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(Dix heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente du budget et de l'administration se
réunit ce matin afin d'étudier les crédita
budgétaires du Conseil du trésor et du ministre
délégué à l'Administration pour l'année
financière 1986-1987. Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le
greffier?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a un
remplacement ce matin: M. Chevrette (Joliette) remplace M. Dufour
(Jonquière).
Le Président (M. Lemieux): C'est le seul remplacement, M.
le greffier?
Le Secrétaire: Oui.
Organisation des travaux
Le Président (M. Lemieux): Merci. L'étude des
crédits budgétaires, selon l'article 279 des règles de
procédure de l'Assemblée nationale, a pour objet de scruter
méticuleusement les divers éléments contenus dans
l'ensemble des programmes budgétaires du gouvernement. Permettez-moi de
vous faire part des principales règles qui vont régir cette
commission parlementaire lors de l'étude des crédits de chacun
des ministères.
Avant de permettre, comme le veut la tradition parlementaire, des
remarques d'ordre général ou ce qu'il est convenu d'appeler dans
le jargon parlementaire des déclarations d'ouverture, selon l'ordre
habituellement prévu, soit le ministre, le porte-parole de l'Opposition
et les membres de la commission, permettez-moi de vous faire état des
principaux paramètres qui vont nou3 guider.
En commission parlementaire, quel est le temps de parole des membres?
Selon l'article 284 des règles de procédure de l'Assemblée
nationale et l'article 209, chaque membre peut parler vingt minutes pour chaque
élément d'un programme. Ce temps de parole peut s'exécuter
en une ou plusieurs interventions et 3euls les éléments d'un
programme engendrent un temps de parole. Je fais référence au
chapitre I, Finances, section 1, Crédits budgétaires, des
règles de l'Assemblée nationale. Le temps de parole pour les
membres est de vingt minutes.
Pour le ministre, en -vertu des articles 287 et 209 des règles de
l'Assemblée nationale se dégagent les principes suivants: le
président de la commission doit céder la parole au ministre
lorsque ce dernier désire intervenir à la suite d'une autre
intervention. C'est donc dire que le ministre a le droit d'intervenir
immédiatement à la suite d'un autre intervenant et que le temps
de parole du ministre est de vingt minutes après chaque intervention. Le
ministre peut intervenir aussi souvent qu'il le désire et son temps de
parole est de vingt minutes.
L'habitude, selon l'article 209, est que, au niveau des
déclarations d'ouverture et des remarques générales, le
temps est aussi de vingt minutes. J'ai constaté, dans les autres
commissions parlementaires, qu'on s'est rendu parfois jusqu'à trente
minutes. Mais d'une façon stricte, stricto sensu, comme on pourrait
dire, l'article 209 s'applique, c'est vingt minutes.
L'ordre des intervenants. Souvent les gens se demandent comment on doit
respecter la règle de l'alternance. L'ordre des intervenants est comme
suit, selon les articles 33 et 284. Lors de l'étude des crédits,
les règles de procédure ne précisent aucunement que
l'alternance doive s'appliquer contrairement à certaines autres
dispositions du règlement sur les consultations générales,
l'interpellation ou le débat de fin de séance.
En conséquence, je vais appliquer l'article 33, à savoir
que je vais accorder la parole à celui qui en fait d'abord la demande,
comme cela est prévu à l'article 33 du règlement. Il est
évident qu'une certaine discrétion m'appartient pour
déterminer qui peut prendre la parole. Je vais le faire dans une
certaine équité et, dans la mesure où je pourrai faire
respecter le principe de l'alternance, je le ferai. Mais avant tout je veux
vous souligner que, lors de l'étude des crédits, rien dans nos
règles de procédure ne favorise les membres d'une formation
politique par rapport à une autre. Ainsi, tous les membres de la
commission jouissent de droits éqaux et je veillerai à ce que
chacun d'entre vous puisse exprimer son point de vue.
En ce qui a trait à la règle de la pertinence, selon
l'article 211, ce qui est important au sujet de3 crédits, c'est que les
interventions aient un lien avec un élément de programme. Alors,
la balise est le livre
des crédits, donc parler de ce qui est dans le livre des
crédits.
En ce qui concerne les dépôts de documents en commission
parlementaire, il n'y a pas de dépôt de documents en commission
parlementaire, sauf s'il y a autorisation du président.
Le refus du ministre de répondre. En vertu de l'article 82 des
règles de procédure, le refus du ministre de répondre ne
peut être discuté.
Crédits du Conseil du trésor
J'aimerais souligner que j'apprécie grandement la présence
du président du Conseil du trésor et ministre
délégué à l'Administration. Je lui demanderais de
nous présenter les gens qui l'accompagnent.
M. Gobeil: M. le Président, à ma droite, M. Roland
Arpin, secrétaire général du Conseil du trésor;
à ma gauche, M. Denis Bédard, secrétaire adjoint aux
politiques budgétaires; à sa gauche, M. Georges-Noël Fortin,
directeur des relations du travail au Secrétariat du Conseil du
trésor. J'ai aussi d'autres collaborateurs avec moi, dont, M.
André Dicaire, secrétaire adjoint aux politiques administratives
au Secrétariat du Conseil du trésor.
Le Président (M. Lemieux): L'ordre du jour pour l'ensemble
des membres de la commission est de 10 h 30 à 13 h 30 et, après
les affaires du jour, cet après-midi, jusqu'à 18 h 30, Caisse de
dépôt et placement, pour les membres de la commission; en
soirée, nous reprenons avec le Conseil du trésor, de 20 heures
à 22 heures.
Est-ce qu'il y a des motions préliminaires relativement è
l'organisation des travaux? Cela va, il n'y a pas de problème. M. le
ministre, vous pouvez procéder à votre déclaration
d'ouverture.
Déclarations d'ouverture M. Paul Gobeil
M. Gobeil: M. le Président, mesdames et messieurs les
membres de la commission, la commission parlementaire du budget et de
l'administration est réunie aujourd'hui pour étudier les
crédits du Conseil du trésor. Permettez-moi par une brève
présentation de vous rappeler d'abord le mandat de l'organisme que je
préside et de vous faire part de certaines orientations qui ont
été privilégiées au cours des derniers mois dans
l'organisation du secrétariat qui assiste le Conseil du trésor.
Par la suite, je ferai ressortir les éléments les plus importants
des crédits demandés pour 1986-1987.
Le Conseil du trésor a été créé en
avril 1971 par la Loi sur l'administration financière. Il exerce les
responsabilités et les pouvoirs qui lui sont conférés par
cette loi et par d'autres lois, notamment la Loi sur la fonction publique et la
Loi sur le régime de négociation des conventions collectives dans
les secteurs public et parapublic.
En vertu des responsabilités qui lui sont confiées par ces
diverses lois, te Conseil du trésor est un comité du Conseil
exécutif dont l'objectif premier est de planifier, "réguler",
contrôler et évaluer l'allocation et l'utilisation- des ressources
humaines et financières du gouvernement du Québec. Pour remplir
son mandat, le Conseil du trésor s'appuie sur un secrétariat dont
les objets de travail peuvent être regroupés sous trois grands
secteurs d'activités: les politiques budgétaires, les politiques
de personnel et les relations du travail, ainsi que les politiques de
gestion.
En matière de politiques budgétaires, il est responsable
des prévisions budgétaires du gouvernement et de
l'exécution des dépenses et des engagements financiers
autorisés par l'Assemblée nationale. Il évalue
également les implications financières des projets et des
programmes d'activités soumis par les ministères et les
organismes gouvernementaux dans le cadre de l'évolution des
dépenses publiques.
En matière de politiques de personnel et de relations du travail,
il négocie les conventions collectives dans la fonction publique et
détermine des mandats de négociation dans le secteur de
l'éducation et dans celui de la santé et des services sociaux. Il
établit les politiques générales de gestion du personnel
dans les domaines de l'utilisation des ressources humaines, de l'accès
è l'égalité en emploi, de la rémunération et
des conventions de travail.
En matière de politiques de gestion, il établit le cadre
administratif auquel les ministères et les organismes sont assujettis
pour assurer que les ressources de l'État sont utilisées dans
l'intérêt public et selon des princices de saine gestion,
d'équité et de transparence. Son intervention se manifeste
principalement par l'élaboration et l'application de politiques, de
règlements et de directives portant sur la gestion des ressources.
Au cours des derniers mois, comme vous avez pu le constater en prenant
connaissance du dossier qui vous a été transmis il y a quelques
jours, l'accent a été mis sur les objectifs suivants au Conseil
du trésor: renforcer les actions visant à améliorer la
gestion gouvernementale et émettre des messages implicites dans ce sens
à l'endroit des ministères et organismes; gérer les
finances publiques dans une perspective de réduction des
dépenses, de rareté des ressources, de décroissance des
moyens.
Ce qui est traduit par un effort
constant en vue de contenir les dépenses à
l'intérieur des objectifs fixés et du cadre financier
établi; par la meilleure évaluation possible des implications
budgétaires et administratives des décisions gouvernementales;
par un contrôle plus rigoureux de l'utilisation des ressources
financières et humaines affectées à l'exécution de
ses décisions et, enfin, par l'identification de cibles
spécifiques de réduction des dépenses
gouvernementales.
L'accent a également porté sur la rénovation de
l'administration publique et à cet effet la démarche entreprise
il y a maintenant près de deux ans selon laquelle le Conseil du
trésor encourage la modernisation, la mise à jour, l'innovation
commence à donner des fruits.
Au cours des prochains mois, un véritable plan d'action
gouvernemental devrait être arrêté. Il servira de cadre
général auquel pourront se référer tous les
gestionnaires du gouvernement. Un tel plan proposera, bien sûr, des
objectifs communs et suggérera des démarches pratiques visant
à renforcer l'imputabilité, à développer
l'évaluation de programmes, à améliorer la performance
interne et le service aux diverses clientèles. Mais ce plan
suggérera surtout l'acquisition ou le renforcement de valeurs nouvelles
dans l'administration publique, soit l'efficacité, l'efficience, la
productivité, l'esprit d'innovation, la gestion rigoureuse des
ressources et l'accent mis sur le mérite individuel.
Voilà les quelques observations préalables que je tenais
à faire pour bien attirer votre attention sur le fait que les
difficultés conjoncturelles ne nous font pas oublier une action à
plus long terme qui est moins visible que des gestes plus spectaculaires
peut-être, forcément plus commentés et plus connus, mais
qui ne couvrent pas toute la réalité de développement de
l'administration publique.
En somme, mon double mandat de président du Conseil du
trésor et de ministre délégué à
l'Administration trouve son application dans des démarches à
court et à moyen terme. Comme les gestes visant au redressement d'une
situation financière que nous connaissons bien sont plus connus, j'ai
voulu insister en guise d'introduction sur le second volet de mon mandat quitte
à revenir sur l'ensemble au cours de nos échanges.
Un mot maintenant sur les crédits budgétaires du Conseil
du trésor pour 1986-1987 tels qu'ils vous sont présentés.
Les crédits budgétaires 1985-1986 de 18 570 000 $ passent
à 19 739 300 $ en 1986-1987, soit une augmentation de 1 169 300 $ ou 6,3
%. Cependant, en excluant les dépenses exceptionnelles reliées au
budget 1986-1987, soit l'augmentation des crédits de négociations
de conventions collectives de travail, ainsi que les crédits
accordés au ministre délégué aux Services et
Approvisionnements, l'évolution du budget pour 1986-1987 se traduit par
une baisse de 964 600 $, soit 5,5 % par rapport au budget de 1985-1986.
Si l'on présente le budget par catégories de
dépenses, les crédits demandés représentent 11 854
300 $ pour le fonctionnement et le personnel, 7 119 700 $ pour le
fonctionnement et les autres dépenses et 765 300 $ pour le capital et
autres dépenses. Les crédits reliés au personnel et au
capital ont diminué par rapport à l'année
antérieure, alors que les crédits requis pour les dépenses
de fonctionnement ont augmenté. Cet accroissement est dû, comme je
l'ai déjà souligné, aux négociations collectives et
aux crédits prévus pour le ministre délégué
aux Services et Approvisionnements.
La restructuration a eu pour effet de regrouper les objectifs de travail
du secrétariat sous trois grands secteurs au lieu de quatre et
d'éliminer un poste de secrétaire adjoint. Le nombre de postes
d'encadrement a été réduit de 13,8 % et la masse salariale
de 13,9 % par rapport à l'année 1985-1986, alors que les
effectifs permanents ont connu une baisse de 297 à 284
personnes-année.
Je souligne que la structure de gestion budgétaire qui comprend
cinq éléments connaît un changement mineur,
c'est-à-dire que l'élément 5, qui était en
1985-1986 intitulé: "Centre pour le développement de la
productivité dans le secteur public", est devenu en 1986-1987
l'élément qui regroupe les dépenses relatives au cabinet
du ministre délégué aux Services et
Approvisionnements.
Pour ce qui touche les crédits à voter en 1986-1987,
permettez-moi de vous en faire l'énumération: 3 083 800 $ sont
alloués à l'élément 1, Politiques
budgétaires, soit 16 % de l'ensemble des crédits; 3 917 700 $
sont alloués à l'élément 2, Politiques de gestion,
soit 20 % de l'ensemble des crédits; 7 096 300 $ sont alloués
à l'élément 3, Politiques de personnel et des relations du
travail, soit 36 % de l'ensemble des crédits; 4 981 500 $ sont
alloués à l'élément 4, Soutien administratif et
technique, soit 25 % de l'ensemble des crédits et, finalement, 660 000 $
sont alloués à l'élément 5, Cabinet du ministre
délégué aux Services et Approvisionnements, soit 3 % de
l'ensemble des crédits.
À la suite de l'application de la nouvelle structure du
Secrétariat du Conseil du trésor, certains
réaménagements tant du côté des effectifs que des
ressources humaines ont été effectués entre les cinq
éléments tout en tenant compte des compressions demandées
par le Conseil du trésor.
Voilà, M. le Président, mesdames et messieurs les membres
de la commission,
quelques observations préliminaires. Je suis maintenant à
votre disposition et à celle de la commission pour fournir tout
éclaircissement et information supplémentaire
souhaités.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député d'Abitibi-Ouest,
avez-vous des remarques préliminaires ou des déclarations
d'ouverture à faire?
M. Gendron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, s'il vous plaît!
M. François Gendron
M. Gendron: Dans un premier temps, je voudrais saluer les membres
de cette commission, M» le président du Conseil du trésor
et surtout les gens du Secrétariat du Conseil du trésor qui
l'accompagnent. J'ai eu - je le dis comme je le pense - l'honneur de travailler
avec ces gens pendant quatre années. Ce sont des personnes qui
s'acquittent honorablement de leurs responsabilités administratives, de
leur mission. Je tiens tout de suite à informer ma collègue et
les collègues membres de cette commission que si, tout au cours des
échanges jusqu'à ce soir, nous avons l'occasion de poser des
questions et de nous coltailler légèrement sur certaines
perceptions des choses, d'aucune façon il n'y aura des jugements de
portés sur l'excellente compétence et qualité
administrative des gestionnaires du Conseil du trésor et du
Secrétariat du Conseil du trésor que j'ai eu l'honneur de
connaître, bénéficiant de leur apport considérable.
Je les salue très cordialement.
Je pense que, pour un gouvernement, de même que pour une
Opposition, c'est une belle occasion qui nous est offerte aujourd'hui, lors de
l'analyse et l'étude détaillée des crédits,
d'examiner non seulement les crédits du Conseil du trésor comme
tel, mais les orientations à partir desquelles normalement ont
été prises ces décisions, car ces orientations sont
importantes et méritent d'être longuement analysées et
connues de l'ensemble des citoyens et des citoyennes du Québec.
Le président du Conseil du trésor de n'importe quel
gouvernement est un homme clé. Il est une personne très
importante en termes des responsabilités qu'il a à assumer,
particulièrement dans une conjoncture qu'on peut appeler difficile,
surtout quand un des objectifs de l'État québécois est de
tout mettre en oeuvre pour s'assurer que les finances publiques aient un
état de santé le plus valable possible.
Dans ce sens-là, je pense que cela mérite de prendre le
temps qui nous est accordé aujourd'hui à cette commission pour
faire le tour de l'ensemble des grandes orientations qui ont été
dégagées par celui qui a la responsabilité des finances
publiques.
Le président du Conseil du trésor dans sa
déclaration d'ouverture a voulu insister dans un premier temps sur ce
qu'il a appelé lui-même le second volet de ses
responsabilités en disant; Comme les gestes visant au redressement d'une
situation financière sont plutôt bien connus, il est important
d'insister sur le second volet de ma responsabilité qui est
également celle de planifier, "réguler", contrôler et
évaluer l'allocation et l'utilisation de l'ensemble des ressources
humaines et financières de l'appareil gouvernemental et non pas
uniquement de la structure du Conseil du trésor.
Il est important d'évoquer cela, mais vous me permettrez, M. le
Président, en ce qui me concerne d'insister davantage sur le second
volet parce que toute la psychose qui a été créée
par ce gouvernement-là a porté beaucoup plus sur le second volet,
c'est-à-dire le redressement, disent-ils, d'une situation
financière précaire. Ce ne serait sûrement pas le moment
lors des crédits, encore une fois, de camoufler davantage la
façon dont cela s'est fait, sur quel critère on s'est
appuyé pour exiger ces compressions budgétaires utiles et
nécessaires dans le contexte si on voulait effectivement tenir compte
d'une gérance nécessaire et efficace d'une impasse
budgétaire de 1 000 000 000 $ et non pas de 1 500 000 000 $ - et j'y
reviendrai tantôt -au-delà de ce que l'on appelle
communément les équilibres financiers.
Comme commentaire d'ouverture, je voudrais dire qu'en ce qui nous
concerne, M. le Président, les crédits du gouvernement sont un
net recul pour les régions du Québec et la plupart des acquis
sociaux que nous avions obtenus. On s'apprête de façon
tantôt subtile, tantôt assez bien cachée, à modifier
les règles de financement des services de santé et des services
de l'éducation. On commence à instaurer graduellement, mais
toujours sans le dire, des contraventions, si vous le permettez, à
certains principes bien établis dans la société
québécoise, que ce soit l'universalité des soins de
santé, que ce soit une accessibilité la plus démocratique
et la plus large possible à une éducation de qualité. On
se rend surtout compte qu'il commence à y avoir tout un écart
entre le fameux discours de ces gens-là en campagne électorale et
la dure et froide réalité que les citoyens et les citoyennes du
Québec devront vivre prochainement.
Ces gens-là avaient toutes les solutions il y a à peine
quelques mois et étaient en mesure d'avoir la prétention
d'être d'excellents négociateurs - on y reviendra -et d'excellents
gestionnaires qui, en plus,
connaissaient l'état des finances publiques. M. Bourassa a dit
à plusieurs reprises lors de la campagne électorale qu'il avait
les contacts qu'il fallait, qu'il avait les relations qu'il fallait, qu'il
était économiste et que, dans ce sens-là, il connaissait
très bien la situation réelle des finances publiques. Ceci ne l'a
pas empêché d'offrir un peu fal-lacieusement et
mensongèrement à la population des leurres et de lui faire
accroire qu'il avait ces disponibilités ou ces marges de manoeuvre pour
offrir des choses beaucoup plus alléchantes è la population du
Québec que la réalité qui nous confronte aujourd'hui.
L'opération sera complétée lors du budget du
ministre des Finances qui sera déposé prochainement. Toute cette
opération du dépôt du budget d'un gouvernement qui est une
phase capitale, très importante a été très
habilement amorcée par toute l'opération camouflage qui
caractérise la présentation des documents d'analyse des
différents crédits des ministères et on aura l'occasion de
l'illustrer.
L'ensemble des crédits des ministères subit des
compressions de l'ordre de 1 000 000 000 $ et l'identification de ces coupures
est rendue très difficile étant donné qu'une somme de 530
000 000 $ n'est même pas encore identifiée par le gouvernement. Il
en est ainsi des 175 000 000 $ de crédits périmés nets,
ainsi que d'une somme de 159 000 000 $ de réductions de dépenses
dites diverses et diffuses, pour ne pas dire confuses. De même, les
rationalisations, sous la rubrique absolument fantastique qui s'appelle
"Rationalisation interne" pour une somme de tout près de 200 000 000 $,
apparaissent, en tout cas, pour ce qui nous concerne, n'avoir toujours pas
été identifiées au niveau des différents
ministères.
J'en profite pour dire au président du Conseil du trésor
que mes collègues se font dire au moment même où on se
parle dans différentes autres commissions lorsqu'ils posent des
questions précises, par exemple, au ministre des Communications, au
ministre des Affaires culturelles ou à d'autres ministres qui sont en
train d'étudier les crédits budgétaires: On n'a pas encore
eu l'ensemble des informations que l'on devrait avoir par rapport à nos
propres crédits, par rapport aux propres compressions budgétaires
qui seront exigées de nous. Donc, vous poserez ces questions au
président du Conseil du trésor. C'est ce que je vais faire
pendant les cinq heures qui suivent. (11 heures)
D'autre part, le camouflage qui caractérise également la
compression de 318 000 000 $ au chapitre des réductions de services et
des cessations d'activités se découvre graduellement. Le
président du Conseil du trésor se complaisait, il n'y a pas plus
de quelques minutes, et probablement avec raison, dans sa restructuration
administrative nécessaire du Conseil du trésor... Il disait
lui-même qu'il insistait sur ce volet parce qu'il faisait partie de ses
responsabilités et qu'il était important de faire connaître
à la population l'autre dimension de ses responsabilités. En tout
cas, ce qui a été le plus perçu jusqu'ici, c'est un peu le
qualificatif qu'on lui attribue comme étant l'homme des coupures,
l'homme très sévère et doté d'un instrument pesant.
Ce volet est bien connu et il semblait insister pour dire qu'il avait d'autres
responsabilités: celles de restructurer, de réorganiser
l'ensemble de son outil de contrôle qui est le Secrétariat du
Conseil du trésor avec ses directions de programmes, avec se3
administrations et ses fonctionnaires, pour s'assurer que, dorénavant,
l'État ait un contrôle plus serré, plus suivi. On va parler
de contrôle a posteriori au lieu d'a priori; on va parler
d'imputabilité; on va parler de toutes sortes de choses.
Les ' documents produits pour fins d'analyse et de contrôle
constituent, en ce qui nous concerne, un gros maquillage de la situation
réelle qu'auront à vivre les ministères au cours de
l'année. On aurait été en droit de s'attendre à ce
que le président du Conseil du trésor respecte au moins le droit
des parlementaires d'exercer leurs fonctions de contrôle de
l'Exécutif sans avoir à décoder la vérité.
Cette prétention est partagée également par d'autres.
Qu'est-ce qu'on entend depuis quelques semaines et quelques mois? Diverses
instances qui, règle générale, ont également des
responsabilités dans la société québécoise,
étant associées à la gestion des affaires publiques,
réclament un débat public sur les finances publiques.
Il me semble que ce n'est pas uniquement la prétention de celui
qui vous parle quand on entend partout: Organisation d'un colloque à la
FTQ ou à la CSN, dans les centrales syndicales ou même chez
d'autres intervenants. On a dû commencer avec une demi-heure de retard -
je ne vous en fais pas grief du tout; je suis entièrement d'accord avec
vous - pour la bonne raison que le président du Conseil du trésor
était dans un colloque spécial pour rencontrer des gens et leur
parler de sa responsabilité et de la nécessité de
resserrer toute la question des finances publiques. Cela atteste qu'il y a des
gens qui réclament plus de lumière, plus de clarté, plus
de transparence.
Quels sont vos choix comme gouvernement? Où allez-vous'' Est-ce
que strictement, comme on l'avait déjà vu dans une caricature, on
est en train de préparer un magnifique film québécois
"À soir, on vous fait peur" et qu'à un moment donné les
morceaux vont tomber les uns à la suite des autres, mais sans cette
logique d'ensemble, sans cette présentation générale qui
nous permettrait de déceler d'une façon plus
claire les orientations de ce gouvernement et surtout la capacité
pour certains citoyens et citoyennes du Québec de s'accrocher un
tantinet au discours que vous avez véhiculé et à l'action
observable de la gestion de ce gouvernement?
Cette absence de transparence est également manifeste dans les
décisions que s'apprête à prendre le gouvernement pour
redresser la situation budgétaire. L'opération à laquelle
se livre le gouvernement depuis trois mois est caractérisée par
la psychose du déficit. Un conditionnement de l'opinion publique pour
arriver dans quelques jours, parce que le budget va être
présenté dans quelques jours, et dire: Vous voyez, même si
on a hérité d'une situation budgétaire et
financière absolument inqualifiable et des plus difficiles et que vous
vous attendiez à des coups de massue extraordinaires, on les a
répartis dans le temps et les régions ont assumé la
plupart de ces coups de massue par des compressions. Les gens vont probablement
se rendre compte lors du dépôt du budget que c'est moins pire que
ce à quoi on s'attendait. C'est cela réussir une opération
de conditionnement. Ces gens-là ont de l'expérience dans un tel
scénario. Je pense que c'est ce qu'on est en train de vivre.
Nous de l'Opposition, nous ne serons pas dupes et je pense que la
population non plus. Le camouflage des chiffres ne durera pas
éternellement. On ne pourra pas constamment, dans n'importe quelle
réplique, jeter le blâme sur l'ancienne administration en la
traitant d'irresponsable, parce que cela va cesser un jour. La population du
Québec, le 2 décembre, a fait un changement majeur, vous le
savez, et elle a fait un changement majeur pour que vous assumiez vos
responsabilités. On ne pourra pas, pendant quatre ans, constamment faire
porter sur l'ancienne administration les décisions qui sont prises. On
le verra dans les documents publics au cours de l'étude des
crédits. On pourra les citer à plusieurs endroits: Oui, nous
étions complètement en connaissance de cause de la situation
financière; c'est mentionné dans les documents de l'actuel
ministre des Finances. Malgré tout cela, ces gens ont fait le choix de
déséquilibrer eux-mêmes les finances par des choix
politiques qui sont les leurs et qu'ils ont raison, peut-être, de vouloir
faire.
Les 17, 18 et 19 décembre dernier, cela vous appartenait de faire
des choix politiques et de dire: Bon, un petit coup de hache et on
déstabilise les équilibres pour quelque 220 000 000 $. C'est
votre droit, c'est votre choix, mais il nous appartient de dire à la
population: Un instant, c'est en connaissance de cause, tout en sachant qu'il y
avait une impasse budgétaire de 1 000 000 000 $ et non pas de 1 500 OQQ
000 $, qu'ils ont posé ces gestes.
On va tenter d'informer la population et de dire: Écoutez, on a
écopé, on a été jugés très
sévèrement le 2 décembre. C'est cela la démocratie,
la population pensait qu'il était temps, pour elle, de se doter d'un
autre gouvernement, d'un autre style de gestion, mais la population n'acceptera
pas que vous n'assumiez pas vos responsabilités, que vous camoufliez la
vérité des faits, que vous ne soyez pas en mesure, après
quatre mois de gestion gouvernementale, de nous dire: Oui, on sait exactement
l'ensemble des compressions qu'on va exiger, à quel endroit les
compressions vont porter et la manière dont cela va se dérouler
dans le temps.
Les responsabilités de l'ancienne administration cesseront
bientôt, comme je le disais, d'être suffisantes pour expliquer les
changements draconiens que s'apprête à faire cette administration.
L'attitude pas trop "fair-play" illustrée par le dépôt des
offres gouvernementales qui sont maintenant non négociables est
maintenant clairement découverte. Il faut le faire! Un gouvernement qui,
dans son discours d'ouverture... C'est une première au Québec,
Mme la vice-première ministre du Québec lit le discours
d'ouverture parce qu'on a dû se taper temporairement l'absence du premier
ministre du Québec, qui, lui, a été obligé de se
présenter à deux ou trois élections avant d'entrer en
Chambre. Elle nous dit: Dorénavant, cela va changer. Vous allez voir un
gouvernement de parole, vous allez voir un gouvernement qui va respecter ses
engagements, vous allez voir un gouvernement qui va vouloir être ouvert,
qui va vouloir assumer ce qu'on appelle un dialogue d'ouverture, un
échange par rapport à tout ce qui s'en vient. On va vous mettre
dans le coup. Les négociations, les lois matraques, c'est fini, cela ne
se fera plus dorénavant parce que nous sommes d'accord pour nous asseoir
avec les parties.
J'entendais le président du Conseil du trésor, lors de son
discours à l'occasion du dépôt des offres patronales. Il
était très conciliant, il avait des propos très corrects
par rapport à la situation, sauf les données qu'on pouvait
trouver dans son document. Il n'a pas dit, que je sache, que les
négociations qui s'entreprenaient, c'était une espèce de
"crois ou meurs". Comment interpréter - on le verra tantôt plus
profondément dans les questions, mais je le demande dans ma
déclaration d'ouverture -une déclaration du président du
Conseil du trésor qui nous dit: La loi 37 est là pour demeurer un
certain temps, elle mérite d'être expérimentée, on
doit vivre avec? La loi 37 prévoit que, la première année
- la première année, pas les deux autres - les salaires sont
négociables. Autrement, que voulez-vous qu'on fasse? Il n'y a plus de
négociation si, au moins la première année, ils ne sont
pas négociables. C'est dit
ouvertement, il le dit dans sa déclaration d'ouverture. Bien
sûr qu'on va négocier les salaires, sauf qu'après que les
dépôts sont faits ce n'est plus négociable. Le
président du Conseil du trésor nous dit: La masse salariale du
gouvernement n'est pas négociable. C'est 3,5 % et vous vous arrangez
avec vos troubles, indépendamment de certains principes qu'on fera
valoir, tantôt, sur la comparatibilité des secteurs privé
et public.
Je pense que le moment est venu, en ce qui nous concerne, de demander au
président du Conseil du trésor - je pense qu'on a quatre heures
pour le faire - d'être franc, honnête, comme il l'a dit à la
population du Québec. Il a dit qu'il était un gestionnaire du
secteur privé, qu'il avait l'habitude d'appeler les choses par leur nom
et de parler franchement à la population du Québec et qu'il
n'avait rien à cacher. Justement, je ne veux pas qu'il ait quelque chose
à cacher. Alors, pendant cinq heures, il faudrait qu'on ait l'occasion
ici d'avoir réponse à nos questions.
J'aborderai donc, au cours de l'étude des crédits
détaillés, les éléments suivants. Je suis toujours
dans un cadre général, avant de discuter comme tels les
programmes, puisqu'on va y revenir ce soir. Je vais y revenir
précisément, mais je suis toujours dans la présentation
générale. J'aimerais que le ministre responsable du Conseil du
trésor et président de l'ensemble de la gestion des finances
publiques du gouvernement du Québec nous indique les critères qui
l'ont guidé et qui ont guidé son gouvernement dans l'imposition
des compressions budgétaires pour plus de 1 000 000 000 $.
C'était quoi, ces grandes lignes, ces grandes orientations? Est-ce que
pour lui la vocation sociale et la vocation culturelle d'un État
québécois, c'est secondaire, ce n'est pas important? Dans un
contexte de difficultés budgétaires, on doit avoir une
préoccupation de "business", cela a déjà été
dit, une préoccupation comptable et, au plus "sacre monde", au plus
vite, si vous me permettez l'expression, que les colonnes balancent'. Le reste,
les acquis sociaux, toute l'identification culturelle, tout ce que nous sommes
comme société, qui a un passé historique qui s'est
imprégné dans l'ensemble des régions du Québec,
c'est secondaire. Un jour, on verra si on est capable de donner suite à
cela, la dimension culturelle, la dimension sociale.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, si je comprends bien, vous êtes en train
d'établir les différents paramètres que nous regarderons
à chacun des éléments de la structure budgétaire au
niveau du programme I. Est-ce que c'est ça que vous êtes en train
de nous dire?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Si je comprends bien...
M. Gendron: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Gendron: ...c'est cela, avec peut-être cet
exemple-là. Mais il me reste à peu près cinq minutes de
commentaires généraux.
Le Président (M. Lemieux}: C'est ce que j'allais dire,
c'est inclus dans le cadre de votre déclaration d'ouverture. Cela va, M.
le député d'Abitibi-Ouest, vous pouvez continuer.
M. Gendron: Deuxième chose qu'on va discuter à
fond, c'est de rectifier le niveau réel du déficit en assumant
les choix qu'a faits son propre gouvernement; qu'il nous précise le
rôle du Conseil du trésor dans la perspective d'un gouvernement
d'affaires, d'un gouvernement "business", qu'il nous précise les
véritables intentions du gouvernement à l'égard des soins
de santé et de l'éducation et qu'il clarifie les remarques qu'il
a faites lors d'une déclaration au journal Les Affaires en disant: Moi,
je vais essayer de faire porter d'une façon très claire la
facture sur les usagers plutôt que les contribuables. J'aimerais qu'on
puisse discuter de cela à fond parce que c'est capital comme
orientation, c'est important.
Qu'il révèle clairement les intentions du gouvernement
è l'égard de l'imposition d'un ticket modérateur, parce
qu'on peut bien jouer aux enfants d'école et ne pas s'entendre sur les
termes, mais il n'en demeure pas moins que, chaque fois qu'on restreint
l'universalité, si cela n'a pas l'effet d'un frein modérateur, je
me demande ce que cela signifie. À ma connaissance, on peut avoir peur
du nouveau, on peut avoir peur de l'appellation. L'appellation peut avoir
été évoquée par l'ancienne administration, ce n'est
pas le genre de réponse que je veux avoir. Je le sais, j'y étais
de l'ancienne administration. Donc, oui, cela a été
évoqué. Sauf que, là, c'est vous qui êtes au pouvoir
et c'est vous autres qui commencez graduellement à imposer
carrément un frein à l'utilisation de services pour les usagers
québécois dans les secteurs vitaux comme la santé,
l'éducation et d'autres. Je pense que cela doit s'appeler par son nom.
C'est bel et bien l'imposition d'un ticket modérateur et, dans ce
sens-là, j'aimerais avoir un discours franc, ouvert, qui précise
exactement c'est quoi vos orientations et vos intentions.
Qu'il nous dise, enfin, quelles sont les vraies solutions qu'a ce
gouvernement à l'égard des finances publiques parce que sur cela,
M. le Président, on va insister énormé-
ment.
Toujours dans les considérations générales, ce qui
était étonnant lors du dépôt des crédits -
j'ai été également étonné que cela ne soit
pas repris plus que cela -dans le propre document de M. Gobeil, aux pages 10 et
11 de son texte de présentation, c'est de voir comment il a
insisté pour dire: Tout ce que je fais là ne règle rien.
C'est cela qui est grave: Tout ce que je fais là ne règle rien.
Il le dit clairement. Encore là, j'en profite pour dire qu'au moins il
avait conscience que le même effort qu'il fait, qu'il impose aux citoyens
et aux citoyennes du Québec, avec d'autres critères, avec
d'autres orientations, a été fait par l'ancien gouvernement
puisqu'il disait lui-même: Les contraintes imposées aux citoyens
et citoyennes du Québec, dans le fond, cela fait trois, quatre ans qu'on
est obligé de jouer avec cela. Cela fait quatre ans que le gouvernement,
comme État, est pris avec des difficultés et qu'il continue de
faire face à un déséquilibre financier persistant. C'est
le ministre responsable et président du Conseil du trésor qui
parle.
Par contre, à la page 11, il ajoute ceci: Au-delà de tout
ce que je vous ai dit sur ces difficultés et ces contraintes
budgétaires, "si on ajoute à ce constat les engagements
financiers qui découlent de nos régimes de retraite et le poids
des programmes de sécurité du revenu, on peut prévoir que,
si rien n'est fait par notre gouvernement, l'État
québécois va continuer à chaque année à
faire face au même dilemme."
Je ne suis pas un spécialiste, mais je prétends qu'il a
complètement raison. Il a tout à fait raison, les lapins ou les
chèvres qui causent les difficultés des finances publiques ont
été clairement identifiés. Ce n'est pas parce que on va le
voir tantôt dans les documents plus précis du Conseil du
trésor - on dit: Bien, écoutez, on va créer un
comité de sages au Conseil du trésor avec l'aide du
secrétaire général, de son adjoint et ainsi de suite, pour
faire des efforts pour identifier davantage les causes, qu'on va avancer. Les
causes sont claires, elles sont identifiées. (11 h 15)
Moi, je vais vouloir vous entendre un peu sur le quoi et le comment
faire, puisqu'à la page 11 de votre conclusion vous-même, vous
mentionnez qu'il faudra s'attaquer à ces problèmes. On ne nous
dit pas comment, on ne nous dit pas ce qu'on va faire. "Nous allons continuer
l'évaluation des programmes gouvernementaux et éventuellement
d'autres services sont susceptibles d'être remis en question." Ah bon!
C'est important de savoir cela. Lesquels? "Mais pour réduire le
déficit à un niveau acceptable et de façon durable, il
faudra modifier - et là je trouve que c'est fondamental - les
paramètres qui sont la cause de la croissance des coûts." Cela,
c'est fondamental.
M. le Président, en conclusion de mes remarques
préliminaires, la population du Québec est en droit de s'attendre
de tout gouvernement qu'il joue franc jeu sans ambiguïté et qu'il
indique clairement ses choix, même si cela est difficile. Je reconnais
que c'est difficile. Je pense qu'on ne peut pas jouer avec la population. La
période qui est devant nous est une période, selon le nouveau
gouvernement, où il y aura des choix difficiles qui seront faits parce
que le responsable actuel des finances publiques du gouvernement du
Québec a dit publiquement, et je lui en suis très reconnaissant,
ce qui suit: Je vais gérer cela d'une façon très
serrée. Avec un gestionnaire qui veut gérer les finances
publiques d'une façon serrée, on peut être en
désaccord sur certaines perceptions ou certaines façons de le
faire, mais, au moins, il me semble qu'il faudrait être en accord pour
s'assurer que cela devient du domaine public, puisque ce sont les contribuables
qui, finalement, par voie de personnes interposées, exigent que les
finances publiques soient gérées d'une façon efficace et
serrée, mais connue, au vu et au su de tout le monde. Donc, qu'il
indique clairement les choix et qu'il précise la voie qu'il entend
prendre pour faire entrer la société québécoise
dans les années quatre-vingt-dix. Nous avons toutes les raisons
d'appréhender des reculs énormes par rapport aux acquis sociaux
des années passées. Si ce n'est pas le cas, il a une occasion en
or de nous le préciser et de calmer nos appréhensions, nos peurs
maladives ou nos exagérations de prétentions, si c'est
effectivement un point de vue différent partagé par le
président du Conseil du trésor.
Cela ne veut pas dire que, comme Opposition, nous ne savons pas que les
choix sont difficiles. On le sait, au contraire, puisque, de toute
façon, on l'avait indiqué nous-mêmes lors de la campagne
électorale: II n'y a pas de marge de manoeuvre, ça va être
"rough"; si nous sommes réélus, nous aussi, on va devoir
comprimer pour 1 000 000 000 $. Cela est écrit dans les documents
postérieurs à l'élection; donc, c'était connu, ces
éléments. C'était très clairement connu de Ja
population du Québec. Donc, comme Opposition, on ne souffre pas
d'amnésie, contrairement à ce qui a été
mentionné par certains. On n'est pas amnésiques, sauf que jamais
on ne me fera accroire, M. le président du Conseil du trésor, que
la situation de 1986 est celle de 1982 pour certains choix. La situation en
1986 sur le plan économique n'est pas du tout la même, ce n'est
pas celle de 1982. On peut convenir que le gouvernement du Québec est en
difficultés budgétaires, mais sûrement pas en crise
économique et sûre-
ment pas en crise économique comme en 1982 avec la flambée
des taux d'intérêt et avec un produit national brut qui
était en décroissance plutôt qu'en croissance. Nous sommes
en période de prospérité économique sur le plan du
développement économique du Québec. Il y a des
difficultés budgétaires, nous en sommes. On va en parler, mais il
va falloir faire des choix, justement, pour ne pas casser, pour ne pas briser
ce rythme de redémarrage économique de la société
québécoise.
Cela ne veut pas dire que, comme Opposition, nous ne sommes pas
convaincus qu'il faut être un partenaire associé à ces
choix difficiles. L'État, ce n'est pas quelques individus venant du
milieu des affaires. On respecte le milieu des affaires comme ce n'est pas
possible, parce que le milieu des affaires a contribué
énormément à l'avancement de la société
québécoise. Mais il y a d'autres individus dans la
société. L'État québécois, c'est seulement
quelque 6 000 000. Mais ces 6 000 000, ce ne sont pas 5 800 000 hommes
d'affaires. Il y a d'autres segments de la population qui sont
représentés. Ils ont le droit de vivre, ils ont le droit de
s'exprimer, ils ont le droit d'avoir les cartes sur table.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, je ne voudrais pas vous restreindre, vous concluez.
M. Gendron: Je conclus.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député. Vous avez déjà dépassé votre
temps de quatre minutes 32 secondes, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Vous êtes gentil, mais il y a une vieille
tradition qui veut que les crédits, c'est surtout pour que l'Opposition
puisse poser des questions sur l'appareil gouvernemental.
Le Président (M. Lemieux): Respectueux des traditions
parlementaires, M. le député, je vous permets de conclure.
M. Gendrom Je vous entends et je conclus dans une phrase.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Gendron: Je voudrais que les crédits du Conseil du
trésor nous permettent d'éclairer davantage les citoyens et les
citoyennes du Québec non pas uniquement sur ce qui a été
fait, mais surtout sur ce qui s'en vient. Je suis convaincu que le ministre
délégué à l'Administration et président du
Conseil du trésor, de même que ses étroits et fiables
collaborateurs, vont nous aider à nous acquitter de cette
responsabilité dans ce sens.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le président du Conseil du
trésor.
M. Paul Gobeil (réplique)
M. Gobeil: M. le Président, à entendre le long
exposé du député d'Abitibi-Ouest, on se penserait
quasiment en campagne électorale. Pendant les minutes qu'il a prises,
j'ai entendu beaucoup plus de critiques que de choses constructives. J'aurais
pu comprendre la teneur d'un tel discours à la fin de l'étude des
crédits, en supposant que le député d'Abitibi-Ouest n'ait
pas été satisfait des réponses. Mais il l'a fait sans
connaître tous les éléments et il n'était
probablement pas en mesure de comprendre tout ce qui a été
déposé. Je ne l'en blâme pas, c'est quelque chose de
compliqué. Que je sache, le député d'Abitibi-Ouest n'a pas
une formation de comptable et ce n'est pas un reproche, loin de là. Mais
soyez sûr d'une chose: quand j'entends le député
d'Abitibi-Ouest parler de camouflage, j'aimerais bien savoir
précisément ce qu'il veut signifier par là. Qu'il me dise
qu'il y a certaines choses qu'il n'a pas comprises, on est ici, en commission
parlementaire, pendant les cinq prochaines heures pour, justement,
éclairer les membres et, du fait même, le député
d'Abitibi-Ouest sur les questions qu'il aurait à poser.
Quand il dit que le président du Conseil du trésor se
complaît à parler de restructuration, je veux I'a3surer que je ne
m'y complais pas du tout. Je considère que c'est dans mon rôle et
dans mes attributions, à titre de président du Conseil du
trésor, de voir à la modernisation, à la restructuration
de la gestion de l'appareil gouvernemental et j'ai l'intention de m'y consacrer
corps et âme.
Je l'ai entendu mentionner aussi que les gens sont inquiets. C'est un
fait, je pense que les gens sont inquiets. Ils sont inquiets surtout de
l'administration des dix dernières années. Je pense qu'il y a un
changement d'orientation qui s'est imposé, que le gouvernement actuel
s'est imposé depuis le 2 décembre, et les gen3 veulent comprendre
quelle est cette orientation. Nous sommes tout à fait disposés
à leur exposer ouvertement et clairement quelle est cette
orientation.
Peut-être que le député d'Abitibi-Ouest aurait
souhaité qu'on continue la démarche bien connue de l'ancien
gouvernement qui passait par de longues étapes de consultation, de
concertation lourde, de publication de volumineux dossiers successifs, passant
du livre blanc au livre vert, au livre bleu. Cette démarche dans le
temps était sans doute respectable, mais le député
d'Abitibi-Ouest
admettra qu'elle a laissé les finances publiques dans un
état bien fragile et très peu reluisant.
Nous avons opté pour une démarche différente, une
démarche concrète et transparente. D'ailleurs, le document qu'a
publié le ministre des Finances le 5 mars dernier fait preuve de cela.
Nous avons opté pour une démarche pragmatique et centrée
sur des objets précis de réduction des dépenses, qu'on
aura l'occasion d'expliquer dans les prochaines heures. Nous avons choisi -
j'espère qu'on ne nous le reprochera pas -de livrer le produit
annoncé pendant la campagne électorale. Ce produit s'appelle
réduction des dépenses publiques et des choix selon nos moyens,
en mettant l'accent sur l'essentiel et en protégeant l'essentiel des
acquis sociaux. Je voudrais juste, pour éclairer le député
d'Abitibi-Ouest, reprendre certains commentaires que j'ai exposés ce
matin au colloque auquel j'étais invité, où j'ai dit
clairement qu'il y a une nouvelle relation à établir entre la
population et le gouvernement. Le temps est venu de s'expliquer clairement sur
ce que le gouvernement doit faire, mais aussi sur ce qu'il ne doit pas
faire.
Le gouvernement doit cesser de laisser croire aux citoyens que les fonds
dont il dispose sont illimités. Le gouvernement doit cesser de laisser
croire qu'il est là pour gérer tous les désirs, toutes les
aspirations, tous les besoins. Le gouvernement doit cesser d'agir comme s'il
était le seul gestionnaire, le seul grand administrateur» Le
gouvernement doit cesser d'envahir tous les champs et tous les domaines. Il
doit cesser de gérer à la fois des pentes de ski, des zoos, des
écoles, des centres de recherche et quoi d'autre. Le gouvernement doit
cesser de se donner des moyens administratifs et des services toujours plus
gros, toujours plus tentaculaires. Le gouvernement doit cesser de croire et
d'affirmer qu'il doit fournir dans toutes les régions, à tous les
individus toute la gamme de services publics possibles.
Je pourrais continuer longuement ici, mais je voudrais plutôt
insister sur ce que le gouvernement, è mon point de vue, doit faire. Le
gouvernement doit occuper une place très importante dans les domaines de
la culture, de la santé et de l'éducation. C'est une
préoccupation qu'a mentionnée le député
d'Abitibi-Ouest. Ceci ne veut pas dire que le gouvernement doit financer tous
les niveaux de services dans ces différents domaines. Là comme
ailleurs, il existe des services de base, des services indispensables dont
doivent bénéficier tous les citoyens quelle que soit leur
condition particulière. Mais il n'est pas vrai d'affirmer que
l'État doit toujours et toujours payer.
Il y a une différence importante, par exemple, entre
l'enseignement obligatoire et des sessions de cours de perfectionnement, entre
les services de santé de première ligne et certains services
accessoires. Toutes les prothèses ne sont pas indispensables. Tous les
soins ne sont pas des droits fondamentaux. Je pourrais étendre
longuement ces réflexions à bien d'autres domaines, comme le
transport, le loisir, le tourisme et les communications.
Nous avons choisi de parler directement à la population,
d'exprimer clairement è la population la situation financière du
gouvernement du Québec, contrairement à l'ancien gouvernement
qui, pour reprendre le terme du député d'Abitibi-Ouest, a
camouflé certaines choses. Il a camouflé, lors du
dépôt du discours sur le budget du 23 avril, qu'il y aurait un
dépassement du déficit prévu de 1 292 000 000 $.
Ce n'est pas moi qui invente les chiffres. Ce n'est pas, non plus, le
ministre des Finances qui les invente. Dans un document qui s'appelle "Les
finances publiques du Québec, L'urgence d'un redressement",
publié le 5 mars 1986, à la page 8, troisième colonne,
nous voyons un titre, "Révision de novembre 1985", qui nous expose
clairement, en bas de la page: grand total, variation du déficit depuis
le 23 avril - négatif évidemment - 1 292 000 000 $. Je
considère que le gouvernement précédent aurait dû
aviser la population de cet état de fait, qu'il connaissait, d'ailleurs,
dès la fin de mai 1985, quant aux 1 262 000 000 $. La colonne 3 nous
révèle ce chiffre et, un mois après la présentation
du budget du 23 avril 1985, cet état de fait était connu. Il n'a
pas été expliqué et clairement défini, clairement
exprimé à la population du Québec.
Ceci se veut une mise au point. Je suis à la disposition des
membres de cette commission pour expliquer clairement, ouvertement et
positivement les actions, l'esprit qui a motivé la présentation
des crédits de l'exercice 1986-1987. Tout en étant conscient que
les critiques font partie des discussions et permettent souvent des
éclaircissements, j'ose croire que les prochaines heures que nous
passerons ensemble seront d'abord orientées de façon que cette
commission parlementaire puisse permettre à la population du
Québec de connaître ouvertement et clairement la position du
gouvernement et la situation financière du gouvernement du Québec
au moment où on se parle et celle qui est prévue pour l'exercice
1986-1987.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président.
Vous avez terminé, M. le président du Conseil du
trésor?
M. Gobeil: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé?
M. Gobeil: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. te président
du Conseil du trésor. Afin d'éviter des tensions ou accrochages
qui pourraient survenir lors de l'étude de ces crédits
budgétaires, j'aimerais que, de part et d'autre, les groupes
parlementaires s'adressent directement au président de la commission.
(11 h 30)
J'ai remarqué, M. Bélisle et M. Chagnon, que vous avez
levé la main tout à l'heure. Vous savez que nous avons une
enveloppe de cinq heures relativement à l'étude des
crédits et il faudrait quand même limiter notre espace de temps
relativement aux remarques préliminaires. J'aimerais savoir, M.
Bélisle, député de Mille-Îles, s'il s'agit
effectivement de remarques préliminaires que vous voulez faire.
Voulez-vous être le plus succinct possible relativement è vos...
Oui, M. le député d'Abitibi-Ouest, avez-vous une question de
règlement?
M. Gendron: Non', M. le Président. Le Président (M.
Lemieux): Non?
M. Gendron: On est capable de faire cela en grands
garçons. Je veux simplement indiquer que je n'ai aucune espèce
d'objection à ce qu'on ait l'éclairage absolument flamboyant de
M. le député de Mille-Îles et d'autres collègues en
termes de remarques préliminaires, mais, règle
générale, durant les crédits, je vous indique que c'est
à peu près une proportion de 90 % du temps qui est
utilisée par l'Opposition et 10 % du temps par les ministériels
et même plus que cela dans certains cas. Je n'ai pas d'objections
à condition que ces gens-là soient conscients qu'après
qu'on commencera le débat plus précis sur les crédits il y
ait plus long de questions directement entre le critique responsable de
l'Opposition et le président du Conseil du trésor.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, il y a effectivement un droit consacré selon lequel les
membres de chacun des groupes parlementaires peuvent intervenir et, en effet,
ils peuvent aussi faire ce qu'on pourrait appeler des remarques
préliminaires. Il n'en demeure pas moins que nous avons effectivement
cinq heures. Le présent mandat - et là-dessus je dois acquiescer
à votre demande - dit que nous sommes réunis ce matin afin
d'étudier les crédits budgétaires du Conseil du
trésor et du ministre délégué à
l'Administration pour l'année financière. En conséquence,
M. le député de Mille-Îles, relativement à vos
remarques préliminaires, êtes-vous en mesure de limiter votre
temps à environ trois à cinq minutes au maximum?
M. Bélisle: J'irais plutôt vers les cinq minutes, M.
le Président.
Le Président (M. Lemieux): Cinq minutes? Est-ce que cela
peut satisfaire le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Jean-Pierre Bélisle
M. Bélisle: M. le Président, je vous remercie
beaucoup. J'aimerais remercier, bien entendu, toutes les personnes ici
présentes, aujourd'hui, pour la collaboration qu'elles vont certainement
apporter aux membres de la commission dans l'étude des crédits du
Conseil du trésor. Je voulais d'abord, M. le Président - et je
m'adresse à vous - vous féliciter pour l'excellente
décision que vous avez rendue au début de nos travaux de ce
matin. Je fais référence à l'article 280 où vous
aviez bel et bien compris qu'il s'agit d'une étude en commission
plénière et que les fameuses règles soi-disant
invoquées par le passé pour répartir le temps entre les
deux partis, le parti ministériel et le parti d'Opposition, dans les
proportions de 90 - 10, ce sont des règles qui, selon moi, sont
totalement révolues. Si, comme le disait si bien le député
d'Abitibi-Ouest, il veut faire...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît! M. te député de
Mille-Îles, s'il vous plaît, j'aimerais vous faire remarquer que,
dans un premier temps... M. le député de Lévis, s'il vous
plaît! M. le député de Mille-Îles, nous ne sommes pas
en commission plénière.
M. Garon: J'aimerais que vous arrêtiez de me nommer quand
je ne vous parle même pas, M. le Président!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je m'excuse, c'est que je croyais que vous vouliez adresser la
parole, eu égard au fait...
M. Garon: Bien oui! Mais je n'ai pas ouvert la bouche!
Arrêtez donc de me nommer!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît! ...eu égard au fait que le
député de Mille-Îles n'avait pas terminé son
intervention. Je m'en excuse et, à l'avenir, j'attendrai que vous
prononciez les premiers mots avant de citer votre nom, M. le
député de Lévis. Eu égard à la participation
très active que vous avez à chacune des commissions
parlementaires, j'ai
cru que vous vouliez prendre la parole.
M. le député de Mille-Îles, relativement à
l'interprétation du règlement, la présidence est en mesure
de le faire et je suis bien conscient de ce que vous avez dit, mais venez-en
à vos remarques préliminaires, votre temps est déjà
raccourci d'une minute et vous avez cinq minutes.
M. Bélisle: M. le Président, ceci étant dit,
contrairement à ce qui a été dit par le
député d'Abitibi-Ouest sur le camouflage relativement aux
finances publiques, je pense que, jusqu'à présent, aucun
gouvernement au Québec n'a été aussi transparent que le
gouvernement du Parti libéral. D'abord, depuis le 2 décembre, il
y a eu des documents publics qui ont été déposés
sur l'urgence d'un redressement de la situation financière, et le
président du Conseil du trésor, le député de
Verdun, a, à plusieurs reprises, énoncé publiquement, dans
les journaux, lors de conférences de presse, devant des auditoires
spécialisés, les objectifs du gouvernement en matière de
finances publiques. Je ne pense pas qu'on puisse commencer à nous
accuser de camouflage politique en aucune façon.
Je voudrais surtout attirer l'attention des membres de la commission sur
la remarque suivante. Il faut faire le débat sur les finances publiques
du Québec. C'est exact, il faut le faire. Mais le débat sur les
finances publiques du Québec, M. le Président, commence
aujourd'hui et ce sera un long cheminement au cours des deux prochaines
années, en commission parlementaire, dans les ministères
concernés, dans la presse, où tous les intervenants auront
à se poser les questions suivantes. On crie à la vierge
offensée lorsqu'on parle de coupures, de contraintes et tout le reste,
mais ma question est toujours la même: Est-ce que le Québec est un
monde à part des autres mondes qui nous entourent? Est-ce que le
Québec doit continuer à vivre de façon isolée et ne
pas regarder ce qui se fait dans les puissances qui nous entourent?
M. le Président, j'ai souligné, lors du discours
d'ouverture à l'Assemblée nationale, que nos voisins du Sud, qui
représentent la puissance économique la plus importante au monde,
ont eux compris qu'ils avaient besoin...
M. le Président, je voudrais que le député de
Lévis cesse de m'interrompre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, s'il vous plaît, voulez-vous continuer. Le
député de Lévis a assez d'expérience parlementaire
pour savoir ce qu'il a à faire en commission parlementaire. Je ne crois
pas qu'il appartienne à la présidence de lui faire savoir quelles
sont les règles de l'art en cette matière. S'il vous plaît,
voulez-vous continuer et, M. le député de Lévis
voulez-vous m'aider? Brièvement, s'il vous plaît! Allez, M. le
député de Mille-îles.
M. Bélisle: Alors, nos voisins du Sud ont compris, comme
la plus importante puissance économique au monde, que l'on devait
restreindre le déficit annuel du gouvernement américain, en
votant de façon unanime dans les deux chambres, au Sénat et
à la Chambre des représentants, une loi qui porte le nom de
Grann-Rudman, limitant à 144 000 000 000 $ pour l'année courante
le déficit annuel et visant, par une loi votée unanimement,
l'élimination du déficit annuel du gouvernement pour 1991.
Ma question est la suivante: Est-ce que nous sommes si différents
des autres et surtout du pays le plus important, la puissance économique
première que sont les États-Unis, pour ne pas nous poser la
question à savoir: Est-ce que nous devrions emprunter la même
voie? Quelles seraient les conséquences pour un gouvernement du
Québec qui en 1991 n'aurait pas fait le même exercice que nos
voisins du Sud? Si un Québec continuait à banaliser, comme l'a
fait l'ancien gouvernement, un déficit annuel de 3 000 000 000 $, ce
serait catastrophique pour l'économie, les emplois reliés
è l'exportation de tous les biens que nous exportons, et vous savez
très bien que nous exportons au-delà de 40 % de notre production
vers nos voisins du Sud. En 1991 nous deviendrions alors des supernains
économiques. L'urgence de la discussion des finances publiques... La
méthode utilisée par le président du Conseil du
trésor et par le gouvernement actuel est la bonne méthode:
déposer de façon évidente sur la table, M. le
Président, regarder les problèmes et adopter des mesures qui
quelquefois font mal.
Maintenant, une autre question qu'il faut se poser... Le
député d'Abitibi-Ouest a souligné que les commentaires du
président du Conseil du trésor c'est: tout ce que je fais, je
n'ai rien réglé... C'est sûr que, depuis quatre mois, ce
que l'on s'est apprêté à faire c'est de corriger une
impasse budgétaire qui a été qualifiée par deux
membres de l'Opposition, dont un membre de la commission actuelle, à un
journal de Québec, d'impasse budgétaire de 1 000 000 000 $
créée lors du référendum pour obtenir des
votes.
Alors quatre mois d'un premier mandat de gouvernement à corriger
cette bévue, c'est déjà quatre mois de perdus. Est-ce que
le Québec est si différent de sept autres provinces canadiennes -
je ne vous donnerai pas les noms aujourd'hui - qui ne font pas de
déficit annuellement depuis 20 ans? Pourquoi le Québec a-t-il
besoin de faire un déficit?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, voulez-vous conclure.
M. Bélisle: Quelles sont les conséquences du revenu
disponible que les citoyens du Québec n'ont pas dans leur poche, alors
que l'État continue à prendre des ressources que les citoyens
pourraient normalement eux-mêmes dépenser sur les marchés?
Quelle est la valeur du multiplicateur privé par rapport au
multiplicateur gouvernemental?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, s'il vous plaît!
M. Bélisle: M. le Président, toutes ces questions
sont peut-être fort techniques et le débat sur les finances
publiques sera très technique, mais il faudra vulgariser auprès
des électeurs et des citoyens du Québec. Je suis assuré
d'une chose, c'est que la commission du budget et de l'administration a un
rôle excessivement important à jouer. Je suis d'autant plus
convaincu que mes collègues du Parti libéral du Québec qui
sont de ce côté-ci de la table feront un travail impeccable parce
que nous voulons donner au Québec, non seulement en 1987 ou en 1986,
mais en 1990 et en l'an 2000, une position qui sera compétitive,
concurrentielle et comparable à celle des États qui nous
entourent et des États avec lesquels nous faisons affaires. Nous ne
voulons pas pénaliser les citoyens du Québec.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, pour la dernière fois, est-ce que vous avez
terminé?
M. Bélisle: M. le Président, ce sont mes
commentaires préliminaires qui sont très raccourcis.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le député de
Saint-Louis, cinq minutes s'il vous plaît!
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Je vais essayer d'en prendre moins, M. le
Président. Quelques commentaires préliminaires. Je voudrais faire
miens, tout d'abord, les premiers mots - je vais m'en tenir aux premiers mots -
de mon ami le député d'Abitibi-Ouest concernant le travail, la
capacité de travail et l'expertise qu'on retrouve chez les membres du
personnel administratif du Conseil du trésor.
J'ai aussi eu, au cours des dernières années, l'occasion
de travailler avec plusieurs d'entre eux et de me faire une opinion tout
à fait favorable à leur endroit. Je suis certain que le
député d'Abitibi-Ouest me permettra de considérer que le
président du Conseil du trésor est aussi un administrateur qui
démontre son expertise depuis le début de son mandat, depuis
l'assermentation, c'est-à-dire le 12 décembre. Je suis certain
que le député d'Abitibi-Ouest sera d'accord avec moi sur ces
derniers propos.
Quant au sujet qui me concerne ce matin, M. le Président, deux ou
trois points. Le premier est le temps de parole des députés. Je
pense bien que l'Opposition ne voudrait pas limiter le temps de parole des
députés à cette table, pas plus que les
députés ministériels ne tenteront de limiter le temps de
parole des députés de l'Opposition. Je pense qu'on sera capable,
è nous deux, les deux formations, d'aller chercher, comme le soulignait
le député d'Abitibi-Ouest, le jus à l'intérieur des
crédits - je le répète - du Conseil du trésor.
Toutefois, je sens qu'on est mal parti un peu, M. le Président,
et je souhaite que nous nous corrigions le plus rapidement possible.
L'exposé préliminaire du critique de l'Opposition a fait une
espèce de salmigondis global de toute la problématique des
finances publiques au Québec. Je pense que c'est un plat passablement
réchauffé de la part de l'Opposition, ce sont des restes qui
devraient revenir à l'Assemblée nationale plutôt
qu'à notre commission parlementaire qui se doit d'étudier les
crédits spécifiques du Conseil du trésor pour
l'année 1986-1987.
Je pense entre autres aux questions sur lesquelles on semble vouloir
nous amener, rectifier le niveau réel du déficit. Pour cela, on
verra le ministre des Finances un peu plus tard aujourd'hui. Pour
préciser les crédits à l'Éducation, à la
Santé et aux Services sociaux, j'invite le député
d'Abitibi-Ouest à participer aux autres commissions qui verront à
étudier les crédits. Je répète ce que j'ai
déjà dit antérieurement ici, peut-être qu'il serait
préférable, à l'avenir, que notre commission regarde les
crédits de l'ensemble des ministères, ce qui permettrait au
député d'Abitibi-Ouest de faire une critique plus
globalisante.
Quant à moi personnellement, les questions touchant le ticket
modérateur, les autres questions soulevées par le
député d'Abitibi-Ouest me semblent fortement
intéressantes, mais non pertinentes dans l'exercice que nous aurons
à faire ce matin. Je voudrais éviter, autant que faire se peut,
d'avoir à utiliser l'article 211 concernant les règles de
pertinence. Et l'article 211, comme vous le savez, se lit de la façon
suivante: "Tout discours doit porter sur le sujet en discussion." Or, vous
l'avez mentionné ce matin en ouvrant les débats, M. le
Président, le sujet en discussion est l'étude des crédits
au Conseil du trésor, les crédits du Conseil du trésor.
J'aimerais qu'on se limite et qu'on ait quatre heures, cinq heures de travail
exhaustif, en travaillant spécifiquement sur les crédits du
conseil et sur les orientations que le conseil peut avoir à prendre dans
son organisation interne.
Ce sera tout, je vous remercie. Je n'ai pas utilisé mes cinq
minutes.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie.
M. Gendron: M. le Président...
(11 h 45)
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, avant de commencer
véritablement notre travail de fond, je pense que le
député de Saint-Louis, qui vient de prendre la parole, va se
rendre compte, après quelques années, que les crédits du
Conseil du trésor sont les crédits du gouvernement - il va
peut-être comprendre cela - et qu'il revient justement à cette
commission parlementaire de discuter les orientations du gouvernement, le choix
des diverses compressions, les critères qui ont été
observés ou suivis, toute la question de ce qui peut s'en venir par
rapport à d'autres choix budgétaires d'un gouvernement. Je pense
que c'est à ce moment-ci qu'on doit le faire. Je crois que c'est
l'occasion, lors de l'étude des crédits du Conseil du
trésor, de débattre de l'ensemble des questions. C'est tellement
vrai, M. le Président, que, contrairement à ce qui a
été évoqué par le président du Conseil du
trésor, je ne pense pas que c'est parler de camouflage d'un ancien
gouvernement, quand on avait prévu un tel déficit, tel qu'il l'a
exprimé, et qu'on pouvait escompter entre autres, juste à titre
d'exemple, 240 000 000 $ de dividendes d'Hydro-Québec Je pense que
c'était honnête et réaliste d'escompter cela, parce que
personne n'aurait pu prévoir la chute du prix du baril de pétrole
que l'on a connue» On sait que ces dividendes étaient
escomptés véritablement sur la base des données dont nous
disposions au moment où l'on a établi ces prévisions
budgétaires. Il est malhonnête de faire accroire à la
population du Québec qu'à ce moment-là on aurait dû
prévoir que le baril de pétrole passerait de 30 $ à
quelque 10 $. Cela est absolument inimaginable. Donc, il y a eu une perte de
crédits escomptés de 240 000 000 $. De plus, il n'était
pas du camouflage de notre part de dire que nous escomptions 85 000 000 $ que
nous n'avons plus, à la suite de la réduction des transferts
fédéraux dans les programmes de main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu.
Ce n'était pas malhonnête de notre part d'escompter 50 000
000 $ de revenus au niveau de la vente, de la privatisation, pardon, des
diverses succursales de la Société des alcools et qui n'a pas eu
Heu, pour toutes sortes de raisons. Je pense qu'on avait le droit de
l'escompter.
Ce n'était sûrement pas du camouflage de notre part, M. le
Président, d'escompter des revenus constants par la non-réduction
des taxes sur l'essence dans les régions périphériques,
sur l'assurance personnelle, donc des bien nantis, et également la
réduction de l'impôt des riches pour un déséquilibre
additionnel de 240 000 000 $.
Toutes ces considérations m'amènent à aborder des
questions générales, mais très importantes, que je
voudrais poser au président du Conseil du trésor. La
première est la suivante: Le président du Conseil du
trésor...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Est-ce que vous... si je comprends bien,
vous n'êtes plus d'ans les remarques préliminaires. C'est parce
que le député de Lévis, M. le député
d'Abitibi-Ouest, a demandé la parole tout à l'heure et je
constate qu'à midi exactement on aura déjà 30 % de notre
temps qui aura été utilisé au niveau des remarques
préliminaires. Il n'y a pas, dans les règles de procédure
de l'Assemblée comme telles, de temps limite pour cela. C'est à
la discrétion du président et je trouve que 30 % de notre temps
est suffisant. Et je voudrais quand même permettre au
député de Lévis de pouvoir s'exprimer. Ce sera le dernier
à le faire sur les remarques d'ouverture comme telles.
Alors, avant, M. le député d'Abitibi-Ouest, d'entrer dans
la structure budgétaire du programme 1, Gestion budgétaire et
politiques administratives, du Conseil du trésor, est-ce que vous voulez
céder la parole au député de Lévis?
M. Gendron: Cela me va, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M.
Jean Garon
M. Garon: Je vais être très bref, M. le
Président. Quand j'ai écouté le député de
Mille-Iles faire ses affirmations... Franchement, il devrait avoir tous ses
chiffres. Quand il parle d'un déficit américain limité
à 144 000 000 000 $, lequel est plutôt autour de 200 000 000 000
$, il devrait voir à combien de revenus cela se réfère. Et
si on s'attarde, par exemple, au Canada, à Ottawa, il y a un
déficit de 33 000 000 000 $ par rapport à des revenus de 72 000
000 000 $ et des dépenses de 105 000 000 000 $. On a 33 000 000 000 $
par rapport à 72 000 000 000 $ de revenus. On peut diviser et on se
rendra compte que cela fait un déficit qui est presque au-dessus de 40 %
par rapport aux revenus. Au Québec, les revenus de l'an dernier ont
été de 24 000 000 000 $, les dépenses de 27 200 000 000 $
et le déficit de 3 200 000 000 $, ce qui nous fait un déficit
d'à peu près 13 % par rapport à nos revenus. Et
s'il regarde aux Etats-Unis ce que représente le déficit
américain par rapport au revenu total du gouvernement américain,
il se rendra compte que le déficit américain est beaucoup plus
près du déficit fédéral que du déficit du
Québec. Il faudrait, même si les chiffres sont gros, ne pas
essayer de s'impressionner avec cela.
Quand il parle de la concurrence du Québec avec les
États-Unis, il pourra lire les journaux d'hier qui démontrent les
statistiques américaines, où l'indice des prix de gros aux
États-Unis a baissé grâce aux baisses internationales du
prix du pétrole, lesquelles sont reflétées
immédiatement dans les prix américains, alors qu'ici les baisses
du prix du pétrole ne se font pas sentir. Même si le prix
international baisse, cela ne se voit pas. On apprend que des compagnies qui
opèrent ici vendent meilleur marché leur pétrole aux
Etats-Unis qu'elles le vendent au Québec, hors taxe. Même en ne
tenant pas compte des taxes, elles vendent plus cher. Dans la Gazette d'il y a
quelques jours, il était admis que des compagnies vendaient à
meilleur marché leur pétrole aux États-Unis, sans tenir
compte même des taxes. Et on voit que le gouvernement actuel maintient,
en dehors de tout ce qui se passe dans le reste de l'Amérique du Nord,
les taxes sur le pétrole au-delà de la loi qui disait, à
l'article 2, que la taxe sur les carburants, ça doit être 30 %; il
les maintient à 37 % et cela ne reflète pas du tout le prix du
détail, tel qu'on le vit ici. On empêche la capacité
concurrentielle par rapport aux Etats-Unis, par rapport à l'Ontario, par
rapport au reste de l'Amérique du Nord. C'est le seul gouvernement, ici
au Québec, qui n'a pas bougé depuis trois mois, alors que les
prix ont baissé, et il ne s'occupe même pas que les compagnies
aient l'attitude normale comme elles ont dans le reste de l'Amérique du
Nord. M. le Président, je pense que le député de
Mille-îles devrait allumer ses lumières, regarder un peu ce qui se
passe alentour et sortir de sa coquille. Il verra qu'au contraire c'est
uniquement le gouvernement du Québec actuellement qui, dans la politique
du pétrole, ne réagit pas aux prix internationaux et qui se
comporte comme s'il n'y avait pas eu de changement de prix, alors que le prix
est passé de 32 $ le baril - 32 $ américains - à
près de 10 $. Il n'y a eu aucun mouvement au gouvernement, ce qui fait
que la capacité concurrentielle du Québec est affectée
actuellement par la politique du gouvernement actuel.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis. J'aimerais apporter une
précision... M. le député de Sainte-Anne, s'il vous
plaît! M. le député de Saint-Louis! J'entends, de la part
de chacun des groupes parlementaires, des gens faire état, plus
particulièrement le groupe qui siège à ma droite, de la
règle de la pertinence. Je me suis amusé, hier soir,
effectivement, à lire la jurisprudence de tradition britannique
relativement à la règle de la pertinence. À l'article 211
des Règles de procédure, permettez-moi de vous dire que, en
commission parlementaire relativement à l'étude des
crédits, cette règle doit être appliquée vraiment
sans sévérité, cette règle ne doit pas être
appliquée de la même façon que lors de l'étude d'un
projet de loi public ou privé. Je suis bien conscient de cette
règle, que tout discours doit porter sur le sujet en discussion; mais
ici, à cette commission, lors de l'étude de crédits, les
interventions des membres peuvent se reporter à l'ensemble des
activités d'un ministère, pour autant que ces interventions aient
un lien avec un élément de programme. Dans le cas présent,
il s'agit de remarques préliminaires. Je me permets d'y ajouter ceci. La
jurisprudence indique - et même la jurisprudence canadienne - que la
règle de la pertinence doit être appliquée d'une
façon très large. Alors, je tiens à le préciser aux
membres du groupe parlementaire qui sont à ma droite. S'il vous
plaît!
M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: J'ai une question à vous poser, M. le
Président, parce que je prévois un problème. Le
député d'Abitibi-Ouest vient de dire qu'une coutume veut que 90 %
du temps soit alloué à l'Opposition et donc 10 % à
nous.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Polak: C'était peut-être le cas dans le
passé dans la dernière Législature, mais là le
chiffre était autrement différent. Je viens de calculer, si c'est
vrai qu'on a 10 % du temps pour nous, cela veut dire qu'on a trente minutes sur
le total. Donc, déjà dix minutes...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, relativement à votre remarque, j'ai aussi pris le temps de
lire, hier soir, certaines décisions qui ont été rendues
par d'autres présidents, y compris celui de l'ancien gouvernement, en
date du 12 avril de l'an passé, relativement à cette règle
de la pertinence. Il n'y a pas de tradition parlementaire comme telle à
cet effet. J'ai souligné tout à l'heure un élément
très important qui disait que tous les membres de la commission
jouissent de droits équivalents, et que je veillerai à ce que
chacun d'entre vous puisse exprimer son point de vue. Il faut quand même
tenir compte de l'équité en ce sens-là. Vous allez
comprendre que, à ma droite, il y a plus de gens qu'à ma
gauche.
Il me semble normal qu'à ma gauche ils
aient peut-être une enveloppe de temps supérieure à
celle de ceux qui siègent à ma droite. En ce qui concerne cet
aspect, l'article 33 me donne entière discrétion. Soyez
assurés que ce qui me guidera sera à l'occasion la règle
de l'alternance, mais davantage la règle de l'équité
procédurale...
M. Gendron: Monsieur...
Le Président (M. Lemieux): ...et de l'intérêt
des citoyens de savoir exactement ce qui se passe au niveau du budget de
l'administration publique. M. le député de l'Abitibi-Ouest.
Gestion budgétaire et politiques
administratives
M. Gendron: Comme je l'indiquais tantôt, au-delà des
remarques générales qu'on a faites, je pense qu'il est important
à ce moment-ci d'avoir l'occasion d'entendre le président du
Conseil du trésor, responsable de l'ensemble de l'attribution des
crédits gouvernementaux comme président du Conseil du
trésor, sur certains critères qu'ils l'ont guidé quant
à l'attribution de directives, d'orientations, etc. Je voudrais
commencer tout de suite à faire ce qui, je pense, est notre travail de
fond.
Le Président (M. Lemieux): Alors, à la suite de
votre remarque, M. le député de l'Abitibi-Ouest, est-ce que vous
avez terminé?
M. Gendron: Non, je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez terminer.
M. Gendron: La question que je voudrais poser au président
du Conseil du trésor, M. le Président, c'est que, tout le monde
va convenir que, dans l'attribution de l'enveloppe globale des dépenses
à être autorisées par un gouvernement, il est capital et
important d'établir le seuil du déficit escompté. Je pense
que tout le monde va convenir, sans que je sois comptable, M. le
président du Conseil du trésor, que c'est une donnée
capitale et importante et, dans ce sens, dans les différents documents
qui ont été produits et tout autant dans celui du ministre des
Finances qu'on a intitulé "Urgence d'un redressement, document
prébudgétaire" publié le 5 mars, de même que dans le
dépôt des crédits du président du Conseil du
trésor, vous avez établi, comme gouvernement, comme responsable
des finances publiques, la base du déficit pour établir
l'attribution des dépenses à une prévision de
déficit escompté à 2 900 000 000 $, alors que vous saviez
très bien - en particulier le secrétariat du
Conseil du trésor - que ce niveau de déficit était
beaucoup plus aux alentours de 3 200 000 000 $ que de 2 900 000 000 $.
La question précise que je vous pose, puisque c'est très
relié au portefeuille global d'attribution des dépenses, c'est:
Comment se fait-il, M. le président du Conseil du trésor, si ces
éléments étaient connus par votre administration, que vous
ayez quand même voulu privilégier, dans l'établissement
d'une espèce d'écart artificiel de 1 500 000 000 $, la base du
déficit escompté à 2 900 000 000 $ plutôt
qu'à 3 200 000 000 $, puisque toutes les informations dont vos
commettants disposaient vous permettaient d'établir ce qu'on appelle une
attribution d'enveloppe de dépenses sur la base d'un déficit
réel, connu au moment où on se parle, aux alentours de 3 200 000
000 $ plutôt que de 2 900 000 000 $?
Le Président (M. Lemieux): Avant de répondre, M. le
président du Conseil du trésor, permettez-moi, M. le
député d'Abitibi-Ouest, puisque je crois bien avoir compris le
sens de votre intervention, d'appeler immédiatement le programme 1,
Geston budgétaire et politiques administratives, l'élément
Politiques budgétaires, que les membres de cette commission retrouveront
dans la structure du budget 1986-1987 à la section 9.2. M. le
président du Conseil du trésor.
Politiques budgétaires
M. Gobeil: Merci. M. le Président, je voudrais d'abord
seulement faire une petite mise au point. Le député
d'Abitibi-Ouest m'a donné la responsabilité de l'attribution des
dépenses de l'ensemble du gouvernement. J'aimerais juste lui mentionner
que, à mon point de vue, c'est l'Assemblée nationale qui est
responsable de cette attribution, et le rôle du président du
Conseil du trésor en est un de contrôle avant la soumission des
crédits à l'Assemblée nationale.
Ceci dit, je voudrais aussi rappeler au député
d'Abitibi-Ouest que le montant de 2 970 000 000 $ qui a été
repris dans l'exposé du ministre des Finances du 5 mars est un chiffre
qui a été établi par l'ancien ministre des Finances, pour
l'exercice 1986-1987, dans son discours sur le budget du 23 avril 1985. Ceci,
contrairement à ses prétentions, n'est pas un chiffre
inventé par l'actuel gouvernement ou l'actuel ministre des Finances. M.
le député d'Abitibi-Ouest connaît très bien les
raisons de ces 2 970 000 000 $ de déficit et, au cas où il
l'aurait oublié, je voudrais seulement lui rappeler que c'est un seuil
qui a été discuté avec les prêteurs, principalement
ceux du marché américain, dans le but de protéger la cote
de la province de Québec.
M. Gendron: M. le Président, je dois revenir à la
charge. Je sais que ce chiffre vient de l'ancien gouvernement; c'est
moi-même qui l'ai dit. Ce que j'ai ajouté, c'est que ce chiffre
était établi sur la base de prévisions budgétaires
de mai 1984, sur la base de chiffres connus en mai 1984. Quand on est rendu en
avril 1986, il me semble, M. le Président, qu'il est beaucoup plus
facile de se baser sur les données connues. La question que je posais
n'était pas pour savoir si c'est un chiffre qui venait de nous ou du
nouveau gouvernement, cela on le sait. Mais, puisque le chiffre connu du
déficit 1985-1986 est 3 200 000 000 $, pourquoi le président du
Conseil du trésor n'a-t-il pas attribué son enveloppe de
dépenses à l'ensemble des ministères? Il ne faut pas me
dire que, puisque c'est ratifié par l'Assemblée nationale, ce
n'est pas sa responsabilité. Je le sais que c'est l'Assemblée
nationale qui ratifie les crédits, mais l'Assemblée nationale
ratifie les crédits déposées dans l'ensemble des
ministères attribués par le gouvernement sous la
responsabilité du président du Conseil du trésor. Alors,
question précise: Est-ce que ce n'était pas uniquement pour,
encore là, conditionner une population que de gonfler artificiellement
un chiffre, sachant très bien que le déficit était de 3
200 000 000 $ et non de 2 900 000 000 $? (12 heures)
M. Gobeil: La réponse est non. Ce n'était pas
gonfler un chiffre, et je le répète, parce que je pense que le
député d'Abitibi-Ouest n'a pas entendu la dernière partie
de ma réponse antérieure: ce chiffre, que je sache, était
un chiffre entendu entre les responsables du gouvernement au ministère
des Finances et les prêteurs du marché de New York.
M. Gendron: Une deuxième question.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Une deuxième question d'ordre
générai, M. le Président. Dans le document des finances
publiques de M. le ministre des Finances, on avait établi, à la
page 8, une provision de 150 000 000 $ pour tenir compte de problèmes
financiers additionnels non identifiés. Là, j'en profite pour
revenir sur mes allégations d'ouverture, lorsque j'ai prétendu
que ce gouvernement, volontairement, camouflait certaines choses. Cela est un
exemple précis de camouflage, d'identifier une provision de 150 000 000
$ sans nous indiquer exactement pourquoi elle est provisionnée et ce
même gouvernement, quelques semaines plus tard, dans le document du
président du Conseil du trésor, à la page 6, nous dit: Les
150 000 000 $ que j'ai provisionnés dans le document de M. le ministre
des Finances le 5 mars 1986, je n'en ai plus besoin. À la page 2 du
document du président du Conseil du trésor, il dit ceci: "Les
modalités de comptabilisation et d'amortissement de ces dépenses
spéciales n'ont pas encore été déterminées
mais le gouvernement veut en minimiser l'impact sur les opérations
budgétaires courantes. Elles peuvent donc être soustraites
à cette étape-ci de la prévision des dépenses
1986-1987."
Le Président (M. Lemieux): C'est dans le deuxième
paragraphe de la page 2.
M. Gendron: Oui, M. le Président. La question
précise que je pose: Comment expliquer qu'un même gouvernement,
à quelques semaines d'intervalle, à moins qu'il ait d'autres
objectifs en tête, sauf celui qui est toujours le même,
c'est-à-dire maintenir, encore là artificiellement, un gonflement
des montants qui sont spécifiquement requis lorsqu'on provisionne une
dépense de 150 000 000 $, quelques semaines plus tard, dise: Nous
n'avons plus besoin de cette provision-là pour nous maintenir en
situation d'équilibre?
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le Président, j'ai déjà eu
l'occasion en commission plénière de répondre à
cette question du député d'Abitibi-Ouest. Je le lui
répète: contrairement à ses prétentions, ce chiffre
de 150 000 000 $, tel que clairement établi à la page 8, n'est
pas un chiffre de l'actuel gouvernement, c'est un chiffre du gouvernement
précédent. Je demande au député d'Abitibi-Ouest de
voir la colonne en haut où c'est marqué: Révision de
novembre 1985, et je lui fais remarquer que le gouvernement actuel a
été élu le 2 décembre 1985. Alors, quand il me dit
que ce chiffre a été inventé par le gouvernement actuel,
je lui demande encore une fois de bien lire cette colonne et de lire aussi les
titres. Ce chiffre était là en novembre 1985 et nous vivons
actuellement avec ce chiffre. Lors du dépôt des crédits, le
25 mars, nous avons dit clairement que ce problème de 150 000 000 $, qui
n'a pas été inventé, je le répète, par le
gouvernement actuel, sera pris en charge au moment du discours sur le budget
qui sera dans quelques semaines. Strictement, je demande au
député d'Abitibi-Ouest d'être un peu patient. De toute
façon, à mon point de vue, ceci n'affecte pas les dépenses
techniques du gouvernement. C'est une provision qui avait été
mise, de ce que je peux connaître, n'ayant pas été
là en novembre 1985, au moment où cela a été fait,
pour régler certains problèmes financiers qu'on anticipait. Qu'on
ne me demande pas quels sont ces problèmes, je ne les connais pas, sauf
que je sais que le
ministre des Finances est en train de regarder cette situation et cette
situation de 150 000 000 $ sera corrigée ou abandonnée, suivant
les circonstances, lors de la présentation du discours sur le
budget.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, c'est exactement ce que je
veux savoir et, quand on veut parler franc à la population, je sais, je
reconnais que les 150 000 000 $ du document du 5 mars 1986 de M. le ministre
des Finances identifiait une provision de 150 000 000 $ pour tenir compte de
problèmes financiers additionnels. La question précise: À
partir du moment où le gouvernement actuel décide de ne pas
retenir, de ne pas garder dans les équilibres cette provision de 150 000
000 $, il décide de l'éliminer, c'est parce qu'il a porté
un jugement appréciatif?
Une voix: II n'en a pas besoin.
M. Gendron: II a porté un jugement appréciatif en
disant: Cette provision pour tenir compte de problèmes financiers
additionnels était valable, non valable. Elle était
arrêtée sur des problèmes précis ou non
arrêtée sur des problèmes qu'on ne pouvait pas
identifier.
La question que je pose: Quand vous avez porté, vous autres,
comme gouvernement, le jugement de ne pas la retenir cette provision
d'équilibre, quels sont les principes qui vous ont guidés pour
dire que vous n'aviez pas besoin de cela à ce moment-ci? C'est cela que
je veux savoir.
M. Gobeil: M. le Président, il a été
clairement mentionné, lors du dépôt des crédits, que
ce montant de 150 000 000 $ sera analysé et que, au moment du discours
sur le budget, le ministre des Finances annoncera ce qu'il advient des 150 000
000 $. C'est la seule réponse, pour le moment, que je puisse donner. Les
études sont en cours. Le 25 mars, au moment du dépôt des
crédits, il n'y avait pas de décision prise, et on ne connaissait
pas exactement l'ampleur, s'il y avait Heu, des problèmes financiers
à régler è ce moment-là. Cela a été
clairement établi, et c'est clairement spécifié qu'il y a
ce montant, et on a dit que les mesures seront annoncées dans le
discours sur le budget. Alors, dans quelques semaines, le député
d'Abitibi-Ouest aura sa réponse précise; aujourd'hui, je ne suis
pas en mesure de la lui donner. Cela fera partie de toute l'élaboration
du budget auquel travaillent actuellement le ministre des Finances et ses
gestionnaires.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, M. le Président. Mais, entre-temps, si
cela va faire partie du budget, cela signifie que le président du
Conseil du trésor, sans nous dévoiler quelles seront les mesures
prises dans le budget, vient de confirmer que ces 150 000 000 $ qui avaient
été provisionnés l'ont été pour des choses
identifiables, des choses utiles, des choses réelles.
M. Gobeil: M. le Président, je suis très prêt
à entendre du député d'Abitibi-Ouest, s'il connatt la
réponse, quelles sont ces choses identifiables. Je suis très
prêt à entendre sa réponse et è ce qu'il me
renseigne à ce sujet.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron; Le député d'Abitibi-Ouest n'a pas è
donner de réponse au président du Conseil du trésor parce
que le député d'Abitibi-Ouest, quand il était de l'ancien
gouvernement, l'avait mis dans la provision. Ce n'est pas lui qui l'a fait
disparaître dans les crédits budgétaires. Nous sommes en
train d'étudier les crédits budgétaires, et je demandais
au président du Conseil du trésor pourquoi il l'a fait
disparaître. La réponse qu'il nous donne: Vous verrez plus tard.
C'est un peu ce que j'indiquais tantôt, M. le Président, que j'ai
l'impression qu'ici, au sujet des crédits budgétaires, lorsqu'on
veut faire la lumière sur ces questions, le budget est une
problématique différente des crédits de dépenses.
La conclusion que je retiens, c'est qu'entre-temps on est dans le flou,
entre-temps on est dans les nuages, entre-temps on ne sait pas ce qui se passe
là-dessus. Je vais attendre le budget.
Une autre question, M. le Président...
M. Gobeil: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: Je m'excuse auprès du député
d'Abitibi-Ouest, mais ceci ne donnerait pas nécessairement une
augmentation de crédits au moment de la présentation du discours
sur le budget. C'est ce que je veux lui faire comprendre. Et, quand il me parle
de camouflage, je lui dis et je lui répète que ceci a
été clairement établi. Le chiffre est là. Je suis
surpris qu'un montant de 150 000 000 $ fatigue à ce point le
député d'Abitibi-Ouest. C'est une mesure à corriger, on en
a déjà corrigé pour au-delà de 1 000 000 000 $. Il
y a probablement une mesure à prendre en ce qui concerne ces 150 000 000
$ dans le discours sur le budget, et ce sera fait.
M. Gendron: M. le Président, ce n'est pas le montant qui
me fatigue, c'est ce qu'ils ont fait avec.
Une voix: Encore là...
M. Gendron: Une question additionnelle. Dans les compressions
budgétaires 1986-1987, dans le document du président du Conseil
du trésor, pages 5, 9 et 10, le président nous indique que
l'opération des compressions budgétaires s'est effectuée
en deux étapes. Dans votre document de présentation, vous
indiquez cela. Vous nous indiquez d'abord que les demandes des
ministères...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, voulez-vous donner le temps au président du Conseil du
trésor de retrouver... Cela va, M. le président du Conseil du
trésor?
M. Gendron: Bien sûr, il n'y a aucun problème; dans
les cas où le document cité n'aura pas été
repéré à temps par le président du Conseil du
trésor, vous aurez juste à me faire signe, puis on attendra.
M. Gobeil: Cela va. Pas de problème. M. Gendron: Cela va?
Alors... M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: ...avec toute l'armée qui accompagne le
président du Conseil du trésor, je suis persuadé qu'il y a
quelqu'un qui peut le retrouver dans tout cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, c'est...
M. Gendron: Cela allait bien, n'est-ce pas?
Le Président (M. Lemieux): ...c'est effectivement au
président du Conseil du trésor de répondre. M. le
député de Lévis, vous savez que, lors de l'étude
des crédits budgétaires, c'est au président de
répondre. M. le président du Conseil du trésor.
M. Gendron: Alors, M. le Président, aux pages 5, 9 et 10,
j'allais vous dire que vous avez indiqué que cela s'est fait en deux
étapes. La question précise que je pose, à la suite des
demandes des ministères, quand vous leur avez indiqué de diminuer
en n'indexant pas certaines dépenses de fonctionnement, vous indiquez
dans votre document à ces pages-là que, ce faisant, vous avez
récupéré une somme d'à peu près 100 000 000
$.
La question que je pose, c'est que j'aimerais savoir si, comme
président du Conseil du trésor, vous avez établi, parce
que vous êtes responsable de l'ensemble de la gestion des fonds publics
du gouvernement du Québec, certains critères pour décider
de la non-indexation de certaines dépenses dites de fonctionnement. Si
vous en avez établi comme président du Conseil du trésor
quels sont ces critères pour statuer que certaines des dépenses
de fonctionnement seront indexées, d'autres pas, j'aimerais que vous
nous donniez des précisions.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du Conseil du
trésor.
M. Gobeil: M. te Président, il est bien connu que le
député de Lévis faisait confiance à ses
gestionnaires et, d'ailleurs, c'est honorable de sa part, mais je veux juste
lui rappeler que je n'ai rien à prouver pour ce qui touche la
défense des chiffres avec le député de Lévis.
En réponse à la question du député
d'Abitibi-Ouest, cette décision a été prise à la
réunion du Conseil des ministres du 14 juin 1985 par l'ancien
gouvernement et nous avons retenu cette décision qui, j'ose le croire,
avait été suggérée par le président du
Conseil du trésor. Nous avons retenu cette
décision-là.
M. Gendron: Donc, vous nous dites que, pour la non-indexation des
dépenses de fonctionnement, vous êtes resté dans le cadre
établi par l'ancien gouvernement pour préparer les
prévisions budgétaires que nous sommes en train de discuter.
C'est ça que vous nous dites? Et c'est exact que le montant
estimé à la suite de critères qui avaient
été établis par l'ancien gouvernement était
d'environ 100 000 000 $. Donc, vous n'avez pas, par ce que j'appellerais des
dispositions plus serrées, anticipé un dégagement d'argent
supérieur aux 100 000 000 $ escomptés.
M. Gobeil: M. le Président, je pense que le
député d'Abitibi-Ouest comprendra qu'on ne peut pas
désindexer plus que l'inflation. Effectivement, on n'a pas changé
ce montant-là.
M. Gendron: Est-ce que, par exemple, il y a certains
ministères qui ont été exclus pour effectivement tenir
compte des réalités? Même si on veut, dans les
dépenses de fonctionnement, restreindre le plus possible cette
indexation-là, est-ce qu'il y a certains ministères qui ont
été exclus de cette disposition?
M. Gobeil: M. le Président, en réponse à la
question du député d'Abitibi-Ouest, oui, certains secteurs ont
été exclus dont,
principalement, le secteur de la santé et des services
sociaux.
M. Gendron: Merci. À la suite de ça, le
président du Conseil du trésor - que je sache, c'est celui qui
nous parle, c'est celui qui est aujourd'hui le nouveau titulaire de cette
responsabilité - a indiqué dans les documents, aux pages 5, 9 et
10, qu'il a fixé des cibles de compressions supplémentaires pour
une somme de 674 000 000 $. À la page 840 - vous ne pourrez pas y faire
référence parce que je cite le Journal des débats, en
commission plénière, lors du débat restreint de cinq
heures sur les crédits budgétaires - du Journal des
débats, vous avez répondu, à une question que je vous
posais: "Lors de la discussion plus élaborée des crédits
du ministère, j'aurai l'occasion, M. le député
d'Abitibi-Ouest, de répondre à toutes vos questions et surtout de
vous donner les critères sur lesquels le Conseil du trésor s'est
basé."
M. Garon: Le député d'Abitibi-Ouest, c'est
vous.
Le Président (M. Lemieux): C'est ce qu'il dit, il cite le
Journal de3 débats, M. le député de Lévis, à
la suite d'une question qu'il avait adressée au président du
Conseil du trésor. Continuez.
M. Gendron: La question est la suivante. On n'impose pas dans
l'ensemble des ministères des compressions de 674 000 000 $ sans qu'il y
ait certaines balises, sans qu'il y ait certains critères très
précis. Puisque vous nous avez vous-même confirmé, lors de
ce débat restreint, que vous seriez plus volubile sur les
critères qui vous ont guidé dans l'établissement de ces
coupures, la question précise que je vous pose, M. le président
du Conseil du trésor, est la suivante: Quelle sorte d'information
précise avez-vous transmise à l'ensemble de l'appareil de
l'État pour être en mesure d'escompter un retour de 674 000 000 $
de compressions budgétaires? (12 h 15)
M. Gobeil: M. le Président, nous avons établi cinq
principales méthodes de travail de base à utiliser dans
l'exercice des compressions. Je note avec plaisir que le député
d'Abitibi-Ouest a utilisé le mot "compressions". 11 a
précédemment utilisé le mot "coupures", mais je pense que
ce sont des compressions des demandes des ministères. Nous avons donc
utilisé cinq méthodes de travail. Première méthode:
le développement des programmes jugés prioritaires pour la
population. Deuxième méthode: l'augmentation de
l'efficacité et de la productivité par l'assainissement de la
gestion. Troisième méthode: la réduction de certaines
activités. Quatrième méthode; le report dans le temps de
certains projets et, finalement, la cinquième méthode:
l'abolition de certaines activités. Ces méthodes de travail ont
été transmises aux ministères et, à partir de ces
méthodes de travail, compte tenu, quoi qu'on en dise, au moment de la
préparation des crédits budgétaires, que nous faisions
face à un dépassement de déficit de 1 505 000 000 $ et que
nous nous devions de réduire, de compresser l'accélération
des dépenses, nous avons demandé aux ministères, en se
basant sur des méthodes de travail, de voir dans quels
éléments, dans quels programmes, ils pouvaient ou ils pourraient
comprimer des dépenses.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Merci. Sur le montant de 674 000 000 $ de
compressions, dont vous nous expliquez comment le processus a été
établi pour les obtenir des différents ministères, lors du
dépôt des crédits vous avez indiqué vous-même,
M. le président du Conseil du trésor, qu'il y en avait 318 000
000 $ - et là je vous cite - qui concernaient des "cessations
d'activités et de services". Vous avez dit: II y en a pour 318 000 000
$, à la page 6 du document que vous avez déposé lors des
crédits, qui sont des "cessations d'activités" ou des
"réductions d'activités". Oui, c'est la somme des deux, c'est
très clair à la page 6, c'est votre propre identification, le
libellé technique. Puisque je me suis fait dire par plusieurs de mes
collègues que vos collègues ministériels, que ce soit le
ministre des Affaires culturelles, que ce soit le ministre de
l'Éducation ou celui de la Santé - je ne mentionnerai pas
l'ensemble des vingt-six ministères - à ce moment-ci apprennent
que dans certains cas l'identification précise, tout autant des volumes
d'activités que des activités elles-mêmes qui cesseront,
n'est pas complètement connue, la question que je pose est celle-ci:
Est-ce que c'est exact, cette prétention?
M. Gobeil: M. le Président, si le député
d'Abitibi-Ouest a entendu ces remarques - il ne m'a pas dit qu'il les avait
entendues des ministres eux-mêmes - je dois lui faire savoir,
étant donné que les crédits détaillés ont
été déposés le 25 mars, que chacun des
ministères et sûrement chacun des ministres connaissent en
détail les compressions qu'ils ont à appliquer, ce qui n'implique
pas nécessairement que les moyens sont clairement et finalement
identifiés dans tous les cas. Mais je suis convaincu, et je le sais de
bonne source, que ces moyens sont quand même identifiés dans la
très grande majorité des cas. N'oubliez pas que ces compressions
n'ont pas été imposées aux ministres. On a demandé
aux ministres de soumettre des
compressions, compte tenu de la situation financière. Les
ministres ont fait appel à la connaissance des gestionnaires à
l'intérieur des ministères et au sens de l'État chez les
ministres. Nous avons très largement privilégié les choix
faits au sein même des ministères. Il y a quand même eu, au
Secrétariat du Conseil du trésor et chez les gestionnaires de
divers ministères, des discussions, des analyses, des
interprétations, des échanges de points de vue pour en arriver
à un résultat de compressions clairement identifiées,
comme l'a mentionné le député d'Abitibi-Ouest, de 674 000
000 $. Chacun des programmes et/ou des éléments des compressions
sont connus des ministres et j'ose croire qu'ils sont aussi connus des
gestionnaires.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Pour bien se comprendre, ce que l'on vient
d'entendre, c'est que le président du Conseil du trésor affirme,
devant les membres de cette commission, que pour l'ensemble des 318 000 000 $
de cessations d'activités ou de réductions du niveau
d'activités, tous ses collègues ministériels connaissent
d'une façon précise à l'intérieur de leur
ministère et du dépôt des crédits le montant de
l'enveloppe qui est affecté soit à la cessation, soit à la
réduction. Je connais, moi aussi, M. le président du Conseil du
trésor, ce document-là. Je voudrais juste rappeler, pour
l'information des membres de cette commission, que pas plus tard qu'hier,
à la commission des affaires culturelles, la ministre responsable du
ministère des Affaires culturelles, à une question d'un de mes
collègues, répondait ceci sur ce qu'on appelle les cessations
d'activités, sur le niveau d'activités, que, pour certains types
d'activités dans le ministère des Affaires culturelles, elle ne
connaissait pas d'une façon totale l'application du niveau et du montant
de cessation des activités à l'intérieur du
ministère des Affaires culturelles.
Le président du Conseil du trésor me dit aujourd'hui: Les
moyens, ce n'est pas clair; on verra cela un peu plus tard. Mais le niveau et
le montant sont parfaitement connus. Je voudrais qu'on soit conscient de ce que
je viens d'énoncer.
M. Gobeil: M. le Président, les mesures de compressions
ont été identifiées clairement par programmes et par
éléments. Il peut arriver qu'à l'intérieur de
certains ministères les choix finals... En référence au
ministère des Affaires culturelles, est-ce que c'est les orteils du pied
droit ou les orteils du pied gauche qu'on coupe pour les danseurs?
Peut-être que les choix ne sont pas définitivement
arrêtés.
Le Président (M. Lemieux): J'espère qu'on n'en
coupe pas, M. le président du Conseil du trésor.
M. Gobeil: C'est la responsabilité de la ministre. Tous
les postes ont été clairement identifiés et dans le cas
auquel fait référence le député d'Abitibi-Ouest,
soit le ministère des Affaires culturelles, il y a eu des compressions,
d'après les chiffres que j'ai ici, de 17 500 000 $, dont le report de
l'ouverture... Si le député d'Abitibi-Ouest veut m'entendre, il y
en a une dizaine; je peux les lui donner.
M. Gendron: Si vous le permettez, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je pense que M. le président du Conseil du
trésor va convenir avec moi que je n'ai jamais prétendu que le
montant affecté à la cessation d'activités n'était
pas connu. Je n'ai jamais dit cela. Ma question précise c'était:
Est-ce que vous, comme président du Conseil du trésor, vous
affirmez devant cette commission que les 318 000 000 $ de cessations
d'activités ont été identifiés? Vous m'avez
répondu oui. Vous m'avez répondu: Tous mes collègues le
savent. Je suis obligé de vous dire qu'il y a des collègues qui
prétendent le contraire et vous venez de l'affirmer dans la seconde
partie de votre réponse en disant: Écoutez, s'il y a une troupe
de danse - même si ce n'est pas trop respectueux pour les danseurs, ce
que vous avez dit - ce n'est pas grave...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, je crois que c'était à titre d'exemple.
M. Gendron: Oui, oui. S'il y a une troupe de danse qui, à
un moment donné, va être coupée quelque part...
M. Garon: On va vous passer...
M. Gendron: ...là il se peut qu'à
('intérieur, un instant... Le montant coupé affecté
à la troupe de danse.
M. Bélisle: Je parlais de la troupe de danse, de la
façon dont c'est compris chez nous.
M. Gendron: Je ne couperai pas de troupe de danse, M. le
Président. Je n'ai pas le pouvoir de couper les troupes de danse.
M. Garon: Ce n'est pas la troupe qui danse, c'est le
ministre.
M. Bélisle: Je vous remercie de cette
précision.
Le Président (M. Lemieux): On va continuer, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Garon: Surtout qu'on n'a pas d'argent pour danser.
M. Gendron: Je pense, M. le Président, que le
président du Conseil du trésor convient avec moi que cela
commence à être fondamental parce que ce qu'il est en train de
nous dire, c'est que le montant est connu, mais on parle des types
d'activités à être offerts dans certains ministères.
Quand on dit cessations d'activités, cela veut dire: avant
c'était offert ou subventionné, dorénavant, cela ne sera
peut-être pas offert ou subventionné. C'est important aujourd'hui
de le savoir, M. le président du Conseil du trésor, puisque vous
m'avez dit: Tous mes collègues le savent, les activités ont
été identifiées, je ne parle pas des montants. Est-ce que
cela veut dire que dans 15 jours on ne pourrait pas apprendre d'un de vos
collègues, que, pour une activité quelconque pour laquelle nous,
on croyait qu'il y aurait des crédits, il n'y en aura pas, puisque vous
dites: C'est identifié, c'est fermé, la valve, il y en a pour 318
000 000 $, c'est très clair, ça ne peut pas être autre
chose que ce qu'on a identifié? C'est cela que je vous pose comme
question.
M. Gobeil: M. le Président, je vais seulement vous donner
un exemple, parce que le député d'Abitibi-Ouest a
mentionné le ministère des Affaires culturelles. On a une
réduction de 3 200 000 $ au programme d'équipements culturels. Je
ne veux pas répondre pour la ministre des Affaires culturelles, mais il
peut arriver qu'elle ne sache pas si elle coupe dans un programme
d'équipements de 20 000 $ dans l'Abitibi-Ouest plutôt que dans
Bonaventure. Cela, il peut arriver qu'elle ne le sache pas. Il faudrait lui
poser la question. On a, entre autres: réduction de divers programmes de
transfert, le même montant 3 200 000 $. Il peut arriver qu'elle n'ait pas
fini de les identifier parmi les centaines probablement d'organismes qui
bénéficiaient de subventions ou de transferts, selon les termes
qu'on emploie; il se peut que le niveau de subvention ne soit pas tout à
fait établi à ce stade-ci pour chacune des organisations. Mais la
ministre sait que, dans la réduction des programmes culturels, il y a
une compression de 3 200 000 $. Dans la réduction de divers programmes
de transfert, il y a 3 200 000 $. Au Musée d'art contemporain: 300 000
$, etc. C'est sûr que chacun des petits points particuliers n'est
probablement pas identifié à 100 %. À ma connaissance,
même ces éléments dans l'ensemble sont majoritairement
identifiés; ils ne le sont sûrement pas à 100 %, si on veut
strictement appliquer un degré de raisonnabilité.
M. Gendron: Je vous remercie là-dessus. Après avoir
établi des compressions, M. le Président, de 674 000 000 $ et
indiqué qu'il y a en a pour 318 000 000 $ qui sont, vous venez de le
dire, en très grande majorité identifiées - alors qu'au
préalable c'était complètement identifié, on va
vivre avec cela - vous avez ajouté 356 000 000 $ de compressions
additionnelles. Et là c'est du jamais vu. Pour quelqu'un qui,
tantôt dans son discours d'introduction, prétendait à cette
ouverture très large de transparence, un gouvernement qui n'avait rien
à cacher... Je peux vous dire que je ne suis pas comptable, mais j'ai
une assez grande expérience du gouvernement du Québec, de la
gestion des finances publiques pour avoir siégé quatre ans au
Conseil du trésor, et c'est la première fois que je vois dans le
livre des crédits: pour 356 000 000 $, arrangez-vous avec vos troubles,
essayez de trouver cela, ce n'est pas mon problème. Mot, j'indique au
gouvernement du Québec, aux citoyens et citoyennes du Québec que
la faucheuse a passé pour 356 000 000 $. À un moment
donné, vous verrez ce qu'elle a coupé, vous verrez à quoi
elle s'est attaqué.
Vos propres expressions sont très symptomatiques de ce que
j'énonce. Vous avez parlé de "rationalisation interne", un
vocable très, très joli pour des concepts modernes, et de
"dépenses diverses et diffuses". J'ai un "moses" de problème, M.
le Président de la commission. Quand on a à étudier des
crédits et que l'on sait qu'il y a 356 000 000 $ de compressions sous la
rubrique "rationalisation interne", "dépenses diverses et diffuses", il
me semble que c'est notre responsabilité... Là, je serais
très ouvert, M. le Président, à ce que les
collègues ministériels s'acquittent de leur
responsabilité, parce que ce serait la leur également, de
participer à cette commission et de dire: Écoutez, cher
collègue et président du Conseil du trésor, nous aussi, on
veut avoir l'heure juste. C'est cela s'acquitter de nos responsabilités
parlementaires. Là, ce serait le temps de dire des choses utiles.
Qu'est-ce que c'est que cela, 196 000 000 $ de rationalisation interne?
C'est des "bidous", ce n'est pas de la tarte, comme dirait un ancien
collègue: 196 000 000 $ de rationalisation interne, et 159 000 000 $ de
dépenses diverses et diffuses. M. le Président, je veux savoir.
Toutes ces rationalisations ou dépenses diverses sont-elles'
identifiées à l'heure où on se parle? Sont-elles connues?
Si oui, sur quels critères vous êtes-vous basé pour penser
qu'on pouvait effectivement, dans une courte période, déposer un
document comme
j'en ai un ici, "Mesures prises dans les crédits"?
Dans certains cas, c'est fondamental. Au ministère des Affaires
culturelles, pour un total de compressions de 17 500 000 $, il y en a 10 000
000 $ qui s'intitulent "rationalisation interne et autres mesures". Au
ministère des Affaires municipales, 21 000 000 $, pas 21 000 $, 21 000
000 $, "rationalisation interne et autres mesures". Je pourrais continuer. Il y
a des ministères où c'est très, très important. Un
petit ministère, Énergie et Ressources, qui a un total de
compression de 20 000 000 $. Sur les 20 000 000 $, il y en a 10 000 000 $ qui
s'appellent "rationalisation interne et autres mesures". (12 h 30)
J'ai de sérieux doutes que vous allez réussir à la
toute fin à être en mesure, d'abord, d'obtenir ces compressions si
vous, comme président du Conseil du trésor, vous n'avez pas
indiqué à l'ensemble des ministères et organismes des
balises très précises pour que cette rationalisation interne
s'effectue et qu'elle rapporte, qu'elle donne des sous.
Le deuxième volet de ma question: J'aimerais que vous fassiez la
différence, mais d'une façon claire, entre un libellé
intitulé "Rationalisation interne" et un autre qui s'appelle
"Dépenses diverses et diffuses". Ne croyez-vous pas qu'à certains
égards cela va se recouper? Sinon, éclairez-moi.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le député d'Abitibi-Ouest a
répondu à sa propre question. Il a posé la question et il
a dit que je ne le savais pas. Moi, je lui ai dit qu'il était dans
l'erreur. Oui, on le sait, au Conseil du trésor, élément
par élément. C'est une brique et je peux faire venir les
documents si cela inquiète le député d'Abittbt-Ouest; on
peut lui dire ministère par ministère ce qu'est chacun des
éléments. On aura seulement à rallonger un peu la
période allouée et on peut divulguer cela au député
d'Abitibi-Ouest. D'autant plus que je suis surpris que cela l'inquiète
qu'on ait employé ou introduit des méthodes de rationalisation.
Je n'ai aucun doute que le député d'Abitibi-Ouest est aussi un
très bon administrateur et ces méthodes-là devaient et
pouvaient être appliquées. C'est ce qu'on a fait. L'accumulation
représente effectivement en rationalisation interne 196 000 000 $ et en
réductions de dépenses diverses 159 000 000 $, ceci étant
composé d'un grand nombre d'éléments à
l'intérieur des programmes de chacun des 27 ministères ou de
chacun des ministères pour lesquels 27 ministres sont responsables.
M. Gendron: M. le Président, d'abord...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gobeil: Oui, je le répète, on sait
élément par élément quelles sont ces
réductions et rationalisations.
M. Gendron: M. le Président, pour éviter, et encore
là bien amicalement parce que je suis conscient de la franchise du
président du Conseil du trésor, je n'ai jamais affirmé en
cette commission que vous ne le saviez pas. La preuve est que ma question
était: Toutes ces rationalisations ou dépenses diverses
sont-elles identifiées à l'heure où l'on se parle? Alors,
si je vous demande si elles sont identifiées, je ne prétends pas
que vous ne le savez pas.
M. Gobeil: M. le Président, on relira le Journal des
débats. On verra.
M. Gendron: Je relirai le Journal des débats, cela me fera
plaisir. De toute façon, c'est ce que j'ai voulu savoir et le
président du Conseil du trésor dit: Non, non, on sait tout cela,
ce qu'on entend par 196 000 000 $, de rationalisations internes. On sait
également très bien au Conseil du trésor ce que l'on
entend par 159 000 000 $ de dépenses diverses et diffuses.
Demande de déposer la liste
détaillée des compressions budgétaires
Si c'est exact - et je n'ai pas raison d'en douter, je prends votre
parole, M. le président du Conseil du trésor - j'aimerai3 cela,
toujours au nom de la transparence, toujours au nom de l'efficacité du
travail de parlementaires sérieux qui prennent leurs
responsabilités, que vous déposiez à la commission du
budget et de l'administration le document qui indique d'une façon
claire... Bravo si vous l'avez fait! Sérieusement, je vous en
félicite si vous êtes en mesure d'identifier 196 000 000 $. Vous
nous l'avez offert. Vous nous avez dit: Oui, on va déposer cela et on va
vous donner cette information. M. le Président, je demande au
président du Conseil du trésor que nous ayons cette
information.
Le Président (M. Lemieux): Avant d'entendre la
réponse du président du Conseil du trésor, vous savez que,
relativement au dépôt de documents, la présidence a une
certaine discrétion. J'aimerais attirer votre attention sur le fait
suivant, que d'autres commissions parlementaires sont appelées à
étudier l'ensemble des crédits des 27 différents
ministères et organismes et que nous avons ici comme mandat
d'étudier, si je comprends bien le sens du mandat et il me
semble bien le comprendre, les crédits budgétaires du
Conseil du trésor comme tels. M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, comme il n'y a pas de
dépôt officiel en commission parlementaire, comme le
président du Conseil du trésor vient de faire une offre au
député d'Abitibi-Ouest qu'il est prêt à
déposer ces documents-là, le dépôt pourrait se faire
à l'Assemblée nationale dès l'ouverture de la
période de questions cet après-midi. Les documents concernant les
358 000 000 $ avec les détails, on accepterait facilement que leur
dépôt soit fait à l'Assemblée nationale. Nous sommes
d'accord pour nous prévaloir de l'offre qu'il vient de faire de
déposer ces documents qui montrent les différents
éléments qui ont été comprimés.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Vous venez de mentionner, comme je l'avais
mentionné plus tôt, que nos travaux doivent porter sur un sujet
particulier qui s'appelle l'étude des crédits du Conseil du
trésor. De là on déborde largement dans les crédits
de tous les autres ministères. Vous avez tout à fait raison
lorsque vous mentionnez qu'il nous faut revenir aux crédits du Conseil
du trésor. Le Conseil du trésor est un ministère
extrêmement important; on l'a souligné. Le député
d'Abitibi-Ouest a raison de le dire. Il a un rôle d'administrateur
général dans l'organisation des crédits de chacun des
ministères. Mais c'est lui-même un ministère; c'est
lui-même un ministère important dans lequel il nous faut revenir,
je pense, à étudier l'organisation et l'orientation que ce
ministère lui-même prendra dans les semaines et l'année qui
vient pour sa réorganisation interne.
Je pense qu'il nous faut revenir là-dessus et revenir au sujet de
notre commission dans les plus brefs délais. Nous nous égarons,
M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je reviens sur la question de
règlement, très rapidement, parce que je trouve que cela allait
bien. Je veux vous préciser qu'il ne s'agit pas du tout d'une question
de règlement, parce que c'est dans les crédits du
président du Conseil du trésor. C'est dans ses crédits,
è 1, les crédits généraux qu'on est en train
d'étudier. Le président du Conseil du trésor a
déposé - ce que j'ai ici - pour chacun des ministères, des
articles qui s'appellent "Rationalisation interne et autres mesures" de
même que "Dépenses diverses et diffuses".
Cela provient du président du Conseil du trésor et c'est
vraiment dans le mandat de la commission d'étudier les crédits du
président du Conseil du trésor où, à l'article 1,
on a la généralité de l'ensemble de l'appareil
gouvernemental. Dans ce sens, nous étions tout à fait pertinents,
M. le Président. Il ne s'agit pas d'une question de règlement
quand on pose des questions sur les crédits du président du
Conseil du trésor; deux volets importants de ces crédits qui sont
196 000 000 $ de rationalisation interne et 159 000 000 $ de dépenses
diverses et diffuses.
Je suis convaincu que, si vous donniez la parole au président du
Conseil du trésor, il confirmerait son offre que, oui, ils ont ces
réponses et il n'y a pas d'objection à déposer cette
information.
M. Gobeil: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: Je m'excuse auprès du député de
Lévis et du député d'Abitibi-Ouest, mais je pense qu'ils
ont mal compris. Je n'ai jamais offert de déposer ces documents. J'ai
dit que, oui, on les connaissait; ils étaient identifiés. Vous
comprendrez que ces crédits, ces rationalisations et ces
réductions sont à l'intérieur de ministères avec
des ministres responsables.
Dans le cadre des commissions parlementaires pour l'étude des
crédits de chacun des ministères, il conviendra à chacun
des ministres de déposer ou non le détail de ses
réalisations et réductions en fonction des demandes. Je n'ai pas,
M. le Président, à me substituer à chacun des ministres
responsables et à connaître leurs crédits à
l'intérieur de leurs ministères, à ce stade-ci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, vous voulez intervenir?
M. Gendron: M. le Président, encore là,
correctement, je pense que c'est le président du Conseil du
trésor qui a affirmé qu'il avait exigé de l'ensemble des
ministères 196 000 000 $ de rationalisation interne. C'est le
président du Conseil du trésor qui a affirmé qu'il avait
exigé 159 000 000 $ de dépenses diverses et diffuses. À
moins que je sois sourd, j'ai bel et bien entendu - mes collègues de
même - le président du Conseil du trésor dire
ultérieurement à la question de règlement du
député de Saint-Louis qu'il était disposé à
fournir ces informations et il nous en a fait l'offre.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le Président, je suis
toujours disposé à fournir ces informations à mes
honorables collègues députés sur demande. Alors, je peux
faire venir les documents et il pourra me poser les questions sur les
ministères dans ce cadre et je répondrai à leurs
questions.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor, il s'agit bien d'un document qui concerne les
crédits budgétaires du Conseil du trésor. On s'entend bien
là-dessus?
M. Gobeil: La demande, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Et on s'entend aussi sur le
fait, messieurs des groupes parlementaires, qu'il ne s'agit pas
d'étudier les crédits budgétaires d'autres
ministères ou d'autres commissions à siéger. On s'entend
bien là-dessus?
M. Gendron; II est évident, M. le Président, que je
ne veux pas faire l'étude du détail de la rationalisation et des
mesures dites dépenses diverses et diffuses. Ce n'est pas cela que j'ai
dit. Je voulais savoir si ces mesures étaient identifiées. La
réponse du président du Conseil du trésor a
été oui. Deuxièmement, cela a été dit que ce
document pouvait m'être fourni. Il vient de nous indiquer: Si vous en
faites la demande.
Cela fait trois fois que je demande cet instrument de travail. Alors,
oui, M. le Président, j'en fais la demande.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du Conseil du
trésor.
M. Gobeil: M. le Président, j'ai dit que j'étais
prêt à fournir les informations mais je n'ai jamais dit que
j'étais prêt à déposer des documents internes du
Conseil du trésor. Je m'excuse, mais je suis ici pour qu'on me pose des
questions. Je respecte le droit de cette commission parlementaire de me poser
des questions sur un ministère précis ou même sur
l'ensemble des ministères, étant donné que, dans le livre
des crédits, les montants sont globalement identifiés. À
ce moment-là, je répondrai à chacune des questions.
M. Gendron: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je n'exige pas d'avoir les
informations administratives du Conseil du trésor. J'exige tout
simplement que le président du Conseil du trésor fournisse
à cette commission les informations concernant les coupures, les
compressions budgétaires qu'il a imposées à
l'étiquette dite: Rationalisation interne et à l'étiquette
dite: Dépenses diverses et diffuses. Je veux avoir l'identification de
ces coupures pour l'ensemble des ministères, parce que c'est le
président du Conseil du trésor dans ses crédits qui a
exigé ces compressions à ces deux étiquettes et je pense
que c'est une information utile et pertinente pour nous. Je n'ai jamais
exigé que nous fassions, en cette commission, l'analyse de la
ventilation. Mais il nous a dit, à deux reprises, qu'il était
d'accord de nous donner cette information sur les deux points
spécifiques.
Alors, je veux savoir, de la part du président du Conseil du
trésor, ce qui suit: Est-ce qu'il sera en mesure de donner aux membres
de cette commission, d'une façon précise, ta ventilation de ces
deux points de compression afin que nous puissions totaliser ces montants de
196 000 000 $ et de 159 000 000 $?
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le Président, j'ai entendu le
député d'Abitibi-Ouest dire, deux fois, que j'avais exigé
des ministres ou des ministères des rationalisations et des
réductions. Je le prie de prendre bonne note que je n'ai pas
exigé, en tant que président du Conseil du trésor,
cesdites rationalisations et réductions.
Il y a eu un exercice de compressions. Et, par décision, le
Conseil des ministres a demandé à chacun des ministres ou des
ministères de travailler è la possibilité de compresser
certaines dépenses selon cinq méthodes que je vous expliquais
antérieurement. Ces rationalisations et/ou réductions ont
été fournies par les ministres ou les ministères et non
pas exigées par le président du Conseil du trésor.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je pense qu'au-delà
des termes, le président du Conseil du trésor va convenir avec
moi que puisque vous-même, dans vos crédits déposés,
vous pouvez affirmer qu'il y a 356 000 000 $ qui se divisent comme je l'ai
énoncé, c'est que les ministères, à la suite d'une
décision gouvernementale que je comprends, ont donné suite
à la demande du président du Conseil du trésor. Ce n'est
pas mon document, c'est le vôtre, M. le président du Conseil du
trésor. Cela vient de chez vous. Cela vient de votre
responsabilité, où vous indiquez, pour chacun des
ministères: Tu vas m'en donner 9,8, tu vas m'en donner 21,5, tu vas m'en
donner 9, sur les deux points qu'on discute pour totaliser 196 000 000 $ et 159
000 000 $. Au nom de la transparence, je veux avoir ces informations.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: Je n'ai jamais dit aux ministres ou aux
ministères: Tu vas m'en donner, pour reprendre les propos du
député d'Abitibi-Ouest. C'est là un résultat, c'est
même marqué: Sommaire des principales mesures de compression par
titre. C'est la compilation des 27 ministères; dans un document interne,
on a additionné - je prie le député d'Abitibi-Ouest de
croire que l'addition est exacte - les compressions qui nous ont
été fournies par les ministères. Je n'ai ni exigé -
pour employer ses termes - et je ne leur ai jamais dit: "Tu vas me donner ou
vous allez me donner", jamais!
M. Gendron: Peu importent les termes, vous les avez eues, elles
sont dans vos crédits, M. le Président. Soyons sérieux.
Elles sont dans votre livre des crédits, donc vous les avez eues.
M. Gobeil: M. le Président, c'est sûr qu'elles sont
dans le livre des crédits, c'est ma responsabilité.
M. Gendron: Ah!
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, relativement à une intervention, j'aimerais tout
simplement vous rappeler l'article 212 que vous connaissez, j'en suis certain:
"Tout député, estimant que ses propos ont été mai
compris ou déformés, peut donner de très brèves
explications sur le discours qu'il a prononcé."
Ce qui est beaucoup plus important, c'est le deuxième paragraphe:
"II doit donner ces explications immédiatement après
l'intervention qui les suscite. Elles ne doivent apporter aucun
élément nouveau à la discussion, ni susciter de
débat."
J'aimerais vous faire remarquer que je vais un peu à l'encontre
de la règle de l'alternance puisque M. le député de
Saint-Louis avait déjà demandé la parole.
M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je veux faire remarquer ceci au
président du Conseil du trésor. En vertu des propres documents
qui ont été déposés le 5 mars par le ministre des
Finances, à la page 9, référant à des compressions
anticipées mais non identifiées, ce dernier disait: ''Par
ailleurs, si on tient compte du fait que les prévisions du discours sur
le budget d'avril 1985 incorporaient des compressions totalisant 455 000 000 $
en 1986-1987 sans qu'un plan précis pour leur réalisation n'ait
été établi, il est clair que les équilibres
financiers, sur lesquels ce budget a été basé, sont
devenus caducs à peine quelques semaines après sa lecture
à l'Assemblée nationale." (12 h 45)
Je vous dis, M. le Président, qu'en vertu des mêmes
principes qui ont guidé le ministre des Finances lorsqu'il a
effacé 455 000 000 $ de compressions prévues parce qu'elles
n'étaient pas précisées, si le président du Conseil
du trésor n'est pas capable de déposer un plan
détaillé de ses compressions budgétaires, comme son propre
ministre des Finances le dit dans son propre document du 5 mars, ses
compressions sont devenues caduques si vous n'êtes pas capable de lui
montrer la liste de ses dépenses qui sont comprimées selon le
propre document, selon vos propres principes, selon vos propres règles
établies dans votre document à la page 9 du 5 mars 1986.
Je cite: Par ailleurs, si on tient compte du fait que les
prévisions du discours sur le budget d'avril 1985 incorporaient des
compressions totalisant 455 000 000 $, en 1986-1987, sans qu'un plan
précis pour leur réalisation n'ait été
établi, il est clair que les équilibres financiers sur lesquels
ce budget a été basé sont devenus caducs à peine
quelques semaines après sa lecture à l'Assemblée
nationale.
Nous sommes actuellement dans 356 000 000 $ de compressions non
identifiées sans aucun plan détaillé, sans aucune
ventilation. Si le ministre n'est pas capable de déposer cela à
l'Assemblée nationale de quelque façon que ce soit, on devra
considérer qu'il y a 356 000 000 $ de compressions qui sont caduques,
qui sont là pour la frime parce que le gouvernement n'est pas capable de
les identifier.
Le Président (M. Lemieux): Vous faites
référence aux...
M. Garon: Au document déposé par le ministre des
Finances...
Le Président (M. Lemieux): Premier paragraphe, page 9.
M. Garon: Pagé 9, premier paragraphe, dans les quatre
dernières lignes.
Le Président (M. Lemieux): Quatre dernières
lignes.
M. Garon: Dans les cinq dernières lignes.
Une voix: M. le Président.
M. Garon: En vertu des mêmes principes qui ont guidé
le ministre des Finances.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du Conseil du
trésor.
M. Gobeil: M. le Président, j'ai mentionné
antérieurement que les choix de compressions avaient été
faits par les ministères et que ce sont eux qui ont fait le choix soit
de la réduction de nouvelles activités, soit de la cessation
d'activités, soit de la rationalisation interne, soit de la
réduction des dépenses diverses pour un total de 674 000 000 $.
C'est leur choix, aux divers ministères. Je pense bien que la question
devrait, étant donné que c'est leur choix, être
posée en commission parlementaire à chacun des ministres
concernés.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, j'aurais pu, tout à
l'heure, utiliser le règlement, mais il ne faut pas abuser du
règlement, évidemment. L'article 213 m'aurait permis de poser une
question au député d'Abitibi-Ouest dans le sens que les niveaux
de compressions qu'il mentionnait dans chacun des ministères
correspondent à ce que les ministères ont eux-mêmes
décidé de comprimer dans chacune de leurs fonctions respectives.
Dans ce cas, il est évident que nos commissions parlementaires qui
étudient les crédits des différents ministères
doivent être la place, l'endroit idéal pour poser la question,
mais dans chacune des commissions. J'aurais bien compris le
député d'Abitibi-Ouest de s'informer et de discuter de
l'écart qui existe au Conseil du trésor, une baisse de 964 600 $,
soit 5,5 %, en termes de compressions budgétaires par rapport au budget
de 1984-1985.
Je pense qu'on se serait tenus, à ce moment, M. le
Président, aux règles mêmes qui doivent statuer nos
travaux, c'est-à-dire, encore une fois, à l'étude des
crédits du Conseil du trésor. Nous sommes en train de nous
éparpiller dans l'ensemble de l'administration gouvernementale, je
comprends qu'on pourrait le faire, mais à la condition que nous
travaillions sur l'ensemble des crédits du gouvernement.
Or les crédits sont aussi, comme vous le savez, M. le
député d'Abitibi-Ouest, étudiés dans les autres
commissions qui siègent actuellement. Ce serait l'endroit idéal
pour vos collègues, pour nous-mêmes de contester ces niveaux de
compressions dans chacune des autres commissions.
M. Gendron: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Sur la question de règlement, M. le
Président...
M. Chagnore Je n'ai pas posé de question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): M. ie député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Non, mais il a fait une intervention. Ce document que
j'ai ici, M. le Président, s'intitule: "Budget 1986-1987, Renseignements
supplémentaires, Crédits, Le 25 mars 1986", déposé
par le titulaire responsable, président du Conseil du trésor.
Pagé cinq, M. ie Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: C'est le président du Conseil du trésor
qui dit: J'ai pour 356 000 000 $ de crédits que j'intitule:
rationalisation interne, dépenses diverses et diffuses. Il n'a pas
été hypocrite, il nous l'a dit en tant que président du
Conseil du trésor. Il connaissait, il les avait identifiés. Je
connais toute la démarche, c'est écrit dans son texte.
Le Président (M. Lemieux): Vous faites
référence au dernier paragraphe de la page cinq.
M. Gendron: Oui, M. le Président. Je vous le lis, parce
que c'est moi qui ai le droit de parole. Pour la balance des compressions, soit
356 000 000 $ - j'ai lu cela 25 fois - les ministères ont
procédé, d'une part, à ce qu'on peut appeler des
rationalisations administratives internes pour un montant de 196 000 000 $,
c'est-à-dire différentes mesures qui s'identifient à une
plus grande efficacité de la machine administrative. Sa "job", sa
responsabilité comme président du Conseil du trésor qu'il
assume bien. Il nous a dit cela tantôt.
Il y a eu, d'autre part, 159 000 000 $ de réduction de
dépenses diverses et diffuses qui se traduiront par des diminutions de
coûts. Ce sont les crédits du président du Conseil du
trésor que je viens de lire, M. le Président.
En plus de cela, il a eu la franchise de nous dire: Je sais quoi, ils
sont identifiés et cela me fait plaisir de vous transmettre cette
information. Je ne pourrai pas continuer le travail en commission parlementaire
si je n'ai pas la garantie du président du Conseil du trésor, pas
dans les crédits des autres ministères, parce que je parle des
sommations et non de la ventilation interne de chacun des
ministères.
On sait que mon collègue des Affaires culturelles... Pour
reprendre le papier que j'ai cité tantôt, aux Affaires
culturelles, au point "Rationalisation interne et autres mesures", il y en a
pour 10 000 000 $. C'est quoi? C'est leur travail, M. le Président, et
je ne veux pas m'immiscer dans
le travail de mes collègues des autres commissions.
Mais, mon travail, comme critique de l'Opposition, c'est de savoir qu'il
y en a pour 356 000 000 $ sur deux étiquettes. C'est ventilé,
c'est précis, c'est connu et c'est un outil de travail dont j'ai besoin.
Il nous l'a offert, je le veux, je l'exige. Autrement, je ne pourrai pas
continuer à étudier les crédits, parce que,
systématiquement, on ne voudrait pas nous donner les instruments dont
nous avons besoin pour faire notre boulot et notre travail. C'est juste clair
comme cela et le président du Conseil du trésor l'a très
bien compris.
Je ne suis plus au Trésor. Donc, je ne veux pas avoir les
informations du Conseil du trésor. Je veux avoir l'information qui est
nôtre. Les 356 000 000 $ se ventilent comment et pourquoi est-il
arrivé a 196 000 000 $ de rationalisation interne? Il nous l'a dit. Il a
eu l'honnêteté de le dire. Je le sais. On faisait le travail et on
l'a identifié.
Pourquoi arrive-t-il è 159 000 000 $ de dépenses diverses?
En collaboration avec les autres ministères, on a établi que ce
montant pouvait être escompté pour 159 000 000 $. C'est simple, M.
le Président. On n'a pas à s'énerver et à s'agiter
avec cela. Au nom de la transparence et de l'information publique, c'est une
information qui existe, elle est colligée, elle est utile pour la
conduite de nos travaux. Je veux que nous l'ayons.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le Président, je voudrais d'abord rappeler
au député d'Abitibi-Ouest que ce ne sont pas les crédits
du Conseil du trésor, comme il l'a mentionné, mais bien les
crédits du gouvernement déposés par le ministre des
Finances à l'Assemblée nationale.
Il a bien mentionné qu'il y a au Conseil du trésor des
informations qui proviennent des divers ministères dont l'information
détaillée des réductions de dépenses pour un total
de 674 000 000 $. Effectivement, ces informations sont actuellement disponibles
au Conseil du trésor et je ne le nie pas, mais ce sont les chiffres de
chacun des ministères et, à mon point de vue, la question devrait
s'adresser à chacun des ministres responsables des ministères en
cause. L'Opposition pourra faire la compilation et verra qu'il y a un total des
divers ministères pour 674 000 000 $. En tant que président du
Conseil du trésor, je ne crois pas qu'il soit de mon devoir de divulguer
ces chiffres. Ce ne sont pas les chiffres du ministère du Conseil du
trésor, si je peux l'appeler ainsi, mais bien de chacun des
ministères.
Si le député d'Abitibi-Ouest veut avoir le détail
des compressions de 5,5 % ou 900 000 $ - je pense que c'est quelque 900 000 $,
si ma mémoire est bonne - ceci est disponible et je suis prêt
à déposer ces compressions pour un montant de 964 600 $ se
rapportant au ministère du Conseil du trésor.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, vous aviez demandé la parole.
M. Garon: M. le Président, il faut bien être
conscient de l'opération qu'on fait là. On étudie les
crédits de l'ensemble du gouvernement qui représentent un chiffre
global, mais qui se répartissent dans chacun des ministères. Si
le ministre refuse d'identifier les compressions qui sont des compressions
globales non ventilées...
M. Gobetk Faux?
M. Garon: Mais, nous, on n'a pas autre chose que cela.
Voyez-vous, on ne peut pas étudier des choses sur des paroles
"verbales". Il va falloir étudier des crédits sérieux et
identifiés dans chacun des ministères.
M. Gobeil: M. le Président...
M. Garon: Actuellement, on n'a aucun document qui nous identifie
358 000 000 $. Comment voulez-vous par la suite arriver et se
référer, au cours de l'étude des crédits, a des
chiffres qu'on n'a pas. C'est pour cela, et non seulement cela, mais plus que
cela, qu'actuellement, il faut essayer de faire des comparaisons, qui n'ont pas
été faites pour la première fois dans l'étude des
crédits, entre les différentes années, avec une
étude complète des coupures, des réajustements. Tout cela
se retrouve dans des documents différents et non pa3 dans un document
comme on a l'habitude d'en avoir chaque année avec des comparaisons par
poste, par sujet, par élément de programme. En plus, on a 358 000
000 $ là-dedans qu'on ne sait pas où ils se promènent
exactement.
M. le Président, je pense que, non seulement cela, mais comme
Opposition officielle, on est en train de mettre en cause l'étude des
crédits. On n'est pas capable de faire l'étude des crédits
dans des conditions comme celles-là. Voyons, il y a 358 000 000 $ qui se
promènent dans le décor non identifiés.
Le ministre des Finances lui-même disait que des compressions
comme cela ne doivent pas être incluses dans les chiffres du budget,
parce que cela ne veut rien dire. Son ministre des Finances le disait
lui-même à la page 9 quand il regardait le discours sur le budget,
pour des crédits anticipés, pour une année future,
même pas l'année actuelle, l'année future. Là, on
n'est dans l'année
actuelle. On étudie les chiffres actuels et on n'est pas capable
de faire de ventilation par ministère pour que les ministères
puissent en faire l'étude.
Je vais vous donner un exemple. Quand vous regardez à
alimentation et agriculture, essayez de vous retrouver là-dedans,
où le ministre a 561 000 000 $ et tombe à 504 000 000 $. Vous
avez un autre document où on vous dit qu'il y a 25 300 000 $ de
coupures, dont l'assurance-stabilisation. Comment cela s'organise? Alors que,
dans l'autre document, vous avez une augmentation de l'assurance-stabilisation,
pendant qu'on vous dit qu'il va y avoir 15 000 000 $ de coupures. Il n'y a
aucun document compréhensible. Les chiffres sont garrochés comme
cela. Comment peut-on se retrouver là-dedans?
M. Gobeil: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: Une clarification. M. Garon: Si on fait...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, oui.
M. Garon: Je termine en disant qu'on fait l'étude d'un
budget actuellement. J'imagine que chez Provigo, on ne fait pas l'étude.
On devait savoir ce qu'étaient les éléments.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Bélisle: Cela va faire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Iles, s'il vous plaît! M. le député de
Lévis.
M. Garon: II faut avoir la répartition du budget comme on
dit dans une "business". Je regrette, c'est le gouvernement qui a dit qu'il
menait le gouvernement comme une "business". Quand on marche comme une
"business", on devrait être capable de savoir chacun des
éléments des dépenses. Il dit qu'il les a, qu'il nous les
donne s'il les a. Après cela, on vérifiera avec les
ministères, on vérifiera avec les ministres si ces
crédits-là doivent être votés ou non et quelles
questions on doit poser, parce que le public doit être renseigné.
Ce n'est pas un jeu de cachette l'étude d'un budget. Que le ministre
fournisse ses chiffres. Il dit qu'il les a. S'il les a qu'il nous les donne.
Quand il y a eu des questions en Chambre, on s'est rendu compte que les
ministres n'avaient pas l'air trop au courant. Trois ministres ont
été interrogés. Aucun savait de quoi il s'agissait. On
veut avoir les documents, parce que l'étude des crédits peut
être mise en cause si on est pas capable d'avoir les documents pour faire
une étude sérieuse des crédits.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais simplement aussi
vous signaler que lorsque le député de Lévis s'exprime, il
a droit à son droit de parole comme chacun des parlementaires de cette
commission. J'aimerais que l'on respecte ce droit de parole. M. le
président du Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le Président, que je sache, nous sommes en
commission parlementaire pour étudier les crédits du Conseil du
trésor. Si on est ici pour étudier les crédits de tous les
ministères, j'aimerais bien qu'on clarifie ce point-là. À
mon point de vue, nous sommes ici pour étudier les crédits du
Conseil du trésor. Je suis conscient que cela peux déborder pour
certains éléments d'ensemble, d'orientation, mais non pas de
détails précis, parce qu'à ce moment-là, si je
reprends le document auquel se réfère le député
d'Abitibi-Ouest qui est un document public, à la page 6, effectivement,
il y a mention d'une réduction totale des dépenses de 674 000 000
$♦ À la page 7, il y a des crédits de développement
pour 204 000 000 $. Cela voudrait dire que, théoriquement, je devrais
aussi répondre pour chacun des ministères, pour chacun des
éléments de crédits de développement
déposé dans ce document public. Je regrette, mais, à ma
connaissance, il y a 26 autres ministres au gouvernement qui sont responsables
de leurs crédits et qui doivent répondre à ces
questions-là. Je n'ai pas la responsabilité des 26 autres
ministères au gouvernement du Québec.
M. Gendron: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux}; M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Très calmement. Le président du Conseil
du trésor dit: Écoutez, on est ici pour étudier les
crédits du Conseil du trésor. Soit! Soit! Je ne citerai plus son
document et je vais aller au document qu'il nous a expédié qui
s'intitule: Étude des crédits du Conseil du trésor,
exercice financier 1986-1987. Je suis en mesure d'indiquer aux membres de cette
commission de même qu'au président du Conseil du trésor
qu'il est clair que ce dont on discute depuis quinze minutes est bel et bien
compris dans le document non paginé - là, faites un effort-CD
heures)
Le Président (M. Lemieux): Explications des écarts
budgétaires du programme au niveau des super-catégories.
M. Gendron: C'est cela. Allez au tableau des explications des
écarts budgétaires du programme au niveau des
super-catégories et... Écoutez, je ne suis pas un enfant
d'école. Vous ne me ferez jamais accroire, M. le président du
Conseil du trésor, que dans les catégories
fonctionnement-personnel, fonctionnement-autres dépenses et
capital-autres dépenses, chaque fois que vous commencez votre phrase en
disants L'écart résulte des facteurs suivants:
premièrement, compression volontaire de 6,28 % pour 750 000 000 $... Au
premier élément de programme de...
M. Gobeil: De la catégorie...
M. Gendron: ...la catégorie du Conseil du trésor,
c'est évident...
M. Gobeil: Ce ne sont pas des millions...
M. Gendron: Un instant! Ce sont des milliards...
M. Gobeil: Pardon! C'est 750 000 $.
M. Gendron: C'est cela. Je suis d'accord mais, au-delà des
chiffres, il est évident que les compressions qu'on veut établir
dans les éléments de rationalisation interne et dépenses
diverses et diffuses, quand on aura à faire la somme pour
équilibrer le niveau des compressions... Vous parlez également du
356 000 000 $ que vous escomptez recevoir de l'ensemble des ministères
pour constituer 196 000 000 $ de rationalisation interne et 159 000 000 $ de
dépenses diverses et diffuses. C'est évident. À ce
moment-là, nous sommes bel et bien dans le document de l'étude
des crédits du Conseil du trésor.
Je reviens à la question de fond. Je ne veux pas faire l'analyse
en détail de la rationalisation du ministère des Affaires
culturelles et du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Ce n'est pas notre mandat. Notre mandat est de comprendre les
montants de 196 000 000 $ et de 159 000 000 $ que vous avez libellés
comme je l'ai indiqué. D'autant plus que vous nous avez dit - là,
on va être rendu à quatre ou cinq reprises, je pense - oui, on
sait quoi. Oui, cela a été identifié au Conseil du
trésor. C'est ma responsabilité, à la suite de
l'étroite collaboration des collègues qui m'ont livré - si
vous n'aimez pas mes mots, je vais prendre les vôtres -pour 356 000 000 $
de compressions dites de rationalisation interne et de dépenses diverses
et diffuses... Ils s'appellent comment et où sont-ils situés?
C'est ce que je veux savoir, comme membre de cette commission. Je ne veux pas
savoir si c'est 1 000 000 $ au ministère des Affaires culturelles et que
la rationalisation sera une coupure de deux postes d'occasionnels ou autre. Ce
n'est pas ce que je veux savoir. Cette information est pertinente, utile et
requise. On en a besoin. Ce n'est qu'avec cette information qu'on va continuer
à faire notre travail. Sinon - c'est votre droit - nous dirons à
la population qu'on n'a pas pu poursuivre notre travail à la commission
parlementaire sur l'étude des crédits budgétaires, parce
que c'est une petite affaire. Pour un montant de 356 000 000 $, on nous a dit:
Allez questionner vos beaux-parents ou je ne sais qui... Arrangez-vous avec vos
troubles. Mais ce n'est pas cela. Nous autres, notre trouble, c'est de savoir
ce que c'est et on veut l'avoir ici.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: D'abord, les compressions, comme les a appelées
le député d'Abitibi-Ouest, n'ont pas été
identifiées, mais elles ont été compilées au
Conseil du trésor. C'est sûr, parce que c'est le rôle du
Conseil du trésor.
M. Gendron: Exact, je sais tout cela.
M. Gobeil: Pour revenir à la mention qu'il a faite en ce
qui concerne les crédits du Conseil du trésor pour un montant de
750 000 $, à la catégorie fonctionnement-personnel, je suis
prêt à lui fournir toutes les explications, au cent près,
pour ce montant, comme pour celui du fonctionnement-autres dépenses de
359 600 $ ou pour celui du capital-autres dépenses de 56 000 $, lesquels
montants sont compris dans le montant total de 674 000 000 $.
Chacun des ministères aura à défendre ses
crédits en commission parlementaire. Je pense que chaque membre des
commissions parlementaires pourra poser des questions aux divers ministres
responsables qui devront répondre aux questions.
Pour ma part, en ce qui concerne la défense des crédits du
Conseil du trésor, je suis prêt à donner les détails
des compressions volontaires telles qu'identifiées dans le document
déposé et remis aux membres de la commission parlementaire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Le président du Conseil du trésor
m'invite à reformuler ma question. Il dit: Je suis prêt à
vous donner tout cela. Ma question est simple. Je demande, pour l'ensemble des
ministères, une ventilation précise de ces compressions. À
ce moment-ci, je pense, M. le Président, qu'il vous appartient, puisque
vous êtes le gardien de la démocratie dans cette commission,
de
statuer. Vous êtes le président et je formule une demande
qui me paraît tout à fait conforme au mandat qui nous a
été confié pour étudier l'ensemble des
crédits du Conseil du trésor, et je pense que ce document nous
est nécessaire. L'information est disponible, le président du
Conseil du trésor a la ventilation, je veux qu'il la dépose
à cette commission. Je demande que vous statuiez sur cette demande,
sinon nous devrons prendre des décisions.
Le Président (M. Lemieux}: M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président, une question de
directive. Je voudrais avoir une directive à savoir si ce sont
présentement, dans le cinq heures qui nous sont allouées, les
crédits totaux du gouvernement qui sont à l'étude ou
seulement les crédits du Conseil du trésor, mises à part
les remarques préliminaires de la première heure... Les
crédits spécifiques, c'est-à-dire les montants
demandés pour accomplir les obligations du Conseil du trésor et
non les obligations de l'ensemble des ministères. J'aimerais avoir une
directive de votre part et une décision là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Bélisle: Est-ce que je vais l'avoir, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Mille-Iles, après l'intervention du député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Je serai bref pour vous permettre de statuer sur
cette dernière question le plus rapidement possible. J'étais
heureux de voir le député d'Abitibi-Ouest nous ramener enfin,
après deux heures de débat, au document que nous a remis le
Conseil du trésor pour fins d'étude des crédits dudit
Conseil du trésor. Les explications sur les écarts
budgétaires au niveau des super catégories que l'on retrouve dans
le document que vous avez cité sont tout à fait pertinentes et
nous ramènent exactement sur le fond de la question que nous avons
à étudier, aujourd'hui, en commission parlementaire.
Les questions que vous soulevez concernent les compressions volontaires
d'un ministère et ces questions relèvent évidemment du
ministre responsable du ministère, et nous, nous devons,
évidemment, l'interroger sur ces questions le plus rapidement possible.
Mais il n'est pas question... Vous-même, M. le député
d'Abitibi-Ouest, avez dit: Enfin, on va mettre ce que j'ai dit de
côté et on va revenir au document initial. C'est une excellente
intiative de votre part.
Persistez dans cette voie, elle vous va bien. Mais aidez-nous à
faire en sorte que le président du Conseil du trésor puisse
donner des explications concernant le fonctionnement de son propre
ministère.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, terminez.
M. Chagnon: Là-dessus, je pense que la demande du
député d'Abitibi-Ouest est non recevable et non pertinente parce
qu'elle s'écarte du mandat de cette commission qui est de faire
l'étude des crédits du ministère qui s'appelle le Conseil
du trésor. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, il faut savoir comment cela
fonctionne. Quand on parle de compressions volontaires, le Conseil du
trésor peut dire: J'ai fixé des compressions de 10 000 000 $ au
ministère de l'Agriculture, fournissez-moi 10 000 000 $ de compressions.
Il va les accepter ou on ne les acceptera pas. Ce qu'on étudie, ce n'est
pas le document de chacun des ministres. On voudrait être dans la
réalité. C'est comme si on disait, dans une compagnie: Chaque
vice-président fournit sa colonne de chiffres. Voyons donc! cela ne
fonctionne pas ainsi. Cela fonctionne de la façon suivante. Le gardien
du budget au point de vue des crédits, c'est le président du
Conseil du trésor, c'est lui qui établit le document auquel doit
se conformer chacun des ministres responsables d'un ministère.
Plus que cela, le ministre ne pourra pas dépenser plus de 5000 $
sans demander la permission au ministre responsable du Conseil du
trésor, parce que c'est lui qui est gardien du budget dans son ensemble
et même par rapport à chacun des ministères
individuellement. C'est ce qui se passe. Le ministre responsable d'un
ministère peut faire des propositions qui seront acceptées ou qui
ne le seront pas...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, lorsque le député de Lévis s'exprime,
voulez-vous, s'il vous plaît, le laisser s'exprimer?
M. Garon: Le ministre peut faire des propositions et dire: Vous
m'avez demandé 75 000 000 $ de coupures, je n'en suis pas capable. Il
peut s'opposer, il peut faire n'importe quoi, mais à la fin... Je vous
dirai plus que cela, il est capable d'établir le montant dans chacun des
ministères en se foutant du ministre. C'est lui qui décide, c'est
lui qui est responsable des crédits dans leur ensemble.
Évidemment, il va négocier, mais souvent, si les ministres ne
s'entendent
pas, le ministre responsable du Conseil du trésor va trancher la
question ou va faire arbitrer le Conseil des ministres ou le premier
ministre.
Le document qui va sortir, c'est le document du président du
Conseil du trésor, ce n'est pas le document du responsable du
ministère de l'Agriculture ou du ministère des Transports. C'est
pour cela que parfois les gens disent - ils semblent comprendre mieux que les
députés du gouvernement -que tel ministre s'est fait avaler par
le président du Conseil du trésor, s'est fait tordre par le
Conseil du trésor. Pourquoi? Parce que c'est ça qui se passe dans
la réalité. C'est le Conseil du trésor qui décide,
c'est le ministre responsable du Conseil du trésor qui décide. Je
suis allé pendant neuf ans au Conseil du trésor, je sais comment
cela marche! Mais aujourd'hui, je sais que les documents qu'on va
étudier dans chacun des ministères ce ne sont pas les documents
des ministres. Ils ont pu s'entendre, ils ont pu être d'accord ensemble,
ils ont pu ne pas être d'accord. Mais le document qu'on étudie et
les chiffres qu'on étudie c'est le document du président du
Conseil du trésor, point.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le Président, je ne suis pas sûr que
sous l'ancien gouvernement il y ait des ministres qui se soient fait avaler par
le président du Conseil du trésor, mais par contre je croirais
plus facilement l'inverse, que c'était plutôt l'ex-ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui avalait le
président du Conseil du trésor.
Ceci étant dit, une question de clarification.
M. Garon: ...une boule dans la gorge du président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le Président, nous sommes ici en commission
parlementaire et nous avons cinq heures consacrées à la
défense ou à l'étude des crédits du Conseil du
trésor. Ma compréhension est celle-ci, c'est qu'à la fin
de ces cinq heures allouées, la commission parlementaire aura à
approuver ou à refuser les crédits demandés, soit 19 739
300 $. C'est ma compréhension. Peut-être que je me trompe, si
certains honorables membres de cette commission pensent qu'on est ici,
aujourd'hui, en commission parlementaire dans le but d'accepter les 28 600 000
000 $ de dépenses proposées, je devrai donner raison à ce
moment aux membres de la commission parlementaire qui me demandent de
déposer des renseignements détaillés concernant l'ensemble
des ministères. Autrement, je dois m'en tenir à l'étude de
ce qui touche cette question, soit l'étude des crédits du Conseil
du trésor et je suis prêt dans ce sens à fournir un
détail des montants de compressions volontaires du Conseil du
trésor, identifiés dans le document qui a été
déjà fourni aux membres de cette commission.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, une dernière intervention.
M. Bélisle: Est-ce que vous êtes prêt à
rendre votre décision, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Tout de même, M. le
député de Mille-fles, je vais quand même vous
écouter, vous pouvez prendre votre droit de parole.
M. Bélisle: Les conséquences de ta décision
qui va être rendue c'est que nous serions devenus instantanément
une super commission.
Une voix: Excellent!
M. Bélisle: Je vois que cela fait l'affaire du
député de Lévis. Il va y avoir plus de journalistes de
présents puis...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-fles est-ce que vous avez de...
M. Chagnon: Ce qui est gros n'est pas nécessairement
mauvais.
M. Bélisle: M. le Président, j'abonde dans votre
sens.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles s'il vous plaît.
M. Bélisle: M. le Président, définitivement
je pense qu'on doit se limiter strictement et le mandat que vous avez
écrit et le mandat de la commission il est devant vous. Si on le lit le
noir sur le blanc, je pense qu'on parle des crédits du président
du Conseil du trésor. Le mandat qui vous a été
donné, le mandat que l'on a présentement, et sur lequel vous avez
ouvert la séance de la commission ce matin, c'est le mandat qui nous
préoccupe et le mandat c'est d'étudier les crédits. Ce qui
va permettre au président du Conseil du trésor et à ses
fonctionnaires d'agir et d'avoir une masse monétaire pour le
fonctionnement de son ministère, c'est cela. C'est notre fonction
spécifique en ce moment. Ce n'est pas de faire la politique
budgétaire et l'analyse de la politique budgétaire du
gouvernement. Si c'est cela qu'on se donne un mandat d'initiative. Je suis
prêt n'importe quand et je lance un défi
à l'Opposition, un mandat d'initiative pour les finances
publiques du Québec.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, s'il vous plaît. Relativement aux différentes
interventions de part et d'autre de chacun des groupes parlementaires
c'est évident que la présidence, et je l'ai déjà
dit lors de l'étude du projet de loi 2, n'a pas à
interpréter le droit. Il ne m'appartient pas à moi d'avoir
à déterminer les tenants et les aboutissants du principe de la
responsabilité ministérielle. Je pense que vous en êtes
tous conscients. Comme il ne m'appartient pas plus d'avoir à
déterminer quel est le rôle et quelles sont les orientations du
Conseil du trésor. Je suis ici président de cette commission,
avant tout pour faire respecter un mandat et appliquer le règlement. Or,
qu'est-ce que nous dit le règlement? L'article 279 du règlement
nous dit que, dans le cadre de son pouvoir de surveillance du gouvernement et
des organismes publics, l'assemblée étudie les crédits
dont le gouvernement demande annuellement l'approbation. L'article 282 dit
ceci: Les commissions étudient les crédits budgétaires
dans le domaine de leur compétence. (13 h 15)
L'article 287 nous dit: "Le président ou le ministre qui
répond de ses crédits en commission peut intervenir aussi souvent
qu'il le désire." L'article 82 nous dit: "Le ministre auquel une
question est posée peut refuser d'y répondre, notamment:" - et
j'insiste particulièrement sur le dernier paragraphe de l'article 82
où il est dit ceci: "II doit refuser d'y répondre si sa
réponse aurait pour effet de contrevenir aux paragraphes 2 et 3 de
l'article 35", et surtout "Le refus de répondre ne peut être
discuté."
Dans le présent cas, et ce sont les paroles du président
du Conseil du trésor, il disait ceci: Les compressions compilées,
parce que c'est le rôle du Conseil du trésor, je suis prêt
à donner les informations. Il n'a pas comme tel à justifier
chacun des crédits de l'ensemble des ministères, mais il a
à donner l'information se rapportant au Conseil du trésor. Je
n'irai pas plus loin dans cette voie-là. Il appartient au
président du Conseil du trésor de n'expliquer que les
crédits stricto sensu du Conseil du trésor.
M. le président du Conseil du trésor.
M. Gobeil: Merci, M. le Président. Je voudrais quand
même bien faire comprendre aux membres de cette commission qu'il n'est
pas question de cacher rien. Je ne veux pas cacher, et d'ailleurs un document
public a été déposé le 25 mars dernier dans lequel
nous donnions le total de ces 674 000 000 $ par ministère, sans donner
évidemment tous les détails de ces chiffres. Vous comprendrez que
ces 674 000 000 $ sont composés d'une foule de détails,
d'accumulation de chiffres pour un total de 674 000 000 $. Et je
répète, sans vouloir offenser personne, qu'il me semble qu'il est
du rôle de chacun des ministres responsables de répondre à
vos questions concernant ces compressions pour un total de 674 000 000 $, comme
je suis prêt en tant que président du Conseil du trésor
à répondre et à donner le détail des compressions
du Conseil du trésor comme ministère.
Le Président (M. Lemieux): Y a-t-il d'autres interventions
sur le programme 1, Gestion budgétaire et politiques administratives,
élément 1, Politiques budgétaires? M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, il y a d'autres
interventions. Mais je suis très mal à l'aise sur l'espèce
de décision que vous venez de rendre. Je vous avais posé une
question précise, à savoir si vous croyiez que la question que
j'ai posée - d'avoir la ventilation précise, puisqu'elle existe
et le président du Conseil du trésor l'a, de ces compressions
intitulées 196 000 000 $ de rationalisation interne et 159 000 000 $ de
dépenses diverses ou diffuses - fait partie du mandat de la commission.
Ma prétention est que cela fait partie de notre mandat de la commission,
parce que le président du Conseil du trésor doit répondre
de l'ensemble de la gestion gouvernementale; et je répète que
c'est dans ces crédits du Conseil du trésor qu'il a
escompté 356 000 000 $ de compressions qui se divisent comme je l'ai
libellé. Je veux savoir si votre décision est à l'effet
que ces informations qu'il nous a offertes font partie - et là je veux
vous entendre là-dessus - est-ce que oui ou non vous croyez que cela
fait partie... Je n'ai jamais demandé une par une, j'ai demandé
qu'il nous dépose la ventilation, la liste de la ventilation des
compressions pour 196 000 000 $ et pour 159 000 000 $. Je prétends que
cela fait partie de nos travaux. La question que je vous pose est: Est-ce que
oui ou non cela fait partie de nos travaux?
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, oui effectivement. Je ne vois pas d'ambiguïté
là-dessus, à savoir si cela fait partie. Ce n'est pas cela. Le
dépôt c'est une chose différente. Et la ventilation est
aussi une chose différente, mais d'une façon globale, c'est
certain: je ne vois pas d'ambiguïté sur la question que vous m'avez
posée, c'est oui, cela en fait partie. Il n'y a aucun problème de
part et d'autre.
M. Gendron: Un instant, M. le Président. Vous venez de me
répondre. Si cela fait partie de nos travaux, je l'ai exigé et je
veux l'avoir. Ne me demandez pas si on va continuer d'analyser les autres
élé-
ments de programme, ne me demandez pas si j'ai d'autres questions.
Il y a une seule question, je vous l'ai indiquée à
plusieurs reprises. Ces informations nous sont utiles pour la conduite
ultérieure de nos travaux. Si je n'ai pas ces informations, je vais vous
demander une suspension du débat, puis on avisera de ce que l'on
fera par la suite.
Le Président (M. Lemieux): Ce que je vous dis, M. le
député d'Abitibi-Ouest, c'est qu'il appartient au ministre de
vous donner ces informations. J'ai compris tout à l'heure que le
président du Conseil du trésor n'a pas refusé de donner
ces informations.
M. le député de Saint-Louis, pardonl
M. Chagnon: En ce qui concerne le Conseil du trésor.
M. Gendron: II ne s'agit pas, M. le Président, de les
demander une par une. Je veux avoir la liste des compressions pour les 196 000
000 $ et les 159 000 000 $ pour chacun des ministères. Pas pour les
discuter ici, mais pour les avoir pour que l'on puisse les discuter dans chacun
des ministères.
Le Président (M. Lemieux): Il appartient au ministre de
décider; vous en êtes bien conscient, et ce n'est pas à la
présidence de donner des directives au président du Conseil du
trésor, à savoir à donner telle ou telle information. Je
crois, M. le député d'Abitibi-Ouest, vu l'expérience
parlementaire que vou3 avez, que vous êtes bien au courant de ce
fait.
M. Gendron: C'est certain, M. le Président, c'est pour
cela que c'était réglé. Là où je ne
comprenais pas, c'est que vous me demandiez si j'ai d'autres questions alors
que je suis toujours dans l'attente d'une réponse du président du
Conseil du trésor sur une information précise que j'ai
demandée, que vous avez reconnue, comme président de la conduite
des travaux, comme étant pertinente à notre démarche de
travail.
Alors, votre travail est fait. Quant à moi, je repose ma
question: Quand aurons-nous, comme membres de la commission parlementaire du
budget et de l'administration, la ventilation précise des compressions
étiquetées Rationalisations internes pour 196 000 000 $ et
étiquetées, pour 159 000 000 $, de Dépenses diverses et
diffuses. Et je vous répète que, pour moi, ces informations sont
requises et utiles pour la conduite de l'ensemble des crédits du Conseil
du trésor. Parce que cela fait partie de la responsabilité du
président du Conseil du trésor. C'est lui qui a dit: J'exige,
au-delà des 674 000 000 $, 1 318 000 000 $ qui est très
précis; ce sont des cessations d'activité et de niveaux et il a
été collaborateur pour ces informations. Pourquoi la
moitié d'un volet ferait-elle partie de nos. travaux tandis que l'autre
moitié de la même coupure de 674 000 000 $ n'en ferait pas partie?
Qu'est que c'est que cela? Alors, à ce compte-là, si on a eu la
moitié de l'information, je veux avoir l'autre moitié, M. le
Président.
M. Chagnon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: 41. Une voix: 41.
M. Chagnon: Je pense que le député d'Abitibi-Ouest
est en train de remettre en question la décision que vous avez
déjà prise. C'était clair, votre décision. Vous
avez dit: Oui, dans le cadre du ministère qui le concerne, le ministre
peut divulguer l'ensemble...
M. Gendron: ...compris.
M. Chagnon: Vous allez me laisser finir, M. le
député... l'ensemble des crédits concernant le
ministère du Conseil du trésor. Le ministre pourra divulguer
l'ensemble des documents que vous lui demanderez, mais à
l'extérieur du Conseil du trésor, il n'appartient pas au ministre
président du Conseil du trésor de divulguer les documents
concernant des compressions budgétaires internes d'autres
ministères. Ceci implique que... Et même dans sa réponse
antérieurement, le président du Conseil du trésor disait:
Demandez-le, puisque nous sommes justement en période de crédits,
demandez-le à mes collègues des autres ministères. Ils
vous informeront sur l'ampleur des crédits comprimés*
M. Gendron: M. le Président, ce n'est pas cela.
Expliquez-le donc au député de Saint-Louis. Comment voulez-vous
que les collègues donnent les 196 000 000 $ et les 159 000 000 $? Les
collègues, ils ont ce que j'ai illustré. Prenez le
ministère des Affaires culturelles, il est en mesure de nous
répondre pour 9 800 000 $ puisqu'il y a un élément:
Rationalisations internes et autres mesures au ministère des Affaires
culturelles pour 9 800 000 $. Il est en mesure de répondre pour 9 800
000 $. Ce n'est pas cela qu'on a demandé et vous le savez très
bien. Je m'arrête là. Réexpliquez au député
de Saint-Louis ce que vous avez compris.
Le Président (M. Lemieux): J'ajouterais que le ministre et
président du Conseil du trésor est le maître de sa
réponse.
Une voix: II a donné sa réponse.
Le Président (M. Lemieux): II a donné sa
réponse, réponse que j'ai pris tout à l'heure le soin de
vous citer et entre guillemets, qu'il est prêt à donner les
informations.
M. Garon: II faut comprendre, on ne veut pas les lui demander une
par une. On veut avoir la liste, normalement, comme on en retrouve dans un
bilan de chacune des entreprises.
M. Gobeil: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Garon: Les détails peuvent être produits par
chacun des ministères. Il faut voir, j'ai l'impression... J'aimerais que
les députés gouvernementaux se fassent donner les renseignements
que l'on fournissait, nous, comme gouvernement, pour toute l'étude des
crédits, des documents comparatifs, faciles à identifier et,
ensuite, chaque ministère fournissait un document épais avec la
ventilation complète des crédits. Et, actuellement, il ne se
produit rien. Je vais vous dire, j'ai reçu des rapports annuels hier. On
n'a rien comme documents et non seulement cela, on a des masses de chiffres non
identifiés. Là, on dit: On n'est pas pour demander cela à
chacun. On vous demande la liste. Vou3 dites que c'est identifié. Alors,
qu'est-ce que c'est que cette affaire de ne pas vouloir la produire? On
étudie des crédits. Je ne comprends même pas que l'on soit
obligé de faire un débat là-dessus. On vous demande de
produire la liste de vos documents qui sont déjà faits, à
ce que vous nous dites. Alors, pourquoi ne nous donnez-vous pas cette liste,
avec les 196 000 000 $ et les 159 000 000 $ dans chacun des
ministères?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, j'aimerais vous faire remarquer que je n'ai pas demandé le
dépôt de documents. Lorsque j'ai cité le président
du Conseil du trésor, j'ai fait état d'informations qu'il
était prêt à donner.
M. le président du Conseil du trésor.
M. Gobeil: Le député de Lévis vient de
donner la réponse à la question du député
d'Abitibi-Ouest. Il vient de déclarer - j'ai bien entendu - que les
détails doivent être produits par chacun des ministères.
C'est exactement ce que je vous dis. Vous avez globalement un document public
que le député d'Abitibi-Ouest a en main et je suis prêt
à donner ce document qui, par ministère, fait état d'un
total de 674 000 000 $.
Je suis prêt à donner à chacun, à le
déposer cet après-midi ou ce soir, lorsqu'on se reverra, un
document à chacun des membres de cette commission. Mais les
détails doivent, exactement comme le dit le député de
Lévis, être produits par chacun des ministères. Il a fait
référence à un bilan et je le prie de remarquer - il le
sait aussi bien que moi - que dans un bilan, que ce soit une compagnie ou
autre, on n'a pas tous les détails de toutes les opérations
quotidiennes, journalières, 365 jours par année.
C'est un résumé de la situation, comme ce document vous
donne un résumé. Dans une compagnie, en tant qu'actionnaires,
vous avez à poser des questions. Comme ici, vous devrez, en tant que
membres de la commission parlementaire, poser la question à chacun des
ministres qui voudra bien ou non vous donner chacun des détails.
En tant que président du Conseil du trésor, je ne suis pas
responsable. C'est-à-dire, les budgets déposés ne sont pas
les budgets du Conseil du trésor. Ce sont les budgets ou les
crédits du gouvernement dont fait partie le Conseil du trésor
comme tel, qui a des crédits spécifiques que nous aurions
dû étudier ce matin avec toutes les explications
détaillées. Dans le cas des crédits du Conseil du
trésor, je suis prêt à fournir toutes les explications
détaillées requises par les membres de cette commission.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Pour nous l'expliquer plus précisément,
comme président du Conseil du trésor, il pourrait demander
à ses fonctionnaires de nou3 dire comment cela marche. Nous avons
toujours eu - c'est cela qu'il doit produire - par programme et par
élément de programme avec les subdivisions qu'on a toujours
trouvées dans les éléments de programme.
Si on voit pour chacun des ministères, normalement, on ne
retrouve pas de3 chiffres globaux comme cela, de 196 000 000 $. Mais tout cela
se redivise par ministère, dans chacun des ministères, par
programme, parce que c'est comme cela que le gouvernement fonctionne, par
éléments de programmes et à l'intérieur des
éléments de programmes, on subdivise même le personnel, le
capital, les dépenses de fonctionnement.
Cela a été identifié dans les crédits du
président du Conseil du trésor depuis toutes les années
que j'ai été au Parlement. Maintenant, vous nous arrivez avec un
chiffre global pour tout le gouvernement et, après cela, vous dites:
Démerdez-vous avec chacun des ministères. Jamais je n'ai vu
cela.
Ce qu'on vous demande, c'est de
produire ce que le président du Conseil du trésor a
toujours produit dans le passé, à moins que vous ayez honte de
votre administration!
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: Je voudrais reprendre les paroles du
député de Lévis et lui demander si... L'an passé,
il y a eu des compressions budgétaires, d'ailleurs cela a
été mentionné par le ministre des Finances dans son
document du 5 mars. Est-ce qu'on a déposé la rationalisation ou
la ventilation de ces compressions, en commission parlementaire, lors de
l'étude des crédits du Conseil du trésor l'an
passé?
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, il reste environ deux minutes.
M. Gendron: À la question posée, la réponse,
c'est oui, parce qu'il n'y avait pas pour 356 000 000 $ de compressions.
Cherchez-les. Dans les crédits de l'an passé, on pouvait observer
à chacun des ministères le montant précis des compressions
exigées pour chacun des ministères.
C'est vous, M. le président du Conseil du trésor qui nous
dites: Dans vos crédits -pas dans ceux des ministères - moi, dans
ma "job" - c'est vous qui parlez - j'escompte pour 356 000 000 $ de
crédits, provenant de rationalisation interne pour 196 000 000 $, et
pour 159 000 000 $ de dépenses diverses et diffuses. Cela doit
être vrai ce qu'on affirme, puisque vous avez indiqué: Nous avons
cette information.
Vous nous avez dit cela à trois ou quatre reprises. Vous l'avez
à quel titre, M. le président du Conseil du trésor? Vous
l'avez comme président du Conseil du trésor, responsable de
l'ensemble de la gestion des dépenses du gouvernement du Québec.
On a toujours fait cela à la commission parlementaire qui étudie
les crédits du président du Conseil du trésor. Avant
d'aller dans le détail, programme par programme, on regarde ce qui les a
guidés dans l'établissement des critères sur lesquels vous
vous êtes appuyé pour exiger diverses compressions.
C'est votre choix, M. le président du Conseil du trésor,
d'exiger pour 356 000 000 $ de compressions que vous n'avez pas voulu
identifier dans vos documents. Vous avez le droit. C'est votre choix. Mais
c'est sûrement le nôtre de dire, surtout après l'offre que
vous avez faite à trois ou quatre reprises, de nous donner la
ventilation de cette information, pas pour poser des questions, si vous me
permettez, M. le Président, sur ce qui se passe aux Affaires
culturelles, mais pour avoir, comme Opposition, cette information pour la
donner à nos critiques de chacun des ministères qui, eux,
pourront faire un travail convenable au nom de la transparence et du souci de
ne rien cacher, arriver dans le ministère de l'Agriculture et dire:
À l'Agriculture, quand vous avez imposé pour 19 000 000 $ de
rationalisation et de compressions diffuses et tout, qu'est-ce que c'est?
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor, pour terminer.
M. Gobeil: Pour terminer, je voudrais juste rappeler aux membres
de cette commission qu'elle est là la transparence. Vous avez un
document public, j'ai offert de le déposer par ministère,
à un certain niveau et je ne pense pas que ce soit le rôle - je le
répète - du président du Conseil du trésor de
défendre ou de présenter dans les détails chacun des
éléments ou des chiffres qui sont des chiffres qui n'ont pas
été, contrairement à la prétention du
député d'Abitibi-Ouest, exigés par le président du
Conseil du trésor, mais fournis par les ministres et les
ministères.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons ajourner sine die.
Préalablement, je tiens à ajouter ceci. Effectivement, le
président du Conseil du trésor répond de ses
crédits et de ses orientations et il n'a pas à donner les
détails des crédits des autres ministères.
On ajourne sine die relativement au fait que sans doute, cet
après-midi, nous aurons un mandat de la Chambre. Le mandat de la Chambre
disait que la commission du budget et de l'administration siège de 10 h
30 à 13 h 30 afin de procéder à l'étude des
crédits budgétaires. Cet après-midi, possiblement et
certainement qu'à la période des affaires courantes, nous aurons
un mandat de la Chambre pour siéger cet après-midi et ce
soir.
Cet après-midi, après les affaires courantes
jusqu'à 18 heures, la commission étudiera les crédits du
ministère des Finances et, ce soir, nous reprendrons de 20 heures
à 22 heures, les crédits budgétaires du Conseil du
trésor. Merci.
(Suspension de la séance à 13 h 32)
(Reprise à 16 h 47)
Crédits du ministère des
Finances
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre! À
l'ordre! Nous sommes réunis, cet après-midi, afin
d'étudier les crédits budgétaires du ministère des
Finances pour l'année budgétaire 1986-1987. Y a-t-il des
remplacements, M. le greffier?
Le Secrétaire: II n'y a aucun remplacement pour cet
après-midi, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais vous rappeler qu'il
a été convenu entre les leaders qu'une enveloppe de neuf heures
sera consacrée à l'étude des crédits de ce
ministère, dont deux heures cet après-midi, c'est-à-dire
jusqu'à 18 h 30. Préalablement, aux remarques
préliminaires, il a été convenu de part et d'autre que
nous procéderions par entendre la Caisse de dépôt et
placement du Québec.
Relativement à l'objet de l'étude des crédits de ce
ministère, j'aimerais vous faire part du temps de parole de chacun des
membres. En vertu des articles 284 et 209 des règles de
l'Assemblée nationale, chaque membre peut parler pendant 20 minutes pour
chaque élément d'un programme. Ce temps de parole peut se faire
en une ou plusieurs interventions. Seuls les éléments de
programme engendrent un temps de parole. Le ministre, comme tel, a un droit de
parole et le président doit céder la parole au ministre lorsque
ce dernier désire intervenir à la suite d'un autre intervenant.
Le temps de parole du ministre est de 20 minutes après chaque
intervention. Il intervient aussi souvent qu'il le désire.
L'ordre des intervenants est déterminé selon l'article 33
des règles de procédure de l'Assemblée nationale. Lors de
l'étude des crédits, les règles de procédure ne
précisent aucunement que l'alternance doit s'appliquer, contrairement
à ce qui en est pour la consultation générale,
l'interpellation ou les débats de fin de séance.
Pour le dépôt de documents, c'est à la
discrétion du Président. Pour le refus du ministre de
répondre, l'article 82 des règles de l'Assemblée nationale
s'applique. Le refus du ministre de répondre ne peut être
discuté.
Il me fait plaisir d'accueillir, parmi nous, M. le ministre des
Finances, M. le président de la Caisse de dépôt, M. le
président de la Commission des valeurs mobilières. M. le
ministre, pourriez-vous nous présenter monsieur le président de
la Caisse de dépôt.
M. Levesque: M. le Président, il me fait plaisir en effet
de vous présenter le président-directeur général de
la Caisse de dépôt et placement du Québec, M. Jean Campeau.
Je remercie la commission de lui permettre de pouvoir procéder
immédiatement. On connaît évidemment les
responsabilités très lourdes des dirigeants de la Caisse de
dépôt. J'apprécie beaucoup le fait qu'on puisse les
libérer, aujourd'hui. M. Campeau, peut-être pourriez-vous nous
présenter ceux qui vous accompagnent.
M. Campeau (Jean): Ici, à ma gauche...
Le Président (M. Lemieux): M. Campeau, oui.
M. Campeau: ...M. Michel Nadeau, premier vice-président en
planification et relations avec les déposants; a sa gauche, M.
Jean-Claude Scraire, premier vice-président, affaires juridiques et
institutionnelles.
Audition des représentants de la COPQ
Le Président (M. Lemieux): Comme il a été
convenu de commencer tout de suite par entendre les gens de la Caisse de
dépôt, alors, M. le président...
M. Campeau; M. le Président, j'ai
préparé...
Le Président (M. Lemieux): Si vous avez des remarques
d'ordre général ou des remarques d'ouverture, vous pouvez les
faire entendre.
M. Campeau: Parfait! À titre de préambule,
j'aimerais commenter les rendements que la Caisse de dépôt a
obtenus des sommes que lui confient depuis maintenant vingt ans les plus
importants organismes de pension et d'assurance publique
québécois. En 1985, nous avons obtenu un taux de rendement de 24
% pour l'ensemble des fonds sous gestion, dépassant ainsi de plus de 19
% le taux d'inflation qui a été, comme vous le savez, de 4,4 %.
La Caisse de dépôt a réalisé des revenus de
placements nets de 2 700 000 000 $, soit un sommet historique. Nos
gestionnaires ont su profiter de la conjoncture économique et ont
généré des profits de 626 700 000 $ grâce à
des ventes de placements. La valeur de l'actif de la Caisse, au 31
décembre dernier, atteignait 22 500 000 000 $, à la valeur
comptable, et 25 200 000 000 $, à la valeur au marché, une
progression de 228 % à la valeur du marché depuis 1980.
Ce qu'il faut noter aussi, c'est que ce n'est pas uniquement une seule
année, mais des cycles de quatre, huit et vingt ans. Au cours des quatre
dernières années, le rendement moyen de l'encaisse, de l'avoir
des déposants a été de 20,8 %. Au cours des huit
dernières années, cycle qui est notre principale période
de référence, le taux de rendement annuel moyen composé
s'est chiffré à 13,9 % comparativement à un taux moyen
d'inflation pour la même période de 7,9 %. Il a donc
dépassé de 6 % le taux d'inflation. Finalement, depuis vingt ans,
c'est-à-dire depuis sa création, la Caisse de dépôt
a obtenu un rendement annuel moyen composé de 12,1 %, excédant
ainsi de 4,9 % le taux d'inflation pour la même période.
L'année 1985 porte ainsi à plus de 14 000 000 000 $ le
total des revenus nets
obtenus année après année des investissements
effectués par l'institution depuis vingt ans. Pour les seules cinq
dernières années, de 1981 à 1985, ce total de revenus nets
atteint la somme de 9 400 000 000 $. Nous croyons que les résultats
obtenus par la Caisse de dépôt et ceux qu'elle a engendrés
au sein de notre société depuis vingt ans démontrent sans
équivoque à quel point les citoyens du Québec ont eu
raison de se donner cet outil en 1965.
Au cours de ses vingt ans d'existence, la Caisse de dépôt a
connu une progression constante et a joué un rôle
prépondérant dans l'essor économique du Québec tout
en demeurant fidèle à un mandat resté inchangé
depuis ses débuts. C'est là, je pense, une des raisons
fondamentales de son succès. Les objectifs qu'avait
précisés Jean Lesage lors de la présentation en
deuxième lecture de la Loi sur la Caisse de dépôt et
placement du Québec demeurent toujours les mêmes. Elle doit
satisfaire à la fois à des critères de rentabilité
et contribuer par ses placements à l'essor économique du
Québec.
Conformément à ses objectifs de placements, notre
institution donne encore plus d'importance et consacre davantage de ressources
à son programme de participation dans les moyennes entreprises. Elle
s'intéresse particulièrement è la moyenne entreprise
québécoise, dynamique, bien établie dans son milieu et qui
offre un potentiel de croissance intéressant. Par le biais de ses
participations minoritaires, la Caisse de dépôt veut être un
support à l'entreprise privée au Québec. Au 31
décembre 1985, ce portefeuille représentait des placements de 115
000 000 $ dans 63 entreprises québécoises, dont 78 000 000 $ sous
forme de financement à terme et quelque 36 500 000 $ sous forme de
capital-actions et débentures convertibles.
Depuis sa création, la Caisse de dépôt est un
véritable creuset où se sont forgés de nombreux
spécialistes qui rayonnent maintenant au plus haut niveau du domaine
financier. Le savoir-faire, l'expertise et la compétence de ses
gestionnaires sont des facteurs de réussite sur lesquels la Caisse a
toujours compté. Une institution comme la Caisse de dépôt
doit favoriser au sein de son personnel une tradition et une continuité
qui, jumelées à la compétence technique, sont les
meilleurs gages d'une bonne administration.
Depuis trois ans, l'effervescence du milieu financier a pour effet de
créer des possibilités de carrière fort alléchantes
dans le secteur privé. Pendant longtemps, la Caisse de
dépôt n'a pu faire face à la concurrence du milieu,
notamment à cause de sa politique de rémunération.
Celle-ci vient de connaître, cependant, un certain assouplissement qui
devrait permettre d'accroître la stabilité de l'effectif. Le
contexte et une évolution des besoins internes de la Caisse de
dépôt présentent cependant toujours un défi de
taille à la gestion des ressources humaines, notamment pour ce qui est
d'embaucher des gestionnaires, de garder ce personnel et de former une
relève à la gestion de portefeuilles.
La Caisse de dépôt, dans la compréhension de son
mandat, a su conjuguer les intérêts des secteurs public et
privé, que ce soit dans le financement de la dette d'institutions
publiques ou parapubliques, ou encore dans la participation au capital de
diverses entreprises. La Caisse de dépôt a rempli et remplit
encore une fonction diversifiée et nécessaire dans un
Québec qui a bien évolué pendant les deux dernières
décennies. Grâce à la mise en commun de ressources et de
réservoirs monétaires provenant de plus de 3 500 000
Québécois et grâce aussi aux revenus considérables
produits par une saine gestion, l'actif de la Caisse de dépôt
atteint maintenant une taille qui lui confère une grande
responsabilité qu'elle assume pleinement. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
de la Caisse de dépôt. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
Est-ce qu'il y a des questions à M. Campeau? M. le député
de Lévis.
M. Garon: M. le Président, nous commençons
aujourd'hui l'étude des crédits qui relèvent du ministre
des Finances ou d'organismes qui relèvent du ministre des Finances.
Permettez-moi tout d'abord de saluer le ministre et de l'assurer de ma
vigilance comme critique financier de l'Opposition pour le développement
économique et la bonne gestion des finances publiques du Québec.
Je salue aussi le sous-ministre, M. Normand, le président de la Caisse
de dépôt, M. Campeau, et les gens qui l'accompagnent, les autres
fonctionnaires présents, les responsables d'organismes qui
relèvent du ministre et leurs adjoints.
Je suis toutefois mécontent de l'envoi trop tardif des documents.
Six jours pour étudier les crédits du ministère, c'est
insuffisant, et on ne nous a pas transmis, avec les crédits du
ministère, les documents en rapport avec le budget de fonctionnement et
les immobilisations des nombreux organismes relevant du ministre. Je n'ai
reçu qu'hier après-midi les crédits de l'Inspecteur
général des institutions financières et de la Commission
des valeurs mobilières, et pour cette dernière, le document
était daté du 7 avril. Il a eu huit jours pour me le faire
parvenir, et je trouve cela un peu fort. Je suis profondément
choqué que l'étude des crédits pour 1986-1987 soit l'objet
d'un tel mépris, puisque d'autres documents ne sont
arrivés que ce matin. J'ai beau lire assez vite, je ne lis pas
à ce rythme.
Concernant la Caisse de dépôt, les questions que je
voudrais poser vont porter beaucoup plus sur des questions d'orientation que
sur des questions de chiffres, sur lesquelles on aura l'occasion de revenir. Au
cours des dernières années, le Parti libéral a
manifesté à plusieurs occasions qu'il estimait que le ministre
des Finances traçait des orientations trop fortes pour la Caisse de
dépôt et placement et que celle-ci dépendait trop des
instructions que lui aurait données ou lui donnerait le ministre des
Finances. (17 heures)
Alors, j'aimerais Savoir en quoi le nouveau ministre des Finances a
l'intention de changer ses orientations et en quoi, puisque le Parti
libérai mentionnait pendant toutes ces années ces questions, son
comportement va différer du comportement de l'ex-ministre des Finances
ou du ministre des Finances du gouvernement précédent. De quelle
façon s'établiront les relations entre le ministre des Finances
et le président de la Caisse de dépôt et placement?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Je dois vous dire que, lorsque le
président-directeur général a, tout à l'heure, fait
son exposé d'ouverture, il a rappelé, et à juste titre,
les objectifs poursuivis dès l'origine par le gouvernement
libéral dont j'avais l'honneur, à ce moment-là, de faire
partie. Je me rappelle fort bien que M. Lesage, qui était premier
ministre à ce moment, avait établi les deux objectifs principaux
dans le mandat qui était confié à la Caisse de
dépôt et placement, à la suite, comme on s'en souvient, de
la création de la Régie des rentes du Québec, qui avait
elle-même été mise en place à la suite d'efforts
couronnés de succès du gouvernement libéral d'alors et, en
particulier, de M. Jean Lesage.
On sait que, depuis ce temps-là, il y a le Régime de
rentes du Québec qui est différent du Régime de pensions
du Canada, mais qui tâche évidemment de s'y harmoniser dans la
plupart de ses modalités afin, justement, d'aider à la
mobilité de la population. Mais ceci est une parenthèse. Je
reviens à la question du député de Lévis et je dis
simplement que nous avons l'intention - c'est mon intention, du moins,
jusqu'à ce que j'aie des raisons de modifier cette orientation - de nous
en tenir aux objectifs mentionnés par le président-directeur
général alors qu'il citait, je crois bien, le texte même de
la loi créant la Caisse de dépôt et placement du
Québec. D'ailleurs, M. Campeau nous rappelait qu'il n'y avait pas eu de
changement de direction officiel et légal et que cet objectif à
deux volets avait été maintenu au cours de ces vingt
années.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. D'abord, je
vous remercie, messieurs, d'être ici présents aujourd'hui. M.
Campeau, pour parier également d'orientations, on va être un peu
plus précis, si vous le voulez bien. Dans les états financiers
qui ont été déposés en page 4 et également
au rapport annuel de votre organisme en page 3 - une petite question
préliminaire, parce que je veux en poser deux ou trois - ce qui
apparaît évident dans le changement qui s'est effectué par
rapport à l'année dernière en 1984, c'est le retrait net
des déposants. J'y lis qu'en 1985 il y a eu 358 900 000 $ de retraits
des déposants, alors qu'en 1984 il y en a eu 22 900 000 $. Je sais, par
ailleurs, que dans les années qui ont précédé 1984
il n'y a pas eu de retrait.
Alors, si nous parlons d'orientation, première question, je
voudrais avoir une explication entre la page 3, où le rapport annuel
mentionne 343 700 000 $, et la page 4 qui parle de 358 900 000 $? C'est une
erreur d'impression, je suppose?
M» Campeau: M. le Président, est-ce que vous me
permettez de passer la parole à mon premier vice-président en
relation avec les déposants qui peut mieux jouer avec ces
chiffres-là et mieux les expliquer?
Le Président (M. Lemieux): Je vous le permets,
monsieur.
M. Bélisle: C'est une petite question, mais la question
est la suivante: Fondamentalement, d'après ce que l'on vient de vivre
cette année, c'est-à-dire un retrait de 358 900 000 $, avez-vous
en votre possession à la Caisse de dépôt et placement du
Québec des études établissant la projection des intentions
de dépôt de vos déposants pour les trois, quatre, cinq,
six, sept prochaines années?
M. Nadeau (Michel): Si je comprends bien votre question...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier,
s'il vous plaît.
M. Nadeau: Mon nom est Michel Nadeau, je suis le premier
vice-président à la planification, relations avec les
déposants. En ce qui concerne les deux chiffres, il faudrait voir
l'écart entre les 343 000 000 $ et les 358 000 000 $. Il y a certains
déposants, à la Caisse de dépôt, qui ont des marges
de crédit et qui, en fin de compte, jouent un peu avec ces marges de
crédit qui ne sont pas des retraits comme tels par nos cinq grands
déposants, c'est-à-dire la Régie
des rentes du Québec, la Régie de l'assurance-automobile,
le RREGOP, la Caisse de retraite des employés des secteurs public et
parapublic, la Commission de la santé et de la sécurité du
travail et l'Office de la construction du Québec. Ces cinq
déposants nous communiquent de façon périodique leurs
études actuarielles ayant trait aux besoins de liquidités pour
les années à venir.
Nous savons, par exemple, que la Régie des rentes aura des
besoins de liquidités, au cours de la présente année,
d'environ 650 000 000 $. Un autre déposant comme la Régie de
l'assurance-automobile, au contraire, va apporter de nouveaux fonds en plus de
ses revenus. La Commission de la santé et de la sécurité
du travail va également faire des prélèvements. L'Office
de la construction va se maintenir. Finalement, le RREGOP va ajouter d'autres
revenus. Au total, ces déposants vont continuer de prélever une
partie de leurs revenus. Ce qui est bien important, c'est de constater qu'il
s'agit de retrait de revenus d'intérêts. On ne touche pas au
capital. Le capital continue de s'accroître parce qu'une partie des
revenus d'intérêts - sur les 2 700 000 000 $, 350 000 000 $ - ont
été retirés.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, je m'excuse, mais M. le député de Lévis
n'avait pas terminé tout à l'heure. M. le député de
Lévis, je vous cède la parole et vous reviendrez, M. le
député de Mille-Îles. M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, ma question s'adresse toujours
au ministre des Finances. Le Parti libéral, pendant les dernières
années avait vraiment critiqué, à de nombreuses reprises,
les rapports entre le ministre des Finances et la Caisse de dépôt.
À moins que ce ne soit simplement une façon de cracher en l'air,
j'aimerais savoir en quoi... Je suis conscient que le mandat a
été inchangé depuis le début de la loi
adoptée dans les années soixante. On se rappellera que le
ministre des Finances qui a été en fonction pendant de nombreuses
années, M. Parizeau, avait été un des concepteurs de cette
Caisse de dépôt et placement alors qu'il était conseiller
auprès du gouvernement. La loi n'a pas été changée.
M. René Lévesque, qui était alors de façon
transitoire au sein du Parti libéral avait contribué fortement
à faire que cette caisse soit conçue de cette façon
également. Mais, au cours de ces années, depuis sa
création, le mandat a été inchangé.
J'aimerais savoir si le ministre des Finances a l'intention de changer
l'orientation de la Caisse de dépôt ou si toutes les paroles dites
au cours des dernières années étaient tout simplement,
à toutes fins utiles, des crachats en l'air ou une façon de
déprécier une institution importante, qui est peut-être la
plus importante du Québec sur le plan économique et
financier.
Le Président CM. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Lévesque: Premièrement, je ne crois pas que
lorsque l'on pose des questions relativement è l'administration publique
on doive être accusé de la déprécier. Au contraire,
on veut justement s'assurer que cette administration soit saine et que
l'institution perdure avec la poursuite des objectifs que l'on retrouvait dans
la loi originale. Je ne peux pas me rappeler tout ce qui a pu se dire depuis
vingt ans sur la Caisse de dépôt, mais je me rappelle fort bien
que j'ai posé moi-même des questions au ministre des Finances,
alors que j'étais chef de l'Opposition. Aux questions que j'ai
posées, qui touchaient justement l'orientation de la Caisse de
dépôt, j'ai reçu des réponses du ministre et, comme
on le sait, en bon parlementaire, on doit accepter la réponse du
ministre. Le ministre, à ce moment-là, nous a dit qu'il n'avait
pas fait de représentations ou qu'il n'avait pas donné
d'instructions directes - je ne me rappelle pas exactement les termes qu'il
avait employés - à la Caisse relativement à certains cas
qui avaient été soulevés à ce moment-là.
Mais je n'ai pas l'intention à ce moment-ci de faire le procès de
toutes les administrations antérieures depuis 20 ans. Je pense que ce
qu'il est important de savoir, c'est si la Caisse de dépôt
accomplit sa tâche, si elle s'en tient aux objectifs qui ont
été et qui sont encore établis pour la guider dans son
action.
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Si je parte de cette question au ministre des Finances,
c'est parce que j'estime que, de la même façon qu'à Ottawa,
au début des années 60, lorsqu'il y avait eu un malentendu ou un
désaccord entre le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque
du Canada, l'article de la loi avait même été changé
pour préciser quelles devaient être, dans la loi de la Banque du
Canada, les relations entre le ministre des Finances et le gouverneur de la
Banque du Canada. Dans le cas qui nous concerne ici, au Québec, quant
aux relations qu'ont entre eux le ministre des Finances et le président
de la Caisse de dépôt, il m1 apparaît qu'on est
dans le même genre de relations qu'à Ottawa entre le ministre des
Finances et le gouverneur général de la Banque du Canada. Il y a
eu des critiques plus fortes que cela sur la gestion de la Caisse, sur les
participations de la Caisse dans les
entreprises, les niveaux de participation, les politiques
financières et administratives par rapport aux institutions dans
lesquelles la Caisse a des participations importantes.
C'est là-dessus, à ce moment-là, que le Parti
libéral avait fait des critiques en disant que lui, il aurait un
comportement différent. Il disait que la Caisse de dépôt
avait pris telle orientation sous la direction du ministre des Finances, pas il
y a 20 ans, mais du temps de M. Jacques Parizeau, le député de
L'Assomption du temps. J'aimerais savoir par rapport... parce que cela
réfère à des termes très précis qui ont
été élaborés au cours des années, il y a eu
des discussions. On sait que la Caisse de dépôt, au cours des
années, a pris des participations beaucoup plus importantes dans des
entreprises à forme de capital-actions. Qu'on pense à Domtar,
qu'on pense à Provigo ou à des entreprises de ce type. À
ce moment-là, il y avait eu des critiques très fortes du Parti
libéral disant qu'il aurait une manière de faire
différente. C'est pourquoi je demande au ministre des Finances, d'une
façon très précise, le comportement qu'il entend avoir
vis-à-vis de la Caisse de dépôt, quelle forme de directives
il entend lui donner ou ne pas lui donner, quelle liberté il entend lui
laisser et comment il entend se comporter par rapport à la Caisse, dans
les relations de la Caisse avec les entreprises dans lesquelles elle a des
participations sous forme d'actions, particulièrement quand il s'agit de
participations importantes?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Avec tout le respect que je dois à cette
commission, je dois faire certaines réserves quant à la
comparaison qui a été faite entre les relations qui existent
entre le ministre des Finances à Ottawa et la Banque du Canada et les
relations qui existent entre le ministre des Finances et le président de
la Caisse de dépôt...
M. Garon: Je dis cela...
M. Levesque: ...parce que...
M. Garon: Ajoutons mutatis mutandis.
M. Levesque: Oui, mais beaucoup de mutatis mutandis et je n'ai
pas l'intention d'élaborer là-dessus. Mais quant au rôle du
ministre des Finances, on peut faire des comparaisons, mais entre la Banque du
Canada et la Caisse de dépôt, le député de
Lévis va accepter que le mutatis mutandis, il faut beaucoup
d'élasticité pour pouvoir avoir une comparaison qui ne serait pas
au moins boiteuse. (17 h 15)
Mais cela étant dit, je n'ai pas l'intention de remplacer le
député de Lévis dans son rôle d'Opposition.
Lorsqu'on regarde ce qui se passe normalement dans la vie parlementaire,
l'Opposition doit, comme d'ailleurs me l'a assuré tout à l'heure
le député de Lévis au tout début de cette
séance, manifester beaucoup de vigilance et doit s'assurer, justement,
que l'administration est conforme aux voeux du législateur. C'est dans
ce sens, dans notre rôle de critique de l'administration, que nous avons
voulu nous assurer que le ministre des Finances et le gouvernement de
l'époque respectent les objectifs qui avaient été bien
inscrits dans la loi créant la Caisse de dépôt et placement
du Québec. Nous voulions nous assurer que la Caisse de
dépôt n'agisse pas d'une façon qui, si c'était
généralisé, pourrait peut-être prendre une
orientation qui n'était pas conforme aux objectifs et au mandat qu'elle
avait reçus. C'était au ministre des Finances d'alors de nous
répondre, c'était à lui de faire la lumière, mais
je n'ai pas l'intention de continuer mon rôle de critique du
gouvernement; je suis de l'autre côté et c'est au
député de Lévis de continuer le travail que nous avons
commencé.
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Est-ce que je peux demander au ministre des Finances
s'il y a un comportement quelconque de la Caisse de dépôt, au
cours des dernières années, qui ne plaît pas au nouveau
ministre des Finances, en tant que porte-parole en matière de finances
de son gouvernement, et s'il y a des choses dans l'administration, dans les
orientations ou dans la façon de faire de la Caisse de
dépôt, au cours des dernières années, qu'il a
l'intention de changer parce que cela ne correspond pas aux orientations que
lui souhaite voir prendre le nouveau gouvernement?
M. Levesque: C'est surtout à la Caisse de
dépôt et à ses dirigeants de tenir compte des orientations
du gouvernement. C'est justement ce qu'a fait le président de la Caisse
de dépôt, dans une déclaration récente lorsque,
s'adressant aux médias, il a dit qu'il croyait que son rôle
était justement de tenir compte des orientations du gouvernement dans
les politiques qu'il devait mettre de l'avant. Cela me satisfait comme
déclaration et je verrai, à l'oeuvre et à
l'épreuve, comment tout cela peut se concilier.
M. Garon: Est-ce que le ministre des Finances est satisfait du
bilan exceptionnel que vient de présenter la Caisse de
dépôt, le rapport qui vient d'être présenté
par son
président, le rapport de cette année, qui est le dernier
rapport sous l'ancien gouvernement et une partie qui était sous le
nouveau gouvernement, lequel n'a sûrement pas eu le temps de donner une
directive quelconque? Est-ce qu'on pourrait dire que l'année qui vient
de s'écouler pourrait servir de point de comparaison pour voir ce que
pourraient être les nouvelles orientations dont devra tenir compte la
Caisse de dépôt, afin de savoir si cela va donner de meilleurs
résultats que cette année?
M. Levesque: Le président-directeur générai
de la Caisse de dépôt n'a pas agi -sans vouloir insulter personne
à cette table -comme certains politiciens l'auraient peut-être
fait. Il a, au contraire, fait sa déclaration avec beaucoup de modestie,
attribuant à la conjoncture économique et à beaucoup
d'autres facteurs le succès évident des activités de
l'année qui se termine. Au contraire, je me tourne vers le
président-directeur général et je lui dis tout simplement
que j'ai apprécié la façon dont il s'est comporté,
la façon dont il a présenté son bilan et son rapport
annuel, et cette modestie l'honore.
M. Garon: Vous voulez dire que la stabilité politique de
l'époque, l'orientation du gouvernement influençant, la Caisse de
dépôt a donné de bons résultats. Vous ne semblez pas
vous en dissocier tellement.
M. Levesque: Vous avez entendu comme moi, M. le
député de Lévis, le président-directeur
général faire la revue des vingt années d'exercice de la
Caisse de dépôt et placement et, encore là, en toute
objectivité, le président-directeur général a
souligné les bons rendements de la Caisse pendant 20 ans.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles. M. le député de Lévis, j'aimerais
permettre une intervention du député de Mille-Îles, s'il
vous plaît. M. le député de Mille-Iles.
M. Bélisle: Merci. Dans la même veine, M. Nadeau, de
ce que vous me répondiez tantôt, tenant pour acquis que vous ayez
des études de liquidité et de projection de dépôt de
vos déposants à la Caisse de dépôt et placement, ma
première question accessoire est celle-ci: Est-ce que la Caisse de
dépôt et placement a elle-même des études faites par
ses propres professionnels concernant les intentions de dépôt et
les demandes de liquidité venant des déposants? La
deuxième question subsidiaire est la suivante: Je regarde le taux
d'augmentation tout de même assez important de, mettons, 1500 % dans le
retrait. Je comprends qu'il s'agit présentement des
intérêts parce qu'il y a un intérêt important,
c'est-à-dire le revenu net des déposants: 2 299 000 000 $. C'est
excellent, celai Mais l'année prochaine, soit l'année 1987-1988,
qu'est-ce que ça donne comme tableau? À quoi pouvons-nous nous
attendre? Vous devez avoir des bonnes idées, je suppose, M. Nadeau.
C'est assez alarmant de voir que, là, tout d'un coup on passe à 2
299 000 000 $. On aurait pu comprendre des petits décaissements pour des
problèmes de caisse dans certaines institutions, mais si on canalise
cela sérieusement ce ne sont plus des petits décaissements. On
commence à entamer une portion importante des revenus
d'intérêt. Là, on va aller plus loin en 1986-1987.
J'aimerais que vous me parliez de ça, de votre opinion,
c'est-à-dire celle de la Caisse de dépôt et placement et
des conséquences pour la Caisse de dépôt et placement
elle-même. M. le député de Lévis parlait
tantôt d'orientation. Au lieu de parler dans le vague d'orientation,
prenons les faits qui sont là. Dites-nous quelle est la perception de la
Caisse de dépôt et placement par rapport à ce qui se passe
dans les états financiers de 1985.
Le Président (M. Lemieux): S'il y a lieu, M. Nadeau,
pourriez-vous ajouter à ceci où se situe la croissance
actuellement, le déficit actuariel relativement aux rentes que vous
serez appelés à verser aux Québécois?
M. Bélisle: Cela va dans la même veine.
Le Président (M. Lemieux): Cela va dans la même
veine effectivement.
M. Nadeau: La Caisse de dépôt et placement
reçoit les fonds de ses déposants et ce sont les déposants
comme la Régie des rentes, par exemple, qui préparent les
études actuarielles concernant leur besoin de liquidité et leurs
engagements financiers pour les décennies à venir. Or, en ce sens
la Caisse de dépôt et placement en tant que fiduciaire et
gestionnaire n'a pas préparé d'études particulières
si ce n'est que d'essayer de consolider et d'harmoniser les études que
préparent nos déposants. Nos déposants ont l'expertise et
ils connaissent leur clientèle, leurs besoins. 11 est évident que
dans certains cas, comme la CSST, la volonté du législateur est
un facteur important. Dans d'autres cas, l'Office de la construction, il est
évident que la conjoncture économique, les travaux, etc., et
l'effectif dans cette industrie seront également une autre variable
importante. Mais dans l'ensemble nous devons attendre les documents que nous
préparent les déposants que nous harmonisons.
Pour ce qui est de l'année courante, notre performance,
évidemment, est intimement liée à celle des
marchés
financiers. Or, les conjonctures boursières au Canada et aux
États-Unis sont celles que vous connaissez, elles sont excellentes
jusqu'à maintenant. Pour ce qui est du reste de l'année, je pense
que chacun aura ses opinions et ce sera sujet à erreur et è la
prévision des marchés. Au niveau obligataire et
hypothécaire, là aussi il y a jusqu'à maintenant un
mouvement de baisse mais que nous réservent les trois derniers
trimestres? Tout dépendra de différents facteurs conjoncturels.
Or, en ce sens il est difficile d'établir quelle sera la performance de
la Caisse de dépôt et placement. Cependant, ce qui est important,
c'est que le montant que vous avez ici, les 2 299 000 000 $, c'est un montant
effectivement perçu. Ce sont des intérêts gagnés. En
ce sens les obligations et tout cela vont continuer d'être
encaissés et les dividendes des actions également.
Les gains de capitaux lors de transactions boursières seront
continuellement... Or, on peut prévoir que les entrées de fonds
demeureront importantes, mais le taux de 24 % est un taux qui combine les
revenus courants et les gains de capitaux. Peut-être que les gains de
capitaux seront variés.
Le Président CM. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Ne pensons même pas à examiner le
taux de rendement, on y viendra tantôt. Ce que je vous pose comme
question, et je pense que c'est très important pour la vocation de
l'institution qui a été créée il y a au-delà
de 20 ans... Si j'étais à la Caisse de dépôt, que je
regardais l'état financier et que je m'apercevais qu'il y a 1500 % de
plus de décaissements, même si ce ne sont que des revenus
d'intérêt, je commencerais à me poser des questions.
Deuxièmement, je me dirais, en toute honnêteté:
Qu'est-ce qui va m'arriver l'année prochaine? Est-ce qu'on va avoir un
décaissement de deux fois plus, de 300 % plus, de 400 % plus? Ma
question spécifique, et je veux que vous répondiez à cela,
est celle-ci: Dites-moi la perception de la Caisse de dépôt par
rapport au phénomène qui s'est produit cette année, est-ce
que cela va être un phénomène qui va se
répéter l'année prochaine, qui va s'amplifier, qui va se
multiplier par trois ou quatre? Parce que votre taux de rendement, si cela
s'amplifie, ce ne sera plus le taux de rendement que vous avez.
M. Nadeau: II est évident que, au chapitre des
décaissements par exemple, la Régie des rentes va continuer
d'accroître les retraits de fonds. Cependant, il est très
important qu'il y a eu une entente concernant la majoration des cotisations au
Régime de rentes, 0,2 % par année jusqu'en 1992 durant cinq ans.
Ceci va avoir un effet positif sur la progression des retraits prévus du
côté de la Régie des rentes.
Il est important de souligner que le RREGOP et la Régie de
l'assurance automobile vont continuer d'augmenter leurs versements, non
seulement le réinvestissement de leurs intérêts, mais
l'apport de nouvelles sommes à la Caisse de dépôt.
M. Bélisle: Dans les faits...
M. Nadeau: Au total, tout cela fait que les revenus nets à
investir de la Caisse de dépôt, compte tenu des retraits des
déposants, cela ne changera pas beaucoup par rapport à cette
année.
M. Bélisle: À votre avis, à la Caisse de
dépôt, l'année prochaine, ce qu'on a connu comme
décaissement cette année, ce devrait être stabilisé.
Est-ce exact?
M. Nadeau: Cela va peut-être augmenter encore un peu, mais
après cela, avec le rajustement à la Régie des rentes,
cela va se stabiliser. Il faut dire aussi que, comme l'actif progresse, les
revenus de placement progressent aussi.
M. Bélisle: Est-ce que vous pouvez qualifier aujourd'hui
le petit peu que vous venez de mentionner? On n'est pas à 5 000 000 $
près.
M. Nadeau: La Régie des rentes va peut-être
prélever 200 000 000 $ de plus cette année, mais I'ensemble des
autres déposants va en apporter plus. Or, comme on a un actif plus gros,
cela va rapporter plus de revenus. C'est pour cela que, dans l'ensemble, je
dirais que ce chiffre ne devrait pas être plus grand ou plus petit que
100 000 000 $.
M. Bélisle: 100 000 000 $ de plus. Merci, M. Nadeau.
Le Président (M. Lemieux): Seulement, vous permettrez, M.
Garon...
M. Campeau: Est-ce que je peux conclure?
Le Président (M. Lemieux): Out, M. le
président.
M. Campeau: Il est évident que nous, nous recevons les
dépôts de nos déposants, mais en rien nous ne sommes
responsables de leur administration et de la façon qu'ils doivent
relever les fonds ou non. On peut répondre à certaines questions
du genre de celles de M. le député de Mille-Îles, mais ce
n'est pas notre responsabilité à nous. Par exemple, concernant la
Régie des rentes,
c'est au président de la Régie des rentes à
répondre à ces questions: Combien de revenus seront pris? Est-ce
que son fonds éventuellement deviendra à zéro? On a
évidemment certaines projections qu'on reçoit de nos
déposants, mais ce n'est pas notre responsabilité à nous.
On doit administrer le mieux possible les fonds qui nous sont
confiés.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il est de votre
responsabilité... Est-ce que vous êtes en mesure de me dire le
pourcentage des bénéfices dans lesquels vous devez puiser pour
les verser à vos prestataires déposants? Je pense à la
Régie des rentes ou à la CSST. Vous devez être en mesure de
nous dire cela.
M. Campeau: On peut vous donner le chiffre de l'an passé
qui a été retiré, le montant des revenus retirés
par certains de nos déposants.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement.
M. Campeau: Je pense que ce chiffre existe, M. Nadeau. Combien a
été retiré en revenu l'an passé?
M. Nadeau: Oui, je pense que, à la page quinze du rapport
annuel, vous avez un tableau de la situation de chacun des cinq principaux
déposants.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. Nadeau.
M. Nadeau: Pagé 15.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce la page 15 du rapport
annuel? (17 h 30)
M. Nadeau: Oui, dans le rapport annuel, à la page 15. Si
on prend par exemple la Commission administrative des régimes de
retraite et d'assurances, la CARRA, les RREGOP, vous avez des revenus de
placements de 517 000 000 $. À ces revenus, la CARRA a ajouté 251
000 000 $ de contributions nettes pour un apport total de 768 000 000 $
à la Caisse de dépôt. C'est la même chose pour la
Régie de l'assurance automobile: 273 000 000 $ de revenus
d'intérêt. Les augmentations des contributions de la RAAQ ont
été de 158 000 000 $ pour un total de 431 000 000 $.
La CSST, 244 000 000 $ de revenus d'intérêt. Elle a
prélevé 195 000 000 $ pour un apport net de 49 000 000 $.
Finalement, le Régime de rentes du Québec, 1 000 000 000 $
de revenus d'intérêt et elle en a retiré 649 000 000 $,
elle aura un dépôt net de 534 000 000 $.
Finalement, l'OCQ, 181 000 000 $ de revenus d'intérêt, 23
000 000 $ de retraits, pour 158 000 000 $ d'addition.
Le Président (M. Lemieux): En termes de pourcentage, cela
peut représenter environ combien?
M. Nadeau: Pouvez-vous préciser votre question?
Le Président (M. Lemieux): Je vous demande combien vous
devez puiser pour les verser à vos prestataires déposants. En
termes de pourcentage d'une façon globale, est-ce que cela peut
représenter environ 30 %?
M. Campeau: Cela fait à peu près 600 000 000 $ sur
des revenus nets des déposants de 2 300 000 000 $: alors 6
divisés par 4.
Une voix: II est mentionné au début le pourcentage
précis, environ 16 %.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, je ferai remarquer au ministre
des Finances, lorsqu'il parle des 20 dernières années, que la
moyenne des huit dernières années a amélioré la
moyenne des 20 dernières années. Si je regarde le rapport du
conseil d'administration à la page 4, au cours des huit dernières
années, les principales périodes de référence
utilisées lors des exercices précédents: le taux de
rendement annuel moyen composé s'est chiffré à 13,9 %
comparativement à un taux moyen d'inflation de 7,9 % pour la même
période, il a donc dépassé de 6 % le taux d'inflation.
Alors vous voyez que pendant les huit dernières années,
c'est le gouvernement du Parti québécois. Cela a eu une bonne
influence sur la Caisse de dépôt et placement. Mais quand on voit
au cours des 20 dernières années, les 12 autres années
où on n'était pas là, la Caisse de dépôt, qui
célèbre le vingtième anniversaire de sa création, a
obtenu depuis ses débuts un taux de rendement annuel moyen
composé de 12,1 % comparativement à 13,9 %. Les 12,1 % ont
été soufflés grâce aux 13,9 % dans les huit
dernières années, parce qu'il doit être moins de 12,1 % si
on tenait compte seulement des douze années du Parti libéral et
de l'Union Nationale, l'excédent ici de 4,9 % le taux d'inflation pour
la même période comparé à 6 %.
Si on compare l'administration précédente dans le cadre
des 20 dernières années, on se rend compte que les huit
dernières années ont contribué à augmenter le
résultat de 20 ans. Ce qui veut dire que
si on isolait le résultat des années antérieures
à 1976, on se rendrait compte que cela a été les
meilleures années. Quand on considère en plus qu'au cours' des
dernières années le taux d'inflation a été beaucoup
mieux contrôlé que dans les années soixante-dix à
soixante-seize, on se rend compte que le résultat est encore
meilleur.
M. Bélisle: Je la retiens celle-là.
M. Garon: Alors ce qui veut dire... J'aimerais savoir, en termes
d'orientation, si le ministre a l'intention de faire, étant donné
que l'on voit de quelle façon le gouvernement agit depuis un certain
temps, de grands changements dans son conseil d'administration, étant
donné qu'il a brisé tous les records au cours des
dernières années, ou s'il a l'intention de changer parce qu'il
trouve qu'il y a un trop bon rendement et qu'il voudrait le diminuer un
peu?
M. Levesque: Avec tout le respect que je dois au
député de Lévis, je dois me rendre compte que sa
préoccupation politique dépasse de beaucoup sa
préoccupation économique. Deuxièmement, je vais lui faire
remarquer que lui-même doit savoir - parce que je suis prêt
à lui donner au moins le crédit de le savoir - qu'au cours des
années, la conjoncture joue un rôle extrêmement important.
Les années d'inflation n'ont pas été les mêmes au
cours de ces vingt années. Les rendements sur les obligations n'ont pas
été les mêmes. Il y a de multiples facteurs qui ont fait en
sorte qu'une année peut être meilleure qu'une autre. En dollars
constants, on peut également ajouter cela. Ce n'est pas pour
réduire en aucune façon le travail qui a été fait
par la Caisse à quelque époque que ce soit.
Je dirai, en terminant, que je m'étonne que le
député de Lévis relie le rendement de la Caisse de
dépôt à la présence du gouvernement dont il a fait
partie alors que ce même gouvernement jurait sur tous les tons qu'il
n'avait aucune intervention auprès de la Caisse.
M. Garon: Non, mais je reprends le même...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: ...argument que tout à l'heure selon lequel vous
étiez content de dire que la Caisse de dépôt tienne compte
des orientations gouvernementales, c'est-à-dire qu'elle a
été influencée par les politiques gouvernementales parce
qu'elle essaie un peu, dans son application, de ne pas contrecarrer les
politiques gouvernementales. J'imagine qu'elle a fait la même chose au
cours des dernières années qu'elle a l'intention de faire au
cours des prochaines années. À ce moment là...
M. Levesque: M. le Président, je peux répondre
immédiatement à cette...
M. Garon: Non, non, je...
M. Levesque: Vous ne voulez pas que je réponde? Je suis
bien d'accord.
M. Garon: J'aimerais mieux terminer ma question. Cela veut dire,
au fond, quand on tient compte des dernières années, qu'on vient
de traverser une des plus grandes crises de l'histoire, en 1981-1982. En tout
cas, dans l'histoire des cinquante ou cent dernières années. En
1981, 1982, 1983 où les faillites se sont multipliées ici et
là et qu'il y a eu des pertes considérables. On regarde les
grandes entreprises comme Dome Petroleum, qui ont quasiment piqué du
nez. Il y a une différence, comme vous l'avez dit tantôt, avec la
Banque du Canada puisqu'elle a investi dans trois banques qui ont
"pété au fret", ce qui va occasionner aux contribuables canadiens
des pertes de centaines de millions de dollars. Je constate que ce n'est pas
arrivé à la Caisse de dépôt et qu'il y a eu des
placements qui ont donné de meilleurs résultats. J'imagine que si
on calculait le rendement de la Banque du Canada, cette année, ce ne
serait pas fort. C'est pour cela que je suis d'accord avec le ministre des
Finances pour dire qu'il faut faire attention aux analogies parce que la Banque
du Canada a peut-être un résultat négatif, cette
année, alors que le résultat de la Caisse de dépôt
et placement est un peu un record pour l'année
écoulée.
C'est pourquoi je lui pose la question à savoir s'il est
satisfait de l'administration de la Caisse de dépôt, s'il est
satisfait de ses administrateurs. Ce n'est pas de la politique, vous savez.
Quand j'analysais une entreprise, je l'ai fait pendant plusieurs années,
la première chose que je regardais, ce n'était pas le bilan,
c'était la qualité de ceux qui l'administraient. Le bilan,
après cela, habituellement, il suivait. Quand les gens qui
administraient n'étaient pas "diable", habituellement, le bilan
n'était pas "diable". Mais quand les gens étaient des bons
administrateurs, cela suivait. La ressource humaine, dans une entreprise, est
la ressource la plus importante, à mon avis. 90 % ou 80 % du
résultat d'une entreprise, habituellement, ce sont les ressources
humaines de l'entreprise. C'est pour cela que je pose la question parce qu'on
est un peu inquiets.
Je regarde au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation, un ministère qui a eu des rendements d'autosuffisance
extraordinaires, passant de 47 % à 74 % entre 1976 et 1985, on a
liquidé la direction et les fonctionnaires. C'est pour cela que
je veux demander au...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît, je pense qu'on est ici pour étudier
les crédits...
M. Garon: M. le Président, on va arrêter de jouer
aux enfants. J'ai le droit de faire une comparaison avec un ministère
quand je pose une question. Voulez-vous, on va arrêter cela tout de suite
parce que j'estime que j'ai le droit de parole et j'ai le droit de faire les
comparaisons que je veux.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je pense qu'on est assez libéral, très large, en ce
qui regarde l'interprétation du règlement,
particulièrement de l'article 211 du règlement. Je sais fort
bien, à l'étude des crédits, que cette
interprétation doit être conforme a l'article 41 de la Loi sur
l'interprétation, qui dit qu'un statut reçoit une
interprétation qui est large, libérale et assure et son esprit et
sa fin. Jusqu'à maintenant, je vous ai permis de vous exprimer
convenablement, dans les règles de l'art et je vous demanderais de
continuer ainsi et de permettre maintenant au ministre des Finances de
répondre è votre question. M. le ministre des Finances.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
s'il vous plaît.
M. Garon: M. le Président, je regrette, on va
régler cette question tout de suite. Je vais poser les questions que je
veux poser. J'ai un droit de parole en vertu du règlement et il va
s'exercer. Autrement, je vais en appeler de votre décision.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je n'ai jamais brimé votre droit de parole...
M. Garon: Écoutez, on a le droit de parler.
Le Président (M. Lemieux): ...comme je n'ai jamais
brimé le droit de parole d'aucun des parlementaires dans cette
Chambre.
M. Garon: Je ne suis pas à l'école, je ne suis pas
au collège. Ce n'est pas d'un directeur spirituel que j'ai besoin.
M. Bélisle: Pourquoi ne pas se comporter comme des gens
qui ne sont pas à l'école?
M. Garon: Alors, qu'on nous laisse poser nos questions.
Actuellement, quand on regarde ce qui se passe...
M. Bélisle: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, une question de règlement.
M. Garon: Une des principales... M. Bélisle: Question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Une question de règlement, M.
le député de Saint-Louis
M. Chagnon: M. le Président, je voudrais rappeler à
cette commission l'article 41 de notre règlement qui stipule ceci: "Le
président se prononce sur les rappels au règlement au moment
où il le juge opportun, en indiquant le motif de sa décision. Il
peut aussi choisir de soumettre la question à l'Assemblée. "La
décision du président ou de l'Assemblée ne peut être
discutée."
Vous avez pris une décision, vous avez demandé au ministre
des Finances de répondre à la question du député de
Lévis, c'est très bien ainsi. Maintenant, qu'on demande et
j'insiste pour que le ministre des Finances puisse répondre à la
question du député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président...
M. Garon: Un instant, en vertu du règlement, M. le
Président!
Le Président (M. Lemieux): Oui, effectivement.
M. Garon: Quand je prends la parole, j'ai droit à vingt
minutes. Le président n'a pas à me couper la parole. Le
règlement dit que j'ai droit - et j'en appelle au règlement -
à vingt minutes.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le
député de Lévis, en vertu des articles 284 et 209 du
règlement, vous avez droit à un temps de parole de vingt minutes,
c'est exact. Je n'ai pas dans l'intention de vous brimer ou de vous
empêcher de vous exprimer et de poser les questions que vous voulez. Ce
que j'ai voulu, M. le député de Lévis, c'est simplement
rappeler que certaines comparaisons étaient, je pense, d'une autre
nature que le travail qu'on a à faire ici en commission parlementaire.
J'ai demandé au ministre des Finances de répondre. Si votre
question n'est pas complète, je vous le dis, M. le député
de Lévis, complétez votre question.
M. Garon: Oui, je complète ma question.
Le Président (M. Lemieux): Alors, complétez votre
question, M. le député de Lévis.
M. Garon: Je le demande parce que c'est une des interrogations
importantes actuellement dans l'opinion publique. C'est que le gouvernement
actuel fait des transferts de personnels assez librement. Je demande au
ministre, car c'est important qui dirige une banque, qui dirige une institution
financière; la confiance repose souvent dans ceux qui l'administrent.
Vous savez à quel point c'est délicat quand il s'agit de grandes
corporations comme celle-là, de gens qui sont nommés dans ces
corporations. C'est pourquoi je demande au ministre des Finances s'il a
confiance dans le conseil d'administration, s'il est satisfait du bilan et s'il
est satisfait de l'administration pour l'année
écoulée.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, dans le préambule de
sa question, le député de Lévis a voulu faire un
parrallèle entre l'administration de l'ancien gouvernement et
l'administration de la Caisse de dépôt. Tout ce que je peux dire
là-dessus, c'est que je suis heureux de voir que la Caisse de
dépôt n'a pas suivi l'exemple donné par le gouvernement
quant à sa gestion. On n'a pas à rappeler à l'honorable
député de Lévis...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Saint-Louis!
M. Levesque: ...que le gouvernement dont il faisait partie depuis
1977 en particulier a pris un endettement de 5 000 000 000 $ et l'a rendu
à près de 30 000 000 000 $. Dieu merci, la Caisse de
dépôt ne s'est pas inspirée de l'exemple du gouvernement
pour s'occuper de la gestion de la Caisse!
Cela dit sur le préambule, je réponds à la question
posée par le député de Lévis sur le conseil
d'administration. Je peux le rassurer comme ceci: Le conseil d'administration
est le même aujourd'hui qu'il était au moment où nous avons
pris le pouvoir.
M. Garon: À 100 %? M. Levesque: À 100 %. M.
Garon: J'aimerais...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Garon: ...demander à la Caisse de dépôt,
dans les rendements... On observe, aux pages 18 et 19 du rapport de la Caisse
de dépôt, rapport 1985, que le rendement global de la Caisse de
dépôt s'est établi à 24 %. Par ailleurs, à la
page 19, dans la deuxième colonne, le rendement des placements d'actions
étrangères, en 1985, a été supérieur
à celui des actions canadiennes, soit 56,1 %. Alors, j'aimerais savoir
quelle est ta proportion des placements de la Caisse qui sont des actions
canadiennes et des actions étrangères, et quelle est la politique
que suit la Caisse de dépôt dans ses placements par rapport
à des actions canadiennes, à des actions
étrangères, ou s'il y a des rapports ou des politiques
établies au point de vue de ses placements.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, est-ce qu'on pourrait s'entendre sur la politique de
diversification du portefeuille de la Caisse?
M. Garon: Non, non. Ce n'est pas cela qu'on...
Le Président (M. Lemieux): Pas tout à fait. M.
Nadeau. (17 h 45)
M. Campeau: Alors, voici: sur une valeur aux livres actions qui
dépassent 5 200 000 000 $, nous avons investi en actions
étrangères quelque 417 000 000 $, approximativement 400 000 000
$.
Je reviens au double objectif de la Caisse de dépôt qui est
profitabilité et contribution à l'essor économique du
Québec. Depuis deux ou trois ans, nous avons commencé à
investir sur le marché international, et toujours dans la double
objectivité de la Caisse de dépôt qui est de faire un
profit et aussi de contribuer à l'essor économique du
Québec en créant des contacts, en tâchant d'amener
certaines technologies au Québec et en allant chercher à
l'extérieur certaines compétences qu'on n'a pas dans certains
domaines. Mais pas uniquement sur l'essor économique, il nous faut, pour
bien gérer un portefeuille de capital-actions diversifier et investir,
non seulement au Canada, mais dans l'international, dans les pays où
l'économie va très bien.
La taille du portefeuille de la Caisse de dépôt justifie
cette sortie hors du Canada. D'ailleurs, la majorité des fonds de
retraite ont, dans leur portefeuille, des investissements dans l'international.
Nous, on n'a pas encore rejoint 2 % de notre portefeuille alors que plusieurs
portefeuilles de fonds de retraite vont jusqu'à 10 %, limite qui leur
est permise par la loi. On sait, d'autre part, que la Caisse de
dépôt n'a pas
de limite pour investir des montants. Elle n'est pas limitée par
les 10 % pour les actions étrangères.
Je ne sais pas si cela répond à la question que vous me
posiez.
M. Garon: Oui, je voyais les résultats dans le rapport et
je voulais avoir des explications additionnelles. On avait l'impression qu'il y
avait une grande diversification dans les actions étrangères et
on voulait savoir quelle était la façon de procéder, quels
étaient les objectifs visés quand on faisait des placements
étrangers. Je savais que la quantité vous obligeait à
diversifier un peu votre portefeuille, le montant de vos placements.
M. Campeau: II ne faut pas s'attendre à des rendements de
56 % chaque année.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Oui, une question è M. Campeau. Vous
annoncez un rendement de près de 24 %, je pense, pour l'année.
Est-ce que c'est bien...
M. Campeau: Sur l'ensemble des fonds, oui.
M. Séguin: Je ne sais pas si vous pourriez l'expliquer un
peu. Est-ce qu'il faut comprendre que c'est le produit de rendements,
c'est-à-dire des placements et est-ce que cela inclut des
réalisations... Je pense que vous avez mentionné, d'ailleurs, au
début dans votre présentation, qu'il y avait eu des ventes de
placements, enfin des dispositions, ce qui avait rapporté un produit qui
s'ajoutait dans le calcul du rendement, si je ne me trompe pas. Est-ce que vous
pourriez expliquer davantage, en tout cas?
M. Campeau: Vous n'avez pas besoin... Si on peut définir
ce qu'est un rendement? Un rendement, c'est l'intérêt ou les
dividendes que vous recevez chaque année, additionné à
l'appréciation de capital. Si vos actions montent, cela vous fait un
profit, alors cela vient s'ajouter à votre rendement, même si vous
ne réalisez pas ce placement-là dans l'année. Le fait que
vous vendez un placement ou que vous l'encaissez, cela n'augmente pas votre
rendement.
Si on prend une maison, par exemple, qui rapporterait 10 % de revenus
et, en plus de cela, qui prendrait de l'appréciation de capital durant
l'année de 10 %, on devrait calculer le rendement à 20 %.
M. Séguin: Si on excluait la valeur de réalisation,
parce que je me rends compte que le rendement que vous annoncez est basé
sur une valeur de réalisation, c'est-à-dire une valeur marchande
hypothétique, il faut le dire...
M. Campeau: Pas hypothétique...
M. Séguin: Non, mais en fait confirmé, par exemple,
par les vérifications de3 cotations à la Bourse dans le cas
des...
M. Campeau: Oui.
M. Séguin: ...valeurs mobilières et d'autres
indices que vous suivez, mais où il n'y a pas de vente, alors ce sont
des indices pour établir la valeur de réalisation.
Est-ce que vous avez un chiffre qui détermine la valeur de
rendement en pourcentage uniquement sur le rendement des revenus
d'intérêt ou de placement par rapport au coût réel ou
au coût aux livres des biens?
M. Campeau: Si on parle de rendement courant, appelons cela
"cash-flow" pour prendre l'expression anglaise, je ne sais pas, c'est de
l'ordre de 13 % de nos revenus courants.
M. Séguin: D'accord.
M. Campeau: Mais, on se comprend bien. Si vous achetez une
action, il y en a qui vont payer des dividendes et d'autres n'en paieront pas.
Des fois, c'est mieux d'acheter une action qui ne paie pas de dividende et qui
double dans l'année plutôt qu'une autre qui paie un dividende et
qui ne double pas, qui ne monte pas.
M. Séguin: Ces renseignements ne sont pas inclus dans les
états qui sont publiés actuellement, je pense.
M. Nadeau: Tout le placement, toute l'industrie du placement
fonctionne de la même façon c'est-à-dire que vous avez
toujours les revenus courants et l'appréciation de capital. Or, dans 24
% juste dire qu'on a effectivement encaissé 13 %, cela ne traduirait pas
la réalité. Cela ne toucherait qu'une partie de l'argent, des 2
299 000 000 $ que nous avons encaissés et reçus.
M. Séguin: D'accord.
M. Nadeau: Mais, comme on l'a mentionné, il y a eu une
appréciation de capital très importante, qui fait partie du gain
qu'on aurait pu réaliser le 31 décembre et cela aurait fait 24 %.
On ne l'a pas fait.
M. Séguin: II est exact de dire que, sur une valeur aux
livres, le rendement moyen est à peu près de 13 %. Si on tient
compte de la valeur de la réalisation, la valeur est d'environ 24 %.
C'est ça, je pense, qu'on
dit.
M. Nadeau: La valeur de 13 % ou le rendement de 13 % est le
rendement effectivement perçu, encaissé et touché, alors
que le rendement de placement utilisé dans l'ensemble par tous les
gestionnaires de fonds inclut toujours l'appréciation. Et là,
ajoutons 11 %, cela fait 24 %.
M. Séguin: Je m'excuse, je vais terminer rapidement.
Le Président (M. Lemieux): Oui, cela va, M. le
député de Montmorency.
M. Séguins La valeur sur l'encaissement, comment se
compare-t-elle, par exemple, avec l'année passée? Est-ce que vous
avez un...
M. Nadeau: Cela ne bouge pas beaucoup. Cela a
légèrement augmenté; c'est fonction des taux
d'intérêt sur les obligations. L'année
précédente, c'était peut-être aux alentours de 11,5
% ou 12 %. Ce sont les coupons des obligations.
M. Séguin: Un dernier petit élément, soit M.
Campeau ou vous, M. Nadeau. Dans la valeur de la réalisation qui est
donnée pour établir le calcul de 24 %, est-ce qu'il y a des
réalisations de placement, des ventes de placements qui ont
rapporté des profits, des gains? Je crois que vous l'avez
mentionné dans votre introduction, il y a eu effectivement
des...
M. Campeau: Oui, mais ce n'est pas cela qui vient changer notre
rendement; ça n'affecte en rien la réalisation effectuée
ou non effectuée. Si vous avez une action que vous payiez, il y a deux
ans, 10 $, au 31 décembre 1984 elle était à 15 $ et, en
1985, à 20 $. Mais à 15 $, on a pris ce profit de 5 $ dans notre
rendement de 1984. Il est déjà pris, on ne peut pas le prendre
deux fois.
M. Séguins Juste pour m'éclairer sur ce point,
à la page 7 des états financiers, dans ce document, vous donnez
le montant des gains et pertes à la vente de placements -on voit qu'il
n'y a pas de perte. Le montant pour l'année 1985 dans les revenus est de
626 731 000 $; est-ce exact?
M. Campeau: Oui.
M. Séguin: Donc, il y a un accroissement important de
vente de biens.
M. Campeau: Oui, mais cela ne vient pas influencer le
rendement.
M. Séguin: D'accord. Vous me l'aviez expliqué
tantôt, mais j'aimerais que vous puissiez me l'expliquer à nouveau
en une ou deux minutes: Pourquoi la réalisation d'un portefeuille comme
ça, qui génère des profits importants, n'affecte-t-elle
pas le rendement?
M. Campeau: Voilà. Revenons à l'exemple de la
maison, si vous le voulez bien. Une maison achetée il y a deux ans
à 100 000 $. Supposons que votre revenu courant est de 10 %, pour faire
un chiffre simple. Un an après, vous faites évaluer votre maison
et vous voyez très bien que vous pourriez obtenir 110 000 $, toute
commission payée, etc., c'est net. Vous avez donc réalisé
dans votre année 10 % de revenu d'intérêt et 10 %
d'appréciation de capital. Votre rendement est donc de 20 %.
L'année suivante, vous augmentez encore de 10 000 $. On va oublier les
10 % de 10 000 $ et vous avez toujours vos 10 % sur votre chose. Si vous le
vendiez à ce moment, vous ne pouvez pas dire que vous avez fait un
profit de 20 000 $ sur votre maison dans cette année. Vous avez fait un
profit de 10 000 $, vous avez déjà pris 10 000 $ l'année
d'avant. Dans vos calculs financiers, le rendement de chaque année, une
fois qu'il est passé, il est passé. Quand vous réalisez,
cela vous donne des fonds, un point, c'est tout. Ce n'est pas cela qui vient
influencer votre rendement à chaque année. La réalisation
des actifs ne vient pas influencer votre rendement dans l'année.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aimerais demander au ministre des Finances si ses
administrateurs de la Caisse de dépôt et de placement sont devenus
des personnes bénévoles, parce qu'on a vu que les administrateurs
de conseils d'administration étaient en train de devenir
bénévoles...
M. Chagnon: On va l'accepter...
M. Garon: On a vu que les administrateurs de conseils
d'administration devraient devenir des bénévoles, qu'il n'y
aurait plus de jetons de présence, qu'il n'y aurait plus de
rémunération. J'aimerais savoir si cette directive du Conseil des
ministres s'applique à la Caisse de dépôt.
M. Levesque: J'en ai parlé avec le
président-directeur général récemment et nous
n'avons pas eu l'occasion de nous en reparler. Je lui ai exposé la
directive qui avait été donnée. Comme on le sait, la
directive n'est pas une directive qui ne peut souffrir d'exception. C'est
pourquoi j'ai d'abord consulté le président-directeur
général pour voir si on pouvait y donner
suite. Cela, évidemment, sans toucher à
l'efficacité de son action. Nous n'avons pas encore eu le temps,
malheureusement, de poursuivre, à moins que des dispositions aient
été prises, mais je n'en suis pas encore au courant.
M. Garon: Quels sont les montants des jetons de présence
actuellement?
M. Levesque: Peut-être que le président pourrait
vous les donner. Je crois que c'est environ 3000 $ en plus des jetons de
présence de 250 $ par séance.
M. Campeau: C'est bien cela, M. le ministre. Et, à la
Caisse de dépôt, vous avez environ dix ou douze réunions
par année.
M. Levesque: II s'agit aussi d'ajouter, peut-être pour la
bonne compréhension du dossier, qu'il y a des fonctionnaires qui sont
administrateurs d'office. À ce moment-là, ils ne retirent pas de
revenu à cause des fonctions qu'ils occupent.
M. Campeau: C'est cela.
M. Garon: Est-ce que vous voulez dire que tous les fonctionnaires
qui siègent au conseil de la Caisse de dépôt ne retirent
aucun jeton de présence comme membres du conseil d'administration de la
Caisse de dépôt?
M. Levesque: C'est-à-dire que dans la plupart des cas, on
me dit qu'ils ne retirent rien mais je pense qu'il y a une exception. C'est
cela?
M. Campeau: C'est qu'on a trois membres d'office à la
Caisse de dépôt qui ne sont pas des membres officiels: c'est le
sous-ministre du ministère des Finances, un représentant
d'Hydro-Québec et un représentant du ministère des
Affaires municipales ou de la Commission municipale, selon le cas. Ces
gens-là ne retirent pas de jetons de présence. Ne retire pas de
jetons de présence non plus le...
M. Garon: Depuis vingt ans ou si c'est...
M. Campeau: Je ne saurais pas dire. En tout cas, à ma
connaissance. Je ne voudrais pas jurer là-dessus.
M. Garon: Est-ce que le ministre des Finances, parce que je ne
voudrais pas vous mettre mal à l'aise, pourrait nous dire si cela a
toujours été la politique ou si elle a été
changée au cours des années?
M. Levesque: Je suis encore plus nouveau dans ma fonction que le
président- directeur général.
M. Garon: Je vous dis cela parce que, quand je suis arrivé
au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
les fonctionnaires qui siégeaient au conseil d'administration avaient
des jetons de présence et recevaient certains montants. Cela a
été changé. Le principe du gouvernement antérieur
était que le fonctionnaire était payé. Qu'il soit au
ministère ou là, il gagnait son salaire. II n'y avait donc pas de
jetons de présence pour les fonctionnaires.
Dans le cas de la Caisse de dépôt, j'aimerais avoir...
M. Levesque: On pourrait faire une recherche.
M. Garon: Oui? Est-ce que vous vous engagez à la faire et
à nous produire les documents?
M. Levesque: Je suis bien prêt, mais je pense qu'aucun
fonctionnaire n'était...
M. Garon: Non, je ne parle pas d'aujourd'hui, mais depuis vingt
ans, quelle a été la politique suivie?
M. Levesque: Les trois fonctionnaires d'office dont il est
question et qui ont été mentionnés par le
président-directeur général, soit le sous-ministre du
ministère des Finances, le...
M. Campeau: ...un représentant
d'Hydro-Québec.»
M. Levesque: ...représentant d'Hydro-Québec
et...
M. Campeau: ...et un représentant du ministère des
Affaires municipales.
M. Levesque: ...le représentant du ministère des
Affaires municipales, je ne crois pas, à ma connaissance, qu'ils aient
eu, dans le passé, des revenus provenant de leur présence aux
séances du conseil de la Caisse de dépôt. Je le dis sous
toute réserve. Je le répète. Mon expérience directe
au ministère ne date que du mois de décembre.
M. Garon: Mais est-ce qu'il est possible que le ministre des
Finances demande à quelqu'un de faire une recherche depuis ta fondation
de la Caisse de dépôt? Quels ont été les
fonctionnaires qui ont siégé au conseil de la Caisse de
dépôt? Leur statut? Pour le sous-ministre des Finances, j'imagine
que cela a dû être régulier depuis la fondation. Est-ce
qu'il y a des années où il y a eu des rémunérations
additionnelles ou si cela a toujours été comme c'est
actuellement?
M. Levesque: II faut dire immédiatement que la Caisse de
dépôt, d'ailleurs, comme le sait sans doute le
député de Lévis, ne relève pas du ministère
comme tel, mais du ministre.
M. Garon: Je le sais.
M. Levesque: À ce moment-là, il serait
peut-être mieux de demander à la direction de la Caisse de
dépôt de faire cette recherche, parce que au ministère on
n'a pas cette responsabilité. C'est la responsabilité du ministre
vis-à-vis de la Caisse. Il faudrait que je fasse une enquête
auprès de mes prédécesseurs, ce que je n'ai pas
l'Intention de faire.
M. Garon: Je pense que les nominations sont faites par le Conseil
des ministres de même que la rémunération est
déterminée par le Conseil des ministres. C'est pourquoi ma
question s'adresse au ministre des Finances, comme membre du gouvernement. (18
heures)
M. Levesque: Dans ce cas-là il faudrait peut-être
demander au Secrétaire général du Conseil exécutif
de faire la recherche.
M. Garon: Oui.
M. Levesque: Je n'ai pas d'objection, mais encore une fois, cela
ne relève pas de moi.
M. Garon: Est-ce qu'on peut demander si vous pouvez produire ce
léger travail? On pourrait demander au secrétaire du Conseil
exécutif pour l'information. Je vais vous dire pourquoi. Ce n'est pas
pour vous ennuyer, mais comme il semble y avoir des changements, le
gouvernement actuel l'a indiqué qu'il veut faire des changements
à ce point de vue-là, dans la rémunération, il doit
être intéressant de savoir un peu l'historique des
rémunérations des différents conseils d'administration.
D'autant plus que 20 ans ce n'est pas très long et qu'il serait possible
de voir comment cela a fonctionné pour les gens qui avaient un statut de
fonctionnaires. Quand vous dites qu'il n'y en a que trois, alors cela a
dû être les mêmes fonctions au cours des années.
M. Levesque: Je vais transmettre votre voeu au Secrétaire
général du Conseil exécutif. C'est tout ce que je peux
faire.
M. Garon: Autrement, on va être obligé de le
demander en Chambre.
M. Levesque: On va essayer de le demander.
M. Garon: M. le Président, je veux poser une autre
question. Je pense bien que le ministre des Finances va demander au
président-directeur général de la Caisse de
dépôt de répondre. La Caisse de dépôt, et
là je pose la question très générale, a eu - on a
vu cela dans les journaux au cours des années - occasionnellement des
mouvements défensifs afin de conserver au Québec des centres de
décision importants ou jugés importants - il a été
mentionné comme tel pour la collectivité québécoise
sur le plan économique - j'aimerais savoir dans quelles conditions
habituellement la Caisse va jouer un rôle au point de vue de maintenir au
Québec ou d'assurer une plus grande propriété
québécoise d'entreprise, et dans quelle condition normalement
elle estime que son rôle est joué ou qu'elle passe le relais au
secteur privé lorsque...
M. Campeau: Vous me ramenez au double objectif de la Caisse de
dépôt qui est la profitabilité et l'essor économique
du Québec. Alors dans certains cas, la Caisse de dépôt a
pensé qu'elle devait être plus active, mais chaque fois elle a
dû s'assurer, avant de commencer ou de décider de faire
l'opération, que cette opération était rentable. Alors si
on repasse dans les opérations qui ont été faites dans le
passé, elles ont toutes été rentables, mais je me permets
un exemple d'actualité où la Caisse de dépôt -
peut-être que personne ne s'en est aperçu - a fait son travail.
C'est la dernière offre d'achat de Genstar par Imasco. Pour nous il
s'agissait de savoir si on détient à la Caisse de
dépôt 7 % de Genstar. Le coût était à peu
près dans nos livres à 75 000 000 $ et le prix offert par Imasco
est de 150 000 000 $. Il y a donc un profit net de 75 000 000 $. En plus, il
s'agissait pour nous de faire monter les prix, d'obtenir le meilleur prix
possible. Il faut avouer qu'on avait un billet pour Imasco, dont le
siège social est à Montréal. Alors pour nous c'est
important de voir le siège social de Gen3tar revenir à tout le
moins à Montréal, au moins au Canada.
Alors on a regardé les deux côtés. Il faut dire
aussi que c'était payant. C'est pour cela qu'on a accepté l'offre
d'Imasco sur no3 actions de Genstar, comme tout le monde peut-être. C'est
un peu dans ce sens-là. À chaque opération on doit
regarder les profits et l'essor économique au Québec et ne pas
mettre les deux...
M. Garon: Prenons un cas, comme vous dites, Imasco, je le sens
correct. Mais la propriété d'Imasco est à 100 % anglaise,
britannique.
M. Campeau: Elle est à 45 % aujourd'hui britannique, oui,
mais complètement gérée par des gens au Québec.
M. Garon: La différence de 55 %?
M. Campeau: Pour nous c'était ramener quand même une
société Imasco importante à Montréal dans le
secteur des affaires, qui donne de l'emploi à plusieurs personnes et qui
a son siège social ici. Pour nous c'est un signe que l'on remarque
beaucoup et que l'on apprécie.
M. Garon: Quand la Caisse de dépôt a une
participation importante dans une entreprise, quel est son comportement par
rapport à l'entreprise. Je veux dire, par exemple, quand elle a le droit
d'avoir jusqu'à 30 % des actions, quand elle a une participation qui est
significative par rapport aux orientations de l'entreprise ou au choix des
administrateurs, de quelle façon fonctionne la Caisse de
dépôt?
M. Campeau: La Caisse de dépôt croit à la
représentation proportionnelle à un conseil d'administration.
Elle pense que ce sont les actionnaires qui doivent nommer les administrateurs
et non pas les officiers de la compagnie nommer leur patron au-dessus d'eux. On
pense que les actionnaires sont les patrons. Vous avez le conseil
d'administration et les employés de la compagnie qu'on appelle le
management. La Caisse de dépôt croit à la
représentation proportionnelle et va tâcher de suggérer des
noms pour être représentée au conseil d'administration
quand elle détient un intérêt important dans une
entreprise.
Quant à s'occuper des opérations au jour le jour, tel
n'est pas son objectif. La Caisse de dépôt ne veut pas s'en
occuper. Elle veut, d'autre part, être au conseil, au besoin, pour voir
l'orientation de la compagnie, les grandes décisions d'orientation et
voir aussi au maintien de la profitabilité de la compagnie. C'est
là qu'on va tâcher d'avoir des représentants au conseil. On
ne réussit pas toujours. Quand on réussit, on tâche que le
travail soit fait. Je ne sais pas si cela répond à votre
question.
M. Garon: Cela répond en partie.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, j'aimerais simplement vous faire remarquer ceci» Nous
terminons à 18 h 30 et nous n'avons pas encore entendu la Commission des
valeurs mobilières. Elle peut toujours revenir. Il y a aussi deux autres
personnes qui veulent intervenir.
M. Garon: Je dois vous dire que je ne fatigue pas du tout, et que
la Commission des valeurs mobilières revienne: on a eu les documents
seulement à la fin de l'après-midi, hier.
Le Président (M. Lemieux): Je veux aussi vous faire
valoir, et je ne veux pas aussi encore vous limiter dans votre droit de parole,
que vous avez pris plus que les vingt minutes permises. Je voudrais bien qu'on
puisse, d'ici à 18 h 30, en venir à terminer peut-être avec
la Caisse de dépôt. Je vais vous laisser continuer pour que d'ici
à 18 h 30, si possible, on puisse terminer avec la Caisse de
dépôt, quitte à ce que la Commission des valeurs
mobilières puisse revenir.
Est-ce que cela vous va? Par après, pour que vous puissiez
permettre au député de Mille-îles ou au
député de Saint-Louis aussi d'intervenir. Est-ce que cela va? M.
le député de Lévis, vous pouvez continuer.
M. Garon: Une autre question que j'aimerais poser au
président-directeur général. Vous avez dit tout à
l'heure que c'est surtout depuis deux ou trois ans que la Caisse prend une
participation plus grande dans les actions étrangères. J'imagine
que son portefeuille est également plus grand. Je suis convaincu qu'au
cours des vingt dernières années il y a eu une évolution
dans le placement ou dans la façon de prendre les placements. Je suis
certain qu'au début la Caisse était beaucoup plus conservatrice
et qu'elle plaçait beaucoup plus dans des obligations sans doute.
Aujourd'hui, j'aimerais que vous nous disiez un peu, au cours des vingt
dernières années - je sais que c'est une question un peu omnibus
- comment la Caisse a évolué. Cela s'est fait de quelle
façon en termes de placement? en respectant toujours les deux objectifs.
Je suis persuadé qu'aujourd'hui la Caisse est beaucoup plus
libérale dans ses placements. Elle était beaucoup plus
conservatrice même si elle était sous le régime
libéral au début.
M. Campeau: Avant de répondre à votre question, je
vous dirai que la bible de la Caisse de dépôt c'est le discours en
deuxième lecture prononcé par M. Jean Lesage. C'est cela la bible
de la caisse. Là-dedans, on trouve toutes les réponses ou presque
toutes. Je dis souvent que ce discours semble autant d'actualité
aujourd'hui qu'il l'était en 1965.
Dès le début, il s'agissait pour la Caisse d'être
prudente. On voit dans l'histoire que la Caisse s'en est tenue presque
exclusivement aux obligations, au début. Après, elle a
passé aux hypothèques, lentement elle s'est dirigée vers
les actions et a évolué comme ceci, évidemment avec
toujours de l'encaisse et tout.
Dans les années quatre-vingt, le conseil d'administration a
jugé bon de développer le secteur immobilier. Nous avons
maintenant, dans notre portefeuille, environ 350 000 000 $ de valeur
d'immeuble. Les hypothèques sont devenues un peu plus
sophistiquées. Au cours des années aussi, on a vu, cela avant les
années quatre-vingt, une implication plus grande dans les moyennes
entreprises, dans du financement de moyennes entreprises, dans les
achats d'actions des moyennes entreprises, pour arriver, il y a deux ou trois
ans, au marché international. Il y a eu une évolution. Par
exemple, en 1979, on avait un portefeuille d'actions de 12,5 % seulement du
total d'actifs. Aujourd'hui, on a à peu près 25 %, dont des
titres de propriété. Aujourd'hui, on a 2 % d'immeubles, on n'en
avait aucun; on est donc rendu à 27 %. Il y a une évolution qui
se fait lentement, avec le temps.
C'est un peu cela, si vous me demandez comment cela s'est fait, la
Caisse de dépôt. Il y a eu des cycles où la Caisse de
dépôt était plus conservatrice et d'autres cycles où
elle était plus active.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: C'est son droit de parole, bien entendu, dans
les interventions des personnes qui sont venues pour répondre à
nos questions. Est-ce qu'on pourrait nous aussi avoir un droit de parole qui
soit respecté? Il reste 18 minutes à peu près et je pense
qu'on a des questions non pas sur l'historique, mais...
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, le
député de Lévis a un droit de parole de 20 minutes en
vertu des articles 284 et 209. Est-ce qu'il y a consentement pour permettre au
député de Lévis de continuer?
M. Bélisle: II n'y a pas de consentement.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: J'aimerais savoir...
M. Garon: ...
M. Bélisle: Il faudrait, à ce
moment-là...
M. Garon: II faudrait augmenter le nombre d'heures, que
voulez-vous! Vous vous organiserez avec votre leader.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: À la page 11 des états
financiers, frais d'administration, je remarque que cette année, en
1985-1986, il y a 16 158 000 $; en 1984-1985, il y avait 13 104 000 $, soit une
augmentation de 23,3 %. Il y a un poste spécifique, les services
professionnels, où il y a eu un bond qui doit être explicable - je
veux avoir l'explication - qui, en 1985-1986, est de 2 148 000 $, et en
1984-1985, 1 094 000 $, soit une différence de 1 000 000 $ par rapport
à Tannée précédente. Que s'est-il passé
d'extraordinaire à la Caisse de dépôt pour qu'il y ait un
ajustement de 1 000 000 $? Est-ce qu'il y a un programme spécial?
Qu'est-ce qu'il y a eu?
M. Nadeau: Encore une fois, on va être obligé de
piler sur notre modestie, mais c'est la haute performance de nos
investissements internationaux qui ont rapporté 56 %. Lorsqu'on confie
des sommes à gérer è des gestionnaires, comme c'est le cas
de nos actions étrangères, leur rémunération est un
petit pourcentage de la valeur marchande du placement qu'ils ont fait. Lorsque
notre placement progresse de 56 %, malheureusement, doit-on dire, leurs
honoraires progressent au même rythme, mais ces honoraires
représentent une petite partie du gain qu'ils nous procurent. En ce
sens, c'est quelque chose qu'on accepte.
M. Bélisle: Vous êtes en train de nous dire qu'au
poste des services professionnels, par rapport à l'année
passée, il y a eu 100 % d'augmentation, c'est-à-dire 1 000 000 $
de plus d'honoraires professionnels versés à des courtiers,
à des gestionnaires et à des mandataires? C'est ce que vous
êtes en train de me dire?
M. Nadeau: C'est cela, à des gestionnaires qui
gèrent notre portefeuille international qui a eu une performance
extraordinaire. Comme c'est la pratique dans toute l'industrie, la
rémunération des gestionnaires est basée sur la
performance de ce portefeuille, et c'est, encore une fois, ce portefeuille qui
a augmenté de 56 %. Il a progressé d'à peu près 100
000 000 $ en termes de gains. Cela nous a coûté 500 000 $ de plus
sur des revenus de 100 000 000 $. C'est agréable.
M. Bélisle: Une dernière question et après,
pour moi, ce sera terminé. Je vais regarder aussi dans les postes
d'effectif de la Caisse de dépôt. Vous avez environ 176
employés présentement. C'est bien cela? Est-ce qu'il y a des
postes à combler présentement? Vous avez évoqué
vous-même, tantôt, M. Campeau, dans votre allocution
d'introduction, des problèmes avec les gestionnaires
spécialisés, les personnes compétentes dans le domaine.
Est-ce que vous avez votre bassin, est-ce que vous avez une liste d'attente,
des gens qui vont vous voir pour combler des postes, s'il y a des postes
à combler?
M. Campeau: Aujourd'hui, nous avons 188 postes réguliers
comblés. Nos postes autorisés sont de 212; cela ne veut pas dire
qu'on doit tous les remplir.
M. Bélisle: Par le conseil d'administration?
M. Campeau: Oui.
M. Bélisle: D'accord. (18 h 15)
M. Campeau: II y a certains postes qui ne seront pas
comblés dans les prochains mois.
M. Bélisle: Y a-t-il une raison?
M. Campeau: Oui. Parfois, il y a une certaine évolution
qui se fait. Il faut voir à l'avance certains postes qui doivent
être comblés et d'autres où l'on peut se permettre
d'attendre pour plusieurs raisons: La non-nécessité ou un trop
grand nombre de nouveaux employés qui ne peuvent pas être bien
entraînés en même temps alors, il y a une certaine passe qui
se fait. D'autre part, il y a d'autres postes clés qui seront
comblés rapidement. Je vous rappelle que c'est difficile aussi, quand il
s'agit d'un cadre supérieur. Il faut bien s'assurer que l'individu va
être capable de vivre avec le double objectif de la Caisse de
dépôt qui est la profitabilité et l'essor économique
du Québec. Curieusement, plusieurs diront que c'est avec l'essor
économique du Québec que c'est le plus difficile de vivre. Moi je
dirais que c'est la profitabilité. Il y a des gens qui n'ont pas cela
dans le sang, le profit.
M. Bélisle: Êtes-vous en train de nous dire que des
gens qui ont quitté la Caisse de dépôt, Pont quittée
parce qu'ils n'avaient pas ces perspectives-là?
M. Campeau: Oh! Non. Si on parle des départs de la Caisse
de dépôt, c'est une autre question, dans le fond. Vous avez des
départs volontaires, vous avez des départs suggérés
et vous avez des retraites. Dans le cas de ces gens-là,
évidemment, la Caisse de dépôt étant un endroit
idéal pour prendre une expérience valable, il s'agit de passer
par... Quand on regarde l'évolution, dans les institutions
financières, au cours des dernières années, le
régime d'épargne-actions, quand vous regardez, tout cela, il y a
une poussée dans le milieu financier, tout le monde parle d'affaires, on
dit même que le personnel de soutien dans les entreprises va s'informer
du taux d'hypothèque, le matin, en rentrant. Cela me surprend un peu,
mais, apparemment, c'est comme cela alors que, autrefois, on n'entendait pas
parler de cela. Alors, il y a une vague vers le milieu financier.
À la Caisse de dépôt, évidemment, on n'a pas
de boni de performance encore d'établi, cela pourrait peut-être
venir. On ne donne pas à nos employés un pourcentage dans la
propriété de la compagnie ou la propriété. On ne
donne pas à nos employés 10 % d'une société de
gestion, en rentrant; cela manque. Il y a certains éléments qui
profitent de cela pour aller ailleurs et ailleurs aussi il y a une
rareté et elle est claire et nette. C'est pourquoi la Caisse de
dépôt aussi a mis en oeuvre un programme où elle invite les
courtiers en valeurs mobilières à embaucher des finissants de
l'université dans le domaine de l'analyse financière. À ce
moment-là, elle leur promet un chiffre d'affaires plus
élevé de commission, ce qui ne nous dérange pas parce
qu'on aura à le payer de toute façon.
La Caisse de dépôt elle-même, chez elle, a un
programme de stagiaires. Depuis deux ou trois ans, il y a sûrement dix
stagiaires qui ont passé chez nous et qui, maintenant, sont sur le
marché financier, chez nous ou ailleurs.
M. Bélisle: Est-ce que vous considérez que
l'augmentation dans les traitements de base - en 1984-1985, on passe de 6 735
000 $ à 7 269 000 $, une augmentation de 8 % - est suffisante pour
garder les bons éléments que vous entraînez à la
Caisse et que vous voulez conserver.
M. Campeau: À l'occasion, ce n'est pas suffisant.
M. Bélisle: Ce n'est pas suffisant.
M. Campeau: On est...
M. Bélisle: Vous êtes comment?
M. Campeau: Écoutez, il ne s'agit pas, pour nous,
d'être les leaders dans les augmentations de salaire. Vous avez trois
grandes institutions financières francophones au Québec: le
Mouvement Desjardins, la Banque nationale et la Caisse de dépôt.
Il ne s'agit pas, pour nous, d'être le premier des trois.
D'autre part, j'avais une note qui disait que dans une institution
financière, il y a 75 cadres... Pourriez-vous donner le renseignement
exact.
M. Nadeau: Oui, 35 principaux cadres d'une grande banque, une
grande institution bien de chez nous, ont une rémunération
moyenne de 152 310 $. Si on prenait la même proportion, à la
Caisse, on arriverait à la moitié.
M. Campeau: II y a un net déséquilibre à
l'heure actuelle dans l'offre de gestionnaires et la demande, au Québec.
Est-ce que cela durera longtemps? Selon nos pronostics, cela devrait s'effacer
d'ici à trois ou quatre ans, peut-être cinq.
M. Bélisle: Merci, M. Campeau.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Merci, M. le Président. J'ai probablement
quatre questions rapidement compte tenu du fait que le temps avance. Je pense
que la députée de Chicoutimi avait elle aussi quelques
questions.
Première question; On parlé tout à l'heure de
décaissement - cette question s'adresse à M. Nadeau, M. le
Président - qui augmentait, évidemment, avec les années.
C'est un peu normal, compte tenu de la courbe de vieillissement de notre
population, qu'on puisse s'attendre qu'il y ait des augmentations de plus en
plus importantes dans les années à venir pour faire en sorte,
entre autres, que les bénéficiaires du RRQ puissent recevoir les
gains de leurs "placements", entre guillemets. On a dit qu'on n'avait pas
encore commencé à toucher au capital cette année. On ne
prévoit pas, pour 1986 ou 1987, toucher au capital compte tenu du fait
que le rendement de la Caisse est satisfaisant, selon ses administrateurs.
Quand, selon vous, M. Nadeau, allons-nous commencer à toucher au
capital? En quelle année?
M. Nadeau: Le point important, c'est de souligner que la Caisse
de dépôt gère les fonds d'au moins une dizaine, pour
être plus précis, de douze déposants. Or, la Régie
des rentes est un de ces déposants. La Régie des rentes, pour la
première fois cette année, représente moins de la
moitié de l'actif de la Caisse de dépôt. Or, il y a
d'autres déposants qui ont une dynamique différente de celle de
la Régie des rentes. Or, les informations que nous avons obtenues des
actuaires de la Régie des rentes, qui sont encore à revoir leurs
projections actuarielles, parlent de 1992 où il y aurait peut-être
un petit creux, c'est-à-dire que les revenus d'intérêt ne
seraient pas suffisants pour les besoins de la Régie des rentes et
là, on devrait toucher au capital. Encore une fois, pour la Caisse de
dépôt, c'est un déposant. Les autres... le RREGOP, le
Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics, c'est un régime qui est en pleine croissance, qui va continuer
de progresser, qui va amener non seulement des revenus, mais aussi des
contributions supplémentaires. C'est la même chose pour la
Régie de l'assurance automobile du Québec où, là
aussi, il y aura des progressions. Or, ces deux déposants, par la
croissance de leur contribution nette et le réinvestissement de la
totalité de leurs revenus d'intérêt vont faire que les
décaissements de la Régie des rentes vont être
annulés.
M. Chagnon: À ma connaissance, au
RREGOP, on s'attend, à partir de 1989, plus
particulièrement à partir de 1991, à des sorties de fonds
importantes, parce qu'on aura à ce moment-là la première
vague des employés de l'État du Québec 1962, 1963, 1964
qui commenceront à tomber sur le marché de la retraite de
façon importante. Je ne pense pas qu'à partir de 1992, on puisse
se fier au RREGOP pour faire en sorte d'activer le montant en caisse de la
Caisse de dépôt et placement. Si 1992, pour le RRQ, est
l'année charnière où on risque d'affecter le capital
investi, est-ce qu'il y a une date, selon vos prévisions actuarielles,
une année qui ferait en sorte que nous aurions passé à
travers le capital investi à l'intérieur du régime RRQ et,
si c'est le cas, quelle année?
M. Nadeau: Je pense que la Régie des rentes serait
certainement plus en mesure que nous de répondre à ces questions,
compte tenu du rajustement qui a été établi lors de la
dernière conférence des ministres des Finances. L'accord
prévoit une majoration de 0,2 % durant 5 ans, 0,15 % durant les 20
années suivantes. Il faudra voir ce que cela donne pour la Régie
des rentes.
M. Chagnon: Mais cela aura quand même un impact important
sur les fonds de la Caisse de dépôt puisqu'elle se mettra è
payer.
M. Nadeau: Oui, mais je l'ai mentionné, pour la Caisse, le
léger retrait extrêmement temporaire de la Régie des
rentes, en 1992, va être largement compensé par la croissance des
autres déposants. Les informations que nous avons concernant le RREGOP
indiquent que la croissance va se poursuivre durant de très nombreuses
années avant qu'on touche aux revenus d'intérêt et encore
moins au capital.
M. Chagnon: Je vous remercie. Deuxième question concernant
le rendement. M. le président-directeur général, vous
parlez d'un rendement de 24 % pour l'année 1984-1985 qui est un
rendement effectivement touché de 13 %. Si on compare la Caisse de
dépôt et placement avec d'autres institutions du même type,
parce que vous devez avoir des études comparatives entre les rendements
des diverses institutions de même fonction à peu près
parallèle, où se situe la Caisse de dépôt et
placement en cette année-là, en comparaison avec les autres
organismes de placement du type de la Caisse de dépôt, d'abord, en
matière de titres à revenus fixes puis, en ce qui concerne les
actions, et enfin, en ce qui concerne les actions étrangères,
c'est-à-dire les titres étrangers. Est-ce qu'on a cela?
M. Nadeau: Certainement, monsieur. Au
cours de l'an passé, l'indice TSE 300 a fait 25,1 %, la Caisse de
dépôt a fait 25,7 %. Les obligations de McCleod Young Weir ont
fait 21,9 %, ce qui est notre étalon de mesure. La Caisse de
dépôt a fait 25,3 %, donc nous avons fait 3,4 % de plus que le
McLeod sur un portefeuille de 15 000 000 000 $. Cela veut dire 480 000 000 $ de
plus, en raison d'une gestion active et dynamique.
Au niveau des hypothèques, le McLeod Young Weir a fait 14,4 % et
la Caisse de dépôt a fait 16 %. Au niveau des actions
internationales, le Capital International World Index, CIWI, a fait 49,6 % et
nous avons fait 56 %. Or, la Caisse de dépôt a battu tous les
indices, l'an passé. Si vous souhaitiez aussi avoir cela sur la
période de dix ans, je vais vous dire que nous avons battu
également tous les indices. Si on prenait également la
médiane, dans l'industrie publique-privée, là aussi la
Caisse de dépôt a battu tous les indices sauf un, je pense,
où il y a quelques dixièmes inférieurs. Mais, dans
l'ensemble, tous les indices et tous les gestionnaires privés n'ont pas
fait, pour l'an passé, aussi bien que la Caisse de
dépôt.
Une voix: II s'agit d'une moyenne.
M. Chagnon: M. le Président, vous me voyez personnellement
féliciter l'administration de la Caisse de dépôt de cette
performance. Ma dernière question concerne le total des titres à
revenu fixe. La question du député de Lévis, tout à
l'heure, portait sur l'évolution du fonds de placement de la Caisse de
dépôt pour les vingt dernières années et le
président-directeur général de la Caisse de
dépôt a mentionné que la caisse, au début, avait un
pourcentage de titres à revenu fixe plus important qu'aujourd'hui. Il
appert aujourd'hui, que vous avez dans vos états financiers, 67,66 % de
revenus fixes à l'intérieur de votre fonds, à la Caisse de
dépôt. Cela m'apparaît énorme. Cela m'apparaît
encore extrêmement important. Je comprends évidemment, que la
Caisse se doit d'être relativement stable, d'avoir des revenus stables,
mais les obligations gouvernementales, entre autres celles du Québec et
celles d'Hydro-Québec font à peu près 9 500 000 000 $ du
fonds, en gros. Si, en 1992, il commençait à y avoir des
décaissements importants, que ce soit au RRQ ou ailleurs, est-ce que
cela ne mettrait pas, entre autres, le gouvernement du Québec dans une
difficulté particulière, compte tenu du fait que le gouvernement
devrait racheter ses obligations à un moment - on le saura en ce
temps-là - peut-être plus ou moins opportun?
M. Campeau: Ce n'est pas nécessairement a moi à
répondre pour le ministre des Finances si cela le mettrait en
difficulté ou non. Disons que, pour la Caisse de dépôt, je
reviens à une de vos suggestions quand vous dites: Les obligations,
c'est peut-être un peu trop, et les actions, pas assez. La Caisse est
limitée à 30 % de son actif en capital-actions. Dans certains
cycles, c'est parfait; dans d'autres cycles, peut-être qu'il serait
souhaitable que ce chiffre soit augmenté. C'est au gouvernement è
décider, c'est au législateur à décider de
cela.
Concernant votre autre question, la Caisse a le rôle d'investir
dans le secteur public québécois. La Caisse se doit de maintenir
un marché ordonné, autant dans le marché primaire que dans
le marché secondaire, sur les gouvernements du Québec, les
sociétés d'État, les commissions scolaires, les
cégeps, les hôpitaux et les universités. Elle doit, d'autre
part, ne pas sacrifier sa profitabilité. Elle doit donc être
équilibrée et avoir des actions. Alors, qu'est-ce qui arriverait
en 1992? Dans nos pronostics, c'est prévu, il y a des
échéances. On ne forcera pas le gouvernement à nous
rembourser ses obligations; il n'y a pas de problème dans cela. Ce sont
ses futurs emprunts qui seront peut-être remis en question.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, je m'excuse.
M. Chagnon: Ce sera tout. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): II est 18 h 30. Avant de
suspendre la séance pour l'étude des crédits du Conseil du
trésor, est-ce qu'on s'entend, M. le ministre, pour entendre la
Commission des valeurs mobilières dans les sept heures qu'il nous
reste?
M. Levesque: Oui, c'est entendu. C'est-à-dire que
j'aimerais bien que la commission, par courtoisie pour nos invités qui
viennent de l'extérieur, puisse essayer de donner une indication de
l'ordre des travaux de demain. Est-ce qu'on peut le faire sans que ce soit
obligatoire, mais au moins pour une indication? Il y a la Commission des
valeurs mobilières, de Montréal, Loto-Québec, de
Montréal, et te Curateur public qui est ici...
Le Président (M. Lemieux): M. Lussier est ici
effectivement.
M. Levesque: Ensuite, il y a l'Inspecteur général
des institutions financières qui est à Québec. Je pense
que c'est tout.
M. Garon: Le problème est très simple au fond,
c'est qu'on a reçu les documents seulement en fin d'après-midi
hier. J'avais autre chose hier soir. En politique, on a
souvent des assemblées publiques. J'en avais une...
Une voix: Une grosse?
M. Garon: Hein? Il faut avoir le temps de regarder les documents
qu'au fond j'ai reçus aujourd'hui. Ça ne serait pas
sérieux... Alors, demain après-midi, je pense bien que...
M. Levesque: Parce qu'ils sont tous ici présentement.
Le Président (M. Lemieux): II y a consentement des autres
membres de la commission pour entendre la Commission des valeurs
mobilières, M. le député de Lévis?
M. Garon: En commençant demain après-midi.
Le Président (M. Lemieux): En commençant... C'est
demain matin, M. le député de Lévis.
M. Garorc C'est impossible. On n'a pas reçu les documents.
On vient de les avoir. Il faut les lire.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, est-ce qu'on
peut s'entendre pour demain après-midi sous réserve d'un avis de
la Chambre?
M. Levesque: On siège demain matin, ici.
Le Président (M. Lemieux): On siège demain matin,
à 10 heures. Mais...
M. Garon: II faut avoir le temps de regarder les documents que
l'on a reçus.
M. Levesque: Si le député de Lévis me
permet, M. le Président, est-ce qu'on pourrait avoir...
Le Président (M. Lemieux): Monsieur le...
M. Levesque: Je n'ai pas d'objection, si la commission doit
être tenue ici jusqu'à demain après-midi, mais, demain
matin, est-ce qu'on peut recevoir l'Inspecteur général des
institutions financières?
M. Garon: Oui.
M. Levesque: Oui? Bon.
Le Président (M. Lemieux): C'est convenu. M. le ministre
des Finances, c'est que l'entente est que, demain, on avait à entendre
Loto-Québec et l'inspecteur général. C'est l'entente qui a
été convenue entre les deux groupes parlementaires. Parce qu'on
n'a pas pu aujourd'hui entendre la Commission des valeurs mobilières, je
suis obligé d'en arriver à un consentement de part et d'autre et
avoir votre consentement pour les entendre demain, s'il y a possibilité
de les entendre demain. Est-ce qu'il y a consentement pour entendre la
Commission des valeurs mobilières demain, à 10 heures, M.
Garon?
M. Garon: Non, pas demain à 10 heures. Il faut avoir le
temps de regarder les documents. Ils sont arrivés trop tard. On peut
regarder l'Inspecteur général des finances demain matin et voir
une partie sur le ministère des Finances. Au début de
l'après-midi, on pourrait commencer avec la Commission des valeurs
mobilières.
M. Levesque: Si je comprends bien, parce vous devez comprendre
que j'aime bien...
M. Garon: Oui.
M. Levesque: ...savoir qui on va immobiliser et mobiliser, on va
commencer demain matin avec l'inspecteur général?
M. Garon: L'inpecteur général? M. Levesque:
Non, Loto-Québec.
Le Président (M. Lemieux): Loto-Québec.
M. Levesque: ...ensuite l'inspecteur général...
M. Garon: C'est marqué Loto-Québec et l'inspecteur
général.
M. Levesque: ...et, ensuite, le ministère des Finances. On
recommence l'après-midi avec la Commission des valeurs mobilières
et on poursuit avec le ministère des Finances.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement.
M. Levesque: C'est ça?
M. Garon: On ne dit pas par quoi on commence. On commencerait
avec l'inspecteur général...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, c'est que, dans l'enveloppe de temp3 qui nous est
réservée, 7 heures, effectivement, on ne dit pas par qui on
commence. C'est inscrit Loto-Québec et l'inspecteur
générai. Cela a peu d'importance, eu égard aux
modalités comme telles. C'est l'un ou l'autre. On peut commencer par
l'inspecteur général, comme par Loto-Québec, mais ce qu'il
est important
de déterminer aujourd'hui ici, c'est quand on doit entendre la
Commission des valeurs mobilières. Or, ce n'est pas demain matin. Ce que
M. le ministre des Finances demande, c'est quand. Est-ce que c'est demain
après-midi, à la première heure?
M. Garon: Pour la Commission des valeurs mobilières,
oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui? Bon.
M. Garon: Demain matin, on aimerait commencer par l'inspecteur
général des finances et, par la suite, Loto-Québec.
Le Président (M. Lemieux): II y a consentement, il n'y a pas de
problème, M. ministre des Finances?
M. Levesque: Ça peut s'arranger, cela?
Le Président (M. Lemieux): Oui, on vous remercie. Oui, M.
le député de Lévis.
M. Garon: Je veux remercier les gens...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque; M. le Président, avant de terminer, est-ce que c'est
finalisé? J'ai seulement un voeu à exprimer de la part du
président de la Commission des valeurs mobilières qui se
demandait si on ne pouvait pas avancer les choses pour eux, mais...
M. Garon: Si on avait reçu les documents avant, ce n'est
pas notre faute. On est supposé recevoir les documents longtemps
d'avance. On ne les a pas reçus.
Le Président (M. Lemieux): Je dois avoir le consentement
de cette commission pour pouvoir procéder. 11 semble que M. le
député de Lévis ne soit pas d'accord.
M. Garon: Cela apprendra aux...
M. Levesque: Le président m'indique qu'il va retourner
à Montréal et qu'il reviendra demain après-midi pour 15
heures.
M. Garon: C'est votre bureau qui aurait dû envoyer les
documents plus tôt.
M. Levesque: Je ne pense pas que rien ne traîne à
mon bureau.
M. Garon: Bien, il y a des documents qui étaient
datés du 7 avril et que nous avons reçus le 14...
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre'. M. le
député de Lévis... Je suspens jusqu'à 20 heures ce
soir pour l'étude des crédits du Conseil du trésor et je
remercie les membres de la Caisse de dépôt.
Vous avez autre chose à ajouter?
M. Garon: Oui. On a le droit de remercier?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Un instant, s'il vous
plaît.
M. Garon: Je voudrais remercier les gens de la Caisse de
dépôt pour toutes les réponses qu'ils ont fournies à
nos questions. Même si je suis dans l'Opposition maintenant, je vous dis,
du fond de mon coeur, que je vous souhaite un aussi bon bilan pour l'an
prochain et je souhaite que, même si vous avez à vous inspirer du
nouveau gouvernement, cela ne vous oblige pas à faire baisser vos
rendements.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Alors, je suspends
jusqu'à ce soir, 20 heures, pour l'étude des crédits du
Conseil du trésor.
(Suspension de la séance à 18 h 36)
(Reprise à 20 h 10)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses
travaux. Le présent mandat de la commission, c'est que nous sommes
réunis ce soir afin d'étudier les crédits
budgétaires du Conseil du trésor et du ministre
délégué à l'Administration.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le greffier?
Le Secrétaire: Oui, il y a deux remplacements pour ce soir. M.
Chevrette (Joliette) remplace M. Dufour (Jonquière) et M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue) remplace M. Gobé (Lafontaine).
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Puisqu'on m'indique que M. Baril remplace M.
Gobé (Lafontaine), je profiterais de l'occasion, à ce moment-ci,
pour indiquer que M. Rochefort remplace Mme Blackburn et que M. le
député de Taillon va remplacer un des nôtres qui est
absent. Je n'ai pas la liste devant moi, je ne sais pas qui.
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député d'Abitibi-Ouest. Alors, pour les
remplacements, ça va, M. le greffier?
M. Gendron: Un instant, M. le
Président! Je disais que M. le député de Taillon va
remplacer M. Parent, le député de Bertrand.
Le Président (M. Lemieux): C'est tout, M. le
député d'Abitibi-Ouest?
M. Chevrette: Oui, ceux qui s'ajouteront ont le droit de le
faire, mais sans droit de vote.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, j'aimerais
attirer votre attention sur le fait que certains remarquent qu'il y a des
députés qui ne sont pas membres de cette commission. En vertu de
l'article 132: "Le député qui n'est pas membre d'une commission
peut, avec la permission de cette dernière, participer à ses
délibérations." Cependant, il n'a pas besoin de cette permission,
en vertu du paragraphe 2 de l'article 132, lorsqu'il s'agit de l'étude
des crédits. Ils ont le même droit de parole, c'est-à-dire
vingt minutes, en vertu des articles 284 et 209 des règles de
procédure, sauf qu'ils n'ont pas le droit de vote, ni de proposer des
motions.
Une voix: C'est ça.
Crédits du Conseil du trésor Politiques
budgétaires
Le Président (M. Lemieux): Nous en étions à
l'étude des crédits, au programme 1, "Gestion budgétaire
et politiques administratives", élément 1, Politiques
budgétaires, budget, crédits 1986-1987, à la page 9-2.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
Demande de déposer la liste
détaillée des compressions budgétaires (suite)
M. Gendron: Je pense que tout le monde va convenir qu'on s'est
quitté à 13 h 30, après un ajournement sine die, à
la suite d'un long plaidoyer de la part des porte-parole de l'Opposition dans
le sens que nous avions la prétention que, dans les crédits
déposés par le ministre responsable du Conseil du trésor,
au-delà des compressions de 674 000 000 $, il nous indiquait qu'il y en
avait pour 318 000 000 $ et on a clairement établi qu'il s'agissait de
mesures connues où il y avait des réductions d'activités
et des cessations d'activités ou de services, dans la
présentation des crédits. Le président du Conseil du
trésor avait parlé d'une autre tranche de compressions pour une
somme de 356 000 000 $ pour lesquelles nous ne disposons toujours d'aucune
information.
Pendant une heure et au-delà, on a essayé
d'établir, M. le Président, que les compressions demandées
et obtenues, puisque cela figure dans le livre des crédits,
libellé sous l'étiquette "rationalisation administrative interne"
pour un montant de 196 000 000 $, et qu'il y a également une autre
compression de 159 000 000 $ libellée sous le titre "dépenses
diverses et diffuses", faisaient bel et bien partie, suivant une
décision que vous avez rendue, de la responsabilité de ta
commission parlementaire du budget et de l'administration et que, en
conséquence, nous étions légitimés de poser des
questions sur les compressions exigées.
Ce qui a été répété presque à
satiété, c'est que les parlementaires de l'Opposition puissent,
comme le président du Conseil du trésor lui-même en a
convenu, être en mesure de faire proprement et correctement leur travail
à l'intérieur de chacune des autres commissions parlementaires
qui étudient le détail des crédits, et qu'ils soient en
mesure de poser des questions dans le détail sur la signification
précise de cette appellation "rationalisation interne et autres
mesures". Je suis en mesure, ce soir, de mettre en preuve, si vous me permettez
l'expression, qu'à 13 h 25, à la page R-591 C-CBA, page 1, le
président du Conseil du trésor, comme je le prétendais
moi-même, a dit aux membres de cette commission, et je lis: "Je suis
prêt à donner à chacun, à le déposer cet
après-midi ou ce soir - nous sommes ce soir que je sache - lorsqu'on se
reverra, un document à chacun des membres de cette commission." Il
arrêtait là pour dire que les détails ne devaient pas
être étudiés ici et on est parfaitement d'accord. Il avait
convenu que non seulement il nous en faisait l'offre mais il croyait utile dans
la conduite des travaux de cette commission que nous ayons ces informations.
J'ai toujours la prétention en ce qui concerne la poursuite de
l'étude des crédits du Conseil du trésor à cette
commission, que ces informations demeurent utiles et pertinentes. Avant d'aller
plus avant dans mes propos, puisque le président du Conseil du
trésor nous avait fait cette offre, dès la reprise de la
commission parlementaire. Ce soir, nous en sommes là. Je veux lui
réitérer pour la nième fois la question précise que
je lui ai posée. Le président du Conseil du trésor a
indiqué dans le dépôt de ses crédits, des
compressions totalisant une somme de 196 000 000 $ de rationalisation interne
et de 159 000 000 $ de dépenses diverses et diffuses. Donc, plus de la
moitié des compressions exigées ne sont pas identifiées
à la commission qui a la responsabilité d'analyser le portrait
global des crédits du gouvernement du Québec.
Le ministre responsable du Conseil du trésor, à plusieurs
reprises, a informé les membres de cette commission qu'à titre de
président du Conseil du trésor, il avait la responsabilité
des crédits du gouvernement. Je le cite encore, toujours à la
même page,
à 13 h 25: "Ce sont les budgets ou les crédits du
gouvernement dont fait partie le ministère du Conseil du trésor,
comme tel, qui a des crédits..." particuliers, j'en conviens. Mais avant
de faire l'analyse des crédits particuliers, depuis une heure trente au
moins au préalable, vous nous avez permis, M. le Président, de
nous interroger sur les orientations générales de ce gouvernement
à la suite de questions sur les critères qu'il avait choisis pour
effectuer certains types de compressions. J'ai cité la page 1325, mais
un peu plus avant, au tout début de la commission parlementaire, les
premiers propos du président du Conseil du trésor se lisent comme
suit: "Suite à la nécessité d'un gouvernement qui n'avait
rien à cacher et qui était convaincu que pour travailler
convenablement, il fallait avoir le souci de la transparence..." Il a
parié d'une certaine brique qu'il pourrait déposer. Je pourrais
trouver la référence.
M. Chevrette: "C'est une brique que je peux déposer...",
c'est à la troisième ligne.
M. Gendron: À 12 h 30, à la commission
parlementaire, M. le président du Conseil du trésor répond
au député d'Abitibi-Ouest et il dit ceci: "Moi, je lui ai dit
qu'il était dans l'erreur." - on parle d'autre chose. "Oui on le sait au
Conseil du trésor, élément par élément.
C'est une brique, disait-il, et je peux faire venir les documents si cela
inquiète le député d'Abitibi-Ouest, on peut les lui dire,
ministère par ministère."
Donc, il convenait qu'il avait cette information et je conclus pour
l'instant en disant à M. le Président que nous croyons toujours
que, pour la poursuite de nos travaux et pour accomplir un travail
professionnel, ces informations sont utiles et même essentielles. Par
conséquent, nous exigeons toujours, avant de poursuivre l'étude
des travaux, que vous obteniez de la part du président du Conseil du
trésor une réponse définitive quant à ses
intentions de nous informer si, oui ou non, il a l'intention de nous donner ces
informations qu'il a.
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: À moins que le ministre ne dise oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le président
du Conseil du trésor a des documents à déposer?
M. Gobeil: M. le Président, si vous me permettez quelques
minutes...
Le Président (M. Lemieux): On tient pour acquis, M. le
député de Joliette, qu'il n'y a pas de question de
règlement tant et aussi longtemps que le président du Conseil du
trésor n'aura pas eu le temps de s'exprimer en entier. Car, sans
cela...
M. Chevrette: Je suis prêt à lui laisser quelques
minutes.
Le Président (M. Lemieux): D'accord, sinon cela n'aurait
pas de signification.
M. Chevrette: Je pense qu'il est normal qu'il essaie de nous
donner une troisième version.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le Président, contrairement aux
prétentions du député de Joliette, je ne donnerai pas de
troisième version; je m'en tiendrai à ma première version.
Les membres de cette commission savent sûrement que la
responsabilité du Conseil du trésor est de préparer le
budget des dépenses à partir de renseignements fournis par chacun
des ministères et de publier le livre des crédits. Le livre des
crédits est maintenant disponible, dans la même forme et avec la
même information que le livre des crédits des années
passées.
En plus des crédits eux-mêmes, nous avons publié des
renseignements supplémentaires qui donnent une information sur les
principales variations par programme. Il n'est pas dans les
responsabilités du Conseil du trésor de préparer
l'information détaillée pour la défense des crédits
des ministères. Ce serait aller au-delà des
responsabilités ministérielles du président du Conseil du
trésor.
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Joliette. L'article du règlement s'il vous
plaît, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: L'article 214, M. le Président. Je fais
l'argumentation suivante. En vertu de l'article 214, il est dit que tout
ministre qui fait allusion à un document qu'il possède... en
l'occurrence il s'agit d'une brique, et cela a été clair dans les
propos du ministre président du Conseil du trésor aujourd'hui -
il pouvait en fournir des copies à tout le monde - ce n'était
qu'une brique qu'il pouvait faire venir et qu'on pouvait l'avoir pour nous
permettre d'argumenter, M. le Président.
Le seul bout de phrase que pourrait utiliser le ministre - et je suis
convaincu
qu'en tant que président du conseil et avec la transparence dont
il veut absolument faire preuve depuis qu'il est ministre et président
du Conseil du trésor, ce serait d'intérêt public. Je pense
qu'il est d'intérêt public de faire connaître
précisément les crédits où il y a des ponctions
budgétaires. Il est d'intérêt public que quelque citoyen,
dans quelque ville, dans quelque village, dans quelque municipalité et
dans quelque organisme que ce soit connaisse les ponctions
budgétaires.
Qu'on ne vienne pas invoquer l'intérêt public, en
particulier, en fonction de l'article 214. Si le ministre ne le voulait pas ou
s'il n'avait pas été avisé à l'époque d'une
stratégie possible de rendre cela public parcelle par parcelle,
c'était à lui de ne pas faire allusion à cela. Je
m'excuse, on a demandé comme instrument de travail de faire
connaître à l'Opposition les 50 % ou plus de ponctions qu'on
devait faire dans le budget, pour qu'on puisse faire l'étude des
crédits de la façon la plus intelligente possible,
ministère par ministère. Il nous a dit que cela existait, il nous
a dit que c'était une brique, il nous a même dit qu'il pouvait la
faire venir. À ce moment-ci, il l'a même offert. C'est dans un
deuxième temps, probablement après avoir reçu quelques
petits conseils, à savoir que ce serait peut-être mieux qu'on
sorte cela bribe par bribe... Je ne sais pas pour quel motif, il pourra
l'expliquer en contrepartie, mais je dois dire qu'en vertu de l'article 214,
l'Opposition est très légitimée d'exiger le
dépôt de cette brique qui va indiquer, ministère par
ministère, où ont été faites les ponctions, ce qui
permettra aux parlementaires de faire une étude rationnelle et ce, dans
l'intérêt public précisément, et non pas à
rencontre de l'opinion publique.
Deuxièmement, M. le Président, quant à votre
rôle, j'ai questionné longuement cet après-midi le
président de l'Assemblée nationale qui m'a expliqué que
vous aviez tous les pouvoirs requis pour assurer que les droits des
parlementaires soient respectés et que l'esprit du règlement,
autant à l'Assemblée nationale qu'en commission parlementaire,
soit respecté à la lettre. Si un document avait été
demandé à l'Assemblée nationale, le président m'a
répondu qu'il aurait statué. Si un document a été
mentionné en commission parlementaire, c'est la présidence des
commissions, nous a-t-il dit cet après-midi, qui a les pouvoirs. Le
président de l'Assemblée nationale est même allé
plus loin, cet après-midi. Il a dit que le président des
commissions avait le pouvoir même de faire sortir des galées du
Journal des débats, chose que je ne croyais pas. Je croyais que
c'était l'Assemblée nationale qui avait le pouvoir,
administrativement parlant, d'imposer des choses aux fonctionnaires. Je pense
que le président de l'Assemblée nationale vous a donné
encore plus de pouvoirs que je ne le croyais, M. le Président.
Personnellement, j'exige qu'on ait immédiatement, è ce
stade-ci des discussions, une décision de votre part en fonction de
l'article 214. Ce n'est pas nous qui avons invoqué le fait qu'il
existait une brique. Ce n'est pas nous qui avons offert de donner aux
parlementaires une documentation étoffée, étayée,
élément par élément et ministère par
ministère. C'est le président du Conseil du trésor
lui-même, M. le Président. J'ose espérer que, s'il existe
des droits pour les parlementaires, c'est vous seul qui pouvez les assurer ici.
Nous attendons immédiatement, à moins que vous ayez besoin
d'explications additionnelles, votre sentence ou votre décision parce
qu'il m'apparaît important que les droits de l'Opposition soient
sauvegardés.
Si un ministre peut invoquer n'importe quoi et, par la suite, changer
d'idée, faire des volte-face par toutes sortes de stratagèmes...
Je peux vous dire, et je ne m'en suis pas caché, qu'on s'est
arrangé pour qu'il soit prévenu au moins une heure à
l'avance. J'ai dit è son sous-ministre, pratiquement, ce qu'on exigerait
avant ce soir. Il n'y a pas de cachette dans cela. Je l'ai dit à
d'autres ici. Je sais que le ministre est prévenu depuis au moins 19
heures qu'il va y avoir une demande formelle de dépôt de
documents. Il n'y a pas de cachette. Si on a des droits, on va le voir ce soir.
Si on n'a pas de droits, on verra quoi faire.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de règlement,
M. le député de Lévis?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je pense qu'il est absolument important que le ministre
responsable du Conseil du trésor dépose ces documents parce qu'il
parle, dans ces documents, de 196 000 000 $ de rationalisation administrative
et nous sommes en droit de penser que, s'il veut absolument cacher ces
chiffres, c'est parce qu'il s'agit du congédiement de centaines de
fonctionnaires, peut-être plus, au gouvernement. Quand on veut faire de
la rationalisation administrative, la principale façon de le faire,
c'est en coupant les postes. À la veille de négociations, j'ai le
sentiment que la seule raison qui fait que le ministre ne veut pas
déposer ces documents, c'est qu'ils camouflent des congédiements
massifs de fonctionnaires. Pourquoi? Parce que c'est intitulé:
Rationalisation administrative. À la veille de négociations, j'ai
le sentiment très net que le ministre ne veut pas déposer ces
documents parce qu'ils
cachent des choses que nous sommes en droit de savoir et que le public
est en droit de savoir.
Comme vient de l'indiquer le leader de l'Opposition, c'est un document
qui est d'intérêt public parce qu'on ne peut pas couper 358 000
000 $ sans que les gens qui étudient les crédits sachent de quoi
îi s'agit. Il n'y a pas d'étude rationnelle possible dans les
ministères sans que ces documents soient connus. On dit qu'il y a 196
000 000 $ de rationalisation administrative, 159 000 000 $ de mesures diffuses,
et nous sommes en droit de penser que ces mesures importantes cachent des
congédiements massifs de fonctionnaires occasionnels ou permanents, ou
des coupures de personnel et que le ministre responsable du Conseil du
trésor ne veut pas que nous puissions constater ces choses à la
veille ou dans le cadre des négociations de convention collective. Il
est plus d'intérêt public de rendre publics ces documents que de
laisser planer toutes sortes de coupures sur le dos d'une population qui est de
plus en plus inquiète quand on voit ce qui se passe dans les soins
dentaires où même la ministre responsable a de la misère
à expliquer les rationalisations qu'elle veut faire dans son
secteur.
Je pense que le ministre responsable du Conseil du trésor doit
rendre publics ces documents. Il l'a offert. Il a eu un bon mouvement. À
un moment donné, des conseillers qui ne lui rendent pas service lui
disent qu'il ne devrait pas le faire, mais les gens savent que la
vérité est toujours ce qui aide le plus les gens. Les gens du
gouvernement, ces jeunes députés aiment beaucoup parler de
transparence; or la transparence n'est pas seulement un mot, c'est une
pratique. La vertu n'est pas seulement un mot, c'est une pratique. Il serait
incroyable qu'on puisse adopter des crédits pour... Il y aurait 358 000
000 $ de compressions qui ne pourraient pas être examinés par les
gens qui doivent étudier les crédits des différents
ministères.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, sur la question de règlement.
M. Bélisle: Sur la question de règlement, M. le
Président. Si je lis correctement les premières transcriptions
des débats de ce matin, je m'aperçois bien que le
président du Conseil du trésor n'a pas fait d'offre de
dépôt. Ce qu'il a dit, c'est qu'il pouvait faire venir, et je
cite: "Je peux faire venir les documents. Si cela inquiète le
député d'Abitibi-Ouest - le député d'Abitibi-Ouest
était très inquiété par la situation; je continue
dans la même veine avant de fermer les guillemets - on peut lui dire,
ministère par ministère, ce que sont chacun des
éléments."
(20 h 30)
Si je lis les transcriptions qui nous ont été
déposées à la fin de l'après-midi, il n'y a pas eu
d'offre de dépôt de document par le président du Conseil du
trésor. J'aimerais, M. le Président, vous souligner, à la
page 2...
M. Gendron: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Question de
règlement.
M. Gendron: Oui, parce que quand même, on a beau être
nombreux mais la vérité a ses droits. À la page 1325, au
texte même: "Je suis prêt è donner à chacun et
à le déposer cet après-midi." Je voudrais juste rappeler
au député de Mille-Îles que le droit de nous parler...
Le Président (M. Lemieux): J'ai effectivement devant moi
et j'ai souligné cette partie de texte dont vous faites état.
M. Gendron: C'est que, là, il induisait
complètement en erreur les membres de la commission en indiquant qu'il
n'avait pas parlé de dépôt. Si le texte...
M. Bélisle: M. le Président, est-ce que je peux
continuer?
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer, M. le
député de Mille-Iles.
M. Bélisle: Merci. Avant d'être interrompu par mes
honorables collègues de l'Opposition.. J'aimerais ajouter que ce que
l'on tente de faire - je vous l'ai souligné, cet après-midi -
c'est de transformer le débat sur l'étude des crédits
spécifiques de fonctionnement du Conseil du trésor en un
débat de l'article 292 de notre règlement. On tente de
procéder en faisant dévier la discussion sur une discussion
relativement à la politique budgétaire du gouvernement. J'ai bien
dit, cet après-midi, que la commission du budget et de l'administration
n'est pas une supercommission et n'a pas plus de pouvoirs que les autres
commissions, qui sont d'égale valeur et qui siègent
présentement et étudient les crédits de chacun des
ministères concernés. Cela étant dit, étant
donné que votre décision a déjà été
rendue cet après-midi, à la suite d'une demande de directive de
ma part, et je vous ai bien lu...
Le Président (M. Lemieux): Je me suis lu aussi, M. le
député de Mille-Iles.
M. Bélisle: ...je vous ai relu, M. le Président. Je
pense que vous ne pouvez pas, en aucune façon, accepter appel de votre
propre décision, puisqu'il y a déjà décision.
Les membres de l'Opposition, s'ils veulent tenter de faire modifier
votre décision, devront procéder autrement et la commission du
budget et de l'administration n'est pas le lieu pour le faire.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement, M. le député de Joliette?
M. Chevrette: Le président du Conseil du trésor, si
on voulait le lire, on pourrait reprendre toute la lecture du débat...
On a établi qu'il y avait au-delà de 600 000 000 $ qui faisaient
partie de compressions, dont quelque 300 000 000 $ de connus. La discussion est
venue sur les quelque 300 000 000 $ non connus et c'est là que le
président du Conseil du trésor a dit: J'ai un document. Je peux
le déposer pour chacun des membres et le faire venir. Il a ajouté
qu'il avait une autre brique, élément par élément.
Je m'excuse auprès du député de Mille-Îles, mais on
parle de deux choses complètement différentes. Quand on parle des
crédits ministériels, le député de Mille-Îles
est dans une autre salle ou dans une autre chambre ou dans un autre
parlement.
On parle spécifiquement de ce qui a été
discuté en cette assemblée ici. 300 000 000 $ dont on ne
connaît pas l'ensemble ou le détail des ponctions à faire
au niveau des crédits budgétaires. Si vous y alliez d'un refus
d'obtempérer à l'article 214, à toutes fins utiles, ce
serait, à mon sens, contribuer à cacher des choses
d'intérêt public. Pourquoi le président du Conseil du
trésor ou la ministre des Affaires culturelles le ministre de
l'Éducation et la ministre de la Santé et des Services sociaux
ont-ils intérêt à ne pas dire où ils feront des
ponctions? Dans l'espoir, si on ne donne pas les documents, que des
travailleurs québécois, des familles québécoises ne
sauront pas ou apprendront à posteriori, six mois plus tard, qu'ils ont
eu des coupures ici et là.
C'est le rôle des parlementaires d'avoir une transparence, de dire
carrément où on coupe dans les crédits et où on
ajoute.
J'écoutais le député de Sainte-Anne tantôt.
On a deux témoins qui l'ont même entendu après cette
commission dire assez haut: Mais il faudra parler à M. Gobeil parce
qu'on donne l'impression qu'on cache des choses. On ne cache rien, M. le
Président. C'est ça qui est arrivé...
M. Polak: ...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît! M. le député de Sainte-Anne,
si vous voulez vous exprimer...
M. Chevrette: II n'est même pas assis...
Le Président (M. Lemieux): C'est ce que j'allais dire, M.
le député de Joliette.
M. Chevrette: Je peux continuer, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, je suis bien au courant
des règles de l'Assemblée nationale selon lesquelles il doit
s'asseoir s'il veut s'exprimer.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. M. Polak: ...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît! M. le député de Joliette...
M. le député de Sainte-Anne, écoutez!
M. Chevrette: Du chantage... Cela va faire, le chantage.
M. Garon: II va falloir faire appel au Sergent d'armes.
M. Polak: ...ce qu'il pense. Il faut qu'il réalise qu'il
est dans l'Opposition, il n'est plus ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de Joliette
a la parole. Je lui ai permis d'intervenir sur la question de règlement
relativement à l'article 214. Il est permis à un
député, et vous le savez tout aussi bien que moi, c'est le
règlement... S'il y a une fausseté qui s'est dite, un
député peut intervenir immédiatement après une
intervention. Je vous laisse le soin de finir cette intervention. Si le
député de Sainte-Anne veut intervenir, il interviendra.
M. Polak: Oui, il va intervenir.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, s'il vous plaît! M. le député de Sainte-Anne,
s'il vous plaît!
M. Chevrette: Donc, M. le Président, je voudrais plaider
en particulier sur la notion d'intérêt public. Est-ce qu'on peut
concevoir, M. le Président, qu'un gouvernement fraîchement
élu, qui s'est présenté supposément avec
transparence, n'est pas capable de dire à l'ensemble des
Québécois, ce soir, où il va prendre les crédits
pour équilibrer les engagements ou la promesse qu'on avait faite de
prendre X crédits? Comment se fait-il que le ministre puisse affirmer
décemment devant cette assemblée, ici, qu'il a toutes les
briques, tous les documents, qu'il peut tout fournir et dans un même
souffle refuser systématiquement de les donner à cette
assemblée?
M. le Président, invoquer le règlement à ce
stade-ci et ne pas donner les documents
après l'avoir promis, c'est vouloir camoufler quelque chose. Je
suis sûr que ce n'est pas ça l'objectif du ministre. L'objectif du
ministre, c'est parce qu'il a été "coaché" à un
moment donné. On peut en faire de la présomption, nous autres
aussi. M. le député de Lévis en faisait. Mais cela peut
être très bien de dire: On va faire gober cela graduellement par
les citoyens, petit à petit...
M. Garon: On va leur passer...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! M. le
député de Joliette, sur la question de règlement.
M. Chevrette: Donc, M. le Président, on n'a rien à
cacher, le ministre n'a rien à cacher. Il a pris l'engagement de
déposer des documents, il a pris l'engagement de procéder
à nous livrer même une brique. On peut lui donner 24 heures pour
nous livrer sa brique; il n'y a pas de problème si cela prend de la
photocopie. Ce qu'on vous dit, c'est qu'en vertu de l'article 214 on exige le
dépôt dudit document immédiatement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, dernière intervention sur la question de règlement
et, après, je vais rendre ma décision.
M. Polak: M. le Président, on est en train de
débattre ce point depuis ce matin. Apparemment, les
députés de Lévis et d'Abitlbi-Ouest ne sont plus capables
de faire le point parce qu'ils viennent avec la grosse artillerie. Ça,
c'est le député de Joliette, il vient sauver la situation.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, sur la question de règlement.
M. Polak: Exactement sur cela.
Le Président (M. Lemieux): Si ce n'est pas sur la question
de règlement... Sur la question de règlement.
M. Polak: M. le Président, j'appelle le
député de Joliette menteur...
Une voix: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Sainte-Anne!
M. Polak: ...parce que vous avez le document. Vous avez ce
document-là devant vous.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, c'est sur la question de règlement, l'article 214.
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Est-ce qu'il retire ses paroles, oui ou non?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, j'aimerais vous citer les articles... Un instant, s'il vous
plaît, M. le député de Sainte-Anne!
M. Polak: J'ai dit le terme "de jour en jour".
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaîti À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Polak: Vous n'avez pas dit...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, j'invoque l'article 42 qui permet à un président de
retirer la parole à un parlementaire si celui-ci ne s'exécute pas
lorsqu'il a été averti trois fois. Là, je vous l'ai dit,
M. le député de Sainte-Anne. J'aimerais vous faire mention, il y
a certains articles que j'aimerais porter à votre attention, et cela me
semble assez important. C'est l'article 35, si je me souviens bien, du
règlement qui dit: Le député qui a la parole ne peut
employer un langage grossier ou irrespectueux envers l'Assemblée.
Mutatis mutandis, les règles de l'Assemblée nationale
s'appliquent ici en commission parlementaire. Je devrais dire ici - on a des
avocats autour de cette table -que l'accessoire suit le principal. Cela vient
ici, ce qui se passe à l'Assemblée, règle
générale, cela s'applique ici et, si vous regardez les
règles de procédure, vous verrez qu'il y a un article
spécifique à cet effet. Je crois que c'est l'article 180, si je
ne me trompe pas. C'est aux alentours de l'article 180.
M. le député de Sainte-Anne...
M. Polak: Le député de Joliette n'a pas dit la
vérité. J'ai utilisé une autre expression parce que,
savez-vous, dans le comté de Sainte-Anne, c'est un peu comme Joliette,
peut-être. Il y a une autre expression, je vais vous l'écrire par
note et, demain matin, vous allez la recevoir.
Le Président (M. Lemieux): Relativement à la
question de règlement.
M. Polak: M. le Président, je veux vous dire une chose: je
commence à être tanné de l'obstruction des gens de
l'Opposition. Ils n'ont pas de questions à poser et ils ont reçu
toute la ventilation, comme nous.
Le Président (M. Lemieux): M. le
député de Sainte-Anne, j'ai dit tout à l'heure que,
sur la question de règlement, la dernière intervention permise
serait celle du député de Sainte-Anne. Maintenant, je vais rendre
la décision sur la question de règlement. Relativement à
la question de règlement et...
M. Perron: A-t-il retiré ses paroles?
Le Président (M. Lemieux): Je vous en prie, M. le
député de Duplessis. M. le député de Joliette m'a
fait signe que...
M. Chevrette: Je n'insiste même plus.
Le Président (M. Lemieux): J'ai quand même
invoqué l'article 35 du règlement.
M. Polak: C'est l'intervention la plus efficace de la
journée, c'est bon.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne!
Relativement à la question de règlement, une chose
m'apparaît très importante sur la pertinence des débats,
c'est la règle de l'équité. J'ai dit ici, cet avant-midi,
que tous les membres de la commission jouissent de droits égaux et que
je verrais à ce que chacun d'entre eux puisse exprimer son point de vue.
Vous savez aussi bien que moi que la règle de l'alternance n'est pas
consacr'ée en commission sur l'étude des crédits dans les
règles de procédure. Elle vaut pour une fin de séance de
débat, elle vaut pour l'interpellation et il y a aussi un autre article
du règlement sur la consultation, où elle s'applique. Sur ce,
j'aimerais vous dire que le président du Conseil du trésor a dit:
"Je suis prêt à donner à chacun, à le déposer
cet après-midi ou ce soir, lorsqu'on se reverra, un document à
chacun des membres de cette commission." L'article 214, cité par le
député de Joliette, leader parlementaire de l'Opposition dit
ceci: "Lorsqu'un ministre cite, même en partie, un document, tout
député peut lui demander de le déposer
immédiatement. Le ministre doit s'exécuter, sauf s'il juge que
cela serait contraire à l'intérêt public." Le
député de Joliette et les membres des groupes parlementaires
conviendront que je ne peux pas, de facto, forcer le président du
Conseil du trésor è déposer un document devant cette
commission parlementaire.
Par contre, l'article 214 du nouveau texte des règles de
procédure de l'Assemblée équivaut à l'article 177
de l'ancien règlement de l'Assemblée nationale du Québec
qui dit: "Quand un ministre cite, ne serait-ce qu'en partie, un document..."
Est-ce que cela va, M. le député de Joliette parce que je ne
voudrais quand même pas reprendre, cela va? J'ai dit tout à
l'heure que l'article 214, le nouvel article, reproduit l'ancien article 177,
qui dit: "Quand un ministre cite, ne serait-ce qu'en partie, un document, il
peut être requis sans autre formalité de le déposer
immédiatement, à moins qu'il ne déclare qu'il est
contraire à l'intérêt public de le faire." L'article 180
des règles actuelles dit: "Au besoin, la procédure est
déterminée en tenant compte des précédents et des
usages de l'Assemblée." Relativement aux précédents et aux
usages de l'Assemblée, j'aimerais vous référer à
une décision rendue le 13 février 1979 qui dit: "Une simple
référence à un document par un ministre, et non pas une
citation au texte, ne permet pas à un député de
requérir que ce document soit déposé en vertu de l'article
177 du règlement." En conséquence, M. le député de
Joliette, il appartient au ministre et, vous en conviendrez, de sa propre
autorité, à décider si, oui ou non, il veut déposer
le document dont il faisait état.
M. Gendron: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je ne mets pas du tout en
cause votre décision. Votre jugement est très
éclairé, mais comme nous avons plaidé pendant une heure et
demie que c'était un document utile et essentiel pour la conduite des
travaux et que nous sommes convaincus qu'il est d'intérêt public -
la preuve, je l'ai morceau par morceau, je pourrais en déposer des
copies -nous voulions l'avoir dans un tout intégré. Quand on est
responsable et qu'on n'a pas peur de la transparence, on donne les informations
qu'il nous faut. Dans ces conditions, M. le Président, je respecte la
décision du président du Conseil du trésor, c'est son
choix. Mais, dans ces conditions, je dois vous aviser que, en ce qui concerne
l'Opposition, l'étude des crédits du Conseil du trésor est
terminée.
Le Président (M. Lemieux): Un instantl M. le
président du Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Gobeil: Messieurs les membres de cette commission, j'aimerais
quand même...
M. Chevrette: Aie! La troupe, le troupeau! Le jeune!
Des voix: Aie! Aie!
Le Président (M. Lemieux): M. Bélisle! M. le
député de Chauveau, s'il vous plaît! Je pense avoir
cité l'article 35 tout à l'heure.
S'il vous plaît! M. le député de Mille-Îles!
Beethoven! Excusez l'expression mais... S'il vous plaît!
Une voixs Ou calme! Du calme! (20 h 45)
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît...
Oui, M. le président du Conseil du trésor, vous avez la
parole.
M. Gobeil: Étant donné qu'on est ici, en commission
parlementaire, pour la défense des crédits du Conseil du
trésor, je pense qu'il serait tout à fait de mise...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau, je vous avertis et c'est la dernière fois que je le fais.
Sinon, je vous retire votre droit de parole. S'il le faut, je vous ferai sortir
de cette Assemblée. M. le président du Conseil du
trésor.
M. Gobeil: Je pense qu'il serait dans les règles qu'on me
donne au moins la chance de m1 exprimer. J'ai demandé, au
début de cette séance, quelques minutes et, quant à moi,
je n'ai pas eu l'occasion de parler plus d'une minute ou une minute et quart
avant d'être interrompu par le député de Joliette. Je
voudrais demander aux députés d'être un peu patients. Je ne
parlerai pas pendant 20 minutes, ne vous inquiétez pas. Laissez-moi
quand même trois ou quatre minutes pour dire ce que j'ai à dire.
Je vais vous dire, si vous me permettez, ce que je voulais vous dire. Pour
cela, je dois répondre... C'est trois minutes...
M. Chevrette: Est-ce que cela a été
déposé?
M. Gobeil: M. le député de Joliette, est-ce que
vous pouvez me laisser mon droit de parole, s'il vous plaît? M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, je pense que vous êtes très respectueux de la coutume et
des droits parlementaires, pour que chacun puisse s'exprimer. S'il vous platt!
Je demanderais de permettre... Comme le député de Gouin me fait
signe que oui, en plus, on demanderait au président du Conseil du
trésor de s'exprimer. M. le président du Conseil du
trésor.
M. Gobeil: Merci, M. le Président. Je dois reprendre mon
exposé très court, je le mentionne. Je veux mentionner que la
responsabilité du Conseil du trésor, c'est de préparer le
budget des dépenses et de publier le livre des crédits. Ce livre
des crédits est disponible. Vous avez eu l'occasion d'en prendre
connaissance. Il est dans une forme standard, la même forme que dans les
années passées. De même, nous avons publié aussi le
livre des renseignements supplémentaires qui vous donne l'information
sur les principales variations.
Je répète que ce n'est pas la responsabilité du
Conseil du trésor de préparer l'information
détaillée pour la défense des crédits des
ministères, parce que ce serait aller au-delà des
responsabilités du président du Conseil du trésor. Le
détail des compressions est un objet de politique ministérielle.
11 revient à chaque ministre d'expliquer ses propres politiques. J'ai
mentionné cet après-midi que dans les documents internes du
Conseil du trésor existaient des renseignements sur les crédits
et sur les compressions, sur l'ensemble de tout ce qui a été
déposé. Ce sont des documents internes du Conseil du
trésor. J'ai mentionné aussi cet après-midi...
Je voudrais seulement revenir sur le fait que, lorsque j'ai
mentionné qu'ils existaient, je n'ai jamais offert de les
déposer. J'ai offert de les expliquer aux membres de cette commission.
J'ai aussi dit, comme l'a soulevé le député de Joliette,
que je suis prêt à donner, à déposer ce soir
lorsqu'on se reverra, un document è chacun des membres de cette
commission. J'ai continué en disant "mais les détails doivent
exactement, comme l'a dit te député de Lévis, être
produits par chacun des ministères."
Documents déposés
Je suis conscient que cette commission siège pour la
transparence. Je suis tout à fait d'accord avec cette procédure.
La population doit être renseignée et je maintiens qu'il revient
à chacun des ministres d'expliquer en détail les compressions et
les crédits. Cependant, je voudrais déposer à cette
commission trois documents, l'un intitulé Sommaire des principales
mesures de compressions par type; un deuxième intitulé Mesures
prises dans les crédits 1986-1987 à l'égard du montant du
déficit à corriger; un troisième document qui s'appelle
Analyse des compressions par type, Synthèse par ministère, 1 000
000 $. Je dépose devant cette commission ces trois documents. Je crois
qu'il y a suffisamment d'exemplaires pour chacun des membres de cette
commission parlementaire.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du Conseil du
trésor, est-ce que vous en auriez un exemplaire pour moi?J'aimerais vous informer qu'en vertu de l'article 162 un document ne peut
être déposé en commission qu'avec la permission de son
président. Alors, afin que je puisse... il y a de grosses chances que ce
soit... Je ne pense pas que je m'y oppose, mais j'aimerais quand même en
avoir un
exemplaire pour autoriser le dépôt. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Les députés de l'Opposition se retirent
M. Gendron: Au préalable, bien amicalement, je dois dire
que j'ai eu l'autorisation par vous, avec les membres de la commission et la
collaboration du président du Conseil du trésor, de poser des
questions sur la moitié des 674 000 000 $ que lui-même, comme
président du Conseil du trésor, a établis comme
compressions. J'ai voulu avoir des éclaircissements sur l'autre
moitié et on m'a répondu que ce n'était pas un document
d'intérêt public. M. le président du Conseil du
trésor nous dit, à 20 h 50, qu'il est en mesure de donner des
informations additionnelles que nous avons, de toute façon. Dans ce
sens, je ne crois pas qu'il soit utile pour nous de poursuivre l'étude
de ces crédits à cette commission. À l'instant même,
j'invite mes collègues à se retirer.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le Président, certains documents que je
dépose ne sont pas entre les mains des membres de l'Opposition.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor, j'accepte le dépôt de ces documents en
commission parlementaire et nous continuons l'étude des crédits,
programme 1, élément 1, conformément au mandat.
Une voix: Excellent.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme 1,
Gestion budgétaire et politiques administratives, est adopté?
Adopté?
M. Polak: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: J'aurais une question à poser, si je retrouve
mes documents. Ce matin, dans son discours d'introduction, le ministre a
parlé des différents éléments...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, j'aimerais vous indiquer que vous avez ici, au budget 1986-1987,
les crédits à la section 9.2, programme 1, élément
1, Politiques budgétaires.
M. Polak: Oui, politique générale.
Le Président (M. Lemieux): Politiques budgétaires,
élément 1, ça va?
M. Polak: Oui. Donc, on a parlé d'efficacité dans
l'administration publique et de productivité dans votre discours ce
matin. Pourrriez-vous m'expliquer comment on peut mesurer cela dans le domaine
de l'administration publique? Comment améliorer la productivité
ou l'efficacité de ceux qui travaillent pour le gouvernement?
M. Gobeil: M. le député de Sainte-Anne, il serait
très long de vous expliquer tous les mécanismes qui peuvent
être appliqués dans la mesure de la productivité et de
l'imputabilité quand il s'agit de personnel. Mais, au Secrétariat
du Conseil du trésor, nous avons des méthodes et nous en
préparons de nouvelles de façon à s'assurer que la
productivité des gestionnaires de l'État s'améliore
continuellement jusqu'à un niveau qui, dans l'ensemble, soit
acceptable.
Il serait très difficile de vous expliquer en détail ces
procédures, mais des programmes, des mesures existent. Nous sommes en
train de les réviser et nous introduirons, si nécessaire, de
nouveaux programmes dans ce sens.
M. Polak: D'accord, c'est ce que je voulais savoir.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Mille-Iles.
M. Bélisle: Relativement au programme 1...
Le Président (M. Lemieux): Oui, l'élément
1.
M. Bélisle: ...élément 1, Politiques
budgétaires, est-ce bien cela?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Mille-Îles.
M. Bélisle: 3 083 800 $. Étant donné que
l'Opposition ne veut pas faire son travail, on va faire le travail de
l'Opposition également ce soir. L'augmentation, M. le Président,
entre 1985-1986 et 1986-1987 à ce poste... Est-ce que cela va, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Bélisle: Cela va. Est-ce que cela
représente...
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous êtes à
l'élément 1, Politiques budgétaires.
M. Bélisle: Toujours à l'élément 1,
Politiques budgétaires, dans votre cahier.
Crédits réduits
M. Gobeil: Nous voyons une diminution entre les crédits
votés pour l'année 1985-1986 et la demande des crédits
à voter pour l'exercice 1986-1987 d'un montant de... Est-ce qu'on a la
différence quelque part? Je m'excuse, M. le député de
Mille-Iles, je vais retrouver cette information.
M. Bélisle: C'est une diminution, M. le Président,
d'environ 34 000 000 $. Pour vous aider, est-ce possible de nous indiquer
comment vous arrivez à faire cette compression?
M. Gobeil: La compression entre les deux années... On voit
au livre des crédits un montant de 3 117 300 $. J'ai dans les
explications un montant de 2 764 300 $ parce qu'il y a eu des transferts dus
à un changement administratif à l'intérieur du
gouvernement, des transferts de l'élément 1 à
l'élément 2.
Sur une base de comparaison, il y a en fait une augmentation de 319 500
$ ou 11,6 % pour l'élément 1, réajusté en fonction
des réaménagements de personnel à l'intérieur du
Conseil du trésor.
M. Bélisîe: Je dois comprendre, M. le
président du Conseil du trésor, que le personnel affecté
à l'étude des politiques budgétaires des différents
ministères du gouvernement a été réaffecté
à l'examen des politiques de gestion et de contrôle des
crédits demandés par les ministères. Est-ce cela que je
dois comprendre?
M. Gobeil: Oui, vous devez comprendre qu'au niveau de 1985-1986
nous avions, dans l'élément 1, Politiques budgétaires 63
personnes-année travaillant dans cet élément alors qu'en
1986-1987, dans les crédits déposés, nous avons maintenant
73 personnes à cause d'un transfert de l'élément 4,
Soutien administratif et technique qui, en termes de personnel, passe de 66
à 40 personnes.
M. Bélisle: Est-ce que je dois comprendre, M. le
président du Conseil du trésor, qu'il s'agit là d'une
intention de priorisation dans votre ministère?
M. Gobeil: Je m'excuse, M. le député de
Mille-Îles, je n'ai pas compris.
M. Bélisle: Est-ce que je dois comprendre, M. le
président, qu'il s'agit d'une intention de priorisation quant à
la fonction spécifique? Votre ministère s'occupera beaucoup plus
de ce qui s'appelle "politiques budgétaires" que de politiques de
gestion.
M. Gobeil: Je demanderais au secrétaire adjoint,
responsable des politiques budgétaires, de répondre à
votre question technique, M. le député de Mille-Iles.
M. Arpin (Roland): En 1985-1986 il existait au Conseil du
trésor une direction de planification qui regroupait un service
d'informatique et une direction d'analyse et de prévisions
budgétaires. Dans la réorganisation administrative de l'ensemble
du Conseil du trésor, cette direction de planification a
été divisée en deux. Les services de l'informatique sont
allés aux politiques de gestion et la partie qui portait sur l'analyse
et les prévisions budgétaires a été ramenée
directement sous la responsabilité du secteur des politiques
budgétaires, de telle sorte que le transfert dont on parle de onze
effectifs est un transfert interne au Conseil du trésor pour un
fonctionnement plus efficace du conseil comme tel.
M. Bélisle: Merci, M. le secrétaire.
La Présidente (Mme Hovington): II y a une autre intervention?
M. le député de Papineau.
Primes à l'initiative
M. Assad: Je ne veux pas devancer les crédits, mais est-ce
que vous avez toujours le programme de prime à l'initiative? Etes-vous
responsable de ce programme?
M. Gobeil: M. Arpin, le secrétaire général
va répondre à cette question.
M. Arpin: II y a effectivement un programme de prime à
l'initiative qui est un programme gouvernemental qui distribue des primes
à l'initiative à certains fonctionnaires qui ont des idées
dont l'effet est soit l'amélioration de la productivité, soit des
économies réelles de coûts, cela doit se combiner. Il y a
un comité d'experts qui prend acte des propositions qui sont faites et
qui attribue des primes calculées sur la base de l'économie
réelle qui est faite. Pour ces programmes de primes à
l'initiative au cours de la dernière année, on me donne
l'information ici, on a versé un montant de 56 675 $ - cette
année - pour un gain escompté de 5 577 000 $. Cela
représente une trentaine de personnes. Cela peut vous donner une
idée. À la RAAQ il y en a eu un certain nombre, à la
Justice, à la Commission des normes du travail, à la CARRA, aux
Affaires culturelles, à l'Agriculture. Il y a eu des primes qui peuvent
varier de 3500 $ à 10 000 $ et ce sont plutôt des primes de 3500
$.
M. Assad: Depuis que vous avez les
primes à l'initiative, depuis les dernières années,
est-ce que vous avez vu une augmentation d'intérêt des
fonctionnaires non seulement pour la productivité mais aussi pour
trouver des moyens d'épargner de l'argent? (21 heures)
M. Arpin: II y a autre chose que le nombre de primes qu'on
distribue qui sont relativement restreintes en nombre parce qu'on a des
critères assez sévères de distribution, mais il y a le
grand nombre de demandes qu'on reçoit pour des primes qui exprime
davantage que la liste des primes accordées, je dirais,
l'intérêt des fonctionnaires pour une démarche comme
celle-là. Même si on refuse beaucoup de primes, il reste que cela
amène... Le seul fait qu'un certain nombre de fonctionnaires
écrivent au comité en disant: Je pense que j'ai une idée
qui est non seulement productive, mais qui engendre des économies, cela
exprime déjà l'espèce de tension, l'espèce d'effort
vers le haut des fonctionnaires.
Ce programme de prime à l'initiative s'inscrit dans une
démarche plus large qu'on appelle une démarche de
rénovation de l'administration publique qui comprend beaucoup d'autres
initiatives au sein du gouvernement et pour laquelle, d'ailleurs, le
secrétariat du trésor et le conseil ont rendu publics un certain
nombre de documents, tel un sondage auprès de 750 cadres, comme tout un
programme de rénovation de l'administration publique sur deux ans,
document qu'il me ferait plaisir de remettre au président du conseil
pour qu'il vous les fasse tenir, M. le député. Cela vous
donnerait un peu une idée de l'ensemble de l'opération. Cela nous
ferait plaisir de vous faire parvenir les brochures, les publications qui font
état... On a même une revue qui s'appelle Reflets et un petit
bulletin, qui est modeste mais qui fait état d'initiatives productives
des ministères et de démarches collectives de rénovation
ou d'amélioration de la productivité des ministères. On a
publié un certain nombre d'articles. On prend toujours cela dans des
revues privées, d'habitude, sur l'entreprise privée. On veut
nous-mêmes publiciser jusqu'à un certain point, si vous me
permettez l'expression, les bons coups et les actions novatrices au sein du
gouvernement. Il y en a un grand nombre. Cela me ferait plaisir de vous faire
envoyer l'ensemble de la documentation si vous souhaitez la parcourir.
M. Assad: Je suis intéressé. Je suis convaincu
qu'un tel programme, comment dirais-je, s'il est bien annoncé... Je
comprends qu'on ne peut pas prendre toutes les idées et cela ne se
traduit pas automatiquement dans une productivité ou une
économie, mais je trouve que de plus en plus les fonctionnaires sont
très conscients des contraintes budgétaires et je suis convaincu
qu'il y a beaucoup d'idées dans l'ensemble du gouvernement, je me
demande si cela ne vaudrait pas la peine de mettre davantage l'accent, pour
l'année qui vient, et dire que vous êtes réceptif aux
suggestions. On peut être très surpris. Évidemment, vos
critères devraient être assez rigides. Pourriez-vous me donner
simplement une idée de ce que vous attendez comme modèle, comme
exemple? Vous avez donné des primes, l'année passée, pour
un montant de 56 000 $. Le maximum, c'est quoi? Est-ce que c'est toujours 5000
$?
M. Arpins Non. Celui-là a été 10 000 $ ici, et les
moins élevés ont été de 619 $.
M. Assad: Quelle sorte de barème avez-vous?
M. Arpin: Le barème est proportionnel à
l'économie faite. Par exemple, je vois ici une prime de 5000 $ pour une
économie potentielle de 179 000 $ et une prime de 9000 $ pour une
économie potentielle de 190 000 $. Il y a un ratio qui est établi
par le comité - je ne fais pas moi-même partie du comité -
relativement à l'économie en argent. J'en vois une ici qui
appartient à un ministère que j'ai déjà
dirigé. Je me souviens de quoi il s'agissait comme exemple. Un
employé des archives, par exemple, qui, en modernisant en quelque sorte
le mode de transport et le mode de manipulation des archives,
économisait vraiment à l'organisation un poste-année, un
poste de manutentionnaire quelconque. 11 économisait vraiment le poste.
Le poste a été supprimé parce qu'il n'était plus
nécessaire. C'était une idée nouvelle. Après bien
des années, quelqu'un est arrivé en disant: Je pourrais sauver un
poste. Cela méritait quand même, pour celui qui prenait le temps
de le concrétiser, qu'on le reconnaisse. Dans les systèmes
informatiques, on a beaucoup de propositions. Mais il y a des règles qui
sont strictes. D'abord, les cadres ne sont pas admissibles. Je ne sais pas,
c'est peut-être parce qu'ils ont trop de bonnes idées et cela
coûterait trop cher.
M. Assad: Ni les députés.
M. Arpins Les députés ne sont pas admissibles, parce que
ce serait la faillite totale du système; on n'aurait plus d'argent.
M. Assad: Si on travaillait à commission, on pourrait
peut-être économiser.
M. Arpin: Vous êtes à commission.
M. Assad: J'ai une autre question.
Dernièrement, j'ai eu une communication d'un fonctionnaire qui
avait soumis une idée au Bureau de l'Assemblé nationale et il n'y
a pas eu trop d'action. La personne a été un peu frustrée
et elle me l'a envoyée. J'ai trouvé que c'était une
très bonne idée. Est-ce que j'ai la liberté, d'ici
quelques semaines, si cela n'avance pas, de la soumettre à votre
attention pour que vous la regardiez? C'est une idée très simple
et je crois que cela a énormément de mérite. Il n'y a pas
de doute qu'on pourrait économiser un montant d'argent, pas des
millions, mais un montant assez considérable, dans les centaines de
milliers de dollars.
M. Arpin: Si c'est un fonctionnaire du gouvernement,
évidemment...
M. Assad: ...
M. Arpin: S'il est membre du corps des fonctionnaires ou des
employés du gouvernement...
M. Assad; Ce n'est pas une personne des cadres.
M. Arpin: S'il a une idée qu'il croit être
inscrivable dans ce système, je crois qu'il peut la faire parvenir.
M. Assad: Est-ce que je peux vous le transmettre à
vous-même?
M. Arpin: Vous pouvez l'envoyer à mon bureau.
M. Assad: Est-ce que vous pouvez demander à vos personnes
qui sont responsables...
M. Arpire C'est à la personne qui a l'idée à
la transmettre, par exemple.
M. Assad; Oui. D'accord. Merci.
La Présidente (Mme Hovington): M. Arpin, est-ce qu'on peut
espérer que vou3 déposiez le document en question au
secrétaire de la commission pour que chaque membre de la commission
puisse en prendre connaissance?
M. Arpire Avec plaisir, Madame.
La Présidente (Mme Hovington): S'il vous plaît!
M. Arpin: On va s'assurer... C'est une série de brochures
et de documents.
La Présidente (Mme Hovington}: Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Arpin: On l'enverra par la suite.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord. Merci, M. Arpin.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le programme 1? Il n'y a pas
d'autres interventions. Est-ce que le programme 1 intitulé "Gestion
budgétaire et politiques administratives" est adopté?
M. Bélisle: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits budgétaires du Conseil du trésor
pour l'année...
M. Polak: On a encore une heure.
La Présidente (Mme Hovington): Le programme 2.
M. Bélisle: Politiques de gestion. Juste ici. Politiques
de gestion.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que je dois
comprendre qu'on doit adopter élément par élément
à l'intérieur du programme 1?
Une voix: Absolument, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Seuls les programmes font
l'objet d'un vote mais si on veut discuter élément par
élément il n'y a aucune objection. On reviendra à la fin
pour adopter globalement le programme 1. D'accord?
Politiques de gestion
Alors, sur l'élément 2, Politiques de gestion. Est-ce
qu'il y a des interventions?
M. Chagnon: Ce matin...
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Saint-Louis.
M. Chagnon: Merci, Mme la Présidente. Ce matin, le
président du Conseil du trésor faisait mention d'une compression
budgétaire de l'ordre de 964 600 $ à l'intérieur
même du ministère du Conseil du trésor. Je présume
qu'on devrait retrouver la ventilation de cette compression,
particulièrement dans Politiques de gestion. Est-ce vrai?
M. Gobeil: Mme la Présidente, les compressions
budgétaires et les rationalisations diverses sont à
l'intérieur des différentes politiques telles qu'on les retrouve
dans le livre des crédits qui a été déposé
le 25 mare dernier. Si on en fait l'analyse, on verra qu'au niveau du
fonctionnement personnel, par exemple, les rationalisations et compressions
totales sont de 750 000 $. Les dépenses de fonctionne-
ment et autres dépenses totalisent, en termes de réduction
ou de rationnalisation et compressions, 359 600 $ et l'article Capital et
autres dépenses offre une compression et rationalisation de 127 200 $
pour une compression totale de 1 236 800 $.
M. Chagnon: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Sur les 750 000 $ dont parle le président du
Conseil du trésor, est-ce qu'il s'agit d'une compression en termes de
personnel, de postes?
M. Gobeil: Effectivement, Mme la Présidente, le personnel
du Secrétariat du Conseil du trésor subit une diminution cette
année, si ma mémoire est exacte, de 297 personnes au livre des
crédits de 1985-1986 à 284 personnes au livre des crédits
1986-1987.
M. Chagnon: Mme la Présidente, est-ce qu'il y a une
direction particulière qui est affectée ou si les compressions
sont étalées dans chacune des directions?
M. Gobeil: M. le député de Saint-Louis, chacun des
postes a été analysé et le résultat de la
rationalisation totale nous a donné, sur une base comparable de
l'année passée à cette année, une diminution de
treize postes. Il y a eu aussi, comme je le mentionnais
précédemment, certaines réaffectations, de sorte qu'il est
difficile de comparer chacun des éléments ou chacun des
programmes actuels faisant partie de l'étude des crédits en
termes de personnel et, comme l'a mentionné M. Bédard, le
secrétaire adjoint des politiques budgétaires, il y a eu aussi
des réaffectations. Mais, après ces réaffectations, le
personnel engagé dans les politiques budgétaires a
augmenté de dix personnes, c'est-à-dire de 63 à 73. Le
personnel du programme Politique de gestion a augmenté d'une personne,
soit de 50 à 51. Le personnel du programme Politique de personnel des
relations du travail, de deux personnes, de 118 è 120 personnes.
Finalement, au programme 4, Soutien administratif et technique, le personnel
est passé de 66 à 40 personnes et ceci, je veux bien le
spécifier, après restructuration des divers programmes à
l'intérieur du Secrétariat du Conseil du trésor.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Iles, M. le député de Sainte-Anne avait demandé la
parole avant vous. M. le député de Mille-Îles.
Les postes supprimés M. Bélisle: M. le président du
Conseil du trésor, à la question fondamentale posée par
l'Opposition qui était présente tantôt dans le livre qui
s'intitule Budget 1986-1987, est-ce que je dois comprendre que ce que vous nous
indiquez en réponse à la question de mon collègue de
Saint-Louis, c'est que, ministère par ministère, l'Opposition
avait entre les mains depuis fort longtemps le nombre total de postes par
ministère qui représentait les soi-disant compressions de postes
ou autres depuis X semaines?
M. Gobeil: Mme la Présidente, pour répondre au
député de Mille-Îles... Mme la Présidente.
Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: L'Opposition n'avait pas nécessairement pour
chaque ministère le nombre de personnes de réduction de
personnel. Cependant, il était clairement dit dans les livres des
crédits, ou les documents supplémentaires accompagnant les
crédits déposés le 25 mars 1985, sinon dans ce livre, du
moins dans des conférences de presse publiques que j'ai données
à ce moment, que les crédits 1986-1987 ne faisaient état
d'aucune réduction de personnel permanent dans la fonction publique.
Cependant, il incorporait une diminution de personnes-année
évaluée à 1600, basée sur un calcul moyen de
rémunération appliqué sur la masse totale de 1985-1986 par
rapport à la masse totale incluse aux crédits de 1986-1987.
Ces informations étaient et sont des informations de nature
publique. Je le répète devant cette commission, actuellement, le
livre des crédits de 1986-1987 comprend clairement ces
éléments de non-diminution de personnel permanent, de
gestionnaires permanents de la fonction publique et 1600 personnes-année
dans le personnel occasionnel.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Oui, M. le Président. Je voudrais revenir sur un
document auquel le ministre a fait référence qui s'appelle
Mesures prises dans les crédits 1986-1987 à l'égard du
montant du déficit à corriger. Quand je prends juste les huit
premières pages, j'ai bien compris d'abord que l'Opposition était
en possession de ce document comme nous; deuxièmement, qu'il y a une
ventilation là-dedans de chaque ministère expliquant en
détail le montant des compressions pour chaque ministère.
Prenons, par exemple, la première page, les Affaires municipales. De la
manière dont je lis cela -le président du Conseil du
trésor peut me
corriger si je fais erreur - à ce ministère, le total des
compressions est de 50 000 000 $ composé de trois points. La fermeture
du programme Équerre, arrêt du programme de l'accession à
la propriété résidentielle et rationalisation interne et
autres mesures. On trouve cela pour tous les autres ministères
alphabétiquement et, à la page 8, on trouve le total de ces
compressions: 674 000 000 $.
Pour moi, c'est une ventilation complète qui donne un portrait
parfait de la situation quitte, évidemment, à ce que les
députés individuellement, devant d'autres commissions, posent des
questions en détail sur les programmes correspondants. Est-ce que j'ai
bien compris la manière dont j'ai lu et vu ce document-là et que
est-ce là qu'on trouve la fameuse ventilation dont on parle depuis
quelques heures? (21 h 15)
M. Gobeilt M. le Président, le député de
Sainte-Anne a raison. L'Opposition avait sûrement en main ces documents.
D'ailleurs, le député d'Abitibi-Ouest l'a mentionné. C'est
un document public qui a été rendu disponible le 25 mars 1986 au
moment du dépôt des crédits. Les députés de
l'Opposition, dè3 le 25 mars, pouvaient connaître par
ministère la ventilation globale du montant de 674 000 000 $ de
compressions ou de mesures qui ont été prises dans les
crédits 1986-1987 à l'égard du montant du déficit
à corriger, incluant, comme il a été fait mention, un
montant, si ma mémoire est bonne, de 358 000 000 $ pour diverses
réductions de diverses dépenses et rationalisation interne.
D'ailleurs, au sommaire du livre des crédits, c'est-à-dire
dans le livre des crédits intitulé "Renseignements
supplémentaires, Crédits, Le 25 mars 1986", à la page 6,
il est clairement identifié aussi un total de 673 700 000 $. En
ventilation de ce montant-là, par quatre grands thèmes, soit la
réduction du niveau d'activités: 242 300 000 $, la cessation
d'activités: 76 300 000 $, la rationalisation interne: 195 800 000 $ et
la réduction de dépenses diverses: 159 300 000 $ pour un total de
réduction de dépenses comme je l'ai mentionné de 673 700
000 $.
L'autre document public dans les mains des députés de
l'Opposition intitulé Mesures prises dans les crédits 1986-1987
à l'égard du montant du déficit à corriger pour un
même total de 674 000 000 $. Ce document, dis-je, ventilait par
ministère, les diverses compressions. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Papineau.
Politique de personnel et des relations du travail
M. Assad: M. le ministre, au sujet de l'élément 3,
Politique de personnel et des relations du travail auprès du Conseil du
trésor, est-ce que vous encouragez davantage des retraites
anticipées?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Papineau, est-ce que vous êtes à l'élément 3, du
programme? Votre question est dans le cadre de l'élément 2 bu de
l'élément 3?
M. Assad: Je suis toujours à l'élément
2.
Le Président (M. Lemieux): L'élément 2.
M. Assad: Nous avons décidé de toucher les points
et on pourra adopter les crédits à la fin globalement.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, allez-y, posez
votre question. C'est parce que je trouvais qu'elle se rapportait davantage
à l'élément 3, mais allez-y.
Une voix: On est mieux d'y aller élément par
élément.
M. Assad: Les retraites anticipées, est-ce qu'on encourage
cela davantage?
M. Gobeil: M. le Président, je demanderais à M.
Georges-Noël Fortin, qui est directeur des relations du travail, de bien
vouloir répondre à cette question, s'il vous plaît!
M. Fortin (Georges-Noël): Au niveau des retraites
anticipées, dans les mesures de résorption du personnel, mesures
pour le personnel syndiqué, l'an passé, il a surtout
été préconisé des primes de séparation et
des préretraites proprement dites.
Au courant de l'année dernière, l'ensemble des mesures
nous a permis de réduire les effectifs excédentaires de 547
à 224 au niveau de la fonction publique et, aussi, on peut dire que les
départs volontaires à la suite de ces mesures ont totalisé
1200 personnes au cours de l'année.
M. Assad: Préretraites...
M. Fortin (Georges-Noël): Des préretraites ou des
primes de séparation qu'on appelle et qui variaient selon les
états de service de l'individu.
M. Assad: Je remarque, évidemment, depuis les
dernières années que les compagnies dans le secteur privé
mettent l'accent sur des préretraites et le reste. Les chiffres
évidemment démontrent que c'est beaucoup plus avantageux à
court terme même» N'est-ce pas là un instrument pour le
Conseil du trésor et pour l'ensemble du
gouvernement, mettre l'accent sur des programmes de
préretraite?
M. Fortin (Georges-NoBl): Actuellement, on est en train de
procéder à l'évaluation du programme qu'on appelle de
retraite ou de départ volontaire. Il y a quand même un danger que
cela vienne à faire partie du système et qu'on soit obligé
d'acheter chaque départ. Actuellement, aucune préretraite ni
aucune prime ne sera versée à quelqu'un qui a déjà
acquis le droit à la retaite. À la pratique, on s'aperçoit
qu'il y a quand même des gens qui partiraient et qui vont essayer de
profiter de ces mesures.
M. Assad: Mais est-ce que nos mesures sont si avantageuses que
cela?
M. Fortin (Georges-Noël): Nos mesures sont connues et les
sous-ministres ont la responsabilité dans chacun des ministères
de les appliquer.
M. Assad: L'année dernière, en 1984-1985, est-ce
que plusieurs personnes ont pris avantage des programmes de préretraite?
Seulement un chiffre global.
M. Fortin (Georges-Noël): L'ensemble du programme a
donné 1200 personnes. Maintenant, les préretraites... Il y a
environ 75 % des 1200 départs volontaires qui se sont effectués
en vertu du programme de préretraite.
M. Assad: Si on voulait faire une comparaison avec l'entreprise
privée, nos programmes de préretraite sont-ils beaucoup plus
avantageux ou comparables?
M. Fortin (Georges-Noël): C'est è peu près
comme ce qu'on observe dans le secteur privé. Nos programmes varient
généralement de trois à douze mois. La moyenne
était tout près de douze mois, onze mois et quelque chose, de
prime de séparation l'an dernier.
M. Assad: Évidemment, au Conseil du trésor, vous
avez certainement des études sur cette question de préretraite,
sur ce que cela implique sur une échelle de cinq à sept ans.
M. Fortin (Georges-Noël): Le programme est quand même
récent dans la fonction publique. C'est un programme volontaire. Le
programme a été appliqué en 1982, 1983 et 1984, notamment
dans le secteur de l'éducation, pour les enseignants notamment. On a
appliqué ces programmes pour diminuer le nombre d'enseignants en
surplus. À ce moment-là, généralement le programme
était assez efficace, parce que la majorité des gens qui
étaient éligibles en profitaient quand c'était possible.
Cela exigeait une réduction du surplus de personnel dans ce
cas-là; il fallait que cela diminue les surplus de personnel,
c'était la condition, tandis que dans la fonction publique, ce n'est pas
nécesairement à la suite de surplus de personnel dûment
identifiés.
M. Assad: Serait-il possible pour le Conseil du trésor
d'identifier des ministères où le personnel est plus nombreux que
nécessaire?
M. Fortin (Georges-Noël): Oui, actuellement on a
l'information de tous les ministères, les résultats de ces
mesures dans chacun des ministères.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais souligner la
présence de Mme Johanne Saint-Cyr qui s'occupe du programme
d'égalité en emploi, est-ce exact, Mme Saint-Cyr?
Mme Saint-Cyr (Johanne): Oui.
Le Président (M. Lemieux): J'en profite pour mentionner
tout simplement que j'ai eu l'occasion de travailler avec Mme Saint-Cyr et j'ai
apprécié sa très grande collaboration. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Chagnon: M. le député de Saint-Jacques ne
siège pas à cette commission.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, pardon.
M. Chagnon: C'est pas mal mieux.
Le Président (M. Lemieux): Pardon, M. le
député de Saint-Louis, M. le député de
Saint-Jacques, c'est votre prénom. M. le député de
Saint-Louis, s'il vous plaît!
M. Chagnon: Je ne voudrais pas médire contre un
collègue, mais je préfère nettement Saint-Louis.
M. le Président, je crois comprendre que nous sommes à
l'étude de l'élément 3, peut-être vaudrait-il
mieux...
Le Président (M. Lemieux): Effectivement,
l'élément 3: Politique de personnel et des relations du
travail.
M. Chagnon: M. le Président, ma question s'adresse au
président du Conseil du trésor. Nous sommes en année "de
négociation et l'élément 3 est: Politique de personnel et
des relations du travail. Quelle est l'estimation budgétaire pour
l'année 1986-1987 quant au coût de la négociation pour le
Conseil du trésor?
M. Gobeil: M. le Président, dans les
crédits du Conseil du trésor, nous avons
réservé un montant de 2 500 000 $ pour payer des dépenses
et des honoraires relatifs aux négociations de conventions collectives
actuellement en cours dans les secteurs de la fonction publique et des
réseaux d'éducation et de santé.
M. Chagnon: II doit y avoir des dépenses de fonctionnement
à l'intérieur du ministère.
M. Gobeil: Une partie des dépenses des négociations
est comptabilisée dans les crédits ou est prévue aux
crédits du Conseil du trésor.
M. Chagnon: Elles sont de quel ordre?
M. Gobeil: Elles sont de l'ordre de 2 500 000 $ excluant,
évidemment, les dépenses de fonctionnement à
l'élément 3 où du personnel régulier du Conseil du
trésor travaille aussi dans le domaine des négociations de
conventions collectives.
M. Chagnon: Je présume que vous calculez une enveloppe
globale y compris ces employés permanents qui travaillent
particulièrement au dossier de la négociation...
M. Gobeil: Non, M. le Président. Non, à la
réponse au député de Saint-Louis que vous avez
sanctifié il y a quelques minutes. Effectivement, nous n'avons pas
transféré des éléments des employés
réguliers à l'élément ou programme 2, lequel inclut
un montant de 2 500 000 $ réservé en supplément du travail
régulier accompli par les employés permanents du
Secrétariat du Conseil du trésor dans le domaine des relations du
travail.
M. Chagnon: M. le Président, est-ce que le
président du Conseil du trésor inclut dans ces 2 500 000 $, par
exemple, les coûts des libérations syndicales ou des
libérations patronales?
M. Gobeil: La réponse est non. Comme je l'ai
mentionné, au Conseil du trésor, il y a un montant inclus pour
des dépenses directes dont la responsabilité incombe au
Secrétariat du Conseil du trésor. Mais d'autres dépenses
sont aussi payées par d'autres ministères, entre autres, dans les
réseaux de l'éducation et de la santé. Nous estimons que,
pour les négociations en cours, les dépenses de fonctionnement
de3 négociations se situeront à environ 9 000 000 $ et les
dépenses relatives aux libérations patronales à environ 2
000 000 $.
M. Chagnon: Combien pour les libérations patronales?
M. Gobeil: C'est 2 000 000 $. Les dépenses relatives aux
libérations syndicales, environ 5 000 000 $ pour un total d'environ 16
000 000 $.
M. Chagnon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Lors de la dernière... M. Gobeil: M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Vous voulez compléter
votre réponse?
M. Gobeil: Je m'excuse, M. le député de
Saint-Louis. Cela se compare à un montant de 12 400 000 $, qui est le
montant prévu pour l'année 1985-1986, soit l'année qui
s'est terminée le 31 mars 1986, pour les négociations, lesquelles
dépenses se ventilaient comme suit: dépenses de fonctionnement:
environ 9 000 000 $, libérations patronales: 1 500 000 $,
libérations syndicales: environ 2 000 000 $.
M. Chagnon: Comment se fait-il qu'il y ait un écart entre
les libérations patronales de 1 500 000 $ à 2 000 000 $ et
particulièrement dans les libérations syndicales de 2 000 000 $
à 5 000 000 $?
M. Gobeil: M. le Président, si vous permettez, M.
Georges-Noël Fortin va répondre à cette question.
M. Fortin (Georges-Noël): En ce qui concerne
l'élément des libérations syndicales et...
Le Président (M. Lemieux): Le temps de parole du ministre,
M. Fortin.
M. Fortin (Georges-Noël): ...les libérations
patronales, c'est que les libérations syndicales ont commencé
vers le mois d'août 1985 et les libérations patronales, quelques
mois avant, en juin en moyenne. Cela explique que les montants qui sont
là n'ont pas couvert complètement l'année fiscale tandis
que les chiffres qui viennent d'être donnés par le
président du Conseil du trésor sont des estimations pour
l'année, pour douze mois. Si les négociations devaient se
terminer avant le 31 mars 1987, les chiffres qui sont là vont être
inférieurs.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. Fortin. Pour
les besoins de la commission, vous n'avez pas été
présenté tout à l'heure. Est-ce que vous pourriez vous
identifier et donner votre titre? (21 h 30)
M. Fortin (Georges-NoBl): Oui, je suis
le directeur de la coordination des négociations au Conseil du
trésor.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Je sais que ce n'est pas
de la mauvaise volonté de la part du président du Conseil du
trésor, mais c'est pour les besoins de la commission et pour la
transcription des débats. M. le député de Saint-Louis,
vous pouvez continuer.
M. Chagnon: M. le Président, en 1982-1983, il y a eu aussi
une ronde de négociations. Quels ont été approximativement
les coûts tels dépenses de fonctionnement, libérations
syndicales et libérations patronales?
M. Gobeil: M. le Président, la réponse à
cette question est la suivante: le coût total pour les
négociations, en 1982-1983, a été de 10 700 000 $ se
répar-tissant comme suit: dépenses de fonctionnement: 7 600 000
$; libérations patronales: 1 300 000 $; libérations syndicales: 1
800 000 $. Ces dépenses ont presque totalement été
assumées par les différents comités patronaux dont les
budgets sont approuvés par le Conseil du trésor.
Ceci n'incluait pas le coût de six comités paritaires
institués chez le groupe des agents de la paix de la fonction publique
qui ont coûté 357 000 $.
M. Chagnon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: J'ai cru comprendre que le coût des
libérations patronales et des libérations syndicales, en 1982,
avait été de l'ordre de 1 300 000 $ pour les libérations
patronales et de l'ordre de 1 800 000 $ pour les libérations syndicales.
Il semble qu'il y ait un écart quand même important entre
1982-1983 et 1986-1987, où on passe, dans les libérations
patronales, de 1 300 000 $ à 2 000 000 $, et de 2 000 000 $ à 5
000 000 $ en ce qui concerne les libérations syndicales. Dois-je
comprendre, M. le Président, que cette année on a ou bien
l'intention de négocier plus longtemps, ce qui expliquerait que cela
coûterait plus cher, ou bien a-t-on négocié de façon
fort différente les ententes qui doivent toujours être
préalablement négociées avec, d'une part, la partie
syndicale pour les libérations syndicales et, d'autre part, les
libérations patronales avec les différentes associations
patronales?
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: Je demanderais à M. Fortin de répondre
à cette question.
Le Président (M. Lemieux): M. Fortin.
M. Fortin (Georges-Noël): Pour l'année 1982-1983, les
libérations syndicales ont débuté le 1er septembre 1982 et
se sont terminées le 23 décembre 1982. Cela a duré un peu
moins de quatre mois, c'est-à-dire que certaines libérations...
Ils ont été payés durant cette période par la
partie patronale, tandis que les libérations patronales, en 1982-1983,
avaient débuté vers le début de l'année fiscale,
c'est-à-dire vers le mois de mars ou avril environ.
Je dois ajouter qu'au chapitre des libérations syndicales, avec
la loi 37, on a augmenté le nombre de libérés syndicaux
d'environ 2Q et d'environ une quinzaine de libérés au niveau
patronal, à la suite de l'institutionnalisation de cinq
sous-comités patronaux de négociations aux affaires sociales.
Autrefois, il y avait seulement un comité patronal de
négociations, tandis qu'actuellement il y a cinq sous-comités en
plus du comité de CPNSSS, comme on l'appelle.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Les chiffres ne mentent pas. Si nous avons
dépensé comme État, en 1982-1983, 1 300 000 $ en
libérations patronales et 1 800 000 $ en libérations syndicales,
et si nous avions dépensé au 30 mars 1 500 000 $ effectivement
payés en libérations patronales et près de 2 000 000 $ en
libérations syndicales, serait-ce que nous avons déjà
négocié davantage que le temps qui avait été
négocié, en termes de jours, en 1982-1983?
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor. M. Fortin, s'il vous plaît!
M. Fortin (Georges-Noël): C'est exact. Actuellement, les
libérations syndicales, pour la dernière ronde de
négociations, se sont effectuées vers le mois d'août 1985.
Si vous comptez d'août 1985 jusqu'au 31 mars 1986, il y a presque le
double de la période qu'on avait vécue de négociations en
1982. En 1982, comme je le disais tantôt, les libérations
syndicales avaient été commencées le 1er septembre et
s'étaient terminées un petit peu avant Noël.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Saint-Louis?
M. Chagnon: Pour l'instant.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne. Malheureusement, Mme la députée de Matane, M. le
député de Sainte-Anne avait levé la main avant vous.
M. Chagnon: Mon collègue de Sainte-Anne...
Le Président (M. Lemieux): M. le député...
Oui, Mme la députée de Matane.
M. Polak: ...j'étais ici.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne.
Les "tablettés"
M. Polak: M. le Président, concernant la politique des
relations du travail, je me rappelle avoir souvent posé des questions
à l'ancien gouvernement concernant une catégorie
d'employés de l'État qui s'appellent "les tablettés". J'ai
toujours trouvé scandaleux qu'on paie un plein salaire et souvent un
gros salaire, aux gens qui ne travaillaient pas du tout. Je sais qu'à la
fin de l'administration on faisait au moins des tentatives pour régler
ce problème, on tentait de placer ces gens à des fonctions
où ils seraient productifs. Est-ce qu'on a encore ces tablettés?
Si oui, est-ce qu'on a prévu un programme pour se servir vraiment des
talents de ces gens? J'aurais une troisième question, parce que Mme la
fonctionnaire est arrivée. Est-ii vrai que, parmi ces
"tablettés", il n'y a presque pas de femmes? Si oui, pourquoi?
M. Gobeil: M. le Président, la question des
"tablettés", comme appelle le député de Sainte-Anne les
cadres excédentaires dans la fonction publique, relève un petit
peu du mystère en ce sens que nous croyons qu'il y a effectivement des
cadres excédentaires. Certains sont identifiés. Personnellement,
je serais très embêté d'en donner le chiffre. Selon les
personnes à qui l'on parle, les nombres varient. Cependant, plusieurs
mesures ont été introduites afin de résorber le nombre de
cadres excédentaires.
Les principales mesures existant actuellement sont les suivantes. Il y a
d'abord un programme d'indemnisation de départ volontaire
prévoyant le versement d'une prime de séparation, la retraite
anticipée et, dans certains cas, le maintien de certains avantages
sociaux, notamment lors d'une réorientation de carrière dans un
emploi de niveau professionnel. On donne aussi une priorité
d'accès aux emplois vacants lorsque le cadre excédentaire
possède les qualifications requises pour occuper ces emplois.
De plus, nous avons certains cadres excédentaires qui sont en
congé sans traitement ou fraction de traitement pour fins de
ressourcement ou d'intégration éventuelle dans l'enteprise
privée. D'ailleurs, dans ce cadre-là, en mars 1986, un programme
spécifique de replacement des cadres excédentaires dans
l'entreprise privée a été mis en place à titre de
projet pilote et, actuellement, douze cadres excédentaires y
participent. Nous avons l'intention d'identifier, premièrement, le plus
exactement possible le nombre de cadres excédentaires au gouvernement
et, ensuite, d'introduire s'il le faut des programmes de façon soit
à ressourcer ou à réemployer ces cadres
excédentaires.
Les chiffres officiels que nous avons au 15 mars 1986, qu'on croit
officiels... Comme je l'ai mentionné précédemment, c'est
probablement une question d'interprétation mais, de toute façon,
on croit qu'on a actuellement environ 167 cadres excédentaires au
gouvernement. Personnellement, je ne serais pas surpris qu'il y en ait plus que
cela et nous travaillons actuellement à des programmes, comme je viens
de le mentionner, pour s'occuper des cadres excédentaires et les
réemployer selon leurs compétences et leurs capacités.
M. Polak: Une dernière sous-question à madame.
Les femmes dans un emploi d'encadrement
Mme Saint-Cyr: Elle était même en deux volets. En
première partie, vous me demandiez si je pouvais vous indiquer le nombre
de femmes qui se retrouvaient chez les cadres excédentaires. Vous
comprendrez qu'à partir de la réponse du ministre il n'est
vraiment pas possible de le faire. Comme on les connaît mal, la
ventilation n'est surtout pas faite selon le sexe.
Par contre, je peux en profiter pour mentionner que, s'il est vrai que
la présence des femmes dans les emplois d'encadrement, était vue
comme un objectif susceptible d'accroissement, je peux en profiter pour
souligner qu'il y a eu une légère augmentation avec les chiffres
de l'an passé. Ce qu'on constate dans l'ensemble de la fonction publique
pour la catégorie "emplois supérieurs", c'est que l'an
passé nous avions la représentation de 5,76 % et que cette
année la représentation des femmes dans cette catégorie
est passée à 6,74 %, ce qui est quand même une augmentation
de 0,98 % dans un contexte, finalement, où le nombre global de personnes
décroît.
M. Polak: Merci.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais rappeler aux membres
de cette commission que nous arrêtons de siéger è 22
heures. Nous avons aussi à étudier les crédits du ministre
délégué à l'Administration et nous en sommes au
programme 1, élément 3. Est-ce qu'il y a d'autres questions sur
le programme 1. Mme la députée de Matane.
Mme Hovington: S'il vous plaît, M. le Président. Je
voudrais demander au président du Conseil du trésor si, pour
l'année 1986-1987, il a été prévu des programmes
d'accès à l'égalité pour les personnes appartenant
à des groupes victimes de discrimination dans l'emploi, notamment les
femmes, les personnes handicapées, les membres des communautés
culturelles, les autochtones? Si oui, est-ce qu'on peut avoir les
réalisations ou le genre de programmes que vous avez prévus?
M. Gobeil: M. le Président, je demanderais à Mme
Saint-Cyr de répondre à cette question, si vous le permettez.
Le Président (M. Lemieux): Mme Saint-Cyr.
Mme Saint-Cyr: Effectivement, j'en profite pour dire que dans la
fonction publique, en ce moment, nous avons un programme qui comporte quatre
volets et qui touche les diverses clientèles, soit les femmes, les
personnes handicapées, les membres des communautés culturelles,
et certaines mesures existent également pour les autochtones. Ces
mesures et ce programme se sont tissés au fil des ans depuis l'adoption
des premières politiques d'égalité en emploi, soit celle
des femmes en 1980. Depuis que le Conseil du trésor s'est vu octroyer
des rôles spécifiques et des responsabilités en vertu de la
Loi sur la fonction publique, ces réalisations ont été de
divers ordres. J'en profiterai pour introduire aussi ce qui s'en vient pour la
prochaine année.
Il faut dire que les femmes - nous connaissons, nous avons
déjà une bonne connaissance de la clientèle et de leur
présence dans toutes les catégories d'emploi - ont
bénéficié de diverses mesures au fil des ans.
Déjà, il y a cinq ans, on avait identifié que les femmes
qui se retrouvaient dans une proportion appréciable dans la fonction
publique ne se retrouvaient pas, par contre, dans les fonctions d'encadrement
ou les fonctions de niveau de chef d'équipe comportant des exigences de
gestion. C'est dire que dans cette perspective, des mesures ont
été prises qui ont contribué, je pense, à augmenter
sensiblement les chiffres de représentation.
Pour les autres groupes, certaines mesures ont été prises
aussi. Toutefois, un problème s'est confirmé au fil des ans. La
difficulté qui revenait annuellement, c'était celle de
repérer nos groupes cibles dans la fonction publique, d'où la
difficulté de fixer des objectifs spécifiques et de suivre de
façon très systématique l'évolution. Pour contrer
ce problème que je viens de souligner, nous avons demandé
à l'Office des ressources humaines de procéder à un
recensement, qui est d'ailleurs en cours; il devrait être
complété à l'été. Tous les employés
de la fonction publique sont appelés à répondre à
un questionnaire qui permettra, par la suite, d'avoir un portrait beaucoup plus
fiable des membres de groupes cibles présents dans la fonction publique.
Donc, le premier aspect, données d'identification à un certain
travail qui avait été amorcé.
Les interventions majeures, je dirais, du Conseil du trésor, l'an
passé, ont été de voir à intégrer la
problématique de l'accès à l'égalité dans la
gestion des effectifs. C'est dire que le Conseil du trésor, dans les
différentes pièces administratives qu'il a adoptées, que
ce soient des politiques ou directives, toute adoption qui se faisait sous le
couvert de l'implantation de la loi, de la nouvelle loi qui amenait une refonte
des différentes pièces, le Conseil du trésor, dis-je, en a
profité pour introduire l'accès à l'égalité,
rappeler cette préoccupation aux sous-ministres. À titre
d'exemple, je cite la politique concernant la dotation des emplois dans la
fonction publique et la directive qui y est afférente. On rappelle
précisément aux sous-ministres, lorsqu'ils ont un emploi à
combler, qu'ils doivent se rappeler de privilégier différents
groupes cibles. Ce sont ceux que nous mentionnions
précédemment.
Donc, plusieurs interventions du conseil ont été dans
cette optique de mettre en place un corps administratif qui permettrait
ultérieurement l'établissement de programmes spécifiques
à chacune des clientèles. Je disais au début que nous
avions un programme global qui comprenait une série de mesures pouvant
s'appliquer à l'une ou l'autre des clientèles, mais notre
objectif est vraiment d'en venir, à très court terme pour les
femmes, et à moyen terme pour les autres clientèles, dès
que, entre autres choses, les chiffres quant à leur présence
seront connus, d'en venir donc à des objectifs très précis
et très spécifiques.
Justement, pour le groupe femmes, un projet avait été
préparé à l'automne. Nous devons faire certaines retouches
considérant le contexte que nous connaissons en ce moment pour le rendre
plus réalisable et susciter plus d'adhésions de l'ensemble des
partenaires qui seront partie liée à la réalisation dudit
programme. (21 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, Mme la députée de Matane?
Mme Hovington: Oui. C'était très clair, très
complet.
M. Gobeii: Et très satisfaisant.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, s'il vous plaît!
Mme Hovington: Pardon?
M. Gobeil: Et très satisfaisant.
Mme Hovington: Et très satisfaisant. Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): II nous reste quinze minutes.
M. le député de Saint-Louis.
Les négociations
M. Chagnon: M. le Président, rapidement. Une
dernière question concernant l'élément 3. En
matière de négociations, combien y a-t-il eu de journées
de négociations aux tables dans la négociation de 1982-1983? Ma
question s'adresse plutôt au vétéran de ces
négociations, évidemment. Le président du Conseil du
trésor était assez loin de ces questions en 1982-1983.
M. Gobeil: M. le Président, M. Fortin va tenter de
répondre à cette question. Vous comprendrez que cette question du
député de Saint-Louis est très technique et lointaine dans
le temps. Je suis convaincu que...
M. Chagnon: Tout le monde va s'en souvenir.
M. Gobeil: Je suis convaincu que M. Fortin fera de son mieux pour
y répondre.
M. Fortin (Georges-Noël): En 1982-1983, le nombre de jours
de négociations aux tables de négociations a varié d'une
journée à 22 jours.
M. Chagnon: M. le Président, est-ce que je pourrais le
savoir pour 1985-1986, puisque la ronde est commencée depuis qu'il y a
eu le dépôt?
M. Fortin (Georges-Noël): Là, on parle de jours de
négociations aux tables de négociations.
M. Chagnon: Je parle aussi des jours de négociations aux
tables de négociations en ce qui concerne 1985-1986.
M. Fortin (Georges-Noël): Les jours de négociations,
en 1985-1986, malheureusement, je ne les ai pas pour toutes les tables de
négociations. Mais, par exemple, actuellement - mes chiffres sont en
date du 1er avril - à la table CEQ-enseignants, au primaire et au
secondaire, il y a effectivement eu 22 jours de négociations, soit le
même nombre de jours qu'en 1982-1983. Aux autres tables, cela varie d'un
jour jusqu'à 22 jours actuellement.
M. Chagnon: Ce sont toujours des chiffres qui datent du 1er avril
1986 et nous sommes maintenant le 16.
M. Fortin (Georges-Noël): Oui. Et nous sommes maintenant le
16.
M. Chagnon: Donc, on peut présumer que...
M. Fortin (Georges-Noël): Bien, ils se sont
rencontrés certainement en moyenne, pour les actifs, deux ou trois jours
depuis ce temps,
M. Chagnon: Je pourrais conclure sur ce point, M. le
Président. Ensuite, je passerai à un autre élément.
Il y a eu plus de journées de négociations aux tables
jusqu'à maintenant, dans la négociation présente, qu'il
n'y en a eu en tout et partout dans la négociation de 1982-1983 qui a
débouché sur le décret brutal que nous avons connu.
M. Fortin (Georges-Noël): Exactement. De jours de
présence aux tables de négociations, certainement. Il me manque
le détail des affaires sociales actuellement, mais c'est à peu
près le même portrait que pour le secteur de l'éducation et
de la fonction publique.
M. Chagnon: Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Iles.
Soutien administratif et technique
M. Bélisle: M. le président du Conseil du
trésor, à l'élément 4, Soutien administratif et
technique, je vois qu'il y a une légère augmentation pour
l'année 1986-1987, soit un écart de 4 781 300 000 $ à 4
981 500 000 $. Quand je regarde la ventilation des crédits qui est au
bas de la page, je vois les dépenses de Fonctionnement, Personnel et
Fonctionnement, Autres dépenses; quand je regarde la quatrième
ligne, Services, élément 2 du programme, 535 000 $,
élément 3, 2 546 200 $, je me pose la question: Est-ce que les
coûts supplémentaires de négociation de la présente
convention collective sont inclus dans ces postes ou non? Parce que ce sont les
deux postes les plus élevés dans la catégorie
Fonctionnement, Autres dépenses. Qu'est-ce que c'est, la
catégorie Services?
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: Sous l'élément 3, Services, nous voyons
un montant de 2 546 000 $, effectivement, et ceci inclut 2 500 000 $ pour des
frais et des honoraires relatifs aux négociations actuellement en
cours.
M. Bélisle: M. le président du Conseil
du trésor, pour ce qui est des 535 000 $ qui sont à
l'élément 2, à la même ligne 4, Services,
relativement à la politique de gestion, est-ce qu'il y a une
augmentation importante par rapport à l'année passée pour
les mesures de contrôle?
M. Gobeil: Je tente de trouver le chiffre comparatif pour
l'élément 2, de 530 000 $, sous la sous-catégorie
Services. Je n'ai pas sous la main, le chiffre comparatif pour 1985-1986, mais
je le retrouverai dans quelques minutes, espérons-le.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor, est-ce que vous avez... Cela va?
M. Gobeil: Non, je n'ai pas la réponse...
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez pas la
réponse.
M. Gobeil: ...spécifique pour 1985-1986 à la
question du député de Mille-Îles, mais dans quelques
minutes, je serai sûrement en mesure de lui fournir le chiffre
spécifique.
Le Président (M. Lemieux): Nous étions à
l'élément 4, Soutien administratif et technique. M. le
député de Saint-Louis, relativement au cabinet du ministre
délégué aux Services... Une dernière question.
M. Chagnon: Une dernière question sur
l'élément 4, M. le Président. M. le président du
Conseil du trésor, quel est le coût de votre cabinet politique en
termes de fonctionnement de votre bureau politique?
M. Gobeil: En vertu des directives actuelles, le montant de base
alloué à chacun des cabinets de ministre est de 80 % du montant
qui était alloué sous l'ancien gouvernement, c'est-à-dire
80 % de 512 829 $. Donc, pour cette année, le montant de base est de 410
263 $.
M. Chagnon: Quel a été le coût l'an
dernier?
M. Gobeil: L'an passé... Actuellement, à partir du
12 décembre 1985 jusqu'au 31 mars 1986, j'avais, en tant que
président du Conseil du trésor, un montant alloué,
proportionnel aux 410 263 $, de 118 343 $. Les montants réellement
dépensés ont été de 60 619 $, soit un surplus par
rapport au montant autorisé de 57 723 $. La moyenne des salaires
actuellement autorisée pour tous les cabinets est de 28 625 $ par
employé de cabinet. La masse totale autorisée, actuellement, est
de 12 753 982 $ annuellement, alors que l'an dernier, sous l'ancien
régime, la masse totale salariale autorisée était de 17
539 000 $.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le président
du Conseil du trésor? Cela va, M. le député de
Saint-Louis?
M. Chagnon: Juste une dernière question, M. le
président du Conseil du trésor. Les employés de votre
cabinet politique, si je regarde un peu les documents disponibles, sont en
poste à Verdun et à Québec. Est-ce que c'était le
cas aussi antérieurement avec votre prédécesseur?
M. Gobeil: Selon les informations que j'ai devant moi, ici, le
précédent président du Conseil du trésor avait des
employés en poste au cabinet, à Drummondville, à
Ville-Marie et à Montréal.
M. Chagnon: Ville-Marie, M. le Président, je
présume que ce n'est pas l'ancienne appellation de Montréal?
M. Gobeil: Je ne peux pas répondre à votre
question, M. le député.
M. Chagnon: Est-ce que c'est normal, M. le Président?
Ville-Marie, sur le territoire du Témiscamingue, si je ne m'abuse, c'est
un peu loin du Conseil du trésor comme tel.
M. Gobeil: L'information que j'ai sous le nom Ville-Marie, M.
Richard Dénommé, un employé de soutien, qui est
entré en fonction le 11 novembre 1984 ou le 12 décembre 1984,
dépendamment de l'interprétation des chiffres, à un
salaire annuel de 25 000 $. Il a reçu en rémunération,
pour la période du 1er mai 1985, au 11 décembre 1985 un montant
de 18 686,85 $.
M. Chagnon: Vous n'avez pas l'intention, M. le président,
de renommer des membres de cabinet politique à Ville-Marie dans votre
cas?
M. Gobeil: Pas du tout, M. le député de
Saint-Louis, mais les membres de mon cabinet politique, actuellement, sont
localisés là où ils doivent être, à mon point
de vue, et là où il est utile qu'ils soient, c'est-à-dire
au cabinet du ministre à Montréal et dans le comté de
Verdun pour représenter et travailler avec le député de
Verdun.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions, M. le
président du Conseil du trésor. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le programme 1, Gestion budgétaire et politiques
administratives?
M. Chagnon: Non, M. le Président, adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que
le programme 1, intitulé Gestion budgétaire et politiques
administratives, est adopté? M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Je demande un appel nominal pour l'ensemble du
programme.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme 1,
intitulé Gestion budgétaire et politiques administratives, est
adopté?
M. Chagnon: Appel nominal.
Le Président (M. Lemieux): C'est sur l'ensemble que vous
l'avez demandé, M. le député de Mille-Îles?
M. Bélisle: Sur l'ensemble, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Actuellement, je suis sur le
programme comme tel. Je suis sur le progamme 1, intitulé Gestion
budgétaire et politiques administratives. Est-il adopté?
M. Bélisle: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'ensemble des
crédits budgétaires du Conseil du trésor pour
l'année financière 1986-1987 est-il adopté?
M. Assad: Est-ce que je peux avoir...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Papineau.
M. Assad: Si vous me le permettez, avant qu'on ne quitte...
Mme Hovington: Il faut voter avant de se quitter, M. le
député.
M. Assad: Juste avant qu'on vote, je voudrais seulement
mentionner que le président du Conseil du trésor en est à
ses premières armes et, en l'espace de quelques mois, je trouve que
c'est assez...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Papineau, je m'excuse, vous voyez, on doit terminer à 22 heures. Nous
avons les organismes relevant du ministre délégué à
l'Administration à regarder. S'il y a des commentaires d'une nature
générale...
M. Assad: Est-ce que j'ai l'assentiment des membres de la
commission?
Le Président (M. Lemieux): Les membres de la commission
consentent-ils?
Des voix: Oui, oui.
M. Assad: II a réussi, en quelques mois, à
sensibiliser non seulement ses propres collègues, mais l'ensemble de la
population à la nécessité - disons que c'était
inévitable -des coupures. Je crois qu'on devrait le féliciter. Il
a fait un travail... On n'aime pas les coupures, encore moins peut-être
les députés, mais dans l'ensemble de la population on a vu la
nécessité - c'était inévitable - de revenir
à une administration saine. Je voudrais dire au président du
Conseil du trésor que le spectacle que l'Opposition noua a livré
ce soir reflète bien son irresponsabilité lorsqu'on
considère qu'elle n'a apporté aucun élément
constructif à cette commission parlementaire. Dans les circonstances,
avec le spectacle qu'ils nous ont montré ce soir, ils nous prouvent
davantage que ceux qui sont absents ont toujours tort.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions, M. le
député de Papineau. L'ensemble des crédits
budgétaires du Conseil du trésor pour l'année
financière 1986-1987 est-il adopté?
Une voix: Appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Appel nominal, M. le
greffier.
Le Secrétaire: M. Assad (Papineau)? M. Assad:
Oui.
Le Secrétaire: M. Bélisle (Mille-Îles)? M.
Bélisle: Oui.
Le Secrétaire: M. Chagnon (Saint-Louis)?
M. Chagnon: Pour.
Le Secrétaire: M. Després (Limoilou)?
M. Després: Pour.
Le Secrétaire: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue)?
M. Baril: Pour.
Le Secrétaire: Mme Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Pour. Le Secrétaire: M. Lemieux
(Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Abstention.
Le Secrétaire: M. Polak (Sainte-Anne)? M. Polak: Je ne
m'abstiens pas; pour.
Le Secrétaire: M. Poulin (Chauveau)? M. Poulin:
Pour.
Le Secrétaire: M. Séguin (Montmorency)?
M. Séguin: Pour.
Le Président (M. Lemieux): Relativement à
l'adoption de l'ensemble des crédits budgétaires du Conseil du
trésor pour l'année financière 1986-1987, pour: 9, contre:
0, abstentions: 1. Adopté.
Crédits du ministre
délégué à l'Administration
Nous allons maintenant passer è l'étude des crédits
des organismes relevant du ministre délégué à
l'Administration. J'appelle le programme 1, Commission administrative des
régimes de retraite et d'assurances. Y a-t-il des interventions?
CARRA
M. Chagnon: J'ai une question.
Le Président (M. Lemieux): Une question, M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: J'aimerais savoir du président de la CARRA
où en est rendu le dossier des ex-religieux. Est-ce qu'il y a un
règlement qui doit survenir rapidement dans ce dossier?
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le Président, je demanderais à M.
Louison Ross, qui est le président de la CARRA, de bien vouloir
répondre à la question du député de
Saint-Louis.
Le Président (M. Lemieux): Un instant, s'il vous
plaît! Est-ce qu'il y a consentement pour dépasser de quelques
minutes l'heure fixée?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Il y a consentement. Merci.
Vous pouvez répondre à la question.
M. Ross (Louison): M. le Président, si j'ai bien compris
la question du député de Saint-Louis, il désire savoir
où en est le dossier des ex-religieux. C'est une entente que le
gouvernement précédent avait conclue avec les
représentants de la CEQ concernant Ies ex-religieux. Je pourrai
expliciter davantage la situation si vous le désirez. Le
président du Conseil du trésor a autorisé la CARRA
à préparer un projet de loi qui va être
déposé bientôt à l'Assemblée nationale pour
permettre de concrétiser, par une loi, cette entente.
M. Chagnon: Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé.
Est-ce que le programme 1, Commission...
Mme Hovington: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Matane, oui.
Mme Hovington: Vous avez l'air fâché, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Non, Mme la
députée de Matane.
Mme Hovington: Je crois qu'il y a un montant de 11 400 000 $
prévu à la CARRA pour être distribué en ristourne
d'assurances aux 25 000 cadres des secteurs public et parapublic. Est-ce que je
peux savoir pourquoi un tel montant a été prévu?(22 heures)
M. Gobeil: M. le Président, je demanderais à M.
Ross de répondre à la question de la députée de
Matane.
M. Ross: Mme la députée, ce régime existe
depuis 1973 et s'applique aux cadres des secteurs public et parapublic; il
permet aux cadres d'être, autrement dit, protégés en ce qui
concerne les bénéfices d'assurance-vie, d'assurance-maladie et
d'assurance-salaire. C'est un régime d'assurance qui a accumulé
des surplus au cours des années. Le gouvernement a convenu de distribuer
une partie des surplus aux employés concernés.
Mme Hovington: Ce sont ces surplus de 11 400 000 $...
M. Ross: C'est exact.
Mme Hovington: ...qui seront distribués aux cadres
supérieurs au cours de l'année. Merci. Cela va.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Matane. Est-ce que le programme 1, Commission
administrative des régimes de retraite et d'assurances, est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que le
programme 2, Régime de retraite des enseignants, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits relatifs aux organismes relevant du ministre
délégué à l'Administration pour l'année
financière 1986-1987 est adopté?
M. Béliste: Appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Appel nominal, M. le
greffier.
Le Secrétaire: M. Assad (Papineau)? M. Assad:
Pour.
Le Secrétaire: M. Bélisle (Mille-Îles)? M.
Bélisle: Pour.
Le Secrétaire: M. Chagnon (Saint-Louis)?
M. Chagnon: Pour.
Le Secrétaire: M. Després (Limoilou)?
M. Després: Pour.
Le Secrétaire: M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue)? M. Baril, M. Baril, s'il vous
plaît!
M. Baril: Oui, je suis pour.
Le Secrétaire: Mme Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Pour.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux}: Abstention.
Le Secrétaire: M. Polak (Sainte-Anne)?
M. Polak: Pour.
Le Secrétaire: M. Poulin (Chauveau)?
M. Poulin: Pour.
Le Secrétaire: M. Séguin (Montmorency)?
M. Séguin: Pour.
Le Président (M. Lemieux): Résultats du vote
concernant l'ensemble des crédits relatifs aux organismes relevant du
ministre délégué à l'Administration pour
l'année financière 1986-1987; pour: 9, contre: 0, abstentions: 1.
Les crédits relatifs aux organismes relevant du ministre
délégué à l'Administration pour l'année
financière 1986-1987 sont adoptés.
Alors, nous sommes rendus au terme de nos travaux et j'aimerais
remercier à la fois les membres des deux groupes parlementaires. M. le
président du Conseil du trésor, vous avez des remarques?
M. Gobeil: Si vous le permettez, M. le Président, avant
que vous concluiez cette commission parlementaire, j'aimerais quand même
dire quelques mots.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
Conclusions M. Paul Gobeil
M. Gobeil: Comme vous le savez, M. le Président, les
dépenses publiques ont maintenant atteint un niveau qui se situe
au-delà des moyens du gouvernement. Ce déséquilibre se
doit d'être corrigé et notre gouvernement s'est engagé
à le faire. En dépit de ce que peuvent évoquer des mots
comme rationalisation, compressions et réorganisation, je crois qu'ils
sont intimement liés aux défis qui sont les nôtres non
seulement comme gouvernement, mais aussi comme société. Ces
termes sous-entendent également de nouvelles attitudes et de nouvelles
façons de faire découlant directement des impératifs de
notre développement économique et social. Si nous n'appliquons
pas les renforcements requis, si nous ne mettons pas en place une gestion
dynamique de nos ressources humaines, si nous n'améliorons pas notre
santé financière, nous déverserons le fruit de notre
inefficacité sur le dos de tous les contribuables, y compris - et
malheureusement de manière encore plus dramatique - les moins nantis et
les plus faibles de la société et nous hypothéquerons
lourdement les prochaines opérations d'adultes.
Le Québec ne devra pas devenir, pour les
générations qui nous suivront, un fardeau insupportable à
cause du niveau gigantesque de son endettement et de ses erreurs. D'ailleurs,
depuis janvier, trois comités ad hoc formés d'intervenants de
divers milieux analysent le bien-fondé de la privatisation et de la
déréglementation et travaillent à la révision des
structures et des programmes gouvernementaux.
J'ai parlé, en guise d'introduction ce matin, d'une importante
opération de modernisation et de rénovation de l'administration
publique qui est en cours. Dans ce cadre, un sondage scientifique a
été mené auprès des cadres du gouvernement. Ils y
ont exprimé leur désir de s'adapter aux nouvelles
réalités sociales et économiques et
de répondre aux exigences de l'heure en étant plus
efficaces et en donnant des services d'excellente qualité aux citoyens,
selon des règles d'économie et de performance.
L'objectif d'assainir les finances publiques a franchi une étape
importante avec le dépôt des crédits budgétaires.
Avec la collaboration de tous les ministères, nous nous sommes
livrés à un premier exercice rigoureux de rationalisation,
exercice qui comporte des diminutions et des compressions importantes de 1 010
000 000 $ réparties dans l'ensemble des secteurs d'activité
gouvernementale par rapport aux demandes initiales des divers
ministères.
Toutefois, nous avons voulu protéger l'essentiel des acquis
sociaux qui nous apparaissent fondamentaux et nous les avons parfois enrichis
même en leur attribuant des ressources financières
supplémentaires. Il est évident que le redressement de la
situation financière du gouvernement du Québec est une
nécessité, mais il ne doit pas se faire sans respecter un certain
nombre d'engagements et de priorités.
C'est ainsi, par exemple, que les employés de l'État ne
doivent pas faire seuls les frais des difficultés financières
auxquelles nous faisons face. Il convenait donc de leur offrir une augmentation
de revenus équitable et c'est ce que nous avons fait.
Il n'y a pas d'État qui ne soit contraint à vivre selon
ses moyens. Comme la demande de services est en hausse constante, l'État
doit choisir de gérer les affaires publiques en fonction de ses
ressources et en se donnant comme objectif de fournir le maximum d'effets
multiplicateurs et d'assurer une croissance économique solide dans un
contexte social serein. C'est le choix qu'a fait notre gouvernement.
Je voudrais, en terminant, remercier tous mes collaborateurs qui ont
passé cinq heures en commission parlementaire avec moi. Je voudrais
aussi remercier de façon particulière le président de la
commission qui a mené avec compétence, autorité et
équité les travaux qui ont parfois été, il faut
l'avouer, turbulents. Je remercie également tous les membres de la
commission parlementaire pour leur contribution.
Je voudrais, enfin, vous dire que votre collaboration sera requise au
cours des prochains mois pour soutenir l'indispensable effort de redressement
qui est certainement souhaité par la population du Québec, sauf
peut-être par certains députés de l'Opposition qui ne
semblent pas vouloir collaborer à l'effort entrepris par l'actuel
gouvernement en vue de redresser et d'assainir les finances publiques du
gouvernement du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
président du Conseil du trésor. J'aimerais vous dire que les
membres de cette commission ont apprécié grandement votre
constante collaboration, ainsi que celle de l'équipe qui vous
entoure.
J'ajourne nos travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 8)