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(Quinze heures vingt minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration
commence ses travaux.
Le présent mandat de la commission est le suivant. Cette
séance de la commission a pour objet de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 135, Loi modifiant la
Loi sur les allocations familiales et la Loi sur les impôts. M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: On ne m'a informé d'aucun
remplacement, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Comme il n'y a aucun
remplacement, est-ce qu'il y aurait de la part des membres du parti
ministériel ou de l'Opposition... M. le ministre, est-ce que vous avez
des remarques préliminaires à formuler relativement au projet de
loi 135?
Remarques préliminaires M, Michel
Gratton
M. Gratton: M. le Président, comme on le sait, le principe
de ce projet de loi a été adopté hier, je crois, à
l'Assemblée nationale. Donc, il m'apparaît non indiqué de
reprendre les propos que nous avons tenus hier à l'Assemblée
nationale. Essentiellement, il est important d'adopter ce projet de loi avant
le 31 décembre parce que, autrement, les bénéficiaires
d'allocations familiales du Québec risqueraient de voir celles-ci
taxables et taxées par le gouvernement fédéral. En plus,
les familles de quatre enfants ou plus se verraient également dans la
situation, pour plusieurs d'entre elles, de devoir rembourser lesdites
allocations familiales, c'est-à-dire de les ajouter à
l'impôt à payer au moment de la production de leurs rapports
d'impôt pour l'année 1986. Donc, il nous apparaît non
seulement important, mais urgent de procéder à l'adoption de ce
projet de loi 135 dans toutes ses étapes. Je sais, pour avoir entendu
les membres de l'Opposition indiquer leur appui, qu'ils ont d'ailleurs
voté pour l'adoption du principe à l'Assemblée nationale.
Je suis sûr que nous pouvons compter sur leur collaboration pour faire en
sorte que les contribuables québécois, ceux qui sont
affectés, puissent bénéficier de cette somme de quelque 40
000 000 $ qui ne leur sera pas exigée, soit sous forme d'impôt
fédéral, soit sous forme de remboursement des allocations
familiales au gouvernement du Québec.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre du Revenu. Est-ce qu'il y a d'autres membres de cette commission qui
désirent formuler des remarques d'ordre général? M. le
député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Nous avons eu l'occasion, hier, de discuter de
l'adoption du principe de ce projet de loi en deuxième lecture, projet
de loi auquel on concourt mais qui mérite tout de même qu'on dise
ou redise certains principes ou certains points de vue que nous avons
exprimés. La commission parlementaire, c'est aussi l'occasion
privilégiée pour l'Opposition comme pour le parti au pouvoir,
d'exprimer certaines remarques sur ce projet de loi. Comme je l'ai dit hier -
et je pense que c'est bon de le répéter - une correction ou un
correctif est apporté par ce projet de loi. Il est bonifié,
puisque cela a pour effet de protéger un groupe de citoyens: des
citoyens qui ont des allocations familiales pour assurer un revenu sur lequel
ils peuvent compter. Cela n'est pas une politique familiale, mais cela peut
s'inscrire comme étant une démarche afin d'assurer une meilleure
sécurité aux familles, que ce soit une famille monoparentale ou
une famille, comme telle, du couple.
Donc, le gouvernement, à la suite de l'adoption du rapport
Duhaime du printemps dernier, veut apporter un correctif aux allocations
familiales ou à la façon de distribuer les allocations
familiales. Hier, un député m'a demandé si c'était
aussi facile. Il faut bien penser que c'est juste une mécanique qu'on
installe, ce n'est pas une sortie de fonds directement du gouvernement du
Québec vers les individus. C'est pour empêcher, justement, le
fédéral de venir chercher ou de taxer ces montants qui sont
accordés à des familles. Je ne m'attendais pas
nécessairement à la question, mais je pense qu'elle mérite
au moins une réponse. Même le ministre du Revenu m'a dit que je
n'étais pas plus loquace que les ministres actuels du gouvernement
lorsqu'on leur pose des questions. Je pourrais peut-être faire une
reprise et l'occasion m'en est donnée. Effectivement, lorsque le
gouvernement adopte un budget... Avant que les lois soient ajustées
à ce budget, un gouvernement écoute normalement ce que les gens
ont à dire. Il aurait pu, si cela avait été le
gouvernement du Parti québécois, apporter les correctifs qu'on
retrouve dans cette loi, avant l'adoption. Je trouve qu'il est important de
rappeler ou de mettre les points dans leur juste perspective parce que le
gouvernement précédent, avec tout ce qu'il a fait concernant la
famille ou les particuliers, en tout cas du point de vue social, j'ai
l'impression qu'il était beaucoup à l'écoute de ces
gens.
C'est donc une mécanique qui fait que les gens vont se trouver
mieux. Pour nous, il est aussi évident qu'on doit se pencher plus
rapidement non pas sur une réflexion, mais sur une approche qui fasse
qu'on établisse au plus tôt, au Québec, une politique
familiale adaptée à notre mesure, dans laquelle les gens vont se
retrouver. Cette politique familiale, à notre point de vue, doit
s'adresser assurément aux enfants ou aux couples qui ont des enfants
puisque, actuellement, si on regarde le taux de natalité au
Québec, il se classe parmi les plus bas de tous les pays occidentaux. Je
ne sais pas si c'est le balancier qu'on a. Au Québec, on dirait qu'on ne
fait rien comme les autres; c'est "toute ou pantoute"! Dans ce cas-ci, on a
déjà eu le taux de natalité à peu près le
plus élevé et, actuellement, on est dans les plus bas taux de
natalité. On doit le constater. Est-ce un problème de notre
société? Est-ce que ce sont les familles qui sont mal
protégées? Est-ce que les gens se sentent
insécurisés? J'ai l'impression qu'on a déjà
répondu à ces questions.
J'avais l'occasion hier de rappeler que M. Maurice Champagne-Gilbert, le
président de cette association, demandait un soutien économique
pour les enfanta. Il a avancé un certain nombre de solutions qui sont
intéressantes. Dans les solutions avancées, il y a une politique
de sécurité du revenu. Dans une société qui se veut
civilisée, qui se veut humaine, il faut qu'il y ait une certaine
sécurité du revenu. Cette sécurité, c'est un
minimum, ce n'est pas... On ne doit pas penser que les petits sont des riches
nécessairement, ceux qui ont besoin d'être
protégés... Quand on parle d'une politique du revenu, il s'agit
vraiment des plus démunis de notre société.
Une politique du plein emploi est aussi souhaitable. Il y a des exemples
qui nous sont donnés: il y a des pays qui n'ont jamais eu plus de 3 % de
sous-emploi. Donc, il est possible d'avoir une politique de l'emploi. Et
comment obtient-on cela? C'est d'abord en ayant des objectifs bien
précis. Il faut établir des objectifs bien précis, il faut
amener les gens à se concerter. À mon point de vue, une politique
du plein emploi ne peut pas se faire seulement par un gouvernement, il faut
qu'il y ait des agents économiques qui se mettent ensemble. Ces agents,
à mes yeux, c'est non seulement le gouvernement, mais ce sont aussi les
patrons et les ouvriers. C'est avec une démarche où les
intervenants travaillent ensemble qu'on peut mieux situer les objectifs, qu'on
peut aussi mieux faire avancer nos idées ou les idées de
l'ensemble. Je pense bien que personne ne peut s'approprier l'idée du
plein emploi, cela existe ailleurs. On ne demande pas d'innover
jusque-là, on demande seulement de regarder ce qui se passe
ailleurs.
Cela veut donc sûrement dire aussi l'amélioration des
politiques sociales et d'aide sociale et, à mon sens, c'est une
politique d'aide sociale. Je me rappelle lorsque... Je n'ai jamais
profité des allocations familiales. J'avais passé l'âge
quand cela a été établi. J'avais peut-être un ou
deux mois de trop pour pouvoir profiter des allocations familiales mais,
à ce moment-là, cela semblait être une grande innovation.
C'était presque du communisme ou du socialisme à outrance; cela
faisait époque. Je me rappelle tout ce qui s'est passé dans le
temps. Lorsque Ottawa a adopté la politique d'allocations familiales,
c'était extraordinaire. II y avait des gens qui pensaient que
l'État allait s'emparer des enfants, qu'ils leur appartenaient. Ce
n'était plus aux parents qu'ils appartenaient vu que l'État
payait. Ils appartenaient à l'État.
Si on regarde les résultats, on constate que, dans les faits, les
allocations familiales ont certainement été d'un grand secours
pour des familles. Je pense bien qu'on n'a pas à parler très
longtemps du bien-fondé de cette politique qui a apporté
certaines corrections. On n'a pas été bien loin dans cette
démarche pour les familles; c'est l'un des éléments qui
s'adressent aux familles comme telles. Les autres politiques sociales, au point
de vue du revenu s'adressent aux individus bien plus qu'à la famille,
à un ou une célibataire; les politiques sociales s'adressent aux
individus et non pas à la famille comme telle.
Donc, il est important qu'on réfléchisse là-dessus.
À l'occasion du dépôt d'un projet de loi semblable, il est
peut-être nécessaire de réfléchir et de regarder si
on peut aller plus loin. Quand on regarde la politique de natalité, on
parle d'une chute de 10 957 enfants entre 1980 et 1985, donc il y a moins
d'individus et le taux de remplacement est négatif au Québec. Si
on veut qarder notre identité et notre culture, il faut que les
Québécois ou que le peuple du Québec augmente sa
population. Il n'y a pas seulement un effet social dans cette
décision-là, il y a aussi des avenues économiques qui sont
ouvertes.
S'il y a plus d'enfants, il y a plus de
consommateurs. S'il y a plus de consommateurs, cela veut dire qu'il y a
nécessairement plus d'emplois; il y a des échanges qui se font de
l'un à l'autre.
À mes yeux, c'est une réflexion qu'on devra faire
ensemble, penser à une politique familiale ou de soutien aux familles
et, en même temps, penser à des politiques d'emploi et à
des politiques de travail, comme des congés pour les parents. On dit
souvent qu'il faut réellement réfléchir là-dessus,
qu'il faut investir, de temps en temps, dans le présent pour l'avenir.
C'est une façon de le faire. On investit dans ce qui nous est le plus
important. Le plus proche est vraiment dans l'humain et ce sont les ressources
les plus fortes qu'on a chez nous.
Je veux peut-être terminer, en citant Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux qui a bien aimé le fait que je
l'aie citée hier après-midi et je veux le répéter
pour le bénéfice de cette commission. Elle disait ceci dans la
revue - parce que ce n'est pas tout inventé ce que je dis
-Rentes-Actualités, publiée par la Régie des rentes
du Québec. Je sais que des députés n'ont peut-être
pas eu l'occasion ou le plaisir de la lire, mais j'ai l'impression qu'on peut
s'enrichir les uns les autres, de temps en temps, en s'écoutant, surtout
que ce sont des problèmes majeurs qui concernent le Québec.
À mes yeux, la politique familiale concerne l'ensemble des
Québécois et Québécoises. Donc, elle disait dans
cette entrevue qu'elle était personnellement très
préoccupée de la stabilité économique dont ont
besoin les jeunes familles pour pouvoir vraiment se développer comme
famille, comme d'ailleurs elle considère important le soutien
psychologique et social qui doit leur être accordé, compte tenu
que ces familles sont aujourd'hui généralement privées du
soutien plus traditionnel que connaissaient, dans ce domaine, les familles des
générations précédentes. Mais je suis moins
d'accord avec elle lorsqu'elle parle d'un an d'attente, ce qui peut nous
sembler long. On a déjà des sons de cloche indiquant que tous ces
gens préoccupés de l'avenir de la famille au Québec
commencent à dire qu'un an, c'est trop long. J'espère que Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux va faire sa recherche ou
cette démarche pour arriver le plus rapidement possible à
établir une politique familiale.
Là-dessus, je voudrais terminer en réaffirmant que, oui,
la loi modifie la Loi sur les allocations familiales et la Loi sur les
impôts. Ce n'est pas une politique qui coûte très cher au
gouvernement du Québec. C'est seulement rétablir dans une juste
perspective ce pourquoi les allocations familiales ont été
faites, c'est-à-dire pour aider la famille et non pas les gouvernements,
et surtout le gouvernement supérieur à boucler ses fins de mois.
Cela est important et c'est dans ce sens que l'Opposition va travailler avec le
gouvernement, au moins pour s'informer et améliorer la loi si possible.
Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Jonquière. Y a-t-il d'autres membres qui
désirent faire des remarques préliminaires? Oui, M. le ministre
du Revenu.
M. Michel Gratton (réplique)
M. Gratton: M. le Président, simplement pour
préciser quelque peu. Le député de Jonquière
prétend qu'il n'en coûte pas beaucoup au gouvernement du
Québec pour adopter ce projet de loi. Effectivement, ce que le projet de
loi vise à faire, c'est de tâcher de limiter la portée des
dispositions du budget du 23 avril 1985 de M. Yves Duhaime, quant à
l'imposition par le gouvernement fédéral des allocations
familiales payées par le Québec. Il est vrai que cela ne
coûte rien au gouvernement du Québec puisqu'en convertissant les
allocations familiales en crédit d'impôt nous respectons les
dispositions de la loi fédérale, ce qui nous permet de soustraire
les allocations familiales versées par le Québec aux
récipiendaires québécois à l'imposition
fédérale.
Évidemment, si nous ne le faisions pas, nous aurions la situation
tout à fait abracadabrante de voir les contribuables
québécois rembourser les allocations familiales. Il ne faut pas
oublier que le budget de M. Duhaime, le 23 avril 1985, prévoyait le
remboursement des allocations familiales pour tous les contribuables ou tous
les récipiendaires qui ne réclamaient pas l'exemption de personne
à charge pour leurs enfants. Donc, c'était pour la vaste
majorité de ceux dont le revenu imposable est de l'ordre de 11 000 $ ou
à peu près, ce qui veut dire pas mal tous les travailleurs du
Québec.
Il fallait et il faut que nous adoptions le projet de loi 135 pour faire
en sorte que la conversion en crédit d'impôt de ces allocations
familiales empêche les gens de devoir payer de l'impôt
fédéral sur une somme qu'ils n'auraient pas touchée de
toute façon ou qu'ils auraient touchée, mais qu'ils devraient
rembourser en ajoutant le même montant d'allocations familiales à
leurs impôts à payer.
Donc, il est vrai que cela ne coûte rien au fisc
québécois, mais cela représente quelque 10 000 000 $, si
je ne m'abuse, qui vont rester aux contribuables québécois
puisqu'ils n'auront pas à les payer au gouvernement
fédéral.
L'autre partie du projet de loi a trait à une disposition qui est
nettement une correction qu'on apporte aux intentions du
gouvernement précédent. Le gouvernement
précédent, par la voie de son ministre des Finances, M. Duhaime,
le 23 avril 1985, avait choisi d'exiger le remboursement de ces allocations
familiales pour toutes les familles québécoises dont le revenu
imposable était en deça du seuil dont j'ai parlé
tantôt.
Tout ce que fait le projet de loi 135, qui découle d'une
décision du gouvernement actuel, c'est de soustraire toutes les familles
- et il y en a quelque 26 000 au Québec -de quatre enfants et plus de
l'obligation de rembourser au gouvernement du Québec les montants
reçus en allocations familiales. Il s'agit d'une somme de 10 600 000 $.
Cela coûte effectivement 10 600 000 $ au gouvernement du Québec de
proposer l'adoption du projet de loi 135, puisque c'est un montant de 10 600
000 $ que le gouvernement du Québec ne recevra pas des familles de
quatre enfants et plus.
Donc, tout cela pour préciser la portée du projet de loi
et c'est sa seule portée. Loin de nous de prétendre qu'il s'agit
là d'une mesure qui s'apparente à une politique familiale, pas du
tout. Il s'agit simplement de limiter les dégâts d'une mesure
annoncée par le gouvernement précédent et qui risquait de
coûter aux contribuables québécois environ 40 000 000 $,
dont 10 600 000 $ provenant d'un manque à gagner du gouvernement
québécois, la différence étant des impôts que
le gouvernement fédéral aurait pu exiger, mais qui, en vertu de
ce projet de loi, ne sont plus exigibles par le fédéral.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres remarques préliminaires?
Étude détaillée Loi sur les
allocations familiales
Comme il n'y a pas d'autres remarques préliminaires, j'appelle
l'article 1 du projet de loi 135, Loi modifiant la Loi sur les allocations
familiales et la Loi sur les impôts. Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais demander plus de lumière sur la
portée de cet article. On parle de l'allocation familiale
anticipée à l'égard d'un enfant. Est-ce que cela veut dire
que vous allez donner l'allocation plus rapidement qu'elle n'est due, suivant
les mots qui sont employés?
M. Gratton: Avec le concours du député de
Jonquière, je souhaiterais que M. le député de
Montmorency, adjoint parlementaire, puisse donner les explications qui
s'imposent, si cela agrée aux membres de la commission.
M. Dufour: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: M. le Président, pour répondre
à la question qui vient d'être posée, il faut d'abord
expliquer que tout ce qu'on fait à l'article 1, c'est ajouter à
l'expression "allocation" une nouvelle expression qui va tenir compte de tous
les changements qu'on introduit dans le projet de loi 135 et qui fera que
dorénavant une allocation familiale sera appelée allocation
familiale anticipée à l'égard d'un enfant. À
l'article 1 comme tel, c'est juste le libellé de l'expression qui est
modifié pour, maintenant, comme je l'ai dit, adopter "allocation
familiale anticipée".
Pour répondre plus qlobalement à la question qui vient
d'être posée, je suggère d'attendre dans le cours des
articles parce qu'il y a deux lois qu'on touche ici, il y a la Loi sur les
allocations familiales, qu'on va voir jusqu'à l'article 8, et les
articles 8 jusqu'à la fin, c'est la Loi sur les impôts où
le nouveau mécanisme de crédit d'impôt est expliqué.
Ce serait tout simplement plus facile pour les membres de la commission, dans
la deuxième partie de notre projet de loi, d'en discuter en
détail.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: En fait, ce qui me frappe un peu, c'est l'allocation
familiale anticipée. Est-ce que cela veut dire qu'elle va être
payée d'avance en prévision de l'impôt qui va être
payé à la fin de l'année? Je suis convaincu que c'est pour
éclaircir l'action que vous allez poser. Un crédit d'impôt
donné avant que l'impôt soit payé, si ce n'est pas couvert
par cet article, c'est probablement cela que vous voulez...
M. Séguin: Essentiellement, cela veut dire que les
montants mensuels qui seront dorénavant versés, comme
antérieurement ils l'étaient sous forme d'allocation familiale,
ils le seront à l'avenir sous forme d'un paiement anticipé du
crédit d'impôt - qu'on va voir un peu plus loin - de sorte que le
même chèque sera réputé être un montant
anticipé à valoir sur le crédit d'impôt qu'on va
créer dans le projet de loi 135.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 2 du projet de loi 135. Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'article 2 du projet de loi 135?
M. Séguin: Tout simplement pour dire qu'on ne fait
qu'ajouter un seul mot à l'article 2 que l'on modifie à la Loi
sur les allocations familiales. Â l'ancien' article, on disait
"allocation familiale". Maintenant, on enlève - au lieu d'ajouter - le
mot "familiale" pour ne retenir que l'expression "allocation". Alors,
maintenant, dans l'article 2 tel que les membres de la commission peuvent le
lire dans le projet, on ne parle que d'allocation alors
qu'antérieurement on parlait d'allocation familiale.
Le Président (M. Lemieux): Sur l'article 2, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: J'aurais une question à poser. On vient de
déposer la loi 92 qui a pour effet de s'accorder avec les lois des
libertés où il y a un changement majeur concernant les
allocations familiales. Je voudrais savoir de votre part ou de la part du
ministre si vous avez eu le temps d'examiner le projet de loi 92 en fonction de
cet article qui, à mes yeux, n'est pas tout à fait pareil.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: M. le Président, je peux confirmer
à ce moment que l'article 14 du projet de loi 92, tel qu'il avait
été présenté, a finalement été
retiré.
M. Dufour: Cela a été retiré? (15 h 45)
M. Séguin: Oui. Donc, la mère demeure la
bénéficiaire privilégiée et, dans certains cas,
c'est le père, de sorte que le libellé de l'article 2 est
conforme au projet de loi 92 en conférant à la mère le
privilège de recevoir le montant.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Montmorency. Est-ce que l'article 2 est adopté?
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: En fait, dans ce projet de loi, il n'est pas question
ou cela n'établit pas de lien direct entre le tuteur et l'enfant. Il est
certain, quand l'allocation est donnée au père ou à la
mère, je comprends qu'il y a le lien du sang, mais, quand on parle d'un
particulier qui subvient entièrement ou dans une large mesure aux
besoins de cet enfant, il n'est même pas question d'adoption ou d'autre
chose. Cela peut être dans un foyer nourricier, cela peut être dans
une maison.
M. Séguin: C'est selon les faits. C'est la personne qui,
comme on le dit, subvient entièrement ou principalement aux besoins de
l'enfant, mais il n'est pas nécessaire que ce soit le tuteur ou une
personne autorisée par la loi pour s'occuper de l'enfant.
M. Dufour: Est-ce qu'il est arrivé que des
problèmes ont été causés par les
bénéficiaires des allocations familiales?
M. Séguin: Dans quel sens?
M. Dufour: Dans le sens qu'ils retirent les allocations
familiales, mais qu'ils ne devraient pas les avoir, ou encore deux personnes
pourraient prétendre qu'elles ont droit aux allocations.
M. Séguin: Cela peut effectivement arriver. Il y a quand
même 1 600 000 enfants visés par le système des allocations
familiales, ce qui représente à peu près 1 000 000 de
chèques ou, si vous préférez, environ 12 000 000 de
chèques expédiés annuellement. Cela veut donc dire
plusieurs personnes, plusieurs noms, plusieurs chèques, plusieurs
dossiers. Il peut arriver des cas où des personnes reçoivent des
allocations familiales sans y avoir droit, mais le principe est basé sur
le fait que c'est d'abord l'enfant qui est visé et que le
récipiendaire est la mère, alors il y a quand même peu
d'erreurs sur l'identification de la mère. Je ne crois pas, s'ils
existent, que ces cas soient importants.
M. Dufour: Mais l'allocation est accordée aussi au
particulier qui subvient entièrement ou dans une large mesure aux
besoins de cet enfant. À ce moment, ce n'est plus la mère, ni le
père.
M. Séguin: C'est cela. D'après les renseignements
que nous avons au ministère du Revenu, puisqu'il faut comprendre que
c'est plutôt la régie qui s'occupe de contrôler l'ensemble
du système, il n'y a pas de problèmes particuliers de ce
côté-là.
M. Dufour: S'il n'y a pas de problèmes, on va
continuer.
Le Président (M. Lemieux): L'article 2 du projet de loi
135 est-il adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Article 3? Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 3? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: J'aimerais qu'on nous donne des explications s'il y a
des changements.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: La modification est au même effet
qu'à l'article précédent. C'est qu'on remplace
l'expression "allocation
familiale" simplement par l'expression "allocation", étant
donné que l'expression est maintenant un peu plus large ou est
modifiée, comparée à l'ancienne allocation familiale.
C'est tout.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 3 est
adopté? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que cela veut dire que des enfants, par exemple
- parce qu'il y a des cas qui me viennent à l'esprit - qui seraient
domiciliés à l'extérieur du Québec, d'une
façon temporaire, soit à des fins d'études ou autres, mais
qui sont des Québécois ou des Québécoises, ne
pourraient pas recevoir leurs allocations familiales, même s'ils sont aux
études à l'extérieur? Cela pourrait arriver, parce que je
connais des cas. Il y a un organisme, par exemple, pour être bien clair,
qui s'appelle l'Ordre loyal des Moose - cela doit vous dire quelque chose - qui
a une particularité, sa principale activité est d'aider la
famille. Je connais un cas en particulier où la femme est devenue veuve
et dont les enfants ont fait leurs études à Moose Haven, aux
États-Unis. Cela ne coûte rien, effectivement, mais ces enfants
sont des Québécois, Ils sont revenus au Québec, mais je ne
sais pas s'ils avaient droit à des allocations familiales,
d'après cet article?
M. Séguin: Si on regarde l'article qui vise la même
fin que l'ancien article que l'on modifie, la personne qui reçoit ce
montant doit avoir sa résidence principale au Québec pendant le
mois pour lequel l'allocation est versée. Cela veut dire que pour chaque
mois où elle reçoit le paiement, il faut qu'elle réside
principalement au Québec et, en plus, l'enfant visé par
l'allocation familiale doit aussi avoir sa résidence principale au
Québec. De plus, on peut avoir des résidences secondaires, mais
c'est la notion de résidence principale qui est retenue. Alors, une
personne peut avoir sa résidence principale au Québec, mais
être momentanément ailleurs et conserver son statut de
résidence principale au Québec.
M. Dufour: D'après ce que vous me dites, est-ce que
quelqu'un qui vient d'une autre province ou d'un autre pays, qui s'installe au
Québec, qui a des enfants en âge d'avoir l'allocation familiale,
est automatiquement couvert par cet article ou si, en plus, il faut qu'il ait
le droit et qu'il soit citoyen, etc. ?
Le Président (M. Lemieux): S'il est citoyen canadien.
M. Séguin: S'il a sa principale résidence, puis que
les autres conditions pour recevoir l'allocation familiale sont
respectées en vertu de la Loi sur les allocations familiales,
absolument.
Le Président (M. Lemieux): M. te député de
Montmorency, est-ce que la citoyenneté canadienne est exigée?
Cela répondrait à la question du député de
Jonquière.
M. Séguin: Ici, on ne fait pas l'examen de la Loi sur les
allocations familiales. Je ne veux pas induire le député de
Jonquière en erreur. Je ne crois pas que la citoyenneté soit un
prérequis, mais il faudrait consulter la Loi sur les allocations
familiales, que nous n'avons pas.
Le Président (M. Lemieux): J'en suis conscient, M. le
député de Montmorency. C'était le sens de la question du
député de Jonquière, tout simplement.
M. Dufour: D'accord, Pour mieux expliquer la loi, même si
on ne l'étudié pas, il faut examiner ce qui est écrit:
"Les enfants qui ont leur résidence principale. Cela me semble important
de savoir ce que cela veut dire, "résidence principale". Est-ce
seulement les citoyens du Québec ou les autres ont-ils les mêmes
droits? D'après le libellé ou d'après l'article, cela
laisse supposer que la personne qui part pour l'extérieur un certain
temps, et même pour un mois, devrait continuer de garder sa demeure
principale. C'est moins vrai ce que je dis. Mais c'est vrai que quelqu'un qui
s'en va à l'extérieur pour un bout de temps perd automatiquement
son allocation familiale s'il ne garde pas sa résidence principale ici;
en contrepartie, il faut que les deux choses s'appliquent, à mon sens.
Si c'est vrai pour quelqu'un qui part, cela doit être vrai pour quelqu'un
qui arrive, mais je n'ai pas cette assurance.
M. Séguin: Remarquez que quelqu'un qui arrive au
Québec peut avoir instantanément une résidence principale.
Il n'y a pas de délai pour démontrer qu'on a une résidence
principale. La notion de résidence principale s'associe à la
notion de domicile, c'est-à-dire le principal Heu physique de
l'établissement d'une personne. Cela veut donc dire que quelqu'un qui
arrive au Québec, et qui s'installe au Québec et tous les faits
démontrent que c'est vraiment là son principal lieu
d'établissement personnel, acquiert immédiatement un domicile ou,
si vous voulez, une résidence principale aux fins de notre article et,
à ce moment-là, si toutes les autres conditions sont remplies, il
serait admissible aux allocations familiales. De même celui qui quitte le
Québec, comme je le disais tantôt, peut partir
momentanément sans perdre sa résidence principale.
C'est une question de fait et aussi une question d'intention chez la
personne. Il faut examiner les circonstances de chaque cas et, si on arrive
à la conclusion qu'il conserve sa résidence principale au
Québec, il va demeurer qualifié.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière, je peux vous assurer que la notion de résidence
principale en loi ne cause pas de problème de jurisprudence. Ou moins,
c'est ce que je crois. Je regarde le juriste du ministère du Revenu qui
m'indique que non.
M. Dufour: Ah!
Le Président (M. Lemieux): Comme le disait le
député de Montmorency, il y a aussi une question d'intention,
mais c'est aussi extrêmement factuel. Alors, est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 4 du projet de loi 135. Y a-t-il des interventions sur l'article 4?
M. le député de Montmorency, pouvez-vous nous donner une
brève explication?
M. Séguin: M. le Président, il s'agit ici d'ajouter
une référence à l'ancien article, simplement pour
clarifier et tenir compte des changements à l'appellation ou à
l'expression "allocation familiale", de sorte que l'on va ajouter à
l'ancien article, après les mots "nonobstant l'article 11" les mots "de
la présente loi et l'article 33 de la Loi sur le ministère du
Revenu". Quant au reste du libellé, c'est identique à ce qui
existait dans l'ancien article.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Dans cet article "cessible", cela veut dire qu'elle
est...
M. Séguin: Transmissible.
M. Dufour:... transmissible dans les cas prévus. Est-ce
que, parce qu'on parle d'une loi, c'est-à-dire de
bénéfices qui viennent, les allocations familiales sont
saisissables?
M. Séguin: Ici, on ne parle pas de saisissabilité,
mais de cessibilité; c'est le droit pour la personne de transmettre le
droit de recevoir le paiement à une autre personne. Ce qu'on dit ici,
à l'article 4 du projet de loi, c'est que ce qui existait avant, pour
permettre de faire une cession du droit à l'allocation familiale, va
exister également pour le crédit qu'on va préciser dans le
projet de loi.
M. Dufour: Quand vous parlez de la Loi sur l'aide sociale, est-ce
que les allocations familiales s'ajoutent à l'aide sociale ou si c'est
intéqré?
M. Séguin: C'est intégré. En principe, le
montant des allocations familiales réduit -il y a une espèce de
barème - les montants versés en prestations sociales.
Pour répondre à votre question de tantôt, c'est
effectivement insaisissable.
M. Dufour: J'espère, parce que je serais probablement
revenu avec une sous-question.
Le Président (M. Lemieux): C'est insaisissable, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Quand vous parlez des besoins autres que des besoins
spéciaux au sens de cette loi, qu'est-ce que cela veut dire?
M. Séguin: Ce sont les mêmes qui étaient
prévus antérieurement dans la Loi sur les allocations familiales
antérieurement. II faudrait voir la Loi sur l'aide sociale parce que,
là, on fait référence au cas prévu à
l'article 13 de la Loi sur l'aide sociale, "lorsque l'aide fournie est pour des
besoins autres que des besoins spéciaux au sens de cette loi". Cela, ce
n'est pas modifié par la mesure qu'on adopte ici.
M. Dufour: Je trouve que c'est bon qu'on regarde quand même
ce que cela veut dire exactement, tous les baux. On a l'occasion, actuellement,
de toucher à des lois et, même si cela a été
écrit, parfois cela a causé des problèmes; on peut parfois
en profiter pour essayer de bonifier ou, au moins, s'informer. J'ai horreur
d'accepter des choses que je ne comprends pas comme il faut. Je pense bien que
même le temps ne m'empêche pas de le faire. Je trouve qu'il n'y a
pas de petites lois. Tout ce qu'on fait est important; sans cela, on perd notre
temps, on n'a pas d'affaire ici.
M. Séguin: Je pense que ce qu'on vise à faire ici,
c'est de permettre la cession du droit au paiement dans les cas prévus
à l'article 13. Si on lit l'article 13 de la Loi sur l'aide sociale:
"Lorsque l'aide fournie est pour des besoins autres que des besoins
spéciaux"; donc, a contrario, cela voudrait dire qu'on peut permettre la
cession dans les cas prévus à la Loi sur l'aide sociale pour les
besoins ordinaires prévus, qui fait que la Loi sur l'aide sociale donne
de l'aide à une personne.
Dans cette loi, il existe des besoins spéciaux,
spécifiques où souvent, si je ne m'abuse - et je dis cela par
souvenir personnel - l'aide sociale peut prévoir des achats
d'équipement spécifique à une
personne qui est dans le besoin et le paiement se fait parfois
directement au fournisseur. Dans le cas d'une personne qui a besoin, par
exemple, d'un appareil ménager spécifique, identifié, ils
peuvent parfois le donner à la personne pour qu'elle procède
à l'achat ou, d'autres fois, c'est l'aide sociale qui s'occupe de donner
à la personne un équipement spécifique pour combler son
besoin. Cela tomberait dans les besoins spéciaux, identifiés
spécifiquement par la loi, et cela ne peut pas être cessible. On
peut comprendre pourquoi: c'est contrôlé directement chez le
fournisseur du besoin spécial.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Dufour: À moins qu'il n'y ait d'autres explications.
S'il y en a d'autres, je suis prêt à les recevoir. S'il n'y en a
pas d'autres, adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 4 est adopté.
J'appelle l'article 5 du projet de loi 135.
M. le député de Montmorency, avez-vous des explications?
L'article 5, je pense, est assez clair. (16 heures)
M. Séguin: On ajoute simplement un alinéa à
l'article 14, tel qu'il existe. Il se lit ainsi: Aux fins du présent
alinéa, l'expression "allocation" vise également une allocation
familiale versée mensuellement par le Québec en vertu de la
présente loi. " Évidemment, ce que l'on veut faire, c'est de
s'assurer que la Loi sur les allocations familiales va tenir compte du
changement que l'on fait au projet de loi 135.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Pourquoi parlez-vous d'une allocation familiale
versée? Nous ne retrouvons pas le pendant du mot "anticipé" dans
cet article. J'essaie de trouver la cohérence dans tout cela. Tout
à l'heure, on parlait d'une allocation familiale anticipée, et je
comprends que c'est toujours en fonction d'un crédit d'impôt.
Mais, là, on n'en parle plus.
M. Séguin: M. le Président, il y a une distinction
à faire entre les allocations familiales qui ont déjà
été versées et celles qui seront versées
dorénavant en vertu des nouvelles règles, que l'on va appeler
"anticipées". Pour celles qui ont déjà été
versées, il y a des règles prévues, à la
Régie des rentes, qui font que l'on peut récupérer des
allocations payées en trop parce que la personne n'était pas
qualifiée, parce qu'il y a des erreurs ou parce que le nombre d'enfants
ou l'identification des enfants a entraîné des erreurs sur le
montant que la régie devait payer pour chacun des enfants. Il y a une
procédure prévue dans la Loi sur les allocations familiales qui
fait que la Régie des rentes peut récupérer -des montants
qu'elle a payés en trop. Cela ressemble un peu au système
d'assurance-chômage; c'est le même principe. Ce que l'on vise
à faire ici, c'est simplement de s'assurer que les allocations
versées - le mot "versées" est important, c'est-à-dire
qu'elles ont déjà été reçues et
encaissées par la personne -pourront être
récupérées par la régie, s'il y a lieu, en vertu de
la loi actuelle.
M. Dufour: Est-ce que je dois comprendre que l'allocation qui a
été versée garde son titre? Jusqu'à maintenant, on
applique les principes de l'an passé, si j'ai bien compris. Quand le
ministre des Finances annonce une mesure, elle est applicable, pour autant que
je sache. Est-ce que cela veut dire que pour cette allocation familiale un
mécanisme est prévu - parce qu'elle a été
versée - et il sera corrigé en cours de route comme... Il a eu
des allocations familiales. Ce n'est pas écrit "crédit
d'impôt" jusqu'à maintenant. La mesure qui a été
annoncée l'an passé s'est appliquée, si je comprends
bien.
M. Séguin: Je m'excuse, M, le Président.
M. Dufour: Oui.
M. Séguin: On ne touche pas du tout à la nation de
crédit d'impôt relativement à ces allocations. On est
toujours dans la Loi sur les allocations familiales, et le but de l'amendement
est simplement de permettre à la régie de s'assurer qu'elle
pourra se faire rembourser les allocations payées en trop,
jusqu'à l'adoption des présentes mesures, qui vont changer les
allocations à partir de la date de la sanction du projet de loi. En ce
qui concerne l'affectation possible des allocations familiales en crédit
d'impôt, on va le voir dans la loi qui va suivre tantôt, la Loi sur
les impôts. Il y a un article qui répondra à votre
question, M. le député.
M. Dufour: Actuellement, c'est juste une question de...
M. Séguin: On est strictement à l'intérieur
de la Loi sur les allocations familiales. On ne touche pas du tout à la
question du crédit d'impôt. On va y toucher tantôt, par un
autre article visant la même fin.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 5 est adopté.
J'appelle l'article 6 du projet de loi 135. M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Je pense que le député de
Jonquière et les membres de la commission vont être d'accord que
c'est une suppression du troisième alinéa tout à fait
heureuse, étant donné que le troisième alinéa
faisait qu'il y avait un délai de cinq ans, que l'on appelle le
délai de prescription, qui courait depuis le 1er janvier 1977. Or, comme
ce délai de cinq ans est maintenant expiré, on l'enlève
parce qu'il n'est plus applicable étant donné que plus de cinq
ans se sont maintenant écoulés. Donc, il n'y a plus lieu de
mettre de délai de cinq ans dans le projet de loi.
M. Dufour: Pouvez-vous me dire ce qui s'était passé
en 1977 pour avoir ce délai?
M. Séguin: Si on lit l'article 16 au complet, on disait
que "le paiement mensuel d'une allocation se prescrit par cinq ans, à
compter du dernier jour du mois au cours duquel il doit être
effectué. Toutefois, lorsque le paiement d'une allocation est
autorisé après la fin du mois pour lequel le premier versement en
est payable, le délai ci-dessus court, à l'égard des
versements impayés, à compter de la date de la décision
qui en autorise le versement ou du jugement qui l'ordonne. " Cela veut dire que
les litiges ou les réclamations concernant les versements d'allocations
familiales se prescrivaient par cinq ans. Comme le délai de cinq ans
prévu au premier alinéa court à compter du 1er janvier
1977, on croit utile, à ce moment-ci, d'enlever ce délai de cinq
ans, étant donné qu'il est maintenant superflu.
Le Président (M. Lemieux): L'article 6 est-il
adopté? Adopté. J'appelle l'article 7 du projet de loi 135. M. le
député de Montmorency.
M. Séguin: Oui, M. le Président. On modifie
l'article 32 de la Loi sur les allocations familiales par un nouvel article qui
précise la responsabilité du ministre du Revenu de s'acquitter de
son obligation de payer, de verser ou d'être réputé avoir
versé les montants prévus aux articles 1056. 1 et autres, que
nous verrons dans quelques instants.
Le Président (M. Lemieux): L'article 7 est-il
adopté? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Avant, qui avait l'obligation? C'était le
ministre du Revenu?
M. Séguin: Le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Dufour: Avant, c'était comme cela.
M. Séguin: Oui.
M. Dufour: C'est encore comme cela.
M. Séguin: Maintenant, le ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu est chargé de l'application de la
présente loi qui est celle sur les allocations familiales. On dit qu'il
doit assister le ministre du Revenu dans l'acquittement de son obligation
prévue à l'article 1056. 1 de la Loi sur les impôts, qu'on
va voir dans quelques instants et qui, à toutes fins utiles, fait du
ministre du Revenu l'autorité pour appliquer le système de
crédit d'impôt qui va remplacer les allocations familiales.
M. Dufour: Est-ce que cela ajoute des responsabilités au
ministère du Revenu qu'il n'avait pas avant ou... ?
M. Séguin: Quelque peu, oui. Parce qu'il va devoir
administrer la partie du crédit impôt qui va maintenant être
afférente aux allocations familiales.
M. Dufour: Oui, mais ce principe ou cette mesure, est-ce pour une
question administrative... ?
M. Séguin: C'est une question administrative. C'est pour
s'assurer que le ministre du Revenu est habilité, à même la
Loi sur les impôts, à permettre aux contribuables de comptabiliser
dans leurs déclarations fiscales et de faire l'objet de cotisations,
etc., le crédit d'impôt qui est afférent aux
allocations.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: N'est-ce pas une mesure qui permet un contrôle
beaucoup plus grand de tous les mouvements monétaires ou de la masse
d'argent?
M. Séguin: Cela peut être le cas, étant
donné que le ministère du Revenu va certainement comptabiliser,
vérifier, avec son système informatique et avec les
procédures qu'on lui connaît} il va certainement être en
mesure, comme pour toute autre transaction ou tout autre montant ou programme
social qui est administré par le ministre du Revenu, il est à
même, bien sûr, d'en répondre sur la comptabilisation qui
est faite.
Le Président (M. Lemieux): L'article 7 est-il
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 7
est adopté. J'appelle l'article 8 du projet de loi 135. M. le
député de Montmorency.
Loi sur les impôts
M. Séguin; M. le Président, ici on quitte la Loi
sur les allocations familiales et on entreprend la Loi sur les impôts du
Québec. L'article 8 de notre projet de lot vise à changer le
libellé du chapitre 15 des lois de 1986 pour le remplacer... Il se
lisait antérieurement - et je vous répète qu'on est dans
la Loi sur les impôts - le titre du chapitre 1. 2 se lisait
antérieurement "Allocations familiales du Québec" et,
dorénavant, il se lira "Crédit d'impôt excédentaire
à l'égard d'un enfant".
Le Président (M. Lemieux): Y a-t-il des interventions?
L'article 8 est-il... ? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: "Crédit d'impôt excédentaire
à l'égard d'un enfant", si on prend ce que cela dit, c'est un
crédit d'impôt qui est plus grand que ce qu'il mérite ou
qui va plus loin que... Je comprends que c'est seulement une question de
vocabulaire.
M. Séguin: Non, le choix du mot "excédentaire"
n'est pas absolument obligatoire. C'est simplement une expression qui a
été retenue pour expliquer que le système qu'on va voir
dans quelques minutes aux articles 8 et suivants va constituer un crédit
d'impôt au contribuable. Dans sa déclaration de revenus il aura
droit à un crédit d'impôt comme on l'a expliqué
tantôt, pour éviter qu'en vertu de la loi fédérale
le môme crédit d'impôt ne soit ajouté au calcul de
son revenu aux fins de l'impôt fédéral. C'est un choix de
vocabulaire. On aurait pu prendre toute autre expression.
Le Président (M. Lemieux): M. ledéputé de Jonquière.
M. Dufour: Je le regarde tel qu'il est libellé. Pour la
personne qui va être touchée par cette loi, il me semble que le
mot veut dire que c'est une faveur qu'elle vient de recevoir. En fait, c'est
universel, les allocations familiales, jusqu'à preuve du contraire.
Quand on parle d'un crédit d'impôt excédentaire, cela
semblerait vouloir dire que c'est une faveur. Je ne trouve pas que le mot soit
tellement bien choisi. Cela aurait pu être supplémentaire au lieu
d'excédentaire. Il me semble que cela aurait été plus
précis ou plus près de la réalité que ce soit un
crédit d'impôt supplémentaire qu'on accorde pour un enfant.
Quelqu'un peut demander: Pourquoi ai-je un crédit d'impôt
supplémentaire? Il dit: Ah bien oui, c'est à cause de cela!
Tandis que pour un crédit d'impôt excédentaire, la personne
va se poser la question suivante: Pourquoi ai-je un excédent de revenus
et par rapport à quoi? C'est seulement ce mot qui me frappe.
M. Séguin: J'ai peut-être un complément
d'information qui pourrait nous rallier à un consensus. Le mot
"excédentaire" s'expliquerait par le fait que, dans le fond, la grande
majorité des contribuables va bénéficier des
crédits d'impôt, mais il y en a certains pour qui le crédit
va être excédentaire dans le sens qu'il ne leur revient pas. Dans
ce sens, le mot "excédentaire" est pour le ministère du Revenu
qui aura donné un crédit excédentaire et qui devra se le
faire rembourser. Un exemple: Ceux qui n'ont pas droit au crédit
d'impôt, parce qu'on verra que ce crédit n'est pas universel. De
sorte que les mots "crédit d'impôt excédentaire" font
allusion à cette portion des bénéficiaires du
crédit qui devront le rembourser selon le revenu qu'ils ont car il y a
une sorte de barème. Alors, c'est l'excédent du crédit
d'impôt sur ce qu'ils devaient recevoir qui va être
remboursé.
M. Dufour: Je comprends que dans le dilemme où l'on est,
pour une partie, c'est excédentaire et pour l'autre, c'est
supplémentaire.
M. Séguin: On va voir plus loin, à l'article 11,
que l'intitulé du titre IV. I sera: "Crédit d'impôt
à l'égard d'un enfant". Ce crédit, c'est le crédit
qui s'applique de façon universelle.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 8 est adopté.
J'appelle l'article 9 du projet de loi 135. M. le député de
Montmorency sur l'article 9.
M. Séguin: M. le Président, ici, on fait une
modification à l'article 752. 6 qui a déjà
été adopté dans une loi antérieure que, d'ailleurs,
nous avons débattue ici en commission parlementaire. On apporte une
modification pour faire apparaître justement le nouveau crédit
d'impôt. J'attire l'attention des membres de la commission au
libellé de l'article 752. 6, à la cinquième ligne: "...
décrit à l'article 752. 7 doit ajouter à son impôt
autrement à payer pour l'année en vertu de la présente
partie, calculé sans tenir compte du présent chapitre, du
chapitre etc., le montant visé au deuxième alinéa. "
En quelques mots cela signifie que c'est le montant des allocations
familiales qui doit être ajouté à l'impôt à
payer. Il y a un calcul à faire pour s'assurer que c'est le plus
petit ou le moins élevé des deux montants qui suit,
à l'alinéa 2 où il y a le paragraphe a et le paragraphe b.
C'est le «plus petit des deux montants soit de a ou de b qui sera
ajouté à l'impôt à payer du contribuable. En
première partie de la mécanique, cela veut dire, pour certains
contribuables, que la totalité ou une partie de l'allocation familiale,
selon le calcul qu'on fait entre le plus petit montant du paragraphe a ou du
paragraphe b, sera ajoutée à l'impôt à payer du
contribuable. (16 h 15)
Le Président {M. Lemieux): M. le député de
Jonquière. Cela va? Est-ce que l'article 9 est adopté?
M. Dufour: II y a beaucoup de choses dans l'article 9. On a fait
752. Il y a le premier, le deuxième, etc.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Est-ce que vous l'avez
expliqué dans son ensemble, M. le député de
Montmorency?
M. Séguin: Oui.
Le Président (M. Lemieux): C'est dans son ensemble.
M. Dufour: Vous n'avez pas de tableau qui illustre un peu ce que
vous expliquez là. Il me semble qu'il y a beaucoup de détails
là-dedans. Je ne dis pas qu'un tableau devrait être inclus dans la
loi, mais pour notre compréhension, cela aurait peut-être
été plus facile d'avoir visuellement...
M. Séguin: M. le député, cela me
rappellerait les nombreuses années d'enseignement que j'ai faites avec
un tableau noir.
M. Dufour: Pourquoi pas? On a le droit d'en profiter.
M. Séguin: Mais peut-être que dans
l'intérêt et pour la connaissance des membres
éventuellement, cela pourrait être une suggestion à
retenir. Remarquez que, là, on n'a pas ce qu'il faut.
M. Dufour: Oui, peut-être pas.
M. Séguin: J'avoue qu'en matière fiscale, c'est
souvent intéressant de travailler avec un tableau et des
schémas...
Le Président (M. Lemieux): Nous avons un tableau, M. le
député de Montmorency.
M. Dufour: II est prêt à faire une
démonstration.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 9 est
adopté, M. le député de Jonquière?
M. Séguin: Vous m'obligez beaucoup, M. le
Président.
M. Dufour: Attendez un peu. Vous pouvez me donner quelques
secondes, je vais regarder un peu.
Le Président (M. Lemieux): Prenez votre temps, M. le
député de Jonquière, pour pouvoir le lire.
M. Dufour: II y a peut-être le paragraphe iv - un "i" et un
"v", c'est quatre, je ne sais pas comment...
Le Président (M. Lemieux): C'est quatre.
M. Dufour: C'est quatre, oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous vouiez parler du montant
visé à b, sous-paragraphe iv.
M. Dufour: Je parle de la personne...
Le Président (M. Lemieux): C'est b, sous-paragraphe
iv.
M. Dufour: C'est cela.
Le Président (M. Lemieux): La personne qui reçoit
cette allocation et qui n'est pas visée aux sous-paragraphes...
M. Dufour: Visée aux sous-paraqraphes i...
Le Président (M. Lemieux):... i à iii, M.
Dufour: C'est cela. A trois "i".
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Dufour: J'imagine que...
Le Président (M. Lemieux): Je pense que le tableau nous
aurait été bien utile, M. le député de Montmorency.
Alors, la préoccupation du député de Jonquière
porte sur le paragraphe b qui dit: "Le montant visé au premier
alinéa est le moins élevé des montants suivants". Alors,
le paragraphe b, sous-paragraphe iv.
M. Séguin: M. le Président, j'avoue que pour la
compréhension des membres, on aurait peut-être pu avoir les
articles de loi auxquels on se réfère. Je prends bonne note de la
suggestion que je vais transmettre, d'ailleurs, au ministre du Revenu pour
qu'aux prochains travaux on puisse peut-être avoir des équipements
didactiques plus développés.
Mais tout ce que cela veut dire ici, en résumé, c'est que
le pourcentage qui est mentionné est 13 %. Si on va voir l'article de
loi, c'est 13 %. L'autre montant prévu à l'article 752. 8,
à toutes fins utiles, c'est le revenu imposable. Donc, au paragraphe a,
c'est le montant des allocations; au paragraphe b, c'est 13 % du revenu
imposable du particulier et des autres personnes mentionnées. Le plus
petit des deux montants est celui retenu au premier alinéa comme devant
s'ajouter à l'impôt à payer.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Est-ce que c'est
suffisant? Est-ce que l'article 9 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 9 est adopté.
J'appelle l'article 10 du projet de loi 135. M. le député de
Montmorency.
Cela me semble aussi très complexe pour moi, si vous pouviez nous
apporter parfois quelques exemples plus terre à terre et plus pratiques,
s'il vous plaît.
M. Séguin: Je vais essayer, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Oui. Ici, on modifie l'article 752. 8 qui
existait déjà, M. le Président, et que nous avons
déjè vu en commission parlementaire, qui introduisait dans la Loi
sur les impôts du Québec une nouvelle notion qu'on appelait le
revenu hypothétique aux fins de calculer le pourcentage sur lequel on
calculait le montant à retenir du contribuable par rapport à son
revenu imposable. Alors, on reconstituait une notion de revenu. Autrement dit,
on appliquait un pourcentage sur un revenu du contribuable. Par l'article 752.
8 qui existait jusqu'à ce jour, on déterminait ce qu'était
le revenu du contribuable. Alors, c'était évidemment son revenu
de l'année, plus ou moins certains montants dont on tenait compte et
d'autres qu'on enlevait. C'est le même principe qu'on a depuis longtemps
dans la Loi sur les impôts, par exemple, à l'égard du
régime enregistré d'épargne-retraite,
d'épargne-logement. Le chapitre en question définit en partant
quelle est la notion de revenu. Il ajoute des éléments au revenu,
il en extrait. Ce revenu modifié, si l'on veut, ou recomposé ou
hypothétique - peu importe le terme, mais je pense que vous pouvez
comprendre ce qu'on cherche à faire -servait de calcul à
l'application des autres mécanismes qu'on a, à l'application d'un
pourcentage par exemple.
Ce qu'on dit à l'article 752. 8, qui, comparé à
l'ancien, est beaucoup plus court, c'est que le montant, pour une année,
auquel l'article 752. 6 fait référence à l'égard
d'un particulier est l'excédent, sur le montant calculé en vertu
de l'article 752. 9 de son revenu pour l'année calculé sans tenir
compte des articles 313. 2 et 313. 3, du paragraphe h de l'article 336 et du
sous-paragraphe iv du paragraphe b de l'article 1092. Évidemment, il
faudrait étudier chacun de ces articles pour savoir ce qu'on fait. Mais,
finalement, c'est de dire tout simplement qu'on calcule le revenu à
partir du revenu réel du contribuable et qu'on ajoute ou qu'on
enlève des éléments. On en ajoute plus qu'on n'en
enlève en réalité. Ceci pour recomposer un revenu sur
lequel on va appliquer un pourcentage.
Le Président (M. Lemieux): Quand on parle du revenu
réel, est-ce qu'on parle du revenu brut, M. le député de
Montmorency?
M. Séguin: Habituellement, on part du revenu brut auquel
on va ajouter d'autres éléments. Je vous donne un exemple, M, le
Président. Habituellement, les allocations reçues et
payées par la CSST ne sont pas imposables. Certaines indemnités
ne sont habituellement pas imposables. C'est prévu par la loi. Or, aux
fins du calcul du revenu qu'on appelle hypothétique, ces montants
peuvent être ajoutés au revenu même si, par ailleurs, dans
la loi ils ne sont pas imposables. Aux seules fins de calculer ce montant, on
peut les ajouter. On voit cela à d'autres chapitres de la loi, depuis
toujours.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M, Garon: On parle d'une nouvelle notion, soit la notion de revenu brut
dans l'impôt des particuliers.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse. C'est moi qui ai
posé la question, M. le député de Lévis, parce que
je comprenais mal le sens de l'article 752. 8.
M, Séguin: C'est le président qui l'a
mentionné.
Le Président (M. Lemieux): Lorsqu'on parlait de
l'excédent. Un instant! Ce que je demandais, c'était...
M. Garon: La notion de revenu brut dans l'impôt des
particuliers n'existe pas.
Le Président (M. Lemieux): Cela n'existe pas, je
pense.
M. Séguin: C'est une façon commune de parler du
revenu reçu.
M. Garon: On le voit dans les revenus des entreprises. On parle
de revenu brut et de revenu net, mais pas dans les revenus des particuliers. On
parle de revenu total, de revenu net, de revenu imposable.
M. Séguin: Quand le président a mentionné le
revenu brut, il faisait sans doute allusion au revenu gagné dans
l'année.
Le Président (M. Lemieux): Oui, au revenu
gagné.
M. Garon: Oui, mais vous avez répondu à cela.
M. Séguin: Sans tenir compte des déductions qui
peuvent être prélevées sur le chèque de paie, par
exemple. C'est dans ce sens qu'il mentionnait "revenu brut" par rapport
à "revenu net": un particulier, souvent, identifie le montant
gagné uniquement sur le montant net qui reste sur son chèque de
paie, sans tenir compte des déductions qui ont été
faites.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis. Est-ce que l'article...
M. Garon: Cela n'a pas beaucoup d'importance, parce que le revenu
total ne tient pas compte des déductions. On traite les
déductions par la suite.
M. Séguin: C'est ce que j'ai expliqué tantôt,
oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Dufour: En fait, j'aimerais qu'on procède par
paragraphe parce que c'est... Ils sont reliés, mais cela va être
plus facile.
Le Président (M. Lemieux): Oui, d'accord. Le paragraphe
752. 9 de l'article 10, M. le député de Montmorency.
M. Séguin: En fait, les deux sont reliés, M. le
Président.
M. Dufour: Ils sont reliés.
M. Séguin: Â toutes fins utiles, ils sont
reliés.
Le Président (M. Lemieux): Ils sont reliés.
M. Séguin: C'est la recomposition. Comme vous le voyez, au
paragraphe 752. 9, on dit qu'il doit soustraire, en vertu du paragraphe 752. 8,
l'ensemble des montants qu'il déduit en vertu... Ici, on va
préciser des montants à soustraire dans le calcul que l'on fait,
en indiquant quels montants on enlève du revenu.
M. Garon: Mais ne trouvez-vous pas, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Pourquoi une déclaration d'impôt du
Québec est-elle toujours dix fois plus compliquée qu'une
déclaration d'impôt au fédéral? On a toutes sortes
de chinoiseries comme celles-là qui font qu'à chaque fois qu'on
fait un petit calcul, c'est quasiment une déclaration d'impôt
additionnelle en annexe. Â chaque fois qu'on fait...
M. Dufour: Une passe.
M. Garon: Non, ce sont des choses qui ne représentent pas
de gros montants d'argent, mais c'est compliqué à calculer la
plupart du temps. Il y a aussi des formulaires à remplir comme si on
était en train de découvrir la lune à chaque fois. Alors
que, quand on examine une déclaration d'impôt au
fédéral, elle est beaucoup plus simple. Je me demande comment il
se fait qu'au Québec on ait de la difficulté à trouver des
manières d'appliquer les choses d'une façon moins complexe. Ce
n'est pas bien sorcier ce que l'on fait là. Alors pourquoi rendre le
calcul aussi complexe?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: M. le Président, je donne raison au
député de Lévis sur un point, la Loi sur les impôts
est complexe et, malheureusement, la simplifier l'est aussi. Par exemple, si on
regarde le projet de loi que signait M. Reagan, le président des
États-Unis, pour introduire une simplification, le projet de loi est
presque aussi complexe, sinon plus complexe, que la loi qu'il veut simplifier.
Je prends à titre d'exemple ce que le gouvernement fédéral
vient de faire avec les crédits d'impôt pour enfants qu'il va
payer par anticipation. Cela a fait l'objet d'une publicité dans les
journaux. Lorsque l'on regarde le projet de loi C-ll par lequel on a
adopté ces mesures, on se rend compte que les articles
intégrés dans la loi sur l'impôt fédéral sont
aussi complexes que les nôtres, sinon plus, et pourtant c'est un principe
bien simple de dire à la population: On va vous envoyer des
chèques par anticipation. Cela vaudra comme crédit d'impôt
pour enfants que vous aurez à réclamer dans le rapport
d'impôt à la fin de l'année.
C'est comme dans toute chose, malheureusement, quand on veut simplifier.
On a fait beaucoup d'efforts par rapport au
projet initial qui existait et que l'on avait sanctionné par la
loi 2 qui est devenue l'article 752. 8. Si les membres de la commission avaient
l'article 752. 8 tel qu'il existait avant la modification, ils se rendraient
compte de ce que l'on modifie ici; on enlève les deux tiers de la
complexité d'avant. C'est plus simple, mais j'avoue, toute chose
étant relative, que cela demeure complexe. M. le Président, je me
joins au député de Lévis, je n'ai aucune hésitation
à dire que je déplore moi aussi cette complexité. Mais
j'avoue que ce n'est pas facile et on travaille pour simplifier. Cependant on
est pris avec toutes sortes de contingences très techniques qui font
qu'avant d'arriver à une simplification il va falloir modifier
considérablement le système fiscal et j'espère que le
ministère des Finances pourra lui aussi donner un envol dans ce
sens-là, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Montmorency. C'est peut-être moins complexe pour
le député de Lévis qui a l'habitude des chiffres, mais
pour le commun des mortels comme moi, soyez assurés que c'est complexe.
Est-ce que l'article 10 est adopté?
M. Dufour: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Prenons l'article 752. 8. D'habitude on aurait pu le
disséquer par alinéa. Si on avait fait cela à l'article
752. 8, on aurait adopté l'article 752. 9. C'est presque un cours chaque
fois. Cela nous prend trois ou quatre lois.
Le Président (M. Lemieux): Ils sont reliés entre
eux effectivement. Est-ce que l'article 10 est adopté? Le sous-article
752. 10, c'est la même chose, M. le député.
M. Dufour: II y a le sous-article 752. 10 qu'on n'a pas
examiné.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency, le sous-article 752. 10 est toujours relié, j'imagine, aux
articles 752. 8 et 752. 9.
M. Séguin: Effectivement, M. le Président, les
sous-articles 752. 8, 752. 9, 752. 10 établissent le même revenu
corrigé ou hypothétique ou modifié aux fins de
l'application de cette mesure et font des ajouts ou soustractions de certains
montants par rapport au revenu, selon ce qui est donné aux
différents articles.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 10 est adopté.
J'appelle l'article 11 du projet de loi 135. M. le député de
Montmorency.
Crédit d'impôt a l'égard d'un
enfant
M. Séguin: Oui, M. le Président. L'article 11
introduit la notion de crédit d'impôt à l'égard d'un
enfant. Alors, le nouvel article 776. 5. 1 que l'on introduit dans la Loi sur
les impôts va se lire assez clairement: "Un particulier qui réside
au Québec le 31 décembre d'une année d'imposition et qui
produit, pour l'année, une déclaration en vertu de l'article 1000
est réputé avoir versé, à cette date, à
titre d'impôt à payer pour l'année en vertu de la
présente partie, le total des montants que le ministre lui a
versé pour l'année, a titre d'allocation familiale
anticipée à l'égard d'un enfant, en vertu du titre VI. 1
du livre IX de la présente partie. " (16 h 30)
Cela va s'appliquer à compter de l'année d'imposition
1986. Donc, on établit une présomption: que le contribuable, le
particulier est réputé avoir versé à la fin de
l'année ou au moment où il doit produire une déclaration
fiscale à titre d'impôt le total des montants qu'il a reçu,
par ailleurs, en vertu de la Loi sur les allocations familiales que nous venons
de voir, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Montmorency.
M. Dufour: Autrement dit...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour:... quelqu'un demeurant au Québec, qui aurait pu
y arriver au mois de septembre, a une allocation familiale qui est un
crédit d'impôt. Ce sera écrit dans la formule sur les
allocations familiales, comme avant, ou de crédit d'impôt?
M. Séguin: Je ne peux pas présumer comment le
formulaire sera fait car, à ma connaissance, il n'est pas encore en
circulation dans le public, ni tout à fait terminé, mais il va
certainement tenir compte de la nouvelle appellation de "crédit
d'impôt à l'égard d'un enfant", puisque le rapport
d'impôt doit évidemment refléter très exactement ce
que la loi fait. Comme la présente loi sera sanctionnée avant le
31 décembre, cela veut dire que le rapport d'impôt sera
évidemment conforme à l'article 776. 5. 1. Sans présumer
comment ce sera écrit, il va certainement parler de crédit
d'impôt à l'égard d'un enfant.
M. Dufour: Cela veut-il dire que le ministère va
émettre un T4, un T5 ou un T8 pour dire: Vous avez eu cela comme
allocations familiales. Sans cela, vous comprenez... ?
M. Séguin: Oui. Vous avez raison. C'est peut-être
très logique et rationnel dans la loi, mais le contribuable pourrait
avoir des problèmes à l'identifier. C'est la régie qui va
émettre un feuillet d'impôt - je pense que c'est le numéro
8 - qui va lui dire exactement, un peu comme les autres talons ou les autres
feuillets que les contribuables reçoivent pour les revenus
d'intérêts, les revenus gagnés chez l'employeur, etc., qui
va indiquer exactement ce qu'il a reçu, ce qui est le crédit
d'impôt et à quelle ligne il doit l'ajouter ou le comptabiliser
dans la déclaration du revenu.
Le Président (M. Lemieux): Est-il possible, M. le
député de Montmorency, relativement aux préoccupations du
député de Jonquière, d'en faire état à la
Régie des rentes du Québec?
M. Séguin: C'est déjà prévu...
Le Président (M. Lemieux): C'est déjà
prévu.
M. Séguin:... M. le Président, que la régie
expédie à chacun des bénéficiaires des allocations
familiales le feuillet en question.
Le Président (M. Lemieux): L'article 11 est-il
adopté, M. le député de Jonquière?
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'article 11 est
adopté. J'appelle l'article 12 du projet de loi 135. M. le
député de Montmorency.
Versement par anticipation du crédit
d'impôt à l'égard d'un enfant
M. Séguin: Oui, M. le Président. L'article 12 va
ajouter après l'article 1056 un autre alinéa, soit l'article
1056. 1, qui se lira comme suit: "Malgré toute autre disposition de la
présente loi, le ministre doit verser à un particulier qui y a
droit, conformément au présent titre, une allocation familiale
anticipée à l'égard d'un enfant". C'est simplement pour
confirmer, comme on l'a vu tantôt dans la Loi sur les allocations
familiales, que le ministre du Revenu était habilité à
faire fonctionner le système de crédit d'impôt et par 1056.
1, c'est lui qui sera responsable effectivement de verser ou de s'assurer que
soit versée l'allocation familiale anticipée.
M. Dufour: Quand on dit le ministre, parle-t-on seulement du
ministre du Revenu ou du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu ou des deux?
Le Président (M. Lemieux): L'article 12 est-il
adopté?
M. Dufour: Pas pour le moment.
Le Président (M. Lemieux): Non. M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Vous allez nous donner d'autres explications. On
était justement...
M. Séguin: Je m'excuse, peut-être...
Le Président (M. Lemieux): On pourrait les prendre
paragraphe par paragraphe, M. le député de Montmorency. Nous
allons appeler l'article 12, paragraphe 1056. 1. M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Je pense l'avoir expliqué, M. le
Président, cela veut simplement dire que c'est le ministre du Revenu qui
est responsable de s'assurer que soit versé le montant d'allocation
familiale anticipée, prévu dans la Loi sur les allocations
familiales du Québec.
M. Dufour: Est-ce que cela ajoute quelque chose, "malgré
toute autre disposition"? Avant, le ministre pouvait-il refuser de payer?
M. Séguin: Avant, il n'y avait pas de crédit
d'impôt. Donc, le ministre du Revenu n'était pas responsable de
son application. Ce qu'on fait maintenant, c'est qu'on dit que c'est le
ministre du Revenu qui est responsable du crédit d'impôt.
M. Dufour: Cela va.
M. Séguin: Mais remarquez que le montant est versé
par la Régie des rentes. Physiquement, le chèque continue
à provenir de la Régie des rentes, tel qu'on l'a vu dans la Loi
sur les allocations familiales.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 12...
Maintenant, nous allons passer...
M. Dufour: A 1056. 1, on est correct.
Le Président (M. Lemieux): L'article 1056. 3.
M. Dufour: L'article 1056. 2.
Le Président (M. Lemieux): L'article 1056. 2, je
m'excuse.
M. Séguin: A l'article 1056. 2, M. le Président, on
précise tout simplement, pour éviter toute confusion, que ce sera
la Loi sur les allocations familiales qui va s'appliquer pour définir
bien sûr les bénéficiaires, les modalités de
paiement, etc., afin que le ministre du Revenu, s'il est responsable du
crédit d'impôt, soit astreint aux prescriptions stipulées
dans la Loi sur les allocations familiales que nous avons vues.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que cela va, M. le
député de Jonquière?
M. Dufour: Je n'ai pas de question.
Le Président (M. Lemieux): L'article 1056. 3, pas
l'article, mais le paragraphe...
M. Séguin: Oui, mais...
Le Président (M. Lemieux):... 1056. 3 de l'article 12.
M. Séguin: Oui, M. le Président, l'article 1056. 3
dit simplement que le montant versé à un particulier à
titre d'allocation familiale anticipée - c'est-à-dire qu'il l'a
reçue à tous les mois - à l'égard d'un enfant, en
vertu de l'article 1056. 1 que nous venons de voir, est réputé
être un paiement en acompte du montant que le particulier est
réputé avoir versé en vertu de l'article 776. 5. 1 pour
l'année. Or, cela veut dire que le montant qu'il a reçu en
allocation est réputé être le paiement pour le montant que
le particulier est réputé avoir versé à la fin de
l'année, en vertu de l'article 776 qu'on a vu tantôt,
c'est-à-dire que chaque montant d'allocation familiale qu'il
reçoit mensuellement réduit d'autant le crédit
d'impôt réputé à chaque mois.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que cela va, M. le
député de Jonquière? Cela va. M. le député
de Montmorency, l'article 1056. 1 introduit par l'article 12, le dernier.
M. Séguin: Oui. Ici, ce qu'on fait...
Le Président (M. Lemieux): Deuxièmement. Vous
êtes bien conscient, M. le député de Jonquière, que
nous sommes rendus au paragraphe 2, 1056. 1 introduit par l'article 12.
M. Séguin: Le deuxième alinéa, oui. On dit:
"Le présent article s'applique à compter de l'année
d'imposition 1986. " Toutefois, aux fins de l'application de l'article 1056. 1
qu'on a vu tantôt, cet article 1056. 1 doit se lire comme suit. Le, on va
changer le libellé de l'article 1056 pour les cas antérieurs
à l'année d'imposition 1986. On va lire que: "Malgré toute
autre disposition de la présente loi, le ministre est
réputé avoir versé à un particulier, à titre
d'allocation familiale anticipée à l'égard d'un enfant, le
montant qui lui a été versé en vertu de la Loi sur les
allocations familiales et, à compter du - ici, on va indiquer la date de
la sanction de la loi - doit verser à un particulier qui y a droit,
conformément au présent titre, une allocation familiale
anticipée à l'égard d'un enfant, " Ce qu'on fait ici,
c'est qu'on s'assure que les montants versés avant la sanction de la loi
soient eux aussi considérés comme un crédit d'impôt
depuis le début de l'année. Cela veut dire que, depuis le 1er
janvier, les montants mensuels qui ont été payés à
l'ensemble des bénéficiaires au Québec vont être
considérés comme assujettis aux nouveaux articles qu'on a vus,
soit 1056. 1, 1056. 2 et 1056. 3. C'est une règle transitoire simplement
pour s'assurer que tous les versements payés depuis le début de
l'année ]986 sont couverts, même ceux payés avant la
sanction de la loi.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le
député de Jonquière?
M. Dufour: Mais...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Jonquière.
M. Dufour:... ce qui me semble un peu mêlant dans mon
esprit, en tout cas, c'est qu'on parle toujours d'allocation familiale
anticipée et de crédit d'impôt. Cela m'embête un peu
parce que le titre du chapitre, c'est: "Versement par anticipation ou
crédit d'impôt à l'égard d'un enfant". Et ici, on
dit: "est réputé avoir versé à un particulier,
à titre d'allocation familiale anticipée à l'égard
d'un enfant, le montant qui lui a été versé en vertu de la
Loi sur les allocations familiales (L. R. G., chapitre A-17) et, à
compter du (indiquer ici la date de la sanction de la présente loi),
doit verser à un particulier qui y a droit, conformément au
présent titre, une allocation familiale anticipée à
l'égard d'un enfant. " Je trouve qu'on va devenir mêlé
quelque part. L'allocation familiale, est-ce que c'est un crédit
d'impôt? Est-ce que c'est une allocation familiale? Est-ce une allocation
anticipée? Tout cela fait que je pense qu'on le fait exprès pour
mêler tout le monde.
M. Séguin: Je comprends la question du
député de Jonquière. Techniquement, ce que l'on fait,
c'est que l'on change l'appellation d'un système et que l'on crée
un autre système en gardant certaines appellations de l'autre
système. Cela crée une confusion entre les deux, c'est exact. On
est dans une période transitoire aussi. Il y a une quantité de
chèques en circulation payés par la régie sous
l'appellation "allocations familiales".
Remarquez que l'expression "allocations familiales" va, à toutes
fins utiles, disparaître éventuellement un jour. On ne retiendra
que la notion de crédit. Mais, temporairement, j'avoue que c'est la
même chose. Comme je le disais tantôt, quand on Ht le chapitre C-ll
du fédéral qui verse maintenant un crédit d'impôt
anticipé et, de la même façon, un crédit
d'impôt pour enfant, il pourra y avoir aussi une certaine confusion entre
les allocations familiales payées par le fédéral et le
crédit d'impôt pour enfant. Les deux systèmes cohabitent
ensemble. C'est à espérer qu'à un moment donné cela
se clarifie. Je pense que quand une année se sera écoulée,
cela va devenir beaucoup plus clair dans l'esprit des gens que c'est un
crédit d'impôt.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 12 est
adopté? M. le député de Jonquière. M. le
député de Chauveau, s'il vous plaît!
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 12 est adopté.
J'appelle l'article 13 du projet de loi 135. M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: L'article 13 dit - on a ajouté un
alinéa à l'article 1060 pour dire qu'un particulier ne pourra
signifier au ministre un avis d'opposition à l'égard d'un
versement prévu à l'article 1056. 1. Étant donné
que les droits d'appel sont déjà prévus à la Loi
sur les allocations familiales, on ne voulait pas doubler et confondre les
droits, de sorte qu'aux articles 17 et suivants de la Loi sur les allocations
familiales il y a déjà les recours prévus pour le
versement qui est dans la loi.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 13 est
adopté? M. le député de Jonquière et M. le
député de Lévis, ensuite.
M. Dufour: Comment un contribuable pourrait-il signifier un avis
d'opposition par rapport à cela, en supposant que cet article ne serait
pas introduit?
M. Séguin: Parce que la Loi sur les impôts
prévoit un droit de révision ou un droit d'appel par le
dépôt d'un avis d'opposition auprès du sous-ministre du
Revenu auprès des autorités fiscales.
M. Dufour: Toujours en tenant compte du crédit
d'impôt.
M. Séguin: II peut le faire habituellement par toute
disposition fiscale prévue dans la loi ou par les règlements.
Donc, si on ne mettait pas cette disposition, des contribuables pourraient
faire appel, soit en vertu de la Loi sur les impôts ou en vertu de la Loi
sur les allocations familiales ou même, parfois, faire double appel en
vertu des deux lois. Pour s'assurer que le contrôle de l'application des
versements prévus par la Loi sur les allocations familiales demeure sous
la responsabilité du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, ce n'est pas au ministre du Revenu et au
ministère à interpréter les modalités d'application
de l'allocation familiale. Donc, le droit d'appel se fera en vertu de la Loi
sur les allocations familiales, aux articles 17 et suivants.
M. Dufour: Disons qu'à l'article 1056. 1, il y aurait un
montant trop élevé par rapport à ce que...
M. Séguin: Habituellement, ce serait plutôt un
montant inférieur. Si le contribuable conteste, c'est pour en avoir
plus. Donc, s'il se croit lésé de ne pas avoir reçu le
montant qui lui revient, il pourra faire appel, à ce moment-là,
en vertu de l'article 17 et suivants de la Loi sur les allocations
familiales.
M. Dufour: Donc, il y a d'autres mécanismes qui
prévoient que les gens peuvent s'opposer...
M. Séguin: Oui.
M. Dufour:... ou contester?
M. Séguin: Absolument, dans l'article 17.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 13 est
adopté? M. le député de Lévis, est-ce que cela peut
aller?
M. Garon: Attendez un peu.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau, s'il vous plaît!
M. Garon: Mais si... Non, d'accord.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 13 est
adopté? Je pense que cela a répondu...
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le titre du projet
de loi 135, Loi modifiant la Loi sur les allocations familiales et la Loi sur
les impôts, est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le titre du projet de loi est
adopté. Est-ce que l'ensemble du projet de loi 135, Loi modifiant la Loi
sur les allocations familiales et la Loi sur les impôts, est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: Si vous me le permettez, j'aimerais vous remercier,
M. le Président, ainsi que les membres de la commission et, d'une
façon particulière, le député de Montmorency. Nous
saisirons l'Assemblée du rapport de la commission dans les meilleurs
délais de façon à faire en sorte que le projet de loi soit
sanctionné avant notre départ pour les vacances des
fêtes.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre du Revenu. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: On n'a peut-être pas eu droit aux remerciements
du ministre, mais j'ai l'impression...
M. Grattons Je m'excuse, non, non...
M. Dufour:... que l'Opposition a voulu collaborer...
M. Gratton: Non, non...
M. Dufour:... et on a compris le...
M. Gratton: M. le Président, j'ai remercié le
président et les membres de la commission. Évidemment, cela
incluait, au tout premier titre, les membres de l'Opposition.
Le Président (M. Lemieux): Je tiens à...
M. Dufour: Je le faisais dans l'esprit des fêtes, dans
l'esprit de taquiner un peu.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Lemieux): Je tiens à remercier les
membres de la commission des deux groupes parlementaires ainsi que les
fonctionnaires qui se sont déplacés et qui ont contribué
à l'adoption de ce projet de loi.
Nous ajournons maintenant sine die.
(Fin de la séance à 16 h 47)