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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! Notre mandat ce matin est de poursuivre l'étude des
crédits du ministère des Finances pour l'année
financière 1986-1987.
J'aimerais vous rappeler l'entente intervenue. Hier après-midi,
nous avons décidé, après entente entre les groupes
parlementaires, de procéder de la façon suivante:
Ce matin, nous allons entendre d'abord l'Inspecteur
général des institutions financières, programme 6. Par la
suite, nous entendrons les représentants de Loto-Québec. Enfin,
s'il nous reste du temps, avant la suspension de 12 h 30, nous entamerons
l'étude des programmes comme tels du ministère des Finances.
Cet après-midi, nous entendrons d'abord les représentants
de la Commission des valeurs mobilières, programme 7, et nous
terminerons l'adoption des programmes du ministère des Finances.
En soirée, sous réserve d'un avis du leader du
gouvernement, nous devrions siéger pour aborder la question de la
privatisation en présence du ministre responsable.
M. le greffier, est-ce qu'il y a des remplacements.
Le Secrétaire: II n'y a aucun remplacement qui m'a
été annoncé, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Cela me fait plaisir de
souhaiter de , nouveau la bienvenue è M. le ministre des Finances, et
j'aimerais qu'il nous présente ce matin les gens qui l'accompagnent,
s'il vous plaît!
Inspecteur générai des institutions
financières
M. Levesque: Je vous remercie, M. le Président, et je
remercie la commission de nous permettre d'aborder l'étude des
activités qui relèvent de l'Inspecteur général des
institutions financières. Il me fait plaisir de vous présenter Me
Jean-Marie Bouchard, que j'inviterais maintenant à vous présenter
ceux qui l'accompagnent.
M. Bouchard (Jean-Marie): Merci, M. le ministre. M. Jacques
Cardinal, directeur général de l'administration et des
entreprises; M. Fernand Gauthier, surintendant des institutions de
dépôt; Guy Monfette, surintendant des assurances.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez la parole, M. le
ministre.
M. Levesque: M. le Président, je veux, sans retarder
l'étude des crédits, inviter Me Bouchard, s'il a une
déclaration d'ouverture à faire, à la faire maintenant ou
s'il préfère que la commission procède à la
période des questions...
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes en droit, M.
Bouchard de faire des remarques préliminaires, si vous en avez à
faire.
M. Bouchard: Je crois que je suis ici pour être à
l'entière disposition de la commission parlementaire. Alors, je
répondrai aux questions.
Le Président (M. Lemieux): Parmi les membres de la
commission parlementaire, est-ce qu'il y a des gens qui veulent intervenir? M.
le député de Lévis.
Compressions budgétaires
M. Garon: M. le ministre, je vais m'adresser à vous. Je ne
sais pas si vous allez répondre vous-même ou si ce sera M.
Bouchard. Je remarque que, dans les crédits à voter, il y a eu
des compressions budgétaires lors de la revue de programmes. J'aimerais
que vous nous disiez à quels endroits ont été
effectuées les compressions budgétaires iors de la revue de
programmes et lors des prévisions détaillées des
crédits.
M. Bouchard: M. le Président, dans le document qui a
été préparé à l'intention des membres de
l'Opposition, vous avez, aux pages 5 et 6, un exposé comparatif des
crédits 1985-1986, 1986-1987. Vous avez aux pages 6 et suivantes, les
explications des variations.
Le Président (M. Lemieux): À quel document
faites-vous référence, M. Bouchard, s'il vous plaît?
M. Bouchard: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Vous faites
référence à quel document?
M. Bouchard: Au document qui a été
préparé à la demande de l'Opposition, qui est une demande
de renseignements de l'Opposition...
Le Président (M. Lemieux): Cela va, c'est pour en informer
les membres de la commission.
M. Garon: Nous l'avons reçu mardi.
Le Président (M. Lemieux): Vous l'avez reçu mardi.
M. le député de Lévis.
M. Garon: Je veux revenir là-dessus. J'ai une question
à vous poser sur un document qui est public depuis longtemps: la
commission d'enquête sur Madelipêche, dans laquelle les conclusions
et les recommandations touchent principalement les institutions
financières et leur comportement vis-à-vis des personnes qui font
affaires avec elle. Les jugements de la commission d'enquête sur
Madelipêche sont très sévères par rapport aux
institutions financières et aux professionnels qui donnent des services
et qui portent plusieurs chapeaux. J'aimerais savoir si l'Inspecteur
général des institutions financières a lu ce rapport et
quelle démarche a été effectuée à la suite
de la publication de ce rapport?
M. Bouchard: Oui, M. le député, mais il faut bien
se rappeler le contexte et les conclusions du rapport. Le rapport parle
d'institutions financières, mais vise principalement le secteur bancaire
et aussi les caisses d'épargne, qui sont un peu
considérées comme faisant partie bien sûr du secteur
bancaire. Mais de façon générale, on parle des
institutions financières. Ce qui était fondamentalement en jeu et
qui n'a pas été remis en question dans ce système, c'est
le fait que le système financier dans lequel nous vivons - et ce n'est
pas nécessairement la Loi sur les banques, la Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit ou la Loi sur les compagnies de fiducie
qui sont en cause -c'est le système de garantie qui existe dans la
province de Québec et au Canada, garantie pour des avances de fonds,
soit pour un prêt commercial, soit pour un prêt
hypothécaire.
On sait que les banques ont le pouvoir, en vertu des anciennes
dispositions qui étaient connues... Ceux qui ont pratiqué
autrefois, comme M. le ministre et moi, ont connu ces périodes. La
section 88 de la Loi sur les banques donnait aux banques un nantissement qui
était l'équivalent d'un droit de propriété
révocable sur les garanties qui étaient données. Mais ce
n'était valable que pour les institutions bancaires et aucune autre
institution ne possèdait un tel droit de garantie. Par ailleurs, dans
les lois du Québec et des autres provinces, nous avions des dispositions
équivalentes, c'était le "Chattel mortgage" qui était
connu sous ce nom. Au Québec, c'étaient les actes de fiducie et
les garanties de fiducie qui donnaient aux institutions de crédit le
pouvoir de garantir et de prendre ce qui est interdit par le Code civil,
c'est-à-dire une hypothèque mobilière, ce que le Code
civil ne nous permet pas.
Dans le domaine financier commercial, lorsque l'on se prévaut de
la Loi des pouvoirs spéciaux des corporations, les institutions ont le
pouvoir de prendre possession et d'obtenir ce qu'on appelle un "floating
charge". Il n'y a pas de traduction française du terme parce que c'est
passé dans le language courant. C'est une charge flottante, si vous
voulez, qui est une condition suspensive et qui permet au créancier,
lors de l'arrivée de l'événement, c'est-à-dire du
défaut de paiement, de prendre possession des biens et de les
vendre.
Fondamentalement, ce qui est arrivé et ce qui a été
reproché, c'est que parfois le créancier se trouve dans une
situation de conflit d'intérêts, c'est-à-dire qu'il a
tellement de garanties sur les actifs de son débiteur que... Est-ce que,
parfois, ils ne sont pas tentés d'abuser du système des garanties
ou... Parce qu'ils sont à la fois créanciers et aussi
prêteurs des bâilleurs de fonds, ils vont avancer les fonds
nécessaires pour continuer l'opération de l'entreprise et se
faire payer avant les autres créanciers, parce qu'ils ont la
possibilité de connaître véritablement la situation de
leurs créanciers.
Comment régler le problème? Ce n'est pas un
problème uniquement québécois, c'est tout le
problème de la garantie et c'est tout le problème des relations
de créancier à débiteur dans un système surtout de
crédit commercial et de prêt commercial. C'est bien sûr que,
dans ce cas-là, des reproches sévères ont
été faits. Ils ont été faits également aux
professionnels, mais remarquez que, dans le cas des professionnels, les
reproches se sont faits sévères beaucoup plus depuis ce
temps-là, depuis que nous avons assisté aux débâcles
et à la faillite, récemment, des banques, ce qui a fait qu'un peu
partout au Canada on demande maintenant.
Je lisais dernièrement que l'ordre des CA canadiens, qui a
comparu devant la commission Insley, était même favorable à
ce que les règles soient beaucoup plus sévères pour les
vérificateurs publics lorsque vient le temps de certifier les
états financiers d'une institution financière. Cela implique
qu'il faut changer les règles du jeu en ce qui concerne les institutions
financières, surtout en termes de vérification des états
financiers. Il ne faut pas oublier qu'un état financier, que ce soit une
entreprise de restaurant ou une entreprise d'institution financière,
répond de ce qu'on a
toujours convenu d'appeler les principes comptables
généralement reconnus, principes qui sont élaborés
par l'ordre des comptables. Mais, fondamentalement, un état financier
provient de l'institution et il est l'état de l'institution; il est
ensuite vérifié - c'est le terme de la vérification du
vérificateur externe - pour contrôler... Lorsqu'il n'est pas
satisfait, il lui importe d'indiquer les remarques ou de faire les restrictions
qui s'imposent dans son certificat.
M. Garon: Mais, si on lit la recommandation du rapport Marceau,
qui a été publié le 21 septembre 1984, recommandation 13,
on dit: Que le code de déontologie des comptables agréés
soit amendé afin que la prohibition contenue au règlement 3.02.09
de ce code s'applique aux cas de prise de possession réelle ou
déguisée, en vertu d'actes de fiducie - d'actes de fiducie, c'est
nous - ...
M. Bouchard: Oui.
M. Garon: ...ou de l'article 178 de la Loi sur les banques et aux
cas de mandats de gestion confiés par un créancier et à
son profit. Je pense qu'on ne peut pas se laver les mains en disant: Cela
regarde juste les banques.
M. Bouchard: Non, non.
M. Garon: Cela regarde toutes les institutions
financières, lesquelles, c'est le cas de le dire, se comportent souvent
comme des bandits. Lisons le rapport Marceau. Je vais vous dire une chose, ce
n'est pas édifiant sur le comportement des institutions
financières lorsque les entreprises sont en difficulté. Je peux
vous donner plusieurs cas, notamment des cas de coopératives où,
encore récemment, les institutions financières ne se
gênaient pas pour nommer des consultants à 500 $ par jour, pour
arriver à la fin et exiger des honoraires, des fois, qui étaient
plus élevés que le montant qui était dû.
Le rapport Marceau a fait une étude importante du comportement
des institutions financières. Ce rapport, je vais vous dire une chose,
c'est moi qui l'ai commandé, je n'ai pas l'intention de le laisser sur
les tablettes. Le code de déontologie des comptables a été
fortement attaqué. Depuis ce temps, j'imagine que l'Inspecteur
général des institutions financières est
intéressé à ce que les comptables modifient leur code de
déontologie pour que les pratiques, en matière de finance,
surtout dans le cas de mandats de gestion, soient exercées d'une
façon équitable. On l'a vécu au cours des années
1981, 1982, 1983; il s'est agi d'une situation de crise où les
institutions financières se sont comportées d'une façon un
peu cavalière avec plusieurs entreprises qui étaient
serrées financièrement, mais qui auraient eu droit à plus
d'égards qu'elles n'en ont eus. Dans certains cas... J'ai
déjà appris que, quand quelqu'un vole 1 $ pour nourrir sa
famille, c'est un voleur; mais s'il vole 100 000 $, il y en a qui disent que
c'est un financier. J'aimerais voir dans le comportement des institutions
financières quelles sont les représentations que l'Inspecteur
général des institutions financières a faites pour que le
code de déontologie... Si les comptables ne sont pas capables de le
faire, la profession n'est pas capable de le faire. Il y a d'autres moyens pour
que ces pratiques soient contrôlées afin que les gens qui sont
moins forts, qui ne sont pas dans une bonne situation - quand vous êtes
serré financièrement, vous n'êtes pas dans une situation de
forte négociation - ne soient pas, à toutes fins utiles, presque
volés par ceux è qui ils ont emprunté de l'argent.
M. Bouchard: Oui, M. le député. C'est un
problème canadien. Le code de déontologie des comptables
agréés est un code national. Les comptables font affaires partout
au Canada. C'est un organisme national. Dans le processus de la révision
et des discussions, je sais très bien qu'ils font partie du Code des
professions. Si vous voulez que les états financiers d'une institution
du Québec soient reconnus en dehors du Québec, il faut observer
les pratiques comptables généralement reconnues au Canada et en
Amérique du Nord. Autrement, les états financiers ne seront pas
reconnus. Cela est un premier point.
Le second point, en ce qui concerne le code de déontologie, est
un cas d'espèce. Vous avez parfaitement raison et d'ailleurs tout le
monde en est conscient. C'est une des raisons pour lesquelles, dans le contexte
actuel des négociations pan-canadiennes, toutes les provinces et le
gouvernement fédéral s'entendent pour dire que dans la
révision actuelle des lois, des institutions financières - pas
les banques parce que le gouvernement fédéral a dit qu'il allait
attendre à la prochaine législation, en 1990 -dans les
législations touchant les compagnies d'assurances, les compagnies de
fiducie et, au Québec, les caisses d'épargne, des règles
très sévères seront imposées à tous les
professionnels qui vont travailler pour une institution financière. Les
premiers visés sont les comptables.
Deuxièmement, les actuaires sont aussi directement visés.
Et troisièmement, les avocats. Selon les projets de législation
en cours, on l'a vu en Ontario et ce sera également possible au
Québec, les professionnels, qui savent que leur institution est dans une
position qui enfreint la loi, seront dans l'obligation de le dénoncer
à l'autorité publique. C'est aller très loin. Mais je
crois
qu'on est rendu à un point où il faut exiger des
professionnels de participer à la surveillance et au contrôle des
institutions financières puisqu'il n'est plus possible, à partir
d'une autorité publique, de s'acquitter de cette tâche. Le
problème est trop considérable.
Par exemple, ce principe a été reconnu au Québec
lorsque, il y a deux ans, nous avons adopté le projet de loi 75. La
réforme qui a été entreprise, l'a été sur le
principe de la décentralisation de la responsabilité. Le premier
point dans cette loi, c'est de rendre le conseil d'administration plus
responsable de la gestion de son institution. Le deuxième touche les
professionnels. Nous avons exigé -ce qui ne se fait pas nulle part.au
Canada -la certification des réserves par des actuaires pour les
compagnies d'assurances générales. Cela ne se fait pas au Canada,
sauf au Québec. Nous l'avons exigé. Et, le troisième point
renforce considérablement les règles des conflits
d'intérêts et les règles du code d'éthique au niveau
des institutions. Mais, le problème des comptables c'est le
problème des professionnels de façon générale.
C'est exactement ce que nous faisons, c'est exactement ce sur quoi nous
travaillons. Que l'ordre des comptables y consente ou non. Cela fera partie, M.
le député, des exigences des lois qui régiront les
institutions financières. Cela sera dans les lois organiques. C'est la
seule façon de le faire.
M. Garon: Mais vous ne croyez pas qu'il serait possible de le
faire dans les dispositions concernant l'acte de fiducie. Il serait possible de
mettre des dispositions dans la législation concernée.
M. Bouchard: Des dispositions dans l'acte de fiducie, M. le
député.
M. Garon: Dans la législation, dans le Code civil
lui-même.
M. Bouchard: Dans la Loi sur les pouvoirs spéciaux des
corporations, les formalités juridiques qui doivent être
observées par une institution, pour obtenir valablement une garantie sur
des biens qui autrement ne seraient pas admissibles, sont prévues. Je ne
crois pas qu'il faille se limiter uniquement à cette loi, parce que le
problème des comptables n'est pas unique à la prise de
contrôle possible des actifs par une institution. Le problème des
comptables est plus vaste que cela. C'est un cas d'espèce où,
è la fois, le comptable était l'administrateur, le
dépositaire et le fiduciaire.
M. Garon: C'est ça, oui.
M. Bouchard: Oui. Alors, c'est cela.
M. Garon: Oui, si on porte différents chapeaux, il est
possible, par exemple... Il n'y a pas seulement cela.
M. Bouchard: Exactement. C'est la raison pour laquelle, dans les
lois organiques des institutions financières, on sera beaucoup plus
sévères pour les professionnels qui auront des rôles
à jouer è quelque titre que ce soit. Et, accompagné d'un
travail qui se fait actuellement sur la plan canadien et dans la recommandation
qui sera faite par la commission Insley... D'ailleurs, l'Ordre canadien des
comptables a admis qu'il allait réviser ses normes et qu'il était
consentant à le faire.
Alors, on s'en va tranquillement. C'est ce qu'on est en train de faire.
Mais pas à la pièce.
M. Garon: Je vais demander au ministre des Finances qui, au fond,
est le ministre responsable de la législation - je comprends que ce
n'est pas seulement à M. Bouchard de répondre à cette
question - s'il a l'intention d'adopter les mesures nécessaires. Dans le
rapport Marceau, par exemple, il est écrit: La commission recommande de
créer, de mettre sur pied et d'animer un organisme ou comité
fédéral-provincial qui fera la promotion d'une remise en question
globale de la Loi sur les banques, son étendue et son application, dans
le but de clarifier les droits et les obligations de chacun.
Le rapport Marceau est très dur pour le comportement des banques.
Entre autres, par exemple, il y est indiqué - et il faut se demander si
la banque n'aurait pas été sujette à une poursuite
pénale pour avoir été celle qui a prescrit et
autorisé les infractions commises par Pêcheurs unis et
Madelipêche en les empêchant de remettre les déductions
è la source dues au fisc - que la banque a empêché la
compagnie de remettre des déductions fiscales qui avaient
été prélevées à même les salaires des
employés pour qu'elles se retrouvent dans le compte de la banque
plutôt qu'au ministère du Revenu.
Même chose pour le gouvernement fédéral. Ne
pensez-vous pas que cette recommandation de la commission Marceau devrait
être mise en application le plus rapidement possible? Quand bien
même il s'agirait d'un des aspects... Qu'une entreprise, une banque en
particulier, ou une institution financière ne puisse pas piger dans les
revenus du gouvernement et retirer l'argent à son compte alors que cet
argent a été perçu pour quelqu'un d'autre? Le ministre des
Finances a-t-il l'intention de mettre en application la recommandation 3 du
rapport Marceau?
M. Levesque: Je voudrais dire au député de
Lévis que, s'il m'avait prévenu
qu'il voulait discuter du rapport Marceau -j'aurais aimé qu'il me
le dise - j'aurais apporté le rapport avec moi. Ceci étant
dit...
M. Garon: Je ne m'attends pas... Le ministre a quand même
des fonctionnaires. II a des gens qui ont... J'imagine que le rapport
Marceau... Pour une fois, au Québec, qu'on enquêtait vraiment sur
les pratiques des institutions financières - pas seulement les banques,
les banques et toutes les institutions financières - j'ose croire que
quelqu'un au ministère des Finances s'est intéressé
à cette question.
M. Levesque: Disons tout d'abord, pour éclairer la
commission, que, depuis 1983, le ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives a été aboli
par l'ancien gouvernement et que la nouvelle structure fait en sorte que
l'Inspecteur général des institutions financières ne fait
pas partie du ministère et, selon la volonté du
législateur, sur proposition de l'ancien gouvernement, il est devenu une
entité autonome se rapportant directement au ministre.
Deuxièmement, lorsque le député de Lévis
parle de cette recommandation, si j'ai bien entendu - parce que je n'ai pas le
texte devant moi - la recommandation touchait la Loi sur les banques. Or,
est-ce que le député voudrait bien répéter? Dans ce
cas, c'est ce que j'ai compris ici et c'est ce que l'Inspecteur
général a compris également.
Si cela touche la Loi sur les banques, on comprendra facilement qu'il
s'agit là d'un domaine de juridiction fédérale.
M. Garon: Mais la recommandation est de créer, de mettre
sur pied et d'animer un organisme ou comité
fédéral-provincial qui fera la promotion d'une remise en question
globale de la Loi sur les banques, son étendue et son application dans
le but de clarifier les droits et les obligations de chacun.
Je peux continuer, si vous le voulez. Il n'y a pas seulement cette
recommendation-là. On dit, à la recommandation suivante, que la
législation soit plus spécifique dans le cas des institutions
financières. Elle devrait prévoir que ces dernières ne
peuvent autoriser le paiement des salaires nets sans approuver le versement
à qui de droit de toute somme normalement retenue sur lesdits salaires
ou normalement payés par l'employeur sous peine de sanction
pénale. Dans le cas dont on parle, il s'agissait, è ce
moment-là, et on peut le voir dans le rapport, de déductions qui
ont été faites, pour des paiements de primes de compagnies
d'assurances alors qu'il y avait une assurance collective à
Madelipêche. Cela n'a pas pu être fait parce que les directives
sont venues de l'institution financière, selon lesquelles l'argent
venait dans ses coffres. Qu'est-ce qui est arrivé? Les employés
ont payé pour une assurance et ils n'on pas eu l'assurance! Ils n'ont
pas été assurés parce que l'institution financière
a pris l'argent à sa place, alors que les déductions sur les
chèques des employés ont été faites pour payer les
primes d'assurance. On ne peut pas se laver les mains en disant que cela
regarde seulement la Loi sur les banques! Si vous le voulez, je vais vous lire
les recommandations? II y en a quatorze. Non, non! Je pense que cela serait
bon. Les institutions financières sont visées d'un bout à
l'autre, là-dedans! Et on a aussi les conclusions qui disent ce qui se
passait plus précisément. "Recommandations. "La commission
recommande; "1. Que les autorités compétentes et responsables
cherchent et trouvent des solutions aux problèmes d'approvisionnement
continu des marchés domestiques en poissons frais provenant autant que
possible des régions maritimes québécoises." On s'en est
occupé! "2. La prise de mesures plus incitatives pour promouvoir la
consommation des produits péchés dans les eaux
québécoises par nos pêcheurs." C'est la partie qui
concernait le domaine des pêches. "3. De transmettre sans délai au
syndic à la faillite des Pêcheurs unis et à chacun des
inspecteurs un exemplaire du présent rapport afin qu'ils puissent
prendre, s'il y a lieu et en délai utile, les recours légaux
appropriés." Cela aussi a été fait. "A. De créer,
de mettre sur pied et d'animer un organisme ou comité
fédéral-provincial qui fera la promotion d'une remise en question
globale de la Loi sur les banques, son étendue et sort application, dans
le but de clarifier les droits et les obligations de chacun." Cela concerne le
Québec... plutôt le ministère des Finances. "5. Que la
législation soit plus spécifique dans le cas des institutions
financières. Elle devrait prévoir que ces dernières ne
peuvent autoriser le paiement des salaires nets sans approuver le versement
à qui de droit de toute somme normalement retenue sur lesdits salaires
ou normalement payée par l'employeur, sous peine de sanction
pénale."
Un vice-président de banque, un dirigeant de banque dit que
l'argent s'en va là, et les employés ne sont pas
protégés alors que c'est leur argent à eux, ce n'est pas
l'argent de la banque, c'est l'argent des employés qui est diverti pour
des institutions financières. Si ce n'était des financiers qui
faisaient cela, il y aurait eu des poursuites pour fraude. Comprenez-vous?
Alors que, quand ce sont des financiers, tout devient permis. Je vous le dis,
ce rapport sur le
comportement des institutions financières... Des fois, on
vérifie comment la boxe fonctionne comme dans le rapport Bernier, par
exemple. Dans les institutions financières, je vous dis que ce n'est pas
plus édifiant quand on voit ce qui s'est passé quand on lit le
rapport sur Madelipêche. Et là, on ne peut pas dire que, parce
que, dans le domaine financier, on a toujours l'air endimanchés, on n'a
pas d'obligations et que le pauvre monde peut se faire voler - je ne
ménage pas mes mots, c'est celai - par des institutions
financières. Dans le cas de Madelipêche, vous savez qu'il y a deux
personnes qui sont décédées et les assurances
n'étaient pas là! Évidemment, il y a autre chose qui est
arrivé ensuite pour d'autres raisons, mais ce n'est pas normal. Je
continue. "6. Que les différents ministères impliqués
surveillent et analysent les agissements des institutions bancaires en relation
avec les remises obligatoires par l'employeur et voient à ce que la loi
soit appliquée dans toute sa rigueur. Il faudrait également
prévoir dans les lois pénales l'obligation de rembourser."
C'est beau, celai Le gars met l'argent dans ses poches et après
cela il dit: Qu'est-ce que tu veux? On ne peut plus rien faire. Quelqu'un qui a
pris de l'argent qu'il n'avait pas d'affaire à prendre doit le remettre.
C'est la règle normale. Il y a une recommandation qui vise les
différents ministère concernant les institutions
financières. "7. Que dans des lois relatives au régime..."
Étoutez bieni Je ne sais pas si cela intéresse directement
l'inspecteur général des finances, mais cela doit
intéresser le ministre des Finances...
M. Levesque: J'aimerais attirer l'attention du
député. Il ne faut pas se tromper lorsqu'il parle de l'inspecteur
général des finances. Ce n'est pas l'inspecteur
général des finances, c'est l'Inspecteur...
M. Garon: Des institutions financières.
M. Levesque: Oui, et c'est une grosse différence. Je ne
voudrais pas qu'il emploie cette expression-là...
M. Garon: Non, non.
M. Levesque: ...pour créer de la confusion.
M. Garon: Non, non. D'accord. Je parle toujours de
l'inspecteur... Je parle surtout au ministre.
M. Levesque: Parlez à qui vous voudrez, mais parlez comme
il faut.
M. Garon: D'accord. On va dires Inspecteur général
des institutions financières pour ne pas qu'il y ait confusion de
termes. Mais là, je parle au ministre. "7. Que, dans les lois relatives
aux régimes supplémentaires de rentes ou de caisses de retraite,
soient incluses des normes visant à l'imputabilité. Si la
responsabilité des intervenants, des administrateurs ou des
gestionnaires était personnellement engagée, tant en
matière civile qu'en matière pénale, la qualité de
la gestion pourrait être avantageusement assurée." Cela vaut la
peine de lire le rapport Marceau. Vous savez que sur la gestion des fonds
publics et surtout des fonds de retraite où on voit ce qui s'est
passé là-dedans, c'est incroyable et que cela soit possible dans
une société qu'on dit civilisée comme le Québec,
bien c'est le Far West. Là-dedans, nos lois semblent permettre cela.
Je vais revenir sur toutes ces questions parce qu'on n'aura pas beaucoup
de temps pour analyser autre chose ce matin. Il y a du jus là-dedans. Je
vais vous dire une chose: Je vais en faire un devoir personnel. J'ai
enseigné les institutions financières à
l'Université Laval pendant des années. Je me suis rendu compte
à quel point il y avait des trous là-dedans. Quand c'est du petit
monde qui est visé, là tout est permis. J'ai vu devant les
tribunaux des femmes poursuivies pour 2 $ parce qu'elles avaient volé un
petit cadeau de 2 $, pour leur famille, n'ayant pas d'argent pour l'acheter.
Elles étaient devant le tribunal au criminel. Mais quand on voit ce qui
est possible dans les institutions financières sans qu'il y ait de
poursuite, je trouve cela anormal. Quand j'ai vu ce qui s'est passé dans
Madelipêche, c'est moi qui ai demandé la commission
d'enquête et il y en a eu une. Heureusement, elle est arrivée
à des conclusions et elle a démontré des choses. Mais
est-ce seulement un beau document à lire ou si c'est pour application?
C'est pour cela que les quatorze recommandations qu'il y a là-dedans, je
vais intervenir régulièrement là-dessus parce que je pense
qu'elles doivent être appliquées. "8. Que toute personne,
comprenant de façon non limitative l'assureur, le gestionnaire,
l'administrateur, l'expert-conseil, l'analyste de la régie, qui permet
que les règlements d'un régime comportant des normes
discriminatoires pour les participants au détriment des autres, devienne
responsable personnellement, tant civilement qu'en matière
pénale." Ce ne sont pas des gens à 15 000 $ par année
qu'on vise. On a vu hier ce qu'était le salaire moyen. Ils nous ont dit
que les grands cadres de - ces grandes entreprises-là, c'était
plutôt autour de 150 000 $. J'imagine qu'à 150 000 $, on a des
obligations aussi. On voit aujourd'hui ce qui est visé, au fond. Des
gens qui permettent que cela se fasse car là aussi, on
montre dans le document ce qui a été fait
là-dedans, ce qui s'est passé vis-à-vis des gens qui
n'avaient pas de gros revenus, qui ne travaillaient même pas douze mois
par année. J'imagine que cela va intéresser
particulièrement le ministre des Finances parce que cela se passe dans
le territoire maritime. Cela se passe chez des employés d'usines de
pêche qui ne gagnent pas cher, qui travaillent des grosses
journées et qui ont le droit à leur fonds de retraite et ils ont
le droit à ce que des initiés ne jouent pas dans le fonds de
retraite. Il y a des pratiques qui sont montrées là-dedans qui
ont été possibles, qui se sont passées et au
détriment de la masse du fonds de retraite. Quand on dit: Au
détriment de la masse du fonds de retraite, cela veut dire que s'il y en
a qui en prennent plus que d'autres dans le fonds de retraite, il en reste
moins pour les autres.
Je continue. "9. Que les clauses discriminatoires dans les
régimes soient réputées non écrites - cela touche
le Québec directement - et non avenues et que la Régie des rentes
du Québec entreprenne, sur avis de la Commission des droits et
libertés, de corriger ou de faire corriger tout règlement d'un
régime qui contreviendrait à la Charte des droits et
libertés. "10. S'il s'avère que la Commission des droits et
libertés ne partage pas cette interprétation, que les
règlements d'application de l'article 20 de la charte devant être
édictés sous l'article 86.8 de cette charte excluent de la
présomption de non-discrimination de telles préférences
à des catégories d'employés lorsque les taux de
contribution sont uniformes." C'est assez précis. Pourquoi? Parce que
nos lois, actuellement, peuvent laisser aller des affaires comme cela et vous
savez que dans les fonds de retraite, ce ne sont pas tous les employés,
tous les petits employés qui savent ce qui se passe dans le fonds de
retraite. Ils ne sont pas administrateurs du fonds de retraite et on sait
à quel point cela peut être compliqué quand on parle de
régime actuariel, de toutes ces questions complexes à des gens
qui paient, mais qui ne savent pas nécessairement ce qui se passe. (10 h
45) "11. Que les ministères du Revenu fédéral et
provincial examinent la façon dont la rente de Guy Bernier a
été constituée et déterminent si les contributions
versées par Pêcheurs unis depuis 1977 dans son fonds de retraite
constituent ou non un revenu imposable reçu par celui-ci et, dans
l'affirmative, que soit vérifié si ses déclarations en
font état. "12. Que le syndic de- la Corporation professionnelle des
comptables agréés entreprenne les démarches
nécessaires afin qu'un comité de discipline se prononce sur la
conduite des membres de la firme comptable
Raymond Chabot, Martin Paré et Cie. "13. Que le code de
déontologie des comptables agréés soit amendé - je
sais que c'est une loi fédérale, c'est C-46-R-2 - afin que la
prohibition contenue à l'article 3.02.09 de ce code s'applique aux cas
de prise de possession réelle ou déguisée en vertu d'actes
de fiducie de l'article 178 de la Loi sur les banques et aux cas de mandats de
gestion confiés par un créancier et à son profit. "14. Que
dans le cas d'une prise de possession - cela vise aussi le Québec
directement - ou d'un mandat de gestion, les honoraires exigés par les
mandataires d'une institution financière soient approuvés par la
cour avant d'être acquittés, comme le sont les honoraires du
syndic en matière de faillites." Au fond, on est en train de dire, au
contraire, que c'est la loi québécoise qu'il faudrait ajuster,
parce que la loi du syndic le prévoit. Autrement, les institutions
financières nomment des mandataires à des honoraires faramineux
et sans que personne puisse dire un mot alors que celui qui commence à
être serré financièrement n'est pas dans une forte position
pour négocier et peut se faire tordre facilement. On prévoit que
dans ces cas, en cas d'une prise de possession ou d'un mandat de gestion, les
honoraires exigés par les mandataires d'une institution
financière soient approuvés par la cour. Cela normaliserait sans
doute le niveau des honoraires pour le travail à effectuer.
Peut-être qu'à ce moment-là, on penserait plus à
nommer des gens qui vont redresser l'entreprise qu'à la liquider.
Ces recommandations - il s'agit des 14 recommandations... Il y a
également les 33 conclusions qui indiquent pratiquement ce qui s'est
passé dans les cas d'espèce. Je lis dans ce cas-ci qu'il y a 14
recommandations qui concernent les politiques gouvernementales, les niveaux de
législation. Qu'est-ce que le gouvernement va faire? J'ai lu les 14
recommandations. Mais il y a différentes mesures qui touchent le
gouvernement du Québec. Je comprends que c'est récent, que les
conclusions ne sont peut-être pas arrivées immédiatement.
Mais je veux connaître l'intention du ministre vis-à-vis de ces
recommandations, puisqu'il s'agit d'un rapport qui a été
publié le 21 septembre 1984 et que ses fonctionnaires devraient
être prêts à lui faire des recommandations, mais surtout
l'intention du ministre vis-à-vis de la protection des gens qui ne sont
pas protégés actuellement face aux institutions
financières.
On a toujours dit qu'un professionnel, sur la foi de son serment
d'office... Il y a des syndics pour surveiller les professionnels. Il y a
surtout des lois qui devraient surveiller les actes aussi, parce que les gens
doivent être protégés, surtout vis-à-vis des
institutions qui ont le gros bout du bâton par rapport à d'autres
petites ou moyennes
entreprises ou des individus.
M. Levesque: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Je veux assurer cette commission que nous sommes
très sensibles à la protection de tous ceux qui ont justement
besoin de l'État pour faire en sorte que leurs droits soient
respectés et qu'on évite è leur endroit toute injustice.
C'est d'ailleurs l'un des aspects du rôle que joue l'Inspecteur
général des institutions financières en ce qui le concerne
directement de par la loi constitutive de l'Inspecteur général
des institutions financières. Donc, sur la question des principes, sur
la question de la volonté de protéger l'épargne, de
protéger les sommes qui appartiennent aux gens, particulièrement
ceux qui peuvent être affectés par certaines transactions qui ne
seraient pas de nature à être encouragées, il n'y a pas de
problème. Je comprends que l'ancien ministre, le député de
Lévis, nous fasse part ce matin des recommandations d'un rapport d'une
commission. II faut bien se rappeler que ces recommandations datent de
septembre 1984. Elles s'adressent à une foule d'intervenants, autant du
côté du gouvernement fédéral, du gouvernement du
Québec et d'autres institutions, en particulier des corporations
professionnelles et des institutions qui n'ont pas simplement une base
uniquement au Québec. Cela date de septembre 1984. Le ministre ne nous a
pas dit ce que son gouvernement a fait, sauf qu'il a évoqué
rapidement ce qu'il avait fait, lui, du coté de son ministère,
mais il ne nous a pas indiqué ce que les autres, ses collègues,
ont fait, parce qu'il a parlé des responsabilités du
ministère du Revenu, de la Commission des droits et libertés, de
la Régie des rentes du Québec et d'autres qui touchent divers
ministères du gouvernement.
De plus, plusieurs de ces recommandations touchent directement des
responsabilités de juridiction fédérale,
particulièrement en ce qui concerne la loi des banques et le ministre
s'est surtout insurgé contre certaines pratiques touchant, justement,
une institution bancaire. Quant à moi, j'arrive au ministère des
Finances et ce n'est pas comme titulaire du ministère des Finances, je
le répète, que cette responsabilité m'échoit quant
aux institutions financières, mais comme ministre responsable devant
l'Assemblée nationale de l'Inspecteur général des
institutions financières qui pourra nous dire ce qui le touche, pour
autant qu'on ait pu s'adresser à sa responsabilité comme
Inspecteur général des institutions financières à
partir de septembre 1984. Au contraire, si l'Inspecteur général
des institutions financières peut nous éclairer, je n'ai pas
d'objection à ce qu'il le fasse. Mais je ne voudrais pas qu'on attribue
toutes ces recommandations et leur mise en oeuvre au seul Inspecteur
général des institutions financières, parce qu'il y a une
foule de personnes physiques ou morales auxquelles s'adressent ces
recommandations. Ceci étant dit, j'inviterais maintenant l'Inspecteur
général des institutions financières à donner son
point de vue sur cette question.
M. Bouchard: Merci, M. le ministre. Je pense qu'il serait
important, pour des fins de clarification du débat, de préciser
les termes. Ce comité, ce rapport utilise partout l'expression
générale "institution financière". Mais institution
financière est un terme générique qui comprend des
banques, des compagnies d'assurance-vie, des compagnies d'assurances
générales, des compagnies de fiducie, des compagnies de
prêt, des caisses d'épargne. Ce n'est pas de cela que discute le
rapport. Il a visé particulièrement le cas sur lequel ces gens se
sont penchés qui était plus particulièrement une banque,
qui était directement concernée, è qui on a
reproché des actes qui sont contenus. Bon, c'est le point de
départ. Beaucoup des recommandations que l'on retrouve dans ce rapport,
on voit qu'il parle entre autres... Là, on va peut-être les
reprendre une à une: Créer et mettre sur pied, animer ' un
organisme ou comité fédéral-provincial qui fera la
promotion d'une remise en question globale de la Loi sur les banques. Je
n'ai-reçu aucun mandat de participer à la création d'un
tel comité pour réviser la Loi sur les banques. Je n'en ai pas
eu, parce que ce n'est pas mon secteur, les institutions financières,
les banques.
M. Garon: C'est pour cela que je ne vous ai pas posé la
question là-dessus. Quand les questions concernaient le ministre, je les
lui ai posées, parce que le ministre, c'est évident que ce n'est
pas un organisme administratif, il y a peut-être du travail qui s'est
fait à différents ministères où on a pu vous
demander un avis. Ce n'est pas ça que je veux dire. C'est pour cela que
j'ai posé la question au ministre. Il me semble que dans ce
cas-là, le ministre des Finances est le plus concerné.
M. Bouchard: J'ai commencé par vous répondre...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Levesque: J'interviendrai immédiatement, si on me le
permet. Je n'étais pas ministre au moment où ces recommandations
ont été faites et je n'ai pas reçu de mon
prédécesseur d'indications selon lesquelles il avait posé
quelque geste
que ce soit. Il faudrait que je demande à mes trois
prédécesseurs - j'en ai eu trots depuis ce temps-là -
s'ils ont donné de telles instructions, s1 ils ont
réfléchi sur ces recommandations et quelle est l'attitude qu'ils
ont prise. L'Inspecteur général des institutions
financières nous dit qu'il n'a pas reçu de mandat de mes trois
prédécesseurs. Que voulez-vous que je fasse?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Un instant: M. le Président. Le ministre des
Finances ne peut pas s'en tirer comme cela. Le rapport a été
signé le 21 septembre 1984 et a été rendu public quelques
semaines plus tard, c'est-à-dire à la fin de l'année 1984.
Ensuite, il a été acheminé aux différents
ministères touchés. Il y en a qui sont touchés plus que
d'autres et il y en a qui ne sont pas touchés du tout. C'est
évident qu'il faut qu'il y ait une analyse et des conclusions, et lire
le rapport, qui est assez volumineux. Il ne faut pas penser que le ministre
peut dire: Mes prédécesseurs n'ont pas donné de mandat. Il
fallait d'abord qu'il travaille un peu dans ce sens-là. Pour faire
quelque chose, c'est évident que je ne m'attendais pas que l'inspecteur
des finances ait travaillé à la mise sur pied du comité
fédéral-provincial.
M. Levesque: Ce n'est pas l'inspecteur des finances.
M. Garon: L'Inspecteur général des institutions
financières. L'inspecteur des finances a travaillé à ce
rapport-là. Vous le lirez.
M. Levesque: Qui est-ce, l'inspecteur des finances'' Cela
n'existe pas.
M. Garon: C'est l'inspecteur des finances, je ne sais plus son
nom.
Une voix: Le vérificateur?
M. Garon: Non, pas le vérificateur. Il est au
ministère des Finances.
M. Levesque: II n'y a pas d'inspecteur des finances. Changez donc
votre vocabulaire. C'est l'Inspecteur général des institutions
financières. S'il y a un autre personnage au ministère de9
Finances, j'aimerais bien que le député de Lévis nous dise
de qui il s'agit et, ensuite, on pourra le consulter.
M. Garon: ...au ministère des Finances, j'avais eu affaire
à travailler sur cette question-là. Je reviendrai sur cela
d'ailleurs. Ce n'est pas l'objet de mon propos. Je reviendrai sur cela et si
vous voulez qu'on vous passe des documents, on vous en passera pour vous mettre
au courant parce que les gens chez vous étaient plus au courant que vous
ne le pensez.
Quand on dit qu'il doit y avoir des lois plus spécifiques dans le
cas des institutions financières, personne ne s'attendait que, dans les
trois mois, ces projets de loi soient présentés et
adoptés. Par exemple, concernant les différents points qui ont
été mentionnés, le fédéral n'est pas plus
visé que le provincial. Il y a des institutions fédérales,
on a parlé des banques, mais les compagnies d'assurances sont
visées. On dît, par exemple, qu'on est obligé de remettre
les sommes nettes, cela ne vise pas uniquement les banques. Il y en a d'autres
qui peuvent jouer un rôle quand ils ont des placements ou quand ils se
mettent en position pour dire quelque chose et pour donner des mandats de
gestion. Il n'y a pas que les banques qui donnent des mandats de gestion, il y
a d'autres institutions financières qui en donnent quand on
éprouve des difficultés financières, quand les
institutions prêtent de l'argent. Il n'y a pas que les banques qui
prêtent de l'argent.
M. Bouchard: Ce sont des institutions financières, mais
pas des compagnies d'assurances.
M. Garon: Non, mais ça dépend du genre de
prêt qui a été fait.
M. Bouchard: Non, les compagnies d'assurances n'ont pas le droit
de se prévaloir de la loi et des pouvoirs spéciaux des
corporations et de prendre les charges flottantes sur les entreprises et de
faire des actes de fiducie. Elles n'ont pas le droit.
M. Garon: C'est quand elles font des prêts et que leurs
mises...
M. Bouchard: Les compagnies d'assurances, M. le
député, ne font que les prêts prévus par la Loi sur
les assurances, qui sont des prêts conventionnels. Elles font des
prêts garantis par hypothèque ou des prêts personnels...
M. Garon: Est-ce qu'elles font des actes de fiducie''
M. Bouchard: Elles font des actes de fiducie, mais pas de nature
commerciale du même genre que celle des banques.
M. Garon: Je comprends cela.
M. Bouchard: Ce n'est pas une compagnie d'assurances qui peut
prêter, par exemple, à Madelipêche sous forme de ligne de
crédit, ce qui a été le cas. Une compagnie d'assurances
n'a pas le droit de
prêter sur des lignes de crédit.
M. Garon: Elle fait des actes de fiducie.
M. Bouchard: Oui, mais sur des prêts conventionnels pour
garantir, par exemple...
M. Garon: Oui.
M. Bouchard: Lorsqu'elle fait un prêt sur un motel...
M. Garon: Oui, j'admets tout cela, mais la compagnie d'assurances
vis-à-vis l'entreprise, quand les firmes ont le même chapeau sur
quatre ou cinq chapeaux en même temps, a un mot à dire.
M. Bouchard: Je ne vous comprends pas. (11 heures)
M. Garon: C'est simple. Quand quelqu'un arrive dans une
compagnie, qui est le comptable, le vérificateur, qui est le
contrôleur, et vous avez la même firme qui joue tous les
rôles alors que ça devrait être des rôles
différents parce que ce sont des fonctions différentes, il y a
des conflits d'intérêts. Les gens qui ont prêté de
l'argent ont un mot à dire. C'est dans ce sens-là que je dis
qu'on touche toutes les institutions financières à
différents niveaux, pas sur les mêmes aspects.
M. Bouchard: Si vous voulez, on va reprendre tranquillement -
est-ce qu'on a le temps? - chacun des points que vous avez soulevés.
M. Garon: Oui.
M. Bouchard: "4. De créer...
M. Garon: D'accord.
M. Bouchard: Pardon?
M. Garon: D'accord, "4...
M. Bouchard: "...de créer, mettre sur pied et animer un
organisme ou comité fédéral-provincial qui fera la
promotion de leur remise en question globale de la Loi sur les banques..." Ce
n'est pas possible. La Loi sur les banques au Canada est de juridiction
fédérale.
M. Garon: Oui, mais il faut lire l'article.
M. Bouchard: Cela ne s'est jamais vu, la création d'un
comité pancanadien pour mettre en question son étendue et son
application dans le but de clarifier les droits et obligations de chacun.
M. Garon: Écoutezl Ce n'est pas administratif. C'est une
décision politique de créer... Et ce n'est pas à vous de
répondre à cela. D'abord, cette question ne s'adresse même
pas à vous.
M. Bouchard: Je vous explique pour vous dire que, même
si...
M. Garon: Créer et animer un comité. Le
gouvernement du Québec a le droit de faire des représentations
à ce sujet. Il a le droit de dire qu'il considère que ces
questions doivent être remises en question, les problèmes qui sont
soulevés notamment dans le rapport pour que les gens soient plus
protégés dans leurs affaires avec les banques. Tout ce qu'on dit,
c'est qu'on a observé que, dans la pratique bancaire, il y a des choses
qui doivent être corrigées. Le rapport Porter en indiquait
beaucoup. On a vu des changements qui ont été faits et, 20 ans
après, on s'aperçoit que les mêmes problèmes
existent encore, notamment par les administrateurs de banques, les
administrateurs d'entreprises, où tout cela est interrelié, et
avec les gros prêts qui sont faits, au fond, à des administrateurs
qui sont eux-mêmes membres du conseil d'administration des banques. On
voit que le rapport Porter, au fond, n'a pas corrigé la situation qu'il
devait corriger. Quand on s'aperçoit de cela sur le territoire, nous
autres, on administre le droit civil et on dit: On n'a rien à dire
là-dedans; on laisse faire cela.
M. Levesque: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Garon: Voyonsl Ce qu'on dit tout simplement ici, c'est
que.».
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
M. Garon: Je suis en train de parler.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, j'aimerais vous faire remarquer que le député de
Sainte-Anne a demandé la parole tout à l'heure. Je vous laisse
continuer. Vous avez utilisé plus de 20 minutes et le temps de parole en
vertu des articles que vous connaissez tout aussi bien que moi, les articles
284 et 209 des Règles de procédure de l'Assemblée
nationale, est de 20 minutes en une ou plusieurs interventions. Je vous laisse
continuer. Je n'ai pas d'objection, mais j'aimerais quand même que...
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Si c'est cela que vous voulez appliquer, le droit de
parole de 20 minutes, alors suspendons immédiatement et retournons au
leader. Vous remarquerez ici, que j'ai le rapport de la commission
parlementaire de l'an dernier où le temps est occupé è 100
% par l'Opposition officielle...
Des voix: C'est vrai.
M. Garon: ...et qu'il y a des ententes entre les leaders et ces
ententes doivent être respectées. Maintenant, si c'est cela, qu'on
le dise...
M.. Chagnon: Question de règlement, M. le
Président.
M. Garon: ...on va suspendre tout de suite et' on va aller
voir...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, question de règlement. Voulez-vous citer l'article du
règlement, M. le député de Saint-Louis?
M. Chagnon: L'article 41.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, vous venez de rendre un
jugement qui est contesté par un membre de cette commission
parlementaire. On n'est pas censé faire cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Non, ce n'est pas cela que j'ai dit. Au contraire, j'ai
dit qu'il y a des ententes qui ont été faites entre les deux
partis et que 90 % du temps est à l'Opposition.
M. Chagnon: C'est inscrit où dans le règlement?
Question de directive.
M. Bélisle: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Mille-Îles...
M. Garon: Si la parole de votre leader ne compte pas, à ce
moment-là, suspendons...
M. Polak: II n'y a rien à suspendre. Hier soir, vous
étiez parti...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. le député de Mille-Îles, question de
règlement.
M. Bélisle: Ce que je ne comprends pas, M. le
Président, c'est qu'au début des débats - peut-être
que M. le député de Lévis, comme d'habitude,
n'était pas présent en début d'assemblée, hier
matin - vous avez très clairement indiqué qu'il n'y avait aucun
précédent en droit parlementaire quant aux fameuses soi-disant
proportions de 90 % et de 10 %...
M. Garon: Je peux déposer les débats de l'an
dernier.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, avez-vous terminé votre intervention?
M. Bélisle: Je n'ai pas terminé mon
intervention.
M. Garon: II n'y a pas de tradition.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer, M. le
député de Mille-Îles.
M. le député de Mille-Îles, s'il vous
plaît!
M. Bélisle: M. le Président, je pense que c'est
important. Si l'Opposition veut que les députés jouent leur
rôle comme ils doivent le jouer, c'est-à-dire un rôle de
contrôle et de surveillance et des deux côtés de la Chambre
- pas simplement d'un côté, parce que cela se fait des deux
côtés de la Chambre - si vous voulez changer quelque chose au
Québec dans l'administration publique, M. le député de
Lévis, réveillez-vous là-dessus. On a passé sept
jours en commission parlementaire avec vous, au mois de février, et on a
perdu notre temps complètement. Aujourd'hui, vous faites une
intervention. On n'a même pas commencé à étudier les
crédits de l'Inspecteur général des institutions
financières. On parle d'un beau problème théorique.
Moi, M. le Président, je vais vous poser une question de
directive. Quand on est en commission parlementaire et qu'on étudie la
masse monétaire pour permettre le fonctionnement du service de
l'inspecteur général, est-ce qu'on a le droit, comme le fait te
député de Lévis, de s'attaquer à des questions de
rôles et de programmes généraux alors qu'on ne parle
absolument pas de crédits, de montants et de masse monétaire. Et
cela est la règle de la pertinence poussée...
Le Président (M. Lemieux): L'article 211.
M. Bélisle: L'article 211 est bien compris, je pense,
parce que, hier après-midi, M. le député de Lévis,
vous avez encore parlé de généralités. Vous avez
parlé de l'historique de la Caisse de dépôt dans le
sens de vous autogratifier comme ex-gouvernement. Ce n'est pas cela le
rôle de l'Opposition, ce n'est pas cela le rôle des
députés en commission parlementaire. On étudie les
crédits, on étudie des sommes, des masses monétaires, des
revenus qui sont affectés, de la masse fiscale gouvernementale pour le
fonctionnement de services. Parlons de cela. Jouons notre rôle, mais
cessons de commencer à faire du cirque autour de la table.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, sur la question de règlement.
M. Garon: M. le Président, je recommanderais au
député de Mille-Îles de lire les débats qu'il y a eu
antérieurement. C'est enregistré depuis plusieurs années.
Il se rendra compte, et je regrette son ignorance. II pourrait demander au
leader de son parti que... L'étude des crédits est justement la
période pour interroger le ministre sur ses intentions, sur sa
politique, sur ses orientations. Ce n'est pas uniquement une question
d'étudier les chiffres qui sont là, mais aussi ce qu'il va faire,
de quelle façon il va orienter ses politiques.
On remarquera que la grande partie -j'ai quand même
été plusieurs années dans ces commissions parlementaires;
à moins qu'il veuille dire que son parti travaillait d'une façon
folichonne - mais la grande partie des débats était justement
pour poser des questions sur des orientations, à plus forte raison quand
le gouvernement vient de changer. Le gouvernement vient de changer. Il est
important de connaître quelles sont les orientations du nouveau
gouvernement et de demander cela au ministre. Je regrette, si le
député de Mille-Îles ne comprend pas cela, il ne sait pas
comment cela fonctionne et il faudra qu'il lise comment cela se passe dans les
différents Parlements dans le monde, comment cela s'est passé
dans notre Parlement depuis qu'il y a des débats parlementaires - je
n'irai pas avant - et il verra que le but d'une commission parlementaire est de
connaître les intentions du gouvernement. Et c'est ce que je fais
actuellement. C'est cela qu'il est important de faire.
Maintenant, l'Opposition a le droit de privilégier... Si je veux,
dans ce domaine - je les regarde les crédits, n'est-ce pas - et je peux
voir...
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement, M. le député.
M. Garon: Non, non. Si je vois là-dedans que 90 % de ce
qui est là est normal ou qu'il y a des choses qui sont normales, pour
lesquelles je n'ai... Je ne poserai pas de question.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de règlement.
Sur la question de règlement.
M. Garon: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, M. le député de Lévis. Sur la question
de règlement, M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, vous remarquerez que je pose
des questions au gouvernement. Je ne viens pas ici à l'école.
J'ai vu hier que des gens ont posé des questions, qu'ils ne savaient pas
quel était le rendement...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, sur la question de règlement, s'il vous plaît! Sur
la question de règlement, M. le député de Lévis.
Sur la question de règlement.
M. Garon: ...des placements... Oui, oui. Je parle de cela.
Le Président (M. Lemieux): Vous n'êtes pas sur la
question de règlement.
M. Garon: Je parle sur la question de règlement, oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, lorsque...
M. Garon: L'Opposition est là pour poser des questions au
gouvernement sur ses intentions et non pas pour poser des questions qui ne
servent à rien, pour demander, par exemple, quel est le rendement des
placements, pour se faire expliquer comment se fait la comptabilité
courante dans toutes les institutions financières. On n'est pas
là pour aller à l'école. Le rôle de l'Opposition est
un rôle inscrit dans les Parlements; elle est là pour interroger
le gouvernement, pour surveiller le gouvernement. Et c'est ce que nous faisons.
C'est là le rôle de l'Opposition, c'est le rôle que nous
jouons et c'est le rôle que nous allons jouer, et personne ne va me
dicter mes questions, personne ne va me dire comment je vais poser mes
questions.
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
ministre des Finances, sur la question de règlement, je vais permettre
deux autres interventions et, en vertu de l'article 41, premier paragraphe, je
vais me sentir suffisamment informé. M. le député de
Sainte-Anne et Mme la députée de Chicoutimi.
M. Polak: M. le Président, on a eu hier matin le
même débat.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement.
M. Polak: Sur la question de règlement. Parce qu'il n'y a
pas d'entente fixe de 90 % contre 10 %. Nous sommes tous conscients du fait que
l'Opposition aura plus de temps, c'est bien normal. Nous faisons ces
concessions. On ne demande pas du tout d'être traités sur un pied
d'égalité. Pas du tout. Sauf qu'on a des députés
ministériels qui veulent se faire valoir, qui ont des questions à
poser. D'ailleurs, depuis qu'on a commencé, il n'y a pas encore une
question posée par quelqu'un de notre formation. Tout ce qu'on demande
simplement, c'est d'avoir le droit de participer à ces débats
comme parlementaires. La formule de 90 %-10 % existait dans la
Législature précédente mais il y avait une autre raison,
parce que vous savez très bien, M. le député de
Lévis, qu'à ce moment-là on était presque sur un
pied d'égalité du point de vue du nombre de sièges
à la fin, tandis que maintenant c'est tout à fait
différent.
Ce n'est certainement pas notre intention de réclamer la
moitié du temps ou 40 %, mais certainement un peu plus de 10 %. C'est ce
qui est arrivé hier et cela a été fait dans une bonne
entente. On n'a pas eu de problème. On a eu le député
d'Abitibi-Ouest qui était votre porte-parole à ce
moment-là avec le président du Conseil du trésor, et cela
a bien fonctionné. Il n'existait pas de problème. On vous
demande... Aie! Je ne suis pas intervenu auparavant parce que je suis ici
depuis le début et là vous avez lu quatorze déclarations
dans un rapport et tout le reste...
Le Président (M. Lemieux}: Le règlement, s'il vous
plaît, M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Tout ce que je demande, c'est qu'on ait le droit de
poser maintenant des questions, de prendre un peu de temps. Toujours être
respectueux du fait que l'Opposition aura plus de temps que nous.
Le Président (M. Lemieux): Dernière intervention,
Mme la députée de Chicoutimi, avant que je puisse rendre ma
décision en vertu de l'article 41, premier paragraphe. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. Je suis assez heureuse d'entendre de la
bouche du député de Sainte-Anne qu'effectivement il y avait eu
une entente au moment où le parti ministériel était
à l'Opposition, entente selon laquelle ce serait partagé 10-90.
J'ai essayé de me faire dire cela, à un moment donné, pour
recevoir comme réponse qu'il n'y a pas eu d'entente à ce sujet.
S'il y a eu une entente lorsque vous étiez dans l'Opposition, est-ce
qu'on serait en train de nous dire que le discours qui valait pour vous,
lorsque vous étiez dans l'Opposition, ne serait plus pertinent
maintenant que c'est nous qui le sommes? Est-ce qu'il y aurait deux
règles dépendamment qu'on est dans l'Opposition ou au pouvoir? Il
me semble que la règle qui devrait prévaloir, ici, en commission
est sensiblement la même que celle qui prévaut au moment des
périodes de questions en Chambre où, on le sait pertinemment, la
chance d'expression est donnée à l'Opposition. C'est
exclusivement ce qu'on demande ici et ce qui nous apparaît normal et ce
qui a été donné, je pense, à l'Opposition, au
moment où ce parti était au pouvoir.
J'aimerais ici qu'on puisse convenir de cela. Depuis que je fais
quelques commissions parlementaires, je dois dire que, malheureusement, il me
semble que la commission parlementaire du budget et de l'administration est la
plus stricte à ce sujet et elle semble vouloir limiter le droit de
parole de l'Opposition.
Le Président (M. Lemieux): Bon! J'ai pris une
décision à savoir que c'était vraiment les deux
dernières interventions et je la maintiens. Ce sont les deux
dernières interventions et je me sens suffisamment informé. Dans
un premier temps, j'aimerais vous faire remarquer ceci. Quel est l'objectif de
la réforme parlementaire qui a été entreprise en 1984 au
niveau des commissions parlementaires? C'est la responsabilisation de
l'ensemble des députés. Comme président de cette
commission, qu'est-ce que j'ai à appliquer, qu'est-ce que j'ai à
faire en vertu de l'article 2 du règlement? J'ai à maintenir
l'ordre et à exercer tous les pouvoirs nécessaires à cette
fin; j'ai aussi à faire observer le règlement. Que disent les
articles du règlement? Les articles 284 et 209 font en sorte que le
temps de parole dont dispose chaque membre d'une commission vaut pour chaque
élément d'un programme et peut être utilisé en une
ou plusieurs interventions.
L'article 209 du même règlement nous dit que, dans le cas
du temps de parole accordé dans le présent cas, il est d'une
durée de 20 minutes. C'est le premier paragraphe de l'article 209.
L'article 33 nous dit que le député qui désire faire une
intervention doit se lever et demander la parole. L'article 155 dit ceci
relativement au temps de parole accordé au niveau de chacun des
députés: 'Toute commission peut du consentement unanime de ses
membres déroger aux règles relatives au temps de parole." Que je
sache, il n'y a pas eu ici de dérogation ni de consentement à
déroger au temps de parole qui doit être accordé en
vertu des articles 284 et 209.
Mme la députée de Chicoutimi et les membres des deux
groupes parlementaires, relativement au droit qu'ont les parlementaires de
s'exprimer, j'aimerais vous référer à une décision
rendue sous l'ancien gouvernement, en date du 13 avril 1985, devant la
même commission par le président à l'époque, il
s'agissait du député de Bellechasse, M. Lachanee, qui dit ceci
relativement aux règles qu'on doit respecter lors de l'étude des
crédits. Le président doit rechercher la participation du plus
grand nombre de députés aux débats. De3 droits individuels
des députés seront donc préférés aux droits
collectifs. Voilà, je pense, ce qui doit guider la présidence de
la commission parlementaire. Il y a des règles d'équité
dans la procédure qu'il nous faut respecter. J'entends les maintenir et
j'entends permettre aux deux groupes parlementaires de pouvoir s'exprimer dans
une proportion que je qualifierai de raisonnable.
Les droits d'un groupe parlementaire ne doivent pas brimer les droits
d'un autre groupe parlementaire. En conséquence, j'accorde la parole au
député de Sainte-Anne, M. Polak.
(11 h 15)
M. Garon: M. le Président, devant votre
interprétation et à la suite des ententes qui ont
été faites, je demande la suspension de la commission pour qu'il
y ait une rencontre entre vous et les deux leaders, celui du gouvernement et
celui de l'Opposition.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, j'ai le mandat de la Chambre de siéger jusqu'à 12 h
30. Nous allons siéger jusqu'à 12 h 30. M. le
député de Sainte-Anne, vous avez la parole.
M. Polak: M. le Président, pour...
M. Bélisle: Ce que vous pouvez faire, M. le
député de Lévis...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, s'il vous plaît! M. le député de
Mille-Îles, s'il vous platî! M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je vaudrais d'abord exprimer
mon opinion. Ce que j'ai dit, c'est qu'on n'abusera pas du tout de la
décision du président. Vous pouvez être certain, M. le
député de Lévis, que j'ai préparé
l'étude des crédits autant que vous, j'ai travaillé aussi
fort que vous.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, posez votre question s'il vous plaît!
M. Polak: Et on n'abusera pas de nos droits, vous pouvez en
être certain. Il n'y a aucune raison de ne pas suivre ce système
et, selon l'entente à laquelle on est arrivé hier, on peut le
faire aujourd'hui aussi.
M. Garon: Si cette entente-là ne vaut pas, cela veut dire
que l'entente avec le ministre des Finances ne vaut pas non plus.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, posez votre question. S'il vous plaît! Vous avez
demandé la parole pour poser des questions.
M. Polak: M. le Président, ma question à
l'inspecteur général, concerne le décloisonnement des
institutions financières. Mais avant de faire cela, je voudrais dire que
je suis un peu surpris des remarques faites par le député de
Lévis. Je me rappelle très bien qu'il y a deux ou trois ans,
pendant l'étude article par article de la loi de cession des biens en
stock, comme je pense qu'on l'appelle, j'avais soulevé exactement le
même point que celui qui a été soulevé ce matin. Je
n'ai pas donné d'exemples de rapports, mais j'avais donné des
exemples de ma pratique privée comme avocat et j'avais demandé au
gouvernement... Le député de Lévis était le
ministre, mais je ne pense pas que c'était lui qui pilotait ce projet de
loi. Mais je me rappelle très bien que, par exemple, même la
récolte en terre pouvait être garantie en vertu de cette loi. Cela
allait très loin. J'avais demandé si on ne pouvait pas ici,
à Québec, justement parce qu'on a tellement d'exemples de gens
qui sont exploités en vertu des articles de la Loi
fédérale sur les banques, dans cette loi provinciale, accorder un
peu plus de protection au consommateur, à celui qui s'engage. J'avais
soulevé exactement le même point que vous avant le rapport que
vous avez cité. J'avais donné beaucoup d'exemples que j'avais vus
dans la pratique, de jour en jour, de gens qui avaient tout perdu, justement
à cause d'un abus de certains droits, mais c'était toujours en
vertu d'une loi fédérale. Le ministre de l'époque m'avait
donné - je ne pense pas que c'était le député de
Lévis, je ne me rappelle pas quel ministre était responsable - la
réponse suivante: Nous présentons ce projet de loi pour donner la
possibilité aux caisses populaires de faire concurrence aux banques
à charte fédérale. On ne peut pas donner de conditions
plus faciles que celles du gouvernement fédéral pour ceux qui
sont régis par la loi provinciale parce que, autrement, nous ne sommes
plus concurrentiels. Donc, je trouve cela étonnant que, maintenant, le
député de Lévis agisse comme s'il venait de
découvrir une situation scandaleuse. Il a cité les treize ou
quatorze recommandations du rapport et il a posé des questions. J'avais
l'impression que M. Bouchard était l'accusé sur la chaise. Je
voulais rectifier cela en disant simplement que les mêmes points
ont été faits avec beaucoup de détails.
M. Garon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux}: Question de règlement,
M. le député de Lévis.
M. Garon: Je regrette! Quand est arrivé...
Le Président (M. Lemieux): L'article du règlement,
M. le député de Lévis.
M. Garon: L'article qui dit que, chaque fois que quelqu'un dit
quelque chose d'inexact, on peut le reprendre immédiatement.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je dis simplement que j'ai même
spécifié, quand j'ai parlé des quatorze recommandations,
que j'adressais mes questions au ministre des Finances et non pas à
l'Inspecteur générai des institutions financières parce
que je sais que ce n'est pas lui qui est visé là-dedans. Ce sont
des questions que j'ai adressées directement au ministre des Finances.
Maintenant, si le ministre des Finances a passé la parole à
l'inspecteur général... J'ai même voulu intervenir, ce que
m'a empêché de faire le président parce que je pensais
justement qu'il n'appartenait pas à l'Inspecteur général
des institutions financières mais au ministre des Finances de
répondre. Si le ministre des Finances veut se cacher derrière
l'Inspecteur général des institutions financières, c'est
une autre affaire!
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le
député...
M. Levesque: Est-ce que je peux intervenir, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Je ne suis pas membre de la commission, mais je ne
laisserai pas passer cela. C'est que le député de
Lévis...
M. Garon: C'est lui qui m'accuse.
M. Levesque: ...devrait tenir compte de la loi constitutive que
son gouvernement lui-même, dans le projet de loi 94, Loi sur l'Inspecteur
général des institutions financières... Ce n'est pas notre
gouvernement qui l'a introduite à la
Chambre, c'est son propre gouvernement et il a donné justement ce
degré d'autonomie à l'inspecteur général.
Normalement, pour une question comme celle-là, il revient à
l'inspecteur général...
M. Garon: Pas sur des projets de loi.
M. Levesque: Un instant! Laissez-moi terminer. Vous ne laissez
pas terminer l'inspecteur général, mais vous allez me laisser
terminer si vous voulez que je reste ici.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances, s'il vous
plaît!
M. Levesque: À l'article 275, le ministre des Finances est
chargé de l'application de la présente loi, mais l'administration
de la présente loi est de la responsabilité de l'inspecteur
général et c'est du voeu même de l'ancien gouvernement.
Avant, on avait un ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives et le ministre était responsable de
l'administration de la loi - pas aujourd'hui -de la volonté même
du gouvernement dont le député de Lévis faisait partie. Je
n'accepterai pas de telles remarques qui sont absolument injustes et non
fondées en fait et en droit.
M. Garon: Bon. M. le Président, mes questions
n'étaient pas adressées à l'Inspecteur
général des institutions financières. J'ai
spécifié - on peut ressortir les galées si on n'a pas
assez de mémoire pour se le rappeler - qu'elles étaient
adressées particulièrement au ministre des Finances. Quand le
ministre de3 Finances a cédé la parole à l'Inspecteur
général de3 institutions financières, j'ai voulu
intervenir, ce que m'a interdit le président. C'est vous qui avez
cédé la parole à l'Inspecteur général des
institutions financières. Ce n'est pas à lui que j'adressais mes
questions, parce que ce sont des décisions politiques, la mise en oeuvre
en grande partie de ces recommandations de la commission, parce qu'il s'agit de
changements aux lois visées par les recommandations. C'est pourquoi j'ai
adressé spécifiquement, pour ne pas mettre dans une situation
difficile l'Inspecteur général des institutions
financières dont les recommandations... Il n'est pas visé
particulièrement mais je suis persuadé, par exemple, que
moralement ou sur le plan normal des choses, il a dû lire ces questions,
parce que cela le touche. Cela touche les institutions financières et
cela l'intéresse.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je ne lui ai pas demandé...
Ce n'est pas à lui de décider.»
M. Levesque: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Je voudrais immédiatement faire bien
comprendre à cette commission que j'ai eu trois
prédécesseurs qui étaient membres du gouvernement dont le
député de Lévis faisait partie et qui ont eu, selon le
cas, possiblement, à examiner ce rapport. Or, ils ne sont pas ici ni
pour informer la commission ni pour m'éclairer. Il y a eu trois
ministres des Finances qui se sont succédé après la
publication de ce rapport. Lorsque, tout à l'heure, j'ai demandé
à l'inspecteur général des institutions financières
d'essayer de nous éclairer, il était en train de le faire lorsque
le député de Lévis, apparemment non satisfait des
réponses de l'inspecteur général, parce que cela n'allait
peut-être pas dans le sens de ses aspirations, de ses désirs et de
ses intérêts, l'a interrompu. Est-ce que je peux demander au
député de Lévis s'il accepterait que l'inspecteur
général des institutions financières complète sa
réponse?
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Les recommandations de la commission ne s'adressent pas
à l'Inspecteur général des institutions
financières.
M. Levesque: Pourquoi pensez-vous qu'on a fait venir ici ce matin
l'Inspecteur général des institutions financières qui est
responsable de l'administration de sa loi et cela, de la volonté
même de l'ancien gouvernement?
M. Garon: Non. Cela ne touche pas uniquement ses lois. Ses lois
peuvent être touchées par certaines recommandations, mais cela ne
touche pas uniquement ses lois sauf qu'actuellement, c'est une
décision... S'il y a des changements aux lois, ce n'est pas une
décision de l'Inspecteur général des institutions
financières. Ce sera une décision du gouvernement en
matière financière. Pourquoi êtes-vous là?
M. Levesque: Certainement!
M. Garon: Êtes-vous là pour la décoration?
Vous n'êtes pas là pour la décoration, vous êtes
là pour répondre.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Justement! Je suis là justement comme lien
juridique entre l'Inspecteur général des institutions
financières, comme l'étaient mes prédécesseurs -
les trois dont je vous ai parlé - l'Assemblée nationale et ses
commissions. Ce que je fais et ce que mes prédécesseurs
faisaient, c'est que, dans ces matières, il y a là des
recommandations qui nous parviennent de l'Inspecteur général des
institutions financières lorsque ce dernier croit qu'il est à
propos, qu'il est bon, qu'il est souhaitable que des amendements aux lois
soient apportés. C'est dans ce sens que des relations ont
été établies avec l'Inspecteur général des
institutions financières. J'ai justement devant moi des recommandations
de l'inspecteur général et nous allons procéder au cours
de l'année à faire des lois, lois qui me sont recommandées
par l'Inspecteur général des institutions financières.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances, je vous
remercie. J'aimerais rappeler au député de Lévis qui nous
citait tout à l'heure l'article 212 que j'en conclus que les
explications qui ont été données de part et d'autre
constituaient de très brèves explications sur le discours qu'il
avait prononcé estimant que ses propos avaient été mal
compris. Je redonne la parole au député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je vais arriver à ma
question sur le décloisonnement. Non parce que je n'aurais pas voulu
prendre beaucoup de temps pour répondre au député de
Lévis... Cela m'étonne de voir le renversement des rôles.
Comment quelqu'un qui, à un moment donné, est responsable de...
tout change soudainement... il devient le défenseur de quelque chose
qu'il n'a jamais accepté auparavant.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, votre question, s'il vous plaît!
M. Polak: Je voudrais demander à M. Bouchard... M.
Bouchard, je dois vous dire que, comme avocat à Montréal en
pratique privée encore un tout petit peu et à temps partiel, j'ai
vu une nette amélioration depuis qu'on a maintenant la
législation des institutions financières. Je vous
félicite, vous et votre équipe. C'est très bien connu,
nous avons un meilleur contrôle qu'auparavant. Nous avons là une
pièce de législation péquiste que nous avons
supportée dans le temps, en 1983...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: ...de l'ancien gouvernement,
excusez-moi. J'étais fier dans le temps - je me rappelle
l'étude article par article avec M. Parizeau - je représentais
l'Opposition, et nous avons collaboré ensemble, les deux groupements
politiques, pour en arriver à cette nouvelle loi. Malheureusement, le
public n'est pas toujours au courant de ce que vous faites, parce que c'est
tout de même assez technique. Nous lisons souvent dans les journaux: Le
décloisonnement des institutions financières. Il y a deux
aspects: Il y a l'aspect de l'expansion économique dont tout le monde
dit que cela peut être très bon pour l'expansion économique
- peut-être que vous pourrez nous faire connaître vos idées
sur ce sujet - et il y a aussi l'aspect de la protection du public. Par
exemple, si M. X, à partir de maintenant, peut vendre de l'assurance, et
en même temps s'occuper de la vente de la maison de la veuve, et lui dire
d'acheter des actions de telle ou telle compagnie minière, si
théoriquement la même personne peut accomplir plusieurs fonctions
en même temps, où est la protection du public, du consommateur?
J'aimerais connaître votre opinion sur ce sujet. Également, parce
que je suis content d'entendre le ministre des Finances dire qu'il ne fera rien
sans vous avoir consulté, j'aimerais savoir si vous avez des avis en
préparation. Si oui, pourriez-vous les divulguer pour démontrer
au public comment cela fonctionne?
M. Bouchard: Oui, M. le député et M. le
Président. Comme M. le ministre l'a fait tout à l'heure, et pour
répondre adéquatement, M. le député, à votre
question, je pense qu'il serait peut-être bon de prendre quelques minutes
pour expliquer ce que j'appellerais la genèse de la création de
cet organisme tellement nouveau dans le public, d'un inspecteur
général.
Vous savez qu'autrefois - c'est le cas dans certaines autres provinces -
les institutions financières faisaient partie d'un organisme qui
comprenait plusieurs responsabilités, dont la protection du
consommateur, le courtage immobilier, ainsi de suite. Ce qui fait qu'il
était très difficile, dans une multitude d'objectifs poursuivis
par un même ministère, d'accorder la priorité qui
était exigée par les circonstances au secteur des institutions
financières. Il est arrivé ce qu'on a appelé la crise des
caisses d'entraide, qui a été dans le temps une faillite de 1 000
000 000 $ et qui nous a forcés, - parce que nous n'avions pas la
législation requise pour y faire face, à passer deux lois en
l'espace de six mois. Nous les avons conjuguées et cela s'est
continué par la suite. Maintenant, les caisses d'entraide, ont avec la
fusion, entre autres, une compagnie qui constitue une société
d'au-delà de 520 000 000 $ d'actifs et d'au-delà de 95 000 000 $
de capital-actions. C'est maintenant ma plus grosse compagnie de prêts au
Québec. D'une situation de faillite, nous sommes en train d'avoir au
Québec une compagnie qui, bon an mal an, si les prévisions se
réalisent, devrait réaliser, cette année, des profits de
plus de 5 000 000 $. Et cela en l'espace de deux ans.
Dans ce contexte, il y a eu une espèce de prise de conscience, de
la valeur potentielle extraordinaire, et surtout de la signification
véritable d'une institution financière, comme levier, en termes
de tertiaire moteur.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. Bouchard. S'il
vous plaît, je m'excuse, on est en commission parlementaire et je pense
que M. Bouchard s'exprime, et c'est dans l'intérêt des deux
groupes parlementaires.
M. Polak: M. le Président, voulez-vous demander aux
parlementaires qui sont en arrière, qu'ils aillent se parler dans le
corridor. Je trouve que c'est un manque de respect envers M. Bouchard.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Sainte-Anne. M. Bouchard, s'il vous plaît, vous
pouvez continuer. (11 h 30)
M. Bouchard: Bon, merci. Donc, il y a une prise de conscience
à savoir que le secteur des institutions financières était
le fondement du développement économique. Pour vous en donner une
idée, au Québec, l'an dernier, au 31 décembre 1985, les
institutions qui sont inscrites à la régie ont totalisé 38
000 000 000 $ de dépôts. Ce sont des institutions qui font
affaires au Québec. Cela ne comprend pas les banques. Sur ces 38 000 000
000 $ de dépôts, 28 000 000 000 $ sont garantis par la
Régie de l'assurance-dépôts du Québec,
c'est-à-dire des dépôts de 60 000 $ et moins. Avez-vous
idée de l'ampleur de ce que cela veut dire, répandu dans le
public? C'est un potentiel énorme.
Deuxièmement, le Québec accorde, dans le secteur des
assurances, au-delà de 400 permis d'exploitation dans la province de
Québec. Il y a des permis d'exploitation dans le secteur des compagnies
de fiducie. Cela peut varier: 30, 35 permis sont émis à des
compagnies de fiducie. Sur ces 35 permis, la moitié sont du
Québec, des institutions québécoises; il faut aussi
ajouter tout le réseau du Mouvement Desjardins, au-delà de 1400
succursales; quatre caisses d'entraide; onze caisses d'établissement; le
total des institutions du Québec: 33 compagnies mutuelles, 33 compagnies
d'assurances - vie et assurances générales - à peu
près 25 ou 30 sociétés de secours mutuel; 40 mutuelles
d'assurance contre l'incendie dont on a refait
la loi l'an dernier, au mois de juin, pour refondre tout le
système, restructurer et sauver ce mouvement qui, cette année, va
démontrer un profit de 2 000 000 $. C'est une recette extraordinaire
pour un mouvement qui est né au début du siècle, en 1845,
et qui avait besoin de cette infrastructure pour lui permettre non pas
seulement de vivoter.
Peut-être qu'on aura l'occasion d'en parler tout à l'heure.
Vous savez, à cause de la concurrence, à cause du système
qui prévaut, l'institution financière, maintenant, est un
privilège, ce n'est plus un droit. N'entre pas dans le secteur des
institutions financières qui veut, mais qui peut, compte tenu des
règles, compte tenu des besoins et compte tenu de la solvabilité
ou de la capacité financière des promoteurs.
Tout ceci pour vous dire qu'au moment où on se parle les
institutions financières québécoises totalisent
au-delà de 30 000 000 000 $ d'actifs. Donc, c'est excessivement
important, non seulement en termes d'actifs, mais en termes de potentiel que
représentent ces institutions qui, dépendant de leurs fonctions,
vont générer et jouer un rôle de levier dans le
développement économique. C'est la raison pour laquelle,
subséquemment à la réforme du ministère pour
acquérir le poste d'inspecteur générai, il n'était
pas possible de procéder à la réforme du secteur des
institutions financières sans d'abord s'armer, s'équiper et avoir
un outil véritable pour permettre de faire face à la musique
nouvelle que nous voulions mettre sur le marché, qui était le
décloisonnement des institutions financières et qui a
été la réforme, au Canada, du secteur des institutions
financières.
Donc, l'inspecteur général, en vertu de cette
réforme, succède au ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives et devient, comme M. le
ministre l'a expliqué tout à l'heure, responsable de
l'administration de la loi. C'est le seul secteur que vous allez trouver dans
les statuts du Québec où il y a toujours deux articles qui
terminent les lois sur les institutions financières. J'en ai une
quarantaine à administrer et vous allez y trouver les deux mêmes
articles qu'expliquait le ministre tout à l'heure. Il y en a un qui dit:
L'inspecteur général est chargé de l'administration de la
loi. Le deuxième dit: Le ministre des Finances est chargé de
l'application de la loi, c'est-à-dire qu'il répond en Chambre,
comme il l'a expliqué, de l'administration qui est faite par cet
organisme qui, s'il n'est pas compétent, en subira les
conséquences. Et c'est le rôle du ministre de faire, comme il le
dit, le lien entre les élus et l'administration.
Mais, la loi a donc fait cette distinction très nette entre la
responsabilité de l'inspecteur qui doit administrer les lois...
Et, suivant l'expression qui est communément utilisée,
c'est le chien de garde de la protection du public et de l'observance des lois.
Par ailleurs, une autre fonction qui lui est également attribuée
et à laquelle a fait allusion, tout à l'heure, le ministre, c'est
qu'il est chargé de conseiller le ministre dans le secteur des
institutions financières pour indiquer les changements qui s'imposent ou
encore le mettre au courant de ce qui se passe dans le secteur des institutions
financières, parce-que dans cedit secteur, cela bout. C'est un secteur
qui, actuellement, est en pleine ébullition. Les modifications ou les
changements surviennent presque chaque jour.
Qu'est-ce que nous avons fait par le décloisonnement? Tout
simplement, lire et constater la réalité. Vous savez, si on
reprenait les chiffres et si j'avais plus de temps, je vous donnerais des
chiffres et des statistiques. Mais, depuis 1960, à toutes les
périodes de révision décennale de la Loi sur les banques,
les pouvoirs des banques augmentaient. Durant la même période, les
pouvoirs des autres institutions financières ne bougeaient pas. Ceci
avait comme conséquence que, au bout d'une période de 20 ans,
vous avez assisté à un débalancement du système
financier - pas monétaire, je ne parle pas du "money market", je ne
parle pas de cela. Mais on a assisté à un débalancement
des institutions financières parce que les banques ont envahi de plus en
plus, par les pouvoirs nouveaux qu'on leur a attribués, les secteurs qui
étaient autrefois réservés à ce qu'on appelait les
quatre piliers.
Quels étaient-ils, ces quatre piliers? En théorie, ils
existent encore. Je vais vous démontrer, tout à l'heure, qu'ils
n'existent plus dans les faits. Vous aviez les banques, les compagnies
d'assurances, les compagnies de fiducie et les courtiers en valeurs
mobilières. Autrefois, c'était comme des murailles de Chine. On
légiférait en fonction des secteurs, parce que ces derniers
étaient sédimentés. Vous avez des lois pour les
assurances, des lois pour les banques, des lois pour les courtiers et d'autres
pour les compagnies de fiducie. Dans chacune de ces lois organiques, vous aviez
des objets, l'étendue de juridictions et les pouvoirs de placement qui
leur étaient attribués de telle sorte que, lorsqu'on a
touché à l'un de ces quatre piliers, vous avez
débalancé les trois autres.
Deuxièmement, les États-Unis, le continent
nord-américain, avaient entrepris depuis fort longtemps ce que nous
avons constaté en 1983 et que, d'ailleurs, on n'a pas inventé, ce
que l'industrie répétait à cor et à cri et
demandait avec instance aux autorités gouvernementales d'apporter les
correctifs qui s'imposaient pour que la loi de la concurrence continue de
subsister dans te secteur des institutions financières pour ne pas qu'un
secteur soit plus favorisé qu'un
autre, ce qui était le cas de par l'industrie en bonifiant
constamment la Loi sur les banques.
Le décloisonnement, qu'est-ce que c'est? C'est tout simplement
reconnaître que dorénavant, et ce n'est même plus l'avenir,
je dirais que c'est une partie du passé parce que nous sommes
déjà rendus plus loin que cela, c'est reconnaître qu'il
n'est pas possible de légiférer de la façon que nous le
faisions. Pourquoi? Parce que les activités d'une institution
financière ne peuvent plus être divisées et divisibles
comme elles l'étaient. Vous avez eu constamment des activités qui
sont considérées comme des activités
complémentaires, qui, sans changer la nature de l'opération
principale, se greffaient sur l'opération principale.
Par exemple, dans les banques. D'abord, qu'est-ce qu'une banque? Ne
cherchez pas la définition dans la Loi sur les banques, il n'y a pas de
définition d'opération bancaire au Canada. Une banque, c'est une
institution qui est inscrite à l'annexe A de la Loi sur les banques;
c'est tout. Il n'y a pas de définition de ce qu'est l'opération
bancaire. Ce qui fait problème, d'ailleurs, avec les modifications que
l'on veut apporter au prêt commercial parce que les prêts
commerciaux, selon les banques, c'est de la juridiction des banques. On dit
non. Il n'y a pas de juridiction. Il n'y a rien qui dit, nulle part, que le
prêt commercial est de compétence bancaire.
Donc, des services se sont ajoutés: vente de billets de ceci,
vente de billets de cela, ventes additionnelles, assurance-vie pour garantir le
remboursement au décès, etc., ce qui fait que vous avez eu une
extension, un débordement d'activités des institutions
financières, ce qui a fait que, maintenant, il fallait régir, par
des lois organiques appropriées, les genres par rapport aux
secteurs.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. Bouchard.
Je ne voudrais pas vous interrompre. Nous avons aussi à étudier
Loto-Québec et le député de Lévis n'a pas non plus
terminé ses questions ainsi que d'autres parlementaires.
M. Polak: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je suis satisfait de la réponse. Juste un petit
point qu'on n'a pas encore touché. Pouvez-vous dire quelque chose sur la
protection du public dans la nouvelle fonction, ce qu'un individu peut
obtenir.
M. Bouchard: Vous avez raison...
Le Président (M. Lemieux): M.
Bouchard, brièvement si possible.
M. Bouchard: C'est très important.
La protection du public, elle est partie intégrante et aussi
prioritaire que la section "Développement". L'exemple que vous avez
donné selon lequel une personne pourrait faire n'importe quoi, ce n'est
pas possible. Ce ne sera pas possible. Ce qui sera possible au niveau des
intermédiaires permet peut-être le décloisonnement des
activités, mais toujours à la condition que les personnes qui
exercent ces activités aient eu les capacités requises pour
pouvoir le faire.
M. Polak: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Sainte-Anne. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je remarque qu'il y a une baisse de 1 000 000 $ dans
les traitements.
M. Bouchard: Dans...?
M. Garon: Dans les traitements. La grosse baisse de votre
compression, c'est dans les traitements...
Le Président (M. Lemieux): Quelle page s'il vous plait, M.
le député de Lévis?
M. Garon: À la page 5, baisse de 13 167 000 $ à 12
078 000 $ et le nombre de vos inspecteurs passe de 444 è 436.
Considérez-vous que vous avez le nombre d'inspecteurs requis pour faire
votre travail?
M. Bouchard: J'ai actuellement 57 inspecteurs au niveau des
institutions de dépôt. Dans le secteur des assurances, j'ai 17
inspecteurs. Si vous me posez la question à savoir s'il est possible,
avec le personnel que j'ai, de faire l'inspection, par exemple, des 1400
institutions du Mouvement Desjardins, c'est évident que non. Ce n'est
pas possible. C'est la raison pour laquelle, en accord avec mon ministre du
temps, il a été convenu que le système d'inspections du
secteur des caisses d'épargne et de crédit devait être
repensé en fonction d'une responsabilisation du mouvement, tout d'abord,
qui avait déjà son propre système d'inspection. De telle
sorte que, maintenant, si on s'assure que les normes d'inspection sont bonnes
et si on s'assure que l'inspection est véritablement bien faite, il
n'est plus nécessaire pour l'Inspecteur général des
institutions financières de faire le tour des 1400 caisses. Ce que les
représentants de l'inspecteur général continuent de faire,
c'est que nous allons par sondages afin de nous assurer que...
M. Garon: Je ne voudrais pas revenir sur cela, parce que vous
avez dit cela l'an passé.
M. Bouchard: C'est cela.
M. Garon: J'ai lu le Journal des débats de l'an dernier.
Vous avez dit cela entièrement comment cela fonctionnait.
M. Bouchard: Oui.
M. Garon: Ma question est plus simple que cela. Je ne voudrais
pas revenir sur les opérations. J'ai tout lu ce qui s'est passé
l'an dernier. L'an passé, vous avez expliqué tous les
fonctionnements. Je n'ai pas l'intention de vous faire répéter
les mêmes choses chaque année. Vous l'avez dit une fois et j'ai
compris. Je ne vous parlerai pas non plus du décloisonnement, ça
fait quelques années que cela existe le décloisonnement. Je
considère que ce sont des affaires sues et je ne viens pas ici pour
passer le temps. Je voudrais vous demander essentiellement et ma question porte
sur cela: Dans l'ensemble des institutions que vous avez inspectées,
vous avez une diminution de traitement, donc une diminution de personnel.
M. Bouchard: Oui.
M. Garon: En cours d'année, il va arriver quelque chose,
il va arriver n'importe quoi... Je vais revenir sur ce que vous avez dit
tantôt comme pour votre rôle et le rôle du ministre. Je vous
pose une question. Considérez-vous qu'avec les coupures, les
compressions budgétaires et avec le personnel qui vous est donné,
vous avez le personnel suffisant pour accomplir votre fonction en vertu des
lois dont vous assumez l'administration? (11 h 45)
M. Bouchard: M. le député, je répondrai oui,
mais en disant que s'il survient une crise, personne ne peut la prévoir.
Il est possible qu'à un moment donné, j'aie besoin de plusieurs
surnuméraires pour conjuguer une crise. Au gouvernement
fédéral, quand il y a eu deux faillites bancaires, il y avait
à ce moment-là huit inspecteurs pour l'inspection des banques
à Ottawa et regardez combien il y en a maintenant, c'est rendu à
30. Alors, il est évident que dans la situation normale, avec la
répartition des tâches que nous avons, s'il m'était
impossible de faire mon travail, cela aurait été de mon devoir
d'informer le ministre en lui disant: Compte tenu de cela, il y a certains
secteurs que je ne pourrai pas vérifier et inspecter. Je ne lui ai pas
fait ce rapport. Donc, évidemment, les coupures me font mal comme
à tout le monde. Je ne vous dirai pas que c'est avec joie qu'on a appris
qu'on avait des coupures. On a vécu cela, il y a déjà
assez longtemps.
Les postes qui ont été coupés étaient des
postes d'inspecteur; on a modifié la structure, on a modifié
notre base d'opération des inspecteurs tant à Québec
qu'à Montréal, ce qui fait que maintenant, on peut continuer de
fonctionner avec de nouvelles normes. La réponse... Oui.
M. Garon: Donc, vous dites que vous anticipez pour l'année
qui vient avoir le nombre suffisant de postes pour...
M. Bouchard: Si je n'ai pas de crise.
M. Garon: ...accomplir votre travail en vertu de la loi.
M. Bouchard: Oui.
M. Garon: C'est important. Si quelque chose arrive dans six
mois... Je me rappelle dans l'inspection des aliments, il y a quelques
années, quand il y a eu en 1975 le scandale de la charogne, les gars ont
dit à ce moment-là qu'il n'y avait pas d'inspecteurs et que le
ministère n'avait pas d'inspecteurs. Je sais la nécessité
des inspecteurs. J'ai vécu avec cela pendant quelques années. Je
sais le travail que cela peut prendre pour vérifier les institutions
financières surtout si les gens se sont arrangés pour camoufler
des chiffres pour que cela ne paraisse pas. Cela ne se fait pas en 30 secondes.
Cela ne se fait pas en virant sur un trente sous. Vous dites qu'actuellement,
pour accomplir vos fonctions prévues par les lois actuelles, vous avez
suffisamment de personnel.
Deuxièmement...
M. Bouchard: Oui. Je ne vous dis pas que si j'en avais davantage,
je ne serais pas plus heureux. Ce n'est pas la même chose. C'est un
minimum que j'ai.
M. Garon: C'est cela. Vous avez dit tantôt que vous
conseillez le ministre.
M. Bouchard: Que...
M. Garon: Que vous conseillez le ministre.
M. Bouchard: Oui.
M. Garon: Alors, j'imagine que vous avez dit cela. S'il ne vous
les a pas donnés, il prend la responsabilité de ne pas les avoir
donnés. S'il arrive...
M. Bouchard: Je vous ai dit que...
M. Garon: ...quelque chose, on dira: Le ministre n'a pas
donné les postes suffisants...
M. Bouchard: Mais je vous ai dit aussi
que...
M. Garon: On pourra dire... J'ai compris tantôt que...
M. Bouchard: ...je n'avais pas fait...
M. Garon: ...votre fonction était de conseiller le
ministre. Alors, vous avez dû discuter de cela, d'autant plus que vous
nous dites publiquement que... Alors, j'imagine que vous lui avez dit. Je vais
revenir là-dessus parce que...
M. Bouchard: Non, non. Un instant. Je vous ai dit...
Le Président (M. Lemieux): M. Bouchard.
M. Bouchard: ...que je n'avais pas fait au ministre un rapport
stipulant que je n'avais pas d'effectifs manquants, insuffisants. Exact?
Êtes-vous d'accord à ce sujet?
M. Garon: Je vous posais la question pour savoir si vous aviez
tous les postes qu'il vous fallait pour remplir votre fonction en vertu des
lois que vous avez à administrer.
M. Bouchard: Oui, et je vous ai répondu que si, en mon
âme et conscience, je n'avais pas ce qui est considéré
comme requis à cause de la responsabilité qui m'est donnée
par les 40 organismes que j'ai, mon premier devoir aurait été
d'aviser le ministre en lui disant: M. le ministre, je ne peux pas remplir ma
fonction. Et il n'y aurait pas de discussion aussi.
L'impact des faillites bancaires de l'Ouest
M. Garon: Est-ce que les institutions financières du
Québec ont subi les contrecoups des deux faillites bancaires qui ont eu
lieu dans l'Ouest?
M. Bouchard: C'est très difficile à évaluer.
Je peux vous dire que la faillite bancaire a eu un contrecoup beaucoup plus
grand sur les institutions fédérales que sur les institutions
québécoises. Cela va vous surprendre, mais je vais vous dire
pourquoi. Pas plus tard qu'hier soir, j'étais avec des
représentants de Toronto dans le secteur des assurances. Vous allez me
dire: Ce ne sont pas les banques, mais je vous réponds en vous donnant
quelques exemples. Ces gens-là me disaient qu'ils nous trouvaient bien
sévères au Québec et que chaque fois que l'inspecteur
général avait des exigences différentes de celles du
fédéral, différentes de celles de l'Ontario,
différentes de celles de l'Alberta, cela ne leur plaisait pas mais qu'au
fond, tout ce qu'on me dit: "You are right". On aimerait bien que les autres
juridictions fassent ta même chose. Ce qui veut dire que lorsque vous
avez des responsabilités, s'il y a eu un impact sur les institutions du
Québec comme telles, l'impact a été de dire: Bon, cela
concerne le secteur bancaire, mais par ailleurs, de façon
générale dans le public, secteur bancaire et institutions
financières, cela forme un tout, indistinctement. Cela n'en a pas eu sur
les assurances.
Les gens pourraient se poser des questions, dans le secteur des caisses
d'épargne et de crédit ou dans le cas des compagnies de fiducie.
Dans le cas des compagnies de fiducie, il y a justement des projets en cours.
Il y a des négociations en cours au niveau
fédéral-provincial et des recommandations ont été
faites au ministre pour apporter les modifications qui s'imposent au niveau de
la réglementation des compagnies de fiducie qui date de 1915. Donc pour
répondre à votre question, V impact financier sur les
institutions du Québec, je ne crois pas.
M. Garon: Vous aviez dit aussi l'an dernier que la loi des
fiducies datait de 1915, qu'elle devrait être révisée. Vous
aviez même dit que vous aviez parlé au ministre à ce sujet
et qu'il avait vu cela d'un bon oeil.
M. Bouchard: C'est exact.
M. Garon: J'aimerais demander au ministre actuel - il doit
être au courant puisqu'il a dû lire le Journal des débats de
l'an dernier ou ses conseillers ont dû le faire - s'il a l'intention de
changer la loi des fiducies, de faire une nouvelle loi pour des compagnies de
fiducie, de fidéicommis, pour actualiser la législation
concernant ces institutions.
M. Levesque: Oui.
M. Garon: Bientôt? en 1986, en 1987, en 1988?
M. Levesque: Une de ces années-là
sûrement.
M. Garon: C'est important, l'Inspecteur général des
institutions financières dit...
M. Levesque: C'est vous qui me dites les années, ce n'est
pas moi qui les dis.
M. Garon: ...que la loi est désuète. Il a dit
également l'an dernier - et je trouve bon qu'il dise ces choses - que
dans certains cas les lois étaient refaites et il est content de ces
nouvelles lois. Il pense avoir ce qu'il faut pour administrer, pour jouer son
rôle. Je comprends ses remarques de l'an dernier et
de cette année... il se plaint de la loi. Je le félicite
de le faire. Il l'a fait sous notre gouvernement, il l'a fait sous votre
gouvernement cette année. J'aimerais savoir si le gouvernement...
J'imagine qu'une institution comme celle-là, au niveau de ses services,
a déjà dû commencer à travailler à un projet
de loi, j'imagine qu'il y a déjà des travaux avancés au
niveau du service d'Inspecteur général des institutions
financières, j'aimerais savoir si le ministre des Finances a
l'intention... il est responsable de la vieille loi...
M. Levesque: Pour répondre au député de
Lévis, il est vrai que l'Inspecteur général des
institutions financières avait fait des représentations dans ce
sens à mes prédécesseurs et il en a fait également
à celui qui vous parle. Et il est vrai que les travaux
préparatoires sont en cours et même que j'ai été
favorablement impressionné par tout le travail qui avait
été fait par l'Inspecteur général des institutions
financières sur les projets qu'il caresse à juste titre. Comme je
l'ai expliqué à l'inspecteur général, j'ai des
priorités qui touchent, on le comprendra facilement, les
activités qui entourent la préparation du budget. Une fois le
discours sur le budget prononcé et que nous aurons disposé du
débat qui suit, j'ai comme priorité de me retourner du
côté de l'Inspecteur général des institutions
financières et d'entreprendre ce travail, qui n'est pas un travail
facile. Comme je vois qu'il y a, de la part du député de
Lévis en particulier, un intérêt à ce que l'on
puisse procéder dans les meilleurs délais, je suis maintenant
convaincu que nous allons pouvoir le faire sans trop de délais
additionnels dans l'étude du projet de loi qui, éventuellement,
arrivera devant l'Assemblée nationale. Je remercie d'avance le
député de Lévis de la coopération qu'il
m'annonce.
M. Garon: Cela me fera plaisir. Comme j'ai été
affecté à la critique des finances, je ne voudrais pas m'ennuyer
dans ce secteur. Il faut avoir de l'action et vous pouvez être certain
que nous aurons beaucoup de plaisir à étudier le nouveau projet
de loi dans un secteur comme celui-là. J'aimerais poser une question
traditionnelle...
M. Levesque? Est-ce que le député me permet de
compléter. J'ai à dire qu'il s'agit d'un projet de loi ou de
projets de loi à caractère technique en grande partie, et cela
demande du travail préparatoire à la présentation du
projet de loi. Lui-même a présenté suffisamment de projets
de loi pour savoir qu'il y a toute une procédure qui doit
précéder le dépôt du projet de loi.
La protection des épargnes des Québécois
M. Garon: J'aimerais demander à l'Inspecteur
général des institutions financières de nous dire s'il
considère actuellement que les épargnes des
Québécois sont protégées? Est-ce qu'il peut
rassurer les gens? Est-ce qu'il peut affirmer que toutes les institutions
financières de dépôt qui font des affaires au Québec
sont sécuritaires, sûres et, dans chacun des types d'institutions
qu'il a inspecté, s'il y a des problèmes particuliers qu'il vaut
la peine de présenter à la commission?
M. Bouchard: Oui. Je vais y aller par secteur. Je vais vous
répondre oui, M. le député, pour une raison bien simple.
Dans le secteur des assurances - si vous regardez, ces jours-ci, ils deviennent
tous de plus en plus publics chaque jour - les résultats financiers des
compagnies d'assurances du Québec sont merveilleux, ils sont très
beaux, ils sont rentables. Quand mon prochain rapport sur la tarification de
l'assurance-automobile sera déposé à l'Assemblée
nationale, vous allez voir que, en ce qui concerne la situation de
l'assurance-automobile, en particulier au Québec, ce qu'on appelle dans
notre jargon le ratio de perte des assureurs du Québec est celui qui est
le plus bas au Canada. Cela veut dire que c'est merveilleux. La
rentabilité est excellente pour nos compagnies d'assurances.
Par ailleurs, dans le domaine de l'assurance générale,
c'est très dur pour tout le monde. Les coûts sont très
durs, mais les compagnies d'assurances du Québec s'en tirent
honorablement, avec un profit qui, dans les circonstances, est
intéressant. Donc, nos institutions sont saines.
Dans le domaine des institutions de dépôt, vous avez les
caisses populaires. Vous le savez, elles sont rendues à au-delà
de 20 000 000 000 $ d'actifs. Dans le domaine des compagnies de fiducie, je
vous ai mentionné tout à l'heure qu'il y avait au-delà de
17 compagnies du Québec. Parmi ces 17, regardez nos plus fortes: Trust
général du Canada, la compagnie de fiducie du Mouvement
Desjardins, des compagnies qui dépassent des milliards d'actifs, qui ont
des rendements sur le capital de 14 %, 13 %, 12 %, 13 %, des institutions
financières très saines, qui vont très bien et dont les
parts de marché augmentent considérablement.
Qu'il y ait, au cours de nos inspections, des choses que nous relevons?
Bien sûr! Mais vous comprendrez que je ne dévoilerai pas ces
institutions à cause du système qui prévaut, ce qu'on
appelle le système préventif. C'est un système qui a pour
but de détecter d'avance les problèmes parce que, quand on
constate le cancer, il est trop tard. Il faut prévenir le cancer. C'est
pour cela que notre système est basé essentielle-
ment sur un système de prévention, ce que les Anglais
appellent dans les autres provinces les "early warning systems". On est, encore
une fois, à ce sujet, un des premiers à l'appliquer de
façon systématique et indistinctement des institutions qui font
des affaires au Québec, quelles soient fédérales, ont
ariennes ou d'une autre province. Les lois du Québec s'appliquent
à toutes les institutions qui font des affaires au Québec.
Donc, pour répondre à votre question, si les institutions,
M. le député, ont un permis de l'inspecteur général
et si les institutions sont inscrites à la Régie de
l'assurance-dépôts, c'est que nous sommes satisfaits de leur
situation financière. Autrement, il y aurait, soit des permis
restreints, soit des permis suspendus, soit des permis révoqués.
Je ne délivre pas de permis à une institution qui ne respecte pas
les normes.
M. Garon: Je comprends quand vous dites que vous n'avez pas
à déclarer à la commission le nom des différentes
institutions où vous agissez actuellement. Je comprends que, dans des
opérations courantes, il y a des affaires que vous pouvez resserrer.
Est-ce qu'il aurait des cas où vous estimez que le public devrait
être renseigné pour arrêter de déposer de l'argent
dans ces institutions, parce que ces dépôts seraient mis en
danger? Quand je vous demande cela, c'est un peu comme dans les banques de
l'Ouest, par exemple, où les gens ont continué à
déposer en pensant qu'ils étaient en sécurité et
ils vont peut-être perdre leur argent parce que le gouvernement
fédéral ne les a pas avisés.
M. Bouchard: Oui, je sais, mais c'est un peu un cercle vicieux,
M. le député, parce que c'est le meilleur moyen d'achever
l'institution.
M. Garon: Parfois, il y a des institutions qui sont tuables. (12
heures)
M. Bouchard: Oui, mais quand elles sont tuables, on les tue.
C'est ce qu'on fait, justement, mais le voleur n'avertit pas avant de voler
qu'il y va. Cela veut dire que c'est un peu le cercle vicieux. Une institution
qui représente un danger est déjà sous notre surveillance
sans être sous notre tutelle. Bon. Je n'en ai pas de cela. J'ai des
institutions qui, comme des êtres humains, ne sont pas au même
niveau de santé. C'est tout à fait normal. Cela ne veut pas dire
pour autant qu'elles sont malades si elles n'ont pas la même santé
que le voisin. Mais cela peut vouloir dire, suivant nos critères, que
l'on a des questions à leur poser, que l'on a des mesures à leur
proposer pour justement éviter - compte tenu de leur taille, compte tenu
de leurs opérations, compte tenu des produits qu'elles mettent sur le
marché, compte tenu de leurs frais excessifs d'organisation,
d'exploitation et frais administratifs élevés, etc. On dit:
Écoutez, vous avez des frais trop élevés, votre
différence de taux d'intérêt sur le rendement ne nous
paratt pas suffisamment élevé, si la situation perdure, cela
risque de vous créer des problèmes. Mais je n'irai jamais dire
qu'une institution est en difficulté à cause de cela et avertir
le public de ne pas aller faire des dépôts là. C'est
affreux.
Ce que nous faisons, lorsqu'une institution n'est plus dans un
état de recevoir des dépôts, le permis lui est
immédiatement enlevé. La régie lui enlève son
permis immédiatement et le public est avisé; la régie
avise le public, et là entre en ligne de compte immédiatement la
garantie de la régie qui prend la place, qui supplée et qui paie
les déposants jusqu'à concurrence de 60 000 $.
M. Garon: Vous avez parlé des assurances
générales. Est-ce que dans votre esprit...
M. Bouchard: Oui.
La concurrence dans les assurances générales
M. Garon: Vous avez dit aussi que pour les institutions
financières, votre service au ministère est un peu celui qui
avait analysé sur le plan de I'e3sor économique certaines de ces
institutions. Est-ce que vous considérez que dans le domaine des
assurances générales, il y a une concurrence suffisante au
Québec pour que les Québécois aient les meilleurs taux?
Actuellement, si on regarde les taux qui sont demandés aux
municipalités ou dans certains secteurs d'assurances
générales, on est en droit de se demander si on a les meilleurs
taux actuellement ou s'il n'y a pas un manque de concurrence ou quelles sont
les raisons qui font en sorte qu'il y a des augmentations aussi
considérables, et s'il n'y a pas des gestes qui devraient être
posés par le gouvernement pour remédier à la situation
d'accroissement de taux faramineux, non plus seulement contre les individus
mais vis-à-vis même les organismes publics comme les
municipalités.
M. Bouchard: Bon, il y a deux éléments dans votre
question. Je voudrais mettre de côté tout de suite
l'assurance-responsabilité, j'y répondrai de façon
spécifique.
Première question: Y a-t-il, dans le domaine de l'assurance
générale, suffisamment de concurrence? Il y en a trop. C'est la
raison pour laquelle, par exemple, quand vous lirez mon prochain rapport sur la
tarification de l'assurance-automobile, vous
allez voir qu'en dépit d'une augmentation substantielle du taux
de sinistres, les compagnies d'assurances ont continué de baisser les
primes d'assurance-automobile à cause de la concurrence. Vous avez entre
100 et 120 assureurs qui se battent pour le marché de
l'assurance-automobile dans la province de Québec. Le problème
est connu: Vous avez un problème de surcapacité, ce qui a
causé non seulement la faillite des plus récentes compagnies
d'assurances fédérales, mais ce qui a causé
également le problème de l'assurance générale en
particulier, mais plus particulièrement
l'assurance-responsabilité. Et là, je reviens à
l'assurance-responsabilité.
L'assurance-responsabilité au Québec n'est pas un
problème du Québec. Vous avez vu dans les journaux qu'on est
tenté d'expliquer que le problème de
l'assurance-responsabilité est un problème mondial. Pourquoi?
Qu'est-ce que l'assurance-responsabilité?
L'assurance-responsabilité, c'est essentiellement vous couvrir pour une
réclamation qui vous provient d'un tiers. Vous ne savez pas lequel. Vous
prenez 1 000 000 $, 5 000 000 $, 10 000 000 $. Les compagnies d'assurances ont
vécu dans un système où la réclamation était
basée sur la faute. Or, vous avez eu un changement de mentalité,
pas au Québec, un changement nord-américain, qui fait qu'une
libéralisation de l'interprétation des contrats a fait en sorte
que l'on ne cherche plus qui est responsable mais qui peut payer. Avec comme
conséquence que les Etats-Unis ont accordé, surtout parce qu'ils
ont le système par jury au civil alors que nous, nous l'avons au
criminel, des montants faramineux de réclamations.
Deuxièmement, mentalité nouvelle, on accorde des droits
nouveaux a la population et la population fait valoir ces droits. Ce qui veut
dire que vous avez une augmentation considérable de réclamations
de la part de la population, dans le secteur de la responsabilité
civile, à propos de tout et de rien.
Troisièmement, vous avez eu sur le plan mondial - vous savez, il
n'y a pas un pays qui peut se suffire; au Québec, en assurance...
M. Garon: Cela dépend des domaines.
M. Bouchard: Je vous parle d'assurance-responsabilité.
M. Garon: Non, je pensais au secteur alimentaire.
M. Bouchard: Ah bien ça, je ne connais pas celai
M. Garon: Dans l'énergie.
M. Bouchard: Je ne suis pas inspecteur de... Je ne connais pas
cela les aliments. Prenez, par exemple, l'assurance-responsabilité, on
perçoit au Québec environ 155 000 000 $ de primes et on paie,
juste en sinistres, environ 149 000 000 $. Ajoutez à cela 25 % à
30 % de frais d'administration et cela vous fait environ 120 % de primes; les
compagnies d'assurances perdent.
Sur le plan canadien, c'est encore pas mal plus vaste. On parle de
milliards en termes de risques. S avez-vous combien il se paie de primes sur le
plan canadien, bon an mal an, en assurance-responsabilité? Aux alentours
de 555 000 000 $. Cela veut dire quoi, M. le député? Cela veut
dire que c'est la réassurance qui vient de prendre la relève.
Donc, cela veut dire que vous êtes tributaire du marché
international. Le marché international, tout se résume là.
Et là, le monde entier a les réclamations du monde entier et
c'est réparti non seulement parmi les Lloyds de Londres, mais par les
compagnies spécialisées en réassurance. Elles ont des
problèmes en Inde, au Brésil et un peu partout dans le monde et
ils disent; Oh! un instant! On n'est plus capable.
Elles ont resserré considérablement la vis parce qu'elles
n'étaient plus capables de faire face à la musique. Et
d'après moi, en 1985-1986, le marché de réassurance est
environ 25 % sur le plan mondial de ce qu'il était il y a seulement deux
ans» L'effet des compressions inévitable sur les compagnies: il
est beaucoup plus difficile de négocier des contrats. Je vous invite
à rencontrer les présidents de compagnie d'assurances qui ont
fait la visite dans mon bureau régulièrement, depuis deux mois,
et qui me racontaient leurs doléances - tous les contrats de
réassurance viennent à échéance en novembre et
décembre - et les difficultés qu'ils ont eues pour obtenir des
contrats de réassurance sur le marché international, quand ils en
ont obtenus.
Dans certains cas, le marché mondial a même forcé
les réassureurs au premier échelon à exclure de leurs
contrats d'assurances des responsabilités qu'ils ne voulaient plus
assumer, par exemple: la pollution. Cherchez-moi une assurance-pollution
maintenant, un assureur qui veut assurer contre la pollution. C'est un cas.
Alors, il a fallu composer avec cela. Cela s'est-il reflété dans
le domaine de la responsabilité? Oui. Cela s'est-il
reflété dans le domaine professionnel? Oui. Cela s'est-il
reflété dans les municipalités?
II y a, au Québec, 1600 municipalités. Sur les 1600
municipalités, je ne crois pas me tromper parce que j'ai
rencontré, à deux reprises, le ministre des Affaires municipales
pour essayer de régler le problème des municipalités mais,
d'abord, pour comprendre avant de penser à des solutions. J'ai
avancé
- parce que j'ai fait ma propre enquête auprès des
compagnies d'assurances - le chiffre que... Est-il exact que, sur les 1600
municipalités au Québec, le problème se poserait pour
environ 50 à 60 d'entre elles? Je suis prêt à aller
à 70. Elles ont dit oui. Alors, ne me parlez pas de problèmes
endémiques. Il n'y a pas de crise nationale, d'accord. Les 50 ou 60
parlent fort; ce sont les plus grosses, mais je n'ai pas de problème
dans les municipalités de 5000 âmes et moins et de 25 000
âmes et moins.
Je puis vous dire que la plupart de ces municipalités, lorsque
vous comparez leurs taux aujourd'hui avec celui qu'elles payaient en 1980-1981,
vous avez environ 30 %, 35 % ou 40 % d'augmentation, pas 300 %, 400 % ou 500 %.
Qu'est-il arrivé? Tout simplement qu'en vertu du Code municipal, on
exige la soumission publique lorsque le montant de soumission dépasse un
certain montant. Donc, surtout les grosses municipalités, parce que
celles qui n'étaient pas visées par ce système-là
allaient directement, négociaient, pouvaient négocier avec des
compagnies d'assurances.
La compagnie d'assurances qui était sur son risque faisait valoir
à son client des représentations adéquates. Pas de
problème; mais, avec le système de soumissions publiques dont le
critère de détermination du contrat n'est basé que sur la
valeur monétaire, hé bien! monsieur, c'est une prime de 100 $ par
rapport à une prime de 99 $. C'est celui qui a 99 $ qui l'a. Est-ce que
la compagnie est bonne ou pas bonne? Cela a été le cas de
Northumberland à Québec qui a fait faillite, une compagnie
fédérale.
Ils ont coupé les prix partout, cela a été le cas
de Strathcona qui s'était spécialisée... J'avais eu des
signaux d'un peu partout du monde des assureurs qui disaient: Cela n'a pas de
sens, on ne peut pas arriver. Je vais vous donner un exemple, c'est une
compagnie d'assurances qui m'a donné un exemple: Sur un risque d'une
municipalité qu'elle avait depuis quatre ans, donc, elle connaissait ce
qu'ils appelaient le taux de sinistre, elle connaissait toute l'histoire, cette
compagnie-là est arrivée l'année suivante et elle a
soumissionné à la moitié du prix. Il a dit: Moi, je me
retire. C'est impossible, il ne peut pas passer. Il n'a pas passé non
plus, il a fait faillite.
Les municipalités, devant prendre le plus bas soumissionnaire,
prenaient les plus bas soumissionnaires de ces compagnies-là. Ceci fait
qu'on a eu sur le marché - je m'excuse de prendre l'expression anglaise,
mais c'est courant dans le marché - des "discounters",
c'est-à-dire des compagnies d'assurances qui ont escompté
considérablement les primes à une période où le
taux d'intérêt étant tellement intéressant que ce
n'était pas le risque, au fond, qui les intéressait, mais la
rentrée de fonds pour pouvoir les placer à 12 %, 13 %, 14 %, 15
%, 16 % et, en tout risque, on verra dans le temps comme dans le temps si on a
l'argent nécessaire pour payer* Je n'ai pas eu des assureurs, mais j'ai
eu des gens qui négociaient et des gens qui faisaient du placement.
Ces municipalités-là, avec le temps, sont toujours
demeurées avec les mêmes assureurs. Ces mêmes assureurs
ayant des taux bas, (es autres assureurs ne venaient pas soumissionner parce
que cela ne les intéressait pas. Préparer une soumission pour une
municipalité importante, cela représente de l'argent pour une
compagnie d'assurances, 1000 $, 2000 $, 3000 $ selon l'importance de la
municipalité, pour évaluer son système contre les
incendies, son système de police, son système d'égout, son
système de ci, son système de ça. On ne peut pas
dépenser de l'argent comme cela sachant qu'elles avaient dans le dossier
les mêmes compagnies qui coupent les prix. Alors, on n'y allait pas.
Souricière. Maintenant, ces compagnies-là
rétrocèdent dans une proportion de 70 % à 80 % leurs
primes. Comme elles rétrocèdent, elles vont où? Elles vont
sur le marché international qui leur dit: Fini! Cette année, vous
augmentez les primes de 300 % à 400 % au niveau de la
réassurance. Donc, elles se retournent vers le bas et augmentent la
municipalité de 300 %, 400 % ou 500 %. Ce n'est pas plus difficile que
cela.
On a dit maintenant aux municipalités de sortir de ce ghetto,
modifier peut-être, repenser le système de soumissions, permettre,
par exemple, que la compagnie d'assurances puisse demeurer sous le risque trois
ans, lui permettant, au lieu de soumissionner à tous les ans et de
dépenser des frais, d'étaler ses coûts sur trois ans.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Bouchard. M. le
député de Lévis, une dernière question.
M. Garon: Je voudrais vous poser une question. Une
dernière... cela va dépendre. Est-ce que les frais
d'incorporation perçus par l'inspecteur général couvrent
les coûts relié3 à l'incorporation? Est-ce que les
coûts d'inspection de l'inspecteur général 3ont
chargés d'une façon ou de l'autre aux gens qui inspectent?
M. Bouchard: Première question: non. Coût
d'inspection et incorporation, ce sont deux mondes. L'inspection, c'est de
l'inspection et l'incorporation, c'est mettre au monde une compagnie. Les
revenus d'incorporation de l'inspecteur général, c'est 4 000 000
$ par année, bon an mal an, et c'est en progression constante.
Je peux vous dire là-dessus que nous avons cette année
incorporé, jusqu'au 30
mars 1986, 17 000 compagnies au Québec. Cela ne s'était
jamais vu de mémoire d'homme,
M. Garon: Jusqu'au 31 mars de cette année.
M. Bouchard: Pardon?
M. Garon: Jusqu'au 31 mars 1986.
M. Bouchard: C'est exact. Donc, 17 000 compagnies. Faites la
moyenne par mois, vous allez voir ce que cela veut dire, que la paperasse
sort.
Deuxièmement, pour les frais d'inspection, le système qui
fonctionne est très simple, c'est ceci: Dans le domaine des assurances,
c'est 4 000 000 $ qu'on va chercher. La Loi sur les assurances prévoit
que tous les frais directs et indirects du secteur des assurances sont à
la charge des compagnies qui détiennent un permis du Québec,
c'est-à-dire les quelque 450 qui font affaires dans la province de
Québec. La répartition des coûts se fait au prorata des
primes souscrites au Québec. (12 h 15)
M. Garon: Est-ce pour l'incorporation ou pour l'inspection?
M. Bouchard: Pour l'inspection. J'ai parlé des frais.
M. Garon: Je voudrais vider toute la question d'incorporation.
Est-ce que les frais d'incorporation sont couverts par les coûts
reliés à l'incorporation que vous exigez au moment de
l'incorporation?
M. Bouchard: Vous voulez savoir si le service est autosuffisant
pour l'incorporation, c'est cela?
M. Garon: Oui. Pour incorporer une entreprise, vous avez des
frais. À un moment donné, vous calculez cela sur l'ensemble des
opérations. Vous devez avoir un coût moyen d'incorporation...
M. Bouchard: Seulement dans le service...
M. Garon: Je vous demande tout simplement si les frais
d'incorporation perçus par l'inspecteur général couvrent
les coûts reliés è l'incorporation?
M. Bouchard: Oui. Ils dépassent. On fait de l'argent.
M. Garon: Cela rapporte plus que ce que cela ne coûte.
M. Bouchard: On fait de l'argent.
M. Garon: Bon. Là, je pense bien que ma question pour le
ministre tombe. J'imagine qu'il ne doit pas envisager d'augmenter ces frais.
Est-ce qu'il pense à augmenter les frais d'Incorporation? Il ne va pas
mettre un ticket modérateur là-dedans?
M. Levesque: Lorsqu'ils seront augmentés, vous le saurez
comme tout le monde.
M. Garon: Non, mais c'est parce que le gouvernement a dit qu'il
était intéressé. Surtout dans votre document du 5
mars...
M. Levesque: On est intéressé, évidemment,
à équilibrer notre budget.
M. Garon: Bon. Dans ce cas-là, comme les coûts sont
plus élevés que les frais, j'imagine que le ministre ne doit pas
aller beaucoup dans ce secteur-là. Mais dans les coûts
d'inspection...
M. Levesque: Mais je dois dire au ministre que, lorsque l'on
parle de l'incorporation des compagnies...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, M. le ministre.
M. Levesque: Ah oui! Excusez-moi! Lorsqu'on parle de
l'incorporation...
M. Garon: Je ne me suis pas senti visé.
M. Levesque: Lorsque l'on parle de l'incorporation des
compagnies, je pense qu'il faudrait peut-être noter ici que les frais
d'incorporation exigés des intéressés sont beaucoup
moindres que ceux imposés par le gouvernement fédéral.
M. Garon: Mais on n'a pas de honte à être plus
efficace au Québec.
M. Levesque: Non, il n'y a pas de honte à cela, mais je
veux le dire pour ne pas qu'on pense qu'il y a eu exagération dans les
frais.
M. Garon: Le gouvernement du Parti québécois n'a
jamais exagéré à ce point de vue-là.
Maintenant, je voudrais demander à l'inspecteur
général, concernant les coûts d'inspection des institutions
financières par catégorie, s'il y a des frais qui sont
imposés pour l'inspection? S'il y en a, quelle proportion cela
représente-t-il par rapport aux coûts d'inspection?
M. Bouchard: Dans le secteur des assurances, je vous ai
répondu tout à l'heure qu'il y a une charge globale qui est
faite. C'est que les frais d'inspection sont inclus
dans les frais d'analyse. Tous les frais du service des assurances comme
tel font un montant global de tant, les frais directs et les frais indirects.
Et ces frais sont répartis au prorata des primes perçues au
Québec.
Vous avez la même chose dans le cas des compagnies de fiducie,
sauf que les compagnies de fiducie...
M. Garon: Je le sais.
M. Bouchard: ...sont perçues, non pas sur les prêts,
mais sur les revenus bruts perçus au Québec. Dans le cas des
caisses d'épargne et de crédit, je n'en ai pas parce que la loi
ne me le permet pas.
M. Garon: Est-ce que le ministre envisage de hausser ces frais?
Est-ce qu'il envisage d'établir des frais dans des secteurs où
les services d'inspection ne sont pas payés par l'imposition de frais
d'inspection?
M. Levesque: Bien, oui. La réponse est qu'il faut
s'ajuster. On n'est pas pour rester toujours avec les prix de 1867. Il faut en
tenir compte. D'ailleurs, je l'avais mentionné un peu comme politique
générale du gouvernement.
M. Garon: En cela, vous imitez le gouvernement
fédéral, par exemple. Le gouvernement fédéral
envisage de faire payer ces services...
M. Levesque: Je n'ai rien à voir avec le gouvernement
fédéral au moment où je vous parle. Ce n'est pas ce que je
vous dis. Je dis au député de Lévis que, dans notre
politique générale telle que soumise à la réflexion
dans un document qui s'appelle "Urgence d'un redressement", publié le 5
mars dernier, c'est dans la politique générale du gouvernement de
tenir compte des services donnés à certaines clientèles
quant à l'établissement des frais qui seront
considérés.
M. Garon: Je voudrais remercier, pour ma part, l'Inspecteur
général des institutions financières et les gens qui
l'accompagnent. Cela ne veut pas dire que je libère le ministre des
Finances des questions que je vais lui poser sur le rapport Marceau. Mais pour
éviter que l'on pense que mes questions s'adressent à
l'Inspecteur général des institutions financières, je vais
les poser quand il ne sera plus là, pour qu'on sache bien que ces
questions ne s'adressent pas à lui, mais au ministre des Finances.
Moi, je dois dire que je suis très content des réponses
qui ont été fournies par l'Inspecteur général des
institutions financières, parce que c'est un secteur important. Si on
regarde ce qui s'est passé ailleurs au cours des dernières
années, des très récentes années en tout cas,
l'Inspecteur général des institutions financières a
dû jouer un rôle au Québec, sûrement. Quand on voit
que même une institution comme la Banque du Canada n'a pas
été capable de jouer son rôle dans d'autres provinces, dans
les provinces de l'Ouest, c'est peut-être parce que nos institutions
financières sont mieux administrées ou parce qu'on est plus
sévère dans l'inspection ou surtout, peut-être, parce qu'il
y a une oeuvre d'assistance qui est faite. Il y a eu une oeuvre d'assistance
dans les institutions coopératives, entre autres, pour améliorer
le système de surveillance.
Il est beaucoup mieux, à mon avis, de redresser que de liquider.
Un service comme le vôtre peut jouer ce rôle, et je sais qu'il l'a
joué à plusieurs reprises notamment par rapport aux institutions
coopératives qui en avaient besoin avant que le mouvement soit assez
gros pour avoir un service assez fort et s'occuper, en grande partie de
lui-même maintenant, de ses besoins.
Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, rapidement.
M. Bélisle: Rapidement, on vous remercie de votre
présence, ici, aujourd'hui. Cela a été très
intéressant de vous écouter nous expliquer en long et en large
diverses facettes de votre rôle.
Nous sommes convaincus que vous jouez un rôle très
important pour l'administration publique au Québec. Encore une fois,
merci M. Bouchard et merci à vos collaborateurs.
Le Président (M. Lemieux): Au nom de la présidence,
merci à vous et à vos collaborateurs.
Maintenant, nous allons procéder, messieurs, à la
Loto-Québec.
M. le ministre, pourriez-vous nous présenter les gens qui vous
accompagnent.
Loto-Québec
M. Levesque: Oui, M. le Président. Le P.-D.G. de la
Société des loteries et courses du Québec, M. David Clark.
Je demanderais à M. Clark de nous présenter ceux qui
l'accompagnent.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions de votre
présence, M. Clark. Est-ce que les groupes parlementaires ont des
questions?
M. le député de Lévis, est-ce que vous avez des
questions?
M. Garon: J'aimerais demander au ministre ce qu'il pense de3
documents qu'il a lus sur les rapports financiers de Loto-Québec, s'il
est satisfait de l'administration de Loto-Québec, ou s'il a l'intention
de
modifier les orientations de Loto-Québec, ou s'il a l'intention
de donner des directives à Loto-Québec pour l'année qui
s'en vient, ou s'il estime que l'administration actuelle de Loto-Québec
est satisfaisante et qu'il souhaite la voir continuer dans le même
sens?
M. Levesque: Oui, je dois dire que j'ai eu l'occasion de
rencontrer personnellement M. Clark dès mon arrivée au
ministère des Finances. Par la suite, nous avons eu une autre rencontre
alors que, non seulement nous avons justement discuté des
activités de la société, du rendement de la
société, mais également que nous avons commencé
à aborder différents scénarios qui peuvent être
envisagés pour étendre les activités de la
société.
Je pense qu'il est trop tôt pour être plus explicite, parce
que nous faisons présentement une évaluation des
différentes propositions que nous fait la société. Je
crois, pour répondre directement è la question posée par
la député de Lévis, que l'apport... évidemment,
là je parle comme ministre des Finances et peut-être moins comme
ministre de tutelle de la société. Je crois que les revenus
générés par ces activités sont importants dans les
équilibres financiers du gouvernement.
M. Garon: Je veux demander ceci au ministre des Finances. En
1985, on voit qu'il y avait un solde au début de l'année de 29
011 000 $ et un bénéfice net de 252 919 000 $ pour un total de
281 930 000 $, les dividendes payés au ministre des Finances, 240 000
000 $ et il reste un solde à la fin de l'année de 41 900 000 $.
Est-ce que Le ministre des Finances a l'intention de "plumer"
Loto-Québec ou s'il a l'intention de lui laisser un solde pour qu'on
puisse voir qu'il y avait un solde en début d'année et qu'il ne
videra pas la caisse de Loto-Québec, comme il y avait un solde en
début d'année de 29 011 000 $ et qu'à la fin de
l'année il y a un solde de 41 930 000 $? Le ministre a-t-il l'intention
de fonctionner sans dépouiller complètement
Loto-Québec?
M. Levesque: Le solde à la fin de l'année 1985 se
chiffrait en effet à 41 930 000 $, mais depuis que ce rapport a
été publié ces sommes ont été remises au
fonds consolidé.
M. Garon: Cela a déjà été
"plumé". M. Levesque: Oui.
M. Garon: Qu'est-ce que vous faites avec? Je ne comprends
pas...
M. Levesque: Mais ce n'est pas...
M. Garon: Le ministre des Finances! 41 900 000 $ de
Loto-Québec qui rentrent dans les coffres. SOQUIA qui vend ses parts de
Provigo 8 %, cela veut dire plusieurs dizaines de millions de dollars.
Là, on veut vendre les parts de Culinar, vous n'avez pas besoin
d'augmenter les taxes, vous avez assez d'argent avec toutes les ventes d'actifs
du gouvernement.
M. Levesque: On aurait eu assez d'argent, M. le
député de Lévis, si les chiffres fournis par l'ancien
gouvernement s'étaient révélés exacts.
M. Garon: C'est injuste!
M. Levesque: Or, M. le Président, il y avait là une
différence de 1 300 000 000 $ qui n'apparaissait nulle part et qui nous
a été révélée lorsque nous avons pris le
pouvoir.
M. Garon: Oui, mais un instant! Il y avait 150 000 000 $
là-dedans pour des dépenses additionnelles que vous n'avez pas
utilisés. Alors, cela veut dire qu'il y a au moins 150 000 000 $ dont
vous n'avez pas besoin dans cela. Même le ministre responsable du Conseil
du trésor l'a effacé d'une claque trois semaines plus tard, vous
aviez écrit 150 000 000 $ d'un côté et c'est effacé
de l'autre côté trois semaines plus tard. Ne parlez pas de 1 300
000 000 $.
M. Levesque: Nous aurons l'occasion sans doute dans un avenir
très prochain de ramener le député de Lévis aux
véritables chiffres. Je serai très heureux que nous arrivions
à cela. Présentement, nous étudions la
société et je ne voudrais pas que l'on se mêle surtout
qu'il ne reste pas grand temps.
M. Bélisle: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, sur une question de règlement.
M. Bélisle: La règle de la pertinence...
Écoutez, on n'étudie pas la politique budgétaire du
gouvernement en ce moment.
Le Président (M. Lemieux): ...
M. Bélisle: Étudions donc l'organisme qui est
devant nous.
M. Garon: On étudie tout ce qui relève du ministre
des Finances. Je peux poser toutes les questions que je veux concernant le
ministère des Finances. M. le Président, je ne suis pas ici pour
faire l'école. J'étais professeur avant 1976. Je renvoie le
député de Mille-Îles au Journal des débats des
années antérieures. Il verra que dans ces
matières, quand le ministre est devant la commission
parlementaire, pour l'étude des crédits on peut lui poser des
questions sur n'importe quoi parce que ce sont toutes les activités du
ministère des Finances qui sont visées et qui sont
touchées. Si vous voulez, je ne voudrais pas répondre à
ça plusieurs fois.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Levesque: Si vous me le permettez, je n'ai aucune objection
à dialoguer avec le député de Lévis. J'en ai pris
l'habitude d'ailleurs depuis quelques années. Mais simplement par
courtoisie pour M. Clark et pour pouvoir le libérer, j'aimerais que les
questions portent sur le sujet à moins que vous n'ayez pas de question
à lui poser.
M. Garon: Non, la principale question que j'avais à vous
poser était pour savoir s'il y avait des changements d'orientation. Vous
m'avez dit: Non. Vous avez dit que vous caressiez certains projets mais qu'ils
n'étaient pas mûrs. Je comprends que vous n'êtes pas
obligé de me parler de vos projets qui ne sont pas mûrs. De toute
façon, qui veut manger des fruits qui ne sont pas mûrs? Autrement,
on serait obligé de travailler dans vos pensées et là je
ne voudrais pas faire ça.
La principale question qui me préoccupait, je l'ai posée
également, c'était sur le solde en fin d'année, au 31 mars
1985. Vous me dites que vous êtes déjà allé le
chercher. J'aimerais poser une question, mais je ne sais pas si on pourra me
répondre. Au 31 mars 1986, est-ce que vous savez déjà quel
est le solde?
(12 h 30)
M. Clark (David): Je peux répandre. C'est que nous n'avons
pas encore les états financiers complétés. On les aura
peut-être dans un mois environ. Nous allons verser un dividende de 310
000 000 $ au total pour l'année 1985-1986, tel que cela a
été annoncé dans le budget. Notre revenu net sera d'un peu
moins que cela. Nous avions visé 270 000 000 $; on va être quelque
part entre 295 000 000 $ et 305 000 000 $. Mais nous n'avons pas encore les
états financiers finals.
Au début de cette année, on a versé le reste de la
partie non versée. Peut-être qu'il restera encore quelques
millions de dollars qui n'auront pas été versés. À
ce moment-là, j'imagine que le ministre va nous demander de les
rapatrier assez rapidement parce que, comme tout le monde le sait, le
gouvernement a besoin d'argent actuellement.
M. Garon: C'est drôle mais nous autres, on fonctionnait. En
tout cas. Je voudrais vous poser une deuxième question. Au conseil
d'administration, est-ce que les membres reçoivent actuellement des
jetons de présence?
M. Clark: Jusqu'ici, les membres du conseil ont reçu des
jetons de présence. Mais nous avons reçu les directives du
gouvernement et nous n'avons pas encore eu de réunion du conseil
d'administration depuis.
M. Garon: Combien y a-t-il de membres au conseil
d'administration? Combien parmi eux sont fonctionnaires? Combien
reçoivent des jetons de présence et combien n'en reçoivent
pas? Quel est le montant?
M. Clark: Nous avons six membres, dont moi-même et M.
Vandry qui est aussi de la direction de Loto-Québec. Évidemment,
nous deux ne recevons jamais rien pour les réunions du conseil. Les
quatre autres membres sont de l'entreprise privée. Jusqu'ici, ils ont
reçu des jetons de présence. Nous venons de recevoir la directive
par écrit. C'est justement une des choses que je voulais voir avec M.
Levesque, avant de rentrer, parce qu'il s'agit de membres qui étaient
déjà au conseil et il n'est pas clair dans mon esprit s'ils ont
droit à des jetons tant qu'ils y demeurent ou si cela doit entrer en
vigueur tout de suite.
M. Garon: De quel ordre sont les jetons de présence?
M. Clark: Pardon?
M. Garon: Quel montant, annuellement?
M. Clark: Je crois que c'est 250 $ par réunion qu'ils
recevaient.
M. Garon: Est-ce qu'il y a un montant de base?
M. Clark: Ils recevaient également 2000 $ par an, oui.
M. Garon: En plus des 250 $ par séance?
M. Clark: C'est cela.
M. Garon: Combien y a-t-il de séances par année,
approximativement?
M. Clark: À peu près une dizaine.
Le Président (M. Lemieux): Comme il est exactement 12 h 33
et qu'avec le consentement des parties, il y aurait quelques autres questions,
est-ce qu'il y a consentement pour continuer jusqu'à 12 h 45? M. le
député de Lévis, c'est pour permettre une seule question
de la part de la députée de Matane. Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): II y a consentement. Mme la
députée de Matane.
Mme Hovington: On voit ici qu'il y a une augmentation du
dividende versé par Loto-Québec au ministère des Finances.
En 1984, il y avait 204 000 000 $; en 1985, 240 000 000 $. Vous dite3 qu'il y
aura cette année un montant de 310 000 000 $. Est-ce que vous
prévoyez que le dividende va continuer à augmenter ou s'il peut
être plafonné dans les prochaines années? Si oui, si vous
prévoyez un plafonnement, est-ce qu'il y a des nouveaux marchés
qui sont susceptibles d'être explorés ou exploités? Est-ce
qu'il y aura un nouveau développement de marketing au chapitre des
produits?
M. Clark: Cela fait deux ou trois ans que nous avisons nos
patrons que nous commençons à atteindre le stade du plafonnement
dans le marché des loteries tel qu'il existe actuellement, même en
lançant de nouveaux produits. Mais quand nous parlons de plafonnement,
nous entendons cela en dollars constants. C'est-à-dire que je pense que
jusqu'à un avenir prévisible, nous pourrons continuer à
augmenter le dividende au moins avec le taux d'inflation. Nous devrions
être capables de faire cela avec une saine gestion en relançant
des produits et, parfois, en lançant de nouveaux produits.
Mais ce que nous communiquons au gouvernement, c'est . qu'à
partir de l'an prochain notre taux de croissance supérieur au taux
d'inflation devra venir forcément des nouveaux domaines du
marché, cela veut dire des nouveaux types de jeux. C'est une
décision gouvernementale.
Mme Hovington: Vous avez un service de marketing.
M. Clark: Nous avons une équipe qui travaille sur tous les
domaines des jeux, simplement pour que le gouvernement soit bien au courant de
ce qui se passe dans ces domaines-là. Nous avons quelques projets qui
sont prêts, même depuis deux ou trois ans dans certains cas.
D'autres sont plus récents. Le ministre a dit tout à l'heure que
nous étions en dialogue actuellement avec le gouvernement. C'est ce que
nous sommes en train de faire. C'est pour le mettre au courant de tout ce qui
se passe dans notre domaine. Il peut y avoir de nouveaux projets, comme il y a
toujours de nouveaux projets de loterie d'ailleurs. Nous avions lancé
une nouvelle loterie l'année dernière, mais pas permanente.
C'était une loterie d'une durée de deux mois, le gala 15e. Cela
nous a permis de faire 3 500 000 $ de plus en bénéfice ce que
nous n'aurions pas fait si nous n'avions pas lancé cette loterie.
Il y a toujours certains petits gestes, mais quand on parle de gros
montants - maintenant nous sommes rendus à 300 000 000 $ et plus de
dividendes annuels - quand on parle du secteur loterie, on commence à
atteindre le plafonnement.
Mme Hovington: D'accord, merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Champlain.
M. Brouillette: Merci, M. le Président. Ma question
s'adresse à M. Clark. On sait qu'il s'est développé un
vaste marché de jeux illégaux, de type "poker" ou "black jack",
au Québec. Il y a aussi des indices selon lesquels le crime
organisé en profite largement. Est-ce que vous êtes au courant de
ces faits et avez-vous des positions face à cela?
M. Clark; Nous sommes très au courant de ce
problème. D'après la police, il y a entre 12 000 et 15 000
machines à sous -machines à black jack, poker ou simplement
machines à sous - qui existent actuellement au Québec, dans les
bars, dans quelques petits hôtels et restaurants. Souvent beaucoup de ces
machines sont utilisées illégalement, dans le sens que si on paie
un droit de 500 $ à la Régie des loteries et courses, on peut se
procurer la machine, mais on n'a pas le droit de payer des lots en argent, soit
des parties gratuites. Ce qui se fait en réalité dans beaucoup de
bars, c'est que les lots sont payés sous la table parce que c'est
très ennuyant de jouer avec ces machines si on ne joue pas pour
l'argent. Tous ceux qui les possèdent le savent. La police nous dit
estimer que le marché illégal par rapport à ces machines
se situe entre 300 000 000 $ et 600 000 000 $ par an.
Évidemment, à l'origine, Loto-Québec a
été créée pour permettre au gouvernement de se
procurer des fonds, pour mettre de l'ordre dans le domaine des jeux et pour
légaliser des jeux illégaux qui existaient déjà.
C'est un domaine qui nous intéresse depuis deux ans. Cela fait deux ans
qu'un dossier est ouvert là-dessus.
M. Brouillette: Avez-vous quelque chose pour contrer cela, de
nouvelles expertises, de nouveaux jeux qui vont sortir?
M. Clark: Nous avons des propositions, des projets, mais c'est un
domaine qui est très dangereux dans un sens. Il faut faire très
attention. Nous avons toujours préconisé une approche-test avant
de proposer quelque chose à l'échelle du Québec. Cela fait
partie des dossiers.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Une petite question brève. Est-ce que vous
avez l'intention de conserver le même système, le même mode
d'octroi des concessions pour les ventes des billets de Loto-Québec ou
si vous avez...
M. Clark: Quand vous parlez...
Mme Blackburn: ...parce qu'il y a des concessionnaires pour
vendre, ou des permis pour vendre les billets de Loto-Québec. Est-ce que
vous allez conserver le même système d'attribution ou si vous
songez à le modifier?
M. Clark: Je pense que nous avons un système qui est
très efficace et très juste. Il s'agit simplement de constamment
polir ce système, si j'ose dire. Nous avons deux types de
détaillants: le détaillant sans terminai à qui on donne
assez facilement des permis de vente de nos billets qui ne sont pas
informatisés. Pour les jeux informatisés, nous avons 4000
détaillants qui ont des terminaux, nous avons seulement 4000 terminaux,
donc il n'y a plus de nouveaux terminaux à placer. C'est seulement si un
détaillant fait faillite et laisse son commerce qu'on place un terminai
ailleurs. Pour placer ces terminaux qui deviennent disponibles au fur et
à mesure, nous avons un procédé qui est très strict
et que nous n'avons pas l'intention de modifier.
Mme Blackburn: Ma question s'adresserait au ministre. Est-ce que
le ministre a l'intention d'intervenir dans ce secteur pour modifier les
règles de location des...
M. Levesque: Je n'ai pas de raison comme, à ce moment-ci,
pour censurer le travail fait par la régie.
Mme Blackburn: Merci.
Mme Hovington: Au niveau de l'équipement, si vous
permettez, M. le Président. L'équipement qui est en fonction
maintenant c'est un équipement qui est utilisé depuis plusieurs
années. Justement vous dites que vous n'avez pas assez de terminaux, si
j'ai bien compris, pour émettre de nouveaux permis. Est-ce que c'est
seulement cela qui vous empêche d'émettre de nouveaux permis?
Est-ce que vous prévoyez, concernant l'équipement...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Matane, je m'excuse...
Mme Hovington: C'est parce que c'est très...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, s'il vous plaît!
M. Gobé: Ma question s'adresse à M. Clark. Je
m'excuse auprès de ma collègue. Ma question est un peu en rapport
avec la sienne. Dans le cas de l'implantation de nouveaux terminaux, je vois
que vous êtes passés de 3400 à 4000 terminaux
supplémentaires et aussi dans le cas des contrats de services, serait-il
possible ou quelle est la politique de votre entreprise actuellement en ce qui
concerne l'attribution de ces contrats ou de programmes de recherche et de
développement pour du nouveau matériel envers les entreprises
québécoises, car l'on sait que, antérieurement, lorsque
les terminaux 6/36 ont été implantés, c'est la compagnie
Comterm qui avait eu le contrat. Par la suite, il y a eu des malentendus. Je ne
sais pas ce qui s'est passé, c'est une autre compagnie à
participation américaine qui a surgi dans le dossier. Étant
donné que Loto-Québec représente un pouvoir
d'investissement élevé envers la haute technologie, est-ce qu'on
ne devrait pas favoriser, je crois, l'entreprise québécoise?
Quelle est votre position?
M. Clark: Nous avons une politique même très
agressive pour favoriser l'industrie québécoise, surtout dans
l'industrie de pointe de haute technologie. Maintenant, ce qu'il faut dire,
c'est que nos premiers terminaux ont été fabriqués par
Comterm, mais à contrat avec une firme américaine qui
possédait les logiciels et l'expertise. Le contenu
québécois de ce premier contrat, en 1978, était de l'ordre
de 80 %. Mais le cerveau - le domaine des jeux est très
spécialisé - provenait d'une firme américaine. Cette
même firme américaine était le plus bas soumissionnaire et
de loin, lors de notre contrat de 1981, quand on a ajouté 1500
terminaux.
Cette fois-là, la firme américaine ne pouvait pas
s'entendre avec Comterm. Ils avaient parlé entre eux, ils ont aussi
parlé avec d'autres firmes et, finalement, ils ont racheté une
firme québécoise qui est devenue G. TechNord et la firme
américaine dont il s'agit s'appelle G. Tech. Là encore, le
contenu du contrat était de 80 % à 85 % québécois.
Mais jusqu'ici, nous n'avons jamais eu de soumissionnaire pour nos jeux - pour
notre quincaillerie informatique, si on veut -où le total du contenu
provenait du Québec, où le logiciel de base - le cerveau qu'il
nous faut - pouvait provenir du Québec. Si une firme
québécoise peut le faire lors de notre prochain appel d'offre3,
évidemment, selon les règles du jeu, elle va être
favorisée pour autant qu'elle ait un prix très
intéressant.
Maintenant, l'autre question que vous avez posée portait sur
l'entretien des terminaux. Le premier contrat d'entretien
était avec Com term, mais cela faisait partie de l'appel d'offres
initial. Par la suite, on s'est rendu compte que la compagnie n'était
pas très équipée pour faire cela et elle faisait souvent
appel à des sous-traitants un peu partout au Québec et on n'avait
pas un très bon service. D'ailleurs, je ne pense pas que Comterm voie
cela comme secteur d'avenir pour son entreprise. Le deuxième contrat a
été accordé à Bell Canada et Northern Telecom. Tous
les deux ou trois ans - j'oublie la durée exacte - nous refaisons un
appel d'offres et, la dernière fois, c'était une firme
américaine, mais implantée au Québec, NCR, qui
était le plus bas soumissionnaire au point où, même quand
on tenait compte du contenu québécois que pouvait avoir en
supplément une firme comme Bell Canada, c'est NCR qui méritait le
contrat et qui a encore le contrat d'entretien des terminaux.
Nous avons différentes façons d'analyser les contenus
québécois. D'ailleurs, lors des gros contrats, on fait toujours
cela conjointement avec le gouvernement du Québec, avec le
ministère des Finances, évidemment, et aussi avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce et le Conseil du trésor.
Il n'y a aucun contrat de cet ordre qui est donné sans que le
gouvernement ne soit vraiment dans le dossier pendant deux mois normalement
avant qu'on choisisse.
M. Gobé: Est-ce que Loto-Québec ne pourrait pas,
dans ses prévisions... 3e sais que vous ne décidez pas
d'installer une nouvelle loterie du jour au lendemain. Il y a de la
planification, il y a des prévisions. Est-ce que vous ne pourriez pas
donner ou participer à des programmes de recherche avec l'entreprise
privée québécoise, en particulier pour développer
ces nouveaux matériaux plutôt que d'aller acheter une technologie
américaine ou française ou autre et qu'on puisse, par la suite,
si c'est une entreprise québécoise, les exporter dans d'autres
provinces ou d'autres pays.
M. Clark: C'est exactement l'histoire de Comterm. Quand Comterm a
eu le premier contrat de Loto-Québec, cela a sauvé la vie de
l'entreprise.
M. Gobé: Oui. Excusez-moi de vous interrompre, mais
lorsque Comterm a eu le premier contrat, vous le disiez vous-même, la
technologie était américaine et elle faisait l'ossature à
Pointe-Claire. Une fois le montage terminé, il n'y avait plus aucune
retombée, il n'y avait aucun droit.
M. Claris Mais, ce n'est pas cela qu'on m'a dit parce que ce
qu'on m'a dit... Et, moi, je ne suis pas allé voir...
M. Gobé: Vous étiez là, à ce moment-
là, je ne comprends plus.
M. Clark: Mais, par la suite, Comterm a obtenu beaucoup de
contrats pour des terminaux bilingues en se basant en partie sur la technologie
qui avait été apportée par cette firme américaine
pour la construction des terminaux de Loto-Québec. On m'a dit que,
premièrement, cela a sauvé la vie de l'entreprise, qui vivait une
période très difficile. Deuxièmement, par la suite, ils
ont pu, à toutes fins utiles, baser tout l'avenir de l'entreprise sur la
fabrication de terminaux pour l'étranger. Je pense que c'est la
réalité. (12 h 45)
M. Gobé: Je ne suis pas tout à fait en accord avec
votre perception de la chose en ce qui concerne la survie de l'entreprise
grâce aux terminaux et à l'apport technologique sur les terminaux
bilingues. Je vous rappellerai que les terminaux bilingues de Comterm à
l'époque étaient déjà vendus en Iran bien avant que
l'entreprise obtienne le contrat des terminaux du 6/36. Alors, ce n'est
absolument pas lié ensemble, d'après moi, d'après les
informations que je peux avoir. J'estime être bien informé sur la
question, mais ce n'est pas là le point. Le point serait: Est-ce que,
plutôt que d'acheter des cerveaux ou de la technologie à
l'extérieur et de les faire rassembler au Québec, on ne pourrait
pas faire développer cette technologie-là par des entreprises
québécoises avec une aide financière de votre entreprise
puisque, tout compte fait, vous êtes les principaux utilisateurs?
M. Clark: Oui.
M. Gobé: Avec le CRIQ aussi, s'il le faut.
M. Clark: Le problème qu'on a, c'est... Il y a deux
réponses à votre question: La première réponse,
c'est oui, on le fait, mais on ne le fait pas complètement parce qu'on
parle de centaines de millions de dollars d'investissements qu'ont faits
certaines firmes américaines, si on regarde tout ce qu'elles ont fait,
parce qu'il y a un marché énorme et elles font constamment des
progrès. Actuellement, ia technologie qu'on veut avoir pour nos
prochains terminaux parce que, comme vous l'avez dit tout à l'heure, on
a des terminaux, 2500, qui sont là depuis 1978, qu'il faut commencer
à remplacer... Donc, il va y avoir un appel d'offres bientôt.
À cet appel d'offres, évidemment, s'il y a une firme
québécoise qui est capable de démontrer qu'elle peut y
répondre et qu'elle nous donne un prix raisonnable, elle va avoir le
contrat, mais jusqu'ici nous n'avons pas cette technologie nous-mêmes. On
ne peut pas vraiment la développer sans avoir de
l'expérience dans le marché parce qu'on parle de
transactions très sophistiquées.
Quand je dis la partie que l'on apporte beaucoup aux entreprises
québécoises, nous développons tous nos logiciels de
façon interne une fois qu'on a implanté le système. Donc,
tout le système est géré par des gens de
Loto-Québec. Nous avons souvent à faire appel à des
spécialistes de l'extérieur pour nous aider à
régler des problèmes, des consultants qui, neuf fois sur dix,
proviennent de firmes comme DMR, CGI et d'autres de ce genre. Ces
gens-là, très souvent, vont par la suite auprès d'autres
entreprises. C'est un transfert de technologies qui se fait de cette
façon-là.
Aussi, quand on a acheté nos micro-ordinateurs portatifs pour
notre équipe de vente, c'est la firme DAP ici à Québec qui
a eu le contrat. On a développé ensemble cette technologie. Le
problème, c'est que cette technologie, oui, on peut la
développer, c'est quelque chose qui est assez accessible, mais la
technologie qui permet de faire jusqu'à 20 000 - et maintenant on parle
de 200 000 transactions minute - selon les règles d'un ordinateur, c'est
impensable de développer cela localement à temps pour dans cinq
ans même ou dans dix ans, je crois.
Alors, le seul moyen de faire l'apport de technologie ici, c'est
justement qu'une firme québécoise s'entende avec une firme
américaine, qu'il y ait une entente pour répondre à notre
appel d'offres ou, quand une firme américaine arrive avec la
technologie, que nous et le gouvernement on l'incite à faire des
ententes. Il y a un transfert de technologies qui est supérieur au fait
de simplement monter des pièces mécaniques.
M. Gobé: Je vous remercie, M. le président, et
j'espère que Loto-Québec démontrera l'expérience
dans l'investissement de la recherche en technologie au Québec.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, je dois vous
dire qu'il y a eu une erreur. C'était à 13 heures que cela devait
se terminer et le député de Mille-Îles aurait une
dernière question à vous poser.
M. Bélisle: J'ai une petite question, M. Clark. Est-ce
que, dans vos éléments de programme à Loto-Québec,
il y a des montants de prévus pour une révision du système
d'ordinateur et de terminaux? Est-ce qu'il y a des montants de prévus
pour l'achat dans l'année courante, pour l'année qui vient?
M. Clark: C'est-à-dire que nous avons un projet
d'investissements, oui.
M. Bélisle: Oui, c'est ce que je voulais savoir.
M. Clark: Nous avons inclus cela dans le budget de l'an prochain
en partie, mais cela va être échelonné sur deux ou trois
ans.
M. Bélisle: Combien, M. Clark?
M. Clark: Cela peut aller entre 40 000 000 $ et 50 000 000 $.
M. Bélisle: Est-ce que c'est seulement un remplacement
d'équipements existants ou vers une nouvelle technologie?
M. Clark: Là-dedans il y a le remplacement de 2500
terminaux actuels plus 15 % de terminaux de remplacement, parce que, quand il y
a un bris de terminal, on le remplace. Donc, il y a cette partie qui
représente le gros de l'investissement. On prévoit aussi
probablement changer l'ordinateur qui traite les transactions, parce que,
maintenant, la technologie est avancée de beaucoup et d'ici à
deux ans on devrait pouvoir installer cette technologie. Autrement, on va
commencer à frapper un plafond de transactions minute et nos ventes vont
être gelées simplement par des problèmes de
capacité. Alors, nous prévoyons aussi cela dans
l'investissement.
Au niveau du système de télécommunications, il y a
aussi moyen de faire des économies en faisant un petit investissement
également. C'est ce que nous avons à l'étude
actuellement.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas d'autres
questions? On vous remercie M. Clark ainsi que M. le ministre des Finances et
le personnel qui vous accompagne. Merci.
Je m'excuse, j'ajourne la séance sine die, eu égard au
fait que nous n'avons pas de motion de la Chambre. Nous aurons une motion de la
Chambre cet après-midi. La commission devrait reprendre ses travaux
à 15 h 15.
(Suspension de la séance à 12 h 51)
(Reprise à 15 h 34)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux.
Notre mandat, cet après-midi, est de poursuivre l'étude des
crédits du ministère des Finances pour l'année
financière 1986-1987. Les travaux de la commission se dérouleront
comme suit, eu égard à un avis du leader en Chambre: de 15 h 30
à 19 heures et de 20 h 30 à 22 h 30 ce soir quant à la
privatisation. Cet après-midi, nous étudierons les crédits
de la Commission des valeurs
mobilières et, ce soir, les crédits du ministère
des Finances.
M. le ministre des Finances, pourriez-vous nous présenter les
gens qui vous accompagnent?
Commission des valeurs mobilières
M. Levesque: M. le Président, je réponds avec
plaisir à votre invitation. A ma droite, M. Paul Guy, président
de la Commission des valeurs mobilières du Québec. 3e demanderais
à M. Guy de présenter ceux qui l'accompagnent.
Le Président (M. Lemieux): M. Guy, s'il vous
plaît.
M. Guy (Paul): M. le Président, à la gauche de M.
Levesque, il y a M. Raymond Hardy, directeur de l'administration à la
commission et, à sa gauche, M. Frédérick Laberge, chef du
service de la gestion interne.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
de la Commission des valeurs mobilières. La parole est au ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, comme nous l'avons fait dans
les autres cas, je suggère que nous entendions le président de la
Commission des valeurs mobilières et, s'il préfère ne pas
faire de remarques préliminaires, libre à lui.
Le Président (M. Lemieux): M. le président de la
Commission des valeurs mobilières, vous parlez en votre nom, sur le
temps du ministre des Finances.
M. Guy: Je suis aussi bien de ne pas parler trop longtemps, M. le
Président.
J'aimerais seulement dire quelques mots sur l'augmentation importante de
l'activité de la commission durant la dernière année,
surtout en ce qui concerne les placements, les prospectus. La commission a
donné, l'année dernière, 420 visas de prospectus, dont 75
pour des placements de titres admissibles au Régime
d'épargne-actions pour une valeur d'environ 950 000 000 $.
On a vu aussi, au cours de l'année dernière, une
augmentation assez importante des intermédiaires financiers qui sont
passés de 125 à 155 et leurs représentants qui sont
passés de 2700 à 3700 à cause de nombreux facteurs,
surtout, je pense, à cause de l'intérêt de plus en plus
marqué des Québécois pour les marchés boursiers. On
le voit par l'intérêt qu'ils portent aux journaux financiers, on
le voit aussi par l'augmentation sensible des volumes sur les marchés
boursiers, surtout à la Bourse de Montréal. Tout cela fait, bien
entendu, que l'activité de la commission a augmenté de
façon sensible durant la dernière année.
Maintenant, M. le Président, je serais prêt à
répondre aux questions si les gens en ont.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a des gens qui
désirent intervenir? M. le député de Lévis.
M. Garon: Mes questions vont être très brèves
concernant la Commission des valeurs mobilières, parce que le nombre
d'heures est limité et nous préférons, cette année,
consacrer plus de temps aux questions concernant le ministère des
Finances.
Pour la Commission des valeurs mobilières, essentiellement, je
vous demanderai si vous êtes satisfaits du budget que vous avez et si
vous considérez qu'avec ce budget, qui augmente peu mais qui augmente un
peu, au même rythme que l'inflation - vous êtes peut-être le
seul chanceux - 3,6%, l'inflation, 3,5%... Les gens, normalement, ne se
plaindront pas beaucoup de vous; ils vont se plaindre plus
d'Hydro-Québec qui a augmenté de 5,4% alors que les salaires vont
augmenter de 3,5%. Les gens vont être obligés de sortir leurs
économies de la banque pour payer leurs comptes
d'électricité. Dans votre cas, 3,6%, j'aimerais vous poser une
couple de questions.
Est-ce que vous avez, à votre avis, les budgets suffisants pour
exercer vos activités de surveillance dans le domaine des valeurs
mobilières ou si vous pensez que vous êtes trop serrés, que
vous ne serez pas capables de faire votre travail en fonction des
règlements que vous avez à administrer?
Le Président (M. Lemieux): M. le président de la
Commission des valeurs mobilières.
M. Guy: M. le Président, je pense qu'on est rarement
satisfaits de notre budget. Il n'y en a pas beaucoup qui sont satisfaits. On
veut toujours un peu plus. En ce qui regarde la commission, on ne subit pas de
compressions au niveau des effectifs de la commission. On a une compression
dans le budget de fonctionnement avec laquelle on peut vivre. Il n'y a pas de
doute qu'avec l'augmentation assez importante des activités de la
commission, la commission aurait besoin d'un nombre d'effectif accru pour
remplir sa mission. La commission fera des propositions plus tard au ministre
des Finances, au gouvernement, dans le but d'essayer de régler ce
problème-là.
M. Garon: Si vous aviez plus d'effectifs, à quelle place
les affecteriez-vous?
M. Guy: Je pense qu'il est évident que la commission
devrait mettre beaucoup de ressources pour les enquêtes, pour ce qui a
trait à l'usage d'informations privilégiées sur le
marché boursier. Il n'y a aucun doute maintenant qu'il y a beaucoup de
gens qui font usage d'informations privilégiées. Ce sont des
enquêtes qui demandent beaucoup de temps, qui sont difficiles à
faire, parce que, comme on le sait aujourd'hui, les clients viennent souvent
négocier des titres sur différentes bourses, pas seulement sur la
Bourse de Montréal, la Bourse de Toronto, la Bourse de New York, la
Bourse de Vancouver. Ce sont des enquêtes difficiles et longues à
faire, qui demandent beaucoup de ressources. La commission devrait être
capable de mettre beaucoup plus de ressources dans ce secteur.
M. Garon: Vous faites une distinction, dans vos
règlements, entre les initiés et les non-initiés.
Avez-vous, de près ou de loin, quelque chose à faire dans
l'administration des fonds de retraite?
M. Guy: Non. Pas du tout.
M. Garon: Considérez-vous que les critères que vous
employez en fonction d'initiés et de non-initiés, dans le domaine
des valeurs mobilières, c'est quelque chose d'important, de traiter plus
sévèrement les initiés que les non-initiés?
M. Guy: Les initiés ont des obligations que les autres
personnes n'ont pas. Si on parle du dirigeant d'une société, il
est au courant d'informations que le public en général n'a pas ou
que le public en général aura plus tard. Alors, il est normal que
ces personnes, qui sont des initiées, aient des obligations beaucoup
plus grandes. Elles ne peuvent pas faire des opérations sur des titres,
notamment, lorsqu'elles sont en possession d'informations
privilégiées. Il y a des règles plus sévères
qui s'appliquent aux initiés. Ils doivent également faire des
déclarations sur les opérations et sur les titres qu'ils font.
C'est assez normal, vu leur position dans les sociétés qui ont
fait appel publiquement à l'épargne.
M. Garon: Vous savez, les initiés connaissent plus les
décisions, ce qui se passe, que ceux qui ne sont pas initiés.
M. Guy: Dans le cas d'un dirigeant ou de quelqu'un qui
siège au conseil d'administration d'une société, c'est
évident qu'il est au courant de ce que la société a
l'intention de faire dans les mois qui viennent. Bien souvent, ces
décisions ne sont pas rendues publiques tout de suite. Il est en
possession d'informations qui ne sont pas connues du public. C'est pour cela
que cette personne initiée a des obligations qui sont plus
sévères que d'autres personnes.
M. Garon: On va demander l'opinion de quelqu'un qui est familier
avec ces questions. Pensez-vous que les administrateurs de fonds de retraite,
quand eux-mêmes font partie, sont membres du fonds de retraite, devraient
être assujettis à des règles, les initiés par
rapport aux non-initiés, dans l'administration de fonds de retraite? Ne
pensez-vous pas qu'on est à peu près dans le même genre de
situation?
M. Guy: S'il s'agit de la personne qui prend les décisions
d'investissement du fonds, elle devrait peut-être être assujettie
aux mêmes règles que les initiés, c'est-à-dire que
le public devrait connaître quelles sont les opérations qu'elle
fait sur ces titres.
M. Garon: Ou qui prend des décisions par rapport è
la masse, par exemple, au fonds.
M. Guy: Je n'ai pas assez de connaissances, M. le
Président, sur le fonctionnement des fonds de retraite pour pouvoir
répondre d'une façon satisfaisante à cette question.
M. Garon: Est-ce que la Commission des valeurs mobilières
a étudié le rapport de l'enquête présidée par
le juge Marceau sur Madelipêche Inc. et Pêcheurs unis du
Québec? Est-ce que la Commission des valeurs mobilières a
pensé que cela valait la peine de rédiger un rapport? C'est une
commission qui a siégé pendant un an, qui a produit un rapport de
près de 650 pages qui touche principalement les pratiques des
institutions financières ou des banques et des institutions
financières et la façon de faire certaines transactions,
certaines opérations, dans le cadre de leur fonctionnement.
M. Guy: M. le Président, je dois admettre que je n'ai pas
lu le rapport.
M. Garon: Je ne parle pas de vous. Est-ce que le contentieux ou
les gens des valeurs mobilières ont pensé que le rapport d'une
commission d'enquête du gouvernement méritait d'être
étudié.
M. Guy: II ne nous est pas possible de lire tous les rapports qui
sont publiés, parce que...
M. Garon: Je ne dis pas tous les rapports! Je n'ai pas
demandé de lire le rapport Bernier sur la boxe!
M. Guy: ...on en a déjà trop!
M. Garon: J'ai l'impression que vous
êtes peut-être un peu loin de cela. Je ne vous ai pas
demandé de lire le rapport Rochon sur la santé, non plus, quand
il paraîtra. Mais un rapport dont les principales conclusions ont
été révélées dans tous les journaux, par
tous les éditorialistes, et qui porte principalement sur les
activités des institutions financières, pensez-vous que c'est
assez important pour vous intéresser quand c'est
spécialisé comme cela et que c'est dans votre champ
d'activité? (15 h 45)
M. Guy: Non. En fait, sauf un intérêt personnel de
savoir ce qui se passe. Comme commission, on n'a pas pris connaissance du
rapport, vu que la commission n'a aucun rôle ni aucune compétence
sur les banques. Si on avait une compétence sur les banques,
peut-être qu'on aurait un intérêt dans le rapport.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez d'autres questions,
M. le député de Lévis,
M. Garon: Ce n'est pas anormal? Parce que ça ne touche pas
directement, c'est vrai, les valeurs mobilières, sauf une conclusion qui
parle des conflits d'intérêts des firmes professionnelles qui
peuvent agir à la fois à titre de comptables, contrôleurs,
vérificateurs, ...mandats de gestion, etc. Cela vous concerne
directement, cependant. Une firme qui aurait trois ou quatre chapeaux dans la
direction, la vérification ou la surveillance d'une entreprise, cela
vous intéresse au premier chef. Peut-être pas toutes les
considérations, mais celles-là... Est-ce que vous
considéreriez pour les valeurs mobilières, par exemple, une
entreprise qui aurait le comptable, le vérificateur, le contrôleur
- tout le monde à peu près - celui qui travaille pour
l'institution financière également, pour l'entreprise qui
exploite, celle qui lui a prêté, la même firme qui aurait
tous les chapeaux, vous sentiriez-vou3 en sécurité
complètement.
M. Guy: M. le Président, je ne peux pas parler en fonction
du rapport. Tout ce que je peux dire en ce qui concerne les conflits
d'intérêts, il n'y a pas de doute que, dans la Loi sur les valeurs
mobilières, dans le règlement et dans les instructions
générales de la commission, il y a un certain nombre de
règles qui réglementent les conflits d'intérêts et
qui essaient de les éliminer ou, au moins, les diminuer le plus
possible. Notamment, lorsque, dans un prospectus, il doit y avoir une
évaluation d'une entreprise, l'évaluation doit être faite
par une personne indépendante. Le vérificateur de l'entreprise ne
peut pas, en même temps, faire l'évaluation de l'entreprise.
L'évaluation doit être faite par quelqu'un d'autre. On a ce genre
de règles en valeurs mobilières. En ce qui concerne le rapport,
je ne peux pas en parler. M. Garon: Étes-vous...
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes toujours sur
votre temps de parole, M. le député de Lévis?
M. Garon: Oui, oui. Ça ne sera pas long.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Parce que M. le
député de Limoilou a aussi demandé la parole. Si vous
voulez prendre le temps de regarder vos notes. 3e pourrais faire intervenir le
député de Limoilou?
Vous pouvez regarder, M. le député de Lévis. M. le
député de Limoilou.
M. Garon: Je l'ai.
Le Président (M. Lemieux): Vous l'avez. Alors, M. le
député de Lévis, s'il vous plaît.
M. Garon: 11 y a deux ou trois recommandations qui peuvent
intéresser des transactions. Je ne les demande pas de façon
immédiate mais d'une façon... Dans les relations des institutions
financières avec les entreprises ou encore dans le cas de
vérificateurs ou de contrôleurs qui pourraient être
imposés par des institutions financières, on dit: "que le Code de
déontologie des comptables soit amendé, afin que la prohibition
contenue à 3-02.09 de ce code s'applique au cas de prise de possession,
réelle ou déguisée, en vertu d'acte de fiducie ou de
l'article 178 de la Loi sur les banques et au cas de "mandat de gestion"
confié par un créancier et è son profit". Le cas où
l'institution financière, pour protéger ses garanties, se met un
peu à la place de l'entreprise pour gérer ou donne un "mandat de
gestion" à des firmes de consultants, souvent, pour protéger
leurs intérêts au profit du créancier. Le rapport Marceau
analyse longuement cette question, où celui qui a reçu le "mandat
de gestion" agit souvent directement selon les instructions de l'institution
financière. Il indique, entre autres... Parfois le mandat de gestion a
été si coûteux que c'est cela qui a mis l'entreprise en
péril. On dit également dans le cas d'une prise de possession ou
d'un mandat de gestion, que les honoraires chargés par les mandataires
d'une institution financière soient approuvés par la cour avant
d'être acquittés comme le sont les honoraires du syndic en
matière de faillite. Il n'est pas indifférent à la
Commission des valeurs mobilières que des gens qui ont été
des prêteurs de bonne foi, mais qui à un moment donné
prennent panique et agissent un...
M. Levesque: C'est la banque.
M. Garon: ...un peu, pardon?
M. Levesque: C'est la banque. Est-ce que le député
de Lévis se réfère à la banque lorsqu'il dit
quelqu'un?
M. Garon: Je parle du mandat de gestion. Je ne spécifie
pas qui le donne. On dit ici le commissaire, le juge Marceau dans son... les
trois commissaires, incluant juge Marceau. Je vous ferais remarquer que ce
n'étaient pas des pee-wee: II y avait le juge Marceau de ta Cour
provinciale, André Marceau; André Gauvin, qui fut pendant
longtemps sous-ministre au ministère du Revenu et qui avait une assez
forte réputation; et Claude Beauchamp, un expert reconnu dans le domaine
de la coopération. Ils ont dit par exemple...
Ils ont parlé du mandat de gestion confié par un
créancier et à son profit. Ce ne sont pas seulement les banques.
L'histoire que ce n'est rien que les banques... ce ne sont pas seulement les
banques qui agissent dans ces cas-là. Je pense que la Commission des
valeurs mobilières se sent concernée un peu par le cas où
le gestionnaire devient un peu un créancier et agit dans le cadre d'un
mandat de gestion.
M. Guy: M. le Président, j'ai dit tout à l'heure
que la Commission des valeurs mobilières est très
concernée par les problèmes de conflits d'intérêts.
Il n'y a aucun doute là-dessus. Il y a des règles qui existent en
ce qui concerne la réglementation des valeurs mobilières,
concernant les conflits d'intérêts. J'ai donné l'exemple
tout à l'heure de la société qui établit un
prospectus dans lequel il y a une évaluation d'entreprise, et où
l'évaluation ne peut pas être faite par le vérificateur
mais par une autre firme d'experts ou une autre firme de comptables
agréés. Il y a une préoccupation de la commission
concernant les conflits d'intérêts. Mais en ce qui concerne la
recommandation qui vise le cas de déontologie des comptables
agréés ou d'une autre profession, je pense que cela relève
beaucoup plus de l'Office des professions ou de l'Association des comptables
agréés que de nous. Nous, on est très
préoccupés pour les conflits d'intérêts et on s'en
occupe en ce qui concerne le secteur des valeurs mobilières.
M. Garon: Je vais poser une question. Dans le journal Le Soleil
de ce matin, il y a un article où on voit que SOQUIA vendra aux plus
offrants des actions, où on dit que le gouvernement, pour la vente des
actions, a fait affaires avec une firme de courtage reconnue et qu'il en sera
de même pour les actions de Culinar. Est-ce que le gouvernement pouvait
vendre des actions sans passer par l'intermédiaire d'une firme de
courtage?
M. Guy: Est-ce que le gouvernement peut vendre des actions
sans...
M. Garon: Des actions détenues par SOQUIA.
M. Guy; Oui mais là...
M. Garon: Des actions de Provigo à Unigesco, par exemple,
sans transiter par une firme de courtage, je veux dire sans payer de
commission.
M. Guy: Personne n'est obligé de prendre un courtier. Si
un individu veut vendre des actions...
M. Garon: C'est la seule question que je voulais vous demander.
Vous dites donc: Ce n'est pas nécessaire.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Lévis?
M. Garon: J'aimerais demander au ministre des Finances... Pardon,
une autre question. Combien y a-t-il de membres à votre conseil
d'administration? Combien ont un statut de fonctionnaire? Et l'ensemble de vos
membres, est-ce qu'ils reçoivent tous des jetons de présence ou
s'ils ne reçoivent pas tous des jetons de présence?
M. Guy: M. le Président, il y a sept membres de la
commission, y compris le président. Il y a trois membres à temps
plein, quatre à temps partiel, c'est-à-dire qu'ils assistent aux
réunions de la commission et siègent lors d'audiences publiques
à la demande du président qui détermine en fait qui va
siéger aux audiences. Ils sont rémunérés sur base
honoraire fixe, par mois, je croîs... Dans le cas de trois des membres
c'est 13 000 $ par année, et dans le cas d'un autre c'est 12 000 $.
M. Garon: Est-ce que la directive du gouvernement à savoir
que les membres des conseils d'administration devront agir à l'avenir
bénévolement va s'appliquer à la Commission des valeurs
mobilières?
M. Guy: Nous, on n'est pas un conseil d'administration, M. le
Président, on est un organisme de réglementation et, en plus de
cela, un tribunal administratif, ce qui fait que nos membres non seulement
doivent assister aux réunions de la commission, mais rendre des
décisions, siéger comme membres d'un tribunal. Je ne pense pas
qu'on soit exactement dans la situation de demande d'un conseil
d'administration.
M. Garon: Donc, votre commission ne
s'est pas sentie visée par les directives gouvernementales.
M. Guy: On n'a pas été avisé qu'on devait
se...
M. Garon: Le ministre des Finances nou3 confirme au fond que la
directive ne s'applique pas à la Commission des valeurs
mobilières?
M. Levesque: Non. Autant que je sache, il ne s'agit pas d'un
conseil d'administration du même type.
M. Garon: Non, je comprends, c'en est un aussi.
M. Levesque: On l'admettra facilement, parce qu'on est un
tribunal quasi judiciaire, alors on peut comparer, si l'on veut, la Commission
des valeurs mobilières avec d'autres institutions de même type,
et, que je sache, elle n'était pas visée par...
M. Garon: Je pose la question, tout simplement pour... J'aimerais
demander si vous imposez des frais pour différents travaux que vous
faites à la Commission des valeurs mobilières, pour
vérification de prospectus ou toutes sortes de choses. Est-ce que vous
imposez des frais qui correspondent aux coûts réels ou si vous
considérez que vous faites un peu de profit - on a appris ce matin qu'il
y en avait qui faisaient un petit peu de profit; il y en a qui demandent plus
cher et d'autres moins cher - alors, est-ce qu'on peut dire que la commission
impose des frais qui couvrent entièrement les coûts, ou comment
cela fonctionne-t-il à ce point de vue-là?
M. Guy: Les droits que la commission perçoit actuellement
couvrent à peu près 30% du budget de la commission, mais cela ne
représente sûrement pas le coût du travail qui est fait par
la commission.
M. Garon: Et pour faire la surveillance, est-ce qu'il y a des
frais qui sont imposés à l'ensemble des
bénéficiaires, parce que dans le fond, ce n'est pas chacun qui
bénéficie mais l'ensemble du système?
M. Guy: Les droits visent surtout les utilisateurs: les
courtiers, les conseillers, leurs représentants, les émetteurs
qui déposent des prospectus. En général, ce sont des
utilisateurs de la commission, malgré qu'il y ait un
bénéfice qui revient à plus de personnes que les
utilisateurs.
M. Garon: Parce qu'on constate que, quand les gens ne sont pas
riches, on essaie de leur demander un petit peu plus actuellement. Je m'attends
que les gens qui font affaires avec la Commission des valeurs mobilières
ont les moyens de payer un petit peu plus. On a plus affaires habituellement
à du monde endimanché, et c'est pour cette raison que j'ai
demandé, quand il s'agit par exemple des soins dentaires pour les
enfants, alors qu'on pense récupérer des frais, est-ce que le
ministre des Finances pense récupérer des frais des coûts
d'exploitation de la Commission des valeurs mobilières? Je m'attendrais
qu'on récupère plus là que par rapport aux enfants.
M. Levesque: En effet.
M. Garon: Est-ce que vous avez l'intention de facturer les
coûts réels pour la Commission des valeurs mobilières quand
elle fait ses activités de surveillance par rapport à la Bourse,
par rapport aux courtiers, par rapport à ceux qui
bénéficient des activités de surveillance de la Commission
des valeurs mobilières ou qui bénéficient des
différents services de la Commission des valeurs mobilières,
parce qu'au fond, ce ne sont pas ses utilisateurs qui paient ou ceux qui en
bénéficient? Dans le commerce des valeurs mobilières, cela
va être le pauvre monde qui va payer pour ça.
M. Levesque: La préoccupation du député de
Lévis rencontre mes préoccupations. Nous avons commencé
à en discuter lors de notre dernière rencontre et la conversation
doit se poursuivre un peu dans le sens des remarques du député de
Lévis, peut-être pas en utilisant les mêmes mots, mais sans
doute, en ayant le même objectif.
M. Garon: Cela a l'air d'aller moins vite que quand il s'agit de
taxer les enfants.
M. Levesque: Je pense que tout va arriver à peu
près en même temps, mais, avant de parler de taxer les enfants, il
faudrait peut-être que le député de Lévis, qui aime
bien les slogans, fasse attention aux conclusions auxquelles il arrive dans le
dossier qu'il évoque. Il aura peut-être à se
rétracter. Comme il ne se rétracte jamais, cela ne fera pas
grand-différence. (16 heures)
M. Garon: Non, au contraire, je pense que l'on rend service au
gouvernement qui était sur une mauvaise piste et si, par ce fait, on
l'alerte avant le discours sur le budget, peut-être que le discours sur
le budget sera meilleur. Et le ministre des Finances pourra nous remercier
à ce moment-là de ne pas l'avoir laissé pécher.
Alors qu'il avait l'occasion de tenter de pécher, nous serons intervenus
pour redresser sa courbe, sa course ou sa courbe.
M. Levesque: L'esprit religieux.
M. Garon: Mais vous voyez qu'encore là, j'agis dans une
perspective de collaboration, parce que je pourrais attendre l'an prochain et
dire: Bon, bien, vous avez taxé seulement ceux qui n'avaient pas les
moyens, puis vous n'avez pas taxé ceux qui avaient plus les moyens.
Alors, vous voyez? Je pose la question à cette commission parlementaire
des finances où habituellement les clients ont plus les moyens.
M. Levesque: C'est sûr que, pour répondre
très sérieusement à la question...
M. Garon: Je suis sérieux.
M. Levesque: ...en laissant évidemment de
côté, pour le moment, les périphrases du
député de Lévis - pour être poli et parlementaire -
nous examinons sérieusement, et je dirais même d'une façon
qui va se préciser peut-être dans un avenir pas trop
éloigné, toutes ces questions-là. Même, si ma
mémoire est fidèle, la première fois que nous nous sommes
rencontrés, le président de la commission et moi-même
à la suite de ma nomination, je pense - sans vouloir trahir de secret -
que le président parlait d'arriver peut-être à un
autofinancement.
Une voix: Oui, monsieur.
M. Levesque: Bon. Alors, c'est un peu dans le sens, je pense, des
remarques...
M. Garon: Vous parlez du président de la Commission des
valeurs mobilières?
M. Levesque: Pardon?
M. Garon: Vous parlez du président de la commission?
M. Levesque: Oui.
M. Garon: Parce qu'on a deux présidents de commission. On
parle toujours du président de la commission.
Le Président (M. Lemieux): On parle du président de
la Commission des valeurs mobilières, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Une dernière question. Est-ce que le ministre
est satisfait du fonctionnement de la Commission des valeurs mobilières
ou pense-t-il que celle-ci erre ou n'a pas la perspective, la dynamique ou
l'enthousiasme qu'il souhaiterait lui voir et est-il satisfait des membres du
conseil d'administration? Parce que je comprends que le ministre des Finances
est un homme qui a un bon naturel, mais on voit des fois des gens qui ont un
bon naturel et qui sont cruels. C'est pourquoi je voudrais savoir s'il est
satisfait de son conseil d'administration.
Va-t-on assister à une purge stalinienne à la Commission
des valeurs mobilières ou s'il a l'intention de continuer un peu dans la
même perspective qui est l'orientation actuelle de la commission?
M. Levesque: M. le Président, avec tout le respect que je
dois à cette commission, j'ai eu l'impression que le
député de Lévis était en train de faire une
description autobiographique. Je crois que le bon naturel qu'il a
manifesté dans son administration a été accompagné
souvent de cette envie de purge qui a été souvent
observée.
Quant à moi, M. le Président, je dois, à ce
moment-ci, dire au député de Lévis que je remarque avec
quelle assiduité il revient dans ses questions sur les
sociétés qui relèvent du ministre des Finances. Je dois
encore une fois le désappointer. Il n'y a pas eu de changement au
conseil d'administration et, comme il n'y a pas de conseil d'administration,
chez les membres de la Commission des valeurs mobilières. Il n'y a pas
eu de changement aux Institutions financières, il n'y en a pas eu
à la Société des loteries et courses, il n'y en a pas eu
à la Caisse de dépôt et placement, il n'y en a pas eu
à la Curatelle publique. Et en faisant le tour du jardin, il n'y en a
pas eu non plus dans la haute direction du ministère des Finances.
Alors, toute son histoire d'aller à la pêche depuis hier sur cette
question-là l'amène aujourd'hui à la conclusion qu'il n'y
a pas eu de changement parmi les personnes qui gravitent autour du ministre des
Finances. Bon, c'est cela la réponse, même si elle
désappointe le député.
Maintenant, cela ne veut pas dire que cela va être ainsi pour
l'éternité. Mais pour répondre à la commission et
à la question du député de Lévis, quant à la
Commission des valeurs mobilières, je n'ai reçu aucune indication
qui m'amène à douter de l'efficacité de la Commission des
valeurs mobilières. Je n'ai eu aucune information à ce jour. Si
j'en ai, je regarderai cette information avec toute l'objectivité qui a
caractérisé mes 30 ans d'administration dans le domaine
public.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Contrairement à ce qu'a laissé entendre
le ministre des Finances, vous savez que j'avais l'habitude de garder le
personnel très longtemps...
Une voix: Ah!
M. Garon: ...à tel point que, dans mon ministère,
j'avais le chef de cabinet qui avait le plus d'années de service, le
sous-ministre qui avait le plus d'années de service au gouvernement,
l'attaché de presse qui avait le plus d'années de service au
gouvernement et un grand nombre de personnes, au contraire, qui ne bougeaient
pas, parce que je pense que, lorsqu'une équipe est bonne, c'est un peu
comme Dick Irwin qui avait, a un moment donné, Maurice Richard, Elmer
Lach et Toe Blake. Il a gardé cette combinaison tout le temps parce que
c'était une équipe gagnante. D'ailleurs, tout le temps qu'il l'a
eue, il a gagné. C'est dans ce sens que...
M. Chagnon: En quelle année?
M. Garon: Je parle au ministre des Finances. Ce n'est pas dans le
but - sauf qu'il y a beaucoup d'inquiétudes, on le voit dans les
journaux - d'attaquer le ministre des Finances. D'ailleurs je ne suis
même pas allé à la pêche, je voulais tout simplement
connaître les intentions du ministre des Finances. Quand on élit
un nouveau gouvernement, il est important de connaître les intentions des
nouveaux dirigeants et de voir dans quelle direction ils s'en vont. S'il y
avait eu des changements majeurs dans le budget présenté par la
Commission des valeurs mobilières, j'aurais passé plus de temps
là-dessus.
Une dernière question au ministre des Finances. Est-ce qu'il y a
des orientations particulières qu'il souhaite voir prendre par la
Commission de3 valeurs mobilières au cours de l'année qui
vient?
M. Levesque: Nous allons continuer nos conversations avec la
commission, comme nous avons commencé. J'ai dit ce matin en parlant de
l'Inspecteur général des institutions financières - et
cela va pour les autres sociétés - que, présentement, nous
avons convenu qu'à moins d'urgence - s'il y avait un cas d'urgence, on
le réglerait - on allait continuer de travailler avec les gens sur les
dossiers, que nous prendrions certaines décisions beaucoup plus
réfléchies après avoir franchi d'autres étapes.
Comme vous le savez, il y a eu d'abord celles du mini-budget de
décembre, du document sur les finances publiques du Québec et
l'urgence d'un redressement.
La prochaine étape, c'est le budget et le débat sur le
discours sur le budget. Lorsque j'aurai terminé ces étapes, je me
tournerai peut-être et sûrement avec beaucoup plus de constance, si
je puis employer le mot, vers ceux qui dirigent certaines boîtes qui sont
associées mais qui ne font pas partie du ministère des
Finances.
M. Garon: Je pensais que le ministre nous dirait qu'il irait
faire un tour dans Bonaventure et que ce serait, à ce moment, la saison
du printemps...
Une voix: Du homard.
M. Levesque: Ce ne serait pas bête. Peut-être
à Coin-du-Banc. Je peux peut-être me rendre à
Coin-du-Banc.
M. Garorc Ma dernière question - c'est vrai que c'est la
dernière - au président de la commission est pour lui demander
quels sont les principaux projets nouveaux qu'il caresse dans le cadre du
budget qui lui a été accordé pour l'année
1986-1987.
M. Guy: De nouveaux projets, la commission n'en a pas beaucoup.
Comme le ministre l'a dit tout à l'heure, nous discutons d'une
proposition pour un autofinancement total ou presque total de la commission,
compte tenu de certaines demandes de la commission et de certaines
nécessités pour réaliser le mandat de la commission.
À part cela, bien entendu, il y aura durant l'année qui
vient l'entrée en vigueur d'un nouveau régime sur les offres
publiques, d'une loi qui a déjà été adoptée
par le gouvernement du Québec. Nous attendons, à ce moment-ci,
l'adoption d'un projet de loi similaire par le gouvernement de l'Ontario. Cela
devrait se faire d'ici è quelques semaines. On pourra mettre les
dispositions de cette loi en vigueur pour le Québec et l'Ontario en
même temps, d'ici probablement la fin de l'été. À
part cela, je ne vois rien de spécial pour l'année qui vient.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Lévis?
M. Garorn Je voudrais vous remercier, surtout que vous êtes venu
hier. Vous avez dû rentrer et revenir. Il y a des
désagréments qu'on a pu vous causer. En terminant, j'aimerais
vous suggérer une chose. Si vous avez une liste d'envois à la
Commission des valeurs mobilières, il serait bon peut-être d'y
mettre le parti de l'Opposition, particulièrement le
député de Lévis comme critique en matière
financière parce que cela nous a pris du temps à avoir vos
documents. Ce n'est pas de votre faute, remarquez bien. Ce n'est pas à
vous qu'on les demandait. Vous publiez au cours de l'année toute sorte
de documents. On aimerait bien être sur votre liste si cela ne cause pas
préjudice au gouvernement.
M. Guy: II me fera plaisir de vous transmettre le bulletin
hebdomadaire de la commission à toutes les semaines.
M. Garon: Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Limoilou.
M. Després: Merci, M. le Président. Si on parle des
revenus par rapport aux dépenses, dans quelle proportion s'autofinance
la commission?
M. Guy: M. le Président, j'ai dit tout à l'heure
c'est d'environ 30 %. Disons que cette année, c'est 1 400 000 $ sur le
budget. Cela fait 33 % pour l'année dernière. L'année qui
vient, avec les droits tels qu'ils sont actuellement, ce sera à peu
près la même chose ou peut-être un peu moins, parce qu'on
assume maintenant le loyer dont on n'a assumé qu'une partie au cours de
l'année financière.
M. Després: Je vois cela justement au dépôt
des crédits, à la page 2, loyer: 457 600 $ - 848 600 $.
Pouvez-vous m'expliquer ce qui fait qu'au niveau du loyer...
M. Guy: Nous avons occupé les nouveaux locaux seulement au
milieu de l'année. On n'a pas payé le nouveau loyer pendant toute
l'année. C'est cela qui fait la différence.
M. Després: D'accord. Si on parle de la structure
tarifaire, si on la compare à celle de l'Ontario, celle des
États-Unis, de quelle façon vous la comparez? Est-ce qu'ils
s'autofinancent en Ontario? Est-ce qu'ils s'autofinancent aux
États-Unis?
M. Guy: La Securities and Exchange Commission perçoit
à peu près actuellement 115 % à 120 % de son budget.
L'Ontario est à peu près à 40 %. Il y a une proposition
que la commission de l'Ontario a publié, il y a à peu près
un mois, d'une augmentation des droits qui va les mener environ à 95 %,
de leur budget. Mais l'Ontario, avant la publication de cette proposition, se
finançait à peu près de 30 % à 40 %.
M. Després: Est-ce qu'on peut penser que, pour
l'autofinancement dans le cadre des prochaines années, il faudrait
augmenter des droits de perception pour améliorer l'autofinancement?
Est-ce qu'on peut croire que, dans le cadre des prochaines années, la
commission pourrait arriver à s'autofinancer ou si cela serait beaucoup
trop lourd pour le marché chez nous de penser cela?
M. Guys M. le Président, je ne pense pas que ce soit trop lourd.
Je pense que les conversations que j'ai eues avec les intermédiaires
financiers, les courtiers, les conseillers et avec les cabinets d'avocats qui
font le travail pour les émetteurs, quand j'ai discuté d'une
augmentation qui serait d'à peu près trois ou quatre fois ce
qu'ils paient maintenant, leur réponse à cela, c'est que cela ne
leur fait rien de payer plus cher dans la mesure où ils peuvent avoir de
meilleurs services. C'est toujours la réponse qu'on a. Si on est capable
d'avoir un meilleur service, si la commission peut être capable de
réduire les délais sur nos demandes, on est prêt à
payer plus cher pour ce service.
M. Després: Merci. On sait que, dans le marché
financier, on reconnaît quatre piliers, les banques, les
sociétés de fiducie, les compagnies d'assurances, les courtiers
en valeurs mobilières. Autrefois chacun avait son propre champ
d'activité, si on veut. On sait maintenant qu'on permet le
décloisonnement entre les différents piliers du marché
financier. Par exemple, les sociétés d'assurance-vie peuvent
avoir des fonds de placement que la Commission des valeurs mobilières
voulait assujettir à sa réglementation, mais étant
donné qu'ils sont déjà réglementés par
l'Inspecteur des institutions financières, les sociétés
d'assurance-vie ne veulent pas être réglementées à
la fois par l'Inspecteur et par la Commission des valeurs mobilières,
j'aimerais savoir comment vous percevez ce problème?
M. Guy: M. le Président. Je pense que, lorsqu'on nous
amène l'argument d'être réglementé par un, deux,
trois ou quatre organismes, c'est un argument qui, d'après moi, n'a pas
beaucoup de valeur, parce qu'il n'y a rien qui s'oppose actuellement à
une double, triple réglementation dans la mesure où ce sont des
fonctions différentes qui sont réglementées. C'est ce qui
se passe actuellement aux États-Unis, c'est ce qui se passe ici, au
Canada. Ce n'est pas nouveau. En fait, cela existe depuis... (16 h 15)
Les sociétés d'assurances placent de l'épargne
collective depuis peut-être 20 ans. Elles sont réglementées
par les commissions de valeurs mobilières depuis ce temps, pour
l'épargne collective; elles sont réglementées, en
même temps, par l'organisme qui les réglemente ici, l'Inspecteur
général des institutions financières en ce qui concerne
leurs activitiés d'assurance. Il n'y a pas de conflit entre cela du tout
parce qu'il s'agit de deux missions totalement différentes.
La Commission des valeurs mobilières, notamment,
réglemente également la plupart des sociétés de
fiducie au Québec, qui sont inscrites à titre de courtiers
auprès d'elle. Elles sont réglementées par un autre
organisme sur leurs activités de fiducie. Cela ne pose aucun
problème parce que ce sont des fonctions différentes qui sont
réglementées. Il ne s'agit pas d'une double
réglementation; il s'agit de surveiller des
fonctions différentes.
M. Després; D'accord.
M. Poulin: J'aurais une question...
M. Després: Oui, vas-y.
M. Poulin: ...additionnelle...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau.
M. Poulin: Quand on parle de décloisonnement, comment
s'assure-t-on que les compagnies forment leurs gens. Ce que je veux dire, c'est
que, lorsque l'on donne de nouveaux portefeuilles à ces compagnies, le
procédé qu'on leur donne pour la formation du personnel... Pour
ma part, à titre d'exemple, j'ai été cinq ans dans
l'assurance. Cela m'a toujours frappé, le manque de formation. J'ai
vécu cela, d'avoir de nouveaux portefeuilles à gérer, dans
un sens, et la formation qu'on peut avoir m'a toujours inquiété.
Cela a toujours été un peu technique par la compagnie, des
documents et un point c'est tout. Parce qu'il y a toujours des
événements. À titre d'exemple, quand on donne la
permission de vendre des actions, je ne suis pas convaincu que tous ceux qui
reçoivent cela, sont formés; du jour au lendemain, on
reçoit le permis, ces gens s'en vont sur la route - j'ai
été sur la route quatre ans, entre autres - et on ne sait pas
trop ce qu'on vend.
M. Guy: M. le Président, je pense qu'il existe
actuellement, dans les lois sur les valeurs mobilières, aussi bien au
Québec qu'ailleurs, des exigences de compétence assez strictes
concernant les personnes qui doivent s'inscrire auprès de la Commission
des valeurs mobilières du Québec, à titre de
représentants d'un courtier. Ces exigences, il y en a également
concernant la formation professionnelle de ces personnes. Les courtiers ont
l'obligation d'assurer une formation continue, parce qu'il y a des
règles assez sévères concernant la façon de traiter
les clients. Si un courtier ne s'assure pas que ses représentants sont
compétents pour donner le service à leurs clients, qu'ils ne
s'occupent pas des objectifs de leurs clients et ainsi de suite, bien, c'est
à leurs risques et périls. Et on a vu, récemment, un
courtier qui a été condamné à plus de 600 000 $
d'amende par la cour, parce qu'un de ses représentants, justement, avait
fait fi de cette règle, selon laquelle il faut connaître son
client et s'assurer que les recommandations que l'on fait au client
correspondent aux objectifs.
Alors, il y a une formation continue qui se fait dans le domaine des
valeurs mobilières. En assurance, je ne pourrais pas le dire, parce que
je ne suis pas compétent dans ce domaine, pour dire ce qui s'y fait. Je
ne pourrais pas répondre à cette question.
M. Poulin: Mais il n'y a aucun... Ce que je veux dire, c'est que,
du moment où l'on délivre le permis et, par la suite, sauf
peut-être pour régler des plaintes, en fin de compte, il n'y a
aucun mécanisme en cours de route pour surveiller ou pour qu'à
tous les deux ou trois ans il y ait des examens, parce que cela change
tellement vite.
M. Guy: II y a, en valeurs mobilières, une formation
continue. En épargne collective, où les sociétés
d'assurances sont présentes, il y a un cours de base qu'ils doivent
suivre. Nous, à la commission, on est en discussion, à ce
moment-ci, avec l'institut qui donne ces cours afin qu'il y ait une
amélioration du cours de base et, également, un programme de
formation continue. En épargne collective, c'est vrai que la formation
continue laisse quelquefois à désirer.
M. Poulin: Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Limoilou.
M. Després: Vous avez un bulletin hebdomadaire?
M. Guy: Oui.
M. Després: Ou mensuel? D'accord.
M. Guy: Hebdomadaire.
M. Després: Hebdomadaire. Je n'ai pas le bulletin avec
moi, mais, dans celui du 22 novembre 1985, vous avez publié un projet de
modifications en ce qui concerne l'instruction générale sur la
consultation en planification financière, parce que les conseillers en
planification financière ne sont pas soumis à aucune
réglementation. Qu'est-ce qu'un conseiller en planification
financière? Quel est l'usage du titre et le contrôle de la
formation? Est-ce un comptable? Est-ce un assureur? Pouvez-vous me donner
quelques explications là-dessus?
M. Guy: De la façon que je le vois, un conseiller en
planification financière est quelqu'un qui peut faire
l'évaluation du patrimoine d'une personne et lui conseiller
différents choix pour gérer ce patrimoine. Cela nécessite
bien souvent des connaissances en taxation, des connaissances en valeurs
mobilières, des connaissances en assurances et des connaissances, bien
souvent, dans le domaine immobilier. Cela prend une foule de connaissances, ce
qu'une seule personne peut difficilement avoir.
Cela prend soit une boîte ou un groupe où ils ont
accès à ces compétences parce qu'ils ont des experts qui
travaillent pour eux et qu'il est quasi impossible qu'une personne ait toutes
ces compétences. Ce que la commission veut faire, c'est seulement
réglementer les conseillers qui doivent maintenant y être
inscrits. On ne veut pas réglementer des conseillers qui ne doivent pas
y être inscrits. Tout ce qu'on a fait, c'est donner
l'interprétation que la commission a de la définition de
conseiller en valeurs dans la Loi sur la valeurs mobilières et dire:
cela s'applique à un certain nombre de conseillers en planification
financière. Cela ne s'applique pas à tous les conseillers en
planification financière, parce que ceux qui ne touchent pas au secteur
des valeurs mobilières ne sont pas assujettis à la Loi sur les
valeurs mobilières. Alors, il reste un grand nombre - je ne sais pas
quel pourcentage - de conseillers en planification financière qui ne
sont pas touchés par la Loi sur les valeurs mobilières.
Tout ce que la commission a dit sur cette question, c'est qu'il y aurait
peut-être éventuellement une proposition, une recommandation
quelconque, que la commission ou un autre organisme devra faire au gouvernement
pour dire s'il y a lieu de réglementer ce groupe qui n'est pas soumis
à la Loi sur les valeurs mobilières. Est-ce qu'il y a un risque
pour le public? Est-ce qu'il y a lieu de les réglementer? Est-ce qu'il y
a lieu de restreindre l'usage de ce titre? Il y a une foule de problèmes
reliés à cela et la commission ne les a pas abordés
à ce moment-ci.
M. Després: D'accord. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le président de la Commission des
valeurs mobilières, à votre budget original par catégorie
de dépenses, à la page 2 du document que vous nous avez produit,
il y a une seule catégorie qui me chatouille un peu, c'est la
catégorie 3, Communications. Je vois une diminution ou une amputation de
presque la moitié du budget des communications de votre organisme, qui
passe de 255 000 $ l'année dernière à 130 000 $ cette
année.
J'aimerais avant tout savoir quelles sont les incidences et les
conséquences de diminuer de la moitié le budget des
communications, alors que je sais que votre but primordial et fondamental est
avant tout d'informer le public quant à la mécanique relative
à l'épargne, au marché boursier, aux communications
auprès des courtiers en valeurs mobilières et tout le reste.
Je voudrais que vous me disiez si vous avez présentement des
appréhensions quant aux conséquences et si l'amputation de ce
budget risque de diminuer votre niveau d'activité pour l'année
prochaine.
M. Guy: M. le Président, il est sûr que la
commission a dû, en réponse aux demandes qui nous ont
été faites, réduire ce budget. La commission participe,
depuis trois ou quatre ans, à presque tous les salons qui se font, pas
è tous, mais aux principaux. Elle donne également beaucoup
d'informations au public, par le biais d'un certain nombre de dépliants
qu'elle produit sur différentes formes d'investissements, sur les
valeurs-refuges, etc. Il y a beaucoup de demandes de la part du public, surtout
des petits épargnants, pour cette information qui n'est disponible nulle
part.
Ce budget couvre en partie, bien entendu, la participation de la
commission aux différents salons d'épargne et de placements, un
certain nombre de publications que la commission produit chaque année et
le peu de publicité que la commission faisait. Il n'y a pas de doute que
l'année prochaine, ou au cours de l'année qui est
commencée, on devra réduire ces activités de façon
assez importante.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Est-ce que vous avez fait un choix, M. le
Président, quant au type d'information qui sera coupé,
c'est-à-dire quant à l'orientation vers les communications faites
au petit épargnant et aux citoyens du Québec, ou plutôt
concernant les représentations dans des salons comme, vous les
qualifiiez tantôt? Est-ce que vous avez déjà
priorisé votre coupure?
M. Guy: On a décidé... Certainement, on a fait des
choix parce que l'on était obligés de le faire et on a choisi de
réduire la publicité. On n'avait pas des sommes très
importantes que l'on dépensait en publicité, mais on a
décidé de réduire de façon importante la
publicité. En plus de cela, on a décidé de réduire
notre participation à certains -salons qui nous apparaissaient
peut-être moins importants, malgré que les salons en
régions bien souvent sont peut-être plus importants - et
ceux-là on essaie de les garder - parce que c'est la seule façon
qu'ils ont d'avoir de l'information sur ce secteur. Des choix ont
été faits par la commission.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous vous remercions, M.
le président de la Commission des valeurs mobilières, et nous
nous excusons des inconvénients que l'on a pu vous occasionner, à
savoir de vous avoir entendu aujourd'hui plutôt qu'hier, ainsi que pour
hier. Alors, nous vous remercions de
votre collaboration ainsi que de celle de vos collaborateurs.
M. Guy: Merci, M. le Président.
Administration financière
Le Président (M. Lemieux): Maintenant, nous passerons
à l'étude des crédits du ministère des Finances,
programme 1, Administration financière. Non, un instant.
Nous procédons maintenant à l'étude des
crédits du ministère des Finances. Dans le livre du budget
1986-1987 des crédits, à la section 14.1 au secteur de
l'administration financière, le programme 1, Étude des politiques
économiques et fiscales. Est-ce qu'il y a des personnes qui
désirent intervenir?
M. Levesque: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
Des questions d'ordre général, M. le ministre des Finances?
M. Levesque: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre des
Finances.
Remarques liminaires M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque; Nous avons à étudier, à cette
commission, une demande de crédits du ministère des Finances pour
l'exercice 1986-1987 de l'ordre de 3 501 832 900 $. Il faut tenir compte,
évidemment, que cela inclut des crédits permanents de l'ordre de
2 734 088 500 $, ce qui laisse à voter des crédits de 767 744 400
$.
Je dois dire immédiatement, M. le Président, pour
l'information de cette commission, que le ministère des Finances n'a pas
été épargné quant aux compressions
budgétaires qui ont été demandées à toute
l'administration. De fait, on peut parler de compressions budgétaires
réelles de l'ordre de 800 000 $ en 1986-1987 pour l'ensemble du
ministère des Finances.
Cependant, il faut, à ce moment-ci, donner certaines explications
pour éclairer la commission. Les crédits totaux du
ministère des Finances, soit les crédits relatifs aux programmes
1, 2, 3, 4, 5 et 8, qui s'élevaient à 2 923 471 300 $ en
1985-1986, augmenteront de 19 % en 1986-1987, pour s'établir à 3
480 015 900 $. Cette hausse équivaut à 556 544 600 $, une
proportion de 78,6 % des crédits totaux et constitués de
crédits permanents, servant essentiellement è défrayer le
service de la dette et les frais bancaires. Le solde, soit 21,4 %,
équivalant à 746 076 900 $ représente les crédits
è voter, comme je le mentionnais. (16 h 30)
Ces chiffres cachent toutefois une réalité qui est bien
différente. En effet, pour comprendre l'effort de compression
budgétaire qui sera réalisé par le ministère des
Finances en 1986-1987, il faut soustraire de la hausse de 556 544 600 $, deux
montants exceptionnels, hors du contrôle du ministère.
Premièrement, il faut soustraire une augmentation de 180 696 000 $ au
niveau des crédits permanents constitués de 180 446 000 $ pour le
service de la dette et de 250 000 $ pour les frais bancaires. L'augmentation du
coût du service de la dette est principalement attribuable à
l'accroissement du volume de la dette et des . frais de change, des escomptes
et des commissions. Cette augmentation est, par ailleurs, en partie
compensée par des conditions plus avantageuses négociées
au niveau des taux d'intérêts et des échéances.
Deuxièmement, il faut aussi soustraire la hausse exceptionnelle du fonds
de suppléance, soit un montant de 376 643 100 $ principalement
relié à l'établissement de provisions pour les traitements
des employés du gouvernement et des réseaux, pour les
arrérages dans les réseaux et pour résoudre le
problème de l'engorgement des services d'urgence.
En résumé, on obtient donc les valeurs suivantes: hausse
des crédits totaux, 556 544 600 $, moins ta hausse des crédits
permanents, 180 696 000 $, moins la hausse exceptionnelle du fonds de
suppléance, 376 643 100 $, ce qui laisse un moins de 794 500 $. Comme je
le disais au début de mes remarques, il est donc plus approprié
de parler de compressions budgétaires réelles de l'ordre de 800
000 $, en 1986-1987, pour l'ensemble du ministère.
Ces compressions sont pour la majeure partie reliées à une
réduction d'effectif de 3 %. En effet, les effectifs permanents seront
réduits de 24 postes et passeront de 1210 à 1186 postes, tandis
que les effectifs occasionnels connaîtront une diminution de 15 postes,
passant de 69 à 54. Enfin, les crédits périmés du
ministère sont ventilés à l'annexe C du document qui a
été remis justement aux membres de la commission. En se
référant au budget 1985-1986 tel que modifié, on notera
que, sur des crédits votés s'élevant è 188 798 400
$, les crédits périmés sont estimés à 1 067
300 $. Ils proviennent presque exclusivement de crédits de traitements,
premièrement, non dépensés en raison de vacances et de
compression d'effectif et, deuxièmement, non versés en raison de
congés de maladie et de congés sans traitement.
On me permettra maintenant de donner un bref aperçu des faits
saillants des crédits de chaque programme du ministère. Je le
fais rapidement, en excluant évidemment les
points que nous avons déjà abordés,
c'est-à-dire ceux touchant l'Inspecteur général des
institutions financières et la Commission des valeurs
mobilières.
Programme 1 "Études des politiques économiques et
fiscales". Les crédits de ce programme ont été
augmentés de 165 500 $ pour 1986-1987, ce qui représente une
hausse de 5,8 %. La presque totalité de ce montant est reliée
à une hausse d'effectif de 3 personnes-année et à
l'augmentation du niveau de certains emplois.
Par ailleurs, suite à la mise sur pied du Centre informatique du
ministère des Finances et à la prise en charge par ce centre des
travaux normalement effectués à l'extérieur, une
réduction des dépenses informatiques de 61 300 $ est
prévue en 1986-1987.
Quant au programme 2, Gestion de la trésorerie et de la dette
publique, les crédits destinés au service de la dette publique et
les frais bancaires augmenteront respectivement de 180 446 000 $ et de 250 000
$ en 1986-1987 de sorte que, les crédits totaux du programme 2
atteindront 2 739 751 700 $, soit une hausse de 7,1 %. La très grande
majorité de ces crédits étant constituée de
crédits permanents, soit 99,8 %, les crédits à voter
s'élèveront à 5 801 700 $.
La compression des effectifs se poursuivra: 6 postes seront
éliminés - 3 permanents et 3 occasionnels - de sorte que les
effectifs autorisés s'élèveront à 153 postes
permanents et à 8 postes occasionnels. Des économies de 99 700 $
seront réalisées, notamment aux Politiques et opérations
financières à l'égard des dépenses informatiques,
suite à la prise en charge des travaux par le Centre informatique du
ministère.
L'augmentation de 180 446 000 $, soit 7,1 % du coût du service de
la dette est attribuable pour 193 400 000 $ aux variations de volume de la
dette et de l'emprunt. Les taux d'intérêt amènent une
réduction de 33 100 000 $ des dépenses, alors que la durée
moyenne durant laquelle sont supportés les nouveaux emprunts de
l'année, à se rembourser en cours d'année, induit une
diminution de 28 100 OQQ $.
Enfin, des coûts reliés aux frais de change, aux escomptes
et aux commissions présentent, en 1986-1987, une augmentation de 48 100
000 $ par rapport à l'année précédente.
Le programme 3. Le programme comptabilité gouvernementale a
été l'objet d'importantes réductions d'effectifs. Des
postes permanents autorisés, ont été comprimés,
passant de 700 en 1985-1986 à 681 en 1986-1987, soit une diminution de
19 postes et les postes occasionnels de 29 à 22, pour une diminution de
7. Cet effort se traduit par une réduction des coûts de
fonctionnement de personnel, de 1 254 600 $ en 1986-1987.
Abordons maintenant le programme 4: Fonds de suppléance. Les
crédits de ce programme sont haussés 117 % en
1986-1987, pour s'établir à 698 216 200 $
comparativement à 321 573 100 en 1985-1986. Cette hausse exceptionnelle
se retrouve présentement aux éléments suivants: 271 900
000 $ au titre de la provision applicable au traitement - salaires et
allocations des employés du gouvernement et du secteur parapublic - 46
700 000 $ pour le coût afférant aux arrérages dans les
réseaux des affaires sociales et de l'éducation et enfin, 45 000
000 $ dans le but de solutionner le problème de l'engorgement des
services d'urgence dans les hôpitaux.
La réserve générale régulière
destinée à couvrir les dépenses imprévues des
ministères et organismes - je rejoins la question du
député de Lévis, hier, en Chambre, sur les fonds
reliés aux inondations, si je me rappelle bien - cette réserve
générale s'élève à 46 900 000 $.
La provision relative aux traitements, totalise 390 000 000 $ et inclut
les 333 000 000 $ représentant les offres salariales
déposées en février dernier à l'intention du
personnel syndiqué et assimilé. Comme au cours de l'année
financière antérieure, environ 25 000 000 $ seront
consacrés à appuyer la réalisation par les
ministères de projets de soutien et de développement
économique.
Enfin, les 190 700 000 $ destinés à la liquidation des
arrérages dans les réseaux, permettront de compléter
l'amortissement des arrérages et des déficits accumulés
jusqu'au 31 mars 1982. Aucune provision n'a été inscrite au
crédit pour amortir les nouveaux déficits d'environ 260 000 000 $
accumulés par les centres hospitaliers entre 1982 et 1986.
Programme 5, Gestion interne et soutien: les crédits
alloués à ce programme passeront de 8 719 200 $ en 1985-1986
à 9 820 700 $ en 1986-1987, soit une augmentation de 1 101 500 $
équivalant à 12,6 %. Des crédits additionnels de 1 150 000
$ et de 395 500 $ sont requis respectivement pour les dépenses
reliées à la nomination d'un ministre
délégué à la Privatisation et pour la
Société immobilière du Québec. Par contre, des
économies de 315 000 $ seront réalisées en 1986-1987 au
niveau du plan directeur informatique.
Finalement, le programme 8, Statistiques, prévisions
socio-économiques et recherches d'ensemble. Dix postes permanents et
huit postes occasionnels ont été coupés au niveau de ce
programme, de sorte que les crédits qui s'établissaient à
8 165 800 $ en 1985-1986 ont été fixés à 7 356 200
$ pour l'année qui débute. Cette réduction de
809 600 $ représente 9,9 % des crédits de 1985-1986.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances.
Est-ce qu'il y a des parlementaires qui désirent intervenir sur
l'étude des crédits du ministère des Finances?
M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, noua commençons cet
après-midi l'étude des crédits du ministère des
Finances. Un peu tardivement. Les prochaines années, je pense, nous
allons procéder différemment, car on a accepté des
ententes et je ne suis pas très satisfait de la manière dont cela
a marché. Dans l'avenir, on marchera d'une autre façon, à
laquelle je suis plus habitué. On posera des questions
générales au début et les organismes passeront
après, de sorte qu'on pourra passer toutes nos questions et on ne se
retrouvera pas comme cela s'est passé hier et cet avant-midi. Comme les
ententes qui avaient été prises entre les leaders n'ont pas
été respectées, je devrai à l'avenir prévoir
qu'il n'y a pas d'entente, car même s'il y en a c'est comme s'il n'y en
avait pas.
Je veux dire aussi que j'ai déploré avoir reçu
tardivement les documents. Il y en a que je n'ai pas encore reçus.
Évidemment, il faut tenir compte un peu qu'on est censé avoir des
documents, mais là encore... Dans l'avenir, je m'organiserai pour en
avoir d'avance, me fiant moins au cabinet du ministre, qui ne me semble pas
avoir toute la diligence qu'on aurait pu attendre d'un ministère
endimanché.
Le ministre des Finances a déposé des crédits pour
l'année financière 1986-1987, le 25 mars dernier, et un document
sur les finances publiques 20 jours avant. Les coupures effectuées
touchent fortement les régions, les services aux citoyens et aux
entreprises ainsi que les organismes et réseaux.
Il est plus facile pour un ministre, en l'occurrence le ministre des
Finances ou le ministre responsable du Conseil du trésor, de
décider d'un niveau de coupure et de laisser à d'autres personnes
les applications particulières. Les orientations m'apparaissent
évidentes dans la fermeture des programmes Équerre et
Accès à la propriété résidentielle, dans les
coupures à l'assurance-stabilisation des revenus agricoles, aux
subventions à Radio-Québec, aux subventions au réseau
scolaire, aux soins dentaires, au plan économiquement essentiel du
reboisement, au régime de prêts-bourses, aux universités,
à Berges neuves, aux programmes d'aide à la Société
de développement industriel et aux petites et moyennes entreprises - une
chance qu'il y a un ministre délégué aux PME, sinon - aux
parcs et réserves, à l'Office de planification et de
développement du Québec, 36 %, au réseau routier,
construction et entretien si décriés par le Parti libéral
lorsqu'il était l'Opposition. Il y a également l'inique
désindexation trimestrielle de l'aide sociale, etc. (16 h 45)
Cette manière de faire, à la cachette et à la
sauvette, me semble inacceptable. J'aimerais que le ministre nous
précise comment il a fait ses choix, quels sont les motifs et les
principes politiques socio-économiques sur lesquels il s'est basé
pour effectuer des coupures au niveau du gouvernement et de son
ministère.
Le ministre, dans son exposé sur les finances publiques du
Québec, a abordé la question de la tarification des services
publics. Cette nouvelle équipe libérale, dirigée par un
homme nouveau suit en cela le père de l'école classique en
économique, Adam Smith, qui est mort il y a près de 200 ans. Les
premières élucubrations ministérielles nous mènent
directement à une hausse des frais de scolarité universitaires,
malgré la position maintes fois répétée de son
parti et ses engagements électoraux.
Le coût moyen de la formation universitaire d'un étudiant
varie entre 6000 $ et 8000 $ et peut atteindre 25 000 $ par année, dans
certaines disciplines. Si le ministre applique les avantages de la tarification
à l'usager pour éviter les abus de consommation, comme il le dit
dans son document du 5 mars dernier, on pourra observer les effets de cette
politique sur la suggestion des étudiants du réseau
éducatif et de l'économie dans son ensemble et, aussi, voir
comment les étudiants cesseront d'abuser de l'éducation.
Le ministre compare les frais de séjour en milieu hospitalier du
Québec à ceux de l'Ontario. Il s'aperçoit que ceux-ci sont
plus élevés chez nos voisins-modèles. Il sous-entend qu'il
voudrait les augmenter. Une tarification ou taxe par utilisation plus
élevée permettrait une rationalisation du recours aux services
hospitaliers, dit-il.
C'est incompréhensible. Depuis quand un malade a-t-il un
réel contrôle sur le temps qu'il passe à l'hôpital?
Ce sont les médecins qui décident. À moins que le ministre
ne croie qu'une hausse du prix des chambres à l'hôpital ferait
diminuer le nombre des malades de longue durée, victimes de crise
cardiaque ou de cancer.
Étudions donc un peu plus quelques autres possibilités de
tarification que le ministre a envisagées. L'entretien et la
construction du réseau routier sert les automobilistes. Le ministre peut
financer ces dépenses par l'impôt général, les taxes
sur les permis de conduire et l'immatriculation,
les taxes sur l'essence ou les péages. Il utilise
déjà l'impôt général à cette fin. On
pourrait considérer que les droits sur les permis de conduire et
l'immatriculation servent à cette fin.
Le gouvernement augmente de 60 000 000 $ les coûts à la
Régie de l'assurance automobile pour diminuer les coûts des soins
médicaux reliés aux accidents routiers. On se demande bien
pourquoi avoir choisi 60 000 000 $. Sur quelle étude s'est-on
basé pour choisir ce montant? Pour combler un trou quelconque? Le
ministre perçoit déjà une surtaxe immorale et
illégale. L'ascenceur est bloqué à 37,5 %. Maintenant,
peut-être a-t-il choisi cette voie de tarification pour le réseau
routier. On y reviendra plus tard. À moins qu'il opte pour
l'instauration de péages partout au Québec, il utiliserait
peut-être un argument de création d'emplois pour justifier une
telle taxe: ceux qui recueilleraient les péages.
Certains services ont déjà une tarification partielle. Le
ministre désire peut-être compléter les tarifications.
Est-ce qu'on va abolir les subventions au transport en commun pour
établir un tarif au coût réel? Le ministre ne devrait pas
oublier que, s'il faisait cela, il augmenterait d'autres coûts
probablement beaucoup plus que l'économie réalisée. Est-ce
qu'il tarifierait aux vrais coûts les services de la Cour des petites
créances et de la Régie du logement?
Une tarification au coût comporte l'incorporation des coûts
indirects à l'utilisation d'un service ou d'un bien. C'est la seule
logique applicable à la hausse de 60 000 000 $ à la Régie
de l'assurance automobile. Si c'est là la philosophie du ministre,
doit-on s'attendre à une hausse importante de la taxe sur le tabac pour
considérer le fait que les fumeurs coûtent plus cher en soins
médicaux? Si on commence à tarifer plus ou complètement
presque tous les services, cela ouvrirait la brèche aux partisans,
à l'intérieur du gouvernement libéral, d'un ticket
modérateur dans les soins de santé. Je crois qu'à ce
sujet, la position de la population du Québec est assez claire.
J'espère aussi que le ministre s'arrêtera avant d'imposer
des frais de consultation à une agence de Revenu Québec
concernant son rapport d'impôt. Le gouvernement et le ministre me
semblent partis sur une très mauvaise voie à vouloir tarifer le
plus de choses possible.
Premièrement, en certains secteurs, l'usager ne décide pas
de sa consommation. Deuxièmement, dans d'autres, les avantages
économiques externes sont importants et difficiles à calculer. En
plus, une société juste n'est pas d'accord pour tout tarifer. Le
débat sur la tarification nous amène aux besoins financiers du
gouvernement et au manque à gagner artificiel créé de 1
500 000 000 $ qu'a tenté de démontrer le ministre des Finances.
Ce déficit supplémentaire a été tellement
gonflé qu'il éclate. Que le gouvernement assume ses choix
budgétaires du 18 décembre dernier et diminue ces 1 500 000 000 $
d'au moins 220 000 000 $, lesquels proviennent de ses propres
décisions.
Ensuite, dans le document du 5 mars, on ajoutait 150 000 000 $ pour
provisions minimales pour tenir compte de problèmes de dépenses
additionnelles. Ce montant est enlevé 20 jours plus tard dans les
renseignements supplémentaires sur les crédits du
président du Conseil du trésor.
L'impasse a été calculée à partir du
déficit prévu lors du discours sur le budget du 23 avril 1985,
à 2 982 097 000 $ au lieu du niveau actuel du déficit de
1985-1986 de 3 145 000 000 $, soit une différence de 175 000 $.
Déjà, l'impasse est réduite à 940 000 000 $. La
moyenne de l'impasse des six dernières années que MM. Parizeau et
Duhaime ont eu à résoudre était de 971 000 000 $. On voit
qu'il s'agit de chiffres comparables et cela, sans même considérer
l'inflation.
Le président du Conseil du trésor a annoncé, au
début du dépôt des crédits, des compressions de 674
000 000 $, ce qui est moins que les compressions moyennes
réalisées au cours des six dernières années, soit
741 000 000 $. On a essayé de frapper l'imagination, mais une analyse
sérieuse anéantit tout cet échafaudage.
Tarifs et Taxes. C'est le contribuable qui paie, et en ce moment, on
perçoit une taxe immorale parce qu'illégale. Alors que la loi
permet au ministre des Finances de percevoir une taxe de 30 % sur le prix de
l'essence et qu'elle fait obligation à une personne de payer 30 % sur le
prix de l'essence, celui-ci, parce qu'il n'a pas modifié son prix de
référence de l'essence, perçoit aujourd'hui une surtaxe de
37 %. C'est immoral, parce que tout le monde est supposé appliquer la
loi et, à plus forte raison, le gouvernement.
Je vais expliquer plus en détail. En janvier, le ministre a
procédé à un échantillon des prix de l'essence dans
la région de Montréal alors que ceux-ci étaient à
leur plus haut niveau. Tout le monde savait qu'à ce moment-là les
prix étaient en mouvement descendant. Et le ministre du Revenu
décréta, le 29 janvier, que le prix avant la surtaxe
libérale pour l'essence ordinaire ou au plomb, était de 0,455 $
le litre. En ajoutant la taxe de 30 %, soit 0,137 $, cela portait le prix du
litre à environ 0,592 $.
Mais voilà que le prix baisse de 0,091 $ le litre à la
pompe, mais le ministre ne rajuste pas sa taxe. Il la laisse à 0,137 $
le litre.
Le prix, avant la surtaxe libérale, a
baissé de 0,455 $ le litre à environ 0,363 $ le litre.
Ceci fait que la taxe de 0,137 $ le litre équivaut è 37 % du prix
de l'essence. C'est cela, la surtaxe libérale.
Cette surtaxe est immorale, parce que illégale. Il est facile et
peu coûteux pour le ministre responsable de réaliser un
échantillonnage sur l'Ile de Montréal, comme le prescrit la loi.
Pourquoi ne le fait-il pas? Parce que cette surtaxe libérale et immorale
lui rapporte presque 500 000 $ par jour, l'équivalent de plus de 160 000
000 $ par année. Un arrêté ministériel a
été signé le 28 janvier. On ne me fera pas croire que l'on
n'est pas capable de le refaire. Sinon... En tout cas, on laisse faire les
fonctionnaires, le premier ministre croyant que les fonctionnaires faisaient
cela par une fin d'après-midi, en envoyant un communiqué. Sinon,
on peut supposer que, lors du budget, il décidera de bloquer l'ascenseur
et d'imposer une taxe par litre représentant plus de 30 % du prix de
l'essence, 35 %, 40 %, ou de bloquer l'ascenseur au niveau de 37 %♦
Chaque jour que cette illégalité continue, le gouvernement prend
plus que son dû, plus que ce que permet la loi, dans le portefeuille des
automobilistes. Il faut que cela cesse.
M. le Président, j'ai fait ces quelques remarques parce que je
n'en avais pas eu l'occasion beaucoup depuis les dernières semaines et
je voudrais indiquer que je serais prêt à commencer à faire
l'étude générale des crédits, en posant d'abord
quelques questions au ministre, avant de procéder programme par
programme.
Le Président (M. Lemieux): Avant, M. le
député de Lévis, que vous ayez à procéder
à l'étude de chacun des programmes, d'abord, j'aimerais demander
au ministre des Finances si, effectivement, il veut intervenir, puisqu'il a un
droit d'intervention en tout temps de 20 minutes après chacune des
interventions, comme vous le savez si bien, en vertu des articles 287 et 209
des règles de procédure. Alors, est-ce que le ministre des
Finances veut intervenir a la suite de l'énoncé du
député de Lévis?
M. Gérard D. Levesque (réplique)
M. Levesque: Certainement, M. le Président. Je vous
remercie.
Le député de Lévis a profité de son droit de
parole pour faire tout un tour d'horizon. Il a même - je le dis bien
aimablement - voulu nous dire ce qu'il aurait probablement voulu dire lorsque
les crédits du Conseil du trésor étaient à
l'étude, hier soir, et qu'il n'a pu dire parce qu'il a boudé
cette commission. Il a, si je comprends bien, présenté cette
partie du discours au moment de l'étude des crédits du
ministère des Fi- nances. Je n'ai aucune objection, sauf qu'en ce qui
concerne le processus de la préparation des crédits
budgétaires, des relations du Conseil du trésor avec les divers
ministères, on comprendra que ces choses se discutent tout normalement
lors de l'étude des crédits du Conseil du trésor, d'une
part, et, d'autre part, à l'étude des crédits des
ministères sectoriels.
Deuxièmement, le ministre a parlé de chiffres
gonflés.
Le Président (M. Lemieux): Le député de
Lévis, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Le député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): C'est un lapsus.
M. Levesque: M. le Président, le député de
Lévis me pardonnera sûrement parce que c'est la deuxième
fois que je dis cela, alors que lui a dit 20 fois l'inspecteur
général des finances...
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le ministre
des Finances.
M. Levesque: ...au lieu de l'Inspecteur général des
institutions financières. Le député de Lévis a dit
qu'on avait gonflé certains chiffres. Je lui rappelle exactement et
très brièvement, parce que je ne veux pas prendre trop de
temps... Même si j'ai 20 minutes, si je peux le faire en moins de temps,
M. le Président, je vais le faire.
Le 23 avril 1985, lors du discours sur le budget de l'ancien
gouvernement, les prévisions apparaissant au budget pour l'année
1986-1987 indiquaient clairement que les dépenses budgétaires
prévues étaient de l'ordre de 28 490 000 000 $, que les revenus
budgétaires étaient de l'ordre de 25 520 000 000 $ et que le
déficit prévu était de 2 970 000 000 $. Ce sont les
chiffres officiels qui ont été connus de la population dès
le 23 d'avril 1985. Et, au mois de mai de la même année, une
révision avait lieu au sein du gouvernement dont le député
de Lévis faisait partie. Ces chiffres étaient
révisés, de sorte que le déficit prévu ou
annoncé par le gouvernement à la fin d'avril passait de 2 970 000
000 $ à 4 232 000 000 $, soit environ 1 300 000 000 $ de
différence dans un mois. Cela, M. le Président, a
été gardé secret jalousement et prudemment, mais non
démocratiquement, à partir du mois de mai jusqu'au moment
où nous sommes arrivés au pouvoir, le 12 décembre 1985.
(17 heures)
Ce que nous avons présentement et ce que le document que nous
avons publié le 5 mars dernier indique bien, sous le titre Les finances
publiques du Québec: l'urgence d'un
redressement, indique bien que nous avons un héritage non
seulement de 3 000 000 000 $, qui depuis cinq années est devenu le
"déficit normal", entre guillemets, de l'ancien gouvernement, mais que
s'y ajoute maintenant une somme de 1 300 000 000 $, chiffre qui était
connu de l'ancien gouvernement, mais qui a été jalousement
gardé dans les livres du gouvernement, dans les secrets du gouvernement,
cela, on ne peut pas le nier. Personne n'a mis en doute l'exactitude des
chiffres contenus dans ce document qui a été livré au
public le 5 mars 1986. Je dirais plus que cela. Devant l'objectivité de
ce document... Le député de Lévis, je l'ai vu à
combien de reprises feuilleter le document, le citer à pleines pages?
Là évidemment où cela faisait son affaire. Je n'ai aucune
objection à ce qu'il se serve de ce document. Il s'en sert. Il va s'en
servir encore, je suis convaincu. Il l'a encore dans les mains. Il va s'en
servir abondamment. Cela ne fait que souligner l'objectivité de ce
document.
Dans ce document, nous n'avons pas fait connaître seulement ce qui
faisait notre affaire. Vous allez y trouver une reconnaissance des bons coups
de l'ancien gouvernement. Ils ne sont pas nombreux, mais ils sont là.
Nous n'avons rien caché. D'ailleurs, ce sont les pages favorites du
député de Lévis qui en a fait son livre de chevet. Je
l'invite à lire toutes les pages du document et particulièrement
celles... Je le référerai à la page 8 du document
où il verra l'histoire de ce qui s'est passé entre le mois
d'avril 1985, date du budget, et les révisions de mai 1985 et de
novembre 1985 sous son propre régime. D'après les chiffres pris
chez l'ancien gouvernement, des révisions ont été faites
qui témoignaient d'une détérioration de l'état des
finances publiques et montraient que le vrai portrait du déficit
prévu pour 1986-1987 n'était pas de 2 970 000 000 $, mais
dès mai, était de 4 232 000 000 $ et dès novembre 1985, de
4 262 000 000 $.
Le député de Lévis aura beau dire qu'il y avait un
autre montant de 169 000 000 $ qui s'est ajouté lors du discours sur le
mini-budget, nous ne le cachons pas, nous le rendons public. Nous mentionnons
dans ce livre que, au lieu de 1 300 000 000 $, nous sommes plus près de
1 500 000 000 $. Le problème aurait été sensiblement le
même, que nous ayons eu 1 300 000 000 $ ou 1 500 000 000 $ de plus que
les 3 000 000 000 $. Il est clair que la détérioration grave
à laquelle nous devons faire face, est justement de l'ordre de 1 300 000
000 $ à 1 500 000 000 $. Que ce soit 1 300 000 000 $ ou 1 500 000 000 $,
on peut s'entendre, mais les 1 300 000 000 $ que nous avons trouvés et
qui n'apparaissaient nulle part dans les chiffres publics, connus du public,
c'est cela l'héritage auquel on doit faire face.
Le député de Lévis s'insurge contre des coupures
aujourd'hui. Mais comment voulez-vous régler ce problème que vous
nous avez laissé? C'est vous qui l'avez créé de toutes
pièces, avec neuf ans de votre administration, et vous avez le culot
aujourd'hui, de venir me rendre responsable de tout ce qui arrive? Ce sont des
mesures que nous devons prendre, par la responsabilité qui est la
nôtre de faire en sorte que nous puissions boucler ce budget à un
niveau qui ne fasse pas sauter les cotes de crédit, qui ne fasse pas se
perpétuer une situation qui est très grave et qui serait encore
plus grave si nous ne prenions pas immédiatement les mesures qui
s'imposent.
Les mesures qui s'imposent ont été prises à divers
niveaux, dans les ministères, au Conseil du trésor et elles
seront prises également par celui qui vous parle lorsqu'il aura à
prononcer son discours sur le budget. Des trois étapes, nous en avons
deux de passées. Et si on me le permet, je vais simplement faire part
à cette commission... L'impasse auquel nous avions à faire face
était de 1 505 000 000 $. Si nous voulions respecter la prévision
faite par l'ancien gouvernement au mois d'avril 1985, pour respecter ce
déficit de 2 970 000 000 $ qui avait été promis par
l'ancien gouvernement comme ne devant pas être dépassé pour
que l'ancien gouvernement ne perde pas sa cote -la cote du Québec, pas
la cote du PQ; celle-ci elle est perdue - mais la cote...
M. Garon: La vôtre descend vite.
M. Levesque: Oui, c'est correct; elle est encore haute.
M. Garon: En deux mois, elle a perdu 12 %.
M. Levesque: Elle est encore haute.
M. Garon; Attendez six mois.
M. Levesque: Surveillez ça. Mais...
M. Garon: Les gens prennent des gageures pour trois ans maximum
concernant la vie de ce gouvernement-là.
M. Levesque: Surveillez ça. M. le député de
Lévis.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
M. Levesque: J'ai connu... Pour faire une parenthèse, j'ai
connu cela à différentes reprises ces histoires-là. Alors
je ne suis pas prêt à ce moment-ci à commenter davantage,
mais on n'a qu'à regarder la vie politique depuis plusieurs
années et on est
prudent, on devient prudent. J'invite le député de
Lévis à la prudence.
Ceci étant dit, l'impasse annoncée dans le document
était de 1 505 000 000 $. Nous, comme gouvernement, nous avons dit: il
faut faire face à cette situation d'une façon responsable.
Qu'est-ce que l'on fait? On ne peut pas laisser le déficit
dépasser ce qu'il a été depuis cinq, six ans, 3 000 000
000 $ par année; on n'a pas le droit. Et d'ailleurs, c'était
également bien établi par l'ancien gouvernement, lorsqu'il s'est
converti vers la fin de son régime et qu'il a commencé à
dire ces choses-là. Pourquoi? Parce qu'on ne pouvait plus continuer de
s'endetter. Partir de 4 000 000 000 $ ou 5 000 000 000 $ de dettes et, en
l'espace de rien, arriver à 30 000 000 000 $ sans compter la dette dans
le secteur...
M. Garon: En comptant le Régime de rentes.
M. Levesque: En comptant le Régime de rentes, mais en ne
comptant pas...
M. Garon: Quand vous prenez les cotisations des employés
vous les mettez dans les revenus.
M. Levesque: ...mais en ne comptant pas les dettes des
sociétés d'État.
M. Garon: C'est ça. On va en parler.
M. Levesque: On va en parler, certainement. Mais je dis, on
n'oubliera pas par exemple... on va en parler, c'est facile d'en parler
aujourd'hui puis faire ce que vous faites. On va en parler puis on va dire: Qui
est-ce qui a fait cette dette?
M. Garon: On va vous parler de la façon dont vous
gériez le Régime de rentes.
M. Levesque: Qui a fait cette dette? Ce ne sont pas les anges.
Qui avait la gestion des affaires publiques de 1976 à 1985? Qui,
jusqu'au mois de décembre 1985? On saute sur le gouvernement qui est
là depuis quatre mois et on dit: Qu'est-ce qui arrive? Mais qu'est-ce
que vous nous avez laissé? 1 505 000 $ de plus que les 3 000 000 000 $
qui étaient devenus une habitude de l'ancien gouvernement. Or pour faire
face... je n'ai pas dit que je pouvais régler les 4 500 000 000 $, je
n'aurais pas cette présomption...
M. Polak: Ils ont ruiné la province. M. Garon: On a
reçu une bonne cote.
M. Levesque: Est-ce que j'ai la parole, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Toujours, M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Merci, M. le Président. Je sais qu'ils
n'aiment pas cela, le député de
Lévis en particulier; même le député de
Jonquière semble un peu nerveux.
M. Dufour: Je ne suis pas nerveux, je vous trouve
drôle.
M. Levesque: Pour faire face à ces 1 505 000 000 $, qui
s'additionnent au déficit de 3 000 000 000 $...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le ministre des
Finances, s'il vous plaît! M. le député de Lévis,
écoutez, je n'ai pas institué ce règlement, je n'en ai pas
écrit les articles, et à plusieurs reprises j'ai fait état
que je devais l'appliquer...
M. Garon: M. le Président, je n'ai rien
soulevé...
Le Président (M. Lemieux): ...mais je l'applique dans le
respect des droits individuels de chacune des personnes qui sont ici autour de
la table.
M. Garon: De quoi vous plaignez-vous la?
Le Président (M. Lemieux): Ce dont je me plains, c'est
lorsque j'entends dire une expression que je qualifie d'un petit peu - et je
suis prêt à faire sortir les galées - une expression...
Quand on me dit "crisse", ça je ne le prends pas, je vous le dis tout
suite; moi en ce qui me concerne, je ne le prends pas et je pense que le
ministre des Finances...
M. Garon: II n'y a pas d'intervention, M. le Président. Si
on veut jouer au fou... il n'y a même pas d'intervention.
Le Président (M. Lemieux): Je ne veux pas jouer au fou,
mais je veux que le ministre des Finances ait un droit de parole et ce droit de
parole, je dois le faire respecter. Il a vingt minutes et il lui reste six
minutes.
M. Garon: Personne n'a interrompu le ministre.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez...
M. Garon: Personne n'a interrompu le ministre, mais si vous
voulez jouer comme cela...
Le Président (M. Lemieux): Je ne veux pas jouer comme
cela, je veux tout simplement...
M. Garon: J'ai demandé pendant combien de temps avait
parlé le ministre. Votre attaché a dit qu'il avait
commencé à 4 heures 51 minutes. Vous, vous êtes
arrivé et vous avez dit qu'il restait six minutes alors qu'il restait
une minute, selon ce qu'a dit lui-même le secrétaire de la
commission.
Le Président (M. Lemieux): II reste une minute?
M. Garon: Je n'ai même pas fait d'intervention au micro. Si
je ne peux pas parler au secrétaire de la commission pour demander
combien de temps de parole il reste au ministre... Parce que vous avez entendu
ce que je lui ai demandé, que ce soit considéré comme une
intervention, je regrette, mais c'est malhonnête.
Le Président (M. Lemieux): On reprend. M. le ministre des
Finances.
M. Garon: J'ai le droit de demander au secrétaire...
M. Levesque: Est-ce que je peux intervenir simplement...
M. Garon: M. le Président, je vous demande de retirer vos
paroles.
M. Levesque: On n'est pas pour...
Le Président (M. Lemieux): Je ne retirerai pas mes paroles, M. le
député de Lévis. Je m'excuse, mais je ne retirerai pas mes
paroles.
Une voix: J'ai entendu ce que vous avez dit...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
vous pouvez continuer, s'il vous plaît.
M. Levesque: Afin d'aider à la bonne marche des choses, je
reviendrai sur le sujet. Puisque vous me dites que j'ai l'occasion de revenir
à loisir après d'autres interventions, je continuerai cette
intervention un peu plus tard dans la discussion. Je ne veux pas que mes
paroles ou que le temps de parole indispose qui que ce soit autour de cette
table. Soyez assuré que je vais avoir le plus grand respect pour le
droit de parole des parlementaires.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle le programme 1,
Études des politiques économiques et fiscales. Est-ce qu'il y a
des intervenants sur le programme 1?
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous venez d'attribuer à des gens des paroles
qui ont été prononcées dans cette commission, mais je vous
demande de faire venir les galées, puisqu'il n'y a eu aucune
intervention dans cette commission de la nature que vous dites que j'ai
entendue personnellement. Vous avez laissé entendre qu'il y avait des
interventions. Je voudrais que vous fassiez justement venir les galées
pour qu'on règle cette question.
Le Président (M. Lemieux): Je pense...
M. Garon: Parce que autrement, si les galées ne
reproduisent pas ce que vous avez dit, vous retirerez vos paroles.
M. Polak: Ne reproduisent pas? Nous, on l'a entendu aussi.
M. Garon: Je regrette, on est en commission parlementaire...
Une voix: Ce n'est pas enregistré. Une voix: Je ne
l'ai pas entendu.
M. Garon: Je ne l'ai pas entendu moi non plus. Je vais vous dire
une chose... On va arrêter de jouer au fou.
Une voix: C'est une erreur qui a été commise.
Le Président (M. Lemieux): On fera venir les
galées. J'espère que nous allons quand même continuer, M.
le député de Lévis, parce que cela va quand même
prendre un certain temps.
M. Bélisle: Est-ce que je pourrais, M. le
Président? parce que j'avais demandé le droit de parole à
la suite de l'intervention du ministre des Finances.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous êtes
prêt à continuer...
M. Garon: Je suis prêt à continuer...
Études des politiques économiques et fiscales
Le Président (M. Lemieux): ...à continuer sur le
programme, Études des politiques économiques et fiscales?
M. le député de Lévis.
M. Garon: On va faire venir les galées...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis, j'ai fait venir les galées. M. le député
de Lévis.
La taxe ascenseur sur l'essence
M. Garon: ...et on fera l'intervention en temps et lieu.
Je voudrais demander au ministre des Finances si la Direction
générale de la recherche économique ou les services du
sous-ministre adjoint aux politiques fiscales ont étudié l'impact
de la surtaxe libérale sur l'essence, sur l'économie du
Québec, pour la concurrence du Québec avec le modèle
ontarien qu'il privilégie et avec les États-Unis. On vient de
voir, par exemple, qu'aux États-Unis les prix de gros ont surtout
descendu, les dernières statistiques ont surtout descendu grâce
è l'application de la diminution très forte du prix de l'essence
aux États-Unis. On sait que le prix est actuellement autour de 0,23 $ le
litre, alors qu'il est de 0,50 $ ici au Québec. Est-ce qu'il y a une
étude qui a été faite sur les conséquences sur
l'économie québécoise par rapport à l'Ontario et
aux États-Unis, l'impact sur le camionnage et le coût de nos
produits où l'essence, le pétrole joue un rôle très
important, est un intrant important?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, s'il y a eu de telles
études, j'imagine quelles ont été menées au moment
où la taxe ascenseur est passée de 20 % à 40 % sous
l'ancien gouvernement. Maintenant, je n'ai pas examiné la situation pour
savoir si on avait fait des études d'impact sur cette surtaxe, car c'est
à ce moment-là qu'il y a eu de grands changements dans les taxes,
si on les compare avec celles imposées dans les autres provinces. Si je
comprends bien, cette taxe est d'environ 20 % à travers le Canada, dans
la plupart des provinces, et, n'eût été la décision
de l'ancien gouvernement à l'automne 1981, alors qu'on a fait passer la
taxe de 20 % à 40 %, on n'aurait peut-être pas à en
discuter aujourd'hui. (17 h 15)
C'est donc à ce moment-là, en posant ce geste-là,
que l'ancien gouvernement devait, si quelqu'un devait le faire, mener des
études pour savoir quel était l'impact de monter de 20 % à
40 %, d'un seul coup, la taxe sur l'essence. Je peux m'informer s'il y avait eu
à ce moment-là des études d'impact. Mais c'est à ce
moment-là - le député de Lévis comprendra
facilement - que les études pourraient ou auraient dû être
faites et je n'ai pas entendu parler qu'elles avaient été
faites.
M. Garon: Tout le monde sait, le ministre sait sans doute,
j'espère qu'il le sait... Je sais qu'il a passé beaucoup de temps
aux États-Unis récemment. Probablement que c'est là qu'il
discute de son budget. Il est à même de constater qu'aux
États-Unis, le gallon d'essence se vend 0,90 $, 0,23 $ le litre, et que
le prix international du baril est passé de plus de 30 $ à 10 $
américains environ. Il y a eu des baisses considérables. On dit
même que sur le territoire québécois, les entreprises qui
manufacturent ici vendent meilleur marché, hors taxe, en ne tenant pas
compte des taxes sur leur essence, en Ontario et aux États-Unis qu'elles
le vendent au Québec. Je comprends que le ministère n'a pas l'air
d'étudier beaucoup - il n'a pas l'air de se rendre compte de grand-chose
actuellement -mais on maintient, au Québec, les taxes à un niveau
plus élevé que la loi autorise, alors que la loi dit qu'une
personne doit payer 30 %. Une personne n'est pas obligée de payer plus
de 30 % du prix moyen qui est fixé. Actuellement, le prix moyen qui est
fixé fait en sorte qu'on paie 37 % de taxe; 37 %, je demande au ministre
s'il est conscient que, actuellement, alors que le prix de l'essence baisse
partout, ici, il ne baisse pas dans les mêmes proportions, principalement
à cause de l'inaction du ministre. J'imagine que son ministre du Revenu
est capable d'agir aussi rapidement pour diminuer les taxes qu'il a
été capable de le faire au mois de janvier.
Une voix: On n'a pas trouvé de fonctionnaires.
M. Garon: Là, au moins, il pourra le faire en connaissance
de cause. Maintenant, il va faire la différence entre un
arrêté ministériel qui va au Conseil des ministres et un
autre qui n'y va pas.
M. Levesque: Bon, on peut commencer par le préambule: les
Etats-Unis. C'est vrai que je me suis rendu récemment aux
États-Unis, mais je pense bien que le député de
Lévis n'a rien contre les Etats-Unis. Je ne veux pas aller plus loin
là-dessus.
Deuxièmement, je vais répondre ceci au
député de Lévis: la différence de prix au litre
avec les États-Unis est de 0,16 $ le litre, dont 0,12 $ relèvent
de la politique fédérale. Il ne faudrait pas exagérer non
plus.
L'Ontario, que je sache, a immobilisé son propre ascenseur et n'a
pas non plus bougé depuis la chute du prix du pétrole.
Troisièmement, je donnerai la réponse, comme je l'ai
déjà dit au député de Lévis, lors du
discours sur le budget.
M. Garon: Est-ce que le ministre est conscient, devant le nouveau
prix international et selon les décisions qui vont être prises par
le fédéral, que les avantages comparatifs peuvent revenir
entièrement dans l'Est du Canada plutôt que dans l'Ouest du
Canada? Vous pouvez peut-être prendre cette question en riant, mais
autant cela a été avantageux pour l'Ouest du Canada d'avoir
des tarifs très élevés dans le passé, autant
maintenant, principalement à cause du pipeline de Portland vers
Montréal, du fleuve Saint-Laurent, il est avantageux pour le
Québec d'avoir un prix du pétrole international qui est le plus
bas possible. Alors qu'actuellement les débats se font, on a
pensé faire un prix plancher au Canada, auquel le ministre semble
vouloir concourir par son attitude aujourd'hui, un prix plancher qui va faire
en sorte que les avantages qu'on aurait, sur le plan économique, d'un
prix international très bas pour l'industrie pétrolière,
avec tout ce que ça veut dire pour l'industrie secondaire qui
dépend du pétrole... Vous savez que le plastique, en partie,
etc., vient du pétrole. Tous les avantages qu'il va y avoir pour
l'industrie secondaire, on peut peut-être rire de cela, mais cela a une
importance beaucoup plus considérable qu'on le pense en termes de
retombées économiques si on le fait apparaître, à ce
moment-ci, à la suite d'une situation nouvelle, où le prix du
pétrole est au plus bas et où il peut baisser encore.
Le Québec est avantagé lorsque le prix est bas. L'Ouest,
pour sa part, est plus avantagé lorsque le coût est
élevé, parce que les coûts de production sont
établis à un certain niveau. Si le prix du marché est
très bas, on peut être avantagé, à condition de
profiter de cette question. Le ministre a l'air de trouver cela drôle. Il
fume sa pipe et il trouve cela drôle. Sauf qu'en termes de
développement économique, cette question peut vouloir dire
beaucoup pour le Québec, parce qu'on est dans une situation
différente de celle qu'on a connue au cours des dernières
années, alors qu'il y avait une ligne de l'énergie et toutes les
mesures du gouvernement fédéral. Une fois que la loi l'a
avantagé, l'Ontario a eu une industrie développée;
là, maintenant, se sont jouées les règles de la
concurrence. On ne sait pas jusqu'à quand, mais il a laissé jouer
les règles de la concurrence. Ces règles de la concurrence vont
maintenant nous avantager de plus en plus si le prix du pétrole
international demeure à un bas niveau.
M. Levesque: Je dirai d'abord au député de
Lévis que je suis très sensible à tout son exposé,
mais que plusieurs points qu'il soulève ne touchent pas à la
question de la taxe au détail sur l'essence. Je dois faire cette
réserve.
Deuxièmement, le député de Lévis parle comme
si on était dans une situation où le prix du pétrole
demeurerait à 10 $US ou quelque chose du genre. Or, il n'y a rien de
moins sûr que cela. Le député de Lévis sait que les
pays membres de l'OPEP sont présentement en réunion. Même
s'il y a eu un échec il n'y a pas tellement longtemps, il se peut fort
bien qu'il y ait une entente. Il se peut fort bien que nous ayons à
assister, que nous l'aimions ou non, à une augmentation des prix du
pétrole.
D'ailleurs, lorsque nous avons eu des discussions avec les
Américains sur les ventes d'électricité - on sait que
présentement nous travaillons très fort sur les
développements qui pourraient avoir Heu dans le domaine
hydroélectrique au Québec - on avait mentionné que le fait
que le prix du pétrole baissait pouvait nuire au projet que nous
caressons de pouvoir développer le potentiel hydroélectrique du
Québec. Ce qu'on nous a dit aussi et ce que nous savions, c'est qu'on ne
peut pas, lorsqu'on parle de tel projet de développement, se fier
uniquement sur une période très courte comme celle que nous
vivons présentement sur le prix du pétrole.
Les décisions qui doivent être prises dans le domaine que
j'évoque sont des décisions qui auront leur aboutissement dans
dix, douze ou quinze ans, parce qu'on sait le temps que cela prend pour
ériger un barrage, de sorte que les décisions prises aujourd'hui
ne peuvent pas être prises d'après une situation qui peut
être très temporaire. De la même façon... Là,
peut-être que je ne peux pas dire de la même façon, mais
d'une façon similaire, lorsque l'on parle de la fixation du taux de la
taxe sur l'essence vendue à la pompe, elle a été
prévue par l'ancien gouvernement, cette taxe ascenseur. C'est l'ancien
gouvernement qui l'a inventée. Lorsqu'il l'a inventée, il l'a
haussée de 20 % à 40 %. 11 a doublé d'un seul coup
à la fin de 1981 le rendement de la taxe sur l'essence.
Depuis ce temps-là, il a également prévu qu'il y
aurait des enquêtes périodiques sur le prix de l'essence vendue
dans l'île de Montréal, comme base pour établir le taux de
la taxe. Mais ces enquêtes se faisaient une ou deux fois par
année, Justement parce qu'il faut avoir une certaine période pour
établir, à un moment donné, quelle est la situation. Or,
nous avons eu, à la fin de janvier, je crois, une enquête sur les
prix du pétrole. Normalement, même s'il n'y avait rien et si on
suivait l'habitude ou la méthode ou la pratique de l'ancien
gouvernement, on en ferait peut-être à l'été ou
à l'automne.
De fait, si on se le rappelle, dans le cas qui a préoccupé
particulièrement le député de Lévis, soit le tabac,
et dans celui de l'essence et de la bière, on avait prévu, lors
du budget de 1985, de faire des enquêtes en juillet et en octobre.
M. Garon: II n'y en a pas eu.
M. Levesque: De fait, ils n'ont pas fait d'enquête.
M. Garon: Ce n'est pas vrai, ce n'est pas marqué dans le
budget.
M. Levesque: Ils n'ont pas fait d'enquête.
M. Garon: Je vous mets au défi de mettre cela dans le
budget, la page.
M. Levesque: Et ils ont décidé d'en faire
après les élections, au mois de janvier. C'est tellement vrai que
j'ai ici toutes les preuves. Nous attendons justement... Depuis combien de
temps nous attendons que l'Opposition qui avait prétendu le contraire,
nous prouve le contraire! Ils ne peuvent pas parce que j'ai ici tout ce qu'il
faut pour les confondre. Cela avait été prévu, pas
seulement prévu, mai3 compté et comptabilisé dans les
revenus du gouvernement pour l'année 1985-1986.
Pour revenir au sujet principal, pour revenir à la question du
député de Lévis, il n'était pas question, lorsque
l'ancien gouvernement a inventé la taxe ascenseur, a inventé les
40 %, de faire des enquêtes à tous les mois. S'il avait voulu le
faire, il l'aurait dit. Périodiques. Il les faisait une fois ou deux par
année, à peu près. C'est celà! Une couple de fois
par année.
M. Garon: Ce n'était pas automatique. Pardon, ce
n'était pas automatique. Et la loi ne dit...
M. Levesque: Je regarde simplement l'expérience
passée et je me dis que c'était raisonnable dans le sens
suivant...
M. Garon: Lisez la loi.
M. Levesque: ...c'est qu'on ne peut pas se fieri il y a un
changement une journée, la semaine suivante, il y a encore un
changement, on fait encore une enquête. Je pense qu'il faut avoir un peu
plus de stabilité. Ce que nous avons fait, c'est une enquête il y
a à peine deux ou trois mois, deux mois et demi...
M. Garon: Trois.
M. Levesque: Deux mois et demi.
M. Garon: À la fin de janvier.
M. Levesque: Le budget aura lieu dans peut-être deux ou
trois semaines. Vous pouvez attendre jusque-là, je pense bien, M. le
député de Lévis; vous aurez la réponse. Je m'engage
à faire en sorte d'apporter plus d'éclaircissements, mais' je ne
peux pas faire mon budget ici, aujourd'hui; vous comprendrez cela.
M. Garon: Mais, je suis un peu étonné de votre
façon de fonctionner. Vous avez eu un budget le 18 décembre. Vous
n'en avez pas dit un mot, vous saviez tout cela, vous aviez vos preuves. Vous
n'en avez pas dit un mot; A un moment donné, vous avez
précipité cela. Là, vous dites: II faut que j'attende mon
budget. Vous avez eu un beau budget le 18 décembrel Vous saviez tout
cela et vous n'avez rien dît. Voyons donc! Il n'y a que les naïfs
qui vont croire cela! Personne ne va croire ce que vous dites là, parce
que, si vous aviez été dans cette disposition, dès le 18
décembre, vous auriez dit: On va augmenter les taxes. Cela aurait
été embarqué dans le budget, vous auriez dit où. Ce
n'est marqué nulle part dans le budget du ministre Duhaime. Cherchez
dans le budget, vous ne trouverez cela nulle part. Nulle part vous ne trouverez
qu'on a parlé d'augmenter les taxes. Au contraire, on pouvait le faire
quand les tarifs augmentaient. Quand le fédéral a augmenté
ses taxes, on aurait pu le faire pour le tabac. Il y a eu des
représentations qui ont été faites par l'industrie et il
n'y a pas eu d'augmentation de taxe sur le tabac.
Là, le ministre est libre d'augmenter les taxes. Le ministre est
libre de faire l'enquête pour augmenter les taxes, mais vous, vous
n'êtes pas libre d'imposer 37 %. La loi dit "30 %". Vous n'êtes pas
libre d'imposer 37 %, 40 % ou 50 %; la loi dit "au maximum 30 %". Là,
actuellement, vous imposez 37 %, alors, vous allez au-delà de la loi.
Tandis que, pour augmenter les taxes, le ministre peut, il n'est pas
obligé: on dit "il peut". Mais vous, vous êtes obligé de
charger un maximum de 30 %. Vous n'avez pas le droit de commencer à
charger 32 %, 33 %, 35 %, 37 % sans aucune raison. (17 h 30)
Je comprends que, traditionnellement, le ministère des Finances
se croit au-dessus de tout, mais il y a une loi qui dit qu'une personne doit
payer jusqu'à 30 %, mais ne peut payer au-delà. Comment se
fait-il que le ministre et le ministre de la Justice agissent d'une
façon arrogante?
L'arrogance, cela commence vite. On voit que cela commence vite, cela
fait trois mois et il dit: Ils me poursuivront s'ils ne sont pas d'accord. Mais
pourquoi? Pour donner un peu de temps. Là, le ministre avait un budget.
Il n'a pas dit un mot, pas un mot depuis le mois de décembre. Il fait
cela dans l'après-midi. Même le premier ministre n'avait pas l'air
au courant. S'il avait su cela, c'était prévu au budget et
même le premier ministre est venu dire devant 50 journalistes: II
paraît que les taxes ont été augmentées, par une fin
d'après-midi, par un fonctionnaire. C'est imprimé, c'est
enregistré. J'ai vu le texte basé sur l'enregistrement. Le
premier ministre l'aurait su, le ministre des Finances aurait su cela.
C'était dans le budget...
Une voix: Des taxes péquistes.
M. Garon: À ce moment-là, le premier
ministre l'a dit devant 50 journalistes. Au contraire, il aurait dit:
C'était dans le budget. Après cela, ils ont essayé de
camoufler cela en disant n'importe quoi. Le premier ministre lui-même
n'était pas au courant. Écoutez, cela est enregistré
devant 50 journalistes et essayez de remplir comme des valises 50 journalistes.
Imaginez-vous que s'il avait su, s'il avait eu des preuves comme quoi cela
avait été dans le discours sur le budget de M. Duhaime, le
ministre des Finances du temps, qui avait dit qu'il l'établissait
à 1,50 $, sur le tabac... Les prévisions, il les avait mises
là-dedans. Mais il n'a pas dit que cela monterait à 1,88 $. Il
n'était pas obligé de l'augmenter, mais le ministre actuel est
obligé de baisser à 30 %. Actuellement, il taxe
illégalement, immoralement les gens au-delà de ce que la loi lui
permet parce que la loi dit 30 %, ne dit pas 37 %, mais 30 %. Alors, le
ministre ne semble pas avoir... Il a l'air de vouloir continuer.
Je constate, par exemple, ceci. Je constate qu'il fait beaucoup
d'affirmations sur le pétrole d'un coup sec, mais quand je lui ai
demandé s'il y avait des études de faites à son
ministère il m'a dit qu'il n'y en avait aucune. Je comprends qu'ils ont
la science infuse aux Finances, ils n'ont pas besoin de faire des
études, ils savent tout cela. Alors, ils disent: Dans le domaine du
pétrole, sur ce que vous dites, on est d'accord, pas d'accord. J'avais
posé la question auparavant. Il a dit: On n'a fait aucune étude
sur le pétrole, sur les effets du pétrole sur l'industrie
secondaire ou cela.
Maintenant, je vais en profiter pour poser une deuxième question
concernant les études. Quelles études le ministère des
Finances a-t-il faites, au cours des deux dernières années sur
l'industrie du sucre? Par qui? Quels en ont été les auteurs et
quels en ont été les coûts?
M. Levesque: Vous changez au sucre là? Vous avez
passé vite.
M. Garon: Je veux voir quelles études vous faites.
M. Levesque: Non, non...
M. Garon: J'ai vu que vous preniez des décisions... Dans
le pétrole, vous me donnez toutes sortes d'avis.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, j'ai l'intention d'exercer
mon droit de parole.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, monsieur. Je
veux simplement rappeler, M. le ministre des Finances et M. le
député de Lévis, que nous sommes toujours au programme 1,
Études des politiques économiques et fiscales,
élément 1, Politiques fiscales. C'est exact? Je comptabilise le
temps relativement à l'élément 1 du programme 1. Vous
trouverez cela dans votre livre des crédits, M. le député
de Lévis, 14-2. Cela va? Alors, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je voulais simplement dire, M. le Président,
bien aimablement que le député de Lévis parle pendant 20
minutes du pétrole, de la taxe sur les carburants et, quand il arrive
à la fin de son exposé, il se tourne vers des questions sur le
sucre, pensant que je vais oublier les questions qu'il a posées et les
faussetés qu'il a pu véhiculer auparavant. Non, M. le
Président, je crois qu'il est de mon devoir de revenir un peu pour
répondre aux questions qui ont été formulées par le
député de Lévis.
Je réfère le député de Lévis à
la synthèse de septembre 1985 sur l'état des opérations
financières quant au revenu budgétaire du gouvernement dont il
faisait partie. Au mois de septembre, bien avant que nous arrivions au
gouvernement, on voit qu'au discours sur le budget on avait prévu, quant
à la taxe sur le tabac, 530 000 000 $. Ce chiffre a été
changé dans les documents officiels, en septembre 1985, à 548 000
000 $.
Une voix: ...de consommation, voyons donc.
M. Levesque: Non, au contraire, la consommation baisse depuis un
bon bout de temps à cause de l'augmentation des taxes et des campagnes
qui se font contre le tabagisme.
Or, M. le Président, lorsque, au ministère des Finances,
on a changé ce chiffre, c'était pour tenir compte des
prévisions faites par le ministre des Finances et des calculs faits,
lorsqu'il avait été décidé de procéder
à ces augmentations.
Ce n'est pas par hasard que l'on trouve dans les chiffres officiels, un
changement au mois de septembre 1985, de 530 000 000 $ à 548 000 000 $
et c'est exactement ou à peu près, ce qui est arrivé
à la suite de l'enquête de janvier que vous aviez reportée
en juillet, octobre, jusque après les élections. C'est lorsque
nous sommes arrivés à faire cette enquête que se sont
révélés ces chiffres. Ils étaient fondés sur
une nouvelle enquête sur le prix des tabacs.
Je voudrais que le député de Lévis comprenne bien
que je n'essaie pas... J'ai ici suffisamment de témoins autour de moi.
Ils savent que ce que je dis est exactement la vérité. Je ne veux
pas impliquer les gens de la fonction publique, mais je pense qu'ils auraient
une très mauvaise opinion de celui
qui parle si je transmettais des informations erronnées. Je
demande donc au député de Lévis de bien prendre acte de ce
que je dis et de prendre la parole de celui qui est ici et qui est prêt
à mettre son siège en jeu, n'importe quand, concernant
l'affirmation que je fais ici et qui provient de chiffres officiels.
Quant è la question de la taxe sur les carburants, je n'ai pas
dit qu'il n'y avait pas d'études de faites. Je n'ai pas dit cela.
J'aimerais bien que le député dise: J'arrive à la
conclusion qu'il n'y a pas eu d'études. J'accepterais cela. Mais j'ai
dit que s'il y avait des études, elles auraient dû être
faites en 1981 au moment où le gouvernement qui était alors au
pouvoir, a inventé la surtaxe sur l'essence. Il n'y en avait pas avant
1981. L'ancien gouvernement n'en a jamais parlé avant. Durant la
campagne électorale de 1981, est-ce qu'il a été question
d'augmenter l'essence? Pas un mot. Aucune surtaxe sur l'essence n'avait
été annoncée, et quelques mois après les
élections, c'est le gouvernement dont faisait partie le
député de Lévis... J'imagine qu'il a été
malheureux dans le temps, mais enfin, cela faisait partie de ses
responsabilités, de la solidarité.
Il y a eu cette augmentation de 2Q % à 40 %, donc une surtaxe de
20 % qui devait rapporter, je pense, quelque chose comme 900 000 000 $ sur une
base annuelle. C'est assez considérable de toute façon.
Une voix: Combien?
M. Levesque: 600 000 000 $, excusez. C'est à ce moment
qu'est arrivée la taxe ascenseur. Que voulez-vous? On a vécu avec
depuis.
Ce que nous avons fait en arrivant au pouvoir? Nous avons soulagé
une partie du Québec de cette surtaxe, c'est-à-dire: l'Abitibi,
le Témiscamingue, le Saguenay Lac-Saint-Jean. J'ai un
témoin privilégié en avant de moi: le député
de Jonquière.
M. Garon: Une "pinotte" pour leur enlever un cheval.
M. Levesque: Le député de Jonquière dit
qu'il n'avait pas besoin de cela.
M. Dufour: J'ai dit: Je ne veux pas être témoin de
cela.
M. Levesque: Excusez-moi, il a dit qu'il ne voulait pas
être témoin de cela. Je suis convaincu que la population, chez
lui, s'est réjouie de cette décision. Nous avons ramené au
taux de 20 %, qui est le taux à peu près général au
Canada, si je ne m'abuse, toutes ces régions du Québec où
les distances étaient plus grandes, comme l'Abitibi, le
Témiscamingue, le SaguenayLac-Saint-Jean, la Côte-Nord, la
Gaspésie. Je crois que nous avons posé un geste qui nous indique
que nous sommes conscients que cette taxe est réellement impopulaire et
que, si nous pouvons y toucher de la façon dont nous aimerions tous y
toucher, nous le ferons et à mesure que nos moyens nous le permettront.
Je ne peux pas dire autre chose.
M. Garon: J'ai demandé au ministre s'il y a des
études de faites actuellement, parce que la conjoncture a changé.
Il m'a dit tantôt qu'il n'y en a pas de faites. Je suis satisfait de sa
réponse. Je ne vais pas demander pour 1980 ou pour 1981, alors que la
situation dans le pétrole était complètement
différente de ce qu'elle est actuellement: actuellement dans l'Ouest les
compagnies de pétrole sont en train de fermer.
Eux ils doivent s'imaginer que ce n'est peut-être pas pour
longtemps les bas prix. Je suis étonné aussi que le ministre des
Finances ou son ministère et ses conseillers pensent que le prix du
pétrole ne restera pas bas longtemps, alors qu'ils pensent que le prix
du sucre va rester bas éternellement. Mais on en parlera, d'autant plus
que les nouveaux... On pourra s'informer du prix actuel du sucre: apparemment
il a augmenté pas mal au cours des dernières semaines. Alors, on
reparlera de tout ça.
Donc, le ministre a confirmé qu'il n'y a pas d'études de
faites actuellement alors que toute la conjoncture dans le pétrole a
changé. La perspective du pétrole actuellement est
complètement modifiée par la structure de prix que va
établir au Canada la politique internationale établie par les
pays de l'OPEP. Qu'est-ce que voulez? Cela ne m'étonne pas.
Deuxièmement, j'ai posé une question au point de vue des
études sur le sucre. Je demande: Est-ce qu'il y a des études
économiques qui ont été faites par le ministère des
Finances, au ministère des Finances ou à l'extérieur du
ministère des Finances? Je ne parle pas d'études anonymes:
Quelles études, par qui, quels sont les auteurs et quels ont
été les coûts? Est-ce qu'on pourrait me dire quelles sont
ces études?
M. Levesque: Sur le pétrole? M. Garon: Pour le
sucre. M. Levesque: Ah le sucre!
M. Garon: L'industrie du sucre au cours des deux dernières
années: les études qui ont été faites, par qui,
à quel coût? Quand je dis "par qui", quels sont les auteurs?
J'aimerais avoir la liste des études qui ont été faites,
mais j'entends les études signées, non pas les études
anonymes. Des études
anonymes pour moi c'est comme des compressions non
détaillées, comme vous dites a la page 8 aussi. Des compressions
non détaillées et non identifiées deviennent caduques. Des
études non signées, pour moi ce sont des études caduques.
Je veux avoir des études signées sur l'industrie du sucre au
ministère des Finances.
M. Levesque: Si on me le permet, je vais d'abord compléter
ma réponse relativement au pétrole dans le sens des études
qui sont faites. Il y a évidemment toujours, et dans plusieurs domaines
dont le pétrole, des études qui sont faites au ministère.
C'est entendu qu'on suit ça de près. Mais, comme on me l'indique,
il n'y a pas de changement présentement dans l'écart avec
l'Ontario, avec la taxe telle qu'elle existait. C'est le même
écart, autrement dit, qui existe. Avant que les prix du pétrole
commencent à chuter, l'Ontario avait bloqué l'ascenseur, si je
peux employer le mot, et c'est resté là. Nous, nous sommes au
même point depuis le mois de janvier, depuis notre dernière
enquête. Alors, il n'y a pas d'études particulières
à poursuivre sur cet écart si c'est une comparaison avec les
autres provinces. La province d'Ontario, évidemment, est très
importante dans cette comparaison.
Deuxièmement, dans les prix du sucre je dois avouer... Est-ce que
vous me suivez?
M. Garon: Oui, je suis.
M. Levesque: Je suggère au député de
Lévis de poser sa question à mon collègue, le ministre
délégué à la Privatisation, qui sera ici dans
quelques minutes ou quelques heures, puisqu'il s'est occupé plus
particulièrement, comme on le sait, de ce dossier.
M. Garon: Je veux vous poser les questions. D'abord, pour la
politique du pétrole je suis un peu étonné de la
réponse du ministre. La politique du pétrole, on sait que ce
qu'il me dit là ce n'est pas uniquement l'essence à la pompe...
d'autant plus...
M. Levesque: C'est de cela qu'il était question!
M. Garon: Non, non. J'ai dit: dans une perspective de
développement économique, de développement d'industries
secondaires, de sous-produits du pétrole. J'ai été
très explicite. J'ai dit également que, dans la phase
antérieure où les prix internationaux étaient très
bas, c'est le Québec qui était avantagé, avec le fleuve
Saint-Laurent, avec le pipeline ou l'oléoduc de Portland à
Montréal, comparé à l'Ouest. Il fallait même qu'il y
ait une ligne de l'énergie, déterminée par le gouvernement
fédéral, pour nous empêcher d'envahir complètement
l'Ontario. Là, quand il parle d'essence à la pompe, je comprends
qu'il n'a pas compris ma question. Ma question est beaucoup plus vaste que
cela. (17 h 45)
M. Levesque: Parce que je vais demander...
M. Garon: Justement, le fait que le ministère des Finances
n'ait pas pensé à faire une étude dans une nouvelle
perspective, qui est une orientation complètement nouvelle dans le
domaine du pétrole, qu'il n'y ait pas d'étude, qu'il n'ait pas
envisagé cette situation, alors que le gouvernement
fédéral se prépare à imposer des prix planchers
pour maintenir la production dans l'Ouest... Alors qu'il vient de commander une
étude de 19 000 000 $ pour le développement de l'industrie dans
l'Ouest du Canada, le ministre des Finances, lui, est sur le pilote
automatique. Il n'a pas vu les changements et il n'a fait faire aucune
étude sur le pétrole pour le Québec. Je suis
estomaqué de cela.
M. Levesque: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: La responsabilité qu'on a
évoquée, c'est celle qui touchait à la taxe sur l'essence.
Tel que j'ai compris la question, c'était sur la taxe sur l'essence
à la pompe. C'est là-dessus que le discours ou la question du
député portait. S'il dit maintenant qu'il se réfère
à la politique de l'énergie, c'est autre chose, et je l'invite
à poser la question au ministre de l'Énergie et des Ressources,
qui, lui, à son ministère, a toutes les études sur cette
question.
M. Garon: Mais c'est vous qui taxez, c'est vous qui nous rendez
non compétitifs, c'est vous qui ne suivez pas la ligne actuelle de
baisse des prix dans toute l'Amérique du Nord. C'est vous qui imposez
cette situation. Après cela, vous nous dites: Posez la question au
ministre de l'Énergie. Voyons donc! J'ai toujours compris que le
ministre des Finances avait un genre de rôle de coordination au point de
vue de l'économie et du développement économique, qu'il
devait suivre un peu ce qui se passait. Ce n'est pas la régie des
alcools où on peut mettre trente sous sur une bouteille de vin et le
monde va l'acheter pareil. Je suis un peu surpris que le ministre des Finances
ait autant de difficulté à comprendre les questions
économiques. C'est évident qu'actuellement il y a une situation
totalement nouvelle dans le domaine du pétrole avec de bas prix.
S'il croit que les prix vont rester bas
rien que quinze jours, trois semaines ou un mois, c'est une autre
affaire, mais j'imagine qu'il ne croit pas cela uniquement comme cela, qu'il y
a une étude... On remarque de ceux qui en parlent... Le gouvernement
fédéral ne parlerait pas et on ne parlerait pas d'avoir un prix
plancher pour protéger l'industrie de l'Ouest. Si, actuellement, on
pense à cela, c'est parce qu'on pense que cela peut durer un peu plus
longtemps. Il y a beaucoup de gens qui pensent que cela va durer un peu plus
longtemps. On voit que les perspectives aux États-Unis sont bien plus
dans la conservation de l'énergie. On dit qu'on peut aller chercher 200
000 000 000 $ là-dedans.
Il y a beaucoup de théories aussi sur la provenance du
pétrole qui font que toute la conjoncture du pétrole est
modifiée. Je suis étonné que, devant cette batterie de
spécialistes, cette armée de spécialistes qui entourent le
ministre, il en soit uniquement à l'essence à la pompe, qu'il
n'ait pas la perspective économique dans ce domaine. Est-ce que le
ministère des Finances est uniquement un ministère de comptables
ou si c'est un ministère qui étudie les perspectives
économiques? Est-ce que le nouveau ministre a dit: Je ferme la soupape
pour ne pas qu'ils pensent à cela?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances...
M. le député de Lévis...
M. Garon: À moins qu'ils aient passé trop de temps
à préparer le document du ministre, la propagande du ministre, et
qu'ils n'aient pas eu le temps de faire autre chose.
M. Levesques Si le député de Lévis veut être
sérieux, est-ce qu'il propose de refaire la structure industrielle du
Québec sur la base du pétrole bon marché? Est-ce que c'est
cela qu'il suggère, alors que cette diminution n'existe que depuis
quelques semaines ou quelques mois, qu'on est dans une période
d'instabilité et qu'il nous apparaît que les prix du
pétrole vont remonter?
Deuxièmement, les coûts d'approvisionnement actuels sont
d'environ 15 $ US. La baisse de ces coûts est transmise au consommateur
et à l'industrie pétrochimique.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, j'aimerais seulement vous rappeler une directive d'ordre
administratif. C'est que, sans vouloir limiter votre temps de parole, je veux
vous souligner qu'il reste moins de 75 minutes pour huit programmes. Ou on
convient d'adopter des programmes en bloc, parce que notre mandat, c'est de
mettre aux voix chacun des programmes... Est-ce qu'on convient d'adopter les
programmes en bloc? Vous avez dit oui?
Une voix: Sauf le programme 5, qui est ce soir.
Le Président (M. Lemieux): Sauf le programme 5,
effectivement.
M. Garon: Non, on va étudier les programmes un par un,
mais on veut passer un certain temps là-dessus. Qu'est-ce que vous
voulez? Je n'avais pas anticipé que le ministre fournisse des
réponses de 20 minutes environ chaque fois. Il est évident qu'il
faut plus de temps. Je lui pose des questions brèves... Je vais vous
donner un exemple.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Mon autre question sera encore très
brève, je vais lui demander... Non, j'ai dit qu'on allait se rendre
jusqu'au bout. '
M. Levesque: En bloc?
M. Garon: Non, non, on a déjà étudié
deux programmes, il en reste six.
Le Président (M. Lemieux): Je veux simplement vous
souligner, je ne voudrais pas...
M. Garon: II nous reste seulement cinq programmes, au total,
à étudier. On ne passera pas beaucoup de temps sur certaines
parties, mais le programme Fonds de suppléance va nous demander plus de
temps.
Le Président (M. Lemieux): Alors le programme 1 est-il
adopté?
M. Garon: Non, non, j'ai posé une deuxième question
sur les études sur le sucre. Je ne veux pas arriver...
M. Levesque: J'ai reporté le député au
ministre délégué à la Privatisation.
Études sur le sucre
M. Garon: Je ne veux pas me faire "enfirouâper" et je vais
vous dire pourquoi. Le ministère des Finances existe depuis plusieurs
années et je ne voudrais pas qu'à un moment donné, le
ministre délégué à la Privatisation me dise: Vous
auriez dû poser la question au ministre des Finances, alors qu'il ne sera
pas là. J'ai posé une question, je la répète mot
à mot j'ai pensé à mes mots quand je l'ai posée: Au
cours des deux dernières années, y a-t-il eu des études de
faites sur l'industrie du sucre? Ce sont les mêmes fonctionnaires qui
dépendent de deux ministres différents. Y a-t-il eu des
études
faites sur l'industrie du sucre? Non pas des études anonymes, des
études signées; je voudrais savoir quelles sont ces
études, le nom de leurs auteurs et leur coût.
M. Bélisie: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Iles.
M. Bélisle: J'aimerais savoir si le but d'obtenir ces
informations de la part du...
Le Président (M. Lemieux): Quel article du
règlement, M. le député de Mille-Îles?
M. Bélisle: Je veux savoir si c'est dans le but de faire
déposer ces documents devant ta commission.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député de Mille-Îles, M. le
député de Lévis, vous pouvez continuer.
M. Garon: J'attends une réponse. M. Polak: M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je pense que...
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
en vertu de quel article du règlement, M. le député de
Sainte-Anne?
M. Polak: L'article sur la pertinence.
Le Président (M. Lemieux): L'article 211, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: C'est cela, l'article 211. Je sais qu'il y a beaucoup
de latitude dans les crédits, mais le député de
Lévis était en train de poser une question sur un
élément qu'on va étudier spécialement ce soir parce
que cela relève de la privatisation.
M. Garon: Cela fait longtemps que je suis là-dedans,
moi.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: La réponse que j'ai recueillie, parce que je
n'ai jamais donné d'instruction pour faire une étude sur le
sucre, c'est que, oui, effectivement, il y a eu une étude sur la
raffinerie elle-même. Je ne sais pas si c'est cela qui intéresse
le député.
M. Garon: Par quel spécialiste du sucre? Qui sont les
auteurs de cette étude spécialisée sur l'industrie du
sucre. Je parle d'études signées.
M. Levesque: II y en a une ici, que vous allez retrouver dans les
documents qu'on vous a remis, par A.-J. D'Ailly, consultation sur la Raffinerie
de sucre du Québec: 4717,38 $.
M. Garon: À quelle date a-t-elle été
commandée? Et quelle était la fonction de M. D'Ailly à
cette époque?
M. Levesque: C'était, je crois, du temps du gouvernement
de celui qui pose la question, il devrait savoir la réponse mieux que
moi, je suis obligé de retourner dans l'ancien temps.
M. Garon: Bien oui, mais je veux connaître les
études qui existent.
Le Président (M. Lemieux): La question est pertinente, M.
le ministre des Finances.
M. Levesque: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): La question du
député de Lévis, M. le ministre des Finances, est
pertinente.
M. Levesque: Ah! Oui, oui! Elle est pertinente, mais donnez-nous
le temps de trouver la réponse.
Le Président (M. Lemieux): Ah oui, vous avez tout le
temps, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: On me demande simplement qui est M. D'Ailly. Je ne
l'ai jamais rencontré, moi, M. D'Ailly.
M. Garon: Je sais qui est M. D'Ailly, mais je veux vous le faire
dire pour que le public le sache. À quelle date l'étude a-t-elle
été commandée? Quand a-t-elle été remise?
Que faisait M. D'Ailly à temps plein à l'époque?
Était-ce un recherchiste sur le sucre ou s'il faisait autre chose?
M. Levesque: C'était au printemps de 1985, et M. D'Ailly,
me dit-on, est un ancien président d'une compagnie de sucre qui avait
laissé, ou je ne sais pas quoi, qui avait vendu son industrie.
Peut-être que le député doit...
M. Garon: Pourrait-on être un peu plus précis?
M. Levesque: A.-J. D'Ailly; l'adresse, je ne l'ai pas, le
numéro de téléphone non plus.
M. Garon: C'est une étude qui a été
commandée quand et terminée quand?
M. Levesque: Le tout s'est passé au printemps 1985.
M. Garon: Est-ce que je pourrais avoir des détails plus
précis? Je comprends que vous ne les avez pas tout de suite, devant
vous, mais Ils pourraient peut-être être fournis ce soir. À
quelle date l'étude a-t-elle été commandée?
À quelle date a-t-elle été produite et quelle était
la fonction de M. D'Ailly? Pourquoi a-t-on engagé M. D'Ailly pour faire
cette étude et quelle était sa fonction?
M. Levesque: Je peux bien téléphoner à M.
Duhaime. Je ne sais pas qui était là à ce
moment-là. Je vais essayer d'avoir le renseignement.
M. Garon: Ce n'est habituellement pas le ministre qui commande
les études, vous savez cela comme moi.
M. Levesque: Cela fait une heure que vous me demandez quelle
étude j'ai commandée.
M. Garon: C'est votre ministère, c'est le ministère
des Finances. Vous répondez au nom du ministère des Finances. Je
pense bien que ce n'est pas votre commerce personnel que vous administrez
devant nous aujourd'hui. Je vous demande, en tant que répondant du
ministère des Finances; Le ministère des Finances a-t-il fait
faire une étude? Est-ce qu'il en a d'autres ou s'il y a seulement une
étude?
M. Levesque: Nous allons faire en sorte...
M. Garon: Est-ce qu'il y a seulement une étude de 4700 $
qui a été commandée par le ministère des Finances
au cours des deux dernières années?
M. Levesque: Pour être précis... J'en ai une autre
ici. Peut-être qu'on pourrait essayer d'être plus complet. Si
j'avais su que le député de Lévis voulait poser des
questions sur le sucre, j'aurais peut-être mieux sucré ma
préparation. Voilà! Qui a écrit cela? C'est difficile
à lire.
La compagnie ManExec, de Colorado Springs.
M. Garon: Une étude commandée quand, produite quand
et à quel coût?
Une voix: Ce sont des spécialistes du sucre
d'érable.
M. Levesque: C'était également au printemps 1985.
Je m'étonne que le député de Lévis me pose toutes
ces questions. Est-ce que son collègue ne le tenait pas au courant de
cela? Etant donné que le député de Lévis
était ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation et qu'il était le ministre de tutelle de la raffinerie de
sucre, si je ne m'abuse, est-ce que ces études étaient tenues en
dehors de la connaissance du ministre intéressé?
M. Garon: Le député de Lévis a un seul
cerveau.
M. Levesque: Pardon!
M. Garon: Le député de Lévis a un seul
cerveau. Il a toujours été un défenseur de la raffinerie
de sucre de Saint-Hilaire au gouvernement et il le sera aussi dans
l'Opposition. Je vais défendre au maximum de mes capacités les
gens qui gagnent ieur vie au Québec dans cette industrie.
M. Levesque: Est-ce que le député de
Lévis...
M. Garon: C'est pourquoi je demande des renseignements.
M. Levesque: ...s'il veut continuer son témoignage, il
n'est pas obligé... Mais est-ce qu'il avait des problèmes avec
l'ancien ministre des Finances?
M. Garon: Non. Vous savez que la raffinerie de sucre est toujours
restée ouverte pour le gouvernement. II n'y a jamais eu de
décision de fermeture. Elle a toujours fonctionné normalement et
il y avait même un projet de modernisation pour faire la dernière
étape de la production ici. On a dit dans les journaux qu'il y avait eu
des propositions et que les délais s'étaient
écoutés sans que ces propositions soient acceptées. C'est
un livre ouvert dont je n'ai aucunement honte. Je peux vous dire que tous les
documents que j'ai signés, en neuf ans au ministère, je pourrais
les reproduire n'importe quand.
L'étude de ManExec Incorporated, combien a-t-elle
coûté? J'aimerais savoir, par exemple, la date de la commande, le
mandat, la date de livraison de l'étude, les auteurs et le coût.
(18 heures)
M. Levesque: On me dit qu'il s'agit d'une étude qui a
été commandée et livrée à peu près
dans la période du printemps 1985 et que le coût est de l'ordre
d'environ 60 000 $, mais cela reste à vérifier parce qu'on n'a
pas ici, on le comprendra, ce renseignement a portée de la main. Mais je
n'ai aucune objection à ce que le député de Lévis
obtienne des fonctionnaires, dans les prochains jours, les renseignements qu'il
veut avoir là-dessus.
M. Garon: Y a-t-il d'autres études?
M. Levesque: Pas à notre connaissance.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer.
M. Garon: Au programme 1...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis me fait savoir que nous allons passer
l'ensemble des programmes et qu'à la toute fin de la période on
va adopter chacun des programmes.
M. Levesque: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Est-ce que je puis compter qu'on va adopter les
programmes globalement à la fin de la présente...
M. Garon: On va les passer un par un.
Le Président (M. Lemieux): Un par un; chacun des
programmes sera adopté à la fin.
M. Levesque: À la fin de la présente
séance?
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, à la fin
de la présente séance.
M. Levesque: Cet après-midi?
Le Président (M. Lemieux): Sauf le programme 5 qui
concerne une partie de la privatisation.
M. Levesque: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Sauf le programme 5.
M. Garon: Oui, mais à une condition: Je dois dire bien
clairement, cependant, au président de la commission que je ne veux pas
que, ce soir, le ministre délégué à la
Privatisation refuse de nous donner des renseignements parce que l'on aura
adopté ces programmes. Je veux bien croire que c'est sous
réserve...
Le Président (M. Lemieux): Alors, je prends note de votre
remarque.
M. Garon: ...que ce ne soit pas un prétexte pour le
ministre délégué à la Privatisation de ne pas
répondre à certaines questions.
M. Levesque: Sur les questions qui relèvent de sa
compétence.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Garon: Je ne veux pas qu'il me renvoie au ministre des
Finances en disant: Vous auriez dû... Parce que je sais que cela va
être à peu près les mêmes fonctionnaires.
Alors, programme 1, élément 3, dépenses de
communications.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, M. le député de Sainte-Anne aimerait intervenir. M.
le député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, le député de
Lévis me regarde avec étonnement. Je l'entends dire que cela n'a
pas de sens que j'aie le droit de poser une question* Je vais commencer cet
après-midi...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, voulez-vous ne pas perdre de temps et poser votre question pour
que le député de Lévis puisse parler?
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'en ai parlé au leader de l'Opposition. S'il
m'a dit la vérité, il y a eu une entente formelle de 10-90 dans
le temps et actuellement, si l'entente est respectée, je dois vous dire
que depuis le début les députés ministériels ont
dépassé de beaucoup les 10 %.
M. Chagnon: C'est ce que l'on pense.
M. Garon: Oui, oui, c'est vrai, avec toutes les questions qu'il y
a eu, hier soir et aujourd'hui; il y a une entente, à ce qu'on m'a dit,
qui était formelle. Le leader de l'Opposition m'a dit quand je lui ai
demandé si le président de la commission avait été
averti... Est-ce que je fais affaires avec des gens de parole ou non? On a
toujours marché sur des ententes et le respect d'ententes. Il y en a une
ou il n'y en a pas.
M. le Président, vous ne pouvez vous dérober, je vous
demande: II y en a une ou il n'y en a pas? Vous avez été
avisé qu'il y en avait une ou non?
Le Président (M. Lemieux): Lorsque j'ai rencontré
le leader ce matin je lui ai demandé si effectivement il y avait eu une
entente et le leader, que je sache, ne m'a pas fait part d'une entente 10-90.
Par contre, on me dit que c'est une tradition, à savoir qu'il y aurait
une entente 10-90. Par
contre, le chef du cabinet du leader m'a avisé qu'habituellement
c'est 10-90. Ce que je peux vous dire, c'est que dans l'ensemble, la proportion
de temps du groupe parlementaire qui siège à ma droite n'a pas
largement dépassé 10-90.
On a fait vérifier cela tout à l'heure; on a
regardé cela.
M. Garon: Hier...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, M. le député de Sainte-Anne va intervenir. C'est du
temps...
M. Garon: Cela inclut la Caisse de dépôt. Cela a
été à peu près 1/3, 2/3 pour la Caisse de
dépôt. On compte les questions et les réponses. Là,
actuellement, cela n'a plus de sens parce qu'on n'a aucunement respecté
l'entente. Je ne veux pas voir le ministre des Finances... Je l'interroge deux
heures sur son ministère.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Mille-Iles.
M. Bélisle: M. le Président, c'est l'article 41;
vous avez rendu hier une décision à cet effet. Votre
décision est sans appel et finale.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, brièvement.
M. Polak: M. le Président, sur le ministère des
Finances on n'a encore posé aucune question»
M. Garon: Cela fait partie d'un ensemble. Il y a neuf heures de
négociées. Quand on négocie neuf ou dix heures pour le
budget, et qu'on dit: Cela va être tant d'heures pour l'Opposition et
tant d'heures pour le gouvernement, on le respecte. La même chose a
été discutée pour les commissions parlementaires...
M. Chagnon: Question de règlement.
M. Garon: Je regrette, j'ai la parole. Il y a tant d'heures
pour...
M. Polalc Comment se fait-il que le député...
M. Chagnon; Question de règlement.
M. Polak: Le seul problème...
M. Chagnon: Question de règlement.
M. Garon: Tout cela, c'est pour déterminer le nombre
d'heures pour le ministre des Finances, le nombre d'heures pour la
privatisation et les proportions entre les deux et on m'a dit clairement...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, l'article 39 du règlement dit: "Un député
peut, à tout moment, signaler une violation du règlement". Il
doit le faire immédiatement, en mentionnant l'article
invoqué.
M. le député de Saint-Louis.
M. Garon: Quel article? M. Chagnon: 245.
Le Président (M. Lemieux): Un instant! Un instant, s'il
vous plaît!
M. Chagnon: Le temps de parole dans l'étude
détaillée en commission... "Le temps de parole de vingt minutes
dont disposent les membres de la commission vaut pour chaque article."
M. le Président, je comprends le raisonnement du
député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): Vous voulez dire l'article
284.
M. Chagnon: Et 245 aussi.
M. Garon: II n'y a plus d'entente, c'est ça.
M. Chagnon: Quand le député de Lévis...
M. Levesque: Au lieu de vous chicaner, pourquoi ne continuez-vous
pas?
M. Garon: Vous savez comment cela fonctionne, vous avez
été leader assez longtemps et s'il y a quelqu'un qui sait comment
cela fonctionne, c'est justement le ministre des Finances.
M. Chagnon: Est-ce que je peux terminer, M. le
député de Lévis?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, M. le député de Saint-Louis, s'il vous plaît!
M. le député de Saint-Louis, sur la question de règlement
à 284.
M. Chagnon: Je vous disais ceci. Je pense que le
député de Lévis a raison de mentionner...
M. Garon: Je reviendrai ce soir.
M. Chagnon: ...que l'Opposition doit avoir un temps certainement
intéressant en matière d'étude des crédits.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement, rapidement.
M. Chagnon: Je vous dis qu'on n'a pas été
élus pour être bâillonnés par l'Opposition,
point.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Louis. M. le député de Sainte-Anne,
posez votre question, s'il vous plaît!
M. Polak: M. le Président, je voudrais juste dire, comme
je l'ai dit ce matin au député de Lévis, que
jusqu'à maintenant on a vécu d'une manière acceptable pour
tout le monde. C'est seulement le député de Lévis qui
s'enrage.
Le Président (M. Lemieux): Posez votre question, M. le
député de Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. Polak: J'ai juste une question, une question très
rapide et je suis même prêt à le faire pour garder la
paix.
Le Président (M. Lemieux): Posez-la immédiatement
au ministre des Finances, s'il vous plaît, M. le député de
Sainte-Anne.
Taux d'intérêt et dette
M. Polak: M. le Président, le ministre des Finances s'est
référé au service de la dette. Du fait qu'il y a une
tendance dans le monde vers une baisse des taux d'intérêt, est-ce
que cela va influencer les prédictions? Est-ce qu'il y a de bonnes
nouvelles à prévoir? Est-ce qu'il y a des études qui
existent là-dessus ou est-ce que c'est trop difficile de se prononcer
là-dessus parce que cela fluctue trop?
M. Levesque: Au contraire, c'est une excellente question. Cela
nous préoccupe dans le sens que nos prévisions tiennent compte,
justement, des baisses des taux d'intérêt. Cela a sûrement
une influence sur l'économie et cela a aussi une influence sur les
prévisions économiques et, évidemment, sur le budget.
D'ailleurs, nous avons dû changer déjà certains
paramètres, certaines données qui faisaient partie des
prévisions 11 n'y a pas tellement longtemps. Déjà, nous
devons ajuster nos prévisions à la suite de cette nouvelle
conjoncture.
M. Polak: M. le Président, c'est vraiment la seule petite
question que j'avais. Peut-être puis-je poursuivre rapidement et essayer
de trouver le député de Lévis pour lui dire qu'il peut
reprendre, parce que ce n'est pas moi qui bloquais. Peut-être vous
pourriez le lui annoncer, M. l'adjoint.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Iles.
M. Bélisle: M. le ministre des Finances, j'aimerais
savoir, dans l'ordre général de tout ce qui a été
discuté jusqu'à maintenant, si que vous avez l'intention de
demander à votre service de recherche économique au
ministère des Finances de procéder à une étude de
comparabilité du déficit du Québec face au déficit
des autres provinces canadiennes et des États qui nous entourent. Est-ce
que vous avez l'intention également de demander au service de recherche
économique de pousser plus à fond la notion du budget
équilibré que le Québec devrait avoir?
M. Levesque: Nous avons plusieurs de ces données. On
pourrait dificilement s'en passer, si on tient compte du fait que nous vivons
dans un plus large contexte que le territoire du Québec. Il y a des
interrelations extrêmement importantes dont nous devons tenir compte
continuellement.
Je suis convaincu que, lorsque nous avons en particulier à
préparer un budget, on ne peut pas ignorer les données que vous
évoquez.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, on sait que tous les
ministères ont connu des compressions budgétaires; quelles sont
les compressions que vous avez dans vos crédits au niveau de chacun des
programmes? À moins qu'on demeure au programme 1, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Programme 1.
M. Chagnon: Cela serait peut-être relativement simple de
les avoir programme par programme.
Le Président (M. Lemieux): Tout à l'heure on a
convenu de discuter d'une manière assez générale. Vous
pouvez poser votre question.
M. Chagnon: Généralement le niveau de compression
au ministère des Finances se situe à quel niveau, M. le
Président? Ma question s'adresse au ministre des Finances.
M. Levesque: Le niveau de compression? Je l'ai mentionné
au tout début de mes remarques lorsque j'ai parlé d'une somme de
800 000 $ prévue comme compression, et reliée pour la majeure
partie à une réduction des effectifs de 3 %.
M. Chagnon: Les effectifs à temps plein ou les effectifs
occasionnels.
M. Levesque: Les deux, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: M. le ministre, au programme 1, autres
dépenses, vous avez créé un poste complètement
nouveau. Pourquoi a-t-on créé ce poste et qu'est-ce qu'il y a
dans ce programme? À l'élément 1, autres dépenses,
article 11, vous avez un article de 13 600 $. Avant il n'y en avait pas,
qu'est-ce qui se passe?
M. Levesque: On m'informe qu'il s'agit de cours de
perfectionnement en anglais, apparus nécessaires et en même temps
voulus par les personnes concernées.
M. Dufour? Cela veut-il dire M. le ministre, que vous allez être
obligé de donner des cours de mathématiques en même temps?
De 0 à 13 600 $ cela fait plus que 100 %. C'est 13 600 fois plus grand
que 0, quelle est la proportion? Peut-être que cela ressemble à
une coquille, mais c'est tout de même assez curieux de parler de 100 %
avec une augmentation de 0 à 13 600 $.
M. Levesque: Je pense bien que 100, cela veut tout dire.
M. Dufour: Bien!
M. Levesque: II s'agit simplement d'une somme de quoi? De 10 000
$?
M. Dufour: Ce n'est pas une question... M. Levesque: De 13 600
$.
M. Dufour: ...d'importance de chiffres, c'est un chiffre qui est
là, qui part de 0 et qui passe à 13 600 $ quand il n'y avait
rien, et on écrit 100 % d'augmentation. Ce n'est pas 100 %
d'augmentation.
M. Levesque: C'est la façon traditionnelle de faire
lorsqu'il y a un nouvel élément à ajouter.
M. Dufour: Quand il y a un nouveau ministre.
M. Levesque: Je n'ai rien inventé, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Polak: Pour donner une chance au député de
Jonquière nous sommes tous en faveur qu'il se prépare. On
connaît le système. On donne toujours plus de temps à
l'Opposition. On respecte cela.
Une voix: Le député de Jonquière on peut
l'aider.
M. Dufour: Au programme 2, les prêts bancaires qui ont
été augmentés...
M. Levesque: Est-ce que le programme 1 est adopté?...
M. Dufour: Sans prendre la place du président, il me
semble que j'ai compris tout à l'heure qu'il serait globalement
adapté... au point 5, conditionnellement è ce qui se passerait
è la privatisation. Donc, les frais bancaires augmentent de 250 000 $
environ, à 4 085 000 $ et en même temps les frais de fournitures
et d'émission de chèques, entre autres, augmentent de 146 500 $.
Le nombre d'employés n'augmente pas.
M. Levesque: À quelle page êtes-vous?
M. Dufour: Toujours au programme 2, élément 1, page
32.
M. Levesque: Pagé 32. M. Dufour: Oui. M. Levesque:
...
M. Dufoun Voulez-vous que je répète la question, M. le
ministre?
M. Levesque: Oui, s'il vous plaît!
M. Dufour: On dit que les frais bancaires augmentent de 250 000
$, à 4 085 000 $. Cela va? Il y a les frais de fournitures et
d'émission de chèques qui augmentent de 146 500 $. La question
est la suivante: Le nombre d'employés ne semble pas augmenter dans ce
domaine non plus, alors, cela veut dire que si les frais augmentent autant que
cela, les prêts... (18 h 15)
M. Levesque: ...pas les mêmes chiffres. Excusez-moi, M. le
député.
M. Dufour: Oui, bon.
M. Levesque: Vous dites que c'est à la page 32?
M. Dufour: Regardez ce qui se passe, à la page 33.
Services, à 04. C'est juste pour une référence; on va
revenir à l'autre. Services permanents, 250 000 $. Augmentation des
prêts de services bancaires, à la suite de l'ajustement
négocié avec les institutions concernées. On revient aux
frais bancaires à 04, à la page 32: Services votés et
services permanents, 4 850 000 $. Avant, c'était 4 600 000 $, donc, il y
a une augmentation de 250 000 $.
On ne mêlera pas les points. Au point 7, on va toujours suivre le
même raisonnement. À la page 33, il y a une augmentation des
coûts de la fourniture reliée à l'émission
des chèques, de 147 500 $. Mais la question, on se dit: Est-ce
qu'on a changé de banque? Qu'est-ce qui justifie une augmentation aussi
grande de frais de fournitures dans un laps de temps aussi court?
M. Levesque: Notre inventaire de chèques à la fin
de l'année était relativement bas et nous avons dû
effectuer d'autres achats pour faire le remplacement et reconstituer les
stocks.
M. Dufour: Mais est-ce que cela veut dire que les transactions
vont se continuer de la même façon, avec la même situation
financière?
M. Levesque: II y a plusieurs institutions financières
avec lesquelles nous faisons affaires, comme vous pouvez l'imaginer. Il n'y a
pas eu de changement substantiel.
M. Dufour: Pensez-vous, M. le ministre, qu'au cours de
l'année, il pourrait avoir des tentatives? Parce qu'on sait
qu'actuellement il y a des possibilités de demander à des
institutions financières de faire des cotations ou des soumissions. On a
commencé à marchander au sein des institutions
financières. Cela se fait au point de vue municipal et dans d'autres
domaines, dans le domaine scolaire aussi.
M. Levesque: II y a très peu de mouvance - si on veut
employer le mot -dans ce domaine. Il y a des demandes de soumissions qui sont
faites auprès d'institutions bancaires pour les services qu'elles
peuvent nous rendre. De temps à autre, il peut y avoir des banques qui
peuvent demander des frais plus élevés pour les services qu'elles
rendent, mais à ce moment-là nous pouvons faire les changements
que nous jugeons à propos.
M. Dufour: On va peut-être laisser certaines questions.
Vous comprendrez que je remplace un peu à pied levé le critique
officiel de cette section. Il n'y avait pas d'entente pour que je prenne la
relève. Mais je pense bien aussi que, pour les fins de faire avancer la
commission, il y a certaines questions que je peux me risquer à
poser.
M. Levesque: Si le député me le permet, je vais
compléter ma réponse, parce qu'on vient de me donner d'autres
renseignements. Nous faisons généralement affaires avec toutes
les banques; et les taux sont négociés avec chacune de ces
banques...
M. Dufour: Est-ce que vous faites...
M. Levesque: ...et des contrats de services bancaires ont
été signés avec chacune des institutions.
M. Dufour: Donc, les proportions, que je sache, peuvent
être...
M. Levesque: Au cours des dernières années, elles
sont demeurées relativement stables.
M. Dufour: Programme 3, élément 1, page 39. Autres
rémunérations. Il y a une augmentation de 88,8 %,
c'est-à-dire que les crédits, les montants d'argent
dépensés en 1985-1986 s'élevaient à 72 100 $ et, en
1986-1987, les crédits suggérés sont de 325 000 $. Donc,
une augmentation de 52 900 $ ou de 88,8 %.
Si on veut rattacher cette question à celle des employés
permanents, il y a une diminution de 1 247 600 $. La question est donc: Peut-on
remplacer aussi rapidement que cela des permanents? Parce qu'il y a
certainement une diminution de permanence, peut-on remplacer cela seulement par
quelques occasionnels?
M. Levesque: Si vous me permettez, je vais demander à M.
Paré de donner la réponse technique à cela.
M. Paré (Marcel): L'an dernier, une permission pouvait
nous être faite, on pouvait payer les occasionnels à même
les résidus de la catégorie 1, c'est-à-dire les personnes
qui étaient en congé sans traitement ou en congé de
maladie. Cette année, le conseil a décidé qu'il y aurait
une enveloppe fermée. Si vous remarquez, il y avait environ 29
occasionnels l'an dernier; pour ces 29 occasionnels, il y avait 72 000 $. Cela
fait environ 10 000 $ par occasionnel. Cette année, vu que l'enveloppe
était fermée, on a tout simplement rétabli le salaire
normal d'un occasionnel.
M. Dufour: L'idée d'amener ces occasionnels, est-ce
vraiment une décision administrative, à savoir qu'avec ceux-ci on
va sauver un certain nombre de bénéfices? Est-ce vraiment du
travail qu'on peut remplacer ou échelonner sur toute l'année?
Autrement dit, au lieu d'avoir un certain nombre d'occasionnels, on pourrait
avoir un certain nombre de permanents qui pourraient remplir le poste d'une
façon permanente. Il s'agirait de changer la méthode de travail
pour que ces gens-là puissent avoir des revenus.
Quand je regarde la philosophie du gouvernement actuel, il a beaucoup
parlé de créer de l'emploi, mais, à venir jusqu'à
maintenant, j'ai plutôt vu des coupures d'emplois. Ceia pourrait
peut-être être remplacé par des occasionnels, mais là
cela va devenir tous des gens occasionnels. C'est un peu le sens de ma
question: Ces
occasionnels pourraient-ils être permanents par une organisation
des horaires de travail ou par le travail organisé d'une façon
différente?
M. Paré (Marcel): Non, parce que la plupart des
occasionnels que nous avons sont utilisés pour des congés de
maternité, des congés sans solde ou des absences pour maladie. On
n'a pas tellement d'occasionnels pour de3 surcroîts de travail ou pour
des mandats spécifiques. La majorité des occasionnels,
peut-être 90 %, c'est cela. Ce sont des congés de maladie ou des
congés de maternité, des personnes qui partent pour un an ou deux
et qui sont sujettes à revenir à volonté.
M. Dufour: Quand il y a des surplus de travail, ce sont les
employés réguliers qui l'absorbent.
M. Paré (Marcel): C'est cela. En temps
supplémentaire ou autrement.
M. Dufour: Le travail se tasse, c'est cela?
M. Levesque: C'est particulièrement vrai
présentement, et j'en suis témoin.
M. Dufour: Comme je vous le dis, je ne veux pas vous prendre
à témoin, ni être votre témoin.
M. Levesque: Ah oui!
M. Dufour: Voilà! J'ai peur de cela.
M. Garon: Pour quelle raison les...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je voudrais simplement souligner que je note avec
plaisir la nouvelle entrée du député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. Garon: J'ai demandé justement au leader adjoint du
gouvernement de venir ici clarifier des choses parce qu'il y a des ententes et,
moi, je suis habitué à marcher avec des gens de parole. Je
m'aperçois que ce n'est pas cela qui existe du côté de
l'Opposition. J'ai demandé aux gens qui ont fait des ententes... Je ne
suis pas partie aux ententes... Il n'y a pas de gens de parole du
côté du gouvernement, pardon, et j'ai demandé à ceux
qui ont participé aux ententes de venir ici pour voir, sauf qu'à
l'avenir je considérerai qu'il n'y a pas d'entente et je m'organiserai
pour marcher sans entente parce que les paroles ne sont pas respectées.
Habituellement...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
M. Garon: ...je marche par confiance tant qu'on la respecte,
mais, quand on perd la confiance parce qu'on n'est pas capable de respecter sa
parole, je retire ma confiance.
M. Polak: On ne peut pas marcher avec...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Garon: Je regrette, mais vous allez voir que bien d'autres
commencent à vous retirer leur confiance parce que les engagements qu'on
prend, les paroles données par votre leader ne sont pas
respectées. Ou bien votre leader n'est pas capable de se faire
respecter, ou bien vous n'êtes pas capables de respecter votre
parole.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plattl
M. Polak: ...que vous.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, oui.
M. Gendron: Sincèrement, M. le Président, je pense
que ce que j'ai convenu avec mon collègue, c'est qu'il va poursuivre
l'étude jusqu'à 19 heures. On va prendre le temps
d'apprécier comment cela s'est déroulé sur le plan
strictement statistique pour être en mesure - je suis ici pour toute la
soirée -de confirmer si effectivement les ententes ont
été, oui ou non, respectées. On verra quelle sorte de
disposition il y aura lieu de prendre. J'arrive, je ne suis pas en mesure,
comme leader ajoint, de faire le constat que les horaires n'ont pas
été respectés. Il y a quand même des instruments,
des outils de travail pour s'assurer de ces choses. Je vais vérifier et
on verra. Mon collègue est prêt à continuer.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, dans le programme 1,
élément 3, je peux passer rapidement là-dessus, il y a des
dépenses de communications qui augmentent de 72 %. On a dit que le
nouveau gouvernement...
M. Levesque: À quelle page, M. le
député?
Communications M. Garon: Programme 1, Communica-
tions, catégorie 3.
Une voix: Pagé 25.
M. Garon: Pagé 25. Les crédits de communications
augmentent de 72 %, soit de 34 500 $ à 59 300 $. L'Opposition avait
l'habitude de dire, dans le temps, qu'elle baisserait les crédits de
communications. Je vois qu'elle les double ou presque; c'est parce que le
ministre veut voyager davantage. C'est vrai que quand on travaille en Floride,
parfois, cela coûte plus cher.
M. Levesque: Je dois dire que mes dépenses pour aller en
Floride sont assumées par celui qui vous parle personnellement et je
peux même.*.
M. Garon; Les communications, je ne vous ai pas dit les
voyages.
M. Levesque: ...raconter une anecdote dans le sens que le dernier
voyage m'a coûté cher. J'ai été l'objet d'une visite
de cambrioleurs.
M. Garon: De quels crédits de communications s'agit-il?
S'agit-il des communications téléphoniques, les
publicités, les voyages? Tout cela entre dans la partie
communications.
M. Levesque: Si le député veut, je suis bien
prêt à répondre à sa question. C'est une
année où vont s'intensifier les négociations avec le
gouvernement fédéral relativement aux accords fiscaux. On
s'attend que les fonctionnaires du ministère soient appelés
à voyager à Ottawa et même ailleurs au Canada d'une
façon plus intense au cours des prochains mois. C'est simplement
relié à ce facteur qui fait partie de la conjoncture
particulière de l'année 1986-1987 è ce chapitre.
M. Garon: Vous avez coupé le personnel à ce
chapitre... À Vérification des systèmes et
réclamations relatives aux ententes
fédérales-provinciales, il y a une coupure de sept postes sur 88.
On comprend que vous avez besoin de moins de monde, mais on vient de voir que
vous venez de vous faire faire de 66 000 000 $. Le programme 3,
élément 3.
M. Levesque: Attendez un peu! Il ne faut pas mêler les
pommes avec les oranges. Le député était rendu dans un
autre domaine, dans les politiques fiscales avec les relations
fédérales-provinciales et, à un moment donné, il
pose une autre question...
M. Garon: En fonction de votre réponse.
M. Levesque: ...sur le contrôleur des Finances.
M. Garon: Vous allez intensifier...
M. Levesque: Non. Il faudrait être sérieux.
M. Garon: Vous avez dit que c'est parce qu'il y aurait plus de
relations fédérales-provinciales.
M. Levesque: Quand on touche à ce moment-ci la
comptabilité gouvernementale, ce n'est pas le même programme, ce
n'est pas le même élément de programme et on veut
mêler tout cela. Voyonsl Soyons sérieux! Que voulez-vous
savoir?
M. Garon: Sur les communications, qu'est-ce que vous avez
répondu? Vous avez dit que c'est parce que vous allez avoir plus de
relations fédérales-provinciales. Est-ce bien cela que vous avez
dit?
M. Levesque: Oui.
M. Garon: Je poursuis. Je constate que vous avez augmenté
vos dépenses de 72 % dans les communications pour faire plus de
relations fédérales-provinciales, mais je constate aussi, au
programme 3, élément 3... Il y a des gens qui sont capables de
mâcher de la gomme et marcher en même temps, vous savez.
(18 h 30)
M. Levesque: Je dirai immédiatement, si le
député de...
Vérification des systèmes et des
réclamations relatives aux ententes
fédérales-provinciales
M. Garon: Vérifications des systèmes et des
réclamations relatives aux ententes
fédérales-provinciales: coupure de sept postes sur 88. Alors
pourquoi est-ce que vous coupez là? Il semble que...
M. Levesque: Je veux d'abord dire, pour que le
député n'exagère pas, que lorsque nous parlions de
certains voyages qui seraient augmentés justement à cause des
négociations en cours... On ne parle pas de millions de dollars, on
parle de 24 000 $. Il ne faut pas exagérer.
M. Garon: J'ai juste demandé pourquoi. Avez-vous
remarqué que je n'ai pas commenté? J'ai pris la parole du
ministre. Il va y avoir plus de relations fédérales-provinciales.
Je sais que le gouvernement libéral a dit qu'il voulait faire marcher le
système. On voit qu'il marche pas mal. Il s'est fait plumer de 66 000
000 $ dans la péréquation. Il n'a pas eu un cent pour les
pommes de terre et la stabilisation au Québec. On voit que le
fédéral vient de donner 580 000 000 $ comme paiement de
stabilisation pour les céréales de l'Ouest et pas un cent au
Québec, alors que ce sont les mêmes prix internationaux à
130 $ la tonne. Alors, le système n'a pas l'air de...
Il y a des gens qui doivent dire: Il faut négocier; arrêtez
de parler contre le fédéral et soyez positifs.
Le Président (M. Poulin): Question de règlement. M.
Gobé.
M. Gobé: J'ai une question sur la pertinence du
débat. Vous êtes rendu dans les céréales et dans les
pommes de terre. Vous ne croyez pas que...
M. Garon: Les relations fédérales-provinciales,
c'est de cela que l'on parle.
Le Président (M. Poulin): S'il vous plaît, M.
Garon.
M. Garon: M. le Président, c'est toujours pertinent au
ministère des Finances parce qu'il touche tout.
M. Gobé: Vous êtes dans les patates.
M. Garon: Non, non, cela touche tout. Cela y touche tellement...
Je comprends, M. le député. Dans votre comté, vous n'avez
pas affaire à cela souvent. Mais le ministre de l'Agriculture, parce
qu'il n'a pas eu son montant d'argent pour les pommes de terre du
Québec, alors que l'Île-du-Prince-Édouard a eu presque 6
000 000 $ et le Nouveau-Brunswick a eu presque 4 000 000 $, lui, il n'a pas eu
d'argent. Il a dû se faire une avance de 0,60 $ le sac de pommes de terre
et cela coûte quelque chose au Québec parce qu'il n'a rien eu.
Alors avancez-vous pas sur des terrains que je connais peut-être mieux
que vous.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis, vous pouvez continuer.
M. Levesque: Pour rassurer le député de
Lévis, s'il veut avec moi regarder l'élément 3, è
la page 44: Vérification des systèmes et des réclamations
relatives aux ententes fédérales-provinciales, il verra qu'il y a
là une réduction des effectifs permanents de sept postes et on
m'informe que cela affecte la vérification des systèmes. Cela
n'affecte pas les réclamations relatives aux ententes
fédérales-provinciales.
M. Garon: C'est quand même votre document.
M. Levesque: Il y avait trois personnes et il y en reste trois.
C'est parce qu'il y a deux éléments là-dedans: la
vérification des systèmes et la vérification des
réclamations relatives aux ententes
fédérales-provinciales.
M. Garon: On ne peut pas le savoir à partir de votre
document. Cette distinction-là n'est pas faite.
M. Levesque: C'est pour cela qu'on est ici, pour ajouter aux
renseignements.
Fonds de suppléance
M. Garon: Je suis content de votre réponse. On va passer
au fonds de suppléance pour le restant de la séance, sans doute.
J'aimerais d'abord demander au ministre des Finances pourquoi les 45 000 000 $
pour les urgences ont été mis dans le fonds de suppléance
plutôt que...
M. Levesque: Que?
M. Garon: ...dans le ministère de la Santé? C'est
vous qui avez dit cela tout à l'heure.
M. Levesque: Non, non. Vous demandez?
M. Garon: L'augmentation du fonds de suppléance est
considérable.
M. Levesque: Oui.
M. Garon: Elle donne une latitude au gouvernement. Vous savez que
le fonds de suppléance n'est pas un fonds normé; c'est un fonds
considérable sur le plan discrétionnaire. On constate, par
exemple, que ce fonds passe, au total, de 321 000 000 $ à 698 000 000 $.
C'est considérable comme augmentation au fonds de suppléance.
Cela a plus que doublé. C'est évident. Vous savez qu'un budget,
c'est un budget et après on voit ce qui arrive en fin d'année par
rapport au budget.
Vous avez mis tantôt les 45 000 000 $ pour les urgences au fonds
de suppléance.
M. Levesque: Oui.
M. Garon: Pourquoi l'avez-vous mis au fonds de suppléance
plutôt qu'au ministère de la Santé, lequel est responsable
des urgences?
M. Levesque: Lorsque les crédits ont été
fabriqués, si vous voulez, au Conseil du trésor, cette
décision n'avait pas été prise. Elle a été
d'ailleurs communiquée très récemment à la
population. Nous l'avons ajoutée au fonds de suppléance
simplement pour des raisons administratives.
Quant à l'augmentation des crédits au fonds de
suppléance, le député sait que nous avons une année
particulière où il y a des
négociations dans les secteurs public et parapublic. Je pense
qu'on suit une tradition de prévoir les sommes qui ont été
mises sur la table de négociation au fonds de suppléance.
M. Garon: Sauf qu'on sait qu'au fonds de suppléance les
fonds n'ont pas les affectations qu'ils ont au point de vue des programmes et
des éléments de programmes dans les ministères. C'est un
"slot fund", si on veut. Ceci veut dire que...
M. Levesque: Si on me permet...
M. Garon: Attendez un peu! Je vais finir ma question.
M. Levesque: D'accord.
M. Garon: Si le ministre des Finances voulait en cours
d'année l'affecter à autre chose, cela pourrait être fait.
Au fond, le fonds de suppléance n'a pas d'affectation. On a pu dire - et
je comprends - que cela ira à tel endroit ou à tel autre mais il
n'y a pas d'affectation particulière...
M. Levesque: Oui, M. le député de Lévis;
vous me permettrez...
M. Garon: Où?
M. Levesque: Non. Dans les renseignements que je vais vous donner
maintenant. Je suis ici pour cela. Si vous voulez en prendre note je vais vous
les donner.
M. Garon: Je ne prends pas de note.
M. Levesque: Vous ne voulez pas prendre de note? D'accord.
M. Garon: Ce sera imprimé. Je comprends ce que vous dites,
sauf que...
M. Levesque: Non, je veux vous donner les renseignements, si vous
voulez les avoir, sur la destination du fonds de suppléance, parce que
ce n'est pas du tout de la même nature, c'est ce que je veux dire. Si
vous me permettez de donner la réponse, je pense que cela pourrait
éclairer la commission et peut-être vous éviter d'autres
questions. Si vous êtes d'accord.
M. Garon: À la condition que cela ne prenne pas le restant
de la période.
M. Levesque: Non, ce sera très bref. Si je ne suis pas
interrompu ce sera très bref. Cet élément au budget se
divise, chez moi du moins, en cinq catégories. Cela ne veut pas dire que
c'est complètement étanche, ce n'est jamais étanche, mais
voici nos intentions pour que vous soyez très bien au courant de
cela.
Il y a la réserve générale dont le
député de Lévis parlait en Chambre hier. Il disait:
Comment pouvez-vous prévoir telle chose? On ne sait pas si cela va
exister. C'est vrai. Il faut avoir des prévisions pour ce genre de
choses que je ne connais pas et dont ni le député de Lévis
ni moi ni personne autour de cette table ne connaissons les imprévus.
Nous avons une réserve générale pour les dépenses
imprévues qui était, l'an dernier, de 34 400 000 $ et qui, cette
année, s'établit à 46 900 000 $. C'est pourquoi j'ai
répondu au député hier en Chambre: Ne vous
inquiétez pas, il n'y a pas eu de coupures de ce
côté-là. Vous vous rappelez que j'ai dit cela? Le
député s'inquiétait et disait: Avez-vous coupé
là-dedans? J'ai dit: Non, pas de coupures dans le domaine. De fait, l'an
dernier 34 400 000 $ et cette année 46 900 000 $ pour la réserve
générale pour les dépenses imprévues.
La deuxième catégorie à l'intérieur du fonds
de suppléance concerne les prévisions pour les traitements.
Là, vous trouvez dans ces 390 000 000 $ qui étaient de 118 000
000 $ l'an dernier, les 333 000 000 $ qui constituent le montant des offres au
personnel syndiqué et assimilé. Il y a là-dedans aussi des
sommes mises de côté pour d'autres employés comme, par
exemple, des cadres, autrement dit, des gens qui ne font. pas partie des
éléments touchés par les négociations, qui sont non
syndiqués.
Il y a aussi d'autres éléments qui touchent des
clientèles qui ne font justement pas partie de ces unités de
négociation. Donc, c'est la deuxième partie.
Quant à la troisième, toujours au fonds de
suppléance, c'est une somme de 25 000 000 $ qui est une réserve
pour appuyer la réalisation par les ministères de projets de
soutien et de développement économique. Il y a là
déjà d'engagée ou de prévue une somme de 15 000 000
$ pour Pétromont. 11 y a une quatrième partie de la
réserve du fonds de suppléance qui est une provision pour
amortissement des déficits et arrérages des réseaux
déjà financés à terme, ceux antérieurs
à 1982-1983. Cela fait cinq ans; c'est la cinquième année
que dans le fonds de suppléance on trouve des sommes pour amortir ces
anciens déficits et arrérages. Vous avez là 190 700 000 $.
Finalement, vous avez la réserve de 45 000 000 $ dont il a
été question tout à l'heure pour résoudre le
problème de l'engorgement dans les salles d'urgence dans les
hôpitaux.
Vous avez cinq parties de ce même programme du fonds de
suppléance.
M. Garon: Vous avez dit aussi que ces programmes ne sont pas
étanches les uns par rapport aux autres.
M. Levesque: Légalement, je parle.
M. Garon: Oui, mais dans l'ensemble des ministères.
M. Levesque: Évidemment, le 4 et le 5, c'est
engagé. C'est parti.
M. Garon: Je comprends cela. Ce que je veux dire, c'est que, dans
l'administration d'un ministère, on peut faire des virements à
l'intérieur des programmes, mais l'on ne peut pas le faire de programme
à programme.
M. Levesque: Non.
M. Garon: Vous, à même le fonds de
suppléance, vous nous dites que vous pouvez faire des virements de
programme à programme.
M. Levesque: Seulement entre la partie 1 et la partie 2.
M. Garon: La partie 1 et la partie 2. Du fonds de
suppléance? Qu'est-ce que vous voulez dire par la partie 1 et la partie
2?
M. Levesques Entre la réserve générale pour
dépenses imprévues... Ça, c'est bon à toutes fins.
Celle-là peut aller dans la partie 2, mais elle ne peut pas aller dans
la partie 4 et la partie 5. Un instant. La partie 1 peut aller n'importe
où.
M. Garon: La partie 1 peut aller n'importe où.
M. Levesques Oui, par définition.
M. Garon: Elle pourrait aller dans les négociations
salariales dans la fonction publique.
M. Levesque: Elle n'est pas prévue pour cela. Elle est
prévue pour les imprévus.
M. Garon: Elle n'est pas prévue pour rien. Elle est
prévue pour...
M. Levesque: Elle est prévue pour les imprévus.
M. Garon: C'est cela. Elle est prévue pour les
imprévus.
M. Levesque: Tandis que les provisions pour traitements sont
prévues, sont écrites.
M. Garon: Mais elle pourrait y aller.
M. Levesque: Elle pourrait aller, par exemple, dans l'agriculture
pour une...
M. Garon: Non, vous avez 25 000 000 $ pour le
développement économique. Je suppose que vous le prendriez
là.
M. Levesque: On parlait peut-être d'un fléau qui
arriverait. Le député de Lévis doit, dans ses
expériences passées, avoir eu recours au fonds de
suppléance.
M. Garon: J'ai fait des suggestions souvent au fonds de
suppléance. C'est pour cela que je le connais pas mal. Le fonds de
développement régional aussi. Il faut dire ici que...
La partie 1 au programme 4, Fonds de suppléance, passe de 28 873
000 $ en 1985-1986 à 46 926 000 $ en 1986-1987.
M. Levesque: ...général? M. Garon: Oui.
M. Levesque: Selon les chiffres que j'ai devant moi, cela passe
de 34 400 000 $ à 46 900 000 $.
M. Garon: Moi, je regarde les budgets au début de
l'année. C'est la même base.
M. Levesque: On va prendre les nôtres.
M. Garon: 26 873 000 $. Je ne dis pas ce que vous avez
dépensé et ce que vous y avez viré en cours
d'année. Ce qui était prévu en 1985-1986, c'était
28 873 100 $.., (18 h 45)
M. Levesque: II y a eu un budget supplémentaire au mois de
juin. Le budget original était de 34 000 000 $; il y a eu un budget
supplémentaire de 5 000 000 $ en juin 1985. De 5 500 000 $, c'est cela.
Alors, nos chiffres sont conciliés présentement.
M. Garon: Oui. Alors, cela serait passé de presque 34 000
000 $, entre 33 000 000 $ et 34 000 000 $, à 46 926 000 $, presque 47
000 000 $. Une augmentation de 13 000 000 $ si on va de 34 000 000 $ à
47 000 000 $. C'est une bonne augmentation, M. le Procureur
général.
Prévoyez-vous faire un budget supplémentaire à
l'automne ou pensez-vous qu'il n'y aura pas de budget supplémentaire
à l'automne?
M. Levesque: ...aujourd'hui avec de mes collègues puis...
il n'en est pas question, pour le moment du moins.
M. Garon: Le ministre responsable du Conseil du trésor a
également été catégorique quand il a dit qu'il
baissait le déficit à zéro d'ici trois ou quatre ans. Il
m'a dit de façon catégorique qu'il n'y aurait pas de budget
supplémentaire. Il n'était pas question que...
M. Levesque: Le député sait fort bien par
expérience que quelquefois on ne peut...
M. Garon: ...par expérience. Mais le nouveau ministre
responsable du Conseil du trésor a plutôt l'expérience de
Provigo.
M. Levesque: Je veux simplement rappeler à l'honorable
député que j'avais même annoncé dans mon
énoncé de politiques budgétaires le 18 décembre
dernier, que nous aurions un budget supplémentaire avant la fin de
l'exercice financier, en mars 1986, et il n'y en a pas eu. Alors, c'est encore
mieux quand on croit en avoir besoin et que finalement on réussit
à ne pas en avoir besoin.
M. Garon: Vous n'en avez pas besoin. C'est parce qu'il y avait
tellement de bonnes prévisions dans le budget du mots de mars
1985...
M. Levesque: Non, il y avait juste...
M. Garon: ...que c'est arrivé rubis sur l'ongle exactement
aux mêmes prévisions, comme c'est arrivé l'année
précédente exactement au même montant. J'ai vu cela en
étudiant les crédits de l'an dernier pour me préparer un
peu à cette séance. J'ai vu que c'est arrivé rubis sur
l'ongle l'an dernier, rubis sur l'ongle cette année, parce que le
gouvernement ne tirait pas au fusil, il ne tirait pas de la hanche; il ajustait
ses mires avant de faire des prévisions.
M. Levesque: Les mires étaient parfaites pour 1986-1987.
Seulement une différence de 1 300 000 000 $.
M. Garon: Les gens savent que quand vous êtes rubis sur
l'ongle en 1981, 1982, 1983, 1984, 1985, vous auriez été aussi
rubis sur l'ongle en 1986-1987. Excepté que vous n'avez pas confiance en
vous-mêmes et à votre équipe et vous êtes
obligé de laisser entendre que vous n'arriverez pas. Dans les
années antérieures nous sommes toujours arrivés
exactement, en faisant les compressions qui étaient nécessaires,
les ajustements qui étaient nécessaires.
M. Levesque: Oui. Et en augmentant les taxes qui étaient
nécessaires.
Une voix: Vous avez commencé.
M. Garon: En réduisant l'écart dans votre document,
en réduisant l'écart avec l'Ontario. C'est indiqué ici que
l'écart était de 14 % avec l'Ontario, alors que maintenant il est
rendu à 4,4 %, grâce... Non tout est marqué là. Les
tableaux indiquent les prévisions au gouvernement du Parti
québécois, aujourd'hui l'écart avec l'Ontario n'existe
à peu près plus. Et si on applique le
REA il n'y a plus d'écart, on est en bas. On remarque même
que la CSST - Aie! Cela m'a frappé. Je l'ai juste devant les yeux - a
baissé dans les coûts en bas de l'Ontario. Le Parti libéral
avait terriblement critiqué cette partie en disant que les frais, les
coûts de sécurité au travail étaient très
élevés au Québec alors qu'on se rend compte qu'ils sont
meilleur marché qu'en Ontario.
Mais ce n'est pas l'objet de mon propos. On aura l'occasion de revenir
sur cela dans un autre cadre où nous aurons plus d'heures pour
étudier le budget après que le ministre des Finances l'aura
présenté à la fin d'avril. Je n'ai pas pris de chances,
j'ai envoyé mes enfants chez le dentiste. Tout est arrangé. Les
dernières visites se sont faites aujourd'hui. Pardon?
Une voix: Un homme sage.
M. Garon: Je vais acheter les meubles qu'il me faut pour les
prochaines années tout de suite pour ne pas prendre de chance. Je me
méfie du ministre des Finances, de ce qui peut arriver.
Bureau de la statistique
Maintenant, le Bureau de la statistique du Québec. J'aimerais
poser une dernière question là-dessus. Le Bureau de la
statistique connaît des coupures incroyables. Quand on négocie
avec le fédéral il faut avoir les bonnes statistiques, on sait
cela, il faut avoir des documents bien préparés. Le Bureau de la
statistique, dont les effectifs ne sont pas déjà très
élevés, perdra considérablement, puisqu'il y aura des
coupures de 18 postes, 10 réguliers et 8 occasionnels. Plus de la
moitié des postes coupés sont au Bureau de la statistique. Je
comprends que, le Bureau de la statistique n'étant pas directement au
ministère des Finances, vous avez eu une commande; ils ont dit: Bon,
prenez l'argent dans le Bureau de la statistique pour ne pas trop couper les
Finances.
Quelles sont les motivations, les justifications qui inspirent le
ministre à couper le Bureau de la statistique du Québec plus que
les autres? Je comprends que mon professeur de statistiques avait dit: "Figures
cannot lie, but liers can figure." Alors, vous avez décidé de
fermer le bureau officiel pour décider de faire faire vos chiffres, je
suppose, par votre cabinet ou quelque chose comme cela. Là on pourrait
avoir toutes sortes de prévisions dans les budgets qu'on n'avait pas
anticipées. Mais j'aimerais savoir pourquoi on veut amputer autant le
Bureau de la statistique du Québec, parce qu'on sait qu'un des
principaux instruments de gestion pour un ministre des Finances, ce sont de
bonnes statistiques. Un des principaux instruments de gestion pour un
négociateur
avec le gouvernement fédérai... On augmente le nombre des
personnes, on augmente les voyages avec le gouvernement fédéral
pour pouvoir mieux négocier, en même temps on réduit le
nombre de ses employés qui vont préparer des chiffres, qui vont
faire les statistiques dont on aura besoin pour négocier. Je me demande
pourquoi il y a une coupure si élevée au Bureau de la statistique
du Québec?
M. Levesque: Je veux simplement dire que, lorsque le
député parle de voyages, il faudrait faire attention. II faudrait
regarder...
M. Garon: Je n'en ai pas parlé là.
M. Levesque: Non, non. Vous avez parlé des voyages.
M. Garon: Non, je ne vous ai pas blâmé... Quand vous
dites...
M. Levesque: Vous regarderez les voyages effectués sous
l'ancienne administration.
M. Garorc J'ai porté...
M. Levesque: Vous n'avez pas posé de question la-dessus,
mais vous pourriez en poser. Je vous répondrais.
Deuxièmement, sur la question de la statistique, nous avons fait
comme le gouvernement antérieur. Depuis deux ou trois ans, il y a eu des
coupures de cette nature. On a voulu dans l'ancien gouvernement, et je pense
que nous allons poursuivre dans ce sens, une réorientation du Bureau de
la statistique. Les effectifs qui ont été coupés ne
représentent pas des pertes d'emplois; ce sont des postes. Il faut bien
comprendre qu'il y a des gens qui quittent normalement, mais les postes ne sont
pas remplis. Il n'y a personne qui a été mis à pied au
Bureau de la statistique, dans les postes permanents.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre. Je m'excuse, M.
le député de Lévis, M. le ministre des Finances, il nous
reste, M. le député de Lévis, six minutes pour adopter
sept programmes. Je tiens à vous en informer. Nous suspendons à
19 heures pour reprendre à 20 h 30. Et à la fin, ce soir, seront
mis aux voix l'ensemble des crédits budgétaires du
ministère des Finances et le programme 5. Est-ce que nous passons
immédiatement à l'adoption des programmes 1, 2, 3, 4, 6, 7 et
8?
M. Garon: Je vais poser une dernière question.
Le Président (M. Lemieux): Une dernière question. M. le
député de Lévis.
Cela va. M. le député de Lévis.
M. Garon: Adopter des programmes, cela ne prend pas beaucoup de
temps. La question que je voulais poser au ministre... Il dit: Je vais
continuer sur la lancée. C'est évident que, quand on fait une
coupure à un moment donné pour faire un ajustement, ou qu'on
opère une certaine amélioration à un moment donné,
cela ne veut pas dire qu'il faut faire cela chaque année. Cela ne veut
pas dire, par exemple, que parce que j'ai un accident d'automobile une
année, il va falloir prévoir le même montant chaque
année pour réparer mon automobile. Quand le ministre dit...
Est-ce que cela veut dire couper les fonctionnaires au Bureau de la statistique
du Québec jusqu'à épuisement, jusqu'à temps qu'il
n'y en ait plus. De la même façon que dans le domaine des soins
dentaires, on a dit en Chambre que, parce qu'il y a eu un réajustement
dans les programmes, une meilleure réorganisation des soins dentaires
pour les fins de prévention en mettant en même temps les soins
dentaires accessibles à tous ceux qui ont en bas de seize ans, le
ministre.. On dit: parce qu'il y a eu une rationalisation, à un moment
donné, on va couper le reste.
Est-ce qu'il a l'intention de faire disparaître
éventuellement le Bureau de la statistique en disant: On va continuer,
comme il vient de dire, sur la même lancée. J'ai compris qu'il
allait couper chaque année dans le Bureau de la statistique pour
qu'à un moment donné il n'y ait plus de Bureau de la statistique.
Est-ce que c'est ça le...
M. Levesque: Je vais simplement répondre au
député qu'en 1980-1981 il y avait 236 postes d'autorisés;
en 1981-1982, il y en avait 230; en 1982-1983, il y en avait 257 - on voit donc
une progression - mais, à partir de 1982-1983, on est passé de
257 à 241, à 233, à 231, à 229, à 225,
à 212. On suit la même courbe cette année que celle que le
gouvernement antérieur suivait depuis cinq ans.
M. Garon: Oui, sauf que le ministre des Finances de
l'époque avait confié certaines responsabilités concernant
les statistiques è des ministères sectoriels. Il y a des
statistiques qui étaient produites au Bureau de la statistique du
Québec. Je sais, par exemple, que certaines données
étaient produites au ministère de l'Agriculture, parce qu'on
était capable de les produire beaucoup plus rapidement et qu'il y avait
des ajustements par la suite qui étaient faits avec le Bureau de la
statistique. Cela veut dire qu'il y avait des ajustements, mais ce n'est pas
cela que j'ai compris. J'ai compris que vous aviez uniquement une coupure,
alors que, si on regarde... Il y a eu un transfert du Bureau de la statistique
au ministère des
Finances, à ce moment-là à peu près, et il y
a eu certaines modifications...
Une voix: ...
M. Garon: En 1981 ou 1982. 1983? Il y a eu un certain changement
- je ne dis pas un bouleversement - dans la façon de fonctionner. Qu'il
y ait eu une montée et une petite descente, parce qu'il y avait à
ce moment-là un rattachement du Bureau de la statistique du
Québec au ministère des Finances et qu'il y avait une
coordination différente qui se faisait avec les ministères, c'est
possible, mais, vous, c'est une coupure brute, sans perspective.
M. Levesque: Brute, mais plutôt abrupte.
M. Garon: II ne semble pas y avoir de perspective dans tout
cela.
M. Levesque: Mais elle n'était pas abrupte. Lorsque le
ministère des Finances a reçu le Bureau de la statistique du
Québec en son sein, il y avait 257 postes d'autorisés. Cela a
diminué chaque année, mais non de façon dramatique, parce
qu'on a encore 212 postes d'autorisés. Deuxièmement, on m'informe
que, dans l'ensemble du gouvernement, il y a environ 800 personnes qui font de
la statistique sans être au Bureau de la statistique.
M. Garon: Est-ce qu'il va y avoir moins de publications, moins de
renseignements, moins de données? Il y a des pays qui brûlaient
les livres dans des autodafés. Est-ce qu'on veut tranquillement faire
disparaître le Bureau de la statistique, graduellement, étape par
étape, petit à petit, pour faire en sorte que le monde soit moins
renseigné? On sait que le gouvernement agit beaucoup à la
cachette, à la sauvette. 356 000 000 $ dans l'anonymat. C'est pour cela
que je pose cette question au ministre. On veut avoir des statistiques, c'est
très important.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît! M. le ministre des Finances,
brièvement, 30 secondes.
M. Levesque: ...que, là aussi, je suis
intéressé par le Bureau de la statistique, étant
donné que j'en étais le ministre responsable lorsque
j'étais au ministère de l'Industrie et du Commerce. Je le
retrouve au ministère des Finances. C'est un bureau avec lequel je
semble avoir des relations privilégiées.
M. Garon: Peut-être par...
M. Levesque: Je veux simplement dire qu'il y a eu de la
rationalisation également. Les statistiques qui étaient faites au
ministère des Finances, il s'en faisait sur les prévisions
économiques; il s'en faisait également au Bureau de la
statistique. Quand le Bureau de la statistique a été
créé, on a pensé, au ministère, de ne pas faire
deux fois la même chose. Alors, il y a eu de la rationalisation, il n'y a
pas eu seulement des coupures abruptes.
Adoption des programmes
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre. Est-ce que le programme 1, Études des politiques
économiques et fiscales, est adopté?
M. Bélisle: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que le
programme 2, Gestion de la trésorerie et de la dette publique, est
adopté?
M. Bélisle: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que le
programme 3, Comptabilité gouvernementale, est adopté?
M. Bélisle: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que le
programme 4, Fonds de suppléance, est adopté?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division. Le
programme 4, Fonds de suppléance, est adopté sur division. Est-ce
que le programme 6, Inspecteur générai des institutions
financières, est adopté?
M. Bélisle: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que le
programme 7, Contrôle, surveillance et développement du commerce
des valeurs mobilières, est adopté?
M. Bélisle: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que le
programme 8, Statistiques, prévisions socio-économiques et
recherches d'ensemble, est adopté?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur
division.
Nous suspendons les travaux jusqu'à 20 h 30 ce soir. M. le
ministre des Finances.
M. Levesque: J'aimerais remercier tous les membres de la
commission...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Jonquière! M. le ministre des Finances.
M. Levesque: ...qui ont bien voulu se pencher sur les
crédits, les activités et les orientations du ministère
des Finances. La commission peut être assurée, quant à
nous, de notre meilleure collaboration dans les objectifs que nous poursuivons
collectivement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je voudrais remercier le ministre des Finances, ses
collaborateurs immédiats et tous ceux qui l'entourent. Ils n'ont pas eu
l'occasion peut-être d'exercer leur talent, parce que l'on n'a pas voulu
être trop dur pour le ministre en commençant, sachant qu'il avait
un bon héritage, qu'une bonne partie de ce qu'il avait entre les mains
était un peu l'héritage du gouvernement
précédent...
M. Levesque: J'ai envie de vous le retourner.
M. Garon: ...mais, en même temps, ce n'est pas une garantie
que l'avenir ne sera pas plus dur. Et comme notre rôle va être
d'être critiques le plus possible pour chercher tous les trous qui
peuvent exister au point de vue des finances publiques, nous allons essayer
d'être vigilants au maximum. Nous voudrions que les fonctionnaires
sachent qu'en le faisant, nous ne les visons d'en aucune façon. Nous les
remercions de leur présence.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne. Brièvement, s'il vous plaît:
M. Polak: Oui, M. le Président. Juste pour rétablir
le fait que l'on a le droit de parler aussi. Je veux simplement remercier le
ministre des Finances et dire à l'Opposition que j'ai bien
apprécié l'intervention du député de
Jonquière qui était au point.
Le Président (M. Lemieux): Alors, merci à vous tous
de votre collaboration. Nous suspendons jusqu'à ce soir, 20 h 30.
(Suspension de la séance à 19 h 2)
(Reprise à 20 h 36)
Crédits du ministre
délégué à la Privatisation
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration poursuit ses
travaux séance tenante, à 20 h 36. J'aimerais informer les
membres de cette commission qu'à la suite d'une entente avec
l'Opposition la commission du budget et de l'administration terminera
l'étude des crédits du ministère des Finances et
entreprendra l'étude des crédits du ministre
délégué à la Privatisation.
M. le ministre, pourriez-vous nous présenter les gens qui vous
accompagnent?
M. Fortier: Oui, il me fait plaisir de vous présenter,
à ma gauche, M. Claude Séguin, sous-ministre adjoint au
ministère des Finances, M. Daniel Paillé, directeur de la
Direction des sociétés d'État au ministère des
Finances, et M. Stéphane Bertrand, attaché politique.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
J'aimerais vous informer que, dans le cadre de cette commission, vous avez
droit à ce qu'on appelle une déclaration d'ouverture ou à
des remarques préliminaires.
M. le député de Lévis.
M. Garon: Dans les membres de la commission, je voudrais faire
savoir que nous voulons faire remplacer le député de Bertrand, M.
Parent, par Mme Louise Harel, députée de Maisonneuve, et
remplacer également la députée de Chicoutimt, Mme
Blackburn, par le député d'Ungava, M. Claveau.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je n'ai aucune objection aux remplacements à la
condition que ce soit bien entendu que les remplaçants n'ont pas le
droit de vote.
Le Président (M. Lemieux): On vote sur les programmes,
habituellement.
M. Polak: Sur les programmes, ils n'ont pas droit de vote, c'est
bien entendu parce que c'est la continuation de la séance de cet
après-midi.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, je veux simplement vous informer qu'il ne s'agit pas de
remplacements comme tels, mais de participation en vertu de l'article 132 du
règlement qui dits "Le député qui n'est pas membre d'une
commission peut, avec la
permission de cette dernière, participer à ses
délibérations." Il y a une exception dans le deuxième
paragraphe: lorsqu'il s'agit de l'étude des crédits, cette
permission n'est pas requise.
J'aimerais informer la députée de Maisonneuve qu'elle
dispose, en vertu des articles 284 et 209, du même temps de parole que
les autres membres de cette commission, c'est-à-dire 20 minutes. Le
ministre délégué à la Privatisation peut intervenir
pendant 20 minutes à la suite de chacune des interventions des
participants. Est-ce que cela va, M. le ministre?
Nous poursuivons, M. le ministre. Je vous informe que vous avez droit
à ce qu'on appelle une déclaration d'ouverture ou à des
remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Pierre-C.
Fortier
M. Fortier: M. le Président, je serai très bref. Je
remercie les membres de la commission de me permettre d'exposer les objectifs
et le programme que nous poursuivons. En toute honnêteté, je ne
croyais pas que le montant du budget qui m'a été octroyé
pour effectuer le travail que nous faisons méritait l'attention des
membres de la commission. Ma foi, je crois que c'est le plus petit budget de
tous les ministres qui viennent en commission parlementaire pour exposer le
pourquoi de leurs crédits puisque nous avons une somme d'environ 1 000
000 $. Je crois que, lorsqu'on parle de privatisation ou d'un programme de
privatisation, le programme lui-même, les intentions ou les
décisions du gouvernement et l'impact que cela pourrait avoir sur
l'économie du Québec dépassent de beaucoup les montants
budgétaires qui sont en jeu.
J'aimerais vous dire brièvement qu'un des objectifs que nous
poursuivons par cette démarche, c'est de réduire le poids de
l'État. Si vous examinez certaines des statistiques que nous avons
publiées dans le document sur la privatisation des
sociétés d'État, intitulé "Orientations et
perspectives", vous verrez au tableau 1, è la page 55, que la croissance
des dépenses gouvernementales s'est accrue très rapidement de
1975 à 1985 puisque cela touchait 23,2 % du produit intérieur
brut en 1975 pour atteindre 25,9 % en 1985. Par ailleurs, si on ajoute à
ces contributions du gouvernement du Québec la totalité des
dépenses faites par les administrations publiques, que ce soit au niveau
fédéral, provincial et municipal, on constate qu'il y a eu
également une croissance très rapide et très importante
puisque, de 1975 à 1984, la croissance a été de 44,4 % du
produit intérieur brut pour atteindre 51,8 % du produit intérieur
brut du Québec. C'est donc dire qu'en 1984 plus de 50 % du produit
intérieur brut du Québec sont composés de dépenses
gouvernementales des trois niveaux de gouvernement.
Plusieurs s'inquiètent de ce poids de l'État puisque, si
on se compare avec d'autres pays, les pays de l'OCDE en particulier, on
s'aperçoit qu'en 1983 le pourcentage qui avait été atteint
était uniquement de 41,7 %, qu'aux États-Unis ce n'était
que de 38,1 % et qu'au Canada, dans son ensemble, c'était de 46,8 %.
C'est donc dire, M. le Président, que le gouvernement qui a
été élu le 2 décembre 1985 a constaté
l'importance du poids de l'État et la nécessité de faire
des allégements dorénavant à cause de l'état des
finances publiques. Mon collègue, le ministre des Finances, a dû
faire état, lorsqu'il a paru en commission parlementaire cet
après-midi ou ce3 jours derniers, justement des problèmes
financiers auxquels il est confronté. Devant ce problème, il
s'ensuit que l'État a non seulement de la difficulté à
acquitter les paiements qui doivent être faits pour assurer
l'éducation du public, les services sociaux, l'enseignement, mais que
l'État québécois a de moins en moins d'argent pour
développer les sociétés d'État et encore moins
d'argent pour tenir à bout de bras des sociétés
d'État qui ont eu des performances déficitaires dans de
très nombreux cas.
Il faut comprendre, bien sûr, que les sociétés
d'État qui ont été créées l'ont
été surtout durant les années dites de la
Révolution tranquille. En effet, la première
société d'État a été créée
vers 1921, c'était la Commission des liqueurs, comme on l'appelait
è l'époque. La deuxième société
d'État a été créée en 1943, c'était
la Raffinerie de sucre du Québec; la troisième fut
Hydro-Québec. De fait, à l'orée de la Révolution
tranquille, il n'y avait que trois sociétés d'État.
Par la suite, durant la Révolution tranquille, il y a eu un
accroissement accéléré de la création de
sociétés d'État qui, surtout dans les secteurs commercial
et industriel, poursuivaient deux objectifs. Le premier était de
permettre au Québec et aux Québécois d'intervenir dans des
secteurs clés de développement économique puisque, dans de
très nombreux cas, surtout lorsqu'il était question de
débloquer les ressources naturelles du Québec, c'était
surtout du capital étranger et des étrangers qui étaient
partie prenante à ce développement économique. Un
deuxième objectif, bien sûr, était le fait que les
Canadiens français et les Québécois n'étaient pas
impliqués d'une façon -substantielle dans le développement
économique du Québec.
On peut dire dans une très grande mesure, lorsqu'on constate la
présence des francophones dans le milieu des affaires aujourd'hui, que
ces objectifs ont été
atteints. C'est, je crois, le ministre des Finances, M. Jacques
Parizeau, qui a dit à plusieurs reprises qu'il y avait et qu'il y a
dorénavant une gamme montante de francophones qui sont très
présents dans le monde des affaires et qui sont capables d'assumer des
responsabilités de plus en plus grandes. (20 h 45)
Donc, si l'État québécois n'a plus les moyens non
seulement de tenir a bout de bras certaines sociétés
d'État, mais que, par ailleurs, même lorsqu'elles vont bien,
l'État québécois n'a plus les moyens d'aider au
développement économique de sociétés d'État
c'est donc dire qu'il y avait lieu de repenser le rôle de l'État
dans le secteur économique et c'est ce que nous avons fait.
Pour notre part, ce n'est pas une politique que nous avons
improvisée en arrivant au pouvoir. Pendant plus de deux ans, lorsque
nous étions dans l'Opposition, nous avons pris avantage de cette
école formidable - je crois que chacun d'entre nous et surtout ceux qui
sont dans l'Opposition doivent se convaincre qu'il s'agit là d'une
école extraordinaire - qui permet à des gens qui ne sont pas au
pouvoir d'étudier des problèmes, et c'est ce que nous avons fait.
C'est ce qui nous a permis très rapidement lorsque nous avons pris le
pouvoir, après notre assermentation le 12 décembre dernier, de
préparer une politique qui a été adoptée le 4
février dernier. C'est donc dire qu'en quelques semaines nous avons pu
préparer un document, faire adopter les politiques de base, le faire
approuver par le Conseil des ministres et le publier.
Je souligne que cette remise en question s'inscrit dans une perspective
internationale, qui touche plusieurs pays d'Europe et même plusieurs pays
qui poursuivaient des politiques social-démocrates dans le passé,
et qu'il y a plus de 30 pays qui dorénavant se sont donné
à un titre ou à un autre une politique de privatisation. Cette
politique que nous nous sommes donnée s'inscrit dans un contexte
mondial, puisque de plus en plus de sociétés qui oeuvrent dans le
domaine commercial et industriel sont en concurrence avec celles oeuvrant dans
le même secteur dans des pays étrangers. D'ores et
déjà, nous devons aller vers une politique économique qui
favorise la concurrence, qui prend avantage et peut s'inscrire à
l'intérieur d'une politique prenant en considération la
compétitivité qui est déterminante dans ce genre de
politique poursuivie par toutes les sociétés è
caractère commercial et industriel.
J'aimerais très brièvement souligner quelques chiffres en
ce qui concerne l'ampleur des sociétés d'État au
Québec. On peut certainement souligner qu'en excluant
Hydro-Québec et Loto-Québec...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le ministre.
Vous faites référence à quelle page de votre
mémoire?
M. Fortier: Je fais référence à la page 27,
en particulier. Je soulignerai certains chiffres pour vous dire que, si on fait
exception d'Hydro-Québec et de Loto-Québec, qui sont deux
monopoles qui oeuvrent au Québec, les sociétés
d'État à caractère commercial et industriel - on peut en
énumérer environ treize - emploient environ 45 000 personnes au
Québec, ce qui est considérable. Les avoirs du gouvernement dans
ces sociétés d'État sont d'environ 700 000 000 $. La dette
à long terme de ces mêmes sociétés d'État .
est de 1 000 000 000 $ et le déficit accumulé est de 900 000 000
$. En fait, quant à leur rentabilité, toujours en excluant
HydroQuébec, mais en y incluant les deux monopoles fiscaux que sont la
Société des alcools du Québec et Loto-Québec, on
note en particulier que ces sociétés d'État ont un revenu
global de 3 000 000 000 $, qu'elles font ensemble un bénéfice de
19 000 000 $, donc un profit net de 0,6 %.
C'est une situation qui n'est certainement pas très reluisante et
qui indique la nécessité d'agir dans ce secteur puisque la
rentablité qui est atteinte dans le secteur privé, vous le savez,
est beaucoup plus considérable que ce genre de performance dont le
Québec a fait l'expérience récemment.
Nous nous sommes donné une politique - je passe brièvement
sur les pages 31 à 33 - qui fait une place plus grande au secteur
privé. En nous donnant cet objectif, nous avons décidé que
l'objectif secondaire, mais très important, était de nous donner
un objectif structurel qui a priorité sur l'objectif financier. C'est
donc dire que, dans les privatisations que nous ferons, le facteur argent n'est
pas le plus important, mais c'est le facteur d'action structurante dans
l'économie du Québec qui prédominera sur le facteur
financier.
Nous avons, bien sûr, établi quatre autres principes qui
suivent dans les pages 33 et 34. Nous faisons allusion au fait que nous voulons
poursuivre une approche pragmatique. Notre politique n'est pas doctrinaire.
Nous voulons étudier chaque cas, cas par cas, et adopter les voies les
plus appropriées à chaque programme de privatisation que nous
entreprendrons.
Un autre principe, c'est de faire en sorte que la privatisation,
étant un processus public, réponde à des normes
d'équité et de divulgation qui s'appliquent aux compagnies
publiques. Nous avons l'intention de respecter la façon dont les gens
d'affaires font de3 affaires dans leur secteur et de fournir les informations
aux élus du peuple au moment opportun.
Nous avons un autre principe qui touche le traitement équitable.
Nous disons que le gouvernement devra s'assurer que, dans le cadre des
rationalisations qui pourraient s'imposer, les employés, les
communautés et, le cas échéant, les fournisseurs seront
traités équitablement.
Finalement, nous voulons que les sociétés d'État
qui resteront à la suite de ce programme de privatisation puissent
être considérées comme des concurrents loyaux et
performants et, à ce sujet, nous avons entrepris des études qui
nous permettront éventuellement de faire des recommandations à
l'Assemblée nationale sur ce sujet.
M. le Président, nous avons entrepris cette démarche avec
une équipe extrêmement restreinte et nous en sommes fiers. Nous
avons une équipe dynamique* Nous avons hérité, au
ministère des Finances, d'une équipe que mes collègues,
à ma gauche, ici, dirigent et qui ne comprend que quelques
fonctionnaires. En fait, je crois que, à part le sous-ministre adjoint
aux Finances, nous n'avons que huit fonctionnaires à la Direction des
sociétés d'État du ministère des Finances. C'est
donc dire que nous fonctionnons avec un budget extrêmement restreint
auquel, bien sûr, sont venus s'ajouter un ou deux consultants de
l'extérieur, qui forment le groupe de travail et qui nous permettent de
recommander parfois à certaines sociétés d'État
d'embaucher des spécialistes, mais, somme toute, la direction de ce
programme de privatisation se fait avec une équipe extrêmement
restreinte, avec un budget très léger. Je crois que nous devions
donner l'exemple de travailler avec un personnel restreint, des budgets
restreints, puisque le but de l'exercice est, justement, d'alléger le
poids de l'État.
Nous avons, en plus du groupe de travail, un comité consultatif
qui s'est réuni trois ou quatre fois jusqu'à maintenant -quatre
fois, je crois - et qui est composé des personnes que vous connaissez et
qui sont des hommes d'affaires reconnus. Je pense, entre autres, à M.
Marcel Bélanger, qui, dans le passé, a été
très actif dans la consultation au gouvernement du Québec;
à M. Claude Castonguay, qui a été ministre dans le
passé et qui est pésident de La Laurentienne; à M. Raymond
Cyr, qui est le président de Bell Canada; à M. Roger Beaulieu, un
avocat très connu; à Mme Marcelin-Laurin, qui est avocate, et
à M. Herb Siblin, qui est un comptable agréé de
Montréal.
M. le Président, la procédure que nous avons
adoptée pour nous assurer de la réussite de notre entreprise,
sachant pertinemment qu'il est à peu près impossible pour le
ministère des Finances d'agir seul et de composer un comité
conjoint chaque fois que nous entreprenons un programme de privatisation,
faisait suite à des consultations que nous avions faites en Angleterre
et à Ottawa. On nous a convaincus que la meilleure façon
était de travailler en tandem, c'est-à-dire que le ministre
délégué à la Privatisation devait former, avec le
ministre de tutelle responsable d'une société d'État, un
comité conjoint pour nous assurer de la réussite de
l'entreprise.
D'autres pays ont adopté d'autres méthodes sans beaucoup
de succès. Je dois vous avouer qu'à ce jour la collaboration que
j'ai obtenue de mes collègues dans chacun des programmes que nous avons
entrepris a été extrêmement efficace et que cette
méthode que nous avons adoptée nous convainc de la justesse de la
recommandation que nous avions faite au Conseil des ministres.
Une fois ce comité conjoint établi, à la suite
d'une recommandation qui est faite au Conseil permanent du développement
économique, nous procédons à l'étude d'une
privatisation en deux phases. La phase I est l'analyse des options
stratégiques qui nous permet d'identifier les problèmes qui sont
inhérents à une société d'État en
particulier pour voir si nous devons soit conserver la société
d'État comme telle, soit la modifier, changer son orientation, ou la
privatiser. Ce n'est qu'à la fin de cette phase I que,
réellement, le gouvernement sait à quoi s'en tenir. À ce
moment, nous faisons une recommandation de nouveau au Conseil permanent du
développement économique avant d'acheminer la recommandation au
Conseil des ministres comme tel. À la suite de cette recommandation, le
comité conjoint obtient l'approbation de la recommandation qu'il a
faite, soit qu'elle soit maintenue ou modifiée, et permet au
comité conjoint d'entreprendre la phase II de la réalisation du
plan de privatisation qui est, en fait, la phase de réalisation comme
telle.
J'aimerais simplement dire qu'il y a plusieurs façons de
privatiser. On peut le faire en tout ou en partie. On peut réorganiser
une société et ensuite faire une privatisation. On peut
réorienter la société d'État et voir plus tard ce
qui pourrait advenir de la meilleure performance de cette société
d'État. Nous avons prévu, d'ailleurs, dans certains des cas que
nous avons étudiés à ce jour que l'une ou l'autre de ces
possibilités pourrait être retenue. Comme vous le savez, à
ce jour, nous avons étudié trois ou quatre cas, nous avons
établi des comités conjoints pour la raffinerie de sucre, nous
avons établi un comité conjoint avec le ministre
délégué aux Mines et le ministre de l'Énergie et
des Ressources dans le cas de SOQUEM. Nous avons également un
comité conjoint avec le ministre des Transports dans le cas de Quebecair
et nous venons d'amorcer, quoique les études ne sont pas
commencées, un comité conjoint dans le cas
de Madelipêche.
Ce sont là les quelques dossiers en cours. Je ne crois pas que
nous puissions vous dévoiler toutes et chacune des négociations
en cours. Mais il me fera plaisir de préciser certains des points si les
membres de la commission désirent certaines informations. Nous avons
donc l'intention d'informer la population au fur et à mesure des
progrès des programmes de privatisation. C'est la raison pour laquelle
mes collègues et moi-même prenons la parole à
différents moments pour expliquer à la population ce que nous
faisons. Nous croyons qu'il est important que la population du Québec
comprenne les objectifs que nous poursuivons et soit au fait des modifications
que nous voulons faire à telle ou telle société
d'État.
Nous espérons que ce programme permettra d'une part
d'alléger le poids de l'État, mais d'autre part d'assurer un
développement économique du Québec qui soit meilleur, qui
soit plus accéléré et qui permette à la structure
économique du Québec d'être plus compétitive et de
faire face à la situation économique des années 90 et des
années 2Q00 qui sont devant nous et qui viennent très rapidement.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre délégué è la Privatisation. Est-ce qu'il y
a d'autres intervenants relativement aux remarques préliminaires? M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté le
discours enthousiaste du ministre délégué à la
Privatisation. J'imagine que celui qui est chargé de la privatisation en
Angleterre avait le même enthousiasme, sauf que tout le monde sait
actuellement que c'est un échec et un fiasco en Angleterre. La
principale source de référence du ministre dans tout son
document, c'est l'Angleterre et le Canada. Je dois vous dire que ce sont deux
exemples que je n'aimerais pas suivre parce que, s'il y a une économie
qui s'en va vers une voie de sous-développement, c'est l'économie
anglaise, qui actuellement va très mal. Sous Mme Thatcher, qui applique
les principes que vous voulez appliquer, c'est un désastre
économique. Même si on a un petit budget, on peut faire beaucoup
de dommages quand on a de faux principes. La déréglementation,
à mon avis, est un mythe; on en aura la preuve de plus en plus au fur et
à mesure que les mois vont passer.
Je ne prendrai pas la chance de poser mes questions une par une, parce
que je me méfie un peu que les réponses vont durer 20 minutes
chaque fois. Alors je poserai une série de questions. Dans ma
série de questions, le ministre pourra choisir d'y répondre s'il
est capable. Quant è celles auxquelles il ne répondra pas, je
penserai qu'il n'aura pas les réponses ou qu'il n'aimera pas y
répondre. (21 heures)
D'abord, j'aimerais beaucoup savoir s'il s'est assuré que, dans
son comité dont font partie des hommes d'affaires qui sont dans des
entreprises un peu tentaculaires, ceux-ci ne sont pas en conflit
d'intérêts par rapport aux entreprises qu'ils ont à
évaluer. Je crois que M. Marcel Bélanger a dirigé une
firme de comptables qui était un peu partout, que M. Claude Castonguay
est dans une entreprise qui est un peu partout. J'aimerais savoir si ces gens
qui conseillent le ministre sont libres de conflits d'intérêts par
rapport aux institutions sur lesquelles ils doivent porter des jugements. Je
remarque qu'au sein d'autres comités qui conseillent actuellement le
gouvernement il y a beaucoup de gens qui, peut-être, peuvent avoir
intérêt à ce que certaines sociétés soient
liquidées. J'aimerais savoir si, dans tous ces comités qui ont
été formés, le gouvernement s'est assuré qu'il n'y
avait pas de conflit d'intérêts.
J'aimerais savoir également dans combien de
sociétés actuellement on a liquidé les fonds de
réserve. J'ai appris aujourd'hui que Loto-Québec avait un peu
plus de 41 000 000 $ et qu'on a vidé la caisse. Je sais par exemple que
SOQUIA qui est évaluée à un certain niveau ici, sans tenir
compte des actions qu'elle détient dans plusieurs compagnies
différentes, certaines pour garder la propriété au
Québec et d'autres pour ses fins de développement, pour
différentes raisons... J'aimerais savoir quel montant a rapporté
la vente des actions de SOQUIA dans Provigo et si la vente a été
faite pour un montant comptant ou pour un montant de paiements
échelonnés dans le temps. J'aimerais savoir aussi, par rapport
aux actions de Culinar, si elles seront vendues au plus offrant. Cela peut
prendre plusieurs formes, je n'ai pas à indiquer les formes qui doivent
être prises, mais si on a évalué... On a beaucoup
parlé de brimbales et de canards boiteux, mais seulement dans SOQUIA les
deux types d'actions rapporteront sans doute autour d'une centaine de millions
de dollars. On pourra dire à ce moment-là que le
développement agro-alimentaire est passé de 47 % à 74 %
sous notre gouvernement alors qu'il était passé à peu
près de 65 % sous le gouvernement libéral en 1970 à 47 %
en 1976. Je n'ai pas beaucoup de leçons à recevoir du
gouvernement actuel et du chef actuel du gouvernement. Nous avons plus que
rattrapé tout le chemin qu'il avait perdu au cours des années
1970 à 1976. Il semble incorrigible et il semble avoir la
détermination de replacer le Québec dans une aussi grande
dépendance qu'autrefois.
J'aimerais savoir aussi si le ministre connaît le prix du sucre
aujourd'hui sur le
marché. Il peut vérifier dans le Globe and Mail s'il n'a
pas les chiffres immédiatement. Peut-il dire quels sont les chiffres
actuellement sur le marché pour les ventes à terme du mois de
septembre, par exemple? Pourrait-il me dire si ces chiffres concordent avec les
prévisions des pseudo-experts dans le sucre qu'il consulte?
J'aimerais savoir également combien il y a de
sociétés dont on a vidé les coffres actuellement.
Loto-Québec en est une. On a rapaillé l'argent dans le fonds
consolidé. Quant è SOQUIA, on a vendu des actions de Provigo.
J'ai demandé si c'était pour un montant comptant. On veut aussi
liquider les actions de Culinar. Il y a plusieurs autres sociétés
d'État dont les coffres sont susceptibles d'être vidés
parce qu'il y a de l'argent dans leurs coffres.
Les données que m'a présentées le ministre
délégué à la Privatisation ne m'ont pas
impressionné parce que les déficits dont il a parlé, si on
enlève le déficit de SIDBEC, il n'en reste à peu
près pas. SIDBEC, si je ne m'abuse, a été une
création d'un gouvernement libéral.
J'aimerais savoir également s'il a l'intention de privatiser la
Caisse de dépôt, s'il a l'intention de privatiser la
Société du Grand Théâtre de Québec, s'il a
l'intention de privatiser la Commission administrative des régimes de
retraite et d'assurances, s'il a l'intention de liquider la
Société immobilière du Québec, s'il a l'intention
de privatiser Hydro-Québec, REXFOR, s'il a l'intention de privatiser la
Société d'habitation du Québec, la Société
Inter-Part et la Société des traversiers du Québec. Je
comprends que cela n'intéresse pas les députés de la
région de Montréal, mais les députés de la
région de Québec peuvent être intéressés par
ces sociétés. Je sais qu'il n'y a pas beaucoup de
députés qui vont s'intéresser aux choses de la
région de Québec. Je l'ai vu ce matin.
M. Gobé: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine.
M. Gobé: ...s'adresser directement à un membre de
la commission, mais au président. S'il ne connatt pa3 le
règlement, on va le lui rappeler.
M. Garon: C'est ce que je fais.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît,
M. le député de Lafontaine! M. le député de
Lévis, vous pouvez continuer. S'il vous plaît, M. le
député de Lafontaine, un peu moins d'agressivité dans
l'air.
M. Garon: J'aimerais demander au député, pardon, au
ministre s'il a l'intention...
M. Bélisle: Question de règlement.
M. Garon: Tenez-vous tranquilles, les enfants. S'il est trop
tard, allez-vous coucher!
M. Bélisle: Non, on n'est pas fatigués. On
va vous attendre.
Une voix: Il accuse la commission. M. Polak: ...cette
affaire-là.
M. Bélisle: Celui qui est fatigué, c'est celui qui
se trompe de terme.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
Une voix: ...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de...
M. Polak: ...la question...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, M. le député de Chauveau, M. le député
de Lafontaine, s'il vous plaît! M. le député de
Lévis a le droit de 3'exprimer de la façon dont il veut le faire
relativement à son droit de parole et il le fait très très
très bien. M. le député de Lévis, vous pouvez
continuer.
M. Garon: M. le Président, quelle que soit la vitesse de
mon discours, il va arriver au même point dans 20 minutes.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Garon: II va arriver au même point. Je vais prendre mon
temps de parole...
Une voix: Pas plus.
M. Garon: ...pour savoir ce que va répondre le ministre
responsable. Je lui ai demandé le nombre de sociétés dont
il a vidé ou dont le ministre des Finances a vidé les coffres
à l'heure actuelle. Vous savez qu'il est facile de dire que son chien a
la rage pour le tuer quand on veut le tuer. U est facile de vider les caisses
d'une société en vue de la liquider éventuellement. Il y a
actuellement des sociétés d'État au gouvernement du
Québec qui ont été capitalisées. Il y en avait
très peu, dans le passé, qui étaient capitalisées
et, souvent, on n'a pas capitalisé nos sociétés
d'État. Je me rends compte qu'on est en train de "décapitaliser"
certaines sociétés précisément pour, ensuite, dire
que l'animal est malade, alors qu'on a bâti au Québec, au cours
des
années, des entreprises qui emploient, vous l'avez
mentionné, plusieurs dizaines de milliers de personnes, qui ont permis
un développement considérable et qui jouent un rôle. On
peut parler de liquider Madelipêche. Je vous ferai remarquer que le
ministre fédéral des Pêches et des Océans, entre la
perte du pouvoir et la transmission des pouvoirs, a liquidé la
coopérative des pêcheurs en la vendant au principal organisateur
ou à un des principaux organisateurs des Îles-de-la-Madeleine, un
organisateur libéral. Je ne pense pas qu'il ait fait grand oeuvre aux
tles-de-la-Madeleine, mais tout simplement il a fait disparaître le
capital bâti par des pêcheurs coopératifs qui avaient
réuni leurs efforts au cours des années. C'est facile de vouloir
dire qu'on va liquider Madelipêche qui emploie 2000 personnes et qui a
pris la relève de ceux qui sont...
M. Gobé: Le député de Lévis est en
train d'évoquer...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous citer l'article du
règlement, s'il vous plaît!
M. Gobé: C'est la pertinence. Il est en train
d'évoquer la fin du régime fédéral alors qu'on est
en train d'étudier le milieu de la privatisation au Québec.
Le Président (M. Lemieux): C'est la règle de la
pertinence, Mme la députée de...
M. Gobés ...
Le Président (M. Lemieux): II s'agit de l'article 211 des
règles de procédure.
M. Gobé: Le fédéral n'a rien à voir
là-dedans.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, il me semble avoir donné assez souvent des directives en ce
qui concerne la règle de la pertinence à l'occasion de
l'étude des crédits budgétaires. Nous ne sommes pas
à l'étude d'un projet de loi public ni à l'étude
d'un projet de loi privé. Il faut faire preuve de beaucoup d'ouverture
d'esprit et j'espère, M. le député de Lafontaine, que vos
questions de règlement seront beaucoup plus pertinentes. J'aimerais que
vous puissiez faire preuve d'ouverture d'esprit. M. le député de
Lévis est dans son droit. Il est revenu sur le sujet. J'appellerais cela
en droit - il est avocat -un obiter dictum, et cela s'est fait très
rapidement. Vous pouvez continuer, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Aux tles-de-la-Madeleine, les Américains sont
venus et, quand l'argent a été fait, ils ont sacré le
camp. Dans le cas de National Sea, c'est la même chose. Quand l'argent a
été fait ils sont repartis. S'il n'y avait pas eu de
relève du gouvernement, aujourd'hui il y aurait 2000 chômeurs aux
tles-de-la-Madeleine. Si vous pouviez y aller et voir ce qui existait -
National Sea Products - vous pourriez voir comment auparavant était le
secteur des pêches avant que le gouvernement du Québec joue un
rôle important de développement. Depuis, les pêches du
Québec sont les plus modernes dans l'est du Canada. Il a fallu que le
gouvernement joue un rôle.
En 1976, sous le gouvernement Bourassa, il s'était investi dans
les bateaux 75 000 $, c'est-à-dire, la réparation de trois
grosses chaloupes. $75 000 $ dans les bateaux. Vous verrez ce qu'était
la modernisation des pêches dans le temps du régime
libéral, tandis qu'actuellement vous avez des entreprises dynamiques qui
fonctionnent. Mais elles ne se sont pas bâties en une seule
journée.
Lorsque Crustacés des Îles Inc., - une filiale de
Madelipêche - a pris la relève, on a constaté, après
avoir acquis l'entreprise, qu'une grande partie du poisson s'en allait au
Nouveau-Brunswick ou en Nouvelle-Écosse. Dans ce cas de l'usine de
Grande-Entrée qui devait coûter 500 000 $, il a fallu tripler la
grandeur des installations parce qu'on s'est rendu compte que l'entreprise
enlevait beaucoup plus de poissons qu'il était connu aux ties, pour
l'expédier et faire faire le travail ailleurs. Aujourd'hui, le travail
est fait à 100 % aux tles-de-la-Madeleine dans deux entreprises qui sont
entièrement administrées au Québec.
Mais, évidemment, on peut toujours dire qu'en telle année
l'entreprise n'a pas fait d'argent. À la Raffinerie de sucre du
Québec, sur une période de 42 ans il y a eu 32 années de
déficit, 10 années de surplus. Puis, si vous faites le total de
1943 à 1982, sur 40 ans l'entreprise a fait 1 000 000 $ de plus de
profits que de pertes. On peut avoir une attitude de comptable qui boucle des
fins de budget en fin d'année en disant: Cette année on n'a pas
fait de profits et on liquide l'entreprise. Pour moi, ce n'est pas ainsi que se
fait le développement économique. S'il fallait que la valeur des
entreprises soit basée sur une ou deux années, je peux vous dire
qu'il y aurait beaucoup d'entreprises fermées. Si aujourd'hui vous
n'aviez pas augmenté d'autorité les tarifs d'Hydro-Québec
de 5,4 % au-dessus du taux d'inflation, malgré toutes vos directives,
elle non plus n'aurait pas fait beaucoup de profits cette année.
M. le Président, c'est facile de jeter la pierre ici et
là. Ce qu'il faut considérer c'est le rôle qu'ont
joué ces entreprises, les rôles qu'elles peuvent jouer. C'est
facile. N'importe quelle personne aurait pu fermer la Raffinerie de sucre du
Québec et la
donner pour 10 000 000 $ - quand on sait que les inventaires devaient
être autour de ce niveau - avec la liquidation des actifs
réalisables à court terme, n'est-ce pas? 10 000 000 $ pour les
actifs réalisables à court terme. C'était bien
marqué. C'est ce que j'ai lu dans tous les documents que j'ai vus.
Et après cela on parle d'un montant de 40 000 000 $ dont les
paiements vont commencer un peu plus tard. Est-ce que vous pouvez me dire la
valeur du contrat de la raffinerie de sucre avec Provigo et Métro? La
valeur actuelle de ce contrat à long terme. Est-ce que vous pouvez me
dire que vous avez vérifié l'étude de la valeur de
remplacement des actifs de la Raffinerie de sucre du Québec - pas la
valeur de liquidation au moment où le prix est le plus bas mais la
valeur de remplacement des actifs -qui a été faite par une firme
allemande spécialisée dam le domaine, et par rapport au prix de
vente actuel?
On pourrait regarder aussi combien le gouvernement a mis d'argent dans
la raffinerie au cours des années et si tout simplement le principal
problème de la raffinerie n'est pas d'avoir été
capitalisée trop tard.
Évidemment, vous pourriez comparer aussi, comme
spécialiste de l'entreprise privée, deux raffineries qui ont
ouvert la même année. Zymaise, en Ontario, propriété
de Labatt, et la Raffinerie de sucre du Québec après sa
modernisation. Quelle a été la perte de Labatt pour la
première année, entreprise privée? Vous pouvez demander
à Guy Saint-Pierre, que vous connaissez sûrement bien, qui a
été ministre de l'Industrie et du Commerce. On vous dira que la
première année Zymaise a perdu près de 40 000 000 $. Alors
que les deux avaient investi le même montant d'argent à peu
près, la raffinerie de sucre a perdu moins de 2 000 000 $. Après
cela, on comparera les administrations. Je peux vous dire que j'ai
rencontré personnellement le ministre fédéral Mayer qui
parle d'établir une politique du sucre et qui a déjà fait
des pas importants dans cette direction. Il m'a dit après la rencontre:
Les plus grands spécialistes que j'ai rencontrés, ceux qui
connaissent le plus l'industrie du sucre au Canada, ce sont tes gens à
toi. Il m'a dit: Ce sont les gens du Québec. Il m'a même
demandé de pouvoir les consulter dans l'établissement de la
politique du sucre pour le Canada. (21 h 15)
J'aimerais vous demander pourquoi vous avez annoncé le lundi,
alors que le fédéral annonçait le mercredi, et c'est connu
au ministère de l'Agriculture et à la Raffinerie de sucre du
Québec également, que le gouvernement fédéral va
établir une politique du sucre, parce que dans le maïs pour le
fructose, en Ontario, il y a des difficultés financières
importantes et il va être nécessaire d'établir une
politique du sucre. Actuellement, les avantages qu'il pouvait y avoir dans le
passé concernant une politique d'achat de sucre de dumping sur les
marchés internationaux sont "débalancés1' par
le fait que l'industrie du mats en Ontario est en difficulté, par le
fait que l'industrie manufacturière à partir de la betterave est
en difficulté, parce que le Canada est le seul pays qui n'a pas de
politique du sucre sur 95 pays, à l'exception - 96, oui - d'Israël
qui ne peut pas produire ni canne ni betterave. C'est le seul pays qui n'a pas
de politique du sucre.
Actuellement, le Canada achète sur les marchés
internationaux du sucre de dumping. Est-ce que le ministre a
évalué ce que vaut un contrat d'exportation, les quotas
d'exportation vers les États-Unis au prix administré aux
États-Unis? Je constate que le ministre est venu avec des gens du
ministère des Finances, mais qu'il n'a pas jugé opportun d'amener
avec lui les spécialistes de la Raffinerie de sucre du Québec. Je
constate qu'il boucle les budgets de fin d'année, mais que, dans un
secteur industriel où tous les gouvernements, depuis 1943, ont
jugé bon de garder une raffinerie de sucre, le seul qui a essayé
de lui nuire systématiquement c'est son premier ministre, entre 1970 et
1976, en demandant un intérêt au prix du marché sur des
avances de capital de 1 000 000 $ en 1943 et de 1 000 000 $ en 1944. Il lui a
chargé, sur une avance de capital, un montant d'intérêt au
prix du marché, comme si c'était un prêt, alors que
c'était la seule avance de capital qu'il y ait jamais eu dans cette
entreprise.
Deuxièmement, il a obligé la raffinerie . à ne plus
produire au détail, parce que ce n'est pas seulement récemment
que la raffinerie veut vendre son sucre au détail, elle le vendait avant
que le gouvernement de M. Bourassa, avant 1976, l'oblige à ne plus
produire de sucre pour vendre au détail, mais vendre son sucre brut
obligatoirement au principal concurrent, Redpath.
Il a continué son oeuvre de vouloir fermer cette raffinerie en
lui mettant de3 bâtons dans les roues le plus possible au cours de ces
années de pouvoir entre 1970 et 1976. Nou3 aurons l'occasion d'y
revenir, parce qu'on dit que, éventuellement, vous présenterez
une loi devant le Parlement. Je souhaite que le prix du sucre va continuer
à augmenter au même rythme qu'il augmente actuellement, parce
qu'on verra à quel point cette transaction sera un contrat léonin
par lequel on aura dilapidé les intérêts du Québec,
par lequel on aura donné la raffinerie à toutes fins utiles et,
même si on tient compte de tous les avantages fiscaux qu'il va y avoir,
où on a payé pour donner la raffinerie. Ce sera un des plus
grands scandales > je vous le dis - qui aura marqué
le régime du Perti libéral élu le 2 décembre
1985.
M. Poulin: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau, l'article?
M. Poulin: L'article 290: "Au début de l'étude en
commission plénière, un représentant de chaque groupe
parlementaire peut prendre la parole pendant au plus 20 minutes."
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau, je vous ferai remarquer Immédiatement que l'article 290 ne
s'applique qu'en commission plénière et que vous voulez faire une
référence à l'article 209 relativement au temps de parole
du député de Lévis. J'aimerais vous rappeler l'article 155
des règles de procédure, à savoir qu'une commission peut
déroger, du consentement unanime de ses membres, au temps de parole.
Dans un premier temps, je vais vérifier si le
député de Lévis a pris ses 20 minutes. Il lui reste 20
secondes. M. le député de Chauveau, s'il vous plaît! M. le
député de Lévis, s'il vous plaît!
M. Garon: Vous remarquerez que, jusqu'à maintenant, j'ai
été interrompu par trois députés au cours de mon
intervention de 20 minutes, alors que je n'ai pas jugé bon, moi,
d'interrompre le ministre une seule fois au cours de son allocution.
Le Président (M. Lemieux): J'en prends note effectivement,
M. le député de Lévis, c'est exact.
M. Garon: La politesse est une chose qui s'acquiert. Que
voulez-vous?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau, s'il vous plaît!
M. Garon: M. le ministre, ce sont quelques-unes des questions ou
une dernière. J'ai remarqué aussi, en lisant le Soleil de ce
matin, que le gouvernement a jugé bon, en vendant les parts de SOQUIA,
d'engager une firme de courtage reconnue, à ce qu'on dit. J'aimerais
savoir quels ont été les honoraires payés à cette
firme de courtage pour faire la transaction des actions de Provigo qui ont
été vendues par SOQUIA.
M. Fortier: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué à la Privatisation.
M. Pierre C. Fortier (réplique)
M. Fortier: J'ai écouté attentivement les
commentaires et les questions posées par le député. En
l'écoutant, je me suis aperçu qu'il n'avait certainement pas lu
le document sur la privatisation puisqu'on voit, par la nature de ses
questions, qu'il n'a pas pris note du contenu du document ou des nombreuses
déclarations que nous avons faites sur le sujet, puisque nous avons
précisé à plusieurs reprises quelles
sociétés d'État faisaient l'objet d'un examen, je ne dis
pas d'une privatisation. Je dis d'un examen puisque nous avons dit que toutes
les sociétés d'État à caractère commercial
et industriel seraient étudiées, mais que toutes ne seraient pas
privatisées.
Si vous regardez, M. le Président, à la page 60, nous
avons une liste de 15 sociétés d'État et je vais les lire
pour que ce soit plus précis: Hydro-Québec, Loto-Québec,
Raffinerie de sucre du Québec, Société des alcools du
Québec, SID8EC, Société générale de
financement, Société nationale de l'amiante,
Société québécoise d'exploration minière,
Société québécoise d'initiatives
pétrolières, REXFOR, Société
québécoise des transports, Madelipêche,
Société de développement de la Baie James,
Société des établissements de plein-air du Québec
et Société québécoise d'initiatives
agroalimentaires. Donc, ce sont les quinze sociétés d'État
sur lesquelles nous nous pencherons, quoique nous ayons dit d'une façon
très claire que ni Hydro-Québec ni Loto-Québec ne font
l'objet d'un examen de notre part et que notre examen porterait sur les treize
autres sociétés d'État.
En ce qui concerne le mandat qui m'a été confié, je
peux vous dire qu'il s'agit d'un mandat très important puisque,
déjà, les quelques études que nous avons faites nous
convainquent, par leur étendue, de l'importance des
sociétés d'État. Ces études 3ont très
approfondies et faites en conjonction avec la direction même des
sociétés d'État et avec les ministres de tutelle. Le fait
d'étudier treize sociétés d'État
représentent déjà un programme extrêmement
important.
Nous avons donc décidé de concentrer notre travail sur ces
treize sociétés d'État à caractère
commercial et industriel et ceci exclut - nous l'avons dit à plusieurs
reprises - des sociétés comme la Caisse de dépôt, le
Grand Théâtre, la Société immobilière du
Québec et je l'ai mentionné tout à l'heure,
Hydro-Québec et Loto-Québec. C'est donc dire, M. le
Président, que nous avons des objectifs bien précis.
M. le député de Lévis faisait allusion à
certaines sociétés d'État qui ne sont pas
capitalisées. Il parlait du fait que plusieurs avaient des performances
extraordinaires. Je lui ferais remarquer - et c'est la raison pour
laquelle nous avons inclus dans ce document les données
financières au 31 mars 1985 -que sur quinze sociétés
d'État il y en a six actuellement qui sont en déficit. Et, bien
sûr, sans parler du fiasco le plus monumental qui a été
provoqué par le gouvernement du Parti québécois dans la
Société nationale de l'amiante, qui est une honte publique. Ce
sont 400 000 000 $ qui ont été gaspillés et, de plus, nous
devrons l'an prochain payer environ 176 000 000 $ à General Dynamics
alors que cette société, la Société Asbestos en
particulier, ne vaut absolument rien. Ce sont donc des montants que nous aurons
à payer l'an prochain alors que le gouvernement cherchera à
trouver des revenus pour payer l'éducation supérieure,
l'enseignement, les affaires sociales, le problème des urgences dans les
hôpitaux et j'en passe. Nous devrons payer l'an prochain 176 000 000 $
à General Dynamics parce que le gouvernement du Parti
québécois voulait à tout prix s'ingérer dans un
domaine qui n'avait aucun lendemain.
M. le Président, ce serait se boucher les yeux que de ne pas
constater qu'il y a des problèmes dans le domaine des
sociétés d'État. Si l'ex-ministre de l'Agriculture, le
député de Lévis, ne veut pas voir le problème en
face, s'il veut continuer à prétendre que la
social-démocratie doit continuer à s'exercer au Québec, je
lui suggère de continuer à faire campagne à la prochaine
élection et il verra que les résultats seront très
semblables à ceux que nous avons eus le 2 décembre dernier.
M. le Président, il y a des problèmes dans
l'administration de ces sociétés d'État et, très
souvent, les problèmes ne sont pas tous dus à la qualité
des gestionnaires de ces sociétés d'État, mais ils
proviennent très souvent des contraintes imposées par le
gouvernement à la direction de ces sociétés d'État.
Ne pas constater le problème qui existe serait adopter des politiques
d'autruche. Nous avons décidé de voir le problème en face
et nous l'avons dit clairement durant la campagne électorale; il n'y a
absolument rien de nouveau dans ce que je vous ai dit aujourd'hui. Le programme
que nous avons mis de l'avant a été explicité devant la
population et c'est le programme que nous mettons en pratique maintenant.
J'aimerais passer à certaines des questions que le
député de Lévis a posées. Il nous parle du
comité aviseur. Il me demande: Étes-vous certain que ces
personnes qui ont été nommées ne sont pas en conflit
d'intérêts? M. le Président, c'est faire injure à
l'intégrité de ces personnes qui ont été
nommées. Ces personnes sont connues pour la plupart d'entre elles et, de
plus, ce sont ces mêmes personnes qui, lorsque je leur ai demandé
d'en faire partie, m'ont dit individuellement: M. Fortier, cela me fait
extrêmement plaisir, mais j'aimerais souligner immédiatement que
je suis actif dans telle et telle société et, si jamais il y
avait des discussions sur des points précis qui pourraient me mettre en
conflit d'intérêts, je demanderais d'être retiré de
la discussion. De fait, ces personnes ont signé une déclaration
et un engagement. J'ai l'ai ici. Cela me fera plaisir de distribuer le document
qui a été utilisé et qui a été signé
par tous et chacun des membres du comité aviseur. Le document
précise très clairement que ces personnes déclareront
leurs intérêts si jamais il y avait un sujet discuté au
comité aviseur qui pourrait les mettre en conflit
d'intérêts. Dire que quelqu'un comme M. Castonguay ou M. Marcel
Bélanger, des gens qui ont servi l'État dans le passé,
pourraient se mettre en conflit d'intérêts, c'est
réellement faire injure à leurs qualités et à la
contribution qu'ils ont déjà apportée au
développement économique et social du Québec.
M. le Président, le ministre me pose d'autres questions touchant
les fonds de réserve...
M. Garon: L'ancien ministre!
M. Fortier: Le député de Lévis me pose
d'autres questions touchant les fonds de réserve. Il me demande si le
ministre des Finances a vidé les coffres de certaines des
sociétés d'État. Je me demande pourquoi il n'a pas
posé cette question au ministre des Finances cet après-midi,
quand il était ici. C'est réellement au ministre des Finances
qu'il aurait fallu poser la question sur les finances, les déclarations
ou les dividendes qu'il a pu annoncer lui-même. Je ne suis pas
responsable des finances, d'une façon générale, des
sociétés d'État, c'est le ministre des Finances qui assume
cette responsabilité. Il me fait plaisir de lui donner certaines
précisions.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous une question de
règlement?
M. Garon: J'aimerais souligner au ministre qu'il n'a
peut-être pas eu le message de son collègue. Je lui ai dit que je
poserais des questions ce soir au ministre délégué
à la Privatisation et que je ne voulais pas que les mêmes
fonctionnaires puissent invoquer le fait, justement, que je n'avais pas
posé la question au ministre des Finances. C'est évident que je
n'ai pas pu poser toutes les questions au ministre des Finances. J'en ai
posé quelques-unes. C'est lui-même qui m'a parlé de
Loto-Québec, entre autres. Je lui ai dit que j'aurais d'autres questions
et, comme il ne pouvait pas être présent, je lui ai
souligné que c'était un peu une direction conjointe parce que
c'était dirigé par les mêmes fonctionnaires. Je lui ai dit
que je poserais des questions au ministre délégué à
la
Privatisation et que je ne voulais pas qu'on me reporte au ministre des
Finances, parce qu'autrement il faudra faire venir le ministre des
Finances.
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais tout simplement
vous faire remarquer que les responsabilités que j'assume ont
été définies par un décret qui est inclus à
la page 13 du document sur la privatisation des sociétés
d'État. Pour autant que je suis concerné, je ne peux que
répondre des responsabilités que j'assume. Je comprends bien ce
que me dit le député de Lévis, mais vous comprendrez, M.
le Président - la pratique et le règlement de l'Assemblée
nationale sont très clairs là-dessus - que chaque ministre doit
répondre devant l'Assemblée et devant les commissions
parlementaires des responsabilités qu'il assume. Je ne vois pas comment
je pourrais tenter de répondre pour mon collègue, le ministre des
Finances. Malgré les difficultés auxquelles fait allusion le
député de Lévis, je ne peux certainement pas assumer une
responsabilité qui n'est pas la mienne. Mais dans le cas de... (21 h
30)
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, j'aimerais vous faire remarquer une chose. Vous savez que vous
pouvez faire un rappel au règlement lorsqu'un député
s'exprime, mais lorsque vous avez à faire un rappel au règlement
il faut que vous me citiez l'article et, lorsqu'une erreur peut être
décelée dans les propos que pourrait vous citer ou vous tenir le
ministre délégué è la Privatisation, il faut que
vous attendiez qu'il ait terminé son intervention.
J'aimerais ajouter autre chose, avant que le ministre
délégué à la Privatisation termine son
intervention. Si on interprète littéralement et strictement le
règlement, à l'article 284 et à l'article 209, le
député de Lévis, n'aurait plus le droit de parole. Je me
verrai tout à l'heure dans l'obligation d'appeler le programme pour
redonner au député de Lévis un droit de parole que je
trouverais aberrant de lui retirer à la suite d'une
interprétation de textes de loi.
M. le ministre délégué à la Privatisation,
vous pouvez continuer.
M. Fortier: M. le Président, je tentais de répondre
bien honnêtement à certaines des nombreuses questions que m'a
posées le député de Lévis. Je vais tenter de le
faire le plus honnêtement possible. Le ministre me posait une question en
ce qui concerne SOQUIA. Il connaît un peu le dossier, puisqu'il
était là il y a quelques mois. Nous avons cru, lorsque nous avons
pris connaissance du désir de la société Unigesco
d'acheter des actions de SOQUIA, que si nous voulions agir en toute
transparence nous devions permettre à toute personne ou à toute
organisation qui était intéressée à acheter des
actions de faire une offre. C'est la raison pour laquelle nous avons retenu les
services d'un courtier, qui a contacté plusieurs sociétés
en leur demandant si elles étaient intéressées à
acheter ces actions. Je ne parle pas des actions de SOQUIA, je parle des
actions de Provigo.
De fait, ce courtier a pris contact avec l'Assurance-Vie Desjardins, la
Société d'investissement Desjardins, le Trust
Général du Canada, Power Corporation, Québécor, la
Caisse de dépôt et placement, le Fonds de pension des
employés d'Hydro-Québec, Corby's, J.-René Ouimet,
Unigesco, Fiducie du Québec, une compagnie qui s'appelle Mkok Wong and
Associated, P.Il. and Il. et Yaluserky, Fraser. Finalement, à la suite
de ces rencontres, c'est Unigesco, comme nous le savions déjà,
bien sûr, qui a fait une offre en bonne et due forme et qui a
acheté les actions de Provigo détenues par SOQUIA pour un montant
de 18,50 $ l'action, ce qui a donné un montant global de 48 500 000 $ et
qui a permis è SOQUIA, donc au gouvernement du Québec, de faire
un gain de capital de l'ordre de 37 500 000 $.
Une voix: Payable comptant.
M. Fortien Ce fut un très bon profit, oui, je vous le
concède, puisque le prix d'achat originel était de 11 000 000 $.
À la suite de cette transaction, pour répondre plus
précisément à la question que vous m'aviez posée,
M. le député de Lévis, SOQUIA a déclaré un
dividende au gouvernement du Québec pour la valeur du gain de capital,
c'est-à-dire 37 500 000 $. Pour ajouter un peu plus d'information, comme
vous le savez, M. le député de Lévis, Unigesco avait fait
une offre au mois de novembre dernier, je crois, lorsque vous étiez
ministre, et le prix que nous avons obtenu est de 11 000 000 $ supérieur
à l'offre que vous aviez obtenue à ce moment-là.
M. Garon: Attendez un peu. Je n'ai pas affirmé...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, laissez terminer le ministre délégué
à la Privatisation... M. le député de Sainte-Anne, s'il
vous plaît!
M. Polak: Non, non, non.
M. Fortier: Et les honoraires qui ont été
payés pour la transaction ont été de 120 000 $. Je crois
qu'en ce qui...
M. Garon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Quel article du
règlement?
M. Garon: Non, non, un instant. Je demande au ministre de retirer
ses paroles.
Une voix: Le numéro de l'article.
Le Président (M. Lemieux): Quel article?
M. Garon: C'est le même article que d'habitude.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! M. le
député de Mille-Îles, M. le député de
Chauveau. M. le député de Lévis, s'il vous
plaît!
M. Garon: C'est l'article par lequel on peut faire retirer ses
paroles immédiatement à celui qui a dit quelque chose
d'erroné.
Le Président (M. Lemieux): Un instant, je vais vous
trouver cela. S'il vous plaît! M. le député de Lafontaine.
Article 42: "Le Président peut retirer la parole à un
député pour le reste..." Non. L'article 45... Un instant, M. le
député de Lévis. C'est l'article 35, M. le
député de Lévis?
M. le député de Saint-Louis, s'il vous plaît! Je
pense qu'il s'agit de l'article 212 où, si le député de
Lévis croit que ses propos ont été mal compris ou
déformés, il peut donner de très brèves
explications sur le discours qu'il a prononcé. Est-ce que c'est cela, M.
le député de Lévis?
M. Garon: Non. C'est l'inverse.
Le Président (M. Lemieux): C'est l'inverse. Alors, M. le
député de Lévis, quel article?
S'il vous plaît, M. le député de Mille-îles!
C'est une question de règlement.
M. Chagnon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Chagnon: Question de règlement, M. le
Président.
M. Garon: Le ministre vient de faire une affirmation qui est
complètement fausse.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de règlement;
M. le député de
Saint-Louis, je suis déjà sur la question de
règlement du député de Lévis.
M. Chagnon: Quel était son numéro d'article?
Le Président (M. Lemieux): Pourriez-vous nous citer
l'article, M. le député de Lévis, s'il vous
plaît?
M. Garon: Lorsqu'on prend connaissance d'une déclaration
qui est fausse, à la première occasion...
M. Chagnon: Quel est le numéro?
Le Président (M. Lemieux): Un instant, s'il vous
plaît! M. le député de Saint-Louis. S'il vous
plaît!
M. Garon: Si le député veut mettre son siège
en jeu là-dessus, je peux mettre le mien, M. le Président.
M. Fortier: M. le Président, M. le Président...
M. Garon: Je peux mettre le mien. Une voix: On énerve le
ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, j'aimerais attirer votre attention sur l'article 81 des
règles de procédure qui nous dit: "Aucun rappel ou
règlement ne peut être fondé sur l'opinion que la
réponse à une question posée à un ministre est
insatisfaisante."
M. le ministre délégué à la Privatisation,
vous pouvez continuer.
M. Fortier: M. le Président, ce que j'ai indiqué -
et M. Garon va convenir avec moi que je n'ai dit que la vérité -
c'est qu'il y a eu une offre faite...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Qu'est-ce qui est arrivé, si vous êtes si
renseigné?
M. Fortier: ...à SOQUIA au mois de novembre dernier.
M. Garon: Qu'est-ce qui est arrivé quand on m'en a
parlé?
M. Fortien Cette offre a été portée à
l'attention de M. Garon parce que j'ai la lettre, ici, signée par M.
André Marier, qui faisait allusion à cette offre. Tout
simplement, ce que j'ai dit, c'est que nous avons obtenu 11 000 000 $ de plus
que l'offre qui avait été faite au mois de novembre. C'est tout
simplement cela.
M. Garon: Parce que j'ai été assez perspicace pour
ne pas l'accepter.
M. Fortien M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît! Voulez-vous continuer, M. le ministre?
M. Fortien M. le Président, je n'ai pas
fait le commentaire que vient de faire le député de
Lévis. J'ai dit que nous avions obtenu 11 000 000 $ de plus et il faut
se réjouir du fait que le gouvernement du Québec a fait une bonne
affaire dans ce cas-ci et qu'en...
M. Garon: Ils ont fait une offre qu'on n'a pas
acceptée.
M. Fortier: ...ce faisant, nous avons pu déclarer au
gouvernement du Québec un dividende de 37 500 000 $. Je n'ai fait aucune
attaque contre le député de Lévis. Je ne comprends pas
pourquoi il s'insurge.
M. Garon: Non, non. Vous avez dit que c'était: une offre
que nous avions demandée. Je regrette, nous n'avons fait aucune demande
et c'est Unigesco elle-même qui est venue...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Bélisle: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, une question de règlement. En vertu de quel article du
règlement, M. le député de Mille-Îles?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Si on pense que l'administration du Québec,
c'est une farce, c'est une foire, continuez de même, les jeunes, et vous
n'irez pas loin.
M. Bélisle: Mais continuez à discuter comme
vous discutez avec le ministre et à l'interrompre constamment et vous
allez continuer la foire, M. le député de Lévis. Vous
êtes bien parti.
M. Garon: Ah bon! On ne laissera pas cette affaire là.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, s'il vous plaît!
M. Garon: Excellent.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué à la Privatisation, vous pouvez
continuer.
M. Fortier: J'ai une indication de plus à donner au
ministre qui m'avait posé cette question: Combien? Alors, je lui ai dit:
18,50 $. Cela nous donne 48 500 000 $. J'aimerais lui dire que nous avons
exigé que ce montant soit payé comptant. D'ailleurs, la
première offre que nous avait faite Unigesco était de reporter
dans le temps une partie de ce montant, mais nous avons exigé
d'être payés comptant. Nous avons été payés
comptant pour la totalité des actions que possédait SOQUIA.
Alors, j'espère que cela répond aux questions du
député de Lévis.
En ce qui concerne Culinar, j'aimerais vous dire qu'aucune
décision n'a été prise pour disposer des actions de
Culinar à ce moment-ci. Ce que j'ai indiqué avant-hier, lorsque
j'ai pris la parole au Château Frontenac, était un peu en
réponse à une déclaration qu'avait faite le
président de la Société d'investissement Desjardins, qui
disait que la Société d'investissement Desjardins avait une
option d'achat sur les actions de Culinar. J'ai indiqué qu'à ma
connaissance la Société d'investissement Desjardins n'avait pas
une option d'achat, mais avait une option de premier refus. Et cela faisait
toute la différence pour nous parce que j'ai indiqué que, si nous
décidions, après consultation avec le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, de mettre en vente les actions de
Culinar, nous avions l'intention de procéder de façon à
pouvoir offrir ces actions au plus grand nombre de personnes possible de
façon à obtenir le meilleur prix, et de le faire en toute
transparence. Et, le cas échéant, après avoir obtenu une
offre, nous nous tournerions vers la Société d'investissement
Desjardins comme l'entente entre actionnaires le prescrit pour lui demander de
respecter l'offre que nous aurions obtenue. C'était un commentaire sur
le processus que nous entendions suivre dans un cas comme celui-là, si
le gouvernement du Québec ou la direction de SOQUIA décidait de
mettre ces actions en vente.
En ce qui concerne le prix du sucre, j'aimerais lui dire que, cette
semaine, il est de 0,79 $. II s'agit, bien sûr, du sucre dit no 11 de New
York, "New York number 11, FOB Caraïbes". Ce prix est plus bas que celui
qui prévalait la semaine précédente. On se trouve, M. le
député de Lévis, dans une situation où le prix du
sucre brut FOB Caraïbes est encore extrêmement bas et du même
ordre de grandeur que celui que nous avions au moment de prendre la
décision que nous avons prise.
En ce qui concerne - il y avait plusieurs questions - la raffinerie de
sucre, je crois que vous m'avez demandé quelles études nous
avions faites ou que le ministère des Finances avait fait faire pour
évaluer, d'une part, la situation générale du sucre et
pour évaluer, d'autre part, le plan d'action que le ministre de
l'Agriculture nous avait proposé.
M. Garon: Je n'ai pas demandé...
M. Fortien Vous ne voulez pas avoir l'information? Ce n'est pas
l'information que vous voulez avoir?
M. Garon: Non, non, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Lévis.
M. Garon: J'ai posé un nombre de questions limité
parce que je voulais, justement, prendre une période de temps
limitée car il y a d'autres dossiers sur lesquels on voudrait avoir des
informations. J'ai déjà posé des questions cet
après-midi et je n'ai pas demandé cette information.
M. Fortier: J'essayais de vous donner honnêtement certaines
réponses, M. le député de Lévis.
M. Garon: Si vous voulez le dire, vous avez beau le dire, mais ne
dites pas des choses que je ne vous ai pas demandées. De la même
façon, ne dites pas que j'ai demandé des choses que je n'ai pas
demandées. Au sujet d'Unigesco - vous le demanderez à M. Bertin
Nadeau - j'ai refusé l'offre. J'ai demandé qu'on fasse une offre
comptant, si on voulait qu'on en parle, parce que c'était une offre sur
cinq ans.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, est-ce que vous
avez terminé votre intervention?
M. Fortier: J'ai tenté de répondre aux questions
que m'a posées le ministre, député de Lévis. Je
m'excuse, je l'appelle toujours "ministre" parce qu'il m'a tellement
impressionné quand j'étais dans l'Opposition. J'imagine que j'en
suis resté marqué, comme plusieurs de ses collègues,
d'ailleurs.
M. Garon: Pas assez longtemps, mais on garde le titre
longtemps.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
ministre?
M. Fortien Le député de Lévis vient de nous
dire qu'il avait exigé que le prix soit payé comptant. Donc, il
était d'accord avec le principe de vendre les actions de Provigo...
M. Garon: Non, non, non, non. J'ai dit: Si vous voulez que je
regarde le dossier, faites une offre comptant, pas une offre sur cinq ans. J'ai
dit: Je ne suis pas intéressé à regarder une offre sur
cinq ans.
M. Fortier: J'ai du mal à comprendre. Si l'ex-ministre de
l'Agriculture a insisté pour avoir une offre comptant, cela signifiait
qu'il était d'accord, en principe, pour vendre les actions de
Provigo.
M. Garon: Non, je n'ai pas insisté.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué à la Privatisation et M. le
député de Lévis, à l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Je n'ai pas insisté. Je n'ai même pas
insisté, je n'ai rien demandé.
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Lévis et M. le ministre, je
ne voudrais quand même pas que cela devienne une polémique entre
vous deux. Il y a ici des parlementaires qui ont demandé un droit de
parole, dont la députée de Maisonneuve, le député
de Lafontaine, le député de Mille-Îles et le
député de Saint-Louis, de même que les
députés d'Ungava et de Jonquière. Il faudrait quand
même qu'on respecte les règles du droit parlementaire.
M. le ministre, voulez-vous conclure, s'il vous plaît?
M. Fortier: Dans un esprit de collaboration, M. le
Président, je vais terminer là mes propos. Je crois que la
dernière question visait à savoir quelles étaient les
sociétés d'État qui étaient à privatiser. Je
l'ai indiqué au début, nous allons étudier toutes et
chacune des sociétés d'État à caractères
commercial et industriel, è l'exception d'Hydro-Québec et de
Loto-Québec. À la suite de l'étude de la phase I, nous
statuerons sur notre désir de privatiser ou de réorienter les
sociétés d'État comme telles. Merci, M. le
Président.
Gestion interne et soutien
Le Président (M. Lemieux): Je vais appeler le programme
pour permettre au député de Lévis de retrouver son droit
de parole. J'appelle le programme 5, Gestion interne et soutien.
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président, D'abord des remarques
d'ordre général et, par la suite, j'aimerais examiner avec le
ministre son projet de privatisation ou la démarche qu'il entend prendre
dans la privatisation de Quebecair.
Des remarques d'ordre général, d'abord, sur ce document
intitulé "Orientations et perspectives" auquel il se
réfère constamment, qui est le document de base que nous avons
examiné, je pense, dans l'étude des orientations du ministre et
qui sert de toile de fond à ce projet de privatisation. (21 h 45)
Nous retrouvons abondamment dans ce document, de façon positive,
des références à l'expérience du Royaume-Uni. On
peut lire fréquemment dans le document, des affirmations comme
celles-ci, à la page 14: "Le Royaume-Uni est reconnu comme le leader en
cette matière" ou encore "l'expérience du
Royaume-Uni est une source d'information considérable".
D'ailleurs, en annexe, on retrouve un chapitre qui s'intitule, "Sommaire des
expériences britannique et canadienne de privatisation". On le retrouve
dans l'introduction, à la page 13. C'est utilisé par le ministre
comme une référence extrêmement importante.
J'ai l'intention, ce soir, de lui remettre une étude
réalisée par un journal qu'il doit certainement bien
connaître, le Monde diplomatique, du mois de mars 1986 - c'est quand
même très récent - qui s'intitule, "Le
néo-libéralisme à l'épreuve des faits. Les
déboires de Mme Thatcher". On peut y lire notamment ceci...
M. Gobé: M. le Président, question de
règlement.
Mme Harel: ..."Les résultats sont là: doublement du
nombre de chômeurs..."
M. Gobé: Sur la pertinence. Mme la députée
de.»
Mme Harel: Je m'excuse, M. le Président, vous le savez
très bien, je suis pertinente. C'est un document...
M. Gobé: Elle lit le Monde...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! M. le
député de Lafontaine.
M. Gobé: On est en commission parlementaire.
Le Président (M. Lemieux): Va-t-il falloir que je vous
écrive un tome sur la règle de la pertinence?
M. Gobé: Soyons raisonnables.
Mme Harel: À ce moment-là, M. le
député de Lafontaine...
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer, Mme la
députée.
M. Gobé: On n'est pas là pour lire le Monde, on
peut l'avoir chez nous.
Mme Harel: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, M. le député de Lafontaine...
M. Gobé: Elle nous fait la lecture des journaux.
M. Desbiens: Vous pourriez le lire chez vous.
M. Gobé: C'est cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc, s'il vous plaît!
M. Garon: Allez le lire chez vous. M. Gobé: Merci, M.
Garon.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi, M. le député de Dubuc, M. le député de
Lafontaine principalement. Continuez, Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Je vais vous dire, M. le député de
Lafontaine...
M. Gobé: Pourquoi pas l'Humanité?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, à l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Harel: ...si cela ne vous intéresse pas, vous, cela
doit intéresser certainement des membres de la commission qui ont lu ce
document qui continuellement se réfère à
l'expérience du Royaume-Uni comme étant une expérience
à laquelle le Québec, la société
québécoise est invitée à se référer.
Je veux vous citer ce que d'autres considèrent comme étant les
résultats de cette expérience. Ils sont les suivants: "Doublement
du nombre de chômeurs, progression des dépenses publiques,
démantèlement des collectivités territoriales, mise au pas
des syndicats, déficit de la balance commerciale, taux de croissance
inférieur à celui des autres pays européens,
déstabilisation de la base industrielle par le jeu des privatisations
sauvages", dit-on.
Une voix: C'est cela.
Mme Harel: Et c'est vers ce modèle qu'on invite la
société québécoise à se tourner pour
procéder à ce que le ministre nous invite à faire,
c'est-à-dire mettre à jour la structure industrielle du
Québec.
Je termine toujours par cette citation que l'on retrouve dans le texte
et je pense qu'elle est assez éloquente. Elle parle d'elle-même.
On dit ceci: "Or, la chute des industries manufacturières est
préoccupante après sept années de régime de
dénationalisation non seulement du point de vue de l'emploi, mais aussi
pour les grands équilibres. Symbole par excellence du déclin
britannique, la balance commerciale des produits manufacturés accusait
en 1984 un déficit de plus de 6 000 000 000 de livres." Une
dernière citation: "II est vrai qu'aujourd'hui la progression semble
avoir repris, mais à y regarder de plus près, on
s'aperçoit qu'elle ne concerne qu'une partie
de la population tandis que la forte minorité des laissés
pour compte grossit chaque jour. Le gouvernement se targue d'entrer dans la
sixième année consécutive de croissance, mais c'est au
taux moyen le plus bas de l'OCDE. Pour beaucoup d'interlocuteurs
rencontrés ces dernières semaines, la libération
prônée par Mme Thatcher n'a été que celle des
appétits des plus rapaces."
Vous comprendrez que j'aimerais connaître le point de vue du
ministre délégué à la Privatisation sur cette
évaluation des résultats de l'expérience menée qui,
évidemment, le moins qu'on puisse dire, ne coïncide pas avec les
résultats que lui...
M. Garon: C'est son modèle.
Mme Harel: ...considère devoir nous proposer dans ce
document "Orientations et perspectives".
M. Garon: C'est un modèle anglais.
Mme Harels D'autre part, M. le ministre, toujours une remarque d'ordre
général...
M. Garon: Quelle perspective! Mme Harel: M. le
député de Lévis. Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Garon: Je pense que je ne peux pas m'empêcher de sourire
au modèle anglais du ministre.
Mme Harel: M. le ministre délégué à
la Privatisation, je dois vous dire, comme autre remarque d'ordre
général, que j'ai été surprise, en lisant ce
document, de me rendre compte que vous considériez que
l'entrepreneurship et l'initiative individuelle n'étaient possibles que
dans le cadre du secteur privé. Je me suis dit qu'il s'agissait sans
doute là d'une confusion - j'espère qu'elle n'est pas entretenue
- qui était à peu près de l'ordre de celle qui a
été faite dans la population lorsque, par une campagne habilement
menée de marketing, la compagnie Frigidaire a réussi à
confondre le réfrigérateur avec la marque.
Je pense qu'il ne faudrait pas confondre l'entrepreneurship avec
l'entreprise privée. Je pense qu'il faut souhaiter, comme
Québécois, que l'esprit d'entreprise et que l'entrepreneurship
soient le fait des entreprises publiques, coopératives, communautaires,
comme de l'entreprise privée. Je pense qu'il faut souhaiter que
l'entrepreneurship et l'initiative individuelle soient aussi le fait au sein
même de la fonction publique.
Dans une large mesure, j'ai trouvé cela presque malsain qu'on
prétende d'une certaine façon que l'entrepreneurship et
l'initiative privée ne seraient possibles qu'avec l'accréditation
de l'entreprise privée. Ce sont des remarques d'ordre
générai qui, à mon point de vue, valent une fois la
lecture du document fait.
D'autre part, j'aimerais aborder avec vous la question de la
démarche. On la retrouve, je pense, à la page 41. Vous nous dites
que pour tout processus de réorientation et de privatisation vous
entendez confier à un comité conjoint, je dirai, l'amorce du
processus lui-même. Je pense qu'on peut même lire que le processus
de privatisation s'amorce par la formation d'un comité conjoint.
Alors, j'aimerais savoir, dans le cas de Quebecair, où en est la
formation de ce comité conjoint. Quelle en est la composition? Je crois
comprendre que ce comité conjoint est mis en place avant même
que... Dès que cela lui est soumis par le ministre, le CMPDE approuve la
mise en place d'un comité conjoint et le processus débute avec la
mise en place d'un comité conjoint. Je veux donc ce soir connaître
où en est le processus eu égard à Quebecair.
Également, M. le ministre, je pense que vous faites valoir qu'il
en va du droit du public à l'information et que vous entendez
procéder avec des règles strictes, mais qui seront
également connues. Et vous faites valoir à plusieurs occasions
que les expériences qui se sont déroulées à
l'étranger démontrent qu'elles doivent obtenir l'aval de
l'opinion publique pour être performantes. Je pense qu'il y a eu
multiplication des déclarations dans le cas de Quebecair. Cette semaine,
dans les journaux, on apprenait que la décision de privatisation
était presque finale. Tout au moins, le porte-parole du ministre des
Transports a même dit à un journaliste que la décision
était déjà prise. Mais il semble qu'elle ne le soit pas en
fait.
Il reste un élément extrêmement important. Je me
demande si vous avez actuellement en votre possession les états
financiers de Quebecair. Je crois que 'le ministre des Transports a en sa
possession les états financiers de Quebecair. Je vous demande, M. le
ministre, quand vous entendez déposer ces états financiers qui
sont complétés, qui ont été remis tout au moins au
ministre des Transports et qui, sans doute, vous ont également
été remis. J'imagine que c'est impensable d'acheter ou de faire
une offre quelconque sans avoir les derniers rapports financiers. On peut
croire raisonnable qu'il y ait un accès minimal aux livres de Quebecair
et je pense qu'on peut affirmer qu'il serait minimal que les états
financiers de Quebecair soient rendus publics.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: M. le Président, je crois que Mme la
députée de Maisonneuve a posé des questions très
pertinentes. Je dois dire qu'elle a été ma présidente de
commission pendant plusieurs mois. J'ai toujours eu avec elle une relation
très fructueuse et je la remercie de l'intérêt qu'elle
porte au document. Même si elle le critique, on voit qu'elle, au moins,
elle l'a lu et qu'elle pose des questions très intéressantes.
L'expérience britannique de
privatisation
Je ne crois pas que le document porte un jugement sur la politique
générale de développement économique du
Royaume-Uni. Pour avoir été à Londres, aux Nations Unies
au mois d'avril l'an dernier, j'ai constaté, comme elle l'a fait, une
situation qui, à plusieurs égards, en ce qui concerne la
création d'emplois et les investissements en particulier, est loin de
l'idéal que tout gouvernement doit se fixer. Lorsque, dans le document,
je dis que cela peut être un exemple à suivre, je ne parle pas de
la politique globale qui est poursuivie par le gouvernement de Mme Thatcher
pour le développement économique comme tel; je parle d'une
façon plus précise de la politique de privatisation et j'aimerais
m'expliquer là-dessus.
Je ne crois pas qu'il m'appartient d'approuver ou de condamner la
politique de développement économique globale poursuivie par le
gouvernement de Mme Thatcher. On va laisser cela aux politiciens britanniques.
Mais je constate, comme elle, qu'il y a au Royaume-Uni des difficultés
réelles quant à la création d'emplois, quant aux
investissements et, semble-t-il, malgré le fait que le gouvernement a
encaissé des milliards de livres sterling à la suite de la
privatisation, il n'y a pas eu l'équivalent d'injecté dans
l'économie britannique. C'est la raison pour laquelle je voulais faire
cette distinction.
Quand on parle de l'expérience britannique, on ne parle pas de la
question économique dans son ensemble. On parle plus
précisément de la politique poursuivie en ce qui concerne la
privatisation. J'aimerais dire à ce sujet-là que, d'une part -
c'est ce qui nous intéressait, lorsque nous sommes allés
là - quand on dit que ce sont des leaders, c'est en ce qui concerne le
processus comme tel, il y a peu d'exemples au monde. Cela fait quelques mois
seulement que je suis impliqué dans ce processus moi-même, mais je
dois vous dire qu'il s'agit d'un processus extrêmement laborieux, qui a
des implications financières, économiques, sociales et
régionales de toutes sortes, qui implique plusieurs ministères
à la fois, qui implique la collaboration de plusieurs intervenants.
Comme les représentants britanniques me l'avaient dit, il est beaucoup
plus facile de nationaliser que de privatiser parce que, lorsque vous
nationalisez, vous pouvez adopter une loi et acheter d'autorité une
organisation qui existe sans l'autorisation du propriétaire de cette
entreprise. Lorsque vous privatisez, vous devez le faire dans le meilleur
intérêt public. Il faut qu'il y ait un vendeur, bien sûr,
qui est le gouvernement, mais il faut également qu'il y ait un acheteur
et il faut que les employés se retrouvent à l'intérieur de
tout cela.
Donc, le programme de privatisation, quel qu'il soit, dans quelque pays
que ce soit, est un processus très complexe et, lorsque je dis que le
programme du Royaume-Uni est un programme à étudier, en ce qui
concerne le processus en particulier, pour nous, en tout cas, cela a
été révélateur de comprendre quelle était la
façon qui avait été mise sur pied pour le réaliser,
comment il était poursuivi, quelle était la responsabilité
des ministres de tutelle par rapport au Conseil du trésor qui, en
Grande-Bretagne, est responsable du programme de privatisation, et de quelle
façon le ministre de tutelle et le ministère des Finances et son
Conseil du trésor, le chancelier de l'Échiquier, qui sont
regroupés dans la même organisation, travaillent ensemble. En ce
qui concerne le processus, c'est certainement une expérience pilote
qu'il vaut la peine d'étudier.
En ce qui concerne les réalisations, j'aimerais indiquer que, sur
quinze sociétés d'État qui ont été
privatisées, au moins une dizaine, à la suite de cette
privatisation, ont vu leur chiffre d'affaires augmenter d'une façon
considérable, et vous avez, à l'annexe 2, à la page 67,
une liste des sociétés qui ont été
privatisées. Je n'ai pas le détail ici. Si cela intéresse
la députée de Maisonneuve, je pourrai lui faire parvenir un
document que j'ai remis à M. Bourassa lorsque je suis revenu
d'Angleterre et qui fait état de la performance des
sociétés d'État qui ont été
privatisées. Vous allez constater, Mme la députée de
Maisonneuve, que les faits sont là, que la performance financière
et économique des sociétés qui ont été
privatisées a augmenté de beaucoup et, quelquefois, cela a
doublé et même triplé. (22 heures)
On peut prendre l'exemple, entre autres, d'une société qui
a été vendue en très grande partie à ses
employés... Oui, British Telecom a été vendue aux
employés, mais je pensais à National Freight. À la suite
de cette privatisation qui s'est faite par la participation des
employés, la performance économique a changé du jour au
lendemain.
Quand je parle d'expérience pilote, je fais allusion au processus
lui-même. Je fais également référence à la
performance des compagnies individuelles comme telles qui
ont eu des performances accrues. Je ne fais pas allusion à la
macro-économie et à l'impact que cela pourrait avoir dans
l'avenir. Je fais allusion à l'impact sur chacune des
sociétés en particulier.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Maisonneuve.
M. Fortier: Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le ministre, je
croyais que vous aviez terminé.
M. Fortien Non. En ce qui concerne l'entrepreneurship, nous y faisons
allusion dans le document. Noua expliquons en particulier qu'il y a des motifs
historiques au Québec qui expliquent la création d'un très
grand nombre de sociétés d'État dans les années
soixante. Entre autres, nous faisons présentement une comparaison entre
le Québec et l'Ontario. Il est évident que, durant les
années soixante - c'était un gouvernement libéral è
l'époque - le gouvernement libéral du temps, sous Jean Lesage, a
créé de nombreuses sociétés d'État pour
permettre aux Québécois de se prendre en main et pour permettre
à des francophones d'accéder à des postes de commande qui
leur étaient refusés dans le secteur privé anglophone.
Cela, nous ne le nions pas. Ce que nous disons, et vous n'avez qu'à lire
les journaux, c'est que de plus en plus, au Québec, il y a des
Québécois francophones qui veulent se prendre en main et qui
disent à l'État: Donnez-nous la chance de faire des choses. De
fait, la vente du bloc d'actions à Unigesco allait dans cette
lancée. M. Bertin Nadeau a mis sur pied un organisme dont plusieurs
vantent les mérites. On voit là des francophones qui se sont dit:
On peut prendre le contrôle de Provigo; on est capable de faire des
choses, on peut exercer un contrôle financier. On peut parler de Pierre
Lortie, chez Provigo même, mais on peut parler de plusieurs autres
sociétés. On s'aperçoit qu'il y a des francophones qui se
sont donné eux-mêmes les moyens de faire des choses, ce qui
n'existait pas dans les années soixante.
Lorsqu'on parle d'encourager cet entrepreneurship, nous prenons acte du
fait qu'il y a de nombreux hommes d'affaires francophones qui sont capables de
se prendre en main et nous croyons que, à ce stade-ci du
développement économique du Québec, nous devons encourager
cet entrepreneurship et lui permettre de se prendre en main.
Vous n'avez qu'à lire des études qui ont été
faites. En particulier, Roland Parenteau, professeur à l'École
des hautes études commerciales, a fait l'analyse de SIDBEC et il
démontre que les difficultés successives qu'elle a
éprouvées ont très souvent été
créées par les gouvernements. Ce n'était pas le fait des
dirigeants de cette société d'État en particulier. Il faut
en prendre acte, Mme la députée de Maisonneuve, qu'on le veuille
ou non, que ce soit un gouvernement péquiste ou libéral, peu
importe la façon dont le gouvernement dirige les sociétés
d'État, ce n'est pas toujours dans le meilleur intérêt de
ces sociétés qu'il intervient et il prend trop de temps pour
agir. Dans un climat d'ajustement face à une situation économique
qui va en se développant très rapidement devant la
compétitivité qui doit régner maintenant, et face aux
ajustements technologiques qui doivent se faire, malheureusement les
gouvernements ne sont pas ceux qui sont capables de s'ajuster le plus
rapidement possible et ils deviennent très rapidement une entrave au
développement économique de certaines sociétés
d'État. Cela n'est pas un jugement que je porte sur la qualité
des dirigeants à la tête de certaines sociétés
d'État, c'est plutôt un jugement que je porte sur le processus qui
entoure la direction des sociétés d'État.
Finalement, j'aimerais dire que même lorsque les
sociétés d'État se donnent un programme d'action dynamique
il arrive, et cela a été le fait - si le député de
Lévis veut me laisser parler - de SOQUIP, en particulier, dont la
direction a décidé à un moment donné qu'il
était dans le meilleur intérêt des Québécois
d'aller acheter des réserves de gaz en Alberta... Elle a voulu acheter
les réserves de Sundance Oil. Comme le gouvernement du Québec
n'avait pas les moyens, il a imposé è la direction de SOQUIP de
revendre la moitié des actifs de Sundance parce que, justement, le
gouvernement du Québec n'avait pas les moyens de soutenir le
développement économique de SOQUIP. Or, celle-ci a dû
malheureusement se départir de certains actifs qu'elle avait acquis de
façon à financer l'opération.
Nous en sommes à ce stade, Mme la députée de
Maisonneuve, c'est un fait. Mon collègue, le député de
Bonaventure, en a fait état publiquement lorsqu'il a parlé des
finances publiques. Nous sommes rendus à un point où les finances
publiques sont tellement contraignantes que, non seulement l'État n'a
pas les moyens de tenir à bout de bras des canards boiteux, même
dans les cas où les sociétés d'État se donnent des
programmes d'action très positive, mais l'État
québécois n'a plus les moyens d'investir les capitaux qui
permettraient à ces sociétés d'État de se
développer. En conséquence, nous devons trouver d'autres moyens,
comme nous allons le faire, je l'espère, dans le cas de SOQUEM, qui vont
permettre aux Québécois d'injecter des fonds dans le
développement économique du Québec, non pas par le biais
des taxes comme cela se faisait durant la révolution tranquille, mais
par le biais d'achat d'actions dans des sociétés
québécoises qui, elles, vont se développer et
prendre la relève du gouvernement et des contribuables en
particulier.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
ministre? Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le ministre, j'attends votre réponse
concernant Quebecair.
Quebecair
M. Fortier: Quebecair! En ce qui concerne Quebecair, vous avez
très bien saisi, Mme la députée de Maisonneuve, que nous
procédons en deux phases et que la première phase est
commencée è la suite d'une recommandation que nous faisons CMPDE.
Ceci a été fait dans quelques cas. Ce n'est qu'une méthode
de vérification pour s'assurer que le ministre
délégué à la Privatisation, le ministre de tutelle
et les ministres responsables du développement économique soient
d'accord lorsqu'on commence l'étude d'une société
d'État en particulier. Dans le cas de Quebecair, nous l'avons fait
dès le début de janvier. Le comité conjoint est
formé, à sa plus simple expression, du ministre de tutelle qui
est, dans le cas de Quebecair, le ministre des Transports et de votre humble
serviteur, le ministre délégué à la Privatisation.
Cela forme le comité conjoint. Bien sûr, chacun de ces ministres
de tutelle est accompagné de son sous-ministre. Dans mon cas c'est le
sous-ministre associé responsable de la direction des
sociétés d'État. Les ministres et les sous-ministres sont
accompagnés d'experts. Très souvent, ce sont des experts du
ministère et quelquefois ce sont des experts que nous allons chercher
à l'extérieur. Mais, quand on dit qu'il y a un comité
conjoint, c'est les deux ministres qui décident d'agir conjointement
dans un processus complexe, de façon à avoir le
bénéfice, d'une part, de l'expertise qui est propre aux
ministères de tutelle - cela a été le cas du
ministère de l'Agriculture dans le cas de la raffinerie de sucre. Dans
le cas de Quebecair, c'est le ministère des Transports - et le
bénéfice de l'expertise financière du ministère des
Finances qui est représenté par les deux hauts fonctionnaires qui
sont avec moi aujourd'hui. Nous avons donc procédé à
l'analyse des options stratégiques durant les mois de janvier,
février et début mars. Nous avons engagé des consultants
extérieurs. Nous avons eu des rapports. Cela nous a permis de
connaître très précisément la situation
financière de Quebecair, de connaître la valeur des actifs, la
valeur des avions, la position de Quebecair face à la
déréglementation, les dangers de la
déréglementation, les possibilités de négociations
face à telle ou telle compagnie. Somme toute, cette première
phase nous a permis de nous bâtir un dossier qui devrait nous permettre
de négocier avec une connaissance des faits et des chiffres et nous
permettre de maximiser la position du gouvernement du Québec.
Nous sommes allés, comme la procédure nous l'impose, au
CMPDE pour faire connaître les résultats de nos études.
Ceci nous a amenés au Conseil des ministres et c'est la raison pour
laquelle mon collègue, le ministre des Transports, le
député de Charlesbourg, annonçait, la semaine
dernière, que nous avions passé cette étape et que nous
étions rendus dans cette deuxième étape où nous
pouvons nous asseoir et négocier avec les personnes et les compagnies
qui nous ont indiqué leur intérêt. C'est là que nous
en sommes présentement, Mme la députée de Maisonneuve.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Et la question que je vous posais concernant le
dépôt des états financiers de Quebecair. Si vous en
êtes rendu à cette étape de négocier, comme vous le
dites M. le ministre, avec d'éventuels acheteurs, c'est que ceux-ci ont
accès aux livres de Quebecair, aux informations qui leur permettent
d'avoir la vue la plus exacte possible de la situation. Je pense que c'est dans
l'intérêt publie que soient déposés incessamment les
états financiers de Quebecair.
M. Fortier: C'est assez amusant que vous me posiez la question,
Mme la députée. Je vous ferais remarquer que, pendant très
longtemps, lorsque nous étions dans l'Opposition, nous avons
demandé à plusieurs reprises au ministre des Transports de
déposer les états financiers de Quebecair. Nous ne les avons
jamais eus. C'est assez amusant, maintenant que vous êtes dans
l'Opposition, que vous nous demandiez de déposer les états
financiers de Quebecair. Comme la loi le dit, Quebecair est
possédée par la Société québécoise
des transports et le ministre de tutelle a déposé les
états financiers de la Société québécoise
des transports, qui est le holding responsable de Quebecair et d'autres actifs,
et que la loi nous impose de ne déposer... C'est ce qu'a fait le
ministre des Transports la semaine dernière, c'est-à-dire qu'il a
déposé les états financiers de la Société
québécoise des transports. On m'informe qu'au moment où on
se parle les vérificateurs sont en train de terminer l'étude des
états financiers de Quebecair. Malheureusement, je pourrais
vérifier davantage, mais, au moment où on se parle, je ne crois
pas que nous ayons reçu les états financiers
vérifiés de Quebecair, du moins pour l'année qui s'est
terminée le 31 décembre dernier.
Mme Harel: Les états financiers déposés de
la Société québécoise des transports l'ont
été pour l'année 1984.
M. Fortier: Oui, il y a eu des...
Mme Harel: II faut voir que, dans un processus comme celui que
vous amorcez, il est d'autant plus important pour l'ensemble de l'opinion
publique d'avoir toutes les informations à sa disposition pour se faire
une opinion quant à l'éventuelle offre d'achat qui sera faite.
D'autre part, M. le ministre, je sais qu'il reste peu de temps et qu'il y a
beaucoup d'autres de mes collègues qui veulent vous interroger. Je dois
donc comprendre qu'il y a négociation présentement avec
d'éventuels acquéreurs et qu'il y a donc... Vous avez fait dans
cette phase I l'étude approfondie, dites-vous, de la situation
d'ensemble. Il y a donc des conditions d'acquisition qui, certainement, ont
été élaborées de façon à permettre
une négociation appropriée avec d'éventuels
acquéreurs de façon à distraire ceux qui ne pourraient
respecter les conditions d'acquisition pour ne faire perdre de temps à
personne. Ces conditions d'acquisition, quand seront-elles connnues?
M. Fortier: M. le Président, très rapidement, parce
que d'autres collègues veulent poser des questions. Vous me posez la
question du dépôt des états financiers. En ce qui concerne
la Société québécoise des transports, je devrais
vous dire qu'on les a déposés aussi rapidement que l'ex-ministre
de l'Agriculture déposait ses états financiers de la raffinerie
de sucre. Je crois qu'on a été plus rapide que lui.
En ce qui concerne la situation de Quebecair, vous la connaissez. Je
crois que le ministre de tutelle y a fait allusion. Je peux vous dire qu'en
1983 la perte a été de 16 000 000 $; en 1984, la perte de
Quebecair a été de 4 000 000 $ et, en 1985, le ministre de
tutelle a indiqué que la perte avait été de 8 500 000 $.
Tout le monde sait que la situation de Quebecair est déficitaire. On
peut dire que les possibilités d'aller dans une direction où
Quebecair, si elle restait telle quelle, serait profitable sont certainement
difficiles à prévoir. Je crois que c'est la raison pour laquelle
le gouvernement dont vous faisiez partie, Mme la députée, avait
autorisé Quebecair à tenter de faire une fusion avec Nordair
puisque les indications étaient très claires qu'une fusion
Nordair-Quebecair permettrait à la compagnie fusionnée
d'être plus en mesure de faire face à la compétition qu'en
restant seule. Cette situation, qui était la vôtre, est
également la nôtre, mais je croîs que nous sommes dans une
situation encore plus près du moment de vérité puisque la
déréglementation est arrivée. Certaines des
sociétés qui avaient parlé de venir sur le marché
fonctionnent présentement, comme Nordair Metro. La concurrence qui
était prévisible il y a deux ans est présente parmi nous.
La situation de Quebecair est, somme toute, difficile à prévoir.
La rentabilité de Quebecair, je ne dis pas qu'elle est impossible, mais
elle est certainement plus dure è réaliser que cela aurait pu
être le cas si la fusion de Nordair et Quebecair s'était
réalisée.
Mme Harel: Vous conviendrez, M. le ministre, que plusieurs
sociétés ont connu des difficultés et je pense, entre
autres, à Air Canada. De toute façon, je pense qu'il nous faudra
tôt ou tard, dans un autre lieu sans doute, connaître ces
conditions d'acquisition. (22 h 15)
M. Fortier: Les conditions, oui, je reviens là-dessus
parce que ce que je vous ai dit ce soir, M. le Président, lorsque je
vous ai parlé des étapes et que je vous ai dit qu'on
négociait, c'est exactement ce que le premier ministre a affirmé
la semaine dernière et ce que le ministre des Transports a
affirmé en Chambre. Je ne vous dis rien que vous ne sachiez
déjà. Je ne voudrais pas que vous croyiez que je vous apporte des
informations toutes fraîches. Quel est le commentaire que vous faisiez?
J'ai perdu...
Mme Harel: Je vous dis qu'on va devoir insister à un
moment donné, peut-être pas ce soir, parce qu'il va nous falloir
connaître les conditions d'acquisition.
M. Fortier: Les conditions ont été...
Mme Harel: Quelles sont les conditions en deçà
desquelles vous jugez que la privatisation n'est pas acceptable?
M. Fortien Les conditions, le ministre des Transports vous les a fait
connaître, Mme la députée, en réponse à une
question que vous lui avez posée. Ce sont les objectifs importants que
nous poursuivons en ce qui concerne le service aux régions, en ce qui
concerne la permanence de l'établissement qui oeuvrera au Québec,
et pour assurer des emplois aux employés de Quebecair. Ces objectifs, le
premier ministre du Québec les a fait connaître au début de
janvier. M. le ministre des Transports vous les a fait connaître en
réponse à une question que vous lui avez posée. Cela
demeure les objectifs que nous poursuivons face aux négociations que
nous entreprenons présentement.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, pour conclure, ici on peut
poser toutes les
questions, mais on n'a pas encore obtenu les réponses.
M. Fortier: Mme la députée, si vous croyez que nous
allons dire publiquement quelle est notre marge de négociation pour
faire connaître, à ceux qui seraient intéressés
à acheter, nos points forts et nos points faibles, je crois que vous
admettrez avec moi que ce ne serait pas d'intérêt public de vous
donner notre position de négociation pour l'affaiblir. Je crois que vous
êtes trop responsable pour cela. Ce serait irresponsable de notre part de
vous donner une information qui, le lendemain matin, se retrouverait dans les
journaux et irait sur la table de ceux qui préparent leur offre ou qui
sont en train de négocier avec nous présentement. Je crois que
nous donnons le maximum d'informations qui puisse vous indiquer l'objectif que
nous poursuivons et les critères qui sont les nôtres dans la
poursuite de cet objectif.
M. Garon: ...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis. Je vous remercie, M. le ministre
délégué à la Privatisation. M. le
député de Lafontaine, s'il vous plaît!
M. Gobé: Merci, M. le Président. Avant de poser ma
question au ministre, j'aimerais faire une petite mise au point. Lors de ma
précédente intervention, lorsque j'ai dit: On lit le journal chez
nous, le député de Lévis m'a dit: On va te payer le billet
d'avion. Je trouve que c'est un peu raciste comme approche, M. le
député de Lévis. Je n'en ai pas fait une question de
privilège, mais j'aimerais vous dire que si, moi, c'est un billet
d'avion, vous, la population, c'est un coup de pied dans le cul qu'elle vous a
donné, le 2 décembre, pour rentrer chez vous.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, s'il voua plaît!
M. Garon: Je ne me suis pas senti visé.
M. Gobé: Je ne trouve pas cela tout à votre honneur
parce que je suis un Québécois comme vous et je suis un citoyen
canadien, M. le député de Lévis. Cela démontre
très bien le racisme de votre parti. C'est une attitude xénophobe
qu'on retrouve quand cela ne fait pas votre affaire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine.
M. Garon: Je voudrais faire une mise au point, M. le
Président.
M. Gobé: Vous l'avez dit, M. le député de
Lévis. On va faire sortir les galées.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, il reste exactement douze minutes. Sur le temps que nous avions
pour étudier ces crédits, 108 minutes en principe, si je devais
m'en tenir à ce que l'Opposition me demande, devraient lui être
allouées, 12 minutes devraient être allouées aux
députés ministériels, y compris le temps de réponse
du ministre, ce qui voudrait donc dire que les députés
ministériels auraient très peu ou pas du tout le droit de parole
en commission parlementaire.
M. Garon: On pourrait mettre toutes les heures ensemble.
Le Président (M. Lemieux): En conséquence, je tiens compte
de la réforme des commissions parlementaires, de leur autonomie et du
droit de chacun des parlementaires à pouvoir s'exprimer; aucune
question, si ce n'est la courte intervention du député de
Lafontaine, n'a été posée au ministre
délégué à la Privatisation.
M. le député de Mille-Iles, vous aviez demandé la
parole pour une question. Ensuite, ce sera au député d'Ungava
à prendre la parole.
M. le député de Lafontaine, s'il vous plaît! Vous
avez fait une mise en garde. Ce n'était pas une question. Si vous aviez
une question tout à l'heure, je pense que vous n'aviez qu'à la
poser. J'ai maintenant reconnu le député de Mille-Îles et
je me dois de lui demander de s'exprimer. M. le député de
Mille-Îles.
M. Gobé: On ne peut pas bâillonner un
député.
Le Président (M. Lemieux): II ne s'agit pas de
bâillonner...
M. Gobé: Avant de poser ma question, c'était une
mise au point préliminaire. Permettez-moi au moins de poser ma question
au ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, je suis prêt è regarder les galées. Vous avez
effectivement demandé la parole et vous avez dit: J'aurais dû
soulever une question de privilège. Cette question de privilège
n'a pas été soulevée. Vous avez fait une remarque au
député de Lévis et j'invite maintenant le
député de Mille-Îles à prendre la parole.
M. Béltsle: M. le ministre délégué
à la Privatisation, bien entendu, je pense que c'est une vue totalement
partielle de la situation lorsqu'on se fie à certains journaux pour
analyser la macro-économie d'une
société. Il y a de nombreux facteurs: la balance des
paiements, le niveau des investissements, le niveau des épargnes en
Angleterre, le pétrole de la mer du Nord et tout le reste. Ce qui
m'intéresse surtout, c'est le tableau 27, M. le ministre
délégué. Je vois que ce sont les années 1984 et
1985 qui nous sont données dans la comptabilisation de l'avoir du
gouvernement. Les deux dernières colonnes de la page 27: 31 mars 1984, 1
023 564 000 $; 31 mars 1985, 747 000 000 $, diminution approximative de 25 % de
l'avoir en une seule année.
Bien entendu, sur deux années, cela ne donne pas un tableau qui
reflète une longue tendance, mais j'aimerais savoir de vous si vous
pouvez répondre à ma question. Est-ce que la tendance de
décroissance dans l'avoir et dans la valeur des investissements du
gouvernement, si on tient compte des années 1983, 1982 et 1981, est la
même et va vers un décroissement constant à un rythme
d'à peu près 25 % par année? C'est ma première
question.
Ma deuxième question concerne spécifiquement le tableau de
la page 60, où les deux canards boiteux les plus importants sont, bien
entendu SIDBEC avec un déficit net de 445 000 000 $ et la
Société nationale de l'amiante. Quel programme est tracé
pour ces deux sociétés d'État en termes de révision
et de mandat de comité?
M. Fortier: M. le Président, je crois qu'on ne peut pas
prétendre, en examinant à la page 27 le tableau sommaire
intitulé "Placements, surplus accumulés et avoir net du
gouvernement", qu'il y a une tendance comme le député de
Mille-Îles le souligne parce que quand on regarde l'avoir du gouvernement
on constate qu'il y a certaines sociétés d'État pour
lesquelles il y a eu de3 ajustements importants dans une année en
particulier. Lorsqu'on regarde l'avoir du gouvernement - je l'ai mis dans le
document -c'était plutôt pour indiquer la performance des
sociétés d'État sur une période de temps. Je crois
que cela ne serait pas honnête de conclure, comme il voudrait que je le
fasse peut-être, qu'à chaque année il va y avoir une perte
de 25 % de l'avoir du gouvernement.
Ce qu'on voulait indiquer par ce tableau, c'est que sur une
période de temps il y a eu des investissements faits par le gouvernement
et, comme le tableau l'indique, il y a un déficit accumulé de 918
000 000 $. C'est donc dire que, sur une période de temps, la performance
de ces sociétés d'État dans leur ensemble n'a pas
été fulgurante. Je crois qu'on doit au moins conclure cela. Donc,
ce n'est pas un jugement sur une année en particulier, mais sur une
période donnée. Je crois qu'en toute honnêteté,
lorsqu'on juge une entreprise, qu'elle soit privée ou publique, on doit
la juger sur une période de temps et non pas sur une année en
particulier.
M. Bélisle: M. le ministre, ce n'était pas mon
intention de vous faire conclure dans un sens ou dans l'autre, mais que ce que
j'avais bien compris, c'est que cela reflétait des ajustements d'une
certaine période. Je voulais vous le faire préciser pour bien
comprendre.
Ma deuxième question, M. le ministre.
SIDBEC et Société nationale de
l'amiante
M. Fortier: SIDBEC et SNA, je crois que c'était le sens de
votre question. Dans le cas de SIDBEC, nous n'avons pas institué de
comité conjoint. C'est donc dire qu'au moment où on se parle il
n'y a aucun comité de privatisation d'enclenché. Cependant, le
gouvernement précédent avait lui-même enclenché un
programme de rationalisation de SIDBEC et, à la suite de l'enclenchement
de ce programme, il y a eu, entre autres, une décision de prise
d'alléger le nombre de cadres à la direction de l'entreprise.
Certaines recommandations avaient été faites en ce qui concerne
la fermeture de certaines filiales ou certaines usines appartenant à
SIDBEC. En toute honnêteté, on doit dire que le gouvernement
précédent avait déjà pris certaines initiatives.
J'ai eu une conversation avec mon collègue, le ministre de l'Industrie
et du Commerce, qui m'a indiqué qu'il avait l'intention, dans un premier
temps, de demander à la direction de SIDBEC de poursuivre le programme
qui avait été mis sur pied par la direction de SIDBEC et qui
avait été proposé au gouvernement
précédent.
En ce qui concerne la Société nationale de l'amiante,
encore là, nous n'avons pas encore enclenché de programme de
privatisation. De fait, on ne peut pas prétendre que c'est une
société qui pourrait être "privatisable" dans le sens que
les déficits sont tellement considérables qu'on ne peut pas
prétendre qu'un acheteur sérieux pourrait nous offrir de l'argent
pour la totalité de la compagnie. Mais, lorsqu'on parle de la
Société nationale de l'amiante, on doit diviser les
activités en trois groupes: un premier groupe touche l'activité
minière, un deuxième groupe touche l'activité
manufacturière et le troisième volet touche la recherche et le
développement.
Le gouvernement se penche, je devrais plutôt dire le
ministère de l'Énergie et des Ressources se penche
présentement ou s'est penché activement sur ce dossier.
D'ailleurs, avant même que nous ne prenions le pouvoir, en ce qui
concerne le secteur minier, il y a eu la proposition de la formation d'une
société en commandite qui pourrait rationaliser les
opérations. Malheureusement, au moment où on se parle, on attend
toujours la
décision fiscale des deux niveaux de gouvernement, ou du
gouvernement fédéral, qui nous permettrait de mettre en branle la
société en commandite nous permettant d'espérer une
certaine rationalisation des mines dans le secteur de l'amiante, y inclus
Asbestos Corporation.
Dans le secteur manufacturier, il y a un nettoyage à faire parce
que plusieurs des filiales dans le secteur manufacturier perdent beaucoup
d'argent. On nous indique qu'en ce qui concerne l'une ou l'autre des filiales -
je crois qu'il y en a six ou sept - pour deux de ces filiales, il pourrait y
avoir des acheteurs. J'ai l'intention de parler prochainement au ministre de
l'Énergie et des Ressources pour que, conjointement, on puisse permettre
à ces sociétés de se développer puisque le
gouvernement du Québec n'a pas l'intention d'ajouter du capital-actions
dans ces filiales en particulier et certainement pas dans la... Tout ce que
nous faisons présentement, c'est de nous assurer de maintenir les
opérations.
En ce qui concerne la recherche et le développement, le
ministère de l'Énergie et des Ressources cherche à
rationaliser tout ce qui se fait dans ce secteur avec d'autres intervenants et
peut-être fusionner le travail qui est fait dans la recherche et le
développement pour permettre une meilleure rationalisation des
ressources humaines et des ressources financières.
En ce qui concerne l'ensemble de la Société nationale de
l'amiante, il s'agit d'un dossier et d'un héritage extrêmement
lourd, comme je l'ai indiqué, qui va exiger de nous que nous payions
à General Dynamics 176 000 000 $. Nous faisons l'impossible pour sauver
les meubles. C'est tout ce que je peux prétendre pour le moment.
M. Bélisle: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Ungava. Brièvement, M. le député d'Ungava.
M. Chagnon: M. le Président, je vous avais demandé
la parole avant.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, je m'excuse, j'avais reconnu M. le député d'Ungava.
Il reste deux minutes. Soyez très bref.
M. Claveau: Est-ce qu'on n'a pas commencé sept minutes en
retard?
Le Président (M. Lemieux): Nous avons un mandat de
l'Assemblée et, pour pouvoir proroger les travaux de cette commission,
je dois me conformer à l'article 144 des règles de
procédure qui dit: "Toute commission peut, du consentement unanime de
ses membres, modifier l'horaire de ses travaux pour siéger au
delà de l'heure prévue pour leur suspension ou pour leur
ajournement."
Est-ce qu'il y a consentement pour sept minutes? Est-ce qu'il y a
consentement pour sept minutes?
M. Gobé: M. le Président, malheureusement...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! Est-ce qu'il y a consentement pour sept minutes?
Mme Harel: Dans le dossier de la privatisation, qui est d'une
importance stratégique...
M. Garon: II faudra tenir compte à l'avenir de cela aussi,
que la commission a commencé en retard malgré l'entente, à
cause du parti ministériel qui n'était pas arrivé.
L'entente s'est faite avec les leaders et ce sont les membres du parti
ministériel qui n'étaient pas présents à l'heure,
alors que l'Opposition était ici.
M. Poulin: Ne parlez pas d'absence ou de présence à
l'heure en commission, vous n'êtes jamais présent è l'heure
en commission.
M. Garon: J'étais ici a l'heure précise. M.
Poulin: Ah! Ah!
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a consentement
pour que la commission proroge ses travaux? Il n'y a pas consentement, M. le
député d'Ungava, vous avez une minute pour poser votre
question.
M. Garon: Il avait deux heures.
M. Claveau: J'avais un certain nombre de questions par rapport
à l'annonce qui a été faite sur SOQUEM en date du 9 avril
dernier. Disons que ma question se résumera à ceci: De quelle
façon le ministre entend-il mettre sur le marché ou mettre en
vente les actifs de la nouvelle compagnie Cambior qui devrait être
formée à partir de quatre compagnies du domaine aurifère
et de la compagnie Niobec?
M. Fortier: En résumé, en quelques mots, j'en ai
parlé lors d'une conférence que j'ai faite à Sainte-Foy la
semaine dernière, le processus qui pourrait être suivi... Il faut
attendre encore la décision finale du Conseil des ministres qui sera
prise uniquement après que les experts financiers nous auront
démontré que le programme qui a été mis au point
peut se réaliser dans les conditions qui ont été
définies dans des documents préparés par SOQUEM, mais le
plan qui a été prévu par SOQUEM et que nous avons
adopté dans la majorité de ses dimensions va dans le sens
de transférer certaines mines que SOQUEM possède dans une
filiale et cette filiale sera privatisée par le biais de
l'émission d'actions pour un montant allant de 100 000 000 $ à
150 000 000 $.
M. Claveau: Est-ce que le ministre pourrait expliquer, pour le
bénéfice de la commission, s'il vous plaît, pourquoi les
mines Seleine ont été...
Adoption des crédits
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Ungava, je m'excuse, il n'y a pas eu de consentement et je dois
procéder à l'adoption des programmes. Est-ce que le programme 5,
Gestion interne et soutien, est adopté?
M. Garon: Vote sur appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le greffier, s'il vous
plaît!
M. Garon: II n'y a pas de consentement.
Le Président (M. Lemieux): Il n'y a pas consentemente pour
proroger. Vote sur appel nominal, M. le greffier.
Le Secrétaire: M. Bélisle (Mille-Îles)?
M. Bélisle: Pour.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicou-timi)?
Mme Blackburn: Contre.
Le Secrétaire: M. Brouillette (Champlain)?
M. Brouillette: Pour.
Le Secrétaire: M. Chagnon (Saint-Louis)?
M. Chagnon: Pour.
Le Secrétaire: M. Després (Limoilou)?
M. Després: Pour.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Secrétaire: M. Gobé (Lafontaine)?
M. Gobé: Pour.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)? Le Président
(M. Lemieux): Abstention. Le Secrétaire: M. Poulin
(Chauveau)? M. Poulin: Pour.
Le Secrétaire: M. Séguin (Montmorency)?
M. Séguin: Pour.
Le Président (M. Lemieux): Le résultat de l'appel
nominal: pour: 7; contre: 3; abstentions: 1.
Le programme 5, Gestion interne et soutien, est adopté.
L'ensemble des crédits budgétaires du ministère de3
Finances pour l'année 1986-1987 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division. La
commission ajourne ses travaux sine die. Merci de votre collaboration, M. le
ministre.
(Fin de la séance à 22 h 32)