir une base qui
avait été faite, historiquement. Ensuite, cela a
été indexé et certains mandats spéciaux sont
rajoutés.
Mme Lavoie-Roux: Pourriez-vous me donner les effectifs? J'ai
déjà la région du Bas-Saint-Laurent, 17; le Saguenay, 18,
Québec?
M. Lazure: Québec, 29 c'est l'année
1979-1980, l'année qui vient de finir.
Mme Lavoie-Roux: Oui, Trois-Rivières?
M. Lazure: Québec, 29; Trois-Rivières, 25; Cantons
de l'Est, 23; Montréal, 72; Laurentides, 22; Sud de Montréal, 27;
Outaouais, 20; Nord-Ouest, 25; Côte-Nord, 25. Un total de 303.
Mme Lavoie-Roux: La question la plus importante ou qui le semble,
en comparant les milieux urbains... Vous avez la région 6-C, dont le
budget est certainement inférieur aux autres régions urbaines
importantes, que l'on prenne le Montréal métropolitain ou la
région de Québec. Je comprends qu'il y a des facteurs ou des
variantes qui ne jouent pas; vous vous trouvez vraiment, dans la région
du sud de Montréal, qui est une région toute aussi urbaine que
Montréal, avec une différence quand même...
M. Lazure: II y a un élément qui joue, par exemple
au niveau de l'article 43 b) de la loi. Il y a eu des mandats spéciaux,
confiés à trois conseils régionaux, pour l'organisation
des effectifs médicaux. C'est le cas pour Québec, 6-A et
Sherbrooke et Montréal évidemment.
Mais il reste que le député de L'Acadie a partiellement
raison. La rive sud, encore une fois, est négligée, M. le
sous-ministre. !! va falloir corriger cette situation.
Mme Lavoie-Roux: Puisqu'on parle de la rive sud et du CRSSS de la
rive sud...
M. Lazure: Ah! je vous voyais venir!... Mme Lavoie-Roux: J'ai
préparé cela de loin.
M. Lazure: Oui, oui, vous auriez pu être plus directe.
Mme Lavoie-Roux: Non, j'aime avoir les chiffres. Autrement, il
est bien difficile de faire des
comparaisons. Pouvez-vous me dire quand la tutelle sera levée au
CRSSS de la rive sud? C'est direct, ça. Vous avez dit d'y aller
directement.
M. Lazure: Je ne sais pas. Oui, c'est direct. Je vais vous
répondre directement. J'attends le rapport du tuteur, dans une semaine,
dix jours, je pense. Je ne sais pas ce qu'il y aura dans son rapport. Je
pourrai répondre après avoir lu son rapport.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le rapport sera rendu public?
M. Lazure: Probablement. Notre politique est de les rendre
publics, sauf s'il y a vraiment des répercussions d'ordre personnel,
mais en général, nous les rendons publics.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais j'aimerais avoir un engagement.
D'abord, le ministre avait indiqué, à l'Assemblée
nationale, que la probité des personnes n'était pas mise en
cause.
M. Lazure: Elle n'est pas mise en cause, c'est pour ça que
je dis que très probablement, il sera rendu public. C'est mon
intention.
Mme Lavoie-Roux: Remarquez bien que c'est une tutelle qui a
surpris... On va être obligé de revenir demain matin.
M. Lazure: On va être obligé d'évacuer.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le micro fonctionne toujours? Oui,
alors, il n'y a pas de problème.
Une Voix: C'est ce qui compte en politique, du moment que le
micro fonctionne. Caméra et micro...
Mme Lavoie-Roux: ... et un peu de lumière aussi.
C'est une tutelle qui avait surpris les gens. Les motifs
invoqués... Je n'ai pas le temps, ce soir, de retourner à toute
la littérature et à toutes les déclarations qui ont
été faites, mais est-ce qu'on peut m'indiquer, sans
préciser exactement ce qu'elles étaient, si on a trouvé
des informations importantes, supplémentaires, à ce qu'on savait
au moment où j'ai posé la question au ministre, en Chambre, qui
indiquent que vraiment il y avait lieu de faire la tutelle?
Les motifs invoqués étaient vraiment plutôt faibles,
mais à ce compte là on pourrait en mettre plusieurs en tutelle. Y
a-t-il eu d'autres éléments importants?
M. Lazure: On m'indique qu'ils étaient
généraux, pas nécessairement faibles.
Mme Lavoie-Roux: Vous savez, parfois l'un rejoint l'autre,
n'est-ce pas?
M. Lazure: Pas nécessairement. Mais, sérieusement,
les rapports verbaux que j'ai eus de M. Roger Lepage, qui est le tuteur,
indiquent que, d'après lui, la tutelle était amplement
nécessaire. On peut me rétorquer qu'il ne faut pas s'attendre
à autre chose de la part de celui qui a été nommé
tuteur, mais ce n'est pas le cas. Dans d'autres cas un enquêteur ou un
tuteur arrive à la conclusion que telle ou telle plainte ou telle ou
telle représentation avait été exagérée. Peu
importe les conditions dans chaque cas, mais dans ce cas-ci, le tuteur nous a
affirmé, au sous-ministre et à moi-même, il y a deux ou
trois semaines, lorsqu'on l'a rencontré, qu'à son avis et
le rapport le démontrerait la tutelle est vraiment
nécessaire.
Entre parenthèses, au cas où vous ne le sauriez pas, il y
a un directeur général intérimaire qui a été
nommé par le tuteur, parce que le tuteur a le droit de nommer un
employé, à quelque niveau que ce soit. M. Chicoine est
entré en fonction à la suite de la démission du directeur
général de l'établissement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on s'attendait à ça, parce
que les mauvaises langues ont dit... "Les mauvaises langues", remarquez bien
que...
M. Lazure: II ne faut pas répéter ce que les
mauvaises langues disent! Ce n'est pas bien, ça.
Mme Lavoie-Roux: Non, en l'occurrence, c'étaient des
"méchants" journalistes qui avaient dit que c'était surtout la
tête du directeur général qu'on voulait. Alors, ceci
accompli, je suppose que la mission est satisfaisante.
M. Lazure: Non, je peux vous dire qu'évidemment cette
remarque a besoin d'être reprise. Ce n'était certainement pas le
motif de la tutelle; c'était une situation de mauvais fonctionnement
général qui durait depuis des années. J'ai
déjà eu l'occasion de dire que lorsque je suis arrivé au
ministère en 1976, le sous-ministre, à l'époque, m'a
parlé de ce CRSSS que je connaissais peu comme
étant un conseil régional qui causait beaucoup de
problèmes. Le sous-ministre m'a dit, plusieurs mois plus tard: C'est
curieux, parce que l'ancien ministre pensait qu'on avait des problèmes
avec lui à cause de l'allégeance politique différente;
depuis que le gouvernement a changé, on a les mêmes
problèmes et vous avez les mêmes problèmes.
Mme Lavoie-Roux: II avait peut-être changé lui
aussi!
M. Lazure: Non, apparemment, ça n'avait rien à
faire avec la politique; ça je peux vous le jurer. C'était un
état de malaise généralisé, chronique dans la
région. Dans ce conseil régional je ne veux pas revenir
sur tout le dossier moi non plus il y a beaucoup de
représentations de faites par les cadres, il y avait un roulement de
personnel, de ces 20 à 25 employés, beaucoup
plus élevé que dans la plupart des conseils
régionaux.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, apparemment, les chiffres que
vous nous avez fournis à l'Assemblée nationale ne faisaient pas
la comparaison entre des laps de temps identiques.
M. Lazure: En tout cas, le rapport va sûrement traiter de
ça, entre autres choses.
Mme Lavoie-Roux: On va attendre le rapport, mais je voudrais
quand même faire remarquer que le fait est assez rare, parce que souvent
les centres d'accueil ou les établissements sont en conflit avec le
CRSSS et au moment de la mise en tutelle de ce CRSSS on a quand même
reçu... Dès que le bruit eut couru dans le milieu, des
télégrammes de protestations furent envoyés à MM.
Lévesque, Lazure et Marois par les hôpitaux de la région,
la Conférence régionale des centres hospitaliers, par le Conseil
régional des centres d'accueil, par l'Association des centres sociaux
Richelieu et par l'Association des directeurs généraux. On peut
penser que l'Association des directeurs généraux intervenait en
fonction d'un de ses membres, mais, dans le cas des autres associations ou
établissements, sauf un, il y avait peut-être le CLSC, je pense...
(23 h 45)
M. Lazure: II y a deux choses à dire là-dessus.
D'abord, comme vous venez de le dire, les CLSC n'ont pas protesté contre
la tutelle. Deuxièmement, je suis allé aux vérifications
dans des centres d'accueil individuels, un par un dans la région, et le
fameux télégramme de protestation au nom des centres d'accueil
émanait de l'Association des centres d'accueil; et les centres
d'accueil, un par un, n'ont jamais été consultés pour
envoyer ce télégramme de protestation.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes allé les voir un par
un?
M. Lazure: Non, au hasard de mes visites, parce que c'est dans
mon comté.
Mme Lavoie-Roux: Référendaires.
M. Lazure: Ou autres préréférendaires.
Mme Lavoie-Roux: Ils sont chanceux. Ils ont tous
été visités et moi, j'attends toujours de la visite dans
mon comté.
M. Lazure: Dans quel centre d'accueil. Mme Lavoie-Roux:
Vous y êtes allé. M. Lazure: L'hôpital dont on
parlait tantôt? Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: On va y aller. C'est promis. Sérieusement, ce
lobby qui a été organisé rapide- ment, presque avant que
la tutelle soit annoncée, à toutes fins pratiques, c'est un lobby
classique où...
Mme Lavoie-Roux: Classique... Ecoutez!
M. Lazure: Oui, et quand vous dites, d'autre part, que
généralement les établissements ont beaucoup de
problèmes avec les CRSSS, donc, généralement, on ne
devrait pas s'attendre que, si un CRSS est en tutelle, les
établissements protestent contre la tutelle. Cela aussi, c'est gratuit.
D'abord, c'est la première fois que ce fait une tutelle dans un CRSSS et
dans à peu près toutes les régions, il y a des tensions,
au contraire, qui sont saines entre les CRSSS, d'une part, et les
établissements. En gros, c'est une région la région
de la rive sud où l'action du CRSSS ne se faisait pas sentir, et
c'est peut-être une chose qui plaisait à certains directeurs
d'hôpitaux de la rive sud ou à certains directeurs de centres
d'accueil de la rive sud. Le CRSSS n'assumait pas son rôle de leadership
qui parfois peut vouloir dire des frictions avec les établissements et
des tensions inter-établissements et établissements, par rapport
au conseil régional aussi. Mais il ne se passait presque rien sur la
rive sud.
Même sans friction, Mme la députée, il y avait des
centres d'accueil et de réadaptation qui voulaient avoir une table de
concertation entre eux et le conseil régional, pour mieux coordonner
leur action. La réponse du conseil régional était de dire:
Ah, on n'a pas de mandat spécial; on n'a pas d'argent; on ne peut pas
s'en occuper. C'est assez paradoxal quand le mandat essentiel, c'est de
coordonner.
Le résultat, c'est que ces trois centres d'accueil se sont
groupés. On peut vous les nommer. J'ai reçu le rapport, il y a un
an à peu près. Ils ont fait, de leur propre initiative, un
travail qui aurait dû être fait par le CRSSS et on peut multiplier
des exemples comme ça.
Mme Lavoie-Roux: Une chose certaine, c'est qu'il y a des cas
où il y a vraiment de la malversation au plan...
M. Lazure: Non, il n'y avait pas de malversation, mais un
malfonctionnement ou une mauvaise gestion.
Mme Lavoie-Roux: D'accord pour ce cas-là. Mais dans le cas
où les motifs sont aussi généraux que ceux qu'on a
invoqués, ce serait souhaitable peut-être que les lois ne
le prévoient pas ou dans ce cas, les lois pourraient le prévoir
que ces enquêtes soient publiques. Quand le gouvernement envoie
son enquêteur, face à des difficultés, quelles qu'en soient
les raisons, je ne peux pas les analyser dans les relations entre le
ministre et un CRSSS, que l'enquêteur, à tous les niveaux et dans
tous les gestes qu'il pose, représente le gouvernement, celui-ci, le
gouvernement, se trouve un peu juge et partie dans ces choses. On ne peut pas
le faire pour le CRSSS de la rive
sud. Mais dans l'avenir, je pense que ce serait souhaitable que ces
enquêtes soient publiques. Là, le rapport va arriver et je ne veux
pas mettre en cause la bonne foi de l'enquêteur ou du tuteur qui a
été nommé, mais c'est une situation qui a
été très confuse au départ et qui n'a pas
soulevé le tollé qu'elle a soulevé sans raison aucune.
M. Lazure: Un tollé qui n'a pas duré longtemps, qui
a consisté en quelques télégrammes pendant une semaine.
Mais essayez de relever des choses qui sont sorties depuis deux mois
là-dessus; il n'y a rien.
Mme Lavoie-Roux: C'est sur ça que vous comptiez,
d'ailleurs. Cela finit toujours par mourir.
M. Lazure: Non.
Mme Lavoie-Roux: Voyons donc!
M. Lazure: C'est vous qui parlez de tollé. Moi, je dis
qu'il n'y a pas eu de tollé. Il y en a eu un...
Mme Lavoie-Roux: Demain, je vais vous apporter toutes les
déclarations des journaux datées de plusieurs semaines, M. le
ministre.
M. Lazure: Je le sais. J'habite la rive sud. Je suis
député d'un comté de la rive sud, Mme la
députée, voyons. Vous ne viendrez pas me dire ce qui s'est
passé sur la rive sud. Je lis les hebdos de la rive sud chaque semaine,
quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je lis les grands journaux.
M. Lazure: Je lis les grands aussi; les petits et les grands.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon on va attendre le rapport
de l'enquêteur.
Le Président (M. Jolivet): Le programme no 15 est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Un instant. Je suis sûre que vous avez
donné l'explication mais je n'ai pas écouté, alors je vais
laisser faire. Programme no 16.
Le Président (M. Jolivet): Programme 16.
M. Lazure: Service de santé et services sociaux au
Nouveau-Québec.
Services de santé et services sociaux au
Nouveau-Québec
Mme Lavoie-Roux: C'est l'application de...
M. Lazure: Alors, nos amis du Nouveau-Québec.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'application de l'entente de la Baie
James.
M. Lazure: En partie, pas seulement ça.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Ecoutez, je n'ai pas de question.
M. Lazure: Vous n'avez pas de question. Bon, merci, merci,
merci.
Le Président (M. Jolivet): Programme 16, adopté.
Programme 17.
Direction et gestion du ministère
M. Lazure: Programme 17, Direction et gestion du
ministère. Bon, c'est l'administration interne du ministère. Il
n'y a rien de particulier, une augmentation de $52 000 000 à $57 000
000, une augmentation normale. On a eu une légère diminution des
effectifs. Je vous rappelle ce que j'ai dit hier, une centaine
d'employés de moins. Depuis quelques années, on réduit
d'à peu près 100 le nombre de nos effectifs dans l'ensemble du
ministère.
Mme Lavoie-Roux: Où en êtes-vous... D'accord.
M. Lazure: D'accord, merci, merci.
Le Président (M. Jolivet): Programme 17 adopté.
Mme Lavoie-Roux: J'ai juste une question sur les relations de
travail.
M. Lazure: Oui, bien ça le concerne. La direction
générale des relations du ministère, oui.
Mme Lavoie-Roux: Cela touche...
M. Lazure: Dans le ministère vous voulez dire ou dans le
réseau?
Mme Lavoie-Roux: Dans le réseau.
M. Lazure: Dans le réseau, laissez faire, allez vous
coucher.
Mme Lavoie-Roux: Non, ça touche peut-être aussi le
ministère. Je vais vous lire le télégramme, vous me direz
qui ça touche.
M. Lazure: Bon, des télégrammes.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez dû le recevoir, ça vous a
été sans doute adressé. Oui, c'est une copie d'un
télégramme envoyé ce jour à M. Denis Lazure,
ministre des Affaires sociales par l'association...
M. Lazure: Quel jour? Quelle date?
Mme Lavoie-Roux: Cela semble être le 22 avril 1980.
L'Association des cadres intermédiaires ne sont pas satisfaits des
politiques de rémunération des cadres aux Affaires sociales et,
dans les dernières années, les cadres intermédiaires des
Affaires sociales ont constamment connu des échelles salariales
inférieures à celles accordées à leurs
confrères de la fonction publique et de l'Education pour un travail
équivalent. Cette année encore, le gouvernement persiste dans la
même ligne de deux poids, deux mesures. Bon nombre de cadres
intermédiaires ont des salaires inférieurs à ceux de
subalternes et inférieurs à ceux qu'ils auraient s'ils
étaient demeurés dans un poste d'exécution couvert par
l'unité de l'accréditation. Ecoutez la suite: "II est
inconcevable ce n'est pas moi qui le dit, ce sont eux voire
révoltant que votre gouvernement ne juge pas à propos
d'assurer..."
M. Lazure: C'est quasiment indécent.
Mme Lavoie-Roux: Je n'oserais pas dire une telle chose... de
s'assurer que les cadres intermédiaires... Mais, sérieusement,
vous avez eu le télégramme.
M. Lazure: Oui, je l'ai lu, je suis bien au courant. On a
même répondu, on a posé des gestes.
Mme Lavoie-Roux: Alors, qu'est-ce que vous avez
répondu?
M. Lazure: Un des gestes importants qu'on a posés et qui a
grandement satisfait cette association, c'est qu'on a passé un
décret tout récemment, il y a quatre ou cinq semaines, trois ou
quatre semaines, un arrêté en conseil qui reconnaît cette
association, à toutes fins pratiques, comme un agent négociateur
vis-à-vis du ministère des Affaires sociales. C'est une chose
qu'ils réclamaient depuis des années. Le sous-ministre et moi
avons fait partie de groupes, autrefois, quand nous étions du monde
ordinaire dans le réseau des Affaires sociales pour réclamer une
telle chose. On a accordé ce statut d'agent négociateur, ce qui
va être au fond l'instrument principal pour éviter des
délais dans leur négociation, parce que jusqu'ici ce
n'était pas vraiment des négociations, c'est le ministère
qui fixait les conditions de travail des cadres dans le réseau. Quant
à leur salaire, à leur condition courante ou à venir, je
vais laisser le sous-ministre vous donner un peu plus de détails. Je
peux vous dire qu'on a envoyé la lettre il y a une semaine ou deux,
quelques semaines en tout cas. Il y a environ trois semaines, ils ont eu une
réponse. Outre l'ACIAS à laquelle vous vous
référez, d'autres associations représentant les cadres ont
été reconnues par décret, dont l'Association des
directeurs généraux, la Fédération des
administrateurs de services de santé et de services sociaux,
l'Association des cadres et infirmiers unis, enfin les principales associations
de ce type ont été reconnues par décret pour pouvoir
discuter et être inofficielles, en quelque sorte, avec le
ministère.
D'autre part, parmi les gestes posés, il y a eu aussi, il y a
quelques semaines, publication d'une série de documents qui
définissent les conditions de travail, surtout normatives, où il
n'y avait pas d'encadrement jusqu'à maintenant sur les conditions de
travail normatives. Ce document est transmis aux associations de cadres comme
aux associations d'établissement et sert tout simplement comme point de
référence et définition des conditions de travail
jugées normales à l'ensemble du réseau.
Il y a eu annonce, dans ce document, par exemple, d'un mécanisme
de recours en cas de congédiement, de sorte qu'un cadre qui estime qu'il
est injustement congédié ou mis à pied puisse être
entendu devant un groupe paritaire et avec un certain nombre de conditions qui,
advenant qu'il y ait eu injustice, si tel est le cas, il puisse y avoir une
modalité de protection à l'intérieur du réseau des
Affaires sociales et certaines compensations.
Si vous voulez, l'ensemble de ces documents qui définissent les
conditions de travail peut vous être envoyé; il y a un cahier par
catégorie de cadres et associations auxquels je viens de faire
référence. Je pense que vous trouveriez là l'ensemble des
conditions régissant, actuellement, le réseau des Affaires
sociales au niveau des cadres.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, vous faisiez allusion à un
droit de recours des cadres dans le cas de congédiement. Vous vous
souviendrez que l'an dernier il y avait eu un directeur général
d'établissement qui avait été...
M. Lazure: ... faire entrer Mme Huard. Mme Huard.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui. Je ne sais pas s'il va y avoir un
autre concours.
M. Lazure: Non, mais si...
Mme Lavoie-Roux: Elle a été remplacée?
M. Lazure: Mais si ce qui s'est passé à ce
moment-là...
Mme Lavoie-Roux: Non, non, mais je veux dire...
M. Lazure:... se passait maintenant, elle serait
protégée.
Mme Lavoie-Roux: Elle serait protégée.
M. Lazure: Oui, elle serait beaucoup mieux
protégée, sérieusement, elle serait beaucoup mieux
protégée maintenant.
Mme Lavoie-Roux: Parce que là, il y avait une
espèce de comité ad hoc.
M. Lazure: Bona fide, c'est volontaire, c'est beaucoup plus
officiel. Et, outre qu'il existe comme comité, le document a
arrêté environ 14 ou 15 points qui sont reçus avec une
certaine satisfaction par les associations, bien qu'ils n'applaudissent pas,
évidemment. Ils pensent à d'autres sujets.
Sur ce sujet, ils sont particulièrement contents, puisque, outre
l'existence formelle d'un tel comité, il est prévu qu'en cas de
décision, il y a des compensations prévues qui sont
définies dans le document.
Cela va être statutaire aussi.
Autrefois, il n'y avait rien, cela pouvait finir, 15 jours, fini.
Parfois c'était trois mois de salaire par rapport à six
mois. Il y a une référence précise.
Mme Lavoie-Roux: Finalement, le cas de la personne qui avait
été congédiée l'an dernier, vous m'aviez dit que
son problème de relocalisation, parce qu'elle avait une sorte de droit
prioritaire, je pense, dans la relocalisation...
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... n'était pas très complexe.
Est-ce que...? Parce que vous savez que ce cas-là aussi, c'était
un cas...
M. Lazure: Oui, il faut être exact. Ce n'est pas un droit
prioritaire de reclassement, de replacement.
Mme Lavoie-Roux: Non, cela, ça se peut que...
M. Lazure: Non, ce n'était pas un droit justement. Le
service de placement...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: ... pour reclassement qui est un droit pour
l'employé qui a acquis... qui est syndiqué et qui a la
sécurité d'emploi. Cela l'est pour lui ou elle. Mais pour les
cadres, ça ne l'était pas. Tout ce qu'on faisait, c'était
de mettre à sa disposition les services du comité de placement
pour l'aider à être embauché dans un autre
établissement. Mais ce qui est arrivé effectivement, on m'a dit
qu'elle... dans le cas de Mme Huard, elle est déménagée
ou...? Je ne peux malheureusement pas vous donner le dernier épisode de
son cheminement, mais je sais que le comité a tenté de lui
trouver un emploi dans le réseau. Je ne sais pas si ça a
été réussi ou pas.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. M. Lazure: II reste...
Le Président (M. Jolivet): Ça va pour le programme
18?
M. Lazure: Le programme 18, écoutez.
Le Président (M. Jolivet): Avant d'aller au programme 18,
M. le ministre, simplement pour ceux qui liront le journal des Débats et
qui ne sont pas au courant peut-être, des termes de l'Office de la langue
française,' le mot "arrêté en conseil" a été
changé par "décret".
Direction et gestion de la Commission des affaires
sociales
M. Lazure: Merci, M. le Président. Programme 18, Direction
et gestion de la Commission des Affaires sociales. Le président est le
juge Poirier; le juge Poirier est absent, mais en son absence, c'est la
vice-présidente, Me Turcotte, qui est ici. Alors, s'il y a des
questions, on peut faire venir Me Turcotte.
Mme Lavoie-Roux: Je dois dire que j'ai lu le rapport de la
Commission des Affaires sociales. Il y avait des recommandations.
Malheureusement, avec cette bibliothèque qui nous suit... De
mémoire, je pense que je peux même... pas dans les
détails... Bonjour! (minuit)
M. Lazure: M. Desmarais de la commission. Assoyez-vous.
Mme Lavoie-Roux: II y avait des recommandations touchant des
modifications à apporter à des règlements de l'aide
sociale, entre autres. C'est un rapport qui a été
déposé durant le premier trimestre 1979. Je ne peux pas me
souvenir par coeur des modifications exactes, mais on va vous trouver cela.
Peut-être que ceci a été corrigé: La commission
constatait que l'équipement médical non assuré en vertu de
la Loi de l'assurance-maladie, les prothèses, les orthèses,
continue à être comblé par l'aide sociale, mais au
même taux que celui en vigueur en 1975. Est-ce que ceci a
été modifié?
M. Lazure: On s'est entendu récemment pour remonter les
taux, mais est-ce que cela a été accepté?
Les appareils orthopédiques? Non, le mémoire est sur la
table du Conseil des ministres présentement. Il a été
accepté par le CMPDS.
Sans aller dans tous les détails, en s'inspirant en bonne partie
des recommandations de la Commission des affaires sociales, on a
procédé à des modifications de règlements, il y a
déjà quelques mois. C'est rendu tout à fait au bout de la
machine, comme M. Roy, le directeur de l'aide sociale, vient de le dire. C'est
à l'étude au Conseil des ministres. C'est une série de
modifications aux règlements de l'aide sociale. Il y en a qui sont
relativement mineurs comme ceux-là, qui sont assez facilement
acceptables, il y en a d'autres qui sont plus importants.
Mme Lavoie-Roux: II reste que cela ne fait pas loin d'un an que
vous avez ce rapport entre les mains.
M. Lazure: Oui, cela fait déjà quelques mois qu'on
a fini ces études. En recevant le rapport, j'ai fait ce que je fais
chaque année. J'ai envoyé au sous-ministre une note, après
avoir pris connaissance du rapport, demandant de procéder à
l'implantation des recommandations; sauf exception, à chaque
année, on est presque toujours d'accord sur 100% des recommandations de
la commission. La commission nous est d'une aide très précieuse,
à cet égard.
Mme Lavoie-Roux: On recommandait une révision des
barèmes concernant l'établissement des besoins ordinaires d'un
ménage. Il ne semble pas que ceci ait été modifié,
puisque les barèmes de l'aide sociale sont demeurés les
mêmes, sauf l'indexation...
M. Lazure: Est-ce que vous parlez de la recommandation 1.2 de la
page 30?
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous dire cela.
M. Lazure: C'est le cas d'un ménage formé d'un
adulte et d'un enfant.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Oui.
M. Lazure: ... mais dont l'adulte ne compte pas dans le calcul
des besoins du ménage.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Lazure: C'est un dossier qui a été
référé au programme des services sociaux en disant que
l'enfant qui n'a plus ses parents avec lui devrait être pris en charge
par le CSS et non par l'aide sociale.
Mme Lavoie-Roux: C'est le cas d'une fille-mère
hébergée dans un centre d'accueil et qui garde auprès
d'elle son enfant qui, lui, n'est pas hébergé et pour lequel le
centre réclame de la mère des frais pour son entretien. Ce n'est
pas tout à fait, je pense, ce que vient de mentionner M. Roy: "Pour les
fins de calculs des besoins d'un tel ménage, ce ménage n'est
formé que d'un enfant à charge suivant le règlement
7212.
M. Lazure: Pour ce dossier, il y a eu intervention de la
Direction générale des programmes des services sociaux
auprès des établissements et l'enfant est pris en charge par
l'établissement.
Mme Lavoie-Roux: II ne réclame plus rien à la
mère?
M. Lazure: II ne réclame plus rien. Je peux vous confirmer
cela à titre d'exemple: la maison pour femmes en difficulté,
Carrefour pour elles, à Longueuil. Je sais qu'elle
bénéficie de cette nouvelle entente, de ce nouvel arrangement. La
femme est hébergée avec son enfant et c'est le Centre de services
sociaux qui assume le coût et pour l'enfant et pour la mère.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Evidemment, cela dépend de la
longueur des placements. Je suppose qu'ils ne sont pas tellement longs parce
que...
M. Lazure: En général, ils ne sont pas longs.
Mme Lavoie-Roux: ... l'enfant a d'autres besoins que d'être
logé et nourri.
Une Voix: C'est du dépannage.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que c'était dans le sens de votre
recommandation? Est-ce que je vais vous le demander à vous parce
que sans cela je vais faire le tour de toutes les recommandations une
suite a été donnée à vos diverses recommandations?
Peut-être que la question pourrait être plus simple?
M. Lazure: On devait se rencontrer vendredi dernier et ce sont
les travaux de la commission qui ont fait que cette rencontre a
été reportée au mois d'août. A chaque année,
il y a toujours une rencontre avec la Direction générale de
l'aide sociale pour repasser chacune des recommandations pour nous expliquer ce
qu'ils ont entrepris, ce qu'ils proposent, ce qui sera ou non accepté.
Nous n'avons pas eu notre rencontre encore avec la Direction
générale de l'aide sociale pour repasser ces recommandations.
Comme le disait le ministre, il y a toujours une réaction
officielle à la suite de cette rencontre où on nous explique
qu'une recommandation est acceptée et que l'autre... en motivant le fait
qu'une recommandation ne l'est pas.
Mme Lavoie-Roux: Vous arrivez une semaine trop tôt? Je
comprends.
M. Lazure: Une semaine, c'est peut-être peu. S'il y a des
rencontres prévues et après s'il y a une rencontre officielle, je
pense bien que cela prend plus d'une semaine.
Mme Lavoie-Roux: Ils vous auraient au moins indiqué les
recommandations qu'ils retenaient pour discussion au Conseil du trésor,
même si, à ce moment-là, le Conseil du trésor ce
n'était pas...
Je voudrais profiter de l'occasion... J'ai eu quelques cas, dans mon
comté, qui ont eu affaire à la Commission des affaires sociales,
pris recours auprès de la Commission des affaires sociales. Je pense que
la façon dont les gens sont reçus et la satisfaction... en tout
cas, c'est un échantillon peut-être très petit, mais ce
sont quand même toujours des cas très pénibles. Je dois
dire que cela m'est apparu et j'ai eu des témoignages à cet
égard que la commission avait à l'endroit des personnes qui y
faisaient appel... Cela ne veut pas dire qu'on leur donne toujours raison, mais
on a l'impression qu'ils sont contents d'avoir ce recours ultime, et ils
sentent davantage que vraiment on a tenté un effort pour leur rendre
justice. Je tiens à le signaler parce que c'est vraiment ce que j'ai
observé dans le petit échantillon auquel je peux me
référer.
M. Lazure: J'ai eu souvent l'occasion de le dire dans le
passé, cette commission est peut-être, de tous les organismes qui
relèvent de notre ministère, celui pour lequel on a le moins de
plaintes. Il est excessivement rare qu'on ait des plaintes au sujet de cet
organisme. C'est un organisme qui, à mon avis, fonctionne très
bien, de façon modeste, avec un budget modeste. Quand on pense à
toutes les responsabilités qu'on a assignées à la
commission depuis trois ou quatre ans, c'est considérable. On a
ajouté les accidents de travail, on a ajouté les accidents
d'automobile, on a ajouté les handicapés, les services de garde.
Il y a plusieurs nouveaux recours maintenant qui se rendent à la
Commission des affaires sociales...
Mme Lavoie-Roux: C'est une belle institution que l'ancien
gouvernement avait mise en place!
M. Lazure: Oui. Cela faisait partie de l'exception qui confirmait
la règle!
Mme Lavoie-Roux: Elle a un excellent président,
d'ailleurs.
M. Lazure: Oui. Nous sommes très heureux de cette
commission et comme vous le voyez le budget n'est pas énorme, à
peine $2 000 000. On a dû augmenter un peu les effectifs tout
récemment à cause des tâches, mais c'est un petit groupe
qui travaille très très bien, qui se déplace un peu
partout dans le Québec; on est bien content.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais juste leur demander une autre
question. Il y a deux autres..., là évidemment, on a parlé
de l'aide sociale, il y a eu des demandes adressées à mon bureau
dans des cas qui relevaient de la Régie de l'assurance automobile et de
la Commission des accidents du travail. Je ne pense pas que ce soit l'endroit
pour discuter de la Commission des accidents du travail, mais il reste que
puisque c'est dans le rapport de la Commission des affaires sociales... Il est
encore tôt, M. le ministre!
M. Lazure: Je surveille votre santé toujours! Le ministre
de la "Santé publique"!
Mme Lavoie-Roux: Ne vous inquiétez pas!
Dans le cas de la Commission des accidents du travail, il reste quand
même que vous travaillez en collégialité dans ce
gouvernement, n'est-ce pas?
M. Lazure: Oui, bien sûr.
Mme Lavoie-Roux: Vous pourrez faire le message à votre
collègue du travail.
M. Lazure: Oui, dès demain matin.
Mme Lavoie-Roux: Le nombre de plaintes que l'on reçoit de
la Commission des accidents du travail... Et ça serait peut-être
intéressant de savoir... Je ne me souviens pas d'avoir vu des
statistiques là-dedans quant à l'état de chacune des
plaintes. Cela semble assez élevé et on semble toujours
insatisfait de la compensation qui est accordée. Vous allez me dire:
C'est subjectif, ça. Mais quant aux diverses opinions médicales
qui sont obtenues, selon que ça vienne des médecins de la
Commission des accidents du travail ou selon que ça vienne de
médecins en clinique attachés aux hôpitaux ou autrement, je
ne peux pas croire que, à chaque fois je pense qu'on ne peut
même pas le supposer les médecins ont été
soudoyés pour produire des rapports qui soient favorables aux
patients.
Quelles sont vos observations des cas des accidents du travail que vous
recevez, parce qu'il doit y en avoir passablement qui viennent en dernier
recours chez vous?
M. Lazure: Nous en serons rendus à 1000 appels en
accidents du travail au mois d'août prochain.
Dans l'espace de combien de mois, à peu près, Mme
Turcotte? 18 mois?
Dans le cours de l'année 1979-1980, 1028 appels dans les derniers
douze mois. C'est une progression qui est constante; à chaque mois.
Il y a beaucoup d'appels qui portent évidemment sur le quantum de
la compensation, la diminution de capacité au travail. Il y a un autre
motif d'appel qui m'échappe.
Ce qui fait peut-être problème actuellement, c'est la
contestation sur le taux de diminution de capacité au travail. Ce
problème sera peut-être corrigé sous peu par un
décret du gouvernement où on donnera des critères, des
barèmes permettant d'évaluer le taux de diminution de
capacité au travail, ce qui n'existe pas à l'heure actuelle. Ce
qui diminuera peut-être les appels et qui donnera peut-être plus
satisfaction, évidemment, aux accidentés du travail qui n'auront
pas à avoir recours à nous ou, s'ils ont recours à nous,
tout le monde saura à quoi s'en tenir. Il y aura des tenants et des
aboutissants, des barèmes. C'est un grand problème qui n'a pas
été quantifié comme tel, au niveau de la commission, mais
qui nous apparaît comme un des éléments qui font que, dans
cette division, on a beaucoup plus d'appels que dans les autres divisions.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour ça que je soulevais le
problème, pour avoir votre perception de la chose, parce que c'est
très fréquent et je me dis que tous ces gens... Enfin, il semble
vraiment qu'il y ait un problème plus fondamental.
M. Lazure: Oui, mais il y a un autre problème qu'on a
mentionné dans le rapport annuel aussi, c'est l'absence de
représentants de la Commission des accidents du travail devant la
Commission des affaires sociales. On n'a pas de procureur qui vient exposer le
point de vue de la Commission des accidents du travail, ce qui rend le travail
plus onéreux pour tout le monde, et cette observation apparaît au
rapport annuel.
La nouvelle loi parce que ça n'existe plus la Commission
des accidents du travail l'excellente nouvelle loi, avec laquelle
l'Opposition s'est
montrée en désaccord je ne sais trop pourquoi
cette Loi sur la santé et la sécurité au travail va
être l'occasion de plusieurs changements. La vice-présidente de la
commission vient d'en mentionner un, mais il y a d'autres changements aussi qui
se font dans le sens d'une meilleure articulation, par exemple, avec notre
ministère, qui est intimement concerné par le biais de la
commission. Le sous-ministre en titre siège maintenant au conseil
d'administration de la nouvelle Commission de la santé et de la
sécurité au travail. On n'avait pas de représentant
autrefois, c'est pour ça que le sous-ministre prend des notes, mais il
siège régulièrement au conseil d'administration et
ça devrait améliorer les rapports entre votre commission et
l'autre commission.
Les rapports sont bons entre les commissions. Le problème qu'on
a, évidemment, c'est au niveau du plan humain. (0 h 15)
Feu la commission des accidents du travail aurait dû être
représentée quand un cas se présentait chez vous, il me
semble. Enfin, ça va se corriger.
Cela a été discuté amicalement entre les deux
présidents des deux commissions et il y a eu une décision de
prise par l'ancienne commission qu'elle jugeait opportun de ne pas être
représentée devant nous. C'est un problème dont on a fait
état dans le rapport.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas de la Régie de l'assurance
automobile, c'est plus jeune.
M. Lazure: Oui, c'est plus jeune. Il faut se faire la main
à cette nouvelle loi, s'adapter. Mais ça va bien. Ce qu'on
cherche à éliminer, ce sont les délais, qui sont
compréhensifs à cause du fait que tout est nouveau dans cette
division, à commencer par la loi. Ils sont représentés
devant nous; ils font un travail qui nous éclaire beaucoup, en vue de
rendre justice aux appelants qui sont devant nous.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que les délais vont en augmentant,
parce qu'on se souviendra qu'au moment de l'adoption de la loi et des premiers
mois qui ont suivi, on était assez rapide, je pense, à la
régie pour donner réponse. Est-ce que les délais semblent
être plus grands maintenant?
M. Lazure: En général, on vise un délai
maximal de trois mois entre l'audition de l'appel et l'envoi de la
décision. Cela tient compte du fait que la commission a un bureau
à Montréal, un bureau à Québec. Le quorum est
souvent composé de trois personnes. Il faut la signature et l'accord de
toutes ces personnes. Souvent il y a un médecin-assesseur, selon les
divisions, qu'il faut aussi rejoindre et avec lequel il faut discuter. C'est ce
qu'on vise. On l'atteint, d'une façon assez générale, sauf
peut-être en cas d'accidents du travail où les délais se
prolongent un petit peu plus. Mais on essaie d'apporter des correctifs, parce
que la commission est consciente du fait que c'est un tribunal administratif et
que la décision doit sortir le plus rapidement possible.
On peut signaler que la base des appels est aussi très large dans
le cas des accidents du travail. Historiquement, la Commission des accidents du
travail, pour l'appeler par son ancien nom, compensait sur la base du
déficit anatomopatholo-gique, c'est-à-dire un doigt coupé
ou un oeil crevé ou une jambe ça vaut tant et ça introduit
toute une nouvelle notion: Est-ce que c'est suffisant de compenser ce
déficit anatomique, si je peux dire, alors qu'il y a surtout le
déficit fonctionnel ou social? Le doigt d'un pianiste comparativement au
doigt d'un travailleur intellectuel n'a pas du tout la même
résonance en termes de compensation. C'est un problème
fondamental de compensation sur lequel actuellement il y a des travaux, avec la
nouvelle commission, qui réexaminent l'ensemble de cette question. Je
pense que j'illustre par un exemple très simple, mais multiplions
ça par l'ensemble des accidents ou maladies de travail et on se rend
compte de la complexité et donc jusqu'où et tellement facilement
on peut aller en appel devant une décision. L'encadrement
réglementaire pour cela est à faire dans une nouvelle loi dont
l'économie générale n'est pas ce qu'était
l'ancienne loi.
Mme Lavoie-Roux: Merci beaucoup. Vous saluerez votre
président de ma part.
Le Président (M. Jolivet): Après l'adoption du
programme 18, allons au programme 4. Nous terminerons par le programme 2.
Alors, programme 4, Sécurité du revenu des chasseurs et
pié-geurs cris. Adopté?
Sécurité du revenu des chasseurs et
piégeurs cris
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Programme 2.
Mme Lavoie-Roux: ... vous devriez nous le demander avant.
Aide sociale
Le Président (M. Jolivet): Le programme 2. Aide sociale.
Adopte?
Mme Lavoie-Roux: Bien non, j'attends le ministre.
Le Président (M. Jolivet): Ah bon!
M. Lazure: Je n'ai pas de commentaires particuliers, j'attendais
les questions. Je m'excuse, en attendant Godot; on s'attend l'un l'autre.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Vous êtes devenu tellement
poli avec la nouvelle journée qui a
débuté. Ecoutez. Je vais poser une question très
directe au ministre. Le ministre va quand même reconnaître que,
sans rien exagérer, il apparaît qu'il y a un manque dans les
prévisions budgétaires de l'ordre de $100 000 000 au bas mot. Le
ministre peut-il nous dire s'il est satisfait de ceci ou s'il a fait des
représentations au Conseil du trésor pour que ce montant de $100
000 000 soit inclus? Parce que, regardez cela comme vous le voudrez, je ne
sache pas que le nombre de prestataires ait diminué, et le ministre l'a
même mentionné, hier, qu'il n'y a peut-être pas en chiffres
absolus une augmentation, mais, en tout cas, qu'il y avait eu une augmentation
par suite du changement des règles de l'assurance-chômage. Je ne
voudrais pas que le ministre nous fasse une diversion sur ces fameux
réaménagements sans consultation, il a peut-être
parfaitement raison, mais le problème reste qu'il y a des individus...
Moi, toutes les chicanes dans le gouvernement quand ça touche les gens
qui sont le plus démunis, je veux bien qu'on les mette de
côté pour quelques minutes. Et c'est vraiment en termes de besoins
pour les gens qui, eux, sont les bénéficiaires de l'aide sociale.
Est-ce que le ministre peut nous dire si le montant, tel qu'il apparaît
au budget, était sa prévision originale?
M. Lazure: La meilleure façon de répondre, c'est de
rassurer Mme la députée de L'Acadie et surtout de rassurer la
population en lui disant que, justement, les individus ne seront pas
pénalisés, parce que, peu importe le montant qui apparaît
au livre des crédits, que ce soit $900 000 000 ou $1 000 000 000, la
seule chose qu'il faut se rappeler constamment, c'est que la personne qui
s'estime être admissible aux prestations d'aide sociale va continuer
d'exercer son droit. Et, on sait que ce chapitre de l'aide sociale, ce budget
de l'aide sociale est un budget illimité, dans le sens qu'il n'est pas
limitable à l'avance étant donné que c'est un droit strict
de la part de l'individu. A partir du moment où l'individu répond
aux critères d'admissibilité à l'aide sociale, l'Etat ne
peut pas lui refuser son aide sociale. Si bien qu'à chaque année
le député le sait, il y a des budgets supplémentaires qui
sont accordés pour tenir compte, justement, de ces imprévus ou de
ces imprévisibles. On dit communément que c'est un bar
ouvert.
Et les montants au livre des crédits sont ajustés selon le
nombre d'individus qui ont été trouvés admissibles
à l'aide sociale.
Les conditions d'admissibilité ne sont pas changées. C'est
cela qu'il est important de se rappeler. Que le montant global estimé de
$900 000 000, plutôt $897 000 000 soit suffisant ou pas, moi, je suis
prêt à concéder à la députée de
L'Acadie qu'il est probable qu'il faudra ajouter des crédits
supplémentaires. Mais je pense que ces $897 000 000 sont amplement
suffisants pour subvenir aux besoins d'ici le budget supplémentaire.
Deuxièmement, la réduction par rapport à ce qu'on
aurait souhaité obtenir dans nos crédits est une réduction
qui a été consentie mutuellement entre les ministres
concernés pour bien signifier l'intention du gouvernement d'essayer de
réduire les dépenses, justement, c'est-à-dire
réduire le nombre d'assistés sociaux. Différents moyens
ont été mis en place pour essayer de réduire le nombre
d'assistés sociaux.
Certains ont de très bonnes chances de succès; d'autres,
de moins bonnes. Par exemple, des efforts additionnels vont être faits
cette année pour aller récupérer des sommes d'argent qui
sont dues par des bénéficiaires de l'aide sociale, des
trop-payés. On estime, sur la base de l'expérience des quelques
dernières années, qu'on peut récupérer $10 000 000
à ce chapitre-là.
Deuxièmement, les programmes spéciaux d'insertion au
travail. Les deux principaux: le programme PUE à l'adresse des jeunes et
l'autre, le programme PAT. Avec quelques mois d'expérience et M.
Roy pourrait nous donner des chiffres tantôt on va réussir,
avec ces deux programmes, à diminuer surtout chez les jeunes le nombre
de bénéficiaires de l'aide sociale et, par conséquent,
à économiser sur nos dépenses annuelles une somme
d'environ $20 000 000.
Comme troisième exemple d'effort de récupération,
il y a un projet de loi qui a été déposé et il y a
des amendements qui vont être déposés bientôt, c'est
le projet de loi no 83 concernant la perception des pensions alimentaires.
Alors, dans ce nouveau système de perception des pensions alimentaires
où l'Etat va jouer un rôle et particulièrement le
ministère des Affaires sociales, nous pensons récupérer
une autre somme qui s'évalue autour de $5 000 000 ou $6 000 000.
Alors, il y a toute une série de mesures qui ont
été prises ou qui seront prises dans les mois qui viennent.
Toutes ces mesures, théoriquement, peuvent nous amener à
économiser une somme de pas loin de $100 000 000. L'important, encore
une fois, se résume dans deux choses. C'est, premièrement, que
les droits des individus ne soient pas brimés et, deuxièmement,
qu'il y ait une volonté politique très ferme de la part du
gouvernement d'essayer de faire de la prévention, de créer
suffisamment d'emplois pour que moins de bénéficiaires de l'aide
sociale aboutissent dans les bureaux de l'aide sociale.
Alors, cette diminution qui peut paraître spectaculaire, qui peut
paraître inquiétante, c'est dans cette double optique qu'il faut
la voir: elle ne brime en rien les droits de chaque individu ceux qui
sont admissibles, l'auront l'aide sociale et, en même temps, elle
est une espèce de signal, si vous voulez, que toutes les mesures
humainement possibles seront prises non seulement pour récupérer
des sommes d'argent qui sont dues, mais pour avoir un meilleur contrôle
à l'admissibilité et pour pouvoir aussi avoir des incitations de
retour au marché du travail.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est évident que
les gens qui seront admissibles à l'aide sociale l'auront, même
s'il fallait, à un moment donné, ajouter des crédits
supplémentaires, cela s'est fait dans les années
antérieures, d'ailleurs.
C'est fort amusant. J'avais signalé ce fait au ministre des
Affaires sociales, au mois de décembre, au moment des crédits
supplémentaires: il n'y en avait pas, alors, et ils sont revenus en
chercher après. Je pense, trente jours plus tard.
Il n'y a pas de doute là-dessus. Mais il reste quand même
que, quand un gouvernement présente un budget et que, après
examen, on réalise qu'il manque tout près, de $100 000 000,
ça fait un petit trou dans le budget officiel accepté! Alors, le
déficit de $1 300 000 000 pourrait facilement être augmenté
selon les crédits supplémentaires qu'on aura à voter.
Maintenant, le ministre vient de nous faire part de trois mesures pour
tenter de diminuer le nombre de gens qui devront faire appel à l'aide
sociale. Evidemment, je pense que tout ce qu'un gouvernement peut faire pour
tenter de diminuer le nombre de prestataires à l'aide sociale, c'est
bon. (0 h 30)
Mais je voudrais quand même le mettre en garde
particulièrement contre une mesure qui était je vais en
faire la lecture rapportée dans la Presse et qui, je pense, se
retrouvait aussi dans le discours du ministre. "La troisième mesure et
non la moindre sera possiblement la mise sur pied d'un service d'inspection des
plaintes qui sera sûrement plus omniprésent que celui qu'on
connaît à l'heure actuelle. Fort curieusement, la plupart des
directeurs de services de l'aide sociale rencontrés hier c'est un
article qui avait paru dans la Presse le 27 mars se sont dits
incapables, à l'heure actuelle, de fournir une quelconque statistique
sur les types de fraudeurs, leur nom et même leur méthode de
travail. Il faut reconnaître, indique M. Coulombe, coordonnateur au
bureau central de l'aide sociale, que notre service est une mesure
résiduaire, en d'autres termes, quand tous les autres mécanismes:
chômage, allocations diverses, CAT sont épuisés, on vient
nous voir." Je voudrais également rappeler, le ministre...
M. Lazure: Qui citez-vous?
Mme Lavoie-Roux: M. Guy Coulombe qui est coordonnateur au bureau
central de l'aide sociale. Cela doit être à Montréal,
j'imagine?
M. Lazure: Je peux vous dire qu'on a essayé d'identifier
le M. Guy Coulombe en question. Je suis allé au service des affaires
sociales de la ville de Montréal où il n'est pas connu. Il a
été impossible d'identifier cette personne qui aurait fait des
déclarations de la sorte.
Mme Lavoie-Roux: Cela m'importe peu; je pourrais mettre mon nom
à la place parce que je partage assez cette opinion. Je voudrais quand
même rappeler ce que le ministre lui-même disait l'an dernier dans
un débat que nous avions eu sur la non-indexation ou l'indexation
mitigée, si on veut, partielle des prestations d'aide sociale.
M. Lazure: Vous ne revenez pas là-dessus, hein?
Mme Lavoie-Roux: Non. Je vous en fais grâce! Je vais quand
même avoir le plaisir de vous citer. Vous vous souviendrez que le
député de Mégantic-Compton avait fait un amendement. Pour
être juste à l'égard du député de
Mégantic-Compton, je devrais citer son amendement exactement. Il voulait
qu'on fasse enquête, en tout cas, pour savoir qui fraudait. "Je voudrais
que dans une enquête on y découvre qu'il y a des fraudeurs dedans,
que ces montants d'argent perdus en fraude servent aux vrais assistés
sociaux, à ceux qui sont dans le besoin." J'avais parlé contre
l'amendement et le ministre lui-même avait dit: "II existe un
système de contrôle normal à l'aide sociale et, comme la
députée de L'Acadie vient de le dire, là-dessus on
s'entend très bien tous les deux." Vous comprenez que j'avais
noté cela, je me souviens. "Le pourcentage de fraude chez les
bénéficiaires de l'aide sociale n'est pas plus
élevé que dans n'importe quelle autre catégorie de gens de
la société, que ce soient des médecins, des
ingénieurs ou des députés." Je suis tout à fait
d'accord avec lui.
M. Lazure: Cela aussi, vous signeriez cela!
Mme Lavoie-Roux: Oui. Mais nous autres, on le gagne notre
salaire! "Deuxièmement, nous essayons, non seulement d'améliorer
ce système de contrôle, mais aussi nous essayons d'enlever un
certain nombre de mesures qui sont des tracasseries administratives."
Ce que je veux faire remarquer, c'est que cette mesure par laquelle le
gouvernement pense récupérer, je pense que le ministre a dit $20
000 000...
M. Lazure: Les programmes d'emplois: $20 000 000.
Mme Lavoie-Roux: Les programmes d'emplois: $20 000 000.
M. Lazure: Oui. Les programmes d'emplois: PUE et PAT.
Mme Lavoie-Roux: Combien de...
M. Lazure: De trop-payés: $10 000 000.
Mme Lavoie-Roux: $10 000 000. Je veux le mettre en garde
justement contre les tracasseries administratives. Je pense qu'il en est fort
conscient et des fois, si on se rappelle, par exemple, ce qui se passe au
ministère du Revenu le ministre en a certainement eu des plaintes
et des exemples quand on tracasse ceux qui ont de l'argent, ce n'est pas
trop grave, mais quand on fait vraiment des tracasseries à
l'égard de personnes qui n'ont à peu près rien et parce
que justement leur mission particulière est d'aller
récupérer tous les sous qu'on peut récupérer, il ne
faudrait pas se
retrouver dans le domaine de l'aide sociale avec ce genre d'attitude. On
sait que, dans le domaine de l'aide sociale, dans le passé et dans un
passé récent, on a souvent adressé des reproches sur la
façon dont certains je ne voudrais pas mettre tout le monde dans
le même panier agents d'aide sociale fonctionnaient. Si, en plus
de cela, on leur dit: Serrez la vis, vérifiez et contrôlez, parce
qu'ils vont quand même avoir un certain rôle à jouer
là-dedans, je pense qu'il est extrêmement important de signaler ce
point de vue.
Je voudrais poser quelques questions au ministre. Peut-on me dire quel
est actuellement le taux d'exemption, si je puis dire, le montant qu'un
bénéficiaire de l'aide sociale peut gagner sans que son
allocation soit touchée?
M. Lazure: Le règlement prévoit toujours $25 pour
une personne seule ou $40 pour un ménage, plus $5 par enfant.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous me mettre ça
annuellement?
M. Lazure: C'est par mois.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ça, mais alors $25 pour une
personne seule, ça veut dire...
M. Lazure: C'est $300 par année et pour une personne
mariée, $480 par année, plus $5 par enfant. S'il s'agit de
quelqu'un qui retourne sur le marché du travail, vous avez la
règle du cumul qui prévoit que, pour le premier mois, nous ne
comptabilisons que 50% de son revenu de travail; le deuxième mois, les
deux tiers et le troisième mois, 100%.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que probablement la mécanique
est satisfaisante, mais ce que je voudrais signaler au ministre, c'est comment
ce faible taux d'exemption si on peut l'appeler ainsi
décourage les gens d'aller travailler. De la même façon que
votre initiative en matière de supplément de revenu au travail,
je pense qu'il devrait normalement être une incitation au travail. A
l'égard des assistés sociaux, si on montait ce barème ou
cette base, ce serait aussi une incitation au travail.
M. Lazure: C'est exact. Dans notre projet d'amendement au
règlement, nous avons proposé de remonter ça...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, de façon significative?
M. Lazure: De façon significative. Mais ce projet de
règlement, comme je le disais tantôt, contient des choses
relativement mineures et d'autres choses assez importantes. Il est à
l'étude actuellement, au comité ministériel de
développement social. Nous, au ministère des Affaires sociales,
nous avons fait notre bout de chemin avec la Direction de l'aide sociale. Le
mandat a été donné par le Conseil des ministres au
ministre d'Etat au Développement social de présenter au Conseil
des ministres, au mois de septembre prochain, un rapport final sur les gestes
à poser à la suite de notre projet de modification de
règlement qui est un projet assez majeur qui touche des choses à
la fois mineures, moyennes et très importantes. Alors, le ministre
Marois devrait présenter ce rapport au mois de septembre au Conseil des
ministres. Comme vous le savez surtout qu'il a été
titulaire et pilote du projet de loi sur le supplément de revenu au
travail mon collègue Marois n'a pas besoin d'être converti
à ça. C'est un des soucis principaux dans cette réforme de
l'aide sociale qu'on veut faire à l'automne. Un des soucis principaux
est de faciliter, de toutes les manières possibles, d'encourager le
travail, y compris le travail qu'un bénéficiaire de l'aide
sociale peut faire pendant qu'il est bénéficiaire de l'aide
sociale.
L'allocation scolaire
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, un autre point sur lequel je
voudrais attirer l'attention du ministre, c'est la question de l'allocation
scolaire en début d'année, c'est-à-dire tout le
matériel scolaire sans compter l'habillement, etc. Est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu que ce barème soit également examiné, que
cette allocation soit augmentée?
M. Lazure: On l'avait augmentée l'an passé, si vous
vous souvenez, on l'avait fait passer de $25 à $35 et on veut
l'augmenter encore. Alors, c'est dans toute la batterie d'amendements qu'on a
proposés.
Mme Lavoie-Roux: Les autres points qui nous sont souvent
signalés par les bénéficiaires...
M. Lazure: Et on a proposé de l'augmenter au moins
à $50; elle est à $35 présentement.
Mme Lavoie-Roux: ... de l'aide sociale... Non, mais là,
ils ne l'auront pas pour la rentrée scolaire, n'est-ce pas?
M. Lazure: Le rapport est présenté en septembre. Je
ne peux pas vous dire s'ils vont l'avoir ou pas, mais le fait que ce soit
adopté en octobre ou même en novembre ne nous empêche pas de
faire des choses rétroactivement. On l'a fait pour les allocations
familiales spéciales...
Mme Lavoie-Roux: Vous le feriez dans ce cas-là?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Les autres demandes qui sont faites, c'est dans
le cas des taux pour le déménagement.
M. Lazure: Oui, pour cela aussi, on a prévu une
augmentation de $150 à $200.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Il y a aussi la question du loyer, vous
savez le barème de base pour le loyer.
M. Lazure: Oui, pour cela aussi, on a des changements majeurs
dans notre projet.
Mme Lavoie-Roux: Le chauffage, l'électricité...
M. Lazure: Est-ce que vous voulez expliquer en quoi
consiste...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas nécessaire. M. Lazure:
Non, d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Tout ce que je veux vous signaler, c'est
que...
M. Lazure: D'accord, cela correspond aux plaintes qu'on
reçoit nous aussi.
La taxe d'eau
Mme Lavoie-Roux: Bon. Maintenant, entre parenthèses et
très rapidement, le fameux problème de la taxe d'eau au sujet
duquel trois députés du côté ministériel
avaient tenu une conférence de presse l'hiver dernier pas cet
hiver, mais l'autre précédent. Mais c'est surtout parce que cela
a rebondi dans les journaux il y a à peu près quinze jours, je
pense. Il y avait un éditorial...
M. Lazure: Oui, on a une entente en dessous de la table, si vous
voulez il ne faut pas le dire même si c'est dans le journal des
Débats avec les autorités de la ville de Montréal
depuis que je suis en poste. C'est une des premières questions que
j'avais discutées avec le président du comité
exécutif, à l'époque, et la ville a tenu sa parole. Il n'y
a pas eu de poursuites depuis quelques années de
bénéficiaires d'aide sociale qui n'ont pas payé leur taxe
d'eau.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais... M. Lazure: II n'y en a pas
eu.
Mme Lavoie-Roux: Mais je pense que c'est quand même une
situation malsaine. C'est M. Jean-Guy Dubuc qui l'a signalé, en tout cas
dans l'éditorial que j'ai lu à ce moment-là, en disant que
dans le fond, tous les bénéficiaires de l'aide sociale ont des
revenus identiques ou, enfin, relativement identiques. Il y en a certains qui,
parce qu'ils planifient mieux ou quelles qu'en soient les raisons, acquittent
leurs factures d'électricité, tandis qu'un certain pourcentage
peut décider de ne pas l'acquitter, sachant surtout que ça
va être un peu plus officiel dans le journal des Débats que
vous avez une entente pour ne pas poursuivre les assistés.
M. Lazure: Je ne trahis rien parce que la ville de
Montréal l'a dit elle-même.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous ne trouvez pas que c'est une
situation un peu ambiguë?
M. Lazure: C'est une situation qui est ambiguë, comme vous
le dites. Mais avez-vous une suggestion concrète?
Mme Lavoie-Roux: J'ai lu ce que vos députés
disaient, parce que je sais que M. Bisaillon et M. le député de
Mercier s'étaient intéressés à la question d'une
façon particulière. Ils disaient que dans les autres
localités apparemment... Est-ce que ce sont les municipalités? Il
me semble que ce soit un cas assez unique à la ville de Montréal;
alors, je ne sais pas quelle est la différence entre la ville...
M. Lazure: Non, ce n'est pas unique. Je dois dire que le
problème traîne depuis longtemps, longtemps.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! Sous l'ancien gouvernement.
M. Lazure: II faut le rappeler de temps à autre, ce n'est
pas mauvais. Et sous l'ancien gouvernement, il y avait eu, si je ne m'abuse,
des poursuites.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous autres, vous...
M. Lazure: II y en avait eu, des poursuites.
Mme Lavoie-Roux: ... aviez promis que vous corrigeriez cela.
M. Lazure: Mais, au moins, on l'a réglé, dans le
sens qu'il n'y en a pas de poursuites. Je suis sérieux. Mais
sérieusement aussi, on ne connaît pas de meilleurs moyens pour
remédier au problème, et moi, je suis prêt à
recevoir des suggestions qui viendraient de l'Opposition. Comme j'étais
prêt à recevoir des suggestions et à les étudier,
venant de n'importe où. Mais, on n'en connaît pas de meilleurs
moyens dans les circonstances. C'est une impasse, mais au moins, on donne la
garantie aux bénéficiaires qu'ils ne seront pas poursuivis.
Mme Lavoie-Roux: Bon. En tout cas, le problème reste
entier. Dans le fond, il faudrait mettre une annonce: Ne payez pas, vous ne
serez pas poursuivis.
M. Lazure: C'est un problème. Si vous voulez vous
cantonner à l'aspect théorique, le problème reste entier.
C'est vrai. Mais dans la pratique des choses ou dans la vie quotidienne, il n'y
en a pas de problèmes puisqu'il n'y a pas de poursuites.
Mme Lavoie-Roux: Bon, en tout cas, il faudrait l'annoncer
aux...
M. Lazure: La ville de Montréal l'a fait.
Modification des barèmes
Mme Lavoie-Roux: Dans le fond, c'est dire: Ne payez pas votre
taxe d'eau. Je serais aussi bien de le dire ouvertement. Mais, comme vous
dites,
ce n'est pas votre problème. Est-il dans l'intention du
gouvernement de modifier les barèmes des prestations au-delà de
l'indexation annuelle? Sous l'ancien gouvernement, paraît-il, on avait
modifié les barèmes. (0 H 45)
M. Lazure: La réponse, c'est oui et, comme je l'expliquais
tantôt, ça fait partie de ce projet qui est à
l'étude au comité de développement social et pour lequel
le ministre Marois fera un rapport au Conseil des ministres au mois de
septembre, à savoir non seulement d'ajuster les barèmes, mais
aussi de modifier leur structure même, de façon à ce que
certains individus ou certains groupes d'individus reçoivent des
prestations plus élevées. Je pense en particulier aux invalides,
aux véritables invalides. On peut penser aussi aux familles
monoparentales, quel que soit l'âge des mères en question. Cela
inclut aussi mes amies les veuves de la Beauce. On a identifié deux ou
trois groupements comme ça qui devraient, quant à nous, recevoir
des majorations de barèmes plus importantes que des majorations qui
seraient applicables à l'ensemble des bénéficiaires. C'est
pour ça que je dis que notre projet, ce n'est pas seulement une
augmentation en plus de l'indexation normale, mais c'est aussi une
modification, une transformation de toute la structure des prestations pour
prendre en considération les catégories. Il y a des
catégories qui sont plus nécessiteuses que d'autres. Tout
ça, il faut que ce soit greffé intimement à des programmes
d'incitation au travail et c'est pour ça que la coordination se fait
actuellement au comité de développement social où
siège aussi le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Mme La voie-Roux: M. le Président, est-il exact que le
gouvernement a modifié la Loi sur l'aide sociale à l'article 6.04
et que, depuis, on ne prête plus d'argent à quelqu'un qui a besoin
d'aide et qui a une propriété?
M. Lazure: En fait, c'est l'article qu'on a abrogé pour
l'aide conditionnelle en laissant le choix plutôt à un individu.
Cela couvrait, la plupart du temps, des gens qui avaient un chalet à qui
on versait de l'aide continuelle et qu'on obligeait à vendre leur
chalet. Alors, la politique qu'on a adoptée, c'est de comptabiliser 1%
de l'excédent de l'exemption permise de $2500 et, à ce
moment-là, la personne a le choix, soit qu'elle garde le chalet en
voyant sa prestation d'aide sociale diminuée de 1% de l'excédent
de $2500 ou de vendre son chalet et, à ce moment-là, voir sa
prestation réajustée à plein taux. Les difficultés
qu'on rencontrait dans le passé étaient que les gens avaient des
attaches particulières au chalet et préféraient le garder,
quitte à rembourser la totalité de l'aide constante.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, le chalet, je trouve ça bien
beau et, quand on apporte juste l'exemple du chalet, on est tenté de
dire: Vous avez bien raison, s'ils peuvent se payer un chalet, bon, enfin...
Mais, dans le cas d'une propriété où l'individu
habite.
M. Lazure: C'est un autre article qui couvre la
propriété habitée.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Actuellement, il y a une exemption de $30 000 sur la
valeur au net. Alors, la personne demeure admissible à l'aide sociale
pour autant qu'elle habite sa propriété. Si elle ne l'habite pas,
à ce moment-là, elle se trouve exclue par la valeur des biens.
Mais elle demeure admissible à l'aide conditionnelle en attendant de
vendre sa propriété.
M. Mathieu: Sur ce point précis, tandis qu'on y est,
j'aurais une courte question. Quelqu'un m'a dit je ne sais pas si c'est
fondé ou pas qu'au lieu de prendre la valeur marchande de
l'immeuble, vous dites $30000, on prendrait dorénavant
l'évaluation municipale.
M. Lazure: C'est exact.
M. Mathieu: Qui devient normalisée avec la nouvelle
fiscalité municipale.
M. Lazure: C'est exact.
M. Mathieu: Bon, nous rencontrons aussi des problèmes
sérieux dans mon comté. On me rapporte des cas où
l'évaluation municipale, admettons, est de $55 000 alors que la personne
ne s'est pas occupée en temps utile de faire le nécessaire pour
faire un appel, pour demander une révision. Probablement qu'il y aurait
une révision d'accordée dans ces cas-là. Maintenant, on me
dit que ça va être augmenté à $40 000 selon ce
barème-là.
M. Lazure: C'est exact.
M. Mathieu: Qu'est-ce qui va arriver pour un tel individu?
M. Lazure: S'il a une valeur nette de $55 000?
M. Mathieu: Oui, mais qui est plutôt aléatoire, et
le délai pour faire réviser le cas est forclos.
M. Lazure: Si la valeur de la propriété au net
était fixée à $55 000 avec une exemption de $40 000, il y
aura 1% des $15 000 additionnels qui seront comptabilisés comme
étant un revenu.
M. Mathieu: Ce n'est pas la valeur de la propriété,
là; c'est l'évaluation municipale.
M. Lazure: L'évaluation municipale est supposée
rencontrer la valeur marchande.
M. Mathieu: En principe.
M. Lazure: Elle est supposée. Alors, quand on parle de
l'évaluation municipale normalisée, c'est
supposé correspondre à la valeur marchande pour nous.
M. Mathieu: Vous dites bien supposé?
M. Lazure: Oui. Est-ce qu'il y a d'autres questions?
Mme Lavoie-Roux: Je vais la passer par la bande, mais elle est
courte, courte!
M. Lazure: Attention, je suis un ancien joueur de hockey! Je vois
venir!
Mme Lavoie-Roux: En fait, je l'avais classée au mauvais
endroit; il s'agit d'un handicapé qui fait de la sclérose en
plaques. La lettre est écrite en anglais, c'est pour ça que je...
Il a développé, chez lui, un projet de "bookeeping service" de
comptabilité, et il semble qu'on le menace de ne pas pouvoir retirer sa
pension de handicapé parce qu'il a un revenu de cette occupation qu'il a
à son domicile.
M. Lazure: Est-ce par une prestation d'aide sociale ou...
Mme Lavoie-Roux: C'est ça, j'ai dit que c'était par
la bande.
M. Lazure: C'est une pension d'invalidité, une rente
d'invalidité?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Et on le menace de la lui retirer?
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce qu'il travaille chez lui.
M. Lazure: Effectivement, on me donne des conseils
c'est une chose qui doit être révisée. Parce que la loi
actuelle de la réglementation ne permet pas des revenus de travail quand
on reçoit la rente d'invalidité, contrairement, par exemple,
à l'aide sociale qui permet certains revenus.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça, un léger montant,
oui.
M. Lazure: Cela me paraît anormal, je n'étais pas
sensibilisé.
Mme Lavoie-Roux: Moi, non plus. C'est pour ça que je vous
posais la question.
M. Lazure: On en apprend tous les jours! Vous êtes en train
de réviser ça?
Mme Lavoie-Roux: J'apporte le problème, surtout dans
l'esprit de la loi 9, qui est de réintégrer les gens...
M. Lazure: Oui, bien sûr.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je peux écrire au monsieur et lui
dire que vous vous en occupez activement.
M. Lazure: Oui, avec plaisir! J'ai une dernière
remarque...
Mme Lavoie-Roux: En fait, c'est un monsieur de mon comté;
je ne savais pas; un anglophone; j'aime autant ne pas donner son nom.
M. Lazure: C'est ça, vous pourrez en parler tantôt.
M. le Président, revenons à l'aide sociale. Dans l'augmentation
prévue pour 1980-1981, sur la base des derniers mois, il y a quelque
chose d'intéressant qu'on doit noter. Au moment où notre
gouvernement et là, notre députée de L'Acadie va
dire que je fais de la politique, mais je veux quand même que ce soit
enregistré au journal des Débats; c'est important, parce qu'on
fait des efforts, comme on l'a démontré tantôt, par
plusieurs mesures, notre gouvernement veut réduire les dépenses
à l'aide sociale, qui arrivaient à une espèce de cap
symbolique de $1 000 000 000; c'est quand même beaucoup d'argent, $1 000
000 000! Et, pendant qu'on fait tous ces efforts pour réduire la
population qui a recours à l'aide sociale, les mesures que le
gouvernement fédéral a prises il y a un peu plus d'un an
concernant l'assurance-chômage nous amènent une clientèle
additionnelle.
Maintenant, on a assez de recul pour le constater, le flot de jeunes qui
cessent d'être admissibles après un temps plus court aux
prestations d'assurance-chômage nous arrivent aux bureaux de l'aide
sociale. Par exemple, pour 1980-1981, on estime cela à 21 000 nouveaux
ménages, par rapport à l'année précédente
où il y a eu une augmentation de 14 000 seulement, et l'autre
année avant 11 000 seulement. Cela jouait depuis quatre ou cinq ans
autour de 12 000, 13 000, 14 000 ou 15 000. Tout à coup, on a une
augmentation de 21 000 nouveaux ménages. On m'affirme, après
vérification, qu'il y a au moins 10 000 de ces 21 000 nouveaux
ménages qui sont formés de personnes, surtout des jeunes, qui
sont victimes des changements apportés à la réglementation
de l'assurance-chômage. Normalement, avant les changements
apportés à l'assurance-chômage, il y a un an, un an et
demi, ces jeunes ne seraient pas venus à l'aide sociale. Maintenant, ils
viennent à l'aide sociale. Je pense qu'on doit garder en tête ce
résultat néfaste qui vient un peu contrecarrer les efforts que
nous faisons pour diminuer la population bénéficiant de l'aide
sociale.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président moi aussi, c'est
pour le journal des Débats il est évident que cela a
augmenté, et je l'ai dit au point de départ, le ministre insiste
beaucoup pour faire porter au fédéral une partie de la
responsabilité des mesures de resserrement que le gouvernement veut
adopter à l'égard de l'aide sociale. Le ministre conviendra quand
même, quoique je ne
connaisse pas toutes les modalités, toutes les discussions qui
ont eu lieu au sujet... Je ne connais, d'ailleurs, aucune discussion qu'il y a
eu au sujet des modifications à l'assurance-chômage, mais on sait
fort bien qu'il y avait même des programmes que les gouvernements
provinciaux offraient qui assuraient la partie de quatre mois de travail, je ne
sais pas ce qui était exigé, le nombre de semaines de travail.
Ensuite, les gens pouvaient retirer des prestations d'assurance-chômage.
Il y avait des gens pour qui cela était devenu automatique. Je pense
qu'il y avait certaines raisons... Maintenant, si on l'a fait sans
consultation, etc., c'est un autre problème, mais je pense que le
problème qu'on discute présentement, c'est celui de l'aide
sociale.
Je voudrais aussi mettre le gouvernement en garde contre autre chose.
Quand on établit ces contrôles plus rigoureux sur les
bénéficiaires de l'aide sociale, il faut quand même faire
attention. Par exemple, dans le journal La Tribune, on rapporte cela
m'étonne que vous ayez dit cela M. le sous-ministre que le
sous-ministre, contrairement à toutes les statistiques que nous
connaissons, aurait laissé entendre que 80% de la clientèle de
l'aide sociale sont aptes au travail. Je doute fort que vous ayez donné
une estimation de 80%.
M. Lazure: Les nouveaux bénéficiaires de l'aide
sociale.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, ce n'est pas le point que
je voulais faire valoir.
M. Lazure: Pour le journal des Débats, c'est 80% des
nouveaux bénéficiaires qui arrivent à l'aide sociale.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, j'avais de forts doutes. Il faut
quand même faire attention de ne pas discréditer une fois de plus
les bénéficiaires de l'aide sociale en créant l'impression
qu'ils ne sont que des paresseux et des profiteurs, d'entretenir et
d'encourager les préjugés déjà trop nombreux
à leur endroit. C'est la même sorte de raisonnement que nous
faisions, M. le ministre. Nous nous nous entendions si bien, surce point. C'est
pour cela que c'est une mise en garde importante.
Il me semblait que j'avais un autre point important, je l'ai
oublié.
M. Lazure: En attendant, je veux juste compléter ma
remarque, et je suis bien sérieux. C'est un peu, pour ne pas dire plus,
frustrant non seulement pour le gouvernement du Québec, mais aussi pour
les gouvernements des autres provinces parce que cela nous est arrivé
comme un cheveu sur la soupe. Au fond, voici un gouvernement fort, un
gouvernement central... (1 h)
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez. Arrêtez de faire de la politique
à une heure du matin.
M. Lazure: ... qui veut économiser...
Mme Lavoie-Roux: On va passer une motion pour que vous soyez
délégué à la conférence
fédérale-provinciale du...
M. Lazure: ... sur le dos des provinces, finalement.
Mme Lavoie-Roux: Quelle est la date? M. Lazure: Du 14
septembre.
Mme Lavoie-Roux: 12 septembre, je crois. On pourrait vous envoyer
là.
M. le Président, j'ai un autre point,
M. Lazure: Le dernier?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Il m'en reste deux.
M. Lazure: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sherbrooke. Je sais qu'il a un autre point.
M. Lazure: II est une heure, là.
Mme Lavoie-Roux: Je vais les faire vite, vite.
M. Lazure: Pas longs?
Programmes d'emplois pour les femmes de 50 ans
Mme Lavoie-Roux: II y en a un qui est une suggestion. Vous voulez
développer des programmes d'emplois pour les jeunes. Bravo, etc.
J'aimerais, également, que, dans vos préoccupations, vous tentiez
des efforts de développement d'emplois pour les femmes,
particulièrement de 50 ans, enfin l'âge où elles peuvent
travailler parce qu'elles sont très sensibles au chômage, elles
sont dans les personnes les plus démunies. J'ai même l'impression,
M. le ministre, dans vos subventions à tous vos organismes volontaires,
que s'il s'en trouvait un qui aurait comme projet, justement, la recherche
d'emplois pour les femmes de cet âge cela pourrait
également aller pour les hommes ce serait peut-être un
projet intéressant dans lequel investir.
Il y en a déjà eu un il y a quelques années,
M. Lazure: Mais, écoutez, M. Roy vient de me dire que,
tout récemment, on vient d'obtenir de l'OPDQ, $250 000 pour un tel
projet dans la région de Montréal pour créer des emplois,
aider les femmes exclusivement, pour le retour au travail. C'est seulement pour
Montréal.
Mme Lavoie-Roux: II ne faudrait pas que ce soit
nécessairement pour les familles monoparentales, par exemple.
M. Lazure: Non, non, les femmes.
Mme Lavoie-Roux: Bravo. Alors, il faudra le faire dans les autres
régions. M. le Président, en
termes de conclusion, est-ce qu'on peut savoir le dénouement du
cas que je vous ai apporté en introduction hier?
M. Lazure: Oui. Lequel c'était? Il y en a eu beaucoup
depuis deux jours.
Le Président (M. Jolivet): La dame âgée.
Mme Lavoie-Roux: La dame confuse.
Le Président (M. Jolivet): Confuse.
M. Gosselin: Est-ce que vous me permettez?
Le Président (M. Jolivet): Juste une minute.
Mme Lavoie-Roux: Après cela, je ne parlerai plus.
Le Président (M. Jolivet): Qu'est-ce qui est
arrivé?
Mme Lavoie-Roux: Vous savez la dame qu'on ne pouvait pas
placer.
M. Lazure: Oui. On ne l'a pas placée depuis hier.
Mme Lavoie-Roux: Vous allez voir comment cela se passe dans notre
société.
M. Lazure: Ah, vous nous donnez le dénouement, vous dites.
Allez-y.
Mme Lavoie-Roux: C'est très court, vous voyez, c'est juste
cela. La dame a été conduite à l'urgence de
l'hôpital X par sa soeur parce qu'elle faisait une hémorragie
nasale. Elle a été reçue par une femme médecin. Sa
soeur a dit qu'elle entrerait sous peu dans un centre d'accueil et que ce
serait probablement bon, vu son état, qu'elle ait un examen
général. Alors, la dame médecin a accepté. Elle l'a
fait passer par l'admission. La soeur est retournée chez elle, mais,
à minuit, ce n'était plus la femme médecin qui
était en charge, je ne sais pas qui était en charge, parce que
cela est arrivé à 13 heures. On lui a
téléphoné pour lui demander de venir la reprendre. Sa
soeur je pense qu'on doit la féliciter pour sa présence
d'esprit a répondu qu'il lui était impossible de le faire.
Alors, on lui a répondu: C'est parce que vous n'aimez pas votre soeur.
Elle dit: Ce n'est pas que je ne l'aime pas, mais je ne peux pas. On lui a
répondu de nouveau: Si on n'a pas de place, elle couchera sur le
plancher. C'est la fin de l'histoire, parce que, probablement, que de
là, on va être obligé de l'envoyer dans un centre
d'accueil.
C'est quand même un dénouement peut-être relativement
facile alors que pour bien d'autres, il faut les mettre dans la rue avec la
police qui les ramasse. C'est comme cela qu'on finit par placer ces
cas-là. Merci M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Quelques remarques terminales. On n'en est pas
à une près. Je vais prendre seulement quelques minutes.
Par exemple, d'une part, dans le budget assez magistral du
ministère des Affaires sociales, cinq milliards et quelque cent
millions; le volet sécurité du revenu est un peu
égaré ou, en tout cas, n'occupe qu'une place relative, par
rapport à toutes les autres missions.
Je veux renouveler le voeu, maintes fois exprimé, qu'on s'attarde
à une réforme administrative, laquelle viserait à
découper vraiment le ministère des Affaires sociales en regard
des deux missions très distinctes qui m'apparaissent dans l'organisation
des soins de santé et des soins sociosanitaires et dans la mission
sécurité du revenu. Bon, pour un.
Deuxièmement, on a parlé du relèvement des
barèmes de l'aide sociale. C'est une question urgente. C'est une
question vraiment urgente. Il m'apparaît qu'il y a des situations de
détresse humaine notamment chez des personnes seules. Les personnes
seules, bénéficiaires d'aide sociale actuellement, et notamment
les personnes âgées et impotentes vivent des situations
dramatiques, actuellement, avec à peine $301 par mois. On n'a
qu'à considérer l'écart qui existe avec la pension de
sécurité de la vieillesse à $335 par mois et je trouve,
à ce moment-ci, particulièrement odieuse et je veux le relever,
la surenchère politique, tout à fait opportuniste et tout
à fait odieuse, que font les paliers de gouvernement
Québec-Ottawa. Notamment l'offensive de Mme Bégin
récemment, en pleine période référendaire, sur
l'annonce des $35 supplémentaires aux personnes âgées.
Je me permets de dire humblement qu'alors que les personnes
âgées et que bien des groupes intermédiaires
réclament le devancement de l'âge de la retraite de 65 ans
à 60 ans, il se trouve qu'une couche de gens qui sont entre 55 ans et 65
ans vivent une situation dramatique; ce sont souvent des personnes
esseulées, veuves par le veuvage ou autrement, avec $301; alors que les
personnes âgées actuellement à 65 ans, aussitôt
qu'elles ont franchi le cap de la pension de vieillesse, ont $335. Ne pas avoir
du côté de l'autre palier du gouvernement ce besoin qui
m'apparaît plus urgent et plus prioritaire que de corriger la situation
des gens dans la soixantaine et d'agir unilatéralement pour encore
élargir l'écart en augmentant de $35.
Cette position-là, je suis prêt à la défendre
par rapport aux personnes âgées de chez nous. Je pense qu'il est
à tout prix essentiel, et c'est du strict point de vue de la
défense humaine, d'établir une cohérence entre les paliers
de passage de l'aide sociale à la pension de vieillesse pour en arriver
à un régime un peu cohérent. Actuellement, par ce jeu
absolument odieux de surenchère du fédéral, qui d'ailleurs
s'introduit d'une manière tout à fait opportuniste dans le
décor, on va encore élargir l'écart entre les personnes de
65 ans et plus alors qu'il y a des gens qui souffrent à 60 ans et qui
attendent. Malgré ces deux engagements électoraux, d'ailleurs,
pris par les gouvernements fédéraux, au tout début du
mandat de
Pierre Elliott Trudeau, de devancer l'âge de retraite à 60
ans, voilà qu'on décide d'augmenter de $35 pour les 65 ans et
plus sans aborder cette question du devancement de l'âge de la retraite,
ce qui élargit encore l'écart avec notre régime d'aide
sociale.
En tout cas, je veux dire...
Mme La voie-Roux: Ce sont les prestations d'aide sociale qui
devraient être augmentées.
M. Gosselin: Probablement, sauf que cela a trait à tout le
régime de péréquation fédéral-provincial et
à tout le niveau de consultations qui n'existent pas, de toute
manière, dans l'établissement des divers régimes, des
divers barèmes, au niveau des pensions que le fédéral
verse ou que le provincial a versées. Je pense que la
députée de L'Acadie me donnera raison sur le fait que, les
régimes n'étant pas harmonisés, ce sont les citoyens qui
en souffrent et qu'on aurait le devoir, en stricte décence, de plaider
soit pour la récupération des budgets globaux de la
sécurité sociale de façon à les harmoniser vraiment
ou soit obtenir des protocoles fermes de consultation entre les deux paliers de
gouvernement, pour que nos politiques ne soient pas constamment sabotées
par des décisions unilatérales du gouvernement central.
Le Président (M. Jolivet): Donc, le programme 2 est
adopté?
Mme La voie-Roux: Adopté.
M. Lazure: Oui, M. le Président, en terminant, je veux
remercier les membres de la commission pour leur contribution, leur endurance,
leur bonne forme physique et mentale. Je remercie aussi tous les fonctionnaires
et tout le personnel du ministère qui, depuis plusieurs semaines
déjà, travaillent d'arrache-pied pour fournir tous ces beaux
documents qu'on nous a fournis.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je veux également remercier le
ministre et les fonctionnaires du ministère; mais ils ne peuvent pas
encore dormir en paix parce qu'il y a quelques petits rapports qu'ils doivent
encore m'envoyer et que je lirai avec beaucoup d'attention. Merci beaucoup.
M. Lazure: II faut les tenir occupés.
Le Président (M. Jolivet): Pour moi, je dois dire que les
crédits du ministère sont adoptés au complet et que
j'ajourne sine die.
Fin de la séance à 1 heure 10