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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration commence ses travaux.
Nous sommes réunis afin de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère des Finances pour le
volet "institutions financières", soit les programmes 6 et 7 pour
l'année financière 1988-1989. M. le secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Hamel
(Sherbrooke) remplace M. Després (Limoilou).
Organisation des travaux
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Maintenant, j'aimerais vous rappeler la durée de l'étude des
crédits. Une période de deux heures a été
allouée à l'étude des crédits du volet de ce matin.
Cet après-midi et ce soir, nous aborderons l'étude du volet
"Privatisation".
Est-ce qu'il y a des suggestions, ce matin, relativement aux programmes
à aborder et combien de temps par programme voulez-vous y consacrer?
Vous le retrouverez au budget 1988-1989 aux crédits, nous avons les
programmes 6 et 7, comme mentionné tout à l'heure,
c'est-à-dire le programme 6, l'Inspecteur général des
institutions financières et le programme 7, Contrôle, surveillance
et développement du commerce des valeurs mobilières. Est-ce qu'il
y a des suggestions relativement aux programmes à aborder? M. le
député de Sherbrooke.
M. Hamel: Je voudrais suggérer qu'on commence par la
Commission des valeurs mobilières, si vous n'avez pas d'objection.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a consentement,
M. le député de Lévis?
M. Garon: Normalement, on commence par des remarques
générales sur l'ensemble des questions qui concernent... Ensuite,
un programme l'un à la suite de l'autre. Cela ne me fait rien de
commencer par les valeurs mobilières mais j'aimerais, avant, qu'on
commence par...
Le Président (M. Lemieux): ...les remarques
d'ouverture.
M. Garon: ...pas seulement des questions, mais des questions
générales concernant les activités du ministre au cours de
l'année qui vient de s'écouler et de l'année qui s'en
vient. Aussi, je veux lui indiquer qu'il y a des renseignements qu'il est
censé nous fournir et qu'on n'a pas. Je voudrais revenir sur cela.
Alors, c'est pour cela...
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais simplement faire
remarquer au député de Lévis que si on veut en arriver
à faire des remarques d'ordre vraiment général, il n'y a
pas de tradition en ce sens. La tradition veut que, lors de l'étude des
crédits, on doit autoriser des remarques d'ordre général
ou des déclarations d'ouverture habituellement au ministre, au
porte-parole de l'Opposition qui, dans ce cas, est le député de
Lévis, et aux autres membres de la commission parlementaire s'ils
désirent intervenir. Sauf consentement de part et d'autre, je devrai
procéder de la façon suivante: demander au ministre
délégué aux Institutions financières et à la
Privatisation, délégué au ministère des Finances
d'y aller d'une déclaration d'ouverture; au député de
Lévis, de faire sa déclaration d'ouverture. Et si d'autres
membres veulent intervenir sur des sujets d'ordre général en ce
qui a trait à la déclaration d'ouverture, leur permettre
d'intervenir, après les remarques préliminaires, pour aborder
effectivement et appeler les programmes un à un, soit le programme 7,
dans ce cas-ci, qui est: Contrôle, surveillance et développement
du commerce des valeurs mobilières. Y a-t-il consentement pour aller
dans le sens du député de Lévis? M. le
député de Lévis.
M. Garon: Si vous voulez faire cela d'une façon formelle,
j'aime autant qu'on commence par le programme 6 et, ensuite, le programme 7,
dans l'ordre. Si vous appliquez les questions d'une façon aussi formelle
que cela, on a deux heures et deux programmes. Habituellement, c'est par
période... Vous me dites qu'il n'y a pas de tradition. Quant à
moi, au contraire, cela fait longtemps que je fais des crédits et il y a
toujours eu une période, au point de départ, où on aborde
les questions en gros pour les intentions du ministre concernant certains
sujets. Après cela, ce n'est pas une question de vingt minutes vingt
minutes, c'est une question qu'on puisse lui poser un certain nombre de
questions concernant ses intentions, plutôt que d'essayer de greffer des
questions qui concernent plus ou moins les sujets qu'on va voir, et qui peuvent
être hors d'ordre. C'est pour cela que je dis qu'une période
préliminaire peut être... Cela dépend du temps. C'est pour
cela qu'on ne peut pas prévoir. Si le ministre brûle tout le
temps, à ce moment-là, c'est une autre affaire. Si on pose des
questions brèves au ministre pour avoir des informations, cela fait un
autre genre d'étude que du brûlage de temps à coups de
vingt minutes.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, la question que j'ai posée est celle-ci: Y a-t-il des
suggestions relativement à cela? Si
vous me dites, et si on considère que vos questions ou remarques
générales s'inscrivent dans le cadre d'une déclaration
d'ouverture, je pense qu'on est tous d'accord, il n'y a pas de problème
à cet égard. Ce que je veux vous faire remarquer, c'est qu'on a
deux heures et c'est à la fois pour les programmes 6 et 7, et il n'y a
pas eu de ventilation. Je vous demande si, effectivement, on devra consacrer
une quarantaine de minutes à la suggestion dont vous venez de nous faire
part, de part et d'autre: 40 minutes au programme 6 et 40 minutes au programme
7. Je n'ai pas d'objection à procéder de cette façon. Si
je considère vos remarques comme s'insrivant dans le cadre d'une
déclaration d'ouverture, cela fait partie de la tradition parlementaire.
Je n'ai pas d'objection à procéder comme cela. Les membres du
parti ministériel ont-ils des objections? Non? Alors, cela va, M. le
député de Lévis. M. le ministre, vous pourriez faire une
déclaration d'ouverture ou remarques préliminaires et, dans le
sens du député de Lévis, celui-ci pourrait vous poser des
questions d'ordre général qui s'incrivent, je le dis bien, dans
le cadre d'une déclaration d'ouverture. M. le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation.
Institutions financières
Remarques préliminaires
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, mes remarques seront
brèves. Nous sommes réunis ce matin pour un exercice tout
à fait démocratique: l'étude des crédits du
gouvernement. C'est un droit que les parlementaires ont obtenu en
Grande-Bretagne il y a fort longtemps et qui est un exercice très
démocratique. Je suis accompagné ici, ce matin, d'une part par le
président de la Commission des valeurs mobilières du
Québec et, d'autre part, par l'Inspecteur des institutions
financières du Québec qui, eux-mêmes, sont
accompagnés de leurs personnes-ressources.
Je voudrais tout simplement dire que depuis que le premier ministre m'a
demandé de m'oc-cuper d'une façon plus assidue des Institutions
financières, c'était à l'automne 1986 et, par
décret, au début de 1987 - oui, c'est bien cela - nous nous
sommes engagés dans un processus de réforme des institutions
financières, avec lequel tous les membres de la commission sont
très familiers. Comme vous le savez, nous avons, dans un premier temps,
fait certains ajustements à la Loi sur les valeurs mobilières
touchant les offres publics d'achat et d'échange. Nous avons
renforcé la définition d'initié, nous avons
augmenté les pénalités, alors tous et chacun d'entre vous
avez contribué à ces discussions que nous avons eues en
commission parlementaire et à l'Assemblée nationale.
Nous avons également déposé, l'automne dernier, un
livre blanc sur la réforme des institutions financières qui
donnait les grandes lignes que le gouvernement entendait privilégier.
Certaines pièces de résistance, une pièce de
résistance en particulier a même été adoptée.
Il s'agit de la loi touchant les sociétés de fiducie et de
prêts. Très bientôt, aussitôt que les
règlements auront été approuvés, nous promulguerons
la loi. Cette loi sera donc efficace très bientôt, d'ici deux mois
au plus tard.
Nous avons également déposé, il y a une quinzaine
de jours, le rapport quinquennal qui est exigé par la Loi sur les
valeurs mobilières dont vous avez reçu copie et dont vous avez eu
l'occasion, bien sûr, de prendre connaissance, puisqu'il s'inscrit dans
la lignée des recommandations que faisait la commission du budget et de
l'administration, l'an dernier.
Hier, nous avons déposé un document de consultation sur le
décloisonnement des intermédiaires. C'est encore là un
sujet que nous avons abordé à quelques reprises, et cela me fera
plaisir de répondre à vos questions à ce sujet. Mais nous
nous réunirons, le 31 mai prochain, pour entendre tous les intervenants
à ce sujet. Le mois prochain, j'aurai l'occasion de déposer le
projet de loi touchant les caisses d'épargne et de crédit, projet
de loi très important de quelque 600 articles et qui s'inscrira à
la fois dans l'objectif de modernisation et de décloisonnement des
institutions financières et touchant plus particulièrement le
Mouvement Desjardins.
C'est donc dire qu'on peut conclure que nous n'avons pas
chômé, tous et chacun d'entre nous, que ce soit à la
Commission des valeurs mobibilières ou chez l'Inspecteur des
institutions financières, pour moderniser et défendre nos
prérogatives. À ce sujet, je voudrais souligner que,
dernièrement, le Québec a été le fer de lance pour
nous assurer que les droits du Québec étaient maintenus dans la
réglementation des valeurs mobilières, malgré le fait que
les banques détenaient des actions de maisons de courtage en valeurs
mobilières.
Cette entente a été saluée par l'industrie comme
étant excellente, puisqu'elle permettait au gouvernement
fédéral, d'une part, de continuer sa réglementation qu'il
doit effectuer, selon la loi, en ce qui concerne les banques et, d'autre part,
permet non seulement au Québec, mais aux autres provinces canadiennes
d'exercer leur juridiction dans le secteur des valeurs mobilières.
Donc, il s'agit là d'une entente extrêmement importante
qui, à mon avis, va détacher, va influencer d'autres sujets,
d'autres projets de loi qui sont présentement devant la Chambre des
communes, à Ottawa.
En terminant, j'aimerais simplement dire ceci. Je dois avouer que tout
ce travail qui a été fait, l'a été grâce a la
collaboration que j'ai eue de l'inspecteur et, dans une très grande
mesure, de la commission, malgré le fait qu'il s'agit d'organismes
autonomes. Bien sûr, ces projets de loi ne peuvent être
apportés sans leur
collaboration.
Mais, comme vous le savez - j'ai eu l'occasion de le souligner l'an
dernier - c'est que depuis la disparition du ministère des Institutions
financières, en 1982, le ministre qui a la responsabilité des
institutions financières se sent un peu seul, malgré l'aide qu'il
peut recevoir, dans la définition des politiques financières
touchant les institutions financières, plus particulièrement.
À ce sujet-là, j'ai fait des représentations au
premier ministre et au ministre des Finances sur différentes
façons de remédier à la situation qui existe depuis 1982.
Il y avait différents scénarios. Différents
scénarios ont été envisagés. En définitive,
j'aimerais vous informer tout simplement que, très bientôt, le
Conseil exécutif nommera un sous-ministre adjoint au ministère
des Finances, mais dont la responsabilité sera tout à fait
consacrée aux Institutions financières.
J'aimerais préciser immédiatement que le président
de la Commission des valeurs mobilières et l'Inspecteur
général des institutions financières continueront de
dialoguer directement avec le ministre, comme ils le font présentement,
mais que ce sous-ministre adjoint aux Institutions financières aura
comme fonction d'aider le ministre à formuler de nouvelles politiques
pour s'assurer que le Québec continue à progresser, comme il l'a
fait à venir jusqu'à maintenant.
M. le Président, c'étaient mes quelques mots d'ouverture.
Il me fera extrêmement plaisir de répondre non seulement aux
questions touchant les budgets comme tels, mais également à toute
question touchant les politiques que nous avons mises de l'avant ou celles que
nous mettrons de l'avant dans les mois à venir.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis, vous avez la parole.
M. Jean Garon
M. Garon: Nous avons reçu les documents que le ministre
nous a fait parvenir. Mais avant de toucher d'abord à ces documents,
j'aimerais savoir d'une façon un peu plus précise... Parce qu'on
devait étudier le projet de loi sur le registre des entreprises au mois
de janvier ou février. Le ministre nous disait qu'il y avait une belle
unanimité concernant ce projet de loi, sauf qu'on est rendu à la
mi-avril et l'étude des 600 articles n'a pas encore été
entreprise malgré des déclarations à l'Assemblée
nationale comme quoi l'étude se ferait au cours de l'intersession, en
janvier ou février.
Le projet de loi est sur le carreau. Il y a 1 000 000 $ de
crédits périmés. De ce projet de loi qui était
apparemment voulu par tous, que tous les intervenants voulaient unanimement, on
se rend compte qu'il y a au moins du sable dans les engrenages puisque le
registre des entreprises ne progresse plus, ce projet de loi si magnifique qui
devait être le nec plus ultra de l'administration des entreprises, avec
des ordinateurs ici et là. Même des bureaux d'avocats ou de
comptables pourraient se connecter à l'ordinateur. On se rend compte que
rien de cela n'est en oeuvre et que le ministre annonce beaucoup de choses,
mais qu'il ne... C'est comme la musique sans la chanson.
C'est pourquoi, je voudrais demander d'une façon précise
au ministre ses intentions sur le plan législatif parce que les
intentions législatives se retrouvent habituellement dans des mesures
administratives de l'application des lois. J'aimerais savoir d'une façon
précise, pour ne pas qu'on étudie des crédits qui, dans le
fond, ne serviront à rien puisqu'ils seront périmés comme
les 1 000 000 $ qui étaient prévus pour la mise en application du
registre des entreprises, j'aimerais savoir, dis-je, concrètement, quand
il a l'intention, parce que cela intéresse les gens de ce secteur, de
déposer le projet de loi ou quand il entend faire l'étude du
projet de loi sur le registre des entreprises? Je vais lui poser une
série de questions plutôt que de les poser une par une. C'est
simplement pour qu'on sache où on s'en va dans tout cela. Quand a-t-il
l'intention de faire procéder à l'étude article par
article du projet de loi sur le registre des entreprises, par la commission
parlementaire? Quand le gouvernement ou le ministre ou le caucus envisage
l'adoption... Parce que je voudrais savoir si on est comme les deux rails d'un
chemin de fer ou comme une trimoto, comprenez-vous, qui est sur une roue ou sur
l'autre selon les bosses du terrain. Quel est l'échéancier
prévu par le ministre jusqu'à l'adoption du projet de loi sur le
registre des entreprises?
Deuxièmement, concernant la Loi sur les caisses d'épargne
et de crédit. J'aimerais qu'il nous répète, si cela n'a
pas changé, ce doit être la même chose, mais quel est
l'échéancier du projet de loi sur les caisses d'épargne et
de crédit jusqu'à l'adoption et la mise en vigueur de la loi?
J'aimerais savoir aussi, concernant le rapport quinquennal sur la mise en
oeuvre de la Loi sur les valeurs mobilières, s'il a l'intention
d'apporter des amendements à la loi? Quand l'adoption et la mise en
vigueur sont envisagées? À quelle date? (10 h 30)
J'aimerais savoir aussi, sur le décloisonnement des
intermédiaires - vous allez vouloir en arriver à une loi
éventuellement s'il arrive quelque chose - quand le ministre a
l'intention de déposer cette loi. Quel est l'échéancier
qu'il envisage, la consultation, les dates, le dépôt de la loi,
l'adoption et la mise en mise en vigueur de la loi.
Enfin, une remarque préliminaire. J'aimerais lui demander s'il
peut nous faire parvenir les documents qu'il devrait nous faire parvenir. Quand
il parle de masse salariale du cabinet, il nous renvoie au document du ministre
des Finances. On a un chiffre de 441 000 $. On a
une liste de noms. On ne sait pas qui est affecté à quoi,
qui est affecté au ministre des Finances, et il n'y a aucun salaire au
bout des noms. Nous, pendant toutes les années au cours desquelles on
était au gouvernment on a produit les noms, la masse et les salaires de
chacun des employés. Ici, nous n'avons pas ces renseignements, la masse
salariale du cabinet, de même que les noms des gens du cabinet et les
salaires afférents à chacun des employés, de même
que les dépenses reliées à la masse salariale du cabinet,
c'est-à-dire les dépenses qui ne sont pas proprement des
salaires, mais qui peuvent être d'autre nature que des salaires. Les
renseignements n'ont pas été fournis. J'aimerais savoir de la
part du ministre si on peut avoir les renseignements puisque nous les avons
fournis chaque année pendant des années, toutes les années
où cela a été demandé, avec les noms, les salaires
et les dépenses afférentes par individu, de même que le
total de la masse.
Il serait bon de savoir, parmi les employés du cabinet, qui est
affecté à lui, qui est affecté au ministre des Finances ou
si c'est un pool de personnel, où chacun tire comme il veut. Il semble
nous indiquer qu'il aura bientôt un sous-ministre adjoint. Cela veut dire
que, dans le fond, un sous-ministre va lui être affecté
particulièrement, alors que, jusqu'à maintenant, il disait qu'il
pouvait tirer sur n'importe lequel des sous-ministres du ministère des
Finances.
M. Fortier: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre,
préalablement, je tiendrais à vous faire remarquer que vous
pouvez intervenir aussi souvent que vous le désirez. Vous avez vingt
minutes après chacune des interventions.
M. Fortier: Non. Je ne voudrais pas prendre le temps des
députés. Je vais essayer d'être le plus succinct possible
pour satisfaire les désirs du député de Lévis.
Je vais commencer par la fin et j'aimerais le rassurer. Le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation est tout
à fait autonome. D'ailleurs, je voudrais rendre hommage et au premier
ministre et au ministre des Finances, qui me laissent toute la lattitude voulue
pour remplir mes fonctions. Mais ce n'est pas nous qui avons aboli le
ministère des Institutions financières, c'est votre gouvernement.
Ne me demandez pas pourquoi je ne me retrouve pas dans cette situation. C'est
votre gouvernement qui a aboli le ministère des Institutions
financières. Les seuls outils que j'ai, ce sont, comme je l'ai dit tout
à l'heure, le président de la commission et ses fonctionnaires et
l'Inspecteur général des institutions financières et ses
fonctionnaires qui m'apportent leur concours. Mais, malheureusement, le
ministère comme tel a disparu. Les seules ressources que j'ai sont
celles de mon cabinet. À ce sujet, on ne vous a pas donné les
salaires, cela me fait plaisir de vous les donner. Je ferais faire une copie
Xerox ici. M. Saghir, qui est à ma gauche, est mon directeur de cabinet.
J'ai un cabinet qui est tout à fait autonome du cabinet du ministre des
Finances.
Disons que nous sommes en symbiose avec le ministère des
Finances, mais nous sommes, je dirais, dans une très grande mesure,
autonomes du ministère des Finances. La seule raison pour laquelle nous
aurons le bénéfice d'un sous-ministre adjoint au ministère
des Finances, c'est qu'il fallait bien trouver une structure, quelque part dans
la fonction publique, étant donné la disparition du
ministère des Institutions financières. On tenait à
créer une structure très légère. Mes relations avec
le sous-ministre des Finances sont excellentes. Je crois que l'un et l'autre
comprenons qu'il s'agit d'une préoccupation quelque peu
différente des préoccupations normales ou traditionnelles du
ministère des Finances. Il est normal que le ministre responsable des
Institutions financières, non seulement ait un cabinet, mais ait
certains fonctionnaires qui puissent l'appuyer. Je crois que nous avons
prouvé que nous avons fait beaucoup en dépit du fait que nous
n'avions pas d'unité administrative qui se rapportait directement
à nous. J'oserais espérer que les structures
légères dont nous pourrons bénéficier pourront
améliorer la situation. Alors, il me fera plaisir... Les membres du
cabinet, j'ai la liste ici: M. Saghir est mon chef de cabinet, M. Maheux, qui
m'accompagne, est attaché de presse. Si vous le désirez, nous
allons faire une copie Xérox et la distribuer.
En ce qui concerne...
M. Garon: ...salaires de chacun.
M. Fortier: On m'indique que vous n'aviez pas demandé les
salaires. Je crois que nos fonctionnaires ont répondu aux questions qui
étaient posées. Nous, on posait des questions plus explicites et
on demandait les salaires. Comme vous ne les avez pas demandés, on ne
les a pas donnés. On n'a rien à cacher. De toute façon,
les salaires ne sont pas... Comme vous le savez, M. le député de
Lévis, les membres d'un cabinet travaillent très fort. Je crois
qu'ils méritent chacun les dollars qu'ils gagnent.
En ce qui concerne le registre, il est vrai que nous espérions
étudier ce projet article par article au mois de février, si ma
mémoire est bonne. Il y avait une ouverture, dans le programme, que je
m'étais fixée moi-même. Pour différentes raisons,
cela ne s'est pas concrétisé et, malheureusement, étant
donné qu'un gouvernement ou un ministre doit faire des choix, à
la suite de cette ouverture ratée au mois de février, nos
priorités se sont orientées vers la préparation du
document sur le décloisonnement des intermédiaires et sur la
finalisation du projet de loi sur les caisses d'épargne et de
crédit. Le leader du gouvernement m'informe que malheureusement, d'ici
la fin de juin, il ne sera pas
possible d'étudier le projet de loi sur le registre. Il s'agit,
bien sûr, d'une pièce administrative importante. Mais si je la
compare au décloisonnement des institutions financières, au
décloisonnement des intermédiaires de marché et au projet
de loi sur les caisses d'épargne et de crédit, je dois avouer que
ces pièces législatives ou ces politiques ont une priorité
beaucoup plus grande que celle touchant la loi sur le registre comme telle.
Comme vous l'avez vu, le projet de loi aurait pu mourir au feuilleton, s'il
n'avait été réinscrit au feuilleton du nouveau projet de
loi, ce qui fut fait. Donc, le projet de loi a été rétabli
dans ses droits selon le progrès qui avait été accompli
à la commission du budget et de l'administration. C'est donc dire que
pour le moment, à mon grand regret, le projet de loi ne pourra pas
être étudié avant la fin de juin.
En ce qui concerne les caisses d'épargne et de crédit,
à midi même, je présente le projet de loi au comité
ministériel de développement économique. C'est donc dire
que la semaine prochaine ou l'autre semaine après, il passera au Conseil
des ministres. Je m'étais fixé comme programme, de pouvoir
déposer le projet de loi à la fin d'avril. Cet objectif va
plutôt aller au mois de mai étant donné le travail du
comité de législation. L'intention que j'avais était de
recommander au leader du gouvernement d'indiquer, lors du dépôt du
projet de loi, qu'une commission parlementaire serait appelée à
la fin d'août ou au début de septembre pour permettre aux
différents intervenants de pouvoir se prononcer sur ce projet de loi. Le
projet de loi sera donc déposé avant la fin de juin, mais il y
aura une première commission parlementaire pour entendre les
différents intervenants à la fin d'août ou au début
de septembre, nous permettant par la suite de passer à l'étape de
la deuxième lecture et de la commission parlementaire article par
article à l'automne. J'espère bien que cela nous permettrait
normalement de faire en sorte que le projet de loi soit adopté avant
Noël avec la collaboration de tous et chacun. Il s'agit d'un projet de loi
très important de quelque 600 articles, mais sans bousculer personne,
j'oserais espérer qu'avec la collaboration de tous nous pourrions
l'adopter avant Noël.
En ce qui concerne le rapport quinquennal, le document fut publié
il y a quinze jours. J'oserais espérer que les membres de la commission
nous fassent connaître leurs commentaires. J'ai demandé au
président de la Commission des valeurs mobilières de rencontrer
si possible les commissaires lundi prochain. Nous écouterons donc les
observations que les gens auront à nous faire. À la suite des
commentaires que nous retiendrons, je crois bien qu'il serait possible de
présenter un projet de loi cet automne, qui sera adopté, bien
sûr, après le projet de loi sur les caisses d'épargne et de
crédit, parce que le projet de loi sur les caisses d'épargne et
de crédit aura une très haute priorité.
En ce qui concerne le décloisonnement des intermédiaires,
je ne sais pas si vous étiez en Chambre, M. le député de
Lévis, mais le leader du gouvernement a indiqué qu'il y aurait
commission parlementaire à partir du 31 mai prochain. Ce sera une
consultation générale permettant à tous ceux qui veulent
se faire entendre de se présenter devant la commission du budget et de
l'administration. Dans la mesure où les propositions que nous avons
mises de l'avant feront un certain consensus, encore là notre objectif
serait de préparer un projet de loi pour cet automne. Mais je crois que,
encore là, il viendra. Quoique nous ayons promis, et c'est un engagement
que j'aimerais respecter, qu'en ce qui concerne les courtiers d'assurances,
étant donné la compétition qu'ils reçoivent du
Mouvement Desjardins et d'autres organismes, j'oserais penser que nous ferons
l'impossible pour que certains aspects du décloisonnement des
intermédiaires puissent privilégier les courtiers d'assurances le
plus rapidement possible.
Nous allons donc vous donner le document demandé. C'est, en gros,
notre programme pour cet automne. Comme vous le voyez, nous avons un programme
très chargé.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé vos questions, M. le député de Lévis?
Oui?
M. Garon: Non. Sur le rapport quinquennal sur la mise en oeuvre
de la Loi sur les valeurs mobilières, est-ce que la Commission des
valeurs mobilières va réagir? C'est un document du ministre;
c'est un document qui provient du ministre. Est-ce que la Commission des
valeurs mobilières va réagir par rapport au document ou si le
ministre a demandé à la commission de mettre le couvercle sur le
presto? Qu'est-ce qu'il va arriver? Est-ce que la commission, là-dedans,
va réagir comme un organisme autonome dont vous venez de parler ou si
vous allez interdire à la commission de réagir comme un organisme
autonome? Comment cela va-t-il fonctionner?
M. Fortier: Comme vous le savez, l'initiative qui avait
été prise, l'an dernier, en ce qui concerne le rapport de la
commission du budget et de l'administration, n'était pas une initiative
du gouvernement. C'était une initiative de votre commission. Vous aviez
décidé, l'an dernier. D'ailleurs, dans le document que j'ai
publié, je m'inscris publiquement pour indiquer que vous aviez fait avec
la commission un travail important et cela a alimenté notre propre
réflexion. À la suite du dépôt de votre rapport, du
rapport de la commission, j'ai demandé aux différents
intervenants, tels la COVAM, la Bourse et la Commission des valeurs
mobilières, de me faire parvenir leurs recommandations ou leurs
commentaires. J'en ai obtenu plusieurs, d'ailleurs, de la Commission des
valeurs mobilières du Québec, d'autres de la Bourse, qui nous
indiquaient très
clairement, contrairement à certaines appréhensions,
qu'ils avaient suffisamment de délégations. La commission m'avait
d'ailleurs fait un très bon rapport à cet égard, et la
Bourse nous a confirmé que, après analyse, elle avait certes
reçu assez de délégations. C'est donc dire qu'à la
suite de la publication de votre rapport, nous avons consulté ceux qui
étaient concernés par les recommandations que vous aviez faites.
Nous avons déposé, il y a quinze jours, ce document. La
commission est tout à fait libre de faire connaître son point de
vue. J'ai demandé à les rencontrer parce que je croyais que
certains points techniques, pour lesquels j'ai moi-même consulté
certains experts, je croyais que dans un premier temps, entre experts, on
devrait échanger les expertises que nous avions reçues de part et
d'autre. Mais non, je crois que le président de la Commission des
valeurs mobilières est tout à fait libre de faire connaître
son point de vue et, le connaissant, je suis certain qu'en temps et lieu il le
fera connaître.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. Vous
êtes toujours à vos remarques préliminaires M. le
député de Lévis. Votre temps n'est pas
écoulé. (10 h 45)
M. Garon: Oui. J'aimerais savoir... Je comprends que vous dites
que ce sont des bons rapports. Ce n'est pas cela. On sait, concernant toutes
ces questions, qu'il y a différentes philosophies. Indépendamment
de dire si celles-ci sont bonnes ou mauvaises - ce n'est pas cela - il y a
différentes façons d'aller à Montréal, il y a
différentes façons de faire le contrôle sur les valeurs
mobilières ou la surveillance des valeurs mobilières. Quant
à moi, ce n'est pas cela. Je veux savoir, au fond, comment on va
procéder. Je ne veux pas savoir si les rapports sont bons ou non. Vous
savez, souvent c'est une question de goût. Il y en a qui aime la
crème glacée, d'autres qui ne l'aiment pas. Alors c'est une
question de goût, au fond. Ce que je veux savoir, tout simplement, c'est:
Comment cela va fonctionner? Là, on parle d'un rapport quinquennal sur
la mise en oeuvre... Le document contient les recommandations du ministre quant
aux amendements à la loi. La production du rapport était
prévue à l'article 352 de la Loi sur les valeurs
mobilières qui prévoit un processus de révision
quinquennal. Voici ce que je demande, tout simplement. On sait que les
organismes de surveillance des valeurs mobilières aux États-Unis
ou ici ont un assez grand caractère d'autonomie aussi, mais que les
recommandations du ministre changent la nature du fonctionnement de la
commission quant à son degré d'autonomie. Je veux savoir tout
simplement si dans l'étude que le ministre envisage, la commission
pourra réagir quant au statut d'autonomie qu'elle a actuellement ou si,
déjà, elle sera dans un genre de tutelle qui fera qu'elle ne
pourra pas réagir publiquement aux recommandations du ministre.
Je veux savoir si l'organisme régulateur pourra dire: Nous
pensons que c'est bon ou que ce n'est pas bon, tout simplement réagir
par rapport aux visées du ministre ou si on dit: Non, on met le
couvercle sur le presto et on laisse seulement un petit trou pour la
vapeur.
M. Fortier: Si le député de Lévis avait lu
l'article de loi auquel il fait référence dans la Loi sur les
valeurs mobilières, il aurait vu que c'était une obligation que
j'avais. D'ailleurs, c'est une excellente disposition parce que j'ai repris le
mot à mot de cet article dans la loi sur les sociétés de
fiducie et de prêts et nous allons le mettre également dans la Loi
sur les caisses d'épargne et de crédit, alors je crois que c'est
une très bonne chose. D'ailleurs, je voyais récemment des
commentaires de l'Association des banquiers canadiens qui étaient
envoyés au ministre fédéral des institutions
financières pour se plaindre que dans le projet de loi sur les
sociétés de fiducie et d'épargne, on parlait d'une mise
à jour décennal, à tous les dix ans, et là, elle
recommandait justement une mise à jour quinquennal. Alors, je crois
qu'on doit se féliciter qu'il y ait eu cette disposition en 1982 et je
la trouvais tellement excellente que je la mets dans tous les projets de loi
auxquels, moi-même, je suis associé. C'est donc dire que le
Québec aura ainsi un moyen de se questionner
régulièrement, à tous les cinq ans, sur la Loi sur les
valeurs mobilières, sur la loi sur les fiducies, sur la Loi sur les
caisses d'épargne et de crédit et sur toutes les lois. Nous
allons même la mettre également dans la Loi sur les assurances
pour nous assurer qu'à tous les cinq ans, le ministre soit obligé
de déposer un rapport.
L'article de loi est très clair, il dit: Le ministre fait rapport
au gouvernement... c'est ce que j'ai fait - donc, le rapport a
été soumis au Conseil exécutif et les recommandations ont
été approuvées. L'article de loi dit: Le ministre fait
rapport au gouvernement et, ensuite, dépose le rapport au
président de l'Assemblée nationale. Ce que j'ai fait. Mais
l'article va plus loi et dit: Éventuellement, il devra y avoir une
commission parlementaire. C'est donc dire que la commission aura le choix, je
crois, soit de faire connaître son point de vue avant, mais de toute
façon, il y aura une commission parlementaire où les intervenants
du milieu seront appelés à se prononcer.
Ce que je voulais proposer aux membres de la commission, c'est que nous
pourrions faire une commission parlementaire sur le rapport comme tel ou on
pourrait attendre d'avoir le texte législatif qui précisera les
intentions qui sont suggérées dans les recommandations
sous-jacen-tes; donc, un projet de loi beaucoup plus précis que les
recommandations qui sont là serait déposé. À ce
moment-là, il y aura une commission parlementaire où on entendra
les différents intervenants. Je suis réceptif au processus, M.
le
Président. Si aujourd'hui ou plus tard, vous voulez me faire
connaître vos commentaires, je suis tout à fait d'accord pour
qu'il y ait une commission parlementaire avant le dépôt du projet
de loi ou après les amendements à la Loi sur les valeurs
mobilières. De toute façon, que ce soit maintenant ou plus tard,
les différents intervenants - et la Commission des valeurs
mobilières est un intervenant majeur, je l'admets - auront l'occasion de
s'exprimer publiquement sur les recommandations que j'ai faites et que j'ai
déposées à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis, vous avez toujours une certaine
période de temps.
M. Garon: Concernant cette question très importante,
à mon avis, le fonctionnement de la commission parlementaire, on n'a pas
le choix, c'est la loi qui le prescrit. Ce n'est pas une question de
règlement de l'Assemblée ou qu'on devrait avoir une entente entre
les parties, c'est une loi de l'Assemblée nationale qui dit qu'il doit y
avoir un rapport pour, après cela, convoquer dans l'année
suivante une commission pour étudier l'opportunité de modifier la
loi. Alors, ce n'est pas sur les modifications, sur l'opportunité de
modifier la loi. C'est bien différent. Je pense qu'une commission
parlementaire qui va étudier un projet de loi, c'est une autre
affaire.
Voici ce que je veux savoir. Est-ce que concernant l'opportunité
de modifier la loi, tel que le rapport est déposé à
l'Assemblée nationale, cette prescription de l'article 352 de la loi a
été réalisée? Maintenant, il s'agit de voir comment
on va étudier, en commission parlementaire, l'opportunité de
modifier la loi. Ma question est simple, au fond. Je demande: Est-ce que le
ministre va demander à la commission pour réaliser l'objectif de
l'article 352 de se prononcer là-dessus, de réagir par rapport au
livre - si ma mémoire est bonne - qui n'était pas blanc,
qui...
M. Fortier:...
M. Garon: Oui, parce qu'un livre blanc, c'est...
Une voix:...
M. Garon: Ah, il est assez blanc.
Une voix: Gris.
M. Fortier: Bleu pâle.
M. Garon: Ah, il est bleu pâle. Cela veut dire que ce sont
des intentions plus mitigées qu'un livre blanc. En ce qui concerne un
livre blanc, les intentions sont plus formelles. Alors, j'aimerais savoir si,
là-dedans... Je trouve que c'est très important et c'est toute la
conception de la chose. Je ne dis pas qu'il n'y a qu'une formule; ce n'est pas
cela que je veux dire. Mais il y a des intervenants là-dedans qui ont
une certaine crédibilité. Par exemple, s'il y a certaines
personnes qui s'expriment là-dessus, personne va écrire chez lui
pour aviser sa mère ou son père qu'il y a des gens qui se sont
prononcés là-dessus.
Par ailleurs, ce que la Commission des valeurs mobilières en
pense, elle qui est dans le jus administrativement à chaque jour, c'est
fondamental pour la communauté financière du Québec.
Deuxièmement, par rapport à ce qui existe ailleurs, par rapport
à ce qui existe dans le reste de l'Amérique du Nord - n'allons
pas loin - aux États-Unis ou ailleurs, comment cela fonctionne-t-il?
Est-ce que, là-dessus, le ministre va dire: II a demandé à
la Commission des valeurs mobilières de réagir; est-ce qu'elle va
réagir uniquement par rapport au ministre ou si le document qu'elle va
produire va être accessible à la commission, de même que les
autres groupes intermédiaires qui pourront réagir au rapport sur
le plan quinquennal qui a été déposé à
l'Assemblée nationale?
Ensuite, j'imagine que, là, il y aura une commission
parlementaire qui étudiera l'opportunité de modifier le projet de
loi à partir du document du ministre, et aussi des réactions des
intervenants du milieu. L'intervenante principale, à mon avis, c'est la
commission elle-même.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: M. le Président, je suis prêt à
passer plus de temps là-dessus, mais je trouve que, dans une certaine
mesure, je suis très surpris des questions du député de
Lévis. Le ministre n'est pas parti de zéro. La commission du
budget et de l'administration a passé un an et demi, je crois... Vous
avez entendu tous les intervenants, y inclus la Commission des valeurs
mobilières en commission parlementaire, la Bourse, la COVAM, tout le
monde est venu s'exprimer là-dessus et, dans le fond, il est vrai que,
selon la loi, j'ai fait des recommendations.
Mais si vous lisez le Journal des débats, vous allez voir
que toutes les questions ou à peu près toutes les questions qui
font partie du rapport du ministre ont été largement
débattues lors des travaux de la commission parlementaire. Mais, quand
même, si vous me posez des questions sur la procédure, j'ai
essayé de vous répondre le plus honnêtement possible. Ce
que je tâchais de vous dire, c'est que le ministre n'était pas
parti de zéro dans une très grande mesure, parce que je croyais
que les recommandations de la commission du budget et de l'administration
n'étaient peut-être pas unanimes mais faisaient consensus.
Le ministre est allé, après étude - parce qu'on a
quand même pris le temps de consulter des experts - dans une très
grande mesure, dans la même direction que nous le suggérait la
commission du budget et de l'administration. M. le député
de Lévis nous dit: Comment procéder maintenant? Je suis ouvert.
La loi dit qu'il doit y avoir commission parlementaire. Alors, il y aura
commission parlementaire probablement cet automne. Je dis tout simplement que
lorsque la commission tiendra sa commission parlementaire, il se pourrait que
le ministre ait déposé un projet de loi, pour préciser les
amendements, parce que j'admets qu'en ce qui concerne le pouvoir de directives,
cela peut être interprété différemment, selon le
texte législatif qui sera déposé.
Donc, le texte législatif va être très important.
Alors, tout simplement, je suis très ouvert là-dessus. Cela peut
être avant ou après, mais je suggère que ce serait
peut-être une bonne chose que le ministre, quel qu'il soit, dépose
les amendements proposés pour que la discussion soit encore plus
intelligente, plus orchestrée et plus articulée qu'à
l'heure actuelle. Mais je suis très ouvert et je suis tout à fait
d'accord avec le député sur le fait qu'il faut qu'il y ait un
débat en commission parlementaire. Nous l'aurons. Il s'agit tout
simplement de l'organiser.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. Votre
temps est écoulé. M. le député de Lévis, je
m'excuse.
M. Garon: Je n'ai quasiment pas parlé.
Le Président (M. Lemieux): Vous aviez 20 minutes pour vos
remarques préliminaires ou votre déclaration d'ouverture. Il vous
reste sept minutes, M. le député de Lévis.
M. Garon: La question que je vous posais est simple. Est-ce que
la réaction de la Commission des valeurs mobilières au
dépôt du rapport du ministre va être accessible aux membres
de la commission parlementaire?
M. Fortier: Je vais aller plus haut.
M. Garon: C'est ce que je demande. Parce que vous avez dit: La
commission, est un organisme autonome. Il est vrai qu'elle a un
caractère assez grand d'autonomie. Mais par rapport aux recommandations
du ministre pour étudier l'opportunité de modifier ta f
loi, qu'il y ait un texte ou non, est-ce qu'on aura accès à ce
document qui sera la réaction de la commission sur le document?
M. Fortier: Ah! Si vous m'aviez posé cette question
avant.
M. Garon: C'est ce que je demande à chaque fois.
M. Fortier: Plus vous pariez, plus la question devient claire.
Cela prend du temps, mais ce que je peux vous dire...
M. Garon: C'est ce que j'ai demandé la première
fois. Vous ne m'écoutez pas.
M. Fortier: Écoutez, ce que je peux vous dire et je vous
l'ai dit tout à l'heure, c'est que lorsque la commission a
déposé son rapport, j'ai envoyé ce rapport à la
Commission des valeurs mobilières et à d'autres intervenants. Je
leur ai demandé des commentaires. Si vous le désirez, j'ai ici
ces commentaires. Je peux déposer ici à la commission les
commentaires que j'ai obtenus sur le rapport de la commission du budget et de
l'administration. J'ai ici Notes sur le mécanisme de contrôle
à l'égard des pouvoirs exercés par la Commission des
valeurs mobilières. C'est un document qu'on m'a remis le 3 novembre
1987. J'ai aussi un autre document de novembre 1987 qui m'a été
présenté par la Commission des valeurs mobilières et qui
s'intitule Rapport sur la délégation de pouvoirs.
C'étaient des commentaires à la suite du rapport de la commission
du budget et de l'administration touchant le même sujet. Si cela vous
intéresse, je peux déposer ces documents pour votre
information.
M. Garon: Cela ne me fait rien de recevoir ces documents. Cela me
ferait plaisir de les recevoir, maïs ce n'est pas ce que je vous ai
demandé. Je suis prêt à prendre ces documents aussi. Vous
me les avez offerts et j'accepte votre offre, mais ce n'est pas cela.
J'ai dit: À la suite du dépôt du rapport que vous
avez fait à l'Assemblée nationale, vous nous avez dit tout
à l'heure que la commission doit réagir à ce document,
soit le document que vous venez de déposer à l'Assemblée
nationale...
M. Fortier: Rien ne dit dans la loi qu'elle doit réagir.
C'est vous qui le dites. Mais je n'ai pas d'objection.
M. Garon: Non, c'est vous qui l'avez dit. M. Fortier:
Oui?
M. Garon: C'est vous qui l'avez dit tantôt. Écoutez,
vous ne comprenez pas ce que je vous dis et vous n'avez pas l'air de comprendre
ce que vous dites non plus. Ce que je vous demande est bien simple. Vous avez
déposé un document il y a quelque temps et c'est le rapport
quinquennal.
M. Fortier: Oui.
M. Garon: Dans ce rapport, il y avait des recommandations du
ministre. Il y en a qui ont plus d'importance et d'autres ont moins
d'importance, mais il y a des recommandations du ministre quant à des
amendements à la loi. Nous, nous allons devoir étudier -
comprenez-vous - l'opportunité de modifier la loi. Vous
avez dit que la commission doit réagir à ce document que
vous avez déposé. Pas aux études qu'on a faites
antérieurement. Pas à tout ce qu'on a fait antérieurement
mais à ce document précis et à vos recommandations de
modification de la loi puisque c'est ce qui doit être
étudié en vertu de l'article 352. Je vous demande si les
réactions de la commission au dépôt de votre document
à l'Assemblée nationale vont nous être accessibles.
M. Fortier: M. le Président, j'avais répondu. J'ai
dit, que ce soit maintenant ou plus tard, de toute façon, il va y avoir
une commission parlementaire où tous les intervenants, y inclus la
Commission des valeurs mobilières, vont être appelés
à venir témoigner. C'est donc dire, que ce soit la semaine
prochaine ou à l'automne, que ce n'est pas moi qui vais décider
de ce moment. Je ne suis pas le leader du gouvernement. Il y aura une
commission parlementaire et la Commission des valeurs mobilières va
être entendue publiquement en commission parlementaire pour faire
connaître son point de vue. Je ne peux pas vous dire plus que cela.
M. Garon: Le document qu'elle doit vous produire...
M. Fortier: Non. Je n'ai pas...
M. Garon: Vous avez dit qu'elle doit réagir au document
que vous avez déposé à l'Assemblée nationale.
M. Fortier: Probablement qu'elle va réagir. J'imagine
que...
M. Garon: Est-ce que ce sera à l'automne?
M. Fortier: J'ai demandé de rencontrer le
président, les vice-présidents et les membres de la commission
lundi prochain. Mais de toute façon, je comprends la commission
d'étudier le document parce que cela représente des
recommandations importantes pour elle. Mais je vous dis que ce n'est pas moi
qui vais décider du "timing", du moment où la commission va faire
connaître son point de vue. Je vous dis qu'il va y avoir une commission
parlementaire probablement cet automne et que la Commission des valeurs
mobilières sera appelée à faire connaître son point
de vue. C'est tout ce que je peux vous dire. (11 heures)
M. Garon: Devant la commission parlementaire mais par rapport au
document que vous avez déposé, comme vous devez les rencontrer
lundi, est-ce qu'ils vont réagir verbalement ou par écrit? Est-ce
que ce sera par un genre de rapport à votre texte, aux recommandations
que vous avez faites. Je demande tout simplement si on pourrait avoir une copie
des réactions de la commission ou des autres intervenants au
dépôt et aux recommandations de modification de la loi que vous
avez déposées.
M. Fortier: II n'y a aucun problème à cela, M. le
député de Lévis. Si je reçois des commentaires et
si ceux qui me feront des commentaires désirent que leurs commentaires
soient rendus publics, il me fera plaisir de vous les faire parvenir. Il n'y
aucune difficulté à cela.
M. Garon: Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Mille-Îles, vous avez demandé la parole dans le cadre d'une
déclaration d'ouverture ou de remarques préliminaires.
M. Bélisle: Non, pas dans le cadre de remarques
d'ouverture. Je voudrais attaquer le fond du dossier et commencer à
parler des crédits.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce qu'il y a
d'autres remarques préliminaires ou des déclarations d'ouverture?
Comme il n'y a pas d'autres remarques préliminaires ou de
déclarations d'ouverture, j'appelle le programme 7, Contrôle,
surveillance et développement du commerce des valeurs mobilières.
Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. J'ai
été estomaqué, lorsque j'ai entendu le
député de Lévis...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Mille-Îles. Comme j'ai appelé le programme
7, la parole est au député de Lévis, préalablement,
puisque...
M. Bélisle: Si je comprends bien, M. le Président,
la seule personne qui va pouvoir parler pendant ces 40 minutes, c'est le
député de Lévis, alors qu'il ne parlera jamais des
crédits. Est-ce cela que je dois comprendre?
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le député
de Mille-Îles. Mais malheureusement, vous savez, il y a 20 minutes. Vous
avez le choix, M. le député de Mille-Îles, de faire une
déclaration d'ouverture. Je vous ai demandé tout à l'heure
si votre intervention se situait dans le cadre d'une remarque
générale ou d'une déclaration d'ouverture.
M. Bélisle: Si c'est de la façon que cela va, M. le
Président, je vais faire une déclaration d'ouverture. Je vais
brasser un peu toutes les questions en même temps comme le
député de
Lévis vient de le faire pour écouler les 40 minutes au
total.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je dois vous donner le
même temps que j'ai donné au député de Lévis,
s'il s'agit d'une déclaration d'ouverture ou de remarques
préliminaires. Je dois vous faire remarquer que, lors de l'étude
des crédits, j'ai vérifié, cela peut prendre la forme
d'une interrogation comme l'a fait le député de Lévis au
ministre. M. le député de Mille-Iles.
M. Bélisle: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Le programme 7 n'est pas
appelé. Nous sommes dans le cadre de remarques préliminaires ou
de déclarations d'ouverture. M. le député de
Mille-Îles.
M. Garon: On avait dit au point de départ qu'on garderait
40 minutes pour chacun des programmes et que les déclarations
d'ouverture ne dépasseraient pas tant de temps.
M. Bélisle: Cela fait une heure qu'il était sur
cela.
M. Garon: On avait convenu de cela au point de départ. .
Ce n'est pas moi qui l'ai demandé, à part cela. Le
président a établi de façon claire au point de
départ qu'il y aurait 40 minutes par programme, ce qui fait 80 minutes.
Ce qui laissait 40 minutes, ce qu'on a pris environ, pour les
déclarations préliminaires.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, vous avez effectivement raison. Nous avions convenu qu'il y
aurait 40 minutes de réservées pour les remarques
préliminaires, 40 minutes de réservées pour le programme 7
et 40 minutes de réservées pour le programme 6.
M. Bélisle: Combien de minutes avons-nous
écoulées jusqu'à maintenant au total?
Le Président (M. Lemieux): Depuis le début, 46
minutes.
M. Bélisle: Alors, nous avons excédé avec
les remarques préliminaires de part et d'autre.
Le Président (M. Lemieux): Nous avons excédé
avec les remarques. Un instant, M. le député. M. le
député de Mille-Îles et M. le député de
Lévis, il y avait eu entente préalable en ce sens que nous
consacrerions 40 minutes aux remarques préliminaires. Je me dois
maintenant d'appeler le programme 7: Contrôle, surveillance et
développement du commerce des valeurs mobilières. Je tiens
à préciser ceci. Je vais faire en sorte, comme la règle de
l'alternance ne s'applique pas nécessairement dans le cadre de
l'étude des crédits, puisqu'il ne s'agit pas d'un débat
contradictoire - je me souviens de la décision qui a été
rendue par l'ex-député péquiste de Bellechasse, en 1984,
sur ce sujet - de répartir équitablement le temps entre les deux
formations politiques. C'est donc dire que je donnerai tout le temps possible
au député de Mille-Îles pour qu'il puisse intervenir. Je
tiens à préciser cela au député de Lévis, de
manière que ce soit , réparti d'une manière vraiment juste
et équitable. Je me dois, comme le dit la décision, de distribuer
les droits de parole en toute équité. Alors, je vais
réserver votre droit, M. le député de Mille-Îles,
vous pouvez en être assuré. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Ce que je comprends bien, M. le Président, c'est
qu'on fait 40 minutes sur le programme 7.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle le programme 7:
Contrôle, surveillance et développement du commerce des valeurs
mobilières. Vous avez la parole, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Après cela, est-ce qu'on fait 40 minutes sur
cela et 40 minutes sur l'autre après?
Le Président (M. Lemieux): Effectivement. Vous avez 20
minutes et le député de Mille-Îles aura 20 minutes.
M. Bélisle: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Mille-Îles.
M. Bélisle: Question de règlement, cela ne
fonctionnera pas du tout. On vient d'épuiser 46 minutes, 6 minutes de
plus que pour les remarques préliminaires, avec le temps que le savant
député de Lévis a tué, littéralement
tué et enlevé aux autres parlementaires à cette table. Par
la suite, il va nous rester quarante minutes pendant lesquelles le
député de Lévis va pérorer pendant 20 minutes sur
des peccadilles, sans attaquer les crédits en aucune façon.
Alors, on va se retrouver à la fin et mon droit de parole va être
lésé.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, vous savez qu'il y a une entente qui est intervenue entre les
deux leaders, le leader du gouvernement et celui de l'Opposition. L'enveloppe
de temps, sur laquelle je n'ai aucun contrôle, qui a été
réservée et déterminée est une enveloppe de temps
de deux heures. Tout à l'heure, à l'ouverture de cette
commission, j'ai demandé effectivement s'il y avait objection à
ce qu'il y ait des remarques préliminaires de part et d'autre, à
la fois de la part du ministre et de la part du député de
Lévis. On a statué qu'il y avait une période de temps de
40 minutes qui leur était réservée. On me dit qu'il n'y
avait pas eu de remarques préliminaires du côté
ministériel.
Alors, pour éviter de tuer le temps, M. le député
de Mille-Îles, permettez-moi immédiatement de permettre au
député de Lévis de prendre la parole, sinon ce sont les
minutes qui s'écoulent actuellement et je ne voudrais pas que de votre
temps, justement comme il l'a peut-être déjà trop
été, vous soyez préjudicié.
M. le député de Lévis, vous avez la parole sur le
programme 7.
M. Bélisle: De toute façon, M. le Président,
je vous tiendrai rigueur, effectivement, du droit de parole, si je n'ai pas le
droit de parole pendant cette période de 40 minutes.
Le Président (M. Lemieux): Et c'est avec raison, M. le
député de Mille-Îles, que vous devrez agir ici.
M. le député de Lévis, programme 7.
M. Garon: M. le Président, vous savez que l'étude
des crédits, essentiellement, c'est le rôle de l'Opposition.
Tradionnellement, comme vous l'avez dit, le nombre d'heures est
déterminé par l'Opposition qui veut interroger chacun des
ministres. C'est sa stratégie à elle. Elle peut en mettre plus
ici, plus là. Donc, la tradition, c'est 90 % du temps à
l'Opposition.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, c'est faux. C'est faux, il n'y a aucune
entente à l'effet que le temps soit disposé 90 % et 10 %. Il n'y
a aucune entente. Le président...
M. Garon: II y a une entente.
Contrôle, surveillance et développement
du commerce des valeurs mobilières
Le Président (M. Lemieux): Je tiens à vous le dire.
Je ne voudrais pas que vous disiez des choses qui ne sont pas vraies. Il n'y a
pas d'entente à cet effet. Le président de cette commission doit
répartir équitablement, à 50-50. Effectivement,
peut-être que l'Opposition a un rôle de contrôle
parlementaire à jouer à cet effet, mais il n'y a rien dans le
livre des règlements qui me dit que* ce sera 90-10. Soyez assuré
que ce qui me guidera, ce sera de répartir le temps
équitablement. Je ne suis même pas lié par la règle
de l'alternance.
À cet égard, je vous inviterais à procéder
à l'étude du programme 7, parce que c'est votre temps qui
s'écoule, M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'aimerais que vous employiez
les mots que j'emploie. Je n'ai pas parlé du règlement, j'ai
parié de la tradition. Pour les mots que j'emploie, je trouve qu'en
français, les mots ont un sens. Je n'emploie pas les mots
indistinctement. J'emploie les mots précisément, parce que je
pense que la langue française est une langue très riche qui
mérite d'être utilisée correctement. J'ai parlé de
la tradition. La tradition et le règlement sont deux choses
complètement différentes. C'est vous qui êtes de formation
juridique. Je comprends que d'autres qui n'ont pas de formation juridique ne
pourraient pas comprendre ces nuances, mais vous qui l'êtes devriez
comprendre ces nuances. La tradition, veut que l'étude des
crédits soit le forum de l'Opposition.
Alors, je vais procéder immédiatement à
l'étude du programme 7. J'aimerais savoir, M. le Président, de la
part du ministre ou de la commission, si on estime toujours qu'il y a un manque
de ressources humaines à la Commission des valeurs mobilières? Si
les effectifs ont. été augmentés en 1987-1988, de combien
ont-ils été augmentés? Comment se fait-il que,
malgré l'autorisation du Conseil du trésor d'augmenter les
effectifs de 21 postes, il n'y avait que 106 postes permanents de
comblés au 31 mars 1988, alors qu'en février 1987, il y avait 95
postes d'alloués, dont 88 étaient comblés? Pourquoi y
a-t-il tant de postes vacants à la Commission des valeurs
mobilières, alors que le président se plaignait du manque
d'effectifs de l'organisme, ce qui l'empêchait de remplir sa mission
autant qu'il le voulait?
Commission des valeurs mobilières
Effectif
M. Fortier: M. le Président, je vais demander au
président de la Commission des valeurs mobilières de
répondre à ces questions.
M. Guy (Paul): M. le Président, je vais essayer de
répondre le plus clairement possible à la question.
Premièrement, sur la question des postes vacants, il n'y a aucun poste
vacant, à l'heure actuelle, à la commission. Au moment où
les documents pour les crédits ont été
préparés, il y en avait un certain nombre, mais c'étaient
des concours qui étaient déjà en marche et qui
n'étaient pas terminés, de sorte qu'il y avait un certain nombre
de postes vacants, et il n'y en a pas. L'année dernière, nous
avions fait une demande au Conseil du trésor pour 21 postes
supplémentaires, demande recommandée par le ministre
également, et qui a été discutée. Le conseil a
accordé 21 postes, comme la commission le demandait, dont 7
étaient des postes à combler à même le personnel en
disponibilité dans la fonction publique. En quelque sorte,
c'étaient des postes qui étaient bloqués parce qu'on
devait trouver à l'intérieur de la fonction publique des gens en
disponibilité pour combler ces postes-là. La commission n'en a
pas trouvé; on a fait tous les efforts possibles vis-à-vis du
personnel en disponibilité et il n'y avait pas parmi ce personnel de
personnes qui pouvaient satisfaire, en fait, aux besoins de la commission.
Cette année, il y a eu une réduction effective de deux postes,
une diminution des effectifs géné-
raux au gouvernement, de sorte qu'on a perdu 2 des 21 postes qu'on avait
acquis. La commission a présenté dernièrement une nouvelle
demande au Conseil du trésor de manière à rétablir
le nombre de postes à 21, comme ce qui avait été
demandé l'année dernière, c'est-à-dire de
débloquer en quelque sorte les 7 postes de personnel en
disponibilité, parce qu'on n'est pas capable d'en recruter dans la
fonction publique.
Le besoin en ressources est le même que celui de l'année
dernière, lorsque nous avons présenté cette demande. Il
n'y a pas eu de changement. Ces ressources sont encore nécessaires. Je
pense que le Conseil du trésor examinera la demande au moment
opportun.
M. Garon: L'augmentation du nombre des courtiers, l'augmentation
des plaintes ont été considérables entre 1985 et 1987.
Parce qu'on parle du nombre de plaintes, la commission a dû
vérifier qu'il a augmenté de 35 % en 1987-1988. La commission
estime-t-elle qu'avec le personnel dont elle dispose actuellement, elle peut
remplir son mandat autant qu'elle le voudrait, ou correctement? Ou si on estime
que l'augmentation du nombre de courtiers qui est considérable et
l'augmentation du nombre de plaintes à vérifier qui est aussi
considérable, même si on prévoit une baisse en 1988-1989
que j'ai de la misère à expliquer. Comment la commission
assume-t-elle qu'elle puisse s'acquitter de son mandat dans des conditions
comme celles-là?
M. Guy: M. le Président, comme je l'ai dit tout à
l'heure, la commission estime encore qu'elle a besoin des 21 postes qu'elle
avait demandés l'année dernière. C'est pour cela qu'on est
retourné au Conseil du trésor, pour s'assurer qu'on ait bien ces
21 postes-là. En ce qui concerne l'augmentation de l'activité, la
seule baisse qu'il peut y avoir eue à la suite des
événements du mois d'octobre 1987, c'est une baisse marginale de
1987 en ce qui concerne des visas de prospectus. Mais c'est une baisse qui a
été compensée par les autres secteurs. Dans les autres
secteurs, en 1987, on n'a pas eu de baisse. Le nombre de plaintes, à la
suite des événements d'octobre a effectivement augmenté
plutôt que de diminuer. C'est assez normal quand le marché va mal,
qu'il y ait beaucoup plus de plaignants, beaucoup plus d'enquêtes et de
problèmes qui se développent que lorsque le marché va
bien. Alors, je pense que les besoins sont encore là et ils sont
réels comme ils l'étaient l'année dernière.
M. Garon: Dans les postes que vous avez perdus, est-ce que les 14
que vous avez prévus pour cette année sont compris
là-dedans?
M. Guy: Pardon, M. le Président. Je m'excuse, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Par rapport aux postes que vous avez demandés et
aux postes que vous avez perdus... À combien cela arrive-t-il par
rapport à ce que vous avez demandé à ce que vous estimez
nécessaire? (11 h 15)
M. Guy. La commission a demandé, en fait, de rétablir ce
qui nous avait été accordé l'année dernière
par le Conseil du trésor: 21 postes au total, y compris les deux qui ont
fait l'objet d'une compression d'effectifs; c'est-à-dire de
débloquer les 7 postes qui sont effectivement bloqués, parce
qu'il n'y a pas de personnel en disponibilité qu'on peut recruter, et
les 2 postes qu'on a perdus à la suite de la compression.
M. Garon: Cela veut dire 9 postes au total?
M. Guy: Enfin, c'est de revenir aux 21 postes qu'on nous avait
accordés l'année dernière.
M. Garon: Maintenant, est-ce que vous allez avoir l'autorisation
d'aller en dehors de la fonction publique s'il n'y a pas de personnes
qualifiées actuellement pour répondre aux critères
d'engagements ou aux qualifications voulues par la commission?
M. Guy: M. le Président, c'est le but de faire, en quelque
sorte, les 7 postes qu'on devait recruter à l'intérieur de la
fonction publique dans le personnel en disponibilité,
c'est-à-dire que ce qu'on veut, c'est que ces 7 postes soient
recrutés dans le processus normal de recrutement de la fonction
publique, c'est-à-dire par concours annoncé publiquement.
M. Fortier: J'aimerais ajouter que, l'an dernier, lorsque le
Conseil du trésor avait demandé d'aller chercher des gens qui
seraient peut-être en disponibilité, je crois que la commission
avait identifié certains individus qui seraient peut-être
disponibles et qui avaient les qualifications. Il s'agissait de gens qui
étaient au ministère de la Justice, je crois. Mais,
malheureusement, il y a eu des changements dans l'organisation du
ministère de la Justice et les individus qui étaient très
compétents et qui auraient fait l'affaire de la commission sont devenus
non disponibles par la suite. C'est la raison pour laquelle on se retrouve dans
cette situation aujourd'hui.
M. Garon: Est-ce que le ministre pourrait nous fournir des
données concernant le mouvement de personnel à la Commission des
valeurs mobilières? Par exemple, combien d'employés ont
quitté la Commission des valeurs mobilières au cours des cinq
dernières années et quelles sont les catégories d'emploi
les plus touchées?
M. Fortier: À un moment donné, j'avais
demandé certaines informations là-dessus au président. Je
n'ai pas les informations avec moi.
Je pourrais les faire parvenir au député. Je ne sais pas
si le président peut commenter là-dessus. Il y est certain qu'il
y a une certaine rotation dans le fait que les salaires payés sont ceux
de la fonction publique. Si on prend, en particulier, un jeune avocat qui va
travailler trois ou quatre ans à la Commission des valeurs
mobilières, il y acquiert une expertise certaine. Il arrive quelquefois
que ces individus préfèrent aller dans le secteur privé,
parce que les salaires, la rémunération, est beaucoup plus
élevée et cela occasionne donc une certaine rotation.
D'autre part, la commission joue un certain rôle dans la formation
de certains professionnels de cette façon. C'est certainement un
handicap et l'alternative à cela... L'an dernier, ou il y a deux ans, le
président de la commission avait fait présenter une demande
à mon prédécesseur, qui était le ministre des
Finances, qui demandait que la commission ne soit plus assujettie à
l'autorité de la Loi sur la fonction publique.
Comme vous le savez, ceci a été accordé à
l'Inspecteur des institutions financières à Ottawa. Cela donne
une marge de manoeuvre beaucoup plus considérable. Alors, il est certain
qu'à M. MacKenzie, à Ottawa - je ne sais pas si son bureau est
à Ottawa ou à Toronto - cela donne une marge de manoeuvre
beaucoup plus considérable, puisqu'il peut embaucher un avocat à
100 000 $, ou un comptable à 90 000 $ par année, sans
égard aux lois de la fonction publique.
Ce n'est pas le cas au Québec. Chez l'inspecteur des institutions
financières et à la Commission des valeurs mobilières du
Québec, nous avons cet handicap, à savoir que très
souvent, nous avons dans nos rangs des gens très compétents qui,
quelquefois, décident de faire carrière dans la fonction publique
et qui, d'autres fois, peuvent se faire offrir des salaires alléchants
dans le secteur privé.
C'est la raison pour laquelle il y a une certaine rotation. Je ne sais
pas si le président peut donner des chiffres. Mais cela explique un peu
cette difficulté que la commission peut avoir à garder du
personnel très compétent, à cause des salaires
plutôt bas qui sont payés pour des gens qui, d'autre part, peuvent
avoir accès à des salaires très élevés dans
le secteur privé.
M. Guy: M. le Président, je n'ai pas les chiffres, mais je
peux certainement m'engager à les faire parvenir, ceux des derniers cinq
ans, sauf qu'il n'y a pas doute que, comme le ministre l'a dit tout à
l'heure, au cours des deux dernières années, nous avons perdu
à la commission beaucoup de personnel très qualifié, des
cadres supérieurs et des analystes financiers, des analystes en
prospectus ou autres.
Bien entendu, cela nous a causé pas mal de tort dans le sens que
c'est assez difficile de recruter du personnel compétent. Je pense que
les raisons fondamentales, M. Fortier les a données. C'est un peu la
situation qui nous place en concurrence avec le secteur privé, alors
qu'on a quand même l'échelle salariale de la Loi sur la fonction
publique. Cela rend le recrutement bien souvent difficile, surtout de personnes
compétentes. C'est facile de trouver des jeunes qui n'ont pas beaucoup
d'expérience et qui sortent de l'université, mais leur formation
est longue. En fait, cela peut prendre au moins deux ans avant qu'ils
n'atteignent une compétence satisfaisante. Mais c'est très
difficile quand on parle de trouver des gens de trois ou quatre ans
d'expérience.
M. Garon: Est-ce qu'il y aurait moyen, dans les documents qui
sont fournis - parce que je pense que cela permettrait davantage à la
commission de marquer son point - que la commission nous indique le roulement
qu'il y a eu au cours des dernières années? Le nombre de
personnes qui sont parties? Quelle échelle salariale elles avaient?
Où elles sont allés? Je ne sais pas si vous pouvez nous dire
facilement: Les gens nous ont quitté pour aller à tel endroit?
Cela permettrait de mieux faire valoir le point, si les documents sont produits
à la commission, que l'on dise que des gens ont quitté, parce que
souvent le public considère la fonction publique comme une bonne
planque; une fois que les gens sont entrés là, ils ne veulent
plus en partir. Je pense qu'il serait bon de démontrer qu'au contraire,
dans certains secteurs comme celui de la Commission des valeurs
mobilières, les gens qui ont travaillé là...
Évidemment, s'ils sont dans un bureau d'avocats, normalement - je parle
d'un bureau d'avocats ou d'un bureau de comptables - on ne leur confiera pas
tous les dossiers qu'on va leur confier à la Commission des valeurs
mobilières. Ils font un entraînement
accéléré. Souvent, par la suite, l'entreprise
privée est intéressée à aller les chercher parce
qu'ils ont été formés à la Commission des valeurs
mobilières. Il serait bon de le démontrer par des données,
des chiffres ou de dire ce que telles personnes, qui occupaient telle fonction
et qui ont quitté au cours des cinq dernières années
faisaient. Quelle était leur échelle de salaire? Où
sont-elles allées ensuite?
J'imagine que les gens vont savoir que s'ils sont allés ailleurs,
on ne peut pas dire combien ils gagnent à cet endroit, mais qu'ils n'y
sont pas allés pour avoir une diminution de salaire.
M. Fortier: Vous comprendrez, M. le député de
Lévis, que le président va tenter de donner certaines
informations. On ne voudrait pas donner le salaire que telle personne gagnait,
mais on peut donner l'échelle de salaire, parce qu'elle fait partie
d'une certaine catégorie. Vous comprendrez également que la
commission n'est pas au courant du salaire que la personne a obtenu à
l'endroit où la personne est allée ensuite.
M. Garon: Ce n'est pas ce que j'ai demandé.
M. Fortier: Normalement, quand quelqu'un quitte, il dit: Bonjour,
merci beaucoup. Mais les problèmes de la Commission des valeurs
mobilières du Québec, remarquez bien, sont les mêmes que
ceux de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario, à cet
égard. Les deux Commissions des valeurs mobilières sont sujettes
à des règles semblables. Il est vrai que c'est une contrainte. On
va tenter d'obtenir certaines informations. Il est vrai également
qu'après le krach d'octobre dernier, certains professionnels ont
été moins en demande, dans le secteur privé, qu'ils ne
l'étaient auparavant. Je crois que c'est peut-être maintenant plus
facile - le président pourra en témoigner - d'aller chercher du
personnel qu'avant le krach. Quand même, on va tenter de vous donner
l'information. Je suis tout à fait d'accord pour convenir que c'est une
contrainte avec laquelle la commission doit vivre. Si le problème
devenait trop sérieux, il faudrait peut-être considérer de
nouveau la proposition que la Commission des valeurs mobilières avait
faite il y a deux ans.
M. Garon: Je comprends. Je n'ai pas demandé
l'échelle des salaires où ils vont aller. Je présumais
qu'ils n'y allaient pas pour une diminution de salaire. Mais les salaires que
ces gens avaient à la Commission des valeurs mobilières sont
publics. Il n'y a pas de restriction là-dessus. Tous les salaires de
ceux qui travaillent pour le gouvernement, à quelque niveau que ce soit,
sont publics.
M. Fortier: Les catégories d'emplois, oui.
M. Garon: Non, je demande le nom des personnes, leur fonction et
leur salaire. Ce n'est pas privé. C'est public pour tout le monde dans
le gouvernement.
M. Fortier: On va suivre la loi. Si c'est possible, on va vous le
donner.
M. Garon: Ah! Il n'y a pas de problème. C'est pourquoi
vous avez donné la liste de votre personnel. C'est parce qu'il est
régulier d'avoir ces informations, de demander la liste de ceux qui ont
quitté depuis cinq ans, leur fonction et leur échelle salariale.
Je demande simplement où ils sont allés. Je ne demande pas un
paquet de renseignements. Je demande où ils sont allés pour qu'on
puisse voir... Parce que j'imagine, quand quelqu'un quitte, que la commission
doit savoir pas mal où ils sont allés parce qu'on dit qu'ils sont
allés dans l'entreprise privée. On doit savoir à peu
près où tous ces gens sont allés. Il ne s'agit quand
même pas de 1 000 000 de personnes. Ce n'est pas l'armée
d'Alexandre le Grand. Même si l'armée d'Alexandre le Grand
n'était pas de 1 000 000 de personnes. On sait où ils sont
allés parce qu'on dit: On se les fait enlever par des gens du secteur
privé, dans le domaine des institutions financières. C'est
pourquoi...
M. Fortier: Juste un commentaire, M. le député de
Lévis. On va tenter de donner l'information. Ce que je voulais ajouter,
c'est que les coupures de salaires que vous avez faites en 1983, n'ont pas
beaucoup aidé non plus. Cela a accentuer le problème. On va
tenter de vous donner l'information quand même.
M. Gobé: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Gobé: Puis-je poser une question de règlement,
s'il vous plaît ou d'information? Est-ce qu'il n'est pas prescrit dans
les chartes québécoises et canadiennes qu'on n'a pas à
chercher à savoir ce qu'un employé ou une personne fait
lorsqu'elle quitte son emploi? Le député de Lévis demande
au ministre d'enquêter pour savoir ce que les gens sont devenus quatre ou
cinq ans après. Je me demande si c'est un procédé qui
respecte la liberté d'action des gens.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, c'est une question qui n'est pas pertinente dans le cadre du
présent débat, qui ne se rattache à aucun article du
règlement, et vous êtes sur le temps de parole du
député de Lévis. Il lui reste environ trois minutes.
M. le député de Lévis.
Étude de la firme Pierre B. Lesage
M. Garon: M. le Président, il est évident que c'est
dans le cadre des lois, mais les salaires au gouvernement sont publics. Je ne
demande pas d'information sur l'entreprise privée. On sait où ils
sont allés, ce ne sont pas des gens inconnus dans le milieu.
Il y a eu une étude de la firme Pierre B. Lesage qui mettait en
doute la compétence du personnel de la Commission des valeurs
mobilières. J'aimerais savoir comment vous réagissez envers cette
étude; qu'est-ce que le ministre erv pense et est-ce qu'il y a des
moyens envisagés pour résoudre le problème? Si on se
plaint de la compétence du personnel et qu'en plus il n'y en pas assez,
je me pose des questions pour que la mission de la Commission des valeurs
mobilières soit remplie efficacement. Que pense-t-on de cette
étude au ministère et à la Commission des valeurs
mobilières?
M. Fortier: Je crois que la commission du budget et de
l'administration avait étudié ces commentaires. Je vais demander
au président de faire un commentaire sur la décision.
M. Guy: M. le Président, je pense qu'on aimerait toujours
avoir les gens les plus compétents possible. Quand on fait des concours
on essaie de recruter les gens les plus compétents et d'avoir à
la commission les gens les plus
compétents. En fonction des réponses qu'on a
données tout à l'heure, M. Fortier et moi, il y a un
problème. C'est que recruter des gens compétents implique aussi
qu'on est capable de leur offrir la rémunération compatible avec
la rémunération qu'ils ont dans le secteur privé. J'ai
expliqué tout à l'heure qu'il devient très difficile,
dès qu'une personne a trois ou quatre ans d'expérience, de les
recruter pour la commission. Il est évident que si nous sommes
obligés de commencer avec des gens qui sortent de l'université,
cela va prendre plusieurs années avant qu'ils atteignent une
compétence que le secteur privé peut considérer comme
étant une compétence optimale. Le problème demeure. On
essaie d'aller chercher les gens les plus compétents possible,
considérant les contraintes, en fait, avec lesquelles on doit vivre.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
de la Commission des valeurs mobilières. M. le député de
Mille-Îles, vous avez la parole.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Depuis le
début de l'avant-midi, j'écoute avec beaucoup d'attention le
député de Lévis et je dois dire que pour en venir aux deux
points que j'ai à toucher, je vais commencer par le dernier, qui
s'attaque, bien entendu, aux ressources humaines. Je suis totalement
renversé de voir qu'une personne qui a siégé à
cette commission - la commission du budget et de l'administration - à
compter du mois de septembre 1986 jusqu'au mois de juin 1987, qui a
été présente à toutes les séances, qui s'est
déplacée avec nous, qui est allée à Montréal
rencontrer la Commission des valeurs mobilières, qui est allée
à la Bourse de Montréal - je parle du député de
Lévis - il a été le seul de tous les députés
autour de cette table, qui faisait partie...
M. Garon:...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse. M. le
député de Lévis, le député de
Mille-Îles a droit à son temps de parole et il peut l'utiliser
comme il l'entend, de la façon dont il l'entend. Vous avez
commencé à 11 h 7, vous avez terminé à 11 h 27.
Continuez, M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Je disais que j'étais totalement
renversé, par une personne qui a été présente qui a
écouté et qui est capable de lire, M. le Président, le
rapport que la commission a déposé. Le député de
Lévis a été le seul député de tous les
députés de l'Opposition, membres de la commission du budget et de
l'administration, et de tous les députés de la formation
ministérielle, qui s'est abstenu de voter pour l'adoption du rapport de
la commission du budget et de l'administration sur l'Examen des orientations
des activités de la gestion de la Commission des valeurs
mobilières du Québec, en date du 17 juin 1987 sur lequel on a
passé un temps énorme. Je pense que tous les membres de la
commission, incluant les membres de l'Opposition - le député de
Bertrand et les autres députés, le député
d'Abitibi... M. le Président, est-ce que vous pourriez dire au
député de Lévis que je ne l'ai pas interrompu, qu'il ne
m'interrompe pas? (11 h 30)
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît, comme je sais que vous êtes un
parlementaire exemplaire, respectez le droit de parole du député
de Mille-Îles.
Administration
M. Bélisle: À la page 32 de notre rapport, qui a
été déposé le 17 juin 1987, je vais vous relire ce
qui était écrit concernant les ressources humaines. "La CVMQ ne
doit pas contribuer au développement de cette illusion en augmentant ses
ressources humaines aux fonctions stratégiques que doit accomplir un
marché concurrentiel et efficient. La commission parlementaire n'a pas
disposé, dans le cadre de son mandat, des informations et des analyses
lui permettant de prendre position en ce qui a trait aux ressources humaines.
La justesse d'une cause ne peut dispenser un organisme public de la
démontrer à l'aide d'instruments d'évaluation rigoureux.
"
À la page 33:
La commission du budget et de l'administration,. à l'exception du
député de Lévis, continuait: "II faut noter, de plus, que
la CVMQ compte plusieurs postes vacants sur les 95 postes autorisés par
l'Assemblée nationale. La problématique des ressources humaines
à la CVMQ ne met pas ainsi uniquement en cause la politique
budgétaire du gouvernement, mais toute lapolitique
administrative concernant la dotation, la détermination des niveaux
d'emplois requis, la gestion des services rendus par la CVMQ et l'allocation
des ressources à la production de ces services. "
Nous continuons un peu plus loin: "À ce jour, la commission
parlementaire n'a eu droit qu'à quelques statistiques sur
l'évolution fulgurante de certaines activités de la CVMQ, sans
présentation du niveau d'utilisation des ressources avant et durant la
période de croissance. Des études sur la qualité des
services sont également nécessaires. Dans ce contexte, la
commission parlementaire ne peut juger des besoins réels de la CVMQ,
aucune analyse rigoureuse ne lui ayant été
présentée. "
Nous concluions, à l'exception du député de
Lévis, à 7. 1: "La commission parlementaire recommande que la
CVMQ se dote d'instruments de gestion adéquats, incluant un plan
d'évaluation périodique de qualité de ses services, pour
établir ses besoins en ressources humaines et financières
nécessaires à la protection des épargnants. " Et à
7. 2:
"Que la CVMQ fasse rapport au ministre de tutelle avant le 30 septembre
1987 sur les instruments de gestion implantés ou en voie de
l'être, de façon à pouvoir réviser en cours
d'année s'il y a lieu les ressources humaines et
financières."
M. le Président, voici ce que je voudrais savoir. La question
s'adresse au ministre, mais surtout directement au responsable de
l'administration de la Commission des valeurs mobilières. Est-ce que
c'est resté lettre morte ce que treize membres de l'Assemblée
nationale, à l'unanimité, ont écrit à la suite de
travaux qui ont duré une année complète? Au lieu de
continuer à nous présenter des listes, des colonnes
d'augmentations, d'activités, d'examens, d'examens de prospectus, de
demandes de contestations, est-ce que vous avez mis en place des
mécanismes pour contrôler la qualité des services,
l'évaluation de la gestion? Quels sont-ils ces
mécanismes-là? Avez-vous fait rapport au ministre responsable de
la Commission des valeurs mobilières, avant le 30 septembre 1987, sur
les outils de gestion et de contrôle?
Dernière chose, la page suivante de notre rapport, la page 34,
notre recommandation 8 était à l'effet que la Commission des
valeurs mobilières y vise son plan d'organisation administrative de
façon à distinguer les postes de vérificateurs internes et
de chef du . service des études et à bonifier ces deux emplois en
fonction de leurs responsabilités respectives. Quand je lis le rapport
quinquennal qui a été déposé par le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation, le 29
février 1988, il m'apparaît très clairement à la
page 25 que la première recommandation est que la Loi sur les valeurs
mobilières soit modifiée, afin que le poste et la fonction de
directeur général, aboli en 1982, soit rétabli. Les
raisons sont nombreuses. C'est une question d'administration.
Mes questions, M. le Président, sur ce premier point, ont
été énumérées. Je veux savoir ce que le
président peut nous rendre compte, à nous, les élus, de
notre rapport que nous avons déposé, qui concerne les ressources
humaines et où je vois, dans le budget original, par catégories,
à la page 2 de ce qui a été déposé, que les
traitements sont passés de 3 362 900 $ à 4 047 000 $ pour les
crédits demandés pour 1988-1989, ce qui est une belle
augmentation de 20,4 %. Je m'aperçois que les 95 postes de
l'année précédente n'étaient pas comblés
mais qu'on revient exactement avec le même problème. Je lis son
document, à la page 7: "Les effectifs permanents, au 31 mars 1988, pour
un total de 116, dix postes vacants. On dirait que la Commission des valeurs
mobilières traîne toujours le même problème pour
maintenir la même illusion qu'on a notée dans notre rapport. On
dirait que la Commission des valeurs mobilières ne veut pas se donner
les outils ou les moyens de contrôle pour régler son
problème. Je ne voudrais pas qu'en 1992, la président de la
Commission des valeurs mobilières revienne avec le même refrain
qu'en 1982. Je voudrais qu'il ait pris des dispositions, qu'il ait
écouté dix ou treize parlementaires autour de la table, qu'il ait
lu un rapport et qu'il ait pris des moyens précis et techniques de
gestion adéquats pour remplir effectivement ce que d'autres ont
tenté de lui indiquer comme moi. Je pense que c'est son job.
M. Fortier: M. le Président, je pense que la question
touche l'administration directe de la commission, je vais demander au
président...
Le Président (M. Lemieux): M. le président de la
Commission des valeurs mobilières.
M. Guy: M. le Président, je vais répondre à
la dernière question en premier. J'ai expliqué, tout à
l'heure que, actuellement, il n'y a aucun poste vacant à la commission
si on ne tient pas compte des sept postes dont j'ai donné l'explication
tout à l'heure, et qui sont des postes qui ont été
accordés à la commission, mais qui doivent être
comblés à même le personnel en disponibilité dans la
fonction publique. C'est-à-dire que, si on ne tient pas compte de ces
postes-là, il n'y a aucun poste vacant actuellement, il y en avait au 31
mars, mais c'est assez facile à expliquer. C'est que le processus de
dotation n'était pas terminé dans certains cas. Tous les concours
étaient en marche; dans certains cas, il a fallu faire un concours deux
ou trois fois parce que les premières fois, on n'a pas pu recruter et
trouver du personnel. Je pense que c'est assez normal dans la fonction
publique, qu'il y ait un certain nombre de postes vacants. Les
procédures de dotation sont longues. A la commission, on essaie quand
même de combler les postes le plus rapidement possible dès qu'une
personne part, mais ce n'est pas toujours aussi facile que cela en a l'air, de
sorte que, maintenant, il n'y a pas de postes vacants à la commission.
Cela ne veut pas dire que le mois prochain il n'y en aura pas, parce qu'il y a
des gens qui quittent à tous les jours.
Quant au rapport de la commission parlementaire, nous avons donné
suite aux demandes que le ministre nous avait faites. Tout à l'heure, M.
Fortier a mentionné qu'on avait fait parvenir une note et une
étude plus détaillée au ministre sur deux points: la
délégation et l'autonomie de la commission. Sur les autres
points, nous avons répondu à M. Fortier, comme il nous l'avait
demandé. En ce qui concerne la scission des fonctions du
vérificateur interne ou du chef du service des études, ce n'est
pas qu'on ne voudrait pas le faire, on aimerait bien le faire, mais ce n'est
pas possible de le faire parce que cela nous demande un poste de plus et on n'a
pas les postes pour pouvoir accomplir cette chose-là; bien qu'on
aimerait le faire, on aimerait bien avoir un vérificateur interne qui ne
fait que la vérification interne, mais, dans les conditions
actuelles, ce n'est pas possible. Alors, ce n'est pas un manque de bonne
volonté, c'est que les contraintes actuelles ne nous le permettent
pas.
En ce qui concerne... Là, j'essaie de - c'était un
question assez longue - me rappeler l'ensemble de la question. Si j'en oublie,
vous pourrez me le rappeler. En ce qui concerne les autres questions qui ont
été soulevées, je pense qu'on a essayé de leur
donner suite le mieux possible. En ce qui concerne la mise en place, pour '
nous, on considère que, par la fonction du vérificateur interne
à la commission depuis quelques années, on a encore en place un
mécanisme d'examen de la qualité du travail produit par la
commission en fonction de l'application de la loi. Alors, le
vérificateur interne a terminé, à toutes fins utiles,
l'ensemble des différents services de la commission, il en reste un
à faire. À la suite de sa vérification, des
mécanismes ont été mis en place ou des mesures ont
été prises pour corriger les lacunes qui avaient
été soulevées par le vérificateur interne. Je ne
sais pas si j'ai répondu à toutes les questions, M. le
Président. Il est possible que j'en aie oublié.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
Pouvoirs en matière de politique
économique
M. Bélisle: M. le Président, un deuxième
point que j'aimerais toucher, c'est ce qui est contenu au rapport quinquennal
sur la mise en oeuvre de la Loi sur les valeurs mobilières,
conformément à l'article 352 de la Loi, la recommandation no 2
qui touche, bien entendu, nos recommandations et que le député de
Lévis, encore une fois, s'est refusé d'adopter, étant le
seul député de la commission du budget et de l'administration
à s'être refusé de l'adopter, concernant les pouvoirs en
matière de politique économique générale de la
Commission des valeurs mobilières du Québec. Quand je Iis, aux
pages 25, 26 et 27 du document déposé par M. le ministre, il est
très clair, M. le Président - et j'en suis très fier - que
ce que nous avions dit, à l'exception du député de
Lévis, ses collègues de l'Opposition étaient d'accord avec
nous, encore une fois... Peut-être que ma question, M. le
Président, s'adresserait aussi au député de Lévis
pour qu'il nous dise ce qu'il ferait, quelle est sa position ou la position de
son parti, ou s'il est en rupture de ban avec son parti sur ce que ses autres
collègues ont dit avec nous. Nous disions, y compris les gens de
l'Opposition, à l'exception du député de Lévis,
à la page 9, que la commission parlementaire est d'opinion que le
gouvernement a la responsabilité de la politique économique: II
doit pouvoir être en mesure de donner des directives à la CVMQ sur
les questions de politique économique et de l'organisation industrielle,
c'est-à-dire sur les questions tou- chant, par exemple, la structure du
marché et les comportements des participants au marché. À
la page 10, nous avions suggéré, mutatis mutandis, une
disposition similaire à l'article 14 de la Loi sur les banques, à
l'effet d'expliciter la responsabilité et l'autorité du ministre
de tutelle, M. le ministre à la présente occasion, et du
gouvernement, dans la politique économique touchant les valeurs
mobilières.
Nous avions eu une discussion très longue là-dessus avec
tous les intervenants. Le député de Lévis était
présent, mais il n'a pas écouté, encore une fois. Sauf que
les autres membres de sa formation ont écouté et ils
étaient d'accord. Ils ont donné leur aval au rapport qui est
là. Je pense que ce sont des recommandations très importantes, M.
le ministre. Quand vous dites que le ministre responsable de l'application de
la présente loi et le président de la commission doivent se
consulter régulièrement pour la politique touchant les valeurs
mobilières et sur ses liens avec la politique économique
générale du gouvernement, ce qui n'est pas le cas, c'est un
amendement que vous voulez faire a la loi...
À la page 26, article 2: "Si, malgré . les consultations
prévues au paragraphe 1, une divergence d'opinions surgissait entre' le
ministre et la commission concernant la politique à suivre, le ministre
peut, après consultation avec le président et avec l'approbation
du gouvernement, donner à la commission des directives écrites
visant cette politique et la commission devrait s'y conformer."
Ce qui est totalement presque copie conforme de l'article 14 de la Loi
sur les banques, que nous citions dans le document du rapport de la commission.
Sauf que le député de Lévis, encore une fois, a
été le seul qui n'était pas d'accord. Il s'est abstenu de
voter pour le rapport. Le seul, tous les membres de sa formation étaient
d'accord avec nous. Ce que je veux savoir, M. le ministre, la question
s'adresse à vous et s'adresse aussi au président de la
commission, parce que le député de Lévis tourne autour du
pot depuis le matin, dans quel cas cela pourrait...
M. Garon: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Quel article, M. le
député de Lévis?
M. Garon: En vertu des articles du règlement qui disent
qu'il doit y avoir une bonne tenue à la commission. Actuellement...
Le Président (M. Lemieux): L'article 35, M. le
député de Lévis.
M. Garon: On dit de ne pas chercher des polémiques, etc.,
dans une commission. On est ici pour entendre le ministre. Ce n'est pas le
député de Lévis qui est au ban. En passant, si vous
vous
référez au galées, vous verrez que le
député de Lévis connaissait assez la Loi sur les banques
pour se référer de mémoire à l'article 14. Le
député de Mille-Îles ne connaissait même pas cette
loi-là.
M. Bélisle: M. le Président, question de
règlement. M. le député de Lévis devrait
plutôt se calmer.
Le Président (M. Lemieux): Non, sur la...
M. Bélisle: Je sais que cela le fatigue beaucoup,
là.
M. Garon: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, M. le député de Lévis, sur la question
de règlement, le député de Lévis veut tout
simplement nous référer à l'article 35: "Attaquer la
conduite d'un député ou imputer des motifs indignes à un
député, se servir d'un langage injurieux. "
C'est évident que M. le député de Mille-Îles
n'a employé aucune de ces expressions-là, M. le
député de Lévis. Cela me semble clair.
M. Garon: Qu'il réfère...
Le Président (M. Lemieux): Rien n'interdit à un
député de faire référence, en passant par la
présidence, à des paroles ou à des actes qui ont pu
être posés par un autre député dans le cadre de ses
fonctions s'il ne va pas à l'encontre de l'article 35 du
règlement.
M. le député de Mille-Îles est sur son temps de
parole. Vous pouvez continuer, M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: D'accord.
M. Garon: M. le Président, justement sur la question de
règlement.
M. Bélisle: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, ma décision est rendue. Il reste environ six minutes et je
dois faire en sorte que le temps de parole soit distribué avec
équité, M. le. député de Lévis et je
trouverais cela terriblement odieux si un parlementaire se voyait privé
de son temps de parole sur des questions de règlement qui n'en sont
pas.
M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: D'accord, merci, M. le Président.
Assurément, ce que je veux savoir, bien entendu, c'est de quelle
manière et à quelle occasion s'appliquerait ce pouvoir de
directives du ministre. C'est une question importante. En quoi le pouvoir de
directives du ministre pourrait-il modifier le rôle et les pouvoirs
actuels de la
Commission des valeurs mobilières? On en a parlé en long
et en large. Je pense qu'il va falloir commencer à la poser la vraie
question, n'en déplaise au député de Lévis, car
j'essaie de rapporter fidèlement ses actes, ses paroles et ses votes
dans cette Assemblée. Je sais que cela fait mal. (11 h 45)
M. Fortier: M. le Président, brièvement, parce
qu'il reste peu de temps.
Le Président (M. Lemieux): Le plus brièvement
possible, M. le ministre, parce qu'il reste six minutes exactement.
M. Fortier: Comme le député de Mille-Îles l'a
dit, la commission avait étudié ce dossier attentivement. Nous
avons obtenu des commentaires de la commission à ce sujet. Nous avons
consulté certains experts dont Me René Dussault qui, je crois,
est reconnu comme une personne ayant certaines qualifications en ce qui touche
l'administration publique. Nous croyons - et c'est la recommandation qui est
faite - que le ministre peut disposer d'un tel pouvoir de directive.
Maintenant, si le député me pose la question, à savoir:
À quel moment, à quelle fréquence et dans quelles
circonstances? Il faut bien avouer que l'intervention du ministre se fera d'une
façon très parcimonieuse.
En fait, il s'agit de grandes orientations économiques. Le
gouvernement ne change pas sa politique économique chaque jour ou chaque
semaine. C'est donc dire que le nombre d'interventions qu'on pourrait
entrevoir, dans l'avenir, serait minime et le nombre de fois que le ministre se
servirait d'un tel pouvoir serait extrêmement limité. D'autant
plus, tout à l'heure, j'ai fait référence à la
possibilité que nous ayons une discussion en ayant en main le texte
législatif. Il va falloir que le texte législatif soit
extrêmement clair. Les mots que nous avons utilisés dans le
rapport quinquennal l'ont été pour rassurer quiconque se poserait
des questions sur ce sujet, que ni le gouvernement ni le ministre ne veulent
intervenir dans le processus quasi judiciaire ou dans les pouvoirs
d'enquête. C'est extrêmement clair, il faut absolument que la
Commission des valeurs mobilières ait toute la latitude pour assumer ses
responsabilités. Le mercredi 30 mars 1988, je voyais dans Le Devoir,
un extrait d'une allocution de M. André Bureau, président du
CRTC. Le président du CRTC, justement, demandait exactement que
l'intervention du gouvernement fédéral vis-à-vis du CRTC
soit plutôt directrice dans le domaine de la politique économique
générale du gouvernement canadien et que le gouvernement canadien
arrête d'intervenir pour en appeler des décisions du CRTC une fois
que la commission a rendu ses décisions. Nous aurons le temps d'en
discuter, mais la recommandation que nous avons faite s'inspire
également de cette recommandation de M. Bureau de faire en sorte que la
Commission
des valeurs mobilières soit le plus autonome possible, mais en
gardant tout de même au gouvernement un certain rôle dans la
définition économique qui pourrait avoir un impact dans le
secteur des valeurs mobilières.
Voyages à l'étranger
Le Président (M. Lemieux): Je peux y aller, M. le
député de Mille-Îles? Comme il reste environ 30 secondes,
tout simplement une question au président de la Commission des valeurs
mobilières. Vous savez, notre premier ministre est très sensible
et très sévère sur la pertinence des voyages à
l'étranger, particulièrement en ce qui a trait à ses
ministres. Je remarque la liste des voyages que vous avez faits à
l'étranger. Souvent, on parle des sept soleils d'Air Canada. Des fois,
j'aurais peut-être l'impression qu'on devrait peut-être parler des
six voyages du président de la Commission des valeurs mobiliers. Je
remarque que vous êtes allé au Brésil, en Australie et
à Paris et que vous avez fait un voyage par mois. Lorsque vous faites
ces voyages, les faites-vous en première classe, dans un premier temps?
Deuxièmement, pourriez-vous fournir à cette commission la
durée des séjours de ces voyages?
M. Guy: M. le Président, je pense que je peux
répondre assez facilement. Non seulement, je ne les fais pas en
première classe, mais vous allez remarquer, si vous regardez le voyage
en Australie, dans le but d'assister à une réunion du
comité exécutif de l'Organisation internationale des commissions
de valeurs, dont le président à la commission est
secrétaire général, et que c'est en cette fonction... vous
allez voir que 3000 $ pour aller en Australie pour deux personnes, cela ne
semble pas beaucoup. C'est l'organisation internationale des commissions de
valeurs qui a payé les deux billets qui sont comptabilisés
à environ 12 000 $.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, le contribuable qui
est dans le champ et qui voit les choses comme cela, je dois vous avouer qu'il
s'interroge. Nous, comme parlementaires et aux bureaux de comté, on nous
pose des questions, M. le président.
M. Guy: Je pense que c'est facile à voir qu'avec 3000 $ on
ne peut pas aller en Australie pour deux personnes. On ne voyage pas en
première classe, c'est sûr. On voyage toujours dans les tarifs les
plus bas, sauf que cela peut être un plein tarif si on ne veut pas
être absent pendant sept jours. C'est selon les contraintes du service.
Si je peux être absent pendant sept jours ou les autres peuvent
être absents pendant sept jours, on prend le tarif le plus bas. Mais si
on ne peut pas, s'il faut revenir plus tôt, c'est le tarif
régulier qu'on prend. Je pense que c'est dans ce sens.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous pourriez tout
de même fournir à la commission, la durée des
séjours pour chacun des voyages, s'il vous plaît?
M. Guy: II n'y a pas de problème.
Le Président (M. Lemieux): Comme le temps de parole est
écoulé, nous devons maintenant passer au...
M. Fortier: Est-ce qu'on adopte les crédits
maintenant?
Le Président (M. Lemieux): Pardon?
M. Fortier: Est-ce que les crédits de la commission
sont...
Le Président (M. Lemieux): On peut les adopter tout de
suite. Est-ce que vous avez objection, M. le député de
Lévis? Oui, M. le député de Lévis.
M. Garon: J'aimerais féliciter le président de la
commission, qui est secrétaire de l'Organisation internationale des
commisions des valeurs mobilières. Cela veut dire que l'ensemble des
Commissions des valeurs mobilières dans le monde n'auraient pas choisi
un deux de pique comme secrétaire. Je pense que les connaissances qui
vous permettent d'être tant secrétaire de l'organisation... Je
pense, au contraire, que c'est une bonne chose que le président de la
commission sont secrétaire de l'Organisation internationale des
commissions des valeurs mobilières dans le monde, ce qui lui donne une
connaissance du milieu.
Je vais vous dire qu'à l'Agriculture, j'avais le président
de l'Office du crédit agricole qui était dans l'exécutif
de l'Office du crédit agricole et qui faisait des voyages. Cela
permettait de savoir tout ce qui se passait dans le monde dans le domaine du
crédit agricole. C'était une expérience qui vaut mes
quelques voyages dont on peut parler.
Quand on parle d'un voyage de 3000 $ en Australie, je pense que...
Le Président (M. Lemieux): Monsieur... M. Fortier:
Je pense que j'ai oublié...
M. Garon: ...le président n'est pas allé souvent en
Australie et ne s'est pas informé des tarifs, parce que...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, le président a posé des questions comme il avait le
droit de le faire, parce qu'il y a des contribuables qui paient pour cela et il
y a une question de pertinence parfois.
M. Garon: M. le Président, vous n'avez
pas...
Le Président (M. Lemieux): Je ne veux pas la contester,
mais, là, vous avez terminé votre droit de parole et vous avez eu
un droit de réplique. Vous avez utilisé un droit de
réplique.
M. Garon: ...à répondre sur ce que je dis.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez utilisé un
droit de réplique, M. le député de Lévis, que vous
n'aviez pas actuellement.
M. Garon: Oui, je l'ai demandé et vous me l'avez
donné.
Le Président (M. Lemieux): Je croyais que c'était
une question de règlement et vous en avez profité pour utiliser
votre temps de parole pour faire des commentaires.
M. Garon: Non, je n'ai pas dit que c'était sur une
question de règlement, pardon!
Le Président (M. Lemieux): Si vous avez fait des
commentaires, je vais permettre au député de Lafontaine de faire
ses commentaires pendant trois minutes aussi. M. le député de
Lafontaine, vous avez la parole.
M. Garon: M. le Président, si vous n'êtes pas
capable d'être président d'une façon impartiale, je vais
demander que vous soyez relevé de vos fonctions.
Le Président (M. Lemieux): Vous le demanderez, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Vous allez voir, cela va venir.
Le Président (M. Lemieux): Vous ferez sortir les
galées, M. le député de Lévis. M. le
député, je suis ici pour faire en sorte que la procédure
soit suivie avec équité et non pas pour me plier aux exigences du
député de Lévis. Je dois faire respecter les droits de
l'ensemble des parlementaires. M. le député de Lafontaine, s'il
vous plaît.
M. Garon: Faites-le et on va être satisfait.
M. Gobé: Merci, M. le Président. J'espère
que mon collègue va me laisser parler un peu, parce qu'il a parié
longuement depuis ce matin.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez seulement trois
minutes pour des remarques, M. le député Lafontaine.
Projet de loi fédéral sur la
réforme des valeurs mobilières
M. Gobé: Oui, M. le Président. Vous avez une
question importante à poser au ministre et vu qu'il s'est permis de
faire l'apologie du président de la Commission des valeurs
mobilières alors que cela n'apporte pas grand-chose dans le
débat, j'aimerais pouvoir poser ma question au ministre, parce que je
pense que cela intéresse les parlementaires et le débat.
M. le ministre, on voit, ces temps-ci, dans les journaux, des hommes
d'affaires importants du Québec, que ce soit le président des
Coopérants, M. Shooner, ou le président de La Lauren-tienne, M.
Castonguay, qui amènent certaines critiques vis-à-vis du projet
de loi fédéral sur la réforme des valeurs
mobilières et des choses comme cela. Qu'est-ce que nous faisons au
Québec? C'est quoi? Est-ce que nos enjeux... Est-ce qu'on est un peu
menacé? Vous faites quoi là-dedans, M. le ministre?
Rapidement.
M. Fortier: II est certain que le projet de loi touchant les
sociétés de fiducie et d'épargne est inacceptable pour le
Québec. Nous avons, dans un premier temps, réglé le
dossier des valeurs mobilières à notre satisfaction, je l'ai dit
tout à l'heure. Je crois qu'on a exercé un leadership certain
dans le règlement de ce dossier. Nous avons fort confiance que nous
réglerons le dossier touchant l'avant-projet de loi des
sociétés de fiducie et d'épargne de la même
façon.
Je comprends les représentations nombreuses de la part de M.
Castonguay, président de La Laurentienne, qui parle au nom des
compagnies d'assurances de personnes du Québec, au nom de M. Shooner, le
président des Coopérants, le président du Montréal
Trust et le président du Mouvement Desjardins également.
J'ai fait parvenir, quoique je ne l'avais pas rendu public, mais si cela
peut vous intéresser...
Le Président (M. Lemieux): Quinze secondes.
M. Fortier: Je termine. J'ai envoyé une lettre au
ministre, M. Hockin, il y a un mois déjà, et si les membres de la
commission veulent en prendre connaissance... Je ne l'ai pas rendue publique
à ce jour, mais je vais la rendre publique et vous verrez que nous avons
fait des représentations extrêmement fortes contre cet
avant-projet de loi et nous ferons l'impossible, à notre façon,
nous opérerons un peu... Prochainement, d'ailleurs, les fonctionnaires
se rencontreront.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. Fortier: Et j'ose espérer que nous réglerons ce
dossier de la même façon que nous l'avons fait dans le secteur des
valeurs mobilières.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Mille-Îles, je m'excuse, il n'y a vraiment plus de temps.
M. Bélisle: M. le Président, deux secondes. Le
ministre me fait une offre de dépôt d'un document?
M. Fortier: Oui.
M. Bélisle: Je le demande.
Le Président (M. Lemieux): J'autorise le
dépôt. Il s'agit de quel document?
M. Fortier: C'est une lettre qui a été
envoyée à M. Thomas Hockin, le 15 mars 1988, une lettre de neuf
pages qui détaille tous les motifs pour lesquels nous demandons que
l'avant-projet de loi soit refait totalement et qu'il est tout à fait
inacceptable pour le gouvernement du Québec.
Le Président (M. Lemieux): J'en autorise le
dépôt. Nous passons maintenant à l'adoption du programme.
Est-ce que le programme 7, Contrôle, surveillance et développement
du commerce des valeurs mobilières, est adopté?
M. Garon: Adopté.
Inspecteur général des institutions
financières
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle donc
le programme 6, Inspecteur général des institutions
financières. Nous allons avoir deux périodes d'environ 19 minutes
qui seront réparties... Oui, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je voudrais dire que, sous réserve des postes
qui sont accordés, mais qui ne devraient pas être gelés par
le fait... Parce que, si on vote des crédits, on vote des
crédits. Alors, il ne s'agit pas de...
M. Bélisle: Ce n'est pas cela du tout.
M. Garon: Oui. J'ai le droit de dire ce que je veux.
Écoutez, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. le député
de Lévis.
M. Garon: Sous réserve que les postes qui sont
votés soient vraiment accordés à la commission et non
pas...
Le Président (M. Lemieux): On ne peut pas. Cela ne s'est
jamais vu, à l'étude des crédits, dans aucune commission
parlementaire depuis que cela existe, que nous allons adopter des
crédits sous réserve. Cela ne se fait pas, M. le
député de Lévis.
M. Bélisle: C'est le code Garon, ça. C'est le code
Lévis.
M. Garon: Ah! Vous savez...
M. Bélisle: Ah! Je le sais. Je le sais.
Le Président (M. Lemieux): L'article 382 de Geoffrion
l'interdit formellement. C'est une jurisprudence bien établie. Si je
comprends bien, le programme 7, Contrôle, surveillance et
développement du commerce des valeurs mobilières, est donc
adopté?
M. Garon: Avec tous les postes qui y sont indiqués.
Le Président (M. Lemieux): C'est impossible, M. le
député de Lévis. Il est donc adopté. J'appelle donc
le programme 6, Inspecteur général des institutions
financières. Le temps sera réparti équitablement, soit
environ dix minutes chacun. Dix minutes pour le député de
Lévis et dix minutes pour le côté ministériel. M. le
député de Lévis, vous allez commencer?
M. Garon: Non, M. le Président. Je regrette. On a fait une
entente au point de départ.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Garon: On doit avoir 40 minutes sur ce programme.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Garon: Vous avez réduit unilatéralement le temps
malgré l'entente. Je regrette, ou bien il y a des ententes ou bien il
n'y en a pas ici.
M. Bélisle: C'est à cause de vous.
M. Garon: Non. Non. C'est parce que le président a
accordé des droits de parole par la suite, indistinctement, sans
s'occuper du temps pour lequel il y avait eu une entente au point de
départ. Je dis qu'il y avait une entente au point de départ. Il y
avait une période de 40 minutes sur un programme et 40 minutes sur
l'autre.
Le Président (M. Lemieux): II y avait une entente de 40
minutes, M. le député de Lévis.
M. Garon: Je demande que l'entente soit respectée.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Je respecte
l'entente, M. le député de Lévis, mais je veux vous
faire valoir qu'au-delà de la règle de l'alternance, je me dois
d'avoir un principe à l'esprit: c'est celui de l'équité
parlementaire. Si je dois prendre dix minutes pour vous lire la
décision prise le 12 avril 1984, je vais les prendre, M. le
député de Lévis. Je vous dis qu'actuellement, vous avez un
droit de parole de dix minutes. Ensuite, je vais passer au côté
ministériel. Cela, en respectant le principe de l'équité
à savoir que le temps soit réparti le plus équitablement
possible et permettre aux parlementaires de s'exprimer sur chaque
élément de programme ou sur le programme en particulier. M. le
député de Lévis, vous avez dix minutes.
M. Garon: Vous comprendrez, M. le Président, que, comme
vous ne faites pas respecter les ententes, il sera difficile d'en faire
à l'avenir.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
Registre des entreprises
M. Garon: J'aimerais savoir, M. le ministre, quels sont les
préparatifs qui avaient été faits, l'an dernier, en
prévision de l'adoption du registre des entreprises pour installer les
équipements, avec des budgets d'environ 1 000 000 $ qui avaient
été prévus à cette fin? Quelles sont les
dépenses qui ont été encourues dans cette perspective, par
rapport aux crédits périmés qui ont été de
près de 1 000 000 $?
M. Fortier: M. Bouchard.
M. Bouchard (Jean-Marie): Vous vous rappelez que, l'an dernier,
en prévision de l'adoption de ce projet de loi, il y avait un montant de
1 000 000 $ qui avait été alloué pour l'adoption du
registre. Cette somme n'a pas été utilisée.
M. Garon: Quelles sont les prévisions qui avaient
été faites sur l'affectation du montant de 1 000 000 $?
M. Bouchard: II y avait des prévisions en fonction d'achat
d'équipements pour les régions afin de permettre l'accès
direct au fichier. Il y avait l'achat d'équipements pour un montant de
470 000 $. Il y avait un montant pour l'entretien au service des contrats de
530 000 $. C'était évidemment une estimation préliminaire.
Il était entendu avec le Conseil du trésor qu'au fur et à
mesure de l'implantation et selon ce qui arriverait de l'achat du
système informatique central ou pas ou du fichier ou pas...
M. Garon: Les prévisions de budgets sont pour
l'implantation à partir de quand, cette année?
M. Bouchard: Cette année, si le projet de loi est
adopté, le délai d'implantation est d'un an.
M. Garon: En août?
M. Bouchard: Un an.
(12 heures)
M. Garon: Ah! Un an. Vous avez prévu commencer
l'implantation à quel moment?
M. Bouchard: Si la loi avait été adoptée
à cette période-ci...
M. Garon: Je comprends. Elle n'est pas adoptée.
M. Bouchard: ...le délai d'implantation aurait
été d'un an à compter de septembre. C'est parce qu'il a
fallu retarder la mise en vigueur de la loi d'un an.
M. Garon: Concernant l'adoption de cette loi, est-ce que le
ministre a l'intention de présenter des amendements importants à
la loi? On ne laisse pas une loi sur le carreau impunément comme cela,
alors qu'elle devait être adoptée article par article en
février. Est-ce que c'est parce que le ministre a l'intention d'apporter
des amendements importants ou s'il n'y aura véritablement aucun
amendement important à cette loi?
M. Fortier: De fait, M. le député de Lévis,
comme je vous ai dit tout à l'heure, si le gouvernement avait voulu que
le projet de loi reste sur le carreau, il n'aurait pas été
réinscrit au feuilleton de la nouvelle Législature. Donc, s'il
est là, c'est qu'en temps opportun, on en reprendra l'étude.
Maintenant, oui, des amendements importants... Il y avait certaines
représentations qui avaient été faites, par le Barreau en
particulier. J'avais rencontré le Barreau avec M. Bouchard au mois de
janvier et nous avions l'intention d'apporter un ou deux amendements. Est-ce
qu'on peut appeler cela des amendements majeurs? En fait, il s'agissait
d'ajustements. Donc, en temps opportun, lorsque nous reprendrons
l'étude, ces amendements seront portés à votre
connaissance.
M. Garon: Mais est-ce qu'il s'agit d'amendements importants? Il y
a 600 et quelques articles. Vous ne pensez pas que ce serait une bonne chose si
vous les produisiez un peu à l'avance? Cela accélérera
l'étude du projet de loi parce qu'il y a eu une commission
parlementaire, il y a eu des organismes qui ont été entendus. La
loi reste sur le carreau. Vous dites qu'il y aura des amendements importants.
Alors, est-ce qu'il y aurait possibilité de les avoir avant pour qu'on
puisse regarder la concordance avec ce qui a été soumis par les
différents organismes en commission parlementaire? C'est parce qu'il y a
eu beaucoup de discussions en commission parlementaire.
M. Fortier: C'est cela. À la suite de l'audition qu'on
avait eue en commission parlementaire, nous avions pris des notes et nous avons
pris en considération différents commentaires. De toute
façon, il y avait des amendements techniques d'ajustement. En fait, il y
a un certain nombre d'amendements qui seraient des ajustements techniques et
d'autres qui seraient des amendements prenant en considération les
commentaires qui avaient été faits. Mais je dois vous dire
qu'après la décision qui avait été prise de
reporter l'étude du projet, personnellement, je n'ai pas continué
à étudier le détail de ces amendements. Mais
aussitôt que nous en reprendrons l'étude ou dès que le
leader du gouvernement me fera signe à cet égard, à ce
moment-là, j'approuverai les amendements et je les ferai approuver par
le comité de législation. On vous les fera parvenir. Mais, pour
le moment, disons que le projet de loi comme tel est suspendu, eu égard
aux activités que nous avons présentement.
Nombre de postes
M. Garon: Maintenant, relativement aux postes, on voit que le
nombre a diminué de 434 à 425 de 1987 à 1988; donc il y a
9 postes de moins. Est-ce que l'Inspecteur général des
institutions financières, en fonction des tâches qui lui sont
dévolues, estime qu'il a tout le personnel nécessaire pour faire
son travail d'inspection dans les différentes institutions qui
relèvent de lui?
M. Bouchard: Si vous remarquez, cette année, nous
subissons une compression de 9 %. La prochaine révision devra être
fort importante pour nous parce que la situation change considérablement
dans le secteur des institutions financières. Nous avons
particulièrement la nouvelle loi sur les compagnies de fiducie et de
prêts qui augmente les responsabilités et les tâches de
supervision et de contrôle, qui va assujettir, entre autres, ce qui
n'était pas le cas antérieurement, les sociétés de
prêts étrangères parce que nous n'avions pas, au
Québec, de loi organique pour les sociétés
d'épargne comme telles. Mais, autre phénomène fort
important, surtout dans le secteur des assurances, notre clientèle
grossit. Elle grossit non seulement en termes de chiffres, mais d'importance
des institutions.
Nous avons le transfert de juridiction de compagnies
fédérales à la juridiction provinciale. Une compagnie de
la taille de L'Industrielle - L'Alliance - surtout L'Alliance parce que
L'Industrielle a toujours été québécoise - mais le
transfert de L'Alliance sous juridiction provinciale, le transfert de
Coopérants sous juridiction provinciale et le transfert prochain de La
Sauvegarde sous juridiction provinciale et éventuellement d'autres
compagnies qui songent sérieusement, soit les compagnies de fiducie ou
d'assurances, de demander le transfert de juridiction, va très
certainement nous amener à étudier de façon
méticuleuse la situation, plus particulièrement en ce qui
concerne le secteur des assurances.
Je dois ajouter que, en dépit du problème de nombres,
s'oppose chez nous et probablement ailleurs - on en a eu une idée tout
à l'heure - un problème que je qualifierais tout simplement de
critique en ce qui concerne la possibilité d'embauché de
personnel. C'est particulièrement difficile de recruter du personnel
qualifié. Je pense à des postes aussi cruciaux pour nous que, par
exemple, des postes d'actuaire. Nous ne sommes pas ou pratiquement pas capables
d'engager des actuaires parce que nous ne pouvons pas leur offrir le salaire
concurrentiel. Nous perdons des postes. J'ai un poste de direction
générale vacant depuis au-delà d'un an. Nous avons fait
deux concours pour recruter des personnes à ce poste, dont un concours
à l'externe et aucune candidature valable ne s'est
présentée. On n'est pas capable de supporter la concurrence de
l'entreprise privée. Cela m'inquiète très
sérieusement. C'est la même chose également pour tes
analystes financiers. D'une part, les responsabilités de l'inspecteur
augmentent considérablement dans les différentes lois
déposées, mais, également, il y a le problème des
effectifs et de la qualité des effectifs et de la
rémunération qui peut être faite pour intéresser non
seulement des jeunes qui sortent de l'université, mais également
conserver ceux qui prennent une expertise.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. l'Inspecteur
général des institutions financières. M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. M. Garon:
J'ai posé une question.
Le Président (M. Lemieux): Je regrette, la parole est au
député de Mille-Îles, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je regrette, on a commencé en retard. Ce n'est
pas à cause de nous.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, l'enveloppe de
temps négociée est de deux heures. Je ne peux pas intervenir sur
cette entente-là. Je dois repartir équitablement le temps entre
l'ensemble des parlementaires; c'est ce que je fais actuellement et je vous
invite à lire les galées de cette commission de a jusqu'à
z. La parole est au député de Mille-Îles.
M. Garon: M. le Président, on avait fait une entente de 40
minutes. Au bout de 20 minutes du temps de l'Opposition, vous avez
commencé à prendre le temps de parole pour vous, le donner
à d'autres, sans respecter l'entente qui avait été
faite.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis. Vous lirez les galées et vous
verrez.
M. Garon: Vous n'avez pas respecté le temps.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, vous avez la parole.
Communications - Services
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Mes questions
s'adressent au ministre, mais plus directement à l'inspecteur
général quant à la ligne Traitements, à la page 3
du document des crédits Variations budgétaires. Je
m'aperçois que, dans la première ligne, la ligne 01,
Fonctionnement-Personnel, Traitements, crédits 1987-1988: 12 806 000 $;
crédits 1988-1989: 13 413 000 $, 607 000 $ d'augmentation, 4,8 %. Donc,
ce que l'on calcule pour le prochain exercice financier, c'est à peu
près l'augmentation dans les conventions collectives, M. l'inspecteur
général? C'est exact? Bon! Les deux postes qui me surprennent le
plus, ce sont Communications et Services. Communications, crédits
1987-1988: 721 000 $; 1988-1989: 991 000 $; c'est tout près de 35 %
d'augmentation. Il devrait y avoir une raison spécifique à cela.
C'est quoi?
M. Bouchard: Bien sûr. D'abord, il faut bien
préciser que le poste Communications à cette rubrique
générale comprend, dans notre jargon et suivant les pratiques
gouvernementales, tous les frais de déplacement de nos inspecteurs. Cela
entre dans cette rubrique. Il y a eu une diminution quand même d'argent
pour cette rubrique, mais il y a eu surtout une augmentation de 287 000 $ qui
provient du fait que le ministère des Communications, dorénavant,
nous charge pour les services qu'il nous rendait antérieurement.
M. Bélisle: D'accord, je comprends.
M. Bouchard: Vous avez la même chose pour le loyer. Il y a
une augmentation de loyer. Alors, pour pouvoir payer le ministère de
l'Éducation, on nous donne un budget et nous remboursons pour
l'imputabilité des organismes.
M. Bélisle: C'est une bonne pratique, de toute
façon, sur le plan administratif. Il n'y a pas de problème.
Étant donné que le temps nous presse, la ligne 04, Services: 731
000 $ en 1987-1988; en 1988-1989: 1 208 000 $, un écart de 477 000 $;
c'est 60 % d'augmentation au point Services. Quelle est l'explication de ces 60
% d'augmentation?
Une voix: Oui.
M. Bélisle: À Services?
M. Bouchard: Bon, dans le budget qui avait été
prévu l'an dernier ou le montant de 1 000 000 $ qui avait prévu
pour l'implantation entre autres du registre, le montant n'a pas
été alloué; les crédits ont été
périmés. Mais cette somme additionnelle de 477 000 $ provient du
fait qu'il y a eu entente avec le Conseil du trésor à savoir que,
même si la loi sur le registre n'est pas adoptée, il faut repenser
le système actuel du fichier central qui ne répond plus aux
besoins d'augmentation constante de services que nous avons à
rendre.
Seulement pour cette partie-là, on avait prévu, par
exemple, des services de développement du système informatique
pour un montant de 360 000 $ l'an dernier. Cette année, cette somme a
été portée à 650 000 $, ce qui fait une
augmentation de 290 000 $ pour cette partie-là, en partant. Et l'autre
partie s'explique pour les mêmes raisons que je vous ai données
tout à l'heure, pour les services informatiques, dorénavant le
BCI nous charge directement, pour une somme de tout près de 200 000 $;
donc je dois le rajouter à mon budget pour ne pas le retourner au
BCI.
Sondages
M. Bélisle: D'accord. C'est une bonne explication.
À la page 24 de votre document, chapitre X, réponse: Aucun
sondage n'a été effectué par l'organisme en question, qui
est en fin de compte le bureau de l'inspecteur général. Je vous
pose la question fondamentale, M. l'inspecteur général. Ne
serait-il pas utile, pour un service comme le vôtre qui fait affaire avec
le public, avec des entreprises, avec des consommateurs, avec une panoplie de
groupes dans notre société, de connaître la réponse
sur le terrain sur la qualité, la perception de la qualité des
services que vous offrez à vos clientèles respectives?
N'est-il pas temps de consacrer un minibudget, un mini-poste de 10 000
$, 15 000 $, 20 000 $, pour évaluer ces services-là par voie de
sondages? Laissez-moi vous donner un exemple: La Commission des valeurs
mobilières du Québec a cru bon quand nous avons commencé
notre étude l'année passée, elle aussi, de procéder
à une évaluation sur le terrain par voie de sondages.
C'étaient des sondages par entrevues. Cela pourrait être plus
systématique que cela, au lieu d'être fait par entrevue ou
autrement. Je me demande si ce ne serait pas une bonne technique
d'évaluation, la perception de la qualité des services offerts,
et si cela ne vous aiderait pas à mieux administrer votre boîte
plutôt que de mettre dans un budget total de 18 000 000 $,
peut-être 15 000 $ là-dessus, au moins une fois, pour faire une
vérification.
M. Bouchard: Écoutez, c'est sûr que c'est une mesure
très intéressante à considérer, mais il faut bien
penser que l'organisme n'a que cinq
ans d'existence. Il y avait la période de rodage, d'implantation
et ainsi de suite à faire.
M. Fortier: M. le député de Mille-Îles, j'ai
juste un ajout, mais je prends note de votre recommandation. Peut-être
qu'on devra faire cela.
On approuve les budgets de l'inspecteur général. Je vous
ferai remarquer que la totalité des budgets ou presque est payée
en définitive par les institutions financières elles-mêmes,
parce que nous cotisons chacune des institutions financières.
D'ailleurs, dans la nouvelle loi des caisses d'épargne et de
crédit, nous allons ajouter à nos revenus, parce que nous allons
imposer la même obligation aux caisses d'épargne qui, à
venir jusqu'à maintenant, ne payaient pas ces frais inhérents
à toutes les institutions financières... Mais il reste quand
même que les commentaires que vous faites sont tout à fait
pertinents.
M. Bélisle: Une dernière question, M. le
Président, vous me permettrez peut-être une petite intrusion, mais
je ne peux pas m'empêcher de la faire. À la page 22 des
crédits, quand vous nous dites-Le Président (M. Lemieux):
Vous avez environ une minute. Cela doit se terminer à 12 h 14,
exactement. Alors, très brièvement.
M. Bélisle: Le fameux document de Charles Pelletier sur
l'étude fiscale qui a été commandée, cela doit
être un document extraordinaire à consulter. Ma question s'adresse
à M. le ministre; vous ne m'en tiendrez pas rigueur, mais il y a
certaines personnes autour de la table qui s'intéressent beaucoup
à ce domaine-là.
Une voix: Est-ce qu'il y a... ?
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y, question.
M. Bélisle: Est-ce qu'il y a une objection à ce que
cela soit...
M. Fortier: Non, d'ailleurs j'ai demandé à
l'inspecteur de faire faire cette étude, parce que je savais que
plusieurs membres de la commission seraient intéressés à
avoir l'opinion la plus objective possible. Mon intention était de
rendre le document public au moment où nous entreprendrions
l'étude du dépôt, ou lors du dépôt ou au
moment de l'étude du projet de loi sur les caisses d'épargne et
de crédit.
Cela va être un volet intéressant, je crois. Nous avons
tenté de faire faire une étude la plus objective possible sur les
privilèges ou supposés privilèges que les caisses
d'épargne et de crédit avaient, comparativement aux banques en
particulier.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre, la
période de deux heures étant écoulée, est-ce que le
programme numéro 6, Inspecteur général des institutions
financières, est adopté?
Une voix: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le programme numéro 6,
inspecteur générai des institutions financière,
étant adopté, nous suspendons pour reprendre nos travaux
après tes affaires courantes. M. le député de Lévis
ou un membre du parti ministériel, est-ce que vous vouiez faire des
remarques? Est-ce que vous avez des remerciements à faire aux
fonctionnaires qui ont participé à la commission? C'est dans ce
sens-là, M. le député.
M. Garon: Étant donné que le temps est
écoulé, j'imagine que...
Le Président (M. Lemieux): Oui, le temps est
écoulé, mais après que le temps soit écoulé,
étant donné que les fonctionnaires sont disponibles...
M. Garon: Je ne voudrais pas abuser.
Comme vous avez dit que le temps était écoulé, je
ne voudrais pas que vous dérogiez à vos propres
décisions.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Merci, MM. les fonctionnaires, M. le
ministre, d'avoir participé à cette commission.
(Suspension de la séance à 12 h 16)
(Reprise à 16 h 32)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux afin
de poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Finances pour le volet Privatisation pour l'année
financière 1988-1989. M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Privatisation
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Une période de trois heures a été allouée à
l'étude des crédits de ce volet en deux blocs, soit cet
après-midi et ce soir. Cet après-midi, pour une durée
d'une heure et demie jusqu'à 18 heures, et ce soir, à compter de
20 heures jusqu'à 21 h 30, soit une durée d'une
heure et demie pour une période totale de trois heures.
Maintenant, M. le ministre délégué à la
Privatisation, voulez-vous faire des remarques préliminaires ou
déclarations d'ouverture?
Remarques préliminaires M. Pierre C.
Fortier
M. Fortier: M. le Président, c'est avec plaisir que nous
répondrons à toutes les questions des députés de la
commission. Il n'y a pas comme tel de crédits à approuver puisque
les crédits reliés à l'activité de la Privatisation
sont inclus à l'intérieur des crédits du ministère
des Finances. Je sais que, demain le ministre des Finances aura l'occasion de
les débattre. De toute façon, les montants en jeu, en ce qui nous
concerne, en termes de crédits, sont minimes si on parle des
crédits de dépenses du ministère comme tel, puisque nous
fonctionnons avec une unité administrative relativement
réduite.
Cependant, j'ose penser que les députés ont des questions
sur les différentes privatisations qui ont été faites
depuis un an. À cet égard, je vous rappellerais que nous avons
fait certaines privatisations touchant Louvem, Mines Seleine Newport,
SOQUIP-Alberta, la Scierie des Outardes. Alors, s'il y a des questions sur ces
transactions, il me fera plaisir d'y répondre et de donner le plus de
renseignements possible.
Le Président (M. Lemieux): Merci M. le ministre
délégué à la Privatisation. M. le
représentant de l'Opposition, M. le député de
Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci. Cela me fait plaisir qu'on ait un
peu de temps pour discuter de dossiers de privatisation parce qu'à
l'étude des crédits, c'est l'occasion de regarder ce qui s'est
fait au cours de la dernière année avec les sommes
dépensées, d'envisager la prochaine année, 1988-1989, et
de savoir un peu ce qui va se passer à l'intérieur du
ministère. Comme vous l'avez mentionné, M. le ministre
délégué à la Privatisation l'a aussi
mentionné, il ne s'agit pas d'approuver de grandes sommes d'argent dans
le cas du ministère puisque cela se trouve inclus à
l'intérieur du ministère des Finances, sauf qu'il reste que ce
sont des opérations importantes qui se sont passées au cours de
la dernière année et certes, j'aurai plusieurs questions.
J'aimerais mentionner au début de ce bloc de trois heures que
nous avons pour l'étude des crédits qu'à constater les
faits et gestes du gouvernement, plusieurs attitudes, non seulement du
gouvernement, mais du ministre délégué à la
Privatisation ont changé. La situation a évolué
passablement entre le dépôt du premier document qui a eu lieu dans
les trois mois qui ont suivi l'arrivée au pouvoir du présent
gouvernement, soit en février 1986, Privatisation des
sociétés d'État, Orientations et Perspectives, et par la
suite, le document de travail publié en juillet 1986 par un
comité sur la privatisation qui se rapportait au ministre
délégué à la Privatisation et qui s'intitulait De
la révolution tranquille... à l'an 2000, rapport qui se voulait
assez radical et qui faisait des recommandations au gouvernement. On y
reviendra. Il y eut par la suite un ensemble de faits et gestes de la part du
gouvernement. Jusqu'à tout récemment, voire la semaine
dernière, le ministre, lors de l'annonce des dernières
privatisations, faisait des déclarations - il me corrigera si je les
cite mal ou si je les comprends mal - à savoir que la privatisation pour
le présent mandat était, à toutes fins utiles,
terminée. Du moins, c'est comme cela que cela a été
interprété, c'est-à-dire qu'on mettait la pédale
douce, qu'on faisait un temps d'arrêt. Certes, la première
question qui nous vient à l'esprit, c'est: Que va-t-il arriver au
ministre puisqu'il reste seulement le ministre à privatiser à son
ministère? Que va-t-il arriver de ses ressources, de son personnel ou de
ses fonctions puisque, à toutes fins utiles, il nous annonce qu'il n'y
aura pas, d'ici à la fin du mandat, d'autres privatisations?
Je dois dire aussi qu'au cours des deux années et demie qui
viennent de s'écouler, j'ai été un ardent défenseur
de la façon dont se sont faites certaines privatisations. Je pense que,
pour certaines, il y avait lieu de le faire. Pour d'autres, il n'y avait pas
lieu de le faire et la façon dont certaines autres ont été
faites, cela a été des échecs qu'on peut
déjà prouver. Je pense particulièrement au cas de
Quebecair et à celui de la Raffinerie de sucre du Québec qui sont
loin d'être clairs. Par contre, dans d'autres domaines, l'avenir dira si
le gouvernement a posé les bons gestes, mais il reste que plusieurs des
recommandations du fameux rapport du comité des sages sur la
privatisation ont été mises de l'avant. J'aimerais savoir de la
part du ministre, dans un premier temps, puisque je pense qu'il y aurait lieu
qu'on échange des opinions de part et d'autre, de façon
générale, ce qu'il va arriver du ministère. Est-il exact,
M. le ministre, qu'effectivement, il n'y aura pas d'autres privatisations au
cours de la présente année et jusqu'à la fin du mandat,
comme il a été rapporté dans les journaux?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre. M. Pierre C.
Fortier
M. Fortier: M. le Président, dans un premier temps,
j'aimerais dire qu'il est vrai que le programme de privatisation que nous avons
fait depuis décembre 1985 a été impressionnant.
J'indiquais aux journalistes, lorsque nous revenions en avion des
Îles-de-la-Madeleine - cela est paru dans Le Soleil du 2 avril - que, de
fait,
l'ensemble des privatisations que nous avions fait se montait à
21 cas, si on inclut les plus grosses privatisations et d'autres plus mineures,
entre autres, des filiales de la Société nationale de l'amiante.
Cela représentait, grosso modo, pour les contribuables des
économies de l'ordre de 500 000 000 $. Depuis lors, j'ai fait faire un
tableau et on me l'a remis; il indique la valeur totale des transactions et il
représente toutes et chacune de ces privatisations. On arrive à
un total de la valeur de chacune des transactions, de l'ordre de 886 000 000 $.
Alors, je crois que c'est significatif. Notre objectif, nous l'avions dit, au
départ, était sûrement d'assainir les finances publiques,
mais notre deuxième objectif, si on examine le document que j'avais fait
publier - je crois que c'est en mars 1986 - Privatisation des
sociétés d'État, Orientations et Perspectives,
c'était un objectif que nous avions en tête, de faire ces
privatisations de façon à améliorer l'activité
économique et de s'assurer que, dans certains secteurs en particulier,
le développement économique serait accru.
Il y a différents exemples qui démontrent
qu'effectivement, certaines des privatisations se faisaient en faisant
confiance au secteur privé - je pense, en particulier, à
Madelipêche... On peut prendre l'exemple de Madelipêche parce que
c'est une société qui avait été privatisée
parce qu'une société privée d'une autre province
s'était retirée. Le gouvernement avait cru bon d'intervenir
massivement, mais avec des résultats financiers et économiques
désastreux. À la suite de la privatisation qui a fait que nous
avons vendu cette société à des gens des îles ou
à un groupe d'actionnaires des îles, des gens qui se sont repris
en main, on s'est aperçu que la gestion s'est améliorée de
beaucoup, non seulement la gestion sur terre, mais la gestion des navires qui
composent la flotte de Madeiipêche. Les chiffres qu'on me donnait pour
l'an dernier étaient... Je crois que les captures de poisson avaient
augmenté de 40 %, chose tout à fait inhabituelle parce que,
normalement, traditionnellement, la flotte de Madelipêche arrêtait
d'aller pêcher à Noël et était inactive en janvier,
février et même au début du mois de mars. Chose tout
à fait inhabituelle, cette année, la flotte n'a pas cessé
d'aller pêcher, elle a continué ses activités après
Noël. Elle a continué à aller pêcher en janvier et en
février.
Je sais bien que les prix du poisson sont meilleurs, cette année,
que ceux de l'an dernier et je veux indiquer que la privatisation de
Madelipêche semble faire la preuve que l'appui du gouvernement...
Même si on a privatisé, le gouvernement a quand même
facilité le paiement de la transaction et a donné son appui
pendant quelques années. Le fait que l'initiative soit revenue aux gens
des îles... On n'avait jamais fait confiance aux gens des îles. Je
crois que cette privatisation indique qu'en faisant confiance aux gens des
îles et en les appuyant par une transaction qui leur facilite les choses,
je l'admets, fait en sorte que, finalement, c'est la meilleure des choses qui
puissent exister pour Madelipêche et pour les gens des îles en
particulier. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous leur avons
également vendu Crustacés des îles, qui était en
déficit chronique.
La question se pose: Que va-t-il arriver du ministère? Je pense
bien qu'en ce qui concerne le ministère, je le répète, il
n'y a pas de ministère de la privatisation, comme tel. Depuis un certain
nombre d'années, il y a la Direction des sociétés
d'État, cela fait déjà huit ans. Ce groupe continue
à exister parce que sa fonction au ministère des Finances est de
faire le "monitoring" des différentes sociétés
d'État dont le ministre des Finances est actionnaire, de valider leurs
plans de développement, de voir aux avances, de vérifier tous les
décrets qui vont au Conseil des ministres.
Donc, en ce qui concerne les fonctionnaires comme tels, ils auront
toujours du pain sur la planche; cependant, je dois dire que, depuis que nous
avons enclenché l'opération de privatisation, ils ont
travaillé très fort. Je veux rendre hommage à toute
l'équipe qui est avec moi, aujourd'hui, et mentionner également
que M. Daniel Paillé, qui est le directeur de cette Direction des
sociétés d'État, qui a apporté une contribution
exemplaire au travail que nous avons fait, va se privatiser lui-même,
comme il le dit. Il va nous quitter à la fin du mois pour occuper un
autre poste. Il l'a dit publiquement. M. Daniel Paillé a joué un
rôle extraordinaire, il nous a été très loyal. Je
crois qu'il a été la cheville ouvrière avec son
équipe; il a une équipe très compétente.
Bien sûr, les hommes passent, mais je veux indiquer que le
ministère des Finances aura toujours besoin d'une équipe
légère - je crois que nous avons huit employés - quoique
l'an dernier, l'Opposition nous ait reproché l'embauche de certains
fonctionnaires. J'avais clairement expliqué, à ce
moment-là, que nous n'avions pas augmenté le nombre des
fonctionnaires pour réaliser notre programme de privatisation,
contrairement au gouvernement fédéral et contrairement à
d'autres gouvernements. Nous l'avons fait avec les moyens du bord et cela a
fait en sorte que ces mêmes fonctionnaires, qui vont continuer à
exercer leurs responsabilités au sein du ministère des Finances,
ont fait un travail additionnel qui leur a demandé beaucoup, même
si mon cabinet et même si les quelques conseillers consultants que nous
avons embauchés ont pu compléter le travail qui a
été fait par eux.
En ce qui concerne le ministre, bien sûr, nous avons encore
quelques opérations à faire. J'y reviendrai dans une minute.
Enfin, le député saura, et sait pertinemment, en plus
d'être responsable de la privatisation comme telle, que le ministre qui
vous parle est responsable des institutions financières et je dois
avouer que cela l'occupe de plus en plus, avec toute la réforme des
institutions financières en cours. Nous avons
fait adopter le projet de loi sur les sociétés de fiducie
et de prêts. Nous avons déposé, l'automne dernier, un livre
blanc sur la réforme des institutions financières. Hier, nous
avons déposé un document sur le décloisonnement des
intermédiaires de marché. Nous avons préparé une
nouvelle loi sur les caisses d'épargne et de crédit.
Donc, si on s'inquiète pour ma personne, je dirai: Ne vous
inquiétez pas trop. J'ai beaucoup de travail sur la planche. Mais il
reste - et je crois que cela sera utile de le faire, je remercie le
député de sa question - des opérations. (16 h 45)
Alors, si je prends le tableau sommaire qui apparaissait à la
page 27 du document que j'avais publié, qui avait été
approuvé par le Conseil des ministres et qui s'intitule Privatisation
des sociétés d'État, Orientations et Perspectives en
laissant de côté l'autre document qui était une
recommandation d'un comité formé de gens du secteur privé,
mais qui n'était pas un document approuvé par moi ou
approuvé par le gouvernement comme tel, qui constituait des
recommandations, ce document-ci était le document gouvernemental.
Alors, on peut passer en revue... Parce que nous avions dit que notre
préoccupation était de revoir la performance et de privatiser
certaines des sociétés à caractères commercial et
industriel. Alors, plusieurs de celles qui sont dans cette liste ont
été privatisées en très grande majorité.
Plusieurs ne l'ont pas été. Mais, lorsque j'ai indiqué
qu'il n'y aura pas de grandes privatisations d'ici à la prochaine
élection, c'est que je n'entrevois pas d'opérations majeures.
Mais on peut quand même faire le point sur ce qui reste à faire ou
ce qui est présentement en cours.
Prenons la présente liste. Hydro-Québec. Nous avons dit
clairement qu'il n'était nullement question de privatiser
Hydro-Québec. Loto-Québec non plus. La Raffinerie de sucre du
Québec a été privatisée et je ne partage nullement
l'opinion du député de Bertrand à savoir qu'on pourrait se
poser des questions sur l'utilité de la Raffinerie de sucre du
Québec. Les conditions économiques sont exactement les
mêmes que celles qui existaient au moment où on a fait la
privatisation. Eu égard à la situation qui prévaut ici au
Canada, contrairement à celle qui prévaut aux États-Unis
et en Europre, dans le Marché commun - dans ces contrées, il
existe un prix soutenu artificiellement par les gouvernements pour rentabiliser
les activités de raffinage de sucre à partir de la betterave - il
est bien certain qu'au Québec, au Canada, alors qu'on peut importer le
sucre à partir des surplus des autres pays, il est extrêmement
difficile, pour ne pas dire impossible, de rentabiliser une usine au
Québec. Notre opinion n'a pas changé à ce sujet. La
raffinerie est fermée et il n'est pas question de la rouvrir.
Je continue la liste. La prochaine, c'est la Société des
alcools du Québec. Le ministre de l'Industrie et du Commerce a
clairement indiqué sa préoccupation. À la suite de la
décision que nous avions arrêtée de privatiser des
succursales, la décision que le gouvernement avait prise et qui
était mise en oeuvre par le ministre de l'Industrie et du Commerce,
c'était de rentabiliser le plus possible les divers magasins de la SAQ.
Cependant, le député suit très bien les débats en
ce qui concerne le libre-échange. Il sait pertinemment que, dans ces
négociations, les Américains ont fait des demandes. Quoiqu'ils
n'aient pas obtenu tout ce qu'ils demandaient, il reste que les
Américains et également les Européens se posent de
sérieuses questions et ont des réserves sur les méthodes
employées au Québec, en Ontario et dans les autres provinces, en
ce qui concerne la mise en vente de certains vins.
Comme vous le savez, le gouvernement du Québec, dans les
épiceries en particulier, a privilégié la vente de vins
dits "canadiens" - entre guillemets - et privilégié certaines
compagnies. Ce genre de politique a été remis en question sans
succès par les Américains et semble vouloir être remis en
question par les Européens. Il se pourrait que, dans une prochaine
négociation du GATT, les Européens en particulier reviennent
à la charge et nous disent: Vous n'avez pas le droit de faire de
distinction entre les épiceries et les succursales de la
Société des alcools du Québec.
Je le répète, il n'y a aucun dossier de privatisation en
cours. Cependant, j'imagine qu'il faudrait bientôt s'interroger sur
l'impact qu'aurait un jugement du GATT ou une demande des Américains sur
la santé financière de la SAQ s'il fallait accéder
à une demande du GATT à savoir de permettre la vente des vins
européens dans les épiceries au Québec. On peut bien
penser que, si cela arrivait, cela remettrait en question la rentabilité
de la SAQ et il faudrait alors examiner l'impact que cela pourrait avoir et se
poser de sérieuses questions.
Le scénario que je décris ne viendra pas
immédiatement. Je crois que c'est un scénario à moyen et
à long terme. Je parle d'un scénario dans dix ans d'ici et je le
dis simplement pour indiquer que, quoiqu'il n'y ait aucun dossier de
privatisation d'ouvert présentement, je crois que, tôt ou tard, le
gouvernement devra se poser des questions à ce sujet-là.
Le prochain dossier sur la liste est SIDBEC. Le ministre de l'Industrie
et du Commerce a indiqué très clairement qu'il n'y avait, encore
là, aucun dossier de privatisation et, qu'au contraire, la
rentabilité de SIDBEC s'était améliorée.
Bien sûr, on peut penser que la rentabilité de SIDBEC s'est
améliorée par un effort accru des travailleurs, par la
collaboration des syndicats et par des efforts de la direction, mais il reste
qu'il faut constater que, quand on compare la "profitabilité" au chiffre
d'affaires, elle est, somme toute, marginale et elle survient au moment
où l'activité économique est à son
meilleur. Encore là, il faudra se poser des questions à
l'avenir et, en ce qui nous concerne aux Finances, nous suivons le dossier,
mais il n'y a aucun dossier de privatisation. Il faudra aussi se poser des
questions à savoir si, à l'avenir, SIDBEC pourrait se
développer soit par des participations comme celle qu'elle vient
d'annoncer, dans le cas d'une usine de galvanoplastie, ou s'il faudrait
considérer d'autres moyens.
En ce qui concerne la Société générale de
financement, nous avons procédé, comme vous le savez, à la
privatisation de Donohue. Concernant Domtar, quoique de nombreuses demandes
nous parviennent, la décision du gouvernement est de ne pas bouger
présentement, donc, de ne pas privatiser, si on peut parler de
privatisation de Domtar. Pour le moment, c'est le statu quo. Lorsque la
décision a été prise, nous avons dit que, pour le moment,
il n'y aurait aucune privatisation. Par ailleurs, je sais que la, SGF continue
à faire du délestage comme elle l'a fait sous le gouvernement
précédent et qu'il y a un programme de réorganisation de
la SGF, mais je crois que les questions à ce sujet-là devraient
être adressées au ministre de l'Industrie et du Commerce parce que
nous ne sommes pas impliqués, quant à la privatisation, dans
l'ensemble de ces activités.
En ce qui concerne la Société nationale de l'amiante, vous
savez que nous avons privatisé plusieurs filiales. Au fur et à
mesure qu'on peut privatiser certaines des petites filiales, nous le
faisons.
En ce qui concerne SOQUEM, avec la vente de Mines Seleine, c'est donc
dire que toutes les filiales, ou à peu près, de SOQUEM ont
été privatisées et que SOQUEM revient à sa mission
initiale qui est de faire de la prospection, tel que c'était le cas en
1963 ou 1964.
En ce qui concerne SOQUIP, nous avons - entre guillemets -
privatisé SOQUIP-Alberta parce qu'il y avait, d'une part, des
difficultés financières importantes eu égard aux prix du
pétrole et du gaz dans l'Ouest canadien. Si vous le désirez, on
pourrait parler de la transaction qui a eu lieu. Il y a quelques mois, nous
avons enclenché un processus d'étude de la privatisation de
certains actifs de SOQUIP. Le travail de ce côté a
été suspendu parce que le ministère de l'Énergie et
des Ressources désirait mettre au point sa politique
énergétique avant de définir quel serait l'avenir de
SOQUIP. Je crois que cela est tout à fait raisonnable. Donc, de ce
côté, nous attendons le ministère de l'Énergie et
des Ressources.
En ce qui concerne REXFOR, le dossier est enclenché. Aujourd'hui
même, ce matin, nous sommes allés au Comité
ministériel de développement économique et à la
suite de la formation d'un comité dit de privatisation et de
réorientation des sociétés d'État, M.
Côté, ministre délégué aux Mines, M. Ciaccia,
ministre de l'Énergie et des Ressources et moi-même avons fait
préparer un document de réorientation de
REXFOR. En temps et lieu, nous vous le ferons connaître. Nous
allons aller au Conseil des ministres. Donc, la réorientation de REXFOR
sera connue. Mais, en gros, je peux dire ceci: C'est que REXFOR, comme outil de
développement, serait maintenu, mais il pourrait y avoir privatisation
de certaines filiales.
Je continue la liste. En ce qui concerne la Société
québécoise des transports, avec la privatisation de Quebecair, je
ne sais pas si cette société existe encore, mais elle n'a plus
oeuvre utile. Ce n'est qu'un véhicule qui n'a aucune espèce
d'importance pour le moment.
Madelipêche a été privatisée. Quant à
la Société de développement de la Baie James, je crois que
le gouvernement précédent a décidé de liquider
certains actifs et cette société existe uniquement pour des fins
juridiques. Concernant SEPAQ, il n'y a pas de comité de privatisation
comme tel et SOQUIA se trouve... Alors, il y a deux dossiers de
réorientation dans le moment. Ce sont les dossiers de REXFOR et SOQUIA.
Dans les deux cas, une fois que la réorientation sera approuvée
par le Conseil des ministres, il pourrait y avoir des privatisations partielles
de certaines filiales, mais, dans le moment, aucune décision n'est
prise.
Lorsqu'on dit qu'il n'y aura plus de privatisation avant le prochain
mandat, ce que j'ai voulu indiquer, c'est qu'il n'y aura pas de grosses
privatisations du genre Donohue ou Madelipêche ou Mines Seleine. Il
pourrait y avoir de petites opérations, mais il y aura également
des opérations de réorientation des sociétés
d'État. Dans le cas de SOQUIP, de REXFOR ou de SOQUIA, mon groupe et mon
cabinet continuent de suivre les activités de ce côté.
C'est donc dire que, lorsque j'ai indiqué qu'il n'y aura pas de
dossier de privatisation, on parlait de gros dossiers de privatisation. Il y a
encore deux ou trois dossiers de réorientation et il pourra y avoir des
mini-dossiers - j'appelle cela des mini-dossiers - des ventes ponctuelles.
Parfois, il s'agit de filiales de REXFOR ou d'autres sociétés
d'État, mais il ne s'agit pas d'opérations d'envergure.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le ministre. M. le
Président, si vous permettez...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): J'apprécie le fait que le ministre
ait fait le tour rapidement des différentes sociétés
d'État qui avaient été identifiées par le
même comité dont on a parlé tantôt sur le rapport sur
les sociétés d'État comme étant des entreprises
à activités, des entreprises stratégiques dont on avait
recommandé, dans leur ensemble, la privatisation. Je suis aussi heureux
de voir que le ministre tient,
en ce 13 avril 1988, un langage peut-être un peu plus serein quant
à la privatisation. Cela semble être quelque chose de beaucoup
moins important que le discours qu'il a tenu il y a un an ou deux ans.
Je pense que le ministre s'est rendu compte, comme son gouvernement, que
la privatisation de l'ensemble des sociétés d'État,
même s'il y en a plusieurs qui ont eu lieu, d'autres n'ont pas eu lieu.
Le ministre s'est certes rendu compte que ce n'était pas là la
solution à tous les maux et même qu'il y avait - on y reviendra
tantôt - certaines sociétés d'État qui n'ont
peut-être pas été une réussite quant à la
privatisation. J'espère que l'Opposition a fait prendre conscience au
gouvernement, cette dernière année, de l'importance de mettre la
pédale douce. Là, je fais allusion particulièrement au
cas... Sans prétention d'aucune part, je pense que le débat qui a
eu lieu sur la place publique, à un moment donné, et dans les
éditoriaux qui ont été écrits ont peut-être
fait prendre conscience au gouvernement que s'en aller privatiser, comme on
était en train de le faire, particulièrement l'autre morceau
important de la SGF, qui était le morceau de Domtar, aurait
été une erreur magistrale.
Là où j'ai de la difficulté à suivre un peu,
c'est que, oui, il y avait des canards boiteux, oui, il y avait des
sociétés qui perdaient de l'argent. À moyen et à
long terme, on ne sait pas ce que cela aurait donné, sauf que le
ministre se rend compte que, que ce soit dans le cas de SIOBEC, que ce soit
dans le cas de sociétés, par exemple, comme Pétromont
où, il y a quelques années, SIDBEC perdait 10 000 000 $, 15 000
000 $, 20 000 000 $ par année... À Pétromont, dans le
domaine de la pétrochimie, c'est la même chose. Je me souviens, en
1985, 1986, on parlait, à ce moment, aussi d'embarquer SIDBEC dans la
privatisation. (17 heures)
Je me dis qu'à moyen terme, les gestes qui ont été
posés dans le passé, sur une vue à moyen et à long
terme, permettent peut-être aussi de prouver, aujourd'hui, que SIDBEC
peut être une entreprise rentable grâce à la collaboration,
entre autres, bien sûr, des travailleurs, mais je pense que c'est un
ensemble de facteurs qui font qu'il y a des sociétés
d'État qui ont prouvé leur rentabilité. Là
où je comprends moins bien, c'est qu'il y a des sociétés
qui étaient rentables et qui ont été vendues. On n'a
qu'à penser à Donohue-Cambior. Il y a des sociétés
qui sont rentables, mais que là on ne veut plus vendre. Alors, c'est
quoi au juste? Pourquoi? J'aimerais que le ministre m'explique le plus
simplement possible pourquoi on a décidé de freiner aujourd'hui
la privatisation? Pourquoi y a-t-il certaines sociétés dont on
s'aperçoit qu'elles peuvent être rentables et qu'on a
décidé de les garder, alors que d'autres qui sont rentables sont
mises en vente?
La ligne n'est pas tout à fait très claire quant à
savoir où s'en va le gouvernement et pourquoi il a posé certains
gestes? Pourquoi? Je ne comprends pas encore pourquoi il a vendu Cambior pas
plus que pourquoi il a vendu Donohue, mais que, là, tout d'un coup, on
ne veut plus privatiser SIDBEC. Je ne dis pas qu'il faut la privatiser, mais le
ministre nous a dit tantôt que, maintenant que Sidbec était
rentable, on va probablement la garder. Qui nous dit que cela n'aurait pas
été le cas d'autres sociétés d'État? Quelle
est la raison qui fait qu'aujourd'hui, on marque un temps d'arrêt, et
qu'on s'aperçoit qu'il faut y aller mollo dans la privatisation et qu'il
y a des privatisations qui ont été des gestes
prématurés de la part du gouvernement?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre. M. Pierre C.
Fortier
M. Fortier: M. le Président, je crois que si nous
relisions les comptes rendus de l'étude des crédits de l'an
dernier, nous constaterions que le député a tenu le même
langage que celui qu'il tient cette année et que, dès l'an
dernier, il était très clair que le rythme des privatisations
ayait baissé. Je parle du mois de mars l'an dernier alors que, lors de
l'étude des crédits, on avait indiqué très
clairement les motifs pour lesquels il n'était plus aussi
nécessaire de faire autant de privatisations.
Il est très clair pour nous que, lorsque nous avons pris le
pouvoir, il y avait un ensemble de canards boiteux qu'on nous avait
laissés et qu'il fallait absolument faire le ménage pour
s'assurer que les contribuables n'aient pas à assumer continuellement
des dettes et des déficits d'exploitation. D'ailleurs, je ferai
remarquer au député de Bertrand que, pour l'ensemble de ce
nettoyage des canards boiteux, nous avons reçu très
chaleureusement et très honnêtement des appuis, provenant d'un
professeur des HEC, M. Jacques Parizeau. Je crois que c'était
nécessaire. Je me souviens très clairement que M. Parizeau avait
indiqué qu'il était nécessaire de faire le ménage.
Nous l'avons fait, parce que, lorsque nous étions dans l'Opposition,
nous avions fait notre travail et nous savions qu'en arrivant au pouvoir, il
serait nécessaire de faire ce ménage et nous l'avons fait
très rapidement.
Le député me demande: Quels sont les principes qui vous
guident? Il a cité tout à l'heure le document d'orientations et
de perspectives sur la privatisation des sociétés d'État.
Nous disons, dans ce document, que certaines sociétés
d'État pourraient être préservées mais que, par
ailleurs, nous croyons que, dans la mesure où des
Québécois surtout pouvaient assumer des responsabilités
dans le secteur commercial et industriel, il serait de beaucoup
préférable que ces responsabilités soient assumées
par le secteur privé.
C'est donc dire, si on pense à SIDBEC, que
le jugement qui peut être fait ou qui a été fait par
les gouvernements qui se sont succédé, c'est qu'à venir
jusqu'à maintenant, il ne semble pas qu'il y ait eu beaucoup de gens du
secteur privé au Québec qui pouvaient assumer cette
responsabilité.
Le député parle de rentabilité. Moi, je suis,
très fier du fait que, finalement, SIDBEC se soit sortie du trou, mais
il ne faudrait pas crier à la rentabilité trop vite. J'ai ici le
rapport de SIDBEC-Dosco. On dit qu'en 1987, le chiffre des ventes était
de 568 000 000 $ et, avec cela, on a eu un profit de 8 900 000 $. Alors, il
s'agit d'une rentabilité plutôt marginale. Donc, ce que
j'indiquais tout à l'heure et, pour le moment, c'est l'objectif
poursuivi par mon collègue de l'Industrie et du Commerce avec la
direction de SIDBEC et je rends hommage au conseil d'administration et à
la direction de SIDBEC, c'était de chercher à en atteindre une
meilleure exploitation, de la rentabiliser. Mais, la question qu'il faudra se
poser tôt ou tard, c'est: Est-ce qu'une participation du secteur
privé pourrait accélérer le développement de SIDBEC
et d'investir les montants d'argent qui devraient être investis dans
SIDBEC? Ce n'est pas avec ce genre de profits - je n'ai pas le cash flow devant
moi - ou avec le cash flow de SIDBEC qu'on va pouvoir investir 50 000 000 $ ou
100 000 000 $ pour moderniser les équipements qui sont là. C'est
toujours la même raison.
Hier, le gouvernement fédéral annonçait la
privatisation d'Air Canada. Enfin, je ne veux pas entrer dans le débat,
mais il reste que la solution soit pour le ministre des Finances du Canada ou
du Québec, c'est d'investir davantage dans les sociétés
d'État et, dans la mesure où on peut, trouver un actionnaire
ayant les reins solides, engagé au Québec, convaincu qu'il va
assurer le développement économique du Québec - ce sont
des critères - c'est dans ce sens-là qu'on pourrait penser,
éventuellement... Je crois que le ministre de l'Industrie et du Commerce
a été très honnête en disant que, dans le moment, il
n'y a aucun comité conjoint et qu'il n'y a pas d'étude de
privatisation, mais il n'a pas rejeté du revers de la main la
possibilité qu'il y ait une participation du secteur privé.
Éventuellement, on va vouloir investir 25 000 000 $, 50 000 000 $ ou 75
000 000 $ dans SIDBEC et, à ce moment-là, le gouvernement devra
décider si c'est le ministre des Finances qui investit ou s'il n'y aura
pas au Québec un entrepreneur, un industriel ayant les reins assez
solides pour participer au développement de SIDBEC? Je pense qu'il n'y a
rien de mauvais à suggérer cette possibilité, qui n'est
pas étudiée, présentement, d'une façon très
précise parce qu'il n'y a pas de programme de privatisation comme
tel.
Pour ce qui est de Domtar, le député nous dit que c'est
à cause de l'Opposition si on ne l'a pas privatisée. Je m'excuse.
Si on n'a pas privatisé Domtar lorsque nous avons mis en vente
Donohue et Domtar, c'est parce que, d'une part, certains groupes nous
avaient indiqué leur intérêt, mais lorsqu'ils ont vu les
prix en Bourse de Domtar - les prix des actions ont remonté en Bourse -
ceux-ci se sont désistés. Finalement, nous n'avons reçu
aucune offre. Si nous n'avons pas vendu Domtar, c'est tout simplement parce que
nous n'avons reçu aucune offre valable et que nous avons
décidé de suspendre l'opération. La décision du
gouvernement, à ce moment-là, a été de suspendre
indéfiniment. Donc, le moment où nous pourrions procéder
à cela est indéfini dans le temps. C'est la raison pour laquelle,
je ne veux partir aucune rumeur là-dessus parce qu'il s'agit d'une
société publique, je dis: II n'est pas question,
présentement, de vendre les actions de Domtar; cela est très
clair. D'ailleurs, ce ne serait pas le moment, les actions en Bourse ne sont
pas très élevées. Comme on est un gouvernement qui cherche
à maximiser les revenus, lorsqu'on le fera, on le fera pour maximiser
nos revenus. Encore là, ce seront les mêmes préoccupations:
trouver un industriel du secteur privé, un Québécois de
préférence, capable d'assurer le développement de Domtar,
mais il n'en est pas question pour le moment.
Parlons de Cambior. Vous savez que SOQUEM avait des dettes de 100 000
000 $. SI on n'avait pas privatisé Cambior, le ministre des Finances
aurait dû payer 100 000 000 $ aux banques parce qu'il y avait une dette.
SOQUEM, à toutes fins utiles, était en faillite. Alors, la
privatisation de Cambior, non seulement a permis d'éteindre la dette de
100 000 000 $ qui existait dans SOQUEM, mais, en plus, on a pu laisser un
capital-actions dans Cambior de l'ordre... On a 7 000 000 d'actions, mais le
capital qu'on a laissé était de 30 000 000 $. On a laissé
30 000 000 $ dans Cambior, ce qui lui a permis d'acheter des compagnies qui
étaient en difficulté, d'en assurer le développement. On
m'indique le chiffre: elle a fait pour 26 000 000 $ d'explorations en 1987.
Jamais SOQUEM n'aurait été en mesure de faire pour 26 000 000 $
d'explorations en 1987, à moins que le ministre des Finances n'avance
ces 26 000 000 $. Non seulement on a éteint la dette, non seulement on a
créé une entité extrêmement dynamique, qui a permis
à d'autres sociétés minières, qui étaient en
difficulté, de se fusionner avec Cambior et donc de régler des
problèmes importants en Abitibi, mais on a créé une
entité très dynamique qui investit dans le développement
de l'Abitibi et qui procède, en coparticipation avec d'autres
participants du secteur privé, à de l'exploration qui, je suis
sûr, va assurer un développement plus grand pour l'Abitibi.
Alors, notre politique est très claire. Je crois que la
privatisation qu'on a faite de Cambior s'explique par elle-même. Nous
avons également vendu la participation que nous avions dans Louvem. Nous
l'avons vendue à Sainte-Geneviève, pour une bonne raison, c'est
que non seulement cela nous a donné un revenu en la
vendant, mais Louvem avait absolument besoin de 10 000 000 $, sinon elle
était en difficulté parce qu'elle avait des engagements de
développement en particulier. Donc, en vendant, nous avons trouvé
un acheteur qui non seulement a payé pour les actions qu'on lui a
vendues, mais qui a pu investir 10 000 000 $ dans le plan de
développement de Louvem.
On voit que ces privatisations ont avantagé le
développement économique de l'Abitibi, je pense à celles
de Louvem et de Cambior. On pense à Madelipêche, à Mines
Seleine et à Crustacés des îles, cela va avantager le
développement économique des Îles-de-la-Madeleine. D'une
façon générale, la plupart de ces privatisations non
seulement vont avantager le développement économique des
régions où elles se trouvent, mais cela évite au ministre
des Finances d'être le payeur des déficits d'opération, et
également, cela fait en sorte que le secteur privé investit dans
Cambior, dans Madelipêche et dans Crustacés des îles. Il ne
s'agit pas de compagnies publiques, il s'agit de compagnies privées.
Finalement, je crois que nous avons le meilleur des deux mondes, où nous
nous sommes retirés et où le secteur privé s'est
impliqué et assure le développement de ces compagnies ainsi que
le développement économique du Québec. Je pense que le
député sera d'accord avec moi sur le fait que l'objectif pour le
gouvernement n'est pas de s'impliquer absolument lorsqu'il y a des gens du
secteur privé qui sont capables de jouer ce rôle, mais il s'agit
pour nous de se retirer lorsque le secteur privé peut remplir ce
rôle.
J'ai toujours dit dans mes discours et je le répète: Je
n'ai jamais condamné ce qui s'est fait durant la Révolution
tranquille. D'ailleurs, chose assez curieuse, c'est un gouvernement
libéral, dans les années soixante, sous Jean Lesage, qui a
créé plusieurs de ces sociétés d'État.
Contrairement à ce qui s'est fait en Angleterre ou en France où
ce sont des gouvernements socialistes qui ont nationalisé des industries
et ensuite des gouvernements conservateurs qui ont défait ce qui avait
été fait avant, au Québec, on se retrouve dans cette
situation où un gouvernement libéral, qui avait, dans les
années soixante et même dans les années soixante-dix,
créé des sociétés d'État, ce même
gouvernement libéral, maintenant, a procédé à
plusieurs privatisations. Si on a fait cela dans les années soixante et
si maintenant nous décidons de privatiser certaines de ces
sociétés d'État, c'est, dans un cas et dans l'autre, pour
des raisons tout à fait pragmatiques et pour les raisons que j'ai
exprimées tout à l'heure. On n'a jamais été
doctrinaires à ce sujet et nous ne privatisons que lorsque nous croyons
que c'est dans le meilleur intérêt économique et dans le
meilleur intérêt financier des contribuables du Québec.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
Discussion générale
M. Parent (Bertrand): L'heure avance rapidement et le temps mis
à ma disposition est quand même très restreint. Avant de
passer cas par cas, parce que j'ai plusieurs questions, le dernier commentaire
d'ordre général, par rapport aux remarques préliminaires
qui ont été faites par le ministre et par moi-même, je
déplore carrément le manque de cohérence. D'un
côté, pendant deux ans vous et votre gouvernement avez tenu le
discours qu'il fallait que l'État se retire, qu'il fallait laisser la
place à l'entreprise privée. Je suis de l'entreprise
privée, vous venez de l'entreprise privée, je veux bien que
l'entreprise privée joue son rôle, mais je pense qu'elle ne peut
pas tout régler. Il y a des endroits où l'entreprise
privée n'est même pas preneur pour toutes sortes de raisons, et
vous le savez fort bien. Il y a d'autres endroits où l'État doit
être là pour toutes sortes d'autres considérations.
Pendant les deux dernières années de privatisations,
mandat que vous aviez, on a vu que le même gouvernement a cru bon de
s'impliquer avec la SGF dans Marine. Qu'on regarde aujourd'hui ce que cela a
donné. C'est dommage de constater la perte des contrats, mais le
même gouvernement qui disait qu'il ne fallait pas s'impliquer a eu une
occasion et il s'est impliqué. Premièrement, c'est un manque de
cohérence. (17 h 15)
Deuxièmement, je dis: Oui, vous avez vendu des choses qui
étaient des morceaux importants qui ont apporté du capital, qui
ont permis de financer peut-être certaines activités, mais je
pense que ces gestes ont été posés
prématurément d'après différentes excuses qui sont
données. Vous dites: On a atteint nos objectifs de créer une
activité économique, de faire jouer un rôle dans les
milieux, dans le domaine minier, que ce soit en Abitibi ou ailleurs. Je vous
dis que je ne suis pas d'accord. J'aimerais beaucoup que vous puissiez
déposer le bilan, dont vous nous parliez tantôt et dont il a
été question dans les journaux, où vous faisiez part d'un
bilan de 500 000 000 $. Vous nous avez dit: Aujourd'hui, j'ai fait le
décompte. C'est plus que cela. Ce sont environ 800 000 000 $. Je veux
bien. On va l'analyser. On ne pourra pas faire l'exercice aujourd'hui. Mais
quand on va faire le bilan, on va regarder les deux côtés, les
profits qui auraient pu être faits d'un côté, et les pertes
qui auraient pu être faites d'un autre côté seront des
choses à prendre en considération. Mais il y a des emplois
à prendre en considération aussi. Prenez juste dans le cas de la
raffinerie de sucre, il y a eu 143 mises à pied. Il y a eu 300 emplois
indirects qui ont été perdus. Il y a 368 producteurs qui ont
été laissés pour compte. Est-ce que vous avez
mesuré tous les effets indirects? Est-ce qu'ils sont dans votre impact
des 500 000 000 $ ou des 800 000 000 $?
Ce que je dis, M. le ministre, c'est qu'il n'y a pas eu de
cohérence. Il y a eu une idéologie
de privatiser. On a rebroussé chemin. Et Dieu merci! Si ce n'est
pas l'Opposition - prenez-en le crédit, je ne veux pas le prendre - qui
vous a fait revirer, cela ne me dérange pas. L'important, c'est que vous
n'ayez pas vendu des sociétés aussi importantes que Domtar et que
vous ayez rebroussé chemin parce que vous n'aviez pas de preneurs et
qu'il y avait des conditions très spéciales.
Mais je trouve dommage, par exemple, même si vous pensez que
d'avoir privatisé Cambior est un fleuron pour vous, ministre, ce qui
s'est passé et la façon dont cela s'est passé. La
même chose dans le cas de la raffinerie de sucre. On pourra discourir
longtemps sur le bien fondé de privatiser ou de ne pas avoir
privatisé la raffinerie de sucre. On se rejoindrait possiblement sur le
fonds, je dis bien possiblement. Mais, c'est sur la forme et la façon
dont les choses se sont passées. On y reviendra tantôt dans le cas
de la raffinerie de sucre. Je ne veux pas brasser des affaires d'il y a trois
ans. Sauf qu'il y avait des échéances et qu'il y avait des
engagements dans le contrat de vente, qui a été
déposé et que j'ai parcouru, qui doivent placer le gouvernement
devant certaines obligations.
Mais revenons-en à l'essentiel. C'est que ce n'est pas tellement
sur le fonds parfois. Parce que s'il y avait des canards boiteux, s'il y avait
des correctifs à apporter, possiblement que demain matin il y aura un
autre gouvernement, de quelque parti que ce soit, qui s'apercevra que l'achat
de Marine, 65 % de Marine, est une erreur et il devra la corriger. Ce n'est pas
parce qu'il y a eu des gestes posés, qu'il faut vivre avec. Mais souvent
c'est la façon dont cela a été fait. Et, dans le cas de
Cambior, vous savez fort bien que je n'ai jamais été d'accord
avec la façon dont cela s'est fait.
Pourquoi, aujourd'hui, voit-on des gens de l'entreprise privée
bénéficier... Les actions sont actuellement cotées en
Bourse à peu près à 16 $, plus le demi-bon de garantie qui
a été donné, ce qui fait 19 $ pour ce qui a
été vendu à 10 $. C'est le même
phénomène même pas douze mois après, disons 24 mois
après, on a une situation où les actions de Cambior qui se sont
vendues à 10 $, qui étaient l'argent des con-tribuables - vous
avez empoché 170 000 000 $ - en valent quelque 300 000 000 $
aujourd'hui. Parce que c'est cela la vérité.
Et ce que j'avais dit à ce moment-là, c'est qu'il y avait
des richesses minières. Il y avait des galeries souterraines. Il y avait
des choses qui étaient là dans le prospectus et qu'il y avait un
avenir florissant de ce côté-là. Peut-être que SOQUEM
n'aurait pas été capable d'avoir la même rentabilité
que l'entreprise privée. Mais vous savez, quand on regarde cela du point
de vue d'un payeur de taxes, comme un simple contribuable qui dit: Pourquoi le
gouvernement s'est-il départi de quelque chose qui valait 10 $ au mois
de juillet 1986 - si ma mémoire est bonne, {uillet ou août 1986 -
et tout d'un coup on apprend que cela vaut 19 $... C'est ce que cela vaut
aujourd'hui. Je ne sais pas moi. Je pense que ce n'est pas
nécessairement une bonne utilisation. C'est sûr que sur le coup
vous avez empoché des sommes d'argent. Mais les bénéfices
qui se font à travers Cambior seraient drôlement bienvenus pour
être capable de jouer d'autres rôles, possiblement dans d'autres
sociétés d'État. Et c'est pour cela que je dis que c'est
un manque de cohérence, parce que c'est deux poids, deux mesures.
Qu'est-ce qu'on va faire dans deux ans d'ici avec l'argent de la SGF,
cette même SGF qu'on a dépouillé de la
société Donohue? Qu'est-ce qu'on va faire avec le bloc de Marine,
si on n'est plus capable de le faire opérer? On va se ramasser avec un
canard boiteux. J'espère que non. J'espère que je ne vois pas
trop noir. Mais ce que je veux dire, M. le ministre, c'est que d'un
côté vous faisiez quelque chose de la main gauche, et de la main
droite, il y a un autre ministre dans le même gouvernement qui faisait
d'autres choses avec toutes sortes de bonnes raisons. Une chance que cela ne
s'est pas multiplié, mais il reste des faits drôlement importants.
C'est que vous avez mis les freins sur certaines sociétés
d'État. Vous avez dit que vous étiez pour privatiser puis vous
avez décidé de ne pas le faire pour différentes raisons.
Je dis tant mieux et bravo. Vous en avez privatisé d'autres et vous y
êtes allé trop rapidement. Vous n'avez pas pris certaines
précautions. Le bilan, après deux ans - on doit parler de bilan
puisque votre mandat est presque terminé - des gros morceaux, comme vous
le mentionniez... Faites le bilan des 500 000 000 $ si vous voulez, mais
faites-le avec les actifs et les passifs; mettez tout dans la balance; les
jobs, directs et indirects, ce que cela a créé, ce que cela va
apporter et ce que cela coûte au bout, et on va s'apercevoir que l'argent
que vous escomptiez entrer dans les coffres du gouvernement, d'abord il n'en
est pas entré autant que prévu, du moins c'est le ministre des
Finances qui nous l'a confirmé. On pourra voir, avec les rapports
financiers, avec la synthèse des opérations financières au
31 décembre dernier, que ces sommes, prévues pour la
privatisation, même l'année passée et cette année,
ne sont pas celles que vous aviez escomptées. C'était quoi
l'opération? C'était une opération strictement
financière. Elle n'a pas autant fonctionné. Dieu merci, je pense
que la liste a été écourtée et on peut maintenant
penser à redresser... Vous avez parlé tantôt de REXFOR.
Vous avez parlé tantôt d'une autre société
d'État, SOQUIA, où on parle de réorientation, de nouveau
mandat. Je veux bien et on regardera ce que cela donne. D'avoir vendu des
morceaux importants et complètement, je dis que c'est dommage; je ne
suis pas d'accord. Vous pouvez certes penser différemment. À la
suite du bilan que vous avez fait aux médias il y a quelques semaines ou
quelques jours, vous avez dit que vous aviez manqué votre coup dans
la privatisation de certaines sociétés. Ce ne sont
peut-être pas les termes que vous avez utilisés, mais vous
étiez plus ou moins satisfait. J'aimerais que vous puissiez nous dire
quelles sont les sociétés d'État pour lesquelles vous avez
manqué votre coup dans leur privatisation.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, je ne voudrais pas revenir
sur tout ce qui a été dit parce qu'on se répète un
peu sur les avantages et les désavantages économiques et
financiers. Concernant la dernière question, j'ai indiqué aux
journalistes, qui sont venus avec nous aux Îles-de-la-Madeleine, que
l'expérience acquise nous a appris à faire les choses d'une
façon mieux structurée. En toute honnêteté, je ne
crois pas que les résultats auraient changé en quoi que ce soit.
Autrement dit, je ne crois pas que dans tel ou tel cas qui a été
fait au début le choix des acheteurs éventuels aurait
été différent. On pense à Quebecair qui demandait,
d'après nous, une restructuration complète alors que les
employés croyaient qu'ils pouvaient faire fonctionner la compagnie sur
la même base que celle qui existait auparavant. J'ai voulu indiquer que
l'expérience nous a démontré qu'il est
préférable d'avoir une approche. Là, on parle du processus
qui est suivi plutôt que du résultat comme tel. Dans le cas de
Mines Seleine, voici la façon dont on a procédé. Au
début, le gouvernement a indiqué très clairement les
quatre conditions qui devaient être respectées. Nous avons
demandé à SOQUEM d'engager une maison privée pour
gérer tout le processus de vente et elle a retenu les services de Caron
Bélanger Clarkson Gordon. Cette dernière firme a
préparé un prospectus - on peut l'appeler comme cela - de vente
avec une information méthodique où les conditions étaient
très clairement établies. Elle est allée en appel d'offres
et les dates étaient très claires. D'ailleurs, nous avions
procédé de la même façon dans le cas de Dono-hue.
Autrement dit, j'ai voulu indiquer que, lorsqu'on procède sur une base
très méthodique, comme nous l'avons fait dernièrement dans
le cas de Mines Seleine et comme on l'a fait dans le cas de Donohue... Cambior,
c'était différent parce qu'on ne vendait pas des actifs comme
tels. Lorsqu'on le fait comme cela, cela facilite de beaucoup la transparence
des opérations et cela permet à quiconque veut faire une offre de
la faire d'une façon qui est la mieux structurée. J'aurais
espéré, dans le cas de Mines Seleine, que des compagnies du
secteur privé québécois nous fassent des offres. De fait,
deux compagnies du secteur privé nous ont fait des offres. Avant que
nous allions en soumissions, certaines personnes nous avaient dit: Nous allons
nous mettre ensemble et nous allons nous associer à une compagnie
étrangère. Nous misions beaucoup là-dessus. De toute
façon, une fois que l'opération a été
enclenchée par Clarkson Gordon, j'ai arrêté
complètement de parler à ceux qui faisaient des offres. Il
était très clair que ceux qui désiraient faire une offre
devaient s'adresser à Clarkson Gordon et faire une offre à la
date et à l'heure requises par Clarkson Gordon.
C'est ce que j'ai voulu dire. Il est très clair, à
l'expérience, que lorsqu'on procède de façon
méthodique, je crois que c'est plus facile pour le gouvernement de
gérer .l'opération de loin, c'est plus facile pour la
société d'État de participer de façon très
directe, mais je crois que le gros avantage c'est que cela permet aux gens du
secteur privé de connaître les règles du jeu de
façon très claire. Ce fut le cas dans le cas de Mines Seleine, ce
fut le cas pour Donohue ainsi que dans plusieurs des cas que nous avons eus
dernièrement. J'ai voulu simplement indiquer que nous n'avons
peut-être pas toujours suivi au début une méthodologie
aussi stricte, mais je ne crois pas que cela aurait changé quoi que ce
soit dans les résultats et dans le choix des acheteurs qui ont
été choisis, en définitive.
M. Parent (Bertrand): Pour revenir à la question, M. le
ministre, à quelle entreprise faisiez-vous allusion en déclarant
que votre gouvernement, que vous-même, je ne retrouve pas les termes
exacts, n'étiez pas satisfait de la façon dont cela
s'était passé et que certaines réalisations, surtout
celles en début de mandat, n'ont pas toujours connu un succès?
Est-ce que vous parliez particulièrement de la privatisation de
Quebecair? Est-ce que vous faisiez allusion au cas de la raffinerie de sucre ou
à quelqu'autre privatisation? Est-ce qu'on pourrait savoir de quelle...
Là, vous nous dites: On a pris de l'expérience et maintenant on
est plus méthodique. Les dernières qu'on a faites étaient
excellentes. Quant aux premières, de quelles privatisations parlez-vous
où vous avez manqué un peu de méthode?
M. Fortier: Ce que j'ai voulu indiquer aux journalistes, c'est
justement ce que je viens de dire. Il est clair, si on prend Mines Seleine en
particulier, qu'on a procédé d'une façon très
méthodique. On a impliqué le syndicat à partir du tout
début. Plus que cela, nous avons gardé contact avec le syndicat
continuellement. Ce qui arrive très souvent, quand je parle d'être
méthodique et d'un processus plus clair, c'est qu'il est clair qu'une
privatisation change les règles du jeu. Il est normal que les
employés soient inquiets. Il est normal que les cadres de l'entreprise
soient également inquiets. D'ailleurs, quand on change d'actionnaire
principal, l'inquiétude se manifeste de la même façon.
Quand je pense à l'achat qu'a fait Robert Campeau aux États-Unis
de Federated Stores, j'étais à New York au moment où la
transaction s'est faite et je lisais les journaux. Il est clair que la
direction et les employés actuels de Federated Stores étaient
très inquiets. Dans un sens, cela n'a rien à voir avec la
privatisation, cela a trait à un
changement important d'actionnaires.
Ce que j'ai voulu indiquer, c'est qu'avec l'expérience, je le dis
bien candidement, nous avons amélioré nos méthodes de
communication avec le syndicat, nos méthodes de mise en vente de la
compagnie. Encore là, je le répète, je ne crois pas que
les résultats soient différents mais ils sont mieux
acceptés, il y a moins de craintes manifestées par les dirigeants
syndicaux ou par les employés eux-mêmes.
Si vous prenez le cas de Madelipêche et de Mines Seleine, nous
avons pris la peine, mon collègue des Mines dans le cas de Mines Seleine
et mon collègue délégué aux Pêches dans le
cas de Madelipêche, d'aller annoncer la vente aux
Îles-de-la-Madeleine, de rencontrer les employés et les dirigeants
syndicaux. Ensuite, nous nous sommes engagés à aller les revoir
lorsque les décisions seraient prises et de les informer en premier
lieu.
C'est plutôt ce processus-là que j'ai voulu évoquer
et qui, dans le cas de Madelipêche et de Mines Seleine, nous a
donné des résultats très favorables parce que si vous
allez aux Îles-de-la-Madeleine vous constaterez, d'ailleurs le chef
syndical de Mines Seleine l'a dit publiquement, que les Madelinots sont
extrêmement heureux de la façon dont cela s'est passé.
C'est simplement une meilleure communication, un meilleur processus de vente
et, sans pouvoir identifier quel projet aurait le mieux fonctionné au
début, je l'ai dit bien candidement aux journalistes, il est certain que
lorsqu'on fait les choses qu'on a faites dans le cas de Mines Seleine ou dans
le cas de Madelipêche, c'est-à-dire de tenir les gens au courant,
de leur indiquer très clairement quelles sont les conditions de vente,
d'informer le syndicat et les employés, on met toutes les chances de son
côté et l'opération se fait d'une façon beaucoup
plus normale et qui satisfait tous les intéressés. (17 h 30)
M. Parent (Bertrand): Je prends bonne note des commentaires du
ministre. Dans la même foulée, je dois aussi dire, et je pense
qu'il sera d'accord avec moi, que particulièrement dans le. dossier de
la raffinerie de sucre et dans le dossier de Quebecair, on n'avait pas connu
les problèmes tout autour. Sûrement que vous l'auriez fait et
peut-être que vous seriez arrivé à des résultats
similaires, c'est-à-dire résulats de fonds privatisés.
Mais la méthode employée dans le cas de la raffinerie de sucre,
au tout début, et dans le cas de Quebecair, pour prendre ces
deux-là, aurait certes été différente et aurait
certes causé beaucoup moins de problèmes. Je pense
particulièrement aux travailleurs.
Dans le cas des employés, puisque j'aimerais qu'on puisse passer
un peu à travers certains éléments du cahier, si je
comprends bien, vous avez actuellement sept employés réguliers
avec une masse salariale de la direction d'environ 337 000 $. Vous avez aussi
une masse à votre cabinet ministériel de 441 000 $. S'il n'y a
plus de privatisation, vous avez l'autre volet des institutions
financières. En ce qui a trait, comme tel, à la privatisation,
ces employés, cette masse salariale et cet aspect de masse salariale au
cabinet ministériel n'étaient-ils pas rattachés
particulièrement à la fonction de privatisation? Ma question est
de savoir s'il n'y a pas, au cours des 12 ou 24 prochains mois, de
privatisation envisagée. J'imagine que le premier ministre ou le
président du Conseil du trésor ne laisseront pas de
crédits. À partir de ce que vous nous dites, M. le ministre,
est-ce que ce que vous avez là, comme tel, va être modifié
en cours d'année?
M. Fortier: En ce qui concerne la masse salariale du cabinet
comme telle, la réponse est que tout mon personnel est occupé
dans le secteur des institutions financières. Donc, il n'y a aucun
changement de ce côté.
En ce qui concerne la direction des sociétés
d'État, on parle des fonctionnaires à ce moment-là, je
vous ai indiqué tout à l'heure que cette direction existait sous
l'ancien gouvernement. Ce sont les mêmes fonctionnaires. Je pense qu'il
n'y a pas un fonctionnaire qui a changé depuis qu'on a pris le pouvoir.
Ce groupe va continuer à exister pour suivre et aviser très
souvent le ministre des Finances. Ce sont eux qui m'ont été
utiles dans le programme de privatisation.
Mais il reste qu'à chaque fois qu'une société
d'État, prenons le cas de Marine qui subit des difficultés
financières présentement, et même si on ne parle pas de
privatisation, les fonctionnaires de la direction des sociétés
d'État sont toujours très impliqués pour participer
à l'évaluation des besoins financiers parce que lorsqu'une
compagnie ou une société d'État est en difficulté
financière, tôt ou tard elles viennent voir le ministre des
Finances pour lui demander de l'argent. Les fonctionnaires de la direction des
sociétés d'État vont continuer à jouer ce
rôle. Ils sont encore impliqués dans les rôles qui demeurent
en ce qui concerne certains dossiers ponctuels de réorientation ou
petits dossiers de privatisation. Mais leur fonction première a toujours
été et demeure d'aviser le ministre des Finances en ce qui
concerne la santé financière, les paiements de dividendes, les
avances de fonds et tout projet important dans lequel peut désirer
s'embarquer une société d'État.
Donc, le groupe des sociétés d'État, comme le mot
l'indique, c'est l'organe d'analyse financière du ministère des
Finances. Je crois que, dans tous les ministères, il s'agit là de
l'unité administrative la plus qualifiée. C'est la raison pour
laquelle même des ministres de tutelle se fient à nous, aux
Finances, et se fient à la direction des sociétés
d'État pour des analyses financières de projets dans lesquels ils
désirent s'embarquer. À ma connaissance, il n'y aura donc aucun
changement dans la masse salariale de la direction comme telle. Comme je
l'indiquais tout à l'heure, M. Daniel Paillé va nous quitter
à la
fin du mois d'avril. J'imagine que le sous-ministre aux Finances verra
à le remplacer et que les autres employés vont continuer à
oeuvrer sous lui.
M. Parent (Bertrand): Merci. Dans le cadre des consultants dont
les services ont été retenus au cours de la dernière
année, on se souviendra que, l'année précédente,
quelques centaines de milliers en consultation, particulièrement
à la firme Premar, à la firme Secor et à quelques autres
avaient été octroyés pour préparer les
différents dossiers de privatisation. Cette année, on parle de
frais et honoraires totaux de 4500 $ de Caron, Bélanger. Est-ce que
c'est exact, selon les informations qui m'ont été fournies, qu'il
y a eu seulement 4500 $ en consultation? Cela contraste quelque peu avec
l'année antérieure. Je me demande si cette liste est
complète.
M. Fortler: Bien sûr, nous sommes ici à
l'étude des crédits du ministère des Finances ou des
crédits dont je suis responsable. Il est vrai, en ce qui concerne ma
responsabilité, que les seuls crédits qui ont été
engagés, et je ne parle pas du secteur des institutions
financières parce que, ce matin, nous avons donné d'autres
informations, mais en ce qui concerne la privatisation, c'est le seul dossier
pour lequel nous avons engagé un consultant, M. Raymond Lavoie, de
Caron, Bélanger, 4500 $. Il s'agissait d'une étude
préliminaire en ce qui concerne la réorientation de REXFOR. Par
la suite, son mandat s'est terminé. D'ailleurs, je dirais que c'est une
formule qui nous a beaucoup favorisés, surtout dans des dossiers de
réorientation de sociétés d'État. Nous avions, je
dois l'indiquer, cru qu'au début, nous pourrions former un petit
comité de gens du secteur privé pour nous aider dans la
réorientation de REXFOR. M. Lavoie était une de ces
personnes.
Je me suis aperçu très rapidement que la meilleure
façon d'étudier ces cas de réorientation, c'est de le
faire finalement par des fonctionnaires qui s'y consacrent à temps
plein. En plus des fonctionnaires dont vous avez la liste ou pour lesquels vous
avez le budget, nous avons utilisé les services de M. Terrence Grrffin
qui était, il y a quelques années je crois, directeur
général de SOQUIA et qui était disponible. Je l'ai
utilisé. On me l'a prêté et je l'ai utilisé à
temps plein dans deux ou trois dossiers importants: la réorientation de
REXFOR, la privatisation de la société Scierie des Outardes, la
privatisation de Madelipêche, les Crustacés des Iles. De fait,
depuis un an, en plus des fonctionnaires permanents du ministère, nous
avons bénéficié de la collaboration de M. Terrence
Grrffin, ce qui nous a évité d'engager des consultants du secteur
privé.
J'ai été très satisfait des services de M. Grrffin
parce qu'il avait été, je crois, à un moment donné,
directeur général de la SDI, la Société de
développement industriel. Il avait été directeur
général de SOQUIA. Donc, il apportait une certaine expertise dans
les sociétés d'État et dans l'analyse financière
des sociétés d'État. Il nous a été
très utile dans la gestion de dossiers de privatisation ou de dossiers
de réorientation des sociétés d'État. Non, la
vérité est là. En ce qui concerne le ministère des
Finances, c'est le seul contrat qui a été donné.
M. Parent (Bertrand): Là aussi je suis d'accord que vous
avez pris une certaine expérience. Vous avez
économisé.
M. Fortier: Je suis rendu efficace?
M. Parent (Bertrand): Vous avez économisé de
l'argent.
M. Fortier: Pour moi, vous allez me recommander pour une
promotion.
M. Parent (Bertrand): Vous devriez continuer. Mais là,
voyez-vous, ils vont vous muter maintenant que vous avez pris de
l'expérience. Non, mais c'est parce que j'étais surpris,
l'année passée, de voir les centaines de milliers de dollars qui
étaient données à des consultants. Vous me dites: Cette
année, on a trouvé des gens M. Griffin que j'ai
déjà eu l'occasion de rencontrer et qui est un excellent
bonhomme. Vous avez eu des ressources à l'intérieur sans
être obligé d'aller à l'extérieur et je trouve que
les sommes dépensées, peut-être dans le passé, ont
été... Je ne dis pas qu'elles ont été
entièrement inutiles, mais je veux dire que, quant aux consultants qu'on
a retenus, on aurait pu économiser des sommes importantes.
Dans ce cadre, M. le ministre, juste une question. Vous avez
mentionné tantôt que Clarkson, Gordon, entre autres, a
travaillé à préparer les derniers documents. Est-ce que
Caron, Bélanger est une division de Clarkson, Gordon, et ce sont
là les travaux farts? Tantôt vous m'avez parlé de Clarkson,
Gordon à qui vous aviez confié tout le mandat de
préparer...
M. Fortier: Ce que je vous ai dit tout à l'heure, c'est
que j'ai demandé à SOQUEM de retenir une firme de
l'extérieur pour gérer le processus et c'est SOQUEM qui a retenu
les services de Clarkson, Gordon, et non pas moi.
M. Parent (Bertrand): Où étiez-vous rendu?
M. Fortier: La seule demande que j'ai faite à SOQUEM a
été de s'assurer que le processus de mise en vente soit fait
d'une certaine façon, et d'indiquer qu'il serait
préférable qu'une firme de l'extérieur,
spécialisée dans la vente de compagnies, soit utilisée.
C'est la direction de SOQUEM, c'est M. De Coster, président du conseil,
qui a choisi la firme et c'est SOQUEM qui a payé ou qui va payer les
services de Clarkson, Gordon, et elle va le faire à même les
35 000 000 $ qu'elle va recevoir.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que les services qui avaient
été retenus de la firme Sécor, plus
particulièrement de M. Marcel Côté, pour 130 000 $ pour
douze ou treize mois... Est-ce que les services de M. Côté ou de
la firme Sécor n'ont pas été retenus au cours de la
dernière année?
M. Fortier: Je crois qu'on avait répondu à cette
question lors de l'étude des crédits de l'an dernier. La
réponse est non. Le député disait tout à l'heure
qu'il était surpris du fait que, cette année, nous ayons moins de
consultants, et lui-même disait que le programme de privatisation
était très fort au tout début. De fait, la
difficulté pour nous, avec l'équipe que nous avons, est de
gérer parallèlement plusieurs dossiers de privatisation. Lorsque
vous disiez que nous avions engagé des consultants, l'an dernier,
J'avais très clairement expliqué qu'en fait, il ne s'agissait pas
de consultants engagés pour faire des études. Très
souvent, pour ce qui est des individus que nous avons engagés, nous
retenions une firme et cette firme nous prêtait un individu. Qu'il
s'agisse de M. Marcel Côté ou de la firme Prémar, il
s'agissait de nous prêter un individu qui nous aidait à
gérer une privatisation en particulier. Je crois que, dans le cas de la
firme Prémar, elle avait fait une étude et en plus, elle nous
avait prêté quelqu'un pour gérer... Mais comme, cette
année, le programme de privatisation était moins accentué,
nous avons pu, avec la collaboration de M. Paillé et celle des autres
membres de la direction des sociétés d'État, et avec la
collaboration de M. Terrence Grrffin, gérer les quelques dossiers de
privatisation que nous avions. C'est donc dire que nous l'avons fait
spécialement avec des fonctionnaires. Je précise que M.
Côté nous a quittés, que ses services n'ont pas
été retenus après le mois de février l'an dernier,
donc avant la fin de l'année financière et, à partir du
1er avril de cette année, pour l'année financière de cette
année, il n'a fourni aucun service aux Finances, en tout cas pas
à moi-même, ni aux Finances. Je crois, par ailleurs, qu'il a
fourni des services au bureau du premier ministre, mais cela n'a rien à
voir avec moi.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. Si vous le permettez, si vous avez la
gentillesse de laisser un peu de temps au député de
Mille-Îles. M. le député de Mille-Îles, vous avez la
parole.
M. Bélisle: Merci. M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je pense que... À quelle
heure avons-nous commencé, M. le secrétaire?
M. Bélisle: Vous étiez bien parti, pourtant,
M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Allez-y.
Le Président (M. Lemieux): Nous avons commencé
à 16 h 30, M. le député de Bertrand. Alors, je pense ^
qu'on pourrait laisser la parole au député de
Mille-Îles.
M. Parent (Bertrand): J'ai la chance de lui parler une fois par
année. Allez-y!
M. Bélisle: Vous êtes chanceux, vous!
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Je ne sais pas, M. le Président,
peut-être devrais-je laisser le député de Bertrand filer
jusqu'à 18 heures...
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas de
problème, M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: ...étant donné qu'il est
déjà sur sa lancée et on pourrait recommencer après
avec... Vous êtes parti, vous allez rondement. Moi, je n'ai pas...
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur votre lancée,
M. le député de Bertrand.
M. Bélisle: Continuez sur votre lancée, essayez de
compter des buts, puis, à son tour, après le repas, l'autre
équipe essaiera de compter des buts.
M. Parent (Bertrand): Ah non, je...
Le Président (M. Lemieux): On va essayer de les
égaliser, M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je ne cherche pas du tout à compter
des buts...
M. Bélisle: Ne racontez pas d'histoire, tout au moins.
M. Parent (Bertrand): Je cherche seulement à avoir le
maximum d'éclaircissements et je pense que vous aussi cherchez à
en savoir, en tant que parlementaire.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous avez la parole, M.
le député de Bertrand. Vous pouvez continuer. (17 h 45)
M. Parent (Bertrand): Je reprends donc le cas de M.
Côté. Je trouve cela un peu curieux. À deux reprises, il a
été porté à mon attention au cours de la
dernière année, particulièrement au cours de l'automne
1987, relativement à un dossier de privatisation, que la personne
à contacter, la personne qui s'occupait de ces
démarches et de cette négociation, c'était M.
Côté. Quand on m'a informé de cela, j'ai dit: Non, ce n'est
pas possible; il n'est plus au service, il ne s'en occupe plus. Maintenant vous
dites: Non, nous n'avons pas retenu ses services, mais c'est possible que le
premier ministre les ait retenu. Je veux seulement savoir de vous, M. le
ministre - vous ne pouvez pas répondre au nom du premier ministre - si
c'est possible que M. Marcel Côté, de Sécor, soit
maintenant rendu au bureau du premier ministre et qu'actuellement c'est le
bureau du premier ministre qui contrôle le personnel pour les fins de
privatisation? J'essaie de comprendre, parce qu'on me dit que M.
Côté est dans des dossiers particuliers.
M. Fortier: La réponse en ce qui concerne les dossiers de
privatisation, ou la gestion, ou l'étude des services pour lesquels
j'appose ma signature pour retenir les services de consultants, c'est que les
services de M. Côté n'ont pas été retenus. S'ils
avaient été, son nom apparaîtrait ici. Alors, on ne peut
pas camoufler... Avec le Conseil du trésor, on ne peut pas camoufler. Il
est vrai qu'on parle à M. Côté de temps à autre. Je
n'ai pas vérifié, mais on me dit que le bureau du premier
ministre a retenu ses services comme conseiller économique, comme ceux
de M. Fortin, de l'Université Laval, avaient été retenus
par M. René Lévesque lorsque celui-ci était premier
ministre. Alors, il est bien certain que, dans la mesure où M. Marcel
Côté est conseiller économique pour le premier ministre,
lorsqu'il considère qu'une privatisation ou une activité comme
celle-là est importante, il nous parle de la même façon,
j'imagine, que M. Fortin parlait à certains ministres... On m'indique
que M. Fortin parlait aussi aux mêmes gens des sociétés
d'État. Alors, il n'y a rien de mal à cela; je ne vois pas la
difficulté. Tout ce que je vous dis, c'est qu'il n'était pas
impliqué directement soit dans la gestion, soit comme consultant
attitré ou qu'il avait quelque influence déterminante dans la
façon dont nous faisions les choses. C'est tout simplement ce que je
peux vous dire.
M. Parent (Bertrand): Je ne vous dis pas qu'il y a quelque chose
de mal là-dedans, M. le ministre...
M. Fortier: Non, mais je réponds à la question.
M. Parent (Bertrand): ...je vous dis seulement...
M. Fortier: Non, non, mais cela m'aurait fait plaisir. M.
Côté, je l'ai engagé et, d'ailleurs, cela m'a fait un peu
de peine lorsqu'il a quitté pour s'en aller à Boston. Il a
quitté en février de l'an dernier pour s'en aller à
Boston. Pendant trois ou quatre mois, j'aurais voulu avoir ses services et je
ne les ai pas eus. Non, j'ai pleine confiance en M. Côté, mais
c'est simplement factuel. Depuis le 1er avril de l'an dernier, il n'a pas
travaillé pour nous; c'est tout simplement factuel. Il n'y a rien de mal
ni d'un côté, ni de l'autre.
M. Parent (Bertrand): Non, mais je veux dire, s'il ne travaille
pas pour vous, il ne travaille pas pour vous; s'il travaille pour le premier
ministre...
M. Fortier: C'est cela.
M. Parent (Bertrand): ...il travaille pour le premier ministre.
Lorsque des gens nous disent que pour passer sur un dossier de privatisation
que vous avez enclenché, il faut passer par M. Côté et que
moi, en tant que député, je fais les vérifications et on
me dit que M. Côté n'est plus au service, qu'il est parti à
Boston, s'il est parti à Boston... Là, vous me dites que oui, il
est revenu; c'est son droit. Oui, il est conseiller économique au bureau
du premier ministre, et je ne sais pas ce qu'il fait, mais vous dites qu'il est
conseiller économique. La question, c'est de savoir: Est-ce que, sur des
dossiers particuliers - s'il le faut, on va mettre des noms - M. Marcel
Côté est la personne-ressource quk oriente et qui discute de ces
dossiers? Si ce n'est pas à votre bureau - ce n'est pas
nécessairement à votre bureau - je pourrais croire que c'est une
liste qui est faussée, mais est-ce que cela veut dire que, maintenant,
la privatisation est dirigée à partir du bureau du premier
ministre? Il faudrait être clair. Je ne sais pas, je vous le demande.
M. Fortier: Écoutez, tous les dossiers de privatisation
sont dirigés par moi. Quand j'engage quelqu'un, je le fais
moi-même et je le fais payer par le ministère des Finances. La
réponse à votre question, c'est que M. Côté, je ne
dis pas qu'on ne lui a pas parlé d'un dossier en particulier, mais il
n'a pas été impliqué, il n'a pas eu un pouvoir
décisionnel, il n'a pas eu un pouvoir de recommandation dans la
façon dont nous avons fait les choses.
M. Parent (Bertrand): De quel dossier en particulier les gens de
votre ministère ou vous-même avez-vous discuté avec M.
Côté?
M. Fortier: De mémoire, je dirais qu'il y a un dossier
dans lequel il avait été impliqué alors qu'il travaillait
pour moi. Je crois qu'il s'agissait du dossier de SOQUIA, en particulier, et
dans le cas de Donohue. Il y a eu des dossiers où il avait
été impliqué et pour lesquels on a pu lui parler au
téléphone ou autrement. C'étaient des choses très
ponctuelles, un téléphone de cinq minutes. C'est pourquoi je
maintiens ce que je vous ai dit tout à l'heure, il n'a pas
été impliqué dans la même mesure où il a
été impliqué jusqu'en février ou mars de l'an
dernier.
M. Parent (Bertrand): À votre connaissance, est-ce que M.
Côté est toujours au service du bureau du premier ministre?
M. Fortier: À ma connaissance, la réponse est oui,
à temps partiel, de la même façon que M. Fortin
était conseiller à temps partiel pour M. René
Lévesque.
M. Parent (Bertrand): Je n'ai pas parlé de M. Fortin, je
ne sais pas pourquoi vous parlez de M. Fortin...
M. Fortier: Non, mais c'est normal qu'un premier ministre ait un
conseiller économique, je ne vois pas le problème. On m'indique
que même M. Parizeau a été longtemps conseiller
économique du premier ministre de l'époque. Il n'y a rien de mal
à cela. Cela peut mener un conseiller économique jusqu'à
être chef de l'Opposition.
M. Parent (Bertrand): Vous pourriez peut-être avertir M.
Côté qu'il a un brillant avenir devant lui.
.M. Fortier: Je ne sais pas pour quel parti par exemple. Je ne
sais pas si c'est à Ottawa ou à Québec. Il est
partout.
M. Parent (Bertrand): II est partout, voilà. C'est
pourquoi le cas de M. Côté m'inquiète parfois. Je ne dis
pas que c'est un mauvais bonhomme, cela n'a rien à voir avec ses
compétences, mais il est très présent, il est même
omniprésent.
M. Fortier: II est omniprésent.
M. Parent (Bertrand): L'année dernière, je vous en
ai fait la remarque. Je pense que c'est légitime pour un
député de l'Opposition. D'ailleurs, cela fait rire vos gens parce
que j'ai l'impression qu'ils le voient omniprésent. Je vous avais fait
la remarque, l'année passée, que je trouvais confortables les
conseils de M. Côté pour 130 000 $ que vous aviez payés.
Vous avez dit: Bon, c'est dommage, on va le perdre cette année. Tout
à coup, on apprend qu'il est au bureau du premier ministre. C'est
très bien, c'est très rusé de votre part, vous l'avez
toujours à votre service et vous n'avez plus à le payer.
M. Fortier: Vous voyez comme le premier ministre suit mes
conseils
Raffinerie de sucre
M. Parent (Bertrand): J'aimerais qu'on parle un peu de la
raffinerie de sucre, M. le ministre. Est-ce que vous pourriez me dire ce qui
est arrivé de la clause qu'il y avait à fa page 16 du contrat
concernant les biens d'immobilisations et que vous pouviez exercer en dedans
d'un an, de septembre 1986 à septembre 1987, vous pouviez exercer la
reprise des biens et immeubles pour 1 $. Est-ce que vous pourriez faire le
point là-dessus parce qu'on en a un peu perdu un bout? C'est une
bâtisse que je vois constamment parce que je passe par là. Je veux
savoir ce qui arrive avec les biens et immeubles qui pouvaient appartenir au
gouvernement ou être repris par le gouvernement pour 1 $.
M. Fortier: Nous avions mis cette disposition dans le contrat. De
fait, un an après, c'est-à-dire à la limite, on a
exercé notre option à la limite presque extrême du moment
qu'il nous était permis de le faire, en septembre 1987. Nous avons alors
exercé notre droit d'option pour 1 $. Et, pour 1 $, SOQUIA est devenue
propriétaire des actifs. On m'indique ici que ces actifs, selon
l'évaluation municipale, sont de 3 000 000 $ pour les terrains et de 15
000 000 $ pour l'usine. Quant à l'équipement, il était
à vendre. Je ne sais pas ce qu'il en est présentement. Je parle
uniquement de l'équipement et des terrains. S'il y a vente de
l'équipement, on récoltera 80 % du prix de vente au-dessus de 3
000 000 $. Pour répondre à votre question, SOQUIA est
techniquement propriétaire du terrain et des bâtiments. SOQUIA a
reçu la responsabilité de chercher des acheteurs éventuels
pour l'utilisation, de préférence à des fins
industrielles. On m'indique ici que différentes personnes se sont
penchées sur l'utilisation de ces terrains et de ces bâtiments. On
m'indique que SIDBEC considère utiliser le terrain ou l'édifice
lui-même. C'est là que nous en sommes présentement.
C'est donc dire que nous avons acquis pour 1 $ un terrain et des
investissements qui sont évalués à 18 000 000 $.
M. Parent (Bertrand): Vous avez donc exercé cette clause
qui était prévue au contrat. Vous avez, tout au cours de l'hiver,
j'imagine, chauffé et entretenu...
M. Fortier: Nous étions responsables de cela. Le contrat
disait qu'étant donnné que nous avions le loisir d'utiliser cette
option-là, nous avions la responsabilité du coût de
l'entretien pendant l'hiver, avant même que nous ne prenions l'option, et
après, bien sûr, il faut maintenir un chauffage minimal pour
éviter le gel.
M. Parent (Bertrand): Mais l'ordre de grandeur était de
100 000 $ par mois?
M. Fortier: Combien cela peut-il coûter? On m'indique que
c'est de l'ordre de 20 000 $ à 30 000 $ par mois.
M. Parent (Bertrand): 20 000 $ à 30 000 $ par mois. Cela
fait environ 30 mois que la transaction a été faite, septembre
1986. La transaction est faite il y a 18 ou 20 mois. Cela fait 20 mois qu'on
assume...
M. Fortier: Le coût.
M. Parent (Bertrand): ...le coût. Comment se fait-il...
M. Fortier: C'est cela. C'est sûr qu'on assume le
coût, mais je vous l'ai dit, cela nous a coûté 1 $ parce
qu'on a vendu les actions de la raffinerie. Alors, nous sommes allés
chercher quelque 40 000 000 $ par la vente des actions et nous avons pu acheter
les actifs pour 1 $ qui valent, selon l'évaluation municipale, quelque
18 000 000 $. L'importance pour la région de Saint-Hilaire, c'est de
trouver un industriel, enfin une compagnie qui va maximiser, sur le plan du
développement économique, l'utilisation du terrain et des
édifices. Si on te désirait, on pourrait, j'imagine, l'utiliser
à d'autres fins, mais, en vertu du mandat qui a été
donné par le gouvernement, parce qu'il y a eu une recommandation
conjointe du ministre de l'Agriculture et de moi-même au Comité
ministériel du développement économique, lorsque nous
avons donné le mandat à SOQUIA de chercher à vendre ou
à utiliser ce terrain et ces bâtiments, l'objectif n'était
pas seulement de faire quelques cents. C'était de susciter une
activité économique dans la région de Saint-Hilaire. C'est
le mandat que la compagnie a reçu. Je devrais vous préciser que
c'est le ministre de l'Agriculture qui a la responsabilité de SOQUIA et,
dernièrement... Je n'ai pas fait le point à ce sujet, mais on
pourra vous fournir l'information si cela vous intéresse.
M. Parent (Bertrand): Oui. Je comprends que cela relève du
ministre de l'Agriculture, sauf que la transaction de privatisation est
passée par vous. Je me rends compte et je pense qu'on se rend compte
que, bon an mal an, cela a coûté en frais d'entretien - on parle
de 25 000 $ par mois pendant 20 mois - 500 000 $. Cela a coûté
plus de 500 000 $ jusqu'à maintenant juste pour regarder aller cela. Ce
n'est pas sûr qu'on lui a encore trouvé une vocation. Je comprends
qu'on le reprend pour 1 $, mais, à toutes fins utiles, c'était
prévu dans la transaction. Est-ce qu'il y a une démarche
très active qui va se faire? On ne peut pas rester avec un terrain et
des bâtisses d'une telle envergure et d'une telle valeur pour ne pas
essayer de les récupérer. Ce sont des sommes importantes et,
à tous les mois, cela coûte 20 000 $, 25 000 $, et peut-être
un peu plus.
M. Fortier: C'est une très belle propriété.
Si vous passez par là, vous la verrez. C'est une très belle
propriété. Comme je vous l'ai dit, l'idée, ce n'est pas
uniquement de la vendre pour aller chercher des cents. L'idée, c'est de
trouver un acheteur qui va maximiser le développement économique
et je sais qu'à différentes reprises des gens ont visité
la Société générale de financement, toutes les
sociétés d'État et même des gens du secteur
privé. Je crois qu'il se peut qu'on ait reçu ce que j'appellerais
des offres farfelues selon lesquelles les gens auraient acheté pour 1 $,
mais il n'en est pas question. Autrement dit, je crois que les exigences que
nous avons sont à savoir que celui qui achètera; soit nous payera
un montant important ou s'engage à investir des montants importants. Je
pense bien que la recherche de cet acheteur ou de cet industriel se fait
préférablement par le truchement des sociétés
d'État et c'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, nous avons
donné le mandat à SOQUIA... À l'origine, on cherchait
probablement un utilisateur qui aurait été dans le domaine
agro-alimentaire. Ce pourrait également être SIDBEC, la
Société générale de financement, ou avec des
collaborateurs qui pourraient trouver une utilisation de l'emplacement.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que les autres obligations de
l'employeur mentionnées aux sections 3.15 et suivantes du contrat ont
été respectées? Est-ce que Lantic a respecté les
clauses du contrat? Il y avait celles-ci au plan de la reprise...
M. Fortier: Voulez-vous me rappeler quelles étaient les
autres?
M. Parent (Bertrand): Ce sont différentes clauses
concernant les régimes et avantages fiscaux des employés, etc.,
dans la convention que vous avez signée. Sans entrer dans tous les
détails parce qu'on pourrait passer beaucoup de temps la-dessus et ce
n'est pas le but de l'exercice, il y a quand même eu, au cours de la
dernière année, une reprise de possession des bâtiments,
biens et immeubles. Est-ce que les autres obligations de la part de l'acheteur,
par exemple, de la part de Lantic, ont été respectées ou
s'il y a d'autres clauses qui ont pu faire défaut? Parce que tout cela
n'a pas été payé comptant. Il y a une débenture de
40 000 000 $ et il y avait d'autres obligations de la part de l'acheteur.
À votre connaissance, en termes de suivi de dossier, est-ce que cela a
été respecté?
M. Fortier: Oui. À ma connaissance, toutes les obligations
de l'acheteur ont été respectées. Je me souviens, il y a
quelque temps, d'avoir fait le suivi. Lantic a respecté les obligations
qui étaient les siennes.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. Nous
allons suspendre les travaux de cette commission pour les reprendre à 20
heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 5)
Le Président (M. Lemieux): La parole est
maintenant au député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Bonjour. Encore une fois merci, M. le
Président. Je ne sais par où commencer parce que j'ai beaucoup de
difficulté à me situer dans la tentative de débat
où mon ami, mon collègue le député de Bertrand,
veut nous amener ce soir et par le fait même, amener le parti
gouvernemental, au nom du parti de l'Opposition. Je ne veux pas du tout faire
de la petite politique et de la partisanerie avec les réflexions que je
vais livrer ce soir et qui s'adressent, entre autres, sous forme de questions
à la fin de mon intervention, à M. le ministre qui a
présidé, oeuvré et travaillé à la
privatisation de certaines entreprises d'État au Québec. Ce que
je veux relever d'abord, c'est où est-ce qu'on se situe dans le temps.
Je voudrais qu'on regarde un peu ce qui s'est fait dans le domaine de la
privatisation avec un certain recul et une certaine perspective. Je pense qu'on
est à l'étape pour placer tout cela dans une certaine perspective
donnée où on pourrait mieux comprendre ce qui s'est fait en
remontant, comme l'a dit M. le ministre, au début de la
Révolution tranquille avec l'avènement d'un Québec qui
avait besoin d'outils et de moyens pour se développer et qui, au fil des
années et des gouvernements qui se sont succédé, a
tenté de renforcer, à tort ou à raison dans certains
domaines, des interventions qui, à l'origine, étaient toutes bien
intentionnées et bien fondées... Mais quand j'écoute le
discours de l'Opposition, et pas nécessairement le discours du
député de Bertrand seulement, je me retrouve comme dans une
situation où on me fait faire un "flash back" dans le temps et où
on veut me maintenir, comme Québécois, dans une façon de
penser. Les jeunes diraient chez moi, à la maison, dans un "bag", qui
est malheureusement dépassé; le "bag" dépassé de
tout ce qui était doctrinaire, de tout ce qui était absolu et qui
existait dans notre société un peu avant le 2 décembre
1985. Le député de Bertrand s'est fait le porte-parole de
l'Opposition pour souligner le manque de cohérence que le parti
gouvernemental et que le ministre délégué à la
Privatisation ont manifesté au cours des deux dernières
années avec les privatisations. Il nous a dit: Le parti gouvernemental a
manqué de cohérence parce qu'il a, d'un côté, voulu
laisser de plus en plus de place à l'entreprise privée et, d'un
autre côté, dans certains cas - il en a cité un entre
autres, le cas de Marine Industrie - le gouvernement s'est cru obligé
d'intervenir. Dans certains cas, non-intervention ou limitation à
l'intervention de l'État et retour à l'entreprise privée.
D'un autre côté, le gouvernement, pour des raisons factuelles, se
sent obligé d'intervenir dans certains domaines très
spécifiques de l'activité économique au Québec.
Pour l'Opposition, il s'agit là d'une incohérence. Moi, dans mon
livre, je ne vois aucune incohérence. Je n'en vois pas. Le gouvernement
qui aurait, d'une part, la seule vision de dire à tout prix: Je veux
tout privati- ser ou je veux tout étatiser, serait un gouvernement
doctrinaire à l'extrême et qui ne ferait pas l'équilibre
entre certains arbitrages difficiles qu'il y a à faire dans certaines
situations ou dans certains cas où il doit soupeser le pour et le contre
d'une intervention ou d'une non-intervention. C'est là que je verrais la
non-cohérence ou l'incohérence totale d'un gouvernement qui ne
viserait qu'une fin doctrinaire. Ce que je dois déplorer et remarquer
c'est que le député de Bertrand, comme s'il l'avait avoué
avec beaucoup de bonhommie, reconnaissait l'existence des canards boiteux. Il y
a ici la liste des 21 privatisations qui nous a été fournie dans
le livre des crédits, déposé ici devant nous. Je suppose
que l'ancien gouvernement, à l'époque, le gouvernement qui nous a
précédés et le ministre des Finances entre autres, qui est
devenu l'actuel chef du Parti québécois et qui l'a dit
publiquement à quelques reprises, en avaient conscience
également. Est-ce que c'est par incohérence totale que le nouveau
chef du Parti québécois, alors qu'il était ministre des
Finances, et savait très bien, à l'époque, qu'il y avait
et qu'il existait des canards boiteux dans l'appareil de l'État, pour
maintenir la doctrine que l'intervention de l'État a été
la bonne façon d'aborder l'ensemble du super-plan économique de
l'ancien gouvernement... Est-ce que le nouveau chef du Parti
québécois, alors ministre des Finances, qui savait qu'il y avait
des canards boiteux, n'était pas, lui, à ce moment-là,
d'une incohérence totale? S'il le savait et si les autres membres du
cabinet de l'ancien gouvernement en étaient conscients, comme certains
l'ont dit... J'ai écouté M. Bernard Landry - je pense que M.
Landry fait une émission de radio à quelques reprises à
CKAC - qui a pris beaucoup de recul depuis qu'il a quitté le
gouvernement, son jugement est beaucoup plus équilibré.
Peut-être que cela arrive à tous les hommes politiques, lorsqu'ils
quittent la politique, à un certain moment donné -
j'espère que cela va nous arriver à tous et à chacun.
Quand je regarde le jugement de ces personnes qui avouent, avec un simple recul
du temps de deux ans, que: oui, ce sont de bons actes qui ont été
posés parce que des canards boiteux existaient, alors qu'eux en avaient
conscience avant leur départ, ou leur défaite sur le plan
politique, avant le 2 décembre 1985. Je pense, M. le
député de Bertrand, que ce dont H faut convenir, c'est: soit que
certains voyaient la situation, manquaient totalement de courage politique ou
étaient totalement incohérents, s'ils avaient constaté
avant le 2 décembre 1985 qu'il y avait des choses à faire.
Il y a une autre chose aussi que je veux soulever. Vous avez dit
à M. le ministre, au cours de votre intervention, que certaines erreurs
avaient été commises en cours de route. Quant à moi, que
je sache, par rapport aux 21 privatisations qui ont été faites
jusqu'à maintenant, il y a toujours eu des preneurs pour les
sociétés d'État qui ont été mises en vente.
S'il y
a eu preneurs, cela signifie que le secteur privé de notre
économie était intéressé à assumer le
rôle que l'État s'était adjugé dans le passé.
Ma question fondamentale est - j'y reviendrai toujours: Pourquoi a-t-on besoin
que l'État assume ce rôle alors que le sien doit être avant
tout un rôle supplétif dans cette matière ou être un
rôle de démarrage? Quand une entreprise va bien et que
l'État a accompli son objectif premier qui était de faire
démarrer une activité dans une certaine région
donnée, dans le domaine, par exemple, de la forêt, on peut en
donner certains exemples. Le dernier exemple qui est à la fin de la
liste ici, M. le Président, c'est la Scierie des Outardes. La vente de
60 % des actions à la Compagnie de papier Québec et Ontario en
date du 31 mars 1988 au coût de 11 000 000 $. Je ne peux pas dire que
c'est une erreur ou que cela a été mal fait, lorsque je vois
qu'il y a un preneur qui est prêt à débourser, en termes de
marché, 11 000 000 $, dont 6 500 000 $ comptant et qui s'engage, M. le
député de Bertand, à investir ce que l'État
n'aurait jamais été capable d'investir c'est-à-dire une
somme de 150 000 000 $ de fonds privés pour servir d'effet de
multiplicateur de 15 peut-être dans l'ensemble de l'activité
à cet endroit spécifique, c'est pour cela que la région de
la Côte-Nord s'est réjouie et je ne vois pas du tout
d'incohérence à cela. (20 h 15)
II me semble que l'État doit, au cours des prochaines
années... Cest ce qui m'amène à me sentir un peu perdu par
rapport à vos propos où vous parlez de l'époque, du temps,
du "flash-back", et où je vois que ce qui se dessine devant nous, c'est
peut-être des remises en questions ou des réorientations du mandat
fondamental de certaines sociétés d'État, pour lesquelles
la phase première d'élimination de certaines erreurs ou de
certains canards boiteux, que vous admettez et que certains membres de l'ancien
gouvernement connaissaient déjà avant le 2 décembre 1985,
a dû être faite, comme elle se devait d'être faite. Je ne
vous dirai pas, cependant, que le travail a été fait à la
perfection, mais nul dans ce monde - M. le député de Bertrand,
vous le savez vous-même - n'est parfait, encore moins l'ancien
gouvernement et ceux qui savaient, avaient connaissance qu'à chaque
année, bon an mal an, les sociétés d'État et les
Québécois investissaient x millions de dollars à fonds
perdus dans ces fonds de caisse.
Je voudrais qu'on tourne la page, une fois pour toutes, par rapport aux
privatisations, sur le syndrome du passé, parce que le syndrome du
passé, je pense en toute honnêteté que vous en êtes
encore affecté. Il faudrait peut-être tourner la page et commencer
réellement - comme vous l'avez dit tantôt - à s'occuper des
mandats de réorientation de certaines sociétés qui vont
encore avoir besoin du coup de pouce de l'État, de l'injection de fonds
de capitaux du gouverne- ment et de l'argent des contribuables. C'est
important.
Mais de revenir, encore une fois, cette année, après avoir
fait l'exercice l'an passé, sur le pourquoi, sur le comment, sur "est-ce
qu'on n'aurait pas pu vendre les actions de Cambior à 12 $ au lieu de 10
$", cela semble maintenant, pour moi et pour l'ensemble de la
société québécoise, un vieux film. Et on n'est pas
intéressé de le revoir, parce que cela nous rappelle de mauvais
souvenirs. Ce qu'on aimerait peut-être discuter, c'est ce qu'on pourrait
faire avec les sommes récupérées dans certains coffres de
certaines sociétés d'État pour redémarrer d'autres
entreprises dans certaines régions et créer des emplois. C'est ce
qui m'intéresse. C'est l'agenda de l'avenir. Ce n'est pas
nécessairement l'autopsie du passé.
M. le ministre, dans cette perspective - j'en viens à mes deux
questions fondamentales - on avait posé six principes dans le cas de la
privatisation et le but était surtout de renforcer la structure
économique du Québec, et d'éviter que les fonds des
Québécois et que le Trésor public soient appelés
chaque année à débourser des sommes à fonds perdus.
Quebecair en est un exemple. Il y a beaucoup d'autres exemples parmi les 21 cas
qui sont là.
Ce que je voudrais savoir, c'est: Pour les 21 transactions qui sont
intervenues - je voudrais que vous me donniez des exemples. C'est ma
première question - de quelle façon et avec quels moyens a-t-on
pu favoriser le maintien et le renforcement de la structure économique
du Québec dans des secteurs clés de l'économie? Je vous
donne un exemple. On parle de la forêt. La forêt, c'est un secteur
économique fort au Québec. Il y a trois cas à l'annexe D
qui touchent REXFOR: Papiers Cascades, de Cabano, où on a une vente de
30 % des actions, à Cabano; 7 500 000 $ comptant. On a augmenté
de cette façon le fonds de roulement de REXFOR. Pour Panofor: une vente
des actifs à Normick-Perron par Forpan; on a encaissé 48 000 000
$ comptant. Qu'est-ce qu'on a fait avec? On l'a mis dans le fonds de roulement
de REXFOR. Je pense que c'est un des exemples, M. le ministre, du renforcement
de la structure économique du Québec dans un des secteurs
clés de l'économie et dans un secteur régional en plus de
cela. Alors, M. le député de Bertrand, vous ne pouvez pas dire
que c'est incohérent d'avoir posé de tels actes, parce que je
suis sûr que cela va rapporter aux Québécois.
Peut-être M. le ministre, que vous pourriez nous donner d'autres
exemples et nous expliquer très clairement le principe du renforcement
de la structure économique du Québec dans ce contexte.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué à la Privatisation.
Autres sociétés
privatisées
M. Fortier: Je crois que le débat qui s'oriente vers
l'avenir est important, parce que, bien sûr, c'est le rôle de
Opposition de vérifier si les gestes posés par le gouvernement
l'année passée ou dans le passé méritent
d'être critiqués, et comme le dit souvent M. le
député de Lévis: 'The rôle of the Opposition is to
oppose". Cela, on le comprend, mais dans une certaine mesure, je crois que la
discussion qui s'engage vers l'avenir est intéressante.
Mais, quelquefois, un retour vers le passé peut nous faire voir
des éléments qui nous permettent de mieux définir des
politiques pour l'avenir. Je crois finalement qu'il est vrai que le
gouvernement qui nous a précédés, dans une certaine mesure
jusqu'à la crise de 1982, était un gouvernement très
interventionniste. À partir de 1982 ou 1983, il a constaté qu'il
était peut-être temps de changer ses orientations. De fait, cela
coïncide avec la période où le gouvernement
précédent s'est beaucoup rapproché du secteur privé
à Montréal. Je crois qu'à partir de 1983 en particulier,
M. Parizeau, qui était là, a cherché à se
désengager de SIDBEC-Normines en particulier. Je crois qu'ils
étaient conscients que l'opération que nous avons
enclenchée à la fin de 1985 ou début 1986 devait se faire.
Mais le problème qui est survenu est celui-ci: Indépendamment de
la doctrine, entre guillemets, de chaque formation politique - et, d'ailleurs,
quand on examine ce qui se fait en Europe, même les gouvernements dits
socialistes deviennent extrêmement pragmatiques - je crois que, dans ce
secteur de l'économie, je ne suis pas sûr maintenant que nos
divergences doctrinaires soient si éloignées l'une de l'autre.
D'ailleurs, comme minorité en Amérique du Nord, en ce qui
concerne l'intervention de l'État, on ne peut pas se permettre, enfin on
n'a pas les moyens financiers de se permettre des extravagances telles que nos
bailleurs de fonds qui achètent des obligations du Québec
pourraient les interpréter comme étant des interventions
socialisantes.
Il est vrai qu'à partir de 1983, le gouvernement
précédent avait vu ou avait perçu que des changements
étaient à faire. Il l'a fait dans un cas. On va lui donner le
crédit pour SIDBEC-Normines et pour Normines en particulier. Mais ce qui
est arrivé par la suite, c'est que M. Parizeau a quitté, mais
plus que cela, c'est que par rapport aux ministres des Finances qui se sont
succédé - je pense à M. Duhaime en particulier - il y
avait au sein du Conseil des ministres des divergences très
prononcées. À un tel point - enfin, c'est connu du public - que
le premier ministre du temps, M. René Lévesque, avait beaucoup de
difficultés à réconcilier les ministres qui divergeaient
d'opinion. Je pense à la Raffinerie de sucre du Québec, en
particulier. J'ai expliqué à plusieurs reprises que si nous
avions procédé si rapidement dans le cas de la Raffinerie de
sucre du Québec, c'est tout simple- ment parce que le ministre des
Finances du temps, M. Duhaime, avait fait avancer les négociations,
avait fait avancer le dossier, M. Duhaime étant convaincu qu'il fallait
fermer la raffinerie de sucre, mais que le député de
Lévis, lui, ne voulait pas. Donc, quand on est arrivés, nos
fonctionnaires ont dit: Voici, M. le ministre, il y a un dossier qui est
très avancé. Il a achoppé parce que M. Duhaime a
quitté au mois de septembre; M. Landry a été là
pendant trois mois. Alors, les négociations avec Lantic ont
commencé en septembre 1985. C'est donc dire que le dossier était
avancé, mais malheureusement, le gouvernement qui nous a
précédés avait, durant les deux dernières
années ou, à la fin en tout cas, beaucoup de difficultés
à faire l'unanimité pour l'action qui devait être
entreprise.
Nous, nous avons le mérite de l'avoir fait. On l'a fait sur une
base non doctrinaire, je crois, la plus pragmatique possible. Comme on avait
étudié nos dossiers, on a pu procéder assez rapidement. Et
je ne suis pas sûr si, au moment où on se parle, malgré le
fait, normal quand on est dans l'Opposition, qu'on essaie de se
démarquer considérablement... Mais j'oserais espérer que
l'expérience française ou l'expérience anglaise et
l'expérience québécoise fassent que, finalement,
même si on a des tendances différentes, que l'on devienne
très pragmatiques dans le secteur des nationalisations ou des
interventions de l'État.
Au contraire, je crois qu'il faut regarder nos différentes
sociétés d'État comme un "holding" que possède le
gouvernement. Un "holding" achète à l'occasion et vend à
l'occasion également.^ J'aime beaucoup la façon dont le
député de Mille-Îles pose la question. Nous avons un
"holding" et, de fait, la direction des sociétés d'État du
ministre des Finances, qui est l'actionnaire sur papier de toutes ces
sociétés, a un groupe de gens, comme Power Corporation, qui fait
l'analyse de ces sociétés d'État et dit: II faudrait
investir de l'argent, là; II faudrait garantir une dette à
ceux-ci; II faudrait faire ceci, etc. Mais il revient au gouvernement et au
ministre responsable, dans ce cas-ci, il me revient à moi, de
recommander au gouvernement de faire une vente dans tel cas ou dans un autre,
de lui recommander de s'en départir, comme dans le cas de la Scierie des
Outardes, et non seulement d'aller chercher un bon prix, mais de provoquer un
investissement très important.
Je crois que, s'il l'on veut être positif pour l'avenir, quitte
à critiquer les gestes qui seront posés, plutôt regarder
cela sous cet angle-là et, encore là, j'aimerais bien que
l'Opposition relise ce que M. Parizeau a écrit durant les trois ou
quatre dernières années, parce que je me souviens fort bien que
M. Parizeau ait écrit exactement cela, à savoir que: dans le
fond, il faudrait que l'État se délaisse, à l'occasion, de
certaines interventions pour pouvoir intervenir quand l'intérêt
public le commande. Dans ce sens-là, j'accepte ces critères. On
critique Cambior. J'ai
ici les chiffres du Toronto Stock Exchange pour les aurifères. Le
prix entre le 24 juillet 1986 et le 13 avril 1988 a augmenté de 76, 5 %,
passant de 3846, 99 à 6789, 93 $. Cambior, en incluant le bon d'achat et
tout cela, de 10 $ à 15, 50 $ plus 3, 25 $, a augmenté de 87, 5
%. Vous savez entre 76, 5 % et 87, 5 %, on ne peut pas dire que la divergence
est énorme, c'est plutôt minime.
On nous demande des exemples. J'ai mentionné tout à
l'heure les Îles-de-la-Madeleine. Aux Îles-de-la-Madeleine, les
deux ou trois privatisations qu'on a faites - Mines Seleine, Madelipêche
et Crustacés des îles - ont amené des investissements qui
se font présentement. Je prends Madelipêche qui est un très
bon exemple. À Madelipêche, cela faisait deux ou trois ans qu'il
fallait changer les techniques de pêche. Madelipêche
possédait certains navires et, pour changer des techniques de
pêche, il fallait acheter des chaluts pélagiques. Au lieu de
pêcher en surface de la mer, les chaluts pélagiques permettent de
pêcher à une certaine profondeur et augmentent effectivement le
pourcentage de la capture. Mais on avait demande au ministre des Finances d'en
acheter quatre, à 250 000 $ chacun. Ce qui fait 1 500 000 $... en tout
cas, cela a coûté 1 000 000 $, 1 500 000 $. Comme par hasard, ceux
qui ont acheté Madelipêche du gouvernement en ont acheté
quatre pour environ 300 000 $. En tout cas, il en ont acheté pour
beaucoup moins, mais les résultats sont: la capture qui augmente; il y a
de plus en plus de gens qui travaillent en usine, et à Crustacés
des îles et à Madelipêche; et comme je l'ai indiqué
tout à l'heure, non seulement le volume augmente, mais les gens qui
travaillaient jusqu'à Noël et étaient chômeurs de
janvier à mars ou avril, vont travailler maintenant douze mois par
année.
Il y a d'autres exemples qu'on peut donner. Dans le cas de Mines
Seleine, je l'ai indiqué tout à l'heure, le nouvel acheteur, qui
a les reins solides, va investir 16 000 000 $ pour augmenter le taux de storage
du sel et, par son pouvoir de vente, va s'assurer qu'à la mine, on
puisse, encore là, travailler douze mois par année alors qu'avec
nous, on y travaillait uniquement neuf à dix mois par année.
Donc, il va y avoir une injection non seulement de capital, mais les Madelinots
qui, traditionnellement, travaillaient huit ou neuf mois par années, que
ce soit à Mines Seleine ou dans le secteurs des pêches, vont
maintenant travailler douze mois par année. Imaginez-vous ce que cela va
nous coûter de moins en termes d'aide sociale ou
d'assurance-chômage et ce que cela va permettre d'injecter de plus en
termes d'argent, dans une petite île où il y a quoi? 12 000 de
population? Je crois que l'impact sera très intéressant à
observer.
La même chose pour la Scierie des Outardes parce que quiconque
sait que si on n'investit pas dans des usines de papier, on peut tôt ou
tard perdre ces marchés et on devient moins concurrents, les coûts
de production sont plus élevés et, donc, moi, je croyais qu'il
était ici très important, dans le cas de la Scierie des Outardes
de faire en sorte qu'on puisse permettre à la Compagnie de papier
Québec et Ontario d'investir. Ce n'est pas seulement 11 000 000 $ parce
que quand on a commencé les négociations, on voulait nous donner
un prix X, mais ils voulaient également que nous absorbions 60 % des
dettes parce que, la Scierie des Outardes n'était pas une compagnie, il
s'agissait d'une co-entreprise où chaque partenaire était
responsable de 60 % des actifs; pour notre part, on avait 60 % des actifs; 60 %
des dettes. Finalement, ce que nous avons négocié c'est que nous
sommes allés chercher un montant supérieur à ce qui nous
avait été offert au début, nous sommes allés
chercher 11 000 000 $, mais de plus, l'acheteur a assumé la
totalité de la dette. (20 h 30)
Or, 60 % de la dette, cela représente à peu près 9
000 000 $ pour nous. C'est dire qu'on est allé chercher en tout et
partout l'équivalent de 20 000 000 $. Mais en plus de cela, ils vont
investir 150 000 000 $ avec la modernisation de la scierie, la modernisation de
la coupe en forêt et la modernisation de l'usine de pâte et papier.
C'est énorme pour la région.
J'ai la coupure de presse. Cet après-midi, j'ai fait allusion
à la coupure de presse du Radar, des Îles-de-la-Madeleine. Ces
gens ont vu tout de suite qu'aux Îles-de-la-Madeleine, c'était
extrêmement important. Ici, j'ai la coupure de presse du journal de
Baie-Comeau et je peux vous dire que les commentaires qui y sont faits sont
exactement les mêmes. Les gens des régions comprennent très
rapidement que la privatisation aux Îles-de-la-Madeleine, sur la
Côte-Nord... Et si vous alliez en Abitibi, je suis certain que les gens
de la place vous diraient, à Val-d'Or et ailleurs, que Cambior joue un
rôle extrêmement important et que ce n'est pas SOQUEM avec ses 100
000 000 $ de dette qui aurait pu jouer ce rôle.
De fait, on m'indique ici que, depuis que Cambior a été
lancée en juillet 1986, où on a commencé avec quinze
personnes, avec les exploitations et avec la prospection etc.,
présentement, il y a 110 employés de plus à Doyon,
à cause d'un investissement de 25 900 000 $ qui a été fait
parce qu'on a décidé d'accélérer et d'augmenter la
capacité de production de la mine Doyon. Je peux vous indiquer que si
cet argent avait dû venir du ministre des Finances, les études
auraient été beaucoup plus longues et cela aurait pris un certain
temps avant que cela ne se réalise, alors que le secteur privé,
lui, a décidé très rapidement d'investir environ 30 000
000 $ et d'augmenter la capacité de la mine. Donc, l'activité est
générée. Je crois qu'on ne peut pas nier, au contraire,
que ces privatisations ont réellement aidé au
développement économique des Îles-de-la-Madeleine et que
cela va aider au développement économique de la Côte-Nord
et que cela a aidé et que cela va continuer à aider
le développement économique de l'Abitibi.
Et ce faisant, nous gardons quand même SOQUEM. Si on avait
été doctrinaires, on aurait dit: SOQUEM, maintenant qu'ils n'ont
plus de filiale, qu'ils n'ont plus d'actifs, qu'ils n'ont quasiment plus rien,
on le ferme. Ce n'est pas cela qu'on a dit. On a dit: On désire garder
SOQUEM. On va lui donner un budget d'exploitation minière d'environ 4
000 000 $ à 5 000 000 $ par année. Là, comme on vend
d'autres mines il se peut qu'on en donne un peu plus. Ce sont 4 000 000 $
à 5 000 000 $. Ils vont refaire tout le travail qu'ils ont fait depuis
les années soixante. Donc, il faut continuer à faire de la
prospection. Encore là, cela va aider au développement
régional.
Je peux vous assurer que, dans le moment, on examine l'orientation de
REXFOR. On a à l'esprit cette même mentalité que REXFOR
peut et est extrêmement important dans les régions pour aider des
projets à se matérialiser. Cependant, la vision que nous avons,
c'est que nous ne voulons pas que REXFOR devienne une espèce de
superentreprise. Il y a quelques années, quand j'étais dans
l'Opposition, j'avais siégé à une commission parlementaire
avec la direction de REXFOR, qui nous avait confié que son plan de
développement était de construire la plus grande compagnie
papetière au Canada. Ces gens avaient demandé au gouvernement du
temps, qui avait refusé ou qui n'avait pas donné de
réponse, je ne sais pas, de transférer à REXFOR le
contrôle de Oomtar et celui de Donohue. Autrement dit, on aurait eu un
super REXFOR, un empire forestier. Mais notre vision des choses, ce n'est pas
cela. On ne veut pas garder REXFOR pour avoir un empire forestier, on veut
garder REXFOR pour aider le secteur privé en région à
réaliser des projets qui autrement seraient trop risqués pour que
le secteur privé les réalise.
Je pense à Cascades qui est allée à ITT-Rayonier,
sur la Côte-Nord. Je pense à Tembec, dans les années
soixante-dix, qui s'est réalisée parce que REXFOR était
impliquée, mais toujours dans ces dossiers, ou à Matane où
cela pourrait se réaliser. Alors, toujours dans ces dossiers où
le secteur privé est le gestionnaire, mais où REXFOR va
être l'actionnaire catalyseur qui va minimiser les risques pour le
secteur privé dans des régions éloignées et qui, en
définitive, va permettre de se faire des investissements qui autrement
ne seraient pas faits.
C'est pour cela que je voudrais assurer les députés - je
remercie le député de Mille-Îles de sa question - que, dans
le fond, nous avons une approche qui favorise le développement
économique et que, de fait, en plus de nettoyer notre portefeuille,
c'est sûr, j'admets qu'il y a eu un nettoyage de portefeuille, il y a eu
des gestes qui ont été posés pour favoriser le
développement économique de certaines régions du
Québec.
Lendemain des privatisations
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles me permet de vous poser une brève question. C'est
relativement dans le sens de sa préoccupation, en ce qui concerne le
suivi comme tel des privatisations. Ce qu'on constate, lorsqu'on regarde ce
document et lorsqu'on regarde l'ensemble de ces privatisations, c'est que, de
part et d'autre, il s'est créé certaines obligations.
On constate que l'acquéreur s'est engagé à
respecter certaines conditions. Mais ce qui est peut-être beaucoup plus
important, c'est que ces conditions touchent à la fois, à
l'occasion, à l'emploi, à l'investissement et au
développement de l'entreprise. Pour ce qui est du suivi, l'attrait
privatisation, est-ce que vous avez des moyens de vérifier si,
effectivement, ces entreprises ont pris leurs responsabilités, ont
respecté leurs engagements? Est-ce que vous êtes allés -
pour employer une expression bien commune - dans le champ et est-ce que vous
avez des exemples à nous donner par rapport à l'ensemble de ces
privatisations?
M. Fortier: La question que vous posez, c'est: lorsque nous avons
certaines exigences au moment de la privatisation, est-ce que nous avons des
moyens pour faire respecter ces exigences par la suite?
Le Président (M. Lemieux): Le suivi, effectivement.
M. Fortier: Pour exercer le suivi, certains moyens que nous avons
lorsqu'une partie des dettes n'a pas encore été payée et
que l'acheteur s'est engagé pendant... Je prends le cas de
Madelipêche où la garantie sur les emprunts à la banque va
être maintenue pendant cinq ans. Pendant un certain nombre
d'années, bien sûr, nous avons une double exigence: une part,
l'impossibilité pour les actionnaires de se déclarer des
dividendes, mais, d'autre part, le fait qu'un membre du conseil
d'administration est désigné par le gouvernement. Ce faisant,
nous continuons à suivre les activités sans intervenir, bien
sûr. Cela nous permet de pouvoir nous assurer, par le fait de la
non-déclaration de dividendes, que les sommes d'argent servent vraiment
au développement de la compagnie.
Comme de raison, d'autres exigences sont plus fortes, comme dans le cas
des Mines Seleine où nous avions quatre conditions. Ces conditions
étant la durée des activités pendant dix ans, le
pourcentage des employés qui serait toujours maintenu en faveur des
Madelinots, le maintien des conditions de travail qui inclut l'entente
collective et même, l'obligation de travailler en français, tout
cela, pendant ces années-là, et le centre d'affaires au
Québec.
Alors, nous avons amené une condition terrible et celle qui a
acheté a été la seule
compagnie qui l'ait acceptée. Nous avons dit: La
pénalité que nous voulons, c'est que, s'il y avait non-respect,
nous voulons contractuellement avoir la possibilité de racheter la mine
à 50 % de sa valeur marchande. Nous avons également émis
une condition à savoir que l'acheteur ne pourrait pas grever les actifs
dé la mine de plus de 50 %.
Prenons le cas de la filiale de Motion Thiskol, Canadian Sait, qui a
acheté la compagnie et qui s'est engagée contractuellement.
D'ailleurs, comme je le fais chaque fois qu'il y a une privatisation, au moment
où le "closing" sera terminé, sera à la fin d'avril, je
m'engagerai à déposer le document à l'Assemblée
nationale. Alors, les quatre conditions sont définies, mais la condition
contraignante, à savoir que ces quatre conditions soient
respectées et qu'en définitive, les actifs ne peuvent pas
être grevés de plus de 50 %, fait en sorte que s'il y avait
non-respect et si les actifs étaient grevés de 50 %, nous
pourrions racheter toute la mine pour 1 $.
C'est bien sûr que si l'acheteur a accepté cette condition,
c'est qu'il a bien l'intention de respecter les conditions que nous avons mises
et qu'en définitive, nous le tenons réellement par la ganse,
parce que s'il ne respectait pas les conditions que nous avons mises et qui
sont très clairement définies dans l'entente contractuelle, nous
pourrions racheter la mine pour 50 % de sa valeur.
Je crois que ces genres de pénalités sont contraignantes
et vont faire en sorte que les conditions qu'on a mises, comme la durée
des activités pendant dix ans, en particulier, vont être
maintenues.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je m'en
voudrais de m'étendre trop longtemps sur le sujet, sauf que je me dois
d'apporter quelques commentaires et quelques mises au point sur les derniers
commentaires du ministre et ceux de mon collègue, le
député de Mille-Îles.
J'ai dit, au début de mon intervention, qu'il fallait être
très lucide pour être capable d'analyser la situation. Jamais, en
aucun moment, je n'ai tenté de disculper le gouvernement
précédent. Je ne crois pas que le gouvernement
précédent ni le gouvernement actuel puissent se dire sans taches
et dire avoir tout fait à la perfection. Je pense que j'ai
apporté cette nuance. J'ai même dit que j'ai toujours
été d'accord, et je le répète, avec certains
correctifs apportés.
Il y a une nuance lorsqu'on parle de privatisation et privatisation,
c'est-à-dire que si le balancier, dans les années 1978, 1980 ou
1981, était complètement d'un côté, probablement que
dans les années 1983, 1984 et 1985, pour le parti au pouvoir, qui
était le Parti québécois, et qui est la formation
politique que je représente, le balancier était revenu beaucoup
plus au centre. D'ailleurs, le ministre l'a mentionné. Là
où je suis moins d'accord, et je ne fais pas d'opposition pour faire de
l'opposition, même si mon collègue de Lévis me mentionne ce
slogan... Vous me permettrez de ne pas être d'accord avec cette approche.
Je fais de l'opposition quand je crois fondamentalement qu'il y a lieu de faire
de l'opposition.
Le Président (M. Lemieux): ...M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Non, je fais juste dire que ce sont des
convictions profondes que je livre. Qu'on soit d'accord ou non, je pense que
cela fait partie du débat. On est ici en 1988. Qui sait ' si on sera
là en 1990 ou en 1995? Au moins, le temps où on est là, on
va au émettre nos idées^ Si le bout d'idée qu'apporte le
député de Mille-Îles, celui qu'apporte le ministre et celui
que j'apporte font que cela donne des meilleures idées, le Québec
ne s'en portera que mieux.
Cependant, lorsque le gouvernement libéral et là, le
député de Mille-Îles devrait être d'accord avec moi,
est rentré au pouvoir, le balancier est parti de l'autre bord,
c'est-à-dire qu'il est parti avec une tendance où il fallait
vraiment privatiser, mais privatiser à outrance. On n'a qu'à lire
le Rapport Gobeil. Que je sache, même si c'était le rapport des
sages, on s'en est un petit peu éloigné. Jamais au grand jamais,
le président du Conseil du trésor, M. Gobeil, de même que
le ministre qui est assis devant nous, dans son rapport appelé le
Rapport Fortier, s'en sont carrément séparés, non. Je
pense qu'on a gardé une certaine distance, mais on était
fondamentalement d'accord. Parce que les gens qu'on a nommés à
des comités reflétaient une grande partie de l'idée.
D'ailleurs, je ne suis pas le seul à penser cela. Plusieurs
éditoriaux ont été écrits là-dessus.
Tout cela pour dire qu'effectivement, il y a eu un pendule qui est parti
vers l'autre extrême en 1986 et c'était: On privatise. D'ailleurs,
la première recommandation du Rapport Fortier, que vous avez
sûrement lu et relu, c'est: L'ensemble des entreprises
stratégiques devraient être privatisées - c'était
clair - et ce, dans les 18 prochains mois. C'est avec cela que le ministre et
le gouvernement sont partis. Il y avait là-dedans la SGF, SOQUIA,
SOQUEM, SOQUIP, REXFOR, la Société québécoise des
transports, la SNA, la SEPAQ, tout y passait, quand je vous le dis, il y avait
SIDBEC, etc. Là, je n'étais pas d'accord et je l'ai dit sur la
place publique. Cela n'avait aucun sens et je le répète, si ce
n'est que se répéter pour être très clair, il y a
une différence entre privatiser la raffinerie de sucre et privatiser
Donohue, un joyau de la SGF. Il y a aussi une différence entre la
raffinerie de sucre et Cambior.
Quand on parlait de canards boiteux, je
pense que c'était un langage, mais il y a des canards boiteux qui
auraient pu avoir une réorientation ou des correctifs d'apportés.
Il y avait peut-être des canards boiteux qui n'avaient rien à
faire, donc, il fallait les amputer, mais il y avait aussi des canards qui
n'étaient pas boiteux, des canards qui volaient très bien. Ils
font partie du groupe des 21. On ne peut pas tous les mettre dans le même
sac et tenir un discours aujourd'hui... Ou bien je ne serais pas
réaliste, ou bien je ferais juste pelleter de la petite politique en
disant: Tout ce que vous avez fait, ce n'est pas bon. Non. Je pense qu'il y a
des gestes qui ont été posés qui étaient, certes,
corrects, mais je pense que, dans l'ensemble, le pendule est parti vers l'autre
extrême. (20 h 45)
J'ai reconnu aussi et j'ai dit - le ministre aussi l'a dit - que je suis
content de voir qu'il y a un moment d'accalmie. Je suis content de voir qu'on a
commencé à réviser la position au gouvernement.
Quand le ministre disait tantôt, toujours en parlant du
passé: Je pense que M. Parizeau pensait d'une certaine façon;
d'autres ministres, au Conseil des ministres, ne voyaient pas cela de la
même façon. Je n'étais pas là, mais je
prétends qu'à son Conseil des ministres, il n'est pas toujours
d'accord. Il a dû y avoir de bonnes discussions. Je ne sais pas. On n'est
pas là non plus, mais on entend, effectivement, que...
Je ne suis pas sûr que M. Gobeil ait toujours été
d'accord avec les politiques de ses autres collègues, parce qu'il
était plus tranchant d'un bord ou de l'autre. Cela fait partie du
débat. Mais il y a des rapports sur la table qui ont été
publiés et qui montraient carrément que le Parti libéral
voulait prendre ses distances par rapport au Parti québécois et
dire: On ne fait pas jouer le rôle de l'État; c'est le rôle
de l'entreprise privée. Et c'était l'extrême.
J'ai toujours, depuis le 2 décembre 1985 que je suis élu
à l'Assemblée nationale, tenu ce discours et je pense que c'est
le discours avec lequel le parti aujourd'hui doit certainement se sentir bien
à l'aise parce qu'il n'y a personne, dans mon parti, qui m'a
reproché mes propos. Je pense qu'on doit travailler davantage dans les
formules mixtes. Autant la nationalisation a été une excellente
époque, autant je pense qu'on doit beaucoup plus penser à des
formules de partage avec l'entreprise, à un rôle de l'État
peut-être moins présent, mais un rôle de l'État et
non pas à l'absence de l'État.
Dans ce sens, le ministre faisait tantôt une
révélation bien candide. J'apprécie ses propos, je pense,
très honnêtes qui étaient: Écoutez, je pense qu'on
n'est peut-être pas si loin que cela, peut-être que le Parti
québécois a évolué et que c'est rendu dans un sens
plus au milieu. Peut-être que le Parti libéral s'est
ramené... Je parle toujours par rapport à la politique de
privatisation.
Quoi qu'il en soft, l'important est qu'on regarde ce qui va se passer
dans l'avenir, oui. Qu'on parle de réorientation et d'alignement de
certaines sociétés, qu'on parle de mettre sur la glace la vente
de la SGF ou particulièrement du morceau Domtar, qu'on parle de mettre
sur la glace, pour l'instant, la SAQ, SIDBEC et d'autres
sociétés, probablement Culinar - on en parlera tantôt - un
autre morceau dans SOQUIA, je me dis: Je pense qu'il y a quelqu'un qui a
compris le message, parce que ce n'était pas cela le discours. Je ne
suis pas le seul à penser à cela.
Dernier point sur ce sujet. On parlait tantôt des
déclarations de M. Parizeau qui était d'accord ou pas d'accord.
Je me souviens qu'il a fait certaines déclarations, mais j'ai pris soin,
parce que je savais que, dans l'intervention, on apporterait les propos de M.
Parizeau, parce qu'il est maintenant devenu mon chef et une personne dont on
essaie de scruter les moindres déclarations... Le Journal de
Québec, 29 octobre 1986, il n'était pas question qu'il soit
chef en 1988, le 29 octobre 1986: Parizeau réclame un moratoire.
Toujours le 29 octobre 1986, dans La Presse, à Montréal:
Parizeau et les privatisations: la vente de Dofor est de la dilapidation, un
moratoire serait nécessaire. Il avait été
conférencier devant la Chambre de commerce de Montréal.
Moi-même, en relisant cela hier soir, en préparant le
dossier, j'ai constaté des choses dont je ne me souvenais pas. Il avait
été conférencier. C'était sa première sortie
publique importante. Voici ce que M. Jean-Philippe Décarie disait
à ce moment: Je crois que la politique de privatisation du gouvernement
relève de l'improvisation et de la poursuite d'objectifs... Il
précise que, dans le cas de Dofor, on vend de la machinerie pour payer
l'épicerie de la semaine. L'ex-ministre, à l'instar du critique
péquiste en matière de privatisation, Jean-Guy Parent, pense que
les opérations de privatisation devraient faire l'objet d'un moratoire
en commission parlementaire.
Tout cela pour dire que M. Parizeau, même en octobre 1986, tenait
les propos que je tiens aujourd'hui. Sans faire de débat sur cela, parce
qu'il le fera lui-même quand il va venir, je pense qu'on est sensiblement
sur la même longueur d'onde. Je me souviens avoir eu des discussions avec
lui et il était très inquiet quant à la façon dont
les choses se déroulaient au gouvernement du Québec, avec
l'approche qui avait eu lieu par le Parti libéral,
particulièrement en 1986.
Un autre point. Tantôt, le député de
Mille-Îles m'a dit: Je comprends mal le député de Bertrand
qui parle d'incohérence. Bien oui, incohérence, par exemple: la
raffinerie de sucre. Pourquoi, en campagne électorale, pendant deux
mois, le Parti libéral du Québec a-t-il dit à la
population - vous le savez, cela a été écrit dans les
jounaux: La raffinerie de sucre, on va la laisser ouverte? Ils ont pris des
engagements et ce n'est pas du tout ce qui s'est passé. Non seulement
elle a été vendue, mais elle a été fermée,
il n'y a plus rien. Maintenant, c'est une
affaire complètement vide, vidée de toute son essence, de
ses employés, etc. Cela, c'est une incohérence. C'était
une incohérence aussi quand on disait: On vend les canards boiteux et,
dans la même période où on vendait des canards boiteux,
à tort ou à raison - là, je n'en discute pas - et
où on disait qu'il fallait s'en départir, on a vendu des canards
qui n'étaient certes pas boiteux, quand on pense à Donohue et
à Cam-bior, parce qu'il y a des gens qui font de l'argent avec cela
aujourd'hui. Si elles avaient été des canards boiteux, je pense
qu'il n'y aurait pas eu...
Un dernier commentaire par rapport à cette incohérence. Le
député de Mille-Îles disait tantôt: Écoutez,
il y avait des preneurs, et s'il y avait des preneurs dans l'entreprise
privée, c'est parce que l'entreprise privée est prête
à jouer un rôle. Je lui dis: Attention, ce n'est pas parce qu'il y
avait des preneurs que l'entreprise privée est nécessairement
prête à jouer un rôle, il y a toutes sortes de preneurs. Et
le cas des Mines Seleine en est un bel exemple. Il y a eu un preneur et le seul
preneur qui pouvait satisfaire le gouvernement était américain.
Moi, je n'aime pas cela. Je veux bien qu'on ait pris certaines mesures
d'engagement, mais comment se fait-il qu'il y ait seulement une
société, une firme américaine - même si elle
s'appelle Canadian Sait, elle appartient aux Américains - qui vienne
prendre possession de nos mines de sel? Et, dans le cas de la raffinerie de
sucre, finalement, c'est Lantic et ce n'est pas ce qu'il y a de plus
québécois. On sait que les ramifications font en sorte que cela
sort du Québec, particulièrement avec ce qui se passe
actuellement dans ce groupe.
Tout cela pour dire que, dans le passé, et
particulièrement dans les deux dernières années, il y a eu
des gestes posés trop rapidement. Il y a eu des gestes qui ont fait que
le balancier est allé à l'autre bout. Tout ce que
j'espère, c'est que - on est en avril 1988 - maintenant, les gestes
soient plus mesurés, plus pondérés et qu'on fasse en
sorte, si on vend quelque chose, d'en mesurer toute l'ampleur. Le cas de
Que-becair, on pourrait en discuter longtemps, on pourrait être d'accord
ou non, mais je suis loin d'être sûr qu'on doit laisser cela
totalement à l'entreprise privée. Je pense qu'il y a un
rôle à jouer pour le développement des régions, pas
un rôle à tout prix, mais une formule à trouver qui fasse
en sorte qu'elle ait un rôle à jouer. L'État a un
rôle à jouer.
D'ailleurs, que l'exemple soit pris en Grande-Bretagne ou ailleurs, on
s'est inspiré beaucoup de cela... En 1986 et en 1987, tout le monde...
Je me souviens d'un voyage même que le président du Conseil du
trésor avait fait pour voir Mme Thatcher. Quand il était revenu,
il était impressionné. Je pense qu'on est beaucoup moins
impressionné aujourd'hui. On s'est lancé dans une vague pour
dire: N'est-ce pas merveilleux, ce que ces gens réussissent à
faire! Oui, mais, à moyen terme, on s'aperçoit que ce
n'était pas si merveilleux.
Ce sont les convictions profondes que j'ai. Je ne suis pas un doctrinal,
je n'essaie pas non plus de penser juste en fonction de l'autre extrême,
je n'essaie pas de penser juste en fonction de me démarquer du ministre,
de me démarquer de sa formation politique. Je pense qu'il faut avoir
l'honnêteté, de part et d'autre, de dire les choses telles
qu'elles sont. Ce que je voudrais, c'est faire comprendre au ministre et au
gouvernement, ce que j'ai essayé de faire l'année passée
durant les débats de l'Assemblée nationale, dans la
période de l'étude des crédits et ce que j'ai fait depuis
deux ans et demi comme critique - c'est moi qui ai été depuis le
début vis-à-vis du ministre de la Privatisation - c'est sonner
les cloches et allumer les lumières et essayer de faire prendre
conscience, même sur la question d'avoir un débat beaucoup plus
large sur le rôle de l'État et où s'en vont les
privatisations. On demandait un débat public.
En novembre 1986, Jean Pelletier, dans un éditorial du Journal
de Montréal et du Journal de Québec, disait:
Privatiser sans écouter, où est l'urgence? La privatisation, au
fond, est une politique trop sérieuse pour la laisser seulement entre
les mains des politiciens. Essentiellement, tout son article disait - je ne
suis pas le seul à le penser, il y en a plusieurs: Écoutez, vous
n'avez pas le droit de partir vendre les sociétés de cette
façon. Voilà! Je voulais rétablir et rendre très
claires la position et la façon de voir de ma formation politique, et
aussi de la responsabilité que j'ai comme critique de ce
côté, et ne pas être mal interprété et ne pas
faire, comme je me plais à le dire, de la petite politique pour faire de
la petite politique. C'est, je pense, être capable de débattre des
idées.
Dans le cas de Donohue - parce que le temps avance grandement - M. le
ministre, j'ai des questions précises sur la répartition des 320
000 000 $. On a vendu Donohue à un groupe et on a encaissé 320
000 000 $. Le détail, à l'annexe D, nous donne 144 000 000 $ pour
le rachat des minoritaires. Il y a 39 900 000 $ pour les dettes et autres. Le
solde à la SGF, on a renvoyé 100 000 000 $. Les dividendes et le
remboursement d'avances, il y a 35 000 000 $, dans le fond, qui auraient
été versés aux coffres du gouvernement. Je veux juste
comprendre le détail des 320 000 000 $. Premièrement, est-ce que
les 35 600 000 $ sont le montant net qui est allé dans les coffres du
gouvernement, dans les coffres du Conseil du trésor? Est-ce exact ou
est-ce qu'il y a d'autres montants?
Donohue
M. Fortier: Je me souviens que, lorsque nous avions fait la
privatisation, nous avions indiqué certains de ces chiffres. Nous avions
dit que nous laisserions 100 000 000 $ à l'intérieur de la SGF
pour lui permettre de jouer son rôle
de développeur, tel que nous l'avions annoncé à ce
moment. C'est exactement ce que nous avons fait. 100 000 000 $ ont
été laissés à la SGF. Les 35 600 000 $ se divisent
comme suit: il y a 20 000 000 $ de dividendes qui ont été
payés au ministre des Finances au 31 mars de cette année; if y a
15, 6 % d'avances qui ont été faites. Voilà pour les 35
600 000 $, mais les 102 000 000 $ ont été laissés à
la Société générale de financement.
M. Parent (Bertrand): L'engagement de 100 000 000 $ dans la SGF,
il est bien là. J'en suis fort heureux. Je pense que la SGF a besoin
d'avoir ces outils. De quoi s'agit-il lorsqu'on parle des 39 900 000 $?
C'était le paiement des dettes qu'il y avait, autrement dit, pour
nettoyer l'engagement?
M. Fortier: Ce sont des dettes que Dofor avait contractées
elle-même pour se porter acquéreur, dans le temps, du bloc
d'actions qu'elle avait. Dans les dettes et autres, les autres, ce sont les
frais inhérents à la transaction qui avaient été
payés à ce moment. Mais essentiellement, c'étaient les
dettes de Dofor.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Dans le cas des 144 300 000 $, le
rachat des minoritaires, de quels minoritaires s'agit-il? Est-ce qu'il s'agit
de.... On sait que 90 % de Dofor étaient détenus par la SGF et
que Dofor détenait 55 % de Donohue. Alors, lequel...
M. Fortier: Ce sont les minoritaires de Dofor. Comme vous le
savez, à deux reprises, sous le gouvernement précédent,
Dofor s'était financée par le biais de ventes d'actions
privili-giées. Lorsque nous avons vendu Donohue, nous avons
remboursé ces minoritaires. Cela a fait en sorte que Dofor, qui existe
encore, est possédée à 100 % par la SGF. Autrement dit,
les minoritaires de Dofor ont été éliminés comme
tels. C'est ce coût qui a été payé.
M. Parent (Bertrand): À quel montant les minoritaires
ont-ils été payés?
M. Fortier: Je pense qu'on avait déposé, à
ce moment-là, un prospectus. Il y a un prospectus qui avait
été fait par Lévesque, Beaubien. Ici, j'ai les
détails. L'achat des actions privilégiées: 63 700 000 $;
l'achat des actions ordinaires: 77 300 000 $. C'était autour de 29 $
l'action. C'était sur la recommandation de Lévesque, Beaubien.
L'opération avait été conduite par Lévesque
Beaubien au nom de Dofor. (21 heures)
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'il est possible de déposer
les documents pour en avoir les détails?
M. Fortier: On l'avait déposé. On pourra vous faire
parvenir le prospectus qui a été déposé, du moins
vous envoyer une photocopie du prospectus qui avait été fait dans
le temps.
M. Parent (Bertrand): Alors, maintenant, Dofor est à 100 %
la propriété de la SGF. C'est exact. On parle du rachat des
minoritaires et je fais juste un lien. Dans le cas de Louvem, lors de la vente
à Ressources Sainte-Geneviève, est-ce que c'est là-dedans
qu'il y avait des minoritaires et est-ce que les minoritaires ont aussi
été rachetés?
M. Fortier: Ce qu'on a vendu, c'est uniquement le bloc d'actions
que SOQUEM détenait dans Louvem. Nous avions un bloc d'actions et c'est
ce bloc d'actions qui a été vendu. Si vous vous souvenez, je
crois que Sainte-Geneviève avait acquis des actions sur le
marché. Donc, les actions que ces gens avaient acquises plus notre bloc
ont fait en sorte qu'ils sont maintenant majoritaires. Nous avons vendu
uniquement le bloc d'actions que SOQUEM détenait et je crois que
c'était 22 %.
Quebecair
M. Parent (Bertrand): D'accord, cela va pour les explications
concernant Donohue. Dans le cas de Quebecair, le montant de la vente des
actions est de 8 600 000 $. Est-ce que je pourrais avoir un peu plus de
détails? On me donne un montant de 5 000 000 $ pour la vente de
Quebecair et, pour le gain sur la vente des actions de Nordair, 3 600 000 $.
Est-ce que je pourrais avoir plus de détails, sommairement, sur le
montant de la transaction dans le cas de Quebecair?
M. Fortier: Comme c'est indiqué au sommaire que vous avez,
nous avons vendu les actions de Quebecair pour 5 000 000 $, alors cela, c'est
"flat". Par ailleurs, la Société québécoise de
transport possédait des actions de Nordair. Si vous vous souvenez, la
Société québécoise de transport a été
l'objet de tentatives de contrôle de la part de Nordair. La
Société québécoise de transport avait tenté
de prendre le contrôle de Nordair. Donc, elle détenait certaines
actions. Le gain sur la vente des actions de Nordair est indiqué ici,
c'est un montant de 3 600 000 $. Cela a rapporté 5 000 000 $ plus 3 600
000 $, soit 8 600 000 $.
Bien sûr, quand on dit qu'on a vendu Quebecair pour 5 000 000 $,
pour la valeur des actions, les nouveaux actionnaires ont assumé toute
la dette. Et la dette était très importante, 65 000 000 $. La
compagnie était en difficulté financière à ce
moment-là. Ils ont payé 5 000 000 $ le bloc d'actions, mais, ce
faisant, les actionnaires assumaient la totalité des dettes de la
compagnie, au-delà de 65 000 000 $. D'ailleurs, on vous a remis les
états financiers.
Mines Seleine
M. Parent (Bertrand): Dans le cas de Mines Seleine, une
transaction vient d'être conclue en mars 1988. Même si l'autre
offre était passablement éloignée, est-ce que vous avez
considéré à fond la vente à des
intérêts québécois, même s'il y avait une
différence sur le moyen et le long terme à cause des
retombées, et la possibilité d'arriver sensiblement aux
mêmes résultats plutôt que de la passer aux mains de
contrôles américains?
M. Fortier: Quatre groupes s'y sont réellement
intéressés. Je les appellerai, pour les fins de la discussion, 1,
2, 3 et 4. Sachant que je venais à l'étude des crédits, la
semaine dernière, j'ai demandé à SOQUEM de vérifier
si nous pourrions être dispensés de l'entente de
confidentialité qui avait été signée. Autrement
dit, chaque groupe qui soumissionnait, comme ces groupes avaient accès
à des documents confidentiels, a dû signer une entente de
confidentialité avec SOQUEM, comme cela se fait dans le secteur
privé. La semaine dernière, j'ai tenté d'obtenir d'eux que
l'entente de confidentialité soit levée pour me permettre de
divulguer leurs noms et les montants. Mais, quand même, je crois que je
peux dire ceci. Des quatre groupes qui ont soumissionné une
première fois, comme au début de mars...
Une voix: De janvier.
M. Fortier: Un instant, j'ai le détail ici; oui, le 22
janvier. Comme certaines des compagnies avaient soumissionné en
présumant que le contrat d'achat de sel du ministère des
Transports qui existait déjà et qui était de quatre ans et
demi serait prolongé pour période de dix ans, d'autres pour douze
ans... Autrement dit, tout le monde n'avait pas soumissionné sur la
même base. Alors, nous leur avons envoyé un petit document de deux
ou trois pages disant: Vous devez soumissionner à nouveau pour que tous
et chacun soit sur la même base. Alors, quatre groupes ont
soumissionné une première fois et quatre groupes ont fait des
corrections à l'offre qu'ils avaient faite pour s'assurer qu'ils soient
tous sur le même pied.
De ces quatre groupes-là, il y avait deux groupes
québécois et deux groupes américains. Les deux groupes qui
ont fait les offres les plus fortes étaient des groupes
américains, mais le deuxième groupe... Le soumissionnaire 2, qui
est arrivé en deuxième, nous a fait une offre également
alléchante, mais moins forte que celle de celui qui fut choisi, Canadian
Sait, et il avait mis une clause qui était complètement
inacceptable pour nous. Je vous avais dit que l'une des conditions que nous
avions, c'était le respect de la convention collective. Ce groupe
américain voulait, lui, considérer comme "act of god", ce qui lui
aurait permis de fermer la mine du simple fait qu'il y ait une grève.
Autrement dit, le groupe américain nous disait: S'il y a une
grève, pour nous, c'est suffisant pour faire en sorte que,
contractuellement, nous ne soyons plus obligés de remplir la condition
que vous voulez qu'on mette dans le contrat de maintenir la mine ouverte
pendant dix ans. Alors, cela nous était tout à fait inacceptable,
parce que cela voulait dire qu'à la moindre grève le nouveau
propriétaire pouvait fermer la mine et dire: Bonjour, nous nous en
allons ailleurs. C'est pourquoi, même si le prix était
intéressant, quoiqu'il soit arrivé deuxième, son offre a
été mise de côté comme étant tout à
fait inacceptable.
La troisième offre était celle d'un groupe
québécois. Quoiqu'on se soit posé des questions sur sa
solidité financière, je crois que, en définitive, il nous
a dit, verbalement en tout cas, qu'il était en mesure de faire une offre
et qu'il était capable de financer cette offre. Mais comme je l'ai dit
aux Îles-de-la-Madeleine, à l'origine - je crois que je l'ai
mentionné tout à l'heure - ce groupe-là devait s'associer
à d'autres Québécois et devait également s'associer
à une compagnie qui s'appelle International Sait. L'avantage qu'il y
aurait eu avec cette combinaison d'un groupe québécois plus fort
associé à International Sait aurait été qu'on
aurait eu le meilleur de deux mondes. Autrement dit, on aurait eu un groupe
québécois à 60 % ou 65%, mais l'avantage d'être
associés à une compagnie exploitant le sel sur une base
internationale nous aurait permis d'espérer, étant donné
que nous étions convaincus que la seule façon de rentabiliser la
mine était d'augmenter la production. Et pour augmenter la production,
il faut écouler cette production et avoir accès à des
marchés.
Il faut savoir que, dans le domaine du sel, ce sont des oligopoles qui
contrôlent des parts du marché et ne va pas sur ces marchés
qui veut. Même si le prix d'achat qui nous était offert aurait
été équivalent à celui que nous a offert Canadian
Sait, à notre avis, il y avait encore un danger qu'on ne puisse
rentabiliser la mine. J'ai donné les chiffres cet après-midi et
il faut bien se rendre compte - je crois que c'est un fait connu - que, cette
année, en 1987-1988, la compagnie Mines Seleine avait fait une
prévision d'un profit de 1 300 000 $. C'était au mois d'octobre
de l'année dernière. Nous avons envoyé les documents
à ceux qui étaient intéressés à
soumissionner au mois de décembre. C'est le 26 décembre qu'on
nous a informés en panique que les prévisions pour l'année
en cours n'étaient pas un profit de 1 300 000 $, mais une perte de 3 200
000 $. Alors là, il a fallu écrire à tous ceux qui
préparaient leur offre pour leur dire: Modifiez l'information qu'on vous
a donnée, elle est mauvaise. Et là, on s'est aperçu que le
comptable ou certaines personnes à l'intérieur de Mines Seleine
n'avaient pas fait leur travail comme il faut et que la réalité
était tout autre, qu'on n'allait pas, cette année, montrer un
profit mais qu'on était pour montrer une dette.
Vous voyez tout de suite le pattern. En 1983-1984, il y a eu une perte
de 23 800 000 $, en 1984-1985, une perte de 23 100 000 $, en 1985-1986, une
perte de 21 500 000 $, en 1986-1987, 3 500 000 $ et cela, malgré le fait
que la productivité a augmenté de beaucoup. La, je rends hommage
aux mineurs, à la direction et tout ceia. Mais, cette année, on
se retrouve, en 1987-1988, avec une perte de 3 200 000 $. Je dois vous avouer,
pour avoir parlé à M. Gillman qui est le président de
Mines Seleine et à d'autres - j'en suis convaincu, en tout cas, c'est
mon opinion - que, malgré toute la sympathie que j'avais pour un groupe
québécois, je me posais de sérieuses questions sur sa
possibilité de rentabiliser la mine dans la mesure où il fallait
s'attaquer à des marchés américains pour
pénétrer sur le marché américain.
Il faut savoir, lorsqu'il y a des oligopoles comme cela, si un groupe
pas trop puissant financièrement cherche à couper les prix, s'il
s'agit de couper des prix pour pénétrer des marchés, que
c'est un risque comme dans le domaine de l'alimentation. Il faut avoir les
reins solides. Il y a Steinberg qui s'est essayé à cela, il y a
quelques années. Dans le domaine du sel, c'est exactement la même
chose et cela aurait été extrêmement difficile. Mais si la
différence n'avait pas été si considérable, on
aurait pu le considérer et si les deux groupes québécois
qui nous ont fait des soumissions séparées s'étaient mis
ensemble, cela aurait été plus fort. Mais, encore là, il y
avait une différence de prix très importante. Comme de raison, si
les deux groupes québécois s'étaient mis ensemble avec le
groupe international dont je vous parlais tout à l'heure, cela aurait
été encore mieux.
Mais la différence, sans vous donner de détails -
l'entente de confidientialité qu'ils ont signé et à
laquelle on s'est engagé ne me permet pas de vous donner de
détails - entre le premier groupe d'acheteurs, entre Canadian Sait et le
troisième groupe qui est un groupe québécois, est de 15
000 000 $. Si on ajoute à cela le fait que Canadian Sait, après
négociations, nous a offert un escompte de 5 % sur le prix du sel que
nous payerons et que nous avons payé en 1987-1988 - sur une
période de dix ans, cela équivaut à un rabais de 11 000
000 $ - ceci veut dire, quoiqu'on ne puisse pas additionner les deux chiffres
sur une base comptable, si vous additionnez ce chiffre de 11 000 000 $, qu'avec
la différence de 15 000 000 $, on arrive avec une différence de
25 000 000 $. C'est beaucoup d'argent.
La question qu'on se posait, c'est: Est-ce que ce groupe
québécois sera capable, de toute façon, de
pénétrer les marchés aux États-Unis, d'augmenter la
production, parce que, nous, nous nous doutions que, pour acheter la mine, il
fallait qu'il s'endette et nous savions que, pour augmenter la capacité
de la mine, il fallait faire des investissements de l'ordre de 15 000 000 $
à 16 000 000 $, ce sur quoi Canadian Sait, quand elle nous a
présenté son plan de développement, nous a dit qu'elle
investirait 16 000 000 $.
C'est donc dire que la différence était énorme
entre le premier acheteur - celui que nous avons choisi - de l'ordre de 25 000
000 $ si on inclut le contrat de sel, et celui qui était le
troisième, qui était le premier acheteur québécois
et que, de toute façon, nous avions des doutes sur sa capacité de
rentabiliser la mine. On aurait pu se retrouver dans la situation où un
acheteur aurait acheté la mine... Je sais, pour en avoir discuté
avec la direction de Domtar, que, si pendant une ou deux années de suite
le climat est trop clément et que les ventes de sel ne sont pas celles
qui ont été escomptées, la profitabilité tourne.
À moins que vous n'ayez les reins très solides, vous
êtes... Le président de Domtar m'a dit: À moins que vous
n'ayez un acheteur qui est capable de passer à travers deux
années très difficiles, vous n'avez pas le bon acheteur.
Pour toutes ces raisons et en sachant que, somme toute, ce n'est pas
avec le sel qu'on va faire la guerre des étoiles... Ce n'est pas un
matériau stratégique d'une importance capitale. On parle de sel
de déglaçage. Ce n'est pas la guerre des étoiles. Ce n'est
pas ce qui se passe avec le sel qui va faire le développement
technologique du Québec. Pour toutes ces raisons, pour des raisons
financières et surtout en raison de notre principale
préoccupation qui était d'assurer les opérations de la
mine au moins pendant dix ans, d'avoir un acheteur avec les reins solides et de
favoriser le maintien et le développement des emplois aux
Îles-de-la-Madeleine, je crois que nous avons trouvé un acheteur
sérieux qui a rencontré nos conditions et qui s'est engagé
contractuellement à rencontrer les exigences que nous avions, avec une
pénalité terrible, la pénalité que nous puissions
racheter la mine à 50 % de la valeur marchande de la mine.
Je crois qu'avec cela, on a réellement un acheteur sérieux
et que le grouvernement du Québec et les Madelinots seront
protégés contre un abus possible qui pourrait subvenir. (21 h
15)
M. Parent (Bertrand): M. le Président, je comprends que le
ministre ne veuille pas dévoiler des choses, vu les accords de
confidentialité. Je respecte cela. Sauf que des choses sont connues. En
lisant le journal, le 2 avril, j'ai appris que les soumissions canadiennes
venaient des groupes Miron et Desgagnés. C'est peut-être
confidentiel, mais cela a paru dans le journal Le Soleil, dans un
éditorial du coco de Pâques financier parlant de la
transaction.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes bien
informé, M. le député.
M. Fortier: Ce n'est pas celui-là. Celui-là est
encore pire que l'autre sur le plan financier.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): C'est possible. Comme je vous le dis, j'ai
les documents qu'on veut bien me fournir...
M. Fortier: Oui, oui.
M. Parent (Bertrand): Ce qu'on a pu me fournir jusqu'ici comme
documents, c'est le journal Le Soleil. Est-ce que le ministre peut au
moins s'engager, dès que ce sera possible, à nous les fournir?
Est-ce qu'il serait possible d'avoir ces détails de façon que, de
notre côté, nous puissions faire notre travail le mieux possible?
Je ne dis pas que les gens qui ont fait le travail pour vous ne l'ont pas bien
analysé, mais il me semble important de voir cela. Vous avez
insisté beaucoup en Chambre, aujourd'hui, en réponse à une
question de votre collègue le député des
Îles-de-la-Madeleine sur le bienfait de vendre à cette
société américaine, parce qu'elle a les reins solides. Au
plan des affaires, je veux bien. Mais ce sont des choses qui appartenaient
à l'ensemble des Québécois et, tout d'un coup, cela passe
aux mains des Américains. Peut-être qu'on ne fera pas la guerre
des étoiles, pour prendre votre expression, mais il reste que cela fait
quand même un peu curieux qu'au Québec, l'on n'ait pas
trouvé d'acheteurs sérieux.
Ce n'est pas la première société qui passe en
d'autres mains. Le danger, je vous l'avais dit justement concernant ce qui
pouvait arriver à Domtar, c'est que le morceau était tellement
gros qu'on aurait pu se retrouver dans une situation similaire. Dans le cas de
Mines Seleine, c'est fait. Cette compagnie a été vendue aux
Américains. Ce que j'aimerais avoir éventuellement, c'est le
maximum d'informations sur les autres soumissions pour être capable de
faire ce travail. Je ne sais pas dans quel sens le ministre peut nous fournir
ces documents, mais dès qu'il sera possible de nous les fournir.
M. Fortier: Comme je vous le disais, j'ai fait un effort de ce
côté en le demandant à ceux qui avaient
soumissionné. Je crois qu'il y avait un soumissionnaire, le
deuxième soumissionnaire américain qui nous a dit que cela
n'avait pas d'importance pour lui, mais les deux soumissionnaires
québécois ne nous ont pas dégagés de l'entente de
confidentialité. Nous allons continuer à insister, parce que je
crois que nous ne pouvons pas agir comme si nous étions dans le secteur
privé. Mais, étant donné que nous leur demandions de
s'engager à respecter la confidentialité des documents qu'on leur
donnait, eux, en retour, nous ont demandé de respecter la
confidentialité de l'offre qu'ils nous avaient faite. Étant
lié par cela, cela m'est difficile de répondre à votre
demande. Mais nous allons continuer à insister.
De toute façon, en ce qui concerne le document de vente comme
tel, on m'indique que la clôture finale aura lieu le 29 avril 1988,
quoiqu'ils soient, à toutes fins utiles, propriétaires de la mine
depuis le 1er avril. Le 29 avril, ce sera la clôture finale.
Immédiatement après, enfin, pas longtemps après, il nous
fera plaisir de déposer les documents à l'Assemblée
nationale.
J'aimerais simplement dire que, bien sûr, j'ai fait des tentatives
et je l'ai dit, moi. Je vous pariais d'un groupe québécois qui,
à l'origine, semblait former un groupe plus puissant. En fait, SNC
devait faire partie de ce groupe. J'ai eu des discussions avec eux. On a
tenté de favoriser un groupe qui était plus important. Il faut
bien se rendre compte également que, dans un cas comme celui-là,
le matériau n'est pas nécessairement stratégique. Il y a
des sociétés québécoises qui achètent des
compagnies aux États-Unis. La Laurentienne va acheter des compagnies
d'assurances aux États-Unis. Canam-Manac achète des compagnies
aux États-Unis. Cascades va acheter des compagnies en Europe. Je
comprends bien que certains leviers économiques sont importants pour le
Québec, mais on ne peut pas en faire une règle absolument
étanche, parce que nos propres sociétés
québécoises vont aux États-Unis et dans certains cas et
dans plusieurs cas achètent des compagnies.
Dans ce cas-ci, nous avons cru, étant donné la nature de
la commercialisation du sel en particulier et le fait que la seule
façon... Il faudrait être très clair. J'aurais pu le dire
également. La Canadian Sait, la Société canadienne de sel
est propriétaire d'une mine de sel à Pugwash, en Nouvelle-Ecosse.
Certains s'inquiétaient à savoir si le nouveau
propriétaire ne pourrait pas jouer Pugwash contre Mines Seleine. Examen
fait, après vérification des faits, d'ailleurs le
président de la Société canadienne de sel l'a
évoqué lorsqu'il est venu aux Îles-de-la-Madeleine, le
petit port d'Audrey à Pugwash est ensablé et la capacité
des navires peuvant aller à Pugwash est très petite. C'est donc
dire qu'ils ne peuvent pas se servir de Pugwash pour alimenter la côte
Altantique des États-Unis. Par ailleurs, les facilités portuaires
de Mines Seleine sont excellentes. C'est la raison d'ailleurs pour laquelle la
Société canadienne de sel était très
intéressée à mettre le prix pour acheter Mines Seleine.
Ils vont pouvoir couvrir, à partir de navires, la distance entre Boston
et Mines Seleine qui est d'exactement 42 heures. C'est la même distance
qu'entre Montréal et Mines Seleine. C'est donc dire qu'ils vont utiliser
Mines Seleine pour accroître leur proportion du marché dans l'Est
des États-Unis. Donc, cela a un avantage stratégique important
pour eux et c'est ce qui va faire que l'économie des
Îles-de-la-Madeleine va être favorisée.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que le montant de la transaction,
les 35 000 000 $, va apparaître au 31 décembre 1988 dans
l'année financière, même si la transaction va être
conclue après le 31 mars?
M. Fortier: Le député connaît très
bien les règles comptables avec lesquelles vit le ministre des Finances.
5 000 000 $ ont été payés et 30 000 000 $ vont être
payés comptant à la fermeture; ceci va apparaître comme une
transaction ayant été effectuée le 31 mars, va avantager
SOQUEM d'autant et, indirectement, va favoriser le ministre des Finances. Le
gain en capital qui devient un revenu pour le ministre des Finances est de
l'ordre de 5 000 000 $ à 6 000 000 $. Le reste, ce sera des
liquidités entre les mains de SOQUEM. Il se peut que l'an prochain nous
demandions à SOQUEM de nous payer un dividende, parce qu'avec les
investissements et les dividendes que perçoit SOQUEM à même
les actions de Cambior, en particulier, et avec les montants qu'elle a
reçus d'une couple de privatisations, il serait peut-être normal
que le ministre des Finances se paye un dividende éventuellement. Pour
cela, nous reviendrons devant la Chambre, parce que la loi de SOQUEM est telle
qu'il faudrait la modifier si nous décidions de payer un dividende au
ministre des Finances.
M. Parent (Bertrand): Sur un commentaire que le ministre a fait
il y a quelques minutes concernant la vente aux Américains, je ne peux
pas être d'accord avec lui lorsqu'il dit: Ce n'est pas grave, les
Québécois ou les Canadiens vont bien acheter des entreprises
américaines, il n'y a pas de mal à ce que les Américains
viennent acheter... Disons que le rapport n'est pas tout à fait le
même. Si M. Péladeau s'en va acheter un journal à
Philadelphie et si les Américains veulent venir acheter la Presse,
on n'est pas dans la même situation de danger. L'un ne menace pas
l'autre, mais l'autre nous menace. Tout cela pour vous dire qu'il faut faire
attention dans la comparaison. Même si on est dans une situation de
libre-échange, je pense que le fait que les Américains...
M. Fortier: II ne faut pas en faire une règle absolue.
M. Parent (Bertrand): ...viennent prendre possession de certaines
entreprises ici pourra nous placer éventuellement dans une situation -
je dis bien pourra...
M. Fortier: Je suis tout à fait d'accord.
M. Parent (Bertrand): D'ailleurs, vous avez toujours
manifesté, dans votre document du début et en cours de route, que
vous étiez pour favoriser davantage les entreprises à
contrôle québécois et garder ici ce qui appartenait aux
Québécois. D'ailleurs, je pense qu'il y a une autre
société, en juillet 1986... Si ma mémoire est bonne ce
serait SNA Distex. Quand elle a été vendue, elle a
été vendue à Echlin et je crois que c'est une
société américaine aussi. Est-ce exact?
M. Fortier: Oui. C'est cela. Ils possédaient
déjà 50 %. Donc, on a vendu les 50 % que nous possédions.
Comme c'était leurs dirigeants qui faisaient des investissements, on a
cru qu'étant donné qu'ils étaient déjà
impliqués c'était la meilleure façon d'assurer la survie
de cette filiale.
M. Parent (Bertrand): C'est passé à 100 % sous
contrôle américain?
M. Fortier: C'est cela, oui. D'une façon
générale, le député a raison, nous avons toujours
insisté... Je pense au cas de Donohue. On avait la même condition
pour Domtar. Je pense à Madelipêche où bien qu'on nous
offrait un prix sensiblement plus élevé, nous avons choisi la
meilleure garantie financière. Nous avons favorisé les
Madelinots. De façon générale, c'est une
préoccupation que nous avons. Je n'en ai pas fait un principe
général. Au contraire, nous avons démontré, dans
plusieurs transactions, que nous favorisons les Québécois. Mais,
dans ce cas-ci, pour les raisons que j'ai évoquées tout à
l'heure, nous avons cru que, finalement, c'était la meilleure
façon de rentabiliser un investissement important pour les
Madelinots.
M. Parent (Bertrand): Dans votre tableau de l'ensemble êtes
privatisations, votre bilan, le Manoir Richelieu n'apparaît pas. Est-ce
que c'est un oubli? Que je sache, cela a été une
privatisation.
M. Fortier: Le ministre qui vous parle n'a pas été
directement impliqué dans la vente du Manoir Richelieu. Et je né
crois pas que le ministère des Finances et surtout la direction des
sociétés d'État soient impliqués. Il faudrait poser
toute question pertinente... Comme vous le savez, M. le député de
Bertrand, la mise en vente avait été faite par le gouvernement
précédent. Le prospectus avait été approuvé
par le gouvernement précédent. Je crois que cela avait
été fait par le biais du ministère des Loisirs, de la
Chasse et de la Pêche ou par le ministère du Tourisme d'alors. De
toute façon, c'est ce ministère qui avait assumé la
totalité de la responsabilité. En tout cas, comme ministre, je ne
dis pas que je me désiste de la décision qui a été
prise au Conseil des ministres, je dis que, comme ministre, je n'ai pas
participé à la transaction.
M. Parent (Bertrand): D'accord, je voulais avoir cette
information. Étant donné l'heure, comme je me fais toujours un
devoir d'être très respectueux de nos règles, je vais
prendre deux minutes et laisser le temps au ministre de conclure.
En terminant, j'aimerais dire que j'ai un peu l'impression que c'est
peut-être le dernier exercice que nous faisons ensemble, parce que je ne
suis pas sûr que le ministère du délégué
à la
Privatisation va continuer, étant donné que la
mission...
M. Fortier: À quelle place je m'en vais?
M. Parent (Bertrand): ...est complétée. Quoi qu'il
en soit, je demeure certes très convaincu que les gestes qui seront
posés au cours de la prochaine année devront être des plus
pondérés, ce qui semble être un peu plus le discours du
ministre. De mon côté, vous connaissez l'esprit qui m'anime.
J'espère que le ministre pourra continuer à apporter le maximum
de collaboration quant aux informations lors des transactions. Maintenant
qu'elles ont été faites, j'ai fait quelques demandes -
particulièrement dans le cas de Mines Seleine, il s'agit quand
même d'une transaction importante - afin que nous puissions faire notre
travail; cela me semble fondamental et important. Si le ministre se voit
confier d'autres responsabilités, je lui souhaite bonne chance. Dans le
cas de la privatisation, je lui dis qu'il a fait son boulot, pas à ma
satisfaction, loin de là. Mais il reste une chose: il y a un bilan. Je
l'ai demandé au début et je termine en le demandant, le bilan
d'économie de 500 000 000 $ que vous avez faite. J'aimerais le voir.
J'aimerais savoir de quoi il se compose. Même si, selon vos derniers
chiffres, il est monté à 800 000 000 $ ou 850 000 000 $,
j'aimerais savoir sur quoi vous avez fait votre analyse et ce qui a
été pris en considération, et que vous puissiez me le
remettre dans les plus brefs délais. Je suis devenu avec une phobie
d'analyse de bilans, et autant pour ceux du ministre des Finances qui me voit
parfois dans sa soupe. J'aimerais que vous puissiez me fournir ce bilan.
M. le Président, je tiens à vous remercier, de même
que vos collaborateurs, pour l'exercice auquel on s'est livré au cours
des trois dernières heures.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre, en conclusion.
M. Fortier: M. le Président, quand le député
disait que c'était la dernière fois qu'on s'asseyait ensemble,
j'allais dire que je ne savais pas qu'il nous quittait. Il me semblait que
c'était un autre départ, de l'autre côté de la
Chambre, mais ce n'est pas tout à fait ce qu'il a voulu dire.
M. Parent (Bertrand): Vous sautez vite aux conclusions.
M. Fortier: Je voudrais simplement le rasssurer. Nous avons fait
21 privatisations. J'accepte le fait, parce qu'il joue son rôle de
critique, qu'il se dise en désaccord avec certaines des
opérations qui ont été faites. J'aimerais lui dire que ce
fut pour moi une expérience extraordinaire de travailler avec les gens
qui m'entourent. On l'a toujours fait pour le mieux- être du public et
des contribuables. Je crois que nous avons réussi, d'une part, à
assainir les finances publiques et, d'autre part, à activer ou à
réactiver l'activité économique dans plusieurs
régions du Québec par le biais de ces privatisations. Somme
toute, je vous remercie, M. le Président, de votre collaboration et je
remercie les députés qui ont collaboré à cette
étude des crédits ou à l'étude des politiques
touchant la privatisation.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre, ainsi
que les membres des deux formations politiques.
Nous ajournons nos travaux à demain, 10 heures, afin de
poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Finances pour l'année financière 1988-1989,
soit les programmes 1 à 5 et 8.
(Fin de la séance à 21 h 31)