(Onze
heures vingt-quatre minutes)
La Présidente (Mme Haytayan) : Bonjour
à toutes et à tous. À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission de l'aménagement du territoire
ouverte.
La
commission est réunie aujourd'hui afin de poursuivre l'étude détaillée du
projet de loi n° 31, Loi
modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)
est remplacé par Mme Haytayan (Laval-des-Rapides).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme
Haytayan) : Merci, M. le secrétaire.
Lors de l'ajournement
de nos travaux, hier, la commission avait adopté l'article 32. Nous sommes
toujours dans le sujet 3, Améliorer l'efficacité de l'intervention du
Tribunal administratif du logement et offrir une meilleure accessibilité à la justice. Mme la ministre, je
crois que vous vouliez proposer un nouvel article 0.1.1 par
amendement, selon le plan de suivi. Je vous invite donc à en faire la lecture.
Merci.
Mme Duranceau :
Merci, Mme la Présidente. Donc,
effectivement, c'est l'article 0.1.1, article... qui vise
l'article 1070.2 du Code civil. Alors : Insérer, avant
l'article 1 du projet de loi, le suivant, donc :
0.1.1.
L'article 1070.2 du Code civil du Québec est modifié par l'ajout, à la fin
du deuxième alinéa, de la phrase suivante : «Les normes prévues au
règlement peuvent varier en fonction des caractéristiques d'un immeuble.»
Alors, cet amendement
propose de modifier l'article 1070.2 du Code civil afin de permettre au
gouvernement de prévoir, dans un règlement concernant le carnet d'entretien des
immeubles détenus en copropriété divise, des normes qui pourront varier en
fonction des caractéristiques d'un immeuble. Ces caractéristiques pourraient
être, par exemple, le nombre d'unités de
l'immeuble, ses composantes, son année de construction ou toute autre
caractéristique susceptible de justifier une modulation des règles en matière
de carnet d'entretien. Alors, voilà.
Donc, écoutez, c'est
que, dans sa forme actuelle, la loi ne permet pas, justement, de moduler en
fonction des caractéristiques de l'immeuble.
Puis, quand cet article de loi là a été introduit puis qu'on a exigé des
carnets d'entretien, entre autres pour des petites copropriétés, il y a
eu beaucoup de... beaucoup de gens qui ont manifesté... qui ont manifesté un peu leur désaccord ou leur désarroi
face à ça parce que ça entraîne des coûts qui sont élevés. Puis, quand
on parle d'une copropriété, disons, de
quatre, cinq... cinq unités, bien, clairement, ce n'est pas les mêmes besoins
que quand on parle d'un immeuble de 100 unités, là. Alors, c'est
juste pour nous donner l'habilitation juridique de faire, au niveau du
règlement, une modulation là-dedans.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Merci. Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'amendement? Oui. Mme la députée.
Mme Dufour : Oui. Je m'excuse. C'est parce que je cherchais le
1072 d'origine. 1070. Ah! voilà. C'est parce que mes feuilles étaient
inversées. O.K. Voilà. Alors, hier, on parlait, là, c'est ça, que la forme du
carnet d'entretien était déterminée par règlement du gouvernement, les
modalités. Donc, ça n'aurait pas été possible que le règlement ait des...
prévoit des normes différentes, là. C'est ce que je comprends, là. Même si on
précisait la forme, le contenu, les modalités, tenue et révision du carnet,
c'était... c'était prévu dans le règlement. Mais les normes n'auraient pas pu
être... être prévues dans le règlement. C'est bien ça?
Mme
Duranceau : C'est ce que mes juristes m'indiquent. Puis c'est ce qui
fait qu'on est obligés de modifier la loi. Je ne sais pas s'il y a un ajout
juridique à être fait ici.
M. Bernier (Guillaume) : Guillaume Bernier, avocat
au ministère des Affaires municipales et de l'Habitation.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Oui. Parfait. Consentement?
M. Bernier
(Guillaume) : Disons, ce qu'on vient faire ici, là, c'est, disons,
donner plus de...
La Présidente (Mme
Haytayan) : Juste... Juste un instant. Juste s'assurer qu'on consent.
Donc...
M. Bernier (Guillaume) : Ah! O.K.
Excusez. Le consentement, bien sûr.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Aucun souci. Donc, consentement pour que monsieur puisse
répondre et intervienne? Parfait. Juste vous nommer et votre nom, titre. Merci,
monsieur.
M. Bernier (Guillaume) : Parfait.
Donc, Guillaume Bernier, avocat au ministère des Affaires municipales et de
l'Habitation.
L'intervention
ici, dans le fond, c'est pour donner vraiment une solidité juridique, là, au
règlement à venir, là, qui va prévoir des normes... bon, très
certainement, en tout cas, va prévoir des normes qui vont varier, là, en
fonction des caractéristiques de l'immeuble,
là. Mme la ministre en a nommé quelques-unes tantôt. C'est des modulations qui
sont encore à déterminer. Mais on écarte
ainsi, là, un vieux principe jurisprudentiel dans le domaine réglementaire, là,
à l'effet que, tu sais, c'est... on
ne prévoit pas, règle générale, des règles différentes pour des administrés
placés dans une situation identique. Donc, des immeubles détenus en
copropriété, pourquoi leur imposer des règles variées, si, dans le fond, c'est... c'est des bâtiments, puis aussi
administrés de la même façon, en copropriété divise? Donc, on s'assure
d'écarter, là, toute contestation qui pourrait être amenée par des associations
de copropriétaires, par exemple, là, qui pourraient dire : Bien, cette règle-là, là, qui m'impose de produire un carnet
d'entretien à tous les cinq ans, je la trouve déraisonnable parce que
d'autres copropriétés n'ont... ne sont pas assujetties à la même règle que moi,
la règle qui s'applique à moi est plus contraignante. Donc, c'est... bref,
c'est un principe de droit administratif, là, qu'on... qui s'applique ici, puis
qu'on cherche à écarter, dans le fond.
• (11 h 30) •
Mme
Dufour : Mais est-ce que la forme, le contenu et les
modalités de tenue et révision du carnet d'entretien, eux, dans le
règlement, pourraient aussi varier en fonction des caractéristiques de
l'immeuble... d'un immeuble dans le règlement?
M. Bernier
(Guillaume) : Oui. Bien, en fait, c'est ce que j'ai cherché à
dire, là, dans le fond. C'est que ces règles-là sont des sujets précis,
là, en lien avec le carnet d'entretien : la forme, les personnes qui
peuvent rédiger le carnet, tout ça, les
dates, là, auxquelles il faut réviser le carnet. Tout ça, bien, c'est ces
aspects-là qui pourront éventuellement varier dans le règlement. C'est
les règles, là, qui régissent ces aspects-là qui pourront varier en fonction
des caractéristiques des immeubles.
Mme Dufour : Peut-être juste me
préciser c'est quoi, les normes, si ce n'est pas... Parce que moi, j'ai posé la
question, la forme, le contenu, les
modalités. Vous m'avez dit : C'est ce que j'avais répondu. Mais, avant, je
posais la question sur les normes. Alors, qu'est-ce qui distingue la
forme, le contenu, les modalités des normes? C'est quoi, les normes? Ça inclut
quoi?
M. Bernier
(Guillaume) : Bien, en fait, c'est... Je dirais que c'est pas
mal la même chose, dans le fond. Il y a la norme qui vient encadrer ces aspects-là, dans le fond. Donc, quand on
parle de forme d'un carnet, par exemple, on pourrait dire, bien, tu
sais, papier numérique, là, bon, bien, c'est peut-être les personnes, par
exemple, qui peuvent l'établir, les ingénieurs, les techniciens en bâtiment.
Ça, c'est des normes qui vont être prévues dans le règlement, qui concernent
ces aspects-là relativement au carnet d'entretien.
Mme Dufour : Je lisais que le carnet
d'entretien, il me semble que c'est ça, qu'il devait établir... là, je le
cherche, là, dans quel article, là, mais que ça devait établir les travaux dans
les parties privatives. Je le cherche, là. Est-ce que ça vous dit quelque
chose? O.K. Attendez, je le sais, je l'ai ailleurs.
La
Présidente (Mme Haytayan) : Mme la députée, est-ce que vous voulez qu'on
suspende quelques instants?
Mme Dufour : ...le temps que je
retrouve c'est quel article, là. Je ne la connais pas par coeur, cette
section-là du Code civil.
La Présidente (Mme Haytayan) : Oui.
Parfait. Consentement? Parfait. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 32)
(Reprise à 11 h 35)
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci.
On va reprendre.
Mme Dufour : O.K., merci, Mme la
Présidente, de la petite pause. C'est une loi complexe. La section sur le Code
civil, sur les copropriétés divises... Donc, j'essayais de repérer mes
questions.
Dans le fond,
à l'article 1073, on parle, O.K., d'intérêts assurables, là. Ce n'est pas
nécessairement les carnets d'entretien,
mais, par contre, on demande, dans le fond, de déterminer, là... On dit que,
dans le fond, avant les changements,
là, récents, là, le syndicat avait déjà l'obligation de souscrire des
assurances de biens pour tout l'immeuble, tant les parties communes que
privatives, à l'exception des améliorations apportées aux parties privatives
par les copropriétaires, c'est-à-dire travaux ou ajouts d'éléments donnant une
plus-value à l'unité privative.
Là, on disait que, plus
récemment, là, les nouveaux changements sont venus ajouter une lourde
obligation pour le syndicat de tenir un descriptif des parties privatives
suffisamment précis pour qu'une tierce personne, tel qu'un promettant acheteur
d'une partie privative, soit en mesure de déterminer les améliorations qu'il
doit assumer. Là, ce que je me demandais,
si... le carnet d'entretien, est-ce qu'il a un lien avec les travaux
assurables, entre guillemets, là, ou, tu sais, est-ce qu'il va falloir
que le carnet d'entretien établisse les travaux qui ont été faits sur la partie
privative aussi, mais qui relèvent d'un immeuble?
Et là je vais vous donner un cas de figure
précis, là, parce que c'est un peu complexe, là, mais il y a des cas de figure
un peu particuliers. Tu sais, on pense souvent... Quand on pense aux divises,
on pense souvent, tu sais, à des condos,
tout ça, mais il y a aussi des cas où c'est comme des maisons de ville. Et donc
le toit, par exemple, c'est... l'immeuble, c'est commun, mais ce n'est
pas vraiment commun parce que chacun est vraiment responsable de 100 % de
sa portion, incluant le toit, incluant les fenêtres, etc., même les fondations.
C'est assez particulier. Moi, j'ai été sensibilisée à des cas comme ça. Il y en
a beaucoup à Laval, en fait, qui ont été faits, puis c'est des regroupements,
par exemple, de quatre unités, puis là c'était comme des parties communes qui
sont partagées, mais...
Ça fait que, là, le carnet d'entretien... Tu
sais, dans les faits, aujourd'hui, au niveau des assurances, là, les
obligations au niveau des assurances, l'assurance du syndicat doit couvrir la
totalité de l'immeuble, alors que, dans le fond,
chacun est responsable de son unité, qui représente le quart, mettons, du
bâtiment, mais, au niveau de l'entretien, chacun, tu sais, des propriétaires, copropriétaires, sont responsables
de leur partie du toit, leur partie des fondations, etc. Ça fait que je me demandais, au niveau du carnet
d'entretien, comment... c'est quoi qui va être... qui va apparaître,
entre guillemets, comme la charge pour le syndicat, alors qu'il y a des parties
privatives, mais qui sont la responsabilité, au niveau des assurances, de l'ensemble du syndicat. Je ne sais pas si
c'est clair, ma question, là. C'est un peu particulier.
La Présidente (Mme Haytayan) : Est-ce
qu'il y a consentement pour que M. Savoie prenne la parole? Consentement.
Mme Dufour : Puis... toute gouverne,
j'avais un peu donné mes interrogations à M. Savoie hier pour que... parce
que je savais que c'était technique, là. Ça fait que l'idée, c'était qu'on
gagne du temps.
La Présidente (Mme Haytayan) : Donc,
consentement?
Mme Dufour : Oui, moi, je consens.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci.
Veuillez vous présenter, s'il vous plaît, M. Savoie, prénom, nom, titre.
Merci beaucoup.
M. Savoie
(Jocelyn) : Jocelyn Savoie, sous-ministre adjoint aux
politiques au ministère des Affaires municipales et de l'Habitation.
Dans le fond, il faut distinguer les deux
choses. Il y a le régime pour l'assurance puis celui pour le carnet d'entretien et le fonds de prévoyance. Le
règlement dont on parle aujourd'hui puis les modifications qui sont
proposées visent à permettre de moduler ce
règlement-là pour permettre que les évaluations de fonds de prévoyance, et donc
le carnet d'entretien qui va en découler, puissent être faites en
fonction, là, de la typologie, là, des syndicats de copropriété.
Maintenant, pour ce qui est du fonds
d'autoassurance, puis le règlement dont on parle n'a pas d'incidence et n'a pas de lien avec le fonds d'autoassurance, le
régime d'autoassurance, il est... dans le fond, la distinction, c'est
que, oui, un syndicat de copropriété doit assurer non seulement les parties
communes, mais aussi la portion privative, là, qui est considérée comme faisant
partie, là, de ce que je pourrais appeler, en langage commun, là, la base du
condo, là, tel qu'il aurait été livré.
Puis, quand
il y a un dégât, tu sais, un dégât d'eau, là, le meilleur exemple, bien,
habituellement, les planchers vont être pris en compte dans cette
évaluation-là, puis le syndicat de copropriété va ramasser l'entièreté de la
facture puis, après ça, il va aller se faire rembourser en poursuivant ceux qui
sont responsables du dossier, mais il n'y a pas de lien entre ça puis le fonds
de prévoyance. Le syndicat de copropriété n'a pas besoin de prévoir, dans son
étude et ni dans son carnet d'entretien, le fait de remplacer ces planchers-là.
Tout cet élément-là va être couvert par le biais du fonds d'autoassurance puis
de sa couverture d'assurance qu'il est obligé d'avoir pour le bâtiment.
• (11 h 40) •
Mme Dufour : O.K., mais, juste pour
comprendre, là, le carnet d'entretien, bien, admettons que c'est le toit qui
coule parce qu'il y a eu une usure prématurée ou peu importe, ça, ce ne serait
pas dans le carnet d'entretien parce que le copropriétaire est responsable du
quart du toit dans le cas que je donnais, le cas de figure.
M. Savoie (Jocelyn) : La façon dont
un syndicat de copropriété... Dans le fond, la responsabilité du syndicat de
copropriété est de gérer les parties communes. La déclaration de copropriété
vient établir c'est qui, les parties communes, les parties privées puis les
parties qu'on appelle communes à usage privatif. C'est une nuance, là, dans les frais du... Puis là il faudrait voir c'est
quoi, la déclaration en question, là, mais, s'ils sont considérés comme des
parties communes, bien, ils vont être dans
le fonds de prévoyance. Si c'est des parties privatives entièrement, ils vont
être dans... ils ne seront pas dans le fonds de prévoyance. Puis, si
c'est des parties communes à usage privatif, par exemple les balcons, là, c'est ça qu'on appelle une partie
commune à usage privatif, eux vont être dans le fonds de prévoyance puis
dans le carnet parce que, normalement, ils font partie de la structure puis
éventuellement... mais là c'est vraiment une question de comment a été modulée la déclaration
de copropriété du cas que vous soulevez. S'ils ont été considérés comme des parties privatives entièrement, le syndicat de
propriété n'aura donc pas à les inclure dans son fonds de prévoyance.
Mme Dufour : Ça
fait qu'il pourrait y avoir des cas que le carnet d'entretien, ça se limite au
stationnement puis aux allées, là, tu sais, pas au gazon. C'est ce que je
comprends?
M. Savoie
(Jocelyn) : En fonction de ce qui serait prévu dans la déclaration de
copropriété.
Mme Dufour : Donc,
l'immeuble ne serait pas du tout couvert dans les carnets d'entretien parce que
les immeubles, dans ce cas-ci, c'est : chacun des propriétaires sont
responsables à 100 % de leur portion de l'immeuble. Donc, le syndicat n'a
aucun...
M. Savoie (Jocelyn) : Le syndicat gère les
parties communes en fonction de ce que la déclaration de copropriété
stipule. Il ne peut pas aller plus loin que ça. C'est sa limite de sa
responsabilité dans le partage des...
Mme Dufour : O.K.
Ça me confirme que les règles concernant l'assurance ont à être modifiées parce
que, si, au niveau de leur carnet
d'entretien, on le voit de cette façon-là, bien, les règles de l'assurance vont
devoir être modifiées par rapport à ce que je mentionnais hier. Bien, je
comprends que ce n'est pas l'objet de l'article, mais ça confirme qu'il va
falloir revoir ça, Mme la ministre, au niveau des assurances parce qu'il y a un
enjeu majeur de ce côté-là. Donc, merci des éclaircissements. Puis ça, c'est
supposé de rentrer en vigueur quand, le carnet d'entretien?
Mme
Duranceau : Après l'adoption du règlement. Il va falloir que le
règlement soit rédigé, déposé.
Mme Dufour : O.K.
Je pensais qu'il y avait comme un... Je pensais que ça venait en vigueur dans
trois... deux ans ou quelque chose... O.K. Ça fait que c'est déjà...
Une voix :
...
Mme Dufour :
C'est trois ans, c'est ça?
Mme Duranceau :
Les carnets d'entretien, c'est
trois ans après l'adoption du règlement. C'est ça qu'on a dit hier.
Mme Dufour : O.K.,
c'est ça que j'avais en tête. O.K., excellent, trois ans après l'adoption du
règlement et non pas de la loi à l'époque, là.
Mme
Duranceau : Donc, non, c'est ça.
Mme Dufour :
O.K., excellent.
Mme
Duranceau : Ça fait que, là, il va falloir rédiger...
Mme Dufour : Ça fait qu'entre-temps on pourrait travailler sur
les assurances. On aura le temps. Ça complète mes questions pour cet
article-là.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
député.
M.
Fontecilla : Oui, merci, Mme la Présidente. Moi, je voudrais m'assurer
de l'absence d'un caractère superfétatoire dans cet article-là. Je m'explique.
Une loi, de façon générale... Un règlement a une portée générale, mais, la réalité étant générale et spécifique en
même temps, une loi et un règlement doivent prévoir, comment dire, des
exceptions ou des catégories, je ne sais pas, dans ce cas-ci, des bâtiments de
cinq condominiums et plus ou moins, 100 et
plus, etc., des catégories, a, b, c. Et vous nous avez dit tantôt que, de façon
générale, et c'est ça que je voudrais bien comprendre, un règlement a une portée générale qui l'empêche de
s'adresser à des... d'adresser des cas plus particuliers, comme le
caractère d'un bâtiment, qui peut être unique, là, et que ça... et que cette absence,
comment dire, de définition du caractère unique, là, pourrait occasionner des
poursuites en disant : Bien, ce règlement, ça ne s'applique pas à moi. Mais vous avez dit : De façon
générale, le règlement prévoit des caractéristiques propres à chaque
bâtiment, mais on peut regrouper ces caractéristiques par catégories. Est-ce
qu'un règlement peut que... un règlement découlant d'une loi peut définir des
catégories, par exemple? Est-ce que vous comprenez ma... le sens de ma
question?
M. Bernier (Guillaume) :
Bien, c'est sûr que, ce matin, ce dont je peux parler davantage, c'est ce
qu'on a sous les yeux, à savoir une modification législative à
l'article 1070.2 du Code civil pour permettre la modulation des règles en
fonction des caractéristiques des immeubles qui vont être visés par ce
règlement-là.
M.
Fontecilla : ...de facto dans le règlement? C'est ça que je... Un
règlement ne doit pas déterminer les...
M.
Bernier (Guillaume) : Bien, sans entrer dans les détails juridiques,
là, qui ont fait l'objet de discussions au
sein du gouvernement, bon, doit-on aller de l'avant avec cette modification
législative là, il y a eu une analyse qui a été faite, et les conclusions, on s'est dit... Pour être plus sûr par
rapport aux règles qui s'en viennent dans le règlement, là, qui vont encadrer notamment le carnet d'entretien,
il y a eu une décision d'ajouter cette précision-là, dans l'habilitation
réglementaire, de prévoir clairement que les
règles vont pouvoir varier en fonction des caractéristiques de l'immeuble.
Donc, c'est ce qu'on vient faire ici, c'est
pour, disons, éviter d'éventuelles contestations sur le motif que, là, les
règles...
Par exemple, un
syndicat de copropriété qui dirait : Bien, moi, je trouve que, là, ce
n'est pas juste ou ce n'est pas... c'est
déraisonnable parce qu'on m'impose de faire un carnet d'entretien aux cinq ans,
alors que, pour l'immeuble voisin, eux, bon, peut-être parce que c'est
un immeuble plus récent, par exemple, eux, ils doivent le faire aux
10 ans, ça leur coûte moins cher, donc,
dans une situation comme ça, bien, le règlement, qui va prévoir des règles
différentes, bien, va être plus facile à
défendre éventuellement, en cas de contestation. Donc, c'est ça, l'idée, là,
c'est d'assurer plus de solidité juridique aux normes qui vont varier,
et peut-être qu'effectivement ça va déplaire à certains copropriétaires, mais, bon, ça, c'est autre chose, là, mais c'est
ce qu'on vient faire ici, là. Donc, il y a eu une analyse de faite, puis on
a considéré, au plan juridique, là, c'est très technique, c'est très juridique,
tout ça, que cet ajout-là était requis.
M. Fontecilla :
En d'autres mots, c'est une
mesure préventive, là, vous l'avez dit, pour prévenir d'éventuelles
contestations, qui fait en sorte de rendre très explicite dans le Code civil,
là, quelque chose qui, pour eux... qui est déjà implicite, et c'est de le
rendre encore plus clair. Est-ce que je pourrais voir les choses comme ça?
M. Bernier (Guillaume) : C'est une façon très
juste de voir les choses, effectivement, là. Bon, certains pourraient
dire que le législateur ne doit pas parler pour ne rien dire. Donc, nous, on
s'est dit que, quand même, il y avait besoin de précision ici, là. La phrase
qu'on ajoute, on a considéré... le gouvernement a considéré que c'était
pertinent de l'ajouter. Ça venait donner plus de sécurité juridique, là, aux
interventions réglementaires qu'on propose de faire, là, dans les prochains
mois.
M.
Fontecilla : Et, pour suivre le cas de figure que vous avez nommé, les
normes prévues au règlement, par exemple, peuvent concerner aussi ce que avez
vous dit, la date de construction?
M. Bernier (Guillaume) : Ça pourrait être un
aspect qui est retenu, là, comme caractéristique de l'immeuble. On peut... Il y en a peut-être d'autres, le nombre
d'étages, les composantes particulières, le nombre d'unités. Je ne suis
pas un expert en bâtiment, là. Je ne saurais dire exactement c'est quoi, les
caractéristiques qui sont réellement pertinentes et qui pourraient justifier,
de façon raisonnable, des variations dans les différentes normes qu'on va
prévoir, notamment sur le carnet d'entretien, mais ça pourrait être ça,
effectivement, là.
M.
Fontecilla : Très bien. Merci.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix. Est-ce l'amendement introduisant le nouvel
article 0.1.1 est adopté? Parfait. Donc, le nouvel
article 0.1.1 est adopté. Mme la ministre, nous en serions à un nouvel
article introduit, 0.2.1. Je vous invite donc à en faire la lecture. Merci.
• (11 h 50) •
Mme Duranceau :
Parfait. Alors, on va rentrer un
petit peu dans le même film qu'hier, là, de modifier quelque chose qui
existe dans une autre loi. Alors, 0.2.1. L'article 1071 de ce code,
modifié par l'article 39 du chapitre 28 des lois de 2019, est de
nouveau modifié dans le deuxième alinéa :
1° par la suppression
de «Tous les cinq ans,»;
2° par l'insertion, à
la fin, de «et détermine à quelle fréquence une nouvelle étude doit être
obtenue par le conseil d'administration. Ces normes peuvent varier en fonction
des caractéristiques d'un immeuble.»
Alors,
commentaire. Cet amendement propose de modifier l'article 1071 du Code
civil concernant la fréquence de l'obtention de l'étude du fonds de
prévoyance des immeubles détenus en copropriété divise. Il est proposé de
retirer l'exigence d'obtenir une telle étude à tous les cinq ans et de plutôt
déterminer la fréquence de l'obtention de l'étude dans un règlement du
gouvernement. L'amendement vise aussi à permettre que les normes prévues dans
ce règlement puissent varier en fonction des caractéristiques d'un immeuble.
Ces caractéristiques pourraient être, par exemple,
le nombre d'unités de l'immeuble, ses composantes, son année de construction ou
toute autre caractéristique susceptible de justifier une modulation des
règles en matière d'étude du fonds de prévoyance.
Alors, l'objectif
poursuivi : alléger la tâche des plus petites copropriétés, assouplir la
manière dont l'État peut faire varier les exigences applicables aux
copropriétés, réduire les coûts associés à la révision de l'étude du fonds de
prévoyance réalisée par des membres des ordres professionnels, atténuer la
pression sur les firmes et professionnels qui établissent et révisent les
études du fonds de prévoyance. Donc, le gouvernement adopterait un règlement
visant à moduler la fréquence de révision de
l'étude du fonds de prévoyance selon les caractéristiques de l'immeuble,
comme on l'a discuté à l'amendement précédent. Voilà, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Merci, Mme la ministre. Y a-t-il des interventions sur
l'amendement? Mme la députée.
Mme Dufour : Merci.
Alors, je vais revenir sur... Là, on parle du fonds de prévoyance. Je vais
revenir sur le cas de figure que je parlais tout à l'heure parce que je trouve
que ça l'illustre bien, là. Là, on a parlé des assurances. Là, on parle d'un
fonds de prévoyance. Là, l'enjeu des assurances, c'est que, dans le cas de
figure que je vous parlais, là, maintenant,
l'assurance est obligatoire sur l'ensemble de l'immeuble. S'il y a un dégât
d'eau, par exemple, non volontaire,
là, qui n'est pas la cause d'un copropriétaire, bien, c'est l'ensemble du
syndicat qui en est responsable, alors que, normalement, avant les
changements à la loi qui ont été faits il y a quelques années, normalement,
bien, chacun des copropriétaires était responsable à 100 % de sa partie,
et donc son assurance, tu sais, personnelle de sa maison aurait normalement
assumé ces coûts-là, et donc il n'y aurait pas eu une hausse, par exemple, du
coût, là, de franchise ou quoi que ce soit.
Là, maintenant qu'on dit ça, le fonds de
prévoyance, c'est quoi que ça va... que ça doit prévoir dans un cas comme ça?
Est-ce que le fonds de prévoyance doit prévoir des dégâts d'eau pour
l'immeuble, par exemple, tu sais, ou, je ne
sais pas, voir à... tu sais, on parlait d'entretien, mais voir à s'assurer que
tous les drains, je ne sais pas, français soient... alors que,
normalement, chacun devrait être responsable de ça? Comment ça se sépare entre,
tu sais, les copropriétaires puis ce qui relève du syndicat dans un cas comme
ça? Je sais que c'est très technique, là, mais...
Mme Duranceau : Je vais offrir un
commentaire. Là, moi, honnêtement, c'était pour nous donner la latitude d'écrire le règlement comme il faut, là, ces
modifications-là. Ça fait que, je pense, c'est des excellents points que
vous soulevez. Personnellement, je ne suis
pas allée là dans mon détail de la compréhension de tout ce qui va venir au
niveau du règlement. Je vais y venir, mais quand je vais m'occuper du
règlement. Donc, pour répondre à ça de manière plus technique, je vais laisser
M. Savoie préciser.
M. Savoie (Jocelyn) : Dans le fond,
typiquement, là, une étude de fonds de prévoyance... Le syndicat de copropriété
va faire affaire avec une firme qui va venir faire une évaluation du bâtiment,
de toutes ses pièces et de la durée de vie
utile des différentes composantes. Donc, ça va... Il va y avoir tous les
éléments de structure d'un bâtiment : colonnes, soutènement, stationnement, les recouvrements du sol, le toit,
les fenêtres, ascenseurs, pièces de ventilation, machinerie, équipement
électrique, etc. Puis c'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles on
propose, là, de faire la modulation par règlement plutôt que le prévoir par
défaut à tous les cinq ans, parce que plus l'immeuble est complexe, plus c'est
coûteux, mais il y a quand même un niveau minimal, quelle que soit la taille
d'une copropriété, qui doit être déboursé. Donc, ça crée des frais qui peuvent
être assez élevés pour les plus petites copropriétés, mais l'idée, c'est que l'étude va impliquer des
ingénieurs qui vont, entre autres, regarder, là, certaines composantes du
bâtiment. La firme va produire une évaluation actuarielle de ce qui devrait
être mis de côté sur tout l'horizon de durée de vie des différentes composantes
pour les remplacer. Ça fait que ça remplace tout ce qui est dans les éléments
communs de la copropriété.
Mme Dufour : Bien, c'est ça, mais
là, ici, il n'y a pas d'élément commun, outre un stationnement puis du gazon. Tu sais, c'est ce que je parlais tout à
l'heure. Là, vous m'avez donné beaucoup d'exemples, mais, tu sais,
compte tenu que l'assurance, elle...
L'obligation sur le syndicat est de couvrir tout dégât ou à peu près qui est à
l'immeuble. Même si chacun des copropriétaires sont responsables à
100 % de leur portion de l'immeuble, il n'y a pas... officiellement, il
n'y a pas de partie commune à l'immeuble, ça fait que... Est-ce que, dans un
cas comme ça, le... Puis là je dis «immeuble», là, je parle du bâtiment, là,
parce qu'évidemment le terrain, ça, il y a des parties communes, mais, dans un cas comme ça, est-ce que le fonds de prévoyance
ne devrait, dans le fond, inclure que le stationnement puis le gazon?
M. Savoie (Jocelyn) : En fait, dans
le cas que vous soulevez, il faudrait voir qu'est-ce que leur couverture
d'assurance couvre aussi également, là, parce que la copropriété ne sera
peut-être pas responsable des toits qui vont... Le cas est très particulier,
là, mais, dans un cas standard...
Mme Dufour : Là, vous me parlez
d'assurance, mais...
M. Savoie (Jocelyn) : Mais c'est
parce que vous faites le lien avec le fonds d'autoassurance puis le fonds de
prévoyance, là, mais, dans votre fonds de prévoyance, on va revenir à ce qu'on
disait tantôt, en fonction de ce qui est dans la déclaration, c'est certain
que, par défaut, normalement, tous les éléments de structure sont dedans. Mais
le cas que vous avez soulevé a l'air d'être très particulier. Ça fait qu'ils
ont peut-être écrit quelque chose de différent, mais, normalement, il est pris pour acquis que les éléments de structure
sont dans le fonds de prévoyance, mais c'est ça.
Mme Dufour : Je peux vous dire que
c'est clair, clair, clair dans le... Tu sais, dans le fond...
M. Savoie (Jocelyn) : Bien, dans ce
cas-là, ils vont utiliser les aires communes.
Mme
Dufour : Ils ont utilisé les copropriétés divises, mais,
dans le fond, chacun est propriétaire de sa maison, mais la copropriété, c'est surtout pour les
éléments communs, qui sont le stationnement, le gazon. Bien, ça, vous
dites que c'est très particulier, mais il y a beaucoup, beaucoup, de... C'est
un grand développement qui s'est fait comme ça. C'est un modèle qui a été très commun à Laval. Il y a beaucoup de
regroupements comme ça qui ont été faits. Et donc ce n'est pas si
anodin. Mais là vous me parlez d'assurance. Moi, tu sais, je vous le disais, à
mon avis... hier, je vous le disais, je pense qu'il y a un lien entre les deux.
Vous disiez non, mais là vous le faites, le lien, ça fait que...
Mme
Duranceau : ...à quoi, là?
Mme Dufour : Par
rapport au fonds de prévoyance, qu'est-ce que le fonds de prévoyance, la
distinction, puis j'espère que le règlement va venir faire la distinction d'un
cas comme ça.
Mme
Duranceau : On peut-tu comme prendre ça puis s'en occuper quand on va
faire le règlement...
Mme Dufour : Oui,
tout à fait, tout à fait.
Mme
Duranceau : ...ou il faut faire un changement à ce qui est proposé là?
Mme Dufour : Non, non. On est en train de parler de... Les
normes peuvent varier en fonction des caractéristiques d'un immeuble,
mais j'espère qu'on va prendre en considération...
Mme
Duranceau : Oui, oui, c'est bien noté.
Mme Dufour : ...ce genre de caractéristique là où il n'y a rien
de commun dans les bâtiments, là, mais les autres articles qui touchent
au fonds d'autoassurance, eux autres ne disent pas ça, eux autres ne font pas
de distinction entre les caractéristiques, eux autres considèrent que c'est
comme si c'était, tu sais, des condos un par-dessus l'autre.
Mme
Duranceau : Je comprends.
Mme Dufour : Ça
fait qu'il y a comme deux éléments contradictoires dans le Code civil actuel.
Il y a une incongruité qui cause... Tu sais, vraiment, ça lèse des gens
actuellement, là, puis ça fait en sorte que leurs coûts d'assurance augmentent
de façon exponentielle pour aucune raison, juste à cause de la façon que la loi
est écrite. Donc, je vous invite à revoir ça rapidement, parce que ça... Les
coûts d'assurance, vous le savez, ils ont monté pour tout le monde, mais là,
pour eux, c'est encore pire, puis, tu sais, les franchises... parce qu'avant
c'était chacun avec sa franchise pour sa partie de bâtiment, là, maintenant,
c'est la franchise du syndicat pour l'ensemble des unités. Ça fait que ça coûte
beaucoup plus cher. Puis évidemment les frais de condos aussi, là, suivent avec.
Mme
Duranceau : C'est bien noté.
Mme Dufour : Ça fait que, tu sais, dans le règlement, j'espère
qu'au moins... qu'au niveau du fonds de prévoyance on va venir
considérer ce genre de cas là qui est vraiment distinct de ce qu'on pense quand
on pense à des copropriétés divises.
Mme
Duranceau : Oui, très bon point. On a noté ça. Merci.
Mme Dufour : Merci.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui, M. le
député.
• (12 heures) •
M. Fontecilla :
Donc, j'aimerais savoir, celui
qui détermine à quelle fréquence... ou celui qui détermine à quelle
fréquence une nouvelle étude doit être obtenue par le conseil d'administration,
c'est le règlement qui détermine la fréquence, ce n'est plus automatiquement...
Mme
Duranceau : Non, c'est le conseil.
M.
Fontecilla : C'est ça, là, je le lisais...
Mme
Duranceau : C'est le règlement qui va déterminer à quelle fréquence le
conseil...
M.
Fontecilla : Voilà, O.K., parfait. Comment... On disait tantôt, là,
qu'il y a toutes sortes de bâtiments. Chaque bâtiment est unique, là, puis il y
en a qui sont beaucoup plus complexes que d'autres. Comment... J'ai de la difficulté à voir comment un règlement pourra
déterminer, pour tous les bâtiments, sans faire de catégorie... Je
m'avance un peu sur le règlement, mais c'est important de comprendre comment le
règlement va déterminer... va faire une évaluation juste du temps, de la
période dans laquelle le conseil d'administration doit produire une étude du
fonds de prévoyance. Est-ce que ça va être pour chaque bâtiment, une... Je pose
la question. Comment ça va se passer?
Mme
Duranceau : Bien, quand on va faire le règlement, là... D'une part, il
y a des commentaires qui ont été formulés. On va les prendre en compte. L'idée,
c'est de distinguer les immeubles avec beaucoup d'unités versus ceux avec un plus faible nombre d'unités, O.K.?
Là, après ça, s'il y a lieu d'aller plus en détail, là, comme ce qui
vient d'être soulevé par notre collègue des Mille-Îles, O.K., peut-être qu'on
verra une catégorie pour ça. Il n'est pas fait, le règlement, là. Ça fait qu'honnêtement tout est ouvert, puis, si vous
avez des bonnes idées à nous suggérer, on va les prendre en compte. L'idée, encore une fois, c'est ça, mon
état d'esprit, c'est de nous donner la flexibilité de faire les bonnes
affaires.
Donc, on va écouter tout le monde sur
ça, prendre en compte les commentaires qui ont été formulés. Idéalement,
on n'a pas 122 catégories, là, parce
que, là, on ne va pas bien servir personne, mais on va regrouper les besoins
pertinents, là, par types de catégories, de taille d'immeubles, comme on
indique, là, peut-être selon les années de construction, selon le type de
structure. Ça fait qu'à voir, là... On va faire ça... On va essayer de faire ça
de manière intelligente, là.
M.
Fontecilla : C'est justement ça, Mme la ministre, ma crainte, c'est
une multiplication des catégories qui peut
entraîner non seulement une bureaucratie supplémentaire, à chaque année, il y a
des nouveaux bâtiments qui s'ajoutent, donc il faut les mettre quelque
part, il faut envoyer quelqu'un, un inspecteur ou, que sais-je, pour déterminer
dans quelle catégorie. C'est une multiplication. Et ça peut aussi occasionner
d'éventuelles poursuites. Mais je n'appartiens pas à cette catégorie-là parce
que mon édifice est d'une autre... d'une autre... a d'autres caractéristiques
qui font en sorte qu'il appartient à une autre caractéristique, et ça entraîne
des coûts. C'est-à-dire une étude, à partir d'un bâtiment à caractéristiques
telles, peut coûter plus cher qu'un autre bâtiment avec d'autres
caractéristiques. Donc, ma crainte, c'est la
multiplication des... Là, vous vous donnez le pouvoir de multiplier les
catégories, là. Et jusqu'où, jusqu'où? Donc, ça peut concourir à... bien,
comment dire, à être moins efficaces.
Mme
Duranceau : M. le député... M. le député de Laurier-Dorion, sur ce
point, on s'entend très bien. Je veux vous
rassurer, le but, c'est de ne pas multiplier les catégories. C'est de répondre
aux besoins, mais ne pas multiplier les catégories, garder ça simple.
C'est... On vient faire ces modifications-là parce que c'était trop lourd, pour
bien des gens, de devoir s'astreindre à produire un rapport à tous les cinq
ans. Puis ce n'était pas adapté pour une grande proportion de la population,
alors on vient rendre ça plus souple. Puis, l'idée, ce n'est pas de multiplier
les catégories. La dernière affaire dont on a besoin, c'est des inspecteurs
pour vérifier tout ça, là. Donc, on va garder ça simple. Puis vous aurez
l'occasion de vous prononcer quand on va déposer le règlement, même.
M.
Fontecilla : ...dès que le règlement va être déposé?
Mme
Duranceau : Bien là, on va commencer par adopter les articles de loi
qui nous permettent de faire le bon règlement. Puis, ensuite de ça, on va le
déposer sans doute dans les prochains mois, là, j'imagine.
Bien, merci de votre
commentaire. J'ai la même préoccupation. Bon point.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Merci. Est-ce qu'il y avait d'autres interventions? S'il
n'y a pas d'autre intervention, on va donc procéder à la mise aux voix. Est-ce
que l'amendement introduisant le nouvel article 0.2.1 est adopté? Adopté.
Merci. Donc, le nouvel article 0.2.1 est adopté.
À ce stade-ci, je
comprends qu'il est souhaité par les membres de suspendre la séance avant
d'entreprendre le prochain thème. Je suspends donc la séance quelques minutes.
Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
12 h 05)
(Reprise à 12 h 35)
La
Présidente (Mme Haytayan) :
Nous reprenons les travaux. Durant la suspension, je comprends qu'il y a
eu consentement pour modifier l'ordre
d'étude des articles selon une nouvelle séquence. Consentement? Excellent.
Merci.
Nous entamons donc le
thème 4, Préserver et accroître l'offre de logements, faciliter la
réalisation de projets d'habitation et assurer une meilleure gestion des
logements sociaux abordables et communautaires. Mme la ministre, je vous
invite donc à faire la lecture de l'article 19, s'il vous plaît. Merci.
Mme
Duranceau : Alors : L'article 62 de cette loi est modifié
par l'ajout, à la fin, de la phrase suivante : «Le produit d'une telle
aliénation peut toutefois, avec l'autorisation de la Société, être employé pour
la rénovation ou la reconstruction d'un immeuble d'habitation à loyer modique
appartenant à cette municipalité ou à cet office ou dans le cadre d'un projet
visant la réalisation de logements abordables.»
Alors,
l'article 19 du projet de loi modifierait l'article 62 de la Loi sur
la Société d'habitation du Québec afin de permettre à une municipalité ou à un
office d'habitation d'employer le produit de l'aliénation d'une habitation à
loyer modique afin de rénover ou de reconstruire un autre immeuble d'habitation
à loyer modique lui appartenant ou afin de réaliser un nouveau projet
d'habitation abordable, par exemple dans le cadre du programme AccèsLogis ou du
Programme d'habitation abordable Québec.
Donc, encore une
fois, c'est une recherche de souplesse, là, dans l'utilisation des sommes pour
construire plus rapidement puis augmenter l'offre de logements sociaux
communautaires ou abordables.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Merci, merci, Mme la ministre. Y a-t-il des interventions
sur cet article?
Mme Dufour : ...Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Mme la députée.
Mme
Dufour : Oui. Bien, en fait,
une des inquiétudes que j'avais soulevée assez tôt dans... lorsqu'on a lu le
projet de loi, puis que des organismes aussi
sont... sont venus confirmer cette inquiétude-là, partageaient la même
inquiétude, notamment la Fédération des locataires d'habitations à loyer
modique du Québec, c'est le fait qu'ici on propose d'aliéner des logements, dans le fond, dits sociaux, là, donc des
logements à loyer modique, pour que ça puisse servir à du logement abordable. Mais on en a parlé
abondamment, que logement abordable n'équivaut pas à un logement social. Et il
y a dans... il y a beaucoup de
variété... disons, de variabilité dans la définition de ce qu'on considère du
logement abordable.
Alors, considérant l'importance du logement
social pour ceux qui y habitent, de voir ici qu'il y aurait la possibilité qu'on aliène des HLM et pour en faire
autre chose, là... Tu sais, il y a, par exemple, des HLM qui sont
vétustes... seront... devront être démolis. Il y en a dans diverses régions du
Québec, mais il y en a même dans votre comté, Mme la Présidente. Donc, à ce
moment-là, ce qu'on pourrait voir, c'est, dans le fond, que l'office pourrait
décider de les... que ce soit transformé en logement abordable. Et là, il y
aurait une perte, tu sais, une perte, dans le fond, de logements sociaux pour
les gens qui, vous l'avez certainement vu dans... lorsque vous avez, j'imagine,
visité les logements Place St-Martin, ce n'est pas des gens qui ont les moyens
de vivre dans des logements abordables. Ce sont des gens qui ont besoin de vivre dans les logements sociaux. Alors, il y
a une inquiétude ici. Et d'ailleurs, à cet effet-là, moi, j'ai proposé,
j'ai déposé un amendement.
La Présidente (Mme Haytayan) : Oui,
Mme la députée, votre amendement a été reçu. Je vous invite à en faire la
lecture s'il vous plaît.
• (12 h 40) •
Mme Dufour : Oui. Parfait. Donc,
article 19, article 62 de... Est-ce que vous voulez que j'attende
qu'il soit à l'écran, par contre, pour tout
le monde, peut-être? D'habitude, on attend. Je vais juste attendre qu'il soit à
l'écran. Merci.
Alors, article 19, article 62 de la Loi sur
la Société d'habitation du Québec : L'article 62 de cette loi est
modifié par le remplacement des mots «ou dans le cadre d'un projet visant la
réalisation de logements abordables» par les mots «ou pour la construction ou
l'acquisition d'un immeuble dont la totalité des logements est destinée à du
logement social.»
Je ne sais pas si on peut baisser l'écran.
Merci. L'article se lirait comme suit :
«62. Toute municipalité ou tout office doivent
employer le produit de toute aliénation des immeubles acquis pour la
réalisation d'un programme dûment autorisé, au remboursement des emprunts
contractés auprès de la Société en vertu du paragraphe b ou des subventions
accordées en vertu du paragraphe c de l'article 60. Le produit d'une telle
aliénation peut toutefois, avec l'autorisation de la Société, être employé pour
la rénovation ou la reconstruction d'un immeuble d'habitation à loyer modique
appartenant à cette municipalité ou pour la construction ou l'acquisition d'un
immeuble dont la totalité des logements est destinée à du logement social.»
Alors, Mme la Présidente, c'est ce que
j'expliquais tout à l'heure. Et là on ouvre aussi à «acquisition» parce que
c'est une tendance. Il y a de plus en plus d'offices, là, qui commencent... et
de groupes sociaux, là, à acquérir des immeubles
pour les préserver et les destiner à du logement social. Et je sais que c'est
envisagé même chez nous, à Laval, mais ça s'est vu ailleurs. Et donc ça
ouvre la porte à quand même plus de possibilités que précédemment, mais ça
vient préserver le logement social dans ce secteur-là, dans ce territoire-là,
qui est... qui est visé. Puis c'est ça.
Puis, pour... En fait, je considère que,
vraiment, il y a une grande distinction entre des logements abordables et du
logement social. Il y a... C'est... Puis d'ailleurs, dans les dernières années,
c'est la première fois qu'on a vu un recul. On a vu un recul du nombre de
logements sociaux au Québec. Et ça, il faut arrêter cette saignée-là.
Alors, voilà pour l'amendement, là. Je suis
prête à échanger sur la question. J'imagine que mon collègue de Laurier-Dorion
aura aussi des commentaires.
La
Présidente (Mme Haytayan) : Merci, merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement de la députée des Mille-Îles? Oui, Mme la
ministre.
Mme Duranceau : Alors, j'aime
l'ajout de la notion d'acquisition. J'aime ça parce qu'effectivement c'est un
autre volet pour la souplesse dans ce qu'on veut pouvoir faire avec des sommes
qui pourraient être disponibles. Ça fait que ça, on va trouver une façon
d'ajouter cette référence-là.
Maintenant, enlever... Je comprends, là, ça a
été soulevé, la préoccupation qu'on veut absolument que ce soit pour des
projets de logements, loyer modique ou social. Mais c'est là, déjà, «loyer
modique» est là. Puis «logements abordables», il faut qu'il soit là aussi,
parce que, dans les programmes... tu sais, on va se dire les vraies affaires,
là, dans que ce soit AccèsLogis ou que ce soit le PHAQ, il y a des PSL qui sont
disponibles. Puis on vise des clientèles qui sont vulnérables. Puis, si c'est
des... Premièrement, ça va être... ça va être discuté avec la Société
d'habitation, là. Ça fait que notre mission, c'est... c'est le logement pour
les gens les plus vulnérables.
Alors, moi, ce que je veux, c'est de la
flexibilité. Puis là, si on vient mettre «logement social», encore là, on vient se contraindre; il faut selon le cas. Puis,
c'est ça, la problématique de toute notre histoire de système de
financement du logement, c'est trop régimenté, trop strict, puis on n'est pas
capables de saisir les bonnes opportunités au bon moment. Alors là, on veut se
donner toute la souplesse d'agir, selon la nature des projets qui vont être
proposés.
Puis on ne se contera pas d'histoire, là, c'est
une municipalité qui vend ou c'est un office. Alors, les offices, qu'est-ce qu'ils détiennent? Ils détiennent du
logement social de manière générale. Les municipalités, ça peut être
l'un ou l'autre. Puis c'est eux qui vont dire : Regarde, je veux vendre
puis je veux garder l'argent pour faire d'autre chose.
Alors, par définition, ceux qui vont venir
demander la permission, ils... leur motivation, c'est de faire du logement social et/ou abordable. Mais il ne
faudrait pas, parce qu'il y a trois, quatre logements qui sont plus
abordables puis qui ne rentrent pas 100 % dans la
définition de logement social, que l'on soit contraints. Il y en a tellement,
de contraintes, là. J'essaie d'assouplir.
Mme Dufour : Bien, écoutez, il y a
malheureusement une tendance, là, dans les dernières années, à glisser vers de
moins en moins de logement social et de plus en plus vers logement abordable,
qui ne veut pas... Ce n'est vraiment pas clair. Tu sais, si, au moins, on avait
une définition claire, si, au moins, il y avait un engagement clair, qu'est-ce
que ça implique, du logement abordable. Mais là on n'a pas ça.
Ce n'est pas... Ce n'est pas la SHQ, là, qui a
investi là-dedans, mais il y a eu un cas chez nous, à Laval, pas dans mon
comté, mais dans un autre comté. C'est une tour d'habitation qui a été financée
en partie par le fédéral. Puis c'est des
logements... c'est hallucinant, là, les loyers, là, puis c'est considéré du
logement abordable. Et c'est comme ça. C'est de plus en plus très
variable, la définition, très élastique. Et, comme on le sait, c'est souvent en
fonction du marché. Mais là le marché est en
forte hausse. Et ce n'est plus en fonction du revenu des personnes. Et c'est
ça, l'enjeu.
Et je comprends bien, là, qu'il peut y avoir des
PSL. Mais il n'y a pas d'assurance. Alors, en identifiant que c'est du logement
social, bien, ça pourrait être des logements abordables associés à du PSL et
être considéré social, mais il faut que ce soit attaché. Il faut que ce qu'on
aliène, ce qui est déjà des acquis pour le secteur, qui est déjà du logement
social, reste du logement social. Comme je l'ai dit tout à l'heure, il n'y a jamais
eu... C'est la première fois, là, depuis je ne sais plus combien de décennies,
qu'on diminue, qu'il y a moins de logements sociaux qu'avant. Je ne dis pas
qu'il n'y a pas eu de construction. Mais, parce qu'il y a eu des dégradations,
parce qu'on a construit du logement abordable, bien, le nombre de logements
sociaux a diminué étonnamment. Parce que c'est vrai qu'il s'en est construit,
mais il s'est probablement construit surtout de l'abordable.
Donc, il y a vraiment un enjeu, et ça, les
groupes ont fait un appel, là, vraiment un cri du coeur pour dire :
Préservons au moins les acquis. On le sait, il y en a moins d'unités de
logement social qui sortent de terre. Ça fait qu'au moins que les investissements
qui ont été mis dans le passé par les fonds publics restent des acquis en
logement social. C'est à ça que servaient ces aides... les aides, à l'époque,
c'était pour faire du logement social, pas pour que ça devienne on ne sait pas
quoi après. Parce que c'est trop... c'est trop libre, la définition de
«logement abordable». Mais je comprends le
besoin de la flexibilité. Mais est-ce qu'on peut dire qu'un projet de logement
abordable, qui automatiquement et nécessairement vient avec du PSL, serait considéré
du logement social? Je serais ouverte à regarder ça. Mais il faut que ça reste
du logement social.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur cette...
Mme Duranceau : Bien, je pense que,
si vous me permettez, M. Foster voudrait faire une intervention. C'est
quelqu'un qui connaît très bien le contexte des offices d'habitation qui se
retrouvent à disposer de propriétés. Je pense, ça pourrait ajouter à la
discussion.
La Présidente (Mme Haytayan) : Parfait.
M. Foster, bonjour. S'il vous plaît, vous nommer, prénom, nom et titre.
Merci.
M. Foster (Claude) : Claude Foster, PDG de la Société d'habitation du Québec.
On est dans
la même voie, Mme la députée. Ce qui est très clair, c'est sous autorisation de
la Société d'habitation du Québec. Ça ne peut pas se faire sans
autorisation. Il y a des cas quand même importants, là, où on pourrait même
augmenter le nombre de logement social et abordable par des situations qui...
actuellement, avec les règles actuelles, on n'est pas capables de faire les
choses autrement.
Je vais vous donner des exemples très concrets.
Un bâtiment qui a été fait, là, dans la fin de l'investissement fédéral, dans les années 94, où est-ce qu'on
avait fait une réhabilitation d'un trois logements en pensant faire
vraiment une belle... un bon investissement. On arrive en 2019, où est-ce que,
là, on a des travaux majeurs à faire. Pour trois logements, on parle de
1 195 000 $. Pour trois logements. Ça, c'est avant-pandémie. Actuellement,
si on reprendrait le dossier, on serait probablement à
1 600 000 $, 1 700 000 $.
Donc, l'objectif, c'est d'être capables de
dire : Est-ce que c'est correct d'investir autant d'argent, alors qu'on
pourrait faire du flambant neuf dans un quartier qui est plus approprié, à
proximité des services pour les citoyens qui sont à faibles revenus puis d'être
capables de voir autrement? Présentement, on a de la difficulté dans ces
dossiers-là. C'est très complexe. Et le projet nous permet justement d'arriver
à ces fins-là.
L'autre volet
hyperimportant, c'est lorsqu'on prend le foncier. Lorsqu'on parle... Vous
parliez de Place St-Martin. Lorsqu'on prend Place St-Martin, qui, à
Laval, a quand même des bons espaces qu'on peut reconfigurer, qu'on peut
travailler différemment, faire des ouvertures pour s'assurer qu'entre autres on
n'ait pas une enclave qui peut permettre, là, entre autres à certaines
personnes de faire des choses un peu isolées... donc on peut faire une
ouverture et on peut profiter de la vente du terrain pour investir directement.
Donc, l'OH pourrait investir rapidement et directement pour construire plus de
logements.
Donc, c'est
un peu ça qui est la volonté à l'intérieur de l'article pour accélérer et
mettre beaucoup plus d'agilité. Et je
vous dirai que, dans 95 % des cas, c'est principalement pour le terrain,
pour le foncier, être capables d'utiliser des espaces pour être capables de soit construire ailleurs, soit d'augmenter
la densité sur certains bâtiments. C'est ça, l'objectif.
• (12 h 50) •
Mme Dufour : Bien,
parlons... au lieu de Place St-Martin, je vais aller Val-Martin. C'est un
dossier que je connais bien. Et, à l'époque,
ça se discutait de revendre une partie des terrains. Il y a la... C'était très
peu dense, là, en fait, là, les nouvelles... les nouveaux bâtiments. On a construit beaucoup
plus dense sur les terrains. Et puis c'est... c'est tant mieux parce que ça a permis vraiment d'optimiser
les terrains. Tout à fait d'accord. Mais, quand on parlait de justement
faire du privé, à ce moment-là, c'étaient des terrains de la SHQ à ce
moment-là. Mais, si je lis, là, l'article comme il est proposé, on dit... on
dit que... pas ma modification, là, mais plutôt ce qui était là avant, on
dit : «...visant la réalisation de logements abordables.» Mais ce qu'on
prévoyait à l'époque pour Val-Martin, bien, c'était de revendre, mais pas pour du logement abordable, là. C'était
pour faire, tu sais, de la mixité, dans le fond, qu'il y ait des
logements, disons, d'irréguliers, là, sans
contrôle de marché... sans contrôle des loyers, plutôt, peut-être même des
condos, etc. C'est ce qui était prévu. Puis peut-être même du commercial
parce que le terrain permettait de faire une requalification globale. Mais,
l'article, comme il est proposé, ne permet pas plus ça, là. On dit :
«...visant la réalisation de logements abordables.» Donc, j'essaie de
comprendre en quoi la modification que je propose serait différente, tu sais.
Vous ne permettrez pas, par exemple, de faire, tu sais, ce que vous parliez de faire
avec Val-Martin... avec Place St-Martin.
M.
Foster (Claude) : Bien, écoutez, dans le
cas de Val-Martin, que je connais quand même assez bien aussi, c'est clair que la volonté, c'est d'avoir un
projet avec un milieu de vie intéressant, mais pas de faire une vente au
privé, là. C'est d'être capables d'avoir... Puis vous avez eu des projets qui
ont été faits avec, bon, mixité sociale à l'intérieur, donc des gens qui sont
subventionnés à l'intérieur d'un même immeuble avec des gens qui sont en deçà
du loyer médian. Donc, ce qui est intéressant, c'est que, là, vous amenez une
nouvelle vocation, une nouvelle... nouvelle vision à l'intérieur du projet, là.
Donc, l'intérêt, c'est de ne pas aller vers le privé pur.
Puis on n'est pas en
désaccord, pas du tout, parce que ça va être sous autorisation de la Société
d'habitation du Québec. Et vous le dites bien, c'est une propriété
présentement de la Société d'habitation. On nous a approchés pour faire
une fiducie d'utilité sociale. On a dit : Écoutez, notre intérêt à nous,
ce n'est pas de vendre ça au privé, c'est de continuer à faire du logement
abordable et social sur le territoire. Donc, est-ce qu'on a vraiment besoin
d'une fiducie d'utilité sociale à cet effet?
Donc, on est vraiment dans la même optique de conserver du logement social et
abordable.
Mme Dufour : Mais quand vous parliez, tout à l'heure, l'exemple
de Place Val-Martin... Place St-Martin, plutôt, c'est... les noms sont très similaires, vous parliez que, bien, l'office
pourrait vendre une partie du terrain et, avec le profit ou l'argent
réalisé, investir dans des logements à côté. À ce moment-là, on n'est pas du
tout ce que vous proposez. L'article original ne permet pas plus ça, là.
M.
Foster (Claude) : Vous pourriez avoir un
projet PHAQ qui pourrait être déjà en avance sur les autres parce que vous avez déjà une portion de l'argent
qui est... Parce que chaque... Il faut... Il faut s'assurer que le
terrain... puis là, présentement, je ne suis pas capable de faire ça, là, mais
que le terrain va servir justement à la réalisation de projets. On nous
déposerait un Programme d'habitation abordable Québec en disant : L'office
municipal d'habitation nous cède telle partie de terrain, ils sont déjà en
avance sur un paquet de monde parce que le coût du foncier est assez important
dans la réalisation d'un projet. Donc, encore une fois, c'est sous
autorisation. Si on ne nous présente pas le Programme
d'habitation abordable ou toute autre forme qui permettrait à... du logement
abordable, c'est évident qu'on ne sera pas positifs, parce que ce qu'on
veut, c'est maintenir du logement abordable et social.
Mme Dufour : Mais
là, à ce moment-là, est-ce qu'il y aurait moyen de distinguer le terrain des
immeubles? Parce que, tu sais, le bâtiment
qui est existant et qui est du social, mais qu'on ne... tu sais, on ne
reconduit pas en social, c'est une
perte. Ce que vous me dites, si on parle du terrain... Puis c'est vrai, tu
sais, que la possibilité... Là, à ce moment-là, il n'y a pas de
perte, parce qu'on préserve ce qui est social, puis on optimise le terrain, on
permet de l'abordable sur une autre portion de terrain. Mais le cas de figure
qui est épeurant pour les groupes puis moi aussi, c'est si on vient à démolir
du social pour refaire du abordable. Parce que ce n'est pas la même chose, puis
ça, vous le savez. Ça fait que, tu sais, il y a cette... c'est... c'est ça,
l'inquiétude. Puis je ne sais pas s'il y a moyen de le... de séparer les deux,
tu sais, pour qu'on puisse préserver les...
M.
Foster (Claude) : En fait, ce qui est
important là-dedans, c'est... on a plusieurs cas de figure, c'est quand vous
avez une habitation qui a zéro... zéro demandeur, puis on a trois...
(Interruption)
M.
Foster (Claude) : ...excusez-moi, trois
personnes qui demeurent dans un 24 logements. Ça, c'est des cas réels. Ça n'a pas de sens, surtout avec une crise
du logement. Donc, quand on a une situation où le bâtiment... parce que,
bon, il y a eu migration de la population vers des centres urbains, puis le
bâtiment est là, mais il reste trois occupants sur 24, ça nous permet, à
l'intérieur de ça, de dire : Bon, bien, O.K., est-ce que le besoin du 24
est encore nécessaire par rapport à cette population-là, donc la possibilité de
construire quelque chose, avec la vente de l'immeuble et du foncier, qui est
beaucoup plus adapté à la réalité, maintenant, de cette région-là. Parce qu'on
a quelques secteurs où, malheureusement, on n'a pas de demandeurs à l'intérieur
de nos listes de logements sociaux. Ça arrive.
Mme Dufour : Je
serais... Je serais curieuse d'avoir les cas que vous mentionnez.
M.
Foster (Claude) : Ça va me faire grand
plaisir, madame.
Mme
Dufour : Parce que... Parce qu'effectivement il y a une crise du
logement. Puis il y a probablement du monde
qui serait peut-être prêt à déménager s'il savait qu'il y a des unités...
changer de région, s'il savait qu'il y a des unités disponibles dans une
autre région. Ça, ça m'étonne, d'ailleurs, qu'on ne fasse pas ce tour de roue
là avec les gens qui sont en attente. Parce qu'il y a des gens... il y a des
gens, chez nous, ça fait six, sept, huit ans qu'ils sont sur une liste, là,
donc peut-être qu'ils seraient prêts à déménager. Je ne sais pas si c'est dans
le bout de Cowansville, là, l'exemple que vous parlez, par exemple, là. Mais
ça, c'est une inquiétude, tu sais, que...
La Présidente (Mme
Haytayan) : Oui. Mme la ministre.
Mme
Duranceau : O.K. J'aimerais ça qu'on entende notre juriste commenter.
Parce que, là, on... tout le débat, là, est autour de la notion de réaliser du
logement abordable. Puis il y a une définition à «abordable» qui peut être
précisée. Puis on va voir que ça inclut le social.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Est-ce qu'il y a consentement à ce que Me Leduc
puisse répondre? Consentement. Merci. Me Leduc, vous le savez, prénom,
nom, puis votre titre, s'il vous plaît. Merci beaucoup.
Mme Leduc
(Véronique) : Véronique Leduc. Je suis juriste à la Direction des
affaires juridiques de la SHQ.
Donc,
en fait, cette disposition-là, elle vise des immeubles qui sont
principalement... bien, en fait, exclusivement propriétés d'un office
d'habitation. Puis les offices d'habitation, leurs pouvoirs, ils sont limités à
ce qui est prévu dans la Loi sur la SHQ. Donc, si un office voudrait faire du
logement abordable, il doit demander l'autorisation de la SHQ en vertu de
l'article 57, paragraphe 3.1g, qui vient encadrer un peu le tout, là.
Donc, du logement abordable, il est déjà prévu dans la loi que c'est du
logement qui est destiné à des familles, «personnes ou familles à faible
revenu, à revenu modique ou à revenu modeste».
Mme Dufour : C'est du logement qui est destiné à des familles,
vous avez dit, à revenu modique ou modeste. Mais comment est établi le
loyer?
Mme Leduc
(Véronique) : Le loyer, en fait, bien, ça va être laissé un... Ça va
dépendre, en fait, la manière dont le financement va être fait. Si c'est via un
programme, bien, c'est paramétré puis, sinon, bien...
Mme Dufour :
...peut-être rephraser ma question, là, dans le fond, ou reformuler ma
question. C'est mieux en français. Est-ce
que... si une personne habite dans ces habitations-là et que son revenu, pour
une raison, diminue de façon
substantielle, est-ce que le loyer va être ajusté dans du logement abordable ou
c'est fixé, peu importe le revenu?
Mme Leduc
(Véronique) : Ce n'est pas comme du logement à loyer modique où est-ce
qu'il est possible de demander une diminution de loyer. Donc...
Mme Dufour : Donc,
ça veut dire que, même si on dit : C'est destiné à des familles à revenu
modique ou modeste, dans les faits, on ne le sait pas ça va être quoi, le
niveau de loyer qui va être, tu sais, puis on ne sait pas, c'est-tu 5 %,
10 %, 15 %, 20 %, 30 % en dessous du marché. Comment il va
être établi, on ne le sait pas.
Mme Leduc
(Véronique) : Ça va être à l'office, dans son projet d'habitation,
dans le fond, de fournir des chiffres à la
SHQ. Puis la SHQ va pouvoir autoriser le projet en fonction de ça. Pour
l'instant, ce n'est pas quelque chose qui
se fait, là. Pour l'instant, quand on fait du logement abordable, c'est au sens
de dans AccèsLogis ou dans le PHAQ.
Mme Dufour : Oui.
Là, vous parlez de l'office, c'est à l'office de déterminer. Mais, ici, ce qui
est proposé dans l'article original, c'est
de dire : «...ou dans le cadre d'un projet visant la réalisation de
logements abordables.» Ce ne sera peut-être pas l'office. Ce sera
peut-être un autre organisme ou des fonds fiscalisés qui vont faire ces
projets-là et qui vont déterminer les loyers.
Mme Leduc (Véronique) : Bien, je vois mal
l'office remettre le fruit de la vente de son immeuble à quelqu'un
d'autre, là, qui... pour qu'il réalise un projet.
Mme Dufour : Bien,
M. Foster a mentionné que c'était un cas de figure possible, là. Il y a
quelques instants, il a dit que ça pourrait
être pour ça, pour faire un projet dans le PHAQ. Et, dans le PHAQ, ce ne sera
pas nécessairement un office. En fait, ça risque de ne pas être un
office dans le PHAQ. Donc...
Mme Leduc
(Véronique) : Les offices sont admissibles au PHAQ.
Mme Dufour :
Mais la plupart des projets, ce n'est pas des offices.
Mme Leduc
(Véronique) : Mais je ne suis pas certaine. Parce que, dans le fond,
il faut recadrer peut-être l'article.
L'article n'autorise pas un office à vendre ses immeubles. Ça fait juste dire
que, si vous aliénez un immeuble, au lieu
de remettre le produit de l'aliénation à la SHQ, vous pouvez le conserver pour
faire autre chose, donc rénover des HLM ou faire un autre projet de
logements abordables.
Mme
Dufour : Mais ça dit : «[Il peut] être employé pour la rénovation
[...] la reconstruction d'un immeuble HLM appartenant à [la] municipalité ou à
[l'office] ou dans le cadre d'un projet visant la réalisation de logements abordables.» Ça fait que, peut-être, la
municipalité pourrait... ça pourrait être sa contribution dans un projet PHAQ
qui est... qui est hors office, là, qui n'a pas...
Mme Leduc (Véronique) : Sauf que, dans les faits,
on s'est assuré de regarder c'étaient qui, les propriétaires, puis on n'a recensé aucun cas où c'était la
municipalité. C'est vraiment les offices, dans les faits, qui sont
propriétaires.
Mme Dufour : O.K.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Merci, Me Leduc. On va poursuivre après le dîner.
Mme Dufour :
Oui.
La
Présidente (Mme Haytayan) :
Donc, compte tenu de l'heure, je suspends les travaux jusqu'à 14 heures.
Merci.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 14 h 04)
La Présidente (Mme
Haytayan) : La Commission de l'aménagement et du territoire reprend
ses travaux à l'instant. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi
n° 31, Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière
d'habitation.
Lors de la suspension
de nos travaux, cet avant-midi, nous étions à l'étude d'un amendement de la
députée des Mille-Îles à l'article 19. Mme la députée, si vous permettez,
la parole est à vous, mais il y a Mme la ministre qui aimerait prendre un
instant la parole. Merci.
Mme
Duranceau : Oui, bien, c'est en lien avec l'amendement qui est
proposé. Je pense qu'on a un débat, peut-être, sur quelque chose qui n'a pas
lieu d'être, sous... en tout respect. Quand on regarde l'article 57 de la
Loi sur la SHQ, à l'alinéa g...
Mme Dufour : ...
Mme
Duranceau : Oui.
Une voix : ...
Mme
Duranceau : Ah! alinéa... c'est l'article...
Une voix : ...
Mme Duranceau :
...paragraphe 3.1, alinéa g. Êtes-vous là?
Mme Dufour : Oui.
Mme Duranceau :
O.K. Donc, avec le... Ça fait que
l'alinéa g, là : Avec l'autorisation de la SHQ... Ça fait
qu'un office, O.K., un office peut, «avec
l'autorisation de la Société, acquérir, construire et rénover des immeubles
d'habitation dans le cadre de projets visant la réalisation de logements
abordables — logements
abordables — comprenant
les logements destinés aux personnes ou familles à faible revenu, à revenu modique
ou à revenu modeste», O.K.? Ça fait que...
Puis ça, si je ne me trompe pas, là, puis notre juriste pourra préciser, c'est
des ajouts qui avaient été faits déjà par... ou qui avaient été
suggérées par le député de Laurier-Dorion à l'époque, si je ne me... C'est-tu
ça? Non? Ça aurait été un bel ajout. De prendre le crédit pour ça...
M.
Fontecilla : ...
Mme Duranceau :
O.K., bon, ce n'est peut-être pas
vous, là, mais toujours est-il que la définition de «logement abordable»
vient inclure familles à faible revenu, revenu modique, revenu modeste. Ça fait
que la notion de logement social, dans la loi, elle n'est pas là. Ça fait que,
là, on ne rajoutera pas un concept qui n'existe pas dans la loi, c'est ça que
je veux dire.
Mme Dufour : O.K. Non, c'est vraiment distinct, là, je
comprends. Puis ici ce qu'on vient dire, c'est acquérir, construire,
rénover, on ne parle pas d'aliéner. Donc, on... il n'y a pas de perte.
Mme Duranceau : Mais je référerais à
la notion de logement, là, social.
Mme
Dufour : Oui, mais, si... Vous le savez que, dans la loi puis dans les
programmes, c'est écrit logement social, puis c'est pour ça qu'il y a des
amendements qu'on vient faire, pour permettre d'investir dans des logements
abordables, là. Ça fait que vous comprenez qu'il y a une distinction entre les
deux et que c'est prévu, du logement social.
Et, quand ça a été créé, ces HLM là, c'était du logement social, ce n'était pas
du logement abordable. Là, on parle...
Mme Duranceau :
...là, il y a des groupes, là, à
qui on parle abondamment toutes les deux, là, qui font référence à
revenu modique puis revenu modeste. Elle est là, la distinction.
Mme Dufour : Oui,
mais on parle de... L'immeuble est destiné à cette population-là, mais il n'y a
pas... il n'y a aucune indication que les loyers seront l'équivalent de ce
qu'on trouve en logement social. Donc, il y a une distinction, là. J'ose
espérer que vous voyez la différence, là.
Mme
Duranceau : Bien là, je vois surtout, là, qu'on complique les affaires
pour rien, là, parce que...
Mme Dufour : Je
comprends que vous n'êtes pas d'accord...
Mme
Duranceau : Non, c'est ça.
Mme Dufour : ...mais
ce n'est pas la même chose.
Mme
Duranceau : Parce qu'on vient... On a une municipalité ou un office.
Par définition, un office a des logements abordables, tel que décrit dans la
loi, là, donc revenu faible, revenu modeste, revenu modique. Puis un office va
faire ça, par définition, comme nouveau projet, et on veut lui laisser la marge
de manoeuvre. S'il y avait des logements qui sont qualifiés d'abordables selon
le programme en vigueur à ce moment-là, bien, ça va être permis par la loi. Là,
on veut juste contraindre encore. Il y a tellement de contraintes, là, je le
sais, je les ai toutes lues, là. Ça prend de la souplesse, puis cet article-là,
il vient permettre de la souplesse.
Mme Dufour : Oui, je comprends votre intention, mais ce que je
vous exprime, c'est que ma crainte, c'est qu'on aliène du logement
social pour faire du logement abordable. Et ce n'est pas la même chose, ce
n'est pas équivalent. Et donc, moi, ce
que... ma proposition... puis, tu sais, quand il y aura le vote, vous voterez
contre, là, mais ma proposition, c'est que ça reste du logement social.
Là, ce que je comprends aussi, c'est que vous avez vu dans l'acquisition un
intérêt, ça fait qu'il y aura peut-être...
Mme
Duranceau : ...une autre précision, ça aussi... puis je vais laisser
parler notre juriste sur ça parce que, dans
la notion de «réalisation», ça inclut acquisition sur le plan juridique, alors
on n'aurait pas besoin. J'ai suggéré de faire l'amendement, puis on me
dit : Écoute, c'est déjà inclus dans la définition de «réalisation». Je ne
sais pas si vous voulez ajouter quelque chose, si c'est permis.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Bien sûr, Mme la ministre.
Mme Dufour : Oui,
on avait consenti plus tôt.
La Présidente (Mme Haytayan) : Maître,
si vous voulez prendre la parole, allez-y, la parole est à vous. Merci.
Mme Leduc
(Véronique) : Oui, donc, effectivement, dans la réalisation, on parle
de réaliser un nouveau projet. Ça pourrait prévoir l'acquisition, ça pourrait
prévoir la construction aussi.
Mme Dufour : O.K.
Et vous avez dit... Excusez-moi, vous avez dit la construction ou?
Mme Leduc
(Véronique) : La construction ou l'achat.
Mme Dufour : L'acquisition,
O.K.
Mme Leduc
(Véronique) : L'acquisition.
Mme Dufour :
O.K. C'est ça, je n'étais pas sûre si je l'avais entendu. O.K.
Mme
Duranceau : Voulez-vous revenir sur la définition, juste pour
conclure, de notre côté, là, du moins, sur ça, sur la notion d'«abordable» puis
à quoi sert la définition?
Mme Leduc
(Véronique) : Absolument. Dans le fond, ce qu'il faut savoir, c'est
que les offices d'habitation, contrairement à d'autres types d'organismes, ont
des pouvoirs qui sont un peu plus restreints puis qui visent des clientèles précises. On vous a déjà
mentionné 3.1, paragraphe g, pour ce qui est du logement abordable.
Ils ne peuvent pas sortir de ce cadre-là pour faire du logement
abordable puis ils doivent viser les clientèles qui sont prévues à cet
article-là ainsi qu'au paragraphe 1°.
Donc,
c'est ça, puis, par rapport au logement social, l'emploi de cette
expression-là, je crois, pourrait porter à confusion
parce que, dans la loi, on utilise la même expression pour les fonds de
logement social qui visent la réalisation de projets AccèsLogis. Je
pense que, quand vous parlez de logement social, c'est au sens de logement à
loyer modique.
• (14 h 10) •
Mme Dufour : Oui,
bien, effectivement, c'était aussi des projets AccèsLogis. Effectivement.
Mme Leduc (Véronique) : Mais, dans des projets
AccèsLogis, il y a autant des unités qui sont subventionnées au Supplément au loyer, donc qui constituent du
logement à loyer modique au sens du Code civil, que des unités que...
dans le langage un peu initié, on parle de logements communautaires, là, qui
sont abordables.
Mme Dufour : O.K. Mais pourquoi on ne définit pas «logement
abordable»? Pourquoi il n'y en a pas, de définition, tu sais? Je regarde
la section Définitions de la SHQ, là, il y a comme cinq termes qui sont
définis. Pourquoi «logement abordable» ne s'y trouve pas?
Mme Leduc
(Véronique) : Le seul emploi de logement abordable, c'est à cet
endroit-là, dans la loi, puis le souhait, c'était de laisser de la flexibilité
à la société pour déterminer ce qui était abordable ou pas. Il y a d'autres
termes qui peuvent être prévus par règlement aussi, là, quand on parle de...
Mme Dufour : Mais
votre réponse vient de me confirmer que ça peut être n'importe quoi. Parce que
le soin est... et vous avez dit, là, le
soin... on voulait laisser le soin à la société de déterminer ce que c'était,
du logement abordable. Ça veut dire que ce qu'on considère abordable
aujourd'hui... une définition aujourd'hui pourrait être complètement différente
dans deux ans parce que ce n'est pas défini nulle part dans la loi. Puis
vous dites : C'est le seul endroit qu'on
le trouve, à l'article g, mais, dans les faits, on le retrouve dans toutes
sortes d'autres, parce qu'on vient modifier, là, ici, là. À plein
d'endroits, on vient les modifier pour rajouter du logement abordable.
Mme Leduc
(Véronique) : Dans d'autres lois, par contre.
Mme Dufour : Oui,
oui, bien, je comprends.
Mme Leduc
(Véronique) : Donc, c'est une des préoccupations qu'on a, c'est que
c'est un terme qui est employé, par exemple, par la SHL, ça veut dire quelque
chose à la SHL. Donc, avant de le définir, il faut considérer aussi les autres termes, là, comme «logement à
loyer modique», «logement à loyer modeste», que veut dire «abordable»
par rapport à ça, puis sans non plus porter de la confusion dans l'emploi du
terme.
Mme Dufour : Bien,
ils pourraient être définis. Ils pourraient être définis, ces termes-là aussi.
Mais ça, c'est quelque chose que la Vérificatrice générale disait, là, il
faudrait le définir.
Mme Leduc (Véronique) : Oui, mais la loi... les
autres termes prévoient qu'elle doit se définir par règlement. Donc,
c'est à l'article 86 de la Loi sur la SHQ.
Mme Dufour : À
l'article 86, vous avez dit?
Mme Leduc
(Véronique) : Pas le terme «abordable», là, mais...
Mme Dufour : Non,
mais ce que vous venez de dire...
Mme Leduc
(Véronique) : C'est le paragraphe k.
Mme Dufour : Paragraphe?
Mme Leduc
(Véronique) : K.
Mme Dufour : C'est
ça, mais il n'y a pas «logement abordable».
Mme Leduc (Véronique) : Non, parce que le seul
emploi, c'est vraiment pour permettre aux offices d'habitation d'avoir une certaine flexibilité, mais une
flexibilité qui est encadrée du fait que leur mission, dans leurs lettres
patentes autant que par le premier paragraphe de l'article 57, c'est quand
même limité. Ce n'est pas comme une entreprise privée ou une autre coopérative
qui, peut-être, pourrait avoir... ou un OBNL qui pourrait avoir des... une
mission un petit peu plus large. Là, un office d'habitation, c'est vraiment limité
à la clientèle qui est prévue dans la loi, là. Donc, le risque n'est pas le
même que si c'était un autre genre d'organisme.
Mme Dufour : Puis l'autre élément que vous avez dit qui... que
je voulais revenir, c'est que vous avez mentionné que l'aliénation, tu
sais, dans le fond, ça serait pour l'office. Mais, tout à l'heure, quand on
parlait des cas de figure avec
M. Foster, ça aurait pu être pas pour l'office aussi, ça aurait pu sortir
de l'office. C'est ce que je comprends. L'aliénation peut être pour un projet,
par exemple, PHAQ, mais qui n'est pas de l'office.
M. Foster
(Claude) : Mais qui peut être développé
par l'office, en fait...
Mme Dufour : Mais il pourrait ne pas
être développé par l'office aussi.
M. Foster (Claude) : Bien, on ne l'autorisera pas à ce moment-là. La société
doit l'autoriser.
Mme Dufour : Mais... Oui, mais ça
dépend de votre volonté, là. Ça fait que vous pouvez l'autoriser aussi.
M. Foster (Claude) : On peut, on peut...
Mme Dufour : Tu sais. Ça fait que la
loi, elle ne l'empêchera pas, là. Actuellement, avec la proposition, ça
pourrait se faire. Donc, ça pourrait être aliéné pour faire un autre type de
logement. Ça fait que moi, je maintiens que ça serait une perte de logement
social si ça devient du logement abordable.
Mme Leduc (Véronique) : Mais, si je
peux me permettre une précision, dans le fond, ce n'est pas en vertu de cet article-là qu'un office pourrait aliéner
l'immeuble. Ça, ils peuvent déjà le faire, mais avec l'autorisation de la
SHQ. Dans tous les cas, c'est prévu à 57,
paragraphe 3°. Cette fois-ci, ça fait juste dire que, quand ils
le font, aliéner un immeuble, ils
peuvent conserver l'argent pour faire quelque chose d'autre avec cet argent-là.
Parce que, sinon, la seule conséquence, si on ne fait pas la modif dans
la loi, la seule conséquence, c'est qu'ils doivent remettre le produit de
l'aliénation à la SHQ pour compenser pour toutes les subventions au déficit
d'exploitation qu'on a versées. Donc, au final, ça se retrouve essentiellement
au fonds consolidé du revenu, puis il n'y a pas nécessairement de nouveau
projet qui est réalisé. Donc, dans ce cas-ci, bien, ça offre une possibilité
additionnelle, puis on laisse la possibilité à la SHQ de donner ou pas son
autorisation selon ce qui va être fait aussi, là.
Mme
Dufour : Bien, c'est intéressant. Je lis l'article 57,
le paragraphe 3°, là, que vous mentionnez. Donc, l'office
pourrait aliéner un immeuble, et là les fonds s'en iraient à la SHQ, puis la SHQ
aurait pu réinvestir dans un projet pour le même terrain. Dans le fond, c'est
ce que je comprends, c'était déjà une possibilité, là.
Mme Leduc
(Véronique) : Bien, il faudrait évaluer. Dans le fond, il
faudrait évaluer... je réfléchis. Dans le fond, l'argent retournerait à la SHQ, là. C'est peut-être moins juridique puis
un peu plus opérationnel, là. L'argent retournerait
à la SHQ. Puis, selon la personne qui acquérait l'immeuble, ce n'est pas
vraiment l'objet de la disposition, qui est plus le retour de... le
remboursement à la SHQ. Il pourrait être envisagé qu'il y ait un autre projet
qui soit réalisé au même endroit, selon les critères du programme, si le
programme AccèsLogis...
Mme Dufour : Donc, ça aurait déjà
été possible.
Mme Leduc (Véronique) : Ça pourrait
être possible.
Mme Dufour : Oui.
Mme Leduc
(Véronique) : Mais, quand la SHQ donne son autorisation pour
l'aliénation, bien, elle s'informe sur ce qui va être fait par la suite,
donc à qui on vend, est-ce que le projet va être repris, etc.
Puis il faut savoir que ce n'est pas tout le
temps non plus le projet HLM en tant que tel. Des fois, ça peut être une
cession d'une parcelle de terrain, puis ça permettrait de faire un projet
AccèsLogis, si le terrain est très grand, tout en conservant le HLM aussi. Il y
a plusieurs cas de figure.
Mme
Dufour : D'accord. Merci. Bon, je pense que ça répond à mes
questions, Mme la Présidente. Là, je vais laisser.
La Présidente (Mme Haytayan) : Donc,
parfait, d'autres interventions? M. le député? Oui. Parfait. Merci.
M. Fontecilla : Je n'ai pas très
bien compris, Mme la juriste, quand vous avez dit que la mission de la SHQ,
c'était de répondre aux besoins d'une clientèle précise. Excusez-moi, je n'ai
pas... j'ai moins saisi cette partie-là. Si c'est le cas, là, quelle est cette
clientèle précise, là? Quelle est la définition?
Mme Leduc
(Véronique) : Ce n'est pas une définition. Dans le cas de
figure, ce serait un office d'habitation. Donc, ça serait les clientèles
qui sont visées au paragraphe 1° de l'article 57. Puis, dans les
lettres patentes de chacun des offices d'habitation, il y a les mêmes
précisions qui apparaissent aussi.
M. Fontecilla : Donc, c'est les
offices d'habitation qui définissent la clientèle cible?
Mme Leduc (Véronique) : Et c'est
prévu dans la loi et dans leurs lettres patentes.
M.
Fontecilla : O.K. Et qui détermine, qui encadre cette
définition-là de la part des offices d'habitation? Est-ce que c'est la
loi constitutive de la Société d'habitation du Québec ou c'est autre... Qui dit
aux offices municipaux d'habitation :
Bien, vous devez répondre... votre clientèle cible, c'est telle clientèle qui a
telle caractéristique? Elles n'ont pas la... Il n'y a pas une liberté
totale pour les...
Mme Leduc (Véronique) : Bien, en
fait, un office d'habitation, normalement, ne fait pas des profits. Donc, s'ils
font un projet, c'est via un programme de SHQ qui va préciser la clientèle qui
est visée. Celle des HLM, elle est connue,
c'est des gens à faible revenu, selon des revenus qui sont indiqués entre
autres sur le site Internet de la SHQ. C'est ce qu'on appelle les PRBI,
là, les... et c'est connu, c'est public. Le revenu est calculé en fonction des
règlements sur les loyers modiques.
M.
Fontecilla : Et, pour du logement dit abordable, est-ce que
c'est les mêmes critères d'admissibilité, en termes de revenus, ou c'est
d'autres critères?
Mme Leduc (Véronique) : Pour le
logement abordable, en fait, à ma connaissance, il n'y en a pas. C'est une
possibilité additionnelle, une souplesse additionnelle qui a été accordée. Ça
permet de faire du logement abordable, mais, pour ce qui est de la clientèle
qui l'habiterait, si ce n'est pas dans un programme qui est normé comme
AccèsLogis ou le PHAQ, qui prévoit, lui, des critères par rapport à ça, ça
serait à la discrétion de la société qu'on lui donne son autorisation.
M.
Fontecilla : O.K., laissez-moi comprendre. Donc, ce n'est pas
la loi constitutive de la Société d'habitation du Québec qui définit la
clientèle cible en tant que telle, c'est plutôt le programme qui permet la
réalisation du projet, que ce soit... Si c'est un programme pour construire des
HLM, ça va être les critères du programme qui construit des HLM. Si c'est pour... c'est AccèsLogis, ça va être
les critères du programme AccèsLogis, etc. Et, si c'est un programme... par exemple, pour le programme... logements
abordables, j'en connais juste un, là, c'est le programme PHAQ, ça va
être les critères contenus dans le programme,
là. Donc, c'est comme : vous avez une structure légale, qui est la SHQ,
qui... comment dire, qui encadre la Société
d'habitation... les offices municipaux d'habitation, mais les critères
d'admissibilité sont définis par les programmes, là, qui réalisent des
logements à l'intérieur de la mission de la SHQ, là.
• (14 h 20) •
Mme Leduc
(Véronique) : En fait, c'est les deux. La loi prévoit toutes ces
clientèles-là. Ensuite de ça, à l'intérieur des programmes, on cible
certaines clientèles en fonction de l'objectif du programme, comme, les
programmes HLM, ça vise la clientèle seulement à faible revenu. Plus
communautaire, donc, on aurait des gens qui ont des faibles revenus, qui
reçoivent un supplément au loyer, puis on aurait des gens qui ont des revenus
qu'on dit modestes en fonction du programme, selon des barèmes qui sont prévus
sur le site de la SHQ et dans le programme.
M. Fontecilla : Parfait. En ce
moment, il y a un seul programme qui finance du logement abordable. À votre connaissance, est-ce que les critères
d'admissibilité à ces programmes-là sont les mêmes... au programme de
logement, là, le PHAQ, là, les logements abordables, sont les mêmes que les
critères d'admissibilité à un HLM?
Mme Leduc (Véronique) : Ce ne sont
pas les mêmes, à moins que l'unité de logement bénéficie d'un supplément au
loyer. Là, pour le locataire, c'est le même coût de loyer.
M. Fontecilla : O.K., c'est le même
coût résultant, là, du loyer.
Mme Leduc (Véronique) : C'est ça.
M. Fontecilla : Mais, pour la
personne qui... Les critères d'admissibilité, là, en fait, pour pouvoir
postuler à cette... est-ce que c'est la même... C'est-à-dire, une personne qui
postule, qui est admissible à un HLM pourrait être admissible au programme
PHAQ?
Mme Leduc (Véronique) : Oui.
M. Fontecilla : C'est les mêmes
critères d'admissibilité?
Mme Leduc
(Véronique) : C'est-à-dire que la personne qui doit résider dans
un logement PHAQ, qui ne bénéficie pas d'un supplément au loyer, c'est
les critères qui sont prévus dans le programme. Parce que, dans le fond, ce
qu'il faut savoir, c'est que le Supplément
au loyer, il est rattaché à l'unité de logement, puis, à l'intérieur du
logement, il y a une personne qui l'occupe qui a... qui répond aux
critères, dans le fond, du Règlement sur les conditions de location des
logements à loyer modique.
M. Fontecilla : Mais pouvez-vous
répéter ça, s'il vous plaît? Je ne vous ai pas bien entendue, là.
Mme Leduc (Véronique) : Oui,
désolée. Dans le fond, quand on parle de Supplément au loyer, c'est un petit
peu différent du HLM, même si la résultante pour le locataire est la même,
c'est-à-dire qu'il paie 25 % de son loyer... de ses revenus comme loyer. Dans le fond, dans un HLM, le loyer total,
c'est 25 % du revenu de la personne, donc, à son bail, ça va être,
par exemple, 200 $, dans l'hypothèse où ça correspond à 25 % de ses
revenus. Dans un PSL, ce qui serait le cas d'un... de ce
qui arriverait dans le PHAQ, ça se calcule autrement. On établit un loyer en
fonction d'une grille qui est prévue dans le programme, donc disons qu'on dit
que c'est 800 $, le loyer au bail, ensuite de ça, on calcule, en fonction
du règlement, la part du ménage pour que ça corresponde à 25 % de son revenu.
Donc, pour le locataire qui occupe ce logement-là, son loyer, quand même qu'il
va rembourser à l'organisme propriétaire, ça demeure 200 $, mais il y a
une subvention Supplément au loyer qui va être versée pour compenser la
différence de 600 $. Donc, le calcul ne se fait pas de la même façon, mais
une personne qui occuperait un logement subventionné au PSL, c'est la même
clientèle que celle qui peut résider dans un HLM.
M. Fontecilla : Est-ce que... C'est
peut-être une question que je vais adresser à la ministre. Est-ce qu'en termes
de... bien, une question d'investissement public ici, hein, et j'en suis, il
faut, il faut investir de l'argent du public,
là, pour financer le logement, mais est-ce qu'il y a des études comparatives de
ce qui coûte plus cher ou moins cher, c'est-à-dire un coût
d'exploitation par ménage ciblé, là? Est-ce que ça coûte à l'État plus cher
d'investir dans des HLM ou dans du logement
abordable? Parce que, là, ce qu'on vient de comprendre, là, c'est que le PSL,
là, c'est en fonction du revenu de la
personne, mais n'est pas rattaché au coût du loyer en tant que tel, là, donc le
coût du loyer peut coûter... et vous allez me confirmer l'information,
là, peut coûter, je ne sais pas, 1 000 $ et... mais, si la
personne... selon son revenu, elle peut payer 200 $, donc le PSL vient
couvrir la différence. J'aimerais savoir, là, s'il y a des études qui nous
disent qu'en termes comptables c'est plus rentable d'investir dans du logement
avec des PSL qu'un HLM ou le contraire. Est-ce que je me fais comprendre?
Mme Duranceau : Oui, non, oui. En
fait, c'est un peu des vases communicants, ou bien on subventionne plus la
brique, auquel cas les coûts de construction sont payés par l'État, puis ça
permet donc de charger un loyer qui est moindre parce que, c'est ça, il y a
moins d'emprunts, disons, ou les coûts... la balance des coûts non financés par
l'État sera moindre, alors là le loyer peut
être moindre, puis, si on subventionne moins la brique, bien, à ce moment-là, le coût du logement, il va finalement coûter
plus cher à l'organisme qui construit, donc il va être obligé de
demander un loyer plus important au locataire.
M. Fontecilla : Mais en PSL.
Mme Duranceau : Et, par conséquent,
bien, on va venir compenser en offrant un PSL pour que les gens se retrouvent à payer moins cher ou payer...
Justement, quand on donne un PSL, finalement, les gens finissent par payer
25 % de leur revenu, puis là ça devient, bon, social. Ça fait que c'est
une forme de subvention ou l'autre, honnêtement.
M.
Fontecilla : Tout à fait. Bien, je me place du point de vue de
la logique comptable, financière, qu'est-ce qui...
Mme Duranceau : Oui, mais là...
M. Fontecilla : Mais je veux juste
finir, parce que vous nous avez dit là : Si vous baissez votre subvention
à la brique puis le béton, évidemment, vous allez... l'État va dépenser moins
en termes de briques puis de béton, mais il va compenser par... le loyer va être
plus cher, mais il va donner un PSL plus élevé, et ça, on le multiplie par le
nombre de ménages dans le même bâtiment et on le multiplie par un certain
nombre d'années, là. Si c'est une personne de 50 ans qui vit là, elle a
une espérance de vie jusqu'à 90, pendant 40 ans, on va donner des PSL. Et
tout ça, on peut le chiffrer, là. Et la même opération pourrait être faite du
côté des HLM, c'est-à-dire on construit un HLM, il y a... donc les frais de
construction, et ensuite on ajoute les frais d'exploitation qui sont assumés
aussi par l'État de façon générale.
Mme Duranceau : Tout à fait.
M. Fontecilla : Mais est-ce qu'il y
a des études, là, qui comparent la rentabilité des deux, là? Les deux visent à
ce que les ménages à faible revenu ne paient que 25 % de son revenu. Tout
à fait d'accord. C'est ça, la résultante finale, là. Mais, du point de vue de
la logique financière de l'État, qu'est-ce qui est plus rentable? C'est
d'investir dans la construction de HLM et
assumer les déficits d'exploitation pendant... bien, jusqu'à l'éternité, en
quelque sorte, jusqu'à ce que le bâtiment n'existe plus ou donner une subvention
et, en plus, donner des PSL, qui peuvent être très chers aussi, jusqu'à ce que,
bien, la personne n'ait plus besoin, soit parce qu'elle a changé de situation
économique, soit parce qu'elle est allée dans l'au-delà? Qu'est-ce qui est plus
rentable? Est-ce qu'il y a des études, là, qui...
Mme Duranceau : Bien, chaque projet
est analysé dans cette perspective-là, puis ça va dépendre de chaque projet
puis du mixte de clientèles, puis... En fait, le PSL, dans les deux cas,
ça coûte cher, là, que tu construises ou que tu utilises des PSL. Le PSL vient
donner de la souplesse parce que, des fois, tu n'as pas besoin de construire
puis tu vas aider des gens, pareil, dans un immeuble privé en donnant des PSL.
M. Fontecilla : Oui, oui. Tout à fait.
Mme Duranceau : Mais, sur un projet
donné, il y a un mixte des deux, puis ce n'est pas... Actuellement, à part les HLM, là, qui étaient du côté fédéral,
tous les projets AccèsLogis, c'était un mixte des deux, donc c'était
subvention de l'État appuyée d'un PSL pour être capable
d'inclure une certaine clientèle qui avait moins de revenus. Ça fait que ce
n'est pas exclusif un ou exclusif l'autre, c'est un mixte des deux. Puis dans
les analyses, au niveau du... tu sais, de l'analyse financière des projets,
c'est quelque chose qui est regardé, mais...
M. Fontecilla : Mais ce n'est pas
tellement au niveau du projet en tant que tel, là, situé à telle adresse
civique, là, c'est plutôt sur le plan de... J'ai, je ne sais pas,
500 millions de dollars et je l'investis dans... et je dois assurer
le droit à l'habitation, là, de... enfin, des ménages à faible revenu. Est-ce
que je l'investis... mon 500 millions, je l'investis dans le
véhicule a ou dans le véhicule b?
Mme Duranceau : Sur le plan, là,
strictement financier, une rente à perpétuité, ça coûte une fortune, là. Ça
fait que, si c'était purement PSL, je n'ai pas de chiffre ou de projet
spécifique en tête, mais, dans mon livre à moi, ça finit par coûter plus cher qu'un investissement «up-front». Sauf que ça
prend les deux, ça prend les deux. Ça fait que la...
M. Fontecilla : Au-delà de... Je
suis dans la stricte réalité.
Mme Duranceau : Moi, j'adore qu'on
ait une analyse purement financière, là, mais...
M. Fontecilla : Bien, voilà, on y
est, là.
Mme Duranceau : C'est ça. Sauf qu'on
ne peut pas ramener ça juste à ça, ça prend les deux pour que le modèle
fonctionne.
• (14 h 30) •
M. Fontecilla : Tout à fait. Mais il
y a plein d'acteurs dans le monde de l'habitation, les offices municipaux
d'habitation, c'est un acteur parmi d'autres qui s'adresse à une clientèle très
particulière, très démunie aussi. Et la question,
pour moi, est à savoir si les sommes investies ou qui sont retirées de la
gestion de ce parc immobilier, là, sont mieux investies dans du... qu'elles soient réinvesties, parce qu'on
parle d'aliénation, là, il y a... le fruit d'une aliénation, il faut que
ce soit réinvesti dans du HLM, strictement HLM, ou qu'on peut aussi aller
financer d'autres programmes, comme le PHAQ, là, parce que c'est ça, la
flexibilité que vous cherchez.
Mais, d'après ce que... Et puis... et, c'est ça,
la... j'essaie de faire le comparatif, là. Et, d'après ce que vous... les
informations que vous me donnez, c'est mieux que... les ressources financières
des offices municipaux d'habitation, d'un
point de vue strictement financier et comptable, c'est plus rentable qu'elles
restent dans le périmètre des HLM, là, donc pas qu'elles... Il ne
faudrait pas qu'elles sortent du périmètre des HLM vers d'autres programmes,
là, qu'on pourrait qualifier de sociaux selon la définition, là, mais
strictement dans le terrain HLM, là.
Mme Duranceau : Non. Là, je sais à
quelle conclusion vous voulez arriver, mais ce n'est pas ça, là.
M. Fontecilla : Pourquoi?
Mme Duranceau : Là, ce qu'on veut,
c'est pouvoir avoir la flexibilité de construire le bon projet au bon endroit
pour la bonne clientèle. C'est ça qu'on veut. Et, à l'occasion, ça va requérir
qu'il y ait, par ailleurs, des PSL qui
soient ajoutés aux subventions à la brique. Puis ça va dépendre des projets,
mais, s'il y a une chose qui est certaine dans le contexte actuel, là,
il faut construire. Il faut construire n'importe quoi, mais il faut construire,
il faut... tous les types d'habitations doivent être construits.
Puis on veut aussi s'assurer qu'il y a une
mixité puis qu'on n'en construit plus, des HLM isolés, juste avec une certaine clientèle. On veut une mixité, puis
c'est ce que les programmes permettent, que ça soit AccèsLogis ou que ça
soit le PHAQ. Puis il ne faut pas perdre de
vue, là, dans le débat sur cet article-là, spécifiquement, que la société...
On a un office d'habitation qui, à la base, est en charge des clientèles les
plus vulnérables, qui va disposer d'un terrain ou d'un bâtiment et qui, au lieu
d'être obligé de passer par les dédales administratifs, de retourner l'argent à
la SHQ, reddition de comptes... il va y en avoir pareil, là, mais on veut
assouplir tous les dédales administratifs pour que, si, finalement, cet
office-là, puis mon Dieu qu'ils en ont, des projets, puis ils veulent les
faire, puis ils trouvent ça trop compliqué... On veut juste dire : O.K.,
bien, tu peux aller de l'avant directement avec ton autre projet.
Puis la SHQ, par définition, elle n'est pas dans
la construction de condos de luxe, là, elle est dans la construction d'unités
sociales et abordables, là, selon toutes les définitions qu'on veut lui donner.
Ça fait que, je veux dire, la logique, c'est qu'un office veut construire un
projet directement ou à travers un OBNL de son choix ou la municipalité, demande la permission à la SHQ, qui
est aussi dans une perspective de soutenir les clientèles vulnérables...
Je veux dire, il va se... Puis on veut construire plus, plus rapidement, plus
vite. C'est ça que ça vise, cette mesure-là.
Puis les
programmes, là, on les connaît, c'est AccèsLogis, c'est le PHAQ. Le PHAQ... on
le voit, là, qui fait les projets dans le PHAQ, des OBNL, tout le monde
avec la même perspective d'aider les clientèles les plus vulnérables. Ça fait
qu'on n'est pas en train de ne rien perdre, là, on veut s'assurer d'en
construire plus, plus efficacement. Puis, ultimement, de tout ça, il va y en
avoir plus pour les clientèles vulnérables, là. C'est l'objectif.
M. Fontecilla : Je comprends tout à
fait l'objectif. Il faut effectivement diversifier l'offre de logements pour s'adresser à différents segments socioéconomiques
de la population en général, la population qui a des besoins en termes
de logement. On ne se mettra pas à construire des condominiums de luxe, etc.,
en tant qu'investissements publics, là, mais je pense
qu'on ne peut pas... La mission des offices municipaux d'habitation, elle est
telle, mais elle n'est pas... ce n'est pas la mission de la Société
d'habitation du Québec. La Société d'habitation du Québec, là, vous allez me corriger, elle a une mission plus vaste, qui
inclut la mission des offices municipaux d'habitation, des offices... Donc,
en quelque sorte, la mission des offices
d'habitation, elle est plus restreinte, elle s'adresse à une catégorie non pas
plus précise, peut-être pas en termes
de nombre, parce qu'il y a beaucoup de gens, quand même, là, je crois qu'il y a
38 000 ménages, là, qui sont en attente d'un HLM, en plus des
74 000 ménages qui occupent un HLM, là, bon, donc ça fait un paquet
de ménages... Je ne sais pas combien de gens, là, peut-être que M. Foster
pourrait nous dire combien de personnes on retrouve
sous ce chapeau-là, mais, quoi qu'il en soit, la mission de la SHQ, la Société
d'habitation, dépasse la mission des offices municipaux d'habitation.
Là, par cet article-là, vous donnez la possibilité
aux offices d'habitation municipaux de sortir de leur mission strictement HLM,
là, et aller... quel terme je pourrais... jouer, là, dans la mission... dans
d'autres programmes qui ne sont plus des HLM. C'est du logement abordable et,
on s'entend, je crois qu'on a compris ça, du logement abordable, ce n'est pas du logement HLM, là, si on s'en tient à
certaines définitions, là. C'est ça, l'enjeu, là. Est-ce qu'on n'est pas
en train d'en quelque sorte ouvrir une brèche dans la mission des offices municipaux
d'habitation pour qu'ils fassent autre chose que des HLM, là?
Mme Duranceau : Bien, moi, je ne la
vois pas, la brèche, là, parce que l'office, c'est ça, sa mission, O.K.? Puis l'office vient voir la SHQ pour demander
l'autorisation de ne pas être obligé de rembourser l'emprunt, obtenir
une quittance, faire transférer l'argent. Il veut avoir l'autorisation de
prendre l'argent puis faire un autre projet déterminé par l'office en fonction
de sa mission, qui est celle de gérer des HLM et de gérer des projets
AccèsLogis qui incluent des clientèles vulnérables.
Alors, il ne faut pas oublier, une municipalité
a un office qui vend quelque chose puis qui vient demander l'autorisation à la SHQ de faire un autre projet
avec cette somme d'argent là, O.K.? Puis nous, on va regarder ça, la SHQ
va regarder ça. Si l'autre projet, ça n'a pas de bon sens, selon les critères
ou selon la mission officielle des offices, bien, je veux dire, on va dire non,
mais là on présume qu'il y a bien du monde qui ne dit pas la bonne affaire, là,
dans votre brèche, là.
M. Fontecilla : Non, moi, je veux
protéger, en fait, je veux protéger les parcs HLM, là. Vous avez un office municipal... pour aller de façon très
illustrative, là, vous avez un office municipal d'habitation qui a
100 logements — ça
peut exister, il y a des petits OMH à travers le Québec, je crois bien — et il
y en a, pour utiliser votre exemple, M. Foster... il y a un immeuble de
25 logements qui est excentré, etc., pour différentes raisons, il n'y a presque
plus de locataires dans ces logements-là. Il
y a une perte de productivité, il y a 25 logements, et on fait des
calculs, et on se rend compte que, de
façon prévisible, d'ici les 20 prochaines années, il y aura... on ne
pourra pas remplir ces logements-là. L'édifice est vieux, etc., là, il
faudrait mettre beaucoup d'argent pour la rénovation. Peut-être que ça vaut la
peine de le démolir et en construire un autre, peut-être pas sur place,
peut-être ailleurs, là, dans une ville régionale, par exemple. Ça me paraît un
choix auquel les offices municipaux d'habitation peuvent être confrontés de
façon... ce n'est pas impossible.
Et j'en suis,
de la flexibilité que vous demandez. Moi, je veux répondre à des besoins de
logement des ménages les plus... les plus faibles revenus et je veux la
flexibilité nécessaire pour y répondre. Donc, je suis tout à fait d'accord avec
les... à lever tous ces circuits d'autorisation, etc., pour donner la
possibilité à l'OMH de vendre ce bâtiment-là, qui
pourrait se vendre très cher, peut-être l'aliéner, obtenir des gains. Et qu'est
ce qu'on va faire avec ce gain-là? Est-ce qu'on va l'investir dans du
logement abordable ou dans des HLM, là?
Et c'est ça, la question essentielle, là, ce
n'est pas... on n'est pas dans la flexibilité. Je pense qu'ici tout le monde autour de la table veut la flexibilité pour
produire plus de logements. Ce qu'on voudrait, c'est que cet argent-là,
du fruit de l'aliénation, puisse être destiné à construire d'autres HLM là où
on en a besoin, là, dans la zone de l'office municipal
d'habitation, évidemment, là, et non pas destiné à un autre type de clientèle
qui est la clientèle du logement abordable.
Voilà. C'est ça, l'enjeu central, c'est garder l'argent des HLM dans les HLM,
là. Parce qu'il y a de l'argent dans les HLM, là, on a un parc locatif,
là, souvent très bien situé. Je pourrais vous donner un exemple, les
habitations Jeanne-Mance à Montréal, en plein centre-ville, là. Si on se
mettait à vendre ça, là, mon doux qu'on aurait du capital pour construire!
Évidemment, on ne va pas le vendre, mais ça vaut de l'argent, tout ça, là, et
ça peut se répéter partout à travers le Québec, parce que... Il y a combien
d'offices d'habitation au Québec, M. Foster?
• (14 h 40) •
M. Foster (Claude) : 149.
M. Fontecilla : 149, Parfait. Bon,
au-delà du phénomène de regroupement, etc., mais, voilà, on veut protéger les
parcs de HLM.
Mme Duranceau : Bien là, je
comprends, là, puis il n'y a personne qui n'est pas en train de protéger le
parc HLM. Le droit, il existe déjà, il existe déjà, de le faire, alors là ce
qu'on vient juste dire... Alors, le droit, il existe déjà, on vient juste de simplifier la mécanique, puis, si on ne la
simplifie pas, la mécanique, là, ce qui arrive bien souvent, c'est que
l'argent retourne à la Société d'habitation du Québec. Puis savez-vous quoi? On
peut financer AccèsLogis. On peut financer le PHAQ avec ça. Ça va sortir du
giron de l'office, là.
Donc là, ce
qu'on vient dire, c'est qu'on simplifie la mécanique, que ce soit pour un
programme... pour construire exactement la même chose à la même place,
pour la même clientèle, ou peut-être construire un programme soutenu par l'office... un projet soutenu par l'office qui s'inscrit
dans le cadre d'un de nos programmes actuels. Ça fait que c'est un faux débat,
là, c'est...
M. Fontecilla : ...Mme la ministre.
Je pense que c'est un... l'intention... comment vous dire ça, l'intention est à
90 % bonne. Il s'agit de donner de la flexibilité aux offices municipaux
et d'habitation de se départir d'actifs, là, qui n'ont plus de raison d'être en
fonction de leur mission. M. Foster a donné un exemple tantôt, un bâtiment
pratiquement abandonné, il n'y a personne qui veut aller là, non pas parce
qu'il est mal en point, parce qu'il n'y a pas de demande, tout simplement, là.
Et un office municipal d'habitation devrait avoir la flexibilité d'aliéner cet
actif-là et d'obtenir un produit... un gain, un produit de la vente, pouvoir le
réinvestir pour continuer ou développer sa mission.
Encore une fois, je répète, je pense que ma collègue des Mille-Îles est
aussi... je l'ai entendue, là, elle partage aussi ce point de vue, là. On est tous pour la flexibilité pour donner
plus de moyens d'action, là, et c'est : qu'est-ce qu'on va faire,
comment on va investir cet argent produit qui a été obtenu suite à l'aliénation
d'un actif d'un office municipal d'habitation?
Vous, ce que
vous dites, là, c'est qu'on pourrait l'envoyer vers du logement abordable, mais
il y a beaucoup de gens... moi, entre autres, et je pense que la
collègue des Mille-Îles aussi, on voudrait que ça reste dans les HLM pour financer... dans les offices municipaux
d'habitation pour financer du HLM. C'est juste ça. C'est juste ça qui nous
dérange.
J'aurais une question. J'ai cru comprendre que,
dans la façon actuelle de fonctionner, si un office municipal décide de se
départir d'un actif, d'un immeuble, il procède... s'il a les autorisations,
etc., là, s'il fait tout le circuit, là, très compliqué dont vous parlez, Mme
la ministre, l'argent, le fruit de cette vente-là s'en va à la SHQ, et la
SHQ... j'ai cru comprendre que la SHQ devait le remettre au fonds consolidé de
la province. Donc, ça sort complètement du domaine de l'habitation ou est-ce
que cet argent-là reste à la SHQ? Détail que j'ai manqué.
Mme
Duranceau : On me dit que ça reste à la SHQ, mais que ça peut
être utilisé à d'autres fins, qu'on pourrait subventionner un programme
quelconque avec ça, là.
M. Fontecilla : O.K. Parfait. Bon,
on s'entend que ça pourrait être... ça va être investi dans le cadre de la
mission de la SHQ.
Mme Duranceau : Oui, oui, bien sûr.
M. Fontecilla : Peut-être pas pour
du HLM. On n'est pas très contents, mais, bon, au moins, c'est la mission de la
SHQ, dont moi, je partage les...
Mme Duranceau : Bien, ça existe
déjà, là, hein, ça. Cette situation-là existe déjà.
M. Fontecilla : La question à se
poser, Mme la ministre : Est-ce que c'est une situation qui s'est déjà
posée souvent? Est-ce que les offices municipaux d'habitation...
Mme
Duranceau : Bien, clairement, c'est posé parce qu'on veut de
la flexibilité, puis on veut de la flexibilité pour agir dans le cadre des programmes existants puis répondre à une
demande des offices. Ça fait que c'est pour ça, là.
M.
Fontecilla : Est-ce que la Société d'habitation du Québec
possède un inventaire d'édifices dont, éventuellement, il faudrait se
départir pour différentes considérations tout aussi logiques les unes que les
autres?
Mme Duranceau : Bien, on a
l'inventaire de tous les... on a l'inventaire de tout ce qui appartient aux
offices d'habitation, effectivement.
M. Fontecilla : O.K. Non, mais les
bâtiments dont... le nombre d'unités correspondantes dont on pense qu'à terme,
d'ici à court ou moyen terme, ce serait plus rentable de s'en départir, est-ce
que ça existe?
Mme Duranceau : Bien là, c'est
une... Ça existe, un inventaire de toutes les unités d'habitation HLM. Ça existe,
un plan de redéploiement puis de rénovation de ces unités-là. Puis,
effectivement, à l'intérieur de ces toutes ces unités-là, il y en a qui
pourraient être... puis l'exemple de Val-Martin, de tantôt, est un bon exemple,
là, il y a des édifices qui pourraient mériter d'être reconstruits complètement
puis... mais c'est une analyse en cours, là, je veux dire, les équipes
travaillent là-dessus, je n'ai pas une liste à vous présenter. Puis c'est
juste, encore une fois, une mesure pour se sortir des dédales administratifs.
M. Fontecilla : En d'autres mots,
Mme la ministre, est-ce que vous allez au cas par cas ou vous avez une vision,
là, de ce qui pourrait être transformé en autre... de ce que les offices
municipaux pourraient se départir ou pas ou c'est vraiment... ça se présente à
votre bureau un peu, bon, il y a tel office qui voudrait se faire... se
départir de tel immeuble ou il y a une vision, là, sur ce secteur-là en termes
d'actifs dont on pourrait se départir?
Mme
Duranceau : J'ai très certainement une vision sur le redéveloppement
de plusieurs actifs immobiliers, mais, effectivement, il faut les regarder au
cas par cas, chacun individuellement, puis définir quelle est la meilleure approche pour chacun. Ça, c'est la job de la SHQ de faire
ça. Puis je m'attends à ce que ce soit quelque chose qu'ils regardent pour
optimiser le parc immobilier, effectivement, mais là il n'y a pas de vente de
feu, il n'y a personne qui est en train de liquider le parc HLM. On veut juste
construire plus d'unités de logement pour tout le monde dans le contexte de la
crise actuelle. Mon objectif, c'est assouplir les règles pour être capable de
construire plus vite. C'est vraiment l'objectif de ce terme-là. Vous allez
voir, on va le répéter, mais c'est ça, le but, là.
La Présidente (Mme Haytayan) : M.
le député de Laurier-Dorion, juste vous dire qu'il vous reste trois
minutes.
M.
Fontecilla : Trois minutes.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Pour votre information, oui.
M. Fontecilla :
Dans le cadre de cet amendement-là.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Exactement.
M.
Fontecilla : Très bien. Moi, je...
La Présidente (Mme
Haytayan) : Donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M.
Fontecilla : Pas pour l'instant.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Pas pour l'instant. Excellent. Donc, s'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement à l'article 19 est adopté?
Des voix :
...
La Présidente (Mme
Haytayan) : Parfait. M. le secrétaire, vote par appel nominal, s'il
vous plaît. Merci.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Dufour (Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
Le
Secrétaire : Mme Duranceau (Bertrand)?
Mme Duranceau :
Contre.
Le
Secrétaire : Mme Jeanotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Contre.
Le
Secrétaire : M. Rivest (Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Contre.
Le
Secrétaire : M. Gagnon (Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le
Secrétaire : M. Girard (Lac-Saint-Jean)?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire :
M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M.
Fontecilla : Pour.
Le
Secrétaire : Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
La Présidente (Mme
Haytayan) : Abstention. L'amendement est donc rejeté. Nous sommes donc
de retour sur l'article 19. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui,
M. le député.
M.
Fontecilla : J'aurais un autre amendement à déposer, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Parfait. Donc, on vous écoute, M. le député, pour
l'amendement. Puis est-ce qu'on l'a reçu, M. le secrétaire?
M. Fontecilla : Donc, je pense qu'il
a été déposé dans Greffier.
La Présidente (Mme Haytayan) : Parfait.
C'est reçu, donc on vous laisse en faire la lecture, s'il vous plaît, M. le
député.
M. Fontecilla : Laissez-moi le
trouver.
Des voix : ...
M. Fontecilla : Je peux y aller?
La Présidente (Mme Haytayan) : Oui,
allez-y. On vous écoute.
• (14 h 50) •
M. Fontecilla : Donc, amendement à
l'article 19, Loi sur la Société d'habitation du Québec. À
l'article 19 du projet de loi,
modifiant l'article 62 de la Loi sur la Société d'habitation du Québec,
remplacer les mots «ou dans le cadre d'un projet visant la réalisation
de logements abordables.» par «aux conditions qu'elle maintienne ou augmente le
nombre d'unités à loyer modique avec l'assentiment des locataires concernés.»
L'article 62, tel qu'amendé, se lirait
ainsi :
«62. Toute municipalité et tout office doivent
employer [les produits] de toute aliénation des immeubles acquis pour la réalisation d'un programme dûment
autorisé, au remboursement des emprunts contractés auprès de la Société en vertu du paragraphe b ou des subventions
accordées en vertu du paragraphe c de l'article 60. Le produit d'une
telle aliénation peut toutefois, avec l'autorisation de la Société, être
employé pour la rénovation ou la reconstruction d'un immeuble d'habitation à
loyer modique appartenant à cette municipalité ou à cet office aux conditions
qu'elle maintienne ou augmente le nombre d'unités à loyer modique avec
l'assentiment des locataires concernés.»
Donc, si je
peux procéder à quelques explications, Mme la Présidente, j'ai été très
satisfait d'entendre la ministre nous dire qu'elle veut conserver les
offices d'habitation du Québec, là, et les parcs d'habitation à loyer modique.
C'est important que la ministre de l'Habitation envoie ce message-là à
l'ensemble du Québec, là, pour dire que les HLM, c'est important, parce qu'on a
déjà vu dans... des juridictions très proches de la nôtre où ce n'était pas le
cas. En Ontario, concrètement, il y a eu des ventes de feu des habitations à
loyer modique. Donc, ce n'est pas... ça dépend de la volonté politique de
garder notre parc de HLM. Il y a d'autres pays, d'autres provinces dans ce
cas-ci, qui ont procédé, à toutes fins pratiques, à abolir ces parcs-là. Donc,
je considère important les déclarations de la ministre, là, voulant... dans le
sens de garder notre parc de HLM au Québec.
Et c'est ça qui est important, Mme la
Présidente, là, c'est la conservation de notre parc de HLM au Québec, là, et
éviter autant que possible toute possibilité de diminuer la présence et le
nombre absolu, là, d'unités d'habitation à loyer modique. Et les habitations à
loyer modique, c'est un secteur qui est très... quand même très encadré et qui
comporte une définition très précise, avec des institutions qui gèrent et qui
sont administrées d'une façon tout à fait normée,
c'est les offices municipaux d'habitation, qui reçoivent une clientèle très
bien déterminée. On a entendu... on a entendu
tantôt, il y a même un règlement, j'oublie l'acronyme, là, le... peut-être,
M. Foster va nous en informer tantôt, qui établit très clairement
les caractéristiques et surtout le niveau de revenu des ménages admissibles. Et
c'est un parc destiné aux personnes les plus pauvres du Québec, hein, on va se
le dire, les personnes les plus démunies, les plus... en même temps, les plus
vulnérables, dont une grande proportion de personnes seules, une grande
proportion de femmes qui vivent dans les HLM. J'en sais quelque chose parce
que, dans ma circonscription, il y en a plusieurs. En face de mon bureau, il y
a une HLM pour personnes âgées, et je connais bien cette réalité-là. Donc, il
est primordial, essentiel d'éviter toute perte de logement, là, d'habitation à
loyer modique, là, peu importe le motif.
Il y a une perte objective, une perte objective
qui était en cours, et je pense qu'on est en train de renverser la tendance, heureusement, par, comment dire, la
détérioration du parc de HLM, là, au Québec, là, faute
d'investissements. Et, bon, peut-être, je pense qu'on... Avec Mme la ministre
de l'Habitation, on s'est coltaillés un petit peu, là, il y a quelques mois,
là, sur la question des programmes de rénovation, là, des HLM. Et, moi-même,
avec mes collègues, là, on a mis en lumière un certain nombre de HLM dans la
région de Montréal qui étaient carrément barricadés. À un moment donné, on
parlait de 700 lorsqu'on a porté à notre attention, 700 logements HLM qui
étaient barricadés parce qu'ils étaient
impropres à l'habitation. Il y a quelque temps, on était rendu à 400. C'est
déjà beaucoup, si on sait qu'à chaque
année, bien, je parle de mémoire, à chaque 1er juillet, il y a un certain
nombre de familles qui se retrouvent à la
rue, qui viennent du secteur locatif privé. Je pense que, l'année passée, le
1er juillet, là, on dépassait... on était à 560, là, si on prend
les chiffres du FRAPRU, 560 familles, là, qui étaient à la rue. Bien,
écoutez, s'il y a deux, trois ans, on avait 700 logements barricadés,
bien, ces logements auraient pu servir à héberger ces familles au lieu de les
envoyer dans des hébergements transitoires, des hôtels ou des motels, comme on
fait maintenant.
Donc, il est essentiel... Moi-même, j'ai fait
une lutte politique, et j'ai talonné pas mal la ministre, et je l'ai vue
s'activer pour aller chercher des sommes à Ottawa, là, pour faire en sorte
d'investir dans les HLM au Québec, là. Et elle a même fait... je crois savoir
qu'elle a fait beaucoup de gestion pour faire en sorte que cet argent-là
transite de façon plus flexible et souple, pour reprendre ses termes, parce
qu'il y avait un certain nombre de complications, on va le dire,
bureaucratiques, là, qui empêchaient que les sommes d'Ottawa, qui étaient
doublées par des sommes de Québec, tel que ça se fait d'habitude, là, ce n'est pas une... comment
dire... Bon, bref, c'était quand même un montant d'argent. Elle a
travaillé dur pour faire en sorte que cet argent arrive sur le terrain et que
les travaux, finalement, commencent à se
faire. J'en suis bien content. Et je peux le voir, je peux le constater
moi-même. Je vous disais tantôt qu'en face de mon bureau, il y a un
édifice de sept ou huit étages, là, qui est un HLM, en fait, et je vois les
travaux qui sont en train d'être réalisés, et on est bien contents.
Donc, il est primordial que ces parcs-là soient
préservés, et c'est l'État du Québec qui en est propriétaire. Et on en a parlé
dans d'autres sections de l'étude détaillée de ce projet de loi, là, un bon
propriétaire doit prendre soin de son actif, c'est sa tâche première, et éviter
de l'aliéner, éviter qu'il se détériore, éviter aussi... de l'aliéner. Et, par
la mission de la Société d'habitation du Québec, le fruit de l'aliénation doit
nécessairement rester dans le périmètre de la mission des offices municipaux
d'habitation, mais, malheureusement, par cet amendement-là de la ministre, on
voit qu'il y a une brèche qui s'ouvre, j'ai utilisé le terme sciemment il y a
quelques minutes, il y a une brèche qui s'ouvre, parce que le fruit de
l'aliénation pourrait sortir du périmètre des offices... des HLM, même pas de
l'office municipal de l'habitation, des HLM, pour aller construire d'autres
types de logements, du logement qui est du type abordable. Et ce n'est pas ce
qui est souhaité, ce n'est pas ce qui est souhaité par moi et par un très grand
nombre d'organisations au Québec, là.
Et je vous
fais remarquer, Mme la Présidente, que l'amendement, tel qu'il a été modulé,
c'est copie conforme de la proposition de la fédération... la
proposition faite dans le cadre des consultations du PL n° 31, là, par la
Fédération des locataires d'habitations à loyer modique du Québec. Je n'ai pas
sorti ça de ma poche arrière, là, ça vient de la base, là, ça vient de
l'organisation qui représente 74 000 ménages au Québec, là, qui
vivent dans des HLM.
Donc, c'est la voix officielle des locataires
d'un HLM, là, qui nous dit : Il y a un danger là et il ne faudrait surtout
pas ouvrir cette brèche-là et faire en sorte que les parcs... ouvrir la porte,
parce que le parc de HLM diminue au Québec, d'où ma volonté de faire en sorte
que, si jamais... et j'approuve, encore une fois, 90 % de la proposition
de Mme la ministre pour octroyer davantage de souplesse, de flexibilité aux
HLM, là, si jamais on arrive... un office municipal d'habitation arrive à la
conclusion qu'il est plus... qu'il est convenable, d'un point de vue financier,
humain, économique, etc., là, il y a plusieurs types... Autrement dit, il faut
faire une analyse complète comprenant l'ensemble
des critères si jamais il est convenable de s'aliéner un immeuble, mais que les
fruits de cette vente-là servent à conserver
ou à développer, agrandir le parc de HLM, là, et non pas à le diminuer et
financer d'autres types de logements.
Ce qu'il faut
ici, Mme la Présidente, là, c'est défendre les parcs de HLM au Québec, là, et
donner, évidemment... et sûrement qu'on va... qu'on aura la chance d'en
discuter aussi, donner une plus grande voix aux locataires de HLM pour décider
aussi, donner leur avis sur la destinée du parc dans lequel ils vivent, là.
Après tout, c'est des propriétés publiques,
là. Donc, voilà. C'est ça, la motivation première — je reprends la formulation de la Fédération des
locataires de HLM du Québec, là — pour faire en sorte de protéger les parcs
de logements sociaux au Québec.
• (15 heures) •
La
Présidente (Mme Haytayan) : Merci, M. le député de Laurier-Dorion. Est-ce
qu'il y a des interventions?
Mme Duranceau : Oui, une brève
intervention de ma part pour rappeler l'objectif de l'article 19 tel que proposé. Alors : souplesse, souplesse pour
construire plus rapidement. Et, si je peux offrir un commentaire
additionnel, on en a besoin, de HLM, puis on
n'est pas du tout, là, ni moi ni la société d'habitation, dans une posture où
on veut en voir diminuer le nombre. On en veut plus. On va s'assurer de
rendre cette information-là disponible. On va être bien transparent sur le
nombre de HLM à chaque année, O.K.? Puis HLM, ça peut être avec PSL, ça peut
être 100 % subventionné. Donc, on va s'assurer que cette information-là,
elle percole comme il faut puis que les gens n'aient pas l'impression qu'on est
en diminution du nombre d'unités, mais plutôt qu'on est en train de préserver
ce qui existe puis d'en faire plus.
Donc, pour
moi, cette mesure-là, c'est une mesure pour ajouter de la souplesse, pour se
donner la latitude de faire les bons
projets aux bons endroits pour les bonnes... les clientèles qui sont vulnérables.
Puis, je le répète, c'est tellement compliqué
depuis des années, tous les programmes de subvention puis de financement, tout
le monde nous a demandé d'être plus flexible. C'est ça qu'on vise à
faire avec cet article-là.
Et, par
ailleurs, je vous dis ça, là : Je veux que ce soit clair, moi, il y en a
combien, de HLM, puis combien on en reconstruit, puis combien on en
rénove, puis combien sont des nouveaux. Mais ça, ça ne fait pas partie de cet
article de loi là, ça fait partie du plan en
habitation puis ça fait partie de ma vision puis de celle de la SHQ. Ça fait
que c'est juste ça que je voulais ajouter, là, pour peut-être répondre à
la préoccupation qui était soulevée. Bien, ce sera tout. Merci.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
Mme la ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Fontecilla : ...Mme la
Présidente, j'ai posé la question pour savoir si la ministre avait une idée,
là, de combien d'unités ou de bâtiments qui sont des HLM aujourd'hui, là,
pourraient être aliénés pour être... pourraient être vendus, là, en vertu de
cet article-là, et transformés, peut-être — peut-être — en
logements abordables. Mme la ministre ne m'a pas donné de chiffre exact.
J'espère qu'elle va se doter de cette information-là, parce qu'il faut voir
les... comme on dit en bon français, il faut voir la «big picture», il faut
voir les choses dans son ensemble.
Si je ne me trompe pas, il y a
74 000 logements HLM au Québec, là, et il y en a un certain nombre
qui sont à... qui sont occupés. Bon, il y a toute une catégorisation, là, il y
en a beaucoup qui sont maganés, surtout les endroits où le parc est plus... est
vieillissant, à Montréal en particulier, parce que c'est normal, c'est là que
le programme de HLM a commencé il y a, quoi, là, 50, 60 ans, peut-être
plus, et donc les bâtiments sont nécessairement plus vieux et nécessitent davantage de travaux. Mais donc, ce
serait bien de se doter d'une vision, là, ou qu'on dise : Ces
bâtiments-là sont en
quel état et sont occupés, ces bâtiments-là ne sont pas occupés, et on a un
certain... partout au Québec, hein, on a un certain nombre de bâtiments,
là, dont on peut... dont on pourrait se départir pour, encore une fois, toute
une série de raisons et pour... non pas pour faire du logement abordable, pour
faire d'autres HLM, là, qui sont... qui ont une caractéristique très, très,
très précise, là, c'est...
Le logement abordable, ça peut être la... je
sais que ce n'est pas la bonne expression, là, la tenure, la propriété du
logement abordable n'est pas nécessairement... n'appartient pas nécessairement
au public, là, au secteur public, là, ça
peut appartenir à un OSBL, à une coopérative. Et même, dans la première version
du programme PHAQ de la ministre de
l'Habitation, ça pouvait surtout, ou c'était ça, l'intention, appartenir à des
propriétaires, à des propriétaires privés,
là. Et c'est encore le cas, c'est encore le cas. Et donc moi, je verrais d'un
très mauvais oeil... Et j'aimerais savoir si la ministre... qu'est-ce qu'elle en pense, de cette possibilité-là :
s'il y a un propriétaire, si on aliène un bâtiment HLM, peu importe la région à travers le Québec, là, et le
fruit... est-ce qu'il pourrait y avoir la possibilité que, et là je n'en suis
pas sûr... que cet argent-là soit utilisé
pour financer la construction de logements abordables qui, ultimement,
appartiendraient à un propriétaire privé?
Une question très précise, là. Je ne vois pas trop la possibilité, mais
j'aimerais avoir la confirmation.
Mme Duranceau : Encore une fois, on
oublie, là, ici qu'on serait dans une situation où une municipalité ou un
office d'habitation, hein, un office d'habitation qui a à sa charge la gestion
des HLM ou de différents projets AccèsLogis, là... Donc, on a un office qui
vient nous voir, qui dit : Regarde, je veux garder l'argent, fruit de la
vente de ça, pour faire un autre projet.
Alors là, bien franchement, ça supposerait qu'un office a décidé de donner de
l'argent à un promoteur privé, dans le cadre du PHAQ, pour faire des HLM.
Honnêtement, le privé ne va pas là-dedans, là, je veux dire, ce n'est pas rentable. Ce n'est pas un modèle, de toute
façon, qui est conçu pour être rentable. Alors, je ne vois pas cette situation-là survenir. Et, si elle
survenait, hein, si elle survenait, c'est parce que, là, on a des gens des
offices qui pensent que c'est vraiment le
meilleur projet pour leur clientèle à ce moment-là, là, qui vont présenter à la
SHQ un projet qu'ils considèrent pertinent, puis il faudrait que tout le
monde à la SHQ trouve ça, par ailleurs, une superbonne idée puis que c'est la
meilleure idée. Je veux dire, là, on serait comme dans un monde un peu
ésotérique, là, je pense.
Une voix : ...
Mme Duranceau : De licornes, oui.
Donc, j'apprécie, c'est correct...
M.
Fontecilla : O.K. Mais ce que j'entends, là, c'est que ça
pourrait se produire, légalement, ça pourrait se produire, même si
c'est... ça semble peu absurde, ça pourrait se produire.
Mme Duranceau : Oui, mais encore là,
le PHAQ, là, ce n'est pas un outil, là, méchant, là, c'est pour produire du logement abordable, lesquels logements
sont admissibles au PSL. Donc, sais-tu quoi, si on a un promoteur privé
qui est prêt à faire ça rapidement à l'intérieur des balises qu'on lui impose,
qui sont hyperrestrictives dans le PHAQ, par
ailleurs, pour le privé, puis que ça marche, puis que ça ne coûte pas cher,
puis qu'il y a des PSL, puis qu'on dessert la clientèle comme l'aura
analysé l'office d'habitation puis qui considère que c'est la bonne chose...
O.K.?
Là, j'entends votre inquiétude : là, ils
deviennent PHAQ, ce n'est plus du logement communautaire...
M. Fontecilla : HLM.
Mme Duranceau : ...non détenu par un
OBNL dans ce cas-là. Écoute, ça peut arriver, là, mais ce n'est pas ça,
l'objectif, là. Ce qu'on veut, là, c'est que ça... qu'on ait la flexibilité, je
le répète, pour faire les bons projets à la bonne place. Puis là j'ai en jeu...
pas «j'ai en jeu», la personne qui va venir poser cette question-là ou demander
cette permission-là, c'est un office d'habitation. Alors là, si vous me trouvez
des offices d'habitation qui s'en vont vers des projets privés, bien, écoutez,
on va avoir franchi des grandes étapes, là.
M.
Fontecilla : Des fois, les choses vont vite, hein? Mais c'est
intéressant que vous me disiez ça, Mme la ministre, parce que...
Mme Duranceau : Bien, je dis que
c'est fictif, là.
M. Fontecilla : Tout à fait, on est
dans le fictif.
Mme Duranceau : Moi, je n'adhère pas
à cette théorie-là. Et je conclus sur le fait que c'est de la souplesse que je
vais chercher.
M. Fontecilla : Tout à fait.
Mme Duranceau : Et je pense que j'ai
tout dit, moi.
• (15 h 10) •
M.
Fontecilla : Et je pense que moi aussi, je partage le souci de
souplesse, là. Mais ce que je viens d'entendre, c'est qu'en théorie les
lois, telles qu'elles sont faites actuellement, pourraient permettre une telle
situation, même si cela semble absurde. Et,
si jamais on trouve un promoteur privé qui a un grand coeur, qui est prêt à
faire pas beaucoup d'argent ou peut-être en perdre, parce qu'il est un homme
philanthropique, là, ça, on pourrait faire... ça pourrait exister, même
si ça semble... Mais le fait, vous l'avez dit, la possibilité existe.
Donc, si... allons-y dans l'hypothétique, si ça
se produit, comme situation, on va avoir la situation nette de perte, de diminution de l'actif de HLM au profit
d'autres types d'entité. Que ça s'en aille vers une coopérative ou un
OSBL d'habitation, c'est une propriété collective, c'est hors marché, c'est moins
pire, maisquand même, on a toujours la perte de la taille du parc de HLM. Si,
par hasard, ça s'en va vers le privé, bien là c'est encore pire, là, parce
qu'il y a un moment donné ce privé-là pourrait le vendre, pourrait faire toutes
sortes de choses.
Mais, quoi qu'il en soit, dans les deux cas de
figure, là, il y a une perte du parc locatif HLM au Québec, là. C'est ça, la
brèche dont je parle, Mme la ministre. En introduisant le concept d'aliénation
au profit du logement abordable, c'est ça,
le risque, le danger, de voir diminuer le parc de HLM au Québec, là, alors que
beaucoup de gens, dont moi et la Fédération des locataires de HLM du
Québec, on tient absolument à protéger, dans les textes législatifs, dans le
projet de loi n° 31, et là on a l'opportunité de le faire, là, de
protéger, justement, ce parc-là pour qu'il reste tel quel, à tout le moins, ou
qu'il soit appelé à se développer, ce que je souhaite, là, dans un avenir
prochain, là.
Mais là vous
ouvrez la porte, et je viens d'avoir la confirmation, à ce que ce parc-là
puisse être rétréci par l'ouverture au logement abordable. Voilà. Donc, le
danger est bien réel. Si on adopte... si on n'adopte pas mon amendement et on
adopte tel quel votre vote article de loi, la menace est réelle, là, il pourrait
y avoir diminution du parc de logements HLM au Québec.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Merci. Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement
à l'article 19 est adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Haytayan) : M. du
secrétaire, possible de passer à l'appel nominal? Merci.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire : Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire : M. Rivest
(Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Contre.
Le Secrétaire : M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Abstention.
Le Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
La Présidente (Mme Haytayan) : Abstention.
Donc, l'amendement à l'article 19 est rejeté. Merci. (Panne de son)...
retourne maintenant à l'article 19. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions, toujours sur l'article 19? Oui, Mme la députée.
Mme
Dufour : Bien, je vais réitérer que, tu sais, je pense que mon
collègue a fait... il a bien exposé l'enjeu. Je l'avais exposé au préalable, il y a quand même un risque qu'on perde du
logement social ou du logement à loyer modique, qui était quand même un gain et qui convient à une certaine part de la
population. Et il y a une incertitude par rapport à ce que le logement
abordable soit réellement pour les gens qui vont y résider. Alors, je voulais
juste le rappeler, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Haytayan) : Merci. Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Parfait. S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 19 est
adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Haytayan) : Parfait.
M. le secrétaire, pouvez-vous procéder par le vote nominal? Merci.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Duranceau (Bertrand)?
Mme
Duranceau : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire :
M. Rivest (Côte-du-Sud)?
M. Rivest :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Girard (Lac-Saint-Jean)?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dufour (Mille-Îles)?
Mme Dufour :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M.
Fontecilla : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
La Présidente (Mme
Haytayan) : Abstention. Donc, l'article 19 est adopté. Merci. Mme
la ministre, s'il vous plaît, nous faire la lecture de l'article 20. Merci
beaucoup.
Mme
Duranceau : Alors : L'article 85.1 de cette loi est remplacé par
le suivant :
«85.1. Les
dispositions de la présente section s'appliquent à un organisme d'habitation
qui est un organisme sans but lucratif :
«1° qui reçoit
de la Société de l'aide aux fins de l'exploitation et de l'entretien
d'immeubles d'habitation;
«2° qui a reçu
de la Société de l'aide dans le cadre d'un programme d'habitation mis en oeuvre
en vertu de la présente loi afin de réaliser un projet comprenant des logements
abordables, pour la durée de tout accord portant sur l'exploitation de ces
logements.»
Alors, l'article 20
du projet de loi...
Une voix :
...
Mme
Duranceau : Ah! j'ai un amendement à lire... bien, que je lis après
ça. Bon, je lis l'amendement de l'article 20 : Insérer dans ce qui précède le paragraphe
1° de l'article 85.1 de la Loi sur la Société d'habitation du Québec, proposé par
l'article 20 du projet de loi, et après «qui est un», «office d'habitation
ou un autre».
Alors, le présent
amendement modifierait l'article 20 du projet de loi, lequel modifie
l'article 85.1 de la Loi sur la Société d'habitation du Québec, afin de
préciser quels sont les organismes d'habitation visés par les mesures
d'administration provisoires prévues à cette loi. L'amendement vise à éviter
tout doute quant à l'assujettissement d'un office d'habitation à une telle
mesure.
La Présidente (Mme
Haytayan) : ...Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des interventions?
Est-ce qu'il y a des interventions? Oui, oui, Mme la députée, je vous écoute.
Mme Dufour : Oui,
Mme la Présidente. Dans le fond, la fédération des locataires habitations à
loyer modique du Québec, si je ne me trompe,
c'est bien eux autres qui avaient fait la recommandation de faire cet
amendement que la ministre vient de déposer,
qui... Ils nous soulignaient, à juste titre, qu'il y avait le risque qu'office
d'habitation ne soit pas équivalent à
un organisme sans but lucratif dans la loi. Et donc cet amendement-là leur
était... nous l'était suggéré, et j'aurais proposé le même amendement.
Donc, tout simplement le souligner. Merci.
Mme
Duranceau : ...
Mme Dufour : Hein?
On l'avait dans notre tableau, Mme la ministre.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 20?
S'il n'y a pas d'autre intervention sur...
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Haytayan) :
...sur l'amendement, oui. S'il n'y a pas d'autre intervention sur
l'amendement de l'article 20, nous allons procéder à la mise aux voix.
Est-ce que l'article... l'amendement à l'article 20 est adopté?
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Haytayan) : Donc, l'amendement à l'article 20 est adopté.
Merci. Donc, on est de retour à l'article. Est-ce qu'il y a des
interventions? Il y a une intervention, M. le député? Merci.
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Donc, pour le bénéfice des parlementaires et du public qui nous écoute, là, je vois bien, cela donne... si on
l'adopte, cela donnera à la Société
d'habitation du Québec la capacité,
de façon claire, d'intervenir, de
mettre sous tutelle — c'est
cela — un
organisme. Bon, on définit les organismes qui pourraient être mis sous
tutelle, n'est-ce pas? Et donc la question qui est à se poser, c'est : La
SHQ ne possédait pas ces pouvoirs-là auparavant?
Mme Duranceau : Bien, on pense que
l'interprétation qui est faite par certaines personnes est erronée, mais, par
mesure de clarté, on a accepté de faire la modification qui est proposée. Donc,
nous, on considère qu'on les avait, les pouvoirs, que ce n'était pas un
problème, mais comme certaines personnes remettaient ça en question, bien, on
est venus le préciser, ce n'était pas dommageable pour qui que ce soit. Donc,
oui, la SHQ avait... à nos yeux, on avait déjà les pouvoirs.
M. Fontecilla : J'ose croire, Mme la
ministre, que... en tout cas, je l'espère, que la mise sous tutelle, c'est un
peu la bombe atomique, en termes de gouvernance, là, que ça n'arrive pas
souvent.
Mme Duranceau : ...
M. Fontecilla : Voilà. Est-ce que...
bien, pour le bénéfice de tout le monde, est-ce que vous, au cours de votre
mandat, et je ne veux pas savoir des informations précises ou nominales... mais
est-ce que c'est une situation courante ou pas, d'avoir à intervenir ou à songer
à intervenir, à mettre sous tutelle?
• (15 h 20) •
Mme
Duranceau : Bien, je suis contente que vous me posiez la
question, là, parce qu'honnêtement, là, il y en a souvent. Ça, ça veut dire que les OBNL, bien, ont des déficiences en
matière de gouvernance, en matière de maintien d'un fonds de roulement
raisonnable pour pouvoir subvenir aux besoins de l'immeuble.
Puis c'est très dommage, parce que c'est des
immeubles qui ont été financés par le gouvernement, qui... donc, subventionnés,
là, comme vous voulez, puis malheureusement ils ne sont pas bien... les gens
n'en prennent pas soin comme il faut après. Je ne dis pas que c'est généralisé,
mais je dis qu'il y en a trop pour ce que ça nous coûte, là. Il y en a trop.
Puis c'est hyperimportant, c'est pour ça que les discussions qu'on a avec
toutes les fédérations qui représentent les OBNL ou les coops, on est beaucoup
dans un discours de prévention, puis d'amélioration de la gouvernance, puis de
professionnalisation de toutes les équipes de gestion, puis on veut les épauler
là-dedans.
Puis il faut tendre vers ça, parce que,
malheureusement, des trop petits organismes, souvent, ce n'est pas de la
mauvaise foi, c'est juste les gens ne sont pas équipés pour gérer ça puis ça
donne lieu à des situations comme celles
qu'on... bien, comme des situations de tutelle, là. Et puis moi, je trouve que
j'en ai trop vu depuis que je suis arrivée en poste, puis je me... je
signe des autorisations, là, de prolongation de tutelle parce que les gens sont
en train de se reprendre en... pas les gens, mais les administrateurs sont en
train de reprendre le contrôle de la propriété. Puis c'est bien malheureux
qu'on ait à se rendre là.
Ça fait que, vous avez raison, c'est comme la
bombe atomique, d'être obligé de se rendre là. Puis là il y a beaucoup de
travail qui est fait pour avoir l'état de santé de tout notre parc, parce qu'on
a un parc HLM qui, lui, est sous le contrôle
de l'État, mais notre parc de logements communautaires... Tu sais, on aime ça
se comparer à Vienne puis aux autres pays d'Europe, mais on a un gros
parc, à travers toutes les tenures, à travers les OBNL, à travers les coops
d'habitations, alors c'est important que ce parc-là soit en bonne santé puis
qu'il soit maintenu en santé par des gens dont
c'est la profession puis qui ont le temps de s'en occuper, là. Alors, c'est des
discussions qu'on a avec les fédérations, puis toutes vos
recommandations à cet égard-là seront pertinentes. Parce qu'on a un gros parc,
puis il faut le garder, vous l'avez amplement décrit tantôt, là. Donc, il faut
le garder puis s'assurer que les gens ont les bons outils.
Mais là, bon, ceci dit, là, c'est une
modification qui est technique, là, dans le contexte, pour s'assurer que les
offices d'habitation rentrent dans la catégorie des OBNL.
M. Fontecilla : Oui, c'est
technique, en effet, mais cela nous amène à une problématique qui peut mettre
en péril certaines organisations. Tantôt, on
a entendu, de la part de M. Foster, le cas d'une coopérative qui était,
bien, inactive, là, qui était déficitaire, abandonnée, etc., là. C'est
des situations auxquelles il faut... qu'il faut éviter à tout prix là et en
amont.
Et évidemment, vous en avez parlé, Mme la
ministre, des problèmes de gouvernance dans des coopératives d'habitation et des OSBL. Et j'ajouterais aussi,
parce qu'on en a entendu parler, il y a des problèmes, des fois, et
parfois un problème de gouvernance, dans certains offices municipaux
d'habitation. Puis, écoutez, les conflits, ça existe partout, et ce n'est pas... ce n'est pas le
secteur, ce secteur-là, qui... ça existe aussi dans l'administration des
syndicats de condominiums.
Une voix : ...
M.
Fontecilla : Je vais juste
finir mon idée. Je ne veux juste pas envoyer le message qu'il y a plus de
problème là qu'ailleurs, là. Des problèmes, il y en a partout, là. Et juste...
et, pour finir mon idée, ça nous ramène... Évidemment, la ministre explicite
son pouvoir d'intervention, de mise en tutelle, mais elle nous a dit qu'elle
est en conversation avec les fédérations. Mais cela pose toute la problématique
du soutien qu'on donne à ces organisations-là pour éviter que les
problématiques qu'elles affrontent dégénèrent et aboutissent à une mise en
tutelle, là. Et c'est la... En fait, c'est comme dans le système de santé, il
n'y a pas juste le curatif, il y a aussi la prévention.
La Présidente (Mme Haytayan) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Je voulais dire
qu'effectivement, là, ce n'est pas propre au secteur communautaire que ça...
qu'il y a des cas de chicanes qui mènent à des déficits, et tout ça. Mais la
différence, c'est que, dans ce contexte-ci, dans un contexte purement privé, le
gouvernement n'en entend pas parler et il n'a pas à faire un chèque additionnel. Dans ce contexte-ci, quand il y a une
mise en tutelle, l'immeuble... puis qu'on ne s'en sort pas, là,
l'immeuble est repris par la SHQ, tous les coûts puis les dommages causés,
bien, il y a quelqu'un qui les assume, puis ce sont les contribuables. Ça fait que c'est important, encore plus important,
honnêtement, que ce soit géré de manière professionnelle, parce que ce sont les deniers publics qui sont
utilisés pour financer tout ça. Ça fait que, pour moi, là, c'est ça qui est
primordial.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
Mme la ministre. Oui, M. le député.
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Tout ça, ça m'amène à la question précise, là... Mme la ministre
nous a parlé qu'elle est en conversation avec les fédérations, etc. Très bien,
là, mais est-ce qu'il y a une... au sein de votre ministère, ou de la Société
d'habitation du Québec, ou ailleurs, là, comment dire, une politique de
soutien, formation, etc., justement, pour essayer de prévenir autant que
possible les problèmes de gouvernance? Est-ce que vous pourriez nous parler de
ce qui est mis en place ou projeté pour éviter, justement, la mise en tutelle?
Mme Duranceau : Oui. Je vais passer
la parole, si vous permettez, à M. Foster.
La Présidente (Mme Haytayan) : Parfait.
M. Foster.
M.
Foster (Claude) : M. le député, il y a effectivement énormément
d'accompagnement qui est fait par rapport aux groupes. On a des
conseillers en gestion qui sont spécialisés, qui vont travailler avec les
groupes qui lèvent le drapeau. Évidemment,
là, si les personnes ne lèvent pas le drapeau... Bien là, ils ont une
autonomie, étant quand même des OBNL autonomes. Et, à partir du moment
où est-ce qu'il y a une signification qu'il y a une problématique, soit par une dénonciation ou soit parce qu'ils ont levé
le drapeau de façon volontaire, il y a un travail qui est fait mais
aussi avec les fédérations. Parce qu'à quelque part, lorsqu'on parle d'une
tenure qui est la coopérative ou une tenure qui peut être un OBNL, bien, on aime bien travailler avec les spécialistes
de ces tenures-là. Donc, il y a même des mandats qui sont donnés à ces
fédérations-là, avec un taux horaire qui est prévu, qui vont les accompagner
pendant plusieurs, plusieurs administrations provisoires pour être capable de
reprendre le contrôle.
Donc je vous dirai que, lorsque je regarde
l'ensemble du portrait, on pense sincèrement qu'il est important d'avoir un peu
plus longtemps — là,
on est sur le début de l'article, pour avoir les concordances, mais je vais me
devancer un peu sur l'autre partie, on aura gagné un peu de temps — c'est
d'être capable de dire : Bon bien, il y a un minimum de temps pour être
capable de faire une administration provisoire, et là, actuellement, le délai
est trop court, c'est comme : on fait
de la paperasse, on fait de la paperasse, alors que, pour refaire une
administration provisoire, il faut avoir vraiment un paquet de détails,
alors que l'avancée de l'administration provisoire n'est pas suffisante. Donc,
on doit avoir des délais qui sont plus grands pour être capable d'avoir un
résultat positif.
Notre volonté, pour nous, c'est de reprendre le
contrôle d'une situation avec les gens puis avec les bonnes tenures. Donc, le conseiller
en gestion, lui, il se trouve à être une personne qui va venir aider, s'assurer
que c'est fait correctement, pas parce qu'on n'a pas confiance aux partenaires,
mais on ne veut pas avoir une administration provisoire qui revient dans un an
ou dans deux ans. Donc, on veut s'assurer qu'on aille au fond des choses pour
être capable de corriger complètement la situation, que ce soit dans la
gouvernance, que ce soit sur les réserves de remplacement, que ce soit sur le
taux de loyer qui est raisonnable. Quand vous êtes à 60 % du loyer médian,
bien, c'est sûr qu'il va manquer des sous à quelque part pour, exemple, rénover
la toiture. Bien, malheureusement, ça peut arriver dans certaines organisations
où les gens ont une vision très, très court terme.
Alors, quand arrive quelqu'un de l'externe,
bien, à ce moment-là, on s'assure d'avoir une pérennité immobilière, une
pérennité à l'intérieur de l'administration, mais surtout aussi une vision d'un
milieu de vie qui est conforme à la tenure, que ce soit coopératif, est-ce que
les membres font vraiment... est-ce qu'ils sont impliqués ou est-ce que c'est... C'est une coop, mais on a
100 % de contrats externes; ce n'est plus une coop. Alors, à ce moment-là,
si vous mettez les sous sur l'ensemble des contrats, vous avez des
administrateurs, vous avez... ce n'est plus une coop puis qu'on n'arrive pas, bien, c'est ça que ça
sert, c'est d'être capable de revoir l'ensemble des éléments puis de se
dire : Bon, bien, O.K. Est-ce que vous voulez rester dans cette tenure-là ou
vous aimeriez, là, qu'on regarde autrement, parce que, là, ça ne peut pas... on
ne peut pas avoir une pérennité immobilière dans la situation où vous êtes,
vous allez avoir une problématique dans la caisse dans même pas un mois, dans
deux mois.
Alors, le problème, bien, on veut s'assurer de
le corriger, de le corriger avec les bons délais, de le corriger de façon à ce que ce soit pérein. Parce qu'on a de
nombreux organismes qui ont une viabilité financière, qui ont une
viabilité de milieu de vie, qui ont, en plus, des plans de relève. Donc,
malheureusement, on arrive dans des cas où on est obligé d'intervenir, mais ce
n'est pas la majorité. Puis il faut s'assurer qu'il y ait, justement, un
investissement qui va servir à d'autres pour donner au suivant. C'est ce qu'on
souhaite.
M. Fontecilla : Merci.
• (15 h 30) •
La
Présidente (Mme Haytayan) : Merci, M. Foster. Est-ce qu'il y avait
d'autres interventions? Non? Parfait. Il y avait... Oui, pardon, Mme la
députée, oui, la parole est à vous.
Mme Dufour : Oui, j'aurais juste une
question. En fait, l'article 85.1, actuellement, la façon qu'il est
rédigé, il dit que, dans le fond, ça s'applique... la section en question, là,
l'administration provisoire, s'applique à tout organisme d'habitation... je
vais sauter le paragraphe, mais dire : qui reçoit de l'aide financière de
la société. Et je me demandais pourquoi on a eu besoin de venir préciser tous
les cas de figure, tu sais : l'aide financière pour les fins
d'exploitation, l'entretien dans le cadre d'un programme. Tu sais, on disait
qu'on cherchait de la flexibilité... Tu sais, l'article actuel, avant son... sa
modification, semble beaucoup... donner beaucoup de flexibilité, on se limite à
une aide financière de la société. Pourquoi on vient préciser autant de cas de
figure? Tu sais, on... il n'y a pas un risque, dans le fond, qu'il y ait des
cas qu'on exclurait parce qu'on aurait oublié de les nommer?
Mme Leduc (Véronique) : En fait,
non. C'est que le libellé actuel pourrait prendre en compte des cas qu'on ne
souhaitait pas viser, par exemple le PSL. On ne souhaite pas qu'un immeuble à
l'intérieur duquel il y a un seul PSL soit assujetti à une mesure
d'administration provisoire. Tel que libellé actuellement, ça pourrait... cette
interprétation-là pourrait être donnée. Donc, en mentionnant spécifiquement,
maintenant et de manière, je pense, plus claire, les cas qu'on vise...
Mme
Dufour : Mais vous dites «un immeuble qui a un PSL», mais
on parle ici d'un... d'organismes d'habitation, donc ce ne serait pas un
privé, là.
Mme Leduc (Véronique) : Non, mais il
pourrait être possible qu'un OBNL, par exemple, à l'extérieur du cadre
d'AccèsLogis... mais qu'un OBNL ait un PSL, un seul, mettons.
Mme Dufour : O.K. Mais cet OBNL là,
si elle a reçu de l'aide financière, on va vouloir que ça s'applique, la
section, non?
Mme Leduc (Véronique) : Bien, on
vise plus des immeubles qui ont été financés, entre autres, au déficit
d'exploitation, parce qu'il y a beaucoup de fonds publics qui ont été investis
puis des programmes de logements communautaires
comme AccèsLogis, parce que toute la construction... ou une grosse partie,
plutôt, de la construction a été financée par des fonds publics. Quand
ce n'est pas le cas, quand une coopérative ou un OBNL a créé son propre projet,
puis, à l'intérieur de ça, il y a une seule, par exemple, unité de PSL... Mais
là on ne va pas sortir la mesure d'administration provisoire pour viser ces
cas-là, ce n'est pas ça qu'on cherchait du tout à l'origine. Il faut rappeler
qu'il y a quelques années aussi ça visait seulement les HLM. Donc, en 2019, on
a modifié pour prévoir, entre autres, les AccèsLogis, mais c'est vraiment ça
qu'on visait, là, c'est plus une correction législative que d'autre chose.
Mme
Dufour : Par curiosité... C'est clair, là, votre
explication, mais, juste par curiosité, est-ce qu'il y a eu des cas que
ça aurait pu s'appliquer, qu'il y avait juste un PSL, puis que ça a été
soulevé, puis que ce n'était pas souhaité?
Mme Leduc (Véronique) : À ma
connaissance, je ne le sais pas.
Mme Dufour : Par exemple, des
locataires qui auraient dit : Je veux que ça s'applique à cette... parce
que, là, on parle d'administration provisoire, là, dans le fond, là,
d'administrateurs, là...
Mme Leduc (Véronique) : Bien, il
faut qu'il y ait un défaut qui soit soulevé en vertu d'un de ceux qui sont
listés à 85.2.
Mme Dufour : C'est ça, mais il n'y a
pas eu de cas, là.
Mme Leduc (Véronique) : Je ne sais
pas s'il y a eu des cas.
Mme Dufour : O.K., parce que
j'essayais de comprendre pourquoi qu'on faisait ce changement-là.
Mme
Leduc (Véronique) : C'est vraiment juste pour être plus clair, puis
c'est une clarté au niveau de la loi, là, puis son application, puis ça
ne change rien sur le fond de ce qui est visé.
Mme Dufour : Ça a été fait en 1996,
l'article, ça fait que j'imagine...
Mme Leduc
(Véronique) : La première fois en 1996. En 1996, ça ne visait
seulement que le HLM, par exemple.
Mme Dufour : O.K., puis c'est depuis
2019 qu'on a ouvert...
Mme Leduc (Véronique) : Exactement.
Mme Dufour : O.K., c'est bon. Merci.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y avait d'autres interventions? Non? Parfait. S'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce
que l'article 20, amendé, est adopté? Adopté. Parfait. Alors,
l'article 20, amendé, est adopté. Merci. Nous passons à l'article 21
maintenant. Mme la ministre, pouvez-vous nous en faire la lecture, s'il vous
plaît? Merci.
Mme Duranceau : Oui. Alors,
l'article 85.2 de cette loi est modifié par le remplacement, dans le
premier alinéa, de «120 jours» par «12 mois».
L'article 21 du projet de loi modifierait
l'article 85.2 de la Loi sur la Société d'habitation du Québec afin
d'augmenter à 12 mois la durée maximale de l'administration provisoire
d'un organisme visé à l'article 85.1 de cette loi. La loi prévoit actuellement
une période maximale de 120 jours.
Alors, comme l'a énoncé M. Foster tout à
l'heure, très, très fastidieux, là, les mises sous tutelle puis les renouvellements de tutelle. Ça requiert à chaque
fois une reddition de comptes de l'organisme qui s'occupe de la tutelle.
Ça requiert, après ça, une note au niveau de la Société d'habitation du Québec
pour réviser tout ça. Ça requiert une approbation de la ministre à chaque fois.
Donc, ce qu'on veut faire, là, c'est donner plus
de temps. On le constate, de multiples... Là, c'était six mois. On donne un an parce que, de toute façon, on voit
très bien qu'en six mois les gens n'y arrivent pas. Ça fait que ça va...
Ils peuvent prendre moins de temps, tant
mieux, puis, s'ils en ont besoin de plus, bien, on enlève un fardeau administratif de reddition de comptes puis de
paperasse autant au niveau de l'organisme, que l'organisme qui s'occupe
de la tutelle, que la Société d'habitation du Québec, que le cabinet de la
ministre. Donc, c'est ça, encore là, souplesse et efficacité.
La
Présidente (Mme Haytayan) : Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 21? M. le député.
M. Fontecilla : Effectivement,
120 jours pour régler des conflits, des problèmes de gouvernance, ce n'est
pas beaucoup, là. Souvent, ces choses-là, comment dire, prennent la forme beaucoup
de conflits personnels. Donc, c'est d'autant plus difficile. 120 jours
apparaît peu. 12 mois apparaît... c'est d'au plus 12 mois, là. Ça me
paraît justifié. Il y a toute la question,
parce qu'on l'a nommée au moins à deux reprises, là, du renouvellement.
Effectivement, en 120 jours, il est fort probable qu'on ait à produire...
à effectuer un renouvellement d'une mise en tutelle, là, et, en 12 mois,
on se donne plus de chances, mais il peut toujours exister la possibilité que
le conflit ne soit pas réglé en 12 mois puis qu'il faille continuer
encore.
Moi, je voulais juste savoir si vous avez changé
votre façon de renouveler la mise en tutelle, même si, avec 12 mois, on se donne... On espère qu'il y
aura beaucoup moins de renouvellements, même pas du tout, là, mais,
enfin, peut-être pas, mais j'aimerais ça que vous nous disiez... Vous avez très
brièvement esquissé, Mme la ministre, là, la façon de renouveler une mise en
tutelle. Quelle est la procédure, là, pour un renouvellement de la mise en
tutelle?
Mme Duranceau : Je vais laisser
M. Foster en parler de manière détaillée. Là, la modification qui est
faite, c'est juste le délai. Ça fait qu'on ne touche pas au processus.
La Présidente (Mme Haytayan) : M. Foster.
M. Foster (Claude) : Donc, le processus étant le même, ce qui est important de
dire, c'est qu'on pense qu'en 12 mois on va être capables d'avancer, mais
on prévoit aussi, vous allez voir l'article d'après, qu'on peut prolonger aussi. Donc, les prolongations seront de six mois
par la suite. Donc, on pourrait avoir... Dans un cas où il y a
amélioration ou une situation qui est en
train de se... une reprise en contrôle, on pourrait, à ce moment-là, avoir
deux, trois modifications ou ajustements, excusez-moi, là, qui
permettraient de dire : Bon, bien, O.K., là, il y a vraiment une avancée.
Ce qui est triste, c'est qu'avec les délais
actuels les avancées sont tellement petites qu'on se demande parfois est-ce que c'est valable, ce qu'on est en train de
faire, tandis que, là, après 12 mois, on va être capables de voir ce qui
a été fait. On va être capables de voir ce qu'il reste à faire. On va être
capables de dire : Bon, bien, O.K., on y va pour un autre six mois.
Puis, si,
après six mois, il y a eu encore des avancées, notre objectif, ce n'est pas de
mettre personne en tutelle. Notre objectif, c'est de s'assurer qu'il y
ait une reprise de contrôle de la part des gestionnaires en place, qui sont souvent des bénévoles,
hein, quand on parle d'un conseil d'administration, de la gouvernance, puis de
s'assurer qu'on va avoir des gens qui vont être capables, là, de pouvoir
donner aux autres un logement dans le futur.
Malheureusement, dans certains cas, les cas les
plus pathétiques, il n'y en a pas beaucoup, là, mais on a des situations où est
ce que les gens ont fait le minimum. Ils ne se sont à peu près pas investis. On
a eu des loyers qui étaient très, très bas.
Puis reprendre ça, là... On en a une présentement, là, où on est rendus à
24 mois, mais, pensez-y, là, à tous les trois mois... mais on voit
une amélioration à chaque fois. Et là on pense même à une possibilité d'avoir
une fédération qui se crée, donc deux coops qui vont devenir ensemble.
Alors, notre objectif, pour nous, c'est de
s'assurer qu'il puisse y avoir des gens qui vont travailler avec des gens qui sont plus professionnels, que ce soit...
puis que ce soit... le liant, ce soient les fédérations, que ce ne soit pas
la Société d'habitation du Québec qui vienne
imposer quoi que ce soit, bien, avec ces délais-là, on va pouvoir, à mon
avis, arriver à des résultats qui sont
supérieurs parce qu'on va avoir probablement des fédérations qui vont se créer
dans un secteur pour dire : Bien, regarde, nous, on est capables de
donner un coup de main parce que, là, on voit bien, là, que tu as de la misère
en administration, puis nous, on est prêts. Puis les fédérations sont là pour
aider, pour, justement, assurer que le milieu coopératif ou le milieu de l'OBNL
puisse livrer la marchandise comme il est prévu, parce qu'il y en a plusieurs
qui la livrent.
• (15 h 40) •
M. Fontecilla : Là, on est dans
la situation en amont, c'est-à-dire un renouvellement, on va le voir tantôt plus précisément, mais je veux revenir en aval...
pardon, là, je veux revenir en amont, et tantôt vous avez dit, là : Il y
a quelqu'un qui lève le flag, qui dit :
Il y a un problème ici. J'aimerais connaître qu'est-ce qui... quelle est la
procédure, à la Société d'habitation du
Québec, amenant à une mise en tutelle. Une fois que vous avez un rapport...
Souvent, c'est quelqu'un, là, qui va
vous écrire une lettre pour vous dire : Ça ne va plus du tout ici, là, ça
ne marche pas, là, vous devez faire
quelque chose, etc. Vous recevez cette lettre-là. Qu'est-ce qui s'enclenche
dans votre machine à vous à la Société d'habitation du Québec?
M. Foster (Claude) : En fait, ce qu'on a comme processus, c'est qu'on a plusieurs
possibilités. Souvent, une visite d'un
conseiller en gestion, hein, qui est associé à un parc immobilier, est capable
de voir tout de suite et rapidement, avec quelques questions, mais
surtout avec certains chiffres, quels besoins... parce que, théoriquement, on a
des états financiers qui sont faits. La
grande surprise, c'est quand ça fait trois ans qu'il n'y a pas eu d'état
financier, bien, déjà là, c'est un signal assez clair.
Donc, à
partir du moment où on a quelques éléments, bien là on va s'assurer de parler à
la fédération, leur intérêt de venir appuyer ces gens-là. Dans d'autres cas qu'il
peut y avoir, peut-être, possibilité de... où on pense que c'est un peu
plus grave, fraude ou autres, alors, à ce moment-là, on va aller avec les
vérificateurs internes de la Société d'habitation, lorsqu'on a la disponibilité, ou un vérificateur externe pour s'assurer
que les biens et les fonds publics soient maintenus.
Donc, dépendamment de la situation, bien, c'est
très, très rare qu'on va arriver vers l'externe. Souvent, on est capables déjà,
par une rencontre du conseil d'administration, de décoder. Lorsque vous n'avez
aucun procès-verbal des deux dernières
années, lorsque vous avez une encaisse qui est déficiente, lorsque vous avez,
après ça, des questions sur le taux
de vacance, puis qu'il n'y a aucune réponse à tout ça, c'est assez simple, là,
c'est assez facile de voir que, là, ça ne va pas, là.
M. Fontecilla : Et
là vous faites un... vous avez un portrait, un diagnostic, vous avez une lecture
de la situation, là, et qu'est-ce que vous faites à ce moment-là?
M. Foster (Claude) : Administrativement, ça va aller vers les gestionnaires qui
sont en responsabilité à la Société d'habitation du Québec, vont contacter les
fédérations pour voir leur appui, parce que le premier exercice qu'on veut faire, nous, c'est d'essayer de
récupérer. Donc, le processus est quand même très bien cadré, là. Donc, ce
qu'on veut, c'est, d'une façon très rapide,
intervenir pour ne pas que ça devienne irrécupérable, mais il y a tout un
processus, là, puis ce n'est pas normé. On a un processus qui est établi pour
s'assurer que ça ne tombe pas entre deux chaises.
M. Fontecilla : Et quand est-ce que
vous arrivez à la décision de la mise en tutelle?
M. Foster (Claude) : À partir du moment où on a un rapport qui est clair. Donc,
on a fait le processus, on a un rapport qui
dit que plus rien ne va, on n'a plus personne qui est impliqué, là, à ce
moment-là, on va avoir un rapport qui
va être fait, qui va être acheminé, qui va venir jusqu'au bureau du PDG, qui...
Par la suite, on va faire la recommandation
à la ministre. Alors, souvent, lorsque ça arrive à mon bureau, bien, on va
s'assurer qu'on a passé toutes les
étapes. Donc, dans certains cas, on va dire : Bon, je ne vois pas que la
fédération a été communiquée. Oui, elle a été communiquée, O.K.,
pouvez-vous me le mettre dans le rapport pour s'assurer que Mme la ministre
voit bien qu'on a tout fait les étapes? Donc... mais ça, c'est très rare, ce
que je viens de vous dire. Habituellement, l'ensemble des étapes sont faites,
et, à la fin, quand on regarde ça, on dit : O.K., là, on a vraiment une
situation que c'est une... où on doit avoir une administration provisoire pour
permettre justement de récupérer les billes puis s'assurer que les gens
comprennent que, là, ils sont en train de l'échapper.
M. Fontecilla : Donc, lorsque ça se
rend au directeur général, vous, là, vous avez encore une marge de manoeuvre,
des démarches qui peuvent être faites, là, mais, à un moment donné, vous vous
rendez compte qu'il faut intervenir avec la bombe atomique, la mise en tutelle,
là, là, vous vous adressez au... ou à la ministre en tutelle?
M. Foster (Claude) : Tout
à fait, et là on lui fait la recommandation d'aller vers une administration
provisoire.
M. Fontecilla : C'est elle qui signe
la...
M.
Foster (Claude) : Oui, absolument, c'est elle qui va autoriser,
mais, avant de lui transmettre, ça m'est arrivé d'aller même voir les
habitations. Moi, j'origine des opérations. Alors, vous comprenez que, dans
certains cas où on parle de grands montants d'argent à investir, après quelques
années, on se pose des questions à savoir comment on est rendus là. Donc, dans
les cas que j'appellerais majeurs, je vais me déplacer pour aller voir, là, à
travers d'autres activités pour être certain qu'on est vraiment dans une
situation, là, qui est très problématique.
M. Fontecilla : Vous vous faites une
tête vous-même?
M. Foster (Claude) : Tout à fait. Souvent, j'ai des photos. Souvent, j'ai un
paquet... Vous savez, les équipes travaillent très, très bien là-dedans. On
n'en a pas des millions, de situations, mais on veut s'assurer qu'il y en ait
le moins possible puis on travaille avec les
fédérations, puis, actuellement, le discours qu'on amène avec eux, c'est
comment on peut être encore plus performants
en amont, comment on est capables d'aller encore plus loin pour ne pas qu'on
se ramasse à une administration provisoire ou à une situation où on ne sait pas
trop qu'est-ce qui s'est passé. Les fédérations
ont un grand rôle à jouer. Ils sont en accord avec ça. On les a rencontrées,
entre autres, cette semaine encore. Ils sont très favorables parce
qu'ils ne veulent pas que la tenure à laquelle ils croient périclite.
M. Fontecilla : Bien là, j'ai cru
comprendre, il y a une évolution. Au début, ça a commencé par une capacité d'intervention dans les offices municipaux
d'habitation. Maintenant, c'est dans les coopératives et les OSBL. Là,
vous commencez à gérer un très... non, vous ne commencez pas à gérer, là, vous
commencez à avoir un droit de regard sur un très grand nombre d'organisations,
là. Donc, la possibilité de conflits augmente au milieu de tout ça si vous avez
une population... un plus grand nombre de situations, là, n'est-ce pas?
Mme Duranceau : Oui, mais là je ne
sais pas exactement ce qu'on cherche à comprendre ici, parce que, depuis
35 ans, on finance des organismes, là. Au Québec, il y a des... c'est les
OBNL qui ont fait du logement, qui ont produit du logement. Donc là, ces OBNL
là, des fois, se retrouvent dans des situations...
M. Fontecilla : Des coops.
Mme Duranceau : ...bien, des coops
ou des OBNL, un ou l'autre, là, parce qu'il y a les deux tenures, qui se retrouvent dans des situations où ils sont... qui
sont malheureuses puis sont difficiles. Donc, le risque, là, il ne vient
pas d'augmenter. Ça fait 35 ans que ces
gens-là... C'est ça, l'écosystème. Au contraire, ce qu'on veut faire, c'est de
réduire le risque, puis que les gens se regroupent, puis qu'on s'en aille vers
des groupes plus... qui ont une masse critique plus grande pour être capables
d'avoir un niveau de professionnalisation puis de gouvernance qui augmente,
mais là on parle du délai pour les mises en tutelle.
La Présidente (Mme Haytayan) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Parfait. S'il n'y a plus d'autre intervention, alors nous allons procéder à la mise
aux voix. Est-ce que l'article 21 est adopté? L'article 21 est donc
adopté. Merci. Nous allons passer à l'article 22.
Mme la ministre, est-ce que vous pouvez nous en faire la lecture, s'il
vous plaît?
Mme Duranceau : Oui.
L'article 85.5 de cette loi est modifié par :
1° le remplacement, dans le paragraphe 1° du
premier alinéa, de «90 jours» par «six mois»;
2° par l'ajout, à la fin du premier alinéa, du
paragraphe suivant :
«4° faire toute recommandation aux
administrateurs de l'organisme concernant son administration ou celle d'un
immeuble d'habitation.»;
3° par l'insertion, après le premier alinéa, du
suivant :
«Un administrateur déclaré déchu en vertu du
paragraphe 3° du premier alinéa est inhabile à siéger comme membre du conseil
d'administration de tout organisme d'habitation visé à l'article 85.1 pour
une période de trois ans à compter de la déclaration.»;
4° par le remplacement, dans le deuxième alinéa,
de «n'excède pas 90 jours» par «additionnel n'excède pas six mois».
L'article 22 du projet de loi modifierait
l'article 85.5 de la Loi sur la Société d'habitation du Québec afin
d'augmenter à six mois la durée de la prolongation de l'administration
provisoire d'un organisme visé à l'article 85.1 de cette loi. La loi
prévoit actuellement qu'une prolongation a une durée maximale de 90 jours.
Il est également proposé d'accorder à la
ministre responsable de l'Habitation un pouvoir lui permettant de faire à un
organisme d'habitation, dans sa décision relative à l'administration
provisoire, toute recommandation jugée pertinente à l'administration de son
projet d'habitation. Finalement, il est proposé de rendre inhabile à siéger sur
le conseil d'administration d'un organisme visé à l'article 85.1, pour une
durée de trois ans, un administrateur déclaré déchu par une décision de la
ministre.
Donc, ce qu'on veut
ici, c'est, bon, améliorer le processus lors de la mise en administration
provisoire d'organismes d'habitation,
laisser davantage de temps aux administrateurs provisoires afin de remédier aux
problématiques qui ont mené la ministre à mettre un
organisme en administration provisoire, éviter la répétition des problématiques
qui ont mené à la mise en administration provisoire.
Donc, dans la même
logique, là, que l'article précédent, où on prolongeait de 120 jours à
12 mois la durée maximale d'une administration provisoire, bien, dans le
même objectif, la disposition ici ferait passer de 90 jours à six mois la
durée d'un renouvellement. Ça fait que là aussi, là, on allait de
renouvellement en renouvellement. Là, on y
va avec des périodes un petit peu plus longues pour que ce soit plus efficace
pour les raisons énoncées précédemment.
Puis l'autre chose,
bien, on permet à la ministre de formuler toute recommandation pertinente sur
l'administration, puis la ministre a actuellement le pouvoir de déchoir un
administrateur suspendu et de pourvoir à la nomination
ou à l'élection de nouveaux administrateurs. Il est souhaité de prévoir une
période d'inhabilité afin d'éviter qu'un
administrateur déchu ne soit élu ou nommé pour les mêmes fonctions dans un laps
de temps, et puis ça, ça s'est vu, là.
Il y a des exemples précis où on a un administrateur qui était déchu, qui a été
réélu dans les fonctions d'administrateur, puis ce n'était vraiment pas
souhaitable. Alors, on vient prévoir une période de latence où ce ne sera pas
possible pour ne pas se remettre les pieds dans la même situation.
Donc, c'est ça,
l'objectif des mesures. On peut offrir d'autres commentaires s'il y a des
questions.
• (15 h 50) •
La Présidente (Mme
Haytayan) : Merci, Mme la ministre. Il y a une intervention? Mme la
députée, on vous écoute.
Mme Dufour : Oui.
L'éclairage de la Fédération des locataires d'habitations à loyer modique du
Québec sur cet article-là était fort intéressant, puis ça nous a été expliqué,
là, dans leur mémoire, là, qu'il y avait un différend entre... avec la
société... avec la SHQ sur la portée de l'article 85.5, là, avant
l'adoption de l'article 22, concernant le pouvoir de la ministre de
déchoir des administrateurs de leur mandat. Puis là ils donnaient l'exemple que
la SHQ refusait à deux locataires le droit
de se porter à nouveau candidats pour être élus au conseil d'administration de
l'office sous l'argument qu'ils avaient été déchus par la ministre, et la
fédération prétendait, là, que ce pouvoir accordé sous la SHQ ne comprenait pas
une période d'inéligibilité. Donc, ça, ça viendrait préciser ça, et ils le
soulignent.
Par contre, ils
disent et ils ont... Ils sont contents, là, de cette modification-là, mais ils
disaient : «Cependant, nous pensons également que le code de déontologie
des dirigeants et des administrateurs d'un office d'habitation adopté en vertu
de l'article 86.1 de la loi sur la SHQ devrait lui aussi être modifié à
l'article 41 pour préciser la durée de l'inéligibilité à siéger suite à
une révocation de mandat prononcée par le P.D.G. de la SHQ.» Est-ce qu'il y aurait
peut-être une petite concordance à venir
préciser ici? Je vous invite à le regarder. Moi, je n'ai pas préparé
d'amendement là-dessus précisément, mais, tu sais, c'est souvent le cas, quand
on vote certaines lois, là, à un moment donné, oups! on se rend compte que le
code de déontologie doit être ajusté.
Mme
Duranceau : Bien, je pense qu'on a peut-être un commentaire ou pas
tout de suite?
Mme Dufour :
Bien, c'est ça, je vous invite à le regarder, là.
Mme
Duranceau : Ça peut être regardé sans qu'on commente maintenant.
Mme Dufour : ...parce
que l'article 86.1, lui, tout ce qu'il fait... vient dire, dans le fond,
c'est que la société peut édicter un code de
déontologie. Donc, il n'y a pas de détail ou quoi que ce soit... Donc, ce ne
serait pas en modifiant cet article-là, mais, visiblement, là, c'est ça
que ça serait dans le règlement... Ça fait que, bref, ça semble en concordance, là, ce que... Par contre, j'aurais
peut-être une question. Pourquoi on l'a limité à six mois, tu sais, de
prolonger l'administration provisoire?
Pourquoi on a choisi six mois? Dans le fond, je comprends qu'on veuille que ce
soit plus long que trois mois, mais pourquoi le limiter à six mois?
C'est juste ça, parce qu'on dit vouloir gagner de la flexibilité.
Mme
Duranceau : Oui, oui, oui. Ce qu'on me dit, là... Dans le fond, là, on
a un premier 12 mois puis, après ça, on a une possibilité de six mois,
potentiellement un autre six mois, parce que, règle générale, ça prend
24 mois, ça prend comme un 24 mois pour faire le redressement. Ça
fait qu'il y a la première période d'un an, puis on pourrait s'attendre à deux
renouvellements de six mois, puis on va être dans l'ordre des choses.
Mme Dufour : Bien, si on sait déjà que c'est souvent du
24 mois, pourquoi on n'est pas allés à un prolongement de
12 mois?
Mme
Duranceau : Bien, moi, j'aime ça... Tu sais, à l'intérieur du premier
12 mois, là, il y a beaucoup de choses à faire. Ça avance moins vite, tu
sais, avant d'avoir les résultats. Quand tu as un premier 12 mois, il va y
avoir beaucoup de choses de réalisées. Dans
mon livre à moi, 12 mois, ça devrait... Tu sais, il faudrait que ça...
Pour moi, c'est toujours trop long, là, ces affaires-là. Je trouve que
ça devrait avancer plus vite que ça, mais, bon, les choses sont comme elles sont. Ça fait que 12 mois, c'est
raisonnable. Six mois, ça s'inscrit dans cette même logique là où les
choses avancent, mais peut-être un peu moins vite, là, puis on donnerait une
autre période de renouvellement de six mois, puis, après ça, s'ils n'ont pas
réglé leurs affaires, c'est fini, là. Donc, c'est ça, là, c'est un monde.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Merci. Est-ce qu'il y avait d'autres interventions? M. le
député.
M. Fontecilla : Oui,
concernant les administrateurs déchus, évidemment, c'est une mesure lourde, et
on a entendu déjà ce terme-là dans d'autres sections du PL n° 31,
là, on prive d'un droit, un droit à la participation, là, d'une personne.
Est-ce que... Comment dire? Est-ce qu'on s'expose de façon... un peu trop à des
poursuites judiciaires, là? C'est-à-dire la personne déchue de ses droits de
participation à un conseil d'administration, par exemple, ne pourrait pas se
retourner vers les tribunaux puis dire : Bien, voilà, la SHQ ou la
ministre, carrément, m'a privé de mes droits de façon injuste?
Mme Duranceau : Je vais laisser
M. Foster répondre, parce qu'on a des cas clairs où est-ce qu'il faut
agir, ça fait que...
M. Foster (Claude) : Bien, écoutez, le projet de loi, là, permet d'avoir une
clarification. On l'a entendu, la Fédération
de locataires trouvait que c'était clair maintenant, ce qui ne l'était
peut-être pas avant, puis c'est ça, l'objectif, mais, vous savez, des fois, dans une bonne volonté, quelqu'un qui
s'implique à l'intérieur du conseil d'administration...
Puis je pense aux locataires qui mettent
beaucoup de coeur là-dedans, O.K., puis on croit en ça, parce qu'ils
s'impliquent puis ils nous donnent une vision fort pertinente de ce qui se
passe, là, souvent, là, dans leurs habitations. Bien, il y a aussi le défaut de nos qualités, dans le sens que, si on
veut partir avec, vraiment, un «reset», des fois, il faut dire... jour 1, il faut opérer. Il ne faut
pas revenir sur des histoires antérieures. Il faut être capable d'avoir
quelqu'un qui arrive avec les coudées
franches au niveau d'un conseil d'administration pour être capable d'avancer
rapidement parce que, parfois, il y a
des situations qui nécessitent des redressements rapides pour le bien des
clients, le bien des citoyens.
Donc, on pense sincèrement que de rester avec
quelqu'un qui a tout un historique de ce qui s'est passé au conseil
d'administration, qui, bien souvent, va avoir raison, bien, ça va ralentir le
processus, qui est hyperimportant, de changer rapidement pour ne pas perdre par
rapport à l'organisation, que ce soit au niveau, là, de la gestion des
immeubles, la gestion de la relation avec les clients et si on parle aussi au
niveau de l'ensemble des opérations à l'intérieur
d'une organisation. Ça protège l'individu, ça protège aussi celui qui arrive
parce qu'il ne sera pas taxé d'être celui qui est responsable d'avoir
fait le changement, puis je pense que c'est important de protéger ces gens-là,
là, dans ces décisions-là.
M. Fontecilla : Très bien.
La
Présidente (Mme Haytayan) : Merci. Est-ce qu'il y avait d'autres
interventions? S'il n'y a plus d'intervention, nous allons procéder à la
mise aux voix. Est-ce que l'article 22 est adopté? L'article 22 est
donc adopté. Merci.
Nous allons maintenant passer à
l'article 12. Mme la ministre, s'il vous plaît, nous lire
l'article 12. Merci beaucoup.
Mme Duranceau : Donc, l'article
d'abord, l'amendement ensuite.
1° par le remplacement de «dont l'affectation
est sociale ou communautaire, qui a été construit, acquis» par «y compris un
fonds de terre, dont l'affectation est sociale ou communautaire, qui a été
acquis, construit»;
2° par l'insertion, après «octroyée», de «, à
cette personne morale, aux fins de [l'affectation],»;
3° par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«La présente section s'applique également à une
personne morale qui acquiert un immeuble visé au premier alinéa lorsque
celle-ci est liée par l'entente portant sur l'aide en matière d'habitation
conclue par le cédant.»
Là, je lis l'amendement. Donc, l'amendement à
l'article 12 du projet de loi :
1° supprimer, dans le paragraphe 2°, «, à
cette personne morale»;
2° supprimer le troisième paragraphe.
Donc, le présent amendement modifierait
l'article 12 du projet de loi, lequel modifie l'article 227.7 de la
Loi sur les compagnies afin de clarifier
qu'un fonds de terre est visé par cet article en plus du bâtiment érigé sur
celui-ci. Les termes «acquis» et «construit» sont également inversés
pour faciliter l'interprétation de l'article. Par ailleurs, il est proposé d'apporter une précision pour prévoir que
l'assujettissement à la loi est lié à l'immeuble qui a bénéficié d'une
aide en matière d'habitation et que cette
aide doit avoir été versée pour les fins de son affectation sociale ou
communautaire.
Bon, alors, un peu technique, là, ici, mais
l'objectif poursuivi, c'est de maintenir le statu quo quant à l'application de la section 3.2 de la Loi sur
les compagnies à tout immeuble dont l'affectation est sociale ou
communautaire, qui a été acquis, construit,
restauré ou rénové grâce à une aide en matière d'habitation, puis de clarifier
que l'aide visée à l'article 227.7
de la Loi sur les compagnies doit avoir été versée pour les fins d'une
affectation sociale ou communautaire. Bien,
probablement que les commentaires d'un juriste seraient pertinents dans le
contexte, peut-être, pour vous clarifier ça.
• (16 heures) •
La Présidente (Mme Haytayan) : Parfait.
Me Leduc, merci.
Mme Leduc (Véronique) : Dans le
fond, comme la ministre l'a indiqué, l'amendement vise vraiment à corriger ce
qui avait été proposé dans le projet de loi. Donc, il est proposé de maintenir
le statu quo quant au fait que l'article 227.7 va viser une aide
financière qui est octroyée, mais pour les fins d'une affectation sociale et communautaire d'un immeuble, sans égard au fait
que c'est le propriétaire actuel qui a reçu l'aide financière ou pas.
Puis l'article qui est proposé dans le
projet de loi va venir préciser la portée de l'article notamment quant au fonds
de terre.
Mme Dufour : Oui, bien, merci, Mme
la Présidente.
La
Présidente (Mme Haytayan) : ...oui, allez-y.
Mme Dufour : Excusez-moi,
j'ai interprété votre visuel...
La Présidente (Mme
Haytayan) : On s'est dit oui. Allez-y, on vous écoute.
Mme Dufour : Merci. L'amendement qui a été déposé, et je vous
le confirme, on l'avait même rédigé, le même amendement, de biffer le
dernier paragraphed, donc on était prêts à l'envoyer, mais là on ne l'a pas
fait, et ça venait de deux recommandations,
là, le groupe UTILE et le réseau, là... le RQOH, qui en avait parlé, puis le
RQOH l'expliquait quand même assez
bien, c'était quoi, la portée. On disait, dans le fond, qu'avec la modification
qui était proposée avant l'amendement
de la ministre... que l'organisme acquéreur ne serait soumis à l'obligation
d'autorisation ministérielle que si le cédant est encore lié par une
entente portant sur l'aide en matière d'habitation qu'il a reçue et que cette
entente suit dans la transaction.
Alors là, il y aurait
eu des cas où, dans le fond, ils n'aurait plus été lié, et donc on aurait
investi des sommes publiques dans un bâtiment, et là le cédant aurait pu faire
ce qu'il aurait souhaité, et on disait que, dans le fond, la modification... On disait que, si on l'avait adoptée telle quelle, que ça
aurait ouvert toute grande la porte à une nouvelle affaire comme celle
qui s'est produite l'an dernier à Sherbrooke. C'était l'organisme Cité des
retraités de l'Estrie qui ont aliéné l'immeuble pour... qui était propriété de
l'organisme. Et, comme il n'était plus lié à une entente portant sur l'aide en
habitation, bien, ils se sont personnellement approprié les actifs de
l'organisme et ils l'ont fait en toute légalité. Donc, c'était inacceptable.
Alors,
je remercie... je remercie d'avoir... d'avoir proposé, et j'espère que, si je
l'avais proposé moi-même, vous l'auriez
accepté, parce que c'est... c'est inacceptable que des fonds publics s'en
aillent pour enrichir des... personnellement des gens qui sont rendus administrateurs d'un organisme de logements.
Donc, voilà, ça fait le tour de mon intervention. Merci.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? S'il n'y a plus d'intervention, nous allons procéder à la mise
aux voix. Est-ce que l'amendement à l'article 12 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Adopté. Donc, l'article 12 est adopté... l'amendement
à l'article 12 est adopté, dis-je bien.
Merci. Nous allons donc revenir à l'article 12 amendé. Est-ce qu'il y a
des interventions? Une question, Mme la députée? Oui, on vous écoute.
Mme Dufour : Merci.
Juste pour comprendre, qu'est-ce que ça changeait que ce soit écrit «acquis, construit» ou «construit, acquis», qu'il soit dans
cet ordre-là ou dans l'autre? Tu sais, on l'a faite à plusieurs endroits,
là, la modification, là. Juste savoir qu'est-ce que ça changeait réellement. Je
comprends la logique, là, mais est-ce qu'il y a eu des cas où ça a été
problématique?
Mme
Duranceau : ...pour ça, ça fait que je vais laisser...
La Présidente (Mme
Haytayan) : Oui, Me Leduc?
Mme Leduc
(Véronique) : Oui.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Oui, parfait. On vous écoute.
Mme Leduc
(Véronique) : Dans le fond, c'est vraiment pour enlever tout doute en
matière d'interprétation quant au fait que
les terrains pourraient être assujettis parce que, quand on met «construit»
avant «acquis», ça pourrait donner l'impression qu'il faut avoir un
bâtiment avant d'acquérir quelque chose.
Mme Dufour : Mais
est-ce qu'il y a eu des cas où ça a été interprété comme ça?
Mme Leduc
(Véronique) : À ma connaissance, non, c'est vraiment une précision
pour s'assurer justement qu'il n'y ait pas une interprétation différente de
celle qu'on veut, c'est-à-dire qu'on vise un immeuble autant au sens de
bâtiment que de terrain.
Mme Dufour : O.K.
C'est bon.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a plus d'intervention,
on va procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 12, amendé, est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Haytayan) : Donc,
l'article 12 amendé est adopté. Merci. Nous allons maintenant
passer à... Pardon. Oui, Mme la députée.
Mme Dufour : Oui, Mme la Présidente, il y aurait un
amendement 12.1 qui a été envoyé. Et là j'imagine déjà qu'on va le
suspendre, mais...
Une voix : ...
Mme Dufour : Oui,
ce n'est pas le même 12.1. Il était déjà préparé.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Donc, il est transmis.
Mme Dufour : Oui,
il a été envoyé.
La Présidente (Mme
Haytayan) : Est-ce qu'on l'a reçu? On ne l'a pas reçu. On va
suspendre.
Mme Dufour : O.K.
La Présidente (Mme
Haytayan) : On va suspendre un instant. Merci.
(Suspension de la séance à
16 h 06)
(Reprise à 16 h 24)
La Présidente (Mme
Haytayan) : Nous reprenons les travaux. Merci. Mme la députée des Mille-Îles,
je vous invite à la lecture... à faire la lecture de votre amendement, s'il
vous plaît. Merci.
Mme Dufour : Merci, Mme la Présidente. Mais avant je vais faire
une petite introduction. Dans le fond, il y a quelques semaines, je ne
suis plus certaine, deux semaines, je pense, j'ai déposé un projet de loi pour
permettre aux municipalités d'avoir un nouvel outil urbanistique qui s'appelle
le zonage différencié, qui était demandé par... par plusieurs groupes, plusieurs mémoires qu'on a reçus aussi, bien, au
projet de loi n° 16 de l'autre... du printemps dernier, mais aussi
dans le cadre du projet de loi n° 31. Et donc... et ce projet de loi là,
que j'ai déposé, avait quand même plusieurs articles, et donc, pour l'intégrer
dans le projet de loi n° 31, bien, il y avait... il y avait plusieurs...
disons que ça impliquait de le mettre à plusieurs endroits parce qu'on touchait
à plusieurs lois, les mêmes lois, soit dit en passant, que le projet de loi
n° 31 modifiait, donc notamment la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme,
la Loi sur les compagnies et la Loi sur les coopératives.
Alors, il y a eu
entente avec... entre les deux groupes, là, notre groupe parlementaire et la
partie ministérielle pour déposer, dans le fond, l'ensemble des amendements en
bloc. C'est 13 amendements. Je vais lire simplement le premier pour
maintenant parce que ça s'insérait ici puisqu'on modifie exactement le même
article qu'on vient juste de modifier. Et
donc... et donc je vais lire celui-là pour la procédure, mais ce que je
comprends, c'est que, par la suite, on va
suspendre, puis le débat se fera plus tard sur le zonage différencié. Donc, je
vais juste le lire, je ne sais pas si on peut remonter, je m'excuse, je
n'ai pas... O.K., merci.
Donc, c'est
l'article 12.1, l'article 1959 du Code civil du Québec :
Insérer, après l'article 12 du projet de loi, l'article suivant :
12.1.
L'article 227.7 de la Loi sur les compagnies (chapitre C-38) est
remplacé par le suivant :
«227.7. La présente
section s'applique à une personne morale :
«1° qui
est propriétaire d'un immeuble, dont l'affectation est sociale ou
communautaire, qui a été construit, acquis, restauré ou rénové grâce à
une aide en matière d'habitation octroyée par le gouvernement, le gouvernement
fédéral ou l'un de leurs ministères ou organismes;
«2° qui a bénéficié
d'un zonage différencié en application de la section X.2 du
chapitre IV du titre I de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme
(chapitre A-19.1);
«3° qui a
bénéficié d'une dérogation en application de l'article 14 de la Loi
modifiant principalement la Loi sur l'aménagement
et l'urbanisme afin de permettre aux municipalités d'adopter un règlement
relatif au zonage différencié visant à accroître et à pérenniser l'offre
de logements sociaux ou abordables — et là, entre parenthèses — (indiquer
ici l'année et le numéro de chapitre de cette loi).»
L'article se lirait
comme suit :
«227.7. La présente
section s'applique à une personne morale — et là j'ai besoin qu'on
défile :
«1° qui
est propriétaire d'un immeuble, dont l'affectation est sociale ou
communautaire, qui a été construit, acquis, restauré ou rénové grâce à une aide en matière d'habitation octroyée par
le gouvernement, le gouvernement fédéral ou l'un de leurs ministères ou
organismes;
«2° qui a bénéficié
d'un zonage différencié en application de la section X.2 du
chapitre V du titre I de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme
(chapitre A-19.1);
«3° qui a bénéficié d'une dérogation en
application de l'article 14 de la Loi modifiant principalement la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme afin de permettre
aux municipalités d'adopter un règlement relatif au zonage différencié visant à accroître et à pérenniser l'offre de logements
sociaux ou abordables (indiquer ici l'année et le numéro de chapitre de cette
loi).»
Alors, ça, c'est le premier amendement d'une
série de 13 qui... les autres seront, dans le fond, discutés dans... à la fin
du bloc qu'on est en train d'étudier, qui est le thème 4, donc, qui est le
bloc Préserver et accroître l'offre de logements, juste pour situer tout le monde.
Il y a beaucoup d'amendements qui ont été déposés aussi par la ministre dans ce
même bloc là, là. Donc, on va vraiment sortir un peu de l'étude... tu sais, des
articles du projet de loi. Ça fait que ça
s'insérait aussi, puis ça, comme je disais, c'était une entente entre les
groupes parlementaires de procéder ainsi.
Et il y a eu... ça a été convenu aussi que,
comme on va le faire à la... à la fin, si c'est nécessaire, on réouvrira des articles qui auront été traités entre
maintenant et la fin du bloc 4, même si c'est les mêmes articles auxquels
on touche. Donc, je pense que j'ai bien résumé. J'espère, en tout cas.
Si j'ai manqué quelque chose, Mme la ministre, n'hésitez pas à ajouter. Voilà.
La Présidente (Mme Haytayan) : Parfait.
Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'étude de
l'amendement de l'article 12.1? Consentement?
Mme Duranceau : Et de l'ensemble de
l'oeuvre, là.
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Haytayan) : Consentement.
Excellent.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux au mardi 7 novembre, à 9 h 45. Merci et bonne fin de
journée à tous.
(Fin de la séance à 16 h 29)