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(Quinze heures vingt-trois minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La comission du budget et de l'administration... À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission du budget et de l'administration est
réunie aujourd'hui afin de poursuivre ses consultations
particulières dans le cadre de l'examen des orientations, des
activités et de la gestion de la Commission des valeurs
mobilières du Québec. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a
des remplacements?
Le Secrétaire: M. le Président, pour la
séance il n'y a aucun remplacement.
Le Président (M. Lemieux): Permettez-moi de vous faire
lecture de l'ordre du jour.
À 15 heures, nous allons entendre l'Association canadienne des
compagnies d'assurances de personnes.
À 15 h 45, M. Gilles Delisle, de Sonam Inc.
À 16 h 30, l'Association pour la protection des investisseurs du
Québec.
À 17 h 15, les Systèmes financiers Iceberg.
A 20 heures, M. Jacques Forget, du journal Finance.
À 21 heures, M. Pierre Fortier, ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation.
Il y a une légère erreur. À 21 heures, il s'agit
d'entendre la Commission des valeurs mobilières du Québec et,
à 21 h 30, M. Pierre Fortier, ministre délégué aux
Finances et à la Privatisation.
J'aimerais vous rappeler le cadre général du mandat de la
présente commission. Alors, permettez-moi de vous rappeler
brièvement les objectifs de la démarche que cette commission
parlementaire a entreprise depuis le printemps dernier.
Premièrement, je veux souligner que nos travaux sur la Commission
des valeurs mobilières du Québec ont été entrepris
de l'initiative des membres de la commission parlementaire et même sur
proposition du vice-président de la commission, le député
de Lévis, qui est présentement retenu à la commission de
l'Assemblée nationale, et non pas, comme on l'a écrit, sur mandat
du gouvernement. Il faut comprendre que les travaux de cette commission sont
indépendants de la réflexion qui a été entreprise
par le gouvernement sur les institutions financières. Si le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation
participe à nos travaux en fin de journée, c'est à titre
de témoin comme les autres personnes et organismes que nous entendons
aujourd'hui.
Deuxièmement, cette séance de consultation
particulière poursuit la démarche de consultation et de recherche
que nous avons amorcée en octobre et au début de ce mois, en
entendant la Commission des valeurs mobilières du Québec, la
Bourse de Montréal et l'Association canadienne des courtiers en valeurs
mobilières.
Troisièmement, je veux rappeler que l'objectif premier de notre
démarche est de nous éclairer comme parlementaires sur le
rôle actuel et futur de la Commission des valeurs mobilières du
Québec, son fonctionnement et ses activités. Nous cherchons
à identifier les forces et les faiblesses de l'organisme, à voir
s'il y a lieu de suggérer des améliorations dans son
fonctionnement, ou tout simplement à constater que tout va bien et
à l'appuyer dans l'exécution de sa mission. Notre rôle se
veut positif. Nous ne sommes pas une commission d'enquête. Notre
tâche est de nous assurer que la Commission des valeurs mobilières
du Québec remplit adéquatement son rôle avec
efficacité et efficience. Puis, s'il y a lieu, nous pouvons recommander
à l'Assemblée nationale, au gouvernement et à l'organisme
lui-même les mesures qui nous apparaissent susceptibles
d'améliorer ou de consolider la Commission des valeurs mobilières
du Québec. Je rappelle encore que notre point de vue est celui de la
population qui veut un marché boursier fort et dynamique, tout en
assurant la protection des épargnants.
Maintenant, est-ce qu'il y a des membres qui veulent faire des remarques
d'ouverture? M. le député de Sainte-Anne.
Remarques préliminaires M. Maximilien
Polak
M. Polak: M. le Président, J'en aurais pour deux ou trois
minutes, car je dois siéger à la commission de
l'Assemblée
nationale dans une vingtaine de minutes, autrement, je l'aurais
certainement dit au cours de nos travaux aujourd'hui. J'ai participé
à nos travaux depuis le début quand notre commission est
allée à Montréal rencontrer tous les organismes, et j'ai
été très impressionné par la nature et la
qualité de nos travaux et aussi par votre présidence et par la
vice-présidence. Je pense qu'on a vraiment travaillé en
équipe et d'aucune manière partisane.
Je voudrais simplement souligner que, pour moi, l'aspect qui me semble
le plus important - là, je parle à titre personnel -c'est la
protection du petit épargnant, que je trouve être de toute
première importance. J'ai toujours émis cette opinion pendant nos
travaux. Notre mandat était d'examiner les orientations, les
activités et la gestion de la Commission des valeurs mobilières
du Québec. À un moment donné, la pauvre commission,
presque, est devenue un peu la victime, car tout le monde donnait son opinion
à savoir comment améliorer la Commission des valeurs
mobilières. À plusieurs occasions, je me rappelle, les autres
intervenants ont posé des questions.
Quant à moi, la commission joue un rôle très
important. Personnellement, je crois que son rôle devrait être
accru concernant la protection du petit épargnant et je ne voudrais pas,
d'aucune manière, qu'on ait l'impression que c'était un peu la
commission qui était la victime et qui était attaquée par
tout le monde dans les mémoires. Je suis très content de savoir
qu'on lui a accordé un droit de réplique aujourd'hui
même.
Je sais qu'on aura un rapport à un moment donné, mais je
voudrais souligner que d'autres députés trouvent aussi cet aspect
de protection important: le député de Lévis, le
député de Bertrand et des députés de notre
formation, également. Des cas comme Canadian Tire, par exemple, nous ont
enseigné beaucoup de choses, et c'est ce que je voudrais dire
personnellement, car, pour moi, c'est très important. Encore une fois,
je voudrais souligner le grand respect que j'ai pour les travaux de la
Commission des valeurs mobilières. Si jamais on se laisse aller à
critiquer ou si, dans des mémoires, elle a été
critiquée par d'autres intervenants, c'est ma tendance naturelle de
toujours protéger celui qui est sous l'attaque et je voudrais me porter
à sa défense.
C'est tout ce que j'ai à dire. Je vous remercie beaucoup. Je pars
pour une autre commission. Je regrette de ne pouvoir rester ici jusqu'à
la fin de nos travaux.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Sainte-Anne. Effectivement, une des
préoccupations de cette commission et de l'ensemble des membres de cette
commission est la protection du petit épargnant, entre autres.
Nous savons tout l'apport intellectuel que vous avez apporté
à notre commission et que vous continuerez d'apporter, et nous vous en
remercions. Vous aurez d'ailleurs l'occasion de siéger en
sous-soumission afin d'étudier l'ensemble des recommandations. On vous
remercie de votre collaboration. Si l'occasion vous est permise de revenir nous
voir, cela nous fera plaisir, M. le député de Sainte-Anne.
Merci.
Dans un premier temps, est-ce que, M. le député de
Bertrand, vous avez une déclaration d'ouverture à faire?
M. Parent (Bertrand): Non, pas particulièrement.
Auditions
Le Président (M. Lemieux): Alors, je demanderais au
premier groupe, l'Association canadienne des compagnies d'assurances de
personnes, de bien vouloir prendre place ici, en avant.
Dans un premier temps, j'aimerais vous rappeler approximativement la
durée de l'audition. Vous aurez de 15 à 20 minutes pour votre
exposé et suivra une période de 25 à 30 minutes
d'échanges entre les membres de cette commission. J'aimerais que chacun
d'entre vous s'identifie - nom et qualité - ou que le président
ou le responsable de l'organisme identifie les personnes qui l'accompagnent
afin de permettre les discussions et l'enregistrement au Journal des
débats.
Association canadienne des compagnies d'assurances de
personnes
M. Bégin (Robert): M. le Président, MM. les
députés, comme vous l'avez dit, nous représentons
l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes. J'ai,
à ma droite, M. René Massicotte, premier vice-président et
directeur général de l'Assurance-vie Desjardins, et, à ma
gauche, M. Yves Millette, vice-président et directeur responsable du
bureau francophone de l'association à Montréal. Mon nom est
Robert Bégin, président du conseil de l'association canadienne,
pour le mandat qui va se terminer bientôt, et dans mon temps libre, je
suis aussi président et chef de la direction de
l'Industrielle-Alliance.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M.
Bégin. Nous sommes prêts à vous entendre, vous pouvez
procéder.
M. Bégin: C'est M. Yves Millette qui va se charger de la
présentation originale.
M. Millette (Yves): M. le Président, MM. les
députés, madame, L'Association canadienne des compagnies
d'assurances de
personnes est une association qui regroupe environ 110 compagnies
d'assurances de personnes représentant 98 % du marché de
I'assurance-vie au Canada. Depuis quelques années et,
spécialement au Québec, depuis 1984, avec l'adoption de la loi
75, l'industrie des assurances de personnes a cherché à
décloisonner ses activités et à les étendre parmi
les autres piliers des institutions financières, comme le permettait la
loi 75. Face à cette situation, notre industrie a été
à même de constater certaines des limites du cadre de
contrôle actuel des institutions financières, tant dans les lois
que dans les organismes de contrôle, et notre présence ici,
aujourd'hui, est reliée à ce fait.
De façon générale, les compagnies d'assurances
québécoises ont été le lieu d'éclosion de
l'entrepreneurship des Québécois et, plus spécialement en
matière d'institutions financières, nos groupes financiers se
sont étendus dans les divers aspects de l'industrie des produits
financiers. Cette nouvelle situation nous a menés à entrer en
contact plus spécialement aujourd'hui avec la Commission des valeurs
mobilières et c'est ce dont nous voulons vous entretenir.
Les nouveaux produits d'assurances apparaissent rapidement et les
consommateurs veulent des produits de plus en plus adaptés à la
situation actuelle. Cela nous a menés à modifier, entre autres,
nos produits d'assurances pour les rapprocher des besoins des consommateurs,
plus spécialement quant au partage du risque en matière de
rendement des placements faits par les compagnies d'assurances. À ce
chapitre, aujourd'hui, plusieurs produits financiers peuvent varier, soit quant
à la prime, soit quant au montant de la prestation, en fonction de la
fluctuation des taux d'intérêt ou en fonction du rendement des
placements.
Effectivement, cela a mené la Commission des valeurs
mobilières du Québec à s'intéresser aux produits
des compagnies d'assurances, plus spécifiquement aux produits variables
versés dans des fonds distincts. Cette intervention de la commission a
remis plus particulièrement en cause la répartition des pouvoirs
des organismes de surveillance et de contrôle au Québec où,
jusqu'à maintenant, il n'y avait pas eu de chevauchement entre les
différents organismes.
Cette réglementation met en cause un aspect un peu
théorique qui est le problème de la réglementation par
institution face à la réglementation par activité. La
réglementation par activité voudrait qu'un organisme
réglemente un champ d'activité donné et que tous les
intervenants en ce domaine soient soumis à la juridiction. La Commission
des valeurs mobilières est un peu de cette nature, comme la Régie
des rentes du Québec, lorsqu'elle fait le contrôle des
régimes supplémentaires de rentes, est aussi un organisme de
contrôle par activité.
Par ailleurs, un organisme de réglementation par institution
serait plutôt du genre de celui de l'Inspecteur général des
institutions financières qui, jusqu'à ce jour, s'occupait de la
réglementation des compagnies d'assurances de personnes - pour prendre
notre industrie - à l'exclusion de tous les autres, sauf lorsqu'il y
avait des produits spécifiques, comme les régimes
supplémentaires de rentes ou les produits variables, dont au moins 75 %
de la prime n'étaient pas garantis. Dans tous les autres cas,
l'Inspecteur général des institutions financières avait
une juridiction globale.
Or, dans l'administration des caisses de retraite, l'intervention de la
Commission des valeurs mobilières a eu pour effet - du moins dans une
bonne partie des fonds distincts - d'ajouter un organisme de contrôle
à ceux déjà existants, c'est-à-dire l'Inspecteur
général des institutions financières et la Régie
des rentes pour l'application de la Loi sur les régimes
supplémentaires de rentes. Comme la philosophie de la Commission des
valeurs mobilières est différente, parce qu'elle s'applique
à des produits de valeurs mobilières et non pas
nécessairement à des produits de rentes, on a assisté
à trois façons de contrôler l'industrie des assurances qui
étaient différentes dans leur conception. Donc, une telle
intervention amène un problème qui est de taille, même si
l'intervention sur les fonds distincts est relativement mineure, puisque ce ne
sont que 10 000 000 000 $ d'actifs sur l'ensemble des actifs
gérés par l'industrie de l'assurance-vie, 10 000 000 000 $ sur
l'ensemble des régimes supplémentaires de rentes. Cela peut
paraître assez peu, finalement, mais il s'agit d'un problème de
taille parce que cela vient ajouter un organisme de réglementation dont
la philosophie est différente. On voudrait, à cet
égard-là, que le gouvernement indique clairement que
l'orientation des politiques appartient au gouvernement et non pas aux
organismes de surveillance, quels qu'ils soient, pas uniquement la Commission
des valeurs mobilières, mais tous les organismes de surveillance.
De plus, notre organisation aimerait que, pour accompagner le
décloisonnement qui se fait jour, le gouvernement et cette commission
regardent la possibilité d'harmoniser les organismes de contrôle
de façon à éviter les empiétements et les conflits
de juridiction qui pourraient exister entre les organismes. Évidemment,
l'idéal serait d'entreprendre la révision complète des
organismes de contrôle, mais une adaptation de la situation actuelle pour
éviter les chevauchements serait déjà un grand pas dans ce
domaine.
On a eu le même problème au niveau
des réseaux de distribution, plus spécifiquement en ce qui
concerne les conseillers en planification financière. Le conseiller en
planification financière est, à toutes fins utiles, le symbole du
décloisonnement des institutions financières, mais en ce qui a
trait à la distribution des produits. Lorsque la Commission des valeurs
mobilières a manifesté son intention de réglementer ce
champ d'activité, on s'est retrouvé avec exactement le même
problème, où un organisme de contrôle offrait de
réglementer un secteur d'activité qui était plus large que
le mandat que la loi lui donnait. À ce moment-là, encore une
fois, comme l'industrie de l'assurance-vie est impliquée dans le domaine
de la planification financière, puisque la planification
financière est un organisme multidisciplinaire, à ce
moment-là, dis-je, notre industrie souhaite que la réglementation
dans ce domaine tienne compte de l'ensemble des intervenants et qu'elle ne soit
pas exclusivement réservée à un groupe. Nous pensons que
la réglementation de la planification financière doit
s'étendre à l'ensemble des intervenants, que ce soit les
comptables, les assureurs-vie ou toutes les autres organisations, et que tous
ces organismes, y compris la Commission des valeurs mobilières et
l'Inspecteur général des institutions financières, soient
impliqués dans la mise en place d'un cadre de réglementation qui
tiendrait compte de la présence de tous les intervenants dans ce
domaine.
Enfin, notre association met de l'avant, depuis maintenant quelque
temps, des principes d'autoréglementation pour réglementer ou
autoréglementer l'industrie des institutions financières et,
à cet égard, on soulève trois exemples de
mécanismes d'autoréglementation que notre industrie tente
d'élaborer. Le premier concerne un fonds de compensation pour les
assurés qui, contrairement à l'assurance-dépôts,
serait de nature privée, c'est-à-dire qu'il serait
administré par l'industrie elle-même. Celle-ci veut mettre de
l'avant des tests de solvabilité pour rendre public, pour rendre
accessible à tout le monde l'état de la situation
financière des compagnies d'assurances de façon à
autoréglementer ce secteur et de façon à l'autodiscipliner
et à faire disparaître les industries qui seraient en mauvaise
situation financière, pour éviter des pertes aux
consommateurs.
Pour ce qui est de la distribution des produits, l'Association
canadienne des compagnies d'assurances de personnes propose la mise en place
d'un conseil des assurances qui regrouperait les intervenants, soit les agents
d'assurances et les compagnies d'assurances de personnes, pour discipliner et
pour former les gens qui font la distribution des produits des institutions
financières et plus spécialement des compagnies d'assurances. Cet
organisme, le Conseil des assurances, aurait pour fonction de prendre la
succession du Surintendant des assurances ou de l'Inspecteur
général des institutions financières dans la discipline et
la formation des vendeurs d'assurances.
Enfin, le troisième mécanisme d'autoréglementation
que notre association met de l'avant est, dans le dossier du
libre-échange, un accord de libre-échange avec les
États-Unis pour ouvrir les marchés des institutions
financières par-delà les problèmes de frontières ou
de territoires des États.
Cela fait un peu le tour du mémoire que nous avons
présenté. Nous serons heureux de répondre à vos
questions. Merci infiniment, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M.
Millette.
J'aurais une première question relativement à la page 2 de
votre mémoire, quatrième paragraphe, où vous faites
état de ceci. Vous nous dites: "Le système de surveillance et de
contrôle canadien s'est élaboré au cours des années
et l'État a fait preuve de pragmatisme en évitant autant que
possible la duplication et les chevauchements et en utilisant du mieux qu'il
pouvait ses ressources. " Relativement à cet aspect, et j'ajoute le
paragraphe qui suit, est-ce que vous pourriez nous faire une
récapitulation des principaux points de chevauchement en matière
de contrôle et de surveillance entre l'association et la Commission des
valeurs mobilières dans le cadre du décloisonnement comme tel?
Est-ce que c'est possible pour vous, de façon succincte?
M. Millette: Oui.
Le Président (M. Lemieux): De façon pratique
aussi.
M. Millette: Les deux dossiers actuellement à
l'étude sont le dossier des fonds communs de placements lorsque les
compagnies d'assurances administrent ce qu'on appelle des fonds distincts pour
l'administration plus spécialement des caisses de retraite où,
à ce moment-là, la compagnie d'assurances agit un peu comme
gestionnaire de fonds pour les retraités. La Commission des valeurs
mobilières a revendiqué juridiction alors que la Régie des
rentes a déjà une part de juridiction et que l'Inspecteur
général des institutions financières a aussi une part de
juridiction. C'est effectivement le premier domaine. Le deuxième domaine
où il y a eu des pourparlers, c'est dans les contrats individuels.
À ce moment-là, les contrats qui ne garantissent pas un retour de
75 % de la prime sont considérés comme des valeurs
mobilières. Mais, avec la vogue actuelle des fonds communs de
placements, l'industrie des
assurances n'a pas jugé bon d'émettre elle-même ce
genre de contrat, mais elle l'a fait par le biais de filiales qui sont
elles-mêmes régies par la Commission des valeurs
mobilières. À ce moment-là, il y avait un problème
chez les vendeurs, c'est-à-dire ceux qui mettaient en marché ces
produits. En septembre 1986, il y a eu une entente entre la Commission des
valeurs mobilières et l'Inspecteur général des
institutions financières qui permet aux agents d'assurances et aux
distributeurs de fonds mutuels de cumuler leurs activités. Enfin, le
troisième secteur où il y a des chevauchements
présentement, c'est concernant les conseillers en planification
financière, où effectivement les assureurs-vie, les agents
d'assurances y ont des activités importantes. De plus en plus, avec le
décloisonnement, nos forces de vente sont appelées à
vendre divers produits financiers et, à ce moment, nous sommes
très intéressés par le dossier des conseillers en
planification financière. (15 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Millette. Par rapport
à ces chevauchements, voyez-vous des solutions d'une nature
concrète qui pourraient peut-être résoudre ou amorcer une
solution eu égard à cette problématique?
M. Millette: Oui, il y en a sûrement. Il y a sûrement
des solutions à court terme qui peuvent régler des
problèmes précis. Par exemple, si la Commission des valeurs
mobilières juge que, en matière de fonds distincts, l'information
aux consommateurs n'est pas suffisamment grande, la commission pourrait
recommander que la Loi sur les régimes supplémentaires de rentes
soit modifiée de façon que l'information donnée aux
consommateurs soit plus importante. C'est un exemple précis et à
très court terme pour régler un aspect particulier du dossier.
Cela ne réglera pas les champs de conflits potentiels et à venir
qui naissent du décloisonnement auquel on assiste présentement.
Pour donner un exemple, en matière de dépôt, qui aura la
juridiction lorsque le dépôt ne sera pas régi par la Loi
sur l'assurance-dépôts? Est-ce que ce sera la Commission des
valeurs mobilières? Est-ce que ce sera l'inspecteur
général? Effectivement, les produits que notre industrie met en
marché, les REER plus exactement, pourraient être sujets à
discussion dans un avenir plus ou moins rapproché. À l'heure
actuelle, les REER sont considérés comme des assurances, parce
qu'ils sont vendus par des assureurs mais tous les gens savent que c'est
très près de la notion de dépôt. Â ce moment,
on pourrait avoir... Là, le débat deviendra d'autant plus
important que les fonds qui sont gérés par les compagnies
d'assurances dans ce domaine dépassent largement 10 000 000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Mille-Îles.
M, Bélisle: D'abord messieurs, merci de votre venue devant
la commission parlementaire pour tenter de nous éclairer un peu plus en
profondeur sur votre perception des choses face à la Commission des
valeurs mobilières du Québec.
J'ai plusieurs questions et, entre autres, je vais commencer avec une
ouverture que vous m'avez faite et qui m'a fait un peu sursauter. Lorsque
vous... Il faut parler sans gêne, même s'il y a beaucoup de
personnes dans la salle qui peuvent vous écouter ou peuvent avoir
affaire à vous directement ou indirectement dans le futur
immédiat ou lointain.
Le Président (M. Lemieux): Conversation à huis clos
enregistrée.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Iles.
M. Bélisle: M. Millette, vous dites: II y a eu une entente
entre l'inspecteur général et la Commission des valeurs
mobilières du Québec. Vous venez de mentionner cela dans la fin
de votre discours. Est-ce que vous trouvez cela normal, vous, qu'il y ait des
ententes comme cela qui se fassent à un moment donné dans le
temps, 1986, concernant de nouveaux produits qui sont apparus sur le
marché, où une information additionnelle qui doit être
fournie relativement à certains produits et où... Moi, je suppose
que c'est par rapport à des produits qui existaient depuis une dizaine
d'années peut-être. Quelle est votre réaction face à
cela?
M. Millette: D'abord, du côté de l'Inspecteur
général des institutions financières, l'entente a
été entérinée par un règlement d'application
de la loi qui a été adopté par le gouvernement. Donc, ce
n'est pas finalement... C'est peut-être impropre de dire qu'il y a eu une
entente entre les deux institutions, cette entente a été
entérinée par le gouvernement. Donc, même du
côté de la Commission des valeurs mobilières du
Québec, le gouvernement était purement au fait de ces choses.
Cela n'a pas été une décision unilatérale de la
part des organismes de contrôle, cela a été
entériné par le Conseil des ministres.
M. Bélisle: Je suis au courant de cela mais ce n'est pas
cela que je vous pose comme question. Vous souriez mais j'aimerais savoir,
derrière votre sourire, ce que vous pensez de toute cette concertation
entre l'Inspecteur général des institutions
financières et la Commission des valeurs mobilières du
Québec pour établir un certain contrôle additionnel
relativement à votre domaine d'activités. Est-ce que vous avez
été consultés? Est-ce -que vous êtes d'accord avec
cette façon de faire? Est-ce que cela vous impose des contrôles ou
des contraintes supplémentaires? Quel est le coût de ces
contraintes pour le public, etc. ?
M. Millette: Premièrement, oui, on a été
consultés puisque la Commission des valeurs mobilières avait tenu
des audiences et que nous nous sommes présentés à ces
audiences. Deuxièmement, est-ce que nous trouvons normal qu'il en soit
ainsi? Je pense que, si on parle dans l'absolu de qui doit adopter des
politiques, on en revient à la première des recommandations.
D'après nous, les organismes de surveillance et de contrôle
devraient avoir un mandat défini dans la loi. Les orientations et les
politiques devraient être données par le gouvernement. C'est
certain. C'est le gouvernement ou le Conseil des ministres ou, dans la mesure
où les lois ne le prévoient pas déjà,
l'Assemblée nationale qui devrait orienter les institutions
financières ou le contrôle de l'industrie des institutions
financières. C'est ce que nous demandons, d'ailleurs.
M. Bélisle: Oui, je comprends, M. Millette, mais, à
la page 3 de votre document, au cinquième paragraphe, vous nous dites
que, dans l'administration des caisses de retraite, on retrouve des
fiduciaires, des sociétés de fiducie, des conseillers en
placements et des sociétés d'assurances. Vous terminez en disant:
"C'est ici que la Commission des valeurs mobilières a voulu imposer sa
philosophie d'information aux épargnants mais uniquement aux
sociétés d'assurances. "
Vous deviez certainement en écrivant cela avoir un petit relent
de mécontentement, je suppose. Vous aimeriez peut-être que la
règle soit appliquée à d'autres. Vous vous demandez
peut-être pourquoi elle a été appliquée seulement
à vous.
M. Millette: Qu'elle ne soit pas appliquée du tout ou
qu'elle soit appliquée à tout le monde. Mais il faudrait faire un
choix. Pas uniquement à nous. On est dans un monde concurrentiel
où on est en concurrence avec ces gens-là. C'est nettement le
sens des représentations qu'on a faites à la commission et au
gouvernement jusqu'à maintenant, dans ce dossier particulier.
M. Bélisle: Quant aux représentations que vous avez
faites là-dessus, vis-à-vis de la Commission des valeurs
mobilières, est-ce que cela a apporté une modification de sa
vision des choses ou bien si elle s'en est tenue exactement à sa
position de départ là-dessus?
M. Millette: Non. La position de la commission a
évolué à ce niveau.
M. Bélisle: Est-ce que l'association que vous
représentez est satisfaite de l'évolution de la Commission des
valeurs mobilières sur ce point?
M. Millette: Si on parle du dossier précis, oui, parce
qu'il y a des discussions qui sont engagées, qu'on est capable de se
parler et qu'on n'est pas en chicane avec la commission. Lorsque nous
négocions avec la Commission des valeurs mobilières les questions
d'orientations politiques, cela nous dérange plus.
M. Bélisle: Quand vous parlez d'orientations politiques,
pourriez-vous être un peu plus explicite là-dessus?
M. Millette: Oui. Quand on parle d'orientations politiques, ce
sont les orientations qui ont trait aux vocations des organismes, qui ont trait
aux produits. Parce que, lorsqu'on parle de la question des fonds communs de
placements, il y a une exemption dans la Loi sur les valeurs mobilières
qui prévoit que les fonds des compagnies d'assurances, que les contrats
de rentes et d'assurances ne sont pas assujettis, sauf certains contrats qui
n'ont pas une garantie de 75 % de la prime. Mais la commission vient parler de
choses qui sont en dehors de cela. Nous considérons que les
régimes de rentes échappent complètement à la
juridiction de la Commission des valeurs mobilières, entre autres, et
les contrats d'assurance, peu importe leur garantie. Nous considérons
également qu'il n'appartient pas à la commission de
déterminer ce qui est de l'assurance, ce que sont des rentes et ce qui
n'en est pas. À la limite, ce sont les tribunaux mais, de
préférence, le gouvernement ou l'Assemblée nationale,
lorsqu'il s'agit de questions de législation.
M. Bélisle: Est-ce que vous avez eu à vous adresser
aux tribunaux pour faire trancher cette question de définition et de
juridiction quant aux rentes, etc. ?
M. Millette: Nous n'avons pas eu à nous adresser aux
tribunaux parce que nous avons toujours maintenu des discussions avec la
commission.
M. Bélisle: Est-ce que je dois comprendre, M. Millette,
que, même, aujourd'hui, il n'y a rien qui soit finalisé
là-dessus?
M. Millette: Non. Il y a toujours des
discussions avec la commission.
M. Bélisle: C'est ce que je dois comprendre.
M. Millette: En ce qui a trait au dossier des fonds communs de
placements.
M. Bélisle: Au sujet des fonds communs de placements, des
fonds de retraite, c'est cela?
M. Millette: Oui.
M. Bélisle: Les rentes variables, est-ce qu'on en parle
également?
M. Millette: Tout ce genre de dossier, effectivement, fait
l'objet de pourparlers avec la Commission des valeurs mobilières.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le
député de Mille-Îles?
M. Bélisle: Oui, M. le Président.
Le Président (M, Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. Millette, à la page 3 de
votre mémoire - avant de donner la parole au député de
Bertrand - vous nous dites, dans le dernier paragraphe: "Si la commission a de
bonnes raisons de croire que la divulgation n'est plus adaptée aux
conditions contemporaines et ne procure plus au public les protections
souhaitables lorsqu'il s'agit de contrats comportant le recours à des
fonds communs, elle doit alors se demander, avant que soit modifiée
l'organisation du contrôle, en quoi la législation... " et on
continue. Vous avez parlé tout à l'heure de problèmes dans
les fonds de placements comme tels. Pourriez-vous expliciter être
beaucoup plus concrètement, le mécanisme comme tel dans le
réel, et essayer de nous décrire quelles sont ces frictions, ces
chevauchements, le mécanisme comme tel? Ce n'est pas clair pour moi ici
dans la dernière partie.
M. Millette: Ce n'est pas nécessairement clair pour nous
non plus; cela relève de la juridiction fondamentale de la commission
qui est de bien informer le consommateur. La Commission des valeurs
mobilières nous dit que dans un cas comme celui-là les
consommateurs doivent être bien informés. Nous sommes d'accord
pour dire que les consommateurs doivent être bien informés, mais
la commission ne s'est jamais véritablement étendue sur les
lacunes de l'information. L'information donnée n'est pas l'information
prévue par la Loi sur les valeurs mobilières, mais est-ce
suffisant pour dire que l'information n'est pas suffisante? Or, c'est dans ce
sens-là que les discussions ont toujours eu lieu.
Quant à nous, il nous est apparu qu'il n'y avait jamais eu
véritablement de plainte de la part des consommateurs, que la
Régie des rentes s'occupait de ce secteur-là, que finalement il
n'y avait peut-être pas de raison autre qu'une ressemblance dans la
définition du produit pour justifier une intervention de la commission
dans ce cas précis.
Le Président (M. Lemieux): Pourriez-vous nous dire, M.
Millette, à quoi ressemblent les contrats comportant le recours à
des fonds communs de placements?
M. Millette: Ce sont dans 90 % des cas des contrats collectifs
qui sont vendus à des employeurs qui prévoient la gestion des
fonds accumulés dans les caisses de retraite, conformément
à la Loi sur les régimes supplémentaires de rentes. Un
contrat est émis qui prévoit les obligations des uns et des
autres, et qui prévoit qu'à maturité une rente peut
être achetée auprès de cet assureur ou d'un autre assureur,
selon les contrats qui sont ouverts, pour permettre au rentier d'acheter sa
rente et de se détacher du régime supplémentaire de
rentes.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Au nom de
l'Opposition, je vous souhaite la bienvenue et j'excuse mon collègue, le
député de Lévis, qui est retenu actuellement dans une
autre commission dont il est vice-président.
J'avais premièrement des questions, M. Millette, moi aussi
à la page 3, face à ce qu'a mentionné le président
de la commission, dans la même foulée des préoccupations
que vous avez en ce qui concerne le régime supplémentaire des
rentes qui est inadapté. Vous dites au début de la page 4: "II
s'agit là d'un problème général, de taille, qui ne
devrait pas être réglé à la pièce au niveau
d'un organisme de contrôle. C'est tout l'équilibre du
système de surveillance et de contrôle des institutions
financières qui est alors touché. " Alors, si c'est un
problème général qui ne doit pas être
réglé à la pièce, comment préconisez-vous le
règlement de ce problème que vous soulevez en page 3?
M. Millette: On pense qu'il ne doit pas s'agir d'un
problème qui doit être réglé à la
pièce parce que dans le cadre du décloisonnement le nombre de
frictions potentielles risque d'être beaucoup plus important, et on
voudrait qu'il y ait un effort global de révision de l'ensemble des
organismes de contrôle pour que, premièrement - c'est notre
première recommandation - l'orientation des politiques appartienne
au
gouvernement et non à l'organisme, et que, deuxièmement,
chacun des organismes, s'il doit y en avoir plus d'un, ait une vocation qui
soit clairement définie et bien cernée pour que nous sachions
très bien à quoi nous en tenir, en sachant que, si on met en
marché tel genre de produit, il soit clair qu'on appartienne à
telle juridiction.
Évidemment, on a une préférence pour avoir un seul
organisme de contrôle ou, à tout le moins, un organisme de
contrôle par type d'institution. C'est beaucoup plus facile pour nous,
parce qu'à ce moment-là on a à entrer en contact avec un
seul organisme de contrôle et une seule philosophie de contrôle.
C'est beaucoup plus simple pour nous. (16 heures)
M. Parent (Bertrand): Concernant le décloisonnement, vous
mentionnez, au tout début de votre mémoire, que l'industrie de
l'assurance des personnes a été la première à
préconiser le décloisonnement des institutions financières
et qu'elle s'est associée très tôt à la loi 75.
À la page 7 de votre mémoire, lorsque vous parlez de
l'autoréglementation comme voie d'avenir, vous dites: "Le
décloisonnement et l'internationalisation des institutions
financières posent de nouveaux défis que la structure... Ainsi,
dans le débat actuel sur le décloisonnement des institutions
financières, certaines propositions auraient . pour effet de donner une
portée extraterritoriale à des législations amenant un
chassé-croisé... Ce genre de situation est propice au
déclenchement de mesures de représailles entre juridictions.
L'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes s'oppose
à la généralisation d'une telle situation entre le
fédéral et les provinces... "
Je vois un peu une contradiction. Est-ce que vous êtes favorables
au décloisonnement? Si oui, de quelle façon le voyez-vous? Ne le
voyez-vous pas de façon générale?
M. Millette: Ce qui est visé par notre association, si on
parle des organismes de contrôle, ce sont les organismes de
contrôle dans chacun des États. Ce n'est pas notre but et il n'est
pas de notre ressort non plus de susciter des querelles constitutionnelles ou
des questions de juridiction entre chacune des provinces et le gouvernement
fédéral. Dans ce cas précis, on se réfère au
mémoire que nous avons déposé devant le Parlement ontarien
concernant la loi sur les fiducies, qui comprend des mesures
extraterritoriales.
C'est dans ce sens qu'on dit que nous nous opposons à ce que des
lois aient des mesures extraterritoriales parce qu'on assiste, à ce
moment, à des effets de domino qui sont absolument incontrôlables.
Une société d'assurances ou une société de fiducie
qui va vouloir faire affaire dans un État donné pourrait
être obligée de changer l'ensemble de ses activités ou
l'ensemble de ses états financiers pour satisfaire aux exigences de cet
État alors qu'ici, au Québec, les lois nous permettraient de
faire tout autre chose ou des choses complémentaires ou
différentes.
C'est dans ce sens qu'on souhaite une harmonisation. Nos demandes de
réglementation par institution se situent à l'intérieur du
cadre de la juridiction. Par exemple, lorsqu'on demande un organisme unique au
Québec, c'est au Québec et non pas au Canada qu'il est
demandé.
M. Parent (Bertrand): De façon générale,
comment sont vos relations avec la commission?
M. Millette: La Commission des valeurs mobilières du
Québec? On a toujours eu des relations très correctes avec les
gens. On a discuté largement les dossiers qu'on avait à discuter
avec eux. On n'a jamais refusé d'en parler. Je pense que de leur
côté ils ont fait des ouvertures et les discussions ont toujours
été ouvertes. Nos points de vue sont souvent à
l'opposé, mais il y a toujours eu un dialogue entre la commission et
notre association.
M. Parent (Bertrand): Merci pour l'instant.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. M. Bégin et M. Massicotte, vous avez
quand même une large expertise dans le domaine des assurances. Est-ce
qu'il vous serait possible de donner à cette commission votre point de
vue sur le décloisonnement des institutions financières'' Comment
voyez-vous cela? Une question qui est très large, mais qui serait fort
intéressante eu égard à l'expertise que vous avez dans le
domaine des assurances. M. Massicotte ou M. Bégin, un ou l'autre.
M. Massicotte (René): Oui, je peux vous donner mon opinion
personnelle,, Évidemment, celle de l'association c'est une chose que je
vais laisser à M. Bégin, si vous voulez.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Massicotte: Je suis, comme M. Bégin vous l'a dit
tantôt, à l'Assurance-vie Desjardins. Dans le Mouvement
Desjardins, vous savez que nous avons passablement d'activités en
matière de décloisonnements; diverses institutions
financières font partie du Mouvement Desjardins. Nous-mêmes,
à l'Assurance-vie Desjardins, avons beaucoup de collaboration avec les
caisses populaires, par exemple, en matière d'assurance. Nous avons des
collaborations avec Visa Desjardins en matière d'assurance aussi. Nous
en avons avec le Groupe Desjardins assurances générales pour
combiner les assurances-vie et
les assurances IARD. Inutile de vous dire que je suis favorable au
décloisonnement et qu'on en pratique déjà passablement
à l'intérieur des lois existantes, d'ailleurs. Le
décloisonnement est probablement une chose inévitable, qu'on doit
regarder positivement, et c'est ce que nous essayons de faire. Je vous parle de
mon point de vue en tant que dirigeant d'une institution qui fait partie du
Mouvement Desjardins.
Le Président (M, Lemieux): Je ne sais pas si le sourire de
M. Bégin signifie qu'il acquiesce à vos propos, mais j'aimerais
bien l'entendre sur cet aspect aussi.
M. Bégin: Dans un certain sens, oui, c'est un
acquiescement. C'est surtout le fait que l'industrie, de façon
générale, envie depuis longtemps le Mouvement Desjardins, parce
qu'il a justement accès à ce décloisonnement bien avant
tout le monde et, bien sûr, bien avant le changement des lois.
Par contre, l'association a vu apparaître la loi 75 au
Québec avec une certaine anxiété dans le reste du Canada,
mais aussi beaucoup d'envie. Plusieurs mémoires que nous avons
présentés aux autorités fédérales depuis
l'adoption de la loi 75, et aussi l'Ontario et les autres provinces,
s'appuyaient sur le décloisonnement dans la province de Québec.
En ce qui me concerne particulièrement, durant mon mandat, j'ai eu
l'occasion de parler du Québec comme d'un leader en ce domaine.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M.
Bégin. Est-ce que vous avez autre chose à ajouter? Cela va, M.
Massicotte? Vous n'avez pas autre chose à ajouter?
M. Massicotte: Non merci, M. le Président. Cela va.
Le Président (M. Lemieux): Cela va. M. Millette, à
la page 6 de votre mémoire, relativement à votre troisième
recommandation - vous avez un paragraphe de trois lignes en haut - au
cinquième paragraphe, vous dites ceci: "Mais il y a une limite au cumul
d'activités et, pour bien servir le consommateur, il faut songer
à réunir des équipes multidisciplinaires où chacun
des professionnels pourra apporter sa contribution à la planification
financière globale d'un individu et à la réalisation de ce
plan. "
Comment entrevoyez-vous cette constitution d'équipes
multidisciplinaires, de façon pratique, dans les faits, de façon
constante, dans la vie de tous les jours?
M. Millette: Évidemment, ce n'est pas pour exercer les
mêmes activités, mais le principe pourrait être celui de la
clinique médicale, par exemple, où vous pouvez vous
présenter et où des spécialistes de diverses formations,
des pharmaciens, des dentistes et des médecins de diverses
spécialités, sont présents pour vous offrir un ensemble de
services. Donc, cela pourrait, de façon très
résumée, être l'approche.
On a parlé des supermarchés financiers. On a parlé
d'équipes ou de bureaux où des gens pourraient travailler
ensemble à la planification globale des individus. Il y a plusieurs
concepts qui se développent actuellement.
Le Président (M. Lemieux): Une autre question. La
profession de planificateur financier, comment la voyez-vous? Qui devrait la
réglementer, d'après vous?
M. Millette: La profession de planificateur financier, quant
à nous, n'est pas une profession unique. C'est plutôt l'image
même du décloisonnement où plusieurs professionnels
s'occupent de planification financière. On parle des comptables. On peut
parler des notaires, on peut parler des avocats fiscalistes; on a des
spécialistes en fiscalité. On peut parler des agents
d'assurances, des agents d'immeubles. On peut parler d'à peu près
tous les professionnels qui s'occupent de votre portefeuille et, à un
degré ou l'autre, ces gens s'occupent de la planification
financière de vos affaires.
On sent, avec le décloisonnement, le besoin d'intégrer de
plus en plus ces choses. Donc, on voit véritablement l'activité
de planification comme une activité multidisciplinaire qui devrait
être réglementée en collaboration avec l'ensemble de3
organismes qui représentent les intervenants.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Millette.
À la page 2 de votre mémoire, au dernier paragraphe, vous
dites: "D'une part, la Loi sur les valeurs mobilières est fort
différente de la Loi sur les assurances ou de celle sur les
régimes supplémentaires de rentes quant à sa
finalité: alors que ces dernières visent à la fois la
solvabilité de l'émetteur et le maintien de saines relations avec
les participants, la Loi sur les valeurs mobilières vise la divulgation
complète des-conditions de fait relatives aux titres ou valeurs
émis au public sans se. préoccuper de la santé
financière de l'émetteur".
J'aimerais vous poser une question d'une manière assez directe:
Est-ce que vous croyez que la Commission des valeurs mobilières devrait
étudier les prix ou intervenir dans les prix?
M. Millette: Je pense que, à l'heure actuelle, aucun des
organismes de surveillance en matière d'institutions
financières ne regarde les prix. Je ne pense pas que la
Commission des valeurs mobilières devrait le faire.
Le Président (M. Lemieux): Si cela devenait abusif,
croyez-vous que la Commission des valeurs mobilières devrait le
faire?
M. Millette: Devrait...
Le Président (M. Lemieux): Ou doit le faire?
M. Millette: Si cela devenait abusif, je pense que la commission
pourrait à tout le moins avoir le pouvoir de soumettre des rapports au
gouvernement, mais je ne pense pas que la commission devrait avoir le pouvoir
de juger elle-même si des choses sont abusives ou non.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Concernant la recommandation 3, vous semblez avoir
certaines appréhensions envers la Commission des valeurs
mobilières concernant la planification financière. Non seulement
vous dites que vous ne voulez pas que la Commission des valeurs
mobilières réglemente seule les activités de conseiller en
planification, mais vous dites, en même temps, que vous ne voulez pas
qu'elle reconnaisse un groupe donné d'individus comme organisme
d'autoréglementation.
Quelle est la crainte des compagnies d'assurances par rapport à
cette reconnaissance possible ou potentielle de la Commission des valeurs
mobilières?
M. Millette: Le problème n'est pas la reconnaissance de la
Commission des valeurs mobilières. Nous considérons que la
Commission des valeurs mobilières n'a pas une juridiction
complète sur l'ensemble des questions qui sont soulevées par la
planification financière. Dans ce sens, nous croyons que la Commission
des valeurs mobilières n'est pas l'organisme qui a juridiction
suffisante pour le faire. Premièrement, elle ne pourrait le faire qu'en
partie et, deuxièmement, nous croyons que si la Commission des valeurs
mobilières devait reconnaître un organisme
d'autoré-glementation, quel qu'il soit, comme il n'y a pas, à
l'heure actuelle, d'organisme d'autoréglementaion multidisciplinaire, je
pense qu'on ne réussirait pas à régler l'ensemble du
problème mais uniquement une partie du problème.
Notre but là-dedans, c'est d'arriver à une situation
où l'ensemble de la question de la planification financière va
être étudié et non pas certains aspects spécifiques
reliés à la vente de valeurs mobilières, par exemple, qui
est de la juridiction de la Commission des valeurs mobilières. Nous
souhaitons que cela soit fait de façon globale parce que nos
systèmes de distribution par agents d'assurances chez nous comporte un
volet de planification financière non négligeable. Il est
évident qu'on ne peut pas vendre une police d'assurance à un
individu sans faire une certaine planification de ses besoins. Donc,
nécessairement, l'agent d'assurances participe à la planification
financière des besoins d'un individu.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Vous dites, à la page 3: J'y reviens car il y
en a plusieurs qui y ont fait allusion mais il me semble que cela ne m'a pas
plus éclairé. Au cinquième paragraphe, vous dites: "C'est
ici que la Commission des valeurs mobilières a voulu imposer sa
philosophie d'information aux épargnants mais uniquement aux
sociétés d'assurances". Est-ce que vous avez une indication
à savoir pourquoi la Commission des valeurs mobilières a agi
comme cela dans votre cas? Il y a peut-être quelque chose que je ne suis
pas capable de saisir. Mais n'est-ce pas parce que vous avez une autre approche
ou d'autres accès différents au marché ou que vous avez
une façon de pénétrer le marché qui n'est pas comme
les autres? N'est-ce pas pour cela? Vous avez une réponse de la
Commission des valeurs mobilières qui vous a dit: Vous, on vous astreint
et les autres, on ne les astreint pas. On dirait qu'il s'est passé
quelque chose et j'aimerais bien le savoir, si vous le savez. Si vous ne le
savez pas, on va demander à la commission de nous le donner plus
tard.
M. Millette: La commission nous a dit qu'elle souhaitait
éventuellement enlever le même privilège qui appartient aux
compagnies de fiducie dans le domaine des fonds communs de placements. Dans le
cas précis des compagnies de fiducie, la commission jugeait qu'elle
devait d'abord, au préalable, obtenir un amendement à sa Loi sur
les valeurs mobilières. C'est ce qui a amené notre intervention
auprès de la commission en disant: C'est deux poids deux mesures. Si
vous devez modifier la loi pour les fiducies, pourquoi ne devez-vous pas la
modifier pour les assurances? Le dëbat s'est engagé sur cette
question. Évidemment, nous sommes en concurrence avec les fiducies dans
le domaine des fonds communs de placements, notamment pour les régimes
de retraite. (16 h 15)
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Jonquière? Oui, M. le
député.
M. Dufour: Je pense bien - je veux juste conclure
là-dessus - pouvoir peut-être réserver cette question
à la Commission des valeurs mobilières. II me semble qu'il y a un
élément qui m'échappe par rapport à cela. Cela
n'éclaire pas tellement ma lanterne. J'ai l'impression qu'une compagnie
d'assurances a un accès différent par rapport aux investisseurs
potentiels ou à la planification financière, si on veut l'appeler
comme cela. Je comprends qu'il se fait un investissement. La compagnie
d'assurances, l'agent rencontre les individus et a une approche
complètement différente, à mon sens, en tout cas, à
mes yeux, à première vue par rapport à la compagnie de
fiducie, à l'institution ou à un courtier comme tel.
M. Millette: Il n'y a pas vraiment de différence entre la
mise en marché faite par un courtier en valeurs mobilières et
celle faite par une compagnie d'assurances. Les deux reposent sur un
représentant qui va rencontrer les clients. Je pense que le
système est un peu semblable.
Effectivement, pour les compagnies de fiducie ou pour les banques, le
système de distribution est différent puisque les gens se rendent
eux-mêmes à la succursale. On a effectivement deux types de mise
en marché qui peuvent être différents selon le genre
d'institution. Lorsqu'on parle de régime de retraite, de caisse de
retraite collective, la méthode de mise en marché est la
même pour tout le monde.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Vous parlez de l'ensemble des intervenants dans le
dossier faisant partie d'un organisme conseillant le gouvernement. En quoi - et
j'essaie de relier cela avec vos propos antérieurs en ce sens que vous
ressemblez peut-être à des compagnies de fiducie - votre groupe
apportera-t-il des choses supplémentaires à ce qui existe
déjà?
M. Millette: Vous parlez des conseillers en planification
financière?
M. Dufour: Vous parlez à un moment donné
d'autoréglementation, de conseiller le ministre, vous le dites à
quelque part.
M. Millette: Oui, c'est en matière de conseils en
planification financière parce que ce qu'on recommande, finalement,
c'est la constitution d'un organisme de contrôle multidisciplinaire qui
regroupe tous ceux qui ont quelque chose à dire dans ce domaine.
M. Dufour: Ce que vous revendiquez, ce n'est pas
nécessairement propre à votre groupe à l'Association des
assureurs.
M. Millette: Absolument pas, non.
M. Dufour: Cela peut être au... D'accord, merci.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Mme la députée de Matane, M. le
député de Montmorency, cela va? Pas de problème. Je vous
remercie de votre collaboration et de la présentation de votre
mémoire qui est très intéressant. J'espère qu'on
aura l'occasion de se revoir et je vous invite, MM. Millette, Bégin et
Massicotte, à suivre les travaux de cette commission dans l'avenir et
nous vous remercions, encore une fois, de votre présence aujourd'hui.
Merci.
J'invite maintenant, M. Gilles Delisle, de Sonam Inc., à bien
vouloir prendre place, s'il vous plaît! M. Delisle, vous pouvez commencer
votre exposé. Nous n'avons pas de mémoire comme tel. Je pense
qu'il s'agit d'un exposé verbal que vous voulez nous faire.
M. Delisle (Gilles): Exact.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons écouter
votre point de vue et vos recommandations.
M. Delisle: D'accord. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez commencer, M.
Delisle.
M. Gilles Delisle
M. Delisle: Effectivement, je n'ai pas de mémoire.
D'abord, je n'ai pas eu le temps d'en préparer un par écrit comme
tel. J'ai quand même des notes et quelques faits en mémoire
à vous relater même si je n'ai pas de mémoire, n'ayant pas
les ressources financières ni les ressources humaines des organismes qui
se sont adresssés à vous jusqu'à maintenant.
J'espère simplement que les quelques propos que je saurai vous tenir
vont quand même être assez limpides pour que vous puissiez les
comprendre facilement.
Mon nom est Gilles Delisle, je suis ingénieur et promoteur
immobilier depuis dix ans. Je vous remercie de m'avoir invité et
j'espère que ces quelques propos sauront mettre, entre guillemets, de
"l'input" intéressant dans le débat. Je viens le faire ici en
toute humilité, n'étant qu'un petit émetteur et un petit
distributeur de produits en valeurs mobilières.
Je suis donc émetteur, c'est-à-dire quelqu'un qui fait des
prospectus et qui les émet dans le public, et je suis aussi courtier en
valeurs mobilières, avec permis restreint, depuis 1982 parce que, en
fait, de 1980 à
1986, il n'y avait à peu près personne qui pouvait
distribuer le genre de produits que je faisais, c'est-à-dire des
immeubles en copropriété indivise ou en société en
commandite. Je fais donc partie de ce dont vous parlait le président de
la Commission des valeurs mobilières au début de mars dernier,
lorsqu'il parlait des gens qui étaient à la fois émetteurs
et distributeurs. Si je viens m'entretenir avec vous cet après-midi,
c'est que j'ai eu quelques difficultés avec la Commission des valeurs
mobilières et que j'aimerais que d'autres, si possible, n'encourent pas
les mêmes difficultés s'ils viennent à passer au travers
des mêmes périples.
Je viens, bien sûr, vous faire état le plus rapidement
possible des quelques problèmes que j'ai vécus, mais surtout vous
apporter des suggestions qui vont peut-être aider à régler
le problème en partie. Venons-en d'abord aux faits pour ensuite parler
des petits problèmes. En fait, avant de... C'est cela, excusez-moi.
Donc, en tant qu'émetteur je vais vous parler plutôt du Fonds
national d'immeubles que nous avons lancé en 1982. C'était un
fonds destiné à recueillir des sommes d'argent du petit, moyen et
gros investisseur pour acheter de l'immeuble; plutôt que de prêter
aux banques, plutôt que de prêter en hypothèque, de
carrément acheter l'immobilier et profiter de la plus-value et du
rendement de caisse.
Comme émetteurs, donc, on a répertorié,
acheté et distribué aux clients, puis géré,
à part le Fonds national d'immeubles, quatorze complexes immobiliers de
100 logements et plus, et c'étaient en presque totalité des abris
fiscaux. En fait, certains oseront peut-être même dire que je
travaillais contre les augmentations de revenus des députés
puisque les abris fiscaux réduisent les impôts, sauf que les abris
fiscaux dans l'immobilier sont faits, semble-t-il, pour stimuler la
construction.
Le Président (M. Lemieux): On n'a pas d'augmentation
souvent, vous savez.
M. Delisle: C'est pour cela que j'y fais référence.
Donc, j'allais dire que la construction génère de
l'activité économique et que l'activité économique
améliore le statut. Donc, en améliorant, on espère que
cela va quand même contribuer à vous donner une meilleure
rémunération future. Trêve de plaisanterie, on a fait pour
environ 123 000 000 $ d'immeubles au cours des dix dernières
années, environ 25 000 000 $ d'investissements et le reste en
hypothèques, forcément, sur quatorze complexes immobiliers. Vous
allez voir pourquoi je vous dis cela, c'est pour établir les faits.
Donc, sur quatorze, il y en a un qui a été une perte totale.
C'était un projet de construction; donc, cela n'a pas été
rose.
Trois sur quatorze n'ont pas perdu et n'ont pas gagné non plus,
ont fait un léger gain. Sur quatorze donc, sept ont eu des rendements
composés annuels sur le capital investi de 25 % à 60 %
annuellement. Donc, comme moyenne, c'est très intéressant, et
n'importe quel courtier en valeurs mobilières, quel qu'il soit, pourrait
difficilement se vanter d'avoir une moyenne de dix au bâton. Cela
totalise environ 800 investisseurs, et c'est donc la toile de fond qui sert de
préambule.
Avant de vous parler de la Commission des valeurs mobilières et
des quelques petits déboires, j'en conviens, que j'ai eus avec elle, je
dois vous dire que je respecte moi aussi, comme plusieurs d'entre vous l'ont
mentionné jusqu'à maintenant, la Commission des valeurs
mobilières, autant l'institution d'ailleurs que les gens qui la
comprennent. On en voit la nécessité, entre autres, dans des cas
comme ceux qu'on a mentionnés déjà, Daperli, les
Placements Debluc, etc. Ce sont des gens qui travaillent très fort,
souvent sous pression, et qui n'ont peut-être pas la structure de
rémunération qui devrait aller avec leur tâche, comme ce
serait possible dans le secteur privé. Pour cela, je leur lève
mon chapeau, parce que ce sont des gens toujours disponibles et qui travaillent
très fort. Chapeaul
Je ne viens donc pas contester ces gens-là, ni la Commission des
valeurs mobilières elle-même, mais regarder avec vous ce qui
pourrait être fait pour améliorer davantage son intervention. La
Commission des valeurs mobilières, pour faire ce qu'elle fait - comme
dit une certaine publicité - a des pouvoirs énormes, et elle doit
en avoir forcément. Le problème que pose cependant ce rôle
discrétionnaire, comme on l'a appelé jusqu'à maintenant,
c'est que c'est administré par des individus. Or, le danqer, lorsqu'un
individu possède beaucoup de pouvoirs, c'est qu'ils deviennent
arbitraires ou subjectifs. Je ne veux surtout pas tirer ici de pierres.
J'oserais dire: Que celui qui n'a jamais été partial dans cette
salle se lève et accuse la CVMQ d'être partiale: Je ne pourrais
pas vous dire que je ne l'ai jamais été non plus. Mais les
compagnies que je dirigeais ou que je dirige encore ont eu des problèmes
importants presque chaque fois qu'on a déposé un prospectus
à la Commission des valeurs mobilières, et celui dont je veux
vous parler le plus, c'est le Fonds national d'immeubles, parce que j'ai
très peu de temps à ma disposition.
Ce fonds, on l'a lancé en 1982 et on a lancé une firme de
courtage, comme je l'ai dit, avec permis restreint en même temps, pour
distribuer ce genre de produit qui était, à ce moment-là,
à peu près inconnu. On a été les premiers à
le faire sur le marché. Le malheur, c'est que, n'ayant pas
d'expérience, le courtier en valeurs mobilières a payé
des
"finder's fees", entre guillemets, sous forme de commissions inscrites
dans les livres, croyez-le ou non, à des non-inscrits. Ce qui a eu
l'heur, et je les comprends, d'horrifier les gens de la Commission des valeurs
mobilières.
Donc, le courtier a dû arrêter de distribuer pendant six
mois - je dis bien six mois - alors qu'on a fait une inspection très
approfondie parce qu'on pensait que, si on avait découvert cela à
la surface, qu'est-ce qu'il y a dans le fond? On n'a rien trouvé. Il y a
deux ou trois personnes qui ont donc travaillé pendant six mois chez
nous. Pendant ce temps-là, on a eu des dépenses, parce que c'est
quand même une compagnie qui coûte 35 000 $ par mois, avec toute sa
structure. Quand on arrête un courtier de distribuer... On distribuait
nous-mêmes à ce moment-là, exclusivement le Fonds national
d'immeubles, alors on a arrêté aussi la distribution du Fonds
national d'immeubles. Donc, les investisseurs qui avaient déjà
investi 1 600 000 $ ou 1 700 000 $ dans le fonds... On a acheté des
immeubles en décembre 1983 plutôt qu'en juin 1983, parce qu'on
attendait que la commission termine son inspection.
Donc, on avait environ 1 800 000 $ vers la fin de 1983 d'investi. On
s'en est allé devant les commissaires parce que, semble-t-il, ils
avaient découvert des problèmes sérieux, sauf que rien n'a
été retenu devant les commissaires. On a été
condamnés à deux jours de suspension, je pense bien de
façon qu'il n'y ait aucune journée. Notre permis a donc
été remis en vigueur après deux jours et on a
continué. Évidemment, cela a coûté beaucoup
d'argent, forcément. On a renouvelé le prospectus du Fonds
national d'immeubles devant la Commission des valeurs mobilières. Elle a
exigé plusieurs changements et dans le prospectus du Fonds national
d'immeubles, et dans les structures de notre courtier en valeurs
mobilières. Cela aussi a coûté évidemment
très cher. Mais on l'a fait et tout est revenu dans l'ordre.
Un an plus tard, en 1984, cette fois, la commission ou des
employés de la Commission des valeurs mobilières n'étaient
pas d'accord avec la nouvelle formule de calcul de la valeur journalière
que l'on attribuait aux unités du fonds immobilier. On nous a donc
demandé d'arrêter volontairement la distribution du fonds et
d'aviser nos trois courtiers, qui nous distribuaient à ce
moment-là, que nous n'avions plus le droit de distribuer jusqu'à
nouvel ordre de la Commission des valeurs mobilières.
Ayant déjà été arrêtés pendant
six mois l'année précédente, il était
évident que, si nous faisions cet arrêt volontaire, c'en
était fini du fonds que je dirigeais. J'ai donc refusé et j'ai
exigé d'aller devant les commissaires une deuxième fois. Les
commissaires nous ont donné raison. L'évaluation, de la
façon qu'on l'a formulée, a été acceptée
à 100 %. On s'est même excusé devant nous. Cela a
entraîné des frais d'avocats importants. Évidemment, les
détenteurs y ont écopé pour une bonne partie.
En 1985, l'année suivante, à cause de facteurs qui sont
étrangers au Fonds national d'immeubles, dans lesquels je n'entrerai pas
ici, il nous a paru clair qu'il fallait, soit fusionner le fonds immobilier,
soit le vendre ou en céder le contrôle à quelqu'un d'autre,
à une institution financière ou à quelqu'un qui avait un
qros pouvoir de distribution. Nous avons travaillé pendant neuf mois
pour trouver une niche au fonds. Après neuf mois, nous avons finalement
trouvé un autre fonds immobilier qui était d'accord pour
fusionner avec le nôtre et en faire un seul qui aurait alors environ 3
500 000 $ d'actifs. Dans notre tête et dans la leur, cela prenait au
moins 5 000 000 $ pour que cela fasse vraiment des profits intéressants.
On était donc prêts à fusionner en janvier 1986. On a
rencontré les gens de la commission à la fin de décembre
1985. On nous dit: Un instant! Vous êtes en inspection actuellement au
fonds immobilier. Votre prospectus est en règle, mais vous êtes en
inspection. Il y a quatre ou cinq petites choses qui ne sont pas tout à
fait à notre goût. On aimerait que vous révisiez tel ou tel
registre, que vous fassiez telle ou telle chose, etc. Enfin! la même
chose pour l'autre fonds. Leur prospectus étant en renouvellement, pour
eux, c'était encore pire. On nous dit: Avant que cela soit
renouvelé des deux côtés, restez tranquilles, on vous
avisera quand on vous dira oui. On était, souvenez-vous, en
décembre 1985. On nous a dit oui, effectivement, mais en avril 1986.
Pendant la période des REER, si importante parce qu'on a plus de la
moitié de nos fonds qui étaient dans les REER, janvier et
février ont été complètement - excusez le terme
-"muffés", et pour nous, et pour l'autre fonds immobilier, parce qu'on
était entre deux et qu'on ne savait pas quel genre de campagne
publicitaire il fallait faire. Oh, malheur! Est arrivé ce qui devait
arriver. En fait, on a fait une réunion de part et d'autre, chacun de
nos détenteurs d'unités et de nos fiduciaires, au mois de mai.
Des deux côtés, il a été accepté que la
fusion se fasse le mois suivant, soit au mois de juin. Mais eux, entre-temps,
ont eu des petits problèmes de distribution à leur tour. Ils ont
distribué moins que ce qu'ils prévoyaient. Finalement, pour une
foule de raisons, ils ont décidé au mois de juin, après
les deux réunions annuelles des détenteurs, de ne plus fusionner.
La seule issue qui restait, c'était de liquider. Donc, la valeur de
l'unité du fonds qui était de 12, 45 $ en décembre
1985
sera vraisemblablement, lorsque la dissolution sera terminée,
d'environ 3, 60 $. (16 h 30)
Ce que je reproche en fait à la Commission des valeurs
mobilières, c'est, dans ce cas précis, sans parler des multiples
autres, le style fonctionnaire que l'on a adopté face à ce
problème. La commission connaissait très bien les
problèmes de parcours des deux fonds. On lui avait bien dit que cela
prenait un fonds plus gros et que c'était important de le faire à
ce moment-là. Ce que je lui reproche, c'est de ne pas avoir eu cette
vision. C'était impérieux pour les petits investisseurs qu'il y
ait une fusion, pas pour moi. Je me désistais et je m'en allais du
décor.
Donc, on a dit: Vous avez des règles à suivre. Vos
registres ne sont pas en ordre. D'abord, mettez-vous en ordre avec nous et,
ensuite, on verra. Actuellement, j'ai déjà vendu l'un des deux
actifs qui restaient dans le fonds. Il en reste un à vendre et on
devrait être bon pour distribuer les fonds aux détenteurs au mois
d'avril ou au mois de mai prochain, mais ils auront 30 % ou 35 % de ce qu'ils
auraient eu, à mon avis, si on avait pu réaliser la fusion, car,
à ce moment-là, cela aurait été un deuxième
départ.
Actuellement, la Commission des valeurs mobilières regarde
au-dessus de nos épaules pour voir s'il n'y a pas eu
irrégularités ou mauvaise gestion. On est en inspection depuis le
mois de novembre dernier; depuis cinq mois, deux personnes travaillent à
temps partiel pour voir si, par malheur, il n'y aurait pas eu des choses qui
n'auraient pas été correctes. Je les comprends, c'est leur
travail. Le problème, c'est que - sauf le respect que je leur dois -ils
ne connaissent pas le domaine de l'immobilier et ils ne comprennent pas
exactement les problèmes qui s'y posent. Il est vraisemblable qu'on va,
encore une fois, se présenter devant les commissaires parce qu'ils vont
trouver des poux. Il est vraisemblable qu'on va découvrir, comme les
deux ou trois autres fois, que, dans les circonstances, on a fait tout ce qu'on
pouvait. Cela va coûter encore 10 000 $ ou 15 000 $ d'avocats et une
bonne partie de cela sera payée, encore une fois, par les petits
investisseurs.
Dans notre industrie, le "timing" - et je pense que Paul Guy l'a
déjà mentionné - est très important et ils en sont
conscients. Quand tu planifies une prise de contrôle ou une fusion, cela
se fait à ce moment-là. Ce n'est plus nécessairement bon
deux, trois ou quatre mois plus tard, et nous l'avons vécu. C'est la
même chose et c'est encore pire, j'oserais dire, dans les prospectus
d'abris fiscaux que je faisais auparavant, parce que, lorsque tu
présentes un prospectus et qu'on l'approuve en janvier, c'est difficile
de le vendre pour le 31 décembre.
Des voix: Ha! Ha!
M. Delisle: Les problèmes qui existent, en fait, c'est
soit personnaliser un débat ou une situation, de la particulariser, ou
d'être arbitraire ou subjectif, comme je vous l'ai mentionné. Le
danger - en général, ces gens sont de bonne foi et, je dois
l'avouer, je ne pense pas que quiconque à la Commission des valeurs
mobilières ait jamais été vraiment de mauvaise foi, je
tiens à le mentionner -comme ils manquent souvent de perspectives parce
qu'ils ne connaissent pas notre industrie, ils perdent la perspective et voient
très bien l'arbre malade, mais oublient de considérer la
forêt autour. Comment pouvons-nous donc pallier l'arbitraire, si cela est
possible? Voici quelques suggestions que je vous soumets bien humblement pour
ce qu'elles valent.
Quant à la question que vous avez posée tout à
l'heure, M. le Président, sur la réglementation quant aux prix,
aux jugements de valeur et à l'appréciation - j'allais dire que
je suis forcément contre - il faut être dans le milieu pour le
savoir - et je vous répondrai tantôt si vous avez des questions
là-dessus. Comment assurer la protection de l'épargnant, comme le
disait tout à l'heure M. Polak, qui a malheureusement dû quitter,
tout en ayant des modifications à suggérer?
Regardons donc rapidement qui fait quoi ou qui devrait faire quoi dans
ce fichu marché. Il y a trois intervenants principaux, vous le savez: la
Bourse, les courtiers et la commission. On parle ici plutôt de
l'émission de prospectus, parce que je pense qu'il y a très peu
de contestation quant au reste de leur travail, s'il en est. Les courtiers
dépensent - j'imagine que vous êtes au courant - entre 50 000 $ et
100 000 $ par prospectus. Avec le nombre de prospectus qui ont
été déposés à la commission l'an dernier,
selon le président, cela représente environ 50 000 000 $ que les
épargnants - parce que c'est toujours compris dans les prix
d'émission - paient pour vérifier tout ce que la Commission des
valeurs mobilières revérifie par la suite. En fait, le courtier
en valeurs mobilières - excusez, j'ai un petit problème dans mes
feuilles - est obligé de vérifier si tout ce qui est écrit
est vrai, de s'assurer que tout ce qui devrait être écrit l'est et
que rien d'autre ne peut affecter la valeur des titres. Il est obligé
aussi de voir à la protection du client, parce que c'est lui qui lui
vend, et il devra vivre avec son client par la suite; il est vraiment, aux yeux
de la loi - croyez-le ou non - à 100 % responsable de son prospectus.
Pour partager ses responsabilités, il paie des comptables
agréés et des avocats qui eux-mêmes sont responsables,
devant leurs ordres respectifs, de leurs gestes.
Le courtier, lui, doit voir à tout le reste, parce
qu'évidemment l'avocat ou le
bureau d'avocats doit vérifier tout ce qui est légal, et
le comptable, la même chose, tous les chiffres. À mon sens, une
fois que tout ça est fait et qu'on a dépensé - combien
ai-je dit tout à l'heure - 100 000 000 $ ou 50 000 000 $, 50 000 000 $
l'an dernier là-dessus, la Commission des valeurs mobilières doit
s'assurer que tout ce qui est pertinent est écrit, que tout ce qui n'est
pas écrit n'est pas pertinent et que toutes les mises en garde sont bel
et bien à leur place. Tout ce qu'elle fait en surplus, à mon
sens, est outrancier, soit à l'égard du courtier en valeurs
mobilières, parce que, si la commission, par exemple, dit: Ce
titre-là ne devrait pas être mis dans le public, c'est une injure
au courtier qui le présente. Si elle dit: Ce titre-là, il manque
telle ou telle chose à l'intérieur, légalement, elle fait
injure à l'avocat qui, lui, a mis son nom sur le prospectus, et ainsi de
suite. On pourrait multiplier à l'infini les exemples. Je pense que tout
est en place et que la Commission des valeurs mobilières devrait
effectivement avoir le mandat et les pouvoirs de surveiller et de s'assurer que
tous les intervenants font bien leur travail, parce que, lorsque la CVMQ
repasse en arrière, regarde par-dessus l'épaule et
revérifie tout ce que le courtier, l'avocat et le comptable ont
déjà vérifié à grands coups financiers,
c'est de la duplication en très grande partie et cela coûte
très cher.
L'autre grand danger des organismes publics - vous avez à en
superviser plusieurs, vous en savez sûrement quelque chose - c'est qu'ils
sont peut-être moins intéressés à contrôler
d'autres organismes qu'à le faire à leur place, parce que
ça peut augmenter leur propre pouvoir et leur propre importance.
J'achève. Je ne dis pas que c'est cela que fait la Commission des
valeurs mobilières. Peut-être ai-je tout à fait tort dans
l'évaluation que je viens de vous faire rapidement. Mais c'est un danger
que je vois et c'est une suggestion que je fais. Donc, le premier
élément de suggestion: que chacun fasse son travail et que la
commission, si elle n'a pas déjà ce pouvoir, qu'on le lui donne,
mais qu'elle ne fasse pas de duplication sur ce plan-là.
Deuxième suggestion. En ce qui concerne les
particularités, et des prospectus principalement, d'abord, il n'est pas
facile pour un émetteur de naviguer dans le flou sans connaître
les règles. En début de mars, le président de la
Commission des valeurs mobilières vous disait qu'il y avait 30
instructions générales au Québec et une cinquantaine en
Ontario. C'est vrai et on me dit que celles de l'Ontario sont beaucoup plus
précises, en plus, que celles du Québec. Ce que j'encourage,
c'est qu'on en fasse dans tous les domaines où c'est possible, de
façon que l'on connaisse les règles du jeu, qu'on sache ce qui
est permis et ce qui ne l'est pas. T'est sûr que ce n'est pas possible de
tout indiquer et de tout écrire. Mais plus on en a, je pense, mieux
c'est.
Outre cela, une fois qu'on a davantage d'instructions
générales, je pense qu'il est essentiel qu'on ait, pour les
prospectus publics, un temps défini, comme on a dans les prospectus
privés ou les "private placements". Par exemple, lorsque vous
déposez un prospectus, on dit: Dans les quinze jours ou dans les vingt
jours, peu importe le temps - ce n'est pas important, mais qu'on le sache -
vous allez avoir soit vos observations, soit un refus. Par exemple, si c'est
quinze jours, que la seizième journée, automatiquement, cela
passe sur le bureau de quelqu'un d'autre. Je suggérerais soit un
comité très simple, formé du président de la
Commission des valeurs mobilières et de deux autres commissaires ou du
président de la Commission des valeurs mobilières, un de
l'ACCOVAM et un de la Bourse, qui seraient saisis du problème. Car c'est
là, messieurs et mesdames, que sont les problèmes. Ce n'est pas
toujours dans un refus, c'est dans un délai. Comme je vous le disais
tout à l'heure, c'est bien difficile, le 2 janvier, de distribuer un
produit pour le 31 décembre précédent. S'il y avait un
comité restreint comme cela - et cela se fait déjà
très rapidement - à la Commission des valeurs mobilières -
il ne me reste que trois feuilles - à ce moment-là, on pourrait,
à quelques heures d'avis, motiver un refus ou motiver un délai
indu.
En dernier lieu, une autre suggestion: que l'on engage donc à la
Commission des valeurs mobilières et surtout dans le domaine de
l'immobilier des gens qui connaissent l'immobilier. J'ai beaucoup de respect
pour les employés de la commission et je sais qu'ils font leur possible.
Mais, avec la meilleure volonté du monde, un mécanicien de
machinerie lourde aurait beaucoup de difficulté à devenir, du
jour au lendemain, inspecteur dans une fabrique de viande. Je n'ai rien contre
les opérateurs de machinerie lourde, ils font sûrement un bon
travail et ils sont sûrement qualifiés pour leur travail, mais je
ne leur ferais pas confiance demain matin comme inspecteurs de viande. Le
problème, c'est qu'aucun employé à la CVMQ n'a jamais
construit d'immeubles, n'a jamais acheté et revendu d'immeubles, n'a
jamais fait lui-même de prospectus et, pour nous, dans le domaine de
l'immobilier, c'est, je pense, un problème très important.
En fait, l'objectif de ces quelques suggestions serait d'assurer
davantage l'impartialité, de connaître davantage les règles
du jeu et de connaître les délais au-delà desquels on
aurait automatiquement un recours devant un comité restreint. Je ne
pense pas que ce soit la meilleure solution au monde, mais il y a
sûrement un filon là à exploiter. J'arrête
là-dessus et je vous
remercie de votre attention.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. Delisle.
J'aurais une seule question. Selon vous, quelle a été la cause
fondamentale de vos déboires? De façon claire, nette et
précise, comme une ligne droite entre a et b.
M. Delisle: Ma perception - je dis bien "ma perception", car je
pense qu'on ne peut jamais être certain de cela - c'est que,
contrairement aux tribunaux de droit commun, certaines gens sont ou ont
été catalogués à la CVMQ ou par certains
employés de la CVMQ. Lorsque tu t'appelles Untel ou lorsque tu esUntel, ce n'est pas pareil.
Dans les tribunaux de droit commun, je pense, sauf erreur, au Canada, en
tout cas, et au Québec, que tu es innocent tant qu'on ne prouve pas ta
culpabilité; alors que le sentiment que j'ai depuis quatre ans, c'est
que je suis d'abord coupable et j'ai à prouver que je ne le suis
pas.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Dans cette même veine, est-ce que ce
n'est pas parce qu'il n'y a tout simplement pas d'appel des décisions
qui sont données?
M. Delisle: J'en ai parlé avec quelqu'un de la Commission
des valeurs mobilières qui m'a dit: Oui, tu avais seulement à
téléphoner au président, le président est toujours
là.
M. Bélisle: Oui, mais être en appel de ses propres
décisions, ce n'est pas tellement un appel régulier, comme on
peut dire.
M. Delisle: Exactement, c'est cela. Donc, le seul recours que
j'aie eu jusqu'à maintenant a été, quand j'en ai eu
jusque-là, de dire: Je veux aller devant les commissaires. Et on m'a
toujours donné raison jusqu'à maintenant. Je propose donc qu'il y
ait un comité impartial ou plus impartial qui jugerait des cas
théoriques de partialité. Je ne dis pas qu'on a été
partial avec moi. Je pense qu'on l'a été.
M. Bélisle: Quant aux 800 petits investisseurs dont vous
avez parlé tantôt, quelle était votre technique de
commercialisation pour aller chercher l'épargne auprès de ces
personnes?
M. Delisle: II y a eu deux volets. Le premier, c'était
qu'on était associé à un groupe multidisciplinaire. On
était déjà une douzaine d'années en avance, car on
faisait, il y a dix ans, ce qui est en train de se manigancer - excusez le
terme actuellement dans les qrosses corporations. Le premier volet,
c'étaient des références de gens qui travaillaient avec
nous. Le deuxième a été le Salon
d'éparqne-placement, des conférences, des livres, des
allocutions, des tournées dans la province, etc.; et la publicité
aussi.
M. Bélisle: Cela m'Intéresse de savoir ce qui s'est
passé avec le "finder's fee". Avez-vous été obligé
de faire une passe-passe? Est-ce que la situation a été
légalisée'?
M. Delisle: Pas que je sache.
M. Bélisle: C'est-à-dire que c'est demeuré
aux personnes à qui cela a été payé.
M. Delisle: Oui, on a payé des amendes cependant. (16 h
45)
M. Bélisle: C'est cela, d'accord.
Votre recommandation concernant le groupe tripartite, pas simplement le
groupe de l'intérieur, cela me plaît beaucoup. Je vais vous le
dire au départ, je trouve cela très correct. La formule par
laquelle, M. Delisle, vous venez de nous suggérer, dans les cas limites
ou pour les litiges, pour les délais... Et les délais, on
pourrait en sortir des cas jusqu'à demain matin. Vous n'êtes pas
le seul cas devant la Commission des valeurs mobilières, cela remonte
à 1970, 1972, 1975 et 1976; il y a même des cas qui ont
entaché la réputation financière du Québec. On en
parlera peut-être tantôt, à la fin de l'après-midi,
ou ce soir.
Ce que je retiens, M. Delisle, c'est que vous faites une comparaison et
que vous dites: II y a des avocats, des comptables et des courtiers, vous
estimez le chiffre à environ 50 000 000 $, tout ce qui est
nécessaire pour rendre les offres conformes à ce que les
règlements et la loi exigent. Vous mettez cela dans la balance de
l'autre côté et vous dites: De l'autre côté, la
Commission des valeurs mobilières c'est 3 500 000 $ de budget, 4 000 000
$?
Le Président (M. Lemieux): 5 000 000 $.
M. Bélisle: 5 000 000 $ de budget. Vous vous posez la
question: Comment peut faire, avec 5 000 000 $, une commission des valeurs
mobilières alors qu'on investît à 50 000 000 $, 75 000 000
$, 100 000 000 $ / pour réussir à faire ce qu'eux... Est-ce cela
votre problème intellectuel?
M. Delisle: Je pense que vous avez bien compris.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M.
le député de Mille-Îles?
M. Delisle: Le problème, c'est qu'il y a duplication,
à mon sens; je peux me tromper, mais, je vois là un
problème de duplication. Qu'on laisse faire les courtiers et qu'on exige
qu'ils fassent leur travail, mais, outre cela, que la commission fasse le sien,
mais ne chevauche pas sur des fixations de prix ou des... En tout cas, vous
avez eu de multiples énoncés là-dessus dans le
passé.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci. M. Delisle, je crois que vous avez
passé par des tourments assez difficiles.
M. Delisle: Épiques.
M. Parent (Bertrand): De plus en plus, dans le domaine
immobilier, il y a formation de sociétés en commandite et je suis
un peu surpris, voire estomaqué, qu'il n'y ait pas de spécialiste
à la commission qui soit capable de bien saisir l'essentiel à
l'intérieur du prospectus. Vous me confirmez qu'il n'y en a pas.
M. Delisle: Si vous posez la question à la commission,
elle va vous dire que, oui, elle a un très grand spécialiste en
immobilier - que je respecte beaucoup, d'ailleurs - mais je peux vous dire,
parce que je suis de l'autre côté de la clôture, que cela
n'est pas quelqu'un de l'immobilier. Vous savez, j'imagine, parce que vous
étiez dans un domaine spécialisé auparavant, que, quand on
connaît son domaine; on le connaît, quand on ne le connaît
pas, comme vous le disiez tout à l'heure, on a beau se pencher pardessus
l'épaule de l'autre, ce qu'on va trouver, c'est souvent "irrelevant" et,
ce qui est "relevant", on ne le trouvera pas.
M. Parent (Bertrand): Une deuxième question concernant les
délais. Cela m'a frappé, vous avez dit: Un refus, c'est plus ou
moins grave; un délai, c'est très grave quand on est dans
l'attente. Ce délai semble ne pas avoir été l'objet d'un
cas ou deux, cela a été un peu systématique. Est-ce que,
selon vous, la vraie raison des délais était, soit dans votre
cas, qu'il y avait de l'obstruction systématique, ce qui pourrait
être un cas, ou si c'était de façon générale,
parce qu'il y a eu beaucoup de plaintes, parce qu'on manque de personnel
à la commission, parce qu'ils sont débordés? Vous avez dit
en début de présentation, vous avez insisté beaucoup
là-dessus, M. Delisle, que ce sont des gens qui font leur possible.
Il reste que, sur le marché, et on l'a vu encore à la fin
de l'année 1986, plusieurs ont dû se retirer parce qu'il y avait
engorgement. J'en connais qui sont très déçus et cela
retarde actuellement des projets immobiliers importants dans le domaine de
l'hôtellerie. Est-ce que, dans votre cas, selon votre expérience
vécue au cours des dernières années, c'était
à la suite d'engorgements ou s'il y avait de l'embêtement
systématique sur vos dossiers?
M. Delisle: II y a eu de l'engorgement, sauf que, quand on sait
quel est le problème d'engorgement et qu'on nous dit d'avance, ce qui
était le cas, que cela ne pourra pas prendre moins que X temps,
personnellement, je suis capable de vivre avec cela.
Dans des cas précis, ce qui est arrivé, c'est que les
analystes nous disaient: D'accord, venez chercher votre prospectus, c'est fini;
apportez-nous votre chèque et, cet après-midi, je vous donne
votre visa final. Là, ils nous rappelaient quelques heures après
et nous disaient: Non, c'est arrêté à tel endroit et je
n'ai plus l'autorité. Donc, reportez-vous à M. Untel et
là, cela prenait une, deux ou trois semaines de plus. C'est cela que
j'ai eu de la difficulté à vivre avec, si vous me permettez
l'expression anglaise.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que, M. Delisle, les fois que vous
êtes comparu... Vous dites que - je ne connais pas la procédure -
mais un individu qui se sent, entre guillemets, "lésé" peut
demander de comparaître. Vous avez eu recours à cette mesure
ultime, vous avez été entendu et vous avez eu gain de cause.
Est-ce qu'il est de coutume que des gens utilisent cette pratique de
comparaître devant les commissaires pour être entendus, pour voir,
finalement, leur cas décidé ou tranché, selon votre
expérience ou d'après ce que vous connaissez du milieu?
M. Delisle: II faudrait poser la question principalement aux
commissaires eux-mêmes. Je pense que cela a eu lieu dans certains cas,
sauf que c'est une procédure qu'on ne peut pas utiliser toutes les deux
semaines. C'est là mon regret. Déranger les cinq ou les six
commissaires de la commission, le président et trois ou quatre avocats
d'un bord et trois ou quatre de l'autre pour un problème, on se tanne de
cela. Oui, à ma connaissance, cela s'est produit à quelques
reprises, mais combien de fois, il faudrait le demander aux commissaires
eux-mêmes.
Le Président (M. Lemieux): C'est ce qu'on va faire, M.
Delisle.
M. Parent (Bertrand): J'ai une dernière question parce que
le temps presse. Votre recommandation, essentiellement, c'est que vous ne
voulez pas avoir de duplication et que chacun des professionnels
impliqués dans
la rédaction du prospectus, lorsqu'ils apposent leur signature
sur le plan professionnel, qu'ils soient comptables, avocats ou autres, ne
devrait pas ètre révisé ou regardé par-dessus
l'épaule par la commission. Comment voyez-vous, à ce
moment-là, la "responsabilité", entre guillemets, que doit porter
la commission? Je veux bien qu'on accélère en ne faisant pas de
duplication, mais vous semblez nous dire que les professionnels prendront leurs
responsabilités, et vous en tant que promoteur. Est-ce bien ce que j'ai
saisi? Si c'est cela, ça me cause des problèmes.
M. Delisle: Non, c'est évidemment beaucoup plus complexe.
Je ne voulais pas dire - en tout cas, si c'est ça que j'ai dit, je m'en
excuse - que la commission devrait simplement se confiner dans un rôle de
"rubber-stamping", si vous me permettez l'expression. Loin de là. Ce que
je vois, c'est qu'elle fasse exactement le même travail qu'elle fait
maintenant, sauf qu'elle ne refasse pa3 les choses qui ont déjà
été faites et qu'elle ne porte pas de jugement sur des choses qui
ont déjà été décidées par le
marché, par le courtier, par les avocats ou les comptables. Qu'elle
vérifie ce qu'elle a à vérifier: est-ce que tout est dit?
est-ce que tout ce qui est dit devrait être dit? est-ce que tout ce qui
doit être dit est là et est-ce que tout ce qui n'est pas là
n'est pas dit, etc., les "disclosures". Qu'elle fasse son travail et, le reste,
qu'elle le laisse faire aux autres.
Pour répondre à la question que vous avez posée
tout à l'heure, M. le Président, au précédent
intervenant, pour savoir, par exemple, si les prix devenaient abusifs, ce qui
se passe, le marché se réajuste. Regardez, l'automne dernier, les
articles qui ont été publiés dans La Presse et d'autres
journaux. Vous avez vu une quinzaine d'émissions publiques qui ont
réajusté leurs prix tout à coup. Et ce n'est pas la
Commission des valeurs mobilières, je pense, qui a fait cela. C'est
qu'à un moment donné, lorsque le marché s'emballe, et
c'est, je pense, ce qui était en train d'arriver, cela s'est produit, il
se réajuste de lui-même. Le prix des actions depuis ce
temps-là s'est réajusté. Il faut faire confiance. C'est un
marché. On décrit le marché des valeurs mobilières
comme le marché absolu de l'offre et de la demande. Qu'on le laisse
jouer! Qu'on arrête de jouer à la mère!
Le Président (M. Lemieux): On vous remercie, M. Delisle.
Malheureusement, on a dépassé notre temps, mais c'était
très intéressant. On vous remercie pour votre collaboration et
vos commentaires, ainsi que votre présence.
Nous allons maintenant demander à l'Association pour la
protection des investisseurs du Québec de bien vouloir prendre place,
s'il vous plaît!
Association pour la protection des investisseurs du
Québec
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier?
Vous êtes président de cet organisme?
M. Blanchard (Jean-Guy): Je suis M. Blanchard, président
de l'orqanisme.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous pourriez nous
donner un peu l'historique de cet organisme? Le nombre de gens que vous
représentez, et ainsi de suite.
M. Blanchard: J'allais commencer par cela.
Le Président (M. Lemieux): Cela va.
M. Blanchard: MM. les commissaires, je suis ici au nom de
l'Association pour la protection des investisseurs du Québec,
c'est-à-dire l'APIQ.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse du lapsus. Ce sont
tous des députés, encore pour le moment.
M. Blanchard: Je m'excuse.
Le Président (M. Lemieux): Peut-être que le
député de Jonquière, un jour, sera commissaire, mais, pour
le moment, ce sont tous des députés.
M. Blanchard: Tous des députés. Je vous
félicite d'avoir été élus.
L'histoire de l'APIQ, c'est l'histoire de l'occupation d'un
créneau. C'est l'histoire de l'occupation d'un mandat dévolu
à la CVMQ, mais que la sclérose de celle-ci a laissé
libre. L'APIQ est née de l'impuissance des intervenants des milieux de
la finance à s'autodiscipliner. N'ayant une existence légale que
depuis trois semaines, l'association doit ' certainement répondre
à un besoin et/ou à un malaise puisqu'elle a déjà
l'appui de plusieurs milieux: universitaire, journalistique et même
d'hommes d'affaires - M. Lemaire nous a téléphoné - et ce,
presque sans publicité et sans argent.
Les dossiers s'accumulent - n'ayez pas peur, je vais résumer un
peu - ils ne sont pas encore étoffés comme on le voudrait, mais
on devine que ce n'est que la pointe de l'iceberg. C'est la raison pour
laquelle nous avons sollicité de vous présenter, MM. les
députés, ce court mémoire, conscients tout de même
de nos limites, inhérentes à toute organisation en devenir.
De plus, nous tenons à vous souligner que les points de vue
exprimés ne sont pas
nécessairement des points de vue de haute voltige. On ne parle
pas de milliards. C'est la chose financière vue d'en bas. N'étant
que les figurants de la scène financière, nous ne faisons
qu'appréhender encore, sans être naïfs toutefois, qu'au
royaume du Danemark il y a quelque chose de pas correct.
Le Président (M. Lemieux):... de pouvoir.
M. Blanchard: Oui, monsieur, vous avez des lettres.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer, c'est ce
que j'ai lu dans votre mémoire.
M. Blanchard: Le mandat de la Commission des valeurs
mobilières. II est tout de même étonnant qu'il ait fallu
l'annonce d'une commission parlementaire sur la CVMQ pour que le mandat de
celle-ci commence à être connu du public. Il est tout de
même étonnant que la CVMQ ne commençât à lever
le voile sur la possibilité que des investisseurs se servent
d'informations privilégiées - et ce, devant un auditoire hilare -
si vous l'avez vu à la télé - trois jours seulement avant
que la Presse canadienne annonce la commission parlementaire. C'est
comme si la CVMQ découvrait son mandat en même temps que le
public.
Nous savons maintenant, parce que d'autres que la CVMQ nous l'ont dit,
que le mandat de celle-ci est et était toujours, avant cette commission,
d'assurer la protection des épargnants, de régir l'information
des porteurs de valeurs mobilières et du public, d'encadrer
l'activité des professionnels et de favoriser, par ce fait, le bon
fonctionnement du marché.
La CVMQ et la protection des investisseurs. Â notre connaissance,
jamais l'ACCOVAM, la Bourse ou la CVMQ ne sont intervenues pour dénoncer
certains abus. Nous n'oserions pas dire qu'on s'y entend comme larrons en
foire, mais pour pasticher M. le député Garon, disons que c'est
un des rares ménages à trois n'ayant pas besoin de conseiller
matrimonial. Comme quoi "three is not a crowd" en ce cas particulier.
Tout se passe comme si les pressions pour une certaine éthique
devaient venir de l'extérieur de cet univers clos de la finance. Par
exemple, il a fallu à l'automne 1986 - là on parle des lois du
marché - la presse écrite, le Point à Radio-Canada
et l'émission Questions d'argent à
Radio-Québec, entre autres - ce n'était pas le
marché qui a fait cela - pour ramener les actions REA à un prix
plus conforme à la réalité. Ceux qui ont acheté en
juin ont payé trop cher. Pourtant, en soufflant le prix des actions, on
volait littéralement le petit investisseur et toute la population
indirectement puisque les REA sont des abris fiscaux. Comme quoi il n'y a pas
que les passeurs d'héroïne qui ont des valises à double
fond. Il y a des hommes d'affaires, MM. les députés, et de la
finance qui font aussi des "passes" plutôt que des affaires. Et pendant
ce temps, la CVMQ chicanait Cambior parce qu'elle avait fait une semaine
intensive de publicité.
La fiche signalétique d'un petit investisseur, je vous la
résume. MM. les députés, pour respecter l'horaire de cette
commission, je passerai ce chapitre. De toute façon, si vous
désirez connaître le petit investisseur, lisez-le et touchez-en un
mot à la CVMQ. Vous comprendrez que ce qui est méconnaissance
chez un investisseur s'appelle ignorance chez un courtier ou un conseiller
financier.
Le Président (M. Lemieux): Vous passez à 2. 1.
3...
M. Blanchard: Je passe à 2. 1. 3, page 5.
Le Président (M. Lemieux): La commission et son manque de
leadership. On vous écoute.
M. Blanchard: La commission et son manque de leadership. Le moins
qu'on puisse dire, c'est que la CVMQ n'assume pas son leadership dans son
rôle de protection des petits investisseurs. La meilleure protection,
c'est encore la connaissance. La CVMQ ne pourrait-elle pas sortir des
"pénombres sacristines" le mécanisme de base de l'investissement?
Au lieu de se plaindre d'avoir trop de plaintes, que ne voit-elle pas la chose
d'une façon positive... Ne prône-t-on pas sur le plan de la
santé que la médecine préventive est
préférable aux valiums? Dans un premier temps, pourquoi la CVMQ,
en accord avec la Bourse et l'ACCOVAM, ne tente-t-elle pas une certaine
rationalisation des moeurs et habitudes du courtage? Dans un deuxième
temps, pourquoi ne fait-elle pas un effort de diffusion de cette
rationalisation?
S'il est vrai que ce qui se conçoit bien s'énonce
clairement et que les mots pour le dire arrivent aisément, il y a parmi
les employés de nos maisons de courtaqe "at large" beaucoup d'adeptes de
la pilule parce qu'ils conçoivent très mal. Par exemple, si vous
avez un compte sur marge et un RÉER autogéré - ce ne sont
pas des affaires prises dans les airs - il faudra au moins une heure et quatre
ou cinq intervenants pour connaître le procédé de la maison
de courtage, ce qui ne signifie pas que les autres maisons de courtage
fonctionnent de la même façon. La moindre démarche devient
très lourde parce qu'il est difficile de trouver l'interlocuteur
valable. Je vous mets au défi de téléphoner à
l'heure du
dîner, alors que les petits investisseurs dînent, pour
essayer de rejoindre une compagnie de courtage. Vous allez être à
la diète. Que la CVMQ ne s'étonne pas d'avoir tellement de
plaintes quand on sème comme à dessein tellement
d'embûches. (17 heures)
D'ailleurs, si on avait un supra-organisme pour colliger les plaintes
sur le service des plaintes de la CVMQ, il serait peut-être
surchargé lui-même parce qu'on n'attaque pas le mal à sa
base et que la CVMQ ne connaît pas justement la fiche signalétique
du petit investisseur.
La CVMQ ne pourrait-elle pas faire des représentations
auprès du gouvernement pour civiliser les institutions
financières dans le domaine des valeurs mobilières comme ce fut
le cas dans celui des emprunts? (17 heures)
Nous croyons cela d'autant plus important qu'avec le
décloisonnement - on en parlait tout à l'heure avec les
assurances -les maisons de courtage se multiplient. Le gouvernement
n'interviendra-t-il pas dans le cas des taux des cartes de crédit? Le
créancier n'est-t-ïl pas tenu maintenant d'expliquer à
l'emprunteur ce à quoi ce dernier s'engage, le vrai taux
d'intérêt, etc. ? Par contre, quand vous signez, par exemple, une
entente relative à un régime d'épargne-actions du
Québec de l'institution XYZ -tout simplement pour un régime
d'épargne actions - il y a au verso quatorze pouces de petites lignes
pour dégager ladite institution de toute responsabilité, du genre
- il y a tout les temps du conditionnel que vous voulez - l'institution XYZ
peut, à sa discrétion, agir a tout égard en votre nom ou a
la suite d'instructions que vous avez ou auriez données par
télégramme, câblogramme ou radiogramme, mais elle
n'encourra aucune responsabilité du fait d'avoir ou ne pas avoir agi ou
encore d'avoir commis une erreur dans l'exécution de vos ordres.
Un porte-parole de la CVMQ nous a déjà dit que la Bourse,
c'était la libre entreprise, et qu'il fallait prendre des risques. Mais,
ma foi, il faudrait peut-être expliquer cela aux institutions
financières. Dans la même veine, ne pourrait-on pas exiger d'une
institution financière qu'elle explique ce à quoi s'engage un
petit investisseur quand il signe une convention sur marge? L'institution
financière peut décider n'importe quand et soudainement de rayer
une action trop volatile comme valeur marginale. Elle peut décider sans
autre forme de procès de ne plus "marginer" les actions de la Bourse de
Vancouver. C'est arrivé avec Pemberton. L'institution financière
peut se tromper en établissant votre marge, oublier une valeur, par
exemple. De toute façon, en fin de compte, l'investisseur fera les frais
de l'erreur puisque certaines conventions de marge comportent
expressément la clause suivante: "Si nous ne pouvons pas vous aviser
avant 16 heures vous êtes responsable. " Si t'investis, ne pars pas en
voyage. Nous avons un cas où l'institution financière a fait
trois erreurs en trois semaines. Comme le personnel du service à la
clientèle est surchargé, il faut parfois quelques heures pour
obtenir un éclaircissement et corriger l'erreur si possible avant 16
heures. Le consommateur, l'emprunteur et maintenant l'assuré, puisqu'on
sait par l'ACQ que toutes les compagnies d'assurances n'ont pas la force de
Gibraltar, jouissent d'un minimum de protection. Même les animaux ont la
SPCA. Seuls les investisseurs semblent régis par les lois de la
jungle.
Jusqu'ici et délibérément, nous sommes
restés au niveau de l'individu. Pour emprunter un terme qui eut ses
heures de gloire, nous sommes restés au niveau du vécu de
l'investisseur. On parlait beaucoup de vécu en 1960. À un autre
niveau, plus subtil, et qui touche les investisseurs comme collectivité,
peu importe ses connaissances de la jungle financière, la CVMQ brille -
comme les trous noirs de l'espace sidéral - par son absence ou du moins
par son manque d'efficacité.
Nous n'insisterons pas sur les activités douteuses de ceux qui se
servent d'informations privilégiées, dont nous avons parlé
plus haut. La CVMQ a déjà pudiquement levé le voile sur
eux. Espérons qu'elle a su se scandaliser.
Il paraît que certaines maisons de courtage gonfleraient
artificiellement le prix des actions d'une deuxième ou troisième
émission, La Presse, 10 mars 1987. Encore une fois, c'est un analyste
financier et non la CVMQ qui découvre le pot aux roses. Il est vrai
qu'on ne peut demander à la CVMQ de lever un deuxième voile de
l'autre main. Trop de pudeur devient parfois indécent.
Que dire de tout le domaine des actions subalternes où la CVMQ
n'est pas très loquace? Elle ne tousse que lorsque sa contrepartie
ontarienne a le rhume. On pourrait parler de Canadian Tire, de Cascades, de la
vente de Donohue à Dofor, de ce qui va arriver des 10 % de petits
actionnaires, de Berkley à Sherbrooke. Qui les défend?
À notre connaissance, la CVMQ n'a jamais produit une
pensée originale sur les grands dossiers avec ou sans système
d'ordinateur. C'est à regretter parfois que la Commission des valeurs
mobilières ontarienne n'ait pas juridiction au Québec. C'est
comme si la Commission des valeurs mobilières du Québec venait de
réaliser tout à coup qu'elle manque de fonds, que son
système d'ordinateur est désuet, qu'elle est
dépassée, quoi. Enfin, pour une commission de surveillance, on ne
peut pas dire qu'elle ait son monde à l'oeil. On a l'impression que
la
CVMQ ne se questionne que depuis l'avènement de cette commission,
à croire, MM. les députés, que la crainte est le
commencement de la sagesse.
La CVMQ et le contrôle de l'information. Qui l'eût cru? La
CVMQ a également comme mandat de régir l'information des porteurs
de valeurs mobilières et du public et d'encadrer l'activité des
professionnels. Sur ce point, nous pensons de la CVMQ ce que pense M. Paul Guy
de son propre système informatique. Je cite: "insuffissant,
désuet et parfois défaillant, ce qui pose des problèmes de
fiabilité. " Parce que, en fait, le système d'ordinateur ne peut
être meilleur que ceux qui le "pitonnent". Â l'heure du
décloisonnement, d'une augmentation de 113 % des investisseurs, d'un
nombre record d'émissions, alors que l'Ontario est déjà
à mettre en place des mécanismes pour au moins minimiser les
conflits d'intérêts, alors qu'elle pénalise
déjà un peu plus lourdement que nous ceux qui abusent des
informations privilégiés, la Commission des valeurs
mobilières voudrait bien, je cite son président: Être
prête à suivre plusieurs de ces règles. "Ces
règles", ce n'est pas un possessif, c'est un démonstratif. Par
"ces règles", on entend celles de l'Ontario évidemment. Comme on
n'a pas fait ses devoirs, on copie. En fait de leadership ou d'intention de
leadership, on a déjà vu mieux. 2. 2. 1 De la publicité et
de la compétence des courtiers et conseillers financiers. Les
représentants des compagnies d'assurances en parlaient tout à
l'heure, c'est très intéressant. L'APIQ aimerait que s'installe
un certain code de déontologie ou d'éthique de la
publicité. Alors que les gouvernements peuvent poursuivre en justice le
boucher du coin pour avoir trompé le client de 0, 10 $ sur un kilogramme
de soc de porc, tout se passe dans ce milieu comme si les institutions
financières avaient tous les droits et aucun devoir. Par exemple, une
maison à escompte annoncera: Vous voulez transférer votre compte?
C'est facile, vous nous en donnez l'instruction et nous nous chargerons du
reste. Allez-y voir! Vous donnez vos instructions: liste de vos valeurs,
feuille dûment estampillée, etc. Deux semaines plus tard, vous
apprenez que c'est à vous de faire le transfert. C'est quoi, l'affaire
au juste?
Durant janvier et février, les journaux débordaient
d'annonces vantant les avantages du REER. Or, à notre connaissance, seul
le FSTQ, quoique en très petits caractères - la vertu, comme la
CVMQ, étant trè3 pudique -soulignait que l'achat des fonds
réduit le montant admissible au REA. Ce qui fait que plusieurs
investisseurs - lisez les lettres aux journaux - se trouvent avec trop de l'un
ou de l'autre, les abris fiscaux jouant les uns contre les autres. Ces
institutions financières peuvent-elles rejeter le blâme sur les
petits investisseurs ignorant tous les raffinements et les méandres des
lois fiscales quand leurs propres courtiers ou conseillers financiers ne sont
pas eux-mêmes à la hauteur de la situation?
Par exemple, l'APIQ a fait le tour de plusieurs trusts, fiducies et
maisons de courtage en posant les questions suivantes sur les REER
autogérés, cinq petites questions que je dirais presque
naïves: Pouvons-nous mettre des FSTQ dans un REER autogéré?
Puis-je placer des actions REA dans ce genre de REER? Cinq questions, elles
sont là. Un conseiller sur huit a pu répondre à ces
questions sans être obligé d'aller consulter quelqu'un d'autre ou
de nous rappeler. Nous avons même eu des réponses loufoques - je
vous jure que c'est vrai - par exemple: Des actions accréditives, c'est
quoi? C'est un conseiller financier qui me parle.
Les courtiers d'une maison d'escompte, embêtés par ces
questions, nous ont dît: "On appellera la société de
fiducie XYZ et on vous téléphonera". Tant qu'à faire, nous
avons appelé nous-mêmes la société XYZ qui nous
affirma que la société de courtaqe était pas mal
fatiguante et qu'elle ne connaissait rien. C'est rassurant.
Et après, on viendra nous parler de l'ignorance des petits
investisseurs et du décloisonnement. Enfinl le décloisonnement
cela ne fait pas sérieux si le seul résultat est de diluer la
valeur des conseils donnés -enfin, donnés - si un conseiller en
tout devient un conseiller en rien. Tout de même c'est avec nos
économies qu'il joue!
Ne faudrait-il pas que la CVMQ oblige, par exemple, une maison de
courtage, comme celle dont on parle ci-haut, à identifier son
fonctionnement et a avoir des gens compétents en fin de compte? C'est
déjà assez complexe sans que s'immiscent des
intermédiaires prenant une "cut" au passaqe. Ou, alors, que la maison de
courtaqe continue à vendre des actions et la fiducie à
gérer.
Il est assez aberrant comme investisseurs de se faire dire qu'en ce
moment dans telle institution tout le monde est sur le REER et que
l'administration courante fonctionne au ralenti... Ronjour compétencel
Espérons que les toilettes sont toujours nettoyées. 2. 3. 1 Des
petits et grands problèmes des investisseurs. Globalement, le rôle
de la CVMQ est de favoriser par ses interventions le bon fonctionnement du
marché. Or, il est évident que, si les prémisses sont
faussées, la conclusion risque de l'être.
L'APIQ a commencé à colliger quelques plaintes pour monter
ses dossiers. Si on me pose la question tout à l'heure, on a 292
lettres, 122 appels. Il est clair qu'en ce qui
concerne le petit investisseur, il y a quelque chose qui bloque le bon
fonctionnement du marché. Dans certains cas, on ne sait pas trop qui
blâmer. Le laxisme de la CVMQ? L'incompétence ou le manque de
morale de certains courtiers? L'aveuglement ou l'ignorance de certaines maisons
de courtage? Jugez par vous-mêmes. Nous vous donnons en vrac des faits
terre à terre tirés des lettres et appels
téléphoniques reçus, il y en a une quinzaine. Cela se
résume à ceci: Certains sont des vrais cas de cauchemar. Je
reçois des choses à peu près épaisses comme
ça...
Le Président (M. Lemieux): Ce sont tous des cas, du
paragraphe a au paragraphe m?
M. Blanchard: Tous des cas. Par exemple, le petit investisseur
qui attend son argent depuis 35 jours.
Le Président (M. Lemieux): Des situations concrètes
et...
M. Blanchard: J'ai des lettres ici et des dossiers.
Le Président (M. Lemieux): Cela va. C'était pour
savoir. Vous dites qu'ils ont été contre-vérifiés
par l'association.
M. Blanchard: Effectivement, parce qu'elle nous les envoie.
Le Président (M. Lemieux): Vous compendrez que nous
n'avions pas votre mémoire en main et que nous n'avions qu'un
résumé, si je comprends bien.
M. Blanchard: Non, vous avez le mémoire.
Le Président (M. Lemieux): C'est-à-dire qu'on avait
une table des matières préalablement.
M. Blanchard: Vous avez le mémoire.
Le Président (M. Lemieux): Je suis d'accord, j'ai le
mémoire, mais, le mémoire ne nous est parvenu que très
dernièrement.
M. Blanchard: Ah!
Le Président (M. Lemieux): C'est en ce sens que je
m'exprime alors que, dans certains cas, nous avons en main les mémoires
depuis une semaine, une semaine et demie.
M. Blanchard: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): C'est la raison pour laquelle
je vous posais la question. Vous pouvez continuer.
M. Blanchard: Je passe, vous pouvez lire aussi bien que moi ces
petits faits. Cela tourne toujours autour de l'incompétence du
personnel, du manque de déontologie de la part des courtiers. 2. 3. 2
Conséquences néfastes de ces dysfonctionnements. Par cette
énumération qui n'est pas exhaustive, nous essayons de vous
signifier que sous une apparence boursière euphorique, il y a
déjà, en filigrane, quelque chose de malsain.
La plupart des 113 % de nouveaux investisseurs sont issus d'un
marché "bullish", un marché boursier haussier. À moins de
croire au Père Noël, cela ne pourra pas durer toujours.
Qu'arrivera-t-il si jamais le marché fait un angle de 180° et
devient "bearish"? Comment pourront se défendre et tenir le coup des
investisseurs qu'on a réduit à des "acheteux" passifs? Quelle
stratégie pourront leur conseiller des courtiers et des conseillers
financiers formés à la sauvette et qui ne sont en fait que des
vendeurs, et quasiment sous pression? Il suffira d'un raz de marée. Il
suffira d'une baisse un peu persistante pour faire fuir, et pour longtemps, ces
investisseurs de l'ère du REA. On a trop abusé de ces
investisseurs par des ratios trop élevés - entre
parenthèses, on appelle souvent les investisseurs de REA des "Mickey
Mouse"; s'il y a des "Mickey Mouse", c'est qu'il y a trop de "Walt Disney" dans
les coulisses - des prix artificiellement gonflés, des prises de profit
trop rapides, des courtiers trop affamés. Ces investisseurs vont
certainement disparaître dans le décor. Il y aura panique parce
qu'il y aura eu abus. Le risque est qrand de liquider toute une
génération parce qu'on aura oublié de cultiver la
crédibilité et la confiance. Est-ce que les intervenants en
valeurs mobilières, la CVMQ en tête, ont déjà
réfléchi à la question? Qu'auront à gagner les
courtiers et les maisons de courtage quand le marché secondaire se sera
rétréci comme peau de chagrin et manquera de liquidités?
Que deviendra entrepreneurship québécois une fois les "Reaqueux"
disparus, comme on les appelle souvent? Â ce que nous sachions, ce n'est
pas l'investisseur institutionnalisé qui achète des actions de 1
$ et de 2 $ de sociétés à faible capitalisation. Il n'y
aura plus de Cascades, de Canam-Manac, de Memotec parce qu'il n'y aura plus de
petits investisseurs, ou il y en aura moins, en tout cas. L'APIQ souhaiterait
que la CVMQ daigne s'intéresser à tous ces irritants
énurnérés plus haut parce qu'elle a comme mandat d'assurer
le bon fonctionnement du marché. Nous souhaiterions que la CVMQ joue son
rôle de catalyseur parmi tous les intervenants financiers. Nous
souhaiterions qu'au lieu de suivre quelques règles des autres, elle
fasse preuve d'assez de dynamisme pour que le monde de la finance suive ses
propres règles à elle. Nous croyons
qu'avec la disparition du petit investisseur disparaîtrait une
certaine dynamique du marché. 3. 1 En guise de panégyrique.
L'APIQ ne peut pas être contre des subventions plus
généreuses à la CVMQ; on ne peut pas être contre la
vertu. Cependant, l'APlQ aimerait bien que la CVMQ présente une
réflexion musclée et agressive sur ses projets et ses
préoccupations. L'APIQ regrette que la CVMQ ait attendu si longtemps
pour transmettre un signal d'alarme au gouvernement. Cette situation critique
d'aujourd'hui ne doit pas être le fruit d'une génération
spontanée, in vitro. Nous comprenons mal que depuis 1983, elle n'ait pas
su à peu de frais - nous insistons sur à peu de frais -alerter
l'opinion publique. Nous pensons qu'elle aurait eu la complicité, une
bonne complicité de tout le monde journalistique et universitaire que la
chose préoccupe, parce qu'on est en train de l'avoir pour rien. Elle a
tout de même le poids d'un organisme institutionnel et, en principe,
respectable. Que serait-il arrivé sans l'heureuse initiative de cette
commission? Récemment, la CVMQ est venue exposer devant cette commission
ce qu'elle ne pouvait pas faire. Nous aurions aimé qu'elle
expliquât ce qu'elle voudrait faire. Sur le décloisonnement, nous
savons qu'elle est prête à suivre quelques règles de
l'Ontario et qu'elle voudrait un peu de quincaillerie pour publier les
transactions d'initiés à temps. À part cela, "niet". Nous
caricaturons à peine.
Nous aimerions savoir le fruit de sa réflexion sur le dossier des
actions subalternes et du décloisonnement. De concert avec la Bourse et
l'ACCOVAM, comment interviendra-t-elle, si elle intervient, dans les histoires
des actions du REA à ratio trop élevé, dans celle des
actions gonflées d'une deuxième émission? Que pense-t-elle
d'un code de déontologie pour les courtiers? Quel est son plan d'action
pour l'amélioration et un meilleur contrôle de la formation des
courtiers et des conseillers financiers de nos supermarchés? A-t-elle un
politique en vue pour trouver des solutions aux nombreuses plaintes des petits
investisseurs? Nous pensons que la CVMQ souffre de léthargie chronique.
Nous pensons que la CVMQ ne sait pas s'imposer et imposer. Elle a perdu son
sifflet pour siffler la fin de la récréation. En somme, elle
manque d'innovation et de créativité et, nous le
répétons, de leadership. Et cela, des millions et/ou des
ordinateurs ne sauront le lui faire acquérir. 3. 2 Recommandations.
Sans prétention de notre part, nous pensons que la CVMQ devrait
attaquer sur deux fronts. En bas de gamme, sur ce qui influence de près
la microtransaction mobilière, a savoir un code de déontologie
pour les courtiers et les maisons de courtage, une formation plus
sérieuse des intervenants, une diffusion de l'information et
d'informations en collaboration avec la Bourse et les maisons de courtage, un
contrôle sévère de la publicité, la standardisation
et/ou la rationalisation du fonctionnement des maisons de courtage - quand tu
sais comment l'une fonctionne, tu ne sais pas comment l'autre fonctionne, et
n'appelle pas à l'heure du dîner - des responsabilités
assumées par les institutions financières envers les petits
investisseurs, un bureau de plaintes sérieux et efficace.
En haut de gamme, au niveau de la macrotransaction, dossier,
réflexion, enfin quelque chose sur les actions subalternes, avant
l'Ontario, contrôle des informations privilégiées, dossier,
réflexion sur le décloisonnement, dossier sur les influences
indues et artificielles sur le prix des actions. Enfin, nous croyons que si la
CVMQ n'assume pas ses mandats, c'est toute la société qui en
paiera le prix. Nous croyons également qu'il manque à la CVMQ
quelque chose de plus subtil que des millions et de la quincaillerie. En
d'autres termes, que la CVMQ ait besoin d'argent, c'est évident. Mais ce
dont elle a besoin d'abord assez drôlement par les temps qui courent,
c'est d'entrepreneurship, et cela, elle ne peut l'acheter ni se faire
subventionner. Par contre, nous trouverions assez étrange de diluer son
pouvoir au profit d'autres organismes. Demanderions-nous à General
Motors de promouvoir l'APA? On ne demande pas aux loups de surveiller la
bergerie. (17 h 15)
Si vous me le permettez, je suis arrivé à Québec -
une minute - il pleuvait, à Montréal aussi. Une petite
réflexion, si vous me permettez l'expression dans cette auguste
Assemblée, d'un "ti-cul". Dans le journal Les Affaires, page 10,
le dernier... Pauvre Soficorp, la première à annoncer un fonds
québécois, mais la dernière à obtenir
l'autorisation de la Commission des valeurs mobilières du Québec.
Au moment de mettre sous presse, Soficorp n'avait toujours pas reçu le
feu vert de la commission. Soficorp a eu du mal à prouver qu'elle avait
les compétences nécessaires en tant que gestionnaire. Mais, pour
M. Guy Shedleur, vice-président chez Soficorp, "on s'acharne
indûment contre nous". D'autres affirment que, dans cette foulée,
il y aurait là un règlement de compte, M. Shedleur ayant
été employé de la commission avant de joindre
Soficorp.
Ce n'est peut-être pas vrai, je l'espère...
Le Président (M. Lemieux): C'est le dernier
numéro...
M. Blanchard:... mais, si c'est vrai... C'est sous la plume de
Jean-Pierre Roy dans
Les Affaires. Si c'est vrai... Je me dis qu'on se pose des
questions. Quand on n'a pas d'argent pour faire son travail et qu'on fait de la
basse politique... Il y a d'autre chose à faire avec l'argent. Si ce
n'est pas vrai, qu'on le réfute, car on ne sait plus quoi penser; le
petit en bas ne sait plus quoi penser. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Blanchard.
Effectivement, nous trouvons votre mémoire intéressant ainsi que
certaines des recommandations» mais j'aurais peut-être une question
à vous poser, qui m'intrigue un peu. L'Association pour la protection
des investisseurs du Québec, d'où tient-elle sa
légitimité? Vous avez combien de membres? Nous parlons d'une
charte provinciale ou fédérale?
M. Blanchard: Provinciale.
Le Président (M. Lemieux): Provinciale. Incorporée
depuis quand?
M. Blanchard Trois semaines.
Le Président (M. Lemieux): Trois semaines? Combien de
membres avez-vous?
M. Blanchard: En règle?
Le Président (M. Lemieux): En règle, oui.
M. Blanchard: En règle, environ 50, monsieur. Cela fait
trois semaines... Avant qu'on s'organise, nous avons eu exactement 250 lettres
de demande de carte et environ une centaine de coups de
téléphone.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il s'agit, pour
l'ensemble, de représentants du milieu des institutions
financières?
M. Blanchard: Non, si vous voulez l'historique, dans le moment,
on a eu "des offres", d'universitaires, de gens des HEC ou de l'UQAM. On en a
eu du monde journalistique, de la publicité, de différents
niveaux qui nous ont offert des analystes financiers, comme M. Gagnon qui est
à Berkley, qui ont offert de nous aider, enfin, de faire partie du
corpus qu'on voudrait former. Je ne prétends pas, loin de là,
avoir la compétence pour discuter d'options et de choses comme
ça.
On est en train de former un corpus. Évidemment, on le fait sur
le bras. Cela fait trois semaines. On vient de faire imprimer les cartes. Il y
a des gens qui nous envoient de l'argent pour faire partie...
Le Président (M. Lemieux): Quelle est votre formation, M.
Blanchard?
M. Blanchard: Enseignant, monsieur.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes enseignant.
 quel niveau enseignez-vous?
M. Blanchard: Si je vous dis en secondaire I, est-ce que vous
allez me penser assez brillant quand même?
Le Président (M. Lemieux): Non, non. C'est tout simplement
à titre... Écoutez...
M. Blanchard: Secondaire I.
Le Président (M. Lemieux): Cela va.
Une voix: Enseignant?
Le Président (M. Lemieux): Enseignant, oui. Maintenant, M.
le député de Lafontaine, vous avez demandé la parole.
M. Gobé: Oui, M. Blanchard, on peut dire que vous n'y
allez pas avec le dos de la cuiller dans votre mémoire. Je m'interroge
à savoir si vous, personnellement, vous avez des raisons
particulières de mettre autant d'accent sur les courtiers, car tout le
monde y passe. Dans votre mémoire, on voit tout le mondes on voit les
courtiers, on voit la Bourse en filigrane, on voit la commission. Avez-vous des
problèmes, vous-même, qui vous ont amené à
réagir fortement? Cela m'inquiète. Vraiment, vous y allez et vous
tapez. Il s'agit d'une institution importante pour le Québec, et il doit
y avoir une certaine crédibilité pour ces organismes, que ce soit
la Bourse ou que ce soit la commission. J'aimerais que vous m'expliquiez ce qui
vous motive vraiment à faire cela.
Le Président (M. Lemieux): II faudrait peut-être, M.
Blanchard, que vous qualifiiez d'une façon nette et précise ce en
quoi la Commission des valeurs mobilières du Québec manque
d'entrepreneurship, on sent cela tout au long de votre mémoire.
M. Blanchard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): D'une façon très
concrète.
M. Blanchard: Oui, oui. Très concrète. D'abord, je
m'attendais à cette question. Il y a deux questions. Pour moi, chaque
fois qu'on lit quelque chose, à moins que le petit investisseur n'ait
pas accès au grand dossier, on entend parler de l'Ontario. Pour Canadian
Tire, enfin on a dit - j'ai lu cela dans les journaux - qu'on suivrait quelques
règles de l'Ontario. Mais, jamais on ne sent quelque chose qui vient.
Quand on a parlé des actions trop gonflées du REA, des actions
trop chères, c'est venu de journalistes, de gens qui sont autour de la
chose financière.
Ceux qui en ont acheté avant le mois de novembre les ont
payées trop cher. Dans le moment, dans la presse, on dit qu'on gonfle la
deuxième ou la troisième émission. C'est un analyste
financier qui a dit cela. Si vous appelez...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine.
M. Blanchard: Je répondrai à M. le
député de Lafontaine après. Si vous appelez au service des
plaintes... C'est évident que ce qui m'a éveillé à
cela, c'est parce que, moi-même, j'ai eu des problèmes, c'est
parce que mon collègue en a eu, c'est parce que, à moment
donné, quand on a investi, on parle avec des investisseurs. Des jeunes
ont eu des problèmes. Quand on est pris dans les dédales. Il y a
un pauvre bonhomme qui m'a envoyé son dossier; la compagnie de courtage
vient de lui faire perdre environ 200 $ de "warrant". Son dossier est
épais comme ça.
J'admets disons - je voulais tout de même faire un... On a entendu
si peu sauvent les petits investisseurs - que tout n'est pas pourri. Il ne faut
pas charrier tout de même. Je ne voudrais pas qu'on déforme trop
ma pensée. Mais je voulais que cela sorte. Remarquez que, à un
coin de rue, on ne met pas un feu rouge parce que cinq personnes ne se font pas
tuer. On en met un parce que cinq personnes peuvent se faire tuer. C'est un peu
la même chose dans ces histoires. Je ne dis pas que tous les
investisseurs ont toujours de gros problèmes, mais il y a trop de gens
qui ont des problèmes. Le gars qui t'appelle et qui te dits Hey! je suis
machiniste, moi. Quand j'appelle durant mon "lunch time", bon, excusez... Je
pensais que c'était à moi.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, cela va,
monsieur.
M. Blanchard: Quand j'appelle pendant mon temps de lunch...
Le Président (M. Lemieux): Rapidement, s'il vous
plaît, car M. le député de Mille-Îles a une question
aussi.
M. Blanchard:... le "boss" veut que je retourne à ma
machine. Cela prend une ou deux heures. Cela n'arrive pas qu'à moi; moi,
j'ai le temps, remarquez bien, de tenir une heure au téléphone.
Le gars qui finit à midi et qui recommence à une heure, lui, il
n'a pas le temps. Les erreurs se multiplient. Vous ne pouvez pas avoir au bout
du fil la personne compétente pour savoir quelque chose. C'est
difficile. Il faudrait que quelqu'un y voit.
Le profil de l'investisseur a changé. Ce n'est plus le gars qui
était libre de son temps et tout cela. C'est le gars qui travaille de 8
heures à 4 heures et qui a 20 minutes pour manger. Souvent, le gars qui
investit 2000 $ ou 3000 $, c'est son profil à lui. C'est pour cela que
je dis qu'il faudrait peut-être s'attacher à cela, aller voir les
maisons de courtage et leur dire: Mais toi, qui vas-tu voir? Que vas-tu voir?
Si tu appelles la Commission des valeurs mobilières et que tu leur dit:
J'ai perdu mes "warrants"; j'ai perdu 260 $, on va te répéter: On
a 160 plaintes avant vous. Les warrants", pendant ce temps, ont foutu le
camp.
Le Président (M. Lemieux): On vous remercie, M. Blanchard.
M. le député de Mille-Îles, une question brève avec
une réponse brève, si possible, M. Blanchard. M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: M. Blanchard, vous me laissez perplexe.
M. Blanchard: Oui?
M. Bélisle: Oui, c'est bon. Vous recommandez, à la
page 18, entre autres, à la recommandation A, dans le domaine de la
microtransaction mobilière, un code de déontologie pour les
courtiers et les maisons de courtage. Et vous dites, un peu plus haut: "Nous
pensons que la CVMQ devrait attaquer sur deux fronts. " Est-ce que je dois
comprendre, de la façon que vous l'avez écrit, que vous
souhaiteriez que la Commission des valeurs mobilières du Québec
s'implique dans la définition d'un code de déontologie pour les
courtiers et les maisons de courtage?
M. Blanchard: Si elle ne s'implique pas, qui va le faire? Si je
comprends bien, tout à l'heure, il y a avait les messieurs des
assurances qui étaient ici et qui disaient: On parle seulement de 10 000
000 000 $. Nous, on parle seulement de 3000 $. Évidemment, ces gens ne
veulent pas que la CVMQ intervienne trop. Je pense que c'est le rôle du
gouvernement, par ses institutions, de contrebalancer les pouvoirs des
deux.
M. Bélisle: D'accord. J'ai bien compris. Ce n'était
pas clair parce que les deux paragraphes étaient séparés.
Mais votre opinion, c'est que la CVMQ devrait peut-être imposer ou
suggérer - peut-être que c'est...
M. Blanchard: Elle a une force morale suffisante pour l'imposer.
Remarquez, si vous me permettez une explication, dans le fond, je n'en veux pas
personnellement à la CVMQ, je serais bien niaiseux, ce n'est pas une
personne la CVMQ, Je serais content, le petit investisseur serait fier et je
serais fier que "mon association", que je fais sur le bras, y allant de ma
poche, ne soit plus
nécessaire. Je m'occuperais de mes petites affaires et c'est
tout. Comprenez-vous*? J'aimerais que la CVMQ se brasse un peu.
M. Bélisle: À B, votre seconde recommandation,
c'est une formation plus sérieuse des intervenants. Je dois comprendre,
si je relis ce que vous venez de nous dire, que vous aimeriez que la CVMQ
s'implique dans la formation des courtiers et des gens du milieu.
M. Blanchard: Remarquez que j'ai toujours pensé que cela
relevait d'elle.
M. Bélisle: Pardon?
M. Blanchard: J'ai toujours pensé que cela relevait de la
CVMQ. Enfin, je ne sais pas si c'est une corporation fermée... le
courtier...
M. Bélisle: Est-ce que vous ne pensez pas, M. Blanchard -
une dernière question, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: À la page 19, à
l'avant-dernière ligne, on lit: "Demanderions-nous à General
Motors de promouvoir l'APA?" Ce que vous souhaitez, dans le fond, c'est que la
CVMQ devienne une sorte de protection du consommateur financier ou de
denrées financières.
M. Blanchard: Remarquez que j'en serais très à
l'aise...
M. Bélisle: Pardon?
M. Blanchard: J'en serais très heureux. Je pense qu'on ne
peut pas être contre la vertu.
M. Bélisle: Vous iriez jusqu'à dire que la CVMQ
devrait s'impliquer dans le mécanisme de la fixation du prix des actions
et...
M. Blanchard: Le prix de l'action... Il me semble, je ne sais
pas, cela doit former... Il doit y avoir une espèce de consensus que la
CVMQ pourrait faire. Elle doit avoir une certaine autorité morale. C'est
une institution, c'est un organisme... Écoutez, il ne faut pas attendre
qu'il ait dix émissions de passées et d'avoir acheté les
profits anticipés de deux ans. Les forces du marché, ce n'est pas
vrai qu'elles jouent toujours. Parfois elles sont faussées. Il ne faut
pas être naïf non plus. Je suis bien pour la libre entreprise, mais
je ne suis pas pour la naïveté à ce point.
Le Président (M. Lemieux): Une dernière question, M. le
député... M. le député de Mille-Iles, avez-vous
terminé?
M. Bélisle: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Une dernière question, M. le
député de
Lafontaine, et nous allons entendre Systèmes financiers
Iceberg.
M. Gobé: M. Blanchard, vous semblez prôner un
renforcement des mesures, pas de coercition, mais de surveillance et
d'intervention de la CVMQ. Ne vous interrogez-vous pas à savoir si
peut-être, dans ce domaine plus particulier de la finance et de
l'investissement, on ne devrait pas laisser faire le jeu de la qualité,
de la compétition? Quand on voit que certains courtiers - comme vous
dites - ne rappellent pas leurs clients ou font des erreurs, je peux vous
assurer que dans n'importe quel autre commerce, quand je ne suis pas satisfait
- je m'interroge à savoir pourquoi vous ne 3emblez pas aller dans cette
voie - je change de commerce ou je change de marque de voiture, ou de machine
à laver, ce que vous voudrez. Pourquoi est-ce qu'on ne peut pas
appliquer cela... Vous savez, quand les gens investissent leur argent, j'ai
l'impression qu'ils prennent un risque d'investissement et c'est à eux
de faire un choix. On est quand même dans une société qu'on
veut libéraliser, semble-t-il. On veut peut-être éviter
plus de réglementation qu'on n'en a actuellement. Cela va un peu en
contradition par rapport à ce qu'on veut avoir comme nouveau genre de
société. Avez-vous quelque chose à dire
là-dessus?
M. Blanchard: Je ne sais pas sur quoi vous vous basez pour dire
qu'on veut un nouveau genre de société. Je n'ai pas l'impression
qu'on veut avoir un nouveau genre de société.
M. Gobé: La déréglementation, quand
même...
M. Blanchard: On est dans une société où on
veut privatiser, si c'est ce que vous voulez dire, je suis bien d'accord avec
cela, on ne peut pas être contre la vertu encore une fois. Mais acheter
des valeurs mobilières, ce n'est pas acheter un frigo. Il y a une
maudite différence. Si vous partez d'un courtier, que vous allez
à l'autre et que vous avez la même maudite affaire, cela vous
donne quoi? Vous n'avez quelque... Essayez-, le!
M. Gobé: Vous semblez présumer que les courtiers,
l'un comme l'autre, ne sont pas bons.
M. Blanchard: Non, mais c'est vous...
M. Gobé: II doit y en avoir des bons et des pas bons,
c'est comme dans tous les commerces.
M. Blanchard: Monsieur...
Le Président (M. Lemieux): Je ne voudrais pas, M. le
député de Lafontaine, que cela devienne une polémique,
s'il vous plaît.
M. Gobé: Non, mais...
M. Blanchard: Non. C'est la première fois que je le vois,
je ne lui en veux pas.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
M. Gobé: On annonce des choses qui mettent, je pense, en
lumière, la qualification - excusez-moi, monsieur -...
M. Blanchard: Oui, mais... Est-ce que vous savez qui est le petit
investisseur?
M. Gobé:... de toute une profession, de tout un groupe de
gens et on dit: L'un n'est pas bon, l'autre ne rappelle pas. On semble vouloir
généraliser. Je ne crois pas que les courtiers, globalement, sont
des gens qui sont incapables, qui ne rappellent pas leurs clients.
Moi-même je fais affaire avec un courtier, je peux vous assurer qu'il me
rappelle, et s'il ne me rappelle pas, je l'engueule. Il verra à me
rappeler la prochaine fois sinon je vais changer.
Je crois qu'il ne faut pas essayer de dramatiser et de donner à
la population ou aux médias une image qui a certainement des bonnes
raisons d'être développée pour certaines erreurs qu'il y a,
mais ce n'est pas la majorité et ce n'est pas
généralisé. Ma question était la suivante: Pourquoi
n'avez-vous pas plus de nuances dans votre mémoire? Ce n'est pas une
critique envers vous, mais c'est parce qu'il n'est pas nuancé du
tout.
M. Blanchard: Concernant les critiques, je suis
habitué.
M. Gobé: C'est en bloc, c'est monolithique. On entre
là-dedans et on donne de grands coups de sabre sur tout le monde.
M. Blanchard: Tout d'abord, si on me permet une mise au point,
quand vous dites: Moi, j'appelle mon courtier, monsieur, avec tout le respect
que je vous dois, vous êtes député, il y a une maudite
différence avec le machiniste quand il appelle son courtier,
premièrement. Il ne faut pas oublier qu'on parle des investisseurs
ordinaires.
Vous dites: Chanqez de courtier. Vous lirez la fiche signalétique
du petit investisseur. Je ne vous dis pas que tous les courtiers... Il y a de
bons courtiers. Le petit investisseur ne peut pas magasiner comme vous dites,
ce n'est pas si facile. Tu appelles, tu veux acheter 300 actions de Grilli, on
ne te passe pas le vieux courtier chevronné, on te passe celui qui vient
d'arriver, qui n'est pas tout le temps encadré. Ce n'est pas si facile
que vous le dites. Entre un machiniste qui appelle, je n'ai rien contre les
machinistes, remarquez mon père en était un... On oublie parfois
qui on est quand on appelle. C'est évident, si vous appelez, qu'on vous
répond et qu'on fait attention, c'est évident...
Le Président (M. Lemieux): Une dernière question,
il ne reste que cinq minutes, au député de Jonquière. Nous
apprécions, monsieur, le langage direct de votre mémoire,
écoutez, on n'est pas là pour vous brimer dans la façon de
dire les choses. Vous l'avez fait à votre manière et nous vous en
remercions. Ce n'est pas que je ne partage pas l'avis de mon collègue,
le député de Lafontaine, mais je comprends qu'il ait quand
même certains points d'interrogation et certaines préoccupations
eu égard à la teneur directe de vos écrits.
M. le député de Jonquière, vous avez la parole. (17
h 30)
M. Dufour: II y a une chose que je voulais ajouter par rapport au
mémoire qui est devant nous. Vous dites, à la troisième ou
à la quatrième ligne avant la fin: "Nous trouverions assez
étrange de diluer son pouvoir au profit d'autres organismes" et
là vous parlez de la CVMQ.
M. Blanchard: Oui, je me suis trompé là.
M. Dufour: Deux petites questions qui ne sont pas complexes: dans
les recommandations, vous parlez de "standardisation et/ou rationalisation du
fonctionnement des maisons de courtage". C'est quoi exactement ce que vous
préconisez?
M. Blanchard: C'est un exemple.
M. Dufour: Quand on parle de rationalisation...
M. Blanchard: Le fonctionnement des maisons de courtage est assez
complexe et il est différent d'une maison à l'autre. Faites
l'essai, mais ne vous présentez pas comme étant un
député: appelez un courtier et dites comme j'en donnais l'exemple
que vous avez un REER autogéré et que vous voulez tout simplement
faire passer des valeurs de votre portefeuille dans votre REER
autogéré, vous
passez une heure au téléphone. Si c'est si simple que
cela, comment se fait-il qu'il y en a quatre ou cinq employés qui ne
savent pas quoi faire? Je veux dire: Tu demandes combien c'est pour une marge;
tu peux appeler trois employés et ils vont te donner trois choses
différentes. Je veux dire que ce sont des irritants, celai
M. Dufour: Oui, je comprends, mais je ne sais pas...
M. Blanchard: Bien qu'on rationalise pour que la façon de
passer d'un REER autogéré à son portefeuille soit à
peu près identique partout.
M. Dufour: Oui, mais l'investisseur qui appelle un courtier, vous
ne pensez pas qu'il a une protection... En tout cas, il ne faut pas que vous
donniez le problème à tout le monde. L'investisseur qui a besoin
d'un renseignement, il appelle son courtier; si son courtier est un niaiseux,
il n'appellera pas deux fois, je ne pense pas, moi, surtout l'épargnant
de 1000 $ ou 2000 $, Celui qui a 25 000 $ ou 50 000 $ va peut-être
oublier 1000 $ en chemin, mais celui qui n'a que 2000 $ à placer...
Là, je trouve que si vous allez trop loin dans votre démarche,
c'est que vous faites injure... Tout à l'heure, vous avez dit ou
quelqu'un a dit: II ne faut pas faire injure à l'avocat ou aux gens qui
font les prospectus.
Le Président (M. Lemieux): Surtout pas aux avocats, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Voilà, et là on fait presque injure
à l'investisseur. Je ne sais pas si vous êtes allé trop
loin.
M. Blanchard: Bien, faire injure à l'investisseur, il
faudrait peut-être le demander aux investisseurs ou que je vous apporte
les 200 lettres qu'on a, à peu près, pour que vous les lisiez et
vous aurez peut-être des surprises.
M. Dufour: Peut-être un autre point. Quand vous parlez de
haut de gamme au niveau de la macrotransaction, quand, dans a, c et e, vous
parlez des dossiers, voulez-vous dire par là que la CVMQ n'a pas de
documents suffisants, à point"?
M. Blanchard: Remarquez, encore là, la CVMQ... On a
toujours dit: En Ontario, ils font cela, mais ici, ils ne font pas cela. On va
suivre quelques-unes de ces règles. Nous aimerions voir un peu de
leadership là-dedans, qu*on sache ce qu'elle en pense, ce qui arrive et
ce qu'elle va faire. Est-ce que je peux dire juste un mot à M. le
député de Lafontaine avec humour? Je pense que M. le
député de Lafontaine a le sens de l'humour.
J'ai peut-être été un peu raide, mais je voulais que
cela fasse un impact.
Le Président (M. Lemieux): Oui, je vous l'ai dit tout
à l'heure
M. Blanchard: Non, non. J'espère qu'il a le sens de
l'humour. M. le député de Lafontaine est resté ici pendant
que je parlais, il n'est pas sorti.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Dufour: J'ai un point, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Jonquière, brièvement, s'il vous plaît!
M. Dufour: Votre association n'est pas connue pour le moment.
J'aurais aimé vous poser une dernière question. Quand vous dites
qu'il y a certaines informations qui sont en petits caractères en
arrière d'un contrat, etc., est-ce que votre association, au point de
vue de l'assurance, parce que les contrats sont écrits en petites lignes
aussi, a l'intention un jour de s'attaquer à ces problèmes?
M. Blanchard: Pour commencer, on a assez de problèmes
comme c'est là et on n'a pas de budget. On va commencer par
régler les problèmes de ceux qui nous écrivent et des
membres, et on ira voir pour l'assurance après, si cela marche.
M. Dufour: C'est parce qu'ils sont considérés comme
des courtiers aussi.
M. Blanchard: Oui, mais, là, on parle des valeurs
mobilières et immobilières.
M. Dufour: D'accord.
Le Président (M. Lemieux); Un instant, s'il vous plaît.
Merci, M. Blanchard de votre participation à cette commission.
Nous allons entendre les Systèmes financiers Iceberg et leurs
représentants. Nous avons une demi-heure environ. Nous allons, tout
à l'heure, suspendre les travaux de la commission pour les reprendre
à 20 heures et nous allons continuer avec vous à 20 heures. Vous
ne serez pas pénalisés. Pouvez-vous, dans un premier temps, vous
identifier, identifier l'organisme que vous représentez et nous dire
depuis combien de temps il existe, faire un très bref historique?
Systèmes financiers Iceberg Inc.
M. Lassonde (Normand): À ma droite, Mme Nicole Dumouchel,
qui est chargée pour notre compagnie du développement du
réseau
international. Mon nom est Normand Lassonde, je suis président du
conseil d'administration de la compagnie Systèmes financiers Iceberg.
Notre société est une société d'informatique,
spécialisée en valeurs mobilières. Notre clientèle
se recrute principalement chez les conseillers financiers, les gérants
de fonds, les courtiers, les trésoriers de compagnies aux
États-Unis, au Canada et en Europe. On a également fait des
travaux spécialisés pour la Bourse de Montréal, la Bourse
de Vancouver, la Bourse de Milan, Nomura Securities au Japon, le Japan Fund et
la Banque Royale du Canada.
Compte tenu du temps qui est un peu court, je vais sauter certains
paragraphes. Alors, si vous pouvez lire en filigrane.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez prendre le temps
nécessaire, quitte à revenir à 20 heures, s'il le faut. Il
y a des choses assez intéressantes dans le mémoire; alors, prenez
le temps qu'il vous faut.
M. Lassonde: Nous sommes très conscients que la
tâche des membres de cette commission parlementaire et, par
conséquent, du législateur ne sera pas facile, puisque,
dès que l'on traite de la CVMQ, c'est la loi du silence qui
s'applique.
Dans leur mémoire, la Bourse de Montréal et l'ACCOVAM sont
allées à la limite de ce qu'elles pouvaient dire sans s'exposer
aux mesures de rétorsion de la CVMQ. Ces deux organismes ont
conjointement affirmé que la Commission des valeurs mobilières
fait de la réglementation économique hors de son mandat. La
réplique du président de la CVMQ leur a vite fait comprendre
qu'ils en avaient déjà trop dit. Les députés qui
ont cherché à en savoir plus ont dû rester sur leur
appétit. La porte s'est malheureusement refermée aussi vite
qu'elle avait été ouverte.
Cette loi du silence découle directement des vastes pouvoirs
discrétionnaires dont dispose la CVMQ. Cet organisme a le pouvoir de
faire et de défaire, d'admettre ou de ne pas admettre, de permettre ou
de ne pas permettre. Elle a également le pouvoir d'agir
rétroactivement, ce qui lui confère un pouvoir absolu.
La décision de présenter aujourd'hui notre position et de
demander que la CVMQ soit mise sous tutelle par le gouvernement nous expose
à des mesures de rétorsion de la part de la CVMQ. Ces mesures
peuvent être très dommageables à notre compagnie et
à ses actionnaires. Nos responsabilités d'administrateurs nous
ont fait très longuement hésiter avant de venir témoigner,
sachant qu'en le faisant nous pourrions hypothéquer lourdement notre
avenir, puisque, pour fonctionner comme conseillers financiers, gérants
de fonds ou pour un éventuel financement public, nous devons obtenir les
permis requis de la CVMQ.
Si nous avons finalement décidé de venir témoigner,
c'est que nous croyons que la situation a atteint un niveau critique qui,
cependant, peut être corrigé. Nous sommes persuadés
également que le législateur désire vraiment
protéger l'épargnant québécois, tout en assurant la
croissance économique des entreprises de cette province.
Dans les deux prochains chapitres, nous allons traiter de l'état
de la question pour en arriver à des recommandations que nous
espérons constructives.
D'après nous, le Québec vit sur une espèce de bombe
à retardement qui menace d'éclabousser les épargnants et
l'industrie financière lorsqu'elle éclatera et ce, à cause
de la négligence de la CVMQ.
Dans son mémoire déposé en commission parlementaire
le 4 mars dernier, le président de la commission, M. Paul Guy, a reconnu
explicitement que les plaintes des investisseurs mettaient des mois, sinon des
années, à être entendues. M. Guy a également reconnu
que la CVMQ n'exerce pratiquement pas de contrôle sur l'utilisation des
fonds recueillis par les compagnies auprès du public.
D'autre part, on peut évaluer à environ 200 000 000 $ les
sommes en trop qu'ont dû verser les actionnaires pour se procurer des
titres REA à cause de la réglementation de la CVMQ. Ces sommes
ont été versées à des bureaux de comptables et
d'avocats pour la préparation de prospectus soumis à la
commission.
Afin d'aider les membres de la commission parlementaire dans leur
analyse du dossier, nous reprendrons, point par point, les
énoncés ci-haut cités. Il existe quelques signes
avant-coureurs qui laissent croire que, dans certains cas, l'argent recueilli
dans le cadre d'une émission REA est utilisé à d'autres
fins que celles prévues lors de l'émission publique.
Par exemple, une compagnie impliquée dans les vidéos
interactifs a fait un brusque virage pour se lancer dans les emballages
d'aluminium. Une compagnie manufacturière ayant fait une émission
de près de 6 000 000 $ pour favoriser son expansion a tout simplement
décidé de retarder l'expansion et de tirer des revenus
d'intérêts de ce placement.
Une autre compagnie de portefeuilles a décidé de faire de
même, si bien que, sur les 10 000 000 $ recueillis du public, prè3
de 9 000 000 $ n'ont pas été utilisés et servent à
générer des revenus d'intérêts. Dans les deux
derniers cas, les actions de ces compagnies ont chuté de moitié
dans un marché généralement haussier.
Heureusement - et j'insiste sur ce paragraphe pour ne pas élever
des épouvantails alors qu'il n'y en a pas - dans les cas cités,
on ne peut associer ces
décisions corporatives à des manoeuvres frauduleuses. Je
ne connais pas personnellement de manoeuvres frauduleuses dans les cas auxquels
je fais référence ici, puisque les sommes d'argent recueillies
lors de l'émission publique n'ont pas été
dilapidées. Mais la question demeure que les investisseurs ont
été jusqu'à un certain point leurrés sur
l'utilisation des fonds et qu'il peut exister une relation directe entre la
chute du prix des actions et le fait que l'argent recueilli n'ait pas
été utilisé aux fins prévues.
Or, il nous semble que c'est précisément le rôle de
la Commission des valeurs mobilières de protéger les
épargnants en s'assurant que les fonds recueillis auprès du
public servent aux fins annoncées par les dirigeants de la compagnie
pour les inciter à investir. En fait, ce paragraphe est le noeud de
notre mémoire et de nos recommandations.
À la CVMQ, il n'existe aucun mécanisme de
vérification systématique de l'utilisation des fonds après
une émission publique. Ce n'est que lorsqu'il y a dépôt
d'une plainte que la commission enquête. Très souvent, il est
peut-être trop tard pour agir. Ce problème est
littéralement une bombe à retardement. Ce n'est qu'une question
de semaines ou de mois avant que les investisseurs ne soient placés
devant des faits accomplis plus graves. D'ailleurs, face à l'incurie de
la commission, une association privée de défense des petits
épargnants, ayant son siège social à Laval, vient
d'être créée. Le Protecteur du citoyen a également
reçu plusieurs plaintes sur les activités de la commission.
L'information financière que reçoit un investisseur est,
à notre avis, un élément majeur pour sa protection puisque
c'est à partir de ces informations qu'il peut réagir dans ses
décisions d'acheter ou de céder ses actions. La négligence
de la commission se reflète aussi à ce niveau. Une fois leurs
placements faits, les investisseurs, dans une proportion d'environ 70 %, ne
sont plus informés des activités de la compagnie dont ils sont
devenus actionnaires. Â titre d'organisme de contrôle, la CVMQ n'a
rien fait depuis des années pour résoudre ce problème.
La CVMQ se libère de ses obligations à cet égard en
prétendant que ce sont les journaux qui doivent informer les
investisseurs. Or, les journaux, financiers ou autres, n'ont jamais reçu
de mandat gouvernemental pour assumer le rôle de la CVMQ dans ce domaine.
Les compagnies ne sont pas à blâmer pour cette situation puisque,
régulièrement, elles communiquent leurs résultats
trimestriels, semestriels ou annuels. Mais ces rapports ne se rendent tout
simplement pas aux actionnaires puisque, dans 70 % des cas, les certificats
d'actions ne sont pas inscrits au nom de l'actionnaire, mais au nom de ta
maison de courtage où l'actionnaire fait affaire.
J'ajouterai seulement une parenthèse ici. C'est que ce
problème n'est pas limité au Québec. Il y a des tentatives
qui ont été faites en Ontario et en Colombie britannique pour
essayer de résoudre ce problème. Il se présente au
Québec, mais il n'est pas unique au Québec.
En résumé, nous affirmons que la négligence de la
CVMQ sur le plan du contrôle de l'utilisation de3 fonds et sa
négligence à s'assurer que les actionnaires reçoivent les
informations financières auxquelles ils ont droit constituent une
dérogation grave au mandat que la CVMQ a reçu du gouvernement
pour la protection du public.
On s'est beaucoup interrogé, au cours des derniers mois, sur le
niveau des prix des émissions publiques faites dans le cadre du REA. Ce
que l'on sait moins, c'est que la CVMQ est directement responsable des
coûts attibuables à un financement public, coûts qui se
répercutent sur le prix des actions. Du fait de son rôle de plaque
tournante dans les mécanismes de financement public au Québec,
nous estimons que la commission est directement responsable de la
réorientation de 200 000 000 $ recueillis du public qui auraient
dû grossir le capital des compagnies émettrices. Ces fonds ont, en
fait, servi à payer des honoraires professionnels.
À cause de l'attitude de la commission, les coûts de
financement public au Québec sont prohibitifs. Ces coûts varient
généralement entre 100 000 $ et 400 000 $. Si nous
établissons la moyenne à 250 000 $ et l'appliquons aux 800
émissions que la Commission des valeurs mobilières dit avoir
supervisées, nous en arrivons à un coût de 200 000 000 $.
Il nous faut insister ici sur le fait que, sur les 200 000 000 $, pas un seul
dollar n'a été utilisé pour l'expansion ou la
modernisation des entreprises. Avec ces 200 000 000 $, les actionnaires
frustrés de cette somme auraient pu participer au financement et devenir
actionnaires de 40 nouvelles compagnies ayant réalisé une
nouvelle émission de 5 000 000 $ chacune.
On pourrait vite être tenté de pointer du doigt les bureaux
d'avocats ou de comptables et de les tenir responsables de ces coûts
exorbitants en disant qu'ils ont pesé un peu fort sur le crayon. Mais,
au contraire, tous ceux qui participent au lancement d'une émission
publique, les administrateurs de compagnies, les comptables, les courtiers et
les avocats, vous diront que c'est la réglementation étouffante
et tâtillonne de la CVMQ qui fait monter en flèche les honoraires
professionnels.
(17 h 45)
Pour illustrer jusqu'à quel point la réglementation est
insidieuse, on note qu'en moyenne les éléments d'informations
financières entrant dans la composition d'un prospectus doivent
être revus et corrigés de sept à dix fois entre leur
conception originale, le "lay-out", et le dépôt du prospectus
final.
Nous soutenons donc que la commission manque à son mandat de
protection du public quand, à cause de sa réglementation, elle
oriente vers les cabinets de comptables et d'avocats des sommes qui,
normalement, auraient permis au public investisseur d'obtenir une plus grande
tranche du capital-actions des compagnies émettrices.
Nous avons démontré que la protection de
l'épargnant n'était pas le pivot central de l'activité de
la Commission des valeurs mobilières. La question qui se pose alors est
la suivante: Avec un budget annuel de 5 000 000 $ et un personnel de 85
employés, que fait la Commission des valeurs mobilières du
Québec?
Il semble que le cheval de bataille de la Commission des valeurs
mobilières soit la réglementation économique. Il s'agit
là d'une prérogative du législateur que s'est
appropriée la Commission des valeurs mobilières. Quant à
savoir si la Commission des valeurs mobilières est réellement
bien consciente du dépassement de son mandat, la réponse du
président de l'organisme est tout à fait claire et en dit long
sur la perception qu'il a de son rôle. Alors qu'il était
interrogé par un député lors de sa comparution en
commission parlementaire le 4 mars dernier, M. Paul Guy a
déclaré, en citant un auteur américain, que la CVMQ devait
avoir une influence omniprésente. Bref, c'est l'État dans
l'État.
La CVMQ agit comme un frein à l'expansion économique du
Québec alors que tous les agents économiques - on pourrait citer
le gouvernement, via le ministère de l'Industrie et du Commerce, les
entreprises et même les syndicats, par exemple, le Fonds de
solidarité FTQ - rivalisent d'ingéniosité pour faire
avancer le Québec dans ce domaine. Le capital est le nerf de la guerre
dans l'industrie et le commerce. Or, c'est la Commission des valeurs
mobilières du Québec qui a la main haute sur la formation du
capital puisqu'elle exerce un monopole sur cette question.
L'influence pernicieuse de la commission est facilement mesurable. Jadis
capitale financière du Canada, Montréal a succombé aux
coups de butoir successifs de la commission au point où, il y a quelques
années à peine, la Bourse de Montréal ne comptait plus que
pour 10 % du volume des transactions canadiennes. On se demandait même,
à l'époque, si la Bourse était pour survivre comme
entité autonome. La remontée de la Bourse de Montréal, qui
enregistre aujourd'hui environ 20 % des transactions canadiennes, est due, dans
l'ordre, à M. Jacques Parizeau, parrain de
REA, à M. Pierre Lortie, ancien président de la Bourse de
Montréal, à M. André Desaulniers, président de
McNeil Mantha, et à M. Pierre Brunet, président de
Lévesque, Beaubien. Ce sont leurs efforts conjugués, surtout
à l'origine du REA, qui font qu'aujourd'hui environ 11 % des
Québécois possèdent des actions et participent à
l'essort économique du Québec. Or, ce développement s'est
fait malgré l'opposition farouche de la Commission des valeurs
mobilières du Québec.
Ces batailles ont trouvé leur apothéose quand la CVMQ
s'est opposée à la première émission publique de
Cascades en 1982. Cette opposition a duré pendant des mois. Il aura
fallu l'intervention massive de plusieurs personnalités pour faire enfin
comprendre à la CVMQ que la réglementation économique
n'est pas de son ressort.
Deuxième facteur mesurable, il existe aujourd'hui moins de
maisons de courtage indépendantes qu'il n'y en avait il y a dix ans
alors qu'il y a 225 000 Québécois de plus qui possèdent
des actions. Au fil des ans, la commission a mis sur pied une
régle-mentation tellement massive qu'il devient presque impossible
aujourd'hui de démarrer une maison de courtage. Ceux qui ont
réussi à se faufiler entre les mailles de la commission sont au
nombre de cinq: de Leeuw et Associés, Deragon & Langlois, Richard
Drapeau, Disnat, qui a été rachetée par McNeil Mantha, et
Soficorp. On parle de cinq maisons sur une période de huit, dix ans.
Un autre exemple de réglementation économique.
Pour assurer sa prépondérance sur le marché des
options, la Bourse de Montréal avait salué avec empressement la
mise sur pied d'un fonds d'options piloté par M. Philippe Barette, une
autorité internationalement reconnue dans ce domaine. À cause des
délais et de la réglementation de la CVMQ, ce fonds n'est jamais
devenu opérationnel. Soit dit en passant, les services de M. Barette ont
été retenus par la Rourse de Sydney en Australie pour aller
implanter un système d'options là-bas.
Or, ce qui fait précisément la force des marchés
américains, ce sont, justement, les "boutiques"
spécialisées qui développent un haut degré
d'expertise dans une niche particulière. Au Québec, la Commission
des valeurs mobilières bloque systématiquement l'éclosion
de telles boutiques.
On aura un autre exemple de réglementation chez les conseillers
financiers. Une réglementation tatillonne empoche l'émergence de
firmes de conseillers indépendants. Au sein de cette commission
parlementaire formée de députés, donc de gens avertis, qui
peut nommer dix conseillers financiers connus à part Bolton, Tremblay,
Jariskowsky et Montreal Investment Manage-
ment? Je n'ai pas mis le nom de Timmins pour vous donner la chance de le
rajouter. Enfin, pour signaler jusqu'à quel point l'omniprésence
de la CVMQ peut se faire sentir, mentionnons que, pour gérer le fonds de
pension d'Alcan, un employé d'Alcan nommé à ce poste par
la compagnie a dû obtenir un permis de la commission. Récemment,
avant de mettre sur pied son service d'achat et de vente d'entreprises, la
firme de comptables RCMP a dû se plier aux exigences de la commission et
obtenir un permis.
Bien qu'elle dispose déjà d'un arsenal complet de
règlements, la commission n'hésite nullement à imposer
à des compagnies québécoises des lois
étrangères. C'est ainsi que, dans sa décision no 8128, la
commission a soumis deux compagnies québécoises, dont notre
compagnie, à des lois américaines. Qu'on en juge. Ce qui suit est
un extrait de la décision no B128: "Le procureur de la direction de
l'encadrement du marché a cherché à établir si les
services fournis par les deux sociétés sont susceptibles
d'être sous l'emprise de la loi en se tournant vers
l'interprétation des textes et autorités en regard de la
situation à l'étude. Puisque le droit canadien des valeurs
mobilières ne semble pas fournir d'éclaircissements à cet
effet, il a trouvé dans le droit et les autorités
américaines quelques exemples précis et pertinents. " Je ferai
remarquer que cette décision a été prise non pas par les
fonctionnaires de la Commission des valeurs mobilières, mais par les
commissaires de la Commission des valeurs mobilières. Nous pensons que
c'est à la lumière de cas semblables que doivent Être
jugés les abus de la commission dans l'utilisation de ces pouvoirs
discrétionnaires.
L'intervention de la commission peut revêtir un caractère
encore plus dramatique quand elle heurte de plein fouet les politiques mises de
l'avant par le législateur, qui s'adressent à l'ensemble du
secteur industriel et commercial du Québec.
L'intervention de la commission dans les cas de sociétés
de placements dans l'entreprise québécoise, les SPEQ, est un cas
frappant. C'est un cas typique de réglementation économique
édictée à ['encontre des décisions prises par le
Parlement. Rappelons brièvement les faits. Pour régler le
problème de la sous-capitalisation des entreprises
québécoises et à la suite des recommandations de la
commission Saucier, le Parlement, dans son discours sur le budget d'avril 1985,
annonçait la création de sociétés de placements
dans l'entreprise québécoise. Le gouvernement décidait
alors de confier l'administration de cette loi à la
Société de développement industriel du Québec. La
CVMQ a réagi violemment à cette brèche créée
dans son monopole. Elle organisa un lobbying intense auprès des
fonctionnaires et finalement obtint une juridiction partagée avec la SDI
sur les SPEQ.
Mais il semble que cette victoire n'était pas suffisante. Au
début de 1986, la SDI montait un kiosque au Salon de
l'épargne-placement de Place Bonaventure à Montréal, afin
de promouvoir des programmes comme celui des SPEQ. La CVMQ intervint alors pour
faire supprimer des tablettes du kiosque de la SDI des documents sur les SPEQ
qu'elle jugeait trop publicitaires. La SDI en fut réduite à ne
distribuer que le texte de loi sur les SPEQ.
La CVMQ ne s'arrêta pas là. En décembre 1985, la
compagnie Volcano décidait de faire une émission publique en se
prévalant des dispositions de la loi sur les SPEQ. C'est un contingent
d'une dizaine de personnes qui se présenta devant la Commission des
valeurs mobilières à Montréal. Ce contingent comprenait
les officiers de la compagnie et plusieurs avocats. La commission refusa
carrément le projet et força Volcano à s'orienter vers le
REA. Une autre compagnie de portefeuilles se buta à la commission
après avoir dépensé en vain 105 000 $ pour faire un
financement public en vertu des dispositions de la loi sur les SPEQ.
Pour camoufler son intervention, la commission n'a jamais fait
connaître publiquement sa position concernant les SPEQ, même si
à plusieurs reprises les journaux ont demandé de la faire
connaître. Cependant, plus d'un an et demi après la
création des SPEQ, il n'en existe aucune qui soit publique et
cotée en Bourse.
Les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise ont été créées pour
faciliter la capitalisation des PME québécoises. Sur des milliers
d'entreprises québécoises, moins de 300 ont utilisé le
cadre d'une SPEQ pour faire un financement. Parce qu'ils n'ont pas accès
au marché secondaire qui est fermé par l'intervention de la
commission, les actionnaires de ces SPEQ n'ont aucun moyen de transiger
publiquement leurs actions. Nous croyons que ces entreprises
québécoises devraient être libres d'accéder au
marché public en choisissant elles-mêmes le cadre juridique et
fiscal mis à leur disposition par le gouvernement, qu'il s'agisse des
REA, des SPEQ, des sociétés en commandite ou autres.
À notre avis, il n'est pas du ressort de la Commission des
valeurs mobilières de faire de la réglementation
économique en s'opposant aux véhicules fiscaux
créés par le gouvernement pour un financement public.
Nous sommes maintenant arrivés à la page 20. Nous
essaierons de ne pas être uniquement négatifs et d'apporter des
éléments de solution ou de donner des pistes au
législateur. Nous avons formulé brièvement nos
recommandations. Ce que nous proposons
serait une chirurgie majeure au rôle de la CVMQ. D'après
nous, il faut non seulement enlever à la CVMQ tout pouvoir
décisionnel, mais également tout pouvoir de
réglementation. Son rôle devrait se restreindre uniquement aux
enquêtes.
La formation du capital. En vertu du principe que les fraudes ne se
produisent pas lors de la formation du capital, mais lors de l'utilisation des
fonds, nous sommes d'avis que la formation du capital devrait être
laissée à elle-même, sans surveillance. Aujourd'hui, les
forces du marché sont telles que la concurrence se charge
elle-même de la répartition de l'épargne publique. La
formation du capital se ferait d'autant plus rapidement et efficacement qu'elle
ne serait pas réglementée.
D'ores et déjà, nous pouvons mesurer d'une façon
très précise les bienfaits d'une déréglementation
dans le secteur de la formation du capital. Il nous suffit de regarder
l'évolution d'un secteur non réglementé par la Commission
des valeurs mobilières, soit celui des coopératives
financières et industrielles. Le Mouvement Desjardins avec ses 30 000
000 $ d'actifs, La Laurentienne, Rona, Agropur et la Coopérative
fédérée ne sont que quelques exemples de groupes
privés mus strictement par l'épargne québécoise qui
ont connu une croissance phénoménale. Par exemple, si Alphonse
Desjardins devait aujourd'hui faire face à la Commission des valeurs
mobilières, il lui en coûterait entre 300 000 $ et 400 000 $ avant
de pouvoir accepter son premier dépôt de 0, 10 $.
Si la formation du capital doit être laissée libre,
l'utilisation des fonds, par contre, doit être surveillée et,
à notre avis, surveillée très étroitement. C'est
précisément à ce niveau que la CVMQ pourrait le mieux
remplir son rôle de chien de garde de l'épargnant. Les fraudes ou
les tentatives de fraude se produisent par l'utilisation non conforme des fonds
recueillis auprès du public.
Au même titre qu'un corps de police n'a pas l'autorité
d'interpréter les lois, ce qui est l'apanage des tribunaux, la CVMQ
devrait avoir l'unique mandat de vérifier si l'utilisation des fonds est
faite en conformité avec les déclarations initiales des
émetteurs telles que décrites dans le prospectus
déposé. S'il s'avère que l'utilisation des fonds n'est pas
conforme au prospectus, la commission devrait alors en saisir la Cour
supérieure qui déciderait s'il y a matière à
poursuite contre les administrateurs de la compagnie fautive. Ce pouvoir,
à notre avis, serait insuffisant. Ce pouvoir d'enquête devrait
être assorti également de mesures préventives
établies par le gouvernement, mesures qui auraient non seulement
l'immense avantage de décourager les fraudeurs, mais qui limiteraient
très largement les dégâts, si jamais une opération
douteuse était tentée.
Ces mesures préventives pourraient prendre la forme d'une fiducie
temporaire qui réglerait les conditions de l'utilisation des fonds
recueillis. Cette fiducie demeurerait inopérante tant que l'utilisation
des fonds s'avère conforme au prospectus. Par contre, elle pourrait
constituer un blocage de fonds si l'utilisation de ces derniers est faite de
façon non conforme. Evidemment, c'est un mécanisme neuf à
créer. On peut s'inspirer de deux mécanismes qui sont
déjà fort bien rodés avant de mettre en vigueur une telle
fiducie. Par exemple, depuis plusieurs années, le gouvernement permet
des déductions fiscales aux investisseurs qui financent des projets
d'exploration minière. Cependant, les travaux d'exploration doivent
être complétés ou au moins déjà
démarrés pour que l'investisseur ait droit à sa
déduction fiscale. En clair, cela signifie que les fonds levés
lors d'une émission publique doivent être pleinement
utilisés pour les fins auxquelles ils ont été
levés, sinon les déductions fiscales ne sont pas
accordées.
Dans le secteur immobilier, il existe une pratique qui a pour effet de
protéger l'institution financière qui a prêté sur
hypothèque. Les sommes d'argent servant à la construction d'une
résidence ne sont déboursées qu'au moment où les
travaux ont bel et bien eu lieu. Généralement, l'institution
financière déboursera 25 % du capital lorsque les fondations
d'une maison sont en place, 25 % lorsque les murs sont levés, 25 %
lorsque les panneaux de gypse sont installés et 25 % lorsque l'ensemble
est complété.
En s'inspirant de ces deux exemples, le législateur pourrait en
quelque sorte exiger que les compagnies émettrices se conforment
à l'utilisation des fonds telle que décrite au prospectus. Si,
pour une raison ou pour une autre, une compagnie ne pouvait utiliser les fonds
tel que prévu, la fiducie pourrait requérir qu'un nouveau projet
ou une nouvelle utilisation des fonds soit soumise à l'approbation des
actionnaires avant de libérer ces fonds.
Le Président (M. Lemieux): Nous devons terminer à
18 heures, mais, avec le consentement, on pourrait continuer deux minutes.
Est-ce que c'est possible de continuer deux minutes, M. le député
de Jonquière?
M. Dufour: On pourrait compléter.
Le Président (M. Lemieux): Et nous reviendrons à 20
heures pour la période de questions. Est-ce que vous le permettez, M. le
député de Lafontaine? Cela va?
M. Gobé: Cela va aller.
Le Président (M. Lemieux): Consentement, vous pouvez
continuer. Vous pouvez passer immédiatement au prospectus standard.
M. Lassonde: Je vais passer au prospectus standard. C'est surtout
par le biais du prospectus que la commission fait de la réglementation
économique et contrôle la formation du capital parce que,
finalement, c'est la commission qui a un droit de vie ou de mort sur chacun des
prospectus qui lui sont soumis. Or, il appert de plusieurs témoignages
que les investisseurs ne lisent pas le prospectus avant de faire un placement.
Donc, le rôle du prospectus comme outil d'information est marginal. Il
peut, par contre, être vu comme un contrat entre la compagnie
émettrice et l'investisseur quant à l'utilisation future des
fonds. Si tel est le cas, le coeur du prospectus devrait être
consacré à l'utilisation future des fonds.
Dans un tel contexte, un prospectus standard est possible. Ce prospectus
standard a deux avantages: il met fin aux pouvoirs discrétionnaires
disproportionnés de la commission et il réduirait peut-être
de 50 % à 70 % les honoraires de comptables et d'avocats. Visuellement,
le prospectus standard pourrait ressembler à une feuille de
déclaration d'impôt, à un contrat d'assurance ou à
un contrat hypothécaire standard.
Enfin, le recours à la tutelle s'impose lorsque le gouvernement
découvre qu'un de ses organismes déborde le cadre de son
activité prescrite, s'arroge des pouvoirs qu'il n'a pas ou applique mal
les lois dont il doit assurer l'exercice ou met en danger l'ordre public. C'est
précisément le cas de la Commission des valeurs mobilières
qui s'acquitte mal de son mandat de veiller à la protection des
épargnants. Dans un avenir immédiat et sans attendre la nouvelle
loi de 1988, nous suggérons que le gouvernement réaffecte au
moins 65 % du personnel de la commission aux enquêtes relatives à
l'utilisation des fonds recueillis auprès du public. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions pour le
mémoire que vous nous avez soumis, pour votre présence, pour
l'information que vous nous avez donnée et pour l'intérêt
que vous manifestez au mandat de cette commission relativement aux orientations
et aux activités de gestion de la Commission des valeurs
mobilières du Québec. Nous allons suspendre et nous reviendrons
à 20 heures pour la période de questions relativement à
votre mémoire.
Nous suspendons les travaux de cette commission jusqu'à 20 heures
ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
(Reprise à 20 h 14)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux. Nous
avions écouté la présentation du mémoire
présenté par Systèmes financiers Iceberg Inc. Est-ce qu'il
y a des membres de cette commission qui veulent intervenir? Dans un premier
temps, préalablement, M. le député de Lafontaine, je tiens
à m'excuser de mon retard. J'étais en compagnie de M.
Saint-Pierre, qui est le consultant de la commission. Les discussions ont
été un peu longues et orageuses, si je puis dire, et très
enrichissantes. Alors, c'est la raison pour laquelle je suis en retard et je
m'en excuse. Combien, M. le député de Jonquière, je
l'ignore.
Est-ce qu'il y a des membres de cette commission qui veulent intervenir
relativement au mémoire présenté par Systèmes
financiers Iceberg Inc. ? M. le député de Lafontaine.
M. Gobé: M. Lassonde, j'ai pris connaissance avec grand
intérêt de votre mémoire, bien qu'à l'occasion j'aie
eu quelques sursauts. Il semble y avoir... Si j'ai mal compris, vous me le
direz. Peut-être que je n'ai pas perçu exactement toutes les
nuances. Il y a des contradictions à certains moments dans ce que vous
présentez. Vous reprochez à la CVMQ un certain laxisme quant
à son application des règlements qu'il y a actuellement. Vous lui
reprochez de contrôler la concurrence économique. À un
moment donné, vous dites; Mais, il n'y en a pas assez. Dans certaines
phrases, à certains endroits, on dirait que vous semblez reprocher
à la CVMQ de ne pas aller plus loin encore. J'aurais une autre question
pratique, mais que vouliez-vous... Je ne comprends pas. D'un côté,
on déréglemente et, comme vous le proposez à la fin, la
CVMQ devient un chien de garde juste pour surveiller, un vérificateur
au-dessus de tous les organismes. D'après vous, est-ce qu'elle est
là pour mettre des réglementations et des lois? Il semble qu'il
n'y en ait pas assez dans certains secteurs.
M. Lassonde: En fait, à la page 20, qui est une de nos
principales...
Le Président (M. Lemieux): Peut-être pour reprendre un peu
l'argumentation du député de Lafontaine, effectivement, lorsqu'il
parle de contradictions, si vous regardez la page 10 de votre mémoire,
vous dites dan3 la "Réglementation étouffante": "Au contraire,
tous ceux qui participent au lance- ment d'une émission publique,
administrateurs -de compagnies, comptables, courtiers et avocats vous diront
que c'est la régie-
mentation étouffante et tâtillonne de la CVMQ qui fait
monter en flèche Ies honoraires professionnels. " Si on regarde à
la page 6 de votre mémoire, vous dites qu'à la Commission des
valeurs mobilières, il n'existe aucun mécanisme de
vérification systématique de l'utilisation des fonds après
une émission publique. Un peu plus haut, vous dites aussi: "Or, c'est
précisément le rôle de la CVMQ de protéger les
épargnants en s1 assurant que les fonds recueillis
auprès du public servent aux fins annoncées par les dirigeants de
la compagnie pour les inciter à investir. " Il semblerait qu'il y ait
certaines contradictions à ce niveau-là. Est-ce qu'effectivement,
vous trouvez que la Commission des valeurs mobilières a une
réglementation trop étouffante ou considérez-vous que la
Commission des valeurs mobilières n'est pas suffisamment bien
armée pour jouer son rôle relativement à la protection du
petit épargnant? C'est un peu dans le sens du député de
Lafontaine, je pense. Est-ce que c'est exact, M. le député de
Lafontaine?
M. Gobé: Oui. Les grandes lignes, M. le
Président.
M. Lassonde: Voici, à la page 20 qui est une de nos
principales recommandations, notre position est très très claire.
C'est d'enlever tout pouvoir décisionnel et de réglementation
à la Commission des valeurs mobilières. Donc, on ne veut pas que
la commission... On pense que les lois devraient être approuvées
par le Parlement et par les parlementaires et que, dorénavant, ce ne
soit plus du ressort de la Commission des valeurs mobilières. On
suggère aussi de lui enlever toute interprétation de ces lois qui
pourrait être faite par les tribunaux. Donc, notre position sur la
Commission des valeurs mobilières est très très claire.
Qu'on lui enlève tout pouvoir décisionnel et qu'on lui
enlève tout pouvoir de réglementation. Donc, il ne lui reste que
les pouvoirs d'enquête.
Concernant la réglementation actuelle de la Commission des
valeurs mobilières pour faire référence à la page 6
où on dit que c'est une réglementation étouffante, c'est
que toute la réglementation actuelle de la Commission des valeurs
mobilières vise à fermer l'entrée, jusqu'à un
certain point, de nouvelles compagnies cotées en bourse. Donc, cette
réglementation est très étouffante. Cela prend des
prospectus énormes. Il faut les reprendre de sept à dix fois. Il
y a des modifications constantes. Donc, toute l'artillerie lourde, si vous
voulez, de la commission est dirigée sur les prospectus. Ce que nous
proposons, c'est de diriger cette artillerie une fois que la formation du
capital a été faite, et non pas avant.
Je vais vous donner une statistique qui donne un portrait global et
assez fiable de la situation. À la Bourse de Vancouver, il y a 1600
titres cotés. À la Bourse de Toronto, il y en a 3000. À la
Bourse de Montréal, il y en a à peu près 1200. Des
compagnies strictement québécoises à la Bourse de
Montréal, il y en a à peu près de 500 à 550. Et la
base industrielle du Québec et de l'Ontario concernant les PME est quasi
identique. Il y a plus de grosses compagnies en Ontario, mais la base de PME
est identique. Or, comment se fait-il qu'au Québec il n'y ait que 500 ou
550 compagnies cotées en bourse contre 300 à Toronto et 1600
à Vancouver? Ce qu'on dit, c'est que la commission, par sa
réglementation économique, ferme la porte à des
entreprises qui pourraient accéder au marché boursier. Donc, il y
a une élimination qui se fait.
M. Gobé: Est-ce que vous ne croyez pas plutôt que la
différence entre les Bourses de Vancouver, Toronto, Montréal
s'explique peut-être par une histoire différente de l'entreprise,
une structure différente? En d'autres termes, je vois mal comment
l'action de la commission pourrait limiter l'accès des entreprises ou la
volonté d'aller en bourse. Je me demande si ce n'est pas plutôt
à cause, justement, d'un héritage, d'une tradition
différente de l'entreprise québécoise.
M. Lassonde: Non. Il y avait une tradition solidement
implantée au Québec d'entreprises qui allaient à la
Bourse, particulièrement dans le domaine minier. Il était un
moment donné où la Bourse de Montréal avait sa juste part
du marché, il y avait une tradition très bien établie. Il
y a eu des scandales miniers. La Commission des valeurs mobilières est
intervenue. Au lieu d'intervenir à la pièce, elle a fait le grand
ménage, si bien que, pendant des années, il n'y a pas eu de
titres miniers ici, sauf ceux de l'Ontario ou de la Colombie britannique qui
venaient faire de l'exploration au Québec. Alors, on pense que le bassin
de petites et de moyennes entreprises est suffisamment grand ici pour avoir une
Bourse qui a peut-être entre 7500 et 3000 titres cotés. Si on
prend le secteur de l'agriculture qui est quand même important ici, il
n'y a aucune société d'agriculture cotée à la
Bourse. Il y a plusieurs secteurs dans cela où on a une présence
à peu près négligeable. Si on prend dans les techniques
biologiques, la seule compagnie - et c'est tout récent - est l'Institut
Armand-Frappier. On a des autorités mondiales ici à
Montréal dans le domaine de la biotechnologie, alors que ces entreprises
poussent comme des champignons sur le marché américain, font des
financements publics et maintiennent leur leadership. Ici, on l'a fait par
expérience: Aller essayer de faire une émission publique sur un
projet, et cela ne fonctionne pas au
Québec. Si vous voulez exploiter des serres en hiver,
chauffées à l'électricité, c'est un projet, cela ne
passera jamais. Alors, tout ce qui est projet ici est systématiquement
bloqué. C'est ce qui fait qu'on s'étonne beaucoup qu'il y ait
beaucoup de REA. Â mon avis on est encore très loin du potentiel
des entreprises québécoises ici.
M. Gobé: Encore là le problème d'un fonds de
capital de risque qu'il n'y a pas et qu'on devrait avoir pour ce genre de
projet; est-ce qu'il appartient au marché de financer ces projets?
M. Lassonde: Ce qu'on pense, c'est que la Bourse ou le fait
d'être coté donne une visibilité à l'entreprise,
donne une visibilité aux actionnaires qui voient ce qui se passe. Il y a
au moins un prix. Alors, je pense que en tout cas la commission pourrait
répondre à cela - la commission a peur des manipulations
boursières de petits stocks, de petites compagnies. On peut prendre le
cas récent de la Bourse de Londres où la Bourse, sans demander
l'autorisation des compagnies, va les lister. Donc, à la Bourse de
Londres, on a pris exactement la position contraire, c'est de dire: On veut
afficher le prix des actions de compagnies alors qu'ici on fait exactement le
contraire, on préfère avoir un marché assez informe, assez
dilué, un marché privé, ce qui explique le cas des SPEQ
dont je parlais.
M. Gobé: J'aurais un commentaire à faire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine. Brièvement et, s'il vous plaît, une réponse
brève.
M. Gobé: Dans votre mémoire, vous mentionnez une
somme d'à peu près 20Q 000 000 $ qui serait la part des frais
d'honoraires perçus par les comptables et les avocats lors de la
préparation de prospectus. Vous semblez vous élever un peu contre
ce fait et vous arrivez à la fin avec un prospectus standard. Je
m'interroge sur une chose, à savoir pourquoi vous voulez enlever le
comptable. Je me dis: Si je veux acheter des actions, le prospectus, je ne le
lis peut-être pas complètement, peut-être rapidement, mais
au moins je sais qu'il a été préparé par un
comptable et on sait que, dans notre tradition d'affaires au Québec, les
comptables sont les seules personnes autorisées ou qui sont
généralement en autorité pour émettre des opinions
sur les états financiers d'une entreprise pour plusieurs années.
Je trouve que dans votre but, dans votre intention - je n'en doute pas - de
protéger le public, on ouvrirait là une brèche, et c'est
pareil dans le cas des avocats, il faut préparer les pro forma. Vous
parlez des réglementations qu'il faut suivre, que la CVMQ devrait faire
suivre...
Le Président (M. Lemieux): Question brève, M. le
député de Lafontaine.
M. Gobé: Je termine, M. le Président. Excusez-moi,
mais je trouve cela important.
Le Président (M. Lemieux): Je n'en doute pas.
M. Gobé: Si on ne met pas d'avocats dans le dossier ou
peu, moi comme consommateur, comme petit épargnant, petit investisseur
qui veux mettre mes 2000 $ ou 3000 $ par année - il faut dire que
député, on n'est pas riche - je m'inquiète, je vous dis
qu'il n'y a pas d'avocat qui a vérifié.
Le Président (M. Lemieux):... à dire, M. le
député de Lafontaine.
M. Gobé: Excusez-moi, c'est une réflexion
personnelle. Il n'y a pas de comptables agréés, l'Ordre des
comptables n'a pas vérifié cela, je suis un peu inquiet. Je ne
peux pas souscrire à cela, à moins que vous n'ayez des...
Le Président (M. Lemieux): Brièvement, s'il vous
plaît.
M. Gobé: Qu'est-ce qui vous amène à faire
cela, réellement?
M. Lassondes Ce n'est pas du tout le sens de la remarque. Il n'est pas
question d'enlever les avocats ou les comptables de ce dossier; il est question
de réduire les coûts. Alors, où intervient la Commission
des valeurs mobilières? C'est partout à l'intérieur du
prospectus. Ce que nous suggérons, nous: par exemple, dans un prospectus
standard, il pourrait y avoir 20 façons d'évaluer une compagnie:
la valeur aux livres, les bénéfices par action, etc. II y a
peut-être 20 moyens comptables ou mathématiques d'évaluer
la santé financière d'une compagnie. Alors, qu'on mette ces 20 et
qu'on rajoute les chiffres.
M. Gobé: Les compagnies ne sont pas toutes pareilles. Vous
savez comme moi que chaque entreprise a son histoire, ses fluctuations.
Standardiser les... ces choses-là.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous platt, M. le
député de Lafontaine. Je pense que sans cela, cela va...
M. Gobé: D'accord, M. le Président. Je vous
remercie. Excusez-moi. Mon cher monsieur, j'aurais aimé continuer, mais
malheureusement...
Le Président (M. Lemieux): C'est parce que le
député de Jonquière m'a posé une question et j'en
aurais une petite. Il y a aussi M. le député de Mille-Îles
qui m'a posé une question. J'en aurais une petite brève. C'est
qu'à la page 5 de votre mémoire vous dites que "l'argent
recueilli dans le cadre d'une émission REA est utilisé à
d'autres fins que celles prévues lors de l'émission publique". Je
me souviens de la question du député de Montmorency que l'on
retrouve à la page R-1943, à la page 1 des épreuves, et
qui est la suivante: "Qu'est-ce que la commission fait ou pourrait faire pour
s'assurer que, dans la continuité des choses, ce qui s'est
avéré exact dans le prospectus ou dans la présentation
demeure?" On avait une réponse du président de la Commission des
valeurs mobilières à l'époque qui nous disait ceci: "De ce
côté-là, il n'y a pas de doute que la commission pourrait
faire beaucoup. On pourrait facilement examiner, à chaque fois qu'il y a
une émission, voir l'emploi et l'utilisation des fonds. Mais je dois
vous dire que ce serait difficile à faire et que cela demanderait des
ressources considérables. On ne peut pas faire cela. Maintenant, on peut
examiner les états financiers et voir ce que l'entreprise a fait avec
les fonds. Ce qui est fait de façon systématique par la
commission. " Ce que semble nous dire le président de la Commission des
valeurs mobilières, c'est qu'effectivement il y a un certain
contrôle qui s'effectuerait relativement à l'utilisation des
fonds. Ce que je veux vous demander, et je veux la réponse brève:
Est-ce que c'est apparent pour vous? Est-ce que vous trouvez que ce n'est pas
suffisant?Est-ce que la réponse du président de la Commission des
valeurs mobilières vous apparaît suffisante ou voudriez-vous
qu'à ce niveau-là il y ait un peu plus de recherches ou
d'enquêtes qui soient faites ou beaucoup plus de suivi?
M. Lassonde: Ce n'est pas les informations que j'ai.
Le Président (M. Lemieux): Bon.
M. Lassonde: Je ne connais aucun mécanisme de
contrôle systématique. Probablement, ce à quoi fait
allusion M. Guy, c'est qu'effectivement les compagnies doivent remettre des
rapports trimestriels à la Commission des valeurs mobilières et
à la Bourse de Montréal. Or, il est possible que la Commission
des valeurs mobilières réétudie ces rapports trimestriels.
Mais je n'ai jamais vu d'intervention de la commission pour comparer
l'utilisation des fonds dans le prospectus avec les résultats
financiers.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles et après, M. le député de
Jonquière. Pardon, M. le député de Jonquière. Vous
avez demandé la parole avant, je m'excuse. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Merci. Vous écrivez, à la page 20 de
votre mémoire, que "si la formation du capital doit être
laissée libre, l'utilisation des fonds par contre doit être
surveillée". Ceci vous permet de conclure en disant: "Les fraudes ou
tentatives de fraudes se produisent par l'utilisation non conforme de fonds
recueillis auprès du public. " L'affirmation me semble, à
première vue, assez grosse parce que vous dites là que vous
pouvez laisser la concurrence jouer pour recueillir des fonds dépendant
de... sans que cela ne soit soumis à certaines formes de contrôle
pour ramasser des fonds. Quand vous avez des fonds, vous dites: Là,
c'est dangereux et c'est là que cela pourrait frauder. Est-ce qu'on ne
pourrait pas arriver avec une même assertion en disant que, même en
allant percevoir des fonds par un processus, pas un processus, mais un...
Une voix: Prospectus.
M. Dufour:... prospectus qui serait un peu mensonger sur les
bords s'il n'est pas surveillé... Est-ce qu'on ne pourrait pas
être aussi malhonnête envers les clients éventuels? (20 h
30)
M. Lassonde: Je ne pense pas. Ce qui fait qu'à mon avis il
n'y ait pas eu de scandale financier depuis le début des REA ou depuis
l'engouement des gens ici, cela ne tient pas à la Commission des valeurs
mobilières. Cela tient au travail fait par les courtiers. Il ne faut pas
oublier que les courtiers au Québec étaient habitués
à vendre "du" Bell Canada, "du" Canadien Pacifique, une clientèle
assez conservatrice. Alors, les premières émissions de Cascades,
etc. ont été faites sur la pointe des pieds, on peut dire, avec
des vérifications très très rigoureuses de la part des
maisons de courtage, de sorte que, même si on ouvrait la porte en
réduisant la paperasse, je pense que les maisons de courtage
défendraient leur clientèle. Il serait assez surprenant qu'on
voie des...
M. Dufour: Je ne parlerai pas plus longtemps sur ce sujet puisque
cela devient une question d'opinion à certains moments. Chacun vit avec
ses expériences. Vous avez cité des compagnies qui n'avaient pas
respecté ce qui était inscrit sur leur prospectus et qui n'ont
pas utilisé les sommes recueillies pour les fins qui étaient
dites ou écrites. Est-ce qu'il y a une façon de s'opposer
à cela, de faire des plaintes ou êtes-vous complices des gens qui
n'ont pas
utilisé l'argent à bon escient?
M. Lassonde: II y a deux choses. Il y a une petite
expérience avec la SODEQ. Si ma mémoire est fidèle, SODEQ
Lanaudière a recueilli des fonds et ne les a jamais utilisés; }e
pense que c'était de l'ordre de 1 000 000 $. Au moment où ils ont
voulu faire une deuxième émission, il y a eu un blocage. On a
dit: Vous n'avez pas utilisé la première somme de 1 000 000 $,
alors ne venez pas sur le marché pour en chercher d'autre. C'est le seul
cas, à mon avis, où il y a eu une intervention sur l'utilisation
des fonds. Je pense que c'est SODEQ Lanaudière.
Il est clair qu'on ne peut pas parler de dilapidation de fonds si
quelqu'un retient des fonds et les place en certificat de dépôt.
Je pense qu'on n'en est pas là. Ce ne sont pas des cas de fraude comme
tels. Par contre, dans les cas où il y aurait une bifurcation assez
forte des activités de la compagnie, si vous avez investi dans des
vidéos en croyant que cette compagnie produirait des vidéos et
que deux ou trois mois après, vous vous retrouvez investisseur d'une
compagnie qui fait de l'emballage d'aluminium, il n'est pas sûr que, si
on vous avait dit cela à ce moment-là, vous auriez investi dans
cette compagnie.
Ce qu'on propose, c'est que, s'il y a un changement majeur - il faut
vraiment qu'il soit majeur - les actionnaires soient consultés à
nouveau et aient leur mot à dire là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Jonquière? M. le député de
Mille-Iles.
M. Dufour: Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, on entendra votre argumentation tout à l'heure. C'est avec
raison que le député de Lafontaine me faisait remarquer tout
à l'heure qu'on manque de temps à cause d'un horaire assez
chargé et très précis, eu égard aux comparutions
qui doivent se faire. Nous avons déjà pris du retard pour M.
Forget. Je 8ut3 d'accord avec la suggestion du député de
Lafontaine et, effectivement, dans le cadre de ces activités, la
prochaine fois, on fera en sorte d'avoir beaucoup plus de temps. M. le
député de Lafontaine, c'est avec raison que vous avez fait
remarquer cela tout à l'heure. M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Systèmes financiers Iceberg Inc. est
une société d'informatique spécialisée qui donne
des services comparables à une banque électronique de
données à plusieurs clients spécifiques comme les banques,
les institutions financières, les maisons de courtage et tout le
reste.
J'aimerais savoir si vous devez d'abord vou3 enregistrer sous une forme
ou sous une autre auprès de la Commission des valeurs mobilières
du Québec.
M. Lassonde: On a un cas assez précis qui date du 24 mars.
On est autorisé par la Commission des valeurs mobilières à
vendre nos services, c'est-à-dire un abonnement à un ordinateur,
pour desservir une clientèle institutionnelle, les banques, les maisons
de courtage, les fiducies, etc. Par contre, on nous interdit de vendre à
l'investisseur privé.
M. Bélisle: Les analyses que vous faites, est-ce que ce
sont des analyses avec textes, paragraphes dans lesquels vous émettez
une opinion dans le style: Les Services financiers Iceberg vous
suggèrent de prendre tel type plutôt que tel autre dans les
métaux précieux ou si ce sont seulement des informations de
nature graphique, d'analyse économique de marché?
M. Lassonde: C'est ça.
M. Bélisle: Que voulez-vous dire par "c'est ça"? Je
ne vous comprends pas.
M. Lassonde: On fait des analyses de tendance du prix des
actions, des taux d'intérêt, de l'inflation et des monnaies
étrangères.
M. Bélisle: Est-ce que vous indiquez d'une façon ou
d'une autre, avec les graphiques que vous faites, un choix à la personne
qui reçoit l'information? Est-ce que vous la conseillez quant à
un choix à faire?
M. Lassonde: Non. Ce que reçoit le client, c'est un
graphique où sont indiqués le haut, le bas et la fermeture de ces
actions, avec deux lignes ou deux courbes. On fournit à l'utilisateur un
manuel d'interprétation de ces courbes.
M. Bélisle: Comment se fait-il, effectivement, M.
Lassonde, que vous n'ayez pas le droit de transmettre ces informations à
des individus, des gens, au commun des mortels, parce qu'il me semble que, si
ce sont des analyses graphiques des tendances de marché
économique, ce serait peut-être important pour que l'investisseur
qui le désire puisse s'abonner à vos services?
M. Lassonde: Je suis le premier à ne pas le comprendre.
C'est qu'on juqe nos services assez bons pour les vendre aux courtiers en
valeurs mobilières, mais on a des réserves sur les investisseurs
privés.
Le Président (M, Lemieux): Voulez-vous prendre la parole,
madame?
Mme Dumouchel (Nicole): Peut-être que je peux ajouter que,
sur la qualité de nos services, premièrement, pour s'abonner,
cela coûte relativement cher. Cela prend déjà un
équipement informatique spécialisé, même si c'est de
la micro-informatique. On élimine donc l'investisseur qui n'a pas un
portefeuille assez important pour être capable de se payer ce service. II
reste que nous avons des investisseurs individuels. Ils ne sont pas canadiens.
Plutôt, ils sont canadiens, mais ils ne sont pas québécois.
Ils sont américains, européens, autrichiens, australiens et
autres, ce qui fait qu'il y a une portion de notre clientèle à
qui nous allons devoir dire: Maintenant, nous n'avons plus le droit de vous
donner nos services. Ou encore, ils passent par les États-Unis pour les
acheter.
M. Bélisle: Juste pour contourner la
réglementation?
Mme Dumouchel: C'est la réglementation américaine
qu'on impose.
M. Bélisle: Ah bon!
M. Lassonde: Cela fait une situation assez curieuse.
Effectivement, on a le droit de vendre à l'extérieur à des
investisseurs privés, sauf au Québec.
M. Bélisle: Sauf au Québec. Bon.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Oui. Deuxième question au sujet des
SPEQ. J'ai été estomaqué de lire ce que vous avez
écrit à la page 16. Est-ce vrai, cette affaire-là ou non?
Vous vous en allez au Salon de l'épargne-placements. La SDI a un
comptoir, un présentoir avec des fascicules sur les SPEQ, qui est un
programme gouvernemental, et en l'espace d'un tour de passe-passe, il y a
quelqu'un qui se présente et qui dit: Non, non, ça, ça
rentre derrière le comptoir et vous ne distribuez pas ça à
personne, parce que c'est trop publicitaire. Étiez-vous là, M.
Lassonde, quand ça s'est passé?
M. Lassonde: On était trois témoins, oui.
M. Bélisle: Étiez-vous là, vous?
M. Lassonde: Personnellement, oui. Mais c'est Mme Nicole
Dumouchel qui essayait d'obtenir les prospectus de la SDI.
Mme Dumouchel: Comme nous étions dans le
développement des SPEQ, nous avions travaillé de très
près avec la SDI, avec M. Jean-Louis Pitt, pour développer les
SPEQ. Il faut comprendre que, lorsque les REA sont arrivés sur le
marché, cela a été toute une éducation. La SDI
avait produit un dépliant gris et rouge, qui décrivait de
façon très professionnelle ce qu'était une SPEQ et la loi.
D'autant plus que les règlements fiscaux venaient d'être
adoptés. Personne ne savait trop ce qu'on faisait. Nous
référions les gens qui venaient à notre kiosque au kiosque
de la SDI pour chercher l'information. Les gens de la SDI sont venus me voir
personnellement, avec M. Lassonde et M. Gilles Imbault, vice-président,
pour nous dire que les dépliants avaient été
retirés par les conseillers juridiques ou les représentants de la
Commission des valeurs mobilières, parce qu'ils étaient trop
publicitaires. On avait des photocopies d'un article de loi que personne ne
comprenait parce qu'on n'avait pas toujours toute l'équipe d'avocats
pour les interpréter à la population. Nous avons
ététémoins de cela. Nous avions un
dépliant qui restait dans nos bureaux, mais nous n'avons plus revu ces
dépliants par la suite, au Salon de l'épargne-placements.
Le Président (M. Lemieux): Je sais que vous n'avez pas
terminé, M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Non, cela va. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Bertrand, s'il vous plaît.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie, M. le Président.
Je tiens à vous féliciter, M. Lassonde et madame, pour la
présentation de ce mémoire. Vous n'y allez pas avec le dos de la
cuiller, sauf que, connaissant votre franc-parler, je pense que vous pouvez
faire avancer Ies choses au sein de la commission. Je suis un petit peu
estomaqué de certaines choses, particulièrement de votre
proposition au sujet du prospectus standard qui pourrait se résumer
à quelque chose de très simple, même, peut-être,
à mon avis, de ce côté-là un peu trop simple.
Essentiellement, vous dites - et là-dessus, je pense qu'on peut
être d'accord - qu'il y a beaucoup trop de frais entourant cela. Qu'on le
simplifie, oui. Mais - et, d'ailleurs, vous en apportez une dimension - le
contrôle de la part de la commission par rapport à l'utilisation
des fonds et par rapport au suivi de dossiers me semble drôlement
importante, à cause de la protection du consommateur.
Il est arrivé en 1984 et 1985 particulièrement, au moment
où la SDI a mis de l'avant son programme d'aide à la
capitalisation avec les 400 000 $ qu'on payait entièrement...
L'idée de la SDI était très correcte à ce
moment-là et était de favoriser - vous vous souviendrez - les PME
pour aller sur le REA et elle subventionait jusqu'à 400 000 $ qui
représentaient les coûts d'études de faisabilité et
l'émission du
premier prospectus.
Or, on sait qu'il y a certaines entreprises qui ont encaissé
à travers deux ou trois filiales d'entreprises appartenant au même
propriétaire deux ou trois fois les 400 000 $. Alors, ça m'a,
à ce moment, relativement choqué et ça, ce sont des cas
qu'on a pu voir.
C'est donc dire que toute l'utilisation des fonds et tout ce qui est dit
ou apporté, si on n'a pas de contrôle, je pense que c'est
très dangereux; c'est-à-dire que vous parlez de bombe à
retardement à un moment donné. Je ne le souhaite pas, sauf que la
montée vertigineuse qu'on a connue... On est rendu à quelque 11 %
des Québécois qui s'adonnent à ces
açtivités-là et on espère que ça va pouvoir
monter, parce que toutes les statistiques montrent qu'il y a de la place pour
aller de ce côté-là, pour continuer à augmenter.
Sauf qu'à partir du moment où il arrivera des
événements importants qui vont faire en sorte que les gens vont
se mettre à avoir peur à cause de titres qui, finalement, ont
été un peu faussés, je pense qu'on va accuser un recul et
peut-être qu'on aura pendant plusieurs années des
Québécois qui auront peur de faire des affaires.
Effectivement, on sait - je pense que le député de
Lafontaine le précisait tantôt -que l'épargnant, en
général, ne lit pas le prospectus. Mais quand tu te tapes un
prospectus en long et en large, tu t'aperçois que, d'abord, il y a du
stock dedans et quand tu commences à vérifier chacune de ces
choses-là, c'est garanti qu'il y a des choses qui sont dans les zones
grises.
Pour moi, toute l'importance du contrôle - j'aimerais savoir vos
commentaires par rapport à ça - c'est de s'assurer que les fonds
vont être utilisés pour les fins pour lesquelles ils devraient
être utilisés, que l'information qui est mise là-dedans
soit de la bonne information, de façon...
C'est bien sûr, en ce qui concerne les pro forma, il y a
différentes façons de faire des pro forma, de montrer un projet
d'entreprise. Il y a différentes façons aussi de présenter
les dernières années financières d'une entreprise avec des
notes explicatives. Mais tout ça, dans l'interprétation, je pense
que c'est très dangereux par rapport à l'avenir de tout ce qui se
passe sur le plan de la crédibilité des titres en Bourse et,
particulièrement, ceux qui sont sur le Régime
d'épargne-actions.
Moi, ça me préoccupe beaucoup, parce que s'il y a une,
deux ou trois bombes qui éclatent et qui sortent au grand jour, je pense
qu'on va se ramasser avec un problème sur les bras et c'est un
problème qui va regarder ceux qui dirigent et je ne fais pas de
politique avec ça. Je me sentirais tout aussi responsable et c'est
peut-être ça, cette préoccupation qu'on a de s'assurer, en
ce qui concerne la Commission des valeurs mobilières, de ne pas s'en
aller nécessairement dans le chemin dans lequel on s'en va.
Le Président (M. Lemieux): M.
Lassonde.
M. Lassonde: En ce qui concerne le prospectus comme tel, la
Commission des valeurs mobilières s'est rendu compte, je crois, des
coûts exorbitants et a créé ce qu'on appelle un prospectus
simplifié, il y a quelques années. Alors, voilà,
d'après moi, une très bonne idée qui a été
mal utilisée.
Elle n'a permis le prospectus simplifié que pour les très
grosses compagnies, alors que les coûts, c'est la petite entreprise qui
les a. Si on fait un financement de 1 000 000 $ ou de 2 000 000 $, le rapport
entre frais comptables et frais d'avocats est très élevé.
Si l'émission est de 10 000 000 $ ou de 20 000 000 $, ça devient
abordable.
Le prospectus simplifié, qui aurait été. une
excellente idée si ça avait été appliqué
à la PME, ne profite qu'à ceux qui ont une note d'information
permanente, comme Alcan, Bell ou de très grosses compagnies comme
celles-là. Je pense que ce serait aller dans le sens du prospectus
simplifié, de le simplifier encore, mais surtout de permettre aux
petites entreprises de l'utiliser. (20 h 45)
Quant à votre autre question sur l'utilisation des fonds, en
fait, c'est le coeur de nôtre mémoire de dire: Si les gens qui
font des émissions d'actions sont sérieux, ils n'auront rien
contre le fait qu'on aille sporadiquement vérifier l'utilisation des
fonds si on a des doutes là-dessus. Je le mentionne brièvement,
l'industrie minière connaît aujourd'hui une explosion en Abitibi
et la plupart de ses émissions sont structurées pour donner des
déductions fiscales, mais à la condition que les travaux soient
faits. Donc, je ne pense pas que cela pose beaucoup de problèmes
à la Commission des valeurs mobilières de vérifier
l'utilisation des fonds. Depuis qu'il y a eu un boum minier, je pense qu'il n'y
a eu aucun scandale minier, alors que c'était la plaie durant les
années cinquante ici. Voilà une industrie, parce qu'on a
vérifié l'utilisation des fonds, qui est très
prospère aujourd'hui et dans laquelle il n'y a aucun scandale. Je pense
qu'il s'aqirait de s'inspirer de cette méthode et de l'étendre
à un plus grand nombre de compagnies.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, oui, une dernière question.
M. Parent (Bertrand): Peut-être une dernière
question rapidement, à cause du temps qui presse. Il est invraisemblable
que cela coûte 300 000 $ ou 400 000 $ pour
faire un prospectus pour une émission de 1 000 000 $ et
sensiblement le même prix pour en faire un de 5 000 000 $, 6 000 000 $,
10 000 000 $ ou 20 000 000 $. Peut-être que la formule, c'est d'y ! aller
avec quelque chose de simplifié, sauf que, normalement, plus
l'émission est petite, plus l'entreprise est petite et plus les risques,
peut-être, sont élevés.
Je ne sais pas comment on pourrait résoudre le problème,
mais si on pouvait avoir des coûts simplifiés de petites
émissions, ce qui ferait en sorte que le pourcentage de coûts
serait plus abordable, on permettrait finalement à beaucoup de titres...
Est-ce que, dans le fond, on ne veut pas éliminer ceux-là?
M. Lassonde: C'est un problème très réel,
car plus la compagnie est petite, évidemment, plus les risques
augmentent. Aux États-Unis, les Américains investissent beaucoup
dans des projets, dans des idées. Trois ou quatre professeurs de
biotechnologie vont lancer une entreprise; ils font une émission de 5
000 000 $. La compagnie n'aura aucun record de dividendes, aucun record de
profits et, tout d'un coup, elle va chercher 5 000 000 $. On n'a pas ce genre
de chose ici et cela manque.
Si on met les choses un peu en perspective, on pourrait très bien
créer de petits fonds mutuels dans lesquels on pourrait regrouper cinq
ou six compagnies, faire une émission de 4 000 000 $ ou 5 000 000 $ et
répartir l'argent au prorata des entreprises membres, sauf que
l'actionnaire détiendrait une action de ce petit fonds, mais son risque
serait partagé entre quatre ou cinq entreprises. Il serait donc beaucoup
moins vulnérable. Ce serait une avenue.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. Lassonde.
Je vous remercie aussi, madame, du mémoire que vous nous avez
présenté. Je demanderais maintenant à M. Jacques Forget,
du journal Finance, de bien vouloir prendre place, s'il vous
plaît.
J'espère, M. Forget, que l'épaisseur de votre dossier
n'est pas le contenu de votre mémoire.
Une voix: C'est le résumé.
M. Forget (Jacques): Je l'espère aussi. On est en ondes.
Messieurs, j'ai cru quand même...
Le Président (M. Lemieux): Préalablement, M.
Forget, effectivement, nous n'avons pas reçu copie de votre
mémoire. Nous allons écouter votre exposé et, s'il y avait
possibilité que vous exprimiez votre point de vue entre 10 à 15
minutes, s'il vous plaît, afin que les membres de la commission puissent
vous interroger. C'est un peu la procédure qui a été
suivie tout au long de la journée.
Nous vous laissons aller immédiatement afin qu'il n'y ait pas de
perte de temps.
M. Jacques Forget
M. Forget (Jacques): Vous êtes bien aimables de me recevoir
en l'absence de document écrit. J'ai quand même cru bon de me
présenter devant cette commission. Je suis le journaliste financier qui
a probablement le plus d'expérience au Québec notamment en
matière de couverture des marchés boursiers et j'ai connu trois
administrations différentes à la commission. C'est un peu de cela
que je voudrais vous entretenir, peut-être sous forme de questions et
réponses. Je n'ai pas l'intention de faire un long baratin.
J'ai commencé dans le métier à l'âge de 22
ans. On était vers 1972 et aujourd'hui nous sommes en 1987, et j'ai
connu l'évolution des marchés financiers québécois
et l'évolution de la Commission des valeurs mobilières comme
institution. Allons droit au but. Je suis tout à fait d'accord avec les
représentations faites par M. Guy - cela va sans doute le surprendre -
selon lesquelles il manque de ressources pour couvrir le mandat qui a
été donné initialement à la Commission des valeurs
mobilières. Par contre - et je vais le surprendre encore - je pense
qu'il serait inutile de lui donner plus de ressources.
La Commission des valeurs mobilières a été
créée un peu à la rescousse du développement des
marchés, on a dû la réorienter au début des
années soixante-dix parce qu'il y avait une absence de contrôle
des marchés financiers à Montréal et il y a eu des actes
regrettables qui ont été commis aux dépens de3
investisseurs d'ici et des investisseurs d'ailleurs.
La commission a maintenant un triple mandat: un mandat
législatif, puisqu'elle peut édicter des énoncés de
politique; un mandat global administratif, où elle fait de la
suveillance et du contrôle et un mandat policier où elle interdit
à certaines personnes de pratiquer des métiers dans le commerce
des valeurs mobilières. C'est le cas un peu de M. Lassonde à qui
on interdit, semble-t-il, de distribuer son produit au public. Moi, j'ai connu
une expérience similaire récemment où on m'a
demandé d'enregistrer un mensuel d'information boursière que nous
avons lancé - La Bourse - ou de cesser de le publier.
Donc, elle a trois mandats et il m'apparaît assez clairement que
cette confusion de mandats a entraîné une espèce de
dégénérescence dans son processus de fonctionnement
où le mandat est beaucoup trop grand pour les gens qui sont en place et
cela crée des conflits, des conflits de rôle
qui sont regrettables et dont l'ensemble de la collectivité fait
les frais.
Je pense que la commission ne devrait plus avoir de mandat
législatif à proprement parler. Il devrait y avoir un
ministère des Institutions financières en bonne et due forme.
Tout ce qui a trait à l'organisation des institutions financières
québécoises devrait être débattu devant
l'Assemblée nationale et ce n'est plus au président de la
commission, en quorum limité, à adopter des politiques aussi
importantes que la question de la propriété des maisons de
courtage, par exemple, ce qui a été fait en 1982, ou même
la question des tarifs dans l'industrie du courtage.
Voilà pour l'ensemble de l'aspect législatif. On peut
intégrer à cela aussi la désignation des différents
métiers dans le commerce des valeurs mobilières. Je pense que
tout ce débat devrait avoir lieu à l'Assemblée nationale.
C'est vous que cela regarde. Ce sont les parlementaires que cela regarde.
Pour ce qui est du travail de surveillance et de contrôle, c'est
essentiellement le mandat de la commission. Je pense qu'il est maintenant bien
fait. Il y a une tradition qui s'est implantée à la commission.
Les professionnels de la commission ont les choses bien en main depuis cinq ou
dix ans. On sait rapidement ce qui se passe sur le marché boursier
à Montréal ou dans le domaine des institutions
financières.
Le troisième aspect, l'aspect policier, devrait être,
à mon avis, aussi relégué complètement au
système judiciaire. Il est tout à fait malencontreux... Enfin,
c'est un peu comme si on demandait aux policiers -j'utilise une expression bien
terre à terre -de rendre la justice. Les policiers ont un mandat
à faire, c'est la protection du citoyen dans le cadre de l'application
des lois et lorsqu'il y a contravention, ils défèrent le
prévenu ou le citoyen devant l'administration de la justice. C'est
exactement de cette façon que devrait fonctionner la Commission des
valeurs mobilières. Cela empêcherait des conflits de
personnalité, des conflits de rôles qui font vraiment
dégénérer le système.
Pour résumer ma pensée, la Commission des valeurs
mobilières a obtenu à sa création un mandat assez large
qui a été élargi dans les années soixante-dix parce
qu'il y avait un besoin d'intervention certain, mais je pense qu'on est
allé beaucoup trop loin à cette époque et c'est la raison
pour laquelle on a de la difficulté maintenant à gérer les
marchés spéculatifs au Québec. Il faudrait maintenant se
donner des outils pour que ce qui est devenu une partie importante de
l'activité économique, voire culturelle, au Québec -
puisqu'il y a 11 % des Québécois qui ont maintenant des
portefeuilles - soit très bien régi et qu'il n'y ait pas un
régime de droits particuliers, si vous voulez, qui finisse par
léser certains citoyens - et j'ai été au nombre de
ceux-là - un système de droits particuliers qui a
dégénéré un peu et sur lequel l'administration
judiciaire a plus ou moins de contrôle; donc un système de droits
particuliers qui s'est mis en place.
C'est, si vous voulez, l'essence de mon intervention. J'ai bâti un
squelette, c'est une intervention assez courte. Si vous voulez que nous
discutions, je suis prêt à vous donner des exemples et à
discuter.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Forget, du journal
Finance. Est-ce qu'il y a des membres de cette commission qui veulent poser des
questions?
M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui. M. Forget, votre recommandation quant
au rôle du policier, c'est qu'il devrait aller davantage au
ministère de la Justice, si j'ai bien compris, dans les cas où il
y aurait enquête. Actuellement, de la façon que cela fonctionne -
et vous me corrigerez si ce n'est pas correct - lorsqu'il y a des cas douteux,
à moins qu'on ne porte plainte formellement, il n'y a aucune
espèce d'enquête. S'il y a une plainte formelle, la Commission des
valeurs mobilières entreprend une enquête actuellement. Est-ce
exact?
M. Forget (Jacques): Je ne pense pas; je ne suis pas un
professionnel du droit des valeurs mobilières, mais je pense que ta
commission a son propre pouvoir d'enquête. Vous n'avez pas tout à
fait saisi le sens de mon intervention, La commission a un pouvoir de
régimenter, si vous voulez, qui participera ou ne participera pas au
commerce des valeurs mobilières à différents niveaux;
d'accord? Elle donne des permis; elle a donc le pouvoir judiciaire, quasi
judiciaire, de donner ou de ne pas donner de permis. Je pense que ce pouvoir
quasi judiciaire devrait être transféré à la Cour
provinciale qui est l'organisme de surveillance de la Commission des valeurs
mobilières parce qu'il y a trop de conflits de personnalités, il
y a trop de conflits d'intérêts qui entrent en ligne de compte. Je
ne nommerai pas de cas précis. L'histoire de Systèmes financiers
Iceberg en est un. À mon avis, la commission devrait plaider son cas
devant un tribunal plutôt que d'avoir à prendre une
décision: Non, on donne un permis restreint à Iceberg. Je pense
que justice serait faite et on ne tomberait pas dans le piège, si vous
voulez, du système où la personne qui rend la décision
finale, qui rend la décision qui affecte les droits de l'individu, est
à la fois juge et partie. C'est le système que nous connaissons
actuellement,
M. Parent (Bertrand): Cela va pour l'Instant.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Forget (Jacques): Juste pour terminer.
Le Président (M. Lemieux): Oui, vous pouvez terminer.
M. Forget (Jacques): Ce n'est pas sur les fraudes, c'est vraiment
sur les droits des individus dans la participation du commerce des valeurs
mobilières.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Un journal comme le vôtre, M. Forget, le
journal Finance, est-il obligé présentement, par la
réglementation, de s'enregistrer auprès de la Commission des
valeurs mobilières du Québec?
M. Forget (Jacques): Non, nous avons droit à une exemption
qui est prévue dans la loi, à la condition que nous fassions du
journalisme - évidemment, il peut y avoir un débat à
savoir ce qu'est le journalisme financier - et que nous ne fassions du conseil
financier que de façon incidente. J'ai moi-même fait jurisprudence
il y a quelques années alors que la Cour provinciale a sanctionné
le fait que je fasse du conseil financier. Je faisais vraiment du conseil
financier dans une chronique qui s'appelait "Qu'est-ce qu'on achète, M.
Forget?" qui était assez populaire. Pour faire ce genre de chronique, il
faut s'enregistrer auprès de la commission si on veut détenir des
titres sur lesquels on donne des opinions d'investissement. Actuellement, nous
avons un ancien journaliste qui est un collaborateur, M. Gérard
Bérubé, qui est un très bon chroniqueur boursier qui a
été formé à Finance, qui est devenu
conseiller financier enregistré auprès de la commission parce
qu'il a décidé de publier une lettre financière, qui est
le titulaire du portefeuille Finance et qui, à l'occasion,
détient des titres recommandés dans son portefeuille. L'une des
clauses du permis a été qu'il divulgue ses intérêts,
non pas en termes de quantité, mais qu'il divulgue à
côté des différentes positions de titres qu'il
détient ou qu'il ne détient pas - donc, ce n'est pas
indiqué - pour son propre compte, les titres en portefeuille. Cela me
paraît tout à fait acceptable comme norme.
M. Bélisle: Deuxième question quant aux pouvoirs
"policiers" de la Commission des valeurs mobilières du Québec.
Que pensez-vous personnellement des pouvoirs de la
Commission des valeurs mobilières du Québec de
procéder de façon discrétionnaire à
l'émission d'ordonnances des interdictions de transiger, de cesser des
opérations simplement sur des rumeurs, des appels
téléphoniques, même si après on se demande
quelquefois s'il y a des vérifications même mineures qui sont
faites?
M. Forget (Jacques): Dans le cas spécifique des
interdictions de transiger, il ne m'est pas apparu qu'il y ait eu des
injustices flagrantes, des abus de la part de la commission. Au contraire,
c'est un secteur où la commission agit avec vigilance, mais en
même temps avec discernement. Ce que vous soulevez, le pouvoir de la
commission d'émettre des ordonnances, revient à l'explication que
je donnais au député qui siège à ma droite, le
député M. Parent (Bertrand), à savoir que, dès
qu'il y a matière à rendre une décision qui affecte les
droits des citoyens, les droits des participants au marché des valeurs
mobilières, hormis le cas des infractions, il faudrait, à mon
avis, que ce soit fait par une tierce partie, qui puisse juger de l'affaire de
façon froide, de façon neutre et qui a la formation juridique
pour le faire; d'accord? Je pense que cela devrait être
réintégré au rôle de la Cour provinciale, qui est la
cour de juridiction de contrôle de surveillance de la Commission des
valeurs mobilières. Le cas des ordonnances, c'est un cas patent.
Évidemment, selon l'urgence de la chose, la commission pourrait demander
à ce qu'elle soit entendue de façon urgente ou non. Dans notre
droit commun, vous savez, il y a des injonctions qui peuvent être prises
immédiatement, en quelques heures. C'est la même chose dans le cas
des ordonnances de non transiger. Si on s'aperçoit qu'un titre qui ouvre
à 5 $ le matin se retrouve trois jours plus tard à 15 $, que
c'est une compagnie qui a peu d'actifs, un peu boîteuse, on peut
très bien, dans la soirée, présenter en Cour provinciale
l'équivalent d'une injonction qui équivaut à une
ordonnance de non-transaction jusqu'à temps qu'il y ait enquête de
façon que les pouvoirs des citoyens soient protégés. (21
heures)
Je pense que la formule que nous connaissons actuellement,
peut-être pas dans le cas des ordonnances de non transiger, mais
où la commission qui a le pouvoir d'enquête, qui a le pouvoir
policier a aussi, si vous voulez, le pouvoir de décider des droits des
parties, c'est un système qui a donné lieu à des abus.
M. Bélisle: Et même là, dans le cas d'une
injonction provisoire, la personne qui serait soumise à une
enquête ou, éventuellement, à l'ordonnance d'injonction,
même devant le juge, en Cour provinciale, aurait l'occasion de se faire
entendre, tout au
moins, de façon préliminaire,
M. Forget (Jacques): Oui, exactement.
M. Bélisle: Ce qui n'est pas le cas en ce moment.
M. Forget (Jacques): Pas toujours. On ne peut pas certifier que
justice a été rendue selon les règles de la justice
naturelle, dans ce genre de cas. Je ne dis pas que cela ne l'est pas; je dis
qu'on ne peut pas certifier, selon mon expérience, en tout cas.
M. Bélisle: Sans faire de cas. Maintenant, la
dernière question, pour moi, c'est la question des délais dans
les décisions. M. Gilles Delisle qui est venu nous voir cet
après-midi a été fort articulé concernant les
déboires de son entreprise avec les délais de la commission pour
rendre une décision, pour un prospectus, pour la possibilité de
faire valider, d'obtenir le visa du prospectus et tout le reste.
M. Forget (Jacques): Je suis convaincu que ce prolongement des
délais, c'est une arme dont se sert la commission très souvent
pour porter atteinte à des entreprises sur lesquelles elle porte un
jugement; cela m'apparaît assez évident. La meilleure façon
de rendre une entreprise non opérante, c'est, par exemple, à un
certain moment de l'année, lui retirer tel ou tel pouvoir. Dans le cas
des actions accréditives, quand on est à la fin de novembre ou en
décembre et qu'on met au début de janvier la vente des actions
accréditives, cela n'a plus aucun intérêt pour les
investisseurs.
Il y a le cas immédiat d'un nouveau fonds. Il s'agit des
placements Soficorp qui émettaient des fonds mutuels dans la
période des REER. C'est la grosse période où les gens
peuvent acheter ce genre de produits pour les mettre dans leur REER. Bon, bien,
on les a plantés juste à ce moment-là. C'est seulement au
Québec qu'ils ont été plantés. Je ne juge pas du
bien-fondé de la chose.
M. Bélisle: Que pensez-vous de la suggestion faite par M.
Delisle, je pense, cet après-midi, où, dans des cas exceptionnels
qui pourraient être définis dans la loi, une personne pourrait
faire appel à un comité tripartite: le président de la
Commission des valeurs mobilières, le président de la Bourse et
peut-être quelqu'un de l'ACCOVAM? Ces gens prendraient une
décision après un délai de rigueur pour que la Commission
des valeurs mobilières soit obligée de rendre une
décision, disons, à l'intérieur d'une période de 15
ou de 21 jours.
M. Forget (Jacques): Ce système existait ou existe encore
en Colombie britannique. Quand vous déposez un prospectus, la Super
Intendant of Brokers de la Colombie britannique a tant de jours pour refuser le
prospectus. Je ne sais pas si cela existe encore, mais cela existait.
Évidemment, il y a des périodes de l'année où la
commission est surchargée. Elle a elle-même, je pense, vu à
ce problème en donnant des dates limites de dépôt des
prospectus. C'est un peu l'équivalent de ce que vous me dites.
Je pense qu'il ne faut pas que la commission puisse utiliser ses
pouvoirs - si vous voulez - d'enquête ou de surveillance de façon
à retarder les processus, de façon à porter
préjudice aux individus. Cela pourrait être une formule. Je sais
que c'est une formule utilisée en Colombie britannique, II faudrait voir
les tenants et les aboutissants. Il pourrait y avoir une formule où,
à partir du moment où le prospectus est déposé et
où les gens, évidemment, déposent leur prospectus en temps
opportun, la commission a trois semaines ou un mois pour donner son aval ou
non.
Je dois vous dire qu'on se plaint beaucoup de ce qui se passe
actuellement. Il y a un aspect organisationnel, mais il y a un aspect humain
aussi. Tant les gens de la commission que les gens de l'extérieur, des
maisons de courtage sérieuses, sont un peu renversés du
tatillonnage qui sévit actuellement à la Commission des valeurs
mobilières. M. Lassonde vous a parlé des prospectus qui
étaient retournés de sept à dix fois. Je connais des
firmes sérieuses, des maisons de courtage sérieuses qui n'ont
rien à se reprocher et qui souffrent de cela. C'est très
coûteux et c'est vraiment du tatillonnage. On se demande qui, à la
commission, dans les services juridiques ou parajuridiques, est en train de se
bâtir un fief ou un capital en jouant ainsi avec les prospectus.
M. Bélisle: Je vous remercie, M. Forget.
M. Forget (Jacques): Je vous en prie.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons maintenant en
respectant la règle de l'alternance, donner la parole au
député de Jonquière et nous allons terminer avec le
député de Lafontaine. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: J'ai bien écouté votre exposé.
Vous parlez d'un manque de ressources et, en même temps, vous dites que
vous êtes opposé au fait d'en donner plus. Donc, je pense que
votre exposé est assez concluant de ce côté. Vous dites un
peu plus loin que le mandat législatif devrait être enlevé
à la Commission des valeurs mobilières et que cela devrait
retourner aux membres de l'Assemblée nationale. Est-ce
que vous pensez, selon les connaissances que vous avez, que
l'Assemblée nationale va être plus pratique, plus rapide ou
meilleure dans ses décisions par rapport à la Commission des
valeurs mobilières? C'est une question de...
M. Forget (Jacques): Vous me demandez évidemment de poser
un jugement sur les élus.
M. Dufour: Bien, c'est ce que vous avez avancé. Je suis
obligé d'aller là-dessus.
M. Forget (Jacques): Je pense qu'il y a un dénominateur
commun qui fait que, finalement, on n'était pas si mal servi que cela;
quand on l'est, il y a un débat politique qui s'engage. Dans le cas
actuel, il n'y a pas de débat politique. Il y a Finance qui fait
un éditorial, Les Affaires font un éditorial; c'est
limité à cela, il n'y a pas de débat politique. Je pense
qu'il aurait au moins fallu poser la question: Comment traite-t-on nos maisons
de courtage? Cette question aurait dû être posée dans le
cadre d'un débat à l'Assemblée nationale avec des
représentations. Est-ce qu'on doit laisser les étrangers, les
non-résidants québécois, les autres institutions
financières prendre des participations dans des maisons de courtage?
Quand le débat a été fait à la commission,
il y a eu une décision majoritaire, il y a eu une dissidence. J'ai pondu
un éditorial qui disait: Ce qui est important, c'est de conserver
l'esprit d'entreprise dans le commerce des valeurs mobilières, donc de
permettre que les entrées soient faciles. Si on permet à tout le
monde d'acquérir des maisons de courtage, toutes les institutions
financières qui ont de fortes capitalisations par rapport aux
courtiers... Vous savez que les courtiers sont des partenaires à la
base, un peu comme les comptables et les avocats qui, après plusieurs
années, se bâtissent un capital. Ce n'est que cela. Si on ne
préserve pas cela, cela changera substantiellement le système
financier qu'on connaît au Québec. Il sera beaucoup moins ouvert,
ça nous rapprochera des sociétés qui sont plus
traditionnelles comme, par exemple, en Europe. En Suisse, il n'y a plus de
courtiers, ce sont les banques qui sont courtiers; en Allemagne, c'est la
même chose. C'est beaucoup plus difficile de financer une PME de cette
façon. Voyez-vous?
À mon avis, c'est un débat qui devrait se faire à
l'Assemblée nationale. Il devrait y avoir un ministère des
institutions financières en bonne et due forme. On ne sait plus
où il est passé. On a un ministre qui s'occupe de la
privatisation et qui, en même temps, est délégué aux
institutions financières; on a un Surintendant des institutions
financières, si je comprends bien, qui a été
créé par le gouvernement précédent. Cela devient un
peu compliqué. Il y a déjà eu un ministère des
Institutions financières et il semble qu'on n'ait pas pu trouver, du
moins pas pendant assez longtemps, de ministres qui connaissent l'organisation
financière. C'est nouveau, on n'enseignait pas cela dans les
facultés de droit, ou assez peu, et, aux HEC, on formait des
comptables.
 mon avis, un ministère des institutions
financières est essentiel pour comprendre l'évolution de la
société dans les sociétés de fiducie, dans les
compagnies d'assurance-vie, dans les compagnies d'assurances de personnes, dans
les maisons de courtage et dans les autres institutions qui se créent.
Pour les caisses d'entraide, c'était cela, le problème. Il y a eu
une absence de contrôle ministériel comme tel de cette institution
qui croissait très rapidement. Par ailleurs, il y a eu des pressions
politiques, on a perdu le contrôle et il n'était plus possible
d'intervenir à partir d'un certain moment.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de... Oui.
M. Forget (Jacques): II n'y avait personne qui suivait les
dossiers. II y en avait quand même au niveau des fonctionnaires, mais au
niveau politique, l'épargne des Québécois,
l'épargne investie dans les institutions prend une importance telle
qu'il m'apparatt que cela devient une nécessité d'avoir un
ministère actif au niveau politique pour qu'on débatte des
évolutions, quelle sorte de société nous voulons nous
donner à ce niveau.
M. Dufour: Une dernière question...
Le Président (M. Lemieux): Une dernière courte
question, M. le député de Jonquière.
M. Dufour:... qui concerne Systèmes financiers Iceberg sur
les coopératives financières industrielles. Vous avez
parlé un peu de ce qui est arrivé dans les caisses d'entraide.
Dieu sait que tout le monde est au courant, parce que j'ai l'impression qu'il y
a beaucoup de gens à cette table qui ont perdu quelques sous au cours de
cette opération. Ce n'est pas nécessairement mortel, par exemple.
Est-ce que vous êtes d'accord que ces mouvements doivent aussi faire
l'objet d'une certaine surveillance?
M. Forget (Jacques): II n'y a aucun doute là-dessus. Vous
savez, la surveillance est là. Les professionnels de la commission ou
de3 ministères le font actuellement. Dans le cas des caisses d'entraide,
on n'a pas su à quel moment et comment régler le problème
à un moment déterminé, et on l'a réglé
d'une façon politique à un autre moment. Je me suis
opposé au règlement intervenu en juin 1981, quand on n'a pas
voulu que les caisses d'entraide soient liquidées dans le Mouvement
Desjardins. Il y a eu une évolution par la suite et, aujourd'hui,
l'entraide économique, qui est un mouvement beaucoup plus limité
qu'il ne l'était, vient de se lier avec Les Coopérants. Donc, il
vient de se rattacher à une grande institution financière.
À mon avis, c'est ce qui aurait dû se produire dès juin
1981, quand les taux d'intérêt ont fait en sorte qu'il y avait
insolvabilité.
Il y a de la surveillance, il y a des contrôles. Je vois ce qui se
passe sur le marché. financier. Quand il y a des représentations
un peu farfelues, on le voit assez rapidement. Il y a aussi les
différents secteurs d'activité, les PME, les plus grandes
institutions, il y a le secteur de la liste minière montréalaise.
J'ai suggéré que soit créé un bureau minier dans le
cas de la liste minière montréalaise, où la commission, la
Bourse de Montréal et les intervenants de l'industrie de l'exploration
minière puissent se rencontrer régulièrement pour pouvoir
comprendre ce qui se passe de part et d'autre.
Dans le cas de l'industrie de l'exploration minière, ce sont
toutes de petites compagnies où les gens qui les contrôlent ont,
dans presque tous les cas, des ressources trop limitées pour mener
à bon terme une entreprise dans toutes ses dimensions. Ce sont des gens
qui ont fait du jalonnage, ce sont des promoteurs, des géologues. Ils
connaissent une partie de leur métier mais ils n'en connaissent pas
suffisamment pour mener à terme l'entreprise comme telle. C'est ce qui
fait que cela va cahin-caha. Je me suis toujours intéressé
â ce journalisme et j'ai dû régulièrement intervenir,
ne serait-ce, par exemple, qu'au plan des communications. Il n'y a pas de
règle standard pour expliquer une découverte minière.
D'accord? 11 y a eu des cas, notamment des cas qui impliquaient des
sociétés d'État, des filiales de la SOQUEM, où les
cheveux dressaient vraiment sur la tête.
Ce serait le genre de normes que la commission devrait adopter de
façon assez officielle, notamment après discussion avec la Bourse
de Montréal qui régit aussi ce marché, après
discussion avec l'Association des prospecteurs. J'entends des bruits
derrière moi. Peut-être a-t-on un autre point de vue, mais je puis
vous dire qu'il y a des façons très différentes de publier
des résultats de forage. Une filiale d'une société
d'État nous annonçait, à un moment donné, qu'elle
avait découvert 1 000 000 de tonnes à 0, 40 en or à
Val-d'Or. On n'a plus jamais entendu parler de rien, évidemment, on
n'avait pas les carottes, les intersections.
C'est comme cela qu'il faut que ce soit divulgué.
Je pense que la direction actuelle de la commission devrait
écouter certaines recommandations, notamment certaines qui ont
été faîtes ici où on a suggéré qu'il y
ait des comités mixtes, ne serait-ce que de dialogues, avec les
intervenants du milieu, pour qu'on discute un peu. Il faut comprendre ce qui se
passe de l'autre côté de la barrière. Vous savez, j'ai un
journal financier. II n'y a aucun doute que j'ai une lourde
responsabilité, mais mes ressources sont limitées. J'ai une
entreprise qui doit faire des profits, premièrement.
Deuxièmement, les journalistes financiers ne sortent pas de
l'université, il faut les former. Ce sont des gens qui ont des "cours en
finances", entre guillemets, ou des cours en économie -ils sont plus
nombreux - et il faut leur expliquer ce qu'est la Bourse et comment
fonctionnent les marchés financiers, que c'est très complexe; il
y a la Bourse, les marchés obligatoires, les marchés à
terme, etc. Ce qui arrive souvent, c'est qu'après un an ou deux, ils
trouvent cela trop compliqué et ils s'en vont ailleurs. J'ai
essayé, après les audiences qui ont débouché sur
une décision assez estomaquante, de renouer le dialogue avec la
commission,, J'ai ici un document où il y a eu échange de lettres
et j'ai dit à la commission? Écoutez, ce que vous venez de faire
me porte préjudice, parce que les gens ne veulent plus faire de
journalisme. Ils vont s'occuper de leur portefeuille personnel et Ils ne
prendront plus le risque de parler de compagnies dans lesquelles ils peuvent
avoir un intérêt, ne serait-ce que comme journalistes. Pourquoi ne
rouvre-t-on pas le débat? Pourquoi ne se rencontre-t-on pas? Et pourquoi
est-ce que vous ne faites pas des audiences? La commission a ditï Non, il
n'est pas question de faire des audiences. Vous avez porté en appel
à la Cour provinciale la décision que nous avons rendue.
Attendons que le jugement soit rendu. Cet événement date presque
déjà d'une année et l'événement initial,
quant à la décision, date de février 1986. Nous sommes
maintenant presque en avril 1987. La convocation datait d'octobre 1985.
Je pense que les comités de consultation pourraient avoir du bon
sens à condition qu'on veuille comprendre ce qui se passe dans la
pratique. Si la commission veut continuer à adopter une politique
d'intransigeance, une politique que je qualifierais de jacobiniste, parce qu'il
y a absence de contrôle politique au palier supérieur, elle va
finir par en payer le prix, car les tribunaux supérieurs vont se
réveiller à un moment donné et vont dire - et c'est
déjà arrivé: Écoutez, ceci, c'est une enquête
non constitutionnelle. La responsabilité personnelle des membres de la
commission est engagée. Voici combien il vous en
coûtera pour avoir porté préjudice à telle
entreprise ou à tel individu. C'est ce qui va arriver d'ici peu,
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Forget. M. le
député de Lafontaine, une question brève, s'il vous
plaît!
M. Gobé: Je vais être bref étant donné
que j'ai pris pas mal de temps avec l'autre intervenant.
M. Forget, vous suggériez il y a quelque temps, vous disiez: La
commission a un pouvoir de police et un pouvoir de juge en même temps; il
faudrait remettre cela à la Cour provinciale, peut-être. Mais
est-ce que vous ne craignez pas - je m'interroge et vous avez répondu
à ma question quasiment -que cela va prendre deux ou trois ans avant
d'avoir des jugements? Que faites-vous pendant ce temps-lâ? Oans le cas
où il y a injonction, la compagnie reste sous injonction pendant quoi,
six mois, sept mois...
M. Forget (Jacques): Est-ce que vous êtes juriste de
formation?
M. Gobé: Non, non, je ne suis pas juriste, mais je connais
les cours, je sais que cela prend du temps.
M, Forget (Jacques): Si vous étiez juriste, vous auriez la
réponse, parce que, dans le Code de procédure civile, vous savez
qu'il y a des dispositions pour des injonctions interlocutoires ou même
pour des injonctions ultra rapides, interlocutoires provisoires, comme on les
appelle, où on n'entend même pas l'autre partie et l'autre partie
fait appel et est entendue après. Le processus de droit commun en
matière de procédure existe déjà dans les cas qu'on
connaît. La Commission des valeurs mobilières a, en matière
financière, un pouvoir exorbitant qui n'existe nulle part ailleurs en
droit...
M. Gobé:... celle-là, on n'a pas beaucoup de temps.
Ma question était...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, voulez-vous laisser continuer, s'il vous plaît?
M. Forget (Jacques):... même pas dans les causes... Vous
savez, dans les causes de meurtre... Je pense que je réponds à
votre question. Vous savez, même dans des causes de meurtre, on peut
remettre des gens en liberté. On redonne au citoyen le pouvoir de
fonctionner normalement dans la société, même dans des
causes de meurtre. Or, dans des causes strictement financières, bien que
ce soit important, mais, parfois, les capitaux engagés sont assez
insignifiants, il y a interruption des droits immédiatement. Là,
joue ce qu'on appelle un supposé pouvoir discrétionnaire. Je
connais des cas qui sont blanc bonnet, bonnet blanc. Il y a peut-être des
gens qui ont moins d'expérience dans certains cas derrière
certaines sociétés, mais c'est vraiment blanc bonnet, bonnet
blanc. Il y en a qui passent et il y en a qui ne passent pas. (21 h 15)
M. Gobé: Écoutez, cela n'enlève pas le droit
d'appel, cela n'enlève pas l'attente d'être sur le rôle et
puis...
M. Forget (Jacques): Oui, cela enlève le droit d'appel et
je vais vous dire pourquoi, parce que vous avez le choix d'appeler devant la
commission ou d'appeler de la décision de la commission. Moi je peux
vous dire que je...
M. Gobé: Dans le cas où cela irait devant un
tribunal, comme vous le suqqériez, là, on entre dans un processus
judiciaire normal, avec tout ce que cela comporte de délais, de temps,
d'appels, d'auditions. Et qu'est-ce qu'on fait d'une entreprise qui a des
problèmes et qui vit une situation dangereuse pendant ce
temps-là? Est-ce qu'on la ferme?
M. Forget (Jacques): Non, je pense qu'il vous manque des
éléments pour comprendre.
M. Gobé: II me semble que vous avez répondu
vous-même. Vous dites que, depuis 1986, vous êtes en cour avec la
commission, ce n'est pas réglé encore. Pendant tout ce
temps-là, vous imaginez les préjudices que cela peut
créer.
M. Forget (Jacques): Non, mais, moi, j'ai demandé et j'ai
obtenu la levée de la décision de la commission. Il aurait
peut-être été plus sage que la commission, percevant
certaines choses, porte tout le débat devant un tribunal
indépendant, exigeant, si elle le croyait à propos, que certaines
mesures soient prises immédiatement si elle croit l'intérêt
public menacé. C'est ce qu'elle a fait, mais à rebours, si vous
voulez, en imposant sa décision. Alors, plutôt que de demander
qu'il y ait des mesures interlocutoires de prises, c'est moi qui ai
demandé que, provisoirement à tout le moins, jusqu'à la
décision finale, les mesures qui me concernaient soient levées.
Cela revient un peu au même.
Je pense que c'est important que vous saisissiez que, compte tenu de la
complexité du système, du développement, du nombre
d'interventions et du pouvoir extrême qui se concentrent au niveau de la
présidence de la commission, il est vraiment opportun de ramener vers le
pouvoir judiciaire, vers une tierce partie, tout ce qui a trait aux droits des
intervenants dans le marché des valeurs mobilières. Cela
n'enlève rien à la protection
du public parce que la commission, comme organisme de surveillance et de
contrôle, pourra toujours plaider et arguer qu'il y a imminence de danger
tellement important, que le droit du public est tellement menacé qu'il
faut prendre des mesures provisionnelles. Alors, elle devra toutefois le
plaider plutôt que ce sait l'inverse, qu'elle applique une mesure et que
les gens se présentent immédiatement en Cour provinciale pour
avoir une mesure provisionnelle pour faire lever telle ou telle ordonnance,
telle ou telle décision. C'est simplement une question de
mécanique.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. Forget.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Alors, comme il n'y a pas d'autres
interventions... Oui, M. - le député de Montmorency.
M. Séguin: M. Forget, que pensez-vous de certaines
allusions, reproches ou accusations formulés à la Commission des
valeurs mobilières - devant nous, en tout cas - selon lesquelles la
commision intervenait, que ses décisions étaient souvent des
interventions économiques dans le processus financier et non pas des
mesures de contrôle pour protéger l'intérêt public,
mais que cela avait un effet pratique à influencer le cours de...
D'ailleurs, votre prédécesseur, je pense... Il y a une allusion
dans leur mémoire, aussi, selon lesquelles le rôle de la
commission était une intervention dans le processus économique ou
financier. Le voyez-vous un peu comme cela ou non?
M. Forget (Jacques): Je ne comprends pas très bien ce que
veut dire le processus économique ou financier.
M. Séguin: Par exemple, il y a une discrétion dans
les décisions de la commission qui fait que, si la commission
décide de ne pas permettre, par exemple, aux prédécesseurs
dans la compagnie d'émettre aux particuliers leurs logiciels, c'est une
décision subjective de contrôler le marché des valeurs
mobilières dans...
M. Forget (Jacques): Écoutez, moi, je reviens à
l'intervention initiale que j'ai faite, c'est que, une fois que la commission
comme organisme de surveillance et de contrôle en arrive à la
conclusion qu'un individu doit avoir tel ou tel droit, à mon avis, elle
ne devrait plus avoir le pouvoir d'imposer sa décision, elle devrait
référer le tout à un tribunal et, selon le degré
d'urgence de la situation, elle devrait demander d'être entendue soit
dans le cours normal des vacations du tribunal, soit de façon urgente.
C'est un peu ce qui se passe en droit du travail où, si vous voulez, il
y a des commissaires-enquêteurs, il y a différents paliers et il y
a un tribunal du travail, qui est une division de la Cour provinciale ou de la
Cour supérieure - je ne m'en souviens plus - mais, quand il y a un
problème de jugement, lorsqu'il y a une décision affectant les
droits des parties qui est rendue, mais ce ne sont pas les
commissaires-enquêteurs qui la posent ou, enfin, le Tribunal du travail a
toujours la possibilité d'intervenir.
Écoutez, je ne suis pas du tout un spécialiste du droit du
travail, ce n'est peut-être pas une bonne comparaison, mais, au niveau
des libertés fondamentales, au niveau des règles de justice
naturelle, il m'apparaît évident, compte tenu du
développement de l'organisme qu'est la Commission des valeurs
mobilières, compte tenu du système, que tout ce qui est
judiciaire ou quasi judiciaire, que tout ce qui affecte les droits des parties,
les droits et obligations, soit instamment transmis à une
autorité indépendante et que ce ne soient pas Ies
enquêteurs, qui deviennent partiaux assez rapidement, qui aient à
juger des droits des parties. Il y aura une jurisprudence qui pourra
s'établir, car là on est obligé de se
référer à la jurisprudence américaine. Je ne trouve
pas cela très drôle.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Montmorency? Cela va. Nous vous remercions, M. Forget,
du journal Finance,
M. Forget: Je ne vous ai pas assommés avec mes dossiers,
comme vous pouvez voir.
Le Président (M. Lemieux): Pardon? Nous avons
apprécié votre intervention et vos commentaires. Nous vous
remercions de vous être déplacé pour venir témoigner
devant cette commission. Merci.
Maintenant, je demanderais aux membres de la Commission des valeurs
mobilières du Québec de bien vouloir prendre place afin de donner
leur réplique. Dans la mesure du possible, eu égard à
l'efficacité, sans vouloir restreindre le droit de parole des membres de
la Commission des valeurs mobilières, j'apprécierais qu'ils
soient les plus brefs possible. Je suis bien conscient, M. le président
de la Commission des valeurs mobilières, que vous avez entendu beaucoup
de choses. C'est très difficile. Je ne veux pas vous brimer, d'aucune
façon. Mais essayez d'être le plus bref possible, s'il vous
plaît!
Commission des valeurs mobilières du
Québec
M. Guy (Paul): M. le Président, je vais essayer.
Le Président (M. Lemieux): Je vous comprends.
M. Guy: Ce ne sera pas facile.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous écoutons.
M. Guy: Je crains que je ne sois obligé dans certains cas
de me répéter, c'est-à-dire de répéter ce
que j'avais déjà dit devant cette commission. En tout cas, je
vais essayer d'être aussi bref que possible.
SI je prends les intervenants dans l'ordre où ils sont parus,
l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes l'ACCAP, a
parlé de chevauchement. Je pense qu'il est important de faire le point
sur cette question. II y a une différence fondamentale entre certains
organismes. Si on prend l'Inspecteur général des institutions
financières ou l'Inspecteur général des banques à
Ottawa et la Commission des valeurs mobilières, un des organismes, en
fait, a surtout à coeur la solvabilité de l'institution, alors
que la Commission des valeurs mobilières, elle, n'a pas du tout cet
élément à contrôler. C'est surtout la protection des
épargnants et, en fait, s'assurer que l'information circule. Un exemple
qu'on peut donner est assez simple. L'Inspecteur général des
banques a entre les mains des informations sur la solvabilité d'une
banque. Disons qu'il sait qu'une banque a certains problèmes financiers,
il ne donnera pas cette information au public, alors qu'une commission des
valeurs mobilières, si elle avait cette information, s'assurerait que
cette information est rendue publique afin que tous les participants au
marché des valeurs mobilières, c'est-à-dire que tous les
actionnaires et le public en général puissent être
conscients de cette information et réagir en conséquence.
Il y a une différence fondamentale entre les deux organismes. Il
est important, je pense, de faire cette distinction. Il n'y a pas de
chevauchement du fait qu'il y a deux organismes qui régissent une
même institution. La Commission des valeurs mobilières peut fort
bien régir l'activité en valeurs mobilières d'une fiducie,
alors que l'Inspecteur général des institutions
financières peut fort bien régir cette fiducie en ce qui concerne
son activité de fiducie. Il n'y a pas nécessairement de
contradiction dans cela.
Maintenant, on a parlé des fonds communs, des fonds
d'investissement des assurances. La commission a commencé un processus,
et c'est pour indiquer que ce processus n'a pas été une
imposition de la commission, mais plutôt une interrogation. Le premier
avis de la commission concernant les fonds communs des sociétés
d'assurances a été publié le 8 février 1985. Nous
sommes maintenant en 1987. La commission n'a rien imposé depuis ce
temps-là; depuis le début de 1985, elle est en discussion avec
l'association, avec les sociétés d'assurances, pour voir s'il n'y
a pas moyen d'en arriver à un consensus sur cette question.
La commission est encore d'avis qu'en ce qui concerne les fonds
d'investissement des assurances qui sont placés auprès des
épargnants par rapport à ceux qui sont placés
auprès des entreprises, ils "devraient être soumis aux mêmes
rèqles que les autres fonds d'investissement qui sont placés
auprès du public. Elle est du même avis en ce qui concerne les
fonds d'investissement des fiducies. Notamment, en Ontario, on vient de
publier, il y a quelques semaines, un projet de règlement qui abolit la
dispense qui a été accordée aux sociétés de
fiducie en ce qui concerne leurs fonds communs, c'est-à-dire les sommes
mises en commun pour les régimes d'épargne-retraite, les
régimes d'épargne-logement et autres régimes semblables.
Il n'y a pas de raison aujourd'hui, dans le système de
décloisonnement, que ces institutions bénéficient des
dispenses qu'elles ont eues dans le passé, dans d'autres conditions.
Maintenant, en ce qui concerne les conseillers en planification
financière, là encore, c'est un dossier que la commission a
dû examiner parce qu'il n'y avait personne d'autre qui
s'intéressait à ce problème-là. Et la commission a
eu un certain nombre de plaintes concernant les conseillers en planification
financière. Il y a même eu des émissions à la
télévision où on a rapporté certains
problèmes concernant les conseillers en planification financière.
La commission a tenu des audiences publiques avec ses homologues des autres
provinces, de l'Alberta et de l'Ontario.
La commission fera éventuellement, en ce qui concerne les
conseillers en planification financière, de toute façon, des
recommandations au gouvernement. Et le gouvernement prendra la décision
sur ce qu'il veut faire concernant cette activité-là, si elle
doit être réglementée ou non. Ce n'est pas la commission
qui va décider cela. De toute façon, la commission n'a jamais
prétendu que son mandat était suffisamment large pour couvrir
tous les conseillers en planification financière, c'est tout le
contraire. Si on voulait même les réglementer, on en
réglementerait seulement une petite partie, alors qu'il y en aurait
d'autres qui ne le seraient pas. Et le point de vue de la commission est que
tous devraient être réglementés de façon
égale. De toute façon, c'est un dossier qui sera
éventuellement présenté au gouvernement, qui prendra la
décision appropriée. En ce qui concerne l'ACCAP, c'est à
peu près tout ce que je voulais dire.
L'intervention de M. Delisle était intéressante sous
plusieurs aspects. D'abord, parce que la dernière fois, bien entendu,
certains organismes ont contesté le pouvoir
de la commission de publier ou d'adapter des instructions
générales, trouvant qu'on en avait trop. M. Delisle, lui, trouve
qu'on n'en a pas assez. Je pense que c'est assez intéressant quand
même. On en a moins que l'Ontario, mais cela ne veut pas dire... C'est
difficile de faire une analyse à partir des chiffres, parce qu'il faut
dire qu'au Québec nous avons incorporé plusieurs dispositions des
anciennes instructions générales dans le règlement, qui
font maintenant partie du règlement sur les valeurs mobilières.
On a peut-être moins tendance à réglementer ici qu'en
Ontario. Mais cela n'a pas l'air d'être bon, car on nous dit qu'on
devrait en avoir plus. Il faudra voir ce qu'on peut faire à ce
sujet.
Dans le cas des délais trop longs, M. Delisle a fait une
suggestion intessante, mais qu'il serait difficile de mettre en application,
compte tenu des chartes des droits de la personnes, aussi bien du Québec
que du Canada. La commission a été obligée de mettre en
place un système qui distingue d'une façon très nette les
pouvoirs délégués au directeur, ou au chef de service qui
exerce ces pouvoirs, et la commission elle-même, de façon à
ne pas entacher, en fait, le processus de révision d'une décision
qui aurait été rendue par une personne qui exerce un pouvoir
délégué. Il serait assez difficile, si un délai est
trop long, que le dossier soit soumis à la commission. Cela
enlèverait en quelque sorte le pouvoir à la personne qui peut
rendre la décision et ce serait une intervention de la commission dans
le processus de décision d'une personne qui a le pouvoir
délégué. Ce serait assez difficile de faire cela.
Ce qui arrive, et je crois que ce sont des cas quand même
d'exception - il n'y en a pas beaucoup, sur plus de 700 prospectus
l'année dernière, qui peuvent se plaindre de cet
élément - dans plusieurs cas ou dans les cas où les
délais sont réellement trop longs, je reçois de temps en
temps des appels du courtier ou du cabinet d'avocats qui me disent: Qu'est-ce
qui arrive avec mon dossier? Il semble que cela traîne un peu. J'appelle
le directeur et je lui demande ce qui arrive avec ce dossier. Je n'interviens
pas dans le processus de décision, je m'informe en fait de la raison
pour laquelle le dossier ne progresse pas plus rapidement.
On ne peut pas être plus d'accord avec M. Delisle sur le fait
qu'on devrait avoir plus de spécialistes dans certains domaines, mais je
dois dire que, comme toutes les autres commissions de valeurs
mobilières, ce n'est pas facile et ce n'est pas seulement un manque de
postes. Ce n'est pas facile de recruter des spécialistes, car il
faudrait avoir des spécialistes dans plusieurs domaines. (21 h 30)
Aussi, la plupart des commissions de valeurs mobilières, aussi
bien au Canada qu'ailleurs, ont-elles surtout des généralistes,
car on connaît la difficulté de trouver des spécialistes
dans plusieurs domaines et de les embaucher pour un organisme public.
Maintenant, il y a la procédure - M. Delisle en a fait mention - suivant
laquelle on peut faire appel d'une décision d'un directeur auprès
de la commission, et la commission, au Québec, est reconnue comme
pouvant donner des réponses très rapidement. La commission
siège, pour réviser une décision d'un directeur, dans des
délais très très courts. Elle a siégé
même en fin de semaine, entre Noël et le Jour de l'an. À
plusieurs reprises, les gens peuvent en appeler d'une décision d'un
directeur. Ils peuvent avoir une audience le lendemain, si c'est une affaire
assez urgente. Alors, je pense que c'est reconnu et, dans la communauté
financière, les avocats et les courtiers en sont conscients. Il n'y a
pas de problème à avoir une révision d'une décision
d'un directeur. Si la chose est urgente, cela va se faire très
très vite.
Maintenant, l'Association pour la protection des investisseurs du
Québec. Là, j'en aurais beaucoup à dire et je vais essayer
de limiter mon intervention, vu que le temps est quand même... Il est
assez tard. La première remarque, c'est qu'on est dans un régime
de réglementation qui n'est pas unique. Le régime de
réglementation sur les valeurs mobilières au Québec, ce
n'est pas en vase clos. C'est un régime de réglementation qui est
semblable en Amérique du Nord et il serait difficile, sinon impossible,
de commencer à remettre en question tout ce régime au
Québec, alors qu'ailleurs on aurait un régime différent.
Je pense qu'il faudrait faire attention de ne pas essayer de tout changer.
Cette association a mentionné que le Québec était à
la remorque de l'Ontario et cela m'agace beaucoup.
Le Président (M. Lemieux): Nous nous en doutions, M. Guy,
que cela vous agaçait.
M. Guy: Cela m'agace beaucoup parce que c'est tout à fait
le contraire. Je pense que cela dénote le peu de connaissances de la
personne qui a présenté le mémoire. Je pense que, dans
tout le Canada, la commission du Québec est reconnue pour son
leadership. D'abord, en ce qui concerne les innovations, le prospectus
simplifié, qui est maintenant utilisé partout au Canada, a
été mis en place par la Commission des valeurs mobilières
du Québec. La division internationale à la Bourse de
Montréal, c'est-à-dire la possibilité pour une
société étrangère de s'inscrire à la Bourse
de Montréal avec des règles, des obligations d'information
continue plus simplifiées, c'est également un
élément qui a été mis en place par la commission et
qui sera maintenant suivi par la Bourse de New York. La Bourse
de New York a présenté à la Commission des valeurs
mobilières des États-Unis un projet semblable. L'inscription
permanente des représentants, on est les seuls au Canada à avoir
cela. C'est encore une innovation du Québec. Je reviendrai tout à
l'heure sur d'autres questions dans ce secteur-là.
On a parlé également de Canadian Tire. Je pense qu'il faut
expliquer un peu le processus. Canadian Tire, d'abord, c'est une audience
conjointe des deux commissions: Québec et l'Ontario. Il y a une
collaboration très étroite entre la Commission des valeurs
mobilières de l'Ontario et la Commission des valeurs mobilières
du Québec en ce qui concerne les offres publiques. Quand il s'agit d'une
offre publique qui est faite essentiellement sur le territoire de l'Ontario,
"l'entente", entre guillemets, entre les deux commissions, c'est que la
commission du Québec laisse la commission de l'Ontario régler, en
quelque sorte, le problème: soit qu'il y ait une audience conjointe,
soit que le problème soit réglé essentiellement par la
commission de l'Ontario, mais quand même en collaboration et discussion
avec la commission du Québec. Quand l'activité prend surtout
place au Québec, c'est le Québec qui s'en occupe. On a vu, dans
le cas de Canadian Tire, que c'était surtout à l'initiative de
l'Ontario avec consultation du Québec; il y a eu une audience conjointe.
Dans le cas de Cascades, c'est à l'initiative du Québec que
l'affaire s'est faite: une audience conjointe avec l'Ontario qui a eu lieu
à Montréal. Dans le cas de Campbell Resources,
dernièrement, c'est le Québec qui a réglé
entièrement le problème avec l'accord de l'Ontario, parce que 90
% des actionnaires étaient au Québec» Il faut penser dans
ces cas-là qu'on n'est pas en vase clos et qu'il y a
nécessité d'uniformité; les deux commissions travaillent
en étroite collaboration dans ces questions.
En ce qui concerne l'information, là encore, c'est assez
difficile de comprendre les propos de cette association parce que nous sommes
la seule commission au Canada qui fasse de l'information. La commission publie
une foule de dépliants et de brochures. Elle participe à des
salons, aussi bien à Montréal et à Québec qu'en
régions, de façon à informer le plus possible les
épargnants sur divers sujets. Là-dessus, il n'y a pas une autre
commission au Canada qui fasse cela. On n'est pas à la remorque de
l'Ontario ou on ne fait pas ce que l'Ontario fait, on est de beaucoup en
avance, même. La commission de l'Ontario est venue visiter notre
commission il y a quelque temps. Elle a pris des copies de toutes les brochures
et dépliants qu'on avait pour essayer d'imiter ce qu'on faisait dans ce
secteur. Je pense qu'il serait difficile de dire qu'on suit les autres.
Maintenant, en ce qui concerne les actions subalternes, c'est une autre
question qui a été soulevée. Je voudrais faire le point
là-dessus une fois pour toutes. En ce qui concerne les subalternes,
toutes les modifications faites dans le REA concernant les actions subalternes
l'ont été à la suite des recommandations que la commission
a faites au gouvernement. La commission s'est toujours préoccupée
des actions subalternes. Ce n'est pas parce que ce n'est pas publié dans
les journaux que la commission ne fait rien. La commission a également
demandé à la Bourse de Montréal de mettre en place des
mécanismes de protection bien avant la déclaration dans les
journaux de la Bourse de Toronto disant que la Bourse de Toronto était
pour mettre en place des mécanismes de protection concernant les actions
subalternes. Je pense que c'est un ensemble d'éléments qui ont
été complètement ignorés dans ce mémoire. Je
pense que c'est un manque de connaissance du secteur. Je ne sais pas où
on a pris ces informations.
Maintenant, en ce qui concerne le décloisonnement, c'est un autre
secteur. Les règles sur les conflits d'intérêts; j'ai dit
dans une conférence qu'on serait peut-être prêt à
suivre plusieurs des règles que l'Ontario avait annoncées, cela
ne veut pas dire qu'il n'y avait pas de rèqles au Québec. Il y en
a en place depuis 1983. Alors, on ne suit pas encore l'Ontario
là-dessus. Il y a déjà des règles en place. On peut
toujours Ies améliorer. Si les autres nous suggèrent de
meilleures règles, on est prêt encore à les examiner.
On est revenu souvent sur la question de l'utilisation des fonds. Je
sais que cette question préoccupe bien des gens, à savoir
qu'est-ce qu'on fait avec les fonds qu'on a sollicités auprès du
public. Rien entendu, je l'ai dit, et je n'ai pas besoin de le
répéter parce que le président de la commission a
répété ce que j'avais dit lors de ma dernière
comparution, je pense qu'il est clair qu'il ne serait pas possible pour la
commission d'examiner chaque cas, chaque émetteur pour savoir ce qu'il a
fait des fonds qu'il a sollicités. Je pourrais donner l'exemple de la
publicité de Speedy Muffler où, quand on a remplacé le
silencieux, il y a quelqu'un qui court après la voiture pour s'assurer
que tout est bien en place. Je pense que, s'il fallait faire cela, cela nous
prendrait un nombre d'inspecteurs absolument incroyable pour aller voir dans
chaque entreprise ce qu'on a fait des fonds. Ce n'est pas possible de faire
cela. Cela ne veut pas dire qu'on ne fait pas une certaine vérification.
Je pense que vous l'avez dit tout à l'heure, la vérification
qu'on fait, c'est tout ce qu'on peut faire à l'heure actuelle.
Maintenant, le nombre de courtiers. On a mentionné qu'il y avait
moins de courtiers, qu'il ne s'était pas créé de nouvelles
maisons de courtage au Québec, mais je pense que cela est un
phénomène qui n'est pas limité au Québec. La
concentration dans le domaine
du courtage, c'est un phénomène mondial. Ce n'est pas
seulement au Québec. Le nombre de courtiers de plein exercice diminue,
il n'augmente pas. Par contre, il faudrait souligner, quand on a dit cela,
qu'au Québec on a le plus grand nombre de nouveaux courtiers
spécialisés. On en a beaucoup plus qu'en Ontario, beaucoup plus
qu'ailleurs. On a un grand nombre de courtiers qui sont
spécialisés soit dans les fonds d'investissement, soit dans les
contrats d'investissement, soit dans d'autres secteurs. Il y a eu un
développement absolument incroyable dans ce secteur au
Québec.
Je sais que mon... J'en aurais tellement à dire. Les SPEQ. Cela,
c'est une autre affaire parce que les SPEQ, je peux en parier en connaissance
de cause parce que j'ai participé justement aux discussions qui ont
mené à la mise en place du régime des SPEQ. Les SPEQ,
c'étaient des sociétés qui ne devaient pas être de
grandes sociétés. C'étaient de petites
sociétés. Le but des SPEQ justement, ce n'était pas d'en
faire des sociétés cotées en Bourse. C'étaient des
petites. C'était pour que les propriétaires de l'entreprise ou
les employés puissent investir dans leur entreprise et avoir un
dégrèvement fiscal pour cela. Cela n'a jamais été
l'intention du gouvernement - la politique fiscale n'a jamais dit cela - que
les SPEQ pourraient solliciter l'épargne de l'ensemble du public et
mettre cela dans une entreprise. C'était tout le contraire.
C'était que les propriétaires d'entreprises, bien souvent,
n'investissent pas dans leur entreprise parce que leurs fonds sont
bloqués et ils préfèrent le faire d'une autre
façon. C'était une façon de leur permettre d'investir dans
leur entreprise tout en ayant un dégrèvement fiscal.
Il ne faut pas blâmer la commission parce qu'il n'y a pas eu de
SPEQ cotées en Bourse. On n'a rien du tout à voir avec cela. Les
sociétés cotées en Bourse, on dit qu'il y en a un nombre
plus petit au Québec. Oui, mais au Québec c'est un
développement qui est très récent. II faut dire que les
sociétés qui ont fait appel à l'épargne du public
au Québec, on ne va pas loin. On a commencé il y a quatre ou cinq
ans. Il n'y en avait presque pas avant cela. Ce n'est certainement pas
surprenant qu'on en ait moins qu'ailleurs. Cela ne veut pas dire qu'on ne
rattrapera pas les autres, mais on en a moins. C'est vrai. C'est une situation
normale et elle s'explique assez facilement.
Je vais passer assez vite. Je veux juste dire quelques mots sur
l'intervention de M. Forget. Sur la question des interdictions, je pense qu'il
est faux de dire - je ne dis pas que c'est M. Forget qui a dit cela, mais M.
Forget a parlé des interdictions - que les règles de justice
naturelle ne sont pas respectées. M. Forget a bien dit que la commission
exerçait ce pouvoir avec discernement et avec vigilance, et c'est exact,
et les règles de justice naturelle sont respectées. La loi permet
à la commission de rendre la décision avant d'entendre l'autre
partie, mais on doit l'entendre dans les quinze jours.
Ce n'est pas très différent d'une injonction
interlocutoire où l'injonction peut être rendue, prononcée
par le tribunal sans entendre l'autre partie. Ce sont des cas d'urgence. Dans
les cas d'urgence, la commission n'a pas l'obligation d'entendre l'autre partie
avant de prononcer son interdiction. Dans les autres cas où l'urgence
est moins grande, la commission, habituellement, entend l'autre partie avant de
prononcer l'interdiction. Maintenant, sur la question des comités
mixtes, la commission a déjà suivi ce processus dans l'adoption
de l'instruction générale no 4 sur les sociétés
d'exploration minière. La commission a suivi un long processus qui a
duré plus d'un an. Un comité formé de géologues,
l'Association des prospecteurs, en fait, tous les gens qui étaient
concernés par cette question ont travaillé avec la commission
à mettre en place cette instruction générale.
C'est une instruction générale qui a reçu le
consensus de l'ensemble de ces gens. C'est dommage, M, Forqet a parlé de
la décision de 19B6. Je ne voulais pas en parler. Mais la
décision de février 1986 a été rendue par la
commission et elle a été portée en appel par M. Forget.
Maintenant, on est rendu, aujourd'hui, en mars 1987. Cela n'a pas
été entendu en appel. Je ne suis pas responsable de cette
situation. Je ne veux pas discuter de la décision. Elle a
été portée en appel. Le tribunal jugera si la commission
avait raison ou non. Après cela, on verra. Mais jusqu'à ce que
l'appel soit entendu, je n'ai rien à dire là-dessus.
Il y a toujours une possibilité. M. Forget l'a mentionné.
Je pense que c'est important. Quand une décision est rendue par la
commission, il y a toujours possibilité que la décision soit
suspendue pendant appeL La même possibilité existe quand une
décision est rendue par un directeur. Une personne peut s'adresser
à la commission pour faire suspendre la décision. Lorsqu'on a eu
une demande, la commission a suspendu des décisions des directeurs en
attendant leur révision par la commission. Il est toujours possible de
faire suspendre une décision soit par la commission, soit par la Cour
provinciale pendant qu'on fait appel de cette décision.
M. le Président, je crois que, dans le peu de temps que j'avais,
j'ai couvert pas mal tous les points que je voulais couvrir. Si vous avez des
questions, je serais certainement prêt à y répondre.
Le Président {M. Lemieux); Nous vous remercions, M. le
président de la Commission
des valeurs mobilières. Effectivement, nous devons entendre M. le
ministre délégué aux Finances et à la
Privatisation. Je permettrai une courte question au député de
Bertrand. Une très courte question, M. le député de
Bertrand. (21 h 45)
M. Parent (Bertrand): Oui, d'accord. M. le Président, on
n'a entendu que quelques commentaires de certaines personnes qui ont à
transiger avec la commission. J'aimerais savoir s'il est vrai qu'il y a eu, au
cours de la dernière année, une espèce d'enquête ou
un sondage par les étudiants des HEC ou de l'Université du
Québec auprès de votre clientèle, soit des firmes
d'avocats, de courtiers, etc., pour connaître leur satisfaction. Si tel
est le cas, est-ce qu'il serait possible d'avoir ces résultats, qui
semblaient, selon ce que j'ai entendu, fort intéressants parce que
certains auraient aussi livré beaucoup de commentaires dans ce sondage
d'opinion ou cette étude de satisfaction de la part de ceux qui
transigent avec vous?
Le Président (M. Lemieux): M. le président de la
Commission des valeurs mobilières.
M. Guy: La commission a fait faire une étude, pour
laquelle elle a donné un contrat après soumissions. Je crois que
c'est une équipe des Hautes études commerciales qui fait
l'étude pour la commission. On n'a pas encore eu le rapport de cette
étude. Je n'ai pas d'idée du contenu, des résultats, parce
que le rapport ne nous a pas encore été remis. Il s'agissait
surtout d'une étude qui devait servir à la gestion interne de la
commission, c'est-à-dire permettre à la commission d'apporter
certains correctifs, s'il y avait lieu, dans certains secteurs, ou
d'améliorer des services si des services étaient mal
perçus ou mal rendus. Je n'ai pas encore les résultats. Alors, je
ne peux pas faire de commentaires sur l'étude.
M. Parent (Bertrand): On espère, quand vous les aurez, que
vous pourrez nous en faire bénéficier.
M. Guy: Peut-être. Des voix: Ha! Ha!
Le Président (M. Lemieux): M. Guy, est-ce que...
M. Parent' (Bertrand): Vous Êtes très prudent.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Iles, brièvement.
M. Bélisle: Peut-être que oui ou peut- être
que non?
M. Guy: Peut-être que oui, peut-être que non.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous pourriez, M. le
président... Écoutez, je pense que les membres de la
commission... Est-ce que vous pourriez nous le faire parvenir, si c'est
possible?
M. Guy: Je ne m'engagerai pas à le faire pour la simple
raison, comme je vous l'ai dit - je pense que c'est assez important - que c'est
un outii de gestion interne. C'était le but de cette étude. Ce
n'est pas une étude pour aider le public. C'est pour aider la
commission, dans sa gestion, à savoir: Est-ce qu'elle doit
améliorer certains services? Est-ce qu'elle doit ajouter certains
services? Est-ce qu'elle doit apporter certains correctifs?
Le Président (M. Lemieux): Mais vous êtes bien
conscient, M. le président de la Commission des valeurs
mobilières, que le mandat de notre commission est justement de regarder,
en vertu de notre règlement, les orientations et les activités de
gestion de la Commission des valeurs mobilières.
M. Bélisle: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, s'il vous plaît.
M. Bélisle: Je ne veux pas conclure sur une mauvaise note
et je ne veux pas relever ce qui a été dit la dernière
fois. On a de petites impressions, mais le "peut-être", moi, je ne l'aime
pas du tout, mais pas du tout, pas du tout, mais pas du tout. Je pense que le
travail qu'on a fait ici a été très sérieux. Le
temps qu'on s'est donné ou qu'on a mis des deux côtés de
cette commission, c'est pour essayer d'améliorer l'administration d'un
organisme public qui est payé par les impôts des citoyens.
J'aimerais avoir une réponse positive de votre part, mais pas une
réponse où je sens un sentiment de méfiance
vis-à-vis de nous autres. J'aimerais, en tant que représentant
des contribuables, que vous envoyiez à M. le président de la
commission, dans les meilleurs délais - c'est une demande que je
formule, M. le Président - le résultat de cette enquête
statistique où il ne devrait pas y avoir de secrets d'État. Je ne
pense pas que ce soient des secrets d'État qu'on va vous livrer
là-dedans. Cela va peut-être nous aider à compléter
nos recommandations et cela va peut-être vous aider à vous
améliorer, avec notre vision des choses.
Le Président (M. Lemieux): M. le président de la
Commission des valeurs mobilières.
M. Guy: Je pense, M. le Président, qu'on ne se comprend
pas. Il y a une incompréhension. Ce n'est pas du tout une question... Je
pense que tout le monde, moi le premier, trouve l'exercice ici très
important. Cela n'a rien à voir avec cela. Je pense que c'est comme
n'importe quelle entreprise qui, à un moment donné, fait faire
une étude pour l'aider dans sa gestion. Est-ce qu'on doit rendre cette
étude publique? Moi, je ne le pense pas. Je pense que c'est ça
l'affaire. C'est une question d'outil de gestion interne. C'est cela la
question. Ce n'est pas une question de méfiance. Ce n'est pas de dire:
Est-ce qu'on devrait donner le rapport à quelqu'un? Il s'agit de savoir
si une entreprise va dévoiler publiquement: Voici ma gestion; il y a
telle faille; je dois l'améliorer à tel endroit. Je ne suis pas
convaincu et je pense que c'est ça l'affaire.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, vous
n'êtes pas sans savoir que nous aurions le pouvoir de vous demander ce
document en vertu de la Loi sur l'Assemblée nationale. On n'aurait
qu'à présenter une motion. Ce n'est pas l'intention de cette
commission de le faire. Je pense qu'on a procédé avec beaucoup de
collaboration et de concertation de part et d'autre.
Nous avons pris sous réserve la demande du député
de Mille-Îles. Je verrai ce que les autres membres de la commission
auront à dire. Nous allons entendre tout à l'heure M. le ministre
délégué à la Privatisation. Mais l'exercice de
cette commission se veut dans un cadre beaucoup plus communicatif, vous le
comprendrez. Elle ne veut pas, et je l'ai dit dès le début, jouer
un rôle d'enquêteur. Elle est là tout simplement pour
respecter son mandat réglementaire qui lui a été
donné dans le cadre de la réforme parlementaire.
Je vais conclure là-dessus. J'inviterais M. le... Je vous
remercie d'abord, M. le président de la Commission des valeurs
mobilières de vous être déplacé, de nous avoir fait
part de vos observations qui, je vous l'avoue, sont très enrichissantes.
Je ne voudrais pas que vous ayez l'impression que cela se termine sur une
mauvaise note. Je ne le crois pas. Comme le dit le député de
Mille-Îles, ce n'est pas fini. Nous allons maintenant entendre M. le
ministre délégué à la Privatisation et aux
Finances. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Guy: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: Est-ce qu'on doit terminer automatiquement à
22 heures ou si on peut déborder de quelques minutes?
Le Président (M. Lemieux): Non. Je crois que nous aurons
te consentement pour vous entendre en totalité. Il y a plus de deux
heures que vous attendez, M. le ministre.
M. Fortier: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Depuis le début que vous
suivez les travaux de cette commission, je crois qu'il y aura effectivement
consentement pour que nous ayons à vous entendre en totalité, M.
le ministre.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Bien, ce n'est pas pour moi. C'est pour vous.
Mes premiers mots sont pour féliciter les deux côtés
de la Chambre, comme on dit. Quand j'étais dans l'Opposition, alors que
nous avions changé le règlement, j'avais souhaité à
maintes reprises moi-même qu'une commission puisse, en l'absence du
ministre responsable, étudier un sujet comme celui-là. Je dois
dire que j'ai suivi les débats de loin mais que je les ai suivis quand
même. Je m'en réjouis parce que ce ne sont pas des sujets qui sont
faciles. Comme vous avez pu le voir, ce sont des sujets techniquement
difficiles. L'audition que vous avez eue des différentes personnes qui
sont venues ici a pu donner aux membres de la commission un éclairage
qui vous permettra de faire des recommandations, le cas échéant,
à l'Assemblée nationale.
Je voudrais que mon intervention soit très claire. Je ne voudrais
pas intervenir puisque les règles - excusez ma voix, M. le
Président. J'ai eu une très mauvaise grippe la semaine
dernière - de la commission voulaient justement qu'une commission
parlementaire puisse étudier un sujet en l'absence du ministre. Alors,
je crois que l'intention des nouveaux règlements de la Chambre voulait
justement permettre aux membres d'une commission de faire des recommandations
sans égard nécessairement à ce que le gouvernement pouvait
penser.
Mais, lorsque vous m'avez invité, j'ai quand même cru que
cela pourrait être utile de vous donner quelques éclairages sur ce
que je pouvais peut-être penser sur certains aspects. Vous m'aviez
posé deux questions en particulier. D'une façon
générale, comme vous le savez, M. le Président, j'aurai
à faire des recommandations au gouvernement avant le mois de janvier
1988. Le rapport sera déposé à l'Assemblée
nationale. Le législateur a voulu qu'avant janvier ]988 j'aie à
faire des recommandations précises sur la loi.
Je dois vous dire qu'après avoir écouté et
après avoir étudié le dossier moi-même je ne crois
pas qu'il faille faire des changements qui seraient d'ordre substantiel,
c'est-
à-dire de changer la loi de fond en comble, Je crois qu'il y a
peut-être des ajustements, il y a peut-être des orientations
à donner. Et je voudais peut-être aborder le sujet en tentant de
répondre aux deux questions que vous m'avez posées.
La première question était: quelle est la conception du
ministre du rôle de la Commission des valeurs mobilières dans les
initiatives et le développement des activités de nature
économique? Bien sûr, j'ai entendu différents intervenants
parler de ce sujet. Il faudrait définir ce qu'est une intervention de
nature économique parce qu'on a parlé de réglementation
économique, et j'avais l'impression qu'on utilisait le concept pour de
très nombreuses applications, autant pour un règlement
très précis, très détaillé que pour une
orientation générale.
J'aimerais tout simplement dire qu'en vertu de l'article 276, bien
sûr, la commission est chargée d'administrer la loi. Ce n'est donc
pas le ministre qui a la responsabilité de l'administration de la loi.
Cela vaut autant pour l'Inspecteur général des institutions
financières. Ce dernier est chargé de l'administration de la loi,
mais c'est la commission qui en est responsable.
Vous connaissez la mission de la commission puisque vous en avez
étudié les différents objectifs qui sont dans la loi
même. On a fait allusion à ses nombreuses attributions et en
particulier au fait que la commission peut, en vertu de l'article 274 de la
loi, établir des instructions générales définissant
les exigences de l'application de l'article 276, à l'intérieur de
la discrétion qui lui est conférée, et cette
discrétion est très grande.
À mon avis, la mission principale de la commission est de
protéger les épargnants; je crois que c'est très clair. La
commission a également comme fonction de s'assurer de la bonne marche du
marché des valeurs mobilières. C'est là un objectif qui
est difficile à atteindre, bien sûr. La commission pose de
nombreux gestes, comme M. Paul Guy vient de vous le dire. Mais, dans la mesure
où la commission pose des gestes qui pourraient peut-être aller
dans le sens d'une politique économique, ce qu'on appelle en anglais le
"policy-making", je crois, à ce moment-là, que le gouvernement ou
le ministre responsable devrait être en mesure de donner cette
orientation. J'ai peut-être l'impression que c'est ce que plusieurs des
intervenants ont voulu dire, M. Forget et d'autres. Autrement dit, dans quelle
mesure le gouvernement, qui, en 1983, a délégué à
peu près totalement, M. Forget l'a bien signifié... Il n'existe
plus de ministère des Institutions financières. Je n'ai plus de
fonctionnaires, au ministère des Finances, qui ont la
responsabilité des institutions financières. Les
responsabilités ont été déléguées
totalement à l'Inspecteur général des institutions
financières, qui a absorbé la quasi-totalité des
fonctionnaires qui étaient au ministère des Institutions
financières. D'autre part, le législateur a
délégué au président de la Commission des valeurs
mobilières l'administration de la Loi sur les valeurs
mobilières.
Il reste donc que, selon la loi, le ministre des Finances est quand
même responsable de ces lois, mais n'a pas sous ses ordres, de
façon tangible, des fonctionnaires, comme on en trouve dans d'autres
ministères. Mais, en réponse à votre question, je crois
que le gouvernement a certainement une responsabilité dans le secteur de
ce qu'on peut appeler la politique économique; j'entends par là,
bien sûr, les questions de propriété
étrangère. Doit-on ou non permettre à des étrangers
de posséder des maisons de courtage au Québec? Doit-on ou non
permettre à des étrangers d'acheter des compagnies d'assurances
existant au Québec? Je crois que ce sont des questions fondamentales
d'orientation économique auxquelles le gouvernement et le ministre de
tutelle devraient être en mesure de donner certaines orientations. Je
m'en aperçois chaque fois que nous avons des réunions
fédérales-provinciales, d'autant plus qu'il y a une
nécessité de négocier certains de ces problèmes
avec d'autres gouvernements, que ce soit celui de l'Ontario ou le gouvernement
fédéral. Il faut donc que le ministre puisse, à un certain
moment, donner la direction et la ligne de conduite que le gouvernement
désire tracer.
C'est la raison pour laquelle je dis, dans le petit texte que j'avais
préparé, que, bien sûr, la commission peut procéder
par instructions générales, comme l'y autorise la loi. Je
croirais - c'est difficile à définir à ce moment-ci - que
dans la mesure où ces instructions générales sont
reliées à une politique économique elles doivent
être au préalable approuvées par le ministre. Par ailleurs,
j'aimerais insister là-dessus, je ne crois que nous voulions revenir
à l'état de fait qui existait dans le passé ou dans les
années très antérieures - c'est plus récent dans le
cas de l'Inspecteur général des institutions financières -
où le ministre avait le pouvoir de donner des directives en ce qui
concerne le traitement de tel et tel dossier. Autrement dit, la Commission des
valeurs mobilières a un rôle quasi judiciaire et a un rôle
administratif. Je ne crois pas que l'on veuille revenir à ce qui
existait antérieurement, il y a plusieurs années, où le
ministre avait peut-être un pouvoir d'intervention. II n'a pas ce
pouvoir; je ne crois pas qu'il devrait l'avoir. (22 heures)
Mais, dans la mesure où la commission propose de nouvelles
politiques qui peuvent avoir des incidences économiques et qui peuvent
également avoir un impact non
seulement sur les sociétés qui oeuvrent dans le secteur
valeurs mobilières mais dans d'autres secteurs qui relèvent de
l'Inspecteur général des institutions financières - et
vous avez entendu aujourd'hui d'ailleurs le représentant du secteur des
assurances de ce secteur - je crois qu'à ce moment-là le ministre
doit jouer un rôle, et, dans la mesure où on peut définir
ce rôle d'orientation économique, je crois que le ministre
responsable, au nom du gouvernement, devrait pouvoir intervenir.
En ce qui concerne la deuxième question que vous m'avez
posée, à savoir s'il y a lieu d'établir un
mécanisme de communication, j'aimerais dire tout d'abord que les
relations avec le président sont très faciles. J'ai établi
des contacts avec lui. De toute façon, l'article 303 de la loi me
permet, en tant que ministre responsable, de demander au président de la
Commission des valeurs mobilières de fournir tout renseignement et tout
rapport qui me sont nécessaires pour comprendre les activités de
la commission. Est-ce qu'on peut se poser la question: Est-ce que, dans la
mesure où la commission voudrait traiter de sujets qui pourraient avoir
un impact dans le domaine de l'économique ou de l'orientation
économique, le ministre devrait, dans la loi, pouvoir compter sur des
pouvoirs plus étendus? Je ne suis pas en mesure d'en traiter
aujourd'hui. Vous avez entendu les différentes personnes et les
différentes associations qui sont venues en commission parlementaire.
Vous serez vous-même en mesure de faire des recommandations et je
recevrai ces recommandations avec beaucoup d'à-propos. J'ai
demandé moi-même au comité consultatif que j'ai
formé de se pencher sur cette question. Je ne suis pas sûr qu'il
soit nécessaire de faire des amendements à la loi. S'ils
étaient nécessaires, ces amendements seraient, de toute
façon, très minimes et uniquement pour doter le ministre de
certains pouvoirs d'orientation économique vis-à-vis de certaines
activités d'importance de la commission.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le ministre?
M. Fortier: J'ai terminé. J'avais d'autres aspects, mais
étant donné l'heure, M. le Président, j'ai
abrégé le texte.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Très brièvement, M. le
ministre, quand, au haut de la page 6, vous mentionnez qu'à votre avis
la mission principale de la commission est d'assurer la protection des
épargnants, on est tout à fait en accord. Ce que je comprends
mal, c'est l'importance que doit avoir, à mon avis, la volonté
politique de vouloir tout mettre en oeuvre en fonction de cette mission
principale qu'est la protection des épargnants et je ne sens pas,
là-dedans et dans la réponse que vous nous fournissez
aujourd'hui, une volonté politique. Elle semble être beaucoup plus
en réaction, à savoir si la commission - et je pense que la
commission continuera de bien faire son travail -propose des initiatives ou des
choses pour assurer davantage cette mission... Par rapport à
l'évolution de ce marché, au cours des dernières
années, et par rapport à ce qui se présente pour les
prochaines années à venir, il me semble fondamental et important
qu'un certain leadership soit assuré avec une volonté politique,
et je ne la sens pas de votre part en tant que ministre
délégué.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: Remarquez bien qu'on ne m'avait pas posé
pertinemment la question là-dessus. Il est certain - et je crois que le
président de la Commission des valeurs mobilières l'a
souligné lui-même - que la protection de l'épargnant
amènera la commission et le ministre qui vous parle à proposer
des amendements à la loi sur la Commission des valeurs
mobilières. C'est donc dire que nous avons déjà, en
consultation avec la commission, dégagé certains amendements qui
seront requis pour donner plus de "dents" à la loi et que, très
bientôt, si vous voulez prendre cela comme un intérêt
à cet aspect de la protection de l'épargnant, j'aurai à
déposer des amendements à la loi sur la Commission des valeurs
mobilières. J'ose espérer le faire prochainement.
Ces amendements toucheront principalement les offres publiques d'achat
et tout le secteur des initiés. Je crois que c'est l'un des aspects
impartants puisque, comme vous le savez, après ce qui s'est passé
à New York - vous n'avez qu'à lire les journaux -et après
ce qui s'est passé à Londres en particulier, il est important que
nous protégions les épargnants contre les agissements de
personnes qui ont accès à une information
privilégiée. Lorsque je déposerai ce projet de loi, ces
quelques amendements à la loi, vous verrez également que nou3
proposerons à l'Assemblée nationale d'augmenter les
pénalités lorsqu'il y aura infraction. On a souligné, je
crois, que les pénalités étaient peut-être trop
faibles, L'Ontario a déjà proposé des amendements à
sa loi dans ce sens. Nous irons exactement dans le même sens puisque les
pénalités seront de l'ordre du million de dollars ou de trois
à quatre fois les bénéfices qui pourront être
encourus par ceux qui auraient été
avantagés par une information privilégiée.
M. le député, je voudrais vous rassurer. Si je n'ai pas
insisté là-dessus, c'est que les autres aspects étaient
ceux dont je voulais traiter. Mais je voudrais vous rassurer; toutes les
initiatives de la commission pour s'assurer de la protection de
l'épargnant reçoivent mon entière collaboration.
Si vous me le permettez, M. le Président. On a fait état
des ressources dont aurait besoin la commission pour remplir sa mission. Je
vous rappellerai que je ne suis responsable de ce dossier que depuis cinq mois.
Dès le début, j'ai voulu, comme vous l'avez fait vous-même,
comprendre le dossier et voir quels étaient les gestes que nous devions
poser. De fait, la commission avait fait des demandes, et deux en particulier
dont l'une touchant tout le secteur de l'informatique. À mon avis,
c'était une demande très légitime que j'ai transmise au
Conseil du trésor. Je n'ai pas reçu l'approbation finale, mais on
m'Indique que nous avons obtenu du Conseil du trésor \ un montant de 663
000 $; c'est donc un budget important. Cela permettra à la Commission
des valeurs mobilières de se doter d'un système informatique qui
lui permettra en particulier de se brancher aux ordinateurs de la Bourse de
Montréal, de faire le traitement de données et cela permettra
à ses analystes d'avoir accès à la meilleure
information.
En ce qui concerne le personnel, j'ai déjà entamé
des discussions avec la Commission des valeurs mobilières à ce
sujet. Je sais que vous avez posé des questions au président de
la Commission des valeurs mobilières. J'ose espérer que votre
rapport indiquera ce que les membres de la commission pensent à ce
sujet. Je suis en période de réflexion. Soyez assurés que
je suis bien conscient que la commission doit traiter de très nombreux
dossiers, en quantité beaucoup plus considérable qu'il y a deux
ans ou quatre ans. En bon administrateur, il était nécessaire,
pour moi, de faire le tour du jardin, de voir ce qui était fait avec le
personnel en place. Je peux vous assurer que s'il me fallait retourner au
Conseil du trésor pour obtenir des sommes d'argent
supplémentaires, si les besoins sont confirmés, à ce
moment-là, c'est un geste que je poserai avec beaucoup de plaisir.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions ou d'autres questions à poser à M. le ministre?
Comme il n'y a pas d'autres interventions, M. le ministre, je vous remercie de
nous avoir fait état de notes relativement à la consultation
particulière que nous tenons dans le cadre des activités, des
orientations et de la gestion de la Commission des valeurs mobilières.
Nous vous remercions de votre présence et de votre collaboration. M.
Fortier: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Nous ajournons sine die les
travaux de la commission.
(Fin de la séance à 22 h 9)