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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration commence ses travaux.
Nous sommes réunis afin de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère des Approvisionnements et
Services pour l'année financière 1987-1988.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, M. Chevrette
(Joliette) remplace M. Parent (Bertrand).
Approvisionnements et Services
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
secrétaire.
Une période de cinq heures a été allouée
à l'étude des crédits de ce ministère en deux
périodes de deux heures trente, une ce matin et une cet
après-midi.
Nous allons maintenant procéder aux déclarations
d'ouverture. J'inviterais, dans un premier temps, M. le ministre et le porte
parole de l'Opposition à faire des remarques préliminaires, s'il
y a lieu. M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Gilles
Rocheleau
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Encore une fois
cette année, il m'est très agréable de me présenter
devant cette commission parlementaire afin de participer à
l'étude des crédits de la Société
immobilière du Québec, du Bureau de la protection civile du
Québec, de la Régie des installations olympiques et du
ministère des Approvisionnements et Services pour l'année
financière 1987-1988.
Comme je l'avais fait l'an dernier, je voudrais vous indiquer que
l'ensemble des crédits que je soumets à l'analyse de la
commission s'inscrit dans le cadre de l'orientation générale
promise par le Parti libéral depuis longtemps et imprimée par
notre gouvernement depuis décembre 1985. Encore une fois cette
année, vous noterez que les crédits de nos trois organismes et du
ministère sont le reflet de ma volonté très ferme de
continuer à contribuer au redressement des finances publiques et au
développement optimal de l'activité économique dans toutes
les régions du Québec.
Les crédits soumis à votre étude témoignent
aussi de notre volonté d'apprendre à faire plus et mieux avec
moins, de mieux évaluer le coût de nos actions et de nos
décisions, de rechercher l'excellence dans l'accroissement de la
productivité, de mettre un frein au gaspillage, d'augmenter le rendement
de nos investissements, de rebâtir la force économique du
Québec, de couper les dépenses non essentielles et de nous
soumettre à une discipline constante, rigoureuse et souvent
difficile.
La Société immobilière du Québec. M. le
Président, l'an dernier, j'indiquais à cette commission que
j'allais exiqer que la Société immobilière du
Québec contribue encore plus étroitement et de façon plus
dynamique à l'effort de rationalisation et de réduction des
dépenses gouvernementales tout en accroissant son efficacité et
en créant une atmosphère qui améliore la qualité de
ses relations avec ses ministères et organismes clients.
J'avais aussi indiqué que l'année qui vient de
s'écouler devait permettre à la Société
immobilière du Québec de jeter les bases du parachèvement
de son plan directeur pour la gestion immobilière dans les zones de
Québec et de Montréal et d'actualiser ses diverses
prévisions de besoins immobiliers dans toutes les régions du
Québec pour les cinq prochaines années.
Fort de l'état d'avancement de ces grandes orientations et
solidement appuyé par le nouveau dynamisme des dirigeants de
l'organisme, je voudrais vous associer très intimement à mon
grand objectif d'assurer, par le personnel du ministère, une meilleure
surveillance générale de notre parc d'espaces, de planifier nos
besoins sur une base triennale et de rationaliser l'ensemble des demandes. Dans
cette démarche, il sera aussi essentiel d'amener la
Société immobilière du Québec à se doter
d'une politique de tarification basée sur les coûts réels,
tout comme il faudra nous équiper d'une politique qui nous permette
enfin de connaître l'inventaire des biens et services dont dispose
l'ensemble de nos ministères et organismes clients.
À cette fin, je vous expose que la
Société immobilière du Québec devrait, pour
1987-1988, pouvoir bénéficier d'un budget de fonctionnement de
l'ordre de 361 910 100 $ comportant un financement gouvernemental de 340 051
100 $ et d'un budget d'immobilisations de 89 375 000 $.
Quant à la protection civile, si vous me le permettez, M. le
Président, plutôt que de prendre chacun, j'aimerais vous faire
l'ensemble des commentaires préliminaires et, par la suite, on pourra
prendre chacun des organismes.
Le Président (M. Lemieux): Je crois que M. le
député de Joliette va faire la même chose.
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous pouvez continuer,
M. le ministre.
M. Rocheleau: Parfait, merci.
Dans un autre ordre d'idée, M. le Président, le laxisme
préélectoral de 1984-1985 m'avait amené l'an dernier
à vous faire savoir que j'avais exigé du Bureau de la protection
civile du Québec qu'il nous dépose une série de
réglementations visant à resserrer les définitions trop
souples de "sinistre" ou de "désastre" et à encadrer plus
rigoureusement l'accès aux divers programmes d'aide financière
à l'intérieur des orientations que j'avais fait
connaître.
Cet objectif de rationalisation avait d'ailleurs été
endossé respectivement par le député de Joliette, leader
de l'Opposition, et par le député de Jonquière, qui
m'avait indiqué à ce moment-là, dans le premier cas, qu'il
était conscient qu'il fallait responsabiliser les gens et qu'il
était d'accord avec des resserrements, et, dans le second, qu'il croyait
que la position de l'Opposition allait être de concourir, comme lui,
à toute réglementation visant à économiser les
deniers publics. Là, comme ailleurs, nous devions réapprendre
à vivre selon nos moyens et à responsabiliser les personnes ou
organismes susceptibles de contribuer à cet effort.
Depuis cette date, plusieurs initiatives ont été
amorcées en ce sens et, le 22 décembre dernier,
j'annonçais la création d'un comité consultatif sur
l'interprétation et l'application de la Loi sur la protection des
personnes et des biens en cas de sinistre, plus particulièrement en
matière d'inondation. Présidé par le député
de Montmagny-L'Islet, ce comité consultatif de six personnes a
prolongé ses travaux jusqu'à tout dernièrement et il est
actuellement à rédiger son rapport et ses recommandations que
j'espère pouvoir rendre publics au cours des prochaines semaines.
C'est ainsi que pour l'année financière 1987-1988, le
Bureau de protection civile du
Québec s'est fixé les priorités suivantes: revoir
la politique gouvernementale de prévention des sinistres et de mesures
d'urgence à prendre en cas de sinistre; accroître son rôle
de conseiller auprès du monde municipal en matière de
prévention des sinistres et de mesures d'urgence et poursuivre sa
révision de la politique gouvernementale d'aide financière
principalement pour les préjudices subis lors d'inondations.
À cet effet, pour 1987-1988 le Bureau de la protection civile
devra se voir octroyer des crédits de 4 927 200 $ dont un peu plus de
630 000 $ seront consacrés au loyer et 3 542 000 $ aux salaires et
rénumérations diverses.
En ce qui concerne la Régie des installations olympiques, le 1er
mai 1986, je vous faisais savoir qu'elle avait reçu comme mandat
prioritaire de chercher à rentabiliser ses activités; de mettre
tout en oeuvre pour attirer de plus en plus de clientèles; de servir
d'outil de promotion et de pôle d'attraction touristique pour
Montréal et de conjuguer ses efforts à ceux de tous les autres
intervenants locaux pour développer des stratéqies visant
à faire de Montréal, et par ricochet de tout le Québec,
une destination tourisme, vacances ou affaires de tout premier choix au pays et
outre frontières.
Depuis cette date, nous avons accru le budget marketinq de la RIO de 700
000 $. Le toit du stade olympique a été mis en place dans les
délais prévus avec un énorme succès publicitaire et
le 23 avril dernier, j'avais le plaisir d'annoncer que, sur la recommandation
du conseil d'administration de la RIO, notre gouvernement a accepté
d'injecter un autre montant de 12 800 000 $ dans le parachèvement des
installations olympiques.
J'indiquais à cette occasion que la décision de notre
gouvernement a été prise dans le but de protéger
l'intérêt des contribuables du Québec, d'augmenter
sensiblement la fréquentation de l'ensemble du Parc olympique et
d'atteindre un niveau maximal de rentabilisation des activités annuelles
de la RIO.
Je précisais que cette somme de 12 800 000 $ serait investie de
la façon suivante: 1 500 000 $ pour corriger la signalisation et
réaliser divers aménagements publicitaires; 1 800 000 $ pour le
raccordement fonctionnel du stade et de la tour; 4 500 000 $ pour des
aménagements spécifiques devant permettre la tenue, douze mois
par année, de salons et de spectacles dans le stade,
événements qui rapporteront des profits importants et permettront
de rentabiliser les activités annuelles et, finalement, 5 000 000 $ pour
développer un centre d'accueil touristique au débarcadère
sis à la base du funiculaire ainsi qu'aux
niveaux 588 et 599 de la tour.
J'ai aussi fait savoir que l'ensemble de ces travaux de raffinement des
installations olympiques, sauf peut-être pour ceux prévus aux
niveaux 588 et 599 de la tour, seraient réalisés par le recours
au processus de soumissions publiques. Cette enveloppe budgétaire de 12
800 000 $ sera prise à même le budget de construction de la RIO,
dont 9 400 000 $ seront financés par le fonds spécial olympique
et 3 400 000 $ seront pris à même le budget d'exploitation.
Quant au ministère des Approvisionnements et Services, promise
devant cette commission en mai 1986, la création du nouveau
ministère des Approvisionnements et Services a été
confirmée officiellement le 19 juin 1986. Pour l'année
financière 1987-1988, le ministère retiendra des crédits
de l'ordre de 42 615 900 $ et des effectifs de 553 personnes.
Plus précisément, M. le Président, à la
suite de la publication du rapport Pomminville, une série d'initiatives
sont actuellement prévues visant la simplification de la
réglementation, une meilleure application du concept de la
régionalisation et le resserrement de certaines mesures administratives
favorisant un meilleur contrôle du ministère sur le processus
d'adjudication des contrats.
C'est ainsi que j'ai déjà fait savoir que le
ministère vise à atteindre, très rapidement, un haut
niveau d'efficience qui le positionne à l'étage supérieur
des ministères à vocation économique ultra-performants.
Pour ce faire, j'entends d'ici peu de temps, rendre public un document
susceptible de devenir le fondement et la politique du gouvernement en
matière de contrats de services, politique qui pourra ensuite servir de
modèle en matière de contrats relatifs à l'achat de
biens.
Je souhaite ardemment que cette politique en voie de préparation
nous permette enfin d'imprégner le processus d'adjudication et de
gestion des contrats gouvernementaux du caractère le plus impartial qui
soit, face à tous les fournisseurs de biens ou de services.
Je voudrais ainsi maximiser les possibilités d'accès aux
contrats gouvernementaux en permettant à tout fournisseur
qualifié de pouvoir offrir des services dans la transparence,
l'équité, l'objectivité et le respect des règles
les plus strictes de l'éthique.
J'espère aussi, à très court terme, être en
mesure de confirmer dans les faits l'intention de notre gouvernement de
promouvoir le concept de la régionalisation du processus d'adjudication
des contrats en garantissant une meilleure accessibilité aux
fournisseurs régionaux. Ce faisant, nous pourrions contribuer au
développement d'une économie régionale forte en favorisant
l'attribution des contrats gouvernementaux à des fournisseurs de biens
ou de services véritablement établis dans les régions
d'exécution des dits contrats ou d'utilisation des dits produits. Il va
sans dire qu'il nous faudra aussi maintenir un contrôle très
strict des rapports qualité-prix dans l'ensemble du processus
d'adjudication des contrats.
Considérant que notre ministère en est un à
vocation horizontale dont le rôle est de fournir des soutiens de gestion
de biens et de services à plus de 80 ministères et organismes
clients, nous voudrons préciser la portée de certains articles de
la loi qui nous a constitués afin d'en définir les limites et
l'application ainsi qu'afin d'assurer un fonctionnement plus homogène
dans l'ensemble des ministères et organismes.
De plus, tout en révisant l'ensemble du processus d'acquisition
de biens, nous contribuerons davantage à assainir les dépenses
publiques en nous dotant d'une politique de gestion du matériel qui
englobe la planification, l'acquisition, l'entreposage, l'utilisation et le
contrôle des biens publics.
Comme l'actuelle politique d'achat préférentielle n'a pas
été révisée depuis 1977, nous aurons aussi à
l'évaluer et à l'actualiser à ta lumière des
objectifs que j'ai déjà énumérés plus
tôt.
M. le Président, je vous remercie ainsi que les membres de la
commission de votre tolérance et après les remarques
préliminaires de l'Opposition, il me fera plaisir de discuter, en
détail, de chacun des programmes inclus dans ces diverses demandes de
crédits. Je vous présenterai à ce moment-là les
membres de mon ministère qui sont avec moi, ce matin, dans le but de
faciliter certaines réponses techniques aux demandes, soit de
l'Opposition ou des membres du côté ministériel. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Joliette, leader de l'Opposition officielle pour vos
remarques préliminaires. M. le député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrettes Oui, merci, M. le Président. Tout d'abord,
vous vous rappellerez que, Pan dernier, au cours de cette période de
l'étude des crédits, je concluais ma déclaration
d'ouverture en disant au ministre des Approvisionnements et Services qu'il
pouvait compter sur l'Opposition officielle pour collaborer à toute
initiative visant à renforcer l'intégrité de
l'État, mais que nous dénoncerions toute tentative de recul et de
retour à des comportements indésirables.
Or, à quoi avons-nous assisté depuis 18 mois? Â une
opération que le ministre lui-
même définissait fort bien dans le discours qu'il
prononçait le 13 novembre 1986 et qu'il répétait
d'ailleurs le 17 mars 1987 alors qu'il déplorait que le Service des
achats du gouvernement ait fonctionné sans gouvernail politique sous le
gouvernement précédent.
Or, quand on analyse certains gestes que le ministre a posés
depuis 18 mois, on ne peut que s'inquiéter de la réapparition du
gouvernail politique dans le domaine de l'approvisionnement et des services. Je
dis bien de la réapparition parce que c'est quasiment... D'ailleurs, par
rapport aux objectifs, je vous renverrai tout de suite au haut de la page 9 du
discours que le ministre lui-même vient de prononcer, et l'un de ces
objectifs, au tout premier paragraphe, c'est: un meilleur contrôle du
ministère sur le processus d'adjudication de contrats.
En effet, le ministre tente d'abord maladroitement de diriger le
gouvernail politique vers le Service des achats du gouvernement et demande
à son vieil ami, M. Roger Pomminville, de produire un rapport qui
pourrait discréditer le plus possible le fichier central des
fournisseurs, appelé Rosalie, instrument pourtant essentiel au retrait
du patronage et au maintien de l'intégrité du gouvernement du
Québec. Or, le rapport Pomminville, payé à même la
masse partisane du ministère, n'est qu'un recueil de données
souvent mal comprises, qui dénote plutôt l'incompétence de
ses auteurs à traiter de ce type de données qu'à des
carences réelles du système.
Déjà, le ministre donnait une bonne indication de ce que
signifie l'expression "gouvernail politique" et il dirigeait ensuite le
gouvernail vers la Société immobilière du Québec
où il installe confortablement un ami libéral, M. Miville Vachon,
qui devient grand patron de la société.
Dès lors, nous sommes plongés dans l'affaire Chinic, qui
se solde par l'octroi de 13 000 000 $ de contrats sans soumissions à des
sympathisants, des gens d'affaires, qui préfèrent le contact des
ministres et de leurs amis au processus équitable des soumissions
publiques.
On assiste alors à un concert de pressions pour satisfaire
quelques individus. Trois ministres, dont le président du Conseil du
trésor, interviennent personnellement et collaborent afin
d'écarter le conseil d'administration de la Société
immobilière du Québec, grâce à la collaboration du
président-directeur général, M. Miville Vachon.
M. Vachon annonce d'ailleurs clairement ses couleurs: "La
société d'État doit agir selon les ordres du
gouvernement". Voilà que le gouvernail politique s'installe à la
société d'État où nous avons tôt fait
d'assister à un chambardement des structures et des personnes qui
puissent convenir davantage à la nouvelle direction branchée sur
le pouvoir politique.
Puis, le qouvernail politique s'installe à demeure. On
crée un nouveau ministère pour diriger les organismes qui
auraient pourtant dû demeurer le plus autonomes possible, car enfin la
question se pose toujours: Pourquoi a-t-on besoin d'un ministère pour
chapeauter quatre organismes dont les lois constituantes prévoient
qu'elles jouissent d'une autonomie légale?
Il faut se rappeler que la Direction générale des achats
est un organisme autonome, que la Société immobilière et
la Régie des installations olympiques sont même dotées de
conseils d'administration et que le Bureau de la protection civile fonctionne
également de façon autonome. Non, M. le ministre, ces organismes
n'ont pas besoin de gouvernail politique, ils ont, au contraire, besoin
d'objectivité et doivent évacuer les intrusions politiques
inopportunes.
Même dans le dossier de l'indemnisation des victimes d'inondation,
le ministre a accumulé les mauvaises décisions si bien qu'il ne
sait plus à quel comité se vouer pour se tirer d'embarras.
Cependant, pendant ce temps, ce sont les victimes d'inondation qui doivent
endosser les injustices créées par des décisions
inacceptables du ministre des Approvisionnements et Services. Nous reviendrons
sur ce point et nous demanderons au ministre de modifier à cet
égard son attitude figée et injustifiable.
Le ministre n'hésite même pas à tourner
maladroitement son gouvernail politique vers la Régie des installations
olympiques en laissant supposer ou planer, pour tenter de se sortir du
pétrin de Chinic, que des présumés scandales existeraient
à la RIO. Cela aussi c'est indigne, et nous en reparlerons plus tard au
cours de cette séance.
M. le Président, le ministre ne cesse de nous inquiéter.
Il accumule les mauvaises décisions et confie à des
comités ses problèmes de confusion. II faut que tout cela cesse.
Nous devons, dans le secteur des approvisionnements et services, remettre
résolument le cap sur l'autonomie des orqanismes qui assument ces
responsabilités. C'est à ces conditions que les citoyens et
citoyennes du Québec pourront avoir l'assurance que les fonds publics
servent le public en qénéral et non les amis politiques en
particulier.
Il n'est pas trop tard pour revenir au bon sens, à
l'équité, et à redonner à ces orqanismes toute la
crédibilité qu'ils s'étaient acquise. Nous attendons du
gouvernement qu'il mette en cale sèche son gouvernail politique et qu'il
base sa politique des approvisionnements et services sur une autonomie
exemplaire à garantir aux organismes responsables de ces
matières.
M. le Président, je reviendrais sur chacun des points plus en
détail au moment
propice.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le leader
de l'Opposition. Est-ce qu'il y a d'autres membres de cette commission qui
désirent faire des remarques préliminaires? Il n'y a pas d'autres
membres de cette commission qui désirent faire des remarques
préliminaires. En conséquence, j'appelle...
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau:... est-il possible, dans les minutes que je n'ai
pas utilisées, d'apporter certains commentaires ou certaines
précisions à l'énoncé que le leader de l'Opposition
faisait à l'intérieur de l'entrée en matière des
discussions que nous avons ce matin?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'à cet effet,
étant donné qu'il s'agit de remarques préliminaires, M. le
leader de l'Opposition, il y a consentement? (10 h 30)
M. Chevrette: Pour autant que la mesure vaut pour les deux, il
n'y a pas de problème.
Le Président (M. Lemieux): Au chapitre des remarques
préliminaires, on s'entend bien. On n'est pas à l'étude
des programmes. C'est pour cela que je demande le consentement.
M. Chevrette: Je suppose que c'est à l'intérieur
des 20 minutes qui sont allouées à chacun.
Le Président (M. Lemieux): Oui, à
l'intérieur des vos 20 minutes.
M. Chevrette: Combien a-t-on pris de temps tous les deux, pour le
"fun"?
Le Président (M. Lemieux): Quatorze minutes, pour M. le
ministre et sept minutes, pour vous, M. le leader de l'Opposition. M. le
ministre, voulez-vous me permettre, pour l'information des membres de la
commission, de donner quelques éléments de procédure? Je
vais faire cela rapidement.
Dans le cadre de l'étude des crédits, chaque membre peut
parler 20 minutes pour chaque élément d'un programme. Ce temps de
parole peut se faire en une ou plusieurs interventions. Seuls les
éléments d'un programme comme tels vont engendrer un temps de
parole. En ce qui concerne M. le ministre, en vertu des articles 287 et 209, le
président doit céder la parole au ministre lorsque ce dernier
désire intervenir à la suite d'une intervention. M. le ministre,
je dois vous céder la parole si vous désirez intervenir à
la suite d'une intervention. Le temps de parole du ministre est de 20 minutes
après chaque intervention. Il peut faire une intervention aussi souvent
qu'il le désire. Sur ce, M. le ministre, vous pouvez...
M. Polak: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: J'ai une question. Est-ce qu'une entente existe
concernant la répartition du temps? Non? L'année dernière,
cela a créé un problème. À notre commission, il y a
des députés qui voulaient aussi intervenir. Hier, cela n'a pas
fonctionné avec Mme Bacon.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, on ne m'a pas informé d'une entente, mais je vais suivre la
tradition en la matière et je vais appliquer les articles 289 et 209. Je
ne voudrais pas vous citer une décision jurisprudentielle, mais je vais
essayer d'agir de la manière la plus équitable possible, tout en
tenant compte de la tradition parlementaire lors de l'étude des
crédits.
M. Chevrette: On n'a pas voulu faire d'entente,
précisément pour ne pas s'enfarger. Il y a des fois où ce
serait avantageux qu'il n'y ait pas d'entente, à part cela.
Le Président (M. Lemieux): Je vais utiliser mon pouvoir
discrétionnaire pour répartir les temps de parole de la
manière la plus équitable possible, selon la règle de
l'alternance, dans la mesure où le temps de l'Opposition sera le plus
équitable possible. Sur ce, M. le ministre, il vous reste sept minutes
pour faire vos remarques préliminaires.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: M. le Président, c'est simplement au sujet
d'une remarque désobligeante qu'a faite mon collègue, leader de
l'Opposition, député de Joliette. À la page 4 de son
document, on peut se resituer, il dit: "Dès lors, nous sommes
plongés dans l'affaire Chinic qui se solde par l'octroi de 13 000 000 $
de contrats sans soumissions à des sympathisants, des gens d'affaires
qui préfèrent le contact des ministres et de leurs amis au
processus équitable des soumissions publiques. "
Je voudrais quand même situer les choses dans leur contexte, M. le
Président. On se souvient, le 18 ou le 19 mars dernier, le
député avait énuméré une liste assez
impressionnante de contributions faites de la
part de la firme Roche, qui avait été mise en cause,
à ce moment-là, dans l'affaire Chinic. On avait cité des
noms dans le Journal de Québec J'avais dit à ce moment-là
qu'il n'était pas question pour nous d'utiliser la Loi sur le
financement des partis politiques à des fins partisanes, puisque la loi
avait été adoptée par l'Assemblée nationale. Je
pense qu'au Canada c'est une des seules lois où il y a une telle
transparence dans le financement des partis politiques.
Par contre, M. le Président, je reprends les déclarations
du leader de l'Opposition ce matin. Même si plusieurs personnes ont
été avisées par le Directeur général des
élections qu'il ne faudrait quand même pas utiliser, à
toutes fins que de droit, les noms de ceux qui versent des contributions, je
n'ai pas d'objection pour autant, si quelqu'un pense que cela peut lui
être utile. Je voudrais simplement indiquer qu'en 1985, on a
accusé le Parti libéral d'avoir reçu des contributions de
la part de Roche pour un montant total de 5820 $. Pour le
bénéfice du leader de l'Opposition, j'aimerais lui indiquer que,
s'il n'a pas regardé les contributions qui avaient été
faites à ce moment-là à sa formation politique, la
même année, 1985, les contributions au Parti
québécois s'élevaient à 8650 $, contributions
légèrement supérieures à celles que le Parti
libéral avait reçues en 1985. Quand on dit: Le contact des
ministres et de leurs amis, quand on parle de sympathisants, on doit
sûrement partager les mêmes sympathisants parce que je
m'aperçois que la firme Roche, comme l'ensemble des firmes importantes
du Québec, participe à l'intérieur du financement des
partis politiques. Je les remercie de contribuer à la démocratie,
de permettre aux formations politiques de faire en sorte de pouvoir informer la
population lors de la campagne électorale et de suivre la
mécanique qui est prescrite à l'intérieur de la loi.
Pour le bénéfice de cette commission, je pense que nous
avons des éléments très positifs, sérieux. Nous
avons des crédits pour l'année en cours qui démontrent une
clarté des orientations vers lesquelles nous nous dirigeons. Et je
souhaiterais, M. le Président, autant que possible que nous nous
limitions à traiter des objectifs, des orientations, tout en permettant
à l'Opposition de ne pas partager les orientations ou les objectifs
qu'on pourrait avoir. Cela est normal et c'est même souhaitable. C'est le
rôle de l'Opposition, et nous le souhaitons, dans cette
forme-là.
En terminant, M. le Président, j'aimerais vous présenter
ceux qui m'accompagnent ce matin et qui pourront répondre à
certaines questions techniques. Entre autres, mon sous-ministre, M. Jean-Marc
Bard, au ministère des Approvisionnements et Services, M. Miville
Vachon, le président-directeur général de la
Société immobilière du Québec, M. Guy Vachon, qui
est à l'arrière, vice-président à ta construction
et à l'aménagement; M. Gilles Baribeau vice-président et
contrôleur des finances, M. Guy Joannis, vice-président aux
affaires juridiques et M. Jean-Guy Rivest, vice-président aux
opérations immobilières (ouest) de la Société
immobilière du Québec et Guy Bisson, vice-président aux
opérations immobilières (est) du Québec. Guy est-il
absent?
Une voix: Il doit être en route.
M. Rocheleau: Il devrait être présent avec nous dans
les prochaines minutes. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre. J'aurais simplement une précision, M. le leader de
l'Opposition officielle pour informer les fonctionnaires qui pourraient
intervenir. Lors de l'étude des crédits en commission, les
fonctionnaires peuvent être autorisés à prendre la parole,
mais uniquement lorsqu'on discute d'une question d'ordre technique et
administratif. Ils ne peuvent le faire que si le ministre et tous les membres
de la commission y consentent. Effectivement, dans ce contexte, un
fonctionnaire peut répondre à une question adressée au
ministre. M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, vous me permettrez de
parler un peu de mon étonnement de voir que le ministre dénonce
lui-même l'utilisation des chiffres de financement qui sont sortis pour
1985. Il nous a reprochés de sortir ceux de 1986 qui sont directement
reliés dans le cadre de l'année de négociation des
contrats. Cela fait, pour le moins, drôle de se servir des chiffres du
financement pour essayer de contrecarrer une argumentation de notre part.
Ceci dit, M. le Président, ce n'est pas en soi tellement le
financement des partis politiques comme le processus de Chinic que nous avons
toujours mis en cause. 13 000 000 $ de soumissions publiques alors qu'on savait
pertinemment que c'était le rôle fondamental, essentiel, de la SIQ
de le faire et qu'on n'a jamais permis à la SIQ de le faire. C'est cela
qui est fondamental et inadmissible dans tout le processus qui a
été suivi concernant Chinic. Je demeure convaincu que l'expertise
que les fonctionnaires de la SIQ avait acquise était fantastique. Ce
sont eux qui connaissent les besoins de l'État. 11 y avait l'expertise
pour cela, le fonctionnement, les directives et jamais il n'y avait eu une
plainte sur l'intégrité ou de quelque nature que ce soit
portée contre un fonctionnaire de cette
société d'État créée en 1983-1984. Le
fait de leur enlever cette initiative pour la laisser purement et simplement au
Conseil du trésor et au pouvoir politique indiquait clairement ce
qu'était la nouvelle dimension d'un gouvernail politique où on
enlevait toute possibilité... N'eût été de
l'intervention de la ville de Québec ou de la Communauté urbaine
de Québec pour son règlement, c'était un bail d'environ 60
000 000 $ qui se signait...
Je me souviens - j'ai lu les procès-verbaux - des paroles
textuelles de M. Miville Vachon, qui est le président actuel de la SIQ,
qui, après s'être rendu compte lui-même que c'était
une directive à toutes fins utiles, a dit à son conseil: On n'a
pas le choix, c'est cela qu'on nous demande de faire. Par la suite, recevoir un
processus d'achat, encore là sans soumissions publiques,
personnellement, je ne peux pas accepter cela. On a créé une
société d'État, on lui a donné les coudées
suffisamment larges pour qu'elle agisse dans l'intérêt des
Québécois, en dehors des pressions et des pouvoirs politiques et
c'est cela que j'ai voulu relever d'une façon très
spécifique à l'intérieur de mon texte.
L'expertise acquise par la SIQ, au-delà des petits accrochages de
relations humaines qu'il peut y avoir entre un P. D. G. ou un ministère
ou un ministère en tutelle, il n'en demeure pas moins que, jamais, au
cours des années où la SIQ a eu le mandat précis de
fonctionner dans le cadre de l'autonomie qui lui était fournie par la
loi, cette société n'a dérogé aux règles
d'éthique. C'est extraordinaire! C'est pour cela qu'on l'a
instituée. C'est pour cela qu'on a institué une
société à l'abri des pressions politiques et à
l'abri d'un gouvernail politique partisan.
Quand on a sorti l'affaire Chinic et qu'on a formellement
insisté, on laissé planer des doutes même sur
l'intégrité des fonctionnaires, chose qu'on n'a pas
accepté, comme formation politique, parce que, quand on laisse planer un
doute sur l'intégrité, ne serait-ce que d'un fonctionnaire, on
sait que cela se reflète sur l'ensemble. On n'avait aucun cas concret.
Le seul cas concret qui est sorti, à ce moment-là, c'était
précisément Chinic et ce n'était pas le pouvoir
confié à la Société immobilière du
Québec, mais bien la nouvelle résultante d'un nouveau gouvernail
politique sur cette structure.
La preuve en est que le nouveau président de la SIQ a
avoué, dans le procès-verbal que j'ai déposé, que
c'était clair qu'il s'agissait de pressions émanant du cabinet
lui-même et plus encore, et le président du Conseil du
trésor ne se gêne pas pour le dire: il a rencontré un ami
d'université et il a discuté de Chinic avec, mais on n'a pas
laissé la SIQ jouer le rôle en ce sens de faire l'inventaire,
d'aller en soumissions publiques. Qu'est-ce qui nous dit qu'il n'y aurait pas
eu de locaux disponibles très près, par exemple, dans les
alentours de l'Hôtel du Parlement, dans les édifices où on
n'avait pas à mettre des millions, où on n'avait pas à se
lier?
Depuis quand achète-t-on une maison et - entre vous et moi, quant
à parler de Chinic on va en parler, il me reste quelques minutes - qu'on
se lie avec celui qui doit faire les réparations? Depuis quand le
vendeur nous impose-t-il son réparateur? C'est ce qui arrive dans le cas
de Chinic. On achète Chinic et on est obligé de signer pour que
ce soit la compagnie x qui fasse les travaux de réfection. Cela n'a pas
d'allure! Cela ne se fait pas! Cela va contre le gros bon sens. Si on avait dit
à la société d'État: On l'achète parce que
c'est un bon "deal" et qu'ils procèdent, par la suite, par soumissions
publiques pour faire faire les réfections, cela aurait pu être une
évaluation politique de se porter acquéreur. Cela peut être
une décision. Au lieu de louer dorénavant, cela peut être
une directive qu'on donne dans le sens que dorénavant, on
préfère se porter acquéreur plutôt que d'être
locataire. Cela peut être une réorientation.
Ceci dit, est-ce qu'on va se laisser imposer maintenant, par le vendeur,
dans le cas où on décide d'acheter, celui qui doit faire les
réfections? C'est ambigu, c'est fou comme balai cette procédure!
Cela va à l'encontre du gros bon sens. Cela revient à des
procédures antérieures qui ont été
abandonnées en fonction de la création de la SIQ. C'est cela
qu'on n'accepte pas. Là-dessus, on n'a jamais entendu de réponses
claires. Je n'en connais pas un individu, même pas un haut fonctionnaire,
même pas dans les nouveaux engagés... Y en a-t-il ici qui
achèteraient une maison d'un individu et qui accepterait de se faire
imposer celui qui va faire les réparations?
Une telle philosophie, ne venez pas me dire que cela n'a pas de place
à du favoritisme, qu'il n'y a pas de place à toutes sortes de
pressions indues. À mon avis, l'indépendance de la SIQ nous
donnait précisément cette assurance de nous placer à
l'abri de ce tripotage de contrats, il faut te dire comme je le pense. Des
soumissions publiques, cela existe, cela se fait. Je me rends compte, quand on
étudie le cas de Chinic en particulier, que, si on avait laissé
les coudées franches à la SIQ, c'eût été
moins long que ce qui est arrivé dans le présent dossier. Tous
les fonctionnaires qu'on a contactés, seulement sur le plan
professionnel pour demander: combien de temps pour une sommission, du minimum
au maximum? On s'est rendu compte que toutes les réponses qu'on a
reçues concordaient, et on aurait sauvé un délai de trois
mois, à part cela, par rapport à Chinic, si on avait
laissé les coudées franches à la SIQ et si on l'avait
laissée oeuvrer correctement dans le
cadre de la loi qui la régissait. (10 h 45)
Va-t-on revenir aux anciens systèmes qui ressemblaient à
ce qui s'est produit ici, à la Haute-Ville, où des "kick back" de
100 000 $ retournaient dans les coffres des partis politiques. Faut-il revenir
à ces traditions? Va-t-on laisser aller un système qui avait fait
ses preuves, un système où les gens avaient connu une expertise
que l'on ne retrouve plus ailleurs d'ailleurs une expertise extraordinaire
qu'on a au Québec là-dessus et une compétence assez
extraordinaire?
M. le Président, Chinic est peut-être un cas qui n'est
même pas éclairci à la satisfaction des membres de
l'Opposition, mais qui indique qu'il y a un gouvernail; un gouvernail
politique, c'est cela. Quand on ne met pas les hommes à l'abri par des
structures, on risque de se retrouver dans des situations comme on a.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Joliette. Y a-t-il d'autres interventions? Comme il n'y
a pas d'autres interventions, nous allons maintenant appeler le programme 1,
Approvisionnements et services.
M. Chevrette: Il me semblait qu'on s'était entendu sur la
société... Non?
Une voix: Avec Mme... M. Chevrette: Mme qui?
Le Président (M. Lemieux): Ah bon. J'ignorais... Je
m'excuse, M. le...
M. Chevrette: Non. On m'a dit ce matin que c'était la
Société immobilière du Québec et le
deuxième, c'était la Protection civile. Cela a été
convenu avec Mme Audette, je crois.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le leader de
l'Opposition, c'est que je n'en ai pas été informé. Alors,
vous allez me donner une petite minute pour...
M. Chevrette: Et qu'on finirait par le ministère cet
après-midi, après la RIO.
Une voix: Moi, cela ne me fait rien.
M. Chevrette: Moi, cela ne me dérange pas.
M. Rocheleau: M. le Président, il y avait eu une entente
au préalable, si vous me permettez...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre.
M. Rocheleau:... et on avait accepté, à cause du
fait que nous devons déplacer des gens de Montréal, de les
limiter dans un temps précis. Nous avons décidé de
procéder ce matin avec la Société immobilière du
Québec et c'est même déjà engagé à
l'intérieur des discussions.
Le Président (M. Lemieux): Le programme 2.
M. Rocheleau: Dans le programme 2. On poursuivra avec le Bureau
de la protection civile ce matin, si on a le temps, pour continuer cet
après-midi avec la Régie des installations olympiques et terminer
avec le ministère des Approvisionnements et Services.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre.
Société immobilière du Québec
M. Rocheleau: M. le Président, simplement à titre
d'indication...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Rocheleau:... si vous permettez. On a déjà
engaqé des discussions sur la Société immobilière
du Québec, entre autres sur la situation qui a amené le
gouvernement et, plus particulièrement la Société
immobilière du Québec, à conclure une entente concernant
l'acquisition de - Chinic. Si le leader de l'Opposition souhaite avoir
l'ensemble des discussions qui ont eu lieu à ce moment-là,
l'historique complet, M. le Président, je pense que c'est l'occasion
tout à fait normale pour permettre à certains de nos
vice-présidents en fonction à la SIQ, à la
Société immobilière du Québec et si le leader de
l'Opposition souhaitait poser des questions d'ordre technique, on pourrait
faire un historique complet. Lorsque nous avons posé le geste de Chinic,
ce dossier existait déjà, avant notre arrivée au pouvoir,
et traînait en longueur, parce que les employés qui occupaient la
bâtisse de la rue Semple se retrouvaient dans une bâtisse
vétusté, dans une bâtisse qui était impropre
à la qualité de vie que nou3 souhaitons pour les citoyens. Si le
leader de l'Opposition souhaitait avoir un éclaircissement complet,
apolitique, s'il le souhaite, de la part de ceux qui sont plus
particulièrement mêlés aux négociations et à
la transaction qui s'est faite, je permettrais volontiers au leader de
l'Opposition de poser toutes les questions pertinentes...
M. Chevrette:... apolitique, vous avez bien dit, n'est-ce
pas?
M. Rocheleau: Écoutez...
M. Chevrette: Pas par M. Vachon,
apolitique.
M. Rocheleau: M. le Président, j'ai bien dit apolitique
parce que l'ensemble de nos fonctionnaires à la Société
immobilière du Québec... Si vous voulez exclure ce que le leader
de l'Opposition a dit tantôt, les amis du parti, je pense que tous les
citoyens du Québec actuellement sont des amis du parti, à
l'exception de quelque pourcentage près.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, je m'excuse,
mais...
M. Chevrette: Vous voyez grandi Des voix: Ha! Ha!
Le Président (M. Lemieux):... vos commentaires peuvent
très bien s'insérer à l'intérieur des remarques
préliminaires. Je me vois dans l'obligation, de consentement, puisque
votre temps était expiré, de permettre au leader une courte
réplique.
M. Rocheleau: M. le Président, je veux bien que vous me
compreniez.
Le Président (M. Lemieux): J'ai très bien compris,
M. le ministre.
M. Rocheleau: Vous savez, j'ai accepté, le printemps
passé, en période de questions, de répondre aux questions
que posait le leader de l'Opposition, en son droit total de poser toutes les
questions et d'avoir tous les éclaircissements voulus. Mais vous pouvez
comprendre, M. le Président, qu'on n'ait pas toujours, pendant une
période de questions, l'ensemble des éléments.
Ce qui est plus important, ce sont les éléments techniques
factuels d'une transaction. Ce matin, j'ai avec moi tous les
spécialistes dans chacun des domaines et je permettrais au leader de
l'Opposition, car je ne voudrais pas qu'il meure éventuellement, un
jour, sans avoir pu éclaircir l'ensemble du dossier Chinic.
M. Chevrette: J'espère que ce n'est pas une menace.
M. Rocheleau: Non, non, non, nonl Des voix: Hal Ha!
Le Président (M. Lemieux): Continuez, M. le ministre.
M. Rocheleau: Mais j'ai voulu, ce matin, avoir avec moi toutes
les personnes responsables...
M. Chevrette: Ah oui! Je voulais que vous nous les
présentiez tous et vous n'en avez présenté que quatre ou
cinq.
M. Rocheleau: Ah! Je vous ai présenté les cadres et
les vice-présidents, M. le Président, mais nous avons avec nous
l'équipe presque complète. Remarquez qu'ils ne sont pas en
vacances ce matin, mais en plein devoir.
Des voix: Ha! Ha!
M. Chevrette: Cela veut-il dire que, quand vous n'êtes pas
ici, vous êtes en vacances?
M. Rocheleau: Non, non. Ils sont en devoir, mais ailleurs. Mais,
ce matin, pour votre bénéfice, M. le leader de l'Opposition, si
vous avez un doute quelconque, si vous prétendez que le ministre... ou
vous pourriez prétendre que le ministre et son président ont des
affinités politiques - j'espère que tous les gens du
Québec en ont effectivement - et si vous voulez poser des questions aux
vice-présidents qui s'occupent directement du dossier, cela me fera
plaisir, M. le Président, afin qu'on puisse faire... Je n'ai rien
à cacher à ce sujet. Je pense qu'on a complété un
travail qui ne l'avait pas été par le gouvernement
antérieur. On a pensé, premièrement, à nos
employés, à la qualité de vie, à la
salubrité et à les reqrouper, et cela aurait dû être
fait depuis longtemps. M. le Président, je suis au service de la
commission pour répondre à toutes les questions avec l'aide
technique que je peux offrir.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre. Effectivement, j'ai fait état, tout à l'heure, que si
le ministre et tous les membres de la commission consentent à ce qu'un
fonctionnaire réponde à une question, il n'y a aucun
problème sur des aspects d'ordre technique et administratif. D'ailleurs,
M. le leader de l'Opposition est bien au courant de cela. M. le leader, je
voudrais vous permettre quelques commentaires parce que je pense que...
M. Chevrette: Je m'attendais au minimum à cela, M. le
Président. Je savais votre grande équité...
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Chevrette:... et j'étais convaincu que si vous penchez
sur un bord, vous êtes obligé de pencher sur l'autre dans votre
cas.
Le Président (M. Lemieux): Je ne suis pas comme la tour de
Pise, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Non, vous versez sur les deux bords.
Cela dit, M. le Président, je voudrais
faire quelques commentaires. C'est clair qu'on aura des questions
spécifiques à poser. Si cela vaut la peine, on jugera s'il faut
questionner on non. Mais, au préalable, j'aurais des questions de
portée générale sur la SIQ.
Si M. le ministre veut me le permettre, je vais partir d'une
première décision qu'a eu à prendre M. Miville Vachon. Son
arrivée s'est située en même temps que vous formiez votre
ministère. Votre loi a été adoptée, si ma.
mémoire est fidèle, le 19 juin 1986. On peut relire dans les
procès-verbaux que le tout premier contact que...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, je m'excuse...
M. Chevrette: Cela ne me fait rien de commencer...
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, pour conserver vos
temps de parole, je me dois d'appeler le programme. Vous êtes bien
conscient de cela. Alors, permettez-moi d'appeler le programme 2,
Exécution des obligations des ministères et organismes envers la
Société immobilière du Québec et, si je comprends
bien, on discute de l'ensemble et on adoptera le programme ensuite. Est-ce
exact?
M. Chevrette: Ah! Il n'y a pas de problème. On va faire
comme l'an passé.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Joliette, maintenant vous pouvez commencer sur votre
temps de parole.
M. Chevrette: Là, je peux commencer.
Le Président (M. Lemieux): Oui, le c'est vrai.
M. Chevrette: Bon, merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Pour que ce soit dans les
règles de l'art.
M. Chevrette: Donc, M. Vachon est embauché. M. le
ministre, votre loi est adoptée le 19 juin 1986, si ma mémoire
est fidèle...
M. Rocheleau: Exactement.
M. Chevrette:... et M. Vachon reçoit une commande de votre
ministère ou de votre cabinet ou de vous-même, je l'ignore, mais
il convoque la première rencontre par conférence
téléphonique, ce qui est inhabituel à mon point de vue,
mais, en tout cas, il y a des façons de fonctionner qui sont propres
à certains, mais qui ne sont pas propres à d'autres.
Il y a une première réunion du conseil d'administration
sous la présidence et la direction de M. Miville Vachon, par voie
téléphonique, durant laquelle M. Vachon indique qu'il a
reçu une demande du ministère ou du ministre, peu importe, de lui
transférer environ 1 300 000 $, et ce, au ministère de la
Justice, ce qui était ambigu au plan administratif, mais c'était
une procédure. Le ministère n'étant pas
accrédité comme tel pour le moment, il fallait passer par un
ministère de tutelle fort probablement. Sur le plan administratif, ce
n'était probablement qu'une question administrative de passer d'un
ministère à l'autre. Mais ce qui m'a frappé dans cette
composition ou dans ce départ, c'est que le tout a été
commandé, 1 300 000 $, sans présentation d'aucun plan d'effectif
ou de répartition d'effectif. C'est même noté au
procès-verbal pour les membres du conseil d'administration de la SIQ qui
disent à M. Vachon à ce moment-Ià, toujours par
téléphone; M. Vachon, comment se fait-il qu'on nous demande 1 300
000 $ sans nous présenter un plan de répartition de l'effectif?
Est-ce que cela ne vous apparaît pas drôle comme fonctionnement,
vous, M. le ministre? Ce serait peut-être une question dans un premier
temps.
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: II faut se reporter à la loi du 19 juin 1986
et M. Vachon a été retenu à compter du 20 août 1986
comme président. Le fait que nous avions, de par la loi 68,
créé le ministère des Approvisionnements et Services, le
fait que le POAS, le plan d'organisation était en discussion au Conseil
du trésor à ce moment-là, il a été
suggéré d'utiliser pour les fonds du ministère, pour la
formation du ministère, un transfert d'argent en provenance de la
Société immobilière du Québec, à
l'intérieur de son budget, tenant compte que la Société
immobilière du Québec avait, à ce moment-là, des
vacances pour un total de 107 personnes, ce qui représentait environ 1
300 000 $. C'est que, effectivement, la Société
immobilière du Québec, pour tenir compte d'une recommandation du
Conseil du trésor, a fait un transfert au ministère des Finances,
parce que le processus devait s'engager de la sorte, pour permettre au Conseil
du trésor d'affecter des sommes pour la gestion et la bonne marche du
ministère des Approvisionnements et Services à compter du mois
d'août 1986. Tenant compte du fait, je l'ai mentionné
tantôt, que notre plan d'organisation, notre POAS, n'était pas
complété et que du même coup on ne relevait plus du Conseil
du trésor - parce
qu'avant la loi on relevait du ministre délégué
à l'Administration et président du Conseil du trésor -
à compter de cette date-là, il fallait organiser notre
ministère. C'est la raison pour laquelle ces sommes d'argent ont
été tranférées.
Si le président... Il pourra peut-être l'expliquer
lui-même, étant donné que c'est le président de la
Société immobilière du Québec qui est maître
chez lui à l'intérieur d'une loi qui consacre l'autonomie de la
Société immobilière du Québec. Le président
a décidé de convoquer une conférence
téléphonique avec les membres du conseil d'administration. Il
aurait pu sûrement demander aux membres du conseil d'administration de se
déplacer à Québec, engager des dépenses de
déplacement, des dépenses d'hébergement, mais dans
l'objectif que commençait déjà à poursuive le
président de la Société immobilière du
Québec, c'est-à-dire dans la restriction de coût qu'il
voulait s'imposer au chapitre des dépenses, il a cru bon de le faire de
cette façon-là.
Maintenant, si le président souhaite ajouter quelque chose
là-dessus, je serais très heureux qu'il puisse entendre certains
commentaires et pour le bénéfice du leader de l'Opposition.
M.. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Préalablement, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Oui, je veux bien que le président nous
donne toutes les explications. D'ailleurs cela en nécessite
sûrement, parce que cela ne m'apparaît pas être une pratique
tellement courante en administration, même avec un MBA ou un doctorat, de
convoquer un conseil d'administration à une première rencontre
pour leur dire: Voici, il faut que je liquide 1 348 200 $ en faveur du
ministère sans aucun plan d'effectif, sans savoir comment se
répartiront les fonctions à l'intérieur de ma structure
dont je suis responsable, et en demandant un vote au conseil d'administration.
Les membres sont censés avoir ou bénéficier de la
même autonomie que le P. -D. G., que je sache. Donc, ces membres
étaient en droit, à mon point de vue, dans une saine gestion,
dans une saine administation, de pouvoir analyser un texte qu'on leur
présentait en fonction d'une saine gestion éventuelle de la
société. Le président dit lui-même: Je regrette
cette situation; donc, les membres questionnent le président sur les
conséquences sur la société des décisions
recherchées de même que de l'urgence d'adopter de telles
décisions par téléphone sans disposer d'un dossier. (11
heures)
Au sujet du dernier point, le président explique qu'il
déplore, lui aussi, cette situation, d'autant plus que ce n'est pas la
façon dont il aurait souhaité présider sa première
séance du conseil d'administration -c'était déjà un
minimum. Quant aux conséquences des décisions recherchées
sur la société, le président fait état que les
postes réguliers autorisés occupés sont actuellement de
11, 66 % soit légèrement en dessous de seuil du 11, 69 % qui
résulterait de la décision du conseil, le tout en sus des
occasionnels. Il y avait un contexte de négociation, il y avait des
mises en garde des membres du conseil d'administration.
M. Rocheleau: Encore là, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau:... pour le bénéfice du leader de
l'Opposition, c'est pour démontrer à quel point la
Société immobilière du Québec est autonome. Si elle
avait posé des questions, c'est qu'elle était dans son droit de
le faire. La recommandation qui avait été faite par le Conseil du
trésor à la Société immobilière du
Québec d'approprier des sommes, je prétends qu'elle était
tout à fait normale, puisqu'elle relevait du ministère des
Approvisionnements et Services, au point de vue de ministre responsable.
D'autant plus que la loi prévoyait déjà, à ce
moment, des transferts sur le plan de la planification qui étaient
confiés au ministère des Approvisionnements et Services,
c'est-à-dire planification des besoins des ministères et
organismes.
Il est vrai que le président arrivait en poste. Il aurait
peut-être été souhaitable que nous puissions, à ce
moment, avoir plus de discussions, mais le Conseil du trésor avait
jugé opportun de faire cette recommandation qui a été
acheminée à la Société immobilière du
Québec et celle-ci a consenti, avec certaines réserves, à
la suite d'analyses plus approfondies, étant donné qu'il y avait
des postes vacants, étant donné que la masse salariale
n'était pas et n'allait pas être entièrement
utilisée, étant donné que les orientations du gouvernement
étaient de limiter certaines dépenses pour ce qui est de la
Société immobilière du Québec. La
société a accepté dans le but d'atteindre ces objectifs
futurs, c'est-à-dire de réduire les coûts de gestion et,
par le fait même, de réduire les coûts de location
auprès des différents ministères et organismes pour
lesquels on avait plusieurs plaintes tout en tenant compte des coûts chez
l'entreprise privée et des coûts en provenance de la
Société immobilière du Québec qui étaient
importants.
Le Président (M. Lemieux): M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je veux bien que le
ministre affirme, sur le plan théorique et dans son discours, que la
société a beaucoup d'autonomie, mais voici ce que M. Miville
Vachon dit lui-même le jeudi 4 septembre: Après avoir salué
les membres du conseil dont il présidait la première
assemblée depuis sa nomination le 20 août 1986, le
président indique qu'il a dû convoquer d'urgence cette
assemblée à la suite d'une requête qui lui a
été formulée la veille par !e ministre responsable de la
société. La requête du ministre nécessitait une
décision immédiate de la société et du conseil.
Compte tenu que la décision de la société avait une
relation importante avec le plan d'organisation et de budget du nouveau
ministère dont il devait soumettre la demande définitive au
conseil le même jour, quelle autonomie d'action, avait-il, à ce
moment-là, pour essayer d'évaluer les répercussion sur la
société? Quelle autonomie avait-il pour dire que le plan de
répartition des effectifs était plus ou moins bon? Cela prenait
cela la journée même et c'est le président lui-même
qui parle. Je trouve que l'argumentation du ministre est très faible
là-dessus. Ce n'est pas une autonomie, il dit: Fais cela et cela me
prend cela ce soir. Il n'a pas de plan dans les mains, les membres le
disent.
Le président continue dans la même veine. Pas longtemps
après - quelle est la date? beaucoup d'autonomie - le 10 septembre, six
jours après: "Les membres constatent qu'il s'agit d'exécuter une
décision gouvernementale décrétant de louer à la
firme Thorsom Inc. une superficie de... Quelle autonomie ont-ils? Ce sont des
décisions gouvernementales. Ce n'est pas l'autonomie de la SIQ. C'est
dans Chinic. Six jours après. Et, c'est encore le président qui
dit: oui, c'est une décision gouvernementale, faites cela et vous
vivrez. Ne faites pas cela et je ne sais pas ce qui va arriver. Vous serez
dégommés un après l'autre et on vous changera tous, je
suppose. Quelle est l'autonomie de la SIQ?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: M. le Président, le leader de l'Opposition
soulève deux points complètement différents,
c'est-à-dire le plan organisationnel du ministère des
Approvisionnements et Services...
M. Chevrette: Démontrez l'autonomie, je m'en prends
à l'autonomie de la SIQ.
M. Rocheleau: Nous avons eu une demande du Conseil du
trésor parce que le ministère avait été
effectivement créé le 19 juin. Il y avait déjà eu
des pourparlers, M. le Président, et nous étions
déjà au courant que certaines sommes d'argent étaient en
disponibilité.
Il n'était pas question, à ce moment-là... Nous
l'avions dit, M. le Président, lors de l'étude du projet de loi
68 qu'il n'était pas question pour le gouvernement de créer des
dépenses additionnelles dans la création d'un nouveau
ministère et qu'on devait, à l'intérieur de l'ensemble de
nos organismes, faire en sorte de financer les effectifs, de financer le
personnel et les services du ministère.
M. le Président, si vous permettez au président de la
Société immobilière du Québec, étant
donné que le leader de l'Opposition a en sa possession les
procès-verbaux de la Société immobilière du
Québec, qui, je pense, sont des documents tombant sous la Loi sur
l'accès à l'information qui devraient normalement être
confidentiels à la Société immobilière du
Québec, pour une période de temps; étant donné que
le leader de l'Opposition a en sa posession les procès-verbaux, qu'il
cite textuellement des paroles que le président aurait
prononcées, à ce moment-là, à l'intérieur du
procès-verbal, je demanderais au président de la
Société immobilière du Québec de donner certaines
réponses, afin de permettre au leader de l'Opposition d'avoir plus de
clarté dans ce dossier.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre. Alors, avec l'accord du ministre et sur le temps de parole du
ministre, M. le président de la Société immobilière
du Québec, voulez-vous vous identifier, s'il vous plaît, pour les
fins de l'enregistrement?
M. Vachon (Miville): Miville Vachon, président-directeur
général de la Société immobilière du
Québec. Premièrement, lorsque j'ai été
nommé... M. le Président, vous permettez? 3e voudrais expliquer
un peu. Quand on m'a demandé le transfert des postes, de 107 postes, la
première chose que j'ai faite, comme nouveau président, vous vous
imaginez, j'ai consulté mon service juridique, dont M. Guy Joannis est
vice-président, pour voir si c'était dans les normes et
réglementations possibles et si c'était légal de faire des
choses semblables.
D'après les règlements de la société
immobilière, il est tout à fait logique et normal et c'est
arrivé très souvent dans le passé qu'il y a eu des
conversations téléphoniques comme conseil d'administration. Cela
s'est produit dans d'autres cas. Quand nous avons convoqué le conseil
d'administration par appel téléphonique, pour transférer
107 postes, je présume que les gens qui ne me connaissaient pas, parce
que j'arrivais en poste, ont cru que je voulais réduire les effectifs de
107 postes à la
société. Mais on en avait 107 vacants à la
Société immobilière. On n'enlevait pas des postes. Ils
étaient vacants. Ils n'étaient pas utilisés, ces
postes.
Alors, cela a été la deuxième raison. Je crois que,
dans l'explication que j'ai donnée au conseil d'administration, c'est
compris de cette façon. Je dis qu'on avait les postes vacants. J'ai
vérifié juridiquement si mon droit et les règlements de la
société le permettaient et si des conseils d'administration par
téléphone avaient déjà eu lieu dans le
passé. Cela s'était fait et on ne réduisait pas les
effectifs réels de la société; on transférait
seulement des postes vacants avec un budget au ministère. Alors, c'est
de cette façon que ça s'est fait, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
président de la Société immobilière. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: J'ai une question au président, dans ce
cas-là, avec la permission du ministre. Je voudrais demander au
président s'il a déposé un plan d'effectif à son
conseil.
Le Président (M. Lemieux): M. le président de la
Société immobilière, toujours sur le temps du ministre et
avec consentement.
M. Vachon: Le plan d'effectif de la société
était déjà en marche quand je suis arrivé à
la société. Il y en avait déjà un de placé.
On était en trait de compléter le nouveau plan d'effectif de la
société. Alors, il est inutile de croire que je pouvais
déposer quelque chose dans les dix jours suivant ma nomination et pour
le premier conseil d'administration. Or, le plan d'effectif de la
société va être déposé.
M. Chevrette: Bon. Je ne doute pas de la...
Le Président (M. Lemieux): M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette:... possibilité juridique de
transférer, en vertu de la loi qui disait qu'il y avait une
répartition éventuelle entre les employés de la SIQ et du
ministère. Ce n'est pas ça que je conteste. Je conteste le
degré d'autonomie d'un membre du conseil d'administration qui doit
être en droit, avant de prendre une décision. J'espère que
vous ne considérez pas comme des marionnettes les gens nommés aux
conseils d'administration.
Est-ce qu'ils ne sont pas en droit d'avoir entre les mains toutes les
données leur permettant de prendre une décision correcte à
l'intérieur de l'autonomie qui leur est conférée par la
loi? C'est ça que je dis, M. Vachon. Je ne dis pas que vous avez aqi
illégalement. Je vous demande si ça vous apparaît correct,
en saine gestion et administration, dans le cadre d'une loi confiant des
pouvoirs précis au conseil d'administration, si cela vous semble
correct, comme administrateur, de faire prendre une décision par
téléphone à du monde, sans leur fournir les instruments de
travail pour prendre une décision correcte.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: M. le Président, il est bien évident
qu'il y a un conseil d'administration à la Société
immobilière du Québec. Il a approuvé une décision,
à la suite des discussions qui ont eu lieu avec le président et
directeur général de la Société immobilière
du Québec et les membres du conseil d'administration. Que je sache,
d'après ce qu'on m'a rapporté, cela a été une
décision prise à l'unanimité, M. le leader de
l'Opposition.
Je tiens à vous préciser de nouveau que la demande nous
avait été formulée par le Conseil du trésor qui,
jusqu'au 19 juin, avait la responsabilité de défrayer les
coûts imputés au ministère des Approvisionnements et
Services. Du 19 juin au 20 août, le plan d'organisation était
déposé au Conseil du trésor pour analyse. Ensuite, le
Conseil du trésor a fait une recommandation dans le sens de demander
à la Société immobilière du Québec
d'acquiescer à cette demande, considérant le fait qu'il y avait
107 postes vacants et que cela pouvait représenter un montant d'environ
1 300 000 $ transféré au ministère des Finances pour
être ensuite approprié par le ministère des
Approvisionnements et Services.
M. Chevrette: Je vais relire un petit bout de texte pour
démontrer qu'un membre de conseil d'administration... On ne joue pas. Ce
ne sont pas des "you-you", ça. On doit leur donner les instruments de
travail pour qu'ils prennent des décisions éclairées.
Une voix: Des yo-yo.
M. Chevrette: Des yo-yo, c'est ce que je voulais dire.
"Après avoir salué les membres du conseil d'administration, dont
il présidait la première assemblée depuis sa nomination,
le 20 août 1986, le président indique qu'il a dû convoquer
d'urgence cette assemblée, à la suite d'une requête qui lui
a été formulée la veille par le ministre responsable de la
société. La requête du ministre nécessitait une
décision immédiate du conseil. "Compte tenu d'une
décision, la société avait une relation importante avec le
plan
d'organisation du budget du nouveau ministère. "Le
président invite le secrétaire général à
donner les informations. Les membres questionnent le président des
conséquences sur la société des décisions
recherchées de même que de l'urgence d'adopter de telles
décisions par téléphone, sans disposer d'un dossier. "Au
sujet du dernier point, le président explique qu'il déplore lui
aussi cette situation, d'autant plus que ce n'est pas la façon dont il
aurait aimé ou souhaité présider sa première
séance du conseil d'administration. "
Il me semble que cela dénote tout un esprit de politisation des
structures dites administratives dont on a voulu enlever toute la partisanerie
politique. Là, c'est par appel téléphonique. Il me faut
une décision là-dessus, demain matin. Cela a été
votre première décision, la Société
immobilière du Québec. Votre deuxième décision
à prendre a été celle sur Chinic. Le gouvernement nous dit
de louer Chinic à raison d'environ 60 000 000 $ pour 25 ans, sans option
d'achat. Vos gens vous ont dit tout cela dans les procès-verbaux. Est-ce
que d'après votre philosophie de gestion ou votre façon de
fonctionner, cela vous semble normal d'agir ainsi avec des gens qui sont
nommés légalement par un Conseil des ministres? Ils ne sont pas
nommés par un seul individu. Ces gens sont nommés par le Conseil
des ministres pour assumer des responsabilités extrêmement
impartantes quand on reqarde les budgets annuels de la Société
immobilière du Québec. Est-ce qu'on ne doit pas leur fournir les
outils ou les instruments de travail? Est-ce que cela ne doit pas être
une bonne façon de procéder avec eux en leur donnant tous les
moyens de prendre des décisions éclairées? C'est la
question fondamentale.
Si cela avait été la seule réunion, parce qu'il y
avait une urgence... Mais cela se répète. Elle se
répète dans le cas de la location de l'édifice Chinic, six
jours après. Un mois après, cela se répète pour
l'achat de l'édifice Chinic, avec l'achat en plus du réparateur
dans le contrat. Même pour l'équipement, il n'y a pas de eu
soumissions publiques non plus. Donc, vous recevez toujours des ordres du
ministère. S'agit-il de l'esprit et de la lettre de la loi?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre. (11 h 15)
M. Rocheleau: Si le président de la société
souhaite apporter certaines clarifications...
Le Président (M. Lemieux): Sur le temps du ministre, M. le
président de la Société immobilière du
Québec.
M. Vachon: M. le Président, les règlements me
permettaient de faire une assemblée par téléphone pour les
107 postes. La demande était faite par le Conseil du trésor et on
devait prendre une décision. Les gens qui étaient présents
au conseil d'administration par téléphone étaient tous
présents. Il n'y 'avait personne d'absent. Les gens ont tous, à
l'unanimité, accepté la décision proposée. Ils
étaient à différentes distances de moi, je ne les ai
certainement pas forcés. S'ils avaient des réponses à
soulever ou des points à soulever négativement, ils les auraient
certainement soulevés. Alors, ils ont voté à
l'unanimité la décision.
Je présume que ces gens-là avaient eu suffisamment
d'explications pour prendre la décision.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
président de la Société immobilière du
Québec. M. le député de Joliette.
M. Chevrettes M. le Président, je ne dis pas qu'il leur a tordu
le bras, mais, vous comprendrez que pour n'importe quel membre, il y a un
nouveau président de nommé. Ils ne lui ont pas vu la "bette"
encore. Il dit: "J'ai un ordre du ministre". Il faut quasiment faire fi du gros
bon sens et du sens pratique du monde, voyons! J'espère que vous
n'êtes pas assez naïf, M. le président de la
société immobilière, pour ne pas savoir jusqu'à
quel point les gens ne vous ont pas connu. Vous êtes nommé par le
ministre lui-même, sur recommandation du ministre. Vous arrivez là
et vous dites: Je viens de recevoir un ordre du ministre et du Conseil du
trésor. C'est déjà pas mal courageux de vous avoir
demandé un dossier puis de ne pas en avoir obtenu. C'est
déjà pas mal courageux de vous dire que cela n'avait pas d'allure
de procéder de la sorte pour un membre d'un conseil d'administration qui
sait qu'il y a une nouvelle nomination. C'est une nomination politique, ne nous
le cachons pas, la présidence du P. -D. G., quel que soit le
gouvernement. Donc, à partir de là, je ne conçois pas que
le président puisse me répondre que c'est tout à fait
normal, tout à fait correct, tout à fait légal.
Lui-même d'ailleurs ne nuance pas ses propos ce matin, mais il les nuance
dans le procès-verbal. Il dit même qu'il déplore cette
affaire. Ce matin il a l'air d'être bien correct, tout heureux. Il
faudrait que vous ayez une constance dans vos propos.
M. Rocheleau: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M, le ministre.
M. Rocheleau: À juste titre, le président de la
Société immobilière du
Québec, ainsi que les membres du conseil d'administration,
pouvaient déplorer l'urgence qu'avait manifestée le Conseil du
trésor. Tenant compte du fait que le Conseil du trésor
était déjà au courant du nombre de* vacances qui
existaient à la Société immobilière du
Québec - cela avait déjà été discuté,
au préalable, avec le président-directeur général
antérieur, M. Jean-Yves Gagnon - quand le Conseil du trésor nous
a fait cette demande, je l'ai acheminée au président de la
Société immobilière du Québec. La loi lui
permettait de faire ces transferts et d'abolir ces 107 postes vacants. C'est
dans cet ordre-là.
De plus, que le président ait émis certaines
réticences, je les ai émises personnellement, les
réticences, parce que nous avions, de par la loi, été
créé comme ministère le 19 juin 1986. Nous étions
au 20 août et le plan organisationnel du ministère n'était
pas encore approuvé par le Conseil du trésor et, en attendant,
nous avions besoin de fonds de disponibilité du ministère pour
l'organiser.
Dans les faits, c'est une demande du Conseil du- trésor qui a
été acheminée à la Société
immobilière du Québec et la décision a été
prise par la Société immobilière du Québec à
l'intérieur des objectifs que nous poursuivions, à ce
moment-là, de réduire les coûts de gestion, les coûts
d'administration de la Société immobilière du
Québec. Sachant, d'ores et déjà que ces postes-là
n'allaient pas être comblés, on a utilisé ces sommes
d'argent pour permettre le fonctionnement du ministère des
Approvisionnements et Services.
J'avais dit dans le temps qu'il n'était pas question pour
l'État d'additionner, dans son budget, des montants additionnels afin de
minimiser l'impact du déficit que nous connaissions et nous voulions
effectivement offrir la meilleure des gestions possible. C'est dans cette
optique que nous avons posé ce geste et que nous avons fait cette
demande-là. De plus, si on me dit ou si le leader de l'Opposition me
dit, ce matin, que cela va à rencontre de la Loi sur la
Société immobilière du Québec, que les transferts
ont été faits dans l'illégalité, que nous avons
outrepassé la loi, je dirais au leader de l'Opposition: On a
procédé à l'encontre de la loi, mais tout a
été traité dans la légalité. Les points qu'a
fait connaître le président de la Société
immobilière du Québec, je les ai fait connaître au Conseil
du trésor à l'intérieur des discussions que nous avons
eues concernant le plan d'organisation de notre ministère. Cela faisait
quand même deux mois que le ministère avait été
créé et nous avions besoin de procéder le plus rapidement
possible.
M. Miville Vachon, à ce moment-là, était
président de la Société immobilière du
Québec. Si cela n'avait pas été lut, la même chose
se serait produite avec le président qui était là
antérieurement à M. Vachon. Par contre, le président qui
était là antérieurement était déjà au
courant de l'ensemble de ces besoins et aussi au courant du fait que ses
effectifs pouvaient être réduits de 107. Je pense qu'il est tout
à fait normal et souhaitable - et j'ai félicité le
président de la Société immobilière du
Québec - de se poser des questions. Cela démontre l'autonomie de
la Société immobilière du Québec. Cela
démontre le fait qu'il n'y a aucune restriction, pour les membres du
conseil d'administration, d'apporter les commentaires qu'ils veulent sur des
décisions ou des demandes gouvernementales.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, sur ce point, je dois
conclure qu'on fait fi des membres du conseil d'administration, qu'on ne leur
permet pas d'oeuvrer en toute quiétude avec les instruments de travail
appropriés pour prendre des décisions, qu'on les place
plutôt devant des situations de fait et que, à ce
moment-là, ces gens sont, à toutes fins utiles, des pantins, des
marionnettes qui sont obligés de prendre des décisions dans le
sens qu'on leur demande. On les place devant des situations de fait. On leur
dit: C'est pour ce soir que cela prend 1 300 000 $ et c'est pour aujourd'hui
qu'il faut décider de louer Chinic et c'est pour aujourd'hui qu'il faut
décider d'acheter Chinic. Je ne sais pas si on appelle cela de la saine
gestion.
Ceci dit, après avoir décrit le climat dans lequel les
membres du conseil d'administration ont eu à oeuvrer dans les premiers
mois, je voudrais me référer à la Gazette officielle du
Québec du 6 mai 1987 et poser quelques questions sur l'embauche
même de M. Vachon. À la page 2784, partie II de laGazette
officielle du Québec du 6 mai 1987, la 119e année, no 19, il
est écrit que M. Vachon est engagé pour cinq ans. On
définit la rémunération, on définit le salaire et
dit que la révision du salaire est l'indexation applicable aux
dirigeants d'organisme; il n'y a pas de problème. A 3. 2, c'est
écrit: M. Vachon participe au régime d'assurance collective des
cadres du secteur public; pas de problème encore là. Dans le
régime de retraite, M. Vachon choisit de ne pas participer au
réqime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics qu'on appelle le RREGOP. Au lieu de participer, vous lui remettez 6, 3
% de son salaire. Est-ce que c'est en sus du salaire, ce qui fait partie de la
rémunération ou si c'est intégré aux 90 000 $ de
salaire?
M. Rocheleau: C'est en plus du salaire, M. le Président.
Plutôt que de contribuer au
régime de rentes, à ce moment-là, à la suite
de l'accord de M. Vachon avec le Conseil exécutif, cette partie lui a
été attribuée...
M. Chevrette: La partie de l'employeur.
M. Rocheleau: C'est cela. Cela lui permet de prendre un plan
privé, s'il le veut. En d'autres mots, c'est 6, 3 % des 90 000 $ qui lui
sont versés parce qu'il ne participe pas au RREGOP.
M. Chevrette: D'accord. Frais de séjour, il n'y a pas de
problème, frais de représentation, il n'y a pas de
problème, vacances à 25 jours ouvrables... Cercle de gens
d'affaires, je voudrais que m'expliquiez cela parce que c'est compliqué
à lire. Je vais le lire, en tout cas. Je ne sais pas comment cela
fonctionne: "La société paiera les frais d'adhésion et les
cotisations annuelles de M. Vachon à un cercle de gens d'affaires de son
choix. Le cas échéant, le certificat d'actions détenu par
M. Vachon comme membre de ce cercle des gens d'affaires appartient à la
société. À la fin du présent engagement, M. Vachon
rachètera l'action de la société selon les
modalités à déterminer avec celle-ci ou remettra sa
démission comme membre du cercle des gens d'affaires. " J'aimerais
savoir ce que cela représente comme déboursé pour le
gouvernement.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: M. le Président, possiblement que le
président de la société pourrait compléter, mais le
contrat octroyé à M. Miville Vachon est sensiblement le
même que le contrat qui avait été octroyé pour le
président qui avait précédé et qui est
accordé aussi à l'ensemble des sous-ministres, de faire partie
d'une association. Â ce moment, s'il y a une part qui est
accordée, cela demeure la propriété de la
Société immobilière du Québec au départ du
président.
M. Chevrette: Me pemettez-vous de vous arrêter? J'ai eu des
sous-ministres et ce n'est pas ta même chose.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je ne veux pas partir sur une "track" où on
ne s'entend pas.
M. Rocheleau: Dans le cas...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau:... d'un sous-ministre, il y a une allocation qui
est consentie. Dans le cas de M. le président de la
Société immobilière du Québec, je pense que c'est
à l'intérieur de son enqagement, la reproduction quasi... Vous
pouvez...
Le Président (M. Lemieux): M. le Président.
M. Vachon: M, Gaqnon avait exactement la même chose. Quand
on parle d'un cercle de gens d'affaires, il parlait du Cercle de la garnison.
Cela coûte 1000 $ pour une part quand on veut faire partie du Cercle de
la garnison. Ces 1000 $ devaient être dépensés par la
société. Je n'en fais pas partie, je me suis informé comme
vous le faites...
M. Chevrette: Ce n'est pas cela. C'est parce que tel que
libellé, cela a l'air à être des actions dans quelque
chose.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, vous
permettez...
M. Rocheleau: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le président de la
société immobilière.
M. Vachon: C'est exactement la même façon dont M.
Gagnon était membre du Cercle de la garnison. Il avait une action
à son nom et quand il a été transféré
à la Société des traversiers, l'action a été
transférée. Il ne peut pas la garder pour lui. En
réalité, ce qu'il dit, c'est de ne pas payer les 1000 $ pour que
je parte avec l'action et que je la mette dans mes poches. Elle reste toujours
la propriété de la société immobilière. Si
je veux l'avoir, que je la paie à mon départ.
M. Chevrette: Aux conditions négociées avec la
société.
M. Vachon: Oui.
M. Chevrette: Tel que libellé, je me demandais ce que
c'était.
M. Vachon: J'ai posé les mêmes questions.
Le Président (M. Lemieux): Seulement une question, M. le
député de Joliette, si vous permettez. Cette action est
transférable, si je comprends bien.
M. Vachon: Oui, je ne l'ai pas prise, cela a réglé
le problème.
Le Président (M. Lemieux): D'accord, cela va, merci. Vous
pouvez continuer, M, le député de Joliette.
M. Chevrette: Est-ce que vous en avez pris une autre dans un
autre cercle?
M. Vachon: Non.
M. Rocheleau: Il n'a pas le temps.
M. Chevrette: Automobile. C'est drôle comment votre
décret est rédigé. Vous ne devriez pas écrire cela
ainsi.
La société fournira à M. Vachon, pour son usage
personnel et professionnel, une automobile d'une marque et d'une
catégorie convenant à son poste. Est-ce qu'on pourrait savoir
quelle sorte vous avez? Est-ce que c'est mieux que celle d'un ministre?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Chevrette: Je voulais dire au député que ce
n'est pas payant d'être député.
Une voix: On le sait.
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau:... si vous permettez, le président qui a
précédé M. Vachon à la présidence de la
Société immobilière du Québec avait un
véhicule à sa disposition, à son choix, à
l'intérieur d'une catégorie. Nous avions cru, à ce
moment-là, que le gouvernement antérieur qui, par des nominations
politiques, avait affecté certaines personnes dans des postes
importants, de conférer au président approximativement les
mêmes bénéfices, à l'exception du salaire qui est
inférieur à celui qui était payé au
président antérieur, je crois.
M. Chevrette: Quelle sorte de voiture, juste pour mon
information? Roulez-vous en carrosse ou si vous roulez en Volkswagen...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, voulez-vous
compléter la réponse?
M. Chevrette:... ou en Renault ou encore Innocenti?
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le ministre. M.
le ministre n'a pas terminé, M. le député de Joliette.
M. Rocheleau: Simplement pour l'information du leader de
l'Opposition et député de Joliette, cela s'applique à tous
les présidents...
M. Chevrette: Des sociétés.
Le Président (M. Lemieux): Des sociétés
d'État.
M. Chevrette: Est-ce que les salaires sont tous comparables entre
les présidents de sociétés?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheieau: Je ne peux vous indiquer l'ensemble des salaires
qui sont négociés par le Conseil exécutif lors d'une
nomination. C'est accepté de gré à gré entre les
personnes qui négocient les postes...
M. Chevrette:...
Le Président (M. Lemieux): Le président de la
Caisse de dépôt et placement du Québec, entre autres, je
pense que c'est différent.
M. Chevrette: Cela ne me dit pas quelle sorte de voiture il
a.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: Écoutez, si...
M. Vachon: C'est un Chrysler New Yorker.
Une voix: Juste cela! Une voix: C'est un quatre.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce un quatre cylindres?
M. Vachon: C'est un quatre cylindres et il a été
acheté par le Service des achats.
Une voix: Comme vous aviez avant.
M. Vachon: Exactement comme j'avais avant pour moi-même et
il est de la même couleur.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de...
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): On demande la couleur, M. le
Président de la société immobilière.
M- Chevrette: Non, il n'y a personne qui a demandé
cela.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: On ne voudrait pas qu'il
nous dise qu'il est rouge.
Une voix: Non, il est bleu.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, vous pouvez continuer. (11 h 30)
Crédits budgétaires
M. Chevrette: D'accord pour cela. M. le Président, je
voudrais maintenant... Le ministre a soutenu, dans son discours, qu'il voulait
économiser en créant ce ministère et ce partage entre
sociétés. Je voudrais savoir combien il a économisé
en 1987-1988.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: On a déjè indiqué, M. le
Président, que, depuis l'accession au pouvoir du Parti libéral,
on avait réduit d'un nombre relativement important les postes de la
Société immobilière du Québec. Par contre, la
Société immobilière du Québec s'est fixé des
objectifs très précis au niveau de la réorientation des
coûts de gestion affectés à chacun des ministères et
organismes.
Comme vous pouvez le constater, M. le Président, les locataires
sont captifs. Alors, ces locataires, ne pouvant négocier des baux de
location ailleurs, il nous est arrivé à plusieurs occasions
d'avoir certaines plaintes selon lesquelles certains ministères auraient
pu se localiser dans des endroits à des coûts moindres. Par
contre, on a tenu compte des coûts de gestion de la Société
immobilière du Québec, de l'ensemble de ces effectifs et,
effectivement, de la répartition des coûts. Je pourrais demander
au président de la Société immobilière du
Québec de nous situer dans les objectifs que son conseil
d'administration et lui ont acceptés et demandés à
l'ensemble des fonctionnaires de la société et aussi les
objectifs qui tiennent compte de certaines modifications au niveau des
ministères et organismes clients. M. le Président, si vous
voulez...
M. Chevrette: II y a une augmentation, juste 30 secondes
peut-être...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette:... pour permettre au président aussi...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chevrette: II y a une augmentation... Si je prends la
synthèse du document que vous nous avez fait parvenir, à la
section IV: Sommaire du budget de fonctionnement.
M. Rocheleau: Page...
M. Chevrette: C'est à la page 5, le sommaire du budget de
fonctionnement. Vous avez au sommaire: en 1986-1987! 304 000 000 $ et en
1987-1988: 340 000 000 $, ce qui veut dire 35 800 000 $ de plus. Sur les
charges des immeubles, c'est plus; sur les frais propres... Il faudrait
m'expliquer cela tantôt, ce que sont les frais propres. Charges
générales: 11 000 000 $ de plus; services de construction: c'est
moins. Au total: 329 000 000 $ par rapport à 361 000 000 $. Il y a le
produit des clients - qui rentrent -non désignés qui baisse de 3
000 000 $. Mes questions seraient les suivantes: Comment se fait-il que cela
augmente alors que vos objectifs sont de baisser?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: M. le Président, si vous permettez,
j'aimerais demander au vice-président aux finances, M. Baribeau, de nous
situer les différences entre 1986-1987 et 1987-1988 et sûrement,
dans cet aspect technique, tant au niveau des immobilisations nouvelles que du
financement et l'ensemble technique, M. Gilles Baribeau pourra donner toutes
les explications que souhaiterait le leader de l'Opposition.
Le Président (M. Lemieux): M.
Baribeau, voulez-vous vous identifier, vos titre et fonctions s'il vous
plaît?
M. Baribeau (Gilles): Oui, d'accord.
Le Président (M. Lemieux): Sur le temps de parole du ministre et
avec consentement.
M. Baribeau: M. Gilles Baribeau, vice-président au
contrôle financier à la Société immobilière
du Québec. M. le Président, pour répondre à la
question, j'aimerais vous amener à la section du rapport où on
donne des commentaires généraux. D'accord? On retrouve cela
à la page 1 du document. À la page 1 du document, on donne ici
des commentaires sur le budget de fonctionnement et, à la page 2, on dit
globalement: Le budget de fonctionnement de la société, en
1987-1988, est de 361 910 100 $ comparativement à 329 016 000 $ en
1986-1987 pour une augmentation de 32 894 000 $ ou 10 %.
Le Président (M. Lemieux): Dans le haut de la page 2,
c'est cela?
M. Baribeau: Oui, dans le haut de la page 2. Et là, on
explique d'où provient cette augmentation de 10 %, en fonction des
principaux postes. D'abord, en ce qui concerne les loyers pour les
espaces en location occupés par les clients, l'augmentation du budget -
par rapport au budget de l'année précédente se situe
à 6 268 000 $ ou 1, 90 %. D'accord?
Alors, il s'agit, évidemment, de baux qu'on signe avec des
propriétaires d'édifices. Là-dessus, lorsque les baux sont
signés, lorsque les baux sont renouvelés, il y a l'inflation. Il
y a toutes ces choses-là et c'est normal qu'il ait une certaine
augmentation, à ce point de vue.
En ce qui concerne un autre facteur important. C'est l'amortissement des
immeubles. À chaque année, on construit un certain nombre de
nouveaux édifices et, à chaque année, la dépense de
l'amortissement a tendance à augmenter. Alors, ça aussi,
ça devient un facteur incontrôlable, cette dépense
d'amortissement.
Cette année, elle représente une augmentation de 5 454 000
$ par rapport au budget précédent ou 1, 66 %. Maintenant, compte
tenu qu'on est propriétaire d'un important parc d'édifices, on
est assujetti aux impôts fonciers et taxes d'affaires sur nos propres
édifices.
Encore là, là-dessus, on n'a aucun contrôle sur les
taxes qui nous sont facturées par les municipalités.
L'augmentation budgétaire prévue est de 3 526 900 $ par rapport
au budget précédent ou 1, 07 %. Maintenant, le facteur le plus
important expliquant l'augmentation globale de nos dépenses, c'est le
point d où on indique: Intérêts sur emprunt pour financer
le remboursement d'une deuxième tranche sur le billet à demande
en faveur du ministre des Finances: 150 000 000 $, autour de 9, 20 % ou 13 800
000 $.
Alors, si vous vous rappelez, tors de la formation de la
société, le transfert des immeubles a été
financé par, en partie, capital-actions, 80 000 000 $ et un billet
à demande au ministre des Finances de 447 000 985 $. Alors, ce billet
était à demande; évidemment, à la discrétion
du ministre. Il peut nous demander chaque année un remboursement.
Alors, nous avons remboursé au 31 mars 1986, 80 000 000 $ et au
31 mars 1987, nous avons remboursé 150 000 000 $. Donc, ce billet
à demande étant sans intérêt, lorsqu'on leur
rembourse, on doit en emprunter. Donc, en l'empruntant, on doit payer les
intérêts. Immédiatement, ça cause une augmentation
des dépenses de 13 800 000 $ ou 4, 19 %.
Maintenant, l'ensemble des autres postes, frais d'administration et
salaires nous donne une augmentation nette de 3 844 600 $ ou 1, 18 %, ce qui
donne, en gros, l'augmentation globale de 33 000 000 $ ou environ 10 %.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le
député de Joliette?
M. Chevrette: Peut-être une question. Les frais propres, ce
sont les frais d'administration courants?
M. Baribeau: Là-dessus, si on va à la page 4, on a
les frais propres de 49 000 949 $ par rapport à 50 000 000 $. Alors, on
voit que c'est sensiblement la même chose. Cela comprend essentiellement
les salaires et les frais administratifs de la société.
M. Chevrette: Quels sont les objectifs de postes en personnel,
cette année fixés par le Trésor?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: Je pense que nous avons cette année une
recommandation qui vise 100 postes.
M. Chevrette: C'est sur 1100 combien?
M. Rocheleau: 1169, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. Chevrette: Et ça exclut les 107
transférés qui n'étaient pas comblés.
C'est-à-dire ce sont des postes inoccupés, mais des postes
réels que vous aviez au moment du transfert de la SIQ au
ministère. C'est bien ça? Parfait.
M. Rocheleau: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: Pour l'information du leader de l'Oppostion, c'est
qu'au 1er avril 1986, nous avions 1280 postes dont 1142 occupés. Au 20
août 1986 lors de la nomination du nouveau président, nous avions
1280 postes dont 1166 occupés. Le 14 septembre 1986, nous avions 1169
postes autorisés. Il y avait 1153 postes occupés. Le 22 mai 1987,
toujours 1169 postes autorisés et 1109 postes occupés. Le 31 mai
1988, les objectifs sont de 1069 postes.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, il vous reste deux minutes quarante secondes.
M. Chevrette: Sur l'élément?
Le Président (M. Lemieux): Sur l'élément 1,
Provision pour augmenter, avec l'approbation du Conseil du trésor...
M. Chevrette: Je vais laisser mon collègue poser une
question sur les occasionnels. Allez-y. Pendant que nous parlons de la gestion
de personnel.
Le Président (M. Lemieux): Parce que par la suite, vous
êtes bien conscient que c'est la règle de l'alternance. M. le
député de Mille-Îles a demandé ta parole ainsi que
M. le député de Saint-Louis.
M. Chevrette: C'est une dernière question
là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: C'est seulement une question sur les frais propres. Au
traitement des occasionnels, il y a une augmentation de 1 000 000 $. Le fait
que vous enleviez des postes, est-ce que cela augmente le nombre d'occasionnels
ou de temporaires? Parce qu'il y a toutes sortes de façons de couper des
postes. Vous avez l'employabilité des gens qui fait que ce sont des
postes temporaires par rapport à des postes permanents. Je me demande si
la question se pose à l'intérieur de la
société.
Le Président (M. Lemieux): Vous voulez dire à la
Société immobilière du Québec?
M. Dufour: Oui. C'est cela.
Le Président (M. Lemieux): À la
Société immobilière du Québec. D'accord. M. le
ministre.
M. Dufour: Les frais propres dans le budget de
fonctionnement.
Le Président (M. Lemieux): M. le président de ta
Société immobilière du Québec.
M. Vachon: Le budget 1986-1987 est de 2 201 000 $. C'est bien
ça? Ce sont les mêmes chiffres?
M. Dufour: Oui.
M. Vachon: II est de 3 207 000 $. C'est que par les compressions
d'effectif régulier qui surviennent, à l'occasion, on est
obligé de combler cela par des occasionnels. Quand on a une compression
d'une centaine de postes...
M. Dufour: Mais comme on apprend qu'il va y avoir une compression
supplémentaire d'une centaine de postes...
M. Vachon: On y va par attrition, par préretraite et
retraite.
M. Dufour: Ce qui veut dire que ce poste a tendance à
augmenter de plus en plus.
M. Vachon: C'est cela, oui.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le
député de Jonquière? Vous avez terminé? M. le
député de Mille-Îles.
Politique de tarification
M. Bélisle: Merci, M. le Président. J'aimerais
aborder deux points différents dans le discours du ministre. Ce sont
deux points qui attirent beaucoup mon attention. Â la paqe 3, M. le
ministre, je lisais ce matin, dans le cadre du premier paragraphe, au bas:
"Dans cette démarche, il serait aussi essentiel d'amener la
Société immobilière du Québec à se doter
d'une politique de tarification qui soit basée sur les coûts
réels".
D'entrée de jeu, j'aimerais savoir quelle était la
politique de tarification qui existait avant 1985. Où en êtes-vous
rendu dans la politique de tarification ou dans la préparation de la
politique de tarification? Qu'est-ce que cela va entraîner, M. le
ministre, comme coût réel pour les ministères? Est-ce que
vous prévoyez que cela va augmenter la facture des ministères ou
est-ce que cela va la diminuer? Si cela augmente les coûts des
ministères, est-ce que vous avez des moyens pour les réduire, si
c'est possible?
M. Rocheleau: Effectivement, cela fait partie des nouvelles
orientations de la Société immobilière du Québec
ainsi que des objectifs de réduction des coûts, dans te but
éventuellement d'être en compétition avec l'entreprise
privée en ce qui a trait à la location.
On sait que les taux comportent actuellement des frais de gestion
relativement importants. Je pense que les orientations actuelles de la
Société immobilière du Québec pourraient facilement
être indiquées par le président de la
société, M. Vachon, de même que les objectifs, en
commençant par la tarification d'une part, pour en arriver aux objectifs
que nous souhaitons.
Le Président (M. Lemieux): M. le président de la
Société immobilière du Québec, M. Miville
Vachon.
M. Vachon: La tarification qui existait avant 1985, avant la
société, est exactement la même qui existe actuellement
à la société. Elle est basée sur une
évaluation municipale en fonction d'un facteur. Ce n'est pas courant
dans le marché privé, une tarification semblable. C'est la
formule que
la direction de la Société immobilière du
Québec a décidé de prendre lors des premières
années de sa formation. Je pense que c'était peut-être une
bonne attitude à prendre. (11 h 45)
Pour les objectifs que l'on se fixe dans l'année qui vient, on a
formé un comité de tarification qui est actuellement à
l'étude et qui se réunit pour voir de quelle façon le
marché privé tarife ses édifices, en vue d'en venir
à une tarification avec les ministères qui serait plus efficace,
mais qui tiendrait plus compte de l'endroit où une location est prise,
par exemple.
Actuellement, on répartit des frais sur l'ensemble à un
moment donné et des ministères sont tarifés
peut-être à des prix plus élevés que la location
qu'ils devraient avoir, à cause des évaluations municipales
toujours; on part avec une base d'évaluation municipale. Je dis qu'une
bâtisse doit peut-être être tarifée en fonction de la
valeur de cette bâtisse, mais aussi en fonction des coûts et des
dépenses de nos bâtisses. Je vais donner un exemple assez
précis: Un palais de justice, cela ne se compare pas, on n'en voit pas
trop à vendre sur le marché. Ce n'est pas facile à
tarifer. C'est pour cela que je dis que l'évaluation...
Le Président (M. Lemieux): Cela va coûter cher.
M. Vachon: Cela coûte cher a bâtir, mais ce n'est pas
une bâtisse que l'on voit partout. Alors, c'est pour cela qu'ils avaient
pris l'évaluation municipale comme base pour tarifer. Je dis: II faut
comparer au privé, il faut aller en fonction du privé si on veut
être efficace et économe avec nos ministères. Les
ministères qui voudront aller dans des endroits dispendieux en paieront
la note. Par contre, les ministères qui voudront être
économes et qui diront: On veut aller dans des endroits moins
dispendieux, profiteront d'une tarification équitable.
Alors, on est actuellement à l'étude, M. le
Président, et à l'automne on prévoit être capable de
présenter, pour le budget 1988-1989, une nouvelle tarification plus
équitable pour tous nos clients.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
de la Société immobilière du Québec.
M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Je crois comprendre par là qu'en tenant
compte de la tarification actuelle du parc d'immeubles, la seule chose que la
nouvelle politique de tarification va modifier, c'est la répartition
à tel ou tel ministère du coût total des immeubles
occupés. On ne change pas la masse globale. C'est cela ma question. Ce
que je veux savoir, c'est: Est-ce que vous augmentez les coûts? Est-ce
que la masse totale est la même? Faites-vous un nouveau prorata?
Avez-vous des mesures pour diminuer les coûts? Tantôt dans ma
deuxième question je vais en venir à la loi qu'on a votée
le 19 juin 1986 à l'Assemblée nationale. Je veux savoir s'il n'y
a pas de mesures de prévues.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: M. le Président, nous en avions
discuté lors de l'adoption de la loi. Nous avions parlé à
ce moment-là d'efficacité et d'efficience. Je dois vous dire que
les objectifs que nous poursuivons sont dans l'ordre de diminuer les
coûts de gestion, et actuellement la Société
immobilière du Québec, en plus de diminuer le nombre de postes,
soit cette année au nombre de 100, compte tenu des pensions
anticipées, des retraités et aussi de l'attrition, devrait faire
en sorte de diminuer sensiblement les coûts.
Par contre, comme l'expliquait tantôt le président de la
Société immobilière du Québec, dans la tarification
actuelle, dans les aménagements demandés par les
différents ministères antérieurement à aujourd'hui,
les ministères pouvaient commander des changements relativement
importants à l'intérieur de leur ministère et ceux-ci
étaient faits à l'intérieur des budgets de la
Société immobilière du Québec et étaient
absorbés par la Société immobilière du
Québec. Dorénavant, toute dépense excédant 2500 $
devra être assurée par les ministères qui feront ces
demandes et, par le fait même nous demanderons aux ministères de
se responsabiliser davantage vis-à-vis de l'ensemble des demandes
faites. Alors, les demandes...
Une voix: 250 000 $.
M. Rocheleauî 250 000 $.
M. Chevrette: Je trouvais cela faible un peu.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
Rapports qualité-prix
M. Bélisle: Ma dernière question, c'est à la
page dix de votre discours, M. le ministre. Je lis au bas du premier
paragraphe: II va sans dire qu'il nous faudra aussi maintenir un contrôle
très strict des rapports qualité-prix, entre guillemets, dans
l'ensemble du processus d'adjudication des contrats. C'est sûr que cela
fait référence à ce que l'on a ajouté à la
dernière minute au mois de juin dernier au paragraphe 8. 3 de la loi,
qui est une disposition totalement d'ordre
nouveau dans le cadre fédéral canadien.
Si je lis le paragraphe 8. 3 relativement à l'acquisition de la
fourniture de biens et de services, "notamment pour l'obtention du meilleur
rapport qualité coût" ce que je voudrais savoir, c'est que depuis
la mise en vigueur de la loi, le 19 juin 1986, si vous pourriez nous donner des
cas d'application de cette mesure ou de directives qui ont été
données pour l'obtention d'un meilleur rapport qualité-coût
dans l'achat de services, de biens ou d'équipements dans votre
ministère?
M. Rocheleau: Si vous permettez, M. le Président,
j'aimerais indiquer au député de Mille-Îles que nous
débordons du programme actuel qui est celui de l'analyse des
crédits de la Société immobilière du Québec.
Cet après-midi, alors que nous étudierons les crédits du
Service des achats entre autres, on pourra aborder certains de ces points.
M. Bélisle: Je vais reformuler ma question.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Je suppose que l'article 8. 3 dans la loi,
d'après ce que je comprends, doit aussi s'appliquer à la
Société immobilière du Québec. Étant
donné qu'on a le président de la société ici ce
matin, est-ce que des mesures ont été appliquées pour
tenter d'en arriver à l'obtention d'un meilleur rapport
qualité-coût dans l'achat d'espaces, de bureaux, de partitions de
bureau, d'espaces de plancher, d'édifices, au cours de la
dernière année?
Je veux savoir s'il y a eu des efforts spécifiques. Vous pouvez
peut-être me répondre, M. le ministre, que vous êtes en
réorganisation présentement et que vous êtes en train de
préparer une politique mais ce que j'aimerais savoir, c'est: Oui, on va
de l'avant dans cette direction. Ce n'est pas une obligation que vous avez dans
la loi.
M. Chevrette: C'est une question subjective que vous posez.
M. Bélisle: Ce n'est pas une question subjective. Je pense
que c'est une question très importante, M. le leader de
l'Opposition.
Le Président (M. Lemieux): C'est une question que le
député de Jonquière aurait posée, M. le
député de Joliette.
M. Bélisle: Vous vous souvenez...
Le Président (M. Lemieux): Ah! Je me suis fait prendre, M.
le député de Joliette. Effectivement.
M. Bélisle: Je suis sûr que vous vous souvenez, M.
le leader de l'Opposition, de notre discussion très sérieuse au
mois de juin 1986, sur ce point.
M. Chevrette: Absolument.
M. Bélisle: On était tous très fiers de voir
qu'une nouvelle avenue était tracée. Je ne veux mettre personne
en botte. Je veux savoir si on s'en va dans cette direction. Je sais que le
processus est long, que cela ne se fait pas du jour au lendemain. Personne ne
va pointer quelqu'un du doigt autour de la table. Je veux savoir si on s'en va
vers cela. C'est tout ce que je veux savoir.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: Oui, c'est un des objectifs que nous poursuivons
à l'intérieur du ministère des Approvisionnements et
Services. C'est un des aspects très importants de l'imputabilité
d'un ministère par rapport aux objectifs de ses sociétés
ou des organismes dont il a la responsabilité.
C'est un mandat qui a été confié à la
Société immobilière du Québec de diminuer les
coûts de gestion. J'ai toujours considéré que nous avions
malheureusement, par la loi, rendu nos locataires captifs. Ils n'ont pas la
chance d'aller négocier, ailleurs, la location de baux. Par contre,
à cause de la structure de la Société immobilière
du Québec, telle qu'on la percevait, cela comportait des coûts de
gestion plus importants que dans l'entreprise privée. Notre objectif est
de tenter de diminuer les coûts de gestion par plus d'efficacité,
plus de rigueur au plan des ministères clients qui,
antérieurement, faisaient faire certains aménagements par
exemple, alors que ces aménagements étaient
défrayés à même la masse autorisée par la
Société immobilière du Québec. Aujourd'hui,
certains des aménagements ou certaines des modifications sont
directement imputés au ministère client. Je pense que le
président de la société peut nous indiquer certains des
objectifs que nous poursuivons actuellement par les modifications qui sont
apportées.
Le Président (M. Lemieux): Vous voulez compléter,
M. le président de la Société immobilière du
Québec?
M. Vachon: Oui, M. le Président. Le 5 février 1987,
je faisais parvenir au ministre une série d'objectifs que la
société se préparait à poursuivre dans le but de
réduire les coûts de nos clients qui faisaient affaires chez
nous.
Je fais un résumé bien succinct parce que je ne veux pas
vous en lire dix pages. Revue de la tarification. J'ai expliqué tout
à l'heure qu'on avait formé un comité pour
revoir la tarification de la société. À
l'intérieur de cela, on a toujours calculé le coût de nos
immeubles en totalité. On est actuellement à établir, avec
le service du contrôle financier, un système de coûts par
immeuble. Cela va donc entrer dans le jeu de la nouvelle tarification.
Dans le cas des taxes foncières qui, dans le passé, n'ont
jamais été ou très peu contestées par le
ministère des Affaires municipales qui nous représentait - ce
n'est pas un blâme à qui que ce soit, c'est une
constatation...
M. Chevrette: On accepterait le dépôt de votre
document, M. Vachon.
M. Vachon: Je ne sais pas. C'est le ministre...
M. Rocheleau: Volontiers. M. Vachon: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Je vais permettre le
dépôt sur autorisation du ministre.
M. Vachon: Parfait! On le déposera tout à
l'heure.
M. Rocheleau: Si le président veut continuer à
énumérer...
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer, M. le
président de la société immobilière.
M. Vachon: je vais vous énumérer... Dans le cas des
taxes foncières qui n'ont jamais été contestées, on
a un groupe à la société immobilière qui
relève les dossiers de taxes et qui doit contester les
évaluations qui sont trop élevées ou qu'on croit trop
élevés. On le fait pareil comme dans le privé. Si on paie
trop de taxes, si on paie 1 000 000 $ de trop à une ville, je pense
qu'on n'a pas d'affaire à le faire. C'est l'argent des contribuables
qu'on dépense et qu'on doit bien dépenser.
Dans le plan d'organisation. Actuellement, il y a un plan d'organisation
qu'on est en train de déposer, qu'on a mis en branle avec une nouvelle
restructuration.
Dans le cas de la réduction des effectifs, on va tenter de les
réduire par les préretraites, les retraites et les cas
d'attrition et de mutation à d'autres postes qui existent a
l'intérieur des différents ministères.
Actuellement, on est à préparer un plan de classification
pour tous nos cadres et tous no3 employés. On a fait travailler le
département juridique sur la standardisation des baux. À la
société immobilière, qui est, je pense, et tout le monde
est d'accord là- dessus, une des meilleures sociétés au
Canada et importante, je crois qu'on doit avoir au moins notre propre bail. On
n'a pas d'affaire à siqner les baux de l'un et de l'autre. Je pense
qu'on est capable de signer notre propre bail et d'avoir notre propre bail. On
est assez client important chez d'autres personnes pour être capable
d'exiger cela. On est à faire une standardisation des baux.
Pour les appels d'offres pour location, c'est la même chose.
Toutes les locations étaient faites, les appels d'offres étaient
faits de différentes façons, on veut standardiser pour avoir un
appel d'offres de location quand on a besoin d'un local. C'est le même
appel d'offres, point, excepté le périmètre qui est
changé. Mais qu'on ait quelque chose de standardisé.
Dans le cas des approvisionnements, on avait, je pense, 252 points
d'approvisionnement à la société et il y avait les
inventaires de tous ces points. On a créé une direction
d'approvisionnements et contrats et tout va être géré par
un plan et contrôlé d'une meilleure façon.
Dans l'entretien, il y avait la question de l'entretien des parcs.
La relation avec la clientèle désignée, c'est la
même chose, il ne faut quand même pas penser que nos clients, qui
sont les ministères actuellement, sont des ministères qui sont
attachés chez nous. Je crois qu'on devrait, nous la
société, comme objectif, traiter nos clients comme s'ils avaient
le choix de s'en aller demain matin. C'est peut-être la meilleure
façon de les garder.
S'ils avaient le choix de partir, mais qu'ils restaient chez nous
à la société immobilière, je pense que c'est parce
qu'on leur donnerait un très bon service. Ce sont des clients
désignés. Je pense que c'est un objectif qui est viable de dire
qu'on veut garder nos clients, mais vu qu'ils sont désignés, on
ne les traite pas comme des clients désignés, on les traite comme
des clients libres.
L'autonomie de la société, il est bien qu'on n'en parle
plus.
Messieurs, cela résume dans l'ensemble le dossier que j'avais
fait parvenir à M. Rocheleau en date du 5 février. Je
déposerai le document tout à l'heure.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
président de la société immobilière. On a
autorisé le dépôt. M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, c'est pour faire suite un
peu à ce que le député de Mille-Îles a ouvert comme
porte. Je m'en tiendrai à un seul volet, celui de la tarification.
À mon point de vue, la standardisation, j'ai hâte de voir
le comité. Il n'y a pas un
ministère, même à l'intérieur d'un même
ministère, qui soit placé dans les mêmes situations. Je
pourrais vous donner des exemples ou on a des pieds carrés de moins
à un endroit, mais où c'est plus cher qu'à l'autre endroit
à cause d'une foule de facteurs, que ce soit l'évaluation, que ce
soit les coûts de construction, par exemple, dans certaines
régions par rapport à d'autres. Si on se situe sur la
Côte-Nord ou sur la Basse-Côte-Nord par rapport à un centre
urbain où on a tout à portée de la main, les coûts
de construction ne sont pas les mêmes, les coûts
d'évaluation ne sont pas les mêmes et les coûts de taxes
municipales ne sont pas les mêmes.
Je ne vois pas comment vous allez établir... Je prends juste
Joliette, une petite ville comme Joliette, vous n'auriez pas le même
coût de tarification à Saint-Charles-Borromé que vous avez
dans la ville. C'est du simple au double uniquement et je prends comme exemple
le centre hospitalier. S'il était à Joliette, il rapporterait 1
200 000 $ en taxes, mais comme il est à Saint-Charles, il rapporte 471
000 $; c'est plus qu'un demi-million. Quand on compare la tarification. »
Je pense que, quand on a voulu introduire la fameuse clause, c'était
précisément pour tenir compte de cet ensemble de facteurs, parce
qu'on ne peut pas ignorer cela en voulant standardiser. À mon point de
vue, on standardise de grandes données générales, mais on
est obligé d'introduire dans la standardidation tous les
éléments qui échappent, sinon un ministère serait
pénalisé d'une façon effarante. (12 heures)
II y a un point qui m'a fait grimacer un peu et sursauter, c'est quand
le président a dit - et je m'adresse à M. le président...
On va finir là-dessus parce qu'il y a toute la protection civile qu'on
n'a pas vue.
Le Président (M. Lemieux): Je vous comprends, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Quand le président dit: Je voudrais que les
ministères se sentent à l'aise de venir ou pas à la SIQ.
Moi, personnellement, je vous avoue très honnêtement que cela me
ferait peur parce que la liberté de chacun des ministères, on
sait comment cela se passe. Ce n'est pas parce que le gouvernement change que
les coutumes, les manières et le fonctionnement changent. Vous savez
très bien qu'un ministère qui aurait l'occasion d'agir à
sa guise, et à lui seul, pourrait fort bien... Parce qu'un ministre peut
avoir un poids politique bien plus fort qu'un autre et il peut aller plaider sa
cause au Conseil du trésor pour obtenir une dérogation aux
standards généraux et, vous le savez très bien, il
pourrait se retrouver dans une situation où l'ensemble des contribuables
québécois y perdraient au chanqe. Je pense que la SIQ veut
précisément pallier ces lacunes qui existaient pour essayer, au
moins, de garder dans des normes à peu près normales, tout en
sachant que cela ne sera jamais facile et au moins de rester le plus possible
dans le cadre du bon sens.
On ne sait jamais, dans des circonstances X, pour des raisons Y, il y a
des qens qui peuvent s'en tirer avec de bonnes raisons sur papier, mais dans
les faits, qui paie la note au bout? J'espère en tout cas que ce n'est
pas une ouverture extrêmement large que vous faites là-dessus. Je
serais porté à me demander à ce moment-là pourquoi
on aurait une SIQ, si on adoptait ce principe. Ce serait seulement un organisme
de motivation vers quelque chose alors que, pour moi, la SIQ est plus qu'un
organisme de motivation, pour attirer des gens. C'est beaucoup plus que cela,
c'est un organisme de centralisation d'opérations quant à la
location et à l'achat d'espaces. Et cela... En tout cas, je pourrais
peut-être donner quelques minutes pour nuancer vos propos parce que je
suis convaincu que ce que j'ai interprété d'une façon
péjorative devrait faire l'objet d'un consensus général
autour de cette table à savoir que le président va rectifier
immédiatement ses propos.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, il me semble, quant à moi, avoir compris cela dans le sens du
service à la clientèle, mais je vais passer la parole à M.
le ministre. M. le ministre.
M. Rocheleau: C'est un fait, M. le Président, que,
actuellement, en vertu de la Loi sur la Société
immobilière du Québec, les ministères et les
différents organismes qui sont assujettis à la loi doivent
négocier uniquement avec la Société immobilière du
Québec. Quand on parle de services, je pense qu'on doit faire la
distinction entre les plaintes antérieures que nous avons eues au sujet
des coûts, tant au niveau du coût d'aménagement que du
coût de location dans certains cas. M. le Président,
l'amélioration que nous voulons apporter à la
Société immobilière du Québec, c'est justement dans
le but d'éviter de faire des comparaisons parce qu'on voudrait
effectivement être une société qui a les mêmes
coûts de gestion que l'on rencontre normalement dans l'entreprise
privée. Je pense que c'est l'objectif que poursuit actuellement le
président de la Société immobilière du
Québec tout en sachant que les ministères et les organismes sont
assujettis à la Société immobilière du
Québec.
M. Vachon: Si vous voulez...
Le Président (M. Lemieux): M. le
président de la Société immobilière du
Québec.
M. Vachon:... je voudrais bien que l'on se comprenne comme il
faut, quand je parle du service à la clientèle, je dis: La
Société immobilière du Québec doit être
très fière de donner un si bon service aux clients...
Le Président (M. Lemieux):... que personne ne veut
partir.
M. Vachon:... que la question d'être désigné,
ce n'est pas la raison, c'est pour nous un objectif de donner un très
bon service à la clientèle.
M. Chevrette: En d'autres mots, vous voulez dire: Vous êtes
obligés de passer par chez nous, mais...
M. Vachon:... mais vous allez être heureux de passer par
chez nous.
M. Chevrette:... ce n'est pas parce qu'il y a une obligation
légale, c'est parce que vous nous aimez.
M. Vachon: C'est cela. M. Chevrette: Bon.
M. Vachon: Vous avez parfaitement compris.
M. Chevrette: Cela, c'est clair, c'est un mariage d'amour et non
de raison.
M. Vachon: C'est parfait.
M. Chevrette: Oui, il y a un mariage obligatoire, de raison, en
vertu de ta loi, mais il voudrait que ce mariage se transforme en un mariage
d'amour. J'ai compris.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, oui...
M. Rocheleau: Et, M. Président...
M. Chevrette: Et j'en profite pour vous poser une question: Mon
palais de justice à Joliette va-t-il commencer bientôt?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, relativement
à la préoccupation du député Joliette.
M. Chevrette: On en profite quelquefois dans les crédits
pour parler d'un petit problème de comté.
M. Rocheleau: M. le Président, nous pourrions parler de
l'ensemble du proqramme que la Société immobilière du
Québec se propose durant l'année 1987-1988. Mais pour le
bénéfice du député de Joliette qui a un
intérêt tout à fait particulier au palais de justice de
Joliette, je dois lui indiquer que nous aurions souhaité pouvoir mettre
en chantier beaucoup plus rapidement que nous ne le faisons actuellement le
palais de justice de Joliette. Si je connais quelque peu ce dossier, c'est pour
avoir déjà eu certaines indications de la part du
député de Joliette, avoir subi quelque peu son impatience
vis-à-vis de la réalisation de cette pièce
d'équipement très importante pour les gens de son comté.
Par contre, au moment où on se parle, nous avons réglé
l'ensemble des problèmes et nous sommes sur le point de déposer
au Conseil du trésor certaines modifications qui ont été
analysées et qui commandent certaines autorisations de la part du
Conseil du trésor. Nous prévoyons procéder dans les
prochaines semaines et nous souhaiterions effectivement qu'au cours de
l'été on soit en mesure d'aller aux demandes de propositions,
c'est-à-dire aux soumissions publiques, afin de lancer ce projet
important pour cette région.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre.
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: J'ai juste deux petites questions à poser.
Est-ce que vous pourriez faire le point sur celui de Laval?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: Il y a un intérêt très
particulier de la part des représentants de l'agglomération de
Laval, M. le Président, et j'ai eu de nombreuses demandes aussi des
députés de Laval qui m'ont - je ne dirais pas harcelé, ce
n'est peut-être pas le bon terme sensibilisé d'une façon
tout à fait particulière au fait que la ville de Laval est la
deuxième ville du Québec en importance et qui actuellement elle
n'a pas de palais de justice pour servir l'ensemble de ses contribuables.
Je peux vous indiquer qu'actuellement il y a des négociations
avec la ville de Laval dans le but de nous transférer un terrain pour
une valeur nominale à un endroit qui est actuellement
négocié par le président de la Société
immobilière du Québec et son équipe. Je pense même
que le comité exécutif de la ville de Laval, il y a quelques
semaines, confirmait au président de la Société
immobilière du Québec qu'il allait recommander au conseil
municipal la cession d'un terrain pour une somme nominale et que, par la suite,
le programme serait complété par le ministère de la
Justice. Ce
qui nous permettra de réaliser, après nombre
d'années, une demande faite au cours des années passées et
que malheureusement on n'a pu satisfaire.
On peut assurer d'ores et déjà qu'à
l'été 1987 on sera sûrement en mesure de retenir les
experts-conseils, les professionnels, dans le but de préparer les plans
et devis et examiner la conception. L'on pourra sûrement, d'ici
l'été, l'annoncer aux citoyens de Laval et sûrement que nos
collègues députés des cinq comtés de Laval seront
à ce moment-là présents avec les autorités
municipales et le ministre de la Justice qui est très
préoccupé par la demande répétée des
députés de Laval.
Le Président (M, Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre. J'aimerais simplement vous faire savoir... M. le député
de Saint-Louis, je sais que vous avez demandé la parole, mais il y a une
entente à savoir que nous avons les programmes 2 et 3 à voir ce
matin, c'est-à-dire: Protection civile et Société
immobilière du Québec. Il nous reste très peu de temps. Je
ne voudrais pas vous brimer dans votre droit de parole, mais est-ce que votre
question pourrait être très courte? J'aimerais avoir une
réponse très courte aussi, parce que M. le député
de Joliette aura moins d'une demi-heure pour scruter le programme 3: Protection
civile.
M. le député de Saint-Louis, brièvement votre
question, s'il vous plaît!
M. Chagnon: M. le Président, je serai on ne peut plus
bref.
Le Président (M. Lemieux): Un peu plus fort, s'il vous
plaît!
M. Chagnon: J'aimerais profiter du temps de parole que vous
m'allouez immédiatement pour le prendre comme premier intervenant
à l'étude des crédits du Bureau de la protection civile du
Québec.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Louis. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: C'est juste un point que je voulais soulever. Je
voudrais bien attirer l'attention du ministre sur l'évaluation
foncière. Tout à l'heure le président a dit de la
société qu'elle n'avait pas beaucoup de contrôle sur les
taxes municipales, mais qu'il y a une espèce de contrôle sur
l'évaluation. On sait qu'actuellement il y a un paquet de contestations
de la part des compagnies. Le gouvernement a commencé par la
Société d'habitation du Québec à contester les
évaluations municipales et là vous nous annoncez tout de go ce
matin qu'il y aura aussi des techniques où il y aura des contestations.
Je veux juste attirer votre attention sur le fait que cela implique des
coûts. Il y a des problèmes qui sont causés aux
municipalités et il n'y a pas de valeur marchande. Il y a eu une
discussion juste ment avant-hier avec le ministre des Affaires municipales sur
le fait qu'il prétend que les techniques d'évaluation sont une
science alors que moi, je prétends que c'est la science de la
non-science. Il n'y a pas de technique parfaite. Est-ce que c'est la technique
des coûts, de la valeur économique, de la valeur de remplacement
ou de la valeur marchande? On sait qu'il n'y a pas de valeur marchande.
Tantôt vous allez passer aux hôpitaux et à tout le
reste.
Le Président (M. Lemieux): La remarque du
député de Saint-Louis s'applique au député de
Jonquière. S'il vous plaît, si je peux avoir une réponse
brève pour permettre au député de Joliette... pour qu'on
puisse aborder le programme 3. M. le ministre, s'il vous plaît, une
réponse brève.
M. Rocheleau: M. le Président, ce sont des objectifs que
poursuit la Société immobilière du Québec et je
pense qu'il est tout à fait normal que celle-ci, Québec, qui est
citoyen à part entière dans chacune des régions du
Québec, qui est citoyen à part entière dans chacune des
municipalités où elle a des locations ou, plus
particulièrement, des constructions, fasse l'examen de
l'évaluation foncière, tenant compte des taxes qu'elle paie. Je
pense que c'est laisser à tous les citoyens du Québec de demander
occasionnellement au bureau de révision, dans le temps alloué,
une demande de révision si un citoyen, un organisme ou une
société se croient lésés dans leurs droits. Ce
n'est pas pour autant pour brimer les municipalités, c'est simplement
dans le but de faire un examen que je pense tout à fait normal.
Le Président (M. Lemieux): Pouvez-vous conclure, M. le
ministre, s'il vous plaît?
M. Rocheleau: Pour ma part, M. le Président, je me
souviens, et je comprends très bien la question du député
de Jonquière, qui a déjà été maire de
Jonquière, comme j'ai déjà été maire de
Hull. Il est bien évident qu'en ce qui concerne les évaluations,
les gouvernements supérieurs, qui sont maintenant assujettis à
des "en lieu" de taxe basés sur l'évaluation foncière
normalisée, tel que prescrit par la loi, se conforment à cela.
Par contre, ils ont le droit de demander une révision, s'ils se sentent
lésés. Dans cet aspect, il n'est pas question de réduire
les taxes payées par la société mobilière, mais de
suivre ce dossier comme toute entreprise qui paie des taxes à une
municipalité et qui veut payer sa juste valeur. Il est possible - au
bénéfice du député de Jonquière - que la
Société
immobilière du Québec, dans certains cas, ne paie pas les
taxes qu'elle devrait payer, comme il est possible qu'elle paie, dans d'autres
cas, des taxes en trop. Je pense que quand on parle de bonne gestion, on doit
regarder l'ensemble des coûts inhérents à la
Société immobilière du Québec, et dans cet aspect
la société peut en faire l'examen de plein droit.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, pour commencer la
Protection civile, je considérerais comme adoptés les
éléments 1, 2 et 3 du programme SIQ.
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Le programme 2,
Exécution des obligations des ministères et organismes envers la
Société immobilière du Québec, est donc
adopté. J'appelle donc le programme 3, Protection civile. J'aimerais
suspendre environ une minute pour permettre aux gens et aux fonctionnaires de
prendre place.
(Suspension de la séance à 12 h 10)
(Reprise à 12 h 16)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre, nous avons appelé le programme 3. La parole
était au député de Joliette. Je comprendrai que, puisque
nous devons terminer à 12 h 30, nous allons poursuivre sans doute cet
après-midi l'étude du programme 3, pour permettre au
député de Saint-Louis... Oui.
M. Chevrette: Je pourrais tout de suite assurer le ministre que
je prendrai moins de temps sur la RIO. On n'aura sûrement pas fini sur la
Protection civile de sorte que les deux combinés, cela rentrera à
l'intérieur du délai qui nous est imparti.
Protection civile
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, pour le programme 3.
M. Rocheleau: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: Si vous me permettez juste de vous indiquer ceux de
la Protection civile qui m'accompagnent, ce matin. Entre autres, Mme Sylvie
Mathurin, qui est attachée politique à mon ministère et
qui fait la liaison entre la Protection civile et mon ministère, M.
Roland Gosselin, qui est directeur aux plans et opérations, M. Lavai
Côté, responsable de l'administration ainsi que Me Pierre Lajoie
qui est responsable au programme d'assistance financière. Il y a
également M. Alain Lauzier qui est secrétaire et M. Pierre 8rien
qui est directeur de la recherche et du développement.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Joliette, relativement au programme 3,
Protection civile.
M. Chevrette: M. le Président, mes questions sont
plutôt d'ordre général pour commencer. Je sais que le
ministre a formé un comité, il l'a annoncé dans son
discours, il a déjà répondu en Chambre là-dessus
et, à deux ou trois reprises depuis un certain laps de temps, le
ministre a annoncé qu'un comité avait été
créé, présidé par le député de
Montmagny-L'Islet. Est-ce que je pourrais savoir quels sont les membres qui
font partie de ce comité?
Le Président (M. Lemieux): M, le ministre.
M. Rocheleau: M. le Président, en plus du
député de Montmagny-L'Islet, qui préside, il y a aussi le
député de Huntington, M. Claude Dubois. M. Joël
Chéruet qui est directeur des services à la protection de la
ville de Gatineau. Il y aussi M. Marcel Proulx, qui est un expert en sinistres
de Hull et M. Lauzier est secrétaire du comité. Il est du Bureau
de la protection civile du Québec, M. Lauzier est juste en
arrière de moi...
M. Chevrette: Je m'informais, s'il ne venait pas de Hull ou de
Gatineau.
M. Rocheleau:... et Mme Mathurin. Je dois indiquer, M. le
Président, que j'ai cru absolument important d'aller chercher des
experts-conseils à l'extérieur. Entre autres, je vous situe M.
Joël Chéruet qui est le directeur de la protection, pompiers,
police à la ville de Gatineau et aussi un instructeur
bénévole pour le bénéfice du Bureau de la
protection civile. Dans le cas de M. Marcel Proulx, c'est un expert en
sinistres. On sait que les experts en sinistres ont un rôle très
important, quant aux règlements entre sinistrés et, dans le cas
qui nous touche, le gouvernement. Ce comité est formé dans le but
de trouver la mécanique qui nous permettrait de diminuer le laps de
temps entre la réclamation d'une part, l'inspection des lieux ou des
dommages et de faire des recommandations qui permettront au gouvernement, par
le biais de la Protection civile, d'établir un programme afin de
rencontrer les objectifs, c'est-à-dire d'aider les
sinistrés alors qu'il y a des sinistres importants au Québec.
Plus particulièrement, ce comité touche un aspect qui est
peut-être le plus important, celui des inondations.
Par la suite, nous utiliserons sûrement plusieurs des
recommandations que nous retrouverons dans le rapport qui va nous être
déposé très prochainement. Cela pourra s'appliquer aux
autres genres de sinistres pour lesquels le gouvernement, en l'absence
d'assurances ou d'assurabilité en ce qui concerne les citoyens du
Québec et où on a à intervenir.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Joliette.
Zones sinistrées
M. Chevrette: M. le Président, ceci dit, la situation de
fait qui existe présentement, si j'ai bien compris, ou la politique qui
existe présentement est celle qui a été
édictée dans la Gazette officielle du 3 septembre 1986. Est-ce
que je me trompe?
M. Rocheleau: C'est-à-dire, M. le Président, que
les sinistres qui ont eu lieu avant le 31 mars 1986 et dont nous avons
établi un programme et adopté ce programme au mois de juillet
1986, sont actuellement les critères utilisés pour les fins de
dédommagement à l'intérieur des décrets qui ont
été entérinés.
M. Chevrette: D'accord. Donc, ceux qui ont été
sinistrés avant le 31 mars 1986 sont régis par le décret
1236-86 du 13 août 1986.
M. Rocheleau: C'est-à-dire que tous ceux, M. le
Président, et je veux faire, bien sûr... Tous ceux qui ont, par
l'entremise des municipalités, demandé un programme d'aide ou
demandé d'être reconnus comme zones sinistrées, tous ceux
avant le 31 mars 1987 sont assujettis.
Je ne sais pas s'il y a d'autres programmes qui ont été
acceptés au Conseil du trésor après le 31 mars 1986,
c'est-à-dire le...
Une voix: Le premier programme au mois d'août... Le 13
août?
M. Rocheleau: Après le mois d'août.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier,
s'il vous plaît.
M. Rocheleau: S'il vous plaît, je demanderai
peut-être à M. Roland Gosselin de nous donner certaines
indications.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Consentement du ministre
sur le temps de parole du ministre et veuillez vous identifier: Nom, titre et
fonction.
M. Gosselin (Roland): Roland Gosselin, Direction des plans et
opérations. À la réponse de M. Chevrette, le décret
1236-86 est le décret des inondations de mars et avril 1986. C'est ce
décret qui contient les nouvelles dispositions que M. Rocheleau a voulu
introduire dans les programmes d'assistance financière.
Depuis, trois autres programmes ont été
décrétés par le Conseil du trésor, par le
gouvernement. Ce sont...
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez me donner la date et qui
ça touche?
M, Gosselin: Oui. À la page 37, M. le député. C'est
une inondation survenue le 17 avril 1985 dans la municipalité de
Chertsey. Le décret est le numéro 676-87...
M. Chevrette: De Chertsey?
M. Gosselin: Chertsey. 676-87 daté du 29 avril 1987.
Une voix: Quel comté... la date et le numéro.
M. Gosselin: 676-87 du 29 avril 1987. Cela touche deux citoyens.
Le suivant est une inondation survenue du 27 au 31 janvier 1986 dans treize
municipalités du Québec. Le décret porte le numéro
678-87, daté également du 29 avril 1987. Il y en a un autre.
Avant Chertsey, il y en a un précédent. C'est une inondation
survenue le 13 mars 1985 dans la municipalité de Saint-Clet et te
décret porte le numéro 676-87, daté également du 29
avril. Les décisions ont été prises les mêmes
journées.
M. Chevrette: Donc, jusqu'à maintenant, il y a quatre
décisions de prises.
M. Gosselin: Depuis la... M. Chevrette: Depuis que...
M, Gosselin: Sous la responsabilité de M. Rocheleau, oui.
M. Chevrette: Bon, c'est ça. Mais le décret 1236-86
était un décret un peu plus large qui couvrait beaucoup plus de
monde que ceux des cas spécifiques que vous avez choisis
antérieurement, Chertsey, Saint-Clet et l'autre, c'est..
M. Gosselin: Saint-Clet et...
Une voix:... c'était une municipalité
dans le sud de Montréal.
M. Chevrette: Sur la rive-sud de Montréal.
M. Gosselin: Treize municipalités. Une voix:...
Saint-Laurent aussi.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre. Oui.
M. Rocheleau: Il y a d'autres cas, M. le Président, si
vous permettez. Nous avons passé aussi quelques autres décrets
depuis...
M. Chevrette: Basés sur...
M. Rocheleau:... que je suis en poste, entre autres, La Salle,
pour le dépotoir.
M. Chevrette: D'accord.
M. Rocheleau: On a accepté aussi les cas de Rochon,
Saint-Laurent, où il y avait une participation des municipalités.
Alors, ils n'étaient pas assujettis aux mêmes décrets ou
aux mêmes critères que ceux que nous avons utilisés lors du
décret pour les inondations du 31 mars et du 1er avril 1986.
M. Chevrette: Est-ce que les quatre décrets, étant
donné que je ne les ai pas à ma portée, ont sensiblement
les mêmes critères que le décret du 13 août 1986,
à l'exception de La Salle, bien sûr, qui n'est pas un cas
d'inondation, mais un cas plus particulier?
M. Rocheleau: Oui. Ce sont les mêmes conditions
générales.
M. Chevrette: Les mêmes conditions générales.
Bon. Ma question est la suivante. Si le ministre en arrive à la
conclusion que ces conditions générales établies pour les
quatre ou cinq cas d'inondation - je parle des inondations et non pas des
décrets comme La Salle - sont des critères tout à fait
insuffisants pour les locataires, que les petits sont pénalisés,
par exemple, est-ce que ces gens pourront toucher rétroactivement les
améliorations que vous apporterez?
M. Rocheleau: M. le Président, si c'était le cas,
il faudrait revenir il y a dix ans et rouvrir l'ensemble des décrets qui
ne tiennent pas compte, d'une fois à l'autre, des mêmes besoins,
des mêmes impératifs que le programme a donnés dans l'un ou
dans l'autre des cas. C'est justement dans le but de normaliser une politique
et des règlements qui feront en sorte que l'ensemble des citoyens du
Québec seront traités sur une même base dans tous les cas
et je pense que c'est important. Dans le cas du décret qu'on a
voté au mois de juillet 1986, pour les inondations du 31 mars et du 1er
avril 1986, à ce moment-là, on a appliqué des
critères particuliers où le sinistré devait être
responsabilisé à l'intérieur d'une participation qui - on
s'en souvient - était basée sur l'évaluation
foncière et tenait compte d'un montant déductible de 4 % de
l'évaluation foncière. Dans le cas d'un locataire, on avait
déterminé que le locataire devait subir un montant
déductible équivalant à deux mois de loyer.
Dans l'avenir - et c'est pour cela que j'espère que je serai en
mesure de déposer le rapport dans les prochaines semaines - le
décret qui devrait normalement être préparé pour
satisfaire, entre autres, aux exigences et aux besoins et aussi afin de le
bonifier pour régler le problème qui est arrivé le 31 mars
1987... Ce rapport devrait être déposé dans les prochaines
semaines. Effectivement, la population sera en mesure d'en prendre
connaissance. Il est prématuré aujourd'hui de vous donner
l'ensemble de son contenu, alors que le rapport n'est pas officiellement
déposé et que le comité est à en compléter
la rédaction finale ainsi que les recommandations.
M. Chevrette: Ceux du 31 mars 1987 -l'inondation dans la Beauce,
pour être plus précis - seront-ils traités en vertu du
décret 1236-86 ou s'il y aura un décret particulier pour la
Beauce?
M. Rocheleau: Normalement, les inondations du 31 mars, du 1er
avril 1987 et les autres devront tenir compte du rapport qui sera
déposé et des recommandations qui y seront incluses. Par contre,
au bénéfice de la commission, je dois vous indiquer - je l'ai
déjà indiqué et je pense que l'Opposition est d'accord
avec cela - que quand un sinistre arrive, c'est déplorable, c'est
malheureux pour les citoyens qui ont à le subir. Par contre, le laps de
temps où un règlement leur est offert doit être
considérablement diminué. On a réglé, cette
année, des cas de 1982-1983; j'ai trouvé cela absolument
malheureux. Je pense qu'il nous faut trouver un mécanisme aussi
près de la réalité que les compagnies d'assurances le sont
vis-à-vis de leurs assurés et en arriver à un
règlement possible dans les six mois suivant le sinistre.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre. Malheureusement, il est 12 h 30. Alors, nous suspendons nos travaux
jusqu'à 15 h 30 cet après-midi, soit après les affaires
courantes.
Nous revenons cet après-midi avec le programme 3, Protection
civile. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 15 h 36)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux relativement à l'étude des
crédits du ministère des Approvisionnements et Services. Nous en
étions au programme 3, Protection civile. M. le député de
Joliette.
Moyenne des réclamations
M. Chevrette: D'abord, je voudrais demander, soit au ministre ou
à son représentant, de me donner les proportions des dommages.
Quand il arrive une inondation comme dans la Beauce, quelles sont les montants
des réclamations les plus fréquentes, par exemple? Est-ce que ce
sont des montants de 4000 $ et moins, de 5000 $ et moins, de 2000 $ et moins ou
si ce sont de gros montants?
M, Rocheleau: M. le Président, étant donné
que c'est une question très technique qui concerne les coûts,
voulez-vous me permettre de demander à M. Roland Gosselin de bien
vouloir répondre, s'il vous plaît?
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier
préalablement pour l'enregistrement du Journal des débats?
C'est déjà fait pour ce matin, mais, pour cet
après-midi, s'il vous plaît...
M. Gosselin: Roland Gosselin, directeur des plans et
opérations.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. Chevrette:
Cela n'a pas changé. M. Gosseiin: Pardon? M. Chevrette:
Allez-y!
M. Gosselin: La question est assez précise, elle ne
concerne que l'événement de mars et avril 1986.
M. Chevrette: Je donne un exemple. Prenons un cas concret.
J'aurais pu vous parler des prairies de Saint-Charles-Borromée, il y a
quelques années. Le plus récent, les revendications ont
été... Je ne parle pas de ce que vous avez donné, je parle
du montant des réclamations.
M. Gosselin: Si on regarde juste l'événement avec
le nombre de dossiers, on peut peut-être en tirer des conclusions. Je
vais retrouver cela, mars et avril 1986. Si on regarde le nombre de dossiers
traités et, entre autres, les particuliers, il y a 28 demandes avec des
versements d'environ... Excusez-moi. Il y a 121 demandes reçues, 75 en
traitement, 14... Je regarde le montant qui est versé et j'y arrive.
M. Chevrette: Je ne parle pas des montants versés.
M. Gosselin: Non, maïs cela permet d'établir un
montant...
M. Chevrette: C'est correct. M. Gosselin:... moyen.
M. Chevrette: Si cela peut vous le permettre, n'importe quoi,
pour autant que j'ai la réponse à ce que je veux.
M. Gosselin: Trois demandes ont* été payées
à des particuliers pour un montant d'environ 2000 $. Pour un
particulier, on peut conclure, si on parle de cette clientèle: 1000
divisé par trois, 300 $; 2000 $ divisé par trois, pardon...
M. Chevrette: Cela prend donc des dégâts de quelle
nature, à 300 $ chacun?
M. Gosselin: Pas à 300 $, excusez, 800 $... 2000 $
divisé par trois, ce qui fait...
M. Chevrette: 800 $, 600 $, environ 650, 33 $. Bon! Combien
faut-il qu'ils paient pour les réclamations? 2000 $, c'est ce que vous
avez versé.
M. Gosselin: Oui, dans ces cas-là, on a... Si on parle de
cette clientèle...
M. Chevrette: Vous avez reçu des réclamations de
combien pour les trois?
M, Gosselin: II faudrait se référer aux
dossiers.
M. Chevrette: Si vous avez versé 666, 66 $ à
chacun...
M. Gosselin: Cela tient compte du montant déjà
assumé par chacun des particuliers, qui est basé sur la valeur de
l'immeuble; c'est une des règles, 4 % de la valeur de l'immeuble.
M. Rocheleau: M. le Président, pour simplifier, dans
l'hypothèse où il y avait une réclamation totalisant 4000
$ qui serait acceptable de la part du Bureau de la protection civile, si on
tenait compte d'une propriété évaluée à 50
000 $, 4 % du montant de l'évaluation donnerait 2000 $ comme
déductible à toutes fins, soustraits des 4000 $
réclamés; cela veut dire, à ce moment-là, que le
Bureau de la protection civile offrirait comme dédommagement 2000 $.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. Chevrette: Est-ce que la majorité des plaintes se situe
à environ 4000 $ de dégâts?
M. Gosselin: Il faudrait se référer aux dossiers.
Je me demande si les statistiques sont déjà tenues chez nous.
Notre vérification est à savoir qu'on ne tient pas de
statistiques sur le montant des demandes effectivement.
M. Chevrette: Mais comme vous avez les montants
versés...
M. Gosselin: Seulement sur le résultat du montant
versé.
M. Chevrette:... le montant versé se situe
généralement entre quoi et quoi? On va le faire le calcul, on est
assez fort en chiffres pour cela.
M. Gosselin: Pour des inondations, si on fait
référence aux années passées, ce sont des
montants...
M. Chevrette: Avec les nouvelles normes.
M. Gosselin: Avec les nouvelles normes, ce sont quand même
des montants de 300 $ à 1000 $ en moyenne pour un particulier.
M. Chevrette: Entre 300 $ et 1000 $, les montants que vous
versez?
M. Gosselin: Je pense que c'est dans cet ordre de grandeur,
oui.
M. Chevrette: Donc, ce sont vraiment des dégâts qui
ne sont pas supérieurs dans ce cas-lè à 5000 $ ou 6000
$?
M. Gosselin: Moins de 5000 $ ou 6000 $.
M. Chevrette: Moins de 5000 $ ou 6000 $.
M. Gosselin: Si on parle de particuliers, oui.
M. Chevrette: Cela confirme donc que ce sont des
dégâts inférieurs à 3000 $ ou 4000 $ comme on
parlait.
M. Gosselin: Voilà, moins le déductible. M.
Chevrette: Moins le déductible.
M. Gosselin: Effectivement, les dommages d'inondation sont peu
importants à moins qu'il n'y ait des dommages à l'infrastructure
de l'immeuble, ce qui est rarement le cas. Cela veut dire qu'un bloc de glace
qui entre dans l'immeuble, si c'est seulement de l'eau, ce sont des nettoyages
et des pertes de biens qui ne sont pas essentiels parce que entreposés
dans les sous-sols. C'est pour cela que les montants ne sont pas importants,
puisque cela ne s'adresse qu'aux biens essentiels qui,
généralement, ne sont pas dans les sous-sols.
M. Chevrette: Quant aux municipalités, avez-vous
versé des " montants aux municipalités jusqu'à
maintenant?
M. Gosselin: Toujours pour l'événement de mars et
d'avril.
M. Chevrette: Toujours en vertu des nouvelles normes.
M. Gosselin: Pour mars et avril aussi 1986? Aux
municipalités, pour les mesures d'urgence, oui. Actuellement... Non,
excusez, on a des demandes en traitement, mais il n'y a pas encore de paiement
fait aux municipalités, dans les municipalités qui étaient
dans le décret de mars et avril 1986. On n'a rien versé encore
aux municipalités.
M. Chevrette: Question au ministre. Comment explique-t-il que,
selon les nouvelles normes adoptées le 13 août 1986, les seuls
bénéficiaires qui reçoivent plus qu'avant, ce sont les
grosses compagnies?
M. Rocheleau: Encore là, M. le Président, il
faudrait faire une évaluation totale des demandes. Dans le décret
que nous avons adopté, nous tenions compte aussi de l'évaluation
foncière d'une compagnie qui faisait des réclamations. Ici on
peut vous indiquer la répartition par type de bénéficiaire
de l'aide financière versée pendant l'exercice 1986-1987.
À la page 12 de votre document, M. le leader de l'Opposition, nous avons
versé effectivement aux particuliers 1 355 757 $; aux exploitations
agricoles: 360 000 $, aux entreprises: 118 182 $; aux orqanismes: aucune
demande et aux municipalités: 2 394 113 $.
M. Chevrettes L'objet de ma question n'est pas là, parce que les
grosses compagnies n'étaient pas admissibles avant, c'étaient les
petites compagnies, les petites entreprises; les grandes, dans la politique
antérieure, n'ont jamais été admissibles. Ce n'est qu'en
vertu du décret du mois d'août 1986 que la grande entreprise est
maintenant admissible aux indemnités d'inondation, à moins qu'on
nous ait mal renseignés...
M. Rocheleau: C'est-à-dire, M. le Président, qu'il
faut expliquer qu'une société, selon sa structure... D'une part,
il faut que
50 % des actions soient détenues par le principal actionnaire qui
a comme gagne-pain les fruits de son entreprise. Si on prend des entreprises
multinationales qui ont des actions sur le marché, à ce
moment-là, aucun dédommagement ne peut leur être offert.
Dans le...
M. Chevrette:... 21. 08. 86 à 10 h 45, vous lanciez un
programme d'assistance financière pour les victimes d'inondation.
 la page 4 de ce document, vous dites: "Antérieurement, on
n'accueillait que les entreprises de un à trente employés. On
acceptait les organismes à but non lucratif. " Ce n'est qu'après
cette publication que vous avez accepté, je suppose, les compagnies de
30 employés et plus. C'est ce qui me fait dire que la grande entreprise
n'était pas antérieurement admise, puisqu'on ne
considérait que les entreprises de un à trente employés,
et on ne considérait pas les autres.
M. Rocheleau: II faut tenir compte, M. le Président, que,
antérieurement, on considérait les entreprises qui avaient un
nombre total d'employés de 30. Maintenant, on ne peut pas
considérer cela comme de grandes entreprises, ce sont plutôt de
petites entreprises. Il y a des moyennes entreprises qui sont des corporations
familiales, qui ont plus de 30 employés. S'il y avait péril au
plan de l'emploi et de la continuation de l'entreprise, à ce
moment-là, nous en avons tenu compte puisque les petites, moyennes et
grosses entreprises... C'est là que je faisais la distinction suivante:
Prenons comme exemple la compagnie Eaton. Elle n'aurait pas pu recevoir de
dédommagement du Bureau de la protection civile en tenant compte du fait
que 50 % des actions n'étaient pas détenues par le principal
actionnaire, d'une part, oeuvrant dans son entreprise pour son
bénéfice, et à ce moment-là, cela limite, d'une
façon très considérable, l'accessibilité au
programme.
M. Chevrette: Je veux me réexpliquer.
Antérieurement, les entreprises, qui avaient un à trente
employés, étaient admissibles. On s'entend là-dessus?
M. Rocheleau: Avec un chiffre d'affaires...
M. Chevrette: Et dont le chiffre d'affaires était de moins
d'un million de dollars.
M. Rocheleau: C'est cela.
M, Chevrette: D'accord, on s'entend. Ce ne sont quand même pas de
grosses entreprises. On acceptait les organismes à but non lucratif. Les
municipalités n'étaient pas traitées conformément
aux nouveaux critères qu'il y a là, où on oblige à
dépenser. En fait, l'objectif visé - ce n'est pas un traquenard
que je vise... Je pensais que vous aviez des statistiques, mais je
m'aperçois que vous n'en avez pas. Il serait intéressant, par
exemple, que vous nous fassiez parvenir, éventuellement - je ne vous
demande pas cela pour demain matin - le nombre de réclamations, dans
quel genre de paramètres elles se situent, combien, entre 3000 $, 4000 $
et 5000 $ réclamations et moins, quelque chose du genre, pour que cela
nous donne un aperçu réel des utilisateurs réels de ce
fonds public. Parce que, pour bâtir une politique, on est aussi bien
d'accoucher tout de suite, il y en a qui attendent après nous pour
discuter d'autres choses.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: M. le Président, il y a deux
éléments. Je n'ai pas d'objection à faire parvenir ces
demandes sous une base de statistiques au leader de l'Opposition afin de lui
permettre de faire un constat de ceux et celles dont le Bureau de la protection
civile peut apporter une aide quelconque. Par contre, je tiens à
souligner, à l'intérieur du décret du mois de juillet
dernier, que pour toute réclamation excédant 40 000 $, nous
devions faire une analyse particulière du cas et soumettre ce cas au
Conseil du trésor pour avoir une approbation particulière.
Le Président (M, Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
M. Chevrette: Voyons Maximilien, un whip à part cela!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Le constat que je veux faire, M. le
Président, c'est qu'il m'apparaît que dans la nouvelle politique,
peut-être pas l'objectif visé, mais les résultats et la
situation de fait sont là. C'est l'individu qui a des problèmes
ou des réclamations de l'ordre de 3000 $ à 4000 $; cela joue
à peu près dans cela - à moins que l'individu n'ait eu un
bloc de glace qui a passé au travers, ce qui ne doit pas être
courant, j'en ai quand même vu pas mal, j'ai vu Joliette,
Saint-Char-les-Borromée et Notre-Dame-des-Prairies et j'ai
assisté à ce que c'était qu'une débâcle. Les
dommages, dans certains cas, s'élevaient à 10 000 $, mais pour
plusieurs c'était entre 3000 $ et 4000 $. Il fallait refaire un sous-sol
parce que la laine était descendue
complètement, il fallait changer... etc. Mais, je me rends compte
que c'est l'individu qui, dans cette nouvelle politique, avec les 4 %, est le
plus pénalisé. Pour un individu, avoir à débourser
les premiers 2000 $ ou à peu près, c'est cela qui est le plus
pénalisant pour un gagne petit, un salarié moyen. Pour une petite
compagnie, cela pourrait assez douloureux, j'en conviens, alors que pour
certaines grosses compagnies, on sait très bien que cela peut être
une "peanut". Mais, pour un individu, ce ne sont pas des "peanuts". Cela me
frappe dans la politique.
La deuxième chose sur laquelle je suis en profond
désaccord dans la politique actuelle, c'est l'obligation qui est faite
à la municipalité d'investir l'équivalent, sur trois ans,
des montants qui pourraient être versés dans sa localité.
Je peux vous dire franchement, quand on regarde des municipalités qui
ont à peine 100 000 $ ou 125 000 $ de budget et qui se voient
obligées d'investir 75 000 $, 100 000 $, 200 000 $ à un moment
donné, c'est beaucoup parce que c'est le même contribuable qui est
pénalisé individuellement avec la nouvelle politique du 4 %,
c'est le même contribuable qui aura à payer ses taxes ou ses
impôts en fonction du coût d'investissement qu'on demande à
la municipalité de faire, obligatoirement. C'est une deuxième
anomalie.
La troisième, c'est qu'on fait porter l'odieux du non-paiement
aux individus sur la municipalité si celle-ci refuse d'investir. En
d'autres mots, la municipalité dit qu'elle ne peut pas aller investir
200 000 $ car elle a 100 000 $ de budget annuel. Il y a des
municipalités qui m'ont dit cela. Comment veut-on qu'elles fassent cela?
Même des municipalités assez grosses comme Notre-Dame-des-Prairies
et Joliette à qui on demanderait d'investir la somme équivalente
de 1 000 000 $. C'est un trou de près de 1 000 000 $ que cela
représentait si on avait transposé le cas de 1979 en 1986-1987
avec la nouvelle politique. Elles auraient donc eu l'odieux devant leurs
concitoyens du non-paiement par la Protection civile, parce qu'elles n'auraient
pas passé le règlement d'emprunt pour se conformer à la
nouvelle politique. Cela m'apparaît grave.
Je vais vous donner un exemple. Le ministre dit: II y a eu des zones
inondables et elles ont laissé construire. C'est vrai. Mais cela n'est
pas vrai partout. Ce n'est pas partout la faute des élus municipaux. Je
pourrais vous dire par exemple qu'à Saint-Charles-Borromée, la
paroisse où je demeure, il y a des gens qui construisent dans une plaine
inondable. Ce n'est pas la municipalité qui le voulait... Elle les a
bloqués. Savez-vous que c'est par procès et c'est devant la Cour
supérieure que le promoteur, l'individu dans le temps, a gagné
pour construire malgré l'opposition de la municipalité. Donc, il
arrive un problème dans cette plaine inondable de
Saint-Charles-Borromée. C'est la municipalité qui a l'odieux
devant ses citoyens et c'est grâce à un promoteur qui a
gagné devant les tribunaux civils. Il m'apparaît qu'on ne tient
pas compte dans cette politique des situations réelles,
réellement vécues. Il y a des cas particuliers, il me semble, qui
doivent faire l'objet d'analyses au-delà d'une norme de portée
générale. Je ne comprends pas que Saint-Charles-Borromée
pourrait être pénalisée quand c'est un juge de la Cour
supérieure qui a décidé qu'il bâtirait là
alors que la municipalité dans son plan d'urbanisme disait non, zone
inondable. Et il a gagné le gars, après plusieurs
procès.
C'est l'histoire d'un cas. Mais on pourrait reprendre des cas à
plusieurs endroits quand on dit qu'il y a des municipalités qui ont
laissé bâtir un peu à la va-comme-je-te-pousse, qu'il n'y
avait aucun règlement municipal à l'époque. Cela remonte
à 75 ou 80 ans, et là, on leur demande du jour au lendemain... On
leur dit, là vous avez des schémas d'aménagement
maintenant. Je comprends que pour toute la protection future si elles ne se
conformaient pas aux schémas d'aménagement, je comprendrais une
pénalité même très forte. Je serais même
peut-être d'accord à ce que vous les doubliez. Parce qu'une
municipalité qui ne peut pas respecter un schéma
d'aménagement, qui a été fait après consultation,
à mon point de vue, mérite des sentences exemplaires. Mais dans
le cas où les gouvernements de l'époque n'exigaient pas et cela
ne remonte pas à aujourd'hui, cela peut remonter en "1900 tranquille"...
On pénalise des individus, et bien souvent dans des petites paroisses
qui n'ont même pas des budgets équivalant, annuellement, à
ce qu'on leur demande. Cela m'apparaîtrait être des augmentations
de taxes faramineuses, qui n'auraient aucun bon sens, qui dépasseraient
tout entendement. Je voudrais savoir, d'abord de la part du ministre, s'il
entend se pencher sur ces cas particuliers que je lui relate, parce que ce qui
existe présentement m'apparaît faire fi des
réalités.
M. Rocheleau: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: J'avais déjà, l'année
dernière, eu l'occasion de traiter quelque peu de l'ensemble de la
problématique qui est soulevée par le leader de l'Opposition en
ce qui concerne une participation ou une responsabilisation des organismes
comme les municipalités. Il est bien évident, M. le
Président, qu'antérieurement il était peut-être trop
facile pour une municipalité de simplement passer une résolution
demandant
de reconnaître une partie de la municipalité qui aurait pu
connaître des problèmes particuliers, disons inondations ou
autres. D'une part, nous avons demandé à l'intérieur du
décret passé pour les inondations du 31 mars, 1er avril 1986,
décret adopté au mois de juillet 1986 et qui est actuellement en
application, nous avons demandé, dis-je, une participation de la
municipalité équivalant à un dollar per capita. Nous
avions consenti, pour les municipalités qui avaient des dommages subis
aux infrastructures qui sont considérées comme biens essentiels,
à contribuer au remplacement ou à la réfection de ces
infrastructures. Quand nous avons indiqué que la municipalité,
dans les trois années du programme, devait s'engager à
défrayer l'équivalent du coût des dommages subis dans la
totalité de la municipalité, c'est-à-dire, soustraction
faite de la participation des subventions gouvernementales, tant
fédérales que provinciales, et la totalité des subventions
pour des correctifs s'élève à 90 %. Dans
l'hypothèse où il y aurait eu 1 000 000 $ de consentis en
dédommagement dans une municipalité - et je vous avoue que ce
n'est pas le cas quand on fait l'ensemble des estimations - le montant qui
pourrait leur être exigé est très minime.
Mais c'était, par contre, davantage une question de principe
vis-à-vis des municipalités qui continuaient à octroyer
des permis de construction dans des zones identifiées comme zones
inondables. Nous voulions, à ce moment-là, dans l'attente de
l'approbation de3 schémas d'aménagement, que les
municipalités régionales de comté doivent approuver, et
dans lesquels devra être indiqué - dans le cas des MRC où
le ministère de l'Énergie et des Ressources n'a pas
complété la cartographie urbaine indiquant les zones inondables -
l'ensemble des probabilités, entre autres, d'inondation potentielle de 0
à 20 ans, qui sont les inondations plus fréquentes. De 20 ans
à 100 ans il y a des dispositions particulières qui peuvent
être prises maintenant, à l'intérieur de la
délivrance de permis de construction, qui permettent des constructions
et, en même temps, disposent de critères particuliers pour
permettre ces constructions.
Je tiens encore à souligner au bénéfice du leader
de l'Opposition qu'une municipalité ne peut pas légalement
s'engager - je dis bien légalement s'engager - à affecter des
coûts qui devraient normalement être approuvés par
règlement d'emprunt et soumis à l'approbation de la population,
quand viendra le temps d'apporter des correctifs et d'avoir une participation
gouvernementale des paliers supérieurs. J'ai eu l'occasion à deux
reprises de rencontrer l'ensemble des municipalités qui avaient
demandé un programme d'aide à la protection civile pour leur
expliquer qu'en somme, dans les demandes que nous avions formulées
à l'intérieur du décret, c'était davantage un voeu
pieux, une question de principe à savoir que les municipalités
pouvaient avoir recours à des programmes dans le but d'apporter des
correctifs à des inondations que l'on trouvait
répétitives. C'est-à-dire qu'année après
année on a à peu près la même clientèle quand
il y a des inondations. Quand on parle de la Beauce, année après
année on rencontre des clients réguliers. Nous souhaitions,
surtout pour ces personnes qui subissaient des dommages particuliers, que s'il
y avait des programmes qui pouvaient... on l'a fait sur la Côte-Nord;
c'est sur la Côte-Nord qu'on a fait des programmes d'enrochement,
à Raqueneau, où le gouvernement a accepté de faire de
l'enrochement pour éviter la pénétration des eaux dans les
terres privées. (16 heures)
M. le Président, encore une fois je dis que pour une
municipalité, il n'y a aucune obligation formelle tant et aussi
longtemps que le conseil municipal n'a pas accepté de faire une demande
d'aide particulière au gouvernement, à la suite des estimations
prévoyant les correctifs. Encore là, pour apporter des correctifs
dans une municipalité. Prenons l'hypothèse que cela pourrait
comporter des coûts astronomiques pour certaines municipalités;
pour protéger 5, 10, 15 ou 20 propriétés, on pourrait
envisager de dépenser 5 000 000 $ ou 10 000 000 $. Â ce
moment-là, M. le Président, nous aurons à examiner s'il
n'est pas plus facile, avec l'aide de la municipalité, de
préparer un programme déplaçant les propriétaires
sujets à des inondations annuelles. Le gouvernement pourrait aussi
participer au déplacement de certaines personnes qui subissent des
sinistres annuellement.
C'est dans cet objectif que nous tentons de trouver des solutions,
lesquelles, malheureusement, ne sont pas nécessairement faciles. On ne
peut pas mettre la même culotte à tout le monde. Il y a des cas
particuliers qui doivent être traités différemment et je
pense qu'au niveau du Bureau de la protection civile quand on fait le premier
examen d'une situation de fait à la suite d'un sinistre, cela nous
permet, à l'intérieur d'un programme que nous soumettons, de
tenir compte de l'ensemble de la problématique et d'indiquer, à
l'intérieur de balises que nous retrouverons dans ie document qui nous
sera soumis dans les prochaines semaines, une expertise à peu
près globale du cheminement de l'ensemble des problèmes que nous
avons eus.
Le leader de l'Opposition avait raison de dire qu'appliquer une norme
basée sur l'évaluation foncière identique, autant pour le
petit que pour ie qros, peut, à cause du montant des
réclamations, davantage pénaliser une famille ou une personne qui
est au nombre des plus démunis de la société.
Nous allons, à la suite de certaines analyses, soumettre des
recommandations qui nous permettront d'en tenir compte. Quand le
président du comité et le comité déposeront leur
rapport dans les prochaines semaines, on sera en mesure de tenir compte d'une
expertise complète faite des programmes antérieurs, des
situations de fait et de la façon dont on pourra disposer, le plus
rapidement possible, des règlements touchant les populations
sinistrées.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Joliette, il reste encore huit minutes.
Vous pouvez continuer.
M. Chevrette:...
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Merci. Un peu dans la veine de ce que disait le
député de Joliette et des questions qu'il posait, à la
page 11 des crédits...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous parler un peu plus
fort, M. le député de Saint-Louis, s'il vous plaît?
M. Chagnon: Je pourrais peut-être aussi me rapprocher.
Le Président (M. Lemieux): Vous pourriez vous
rapprocher.
M. Chagnon: À la page 11 des crédits, section 3,
j'ai quelques questions concernant 11, 12 et 13. Dans la répartition par
programme de l'aide financière versée pendant l'exercice
1986-1987, on nous fait état de sinistres qui ont eu lieu. On nous donne
les dates: inondation les 3 et 4 février 1983. À la page 12,
l'étude des grottes de Boischatel, en quelle année est-ce? C'est
quand? Je présume que ce n'est pas une analyse des stalagtites ou des
stalagmites des grottes de Boischatel. En quelle année est-ce? Est-ce
que vous avez l'année? Quelqu'un l'a-t-il?
M. Rocheleau: M. le Président...
M. Chagnon: Ah! Il y a eu règlement; le décret est
en date de 1985, mais les dates ne correspondent pas toujours à
l'année du sinistre. Je voulais juste savoir quand a eu lieu le
sinistre.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: M. le Président...
M. Chagnon: Vous pourriez, M. le ministre, me les donner tous:
études des grottes de Boischatel, falaise rocheuse, mesures d'urgence,
La Salle et sauvetage dans les corporations municipales de
Sainte-Anne-des-Monts et Saint-Paul, mais on ne sait pas en quelle
année.
M. Rocheleau: II y a un aspect technique là-dedans. On
retrouve à certains endroits des dates précises et, à
d'autres endroits, il n'y a pas de date. J'ignore si cela remonte à
1985.
M. Gosselin: Lequel en premier?
M. Chagnon: Prenez la page 12, monsieur?
M. Gosselin: M. Gosselin, Roland Gosselin, Direction des plans et
opérations.
M. Chagnon: M. Gosselin, l'étude des grottes de
Boischatel, falaise rocheuse de la rivière du Moulin à
Chicoutimi.
M. Gosselin: Grottes de Boischatel? M. Chagnon: Oui.
M. Gosselin: D'accord. Pour les grottes de Boischatel, le
décret est daté du 17...
M. Chagnon: Non. Le sinistre, quand?
M. Gosselin: Les grottes de Boischatel, un
événement qui dure depuis 1972. Ce...
M. Chagnon: 1972..
M. Gosselin:... sont des grottes situées dans un quartier
domiciliaire à Boischatel. La découverte des grottes et l'examen
fait par des spéléologues ont indiqué l'urgence d'une
intervention...
M. Chagnon: En quelle année?
M. Gosselin:... de colmataqe et d'examen.
M. Chagnon: En 1972?
M. Gosselin: C'était connu depuis 1972. Mais, le
phénomène a été actualisé et l'urqence a
été établie vers 1985. Le gouvernement d'alors a
jugé opportun de faire un programme d'évaluation du risque
concret...
M. Chagnon: Parfait.
M. Gosselin:... qui a coûté environ -c'est
terminé aujourd'hui - 68 000 $.
M. Chagnon: Dont 22 240 $ dépensés dans l'exercice
1986-1987.
M. Gosselin: C'était le dernier paiement.
M. Chagnon: D'accord.
M. Gosselin: Pour près de 70 000 $.
M. Chagnon: Falaise rocheuse de rivière du Moulin à
Chicoutimi, c'est quand?
M. Gosselin: Oui, le décret date de septembre 1985...
M. Chagnon: Oui, j'ai lu cela.
M. Gosselin: C'était au cours de l'année 1983
que...
M. Chagnon: 1983.
M. Gosselin:... les éboulements répétitifs
ont commencé dans cette falaise.
M. Chagnon: En 1983...
M. Gosselin: Au cours de l'année 1983.
M. Chagnon:... et le décret date de 1985.
M. Gosselin: Pardon?
M. Chagnon: En 1983 et le décret est en 1985.
M. Gosselin: C'est exact.
M. Chagnon: Pourquoi deux ans? Pourquoi deux ans entre le
sinistre et le moment où l'on paie?
M. Gosselin: Ce serait bien d'avoir une réponse. Je
l'aurais apprécié.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, voulez-vous votre réponse de M. le député de
Joliette?
M. Chagnon: Cela me ferait plaisir. Mon collègue, le
député de Joliette, connaît»*
Le Président (M. Lemieux): M. le député, sur
le temps....
M. Chagnon:... peut-être les falaises de la rivière
du Moulin à Chicoutimi.
Le Président (M. Lemieux):... et l'autorité du
ministre...
M. Gosselin: Je vais essayer de reformuler la même
réponse ou une meilleure si possible. Effectivement, en 1983, des
événements ont fait que des éboulis de plus en plus
fréquents se manifestaient. Il y a des immeubles au pied de cette
falaise, à la rivière du Moulin. Des analyses de soi ont
été faites par la municipalité; elle s'est adressée
à nous, je dirais vers 1964, pour signaler, d'après elle,
l'urgence d'envisager soit une relocalisation ou encore une correction à
la falaise, un soutènement des bases de la falaise. Le temps
écoulé entre les expertises et la prise de décision du
gouvernement de l'époque a fait que cela a été fait en
1985.
M. Chagnon: La demande vous est parvenue en 1984.
M. Gosselin: Je pourrais regarder dans le dossier, mais, de
mémoire, je dirais une année auparavant, oui.
M. Chagnon: Or, cela prend un an pour régler ce
problème.
M. Chevrette: Dans certains cas, cela peut prendre trois ans.
M. Chagnon: D'accord. Mesures d'urgence de l'ancien
dépotoir municipal de ville de La Salle, quand?
M. Gosselin: Le dépotoir de ville de La Salle, c'est en
1985. Effectivement, la connaissance du dossier, c'est en septembre 1985... Le
dossier a été porté à la connais» sance du
bureau en mars 1985.
M. Chagnon: Mars.
M. Gosselin: Oui. Par le ministère de l'Environnement.
M. Chagnon: Je présume qu'il y a un lieu direct entre les
mesures d'urgence d'anciens dépotoirs et les catastrophes
appréhendées dans l'ancien dépotoir.
M. Gosselin: Vous avez raison, cela a été le
premier décret. Vous voyez, c'est en avril. Donc, on a fait un premier
décret parce que la situation était tellement urgente que le
gouvernement d'alors avait décidé d'investir à des
études préliminaires...
M. Chagnon: D'accord.
M. Gosselin:... l'évaluation de 500 000 $.
M. Chagnon: Sauvetaqe, corporations municipales de
Sainte-Anne-des-Monts et de Saint-Paul, en quelle année?
M. Gosselin: Sainte-Anne-des-Monts et Saint-Paul, de
mémoire, c'est un dossier qui date de plusieurs années, les
années 1983 ou 1984. Ce sont deux immeubles menacés par un
glissement de terrain. 11 y a eu plusieurs
évaluations; en fait, la décision a été
prise très tardivement, je dois le reconnaître, dans ce dossier.
Il y a eu des discussions très difficiles avec les municipalités
parce qu'on voulait les impliquer financièrement avec nous dans la
décision puisqu'elles avaient permis l'émission des permis de
construction. Les immeubles sont installés selon des règles
municipales. C'est ce qui a fait que, finalement, on s'est entendu pour un
partage financier avec les municipalités dans ces deux cas et c'est le
temps que cela a pris pour décréter le programme.
M. Chagnon: II est surprenant de constater que le moment
où on vous informe d'une situation d'un sinistre et le moment où
il y a date et numéro du décret, que cette date est très
variable. Est-ce que généralement, le fait que cette date soit
variable, entre le moment où on vous informe d'un sinistre et le moment
où vous participez financièrement par le programme
dépenses de transfert relatives... Est-ce qu'elle est variable à
cause d'un problème avec les municipalités ou est-ce que c'est un
problème d'administration ou d'expertise que vous devez faire dans votre
service du Bureau de la protection civile?
M. Rocheleau: En somme, c'est une préoccupation que j'ai
depuis que la responsabilité du Bureau de la protection civile
dépend du ministère des Approvisionnements et Services, à
savoir qu'effectivement il y a un laps de temps beaucoup trop long qui
s'écoule entre la constatation de l'événement, l'expertise
qui est faite, entre le programme qui est préparé, le
décret qui est passé et, finalement, le paiement qui est fait aux
individus.
Vous avez pris tantôt les cas de Sainte-Anne-des-Monts et de
Saint-Paul, cela remonte à 1982-1983. Nous avons passé un
décret le 26 novembre 1986 et nous avons eu l'approbation dans ce
cas-là des municipalités au cours du mois de septembre. Les
municipalités se sont engagées à reprendre possession du
terrain et à assumer 20% des coûts des sommes payées par le
Bureau de la protection civile.
Mais, vous avez raison dans les faits et nous allons sûrement
retrouver à l'intérieur du rapport des recommandations qui feront
en sorte de trouver la mécanique utilisée par l'entreprise
privée entre l'assuré et l'assureur et qui fait que, quand il y a
un dommage, qu'une recommandation est faite à la compagnie d'assurances,
on affecte des évaluateurs immédiatement et cela entraîne
des négociations au niveau d'un règlement et, dans les 60 jours
de l'événement le demandeur a été payé.
Dans le cas du Bureau de la protection civile on a actuellement un
processus très lourd et nous devrons tenter de le diminuer.
Vous allez retrouver dans le rapport qui va nous être soumis d'ici
à deux semaines, des recommandations très pertinentes à ce
sujet.
M. Chagnon: Parce que je présume, M. le ministre, que si
je suis victime d'une catastrophe, je n'attendrai pas d'être mort avant
d'avoir un règlement financier avec le ministère ou la protection
civile. De 1983 à 1986 ou 1987, c'est un peu long pour un
règlement. Ceci étant dit, est-ce qu'on pourrait aussi m'indiquer
comment il se fait que l'arrêté ou le décret 1236-86 que
l'on retrouve en page 12 pour la somme de 20 000 $ et encore dans le cas du
sauvetage dans les corporations municipales de Sainte-Anne-des-Monts et de
Saint-Paul, devient à la page 13 un décret de 21 000 $? Quel est
le...
M. Rocheleau: Dans ce cas-là, en particulier, il y a eu
des avances que nous avons consenti à payer avant d'avoir
complété des ententes avec les municipalités. Alors, il
avait été consenti, dans ces deux cas-là, à cause
de la situation financière des deux familles en question, à
verser à chacune un montant de 10 000 $ en attendant de compléter
avec la municipalité l'entente qui avait été
établie au préalable.
M. Chagnon: Pourquoi 20 000 $ devient-il 21 000 $?
M. Rocheleau: Alors, il y a 20 000 $ qui ont été
payés et il reste 21 000 $ à payer. D'accord?
M. Chagnon: D'accord, cela va, merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis. M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais me permettre quelques distinctions
parce que telle que la question a été posée, cela peut
vouloir dire qu'il ne se fait pas de travail. Je ne veux pas me porter à
la défense de quiconque, mais ces choses sont bien plus complexes
qu'elles n'en ont l'air sur le décret. Pour avoir travaillé sur
certains dossiers, un sinistre appréhendé ce n'est pas une
inondation qui s'effectue.
M. Chagnon: M. le Président, cela demande...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, le député de Joliette est dans son droit de
parole.
M, Chevrette: Je vous ai écouté parler, faites l'air de
rien et écoutez-moi.
M. Chagnon: Mais ne me faites pas de
procès d'intention, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Non, ma1s les propos peuvent laisser sous-tendre
que c'est simple comme bonjour. Je veux faire la distinction parce qu'un
sinistre appréhendé ce n'est pas nécessairement la faute
de la protection civile ni même d'un gouvernement, ni même d'une
municipalité et cela prend des expertises professionnelles, dans
certains cas, extrêmement longues. J'en sais quelque chose, il n'y a
qu'un chemin et ce sont les conflits de juridiction entre ministères
pour faire des sondages, même si une route devient dangereuse. Même
si la protection civile voulait intervenir, elle va intervenir seulement
après que les sondages auront été faits; cela je le
comprends. Ce sont des choses qu'il faut essayer de démystifier. Je
pense qu'il y a une différence nette entre une catastrophe qui se
produit car tu connais les dégâts, où tu peux aller
pratiquement aussi vite que dans l'entreprise privé faire une expertise
des dommages individuels; quand c'est le cas d'une inondation, mais par rapport
à un sinistre appréhendé, je m'excuse, ce n'est pas moi
qui me lèverais en Chambre, même si je ne hais pas cela, pour un
sinistre appréhendé et parler de délais, parce que je
comprends qu'il y a des expertises professionnelles assez sophistiquées
dans certains cas et qu'il faut comprendre. Cela dit, ce n'est pas tellement
sur les délais - pour autant qu'ils se règlent, c'est bien
important - c'est sur les sommes. (16 h 15)
Personnellement, M. le ministre, j'aimerais bien que vous preniez
l'engagement de nous soumettre, avant de vous figer dans le béton, cette
politique quant aux paiements surtout aux individus. Il me paraîtrait
important qu'une commission parlementaire se penche sur cette nouvelle
politique et que les parlementaires puissent discuter de cette nouvelle
politique. Si on ne tient pas compte du critère de revenu, par exemple,
si on ne tient pas compte du critère dans certaines
municipalités, comme l'exemple que je donnais de
Saint-Charles-Borromée dans sa plaine inondable, si on ne tient pas
compte de ces facteurs de situations et de faits qui ne dépendent ni des
élus municipaux ni des individus qui, de bonne foi, se sont
portés acquéreurs de maisons... Avec les schémas
d'aménagement, et je veux attirer l'attention des parlementaires sur
cela, on sait que le ministère de l'Énergie et des Ressources n'a
pas terminé l'identification de ces zones inondables. Le jour où
le ministère de l'Énergie et des Ressources va identifier les
zones inondables, ceux qui ont construit à l'intérieur de ces
zones, ces gens sont déjàe pénalisés en maudit.
Imaginez-vous la dévaluation de leur maison, parce que là le
schéma est connu, il est public.
Quelle valeur de vente, de marchandage ces gens auront-ils pour vendre
leur propre maison située dans une plaine inondable? Ayant construit de
bonne foi, ces individus ne sont même pas assurables auprès des
compagnies, c'est un "act of God". Donc, à partir de là on parle
de 20 à 100 ans, comme disait le ministre, dans certaines zones. On ne
sait jamais, la nature nous réserve de ces surprises. Ces individus sont
doublement punis. Pour moi, une politique qui ne tiendrait pas compte de ces
faits... On a bien beau avoir demandé aux municipalités de se
responsabiliser, pour certaines municipalités qui ont vu le jour il y a
60 ans et qui sont supposément dans une zone de 100 ans, qui n'ont
jamais eu d'inondation depuis 60 ans, qu'arrive-t-il dans des quartiers
domiciliaires complètement neufs et qui n'ont pas été
avisés de cela, des maisons dévaluées à 30 000 $,
40 000 $ ou 50 000 $? J'avoue qu'on doit tenir compte, il me semble, de ces
facteurs quand on élabore une politique et j'espère que cela en
fera partie et qu'une commission parlementaire pourrait se pencher sur ces
faits. Cela me paraît extrêmement... C'est là avoir le
souci, je pense, de l'individu, du citoyen.
Il peut y avoir de la mauvaise foi dans certains cas, là
où des règlements municipaux existent depuis des années,
mais ce n'est pas partout au Québec qu'il y a des règlements
municipaux qui existent depuis des années. Des permis de construction,
on en donnait à tout le monde qui demandait et on ne leur demandait pas
s'ils mettaient la façade sur la rue ou s'ils se branchaient à
200 pieds du chemin. Ils donnaient un permis de construction à ces
individus et aujourd'hui à ces paroisses, à part cela et bonjour
Luc!
Je reviens à la dimension de la paroisse, aux
municipalités. Quand il y a un sinistre et qu'on dit à la
municipalité: Tu paies 20 % d'une valeur, 20 % de 100 000 $, c'est 20
000 $ pour une municipalité. 20 000 $ sur un budget de 100 000 $, comme
j'en ai un, c'est 20 % d'augmentation de taxes pour payer l'achat. Vous allez
me dire que c'est une "shot", cela ne se répète pas
d'année en année. On dit à la municipalité; Tu
dépenses 20 000 $ pour acheter ledit terrain, parce qu'on va
déménager ton gars, nous autres. On demande à tous les
citoyens: Comment voulez-vous que les citoyens de ta paroisse... C'est cela que
je trouve très onéreux dans la nouvelle politique, c'est que vous
dites à ce citoyen: Tu ne peux pas être payé, parce que la
population ne veut pas le règlement d'emprunt de 20 000 $, donc on ne
peut pas payer ton déménagement. On établit comme
condition du déménagement de l'individu la dépense de 20 %
de la municipalité et tu demandes à tous les citoyens de juger du
cas de l'individu. Si c'est un individu qui a une bonne tête, il est
possible qu'il réussisse à
convaincre assez de citoyens pour qu'un référendum passe.
Si ce n'est pas le cas, il est bloqué. Je trouve cette partie de la
politique complètement inacceptable, personnellement.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: M. le Président, il faut dire que, dans
l'hypothèse où un règlement d'emprunt aurait
été bloqué par les citoyens d'une municipalité, il
est bien clair que l'effort de la municipalité d'apporter des correctifs
à son problème a été indiqué très
clairement par la volonté du conseil municipal, et je pense que cela est
important à souligner.
Dans un autre ordre d'idées, M. le Président, à un
moment donné j'écoutais le leader de l'Opposition, le
député de Joliette, venir à la défense de mes
crédits. C'est un changement d'habitude dans...
M. Chevrette: J'ai toujours été objectif. Quand
c'est clair, moi, je le dis; quand ce n'est pas clair, je le dis.
M. Rocheleau: Maintenant quand...
Une voix: M. le député de Joliette a toujours
été d'une franchise à toute épreuve.
M. Rocheleau: Ah oui, ah oui! Mais j'espère que ses
habitudes vont continuer.
M. Poulin:...
Le Président (M. Lemieux): Je n'ai rien à me faire
pardonner, M. le député de Chauveau, je suis déjà
absous. M. le ministre, vous pouvez continuer.
M. Poulin: Je partage son chagrin sur un autre point.
M. Rocheleau: M. le Président, j'espère que ses
bonnes habitudes vont continuer.
Dans le cas de Sainte-Anne-des-Monts et Saint-Paul, cela m'amène
à vous souligner l'importance - et le Conseil du trésor nous l'a
demandé à plusieurs reprises - d'établir une politique
cohérente qui tienne compte de l'ensemble de la problématique.
Dans le passé, on adoptait des décrets qui n'étaient pas
nécessairement en conformité avec les orientations qui avaient
été prises. Dans les cas de Sainte-Anne-des-Monts et de
Saint-Paul, ces deux cas avaient été négociés avant
même qu'on arrive au pouvoir et les municipalités avaient
déjà accepté une participation, mais il faut dire que les
terrains où ces propriétés étaient situées
devenaient la propriété de la municipalité.
Je pense que, dans ce cas, la municipalité a fait une bonne
affaire, mais encore une fois, M. le Président, et je l'avoue bien
sincèrement, ces deux familles avaient besoin de l'aide qu'on pouvait
leur apporter. J'ai constaté une période de presque cinq ans et
demi avant un règlement, cela devait être revu. C'est pour cela
que je vous dis, quant au rapport que nous allons déposer et qui sera
remis à l'Opposition - celle-ci pourra sûrement faire des
commentaires - que je ne m'attends pas dès le départ à
établir une politique qui ne comporte plus de problèmes, mais
l'orientation, à l'intérieur du cheminement que l'on souhaite,
devrait normalement régler plusieurs problèmes qu'on a
retrouvés au cours des années passées et devrait favoriser
davantage les plus démunis. Il est bien évident qu'il faut aussi
considérer l'indice de richesse de l'individu, on pourrait dire qu'une
maison évaluée à 50 000 $ tient compte de l'indice de
richesse approximatif de l'individu. On pourrait dire qu'une maison de 200 000
$ tient compte de l'indice de richesse, mais ce n'est pas toujours vrai. Je
pense que le rapport qui sera déposé tient compte d'un ensemble
de facteurs qui nous permettront d'établir une politique
cohérente qui devrait normalement s'appliquer à l'avenir, plus
particulièrement aux gens qui ont subi l'inondation des 31 mars, 1er, 2
et 3 avril derniers et, par la suite, poursuivre cette politique. De toute
façon, cette politique nous avait été demandée par
le Conseil du trésor depuis un bout de temps, même depuis
plusieurs années.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Donc, les cas des inondés du printemps, du
31 mars, seront étudiés en fonction des nouveaux
barèmes.
M. Rocheleau: C'est cela.
M. Chevrette: Et de la nouvelle politique.
M. Rocheleau: C'est cela.
M. Chevrette: D'accord. Le gouvernement ayant baissé sa
tarification au soutien par rapport à ce qui existait
antérieurement, ne vous êtes-vous pas privé de facto de
sommes importantes provenant du fédéral qui auraient pu
être données également aux citoyens
québécois?
M. Rocheleau: II faut vous dire que, dans ce cas particulier, M.
le Président, pour tout événement dépassant 6 000
000 $ de dommages, le gouvernement fédéral participe,
c'est-à-dire au-delà de 1 $ per capita du nombre de citoyens
québécois. Les événements sporadiques que nous
avons connus totalisent rarement, à l'exception des grands
vents...
Une voix: Les grandes marées de décembre 1983.
M. Rocheleau:... des grandes marées de décembre
1983, pour lesquelles le gouvernement fédéral accorde une
participation qui tient compte de l'ensemble des dommages subis.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: II me reste deux minutes et 50 secondes. Je vais
former deux voeux, M. le ministre, pour terminer ce dossier. Je forme le voeu
que vous associiez non pas seulement vos collègues mais les
parlementaires en général, parce que je pense qu'on peut vivre
dans chacune de nos régions des problèmes similaires à
ceux du pouvoir, même si on est dans l'Opposition et qu'on peut donner
des cas concrets. Je pense bien que le monde municipal, où qu'il soit,
pourra avoir un son de cloche peut-être divergent, peut-être
convergent, aussi par la voix des députés. Je pense que vous
auriez avantage à soumettre à la discussion, ne serait-ce qu'un
temps limité - je ne vous parle pas d'une commission qui prendrait
l'allure d'une commission illimitée - mais un temps où l'on
pourrait faire une discussion entre différents représentants de
partis pour étudier véritablement cette politique à fond.
Le citoyen n'est plus dans la même situation où il était
avant la venue des schémas d'aménagement. J'ai été
surpris de voir qu'on appréhende maintenant des problèmes. On en
a découverts, dans les tournées de consultation que les
municipalités sont obligées de faire pour les schémas
d'aménagement. Je prends une municipalité dont je n'avais jamais
entendu parler, je ne savais même pas qu'il y avait trop d'inondations
là; chaque printemps, elle a des coups d'eau. Elle vient d'être
déclarée zone inondable pour le ministère de
l'Énergie et des Ressources. Ces gens-là sont inquiets à
tous points de vue. Ils sont inquiets dans les cas de sinistres, ils sont
inquiets aussi, parce qu'il y a une perte, une moins-value sur leur maison qui
est énorme. Il n'y a plus de possibilité, peut-être, de
s'assurer. Il y a une série d'inconvénients majeurs pour ces
gens-là. C'est une responsabilité d'État, le fait d'avoir
fait établir des schémas d'aménagement. Je pense que c'est
une bonne chose en particulier pour l'avenir, mais c'est une dimension dont on
doit tenir compte dans l'élaboration des politiques pour ceux qui
n'avaient pas prévu ces choses. Et on doit tenir compte, dans une
politique, de la situation antérieure par rapport à une situation
qui est arrêtée dans le temps X, celle de l'adoption du
schéma d'aménage- ment.
Je pense qu'on aurait avantage à discuter au sujet de ces points
pour faire en sorte que les contribuables ne vivent pas d'inquiétude.
Qu'il y ait des points qui soient clarifiés. Peut-être qu'en ce
qui concerne les ministères, je suis d'accord avec vous sur un point
précis. Vous disiez que, dans certaines zones, cela pourrait être
avantageux d'avoir, par exemple, un proqramme de relocalisation, quand il y a
peu de maisons, 12 ou 13 au maximum, identifiées comme constructions
d'envergure, le reste étant de petits chalets d'été. C'est
différent. Une relocalisation coûterait sans doute moins cher et
je ne suis pas sûr qu'on ne pourrait pas, dans de telles circonstances,
étant donné qu'on s'est doté d'un schéma
d'aménagement national, suggérer un programme conjoint
fédéral-provincial pour ces cas-là. Qu'on puisse avoir une
entente auxiliaire pour arriver à relocaliser ces gens-là. Je
pense que l'évaluation pourrait être rapidement faite par les MRC
et on pourrait peut-être penser, dans certains coins où cela
représente peu de constructions, à un proqramme conjoint
fédéral-provincial pour en arriver à relocaliser ces gens,
faire en sorte qu'ils ne soient pas pénalisés et qu'ils n'aient
pas une épée au-dessus de leur tête le reste de leurs
jours.
Le Président (M. Lemieux): Merci M. le
député de Joliette. M. le ministre.
M. Rocheleau: M. le Président, je tiens quand même
à souligner qu'en ce qui concerne le comité qui a
été formé en décembre dernier, nous avons tenu
compte des propos qui ont été tenus en commission parlementaire
l'année dernière, commission qui a eu lieu en décembre
dernier. Nous avons, et j'ai personnellement, à ce jour, consulté
le président de l'Union des municipalités du Québec, union
qui regroupe l'ensemble des municipalités urbaines. J'ai
rencontré aussi le président de l'Union des municipalités
régionales de comté. On se proposait de rencontrer la table
Québec-municipalités le mois dernier, malheureusement la
rencontre a été reportée. Elle est reportée encore
une fois. Par contre, la semaine prochaine, nous souhaiterions rencontrer les
fonctionnaires des unions afin d'avoir leurs commentaires sur l'ensemble des
expertises qu'ils détiennent déjà sur l'ensemble des
municipalités à haut risque, d'une part. D'autre part, M. le
Président, le rapport qui va être déposé nous
permettra dans les plus brefs délais, j'espère, de régler
les problèmes que nous avons vécus au cours du printemps 1987.
C'est une des raisons pour lesquelles j'ai demandé au comité de
hâter son rapport pour éviter de différer indûment,
parce que les municipalités concernées sur les inondations du
printemps dernier ont déjà
fait leur demande.
Les demandes sont déjà inscrites au Bureau de la
protection civile. Je voudrais profiter de cette nouvelle politique pour
rétrécir le laps de temps entre l'intervention du gouvernement
par l'adoption d'un décret et le programme qui va nous être
soumis. Je tiens à mentionner que l'apport important du gouvernement
dans le cas des sinistrés est toujours basé sur du
discrétionnaire, dans le sens que le gouvernement se doit de faire un
examen précis des difficultés encourues par la
municipalité, par ses citoyens, et tenir compte d'un ensemble de
facteurs qui font qu'une aide doit être apportée dans le but de
privilégier les moins nantis de notre société. C'est dans
cet objectif, M. le Président, dans cette orientation que nous tentons
de trouver les solutions qui s1 imposent.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Une courte question et un court commentaire, M. le
Président. Le comité MUPEM qu'on retrouve à la page 10,
MUPEM pour mesures d'urgence pour l'est de Montréal, c'est quoi?
M. Rocheleau: Je demanderai à M. Gosselin, s'il vous
plaît, M. le Président, de répondre.
Le Président (M. Lemieux): Sur le temps du ministre,
oui.
M. Gosselin: Roland Gosselin, direction des plans et
opérations. En effet, c'est un dossier qu'on mène depuis
maintenant deux ans. Cela concerne toutes les raffineries de l'est de
Montréal. Dix-huit industries sont concernées: Union Carbide,
Texaco etc. et cela concerne trois municipalités, Montréal,
Montréal-Est et Ville d'Anjou. On est en train d'intégrer les
plans des industries avec les plans des municipalités pour faire ce
qu'on appelle un plan concerté d'intervention advenant les sinistres
majeurs dans le secteur de l'est de Montréal. Le comité de
travail, qui est formé sur ce fait, s'appelle Mesures d'urgence pour
l'est de Montréal, MUPEM.
M. Chagnon: Et il se réunit à la
Nouvelle-Orléans.
M. Gosselin: Non. L'information à la page 10 c'est un
voyage qui a été fait à la Nouvelle-Orléans pour
constater une organisation de même nature qui a été
réalisée là-bas. Ce voyage a été fait avec
les représentants des directeurs des usines concernées, le maire
de Ville d'Anjou, M. Corbeil, le maire de Montréal-Est, M. Labrosse et
les membres du Bureau de la protection civile, deux personnes
désignées. Une voix: Cela va.
M. Chagnon: Mon seul commentaire, M. le Président, sera le
suivant...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Saint-Louis, vous avez la parole.
M. Chagnon: Je note, avec satisfaction M. le Président,
l'intention du ministre d'accélérer le processus de
dédommagement des victimes de catastrophes ou de sinistres. En effet, on
a pu constater et je déplore que les chiffres n'aient pas tous
été mis dans les crédits.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous parler un petit peu
plus fort, M. le député de Saint-Louis, j'ai de la
difficulté à vous entendre.
M. Chagnon: Je déplore, disais-je, le fait que, dans la
liste des crédits, on n'ait pas mis les dates des catastrophes ou des
sinistres à l'endroit de chacune des catastrophes ou des sinistres qui y
sont démontrés. J'espère que l'an prochain cela sera
corrigé. Deuxièmement je souhaite qu'en louant encore l'intention
du ministre de dédommager plus rapidement les victimes de ces sinistres,
compte tenu du fait que certaines ont dû attendre, quatre, cinq, six ans
même avant d'être dédommagées, à la suite des
sinistres qu'elles ont connus. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Louis. Est-ce que le programme 3 est
adopté? Nous allons suspendre environ deux minutes, puisque je dois voir
M. le leader quelques instants et nous allons revenir pour permettre au
proqramme 4, Régie des installations olympiques, et à ses
fonctionnaires de prendre place. Non pas la régie, mais à ses
fonctionnaires, s'il vous plaît!
(Suspension de la séance à 16 h 35)
(Reprise à 16 h 38)
Régie des installations olympiques
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux concernant l'étude des
crédits du ministère des Approvisionnements et Services. Nous en
sommes au programme 4, Régie des installations olympiques.
M. le ministre, programme 4, Régie des installations olympiques.
Est-ce que quelqu'un désire intervenir?
M. Rocheleau: M. le Président, j'ai déjà
énoncé ce matin, à l'intérieur des notes
explicatives, l'ensemble des objectifs que nous poursuivons. II me reste
à vous présenter les représentants de la Régie de3
installations olympiques: son président, M. Jean Deschamps,
président-directeur général, ainsi que les personnes qui
l'accompagnent, M. Jean-Pierre Payette, vice-président aux finances et
à l'administration et M. Serge Talbot, vice-président à la
construction. Si vous avez des questions particulières en ce qui a trait
à l'ensemble des installations olympiques, il nous fera plaisir d'y
répondre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Merci. D'abord, je vais saluer M. Deschamps, M.
Talbot et monsieur - le troisième, je ne me rappelle jamais de son
nom...
Une voix: M. Payette.
La fréquentation du stade
M. Chevrette:... Payette. J'ai quelques petites questions. Tout
d'abord, à la page 9 de votre document, statistiques de
fréquentation, je voudrais parler un peu de la fréquentation. Je
remarque 94 jours d'activités sportives pour le stade. Quelles sont vos
projections de fréquentation après l'installation
définitive de la toile? Est-ce que vous avez fait des projections?
M. Rocheleau: M. le Président. Je demanderais...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau:... au président, M. Deschamps, de nous
indiquer les données établies à la suite de l'utilisation
de l'ensemble des installations de la régie, surtout en tenant compte du
programme que l'on vient d'accepter de recommander pour terminer, entre autres,
le stade, d'une part et, d'autre part, l'accueil, la signalisation et, à
compter de tard cet été l'utilisation du funiculaire qui devrait
normalement permettre l'observation de l'ensemble du grand Montréal et
attirer de nombreux touristes, ce qui va nous permettre d'accroître
sensiblement nos revenus.
M. Chevrette: Je voudrais en profiter d'abord pour...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je comprends qu'il y a également 20
activités commerciales, pour un total de 114, ce qui fait à peu
près l'utilisation du tiers dans le contexte actuel, si on regarde 114,
tout près de 120, 360. Est-ce que les projections à ce moment
comprennent tous les genres d'activités, non seulement des
activités sportives mais également des activités
commerciales, d'exposition, de motocross, des chanteurs pop, rock et tout ce
que vous voulez?
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. Deschamps, avec le
consentement, sur le temps de parole du ministre.
M. Deschamps (Jean): M. le Président, nous avons fait des
projections, pas tant en nombre de jours qu'en fonction
d'événements que nous pouvons avoir par suite de la couverture du
- stade. Je fais une première mise au point en me référant
à la page que vous venez de citer, Â la page 9, "Statistiques de
fréquentation 1985-1986", le stade a des activités commerciales
et des activités sportives que vous avez totalisées à 114
jours. Mais il faut ajouter à ces jours les jours nécessaires
pour la préparation d'événements et puis pour remettre les
choses en place.
Nous avons cette semaine un motocross qui commence vendredi et dure deux
jours. Lundi les camions ont commencé à entrer de la terre, ce
qui fait que le stade est, avant l'installation du toit, occupé 147
jours par année. Nous avons envisagé un certain nombre
d'activités nouvelles qui sont les suivantes: quatre salons nouveaux
importants qui dureront de sept à dix jours, selon les salons, avec les
jours de préparation, soit une quarantaine de jours; quatre salons de
plus petite taille, qui ne requerront pas nécessairement l'ensemble du
stade mais au moins la partie couverte, le parterre où les joueurs de
baseball s'exhibent, soit une vingtaine de jours. Et puis pour être
conservateurs, nous pensons pouvoir capter l'attention de ceux qui organisent
en Amérique du Nord des tournées, et où je dois dire bien
humblement que nous n'y sommes pour rien, ni en marketing ni par les relations
personnelles de qui que ce soit pour la venue de certains personnages. Le pape
est venu au stade, cela s'imposait qu'il s'arrête chez nous,
c'était la plus grande enceinte, mais an ne peut en attribuer le
mérite à personne.
Nous avons appris, nous de la direction, que David Bowie viendrait au
stade. Les contrats ne sont pas encore signés, mais ce sont les
impresarios qui l'ont annoncé après avoir obtenu l'information
que le stade était libre.
M. Chevrette: Ils se placent en mauvaise situation de
négociations.
M. Deschamps: Je pense que vous avez
connu des expériences: ou bien ils passent tout droit à
Montréal, ou bien on s'arrange pour être compétitif.
M. Chevrette: C'est cela.
M. Deschamps: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Si je comprends bien, il y a une
légère hausse du déficit d'exploitation en 1986 de 100 000
$ ou à peu près...
M. Deschamps: 100 000 $.
M, Chevrette: Quel déficit est anticipé en 1987?
(16 h 45)
M. Rocheleau: En 1987» c'est 5 273 000 $, en tenant compte
d'une somme additionnelle que nous avons acceptée pour le marketing,
soit de permettre des programmes d'information et de consultations sur
l'utilisation des différents équipements. Ceux-ci vont être
complétés au cours de l'année.
M. Chevrette: C'est sporadique. C'est en fonction de faire
connaître les possibilités du stade...
M. Rocheleau: II faut comprendre que, dans l'année
budgétaire qui se termine le 31 octobre, l'ensemble des installations ne
sera pas complété. On n'a pas, dans l'année courante, des
revenus qui nous permettent de réduire les dépenses d'autant pour
rencontrer un déficit moindre que celui que nous avions avant. C'est une
année où nous complétons les équipements et nous
devons préparer une information particulière. Nous devons
préparer des programmes non seulement d'information, mais de marketing
aussi; alors les bénéfices qui vont en résulter
s'échelonneront sur davantage d'années subséquentes.
M. Chevrette: Est-ce que le village est toujours tout aussi
rentable qu'il l'était, quand on regardait les proportions
antérieures? Est-ce que se situe toujours dans les mêmes
proportions la rentabilité du village par rapport à la
rentabilité de la piscine, du vélodrome et du stade? Est-ce que
c'est toujours la même courbe de rentabilité?
M. Rocheleau: Si M. Jean-Pierre Payette, qui est le
vice-président aux finances, peut donner les informations, M. le
Président, il me ferait plaisir de vous les transmettre.
Le Président (M. Lemieux): Avec autorité, sur le
temps de parole du ministre.
M. Payette (Jean-Pierre): Le village maintient toujours un taux
de rentabilité de 50 %, c'est-à-dire que, en 1986, sur tout
près de 10 000 000 $ de revenus, on a fait 5 000 000 $ en profit. Vous
avez cette information à la page 27 du rapport annuel. Comparativement
au stade, je dois dire que le village est beaucoup plus rentable que le stade.
Sur le plan de la progression, le village progresse annuellement d'au moins 5
à 6 % de façon très stable et à cela, les
dernières années, on a ajouté une progression qui
était de beaucoup supérieure à 5 % et 6 %, juste pour
l'augmentation des loyers, vu qu'on avait des espaces commerciaux à
louer. Chaque année, sur les 200 000 pieds carrés qui
étaient disponibles pour de la location, on en louait toujours 25 000
à 30 000 pieds carrés additionnels. Présentement, depuis
environ trois mois, on est à peu près à 98 % de
capacité d'espaces à bureau de loués. Donc, il n'y aura
pas d'auqmentation substantielle l'an prochain quand à la location, ce
sera uniquement une augmentation conforme à l'IPC, des loyers tant
résidentiels que commerciaux. Comparativement au stade, on connaît
une certaine baisse des revenus au stade depuis trois ans, notamment à
cause du sport professionnel, compte tenu que les revenus de la régie
sont proportionnels en pourcentage aux revenus de la vente de billets et de la
vente aux concessions alimentaires. Comme l'achalandage sportif a
diminué de 50 % depuis trois ans, évidemment, en proportion, cela
diminue énormément.
M. Chevrette: Rêvez-vous toujours de la venue d'une
équipe américaine de football?
M. Deschamps: M. le Président, nous avons comme devoir de
chercher à occuper notre stade au maximum, mais l'expression est
très juste, le mot rêve s'applique. C'est une décision qui
doit être prise par la ligue américaine, mais nous avons
manifesté notre intérêt, notre présence. Nous
maintenons depuis deux ans notre présence à chacun des
congrès des propriétaires d'équipes, en affichant quelles
sont les possibilités que nou3 avons et plus particulièrement
avec un stade couvert à l'année. Nous sommes d'autant plus
pressés de le faire qu'il y a un déclin tragique dans l'affluence
au football canadien.
M. Chevrette: Football canadien. Le baseball aussi, à
cause des circonstances. Pensez-vous toujours, sans le rentabiliser...
D'après moi, un stade sera toujours difficile à rentabiliser. Il
sera toujours difficile de faire d'immenses profits avec un stade. Je
ne connais pas beaucoup de pays ou de villes qui en ont et qui l'ont
rentabilisé. Réussir l'autofinancement, réussir à
boucler votre budget, est-ce que c'est pensable avec un toit, maintenant?
M. Deschamps: Si la décision a été prise il
y a quelques années de placer un toit, de parachever la tour et d'y
installer un observatoire, c'est parce que nous avions la conviction que nous
pourrons boucler notre budget et ne plus émarger au budget du
ministère duquel nous relevons. Alors, c'est un objectif qui s'appuie
sur des prévisions qui paraissent sérieuses, valables et qu'on
peut justifier.
L'installation de la toile
M. Chevrette: Maintenant, parlons un peu de la toile. On sait que
c'est il y a environ deux ans et demi ou à peu près que la
décision a été prise de couvrir le toit du stade, avec la
finition du mât et l'installation de la toile au montant de 117 000 000
$. La toile est installée; elle n'est pas encore rétractable ou
rétractible, selon un commentateur qu'on écoute et qui utilise
les deux termes. D'abord, est-ce que les échéanciers ont
été respectés?
M. Deschamps: Les échéanciers ont été
plus que respectés. Quant au contrat, en mars 1985, nous avons
signé un contrat avec Socodec-Lavalin pour nous livrer les installations
le 1er mai 1987. Compte tenu qu'il y a eu des jours de grève
légale dans la construction, l'échéance de ce contrat a
été reportée au 20 mai. L'entrepreneur
général aurait donc pu s'en tenir à la date du 20 mai mais
il a fait des efforts inouïs pour livrer un mois plus tôt que
prévu le toit afin de pouvoir permettre l'ouverture de la saison de
baseball, à Montréal. Mais cette avance d'un mois ne lui a pas
permis d'effectuer tous les ajustements et les mouvements nécessaires
qui doivent durer pendant près de 30 jours pour le fonctionnement d'un
toit rétractible. C'est la raison pour laquelle cet été
nous sommes privés du toit rétractible.
M. Chevrette: Ce contrat, est-ce qu'il devrait être
terminé, je suppose, immédiatement après la saison ou
quoi?
M. Deschamps: Après la saison.
M. Chevrette: Après la saison. Est-ce qu'il y a eu des
dépassements dans les coûts?
M. Deschamps: J'ai le plaisir de dire qu'à ce jour, non
seulement il n'y a pas eu de dépassements dans les coûts mais il
n'y a eu aucune demande de formulée par l'entrepreneur pour un
supplément ou une modification et encore moins une demande de la
régie pour modifier les plans entraînant un excédent de
coûts.
M. Chevrette: Donc, l'échéancier et le coût
sont respectés. Je voudrais vous poser une question qui va vous ramener
un peu dans le passé, mais je suis obligé de vous la poser.
À l'époque où la RIO et le gouvernement ont
décidé de donner ce contrat clés en main, y avait-il
d'autres possibilités qui s'offraient que celles que vous avez
utilisées?
M. Deschamps: Certainement que toutes les hypothèses
peuvent être envisagées.
M. Chevrette: C'est cela.
M. Deschamps: Mais nous avons fait un choix à ce
moment-là, nous disant: On peut aller en appel d'offres sur le
marché international et inviter les sociétés
américaines et européennes à venir soumissionner sur le
parachèvement. Nous avons mis de côté cette voie pour
privilégier celle de nous adresser à des sociétés
canadiennes. Nous avions au Québec tes deux plus importantes
sociétés, SNC et Lavalin, de telle sorte que c'est à ces
deux sociétés que nous avons demandé d'examiner les plans,
de nous soumettre des prix, un échéancier et ta décision
s'est prise par la suite, comme vous le savez.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez suivi avec beaucoup
d'attention le déroulement des travaux de la construction? Est-ce que
vous aviez des hommes attitrés pour bien surveiller le type de travaux
que Lavalin a faits?
M. Deschamps: Dans un premier temps, il faut se rappeler que la
philosophie d'un contrat clés en main s'appuie sur le principe que
l'entrepreneur doit obtenir une performance de résultat, de telle sorte
que nous n'avons pas à lui dicter non seulement la façon dont il
doit travailler, non plus comment le faire et quoi prendre. Pour
protéger les contribuables, nous lui avons demandé au
départ une liste de tous les sous-entrepreneurs et de s'assurer que dans
chaque groupe de travaux il y ait suffisamment de compétition pour que
nous ne soyons pas pris pour avoir un prix qui, au total, faisait 117 000 000
$, et pris pour avoir des sous-contrats qui auraient pu, à l'occasion,
être les plus élevés dans un secteur.
 partir du moment où c'est un contrat clés en main,
il ne nous appartenait pas de faire autre chose qu'un examen, un suivi des
travaux, en accord avec le calendrier, avec la qualité et de s'en
remettre au fonctionne-
ment.
M. Chevrette: Dans l'exécution des travaux, depuis que
Lavalin a signé en bonne et due forme avec la RIO et que cela a
été rendu public, est-ce qu'il y a eu, au stade de
l'exécution des travaux, des omissions graves par rapport aux plans et
devis que vous aviez donnés à la firme Lavalin?
M. Deschamps: Nous avons, à la régie, une direction
qui s'appelle la vice-présidence construction, qui a assuré le
suivi. Cette direction était appuyée, en quelque sorte, par un
comité de construction qui se réunit fréquemment, au moins
une fois par mois, et qui examine le progrès des travaux. Ce
comité est constitué de trois personnes de l'extérieur,
deux ingénieurs et un comptable agréé, personnes choisies
en raison de leur compétence dans ce secteur, et il a pour
secrétaire le vice-président à la construction.
Également un administrateur de la RIO siège à ce
comité et n'importe quel autre administrateur peut participer d'office
à ces réunions, comme le président d'ailleurs.
M. Chevrette: Est-ce que ce comité vous fait des
rapports?
M. Deschamps Ce comité nous fait des rapports.
M. Chevrette: Périodiquement?
M. Deschamps: À chaque assemblée du conseil
d'administration.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez eu, à
l'intérieur de ces rapports, des remarques selon lesquelles il y aeu des omissions graves?
M. Deschamps: Aucune omission grave qui mérite
d'être signalée. Je peux donner quelques références,
quand même, parce que, inévitablement, entre un
propriétaire et son constructeur, il y a toujours des échanges de
vues. Au début, nous avons signalé que le chantier manquait de
sécurité, à notre point de vue. Ils nous ont fait
état de ce qu'ils avaient fait et nous avons demandé des mesures
de renforcement, ce qui peut nous amener à dire aujourd'hui qu'il y a eu
une performance extraordinaire sur ce chantier parce qu'il n'y a eu que trois
petits accidents mineurs.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a eu des vices dans la conception
même des plans et devis qui vous ont été
signalés?
M. Deschamps: À cette question précise, je
réponds non.
M. Chevrette: Est-ce qu'il n'y aurait pas eu, à un moment
donné, au cours de ce chantier, des situations aberrantes qui auraient
pu constituer un véritable scandale public?
M. Deschamps: Pas à ma connaissance. (17 heures)
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a... Je regarde le chef de cabinet,
il me regarde aller avec mes sabots de bois sur le terrazzo. Est-ce qu'il n'y
aurait pas eu, par exemple, des lacunes au point qu'il manquait même des
portes d'accès et que cela aurait fait un scandale magistral au point de
se faire servir cela comme semonce à l'Assemblée nationale?
M. Deschamps: M. le Président, la référence
du leader de l'Opposition est juste, mais il faut non pas la nuancer, mais dire
qu'il s'agissait de travaux qui ne se rapportaient pas au contrat de
Lavalin.
M. Chevrette: Donc, qui ne relevaient pas d'une décision
d'il y a deux ans et demi.
M. Deschamps: La décision d'il y a deux ans et demi
était pour le parachèvement.
M. Chevrette: C'est cela! J'ai bien compris. Qu'est-ce que
c'était au juste, cette porte?
M. Deschamps: II ne s'aqit pas d'une porte, mais il s'aqit d'un
règlement de construction de la ville de Montréal - et nous
bénéficions, semble-t-il, pour un an encore de cette situation -
qui interdit le débauché de toute porte, de tout escalier de
secours, de tout ascenseur â tout autre endroit qui n'est pas au niveau
du sol afin que, lors d'un accident, les gens puissent être
évacués directement au niveau du sol, de la rue.
M. Chevrette: Cela ne fait pas partie du contrat de Lavalin.
M. Deschamps: Non, cela n'en faisait pas partie. C'est une
situation...
M. Chevrette: Qui remonte à 1974, 1975?
M. Deschamps:... dont les vrais responsables sont les gens de la
ville de Montréal.
M. Chevrette: Ah! Donc, pas le conseil d'administration de la
RIO?
M. Deschamps: Aucun des gouvernements.
M- Chevrette: Aucun des gouverne-
ments.
M. Deschamps: Le premier gouvernement a eu à assumer cette
responsabilité engendrée par la ville de Montréal
lorsqu'elle a accepté le plan de Taillibert et le concept du mât,
tel qu'il est encore.
M. Chevrette: Je ne m'adresserai pas à vous; je vais
m'adresser au ministre. Vous me comprendrez: Si je suis allé lentement
dans mes questions, c'était pour bien identifier chaque contrat, le
situer dans le temps, pour parler de plans et devis ou de vices de
construction. Il est important de bien situer le débat parce que je me
suis fait servir une réponse par le ministre, qui est la suivante. C'est
en réponse à une des questions qui regardaient, non pas le toit
olympique, mais plutôt Chinic. À la page 6023 du Journal des
débats, on peut lire ceci. Il parlait de moi, il me trouvait
très maladroit; ce n'est pas grave, cela.
M. Rocheleau: C'est vrai.
M. Chevrette: "... d'un ex-ministre du gouvernement
péquiste qui a posé des gestes, dans le temps, qui pourraient
être très répréhensibles. " Voyez-vous, très
reprehensible. On rentre dans les délais, on rentre dans les
coûts, il n'y a aucun vice de forme, il n'y a aucune demande de
prolongation de coûts; c'était maladroit, mais je suis fier de mes
maladresses. "Quand on parle de contrat, on pourra se souvenir du leader de
l'Opposition, ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche dans le
temps, responsable de la Régie des installations olympiques, qui a
favorisé un contrat de 117 000 000 $, clés en main, sans
soumissions et aujourd'hui, nous sommes pris avec un scandale, parce qu'il n'y
a aucune accessibilité à l'édifice qu'on achève de
construire". J'entre là de huit façons différentes si je
veux, mais ce n'est pas grave. Il n'y a pas d'accessibilité au stade,
"au point de vue de l'accueil et d'autres... " M. le ministre,, maintenez-vous
toujours ce genre d'allégation?
M. Rocheleau: Oui, et je vais vous expliquer.
M. Chevrette: Vous avez du toupet en Hérode!
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Joliette!
Une voix: Ce n'est pas antiparlementaire; Carole, on ne la
connaît pas.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, s'il vous plaît, je pense que...
Une voix: C'est Hérode.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Rocheleau: M. le Président, alors que nous discutions
du sujet de Chinic, le gouvernement, par l'entremise de sa
société d'État, la Société
immobilière du Québec, venait de se porter acquéreur de
l'édifice Chinic, au coût d'environ 12 000 000 $. Le toupet, ce
n'est pas moi qui l'avais, c'est le leader de l'Opposition, qui, lui, dans le
temps, alors qu'il était ministre responsable de la Régie des
installations olympiques, avait soumis au Conseil des ministres la proposition
d'accorder un contrat, clés en main, de 120 000 000 $, alors qu'il
aurait pu tout aussi bien, comme le président l'a mentionné
tantôt, aller en soumissions publiques. On parle du marché
international, on parle de la firme Socodec, on parle de la firme SNC. Je pense
qu'il y avait quand même des expertises très importantes. Je ne
conteste pas le fait, M. le Président, d'une décision semblable,
mais ce que je conteste, c'est de se faire dire par l'Opposition, tenant compte
de l'urgence de déplacer de Semple dans de nouveaux locaux le BCI, que
le gouvernement a dû prendre une décision rapide par l'entremise
de la Société immobilière du Québec, alors que
cette décision aurait dû être prise et ne l'avait pas
été par le gouvernement antérieur.
Où j'en viens, cela me fait penser un peu à un bonhomme
qui construit une maison de deux étages et qui ne fait pas l'escalier
pour monter au deuxième. Je m'explique. On a dû,
dernièrement, consentir des coûts additionnels de l'ordre de 12
800 000 $ pour compléter certains équipements permettant
l'utilisation maximale du Stade olympique douze mois par année. Je
prétends encore aujourd'hui que, dans le temps, nous aurions dû
prévoir - je comprends qu'on voulait terminer le gros oeuvre et que, par
la suite, on viendrait avec des équipements. Devant l'opinion publique,
on prétendait et à juste titre que les travaux de 120 000 000 $
accordés à la firme Socodec nous livreraient un produit avec la
totalité des équipements qui devaient servir à
l'utilisation optimale du Stade olympique. Nous sommes obliqés
aujourd'hui d'investir 4 500 000 $ sur le terrain même du stade pour
permettre l'ouverture de salons et permettre, j'imagine, la construction de
lignes d'aqueduc, d'égout, d'électricité et autres pour
les fins de l'utilisation. On parle aussi d'un investissement de 5 000 000 $
pour un centre d'accueil touristique au débarcadère, sis à
ta base du funiculaire. Je m'y suis rendu à plusieurs occasions et je
vous avoue
que l'utilisation actuelle du funiculaire, si on ne tenait pas compte
des sommes d'argent que nous devrons dépenser, nous plaçait dans
une situation où malheureusement on ne pouvait recevoir le nombre de
touristes anticipé par jour, par semaine et par année.
M. le Président, dans les dépenses que nous devons faire
aussi, on parle d'aménager deux étages de la tour aux niveaux 588
et 599. Je pense qu'à l'intérieur d'un contrat de 120 000 000 $
on aurait pu prévoir, dans le temps, que si on devait utiliser le
funiculaire, on devait quand même permettre que les gens puissent y
monter, puissent y rester quelques minutes et redescendre. Dans le contexte
actuel, le parachèvement de ces deux étages va permettre d'avoir
beaucoup plus de personnes. On parlait, avec l'étage qui était
complété par Socodec, d'à peu près 70 personnes.
Avec Ies deux étages terminés, on prévoit, maintenant,
à peu près 1000 personnes à l'heure; ce qui va nous
permettre de rentabiliser davantage.
M. le Président, il est bien évident que la
décision prise dans le temps par le gouvernement et pilotée, bien
entendu, par le ministre responsable d'alors, soit un contrat clés en
main de l'ordre de 120 000 000 $...
Une voix: 117 000 000 $.
M. Rocheleau: 117 000 000 $ si vous voulez - mais si on tient
compte de l'ensemble des coûts, je pense qu'on arrivera à 120 000
000 $ - 117 000 000 $ pour la compréhension du leader de l'Opposition,
comparativement à 12 000 000 $ pour l'édifice Chinic et pour
lequel aucun reproche - sauf des allusions - n'a été
apporté, à ce moment-là, par le leader de l'Opposition...
Dans cet esprit, quand le président nous indiquait tantôt que
c'était un contrat clés en main de 120 000 000 $, je vous avoue
que, si on avait une expertise complète... Je comprends que c'est un
projet unique, c'est un projet qui comportait pour l'entreprise qui allait le
construire des risques importants en ce qui concerne premièrement son
expertise mais aussi ses capacités. Je pense que la firme Lavalin, de ce
côté, est une firme très importante, très
compétente, une firme québécoise à caractère
international. Ce n'est pas dans ce sens que j'y faisais allusion,
c'était plutôt en comparaison, M. le Président, des
décisions prises par le gouvernement dans le temps, des décisions
prises par le gouvernement actuel, et le plat, le charriage que le leader de
l'Opposition a fait ce matin, alors qu'on a eu l'occasion d'avoir les gens de
la Société immobilière du Québec. J'avais
déplacé l'armée complète de la
Société immobilière du Québec en pensant que le
leader de l'Opposition allait vouloir examiner les moindres détails, les
moindres coûts, les moindres transactions et les moindres échanqes
entre le ministère des Communications, le Conseil du trésor, le
ministère des Aprovisionnements et Services et la Société
immobilière du Québec.
M. le Président, ce matin nous aurions pu passer du temps pour
établir des choses, mais je me suis aperçu que le leader de
l'Opposition ne voulait pas ouvrir cette porte, même si je l'ai ouverte
toute grande de mon côté pour lui donner la chance d'aller voir
les moindres détails avec nos experts-conseils, avec nos
vice-présidents de chacune des sections. M. le Président, pour
vous dire, c'était un plat dans le temps. Quand on fait des affirmations
semblables, on doit examiner les gestes que le gouvernement antérieur a
dû poser. On ne conteste pas aujourd'hui le fait que ces travaux devaient
être complétés. Encore une fois, M. le Président,
dans les travaux que nous avons à faire de l'ordre de 12 800 000 $, nous
allons aller en soumissions publiques pour qu'ils soient
complétés, alors que le gouvernement dans le temps s'était
fait offrir un contrat, c'est-à-dire, une proposition de 117 000 000
$.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, moi, je veux bien qu'on me
dise que je m'écarte, mais le ministre est fortement
écarté dans ce dossier. Premièrement, les lacunes
auxquelles il fait référence, c'est aux plans originaux
rédigés sous son propre gouvernement, avant 1976. Les choses
à finir, ce sont des choses qui ont été faites
antérieurement à 1976. Cela ne faisait nullement partie du
contrat de 117 000 000 $ qu'on a donné. J'ai pris la peine de le faire
établir concrètement par le président de la RIO.
Je dois vous dire aussi qu'on doit féliciter la RIO pour sa
clairvoyance en fonction de la rentabilité éventuelle de ce
stade. C'est vrai qu'il faut qu'ils améliorent l'accueil touristique.
Vous auriez pu y penser dans votre programme original. Cela a
coûté cinq fois, non, pas cinq fois mais quatre fois, tout
près de quatre fois... Si on reqarde le montant qui était
censé être de 280 000 000 $ à l'époque, on est rendu
à 1 200 000 000 $. C'était le plan de départ.
II n'y avait pas d'accueil touristique. Il n'y avait pas de projet, en
1974, pour loger du monde, par exemple, comme le RONLQ. Il n'y avait pas de
projet pour faire un centre d'accueil touristique. Il n'y avait de projet pour
faire un funiculaire. Il n'y avait pas de projet pour à peu près
rien. Je trouve qu'au fil des ans, la RIO s'est adaptée. Regardez les
chiffres, concrètement, et l'objectif fondamental, c'est d'arriver
à une rentabilité, sinon, au moins d'assurer un
autofinancement.
Je pense que le ministre s'écarte
complètement du sujet quand il dit qu'il y a des choses qui ne
marchent pas. Il y aurait des choses à améliorer constamment,
selon les objectifs qu'on va décider au cours des... Lui-même va
peut-être décider pour ce qui est du marketing. Par exemple, il y
aura 2 000 000 $ additionnels cette année en marketing, ce qui va faire
grimper un peu le déficit. C'est une façon de faire
connaître le stade, je ne conteste pas cela, mais je dis qu'il ne
faudrait quand même pas que le ministre voie des ballounes ou des
scandales partout quand cela est parti de son propre gouvernement dan3 les
années 1974. Cela a coûté trois ou quatre fois le prix que
cela devait coûter alors qu'on arrive avec un contrat: 117 000 000 $, pas
de dépassement, respect d'échéancier. On garde l'expertise
québécoise, à part de cela, chez nous, dans ce domaine,
c'est extraordinaire. Moi, je vous l'avoue, je félicite les gens de la
RIO et je me félicite de ma maladresse. J'aimerais cela en commettre
beaucoup comme celle-là, de ce genre de maladresse, dans ma vie
politique. J'aimerais cela en commettre une par année. C'est fantastique
de commettre ce type de maladresse où 70 % des Montréalais
voulaient voir leur stade terminé, complété. Ils ne
voulaient plus voir ce trou béant. Ce sont des sondages scientifiques
qui ont été faits au moment même où la RIO a pris la
décision, conjointement avec le gouvernement antérieur, de
compléter le stade. Je trouve cela extrêmement important, je suis
content de ce genre de maladresse. J'ose espérer que vous en commettrez
des pareilles, M. le ministre, à part cela. Je vous en souhaite une
couple. (17 h 15)
M. Rocheleau: J'aimerais peut-être apporter...
M. Chevrette: Je vous souhaiterais de meilleures maladresses que
celle de l'édifice Chinic qui n'est pas comparable du tout. Parce que
l'expertise professionnelle démontrée dans ces dossiers, si elle
avait été de même nature et à la même hauteur
en 1974-1975, on n'aurait pas eu cette dette olympique astronomique que les
citoyens doivent payer présentement.
Je m'aperçois donc, aujourd'hui, et je conclus qu'il n'y a
sûrement pas un gros scandale là puisque c'est un règlement
de la ville qui fait référence à des plans adoptés
en 1974. Pour tout le reste, je trouve que la RIO évolue bien. Je
voudrais les féliciter pour le travail magnifique qu'ils ont fait et
dire aux citoyens du Québec que je suis content qu'il y ait au moins un
contrat, parmi tous ceux qui ont été donnés pour le stade
olympique, dont les termes et les échéanciers ont
été respectés de A à Z, cela malgré quelques
jours de grève légale. Il faut en être fier. Quand cela
arrive, il faut se le dire.
Je voudrais savoir, peut-être une question additionnelle...
M. Rocheleau: Avant, M. le Président, si vous me
permettez, juste un commentaire.
M. Chevrette: Ah, je peux vous permettre n'importe
quoiî
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: Je veux vous dire qu'initialement, les Jeux
olympiques ont été demandés par la ville de
Montréal, d'une part, et c'est la ville de Montréal qui a
effectivement eu la responsabilité de construire le Stade olympique et
ses équipements. On se souviendra que le gouvernement du Québec a
dû prendre la relève en 1975 si on voulait que les Jeux olympiques
aient lieu en 1976. Le gouvernement du Québec est venu à la
rescousse de la ville de Montréal afin de tout terminer; on
connaît l'ensemble des problèmes que nous avons eus. Si on se
réfère au rapport Malouf, celui-ci a blanchi totalement et
même félicité le gouvernement et le ministre responsable du
temps, M. Victor Goldbloom, pour le travail qu'ils ont accompli dans un laps de
temps relativement court pour permettre la présentation des Jeux
olympiques.
De 1976 à 1984, le gouvernement qui nous a
précédés avait fait moins d'études. On peut
totaliser certaines enquêtes, entre autres la SEBJ qui a fait des
études d'ingénierie, un rapport qui a coûté 5 000
000 $. Si on avait davantage pensé à compléter ce qui
avait été amorcé et si on avait, dans le temps,
décidé d'y mettre le toit qui, finalement, devait être
installé, on ne se serait peut-être pas retrouvé avec des
coûts de 120 000 000 $ comme actuellement.
Alors, on est probablement cinq, six ou sept ans en retard; c'est ce qui
aurait dû être complété par l'ancien qouvernement. On
me rapporte que d'autres études, inscrites, de 1976 à 1985,
totalisent une autre somme de 8 300 000 $. Je ne sais pas si on cherchait des
mouches, mais il n'en demeure pas moins que lorsque le gouvernement du
Québec a pris la relève, il a respecté les engagements
envers le COJO, de présenter les Jeux du Québec. Et, par la
suite, le gouvernement du Parti québécois a succédé
et, de 1976 à 1984, il n'a absolument rien fait. C'est en 1985 qu'on a
décidé de donner un contrat à la firme Socodec-Lavalin, un
contrat clés en main, quelque temps avant les élections. Or,
qu'on prétende que ce n'est pas une question électorale, je veux
bien prendre la parole du leader de l'Opposition, mais on peut quand même
ne pas la partager.
M. Chevrette: Le ministre devrait être sérieux un
tant soit peu.
Le Président (M. Lemieux): M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Je comprends qu'on lui a passé quelques
petits papiers afin qu'il vienne à bout de dire quelque chose qui avait
de l'allure dans le dossier, mais je dois lui dire ceci: II n'y a pas un
gouvernement, il n'y a pas un être humain responsable qui, à
l'époque, pouvait prendre la décision d'ériger le
mât sans lever toutes les contraintes qui existaient, y compris la
contrainte du mât qui monte avec les murs de soutènement. Le
ministre pourrait au moins s'informer auprès du président, de M.
Talbot et de M. Payette qui étaient là, pour savoir
jusqu'à quel point les expertises et les suggestions de coût,
justement... Il y en a qui en étaient rendus à le gonfler
à l'hélium? pour d'autres, c'était de la tôle;
d'autres, c'était de la vitre, et d'autres, c'était n'importe
quoi. On sait que ce mât n'a pas été achevé avec la
même technologie. Il a été fini en acier et non pas en
béton. Et il n'a pas été fini en acier pour le plaisir
d'être fini en acier; il a été fini en acier par mesure
sécuritaire. Un gouvernement responsable ou un ministre responsable
prend au moins la peine de s'assurer hors de tout doute raisonnable, et encore,
qu'il ne peut y avoir de danger de chute quand 55 000 personnes sont à
l'intérieur.
Je pense que si le ministre était un tant soit peu
sérieux, il comprendrait que des études, il va peut-être en
payer des milliers pour de maudites niaiseries; à part cela, quand on
joue avec la vie de 55 000 personnes potentielles, on ne prend aucun risque. Il
n'y a pas un individu, en tout cas, ayant le moindrement une conscience, qui
prendrait un risque, même pas les membres du conseil d'administration de
la RIO. Ils pouvaient être impatients de réaliser le mât,
mais on arrive toujours à la question fondamentale: Est-ce que vous avez
l'expertise professionnelle, les études et les certifications qu'il n'y
a aucun danger, quel qu'il soit? Et là vous procédez, c'est un
fait. Je dois vous avouer que le ministre devrait être très
sérieux quand il parle de cela. S'il arrivait une catastrophe
éventuellement... Personnellement, en tout cas, pour avoir
participé aux décisions antérieures, au moins j'aurai eu
quelque chose pour dire aux citoyens: Nous avions pris toutes les
précautions possibles et imaginables et consulté les plus grands
experts; c'est clair. Je pense qu'on ne s'amuse pas et qu'on ne joue pas avec
ce genre d'histoire parce que cela a l'air quétaine à mon
goût!
M. le Président, je voudrais demander au président de la
RIO si l'épongeage des poursuites s'est continué d'une
façon assez accélérée, comme on avait tenté
de le faire. Est-ce qu'il reste encore des poursuites en suspens? On sait qu'il
y avait au-delà de 230 000 000 $ de poursuites à un moment
donné, après les contrats de 1976.
Le Président (M. Lemieux): Vous consentez, M. le
ministre?
M. Rocheleau: Oui, d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Consentement du ministre, sur
le temps de parole du ministre.
M. Deschamps: M. le Président, presque tous les gros
dossiers sont maintenant réglés. Le dernier en cours était
celui des Terrasses Zarolega et cette compagnie a été
condamnée à nous verser la somme de 233 000 $. Malheureusement,
elle a décidé d'aller en appel. On pourra se retrouver
peut-être à la Cour suprême; cela ira jusque-là. On
pourra se retrouver peut-être dans une dizaine d'années.
M. Chevrette: La poursuite est de combien, dans le cas des
Terrasses Zarolega? Elle était de combien originellement?
M. Deschamps: De 26 000 000 $ et nous avions...
M. Chevrette: Elle faisait cela contre vous? Elle vous avait fait
une contre...
M. Deschamps: Non. Nous avions déjà
déterminé et versé une indemnité pour
l'expropriation, qui était au montant de 2 500 000 $. Le juge a
considéré que ce que nous avions versé était
déjà suffisant, plus que suffisant, un peu trop. Il a
condamné les Terrasses Zarolega à nous rembourser une somme de
233 000 $.
M. Chevrette: Avec frais et dépenses?
M. Deschamps: La compagnie que nous poursuivons, malheureusement,
c'est une coquille vide. Là, on entre dans d'autres domaines. C'est un
tribunal d'arbitrage, n'est-ce pas?
M. Chevrette: En vertu des contrats? M, Deschamps: Chacun payait
ses frais.
M. Chevrette: D'accord. M. le Président, en ce qui me
concerne, étant donné qu'il reste un programme complet, je
voudrais remercier les représentants de la RIO et leur dire que j'ai
toujours considéré qu'il s'y faisait un beau travail, en tout
cas, depuis que j'en ai connaissance personnellement ou que j'ai pris
connaissance du
dossier. Je les encourage à continuer à avoir de
l'initiative et des projets à soumettre à leur ministre pour
qu'il puisse poser des gestes aussi maladroits que ceux que j'ai
posés.
Étages disponibles pour location
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Joliette. M. le député de Sainte-Anne m'a
demandé la parole. J'aurais peut-être une question à vous
poser, M. le ministre ou M. le directeur général, relativement
à votre rapport annuel de 1986. Â la page 3, vous faites
état d'un funiculaire pour rentabiliser le complexe, vous parlez d'un
funiculaire et vous dites aussi en bas du paragraphe, "sans parler des revenus
provenant des seize étages disponibles pour des locations
prestigieuses". Il s'agit de quel type de location? Est-ce que ce sont des
édifices à bureaux, des appartements? C'est quoi exactement?
M. Deschamps: M. le Président, nous avons là des
espaces, il y a onze étages de planchers prévus aux plans
originaux pour aménagement en bureaux, plus cinq étages de
plateaux sportifs dont un mesure 40 000 pieds carrés et dispose d'une
hauteur libre de toutes colonnes et de toutes poutres de 28 pieds. Quand on
parle d'aménagement et de locations peut-être prestigieuses, on
pense qu'un jour on trouvera peut-être un locataire qui louera l'ensemble
de la tour. Ce n'est pas un projet chimérique, parce que c'est un secret
de polichinelle qu'il y a un locataire potentiel pour cela.
Le Président (M. Lemieux): Vous nous avez parlé
d'aménagement. Si je comprends bien, l'aménagement n'est pas
fait? C'est ce que vous êtes en train de me dire?
M. Deschamps: L'aménagement n'est pas fait, puisque aucun
conseil d'administration de la régie ne pouvait sérieusement
solliciter auprès de son ministre responsable des crédits pour
aménager des bureaux sans connaître les exigences du
locataire.
Le Président (M. Lemieux): Quels pourraient être les
coûts d'un tel aménagement?
M. Deschamps: C'est en fonction de ses besoins. S'il veut
aménager des studios, s'il veut aménager des bureaux, alors nous
devrons...
Le Président (M. Lemieux): Vous devez avoir une
idée approximative des coûts, j'imagine, pour...
M. Deschamps: C'est en fonction du nombre de pieds.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Deschamps: Alors, si nous avons 300 000 pieds de plancher
à aménager, par exemple, cela pourra varier entre 40 $ et 60 $ le
pied selon les exigences du locataire.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, c'est
peut-être parce que je ne comprends pas. Je trouve cela important pour
tous les contribuables québécois, il ne s'agit pas simplement de
ceux de Montréal. Tout à l'heure on a parlé d'un contrat
clés en main de 117 000 000 $. Cette finition intérieure, on ne
l'a pas prévue dans ce contrat?
M. Deschamps: Non.
Le Président (M. Lemieux): Pourquoi?
M. Deschamps: II était impossible de la prévoir,
parce qu'on ne connaissait pas qui serait l'utilisateur.
Le Président (M. Lemieux): Pourquoi ne se l'est-on pas
réservé? Pourquoi ne l'a-t-il pas demandé dans un devis?
Il me semble que cela serait tout à fait normal.
M. Deschamps: Les plans ne sont pas faits. M. Taillibert avait
imaginé que les cinq plateaux sportifs seraient le campus sportif de
l'Université du Québec à Montréal et de
l'Université Concordia. Or, dix ans après, les universités
nous disent: Les besoins ont évolué et nous n'avons pas besoin
d'autant d'espace. Alors, cela aurait été à ce
moment-là un gâchis que d'avoir fini des locaux pour des gens qui
n'auraient pas voulu les louer.
Le Président (M. Lemieux): Mais lorsqu'on a octroyé
à Lavalin un contrat de 117 000 000 $ clés en main, est-ce qu'il
n'était pas possible - écoutez... je vous parle comme avocat, il
me semble que c'est prévisible dans certains contrats et dans certaines
clauses - de prévoir qu'effectivement, à l'intérieur de
ces 117 000 000 $, on se réservait le droit que Lavalin termine la
finition intérieure de ces étages? Onze étages, cela fait
de l'argent!
M. Deschamps: Écoutez, Ies services de base, comme
l'électricité, la mécanique, la plomberie, sont
déjà installés. L'isolation des murs extérieurs est
faite.
Le Président (M. Lemieux): Il y a des choses de
faites.
M. Deschamps: II y a des choses de faites. Mais dans le contrat
de Lavalin, si nous avions dû prévoir la finition
intérieure,
le montant aurait été différent de 117 000 000
$.
Le Président (M. Lemieux): Alors, cela ne pouvait pas se
négocier à l'intérieur des 117 000 000 $...
M. Deschamps; Non, d'une façon sérieuse...
Le Président (M. Lemieux):... selon vous, cette
négociation.
M. Deschamps: D'une façon sérieuse, cela eût
été impossible.
Le Président (M. Lemieux): Parce que les coûts vous
paraissaient trop exorbitants ou imprévisibles?
M. Deschamps: Parce que imprévisibles.
M. Chevrette: Même eux, dans le milieu, cela en prend un un
peu plus collé. C'est dangereux de le défaire.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre.
M. Rocheleau: M. le Président, il est bien évident
que nous devions connaître les locataires potentiels avant
d'aménager l'intérieur de la tour. Par contre, je vous avoue que
l'aménagement de l'intérieur de la tour devrait varier entre 15
000 000 $ et 20 000 000 $. Comme je vous le disais tantôt, quand on a
signé un contrat clés en main avec Lavalin pour le
parachèvement de la tour, l'installation de la toile et tout cela, on
prévoyait à ce moment-là éventuellement
l'utilisation maximum de douze mois par année pour des salons, pour
ceci, pour cela afin de rentabiliser le stade. On aurait dû, tout au
moins, indiquer des prévisions. (17 h 30)
Quand, à la suite des recommandations que la RIO m'avait faites,
j'ai recommandé des projets qu'on a acceptés récemment
pour 12 800 000 $ aux différents comités ministériels, on
avait aussi l'impression que ces travaux étaient inclus dans les plans
et devis ou que des projections avaient été faites, à
savoir que le projet de 117 000 000 $ ne complétait pas l'ensemble des
équipements. Il est évident qu'on doit aujourd'hui investir 12
800 000 $ pour permettre de maximiser l'utilisation sur douze mois des
équipements qu'on vient de construire, Et si on avait
éventuellement un locataire pour occuper la tour, le gouvernement
devrait investir entre 15 000 000 $ et 20 000 000 $ pour permettre de louer
cette tour. Une fois que la tour sera louée, des revenus seront
affectés à la location. Mais, pour autant, le gouvernement du
Québec devra faire de nouveaux investissements.
Le 23 avril dernier, lors d'une conférence de presse à
Montréal pour annoncer les investissements de 12 800 000 $, j'ai
indiqué qu'on devrait éventuellement prévoir environ 15
000 000 $ pour aménager l'intérieur de la tour. Ces questions ont
été soulevées à ce moment-là aussi tenant
compte du fait que c'est un équipement fort important, mais la
réalisation complète des travaux n'était pas à
l'intérieur des coûts que nous avions prévus dans le temps.
Quand j'ai eu à faire les recommandations d'usage au Conseil du
trésor, au CMPDE, au COMPADR et au Conseil des ministres, j'ai dû
inciter mes collègues à recommander les investissements que nous
devions faire dans le but d'utiliser ou de maximiser, et éventuellement
de réduire le déficit opérationnel approximatif de 4 000
000 $ ou 5 000 000 $ que nous avons depuis les dernières années.
D'après les prévisions anticipées - et je pense que c'est
intéressant de vous le souliqner - une fois les équipements
complétés, d'après les projections jusqu'en 1990-1991
tenant compte des revenus, le déficit de 1987-1988 devrait normalement,
avec l'utilisation des nouveaux équipements, Être réduit
à environ 3 800 000 $ et, par la suite, en 1988-1989, à 2 800 000
$, en 1989-1990, à 1 500 000 $ et en 1990-1991, on devrait être au
seuil de 1 000 000 $ de déficit. 11 est évident que le reste des
équipements qui devront suivre pour permettre de compléter -je
l'espère, une fois pour toutes - le stade, comporte les
aménagements de la tour. Dans le temps, si nous avions informé la
population de la ventilation qu'on anticipait pour les travaux pour le gros
oeuvre, pour les travaux pour les équipements permettant l'utilisation
maximale des lieux après et, éventuellement, compléter
l'intérieur de la tour, on serait arrivé à des coûts
approximatifs de 150 000 000 $, dont 117 000 000 $ affectés pour
terminer le gros oeuvre.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. J'aurais
d'autres questions, mais je vais laisser faire. Je vais demander au
député de Saint-Louis d'être le plus bref possible ainsi
qu'au député de Sainte-Anne qui, par après, a
demandé la parole. Alors, M. le député de Saint-Louis, car
nous avons d'autres programmes à regarder et le temps court très
vite. M. le député de Saint-Louis.
Le Vélodrome et la piscine olympique
M. Chagnon: M. le Président, le député de
Joliette souhaitait de nouvelles initiatives de la part de la RIO. On parlait
aussi d'investissements à venir de la part de la RIO.
Les journaux nous ont appris qu'il était
possible ou que la RIO étudiait la possibilité de modifier
substantiellement le rôle, entre autres, du Vélodrome pour en
faire un endroit de jai alai et de la piscine olympique pour en faire une
espèce de parc aquatique du style de celui qu'on voit près de la
Ronde? Qu'en est-il vraiment, M. le président, si le ministre l'autorise
à répondre à la question.
M. Rocheleau: Je peux vous donner certains détails. D'une
part, nous avons autorisé des travaux de l'ordre de 12 80Q 000 $.
D'autre part, nous avons, à l'intérieur de cette autorisation,
permis à la RIO d'explorer les possibilités dans le but
éventuellement de diminuer les déficits du Vélodrome qui
se situe aux environs de 2 200 000 $ par année et des piscines qui se
situe aux environs de 2 600 000 $ en déficit par année. Je pense
qu'actuellement la vice-présidence au marketing explore les
possibilités de tenter d'accroître l'utilisation maximale de ces
équipements et actuellement elle est en consultation. Entre autres, le
président de la Fédération nautique a émis des
commentaires peu élogieux. Des réponses ont été
données par le vice-président au marketing. Je vous avoue que
personnellement je souhaite des discussions à l'intérieur de
l'exploration de l'ensemble des équipements que nous avons. 11 est
important de protéger l'impact pour le sport amateur mais, du même
coup, il est important aussi pour l'ensemble des contribuables du Québec
de tenter de diminuer le déficit opérationnel. Au moment
où l'on se parle, M. le député de Saint-Louis, aucune
recommandation particulière n'a été faite au conseil
d'administration de la Régie des installations olympiques, et la
Régie des installations olympiques ne m'a fait non plus aucune
recommandation afin que je l'achemine au conseil des ministres.
M. Chagnon: Mais, le choix des initiatives que je
suggérais tout à l'heure venait de la RIO.
M. Rocheleau: C'est-à-dire qu'à ce moment-ci,
peut-être que M. le président pourra vous donner certains
détails concernant les explorations que nous faisons actuellement dans
le but d'atteindre les objectifs qu'on s'est fixés.
M. Chagnon: Merci.
Le Président (M. Poulin): Très brièvement le
député de Sainte-Anne, s'il vous plaît.
M. Polak: Juste une question.
Une voix: Excusez, M. le président. Un complément
de réponse.
M. Deschamps: M. le président, je vais répondre, 11
s'agirait d'apporter une explication. Comme l'a très bien exposé
le ministre, le conseil d'administration de la régie n'a pris aucune
décision mais il a fait des observations. Le Vélodrome est un des
équipements sportifs qui, dans le monde entier, est le plus
sous-utilisé. Notre objectif est de rentabiliser et de voir ce qu'on
peut faire. Donc, le jai alai c'est une idée, elle est peut-être
farfelue, elle ne l'est peut-être pas, mais ce n'est pas un projet qui a
été étudié par le conseil d'administration. Cela a
été donné comme exemple.
Quant aux piscines, je pense qu'il est important de clarifier un
malentendu. Il n'est pas dans notre intention de fermer les piscines. C'est le
plus bel équipement sportif que nous avons. Parmi ceux qui pratiquent le
sport amateur chez nous, nous avons des activités de natation qui
réunissent les meilleurs nageurs de compétition du Québec
et du Canada. Cela occupe un certain nombre de jours. En plus de cela, nous
avons ce qu'on appelle des bains libres où 228 000 personnes, la
dernière année complète d'exploitation, ont
fréquenté nos piscines. À côté des piscines,
pour ceux qui se rappellent la construction de ce lieu, il y a un espace aussi
grand que les piscines actuelles, le grand bassin de 10 couloirs, sur terre
battue, qui est libre et disponible. C'est un projet que nous avons
envisaqé mais où aucune décision n'a été
prise. Nous sommes à la recherche d'une solution qui viendrait
compléter la période des bains libres et tenter de rentabiliser
davantage. C'est le maximum que nous avons fait et là vous avez le
tableau complet de la situation.
Le Président (M. Poulin): Merci M. te président. Le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Juste une question. Il y a quelques semaines, juste
avant l'ouverture après la construction du toit, un article de The
Gazette parlait de problèmes de soudure. Êtes-vous au courant
de cela? Cet article parlait de la soudure. Le test révélait que
c'était peut-être moins sécuritaire que prévu. Je
voudrais savoir si ce problème a été réglé,
si des ajustements ont été faits et quelle est la situation au
point de vue de la sécurité, dont le député de
Joliette parlait tout à l'heure.
M. Deschamps: M. le Président, c'est une question très
technique. Nous avons eu toutes les assurances données à la fois
par l'entrepreneur et surtout par l'organisme chargé d'habiliter les
soudeurs. La Gazette ne faisait référence à ce
moment-là qu'à des soudeurs qui n'avaient pas eu, à
l'époque, leur permis dans les délais requis, mais
c'étaient des soudeurs habilités à travailler.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie.
M. Polak: Indépendamment de qui est habilité, ce
qui m'intéresse, c'est la sécurité. Est-ce que ce travail
de soudure est de première classe et d'une qualité acceptable?
C'est tout ce que je veux savoir.
M. Deschamps: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président.
Y a-t-il d'autres interventions? Le programme 4, Régie des installations
olympiques, est-il adopté?
M. Chevrette: Adopté. Merci, messieurs.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Je vous
remercie, messieurs. Nous allons suspendre une minute pour permettre aux
personnes du ministère des Approvisionnements et Services de prendre
place.
(Suspension de la séance à 17 h 42)
(Reprise à 17 h 43)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux pour l'étude des crédits du
ministère des Approvisionnements et Services*
M. le ministre.
Ministère
M. Rocheleau: Alors, M. le Président, sans plus tarder,
étant donné que le temps fuit, j'aimerais vous présenter
M. Jean-Marc Bard qui est sous-ministre du ministère des
Approvisionnements et Services, M. Germain Halley, sous-ministre adjoint de la
direction générale de la gestion des contrats et services, M.
Jacques Privé, directeur général des services immobiliers,
M. Jean-Claude Careau, directeur général du Service des achats du
gouvernement et M. André Taillon, directeur général de
l'administration. Vous me ferez grâce, M. le Président, de tous
vous les nommer parce que nous avons une équipe assez complète,
ici, de notre ministère. Si nous avons besoin de leurs services, il me
fera plaisir de faire appel à ces personnes. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le leader de
l'Opposition. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Pour aller assez rapidement, M. le
Président, je voudrais commencer, tout d'abord, par la
répartition de ces sommes-là. Combien a la SIQ? Combien a le
ministère comme tel pour sa gestion?
M. Rocheleau: C'est-à-dire que ce matin nous avons
établi, je pense, tes dépenses totales de la SIQ à quelque
361 000 000 $, ce qui couvre l'ensemble de ses dépenses. Quant au
ministère des Approvisionnements et Services comme tel, je pourrais
peut-être faire appel, à ce moment-ci, à M. André
Taillon, directeur général de l'administration ou à M.
Tremblay, pour qu'il nous indique la totalité des...
M. Chevrette: Parce qu'à la page... Pour vous situer, j'ai
pris la synthèse, les avant-propos.
Une voix: Oui.
M. Chevrette: Dans les avant-propos, vous avez Approvisionnements
et Services: 42 613 000 $.
M. Tremblay (Jean): C'est le ministère proprement dit.
M. Chevrette: C'est le ministère proprement dit.
M. Tremblay (Jean): Oui, exact. Le programme 2, c'est la
provision pour l'aménagement des ministères, c'est dans nos
crédits, c'est réservé à l'aménagement des
ministères et versé à la Société
immobilière; le programme 3, c'est la protection civile qui a
déjà été discutée et le programme 4, c'est
la subvention d'équilibre budgétaire à la Régie des
installations olympiques.
M. Chevrette: D'accord. Cela, je le comprends. Mais ce que je
vous dis, c'est que pour la gestion même du ministère, il y a 2
575 000 $.
M. Tremblay (Jean): C'est 42 000 000 $.
M. Chevrette: Ces 42 000 000 $ comprennent-ils le Service des
achats?
M. Rocheleau: Oui. Ils comprennent aussi la messagerie, la
reprographie, le Service d'entretien de la machinerie, le Service des achats et
le ministère comme tel.
M. Chevrette: Cela a été une transposition des
crédits déjà existants, je suppose, à la SIQ, parce
que l'an dernier -vous vous en rappellerez - on a eu de la difficulté
à faire coïncider les chiffres. Vous en étiez au premier
balbutiement comme ministère. Mais si on regarde la transposition des
chiffres, cela correspond au transfert des effectifs et des obligations
correspondantes
qu'on retrouvait au Service des achats, soit les 107 postes qui ont
été transférés de la SIQ au ministère des
Approvisionnements et Services avec une augmentation de 4... C'est quoi, comme
pourcentage?
M. Rocheleau: C'est-à-dire que l'an passé et
jusqu'au 31 mars de cette année, on a étudié les
crédits de l'année qui vient avec les postes qui nous ont
été transférés - alors qu'ils ont été
diminués d'autant des endroits où les postes ont
été transférés - et qui font partie, maintenant,
des 42 000 00O $ que l'on retrouve à l'intérieur du
ministère des Approvisionnements et Services.
M. Chevrette: Oui, mais la question est la suivante. J'ai pris la
peine de vous dire que c'était la transposition des dépenses que
l'on retrouvait ailleurs. C'est clair. Est-ce qu'il y a eu une augmentation des
crédits de base? Par exemple, si vous arrivez à 41 000 000 $,
avez-vous eu une indexation ou s'il n'y a pas eu d'indexation à ces
dépenses du ministère?
M. Rocheleau: Est-ce qu'on pourrait donner une indication
là-dessus?
M. Tremblay (Jean): Il y a eu le transfert des...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier,
s'il vous plaît?
M. Tremblay (Jean): Mon nom est Jean Tremblay.
Le Président (M. Lemieux): Votre fonction?
M. Tremblay (Jean): Directeur des ressources financières
et matérielles.
Le Président (M. Lemieux): Alors, avec le consentement et
sur le temps du ministre.
M. Tremblay (Jean): Alors, il y a eu, bien sûr, le
transfert des crédits des organismes qui ont été
intégrés au ministère, dont le service des achats, le
courrier messagerie, l'entretien des machines de bureau et la reprographie. Il
y a eu aussi des montants additionnels, des nouvelles sommes qui ont
été ajoutées à ces crédits-là parce
que en 1986-1987, par exemple, les budgets qu'on avait obtenus, c'était
sur une base de neuf mois. Alors, cette année, il a fallu les
annualiser, il a fallu ajouter aussi l'indexation des traitements. Il y a eu
aussi de nouvelles sommes d'ajoutées pour le développement des
systèmes informatiques pour l'ensemble du ministère, l'achat
d'équipements et de matériel informatique.
En fait, il y a eu de l'argent nouveau...
M. Chevrette: De quel ordre?
M. Tremblay (Jean): C'est environ 1 500 000 $.
M. Chevrette: De plus.
M. Tremblay (Jean): C'est cela.
M. Chevrette: En tenant compte des traitements et des
différentes choses dont vous nous parlez.
M. Tremblay (Jean): C'est cela.
M. Chevrette: D'accord. Maintenant, M. le ministre, j'ai
regardé votre organigramme parce que c'est la première fois que
j'ai la chance de prendre connaissance de l'organigramme du ministère;
je n'en avais pas pris connaissance comme tel. Vous avez votre organigramme et
on peut y lire toutes les explications qui suivent dans les paqes 1. 2 à
1. 4. La question est la suivante: Quelle est la règle qui a
été suivie pour procéder à la nomination des cadres
supérieurs?
M. Rocheleau: En somme, M. le Président, je demanderais au
sous-ministre, M. Jean-Marc Bard, au niveau des directions, d'expliquer de
quelle façon nous avons procédé. Il s'agît de
l'élection de personnes d'autres ministères ou d'autres
organismes. Alors, il peut vous donner certaines explications.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. Jean-Marc Bard,
sous-ministre, avec le consentement et sur le temps du ministre, s'il vous
plaît!
M. Bard (Jean-Marc): Comment allume-t-on cela?
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez pas à y
toucher.
M. Bard: D'accord. En fait, l'ensemble des nominations des cadres
supérieurs s'est fait par voie de mutation. Nous ne sommes allés
chercher personne de l'extérieur, on a recruté de
l'intérieur.
M. Chevrette: D'accord, mais on remarque, - si je vous pose la
question, c'est que j'ai lu bien attentivement les notes explicatives - qu'il y
a au moins une dizaine de postes dont on ne retrouve pas les explications ou
les origines. Je vais vous les mentionner: M. Claude Desmarais.
M. Bard: M. Claude Desmarais, par exemple, c'est...
M. Chevrette: C'est parce qu'il n'y a pas de justification
Ià.
M. Bard:... le directeur du contentieux. M. Desmarais
était à l'intérieur de la fonction publique du
gouvernement, antérieurement, au ministère de la Justice.
M. Chevrette: Est-ce qu'il avait une fonction compatible avec
celle-là?
M. Bard: Je ne peux pas répondre à cette
question.
Le Président (M. Lemieux): Je ne sais pas si M. le
sous-ministre...
M. Rocheleau: C'est parce qu'il appartient au ministère de
la Justice.
Le Président (M. Lemieux): M. le sous-ministre.
M. Bard: Oui. On me dit qu'il a été directeur
général des bureaux d'enregistrement du gouvernement du
Québec, au ministère de la Justice; il a également
été conseiller au ministère de la Justice, à
Montréal.
M. Chevrette: Pierre Rompré, le directeur de la
comptabilité, à la ligne 1, c'est-à-dire après M.
Bard...
M. Bard: Oui, il est directeur de la comptabilité au
bureau du contrôleur des finances.
M. Chevrette: C'est un poste équivalent.
Une voix: Oui, c'est un fonctionnaire du ministère des
Finances.
M. Chevrette: Mais, en termes de poste, est-ce que c'était
l'équivalent?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que c'est un AMINE 4,
AMINE 3, AMINE 2, AMINE 1?
M. Chevrette: Moi, les AMINE, je ne sais pas trop, mais je veux
juste savoir si c'est l'équivalent de poste.
M. Bard: On m'informe qu'il cumule des fonctions chez nous et au
ministère des Communications, à titre d'administrateur 4. Serge
Cloutier est à la Direction des systèmes de gestion,
fonctionnaire du programme de renouvellement de carrière.
M. Chevrette: Est-ce que cela ne prend pas des ouvertures de
postes pour les cadres supérieurs?
M. Bard: On m'informe que c'est l'Office des ressources humaines
qui les paie et qui nous les a prêtés dans l'optique du
démarrage du ministère.
M. Chevrette: Sélim Massouh.
M. Bard: Sélim Massouh, programme de Formacadres...
M. Chevrette: C'est toujours payé par Formacadres.
M. Bard: C'est cela.
M. Chevrette: Jocelyn Thiboutot?
M. Bard: Où est-il?
M. Chevrette: II est au service de la disposition des
surplus.
M. Bard: On m'informe qu'il était là et que c'est
un poste de professionnel. Il était déjà en place.
M. Chevrette: D'accord. C'est parce que je ne voyais pas les
explications. Il n'y en a pas d'autres... Isabelle Cloutier? Elle est au
service... J'ai bien de la misère à lire. Ce ne sont pas des
cadres à ce niveau, ce sont des professionnels?
M. Bard: C'est la même fonction qu'avant et c'est un poste
de professionnel.
M. Chevrette: D'accord. Il en est de même pour Fernand
Paré, je suppose, Denis Giroux, Jean-Robert Pépin et Jean-Claude
Blouin...
M. Bard: Boutin.
M. Chevrette:... Boutin.
M. Bard: Dans le cas de M. Boutin, c'est une mutation du
ministère des Finances, je crois.
M. Chevrette: Ce sont des postes de professionnels.
M. Bard: C'est cela.
M. Chevrette: Quand le ministre s'est fait transférer 1
300 000 $ l'an passé, pour l'équivalent des 107 postes de la SIQ,
est-ce que les effectifs sont de 107 au moment où l'on se parle?
M. Rocheleau: Non, non. C'est qu'à ce moment-là on
avait éliminé, je crois, 107 postes non comblés à
la SIQ et on était autorisé, si ma mémoire est bonne,
à 50 postes.
M. Chevrette: C'est parce que dans l'étude des
crédits, ce qui est curieux, à la page 1. 6, vous dites ceci:
"Les crédits de ce
programme augmentent, en 1987-1988, de 9, 11 %, principalement en raison
du financement additionnel nécessaire pour la constitution de ce nouveau
ministère. " On regarde au chapitre de la baisse du budget de la SIQ,
c'est 31, 65 %.
M. Rocheieau: Mais, au chapitre de la SIQ, à
l'intérieur des programmes d'immobilisation, il y a une baisse
importante qui est là. Je ne sais pas si je fais erreur en vous disant
cela, mais, au chapitre de l'immobilisation, les approbations de programmes,
cette année, ont diminué considérablement.
M. Chevrette: C'est parce que vous dites, un peu plus bas: "La
diminution des crédits de 31, 65 % s'explique principalement parun réaménagement budgétaire en faveur des
ministères et organismes du gouvernement. "
M. Tremblay (Jean): Lorsqu'on parle du programme 2, il s'agit de
crédits accordés à notre ministère pour les
aménagements mineurs des ministères. Ce sont des
ministères qui, dans leurs crédits, n'ont pas de budget
d'aménagement et la réserve est placée dans nos
crédits. Cette réserve a diminué de 31 % de 1986-1987
à 1987-1988. Ce ne sont pas les opérations.
M. Chevrette: À la page 1. 8, vous dites ceci, au bas de
la page: "Par le CT 163925 du 30 mars 1987, l'enveloppe des effectifs
réguliers du ministère a été portée à
623, comprenant 70 effectifs additionnels, dont 4 emplois d'encadrement. Les
crédits requis pour cet ajout d'effectifs ne sont toutefois pas compris
dans les crédits totaux. " Premièrement, pourquoi ne sont-ils pas
prévus? Deuxièmement, qu'est-ce qui justifie l'embauche de 70
personnes additionnelles?
M. Rocheieau: En somme, M. le Président, c'est que la
décision du Conseil du trésor, d'une part, a été
rendue le 30 mars 1987. Ces postes actuellement ne sont pas aux
crédits.
M. Chevrette: Ils sont autorisés à les engager?
M. Rocheieau: Oui. Ils sont autorisés, mais on devra, au
fur et à mesure, aller au fonds de suppléance.
M. Chevrette: L'augmentation de 70 personnes, c'est dû
surtout à quoi?
M. Bard: Dans un premier POAS, on avait présenté
notre demande en fonction des 107 postes que le Conseil du trésor avait
indiqués dans sa décision de faire geler à la
Société immobilière du Québec. À même
cela, on nous a attribué 50 postes de départ. On a eu ce qu'on
peut appeler l'héritaqe venant d'ailleurs que de la création du
ministère, comme le Service des achats du gouvernement, les
Communications, le service de messagerie et de courrier, la reprographie et
certains fonds renouvelables. On nous avait permis 50 postes dans le premier
POAS du Conseil du trésor, celui qui précédait la
décision du 30 mars. Nous sommes partis avec cela. Après coup,
nous avons présenté une deuxième demande pour un
accroissement de l'effectif parce que (a première décision du
Conseil du trésor, et dans tes discussions que nous avions eues avec
lui, on nous avait dit: Allez faire vos classes sur une nouvelle structure avec
50 postes additionnels. À partir de là, nous avons fait nos
classes et nous avons présenté une nouvelle demande en fonction
des besoins du ministère pour être capables d'exercer les pouvoirs
qui lui étaient dévolus, selon la loi 68. Nous avons fait une
nouvelle demande de 83 postes, je crois. Le Conseil du trésor nous a
accordé, dans la décision que M. le ministre vient de citer, 70
postes.
Le Président (M. Lemieux): J'imagine tout en soumettant au
Conseil du trésor un nouveau POAS.
M. Bard: Un nouveau POAS, un deuxième POAS
révisé.
Le Président (M. Lemieux): Un deuxième POAS, cela
va.
M. Bard: C'est pour combler les besoins de la structure sous les
différentes directions qui émanent maintenant de la loi 68 pour
permettre au ministère d'exercer les pouvoirs qui lui sont
dévolus de par la loi 68.
M. Chevrette: Vous ne vouliez pas, en vertu d'un plan de
réaffectation des ressources, combler cet effectif à même
les organismes?
M. Bard: Si vous me permettez, M. le ministre, sur le principe,
c'est ce qu'on fait. En fonction des postes qui nous sont donnés
mécaniquement, à partir des postes de la SIQ, nous allons combler
les postes dans le ministère. Je dis bien en théorie, on pourrait
prendre certains employés de la SIQ et les amener au ministère.
C'est un exercice qu'on est en train d'effectuer.
M. Chevrette: À la page 1. 11, à 2, c'est
marqué: Autres rémunérations, une augmentation de 53, 83
%.
Le Président (M. Lemieux): II nous reste seulement deux
minutes environ, M. le député de Joliette. Écoutez, on a
commencé un peu en retard. Je pense que de consente-
ment...
M. Chevrette: Est-ce qu'on peut consentir de dix à quinze
minutes?
Le Président (M. Lemieux):... est-ce qu'on pourrait
consentir dix minutes additionnelles au député de Joliette?
M. Rocheleau: Je n'ai pas d'objection, M. le Président,
mais je dois être à l'aéroport à 18 h 45.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Joliette, est-ce que je peux vraiment avoir dix minutes
et ce sera terminé? Cela va.
M. Chevrette: On peut y aller d'une façon lapidaire.
Le Président (M. Lemieux): 11 y a M. le
député de Chauveau qui ne semble pas d'accord. Vous êtes
d'accord, M. le député de Chauveau?
M. Poulin: J'ai toujours été d'accord. (18
heures)
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Consentement pour dix
minutes, M. le député de Joliette.
M. Poulin:... de consentement...
M. Chevrette: Dans la même page, dans ce cas-là...
À l'élément 4, Services, il y a une augmentation de 199,
69 %. Je voudrais avoir des explications sur ces deux-là: 53, 83 % et
199, 69 %.
M. Tremblay (Jean): À 2, on a augmenté l'enveloppe
de rémunération des occasionnels pour s'ajuster pendant la
période de constitution du ministère. On a obtenu des
crédits additionnels pour engager des occasionnels. C'est ce qui fait
l'augmentation. Est-ce que cela va?
M. Chevrette: Oui.
M. Tremblay (Jean): Dans le 4, il y a une provision de nouveaux
crédits d'environ 500 000 $ pour le développement des
systèmes informatiques, pour l'ensemble du ministère.
M. Chevrette: Dans l'augmentation réelle, à
"a"...
M. Tremblay (Jean): Page?
M. Chevrette: Page 1. 14. On retrouve là une comparaison
des crédits 1987-1988, crédits 1986-1987, on a 306, 89 %
d'augmentation à l'élément Autres
rémunérations.
M. Tremblay (Jean): II s'agit du programme 1, ministère
des Approvisionnements et Services. L'élément 1, c'est la gestion
interne et soutien, c'est l'administration du ministère. Cela comprend
le cabinet du ministre, du sous-ministre et toute l'administration
générale du ministère, le personnel. C'est une partie du
budget des occasionnels qui est affectée à cet
élément. C'est une partie importante car on a eu un budget
additionnel important pour les occasionnels et on a mis une réserve
à l'élément Gestion interne et soutien, une provision, si
vous voulez.
M. Chevrette: Mais, si on va voir les pages 1. 20 et 1. 21, on
s'aperçoit qu'au nouvel élément 4, cela fait toute une
augmentation. Cela fait 306, 89 %, si j'ai bien vu. Si on regarde la page 1.
15, Autres rémunérations, à l'élément 2, il
y a encore 138 000 $ là.
M. Tremblay (Jean): C'est l'explication de la page 1. 14.
M. Chevrette: Oui. C'est cela, mais si on prend 138 000 $ plus
128 000 $ et 183 000 $...
M. Tremblay (Jean): C'est 183...
M. Chevrette: Non, c'est l'explication, effectivement.
M. Tremblay (Jean): Pour retrouver les 680 000 $, il faut
additionner les 183 000 $ de la page 1. 14, les 161 000 $ de la page 1.
16...
M. Chevrette: C'est cela.
M. Tremblay (Jean):... les 236 000 $ de la page 1. 18 et la page
1. 20, 100 000 $. On devrait retrouver les 683 000 $ du début.
M. Chevrettes 1. 13, c'est la synthèse.
M. Tremblay (Jean): C'est cela. C'est le total du programme.
M. Chevrette: Bon. Rendez-vous à la page 2. 11. Est-ce que
ce sont là, M. le ministre, les seuls contrats de moins de 25 000 $ qui
aient été confiés?
M. Rocheleau: C'est cela. Ce sont les contrats qui partent de la
page 2. 11 à la page 2. 18.
M. Tremblay (Jean): L'annexe F. M. Rocheleau: L'annexe
F.
M. Chevrette: Est-ce que vous me dites que ce sont là les
seuls contrats?
M. Rocheleau: Oui. Dans les paqes qui suivent, dans l'annexe F,
jusqu'à la page 2. 18, ce sont les contrats de moins de 25 000 $.
M. Chevrette: À quoi est reliée la mise à
jour du cahier "Intégrité du territoire de l'Outaouais
québécois"?
M. Rocheleau: Cela, M. le Président, fait suite au rapport
Robidas présenté en 1984 à l'Assemblée nationale,
où le gouvernement avait formé une commission. À ce
moment-là, à l'intérieur de la masse salariale des
députés de l'Outaouais, nous avions commandé une
étude sur l'intégrité du territoire à la firme
Roger Pominville. Â la suite de cela, l'Union des conseils de
comté du Québec vient de commander une étude sur les MRC
et l'ensemble des communautés régionales et urbaines. On a
demandé à Roger Pominville de mettre à jour le rapport sur
l'intégrité du territoire de l'Outaouais québécois.
Cela provient de ma masse salariale à l'intérieur de mon cabinet
politique, comme, en somme, le contrat de Caisse Chartier et Associés
provient de mon cabinet politique - cela, c'est Telbec - Roger Pominville
Ltée, Studio Marcel Enr. et aussi Studio de Photo
Québécois Inc. - non, cela est pour l'ensemble - Roger Pominville
aussi pour l'impression et la préparation du rapport Pominville, Pan
passé.
M. Chevrette: L'autre Pominville, "Agir à titre de soutien
technique au sein du comité chargé d'évaluer les
conclusions du rapport déposé en avril 1986?"
M. Rocheleau: Cela fait suite, M. le Président, au
comité de travail que j'ai formé l'an passé à
même les experts-conseils en provenance des divers professionnels du
milieu, sous la présidence de M. Germain Halley. Cela a
été pour la mise à jour du rapport Pominville où ce
dernier a assisté le comité lors de l'analyse de son
document.
M- Chevrette: Est-ce que c'était pris sur votre masse
salariale, celui-là aussi?
M. Rocheleau: Non. C'est sur la masse salariale du
ministère.
M. Chevrette: En fait, sur votre masse salariale, ce sont les
trois ou quatre premiers?
M. Rocheleau: Ce sont les quatre premiers.
M. Chevrette: Cours de perfectionnement, 18 443 $. Est-ce que
j'ai bien compris le montant, quand on fait le total?
M. Rocheleau: À quel numéro?
M. Chevrette: Vous devez avoir cela aux pages 2. 12, 2. 13, 2. 15
et 2. 17. Il y a des cours de perfectionnement que vous payez. Est-ce que c'est
en conformité avec les conventions collectives ou quoi?
M. Tremblay (Jean): C'est en conformité avec le plan de
développement des ressources humaines et tes conventions collectives; le
plan est élaboré en fonction des conventions collectives et c'est
en conformité avec ce plan.
M. Chevrette: D'accord. Paqe 2. 16, Drouin, Paquin &
Associés, groupe-conseil pour l'élaboration des procédures
de service. Est-ce que vous pourriez l'expliciter?
M. Rocheleau: Page 2. 16? C'est une étude faite par le
ministère des Communications. Quand on nous l'a
transférée, on a aussi transféré à mon
ministère les coûts de l'étude qui avait été
faite en ce qui concerne le courrier.
M. Chevrette: Aux paqes 3. 18, 3. 20, M. le Président,
j'ai juste un petit commentaire là-dessus. J'ose espérer que le
contenu québécois sera toujours exigé.
J'aurais parlé plus longtemps, mais, compte tenu de l'heure, je
ne veux pas que vous manquiez votre avion. Â la page 3. 26, comment
expliquez-vous la diminution des inscriptions au fichier central, vous qui
vouliez en avoir plus?
M. Rocheleau: C'est une excellente question. Il y a eu une
légère diminution, de 1985-1986 à 1986-1987, de 2134
à 1796. Ce n'est pas une diminution d'inscriptions, c'est dans les
commandes.
M. Chevrette: C'est le nombre de réquisitions.
M. Rocheleau: C'est cela.
Une voix: Faites par les ministères.
M. Bard: C'est à cause d'une diminution de
l'activité gouvernementale.
Une voix: Surtout dans la construction et en informatique.
M. Chevrette: D'accord, c'est parce que je ne l'avais pas saisi
comme cela. Je pensais qu'il y avait moins d'inscriptions.
M. Rocheleau: Non.
Une voix: Non, c'est la diminution des réquisitions.
M. Chevrette: Le nombre de réquisitions. Cela va, M. le
Président, compte tenu de l'heure.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Comme il n'y
a pas d'autres interventions, est-ce que le programme 1 des Approvisionnements
et Services, est adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption des crédits
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits budgétaires du ministère des
Approvisionnements et Services pour l'année financière 1987-1988
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Je dois
suspendre les travaux jusqu'à 20 heures ce soir pour l'étude des
crédits du ministère du Revenu.
Je tiens à remercier les fonctionnaires du ministère des
Approvisionnements et Services pour leur constante collaboration et vous
remercier, M. le ministre, ainsi que le leader de l'Opposition, pour avoir
facilité mon travail. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 12)
(Reprise à 20 h 6)
Crédits du ministère du Revenu
Le Président (M. Chagnon): La commission commence ses
travaux et nous sommes réunis afin de procéder à
l'étude des crédits budgétaires du ministère du
Revenu pour l'année financière 1987-1988. M. le ministre, comme
vous avez droit à une déclaration d'ouverture, je vous invite
immédiatement à faire des remarques préliminaires si le
coeur vous en dit.
Remarques préliminaires M. Michel
Gratton
M. Gratton: Merci, M. le Président. Vous me permettrez
sans doute, au tout départ, de vous présenter un certain nombre
de collaborateurs qui sont parmi les fonctionnaires du gouvernement du
Québec les plus motivés, les plus efficaces...
Une voix: Le ministre Rocheleau disait la même chose.
M. Gratton: Dans mon cas, c'est vrai. Outre les fonctionnaires
des différentes directions, M. le Président, j'aimerais que les
membres de la commission rencontrent, d'abord, le sous-ministre, M. Bernard
Angers, qui est immédiatement à ma gauche; le sous-ministre
associé à la législation et directeur
général de la législation, M. André Saint-Jean qui
est derrière moi; M. Marcel Robert, qui est sous-minisre adjoint et
directeur général de la vérification; M. Denis
Rhéault, qui est sous-ministre adjoint, directeur général
des systèmes d'information; M. Bertrand Croteau, sous-ministre adjoint,
directeur général de la planification et de la
budgétisation; M. Michel Vaillancourt, directeur général
des ressources; M. Gabriel Cayer, directeur général de la
perception; M. Gilles Néron, directeur général des
services au publie et à l'entreprise; M. Jacques Fortier, directeur du
bureau du sous-ministre; M. Pierre-Paul Blais, secrétaire du
ministère; Mme Suzanne Francoeur, directrice des programmes et
procédés à la direction générale des
opérations; M. Pierre Blanchard, du bureau du sous-ministre; M. Hieu-Duc
Trinh, directeur des budgets et contrôles.
Comme on le sait, le ministre du Revenu répond également
de la Réqie des loteries et courses et c'est avec plaisir que je vous
présente M. Marcel Savard, président de la Régie des
loteries et courses, M. Albert Raymond vice-président, de même que
M. Charles Carpenter, secrétaire, et, évidemment, mon chef de
cabinet, M. Jean-Bernard Villemaire, qui est au bout de la table.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre, vous me
permettrez, évidemment, en dehors de votre temps de parole, pour les
fins du Journal des débats de préciser le mandat de notre
commission; c'est de faire l'étude des crédits. Une
période de deux heures a été allouée afin de nous
permettre de regarder les crédits de votre ministère. Allez, M.
le ministre.
M. Gratton: Merci, M. le Président. Je ne pense pas qu'il
soit nécessaire de parler longuement du mandat du ministère du
Revenu. Mes collègues, députés, ici présents,
savent que ce ministère a le mandat d'administrer les lois fiscales, de
percevoir les montants dus en vertu de ces lois, de percevoir les contributions
au Régime de rente et au Régime d'assurance-maladie. Il est aussi
chargé de l'administration de quelques programmes sociaux à
caractère fiscal, tels le supplément au revenu de travail,
l'allocation logement aux personnes âgées, le remboursement
d'impôts fonciers et l'allocation de disponibilité. Le tout se
fait dans une perspective de services à l'État et aux citoyens.
Ce sont là des choses que les membres de cette commission connaissent
déjà, donc, pas besoin d'entrer dans les détails.
Cependant, avant d'entreprendre l'étude
proprement dite des crédits, je voudrais souligner certains
événements qui sont survenus durant Tannée et donner un
aperçu de certains dossiers qui ont retenu l'attention du
ministère au cours des douze derniers mois.
Comme je l'avais souligné l'an dernier en pareille circonstance,
1986 a marqué le 25e anniversaire de la création du
ministère du Revenu. Comme je l'avais indiqué alors, la
célébration a été marquée au coin de la
sobriété, conformément, d'ailleurs, à ce qui me
semble être la tradition de plusieurs ministères du Revenu
où on manifeste généralement peu d'empressement à
occuper l'avant-scène.
Nous avons associé, dans un même hommage, nos
employés actuels et ceux qui depuis 25 ans ont contribué à
faire du ministère ce qu'il est maintenant, c'est-à-dire les
anciens ministres, mes prédécesseurs, les anciens sous-ministres
et les anciens employés qui jouissent de leur retraite. Ce fut
l'occasion de remercier ceux qui ont déjè oeuvré au
ministère et de féliciter ceux et celles qui y travaillent
encore. J'ai déjà eu l'occasion de dire - et je suis fier de le
répéter - qu'il existe au ministère du Revenu un personnel
hautement qualifié, très motivé et entièrement
dévoué au service de l'État. Le 25e anniversaire m'a
fourni l'occasion de rencontrer la presque totalité de nos 4500
employés et de leur faire part de mon appréciation.
Au cours des douze derniers mois, nous avons soumis à
l'Assemblée nationale des projets de loi destinés à la
mise en oeuvre de la politique budgétaire établie en avril 1985
par le gouvernement précédent et en décembre 1985 et mai
1986 par l'actuel ministre des Finances.
Un projet de loi a aussi porté sur l'harmonisation de notre
législation fiscale avec celle du gouvernement fédéral.
Enfin, deux projets de loi visaient à nous fournir des outils plus
efficaces pour lutter contre la fraude fiscale en matière de tabac et de
carburant. Je reviendrai sur ce dernier point plus tard.
Un projet de loi a aussi porté sur le régime fiscal des
allocations familiales du Québec de façon à les rendre non
imposables par le gouvernement fédéral. Tous ces projets de loi
ont été adoptés par l'Assemblée nationale.
Enfin, un nouveau projet de loi portant sur l'harmonisation avec la
législation fédérale, le projet de loi 12, a
été présenté le 9 avril dernier et le débat
sur l'adoption de son principe a, d'ailleurs, débuté la semaine
dernière.
En matière de réglementation, à cause d'une
pénurie de personnel, le ministère avait accusé un certain
retard dans la préparation de règlements d'application des lois
fiscales. Un effort spécial a été fourni en ce domaine au
cours des derniers mois et nous prévoyons que le retard accumulé
aura complètement disparu d'ici décembre prochain.
J'ai mentionné, l'an dernier, que le ministère du Revenu a
entrepris la refonte de ses systèmes administratifs. Vous pourrez
prendre connaissance tout à l'heure des crédits que nous
entendons affecter cette année à cette activité qui
s'étendra sur plusieurs années.
Tel que je l'ai dit l'an dernier, nous procédons par
étapes successives et avec la plus grande prudence dans le souci
d'accroître notre efficacité et de respecter, comme il se doit,
notre ressource la plus importante, c'est-à-dire notre personnel.
Évidemment, notre volonté ferme, c'est de réussir cette
refonte.
Je dois ajouter qu'aux facteurs que je viens de mentionner s'ajoutent
les contraintes reliées à une éventuelle réforme
fiscale dont il faut nécessairement tenir compte dans la planification
des projets à réaliser.
Durant l'exercice qui vient de se terminer, les travaux ont porté
principalement sur des éléments d'infrastructure, tels que le
plan comptable, les fonctions communes, le contrôle des systèmes,
l'administration des données. Ces éléments peuvent se
comparer aux fondations d'un édifice, ils ne sont pas très
apparents, mais leur présence est essentielle et plus l'édifice
est considérable, plus il faut apporter de soin à leur mise en
place.
Au cours des prochains mois, nous prévoyons amorcer des travaux
sur des projets plus concrets susceptibles de produire rapidement des
résultats tangibles aussi bien au plan administratif qu'à celui
des revenus.
À la fin de janvier dernier, j'ai reçu le rapport du
comité d'étude sur l'application de la politique fiscale. Ce
comité, comme on le sait, était dirigé par mon adjoint
parlementaire, le député de Montmorency. Vous vous rappelez, M.
le Président, que ce comité avait le mandat de chercher les
causes de l'état de complexité actuel, d'examiner les contraintes
susceptibles de limiter les réformes en cette matière et
d'examiner les voies de solution touchant aussi bien les politiques que
l'administration fiscale.
Le rapport produit est substantiel. Il contient 64 recommandations. Il
est le résultat d'un travail considérable accompli par les
membres du comité et dont il convient de les féliciter et de les
remercier. Dès sa réception, j'ai demandé au
ministère d'examiner rapidement le rapport et de me faire part de ses
observations. Le résultat de cette réflexion m'a
été remis récemment et je puis vous annoncer que nous
donnerons suite très bientôt à diverses recommandations du
rapport. (20 h 15)
En premier lieu, tel que suggéré à la
recommandation 25, l'accessibilité à la division des
petites créances de la Cour provinciale sera élargie.
Actuellement, les individus peuvent utiliser ce recours en matière
d'impôt lorsque la réduction de revenu ne dépasse pas 5000
$ ou lorsque la réduction d'impôt ne dépasse pas 1650 $.
Nous proposerons que ces montants soient portés à 10 000 $ pour
le revenu et à 3000 $ pour l'impôt.
En outre, les individus pourront utiliser ce recours dans les cas de
litiges relatifs aux taxes à la consommation lorsque le montant en cause
ne dépasse pas 3000 $. Il s'agit là d'une innovation qui
permettra à un nombre plus élevé de citoyens d'utiliser ce
moyen simple, rapide et peu coûteux de régler leurs
différends avec le ministre du Revenu.
En deuxième lieu, le rapport du groupe d'étude
présidé par le député de Montmorency contient
plusieurs recommandations relatives à l'évasion fiscale. C'est
dans l'esprit de ces recommandations que nous avons mis en place, depuis le
début de mai, une nouvelle unité administrative appelée
Direction de l'observance fiscale, rattachée à la Direction
générale de la vérification. Le rôle de cette
unité, formée d'un nombre restreint de personnes, consistera
à mener des études et des analyses en vue de déceler les
pratiques d'évasion utilisées, de faire des recommandations sur
les moyens d'y mettre fin et d'identifier des secteurs cibles pour lesquels il
y aurait lieu d'entreprendre des programmes spéciaux de
vérification. J'aurai l'occasion, un peu plus tard, de préciser
davantage ce dernier point.
Toujours dans la veine des recommandations du groupe d'étude,
nous nous préparons à mettre en oeuvre un programme particulier
destiné à améliorer le service d'information et de
renseignement que nous fournissons déjà à l'ensemble des
contribuables. Ce programme visera à fournir des services
spécialisés en matière fiscale à deux
catégories de citoyens où le besoin s'est fait
particulièrement sentir, soit les personnes âgées et les
personnes handicapées.
Après avoir parlé du rapport Séguin, il convient,
je crois, de dire quelques mots de la simplification des formulaires, surtout
de ceux qui concernent l'impôt des particuliers. C'est un sujet qui
refait surface chaque printemps et sur lequel on est revenu avec plus
d'insistance encore cette année. Je reconnais d'emblée que les
contribuables ont un peu raison et que notre formulaire relatif à
l'impôt des particuliers ne pèche pas par excès de
simplicité. Il faut reconnaître aussi que ce formulaire a dû
traduire, dans la pratique, les nombreux changements apportés dans le
discours sur le budget de M. Yves Duhaime le 23 avril 1985. Il ne nous a pas
été possible de corriger complètement la situation avant
la fin de 1985. Nous avons réussi, cependant, à faire en sorte
que les allocations familiales du Québec ne soient pas imposables par le
gouvernement fédérai, en plus d'exempter du remboursement les
allocations pour le quatrième enfant d'une famille.
Vous comprendrez sûrement que nos spécialistes en
conception de formulaires se soient heurtés, dans ces conditions,
à des obstacles insurmontables en matière de simplification. Pour
remédier un peu à la situation, le ministère a
décidé d'accroître ses efforts pour fournir une information
plus abondante et mieux adaptée aux besoins. À ce sujet, je
souligne la préparation d'un guide plus détaillé et plus
clair, notre réseau de bureaux provisoires et la publication, à
la fin de mars, d'un cahier spécial, en collaboration avec plusieurs
quotidiens desservant le Québec, y compris le journal Le Droit dans son
édition hebdomadaire régionale pour les citoyens de
l'Outaouais.
Dans la même veine, pour faciliter davantage la tâche des
contribuables, nous avons décidé de poursuivre
l'expérience de la déclaration sans calcul entreprise
l'année précédente. Nous avons élargi la
clientèle à qui cette formule extrêmement simple s'adresse.
Cette année, environ 1 000 000 de contribuables l'ont reçue par
la poste et ont pu l'utiliser de préférence à la formule
abrégée.
J'ai parlé plus tôt de la mise en place d'une unité
d'observance fiscale. Notre action, en matière d'évasion fiscale,
ne s'est pas limitée à une réorganisation administrative.
En cours d'année, des citoyens et des organismes ont attiré
l'attention sur certaines pratiques frauduleuses, notamment dans le domaine des
carburants. Ces pratiques, vous le savez, ont un double effet: d'abord, elles
privent le gouvernement de revenus qui lui appartiennent et dont l'absence
accroît le fardeau fiscal des contribuables honnêtes; en
deuxième lieu, elles assujettissent les commerçants
honnêtes à une concurrence déloyale. Le ministère du
Revenu s'est penché sur ce problème et a mis en marche des
opérations spéciales pour cerner ceux qui agissent à
('encontre des lois et les obliger à mettre fin à leurs
activités. Nous visons aussi à dissuader ceux qui seraient
tentés de les imiter. Dans ce domaine, comme dans certains autres, la
crainte des enquêteurs du fisc est le commencement de la sagesse.
Pour ces opérations, nous avons obtenu la collaboration d'autres
provinces et du ministère du Revenu du Canada. Les résultats
commencent à se faire sentir et nous allons continuer jusqu'à ce
que nous ayons acquis la conviction que ces opérations ont obtenu les
résultats désirés.
La lutte à la fraude ne se limite pas au domaine des carburants
et nous menons
d'autres opérations similaires en collaboration avec divers
organismes, dont la Société des alcools à titre
d'exemple.
Un organisme qui perçoit chaque année plusieurs milliards
de dollars est exposé à accumuler un certain nombre de
créances douteuses. Selon les pratiques comptables habituelles, lorsque
tous les moyens de perception ont été épuisés et
qu'il n'existe plus d'espérance de récupération, ces
créances sont radiées et la réserve pour créances
douteuses est ajustée en conséquence. Au ministère du
Revenu une telle opération de radiation n'avait pas été
faite depuis de nombreuses années. Il en résultait un montant de
comptes à recevoir très élevé et la
nécessité de maintenir une réserve à un niveau
anormal. Avec la collaboration du Conseil du trésor et du
Contrôleur des finances, un programme triennal a été
entrepris en vue d'assainir la situation tout en respectant les exigences de la
Loi sur I'administration financière. Au 31 mars dernier, ce programme a
permis de radier 179 000 comptes, d'une valeur totale de 383 000 000 $, pour
lesquels 11 n'existait plus aucune possibilité de perception. Certains
de ces comptes figuraient aux livres depuis plus de 20 ans.
M. le Président, vous savez que l'entrée en vigueur de la
nouvelle Loi sur la fonction publique, en 1984, a entraîné de
nombreuses modifications en matière de gestion du personnel et a
obligé les ministères à prendre des initiatives diverses
en ce domaine, notamment au chapitre du développement des ressources
humaines. Le ministère du Revenu attache beaucoup d'importance au
développement de ses ressources humaines. À ce sujet,
permettez-moi de souligner, à titre d'exemple, que, durant l'exercice
1986-1987 qui vient de se terminer, le ministère a consacré 23
300 jours-personnes à la formation, comparativement à 10 000
jours-personnes en 1980-1981.
Depuis quelques années, le ministère du Revenu a
consacré beaucoup d'énergie à l'amélioration de ses
services au public. Il est évident que les acquis en ce domaine doivent
être conservés. En outre, si des améliorations se
révèlent souhaitables, nous ne tarderons pas à les
apporter. Pour l'exercice qui vient de prendre fin, je voudrais signaler
à votre attention le programme de publication de brochures et de
dépliants de vulgarisation sur divers aspects de la fiscalité. Le
ministère dispose maintenant de près d'une vinqtaine de brochures
et dépliants qui s'adressent à diverses catégories de
contribuables et qui portent sur des sujets aussi variés que les
régimes enregistrés de retraite, le règlement des
successions, les régimes d'épargne-actions, le statut fiscal des
artistes et des pêcheurs, etc.
À compter du mois de mars de chaque année, de nombreux
contribuables s'intéressent au ministère du Revenu parce qu'ils
attendent un chèque de remboursement d'impôt. Comme il se doit, le
ministère s'efforce d'entreprendre le plus tôt possible cette
opération de remboursement. Cette année, au 31 mars, nous avons
remboursé 82 500 000 $ à environ 220 000 contribuables. Le
traitement des déclarations s'est poursuivi a un rythme
accéléré et, selon les statistiques les plus
récentes, le nombre de chèques émis s'élève
à 1 900 000, pour une valeur de 694 000 000 $.
M. le Président, je mentionnais tantôt que le
ministère du Revenu est responsable de la Régie des loteries et
courses du Québec. J'aimerais dire quelques mots de cet organisme qui ne
fait pas beaucoup de bruit, mais dont l'action est, quand même,
très efficace. Je vous ai présenté au début le
président de la régie, M. Marcel Savard. M. Savard en est
à sa première présence à l'étude des
crédits de la Régie puisqu'il est entré en fonction en
juillet dernier. Sa longue et brillante carrière professionnelle
à titre d'associé d'une importante firme de comptables lui a
permis d'acquérir une solide expérience des affaires. Je ne doute
pas qu'il saura insuffler à la régie le dynamisme dont elle a
besoin pour bien remplir son mandat.
La Régie des loteries et courses a été
créée par une loi de l'Assemblée nationale, en 1969. Il
s'agit d'un tribunal administratif qui a le mandat de réglementer et de
surveiller les systèmes de loteries, les courses, les concours
publicitaires et les appareils d'amusement. Elle émet des permis et des
licences et s'assure que la loi et les règlements sont respectés.
En outre, la réqie entend et règle les litiges reliés aux
loteries et aux concours et impose des sanctions lors d'infractions aux
règles régissant les courses.
Au cours du dernier exercice, la régie a mis l'accent sur une
application plus suivie des règles relevant de sa compétence.
Elle a aussi fait des efforts fructueux pour améliorer les services
à sa clientèle. Pour l'exercice qui vient de se terminer, les
revenus de la régie ont été d'environ 15 500 000 $; pour
l'exercice qui commence, son budget de fonctionnement sera de 3 834 000 $.
M. le Président, j'arrive maintenant aux crédits
budgétaires proprement dits. Ces crédits sont afférents
aux quatre programmes gouvernementaux suivants: l'administration fiscale, le
supplément au revenu de travail, le remboursement à certains
travailleurs autonomes d'une partie de leur contribution au Régime de
rentes et, finalement, le contrôle des jeux de hasard et des courses. Les
trois premiers sont administrés par le ministre du Revenu et le dernier
l'est par la Régie des loteries et courses, tel que je viens de le
mentionner. Le total des crédits
pour ces quatre programmes s'élève à 287 062 400 $.
Si on soustrait les crédits permanents, dont le total est de 37 173 100
$, on arrive à un montant de 249 889 300 $ sur lequel les membres de
cette commission auront à se prononcer. C'est une augmentation de 23 000
000 $ comparativement à l'an dernier.
Relativement aux crédits permanents, je dois signaler une
réduction pour la deuxième année consécutive. L'an
dernier, ils étaient passés de 54 000 000 $ à 41 000 000
$. Cette année, ils sont encore réduits pour s'établir
à 37 000 000 $, soit une réduction de 17 000 000 $ en deux
ans.
Pour l'ensemble des programmes, le poste le plus important est celui des
traitements, puisqu'il représente 60 % du total. En effet, sur un total
de 250 000 000 $, les traitements et autres rémunérations
accaparent 150 000 000 $. Cette situation se comprend si on considère
que l'effectif total comprend 4433 personnes, dont 4365 pour le
ministère et 68 pour la régie.
Fait à signaler: les effectifs demeurent au même niveau que
l'an dernier, ce qui signifie que, pour faire face à la croissance
normale de ses activités, le ministère et la régie devront
accroître leur productivité. Nous croyons que les employés
sont capables de relever ce défi.
Les membres de la commission constateront, M. le Président, que
les crédits pour l'exercice en cours ont augmenté de 23 000 000 $
par rapport à l'exercice précédent. Cette hausse est
attribuable principalement aux traitements, qui passent de 134 000 000 $
à 150 000 000 $. Il faut y voir la conséquence des nouvelles
conventions de travail. Quoique moins importantes, des augmentations peuvent
aussi être notées dans le coût des loyers et de
l'équipement.
Voilà, M. le Président, ce que je voulais vous dire au
sujet du ministère du Revenu, de la Régie des loteries et courses
et des crédits prévus. Avec mes collaborateurs, je suis à
la disposition des membres de la commission pour fournir les renseignements et
les explications supplémentaires qu'ils pourraient souhaiter.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. le ministre du
Revenu. Je céderai la parole au député de
Jonquière, critique de l'Opposition en cette matière, s'il a des
remarques préliminaires à faire sur le dossier des
crédits.
M. Francis Dufour
M. Dufour: M. le Président, je pourrais peut-être
présenter celui qui m'accompagne, M. André Riverin, recherchiste
pour l'Opposition en ce qui concerne le Revenu. C'est la première fois
qu'on a quelqu'un d'attitré presque tout le temps, en tout cas en
matière de finances, au ministère du Revenu.
Je salue d'une façon spéciale tous les gens qui vous
accompagnent. On doit reconnaître que le ministère du Revenu a
fait beaucoup d'efforts depuis plusieurs années pour améliorer
ses relations avec les citoyens. Ses efforts sont d'autant plus louables que la
complexité de la Loi sur les impôts et des déclarations
d'impôt augmente année après année. Il faut accepter
aussi que le ministre soit arrivé en force cette année avec une
pareille batterie de fonctionnaires. J'aimerais lui faire une remarque bien
amicale: il n'y a pas beaucoup de dames qui l'accompagnent. Peut-être
que, dans le ministère comme tel, il y a beaucoup de dames, mais, dans
les têtes d'affiche, il faudrait peut-être faire un petit effort de
ce côté-là pour au moins améliorer cela,
l'équilibrer un peu plus.
Lors de l'étude des crédits de l'année
dernière, le ministre du Revenu nous déclarait qu'il trouvait
anormal qu'il faille presque être un expert pour remplir son rapport
d'impôt et même pour remplir la formule TPD-1 au début de
l'année qui sert à établir les retenues à la
source. La complexité de la formule TPD-1 a aussi été
dénoncée par l'adjoint parlementaire du ministre. Je rappellerai
que, l'année dernière, les contribuables ont payé 275 000
000 $ de trop parce qu'ils n'ont pas modifié leur formule TPD-1 pour
profiter de toutes les exemptions et déductions auxquelles ils avaient
droit. (20 h 30)
Selon moi, il ne faut pas chercher ailleurs que dans la
complexité de la formule TPD-1 la raison pour laquelle les contribuables
ont payé trop d'impôt. Cela, on le savait l'année
dernière, mais rien n'a été fait pour faciliter la
tâche des contribuables depuis lors. Encore cette année, de l'aveu
même du ministre des Finances, on prévoit que les contribuables
seront encore victimes du piège que représente la formule
TPD-1.
M. le Président, la situation est devenue indécente. Il
faut y remédier dans les plus brefs délais. Le temps des
études est terminé, il faut faire ses devoirs. Bien sûr, le
ministre du Revenu nous dira que la responsabilité incombe au ministre
des Finances. Peut-être. Mais je rappellerai qu'une des missions du
ministère du Revenu consiste à conseiller le gouvernement en
matière de politique fiscale. Personne n'est mieux placé que le
ministère du Revenu, qui est constamment en contact avec le public, pour
conseiller le ministre des Finances et le presser d'agir.
Malheureusement, le ministre des Finances n'est pas ici pour
défendre le ministre du Revenu, comme il n'est pas là pour
défendre les projets de loi qui traduisent dans des textes
législatifs ses
décisions. Je suggérerais au ministre du Revenu d'inviter
plus souvent son collègue, le message passerait peut-être
mieux.
Inutile de dire qu'on attend la réforme de l'impôt
annoncée par le ministre fédéral, mais cela fait des mois
que celui-ci repousse sa réforme. En attendant, les contribuables
continuent de remplir des formulaires incompréhensibles et qui leur
coûtent, en fin de compte, des millions de dollars. Espérons que,
lorsque le ministre Wilson aura déposé son projet de
réforme, le processus s'accélérera. Mais peu importe la
réforme, je crois que le ministère du Revenu doit s'attaquer
dès maintenant à la simplification de la déclaration
d'impôt et de toutes les formules qui l'accompagnent.
Il n'y a pas que l'étude des crédits où l'on peut
regretter l'absence du ministre des Finances; il y a aussi l'étude des
autres projets de loi présentés par le ministre du Revenu. On se
fait dire que c'est le ministre des Finances qui est responsable. À ce
sujet, je rappellerai au ministre l'étude en commission parlementaire du
projet de loi 12Q. Lors de cette étude, nous nous interrogions sur le
bien-fondé de l'article du projet de loi qui permettait aux institutions
financières d'émettre des titres REA afin de se constituer un
portefeuille d'actions alors que, dans le même projet de loi, on
l'interdisait à tous les autres. Les réponses du ministre du
Revenu ne nous ont pas satisfaits. C'est pourquoi, le 25 mars 1987, le
député de Lévis a adressé des questions au ministre
des Finances, celui qui est responsable, paraît-il, et le
député de Lévis attend toujours une réponse.
Une autre excuse facile consiste à accuser l'ancien gouvernement.
C'est le cas, notamment, de la récupération des allocations
familiales. Cette mesure annoncée en avril 1985 est entrée en
vigueur en 1986. Les contribuables, quant à eux, en ont eu la surprise
en 1987, soit deux ans après l'annonce. Cette mesure a peut-être
été bien amorcée par le gouvernement du Parti
québécois, mais, jusqu'à preuve du contraire, c'est le
Parti libéral qui est au pouvoir; il pouvait donc annuler cette mesure.
Encore aurait-il fallu qu'il en ait la volonté politique. La même
situation s'est présentée au sujet des personnes
âgées. Heureusement, dans son budget, le ministre des Finances a
pris les mesures qui s'imposaient pour ne pas pénaliser injustement nos
aînés. Ce faisant, le ministre des Finances a fait la preuve
qu'une fois au pouvoir il pouvait tout chambarder par un seul budget. En
conclusion sur ce sujet, je dis que le Parti libéral est responsable de
ces décisions dans la mesure où il les reconduit dans son budget;
que le Parti québécois en ait été l'instigateur n'a
qu'un mérite historique.
Dans un autre ordre d'idées, le Vérificateur
général du Québec a pointé le ministère du
Revenu dans son dernier rapport annuel. Dans un premier temps, il
dénonçait la destruction de chèques de remboursement,
d'avis de cotisation et de perception. Encore là, le ministère du
Revenu attribuait la faute au ministère des Finances, ce que l'on ne
trouve pas très original.
De plus, le Vérificateur général constatait que le
nombre de vérifications visuelles des déclarations d'impôt
diminuait depuis quelques années. Alors, il faisait la recommandation de
développer de nouveaux contrôles programmés et
suggérait au ministre de s'assurer que toutes les déclarations
sélectionnées soient effectivement vérifiées pour
maintenir la qualité de la cotisation. On se souviendra aussi que
l'adjoint parlementaire du ministre estimait que la fraude fiscale
coûtait plus de 300 000 000 $ par année au gouvernement. Il
s'agirait alors d'augmenter les effectifs et les équipements du
ministère. Pourtant, dans les crédits, l'augmentation la plus
faible des crédits se retrouve aux éléments perception et
vérification. Plus encore, le nombre d'employés permanents
diminue dans ces deux postes. On se serait, au contraire, attendu à voir
les effectifs augmenter, particulièrement à la
vérification.
Dans le même esprit, le ministre des Finances compte recevoir 150
000 000 $ dans la mise à jour des intérêts sur les comptes
à recevoir du ministère du Revenu. On ne sait, toutefois, rien
sur les mesures que mettra en place le ministre pour que ces sommes soient
effectivement perçues. On attend de recevoir des réponses
satisfaisantes du ministre, car il s'agit bel et bien là de la
responsabilité du ministre du Revenu. Par ailleurs, le ministre du
Revenu est responsable de l'application du programme de supplément au
revenu de travail SUPRET. Nous savons que le ministre des Finances a
décidé de remplacer ce programme par un nouveau programme
appelé APPORT.
Ce nouveau programme constitue une amélioration par rapport au
SUPRET pour les familles qui ont des enfants. Il oublie toutefois les familles
sans enfant et les célibataires. Pour ces derniers, le SUPRET sera
maintenu en 1987 et réduit en 1988-1989 pour disparaître en
1990.
Je souscris aux efforts du gouvernement pour améliorer le sort
des familles à bas revenus avec des enfants, mais il y a aussi les
autres qui ne sont pas moins importants. Merci.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y aurait d'autres
députés, membres de la commission, qui désireraient faire
des remarques préliminaires? Sinon, je me verrai dans l'obligation
d'appeler un à un les programmes. Ces programmes sont: le premier,
Administration fiscale; le deuxième,
Supplément au revenu de travail; le troisième,
Remboursement à certains travailleurs autonomes d'une partie de leur
contribution au Régime de rentes du Québec et, finalement, le
quatrième, Contrôle des jeux de hasard et des courses. Est-ce
qu'il y a un ordre que vous préférez pour commencer?
M. Dufour: Personnellement, je crois qu'on peut les prendre
globalement. Il n'y a pas de complication.
Administration fiscale
Le Président (M. Chagnon): Voulez-vous qu'on les prenne un
par un: 1, 2, 3 et 4?
Programme 1, Administration fiscale. Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: On croit remarquer que, dans ce programme concernant
l'administration fiscale, le ministre du Revenu prévoit accroître
ses dépenses de 9, 8 %, ce qui correspond à plus du double du
taux d'inflation prévu en 1987 qui était environ 4 %. Selon le
cahier des renseignements supplémentaires, cette augmentation traduit la
volonté d'améliorer l'équité fiscale à
l'égard de l'ensemble des contribuables.
Le rapport Séguin, d'autre part, estimait que la fraude fiscale
faisait perdre environ 300 000 000 $ annuellement au gouvernement. Sa
recommandation était que le ministère du Revenu accroisse ses
vérifications fiscales et que, par conséquent, ses effectifs et
équipements soient réévalués, augmentés.
Pour sa part, dans la même veine, le Vérificateur
général du Québec faisait remarquer qu'au cours des
dernières années le nombre de déclarations faisant l'objet
d'un examen visuel avait constamment diminué. On retrouve cela à
la page 55 du rapport du Vérificateur général du
Québec. Sa recommandation est: Le ministère devrait
développer de nouveaux contrôles programmés pour
remédier à l'absence d'examen visuel pour la majorité des
déclarations. Il devrait également s'assurer que toutes les
déclarations sélectionnées sont examinées afin de
maintenir la qualité de la cotisation.
Donc, on retrouve dans cela des différences assez notables. En ce
qui concerne les employés, c'est-à-dire la variation des
crédits par rapport à 1987, on parle de perception,
vérification, soutien technique, direction et soutien administratif,
services au public et aux entreprises; pour ces points, on trouve une
augmentation de 9, 8 % et la perception et vérification, moins 2
employés, moins 27 employés; donc, il y a un
réaménagement de personnel. Dans les éléments qui
ont été soulignés, tant dans le rapport Séguin que
dans le rapport du Vérificateur général du Québec,
la constatation c'est que cela ne semble pas aller dans le sens des
recommandations.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Gratton:... dans un premier temps, je rappellerai que nous
avons procédé à la création d'une unité
d'observance fiscale qui va dans le sens de répondre aux
appréhensions du député de Jonquière en ce qui a
trait à la fraude fiscale. On a également mentionné que du
côté de la fraude, dans le domaine des carburants, une
unité administrative ou une équipe spécialisée a
été mise sur pied et elle commence d'ailleurs à donner des
résultats très concrets quant aux nombres d'avis de cotisation
émis et à être émis de même que quant à
des causes inscrites devant les tribunaux à l'égard de ceux qui
violent la loi. Effectivement, les réaménagements administratifs
ne permettent pas de conclure que les ressources sont affectées en
nombre décroissant à la vérification, bien au
contraire.
Si on me le permettait, M. Angers pourrait compléter le
tableau.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre, M. Angers pourra
évidemment prendre la parole avec votre permission sur votre temps de
parole, mais j'aimerais qu'il s'identifie pour les fins du Journal des
débats.
M. Angers (Bernard): Bernard Angers, sous-ministre du Revenu.
Pour compléter la réponse amorcée par notre
ministre relativement aux efforts faits par le ministère au chapitre de
l'évasion fiscale ou de l'observance fiscale et de la perception, il
faudrait indiquer, au point de départ, que le ministère, à
même son enveloppe d'effectif, a procédé et procède
à un virement d'effectif, de telle sorte qu'au cours de la
dernière année - cela se voit sur une base mensuelle - il y a eu
un glissement d'effectif des postes vacants alloués à la
perception pour amorcer une opération de nettoyage littéral et
d'efforts de perception, au-delà d'une trentaine de postes et, du
côté de la vérification, globalement, une orientation
d'à peu près 60 postes de ce côté. D'une part, comme
le disait M. le ministre, il y a eu la mise sur pied d'une entité sur
l'évasion fiscale, un virement de postes et, dans la poursuite
d'activités particulières au chapitre de la
récupération,
une orientation assez substantielle de personnes-années
occasionnelles de ce côté. Cela va pour la dimension humaine.
Il y a un autre effort qui se poursuit présentement au chapitre
de la vérification et aussi de la perception: C'est l'introduction de
méthodes ou d'approches différentes pour cerner des
problèmes; l'exemple des carburants, je pense bien, en est un bon. C'est
qu'il faut d'abord comprendre son problème avant de distribuer
l'effectif. Le groupe mis sur pied par le ministère en matière
d'évasion fiscale va avoir pour objectif de comprendre un peu certaines
pratiques d'évasion fiscale, d'essayer d'introduire des
éléments qui ne sont pas de la vérification
traditionnelle, mais qui impliquent à la fois des avocats, j'irais
même jusqu'à dire des sociologues aussi, au besoin, parce qu'on en
a un certain nombre chez nous - certains diront qu'ils sont redressés,
mais, malgré tout, du bon monde -donc, des équipes
multidisciplinaires, des méthodes différentes de
vérification. C'est ce qui fait qu'on essaie d'aller, dans des
activités de ce genre, à l'essentiel; cela ne veut pas dire qu'on
oublie le non-essentiel.
Donc, il y a des efforts, à la suite d'orientations
données par le ministre et le gouvernement, vers la lutte à
l'évasion fiscale pour fins d'équité, des efforts de
personnel qui ont été faits et qui vont se faire; il y en a qui
se font sur une base quasi continue, même au chapitre des emplois
d'étudiants; cet été, cela va se faire aussi. Donc, il y a
un effort réel de cerner un peu mieux les problèmes
d'évasion fiscale, tout particulièrement à l'aide d'un
chapitre fort bien fait du rapport de M. Séguin concernant
l'évasion fiscale, et l'orientation de personnes à
l'intérieur du ministère et la préparation de
méthodes différentes de vérification. Je ne veux
même pas parler de l'utilisation de plus en plus grande des technologies
modernes, même auprès d'un groupe reconnu pour son conservatisme,
le groupe des comptables. Ce n'est pas faire injure, je pense bien, aux
comptables que de leur dire que la technologie les a atteints.
M. Dufour: Donc, si...
M. Gratton: Si on me permet, M. le Président, à
titre d'exemple de résultats concrets dans le domaine des efforts faits
depuis l'automne dernier dans le domaine de la taxe sur les carburants, cela
intéressera peut-être les membres de la commission de savoir qu'au
30 avril 1987 l'opération dite carburant avait donné les
résultats suivants: d'abord, le nombre de mandataires
vérifiés, 228, qui ont donné lieu à
l'émission de cotisations dans 14 dossiers pour un montant de 3 047 000
$; des projets de cotisation transmis ou en voie d'être transmis dans 18
dossiers pour une somme additionnelle de 6 830 000 $; des demandes
péremptoires afin d'avoir accès aux livres, 23 dossiers et 29
demandes; des poursuites selon l'article 41 de la loi sur les carburants, 5
dossiers et 5 poursuites, et des poursuites selon l'article 60 de la Loi sur le
ministère du Revenu, 2 dossiers et 2 poursuites. On a également
procédé à l'annulation d'enregistrement dans huit cas,
sans parler évidemment de certaines perquisitions tout à fait
d'actualité au moment où on se parle. C'est dire, avec une
équipe quand même très restreinte d'environ une quarantaine
de personnes face à un problème qui a une ampleur peut-être
insoupçonnée au départ, mais d'une complexité
extraordinaire, que déjà on constate que des résultats
concrets découlent des efforts que fait le ministère. (20 h
45)
Le Président (M. Chagnon):M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: J'avais déjà des questions en
réserve, mais comme on attaque le dossier, on peut peut-être en
parler tout de suite. Cela veut dire qu'il y a à peu près 50 %
des cas où il y a une mesure qui a été prise à
venir jusqu'à maintenant. En gros, vous parlez de 228
vérifications; si j'additionne 14, 18, 23, 29, 5 c'est entre 40 % et 50
% des cas qu'il y avait des problèmes quelque part.
M. Gratton: C'est-à-dire qui ont été
vérifiés.
M. Dufour: Vous avez parlé de 228
vérifications,
M. Gratton: Oui.
M. Dufour: Mais il y a 14 dossiers qui représentent 3 047
000 $ et vous avez 18 dossiers qui représentent 6 083 000 $. Vous avez
des demandes sur 23 et 29. Vous avez des poursuites dans cinq cas. Donc, il y a
presque 50 % des cas. A moins que vous ne me disiez que le 23 est compris dans
le 18 et le 18 est compris dans le 29. Mais là, je ne comprends plus
rien.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Gratton: II ne faut pas se méprendre. Il ne faudrait
pas penser que la moitié des mandataires sont en défaut.
Évidemment, les mandataires vérifiés sont
nécessairement ceux que l'on soupçonne de...
M. Dufour: Oui, sur l'ensemble, bien sûr.
M. Gratton: II ne faudrait pas en conclure que la moitié
des mandataires du ministère en matière de carburant sont des
fraudeurs ou des gens qui font de l'évasion fiscale, bien au
contraire.
M. Dufour: D'accord, je suis prêt à accepter cela.
Mais dans les cas que vous soupçonniez...
M. Gratton: Oui, on peut dire...
M. Dufour:... vos soupçons s'avèrent fondés
dans une mesure d'un bon pourcentage.
M. Gratton: Bien, moi, j'en compte environ 60 à 70 sur un
total de 228, c'est plutôt de l'ordre du tiers.
M. Dufour: Mais actuellement, vous n'avez pas de statistiques qui
peuvent vous permettre de décider ce que cela pourrait
représenter comme montant dans un an.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Dufour: En supposant que ces gens aient fraudé tout le
temps.
M. Gratton: Non, c'est une question que je pose
régulièrement et à laquelle on aura sûrement des
réponses éventuellement mais, par exemple, de comparer des sommes
d'argent de taxes perçues sans les comparer au gallonage ou au nombre de
litres... Évidemment, les habitudes de consommation peuvent influer
également. Donc, ce qu'on peut dire en termes concrets, c'est que de
nouveaux avis de cotisation de quelque 10 000 000 $ sur une période de
six mois, c'est concret et cela représente quelque chose qu'on peut
attribuer comme résultat direct à l'opération.
Évidemment, on ne peut pas évaluer, par exemple, l'impact et
l'effet dissuasif des mesures. C'est sûr qu'on se rend compte, par
exemple, à mesure qu'on bouche un trou, que ces gens qui pratiquent la
fraude fiscale ont plus d'un truc. On a constaté, au fur et à
mesure qu'on identifie les façons de procéder, qu'on y met un
arrêt, que de nouvelles pratiques frauduleuses sont imaginées par
ces personnes, ce qui résulte - en des efforts toujours accrus du
côté du ministère pour tâcher de les
déceler.
M. Dufour: C'est le libre-échange qui va régler
cela.
M. Gratton: Pardon?
M. Dufour: Cela pourrait être le libre-échange qui
règle cela.
M. Gratton: Je ne pense pas que cela ait quelque effet que ce
soit, à moins qu'on ne puisse stabiliser ou uniformiser le taux de taxe.
Il y a un autre élément important dans le dossier, c'est la
collaboration que nous avons reçue et que nous avons acquise du
gouvernement fédéral, du ministère du Revenu, de
même que du ministère des Finances de l'Ontario. On sait par
exemple que, grâce à leur collaboration, on procède
maintenant à la coloration aux postes de douane, ce qui nous permet
premièrement d'identifier ceux qui refusent ta coloration et qui
nécessitent une attention particulière et qui permet dans le cas
de ceux qui acceptent la coloration de s'assurer que les carburants sont vendus
pour les fins désignées.
M. Dufour: D'accord.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce qu'il. y a d'autres
commentaires, M. le député de Jonquière?
M. Dufour: Oui. Cela veut-il dire que les poursuites sont prises
seulement par le ministère du Revenu du Québec ou s'il y a des
mesures qui sont prises conjointement?
M. Gratton; C'est-à-dire que conjointement, je ne pense
pas qu'il y en ait eu, mais le ministère fédéral a
intenté un certain nombre de poursuites dont, d'ailleurs, les
médias d'information faisaient état récemment.
Le Président (M. Chagnon): Cela va? Y a-t-il d'autres
commentaires?
M. Gratton: On me souligne - et cela est fort important - que
l'échange de renseignements entre les divers gouvernements est d'une
aide précieuse dans la préparation.
M. Dufour: Tout à l'heure, vous avez fait allusion
à l'examen visuel; il semble qu'il y avait un certain nombre d'examens
qui se faisaient. Concernant les rapports d'impôt, cette
pratique-là a tendance à diminuer et, effectivement, le rapport
du Vérificateur général du Québec en faisait
mention. J'en ai fait mention dans mon petit discours du début qui
disait que cela ne se faisait plus ou que cela se faisait de moins en moins.
Avez-vous l'intention de le corriger? Je comprends qu'il y a des
évasions fiscales, il y a aussi la vérification qui est
très importante, à mes yeux.
M. Gratton: II n'est pas tout à fait exact de dire que
cela se fait de moins en moins. Depuis un certain nombre d'années
maintenant, le ministère procède à des programmes dits de
récupération, des programmes qui visent à faire une
vérification, dans la plus grande équité possible, des
déclarations d'impôt.
Évidemment, avec un total d'environ
4 000 000 de déclarations de revenus, seulement pour les
particuliers, les systèmes administratifs du ministère ne
permettent pas de procéder à des, vérifications visuelles
dans l'ensemble des cas. C'est par le biais de programmes de
récupération qui ont cours depuis au moins quatre ou cinq ans que
l'on procède. D'ailleurs, les députés, membres de la
commission, doivent en savoir quelque chose puisqu'ils reçoivent de
nombreuses représentations. Je sais que, à titre de
député, je reçois souvent des gens, des contribuables de
mon comté qui, comme par hasard, viennent de recevoir un avis de
cotisation portant sur des exercices financiers antérieurs. Donc, cela
donne des résultats. Évidemment, le but du ministère,
c'est de toujours améliorer. Je pense qu'au point de vue des
systèmes administratifs et des systèmes informatiques c'est l'un
des objectifs du projet de refonte, d'en arriver à devenir toujours plus
efficaces de ce côté-là.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Oui, M. le Président.
M. Gratton: On me souligne, seulement pour terminer, qu'on a
cette année environ 135 occasionnels additionnels qui sont
affectés à cette tâche de vérification.
M. Dufour: Oui, je voudrais terminer sur cela. Effectivement, je
suis obligé de dire ou d'élire seulement sur...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que vous aviez
terminé? J'avais passé la parole au député de
Sainte-Anne.
M. Dufour: Non, il me semblait qu'on devait avoir un
échange. Je peux bien passer à M. le député de
Sainte-Anne, mais c'est sur le même sujet; je ne sais pas de quoi il va
parler.
Le Président (M. Chagnon): Alors, continuez et puis...
M. Polak: Nous sommes au général, nous sommes sur
tout.
M. Dufour: Oui, mais c'est que je posais une question
précise, j'avais une question accessoire.
M. Polak: Allez-y.
Le Président (M. Chagnon): Continuez, M. le
député de Jonquière. J'avais l'impression que vous aviez
terminé.
M. Dufour: Est-ce que dans la vérification... Le
Vérificateur général disait qu'en 1985 la diminution de
ces déclarations avait été causée principalement
par l'annulation de plus de la moitié des critères particuliers
de sélection alors qu'il restait environ 25 % des déclarations
à traiter. J'ai un petit tableau à la page 55. En 1963, 716 000
déclarations avaient été sélectionnées et il
y en a eu 88 000 qui étaient à revoir et 21 000 à
être réexaminées; en 1984, 445 000 et 117 000; en 1985, 330
000, 69 000 et il n'y en avait pas pour réexaminer. Donc, il y a eu
effectivement une baisse. Je suis prêt à accepter que vous nous
informiez qu'un effort sera fait dans ce sens-là.
M. Gratton: Mais cette baisse a été
compensée par les programmes de récupération dont j'ai
parlé. C'est qu'effectivement, de façon sélective, mais
équitable, ces programmes de récupération produisent
d'ailleurs des résultats très concrets, à chaque
année, et ce, depuis 1984.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Jonquière. M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Oui. Nous sommes dans une discussion
générale, j'ai seulement une question au ministre. L'année
dernière, plusieurs députés ont reçu des
représentations de la part des distributeurs de cigarettes en gros. Des
cigarettes étaient achetées dans les réserves indiennes,
à Caughnawaga, par exemple, à un prix beaucoup moins
élevé qu'ailleurs.
Une voix: Beaucoup moindre.
M. Polak: C'est cela. Je sais que c'est un problème, il y
a aussi une question de droit constitutionnel là-dedans, on se comprend.
Est-ce que ce problème est sous étude afin d'y trouver une
solution à l'amiable, sans insulter les Indiens, et qu'en même
temps le ministère du Revenu puisse en bénéficier?
M. Gratton: Pour tout vous dire...
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Gratton:... oui, c'est sous étude et ce, depuis fort
longtemps. Le problème est très réel, il n'y a pas de
doute. On sait d'abord que c'est en vertu de la loi sur les affaires indiennes,
je pense, une loi fédérale, que les résidents d'une
réserve indienne n'ont pas à payer la taxe sur le tabac.
Evidemment, les gens qui vendent du tabac
sur les réserves ont pour prétention de le vendre à
des résidents de la réserve, ce qui, dans le cas de Caughnawaga,
n'est pas nécessairement exact, puisqu'on estime que, si seulement les
résidents d'une réserve devaient consommer le tabac vendu dans
cette réserve, il faudrait qu'ils fument quelque 2000 paquets de
cigarettes par semaine. Donc, on sait fort bien... D'ailleurs, la pratique est
courante et on a de nombreuses plaintes de distributeurs, de grossistes en
tabac qui respectent la loi et qui, du fait même, sont affectés
par une concurrence déloyale.
Cela étant dit, nous n'avons pas trouvé de solution. Nous
avons tenté d'obtenir la collaboration des chefs de bande indiens qui
sont impliqués. Le problème est plus grave à certains
endroits qu'à d'autres. Nous avons voté une loi à
l'Assemblée nationale, en juin 1986, qui nous permettra,
éventuellement, de procéder par des moyens plus efficaces. Mais,
au moment où l'on se parle, le problème demeure entier et aucune
solution n'est encore arrêtée.
M. Polak: Merci.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Le temps file assez rapidement, je pense que deux
heures ne seront jamais suffisantes pour couvrir tous les sujets; donc, nous
allons faire un effort pour y aller le plus rapidement possible.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que je dois comprendre,
M. le député de Jonquière, que vous nous suggérez
de passer au programme 2?
M. Dufour: Tout à l'heure, on a suggéré de
parler de tous les programmes et, après cela, M. le Président,
vous n'aurez qu'à les appeler...
M. Gratton: En vrac.
M. Dufour:... et on les adoptera.
M. Gratton: Pas d'objection, M. le Président.
M. Dufour: Je pense que l'on va chevaucher d'un bord et de
l'autre...
Le Président (M. Chagnon): Est-ce qu'il y a consentement?
Il y a consentement.
M. Gratton: Quant à moi, oui, M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): D'accord. M. Dufour:
Tout à l'heure, vous avez fait allusion, M. le ministre, à un
programme informatique. L'an passé, nous en avions parlé
amplement du programme César, si je me rappelle bien.
M. Gratton: Ah non! M. Dufour: Non! Ce n'était pas
César?
Refonte des systèmes
M. Gratton: Ce n'était pas César, c'est la refonte
des systèmes, M. le député.
M. Dufour: La refonte des systèmes. On dit, dans la revue
Les Affaires que "certains ministères et organismes
gouvernementaux du Québec ont perdu la maîtrise de leur
développement informatique, ce qui engendre des pertes de plusieurs
dizaines de millions de dollars par année, un contrôle
administratif inadéquat, un encadrement insuffisant, des luttes internes
entre fonctionnaires de divers ministères, des directives trop larges,
des besoins mal identifiés, etc. " Actuellement, il semble y avoir des
montants assez importants en cause. Pourriez-vous essayer de nous
éclairer un peu par rapport à tout ce qui est mis en marche
actuellement?
M. Gratton: Oui. D'abord, je voudrais dire que le
député à raison de dire que des sommes extrêmemement
importantes sont en cause. Lors de mon arrivée au ministère,
à la fin de 1985, j'ai effectivement été saisi du dossier,
qui s'appelait bien le projet César à ce moment-là, projet
qui visait à refondre les systèmes informatiques et
administratifs. Donc, vous avez raison, sauf que, chez nous, cette
désignation n'existe plus. On parle maintenant de la refonte des
systèmes, projet qui a subi de nombreuses modifications depuis sa
préparation.
J'avais demandé, à ce moment-là, de connaître
les tenants et aboutissants du projet et nous avions associé le
président du Conseil du trésor à la démarche, de
façon à nous assurer que des sommes extrêmement
importantes, qui visent à nous permettre de récupérer des
sommes encore plus importantes, soient affectées de la façon la
plus efficace possible. C'est effectivement ce que nous avons fait. Au cours de
cette dernière année, nous avons entrepris la mise en place de la
refonte; un certain nombre de contrats ont été octroyés
à des firmes spécialisées pour une somme d'environ 12 000
000 $ et qui a été affectée et dépensée pour
ce système. (21 heures)
Cependant, le député de Jonquière a fait
référence à une déclaration ou à une
entrevue du Vérificateur général avec le journal Les
Affaires. La meilleure façon de répondre aux
appréhensions du député serait
peut-être de faire lecture d'une lettre que le sous-ministre du
Revenu, M. Bernard Angers, adressait à M. Rhéal Chatelain,
Vérificateur général le 25 mai dernier, donc, la semaine
dernière. Elle se lisait comme suit: "Monsieur, j'ai pris connaissance
d'un article publié dans l'édition du journal Les Affaires
du 23 au 29 mai 1987. Cet article qui rend compte d'une entrevue que vous
auriez donnée concerne la situation de l'informatique au gouvernement.
Entre autres questions abordées dans cet article, il y a une
référence au projet de refonte du ministère du Revenu
où l'on vous cite à la page 3 dudit numéro dont vous
trouverez copie en annexe. Vous indiquez dans cette intervention vos
inquiétudes quant à l'ampleur de l'opération au
ministère du Revenu et à son absence de lien avec la
réforme fiscale éventuelle. "Tel que je vous l'indiquais lors de
notre conversation téléphonique de vendredi dernier, je
réalise que les informations dont vous disposiez au moment de l'entrevue
n'étaient pas du tout à jour en ce qui a trait au
ministère du Revenu. Je comprends vos inquiétudes dans ce
contexte. En effet, depuis l'automne dernier, tant la direction que les
responsables immédiats de la refonte au ministère du Revenu,
conscients à la fois de l'ampleur de l'opération, de la
nécessité d'introduire un lien entre le projet et
l'éventuelle réforme fiscale et de l'importance de réussir
au meilleur coût possible cette démarche, ont conduit un exercice
qui s'est traduit par un certain nombre de modifications quant au cheminement
et à la gestion des projets de cette refonte. "Ainsi, cet exercice s'est
concrétisé plus particulièrement par l'élaboration
d'une nouvelle programmation annuelle à la fois budgétaire et
opérationnelle qui s'inscrit dans le cadre environnemental entourant les
opérations courantes du ministère du Revenu, y compris
l'éventuelle réforme fiscale. D'ailleurs, vous trouverez joint
à la présente le résultat de cette réflexion que le
ministère a transmis au Conseil du trésor. En outre, je puis vous
indiquer que les deniers dépensés à ce jour dans le cadre
de cette refonte l'ont été à bon escient et que les
travaux réalisés serviront aux étapes subséquentes.
"J'ai cru important de vous faire obtenir cette communication de façon
à éviter toute méprise concernant la mise en oeuvre de la
refonte des principaux systèmes administratifs du ministère du
Revenu à laquelle la direction accorde la plus grande attention. Dans
les circonstances et compte tenu de votre statut d'observateur objectif de
l'administation publique du Québec, une mise au point de votre part
m'apparaîtrait convenir pour protéger notamment ce
caractère propre à votre fonction. Veuillez agréer... "
etc.
M. le Président, on voit bien que la déclaration du
Vérificateur général avait été faite sans
avoir pris connaissance des modifications très substantielles que le
ministère a cru bon d'apporter à son projet, justement dans le
cadre de la réforme fiscale appréhendée. D'ailleurs, c'est
cette semaine que je signais une demande au Conseil du trésor pour
approuver non seulement la programmation pour l'année qui vient, mais
également la nouvelle façon de procéder que nous avons
mise sur pied.
M. Dufour: M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Comme le ministre y a fait allusion, a lu un document,
mais qu'il n'est pas complet - je sais qu'il y a autre chose d'attaché
à la lettre - serait-ce possible que ce soit déposé pour
les fins de la commission?
M. Gratton: C'est un article du journal, en fait.
M. Dufour: Ensemble?
M. Gratton: On n'a pas d'objection. M. le Président, c'est
vous...
Le Président (M. Chagnon): M. le Président...
M. Gratton: C'est vous, M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): Un lapsus linguae. Vous avez
demandé, M. le député de Jonquière?
M. Dufour: Si c'est possible de déposer les documents qui
viennent d'être lus.
Le Président (M. Chagnon): Y a-t-il consentement, M. le
ministre?
M. Gratton: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): Je vais le prendre
immédiatement.
M. Dufour: Effectivement, avec le peu de temps qu'on a, je ne
pense pas que l'on pourra rentrer dans les détails, quitte à
revenir au cours de l'année avec des questions par écrit ou
verbales en temps et lieu. D'ailleurs, on aura l'occasion la semaine prochaine
de visiter, j'espère, le ministère.
M, Gratton: M. le Président, j'en profite pour
réitérer cette invitation. On l'a fait transmettre au
président de la
commission et semble-t-il que la rencontre ou la visite pourrait
s'effectuer le 5 juin prochain.
M. Dufour: Quelques questions supplémentaires: Concernant
le retour d'impôt, il semble que pendant l'année il y ait beaucoup
de gens, à cause de ce que l'on touchait par rapport au
prélèvement à la source pour les allocations familiales,
qui n'ont pas eu suffisamment de retenues faites sur leur salaire, ce qui fait
que cette année ils devraient de l'argent. Est-ce que cette année
il y a une augmentation des demandes d'argent aux contribuables?
M. Angers: Si vous me le permettez, M. le ministre. Dans votre
question, il y a plusieurs éléments. Tel que l'indiquait le
ministre des Finances, au cours des derniers mois, surtout à l'occasion
du débat sur les allocations familiales, l'ensemble des
déductions ou des exemptions qui accompagnaient cette arrivée de
l'imposition d'une partie des allocations familiales compensait, de
façon générale, assez substantiellement les charges
résultant de l'imposition des allocations familiales.
Selon les estimations à partir desquelles on travaille, on croit
que les remboursements, cette année, seront supérieurs d'environ
150 000 000 $ en raison du caractère - Il ne m'appartient pas de le
qualifier, mais je vais le qualifier pour les fins de la réponse - plus
généreux des exemptions générales résultant
du discours sur le budget de l'époque. On prévoit qu'il y aurait
pour au-delà de 100 000 000 $, pour ne pas dire 150 000 000 $ - on va le
voir seulement au cours de l'été - de remboursements
supplémentaires applicables à un nombre supérieur - on le
présume, là aussi -de bénéficiaires par rapport aux
années antérieures. On avait environ 2 900 000 citoyens ou
contribuables qui recevaient des remboursements. On estime, cette année,
que cela pourrait atteindre environ 3 100 000 $, c'est-à-dire qu'environ
200 000 personnes de plus, dans l'ensemble du Québec, pourraient
recevoir des remboursements, mais pour différentes raisons, pas
seulement pour les allocations familiales. Entre autres, il y a aussi le fait
que 100 000 contribuables de plus que l'an dernier nous indiquent avoir rempli
un rapport d'impôt. Cela veut dire que, probablement, il y a plus de gens
qui gagnent au-delà des seuils imposables.
Donc, il y a un ensemble de raisons qui fait que les remboursements au
ministère du Revenu cette année seront supérieurs à
ceux de l'an dernier, mais tout particulièrement au chapitre des
allocations familiales.
Le Président CM. Chagnon): M. le député de
Jonquière.
M. Gratton: M. le Président, est-ce que le
député me permettrait...
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Gratton:... simplement une réflexion très
personnelle qui ne s'appuie sur aucune statistique formelle? J'ai la nette
impression que les Québécois ont un peu la même tendance
que les Américains, nos voisins du sud, en ce qui a trait à leur
propension à se faire déduire des sommes supérieures
à celles qu'ils savent devoir à l'impôt.
Aux États-Unis, on a constaté que, avec la première
année de la réforme fiscale, cette habitude de recevoir un
remboursement après le 30 avril cessera en vertu de la réforme
fiscale. Ici au Québec, la tendance générale est pour les
gens, sciemment, d'exiger des déductions supérieures de
façon à recevoir un remboursement plus important au moment de la
production de leur rapport d'impôt.
M. Dufour: II peut y avoir une explication: des gens peuvent
faire certains placements et, ne sachant pas trop comment cela va rapporter,
plutôt que de débourser à la fin de l'année...
M. Gratton: II peut y avoir toutes sortes de raisons à ce
comportement. C'est un comportement qui est assez
généralisé et qui n'est pas nécessairement le
même partout ailleurs au Canada.
M. Dufour: On va sauter d'un dossier à l'autre car le
temps s'en va rapidement.
Le Président (M. Chagnon): J'ai une question du
député de Huntingdon. M. le député de
Jonquière, permettriez-vous qu'on pose tout de suite la question et nous
reviendrions à vous?
M. Dubois: J'avais également l'intention de sauter d'un
sujet à l'autre.
Le Président (M. Chagnon): Sautezl
Avis de cotisation
M. Dubois: M. le ministre, la question que je vous adresse a
trait aux avis de cotisation qu'un contribuable reçoit. J'imagine que
vous en envoyez quelques-uns. Â la suite d'un avis de cotisation, il y a
une possibilité de formuler un avis d'opposition, ce qui se fait assez
couramment aussi. J'aimerais savoir combien cela prend de temps au
ministère du Revenu avant d'étudier l'avis, de répondre au
contribuable et, s'il y a lieu, de lui remettre le trop-payé.
M. Gratton: Règle générale, on tente...
M. Dubois: Deuxième question - vous pourrez y
répondre ensemble - avez-vous l'intention d'abandonner l'obligation pour
le contribuable de payer même s'il ne doit pas tout l'argent qu'on lui
réclame? Je crois qu'au fédéral on peut envoyer un avis
d'opposition sans avoir à défrayer le montant qu'on demande,
contrairement au Québec où on doit payer
immédiatement.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Dubois: Est-ce que cette procédure va être
maintenue même si, au gouvernement fédéral, on l'a
abandonnée?
M. Gratton: On a l'intention de discuter avec le
fédéral de l'expérience qu'il a vécue. Au moment
où on se parle, non, on n'a pas l'intention d'harmoniser avec le
fédéral.
Quant au délai que nous nous fixons, je pense - et le
sous-ministre associé pourra compléter - que notre objectif,
c'est de rendre une décision sur les avis d'opposition dans les six mois
de leur réception. C'est une durée maximale.
M. Dubois: Minimale.
M. Gratton: Maximale. M. Dubois: Maximale.
M. Gratton: II peut y avoir des exceptions. Par exempte, toute
personne qui fait un avis d'opposition peut, en cours de route, ajouter des
renseignements additionnels, communiquer avec la Division des oppositions pour
signifier des renseignements. Donc, cela peut avoir pour résultat que la
décision n'est pas rendue. L'objectif qu'on se fixe, c'est un
délai maximum de six mois.
M. Dubois: Est-ce que, devant les tribunaux, l'obligation de
payer le compte qu'on nous demande a été contestée?
M. Gratton: C'est la loi actuelle.
M. Dubois: C'est la lot, mais elle pourrait être
contestée, je ne sais pas, en vertu de la Charte des droits et
libertés de la personne. On pourrait invoquer n'importe quoi. On nous
oblige à payer quelque chose qu'on ne doit pas
nécessairement.
M, Gratton: Au moment où on constate, à la suite de
l'opposition, que le montant n'était pas dû, il faut bien savoir
que le remboursement est fait avec les intérêts à
compter... Donc, je ne vois vraiment pas quel argument pourrait invoquer un
citoyen.
M. Dubois: L'argument que je pourrais invoquer, c'est que ce ne
sont pas tous tes contribuables qui ont le moyen de débourser. Par
exemple, j'ai eu des cas comme cela dans le comté, le contribuable -n'a
pas les moyens de payer ce qu'on exige de lui. Il doit emprunter, s'il peut
emprunter; sinon, il prend une entente avec le ministère pour payer dans
un délai plus long.
M. Gratton: II peut également remplacer le paiement par
des garanties quelconques.
M. Dubois: II arrive des cas où la personne ne peut pas
emprunter et n'a pas de garantie à offrir au ministère. Supposons
qu'une maison est hypothéquée au maximum; à ce moment,
cela peut être pénible pour certains contribuables. Je pense que
la solution apportée par le fédéral répond à
certains problèmes dans ce sens.
M. Gratton: Comme je l'ai indiqué, M. le Président,
on a l'intention de discuter avec le fédéral de
l'expérience qu'il vit de ce côté. Au moment où on
se parle, je vous avoue franchement que, à titre de ministre du Revenu
depuis maintenant quelque 19 mois, je n'ai pas senti qu'il s'agissait là
d'un problème très généralisé.
C'est sûr que, dans des cas individuels, cela peut se
présenter comme un problème assez important. Le fait demeure
qu'on doit payer ses impôts au fisc. C'est une chose à laquelle
nous ne sommes pas complètement fermés puisque nous continuons
les discussions.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Huntingdon?
M. Dubois: Merci.
Le Président (M. Chagnon): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais revenir un peu sur ce sujet. Si on examine
la Synthèse des opérations financières au 31
décembre 1986, la variation, à la hausse, qui était de 275
000 000 $ d'impôt sur le revenu des particuliers, était
attribuable, pour l'essentiel, au fait qu'un qrand nombre de contribuables
n'avaient pas modifié leur formule TPD-1 pour bénéficier
de toutes les exemptions et déductions auxquelles leur donnait droit la
dernière réforme de l'impôt. On peut déduire que les
contribuables avaient versé près de 275 000 000 $ d'impôt
en trop.
M. Angers: Pas tout à fait.
M. Dufour: Je ne dirai peut-être pas
tout... (21 h 15)
M. Angers: Une partie. Présentement, on constate, par les
rapports d'impôt, qu'on a 100 000 déclarations de plus que l'an
passé, ce qui veut dire qu'il y a eu des revenus d'emploi, qu'il y a du
monde qui est de retour sur le marché du travail. Donc, il y a une
partie, à l'intérieur de cela, qui est liée à des
impôts au sens strict. Il y a une partie d'économie ou d'argent en
banque, comme le disait M. Gratton tout à l'heure. Mais il y a une
partie assez importante là-dedans qui vient effectivement des
impôts payés par les contribuables qui ont gagné assez
d'argent pour ne payer, parce qu'il y a 100 000 déclarations de
plus.
M. Dufour: J'étais sous l'impression, d'après les
propos du ministre, que c'était bien compliqué. Le rapport
Séguin aussi nous laissait croire que c'était un peu la
complexité du rapport servant à établir les retenues, qui
était responsable de cette situation.
M. Gratton: Quand on regarde le nombre....
M. Dufour: Bien là, on va vivre avec...
M. Gratton:... de déclarations, il y en a 100 000 de
plus.
M. Dufour: On le voit ici, dans la Synthèse des
opérations financières. Ce n'est pas nous qui l'avons faite, mais
on est obligé de lire ce qui est là. Je regarde un texte d'Alain
Dubuc, dans La Presse du 1er avril 1987, où il dit: 'Fisc,
après les vieux, les mamans". Il parle de la complexité des
formules, il parle "d'une complexité indécente". Il y a un
certain nombre d'éléments, en fait. Toujours en vertu du temps
qui nous est alloué, en 1987, tes formules ne sont pas plus faciles
qu'en 1986. Donc, il y a des chances que cela se passe. Combien y a-t-il eu,
cette année, de formulaires envoyés aux contribuables?
M. Angers: C'est-à-dire des envois...
M. Dufour: Vous avez distribué un certain nombre de
formules TPD-1.
M. Angers: C'est un nombre analogue à celui de
l'année précédente, on pourrait vous le fournir.
M. Dufour: Est-ce qu'il y en a qui vous ont été
retournés?
M. Gratton: Vous parlez des formulaires...
M. Angers: Des formulaires d'impôt?
M. Gratton:... TPD-1?
M. Dufour: TPD-1, oui, les formulaires d'impôt.
M. Angers: Les formulaires de déduction à la source
ou des formulaires d'impôt?
M. Dufour: Les formulaires TPD-1.
M. Angers: TPD-1, c'est le formulaire de déduction
à la source.
M. Dufour: Oui, c'est cela. Pas de problème là?
M. Gratton: Non.
M. Dufour: Cette année, avez-vous une idée de
l'argent que vous prévoyez recevoir en trop et que vous allez être
obligés de rembourser après?
M. Gratton: Bien, les remboursements...
M. Angers: C'est une façon de voir, de l'argent en trop.
Un peu comme l'indiquait M. Gratton, il y a une tradition ou une
expérience chez les citoyens d'ici qui fait qu'ils semblent
préférer ne pas avoir à payer à la fin; donc, ils
ne prennent pas de chance, ils prennent les déductions les plus fortes,
les déductions de célibataire, alors qu'ils ont droit à un
certain nombre d'exemptions. Et, en cours d'année, ils peuvent prendre
des décisions sur des exemptions qui leur sont ouvertes comme le REA ou
autres. Ce qui fait que, bon an mal an, il y a un peu toujours de cet argent en
banque, parce que la notion même de remboursement indique qu'il y en a
qui s'en font déduire un peu trop.
M. Dufour; C'est évident que le contribuable ordinaire
perd l'intérêt possible sur ces sommes d'argent. En tout cas, pour
le ministère, sur des sommes aussi importantes, cela devient
drôlement intéressant. Actuellement, vous n'avez pris aucune
mesure pour convaincre les contribuables que cela ne joue pas
nécessairement à leur avantage.
M, Gratton: C'est-à-dire que, au contraire, il y a de
nombreuses publications du ministère...
M. Dufour: Oui!
M. Gratton:... qui visent à informer les contribuables des
déductions auxquelles ils ont droit. Évidemment, c'est une
décision personnelle que prend fait chaque contribuable. Par exemple,
les efforts que nous faisons et que nous entendons intensifier
à l'égard des personnes handicapées et des
personnes âgées sont de nature à amener ces gens à
réclamer des déductions auxquelles ils ont droit.
M. Dufour: C'est évident que nous décelons un
certain nombre de problèmes dans toutes ces formules. Il y a d'autres
endroits où on parle des remboursements éclairs qui coûtent
trop cher, où des gens vont chercher de l'argent. Il y a toutes sortes
de situations. Cela peut être des gens, qui n'ont pas
nécessairement des salaires ou des revenus élevés, qui
posent ces gestes: volontairement, ils paient trop d'impôt pour en
retirer après. Ces gens-là, assez souvent, par manque
d'expérience ou manque de connaissance - il y en a qui le font - vont
chez une petite compagnie pour faire faire leur rapport d'impôt;
après cela, ils retirent un montant d'argent. On leur paie un certain
montant, cela peut aller jusqu'à 75 % et 80 %. Je pense qu'il y ades lois, actuellement, qui... Non, mais la compagnie qui fait cela...
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Gratton: Je ne sais trop à quoi fait
référence le député de Jonquière.
M. Dufour: C'est parce qu'il y a un certain nombre
d'éléments qui font qu'on a de la difficulté à
cerner le problème. On peut dire que des gens se donnent l'impression
qu'ils sont plus riches à la fin de l'année parce qu'ils retirent
un chèque d'impôt du provincial. Il y a des gens qui sont bien
content: ils peuvent faire agir le fisc comme un banquier. On dit: On fait un
placement qui n'a pas d'intérêts. Mais pour le gouvernement, une
pratique comme cela, je ne sais pas si vous pensez pouvoir le diminuer. Si
c'est 275 000 000 $, 300 000 000 $ que vous avez en trop, 300 $ à 8 % ou
à 9 %, cela ne fait pas beaucoup d'argent, mais, pour les sommes en
cause, c'est intéressant.
M. Gratton: L'objectif du ministère n'est pas de priver
les contribuables des avantages auxquels Ils ont droit. Notamment, toutes les
communications et tous les efforts que nous faisons au ministère pour
informer les gens de leurs droits visent, au contraire, à faire en sorte
qu'ils profitent au maximum des déductions auxquelles ils ont droit. Par
exemple, quand il s'agit d'une décision personnelle et volontaire de
préférer recevoir un remboursement, le ministère n'y peut
rien. Mais ce n'est pas l'objectif que nous poursuivons. Ce n'est, d'ailleurs,
pas nécessairement au moment de remplir le formulaire pour les
déductions à la source que les choses se compliquent autant qu'au
mornent de la production du rapport d'impôt.
Une voix: M. Angers, voulez-vous y ajouter?
M. Angers: Non. En fait, M. le ministre n'a pas besoin de
complément de réponse, mais je voudrais simplement dire ceci: Ce
n'est pas la première année que le ministère du Revenu
rembourse. Je ne suis pas en mesure de dire que ça remonte à 1954
ou 1955. En fait, depuis que je travaille, je fais un rapport d'impôt et
j'espère avoir des remboursements. Je présume que les citoyens
portent leurs jugements chacun à sa manière. Je pense, comme le
dit M. le ministre, que ce n'est pas notre rôle de leur dire de ne pas
épargner ou de ne pas procéder de cette façon. Ils sont
avisés. Ils font leur choix.
M. Dufour: Peut-on dire actuellement, dans l'état des
choses, que la formule va être simplifiée l'an prochain?
M. Gratton: II y a un effort très soutenu.
M. Dufour: Vous y avez fait allusion.
M. Gratton: Oui, mais c'est un effort très soutenu qui est
présentement en marche et qui découle, entre autres choses, des
recommandations du rapport du député de Montmorency, le rapport
Séguin. Notamment, l'effort porte sur la présentation graphique
du guide, qui vise à une simplification du cheminement pour la
majorité des contribuables, une meilleure visualisation des
renseignements essentiels. On va tâcher aussi de simplifier le langage et
d'avoir moins de texte. On va diminuer le nombre des grilles de calcul en
tentant de les remplacer par des textes explicites. On vise à regrouper
un certain nombre de lignes pour réduire le nombre de lignes que
contient le rapport.
Évidemment, il y a des simplifications qui nécessitent la
collaboration du ministère des Finances. D'ailleurs, de ce
côté, par exemple, c'était une recommandation du rapport
Séguin d'uniformiser certaines définitions différentes
dans le formulaire et les annexes; les discussions sont en cours avec le
ministère des Finances de ce côté. On va également
remanier certaines annexes. D'autres travaux en cours portent, notamment, sur
le TPD-1 et sur la déclaration de3 corporations, le C-17. Dans le
contexte actuel, on fait le maximum, on fera ce qu'on pourra dans le contexte
d'une réforme fiscale qui s'en vient.
Il est sûr que c'est seulement après que nous
connaîtrons le contenu de la réforme fiscale que nous serons en
mesure de vraiment obtenir des résultats concrets qui auront une
certaine permanence. Mais les efforts sont immédiats et, nonobstant
la
réforme fiscale, nous avons comme objectif que des gens puissent
percevoir une simplification, une amélioration tangible et même
visuelle dès le rapport d'impôt pour l'année fiscale en
cours.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Jonquière, est-ce que vous avez d'autres questions?
Employés au pourboire
M. Dufour: J'en ai quelques-unes. J'ai gardé
celle-là parce que je pense qu'elle est très importante. L'an
passé, lors de l'étude des crédits budgétaires pour
l'année, vous aviez parlé effectivement du dossier des
employés au pourboire.
Si je me fie à ce que vous avez dit -je ne sais pas si je devrais
vous le rappeler - est un dossier qui vous tient à coeur. Je peux dire
la même chose. Vous disiez à ce moment que vous aviez reçu
copie du rapport du comité consultatif sur l'hôtellerie, la
restauration et le tourisme, que vous alliez étudier le contenu,
produire une étude, que vous aviez l'intention bien arrêtée
de suivre le dossier et d'apporter avant la fin de l'année 1986 les
ajustements appropriés, etc. C'est pour vous rappeler que c'était
à la commission parlementaire du budget et de l'administration pour
l'étude des crédits, le mardi 29 avril 1986.
Le Président (M. Chagnon): Quelle est votre question, M.
le député?
M. Dufour: Donc, ma question est: Est-ce que vous avez suivi le
dossier? Est-ce que vous avez des éléments à apporter?
Est-ce que vous pensez que ce dossier peut aboutir rapidement?
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Gratton: Je vais vous répondre très franchement
que non, je ne pense pas qu'on va aboutir très rapidement. En avril de
l'année dernière, j'espérais pouvoir arriver à
proposer des solutions avant la fin de l'année; je dois confesser que
cela s'est avéré impossible.
Par contre, on a suivi le dossier et tout cela de façon
très soutenue en rencontrant un tas d'associations et de gens
préoccupés par la question, notamment l'Association des
employés au pourboire. Il faut bien dire que tout le problème
tourne autour de l'accès à l'assurance-chômage pour les
travailleurs au pourboire, tant et aussi longtemps que nous n'aurons rien
obtenu du gouvernement fédéral. Je suis loin de penser que c'est
pour demain matin. Je dois, d'ailleurs, rencontrer le ministre du Revenu, M.
MacKay, prochainement, au cours du mois de juin et il en sera à nouveau
question. Mais je ne me fais pas d'illusions sur les possibilités que le
gouvernement fédéral décide, à brève
échéance, de rendre admissibles à
l'assurance-chômage les travailleurs au pourboire.
Effectivement, ce dossier ne concerne pas seulement le ministère
du Revenu. II ne s'agit pas pour le ministère du Revenu de trouver une
solution dans l'abstrait. On sait que divers autres ministères sont
impliqués, notamment le ministère du Tourisme, le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
J'ai saisi mes collègues des dernières représentations que
nous avons reçues il y a environ un mois ou deux. J'ai, d'ailleurs,
suggéré qu'on mette sur pied un comité
interministériel qui, selon moi, devrait relever du ministère du
Tourisme puisque je pense que c'est là qu'on peut mieux coordonner
l'effort de tous. J'espère qu'on pourra en arriver à mettre ce
comité sur pied pour tâcher d'élaborer des solutions. Mais,
au moment où on se parle, je n'ai vraiment pas de perspective qui me
permette de m'engager ou d'engager le ministère du Revenu à agir
dans un temps précis.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je pense, au contraire, que vous avez une avenue
intéressante. Quand l'ancien gouvernement était au pouvoir, ce
n'était pas facile peut-être de négocier avec le
fédéral. Là, vous m'informez que le fédéral
est une partie très importante; il y a peut-être aussi le
gouvernement du Québec, mais je pense que ce n'est pas la volonté
qui manque, d'après ce que vous me dites.
Une des parties prenantes de ce dossier, c'est certainement le
fédéral. Je ne vois pas de quelle façon le
fédéral peut s'opposer indéfiniment à traiter ces
gens d'une façon un peu plus équitable parce que, effectivement,
ils ne reçoivent pas ce à quoi ils ont droit. C'est vrai aussi
qu'ils ne paient pas l'impôt qu'ils devraient payer. Mais un des
éléments importants, c'est que, même en payant
actuellement, on se rend compte qu'ils ne retirent pas les avantages à
l'autre bout. Je ne sais pas si actuellement vous ne pourriez pas - ce n'est
pas loin, vous demeurez dans la région d'Ottawa - traverser la
rivière pour rencontrer votre homoloque du fédéral et
forcer un peu la porte. Il me semble que vous êtes des meilleurs
négociateurs qu'on ne l'était. Je commence à croire qu'on
était pas pire comme négociateurs. (21 h 30)
M. Gratton: M. le Président, je ne voudrais pas retourner
trop loin en arrière, mais il me semble que, si on avait attendu avant
d'adopter la loi 43 d'obtenir les garanties du gouvernement
fédéral quant à
l'assurance-chômage, le problème ne se poserait même
pas. On ne serait même pas ici pour en discuter, ce serait
déjà réglé depuis longtemps. Mais on a choisi de
procéder autrement. Je n'ai pas à juger des motifs qui
inspiraient l'ancien gouvernement afin de procéder comme il l'a fait,
sauf que là il faut vivre avec la situation telle qu'elle existe. C'est
sûr que, s'il s'agissait de régler la question strictement au
Québec, le problème se poserait de façon différente
qu'il ne se pose compte tenu qu'une décision du gouvernement
fédérai de rendre admissibles à l'assurance-chômage
les travailleurs au pourboire ne pourrait s'appliquer strictement au
Québec. Or, la loi dans les autres provinces n'est pas la même
qu'ici et c'est ce qui cause des difficultés, j'en suis sûr. Je ne
suis pas là pour défendre le gouvernement fédéral.
D'ailleurs, nos représentations auprès du gouvernement
fédéral sont qu'effectivement les travailleurs au pourboire
devraient être admissibles à l'assurance-chômage. Mais nous
n'avons pas encore réussi à en convaincre le gouvernement
fédéral, ce qui ne nous empêchera pas de continuer les
efforts qu'on y met et, comme je l'indiquais tantôt, dès le
début de juin, le début de juillet plutôt - pour tout vous
dire, la rencontre avait été fixée à lundi
prochain, mais, à cause de la session, j'ai dû la remettre
après l'ajournement -j'aurai des discussions avec M. Elmer MacKay
à ce sujet.
M. Dufour: Pouvez-vous m'affirmer qu'actuellement l'application
du régime fiscal ou de la loi du revenu fédérale est la
même qu'au gouvernement du Québec? Il semble, en tout cas, que le
gouvernement fédéral, au point de vue du revenu, considère
les employés au pourboire de cette façon. S'il y a une
réception où il y a des pourboires inclus dans les montants du
coût de la réception, est-ce considéré comme
salaire?
M. Gratton: Le député se réfère
probablement à une décision de la Cour suprême qui a
effectivement...
M. Dufour: Je ne pense pas que le Québec fasse cela.
M. Gratton: En fait, il s'agissait d'une cause qui visait le
Château Frontenac ici où des pourboires payés à
même un pourcentage sur une facture pour une réception ont
été déclarés comme devant être
calculés dans les contributions au régime
d'assurance-chômage, mais cela ne touchait pas le pourboire qu'un client
paie, par exemple, à un serveur dans un restaurant.
M. Dufour: Je suis très conscient de cela, mais est-ce que
le Québec...
M. Gratton: C'est une des choses, d'ailleurs, que nous avions
escomptées avec le rapport de la commission Forget sur
l'assurance-chômage; nous avons, pendant un certain temps jusqu'à
son dépôt, pensé que la commission examinerait la question
de l'assujettissement des pourboires aux fins de l'assurance-chômage, ce
qui n'a pas été le cas, comme vous le savez.
M. Dufour: Était-ce un problème particulier au
Québec seulement ou si c'est l'ensemble des autres provinces qui sont
touchées?
M. Gratton: C'est-à-dire que partout les pourboires sont
imposables. Un travailleur au pourboire doit, selon le principe de
l'autocotisation, déclarer ses revenus de pourboires tant au
gouvernement fédéral que dans le cas du gouvernement provincial.
Là où la situation est différente au Québec, c'est
dans l'application de la loi qui faisait certaines obligations tant aux
employés qu'aux employeurs. Certaines de ces obligations ont,
d'ailleurs, été suspendues; notamment, tout l'aspect de
l'attribution que l'on retrouvait et que l'on retrouve toujours dans la loi
actuelle a été suspendu et n'est pas en application
présentement.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Actuellement, pour nous -informer, il y a
peut-être des tractations qui se font entre les deux gouvernements.
M. Gratton: Constamment, M. le Président.
NI. Dufour: Mais vous ne voyez pas de résultat tangible à
courte échéance?
M. Gratton: M. le Président, je vous mentirais si je vous
manifestais un optimisme quelconque.
M. Dufour: Vous engagez-vous à en faire toujours l'objet
de vos constantes préoccupations au cours de l'année?
M. Gratton: Oui et, à défaut pour le gouvernement
fédéral de reconnaître le bien-fondé de notre
demande, il y a d'autres avenues de solutions qui pourraient être
élaborées par un comité interministériel comme
celui dont j'ai parlé tantôt. Mais, encore là, je verrais
mal que le ministre du Revenu puisse élaborer une solution au
problème sans la contribution très importante du ministère
du Tourisme, du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, peut-être bien du ministère des
Finances, pour ne nommer que ces trois-là.
M. Dufour: Cela pourrait être une chose à mettre sur
le tapis quand les ministres se rencontrent aux conférences
fédérale-provinciales. Cela pourrait faire l'objet de tentatives
de rapprochement ou de décision.
M. Gratton: Jusqu'à maintenant, des tentatives de
rapprochement ou de décision, on sait que l'ancien gouvernement en avait
fait. En tout cas, c'est ce qu'on nous disait. Je n'ai aucune raison de croire
qu'on n'avait pas fait des efforts de ce côté. Je peux vous
affirmer que, quant à nous, on a également fait des efforts de ce
côté, mais sans le résultat escompté jusqu'à
maintenant.
M. Dufour: Effectivement, le problème, c'est qu'il y a 350
000 personnes qui vivent de revenus de pourboires. Ce sont des gens qui sont
déjà extrêmement défavorisés. Je ne sais pas
si j'ajoute à votre perception, mais, d'après les informations
que j'ai, c'est 350 000 personnes, dont certaines ne travaillent pas
régulièrement. Ce ne sont pas nécessairement les mieux
payées, même si quelques-unes font de bons salaires. C'est surtout
une main-d'oeuvre féminine, en grande partie. Il y a beaucoup
d'intervenants. Je pense qu'il y a sûrement des efforts à faire
pour mieux traiter ces gens pour qu'au moins ils puissent vivre plus
décemment.
M. Gratton: Je suis tout à fait d'accord avec le
député de Jonquière. Je puis lui dire qu'en attendant une
solution concrète il n'y a sûrement pas de chasse aux
sorcières qui a été menée par le ministère
du Revenu à l'égard de ces travailleurs au pourboire.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau, vous avez demandé la parole.
M. Poulin: Non.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Jonquière.
Radiation de mauvaises créances
M. Dufour: Dans votre discours d'ouverture, vous avez
parlé de 380 000 000 $ de comptes irrecevables, irrécouvrables,
que vous avez fait disparaître.
M. Gratton: La radiation de comptes.
M. Dufour: La radiation. Donc, ces 380 000 000 $ étaient
déjà considérés comme à fonds perdus. Ce
n'est pas ce qui va s'ajouter. C'était déjà
prévu.
M. Gratton: C'est le dernier discours sur le budget qui en
faisait état. Il s'agissait de créances non recouvrables
identifiées. On l'a mentionné tantôt, l'effort avait
été négligé depuis presque 20 ans.
M. Dufour: Lorsque vous radiez comme ça, est-ce parce que
tous les recours possibles et imaginables ont été faits? Assez
souvent, dans des endroits que je connais, ils font des radiations de comptes,
mais ils se gardent toujours la possibilité d'aller chercher l'argent,
à un certain moment. Il y a des gens qui doivent des taxes d'eau. La
taxe d'eau, ce n'est pas comme une taxe foncière. Les gens s'en vont
mais s'ils reviennent un jour, ils pourraient se faire prendre.
M. Gratton: Oui. Quand on radie un compte, ce que cela veut dire
dans la pratique, c'est que ces comptes n'apparaissent plus dans les
revenus...
M. Dufour: Vous ne les traînez plus.
M. Gratton:... dans les comptes à recevoir du
gouvernement. Mais les droits du gouvernement demeurent toujours. Si des
circonstances amènent le ministère à constater que les
droits sont recouvrables, on n'abandonne pas nos droits par le fait d'avoir
radié le compte.
M. Dufour: En reste-t-il encore, de ces comptes?
M. Gratton: II y a un effort de 80 000 000 $ sur un total...
M. Cayer (Gabriel): C'est 80 000 000 $ pour l'exercice qui vient,
mais sur un total... Il va s'en créer, des nouvelles mauvaises
créances. La provision se situe entre 75 000 000 % et 80 000 000 $ au
titre de dépenses pour l'année.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce qu'on pourrait se servir
du micro ou encore peut-être répéter, donner la
réponse pour qu'elle puisse s'inscrire dans le registre de nos
débats.
M. Gratton: M. Cayer pourrait peut-être s'avancer.
Le Président (M. Chagnon): M. Cayer, peut-être
pourriez-vous vous nommer aussi s'il vous plaît, pour les fins du
Journal des débats.
M. Cayer: Mon nom est Gabriel Cayer, directeur
général de la perception.
Le Président (M. Chagnon): Allez, M. Cayer.
M. Cayer: Vous demandiez...
M. Dufour: On a radié 300 000 000 $ cette année.
Cela continue à courir pareil. J'imagine que les 300 000 000 $ sont
impensables, impossibles. Les 80 000 000 $ -il me semble que c'est 80 000 000 $
que j'ai cru comprendre tout à l'heure - ça couvre combien
d'années?
M, Cayen Les 383 000 000 $ qu'on a radiés couvraient à peu
près 30 ans. Ce sont les séquelles du passé qu'on a
radiées. Durant ce programme triennal, il s'en est créé
d'autres, mauvaises créances. Alors, ces mauvaises créances vont
faire l'objet de radiation au cours de 1987-1988. On estime, pour l'exercice,
en radier pour à peu près 80 000 000 $. La provision va diminuer
globalement, mais il va se créer, quand même, de nouvelles
mauvaises créances qui sont à provisionner, à essayer de
déterminer.
M. Dufour: Cela veut dire que le ministère, grosso modo,
peut perdre entre 25 000 000 $ et 30 000 000 $ de mauvaises créances par
année.
M. Cayer: C'est un peu plus élevé que cela.
M. Dufour: Plus que cela? 50 000 000 $? Non. C'est parce qu'il y
en a des vieilles.
M. Cayer: On l'estime à environ 75 000 000 $,
actuellement, au titre de dépense annuelle, une provision qui est
passée aux livres. On espère et on rêve de la diminuer,
mais la situation est ainsi.
M. Dufour: Autrement dit, cela a tendance... Si je prends les
statistiques, 30 ans, 400 000 000 $, en gros, cela ferait à peu
près 11 000 000 $ par année.
M. Cayer: Oupl Oup!
M. Dufour: 11 000 000 $, 12 000 000 $, 13 000 000 $ par
année, mais là c'est plus que cela, d'après ce que je
vois.
M. Cayer: Non, on dit 30 ans, mais il faut bien penser que les
impôts, en 1954...
M. Dufour: Oui, ils étaient moins
élevés.
M. Cayer:... étaient à un taux de 2, 3 %. Il n'y en
a pas beaucoup.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Dufour: Vous avez compté les intérêts qui
ont couru, j'imagine, ou si c'est simplement...
M. Cayer: Cela inclut les intérêts au moment
où la créance est jugée recouvrable.
Une voix: Est-ce que cela vous arrange?
M. Dufour: Je me sens bien à l'aise dans tout cela. Je
vous remercie.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Jonquière n'était pas né à ce moment-là.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Dufour: Ah oui, par exemple, malheureusement.
Dans son discours, le ministère des Finances dit que les
intérêts sur les comptes à recevoir du ministre du Revenu
seront également mis à jour au cours du présent exercice
financier, ce qui se traduira par des revenus additionnels de 150 000 000 $. Il
faudra, toutefois, augmenter de 50 000 000 $... En tout cas, les 150 000 000 $,
est-ce que vous avez déjà des mesures précises pour aller
les chercher?
M. Gratton: Oui, je pense que M. Croteau pourrait probablement
répondre. Il ne s'agit pas de perception, mais bien de
comptabilité.
Le Président (M. Chagnon): M. Croteau, pourriez-vous vous
présenter?
M. Croteau (Bertrand): Bertrand Croteau, directeur
général de la planification et de la budgétisation.
Il s'agît d'un problème. La désuétude de nos
systèmes fait que les intérêts ne sont pas continuellement
mis à jour. S'il n'y a pas d'activité sur un compte, le compte
est gardé à sa valeur, comme il était, tant qu'il n'y a
pas d'activité dans les livres. La démarche de mise à jour
vise à actualiser tous nos comptes pour les porter à une date
donnée, qui sera effectivement le 1er avril 1988, ce qui aura pour effet
d'augmenter les comptes à recevoir, donc les revenus, d'environ 150 000
000 $. Mais de ces revenus, il y a un montant de 50 000 000 $ de provision pour
les mauvaises créances, parce que tous ces comptes-là ne seront
pas récupérés.
Une voix: C'est une démarche comptable.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que cela va, M. le
député de Jonquière?
Contrats de moins de 25 QOO $
M. Dufour: Cela va. On pourrait passer à la question des
contrats de moins de
25 000 $. C'est presque une course contre la montre. Moi, je n'aime pas
travailler d'une façon comme celle-là, mais on est presque
pris.
M. Gratton: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Gratton:... pourquoi n'a-t-on pas demandé à nous
interroger plus longtemps?
M. Dufour: Disons que c'est ma première expérience.
Je ne savais pas que le ministre allait parler aussi longtemps au
début.
M. Gratton: Ah, bien, excusez-moi. La prochaine fois, je me
tairai.
M. Dufour: Non, non, non. Je ne veux pas vous empêcher de
travailler, M. le ministre. Je pense que les échanges sont très
intéressants. Il n'y a pas tellement de problèmes. Aussi, vous
essayez de nous donner les informations. Quand on veut aller chercher quelque
chose...
M. Polak: Le droit municipal, ce n'est pas fini encore?
M. Dufour: Oui, oui. Pour moi, oui. On remarque que, dans les
contrats qui ont été donnés, il y en a beaucoup, pas
nécessairement les mêmes...
M. Gratton: C'est des moins de 25 0000 $ dont vous parlez?
M. Dufour: Des moins de 25 000 $, qui sont des contrats dans le
cadre du système TP-1. Ce sont des contrats de 4900 $. Il y en a
d'autres aussi. À Objectif communication Inc.: services professionnels
dans le cadre du projet TP-1, 4882 $. On regarde un peu partout. Il y a
Typo-Form, contrats de composition de formule de 1000 $ et moins et pour de la
séparation de couleurs. Il y en a toute une série: Dame de coeur,
Compélec, A. B. F., Burroughs Canada, Interivel,
Le Président (M. Chagnon): Dame de coeur, cela doit
être pour les jeux de hasard. Il faudrait probablement se
référer au programme 4.
M. Dufour: Lequel?
Le Président (M. Chagnon): Dame de coeur.
M. Dufour: Ah bon! Peut-être que le ministre aime jouer aux
cartes. Ce ne sont pas de gros montants. Il y a beaucoup de petits montants qui
s'additionnent. Concernant les formulaires, est-ce que c'est juste de la
polycopie, de la réimpression de formulaires?
Le Président (M. Chagnon): Monsieur... (21 h 45)
M. Néron (Gilles): Gilles Néron, du service aux
entreprises et au public. Ce sont en général des contrats de
conception, de mise en page, de composition pour les guides et pour les
brochures qui sont à la disposition du public.
M. Dufour: II semblerait, à première vue, que ce
sont des contrats qui sont similaires l'un à l'autre. Par exemple,
contrat de composition et contrat de composition, mais ce n'est pas toujours la
même formule. Est-ce que vous avez des prix fixes ou est-ce par hasard
que vous les changer, que vous changez d'agent?
M. Néron: En général, on obtient du service
des achats des fournisseurs, trois fournisseurs auxquels on demande des prix et
on choisit le plus bas par analoqie.
M. Dufour: Pourquoi, dans ce cas-là, cela ne serait-il pas
un contrat un peu plus élevé qui fasse que vous pouvez obtenir un
meilleur prix?
M. Néron: Ce sont des spécifications
différentes pour des brochures différentes qui demandent des
qualifications différentes et aussi c'est selon les besoins qu'on
ressent pour l'information du public. Au début de l'année, il y a
un programme, mais c'est pour des applications tout à fait
particulières.
Le Président (M. Chagnon): Vous avez d'autres questions,
M. le député de Jonquière? Ne vous sentez pas
obligé d'en poser.
M. Dufour: II n'y a pas de gros montants, excepté que ce
sont des contrats qui semblent avoir les mêmes incidences, les
mêmes buts.
Le Président (M. Chagnon): Vous comprenez, M. le
député de Jonquière, que je ne veux pas vous
bousculer.
M. Dufour: Je me bouscule tout seul avec les heures que j'ai
là. Objectif communication Inc. Il y a services professionnels dans le
cadre du projet. Est-ce que ce projet avait un objectif particulier? Cela n'a
pas l'air d'être de la composition.
M. Gratton: Lequel, monsieur?
M. Dufour: Les pages ne sont pas
paginées. Page 4.
M. Gratton: Lequel?
M. Dufour: Objectif communication Inc.
M. Néron: Objectif, c'est la firme. C'est un service
professionnel dans le cadre du projet TP-1. C'est l'impression de la TP-1.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que vous pouvez vous
nommer à nouveau, s'il vous plaît?
M. Néron: Gilles Néron. C'est dans le cadre du
projet TP-1, cela veut dire l'impression et la préparation des divers
formulaires, c'est peut-être le sans-calcul, l'abrégé, la
détaillée et des travaux qui sont faits pour la
préparation et le montage de ces formulaires. Une des raisons pour
lesquelles on peut trouver des entreprises différentes, c'est que cela
intervient a des étapes différentes et aussi, il y a le fait que,
quand on demande trois noms, on peut une fois avoir le plus bas prix chez un
entrepreneur, chez un fournisseur et, à une autre reprise, c'est chez un
autre fournisseur. Mais, cela se fait toujours en collaboration avec le Service
des achats et selon les règles du Service des achats, règles
qu'on applique d'ailleurs même pour les moins de 5000 $ sans qu'il y ait
obligation de le faire.
M. Dufour: Merci. Je voudrais savoir du ministre s'il est de
coutume au ministère d'engager des professionnels. Ce sont des avocats
ou des avocates: Jeannette Bélanger, honoraires pour faire des
préparations pour un procès, Marcel Dornel honoraires pour faire
la préparation d'un procès, Ertuguel Belgin, honoraires comme
témoin expert, Rita Thîvierge... Non? Il y en a plusieurs qui
touchent...
M. Gratton: Ce sont des témoins experts.
M. Dufour: Des témoins experts. Ce n'est pas...
M. Gratton: Ce sont des gens qui ont...
M. Dufour: Vous avez votre système d'avocats, ce n'est pas
marqué...
M. Gratton: Cela peut être un évaluateur
agréé. On trouve différentes expertises.
M. Dufour: Ces experts, est-ce qu'il y a une façon de les
choisir? Est-ce que ce sont des gens qui ont rapport à la cause ou
est-ce que ce sont des professionnels que vous engagez purement et
simplement?
M. Saint-Jean (André): André Saint-Jean,
sous-ministre adjoint à la législation. Quand on a une cause
importante - et il y en a qui sont très importantes, il y en a une de 50
000 000 $ - et qu'on a besoin d'un expert en droit aérien, par exemple,
pour soutenir notre thèse, on rencontre quelques grands experts, on
discute avec eux. Il y en a qui croient en notre thèse et d'autres qui y
croient moins. On prend ceux qui croient en notre thèse. Il ne faut pas
oublier... Le ministère du Revenu a déjà perdu une cause
parce que son expert a répondu: "Peut-être" en
contre-interrogatoire plutôt que de dire: "Oui". Nous prenons autant que
possible de3 experts qui diront: "Oui", qui croient. C'est pourquoi on ne
pourrait pas prendre le meilleur marché.
Il y a un élément très important...
Le Président (M. Chagnon): Si je comprends bien, M.
Saint-Jean, ils coûtent plus cher quand ils répondent aux
questions.
M. Saint-Jean: Le rôle de l'expert, c'est d'influencer le
juge, ce qui fait qu'on doit prendre également des experts très
qualifiés, ceux qui vont dire au juge: J'ai telle expérience en
ce domaine. Donc, cela prend des gens qui ont une vaste expérience du
domaine parce que nos adversaires savent également prendre des experts
qui ont une vaste expérience du domaine. Il peut arriver que ces experts
coûtent cher, mais c'est toujours en proportion du montant des droits
impliqués. On ne prendra pas un expert qui va coûter 30 000 $ pour
une cause de 20 000 $, Cependant, on a déjà payé 30 000 $
pour une cause de 5 000 000 $ ou 6 000 000 $ et c'est normal. Mais, en
règle générale, ce sont de plus petits montants, comme
vous pouvez le constater.
M. Gratton: Vous avez noté...
M. Dufour: Même si on engage de bons experts, on se fait
orqaniser.
M. Gratton: Vous avez remarqué... M. Dufour: Je
connais ça quelque peu.
M. Gratton: Le député remarquera qu'aucun
député n'a été retenu comme expert.
Le Président (M. Chagnon): Pour cause de conflit
d'intérêts.
M. Gratton: Voilà!
M. Dufour: Donc, il y a beaucoup de gens qui ont des honoraires
comme jurés de concours, de 300 $; ce ne sont pas les
montants qui sont élevés, mais ce sont les
pratiques...
M. Gratton: Normales.
M. Dufour: Je comprends, pour les experts...
M. Angers: Compte tenu du volume d'affaires du ministère
du Revenu, par rapport à d'autres endroits, je peux vous dire que c'est
marginal, entre autres, du côté des services professionnels. M.
Saint-Jean vous parlait tantôt des caractéristiques des
contentieux. Ce sont des employés du gouvernement. Il n'y a pas beaucoup
de références à l'entreprise. Certains peuvent le
déplorer, mais nous trouvons qu'il faut y aller sur une base assez
sélective.
M. Dufour: Peut-être un dernier point parce qu'il ne reste
pas beaucoup de temps. On est confronté assez souvent, je suis convaincu
que c'est ainsi du côté ministériel... Des gens
reçoivent parfois des avis de cotisation après un certain temps.
Je fais référence à des gens qui sont bien en paix avec
leur conscience et qui font des transactions, pas nécessairement
régulières, qui ont pris les méthodes normales pour
pouvoir régler leurs problèmes. Après deux, trois ou
quatre ans le ministère du Revenu arrive avec une cotisation pour ces
gens-là, avec un intérêt très élevé.
Donc, de bonne foi les gens ont fait l'action et, avec le temps, ils se font
accrocher quelque part. Ce qui fait problème la plupart du temps, ce
sont les montants d'intérêt. Surtout ces dernières
années, des intérêts très substantiels ont
été imposés. Il peut arriver que les intérêts
soient plus élevés que le montant initial. Je ne sais pas s'il y
a une méthode pour corriger ces problèmes-là, mais je dis
qu'il y a un problème assez important. Il y a des gens que ça ne
dérangera pas, il y a des gens qui... Mais quand ça arrive
à de jeunes familles... J'ai un cas entre autres et je pense que le
sous-ministre est au courant. J'avais soulevé un cas comme ça. On
a fini par trouver une solution correcte. Ils voulaient aller plus loin mais on
ne pouvait pas. Je trouve que le ministère a fait son bout. Je trouve
que c'est beaucoup de précautions, beaucoup de travail pour les
individus pour se défendre, pour se disculper. Est-ce que vous pourriez
envisager une solution pour que, quand on a une cause qui semble bien correcte,
on ne revienne pas quatre, cinq ou six ans en arrière...
M. Gratton: C'est trois ans au maximum qu'on peut reculer
maintenant. La solution que vous recherchez serait simple. Ce serait de
vérifier chacune des 4 000 000 de déclarations individuelles.
Comme cela deviendrait pour le moins fastidieux, nous procédons
plutôt par les programmes de récupération dont je parlais
tantôt. Il faut bien garder à l'esprit que, dans notre
système, le contribuable a l'obligation de s'autocotiser et de s'assurer
qu'il paie les impôts qui sont dus. Il est évident que très
souvent là où ça fait le plus mal, c'est lorsque l'erreur
humaine n'était pas faite dans le but de frauder ou d'agir
malhonnêtement et qu'on revient imposer trois ans plus tard.
Mais le principe de I'autocotisation exige que chaque contribuable
s'assure que les impôts qu'il paie au moment de l'exemption de sa
déclaration de revenu sont les bons. Évidemment, si le
ministère, soit par le biais d'un programme de
récupération, soit par le biais d'échanges d'informations
avec le gouvernement fédéral obtient des informations à
savoir que des revenus n'ont pas été déclarés ou
que des impôts dus n'ont pas été payés; en toute
équité pour l'ensemble des contribuables, il doit
récupérer ces montants et également les
intérêts échus pour la période de temps. Le
ministère ne le fait pas d'une façon vindicative, mais en
accordant toute la chance au contribuable quant au mode de paiement. Par
exemple, très souvent, nous en arrivons, pour les gens qui sont en
difficulté financière, à prendre des arrangements de
paiement qui leur conviennent.
Le Président (M. Chagnon): Une petite question, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Vous voulez la poser?
Le Président (M. Chagnon): Non, non, vous avez encore un
peu...
M. Dufour: J'en aurais. Je n'ai pas parlé des courses.
J'aurais aimé cela, aller aux courses, mais là je ne pourrai
pas.
Le Président (M. Chagnon): Aux courses...
M. Dufour: Je sais en tout cas qu'il y a eu des mesures de
prises. Il semble que les gens des courses sont plus heureux. Je pense que je
ne poserai pas de question là-dessus.
Il y a un point qui m'a frappé. C'est le Sommaire des
dépenses de transfert, Organismes sans but lucratif. Pour les
subventions à des organismes reliés à la fiscalité,
l'an passé, 1986-1987, il y avait 10 000 $ prévus; cette
année, c'est 100 000 $. Qu'est-ce qui explique une différence
aussi importante?
M. Angers: Dans nos prévisions budgétaires, il y a
des dispositions pour prévoir des subventions ou de l'assistance
à des organismes ou à des groupes qui s'intéressent
à la fiscalité. Dans le fond,
cela a été porté de 10 000 $... Vous conviendrez,
je pense bien, que c'était vraiment plus qu'austère pour un
ministère comme le ministère du Revenu. Cela avait pour effet, en
fin de compte, qu'on était absent. Oui, c'est 10 000 $ qui sont
passés à 100 000 $. C'est qu'on était totalement absent de
différentes activités dans le monde de la fiscalité, de
telle sorte que le ministère du Revenu... Entre autres, je pense que
cela s'inscrit aussi non seulement dans l'esprit mais dans le rapport de M.
Séguin qui disait qu'il fallait que le ministère du Revenu
s'assure d'être présent un peu.
Une des façons d'être présent, c'est de participer
à la mise sur pied de colloques et de seminars, de favoriser des
associations, d'aider les gens à mieux comprendre la fiscalité,
ce qui fait que le montant de 10 000 $... Mon Dieu, on s'est dit: On va essayer
d'être présent sur le territoire comme ministère et c'est
100 000 $, ce qui, par rapport à d'autres ministères et à
des pratiques presque décennales, est à peu près ce qu'il
y a de plus léger comme participation à ce genre
d'activité.
M. Dufour: Le défaut d'un sous-ministre qui a fait
plusieurs ministères, c'est qu'il transporte les problèmes de
l'un à l'autre.
M. Gratton: Dans ce cas-ci, il a transporté une solution
plutôt qu'un problème.
M. Dufour: C'est juste la question de 10 000 $ à 100 000
$. Ce n'est pas arrêté, ce qui veut dire qu'on saura l'an prochain
la façon... Est-ce que ce sont des programmes très normés,
parce que, quand on regarde dans les ministères, il y a des parties
normées, il y a des parties qui flottent quelque part. Par exemple, je
regardais dans l'étude des crédits d'un ministère
où on donne des montants d'argent - tout ce qui est relié aux
Affaires municipales - et à un moment donné vous avez un
congrès, c'est-à-dire que c'est un tournoi de curling pour
l'association des chefs de pompiers. Je ne sais pas si c'est du Canada ou du
Québec; en tout cas c'était annoncé comme cela.
M. Angers: Ce n'est pas notre ministre.
M. Dufour: C'est-à-dire que je le connais, mais quand on
le connaît, il n'a pas toujours ce chapeau-là.
M. Angers: Chez nous, c'est vraiment de
l'austérité.
M. Dufour: II faudrait qu'il ait des signes pour montrer quand il
est ministre du Revenu et quand il est leader.
M. Angers C'est vraiment de l'austérité et c'est
pour faciliter la compréhension de l'intervention du ministère du
Revenu sur le territoire et, en même temps, tirer profit aussi des
qroupes spécialisés. Il n'y a pas de programmes
d'arrêtés, cela va se faire dans le cadre d'une opération
de présence. Mais on ne voudrait pas annoncer qu'on va être
présents, on n'aura pas assez de 100 000 $.
Adoption des crédits
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Jonquière, M. le ministre, nous sommes rendus à la fin de nos
travaux. Est-ce que le programme 1 est adopté?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que le programme 2 est
adopté?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce qu'on l'adopte aussi du
côté ministériel?
Une voix: Oui, oui, oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que le programme 3 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Une voix:...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Chagnon): Vous demandez le oui. Est-ce
que le programme 4 est adopté?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'ensemble des
crédits est adopté? Tout est adopté.
Il ne me reste plus, MM. les parlementaires, d'une part, au nom des
membres de la commission, qu'à saluer tous les experts du
ministère du Revenu, les membres de l'Opposition ainsi que le
président de la Régie des loteries et courses qui, par hasard, ce
soir, n'aura pas eu de questions. Le député de Jonquière
voulait absolument lui poser des questions; il pourra le faire un peu plus
tard, je présume. Il ne me reste plus qu'à ajourner nos travaux
sine die. Mais avant, M. le député de Jonquière et M. le
député de Gatineau...
M. Dufour: Je veux en profiter pour remercier M. le ministre, ses
collaborateurs et ses collaboratrices qui sont peu nombreuses. Espérons
qu'elles seront plus nombreuses l'an prochain. Je les remercie de
leur disponibilité et de la façon dont ils ont
répondu aux questions. Personnellement, je déplore qu'on n'ait
pas eu plus de temps, mais ce n'est pas notre faute, ce n'est ni la mienne ni
la vôtre. L'an prochain, on devrait essayer de prévoir au moins
une heure supplémentaire. Je ferais un voeu: Même si le
ministère n'a pas beaucoup de gros programmes, il y a peut-être
des façons qui pourraient nous aider encore plus. Certains
ministères font de petits cahiers qui nous permettent de voir où
sont les changements apportés et de mieux accomplir notre travail. Au
lieu de 50 pages, ce seront 10 pages; le nombre n'est pas important, ce qui est
important, ce sont les renseignements qui sont là. Comme M. le ministre
a dit que ses employés étaient les meilleurs, je voudrais qu'ils
"performent" encore mieux, si c'est possible. Mais en même temps, cela
faciliterait notre travail. Quant à mot, je suis satisfait des
explications qu'on a eues tout en souhaitant que les quelques questions qu'on a
posées ont pu vous ouvrir des pistes pour apporter des
améliorations au fonctionnement, au prélèvement et au
contact avec le public.
Le Président (M. Chagnon): Non seulement ils "performent",
M. le député de Jonquière, mais ils perçoivent
aussi!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Dufour: Cela va de soi. Moi non plus je n'aime pas me faire
"percevoir", mais j'ai compris que si on ne donne pas, on ne reçoit
pas.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, on me permettra d'abord de
dire au député de Jonquière que nous prenons note de son
souhait pour l'étude des crédits de l'an prochain. Je veux lui
dire, ainsi qu'à tous les membres de la commission, qu'au
ministère du Revenu nous apportons un souci tout à fait
spécial à bien servir la clientèle et ses
représentants élus. C'est le cas des députés. On
sait que nous mettons divers services spécialisés à
l'usage des députés qui font des représentations au nom de
leurs concitoyens. Là-dessus, vous me permettrez sans doute de remercier
les membres de la commission, de vous remercier, M. le Président, et de
remercier tous les collaborateurs qui nous ont prêté main-forte
dans l'étude de nos crédits et de souligner au président
de la Régie des loteries et courses que, comme il sera encore là
l'an prochain, il pourra probablement avoir droit, lui aussi, à des
questions. Quant à moi, je lui en pose à l'occasion et j'ai
l'intention de continuer. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): Alors, nos travaux sont
ajournés sine die.
(Fin de la séance à 22 h 5)