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(Onze heures cinquante et une minutes)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, mesdames et
messieurs. La commission permanente des affaires sociales reprend
l'étude des crédits.
Les membres de la commission sont: M. Boucher (Rivière-du-Loup),
M. Brouillet (Chauveau), Mme Dougherty (Jacques-Cartier); M. Lincoln (Nelligan)
remplaçant M. Houde (Berthier); M. Johnson (Anjou); M. Lafrenière
(Ungava) remplaçant Mme Juneau (Johnson); Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M.
Leduc (Fabre), M. Rochefort (Gouin), M. Sirros (Laurier).
Les intervenants sont: M. Beauséjour (Iberville), M.
Bélanger (Mégantic-Compton), M. Blais (Terrebonne), Mme Harel
(Maisonneuve), M. Kehoe (Chapleau); Mme Juneau (Johnson) remplaçant M.
Lafrenière (Ungava); M. Laplante (Bourassa), M. Mathieu (Beauce-Sud), M.
O'Gallagher (Robert Baldwin).
Le rapporteur de la commission?
Mme Lavoie-Roux: C'est le député de Fabre, je
pense.
Le Président (M. Blank): C'est le député de
Fabre.
On continue avec le programme 5.
Services en centres d'hébergement
(suite)
M. Johnson (Anjou): Non, M. le Président. Peut-être
une remarque, puisqu'hier on a laissé en plan une discussion au sujet
des sondages. J'avais dit que je ferais une énumération du genre
d'études et nous avons fait parvenir à l'Opposition, à la
fois les études et la liste des études. Je donne simplement
quelques titres faits par le groupe des sondages: Étude sur les soins
dentaires gratuits, étude sur les femmes et le marché du travail,
étude sur les personnes âgées à domicile (rapport
préliminaire), étude sur le tabac et les facteurs sociaux
économiques d'influence, étude sur les conditions de vie des
bénéficiaires d'aide sociale inaptes au travail ou
âgés de 55 ans à 64 ans, analyse de valeurs, de
"schéma de valeurs" qui est un instrument assez courant. C'est
essentiellement le genre d'activité à laquelle s'adonnent ces
services.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le ministre. Evidemment, il s'agit
d'études sociales, ce que vous venez d'énumérer. Ce ne
sont pas ce qu'on appelle strictement des sondages. Ces études sont
excellentes, vous nous les avez fait parvenir...
M. Johnson (Anjou): C'est cela que tout le groupe de
sondages...
Mme Lavoie-Roux: ... mais il y a aussi des sondages sur des
perceptions. J'ai fait sortir ceux que j'avais et je me suis dit: Ah! je n'en
aurai pas besoin, alors je les ai laissés à mon bureau. Je me
suis donné la peine de les examiner ce matin. Par exemple, sur
l'enseignement sexuel, est-ce que les gens sont pour ou contre; sur
l'avortement, est-ce que les gens sont pour ou contre. Il y a de ces sondages
qui, évidemment, peuvent orienter certaines décisions
gouvernementales, mais c'est amusant, je les ai finalement laissés
à mon bureau en me disant: Ah! je ne m'en servirai pas.
Pour ce qui est des autres études, j'en profite pour vous
remercier parce que je pense que ce sont des études intéressantes
et j'étais heureuse de les recevoir du ministère.
Je ne sais pas si c'est moi qui ai droit de parole, M. le
Président. Il me semble que je questionne et le ministre répond,
quand il répond.
Le Président (M. Blank): C'est à vous de poser des
questions.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Nous en étions, hier, quand
nous nous sommes quittés, à parler des centres d'accueil. J'ai
examiné le dossier que vous m'avez remis, hier soir, touchant les
coupures dans tout le réseau et dans les différents
établissements du réseau. Quand on arrive au centre d'accueil ou
d'hébergement, comme vous les appelez, on arrive à une coupure du
personnel syndiqué et syndicable, si on calcule le temps complet et le
temps partiel, à un total de 166 personnes qui auraient
été mises à pied dans les centres d'hébergement,
auxquelles il faut ajouter, je pense, un certain nombre de personnes qui ont
simplement été mises à pied et qui ne doivent pas
être calculées là-dedans, si je comprends bien. Je vais
demander cela à M. Deschênes. J'ai dit les
201 personnes qui sont mises à pied dans l'ensemble du
réseau; celles-là ne sont pas calculées.
M. Johnson (Anjou): 200.
Mme Lavoie-Roux: 201 personnes.
M. Johnson (Anjou): Oui. 200.
Mme Lavoie-Roux: Elles ne sont pas calculées dans le total
des coupures de la première page?
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse, les 201, vous les retrouvez sur
lequel des tableaux?
Mme Lavoie-Roux: À la toute dernière page.
M. Johnson (Anjou): Mises à pied dans le réseau des
affaires sociales sur l'exercice 1981-1982.
Il s'agit ici des cadres. Dans le cas de cette dernière page, ce
sont les cadres.
Mme Lavoie-Roux: II y en a une autre alors, excusez.
M. Johnson (Anjou): Pour les cadres, le total des cadres mis
à pied dans le réseau est de 201 pour l'exercice 1981-1982, dont
18 dans l'hébergement, et le total des personnes syndiquées ou
syndicables non syndiquées, dans le cas de l'hébergement, est
de...
Mme Lavoie-Roux: 199.
M. Johnson (Anjou): 166, les CA d'hébergement, je ne parle
pas des CAR des centres d'accueil et de réadaption.
Mme Lavoie-Roux: Je parle des CA d'hébergement, le
personnel salarié syndiqué et syndicable.
Pourriez-vous me dire la différence entre sécuritaire et
prioritaire?
M. Johnson (Anjou): Sécuritaire, c'est une personne qui a
deux ans à l'emploi d'un même établissement et qui a donc
la sécurité d'emploi. Prioritaire signifie une personne qui a un
an mais non pas deux ans et qui n'a pas la sécurité d'emploi mais
a une priorité d'embauche, si on doit procéder à du
réembauchage au niveau de l'établissement. Quant aux personnes
qui n'ont pas un an, elles ne sont pas considérées comme
prioritaires dans le service.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais aimé qu'on sache quel type de
personnel, dans le personnel syndicable, non pas par institution, qui a
été coupé. Est-ce que c'est du personnel d'entretien?
Est-ce que c'est du personnel infirmier? Est-ce que c'est du personnel chez les
auxiliaires-infirmières? Quel est le personnel qui est directement
affecté à la clientèle? Je ne suis même pas capable
de lire les chiffres.
M. Johnson (Anjou): Un instant.
En fait, selon les données macrocospiques qu'on a, il y a environ
18 000 personnes syndiquées ou syndicables dans
l'hébergement.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): II y a eu 166 mises à pied, plus 18
chez les cadres.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Ce qui, soit dit en passant,
représente dans le cas des cadres un ratio plus élevé de
mise à pied que le ratio d'encadrement. En ce sens, proportionnellement,
il y a eu plus de cadres mis à pied qu'il y a eu de salariés.
Par ailleurs nous n'avons pas les données. Les compilations de
cette nature, comme vous le savez, sont extrêmement complexes. Ce sont
des formules, il y a 500 établissements. Nous ne les avons pas à
ce moment-ci, nous les aurons sans doute quelque part au bout d'un an
après que tout cela aura été effectué, ces
données quant aux catégories de personnel qui ont
été touchées.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux bien comprendre
que c'est complexe et tout cela. Je pense que si on veut vraiment
évaluer la façon dont la clientèle est affectée, il
faut vraiment avoir des données plus précises. Évidemment,
on a un ordre de grandeur, on sait que, pour l'ensemble du réseau vous
avez du personnel de cadre, j'additionne le partiel et le complet, cela donne
524. Si jamais j'obtiens une feuille sur laquelle je pourrai lire quelque
chose, on a les chiffres globaux, du côté syndical, c'est quoi
pour l'ensemble du réseau? C'est parce que c'est tout effacé sur
ma feuille, à la fin c'est la première page.
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Nombre de...
M. Johnson (Anjou): Nombre de postes coupés sans
titulaire.
Mme Lavoie-Roux: ... postes coupés sans titulaire.
M. Johnson (Anjou): Cela, en fait, ce sont des postes qui
étaient reconnus
budgétairement mais qui n'étaient pas occupés, qui
étaient vacants à toutes fins utiles.
Mme Lavoie-Roux: Combien y en a-t-il de ceux-là?
M. Johnson (Anjou): Comme on voit, il y en a...
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de feuille pour cela.
M. Johnson (Anjou): ... juste dans la région 01, il y en a
100. Au total, cela fait 2125 postes.
Mme Lavoie-Roux: 2125.
M. Johnson (Anjou): Qui ont été coupés, mais
qui n'étaient pas occupés par des personnes.
Mme Lavoie-Roux: Ils n'étaient pas occupés depuis
combien de temps? On ne le sait pas non plus.
M. Johnson (Anjou): C'est variable. Dans certains cas, cela peut
faire littéralement des années. Dans d'autres cas, cela peut
être relativement récent. (12 heures)
Mme Lavoie-Roux: Voyez-vous, M. le ministre, quand je dis qu'on
voudrait avoir un bilan à point - et, je vous l'ai dit, ce n'est pas
dans le but de vous démolir - je me dis que la population a le droit de
savoir de quelle façon elle est affectée. C'est
déjà un effort; au moins, on a des chiffres.
M. Johnson (Anjou): On n'en avait pas l'an dernier.
Mme Lavoie-Roux: Vous commenciez; en tout cas, ce n'était
pas tenu. Je pense que ce serait important que votre ministère nous le
donne, par catégorie de travailleurs, par type de services auxquels ces
travailleurs ou ces travailleuses sont attachés. Je sais fort bien, par
exemple, que dans certains endroits, même avant l'an dernier d'ailleurs,
on n'indexait pas depuis quelques années ou on indexait que très
partiellement - les gens savaient que des coupures viendraient. Alors, ils
avaient pris l'habitude de ne pas remplir des postes. Il y a aussi des postes
qui peuvent être vacants depuis 3 ou 6 mois; à ce
moment-là, celui qui est vacant, on ne le remplit pas.
Alors, vos 2125 postes qui étaient vacants et qui ont
été coupés s'ajoutent à une coupure de 524 plus -
ici, on en a 998 plus 15, 11 - 2615 dans les postes syndiqués. C'est le
partiel et le complet additionné, parce qu'il faut faire attention, ce
serait moins considérable si on les calculait en temps complet. 524
c'est partiels et complets. Donc, globalement, si on additionne ce serait plus
juste de les prendre séparément, mais je n'ai pas le temps
-l'ensemble du partiel et du complet coupé en tenant compte des postes
qui n'étaient pas comblés, cela veut dire qu'on est dans l'ordre
d'au-delà de 5000. Il faut faire attention, il faut qualifier les
partiels et les complets.
M. Johnson (Anjou): Voilà, d'une part.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des syndiqués, 1517
étaient à temps complet et 998 étaient à temps
partiel. Je le dis pour que les chiffres ne soient pas mal
interprétés. Donc, globalement, cela fait 5000 avec toutes les
nuances que je veux bien y mettre pour ne rien exagérer.
M. Johnson (Anjou): Ces nuances sont quand même
d'importance dans la mesure où...
Mme Lavoie-Roux: Je les signale aussi.
M. Johnson (Anjou): ... quand on tient compte de la notion de
temps partiel et de la notion de postes vacants, c'est déjà un
gros bloc dans cette statistique. Il y a toujours des postes vacants et le
temps partiel, on le sait, peut être aussi variable que deux
journées par quinze jours comme quatre jours par semaine. En
général, c'est moins que des demi-temps. Donc, cela peut
être n'importe où entre une journée par quinze jours et
deux journées et demie par semaine.
Sur des effectifs de 135 000 au budget.
Mme Lavoie-Roux: Temps partiel et temps complet.
M. Johnson (Anjou): Plus 12 000 cadres.
Mme Lavoie-Roux: Plus 12 000 cadres, 147 000.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: L'autre chose qu'il serait intéressant de
savoir, mais que vous ne pourrez pas me dire, c'est combien de postes à
temps complet ont été convertis à temps partiel. Parce que
c'est une plainte qu'on a eue dans plusieurs établissements. Je ne veux
pas qu'on entre dans cette discussion, mais il y a toute la philosophie du
développement du travail à temps partiel et c'est
particulièrement des secteurs où il y a beaucoup de femmes. Je
fais une parenthèse, je ne veux pas qu'on en parle. Ce qu'il serait
intéressant de savoir, ce sont les conversions de postes.
M. Johnson (Anjou): Ce genre de données, on les aura au
fur et à mesure des mois qui viennent. C'est le genre de données,
finalement, qui sont utiles et complémentaires, mais qui exigent
beaucoup de raffinement et beaucoup d'énergie. D'autant plus que c'est
la Direction des relations du travail chez nous qui compile ces données.
Comme on le sait, elle a été passablement occupée. On ne
voudrait pas faire faire du temps partiel pour compiler les données.
Maintenant, je peux dire qu'effectivement il y a eu une certaine tendance
à la conversion.
Dans le cas des hôpitaux, j'ai vu une statistique, il n'y a pas
très longtemps, qui révèle que tout près de la
moitié des employés dans les hôpitaux sont à temps
partiel d'une façon ou d'une autre. C'est quand même assez
frappant. Il y a la féminisation de ces fonctions qui est une
caractéristique, on le sait, qui, parfois, peut expliquer ces choses
dans la mesure où c'est un choix qui est fait, mais je reconnais qu'il y
a beaucoup de ce temps partiel qui affecte les postes essentiellement remplis
majoritairement par des femmes qui est plutôt issu d'une tradition
où on prenait pour acquis à tort, je pense, que les femmes par
définition ne travaillaient qu'à temps partiel. Mais il y a quand
même beaucoup d'éléments de choix. Je pense que ces choses
changent.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je ne voudrais pas entrer dans le
débat féministe, je ferai cela avec votre collègue de la
Condition féminine. Vous me dites: Je ne peux pas, c'est un ouvrage
très complexe, très compliqué. J'avais fait une autre
proposition, j'admets que c'est déjà une indication, mais on a
ici une commission parlementaire spéciale - après tout, ils
veulent qu'on innove, au Parlement; je pense que cela n'innoverait rien, de
toute façon - où on aurait pu entendre les
intéressés, quitte à ne pas simplement les entendre et
ensuite on les renvoie, et on aurait pu distribuer le temps entre des auditions
des gens du réseau et une discussion entre nous et les fonctionnaires,
pour arriver à établir un tableau net. Maintenant,
peut-être que le gouvernement n'est pas intéressé à
faire cette manoeuvre. Je pense que vous conviendrez avec moi que quand on
reçoit des plaintes de partout, je vais vous donner un exemple pour les
centres d'accueil, vu que nous sommes dans les centres d'accueil...
M. Johnson (Anjou): Incidemment, c'est plutôt de l'ordre de
10 000 à 12 000 et non pas 18 000, comme je l'ai dit tout à
l'heure, pour les effectifs syndicables, non syndiqués et
syndiqués de l'hébergement. C'est plutôt de l'ordre de 10
000 à 12 000 que de l'ordre de 18 000, je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. Bon, j'ai perdu le...
M. Johnson (Anjou): Vous suggériez qu'on aurait
peut-être dû entendre le réseau mais que, dans le fond, le
ministère n'est pas intéressé à faire savoir ces
choses.
Mme Lavoie-Roux: Ah! oui, c'est cela; ce que je voulais apporter
par exemple...
M. Johnson (Anjou): Vous comprenez que je vous ai
cité.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, mais je vais vous donner un exemple de
ceci: dans les centres d'accueil - vous savez que c'est un débat qui
perdure même depuis avant votre arrivée comme titulaire du
ministère -la population des centres d'accueil s'est lentement convertie
en population beaucoup plus lourde; de Al, A2 qu'on avait
généralement, on est rendu à A3 et A4, si bien que le
ratio infirmière-patient ne s'est pas traduit de la même
façon. Je dois vous dire que cette remarque m'a été faite
par l'Ordre des infirmières, pour vous enlever tout soupçon que
cela puisse venir de quelques mauvais syndiqués.
M. Johnson (Anjou): Je ne tiens pas pour acquis que les
syndiqués sont mauvais.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais quelquefois, quand...
M. Johnson (Anjou): Si vous avez remarqué, ce n'est pas
moi qui ai dit cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais quelquefois vous vous conduisez comme
s'ils étaient mauvais.
M. Johnson (Anjou): Non, non.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, l'Ordre des
infirmières dit que les soins qui peuvent être donnés
à ces personnes en centre d'accueil où se trouve maintenant de
plus en plus des A3, A4, avec un ratio qui n'est pas changé et qui
était un ratio de Al, A2 est nettement insuffisant et que les patients
en souffrent. À toutes fins utiles, quand on parle de A3 et A4 et qu'on
parle de patients en centres de soins prolongés, surtout quand vous
arrivez avec les A4, je vous assure que la marge est mince pour la distinction
entre les deux. Déjà, il y a une couple d'années, il y
avait eu passablement de protestations de la part de l'Association des centres
d'accueil demandant que des sommes supplémentaires soient mises pour
qu'elle puisse vraiment s'acquitter des nouvelles fonctions ou des fonctions
plus lourdes qui lui incombaient. Je pense que, même si c'est un nombre -
il faut bien
l'admettre - limité de postes qui ont été
coupés dans les centres d'hébergement pour personnes
âgées, c'est clair et net que c'est inconcevable qu'on ait
coupé des postes dans ces endroits où déjà on
était bien mal pourvu et pas suffisamment pourvu en personnel infirmier
ou para-infirmier - ou ce que vous voudrez - de soutien. Quelles sont les
intentions du ministère à cet égard?
M. Johnson (Anjou): Alors, il y a deux choses.
Mme Lavoie-Roux: II s'agit des anciens centres d'accueil
principalement.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Alors, d'une part, à
l'égard des infirmières, il faut quand même dire qu'il y a
un seul établissement sur près de 500 où il y a eu des
coupures de postes d'infirmière, c'est au Manoir de Cartierville,
où le ratio était nettement supérieur, en termes du nombre
d'infirmières, à celui de l'ensemble. Effectivement, nous sommes
sensibles à cette dimension, ce qui m'amène sur le
deuxième sujet. C'est un fait que dans certains centres d'accueil,
l'alourdissement des clientèles, pour utiliser le jargon du
ministère, les A3 et les A4, exige de plus en plus du personnel qui est
là; on pourrait se référer à toutes sortes de
schémas qui finalement assimilent une partie de la clientèle des
centres d'accueil à certaines des clientèles des centres de soins
prolongés, les CHSP. C'est vrai que dans certains centres d'accueil
l'alourdissement des clientèles est tel qu'ils sont nettement moins bien
dotés que les CHSP. Par ailleurs, on sait aussi qu'il y a à la
fois dans les centres d'accueil et dans les CHSP une partie de ces
bénéficiaires qui ont un degré relatif d'autonomie
très élevé qui, dans certains cas, justifie mal qu'ils
soient dans un établissement public, sinon par tradition; on a parfois
vu ces centres d'accueil comme des centres d'hébergement proprement
dits, presque des HLM. On en est conscients.
Le problème est d'autant plus important pour certains des centres
d'accueil que le per diem qui leur est accordé est extrêmement
variable sur le territoire, pour toutes sortes de raisons historiques encore
une fois. On a cependant tenu compte de cela dans les compressions. Ceux qui
avaient les plus bas per diem dans certains cas ont été
carrément exemptés de toutes les compressions. On fait des
courbes moyennes selon les régions, etc., et on a essayé de
distribuer cela le plus équitablement possible. À une
extrémité, ça donne des compressions s'appliquant aux
infirmières au Manoir de Cartierville, qui est le seul endroit où
il y en a eu dans le cas des infirmières dans un centre
d'hébergement. À l'autre extrémité, ça donne
des centres comme certains que j'ai visités où aucune compression
n'a été appliquée. Entre les deux, je ne disconviens pas
que dans la zone moyenne il y a certains problèmes et c'est d'ailleurs
ce qui a fait l'objet d'une étude qui a duré presque deux ans et
dont le ministère aura à discuter dès que les
données seront colligées avec les établissements
eux-mêmes du réseau, notamment les CHSP et les centres
d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: Vous dites qu'il y en a qui ont une relative
autonomie à la fois dans les CHSP et dans les centres d'accueil. Mais,
quand vous allez vraiment là où ce sont des cas lourds, les gens
ne reçoivent pas les soins adéquats, surtout les gens qui sont
alités complètement, et c'est un grand nombre. Il n'y a pas le
personnel suffisant pour vraiment donner à ces gens-là les soins
qu'ils requièrent; vous savez que c'est une question simplement de ne
pas les tenir dans une position immobile indéfiniment, de pouvoir leur
accorder des soins personnels. On dit qu'on fait la toilette - c'est un peu
arbitraire - deux fois au lieu de trois fois; ordinairement, les choses
étaient plus faciles, ce n'était pas déjà du luxe.
Alors, quand vous coupez du côté des services personnels, c'est la
vie de ces gens-là qui est affectée.
Il y a également les problèmes qui ont été
soulevés en fonction de la coupure dans les services alimentaires. J'ai
eu - et ça vous ne me les avez pas remises - des briques et je serais
prête à passer à travers et vous faire l'analyse de toute
cela. Même avec nos petits moyens, on a fait pas mal de cumulatif.
M. Johnson (Anjou): J'ai remarqué cela.
Mme Lavoie-Roux: Par exemple, chaque plan de redressement est
d'abord adressé au CRSSS, ensuite renvoyé à l'institution,
renvoyé au CRSSS, renvoyé au ministère; vous avez eu une
foule de commentaires et d'évaluations sur la façon dont la
clientèle était affectée. Dans un grand nombre de centres
d'accueil, il y a eu des coupures de faites dans l'alimentation, dans
l'entretien, et ça vous pouvez les retrouver en exergue, si vous le
voulez, dans ces plans de redressement. Je pense que les plaintes du
Comité provincial des malades à cet égard étaient
justifiées. Souvent c'est la quantité, d'autre fois c'est...
M. Johnson (Anjou): La variété. Si je peux me
permettre là-dessus, j'ai pris connaissance de cette déclaration
du Comité provincial des malades. On est allé vérifier
à certains endroits. Il est vrai que dans certains centres d'accueil,
là où on servait, par exemple, des gâteaux d'une
façon fréquente, à l'occasion on y met des desserts comme
de la gélatine, du Jell-O, des choses
de cette nature. Il faut voir, cependant, qu'il y a aussi un effort
honnête qui n'a rien à avoir avec les compressions. Selon la
présidente de l'Ordre des diététistes... (12 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Diététistes.
M. Johnson (Anjou): ... Madame Tremblay, que j'ai eu l'occasion
de rencontrer à quelques reprises, nous travaillons en collaboration
avec l'ordre pour revoir ce qui se fait dans certains centres d'accueil.
Nous sommes convaincus que dans certains centres d'accueil, il y a des
problèmes sérieux au niveau de l'alimentation au sens d'un
gaspillage, d'une mauvaise utilisation des ressources. C'est pour cela que pour
sensibiliser les principaux intéressés, parce qu'on ne
réussira jamais à régler tous ces problèmes par
réglementation, il faut en être conscient, l'an dernier, on a
lancé un concours dans les établissements du réseau de
concert avec le ministère de l'Agriculture pour souligner
l'originalité et la qualité de ce qui pouvait être fait
dans certains établissements du réseau public et parapublic en
termes de qualité, de valeur nutritive, d'intérêt de la
présentation, de diversité, etc. Finalement, on parle de presque
500 chefs cuisiniers plus leurs cuistots et les autres, s'il est vrai
qu'à un endroit ou à un autre des centres d'accueil pour les fins
financières ont pris des mesures qui se sont traduites par des
changements, il reste que dans l'ensemble nous n'avons pas encouragé
cela d'une façon qui soit désordonnée ou brutale; au
contraire, nous faisons un effort considérable d'implantation d'une
politique nutritionnelle au même titre qu'on le fait au niveau des
médicaments. Cela implique la formation du personnel, cela implique des
évaluations, cela implique une utilisation maximale des ressources
financières en place.
C'est vrai qu'il y a eu quelques cas, je n'en disconviens pas, où
finalement on était peut-être moins original et peut-être
faut-il se mettre dans la peau des bénéficiaires aussi qui
mangent trois fois par jour... J'ai appris une chose récemment. Le Dr
Charbonneau et son groupe sur la santé mentale et quelques-uns des
praticiens dont des travailleurs sociaux d'établissements qui
étaient avec lui m'ont sensibilisé au fait que dans certains
centres d'accueil, on a des règlements un petit peu absurdes qui
parfois, je dois le dire, proviennent peut-être même historiquement
du ministère, alors qu'il y avait des bons objectifs visés, par
lesquels on oblige les gens à manger toujours à la même
table. S'il y a quelque chose de...
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le ministre, je ne voudrais pas qu'on
fasse trop de disgressions, notre temps avance...
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas une disgression pour moi, on
parle finalement d'un environnement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, moi je vais vous mettre pensionnaire
un mois de temps dans un centre d'accueil.
M. Johnson (Anjou): Je ne doute pas que c'est difficile et c'est
pour cela que je dis qu'il faut faire des efforts.
Mme Lavoie-Roux: Et vous pouvez me rétorquer que les gens
se meurent d'y entrer...
M. Johnson (Anjou): C'est pourquoi je vous dis qu'il faut faire
des efforts.
Mme Lavoie-Roux: Vous pourriez me rétorquer cela. Je peux
vous dire que c'est quand même votre responsabilité ou la
responsabilité du ministère de voir que du point de vue de
l'alimentation les gens soient bien alimentés et tenir compte que ce
sont des gens dont c'est la demeure.
Chez vous, vous ne mangez pas toujours que des choses rationnelles, M.
le ministre, toujours juste pas de soupe, pas beaucoup de sel, etc. Il faut
quand même aussi que leur nutrition laisse une part d'agrément
à la vie que ces gens font à l'institution 365 jours par
année.
Le point principal, c'est que je veux, M. le ministre que vous sachiez
et, je ne parle pas à travers mon chapeau, que dans un nombre
d'institutions - je ne pourrais pas les quantifier parce que je n'en ai pas
fait le tour - il y a eu une baisse quant à la quantité de la
nourriture donnée, par exemple, du côté des fruits. C'est
censé être bon de la façon dont on nous a
élevés, c'est bon des fruits.
M. Johnson (Anjou): C'est un fait.
Mme Lavoie-Roux: C'est un fait. Mais quand on coupe les
collations de fruits dans certaines institutions, ce n'est pas au nom du
principe de la nutrition. C'est dans ce sens que je vous éveille
à ce problème.
M. Johnson (Anjou): Sur le plan de la nutrition je voudrais
rappeler que dans les programmes de formation, on a des fonds qui sont
réservés à cela au chapitre des conventions collectives.
Parmi les programmes prioritaires retenus par le ministère, il y a celui
de la formation du personnel qui est relié à l'alimentation pour
exactement les fins que vous évoquez.
Deuxièmement, c'est vrai qu'à certains endroits, je le
sais, on a coupé des collations. Dans un cas qui m'a été
souligné, alors que je posais la question à un membre du conseil
d'administration ou de la direction
de l'établissement et demandais: Qu'est-ce qui est arrivé
ici? ils ont dit: On a constaté qu'il y avait un gaspillage
énorme. Finalement, s'il est vrai que couper cette collation, pouvait
affecter d'une façon négative un certain nombre de personnes, de
façon générale la procédure de la collation
représentait des gaspillages énormes parce que ce n'était
pas consommé, parce que des biscuits, ça ne se garde pas
indéfiniment, parce que des gâteaux, ça durcit. Bon, ceci
dit, qu'on n'utilise pas les fruits à certains endroits, cas par cas, on
veut bien aller voir, mais je pense que les solutions à ces
problèmes, ce sont des solutions d'entraînement adéquat du
personnel qui doit être sensibilisé, premièrement, aux
valeurs nutritives, deuxièmement, à la nécessité de
varier parce que ce sont des gens qui mangent là trois fois par jour,
que c'est leur vie et que c'est comme s'ils étaient chez eux.
Troisièmement, il faudrait peut-être aussi sensibiliser les gens
au fait qu'il faut peut-être permettre à ces personnes de se payer
des libertés de temps en temps et de manger des chips comme tout le
monde, quand ça leur tente, de temps en temps.
Mme Lavoie-Roux: Pas trop souvent.
M. Johnson (Anjou): Pas trop souvent, quand même.
Mme Lavoie-Roux: Malgré ce jugement qu'on porte qu'il y a
des collations qui sont gaspillées, vous savez que, quand vous avez 75
ans ou 80 ans ou 85 ans, ce n'est peut-être pas à 5 heures
précises, au moment où on vous apporte votre dîner que vous
avez le goût de grignoter quelque chose. C'est peut-être ce qu'il y
a de plus important pour certaines personnes mais là, je ne veux pas
entrer dans une autre discussion. Il ne faut pas, non plus, entrer dans une
rigidité telle que la vie devienne aussi... Tout cela,
évidemment, c'est fait au nom de grands principes. Quand on rapporte que
les portions sont diminuées, que la variété est devenue
inexistante et qu'en plus il y a des coupures de l'ordre dont je viens de
parler, je pense qu'il faut que le ministère s'en occupe. Est-ce qu'il y
aura des coupures l'an prochain dans les centres d'accueil? C'est
peut-être la question qu'il faut poser compte tenu d'une indexation.
M. Johnson (Anjou): Cette année, c'est 3 000 000 $ pour
l'ensemble des centres d'accueil, à peu près 1%.
Mme Lavoie-Roux: Bien, 1% quand on n'est pas déjà
riche!
M. Johnson (Anjou): Cela dépend. Encore une fois, ce n'est
pas tout le monde qui est soumis à 1%; c'est globalement. Cela peut
varier de 0% à 2,6% selon les établissements.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, tout à l'heure, vous avez
parlé des infirmières qui ont été coupées.
Dans les infirmières auxiliaires, est-ce qu'il y a eu des coupures?
Parce que je sais qu'en général la majorité du personnel
des centres d'accueil ce sont des infirmières auxiliaires et non des
infirmières diplômées.
M. Johnson (Anjou): II y en a sûrement eu plus ou moins par
définition compte tenu du fait qu'il y a beaucoup de personnel qui est
des infirmières auxiliaires, mais au ministère on n'a pas les
données complètes encore une fois. On peut vous affirmer qu'il
n'y en a pas du côté des infirmières, sauf à
Cartierville parce qu'on a cette donnée-là.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il y a beaucoup moins
d'infirmières que d'auxiliaires.
M. Johnson (Anjou): II n'y en a pas beaucoup; alors, c'est plus
facile à contrôler. Mais on nous dit qu'il n'y a pas de cas
significatifs qui ont été rapportés. Évidemment,
c'est relatif.
Mme Lavoie-Roux: C'est relatif quand on sait le processus par
lequel cela passe: les instructions du ministère, du CRSSS à
l'établissement, le processus inverse et c'est avec des ultimatums. Il
faut que vous rencontriez des objectifs, il faut que vous coupiez à tout
prix. Allez chercher où vous voulez, mais il faut couper. C'est la
même chose dans les hôpitaux et cela, le ministre le sait fort
bien. Je vous lirai quelques extraits tout à l'heure quand on abordera
les hôpitaux.
S'il y avait moyen d'avoir le total des déficits pour les centres
d'accueil, je l'apprécierais.
Bon, ça va. Je n'ai pas besoin de les avoir par institution. Cela
me suffit. Cela me donne les ordres de grandeur.
Tout à l'heure, vous disiez: On coupe seulement de 3 000 000 $.
Si vous coupez de 3 000 000 $, il y a aussi l'inflation qui n'est pas
ajoutée. Est-ce qu'on a calculé l'inflation et qu'ensuite on a
coupé de 3 000 000 $? Comment le calcul a-t-il été fait?
L'augmentation du budget est de 8,8%, si vous tenez compte des augmentations
salariales qui, elles, sont à tout près de 16%.
M. Johnson (Anjou): Non, non. Les augmentations salariales sont
entièrement couvertes.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Comme cela
correspond environ à 80% ou 85% du budget des
établissements, il y a cela de réglé.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. Johnson (Anjou): Sur les dépenses non salariales,
l'indexation a été de l'ordre de 10%, donc inférieure au
taux d'inflation de l'ordre d'à peu près 2%.
Mme Lavoie-Roux: Ici on a 8,4% d'indexation ou d'augmentation, si
on veut.
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse je ne sais pas si on parle des
mêmes données.
Mme Lavoie-Roux: C'est le service en centres
d'hébergement.
M. Johnson (Anjou): Le service en CAH, on a les mêmes
chiffres pour l'année 1981-1982: 340,4; 1982-1983: 387,4; pourcentage
avec RREGOP 13,8%, et sans
RREGOP: 15,6%.
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai fait à partir de la feuille des
crédits.
M. Johnson (Anjou): C'est à partir de la feuille...
Mme Lavoie-Roux: Votre total, c'est 302,332? Non. C'est encore la
même explication qu'hier?
M. Johnson (Anjou): C'est cela. M. Lamonde me dit ...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais tout de même, c'est en bas de
l'indexation de l'inflation.
M. Johnson (Anjou): Mais ce n'est pas en bas au point qu'il
s'agisse de 8,4%. C'est 13,8%, la véritable croissance.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela tient compte du fonctionnement
des nouveaux centres qui vont s'ouvrir?
M. Johnson (Anjou): Oui, dans la mesure où c'est
annualisé, donc, ceux dont on a fait la nomenclature hier.
Mme Lavoie-Roux: ... pour lesquels dans le moment vous ne
déboursez pas d'argent.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Sauf que si on doit
débourser de l'argent dans l'année financière 1982-1983,
cela est inclus dans les crédits. On a les crédits pour le
faire.
Mme Lavoie-Roux: Votre augmentation de 8,5%, par rapport aux
centres d'accueil qui existaient l'an dernier, cela s'applique, votre 10,2%,
non seulement à ceux-là mais aux autres qui vont être
créés. Ce qui diminue dans l'ensemble.
M. Johnson (Anjou): Je comprends un petit peu l'embarras dans
lequel est l'Opposition pour essayer de réconcilier tous ces chiffres,
je pense qu'on ne peut pas vous en blâmer, c'est parce qu'on a
changé la structure des programmes.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Je maintiens votre 10%.
M. Johnson (Anjou): En fait, le taux d'accroissement de la
composante globale pour les établissements existants, donc sans tenir
compte des développements en cours d'année pour lesquels on a des
crédits, c'est 12,46%. Dans cela, il faut tenir compte du fait que 85%
à peu près des dépenses sont du côté
salarial, et que le paiement doit être fait sur le plan salarial de tout
le monde.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez votre livre de crédits, il y
aurait peut-être moyen de se comprendre.
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: À la page 27 de votre livre de
crédits, si on prenait cela on pourrait peut-être parler le
même langage.
M. Johnson (Anjou): L'accroissement de budget aux
établissements est de l'ordre de 12,46%. Cela exclut les régimes
de pension qui, eux, émargent à un autre poste. D'accord?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Qui émargent au RREGOP.
M. Johnson (Anjou): Je vais vous donner le tableau, je m'excuse
d'avoir cette difficulté à réconcilier tout cela. Je
recommence. L'accroissement pour chacun des établissements existants se
fait de la façon suivante: 12,46% pour les salaires. Pour cela on
s'aligne sur les conventions collectives.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Pour les coûts de l'énergie:
indexation de l'ordre de 20%.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Pour les coûts de l'alimentation:
indexation de l'ordre de 10,50%. Pour les autres dépenses, papier,
gommes à effacer, communications, etc., 10,10%, ce qui fait pour la
composante non salariale une moyenne de 10,3%.
(12 h 30)
Mme Lavoie-Roux: En tenant compte du 20% de l'énergie.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais la composante
énergétique dépend évidemment de son poids
relatif.
Mme Lavoie-Roux: Cela donne une moyenne de 10,3%.
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas nécessairement 1/3, 1/3,
1/3.
Mme Laroie-Roux: Est-ce que cela couvre les institutions
existantes et celles qui vont ouvrir?
M. Johnson (Anjou): C'est pour chacun des établissements
existants. D'accord?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): II s'agit des taux qu'on a ajoutés aux
établissements existants. Donc, il faut voir que les
développements émargent aux crédits même si les
crédits présentent cela globalement...
Mme Lavoie-Roux: Ils émargent où dans les
crédits? Vous nous avez donné un beau cahier mais vous ne vous en
servez pas. Vous en avez un autre pour vous.
M. Johnson (Anjou): II y en a tellement. C'est cela. On dit 13,8%
dans les crédits. Or, je viens de vous parler de l'équivalent de
12,46% ou d'une composante globale. Je veux simplement vous assurer d'une
chose. Pour chacun des établissements, donc ceux qui existent, ceux qui
sont ouverts et qui ont du personnel, les budgets ont été
ajustés de la façon suivante: 12,46% pour les salaires, 20% pour
l'énergie, 10,5% pour les aliments.
Mme Lavoie-Roux: Ceux qui sont en existence, ils vont être
assurés d'une indexation pour les dépenses non salariales de
10,3%.
M. Johnson (Anjou): Oui, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Si vous en ouvrez d'autres, je ne sais pas
où vous prendrez l'argent, vous sortirez cela de votre chapeau?
M. Johnson (Anjou): Voilà, mais c'est dans les
crédits globalement.
Mme Lavoie-Roux: Cela ne viendra pas affecter votre 10,3%.
M. Johnson (Anjou): C'est cela, effectivement. On ne
réduit pas les budgets des autres établissements pour les fins
d'ouverture de ceux qui sont à venir parce que c'est dans la
planification budgétaire. J'avoue que je peux difficilement vous dire
que c'est à l'item 05 01 01 0.2.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on vous fait confiance.
M. Johnson (Anjou): Merci.
Mme Lavoie-Roux: On est bien bon.
Le Président, (M. Rochefort): Sur la même question,
Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Sur les centres d'accueil. Ma collègue a
parlé de manque d'effectif, de la diminution des services. J'aimerais
vous demander si vous avez fait des études comparatives - par rapport
à l'Ontario, par exemple - de coûts-bénéfices, dans
des institutions similaires, surtout au niveau du personnel. Est-ce que vous
avez jamais fait des études qui comparent les effectifs
nécessaires pour rendre les services équivalents à une
clientèle équivalente?
M. Johnson (Anjou): On a une étude assez exhaustive qui a
été citée abondamment, mais malheureusement pas in
extenso, étant donné qu'on a omis, dans la publication de
certains extraits de cette étude, des caveat très précis
qu'introduisait l'auteur. C'est dans le cas des centres hospitaliers. La raison
pour laquelle on ne l'a pas dans les centres d'accueil pour les comparaisons
avec l'Ontario, c'est que la structure de dispensation est très
différente. On a en Ontario ce qu'on appelle les "nursing homes".
Mme Dougherty: C'est un centre d'hébergement, avec une
clientèle équivalente.
M. Johnson (Anjou): Oui. Je comprends qu'au bout de la ligne il y
a des personnes âgées et il y a des endroits où l'on s'en
occupe. Dans ce sens-là, ils en ont en Ontario, et nous en avons au
Québec. Quand on regarde les notions d'analyse de performance, d'analyse
de besoins, c'est à travers des données macro-économiques:
nombre de postes pour nombre de patients, nombre de services infirmiers rendus
à tel type de clientèle, et on compare les CHSP, les CA, etc.
On peut faire des comparaisons internes au Québec et c'est ce que
nous avons fait. On a fait une étude, dont on aura à reparler
probablement à l'automne, sur les centres d'accueil, les centres
d'hébergement et les CHSP. On l'a fait entre les hôpitaux du
Québec et les hôpitaux ontariens. Mais, on ne peut pas le faire
entre les centres
d'accueil du Québec et les centres d'accueil de l'Ontario, sauf
si on a une équipe qui va voir et qui fait des évaluations mais
qui ne sont pas macroscopiques. D'abord, parce que les allocations
budgétaires sont différentes, deuxièmement, parce qu'il
n'y a pas le même type de contraintes qu'il faut comptabiliser chez nous
au chapitre des conventions collectives. En Ontario, les conventions
collectives ne sont pas centralisées. Quand on fait des études de
ratio de personnel, de coût, etc., chez nous, c'est complexe, mais rien
comparé à l'Ontario, parce que c'est négocié
localement. Les classifications de tâches sont différentes. Les
infirmières auxiliaires peuvent être appelées à
faire des gestes différents des nôtres dont le cadre est un peu
plus rigide au niveau de la délégation.
Or, c'est très difficile d'avoir une vue d'ensemble. Ce qu'on
peut faire, c'est comparer un centre d'accueil d'ici avec un "nursing home"
ontarien.
Mme Dougherty: Oui, oui.
M. Johnson (Anjou): Cela, c'est fort possible. Je ne connais pas
personellement...
Mme Dougherty: Mais quels sont les résultats dans le
secteur hospitalier?
M. Johnson (Anjou): Quant aux résultats dans le secteur
hospitalier, le rapport Dufort tente à démontrer que pour la
période étudiée par l'équipe Dufort, pour
1977-1978, la productivité québécoise était
inférieure à celle de l'Ontario. Pour 1978-1979, la situation
relative du Québec par rapport à l'Ontario s'est
détériorée en plus. On se souviendra que 1978-1979,
1979-1980, c'est l'année de la baloune des déficits. Mais
après 1978-1979, la situation relative du Québec par rapport
à l'Ontario continuait de se détériorer, alors qu'au
niveau du MAS, on considère qu'en 1978-1979, avec les données
qu'on en a retirées, si on tient compte du nombre d'heures
rémunérées par jour/patient, c'était 12,38 heures
rémunérées et, en Ontario, en 1978, c'était 12,38:
en 1977, 12,32. Donc, cela a augmenté en Ontario alors qu'au
Québec, c'est passé en 1978-1979 à 13,61, de 14,14 que
c'était auparavant.
Après 1978-1979, la situation relative du Québec par
rapport à l'Ontario a continué de s'améliorer à nos
yeux. Si on prend les centres hospitaliers généraux, sans tenir
compte des services externes, on parle des gens hébergés, en
Ontario, en 1978-1979, c'était 14,87 heures
rémunérées travaillées par jour
d'hébergement; en 1979-1980, c'était 14,94 donc une augmentation
et 14,97 en 1980-1981; alors qu'au Québec, pour les mêmes
périodes, on a 18,66 - 18,38 - 17,57.
Donc, la productivité relative du Québec, même si
elle reste inférieure à l'Ontario tend à
s'améliorer et l'Ontario tente à se "détériorer"
strictement en termes d'analyse macroscopique.
Mme Dougherty: Donc, l'écart...
M. Johnson (Anjou): Donc, l'écart diminue.
Mme Dougherty: ... diminue.
M. Johnson (Anjou): Parce que notre performance
"s'améliore" - je parle bien d'instruments statistiques - et celle de
l'Ontario se détériore relativement. Bon, la vérité
et la qualité doivent s'insérer quelque part entre les deux sans
doute où finalement il faut tenir compte aussi que dans les limites de
cette analyse, la difficulté de la mobilité du personnel et de
l'appréciation de notre capacité de productivité,
notamment, sur les relais de soir et de nuit, à cause des conventions
collectives, est une difficulté à laquelle ont circonvenu plus
facilement les Ontariens. Dans beaucoup de conventions collectives locales, par
exemple, au Toronto General, qui est le plus important hôpital au Canada
en termes de nombre, etc., les infirmières ne sont pas
syndiquées, elles ont en moyenne 1000 $ de moins que leurs
collègues des autres hôpitaux d'Ontario et tout cela,
évidemment, se traduit dans une analyse de productivité comme
étant plus productif si on aligne le coût des heures
rémunérées et le nombre de patients
hébergés. On regarde le total et on se dit qu'il y a un ratio de
productivité au sens brut plus élevé au Toronto General
sauf que, premièrement, elles ne sont pas syndiquées et que,
deuxièmement, elles sont moins rémunérées. Or, chez
nous, tout cela est centralisé. Les limites de cette étude, c'est
cela. Dans quelle mesure est-ce que ce rapport entre le Québec et
l'Ontario est dû à une quantité d'effectifs additionnels
chez nous, ou dû à l'application très difficile de
conventions collectives centralisées qui ne tiennent pas compte d'une
réalité qui n'est peut-être pas souhaitable dans le cas de
l'Ontario à certains endroits?
Mme Dougherty: Mais je trouve qu'il y a un message
là-dedans, un message très important parce que, pour
récupérer la qualité des services, nous devons nous
intéresser à toute la question de la productivité. Cela
s'applique aussi en éducation, dans tous les services publics ici. On
coupe, et on coupe, mais peut-être qu'on doit essayer d'augmenter la
productivité pour améliorer les services.
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'il faut augmenter la
productivité. Brièvement, il y a
deux choses qu'on doit dire là-dessus, parce que c'est un
débat très long et qu'on va avoir avec les centrales syndicales,
on le sait. La productivité macroscopique; si on regarde l'ensemble,
l'argent qu'on met, la quantité de personnel, les heures
rémunérées, les jours d'hébergement, etc., et qu'on
fait de belles équations avec tout cela, notre productivité est
inférieure à l'Ontario. Maintenant, pourquoi? Alors, on dit
pourquoi. Sur un plan macroscopique encore, on se rend compte, d'une part, de
la rémunération supérieure ici pour l'ensemble des
classifications et, deuxièmement, des difficultés d'adaptation.
Je pense, notamment, à un fait: s'il est vrai que, dans certains centres
d'accueil, ce serait peut-être un peu mieux si on avait plus de personnel
le jour, je ne suis pas sûr que, dans ces mêmes centres d'accueil,
on ne devrait pas avoir moins de personnel de soir ou de nuit et c'est vrai
dans les hôpitaux. J'ai visité plusieurs hôpitaux dont
certains la nuit depuis deux ans à travers le Québec et je me
suis rendu compte que, s'il est vrai que dans un très grand
hôpital de Montréal, il manque du personnel ou que le personnel
est très poussé en termes de productivité entre 3 h 30 de
l'après-midi et 7 heures le soir alors que les médecins font leur
tournée avec les internes et les résidents, donc, commandent des
prescriptions, demandent des interventions des infirmières etc., il est
également vrai que, sur ces mêmes étages, pour la
même quantité de patients, on se retrouve à avoir un
degré d'activité relativement faible le soir et la nuit puisque
les patients en général dorment. Là, il y a un
problème qui est vraiment un problème de réallocation des
ressources à l'intérieur du système.
On touche quoi quand on touche à cela? On touche, d'une part,
à la motivation du personnel, c'est bien évident. Je pense que le
personnel dans nos hôpitaux à certains endroits se sent
aliéné dans son travail pour toutes sortes de raisons, le
contexte normatif est exigeant. Je prends juste les effets des clauses de
"bumping" ou de déplacement de personnel dans le cadre des coupures; 700
personnes déplacées dont certaines deux et trois fois à
l'hôpital Saint-Sacrement de Québec pour 100 postes dont je ne
sais pas combien étaient des postes vacants. Cela n'a pas de sens. Pour
les travailleurs, c'est difficile à subir parce que ça les met
dans l'insécurité, ça défait des équipes
thérapeutiques etc. Cela, c'est l'application malheureusement brutale
à laquelle on est contraint par les conventions signées par les
gouvernements et les centrales syndicales. Dans la négociation qui s'en
vient, j'espère qu'on pourra régler ces problèmes parce
que je pense que les travailleurs eux-mêmes aimeraient que ce soit
changé. Pour nous, on pense qu'il y a, sur le plan des gains possibles
de productivité, de qualité et de satisfaction du personnel, des
choses à faire.
Je ne me fais pas d'illusions, ça va être très dur
avec les centrales là-dessus, avec les permanences et les appareils
syndicaux, puisqu'ils sont habitués à travailler avec ces
schémas depuis le dépôt de Corbeil en 1966 à la
table de négociation de la CSN sur la classification des tâches.
On vit encore avec la brique de la CSN de 1966, à laquelle on a
ajouté d'année en année des centaines de pages avec le
résultat qu'il n'y a à peu près plus personne sauf les
gens détachés à temps plein, payés à temps
plein pour le faire et les arbitres qui se comprennent là-dedans. C'est
clair qu'il faut procéder à un époussetage, mais
dès qu'on va toucher à cela, on pourra toujours citer un cas
particulier d'un travailleur dont on abuserait, dont on nous dira que le
pouvoir de gérance aura comme résultat d'abuser dans ses
fonctions. Je pense qu'on peut accroître la tâche du personnel dans
certains départements ou horaires, alors qu'au contraire on devrait
diminuer la tâche du personnel dans d'autres départements ou
horaires, mais à travers les conventions collectives, c'est difficile,
c'est une des tâches auxquelles on s'est attelé au
ministère, à la Direction générale des relations de
travail depuis un certain temps et on a des objectifs très précis
lors de la négociation qui s'en vient. (12 h 45)
Mme Lavoie-Roux: L'an dernier à l'étude des
crédits - je vais vous poser des questions les plus courtes possible
pour que les réponses soient les plus courtes possible -vous nous
remettiez un document confirmant le fait que 171 ressources
d'hébergement pour personnes âgées fonctionnaient de
manière illicite. Parmi celles-là, 137 étaient
jugées aptes à poursuivre leur travail moyennant certains
changements, afin de régulariser leur situation et moyennant certaines
réorientations de leur statut. Parmi les 171, il y en avait 34 qui
étaient recommandées pour une fermeture, dont 8 l'avaient
été au printemps 1981. Le ministre peut-il nous dire où il
en est rendu dans cette opération? Également, si
l'opération n'est pas terminée, quel est
l'échéancier précis du ministère pour
compléter l'opération?
M. Johnson (Anjou): L'état de la situation, le 15 mai 1982
- cela fait moins d'un mois, qui couvre la période du 1er avril 1981 au
31 mars 1982 - je vais prendre le total, je l'ai région par
région: 38 ressources ont été repérées
impliquant 510 personnes.
Mme Lavoie-Roux: 38.
M. Johnson (Anjou): 38 ressources impliquant 510 personnes.
L'évaluation
médicale et sociale a été réalisée
dans 19 de ces 38 établissements touchant 181 des personnes. Les avis
qui ont été signifiés par celui qui vous parle, en vertu
de l'article 182, l'ont été à onze établissements,
touchant 108 personnes. Des appels ont été interjetés par
des propriétaires et des décisions de la commission des affaires
sociales ont été entendues dans cinq cas. La relocalisation a
été effectuée pour 21 des ressources, impliquant 142
personnes. 26 de ces personnes sont allées dans des centres d'accueil,
48 dans des pavillons ou des familles d'accueil, 22 en centre hospitalier, 10
sont décédées et 19 autres, cela veut dire à
domicile, dans certains cas.
Mme Lavoie-Roux: II en reste combien? C'est cela que je veux
savoir. 145, avec des gens à relocaliser.
M. Johnson (Anjou): Si on prend les chiffres que je vous ai
donnés, c'est ce que cela donne effectivement. Le sous-ministre adjoint
me dit qu'on en a trouvé d'autres, depuis ce temps.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Johnson (Anjou): On en trouve tous les mois. Par
définition, s'ils sont illicites, ils n'ont pas de permis, s'ils n'ont
pas de permis, on ne les connaît pas tant qu'on ne les a pas vus.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Disons qu'il en reste cinq, plus les
nouveaux qui se sont ouverts.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, pour celles qui étaient
jugées satisfaisantes mais qui devaient se prêter à
certaines modifications, et ceci de l'ordre d'environ 150, est-ce que toutes
ces opérations sont terminées? Est-ce que tout le monde a
régularisé sa situation? C'est 137 en fait.
M. Johnson (Anjou): Tous ceux qui ont le statut de famille
d'accueil, d'autofinancé ou de chambre et pension, tel que régi
par les règlements municipaux, tous ces cas sont
réglés.
Mme Lavoie-Roux: Bon, pour les 137, c'est
réglé.
M. Johnson (Anjou): Voilà. Sauf évidemment, comme
dit M. Malo, les nouveaux qu'on a trouvés depuis l'état de la
situation, le 31 mars, c'est bien évident. Cela roule toujours. C'est le
problème que j'évoquais hier.
Mme Lavoie-Roux: Cela roule toujours.
Je ne vous en fais pas plus de reproche qu'à d'autres, c'est
à cause du manque de ressources aussi.
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, est-ce qu'on peut me dire si, dans
chacun des centres d'accueil qui ont été ouverts, il y a eu un
centre de jour qui a été également ouvert?
M. Johnson (Anjou): Non. Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire qu'on peut vous dire
non.
Mme Lavoie-Roux: On se rappellera que l'ex-ministre nous disait
que partout il y aurait des centres de jour etc.
Sérieusement, quels sont les critères qui font que vous en
mettez un, que vous n'en mettez pas ou que vous semblez modifier la
formule?
M. Johnson (Anjou): La règle - je voulais être
sûr qu'il n'y avait pas eu d'exception, cela aurait pu m'échapper
parce que cela fait tout de même un an - c'est que depuis le mois de mars
l'an dernier, on a cessé toute forme d'ouverture de centre de jour dans
les nouveaux centres d'accueil, sauf ceux où il y avait
déjà des aménagements prévus ou, par exemple, que
l'autobus avait déjà été acheté ou des
choses comme celles-là. Certains de ceux-là se sont traduits par
l'ouverture d'un centre de jour récemment. C'est
qu'antérieurement à mars 1981 déjà certains
investissements ou des démarches avaient été faits. Pour
tous les autres, il n'y en a eu aucun.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez modifié votre position pour
quelle raison?
M. Johnson (Anjou): Essentiellement les besoins financiers. Un
problème d'absence de disponibilités et des priorités
à mettre ailleurs. Pour nous, la priorité restait dans ce
contexte-là, l'hébergement. Maintenant, il y a dans la plupart de
ces endroits un cubage d'espace qui pourra permettre cela. Dans la mesure
où on devra s'approcher dans l'année qui vient d'un virage
important au niveau du maintien à domicile, il y a quand même des
potentiels de ressources.
Une autre chose qu'on favorise - on parlait de productivité tout
à l'heure avec le député - il y a certains endroits
où il y a des centres d'accueil situés très près
les uns des autres. On sait que, dans la définition idéale de ce
qu'était un centre de jour en 1980-1981, on disait il y a un autobus, il
y a un technicien en loisirs, je pense, etc. On
avait une énumération. Est-ce qu'il ne serait pas possible
d'ouvrir des emplacements physiques dans deux ou trois centres d'accueil et de
doter l'ensemble de ces centres d'accueil d'un service commun, notamment dans
le cas du transport, acheter un autobus pour les trois? Cela devient simplement
une question de logistique au niveau des horaires, etc. Il y a des
expériences qui seront tentées notamment dans l'ouest de
Montréal, il y a un groupe dans la région de LaSalle.
Mme Lavoie-Roux: Quels sont les montants qui ont
été périmés aux crédits, compte tenu de la
non-ouverture de ces centres de jour?
M. Johnson (Anjou): La décision étant prise en mars
1981, il n'y a pas eu de péremption de crédits en 1980-1981.
Mme Lavoie-Roux: Ma dernière question touche la
contribution des adultes hébergés.
M. Johnson (Anjou): II y en a quand même 71 en ce
moment.
Mme Lavoie-Roux: II n'y en a pas eu de fermés, suite aux
coupures?
M. Johnson (Anjou): Non.
Mme Lavoie-Roux: À un moment donné, il avait
été question qu'ils en ferment à cause des coupures, mais
cela ne s'est pas fait? D'accord. La contribution des adultes
hébergés. Vous avez probablement eu au moins autant de
réactions que j'en ai eues. Voici ce que je voudrais bien comprendre.
Quelqu'un qui est hébergé, est-ce qu'il faut absolument que ses
épargnes diminuent éventuellement jusqu'à 1500 $? Ce qu'on
lui permet d'épargner, finalement, c'est 1500 $. Est-ce que je comprends
bien?
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, pour les biens immobiliers. On dit
que la résidence sera totalement exemptée lorsque sa valeur nette
n'excède pas 40 000 $. Quelqu'un qui vend sa résidence, est-ce
que cela rentre dans ses épargnes et qu'il faudra qu'il paie
jusqu'à ce qu'il soit rendu à 1500 $? Est-ce que je comprends
bien?
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Les plaintes que vous avez eues, c'était
que les taux sont montés extrêmement rapidement, etc. On avait eu
peu d'avertissement. Les gens apprenaient cela quand ils allaient visiter leur
mère ou leur père, etc. C'est sur le principe même de la
chose que je voudrais poser une question au ministre. Je n'ai pas de position
arrêtée mais c'est une chose qui me tracasse un peu. De plus en
plus, on dit que les citoyens doivent être de moins en moins
dépendants de l'État, doivent être de plus en plus
autonomes, s'assurer que, finalement, rendus à 65 ans, on ne soit pas
nécessairement obligés de se retourner vers l'État pour
tous ses besoins. Je me demande jusqu'à quel point ceci est
désincitatif, dans le sens de prévoir pour ses vieux jours.
Est-ce qu'il n'y aurait pas une espèce d'échelle modulée
qui ne serait pas complément désincitative? 1500 $
d'épargne, je vous assure qu'aujourd'hui c'est à peu près
rien. Ce sont deux principes que j'ai de la difficulté à
concilier, parce qu'il y a des gens qui n'étaient pas des millionnaires,
qui étaient des humbles et ardents travaillants, qui se sont
ramassé un modeste pécule pour leurs vieux jours leur donnant une
certaine sécurité pour essayer de conserver le plus d'autonomie
possible.
Vous en avez d'autres à côté qui vont dire: Bon! de
toute façon, l'État va s'occuper de nous autres, on a ceci, on a
cela, etc. Allons-y, cela ne changera rien, que nous soyons prévoyants
ou que nous ne le soyons pas. En tout cas, pour moi, cela est un dilemme. Je ne
sais pas si le ministre y a songé et s'il a des réponses.
M. Johnson: Je suis conscient, comme la députée de
L'Acadie, que c'est effectivement un dilemme. On sait qu'il y a des besoins,
des besoins immédiats et peut-être que sur le long terme on pourra
trouver certains types de solution, notamment qui viseraient à valoriser
une attitude préventive de la part des personnes qui
éventuellement... c'est un peu ce que propose le Comité de
santé mentale en disant: Est-ce que sous forme coopérative on ne
devrait pas encourager les gens à investir un certain nombre
d'années d'avance avec l'assurance qu'ils auront une place en
propriété partielle par une mécanique de type
coopératif?
Je pense que ce sont des avenues qu'il faut espérer pour
l'avenir, sauf que cela ne réglera rien d'ici deux ans, il faut
être bien conscient de cela. Or, le système tel qu'il existe en ce
moment, finalement, nous met devant le choix suivant: ou on monte le plafond et
on dit que la contribution maximale est illimitée et directement en
fonction des revenus des personnes, ce qui va avoir un effet pas très
compliqué et un effet chez les personnes qui ont les moyens de payer 600
$ à 650 $ par mois, il y en a quelques-uns...
Mme Lavoie-Roux: Ils ne sont pas loin de cela dans le moment, ils
sont rendus à cela.
M. Johnson: C'est cela. Mais d'aller
dans le secteur privé.
Mme Lavoie-Roux: C'est plus cher que ça.
M. Johnson: Parce que finalement, si cela vous coûte 700 $
ou 800 $ par mois et vous avez les moyens de le payer, il y a peut-être
un "break even", si je peux me permettre, auprès des organismes
privés. On connaît certains foyers qui ont des permis de
conformité du ministère qui ne sont pas subventionnés par
le ministère. J'en connais un ou deux qui donnent des services
remarquables aux citoyens et le prix cependant est de l'ordre d'environ 800 $
par mois.
Si on montait complètement le plafond, ou si on faisait
complètement sauter le plafond, on serait sûr qu'il n'y a plus
dans les centres d'accueil publics des personnes ayant ce niveau de revenu.
À toutes fins utiles, on permettrait le développement du secteur
privé qui pourrait arriver à un montant qui n'est pas loin de
celui du public, qui est très onéreux à cause d'une
série de facteurs, notamment, la rémunération des
personnes qui y sont, etc., et de tout ce qui est engendré finalement
par la mécanique, le normatif, la réglementation, le
ministère du Travail, etc. Sauf, qu'en faisant cela, il faudrait
être bien conscient qu'on ferait des centres d'accueil publics, des
centres d'accueil réservés à une classe
socio-économique, qui est la classe socio-économique qui n'a pas
les moyens d'aller ailleurs.
Peut-être cependant, qu'en termes quantitatifs, cela permettrait
de répondre à des besoins, si on regardait l'ensemble du
Québec. Jusqu'à maintenant, ce choix n'a pas été
fait. Le choix a été de maintenir le système actuel, mais
à cause de l'inflation, ceux qui ont un petit pécule qu'ils ont
amassé - je pense à ceux qui ont mis 7000 $, 8000 $, 10 000 $ de
côté pendant une vie ou avec des polices d'assurance rachetables -
se voient, je suis sûr qu'il y en a un nombre de plus en plus grand
chaque année, bascule parmi ceux qui sont subventionnés par
l'État. Dans le fond, le dilemme est là. C'est celui de
l'incapacité qu'on a comme collectivité de répondre, en
termes pécuniaires, à ce problème-là. Je pense que
cela touche, d'une part, la sécurité du revenu et, d'autre part,
l'utilisation, oui ou non, qu'on peut faire de ressources autres que les
ressources gouvernementales pour répondre aux besoins. Tant et aussi
longtemps qu'on n'aura pas tranché là-dedans, c'est clair que,
d'année en année, il y a des gens qui vont voir la petite
épargne qu'ils ont mise en banque baisser et, d'année en
année, il va y en avoir de plus en plus qui sont totalement
"dépendants" dans la mesure où ce qui leur restera, ce sont les
90 $ qu'on leur laisse ou qu'on leur subventionne carrément.
Mme Lavoie-Roux: Je reviendrai avec cela, parce que mon
collègue a quelque chose à demander. Je veux simplement signaler
que c'est un problème qui devrait être examiné de plus
près. Si vous voulez qu'à un moment donné ce soit
subventionné d'une autre façon, si les gens doivent se servir de
ressources privées parce que les ressources privées, aussi sont
indexées et elles ne sont pas indexées dans le même ordre
et, à un moment donné, cela bascule dans le public, c'est un
problème complexe qui est très désincitatif tel qu'il
existe quelles que soient les raisons, et je trouve cela mauvais... (13
heures)
M. Johnson (Anjou): À cause de la situation
économique depuis trois ou quatre ans, à cause de l'inflation et
de la stagnation relative des revenus, effectivement, la dépendance
financière des personnes en hébergement est de plus en plus
grande à l'égard de l'État. Au rythme où ça
continue, dans cinq ans j'ai l'impression qu'il n'y aura pas grand monde dans
les centres d'accueil qui ne sera pas, finalement, "subventionné" entre
guillemets. Cela pose un sérieux problème, c'est un fait.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Merci. J'ai eu connaissance récemment d'un
mémo que votre ministère a envoyé aux DG des
établissements faisant, d'une part, la constatation que les membres des
communautés culturelles utilisent beaucoup moins les services sociaux et
de santé que la population en général, ce qui est exact,
et les incitant, deuxièmement, à informer cette population des
services existants. À première vue, en tout cas, cela
paraît quelque chose de très louable. Bravo! Quand on parle des
services d'hébergement, c'est le domaine où il y a la plus petite
utilisation par les membres des communautés culturelles. Ce n'est pas
parce que le besoin n'est pas là, c'est plutôt parce que les
services ne répondent pas aux besoins dans le sens qu'ils ne sont pas
adaptés.
Est-ce que ce geste du ministère d'inciter les
établissements à faire quelque chose aura des conséquences
réelles? Je vais vous donner un exemple. Il y a au DSC Saint-Luc un
centre d'accueil qui est prévu, c'est le cente d'accueil Berry. Donc, il
n'y a pas d'emplacement à l'heure actuelle. Je sais que la semaine
prochaine vous recevrez une demande de la part du CLSC de Parc Extension
où à peu près 80% de la population font partie des
communautés culturelles, vous demandant de regarder et d'examiner la
possibilité d'implanter un
centre d'accueil en coordination avec le CLSC, peut-être avec un
conseil d'administration conjoint ou quelque chose comme cela, comme cela
existe ailleurs, qui pourrait tenir compte des besoins particuliers des membres
des communautés culturelles pour que les voeux que vous avez
exprimés dans le mémo ne restent pas lettre morte et ne reste pas
des voeux pieux seulement.
Est-ce que vous êtes prêt à vous engager à
examiner la viabilité du projet et, avant de prendre une
décision, à examiner cet aspect de la question, ce qui n'a pas
été fait dans le plan quinquennal du CRSSS dont le CA Berry
faisait partie?
M. Johnson (Anjou): II y a déjà certains centres
d'accueil. Je pense à celui de la communauté polonaise qui doit
connaître des développements.
M. Sirros: Si je peux juste intervenir un petit moment, il
s'agit, je pense, dans tous les cas, d'initiatives qui sont venues des
communautés elles-mêmes. L'État, jusqu'à maintenant,
n'a pas encore pris la décision, ni l'initiative d'offrir ce genre de
services à cette population.
M. Johnson (Anjou): Oui. Il y a un problème de principe.
Je pense que le député de Laurier va le reconnaître.
L'État hésite toujours à introduire dans sa programmation,
quand on tient compte des besoins, par exemple, d'une région comme
Montréal, une distinction sur la base de l'appartenance à une
communauté culturelle. Cependant, il reconnaît, quand des
initiatives se présentent, l'intérêt que cela
représente. C'est le cas des Chinois avec Sung Pai, des Polonais, des
Italiens avec Dante, parce qu'il y a là une communauté qui,
finalement, entreprend quelque chose. Je pense que c'est très difficile
pour un conseil régional comme pour le ministère de dire,
au-delà de la dimension socio-économique dont on doit tenir
compte et des besoins: On devrait introduire aussi une notion ethnique.
M. Sirros: J'aimerais préciser qu'il ne s'agit pas d'un
centre d'accueil identifié particulièrement pour une
communauté ou une autre. Je vous donne l'exemple du CLSC de Parc
Extension encore une fois ou du CLSC Saint-Louis. Ce sont des
établissements du réseau, mais qui répondent de
façon adaptée aux besoins de la population. Cela pourrait
être le même genre de chose avec un centre d'accueil, car, si vous
placez une personne A3 ou A4 de quatre-vingts ans, d'origine grecque,
arménienne ou quoi que ce soit, dans un milieu complètement
différent de ce qu'elle a connu jusqu'à maintenant, je pense que
le placement n'a pas le but d'humanisation qu'on voudrait avoir dans les
services sociaux. Dans ce sens, je pense que la proposition qui vous parviendra
la semaine prochaine a une allure intéressante. Cela pourrait être
un centre d'accueil pour tout le monde, mais qui pourrait répondre aux
besoins particuliers d'une clientèle qui, à l'heure actuelle
n'est pas desservie par l'État.
M. Johnson (Anjou): Je trouve cela intéressant.
M. Sirros: Alors, on a votre engagement que vous le regarderez en
tout cas.
M. Johnson (Anjou): Avec intérêt.
M. Sirros: Le deuxième point que je voudrais soulever, si
je peux revenir un peu plus précisément sur les crédits,
vous avez, à la page 27, un montant de 660 600 $, qui est une
augmentation d'à peu près 110% de ceux de l'année
passée, pour des activités de formation.
Est-ce que vous pouvez, d'abord, expliquer quelle est la formation que
ces gens reçoivent et la justifier par rapport aux coupures qui ont
été faites partout ailleurs? Comment se fait-il que, tout d'un
coup, on augmente cela de 110%?
M. Johnson (Anjou): Hier, on a eu une explication
là-dessus. Il n'y a pas d'augmentation réelle. C'est un
problème de réallocation des crédits. On a
restructuré le programme. On a eu ce débat hier. M. Lamonde a eu
l'occasion d'intervenir là-dessus. Les crédits veulent permettre
une visibilité des établissements. Donc, on est obligé de
changer les affectations. Il n'y a pas d'augmentation au titre de la formation
qui est de cet ordre.
M. Sirros: Je prendrai votre parole. Un dernier point que j'avais
noté, c'est en ce qui concerne les primes d'indemnité pour les
cadres. Je constate, il me semble qu'on a beaucoup plus de centres hospitaliers
au Québec que de centres d'accueil. Pourtant, on prévoit...
M. Johnson (Anjou): il y a 500 centres d'accueil...
Mme Lavoie-Roux: II y a 200 quelque centres hospitaliers.
M. Sirros: Peut-être devrais-je dire plutôt qu'on a
beaucoup plus de cadres dans le réseau hospitalier que dans le
réseau des centres d'accueil.
M. Johnson (Anjou): C'est un fait. Cela vient essentiellement de
la quantité énorme de cadres intermédiaires, les
infirmières en chef.
M. Sirros: C'est cela. J'ai remarqué que les primes
d'indemnité de départ, j'imagine, pour les centres d'accueil, se
situent à 235 000 $. Je ne sais pas si cela donne suite à une
certaine politique que vous avez peut-être suggérée aux
conseils régionaux, aux conseils d'administration de différents
établissements. Pour les centres hospitaliers, c'est moins, et il me
semble y avoir une certaine inconsistance, étant donné qu'il y a
plus de cadres dans le réseau hospitalier que dans les centres
d'accueil, et je me demande si vos prévisions pour l'année sont
réalistes.
M. Johnson (Anjou): Je peux peut-être hasarder, avant de
vous donner les documents et les chiffres précis que peut-être une
partie de l'explication vient du fait qu'il y a une rotation plus importante au
niveau des centres d'accueil. Il y a plus de départs, il y a des
adaptations plus importantes d'ailleurs qui se font en ce moment, parce que
c'est très rare qu'on fusionne des hôpitaux entre eux. Il n'y en a
pas tant que cela, il y en a 260. Mais, par contre, il arrive plus souvent
qu'on fusionne des centres d'accueil entre eux ou qu'on fusionne un centre
d'accueil avec un établissement. Les primes de séparation sont
payées souvent, encore une fois, comme j'ai eu l'occasion de
l'expliquer, en échange de l'absence de sécurité d'emploi
qui existe pour l'ensemble des salariés du réseau. J'ai
l'impression que l'explication initiale c'est cela.
Par ailleurs, il faut reconnaître aussi que dans le cas des
centres hospitaliers, pour toutes sortes de raisons historiques d'ailleurs -
j'ai l'occasion de le constater en ce moment au niveau du recrutement de
certains fonctionnaires, certains cadres supérieurs du ministère
il y a des directeurs généraux d'établissement qui gagnent
beaucoup plus que le sous-ministre en titre, et surtout que les sous-ministres
adjoints, et plus en général que les ministres, de toute
façon, qui ont moins que les sous-ministres. Je ne m'en plains pas.
Mme Lavoie-Roux: Ne parlons pas des députés.
M. Johnson (Anjou): Dans les hôpitaux, il y a des niveaux
de rémunération extrêmement élevés pour les
directeurs généraux. Un directeur général d'un
hôpital de 600 lits, qui est un senior et qui a gravi l'ensemble des
échelons, qui est à la catégorie 26 - je pense qu'il y a
28 catégories - peut aller chercher un salaire de l'ordre de 73 000 $,
ce qui est considérable. Alors, il est bien évident que lorsqu'il
y a une indemnité de départ qui s'applique à des gens qui
sont à ce niveau de rémunération, l'indemnité au
départ est, sur une base mensuelle, beaucoup plus élevée.
Alors si on donne six mois à quelqu'un qui part comme DG de
l'hôpital...
M. Sirros: C'est pour cela qu'il me semble étrange...
M. Johnson (Anjou): ... à 73 000 $, c'est pas mal plus
qu'un DG de centre d'accueil junior ou enfin récent dans un centre
d'accueil de 50 lits.
M. Sirros: C'est pour cela qu'il me semble étrange qu'il y
ait moins de prévu pour les CH que pour les CA.
M. Johnson (Anjou): J'ai 708 000 $ au total, pour les centres
hospitaliers, et 235 000 $ pour les CAH.
M. Sirros: Est-ce que je dois comprendre que ces montants sont
prévus pour les indemnités de départ pour l'année
qui vient, et que ce seraient les balises à l'intérieur
desquelles les conseils d'administration ont été...
M. Johnson (Anjou): C'est une réserve. Elle peut
être touchée dans un sens ou dans l'autre, on pourrait en
périmer une bonne partie, je le souhaiterais, mais elle est là.
Il y a là pour à peu près 708 000 $, plus 235 000 $ de
réserves possibles. Encore une fois il faut tenir compte du fait qu'il y
a 12 000 cadres dans le réseau, qu'il y en a plusieurs dizaines par
année qui sont appelés à le quitter et surtout dans
l'année qui vient, dans le cadre des projets abondants de fusions et de
rationalisations, diminution du nombre de corporations; on risque d'en avoir
beaucoup.
Au bout de la ligne, ce n'est pas payer cher quand je pense que le
montant total mis de côté pour cette année qui permettra
des paies de séparation mettant totalement fin à un lien
contractuel entre un individu et l'État, ce montant à lui seul
pour l'ensemble des opérations qu'on envisage cette année est
l'équivalent du montant que cela nous coûterait dans le cas d'un
directeur général qu'on garderait pendant dix ans.
Je pense que c'est une bonne transaction.
Le Président (M. Blank): La députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'autres questions, je voudrais
simplement demander au ministre s'il peut nous remettre la carte des
régions éloignées et...
M. Johnson (Anjou): Le rapport.
Mme Lavoie-Roux: Le rapport aussi. On va pavoiser.
Le Président (M. Blank): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 15 heures.
M. Johnson (Anjou): S'il n'y a pas d'autres questions, on
pourrait adopter le programme.
Le Président (M. Blank): Est-ce que c'est fini?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
Le Président (M. Blank): Le programme 5 est adopté.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 12) (Reprise de la
séance à 15 h 11)
Le Président (M. Leduc, Fabre): À l'ordre, s'il
vous plaît! II faudrait nommer un rapporteur.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, le
député d'Ungava.
Le Président (M. Leduc, Fabre): Le député
d'Ungava, est-ce que c'est accepté? Accepté.
M. le député de Groulx.
Projet de loi no 242 M. Élie Fallu
M. Fallu: M. le Président, permettez-moi d'abord de
remercier l'ensemble de mes collègues d'avoir accepté de
suspendre momentanément les travaux de la commission parlementaire des
crédits pour accueillir - je dirais, enfin - le projet de loi
privé no 242, puisque ce débat est en cours depuis 1978, avant
même l'ouverture du pavillon d'Argenteuil.
Un bref exposé des faits. En 1951, l'hôpital d'Argenteuil
fut constitué par le biais d'une loi privée de telle sorte que,
lors de la passation de la loi no 48, en 1971, en vertu de l'article 79c,
l'hôpital d'Argenteuil ne fut pas soumis à l'ensemble de la
réglementation prévue par la loi no 48. D'ailleurs, cette
exemption, comme c'est le cas pour un certain nombre d'institutions au
Québec, fut confirmée par le projet de loi no 27 un peu avant les
fêtes, plus précisément le 19 décembre dernier. Or,
en 1979, un centre d'accueil du nom de pavillon d'Argenteuil fut bâti sur
le terrain même de l'hôpital. Habituellement, on devrait dire dans
la cour arrière, mais c'est plutôt l'hôpital maintenant qui
est construit dans la cour arrière du pavillon d'Argenteuil qui est un
centre d'accueil pour personnes âgées. Il est arrivé que,
par entente, le conseil d'administration de l'hôpital d'Argenteuil a
accepté de se dédoubler, pour ainsi dire, et d'administrer selon
les chapeaux, selon les soirées, l'hôpital, d'une part, ou le
pavillon d'Argenteuil, le centre d'accueil, d'autre part. Puisque l'existence
de l'hôpital fut constituée par projet de loi privé, il
nous faut donc maintenant, par projet de loi privé, confier à
l'administration de l'hôpital d'Argenteuil, légalement, la
direction de ce centre d'accueil.
L'argumentation est relativement simple. Vous savez que, dans un certain
nombre de cas, depuis deux ans, trois ans, il y a eu des fusions. D'ailleurs,
d'une façon générale, le ministre peut, par la loi,
établir ces fusions qui sont des économies d'échelle
permettant notamment à une administration d'utiliser les cadres
supérieurs et les cadres intermédiaires au double, même
quelquefois au triple ou au quadruple fonction de ces établissements.
C'est ainsi qu'on a un seul directeur général, un seul directeur
du personnel, un seul directeur des soins, un seul chef d'alimentation, etc.
Dans le faits, l'hôpital d'Argenteuil a exercé ses pouvoirs, comme
je le décrivais tantôt, en se dédoublant. Il s'agit, cet
après-midi, de rectifier légalement, de légaliser cette
pratique et d'autoriser très officiellement l'hôpital d'Argenteuil
à administrer de plein droit le pavillon d'Argenteuil. C'est ainsi que
je demande aux parlementaires de la commission permanente élue des
affaires sociales de bien vouloir accomplir les première et
deuxième lectures du projet de loi no 242. (15 h 15)
Si vous le permettez, j'aimerais vous présenter, au moment
où vous allez les appeler sans doute, le Dr Roger Lavigne, le
président de la Corporation de l'hôpital d'Argenteuil, et Me
Paiement qui leur sert de soutien technique.
Le Président (M. Leduc, Fabre): Si vous voulez prendre
place, s'il vous plaît. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Je remarque que le député de
Groulx avec un souci du détail, avec minutie et précision, ce qui
est son habitude, nous a exposé, je pense, très clairement ce qui
nous amène à étudier ce projet de loi no 242. Je voudrais
en profiter pour saluer le Dr Lavigne et lui souhaiter la bienvenue à la
commission, ainsi qu'aux citoyens du comté d'Argenteuil, si je ne
m'abuse, dont une certaine partie sont ici. Je n'ai pas d'autre commentaire
à faire, sinon pour dire qu'il m'apparaît juste, raisonnable et
adéquat que nous adoptions le plus rapidement possible ce projet de loi
qui essentiellement a comme effet d'utiliser la technique prévue dans
nos lois puisqu'il s'agit d'une corporation issue d'un projet de loi
privé; il s'agit donc de légaliser une situation de fait et de
simplifier la vie à
l'administration et à tout le monde, j'ai l'impression.
Mme Lavoie-Roux: Je dois faire les commentaires d'usage à
un discours de deuxième lecture comme porte-parole de l'Opposition. Je
n'ai rien à ajouter, sauf de dire que l'Opposition n'a pas de remarque
ou de restriction particulière à faire valoir. Je crois
comprendre que le conseil d'administration de la corporation de l'hôpital
d'Argenteuil est tout à fait d'accord pour cette fusion ou cette
incorporation du centre d'accueil à l'hôpital d'Argenteuil. Je
vous offre mes meilleurs voeux pour qu'avec une situation
légalisée, si on peut dire, vous puissiez continuer votre bon
travail au service de la population d'Argenteuil.
M. Lavigne (Roger): Merci beaucoup. M. Johnson (Anjou):
Merci.
Le Président (M. Gratton): Messieurs, la commission vous
remercie. Un mot?
M. Lavigne (Roger): Tout simplement, j'aimerais remercier la
commission. Cela va nous encourager à continuer, si vous voulez,
à travailler dans le sens d'éviter de multiplier inutilement les
structures dans le domaine de la santé; ensuite, cela nous donne
l'occasion de créer l'interdépendance entre les services de la
santé et entre les intervenants qui malheureusement, aujourd'hui, ne se
parlent pas assez souvent. Je vous remercie.
Le Président (M. Gratton): Merci. Alors, est-ce que la
commission est prête à adopter les deux articles du projet de
loi?
M. Johnson (Anjou): C'est cela. L'article 1, M. le
Président.
Le Président (M. Gratton): L'article 1, adopté.
L'article 2?
M. Johnson (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Gratton): Adopté. Le projet de loi
no 242 est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Gratton): Adopté. Oui, M. le
député de Gouin.
M. Fallu: Pour la légalité, on me signale que
j'aurais dû m'inscrire comme intervenant pour le moins à cette
commission, mais j'ai cru de la part de mes collègues qu'il y avait
à l'unanimité une acceptation tacite à ce que je puisse
m'exprimer. Je voudrais les en remercier et vous remercier vous-même, M.
le Président, de votre bon travail.
Le Président (M. Gratton): Alors, le changement avait
été inscrit; je m'excuse si je n'en ai pas fait part à la
commission. En effet, M. Fallu (Terrebonne) remplaçait M. Laplante
(Bourassa).
M. Fallu: Pourriez-vous m'inscrire maintenant comme
député de Groulx, s'il vous plaît?
Le Président (M. Gratton): Groulx.
M. Fallu: J'ai, hélas, perdu ce titre pour en gagner un
autre aussi prestigieux.
Le Président (M. Gratton): D'accord. Alors, les
crédits du ministère des Affaires sociales.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, nous en étions
au Fonds de recherche en santé du Québec, après avoir
adopté le programme 5.
Le Président (M. Gratton): Programme 8?
M. Johnson (Anjou): Au programme 8, élément
3...
Mme Lavoie-Roux: C'est le programme 7.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
M. Johnson (Anjou): Programme 7, élément 1.
Crédits du ministère des Affaires
sociales (suite)
Coordination de la recherche Fonds de recherche en
santé du Québec
Le Président (M. Gratton): Fonds de recherche en
santé du Québec. Est-il adopté?
M. Johnson (Anjou): M. le Président, très
brièvement, je voudrais présenter le Dr Joly, qui est
président du Fonds de recherche en santé du Québec, et
rappeler brièvement que le fonds a été constitué
l'an dernier. Il est la continuation du Conseil de la recherche en santé
du Québec, qui était un organisme conseiller du ministre des
Affaires sociales dans l'attribution des bourses à la recherche dans le
secteur de la santé, particulièrement la recherche
biomédicale. Le fonds fait que maintenant le dispensateur de cet argent
devient le fonds et ses membres et non plus le ministre. C'est une corporation
qui n'a pas un rôle de conseil, mais qui est une corporation qui
décide de
l'octroi d'environ 20 000 000 $ par année à 24 centres de
recherche qu'on retrouve essentiellement dans les milieux hospitaliers
universitaires.
Les différentes attributions du fonds lui permettent notamment de
procéder, comme ils l'ont fait tout récemment - j'ai eu le
plaisir d'assister à une retraite du fonds de recherche dans le nord de
Montréal, il n'y a pas longtemps - à des consultations, à
des mises en présence des principaux intervenants dans le secteur de la
recherche en santé au Québec, notamment les doyens de
différentes facultés ou directeurs de département, des
chercheurs eux-mêmes et des gens qui font un travail similaire dans ce
qu'on appelle le Fonds FCAC, qui relève de l'éducation. Toute
analogie gardée, c'est l'équivalent du FCAC pour le
ministère des Affaires sociales et le domaine de la recherche en
santé au Québec.
Je pense que j'ai dit l'essentiel. Je suis sûr que Mme la
députée a des questions, et cela me fera plaisir d'y
répondre.
Mme Lavoie-Roux: La seule question, cela a été, sur
le plan administratif, un changement de structures, si je puis dire. Au point
de vue des orientations, vous continuez finalement ce qui se faisait dans le
passé, j'imagine.
M. Johnson (Anjou): Essentiellement, les orientations sont les
mêmes que celles qui prévalaient préalablement. Les
orientations, il faut le dire, sont celles finalement qui sont
décidées par le ministre des Affaires sociales. Le ministre n'a
pas donné d'orientations nouvelles, de sorte qu'on continue dans la
foulée de ce qui était prévu préalablement. Il faut
noter ici qu'au niveau de l'orientation il y a un élargissement du
concept de la recherche en santé qui veut inclure la recherche dans
certains secteurs, comme la recherche épidémiologique, par
exemple, dans le domaine évaluatif et opérationnel. On essaie
aussi de stimuler un effort de recherche dans des secteurs un peu plus mous,
où il y a un peu moins de ressources, particulièrement en
santé mentale et dans des domaines un peu connexes. Donc, les
orientations sont essentiellement les mêmes, tout en tentant de doter le
Québec d'équipes de recherche dans des secteurs où on
était un peu plus faible, mais où on a des besoins réels
actuellement.
Mme Lavoie-Roux: L'an dernier ou il y a deux ans, vous nous aviez
remis une liste des projets de recherche en cours. Est-il toujours possible -
pas aujourd'hui - de nous faire parvenir cette liste des recherches qui sont
présentement en cours et à qui elles sont confiées?
M. Johnson (Anjou): Pour la première année, on va
devoir, comme corporation, fournir au ministre, avant le 30 juin, un rapport
annuel, lequel rapport va contenir le bilan financier, mais aussi
l'"itémisation" de chacun des programmes avec le destinataire, ainsi que
la somme que chacun des boursiers, des subventionnés reçoit.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ce rapport sera déposé
à l'Assemblée nationale?
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je note une légère
augmentation, comparativement aux augmentations que l'on a observées
dans les autres programmes. La vôtre est supérieure, puisqu'elle
va chercher globalement 17,9%.
M. Johnson (Anjou): 17,9%? Mme Lavoie-Roux: Oui, de plus.
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: Cela doit être encore mauvais parce cela a
été fait avec le livre des crédits. Ce n'est pas aussi bon
que cela?
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse, mes calculs ne sont pas aussi
optimistes que les vôtres.
Effectivement, j'allais dire que sans doute le Dr Joly soulignait que ce
n'est pas assez et il a raison à certains égards. Ce n'est jamais
suffisant.
Mme Lavoie-Roux: C'est de l'ordre de 10,3%. C'est cela.
M. Johnson (Anjou): Oui, c'est cela. L'an dernier les
contributions au RREGOP n'étaient pas incluses dans cette
systématisation alors qu'elles le sont, il y en a pour 1 000 000 $. Il
faut donc voir que ce n'est pas une augmentation d'activités, c'est
essentiellement une défalcation budgétaire.
Deuxièmement, il faut bien voir que nous avons dû cette
année procéder à une ventilation des crédits que le
ministère accordait à travers les établissements. Cela a
amené, d'ailleurs, le Dr Joly à se livrer à des exercices
d'analyse de cubage, de pourcentage du pétrole consommé dans tel
et tel établissement pour les 28 pieds carrés de tel laboratoire.
Un exercice particulièrement fastidieux auquel il s'est adonné,
je dois dire, avec beaucoup de tolérance et beaucoup de courage. Cela
nous permet maintenant d'avoir une base budgétaire claire qui à
mes yeux, je dois le dire, n'est malheureusement, compte tenu du peu de
disponibilités, pas à la hauteur de ce que nous souhaiterions
qu'elle soit. J'ai déjà entrepris certaines
démarches du côté du comité des priorités
pour que peut-être, en cours d'année financière, on puisse
accorder des fonds supérieurs, en cours d'année ou l'an
prochain.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'antérieurement ce programme
englobait la recherche sur la sécurité du revenu. Maintenant ceci
se trouve exclus, j'imagine...
M. Johnson (Anjou): La recherche de la sécurité du
revenu se fait par le Conseil québécois de la recherche
sociale.
Mme Lavoie-Roux: Alors, cela n'apparaît plus au même
budget.
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas dans le budget du...
Mme Lavoie-Roux: Cela n'émarge plus à ce
budget-là.
M. Johnson (Anjou): Mais c'était dans le budget du CQRS,
qui est le Conseil québécois de la recherche sociale, et
effectivement les recherches en sécurité du revenu continuent
d'émarger au budget du Conseil québécois de la recherche
sociale.
Mme Lavoie-Roux: Bon, je n'ai pas d'autres questions. C'est
peut-être plus une question de temps que d'intérêt, mais
l'an prochain il faudrait commencer plus vite avec la recherche.
M. Leduc (Fabre): M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: On s'excuse de vous avoir remis un peu hier
soir.
M. Leduc (Fabre): La recherche qui est entreprise
présentement, c'est une étude épidémiologique
auprès des victimes de la MIUF, est-ce que cela relève de votre
service? Je sais que c'est entrepris par le Dr Nantel au Centre de toxicologie
de l'Université Laval.
M. Johnson (Anjou): Non.
M. Leduc (Fabre): II a obtenu des fonds du ministère, je
crois? Est-ce que cela relève de votre...
M. Johnson (Anjou): De notre ministère mais ce ne sont pas
des fonds qui ont transité à travers le fonds de recherche en
santé. Le fonds de recherche en santé a une vocation de
financement essentiellement dans le cadre "académique" et dans le cadre
de l'avancement des sciences, auxquels nous ajoutons une dimension, comme l'a
souligné le Dr Joly tout à l'heure, de recherches
opérationnelles et épidémiologiques, des choses aussi
concrètes que l'utilisation maximale des laboratoires. Une recherche
très intéressante a été effectuée cette
année, plus précisément en fin de semaine dernière,
grâce à l'intervention du Dr Joly, une recherche touchant le
marathon de Montréal. On a pris une cohorte de participants populaires
au marathon pour étudier différents paramètres au niveau
de la toile de fond chez certaines de ces personnes.
Par ailleurs, dans le cas de la MIUF ce sont des fonds émanant
d'autres postes budgétaires plutôt sous le chapitre de la
santé publique que de la recherche proprement dite. La recherche qui est
faite sur la MIUF et sur ses effets n'a rien d'"académique"; elle l'est
par définition parce qu'elle est rigoureuse mais elle n'a pas des
objectifs d'avancement de la "science", elle a d'abord et avant tout un
objectif d'identifier précisément un problème ou des
problèmes découlant de l'utilisation de la MIUF.
Mme Lavoie-Roux: Merci beaucoup.
Le Président (M. Gratton): Alors,
l'élément...
Mme Lavoie-Roux: Programme 7, éléments 1 et 2.
Le Président (M. Gratton): Élément 1
adopté. Élément 2 également?
Mme Lavoie-Roux: Adopté. (15 h 30)
Le Président (M. Gratton): Donc, programme 7
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Gratton): À quel programme?
Mme Lavoie-Roux: On retourne au programme 1.
Le Président (M. Gratton): Programme 1.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Pardon, programme 1, CLSC. C'est
cela.
Services en centres locaux de services communautaires
(suite)
Le Président (M. Gratton): Programme 1, Services en
centres locaux de services communautaires; élément 1, Frais
d'exploitation.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, au chapitre des CLSC,
il faut voir dans le bilan de l'année qui se termine la création
de sept CLSC, ceux de Nicolet-Lac-Saint-Pierre,
Villeray-Sud, Saint-Jérôme, Saint-Eustache, Acton Vale,
Haute-Yamaska et Vaudreuil-Soulanges. Quant à la région 01,
c'est-à-dire le Bas-du-Fleuve, la Gaspésie, l'ensemble du
territoire, comme l'Outaouais, est maintenant couvert par des CLSC. Nous avons
ajusté le district Saint-Alphonse-Nouvelle dans le comté du
leader de l'Opposition de telle sorte que plutôt que de créer un
nouveau CLSC, on a adjoint les territoires en fonction des deux
municipalités régionales de comté qui existent là,
ce qui permet avec des sommes finalement relativement minimes, d'absorber
graduellement, au cours des deux ou trois prochaines années, l'ensemble
de ces clientèles dans l'activité de deux CLSC déjà
existants dans ces MRC. Tout cela dans un contexte d'effort de rationalisation
au niveau des coûts évidemment, mais également de
conjonction des territoires de MRC avec les territoires de CLSC dans la mesure
du possible pour le long terme.
Par ailleurs, nous avons eu quelques situations plus ou moins
problématiques dans lesquelles nous avons dû intervenir
tantôt par tutelle, dans trois cas, tantôt par des efforts
particuliers qui ont été déployés au niveau du
contrôle et une collaboration d'une façon générale
intéressante des conseils d'administration ou des employés des
CLSC où il y avait certaines difficultés. En construction, il y a
en ce moment 22 CLSC. La création d'un CLSC, je le rappelle, n'implique
pas nécessairement la construction d'un édifice. Le CLSC est une
entité administrative. Dans la majorité des cas, les
premières étapes consistent à regrouper des effectifs des
départements de santé communautaire et des effectifs qu'on peut
retrouver dans les centres de services sociaux pour les fins d'accomplissement
d'un travail de première ligne.
Du côté de ces transferts d'effectifs, donc, il y a eu des
intégrations de service à domicile des CSS aux CLSC, le tout
devant être complété en 1982-1983. L'opération est
complètement terminée dans les régions 01, 02 et 07. Quant
au transfert des ressources d'exécution des départements de
santé communautaire aux CLSC, tout cela sera parachevé au fur et
à mesure de l'implantation de nouveaux CLSC dans ces territoires.
Au niveau des laboratoires, ce qui a été un
problème assez constant des CLSC lors du dernier exercice financier,
nous en sommes arrivés à élaborer une politique
d'accès à ces services qui permettra que les
prélèvements soient faits par les CLSC, les analyses en centres
hospitaliers, et on réglera le problème de la facturation par une
compensation entre les budgets d'établissement, ce qui devrait je pense
donner un souffle et une respiration aux CLSC.
Finalement, au niveau de la clarification des rôles, je
rappellerai brièvement que les CLSC en vertu du chapitre 48 ont tendance
à avoir une espèce de vocation universelle, certaines des
difficultés qu'on a rencontrées au niveau de ceux-ci depuis
quelques années provenaient de cet aspect très large dans la
définition du chapitre 48. Je dois dire à l'égard de la
direction au ministère comme à l'égard de l'immense
majorité des CLSC qu'un effort considérable est fait depuis un an
peut-être même un peu plus, et à ma connaissance depuis un
an pour resserrer la définition de l'activité des CLSC et pour
tenter des efforts de complémentarité avec les services
déjà existants, notamment en matière de santé, que
ce soit au niveau des services de santé communautaire ou des
hôpitaux ou d'autres éléments du réseau du
ministère des Affaires sociales.
Finalement, il y aura, en 1982-1983, des efforts qui continueront et qui
nous permettront de qualifier plus précisément les centres
d'activité et les unités de mesure au niveau de l'activité
des CLSC vu le contexte dans lequel ils oeuvrent.
M. Sirros: Pouvez-vous apporter un peu de précision sur
les nouveaux CLSC qui sont en implantation, c'est-à-dire l'ordre de
grandeur des budgets d'implantation.
M. Johnson (Anjou): Cela varie. Si je prends le cas de
Saint-Alphonse-Nouvelle, par exemple, puisqu'il y a déjà deux
CLSC au centre, à toutes fins utiles, des deux MRC, les territoires qui,
normalement, auraient donné lieu à la création d'un
troisième CLSC entre Saint-Alphonse et Nouvelle, le budget est de
l'ordre d'environ 50 000 $, si je ne me trompe pas, pour chacun des CLSC qui
devra absorber ces clientèles. On le reconnaît, pour une
première année, cela ne permettra pas d'intégrer toute
cette population au niveau des activités.
Le budget de départ, habituellement, est de l'ordre d'environ 100
000 $. Il permet la location de certains lieux, l'engagement d'un directeur
général et de quelqu'un qui est un employé de soutien, les
budgets de communication, de téléphone, location etc., et
l'amorce du transfert des effectifs du service de santé communautaire du
côté du maintien à domicile et du centre de services
sociaux.
M. Sirros: Est-ce qu'on peut conclure que c'est une politique
générale à l'heure actuelle que dès qu'il y a un
nouveau CLSC il y a automatiquement des transferts des DSC et des CSS?
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse.
M. Sirros: Est-ce que automatiquement,
à ce moment, quand il y a l'ouverture de nouveaux CLSC, il y a
des transferts d'effectifs de DSC et CSS?
M. Johnson (Anjou): Non. Le budget d'implantation, proprement
dit, est de 100 000 $. Si on prend l'exemple du district Villeray-Sud, dans le
comté de Gouin, en plus du budget d'implantation de 100 000 $, il y aura
une réallocation de ressources à partir des DSC et du CSS de 886
000 $. On sera très près, finalement, d'un budget de
fonctionnement normal. Dans le cas de celui de Saint-Jérôme: 893
000 $; Saint-Eustache, 267 000 $; Acton-Vale, 250 000 $. Dans le cas de
Haute-Yamaska: 1 100 000 $, qui vient s'ajouter en termes de
réallocation de ressources. Dorion, 691 000 $, dans Vaudreuil...
Qu'est-ce que j'oublie? Saint-Alphonse-Nouvelle: 309 000 $
d'intégration de ressources additionnelles qui appartenaient aux CSS ou
au DSC.
M. Sirros: Les groupes communautaires qui dispensaient auparavant
les services à domicile subventionnés par le CRSS ont-ils
été intégrés dans les CLSC? Comment cela s'est-il
passé? Entre autres, je pense au CLSC Villeray-Sud où le
territoire était desservi par un groupe comme cela.
M. Johnson (Anjou): Quand il s'agit d'organismes
bénévoles, cela reste des organismes qui sont financés par
un budget spécifique du ministère dont on parlera sans doute en
cours de route via les conseils régionaux. Il n'y a pas
d'intégration proprement dite des organismes communautaires dits
bénévoles aux CLSC. Cependant, nous encourageons fortement les
CLSC à tenir compte de l'existence de ces ressources. Nous sommes
conscients que du côté des organismes bénévoles ils
veulent préserver leur autonomie et, quant à moi, je crois qu'ils
ont raison.
Pardon?
M. Sirros: Je ne sais pas si on parle des mêmes groupes. Il
y a des groupes sur des territoires non couverts par des CLSC qui dispensaient
des services de maintien à domicile non pas à travers un budget
pour des organismes bénévoles, mais à travers le budget du
maintien à domicile qui était géré par le Conseil
régional et dont les services étaient dispensés par des
groupes, je pense par exemple...
M. Rochefort: Le Centre de dépannage de
Saint-Édouard-Villeray. Cela va être intégré.
M. Sirros: Le Centre de dépannage de Saint-Édouard,
par exemple, qui avait un budget d'environ 400 000 $.
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse. Les budgets dont je parle, ce
sont les services de maintien à domicile pour des organismes
bénévoles ou organismes communautaires comme on le veut et qui
"transitent" à travers les CRSSS. J'ai peut-être fait un lapsus en
parlant de budget des organismes bénévoles.
M. Sirros: Vous avez parlé des CSS.
M. Johnson (Anjou): Ce sont les budgets de maintien à
domicile dispensés à travers la structure des conseils
régionaux et destinés à des organismes
bénévoles qui s'occupent de maintien à domicile. Ce ne
sont pas des organismes à but lucratif et ce ne sont pas non plus des
organismes du réseau.
M. Sirros: Les organismes comme tels, à ce
moment-là, sont, en quelque sorte, dissous et les budgets
transférés aux CLSC. Ou est-ce que le personnel, par exemple, qui
dispensait ces services sur un territoire donné est maintenant
intégré aux CLSC?
M. Johnson (Anjou): Le commentaire que j'ai fait tout à
l'heure s'applique. Cependant, il y a, sur le territoire de Montréal,
cinq exceptions effectivement et je pense que c'est à cela que se
réfère le député de Laurier. Il y avait, notamment,
une amorce dans le comté de Lafontaine et le centre de dépannage
dans le quartier Villeray. Ce n'étaient pas des organismes
bénévoles, mais bel et bien des espèces de formations
à partir des CSS, DSC et de certains engagements communautaires
budgétisés et eux sont intégrés aux CLSC. Mais pour
l'ensemble du territoire, à l'exception de ces cinq cas, les dizaines
d'organismes de maintien à domicile restent des organismes
bénévoles.
M. Sirros: Pouvez-vous nous donner un schéma des CLSC qui
avaient été implantés et ceux qui étaient en phase
d'implantation l'année passée. Est-ce que cela a avancé,
sont-ils toujours à la même place...
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire pas les nouveaux qu'on a
annoncés, ceux qui avaient été annoncés
l'année d'avant.
M. Sirros: Est-ce qu'il y a eu une certaine consolidation qui
s'est faite de ces CLSC, par rapport à l'année passée?
M. Johnson (Anjou): J'ai essayé de voir si on avait un
document avec la liste, le cheminement un peu comme on l'a donné pour
les centres d'accueil, hier. Je ne suis pas sûr qu'on en ait, mais je
peux dire qu'il y en a treize. Je pourrais les énumérer, je ne
suis pas sûr que je pourrais donner la phase précisément.
De ces treize qui étaient
en phase d'implantation, en 1981-1982, aucun n'a subit de compression
budgétaire. Alors, la première chose qu'on a faite, c'est qu'on a
fait en sorte qu'il n'y ait pas de compression budgétaire puisqu'ils
étaient en phase d'implantation.
Deuxièmement, le processus d'intégration du personnel des
CSS et des DSC est en voie de se réaliser. Et troisièmement, dans
certains cas, la construction de l'édifice, là où cela
s'applique est en cours. H y en a 22, en ce moment, qui sont en construction
dont quelques-uns font partie des treize qui avaient été
annoncés, en 1980-1981, et qui sont en phase d'implantation, en
1981-1982.
M. Sirros: Ont-ils un certain budget d'expansion?
M. Johnson (Anjou): Pas d'expansion, autrement que par
réallocation de ressources.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait avoir la liste de tous les
CLSC avec leur budget? Je pense que ce serait beaucoup plus simple.
M. Johnson (Anjou): Cela va venir. On va essayer de vous les
procurer dans quelques minutes.
M. Sirros: Je pense qu'il y aura aussi un budget de 2 500 000 $
affecté au programme de soins dentaires, n'est-ce pas? Quel pourcentage
de cela va aller aux CLSC et est-ce qu'il y a une décision de prise par
rapport à la façon de dispenser ce service? Par quel organisme
cela se fera, sur quels critères et pourquoi?
M. Johnson (Anjou): La décision a été
d'affecter 2 500 000 $ dans le cadre de la revue du programme de soins
dentaires. 2 500 000 $ serviront pour payer, premièrement, les
honoraires de 10 dentistes pour compléter la présence de
dentistes s'occupant de ces programmes dans les départements de
santé communautaire, il y en a 32. Deuxièmement, la
rémunération d'environ une centaine d'hygiénistes
dentaires additionnelles dans le réseau. Une partie relèvera
directement des DSC, l'autre partie relèvera des CLSC. Selon les
régions, selon le niveau et la présence des CLSC selon les cas,
l'objectif étant de réaliser pour le mois d'octobre une
couverture à 100% de l'ensemble des clientèles scolaires au
primaire. Par aillleurs, nous attendons les recommandations des conseils
régionaux pour savoir si, dans telle région, c'est au niveau du
CLSC ou du DSC ou pour quelle sous-région, on va attribuer ces
budgets.
M. Sirros: Ce qui me surprend un peu, dans cela, c'est qu'on
semble y aller un peu au pif. N'y a-t-il pas une politique cohérente
concernant l'accessibilité des services, un genre de souci...
M. Johnson (Anjou): II y en aurait une, sauf que...
M. Sirros: ... d'implanter les services d'une certaine
manière cohérente plutôt que de dire: Cela va aller mieux,
on va voir cas par cas?
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas cela, c'est qu'il n'y a pas de
CLSC partout. Je pense que le député de Laurier le sait.
M. Sirros: D'accord, mais là où il y a des CLSC,
par exemple,...
M. Johnson (Anjou): On peut bien dire que tout cela s'en va dans
les CLSC, sauf que si vous allez dans les régions où il n'y a pas
de CLSC, cela veut dire qu'il n'y aura pas d'accessibilité. Il s'agit
effectivement, sur l'ensemble du territoire par sous-région, d'obtenir
de chacun des conseils régionaux du Québec les propositions
qu'ils font quant à l'affectation de la ressource d'hygiénistes
dentaires et la présence de dentistes coordonnant les activités
en CLSC ou en département de santé communautaire directement.
M. Sirros: Est-ce qu'on peut dire à ce moment-là,
de façon générale, que là où il y a des
CLSC, les soins iront aux CLSC et cela ira aux DSC là où il n'y a
pas de CLSC et qu'éventuellement on peut avoir un transfert des
ressources comme dans les autres éléments?
M. Johnson (Anjou): Ah non! mais l'approche est de favoriser,
comme c'est le cas de maintien à domicile, que ce soit fait à
travers les CLSC. L'an dernier, en 1981-1982, 68% de l'expansion dans ces
secteurs s'est faite dans les CLSC. Par ailleurs, on a un objectif. L'objectif,
ce n'est pas de dire en soi: On va utiliser intrinsèquement pour sa
valeur fondamentale et substantive les CLSC. L'objectif, c'est de couvrir
l'ensemble des enfants dans les écoles primaires à l'automne.
Or, le choix privilégié, là où
l'infrastructure, le niveau de développement, la capacité
d'absorber ces nouvelles activités sont présents dans le CLSC,
cela va se faire en CLSC et, dans les autres cas, cela va se faire à
travers le département de santé communautaire.
M. Sirros: Est-ce qu'à ce moment-là je peux
interpréter que, là où il y a des CLSC qui ont fini leur
phase d'implantation, les soins dentaires devraient aller uniquement dans les
CLSC et on ne devrait pas trouver
de ressources à ce niveau aux DSC qui couvrent les écoles,
etc.?
M. Johnson (Anjou): Règle générale, oui,
mais il se pourrait cependant qu'on arrive dans une région où un
CLSC est tout à fait implanté et susceptible d'absorber ces
énergies, mais que l'ensemble de la sous-région visée, en
termes d'effectifs, est beaucoup plus couverte par le DSC pour des fins
d'expédients pour parvenir à implanter le programme au niveau des
écoles dès cet automne, on passerait par le DSC. C'est clair
qu'à moyen terme, cela veut dire que cela se fera essentiellement au
niveau des CLSC, là où il y en a.
M. Sirros: D'accord. Quand devrait se terminer
l'échéancier pour la création de tous ces postes?
M. Johnson (Anjou): À l'automne.
M. Sirros: À l'automne. Pour l'ensemble des postes?
M. Johnson (Anjou): Pour l'ensemble des postes.
M. Sirros: Est-ce qu'à ce moment-là, on tient aussi
compte des besoins de dentistes dans des régions plus
éloignées, etc.? Est-ce qu'on tient compte de ce facteur dans
l'allocation des ressources?
M. Johnson (Anjou): Oui, il y a un pourcentage du programme qui
va à cela.
M. Sirros: Prioritairement à cela et le reste est
distribué ailleurs?
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Il faut bien comprendre que c'est
essentiellement au niveau de l'encadrement du programme et non pas de
répartition des dentistes, des chirurgiens dentistes, au niveau curatif,
dans le cadre des objectifs du programme qui sont des objectifs de
prévention.
M. Sirros: J'aimerais aussi revenir sur le transfert de
ressources dont on a parlé tout à l'heure pour les nouveaux CLSC.
L'année passée, on a aussi discuté de cela concernant non
seulement les nouveaux CLSC, mais les anciens et la possibilité de voir
un réaménagement de ce côté. Est-ce que vos
réflexions sont plus avancées que l'année passée
où, finalement, on n'a pas eu de réponse comme telle? Est-ce que,
plus précisément, au ministère, vous examinez la
possibilité de réaménager certaines ressources à
l'intérieur des CSS et des DSC de première ligne aux CLSC
existants et en utiliser d'autres pour créer des CLSC afin de rapprocher
les services à la clientèle de la population?
M. Johnson (Anjou): Effectivement, l'intégration des
équipes, notammant du maintien à domicile, sera terminée
en 1982-1983 quant aux CSS.
M. Sirros: Est-ce qu'on parle pour toutes les ressources ou
uniquement pour le maintien à domicile?
M. Johnson (Anjou): On parle des services de maintien à
domicile.
M. Sirros: Est-ce que vous avez regardé d'autres
ressources du CSS qui pourraient être transférées?
L'intervention psychosociale...
M. Johnson (Anjou): Compte tenu des compressions de l'an dernier,
effectivement, cela a pu ralentir des projets qui étaient
envisagés depuis un certain nombre d'années dans ce
domaine-là. Les CSS ont dû se livrer à ces efforts de
compression de 20 000 000 $: Une fois que les choses se seront
stabilisées, les groupes de travail, je pense, auront une audience plus
facile auprès de CSS pour revoir les possiblités d'étendre
cela à d'autres domaines que le maintien à domicile.
M. Sirros: Autrement dit, vous ne touchez pas aux CSS pour
l'instant.
M. Johnson (Anjou): Cela va venir, dans la mesure où il y
a un choix important qui doit être fait dans le sens de la
première ligne. Je suis convaincu que, dans beaucoup de régions,
malgré le fait que le réseau des CLSC ne soit pas
complété, il faut axer les efforts au niveau de la
première ligne, particulièrement avec la période qu'on
risque de connaître dans les années qui viennent.
M. Sirros: D'accord, j'allais passer à autre chose, mais
si c'est sur le même sujet.
Mme Lavoie-Roux: Toujours sur les CLSC.
M. Sirros: J'aimerais avoir un peu de précision sur
l'histoire des cliniques d'avortement qui ont été mises sur pied
par cinq CLSC: où en est rendu ce dossier? Avez-vous pris une position
plus claire, venant du ministère?
M. Johnson (Anjou): Certains CLSC en auraient pratiqué.
Des médecins à salaire, je présume, auraient
pratiqué cette technique dans une demi-douzaine de CLSC; d'autres
s'entendent, pour l'équivalent, sur le plan de la
rémunération, de cabinet privé, avec les maisons de
femmes, pour que ce service soit disponible.
Je demeure cependant convaincu que la ressource à
privilégier, compte tenu de nos
lois et compte tenu d'un tas d'autres facteurs reliés à ce
qui entoure cette intervention, reste, à mon avis, la ressource
spécialisée au niveau des gynéco-obstétriciens,
donc dans des centres hospitaliers. À Montréal, plusieurs centres
hospitaliers le pratiquent, à Québec également. Il y a un
problème, dans quelques régions du Québec, en termes
d'accessiblité au niveau du centre hospitalier, et c'est là que
certains CLSC ont procédé à des ententes, notamment avec
des maisons de femmes.
M. Sirros: Vous voulez dire à l'extérieur des
grands centres.
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Sirras: Mais, il y en a également à
Montréal qui offrent aussi ce service.
M. Johnson (Anjou): Je le sais, et je pense que, dans la mesure
où il y a une disponibilité en centre hospitalier, on ne devrait
pas assister à cela à Montréal.
M. Sirros: Alors, quels sont vos plans face à ce qui
fonctionne là où il y a de grands centres qui offrent ce
service-là?
M. Johnson (Anjou): II y a une augmentation de la capacité
de certains établissements, je pense notamment à un hôpital
de Montréal qui, normalement d'ici quelques mois, devrait pouvoir
dispenser ce service sur une base à la fois plus régulière
et, en termes d'accessibilité, de rendre la chose beaucoup plus
facile.
M. Sirros: Est-ce que je peux déduire de cela que,
finalement, vous voulez encourager les hôpitaux à ouvrir un peu
les portes pour, éventuellement, arrêter le service offert par les
CLSC et qu'entre-temps vous ne prenez aucune action face au projet des
CLSC?
M. Johnson (Anjou): Je pense encore une fois que, compte tenu des
lois, je ne veux pas me lancer dans des interprétations de la notion de
défense des nécessités qui a été
évoquée par la Cour suprême et voir les difficultés
considérables que cela pose sans évoquer toute la
problématique autour de l'avortement, dans notre société,
qui reste, comme j'ai eu l'occasion de le dire, un problème qui touche
d'abord et avant tout les femmes, mais qui touche aussi l'ensemble de la
société. Étant donné qu'il n'y a pas de consensus,
c'est le moins qu'on puisse dire sur cette question. Je pense qu'il faut rendre
le service accessible. Je pense cependant que nous sommes limités dans
nos moyens quant au type de structure qui doit être utilisée pour
les rendre accessibles, nous sommes limités à la fois par la loi
et d'autres facteurs, et que, dans la mesure où on a affaire aux grands
centres urbains, il faut permettre à ces établissements qui ont
développé des facilités pour offrir le service, de
continuer à le faire.
M. Sirros: Cela veut dire que, parce que vous ne pouvez pas
changer la loi, étant donné le Code criminel, si je ne me trompe
pas, vous vous sentez un peu pris. Si je peux poser une question: si vous
pouviez changer la loi, pour quelle solution opteriez-vous?
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'il appartient à
l'État de répondre à ce qui est une réalité
et qu'il serait irresponsable de ne pas reconnaître que la
collectivité, à travers l'État, doit permettre cette
réponse adéquate dans des conditions saines, dans des conditions
qui restent les plus humaines possible. Quant à savoir si le Code
criminel était de juridiction provinciale, je vous dirai qu'avec
l'approche que vous défendez sur le plan constitutionnel, vous n'avez
pas à craindre que cela vienne.
M. Sirros: Qu'est-ce que cela veut dire pour vous,
concrètement, dans un Québec indépendant? Ce serait
opportun de parler clairement sur cette question, au lieu de...
M. Johnson (Anjou): Je n'ai pas de commentaire à faire
autre que ce que je vous ai dit sur cela.
M. Sirros: Vous ne voulez pas commenter les projets que vous
pourriez avoir dans cet éventuel Québec indépendant que
vous défendez?
M. Johnson (Anjou): Oui, mais il y a bien d'autres choses dont on
pourrait parler aussi...
M. Sirros: J'imagine.
M. Johnson (Anjou): ... quant à un Québec
indépendant.
M. Sirros: On parle du milieu des affaires sociales.
M. Johnson (Anjou): Je n'ai pas d'autres commentaires
là-dessus.
M. Sirros: Pas de commentaires.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait le pousser un peu plus loin dans ses
derniers retranchements. Me permets-tu de poser quelques questions?
M. Sirros: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Serait-il possible
d'avoir les statistiques sur l'avortement dans les différents
CLSC - on a les statistiques de la régie, mais elles ne sont pas
à jour -et par centre hospitalier qui a une clinique de planning
familial et d'avortement? Est-il possible d'obtenir ces statistiques?
M. Johnson (Anjou): On n'a pas les données sur les CLSC,
effectivement. On a des données sur l'ensemble qu'on a
évoquées hier.
Mme Lavoie-Roux: Voici la raison pour laquelle je pose ma
question. Je comprends que pour le ministre, ce soit une question bien
embêtante que celle de l'avortement. Il a essayé de s'en tirer le
mieux possible.
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas la question que je trouve
embêtante, madame, c'est l'avortement.
Mme Lavoie-Roux: La question est la réponse. Il reste
qu'au moment où j'ai posé la question au ministre à
l'Assemblée nationale, il a paru en même temps des articles dans
la Presse, dont les chiffres étaient assez inquiétants, en ce
sens qu'il était devenu plus facile d'obtenir un avortement au
Québec que n'importe où au Canada. Ces faits sont peut-être
absolument erronés, c'était dans une série d'articles qui
ont paru, au même moment, deux ou trois articles. Je pense qu'il est
important de savoir exactement, et d'abord, de rétablir les faits. Ce
débat ne peut pas être évité indéfiniment. Je
sais bien qu'au plan politique, ce n'est pas un débat facile, mais
à ce moment, il faudrait que chacun prenne ses responsabilités.
Je sais qu'au plan politique, cela embête bien les politiciens.
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'il embête surtout les
femmes.
Mme Lavoie-Roux: II reste que ce ne sont pas les femmes qui font
les lois. La majorité des lois sont faites par les hommes, si vous
voulez que je vous réponde dans la même veine. Il est important
d'établir les faits. Ou on dit: Ce sont les hôpitaux. Vous dites:
Je pense qu'il est mieux que ce soient les hôpitaux qui ont des cliniques
thérapeutiques qui les fassent. On sait qu'il y a des endroits dans la
province où cela ne fonctionne pas, où cela fonctionne mal, mais
les premières initiatives ont été prises par des CLSC de
Montréal. Je pense que la position du ministre est plus qu'ambiguë.
Il dit: Les femmes ont un problème, l'avortement est un problème.
Où se situe le gouvernement vis-à-vis des décisions qui
doivent être prises et des décisions qui ont des
répercussions de tout ordre: d'abord, des répercussions quant
à d'autres mesures préventives qui devraient être prises
à l'endroit des femmes et à l'endroit des familles. C'est dans ce
sens, je pense, qu'il est bon de savoir exactement quelles sont les
données exactes. (16 heures)
Si vous dites que les CLSC, par exemple... Des groupes de femmes
prétendent qu'elles ont une approche beaucoup plus humaine à cet
égard que certaines cliniques d'hôpitaux. Si tel est le cas, il
faudrait examiner s'il y a lieu de laisser les CLSC fonctionner dans une
espèce de no man's land: peut-être bien que oui, peut-être
bien que non, etc. Je pense qu'il y a vraiment une ambiguïté qu'il
faut lever. À l'heure actuelle, tout le monde dit: C'est la loi
fédérale qui nous régit. Il y a eu le jugement Morgentaler
qui, évidemment, a créé une espèce de
jurisprudence. On est tous d'accord avec cela, mais vous avez des CLSC, par
exemple le CLSC centre-sud, qui offrent des services d'avortement dans un
journal, si vous êtes aux prises avec une grossesse non
désirée, soit à cause d'un échec à la
contraception ou pour toute autre raison médicale. C'est finalement
l'avortement libre sur demande, selon ces journaux.
C'est pour cela que je me dis qu'il vaudrait mieux qu'on fasse le
débat, plutôt que de rester dans cette espèce
d'ambiguïté qui ne satisfait personne finalement et qui, dans le
fond, ne peut que causer des torts, tout d'abord à un certain nombre de
femmes et ensuite à la société et à la population
en général. D'ailleurs, le ministre m'avait dit qu'il
était prêt, au moment où je lui ai posé la question
à l'Assemblée nationale, à essayer de faire le tour de la
question et d'en vraiment mesurer toute la portée.
J'ai l'impression qu'il y a un tas de données qui sont absolument
floues, qu'on ne connaît pas et qui permettent à tout le monde de
faire des interprétations dans un sens ou dans l'autre.
Je pense que la population aimerait mieux avoir une position claire de
ce gouvernement que cette sorte de valse hésitation. On dit: Non, on est
contre l'avortement libre. On laisse les CLSC offrir des services d'avortement
sur demande. Là, le ministre nous dit que l'Hôpital
Général pourra développer ses services d'avortement.
Pourquoi l'Hôpital Général plus qu'un autre
hôpital?
M. Johnson (Anjou): Je ne parlais pas de l'Hôpital
Général.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas ce que vous avez dit.
M. Johnson (Anjou): J'ai dit un grand hôpital de
Montréal. Il ne s'agit pas de l'Hôpital Général.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y aurait lieu qu'on fasse le tour
de la question d'une façon sereine et qu'on en arrive peut-être
à... les gens ne sont peut-être pas si loin que cela d'un
consensus. Vous savez qu'il n'y a pas beaucoup de questions d'ordre religieux,
moral ou national qui fassent un consensus toujours impeccable. Je voudrais
remercier le ministre pour son information.
M. Johnson (Anjou): De façon générale, quand
je dis que l'avortement est d'abord et avant tout une question qui touche les
femmes, c'est la réalité. C'est aussi une réalité
que les hommes, sexe auquel j'appartiens, sont toujours dans une position un
peu étrange à l'égard d'un problème comme
celui-là. Ils ne peuvent invoquer que leur appartenance à une
société qui, elle-même, n'a pas fait un consensus sur la
question ou des critères qui, à ce moment, sont purement
personnels, d'éthique ou de morale, mais qui ne sauraient pas
nécessairement s'appliquer à l'égard de celles qui, au
premier chef, sont concernées. Il est probable qu'une bonne partie de
l'ambiguïté qui résulte de l'action ou de l'inaction des
gouvernements ou des institutions dans ce domaine, découle du fait de ce
malaise, créé par le fait que ceux qui, par leur majorité,
forment la majorité des décideurs dans ce domaine, sont des
hommes.
Deuxièmement, je pense qu'il ne faut pas négliger la
dimension législative. L'avortement est régi, qu'on l'accepte ou
pas, par le Code criminel du Canada. Tant et aussi longtemps que c'est le Code
criminel qui régira ce type d'intervention et tant et aussi longtemps
que ce code criminel sera de la juridiction de l'État
fédéral, je pense que nous devrons vivre dans ce secteur, comme
dans bien d'autres, certaines ambiguïtés. Que ces
ambiguïtés en cours de route servent ou desservent, à cause
du contexte institutionnel et juridique, les incertitudes des hommes politiques
- je n'ai pas dit des gens qui font de la politique, j'ai bien dit des hommes
politiques par opposition aux femmes qui en font - encore une fois, je n'en
disconviens pas.
Il reste qu'à mes yeux le ministère des Affaires sociales,
tout en étant tenu - parce que c'est l'État et que l'État,
au premier chef, doit le faire - de faire respecter les institutions, doit
malgré tout s'assurer, notamment grâce au créneau
créé par la jurisprudence, que des efforts sont faits pour
faciliter l'accès à ce service à l'intérieur d'un
cadre institutionnel tout ambigu ou tout alambiqué qu'il soit. Je
réitère la position qu'en ce qui me concerne, tout au moins, dans
les centres urbains, je ne vois pas pourquoi l'ensemble de ces services ne
serait pas rendu disponible par la structure qui pose le moins de
problèmes sur les plans institutionnel et juridique et par, soit dit en
passant, une structure où les conditions sanitaires, les conditions
d'actes professionnels sont les meilleures.
Donc, je ne vois pas pourquoi les hôpitaux ne devraient pas
être privilégiés sur le plan de l'attribution des
ressources par opposition aux CLSC qui, d'une part, n'offrent pas toujours, par
définition, les conditions les meilleures possible, sans
prétendre que ce sont des conditions inadéquates, mais ce ne sont
sûrement pas les conditions les meilleures possible. Deuxièmement,
il y a une ambiguïté qui persiste, à cause de nos
institutions comme des hésitations de ceux qui doivent les faire
respecter.
Quant à l'évolution, depuis 1972, du nombre d'avortements
thérapeutiques effectués dans les centres hospitaliers
déclaré par des comités sur les avortements
thérapeutiques, au Québec, c'est passé de 2900 à
8793, au total, depuis 1972 jusqu'à 1980. Je n'ai pas les statistiques
de 1981 ici.
Une voix: ...
M. Johnson (Anjou): Non, on ne les a pas, parce que le
décodage de la RAMQ n'a pas été fait pour ces fins. Par
ailleurs, en cabinet privé, en 1978, il y a eu 2618 avortements et, en
1980, 4704. Donc, ce n'est pas tout à fait le double pour ces deux
dernières années et pour les deux dernières années
équivalentes, au niveau hospitalier, il y a un maintien à peu
près autour de 8000. J'ai l'impression que, dans le cas des centres
hospitaliers, on devrait assister à une certaine augmentation dans
l'année qui vient.
Mme Lavoie-Roux: Pour être plus précise, je pense
qu'on s'entend sur le fait qu'il y a des régions qui sont privées
de ce service. Je pense qu'il n'y a pas de confusion ou de divergence
d'opinions là-dessus. En ce qui a trait à Montréal, compte
tenu de ce que le ministre vient de dire, est-ce qu'il va continuer à
laisser aux CLSC la prérogative, à Montréal même, de
faire les avortements? C'est parce que votre réponse n'est pas
très claire ou si vous dites non...
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire que l'intervention ne
peut pas être faite par le ministère. Dans la mesure où il
n'y a pas de budget, où il n'y a pas de contrainte spécifique
qu'on puisse exercer, je dis simplement que si nous devons consentir des
ressources additionnelles dans ce domaine, ce sera au niveau des centres
hospitaliers. À ce moment-là, dans la mesure où c'est
accessible en centre hospitalier, je pense que cela ne devrait pas être
pratiqué en CLSC.
Mme Lavoie-Roux: Vous dites que vous ne pouvez pas exercer
de...
M. Johnson (Anjou): Autrement que par les budgets.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il y a aussi des directives.
M. Johnson (Anjou): Oui, sauf qu'on sait notamment, dans un sujet
comme celui-là, qu'on peut se réfugier tantôt dans la
notion de défense de nécessité venant des professionnels
et l'on peut trouver toutes sortes d'arguments, y compris des arguments
juridiques, pour ne pas se plier. Je ne suis pas sûr qu'il y aurait une
solution, si tout le monde se ramassait en Cour supérieure. Je pense que
l'objectif, encore une fois, c'est d'assurer l'accessibilité. Dans le
cas des grands centres, dans la mesure où certains hôpitaux
pourront offrir ces services à un niveau considéré comme
suffisant au type de demandes qui sont exercées sur le réseau en
ce moment et notamment sur le réseau des CLSC dans la région de
Montréal, je ne vois pas pourquoi les CLSC continueraient de le
faire.
Le Président (M. Gratton): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, ma question touche les
services à domicile. Je constate, dans le rapport du ministère,
le rapport 1980-1981, qu'au 31 mars 1981, le ministère avait
consacré au programme des services à domicile la somme de 51 800
000 $ en mars 1981, 51 811 000 $, répartis entre cinq types
d'établissements. On remarque qu'en 1981-1982, cela tombe à 35
000 000 $ et que cela remonte à 40 643 000 $ en 1982-1983. Comment
expliquer cette variation? Est-ce que c'est une question des
répartitions des budgets ou est-ce qu'il y a effectivement une
diminution des budgets pour les services à domicile?
M. Johnson (Anjou): C'est essentiellement un problème de
ventilation, le problème méthodologique qu'on a
évoqué hier. Il n'y a pas eu de diminution des sommes
affectées au maintien à domicile. C'était
protégé dans les plans de compression envoyés aux
établissements. Il est vrai cependant, et l'on m'en a fait la remarque
dans le cas de deux ou trois CLSC, qu'il y a eu une diminution, mais parce que
ces CLSC étaient allés l'année précédente
au-delà de ce qui était dans le cadre budgétisé.
Revenant au cadre normal, mais sans compression, ils ont donc diminué
leur activité au profit d'un autre service ou en acceptant de ne pas
appliquer la compression ou en faisant le choix de ne pas appliquer la
compression ailleurs. En fait, le total 1982-1983 prévu pour cette
année, c'est 71 000 000 $.
M. Leduc (Fabre): Si l'on respectait la même
ventilation.
M. Johnson (Anjou): Si l'on respectait la ventilation,
c'est-à-dire qu'on ne le comparait pas à 51 000 000 $, mais qu'on
le comparait au chiffre réel de cette année, qui est de l'ordre
d'environ 62 000 000 $; on va donc passer de 62 000 000 $ à 71 000 000
$.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, les CLSC ont un
déficit accumulé de 7 733 000 $. Comment est-ce que le
ministère va absorber ces déficits ou qu'est-ce qui va arriver?
Parce que les CLSC n'ont pas beaucoup de budget pour absorber des
déficits aussi considérables que cela.
M. Johnson (Anjou): Pour les CLSC, comme pour les autres
établissements du réseau, le principe, c'est que le
ministère consolidera ces déficits et les absorbera au cours de
1982-1983. Il reste une technique assez complexe d'étalement de ces
sommes sur deux ans, en fonction des taux d'intérêt, etc., mais le
principe est qu'ils seront étalés. La base impliquera d'une part
la validation des déficits en question et deuxièmement, la
nécessité de répondre au plan d'équilibre
budgétaire pour cette année, en avril 1983.
Mme Lavoie-Roux: Entre quelques CLSC qui ont cela ou sur le
nombre, sur l'ensemble, entre combien de CLSC sont réparties ces dettes?
(16 h 15)
M. Johnson (Anjou): Pour l'exercice 1981-1982, selon l'estimation
du 31 mars -parce qu'on parle d'estimation à ce stade-ci - 50 CLSC
finissaient l'année avec un surplus total de 1 700 000 $ alors que 51
CLSC, donc la moitié, finiront l'année avec un déficit
total de 3 300 000 $, ce qui fait un déficit net, pour l'exercice, de 1
600 000 $ sur l'ensemble. Alors, c'est clair que certains CLSC auront
peut-être un peu plus de difficulté, mais parmi ceux-là,
puisqu'il a été mentionné hier, il y a un exemple, c'est
Beauharnois, puisqu'on l'a évoqué, où finalement
l'expansion du CLSC avant le plan de redressement de l'an dernier avait
été tel qu'on s'est rendu compte à l'étude qu'il
avait un déficit de l'ordre de tout près de 250 000 $.
Il est évident qu'il a réduit les activités, mais
ses activités étaient à un niveau nettement
supérieur au budget autorisé. On a eu le même
problème avec le CLSC sud-ouest de Sherbrooke, le SOC. Il y en a
quelques autres où c'était de l'ordre de 300 000 $. Cela part
vite; dans le fond on a un déficit accumulé dans l'ensemble de 1
600 000 $, puis déjà, avec les deux que je viens de vous nommer,
c'est un peu plus de 1 500 000 $. Beauharnois c'était 340 000 $, je
m'excuse, pas 250 000 $; le SOC, environ
300 000 $; il y avait Huntingdon aussi, si je me souviens bien, le
centre-sud où il y avait un problème de l'ordre de quelques
centaines de milliers de dollars, mais les choses se sont tassées et on
a réussi sans diminuer les services, d'ailleurs grâce à la
collaboration de l'ensemble des travailleurs du CLSC. Il y a Huntingdon qui
avait aussi un déficit d'une certaine importance, malheureusement je
n'ai pas le chiffre ici, mais qui a été corrigé.
M. Sirros: J'ai une dernière question. Est-ce qu'à
la suite des compressions budgétaires il y a eu des points de services
de différents CLSC qui ont été fermés? Lesquels?
Où? Combien? Surtout les CLSC ruraux qui ont des points de services qui
font en sorte que leur budget de fonctionnement leur coûte plus cher que
d'autres.
M. Johnson (Anjou): Je peux prendre un exemple pendant qu'on va
sortir l'ensemble des données. Huntingdon est un cas où je pense
qu'il y avait cinq points de services; on en a fermé trois. On a fait
des réaménagements et on en a fermé trois, mais il faut
bien comprendre que dans la mesure où on augmente le nombre de CLSC dans
une sous-région ou une région, la justification de points de
services est moins grande puisque l'ensemble du bassin desservi l'est par deux
structures plutôt qu'une seule. Il y a une partie de l'explication qui
est là, j'arriverai aux chiffres tout à l'heure.
Deuxièmement, sauf les CLSC qui couvrent un très important
territoire où, pour des raisons diverses, l'accessibilité
physique est compliquée, la règle est qu'il ne faut pas avoir
trop de points de services parce que ça fait une dispersion.
Déjà les CLSC ont été remis en cause à
toutes sortes de niveaux, dans le gouvernement et ailleurs, comme une structure
qui est dispendieuse parce qu'elle est très atomisée, et je pense
qu'il faut faire attention à la création de points de
services.
Sur 4000 postes en CLSC il y a eu 70 postes abolis dont 28
étaient vacants; alors, ça ne peut pas représenter
beaucoup de points de services importants à cause des compressions.
M. Sirros: L'année passé, M. le ministre, vous nous
avez affirmé qu'on ne connaîtrait pas de diminution de services
dans le réseau des affaires sociales suite aux coupures
budgétaires. Qu'est-ce que vous pensez cette année de cette
déclaration?
M. Johnson (Anjou): Dans le cas des hôpitaux, sur un budget
de près de 3 000 000 000 $, il y a eu exactement pour 4 000 000 $ de
coupures de services, et notamment au titre de la fermeture temporaire de lits.
Dans le cas des CLSC, encore une fois, je ne tiens pas compte ici de la
diminution de services qui est engendrée par le fait qu'un CLSC devait
tenir son niveau et son rythme qui était celui qui était
budgétisé; c'est évident qu'un CLSC qui a fait 340 000 $
de déficit et qui a donné des services pour 200 000 $, sur les
340 000 $ additionnels, si on le ramène à son budget de base, on
lui coupe 200 000 $, mais ça n'a jamais été
budgétisé et en ce sens-là je comprends que ça peut
se traduire très concrètement pour les citoyens à un
endroit par une diminution de services. Je me permets de dire que cela
correspond cependant à une normalisation au niveau budgétaire,
qu'il y a quand même des limites à laisser faire des
dépassements pareils. C'est comme cela qu'on se ramasse avec des
déficits de 500 000 000 $ que l'Opposition nous reproche.
M. Sirros: Ce ne sont pas seulement les déficits que vous
avez coupés, M. le ministre. Je pense qu'on peut affirmer cela assez
clairement et que, finalement, les services dans l'ensemble du réseau
des Affaires sociales ont été touchés par les coupures
budgétaires, malgré ce que vous avez dit l'année
passée, que vous vous fiiez sur l'imagination des cadres, etc.
M. Johnson (Anjou): J'aimerais que le député qui
affirme cela avec beaucoup d'aisance m'amène des cas. Faire la
démonstration qu'il n'y a pas eu diminution de services, je pense que
c'est un peu plus complexe que me faire la démonstration qu'il y a eu
diminution de services. Il y a eu, et je le reconnais... Ce que j'ai dit l'an
dernier, on le verra en regardant la transcription, j'ai dit qu'il n'y aurait
pas de diminution sensible des services. Je pense que, de façon
générale, quand je regarde dans les CLSC, dans l'ensemble du
territoire, il y a eu une addition nette de 228 postes dans les CLSC. On est
passé d'un effectif de 3813 à 4102. Je veux bien croire que cela
s'est peut-être traduit par des diminutions...
M. Sirros: Cela s'explique peut-être par une valeur de
transfert de postes. Cela s'explique peut-être par cela et aussi des
quelques CLSC minimes...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez une diminution de 113 postes...
M. Johnson (Anjou): Non, je parle des nouveaux CLSC.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, dans le tableau que vous nous
avez remis, il reste qu'on a toujours dit que c'étaient les CLSC qui
avaient été les moins touchés. On était d'accord
là-dessus dans les coupures budgétaires.
M. Johnson (Anjou): Oui, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: II reste que, dans les mises à pied, dans
le réseau des affaires sociales, pour l'exercice financier 1981-1982, on
retrouve 113 postes qui ont été coupés.
M. Johnson (Anjou): Oui, il y a des postes coupés, sauf
qu'il y a aussi du développement qui se fait en même temps.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais là...
M. Johnson (Anjou): L'addition nette, c'est 228 postes dans les
CLSC.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Quand, dans une maison, vous enlevez
quelque chose, même si vous en construisez une autre à
côté, dans la première, il y a eu une diminution.
M. Johnson (Anjou): Cela dépend, si vous avez...
Mme Lavoie-Roux: Globalement, d'accord, il y a eu
développement. Il y a une planification pour construire 160 CLSC. Dans
le fonctionnement de certains CLSC, il y a eu des compressions
budgétaires qui sont minimes par rapport à ce que les autres
établissements du réseau ont subi - je vais vous l'accorder -
mais vous demandez à mon collègue d'essayer de vous le prouver,
vous nous l'avez dit ce matin.
M. Johnson (Anjou): Dans certains cas, c'étaient des
postes excédentaires non budgétisés. Je ne nie pas que
dans ces cas... Par exemple, à Beauharnois, c'est vrai que le niveau des
services a diminué. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Le CLSC,
si on l'avait laissé aller comme cela pendant deux autres années,
on se serait ramassé avec un hôpital. On a aussi un rôle de
contrôle, un rôle minimal de retenue de ce qui est dispensé
aux citoyens à travers l'argent que nous allons percevoir dans ces
discussions que nous avons de l'autre côté de ce salon lorsqu'on
parle d'un budget. C'est vrai, sauf que, globalement, on peut dire que dans le
cas du réseau des CLSC, même s'il y a eu 113 postes qui ont pu
être touchés, il y a eu une addition totale de 228 postes sur
l'ensemble du territoire. Je pense que de façon générale
on peut considérer que l'accessibilité aux services pour les
citoyens a pu s'améliorer.
Qu'ils ne suffisent plus à la demande dans certaines
régions, c'est possible. Les CLSC, jusqu'à l'an dernier ou
jusqu'à il y a deux ans, n'avaient à peu près pas de
listes d'attente pour la plupart des services qu'ils donnaient dans le cadre
des quelque 30 programmes qu'ils administrent. On sait qu'il y a certaines
listes d'attente. Est-ce que la réponse est l'injection
supplémentaire de ressources? Oui, idéalement, ce serait cela,
mais je pense qu'on a discuté assez longuement depuis un an, et on
continuera d'en discuter pendant une autre année, pour savoir qu'on n'a
pas beaucoup d'argent et qu'on fait le mieux qu'on peut avec ce qu'on a. Je
pense qu'au bout du compte, ce n'est pas si mal, malgré tout, surtout
quand on se compare.
Le Président (M. Gratton): Programme 1, adopté?
Adopté. Programme 2, Soutien des organismes bénévoles.
Soutien des organismes bénévoles
M. Johnson (Anjou): Très brièvement, l'an dernier
on a reconduit essentiellement l'ensemble des organismes, à deux ou
trois exceptions près d'ajout ou de retrait, pour différentes
raisons, à même le budget.
Mme Lavoie-Roux: Quelle est l'augmentation pour cette
année? Parce que si je vous donne un pourcentage, je vais être
encore de travers.
M. Johnson (Anjou): 10,3%.
Mme Lavoie-Roux: C'est 10,3%? Bon.
Je l'avais, ce chiffre-là, je ne sais pas comment cela se fait,
mais il n'était pas à la bonne colonne.
M. Johnson (Anjou): 10,3%. Mme Lavoie-Roux:
Écoutez.
M. Johnson (Anjou): Globalement, ce qui ne veut pas dire à
chaque groupe.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, non.
M. Johnson (Anjou): Contrairement aux établissements.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais demander au ministre quelle est sa
politique globale eu égard au développement des organismes
bénévoles ou je devrais dire, peut-être, pas tellement le
développement des organismes bénévoles mais
vis-à-vis du bénévolat comme tel. La
Fédération des organismes bénévoles - et le
ministre doit être au courant -s'inquiète passablement du fait
qu'il semble y avoir... Je ne voudrais pas fausser la pensée de ces
gens, ils semblent penser qu'il y a un effort de récupération par
le réseau des services des bénévoles, en ce sens que petit
à petit on veut ronger leur autonomie, on veut leur imposer des
fonctions particulières et que même à certains endroits, on
veut s'en servir comme personnes de rechange, eu égard à
certaines restrictions budgétaires, pour certaines fonctions qui
normalement
devraient être accomplies par du personnel syndiqué. Pour
eux, je pense, ce qu'ils considèrent la fonction primordiale du
bénévolat c'est de donner un supplément à ce que
l'État ne peut pas donner comme, par exemple, au point de vue
d'humaniser les soins, humaniser les relations humaines dans le sens de visiter
des personnes âgées, dans un rôle de grand frère ou
de grande soeur auprès de jeunes délinquants ou autres. Ce
principe de complémentarité leur apparaît extrêmement
important et je vais lire un extrait d'un pamphlet qui est publié par
l'Association des centres de bénévolat du Québec du
numéro de février 1982, dans lequel on dit: "La notion de
complémentarité est compromise différemment par les
utilisateurs. Ce principe de complémentarité indique
nécessairement des obligations, une réciprocité et une
collaboration tant de la part du réseau que des organismes
bénévoles. Cette réciprocité et cette collaboration
ne pourront se réaliser tant que les organismes bénévoles
seront maintenus dans les conditions de parents pauvres des partenaires
sociaux. Les organismes bénévoles doivent être
considérés d'égal à égal, la
différence essentielle résidant dans les outils et les moyens
utilisés. La notion de complémentarité passe par la
reconnaissance et le respect mutuel des différences de part et
d'autre."
Je pense qu'il serait peut-être important qu'à ce moment le
ministère des Affaires sociales indique d'une façon claire quelle
est sa vision de la place du bénévolat et particulièrement
dans un contexte de compressions budgétaires où la tentation est
grande de vouloir utiliser ces personnes pour, comme je le disais tout à
l'heure, remplir des fonctions qui résultent de carences laissées
par les compressions budgétaires.
La façon dont les CRSSS, par exemple, semblent tenter de les
récupérer... Dans certains CRSSS on a voulu imposer aux
organismes bénévoles que 50% de leur clientèle proviennent
du réseau pour être admissibles aux subventions, parce qu'ils
reçoivent des subventions. Les critères d'admissibilité
demeurent d'ailleurs très variables selon les CRSSS. J'aimerais,
peut-être, si le ministre les a, qu'il nous dépose les
critères établis par les CRSSS pour rendre disponibles aux
organismes bénévoles des subventions. (16 h 30)
L'Association des centres de bénévolat a proposé,
pour sa part, une série de critères applicables à toutes
les régions et j'aimerais savoir quelle est la position du ministre par
rapport à cette question précise. Dans quelle mesure les CRSSS
doivent-ils imposer des critères aux organismes bénévoles
pour qu'ils deviennent admissibles à des subventions? Ceci n'exclut pas
les organismes où la fédération reconnaît que, si on
leur donne 20 000 $ ou 30 000 $, on doit rendre compte de l'utilisation de cet
argent. Il faut qu'il soit utilisé uniquement aux fins de fonctionnement
du bénévolat ou, enfin, de l'organisme de
bénévolat.
Il y a aussi, apparemment, certaines mesures très tatillonnes qui
sont imposées par les CRSSS aux organismes de bénévolat,
par exemple, des rapports statistiques annuels tellement raffinés que,
même à partir des ressources qu'ils ont, il leur est très
difficile de les remplir, d'autant plus qu'on leur demande des statistiques.
Certaines peuvent se compiler assez facilement en termes de personnes
bénévoles qu'ils ont, de personnes qu'ils servent, qu'ils
assistent, mais, quand vous arrivez à définir cela en termes de
temps-heures, c'est justement le principe du bénévolat, ça
ne se compte pas en termes de demi-heures, d'heures et de journées,
etc.
Je porte ce problème à l'attention du ministre puisqu'il y
a eu, au Québec, une longue tradition de bénévolat pendant
bien des années, surtout du côté anglophone, mais, depuis
plusieurs années, cela a pris un essor assez intéressant du
côté francophone qui va, évidemment, en se
développant. Il ne faudrait pas, au moment où ces gens commencent
à remplir une fonction qui est extrêmement importante, qu'on
vienne leur couper les ailes par toutes sortes de dispositions technocratiques
ou bureaucratiques. Je vais vous donner un exemple de ce à quoi on les a
conviés. Ce sont eux qui ont les budgets de perfectionnement, les CRSSS
ont les budgets de perfectionnement pour les bénévoles, alors il
y a un CRSSS qui a proposé aux responsables des centres de
bénévolat d'une région de se joindre aux cadres du
réseau pour suivre un cours intitulé: Gestion de la
décroissance. J'ai trouvé cela assez formidable.
M. Sirros: ...
Mme Lavoie-Roux: Je ne donnerai pas la raison, je peux vous la
donner...
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'on la connaît.
Mme Lavoie-Roux: Vous savez, j'espère que c'est l'exemple
extrême, mais il est là et cela indique quand même dans quel
sens la bureaucratie du réseau - elle n'est pas nécessairement
identifiée comme cela d'une façon péjorative, elle
fonctionne dans un autre cadre - peut être tentée de
récupérer - c'est le cas - le bénévolat à
des fins qu'elle considère comme prioritaires, mais qui ne
répondent pas à un véritable esprit de
bénévolat. Surtout, en fin de compte, cela ne servirait pas la
population, ou les personnes qui doivent être desservies, dans le
même esprit que les bénévoles le font
généralement.
Alors, ma première question est: Quelle est la politique du
ministère des Affaires sociales? Est-ce qu'il entend développer
au moins un cadre général ou indiquer sa vision
générale des services bénévoles?
M. Johnson (Anjou): C'est un sujet extrêmement
intéressant, fascinant et, si je m'écoutais là-dessus, je
pense qu'on pourrait échanger une bonne heure.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, mais pas trop longtemps parce qu'on a
autre chose.
M. Johnson (Anjou): J'aurais beaucoup de choses à dire, je
pense qu'il y a surtout beaucoup de choses à faire dans ce domaine, plus
qu'à dire.
M. Rivest: C'est votre première?
M. Johnson (Anjou): D'abord, il y a le maintien des organismes
bénévoles à domicile. À l'intérieur de cela,
dans une circulaire que le ministère émettait, on disait: II y a
des groupes cibles, chez les citoyens, où l'on doit répondre
à certains besoins dans la mesure du possible, notamment, les personnes
âgées, les personnes handicapées, les personnes
touchées par la maladie mentale et la post-hospitalisation.
Il y a également des organismes bénévoles qui
s'adonnent à d'autres types d'activité, l'implication par
exemple, au niveau des hôpitaux et ce que décrivait la
députée de L'Acadie tout à l'heure, qu'on retrouve
beaucoup notamment dans la communauté juive et dans la communauté
anglophone de Montréal, c'est assez caractéristique.
Littéralement, des milliers de bénévoles de la
communauté juive qui, pourtant n'est pas si grande que cela en termes
numériques, s'occupent d'assurer une présence humaine, je vais le
résumer comme cela, auprès des malades.
Il y a par ailleurs les jeunes et les femmes, les jeunes, dans cet
effort important qui est fait depuis quelques années à
l'égard de la protection de la jeunesse, et je pense notamment à
ces structures que sont les maisons de femmes. Ici, vous me permettrez d'ouvrir
une parenthèse pour dire que j'ai reçu de certains
collègues de l'Opposition et aussi de quelques-uns de mes
collègues, notamment du député de Verchères, M.
Charbonneau, dont on connaît l'intérêt pour les questions
qui touchent la protection de la jeunesse, et Mme Marois, en ce qui concerne
les maisons de femmes, des demandes assez constantes, qui ont été
reprises aussi par la députée de L'Acadie, à
l'égard de ces deux groupes cibles de population, à savoir les
jeunes, et les femmes en difficulté, battues, violentées et
victimes d'agression sexuelle ou dans un contexte ou un autre. J'espère
qu'aucun député ne rira quand je parlerai de femmes battues. On
sait que cela n'a pas été très bon quelque part. Je suis
sûr que ce n'était pas pour cela que j'entendais sourire un
député que je ne nommerai pas.
Une voix: II ne s'agit pas de la députée de
L'Acadie.
M. Rivest: Cela n'a rien à voir.
Mme Lavoie-Roux: Si je ne suis pas une femme battue, je ne...
M. Johnson (Anjou): À l'égard des femmes battues,
je pense que c'est extrêmement important, c'est un
phénomène qu'on retrouve dans notre société et qui
a atteint des proportions tout de même alarmantes. Est-ce que c'est pire
que c'était? Je ne le sais pas, mais, sûrement, on en est bien
plus conscient qu'on ne l'était il y a dix ans.
Mme Lavoie-Roux: Je vous dirai pourquoi.
M. Johnson (Anjou): C'était le genre de chose qui
était gardée tabou pour un tas de raisons. C'est pourtant
inacceptable qu'on garde le silence sur ces choses. Ce sont deux groupes aussi
pour lesquels il faudra faire des efforts particuliers dans les mois qui
viennent.
Je reviens à la problématique générale des
organismes bénévoles. J'ai rencontré la
fédération, j'ai lu avec attention le document que citait tout
à l'heure la députée de L'Acadie. Ce document reprenait
aussi une étude faite par le Conseil des affaires sociales et de la
famille sous la signature de Madeleine Blanchet, en 1976, il y a six ans; je
pense que les grandes orientations qu'il faut maintenir à l'égard
des organismes bénévoles y sont fort bien inscrites.
Quant à la mécanique, le ministère a
identifié les groupes cibles. Il reçoit des conseils
régionaux des recommandations mais les conseils régionaux
appliquent certains critères de façon inégale. Je n'ai pas
de peine à croire que quelques aberrations, y compris celles qu'a
citées la députée, se soient glissées là.
Elles relèvent peut-être d'un comportement de bonne foi mais
à mon avis complètement déconnectées de la
connaissance et de la compréhension qu'on doit avoir de ce que sont les
organismes bénévoles.
Deuxièmement, je sais qu'il y a certains endroits où on
exige des organismes bénévoles de maintien à domicile des
rapports trimestriels. Cela n'a pas de sens. Ces gens ne sont pas
équipés pour faire des rapports trimestriels. Le ministère
exige cela
des établissements, mais je ne vois pas pourquoi on exigerait
cela d'organismes bénévoles. Qu'à l'occasion, de
façon ponctuelle, on veuille intervenir parce qu'on pense que la
situation s'est détériorée et qu'il n'y a peut-être
pas un bon usage des fonds publics parce que les gens ne sont plus là,
qu'il n'y a plus de permanence, etc., c'est possible, mais qu'on en fasse la
règle dans certaines régions, cela m'apparaît passablement
aberrant. En ce sens, je partage les préoccupations de la
Fédération des organismes bénévoles.
Je terminerai. Ensuite, si on veut toucher avec plus de précision
à certaines choses, cela me fera plaisir de répondre, en
évoquant un principe général. Je trouve étonnant
qu'on parle des organismes bénévoles comme de ressources
alternatives. Je me dis, dans le fond: Non, c'est l'État qui est
alternatif, si on pousse cela à la limite de ce qu'est une
société de gens responsables. C'est l'État qui est
alternatif à la capacité pour la communauté de prendre en
main certaines choses.
Sans prétendre que nous allons régler tous les
problèmes sociaux, peut-être certains des aspects des
problèmes de santé, de maladie ou de soutien à ceux qui
sont dans la maladie à travers les organismes bénévoles,
je trouve que les confiner au rôle de ressources alternatives, ce n'est
pas comprendre qu'il y a là une richesse extraordinaire dans la
société qu'il faut savoir développer.
D'autre part, je me réconforte de constater dans beaucoup
d'organismes bénévoles que j'ai eu l'occasion de rencontrer,
depuis un certain temps, qu'il y a de nombreux fonctionnaires du
ministère des Affaires sociales ou de certains autres ministères
ou des employés du réseau qui, le soir, ou en fin de semaine,
consacrent une partie de leurs activités à des organismes
bénévoles.
Je me dis que c'est peut-être d'ailleurs un jugement, qu'ils
portent ainsi, ne serait-ce qu'indirectement, sur la satisfaction qu'ils ont
dans leur travail, la responsabilité que nous avons tous à
l'égard de cela et je trouve intéressant de voir que dans la
région de Québec il y a beaucoup de fonctionnaires qui oeuvrent,
notamment, dans le groupe qui s'occupe de la santé mentale. j'en ai
rencontré plusieurs qui viennent du réseau, qui occupent
différentes fonctions. Il y a là une richesse extraordinaire, il
y a là une vision du développement, non seulement, ou je dirais
même pas à cause de la notion de coupure budgétaire, mais
quand une société vit une crise avec les conséquences
sociales qu'on voit et qu'on est à même de constater dans nos
bureaux de comté le lundi, que les médecins voient quand ils sont
dans les salles d'urgence et que les travailleurs sociaux voient dans les
CSS, quand on vit une situation de crise comme cela dans une
société, je trouve extraordinaire qu'il y ait un ferment de prise
en main qu'il ne faut pas professionnaliser, qu'il faut savoir soutenir, qu'il
faut, à l'occasion, permettre d'encadrer. C'est notamment ce que fait la
Fédération des organismes bénévoles, qui s'arrange
pour avoir un permanent dans chacune de ses unités locales ou
régionales. Je ne sais pas exactement comment ils divisent le
territoire... Le rôle de ce permanent, et je pense qu'ils s'inspirent
assez largement la-dedans de ce que fait depuis de nombreuses années la
communauté anglophone de Montréal, c'est de recruter des
bénévoles, d'évaluer la satisfaction que retireront ces
personnes de travailler bénévolement dans les tâches
qu'elles feront.
Je comprends que ce soit un effort d'encadrement qui doit être
fait, si on veut qu'il y ait une certaine stabilité. Ce qui a
donné à la Croix-Rouge, depuis la première guerre
mondiale, sa force dans le monde entier, c'est d'abord un élan de
générosité bien canalisé et deuxièmement un
minimum de rigueur quant au maintien de cet effort et des ressources qu'on doit
se donner pour le faire.
Cela, pour moi, c'est très différent d'une
bureaucratisation. Par ailleurs, ce ne sont pas non plus des feux de paille. Il
y a beaucoup de feux de paille, il faut bien le voir, dans les organismes
bénévoles, un côté généreux, une
propension magnifique à vouloir se dévouer, mais peut-être
aussi, dans certains cas, un échec absolument douloureux ou beaucoup de
frustration, et tout cela s'écrase.
Il faut s'assurer que les meilleurs éléments puissent
continuer d'oeuvrer et pour cela il faut leur fournir à la fois un
soutien financier, une reconnaissance et une compréhension de ce qu'ils
font de ne pas essayer de leur imposer nos schémas bureaucratiques ou
étatiques, et leur fournir le minimum d'encadrement dont ils ont
besoin.
Au bout de la ligne, dans la mesure où ces 5 000 000 $ dans le
maintien des services à domicile, c'est quand même l'argent des
citoyens, il faut également s'assurer que, dans l'ensemble, cela est
distribué d'une façon qui est digne de la distribution des fonds
publics, tout en étant conscients qu'il faut faire attention de ne pas
être trop tatillons.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends que j'avais ouvert une grande porte
au ministre qui est entré dedans. Il était fort heureux.
Concrètement, quelle indication allez-vous donner aux CRSSS, d'une part,
pour éviter les choses dont on vient de parler? Deuxièmement,
apparemment, ils ont des budgets pour la formation des bénévoles,
qui
est maintenant décentralisée vers les CRSSS. Est-ce que
ceci on va le remettre aux organismes bénévoles,
c'est-à-dire à l'intérieur d'un certain cadre ou est-ce
que les CRSSS vont continuer de décider de quelle façon on forme
des bénévoles? Parce qu'il y a bien du danger qu'ils les forment
en fonction de leurs propres besoins plutôt qu'en fonction des besoins
des organismes bénévoles. (16 h 45)
M. Johnson (Anjou): Dans le budget de formation alloué aux
organismes bénévoles, cela a été
décentralisé au niveau des conseils régionaux pour qu'ils
s'assurent, dans une enveloppe budgétaire, de la possibilité de
cette formation. Donc, je pense qu'au CRSSS de Montréal on doit faire
cela quelque part au quatrième étage du CRSSS où il y a de
grandes salles et où on fait beaucoup de formation dans toutes sortes
d'affaires. Ils ont un budget pour aider ces organismes.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je veux savoir si c'est le CRSSS qui
dit: Écoutez, on aurait besoin de former des bénévoles
pour s'occuper des cas de gériatrie, par exemple. C'est lui qui
décide là où sont les besoins, c'est lui qui décide
quel type de formation on leur donne. Dans quelle mesure peut-on indiquer au
CRSSS que l'initiative vienne des centres de bénévolats et non
pas du CRSSS?
M. Johnson (Anjou): Du côté du ministère, on
peut orienter, d'une certaine façon, ces budgets de formation en donnant
quelques axes. Je pense que ce qu'il faut d'abord rechercher, c'est d'assurer
une certaine stabilité et une certaine permanence des équipes de
bénévoles. En ce sens, la formation doit être assez
largement axée sur le degré de motivation, la façon de
bien identifier les meilleures ressources. Cela doit être fait
auprès de gens qui travaillent pour des organismes
bénévoles comme permanents ou auprès de
bénévoles qui sont, ce que j'appelle, des bénévoles
permanents, des gens qui y passent 30 heures par semaine et des fois plus et
qui ont démontré par leur expérience qu'ils étaient
prêts à en prendre.
Deuxièmement, une dimension plus spécifique, notamment,
dans le cas du maintien à domicile. On vit en ce moment -et ce sont les
résultats de la professionnalisation de tout ce qu'on fait -des combats
à l'occasion entre les auxiliaires ou les infirmières auxiliaires
et des personnes qui sont bénévoles où on va tenter de
démontrer que pour déplacer une personne alitée, il faut
absolument avoir un diplôme, que c'est dangereux et que la
responsabilité professionnelle peut être impliquée. J'ai vu
cela de mes yeux vu à deux ou trois endroits. C'est un changement de
mentalité. On ne changera pas cela du jour au lendemain et ce n'est pas
une directive qui va changer cela.
Par ailleurs, dans la loi 27, on se rappellera que...
Mme Lavoie-Roux: Qu'il y a des bénévoles au conseil
du CRSSS.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. C'est important, parce que cela
va permettre à moyen terme, en l'espace de deux ou trois ans au
Québec, de s'assurer, dans l'ensemble des établissements de
santé et de services sociaux du territoire comme au niveau des conseils
régionaux, que des gens qui proviennent des organismes
bénévoles s'imbriquent, non pas se soumettent à la
structure, mais aient justement un son de cloche différent des
permanents du réseau ou de ceux qui viennent du milieu des affaires pour
d'autres raisons. Il faut créer une dynamique qui, en plus de cela, va
permettre d'identifier un bassin des plus efficaces, des plus efficients et de
ceux qui parviennent le plus efficacement à leurs objectifs. Je pense
que dans les choses à moyen terme c'était fondamental qu'on le
campe dans la législation et je pense qu'on a eu l'appui de l'Opposition
là-dessus.
Finalement, parmi des directives très précises, il y en a
une qui sera envoyée dans le cadre de l'exercice en cours. C'est celle
d'arrêter d'exiger des bilans trimestriels des organismes
bénévoles. Cela me paraît évident.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président pour clore ce chapitre,
je demande au ministre s'il y aurait possibilité que le ministère
définisse un cadre général de l'orientation, si les CRSSS
ne sont pas capables de le faire. En tout cas, essayer de voir. Il semble qu'il
y ait des disparités selon l'approche qu'un CRSSS a par rapport à
un autre. Au moins, s'il y avait une philosophie générale du
ministère touchant le travail des bénévoles,
peut-être qu'on pourrait arriver à éviter une distorsion ou
une déformation de ce qu'est le bénévolat.
M. Johnson (Anjou): Je vais aller plus loin que cela
là-dessus, cela me paraît important. On est 6 000 000, il y a
quinze régions au Québec, ce n'est pas si gros que cela. Je
trouve que le réflexe normatif central là-dessus a quelque chose
de dangereux, parce que lui-même va se mettre à produire des
épaisseurs de documents ô n'en plus finir pour justifier toutes
sortes de choses...
Mme Lavoie-Roux: C'est dans le document.
M. Johnson (Anjou): Les hommes politiques, au bout de la ligne,
perdent le contrôle, le constant de ces choses. C'est
bien parce que c'est à la mode, que tout le monde s'en occupe. Un
moment donné, ce sera moins à la mode, moins de gens vont s'en
occuper et des aberrations réglementaires vont se développer, et
de bonne foi, venant de tout le monde. Je préfère beaucoup plus
me dire...
Mme Lavoie-Roux: Évidemment.
M. Johnson (Anjou): ... qu'il a 15 conseils régionaux au
Québec; il y a 15 responsables de ces dossiers. Je pense que ce serait
peut-être bien plus facile de les réunir, de se parler un peu, de
s'arranger très concrètement pour confronter ces gens avec des
difficultés réelles vécues par les organismes
bénévoles du Québec...
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez.
M. Johnson (Anjou): ... et de les plonger là-dedans
plutôt que de se mettre à écrire des quatre pages de texte
de normes.
Mme Lavoie-Roux: Bien.
M. Johnson (Anjou): C'est fait par des gens. Dans les CRSSS, il y
a une... Dans le cas de Montréal, peut-être deux ou trois
personnes s'en occupent parce qu'il y a un gros bassin, mais dans l'ensemble
des CRSSS, il y a une personne qui s'en occupe. Plutôt que d'envoyer une
directive qui va passer comme la directive 048 en dessous de 225 autres, ce
serait peut-être une bonne idée, si l'on pense que c'est
prioritaire de les réunir. Effectivement, on a l'intention de faire
cela.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je laisse au ministre le
soin de décider des moyens, mais je pense qu'on ne devrait pas continuer
dans la veine où certains CRSSS semblent aller. Je voudrais passer aux
organismes de promotion et de services.
L'an dernier, le ministre avait reconduit la liste de l'année
précédente, pour une période de six mois, des organismes
bénévoles. C'était votre intention à ce
moment-là de réévaluer cet élément du
programme pour voir s'il n'y avait pas des blocs prioritaires n'ayant plus
besoin de l'appui du gouvernement. Vous pouvez retrouver cela dans le journal
des Débats. Est-ce que vous avez fait ce réexamen, est-ce que
vous avez établi vos priorités? Où en êtes-vous dans
vos réflexions là-dessus?
M. Johnson (Anjou): Oui. Je pense que le constat est d'une part
au niveau... Cela peut aussi varier d'une région à l'autre; dans
le cas de Montréal, il y a un effort évident du côté
du maintien des personnes handicapées à domicile et des services
de soutien à ces personnes. Pour l'ensemble du territoire, maisons de
femmes, maisons de jeunes, c'est très important en termes de besoin,
c'est là et, deuxièmement, il y a des énergies dans le cas
des maisons de jeunes et des maisons de femmes qui sont disponibles; il y a des
gens qui s'impliquent et qui ne sentent pas le besoin de nous lancer dans le
visage des conventions collectives de 300 pages.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait nous déposer la
liste des différents organismes qui recevront des subventions et le
montant de chacune?
M. Johnson (Anjou): Sûrement, au fur et à mesure que
ce sera complété; ce n'est pas terminé, la question des
budgets, mais on vous l'enverra avec plaisir.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Maintenant, vous avez parlé
évidemment des femmes battues et des jeunes en difficultés. Du
côté de la situation des maisons de femmes, dans un
communiqué du 13 novembre 1981, vous aviez annoncé la
création d'un comité bipartite qui devait faire rapport le 15
février sur la situation des maisons de femmes. Où en sont rendus
les travaux de ce comité?
M. Johnson (Anjou): D'accord. Il y a eu deux choses. Je voulais
juste vérifier quelques chiffres pour être sûr quand j'ai
évoqué cela. Le rapport n'est pas prêt, c'est un fait, mais
il y a deux dimensions. D'une part, il y a un groupe de travail, d'analyse de
données, etc., conceptuelles, opérationnelles, tout ce qu'on
veut; il y a aussi une opération qui m'apparaissait assez fondamentale
qui a été faite, une visite des maisons de femmes et il y en a
une dizaine ou une douzaine sur la vingtaine qui existent qui ont
été visitées. Je pense que tant et aussi longtemps qu'on
n'aura pas fait le tour de toutes et chacune de ces maisons, il serait
prématuré de déterminer une politique qui risque de
s'insérer de façon permanente au niveau des activités du
ministère.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, l'an dernier, il y avait des
disparités assez grandes entre les subventions qui avaient
été accordées à chacune des maisons. Enfin, c'est
vous qui nous l'avez donné; alors, vous devez l'avoir. On avait les
maisons avec les différentes régions; je vais prendre comme
exemple le Toit de l'amitié, dans la région 03. Il recevait par
place, par an, 23 887 $ alors que vous aviez une autre maison qui en recevait
12 000 $. En tout cas, peu importe les chiffres. Est-ce que vous allez corriger
ces choses-là, parce que ces maisons-là remplissent les
mêmes fonctions soit à l'égard des femmes battues, des
enfants, et des femmes et enfants en difficulté; ce sont des centres
d'hébergement ayant des
vocations qui semblent, en tout cas, équivalentes.
M. Johnson (Anjou): La tournée aide à identifier,
finalement, les priorités qui peuvent être différentes, le
niveau de développement, la participation de certains groupes, et
même, dans certains cas, la participation financière de certaines
personnes ou des gens détachés qui travaillent plus ou moins
à temps régulier, c'est ce qui explique les
disparités.
Deuxièmement, il y a le fait que c'est un programme relativement
jeune. Cela fait trois ans qu'on le fait. Je pense que, si on réussit,
cette année, à dégager quelques sommes additionnelles
comme on le souhaite et comme on devrait le savoir très bientôt,
on parviendra à stabiliser un peu, en tout cas, à établir
certains planchers. Je ne pense pas qu'on assiste à une normalisation,
cela est la vision de standardisation, laquelle j'aimerais bien qu'on
évite dans le cas des maisons de femmes et des maisons de jeunes; Ce
n'est pas vrai que les problèmes sont partout les mêmes, je pense
notamment à une région comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean où
je pense que les problèmes qui sont vécus là sont
passablement différents de ce qu'on vit dans l'Outaouais. Il y a
peut-être dans l'Outaouais plus de problèmes de femmes battues ou
sujettes à différents types d'agression ou des agressions
sexuelles ou autres ou des agressions criminelles qu'il y en a dans une autre
région où le problème, c'est celui des mères
monoparentales, par exemple, etc. Alors, je pense qu'il faut éviter
d'avoir une vision standardisée, compte tenu du fait qu'on ne parle pas
de dizaines de millions de dollars, on parle de quelques milliers de dollars
pour chacun de ces établissements.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il reste que tout en admettant
l'argumentation du ministre, qu'évidemment, ce n'est
nécessairement un per diem qui soit identique pour tout le monde. Y
aurait-il possibilité de savoir quand même selon quels
critères - je les prends au hasard sans même regarder ce qu'elles
ont eu - pourquoi la Clef sous la porte aurait un per diem de tant alors que le
centre Refuge de Montréal aurait un autre per diem? Cela laisse
passablement de place au discrétionnaire ou à l'arbitraire.
Il reste que quel que soit l'agression physique, qu'on habite
l'Outaouais ou qu'on habite Sherbrooke, quand on se sent obligé de s'en
aller dans un refuge pour femmes, vous savez, les différences deviennent
assez ténues.
M. Johnson (Anjou): Encore une fois, il y a toutes sortes de
raisons historiques à cela et il y a aussi leur degré de
développement. Certaines de ces maisons qui sont toutes récentes,
d'autres, en fait, existaient depuis de nombreuses années, puis s'en
tiraient comme elles le pouvaient. C'est pour cela qu'on fait cette visite, et
je pense que cela va nous permettre d'avoir une approche un peu plus
cohérente sans pour autant qu'elles soient parfaitement
standardisées, ce que je ne souhaite pas. Cependant, je souhaite
effectivement qu'on ait une façon cohérente; ça peut
être, par exemple, le fait que certaines de ces maisons
bénéficient, à certains endroits, d'espace qu'elles ont
pour pas beaucoup d'argent, et...
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Johnson (Anjou): Alors, il faut tenir compte de tout cela et,
en ce sens-là, la notion de per diem vient de l'ensemble des
coûts. La visite qu'on fait, en ce moment, va nous permettre de constater
que la communauté a mis à la disposition d'un groupe de maisons
de femmes un édifice, par exemple, ce qui n'est pas le cas d'un autre
où il a fallu littéralement qu'ils se battent pour être
capables de louer quelque chose parce que ça ne plaisait pas aux gens
dans le quartier ou à la municipalité ou autrement. Ce sont des
situations différentes dont on veut tenter de tenir compte dans cet
effort.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, il y a un dernier groupe,
c'est-à-dire un deuxième groupe qui sont les adultes
mésadaptés sociaux. Je pense, principalement, à la
clientèle désinstitutionnalisée des services
psychiatriques qui est laissée à elle-même dans des
conditions matérielles et morales très difficiles souvent, et
cela nécessite un suivi entre l'hospitalisation et la
réintégration dans la société, etc. Les maisons qui
existent, présentement sont des exceptions; je pense
qu'évidemment certaines sont classées sous différentes
catégories. Il y en a par exemple, qui sont classées comme
centres d'accueil de réadaptation, mais vous en avez comme la Forward
House, qui entre vraiment dans la classification des institutions
bénévoles ou enfin des organismes bénévoles. (17
heures)
Une voix: C'est à Montréal?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est à Montréal.
C'était la seule maison... Elle va avoir une traduction
française. Je l'oublie.
M. Johnson (Anjou): Elles vont de l'avant:
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est l'étapisme ou quelque chose
comme cela.
M. Johnson (Anjou): Attention!
Mme Lavoie-Roux: Les étapes, je savais que... Qu'est-ce
que vous avez l'intention de faire pour ces maisons?
M. Johnson (Anjou): Depuis un certain nombre d'années,
certains de ces établissements sont subventionnés, certaines de
ces ressources sont subventionnées par les établissements
eux-mêmes, à travers le DSC ou le service de psychiatrie: ce sont
des affectations budgétaires qui comportent l'avantage des
ambiguïtés. Il y a un groupe de travail au ministère
là-dessus. Le groupe de santé mentale favorise évidemment
beaucoup ce type de ressources comme moyen d'intégrer les personnes qui
sont des mésadaptés sociaux affectifs. C'est une affaire de
budget essentiellement. La reconnaissance de l'utilité de ces ressources
me paraît évidente, bien que, dans certains cas, les techniques
utilisées par certaines d'entre elles fassent l'objet de critiques par
des professionnels; les approches thérapeutiques varient. Je sais que,
dans une de ces maisons, par exemple, on tient pour acquis qu'il faut priver
ces gens de leur médication. Je me réfère, par exemple,
aux personnes atteintes de schizophrénie: il faut que les
schizophrènes se départissent totalement de leur
médication. Ce n'est pas le cas de la Forward House, je le sais, mais le
problème avec certains de ces établissements, c'est cela. C'est
celui d'une jonction entre les professionnels de la santé et ces
groupes, et parfois celui de querelles d'écoles, souvent même les
professionnels de la santé, notamment des psychiatres, qui s'identifient
à certains des courants psychiatriques et antimédicaments. Cela
pose des problèmes. Il y en aura toujours dans ce domaine d'ailleurs.
C'est un domaine où le jugement et l'expérience humaine, à
moins qu'on vive dans la société de George Orwel,
réussiront toujours à faire prévaloir une évolution
au nom de la liberté, mais aussi des difficultés de
financement.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais revenir à la charge - on n'a
peut-être pas eu le temps d'en discuter ici - mais si le ministre pouvait
au moins prendre l'engagement d'examiner le cas de la maison Les étapes.
C'est à peu près la seule ressource alternative et qui travaille
de façon étroite avec les hôpitaux. On y avait deux
"maisons de trente jours", c'est-à-dire que c'étaient
plutôt des appartements. Il a fallu en fermer un et on a de la
difficulté avec l'autre. On a un centre que j'ai visité
moi-même et qui a beaucoup d'activités. La maison a
été donnée, c'est un des cas de dons de la
communauté juive, en l'occurrence. On y accueille des francophones et
des anglophones. D'ailleurs, le personnel est francophone. Excusons le
"personnel", il ne faut rien exagérer. Je me dis que ce cas vaut la
peine qu'on l'examine de près avant de dire: On laisse fermer cela. Il
n'y a pas de ressources alternatives en psychiatrie, vous le savez, M. le
ministre. À cet égard, le Québec est de loin
derrière les autres provinces, même la Nouvelle-Écosse. On
considère souvent la Nouvelle-Écosse comme une province pauvre
par rapport au Québec, mais elle est bien en avant de nous et de la
majorité des provinces anglophones également. C'est un besoin
réel. Je voudrais simplement demander au ministre, quand il aura une
journée de libre ou cinq minutes de libres, d'examiner d'un peu plus
près ce programme.
M. Johnson (Anjou): Je reconnais comme assez bien fondée
l'allégation de la députée de L'Acadie. C'est vrai qu'il y
en a moins ici qu'ailleurs au Canada. Les raisons sont des raisons culturelles,
une approche normative, et aussi le réflexe de dire: On va donner cela
au gouvernement, et il va signer les chèques. Aussi, on s'imaginait
qu'on réglerait tout avec la réforme de la psychiatrie du
début des années 1960 et avec les efforts additionnels qui ont
été faits à partir de 1972. On se rend compte, au bout de
la ligne, que cela reste des ressources extrêmement importantes, mais il
faut les développer. On n'a pas cette tradition qui existe dans de
nombreux autres endroits, notamment dans la communauté anglophone chez
nous et dans l'ensemble du Canada. On a d'autres choses par contre, on n'a pas
de surfacturation, ici.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Vous savez qu'on pourrait discuter de
la surfacturation, mais c'est un autre problème. Dans le moment, je
parle des ex-patients psychiatriques. Alors, c'est cela le problème dont
je vous parle.
M. Sirros: Est-ce qu'au niveau du service Saint-Denis, qui est un
autre organisme qui a été pris avec des problèmes...
M. Johnson (Anjou): Le service Saint-Denis?
M. Sirros: Le service Saint-Denis. Est-ce que, finalement, il
fonctionne ou s'il a été fermé?
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse, parce que je confondais avec
Maison Saint-Jacques. Alors, le député de Gouin me rappelle,
effectivement, que le réseau Saint-Denis est un groupe qu'on a
rencontré ici pendant l'hiver. Premièrement, ils sont ouverts en
ce moment. Deuxièmement, on leur a envoyé, en avril, un
sixième du budget.
Troisièmement, c'est 50 000 $, je pense, l'ordre de budget qui
est insuffisant à leurs yeux et, dans la mesure où nous pourrions
débloquer des crédits additionnels, il est très clair
qu'ils entrent dans les groupes auxquels on va donner un coup de main.
M. Sirros: Mais, est-ce que cela veut dire que le service est
assuré temporairement, selon ce que je comprends?
M. Johnson (Anjou): Bien, c'est-à-dire qu'il est là
en ce moment. Il est là et il est bien évident que si on ne le
finance pas en septembre, il ne sera plus là, mais il est là.
M. Sirros: Ce qui m'amène finalement à une question
qui touche un peu plus le fond de tout ce problème, parce que,
finalement, les organismes communautaires, le Service Saint-Denis, entre
autres, les maisons de jeunes également et d'autres services
communautaires passent énormément de temps à se chercher
des subventions, puisqu'il n'y a pas, à l'heure actuelle, une politique
de financement cohérente, spécifique aux organismes
communautaires de ce genre. Est-ce que le ministre entend rencontrer les gens
du CRSSS ou émettre une directive ou faire quelque chose pour que,
finalement, les intervenants de ces groupes puissent faire leur travail
plutôt que de chercher des fonds continuellement et pour qu'ils sachent
aussi à quoi s'attendre?
M. Johnson (Anjou): Je ne suis pas sûr que c'est parce
qu'il n'y a pas de politique. C'est vrai que la politique a les
hésitations d'aller "normer", etc. Bon, on a parlé de tout cela.
Le problème, c'est qu'il n'y a pas d'argent. Parlons très
concrètement, il n'y en a pas ou il y en a peu. C'est pour cela qu'on
tente dans ce secteur...
Mme Lavoie-Roux: ... Éviter de dépenser, M. le
ministre?
M. Johnson (Anjou): C'est vrai. C'est ce à quoi on se
livre avec constance...
Mme Lavoie-Roux: Pas toujours.
M. Johnson (Anjou): ... efforts, discipline et rigueur.
Mme Lavoie-Roux: Des fois, avec un peu d'incohérence.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais sur 6 000 000 000 $, qu'est-ce que
vous voulez, la loi des moyennes s'applique. Il doit y avoir quelques personnes
toutes croches là-dedans.
M. Sirros: C'est quoi 1 000 000 $ ou 2 000 000 $? C'est ce qu'il
voit.
M. Johnson (Anjou): II reste aussi, je pense, que cela fait
partie plus ou moins intrinsèquement de leur travail que de tenter
d'amener la communauté à une implication, y compris une
implication financière. Quand je vois la quantité d'argent qu'on
dépense en billets de saison pour aller au hockey, au baseball ou au
football, je me dis que, peut-être, la valeur d'un billet de saison
occasionnel à des organismes de cette nature...
M. Sirros: Je pense qu'il s'agit plutôt du fait qu'ils
doivent souvent courir chez quatre ou cinq ministères pour le même
organisme, même voir différents programmes à
l'intérieur d'un même ministère. Donc, il s'agit de fonds
publics, finalement, qui sont éparpillés...
M. Johnson (Anjou): Publics.
M. Sirros: ... un peu partout et qui forcent les organismes
à faire un travail qui est complètement inefficace.
M. Johnson (Anjou): Mais j'ai l'impression, quand on parle de
maisons de jeunes ou de groupes comme ceux-là, qu'ils ne peuvent pas
aller à trente-six portes au gouvernement; il y en a une porte, celle
des affaires sociales. Qu'à l'occasion, ils doivent aller au CRSSS et,
à un moment donné, chez nous auprès de deux personnes,
quelqu'un du ministère et puis, finalement, le député de
Gouin intervenant ou quelques autres, quelqu'un de mon cabinet, ça peut
arriver, mais, de façon générale, il y a une porte
d'entrée pour ça, ce sont les Affaires sociales. Ce n'est pas le
Tourisme, Chasse et Pêche et ce n'est pas Énergie et
Ressources.
M. Sirros: Une fois entrés par cette porte, est-ce qu'on
peut garantir une certaine sécurité à ces groupes pour
qu'ils sachent au moins que l'année prochaine, par exemple, ils seront
toujours là? Il faudrait donner certaines...
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Sirros: On ne peut pas faire cela tout le temps à la
pièce.
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire que je pense que les
organismes bénévoles au Québec pourront être
assurés à compter de la fin de l'année sûrement que
le gouvernement entend consacrer des ressources plus importantes à ce
secteur et qu'avant qu'on les retire ou avant qu'un autre ministre des Affaires
sociales ne les retire, il aura sans doute un peu de difficulté. Mais
entre cela et garantir individuellement à des organismes, qui ne sont
pas des établissements, qui ne sont pas
normes et qu'on tente de ne pas normer, leur donner l'assurance absolue
de leur survie, je dois vous dire, il y en a un qui a fermé l'an dernier
et tout le monde s'est mis à applaudir y compris ceux qui recevaient des
services de celui-là.
Il y a parfois des phénomènes humains qui font que
certaines de ces organisations finalement ne répondent plus à ce
qui était leur travail ou leur objectif initial. Je ne dirai pas que
c'est le cas de la majorité, bien au contraire, mais, à
l'occasion, il y en a. Ce n'est pas parce qu'on s'appelle organisme
bénévole et qu'on est impliqué dans le milieu que cela
veut dire qu'on est parfait et qu'on le sera toujours.
Ceci dit, je pense que les organismes bénévoles sont en
droit et peuvent s'attendre, en tout cas - je ne sais pas s'ils sont en droit -
que le ministère déploie des efforts pour leur assurer un minimum
de stabilité mais aussi suffisamment de flexibilité pour aider
d'autres qui pourraient pousser, etc.
Je pense que dans les organismes qui auront à vivre des
développements et que le ministère tentera de soutenir dans les
années qui viennent - je pense que le cas des maisons de jeunes et des
maisons de femmes, c'est acquis au niveau des orientations - il reste à
traduire cela concrètement en termes budgétaires. C'est difficile
en ce moment mais je pense que c'est acquis et on ne peut pas donner de
"garantie", entre guillemets, à tout le monde tout le temps, c'est
évident. Ce ne sont pas des établissements et, plus ils sont
forts dans la communauté, plus ils peuvent aller chercher une certaine
source de financement mais surtout des ressources humaines, et plus, je pense,
ils font la démonstration de la nécessité pour le
gouvernement et le ministère de continuer à les soutenir.
M. Sirros: Oui, d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais savoir, monsieur...
M. Johnson (Anjou): Ça va. Adopté pour le programme
2, M. le Président?
Le Président (M. Gratton): Programme 2, adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non, un instant. Sur le programme 2, il n'y
avait qu'une question. Est-ce que le ministère pourrait nous envoyer la
proportion du budget total des services de maintien à domicile que
représentent les différents organismes ou établissements,
parce qu'il y a des organismes bénévoles, les CLSC, les CSS, il y
a les CH, les CRSSS en fiducie et les CA? Étant donné que vous ne
les avez pas regroupés cette année, on aimerait le savoir pour
chaque...
M. Johnson (Anjou): Mme Vaillant en prend note.
Le Président (M. Gratton): Le programme 2, adopté.
Le programme 3, Services en centres hospitaliers:
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Services en centres hospitaliers
M. Johnson (Anjou): Bon. Si la députée de l'Acadie
me le permet, je pourrais peut-être faire un petit exposé de
quelques minutes sur la synthèse de l'année qui vient de
s'écouler. Ça lui permettra d'ailleurs de continuer de consulter
les documents.
Les objectifs de résorption des dépenses de 73 000 000 $
fixés en 1981-1982 ont été atteints à 100%. Pour
réussir à réduire leurs dépenses, les
établissements hospitaliers ont fait des efforts...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez dit que les compressions
avaient été réussies à 100%?
M. Johnson (Anjou): Pour l'objectif de 73 000 000 $ fixé
l'an dernier.
Mme Lavoie-Roux: Ah! d'accord. (17 h 15)
M. Johnson (Anjou): Un meilleur contrôle de
l'absentéisme a eu pour effet de réduire le temps
supplémentaire, le non-remplacement en cas de maladie exercé
d'une façon assez large, l'abolition de certains postes au niveau des
cadres comme des syndiqués. La réduction dans l'augmentation des
dépenses autres que salariales, notamment par la participation aux
achats de groupes et un meilleur contrôle de gestion au niveau des
établissements, la réduction des dépenses de laboratoire
et de radiologie par une meilleure application locale et, avec les
professionnels, de leur utilisation et la fermeture de lits temporaires, on le
sait, notamment à Montréal.
Par ailleurs, la résorption des dépenses s'est
réalisée sans impact significatif sur les services, dans la
mesure où le relevé effectué, à partir du rapport
sur le suivi des plans d'équilibre budgétaire au 31 mars 1982,
dans 81 centres de courte durée donc ce n'est pas la totalité,
mais on comprendra à cause du temps et des limites qu'on avait indique
que le nombre d'admissions à ses soins de courte durée ainsi que
le nombre de jours-présence en 1981-1982 se sont maintenus au même
niveau qu'en 1980-1981.
Plusieurs développements ont été autorisés
malgré tout en 1981-1982, avec des crédits de fonctionnement de
l'ordre de 7 000 000 $ autorisés, sur une base annuelle d'autorisation
qui excédera en 1982-1983,
23 000 000 $. Ces crédits de développement
découlent de projets immobiliers dont les travaux se sont
terminés à la fin de 1980-1981 ou au cours de 1981-1982. Ces
sommes ont été attribuées à différents
établissements. Je les donne ici sur une base annuelle et non pas
nécessairement selon le montant dépendant de l'ouverture; cela va
être plus clair, notamment: l'hôpital Laval pour l'ouverture
graduelle des services de cardiologie: 789 000 $, l'hôpital de
Sainte-Croix de Drummondville, les cliniques externes et services d'urgence:
993 000 $, le centre hospitalier Sacré-Coeur pour l'unité de
soins intensifs: 338 000 $, Pierre-Boucher, budget
préopérationnel de 2 900 000 $, disons qu'il ouvrira à
l'automne, Valleyfield, ouverture en fin de semaine dernière de 75 lits
pour: 5 264 000 $, budget d'opérations additionnel, Sacré-Coeur
de Hull, l'ouverture progressive des services: 1 146 000 $, hôpital
Cloutier, cliniques externes: 41 000 $, CHRDL, Laurentides-Lanaudière,
ouverture de lits de courte durée et de soins prolongés: 1 900
000 $, centre hospitalier Laflèche, 60 lits de soins prolongés: 1
700 000 $, Hôtel-Dieu de Lévis: 722 000 $, un complément
pour l'opération de 40 nouveaux lits de soins prolongés,
Georges-Frédéric, en Mauricie, 125 lits de soins
prolongés: 3 700 000 $, Viger, CHCA, je l'ai évoqué hier,
36 lits de soins prolongés: 1 000 000 $, CLSC de Bedford, ouverture de
10 lits de soins prolongés - le CLSC de Bedford, pour les fins de soins
prolongés, est traité un peu comme un centre de santé -
les projets de construction et de rénovation à Lasalle: 6 422 000
$, FLeury qui est tout récent et qui remonte à il y a une
semaine: 8 600 000 $.
Au niveau de l'allocation des crédits aux établissements,
la direction a amorcé en 1981-1982 un virage qui se traduit par des
problèmes de réconciliation qu'on a vus ici. Dans le cadre de la
répartition des compressions appliquées au secteur hospitalier en
1981-1982, le MAS a, dans un premier temps, tenté de minimiser l'impact
de la compression dans les programmes prioritaires de soins prolongés et
de santé mentale. Dans un second temps, la démarche s'est
appuyée essentiellement sur le principe de l'équité
interrégionale en tentant de ne pas taxer davantage les régions
déjà largement déficitaires au niveau d'un ou de plusieurs
programmes. La création de la Centrale de coordination des urgences
santé de Montréal.
Les plans d'embauche dans les centres hospitaliers avec la collaboration
du groupe de la Direction générale des relations de travail, sous
la direction de M. Meloche, chez nous. Mise sur pied d'une procédure
d'embauche pour les centres hospitaliers qui seront prochainement ouverts et
qui auront besoin d'effectifs, pour maximiser les possibilités de
remplacement des personnes mises à pied ayant sécurité
d'emploi, au niveau du service de placement des Affaires sociales.
Décentralisation et transfert au réseau du laboratoire de
santé publique, pour des sommes relativement importantes et une
efficacité accrue.
Du côté de la santé communautaire, le
développement de 2 000 000 $ du programme pour les 0-12 ans qu'on a
déjà évoqué. Du côté de la
médecine génétique, 30% d'augmentation du budget
octroyé au réseau de médecine génétique, le
montant était de l'ordre de 260 000 $. La MIUF, je l'ai
déjà évoqué, c'est mon collègue de
l'habitation qui en discute peut-être le plus, mais on a une partie de
cette opération chez nous. Finalement, la Direction
générale des programmes de santé a travaillé
à l'élaboration de différents documents dont certains ont
déjà été rendus publics: la prévention du
suicide au Québec, la prévention des problèmes
reliés à la consommation d'alcool, du tabac, la santé
dentaire, la diffusion de la technologie médicale basée sur
l'utilisation des équipements et l'évaluation des
bénéficiaires.
Ce sont en gros les faits marquants de la dernière année
pour le ministère. Quant à la direction des politiques de
santé, j'ai énuméré l'ensemble des documents dont
certains, encore une fois, ont été rendus publics et d'autres le
seront bientôt.
Mme Lavoie-Roux: Dans l'énumération que vous avez
faite, je n'ai pas retrouvé l'unité pour les patients
brûlés de l'Hôtel-Dieu.
M. Johnson (Anjou): Les deux centres, Saint-Sacrement de
Québec et Hôtel-Dieu de Montréal ont fourni, on s'en
souviendra, suite à l'annonce qu'en avait faite mon
prédécesseur, des plans de réaménagement dont le
coût excède nettement le type de montant qu'on avait
réservé pour cela. En ce moment, les plans sont en
révision avec le ministère. Le principe est maintenu, mais il
s'agit de s'entendre sur le montant et sur l'importance de ces
aménagements. On me dit que cela excède nettement ce qui
était prévisible.
Mme Lavoie-Roux: On a vu dans le tableau que vous nous avez remis
que, dans les centres hospitaliers de courte durée, chez le personnel
salarié syndiqué et syndicable, à temps complet et
à temps partiel, il y avait eu des coupures de l'ordre de 598 postes,
plus les 2125 postes qui étaient vacants. J'imagine qu'il y a une bonne
proportion qui venait des hôpitaux de courte durée. Je ne sais pas
dans quelle proportion, probablement 75%.
M. Johnson (Anjou): De l'ordre de 75% ou 80% possiblement, si on
regarde
l'importance relative des effectifs.
Mme Lavoie-Roux: II y avait au mois de mars environ, je le dis de
mémoire, mais je suis sûre que c'était 754 personnes mises
en disponibilité qui, évidemment, étaient payées,
etc. et qui attendaient probablement d'être réaffectées
à d'autres endroits. Quel est le nombre de personnes qui demeurent
encore en disponibilité?
M. Johnson (Anjou): Sur les 750, on parle encore de 750, il n'y a
pas eu d'affectations, parce que le comité, auquel je me suis
référé tout à l'heure, sur les plans d'effectifs
des nouveaux établissements, est en train de terminer ses travaux. Dans
le cas de ces nouveaux établissements, il y a des ouvertures
prévues pour l'automne. Cependant, 75% de ces 750 personnes sont
affectées à des tâches de remplacement, dans la
majorité des cas dans l'établissement auquel ils appartiennent
à l'origine.
Mme Lavoie-Roux: 25% qui n'est pas...
M. Johnson (Anjou): Bien, il y en a 25% en sécurité
d'emploi qui ne trouvent pas d'affectation. Je ne pourrais pas dire qu'ils ne
trouveront pas d'affectation, mais il est fort possible qu'on reste avec un
problème important pour une partie de ceux-là, en termes
d'affectation.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas entrer dans un autre
débat. J'imagine que, lors de la prochaine convention, vous allez
trouver un mécanisme pour que ces gens soient affectés
temporairement, je ne sais pas, dans un CLSC, dans un...
M. Johnson (Anjou): On le souhaiterait.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, quel est le montant, vous me l'avez
dit, des compressions budgétaires totales réalisées? Cela
a été de l'ordre de 73 000 000 $?
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Quelle est la part qui a été
réalisée respectivement par les C...
M. Johnson (Anjou): CHSP et les CHCD.
Mme Lavoie-Roux: les CHCD et les CHSP? Oui.
M. Johnson (Anjou): On a l'ensemble des établissements ou
l'ensemble des régions. On va faire le cumul des régions. Est-ce
qu'on pourrait passer à une autre question? Je vais l'avoir dans deux
minutes.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Quelle part de cette somme est attribuable
respectivement aux coupures salariales et aux coupures non salariales, sur les
73 000 000 $?
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'on peut donner, au moins, une
approximation de cela en même temps.
Je regrette pour cela, je m'excuse. Je ne pense pas, dans l'état
actuel des données qu'on a pour l'année qui s'est terminée
- il n'y a quand même pas plus que deux mois -qu'on puisse vous donner
cette part. On ne peut pas appliquer par définition le 80-20. On dit:
Normalement ce serait 80-20, parce que c'est à peu près le budget
de l'hôpital. Mais cela ne veut pas nécessairement dire cela. Cela
peut varier d'un établissement à l'autre.
Mme Lavoie-Roux: Cela vous fera une autre question à
résoudre, pas en temps supplémentaire, mais en temps
régulier.
Quelle est la part du déficit total qui avait été
accumulée par les hôpitaux? Il faudrait voir cela par
établissement. Est-ce qu'il y en a qui, à partir des compressions
budgétaires, ont pu aussi absorber ou résorber une part de leur
déficit, en plus de leurs compressions budgétaires?
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse: qui, malgré la
compression...
Mme Lavoie-Roux: Qui ont été capables d'absorber la
compression et ensuite de résorber le déficit.
M. Johnson (Anjou): Et le déficit, oui. Il y en a
quelques-uns.
C'est une réalité. Le problème, c'est qu'on
intervient dans beaucoup d'établissements qui s'en vont en
déficit. A partir du moment où on dit: On résorbe
l'ensemble des déficits une fois validés et une fois... Alors, il
est difficile de savoir quelle est la part qui est une diminution. On se
comprend.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Il y a des hôpitaux dont le cas
est assez intéressant. Ce sont tous les gros hôpitaux de courte
durée où qu'ils soient placés au Québec. On fait
exception, peut-être, pour deux ou trois hôpitaux qui ont des
déficits beaucoup plus grands, mais les autres ont tous des
déficits importants, comme l'Hôtel-Dieu de Chicoutimi ou à
Montréal, on peut prendre Sacré-Coeur, Saint-Luc...
M. Johnson (Anjou): Les millionnaires.
Mme Lavoie-Roux: On peut les appeler millionnaires, ces
hôpitaux. Vous avez fait une déclaration, peu importe le mois,
selon laquelle le gouvernement serait prêt à éponger ces
déficits, dans la mesure où les
hôpitaux seront performants. À l'heure actuelle, il y a des
hôpitaux qui ont déjà un déficit - peu importe
l'ordre - de 5 000 000 $, 6 000 000 $ ou 8 000 000 $ et à qui on demande
des coupures supplémentaires de 3 000 000 $. Quel est l'ordre des
coupures que vous demandez à ces hôpitaux, cette année?
L'ordre des compressions que vous leur imposez? Si vous basez cela sur le
principe de la performance ou de la non-performance, c'est presque un cercle
vicieux.
M. Johnson (Anjou): Au maximum, cela va à 12% et presque
à 13%, mais ce sont quelques cas absolument exceptionnels. Pour beaucoup
d'entre eux, c'est de l'ordre de 3%, 4% ou 5%.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais dans quelle mesure? Qu'est-ce qui va
arriver à ces hôpitaux? Vous ne devez pas les considérer
comme performants, s'ils n'ont pas été capables de rencontrer les
compressions budgétaires de l'an dernier. (17 h 30)
M. Johnson (Anjou): Pas nécessairement. Il faut bien
comprendre que les hôpitaux, l'an dernier, ont été aux
prises avec des attributions budgétaires qui sont venues six mois
après l'ouverture de l'année financière, et
deuxièmement, que ces établissements -et je réserve mon
jugement définitif pour, peut-être, un peu plus tard, je ne sais
pas, quand je quitterai le ministère des Affaires sociales - je reste
complètement renversé de l'ordre de grandeur du déficit de
l'année financière qui a précédé le budget,
qui n'avait rien à voir, en proportion, avec ce qu'on avait vécu
antérieurement. Une fois qu'on a fait les ajustements et les corrections
au niveau des conventions collectives, on reste pris avec des déficits
de grande importance, qui pourtant, au niveau des activités, n'ont pas
empêché ces établissements, et beaucoup d'entre eux,
d'aller chercher les 73 000 000 $ globalement, à 100% en l'espace de six
mois, sans qu'il n'y ait de diminution sensible de l'activité. Je pense
qu'il faudra, peut-être un jour, qu'on regarde ce qui s'est passé
cette année dans les hôpitaux du Québec. En ce sens, je ne
pense pas qu'on se dirige, par définition, vers la
répétition d'un cumulatif de 400 000 000 $. Le cumulatif est de
l'ordre de 400 000 000 $ en fin d'exercice, c'est le chiffre que j'avais
donné au moment de l'étude des crédits de l'an dernier, en
disant: On se dirige vers environ 400 000 000 $ de déficits
accumulés au 31 mars 1982. Ce qu'on a comme données non
validées encore et que le député connaît, c'est de
cet ordre, c'est 401 000 000 $ de déficits accumulés, dont
l'essentiel pour l'année qui a précédé l'effort de
l'an passé.
Mme Lavoie-Roux: Mais qu'est-ce que le gouvernement entend faire
vis-à-vis des établissements qui ont les plus gros
déficits? Je pense qu'il est inutile de les identifier, ils sont assez
connus de toute façon, particulièrement dans la région de
Montréal, il y en a peut-être un dans la région de
Québec qui, comparativement aux autres, est élevé. Est-ce
que vous allez résorber leur déficit? Vous savez qu'il y a des
rumeurs qui courent que certains hôpitaux, un en particulier, seraient
mis en tutelle. Je ne sais pas si c'est fondé ou non. De toute
façon, je ne sais pas ce qu'une tutelle va pouvoir régler
à un déficit de l'ordre de 30 000 000 $. Comment allez-vous
réagir vis-à-vis de l'absorption du déficit par le
gouvernement?
M. Johnson (Anjou): Je pense que, sur l'ensemble des
hôpitaux de Montréal pour qui l'opération de cette
année est comparable à ce qu'elle a été pour les
autres l'an dernier, il y a, peut-être, sur 42 ou 43
établissements, cinq établissements plus problématiques
que d'autres. Sur ces cinq, je dirais que j'en vois trois très
problématiques. Deux, je pense, qui réussiront à passer
à travers. Enfin, il y a un côté intuitif dans ces choses
et on y va à partir de ce qu'on peut; on verra bien au moment où
ils nous présenteront les plans de redressement. Ces trois
hôpitaux de grande importance sont des hôpitaux universitaires qui
devront remettre en cause, je crois, la vocation tout à fait universelle
qu'ils ont dans l'ensemble des spécialités. Je peux vous dire que
ce type de démarche est déjà entrepris dans un très
grand hôpital de Montréal, je parle de Maisonneuve-Rosemont, qui
est l'un des hôpitaux les plus importants de Montréal et pour qui
le plan de compression s'établit un peu au delà de 6 000 000 $
déjà, pour...
Mme Lavoie-Roux: Pour cette année.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Cependant déjà, il
y aura moyen de régler certains problèmes techniques, parce que
l'hôpital nous fait une proposition très intéressante au
niveau de la possibilité de se procurer des fonds pour réaliser
certaines immobilisations importantes. Il y a la possibilité de fusion
du service de cardiologie de Maisonneuve-Rosemont avec l'Institut de
cardiologie de Montréal, qui est situé exactement à six
coins de rues de là.
Mme Lavoie-Roux: Mais, qui va absorber l'autre?
M. Johnson (Anjou): II y a un protocole qui est
présentement en discussion entre les deux établissements. C'est
une zone que le député connaît comme étant toujours
très délicate, puisqu'elle implique beaucoup de
gens, beaucoup de professionnels ou enfin, bref, des situations
complexes sur le plan professionnel. L'objectif qu'il y a derrière cet
effort, très louable fait par l'hôpital Maisonneuve-Rosemont et,
une réceptivité grande, aussi, de l'Institut de cardiologie de
Montréal, c'est de s'assurer qu'on maintienne à la fois cette
pointe d'excellence qu'est l'Institut de cardiologie de Montréal dans la
médecine québécoise en même temps qu'une
réponse à ce que constitue tout près de 50% des admissions
"stat" en urgence qui sont reliées aux problèmes
cardio-vasculaires. La fusion de ces deux services de cardiologie
n'empêchant pas que les médecins en cause et qui pourraient
être en cause exercent dans les deux établissements qui sont
situés, comme je vous le dis, à quelques coins de rues l'un de
l'autre permettra, j'en suis convaincu, d'une part, de réaliser des
économies substantielles tout en s'assurant le maintien et
peut-être même l'amélioration des procédures à
l'égard des patients qui ont des problèmes cardio-vasculaires et
qui sont admis en urgence. Je pense qu'il faudra que d'autres hôpitaux de
Montréal acceptent ce type d'échange.
Nous comptons beaucoup, je dois le dire, non seulement sur le conseil
régional mais également sur l'université, sur la
faculté de médecine, dans le cas de Montréal, et sur celle
de McGill pour quelques hôpitaux universitaires anglophones, pour
permettre que se fassent avec une certaine harmonie ces efforts de
complémentarité ou ces efforts de spécialisation et de
développement dans des domaines particuliers. Ces choses-là
n'iront pas de soi par décret, je pense qu'elles exigent une
collaboration des professionnels qui, dans l'ensemble sont sensibilisés
à la nécessité de le faire bien que peu habitués
à le faire. Je pense qu'il y a là une bonne partie des
réponses de ce qu'on recherche.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que l'ordre de compression de ces grands
hôpitaux-là -vous parliez de Maisonneuve-Rosemont - sont des
compressions budgétaires supplémentaires de l'ordre de 6 000 000
$. J'imagine que ça doit être du même ordre... Je pense que
Notre-Dame c'est 12 000 000 $...
M. Johnson (Anjou): 9 000 000 $, en fait; 10 000 000 $,
pardon!
Mme Lavoie-Roux: 10 000 000 $.
M. Johnson (Anjou): Sur 90 000 000 $ dans le cas de
Notre-Dame.
Mme Lavoie-Roux: Le Royal Victoria, c'est de l'ordre de...
M. Johnson (Anjou): Le Victoria, c'est à 5 400 000 $.
Mme Lavoie-Roux: L'Hôtel-Dieu? M. Johnson (Anjou): 6
000 000 $. Mme Lavoie-Roux: 6 000 000 $.
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'on vient d'en nommer cinq.
Mme Lavoie-Roux: II reste Saint-Luc.
M. Johnson (Anjou): À Saint-Luc, ça va bien.
Mme Lavoie-Roux: On le sait bien.
M. Johnson (Anjou): Le plan était de 3 700 000 $, mais il
faut bien comprendre qu'entre le moment de l'assignation de ces budgets et la
période qui s'est passée, déjà des efforts de
redressement ont permis de constater qu'il y avait, au ministère, une
sous-évaluation de l'effort réalisé, l'an dernier, au
niveau de l'annualisation de ces compressions avec le résultat que pour
certains de ces établissements l'effort est moindre qu'il
n'apparaît sur ces listes puisque dans les mesures qu'ils ont prises,
l'an dernier, beaucoup sont annualisées et n'avaient pas
été comptabilisées.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, dans quelle mesure ces compressions
budgétaires vont-elles obliger à des fermetures de lits? Je ne
veux pas reprendre toute l'argumentation que j'ai faite. Il y a un
problème de lits pour soins aigus dans les hôpitaux
sur-spécialisés de la région de Montréal et un peu
moindre dans la région de Québec. Évidemment, lorsqu'on
parle de Montréal, on a l'air de penser que Montréal est plus
extravagant que les autres, mais il reste que c'est là que se trouve la
médecine surspécialisée comme d'ailleurs à
Québec, et un peu à Sherbrooke. Alors, ils répondent quand
même aux besoins de l'ensemble de la province, ce n'est pas juste dire:
Vous fermez telle chose. Je sais qu'à la fin de mars, les ultimatums
étaient tels qu'ils n'avaient plus le choix, ils fermaient des lits et
il fallait qu'ils atteignent les objectifs de compression budgétaire
avec tous les inconvénients dont j'ai parlé, hier, sur lesquels
je ne veux pas revenir: liste d'attente, etc.
Dans quelle mesure des compressions de cet ordre, qui me semblent aussi
importantes que celles de l'an dernier pour ces hôpitaux, sinon
davantage, au moins aussi importantes, sont-elles plus grandes que les
compressions qu'on leur a imposées l'an dernier? C'est la
première question qu'il faut se poser.
M. Johnson (Anjou): Cela dépend des
établissements.
Mme Lavoie-Roux: II y en a qui en ont eu de plus grandes que l'an
dernier?
M. Johnson (Anjou): Oui, c'est parce qu'il y en a qui n'en
avaient pas fait.
Mme Lavoie-Roux: II y en a qui n'en ont pas fait?
M. Johnson (Anjou): Si les compressions sont plus grandes, il y a
deux raisons à cela: ou bien, ils n'ont pas répondu, c'est le cas
d'un ou deux hôpitaux qui ont répondu d'une façon tellement
parcellaire que cela n'a vraiment pas été fait.
Deuxièmement, il y a les critères de performance.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait avoir la liste des
compressions budgétaires que vous demandez aux différents
hôpitaux, cette année?
M. Johnson (Anjou): Je vous l'ai remise, hier.
Mme Lavoie-Roux: Non, je parle de la liste des compressions
budgétaires que vous leur demandez, cette année.
M. Johnson (Anjou): Ah, cette année; Ce ne sera
définitif qu'à partir du moment où on aura approuvé
les plans d'équilibre qui nous seront soumis. Ce qu'on a envoyé,
c'est - tout à l'heure, j'en ai donné quelques exemples - la
compression distribuée, ventilée, pour une vingtaine
d'hôpitaux sur le territoire qui pose peut-être un peu plus de
problèmes que d'autres. Dans la mesure où il y a des
éléments de complémentarité entre
établissements, dans la mesure où certains foyers de performance
ou de non-performance sont visés. Quand les établissements nous
renverront, à travers les conseils régionaux, leur plan de
redressement, on pourra fixer, de façon définitive, la nature de
la compression dont on parle.
Mme Lavoie-Roux: Je ne vois pas comment ces hôpitaux
peuvent, même en admettant la possibilité de
complémentarité entre les institutions ou de services, etc.,
absorber des coupures de cet ordre sans affecter le nombre de lits. Ma
première question était: Comment ceci peut-il se faire sans qu'il
y ait encore une importante fermeture de lits dans la région de
Montréal? On en prévoit 2400 pour l'été.
L'été, jusqu'à un certain point, on peut peut-être
passer l'éponge, mais vous savez que l'an dernier, c'est arrivé
en plein hiver. Il y en a probablement qui sont fermés et qui auront
été fermés de mars jusqu'à la fin de
l'été, j'imagine, dans certains hôpitaux. Je le dis sans
avoir pu vérifier quoi que ce soit, mais ce ne serait pas impossible, de
toute façon, puisqu'ils devaient fermer en juin.
Est-ce que le ministre est conscient que ceci peut se passer? Je ne vois
vraiment pas comment ces institutions peuvent arriver à absorber des
montants de cet ordre?
M. Johnson (Anjou): On ne sera fixé là-dessus que
dans la mesure où on recevra ces plans d'équilibre
budgétaire. On les recevra dans les jours qui viennent. Je dirais que,
de façon générale, il sera difficile de fermer des lits
pour soins aigus à Montréal pour les raisons qu'on connaît,
et qu'il faudra se concentrer, notamment, sur des phénomènes de
productivité, à la fois au niveau de l'utilisation des ressources
humaines, de la remise en cause de certaines dépenses non salariales
également. Cet effort considérable qui a été fait
par l'ensemble des hôpitaux du Québec, l'an dernier, n'a pas
nécessairement été fait dans plusieurs de ces
établissements. Ce que je trouve intéressant de constater, c'est
que les 73 000 000 $ résorbés sur l'ensemble du territoire, l'an
dernier, au Québec, s'est fait à partir des critères que
j'énumérais au début de l'exposé tout à
l'heure. Je pense que cela peut se faire dans ces établissements dont on
parle, si cela n'a pas été fait.
Mme Lavoie-Roux: Vous pensez qu'un hôpital comme Notre-Dame
peut résorber 9 000 000 $ à 10 000 000 $.
M. Johnson (Anjou): Je pense que Notre-Dame peut résorber
une très forte part de ce montant.
Mme Lavoie-Roux: Par contre, c'est à Notre-Dame où
vous aviez le témoignage du Dr Beaudet qui parlait des problèmes
de liste d'attente.
M. Johnson (Anjou): Pourrais-je répondre là-dessus?
Sans prétendre m'ingérer dans l'administration de
l'hôpital, ce qu'on pourrait, peut-être, être appelé
à faire une autre fois. Mais la chirurgie spécialisée...
Il y a, dans un hôpital, des blocs opératoires, des lits, des
équipes et il y a différentes équipes de
spécialistes. Le choix de faire de la plastie plutôt que de la
chirurgie cardio-vasculaire, c'est un choix de cet établissement. Ce
n'est pas le ministère qui le fixe. Il y a peut-être un
problème de la répartition des lits entre
spécialités. Il y a des choix qui doivent être faits.
À l'égard de Notre-Dame, je pense que l'ensemble des praticiens
qui sont là participent à une des institutions les plus
remarquables du Québec sur le plan de la médecine scientifique.
Il y a une attitude et une approche de développement de tout, en
même temps, historiquement, à Notre-Dame, pour toutes sortes
d'excellentes raisons et il y a... (17 h 45)
Mme Lavoie-Roux: À ce moment-là,
c'était l'hôpital de l'est de la ville.
M. Johnson (Anjou): Exactement. C'était le grand
hôpital de Montréal, cela a été pendant des
années. Cela reste un très grand hôpital et, sans doute, un
des plus grands hôpitaux du Québec, à la fois en termes de
qualité et de la variété des spécialités
qu'on y retrouve et de la qualité des professionnels qui sont là
et de leur engagement et de leur sentiment d'appartenance, pour ne pas dire
leur fierté d'appartenance à cette institution.
Il reste quand même que c'est un hôpital qui, je crois, n'a
pas eu à faire de véritables choix depuis un certain nombre
d'années, sinon que celui de devoir subir - je dis subir à
dessein - la présence d'une proportion très élevée
et de plus en plus élevée de patients de soins prolongés
alors que c'est un hôpital qui est destiné essentiellement, et
d'abord et avant tout, pour les soins aigus puisqu'il est équipé
pour cela à la fois sur le plan du personnel et des équipements
physiques.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'ils ont des lits de fermés
à Notre-Dame de façon permanente?
M. Johnson (Anjou): Non, sauf en pédiatrie qui a
fermé, l'an dernier, et on sait que c'est Sainte-Justine qui...
Mme Lavoie-Roux: Oui, et ces lits-là sont
inoccupés.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Je vous l'ai demandé l'an dernier:
combien y a-t-il de lits fermés dans l'ensemble des hôpitaux du
Québec?
M. Johnson (Anjou): Pardon? Je m'excuse...
Mme Lavoie-Roux: Combien y a-t-il de lits fermés d'une
façon indéfinie dans les hôpitaux du Québec?
M. Johnson (Anjou): II y en a qui n'ont jamais été
ouverts...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. Cela ne fait rien.
M. Johnson (Anjou): ... depuis que les hôpitaux sont
construits, sur cela, il faut bien se comprendre.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Johnson (Anjou): Sur 27 000 lits au Québec, je ne parle
pas des périodes d'été où on peut avoir 2 500 lits
de fermés à Montréal, etc.
Mme Lavoie-Roux: Non, par exemple, le Vic, qui, je pense, a 125
lits qui sont fermés pour toujours.
M. Johnson (Anjou): Bon, c'est cela. Alors, sur 27 000 lits, on
parle de quelques centaines de lits et dont on retrouve -d'ailleurs cela
correspond à l'importance relative des hôpitaux de Montréal
- une bonne partie ou l'essentiel à Montréal, Sherbrooke et
Québec.
Mme Lavoie-Roux: C'est quoi quelques centaines, c'est 600, 700
lits cela?
M. Johnson (Anjou): Le sous-ministre me dit que c'est environ
350.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais cela ce sont des lits pour soins aigus
qui sont fermés.
M. Johnson (Anjou): C'est un fait. Mme Lavoie-Roux: Alors,
qu'on...
M. Johnson (Anjou): Les autres ne ferment pas par
définition parce qu'il y a des patients pour soins prolongés
dedans.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela. Mais ce sont des lits presque
perdus, d'une certaine façon, et cela ne tient pas compte des lits qui
ferment l'été, qui ferment l'hiver, cela ce sont des lits
fermés en permanence.
M. Johnson (Anjou): Oui. Par contre, dans la rationalisation de
l'obstétrique qu'on vient de faire à Montréal, on vient de
permettre l'ouverture de combien de lits en soins aigus, c'est 72? Alors, il y
a 112 lits qui, à cause de la rationalisation de l'obstétrique
pour la région de Montréal, deviendront disponibles pour de
courtes durées ou soins prolongés et je pense que c'est 82 lits
à Verdun, Fleury, Lachine...
Mme Lavoie-Roux: ... et tous ces hôpitaux là.
M. Johnson (Anjou): ... qui seront convertis en lits pour soins
aigus.
Mme Lavoie-Roux: Oui, bon.
M. Johnson (Anjou): Si on calcule ensuite le séjour moyen,
toujours pour faire des statistiques, le séjour moyen c'est onze jours
par patient, cela veut dire au-delà...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais écoutez...
M. Johnson (Anjou): ... de 1200 hospitalisations annuelles.
Mme Lavoie-Roux; Oui, mais il reste, M. le ministre, qu'on
évalue à quelques 1600 lits selon le CRSSS le manque de lits pour
hospitalisation de courte durée, au moins 1600 lits dans la
région de Montréal.
M. Johnson (Anjou): Je vais tout de suite vous donner un exemple:
la population de la région de Valleyfield accapare à
Montréal au-delà de 250 lits/année. Certains de ces lits
continueront d'être accaparés à Montréal par la
population de la région de Valleyfield parce que les soins
spécialisés ou surspécialisés ne sont disponibles
qu'à Montréal ou que ce sont des gens qui sont en soins
prolongés. Mais on vient d'ouvrir 75 lits pour malades aigus à
Valleyfield la semaine dernière; l'hôpital est ouvert depuis
lundi. Il y a des patients qui entrent depuis lundi. Cela veut dire, quant
à la pression qu'il y a au niveau de l'ouest de Montréal, une
diminution relativement importante. Ça va être la même chose
avec Pierre-Boucher quelque part à l'automne qui va être
prêt à recevoir des patients. Une pression considérable va
diminuer sur Montréal. Encore une fois, on ne prétend pas que
ça va régler tous les problèmes mais je pense que
ça va diminuer considérablement la pression.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, est-ce qu'on peut nous dire si le
Telbec de l'alliance des infirmières de Montréal qui
annonçait la fermeture de lits à l'hôpital Saint-Luc...
Selon le Telbec du 1er juin, deux départements de chirurgie totalisant
76 lits seront définitivement fermés à compter du 11
octobre prochain. Est-ce exact? Parce que si vous venez d'en ouvrir 100 et que
vous en fermez 76...
M. Johnson (Anjou): Ce sont les fermetures
d'été.
Mme Lavoie-Roux: Définitivement à compter du 11
octobre prochain. Les fermetures d'été, c'est 114 lits.
M. Johnson (Anjou): Bien, vous voyez, moi, c'est 155... ah! l'an
dernier. Cette armée, c'est 194, mais 38 seront alloués à
travers la mécanique de compensation du CRSSS. Donc, il y en aura
156.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais là je vous parle des lits qui,
prétend-on, seraient fermés d'une façon définitive
au mois d'octobre. Deux départements de chirurgie totalisant 76 lits
seront définitivement fermés à compter du 11 octobre
prochain.
M. Johnson (Anjou): C'est peut-être dans le plan
d'équilibre de cette année mais on n'en est pas saisi encore.
Mme Lavoie-Roux: On n'est pas pour continuer indéfiniment
parce qu'on pourrait calculer les lits jusqu'à la semaine prochaine.
Mais une chose est évidente, c'est que le problème est aigu, le
problème demeure aigu. Et le ministre, en Chambre, me disait: II y a
à peu près 1000 à 2000 personnes sur des listes d'attente
à Montréal. À Saint-Luc, il y en a 2000, à
Notre-Dame, il y en a 3000, le General en a 1000 et je n'ai pas fait le tour de
tous les hôpitaux. Alors, c'est un nombre considérable de patients
qui sont sur des listes d'attente.
M. Johnson (Anjou): Oui, sauf que personne ni même le
ministère, compte tenu du type de données qu'on a, et on
espère en avoir au cours de l'an prochain parce qu'on a essayé de
développer des techniques d'évaluation, personne n'est capable
d'affirmer avec certitude quel est le nombre global.
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est plus qu'entre de 1000 et 2000, M. le
ministre, vous en conviendrez.
M. Johnson (Anjou): Au moment où j'ai répondu 1000
à 2000, c'est effectivement l'information qu'on m'avait remise. Il faut
maintenant tenir compte d'une chose, c'est que c'est vrai qu'on n'a pas et
qu'on n'avait pas les instruments qui permettent d'évaluer les
recoupements parce que vous avez sur ces listes d'attente, d'une part, des gens
qui sont inscrits à deux hôpitaux parce que le professionnel
pratique dans deux établissements; ça, c'est classique.
Deuxièmement, vous avez les opérations dites
électives; troisièmement, vous avez les opérations
où les personnes - je dis opérations parce que la plupart du
temps, c'est en chirurgie - les personnes qui sont sur la liste d'attente et
qui ont quitté, ou n'en ont plus besoin, ou sont
décédés, et pas nécessairement parce qu'ils n'ont
pas pu entrer. Il faut quand même le voir, il se fait aussi de la
chirurgie radicale dans le cas des cancers. Et vous avez aussi les cas
d'obstétrique. Alors, une fois qu'on met tout ça ensemble, je ne
suis pas sûr qu'on peut crier: On va additionner ce qu'il y a au General,
à Notre-Dame, à Saint-Luc, etc., on arrive à 10 000 et
c'est ça.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas...
M. Johnson (Anjou): Une fois qu'on a fait ces recoupements, on
arrive à un chiffre qui est quand même inférieur. Je ne dis
pas que la situation ne mérite pas notre attention, je dis qu'il est
possible qu'elle soit moins alarmante qu'on aurait voulu le laisser croire
récemment.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je
voudrais simplement conclure sur la situation des centres hospitaliers
en répétant que le gouvernement par sa mauvaise administration...
Les dépenses excessives qu'il a faites dans d'autres domaines au
détriment des services de santé se répercutent sur
l'accessibilité et la qualité des soins non seulement dans tout
le Québec, mais plus particulièrement là où il y a
des hôpitaux plus spécialisés, comme dans les
régions de Québec et Montréal, qui accueillent les
patients de partout. Le cri d'alarme que je lance - je pense que c'est le
rôle de l'Opposition officielle de le faire - c'est que je voudrais
rappeler ici pourquoi les hôpitaux quelquefois le font moins - par
exemple, je vais simplement vous lire ceci - c'est sur le coup d'ultimatum du
ministère, quand des fois ce n'est pas du ministre, que les gens doivent
se taire. Ceci vient d'une direction générale d'hôpital: Au
début d'octobre, notre réponse au ministère - je ne veux
pas identifier l'hôpital, parce qu'il va avoir des représailles -
réflétait notre réaction, lorsque nous déclarions
que toute fermeture de lits ou réduction de services causeraient
énormément de préjudices en regard de notre
habileté à dispenser des services à la population.
Tôt en décembre, nous recevions une autre lettre du
ministère laquelle, naturellement, ignorait totalement notre
requête en indulgence et nous pressait de soumettre un plan de
redressement et, cette fois, nous menaçait qu'advenant que le plan ne
soit pas soumis immédiatement les paiements périodiques faits
à l'hôpital, ses frais et les garanties de prêts à la
banque seraient discontinuées, plaçant l'hôpital
pratiquement en faillite et en éventuelle mise en tutelle.
Comme résultat, cet hôpital a fermé des lits, a
fermé des services. Dans le moment, il y a des hôpitaux qui
s'apprêtent à fermer des services d'urgence ou à ne les
laisser ouverts qu'à temps partiel, à cause des coupures
budgétaires. C'est pour cela que je pense continuer plus longuement la
discussion sur le nombre de lits. Je crois qu'on a fait la preuve qu'on manque
de lits et que les lits sont fermés pour des périodes trop
longues, etc.
Je pense que le message que le gouvernement doit avoir, je le fais au
nom de la population, parce que c'est la population qui requiert des soins
médicaux. Les gens qui peuvent se payer des services réussissent
toujours par entrer à l'hôpital ou ceux qui sont dans le
réseau qu'il faut pour entrer à l'hôpital n'ont pas
à attendre. Ceux qui n'ont pas ce réseau de communications, ce
réseau de relations ou qui n'ont pas les ressources financières
sont ceux qui, eux, attendent. Des fois, ils sont obligés d'attendre si
longtemps que cela en devient fatal pour eux. Je tiens à le dire en
terminant, parce que, souvent à l'Assemblée nationale, on n'a pas
le temps requis pour lancer un tel avertissement au gouvernement. Je le fais
parce que je crois qu'il est extrêmement important. On pourra continuer
de jouer avec les chiffres et dire qu'on peut résorber une année
3 000 000 $ et l'année suivante, 5 000 000 $. Je voudrais vous rappeler
que votre ministère, en 1979, était déjà en train
d'appliquer des plans de redressement budgétaire, cela n'a pas
commencé l'an dernier. On a appelle cela compressions budgétaires
l'an dernier seulement; les années d'avant, on appellait cela des plans
budgétaires. Ce document a été préparé par
la Direction des ressources matérielles et financières alors
qu'on se préparait à imposer d'autres plans de redressement
budgétaire. Il est antérieur à 1980 et on y dit: Le
ministère, au cours des quatre dernières années, a
déployé des efforts considérables afin de sensibiliser les
administrateurs hospitaliers à l'impact de leur gestion sur la
croissance des coûts.
Cependant, par sa politique de compressions des dépenses en
fournitures, de taux réduits d'accroissement, le gouvernement risque de
démobiliser lesdits administrateurs, de mettre en péril la
présente opération.
Les centres hospitaliers qui, en 1978-1979, ont résorbé
les 15 000 000 $ de ressources, se sont vus imposer une compression de 19 000
000 $ sur les fournitures de 1979-1980. Depuis, l'évaluation d'une
résorption de 19 000 000 $ pour 1979-1980 se verrait elle aussi plus que
contrebalancée par une nouvelle compression qui, cette année,
dépassera les 20 000 000 $.
Là, c'est avant que les coupures budgétaires de 1980-1981
ou de 1981-1982 soient imposées. En terminant, je voudrais demander au
ministre d'examiner, par exemple, les répercussions sur la
qualité des équipements. Quand je parle d'équipements, je
ne parle pas nécessairement des grands équipements, mais
simplement d'équipements infirmiers ou médicaux requis pour des
soins quotidiens en centre hospitalier qui, vraiment sont au détriment
des patients. Quand le gouvernement dit: On n'a jamais rejoint le fond du
baril, on peut toujours aller un peu plus loin; de continuer de
prétendre que ni les malades, ni la population ne sont affectés
je pense que c'est faire le jeu de l'autruche et c'est être
irresponsable. Je le dis en le pensant très profondément.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, pour répondre
à une question posée par la députée de L'Acadie,
tout à l'heure, concernant les 73 000 000 $ de plans de redressement
réussis, 60 sont dans des CH de courte durée et 13 dans des CH
autres.
Le Président (M. Gratton): II est 18
heures. Je pense qu'il y a une entente pour reprendre les travaux,
à quelle heure?
M. Johnson (Anjou): À 18 h 30.
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela va: 18 h 30.
Le Président (M. Gratton): La commission suspend ses
travaux jusqu'à ce soir, 18 h 30.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise de la séance à 19 h 15)
Le Président (M. Rochefort): La commission permanente des
affaires sociales reprend ses travaux. Au moment de suspendre nos travaux, nous
en étions à l'étude du programme 3, les services en
centres hospitaliers. Mme la députée de L'Acadie aurait-elle
encore quelques questions?
Mme Lavoie-Roux: Oui, malheureusement. J'agis aussi comme
porte-parole de mes collègues qui ne peuvent être présents.
Le député de Beauce-Sud, M. Mathieu, s'excusait de ne pouvoir
être ici, ce soir, parce qu'il est retenu à l'étude des
crédits du ministère de l'Agriculture.
Le ministre est probablement au courant que, le 11 mai, si ma
mémoire est bonne, dans la Gazette officielle, a été
publié le projet de fusion des deux hôpitaux de la Beauce.
M. Johnson: Beauceville et Saint-Georges.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Il aurait aimé avoir quelques
précisions sur les points suivants, si le ministre voulait y
répondre. Y a-t-il eu consultation, avant la fusion, avec la base, les
professionnels et les syndiqués et est-ce qu'il y a des rapports qui
pourraient être déposés ou, enfin, qui pourraient nous
être remis sur ces consultations? Évidemment, une des raisons
fondamentales pour procéder à cette fusion, c'est la question des
économies à réaliser. Alors, de quel ordre sont ces
économies? Est-ce qu'il y a des pertes d'emploi? Évidemment, ceux
qui ont la sécurité d'emploi, si par hasard, ils n'étaient
pas replacés, seraient-ils mis en disponibilité? Est-ce qu'il
peut y avoir des pertes d'emploi dues à des gens qui n'auraient pas la
sécurité d'emploi?
Apparemment, c'est la gynécologie qui s'en va à
Beauceville.
M. Johnson (Anjou): Gynécologie et obstétrique.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'à ce moment-là, le
ministre est assuré qu'il n'y aura pas de problème de ressources
entre gynécologues et obstétriciens? Il y a un problème
qui les inquiétait. C'est le cas d'une femme qui accouche, mais qui
aurait des problèmes cardiaques. Je pense que la cardiologie se trouve
à rester à Saint-Georges de Beauce, si je ne m'abuse? Est-ce que
ceci pourrait créer des problèmes au point de vue des soins aux
malades, comme les deux ressources ne seront pas au même endroit? Ce sont
les questions que le député m'avait demandé de vous
poser.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Je vais peut-être
évacuer la première question sur l'évaluation
médicale. Il faut bien comprendre que ces deux hôpitaux ne donnent
pas des services spécialisés ou ultra-spécialisés
dans tous les secteurs et que le type de problématique qu'on
évoque au sujet d'une complication est une problématique qui
existe actuellement. Elle serait simplement confirmée dans le cas de
l'obstétrique effectivement, mais elle existe déjà dans
beaucoup d'autres disciplines, dans le cas de Beauceville notamment.
Sur la consultation, oui. Le Dr Gérard Roy, que j'avais
nommé comme mon représentant, si on veut, dans ces
démarches, a rencontré, pendant une période d'à peu
près un mois et demi, très longuement et très
fréquemment à la fois les professionnels, les syndiqués et
les citoyens. Il a assisté à des assemblées dont certaines
furent assez houleuses. Il a eu des échanges avec les deux conseils de
médecins et dentistes, les deux conseils d'administration, les
représentants syndicaux, etc.
Les économies anticipées sont théoriquement de
l'ordre de 2 500 000 $. Je dis bien théoriquement, dans la mesure
où on aura une fusion parfaite de l'ensemble des services administratifs
et cliniques. On peut donc dire que c'est quand même un ordre de grandeur
intéressant. On pourrait peut-être en arriver à quelque
chose comme 1 000 000 $ dans le budget de fonctionnement, mais
théoriquement c'est de 2 500 000 $. La chose a été
quantifiée par le Dr Roy qui, d'ailleurs, a eu déjà
l'expérience d'une telle fusion, dans le passé.
Du côté de la sécurité d'emploi, le
problème qui se pose est celui qui se pose dans l'ensemble du
réseau finalement. Ce n'est pas différent dans ce cas. Une partie
des économies pouvant être réalisée par les
diminutions de postes à cause de la rationalisation, cela est vrai. Dans
la mesure où ce sont des gens qui sont en sécurité
d'emploi, cela ne représente pas d'économie proprement dite pour
le gouvernement, indépendamment de qui paie, que ce soit le Conseil du
trésor ou l'hôpital. Mais quand on fait jouer l'attrition, le
non-remplacement ou
l'utilisation de ce personnel pour les fins de remplacement lors d'un
congé de maternité, etc. il y a quand même une
économie substantielle qui peut être réalisée,
même si ce ne sont pas de parfaits vases communicants.
Quatrièmement...
Mme Lavoie-Roux: S'il y avait des gens qui n'auraient pas leur
sécurité d'emploi, évidemment, vous ne seriez pas au
courant de cela...
M. Johnson (Anjou): II doit sûrement y en avoir, mais je
dirais: Pas beaucoup. D'ailleurs, il y en a de moins en moins dans le
réseau, sauf dans les nouveaux établissements. Je me souviens
avoir vu des chiffres. Malheureusement, je ne les ai pas en mémoire,
cela fait quand même quelques mois.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce qu'il pourrait y avoir quelques
pertes d'emploi de ce côté?
M. Johnson (Anjou): Oui, mais encore une fois... D'abord, les
gens qui n'ont pas la sécurité d'emploi, je suis convaincu qu'il
n'y en a pas beaucoup à ces deux endroits et, deuxièmement, dans
quelle mesure est-ce qu'ils seraient affectés, par la fusion, dans le
poste qu'ils occupent, cela reste aléatoire...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, d'accord. Parfait.
M. Johnson (Anjou): ... mais il n'est pas impossible que cela
implique un certain nombre de mises à pied, dans le cas de ceux qui
n'ont pas la sécurité d'emploi. Finalement, en ressources de
gynéco-obstétrique, Beauceville est fort bien
équipé; c'est un centre remarquable, c'est un hôpital
très moderne, si je le compare pour qu'on se comprenne bien, à
celui de Saint-Georges pour qu'on se comprenne bien, qui est, quand même,
un hôpital de grande qualité. Il est plus jeune, plus
récent; l'équipement est adéquat. Dans la mesure où
l'ensemble de l'obstétrique de la région s'effectuerait
là, on peut s'attendre effectivement à ce qu'il y ait des
réaménagements. Cela pourrait impliquer des aménagements
de ses espaces d'une façon plus importante, donc finalement, d'une
façon peut-être plus sophistiquée aussi. Alors, du
côté des ressources, cela ne m'inquiète pas.
Du côté des cliniciens, il faut bien voir qu'il y a deux
sortes de cliniciens: il y a les gynécologues qui sont des
spécialistes, qui participent aux accouchements plus complexes ou qui
suivent les grossesses à risque et l'obstétrique qui peut
être pratiquée par des praticiens généraux, ce qui
est le cas de médecins généralistes qui font de
l'obstétrique. En termes d'effectifs, cela voudrait dire que, du
côté des spécialistes, par définition, ils se
déplaceraient là où sont les équipements, le
personnel, etc., c'est-à-dire à Beauceville. Dans le cas des
obstétriciens de Saint-Georges, cela les amènerait,
effectivement, à faire en sorte que leur obstétrique soit
pratiquée à Beauceville, c'est-à-dire à une
quinzaine de kilomètres, pas tout à fait quinze
kilomètres, de Saint-Georges.
Mme Lavoie-Roux: Les cas très compliqués, sont
desservis par la ville de Québec, j'imagine?
M. Johnson (Anjou): Oui, c'est cela. Il y a peut-être, dans
certains cas, un déplacement vers le CHUS de Sherbrooke, mais
habituellement, c'est dirigé vers Québec.
Mme Lavoie-Roux: Dépendamment où l'on se
trouve.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. C'est un hôpital...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Johnson (Anjou): ... qui offre l'ensemble des
spécialités de base et un peu plus.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Je vous remercie. Maintenant, mon
deuxième cas, c'est l'hôpital général de Lachine. Il
semble y avoir une légère confusion à savoir si c'est le
service d'hémodialyse de l'hôpital général de
Lachine qui va être fermé ou si c'est celui de
l'obstétrique?
M. Johnson (Anjou): Ah! oui. Je dois dire que j'ai eu l'occasion
de... Je n'accepterai pas la fermeture de service d'hémodialyse à
Lachine. Je ne sais pas si c'est dans leur plan d'équilibre
budgétaire. Je sais qu'il y a eu un article dans la Gazette qui a
évoqué cela. Je crois me souvenir que la personne de
l'hôpital qui a mentionné cela aux journalistes a dit: Dans le
fond, on a le "choix" entre l'obstétrique et l'hémodialyse. Dans
la mesure où c'était vrai pour le choix. De toute façon,
le choix a été fait, c'est l'obstétrique qui a
été fermée à Lachine.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est définitif que c'est
l'obstétrique.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. Maintenant, est-ce que vous avez
des plans de diminution de services pour l'hôpital Jeffery Hale de
Québec?
M. Johnson (Anjou): II y a en ce moment un dossier, à
Québec, qui est d'une certaine actualité au ministère et
au conseil régional. Il m'arrive même de voir des
déclarations de certains fonctionnaires du conseil régional,
régulièrement dans les journaux et avant même d'ailleurs
que je ne sois saisi officiellement des documents. Il y a un projet de
regroupement de la pédiatrie à Québec. Je pense qu'en
termes à la fois d'accessibilité, de variété et de
garanties de qualité qui existent de façon
générale, la notion de centre paraît intéressante,
notamment au niveau universitaire où l'on concentre l'activité
pédiatrique qui est une notion, probablement, des plus répandues
en Amérique du Nord: l'ensemble des grandes villes ont des
hôpitaux pédiatriques. Ce qui ne veut pas dire que, dans le cas de
Québec, il y aurait un hôpital pédiatrique, mais il est
très clair que, compte tenu du fait que certains services de
pédiatrie sont occupés à 50% et parfois moins, il y aurait
un avantage certain dans la ville de Québec à concentrer les
activités de pédiatrie à un même endroit.
Différentes hypothèses sont évoquées, j'en ai
déjà discuté d'une façon préliminaire avec
le CRSSS il y a déjà un certain nombre de mois. Il y a un
cheminement qui se fait au niveau des directions des hôpitaux et
également au niveau universitaire parce qu'un des critères serait
aussi qu'il y a nécessité de s'arranger, parce qu'il y a une
faculté de médecine ici, pour que ce département de
pédiatrie soit universitaire par définition. Il faut que la
faculté de médecine offre de la pédiatrie pour être
reconnue. Donc, par définition, il faut qu'il y ait de la
pédiatrie dans un hôpital universitaire au moins.
Mme Lavoie-Roux: C'est un département de combien
d'enfants?
M. Johnson (Anjou): Lequel?
Mme Lavoie-Roux: La pédiatrie à Jeffery Hale.
M. Johnson (Anjou): À Jeffery Hale, en ce moment, 18
lits.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, le seul point sur lequel je
voudrais attirer l'attention du ministre, c'est que je ne suis pas en mesure
vraiment de l'apprécier à sa valeur réelle, mais le fait
qu'il s'agisse d'un département de pédiatrie... Ce sont les plus
jeunes enfants qui risquent d'être hospitalisés le plus souvent,
les enfants de 0 à 5 ans, d'âge pré-scolaire, et c'est le
seul hôpital anglophone qui dessert tout l'est du Québec. Enfin,
je pense que c'est une considération qui devrait entrer en ligne de
compte, compte tenu que c'est un département de pédiatrie et
qu'à ces âges-là les enfants ne parlent probablement pas
français.
M. Sirros: Le gouvernement parle de services accessibles aux
groupes linguistiques.
Mme Lavoie-Roux: Et mon collègue de Laurier qui est
très sensibilisé à ces questions dit d'autant plus que le
gouvernement parle d'accessibilité le plus possible aux minorités
dans leur langue.
M. Johnson (Anjou): On est conscient que c'est une des
difficultés que représente ce dossier pour la région de
Québec. Je veux simplement vous dire que cela fait partie de la liste
des avantages et inconvénients dans la colonne des inconvénients
pour toute forme de rationalisation dans la région de la ville de
Québec.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le ministre. Maintenant, si vous me
permettez un accroc au programme. J'ai laissé en cours de route le foyer
Sacré-Coeur de Magog de mon collègue d'Orford et je lui ai promis
que je m'acquitterais de ma tâche. D'ailleurs le sous-ministre va rire
parce que je pense que chaque année depuis quatre ans j'ai toujours le
foyer du Sacré-Coeur de Magog...
M. Johnson (Anjou): Le sous-ministre ne rit jamais!
Mme Lavoie-Roux: Des fois il rit, mais c'est qu'on avait
commencé avec des travaux de réparation de la toiture et de la
tuyauterie. Finalement, ç'a été réparé et 50
personnes ont été relocalisées, mais la vielle
bâtisse demeure là. On est en négociations, je pense, soit
pour la démolir ou pour la reconstruire. Quels sont les plans du
gouvernement?
M. Johnson (Anjou): Alors, la semaine dernière, une partie
du dossier était au trésor et les choses doivent se continuer
cette semaine ou la semaine prochaine. Il y a l'hôpital dont le
gouvernement a désintéressé la communauté qui le
possédait. Il y a en "T" sur cet hôpital un édifice qui
lui-même est en deux parties dont l'une a un caractère
plutôt vétuste, et même très vétuste, et
l'autre est plus récente. Elle est plus récente, mais elle
remonte à 1934, si je me souviens bien, la partie la plus
récente.
Au moment du désintéressement de la communauté pour
l'hôpital, le' désintéressement quant à la partie du
centre d'accueil qui contient une centaine de lits n'a pas été
fait, il y a déjà plusieurs années. Il est clair qu'au
minimum, quant à la partie absolument vétuste, il faut
répondre à la nécessité de relocaliser ces
personnes. C'est pourquoi l'orientation que nous prenons, c'est de nous assurer
que certains étages de l'hôpital qui pourraient être
convertis
puissent être convertis aux fins de l'hébergement d'un
certain nombre de ces personnes. Ce qui reste en discussion, c'est la
faisabilité et l'intérêt financier de considérer un
réaménagement, par opposition à une construction nouvelle,
de la partie la moins vétuste du centre d'accueil, tout cela dans le
contexte du désintéressement nécessaire aussi de la
communauté. (19 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Mais, éventuellement, il y aura un projet
de réaliser soit une...
M. Johnson (Anjou): Oui. C'est très clair, la
décision est prise. Je comprends un peu le scepticisme du
député de Orford là-dessus, parce que cela fait longtemps
qu'on en parle.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Je vous dirai que la décision de
procéder à la relocalisation des personnes est prise. Certains
auraient pu dire que cette relocalisation aurait pu s'opérer à
Sherbrooke qui est à une vingtaine de milles de Magog, comme on le sait,
même moins que cela par...
Mme Lavoie-Roux: L'autoroute.
M. Johnson (Anjou): ... la nouvelle autoroute, mais nous sommes
prêts à considérer qu'il faut au maximum...
Mme Lavoie-Roux: Les gens...
M. Johnson (Anjou): ... dans la mesure où les coûts
ne sont pas prohibitifs, que les gens restent près de leur milieu,
compte tenu du fait que cela fait très longtemps qu'ils y sont.
Mme Lavoie-Roux: Bon, alors, je vous remercie. Je pense que mon
collègue de Westmount, si vous le lui permettez, si vous lui donnez la
parole, a une toute petite question à poser.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Westmount.
M. French: Merci, M. le Président. Je voudrais poser une
question au ministre pour le bénéfice des gens de ma
communauté, de mon comté, qui s'intéressent beaucoup
à leurs hôpitaux dont trois en particulier: Reddy Memorial, Queen
Elizabeth et Saint Mary's qui nous tiennent particulièrement à
coeur. On se demande souvent ceci: On entend souvent des rumeurs de
rationalisation concernant les hôpitaux Reddy Memorial, Queen Elizabeth,
Saint Mary's, évidemment par rapport aux hôpitaux un peu plus
grands qui sont pour la plupart dans le comté voisin, le centre-ville de
Montréal. Il me semble qu'on est dans le creux de la vague quant aux -
j'espère en tous les cas -coupures, etc., quant au processus de
rationalisation. Je voudrais tout simplement demander au ministre un
commentaire sur mon espoir qu'on voie la fin du pire, au moins, des
rationalisations et, deuxièmement, des commentaires spécifiques
sur Reddy Memorial surtout et Queen Elizabeth dans la mesure d'une
rationalisation plus poussée, dans l'optique d'une possibilité de
rationalisation plus poussée.
M. Johnson (Anjou): L'idée d'une fusion ou d'un
rattachement de Reddy Memorial au General Hospital de Montréal est dans
les airs, on le sait, depuis un certain moment donné d'ailleurs. Il n'y
a rien de nouveau sous le soleil. La décision n'est pas prise, je n'ai
pas eu non plus de recommandations spécifiques dans ce sens.
Je me permettrai simplement de dire qu'il est important, notamment
à cause de la place importante qu'occupent les malades chroniques en
soins prolongés dans les hôpitaux équipés pour
donner des soins aigus et des problèmes dont certains ont
été évoqués par le député, qu'on
s'arrange pour rationaliser non seulement en termes d'économie parce que
cela peut amener à en réaliser beaucoup au niveau des services de
soutien, auxiliaires, cuisine, etc., mais également en termes
d'utilisation la plus rationnelle possible des ressources humaines qui sont
là pour dégager le plus possible de lits pour malades aigus pour
la région montréalaise.
En ce sens, je pense que j'aurai l'occasion d'être saisi dans les
semaines qui viennent de différents projets par le conseil
régional. Je vous dirai qu'il faudra que ces projets transitent par le
conseil régional; il y a des étapes de consultation, il y aura
des étapes de manifestation d'intérêt de tout le monde
avant les décisions.
M. French: Toutes ces étapes n'ont pas été
passées et le ministre entreprend évidemment de consulter, donc,
et d'observer avec beaucoup d'intérêt les représentations
que la communauté pourrait vouloir faire à l'occasion d'une telle
proposition.
M. Johnson (Anjou): En étant conscient dans chaque cas que
si des décisions devaient être prises dans ce sens... Je ne veux
pas ici allumer une lumière rouge en disant: Oui, le Reddy
Memorial...
M. French: Oui, oui, je comprends.
M. Johnson (Anjou): ... cela va faire partie de la
rationalisation. Je dis simplement que ce n'est pas impossible, que ce soit
pour le Reddy Memorial ou d'autres,
que des projets viennent qui évoquent cela parce que je connais
l'intérêt de certains grands hôpitaux de Montréal,
pour les raisons qu'on connaît, au niveau des lits de soins
prolongés. Deuxièmement, je connais l'intérêt de
certains autres hôpitaux et du conseil régional lui-même
quant à la rationalisation des services d'urgence.
Il y a des quartiers de Montréal où il y a cinq urgences
de nuit ouvertes et où dans certains cas, ce sont quelques personnes qui
y passent dans une nuit.
M. French: Ce qui n'est pas le cas pour le Reddy Memorial.
M. Johnson (Anjou): Je sais cela.
M. French: M. le Président, je voudrais poser une autre
question. La députée de L'Acadie ou le ministre vont
m'arrêter si j'aborde une question qui a déjà
été traitée. Justement, ce problème des lits pour
malades chroniques, dans mon comté en particulier, c'est un
problème extrêmement aigu. Je me demandais si le ministre avait
des plans spécifiques. Moi, je fais partie d'un groupe de
députés qui connaît ce problème, et je pense qu'il y
en a au moins un autre autour de la table ici. Il est extrêmement
difficile de savoir comment aborder la question si on veut travailler avec les
intervenants de notre comté pour faire en sorte que les efforts
volontaires se fassent, pour faire en sorte que la communauté soit
saisie du problème. C'est un peu difficile de savoir où entrer
précisément dans l'appareil et quels sont les plans du ministre
à ce sujet.
D'abord, une question d'ordre pratique. Comment faire en sorte que
vraiment il soit possible d'avoir un interlocuteur informé ou bien du
CRSSS ou bien du ministère et, deuxièmement, quels sont les plans
du ministre sur le territoire montréalais à ce titre? Je sais que
la deuxième question est très vaste. Je ne voudrais pas inviter
à un long discours.
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire que les personnes
intéressées immédiatement et habilitées à
cela se retrouvent d'une part dans certaines institutions, notamment, celles
qui ne voudraient pas être visées par des conversions,
deuxièmement, au Conseil régional de Montréal où il
y a une expertise dans ce domaine et aussi des responsabilités entermes de planification. Au ministère, ce sont des décisions
qui sont prises, si elles doivent l'être, au niveau de la direction des
programmes de santé, du sous-ministre en titre et en pratique du
comité de coordination sous-ministériel avec le ministre.
Le Président (M. Rochefort): Ça va?
Alors, programme 3, élément...
Mme Lavoie-Roux: Excusez, vous avez fait tout à l'heure
allusion à des montants touchant la prévention du suicide.
Pouvez-vous donner l'ordre de grandeur?
M. Johnson (Anjou): Non, je n'ai pas parlé de montants,
j'ai parlé de documents, la politique sur la prévention du
suicide. C'est simplement dans les activités du ministère, ce
n'est pas le budget.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Très brièvement, est-ce que
vous avez l'intention de faire quelque chose dans ce domaine? On connaît
l'avis, on l'a reçu.
M. Johnson (Anjou): Le comité vient, il y a quelques
semaines, d'émettre un avis là-dessus dont j'ai pu prendre
connaissance non pas dans le détail mais dans les résumés
qui en ont été faits. Il y a un comité au ministère
qui a eu le mandat, il y a trois semaines, un peu à cheval sur la fin
des travaux du comité... Le rôle du comité de la
santé mentale, c'est de fournir un avis.
Maintenant, il faut que le ministère, si on doit élaborer
une politique, à partir de cet avis élabore une politique,
s'occupe des contraintes administratives, du cheminement. Ce qu'on a fait
jusqu'à maintenant, c'est que la direction des politiques de
santé a entrepris une série de travaux dont des études
épidémiologiques assez approfondies. Le deuxième travail a
consisté à faire une évaluation du Centre de
prévention du suicide de Québec, qui est financé par le
MAS. Finalement, il y a eu l'avis du comité de la santé mentale.
En ce moment, on est en train, à partir de ces éléments
d'études épidémiologiques, du fonctionnement du groupe de
Québec et de l'avis, d'élaborer une politique dans ce
domaine.
Mme Lavoie-Roux: Votre objectif à court terme, c'est
d'élaborer une politique, d'examiner les recommandations de l'avis du
conseil de la santé mentale. Vous avez fait une évaluation du
Centre de prévention du suicide de Québec. Vous le financez
déjà en partie?
M. Johnson (Anjou): Le centre de prévention.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que la subvention sera
augmentée?
M. Johnson (Anjou): Ça va se faire dans le cadre de
l'élaboration de la politique, soit de savoir de quelle façon on
augmente, si on doit le faire, les ressources du centre de
prévention.
Mme Lavoie-Roux: En 1982-1983, vous avez encore une marge de
manoeuvre.
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'il est en ce moment rendu
à six mois, sur la reconduction partielle au moins. Il est bien
évident qu'on ne le laissera pas entre deux eaux.
Mme Lavoie-Roux: II ne sera pas remis en question pour
1982-1983.
M. Johnson (Anjou): Pour le moment, c'est 150 000 $ par
année. Je dois vous dire que n'ayant pas pris connaissance encore de
l'étude de l'évaluation du centre de prévention, c'est
dans le cadre du rapport que me fourniront les hauts fonctionnaires. À
l'automne, je dois avoir un projet de politique de prévention du suicide
dans lequel j'aurai l'ensemble de ces choses. D'ici ce temps, je pense
que...
Mme Lavoie-Roux: D'ici ce temps, il va continuer de vivre. Il y
avait des recommandations aussi pour ouvrir régionalement des centres.
C'est cela que vous examinez.
M. Johnson (Anjou): Cela va lui permettre sûrement au
minimum de continuer le niveau d'activités qu'il a.
Mme Lavoie-Roux: Parfait.
La psychiatrie, on l'a toute laissée de côté. Les
problèmes sont toujours là. Je veux simplement
répéter que ce sont des gens sans voix. Tout à l'heure,
quand le ministre disait: On va mettre de l'argent... Vous l'avez dit sans
restriction dans le sens des maisons pour les femmes battues et des maisons de
jeunes. Il faudrait peut-être ajouter cette troisième
catégorie comme préoccupation; on peut les appeler les
mésadaptés sociaux adultes, ils demeurent un problème
très aigu. Ce ne sont pas des gens qui vont venir, en commission
parlementaire ou par quelque moyen que ce soit, protester beaucoup. Je veux
simplement signaler cela à votre attention, en terminant ce programme no
3.
Le Président (M. Rochefort): C'est cela.
Le programme 3, éléments 1, 2 et 3. Adopté.
M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Comme la députée de L'Acadie a
repris certains commentaires généraux avant 18 heures, je
voudrais simplement rappeler qu'en 1980-1981 les admissions et les jours de
présence étaient respectivement de 496 706 et 6 027 747. En
1981-1982 les admissions - je parle toujours des CH de courte durée -
étaient de 494 593 pour des jours de présence de 6 013 240. Je
m'excuse, il s'agit de 81 centres hospitaliers de courte durée sur 117,
c'est sur cela qu'on a pu faire nos statistiques. On peut parler tout de
même malgré tout, tout en ne niant pas certains problèmes
qui existent, finalement d'un niveau d'activités qui s'est maintenu
globalement à l'égard des patients.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord quand le ministre dit cela. Je
pense que c'est un argument - on n'est pas pour retourner à notre
discussion d'hier - qui, jusqu'à un certain point est un peu boiteux
parce qu'il y a un manque de place en centres hospitaliers de courte
durée. Il y a aussi tous les autres phénomènes de
populations vieillissantes qui demandent plus d'hébergement,
d'hospitalisation. C'est vrai que cela reste la même chose. Dans ce sens,
il n'y a pas une diminution de jours d'hospitalisation. Les besoins sont encore
là et ceci ne touche pas tout l'aspect de la qualité, quant au
point de vue de l'équipement, du personnel, etc.
Le Président (M. Rochefort): Programme 3.
Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): J'appelle le programme 4.
Services en centres de services sociaux.
Services en centres de services sociaux
M. Johnson (Anjou): Brièvement au sujet des centres de
services sociaux, je vais simplement énumérer une dizaine
d'événements qui ont marqué l'année qui vient de se
terminer.
L'implantation du programme d'aide financière à
l'adoption: 116 décisions rendues d'aide financière pour des gens
qui adoptent des enfants en famille d'accueil ou en hébergement.
Insistance sur la révision des cas et l'importance de la
décision de placement des enfants en ressource d'accueil. On se
souviendra de l'opération 30 000 entreprise il y a un bon bout de temps.
On constate une diminution du nombre d'enfants en famille d'accueil de
même qu'au niveau des places internes en centre d'accueil, à
l'exception du réseau sécuritaire.
Accroissement du nombre d'adultes en famille d'accueil.
Amélioration de la gestion des listes d'attente pour l'admission dans
les centres d'accueil où je sais qu'il y a encore des problèmes.
Révision des instruments de collectes de données. Suivi de la loi
no 24 et contacts continus avec le ministère de la Justice. Je n'ai pas
à insister sur cela. Collaboration très active avec le
comité Charbonneau, le comité spécial de la Chambre auquel
siège la députée de L'Acadie. Implantation du Service de
conciliation en Cour supérieure à titre
d'expérience pilote pour le CSSMM. Réduction du taux
d'encadrement dans 13 des CSS sur 14, à la suite de l'application du
plan d'équilibre budgétaire. Le CSS
Gaspésie-îles-de-la-Madeleine doit nous soumettre son nouveau plan
d'organisation bientôt. Tous les CSS ont atteint l'objectif de
compression budgétaire qui leur était imparti durant l'exercice
1981-1982, malgré une compression moyenne de l'ordre de 10%. (19 h
45)
Au plan de la récurrence du plan d'équilibre
budgétaire en 1982-1983, deux CSS doivent réviser le plan qui a
été approuvé lors de l'exercice précédent et
la révision de la politique de contribution parentale en implantation
à compter du 1er avril 1982 se fait. L'organisation du processus doit
conduire à la désignation du prix de reconnaissance pour la
famille d'accueil de l'année. Enfin, c'est un détail mais il
m'apparaît important; c'est un détail sur le plan financier.
J'aurai le plaisir en fin de semaine de remettre à une série de
familles d'accueil des mentions d'excellence comme cela existe
déjà dans le cas des établissements
d'hébergement.
Mme Lavoie-Roux: Je trouve cela très bien.
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'il faut souligner l'apport
remarquable de ces familles d'accueil dont on a eu l'occasion d'ailleurs de
souligner le travail lors d'une motion non annoncée il n'y a pas
très longtemps. Voilà.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Ma
première question, parce qu'apparemment il faut faire diligence. Le 26
octobre 1981, je pense que c'était lors d'une conférence ou d'un
congrès des CLSC, le ministre avait eu à parler de l'avenir des
CLSC et des CSS, et on vous interrogeait au sujet du transfert des
employés d'une structure à une autre. Vous y voyiez un
mécanisme intéressant pour améliorer le rendement des
établissements. Interrogé, à savoir si cela ne pouvait pas
compromettre la survie ou laisser soupçonner l'abolition des CSS, par
exemple, il s'est contenté de répondre d'un air sibyllin: II y a
bien des choses - et je vous cite - il y a bien des choses et des projets qui
bouillonnent présentement dans le domaine des affaires sociales. Fin de
la citation. Pour être très clair, quel est dans votre esprit
l'avenir des CSS? C'est concis comme question, n'est-ce-pas?
M. Johnson (Anjou): Mais c'est tout un programme.
Mme Lavoie-Roux: J'espère que je n'ai pas ouvert une trop
grande porte, on n'a pas beaucoup de temps.
M. Johnson (Anjou): C'est le programme 4. Il y a une
multiplicité de structures dans le réseau des affaires sociales.
Celle qui fait le plus souvent l'objet de critiques organisées, c'est le
niveau des conseils régionaux pour toutes sortes de raisons, certaines
bien fondées, d'autres beaucoup plus issues de préjugés,
et les citoyens ont un peu de difficulté à s'y retrouver. Je
pense que pour le citoyen qui est en détresse sociale, le CLSC, le CSS
ou le bureau du bien-être, c'est un peu toute la même chose. Et ce
que ça met en évidence, ce n'est pas nécessairement la
lourdeur, qui existe à bien des égards, ce n'est pas la lourdeur
des mécanismes que nous nous sommes donné mais la
nécessité de concentrer nos efforts sur la première
ligne.
Il y a par ailleurs au niveau des CSS des mandats spécifiques qui
pourraient difficilement être assumés par d'autres. Je pense
notamment à la protection de la jeunesse. S'il n'est pas impossible
à moyen terme que le placement par exemple des adultes
hébergés puisse se faire par une autre instance, par un
regroupement d'énergies au niveau régional ou
sous-régional - je pense entre autres ici à l'extrême
importance de la direction de l'hébergement il serait difficilement
concevable que toutes les relations entre le soutien social pour la protection
de la jeunesse et la DPJ puissent se faire en dehors d'une structure -les CSS -
qui ait à la fois cette envergure, cette importance, ces ressources sur
le plan humain.
Je pense qu'il faut insister à l'égard des CSS sur un
certain nombre de choses: d'une part, valoriser toutes les actions qui vont
dans le sens de l'intervention en première ligne, y compris
l'acceptation que des postes devraient être transférés au
niveau des CLSC là où la chose est possible parce qu'elle n'est
pas possible partout, comme le réseau n'est pas complété,
et cela prendra un bout de temps encore.
Ce que nous avons fait, je pense avec succès, cette année
grâce à des efforts considérables, je le sais, de la
Direction des programmes sociaux au ministère, c'est nous en prendre
aussi à quelques autres problèmes, le taux d'encadrement des CSS
était nettement plus élevé qu'ailleurs. Nous avons
réussi cette année à obtenir des succès dans tous
les CSS sauf un. Il doit nous soumettre bientôt son nouveau plan
d'organisation où on pense abaisser le taux d'encadrement.
Il faut développer une meilleure relation entre ces structures
qui ont une vocation régionale et certains établissements locaux.
Je pense aux CLSC et aux centres d'accueil, aux centres d'hébergement et
même dans certains cas, aux départements de santé
communautaire. D'autres rôles
reviennent en ce moment aux CSS, ont une grande importance et exigent
une certaine expertise et une vision peut-être un peu plus
régionale, notamment, la supervision des familles d'accueil, la
supervision des conditions dans lesquelles les personnes admises en famille
d'accueil, qu'elles soient adultes ou enfants, vivent.
Je ne pense pas que les CSS soient menacés dans leur survie au
stade où nous parlons. Une loi 27 par année, c'est assez. On sait
que cette structure a été mise sur pied lors de l'adoption du
chapitre 48 du projet de loi no 65 par l'Assemblée nationale en 1971.
Nous avons choisi, malgré certains rapports, y compris des rapports du
côté ministériel d'un groupe de députés,
qu'il ne serait peut-être pas opportun d'abolir les CSS. Il est
très clair que si on les abolissait du jour au lendemain, on ferait des
économies considérables sauf qu'ils rendent tout de même
des services. Je pense qu'il faut viser surtout l'augmentation du service
donné en première ligne et de sa visibilité auprès
du citoyen.
Une chose qui m'a frappé, je voyais récemment un
représentant d'un pays étranger, je ne parle pas du Canada, qui
est venu au Québec et...
Mme Lavoie-Roux: Vous ne feriez pas une telle chose!
M. Johnson (Anjou): ... qui a visité certains
établissements du réseau. Il a visité un centre
hospitalier, un CSS, un CLSC et un centre d'accueil d'hébergement.
Très discrètement et dans une élégance toute
européenne, il me disait: J'ai été frappé par une
préoccupation d'évaluation constante. J'ai compris - et je le lui
ai fait dire - qu'il trouvait qu'on passait beaucoup de temps à
analyser. Je pense qu'on est très bon pour analyser. C'est une chose qui
s'imposait parce que ce réseau, à toutes fins utiles, n'a connu
son véritable élan qu'il y a à peine dix ans.
C'était une chose importante que d'analyser, de voir comment allaient
les choses, d'évaluer. Je pense qu'on a beaucoup fait cela. On va
continuer de le faire un peu, mais il faudrait peut-être accepter aussi
qu'il y a des choix difficiles qu'il faudra faire, une fois qu'on a
analysé. Analyser et évaluer, cela ne vaut pas un choix. La
période qu'on connaît sur le plan budgétaire nous oblige de
faire des choix. À l'égard des CSS, je pense que certains de ces
choix à l'intérieur des CSS sont en train de se faire dans le
sens d'essayer de sortir le plus possible les gens des "bureaux", entre
guillemets. Je ne veux pas décrire de façon caricaturale ce qui
se fait dans les CSS. Je pense qu'au niveau des travailleurs sociaux il se fait
un boulot assez extraordinaire. Je regarde, par exemple, un problème que
je trouve ennuyeux où il y a de la duplication, où il y a des
batailles interprofessionnelles, notamment les travailleurs sociaux dans les
établissements hospitaliers, tout le problème juridictionnel et
toute la quantité de papiers qui se brassent autour de cela.
Peut-être qu'on devrait concentrer un peu plus de part et d'autre nos
activités pour éviter que se fassent trop de ces
activités, finalement, périphériques par rapport aux
besoins des citoyens et qu'on fasse quelques-uns de ces choix. Je compte
beaucoup sur les CSS pour en faire quelques-uns, comme on compte sur les CLSC.
Je pense que c'est en train de rentrer tranquillement dans la machine des CLSC
qui acceptent de vivre en plus grande complémentarité du
réseau, de faire des choix et pas nécessairement de faire de la
création d'emplois en même temps que de la médecine
préventive parce qu'on a toutes les missions de l'État sur le
dos, de faire des choix. Je pense qu'il va falloir que les CSS en fassent
à certains endroits. Dans certains cas, je pense que le ministère
va être obligé d'en faire quelques-uns pour eux.
Mme Lavoie-Roux: C'est difficile de tirer une conclusion, sauf
que cela n'a pas été un trop long exposé, assez long quand
même, sur le fait que... Je pense que vous êtes exactement dans le
même état d'esprit que vous étiez quand je vous ai
posé la question l'an dernier.
M. Johnson (Anjou): Ah oui?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je pense que c'est à peu près
cela.
M. Johnson (Anjou): Vous voyez qu'on est constant.
Mme Lavoie-Roux: Oui, vous êtes constant. Ce que je
comprends, c'est que vous voulez une rationalisation. À ce moment-ci,
vous n'êtes pas prêt à dire: On les abolit. Vous dites qu'il
faudrait qu'ils deviennent plus performants. Ce n'est pas ce que vous avez dit,
mais c'est cela, au fond.
M. Johnson (Anjou): Je dois dire qu'ils font un boulot
remarquable dans certains domaines. Ils ont absorbé cette année
une coupure de 10%. Ce n'était pas facile et ils l'ont fait. Ils l'ont
relativement bien fait, à part cela.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, on a un problème,
n'est-ce pas?
M. Johnson (Anjou): Est-ce qu'on a un problème? Je pensais
que notre collègue des Finances venait se joindre à nous pour un
des programmes. Si je comprends bien, notre collègue des Finances s'en
vient à une commission parlementaire qui n'est pas la sienne. C'est
cela?
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cela dispose du
programme 4?
Mme Lavoie-Roux: Non, cela ne dispose pas du programme 4. Je me
demande si on pourrait faire une suggestion, M. le Président. Je ne
l'aime pas beaucoup, mais quitte à ce qu'on reprenne pendant une heure
ou une heure et demie, parce qu'il reste aussi la réadaptation. Les gens
arrivent à 20 heures pour une autre commission et je discuterais avec
notre leader, à savoir que, même s'il y a trois commissions qui
siègent ailleurs ou, enfin, deux commissions et le Parlement, à
un moment donné, quand on aura une heure et demie, on complétera
cela.
M. Johnson (Anjou): À l'heure du lunch ou quelque chose
comme cela.
Mme Lavoie-Roux: Cela ne me dérange pas.
M. Johnson (Anjou): Moi non plus.
Le Président (M. Rochefort):
Consentement?
M. Johnson (Anjou): Mais je pense... C'est cela, M. le
Président, compte tenu du fait que...
Mme Lavoie-Roux: Parce que je pense que, là, on va tout
précipiter. Il nous reste deux programmes quand même. Il y a toute
la réadaptation.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Une partie des travaux a
été coupée à cause des festivités pour la
communauté juive hier et en plus de cela...
Mme Lavoie-Roux: On a perdu deux heures, en fait.
M. Johnson (Anjou): ... on a manqué également une
demi-heure tout à l'heure à cause de ma présence au
Conseil des ministres. Je n'aurais pas d'objection personnellement si cela
pouvait être une heure ou une heure et demie. La députée de
L'Acadie accepterait-elle qu'on règle cela informellement avec les
leaders le plus rapidement possible et qu'on se trouve les moyens qu'il faut
d'ici demain soir?
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, demain midi, j'ai la condition
féminine et demain soir j'ai le développement social. Si vous
pouvez trouver du temps entre les deux...
M. Johnson (Anjou): 8 h 30 pour le petit déjeuner au
Parlementaire, demain?
Mme Lavoie-Roux: Cela me va.
M. Johnson (Anjou): Moi, je vivrais avec cela.
Mme Lavoie-Roux: À 9 heures demain matin.
M. Johnson (Anjou): 9 heures? Je n'ai pas d'objection, 9 heures
demain.
Mme Lavoie-Roux: Ah non! Il paraît que je ne peux pas
à 9 heures non plus.
M. Johnson (Anjou): Vous ne pouvez pas à 9 heures non
plus?
Le Président (M. Rochefort): Ce que je conclus, c'est
qu'il y a consentement pour qu'on reprenne, pendant une heure ou une heure
trente l'étude de nos crédits et que les leaders s'entendent avec
le ministre et le porte-parole de l'Opposition sur le dossier des Affaires
sociales pour régler cela rapidement.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y a un moyen de trouver un
moment, sauf vendredi. Je ne serai pas ici vendredi. C'est la fête de ma
fille.
Le Président (M. Rochefort): Cela va?
M. Johnson (Anjou): Mon horaire... Juste une seconde, je veux
seulement être sûr que je serai à Québec. Qu'est-ce
que j'ai dans mon horaire?
Une voix: À moins qu'il soit changé.
Vendredi...
M. Johnson (Anjou): Non, non, vendredi...
Mme Lavoie-Roux: Avant le développement social. À
l'heure du souper demain soir, de 18 heures à 20 heures.
Une voix: Pour moi, de 18 heures à 19 h 30.
Le Président (M. Rochefort): Sur ce, la commission des
affaires sociales ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 20 heures)