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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Lachance): À l'ordre! La
commission du budget et de l'administration se réunit, ce matin, pour
étudier les crédits budgétaires du Conseil du
trésor de l'année financière 1984-1985.
Sont membres de la commission: MM. Baril (Arthabaska), Bisaillon
(Sainte-Marie), Blais (Terrebonne), Blank (Saint-Louis), Boucher
(Rivière-du-Loup), Caron (Verdun), Côté (Roberval), Johnson
(Vaudreuil-Soulanges), Mme Juneau (Johnson), MM. Lachance (Bellechasse),
Laplante (Bourassa), Polak (Sainte-Anne), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce) et
Tremblay (Chambly).
Je demanderais maintenant au secrétaire s'il y a des
remplacements.
Le Secrétaire: II n'y a aucun remplacement, M. le
Président.
Définition du principe de l'alternance
Le Président (M. Lachance): Merci. Avant d'aborder les
discussions relatives à l'étude des crédits, jeudi
dernier, le député de Chambly me demandait de définir
clairement le principe de l'alternance. Or, à cette occasion, j'avais
décidé de prendre en délibéré la
décision et, ce matin, avant d'aborder l'étude des
crédits, il convient de faire part de la position que l'on doit avoir
dans une situation semblable.
Il revient au président de l'Assemblée ou au
président d'une commission d'assurer la bonne marche des débats
et de diriger les séances. Certaines règles guident le
président dans l'exécution de sa tâche, quelques-unes
d'entre elles découlent de nos règles de procédure alors
que d'autres nous proviennent de la tradition parlementaire.
Ainsi, comme le mentionnait le député de Chambly, il est
vrai que la tradition parlementaire reconnaît le principe de
l'alternance, mais cette tradition ne s'applique pas nécessairement en
toute circonstance. Le choix d'accorder la parole à tel ou tel
député relève de l'entière discrétion du
président qui devra, néanmoins, distribuer les droits de parole
en toute équité.
En fait, la règle générale prévue par nos
règles de procédure se retrouve à l'article 33, que je
vais vous lire: "Le député qui désire faire une
intervention doit se lever et demander la parole au président." Cet
article 33 s'applique également aux travaux des commissions puisque,
selon l'article 150, les règles relatives à l'Assemblée
s'appliquent aux commissions, sauf dispositions incompatibles.
Lors de l'étude des crédits, les règles de
procédure ne précisent aucunement que l'alternance doit
s'appliquer. En fait, cette règle ne s'applique obligatoirement que lors
d'une consultation générale, article 164, d'une interpellation,
article 293, et d'un débat de fin de séance, article 303.
Erskine May, dans la vingtième édition de son
traité de procédure parlementaire des institutions anglaises,
à la page 419, soutient que le président accorde la parole
à celui qui en fait la demande. Si deux ou plusieurs membres se
lèvent en même temps pour demander la parole, la parole reviendra
à celui que le président a vu en premier lieu ou selon la
règle de l'alternance, à un député d'un
côté de la Chambre et, ensuite, à un député
de l'autre côté.
Arthur Beauchesne abonde dans le même sens, à la page 99 de
son traité de jurisprudence parlementaire. Il écrit et je cite:
"Tout député qui veut prendre la parole peut se lever et faire en
sorte que l'Orateur l'aperçoive. Le premier que l'Orateur
aperçoit a le droit de parole. L'ordre des interventions est
laissé entièrement à la discrétion de l'Orateur.
L'Orateur, lorsqu'il invite les députés à prendre la
parole, s'arrange, d'habitude, pour qu'il y ait alternance entre ceux qui sont
contre et ceux qui sont pour."
En plus de la doctrine parlementaire, la jurisprudence de
l'Assemblée nationale du Québec précise cette règle
de l'alternance. Par une décision rendue le 26 novembre 1974, le
président de l'Assemblée précisait qu'il relevait de sa
responsabilité de reconnaître le deuxième orateur et que,
selon le règlement, ce deuxième orateur serait celui qui se
lèverait le premier en disant: M. le Président.
Le 24 octobre 1979, à la page 3121 du journal des Débats,
le président de l'Assemblée rendait une décision
similaire, étayée par une argumentation qui comporte un certain
intérêt dans le cas qui nous préoccupe. Je me permets d'en
citer ici de larges extraits. "La règle générale qui
s'applique est celle que nous retrouvons à
l'article 92 - maintenant, il s'agit de l'article 33 de notre nouveau
règlement. Je signale que, en l'absence d'un article clair, les
dispositions d'un tel article prévalent toujours, même sur la
tradition. Il s'ensuit que le président accorde la parole à celui
qui la demande le premier. Cela va très bien lorsqu'un seul
député se lève à la fois, ce qui n'est pas toujours
le cas. "Lorsque le président voit que plusieurs députés
veulent prendre la parole au cours d'un débat, la tradition
parlementaire a établi une série de règles qu'appuient les
grands auteurs de droit parlementaire et qui guident la présidence.
D'abord, si plusieurs députés se lèvent en même
temps ou à peu près en même temps, les auteurs
concèdent que le président a l'entière discrétion
de décider quel député a le privilège d'être
aperçu le premier."
Par la suite, le président citait les propos - je me reporte
toujours au 24 octobre 1979 - de Beauchesne, que je vous ai lus il y a quelques
instants. Il poursuivait ainsi: "Le principe de l'alternance est un excellent
guide pour la présidence, même s'il n'est pas absolu. Par contre,
lorsque la présidence applique le principe de l'alternance, il s'agit
d'une alternance entre ceux qui sont contre et ceux qui sont pour et non pas
d'une rotation entre les différentes formations politiques. Ce sont
là quelques principes de base qui doivent nous guider. Ils n'ont rien
d'absolu et doivent être appliqués aux circonstances du moment.
Les situations varient selon la nature et l'intérêt des questions
que l'Assemblée examine. La présidence doit toujours faire preuve
de souplesse et d'à-propos dans l'attribution du droit de parole".
En conséquence, je ne me sens pas obligatoirement lié par
la règle de l'alternance, même si cette dernière devrait
être utilisée lorsque les circonstances s'y prêtent.
J'entends donc accorder la parole à celui qui en fera d'abord la
demande, comme cela est expressément prévu à l'article 33
de nos règles de procédure. Si plus d'un membre désire
intervenir en même temps, je devrai alors user de la discrétion
que m'accorde la tradition pour déterminer qui peut prendre la parole.
S'il me semble juste et équitable de procéder selon l'alternance,
soyez assurés que je m'appliquerai à y recourir.
De plus, puisque l'étude des crédits n'engendre pas
nécessairement de débat contradictoire et considérant que
la règle de l'alternance veut que l'on accorde la parole à ceux
qui sont contre et ensuite à ceux qui sont pour, il me semble difficile
de me référer à cette règle. L'article 271 de nos
règles de procédure précise que, "Dans le cadre de son
pouvoir de surveillance du gouvernement et des organismes publics,
l'Assemblée étudie les crédits pour lesquels le
gouvernement demande annuellement son approbation." L'étude des
crédits relève donc de la responsabilité de tous les
membres de l'Assemblée nationale, peu importe la formation politique
dont ils font partie.
Lors de l'étude des crédits, rien dans nos règles
de procédure ne favorise les membres d'une formation politique
plutôt qu'une autre. Ainsi, tous les membres de la commission jouissent
de droits équivalents. Ces droits sont prévus, entre autres,
à l'article 276 qui précise que "Le temps de parole dont dispose
chaque membre d'une commission vaut pour chaque élément d'un
programme."
Je suis bien conscient que le court laps de temps dont dispose cette
commission, pour mener à terme le mandat que lui a confié
l'Assemblée, ne permet pas que chaque élément de programme
puisse être discuté par chaque membre pendant vingt minutes.
Autrement, cela prendrait plusieurs jours de plus pour passer à travers
l'étude des crédits des différentes commissions.
Cependant, je vais veiller soigneusement à ce que chacun des membres de
la commission puisse exprimer son point de vue.
Alors, voilà ma décision à la suite de ce qui avait
été pris en délibéré. M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: C'est dans un autre ordre d'idées, M. le
Président. Si l'intervention du député de
Notre-Dame-de-Grâce est sur le même sujet, il pourrait faire son
intervention.
M. Scowen: Oui, c'est sur le même sujet. M. le
Président, je pense que votre décision est parfaitement
souhaitable. Cependant, quand on a établi le nombre d'heures, nous
avions été invités à préciser le nombre
d'heures que nous voulions utiliser pour chacun des ministères. Le
gouvernement est venu nous voir pour nous poser la question. Quand on a
répondu après avoir étudié l'affaire, on a
proposé un certain nombre d'heures pour chaque ministère en
fonction des habitudes et des traditions du passé. On ne savait pas
qu'une autre règle du jeu serait établie en cours de route.
Je ne veux pas vous demander de nous donner le droit de refaire nos
demandes quant aux heures dont on peut disposer pour l'étude des
crédits, cependant, dans ce cas-ci de la Fonction publique, on commence
déjà avec presque trente minutes de retard, en partie à
cause du fait que vous deviez rendre votre décision et parce que c'est
un ministère d'une grande importance. Je suis certain que le ministre
lui-même sera d'accord sur ce point.
Je vous demande simplement si nos collègues du côté
gouvernemental décident d'utiliser le temps qui leur est alloué
de droit, que l'on permette que l'étude de ces crédits se
prolonge un peu pour qu'on puisse
au moins poser l'essentiel des questions que l'on veut poser au
ministre. Je ne sais pas exactement comment cela peut se faire mais vous avez
vu l'heure. On a été placés devant le même
problème la semaine dernière lors de l'étude des
crédits du ministère des Finances. On a passé je ne sais
combien d'heures sur les organismes sans jamais arriver au ministère des
Finances. Il nous restait une heure pour que M. Johnson puisse poser toutes les
questions sur les crédits du ministère des Finances. Ce n'est pas
satisfaisant, parce que les règles du jeu ont été
changées en cours de route pour des raisons parfaitement
défendables mais je vous demande, au nom de mes collègues, une
certaine latitude pour cette partie de nos travaux.
Le Président (M. Lachance): M. le député, je
prends bonne note de vos propos. Nous avons commencé ce matin
précisément à 10 h 14. J'ai calculé mon
intervention pour rendre la décision à environ 10 minutes, ce qui
fait que nous pouvons maintenant procéder.
Oui, M. le député de Sainte-Anne?
M. Polak: J'ai juste une question, M. le Président.
Avez-vous communiqué ce jugement aux autres commissions? Je vous pose la
question, parce qu'à d'autres commissions où j'ai assisté,
le point a été soulevé. On a dit que lorsqu'il s'agit de
l'étude des crédits, on donne une sorte de
préférence à l'Opposition. Cela n'a peut-être pas
été livré directement par écrit, mais
c'était l'attitude dans la plupart des commissions. On n'a pas trop de
problèmes ici parce que les députés nous connaissent, ils
savent qu'on a beaucoup de questions à poser et qu'ils apprennent
beaucoup de nos questions. Donc, je ne pense pas que l'alternance créera
un grand problème ici. Je pense cependant que ce serait une bonne
idée de communiquer votre décision aux autres commissions, parce
que cela entre dans la jurisprudence.
Le Président (M. Lachance): Certainement, M. le
député. Vous pouvez être assuré que toutes les
autres commissions de l'Assemblée nationale seront saisies de cette
décision de ce matin. C'est une sorte de pattern que nous avons
établi à cette commission-ci parce qu'il fallait vraiment prendre
une position qui soit semblable pour toutes les commissions.
Comme il se doit, cette décision de ce matin a été
judicieusement élaborée, étudiée de façon
qu'on évite de prendre des positions qui pourraient être
contradictoires d'une commission à l'autre.
M. Scowen: Avez-vous consulté le vice-président et
est-il d'accord avec votre décision?
Le Président (M. Lachance): Je n'ai pas consulté le
vice-président. Il n'y a rien qui m'y oblige dans le règlement.
Je ne crois pas qu'il y ait de problème.
M. Scowen: Non? Ah bon!
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Roberval.
M. Gauthier: Deux choses, M. le Président. D'abord sur le
même sujet, je crois que pour cette période de transition il y a
eu une entente tacite entre les leaders, acceptant de bon gré de
permettre à l'Opposition de poser les questions qu'elle désire
tout en permettant aux ministériels de faire leur travail, bien
sûr. J'aimerais, si possible, que vous nous éclairiez
là-dessus.
Dans un autre ordre d'idées, pour la suite de l'ensemble de nos
commissions, je crois qu'il est prévu dans nos règlements qu'on
puisse fonctionner par sous-commissions. Or, à cause de l'organisation
des travaux parlementaires au niveau des crédits - là-dessus je
consulte autant le vice-président que le président - des
députés se retrouvent en même temps à deux
commissions qui siègent au même moment. Est-ce qu'il serait
possible d'utiliser la formule des sous-commissions pour les crédits?
Cela concerne la première partie de la question.
Quant à la deuxième partie, si cela est possible, est-ce
que ce serait souhaitable de le faire après entente entre le
président et le vice-président?
Le Président (M. Lachance): M. le député,
cela est faisable, le règlement nous le permet. Je crois que ce serait
un beau sujet de conversation pour les membres de cette commission lors d'une
prochaine séance de travail.
M. Gauthier: Quand les crédits seront terminés, M.
le Président?
Le Président (M. Lachance): Peut-être en
prévision de l'avenir. Cela pourrait se produire sur d'autres sujets
aussi, lorsque des projets de loi seront discutés. Je voulais justement
annoncer que nous devions peut-être reprendre l'équivalent d'une
heure des crédits du ministre des Finances. Je crois qu'une entente a
été prise pour que cela se fasse mardi matin de 11 heures
à 12 heures. Si le temps s'y prête, ce serait un bon moment pour
les membres de la commission de pouvoir aborder ce dont le député
de Roberval vient de nous parler, savoir que la possibilité que la
commission délègue à une sous-commission certains
dossiers, l'étude des crédits, par exemple.
M. Gauthier: On aura une discussion là-dessus de 11 heures
à 12 heures, dites-vous? Je m'excuse, je n'ai pas saisi.
Le Président (M. Lachance): Lors de l'étude des
crédits du ministère des Finances, on vide le sujet. Il reste
environ une heure et ensuite on pourrait se transformer en séance de
travail pour prendre position là-dessus. (10 h 30)
M. Gauthier: Si vous permettez une dernière suggestion
pour ne pas prolonger indûment ces discussions. Cela peut se
régler entre le président et le vice-président. Je pense
que le vice-président, à la suite de consultations auprès
de ses collègues, peut savoir si, effectivement, à l'étude
d'un point donné, il est utile que tous ses collègues l'assistent
ou que lui assiste ses collègues. La même chose pour vous. Je
suggère d'en discuter avec le vice-président, de le consulter, et
de nous présenter une formule plus pratique qui sera à l'avantage
et de l'Opposition et du parti ministériel.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Verdun.
M. Caron: Je suis pas mal d'accord avec la décision que
vous prenez ce matin. Je pense que c'est nouveau. C'est une nouvelle
expérience qu'on commence à vivre. Personnellement, je n'ai
aucune objection à ce que des gens du pouvoir posent toutes les
questions. Il faudrait aussi essayer d'être assez prudent. Vous avez des
avantages qu'on n'a pas. Avant qu'un projet soit déposé,
j'imagine qu'au caucus on vous dit tout. Je ne sais pas si c'est comme dans
notre temps. On savait à peu près tout ce qui se passait. Il y a
des questions qu'il n'est pas nécessaire de poser. À moins que
cela ait changé. Je n'ai pas d'objection; mais j'espère aussi que
c'est la place pour l'Opposition de poser des questions, mais on ne peut pas
les poser toutes. Surtout au nombre qu'on est actuellement. J'espère
qu'on aura notre part du gâteau, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): M. le député,
soyez rassuré. Il n'est pas dans les intentions de la présidence
d'abuser de la latitude que lui laissent les règles de procédure.
Je voudrais dire, en réponse au député de Roberval, que
pour qu'une question soit déférée à une
sous-commission, cela prend une motion, une décision de la commission
qui doit se réunir pour le faire. Quoique - selon sa suggestion - cela
peut être discuté avec le vice-président et le
président. Cette suggestion est bien à propos. Mais je pense que
par déférence pour tous les membres de la commission, cela doit
se faire en commission et, une fois que la décision est prise, on peut
s'entendre sur les modalités.
Cela dit, nous allons procéder maintenant à ce que nous
devions voir aujourd'hui. Rapidement, je voudrais vous dire qu'il avait
été convenu que la commission siège jusqu'à 12 h 30
pour étudier ce qui relève de l'Administration et du Conseil du
trésor. Cet après-midi, après les affaires courantes,
jusqu'à 17 heures, il avait été convenu que l'on examine
les éléments sous juridiction du ministre
délégué aux Relations avec les citoyens. De 17 heures
à 18 heures, ainsi que de 20 heures à 22 heures - quoique
là il peut y avoir, semble-t-il, des ententes - ce serait au tour du
ministre du Revenu de venir pour la défense de ses crédits.
Nous allons commencer par l'étude des crédits d'une
façon spécifique. Voici les organismes relevant du ministre
délégué à l'Administration. J'attire l'attention
des membres de la commission sur ce qui apparaît ici au programme 1:
Service général des achats a été adopté par
une autre commission, celle de l'aménagement et de l'équipement.
Nous n'avons pas à voir ce point compte tenu que la juridiction du
ministre délégué à l'Administration est toute
récente. Je pense qu'elle existe depuis le 1er avril. J'inviterais
maintenant le ministre à nous faire part de remarques
générales. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Juste avant qu'on commence, parce que nous disposons
effectivement de deux heures pour étudier les crédits des
organismes relevant du ministre délégué à
l'Administration et à la fonction publique, est-ce qu'on peut s'entendre
maintenant? Va-t-on prendre une heure pour chaque partie? Parce qu'on risque,
autrement, de passer deux heures sur la première et ne pas toucher la
fonction publique. À moins qu'on puisse s'entendre maintenant pour
normaliser l'affaire au besoin, je propose qu'on décide d'une heure pour
chaque parti.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rivière-du-Loup, vous seriez d'accord avec une heure? M. le
ministre.
Exposé préliminaire M. Michel
Clair
M. Clair: Merci M. le Président. Il y a plusieurs
nouveautés, ce matin, à la commission des finances et de
l'administration. La première est le fait que c'est la première
fois que le président du Conseil du trésor comparaît - si
je peux employer l'expression - devant la nouvelle commission des finances et
de l'administration. Par les échanges que je viens d'entendre, je vois
que la formule est
en période de rodage. Je voudrais assurer chacun des membres de
la commission des deux côtés de la table de toute ma collaboration
pour donner à cette nouvelle commission toute la dimension qu'on a bien
voulu lui donner dans la réforme parlementaire.
Deuxième nouveauté, c'est certainement le fait qu'il y a
un nouveau président du Conseil du trésor puisque j'assume cette
responsabilité depuis le 5 mars dernier. Un peu dans l'esprit des
nouvelles commissions parlementaires, j'ai l'intention de faire largement appel
aux fonctionnaires de l'administration publique, aux cadres supérieurs
des différents organismes ou du Conseil du trésor pour
répondre aux questions des membres de la commission.
Troisième nouveauté, c'est probablement celle-là
qui est la plus importante pour les fins des travaux de la commission des
finances et de l'administration, c'est qu'il y a eu de nombreuses modifications
dans le rôle du Conseil du trésor et quant aux organismes qui
relèvent de celui-ci. Je voudrais d'abord rappeler aux membres
qu'effectivement le Conseil du trésor continue d'être
constitué comme il l'était, c'est-à-dire d'un
président, de cinq membres et d'un personnel qu'on appelle le
secrétariat du Conseil du trésor qui est composé de la
façon suivante et qui a connu certaines modifications dans un
passé très récent. D'abord, il y a le secrétaire
général du Conseil du trésor, M. Robert Tessier qui,
malheureusement, ne pouvait pas m'accom-pagner aujourd'hui, de qui
relèvent quatre secrétaires adjoints. Un premier, le
secrétaire adjoint aux politiques administratives, M. Jean-Louis
Lapointe, est présent ce matin. Il y avait auparavant un
secrétaire adjoint responsable des politiques de personnel et des
relations du travail; c'est toujours le cas, il s'agit de M. Michel Crête
qui, malheureusement, lui non plus ne pouvait pas être présent
aujourd'hui. C'est sous sa direction que se retrouve maintenant l'ancien
secteur de la fonction publique, puisqu'il y a eu abolition de ce
ministère récemment. Un décret est entré en vigueur
le 1er avril, départageant les responsabilités entre le ministre
délégué à l'Administration et président du
Conseil du trésor et la ministre déléguée à
la Condition féminine, Mme Leblanc-Bantey relativement à deux
organismes qui relevaient auparavant du ministre de la Fonction publique.
Qu'est-ce que cela donne comme portrait?
Malheureusement, au moment où les crédits ont
été imprimés, la décision finale n'avait pas
été prise par le premier ministre quant à savoir de qui
relèverait la Commission de la fonction publique et l'Office des
ressources humaines. Les crédits apparaissent sous les organismes
relevant du ministre délégué à l'Administration
mais tel n'est pas le cas dans les faits puisqu'ils relèveront de la
ministre déléguée à la Condition féminine.
Cependant, les présidents de ces deux organismes sont présents ce
matin. Il s'agit de M. Claude Bélanger, président de l'Office des
ressources humaines, autrefois appelé l'Office de recrutement, et de M.
Gaston Lefebvre, président de la Commission de la fonction publique. Ils
seront là pour répondre à vos questions.
Sous la direction du secrétaire adjoint responsable des
politiques de personnel et des relations du travail est venu se greffer, je
dirais en bloc, l'ancien secteur du ministère de la Fonction publique.
M. Brazeau qui était auparavant sous-ministre à ce poste, a
été nommé sous-ministre adjoint au ministère des
Affaires sociales. Pour le moment, nous sommes dans une situation
d'organisation transitoire puisque les 115 employés du ministère
de la Fonction publique ont été intégrés en bloc
sous l'autorité d'un secrétaire adjoint. Au cours de la prochaine
année, c'est notre intention de procéder à une
intégration, si je peux employer l'expression, de l'ancienne direction
politique de personnel et relations du travail et le secteur de la fonction
publique. Cela relève d'un troisième secrétaire adjoint,
le secrétaire adjoint aux programmes, M. Jacques-Yves Therrien qui est
à ma gauche, ici, dont les fonctions n'ont pas connu de modifications
à la suite de l'intégration de la fonction publique. Finalement,
comme mon prédécesseur l'avait indiqué, le gouvernement a
créé un centre de développement de la productivité,
qui est sous la responsabilité d'un secrétaire adjoint au Conseil
du trésor. Il s'agit de M. Marcel Gilbert, qui est également
présent ce matin avec moi.
Deux autres organismes à la suite de l'abolition du
ministère des Travaux publics relèvent maintenant du ministre
délégué à l'Administration, c'est-à-dire un
organisme qui fait suite à l'abolition du ministère des Travaux
publics; c'est, comme le président le soulignait tantôt, le
Service général des achats qui est sous la direction de M.
Jean-Claude Careau, dont les crédits ont déjà
été étudiés. M. Careau n'est pas présent
avec moi ce matin. Finalement, le président de la Commission
administrative des régimes de retraite, qui relève elle aussi du
ministre délégué à l'Administration, M. Louison
Ross, est présent ce matin avec moi.
En gros, voilà ce que je pensais utile de vous souligner. Le
Conseil du trésor conserve les responsabilités qui étaient
les siennes auparavant. Il a intégré au niveau du personnel, du
secrétariat sous un sous-ministre adjoint ou un secrétaire
adjoint le secteur de la Fonction publique. Il y a eu la création d'un
nouveau poste de secrétaire adjoint à la productivité. La
commission de la fonction publique et l'Office des
ressources humaines, même si les crédits apparaissent au
nom du ministre délégué à l'Administration
relèvent de la ministre déléguée à la
Condition féminine et les autres organismes sont: La CARR et le Service
général des achats.
Voilà les commentaires préliminaires que je pensais utiles
de faire.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le ministre. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Administration
M. Scowen: Merci. M. le ministre, parce que le temps est
très limité et parce que je ne sais pas combien de mes
collègues vont vouloir parler, je pense que la seule façon pour
moi d'agir, c'est de prendre le temps nécessaire de vous poser toute une
série de questions, les unes après les autres, sous la forme d'un
discours. Ensuite, vous pourrez prendre le temps nécessaire pour
répondre à toutes les questions ou à celles que vous
voudrez.
Je pense que nous sommes devant quelque chose d'un peu spécial,
un nouveau ministre dans un ministère qui vient de se faire confier de
nouvelles responsabilités. J'imagine que vous êtes devant un grand
inconnu. J'ai dit récemment, lors d'un débat, que M.
Bérubé vous a passé un sapin avec le Conseil du
trésor. Je pense que cela va devenir plus clair plus tard, ce matin.
J'espère que l'autre, la fonction publique, ne sera pas un autre sapin.
Dans un premier temps, on aimerait avoir une idée du progrès qui
s'est fait depuis la fin de l'année, quand la loi a été
sanctionnée, jusqu'à maintenant, trois ou quatre mois
après, dans l'évolution du dossier de la fonction publique et la
mise sur pied de la réalisation des changements et des réformes
qui étaient prévus par la loi 51.
Si vous lisez les textes de la loi 51 vous voyez que Mme Leblanc-Bantey,
la ministre de l'époque, avait de grands espoirs que le résultat
de ce changement ne serait pas seulement structurel, mais pouvait
entraîner plusieurs réformes qui pouvaient nous donner une
meilleure fonction publique. J'aimerais que vous nous parliez très
spécifiquement de deux éléments. Le premier, c'est que le
ministre, votre prédécesseur, s'est engagé au cours du
débat - j'ai la page ici quelque part - à refaire toute la
réglementation. Il a dit qu'il existe entre 300 et 400 règlements
qui ont pour effet de définir le rôle et les activités des
fonctionnaires. Il s'est engagé à ceci, et je cite: "D'ici
janvier 1985, le Conseil du trésor aura effectué une
révision complète de toute la réglementation actuelle dans
une seule optique, celle d'en simplifier au maximum le contenu et de confier le
maximum de responsabilités au sous-ministre." Alors, c'est
peut-être l'élément le plus important qui peut
découler de la loi 51, parce que le règlement est beaucoup plus
important que le petit projet de loi. (11 h 45)
II vous reste maintenant dix mois pour faire toute cette
réglementation, parce que l'engagement a été fait au mois
de décembre. Le tiers du temps est écoulé. J'aimerais
avoir de vous un rapport détaillé pour savoir où vous
êtes rendu et si vous pensez encore que vous allez respecter cet
échéancier qui est pour moi et pour beaucoup de fonctionnaires un
élément très important.
Deuxièmement, il a été question pendant ce
débat de créer un comité pour surveiller les changements
prévus. Je pense que c'était un comité. C'était une
suggestion de M. le député de Sainte-Marie et cela a
été appuyé par le ministre. Donc, créer un
comité, pour surveiller les changements et toutes les affaires qui
étaient supposées se faire dans les changements que la loi 51 a
proposés. J'aimerais savoir où vous en êtes avec ce
comité, son rôle, ce qu'il fait et quelles sont ses
activités.
Dans le cas de ce projet de loi - je l'ai déjà
demandé - pouvez-vous nous donner un aperçu des changements que
cela va donner dans un proche avenir, cette année, pour les 68 000
fonctionnaires du Québec.
Il y a une deuxième série de questions que je voulais vous
poser qui touchent la question de l'accès à
l'égalité. Si vous regardez l'article 80 de la loi, on lit ce qui
suit: "Le Conseil du trésor est chargé d'établir des
programmes d'accès à l'égalité en vue de corriger
la situation de personnes faisant partie desdites victimes de discrimination
dans l'emploi." Vous avez là le droit de faire des programmes d'action
positive, si vous voulez. Cela existe aussi dans le secteur privé en
vertu de la Charte des droits et libertés de la personne, mais elle a
spécifiquement exclu la fonction publique. Vous avez le droit de le
faire en fonction de cet article.
Anglophones et allophones dans la fonction
publique
Je vous pose la question: Avez-vous déjà écrit des
réglementations pour donner suite à cet article? Sinon, quand ces
réglementations seront-elles adoptées? Je veux porter à
votre attention deux éléments de cette discrimination qui existe
aujourd'hui et qui est particulièrement néfaste quant à
moi. J'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet. La première
est la question des non-francophones. Je pense que je peux dire sans conteste
que les efforts du gouvernement actuel pour renforcer la présence des
anglophones et des non-francophones dans la
fonction publique sont nuls. Je vais vous rappeler simplement un peu
l'histoire. Après n'avoir rien fait pendant sept ans, en 1981, M. Godin,
le ministre des Communautés culturelles, a créé un
organisme qui s'appelle CIPACC. J'ai sorti la coupure de presse pour la
journée que cela a été annoncé. M. Godin a
déclaré ce qui suit, et je cite: "Un projet et un mandat sans
précédent dans l'histoire du Québec." C'est beau, n'est-ce
pas? Une de ces responsabilités était de collaborer activement
à l'implantation du plan d'action au sein de la fonction publique
québécoise. Effectivement, ce projet est un mandat sans
précédent dans l'histoire du Québec. Il avait pour but,
entre autres, de faire ce qui est prévu par l'article 80. À
l'époque, il y avait 600 ou 700 anglophones dans la fonction publique
et, deux ans après, selon vos propres chiffres, ce nombre a
été réduit à 450 anglophones à peine et
moins de 1700 non-francophones dont la grande majorité était
non-anglophone, parce que la grande majorité était des
francophones de l'extérieur du Québec qui était
définie dans le rapport préparé par les membres des
communautés culturelles... mais M. Godin a admis, à
l'époque, que c'était complètement farfelu.
De toute façon, après avoir subi un échec durant
les trois années d'existence de CIPACC, une baisse dans le nombre de
membres des communautés culturelles dans la fonction publique,
plutôt que de le renforcer, il y a quelques mois, M. Godin a aboli
CIPACC. Ce projet et mandat sans précédent dans l'histoire du
Québec de 1981 a été aboli en 1984. M. Godin, le ministre,
avait le culot - excusez-moi - de dire que ce comité avait
été abandonné, parce que son mandat était
terminé et réalisé et ce, devant les chiffres que je vous
énonce. Pendant toute cette période, on a essayé
d'établir une responsabilité pour ce grand projet très
important. M. Godin en a confié la responsabilité à la
CIPACC, il l'a écrit à son ministère, il l'avait
passé à Mme Leblanc-
Bantey, la ministre de la Fonction publique et, finalement, c'est
tombé dans vos mains. Cela fait partie du sapin dont je vous ai
parlé.
J'aimerais savoir de votre part, si le règlement n'est pas
écrit, quelles sont vos intentions cette année et l'année
prochaine afin d'améliorer et d'augmenter le nombre de non-francophones
au sein de la fonction publique. Si vous vous proposez de me répondre
que les députés ne peuvent rien faire parce qu'ils n'embauchent
pas, que le nombre de fonctionnaires n'augmente pas, je vous demande de me
donner les chiffres précis quant au nombre de fonctionnaires qui seront
embauchés cette année. L'année dernière, M. Godin,
le ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration nous a dit
que le nombre était d'environ 1000 à 1200 parce que des embauches
se font tous les jours au Québec pour remplacer les personnes qui
partent. C'est dans cette marge que vous devez jouer. On veut savoir ce que
vous avez l'intention de faire dans le cas spécifique des personnes qui
sont embauchées à la fonction publique cette année et
l'année prochaine. Quel est votre objectif concernant la participation
des non-francophones et, s'il n'y a pas de réglementation, quand cela
va-t-il arriver?
Je vous pose les mêmes questions en ce qui concerne les femmes. Le
plus récent rapport sur la présence des femmes dans la fonction
publique nous révèle que parmi le personnel de bureau, les femmes
comptent pour 75% et, parmi les emplois supérieurs, elles comptent pour
5,6%. C'est dans le rapport du 15 avril 1983. S'il y a des chiffres plus
récents, tant mieux, mais je suis certain que ça n'a pas beaucoup
changé. Je ne vais pas entrer dans tous les détails concernant la
discrimination des femmes, mais je pense que tout le monde aimerait bien que
vous nous donniez votre opinion à ce sujet. Les deux aspects de
discrimination, j'en conviens, ne sont pas une chose qui pourrait être
réglée facilement mais à moins qu'il y ait une
volonté de régler le problème, il ne sera pas
réglé.
Je vous rappelle la situation qui se présentait à Ottawa,
il y a quinze ans. Les Anglais disaient: Les francophones ne veulent pas faire
partie de la fonction publique; on les invite mais ils ne veulent pas; Ottawa
est une ville trop anglophone et il y avait toutes sortes de raisons. Mais M.
Trudeau est intervenu. Et on peut lui faire des reproches, mais une chose est
arrivée depuis quinze ans, c'est possible d'avoir des services en
français au gouvernement fédéral. C'est maintenant
possible de vivre en français dans la région Ottawa-Hull, de
gagner sa vie, d'aller à l'école et d'avoir toutes sortes de
services.
Ici, il n'existe pas une telle volonté de régler les deux
problèmes que je viens de vous mentionner et, en conséquence, le
pourcentage de personnes de langue maternelle anglaise au sein de la fonction
publique est aujourd'hui d'environ 5,6%, soit 400 à 500 personnes
seulement.
La dernière série de questions que j'aimerais poser au
ministre, M. le Président, touche la question des prochaines rondes de
négociations dans le secteur public. Dans votre ministère, vous
avez un groupe qui s'occupe de cela à temps plein. On lit dans les
journaux que dans un proche avenir on va probablement avoir droit à
quelques propositions gouvernementales concernant le cadre de la prochaine
ronde de négociations. C'est une question qui intéresse tout le
monde. Peut-être pouvez-vous nous donner un rapport d'étape
concernant cette question. Où en sommes-nous rendus? Avez-vous
l'intention de proposer quelque chose comme structure pour la prochaine ronde
de
négociations dans les prochains mois? Avez-vous l'intention,
d'ici la prochaine ronde de négociations, de rouvrir quelques aspects du
décret? M. Bérubé, le ministre de l'Éducation,
entre autres, a fait mention de cette possibilité récemment.
Est-ce que les décrets vont continuer d'être le contrat
jusqu'à la fin des trois ans? C'est du boulot pour une première
réplique. J'attends avec intérêt vos réponses.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
Réponses du ministre
M. Clair: Merci, M. le Président. D'abord juste une phrase
en ce qui concerne les mêmes commentaires désagréables que
passe le député de Notre-Dame-de-Grâce. Je consacre encore
plus de temps à essayer de désamorcer les bombes que l'ancien
gouvernement avait laissées dans la chaufferie en partant de 1976,
qu'à corriger ce que lui prétend être des sapins de nos
prédécesseurs. N'importe quand je serais prêt à en
discuter et à en faire la démonstration. Voilà, pour les
commentaires désagréables.
Par ailleurs, en ce qui concerne les progrès dans le dossier de
la fonction publique, je voudrais simplement dire au député qu'il
me semble que les choses vont rapidement. La loi a été
adoptée en décembre dernier. D'ores et déjà, les
changements au plan de l'organisation sont entrés en vigueur. Ce n'est
pas au moment de l'adoption de la loi, ou le lendemain, qu'on pouvait bousculer
les structures et les personnes et introduire une toute nouvelle
réglementation.
Les étapes qui ont été franchies sont les
suivantes: d'abord il y a effectivement eu tranfert au 1er avril dernier - ce
n'est pas il y a très longtemps mais il y a une dizaine de jours - de la
responsabilité du secteur de la fonction publique au Conseil du
trésor. Les cadres supérieurs ont déjà en grand
nombre été réaffectés dans d'autres
ministères, soit le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, le ministère des Affaires sociales et
d'autres, je ne pourrais pas tous vous les nommer. La Commission de la fonction
publique et l'Office des ressources humaines ont déjà eu
l'occasion de faire approuver de nouveaux POAS, plans d'organisation
administratifs supérieurs, qui sont implantés
présentement, soit de manière transitoire en ce qui concerne la
partie qui relève du Conseil du trésor proprement dit, ou de
façon quasi définitive en ce qui concerne les cadres
supérieurs des deux autres organismes. Cela a été
approuvé il y a quelques semaines au Conseil du trésor.
En ce qui concerne le secteur fonction publique, qui relève du
président du Conseil du trésor proprement dit, je vous ai
indiqué tantôt que nous allions respecter l'engagement qui avait
été pris par la ministre de la Fonction publique à savoir
qu'il n'y aurait pas de mise en disponibilité, mais cependant qu'il y
aurait certainement, dans la mesure où on fait une réorganisation
administrative, des réaffectations. On pense qu'on s'est fixé
comme objectif d'essayer de réaliser cela au cours des 12 ou 18
prochains mois. C'est l'objectif que nous nous sommes fixé. (11
heures)
J'ai été ministre des Transports. J'ai pris des
engagements, au début, pour dire que le rang 18 de telle place va
être reconstruit et livré, selon ce que m'indiquaient les
fonctionnaires, les ingénieurs, le 18 avril 1982. Or, pour toute
espèce de raisons qui n'ont rien à voir avec la volonté
politique de réaliser cela, les délais ont parfois
été plus longs, parfois plus courts. On oublie toujours,
lorsqu'on se fixe des objectifs, des échéanciers - et
l'Opposition en particulier - les cas où cela va plus vite, mais on
insiste beaucoup sur ceux qui prennent un peu plus de temps. Je n'embarquerai
pas dans la fixation de délais précis,
d'échéanciers définitifs en ce qui concerne l'adoption et
la réforme de la réglementation.
Nous travaillons toujours pour tenter d'atteindre cet objectif qui avait
été déterminé par Mme Leblanc-Bantey pour janvier
1985. Nous sommes présentement à faire le tour des
différents ministères et à voir dans quelle mesure on peut
se fixer un échéancier permettant d'atteindre cet objectif de
janvier 1985. Je pense que cela demeure réaliste. Est-ce qu'on aura
réussi à refondre tous les règlements pour cette date? Une
partie, la majeure partie des blocs les plus importants. Je pense qu'il est
encore trop tôt pour répondre de manière définitive
à cette question. Nous travaillons dans ce sens-là.
En ce qui concerne le comité pour surveiller les changements dans
la fonction publique pour l'implantation de la nouvelle loi de la fonction
publique, je pense que l'idée est excellente. Je n'ai pas encore pris
connaissance des discussions entourant l'adoption du projet de loi, notamment
en commission parlementaire. C'est certainement quelque chose qu'on doit
considérer positivement.
En ce qui concerne les programmes d'accès à
l'égalité dans l'emploi, en particulier dans le secteur de la
fonction publique, le député trouve la réponse en bonne
partie dans sa question. Il reconnaît lui-même que cela n'est pas
facile, que ce soit pour les non-francophones ou pour les femmes. J'ai
été ministre de deux ministères différents
où les femmes étaient nettement sous-représentées.
Au ministère des
Transports, c'est une donnée connue; sur les 250 cadres
supérieurs, il n'y a qu'une seule femme. Le sous-ministre et les
sous-ministres adjoints ont déployé des efforts réels et
considérables pour tenter de recruter des femmes. Je donne cet exemple
parce qu'il était - vous vous en doutez bien - l'une des cibles
favorites, compte tenu que ce ministère est, pour ce qui est du
personnel, l'un des plus gros avec une dizaine de milliers d'employés
réguliers.
Il faut que les programmes d'accès à
l'égalité soient une préoccupation permanente tant pour
les femmes que pour les non-francophones dans la fonction publique du
Québec. Je pense que le député ne peut pas mesurer la
volonté, les efforts qui ont été déployés
uniquement par les résultats. C'est là une façon trop
simple de regarder cette question. Il ne s'était rien fait à cet
égard avant 1976. Quelques années après, il y a
début d'initiation de programmes. Une réflexion s'est faite
à l'intérieur du gouvernement; elle a été
reproduite sur le parquet de la Chambre en certaines occasions. Je pense que le
député est injuste quand il dit que les efforts étaient
nuls. Je ne pense pas que cela soit vrai.
J'inviterais M. Bélanger, de l'Office des ressources humaines,
à nous parler de ce qui se fait pour l'égalité en emploi.
J'indique, par ailleurs, pendant que M. Bélanger prend place, qu'une
difficulté additionnelle est le gel du recrutement depuis quelques
années dans la fonction publique. Un tel gel est toujours maintenu. Nous
avons recruté depuis le 1er avril 1983 jusqu'au 1er mars 1984; 718
personnes de l'extérieur de la fonction publique ont donc
été titularisées par les ministères et organismes;
187 dans la région de Montréal; 320 dans la région de
Québec; entre 20 et 50 pour les autres régions.
Avant de céder la parole à M. Bélanger, je voudrais
dire une chose au député de Notre-Dame-de-Grâce. S'il y a
moins de place pour de nouveaux venus dans la fonction publique, vous
êtes-vous déjà demandé pourquoi? Vous regarderez les
statistiques d'évolution des effectifs de la fonction publique entre
1970 et 1976. Vous allez voir que c'est pendant cette période qu'on a
créé une bonne partie des 100 000 emplois, soit directement dans
la fonction publique ou indirectement dans les réseaux de l'enseignement
ou de l'éducation. Si, aujourd'hui, on doit faire des efforts pour
réaligner la dimension de la fonction publique en fonction de la taille
d'un État comme celui du Québec, c'est parce que vous avez pris
les bouchées doubles pendant que vous étiez au pouvoir. Cela fait
justement partie des bombes que vous aviez laissées dans la chaufferie
en quittant, en 1976, à savoir très peu de place pour les
générations qui suivraient. Vous avez tellement gonflé les
effectifs de la fonction publique que, même aujourd'hui, on doit
appliquer une politique de réduction de ces effectifs de 2% par
année et une réallocation de 1% par année.
M. Bélanger, vous pouvez peut-être donner d'autres
explications, si vous avez quelques commentaires à faire en ce qui
concerne les programmes d'accès à l'égalité. Je
reviendrai sur la question des négociations ensuite.
Office des ressources humaines
M. Bélanger (Claude): Je dois dire que je suis en poste
depuis le 1er avril, dans les faits, et que je suis en train de lire la
documentation du ministère de la Fonction publique sur les programmes
d'égalité des chances. Je peux parler un peu plus des programmes,
étant donné que l'Office de recrutement était ma
responsabilité antérieure, soit les programmes
réalisés par l'Office de recrutement, dont M. Chambers a fait
état dans le rapport annuel du CEPAQ.
Il faut dire qu'il y a un gel de recrutement, comme M. Clair le disait;
depuis le 1er avril dernier, il y a seulement 718 nouveaux employés qui
sont entrés dans la fonction publique, parmi ceux-là il y a
exactement treize cadres supérieurs qui sont venus de
l'extérieur. On ne peut pas avoir un objectif d'entrer 100 nouveaux
cadres autres que francophones, dans une année, quand on en engage
globalement treize en tout et] partout dans l'ensemble de la fonction publique.
Les objectifs peuvent être plus que! modestes quand on connaît le
nombre de cadres qu'on a recrutés dans un an.
La Loi sur la fonction publique spécifie que ce sont des concours
publics où toutes, les personnes admissibles ont le droit de poser leur
candidature. Malheureusement, or) ne reçoit pas beaucoup de candidatures
des milieux autres que francophones, Nécessairement, dans le processus
d'élimination, quand il n'y a pas beaucoup de candidatures, il y en a
moins qui se rendent au fil d'arrivée.
J'ai un exemple à vous donner. Le seul domaine où on a
fait du recrutement universitaire en cours d'année est celui de
l'informatique. Nous sommes allés sur les campus francophones et
anglophones. Nous sommes allés à l'Université Concordia et
à l'Université McGill. La réponse a été
très décevante pour nous de la part des universités
anglophones. Très peu de personnes ont posé leur candidature en
informatique. Peut-être parce que les postes étaient situés
en grande majorité dans la ville de Québec et que les gens ne
voulaient pas déménager à Québec. Contrairement aux
universités francophones qui nous ont fourni un ratio d'environ 75% des
finissants qui ont posé leur candidature. Dans les universités
francophones, de mémoire, environ 4% ou 5% ont posé leur
candidature. Malgré tout cela,
ce n'est pas du recrutement à haut volume, mais nous avons
recruté 135 analystes d'informatique en cours d'année.
Là-dessus, la grande majorité, il faut le dire, était dans
la région de Québec.
Sur le plan des communications, nous avons publié des
dépliants sur le processus de sélection en quatre langues
différentes. Ils sont accessibles dans tous nos bureaux
régionaux. Nous avons annoncé dans les journaux majeurs
anglophones. Vous avez probablement vu, il y a à peu près deux
mois, il y a eu une erreur dans la traduction. En français c'est: "II y
a peut-être un poste pour vous dans la fonction publique." Dans la
traduction anglaise c'était écrit: "There is a job for you in the
public service." On a eu une avalanche d'appels au bureau de
Montréal.
De toute façon, sur le plan des communications, on fait beaucoup
d'efforts, malgré qu'on ait très peu de postes, pour attirer des
candidatures des gens des communautés culturelles, les gens autres que
francophones. Malheureusement, les résultats ne sont pas ceux qu'on
aimerait atteindre en pratique.
La réponse, je ne l'ai pas. Ce qu'on essaie de faire, c'est de
rendre nos services les plus centralisés possible pour que les
intéressés puissent venir nous voir et prendre l'information sur
les quelques postes ouverts. Malheureusement, les postes à haut niveau
sont très rares puisqu'ils sont comblés de l'extérieur. Ce
sont surtout des travaux au niveau technique, dans des
spécialités comme en électronique, en graphisme.
Dans le domaine de l'aide sociale, entre autres, nous avons
recruté 40 agents d'aide sociale en cours d'année, des
dactylographes, des employés de secrétariat, une quarante
aussi.
Des postes au niveau supérieur et des postes au niveau
professionnel sont de plus en plus rares, compte tenu du bassin que nous avons
à l'interne qui est assez considérable. On procède
plutôt par placement des gens en disponibilité, par
réaffectation d'individus dont les ministères peuvent se passer
à cause des restrictions des programmes, etc. L'office de recrutement va
très peu à l'extérieur et est dans l'impossibilité,
même s'il le désire, d'augmenter d'une façon significative
la représentation des groupes des communautés culturelles.
M. Clair: Je confirme ce que M. Bélanger vient d'indiquer.
Il y a eu des efforts particuliers auprès des universités
anglophones en particulier pour du recrutement dans le domaine de
l'informatique, soit des techniciens ou des analystes en informatique. On en
avait besoin de 192 sur les 718 que j'indiquais tantôt; 192 postes
à Québec; 18 dans la région de
Montréal, donc un total de 210 sur 718. Malgré des efforts
sincères, réels qui ont été faits, malheureusement
la réponse n'a pas été à la hauteur de la
demande.
C'est certain que le fait que le gros des postes ait été
offert dans la région de Québec ne facilite pas la tâche.
Je tiens cependant à assurer le député que tant en ce qui
concerne l'égalité pour les femmes que l'égalité
pour les communautés culturelles, j'ai l'intention de continuer à
avoir une préoccupation à cet égard. Du côté
de la condition féminine, une personne qui vient de se joindre à
nous pourrait mieux donner des chiffres, des statistiques ou faire état
des politiques en cette matière que je peux le faire moi-même. (11
h 15)
Les négociations
Avant qu'elle ne prenne la parole - on vient tout juste de la faire
venir - je voudrais dire quelques mots au sujet de ce qui se passe dans le
domaine des négociations. Je voudrais répondre à votre
deuxième question concernant la prochaine ronde de
négociations. D'abord, à la suite des propositions, en
janvier 1983 par le premier ministre, de créer deux comités
paritaires, l'un sur la tâche, l'autre sur la politique de la
rémunération, particulièrement pour la troisième
année de la convention collective, je vous indique qu'actuellement, le
comité sur la tâche fonctionne au niveau de l'enseignement
primaire et secondaire. Je vous indique également qu'au niveau du
comité mixte ou groupe de travail appelons-le comme on voudra - sur la
politique de la rémunération, il y a une demi-douzaine de
syndicats indépendants qui font partie de ce comité
présentement. Il y a, entre autres, le Syndicat des fonctionnaires, les
syndicats CSD, SFPQ, COPS, SPIIQ et FIIQ - je ne sais pas si cela vous dit
quelque chose, ce sont les infirmières - qui sont déjà
à cette table de discussion au comité paritaire sur la politique
de la rémunération.
Par ailleurs, en ce qui concerne l'avenir, la réforme du
régime de négociation dans le secteur public, le gouvernement a
fait beaucoup de travail de réflexion au cours de la dernière
année à cet égard. Je suis à la veille d'acheminer
un mémoire sur cette question au Conseil des ministres. Mon objectif,
c'est d'être en mesure de faire des déclarations publiques sur
cette question au cours du mois de mai prochain et d'en venir le plus
rapidement possible à ouvrir la discussion de manière à la
fois privée et publique, s'il y a lieu, avec les partenaires syndicaux.
Vers l'automne, nous serons en mesure de savoir s'il y aura une commission
parlementaire ou le dépôt d'un projet de loi. C'est le processus
dans lequel nous sommes
inscrits présentement.
Le Président (M. Lachance): Je voudrais vous signaler que,
compte tenu du temps à notre disposition, il y aurait peut-être
lieu d'abréger un peu vos réponses.
M. Clair: Je termine là-dessus. Pour les programmes
d'égalité en emploi, Mme Jane Pycock, qui m'accompagne, pourrait
donner d'autres éléments de réponse.
Égalité en emploi
Mme Pycock (Jane): Concernant la représentation des
communautés culturelles dans la fonction publique du Québec, le
dernier recensement de l'ensemble du gouvernement a eu lieu en juin 1982.
C'était un préalable au lancement de la politique à
l'intention des membres de ces groupes qui a eu lieu en septembre 1982. Les
ministères et organismes ont à préparer des plans d'action
annuels dans lesquels ils inscrivent les interventions qu'ils vont prendre pour
améliorer la représentation des gens des communautés
culturelles dans les effectifs, comme c'est annuel, on est en train de recevoir
les bilans des ministères et organismes et on voit l'évolution
qui a eu lieu au niveau de la représentation. Le dernier chiffre pour
l'ensemble du gouvernement, c'était le recensement qu'on a fait en 1982
qui a été de l'ordre de 2,5%.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je vais faire trois ou quatre commentaires assez
brefs. Premièrement, si je comprends bien, M. le Président, le
ministre a renié ce matin l'engagement de son
prédécesseur. À la page 3775 du journal des Débats,
on lit ceci: "D'ici janvier 1985, le Conseil du trésor -c'est bel et
bien le Conseil du trésor que vous dirigez - aura effectué une
révision complète de toute la réglementation actuelle." Le
ministre dit, ce matin, un peu ce que son prédécesseur a dit
à l'égard du ministre de la Science et de la Technologie il y a
deux semaines. Il le contredit. Il dit qu'il n'est pas prêt à
respecter l'engagement qui a été pris par son
prédécesseur. Si c'est le cas, j'aimerais qu'il nous donne un
autre engagement en ce sens plutôt que de dire: Je vais faire mon gros
possible.
M. Clair: M. le Président, il me semble que je dis
exactement le contraire. Je dis qu'on va déployer tous les efforts pour
réaliser cet échancier qui est un échéancier court.
Actuellement, on est en train de prendre les moyens pour tenter de le
réaliser.
M. Scowen: J'ai mal compris. Cet échéancier, c'est
encore...
M. Clair: C'est encore le scénario de base sur lequel nous
travaillons.
M. Scowen: D'accord. Si on me le permet, j'aimerais faire
quelques commentaires sur la question de la présence des
minorités, parce que vous avez amené deux personnes qui ont dit
des choses intéressantes. Premièrement, vous avez dit: On ne doit
pas mesurer la volonté par les résultats.
M. Clair: Uniquement par les résultats.
M. Scowen: Je pense que vous devez accepter que la seule
façon de mesurer la volonté de faire quelque chose dans la vie,
c'est par les résultats. J'accepte, qu'à court terme, vous ayez
des problèmes. Je veux simplement faire quelques suggestions.
Premièrement, les "ballounes" comme CIPACC. Cela n'est pas
l'expression d'une volonté, mais de la publicité. C'est clair,
puisque le ministre l'a abandonné après deux ans, pendant
lesquels il ne s'était rien fait. Ce qui est intéressant, ce sont
les chiffres et les déclarations de M. Bélanger et de Mme Pycock.
Si je comprends bien, il y a 718 personnes qui ont été
embauchées au cours des derniers 12 mois dans la fonction publique.
C'est sûr qu'une infime partie seulement de ces personnes sont des
cadres. Quand on parle de la nécessité d'intégrer les
non-francophones dans le secteur public, ce n'est pas seulement au niveau des
cadres. Il y a des gens à tous les niveaux qui cherchent de l'emploi.
Dans les organismes paragouvernementaux, comme la Régie du logement,
même à Montréal, les gens sont incapables de trouver une
seule personne de langue anglaise pour les servir. Il n'est pas question
d'être sous-ministre ou directeur du service. C'est ce genre d'emploi
dans la langue anglaise qui est aussi important que les cadres plus
élevés.
Je vous propose, lorsque vous vous trouvez devant un échec
à la suite d'une visite à l'Université Concordia ou
à l'Université McGill, que vous n'avez pas les résultats
espérés, de vous demander pourquoi. Si les gens vous disent
qu'ils ne veulent pas vivre à Québec, je pense qu'on doit se
demander comment il se fait que les non-francophones ne se sentent pas chez eux
dans la capitale du Québec. Qu'est-ce qui ne fonctionne pas? Je pense
que tout le monde est d'accord pour dire qu'on doit faire en sorte que tous les
Québécois se sentent chez eux dans la capitale du Québec.
Si c'est un problème qu'on doit régler, qu'on le
règle.
Si on écoute M. Bélanger et vous, Mme Pycock, vous
nous dites les gestes précis que vous entendez faire au cours de
l'an
prochain, peut-être pas avec les nouveaux organismes qui ne font
que de la publicité mais les gestes concrets avec des objectifs
concrets, même s'ils sont modestes. S'ils sont concrets et qu'on peut les
mesurer, c'est réaliste. C'est mesurer la volonté par les
résultats dans un sens qui me semble intelligent. C'est tout ce qu'on
demande. On demande que vous arrêtiez de faire des discours et de la
publicité sur la nécessité d'une bonne entente et que vous
nous donniez des rapports qui démontrent que le nombre de personnes,
autres que francophones, diminue. Entre les deux rapports que Mme Pycock
connaît très bien...
En terminant, je veux poser deux questions précises au ministre
concernant les négociations. Je lis dans un article du Devoir que d'ici
la fin du mois d'avril, seront sans doute connues les propositions
gouvernementales concernant la transformation du mode de négociation
dans le secteur public. Est-ce que cela est vrai que quelque chose sera rendu
public d'ici la fin du mois? Sinon, quand?
M. Clair: M. le Président, il est vrai que quelque chose
sera rendu public. Cependant, je ne pense pas que ce soit d'ici la fin du mois
d'avril; je pense qu'il s'agira plutôt de la mi-mai. Un document sera
alors rendu public en matière de propositions de réforme du
régime de négociations. Vous verrez à ce moment de quel
type de document il s'agit. Je ne peux pas diviser sur ce sujet
présentement, puisqu'il n'y a pas de décision du Conseil des
ministres.
Avant de demander à Mme Pycock d'expliciter davantage la question
fondamentale que soulève le député de
Notre-Dame-de-Grâce, savoir pourquoi est-il difficile de recruter des
non-francophones, cette dernière aura des choses à vous dire
à ce sujet, je voudrais revenir brièvement sur deux points.
Je veux dire au député que je suis d'accord avec lui quand
il dit qu'on ne doit pas viser le recrutement des non-francophones seulement
chez les cadres supérieurs. Je ne pense pas que M. Bélanger et
moi ayons voulu indiquer cela. Mais c'est particulièrement important,
cependant, nous en conviendrons, au niveau des cadres supérieurs. Je
pense qu'il y a des efforts particuliers qui doivent être faits à
cet égard.
Mon autre point porte sur la question de l'évaluation de la
volonté et des efforts déployés par le gouvernement. Je
n'accepte pas cette idée du député que le meilleur moyen
de juger des efforts et de la volonté sont les résultats. Je vais
dire quelque chose de très simple. Je ne doute aucunement des efforts
qu'il déploie pour passer de l'autre côté de la Chambre. Il
l'a fait deux fois. Je ne doute aucunement de sa volonté de passer de
l'autre côté de la Chambre. Mais si je dis que je ne juge sa
volonté et ses efforts que par les résultats, vous conviendrez
que ce n'est pas très gentil de ma part.
Je pense qu'il faut davantage évaluer quels sont les moyens qui
sont mis en oeuvre pour tenter d'atteindre les objectifs qu'on s'est
fixés, quels types de programmes ont été mis de l'avant et
dire que si les résultats ne sont pas là, comme vous le
soulignez, ce doit être parce qu'il y a d'autres moyens à utiliser
ou qu'il y a des obstacles qui ne permettent pas d'atteindre les objectifs.
Dans votre cas, c'est bien connu, les obstacles que vous avez affrontés
étaient nous autres. Dans le cas du programme sur
l'égalité en emploi, ce sont d'autres obstacles. Je demanderais
peut-être à Mme Pycock d'expliciter davantage ce sujet.
Mme Pycock: D'accord. J'aimerais d'abord dire que les
préoccupations soulevées sont très présentes au
sein des organisations gouvernementales qui travaillent à
réaliser l'égalité en emploi pour les membres des
communautés culturelles. Les organismes ont des responsabilités
dans le domaine. Tous les ministères et organismes sont obligés
d'y travailler. L'outil qu'ils se sont donné est la préparation
d'un plan d'action annuel par lequel ils vont préciser des objectifs
spécifiques, des moyens et des ressources qu'ils vont y allouer. Comme
le programme est assez jeune, il fonctionne seulement depuis un an et demi, on
commence à avoir des résultats, c'est-à-dire des rapports
qui nous sont envoyés par les ministères et organismes.
En ce qui concerne les réalisations concrètes au niveau
des organismes centraux, on peut signaler l'abolition de l'exigence
d'être citoyen canadien pour travailler dans la fonction publique. C'est
l'introduction de ce qu'on pourrait appeler "full action" au niveau de
l'embauche du personnel permanent depuis plus d'un an ou deux. Au niveau de
l'embauche du personnel occasionnel, il est maintenant possible pour les
centres de Travail Québec de référer des personnes membres
des communautés culturelles à des demandes reçues par des
ministères ou organismes. C'est l'embauche préférentielle
des membres des communautés culturelles.
Étant donné le contexte difficle, on explore la
possibilité d'autres formes d'embauche. Je peux mentionner les stages
dans la fonction publique. On a déjà fait reconnaître par
règlement plusieurs programmes de stages de coopération
d'institutions anglaises comme l'Université Concordia, le collège
Dawson. On a embauché des stagiaires au cours des étés de
1982 et 1983 et on poursuit nos activités pour l'année 1984.
Je pense qu'il est trop tôt pour évaluer le rythme du
progrès, mais il est certain qu'il y a progrès.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Concernant l'intégration des gens, est-ce que
vous pouvez nous donner les résultats?
Mme Pycock: Non. Mon secteur concerne les communautés
culturelles.
M. Clair: Comme j'assume cette responsabilité seulement
depuis le 1er avril, je ne savais pas que les membres de la commission
s'intéresseraient à cette question en particulier. À la
prochaine occasion, quand je comparaîtrai devant votre commission, je
tâcherai d'avoir le maximum de renseignements disponibles pour vous sur
ces questions.
Le Président (M. Lachance): Merci. Est-ce que le programme
2 est adopté?
M. Scowen: Adopté sur division.
Le Président (M. Lachance): Adopté sur division.
Programme 3?
M. Scowen: Adopté sur division.
Le Président (M. Lachance): Adopté sur division.
Programme 4?
M. Scowen: Adopté également.
Le Président (M. Lachance): Adopté sur division.
Programme 5?
M. Scowen: Adopté sur division.
Le Président (M. Lachance): Adopté sur division.
Programme 6?
M. Scowen: Adopté sur division. (11 h 30)
Le Président (M. Lachance): Adopté sur
division.
Nous en venons maintenant à ce qui est inscrit au livre des
crédits sous la rubrique Conseil du trésor. Je m'excuse.
L'ensemble des programmes dans le livre des crédits identifiés
organismes relevant du ministre délégué à
l'Administration sont-ils adoptés?
M. Scowen: Pardon?
Le Président (M. Lachance): Globalement.
M. Scowen: L'ensemble des crédits?
Le Président (M. Lachance): On vient de procéder
à l'adoption programme par programme.
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Lachance): Maintenant, je pose la
question suivante: L'ensemble des organismes relevant du ministre
délégué à l'Administration sont-ils
adoptés?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. M. le ministre,
y a-t-il des remarques? C'est à la page 11-1 du livre des
crédits.
Conseil du trésor
M. Clair: M. le Président, les crédits 1984-1985 de
15 049 000 $ alloués au Conseil du trésor progressent de 21,6%
par rapport aux dépenses probables de 1983-1984 qui étaient de 12
376 000 $ et de 14,3% par rapport aux crédits modifiés soit 13
165 000 $ pour 1983-1984. L'écart de 789 000 $ entre les crédits
modifiés et les dépenses probables s'explique de la façon
suivante: Premièrement, la disparition prévue du ministère
de la Fonction publique avec la loi 51 a entraîné un
ralentissement des activités du ministère,
particulièrement au niveau de l'engagement du personnel,
entraînant des crédits périmés de l'ordre de 370 000
$; deuxièmement, le Conseil du trésor enregistre un fort taux de
roulement de son personnel. En un an, par exemple, on a assisté à
50 départs et 30 arrivées, ce qui engendre des crédits
périmés de quelque 420 000 $. Cette situation est normale compte
tenu des mécanismes du gouvernement, c'est-à-dire l'obligation
d'engager tous les salaires pour un an. Par ailleurs, l'écart de 1 884
000 $ entre les crédits modifiés 1983-1984 et les crédits
1984-1985 s'explique d'abord par la création du centre de
productivité au Conseil du trésor pour lequel on a prévu
546 000 $, des dépenses d'informatisation pour 300 000 $ et finalement,
l'augmentation normale des crédits sur IPC de 1 038 000 $.
Le Président (M. Lachance): Merci. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'ai deux ou trois questions sur le budget du Conseil
du trésor proprement dit, et une autre au sujet du contrôle des
dépenses dans un sens plus global. Il y a quelques chiffres qu'on ne
comprend pas. Je veux référer le ministre à la page 29 du
livre explicatif qu'il nous a donné.
M. Clair: Page 29?
M. Scowen: Oui, page 29. C'est le
programme 1, élément 4. M. Clair: Oui.
M. Scowen: Si je regarde la colonne des crédits
modifiés 1983-1984, il y a 1 748 000 $ pour le personnel, 326 000 $ pour
le fonctionnement et autres dépenses et 32 700 $ pour le capital et
autres dépenses. Quant à moi, quand je fais le total de ces
trois, je n'arrive pas à 2 073 000 $. Je demande au ministre si...
M. Clair: Vous arrivez à combien?
M. Scowen: J'arrive à 2 108 000 $ ou à peu
près; mais il est possible que ma calculatrice soit fabriquée par
une compagnie qui n'est pas très spécialisée dans ce
domaine.
M. Clair: II y a des gens qui ont des calculatrices. On va
vérifier. 2 110 000 $?
M. Scowen: 2 108 000 $, mais ce n'est pas 2 073 000 $.
C'est...
M. Clair: II devait y avoir quelqu'un qui avait une calculatrice
qui faisait défaut.
M. Scowen: Effectivement. C'est une erreur de votre part.
M. Clair: II faut dire qu'on marche tellement serré...
M. Scowen: D'accord. Maintenant, si je regarde...
M. Clair: ...qu'on ne remplace pas les calculatrices pour
rien.
M. Scowen: Deuxièmement, si je regarde ce chiffre qui est
maintenant corrigé à 2 108 000 $, je vous demande de retourner
à la page 7 du même document où je vois programme 1
élément 4, Soutien administratif et technique et le total inscrit
est 2 431 000 $. Mais à la page qui donne les détails, 2 431 000
$, j'arrive à un chiffre corrigé de votre part de 2 108 000
$.
M. Clair: À la page 7, le chiffre est bon.
M. Scowen: Le chiffre est bon.
M. Clair: Soutien administratif et technique, 2 108 000 $. C'est
le même chiffre que vous auriez dû retrouver à 2 073 000 $.
On voit donc que c'est là qu'il y a eu une erreur.
M. Scowen: Parce que dans la colonne à la page 29,
crédits 1983 modifiés, c'est clair. Quand je regarde la colonne
modifiée à la page 7, 2 431 000 $, qu'est-ce que cela veut
dire?
M. Clair: Je n'ai pas d'explication à fournir pour le
moment.
M. Scowen: Vous n'avez pas d'explication.
M. Clair: II y en aura sûrement une qui vous sera fournie,
mais on remarque que les montants globaux, le total qu'on retrouve à la
page 11-2, des crédits modifiés, c'est bien 13 164 000 $ et 15
048 000 $ pour 1984-1985. Il semble donc qu'il y a eu une erreur.
M. Scowen: On veut savoir où est l'erreur. Lequel est le
bon chiffre?
M. Clair: Les bons chiffres sont ceux qui se retrouvent au livre
des crédits. Ceux qui sont adoptés. Maintenant, ce genre de
document est préparé justement pour permettre aux membres de la
commission de pouvoir mieux visualiser, il n'a pas une valeur légale, si
je peux m'exprimer ainsi. Je vous souligne que, cette année, à
cause des mouvements tant à l'intérieur du Conseil du
trésor que de la fonction publique vers le Conseil du trésor, il
a pu se glisser dans des documents de vulgarisation une ou des erreurs. On va
tenter de trouver les réponses à vos questions et vous les
fournir bien simplement.
M. Scowen: Je vous réfère à un autre. Page 7
et je compare avec la page 20.
M. Clair: On vient de trouver l'explication.
M. Therrien (Jacques-Yves): Si vous permettez, la
différence entre les 2 108 000 $, le total du comparatif que vous avez
dans les pages antérieures, avec les 2 431 000 $ qui au total
correspondent aux chiffres du budget, c'est que le comparatif a
été modifié pour tenir compte de l'introduction de la
fonction publique, c'est-à-dire qu'on a hérité, au niveau
du soutien administratif, pour 323 000 $ qui venaient du ministère de la
Fonction publique.
M. Scowen: Donc, c'est la page 29 qui est fausse.
M. Therrien: C'est-à-dire que si vous prenez le comparatif
des crédits strictement du secrétariat avant qu'il y ait eu
l'addition du ministère de la Fonction publique, la page 29 devrait se
lire 2 108 000 $ comme vous l'avez vous-même vérifié en
additionnant. Mais si vous ajoutez les montants qui ont
été transférés à la suite de
l'addition d'une partie du ministère de la Fonction publique, là
ce sont les 2 431 000 $...
M. Scowen: Oui, mais avec tout le respect, ce n'est pas moi qui
l'ai fait. Je vous le demande. Vous avez une colonne sur deux pages:
Crédits 1983 modifiés. C'est le titre de la colonne. Cela
paraît à la page 7 et à la page 29. Dans un cas, on voit un
total de 2 431 000 $ et, pour la même colonne, exactement, à la
page 29 on voit le chiffre déjà corrigé de 2 108 000 $.
Lequel des deux est le bon?
M. Clair: C'est parce qu'il y a deux modifications. C'est ce
qu'on essaie de vous expliquer. D'abord, réglons le cas de l'erreur
à la page 29. Il suffit de prendre une calculatrice pour constater qu'il
y a une erreur. Cela donne 2 108 000 $ et le chiffre c'est 2 108 000 $. Comme
M. Therrien vous l'explique, on peut présenter les crédits
modifiés 1983-1984, secrétariat du Conseil du trésor, sans
intégration de la Fonction publique, auquel cas les crédits
modifiés Conseil du trésor sans intégration de la Fonction
publique, c'est 2 108 000 $. Si on ajoute l'intégration partielle de la
Fonction publique cela donne 2 431 400 $ les deux chiffres sont bons et valides
mais donnent des renseignements différents.
M. Scowen: M. le Président, j'espère que vous
réalisez que cette réponse est totalement insatisfaisante. C'est
certain qu'il y a une centaine de façons de faire des calculs, on
demande: Est-ce que vous avez fait intentionnellement deux colonnes avec des
totaux différents? Et si oui, est-ce qu'on peut avoir...
M. Clair: C'était pour vous donner plus de renseignements.
La première colonne vous donne les crédits modifiés,
secrétariat du Conseil du trésor avant l'intégration de la
Fonction publique. La deuxième colonne vous donne les crédits
modifiés, tel que je viens de vous le dire, plus l'intégration de
la Fonction publique. Si cela ne se comprend pas, je ne sais pas comment
l'expliquer pour que le député comprenne.
M. Scowen: Vous ne savez pas comment l'expliquer, je vais vous
expliquer comment l'expliquer. Si l'expression crédits modifiés
à la page 7 veut dire quelque chose de différent que l'expression
les crédits modifiés à la page 29, c'est exactement la
même expression. Que vous fassiez une note explicative à
côté pour dire que les mêmes expressions aux deux pages
différentes veulent dire des choses différentes, c'est la
façon de régler le problème si cela est le cas.
M. Clair: Vous avez tout à fait raison. Mais plutôt
que de l'avoir écrit dans une note au bas de la page "post scriptum,
nota bene" je vous le dis verbalement.
M. Scowen: Merci. Après avoir passé quelques heures
pour essayer de comprendre ce qui se passe dans vos cahiers explicatifs, je
veux simplement vous dire que la même erreur s'est glissée entre
la page 21 et la page 7.
M. Clair: Page 21 et page 7.
M. Scowen: Oui. C'est la même chose, à la page 7,
l'élément 3 totalise 6 161 000 $. À la page 21, on lit: 6
485 000 $. Peut-être d'ici la fin de la semaine...
M. Clair: Vous êtes un grand et fin limier pour avoir
trouvé cela. C'est tout à votre honneur.
M. Scowen: Peut-être que je peux demander au ministre de
nous envoyer une copie corrigée de ce document. On va l'utiliser
l'année prochaine aussi.
M. Clair: J'aurais une suggestion à faire au
député. Le même phénomène ne devrait pas se
reproduire l'an prochain puisqu'il n'est pas prévu qu'il y ait encore
intégration de la Fonction publique. Je vais faire une suggestion au
député de Notre-Dame-de-Grâce. Lorsqu'il recevra la
transcription du journal les Débats, il prendra son crayon, son cahier
beige et mettra en bas une note, "nota bene" pour s'en souvenir, pour que ce
soit écrit l'an prochain. Mais je pense qu'honnêtement, reproduire
ces documents uniquement en fonction d'un "nota bene" qui aurait dû
souligner qu'il y avait deux types de crédits modifiés,
crédits modifiés, Conseil du trésor, en soi, et Conseil du
trésor après intégration de la Fonction publique, je vous
dis, M. le Président, que je n'ai pas l'intention de le faire. Il me
semble qu'on prend son crayon et le papier, on l'indique et on s'en
souvient.
Dépenses publiques
M. Scowen: Je prends bonne note de votre façon de faire la
comptabilité au Conseil du trésor.
Maintenant, est-ce que je peux passer aux dépenses publiques
d'une façon un peu plus globale? Le ministre a annoncé des
dépenses cette année de quelque 25 000 0000 000 $. Il a dit que
pour la première fois depuis longtemps l'augmentation des
dépenses doit être inférieure à l'augmentation du
PIB du Québec. Cela est possible. On ne connaît pas encore le PIB
du Québec pour l'année
courante, mais on espère qu'il aura raison. C'est évident
- comme il l'admet lui-même -que ce sera la première fois depuis
que le parti est au pouvoir et même avant cela. Quand le gouvernement a
été élu en 1976, d'après le tableau du ministre
lui-même, les dépenses du gouvernement étaient en bas de
23% du PIB du Québec et, cette année, même avec les
soi-disant compressions, cela va se situer au-dessus de 26%. Je pense que tout
le monde convient que cette augmentation dans les dépenses publiques du
Québec depuis l'arrivée au pouvoir de votre gouvernement a un
niveau plus vite que la croissance totale de notre économie. C'est ce
qui est effectivement dit dans le livre blanc dont les copies circulent un peu
partout. Le ministre et président du Conseil du trésor a fait
quelques déclarations au début de l'année qui ont
été reprises dans le journal La Presse concernant l'écart
entre les dépenses du Québec et celles de l'Ontario qui,
semble-t-il, est devenu la façon privilégiée de comparer
l'abolition des dépenses gouvernementales du Québec. C'est cette
comparaison qui est essentiellement la base du livre blanc. (11 h 45)
Alors, je voulais poser quelques questions au ministre concernant une
page dans le livre blanc, touchant les dépenses gouvernementales et
l'écart entre Québec et l'Ontario, qui a été
préparé par le secrétariat du Conseil du trésor. Il
s'agit du tableau 1.2 à la page 9 du livre blanc dans lequel on voit un
effort pour expliquer l'écart de 557 $ per capita qui existe aujourd'hui
ou qui existait en 1981 comparé avec l'Ontario. Il faut dire que cet
écart, d'après le livre blanc, s'est élargi depuis
1980-1981 et totalise à peu près 3 500 000 000 $ par
année. C'est sur une base per capita. Si on avait les mêmes
dépenses per capita au Québec qu'en Ontario, on aurait un
déficit de zéro ici, au Québec. Le
prédécesseur du ministre, l'ex-président du Conseil du
trésor, a essayé d'expliquer à sa façon aux
journalistes les raisons pour cet écart. On voit aussi dans ce tableau
dont j'ai fait mention un autre effort dans le but de l'expliquer.
Je veux poser quelques questions au ministre. Peut-être que ses
experts peuvent y répondre, parce que c'est le secrétariat du
Coneil du trésor qui a préparé tous ces chiffres.
Premièrement, le ministre Bérubé a dit que l'écart
dans le domaine de l'éducation entre le Québec et l'Ontario en
1982-1983 était de 60 $. D'après le livre blanc, en 1980-1981,
c'était de 158 $. Le minsitre a dit qu'aujourd'hui cela a baissé
à 0,29 $. Nous avons là un écart dans le domaine de
l'éducation qui était, il y a trois ans, de 158 $ per capita, une
baisse l'année suivante à 60 $ et maintenant à 0,29 $. Le
ministre est-il en mesure de nous donner les analyses, sur lesquelles
s'appuient ces deux chiffres, qui ont été
présentées par le président du Conseil du trésor
dans l'article qui a été écrit par M. Marsolais dans la
Presse? C'est la première question. Le seul document de base que nous
avons, c'est le livre blanc qui est basé sur 1980-1981, mais,
semble-t-il que son prédécesseur avait accès au document,
au moins dans le domaine de l'éducation, qui allait beaucoup plus loin
et qui était plus récent.
Une deuxième question spécifique dans cette affaire. Le
ministre Bérubé a dit et je cite: Le fait de vivre en
français et de s'être doté de services culturels propres
est évalué à 1 000 000 000 $ du produit intérieur
brut. Alors, j'imagine que le ministre n'a pas tiré ces 1 000 000 000 $
-le coût de notre francité - de l'air. Pouvez-vous nous fournir un
document qui va expliquer le contenu de ce 1 000 000 000 $ que cela nous
coûte d'être français ici en Amérique du Nord? J'aime
ainsi croire que c'est relié au tableau dans le livre blanc où
vous essayez d'expliquer les écarts et de sortir les
éléments de cet écart. On n'y trouve aucun
élément spécifiquement culturel. Au niveau des services,
il y a des différences de diverses caractéristiques qui ne sont
pas culturelles. Il y en a qui sont démographiques - il est
présumément question de l'âge de la population
géographiques et économiques, mais on ne voit nulle part dans
l'analyse du livre blanc une évaluation relative à notre
spécificité linguistique ou culturelle.
Je vais arrêter là. Pour résumer, j'aimerais que le
ministre nous explique, si possible, ou qu'il accepte de nous donner plus de
détails sur au moins ces deux points: Les écarts qui existent
aujourd'hui dans le domaine de l'éducation et les écarts qui
existent aujourd'hui à cause de notre spécificité
française. Je lui pose spécifiquement le problème. Est-ce
qu'il est capable de déposer ou de nous donner, demain ou
après-demain, les documents sur lesquels son prédécesseur
se fiait pour faire de telles déclarations dans les journaux?
Le Président (M. Lanchance): M. le ministre.
M. Clair: Oui, M. le Président. La première des
choses que je voudrais dire au député - il va sûrement le
comprendre - je n'ai pas l'intention de commenter des fuites à propos
d'un livre blanc sur la fiscalité du ministre des Finances. Je n'ai
absolument pas l'intention de commenter quelque fuite que ce soit.
Quant à sa question, la comparaison des dépenses du
gouvernement du Québec par rapport aux dépenses de l'Ontario sur
une base per capita et sur une base comparative de services publics,
l'éducation au Québec,
dans son ensemble, par rapport à l'éducation en Ontario,
le réseau des affaires sociales et d'autres services publics que le
gouvernement touche, je réitère ce que j'ai dit au
député l'autre jour: Beaucoup de travail a été fait
à cet égard, et des choses sont à préciser. Le
député sait fort bien que si on veut faire des comparaisons qui
disent quelque chose, qui permettent une lecture de la réalité et
non pas simplement de se donner mutuellement des arguments, il faut qu'on
parvienne aux statistiques, avoir des données fiables et établir
une comparaison réelle de l'ensemble des secteurs, pas seulement de
l'éducation et des affaires sociales, mais des autres secteurs
également.
Sur ce que j'ai indiqué au député, actuellement,
les travaux qui ont été faits ne sont pas sous forme publiable
et, deuxièmement, ils ne sont pas entièrement
complétés. Nous sommes disposés... c'est mon intention de
rendre public ce document d'ici l'automne. On pourra précisément
voir dans quelle mesure sur le plan des services en matière
d'éducation on est presque à égalité en
matière de dépenses per capita dans certains domaines, moins dans
certains, davantage dans d'autres. Je ne voudrais pas rendre ces études
publiques, dans la forme et dans l'état où elles sont
présentement. Il y a des secteurs où c'est très
avancé, d'autres où cela l'est moins. Je réitère
que c'est mon intention de rendre publiques ces études lorsqu'elles
seront complétées dans une forme présentable.
Quant à l'écart entre les dépenses totales du
Québec par rapport à celles de l'Ontario et la place qu'occupent
les dépenses annuelles du gouvernement dans le produit intérieur
brut du Québec, sans partisanerie, je pense que les chiffres, quand on
regarde l'évolution de la croissance des dépenses
gouvernementales au cours des années qui ont suivi 1970 jusqu'à
maintenant et la place de plus en plus grande qu'ont occupé les
dépenses du gouvernement dans le produit intérieur brut...
M. le Président, seulement quelques chiffres. La variation des
dépenses réelles du gouvernement, c'est-à-dire
dégonflées de l'inflation, de 1971 à 1975-1976, a
crû en moyenne de 10% par année. Si on prend avec l'inflation,
vous avez des pointes en 1971-1972 d'augmentation des dépenses de 20,8%,
1974-1975 de 26%, 1975-1976 de 21,6%. Si on dégonfle de l'inflation,
cela donne pour chacune des années 17,3%, 5,7%, 4,1%, 13,6%, 9,8%, pour
une moyenne de 10% d'augmentation réelle moyenne des dépenses de
1970 à 1976.
Si on fait la môme chose, le même exercice de 1976-1977
à 1984-1985, la dernière année étant basée
sur des estimés, un IPC et une croissance du produit intérieur
brut que j'ai déjà indiquée, cela donne une moyenne de
2,74% d'augmentation des dépenses. On voit donc que c'est de mai 1970
à mai 1976 que les dépenses étaient hors contrôle,
qu'elles croissaient à un rythme beaucoup plus élevé que
l'inflation et que c'est venu alourdir, c'est-à-dire que ce sont des
dépenses récurrentes qui sont venu alourdir, surtout quand on
sait qu'une bonne partie de cela s'expliquait par l'ajout d'effectifs dans la
fonction publique ou dans le parapublic, c'est venu effectivement gruger une
part de plus en plus importante, en termes proportionnels, du produit
intérieur brut... Selon les chiffres dont je dispose, en 1970-1971 les
dépenses sur le PIB représentaient 18,3% et, en 1975-76 elles
représentaient 23,2%. On voit donc que les dépenses
gouvernementales avaient grugé 5% du PIB sur six ans. Si l'on fait le
même exercice et qu'on regarde 1976-1977, 22,9%, dépenses sur PIB
toujours; 1984-1985, 26,3%, donc 3,4%. On voit donc qu'il y a un ralentissement
non seulement dans la croissance des dépenses publiques de façon
très importante depuis 1976, mais aussi que le phénomène
de gruger à chaque année une part de plus en plus importante du
PIB par les dépenses gouvernementales a été freiné
considérablement, parce que si l'on avait procédé de la
même façon, on serait aujourd'hui à 7,8% alors que nous
sommes à 26,3%. Comme il y a eu des dépenses qui ont eu des
effets récurrents majeurs sur l'évolution des dépenses,
notamment au niveau de la masse salariale, le député conviendra
sûrement que c'était impossible. Déjà, il me semble,
on a déployé des efforts comme jamais aucun gouvernement au
Québec n'en a développé pour mieux contrôler la
croissance des dépenses, ce fut difficile à réaliser et il
y a eu des résultats. Je souligne également au
député que de 1970 à 1976, la part de l'employeur dans les
régimes de retraite n'était pas comptabilisée et que si on
dégonflait de 1 000 000 000 $ par année ou à peu
près le déficit parce qu'on comptabilise maintenant la part de
l'employeur dans les régimes de retraite, on aurait encore une
performance plus positive que celle que je viens d'évoquer.
Ma réponse au député, quand il dit que nos
dépenses gouvernementales sont encore plus élevées dans
certains secteurs ou au global que l'Ontario par habitant, je lui dis: oui,
mais il y a des explications à cela. La racine du mal s'est
développée entre 1970-1976 infiniment plus que de 1976 à
nos jours.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je veux faire une précision sur la
déclaration du ministre. Je lui avais posé des questions sur les
comparaisons de nos dépenses avec celles de l'Ontario. Vous n'avez pas
répondu et vous avez préféré prendre la
période 1970-1976 pour la
comparer avec la période 1976-1980, trois ou quatre exemples, ce
qui est votre droit. Mais si vous étudiez, et je vous demande de le
faire, les dépenses qui ont été faites par tous les
gouvernements provinciaux et même aux États-Unis pendant ces deux
périodes, vous verrez que partout il y a eu une baisse dans
l'augmentation des dépenses publiques. Je veux vous citer simplement
quelques chiffres pour que ce soit clair: De 1976 à 1981, par exemple,
les dépenses au Québec ont doublé. Elles ont
augmenté de 38% en Ontario. Donc, si vous regardez l'affaire, vous
verrez que le phénomène de 1976 à 1981 n'était pas
un phénomène péquiste, n'était pas un
phénomène causé par l'arrivée au pouvoir du nouveau
gouvernement, c'était causé par l'entrée en vigueur d'un
autre stade de développement économique partout au Canada.
Pourquoi cela? Parce qu'il faut être compétitif. Nous avons
préféré... Le livre blanc que vous refusez de discuter a
fait la même chose. Il faut, pour être concurrentiel, se comparer
avec les autres. (12 heures)
La question sur laquelle je reviens, c'est que tout le monde - sauf
peut-être le ministre - accepte que cette comparaison est le vrai test
qu'on va utiliser pour mesurer nos dépenses publiques. Vous m'accusez de
parler de la fuite du livre blanc, c'est votre droit. Ici j'ai un article qui
rapporte une déclaration du président du Conseil du trésor
et c'est vous le président du Conseil du trésor. Le
président du Conseil du trésor a dit qu'en 1982-1983, le
système d'éducation pour les Ontariens coûtait 0,29 $ de
moins qu'au Québec. C'est assez précis. Il est entré dans
des sous.
Je vous demande si le président du Conseil du trésor veut
faire une telle déclaration. Par la suite, le président du
Conseil du trésor refuse de nous donner les documents qui peuvent
supporter cette déclaration; je trouve que ce n'est pas justifié.
Ce n'est pas une question de livre blanc que vous donniez les documents sur
lesquels votre prédécesseur s'est fié pour établir
les 0,29 $ pour 1982-1983 et les 60 $ pour 1981-1982.
Voici une dernière question d'après le même article.
Vous, le président du Conseil du trésor, dites - je
répète que le personnage est changé mais le poste est le
même - que le fait de vivre en français et d'être
doté des services culturels est évalué à un
milliard du produit intérieur brut. On vous demande tout simplement -
cela n'a rien à faire avec le livre blanc - de nous donner les documents
sur lesquels s'appuie cette déclaration du ministre. Si vous me dites
que les documents ne sont pas complets, comment pouvez-vous justifier que les
déclarations du ministre... C'est insensé. Si les
déclarations ont été faites, je présume que cela a
été fait d'une façon responsable.
Je ne peux pas imaginer que vous puissiez vous cacher derrière
l'idée que les documents sont rendus publics au mois d'octobre, mais que
le président du Conseil du trésor a le droit de faire les
déclarations aujourd'hui. Est-ce que le ministre peut accepter de nous
donner les documents sur lesquels s'appuient l'article et les
déclarations du président du Conseil du trésor?
M. Clair: M. le Président, je précise ce que j'ai
dit tantôt. Puisque le député en fait une question
importante, je dis que mon prédécesseur avait raison d'affirmer
ce qu'il a affirmé, à savoir que l'écart n'était
plus en 1983-1984 de 0,29 $ ou 0,27 $ per capita entre le Québec et
l'Ontario au niveau de l'enseignement primaire et secondaire et des commissions
scolaires Québec et Ontario.
Maintenant, ce que j'indique au député, c'est qu'on
procède par secteur sur cette question. Au moment où mon
prédécesseur a fait cette affirmation, l'analyse était
suffisamment avancée pour lui permettre de faire cette affirmation dans
ce secteur. Si vous remarquez dans les propos qui sont rapportés quant
à la spécificité des dépenses qu'on peut
identifier, quant à la spécificité culturelle du
Québec, il a bien dit qu'il les évaluait, qu'il les estimait.
Comme on n'a pas complété l'ensemble des secteurs, je pense que
c'était normal. À ce moment-là, j'imagine - je ne peux pas
parler pour lui -qu'il a tenté d'estimer en répondant à
des questions de quoi il s'agissait. On fait actuellement un effort pour
être capable d'établir des bases de comparaison statistique qui
soient utiles pour la population et utiles pour le gouvernement pour fins de
décision. Que voulez-vous? Ces travaux ne sont pas terminés. Je
vous indique que d'ici l'automne, on espère être en mesure de
rendre un document public là-dessus. Je pense que ce serait à
l'avantage de tout le monde de les avoir.
Il y a des choses qui sont faciles à identifier. Si on compare
avec les autres provinces canadiennes, la Sûreté du Québec
est supportée au Québec par le gouvernement du Québec,
alors que dans d'autres provinces canadiennes - à l'exception de
l'Ontario, si ma mémoire est fidèle - elle est supportée
par le gouvernement du Canada. Voilà un élément. On essaie
d'en faire un inventaire aussi complet que possible pour être en mesure
d'avoir des renseignements utiles pour des fins de décision. C'est ce
que je vous indique.
M. Scowen: Est-ce que le ministre peut maintenant rendre publics
les deux documents sur lesquels le président du Conseil du trésor
a basé ses deux déclarations publiques? Semble-t-il que ces deux
documents sont maintenant disponibles. Est-ce qu'on peut y avoir accès
pour comprendre le motif de ces
déclarations?
M. Clair: Quand on sera en mesure de publier un seul document,
nous le publierons. Je ne vois absolument pas de raison pour laquelle un
ministre qui a des informations à la suite d'études qui sont en
cours, mais qui ne sont pas terminées, ne pourrait pas dire... M. le
député, je vous dis qu'à ce moment-ci, selon l'état
des études, on est rendu dans le secteur de l'éducation, on n'est
pas en mesure d'évaluer si l'écart est de 0,27 $. On ne doit pas
se faire reprocher de ne pas publier, le lendemain, des études... C'est
plus facile de ne pas donner de renseignements pour être sûr qu'on
ne livre pas des études qui ne sont pas terminées.
M. Scowen: Quand seront-elles rendues publiques?
M. Clair: Je vous l'ai dit. D'ici l'automne.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
Le fonds de suppléance
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): La question que j'adresse au
président du Conseil du trésor a trait à l'administration,
à la pratique administrative, à l'approbation des dépenses
additionnelles, aux crédits additionnels que demande le
ministère. Je fais référence à l'existence du fonds
de suppléance qui émarge dans les crédits du
ministère des Finances. J'essaie de voir quelles étaient les
différences - s'il y en avait - dans le fonctionnement du Conseil du
trésor à l'égard des demandes que les ministères
lui font parvenir pour les dépassements de crédits, pour les
projets de relance économique et des choses comme cela - je ne pense pas
que ce soit tellement enfreindre le règlement à ce moment-ci -qui
apparaissent dans les crédits du ministère des Finances. Il y
avait, l'an dernier, 626 000 000 $, c'est beaucoup d'argent. On sait qu'il y en
a une grosse partie qui paie les arrérages aux réseaux qui ont
été payés à l'avance. Il y a environ 250 000 $,
quelque 260 000 $ cette année.
Dans un fonds de suppléance, une espèce de réserve
globale, divisé en quatre éléments de programme ici dans
nos livres de crédits appelle la participation, fait
référence constamment, dans le détail, à la
participation du Conseil du trésor, au processus d'approbation des
demandes que les ministères lui font parvenir. Je voudrais savoir de la
part du ministre, d'une façon générale, s'il ne croirait
pas que ce fonds de suppléance, cette provision, ne devrait pas
être carrément dans les crédits de son ministère
dans la mesure où l'approbation qui est requise passe entre les mains du
conseil.
En outre, voici la question que je poserais. Aujourd'hui, il
apparaît aux finances, le fonds de suppléance. La participation du
Conseil du trésor est requise dans l'attribution des crédits
additionnels aux ministères, qui décide vraiment, selon le
ministre, qui autorise les demandes de la part des différents
ministères, si on va puiser dans le crédit de finances,
réserve globale et que c'est autorisé au Conseil du
trésor?
M. Clair: Cela dépend de la nature du recours au fonds de
suppléance. En cours d'année, on peut procéder à
l'appel au fonds de suppléance par un gel de crédits
correspondants dans un ministère.
Généralement, je vous dirais que, hormis de grosses
décisions, la plupart du temps, c'est pour des raisons
mécaniques, un dépassement prévu, un dépassement
qui survient sur tel ou tel programme. Il y en a, je vous dirais, plusieurs par
mois qui tiennent davantage de la mécanique que de la décision
importante, puisque le fonds de suppléance est compensé d'un
montant équivalent. À ce moment, le Conseil du trésor, une
fois qu'il a approuvé le gel et dégel de crédits,
transferts au fonds de suppléance, c'est de la mécanique en ce
qui concerne ceux-là. Il y a d'autres cas. Les autres cas sont des
appels au fonds de suppléance pour des développements
imprévus ou de nouvelles initiatives. Développements
imprévus, si ma mémoire est fidèle - je parle comme ancien
membre du Conseil du trésor - l'an dernier, il y avait eu un appel au
fonds de suppléance pour les incendies de forêt. À ce
moment, on a le choix entre laisser les avions au sol, ou de recourir au fonds
de suppléances. Ni pour le président du Conseil du trésor,
ni pour le ministre des Finances, cela fait partie des décisions
très déchirantes à prendre.
On s'en sert, parce que c'est là justement pour cela. Quant aux
autres initiatives qui peuvent provenir des différents
ministères, je vous dirai que la situation actuelle me va très
bien. Je considère qu'il est très utile que les crédits
pour le fonds de suppléance soient inscrits dans les crédits du
ministre des Finances. Cela veut dire que le fonds de suppléance, par
définition, c'est pour des choses imprévues, des
développements inattendus. Je suis tout à fait d'accord avec le
fait que ce soit inscrit aux crédits du ministre des Finances, afin
qu'il y ait deux ministres qui surveillent l'utilisation du fonds de
suppléance pour l'ensemble du gouvernement. Cela se passe de la
façon la plus simple du monde. Le ministre des Finances se fait une
idée quant à l'utilisation du fonds de suppléance pour une
demande donnée, le président du Conseil du trésor s'en
fait une et la décision est prise aux deux paliers, soit par le ministre
des
Finances et par le Conseil du trésor, à la suite
d'échanges uniquement entre les fonctionnaires ou encore, si le cas est
plus important, entre les deux ministres.
Je peux assurer le député que depuis maintenant
près de trois ans - trois ans à la fin du mois d'avril - que je
siège au Conseil du trésor, la mécanique du recours au
fonds de suppléance, crédits inscrits au ministre des Finances et
décision à prendre tant par le Conseil du trésor que par
le ministre des Finances, à ma connaissance, n'a jamais posé
problème.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le ministre, dans les cas
qui sont quand même nombreux, quand on parle de développement
économique, quand on parle de création de postes, à la
suite d'initiatives de certains ministères, vous nous indiquez que deux
décisions indépendantes se prennent, l'une par le ministre des
Finances et l'autre par le Conseil du trésor, qui se rejoignent en une
seule décision.
M. Clair: Ce n'est pas...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y a des processus de
décision indépendants l'un de l'autre pour se rejoindre lorsqu'il
faut signer quelque chose.
M. Clair: Des processus d'analyse et un processus de
décision. C'est sûr. Le ministre des Finances fait son analyse et
le Conseil du trésor fait la sienne. Ce que je vous indique, c'est que,
de mémoire, tant les conclusions que les analyses ont toujours
concordé. Je n'ai vraiment pas souvenance qu'il y ait eu -
sûrement pas comme président du Conseil du trésor depuis un
mois - entre les deux ministères ou entre les deux ministres, quelque
anicroche importante.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que le Conseil
exécutif participe de quelque façon que ce soit à ce
processus?
M. Clair: Quand vous parlez du Conseil exécutif...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le cabinet.
M. Clair: Le cabinet? Certainement, si le cabinet n'autorise pas
un développement, même si on acheminait une demande au fonds de
suppléance... Tous les ministres se présentent au Conseil des
ministres, y compris le Conseil du trésor qui est un comité du
Conseil des ministres. Ce n'est pas le Conseil du trésor qui va
autoriser un développement que le Conseil des ministres refuse. Au
Conseil des ministres, certainement, c'est là que la décision se
prend quant à savoir s'il y aura ou non tel ou tel
développement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans ce que vous appelez les
cas de développement, qui sont autre chose qu'un dépassement, un
imprévu, création de postes additionnels, subventions de fin
d'année, au ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, on voit souvent que les fonds de tiroir, pour certaines
initiatives, passent par le fonds de suppléance. Ce que vous me dites,
c'est que le Conseil du trésor fonctionne relativement normalement,
comme il le fait pour les autres approbations durant le cours de l'année
à l'égard de l'attribution d'une partie du fonds de
suppléance pour un programme ou un autre.
Cela ne passe pas au cabinet, c'est le même processus. Ce ne sont
pas tous les CT qui passent au cabinet dans une année, c'est bien
évident.
M. Clair: Non.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Mais à l'égard du
fonds de suppléance, vous dites qu'à l'occasion, cela peut passer
au cabinet. C'est cela que vous me dites?
M. Clair: Quand c'est une nouvelle initiative, certainement. En
ce qui concerne la gestion du fonds de suppléance par le ministre des
Finances, j'ai cru entendre qu'il restait encore une heure de discussions, je
vous invite à en discuter avec lui. Ce que je vous indique, c'est qu'au
niveau du Conseil du trésor, quant à la gestion du fonds de
suppléance dans le rôle qui est imparti au Conseil du
trésor, cela ne présente pas de problème. Quant aux
nouvelles initiatives, vous avez tout à fait raison, tous les CT, toutes
les décisions du Conseil du trésor ne vont pas au cabinet; mais
en ce qui concerne les nouvelles initiatives, effectivement, elles sont
approuvées par le Conseil des ministres. (12 h 15)
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. Dans le cadre du
contrôle budgétaire ou du contrôle financier après le
fait, car vous savez qu'avant notre réforme, on avait la commission des
engagements financiers où le président du Conseil du
trésor venait lui-même, la plupart du temps, répondre aux
questions régulièrement une fois par mois, je voudrais savoir,
puisque vous avez parlé un peu du fonctionnement de votre travail ce
matin, vous savez que tout est changé, que chacune des huit commissions
va étudier ses engagements financiers, si vous avez l'intention d'y
aller vous-même ou si, parmi l'équipe des cinq membres du Conseil
du trésor, quelqu'un va s'en occuper. Tout de même, il y a un
élément très important.
C'est une sorte de moyen de contrôle; c'est vrai, parce que c'est
après les faits. Mais je pense que c'est important. On ne voudrait pas
perdre davantage. Est-ce qu'on pourrait voir ceux qui sont directement du
Conseil du trésor venir expliquer ces engagements financiers?
M. Clair: Ce que j'ai compris de l'esprit de la réforme
parlementaire à cet égard, c'est qu'avec un nombre réduit
de commissions, soit sept ou huit commissions...
M. Polak: Huit.
M. Clair: ...huit commissions, maintenant, les engagements
financiers seraient acheminés à chacune des commissions et que
les députés membres de la commission décideraient de... Je
n'interprète pas le règlement au nom du président. Je vous
indique ce que j'en ai compris. Les membres de la commission
décideraient, par exemple, à la commission de
l'aménagement et des équipements, s'ils veulent, au cours d'une
séance, se pencher principalement sur les engagements financiers du
ministère des Transports, que ce serait le ministre des Transports avec
son personnel qui assumeraient ce qu'on appelait traditionnellement la
défense des engagements financiers du gouvernement à la
commission des engagements financiers.
Maintenant, j'imagine que si une commission veut avoir le
président du Conseil du trésor, elle va le faire savoir et va
demander au président du Conseil du trésor d'être
présent. Mais ce n'est pas mon intention de demander aux quatre autres
membres du Conseil du trésor d'essayer d'imposer aux membres des
commissions que ce soient eux les seuls habilités à
défendre les engagements financiers du gouvernement dans chacune des
huit commissions.
Comme je vous dis, l'impression que j'avais était plutôt
que les commissions décideraient entre elles qui elles veulent entendre
et que chacun des ministres serait appelé à y aller.
M. Polak: Mais le travail de coordination existe toujours au
Conseil du trésor. C'est chez vous qu'on prépare la documentation
qui doit être envoyée aux différents groupes. Cela
émane du Conseil du trésor qui est sous votre
responsabilité.
M. Clair: Oui, exactement. C'est évident que la
responsabilité d'un organisme central avec une vocation, si je peux
employer l'expression, "horizontale" n'est pas modifiée, c'est
simplement parce qu'il y a eu une réforme parlementaire. La commission
des engagements financiers est disparue et les engagements financiers seront
acheminés dorénavant vers chacune des huit commissions. On va
continuer d'assurer le même service qu'auparavant. C'est simplement que
la présentation, au lieu d'être mensuelle pour l'ensemble du
gouvernement, sera peut-être mensuelle par commission et que les
documents vont être acheminés comme ils l'étaient
auparavant au secrétaire de la commission, je crois.
Si je suis invité à me présenter dans une autre
commission que celle avec laquelle je dois normalement travailler, je n'ai
aucune idée quant à savoir quelles seront les décisions
prises par les membres de chacune de ces commissions.
M. Polak: Vous savez qu'il y a un avantage à avoir
quelqu'un du Conseil du trésor. C'est parce que ce sont les seules
personnes qui siègent au Conseil du trésor qui peuvent nous
donner des renseignements. On a vu cela très souvent. D'ailleurs, vous y
êtes venu vous-même une fois. On a l'avantage d'avoir le
renseignement de première main. Parce que le ministre qui va se
présenter, à un moment donné, ne sera même pas au
courant de ce qu'on aura discuté.
M. Clair: Si vous me permettez de vous donner mon avis, il est
exact - c'est ce que j'avais compris - que le président du Conseil du
trésor, le vice-président ou un membre est en mesure, compte tenu
du point de contrôle que constitue le Conseil du trésor, de donner
des informations sur à peu près toutes les activités des
ministères. Mais pour les membres de la commission, je me permets de
penser qu'il peut être dans certains cas plus avantageux d'avoir à
la table le ministre sectoriel qui, lui aussi, connaît bien son
ministère et qui, lui aussi, est capable de répondre aux
engagements financiers. Je me souviens que, lors d'une des commissions, vous,
ou le député de Brome-Missisquoi - j'étais alors ministre
des Transports - m'avez invité à aller discuter de l'entretien
des chemins d'hiver, du calcium sur les routes et des quantités
d'asphalte pour le pavage ou pour le rapiéçage. En effet, le
président du Conseil du trésor peut y aller et expliquer cela,
mais si vous vous souvenez, à cette époque, vous aviez
été insatisfaits des réponses du président du
Conseil du trésor. Vous aviez convoqué le ministre des
Transports, soi moi-même en l'occurence.
Le Président (M. Lachance): Oui, je pense, M. le
député, que vous avez posé une question fort pertinente
qui se reporte précisement à l'article 285 des règles de
procédure. Je peux le lire: "Chaque commission consacre au moins une
séance par trimestre à la vérification des engagements
financiers qui sont de sa compétence." Lorsqu'on pourra se réunir
en
séance de travail, j'imagine que ce sera l'un des
éléments qu'on pourra aborder ensemble et voir de quelle
façon cela va s'articuler avec le nouveau style de fonctionnement. C'est
très pertinent, puisque la façon de procéder sera
différente de ce qui existait auparavant.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Parce qu'il reste deux ou trois minutes, je vais poser
deux ou trois questions au ministre. Dans un autre ordre d'idées,
j'imagine que quelqu'un qui est nommé au Conseil du trésor arrive
avec certaines opinions ou au moins des préjugés concernant le
rôle que doit jouer le secteur public dans l'économie du
Québec. Le ministre a noté, aujourd'hui encore, il l'a
noté quand il a présenté les crédits il y a
quelques semaines, que la part des dépenses gouvernementales dans le PIB
du Québec se situe autour de 26,3%. L'année passée,
c'était 26,8%, une légère baisse prévue pour cette
année. Il y a une augmentation d'un certain pourcentage depuis sept ou
huit ans. Il va aussi apprendre, s'il ne l'a pas déjà appris
qu'il n'existe aucun système de planification budgétaire à
moyen terme, à l'intérieur du Conseil du trésor du
gouvernement du Québec. J'ai participé à plusieurs
débats avec son prédécesseur sur cela. Vous avez une
façon de faire des projections mécaniques pour les cinq
prochaines années, ce qui est ajouté au livre du discours sur le
budget, mais c'est quelque chose qui est absolument mécanique. Il n'y a
aucune décision d'impliquée dans cela. C'est simplement une
projection des dépenses et des revenus sur la base de la situation qui
existe aujourd'hui.
Je veux poser deux questions au ministre pour terminer l'étude
des crédits. Premièrement, quant à lui, à quel
niveau doit se situer les dépenses du gouvernement du Québec
comme pourcentage du PIB? Est-ce que le niveau actuel est trop
élevé? Est-ce quelque chose qui doit être réduit? Si
oui, à quel niveau? On peut prendre comme comparaison d'autres
régions, d'autres provinces, je ne sais pas. Quelle est son opinion sur
le rôle et l'ampleur du gouvernement du Québec et des
dépenses gouvernementales dans l'économie du Québec?
La deuxième question est effectivement reliée
étroitement. Est-ce que le ministre a l'intention dans les prochains
mois, d'installer au sein du Conseil du trésor un vrai programme de
planification budgétaire à moyen terme? Si oui, il peut nous
éclairer un peu de la façon par laquelle il entend le faire.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, quant à la planification
budgétaire, le député de Notre-Dame-de-Grâce
dévalue volontairement -parce qu'il dit que ce n'est pas cela qui est
important - la projection mécanique des dépenses des programmes
établis sur les prochaines années. Je pense que c'est ce que l'on
fait et c'est ce qui est utile pour deux raisons: D'abord, parce que l'on ne
part pas avec un budget zéro, vous savez, on part avec un niveau de
dépenses données, connues, de l'année
précédente. Ce qui est important de savoir dans un premier temps,
c'est la projection dans le temps de ce qui existe déjà pour
l'autre partie, soit les priorités de développement du
gouvernement. C'est au moment du discours sur le budget et le
dépôt du livre des crédits que, chaque année, selon
les orientations du gouvernement, on peut mesurer de façon
précise quelles sont les sommes qui peuvent ou doivent être
allouées à du développement dans tel ou telsecteur. Les chiffres sont là pour le démontrer,
l'orientation majeure privilégiée du gouvernement, c'est
d'essayer de pousser sur la relance économique par un programme de
relance économique dans lequel nous consacrons cette année 435
000 000 $. C'est l'orientation privilégiée. Mais, c'est
impossible de décider, cette année, quel va être le
meilleur moyen à utiliser dans deux ans pour faire face à la
situation. C'est sûr qu'il doit y avoir un effort de réflexion
permanente au niveau du Conseil des ministres quant à ses orientations
à long terme en matière économique, sociale et culturelle.
Mais c'est impensable de pouvoir prévoir le contenu du discours sur le
budget, du discours inaugural, du livre des crédits afférents aux
mesures de développement. C'est là un exercice impossible
à réaliser.
Par ailleurs, en ce qui concerne la part des dépenses dans le
produit intérieur brut, elle indique ce que sont les deux grands
paramètres que le gouvernement et le Conseil du trésor essaient
de respecter: la croissance des programmes établis à
l'intérieur de la croissance de l'inflation des dépenses. C'est
comme cela qu'on les appelait: programmes en place ou programmes
établis. Je ne veux pas faire de confusion avec la notion de programmes
établis au gouvernement fédéral. Il faut essayer de les
contenir à l'intérieur de la croissance de l'inflation. En ce qui
concerne les dépenses totales du gouvernement, il faut les contenir
à l'intérieur de la croissance du produit intérieur
brut.
Cette année, il y a une diminution, mais tout dépendra,
l'an prochain, quels seront les niveaux d'intérêt dans un an, deux
ans ou trois ans, quel sera le niveau de l'inflation et quelles seront les
conséquences sur la croissance du produit intérieur brut. Je vous
dis que les paramètres à l'intérieur desquels on a
travaillé au cours des deux
dernières années et à l'intérieur desquels
j'ai l'intention de travailler pour la prochaine année, ce sont
ceux-là.
M. Scowen: Si je comprends bien, vous avez décidé
que 26% sont effectivement le pourcentage du PIB qui doit être
accaparé par les dépenses publiques pour l'avenir. Garder cela au
même niveau, c'est votre objectif.
M. Clair: Même si j'essayais de dire que je veux ramener
les dépenses à 20% l'année prochaine, vous savez
très bien qu'un gouvernement succède à d'autres. C'est une
vérité de La Palice. Il met en marche un certain nombre de
mesures en ce qui nous concerne pour contenir la croissance des
dépenses. Vous savez ce que nous avons fait en termes de politique
salariale. Nous contenons cette année la croissance des dépenses
de fonctionnement à 3,6% seulement. Les programmes en place sont
légèrement plus élevés que l'inflation et la
croissance totale des dépenses à l'intérieur de la
croissance du PIB. Pensez-vous que vous seriez pris au sérieux si vous
affirmiez que, dans un an, c'est possible de ramener les dépenses sur le
PIB comme elles l'étaient en 1971 à 18,3% après les
mesures de rationalisation budgétaire, la politique salariale du
gouvernement et la nécessité...? Je pense que vous reconnaissez
que le gouvernement fait le maximum d'efforts pour favoriser la relance
économique au Québec. Faites attention de ne pas poursuivre des
objectifs contradictoires. (12 h 30)
M. Scowen: M. le ministre, le but de ma question est surtout de
savoir si votre objectif personnel vise à voir augmenter, réduire
ou garder au même niveau ces 26%. Avant que vous ne fassiez un
commentaire, il y a une dernière chose que j'aimerais dire ce matin.
J'aurais une réflexion concernant vos commentaires sur la planification
à moyen terme. Beaucoup d'entreprises, ici au Québec, ayant un
chiffre d'affaires annuel de 10 000 000 $ ou 15 000 000 $ font de la
planification à moyen terme. Il est vrai que les plans ne sont pas
figés dans le ciment. Mais elles font beaucoup plus qu'une extension
mathématique de leurs dépenses. Elles trouvent qu'il est
essentiel que la planification stratégique se fasse en une
période de plus d'un an.
Les entreprises de 25 000 000 000 $...
Le Président (M. Lachance): Je m'excuse...
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Lachance): II est dépassé
12 h 30 et il me faudrait un consentement unanime pour pouvoir...
M. Scowen: ...j'ai un bout de phrase à terminer, c'est
tout.
Le Président (M. Lachance): Cela va, d'accord.
M. Scowen: Une entreprise de 25 000 000 000 $, ne trouvez-vous
pas que quelque chose ne fonctionne pas là quand on est obligé de
dire que toute planification à moyen terme, exception faite des
projections mathématiques, est défendue à cause de la
tradition d'un discours sur le budget? Je vous laisse avec cette question. Je
n'ai pas la réponse, mais, pour moi, c'était une justification
pour un peu de réflexion sur une entreprise qui, je le
répète, est de loin la plus grande au Québec.
M. Clair: Oui. Je veux indiquer au député que oui,
il y a des contraintes dues au fait que nous ne sommes pas une entreprise - un
gouvernement n'est pas une entreprise - il y a un processus d'approbation
annuelle des budgets et cela impose des contraintes. Ce que nous faisons, nous
projetons, effectivement, dans le temps, les dépenses des programmes en
place; vous allez dire que c'est juste mécanique, mais c'est important
de le faire.
Par ailleurs, dans différents secteurs de l'activité
gouvernementale, il y a de la programmation triennale, que ce soit dans le
domaine des hôpitaux ou que ce soit le plan de relance lui-même. La
plupart des éléments du plan de relance sont répartis sur
deux ou trois ans. Quant aux immobilisations, on travaille maintenant dans un
cadre pluriannuel de prévision de dépenses d'immobilisations,
mais quand vous souhaitez voir naître une planification
stratégique intégrée triennale ou quinquennale pour
l'ensemble des dépenses gouvernementales, je vous dis que, compte tenu
des contraintes inhérentes à l'existence d'un système
démocratique et de l'approbation annuelle des budgets et des variations
des autres paramètres qui viennent influencer la marge de manoeuvre des
gouvernements chaque année, cela m'apparaît être un exercice
qui, théoriquement, pourrait être souhaitable, mais, pratiquement,
s'avérerait extrêmement complexe à réaliser, et pas
nécessairement si utile que ne l'entrevoit le député.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que le programme 1 est
adopté?
M. Scowen: Sur division.
Le Président (M. Lachance): Adopté sur division.
Les crédits du Conseil du trésor sont-ils adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. Je remercie, au
nom des membres de la commission, M. le ministre ainsi que...
M. Scowen: Est-ce que je peux remercier mes collègues d'en
face ici? On a parlé ce matin de l'ordonnance et on a eu tout le temps
nécessaire pour faire nos commentaires après-midi. On vous
remercie sincèrement.
Le Président (M. Lachance): Je remercie le ministre ainsi
que les personnes qui l'accompagnent. Je voudrais dire aux membres de la
commission qu'après des pourparlers, cet après-midi, en fin de
journée, il y aurait des modifications à ce qui avait
été prévu. Voici, cela concerne les crédits du
ministère du Revenu. Il était prévu que cela se fasse de
17 heures à 18 heures, après entente, il semble maintenant que
les travaux pourraient se poursuivre au-delà de 18 heures de
façon que les députés soient libérés plus
tôt en soirée.
La commission du budget et de l'administration ajourne ses travaux sine
die.
(Suspension de la séance à 12 h 34)
(Reprise de la séance à 15 h 29)
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): À
l'ordre! La commission du budget et de l'administration reprend sa
séance afin d'étudier les crédits budgétaires de
l'année financière 1984-1985 relevant du ministre
délégué aux Relations avec les citoyens et du
ministère du Revenu.
On m'avise qu'il n'y a pas de remplacement dans la constitution de la
commission pour cette séance. Nous pouvons donc, immédiatement,
commencer nos délibérations, conformément au
règlement et à la pratique, d'ailleurs. J'inviterais M. le
ministre à faire ses remarques préliminaires, le cas
échéant. M. le ministre.
Secrétariat aux Relations avec les
citoyens
Exposés préliminaires M. Denis
Lazure
M. Lazure: M. le Président, chers collègues de la
commission, mes remarques vont être assez brèves. Je veux d'abord
vous présenter, de façon officielle, la personne qui est à
ma gauche: M. Richard Dufour, sous-ministre et secrétaire
général associé au Secrétariat aux Relations avec
les citoyens; à ma droite, Gérald Kamp, mon directeur de
cabinet.
Le secrétariat a été créé il y a
environ un an et demi. Il est composé d'un nombre très restreint
de fonctionnaires, de professionnels, une dizaine d'employés en tout,
sous la direction de M. Dufour. Il y a aussi un petit cabinet sous la direction
de M. Gérald Kamp. Ce qu'il y a peut-être de particulier,
étant donné la dimension très modeste de ces deux
équipes, une dizaine et quatre ou cinq de l'autre côté, ces
quinze personnes travaillent très étroitement parce que notre
objectif est commun. Une de nos premières opérations a
été de demander à chaque ministre de désigner, dans
son ministère, un haut fonctionnaire et, dans chaque organisme, qui
relève de chaque ministre, aussi un responsable de la direction. Cette
personne devient le répondant ou la répondante dans chaque
ministère, devient un peu comme une extension de notre
secrétariat. Ces personnes deviennent donc des alliées. Avec
elles, nous avons bâti, pour chaque ministère et chacun des 25
organismes gouvernementaux qu'on a choisis en priorité un plan
d'amélioration des services de chaque ministère et de chacun des
25 organismes. (15 h 30)
Ce plan d'amélioration, c'est un plan qui est très
pratique, concret, qui est axé sur cinq ou six thèmes principaux:
l'accueil, la qualité de la réponse du fonctionnaire, les
délais dans les décisions, l'accessibilité
téléphonique. Avec ces différents thèmes, le
ministère en question nous donne des dates dans son plan
d'amélioration, des dates pour réaliser telle ou telle
action.
Alors, ce sont ces plans d'amélioration qui deviennent un peu le
guide pour chaque ministère. Nous utilisons beaucoup, mes fonctionnaires
et moi-même, la technique de la visite impromptue dans les bureaux
gouvernementaux. Nous avons littéralement, depuis un an, visité
plusieurs centaines, au moins 500 ou 600 bureaux gouvernementaux, dans toutes
les régions du Québec, à l'improviste. Et nous pouvons
constater, par des visites à l'improviste, si tel ou tel projet, qui
devait être implanté par tel ministère, à partir du
1er janvier 1984, a été réalisé ou non. Donc, il y
a un contrôle qui se fait, de semaine en semaine.
Une autre modalité de travail pour notre petit groupe, c'est ce
que nous venons de compléter, la création de tables
régionales dans chacune des régions du Québec. J'ai
réuni, avec mon équipe, les responsables, en région, de
tous les ministères et organismes. Ces tables deviennent permanentes et
seront dorénavant animées, réunies à la fois par le
directeur général de Communication-Québec et par notre
secrétariat. Alors, les tables régionales deviennent un peu le
pendant de ce que je peux appeler la table centrale, les répondants,
dont je vous parlais tantôt, qu'on a dans chaque ministère et
organisme et que je rencontre, personnellement, à chaque deux
mois ici, à Québec, pendant toute une journée. Ces
tables régionales sont le pendant de la table centrale et le plan
d'amélioration de chaque ministère est pris en région mais
il est modifié, adapté aux besoins et aux problèmes de la
région.
Je veux m'arrêter ici, M. le Président. Je vais tenter de
répondre, avec MM. Dufour et Kamp, le mieux possible à vos
questions. Nous avons rendu public, il y a quelques jours - vous le savez, je
l'ai déposé à l'Assemblée nationale - notre
deuxième rapport annuel. Je dois me déclarer plutôt
satisfait des changements que nous avons observés depuis un an et demi
mais, en même temps, je suis sûr que nous verrons encore plus de
changements au cours de 1984.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Merci, M.
le ministre. Avant de passer la parole au porte-parole de l'Opposition,
conformément à nos règles de pratique, étant
donné que je dois m'absenter quelques minutes, je demanderais, avec
l'accord de tous les membres de la commission, qu'un des membres de la
commission occupe le fauteuil. J'aimerais proposer que le député
de Roberval occupe le fauteuil.
Une voix: Tout un honneur.
M. Polak: Unanime. Mais à la deuxième absence, ce
sera moi.
Le Président (M. Gauthier): M. le député de
Verdun, la parole est à vous.
M. Lucien Caron
M. Caron: M. le Président, le ministre
délégué aux Relations avec les citoyens nous a
exposé à grands traits les améliorations qui ont pu
être apportées par les différents ministères dans
leur distribution des services aux citoyens, aidés en cela du
Secrétariat aux Relations avec les citoyens. Ces améliorations
sont sans conteste intéressantes et nous devons souligner les efforts
qui semblent être faits par certains ministères pour
développer, dans leurs contacts avec les citoyens, une approche moins
bureaucratique, moins technocratique mais plus humaine et plus respectueuse des
contribuables.
Par contre, il faut constater que certains ministères ou
organismes n'attachent pas nécessairement la même importance
à l'amélioration de leurs relations avec les citoyens ou que
certains réseaux nécessitent des efforts plus
considérables que ceux fournis jusqu'à maintenant.
Notons quelques ministères pris au hasard dans le rapport annuel
du secrétariat, qu'on a eu naturellement un peu tard. J'espère,
M. le ministre, qu'on pourra l'avoir un petit peu plus à bonne heure
l'an prochain. Enfin, vous répondrez à cela après, s'il
vous plaît!
Il y a la Commission de protection du territoire agricole du
Québec dont on a fait état encore en Chambre cette semaine,
où le plan d'humanisation soumis contenait peu d'actions d'envergure
à entreprendre à court terme, le réseau
Travail-Québec où le nombre de plaintes demeure
élevé. Malgré tout, nous constatons que les actions du
ministre dans les domaines qu'il avait jugés prioritaires n'ont pas
été vaines.
En peu de temps, l'équipe du ministre a su imposer au
ministère une allure plus efficace et plus humaine. Pourtant, M. le
Président, à écouter la population, ses relations avec
l'État ne semblent pas être aussi harmonieuses car lorsqu'on parle
de qualité des services cela ne veut pas seulement dire une
amélioration du réseau téléphonique ou de la
signalisation ou, encore, la restauration d'un système pour traiter les
plaintes à l'intérieur de chaque ministère. Cela signifie
aussi qu'on doit évaluer si la population reçoit d'une
façon adéquate les services de l'État auxquels est
affectée une partie de son salaire. Quels sont les services que la
population s'attend de recevoir?
L'État existe d'abord pour permettre à la
société de bénéficier de conditions de vie qu'elle
ne pourrait se payer autrement, ce qui signifie un revenu minimal décent
pour se nourrir et se loger convenablement, des soins de santé
adéquats et correspondant aux besoins de chaque catégorie de
citoyens et aussi un réseau d'éducation qui lui permette de se
développer intellectuellement et d'accéder à un niveau de
vie intéressant. Donc, l'État est d'abord là pour
répondre à des besoins bien définis. L'État moderne
a, bien sûr, dépassé ce stade et fort heureusement dans
bien de ces cas.
Par contre, il faut déplorer que malgré l'avancement de la
société et les interrelations complexes qui se sont
créées entre l'État et le citoyen on ne réussisse
pas toujours à répondre même aux besoins de base que j'ai
cités il y a quelques minutes. Le dossier le plus frappant auquel je
puisse relier cette réflexion c'est celui des affaires sociales. Le
ministre, qui a déjà été titulaire de ce
ministère, saura très bien de quoi je parle.
On offre à nos personnes âgées, à nos
malades, à nos patients des conditions de soins déplorables dans
certains hôpitaux qui sont trop souvent soumis à des calculs
comptables ou à des opérations purement mathématiques. Les
coupures, pour emprunter le terme qui nous semble le plus juste,
entraînent pour les patients dans nos hôpitaux des périodes
d'attente dans les salles d'urgence qui peuvent souvent durer des jours et
où les conditions d'hygiène et le
respect de l'intimité du malade ne sont pas toujours
adéquats.
M. le ministre, on m'a dit qu'il y aura des coupures. Vous savez combien
il y aura de visiteurs ici à Québec cet été, et
tant mieux! II semble y avoir des coupures mais j'espère qu'il n'y aura
aucune coupure dans les hôpitaux de Québec avec le nombre de
visiteurs qu'on aura cet été. Je vous souligne cela en passant.
Peut-être pourrez-vous discuter de ce dossier avec votre
collègue.
Dans les autres domaines, par exemple dans l'éducation, on
augmente la tâche du personnel enseignant et on diminue les ressources du
réseau scolaire à un point tel qu'on ne peut qu'offrir aux
étudiants une qualité moindre de formation. La jeunesse
québécoise a aussi à souffrir de ces services
inadéquants lorsqu'elle se retrouve en si grand nombre
bénéficiaire de l'assurance-chômage ou de l'aide sociale.
En effet, ces jeunes sont plutôt livrés à eux-mêmes
dans le processus de réinsertion sociale, les centres
Travail-Québec n'ayant pas de ressources suffisantes en personnel pour
assurer une meilleure prise en charge de ces cas. Ce sont des problèmes
qui irritent vraiment la population dans ses relations avec l'État et
ces problèmes que l'État ne semble pas encore vouloir
résoudre. Mais quel est donc le rôle du Secrétairiat aux
Relations avec les citoyens avec un budget de 1 253 800 $, soit une
augmentation de 7,1% par rapport au budget de l'an dernier qui se chiffrait
à 1 170 000 $? C'est une augmentation qui s'explique mal du fait qu'elle
dépasse grandement le taux d'inflation prévisible. Il faut que le
Secrétariat aux Relations avec les citoyens puisse être plus qu'un
secrétariat des irritants. Il doit tenter par tous les moyens d'assurer
la qualité des services offerts partout et à n'importe quel type
de clientèle. Je crois que le secrétariat devrait même
devenir la conscience du gouvernement en ce qui concerne les services offerts.
Par exemple, je me permettrai de suggérer au ministre une tâche
qui serait très pertinente dans son mandat. Il s'agirait
d'évaluer l'impact des compressions budgétaires sur les services
offerts dans les ministères et partout dans les réseaux publics.
Il est sûrement fort louable de vouloir bien huiler le rouage de la
machine bureaucratique gouvernementale, mais il faudrait aussi examiner les
domaines où des gens subissent les effets négatifs de certaines
mesures prises par le gouvernement. Sur ce point, est-ce que le ministre a
songé à faire certaines enquêtes? J'apprécierais
beaucoup qu'il nous en tienne au courant.
Pour ce qui est des irritants eux-mêmes - on voudra
peut-être en appeler au ministre délégué aux
Relations avec les citoyens - le ministre nous a souligné plus tôt
qu'il y a eu des efforts du côté du réseau
téléphonique, la mise sur pied du système de plaintes,
l'amélioration de la signalisation et l'installation de kiosques
d'information. (15 h 45)
II y a par contre un autre point sur lequel j'aimerais insister
auprès du ministre. Il s'agit des mécanismes d'appel et de
révision de décisions prises par les ministères ou
organismes. On constate que ces domainse d'appel ou de révision sont
caractérisés par une très grande lenteur administrative et
par la difficulté pour le citoyen d'accéder à ce
système. Votre rapport mentionne ce point. Je crois utile de revenir
là-dessus afin de bien mettre l'accent sur l'importance d'offir à
la population un système adéquat de recours contre la machine
bureaucratique. Le système peut être le meilleur
thermomètre de la satisfaction de la population envers les services
administratifs offerts.
En conclusion, je répète mon souhait qui est de voir le
Secrétariat aux Relations avec les citoyens utiliser pleinement la marge
de manoeuvre que lui confère son mandat afin de garantir aux citoyens
une qualité de services dans tout le réseau public.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): M. le
ministre. Est-ce que cela va?
M. Denis Lazure (réplique)
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je vais essayer de
réagir brièvement aux remarques du député de
Verdun. D'abord, je peux l'assurer et assurer cette commission que les
objectifs qu'il mettait de l'avant tantôt pour un tel secrétariat,
c'est précisément le genre de préoccupation qu'on a.
Essentiellement, ce qu'on essaie de combattre, c'est la bureaucratie et non pas
les fonctionnaires. Les fonctionnaires, au fur et à mesure qu'ils
connaissent mieux le travail qu'on fait, deviennent des alliés naturels
dans cette lutte contre la bureaucratie. Ce n'est pas un mal qui est
particulier à notre gouvernement. C'est un mal que toutes les
administrations publiques connaissent actuellement. Je dirais même que de
grosses administrations privées de plus en plus sont aux prises avec un
service qui est dépersonnalisé. Cela peut être de gros
hôtels ou de grands commerces genre magasins à rayons. Vous vous y
rendez pour faire des emplettes et vous avez toutes les misères du monde
à trouver une vendeuse ou un vendeur sur le plancher. On dirait que vous
les dérangez lorsque vous les interpellez. Cette dégradation de
la qualité des services publics, nous tentons d'y remédier, par
conséquent, avec le support et la collaboration des fonctionnaires. Je
pense que c'est un travail qui sera toujours à recommencer.
Je reviens aux propos plus précis de M. le député
de Verdun qui regrettait que notre rapport lui soit parvenu seulement il y a
quelques jours. Évidemment, je voudrais répliquer à cela
que ce deuxième rapport annuel pour l'année 1983-1984 a
été déposé précisément le 11 avril
c'est-à-dire onze jours après la fin de l'année
financière en question. Au moment où mes collègues
déposaient des rapports pour l'année 1982-1983 à tour de
bras depuis quelques semaines, je déposais celui de 1983-1984. Par
conséquent, au lieu d'être en retard, on est plutôt en
avance. Je veux aussi réagir à certaines remarques
précises sur les plaintes nombreuses par rapport aux bureaux de
Travail-Québec - j'en ai parlé dans le rapport annuel - le
nouveau réseau des bureaux d'aide sociale et de main-d'oeuvre
fusionnés sous l'appellation de Travail-Québec un peu partout,
sauf à Montréal môme où les bureaux d'aide sociale
demeurent distincts. Cette fusion, tout le monde convenait que c'était
une bonne chose. Très souvent il s'agit de la clientèle qui a
besoin des deux types de service, qui a besoin temporairement d'aide sociale et
ensuite de l'aide du bureau de main-d'oeuvre pour entrer sur le marché
du travail. Je suis le premier à dire qu'on a encore certains
problèmes. D'abord, l'abondance de formulaires qu'il y a dans ces
bureaux, c'est effarant. Deuxièmement, on a aussi des problèmes
d'accueil. Il y a un gros achalandage. Il y a une grosse clientèle dans
ces bureaux, mais par contre, du côté positif, je vous ferai
remarquer que ces bureaux de Travail-Québec ont été les
premiers, il y a déjà plusieurs mois, à demeurer ouverts -
les 130 bureaux - le midi dans tout le Québec. C'est eux qui ont
été les premiers parmi les ministères et les organismes et
je dirais que dans le cas des jeunes, ils ont établi un bon
système. Le jeune qui va à un bureau de Travail-Québec
maintenant a un service qui est bien identifié aux jeunes - le secteur
jeunesse -et chaque jeune qui va là est pris en charge par un
employé qui est toujours le même. Il y a une continuité
dans la prise en charge.
Quant aux personnes âgées, le député de
Verdun a fait allusion aux soins qui laissent à désirer dans
certains établissements. Je suis content qu'il ait dit "certains
établissements", parce qu'il y a certains établissements qui sont
excellents. Il y en a un pas loin de sa circonscription, sinon dans la
circonscription même de Verdun, je ne suis pas sûr, le centre
d'accueil Henri-Dunant - ou c'est voisin de chez vous - où la direction
de ce centre pour personnes âgées, les médias en faisaient
état récemment, a établi une espèce de charte des
droits de la personne âgée. Dans le centre d'accueil, on a
vraiment créé un climat familial plutôt qu'un climat
institutionnel. Je le vois dans mon comté où le centre d'accueil
Jeanne-Crevier, à Boucherville, pour personnes âgées, a eu
récemment le deuxième prix Persillier-Lachapelle. C'est le prix
décerné aux établissements qui ont fait le plus pour
humaniser leurs soins au cours de l'année. Mais c'est sûr, que ce
soit à l'hôpital Louis-H. Lafontaine, que ce soit à
l'hôpital Notre-Dame ou dans n'importe quel grand hôpital, il y a
souvent des lacunes. À la différence du député de
Verdun, je ne suis pas d'accord, je n'accepte pas la thèse qui veut
qu'on puisse corriger toutes ces lacunes en y mettant plus de millions. Je
crois profondément qu'il n'y a pas un synonyme, une équation:
argent égale qualité de services. Ce n'est pas vrai. C'est
sûr qu'il faut un minimum de main-d'oeuvre et un minimum de personnel,
mais même dans des établissements où il y a beaucoup de
personnel et où vous avez des ratios de 3,5 employés pour un lit
d'hôpital, vous allez avoir une qualité de soins moindre que dans
un hôpital où il y a un ratio de personnel de seulement 3 ou 2,5
pour un patient. Donc, il n'y a pas une relation directe entre la
quantité des employés dans un hôpital et la qualité
des soins.
Cela dit, dans le plan d'amélioration du ministère des
Affaires sociales qu'on a bâti avec eux, il est prévu que chaque
hôpital et chaque centre d'accueil aura à présenter au
ministère un plan d'amélioration pour son établissement.
Cela devient un outil commode. Je pourrai vous dire peut-être dans X
mois, sûrement l'an prochain, quand on se reverra aux crédits:
Dans le plan d'amélioration de l'hôpital général de
Verdun, l'hôpital Christ-Roi, on prévoit que telle et telle chose
seront améliorées. En plus, avec l'accord des Affaires sociales
et de l'Office des personnes handicapées du Québec, nous allons
commencer bientôt... Il y a une petite équipe conjointe,
ministère des Affaires sociales et Office des personnes
handicapées du Québec, composée de trois ou quatre
personnes qui vont aller faire des visites impromptues, un peu comme nous le
faisons au secrétariat, dans les hôpitaux et dans les centres
d'accueil pour justement tester la qualité des services et des soins. Je
prends bonne note de la suggestion pour la saison qui vient, surtout ici dans
la région de Québec, et je vais certainement m'assurer
auprès de mon collègue des Affaires sociales, avec l'avalanche de
touristes qu'on aura dans la région, qu'il y ait des prévisions
de faites pour que les services médicaux et sociaux soient
adéquats.
En terminant, quant au budget lui-même, le député a
fait allusion à l'augmentation de 7%. C'est un budget qui est modeste.
Je le répète, étant engagés dans une lutte à
mort contre la bureaucratie, nous avons bien pris soin au départ de
ne
pas tomber dans le panneau bureaucratique et de ne pas devenir une
machine trop structurée ou trop lourde. Donc, nous avons une toute
petite équipe d'une dizaine de fonctionnaires, qui est très
mobile. Ils sortent du bureau constamment; ce ne sont pas des gens de bureau.
Ils vont dans les ministères, dans les bureaux gouvernementaux. Je pense
que l'augmentation de 7% dans les circonstances est pleinement
justifiée.
En terminant, le mécanisme d'appel. Dans mon rapport annuel, je
mets en relief ce problème que je considère majeur. À la
page 35 du rapport j'énumère les ministères ou organismes
qui devront faire un effort. L'an dernier, le ministère du Revenu avait
été identifié. Il a fait un effort et on a constaté
des changements impressionnants. Les organismes qui sont
énumérés à la page 35, ministère de la
Justice, ministère du Revenu quant à la partie des délais,
Commission de la santé et de la sécurité du travail,
Commission de la protection du territoire agricole, Office du crédit
agricole, Régie du logement, Commission des affaires sociales,
devront... Parfois cela peut vouloir dire de nouveaux crédits. À
la Commission des affaires sociales, il faudra probablement ajouter des
crédits nouveaux pour engager plus de personnel, en particulier pour les
cas de révision de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. C'est là surtout qu'on a de gros
retards.
Au ministère du Revenu on a ajouté des crédits de 3
000 000 $ pour améliorer l'accès téléphonique et le
problème est maintenant réglé. Pour réduire les
délais, il faudra certainement qu'on ajoute des crédits à
la Commission des affaires sociales. Le gouvernement a fait une priorité
de cette tentative sérieuse d'améliorer la qualité des
services gouvernementaux. Par conséquent, il est prêt à y
mettre des crédits additionnels. Encore faut-il qu'on fasse la preuve
à chaque fois que c'est une question de crédits et non pas une
question de mauvaise organisation du travail. Dans certains cas, il s'agit de
changer l'organisation du travail et on voit immédiatement une
amélioration de la qualité des services. La Régie de
l'assurance-automobile du Québec l'a démontré surtout pour
le renouvellement des permis et des plaques où il y a eu un changement
radical des méthodes de travail sans ajouter de personnel et le service
est bien meilleur qu'il ne l'était.
Le Président (M. Gauthier): Merci, M. le ministre. M. le
député de Verdun.
M. Garon: Des administrateurs de conseil d'administration
d'hôpitaux, de centres d'accueil nous disent... Je vous remercie aussi
d'avoir souligné comme je l'ai fait que ce n'est pas
général. Parfois, à certains endroits, c'est
extraordinaire. J'ai eu l'occasion avant les fêtes de passer par
l'institut et je peux vous dire que l'administration est extraordinaire...
M. Lazure: Pour que les gens reconnaissent ces éloges, de
quel institut s'agit-il?
M. Caron: De l'Institut de cardiologie de Montréal. Je
peux vous dire que j'y suis allé et que j'en ai profité pour
visiter. Je n'y suis pas allé par plaisir mais je peux vous dire que
c'est extraordinaire. C'est pour cela qu'il ne faut pas
généraliser. Si vous dites que vous avez l'intention...
J'espère que l'an prochain vous pourrez nous faire le rapport du travail
qui se sera fait au cours de l'année, surtout dans les endroits
éloignés du Québec où il est plus difficile d'avoir
un médecin. C'est une chose sur laquelle on devra se pencher. (16
heures)
Les ministères qui envoient des formulaires le font en
français. M. le ministre, quand on envoie des formulaires, on devrait
pouvoir en envoyer en anglais aussi, sans qu'il s'agisse du même nombre
parce que le pourcentage d'anglophones n'est pas le même que le
pourcentage de francophones. Cela choque la population,
énormément. Vous faites du bureau de comté comme moi et
d'autres de mes collègues. Il n'y a rien de plus détestable que
dire: On n'en a pas; ils ne seront pas prêts avant un mois. C'est une
lacune. Ce n'est pas méchant de la part de personne, mais ce serait bien
important qu'au moment où on dépose les formulaires en
français, on dépose aussi des formulaires en anglais. Je ne
voudrais pas prendre la place de mes collègues. J'ai quelques autres
petites questions. Je peux revenir et laisser d'autres intervenir.
Le Président (M. Gauthier): On pourrait peut-être
laisser parler le ministre.
M. Lazure: Très brièvement sur ces points
précis. Les soins dans les hôpitaux. En 1979, aux Affaires
sociales, on a commandé un sondage scientifique. Je vous donnerai
satisfaction. La maison de sondage a pris deux groupes. Des gens qui avaient
été hospitalisés et des gens qui n'avaient jamais
été hospitalisés. À la surprise de tout le monde,
chez les gens qui avaient été hospitalisés le sondage
scientifique donnait un degré de satisfaction de 80%. Chez les gens qui
n'avaient pas été hospitalisés, la satisfaction
était seulement à 60%. Autrement dit, le sondage
démontrait que c'est ceux qui n'ont pas eu recours aux services qui
étaient le plus mécontents des services. Cela confirme ce que
vous disiez pour l'Institut de cardiologie tantôt. Deuxième
remarque. M. Dufour avait envoyé
à chacun de vos bureaux de comté, je ne sais pas si vous
en avez eu connaissance, une lettre accompagnée d'un questionnaire de
trois, quatre, cinq pages, assez simple. Justement on voulait avoir le pouls,
l'opinion des bureaux de député. Dans l'ensemble des 122, je
crois qu'on a reçu quelque chose comme 70 réponses environ.
C'était l'automne passé. On va le faire à chaque automne.
Je vous sensibilise à cela. Souvent, comme vous le disiez, les bureaux
de député reçoivent beaucoup de plaintes des
électeurs. Finalement, les formulaires en anglais. Vous avez raison. Pas
plus tard que la semaine passée, on était sur la Côte-Nord,
à Sept-Îles, pour mettre sur pied la table régionale des
responsables de chaque ministère qui vont maintenant s'occuper
exclusivement d'améliorer les services et on a eu des plaintes sur le
fait que plusieurs ministères n'avaient pas de formulaires en anglais
pour la population anglophone de la Basse-Côte-Nord, en particulier. On a
pris note de cela et on va intervenir auprès des ministères en
cause.
Le Président (M. Gauthier): M. le
député...
M. Caron: Je m'excuse, M. le ministre. Vous parlez de sondage.
Est-ce qu'il y aurait possibilité de déposer...
M. Lazure: Le sondage de 1979?
M. Caron: Oui. Si les membres de la commission pouvaient en avoir
une copie.
M. Lazure: II ne m'appartient pas. Évidemment, il
appartient aux Affaires sociales. Je vais le demander à mon
collègue, le ministre des Affaires sociales. Je ne crois pas qu'il y ait
d'objection à ce qu'on puisse le déposer ici. Mais c'est un
sondage de 1979.
M. Caron: II faut admettre aussi que depuis que c'est gratuit, il
y en a qui en profitent bien plus aussi. Je vais laisser parler mon
collègue, j'aurai quelques autres remarques à vous faire
après.
Le Président (M. Gauthier): D'accord, merci, M. le
député de Verdun. M. le député d'Arthabaska.
M. Baril (Arthabaska): Oui. Sur la question des formulaires qu'on
vient de discuter, il m'est arrivé à plusieurs reprises de
recevoir à mon bureau différentes documentations de
différents ministères. Dans mon comté, je n'ai même
pas 1% d'anglophones et si on nous envoie, mettons, 100 formulaires en anglais,
on nous en envoie 100 en français. J'ai toujours pris la peine de
ramener - même si on n'est pas censé servir de courrier - à
Québec ces formulaires avec une note au ministère de ne plus
envoyer cela chez nous parce que c'est gaspiller de l'argent pour rien. Si on
en envoie à mon bureau, on doit certainement en envoyer dans les bureaux
de distribution au niveau de différents ministères. Je ne sais
pas ce qu'ils font. Est-ce qu'ils les retournent ou s'ils les jettent? Que
font-ils? Je trouve qu'il devrait y avoir une certaine planification de la part
des ministères par tout le Québec. On doit connaître
certainement la clientèle visée. Dans un comté comme le
mien, qui n'est pas unique, on n'a même pas 1% d'anglophones. Je trouve
que c'est de l'argent mal dépensé de la part de différents
ministères, de différents organismes d'envoyer cela chez nous.
Là-dessus, peut-être auriez-vous...
M. Lazure: L'idée qui me vient à l'esprit, c'est
qu'on pourrait très bien demander, de façon corrective, à
chaque ministère d'obtenir les données du président des
élections. On connaît le pourcentage de non-francophones dans
chaque comté. On a ces données-là. C'est inutile d'envoyer
tous ces formulaires en anglais dans un comté qui est francophone
à 99%. On en prend note et on peut faire un appel dans ce
sens-là.
M. Dufour (Richard): C'est pour cela qu'il en manque dans
certains comtés.
M. Lazure: Oui, c'est pour cela qu'il en manque peut-être
dans Notre-Dame-de-Grâce ou dans Verdun si on en envoie trop dans
Arthabaska.
Une voix: Et dans Hull.
M. Lazure: Dans Hull aussi. On a eu des plaintes dans
l'Outaouais.
M. Baril (Arthabaska): Disons que c'est une remarque...
M. Lazure: On en prend note. C'est une suggestion
intéressante.
M. Baril (Arthabaska): ...positive, objective. Vous avez fait une
tournée du Québec. Vous avez visité plusieurs bureaux
locaux et régionaux depuis un an. J'aimerais savoir, dans un premier
temps, quel est l'accueil que les gens ou les fonctionnaires, les organismes
réservent au ministre responsable des Relations avec les citoyens.
Deuxièmement, j'aimerais savoir sur quoi porte, de la part des
fonctionnaires... C'est évident qu'eux aussi ont possiblement, que ce
soit au niveau de leurs locaux, de leur aménagement... Est-ce que vous
avez eu des remarques de la part des fonctionnaires que leurs locaux ou leur
milieu de travail n'étaient peut-être pas adéquats? On est
tous
portés à chialer contre l'appareil administratif, mais,
parfois... Quand je parle de cela, je fais référence au bureau de
l'aide sociale, à Victoriaville, qui était dans un état
pitoyable, où les gens travaillaient presque dos à dos. Est-ce
que vous avez eu des remarques dans ce sens-là de la part des
fonctionnaires?
Visite des bureaux
M. Lazure: Oui. C'est une bonne question. J'en ai eu. Je vais
vous raconter un peu comment cela se passe quand je visite des bureaux à
l'improviste. Je me présente et, évidemment, après sept
ans au gouvernement, ce n'est pas long qu'on me reconnaît. Tantôt,
je vous parlerai des visites des fonctionnaires, ou M. Dufour pourra vous en
parler. Là, c'est différent parce que les fonctionnaires se
présentent comme des clients; ils ne sont pas connus et pas reconnus.
Donc, ils se présentent comme des clients.
D'abord, quand j'arrive dans un bureau, s'il y a des clients, je parle
aux clients. Je vais les voir dans la salle d'attente et je m'informe
auprès d'eux. S'ils sont là pour la première fois, c'est
moins éclairant, mais s'ils sont déjà venus, ils peuvent
me faire des commentaires sur la qualité des services dans ce bureau.
Ensuite, ce n'est pas long que le directeur s'amène, parce
qu'aussitôt que la réceptionniste m'a vu et reconnu, elle a
appelé le directeur. Ce dernier s'amène presque en courant et il
veut me tirer par la manche pour m'amener dans son bureau. Je lui dis: Non, M.
le directeur; on va faire le tour ensemble, tout en parlant, tout en
écoutant ce que les clients ont à dire. Effectivement, on passe
un bout de temps avec les clients et, ensuite, tout en parlant ensemble, on se
dirige vers les employés, et j'arrive à votre question. Je
suscite, par mes questions, des commentaires de la part des employés
précisément sur leurs conditions de travail, leur milieu de
travail. La plupart du temps, ma visite finit au bout d'une heure par une
espèce de dynamique de groupe, de discussion de groupe où, avec
les employés et le patron du bureau - surtout s'il n'y a pas trop de
clients, on peut se le permettre - on discute ensemble, et cela finit par
quelque chose d'assez constructif quant aux suggestions.
Voici un exemple précis. Il y a cinq ou six mois, je m'en vais,
un vendredi après-midi, à nos bureaux de l'immigration, à
Montréal, sur la rue McGill. C'était épouvantable. Je
n'avais pas averti. Il y avait, je dirais, 75 personnes dans la salle
d'attente, qui étaient littéralement cordées. Ce
n'était pas beau à voir. J'ai circulé dans la salle
d'attente et, là aussi, le même scénario s'est produit,
parce que la réceptionniste a tout de suite appelé le patron qui
est descendu et qui voulait m'amener en haut. Je lui ai dit: Non, on va rester
ici. J'ai écouté les doléances des clients dont la plupart
étaient des nouveaux Québécois, des nouvelles
Québécoises. Des fonctionnaires étaient là. Il y
avait seulement trois fonctionnaires à des petits pupitres faisant face
à cette grande salle où les gens attendaient. C'était
très mal organisé. Les fonctionnaires faisaient leur possible.
Les trois fonctionnaires étaient parfaits. Ce n'était pas leur
faute. Mais le pire, c'est qu'on venait de réaménager ces locaux.
On venait à peine de le faire, un mois avant. Les responsables...
Le Président (M. Gauthier): Si vous le permettez, M. le
ministre, on va suspendre un peu nos travaux. Je pense que quelqu'un est
allé avertir.
(Suspension de la séance à 16 h 11)
(Reprise de la séance à 16 h 18)
Le Président (M. Gauthier): ...à compter de
maintenant, M. le ministre.
M. Lazure: Je reprends le récit que je faisais...
Le Président (M. Gauthier): Remarquez bien, M. le
ministre, que ce n'est pas parce que l'on ne vous aime pas.
M. Lazure: Je l'espère.
Le Président (M. Gauthier): On n'a rien à voir
là-dedans.
M. Lazure: Pourtant, je ne viens pas si souvent.
Je vais essayer de reprendre le récit de ma visite au bureau de
l'immigration sur la rue McGill à Montréal. Je disais donc qu'un
vendredi après-midi 70 ou 75 personnes attendaient dans une petite salle
d'attente faisant face à trois bureaux, à trois
préposés, sans aucune facilité, aucun aménagement
qui permettait la discrétion d'abord dans les contacts entre le
fonctionnaire et les citoyens et citoyennes, sans aucun aménagement de
salle d'attente, aucune lecture, rien à leur disposition. Bref, ce
n'était pas beau à voir.
J'ai demandé au responsable, un sous-ministre adjoint - ce
n'était pas n'importe qui - de me faire visiter les autres planchers.
Ceci se passait au premier. On arrive au deuxième étage.
Là, c'était vaste, c'était libre; il y avait de grands
espaces, c'était l'étage de l'administration. J'ai eu comme une
caricature, en pleine face, la différence étant tellement
marquée - le jour et la nuit - entre ce qu'on offrait aux
clients et clientes et ce qu'on offrait aux cadres et
administrateurs.
Pour ces derniers, c'était confortable, c'était vaste; il
y avait amplement d'espace. Pour les clients, c'était serré et
mal aménagé. En résumé, à la suite de cela,
j'ai tout de suite fait rapport au ministre de l'Immigration qui, lui, est tout
de suite intervenu. Je peux vous rapporter - c'était il y a quelques
mois - que des changements ont rapidement été apportés.
Même s'ils venaient de déménager depuis à peine un
mois, ils ont refait un autre déménagement, ils ont
aménagé des salles d'attente et ils ont
décongestionné. Quant au service, on m'informe - quelqu'un y est
allé récemment, je n'y suis pas retourné, mais un de nos
fonctionnaires y est allé récemment - que c'est beaucoup
mieux.
Le député d'Arthabaska me demandait tantôt si on y
était bien reçu. Quand les fonctionnaires y vont et qu'ils se
déguisent en clients, qu'ils y vont incognito, en général
l'accueil est bon; il n'est pas mauvais. On ne peut pas dire qu'il est
tellement empressé et chaleureux, mais il est assez bon. Un des
problèmes est que souvent le personnel d'accueil, réceptionniste
ou téléphoniste, n'est pas renseigné sur ce qui se passe
dans son ministère. C'est une constatation que l'on fait. Môme au
comptoir, les gens se regardent. Vous demandez un renseignement; la personne
qui vous répond n'est pas sûre, elle en regarde une autre et
l'appelle: Viens donc ici. On constate que la formation des gens de
première ligne laisse à désirer.
Dans la région de celui qui préside la commission en ce
moment, le député de Roberval, on a récemment voulu
remédier à cela, puisqu'un ministère qui dispensait
déjà des cours de formation pour les réceptionnistes a
étendu cela à tous les fonctionnaires de la région.
Déjà, 75 fonctionnaires sont inscrits à ces cours de
formation du personnel d'accueil.
Je ne dirai pas qu'on y est mal reçu, mais les gens ne sont pas
suffisamment renseignés et formés sur les services ou les
programmes de leur ministère, bien souvent.
M. Baril (Arthabaska): J'aurais deux ou trois petites questions.
Je vais vous les poser tout de suite. Cela vous permettra d'y répondre
une à la suite de l'autre.
Vous aviez établi aussi, M. le ministre, une sorte de
procédure qu'on appelait des boîtes à suggestions - je ne
connais pas le terme exact - de la part des fonctionnaires. Pour eux qui vivent
certains problèmes chaque jour, quelle est la nature de ces suggestions?
Est-ce que c'est pour améliorer, je dirais, le fonctionnement de
l'appareil ou pour améliorer le service à la clientèle ou
à la population?
Dans une deuxième question, quelle est - je sais également
que vous avez travaillé beaucoup sur la simplification des formulaires
de demande de toutes sortes de permis, on se noie dans la paperasse - la
réaction de vos collègues au Conseil des ministres face à
vos suggestions, à vos recommandations visant à simplifier tous
ces permis et ces formulaires-là?
M. Lazure: II y a un an, dans mon premier rapport annuel au
Conseil des ministres, j'avais proposé dans mes recommandations
d'obliger chaque ministère à nous faire la preuve au
secrétariat qu'avant d'émettre un formulaire, on avait fait des
prétests de ce formulaire auprès de la clientèle.
Là mes collègues ont chialé pas mal. Il ont
regimbé. Ils ont dit: Cela sera trop lourd, trop compliqué, tu
nous embêtes. Finalement, il y a eu un compromis. J'ai dit: D'accord, on
va vous laisser faire. Vous me dites que vous allez faire vos prétests,
je vous donne la chance de nous démontrer que vous êtes
sérieux. On a convenu que cela ne demandait pas notre approbation mais
qu'on serait au moins informé sur le genre de prétest qui serait
fait pour tel ou tel formulaire. Au bout de sept, huit mois, on n'a reçu
aucune information venant des ministères. On ne pouvait pas conclure
qu'il n'y avait pas eu de nouveaux formulaires parce qu'on savait pertinemment
bien qu'il y en avait. On a conclu que les ministères n'avaient pas fait
leur travail. Je suis donc retourné au Conseil des ministres, il y a
environ quatre ou cinq mois, en novembre dernier, et je leur ai fait la
démonstration que cela ne marchait pas leur système.
Alors je leur ai dit: Si vous voulez on va revenir à ma
première recommandation et là, ils ont tous accepté
d'emblée ma recommandation. Le système qui est en vigueur depuis
janvier est le suivant. Chaque formulaire nouveau pour une clientèle,
évidemment, pour le public, chaque formulaire nouveau ou
rénové doit recevoir l'approbation du secrétariat,
approbation écrite. L'imprimerie du gouvernement est au courant de cette
procédure et n'imprime rien de nouveau sans l'approbation du
secrétariat.
Nous, on s'était engagé à donner des
réponses dans cinq jours. Jusqu'ici, on a approuvé une vingtaine
de nouveaux formulaires, toujours en respectant ce délai de cinq jours.
Je vous donne l'exemple du formulaire pour le programme Equerre, le programme
de rénovation des résidences. On l'a fait avec l'équipe de
M. Tardif, dans les délais de cinq jours et moi, je pense que c'est un
petit modèle de formulaire qui est simple, qui est bien fait, qui est
attrayant, qui est facile à comprendre. Ce qu'on fait n'est pas
compliqué. Ils ont vu que notre exigence des prétests
était sérieuse. Alors la plupart du temps, quand un
ministère nous arrive, ils ont fait leur prétest auprès
de
leur clientèle. Ils ont réuni dix, quinze personnes,
admettons qu'il s'agisse de bénéficiaires d'aide sociale ou de
représentants de municipalités, et leur ont dit: Qu'est-ce que
vous pensez de ce projet de formulaire? Et là, les gens
réagissent, font des suggestions.
Maintenant, c'est entré dans les moeurs, si je peux dire, depuis
trois mois. Par conséquent, puisqu'on fait les prétests, notre
travail avec eux n'est pas trop compliqué. On leur apporte souvent des
suggestions pour améliorer le formulaire et ils acceptent les
suggestions. On donne alors l'autorisation et cela marche.
L'autre question. Les suggestions venant des fonctionnaires. Vous vous
rappellerez qu'une prime à la productivité avait
été instaurée par le gouvernement il y a à peu
près un an et demi, qui était administrée par le Conseil
du trésor. Nous, dans le rapport de l'an passé, mars 1983, je
suggérais une des recommandations, il y en avait une douzaine, à
savoir étendre ce système de prime, l'élargir et que le
système ait deux sections dans le programme, une section pour les
suggestions améliorant la productivité et une autre pour les
suggestions améliorant la qualité des services. C'est fait et
c'est administré conjointement par le Conseil du trésor et par
notre secrétariat. Toute personne qui a une suggestion
intéressante et de nature à améliorer la qualité
des services devient candidate à une prime. Je vous donne un exemple. Au
palais de justice de Saint-Hyacinthe - il y a cinq ou six mois -où se
trouve un personnel d'environ quinze employés, cinq de ces
employés disent qu'ils aimeraient travailler un soir par semaine, le
jeudi. On sait que cela rendrait service au monde. Les gens qui viennent des
campagnes autour de Saint-Hyacinthe, qui viennent magasiner en ville le jeudi
soir, viendraient en même temps au palais de justice, aux petites
créances ou peu importe quel service et on serait prêt à
donner tous les services qu'on donne le jour. On donnerait ces services le
soir. En contrepartie on demande au patron de l'équipe de travail du
palais de justice à Saint-Hyacinthe d'avoir ces heures comme
congé, soit le lundi matin ou le vendredi après-midi. Les
conventions collectives permettent l'horaire flexible de travail. Cela s'est
fait. Le patron a tout de suite accepté l'offre. J'y suis allé
moi-même le premier jeudi soir où les services étaient
ouverts et cela fonctionne depuis maintenant quatre, cinq ou six mois. Il
s'agit d'une petite équipe de quatre ou cinq employés. Je n'ai
pas les dernières nouvelles, mais ils ont posé leur candidature
à une prime qui peux aller jusqu'à 10 000 $, surtout dans des cas
de groupe comme celui-là.
M. Baril (Arthabaska): Je vais terminer sur un commentaire.
Depuis le temps que vous êtes en place, vous avez sans aucun doute
livré un travail de vrai défricheur dans ce domaine. Il y avait
beaucoup à faire et il en reste encore beaucoup à faire. Je crois
que vous le reconnaissez aussi. Je vais terminer en vous invitant à
venir dans mon comté. J'aimerais que vous fassiez une
vérification de l'accueil que l'on fait à l'aide sociale, au
bureau de Victoriaville. J'en ai déjà fait part dans les
questionnaires que vous nous avez fait parvenir. Également, j'aimerais
que vous veniez au bureau de Victoriaville; comme vous êtes une personne
qui a déjà eu l'intention de se lancer dans la production du
bétail, vous pourriez rencontrer le représentant de l'Office du
crédit agricole pour voir l'accueil qu'il vous ferait, quels conseils il
pourrait vous donner pour avoir un prêt agricole en tant que futur
agriculteur. (16 h 30)
M. Lazure: Je vous remercie pour l'invitation. Je vais
sûrement y aller. Je ne sais pas exactement quand. Je vais planifier
cela, peut-être que justement on enverra un fonctionnaire incognito qui,
lui, ne sera pas reconnu avant et, ensuite, j'irai. Le député
d'Arthabaska fait allusion à une occupation que j'ai durant mes fins de
semaines pour mes loisirs, celle de propriétaire de quelques vaches
Chianina. Je suis un collègue et ami du député
d'Arthabaska et un futur éleveur. Mais, les problèmes des offices
sont bien décrits dans mon deuxième rapport. J'ai visité
plusieurs bureaux locaux et régionaux de l'Office du crédit
agricole. L'accueil est bon en général. Les gens sont
compétents en général. Mais c'est la longueur des
délais. Je vais visiter un bureau local; le professionnel me raconte sa
façon de travailler. Cela lui prend quelques mois - c'est normal - avant
qu'il fasse l'étude de la demande du cultivateur. Il fait la visite de
la ferme, etc. Bref, au bout de deux ou trois mois, il est en mesure de faire
sa recommandation finale. Où l'envoie-t-elle? Il l'envoie au bureau
régional. Là, le bureau régional étudie la
recommandation à son tour, pendant un mois, un mois et demi.
Après, le bureau régional l'envoie à Québec, au
bureau central. Mais là, il y a encore un délai d'un mois, un
mois et demi. Si bien que, finalement, ce sont cinq, six, sept mois avant que
le pauvre cultivateur ait sa réponse.
C'est pourquoi, dans mon dernier rapport, la première
recommandation - c'est une des plus importantes - est celle de donner des
pouvoirs accrus aux fonctionnaires dans les régions. Dans le cas de
l'Office du crédit agricole, à mon avis, puisqu'il y a trois
paliers, il y en a un de trop. Ou bien cela peut partir directement du bureau
local pour aller à Québec; ou bien donner au bureau
régional de Sherbrooke, dans le cas présent, l'autorité
pour décider ou, en tout cas, déterminer un maximum ou un
plafond
en ce qui a trait aux montants.
Je suis convaincu que, plus on va donner d'autorité à nos
directeurs ou responsables régionaux, dans nos ministères et
organismes, plus on va raccourcir les délais dans les réponses
à la clientèle. Alors, on va aller vous voir dans le comté
d'Arthabaska.
M. Baril (Arthabaska): Très bien. Vous êtes le
bienvenu et vos fonctionnaires aussi.
M. Lazure: Merci.
Le Président (M. Lachance): La parole est au
député de Verdun.
M. Caron: M. le Président, ce serait seulement pour une
signature. Comme ma secrétaire travaille quasiment jour et nuit, il faut
que je lui donne une chance.
M. le ministre, je m'en voudrais si je ne posais pas la question
suivante. Je sais que ce n'est pas facile. Les gouvernements qui vous ont
précédé ont commencé à travailler
là-dessus. Nous y avons travaillé. Vous y avez travaillé
également. Ma question sera en deux volets. Premièrement, peut-on
faire la ventilation du nombre d'employés au service
délégué aux Relations avec les citoyens et à
l'Office des personnes handicapées du Québec?
M. Lazure: Oui, bien sûr, on peut le faire. Je disais
tantôt...
M. Caron: Je pourrai poser ma deuxième question
après votre réponse.
M. Lazure: Oui, d'accord. C'est très simple. Au
Secrétariat aux Relations avec les citoyens, c'est un total de 14
personnes actuellement, dont une occasionnelle. C'est l'équipe
dirigée par M. Dufour, qui est mon sous-ministre. À l'Office des
personnes handicapées, l'équipe dirigée par Mme Robillard,
la présidente, comprend 84 permanents et 14 occasionnels, pour un total
de 98 personnes.
La plupart de ces 98 personnes sont à Drummondville, au
siège social. Il y en a une vingtaine en région. Au fur et
à mesure qu'il y aura une augmentation du nombre de fonctionnaires
à l'Office des personnes handicapées, parce qu'il y a de nouveaux
programmes qui commencent, tel que le plan d'embauche dans les entreprises, les
nouveaux employés de l'office iront en région. Actuellement, il y
a plusieurs régions où il y a seulement un fonctionnaire de
l'office. Alors, dans les additions de personnel qu'on aura, il sera
envoyé en région.
Office des personnes handicapées
M. Caron: Voici ma deuxième question.
Dernièrement, un groupe de handicapés nous a remis un
mémoire ou un livre blanc à être examiné par le
gouvernement pour essayer d'apporter le plus de correctifs possible. J'imagine
que vos hauts fonctionnaires et vous-même avez eu le temps de l'examiner.
Est-ce que vous êtes en mesure aujourd'hui de nous dire le temps que cela
peut prendre pour répondre aux demandes? Je pense bien que vous ne
pouvez pas répondre à 100%, mais est-ce qu'il y aurait un indice?
Est-ce que vous pourriez éclairer les membres de la commission sur ce
sujet? Je pense qu'il est de votre rôle de parler à vos
collègues des handicapés. Je ne le dis pas pour faire de la
politique, mais votre devise à longtemps été: la personne
avant toute chose. C'est une très belle devise; ceux qui l'ont
pensée sont extraordinaires. Je dis à l'occasion que le
gouvernement actuel s'est donné comme politique la personne avant toute
chose, les handicapés - nous sommes chanceux, nous ne le sommes pas - on
les voit un peu partout. Quant au nombre de handicapés qu'on a au
Québec, on est en retard. Je suis même assez honnête pour
admettre que même l'hôtel de ville de Verdun est en retard. On
travaille sur certains dossiers pour tenter d'implanter les aménagements
adéquats dans toutes les bâtisses municipales...
M. Lazure: Quand vous dites: on est en retard, vous parlez de
Verdun, la municipalité de Verdun.
M. Caron: Je voudrais savoir où en est rendu le
gouvernement du Québec. Combien de temps cela prendra-t-il? Est-ce qu'on
peut donner 100% ou près de 100% à ces gens-là, y compris
le transport en commun? Relativement au transport en commun, à
Montréal - je peux parler de Montréal et pas beaucoup de
Québec, parce que je ne connais pas les gens de Québec - ces
gens-là sont défavorisés. Il y aurait même lieu de
couper dans certains services, certains ministères pour
transférer ces sommes aux handicapés.
M. Lazure: Je suis content que le député de Verdun
soulève cette question. Comme vous le savez, j'ai aussi la
responsabilité de l'Office des personnes handicapées. C'est une
responsabilité qui se marie bien avec la fonction que j'occupe depuis un
an et demi aux Relations avec les citoyens. Par exemple, quand on fait des
visites de bureaux gouvernementaux, on surveille toujours pour voir si les
personnes handicapées physiquement peuvent y avoir accès. Cela
fait partie des rubriques, des têtes de chapitre de nos rapports. On
constate, comme vous, que, dans bien des cas, nos bureaux ne sont même
pas accessibles aux personnes handicapées. On fait des pressions
auprès des ministères concernés.
Vous faites allusion à un document qui s'appelle Proposition
d'une politique d'ensemble pour les personnes handicapées, pour
l'intégration sociale des personnes handicapées. C'est un mandat
qui m'avait été donné par le Conseil des ministres, il y a
environ deux ans. Avec l'office, nous avons mis sur pied des groupes de travail
représentant les associations de personnes handicapées de tout le
Québec et les représentants d'une dizaine de ministères.
Ces gens-là ont travaillé très fort pour accoucher d'un
document qui s'appelle Proposition d'une politique d'ensemble pour les
personnes handicapées. Il y a eu plusieurs versions. J'y ai
travaillé personnellement. Ce document est très bien; il est
complet. Il touche, chapitre par chapitre, tous les aspects de la vie
quotidienne d'une personne handicapée, que ce soit le logement,
l'éducation, l'accessibilité physique aux lieux publics, etc.
Ce document débouche sur 240 recommandations qui touchent tous
les aspects de la vie. C'est une espèce de bible. Le jour où on
aura réalisé les 240 recommandations, ce sera le monde
idéal pour la personne handicapée. Je vous en ai envoyé
une copie; tous les députés de l'Assemblée nationale en
ont reçu une copie quand il a été rendu public il y a
quelques mois. Le Conseil des ministres, dès qu'il a été
décidé de le rendre public, a donné le mandat à
l'Office des personnes handicapées et au Conseil du trésor de
s'asseoir avec chaque ministère concerné, le ministère de
l'Habitation, le ministère des Transports, en tout une dizaine de
ministères, pour évaluer le coût de ces 240 recommandations
de manière que, lors du colloque qui aura lieu en décembre 1984,
on pourra informer les personnes handicapées des priorités et du
prix que cela va coûter dans chaque cas pour réaliser les
recommandations de ce rapport. Il y en a déjà qui sont en marche,
celles qui ne coûtent pas trop cher, que ce soit l'accessibilité
des logements ou autre chose, mais on aura une vue d'ensemble quant à
l'implantation des recommandations en décembre 1984. Les personnes
handicapées sont bien conscientes qu'on a cette période -sept ou
huit mois - pour chiffrer ou évaluer le coût de toutes ces
recommandations. Je dois dire, en terminant, qu'on a fait certains pas
importants dans le transport, en particulier. Quand on est arrivé, en
1976, le ministère des Transports du Québec ne dépensait
absolument rien pour le transport des personnes handicapées, zéro
cent. Aujourd'hui, il dépense tout près de 14 000 000 $ par
année, parce que notre ministère va rembourser à chaque
municipalité ou à chaque commission de transport, 75% du
coût du transport adapté pour personnes handicapées. Au
moment où on se parle, toutes les commissions de transport ont du
transport adapté. Il reste à l'améliorer dans bien des
cas. En plus des commissions, il y a 230 à 240 municipalités qui
ont aussi le transport adapté et souvent, c'est par regroupement de
municipalités.
Je dois dire en terminant qu'il y a quelques mois, le ministre des
Transports avait justement apporté des amendements qui permettent
maintenant à la CTCUM, notamment, de se servir des taxis comme
véhicules pour le transport des personnes handicapées et non
seulement de minibus comme c'était le cas auparavant. En cela, ils
suivent l'exemple de la CTCUQ ici à Québec qui se sert du taxi
depuis quelques années. C'est beaucoup moins cher. C'est plus souple
comme mode de transport. C'est plus adapté aux besoins des personnes
handicapées dans bien des cas.
M. Caron: Le député de Bourassa voudrait
parler.
M. Laplante: Votre ministère fait partie aussi des
irritants, des incidents, qui peuvent arriver dans le domaine du transport.
Êtes-vous capable de les corriger? 75% du coût du transport est
payé par le gouvernement du Québec. Parmi les handicapés,
il y a des Espagnols, des Chinois, des Noirs et des Blancs aussi. Pour le
handicapé, il n'y a pas de couleur. Comment peut-on appuyer la
commission de transport de Montréal? Après lui avoir donné
la liberté de faire du transport par taxi, elle a pris une compagnie qui
pratique le racisme dans la ville de Montréal. La commission lui a
donné le monopole du transport pour les handicapés. Comment
peut-on coordonner nos politiques avec cela?
M. Lazure: Vous m'informez de cela de manière officielle.
J'en prends note de manière officielle. Je vais vérifier dans les
jours qui viennent par le biais de l'Office des personnes handicapées
qui est en contact très étroit avec la CTCUM, comme les autres
commissions de transport, à cause du transport pour personnes
handicapées. Je rencontre régulièrement M. Hannigan et ses
collaborateurs. Je vais, fort de cette information, poser des questions
à la CTCUM. Évidemment, autant je suis contre la bureaucratie,
autant je suis contre le racisme. On va en discuter avec les autorités
de la CTCUM. Je vous rappelle cependant que la décision que la CTCUM a
prise, c'était de faire l'essai pendant quelques mois dans certains
quartiers de son territoire. Il y aura un peu plus tard une expansion si cela
va bien et cela a l'air d'aller assez bien, sauf pour la partie compagnie
raciste, mais...
M. Laplante: Je tenais à vous sensibiliser à cela.
Je sais combien vous êtes en faveur des handicapés. Vous avez fait
un
travail... Je pense qu'il n'y a pas un ministre qui a été
capable de faire ce que vous avez fait pour la protection des
handicapés. Je voudrais que cela aille un peu plus loin à cause
du racisme, parce qu'un Blanc peut conduire des Noirs, comme des Noirs peuvent
conduire des Blancs handicapés.
M. Lazure: Je suis absolument d'accord avec vous pour avoir
travaillé pendant un an dans un pays peuplé de personnes de race
noire. Je suis très sensible à cela.
Le Président (M. Lachance): Avant de passer la parole au
député de Vaudreuil-Soulanges, le président se permettrait
de poser une question au ministre. J'aimerais savoir de la part du ministre
s'il est le porte-parole gouvernemental auprès d'un organisme qui
s'appelle la FADQ, la Fédération de l'âge d'or du
Québec? (16 h 45)
M. Lazure: Non, M. le Président. Je ne suis pas le
porte-parole gouvernemental auprès de la FADQ. C'est une bonne question.
C'est plutôt le ministre des Affaires sociales. Le ministre du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche est un interlocuteur aussi important pour la
FADQ. Il y a un gros réseau de subventions venant du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche vers la FADQ, vers les clubs
d'âge d'or. Très souvent, à part ces deux ministres, la
FADQ s'adresse au bureau du premier ministre. Mais il n'y a pas un ministre
dans le Conseil des ministres actuellement qui est le ministre de la FADQ. Il y
en a quelques-uns.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que le ministre
délégué aux Relations avec les citoyens a des relations
fréquentes ou occasionnelles avec les gens de l'âge d'or en dehors
de sa circonscription électorale?
M. Lazure: En dehors de mon comté? Je n'en ai pas eu plus
que d'autres groupes moins âgés. Je veux dire que l'essentiel de
notre action a porté jusqu'ici... J'ai eu des rencontres avec des
associations de consommateurs, des groupes de citoyens qui avaient des plaintes
à formuler vis-à-vis de tel ou tel ministère. De cela, on
en a eu et on va en avoir de plus en plus. Mais je me rends disponible
auprès de la FADQ, si elle désire me rencontrer; mais je n'ai pas
eu de contact particulier depuis quelque temps.
Le Président (M. Lachance): Merci. M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
Les plans d'amélioration
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le ministre, une des actions
les plus concrètes que vous puissiez entreprendre, c'est d'exiger les
plans de l'amélioration des différents organismes, et d'en
effectuer le suivi. Le rapport annuel du secrétariat mentionne en annexe
la liste des organismes et des ministères qui ont soumis ces plans.
D'après les commentaires qu'on voit dans le rapport, c'est de
qualité, je dirais, d'acceptabilité même très
variée. Il y en a à l'égard desquels vos commentaires
extrêmement concis sont des plus percutants. Je pense à la
Commission de protection du territoire agricole, il y en a d'autres qui ont
fait des efforts considérables et dont - je présume -on peut
mesurer des améliorations très nettes. D'abord, est-ce que ces
rapports sont disponibles pour les députés? Quel genre
d'accessibilité est-ce que les députés pourraient y avoir?
Y avez-vous pensé? Dans l'optique de rendre certains de ces plans
publics, cela crée une pression considérable sur l'organisme,
cela pourrait peut-être vous aider. Par ailleurs, je me demandais si vous
trouvez qu'en général le profil de l'organisme, sa longue
tradition bureaucratique, le caractère de nouveauté, le mandat
qu'il peut avoir... Il y en a qui ont des mandats économiques d'autres
à caractère plus social, culturel, etc. Je serais curieux de
savoir si la vue d'ensemble que vous avez de ces plans vous permet de conclure
que certains genres d'organismes répondent très bien à
votre appel, ils sont très sensibles à ce que vous essayez defaire. Alors, que d'autres ne le sont pas du tout. Est-ce qu'on peut
mesurer, à la lumière de la complexité de l'organisme,
à la lumière de la masse de réglementation qu'il doit
administrer ou inventer à mesure, son degré de sensibilité
à votre action?
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Lazure: D'abord, il est bien clair que quant à moi ces
rapports ou plutôt ces plans d'amélioration sont disponibles. Ils
sont certainement disponibles pour les membres de l'Assemblée nationale.
Je vous engagerais cependant à préciser vos demandes parce que
nous en avons 65.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y en a qui me sont venues
à l'esprit.
M. Lazure: C'est impressionnant. C'est cela. Alors, faites votre
petite liste. Vous pouvez vous adresser soit aux ministères
concernés ou au secrétariat, l'un ou l'autre. On va certainement
collaborer avec vous à ce point de vue. Relativement à votre
deuxième question, à la lumière de cette étude de
65 plans d'amélioration, remarquez que la version que vous verrez quand
vous en demanderez, ce n'est pas la version initiale qui nous avait
été proposée, il y a eu négociations entre nos
fonctionnaires et notre
répondant dans chaque ministère. Dans bien des cas, cela a
été un travail à deux. Dans d'autres cas, le document
pouvait nous arriver acceptable tel quel. Alors, vous me demandez
d'élaborer ou de reprendre certaines parties de mon rapport annuel en me
demandant quels sont ceux qui paraissent avoir bien compris et voir, dans le
sens de vos objectifs, quels sont ceux, ou bien parce qu'ils n'ont pas compris,
ou bien parce qu'ils n'ont pas de motivation...? Je vous donne quelques
exemples. Vous avez vous-même cité l'exemple de la Commission de
protection du territoire agricole. Je le dis dans le rapport. Malheureusement,
malgré les contacts qu'on a eus à plusieurs reprises, on ne sent
pas que cette question les intéresse plus qu'il faut. Tout
dernièrement, il y a quelques semaines, on a senti un sursaut
d'intérêt de la part du président, M. Blais. Alors,
espérons que cela va donner des résultats, comme cela en a
donné l'an passé au ministère du Revenu.
D'autres ministères ou organismes qui pourraient être vus
comme des modèles quant à leur plan d'amélioration:
Régie du logement, excellent; ministère des Transports,
excellent; ministère de la Justice, excellent; j'en parle de
façon négative de temps en temps dans le rapport, mais c'est
seulement sur le volet délai dans l'administration de la justice,
autrement, ce ministère, avec la Régie du logement et le
ministère des Transports, était parmi ceux qui ont pris le plus
au sérieux notre existence depuis un an et demi, à commencer par
le ministre et ses hauts fonctionnaires. Ils ont affecté un haut
fonctionnaire, Me Laurette Laurin, qui s'est donné la peine de faire le
tour des 45 palais de justice du Québec et avec des copies de leur plan
d'amélioration a dit: Voici, on s'en va vers cela, puis on y croit. Vous
pourrez tirer vos propres conclusions en consultant les copies de plans quand
vous nous demanderez certains plans, mais dans l'ensemble, je suis satisfait,
parce que là où il y a eu des résistances, il y a certains
ministères qui ont pris des mois avant de nous livrer leur plan...
Certains ministères nous l'ont livré quelques jours avant la
dernière version du rapport annuel. Ils comprenaient bien qu'en mettant
en blanc et noir telle ou telle échéance sur telle ou telle
action, on allait les poursuivre et que d'autres allaient aussi vérifier
si c'est sérieux ce qu'ils ont projeté de faire. Alors, cela
devient des engagements, un peu comme pour un parti politique, le programme
d'une campagne électorale devient des engagements. C'est pour cela qu'on
a eu de la résistance, mais dans l'ensemble, je suis satisfait de la
collaboration qu'on a eue des ministères.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quel est le degré de
collaboration? Est-ce que cela ne dépend pas de la personne dans le
ministère qui est responsable de cela, purement et simplement? Par
exemple, je regarde les organismes, j'ai remarqué que ce sont souvent
les présidents. Au-delà du fait que cela peut être le
président, donc quelqu'un en autorité plutôt qu'un
subalterne, est-ce que cela ne dépend pas carrément de ce que le
président de l'organisme...?
M. Lazure: Oui, je suis convaincu de cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est lui qui choisit votre
interlocuteur, alors il va choisir quelqu'un qui y croit ou qui n'y croit pas,
qui y croit autant que lui, rarement moins ou rarement plus. La même
chose est sans doute vraie dans les cabinets et dans les ministères.
M. Lazure: Oui.
Volonté politique d'agir
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Donc, vous avez comme
tâche de sensibiliser aussi vos collègues. Je n'ai aucun doute
là-dessus. Ce qui me porte à croire que le mandat que vous avez
va se heurter à un mur sous la forme ou la représentation
physique des gens avec lesquels vous transigez. Je ne veux pas réveiller
cela indûment, mais lors de la création de vos
responsabités de l'intérieur du Conseil exécutif, certains
d'entre nous avons trouvé que c'est bien beau d'avoir un
ministère responsable de cela, cela permet d'avoir un rapport, cela
permet d'avoir un gouvernement qui parle de façon structurée et
organisationnelle de relations avec les citoyens et les citoyennes, mais s'il
n'a pas la volonté politique des différents chefs de service,
notamment au Conseil exécutif, donc du premier ministre et des gens qui
dépensent des gros budgets, vous allez vous retrouver dans un cul-de-sac
malgré tous vos efforts. Ce qui manque, à mon sens, c'est une
volonté politique cohérente chez tout ce monde d'assurer une
meilleure qualité de services avec les citoyens dans tous les programmes
de tous les ministères et de tous les organismes.
Évidemment, c'est tout un contrat pour vous, mais je ne vois pas
en quoi le fait de déléguer quelqu'un du Conseil exécutif
pour s'occuper de cela règle le problème de volonté
politique ultime qui doit s'exprimer dans toutes les actions du gouvernement.
Cela passe par des tâches qui vous échappent de remanier la
réglementation, de raccourcir des délais de toutes sortes, de
s'assurer que la main gauche sait ce que la main droite fait, autant de choses
qui vous échappent essentiellement à l'intérieur du mandat
tel qu'on le voit dans le rapport où l'on passe implication aux
procédures d'accueil, délais,
des choses comme cela, qui n'ont rien à voir avec
l'incohérence que le règlement A peut dénoter à
l'égard du règlement B, avec la multiplication de délais
ou de procédures dans un cas ou dans un autre, dans un ministère
ou dans un autre.
Je rejoignais un peu mon collègue de Verdun qui trouvait votre
budget bien modeste, compte tenu de la tâche fondamentale qui doit
être accomplie. Tous les services gouvernementaux doivent manifester une
volonté politique. Je me demande si vous avez assez de moyens. C'est
sûr que je ne vous incite pas à dépenser plus. Probablement
que vous n'en avez pas assez malgré l'absence d'équation entre
argent et qualité de services. Je l'ai entendu tout à l'heure, je
suis d'accord avec vous. Mais encore faut-il que vous puissiez
pénétrer partout là où c'est important de
pénétrer et vous devez avoir les moyens de le faire.
Une voix: M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je veux noter, M. le
Président, pour les dossiers et la transcription, je ne suis pas en
train de suggérer qu'un autre ministère existe ou devienne plus
gros, mais je pense que mes remarques ont clairement fait sentir que je
souhaite qu'il y ait d'autres expressions de volonté politique dans
chaque ministère qui se distingue de la création d'un ministre
délégué aux Relations avec le citoyen.
M. Lazure: Là où je rejoins le député
de Vaudreuil-Soulanges, c'est sur l'importance de la volonté politique.
C'est capital, c'est clair.
Là où je ne le rejoins pas, par exemple, et c'est
plutôt dû à des malentendus et peut-être à la
présentation môme de mon rapport: Les rubriques, les têtes
de chapitre ou les secteurs d'intervention énumérés dans
mon rapport, surtout les huit que j'ai choisis cette année, ce n'est pas
exhaustif, ce n'est pas la description de mon mandat. Loin de là.
Le mandat qui m'a été donné à l'origine est
très large. Quand vous parlez de réglementation, cela me touche
directement. C'est pour cela d'ailleurs que le premier ministre, à
l'automne 1982, en me donnant cette nouvelle fonction, me nommait aussi au
Comité de législation - je suis le seul non-avocat au
Comité de législation parmi mes collègues - pour essayer
de toujours ramener le point de vue du commun des mortels, du profane, dans la
rédaction des textes de loi. Le même raisonnement s'applique au
règlement aussi. Ce n'est pas que mon mandat soit trop restrictif, c'est
qu'on ne peut s'attaquer à tout en même temps.
Je vous ai parlé des formulaires. On est proche des
règlements quand je vous ai parlé de formulaires. Mon mandat
incluait les formulaires, si bien que je vous ai expliqué tantôt
comment cela fonctionne maintenant. Il n'y a plus aucun formulaire qui sorte de
la machine gouvernementale sans avoir notre approbation. Aucun. Il n'y en a
plus, parce que l'imprimerie a l'ordre du Conseil des ministres de ne pas en
faire sans avoir notre approbation.
Sur les délais, on a aussi juridiction, en ce sens que lorsqu'on
constate, comme cela a été le cas au ministère du Revenu
il y a sept ou huit mois, qu'un des problèmes majeurs pour les
contribuables était qu'ils ne pouvaient même pas rejoindre le
ministère parce que les lignes téléphoniques
étaient toujours encombrées, on a fait faire une étude par
Bell Canada. 40% des appels étaient rejetés parce que
c'était toujours occupé.
J'ai parlé à mon collègue, à
l'époque, au Revenu. Je lui ai dit: II faut corriger cela. Tu me dis que
tu n'as pas d'argent. Ensemble, on va aller au Conseil des ministres. On a
obtenu 3 000 000 $ additionnels pour augmenter le personnel et le nombre de
lignes téléphoniques. Autrement dit, les délais qui
constituent une source majeure d'embêtements pour les contribuables
peuvent être corrigés parfois par des montants d'argent
additionnels. Je deviens alors un allié du ministre en question,
à condition qu'il ait un bon dossier. Souvent, c'est possible de
corriger ces obstacles qui constituent des délais sans nécessiter
des ' sommes additionnelles. (17 heures)
Mais en conclusion, M. le Président, je voudrais que ce soit
clair qu'on est vigilant sur cela. M. Dufour, mon sous-ministre et moi,
surveillons cela parce que, au début, je demandais à chaque
ministre de me désigner, et c'était aussi l'ordre du premier
ministre, quelqu'un proche du ministre, un très haut fonctionnaire. Et,
de temps en temps, on s'aperçoit que le niveau de la
représentation baisse tout d'un coup, parce que je vois ce monde
régulièrement. On se rencontre toute une journée à
tous les deux mois et on fait tout de suite des rappels, parce que,
aussitôt que les autorités du ministère laissent baisser le
niveau de la représentation, il est bien évident que cela devient
un symptôme, cela veut dire qu'on perd intérêt à
notre affaire. Donc, je dis que c'est une lutte à recommencer
pratiquement chaque jour, parce que dans le fond, pour la plupart des hauts
fonctionnaires, je dirais même pour la plupart, pour l'ensemble des
fonctionnaires, c'est-à-dire pour l'ensemble de la machine, ce ne fut
pas une préoccupation primordiale. La plupart des hauts fonctionnaires
sont plus intéressés à élaborer de nouveaux
programmes, de nouvelles politiques, de nouveaux formulaires. Cette
qualité du service au public, il faut essentiellement que
les élus en soient les chiens de garde. Je peux vous dire que
dans la mesure où nos répondants dans les ministères sont
proches du ministre, il s'ensuit que les hauts fonctionnaires sont devenus
assez convaincus de cet objectif.
Le Président (M. Lachance): Je signale aux membres de la
commission que le temps qui avait été fixé par l'ordre de
la Chambre est maintenant atteint, c'est-à-dire qu'il est
dépassé 17 heures. Il me faudrait peut-être un consentement
unanime? M. le député de Verdun.
M. Caron: J'ai deux petites questions. Je pense que cela a bien
été jusqu'à présent. M. le ministre, on me dit que
vous n'avez pas réalisé de sondage depuis 1983. L'an
passé, vous nous avez dit que vous nous en feriez un. Est-ce que vous
avez l'intention cette année d'en mettre un en marche?
M. Lazure: II est actuellement en train de se faire.
M. Caron: Ah! II est en marche.
M. Lazure: D'ici quelques semaines, on devrait avoir les
résultats.
M. Caron: L'autre question sera brève aussi. Pouvez-vous
m'expliquer l'augmentation, de 1983 à 1984, du salaire de Mme Carmen T.
Desjardins? Elle a reçu une augmentation de 47% alors que Mme Lise
Tremblay n'a pas d'augmentation?
M. Lazure: L'explication est simple. C'est qu'elle était
la personne numéro deux dans le bureau...
M. Caron: Et elle est devenue la personne numéro un.
M. Lazure: Elle est devenue la personne numéro un. Bon!
C'est une promotion. Elle a pris le salaire de la personne numéro un qui
était là.
M. Caron: Voici la question suivante. Pour faire un bon travail,
ce n'est pas facile, on l'a dit tout à l'heure, vous avez tous les
autres ministres et j'imagine que certains ne doivent pas tous vous parler. Il
faudrait aussi dire au premier ministre de ne pas monter dans les rideaux, mais
de donner l'exemple lui aussi. Vous lui ferez ce message.
M. Lazure: Je suis à votre service M. le
député de Verdun pour tous les messages.
M. Caron: Qu'il nous donne l'exemple. C'est lui qui donne
l'exemple aux autres.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que le programme 7 est
adopté?
M. Caron: Oui, il est adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. Je remercie le
ministre. Est-ce que l'ensemble des crédits sous la juridiction du
ministre délégué aux Relations avec les citoyens est
adopté?
Une voix: C'est au programme 7 cela?
M. Lazure: M. le Président, c'est une partie du programme
7, je pense, qu'on adopte aujourd'hui.
Une voix: Ce sont les éléments 1 et 2.
M. Lazure: Parce que la partie "Personne handicapée", j'ai
compris qu'on l'examinait à une autre occasion.
Une voix: Mardi prochain.
M. Lazure: Mardi prochain, avec Mme Lavoie-Roux,
députée de L'Acadie.
M. Caron: C'est cela.
M. Lazure: Les éléments 1 et 2 sont à
adopter aujourd'hui.
Le Président (M. Lachance): C'est bien cela M. le
ministre. Donc, les éléments 1 et 2 du programme 7 sont
adoptés. Merci, au nom des membres de la commission, pour votre
présence ainsi qu'aux personnes qui vous accompagnent. Bonne chance dans
votre travail, parce que ce n'est jamais fini ce que vous faites.
M. Lazure: Cela ne paraît peut-être pas un gros
ministère, mais c'en est un gros.
Le Président (M. Lachance): Nous allons suspendre pour une
période de dix minutes, le temps de changer de local à cause des
problèmes de bruit. Dans dix minutes, nous allons étudier les
crédits budgétaires du ministère du Revenu. Nous nous
dirigeons donc vers le salon bleu. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 5)
(Reprise de la séance à 17 h 12)
Ministère du Revenu
Le Président (M. Lachance): À l'ordre! La
commission du budget et de l'administration est réunie pour
étudier les crédits du ministère du Revenu. Alors, je
souhaite la bienvenue au ministre du Revenu ainsi qu'à son
sous-ministre, M. D'Amours. Je
vois que le porte-parole de l'Opposition sera le député de
Saint-Louis, avec lequel j'ai eu le plaisir de travailler en tant que membre de
l'ex-commission parlementaire du revenu. Je crois que le ministre du Revenu
aurait des remarques d'ordre général à faire. M. le
ministre.
Exposés préliminaires M. Robert
Dean
M. Dean: Merci, M. le Président. MM. les collègues
de l'Opposition et du parti ministériel, il s'agit évidemment
d'étudier les crédits du ministère du Revenu pour
1984-1985. Nous proposons des crédits d'un total de 237 318 800 $, pour
remplir les quatre grands volets du ministère du Revenu. D'abord, de
loin la plus importante fonction, la perception des impôts et des taxes
pour financer les activités du gouvernement, les services que la
société se rend par l'entremise de son gouvernement et dont le
montant prévu est de 210 000 000 $; deuxièmement, pour ce que
l'on ne peut appeler une vocation à caractère social que le
gouvernement du Québec a voulu confier au ministère du Revenu,
c'est-à-dire l'administration des programmes, dont l'application de
certains programmes sociaux comme le supplément du revenu au travail, le
remboursement de l'impôt foncier, l'allocation de disponibilité et
Logirente, dont le montant prévu est de 23 000 000 $; une
troisième fonction, mineure mais qui justifie quand même 442 000
$, grosso modo, le remboursement de certains travailleurs autonomes de leurs
cotisations à la Régie des rentes du Québec; et,
finalement, 3 000 000 $ pour financer les activités de la
Société des loteries et courses, qui contrôle les jeux de
hasard et les courses.
Je voudrais peut-être ajouter quelques mots pour dire comment je
vois le bilan de l'année qui se termine et les projets d'action pour la
prochaine année. D'abord, je constate, étant titulaire du
ministère du Revenu depuis maintenant à peine six semaines, que
le ministère du Revenu est le premier contact et en certains cas le seul
contact direct entre le citoyen ou certaines entreprises et le gouvernement.
Tout le monde est d'accord qu'il faut payer des impôts et des taxes. Tout
le monde est aussi d'accord que personne aime payer des impôts et des
taxes. Donc, cela pose le défi et au gouvernement et au ministre
d'indiquer à ce qui est essentiellement un organisme administratif, qui
administre des lois mais ne fait pas adopter des lois, la
nécessité de d'abord communiquer des orientations et des
priorités à ce ministère. L'influence que peut avoir un
ministre ou un gouvernement est un peu dans le comment on fait ce travail
essentiel de perception d'impôts et de taxes, c'est-à-dire que les
hommes et les femmes qui travaillent au service du ministère effectuent
leurs tâches qui ne sont pas toujours bien vues par les contribuables et
les entreprises mais ils le font avec toute la compréhension,
l'humanité et la souplesse possible de façon à
véritablement rendre ces services de façon humaine et acceptable
aux citoyens.
Évidemment, le ministère emploie 4500 employés
à temps plein et 1000 employés occasionnels surtout à des
périodes de pointe comme la période qu'on traverse actuellement
soit la période de déclaration d'impôt. Il faut dire que
ces employés ont, d'année en année, de 12 000 000 $
à 15 000 000 $ à traiter par contact téléphonique,
par écrit ou contacts personnels avec les contribuables, que ce soit des
particuliers ou des entreprises. Alors, on peut dans ces millions de contacts
certainement prévoir, la nature humaine étant la nature humaine,
un certain nombre de cas, peut-être malheureux, des erreurs purement
humaines même parfois des gaffes et même des bêtises. Il faut
dire que ces cas quand ils sont rapportés et appuyés par les
faits, ces gestes qui sont plutôt isolés seront corrigés
avec toute la rapidité voulue.
J'accède à la responsabilité de ce ministère
en plein milieu d'un processus de réorganisation globale, de
restructuration qui s'opère depuis quelques années et qui est
loin d'être terminée. Si les journaux de ce beau printemps nous
rapportent depuis quelques jours que le ministère du Revenu a fait
quelque progrès dans le domaine de services bien et mieux rendus aux
citoyens, il faut rendre hommage à mes prédécesseurs et
surtout aux fonctionnaires et aux employés à tous les paliers du
ministère du Revenu qui effectuent aussi et qui portent la
responsabilité de ce processus de transformation. Je dois
reconnaître le mérite des réorganisations,
réorientations assumées d'abord par le député de
L'Assomption, le député de Drummond et surtout dans les deux ou
trois dernières années par les députés de
Sherbrooke et de Rimouski. Les choses dont on peut être fier aujourd'hui
dans le domaine du progrès fait, de mesures adoptées pour rendre
plus facile, plus rapide, plus efficace et plus humaine cette activité
de perception des impôts et des taxes, ce n'est surtout pas moi comme
ministre qui peut m'en glorifier mais c'est, comme je l'ai dit tantôt, un
hommage que je rends au travail de mes prédécesseurs ministres et
aussi à l'équipe de hauts fonctionnaires et de fonctionnaires
à tous les paliers qui opèrent ces changements.
Je pense qu'on peut insister sur un certain nombre de mesures qui
peuvent être soulignées dans la dernière année et
d'autres mesures qui sont en train d'être adoptées ou
qui seront adoptées et mises en vigueur au cours de
l'année et qui ont comme but de faciliter l'accès aux citoyens,
de régionaliser les activités, de rendre le gouvernement plus
accessible aux citoyens ou d'éliminer des retards, des délais
dans la communication, dans le traitement de dossiers et qui facilite de toutes
les façons les contacts entre les citoyens et le ministère du
Revenu. On peut parler des projets pour l'année qui vient
déjà en marche. On cherche, par exemple, à réduire
les délais de règlement des oppositions des contribuables
où, depuis deux ans, le délai moyen est passé à 18
mois et où le ministère a comme objectif de baisser, d'ici la fin
de 1984, ce délai dans les processus d'opposition de 18 mois
actuellement, à 6 mois, d'ici la fin de 1984.
Il y a une question de versements périodiques où il y a 24
000 contribuables de moins de 60 ans qui sont exemptés des versements
trimestriels par suite de la hausse du seuil de 600 $ à 1000 $. Il y a
40 000 personnes de plus de 60 ans qui profitent aussi du seuil qui est
passé de 600 $ à 1500 $. Il y a des modifications importantes
dans la méthode de calcul des taux de pénalité et des
intérêts: la suppression de la pénalité de 1% par
mois; l'abolition de la pénalité cascade, 5%, 10%, 15%, 20%, 25%
par mois en faveur d'une pénalité uniforme de 10%. Il y a aussi
la loi 52 qui a permis un nouveau recours qui s'adresse aux particuliers qui,
après l'étape des oppositions, pourront s'adresser à la
Cour des petites créances pour permettre un recours externe au
ministère du Revenu quand ils n'acceptent pas les cotisations qui leur
sont imposées. Cette loi adoptée en décembre dernier sera
proclamée au mois de juin de cette année et une période de
rodage est prévue et permettra, nous l'espérons bien, qu'à
compter du mois de septembre prochain les citoyens vont pouvoir profiter de ce
recours et de ce service qui, selon des rapports journalistiques depuis
quelques jours, seraient le rêve du Parti conservateur. Une
éventuelle réforme que le Parti conservateur du Canada cherchera
à apporter aux lois de l'impôt est déjà inscrite
dans nos lois et sera en vigueur d'ici quelques mois.
Je ne veux pas prolonger inutilement mon intervention pour permettre
à nos collègues de l'Opposition de poser des questions
précises qu'ils voudraient poser aussi bien qu'aux collègues du
parti ministériel. Il suffit de dire que le ministère envisage
l'année 1984-1985 d'abord avec la question, le débat sur la loi
43, sur les problèmes d'application, sur les modalités
d'application de cette loi qui cherche à apporter une
équité fiscale et une équité sociale pour les
travailleurs et travailleuses au pourboire du Québec. La loi
était adoptée. Il y a des difficultés d'application. Les
démarches de consultation auprès des représentants des
travailleurs et des représentants des employeurs continuent. D'autres
rencontres sont prévues. Nous avons rencontré le ministre
fédéral, M. Roberts, à ce sujet avec les résultats
que l'on connaît, mais nous travaillons avec les intervenants pour
trouver les moyens de faciliter la mise en application de cette loi.
Nous maintenons les grandes priorités, soit l'amélioration
des services internes du ministère et ses systèmes, et surtout
l'amélioration de la qualité, de la rapidité et de
l'humanisation des services aux citoyens accordés par le
ministère. C'est surtout autour de la continuation de ce processus que
le nouveau ministre du Revenu veut consacrer ses efforts, épaulé
par l'équipe dirigeante du ministère du Revenu, pour la prochaine
année.
Je vous remercie de votre attention et j'invite...
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le ministre. Selon
ce qui a été convenu, les discussions concernant l'adoption des
crédits du ministère du Revenu vont se faire de façon
générale quitte à ce qu'à la fin des discussions,
les quatre programmes soient adoptés.
La parole est maintenant au député de Saint-Louis.
M. Dean: Je m'excuse, M. le Président. Le
Président (M. Lachance): Oui.
M. Dean: Est-ce que je pourrais présenter les membres de
l'équipe du ministère qui m'accompagnent? Je m'excuse d'avoir
oublié de le faire au début. D'abord, M. Alban D'Amours,
sous-ministre du Revenu; M. Pierre Langevin, président de la
Régie des loteries et courses du Québec; M. Gabriel Cayer,
directeur général de la perception; M. Guy Doré, directeur
général de la planification et budgétisation; M. Michel
Blais, de la direction du budget; Mme Francine Lahaie, directrice de mon
cabinet; M. François Richard, mon attaché de presse. Je vous
remercie.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. Blank: M. le Président, ce n'était pas mon
intention de faire un discours d'ouverture, mais je veux simplement faire des
commentaires et quelques remarques sur ce que le ministre a dit. Je sais que le
ministre est nouveau dans ses fonctions. Il a été nommé
là, je pense, pas seulement pour ses qualité d'administrateur,
mais aussi pour ses qualités de négociateur, à cause de
cette patate chaude, la loi 43; c'était très bruyant
à ce moment-là. J'espère que le ministre pourra
régler ce problème, mais on reviendra à la loi 43 dans
quelques minutes.
C'est vrai que le ministre, pour protéger les citoyens, a fait un
rapport révélant que le ministère a commencé
à faire certaines démarches et donné ce qu'on appelle le
prix orange. Mais si on lit, plus loin, dans son rapport, il y a encore
beaucoup de réserves. Il y a une grande différence des
améliorations qui vont venir et des améliorations qui sont
déjà en place. Je demanderai, dans quelques minutes, certains
renseignements sur ces améliorations.
Le ministre a parlé de l'amélioration des
pénalités, une après l'autre; la pénalité
cascade qu'on appelle. C'est vrai, mais, comme on dit: Assez, c'est assez.
C'est assez d'avoir ces pénalités cascades, mais c'est assez
d'avoir ici le plus haut taux d'intérêt au Canada sur les taxes
non payées. Deuxièmement, nous sommes la seule province, avec le
fédéral, qui a un intérêt quotidien comme à
la banque, ce qui veut dire intérêt sur intérêt sur
intérêt. Je pense que le taux, à l'heure actuelle, c'est
14%, mais 14%, ce n'est pas le vrai chiffre. Si on veut comparer ce taux de 14%
aux 12% du fédéral, les 14% deviennent environ 16,5%, si on le
calcule jour par jour. Si vous comparez avec le gouvernement
fédéral, ce n'est pas 14% ou 12% mais bien 16,5% à 12%. Il
y a une grande différence. (17 h 30)
Le ministre a fait allusion à la Cour des petites créances
qu'on a créée et qui sera peut-être en vigueur au mois de
septembre. C'est peut-être une amélioration; ce n'est pas
exactement ce que les gens du milieu demandaient. Ils voulaient avoir un
tribunal spécial de taxation mais ils sont prêts à accepter
cette Cour des petites créances. L'Opposition a voté pour cette
mesure. Il paraît que les conservateurs à Ottawa seraient
très heureux. Il a cependant oublié de dire qu'il s'agissait
d'une seule recommandation parmi les 78 de ce comité des conservateurs.
J'espère qu'il demande aussi une charte des droits des contribuables.
Ici, à Québec, le Parti libéral a doté le
Québec d'une charte des droits de la personne. J'espère donner la
chance à ce gouvernement de doter le Québec d'une charte des
droits des contribuables comme cela a été recommandé par
les conservateurs à Ottawa. Ces gens-là ont visité tout le
Canada; je suis certain que si on visite tout le Québec, peut-être
que ce ne seraient pas exactement les mêmes constatations, vu qu'on fait
affaires avec 6 000 000 au lieu de 25 000 000 mais après les cas soumis
par les membres de l'Opposition, il existe un problème ici aussi.
J'espère que le ministre tiendra compte de cette enquête qui a
été faite par le Parti conservateur à Ottawa et
peut-être avoir cette charte des droits des contribuables ici. Pas
seulement 1 sur 78 mais 78 sur 78. Donner une chance au coureur.
On sait qu'on doit percevoir les taxes mais il faut prendre toutes les
précautions qu'on a dans toutes les autres lois: le
bénéfice du doute, que lorsqu'on est en appel les choses
arrêtent, etc. C'est le fondement de notre système
démocratique. Année après année, on a ajouté
à cette loi de taxation, à Ottawa et à Québec - un
suit l'autre. Un a la bonne idée de percevoir plus vite, l'autre le suit
et on est maintenant devant un système de perception qui est contre tous
les principes de droit ordinaire. C'est le temps de faire une petite
étude pour savoir si vraiment on a besoin de cela. Est-ce qu'il n'y a
pas une autre façon de percevoir cet argent sans mettre de
côté les règles de droit?
La loi sur les travailleurs au pourboire
Si le ministre veut répondre... Le ministre lui-même a dit
qu'une des grosses choses cette année était le projet de loi 43,
on va donc commencer par cela. Le ministre a dit que le projet de loi a
été adopté et que le problème aujourd'hui
réside dans les modalités d'application. Je ne veux pas trop
discuter mais ce n'est pas seulement une question de modalités. La loi
n'est pas applicable; ce n'est absolument pas applicable. L'Opposition a averti
le gouvernement au mois de décembre et tous les groupes ont avisé
le gouvernement dans le même sens. La loi telle qu'elle a
été faite est inapplicable. Il faudrait des amendements, des
changements sur des choses de base. Je pense que le ministre est du même
avis, voyant qu'il a maintenu ces tolérances administratives qui disent,
dans le jargon laïque: la loi n'existe pas. C'est là mais ne
l'appliquez pas. On ne l'applique pas. C'est le grand danger d'avoir une telle
loi avec une tolérance administrative, à un moment donné,
par exemple, au mois de juin, juillet, septembre, on décide d'appliquer
la loi mais la loi était applicable le 1er janvier. Cela peut causer
beaucoup de problèmes aux gens si on commence à appliquer la loi.
Le ministre doit mettre la loi de côté et recommencer de
nouveau.
Je veux savoir du ministre le compte-rendu des discussions qu'il a eues
avec les représentants des employeurs et des employés.
Récemment le ministre a eu des discussions. Quel a été le
fruit de ces discussions?
M. Dean: Le fruit n'est pas encore cueilli. Ce n'est pas rendu...
M. le Président, excusez. Le fruit n'est pas cueilli mais j'ai
l'impression que cela mûrit tranquillement à
la suite des discussions. Je pense que ce que j'ai appris, moi, et je ne
peux pas parler pour mes prédécesseurs, c'est que, autour d'un
front commun des employeurs, il y a plusieurs milieux qui n'ont pas
nécessairement, exactement les mêmes problèmes. Autour d'un
front, on fait dire à un interlocuteur ce qui est facile pour lui: II
est prêt à accepter cela ou à l'appliquer, mais telle autre
chose, pour telle et telle raisons, est difficile d'application. On passe au
deuxième ou au troisième interlocuteur et sa
réalité à lui est tout à fait différente. Il
y a de grosses entreprises, de très petites et des moyennes. Il y a de
grandes multinationales et de petites entreprises familiales. Il y a toute une
gamme de variations de problèmes.
Je dois dire qu'il y a un esprit de la part des interlocuteurs qui,
à mon avis, est très constructif. Pour le ministre et ceux qui
m'entourent j'ai décidé dès le début, je l'ai dit
publiquement, j'essaie de le faire en pratique, toutes les avenues sont
ouvertes. On va rouvrir la discussion et si quelque chose a été
rejeté comme hypothèse en décembre se révèle
ou finit par être quelque chose de praticable, de faisable, on n'est pas
bloqué sur aucune facette. Évidemment, la discussion, je dois
dire, est ouverte aussi sur les problèmes
généralisés de l'industrie touristique, section
restaurants et hôtels. Je crois que peut-être la solution ultime
n'est pas seulement dans les modalités des travailleurs au pourboire
comme tels, mais peut trouver une partie de solution ou peut aider à
apporter des solutions réelles ou très intéressantes pour
l'industrie touristique en général.
Je dois vous dire qu'à mon avis, les négociations, les
discussions progressent. Je trouve une grande ouverture d'esprit chez tous les
interlocuteurs. Il y a une recherche, qui est à l'honneur des
intervenants, de consensus, si possible. Je pense que d'ici deux ou trois
semaines, les discussions continuent, je ne sais pas si je vais trouver la
formule magique, mais je pense qu'avec l'aide des partenaires il y a des
chances de trouver quelque chose d'assez intéressant.
M. Blank: Je sais qu'il y a une partie du groupe qui croit que la
formule magique, c'est les 15% obligatoires. J'espère que le ministre a
lu la Gazette de samedi dernier où il y avait une analyse des
pourboires, "tippings" dans chaque pays du monde, 25 pays. Dans chacun des pays
où il y avait le pourboire obligatoire, il y avait toujours 5% à
10% de plus. Cela veut dire que le pourboire obligatoire est devenu un frais de
service et le pourboire à côté. Vous serez dans la
même position avec cela à part tous les problèmes qui
peuvent être causés à l'industrie touristique. Je dis cela
en passant. Le ministre a fait allusion de sa rencontre avec M. Roberts. Est-ce
que l'affaire avec le fédéral est close à ce moment-ci ou
s'il y a encore une chance?
M. Dean: Écoutez, j'ai dit que j'acceptais les remarques
et les raisons invoquées par le ministre fédéral. C'est
que d'abord, à son avis et de l'avis de ses conseillers, sur les
solutions administratives à la loi actuelle en ce qui regarde les
pourboires, il y a une cause pendante devant la Cour suprême. Il voit mal
bouger sur quelque solution administrative possible tant que la Cour
suprême ne se sera pas prononcée. Son avis et l'avis de ses
conseillers, c'est que la solution dans le cas du Québec, exigée
par la loi 43, serait une solution législative et il a été
très honnête, très franc et très cordial
là-dessus. Dans l'actuel contexte politique fédéral,
campagne de leadership suivie de l'action, en raison de la longueur du
processus législatif à Ottawa qui, parfois, est plus long que le
nôtre, il ne voyait pas la possibilité d'une solution
légiférée d'ici, ce qu'il appelle, le prochain Parlement,
c'est-à-dire après les élections et après
l'entrée en vigueur d'un nouveau gouvernement, quel qu'il soit. J'ai
accepté ce point de vue et mon approche depuis, c'est de dire: De deux
choses l'une: si une solution émanant du gouvernement
fédéral ne semble pas possible dans l'immédiat entre
employeurs, travailleurs et gouvernement du Québec, essayons de savoir
si on peut trouver des solutions qui s'inscriraient dans le cadre administratif
de la loi fédérale, si possible, ou à défaut, si on
a d'autres idées bonnes et originales qui pourraient nous permettre,
entre Québécois, d'apporter une solution à ce
problème.
M. Blank: Je pense que la position soulignée durant le
débat au mois de décembre 1983, c'est le problème
fédéral. Ce n'était pas logique d'adopter la loi avant
d'avoir réglé avec le fédéral. C'est dommage
l'impression que votre prédécesseur nous a donnée,
à savoir que tout était réglé et que c'était
une question de jours. Il a même parlé du 1er janvier, date
à laquelle l'affaire fédérale serait en vigueur. Tous les
faits actuels connus par le ministre révèlent le contraire.
J'espère qu'au moins aujourd'hui on a des déclarations claires et
plus véridiques. Je ne veux pas dire honnêtes, mais plus
véridiques. Je ne veux pas dire que l'autre ministre était
malhonnête, mais les faits n'étaient pas exacts. On peut dire
cela.
Je comprends que le ministère a, immédiatement
après, envoyé des inspecteurs faire une tournée de la
province. Quel est le résultat de cette enquête par les
inspecteurs, de cette tournée au cours de laquelle ils ont
rencontré plusieurs propriétaires de restaurants et aussi, je
pense, des employés? Je ne sais pas s'ils ont parlé aux
employés. Je pense que c'est seulement aux
employeurs.
Une voix: Seulement aux employeurs. M. Dean: Est-ce que le
sous-ministre...
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Oui, M.
D'Amours.
M. D'Amours (Alban): On a rencontré environ 5500
employeurs et on a constaté qu'environ 70% des employeurs visités
respectaient la loi, qu'ils avaient remis leur registre et qu'ils accueillaient
les déclarations des employés au pourboire. Nous avons
également constaté qu'en moyenne 6% du chiffre d'affaires - je ne
me rappelle pas exactement des chiffres - étaient déclarés
en pourboires. Là-dessus, il y avait un certain nombre d'employeurs qui
n'avaient pas reçu le registre. Cela a varié entre 9% et 10% des
employeurs qui nous disaient n'avoir pas reçu le registre. On a refait
une vérification. On avait, pour la plupart, expédié les
documents. Souvent, on a expédié à l'adresse du
propriétaire. Il y avait deux adresses et c'est arrivé en retard.
Il y a un certain nombre d'entre eux qui ne l'avaient pas reçu et nous
avons réexpédié ces documents par la suite. Ils ont, pour
la plupart, distribué ou remis le registre aux employés. Il y
avait une réticence marquée chez environ 6% des employeurs
à ne pas respecter cette loi, c'est-à-dire à ne pas
remettre le registre, finalement, à ne vouloir rien entendre. Ils ont
accueilli, de façon très correcte, nos fonctionnaires et ils ont
aussi témoigné du fait que nos fonctionnaires avaient
été très courtois. La démarche, en somme, a
été bien menée.
M. Blank: Dans ma propre tournée, je n'ai eu aucune
plainte sur le comportement de vos inspecteurs, sauf une plainte courante,
à savoir que même les inspecteurs ne savaient pas ce qu'il y avait
dans la loi. Est-ce que vos inspecteurs ont vérifié, durant leur
tournée, 70% des gens qui ont fait la perception de l'impôt au
Québec? Quel pourcentage de la perception de l'impôt
fédéral cela représente-t-il? (17 h 45)
M. D'Amours: Environ 50% faisaient la perception de l'impôt
fédéral. C'est ce qui ressort de notre sondage, au
témoignage des employeurs, le fait étant que, pour eux,
c'était plus facile de ne pas changer leur système de retenues
à la source et de faire la retenue au fédéral et au
provincial. Les employés étaient d'accord avec cela, de toute
façon, disant qu'ils allaient devoir payer ces impôts au
fédéral.
M. Blank: Peut-être que les employés ne savaient pas
qu'ils doivent payer le fédéral à la fin de
l'année. C'est l'un des problèmes...
M. D'Amours: C'est-à-dire que nous avons bien
expliqué aux employeurs que l'employé, d'après la loi
fédérale, a la possibilité de demander à son
employeur de faire les retenues. Il a cette possibilité. Il y a
peut-être, dans ces 50%, un bon pourcentage d'employés qui ont
souhaité que l'employeur fasse ce travail.
M. Blank: Et je fais la suggestion qu'on fasse un peu de
publicité directe à ces employés à ce sujet parce
que les employés que j'ai rencontrés dans ma tournée avec
notre comité ne savaient même pas. Ils pensaient qu'ils n'avaient
pas besoin de payer la taxe fédérale, seulement la taxe
provinciale. Ils ne comprennent pas que le T-4, la copie va être
envoyée au fédéral aussi et qu'il peut être
cotisé à la fin de l'année pour le plein montant. On
commence...
M. D'Amours: Sauf que l'employeur, qui ne fait pas la retenue
pour le provincial, n'a pas à faire de T-4 pour les pourboires
déclarés. La loi fédérale ne l'obligeant pas, il
n'a qu'à faire un relevé pour le Québec. Mais, par la
suite, l'employé, lorsqu'il recevra le relevé et sans recevoir de
T-4 du fédéral, va être devant le choix.
M. Blank: Mais vous avez un échange d'information entre
vous?
M. D'Amours: C'est-à-dire que, à cet égard,
j'ai pris une initiative à l'endroit du sous-ministre, à
l'époque, M. Bruce MacDonald lui disant que, malgré le fait qu'il
y ait cet échange d'information, il m'apparaissait que,
administrativement, je ne pouvais pas donner suite à un échange
d'information à l'égard de cette loi puisque les lois
étaient différentes. Cela aurait été, pour les
employés au pourboire, un geste administratif qui ressemblait à
du harcèlement. Alors, administrativement, j'ai dit: On ne
procédera pas et M. MacDonald, à l'époque, avait
compris.
M. Blank: Cela veut dire que si le fédéral vous
demande le montant de revenu d'un garçon de table pour l'année
1984, vous ne le donnerez pas.
M. D'Amours: Non. Et, selon mon entendement, ils ne nous le
demanderont pas non plus. C'est ce que j'anticipe. Mais, ce que j'ai dit...
M. Blank: Vous avez beaucoup de... Vous pensez que le
fédéral va perdre de l'argent qu'il est sûr de percevoir,
que le monsieur a déjà déclaré? Vous rêvez en
couleur si vous pensez celai
M. D'Amours: Non mais c'est une sorte de "gentlemen agreement" si
l'on veut mais...
M. Blank: Oui, mais Bruce MacDonald n'est plus là. On ne
sait si le nouveau est un "gentleman"!
M. D'Amours: De toute façon, je n'enverrai pas ces
données. Nous pouvons refuser de les envoyer.
M. Blank: Vous avez dépensé environ 75 000 $ en
frais de publicité pour le bill 43, envers les employeurs. Quel est le
détail pour ces 75 000 $?
M. Dean: C'est presque totalement ou totalement de la
publicité dans les journaux.
M. Blank: Est-ce que le ministre, dans ses discussions et ses
pensées sur les changements de modalités ou les
améliorations du projet de loi 43, a prévu une méthode de
calcul pour les jours fériés et les vacances? Il y avait
tellement de plaintes, de la part des employeurs, sur cette
façon-là.
M. Dean: Oui, nous regardons très sérieusement ce
problème parce que j'ai constaté que la loi allait plus loin que
des conventions collectives négociées par la petite
minorité d'employés syndiqués dans le secteur où
l'on semble reconnaître, dans les conventions collectives, le fait que
payer les jours fériés sur les pourboires est compliqué.
Nous sommes très sérieusement en train de regarder cette
question.
M. Blank: Je parle particulièrement de l'employé
qui, en fait, fixe le montant qui lui sera payé pour ses vacances. C'est
là qu'est le problème.
M. Dean: Effectivement, c'est...
M. Blank: C'est l'un des problèmes avec
l'assurance-chômage aussi: l'employé soi-disant temporaire qui
détermine son assurance-chômage. C'est l'un des
problèmes.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): M. le
député de Saint-Louis, si je puis me le permettre, dans la mesure
où vous me semblez être entré dans un peu plus de
détails que les remarques générales que vous avez
formulées au début et auxquelles le ministre a répondu, le
député de Bourassa avait demandé la parole au titre de
remarques d'ordre général également. Si vous le
permettez.
M. Blank: D'accord.
M. Dean: Cela allait si bien avec mon vis-à-vis que j'ai
presque oublié mes collègues ministériels.
M. Laplante: Merci, M. le Président. Je ne voudrais pas
qu'on passe plus de temps qu'il nous est alloué. Toutefois, sur la loi
43, on a eu amplement de questions, la loi a été adoptée,
on a eu un vendredi là-dessus. Il faudrait aller sur d'autres questions
peut-être plus pertinentes.
Les appels téléphoniques au
ministère
Je voudrais féliciter le ministère par votre entremise, M.
le ministre, pour les bonnes notes qu'il a eues au Secrétariat des
relations avec les citoyens et citoyennes. Je pense qu'il est important qu'un
ministère du Revenu soit à l'écoute des citoyens du
Québec sur les irritants qui peuvent survenir. On sait que votre
ministère touche chacun des citoyens; si des irritants surviennent,
c'est lorsqu'on vient fouiller dans nos poches, car on est beaucoup plus
sensible. C'est peut-être pour cela qu'il y a beaucoup plus de
dépressions durant les mois de mars et avril qu'en tout autre temps de
l'année. On a nos rapports d'impôt à faire.
Dans les recommandations de l'an dernier, on parlait des gens qui,
lorsqu'ils appelaient au ministère du Revenu, n'avaient pas de
réponse. Une enquête de Bell Canada avait même dit que 40%
des appels téléphoniques étaient rejetés, qu'on ne
pouvait obtenir de réponse à cause des lignes trop
encombrées. Vous avez remédié en partie à cette
lacune et je voudrais savoir avec combien d'appels rejetés on se
retrouve aujourd'hui.
M. Dean: Selon les derniers rapports étudiés par
Bell Canada que nous avons en main...
M. D'Amours: II y en a moins de 5%. M. Dean: ...il y a
moins de 5%. Une voix: Moins de 5%?
M. Dean: Oui. Le temps d'attendre pour une réponse
à Montréal ou à Québec a diminué
considérablement. À Montréal, on est de cinq secondes pour
une réponse. Bien honnêtement, je dis que ce sont des
études comparatives faites avant la période de pointe, mais les
derniers chiffres dans les...
M. D'Amours: Jusqu'à maintenant, nous avons reçu
416 000 appels téléphoniques et il y a eu un rejet d'environ 504
appels téléphoniques abandonnés.
M. Laplante: C'est presque une performance d'excellence.
M. Dean: Oui, dans cette période où le
gouvernement, règle générale, cherche à
réduire les effectifs, les rares budgets d'augmentation d'effectifs ont
été accordés, dans un effort suprême, pour
améliorer le service aux citoyens. Un certain nombre de postes a
été créé pour des services de
téléphonie, des cours de formation, etc. Ce qui fait qu'avec un
personnel accru et un équipement perfectionné...
Remboursements d'impôt
M. Laplante: On voyait dans le journal aujourd'hui que les
remboursements d'impôt se font avec une avance de six semaines. Comment
se fait-il que cette année vous soyez capable d'arriver avec six
semaines d'avance sur les autres années?
M. Dean: Les systèmes... Les priorités
d'amélioration des services et l'amélioration des systèmes
de traitement de cas font en sorte que nous avons accéléré
le traitement des déclarations d'impôt et peut-être, dans le
passé, il y savait un slogan traditionnel: payez vos impôts de
bonne heure et avec les améliorations apportées au
système, les citoyens auront peut-être plus de motivation pour
faire leur déclaration plus tôt. On a de beaucoup réduit le
temps entre l'arrivée du rapport et le chèque de retour.
M. Laplante: Je vais prendre un cas général,
à savoir un rapport d'impôt avec des réparations à
une propriété où deux réparations identiques se
sont faites entre deux voisins. Sur le rapport d'impôt
fédéral, les deux dépenses ont été
acceptées, mais au plan provincial, une seule a été
acceptée. Peut-il y avoir des raisons sur ce cas spécifique? Je
ne vous parlerai pas de la réception actuellement au ministère
relative à certains rapports; ce serait des cas personnels. Peut-on
améliorer le système? Qu'est-ce qui produit cette situation de
refus d'un des deux cas similaires qui sont acceptés, tous deux, au
fédéral et dont un est refusé au provincial?
M. Dean: II pourrait y avoir des circonstances différentes
mais si vous me dites que c'est dans le cadre de la Loi sur les impôts
où il y a eu harmonisation complète, le cas peut se
présenter à l'examen de la déclaration. Lorsqu'elle arrive
au ministère, nous avons des démarches différentes des
premiers examens et de ce que nous appelons également de cotisations
immédiates.
Après un examen de la déclaration, si nous notons que le
contribuable s'est trompé dans sa déclaration, nous faisons la
correction.
Il est possible, dans certains cas, que l'erreur ne soit pas
notée. Elle le serait plus tard lors du deuxième examen
éventuel. Il serait possible, dans le cas que vous mentionnez, que le
contribuable, dans six mois, soit avisé par le gouvernement
fédéral disant: On a revu votre déclaration et nous la
corrigeons dans tel sens. Ces choses sont possibles.
M. Laplante: Une nouvelle juridiction a été
accordée à la Cour des petites créances - jusqu'à
1650 $ - pour les montants d'impôt à payer. Est-ce qu'on a eu
à se servir couramment de cette nouvelle règle?
M. Dean: Cette nouvelle règle n'est pas en vigueur. La loi
a été adoptée en décembre. Elle sera
proclamée au mois de juin et le personnel sera embauché au cours
du prochain été et les premiers cas seront plaidés au mois
de septembre prochain.
M. Laplante: Cela va certainement augmenter les causes de la Cour
des petites créances. Est-ce que, dans le même sens, cela aura
pour effet de diminuer les services dans d'autres sortes de causes
reliées à la Cour des petites créances? C'est un organisme
important qui entre, à ce moment-là, à la Cour des petites
créances.
M. Dean: II y a du personnel additionnel à la Cour des
petites créances en fonction de cette loi.
M. Laplante: En fonction de cela. M. Dean: Oui.
M. D'Amours: Le ministère de la Justice les aura
probablement redistribués. Enfin, c'est dans 35 districts judiciaires
où on pourra plaider ces cas au Québec et le ministère de
la Justice prendra les dispositions nécessaires pour que les causes
soient entendues rapidement.
D'autre part, le ministère affectera une vingtaine de personnes
additionnelles pour préparer les dossiers qui devront être remis
au juge, de sorte que celui-ci pourra, sans qu'il ait besoin de faire venir les
dossiers, faire les recherches, accélérer sa propre analyse et
rendre son jugement le plus rapidement possible.
M. Laplante: Lorsqu'on va au ministère du Revenu à
Montréal, Place Desjardins, ce n'est pas facile de savoir à qui
s'adresser quand on se fait "backer" ou signer de tous les côtés
pour pouvoir entrer. (18 heures)
Je remarque aussi dans le rapport du Secrétariat des relations
avec les citoyens, qu'il y aurait amélioration à apporter dans ce
domaine-là au point de vue d'identification pour ceux qui vous
reçoivent, car nous sommes obligés, en bas, qu'on aille n'importe
où sur les étages, de s'identifier
d'une autre façon; ne monte pas qui le désire. Nous avons
souvent de ce genre de plaintes. Nous nous demandons quelle sorte de
coffre-fort, il peut y avoir au ministère du Revenu.
La remarque se trouve dans le rapport. Comment allez-vous pouvoir
trouver une solution, car le complexe Desjardins est un des édifices
à bureaux les plus achalandés au Québec.
M. Dean: Et nous sommes en train d'examiner cette situation et
d'explorer différentes possibilités de solution dans ces mesures
de sécurité qui sont fortement contestées par....
M. Laplante: Car nous ne nous rendons pas toujours au
ministère du Revenu. Il y a d'autres bureaux qui ont leurs locaux
situés à cet endroit.
M. D'Amours: Je voudrais apporter une précision. Lorque
vous parlez de Montréal ou de Québec, il y a deux endroits
où un contribuable peut se rendre. Il y a d'abord l'accueil
général, où le contribuable n'a pas à s'identifier,
il n'y a pas de restriction à l'entrée. À la Place
Desjardins, par exemple, il y a ce grand bureau d'accueil, que nous avons
rénové dernièrement où nous recevons constamment...
Nous avons reçu dans l'espace de trois mois, 73 000 visiteurs à
Montréal, dans l'ensemble de nos bureaux, c'est-à dire. Ces 73
000 personnes n'ont pas eu à s'identifier. C'est lorsque les gens
doivent monter dans la tour de la Place Desjardins, parce qu'ils doivent
rencontrer un vérificateur et pour répondre à une
invitation qui leur a été faite qu'ils doivent s'identifier.
C'est la même chose au ministère du Revenu, rue Marly. Lorsqu'ils
doivent entrer au ministère pour visiter une personne, un employé
du ministère, ils doivent s'identifier. Ceci pour des raisons de
confidentialité. Nous ne pouvons pas laisser aller sans contrôle,
les personnes à l'intérieur. Le jour, les dossiers sont sur les
bureaux; compte tenu qu'il y a 5000 personnes dans ce ministère, un
étranger peut aussi bien circuler sur un étage et avoir
accès à un dossier qui est sur un bureau pour la journée
et voir un dossier personnel. Il faut éviter cela.
Pour des raisons de confidentialité, nous devons absolument
contrôler. Cependant, à la tour du nord, qui est plus
problématique, car nous avons aussi accès à d'autres
ministères, au 24e plancher, le ministère des Affaires
municipales entre autres, nous étudions la possibilité d'utiliser
un ascenseur pour les fins de ces ministères. Nous avons l'utilisation
de 23 étages, mais les étages supérieurs, nous
étudions la possibilité d'y accéder par un ascenseur sur
les 6 qui s'y trouvent, de sorte que n'aurions pas à contrôler les
allées et venues à ces ministères.
M. Laplante: Maintenant, sur le traitement des dossiers. Nous
recevons dans nos comtés, assez souvent, des gens qui viennent nous
demander de l'aide pour, en termes que nous employons souvent: "Faire grouiller
leur dossier". Ces gens-là n'ont pas pu trouver satisfaction au bureau
de la Place Desjardins, car ils ont obtenu des réponses évasives
ou d'autres genres de réponses que l'on donne à ces citoyens.
Nous-mêmes, lorque nous téléphonons, et demandons à
certains fonctionnaires tel dossier, nous obtenons une réponse qui est
généralisée et ils disent: le dossier est à
Québec. Nous ne pouvons pas le traiter d'ici, il faut le faire revenir
de Québec. C'est une réponse classique que nous avons eue assez
souvent dans nos bureaux. Lorsque nous arrivons dans Logirente, c'est encore
pire, au point de vue de non-réponse. Les gens se font répondre:
Écoutez, cela prendra quelques mois; vous n'aurez pas de réponse
avant le mois de septembre. Ce sont des réponses que l'an passé
nous avions dans chaque dossier. Ils ne nous répondaient pas: oui
ou non, s'il manquait des documents. Nous avons eu énormément de
difficulté dans nos bureaux sur Logirente afin d'obtenir des
réponses et l'heure juste. Avez-vous pris des mesures pour...?
M. D'Amours: Je vais vous donner une explication. Cela n'explique
pas les retards, mais l'explication est la suivante. Logirente, c'est un
programme pour lequel il y a des dates statutaires que les contribuables
doivent respecter pour faire une demande. C'est en fonction de décrets.
Si les contribuables remettent ou nous acheminent leur demande au-delà
de ces dates, habituellement nous n'avons pas l'obligation de donner suite
à ces demandes. Pour des raisons humanitaires, au ministère, nous
prolongeons, administrativement, ces dates. Or, il arrive que, dès le
moment où nous prolongeons ces dates, nous sommes à la
période de janvier-février, au moment où commence la
période des impôts. Toutes les demandes qui nous arrivent par la
suite et qui font l'objet d'une prolongation administrative, on doit en
reporter le traitement un peu plus tard, après la période des
impôts, compte tenu de nos ressources et de notre programmation de
travail. Deuxièmement, toutes les demandes au programme Logirente sont
traitées à Québec. Le traitement est centralisé
à Québec. Nous ne pourrions pas avoir deux équipes de
même spécialité traitant Logirente à Montréal
et à Québec. Pour des raisons d'efficacité, nous nous
logeons à Québec. Toutes les personnes qui respectent, dans leur
demande, les délais impartis dans le décret, ont
habituellement
une réponse à leur demande rapidement. Ce sont ceux pour
qui nous prolongeons administrativement, j'en conviens, qui subissent ce
délai, qui doivent subir ce délai.
M. Laplante: On ne peut rien faire pour cela ou quoi? Si on leur
accorde nous-mêmes le délai, il me semble qu'on devrait être
habilités à trouver des moyens pour les servir dans un
délai raisonnable. Je ne sais pas; je pose la question. Je
réfléchis tout haut à ce sujet.
M. D'Amours: Administrativement, compte tenu des ressources et de
la saison des impôts et compte tenu qu'il s'agit d'un privilège
administratif que nous étendons, nous avons fait le choix administratif
de traiter plutôt les rapports d'impôt qui rentrent et de remettre
à plus tard, en juin, le traitement des demandes à Logirente qui,
si nous respections strictement le décret, n'auraient pas à
être traitées. Enfin, c'est un choix administratif. Cela
mérite d'être regardé de près.
M. Laplante: Je ne prendrai pas votre réponse telle que
vous me la donnez.
M. D'Amours: Enfin, ce que nous avons fait...
M. Laplante: Au point de vue de la capacité d'efforts.
M. D'Amours: J'enregistre la demande...
M. Laplante: Concernant les gens que vous embauchez durant
l'affluence des rapports d'impôt qui rentrent, en février, mars et
avril, est-ce que ce sont toujours les mêmes personnes que vous rappelez
chaque année?
M. Dean: Si les employés travaillent un minimum de trois
mois, ils sont rappelés à chaque année. Donc, on profite
de leur expérience, de leur formation acquise. Il y a une liste de
rappel pour les occasionnels.
M. Laplante: S'il y avait injustice, qu'ils ne soient pas
rappelés, qu'est-ce qu'on fait?
M. Dean: Les employés sont syndiqués. J'imagine
que...
Une voix: Non.
M. D'Amours: Je dois vous dire qu'il arrive parfois de ces
erreurs. Il y a eu quelque cas de cette nature, on les a corrigés
lorsqu'ils nous ont été présentés et on a
établi qu'il y avait eu une injustice.
M. Laplante: Quelle est votre priorité?
Est-ce l'heure qu'ils sont entrés à votre service ou la
journée? Cette année, vous en embauchez moins que d'habitude;
c'est ce qu'on m'a dit. Vous avez eu moins d'occasionnels cette année
que les autres années.
M. D'Amours: Pour le traitement des impôts, oui.
M. Laplante: Oui. Comment se fait votre choix pour rappeler les
gens qui ont déjà travaillé, chaque année, pendant
trois mois?
M. D'Amours: Par des listes d'occasionnels et
d'ancienneté.
M. Laplante: Et d'ancienneté. M. D'amours: Oui.
M. Laplante: Merci.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
La préparation des lois fiscales
M. Scowen: M. le Président, je veux profiter de cette
étude des crédits pour m'informer sur un sujet qui m'a toujours
intéressé et qui m'intéresse davantage depuis quelques
jours. J'ai eu l'occasion, depuis quelques années, d'assister à
l'étude article par article des projets de loi qui ont pour objectif de
faire suite au discours sur le budget et je n'ai jamais compris le
système interne que vous avez pour la rédaction et la
préparation de ces projets de loi. Je dois vous dire que ce sont les
erreurs qui se sont glissées dans la loi 44 qui m'avaient donné
l'idée de profiter de la présence du sous-ministre, aujourd'hui,
afin de mieux comprendre le système interne qui est utilisé pour
la préparation de ces projets de loi. On sait d'abord que l'inspiration
de ces gestes, de ces projets de loi, c'est le ministre des Finances, bien
sûr, et que, très souvent, la loi comme telle est aussi
rédigée dans le sens de faire la concordance avec les lois
fédérales. On arrive à l'étude article par article
de lois qui sont extrêmement complexes et je me souviens qu'à
plusieurs reprises que le ministre du Revenu, à l'époque, a dit,
effectivement, directement ou indirectement que lui n'était pas capable
de permettre les amendements même s'il ne les comprenait pas à
100% parce que c'était effectivement figé dans le ciment à
cause de la nature de la loi.
Je me demande si le ministre ou un membre de son personnel - si le
ministre n'est pas au courant de cela, cela pourrait être
intéressant pour lui aussi - peut
m'expliquer un peu le système qui existe actuellement à
l'intérieur du gouvernement, à l'intérieur des deux
ministères pour la préparation de ces projets de loi. Qui a la
responsabilité de la rédaction de ces projets de loi? Si c'est le
ministère du Revenu, est-ce que c'est, par la suite, approuvé par
le ministère des Finances ou si c'est le ministère des Finances,
est-ce que c'est approuvé par le ministre du Revenu après? C'est
quoi le système, globalement, que vous utilisez pour la
préparation de ce genre de projet de loi?
M. D'Amours: Le ministère du Revenu a le mandat de
rédiger la loi. Lorsque le discours sur le budget se prépare, le
ministère du Revenu est impliqué dans la rédaction finale
du discours sur le budget comme consultant pour établir les faits
saillants de ce budget et établir aussi les concordances et finalement
conseiller, en termes de problèmes de rédaction
éventuelle, conseiller le ministre des Finances à cet
égard. Dès que le budget est lu, nous avons, après cela,
le mandat de l'écrire. Nous faisons une première rédaction
et demandons au ministère des Finances si cette rédaction est
conforme à la politique annoncée? La rédaction de cette
loi ne se fait pas comme elle se fait habituellement dans d'autres
ministères. Dans d'autres ministères, ce sont les contentieux des
ministères qui relèvent de la Justice qui ont ce mandat. Nous au
ministère, nous avons un mandat qui est assumé par des
spécialistes qui ne sont pas des avocats du contentieux ni de la
Justice. Ce sont à la fois des comptables et nous sommes
organisés de la façon suivante: II y a une direction des taxes et
une direction des impôts qui, lorsqu'il s'agit d'un projet d'impôt,
évidemment, c'est une direction qui coordonne la substance en termes de
rédaction et travaille de concert avec une direction de la
rédaction des lois et qui sont des spécialistes, des avocats, en
rédaction, en terminologie et tout.
Les avocats qui sont au ministère sont associés à
la Justice; ils y ont été transférés par un
protocole d'entente. Nous avons cependant autorité sur ces gens. Une
fois que la rédaction est terminée, nous l'envoyons aux Finances
et il y a des échanges. Finalement, le ministère des Finances
nous dit: Cette rédaction n'est pas conforme à la politique,
veuillez corriger. Il y a des échanges de lettres finalement. À
la fin d'une session, la dernière par exemple, comme vous le savez, au
ministère du Revenu, nous avons présenté quatre projets de
loi. Nous avons terminé cette session, d'une certaine façon, un
peu à la course, et dans ce projet dont vous venez de faire état,
il y a eu cette erreur qui s'est glissée et qui est une erreur de
rédaction. Nous nous en sommes rendu compte par la suite. Cela n'arrive
pas régulièrement - nous l'espérons - mais quelquefois, il
y a des erreurs de rédaction qui peuvent être imputables à
la rédaction elle-même ou qui, après une
vérification et une contre-vérification, ne retiennent pas
l'attention du vérificateur. (18 h 15)
M. Scowen: Si je comprends bien, c'est une équipe
d'avocats spécialisés dans le droit fiscal qui est responsable,
à l'intérieur de votre ministère, de la première
rédaction.
M. D'Amours: Comptables également. M. Scowen: Et les
comptables? M. D'Amours: Oui.
M. Scowen: J'avais le plaisir, il y a cinq ou six ans,
d'être responsable du programme sur le contrôle des prix et j'avais
la lourde responsabilité de trouver des personnes responsables de la
rédaction des règlements et je dois vous dire que j'avais
beaucoup de respect pour les personnes qui ont les capacités de faire ce
travail. Il n'y en a pas beaucoup.
Si je comprends bien, après que cette équipe d'avocats et
comptables spécialisés dans la fiscalité a
préparé le projet de loi, copie de celui-ci est envoyée au
ministère des Finances et le personnel de ce ministère fait ses
commentaires pour des changements par écrit, si besoin est et
après discussion, la rédaction finale est présentée
sans que le projet de loi, dans sa version finale, passe à
l'équipe du contentieux, du groupe normal du ministère de la
Justice qui regarde normalement tous les autres projets de loi.
M. D'Amours: Cela passe tout le temps au comité de
législation.
M. Scowen: Cela passe, par la suite, par le comité de
législation.
M. D'Amours: Avant d'être acheminé au Conseil des
ministres qui est, si je ne m'abuse, l'étape
régulière.
M. Scowen: On peut imaginer que ce comité de
législation, dans les projets de loi comme celui-ci, garde normalement
un certain respect pour la compétence de ceux qui l'ont
préparé.
M. Dean: Je peux vous dire, de très récente date,
qu'ils respectent totalement la compétence fiscale des avocats du
ministère. Je peux suggérer que le député se
prépare, parce qu'il y a un autre important projet de loi donnant suite
aux deux budgets du gouvernement fédéral qui sera
présenté pour étude.
M. Scowen: Dans le cas du projet de loi 44, il y avait,
d'après le ministre des Finances, dans son énoncé touchant
le projet de loi qu'il a soumis aux journalistes, il y a quelques semaines,
quatre erreurs de rédaction. Il y avait aussi cette erreur de fond.
Quand vous parlez des erreurs de rédaction, les quatre - je ne
veux pas les énumérer ici mais je pense que vous les connaissez
aussi bien que moi - est-ce qu'on peut dire que la rédaction du projet
de loi 44 qui contenait ces erreurs, était approuvée par le
ministère des Finances dans le processus normal que vous avez
déjà décrit?
M. D'Amours: Je ne pourrais vous dire si cela s'est
déroulé de cette façon: de la façon dont nous
travaillons habituellement. Nous ne pouvons pas prendre, au ministère du
Revenu, la responsabilité d'un contenu.
M. Scowen: À votre connaissance, autrement dit, ce projet
de loi ne faisait pas exception à la règle que vous avez
déjà décrite. Le ministère des Finances a vu et
approuvé le projet de loi 44 avec les quatre erreurs mentionnées.
Vous n'avez pas d'information à l'effet que c'était une
exception. C'est allé directement au comité législatif,
sans passer par le ministère des Finances. Le processus normal a-t-il
été suivi?
M. Dean: Je ne suis pas en mesure de répondre à
votre question parce que je n'étais pas ministre à
l'époque.
M. Scowen: Je comprends. C'est juste une question de fait.
M. Dean: On pourrait peut-être...
M. Scowen: Est-ce que vous avez des indications que le processus
normal n'était pas suivi dans le cas de ce projet de loi?
M. D'Amours: Je n'ai pas d'indication.
M. Scowen: Ah non?
M. D'Amours: Je n'ai pas d'indication.
M. Scowen: Non, aucune indication qu'il y avait une exception,
à votre connaissance.
M. D'Amours: Tout ce que je peux vous dire, c'est que nous avions
quatre projets de loi. Vous vous rappelez, il y en a eu 20 d'adoptés, je
pense. Alors, nous en avions quatre sur un total et donc beaucoup de textes de
loi. Nous avons fait le travail rapidement, quasiment jour et nuit. J'imagine
que les Finances ont dû être dans la même situation. Mais, en
ce qui nous concerne, je n'ai pas d'indication que le processus normal n'a pas
été suivi.
M. Scowen: Je veux juste poser une question sur le jour et nuit.
Le budget a été déposé le 10 mai 1983. Le
dépôt du projet de loi 44 a été fait le 24 novembre.
Alors, il y avait mai, juin, juillet, août, septembre, octobre, novembre.
Je n'ai pas compté mais, si je ne m'abuse, il y a huit mois. C'est quoi,
la nécessité et expliquez-moi cette nécessité de
travailler jour et nuit à un projet de loi dont le contenu est connu au
mois de mai et dont le dépôt a été fait au mois de
novembre?
M. D'Amours: Je dois vous dire que quand je dis travailler jour
et nuit, évidemment il y a une figure de style là-dedans. Mais de
ces quatre projets de loi, il y avait, entre autres, la Loi sur les
travailleurs au pourboire, nouveau recours au citoyen, le projet de loi omnibus
et ce projet de loi 44. On les a tous traités en même temps. Le
projet de loi sur les pourboires a aussi retenu énormément notre
attention. M. Plante, qui était... Il y a eu des amendements de
façon régulière. Il fallait donc réintégrer
cela. C'était toujours la même équipe qui faisait le
travail.
En ce qui concerne le projet de loi 44, après dépôt
au Conseil des ministres, il y a eu aussi des amendements qui ont
été faits et dont vous avez eu connaissance, qui ont
été déposés à l'Assemblée nationale.
Une fois qu'un amendement est fait, il faut faire la recherche et voir s'il y a
cohérence et tout. Je dois vous dire que c'était en
période d'été et que nous travaillions aussi, à
cette époque, sur le C-139, l'harmonisation avec le projet de loi
fédéral, qui était énorme. Alors, nous avions sur
la planche de travail cinq projets de loi en préparation. Le C-139, nous
n'avons pas pu le compléter, manque de temps. C'est la raison pour
laquelle il a été reporté à cette session-ci. Mais
la fin de session a été une fin de session tumultueuse et
très...
M. Scowen: Je ne veux pas prolonger cet aspect mais je ne
comprends pas encore pourquoi, pour le projet de loi 44 comme tel, qui donne
suite à la politique budgétaire du gouvernement, qui n'avait rien
à faire avec les éléments que vous avez mentionnés,
qui est tout simplement une loi qui découle du budget du 10 mai, il
n'était pas possible de commencer la rédaction de ce texte au
lendemain du discours sur le budget. J'aurais imaginé que... Est-ce
qu'il y a une politique ou quelque chose qui vous a empêchés de
commencer tout de suite la rédaction de ces projets de loi?
M. D'Amours: Habituellememt, nous nous mettons au travail le plus
tôt possible. Nous avons travaillé au discours, sur les
grandes lignes du budget, pour établir les faits saillants de ce
budget. Nous sommes en mesure de démarrer rapidement. Nous avions
complété, dans l'échéancier qu'on s'était
donné, le projet. On l'avait déposé. Et c'est par la suite
que sont survenus les amendements. Évidemment, il a fallu
intégrer ces amendements et c'est dans le cours d'intégration de
ces amendements que sont survenues ces erreurs.
M. Scowen: D'accord. Peut-être que, en terminant, vous
pouvez juste me renseigner un peu sur le problème de fond qui s'est
glissé dans le projet de loi 44. Le problème du fond, c'est
l'amendement qui a été fait à la dernière minute,
pendant l'étude article par article; c'est l'article 965.7b, où,
en commission parlementaire, on avait ajouté l'élément b,
le paragraphe qui édicte que le droit de vote doit être
équivalent à toute autre action de la corporation
émettrice. Et ce n'était clairement pas quelque chose qui
découlait du discours sur le budget même parce que le discours sur
le budget disait tout simplement que cela doit comporter un droit de vote,
point, qui était fidèlement reproduit dans le projet de loi
déposé, au sous-article a. À la dernière minute,
durant l'étude, cet amendement a été proposé.
Est-ce que la rédaction de cet amendement, à votre connaissance -
j'imagine premièrement que c'était une recommandation du
ministère des Finances et non une initiative prise par le
ministère du Revenu, mais émanant du ministère des
Finances - a été préparée dans le sens que vous
m'avez décrit tantôt: préparation par le ministère
du Revenu, approbation par le ministère des Finances? Cet amendement
a-t-il aussi poursuivi le cheminement normal?
M. D'Amours: Je n'ai pas de raison de douter qu'il n'ait pas
suivi le cheminement normal. Je n'ai pas refait l'histoire de cet amendement,
à savoir si oui ou non il y avait eu des écarts à la
procédure normale. Au point où j'en suis, j'en ai cette
conviction, à moins que je n'établisse, après
enquête, que cela se soit déroulé autrement. Dès que
cela entre chez nous, avec instructions précises du ministre des
Finances, nous rédigeons la loi et nous la retournons. À partir
de cela, je ne peux pas témoigner de ce...
M. Scowen: Quand le ministre a déposé ces
amendements à la commission parlementaire, il a dit - et je le cite
-l'article 37 avec amendement remplace le titre etc., etc., c'était
une... que la mécanique sous-tendue dans le régime, l'article du
présent projet prend essentiellement les actes de... Effectivement, il a
dit: Les changements que nous proposons dans ces amendements sont d'ordre
mécanique seulement. À cause de cela, mon collègue et tous
les autres membres de la commission ont dit: Bon, adopté. Mais, il y
avait un changement de fond. Tout le monde l'admet aujourd'hui, le ministre
lui-même l'admet. Il a même soustrait un certain nombre de
compagnies à l'application de cet article.
À votre connaissance, il semble qu'on peut simplement imaginer
que le ministre lui-même n'était pas au courant de la
portée de cet article, ce changement à cet amendement qu'il
déposait. On ne peut pas imaginer qu'il aurait
délibérément induit tout le monde en erreur. On peut
simplement présumer qu'il n'était pas amplement renseigné
sur la véritable portée de cet article. J'imagine que vous
étiez là. Quelle est votre impression de cette
expérience?
M. D'Amours: Premièrement, je dois vous dire que je n'ai
pas assisté à ces délibérations.
Deuxièmement, si je peux vous demander, M. le Président et M. le
député, la permission de ne pas répondre à cette
question, car je tombe dans un domaine qui n'est pas de mon ressort.
J'évaluerais autant la compétence d'un élu et, si vous me
le permettez, je m'abstiendrais.
M. Scowen: Je vais quand même vous poser une
dernière question. J'imagine qu'à la suite de la
découverte de ces erreurs de rédaction, vous avez mené une
enquête pour savoir ce qui s'était passé, pour vous assurer
que cela ne se reproduise plus. Pouvez-vous me dire brièvement, sans
mentionner de noms bien sûr, ce que vous avez découvert quant
à la cause de ces erreurs? Est-elle attribuable à
l'expérience du personnel à l'intérieur de votre
ministère ou à la surveillance, ou est-ce arrivé à
cause d'un malentendu entre les deux ministères? Quel est le
résultat de vos enquêtes, des questions que vous avez
posées à la suite de la découverte de ces erreurs? (18 h
30)
M. D'Amours: Je dois vous dire que ma première
évaluation m'amène à conclure que ce n'est pas un manque
d'expérience de la part des gens qui ont rédigé ce texte.
Évidemment, l'organisation que nous avons actuellement pour la
rédaction des lois est différente de celle d'il y a quelques
années. Il y a quelques années, M. le sous-ministre Fontaine
avait une expérience personnelle très développée et
une sorte de contrôle personnel sur la rédaction des ces lois du
contenu, toujours dans un même processus que j'ai décrit
plutôt.
Maintenant, nous avons réorganisé différemment mais
nous travaillons en principe avec les mêmes personnes, dans un cadre
différent. Je pense refléter ici fidèlement les
commentaires que les gens m'ont faits dans la boîte et ma propre
évaluation à savoir que les erreurs qui ont
été commises sont des erreurs de parcours. Ce n'est pas un
manque de compétence mais des erreurs de parcours. J'attribue cela - je
suis obligé de conclure de cette façon - à une fin de
session où le travail était très dense et
l'interprétation qu'on a pu faire de la commande du ministères
des Finances n'a pas été, à certains égards, la
bonne.
M. Scowen: Une toute dernière question. Je reviens au lien
entre le ministère des Finances et le ministère du Revenu.
J'imagine que si vous avez la politique de faire approuver la rédaction
de ces projets de loi par le ministère des Finances, il existe un
processus formel pour assurer que cet aspect a été fait dans
chaque cas. J'imagine qu'il y a, quelque part, quelqu'un qui signe: oui, nous
du ministère des Finances, nous avons approuvé ce projet de loi,
soit une lettre d'approbation, soit une signature sur une feuille ou quelque
chose. Est-ce que c'est le cas? Existe-t-il... Est-ce que vous êtes
capables de savoir aujourd'hui quels sont les projets de loi de ce genre qui
ont été vus et approuvés par le ministère des
Finances et ceux qui ne l'étaient pas?
M. D'Amours: Non. Je ne suis pas en mesure de vous le dire. C'est
après coup qu'ils ont dû être approuvés parce que
nous n'avons pas de commandes subséquentes pour fin de correction. Vous
donnez l'exemple récent, le C-139 que nous venons de terminer. Le
sous-ministre adjoint à la législation, responsable de la
rédaction de ces projets a écrit une lettre au sous-ministre
adjoint aux Finances en lui disant: voici copie du projet de loi. Est-ce qu'il
est conforme à la politique à la déclaration
ministérielle et au budget? S'il n'y a pas de réaction, nous ne
requérons pas d'approbation officielle des Finances. Nous leur livrons
une marchandise, s'ils sont satisfaits, nous procédons normalement au
comité de législation et au Conseil des ministres. S'il y avait
eu une correction à faire, j'aurais écrit: madame, voulez vous,
s'il vous plaît, corriger telle chose.
M. Scowen: À cause de cette réponse
négative, on présume que c'est approuvé. Ce n'est pas
stupide comme attitude et dans le cas du projet de loi 44, la lettre a
été envoyée avec le projet de loi et, à votre
connaissance, vous n'avez aucune réponse, dans le sens que vous avez
mentionné.
M. D'Amours: Une fois que le projet est parti, il a fait le tour
au comité de législation. Donc, c'est après coup que l'on
a découvert cette chose.
M. Scowen: Mais le fait que vous n'ayez reçu aucun avis du
ministère des Finances disant qu'il n'était pas en accord avec la
rédaction du projet de loi, suivant les habitudes normales dans tous les
projets de loi, vous avez présumé qu'il était en accord et
cela est en accord avec les deux ministères pour tous les projets de loi
de ce genre.
M. D'Amours: Moi, je n'en ai reçu aucun. À ma
connaissance, mes fonctionnaires n'en n'ont pas reçu non plus.
Peut-être qu'il y a eu d'autres échanges. Il resterait à
vérifier s'il y a eu de ces échanges mais, à ma
connaissance dans le processus normal, je peux témoigner que moi je n'ai
rien reçu.
M. Scowen: Vous avez quand même vérifié que
c'était envoyé au ministère des Finances avant que ce soit
déposé par le ministre du Revenu.
M. D'Amours: Encore une fois, à ma connaissance, on le
fait régulièrement. Là, je vérifierai une autre
fois si, de fait, on l'a expédié, mais c'est notre
démarche habituelle. On ne déroge pas à cette
démarche. On la renvoie. Je n'ai pas vérifié le contenu de
la lettre du sous-ministre adjoint à cet égard, habituellement
c'est ce qu'il fait.
M. Scowen: Mais, après tout le brouhaha autour de ce
projet de loi, vous n'avez jamais parlé avec le ministre des Finances
pour savoir s'il avait vu ce projet de loi avant qu'il soit
déposé?
M. Laplante: Question de règlement. Cela fait longtemps
qu'on voit aller le député de Notre-Dame-de-Grâce. Il agit
un petit peu comme si c'était un tribunal, actuellement. Toutes les
questions qu'il vient de poser, il les a posées dans les
premières quinze minutes et toujours sur le même projet de loi
44.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): M. le
député.
M. Laplante: C'est sur ma question de règlement.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): En vertu
de quel article, s'il vous plaît, M. le député?
M. Laplante: En vertu de quel article? Je vais vous le formuler
comme demande de directive, si vous voulez, M. le Président, puisque
vous ne voulez pas le prendre comme règlement. Ce n'est pas l'habitude
d'une commission parlementaire pour l'étude des crédits,
d'essayer par des moyens détournés, des questions
détournées, de confronter un fonctionnaire comme cela, d'essayer
de trouver une erreur quelque part, voir si c'est la même version d'une
question à l'autre. On
n'est pas face à un tribunal et il n'est pas dans les habitudes
d'une commission parlementaire, M. le Président, de faire ce que le
député de Notre-Dame-de-Grâce fait là, comme
questions au fonctionnaire qui est là.
M. Scowen: M. le Président, si vous me le permettez?
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Avant
cela, M. le député, je n'ai pas découvert l'article du
règlement...
M. Laplante: Je voudrais comme directive...
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): ...que
vous invoquez à ce moment-ci.
M. Laplante: ...cette question, M. le Président.
M. Scowen: S'il vous plaît?
Une voix: Sur une question de règlement. *
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je pense que j'ai plus de respect pour le ministre et
le sous-ministre que mon collègue d'en face. J'ai demandé au
ministre le droit de poser ces questions. Il m'a accordé cette
permission. Il peut m'arrêter quand il le veut. Il y a au moins une
question à laquelle le sous-ministre a demandé le droit de ne pas
répondre. Je n'ai pas discuté son droit. Je l'invite, s'il trouve
ou si le ministre trouve que je vais trop loin, à m'arrêter
immédiatement parce que ce n'est pas un procès que je fais.
J'essaie de m'informer sur un système en général, sur un
élément en particulier, qui avait des effets dans le domaine
public. Je me fie au ministre. S'il veut que j'arrête, j'arrête. Il
n'y a pas de problème. S'il y a des choses auxquelles il pense et qui ne
doivent pas être dites, j'arrête.
M. Dean: M. le Président, je ne voulais certainement pas
contester le droit de parole ni dire au député de
Notre-Dame-de-Grâce quelles questions il pouvait poser ou non, sauf que
je pense, même si j'avoue que sur le point précis sur lequel le
député pose ses questions, je ne peux pas personnellement, par
mon application personnelle, répondre ni pour ni contre. Au contraire,
comme on le dit des fois. Je pense que le député
reconnaîtra un fait, M. le Président; c'est que quelle que soit la
compétence de la personne qui rédige un texte, que ce soit des
textes très simples ou des textes très complexes, nos avocats
sont censés être des personnes savantes qui savent rédiger
des lois parfaites, à chaque reprise. Mais, l'histoire de la race
humaine nous dit que les juges gagnent très bien leur vie depuis le
début des temps à interpréter ce que des avocats
très compétents ont mis en texte de loi. Que ce soit des textes
très complexes ou des textes très simples, dans tous les
processus collectifs de rédaction de textes, il y a toujours quelqu'un
quelque part qui peut contester la phraséologie ou la tournure de
phrases ou la justesse d'une phrase qui est proposée dans un texte. En
plus de tout cela, il y a, dans des textes très compliqués,
discutés dans le feu de l'action en commission parlementaire, des
erreurs qui échappent à tout le monde malgré toute la
bonne volonté et toute la compétence autour de la table. Cela
arrive tous les jours. Je voudrais simplement souligner ce fait au
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Je vous
remercie, M. le ministre. J'ai été extrêmement large.
Depuis trois ans que vous êtes ici à l'Assemblée, vous avez
toujours été membre d'une commission. Vous n'êtes pas
membre, en ce moment, à l'occasion du rappel au règlement qu'a
fait le député de Bourassa. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce a pris la parole. Quant au déroulement des
travaux à savoir si oui ou non c'est à l'intérieur de
notre règlement, je vous ai laissé exprimer votre opinion. Je
souligne que vous n'êtes pas membre de la commission. Peut-être que
le député de Saint-Louis veut ajouter quelque chose avant que je
vous fasse part de mes commentaires.
M. Blank: Je suis très surpris de l'intervention du
député de Bourassa. En tant que parlementaire qui siège
ici depuis assez longtemps, je comprends que ce qui se passe ici et ce que le
député de Notre-Dame-de-Grâce a posé comme question,
c'est la base de notre système parlementaire: le contrôle par la
Législature des dépenses et le contrôle par
l'exécutif. Le seul endroit pour ce faire, c'est lors de l'étude
des crédits et c'est vraiment à cette occasion qu'on s'interroge.
C'est le but des députés des deux côtés de la
Chambre, sans cela il n'y a pas de démocratie, il n'y a pas de
système parlementaire.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Tout ce
que j'ai à dire à ce moment-ci, comme président de cette
séance, MM. les députés, c'est que je note que, dans les
notes explicatives de notre règlement qui doivent gouverner le
déroulement de notre commission à l'occasion de l'étude
des crédits, il est question, évidemment, de la présence
des
fonctionnaires autour de la table ou à la barre, si on veut, et
on conçoit qu'ils ont un droit de parole, et je cite: "...qui ne leur
est accordé uniquement que lorsqu'on discute de questions d'ordre
technique ou d'ordre administratif." Il est évident que c'est un droit
de parole qui ne va s'exercer à cet égard que si les questions
sont de cette nature. Je n'ai pas noté quelque réticence, sauf
les réserves qu'a mentionnées le député de
Notre-Dame-de-Grâce, de la part du sous-ministre à
répondre. Très nettement, il a exercé un droit de parole
à l'égard de questions qui concernaient des modalités
administratives et un processus de rédaction des lois qui demeurent
très complexes et auxquelles le ministre a lui-même avoué
tout à l'heure que son poste ne lui permet pas de répondre dans
les détails aussi infimes que ce que semblait requérir la
question du député de Notre-Dame-de-Grâce. Quant à
moi, je ne vois pas en quoi, dans notre tradition, cela déborderait, de
quelque façon que ce soit, le déroulement habituel de nos
travaux.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, avez-vous
terminé?
M. Scowen: Je veux remercier M. D'Amours d'avoir répondu
à mes questions. Ce n'était pas mon intention de faire un
procès. Il m'a bien renseigné sur la question, ce qui
était très intéressant. C'est la première fois que
j'avais l'occasion de comprendre un peu le processus qui est assez important.
Concernant la deuxième question, à savoir si le ministère
des Finances avait vu le projet de loi 44 avant qu'il ne soit
déposé en Chambre, ce qui se dégage de la réponse
du sous-ministre, c'est oui, cela fait partie du processus normal. Le
sous-ministre n'a aucune indication que le processus normal n'était pas
suivi dans ce cas. Est-ce que j'ai bien compris?
M. D'Amours: ...
M. Scowen: Dans ce cas, je remercie tout le monde.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: Dans la même veine, en faisant
référence au projet de loi 44, d'une façon
générale. Il y a un grand danger à déposer un
projet de loi semblable. Je ne dis pas lors d'une fin de session, au mois de
juin ou au mois de décembre, mais particulièrement au mois de
décembre, parce que, dans ce cas-ci, l'Opposition n'a pas eu le temps
d'engager des experts pour vérifier ce projet de loi. Notre recherchiste
est très brillant, mais il n'est pas fiscaliste, avocat fiscaliste ou
comptable. On doit engager d'autres recherchistes et on n'a pas le temps de le
faire. À la fin de l'année, c'est toujours une épée
de Damoclès. Si cela n'est pas adopté avant la fin de la session
de décembre, des milliers de contribuables vont souffrir parce qu'il n'y
a pas de concordance entre la loi fédérale et la loi provinciale.
C'est toujours cette épée de Damoclès au-dessus de notre
tête quand on présente une loi fiscale à la fin de
l'année.
J'avais espéré que le ministre puisse s'arranger avec ses
fonctionnaires pour que ces lois soient déposées au moins avant
la fin de la session estivale, au mois de juin, pour avoir tout
l'été pour les étudier et non pas les adopter
immédiatement quand on revient en octobre. Le sous-ministre a dit que
les fonctionnaires, lui et les autres, font partie de l'équipe qui
prépare le budget. Cela veut dire que ce n'est pas le 10 mai ou le 10
mars que c'est la première fois qu'il est au courant qu'on a besoin
d'une loi semblable. Cela veut dire qu'il le sait des semaines et des mois
à l'avance. C'est le temps de préparer des lois comme cela. Au
moins, on peut les déposer ici à l'Assemblée et nous
donner une chance d'une couple de mois pour les étudier, au lieu d'une
dizaine de jours. Quand on ne peut pas le faire et qu'elles doivent être
adoptées... C'est un peu comme le stade olympique. Il devait être
fini pour le 14 juillet, fini à n'importe quel prix. C'est la même
chose ici. Ils adoptent cette loi, à n'importe quel prix elle doit
être adoptée. J'espère qu'à l'avenir on tirera une
petite leçon de ce projet de loi 44. (18 h 45)
M. Dean: Les recommandations du député seront bien
notées et on va faire tout ce qui est humainement possible. J'imagine
que, idéalement, chaque fois qu'un projet de loi est
préparé, ceux qui le préparent espèrent, ont
l'intention de bien faire les choses et de permettre une bonne discussion. Des
fois, les processus ou des procédés viennent mêler les
cartes. Je peux vous assurer que pour autant que c'est humainement possible,
nous allons - surtout pour les projets de loi très complexes -essayer de
nous conformer aux recommandations du député de Saint-Louis.
Compensations aux mandataires
M. Blank: M. le ministre, je veux toucher un autre sujet. Quelles
sont les compensations aux mandataires de la taxe de vente? Il faut
dénoncer l'action sournoise du gouvernement qui, par des gestes en
apparence très inoffensifs, continue d'aller récupérer
quelques millions de dollars à gauche et à droite chez les
contribuables déjà exaspérés par d'autres
fiscalités. Ce genre de comportement va à l'encontre d'un des
objectifs de Revenu Québec qui est de continuer à
améliorer la qualité de ses
relations avec les citoyens en augmentant la qualité de ses
services d'une façon que les Québécois perçoivent
le ministère du Revenu comme un organisme efficace. Les entreprises sont
des citoyens qu'on a tendance à traiter d'une façon
inférieure. Comme M. Pierre Clément Richard, porte-parole de la
Fédération canadienne des entreprises indépendantes, les
gens d'affaires en ont ras le bol. Ils n'entendent pas rester impuissants
devant un tel geste et les protestations risquent de s'accentuer
sérieusement.
Ce qui est arrivé ici, avant l'année passée, il y
avait 2% qui étaient attribués aux vendeurs au détail
jusqu'à un montant de 1000 $. Cela a été coupé
l'année passée à un maximum de 200 $. Les chiffres qu'on
m'a donnés l'année passée, le montant ramassé est
de plus de 6 500 000 $. C'est une taxe déguisée de 6 000 000 $ de
plus parce que ces gens, des vendeurs, des marchands, des compagnies font un
travail et cela leur coûte de l'argent pour préparer ces affaires
pour le gouvernement et ils perçoivent 2 000 000 000 $ pour le
gouvernement. On est rendu ici avec cette affaire, environ une centaine de
milliers des vendeurs au détail au Québec. Je ne sais pas
exactement le chiffre, quel pourcentage a pris tous les 200 $, mais cela peut
arriver une affaire de 20 000 000 $ ici. Je ne sais pas le chiffre exact. Je
suis certain que le sous-ministre peut nous fournir le chiffre exact du montant
perçu pour l'année 1983 de ces gens. Combien payez-vous aux
marchands en détail durant l'année 1983? Je ne sais pas si vous
avez les derniers chiffres, mais on va faire l'extrapolation de cela.
M. D'Amours: La coupure de l'an passé a été
d'environ 7 800 000 $.
M. Blank: L'année passée?
M. D'Amours: Oui.
M. Blank: Et cette année?
M. D'Amours: Cette année. C'est cette année.
Excusez-moi, cette année, cela correspond à 7 800 000 $.
M. Blank: L'année passée c'est 6 400 000 $. Cela
veut dire qu'entre les deux c'est environ 14 000 000 $ qu'on ramasse des gens
du Québec. Mais pourquoi ne voulez-vous pas payer ces gens qui font
votre ouvrage? Presque toutes les autres provinces du Canada le font. Est-ce
qu'il y a une raison particulière pourquoi les Québécois
sont différents? J'espère qu'ils ne sont pas pauvres comme les
autres, mais au moins, du côté fiscal.
M. Dean: Les raisons évoquées étaient du
fait de vouloir, à l'intérieur du Québec, uniformiser les
procédures dans ce sens que les entreprises qui perçoivent
à la source des milliards de dollars d'impôt n'ont pas de montants
versés pour ce service qu'ils rendent à la société
et l'on se demandait pourquoi nous continuions à dédommager les
entreprises pour les prélèvements de la taxe de vente.
M. Blank: Oui, mais c'est un peu différent. Si l'on prend
un magasin avec deux employés, il y a seulement une transaction deux
fois par semaine relativement au salaire pour le prélèvement de
l'impôt, mais il peut y avoir 3000 clients qui achètent durant la
même semaine, et à ce moment-là, on doit calculer 3000
transactions. Ce n'est pas la même chose. Nous parlons des pommes et des
oranges. Ce n'est pas la même chose du tout.
M. Dean: Oui, sauf que lorsque l'on parle en termes de millions,
il y a 7 800 000 $, il y a à peu près 100 000 commerçants
affectés, mais lorsque l'on fait le calcul mathématique à
25 jours ouvrables par mois dans l'année, cela fait à peine 70
cents par jour qui sont en jeu, par marchand.
M. Blank: Mais c'est mieux que rien.
M. Dean: Je dois avouer que c'est mieux que rien, mais les
montants ne sont pas énormes. Par exemple, nous nous demandons bien
où le Conseil du patronat a pu trouver le chiffre de 40 000 000 $ qu'il
a garroché dans les journaux. La question lui a été
posée et il ne savait pas trop pourquoi. Pour nous, le calcul est 7 800
000 $.
M. Blank: Mais si c'est le même 70 cents qui s'applique aux
restaurants et hôtels, pourquoi n'avez-vous pas touché les
restaurants et hôtels, est-ce que la loi 43 est suffisante? Vous ne
désirez pas avoir une goutte de plus dans le verre contre ces
gens-là?
M. Dean: Je ne veux pas me disculper, car j'ai aujourd'hui la
responsabilité politique de ces choses-là, mais je dois avouer
que ces décisions ont été prises avant mon
arrivée.
M. Blank: Ce n'est pas logique. Si cela n'a pas de bon sens,
question de 70 cents pour les marchands de détail, c'est le même
raisonnement pour les restaurants, sauf qu'il semble que le ministère a
peur de recommencer avec les restaurateurs encore. Assez c'est assez. Il ne les
touche pas.
M. Dean: Peut-être que le raisonnement du
député de Saint-Louis n'est pas étranger à la
réalité.
M. Blank: Pour moi, c'est une autre taxe déguisée
que l'on ramasse dans les poches de Québécois. 6 400 000 $
l'année passée, cette année 7 800 000 $, l'on cherche
partout. Si vous touchiez aux restaurants, vous auriez peut-être un autre
6 000 000 $, cela ferait 20 000 000 $, vous n'auriez pas besoin de la loi
43.
Vous n'avez pas l'intention de laisser les propriétaires de
restaurants et d'hôtels garder leur 100 $ maximum qu'ils ont?
M. Dean: Oui, oui c'est laissé là.
M. Blank: On peut le garantir pour cette année au
moins?
M. Dean: Oui, pour cette année certainement.
Oppositions et appels
M. Blank: Le ministre a fixé certaines priorités
l'année dernière, j'ai ici une liste d'au moins onze
prioriétés qu'il a fixées l'année dernière,
la première qui a été fixée a été la
mise en place d'une politique concernant les pourboires.
Nous avons déjà eu la réponse. Ceci a
été réalisé en partie sur papier, mais en fait ce
n'est pas réglé. Je ne discuterai pas plus sur le sujet.
Les recours des citoyens en matière fiscale. Vous avez
annoncé que le temps pour les oppositions et appels est maintenant de 18
mois. J'ai entendu la même histoire l'année dernière. Les
mêmes 18 mois, cela reste plafonné à 18 mois.
M. D'Amours: Nous ne pourrions pas vous dire exactement dans
quelle mesure l'on tend vers cet objectif actuellement. On a mis un
système de suivi des oppositions qui nous permettra d'avoir l'heure
juste rapidement et ce système est tout à fait au début de
son fonctionnement. D'autre part, nous avons mis sur pied deux
opérations ad hoc à Montréal et à Québec,
regrouper des équipes de vérificateurs spécialisés,
une à Québec qui a commencé ses travaux plus tôt,
c'est-à-dire en octobre et l'autre à Montréal a dû
commencer son exercice plus tard, c'est-à-dire en janvier et dans
l'orientation que nous avons prise, on va tout simplement affecter un certain
nombre de ressources, de personnes, à ces dossiers et après trois
mois, évaluer le rendement et la qualité de leur travail et
quelles ressources additionnelles nous devrions ajouter pour atteindre notre
objectif. J'attends ce bilan à la fin avril ou au début mai.
C'est à ce moment que nous pourrons être plus précis sur
l'échéancier et établir de quelle façon nos
inventaires ont pu diminuer.
Je dois vous dire qu'il y a un soulagement assez manifeste au niveau de
l'opposition que nous avions. Nous avons aussi changé nos
procédures internes, ce qui l'a diminuée. Habituellement, lorsque
nous cotisions après le fédéral et que le contribuable lui
résistait, il s'opposait aussi au Québec. Nous avons maintenant
une nouvelle approche c'est-à-dire que nous attendons que l'opposition
soit déposée et traitée au fédéral, en
prenant les mesures qu'il faut avec celui-ci, pour que les délais, de
part et d'autre, soient respectés. Nous attendons. S'il gagne sa cause
au fédéral, il n'aura pas à faire opposition au
Québec, ce qui simplifie d'autant les démarches du contribuable,
ce qui implique qu'il n'aura pas...
M. Blank: Est-ce qu'il doit payer le montant dû au
provincial, durant cette attente?
M. D'Amours: C'est-à-dire que nous ne cotisons pas, de
sorte qu'il n'aura pas à s'opposer, donc à payer. C'est une
amélioration. Nous attendons le jugement du fédéral.
M. Blank: Sur la question, le fédéral a
changé sa façon de faire récemment dans le sens qu'on n'a
pas besoin de payer durant l'opposition et l'appel. On peut donner une
garantie. Est-ce que vous suivrez la même procédure?
M. D'Amours: Nous faisons cela depuis longtemps.
M. Blank: C'est la même chose.
M. D'Amours: On le fait depuis longtemps.
M. Blank: Parlant des appels, il y a un restaurant de
Montréal qui s'est plaint, qu'à deux reprises, le ministre a pris
des avis de vente de commerce alors qu'il y a eu un avis d'opposition. Le
ministère avait déjà donné son engagement que le
commerce ne serait pas vendu aux fins de taxes. Est-ce que c'est vrai que le
ministère a donné cette garantie que les commerces ne seraient
pas vendus pour des taxes s'ils sont en appel?
M. D'Amours: Vous m'apprenez quelque chose. À moins qu'une
entente soit intervenue entre un responsable du ministère et... Le
directeur général, M. Cayer, pourrait préciser, si vous le
permettez.
M. Cayer (Gabriel): Je voudrais que vous précisiez votre
question. Vous dites qu'on aurait pris, qu'on aurait fait vendre pour
taxes...
M. Blank: On n'a pas fait vendre - je ne sais si on a fait vendre
- mais en deux
occasions, les avis de vente étaient publiés nonobstant le
fait que le ministère a dit qu'il ne vendrait pas de commerces aux fins
de taxes s'il y avait un avis d'opposition.
M. Cayer: C'est probable que, dans certains cas, cela puisse
arriver si une partie de la dette n'est pas sous opposition. Maintenant, la loi
précise quand même que, même s'il y a une opposition, ce
doit être payé, sauf qu'on tient compte de ce que vous dites. Il
faut, pour que ce soit vrai, qu'il y ait une partie de la dette, tout au moins,
qui ne soit pas contestée.
M. Blank: Ma question ...
M. D'Amours: Vous voulez savoir s'il y a une politique
générale à cet effet?
M. Blank: Oui.
M. D'Amours: Comme politique générale, on ne peut
pas vendre pour des taxes s'il est en opposition. Je ne pense pas qu'il y ait
de politique. On arrive à des arrangements dans des cas particuliers
lorsqu'on a évalué la situation du contribuable ou de
l'entreprise. On se rend compte que la créance est
protégée. On peut la protéger. Il y a des formes
d'arrangements. Cela peut être le résultat d'un arrangement.
M. Blank: J'ai déjà vu, dans mon comté, un
restaurant qui a été fermé à cause d'une vente,
même s'il y avait une opposition. Il a gagné son opposition. Il
doit rouvrir mais ce n'est pas la même affaire. Il a été
fermé près d'un an à cause de cela. Je ne vous donnerai
pas le nom mais c'était sur la rue Crescent, à Montréal,
un nom très français, du sud de la France. (19 heures)
Une voix: Le Lutèce.
M. Blank: Je ne parle pas du : cas des Crêpes bretonnes. On
a mis 300 ou 400 personnes dans la rue à cause de la fermeture... Je
pense que... Le cas de Pescatore, la Tour Eiffel, la Roma et Chez Martin qui
étaient fermés aussi par le fisc, en mettant sur le trottoir une
quarantaine d'employés. Je pense que, dans ces cas-là, on doit
être un peu plus large parce que ce n'est pas seulement la dette que l'on
doit prendre en considération, mais l'effet de la fermeture de ces
établissements, sur l'économie d'une centaine de personnes
parfois.
M. D'Amours: Je dois vous dire, à cet égard...
M. Blank: J'ai mentionné ces noms-là parce que ces
restaurants sont fermés et restent fermés. L'autre a rouvert.
M. D'Amours: Je ne voudrais pas que ma réponse soit
liée aux cas que vous venez de mentionner, ce sera une réponse
générale. Dans le cas des taxes, lorsqu'un mandataire
perçoit les taxes, il n'en fait pas remise au ministère, ce sont
les taxes qu'il a perçues du contribuable. Nous avons comme politique de
les récupérer, ces taxes, de prendre les procédures pour
ce faire. Et on retrouve des situations où l'établissement,
continuellement, fait la perception de ces taxes, n'en fait pas remise et se
finance. On se rend compte que, dans de tels cas, si on laisse aller
l'entreprise, éventuellement, elle va faire faillite et les taxes
qu'elle a perçues seront utilisées à d'autres fins.
Donc, à l'égard de cette loi, nous exerçons
beaucoup plus de rigueur que nous le ferions à l'égard de la loi
des impôts, par exemple, où nous sommes plus conciliants, beaucoup
plus attentifs aux capacités de payer. Et les arrangements, que nous
prenons, sont très nombreux. Et tout individu, qui reçoit de la
part du ministère une mise en demeure de payer sa dette contacte le
ministère; si on se rend compte qu'il est incapable de payer, on prend
arrangement.
Si vous me permettez, juste pour compléter cette réponse,
en disant: II arrive très souvent que, au ministère, lorsque nous
recouvrons un compte, nous envoyons, à répétition, des
avis, jusqu'à une mise en demeure; nous n'avons aucune réponse
à ces gestes que nous posons. Et, le geste suivant, c'est une saisie.
Nous devons procéder graduellement, sinon nous n'arriverons jamais
à récupérer. Et lorsque l'ordre de saisie arrive,
très souvent le contribuable se réveille. Là, il dit: II
faut que je parle au ministère. Ce geste-là, qui est assez
menaçant, amène très souvent les contribuables au
ministère et nous concluons des arrangements. Ce que je souhaiterais,
c'est que lorsqu'un contribuable reçoit un premier avis qui, très
souvent, n'est pas menaçant, il prenne contact avec le ministère;
alors, les arrangements se prennent beaucoup plus vite et plus facilement.
M. Blank: Sauf que, dans les cas que j'ai mentionnés et
presque tous les cas, les taxes de vente ou de repas, ce n'est pas la taxe
perçue par ces gens-là, c'est la taxe qui était
cotisée après une inspection par un système que je ne
comprends pas jusqu'à présent. On prend une journée et on
fait cela, par extension, à 365 jours et on les cotise. C'est là
qu'est le problème. Et dans presque tous ces cas, il y a des appels ou
des avis d'opposition. Ce n'est pas tellement l'argent qu'ils ont perçu,
c'est l'argent que vous dites qu'ils ont perçu et eux
prétendent
qu'ils ne l'ont pas perçu. C'est là qu'est le
problème. Je suis certain que vous avez eu beaucoup de plaintes des
restaurateurs, de la façon qu'arrivent les cotisations de taxes de
repas. Cela se fait par extrapolation.
M. Cayer: La majorité des cas dans le commerce de repas et
hôtellerie, où nous devons recourir à l'annulation du
certificat d'enregistrement, c'est-à-dire la fermeture de l'entreprise,
c'est parce qu'on n'est pas capable d'obtenir les remises courantes. Autrement,
on ne le fait pas. On le fait, c'est une mesure extrême qui vise, non pas
à nous permettre de récupérer ce qui nous est dû, ce
qui est dû à Revenu-Québec, mais tout simplement pour
arrêter l'hémorragie. Parce que dans un cas où il y avait
strictement une opposition et que le mandataire faisait ses remises courantes,
on ne procéderait sûrement pas à l'annulation de son
certificat d'enregistrement parce que c'est une procédure extrême
qui vise non pas à nous permettre de récupérer ce qui est
dû à Revenu-Québec, mais tout simplement à
arrêter l'hémorragie. S'il y avait strictement une opposition et
que le mandataire faisait ses remises courantes, on ne procéderait
sûrement pas à l'annulation de son certificat d'enregistrement,
parce que c'est une procédure extrême qui amène
jusqu'à l'injonction.
Donc, il faut qu'on soit convaincu, d'une part, que c'est une position
qui peut être une mesure dilatoire ou que les remises courantes ne sont
pas faites. Mais, il faut qu'on ait... il n'y a pas encore eu de cas
d'opposition où on a fermé une entreprise. Il fallait qu'il y ait
autre chose. Les remises courantes...
M. Blank: Vous me donnerez les noms en privé ensuite.
M. D'Amours: II faut ajouter aussi, pour peut-être corriger
une fausse impression, que ces entreprises qui ont fermé en 1983 - par
exemple, nous avons une cinquantaine de restaurants auxquels nous avons
dû retirer le certificat - évidemment 50, c'est 50 de trop, mais
c'est relativement limité.
M. Blank: Quelqu'un qui fait une demande pour un certificat
d'enregistrement, pour quelles raisons le lui refuserions-nous? Sur quelle base
refusez-vous ces enregistrements?
M. D'Amours: Si... Vas-y donc.
M. Cayer: II y en a trois. Si, d'une part, le mandataire est
insolvable ou qu'il doit des taxes...
M. Blank: Non, non, je parle d'une personne qui veut ouvrir un
commerce et qui vous le demande...
M. Cayer: C'est cela. Ce sont ces motifs. S'il n'est pas
redevable de droits au sens de la Loi sur le ministère du Revenu...
M. Blank: Même si cela n'a rien à voir avec un
commerce, une taxe d'impôts personnels? Si cette personne vous doit de
l'argent, il n'a pas le droit...
M. D'Amours: S'il y a arrangement, ou entente avec le
contribuable, il n'y a pas de problème.
M. Blank: Mais, s'il n'a pas d'entente avec... Si cette personne
n'a pas l'argent pour vous payer d'aucune façon, mais qu'elle a
l'occasion d'ouvrir un petit commerce pour gagner sa vie, vous lui refusez un
permis, parce qu'elle vous doit des impôts pour les trois années
précédentes, des impôts personnels qui n'ont rien à
voir avec la taxe de vente? Je me souviens qu'on a mis cette section dans la
loi et des discussions sous la table. Si vous regardez le journal des
Débats, le ministre, qui était le député de
Sherbrooke à ce moment, a dit: Cette section est pour éviter que
les gens qui nous doivent des taxes puissent réouvrir sous un autre nom
ou demander un cautionnement.
Maintenant, vous êtes rendus plus loin. Vous dites que parce que
quelqu'un vous doit des impôts personnels, il n'a pas le droit d'ouvrir
un commerce. C'est loin!
M. D'Amours: II faut, avant de lui donner un certificat, lui
donner un mandat de mandataire. Il est normal, s'il doit des remises de taxes
ou même des impôts, qu'on prenne un arrangement avec lui pour
déterminer comment il va nous les payer.
M. Blank: Mais, il ne le sait pas. Il veut ouvrir un commerce; il
ne sait pas comment. Laissez-lui ouvrir son commerce, ensuite il pourra prendre
un arrangement lorsqu'il saura ce qu'il gagne.
Le cas que j'avais était celui d'une personne qui vous devait
2000 $. C'est un chauffeur de taxi qui vous devait 2000 $ pour les
années antérieures. Son frère lui prêtait 5000 $
pour acheter un commerce. Le prix total du commerce était de 5000 $.
Cette personne qui voulait ouvrir un commerce gagnait peut-être 150 $ par
semaine. Vous avez refusé de lui donner son enregistrement. Son
frère a dû lui donner les 2000 $ pour vous satisfaire. S'il
n'avait pas eu un frère qui avait ces 2000 $, vous empêchiez cette
personne de gagner sa vie. On ne parle de millionnaires, mais de petites gens.
Il s'agit d'un chauffeur de taxi qui veut ouvrir un petit restaurant du coin,
acheter le restaurant au complet pour 5000 $; ce n'est pas un restaurant
tellement
grand. Il y travaille avec sa femme. Après que tout est
réglé, il gagne 150 $ ou 200 $ par semaine.
Si personne ne lui avait prêté ces 2000 $, parce qu'il ne
pouvait vous promettre quelque montant, il n'avait pas un sou en poche, il ne
savait même pas s'il gagnerait durant les premiers deux, trois, quatre ou
six mois d'opération de ce restaurant. Il reçoit une lettre du
ministère lui disant: Si vous n'arrangez pas votre impôt
personnel, pas de permis.
Je trouve cela un peu incroyable après l'objectif de cette
section de la loi. C'est le problème; on met quelque chose dans la loi
et ensuite on l'interprète d'une autre façon. C'est pour cela que
la réputation de ce ministère n'est pas la meilleure au
monde.
M. Dean: J'inviterais le député de Saint-Louis
à soumettre à mon attention des cas réels et
peut-être aussi vos commentaires, vos propositions, vos suggestions. On
pourra les étudier en vue de modifications possibles.
M. Blank: Je peux vous donner la correspondance pour vous
montrer. C'est réglé depuis deux ans.
Les avis de cotisation
Une autre de vos priorités - je finis avec celle-là -
c'était l'amélioration de la qualité, de
l'efficacité du processus de cotisations et de recotisations.
Quelles sont les mesures d'efficacité et quels en sont les
résultats?
M. Dean: Premièrement, il y avait les phrases sur les avis
de cotisation. Nous avions beaucoup de plaintes de la part de contribuables
à savoir qu'ils reçoivent leur avis et les explications ou la
phrase qui était écrite n'était pas claire. Il y aurait eu
un travail de réfection du système de façon que les
phrases d'explication soient plus claires, plus comprenables pour les
citoyens.
M. D'Amours: Le résultat de cela, M. Marcoux vous en avait
fait état, cela a été finalement le remodelage de nos avis
de cotisations d'une part, où vous avez la déclaration faite par
le contribuable tel que nous l'avons saisie à partir de sa
déclaration et les corrections, s'il y a lieu de l'autre colonne avec
les impôts dus ou les remboursements dus.
M. Blank: Est-ce que c'était en vigueur l'année
passée ou si ce sera la première fois cette année qu'on
utilise cela?
M. D'Amours: Non. Cela est nouveau de cette année.
M. Blank: C'est donc la première fois qu'on l'utilise
cette année.
M, D'Amours: C'est la première fois cette année qu'on
l'utilise. C'est-à-dire, qu'un contribuable qui, par exemple, avait fait
sa déclaration à la main, nous aurions saisi un mauvais chiffre.
Si au lieu de saisir 2000, on avait saisi 3000 ou vice-versa, on corrige et on
le recotise en conséquence. Le contribuable nous téléphone
et nous dit: j'ai déclaré 2000, pourquoi est-ce que vous me
corrigez? Vous me dites que j'ai déclaré 3000. Alors à ce
moment-là, on peut corriger rapidement l'erreur ayant accès en
direct au dossier de l'individu sur l'écran.
Nous pourrons très prochainement, d'ici au mois de juin, corriger
avec l'appareil, directement à l'écran pour recotiser
mécaniquement le contribuable de sorte qu'il aura sa recotisation dans
des délais relativement courts. Auparavant, nous devions compter une
soixantaine de jours, sinon plus, pour constituer le dossier physique, le
ressortir, faire l'analyse. C'était excessivement long.
D'autre part, nous avons aussi un deuxième volet qui est
constitué de phrases. Chaque correction qui apparaît sur cet avis
est expliquée par une phrase complète faisant
référence à la loi et à la correction. Je dois vous
dire aussi que chaque fois que nous décelons que le contribuable a omis
de réclamer un droit ou a déclaré une chose pour se
pénaliser lui-même, nous faisons les corrections. Un exemple ici
où on lui dit à la fois, vous avez omis de faire telle
déclaration, de tenir compte de telle chose, ce qui augmente votre
impôt. Par contre, vous avez omis de dire que vous aviez payé de
trop fortes contributions à la Régie des rentes. Nous le
corrigons et nous faisons en sorte qu'à la fois il
bénéficie de ses droits et que nous puissions corriger les
erreurs et qu'il le comprenne.
Je pense que cela illustre bien l'innovation majeure au niveau de la
cotisation.
M. Blank: L'innovation dont a parlé le ministre, quand
vous voyez un état de compte à chaque deux mois, est-ce que cela
fait?
M. D'Amours: Ce n'est pas terminé. On devait lancer ce
système fin janvier, début février, à la livraison
du système. Avant le départ de ce système, nous avons
constaté que les messages qui seraient sortis auraient pu, pour certains
contribuables, jeter la confusion et par conséquent, provoquer un
certain nombre d'appels inutiles. Pour éviter cette confusion, nous
avons plutôt préféré attendre de passer cette
période d'impôt et anticipons publier ces premiers avis à
la fin juin ou au début juillet. Tout le système
informatique est bâti. Nous avons les avis. Nous avons
déjà publié, expérimentalement, un certain nombre
d'avis. Tout fonctionne maintenant normalement. Avec quelques corrections
mineures, tout a démarré. (19 h 15)
M. Blank: Vous avez aussi dit dans vos propos de réviser
le cheminement des dossiers de 46 étapes à une vingtaine. Est-ce
que vous avez eu du succès à atteindre ce but?
M. D'Amours: Non. Par exemple, la recotisation mécanique;
nous réduisons le processus de plusieurs étapes, dont il
était constitué, à une étape dans le sens qu'il y
ait un accès direct à l'écran. Cela concerne environ 200
000 cotes, de mémoire. La moitié, 50% des recotisations annuelles
du ministère vont se faire de cette façon. Ce qui prenait 60
à 90 jours et même plus va prendre quelques jours.
D'autre part, nous avons repris toute cette discussion dans la refonte
des systèmes. Au ministère, nous sommes maintenant engagés
dans la refonte complète des systèmes administratifs et
informatiques. Nous comptons prendre possession des premiers équipements
d'ici un an et demi, cela s'échelonnant sur les trois prochaines
années. Ces systèmes vont reprendre, en somme, tous ces
cheminements.
M. Blank: Une autre de vos priorités, c'est la
modernisation de vos méthodes de vérification des entreprises.
Quelles sont les actions que vous avez prises et les résultats?
M. D'Amours: Nous avons procédé à
compléter presque tous nos échéanciers en termes de
formation des vérificateurs, en termes de...
M. Blank: ...le même film que j'ai vu, comme le
fédéral.
M. D'Amours: Non. Également en termes d'outils de
vérification, de mécanisation. Vous serez peut-être heureux
d'entendre qu'au mois de mai, chaque vérificateur qui se
présentera chez un contribuable ou dans une entreprise aura en main un
document que vous pourriez appeler "charte" - entre guillemets - une sorte de
guide dans lequel nous disons quels sont les droits du contribuable, quelles
sont ses obligations, comment il peut se défendre, quel processus nous
suivons, pourquoi nous venons le visiter, comment nous allons procéder.
Donc, c'est une démarche standardisée. Une fois que nous aurons
terminé, que nous aurons fait une révision, nous
présenterons un projet et nous lui donnerons 21 jours de
réflexion. Le tout est alors remis à un comité de
révision au ministère. Le processus s'entend de cette
façon. La personne vérifiée aura, dans un document, toutes
les démarches à suivre.
M. Blank: C'est une double priorité, ce que je vais vous
demander, parce que cela me fait naître à l'esprit les
problèmes fédéraux. Une de vos priorités,
c'était l'implantation d'indicateurs globaux de productivité et
de performance. Est-ce que ce sont des quotas?
M. D'Amours: Non.
M. Dean: Surtout pas, M. le Président.
M. D'Amours: Je dois vous dire qu'au ministère, nous
sommes aussi en train de revoir toute notre gestion, notre système de
gestion, en s'orientant vers de grandes activités qui sont
calquées sur les grandes lois. C'est à l'égard de
l'administration, de la gestion de ces grandes activités que nous
voulons mesurer notre performance et aussi à l'égard de notre
mission et sur le comment, comme M. Dean l'a rappelé tout à
l'heure. À l'égard du comment, un des indicateurs de performance
que nous voulons développer, c'est la qualité de nos
renseignements au téléphone et autrement, en bâtissant un
système de rétroinformation. Nous voulons savoir aussi, à
partir d'un autre indicateur, dans quelle mesure, lorsqu'un vérificateur
fait un projet de cotisation auquel le contribuable s'oppose par la suite et
qu'il y a notification du ministre, la vérification qui a donné
lieu à une opposition constitue une vérification de
qualité. Avec le suivi des oppositions, nous pourrons avoir un retour
sur la qualité des vérifications. C'est ce genre d'indicateurs
globaux que nous développons. C'est très loin de...
M. Blank: La dernière que vous avez ici est:
élaboration d'un programme de motivation des employés. Est-ce que
c'est le cadeau qu'on donne au fédéral pour des faillites?
M. Dean: Encore, M. le Président, surtout pas.
M. D'Amours: Je dois vous avouer qu'aujourd'hui j'ai fait un
cadeau au ministère. Nous avons envoyé des fleurs à nos
gens à l'accueil pour souligner l'appréciation que nous avons
reçue. Cela a été un cadeau du sous-ministre et du
sous-ministre adjoint. C'est dans le domaine des cadeaux. En ce qui concerne
ces programmes-ci, ils sont tous suivis. Ces programmes sont nombreux, comme
vous pouvez le voir. Ils existaient déjà au ministère,
mais nous avons mis l'accent sur certains d'entre eux.
M. Blank: J'ai certaines questions
générales. J'ai vu une lettre dans The Gazette
récemment. Un anglophone s'est plaint qu'il n'a pas reçu son
formulaire à domicile. Il a dû se rendre au bureau du
ministère à Montréal. On lui a dit que les formulaires
anglais pour les déclarations abrégées n'étaient
disponibles qu'à Québec. Est-ce que c'est vrai?
M. D'Amours: Cela m'étonne. Cela doit être vrai
puisque vous le dites...
M. Blank: Mais, votre service de "clipping" ne vous a pas
donné...
M. D'Amours: ...mais, ce n'est pas dans l'ordre des choses. Comme
je vous l'ai dit, ce n'est pas dans l'ordre des choses.
M. Blank: Parce que j'ai vu une lettre dans The Gazette, cette
personne se plaint du contraire de ce que le député de Berthier
s'est plaint l'autre jour.
M. Dean: M. le Président, peut-être que la question
du député de Berthier c'est carrément une de ces erreurs
bêtes si sur la question de l'anglais, le fichier était
indiqué langue française et, par une erreur complètement
inexplicable, le texte était envoyé en anglais.
M. Blank: C'était dans The Gazette du 4 avril 1984. La
lettre se lit: For some reasons, I did not receive my personal income tax forms
from Québec Government. So, with considerable inconvenience, I went to
their offices in Complexe Desjardins only to be told that the English short
form was only available from Québec City.
M. Dean: Cela nous paraît invraisemblable, mais si cela est
arrivé on fera en sorte que cela n'arrive plus. Je ne pourrais par dire
que cela n'arrivera jamais, mais cela n'arrivera pas souvent.
M. Blank: Je sais, M. le ministre, qu'une étude au sujet
de la fiscalité des artistes a été faite en 1983 par M.
André Lareau de l'Université Laval pour le compte du
ministère des Affaires culturelles. L'étude du professeur Lareau
indique les mécanismes fiscaux auxquels peuvent recourir les artistes,
met en lumière les lacunes législatives et explore quelques
avenirs pour une meilleure équité fiscale par rapport à
d'autres catégories de contribuables. Est-ce que le ministre du Revenu a
pris connaissance de ce rapport?
M. D'Amours: Nous avons reçu ce rapport
dernièrement.
M. Blank: Oui.
M. D'Amours: Je l'ai envoyé à l'équipe de la
législation en rédaction et interprétation des lois pour
en faire l'étude et le rapport à M. Dean.
M. Blank: Cela veut dire que vous n'avez pas encore le rapport.
Je ne peux pas vous demander quel sera votre...
M. D'Amours: Non, mais ce que je peux vous dire c'est que nous
allons publier, très prochainement, un bulletin d'interprétation
que j'ai signé il y a quelques jours et qui fait état de la
façon dont les artistes sont traités par Revenu-Québec,
comment ils doivent procéder, quels sont leurs droits, quelles sont les
obligations qu'ils ont. On a établi un guide de références
pour les artistes et c'est publié à l'intérieur des
bulletins d'interprétation que nous publions mensuellement avec l'aide
du ministère des Communications.
M. Blank: Une autre...
M. D'Amours: Au sujet du formulaire anglais, M. Blais, qui est
secrétaire du ministère, me rappelle que les formulaires
abrégés sont expédiés par la poste et ne sont pas
distribués aux postes d'accueil. Lorsqu'un contribuable vient chercher
un formulaire, il doit repartir avec une formule détaillée. Il
est vraisemblable, dans ce cas, que voulant une formule anglaise
abrégée il fallait faire une démarche spéciale et
venir à Québec. Je comprends mieux la situation. Il aurait
dû repartir avec une formule détaillée.
M Blank: Mais, voyons, il parle à tellement de personnes,
il peut en voir une centaine. Regardez dans les bureaux de Montréal.
C'est plus facile que de créer des problèmes et des lettres aux
journaux.
M. D'Amours: Vous comprendrez que nous avons un budget de 5 000
000 $ au niveau du formulaire. Nous faisons tous les efforts pour
économiser, mais on gaspille énormément de ces
formulaires. J'ai vu des gens partir du ministère, l'autre jour, avec
des paquets. Qu'est-ce que vous allez faire avec cela? Au cas où j'en
perdrais!
Commerce clandestin d'essence
M. Blank: Je comprends. Il y a un problème au sujet d'un
commerce clandestin d'essence en provenance de l'Ontario. Vous avez certains
inspecteurs qui travaillent pour vous, il semble y avoir un problème
avec ces inspecteurs. Depuis un certain temps, ils n'ont pas le droit
d'arrêter des véhicules pour les inspecter, comme des camions
citernes sans que cela soit fait par un policier provincial ou un officier de
la Régie des transports, c'est-à-dire que ces gens-là
n'ont pas le droit, dans leur qualité d'inspecteur,
d'arrêter un véhicule sur la route pour demander certains
renseignements?
M. D'Amours: C'est-à-dire que nous avons modifié
certaines choses, on leur a retiré la loi de la justice qui
contrôle l'utilisation des feux lumineux, des feux rouges, les
clignotants.
M. Blank: Ils ont des clignotants, mais le clignotant ne vaut pas
grand-chose quand ils n'ont pas l'autorisation d'arrêter et même
ils n'ont pas de radio dans la voiture pour faire venir la police, lorsqu'ils
croient qu'il y a quelque chose d'illégal qui se passe.
M. D'Amours: M. Blank, me rappelle que l'on recommande à
nos inspecteurs de ne pas arrêter les camions qui sont sur la route, en
circulation, mais habituellement ce que nous essayons de faire c'est de
s'entendre avec la Sûreté du Québec - ce que nous faisons
habituellement - qui elle, les arrête ou lorsqu'ils sont
arrêtés, à des postes de faire notre inspection.
Je peux vous dire que ce dossier m'a été
présenté dernièrement, et je suis en train de
l'étudier pour y trouver une solution. Nos inspecteurs se sont plaints.
En fait, c'est qu'ils n'ont pas tous les pouvoirs afin de bien faire leur
travail.
M. Blank: C'est une perte d'environ 10 000 000 $ annuellement
pour les provinces. Chaque camion-citerne venant d'Ontario avec l'essence
clandestine, occasionne une perte de 5000 $ à 6000 $ à la
province. L'autre partie du problème, c'est les camions ordinaires qui
font le plein avec de l'essence du Québec et puis demandent une
ristoune, car ils ont voyagé dans l'autre province ou les autres camions
en provenance des États-Unis qui demandent la ristourne. C'est un petit
"racket" qui s'amorce et ces gens-là, que vous payez pour faire
l'inspection, ne peuvent rien faire. S'ils voient un véhicule, ils
doivent le suivre en espérant qu'il passe un véhicule de la
Sûreté du Québec. Ce n'est pas logique. Au moins
donnez-leur un "citizen band radio" afin qu'ils puissent communiquer avec la
police. Ils n'ont même pas cela. Ils ont des clignotants. J'espère
que le ministère étudiera le problème et fera quelque
chose.
Publicité
En ce qui concerne une question de détails du budget. Dans votre
budget de publicité, l'année dernière dans la
prévision de 1983-1984, sous les termes "campagne annuelle" vous avez
demandé 110 000 $, contrat octroyé durant la même
période 34 600 $, cela veut dire qu'il manque environ 65 000 $ que vous
n'avez pas dépensés. Est-ce qu'il y a une raison
particulière pourquoi vous n'avez pas dépensé cet
argent?
M. D'Amours: Nous avons modifié, en cours de route, nos
projets de publicité, qui devaient s'étendre, si ma
mémoire est bonne, je ne saurais vous préciser, mais il y a eu
une orientation différente prise par M. Marcoux, à cet
égard. Il y a eu une contraction.
M. Blank: Cela veut dire que maintenant vous avez
décidé de changer cette orientation et de retourner au premier,
parce que vous demandez encore 110 000 $ cette année?
M. D'Amours: Cette année, nous avons mis 110 000 $
prévoyant devoir faire de la publicité sur l'impact du livre
blanc et les programmes qui en découleraient. (19 h 30)
M. Blank: L'an prochain nous aurons périmé 65 000 $
aussi, je l'espère. On va économiser un peu d'argent.
Sur la campagne ponctuelle, vous avez dépensé tout votre
argent, même 4000 $ de plus. Quelle est votre intention, cette
année? Quel est le but? Que prévoyez-vous pour cette
année, dans ce programme?
M. D'Amours: Par exemple, nous allons dépenser 30 000 $
pour fins d'appels d'offres, des avis publics et des offres d'emplois; ensuite,
pour des modifications apportées au régime fiscal
québécois lors du discours sur le budget, nous avons prévu
43 000 $.
M. Blank: Et la campagne institutionnelle, l'année
passée, vous avez demandé 107 000 $; vous n'avez pas
dépensé un cent. Et, cette année, vous demandez encore 107
000 $. Est-ce que, cette année, vous allez le dépenser? Si oui,
pourquoi?
M. D'Amours: Cette année...
M. Dean: C'est justement pour faire la publicité autour
des bonnes choses qu'on achète au cours de l'année, M. le
Président.
M. Blank: Je dois dire que, l'année passée, vous
n'avez pas fait de bonnes choses, vous n'avez pas dépensé un
cent!
M. Dean: Oh, on a fait de bonnes choses mais on ne les a pas
publicisées. Non, surtout dans le cadre de la politique d'humanisation
des innovations qui ont été apportées, comme les
versements trimestriels anticipés, les nouvelles façons de
calculer les intérêts ou les nouveaux taux d'intérêt,
la division fiscale à la Cour des petites
créances, les travailleurs et travailleuses au pourboire; on
prévoit une publicité plus accentuée sur ces
points-là, pour bien informer la population.
M. D'Amours: Les 107 000 $ de l'an passé que nous n'avons
pas dépensés, on les avait prévus pour la Cour des petites
créances, ce qui va être en application plus tard; donc, la
publicité va devoir suivre la promulgation. C'est la même chose
pour les travailleurs au pourboire, on prépare la publicité.
M. Blank: En parlant de vos sondages, je les trouve très
intéressants, sauf que je suis curieux. Pourquoi faites-vous un sondage
pour le comparer avec Revenu Canada? Quel est le but de cette affaire? Pour
montrer que Revenu Canada est mieux ou pire que vous? Ou ont-ils
contribué à cette affaire?
M. D'Amours: Écoutez, c'est un choix politique de faire ce
genre de sondage. Nous espérions tirer, comme information, des
indications pour les priorités de cette année. Et voici, si le
fédéral fait mieux que nous dans certains domaines, pourquoi ne
pas le savoir et pourquoi ne pas corriger dans ce sens-là.
M. Blank: J'ai les copies, on avait demandé les copies du
sondage. Est-ce qu'on peut avoir les résultats de ce sondage?
M. D'Amours: Oui. Vous voulez dire les suites qu'on a
données?
M. Blank: Oui. Non, mais les résultats. M. D'Amours:
Oui, oui. M. Blank: Les réponses. M. D'Amours: Oui,
oui.
M. Blank: Est-ce qu'on peut envoyer cela à mon bureau?
M. D'Amours: Les copies du sondage comme tel.
M. Blank: Non, non, les copies, je les ai. Mais je n'ai pas les
résultats.
M. D'Amours: Ce que vous avez, ce sont les questions.
M. Blank: Seulement les questions. M. D'Amours: Ah oui,
les résultats. M. Dean: II veut les réponses. M.
D'Amours: Oui, oui. On en a remis une copie.
M. Dean: Vous ne l'avez pas eue? M. Blank: Non.
M. D'Amours: On a remis la copie à la commission.
M. Blank: Ah oui, celle-là.
M. D'Amours: Je vous en envoie trois. Vous ne l'avez pas eu,
cela? Ah bon!
M. Dean: M. le Président, je vais lui donner ma copie, je
dois en avoir une copie quelque part.
M. D'Amours: II y a les autres aussi.
M. Blank: Dans vos contrats de moins de 25 000 $... Avez-vous les
autres, je veux les autres.
M. D'Amours: Je pense que M. Dean est en train de se
départir des dernières copies qu'il reste.
M. Blank: Oui, c'est cela.
M. D'Amours: On va être obligés d'en faire
photocopier.
M. Blank: Dans vos contrats de moins de 25 000 $, il y a un
élément, consultation pour clarifier les concepts de base qui
serviront à établir la politique de communication de
Revenu-Québec. C'est seulement 1800 $. De quelle politique
s'agit-il?
M. D'Amours: Cette année, on s'interroge sur
l'opportunité d'avoir comme priorité la recherche d'une politique
de communication interne au ministère du Revenu: Comment la
communication entre nos employés peut accroître la qualité
de notre gestion et notre efficacité. Alors, on constate que c'est un
ministère où les interrelations sont multiples. Il s'agit que nos
communications entre nous, à différents niveaux, ou de cadres, ou
d'employés - qui sont dans une chaîne de production ou dans un
suivi de dossier - se transmettent au mauvais moment et, d'une part, il arrive
que c'est le contribuable qui sait avant l'employé telle nouvelle
à la qualité due au travail et la motivation en prend un coup.
C'est dans ce sens que nous faisons ces recherches.
Divers postes
M. Blank: On indique, dans le budget, que les péremptions
incluent des gels de certains crédits dont ceux du programme
d'accroissement des revenus qui est reporté
en 1984-1985, le programme 08 d'administration fiscale 2 190 000 $.
Qu'est-ce que ce programme d'accroissement des revenus? C'est quoi?
M. D'Amours: Bon! C'est un jargon... M. Blank: Pourquoi
est-il reporté?
M. D'Amours: C'est un jargon interne: on distingue recettes et
revenus. Les recettes sont les comptes à recevoir que nous percevons,
que nous mettons dans la caisse. Les revenus sont le fruit de la cotisation qui
est inscrit, comme vous le savez, aux équilibres financiers du
gouvernement, comme une nouvelle cotisation, une création nouvelle. Or,
annuellement, nous avons des projets et revoyons un certain nombre de rapports
d'impôt des contribuables que nous avons déjà
identifiés après un premier examen et susceptibles d'un examen
approfondi. C'est cet examen qui va produire des cotisations
additionnelles.
M. Blank: Vous êtes chanceux que le député de
Hull ne soit pas ici. Il appellerait cela du harcèlement.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges):
L'accroissement du harcèlement.
M. D'amours: Habituellement, ces opérations ne donnent que
très peu lieu à des contestations parce que, finalement, les gens
ont soit oublié ou l'ont déclaré au fédéral
et ne l'ont pas fait au Québec. On constate qu'il y a un écart de
revenus, et c'est à ce moment-là que nous faisons cet
exercice.
M. Blank: Pourquoi avez-vous reporté ce programme?
M. D'Amours: Cette année, nous devions le faire au
début novembre. Finalement, on a jugé que de le faire en janvier
et essayer de faire le tout d'ici la période des impôts,
c'était impossible. On aurait probablement fait des cotisations de moins
bonne qualité et risqué de harceler des gens.
M. Blank: Dans le programme 1 du budget, dans l'administration
fiscale, il y a une diminution de 1,3% par rapport aux crédits
modifiés de 1983-1984. Les éléments de perception et de
vérification diminuent de 14,2% et 1,4% respectivement. Il y avait aussi
une diminution en 1983-1984.
Qu'est-ce qui justifie cette tendance à la diminution?
M. D'Amours: Vous allez me resituer dans les budgets de la
vérification...
M. Blank: Administration fiscale, programme 1.
M. D'Amours: Élément 1: administration fiscale.
Oui. Vous reformulez votre question?
M. Blank: Qu'est-ce qui justifie cette tendance à diminuer
les crédits pour les éléments "perception" et
"vérification"; perception, 14,2% et vérification, 1,4%? Ce qui
veut dire que vous réduisez votre budget. Voulez-vous me donner les
raisons de cette tendance?
M. D'Amours: Nous avons réorganisé le
ministère et ce faisant - je ne sais si je vais vous donner une bonne
réponse pour débuter - nous avons créé deux
directions nouvelles dont une de la perception et du recouvrement qui faisait
partie des opérations; cette nouvelle direction a amené chez elle
des activités qui se trouvaient dans la direction générale
des opérations et des activités qui se trouvaient dans la
direction de la vérification. Cela fait que ces budgets de la
vérification de l'opération sont diminués au profit de
cette nouvelle direction.
D'autre part, il y a eu, dans l'ensemble, des compressions
budgétaires qui ont fait que cela a inévitablement
entraîné des réductions de personnel et nous le
réduisons à la perception. Est-ce que j'ai donné une bonne
réponse?
M. Blank: Dans un autre sens, l'élément soutien
technique a augmenté de 53%, soit à peu près le même
pourcentage d'augmentation que 1983-1984. Cela veut dire que cet article,
soutien technique, a augmenté de plus de 50% pendant deux années
consécutives. Quelles sont les raisons?
M. D'Amours: Vous me permettez de revenir à la
précédente?
M. Blank: D'accord.
M. D'Amours: Le Conseil du trésor, dans ses compressions
annuelles a fixé un chiffre dans la compression, de 86
personnes-année de moins à la perception, ce qui entraîne
nécessairement une réduction à ce niveau.
Je vais être obligé de vous faire répéter
l'autre.
M. Blank: D'accord. L'élément soutien technique a
augmenté l'année dernière de 53%. Cette année, il
augmente encore de 53%. Quelle est la raison de ces augmentations un peu larges
si on peut dire?
M. D'Amours: Soutien technique, voilà! L'an passé,
nous avions mis plus d'ampleur sur le développement des systèmes.
Comme
résultat, par exemple, notre système de cotisation est
plus rapide et plus efficace. Cette année, cela augmente davantage,
parce que nous nous sommes lancés dans la refonte des systèmes
administratifs au ministère qui a entraîné un projet d'un
million et quelques centaines de mille dollars, pour l'an prochain,
additionnels au budget de développement. Cet argent nous est
accordé par le Conseil du trésor pour engager une équipe
de spécialistes dans le domaine.
On a procédé par contrat et le tout s'est finalisé
en janvier. Les équipes sont maintenant au travail et l'année qui
vient sera une année importante de développement. C'est la raison
pour laquelle, au soutien technique, nous avons cette augmentation importante.
C'est pour la refonte des systèmes.
M. Blank: Aussi, l'élément direction et soutien
administratif a augmenté de 14%.
M. D'Amours: Ce sont vraiment des réaménagements,
dans le sens que, par exemple, la Direction générale des
ressources est maintenant responsable d'activités qui se retrouvaient
dans d'autres directions générales, dans une autre direction.
Elles étaient au soutien technique auparavant. On a créé
une nouvelle direction générale, celle de la planification, qui
se retrouve au soutien administratif avec un budget d'une soixantaine de
personnes, donc le budget conséquent. Enfin, je pense que ce sont les
principales raisons qui font que ce budget augmente, des raisons de
réorganisation administrative.
M. Blank: Deux autres questions. Une concerne un cas un peu comme
le mentionnait le député de Bourassa, où le gouvernement
fédéral a donné raison et où vous avez
refusé. Je vais en donner les détails à quelqu'un pour ne
pas mentionner de nom. L'autre question, un peu plus générale,
concerne le même genre de chose, c'est la question des automobiles. Le
système québécois pour les droits de déductions est
différent de celui du gouvernement fédéral,
c'est-à-dire que vous ne prenez pas le kilométrage des voitures
en considération.
M. D'Amours: C'est 2%.
M. Blank: 2%, oui. Pourquoi faites-vous différemment du
gouvernement fédéral? Ne pouvez-vous pas arriver au moins avec le
même... faire ce qu'il fait ou le convaincre de faire ce que vous faites?
Les citoyens n'ont pas besoin de faire deux calculs différents
pour...
M. D'Amours: J'ai une réponse simple, c'est la politique
fiscale qui relève de M.
Parizeau.
M. Blank: Ce qui veut dire que le gouvernement taxe toujours un
peu plus que le gouvernement fédéral.
M. D'Amours: Mais nous avons cependant amélioré la
loi, en décembre, à l'égard des dépenses encourues
pour gagner un revenu. Les articles 62 ont été
libéralisés, si vous me prêtez le mot.
M. Blank: Ce que vous avez pris de trop, maintenant vous le
laissez. Ici, vous prenez encore un peu plus que le gouvernement
fédéral, parce que c'est votre politique d'avoir un peu plus de
taxes.
M. D'Amours: Je me retire là-dessus.
M. Blank: D'accord. Ce sont toutes mes questions. Est-ce que le
député de Bourassa a des questions?
M. Laplante: Non, monsieur. Je pense qu'il y a eu une
entente pour finir vers cette heure. Je ne voudrais pas allonger les
débats.
M. Blank: Moi non plus, mais il faut faire notre ouvrage.
Merci.
M. Laplante: Vous avez bien fait cela. Les
mini-casinos
M. Blank: Oh! excusez-moi. J'avais une autre question. Je vois le
président de la Régie des loteries et des courses du
Québec? J'aimerais savoir du président de cette régie s'il
est au courant de ce fameux rapport ou suggestion concernant les mini-casinos.
Est-ce étudié par la direction? Cela reçoit-il l'appui de
l'administration de la Société des loteries et courses du
Québec d'ouvrir des casinos sur la rue Sainte-Catherine à
Montréal, dans mon comté plus particulièrement?
M. Langevin (Pierre): M. le Président, il s'agit là
d'un domaine qui ne relève pas de la Régie des loteries et des
courses du Québec, mais bien de la Société des loteries et
courses du Québec.
M. Blank: Mais, n'avez-vous aucun contrôle sur la
Société des loteries et courses du Québec?
M. Langevin: Non, ce sont deux entités totalement
indépendantes l'une de l'autre.
M. Blank: Ah! merci.
M. Dean: M. le Président, j'aimerais vous remercier et
remercier le député de Saint-Louis, le député de
Bourassa qui sont
des survivants à cette heure tardive de cette étude des
crédits. Alors, tous mes remeciements.
Adoption des programmes
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Merci M.
le ministre de votre présence de même que celle des gens qui vous
accompagnent mais, avant d'ajourner nous devons quand même
procéder, si vous le désirez, à l'adoption des programmes
du ministère. Donc, à ce moment-ci, l'adoption du programme 1,
l'administration fiscale est proposée.
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges):
Adopté. Programme 2, supplément au revenu de travail et
administration de Logirente.
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Programme
3. Remboursement aux travailleurs autonomes d'une partie de leurs contributions
au Régime de rentes du Québec.
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Programme
4. Contrôle des jeux de hasard et des courses.
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Et une
proposition d'adoption en bloc de l'ensemble des crédits du
ministère.
M. Laplante: Considérant qu'il y a quorum pour l'adoption,
M. le Président, les crédits sont adoptés.
M. Blank: Pas de commentaire.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges):
Adopté. La commission du budget et de l'administration est
ajournée sine die.
(Fin de la séance à 19 h 49)