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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration commence ses travaux ce
matin. Nous sommes réunis afin de poursuivre l'étude des
crédits budgétaires du ministère des Finances pour
l'année financière 1988-1989, soit les progammes 1 à 5 et
8. M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Hamel
(Sherbrooke) remplace M. Fortin (Mar-guerrte-Bourgeoys).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Une période de quatre heures a été allouée à
l'étude des crédits de ces programmes en deux blocs, soit deux
heures trente ce matin et une heure trente cet après-midi. Il a
été convenu avec le représentant de l'Opposition et les
parlementaires du groupe ministériel que nous allions débuter par
les déclarations d'ouverture ou remarques préliminaires. Nous
allons ensuite consacrer une enveloppe de deux heures sans temps
déterminé à la Caisse de dépôt et à
Loto-Québec, en un premier temps, pour poursuivre dans
l'après-midi avec les crédits du ministère des
Finances.
Dans un premier temps, j'inviterais M. le ministre des Finances à
nous faire ses remarques préliminaires. M. le ministre des Finances,
s'il vous plaît.
Remarques préliminaires M. Gérard D.
Lévesque
M. Levesque: M. le Président, membres de la commission, M.
le secrétaire, nous étudions aujourd'hui les crédits
budgétaires du ministère des Finances pour l'exercice financier
1988-1989. En premier lieu, M. le Président, permettez-moi d'attirer
votre attention sur le fait que les crédits à voter pour les
programmes 6 et 7, c'est-à-dire ceux de l'Inspecteur
général des institutions financières et ceux de la
Commission des valeurs mobilières du Québec, ont
été discutés et adoptés hier avec la participation
de mon collègue, le ministre délégué aux Finances
et à la Privatisation. Dans ce cas, nos discussions n'auront pas
à porter sur ces crédits.
En conséquence, le document que vous avez en main, je pense -
oui, celui-là - les membres de la commission également...
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le ministre.
L'ensemble des membres de la commission a ce document.
M. Levesque: Alors, ce document ne fait pas
référence aux crédits de ces programmes. Je tiens
également, M. le Président, comme vous l'avez
évoqué vous-même, à souligner que MM. Jean Campeau,
président-directeur général de là Caisse de
dépôt et placement du Québec et David Clark,
président de la Société des loteries et courses du
Québec, et quelques-uns de leurs collaborateurs et collaboratrices - ils
sont peu nombreux - sont présentement avec nous et, comme le veut la
tradition, ils pourront répondre aux questions que les membres de cette
commission jugent à propos de leur poser.
Avant que nous commencions nos discussions, permettez-moi d'exposer
brièvement certains éléments significatifs tant sur la
structure administrative du ministère des Finances que sur les
crédits eux-mêmes que nous aborderons plus en détail, si je
comprends bien, cet après-midi.
Vous trouverez dans le document que nous vous avons remis le nouvel
organigramme du ministère des Finances. On y observe que certaines
modifications organisationnelles ont été apportées au
secteur des politiques fiscales ainsi qu'au bureau du Contrôleur des
finances. Au cours des années précédentes, le secteur des
politiques fiscales comptait trois directions: la Direction des politiques de
taxation, celle de l'analyse et des prévisions fiscales et celle des
relations financières intergouvernementales. À celles-ci,
s'ajoutait, sous la responsabilité immédiate du sous-ministre, la
Direction générale de la recherche économique.
Depuis, nous avons décidé de regrouper les trois
directions du secteur des politiques fiscales sous deux directions
générales, soit la Direction générale des
politiques financières intergouvernementales et de l'analyse fiscale et
budgétaire, et la Direction générale des politiques de
taxation et prévision des revenus autonomes. Quant à la Direction
générale de la recherche économique, elle est
demeurée intacte et relève, maintenant, du sous-ministre adjoint
aux politiques fiscales. Ces regroupements ont été
effectués afin de mieux intégrer nos travaux en regard des
développements rapides et majeurs qui se produisent dans le secteur de
la fiscalité tant des entreprises que des particuliers. On peut penser
ici a la réforme fiscale québécoise, à celle du
gouvernement fédéral et enfin à la réforme fiscale
américaine.
Maintenant, vous trouverez dans l'organigramme la nouvelle structure
administrative du bureau du Contrôleur des finances. L'ancienne structure
datait de cinq ans; l'analyse du fonctionnement des secteurs d'activité
du bureau du Contrôleur des finances a permis de faire ressortir
certaines améliorations souhaitables sur le plan des systèmes
d'information et d'inter-
prétation, ainsi que sur le plan de la gestion de
l'information.
Les objectifs de cette réorganisation se résument ainsi:
amélioration des services à la clientèle -
c'est-à-dire que notre clientèle, ce sont les ministères
et les organismes - clarification des rôles et des responsabilités
en matière de vérification et enfin, amélioration de la
gestion de l'information. Ainsi, la Direction générale des
systèmes d'information fournit maintenant tout le soutien informatique
autre que celui nécessaire à SYGBEC. S-Y-G-B-E-C, pour les
besoins du Journal des débats.
La Direction générale des opérations comprend les
23 directions comptables réparties dans les ministères. La
Direction générale de la vérification effectue les
opérations de vérification spécialisée et enfin une
nouvelle unité sous la responsabilité du contrôleur adjoint
centralise l'interprétation et la confection des comptes publics et des
états financiers. Cette réorganisation de bureau du
Contrôleur des finances a permis de rationaliser les effectifs
réguliers et son personnel d'encadrement, comme on le verra à
l'étude détaillée des crédits. Vous savez que le
Contrôleur des finances est présent dans chacun des
ministères du gouvernement par des employés de notre
ministère qui sont en fonction physiquement dans chacun des
ministères du gouvernement.
Maintenant, M. le Président, vous me permettrez de
détailler quelque peu les crédits du ministère,
c'est-à-dire ceux des programmes que nous étudierons. Ces
crédits s'élèvent à 3 293 750 400 $ par rapport
à 3 095 977 900 $ en 1987-1988, soit une augmentation de 6, 4 %. De ce
montant, 2 917 076 000 $ représentent des crédits permanents ou
statutaires et n'ont donc pas à être votés. C'est surtout
le cas du service de la dette. Le solde de 376 688 400 $ se subdivise
lui-même en trois blocs. Les crédits de fonctionnement proprement
dits du ministère, pour un montant de 59 152 400 $, les crédits
du fonds de suppléance de 300 811 800 $ et enfin les crédits de
transfert de 16 724 200 $, soit la gestion de certains emprunts des organismes
du réseau de la santé. La comparaison des crédits de
fonctionnement de 1987-1988, soit 51 000 000 $, avec ceux du présent
exercice, soit 59 000 000 $, fait ressortir évidemment une augmentation
qui pourrait paraître substantielle de 8 000 000 $. Cet écart est
dû en bonne partie à la création des fonds spéciaux
de l'informatique et des télécommunications dont les
crédits ont été transférés du
ministère des Communications aux différents ministères
utilisateurs. Les membres de la commission vont probablement retrouver la
même explication un peu partout, alors que les ministères
passeront devant cette commission. Les crédits du ministère des
Finances relatifs à ces deux fonds s'élèvent
respectivement pour l'informatique à 4 400 000 $ et pour les
communications à 850 000 $. L'écart de 840 000 $ s'explique
également par un ajustement sur le coût des loyers. Vous savez
qu'on a déménagé l'an dernier. Nous étions dans
l'édifice Honoré-Mercier, autrefois l'édifice "C", et nous
sommes maintenant à l'ancien palais de justice, ce qui explique que
notre loyer a été modifié et qu'il y a un écart de
840 000 $ relativement au loyer payable à la Société
immobilière du Québec.
Quant au solde de l'augmentation des crédits de 1988-1989 par
rapport à 1987-1988, il est imputable, comme vous le devinez bien, aux
augmentations salariales prévues aux conventions collectives du
gouvernement - ce qui intéresse tout particulièrement le
député de Saint-Louis. En 1987-1988, 1173 années-personnes
étaient allouées au ministère, alors que pour l'exercice
actuel le ministère en disposera de 1134 soit une réduction de 39
postes réguliers. Cet effort est surtout le résultat de la
réorganisation des activités du bureau du Contrôleur des
finances, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, et d'une
rationalisation des opérations dans les autres secteurs du
ministère.
Maintenant si vous le voulez, nous pourrions prendre les principaux
postes de dépenses. Évidemment, nous allons commencer par le
service de la dette qui fait partie de l'héritage. Les crédits du
service de la dette publique sont en hausse de 2, 3 % en 1988-1989. Par rapport
aux dépenses probables de 1987-1988 qui présentent des
crédits périmés de 19 200 000 $, la croissance est de 3 %,
soit 85 400 000 $. Il y a deux facteurs dont il faut tenir compte. Il y a
l'augmentation du volume de la dette, parce que malgré tous nos efforts
nous n'avons pas encore un déficit zéro, alors la dette doit
augmenter encore pour quelque temps, d'une façon peut-être moins
spectaculaire et moins dramatique, je l'espère bien, mais elle doit
encore augmenter. C'est un premier facteur. L'autre facteur, c'est
évidemment le service de la dette lui-même qui est affecté
par le volume et par les taux d'intérêt.
L'augmentation du volume de la dette par rapport à l'an dernier
amène une croissance de 186 200 000 $ des dépenses probables du
service de la dette en 1988-1989 comparativement à 1987-1988. Un niveau
moyen du taux d'intérêt applicable à la dette un peu
inférieur à l'an passé amène, par ailleurs, une
réduction de 84 100 000 $ et divers autres facteurs, une diminution de
16, 7 %. On en reparlera au cours de l'après-midi.
La croissance du service de la dette a été plutôt
raisonnable au cours des dernières années, soit de 3, 9 % en
1986-1987 et de 2, 2 % prévue pour 1987-1988. Celle de 3 % prévue
pour 1988-1989 s'inscrit dans la même veine. On se souviendra qu'au cours
des onze années précédentes, la croissance annuelle du
service de la dette avait été en moyenne de 22 % et des sommets
de 36, 9 % et 37, 9 % ayant été atteints en 1980-1981 et
1981-1982 à la suite de l'explosion des taux d'intérêt et
de la croissance importante des niveaux de déficit.
Avec des niveaux de déficit plus raisonnables, bien qu'encore
trop élevés, la croissance de la dette publique incluant l'effet
de la variation des taux de change sur la dette en monnaies
étrangères a pu être ramenée à 8,4 % en
1986-1987. Je ne parle pas du service de la dette, mais de la dette
elle-même. Elle a pu être ramenée à 8,4 % en
1986-1987 et à 4,7 % en 1987-1988. Cela se compare à une
augmentation annuelle moyenne de 17,7 % au cours de la période de
1975-1976 à 1985-1986, un sommet de 29,3 % ayant été
atteint en 1980-1981. On reviendra là-dessus si les membres de la
commission veulent insister.
Maintenant, le fonds de suppléance. C'est le deuxième
poste important que je veux aborder brièvement, il est toujours
difficile d'apprécier la croissance des sommes inscrites au fonds de
suppléance puis transférées aux divers programmes
réguliers des ministères et organismes en cours d'année.
En effet, les sommes portées au fonds de suppléance
représentent d'abord une réserve générale en vue de
pourvoir aux dépenses imprévues à l'intérieur d'une
limite - vous savez que cette limite existe - de 10 % du crédit qu'on
veut ainsi augmenter. On ne peut pas augmenter un crédit de plus de 10 %
et cela, dans le cadre des programmes réguliers.
En outre, on y inscrit des provisions pour des augmentations de salaire
des employés des secteurs public et parapublic, pour le règlement
éventuel de certaines ententes collectives ou de dossiers litigieux, et
pour certains projets particuliers dont la mise en oeuvre est susceptible
d'être retardée. La préservation de la position de
négociation du gouvernement - et j'insiste là-dessus parce que
j'aurai peut-être des questions auxquelles je déciderai de ne pas
répondre - demande alors qu'on n'inscrive pas de façon
spécifique en début d'année les montants en cause dans la
programmation détaillée des ministères. On les retrouve en
bloc. Lorsqu'on me demandera possiblement: Voulez-vous détailler
certaines de ces rubriques, je m'y refuserai simplement parce que, justement,
il y a des domaines où nous sommes en négociation, et je n'ai pas
l'intention de dévoiler quelles sommes nous avons mises de
côté pour telle ou telle situation. On comprendra cela assez
facilement.
Cependant, nous ferons rapport à la commission des sommes que
nous avons mises de côté, c'est clair. Vous avez, dans les
documents qu'on vous a remis, tous les détails disponibles et publiables
dans le sens de la protection des intérêts de l'État.
Les crédits 1988-1989 incluent une réserve de 65 000 000 $
pour des dépenses imprévues et des provisions atteignant 235 400
000 $ pour l'ensemble des autres dossiers dont la majeure partie serait
destinée à l'indexation des salaires à compter de diverses
dates, selon les catégories de personnel. La réserve
générale pour imprévus de 1988-1989 à 65 000 000 $
se compare à des crédits prévus à cette fin de 75
000 000 $ en 1987-1988, soit 50 000 000 $ intégrés aux
crédits initiaux et 25 000 000 $, comme vous le savez, dans les
crédits supplémentaires de mars dernier.
On sait qu'il n'y a pas de dépenses inscrites au fonds de
suppléance puisque les crédits qui y apparaissent ne servent
qu'à des virements vers des programmes réguliers. Pour 1987-1988,
il est toutefois prévu, pour le moment, que 6 000 000 $ des
crédits du fonds de suppléance seront périmés au
moment de la fermeture des livres.
J'en profite à ce moment-ci pour vous dire qu'il faudra
peut-être attendre au discours sur le budget pour avoir des chiffres
mieux finalisés, si vous voulez, sur l'année 1987-1988. Dans
plusieurs remarques que j'aurai à faire, je me baserai plutôt sur
l'exercice 1987-1988, étant donné que je devrai garder certains
chiffres qui n'apparaissent normalement qu'au moment du discours sur le budget.
Autrement dit, même si je savais, au moment où je vous parle,
qu'il y a certaines corrections à apporter à ces chiffres, je ne
les apporterai pas à ce moment-ci simplement parce que ces
données doivent attendre le discours sur le budget. Cette réserve
étant faite, j'essaierai d'être le plus transparent possible,
comme je l'ai toujours été.
Les déficits accumulés par les hôpitaux au cours de
la période 1982-1985 et qui ont dû être pris en charge par
le gouvernement se chiffraient à 282 600 000 $. C'est un autre sujet que
je veux aborder en touchant justement ces postes, ayant abordé le
service de la dette, le fonds de suppléance, j'en arrive
présentement à cet élément, a la loi 130, laquelle
- vous vous rappelez, on l'avait discutée ici en commission - avait
autorisé les crédits requis pour rembourser le capital des
emprunts à terme contractés pour financer ces déficits, de
sorte que seuls les intérêts sur ces emprunts demandent de
nouveaux crédits. Il n'est plus question des déficits des
hôpitaux, sauf qu'il faut continuer à payer les
intérêts des anciens emprunts.
Ces intérêts étant dus par le gouvernement au moment
où ils deviennent échus selon les conditions des emprunts
contractés par chacun des hôpitaux pour financer leur
déficit, les crédits d'une année correspondent aux
déboursés à effectuer.
Sur base d'exercice, ces intérêts seraient de 19 300 000 $
en 1987-1988 sur des emprunts en cours de 245 400 000 $ avec un taux effectif
de 8,8 %, alors qu'ils sont prévus à 16 200 000 $ en 1988-1989
sur des emprunts en cours de 194 400 000 $ avec un taux effectif de 8,3 %.
Vous voyez que nous avons pris en charge au début 282 600 000 $.
À mesure que cela se résorbe maintenant, on a évidemment
chaque année une réduction consacrées aux
intérêts, étant donné qu'il ne s'accumule pas
d'autres déficits comme il a été décidé dans
le temps. J'espère que cela va continuer.
Les crédits requis pour payer les intérêts
échus en 1988-1989 sont estimés à 16 700 000 $, soit 8,6 %
de moins que les crédits de
18 300 000 $ votés en 1987-1988, dont 2 500 000 $ sont
prévus être périmés.
Enfin, il faut noter que depuis la fin de 1985-1986, à la suite
de l'énoncé d'une politique claire et de la mise en place de
contrôles rigoureux à cet égard, les centres hospitaliers
n'ont encouru aucun nouveau déficit de fonctionnement à
être pris en charge par le gouvernement.
Maintenant, un mot sur le financement. Est-ce que j'ai
dépassé mon temps, M. le Président? (10 h 30)
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le ministre. Il vous
reste environ huit minutes. Est-ce que c'est exact?
M. Levesque: II me reste encore trois ou quatre minutes encore
pour terminer.
Le Président (M. Lemieux): Ah bon! Je m'excuse. Vous
auriez terminé, M. le ministre.
M. Levesque: Est-ce que je peux avoir la permission de mon
collègue pour terminer? Si on a les réponses tout de suite ce
sera peut-être cela de gagné sur les questions qu'on aura à
poser.
M. Parent (Bertrand): Allez-y. Je n'aurai plus de questions
à vous poser. C'est merveilleux.
M. Levesque: Tant mieux! Un mot sur le financement. Je pense
qu'une partie importante de nos activités, ce sont nos opérations
de financement.
Ces opérations menées au cours de 1987-1988 se sont
inscrites dans la poursuite des principaux objectifs que s'est fixés le
ministère des Finances en cette matière au cours des
dernières années. Ces objectifs sont les suivants.
Premièrement, ne pas augmenter la part de la dette libellée en
monnaies étrangères et, si possible, accroître sa
proportion en dollars canadiens de façon à réduire le
risque global de l'ensemble de la dette. C'est là une chose.
Deuxièmement, accroître la proportion de la dette à
taux fixe par rapport à celle à taux variable pour fixer une plus
grande partie du coût de la dette en période de taux
d'intérêt relativement bas, comme nous le connaissons
présentement, et pour disposer de plus de flexibilité pour
recourir aux instruments de dette à taux variable en cas de besoin.
Troisièmement, négocier des termes d'emprunt relativement
longs pour éviter de trop fréquents recours au marché
à des fins de refinancement et se soustraire aux aléas de la
conjoncture des marchés financiers. Il faut toujours tenir compte de la
conjoncture. Il y a quelques années, lorsque les taux
d'intérêt étaient très élevés,
j'imagine qu'on recherchait plutôt des termes plus courts. Maintenant, la
situation étant plus favorable, nous recherchons des emprunts
relativement plus longs, comme il se doit.
Les nouveaux emprunts réguliers de l'année 1987-1988
excluant les opérations de refinancement facultatif
réalisées pour profiter de la possibilité de
renégocier certains emprunts déjà en cours à des
conditions plus avantageuses, ont été contractés dans une
proportion de plus de 85 %, en dollars canadiens. En outre, bien qu'on ait
observé une réduction substantielle des fonds disponibles sur les
marchés pour des échéances supérieures à dix
ans, le gouvernement a pu obtenir une échéance moyenne de plus de
seize ans sur l'ensemble de ses nouveaux emprunts, excluant évidemment
les obligations d'épargne.
Pour les opérations de refinancement facultatif, les nouveaux
emprunts de remplacement ont presque entièrement été
effectués dans les mêmes devises que les emprunts qui faisaient
l'objet d'un remboursement anticipé. Ces opérations, en plus
d'allonger l'échéance moyenne des emprunts refinancés de
près de dix ans, permettront au gouvernement de réaliser des
économies nettes en intérêts estimées à 17
000 000 $ annuellement. Alors, en prenant avantage des possibilités que
nous avions d'aller renégocier les anciens emprunts, de les rembourser
d'avance et de faire de nouveaux emprunts de remplacement, cette méthode
d'opération, cette gestion de la dette, a fait en sorte que nous
puissions avoir une épargne de 17 000 000 $ annuellement.
Il faut enfin noter que la part de la dette libellée en dollars
canadiens a pu être augmentée de deux points de pourcentage en
1987-1988. En tenant compte des contrats d'échange de devises, elle
s'établit à près de 70 % au 31 mars 1988. Quant à
la dette, portant intérêt à taux fixe, elle atteint
maintenant 82,5 % de la dette totale, ce qui représente une
amélioration de plus de six points de pourcentage au cours des deux
dernières années.
Maintenant, une partie importante de la tâche confiée au
ministre des Finances par la Loi sur l'administration financière
consiste à gérer les finances publiques du Québec. Ainsi,
l'article 1 de la loi confie au ministre des Finances la responsabilité
de conseiller le gouvernement en matière de politique économique,
fiscale et budgétaire, et de gérer le fonds consolidé du
revenu et de la dette publique. De plus, en vertu du décret 1239-81 du
1er mai 1981, le ministre des Finances doit approuver les enveloppes
budgétaires totales de chacun des ministères et le coût des
mandats pécuniaires aux tables de négociations collectives. Dans
ce contexte, il est important, deux ans et demi après le début de
notre mandat, de rappeler les objectifs que nous nous étions
fixés et d'examiner ce qui a été accompli jusqu'à
maintenant à cet égard.
Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, notre gouvernement
s'était fixé les objectifs suivants: 1- orienter davantage le
régime fiscal vers la croissance économique; 2- faire
évoluer
les dépenses conformément aux besoins de la population,
mais de façon compatible avec la capacité de payer de notre
société; 3- améliorer la flexibilité
financière du gouvernement; 4-cesser d'emprunter pour financer les
dépenses d'épicerie.
Un mot sur l'économie. Comme en 1986, l'économie du
Québec a été exceptionnellement vigoureuse en 1987;
croissance de 4,8 % selon le Conférence Board; 100 000 nouveaux emplois
à temps plein ont été créés. Il s'agit de la
meilleure performance en quatorze ans. Les politiques fiscales et
budgétaires adoptées par le gouvernement ne sont pas
étrangères à de tels résultats, je veux bien le
souligner modestement. Quant à la fiscalité, les mesures
appliquées depuis décembre 1985 ont augmenté de
façon importante le caractère concurrentiel de la
fiscalité québécoise. Ainsi, lors de
l'énoncé des politiques budgétaires du 18 décembre
1985, le gouvernement a devancé d'un an la réduction des taux
marginaux d'impôt prévue pour 1987, de 30 % à 28 %. En
conséquence, l'écart Québec-Ontario de dix points de
pourcentage du taux marginal maximum a été ramené à
quatre points dès le 1er janvier 1986. De même, lors du dernier
discours sur le budget, des mesures importantes ont été
annoncées pour améliorer le régime fiscal des familles.
Une réduction d'impôt a été annoncée pour les
familles à faible et moyen revenu et nous avons introduit le programme
APPORT pour faciliter le retour sur le marché du travail des conjoints
de familles bénéficiant de l'aide sociale.
Je ne voudrais pas passer sous silence le fait que nous avons
arrêté l'ascenseur des taxes sur les carburants et le tabac, en
mai 1986, en plus d'avoir aboli la surtaxe sur les carburants dans les
régions périphériques dès décembre 1985.
Nous avons également mis de l'avant une série de mesures visant
à favoriser les activités de recherche et développement au
Québec.
Un mot sur les dépenses avant de terminer. La solution aux
problèmes des finances publiques du Québec passait par une
diminution de la croissance des dépenses, tout en préservant
quand même les acquis. Par une gestion serrée des dépenses,
le gouvernement a réussi à en limiter la croissance à 3 %
en 1986-1987 et à 5,5 % en 1987-1988. Les efforts du gouvernement se
sont traduits par une réduction de la part de ses dépenses dans
le PIB, qui est passée de 25,2 % en 1985-1986 à un peu plus de 23
% en 1987-1988. Cette part s'établissait à 26 % en 1983-1984;
cette performance a été atteinte tout en répondant aux
besoins pressants de la population.
Pour 1988-1989, le gouvernement entend poursuivre la même
orientation. L'objectif de croissance des dépenses est de 5,5 %,
comparativement à une projection de 4,1 % pour l'inflation et de 7,5 %
pour le PIB. Malgré cette restriction dans le rythme de croissance des
dépenses, ce sont près de 3 100 000 000 $ que le gouvernement a
canalisés vers des activités considérées comme
prioritaires depuis 1986-1987. De cette somme, le secteur de la santé a
accaparé à lui seul une somme prioritaire additionnelle de 1 100
000 000 $.
Quant au déficit et aux besoins financiers - ce sera ma
dernière remarque - la performance remarquable de l'économie du
Québec au cours des deux dernières années ainsi que les
efforts soutenus pour contrôler les dépenses publiques ont
contribué au progrès important réalisé sur la voie
de l'assainissement des finances publiques. Lors du dernier discours sur le
budget, le gouvernement a annoncé son intention de poursuivre les
efforts entrepris en 1986-1987 pour rétablir la situation
financière du gouvernement et remettre les finances du Québec sur
des bases solides. L'objectif du déficit a donc été
fixé à 2 400 000 000 $ en 1987-1988. On sait que, dans la
synthèse du 31 décembre, c'est maintenant un montant de 2 350 000
000 $ qui est prévu, ce qui représente une baisse de 469 000 000
$ par rapport à l'année précédente - je parle du
déficit - et une baisse de près de 1 000 000 000 $ par rapport
à 1985-1986. C'est une performance, je pense, qui mérite
d'être soulignée.
Pour ce qui est des années suivantes, on peut rappeler que, lors
du dernier budget, le gouvernement avait annoncé qu'en l'absence de
récession économique il poursuivrait la réduction du
déficit qui devrait se situer en 1989-1990 sous la barre des 2 000 000
000 $. Les besoins financiers nets du gouvernement seraient alors
inférieurs à 1 000 000 000 $ et ce, pour la première fois
depuis plus de dix ans. Pour avoir une idée encore plus récente
de l'évolution, je vous suggère d'écouter attentivement le
discours sur le budget.
En conséquence, les efforts du gouvernement pour réduire
son déficit et ses besoins financiers nets, le rapport de la dette
directe du gouvernement - dette à long terme et bons du Trésor -
sur le PIB a commencé à diminuer l'an dernier. Quant au rapport
de la dette totale du gouvernement sur le PIB, c'est-à-dire non
seulement notre dette contractée sur les marchés financiers, mais
aussi nos engagements comptabilisés à l'égard des
régimes de retraite, il plafonnera l'an prochain. En 1984-1985, le
gouvernement avait emprunté pour financer 1 100 000 000 $
d'épicerie; en 1986-1987, ce montant était réduit à
113 000 000 $; depuis ce temps, le gouvernement a complètement
cessé d'emprunter pour financer l'épicerie.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le ministre,
mais je ne voudrais...
M. Levesque: C'est fini, c'est fini.
Le Président (M. Lemieux): ...pas abuser - c'est fini? -
de la gentillesse du député...
M. Levesque: Je n'ai pas l'intention...
Le Président (M. Lemieux): ...de Bertrand.
M. Levesque: ...de dévoiler ici les mesures de mon
prochain budget, c'est ce que j'allais vous dire. Il s'agira cependant d'un
budget très important puisque nous annoncerons alors une réforme
majeure de la fiscalité québécoise tout en poursuivant le
redressement des finances publiques du Québec.
M. le Président, je tiens à vous remercier de nous avoir
permis de dépasser un peu le temps. Je ne veux pas taxer davantage la
patience des membres de la commission et je remercie chacun d'entre eux d'avoir
manifesté une telle ouverture d'esprit et, je le répète,
une telle patience.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Vous me
permettrez, M. le ministre, de remercier tout particulièrement le
député de Bertrand pour cette ouverture d'esprit puisque vous
savez que je dois faire appliquer les règles d'une manière assez
stricte pour l'ensemble des parlementaires. Le député de Bertrand
a collaboré positivement, M. le député de Bonaventure,
pour que vous puissiez dépasser votre temps. Quant à moi, vous
allez m'excuser. C'est le député de Sherbrooke qui va
présider puisque je dois vous quitter pour des obligations qui
m'appellent dans mon comté.
Avant de partir, j'aimerais laisser le message suivant, pour le moment
où on parlera de la Caisse de dépôt: J'espère qu'on
interrogera le président de la Caisse de dépôt sur la
possibilité pour la Caisse de dépôt de soutenir d'une
manière plus active le développement régional et nos PME
en régions. Je laisse ce message et je passe la parole au
député de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je vais
essayer de ne pas abuser et de ne pas suivre le sillon du ministre des
Finances. Je n'ai pas appris grand-chose de nouveau dans la présentation
sommaire que nous a faite le ministre. J'aurais aimé que le ministre,
sans nous dévoiler les grandes lignes de son futur budget, puisse au
moins nous tracer un peu mieux le portrait de ce que l'année 1988-1989
nous réserve en ce qui concerne le ministère des Finances.
Avant de brosser le tableau que je vois, en plus de souhaiter la
bienvenue au ministre des Finances et à son sous-ministre, M.
Séguin, je voudrais, de mon côté, souhaiter la bienvenue au
président de la caisse de dépôt, M. Campeau, et à
ses collaborateurs, ainsi qu'à M. David Clark, président de
Loto-Québec et à ses collaborateurs. Si l'Opposition a
accepté et concouru à ce qu'il y ait un bloc de deux heures ce
matin à l'intérieur d'un bloc de quatre heures - vous savez, on
est régis dans le temps - c'est qu'on a cru bon que ces deux
sociétés puissent venir, à ce moment-ci en avril 1988,
lors de l'étude des crédits, à l'intérieur de
l'enveloppe de quatre heures du ministre des Finances, puisque ces deux
importantes sociétés relèvent du ministre des Finances, et
nous avions certes des questions, des préoccupations concernant la
prochaine année.
En ce qui a trait à la Caisse de dépôt et placement,
elle joue un rôle primordial et on a vu, en décembre dernier,
qu'on a apporté un assouplissement à sa loi et j'espère
que nous aurons la chance de discuter de ces aspects et du rôle davantage
dynamique de la caisse de par la flexibilité qu'elle peut maintenant
avoir avec les allégements apportés à sa loi.
Quant à Loto-Québec, on sait qu'elle génère
autour de 400 000 000 $ de revenus pour le gouvernement du Québec. Pour
prendre une expression bien connue, c'est une vache à lait importante.
Cependant, je pense que les membres de la commission et l'Opposition se posent
des questions sur la façon dont cela se passe à
Loto-Québec, et nous aurons la chance d'approfondir ce sujet au cours
des prochaines minutes. À M. Campeau et à M. Clark, je souhaite
la bienvenue à cette commission parlementaire. (10 h 45)
En ce qui a trait aux finances publiques, au ministère des
Finances, je consacrerai peu de temps à l'aspect des chiffres parce que
le document présenté sur ce que j'appelle la partie cuisine,
partie des chiffres, nous donne passablement d'information,
élément par élément, programme par programme, sur
les raisons de la diminution et de l'augmentation à l'intérieur
de l'ensemble du budget de cette année. Donc, je ne consacrerai pas trop
de temps à cet aspect parce que c'est l'aspect cuisine et, comme je l'ai
mentionné, il y a plusieurs réponses aux questions que je me
posais à l'intérieur du document. Je voudrais, certes, cet
après-midi consacrer le maximum de temps pour discuter avec le ministre
des Finances de deux ou trois aspects dont je vais immédiatement
l'informer pour qu'il puisse préparer les réponses en
conséquence.
Bien sûr, l'aspect du programme, par exemple, Études des
politiques, économiques et fiscales, c'est-à-dire le programme 1,
qui vise à conseiller le gouvernement en matière de politique
financière, économique et fiscale et des relations
financières avec le gouvernement fédéral, est d'une
priorité, à mon avis, très grande parce que de plus en
plus on se rend compte qu'on est dans un carcan dans nos relations
fédérales-provinciales. D'un côté, le ministre des
Finances a été le premier à dénoncer l'année
dernière et encore cette année la partie de l'assiette fiscale
qu'on n'est pas capables de récupérer.
D'un autre côté, je m'appuierai sur un exemple très
précis du rapport spécial qui vient d'être soumis par le
Conseil de la science et de la technologie. On parle beaucoup, ces derniers
temps, de recherche et développement, et de l'importance des
incitatifs fiscaux pour la recherche et développement. Je m'appuierai
sur ce rapport qui vient d'être publié il y a quelques semaines
à peine par le Conseil de la science et de la technologie qui, soit dit
en passant, est un organisme gouvernemental relevant, que je sache, du ministre
de l'Enseignement supérieur et de la Science. Mais le rapport est
très bien fait et il souligne plusieurs points à l'attention du
ministre des Finances. Le rapport dit explicitement: "Le présent
mémoire - c'est un mémoire - porte en particulier sur les effets
de la réforme fiscale fédérale et sur les incidences, sur
les incitatifs fiscaux à la recherche et développement pour le
Québec."
Rappelons que, lors du discours sur le budget le 30 avril dernier, le
ministre des Finances du Québec avait accru sensiblement les avantages
fiscaux liés à la recherche et au développement, mais que
certaines mesures perdent de leur intérêt à la suite de la
réforme fiscale fédérale. Le conseil présente donc,
à cet effet, un certain nombre de suggestions ayant pour objectif de
maintenir l'avantage comparatif du Québec en regard des incitatifs
fiscaux pour la recherche et le développement. Alors, pris sur ce
volet-là, il me semble important de voir ce que le ministre des Finances
entend faire et de quelle façon il a l'intention de s'y prendre à
partir d'un exemple très concret.
Je souligne très rapidement dans cette présentation
sommaire, M. le Président, quelques recommandations du conseil au
ministre des Finances. Le conseil a présenté ce rapport en mars,
justement pour qu'il puisse prendre certaines de ses recommandations en
considération. "Malgré cette volonté du Québec -
disent-ils -de ne pas réduire ces mesures d'incitation fiscale
liées à la recherche et développement, il faut
réaliser que le projet fédéral de la réforme
fiscale aura pour effet de diminuer sensiblement leur impact." Alors, à
toutes fins utiles, ce que le conseil nous dit en matière d'incitatifs
fiscaux, c'est que, même si le Québec fait des efforts, si le
fédéral va dans un autre sens, on aboutit à une annulation
des efforts. Et cela me semble drôlement important parce que c'est dans
cette approche-là que le gouvernement du Québec, le ministre des
Finances, aura des outils pour être capable soit de relancer soit de
freiner l'aspect de recherche et développement.
Comme on l'a vu au cours de la dernière année, le fait
qu'on ait, jusqu'à un certain point, appliqué certaines mesures
ou harmonisé dans certains domaines - et je pense, par exemple, au
domaine des actions accréditives - cela a produit des effets
négatifs. Par exemple les 100 000 000 $ d'impact que vous aviez
annoncés, M. le ministre, quant aux incitatifs fiscaux en recherche et
développement, à toutes fins utiles, le conseil nous dit que cela
a été drôlement surestimé, et on parle d'à
peu près 20 %, soit 20 000 000 $ à 25 000 000 $ sur les 100 000
000 $ qui vont être utilisés par rapport aux 100 000 000 $ que
vous aviez prévus. C'est dommage dans un sens parce que l'incitatif n'a
pas été rejoint pour différentes
considérations.
Un autre point important, la question de l'harmonisation. À la
page 32, le conseil dit au ministre des Finances: "Gardant à l'esprit la
nécessité de maintenir l'avantage fiscal comparatif du
Québec, le conseil invite le ministre des Finances du Québec
à reconsidérer l'opportunité d'harmoniser les
règles fiscales québécoises concernant les
activités de recherche et développement, entre autres les mesures
restrictives proposées dans la réforme fédérale."
C'est, à mon avis, l'aspect ou un des volets importants afin de savoir
de quelle façon le ministre, sans nous dévoiler quoi que ce soit
du prochain discours sur le budget... Je ne voudrais pas être la cause
d'une fuite, veuillez me croire, M. le ministre, mais je voudrais quand
même savoir quelles vont être vos réactions à ce
récent rapport et quelle va être votre approche.
J'ai l'impression que, depuis quelques années, le
ministère des Finances du Québec est "sur un pilote automatique".
On s'en va avec des mesures, il manque un peu d'innovations et, dans mon jargon
à moi, un peu de leadership pour prendre des nouvelles routes, des
nouvelles avenues. J'aimerais que l'actuel ministre des Finances prenne de
nouvelles initiatives dans ce sens, que ce soit auprès d'Ottawa ou que
ce soient des mesures qui concernent vraiment de nouveaux leviers pour
permettre à l'économie de bien aller. Effectivement,
l'économie va bien, mais c'est à cause d'une conjoncture
générale. Il n'est pas dit qu'à la fin de 1988 et en 1989
on ne connaîtra pas un contexte économique beaucoup plus
difficile. Il faudra qu'il y ait des mesures incitatives dans ce sens. Le
rapport le mentionne très bien; on a des arrérages importants sur
le plan de la recherche et développement et on dit, à la page 44
dudit rapport, particulièrement au cours des années 1986 et 1987.
Cela touche vraiment le gouvernement actuel. Au bas de la page 44, on fait
mention de cet aspect.
L'autre volet que j'aborderai cet après-midi, c'est celui qui
apparaît au programme 3 Comptabilité gouvernementale. On dit que
le programme vise à exercer le contrôle, à
régulariser les dépenses, à préparer les
états financiers et à apporter aux gestionnaires toute
l'information comptable pertinente. Vous comprendrez, M. le Président,
qu'à la suite d'interventions que j'ai faites récemment, à
la suite d'interventions que j'ai faites à quelques reprises concernant
la présentation des états financiers, la dette et
particulièrement le déficit, je vais revenir à la charge.
Cela me semble important que l'information pertinente comptable apparaisse dans
les documents qui seront publiés avec le discours sur le budget.
Même si cela ne plaît pas au ministre des Finances, même s'il
a laissé entendre que le député de Bertrand pouvait ne pas
être dans un
état de santé normal, je devrai, oui, parce que votre
réponse... C'est-à-dire que j'étais peut-être un peu
malade.
M. le ministre des Finances, avec tout le respect que je vous dois, vous
savez fort bien que la présentation des prochains états
financiers et de l'évolution du déficit du Québec est
importante. Vous savez exactement ce à quoi je fais allusion. Si le
ministre des Finances du Québec veut continuer à
répéter que les finances publiques du Québec et le
déficit s'améliorent, je veux bien, mais il faudra les replacer
dans leur contexte. À moins que le ministre des Finances du
Québec ne contredise ce que le Vérificateur général
du Québec a dit à cette commission, à savoir que les
effets des nouvelles conventions comptables... Je ne dis pas qu'il ne fallait
pas que les conventions comptables s'appliquent ou ne s'appliquent pas. C'est
un autre débat. Mais les effets des nouvelles conventions comptables au
31 mars 1987 ont eu un impact favorable au gouvernement de plus de 500 000 000
$.
Le Vérificateur général a aussi confirmé, et
le ministre des Finances le sait fort bien, que le déficit du
Québec au 31 mars 1987 - je le dis, je le répète et je
vais le répéter tant et aussi longtemps que je serai
député parce que j'y crois - n'a pas diminué par rapport
au 31 mars 1986 et ce, sur la même base comparative. Je défie qui
que ce soit, y compris le ministre des Finances, de me prouver le contraire, et
même le déficit du Québec sur la base comparative des
années antérieures est de l'ordre de 3 300 000 000 $. Qu'on ne
vienne pas nous dire qu'on a baissé le déficit du Québec
de 1 000 000 000 $, ça ne prend pas, ça ne prendra pas et je
prendrai tous les moyens pour le dénoncer. Je pense que ça fait
partie, entre guillemets, pas de l'honnêteté du ministre, mais de
l'honnêteté du gouvernement de dire les choses telles qu'elles
sont. Je demanderai et j'exigerai que lors du prochain discours d'ouverture qui
sera prononcé à la fin du mois - j'aurai à faire la
réplique puisque je suis le porte-parole - qu'on ait ces tableaux
comparatifs pour savoir exactement où on s'en va sur cette base
comparative, M. le ministre.
Qu'on dise dorénavant que le déficit est de 2 400 000 000
$ ou de 2 300 000 000 $, je veux bien, mais le jeu comptable fait en sorte
qu'il faut le rétablir sur la base comparative. Si on veut dire qu'il a
diminué de 500 000 000 $, il faut le comparer à quelque chose et,
jusqu'à maintenant, je ne sais pas ce qu'il sera au 31 mars 1988, mais
j'espère qu'il aura diminué réellement parce que le
contexte économique est bon et certains efforts ont été
faits. Je suis assez honnête pour le reconnaître, sauf qu'au 31
mars 1987 les derniers états financiers pour la dernière
année financière du gouvernement montraient que le déficit
du Québec n'avait pas diminué d'un iota, mais qu'il avait
augmenté sur la même base comparative. C'est confirmé par
le Vérificateur général et s'il faut qu'on fasse revenir
le Vérificateur général dès le début de la
nouvelle année, on le fera, mais je pense qu'il serait plus correct que
le ministre des Finances ou le gouvernement nous donne au moins ces
chiffres-là parce que la population s'y perd. Je pense qu'on doit
montrer de la transparence et le ministre des Finances a toujours eu cette
transparence. Je ne comprends pas ce qui a pu se passer,
particulièrement l'année dernière.
En dernier point, je questionnerai aussi sur l'évolution
très accentuée du fonds de suppléance, qui passe à
300 000 000 $, une augmentation de 125 000 000 $ soit de 71 %. Cela me semble
important. On sait que le fonds de suppléance a des réserves
générales. Dans mon jargon, quand j'étais à
là mairie, on appelait ça des coussins. Il y a toujours des
places pour avoir des coussins, des marges de manoeuvre, mais, cette
année, une augmentation de 71 % à ce chapitre, ça me
semble important. C'est une augmentation de 125 000 000 $ additionnels. J'ai eu
un peu l'impression que le ministre s'est gardé des réserves pour
poser quelques gestes et j'aimerais qu'il puisse peut-être nous
entretenir là-dessus.
M. le Président, puisque le temps avance rapidement, je veux
être assez respectueux et donner la chance aux différents
intervenants de parler avant l'ajournement du midi. Voilà les principaux
points que j'aurai à couvrir cet après-midi tout en touchant
aussi au caractère des chiffres. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. le député
de Bertrand. Y aurait-il d'autres parlementaires qui souhaiteraient intervenir
dans le cadre des remarques préliminaires? Merci.
Tel que convenu...
M. Levesque: M. le Président... Le Président (M.
Hamel): Oui?
M. Levesque: Est-ce que nos règles ne permettent pas qu'il
y ait une minute ou deux simplement pour...
M. Parent (Bertrand):... M. le ministre.
M. Levesque: Je voulais simplement vous remercier.
M. Parent (Bertrand): J'en doute.
Le Président (M. Hamel): Très brièvement, M.
le ministre, s'il vous plaît!
M. Levesque: Très brièvement. Je remercie, en
effet, le député de Bertrand de faciliter nos travaux en nous
indiquant à l'avance les points. Ce n'est pas quelque chose qu'on
retrouve normalement chez certains parlementaires, du moins ceux que j'ai
connus dans l'Opposition actuelle; ils n'ont pas toujours manifesté
autant
d'esprit d'ouverture et d'efficacité. En sachant que nous
abordererons ces trois points cet après-midi, je pense que ceci nous
amène à concentrer notre attention sur ces trois points majeurs.
J'accepte que ces trois points auraient avantage à être
discutés et qu'on apporte le meilleur éclairage possible sur ces
trois points, quitte à ce qu'il y ait d'autres points de soumis par nos
collègues de l'équipe ministérielle. Dans ces trois
points, je pense qu'il est important que nous puissions toucher la recherche et
le développement, mais évidemment pour autant que cela concerne
le ministre des Finances, parce que je n'ai pas l'intention de vous parler de
la politique du gouvernement en matière de recherche et
développement, le contenu lui-même étant plutôt de la
responsabilité de certains de mes collègues,
particulièrement le ministre du Commerce extérieur et de la
Technologie ainsi que le ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science. (11 heures)
Deuxièmement, quant à la question favorite du
député de Bertrand touchant le déficit et les conventions
comptables, j'aurai beaucoup de plaisir à revenir pour essayer de le
convaincre. Et nous essaierons, chacun de notre côté, j'imagine,
de nous convaincre de la justesse de nos propos à ce sujet et de notre
propre vision des choses. Quant au troisième sujet, le fonds de
suppléance, je pense avoir les renseignements qui satisferont le
député de Bertrand.
Cela dit, je vous remercie, M. le Président, et je remercie la
commission.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. le ministre. Je
rappellerai simplement à M. le député de Bertrand que, en
vertu de l'article 287, le ministre qui répond de ses crédits
peut intervenir en tout temps, évidemment en tenant compte du laps de
temps que nous avons.
Tel que convenu, nous allons entendre la Caisse de dépôt et
placement. J'inviterais maintenant M. le président de la Caisse de
dépôt et placement du Québec à s'approcher. M. le
président, auriez-vous l'amabilité, dans un premier temps, de
nous présenter les gens qui vous accompagnent et, ensuite, si vous le
souhaitez, de faire une brève présentation.
Caisse de dépôt et placement du
Québec Audition du président
M. Campeau (Jean): Avec plaisir, M. le Président. À
ma droite, M. Michel Nadeau, premier vice-président, responsable des
relations avec les déposants de la Caisse de dépôt,
responsable de la planification de la Caisse et de la répartition de
l'actif. À ses côtés, M. Alain Tessier, directeur des
ressources comptables et, à ma gauche, M. Claude Ferland, premier
vice-président, responsable du revenu fixe, ce qui inclut obligations,
marché monétaire ou marché à court terme et
hypothèques à la Caisse de dépôt.
Le Président (M. Hamel): Merci.
M. Campeau: Comme vous le suggérez, je pourrais lire un
bref exposé pour faire l'introduction aux débats, si vous le
voulez bien.
Le Président (M. Hamel): Très bien, M. le
président.
M. Campeau: Mesdames et messieurs les membres de la commission
parlementaire. Au cours de 1987, la Caisse a encaissé des revenus nets
de 2 800 000 000 $, soit à peu près le même montant qu'en
1986, 2 900 000 000 $.
Les revenus d'intérêt et de dividendes ont
été de 2 200 000 000 $, alors que la vente de placements a
rapporté 613 000 000 $. De ces revenus de 2 800 000 000 $, les
déposants ont retiré 465 000 000 $ pour leurs besoins de
liquidités. On verra plus tard que certains déposants ont
retiré et que d'autres ont accru le montant de dépôts
qu'ils avaient chez nous. Le reste, soit 2 400 000 000 $, a permis d'augmenter
l'actif de 25 000 000 000 $ à 27 400 000 000 $. Il s'agit
évidemment de la valeur comptable. La valeur de réalisation, la
valeur au marché, a progressé de 800 000 000 $ pour atteindre le
chiffre record de 28 800 000 000 $.
Les rendements obtenus par nos gestionnaires ont été
supérieurs à ceux de la plupart des indices comparables des
divers marchés financiers. En voici quelques données: le
portefeuille obligataire, un rendement de 4,2 % contre, pour l'indice financier
de McLeod, 3,9 %; le rendement du portefeuille d'hypothèques
résidentielles, commerciales et industrielles, 9,3 % contre 8,7 % pour
l'indice; le marché des titres à court terme a procuré un
rendement de 9,1 % contre, cette fois-ci, 8,5 % pour l'indice concernant les
effets de commerce à échéance de 30 jours.
D'autre part, le portefeuille d'immeubles a, quant à lui, permis
de réaliser un rendement de 14,5 % contre un indice de 11,4 %. Le
portefeuille d'actions canadiennes, par ailleurs, a affiché un
résultat légèrement inférieur à celui de
notre indice de référence, soit 4,6 % contre à 5,8 %. Ces
chiffres sont commentés un peu plus loin dans la
présentation.
Nos gestionnaires, ainsi que leur compétence, leur connaissance
du marché et leur habileté, le tout évidemment
jumelé à des politiques et pratiques de placement dynamiques,
constituent une des forces maîtresses de la Caisse dans l'atteinte de ses
objectifs fondamentaux que sont le rendement optimal des sommes sous gestion et
l'enrichissement du milieu par une contribution soutenue à l'essor
économique du Québec. En 1987, la Caisse n'a pas
dérogé à cette ligne de conduite qu'elle se fixe
année après année depuis 22 ans.
Il faut aussi se rappeler un objectif plus conservateur qui guide notre
démarche, c'est-à-dire assurer la protection du capital, bien
entendu; le préserver contre l'érosion de l'inflation.
Avec un rendement global de 4,7 %, soit 0,5 % de plus que l'inflation, cet
objectif a été atteint encore une fois.
À la Caisse, bien évidemment, les résultats d'une
seule année ne constituent pas l'unique indicateur de rendement. Dans
les années fastes, nous l'avons toujours souligné. L'exercice
1987 nous rappelle que l'évaluation réelle d'une institution
comme la Caisse doit être faite à tout le moins sur un horizon
à moyen terme, sinon à long terme.
Depuis le début du cycle économique de 1982-1987, le
rendement annuel moyen a été de 16,9 %, soit 12 % de plus que
l'inflation. Sur dix ans, le rendement de 12,8 % représente un
écart positif de 5,7 % par rapport à l'inflation. Ces
résultats dépassent les attentes actuarielles les plus
optimistes.
À ce moment-ci, si vous le permettez, j'aimerais vous parler de
façon un peu plus explicite de nos deux principaux véhicules de
placement qui sont, d'une part, les actions et, d'autre part, les obligations.
Dans ce dernier domaine, la hausse des taux d'intérêt durant
l'année a fait baisser temporairement la valeur théorique du
portefeuille de la Caisse. Comme je l'ai dit, les gestionnaires de la Caisse
ont affiché un rendement de 4,2 % contre à 3,9 % pour l'indice
McLeod.
Ce résultat a été obtenu tout en maintenant un
marché secondaire ordonné pour les titres d'émetteurs
publics québécois. On se rappellera que, dans le discours de
deuxième lecture de M. Lesage, il était mentionné que la
Caisse de dépôt et placement du Québec se devait de
maintenir un marché ordonné sur tous les titres d'obligations du
secteur public québécois.
Dans le domaine des actions, dissipons tout de suite la vision de pertes
gigantesques colportée par quelques organes de presse l'automne dernier.
Le portefeuille de la Caisse a chuté en octobre comme celui de toutes
les autres institutions. Mais, pour l'année, il faut parler d'une
augmentation de la valeur de notre portefeuille d'actions
québécoises et canadiennes de 300 000 000 $. La valeur du
portefeuille approchait les 8 000 000 000 $ à la fin de décembre
dernier.
Notre indice financier, l'indice TSE 300, a avancé de 5,8 % alors
que les gestionnaires de la Caisse ont décroché un gain de 4,6 %.
Un seul facteur peut expliquer cet écart: La hausse de 42 % des titres
aurifères en 1987. La Caisse n'a pas voulu spéculer dans ce
secteur qui, incidemment, a subi une baisse de 20 % en janvier et en
février 1988. Si on exclut la partie des titres aurifères,
l'indice TSE 300 a monté dé 2,5 % seulement. Donc, sans les
aurifères, la Caisse avec ses 3,2 % a mieux fait sur le marché
boursier que l'indice. Soulignons ici la valeur et la vigueur des placements
dans les petites et moyennes entreprises du Québec. La Caisse a
doublé ses investissements dans les PME en 1987 en injectant 80 000 000
$ dans 40 entreprises, dont 15 en dehors de la région de
Montréal.
Quelques mots maintenant sur nos autres activités de placement.
La stratégie de la Caisse privilégiait nettement les
hypothèques en 1987, notre institution ayant déboursé un
montant record de 520 000 000 $. Cette décision fut très
heureuse, car les hypothèques nous ont procuré le meilleur
rendement, 9,3 %, de tous nos véhicules de placement pour l'année
1987. Les gestionnaires ont de nouveau surclassé l'indice financier. Les
immeubles nous ont rapporté 14,5 %, soit des revenus de loyers de 8 % et
une appréciation de la valeur des édifices de 6,5 %. Celle-ci a
été établie par une firme d'évaluateurs
indépendants. De son côté, l'indice financier en ce domaine
a progressé de 11,4 % au cours de l'année. La Caisse a obtenu un
rendement de 9,1 % sur ses valeurs liquides par rapport à 8,5 % pour
l'indice de marché comparable.
Enfin, un mot sur le portefeuille international qui n'a pratiquement pas
bronché, moins de 0*5 %. Comme la plupart des autres gestionnaires de
fonds, la Caisse a limité ses investissements au Japon, cette
année, à 31 % environ. Le yen est très élevé
et le prix des actions nous semble excessif. À la surprise de tous, le
marché nippon a été très performant en 1987.
Cependant, la pondération des titres japonais dans l'indice
international a touché 43 % du total. Ayant volontairement
sous-pondéré, par rapport à nos investissements
internationaux, ses investissements au Japon, la Caisse doit donc se satisfaire
d'un rendement neutre par rapport aux 10,4 % de l'indice international.
En conclusion, la Caisse a très bien traversé la tourmente
financière de 1987. Ses gestionnaires ont protégé le
capital et réalisé des rendements presque toujours
supérieurs à ceux des indices de marché. Il était
impossible d'obtenir des rendements élevés alors que les
marchés obligataire et boursier n'offraient que des rendements
minuscules. Dans une période difficile, l'objectif d'un gestionnaire est
de bien protéger le capital, et c'est mission accomplie pour la Caisse
de dépôt et placement en 1987. À moyen terme, je
répète que le rendement annuel de 16,9 % depuis le début
du cycle économique et financier demeure toujours très
satisfaisant et confirme la qualité de notre gestion.
À ce moment-ci, M. le Président, j'aurais d'autres faits
saillants que je pourrais énumérer pour deux ou trois minutes
encore, si vous le permettez. Parfait?
Le Président (M. Hamel): Très bien.
M. Campeau: Quelques transactions importantes au cours de
l'année qui ont pu caractériser notre institution au cours des
derniers mois.
La Caisse a acheté pour 900 000 000 $ de nouvelles obligations du
gouvernement du Québec,
soit plus de 60 % des titres du gouvernement émis sur le
marché canadien, contre 48 % en 1986. Pour quelque 270 000 000 $ de
nouveaux titres, d'autres émetteurs du secteur public
québécois, ce qui porte la valeur comptable du portefeuille
à revenu fixe à plus de 17 300 000 000 $, dont plus de 10 000 000
000 $ concernent des titres émis ou garantis par l'État
québécois.
La Caisse a réalisé plusieurs placements privés
auprès de grandes entreprises, soit CDC Sciences de la vie, Sceptre
Resources et Memotec Data qui, un peu plus tard, a été
impliquée dans l'achat de TéléGlobe. La Caisse a aussi
profité de la conjoncture pour réaliser des ventes de placements
de 200 000 000 $. Au 31 décembre, la valeur de réalisation du
portefeuille de placements dans la grande entreprise totalisait 1 470 000 000 $
et concernait 31 entreprises réparties dans 10 des 14 secteurs
boursiers. (11 h 15)
L'année 1987 a également été
caractérisée par un nombre record d'investissements dans les
entreprises de plus petite envergure, mais dont l'impact sur la croissance de
tout le Québec est primordial. Solution des plus intéressantes au
financement public, la Caisse a joué un rôle financier important
auprès des moyennes entreprises en croissance en réalisant des
placements de l'ordre de 81 000 000 $ dans 40 entreprises du Québec,
dont 15 en régions, tel que mentionné un peu plus tôt. De
plus, la Caisse a affecté 8 000 000 $ à l'achat d'actions de
seize moyennes entreprises inscrites en Bourse, en plus de participer aux deux
premières émissions du Régime d'épargne-actions du
Québec réalisées après le troisième lundi
d'octobre, soit celles du Groupe Goyette de Saint-Hyacinthe et d'Industries
Cover de Québec.
Je ne voudrais pas non plus passer sous silence les sommes importantes
qui ont été consacrées aux investissements liés
à l'industrie de la construction au Québec. Le volume des
placements hypothécaires, tel que mentionné, a atteint un sommet
historique de 520 000 000 $.
Tout ces résultats qui émanent d'un ensemble de
décisions ne sont pas le fruit du hasard. Ils découlent de choix
effectués quant à l'équilibre à maintenir entre les
divers véhicules de placement de la Caisse de dépôt, compte
tenu de l'évolution de la conjoncture et des stratégies
arrêtées sur chaque marché. Par exemple, nous avons
effectué des ventes nettes de plus de 230 000 000 $ durant les mois qui
ont précédé la correction boursière. Par ailleurs,
nous avons reconstruit la position de notre portefeuille d'actions canadiennes
en investissant plus de 700 000 000 $ dans ces valeurs au cours des deux
derniers mois de l'année 1987.
Nous avons cru, et nous le croyons encore, que les titres à
revenu variable offrent, sur une longue période, des perspectives de
rendement fort intéressantes. De 1976 à 1986, le rendement
indiciel moyen des actions s'est élevé à 16,5 % par
année, comparativement à 12,4 % pour les hypothèques et
à 11,7 % pour les obligations à long terme. Allongez la
période de référence sur 20 ou 30 ans, il en est toujours
de même. Cette décision d'augmenter notre proportion de valeurs
à revenu variable depuis les années quatre-vingt, notamment par
l'ajout de titres internationaux au début de 1983, s'inscrit dans cette
perspective.
Par ailleurs, un sain équilibre entre les actions et les
obligations permet d'obtenir un rendement optimal pour nos déposants,
tout en assurant au secteur public québécois une source de
financement stable et non négligeable. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. le président. Je
reconnais, maintenant, M. le député de Bertrand.
Discussion générale Impact des
changements législatifs
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Pré sident. Je tiens
à vous remercier, M. Campeau, pour cette présentation. Je
passerai rapidement aux questions. En décembre dernier, la Caisse
demandait au gouvernement du Québec d'apporter certaines modifications
pour être capable d'avoir un peu de marge de manoeuvre à
l'intérieur des enveloppes afin d'agir, si on veut, avec les
pourcentages et les plafonds que vous aviez. Est-ce que je pourrais
connaître, dans un premier temps, l'impact et ce que ceci va donner pour
les années 1988 ou 1989 avec cette marge de manoeuvre que vous
réclamiez et que vous avez obtenue en bonne partie? Est-ce que cet
impact va aussi se traduire de façon importante par
l'accélération dans des investissements dans des PME même
si on a fait le double au cours de la dernière année? Quelle est
l'orientation pour l'année 1988 face à cette diversification et
quel impact cela risque-t-il d'avoir dans les régions et dans des
secteurs particuliers?
M. Campeau: Si vous me le permettez, M. le Président, je
demanderais à M. Nadeau, qui est premier vice-président à
la planification de répondre à cette question.
Le Président (M. Hamel): M. Nadeau, s'il vous
plaît.
M. Nadeau (Michel): Je vais répondre surtout à la
première partie sur les changements législatifs adoptés au
mois de décembre dernier. Ces changements, en relevant le niveau de la
clause omnibus de la Caisse de dépôt, nous ont permis d'investir
très rapidement 700 000 000 $ durant les deux derniers mois,
après la correction d'octobre, et d'augmenter encore plus nos
investissements dans le marché boursier, au début de 1988. Le
résultat de ce changement a
été de permettre à la Caisse de dépôt
de réaliser un profit, un gain, d'augmenter son portefeuille,
grâce à des profits, à des gains, de 1 000 000 000 $ depuis
la correction du mois d'octobre. L'effet principal de ces changements
législatifs, c'est d'avoir permis d'augmenter le pourcentage, la
proportion des actions très rapidement après la correction et,
depuis la correction du mois d'octobre, le marché boursier canadien et
américain a progressé de 17 %. Pour la Caisse, cela s'est traduit
par une augmentation de la valeur de son portefeuille d'un peu plus de 1 000
000 000 $.
Pour ce qui est des moyennes entreprises...
M. Campeau: Dans les moyennes entreprises au Québec,
depuis les années 1981-1982, nous avons commencé à
investir dans le capital-actions sur un capital un base. Beaucoup de
progression a été faite, mais il nous reste encore beaucoup de
chemin à faire pour rejoindre un plus grand nombre de moyennes
entreprises au Québec. Pour répondre au voeu du président
permanent de la commission, qui en a parlé tout à l'heure, la
Caisse de dépôt, avec certains intervenants régionaux et
certaines institutions financières régionales, à
pensé à établir ou à créer des fonds de
croissance pour les petites entreprises et pour des placements qui pourraient
varier de 50 000 $ jusqu'à 500 000 $ en capital. À l'heure
actuelle, dans les moyennes entreprises, la Caisse de dépôt
investit très rarement moins de 500 000 $.
Il y a encore au Québec une lacune ou un manque d'argent pour ces
petites entreprises. Cela demande beaucoup de travail et beaucoup d'implication
pour trouver les bonnes. Par le système pensé par la Caisse et de
concert avec des institutions financières régionales qui, bien
souvent, ont été à l'origine des idées et avec qui
on peut coopérer, on tente d'investir, de créer des fonds de
croissance dans certaines régions pour couvrir ces petites institutions.
Par la suite, celles qui auront réussi, celles qui auront
progressé pourront être financées directement à la
Caisse par l'entremise de notre département des moyennes
entreprises.
Quand on regarde les chiffres absolus, comme vous le soulignez, M.
Parent, la Caisse a encore beaucoup de chemin à faire dans les moyennes
entreprises. On a beau avoir plusieurs investissements, nos investissements en
dollars ne sont pas encore tellement élevés. Je pense qu'ils
totalisent 250 000 000 $.
Investissements dans les PME
M. Parent (Bertrand): M. le Président, l'image de la
Caisse de dépôt est excellente au Québec. On sait que c'est
un levier économique, c'est un chef de file. Sauf que j'ai un peu
l'impression, étant donné que je parle à plusieurs
dirigeants d'entreprises de façon régulière, surtout dans
les PME québécoises, qu'on ne connaît pas cette
possibilité d'accès à la Caisse. Ma question, c'est:
Est-ce que la Caisse de dépôt et placement a l'intention de faire
un effort vraiment dynamique d'approche, de sensibilisation, pas pour entrer
dans n'importe quel type d'entreprise. Je sais que le secteur manufacturier
vous intéresse particulièrement. Mais s'il y avait, par exemple,
une stratégie d'approche pour au moins laisser savoir aux dirigeants de
PME québécoises, dynamiques qui ont besoin de capital ou qui ont
besoin d'un partenaire dynamique, surtout avec la venue du
libre-échange, je pense que la Caisse de dépôt et placement
du Québec devient l'organisme par excellence pour participer activement
au capital-actions de ces entreprises-là.
Actuellement, l'image qu'on a de la Caisse, mis à part pour ceux
qui y sont plus près, n'est pas connue dans ce sens-là. Et je
pense que cela lui nuit dans le sens que beaucoup de chefs d'entreprise,
beaucoup de personnes qui pensent expansion, qui pensent même
acquisition, fusion, ne pensent pas nécessairement à la Caisse
parce que, pour l'ensemble des Québécois et l'ensemble des gens
qui sont dans le domaine des moyennes entreprises, la Caisse agit surtout au
niveau - on connaît ses participations plus connues, notamment dans
Provigo pour l'alimentation, mais dans tous les secteurs d'activité -
des grandes entreprises. Et là je pense qu'il y aurait lieu de faire des
efforts. Il y en a peut-être qui sont prévus ou enclenchés,
mais je vois là une lacune et j'aimerais savoir si elle peut être
corrigée rapidement puisqu'il y a un intérêt, vous l'avez
dit, et le portefeuille de 250 000 000 $ que vous avez actuellement pourra
être accru de façon importante.
M. Campeau: C'est une lacune qui existait sûrement dans les
années passées et que nous avons tenté de corriger, par
exemple, par la présence de membres du personnel de la Caisse dans les
chambres de commerce et aussi par notre présence dans les colloques
régionaux. Nous avons aussi une revue - le nom de la revue est Savoir
faire - que nous distribuons et que nous envoyons aux principales moyennes
entreprises dans le Québec et je pense qu'on a une liste qu'on
améliore toujours. C'est une revue qui est, je pense, trimestrielle ou,
à l'occasion, peut-être seulement semestrielle et qui tente de
faire connaître les investissements de la Caisse à ces dirigeants,
à ces propriétaires d'entreprise. On me dit que notre revue est
envoyée à 3000 entrepreneurs du Québec.
Et les cadres de la Caisse tentent de prendre la parole dans des
rencontres et d'aller faire des discours, tenir des colloques dans
différentes chambres de commerce pour faire connaître la Caisse
sur ce côté. Quant à moi, dans la plupart de mes
interventions publiques, je me fais toujours un devoir de souligner la
présence de la Caisse de dépôt dans les moyennes
entreprises. Mais comme vous l'avez souligné
tout à l'heure, puisque vous avez cette
réaction-là, il nous reste encore du chemin à faire en ce
qui concerne la publicité de la Caisse de dépôt. Dans
certains milieux, on se rend compte que la Caisse de dépôt n'est
pas encore connue à fond, du moins ses activités.
Maintenant, la Caisse de dépôt fait toujours un peu peur
aux entrepreneurs. Plusieurs nous disent: On est trop petit pour faire affaire
avec vous. On a quand même une équipe de gestionnaires de moyennes
entreprises fort dynamique qui essaie de se mettre au service des
entrepreneurs. Et on essaie de faire connaître aussi que nos
investissements sont limités à 30 %. Nous ne sommes donc pas un
partenaire dangereux pour l'entrepreneur qui va garder 51 % ou 70 % selon le
cas. Je pense qu'il faut encore répéter ces détails
importants de la Caisse de dépôt durant les prochaines
années. Leur dire exactement ce qu'elle veut faire. Et peut-être
que, dans notre publicité ou dans notre prochain rapport annuel, on
devrait encore avoir un impact plus important sur les petites et moyennes
entreprises.
Achat d'obligations
M. Parent (Bertrand): Dans un autre ordre d'idées... On
peut continuer, M. le Président? Vous avez mentionné,
tantôt, que vous avez acheté un peu plus de 60 % de
l'émission des obligations du Québec comparativement à 47
% ou 48 %, l'année dernière, si ma mémoire est bonne.
Qu'est-ce qui oriente votre décision d'acheter tel bloc par rapport
à tel bloc et qu'est-ce qui fait que, cette année, il y a eu un
achat aussi important d'obligations? (11 h 30)
M. Campeau: D'abord, le pourcentage est basé sur les
emprunts du gouvernement du Québec qui ont été faits en
monnaie canadienne, au Canada. Cela n'inclut pas les emprunts qui auraient pu
être faits aux États-Unis ou ailleurs sur le marché
international. Deuxièmement, ce qui oriente nos choix, ce sont les
besoins de la Caisse. Chaque année, dans la répartition de nos
actifs, qui relève de M. Nadeau, on décide la façon dont
nous allons investir les fonds de la Caisse de dépôt, à
savoir combien dans les cinq véhicules principaux: en obligations, en
actions, en hypothèques, en immeubles et en placements à court
terme, ce dans quoi la province est aussi incluse. Par la suite, dans le volet
des obligations, on détermine dans notre budget combien nous allons
réserver ou consacrer aux secteurs public et parapublic. Par la suite,
on descend: secteurs parapublic et public, gouvernement du Québec,
sociétés d'État, municipalités et commissions
scolaires.
Le ministre des Finances ne m'en voudra pas de faire ce commentaire que
je devrais lui laisser faire, mais il y a un avantage pour lui à venir
à la Caisse de dépôt et à y satisfaire une partie de
ses emprunts. D'autre part, la Caisse de dépôt doit
reconnaître qu'elle compte des déposants, tels la Régie des
rentes et la Régie de l'assurance automobile, pour ne nommer que
ceux-là. Si la régie des rentes, par exemple, du gouvernement
fédéral retourne à chacune des provinces tout l'argent
qu'elle perçoit, nous, à la Caisse de dépôt, n'en
retournons qu'une partie par le moyen d'emprunts du gouvernement.
Après avoir décidé la façon dont l'argent va
être réparti dans nos véhicules, la Caisse de
dépôt a quand même le devoir de participer au financement
public du gouvernement du Québec. Ce devoir nous est rappelé dans
le discours de deuxième lecture de M. Lesage, lors de la création
de la Caisse de dépôt: "La Caisse de dépôt devra
maintenir un marché ordonné dans les obligations des secteurs
public et parapublic québécois et devra participer au financement
du gouvernement du Québec." C'est en regard de toutes ces
considérations que nous fixons le budget, les montants d'argent que nous
allons réserver ou les sommes d'obligations que nous allons acheter, au
cours de l'année, dans les marchés primaires, dans les secteurs
public ou parapublic.
Rôle de la Caisse lors des privatisations des
socitétés d'État
M. Parent (Bertrand): Dans un autre ordre d'idées, parce
qu'il y a peu de temps à notre disposition et que je me pose plusieurs
questions. Quand est arrivé le dossier de privatisation de Domtar, le
gouvernement du Québec a décidé, à la fin, de ne
pas aller de l'avant parce qu'il n'y avait apparemment pas de preneur qui
était à sa satisfaction, comme je l'ai mentionné, hier, au
ministre délégué à la Privatisation lors de
l'étude des crédits de son ministère. Dieu merci! D'abord,
comme représentant de la population, comme parlementaire, comme
député à l'Assemblée nationale, je suis
préoccupé par tout l'aspect économique, et je me demande
comment la Caisse de dépôt et placement et vous, M. Campeau, vous
étiez placés pour être capables d'intervenir. C'est un
dossier aussi important que celui d'une société d'État qui
allait être vendue et cela reviendra probablement parce qu'elle faisait
partie d'une liste d'entreprises stratégiques dont il fallait se
départir. Comment la Caisse de dépôt, dans un moment comme
celui-là, est-elle capable de se virer rapidement ou sera capable
d'intervenir dans un dossier aussi important, un dossier moteur, celui d'une
société qui s'appelle Domtar qui peut passer dans les mains
d'entreprises privées et même sous un contrôle hors
Québec? J'ai une préoccupation de ce
côté-là.
On a vécu le cas. Il a finalement bien tourné parce que le
dossier a été fermé, mais cela me préoccupe. Sur le
même sujet, je vous dirai qu'on a vécu l'autre partie de Dofor,
qui était Donohue, qui est passée dans les mains majoritaires ou
presque majoritaires de M. Péladeau et M. Maxwell. Quelle attitude la
Caisse
de dépôt va-t-elle prendre dans l'avenir dans le dossier de
toutes ces importantes sociétés qu'on veut garder sous le
contrôle québécois? Est-ce qu'elle va jouer, avec un autre
partenaire, un rôle pour faire en sorte de garder le contrôle
québécois? C'est ma première préoccupation.
Toujours dans le dossier des privatisations, on a appris, le 31 mars dernier,
la privatisation de Seleine, une mine de sel qui est passée aux mains
des Américains. Après questionnement, le ministre
délégué à la Privatisation a dit hier: I! n'y avait
pas d'autre offre québécoise valable. Il y en avait, mais elles
n'arrivaient pas, finalement, avec l'offre de Canadian Sait, qui appartient aux
Américains. Voilà, ce n'est peut-être pas un domaine dit
prioritaire comme le domaine des pâtes et papiers, j'en conviens, mais il
reste que voilà une richesse naturelle, une entreprise qui passe aux
mains des Américains. On avait investi beaucoup au cours de ces
dernières années, on avait eu des pertes, bien sûr, mais on
était rendu au point de rentabilité.
Je donne trois exemples, mais, dans le cas de Mines Seleine, est-ce que
vous avez été pressenti par des partenaires, est-ce que vous avez
travaillé sur le dossier où vous auriez pu être
intéressé? Comment cela peut-il se passer quand d'autres
sociétés d'État risquent de passer entre les mains de
contrôle aussi important, sociétés qui doivent rester
québécoises? Le seul organisme, la seule planche de salut, le
seul levier économique que les Québécois ont pour
être capables de faire une intervention, c'est la Caisse de
dépôt. Comment cela se passe-t-il, quelle est votre
priorité et pourquoi vous êtes-vous préoccupé,
certes, dans certains cas, du cas de Domtar, mais, dans d'autres cas,
finalement, du moins n'avons-nous pas eu vent que vous étiez
présents? Je donnais le cas de Mines Seleine, peut-être que ce
n'était pas un domaine intéressant, mais il y a eu des
partenaires québécois, dont je n'ai pas les noms, qui ont
effectivement soumissionné et sont arrivés 15 000 000 $ ou 20 000
000 $ plus bas sur 35 000 000 $, et on aurait pu garder le contrôle
québécois.
Voilà le volet du rôle de la Caisse de dépôt
lors du transfert de sociétés québécoises
importantes qui risquent de passer sous contrôle hors Québec.
M. Campeau: Cela me permet, M. le Président, de parler de
la philosophie de la Caisse de dépôt. D'abord, j'aimerais revenir
au double objectif de la caisse qui est profitabilité et soutien
à l'essor économique du Québec. La Caisse se doit, dans
tous ses investissements, de chercher la profitabilité. Elle ne donne
pas de subvention et elle ne doit pas investir dans des canards boîteux.
Donc,, sur ce point, une entreprise aura beau être bien établie au
Québec et créer beaucoup d'emplois, si elle n'est pas rentable,
la Caisse hésitera grandement avant de mettre son argent et exigera des
garanties de l'autre côté, pour sûr. Donc,
profitabilité, essor économique et pas de subvention.
Deux mots sur la privatisation de Domtar et Donohue. Les critères
exigés par le gouvernement dans les demandes de soumission
répondaient aux objectifs de la Caisse de dépôt. Le
gouvernement s'était assuré, dans ses critères de demandes
de soumission, que le contrôle de ces deux compagnies demeure
québécois. Je me rapporte à Donohue, où le bloc
d'actions qui appartenait au gouvernement a été acheté par
une compagnie qui comprend deux actionnaires, M. Pierre Péladeau au
bout, de Québécor, et Robert Maxwell, d'une compagnie
d'Angleterre, M. Péladeau ayant le contrôle du holding, je pense
que c'est 51 %, et l'autre 49 %. Donc, le critère de garder le
contrôle québécois était protégé. La
Caisse n'a pas eu a intervenir et n'est pas intervenue dans Donohue; elle
n'avait pas d'actions ou très peu.
Dans le cas de Domtar, nous sommes partenaire avec la
Société générale de financement. Celle-ci
était libre de vendre son bloc et les critères que le
gouvernement demandait pour la vente ne pouvaient pas susciter d'alerte a la
Caisse de dépôt. La Caisse de dépôt devait être
vigilante, mais cela ne suscitait pas d'alerte. La transaction n'a pas
été réalisée et on continue à être
partenaire avec SGF. À ce moment-là, la Caisse de
dépôt n'était pas vendeur et ne l'est pas encore,
aujourd'hui, mais souvenons-nous bien, Domtar - rendement, essor
économique -est, à long terme, un bon investissement. Je veux
bien être délicat; je ne voudrais pas le recommander à des
particuliers. Je ne sais pas ce qu'il va faire au cours des deux prochaines
années - je parle à long terme - il sera peut-être
très bon, au cours des deux prochaines années, mais je ne
voudrais pas me... Les investissements de la caisse ne sont pas
nécessairement des investissements pour des particuliers; cela
dépend des objectifs.
Chaque fois que la Caisse de dépôt fait un investissement
dans une compagnie, elle cherche un partenaire. Pour nous, c'est difficile
d'investir pour garder le contrôle au Québec si on n'a pas un
partenaire compétent pour suivre la compagnie. C'est très
difficile pour la Caisse de dépôt d'être le majeur ou le
partenaire. Cela lui amène beaucoup de complications et elle ne veut pas
intervenir dans les activités au jour le jour; elle veut, bien
sûr, suivre l'orientation de la compagnie et les grandes décisions
majeures, mais elle ne veut pas intervenir. La philosophie de la caisse est
toujours de se trouver un bon partenaire; cela a été le cas pour
Provigo; cela a été le cas pour Domtar avec la SGF et c'est aussi
le cas, actuellement, avec Noverco ou Gaz Métropolitain. Je pourrais en
citer d'autres; dans Vidéotron, c'est M. Chagnon qui est venu voir la
Caisse de dépôt, qui a investi lourdement. Elle est un bon
partenaire, mais il y a vraiment là un leader qui fait progresser la
compagnie.
Dans sa mission d'essor économique du
Québec, la Caisse de dépôt ne peut prendre une
compagnie et la diriger elle-même; elle doit toujours s'assurer qu'il y a
un partenaire valable à la tête de la compagnie ou, a tout le
moins, dans la compagnie. C'est notre philosophie. Quand nous avons une
participation importante comme celle que nous avons déjà eue avec
Provigo, une participation qui frisait les 30 %, ce n'était qu'une
participation temporaire qui ne se voulait pas permanente. Il fallait qu'on
trouve un bon partenaire qui pourrait intervenir plutôt que la Caisse de
dépôt.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. Campeau.
Je reconnais maintenant le député de Mille-Îles.
Valeurs à court terme
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Bonjour, M.
Campeau.
J'ai une longue série de questions, mais je vais essayer
d'être le plus bref possible en prenant d'abord la page 21 du document
intitulé "États financiers et statistiques financières de
1987".
Je vais commencer par un petit monologue et, ensuite, je vais vous
lancer la balle. C'est évident, lorsqu'on regarde la page 21 et qu'on la
met en correspondance avec la page 2 de votre rapport annuel, le moins qu'on
puisse dire, c'est que la Caisse de dépôt suit très bien
les cycles économiques. Je regarde la page 21, en 1980, la valeur de
réalisation de l'unité en dollars, chacune des unités dans
le fonds de placement qu'on peut appeler la Caisse de dépôt
était de 784 $. En 1980-1981, des événements importants
surviennent, la crise, les hauts taux d'intérêt, diminution de 110
$ par unité; en 1981, on passe de 784 $ à 694 $.
En 1982, immédiatement après, on fait un bond presque
automatique en l'espace d'un an et on remonte de 126 $ par unité. La
correction s'est faite en l'espace d'une année. Le cycle
économique a continué d'augmenter; on est passé, par la
suite, du plateau de 800 $, en 1982, à 835 $, en 1983, et on augmente
sensiblement jusqu'en 1986, modérément jusqu'à 859 $ pour
replonger, en 1987, à 814 $. Mais, au lieu de piquer une plonge de 110 $
par unité, M. Campeau, on a piqué une plonge de seulement 45 $
par unité.
Je dois constater que, d'une part, la plonge n'a pas été
aussi dramatique. Je voudrais essayer de disséquer avec vous un peu les
raisons pour lesquelles cela n'a pas été aussi dramatique. Il me
semble que la Caisse de dépôt a peut-être un peu appris de
l'expérience qu'elle a vécue en 1981; cela ressort dans les
chiffres. Je voudrais surtout attirer votre attention sur différentes
données qui ressortent de ce fameux tableau. Après, on passera
à d'autres tableaux. (11 h 45)
Les valeurs à court terme qui sont passées, en 1986, de
892 000 000 $ à 704 000 000 $ m'apparaissent, à première
vue, comme celles qui ont le plus influencé la diminution en termes de
valeur de chacune des unités. Je voudrais que vous m'expliquiez en quoi
consistent les valeurs à court terme. Quelle était votre
stratégie du début d'octobre, disons deux semaines avant le 19
octobre, la fameuse date fatidique, face à ces valeurs à court
terme quant à l'achat, à la vente, aux réserves, etc., que
vous aviez déjà mises en place au début de l'année
et pour quelle raison il y a un écart de presque 200 000 000 $ qui se
reflète, en fin de compte, dans la baisse de 45 $ par unité.
Je vois tous les autres chiffres et, à part des modifications
mineures à d'autres postes, il me semble que c'est là le gros
bobo où on a subi les contrecoups de l'effet général des
marchés internationaux. M. Campeau, loin de moi l'idée de vous
dire que vous avez mal fait et que la Caisse a mal fait. Je comprends que la
Caisse est un organisme très spécial. Vous avez raison de dire
qu'il faut regarder cela à moyen terme.
Je voudrais savoir quelle leçon on a tiré de
l'expérience qu'on vient de vivre et comment on va modifier nos
stratégies pour faire qu'advenant une autre récession, un krach
disons en 1991, en 1992, au lieu d'éviter une baisse de 110 $ comme en
1981, une baisse de 45 $ qu'on a diminuée de moitié en 1987, on
pourrait peut-être être encore meilleurs dans notre performance de
gestion des fonds publics. M. Campeau.
M. Campeau: C'est sûrement un souhait que je partage.
D'autre part, je ne souhaite pas de récession en 1991 et 1992.
M. Bélisle: M. Campeau, vous savez très bien
qu'étant donné que toute chose est très aléatoire
dans le domaine financier, je pense que le but et l'objectif principal des
gestionnaires de la Caisse de dépôt et placement du Québec
est de prévoir l'avenir. Pour prévoir l'avenir, on prend le
passé, on tire une ligne, on tire des leçons et on ajuste notre
stratégie.
Je vous demande: À propos des valeurs à court terme qui me
semblent être ce qui a le plus influencé la valeur à
l'unité, quelles sont les leçons que vous tirez de votre
expérience du krach concernant la stratégie que vous aviez et
comment pouvez-vous améliorer la performance sur ce poste? Si la
performance avait été meilleure sur ce poste, on se serait
peut-être presque maintenu à la valeur de l'unité de
l'année passée malgré le krach à la Bourse.
M. Campeau: Vous permettrez que M. Nadeau réponde à
la question, M. le Président.
Le Président (M. Hamel): Certainement.
M. Nadeau: L'évolution de notre stratégie, au cours
de l'année 1987, a été la suivante. Elle
se divise en deux étapes: jusqu'au mois d'août, nous
voyions le marché boursier monter. Les taux d'intérêt
montaient également. Ce que nous avons fait à partir du mois de
juin, cela a été de commencer à réduire le poids de
nos actions dans notre portefeuille en vendant pour environ 230 000 000 $.
C'est ce que nous avons fait au cours de l'été.
Arrive la correction boursière du mois d'octobre. Nous avons dit:
Les autorités financières vont réagir en baissant les taux
d'intérêt. Nous avons pris des liquidités, nous les avons
amenées dans le marché obligataire pour profiter de la baisse des
taux d'intérêt. Comme vous le savez, quand les taux baissent, la
valeur d'un portefeuille monte et vice versa. Donc, à mesure que les
indices boursiers baissaient, nous gagnions du côté des
obligations.
Il est important de se rappeler qu'au cours des neuf premiers mois la
Bourse avait augmenté de 30 %. Arrive octobre; elle baisse de 25 % et
nous terminons l'année avec 5 %. Donc, cela ne valait pas la peine,
parce que nous savions que notre capital était bien
protégé, de prendre une baisse trop forte de notre portefeuille
d'obligations parce que nous sommes allés chercher justement ce
rendement de 5 %.
Nous avons liquidé une partie de notre portefeuille d'actions
avant la correction. Ensuite, parce que les prix étaient beaucoup moins
élevés, nous avons racheté ces actions après avoir
profité de la baisse des taux d'intérêt au cours des mois
de novembre et décembre.
Maintenant, les chiffres auxquels vous faites référence,
les valeurs à court terme. Le court terme a été un facteur
très positif, l'an passé. Le court terme a été le
véhicule, après les hypothèques, qui a procuré le
meilleur rendement. Ce que nous avons fait, nous avons dégagé du
court terme durant l'été en vendant des actions et on a ensuite
été reloger ce court terme en titres obligataires durant le mois
d'octobre et, ensuite, on a racheté des actions en novembre,
décembre. Le marché nous a donné raison. Il y avait des
gens qui disaient: Non, on s'en va en récession, nous étions
optimistes malgré tout. Comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, la Bourse s'est appréciée de 17 % depuis le 19 octobre.
Juste un point sur la valeur de réalisation des unités. Ici, il
faut voir cela comme si c'était un fonds mutuel. La valeur de
réalisation a une importance, mais c'est le nombre d'unités
détenues par chaque déposant qui est encore plus important.
Investissements dans le développement
régional
M. Bélisle: M. Campeau, dans tout ce qu'on a parlé
de développement régional et tout le reste - parce que je sais
que le temps file très rapidement - j'ai bien entendu ce que vous avez
dit. Vous soulignez la vigueur des placements dans les petites et moyennes
entreprises du
Québec. La Caisse a doublé ses investissements dans les
PME en 1987 en injectant 80 000 000 $ dans 40 entreprises dont 15 en dehors de
la région de Montréal. Je suis un de ceux qui souhaiteraient...
Je sais que ce n'est pas facile parce que, quand on prend dans votre
état financier toutes les entreprises dans lesquelles vous avez des
actions, Dieu sait qu'il y en a. II y en a peut-être 170, 175, je ne sais
pas trop, d'après la liste que vous avez ici. Il y a des corporations
qui sont pancanadiennes, il y en a qui sont situées en Ontario, il y en
a qui sont situées au Québec. C'est difficile d'avoir un bilan
régional de tout cela. C'est très difficile à faire.
Je me fais le porte-parole un peu d'un certain groupe de
députés qui aimerait peut-être que l'exercice soit fait,
qu'il nous soit communiqué pour bien nous faire comprendre l'état
de la situation concernant l'influence que le fonds de placement qu'est la
Caisse a dans le développement économique régional. Je
suis sûr que le ministre des Finances, qui s'est fait un des avocats les
plus agressifs du développement économique régional ne
m'en voudra pas de vous demander cela. C'est parce que, quand je fais cette
comparaison, vous ne pouvez pas m'em-pêcher, quand je regarde à la
page 19 l'ensemble des placements, actions et valeurs convertibles qui
s'élèvent à 6 722 000 000 $, et quand vous me dites, M.
Campeau, que vous soulignez la vigueur des placements des petites et moyennes
entreprises du Québec sachant que c'est le royaume des petites et
moyennes entreprises au Québec et vous dites que, cette année, on
a investi 80 000 000 $ dans les petites et moyennes entreprises, je sais qu'il
y a d'autres montants qui ont été déjà
placés dans les petites et moyennes entreprises par la Caisse dans les
années précédentes. Mais, 80 000 000 $ sur 6 722 000 000
$, cela ne fait pas beaucoup. Je me demande, quand je regarde la Loi sur la
Caisse de dépôt et placement, si on n'est pas rendus à une
époque, si on veut réellement développer nos
régions au Québec, si on a une volonté politique de le
faire, où il faut éviter de prendre la formulation des articles
24, 25, 26, 27 et 28 où on dit: "La Caisse peut", et en arriver aux
articles 30 et 31, vous imposer un "doit" avec un pourcentage de l'actif que
vous avez, si on veut réellement le faire.
Vous allez me dire peut-être: C'est une question politique et je
ne veux pas m'en mêler. Je vous demande au départ une chose:
Essayez donc de nous faire, si c'est possible, avec toutes les réserves
qu'on peut avoir, et je connais les réserves qu'on peut avoir, une sorte
de bilan des interventions de la Caisse par le biais des aides, des
prêts, des contributions au capital-actions des entreprises sur le plan
régional au Québec, parce que je pense que c'est une des avenues
des prochaines années. C'est une demande que je vous fais tout
simplement.
M. Campeau: Si vous le permettez, M. le Président, avant
de répondre à la question, je fais juste un aparté.
Premièrement, la Caisse de dépôt, avec le restant de son
actif, investit dans les hypothèques dans les immeubles et dans les
obligations au Québec. Donc, souvent, on dit: Dans telle région,
la Caisse de dépôt n'a pas investi, jusqu'à ce qu'on
découvre, par exemple, que la Caisse de dépôt a des
obligations dans un hôpital d'une région, un cégep ou une
université bien située. Donc, la Caisse de dépôt
investit dans des structures selon les obligations. Alors, elle investit dans
les régions, mais c'est souvent caché comme vous le soulignez.
Peut-être que cela devrait être ressorti à un moment
donné.
Quant à notre portefeuille d'actions de 8 000 000 000 $, il n'y a
pas de doute que ce serait agréable de pouvoir bien limiter ce qui est
investi au Québec et ce qui a été investi ailleurs au
Canada et partout. Par exemple, nos investissements dans Provigo ne paraissent
pas dans nos moyennes entreprises, c'est une grande entreprise. Cela
n'empêche pas qu'il y a des retombées importantes au
Québec. Il en va de même aujourd'hui de Domtar, de Noverco, de
Vidéotron ou de Canam-Manac.
M. Bélisle: Vous comprendrez, M. Campeau, que je ne veux
pas faire un long débat là-dessus, mais vous dites 8 000 000 000
$. C'est exact parce que vous ajoutez des titres étrangers de 1 220 000
000 $. On peut débattre longtemps du bien-fondé d'investir 1 220
000 000 $ de notre fonds de placement québécois, et on peut dire
que c'est une mesure de sécurité, à l'extérieur ou
non. C'est une question sur laquelle les analystes financiers peuvent se
pencher. Je pense qu'il y a quand même une juste proportion qu'il faut
peut-être étaler et qu'il faut peut-être établir et
qu'il faut regarder.
Je ne veux pas m'attarder plus longtemps. J'ai juste une dernière
question pour vous et celle-là, je vais vous le dire, c'en est une
"cochonne". Au Québec, il y a un débat qui va se faire et de plus
en plus au cours des prochaines années; c'est un débat sur la
concentration du capital dans certaines entreprises, dans une poignée
d'entreprises qui vont diriger notre société et qui vont
décider des choix de tous et chacun dans la société
québécoise.
La Caisse de dépôt est propriétaire d'actions de
Provigo et de Steinberg. Vous êtes dans une belle position.
Présentement, on a sur la place publique une centrale syndicale
très importante et beaucoup d'autres qui commencent à penser que
la concentration du capital - je suis un de ceux-là et je l'ai
déjà dit à l'Assemblée nationale dans d'autres
domaines qui relèvent du secteur financier - ce n'est pas
nécessairement une bonne chose pour la société
québécoise et pour les consommateurs au Québec. La FTQ va
même jusqu'à parler de la protection du domaine agricole, car
l'achat des produits fait par Steinberg représente 600 000 000 $; c'est
l'acheteur le plus important au Québec. Vous êtes dans une
position bien spéciale.
Je veux savoir quelle est la position de la Caisse de
dépôt, présentement. Elle joue sur deux tableaux. Vous avez
un dossier évident où j'aurais beaucoup de difficulté, si
j'étais à la place de quelqu'un de la Caisse de
dépôt, à dire: Oui, on va appuyer Provigo ou on va inciter
nos gens au conseil d'administration de Provigo à procéder
à l'acquisition d'une partie des actifs de Steinberg ou de Steinberg.
J'aimerais savoir comment vous en arrivez à prendre une décision
dans un cas semblable. Si la décision n'est pas prise, que vous nous le
disiez bien honnêtement. Est-ce qu'il ne serait peut-être pas
préférable pour la Caisse de dépôt, dans un cas
semblable, où elle est un peu dans une sorte, non pas de conflit
d'intérêts, mais de position publique très spéciale,
de jouer un jeu neutre et de se retirer un peu sur la bande et de laisser les
événements se dérouler? C'est une question de fond qui
préoccupe les propriétaires de commerces de meubles et tous ceux
qui sont propriétaires de petites entreprises au Québec. On se
demande, à un moment donné, si ce n'est pas seulement une petite
"gang", une poignée qui va contrôler toutes les décisions
des Québécois. Vous avez une partie de responsabilités
là-dedans.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. le député
de Mille-Îles. M. Campeau, s'il vous plaît.
M. Campeau: La Caisse de dépôt est la Caisse de
dépôt et placement du Québec. Donc, chaque entrepreneur a
une entrée à la Caisse de dépôt et peut faire
affaire avec elle, pourvu, bien entendu, qu'il satisfasse aux critères
de rendement. Donc, ce n'est pas parce que nous sommes déjà dans
une industrie, que nous avons déjà investi dans une compagnie ou
dans une industrie particulière, que nous allons refuser un
investissement dans une autre compagnie de la même industrie qui serait
en compétition directe avec des investissements que nous avons
déjà. Il faut admettre que c'est un sujet fort délicat et
il faut être prudent sur la façon dont nos investissements vont
être faits.
Cela dit, Steinberg, comme je l'ai déclaré il y a quelques
semaines, est un bon citoyen corporatif québécois que la Caisse
voudrait voir continuer. La Caisse a, d'autre part, des investissements
importants dans Provigo et a transigé avec Métro-Richelieu dans
des hypothèques et dans d'autres genres d'investissements.
Métro-Richelieu et Provigo décident de s'unir ensemble pour
acheter une partie des magasins. La Caisse ne fait pas partie de cette
transaction. La Caisse n'a pas été consultée
là-dessus et n'a pas à l'être. Elle se doit, comme vous le
dites si bien, de rester sur le côté de la bande. D'autre part,
nous avons eu des rencontres avec certains acheteurs éventuels de
Steinberg et, si nous pouvons trouver un partenaire acceptable à la
Caisse de dépôt, qui pourrait acheter Steinberg
ou une partie de l'alimentation, la Caisse pourrait facilement
être investisseur nonobstant les sommes qu'elle a investies chez Provigo
ou chez Métro-Richelieu.
M. Bélisle: M. Campeau, est-ce que l'objectif de la Caisse
de dépôt en faisant ses placements dans du capital-actions
d'entreprises est d'éviter la concentration du capital dans une
poignée d'entreprises au Québec et de répartir, de
maintenir, d'augmenter, d'accroître la concurrence, le meilleur
système que l'homme ait pu inventer sur le plan économique? C'est
ma question. (12 heures)
M. Campeau: Écoutez, avant...
M. Bélisle: Je sais que ce n'est pas facile, M.
Campeau.
M. Campeau: Non, mais écoutez! Au point de vue
économique, le Québec a encore beaucoup de chemin à faire.
Il a été créé, au Québec, des entreprises
qui n'existaient pas avant. Aujourd'hui, vous avez un choix d'entrepreneurs. La
Caisse de dépôt doit stimuler et épauler ces entrepreneurs
et être un partenaire avec eux. Est-ce qu'elle aura la solution parfaite?
Je ne le sais pas. Est-ce qu'elle va diriger l'économie comme cela se
fait au Japon? Non. Il y aura toujours des aléas comme cela qui ne sont
pas parfaits. J'affirme que la Caisse de dépôt doit soutenir
l'économie avec ses limites d'intervention. Elle ne peut pas avoir plus
de 30 % des actions dans une compagnie; donc, cela la limite dans son
intervention.
D'autre part, je partage votre commentaire disant: Dans ce cas
précis, est-ce qu'elle devrait rester de côté et ne pas
faire d'interférence dans l'achat Métro-Provigo? Jusqu'à
un certain point. S'il y a un partenaire qui se présente à la
Caisse, un bon partenaire qui peut nous prouver qu'en achetant la section
alimentaire Steinberg il y a moyen de faire de l'argent, avec toutes les autres
conditions qu'on pourrait lui demander, elle pourrait fort bien aider à
ce que Steinberg demeure au Québec et demeure concurrentiel avec les
autres chaînes d'alimentation dont vous faites mention. Est-ce qu'elle
doit être à l'origine de cela? J'en doute un peu.
Le Président (M. Hamel): Voici, nous avions convenu d'une
heure, nous avons atteint cette heure. J'avais reconnu M. le
député de Saint-Louis et M. le député de Bertrand
qui avaient aussi une toute petite question à poser à M. Campeau.
Si les deux partis sont d'accord, nous irons jusqu'à 12 h 5 et nous
entendrons ensuite Loto-Québec. M. le député de
Saint-Louis.
Rendements prévus
M. Chagnon: Tout d'abord, je voudrais remercier mon
collègue, le député de Bertrand, d'accepter cet ajout
à notre temps. Trois petites questions fort brèves. Vous avez dit
tout à l'heure que vous aviez eu 16,9 % de rendement moyen dans le cycle
économique 1982-1987. Vous avez comparé votre rendement moyen de
16,9 %, en le trouvant excellent, surtout s'il était comparé
à un rendement moyen de l'inflation à 4 %. Est-ce que vous
pourriez m'indiquer à quel endroit vous pouvez faire une comparaison
avec un rendement moyen d'inflation de 4 % dans le cycle économique
1982-1987?
M. Campeau: Le taux d'inflation de 4,5 % est le taux d'inflation
publié par Statistique Canada. C'est un taux annuel...
M. Chagnon: Pour 1982-1987?
M. Campeau: Oui, depuis cinq ans - en 1982, je suis moins certain
- mais pour toutes les autres années, l'inflation n'a jamais
dépassé la barre de 5 %.
M. Chagnon: En 1982-1983, le taux d'inflation était plus
de 5 %?
M. Campeau: Pour 1983, j'en douterais fort. En 1982
peut-être, je ne suis pas certain, mais nous sommes convaincus que le
taux annuel moyen de 1982 à 1987 est de 4,5 %.
M. Chagnon: D'accord. Je le vérifierai. Deuxième
question. Lorsque vous nous parlez - je trouve qu'il y a tout lieu de le croire
et de s'en réjouir avec vous - année après année -
puisque cela fait déjà trois ans que nous nous rencontrons ici,
en commission parlementaire, à l'étude des crédits - non
seulement de la grande compétence, mais du rendement supérieur de
la Caisse de dépôt par rapport à l'indice TSE -
année après année, les paramètres sont toujours
excellents pour la Caisse de dépôt - on est portés à
conclure que ce sera toujours ainsi. Est-ce que vous avez un bilan prospectif
à nous donner? Quels sont, compte tenu des indicateurs
économiques que vous étudiez déjà à la
Caisse de dépôt, les pourcentages de rendement que vous
prévoyez pour chacun des portefeuilles que vous avez? L'an prochain, on
pourra au moins comparer votre estimation avec le rendement que vous croyez
pouvoir atteindre.
M. Nadeau: Effectivement, nous gérons notre portefeuille
à partir de ce que nous appelons les rendements attendus. Pour chacun
des véhicules, nous établissons un rendement attendu et les
véhicules offrant le meilleur rendement... L'an passé, nous
prévoyions que les taux hypothécaires allaient demeurer stables
et nous offrir ce rendement de 9,5 %. Donc, on investit massivement dans les
véhicules les plus prometteurs, disons. Ces calculs de rendements
attendus font partie de la stratégie interne. Vous comprendrez que, pour
ne pas donner certains
éléments à différents joueurs sur le
marché financier, il serait difficile pour la Caisse de dévoiler
ces rendements parce que c'est là qu'on va investir massivement. Ce
serait mettre toutes nos cartes sur la table en début d'année
comme cela.
M. Chagnon: Vous remarquerez que, pour le législateur,
cela devient plus compliqué de pouvoir savourer ce sentiment de
satisfaction que vous avez à l'égard du rendement de la Caisse
par rapport, entre autres, à l'indice TSE ou par rapport à
d'autres indices. Nous en avions discuté abondamment l'an dernier. Ce
serait plus palpitant, en tout cas, pour le métier de
législateur, de pouvoir comparer vos prévisions avec vos
rendements.
M. Nadeau: Je pense que, pour le législateur et pour les
déposants, l'élément le plus important est le
résultat en termes de dollars. Il me semble que c'est peut-être la
façon dont on peut nous évaluer parce qu'à certains
moments il peut aussi y avoir de la chance. Nous pouvons investir dans un
domaine qui performe encore mieux que nous ne l'avons cru. Alors, nos
rendements attendus ou espérés ne sont peut-être pas
significatifs. Ce qui est important, c'est le rendement. Et, dans le domaine du
placement, les conseillers en placements tant publics que privés, tout
le monde évalue ainsi la performance.
Le Président (M. Hamel): Une dernière très,
très brève question, M. le député de
Saint-Louis.
Engagement du personnel
M. Chagnon: L'an dernier, M. le président, vous aviez
souligné quelques problèmes pour l'engagement de personnel
à la Caisse de dépôt compte tenu du questionnement dont
vous nous faisiez part à l'égard des salaires que vous deviez
payer à la Caisse de dépôt. Avez-vous plus de
facilité cette année pour obtenir des gestionnaires pour vos
portefeuilles? J'ai cru comprendre que certaines maisons de courtage avaient
libéré plusieurs membres de leur personnel depuis un certain 19
octobre.
M. Campeau: Généralement, les gens qui sont
libérés... Non, ce ne serait pas une bonne réponse, je
pense.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Campeau: Je ne veux pas parler des personnes qui ont
été libérées par les maisons de courtage.
M. Chagnon: Je peux vous dire que ce ne serait pas une bonne
réponse.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Campeau: Mais disons que c'est un fait qu'il y a moins de
pression à l'heure actuelle. Dans le domaine financier, la demande pour
du nouveau personnel est moins forte qu'elle n'était. D'autre part, ce
n'est que partie remise parce qu'au Québec, dans le domaine des
institutions financières, avec les nouvelles règles, les
nouvelles maisons pullulent, et il va y avoir encore beaucoup de demandes dans
les institutions financières. La demande est très forte surtout
pour les gestionnaires francophones. Disons qu'on a un temps de répit un
peu.
D'autre part, la Caisse de dépôt a maintenant une
échelle de salaires qu'on peut dire moyenne. Alors, nous ne sommes pas
ceux qui payons le plus ni ceux qui payons le moins. Notre objectif est de
rester moyens. Une telle échelle peut nous permettre de garder la
plupart de nos gestionnaires et d'aller en chercher à
l'extérieur, parce qu'il y a aussi de grands avantages à venir
travailler à la Caisse de dépôt, surtout à la sortie
de l'université alors que la Caisse de dépôt est un
excellent élément de formation. Ma foi, pour quelqu'un qui sort
de l'université, s'il a à choisir entre faire un MBA ou venir
à la Caisse de dépôt, peut-être que c'est un choix de
50-50.
Le Président (M. Hamel): Merci...
M. Chagnon: Je vous remercie, M. le président.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. le député
de Saint-Louis et merci, M. Campeau. Je reconnais maintenant M. le
député de Bertrand, très brièvement aussi.
Représentation dans les CA des
entreprises
M. Parent (Bertrand): Très brièvement. Un premier
point pour mentionner que le rapport financier est présenté moins
de trois mois après la fin de l'année financière. Je
trouve cela excellent pour une entreprise de cette envergure et j'espère
que le ministre des Finances, qui fait marche arrière, prendra exemple
sur les sociétés d'État comme la Caisse de
dépôt et de placement qui sont capables de nous présenter
un rapport financier public dans les trois mois qui suivent la fin de
l'exercice financier pour qu'on puisse en discuter. C'est de l'histoire
passée, mais tout cela pour dire qu'au gouvernement du Québec, on
attend neuf mois l'accouchement des états financiers. Lorsqu'on commence
à en discuter, on est un an plus tard. On parle toujours un an en
arrière et on a de la misère à apporter des correctifs. Je
tenais à préciser que c'est un bel exemple: la Caisse de
dépôt, qui brasse des milliards de dollars et qui est capable,
dans les 90 jours, d'avoir des états financiers et de parler avec des
chiffres à jour.
Deuxièmement, je vous demande de nous soumettre, aux
parlementaires - cela m'intéres-
se - dans les prochains jours ou les prochaines semaines, dès que
cela vous sera possible, la liste des 40 entreprises, les PME, dans lesquelles
vous avez investi 80 000 000 $, par secteurs d'activité de même
que par région, du moins avec le détail là-dessus. Quels
montants ont été investis et dans quoi? J'aimerais avoir cette
liste parce que, bien sûr, elle est insérée dans la grande
liste, à la fin du rapport, mais on ne peut pas retrouver ce
bloc-là. J'aimerais avoir cette information.
Dernier point. Malheureusement, notre temps est déjà
écoulé et ce fut trop court pour autant de questions. Je sais que
la Caisse de dépôt comme actionnaire, qu'elle soit minoritaire, et
elle l'est toujours, mais qu'elle soit très très minoritaire, a
normalement toujours un représentant au conseil d'administration de
l'entreprise pour surveiller ses intérêts. J'imagine que cette
présence au conseil d'administration se négocie. Je me demande
jusqu'à quel point la Caisse de dépôt pourrait jouer un
rôle plus actif encore dans certaines décisions qui sont prises
parfois par des entreprises. Du fait que la Caisse de dépôt et
placement soit présente, comme actionnaire, dans telle ou telle
entreprise, je pense qu'elle pourrait davantage être incitative, par son
représentant, du fait que, parfois, ces entreprises
québécoises, dans lesquelles la Caisse de dépôt
investit l'argent des Québécois, déménagent et
rapatrient une partie importante de leurs activités dans une autre
province.
Je donne un exemple qui est d'actualité. C'est le cas de Spar
Aerospace où vous avez des petites sommes d'investies, mais vous
êtes actionnaire, à ce que je vois. Quand ces gens-là
décident de déménager plusieurs de leurs activités
importantes en Ontario parce que les contrats ne sont pas venus au
Québec, je me demande si la Caisse de dépôt, dans un cas
semblable - il y a sûrement d'autres cas qui se présentent - peut
être assez incitative pour essayer de jouer un autre rôle, mais un
rôle aussi d'actionnaire québécois, et essayer de faire des
pressions pour garder des activités ici et ainsi éviter qu'elles
s'en aillent. Voilà un exemple.
Le Président (M. Hamel): Très brièvement, M.
Campeau, s'il vous plaît!
M. Campeau: Un administrateur, quel qu'il soit, n'a pas tout le
pouvoir. Nos administrateurs, bien sûr, connaissent notre double mandat.
Ils s'efforcent de le faire connaître aux compagnies. Je pense que le
travail doit être fait avant. Ce n'est pas une fois que quelque chose est
décidé qu'il faut se lever. C'est avant qu'il faut parler. La
Caisse de dépôt, dans la limite de ses pouvoirs, et les
administrateurs qu'elle suggère au conseil d'administration, dans la
limite de leurs pouvoirs, s'efforcent, bien entendu, de penser
québécois, mais ils ne sont pas les seuls.
Cela me permet de rappeler que la Caisse de dépôt a
toujours sa politique de représentation proportionnelle. Selon elle, si
un actionnaire a 10 % des actions, il devrait y avoir 10 % des membres du
conseil d'administration qui devraient le représenter, ce qui n'est pas
accepté par tout le monde. C'est surtout accepté et facilement
accepté par les nouveaux partenaires avec qui nous faisons affaire.
Généralement, chez eux, l'individu est propriétaire et, en
même temps, directeur général et n'a aucune objection
à voir la Caisse de dépôt à son conseil
d'administration. Il souhaite même sa venue par l'entremise de ses
administrateurs. C'est plus difficile dans le cas où une compagnie, ou
le "management" d'une compagnie, est composé de gens qui ne sont pas
actionnaires ou ne sont pas de gros actionnaires. Pour eux, c'est un peu
sauvegardé.
Le Président (M. Hamel): Je vous remercie, M. Campeau. Je
remercie le député de Bertrand ainsi que les collègues qui
vous accompagnent de votre participation à la séance de ce matin.
Sans plus tarder, j'inviterais la direction de Loto-Québec à
prendre place. Merci, M. Campeau. (12 h 15)
M. Campeau: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Hamel): C'est un plaisir.
Veuillez prendre place, chers collègues, s'il vous plaît!
Nous sommes déjà en retard de quinze minutes. J'implore votre
bienveillante collaboration, messieurs les parlementaires, s'il vous
plaît!
Bienvenue, M. le président de Loto-Québec. Voulez-vous,
s'il vous plaît, identifier la personne qui vous accompagne? Si vous
voulez quelques minutes de présentation, il nous fera plaisir de vous
entendre.
Loto-Québec Audition du
président
M. Clark (David): Très bien. D'abord je vous remercie
vivement de nous avoir permis d'exposer notre situation à la commission.
Je vous présente M. Denis Vandry qui est le vice-président
rattaché à la direction générale. M. Vandry est
chez nous depuis 1974, donc depuis plus longtemps que moi.
Le Président (M. Hamel): Très bien. Merci.
M. Clark: Je peux faire rapidement un tour d'horizon pour voir
où nous en sommes. D'abord, notre année financière se
termine le 31 mars. Nous n'avons donc pas les données exactes pour
l'exercice que nous venons de compléter. Cependant, nous savons
déjà et nous avons déjà annoncé au ministre
que nous avons atteint nos objectifs pour l'année. Je dois dire que ce
fut sans doute l'année la plus difficile dans l'histoire de
Loto-Québec, car nous avons démarré l'année
au milieu d'un conflit de travail avec plus des deux tiers de nos
employés. Évidemment, il fallait que les gestionnaires fassent
marcher la boîte et répondent le mieux possible à la
demande des consommateurs. Ensuite, nous avons eu un besoin criant de
capacités informatiques pendant toute l'année, car nos produits
informatisés ont pris une plus grande part du marché que
prévu il y a cinq ans quand nous avions renouvelé le
système. Comme la plupart des gens le savent, nous avons souffert, en
janvier, d'une présumée fraude sur l'un des produits que nous
gérons avec les autres provinces, le Provincial. On pouvait donc croire
que cela puisse miner de beaucoup la confiance des consommateurs en
Loto-Québec.
Par contre, nous avons eu de très bonnes occasions durant
l'année. Nous avons d'abord eu la signature de nos conventions
collectives qui assurent, je crois, d'excellentes conditions de travail
à tous nos employés. Je dois dire aussi que tout le monde
travaille très fort et je suis très satisfait de la performance
de l'ensemble de nos employés cette année. Ensuite, dans le cas
du projet ENJEU, pour renouveler notre système informatique, un jury a
procédé au choix des fournisseurs et nous avons
déjà entrepris les négociations. Il faut négocier
tous les détails des ententes avec les fournisseurs pour pouvoir
procéder et cela va nous permettre, au cours des trois prochaines
années, de renouveler notre système central informatique et de
presque tripler sa capacité, donc de rendre de bien meilleurs services
à la clientèle et de remplacer aussi 2900 vieux terminaux, qui
sont là depuis 1978 en moyenne, par de nouveaux terminaux beaucoup plus
performants et d'ajouter entre 500 et 600 nouveaux terminaux chez de nouveaux
détaillants qui en méritent, mais qui n'en ont pas encore.
Je dois aussi dire que ce dernier trimestre a certainement
été le meilleur de l'histoire de Loto-Québec et on peut
donc croire que la présumée fraude n'a pas eu un impact durable
sur la confiance de la population. Nos objectifs étaient quand
même relativement timides cette année et nous les avons atteints
difficilement. Nos ventes ont augmenté d'environ 3 %; nous avons
dépassé 1 000 000 000 $ comme chiffre d'affaires pour la
première fois de notre histoire; notre effectif est stable depuis un an,
et les frais d'administration et les bénéfices nets ont aussi
augmenté de 3 %. Mais, si on regarde le contexte à plus long
terme, depuis cinq ans, nos ventes totales ont augmenté de 90 %; notre
effectif a augmenté de 2 %; nos frais d'administration ont
augmenté de 22 % et notre bénéfice net de 130 %. Je crois
donc qu'en misant de façon intelligente sur la technologie et en rendant
nos employés de plus en plus efficaces et capables de rendre service,
cela a permis à Loto-Québec de poursuivre sa croissance de
productivité depuis cinq ans.
Si on regarde vers l'avenir, par rapport à l'année qu'on
vient de commencer, nous prévoyons augmenter les ventes d'un taux
supérieur au taux d'inflation et le profit net devrait évidemment
augmenter encore plus. Nous prévoyons continuer à modifier
certains de nos produits pour les rendre plus attrayants à la
population. Nous venons même d'annoncer le retrait d'un produit qui a
été vendu dans tout le Canada pour le remplacer par un nouveau
produit à 20 $ qui sera sporadique, mais qui devrait être
intéressant et, dès que nous aurons implanté le nouveau
système central informatisé, nous pourrons envisager des
modifications ou de nouveaux lancements dans le domaine des produits
informatisés. Voilà la présentation.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. Clark. J'inviterais
maintenant M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président...
Le Président (M. Hamel): Tout en vous prévenant que
nous avions convenu de suspendre nos travaux à 12 h 30 pour les
reprendre plus tard cet après-midi, à 15 h 30 environ. M. le
député de Bertrand.
Discussion générale
Sécurité des systèmes
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Vous me
savez respectueux du règlement. On va donc s'organiser a
l'intérieur du temps que nous avons et on va se revoir après le
dîner.
Merci d'être là, M. Clark et vos collaborateurs. J'ai
mentionné tantôt, dans la présentation de départ,
que Loto-Québec générait beaucoup beaucoup d'argent. C'est
une société on ne peut plus rentable. Mais la question qu'on se
pose en tant que représentants de la population et députés
à l'Assemblée nationale, c'est que les bénéfices
étant tellement disproportionnés par rapport à tout ce qui
se fait, à tout genre de commerce, est-ce que l'administration de ventes
de tout près de 1 000 000 000 $ est une administration réellement
saine? Et est-ce que même s'il reste toujours des
bénéfices, il n'y aurait pas lieu justement d'avoir davantage de
rendement à Loto-Québec? Des bénéfices de 400 000
000 $, M. le Président, c'est beaucoup d'argent. On a souvent
l'impression et on entend souvent les gens dire qu'il se fait beaucoup de
gaspillage. C'est une image qui est donnée. Je ne dis pas qu'elle est
fondée. Je pense qu'on va avoir besoin de rassurer la population, d'une
part.
Quand il arrive des événements comme ceux que vous avez
mentionnés tantôt, la fameuse présumée fraude ou les
événements de fraude endébut d'année 1987,
et que nous vivons de plus
en plus à l'ère de l'informatique, à l'ère
où tout est contrôlé et géré par les
ordinateurs, et que de plus en plus on s'en va vers un monde où les plus
grandes fraudes seront dans le domaine des ordinateurs parce qu'il y a des gens
qui se spécialisent justement à essayer d'apprendre à
contrôler et à savoir comment détourner ces machines
très intelligentes, je me préoccupe au plus haut point de
l'aspect sécurité dans le cas de Loto-Québec. Oui, on a pu
mettre à jour ou découvrir des choses, mais j'imagine qu'il ne
faudrait pas qu'il arrive un autre événement semblable, à
courte échéance, pour miner toute la crédibilité
d'une société aussi importante que Loto-Québec. Je pense
que le gouvernement, le ministre des Finances et nous tous en serions
pénalisés parce que les bénéfices de
Loto-Québec peuvent entrer et venir dans les poches du gouvernement,
donc bénéficier à l'ensemble des contribuables.
Mais la journée qu'on perdra cela parce que des gens diront: On
savait que c'était arrangé ou on savait qu'il y en a qui
réussissaient à aller chercher les combinaisons ou peu importe...
Alors, l'aspect sécurité est peut-être le seul volet auquel
je vais toucher avant le dîner. Sans nous dévoiler quoi que ce
soit, vu l'évolution très avancée de l'informatique, que
vous avez vous-même mentionnée, vu les contrôles qui se font
avec les postes de distribution de plus en plus nombreux que vous avez, ce qui
est excellent et qui permet d'éviter les engorgements et d'augmenter les
points de vente, donc, le fait que de plus en plus on s'en va vers cette
automatisation, est-ce qu'on peut nous donner l'assurance, à la
direction de Loto-Québec, qu'il y a un nombre de mesures suffisamment
importantes qui sont prises de façon régulière en
termes... Pour bien se comprendre, y a-t-il suffisamment dans les
différents jeux, des "spot checks" pour assurer le plein et entier
contrôle et pourvoir en tout cas essayer de prévoir les
détournement par l'informatique? C'est ce volet, et cet
après-midi je reviendrai sur deux ou trois autres points, concernant les
points de vente particulièrement.
Le Président (M. Lemieux): M. Clark.
M. Clark: Vous avez évoqué la possibilité de
gaspillage. Je pense que dans l'ensemble la gestion est très saine.
Personnellement, je ne vois pas de gaspillage. Par contre, c'est évident
que, quand on dépense 15 000 000 $ ou 16 000 000 $ par année en
publicité, il est difficile de dire que tout dollar est parfaitement
rentable. Mais, en général, nos activités et nos actions
comme cela, on les évalue au fur et à mesure et on essaie
toujours de rendre les dépenses et l'utilisation des ressources de plus
en plus efficace.
Maintenant, en parlant de sécurité, il est évident
que, lorsqu'on a eu le choc de janvier, avec ce qui se passait avec le
Provincial, nous avons tout de suite révisé tous nos
systèmes de sécurité. Nous n'avons pas trouvé
vraiment de lacunes dans le domaine de l'informatique. Mais je crois que
l'important, c'est que, comme la technologie progresse constamment dans ce
domaine, il faut aussi que nous progressions avec les moyens de la technologie.
C'est sûr qu'il y a toujours des gens qui vont tenter d'entrer dans nos
systèmes et c'est évident qu'on doit constamment réviser
nos systèmes, les améliorer et utiliser toutes les ressources
technologiques possibles pour rendre nos systèmes le plus
sécuritaires possible.
C'est ce que nous faisons. Moi j'ai la certitude que nos systèmes
d'informatique sont les plus sécuritaires du Québec et sans doute
de l'Amérique du Nord. Je n'ai pas vu de banques qui sont au même
niveau que nous, et c'est évident que pour nous c'est primordial. L'une
des raisons pour modifier notre système central, c'est pour
bénéficier de ce qu'offre la technologie pour augmenter la
sécurité sur tous les plans. La sécurité dans le
domaine de l'informatique n'est pas uniquement une question de système
informatique. C'est aussi une question d'employés, de
procédés, de vérifications externes et internes. C'est
aussi la possibilité de mettre des barrières physiques. Par
exemple, vous ne pouvez pas entrer directement dans notre système
central sans passer par des barrières; il faut que quelqu'un vous
branche. Donc, vous pouvez mettre des moyens de sécurité et de
vérification à plusieurs niveaux, précisément pour
empêcher que les gens puissent entrer à l'intérieur des
systèmes, et c'est ce que nous faisons.
M. Parent (Bertrand): L'aspect de la sécurité; la
sécurité est-elle faite par des gens de l'interne? De quelle
façon procédez-vous? Quels services retenez-vous pour faire ces
vérifications constantes quant à la sécurité?
M. Clark: Tous les trois ans, je crois, nous faisons un appel
d'offres pour la vérification de nos tirages, par exemple. À ce
moment-là, nous choisissons, par jury, la firme de vérification
québécoise qui répond le mieux à nos
critères. Nous venons de faire un changement; c'était Samson,
Bélair jusqu'à il y a un mois. On a fait un autre concours et la
nouvelle firme est - il faudrait que je retrouve le nom parce que je l'ai
oublié - mais c'est une firme très reconnue au Québec.
Maintenant, pour la vérification interne, nous avons notre propre
équipe, Coopers, Ly-brand, Laliberté, Lanctôt.
Évidemment, nos comptes sont vérifiés par le
Vérificateur général du Québec. Quand nous voyons
des possibilités d'améliorer nos systèmes ou même si
nous nous posons des questions sur la sécurité éventuelle
d'une partie du système, souvent nous lançons des appels de
soumissions pour faire un travail spécial. C'est évident que nous
travaillons très fréquemment avec les plus grandes firmes
d'informatique du Québec ainsi qu'avec certaines firmes de
vérification comptable, pour des parties de système et pour des
parties du domaine de la sécurité. Je crois que c'est important
que ce soit toujours un mélange de gens de l'intérieur et de gens
de l'extérieur, précisément pour pouvoir
bénéficier de la meilleure technologie et des meilleures
connaissances dans ces domaines.
Le Président (M. Hamel): M. le député de
Bertrand, une dernière question?
Nouvelles mesures pour l'exploitation des
kiosques
M. Parent (Bertrand): Une dernière question, M. le
Président. De votre personnel, on faisait parvenir récemment, en
février 1988, une lettre à des organismes sans but lucratif qui
exploitent des kiosques et on y mentionnait qu'il y avait changement, si j'ai
bien compris, de différentes mesures: entre autres, l'entente
d'exploitation d'un kiosque serait limitée à cinq ans, au terme
duquel le kiosque serait offert aux associations sans but lucratif
accréditées et
Loto-Québec limiterait......à six le nombre de kiosques
gérés par une même association. Étaient-ce de
nouvelles mesures apportées sur ces deux volets? Si oui, pourquoi
maintenant la question des cinq ans? Il semble qu'en régions et
particulièrement auprès de certains organismes, cela crée
une préoccupation. Pour les organismes c'est une source de fonds et ils
se demandent si au bout de cinq ans il n'y aura plus de possibilité de
renouvellement.
M. Clark: En fait, nous avons annoncé trois nouvelles
mesures en même temps. La première mesure et la plus
concrète dans l'immédiat c'est que nous avons accepté pour
la première fois de défrayer la moitié du coût des
loyers des kiosques gérés par des OSBL. II faut dire que la
grande majorité de nos kiosques est remise à des associations de
charité qui deviennent nos détaillants et les kiosques
représentent environ 15 % de nos ventes d'année en année.
Or, nous avons évalué, depuis quatre ans, la rentabilité
des kiosques pour les OSBL. Elle a baissé en dollars constants, si on
veut, et en payant la moitié du loyer, cela signifie que
Loto-Québec paiera 500 000 $, du point de vue global somme qu'elle ne
payait pas précédemment. Donc, les OSBL ont 500 000 $ de moins
à défrayer. Cela devrait augmenter la rentabilité nette de
1 200 000 $ à 1 700 000 $ pour l'année qui vient, ce qui se
compare très avantageusement avec la rentabilité d'il y a quatre
ans qui était de 1 300 000 $ environ.
Donc, c'était le premier geste qu'on posait, mais en même
temps on a annoncé aux OSBL que, du fait qu'il y avait 70 associations
qui géraient actuellement un ou plusieurs de nos 179 kiosques, et du
fait aussi qu'il y avait 88 autres associations qui satisfaisaient à nos
critères, qui étaient qualifiées pour la gestion d'un
kiosque, mais qui n'avaient pas eu la possibilité de le faire, il
fallait qu'on implante une nouvelle politique pour permettre aux autres
associations d'avoir droit au chapitre également. Or, nous ne voulons
pas le faire de façon brutale, c'est évident, et nous n'excluons
pas la possibilité que les OSBL qui gèrent actuellement nos
kiosques puissent continuer. Cela se fera par concours, chaque fois, en
invitant les OSBL de la région à postuler pour un kiosque et on
fera les modifications de concert avec les OSBL qui gèrent
déjà des kiosques, mais il faut quand même se donner
certains règlements pour permettre une saine rotation de ces
kiosques.
De plus, si les gens ont suffisamment de préavis, surtout les
OSBL qui gèrent plusieurs kiosques déjà, cela ne devrait
pas avoir un impact négatif sur leur financement, pour autant qu'ils
puissent prévoir et trouver d'autres moyens. Vous me direz que c'est
très difficile de trouver des moyens de financement pour les OSBL de nos
jours, mais si on regarde le cas des OSBL, par exemple, qui gèrent huit
ou neuf kiosques, on les réduira à un maximum de six kiosques, au
taux d'un kiosque par année, mais on les invitera à choisir les
kiosques qu'ils veulent remettre. Donc, ce sont les moins rentables, c'est
évident. Pour ces OSBL il y aura moyen de conserver la même
rentabilité que par le passé.
Pour les OSBL qui ne gèrent qu'un ou deux kiosques, cela devient
beaucoup plus critique parce que cela peut représenter une partie
importante de leur financement. À ce moment-là, il faudra qu'on
le fasse sur plusieurs années, qu'on leur donne plusieurs années
de préavis, qu'on leur permette de postuler pour le renouvellement du
kiosque et qu'on planifie cela de la meilleure façon possible.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. Clark, merci,
messieurs.. Alors, tel que convenu, je suspends les travaux de la commission
jusqu'à cet après-midi à environ 15 h 30 après les
affaires courantes. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
(Reprise à 15 h 17)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux pour
poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Finances pour l'année financière 1988-1989,
soit les programmes 1 à 5 et 8.
Nous en étions à étudier l'organisme d'État
Loto-Québec et la parole était au député de
Bertrand.
M. le député de Bertrand, vous pouvez continuer. Je pense
qu'il nous restera environ 20
minutes pour Loto-Québec et après, nous allons passer aux
crédits du ministère des Finances. M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Est-ce qu'il
serait possible de fermer la porte arrière?
Je reprends juste là où on avait laissé avant
l'heure du dîner, aux nouvelles directives émises,
particulièrement dans le cas des organismes sans but lucratif qui
exploitent des kiosques. Vous, M. Clark, vous nous avez donné quelques
explications quant aux modifications. D'une part, il y a trois types de
modifications. J'aimerais que vous puissiez nous donner, éventuellement,
pour les membres de la commission, mais aussi pour répondre aux
questions de différentes associations qui en sont
préoccupées actuellement, quelque chose de plus clair,
peut-être par écrit.
Ce que vous avez mentionné tantôt, c'est qu'il y aura une
politique, bien sûr, qui va faire en sorte que vous allez limiter le
terme à cinq ans. Ce n'est pas sûr, dans certains cas, s'il y aura
renouvellement et, dans d'autres cas, s'il n'y aura pas renouvellement, primo.
Secondo, pour ceux qui en ont plus qu'un actuellement, c'est un traitement
différent. Celui qui n'en a qu'un, si j'ai bien compris, pourrait
être admissible à un renouvellement. Ceux qui en ont six, sept ou
huit, vous allez les limiter à six. Mais ceux-là vont se voir
appliquer une autre formule. Alors, il va être important, dans les plus
brefs délais, que nous puissions avoir cette espèce de directive
ou de politique le plus clairement possible, de façon à ce que
les organismes à but non lucratif exploitants de kiosques, ne soient pas
actuellement vraiment préoccupés. Parce que la seule lettre
d'avis, semble-t-il - j'ai été contacté par un groupe -
qui leur ait été envoyée ne comportait pas, d'ailleurs,
toutes les explications que vous nous avez données. Les explications que
vous nous avez données, je pense qu'il va y avoir lieu, bien sûr,
de les mettre les plus claires possible parce que cela va toucher ces
gens-là de façon très importante. Il y va même de la
survie de certains organismes, parce que c'est devenu leur source de
financement. C'est ma première demande.
Le deuxième point, M. le Président, c'est que vous avez
mentionné qu'il y a maintenant 50 % du loyer qui est
défrayé par Loto-Québec pour aider aux coûts
croissants. J'ai un peu peur que les propriétaires de centres
commerciaux voyant cette mesure, deviennent un peu ambitieux. On sait que
quelques groupes seulement contrôlent les centres commerciaux. En tout
cas, je peux parler de la région que je connais, qui est la grande
région de Montréal, où vous avez beaucoup de
dépositaires. Ces gens-là vont vite prendre le truc, sachant
très bien qu'ils n'affectent qu'à 50 % l'organisme exploitant et
que l'autre partie vient de Loto-Québec. Alors, ils vont
peut-être, sur une période de deux ou trois ans,
éventuellement, doubler les tarifs, sachant très bien que vous
allez leur fournir 50 % du montant.
Il y aurait aussi peut-être lieu de s'assurer de certaines mesures
pour que ces groupes, de même que vous, ne vous fassiez pas exploiter par
les opérateurs et les grandes sociétés immobilières
qui contrôlent les centres commerciaux.
M. Clark: Je pourrais peut-être répondre à
ces deux points. D'abord, je suis tout à fait d'accord avec ce que vous
dites. En ce qui concerne les nouvelles politiques des kiosques, nous nous
donnons environ deux ou trois mois de période de consultation parce que
nous voulons rencontrer tous les OSBL qui gèrent actuellement des
kiosques avant de fixer de façon définitive notre politique de
rotation des kiosques. Nous voulons vraiment tenir compte des points de vue de
tous les OSBL actuels; ensuite, nous allons proposer notre politique au conseil
d'administration de Loto-Québec et c'est seulement à partir de ce
moment-là que nous pourrons indiquer la politique ferme.
Mais ce que je vous ai indiqué, c'est un peu notre pensée
actuelle, ce que nous allons exposer aux OSBL. Je dois ajouter que nous avons
l'intention, durant la première année, de ne remettre en cause
qu'environ 15 kiosques sur les 179. Chaque année, nous en remettons en
cause environ quinze de façon naturelle. Donc, c'est un roulement normal
pour la première année. Les OSBL ont déjà fait
leurs budgets pour l'année et nous ne voulons pas avoir d'impact sur ces
budgets. Par la suite, nous avons l'intention de remettre en question
peut-être entre 20 et 30 kiosques par année, au maximum. C'est
notre point de vue au départ. Nous allons faire cela en consultation
avec les OSBL.
Quant au deuxième point, le fait que les propriétaires de
centres commerciaux, sachant que nous allons défrayer la moitié
du coût du loyer, risquent de devenir plus ambitieux, il faut d'abord
dire que c'est Loto-Québec qui négocie les loyers des kiosques
dans les centres commerciaux et, en général, les centres
commerciaux sont beaucoup moins exigeants parce que les kiosques sont
gérés par des OSBL et ils le savent. Je ne pense pas que le fait
de payer 50 % change cette situation parce que c'est quand même l'OSBL
qui paie les autres 50 %, donc, il y a toujours un impact financier sur l'OSBL
C'est pour cela que nous avons écarté, dès le
départ, l'idée de payer l'ensemble des loyers des kiosques parce
que le seul résultat aurait probablement été de faire
tripler les loyers.
Nous avons quand même un pouvoir de négociation assez
important auprès des propriétaires de centres commerciaux parce
que nous n'acceptons pas à n'importe quelle condition de mettre un
kiosque dans un centre commercial. Dans bien des centres commerciaux, nous
avons négocié pendant trois ou même six mois avant
d'accepter de mettre un kiosque. En général, le
kiosque est attirant pour le centre commercial parce que, d'abord, c'est
une oeuvre sociale intéressante: nos produits sont très en
demande et cela crée donc une certaine circulation dans le centre
commercial. Nous avons aussi d'autres moyens de vendre nos billets et les
propriétaires de centres commerciaux le sachant, les négociations
se font normalement de façon très, correcte, je crois.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le président. Si vous me
le permettez, j'aurais deux ou trois autres questions. Malheureusement, on n'a
pas tout le temps qu'on voudrait parce qu'il ne faut pas oublier M. le
ministre.
Vous avez mentionné ce matin, lorsque j'ai fait allusion à
des dépenses qui seraient peut-être plus ou moins bien
contrôlées... Je ne voulais pas dire, et je voudrais juste
être clair, je ne voulais pas insinuer - si c'est ce que j'ai fait, je
m'en excuse - qu'il y a mauvaise gestion ou que le contrôle n'est pas
assez serré. Je vous dis que, vu de l'extérieur et voyant passer
l'ensemble des millions, on peut, en regardant les états financiers, se
poser certaines questions. Je vous dirais que, dans ce sens-là, il
serait intéressant, et j'en fais la demande à M. le
Président de la commission, que cette commission prenne l'initiative
d'organiser une visite à Loto-Québec, avec M. le ministre et les
membres de la commission, pour être capables de visualiser et comprendre
et vous faire expliquer sur place ce qui se passe en matière de
sécurité, de contrôle ou de budget, particulièrement
sur l'aspect publicité, qui sont des gros morceaux chez vous. M. le
Président, je ne sais pas si cela pourrait être
intéressant. J'en ai glissé un mot de façon informelle,
tantôt, avant de recommencer. Je pense que cela pourrait être
intéressant d'aller voir ce qui se passe sur les lieux à
Loto-Québec. Pas dans un but, entre guillemets, d'enquête, on se
comprend, mais dans un but d'informer vraiment les élus et
particulièrement les membres de cette commission.
Je fais cette demande. Je ne sais pas si elle est dans les
règles, mais je la fais à vous aussi, M. le Président, si
vous voulez bien nous recevoir.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, elle est dans
les règles. À la prochaine séance de travail, M. le
député de Bertrand, on n'aura qu'à la soumettre aux
membres de la commission parlementaire. Nous en discuterons et nous voterons
sur la présente motion. Je ne pense pas que cela crée de
problème. D'ailleurs, on s'est déjà promis d'aller visiter
le ministère du Revenu dans la même optique. Je pense que ce
serait extrêmement intéressant et enrichissant pour les membres de
cette commission. Vous pouvez continuer, vous avez encore la parole.
M. Parent (Bertrand): J'imagine que vous allez nous recevoir, M.
le Président.
M. Clark: Nous serions ravis de vous recevoir.
Dépenses de publicité
M. Parent (Bertrand): Justement, dans l'esprit de
l'évolution des frais administratifs de Loto-Québec, je n'ai pas
fait une analyse poussée, exhaustive, sauf qu'à première
vue j'ai essayé de regarder le tableau 1983 à 1987, donc, les
cinq dernières années, et j'ai essayé de voir la relation
du chiffre d'affaires avec le ratio publicité-communications. À
ce chapitre, je m'aperçois, pour prendre un exemple, qu'en 1983 et en
1984 vous avez dépensé, bon an mal an, 15 000 000 $ en
publicité et communications à ce poste qu'on retrouve dans les
états financiers dans votre rapport annuel à la page 22.
Donc, 15 000 000 $, cela a été à peu près
statutaire en 1983 et en 1984 et les ventes sont passées, en 1983, de
541 000 000 $ à 662 000 000 $. Donc, pas d'augmentation dans ce budget,
si je comprends bien. C'est une augmentation des ventes de quelque 120 000 000
$. Autre phénomène. Si on regarde un peu plus loin, en 1984 et
1985, alors entre ces deux années, augmentation de 1 000 000 $ pour la
publicité et les communications et on a à peu près le
même type d'augmentation, même un peu moins, c'est-à-dire
qu'on met 1 000 000 $ de plus dans la publicité et on augmente que de 80
000 000 $ les ventes. On continue cette comparaison et 1986 avec 1987, le
budget est resté le même, 17 650 000 $ et les ventes sont
passées de 883 000 000 $ à 998 000 000 $. À toutes fins
utiles, c'est de 110 000 000 $ à 115 000 000 $ de plus sans augmentation
du budget de la publicité et des communications.
Ma question est fort simple. Y a-t-il vraiment - vous avez dû
faire l'analyse - un rapport entre l'augmentation des enveloppes
budgétaires de la poussée que vous pouvez faire sur le plan de la
publicité et du marketing et le rapport des ventes, mais, normalement,
cela devrait être relié. Dans ce cas, qu'on augmente ou qu'on
n'augmente pas, les ventes augmentent quand même. Je me pose des
questions.
M. Clark: Je pense que la réponse à cela, c'est
que, d'abord, les actions que nous pouvons poser pour avoir le plus d'influence
sur le marché, c'est toute la formulation des produits que nous faisons.
En 1982, nous avons lancé le 6/49 et, trois ou quatre ans plus tard,
nous sommes passés à deux tirages par semaine au 6/49. Ces deux
actions en soi ont beaucoup plus d'impact sur notre marché que la
publicité qu'on peut investir pour le lotto 6-49. En
général, sur les produits qui sont vendus, les jeux sur
numéros sont de nature très active parce que, si le gros lot
n'est pas gagné, les gens ont tendance à réinvestir tant
que . cela ne sera pas gagné et ce sont des produits qui sont
très prenants à long terme parce que c'est excitant
comme produit, au fond. Ces produits nécessitent beaucoup moins
de dépenses publicitaires une fois lancés que nos loteries
passives, comme la Mini Loto, l'Inter Loto, le Provincial ou que les
instantanées. L'instantanée est un produit très simple: on
gratte, on gagne ou on perd.
Les instantanées, il faut les changer à peu près
tous les deux mois et nous pouvons mettre sur le marché deux ou trois
produits en même temps. Les instantanées reçoivent en
moyenne, à peu près, 3 % ou 4 % du chiffre d'affaires en
dépenses publicitaires alors que le 6/49 ne nécessite que moins
de 1 % des ventes en publicité. La publicité est beaucoup moins
rentable pour les tirages du Lotto 6/49 que pour les instantanées. Ce
qui se passe depuis cinq ans, c'est que nos ventes des produits
informatisés augmentent continuellement parce que ce sont des produits
plus actifs. Nos ventes des produits passifs sont stagnantes et ont même
baissé depuis quelque temps. Les produits passifs nécessitent un
peu plus de publicité en pourcentage de ventes que les produits actifs.
Mais, comme les produits actifs représentent de plus en plus de nos
ventes totales, cela nécessite moins de publicité en pourcentage
de ventes. Les instantanées commencent même à
connaître une croissance plus fulgurante que les produits
informatisés et nécessitent énormément de
publicité.
Si vous faites le total de chaque année, vous pouvez voir une
stagnation, une augmentation légère, ou une augmentation qui ne
semble pas avoir de lien avec le volume total de ventes. Mais si vous regardez
chaque segment du marché, si vous regardez les instantanées, vous
verrez qu'au fur et à mesure que notre publicité a
augmenté, lés ventes ont augmenté, que les loteries
passives, qui ont été très attaquées par le Lotto
6/49, ont quand même maintenu un bon pourcentage sur le marché
grâce à la publicité, mais les ventes ont baissé. Ce
qu'il faut ajouter, c'est que, partout aux États-Unis, ces loteries sont
mortes, elles ont totalement disparu de la circulation. Pour nous, c'est
beaucoup plus rentable de les garder en vie grâce à la
publicité et aux changements apportés aux produits que de les
laisser mourir. Finalement, on parle d'un domaine assez complexe. La vraie
réponse, c'est en regardant chaque type de produit qu'on peut examiner
les dépenses publicitaires et indiquer dans quelle mesure cela fut
rentable. Est-ce que mes explications sont claires? C'est un peu complexe,
mais...
Une voix: On comprend très bien.
M. Parent (Bertrand): Je comprends que ce n'est pas un rapport
direct, c'est plus complexe que cela.
M. Clark: C'est très direct pour les produits comme les
instantanées. Chaque instantanée et chaque lancement - on en
lance à peu près neuf par année - nécessite des
dépenses minimales de 500 000 $ pour chaque jeu en publicité.
Donc, déjà, vous avez dépensé entre 4 000 000 $ et
5 000 000 $ par année. Les instantanées représentent 165
000 000 $ du chiffre d'affaires et cela représente 60 % de plus qu'il y
a trois ans. C'est un produit en pleine croissance, en fait.
Dépenses de développement
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie, M. le Président.
Je remarque, par le fait même, qu'en deux ans, entre 1985 et 1987, les
dépenses administratives ont diminué au cours des trois
dernières années. J'espère, de ce que je vois là,
que c'est un signe direct de bonne gestion, passer de 18 000 000 $ à 17
400 000 $ au 31 mars 1987.
Dans le domaine de la recherche et dudéveloppement, c'est
également intéressant. En 1984, il n'y avait pas de postes ou, du
moins, il n'y avait pas de dépenses. Vous parliez d'à peu
près 608 000 000 $ en recherche et développement pour trouver,
j'imagine, de nouveaux moyens et là on est rendu à 1 200 000
$.
M. Levesque: C'est 600 000 $.
M. Parent (Bertrand): C'est 600 000 $. Est-ce que j'ai dit 600
000 000 $? Excusez-moi, je suis habitué avec les millions, M. le
ministre. Merci de me corriger là-dessus, vous avez raison sur ce
point.
Alors, c'est 600 000 $ et on est rendu à un montant de 1 200 000
$ qui a été dépensé l'année dernière.
Il est intéressant de voir que vous poussez l'application de la
recherche et du développement qui, j'imagine, donne des résultats
assez intéressants.
M. Clark: Oui, si je peux répondre à cela, c'est
que nos dépenses dans ce domaine sont surtout des dépenses de
développement. Ce groupe s'occupe presque uniquement des nouveaux types
de jeu de hasard ou des nouveaux moyens de livrer des jeux de hasard aux
consommateurs. Actuellement, le budget augmente depuis deux ans parce que nous
avons fait un test avec ce qu'on appelle les GALOTS, les guichets automatiques
de loteries et il y a eu des coûts pour maintenir ces guichets. Mais
c'est seulement une fois qu'on aura complété les tests qu'on
saura si c'est rentable pour Loto-Québec d'en acheter à long
terme.
Dans les autres domaines du développement, il s'agit surtout
d'essais qu'on fait conjointement avec le projet Minitel, le projet Alex de
Bell, le projet Vidéoway de Vidéotron. Nous essayons de faire
partie de tous les projets qui ont un avenir important dans le domaine de la
télématique parce qu'au fond nous sommes une institution
financière et nous sommes énormément influencés par
la technologie. Donc, il faut absolument que
nous protégions notre avenir dans ce domaine. C'est surtout
là que nous avons des dépenses en développement.
Contribution sociale de la Caisse
M. Parent (Bertrand): Merci. Dans un autre ordre d'idées,
une contribution au bilan de l'intégration sociale que vous appelez,
dans votre bilan une contribution au cours de l'année 1987 de 1 000 000
$ à Rendez-Vous 87 par rapport à des subventions - jusqu'à
présent, on parle de 100 000 $ - bourses, recherches universitaires ou
acquisition d'oeuvres d'artistes, d'oeuvres d'art, dis-je! Pourquoi?
Contribution basée sur quoi? Et qui peut vous faire une demande?
Pourquoi, particulièrement en 1987, Loto-Québec a
décidé de contribuer pour une somme de 1 000 000 $ à
Rendez-vous 87?
M. Clark: Pour nous, Rendez-Vous 87 était un
événement qui avait un impact financier et économique
important, surtout pour la ville de Québec. Il faut dire aussi que nous
sommes de très grands annonceurs à la télévision et
lors des parties de hockey. Nous nous sommes dit, finalement, qu'il serait
intéressant de faire un essai avec un projet comme cela puisque cela
nous permettrait de lancer un volet supplémentaire à l'un de nos
produits instantanés, de voir si cela nous permettrait d'aller chercher
un marché supplémentaire et de lever des fonds
supplémentaires. On ne pouvait pas avoir le droit d'utiliser Rendez-Vous
87 sans payer un certain montant à l'organisation qui préparait
cet évènement-là. Ils avaient besoin d'argent. Donc, on a
fait l'essai. Évidemment, on a demandé l'accord du ministre des
Finances avant. Je dois dire que cela nous a permis d'aller chercher
grâce à ce volet du jeu instantané environ 2 000 000 $ de
bénéfices supplémentaires par rapport à ce qu'on
avait prévu: II y a eu un troisième montant de 1 000 000 $ qui a
été versé à l'organisation de cet
événement. Normalement, nous ne faisons pas cela, mais il a
été intéressant de faire l'essai pour voir si cela pouvait
nous donner un autre volet de produits supplémentaires et, en même
temps, aider à des événements qui ont un impact important
au Québec.
M. Parent (Bertrand): Merci. Une dernière question puisque
le temps est à peu près écoulé, M. le
Président. J'aimerais me tourner vers l'avenir, 1988-1989 et les
années subséquentes. Où s'en va Loto-Québec? On a
un rythme croissant, vous avez, j'imagine, un plan de stratégies; et
vous avez des objectifs particuliers à atteindre. Mais jusqu'où
va aller Loto-Québec? Est-ce que c'est sans bornes? Est-ce que c'est
limité vis-à-vis de tel marché cible? Est-ce qu'il y a
moyen, sans... Bien sûr, je comprends que je vous demande de
répondre en peu de temps à une grande question. Il serait
intéressant de savoir un peu vers quoi vous vous dirigez comme
société d'État.
M. Clark: Peut-être que la meilleure façon de situer
notre avenir, c'est d'abord de dire que nous voyons notre avenir potentiel non
pas uniquement dans le domaine des loteries, mais dans tous les domaines
potentiels des jeux de hasard, d'autant plus que la télématique
va faire en sorte qu'il va être difficile de distinguer entre un type de
jeu et un autre type de jeu, peut-être d'ici dix ans.
Deuxièmement, au Québec, les jeux de hasard
représentent à peu près 1, 5 % du produit interne, alors
qu'en Espagne, par exemple, ils représentent à peu près 6
%. Je pense que 6 %, c'est beaucoup trop. Il y a des abus et il ne faudrait pas
aller jusque là. On pourrait facilement monter à 2 % du produit
interne sans créer d'abus d'une quelconque importance, à mon
avis, si c'est bien administré. Donc, je crois que pendant les
prochaines années, il pourrait y avoir un avenir de croissance pour
Loto-Québec, mais il faut toujours faire cela, comme on l'a dit au
début lorsque l'organisation a été créée,
dans l'ordre et la mesure et surtout il faut que ce soit fait en accord avec
les valeurs de la population québécoise. Donc, il faut absolument
éviter de créer des abus et des problèmes et il faut
toujours lancer vos jeux de telle sorte que cela se fasse un peu avec
l'approbation globale de la population.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je lisais
quelque part par rapport à votre implication dans différents
organismes, toujours dans l'intégration sociale, qu'il y a 400 000 $,
cette année, qui seraient allés en commandite à des
organismes de course à pied, de randonnée, etc. Est-ce que,
précisément, Loto-Québec n'est pas bien placée pour
essayer peut-être d'appuyer une certaine élite de la jeunesse qui
veut percer dans différentes disciplines et qui a peu de moyens? Les
services sont fournis soit par l'ensemble de la municipalité soit par
les différents organismes. Lorsqu'on arrive à l'élite, nos
jeunes ont peu de chance, à part aller chercher, à l'occasion,
quelques commandites de grandes sociétés qui veulent se faire une
publicité, mais je vois qu'en 1987 Loto-Québec y a
été pour 400 000 $ dans des organismes de courses à pied,
de randonnées cyclistes et de festivals populaires, mais
vis-à-vis de la jeunesse et particulièrement vis-à-vis de
l'élite sportive des jeunes, y aurait-il moyen d'envisager ou avez-vous
quelque chose de prévu dans ce sens? Ce sera ma dernière
question.
Le Président (M. Lemieux): M. le Président, pour
compléter l'intervention du député de Bertrand, vous
savez, on a peu de Sylvie Bernier et de Gaétan Boucher au Québec.
Je pense que, parfois, un organisme comme le vôtre... Actuellement se
tient dans la région de Québec le
championnat junior de jeunes élèves prometteurs au tennis,
entre autres. On ne voit pas d'organismes d'État comme tels pouvoir
venir en aide un peu à cette élite. Sur le volet social comme
tel, pour rejoindre la préoccupation du député de
Bertrand, je me demande si l'État ne pourrait pas, par votre
intermédiaire, par l'intermédiaire des organismes d'État,
jouer un rôle à cet effet. Je pense au volet social comme tel.
M. Clark: Par le passé, nous avons déjà
été impliqués dans les Jeux du Québec. Nous avons
fait certaines contributions dans le domaine de l'élite sportive.
Ce qui nous a toujours gênés dans ce domaine, c'est que,
normalement, les loteries devraient se vendre aux adultes, aux majeurs et avec
l'élite il faut commencer quand ils sont très jeunes. Nous sommes
un peu gênés d'aller subventionner ou faire des commandites
reliées à des gens qui ne devraient pas normalement acheter nos
produits. C'est là le premier point.
Deuxièmement, tout l'argent que nous faisons sous forme de
bénéfices est versé à l'État
québécois, sauf qu'il y a environ un montant d'environ 10 000 000
$ par année qui est versé au gouvernement fédéral
depuis une entente qui a mené à la disparition de Loto-Canada.
L'ensemble de nos bénéfices après ce versement va au
gouvernement du Québec. Nous trouvons que le gouvernement est beaucoup
mieux placé que nous pour décider où il faut verser cet
argent.
Le Président (M. Lemieux): C'est peut-être plus
difficile pour nous de convaincre M. le ministre des Finances que de vous
convaincre.
Nous vous remercions. Est-ce que vous avez terminé, M. le
député de Bertrand?
M. Parent (Bertrand): Oui, M. le Président. Sauf que le
dernier commentaire de M. le président voulant qu'on envoie environ 10
000 000 $ au gouvernement fédéral, j'ai plutôt vu 20 000
000 $. Est-ce que c'est exact, le paiement au gouvernement canadien? On parle
de 19 000 000 $.
M. Clark: Oui. Pour expliquer cela, il y a eu deux ententes. La
première entente a mené à la disparition de Loto-Canada.
Sous cette entente, toutes les provinces se sont engagées à
verser 24 000 000 $ constants depuis la date de l'entente. Maintenant, c'est
rendu à peu près à 33 000 000 $ ou 34 000 000 $ par
année. Notre part est d'environ 10 000 000 $.
En plus, il y a eu une autre entente convenue, il y a environ trois ou
quatre ans, où, pour aider le financement aux Jeux de Calgary, le
gouvernement du Québec a accepté, avec les gouvernements des
autres provinces, de verser un montant supplémentaire de 100 000 000 $
sur trois ans. Pourquoi? Parce que les Jeux Olympiques de Montréal
avaient reçu un certain verse- ment grâce à la Loterie
olympique. Le gouvernement de l'époque avait donc jugé que
c'était tout à fait normal que cela fonctionne dans les deux
sens.
Maintenant, ce versement pour les Jeux de Calgary s'est terminé
en décembre 1987. Notre part de ce versement a été entre
25 000 000 $ et 30 000 000 $ environ sur trois ans. Maintenant, c'est fini.
À partir de maintenant, c'est un montant d'environ 10 000 000 $ par an
qui devrait être versé au gouvernement du Canada.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Au nom de ma
formation politique, je vous remercie de votre présence de même
que celle de vos collaborateurs.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions, M. le
Président, de Loto-Québec au nom de tous les membres de cette
commission. Je souhaite au député de Bertrand qu'un jour ce soit
son tour. Merci.
M. Clark: Cela nous a fait plaisir.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons maintenant
procéder à l'étude des crédits du ministère
des Finances. Nous allons attendre quelques instants.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, ce que j'ai
suggéré ce matin, je pense que cela convenait aussi au ministre
des Finances. Je pensais qu'on aurait une heure et demie ou deux heures.
Finalement, il ne nous reste, à toutes fins utiles, que 60 ou 62
minutes, environ une heure. J'ai proposé ce matin de toucher trois
volets en particulier qui touchent indirectement les programmes 1 et 3, mais je
préférerais qu'on parle des trois volets que j'ai
mentionnés ce matin et qu'on se garde dix ou quinze minutes à la
fin pour approuver la partie de la cuisine. On la fera à la fin. On va
toucher à l'essentiel parce qu'il semble que M. le ministre des Finances
ait des choses à me révéler. (15 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a consentement
à cet effet? Il n'y a pas de problème. Alors, j'appelle
immédiatement le programme 1, Étude des politiques
économiques et fiscales. M. le député de Bertrand.
Étude des politiques économiques et
fiscales
M. Parent (Bertrand): Brièvement, ce matin, j'ai
soulevé le point concernant la préoccupation que nous avons dans
des relations financières avec le gouvernement fédéral,
des politiques fiscales. On a un programme ou on a des conseillers à
l'intérieur du gouvernement en matière de politiques. J'ai dit
à M. le ministre des Finances, à titre d'exemple que, je voulais
prendre ce qui se passe actuellement en matière
non pas de recherche et développement, parce , que je sais que ce
n'est pas du ressort du ministre, mais beaucoup plus comme un exemple où
le gouvernement fédéral, de par des politiques et des
décisions du ministre fédéral des Finances, vient
anéantir des efforts qui sont faits parfois par le gouvernement du
Québec, et cela a été le cas dans la dernière
année. Je me réfère aussi, et particulièrement -
j'aimerais qu'on s'entretienne sur les réactions de la part du ministre
- au rapport de mars 1988 du Conseil de la science et de la technologie qui a
été fait dans un but très particulier.
Même s'il relève du ministre de l'Enseignement
supérieur, ce mémoire avait particulièrement pour but
d'attirer l'attention du ministre des Finances, à la veille de son
prochain budget, sur certaines mesures qu'ils aimeraient voir en matière
de recherche et développement.
Étant donné que la finance et la recherche et le
développement font partie de mes préoccupations, j'aimerais
savoir si le ministre des Finances, d'abord, a pris connaissance dudit rapport
et s'il peut nous donner des exemples précis de différentes
recommandations. J'ai cité, ce matin, ceux de la page 27: "Malgré
cette volonté du Québec de ne pas réduire ses mesures
d'incitation fiscales liées à la recherche et au
développement, il faut réaliser que le projet
fédéral de réforme fiscale aura pour effet de diminuer
sensiblement leur impact." Comment les conseiller à l'intérieur
du programme 1? Comment le ministre va-t-il travailler son affaire pour qu'on
puisse être capables d'avoir non pas, d'un côté, à
Ottawa, des mesures qui s'en vont dans un sens et nous dans un autre?
Aussi, je formule des demandes dans le sens de la page 32, par exemple,
où, gardant à l'esprit la nécessité, a dit le
Conseil de la science et de la technologie, de maintenir l'avantage fiscal
comparatif du Québec, le conseil invite le ministre des Finances du
Québec à reconsidérer la possibilité d'harmoniser
les règles fiscales québécoises concernant les
activités en recherche et développement aux autres mesures
restrictives proposées dans la réforme fiscale
fédérale.
J'aimerais entendre le ministre sur cette question et cette façon
de procéder avec les ressources qu'il a. J'aurai d'autres questions par
la suite sur ce volet qu'on pourrait vider d'abord.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, les questions que le
député de Bertrand a posées ce matin et qu'il continue de
poser touchent deux sujets d'actualité. Il a d'abord
évoqué la question des transferts fédéraux et,
justement, il a également évoqué le fait qu'à
maintes reprises j'avais déploré certaines attitudes du
gouvernement fédéral à cet égard. En
deuxième lieu, il a apporté comme illustration de sa
préoccupation le . sort qu'avait réservé le gouvernement
fédéral à une mesure en particulier qui touchait la
recherche et le développement. Ce sont ces deux sujets que je veux
aborder le plus brièvement possible, mais il faut tout de même que
j'aie quelques minutes pour le faire.
Tout d'abord, si on regarde les transferts fédéraux,
j'aimerais simplement apporter certains chiffres pour la discussion. Il faut
bien comprendre qu'on ne critique pas le gouvernement fédéral
pour le plaisir de le faire. Après tout, les gouvernements, qu'ils
soient fédéral, provincial ou municipal, sont tous au service des
mêmes citoyens. Je pense qu'il est beaucoup mieux que l'on puisse
s'entendre dans l'intérêt des citoyens que de se critiquer
mutuellement simplement pour le plaisir de le faire ou pour faire de la
politique partisane. Lorsqu'il arrive des situations comme celle-ci, je pense
qu'il est bon de faire le point et je ne reproche certainement pas au
député de Bertrand de le souligner.
Les transferts fédéraux en général. Je n'ai
pas l'intention de refaire la nomenclature des paiements de
péréquation comme les versements pour le financement des
programmes établis dans le domaine de la santé et dans le domaine
de l'éducation postsecondaire ou encore les versements du gouvernement
fédéral au titre du bien-être ou de l'assistance publique,
ou encore des transferts fédéraux relatifs à des
programmes d'entente-cadre ou d'entente auxiliaire, etc., avec le gouvernement
fédéral; ce sont tous différents chapitres. Si on met cela
ensemble et qu'on regarde ce qui s'est passé disons, depuis cinq ans, on
voit que les transferts fédéraux ont plafonné,
contrairement aux autres dépenses des gouvernements qui ont
augmenté, soit a cause de l'inflation, ou à cause des besoins
croissants.
Par exemple, si je regarde le chiffre de l'ensemble des transferts
fédéraux pour 1983-1984, il est de 6 336 500 000 $. Si je regarde
ce qui arrive en 1987-1988, plusieurs années plus tard, c'est 6 310 000
000 $, presque le même chiffre. Si on regarde cela en pourcentage des
revenus budgétaires du Québec, on voit qu'en 1983-1984 cela
représentait 28,9 % de nos revenus; en 1984-1985, 28,4 %; en 1985-1986,
26 %; en 1986-1987, 23,2 %; en 1987-1988, 22,5 %. Il est sûr que nous
devons nous inquiéter de la situation qui découle en partie,
évidemment, il faut le reconnaître, de l'amélioration de la
situation économique du Québec lorsque l'on pense aux paiements
de péréquation, mais aussi des changements aux règles
gouvernant les programmes de transfert. On a eu des changements de la formule
de péréquation qui ont eu lieu en 1982-1983. Il y a eu ensuite la
désindexa-tion de la contribution fédérale au financement
de la santé et de l'enseignement postsecondaire, la loi C-96 en
particulier, en vigueur depuis le 1er avril 1986.
Plusieurs mesures ont été prises par le gouvernement
fédéral justement pour diminuer la croissance des transferts,
alors que nous con-
naissons des augmentations de coûts, particulièrement dans
le domaine de la santé avec le vieillissement de la population et les
technologies nouvelles dans le domaine médical. Je l'ai
répété à maintes reprises et j'en ai fait part au
gouvernement fédéral et mes collègues ministres des
Finances des autres provinces ont également eu l'occasion de s'en
plaindre au gouvernement fédéral. Évidemment, la
réponse du gouvernement fédéral est de reconnaître
cela, mais il a un déficit tel qu'il ne peut pas faire davantage. En
résumé, c'est un peu la réponse que nous avons eue.
Pour terminer ce volet, je ne voudrais pas non plus être
complètement négatif vis-à-vis du gouvernement
fédéral. Je pense qu'on peut rappeler qu'en 1987 on a eu
l'obtention d'une compensation pour l'impact négatif du recensement de
1986 dans le domaine de la péréquation, pour les années
1985-1986 et 1986-1987. On se rappellera que les chiffres du recensement
étaient moindres que ceux qui avaient été prévus.
Donc, il aurait fallu que nous remettions de l'argent au gouvernement
fédéral. Là, nous avons eu une entente qui nous a
épargné une compensation de 144 000 000 $ pour 1987-1988. Il faut
aussi dire que, malgré que la formule de péréquation soit
demeurée un peu stable, il y a eu une petite bonification de 35 000 000
$.
Il y a eu aussi, récemment, devant la réforme fiscale
fédérale qui nous amène, si on veut s'harmoniser
jusqu'à un certain point, une augmentation de dépenses,
particulièrement pour la première année de la mise en
oeuvre de la réforme. Nous avons négocié avec le
gouvernement fédéral une entente en vertu de laquelle certains
versements que nous devions faire au gouvernement fédéral
seraient retardés, de sorte que ceci nous donne, pour l'année
1988-1989, une marge de manoeuvre de 244 000 000 $. Cela va être
payé quand même, mais cela ne sera pas sur la même
année. Ceci nous permet de faire le pont pour faciliter, justement, la
réforme fiscale. Cela ne paye pas tout, mais, au moins, cela nous aide
à progresser.
Il y a également eu la signature de deux ententes avec le
gouvernement fédéral qui n'avaient pas été encore
signées. Même l'ancien gouvernement ne les avait pas encore
signées. C'étaient les jeunes contrevenants, 143 000 000 $, en
1988-1989, et 35 000 000 $ par année par la suite, la
réadaptation professionnelle des invalides, 11 000 000 $, en 1988-1989,
et 4 000 000 $ par année, par la suite, également l'aide à
la recherche médicale et la loi sur les brevets pharmaceutiques, 25 000
000 $ sur quatre ans, de 1987 à 1991. Donc, ce n'est pas tout à
fait complètement négatif, mais il faut réellement
regarder un peu autour pour trouver des choses pour nous réjouir, car en
résumé il y a eu un plafonnement depuis quatre ou cinq ans qui
fait que ce n'est pas du côté des transferts
fédéraux que nous pouvons chercher une amélioration des
revenus. Au contraire, les pourcentages - c'est cela qui compte - des
transferts fédéraux dans les revenus du Québec ont
continuellement diminué. C'est une chose.
On nous amène comme illustration, justement, de l'action
fédérale, le cas de la recherche et du développement. Le
député de Bertrand dit: Voyez, il y a un cas où vous avez
apporté certaines mesures et l'action du gouvernement
fédéral semble annuler ce que vous avez voulu faire dans votre
dernier budget. Il y a beaucoup de vérité là-dedans. Ce
n'est pas pour rien, d'ailleurs, que le Conseil de la science et de la
technologie a préparé ce mémoire, intitulé "Les
Avantages fiscaux associés aux activités de recherche et de
développement", daté de mars 1988, où ce document fait
justement une analyse assez fidèle de ce qui s'est passé, en plus
de souligner, évidemment, l'importance de la recherche et du
développement dans notre économie, qui rappelle la réforme
fiscale du gouvernement fédéral qui venait nous embêter
royalement - si on peut employer le mot - dans nos efforts dans la recherche et
le développement.
Mais il ne faudrait pas, encore là, exagérer: ce ne sont
pas toutes les mesures que nous avons mises de l'avant dans notre budget du 30
avril 1987 qui sont mises en cause ou en péril. Ce ne sont pas toutes
les mesures, parce que plusieurs de ces mesures ont été mises de
l'avant, ont été mises en oeuvre, ont été
appréciées par le monde de la recherche et du
développement. Il y a un volet de l'ensemble des mesures, important
volet, mais pas le seul, dont les effets ont été pratiquement
annulés par la réforme fiscale du gouvernement
fédéral annoncée le 16 décembre 1987. Je pense que
le Conseil de la science et de la technologie, tout comme le
député de Bertrand, a raison de s'inquiéter de ce volet et
nous suggère certaines façons de contourner cette
difficulté. (16 heures)
Je dois dire au député de Bertrand que nous n'avons pas
l'intention, comme je l'ai d'ailleurs dit dans ma déclaration
ministérielle du 18 décembre 1987, de nous rendre tout simplement
et sortir le drapeau blanc. Le gouvernement fédéral ne veut pas
reconnaître ou ne veut pas marcher dans le sens de... Alors, nous, nous
ne faisons plus rien. Non, cela n'est pas du tout le cas. Et je tiens à
attirer l'attention du député de Bertrand et de la commission sur
le fait que ce volet touchait des encouragements, des avantages fiscaux que
l'on donnait à des contribuables pour les encourager, justement,
à investir dans la recherche et le développement. Le gouvernement
fédéral a trouvé que cette façon d'aborder le
problème ne correspondait pas a sa politique et ne correspondait pas non
plus à l'esprit de la réforme fiscale, touchant en particulier
les abris fiscaux. Autrement dit, il nous disait: Procédez autrement,
car nous, nous ne marcherons pas là-dedans; ce n'est plus notre
politique, voilà.
Et qu'est-ce que nous faisons? Nous allons tenir compte,
évidemment, dans la mesure du
possible, des recommandations que nous avons reçues des personnes
concernées. Nous allons tenir compte, dans la mesure du possible
également... Plusieurs, il faut le dire, pas seulement le Conseil de la
science et de la technologie, mais plusieurs intervenants dans le monde de la
recherche et du développement nous ont fait part de
l'impossibilité qu'ils avaient de profiter de ce volet qui était
fort généreux et qui apparaissait dans notre dernier budget. Et
il nous ont sûrement fait des recommandations. Nous ne pouvons pas
retenir toutes les recommandations, mais nous allons faire en sorte d'apporter,
dans le prochain budget, je l'espère bien, j'espère bien
être prêt pour cela... Je ne peux pas vous faire part, comme je
vous le dis, du prochain budget; on va laisser cela à ceux qui
s'occupent des fuites; mais moi, je ne suis pas responsable de cela. Alors, je
ne peux pas vous dire à ce moment-ci ce qui va se passer, mais je veux
rassurer le député de Bertrand et la commission que nous sommes
très sensibles à cet aspect du problème.
Nous avons mis de l'avant dans le discours sur le budget 1987-1988,
plusieurs millions de dollars pour l'aide à la recherche universitaire.
Une hausse de 10 à 20 % du crédit d'impôt sur les salaires
pour la recherche dans l'entreprise. Congé fiscal aux chercheurs
étrangers qui viennent au Québec pour faire de la recherche et du
développement. Synergie entre les universités et l'entreprise: un
nouveau crédit d'impôt remboursable, égal à 40 % des
dépenses de recherche et développement faites en milieu
universitaire pour les entreprises. Non-imposition des crédits
d'impôt fédéraux et québécois, recherche et
développement. Et ensuite, évidemment pour les entreprises qui
ont besoin de financement: introduction de la déduction de 133,33 % pour
la recherche et le développement financés par des
sociétés en commandite créées pour les entreprises
et de 166,66% pour la recherche et le développement financés par
des sociétés en commandite créées pour la recherche
et le développement et faites en collaboration, entreprises et
université.
Évidemment, c'est lorsque l'on touche les sociétés
en commandite que les problèmes commencent. C'est le volet où
nous avons eu certains problèmes.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre... M.
Levesque: Le fédéral a décidé...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances: il
vous reste environ trois minutes parce que nous avons convenu de voir trois
blocs. Ce qui fait environ vingt minutes par bloc. Alors, M. le
député de Bertrand me faisait signe...
M. Levesque: Alors je vais...
Le Président (M. Lemieux): ...si parfois. Oui.
M. Levesque: ...essayer, en trois minutes, de terminer, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Levesque: Je vous remercie de me donner ce préavis que
j'apprécie au plus haut point.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Levesque: Le fédéral a décidé,
dis-je, de ne plus accorder de déduction fiscale pour les investisseurs
dans des sociétés en commandite, en recherche et
développement, avec, comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, son projet de réforme du 16 décembre 1987. Les projets
de sociétés en commandite créés avant cette date
ont eu droit aux déductions fiscales et ont pu procéder. Toutes
les autres mesures reliées directement aux entreprises fonctionnent,
notamment les crédits d'impôt dont le crédit remboursable
de 40 % pour la synergie entreprises et universités.
Il ne faut pas oublier que j'ai fait des représentations. Avant
de passer au budget qui s'en vient, j'ai essayé de convaincre le
gouvernement fédéral de changer d'approche, j'ai eu des
rencontres et il y a eu de la correspondance de ma part et de la part du
sous-ministre qui a communiqué également avec le sous-ministre
des Finances à Ottawa. Nous avons fait des démarches entre des
comités de fonctionnaires, on a tout fait de ce
côté-là et, si nous ne pouvons pas arriver à
convaincre le gouvernement fédéral de changer d'approche, nous
avons l'intention de trouver une autre solution. Mais pour terminer, si je me
rappelle bien ce matin, le député de Bertrand avait parlé
du fait que, si ce volet de notre politique n'était pas fonctionnel
à cause du gouvernement fédéral, cela voulait
peut-être dire qu'une centaine de millions de dollars que nous avions
annoncés ne seraient pas consacrés à ia recherche et au
développement. Or, je tiens à lui préciser qu'après
un examen de la situation et étant donné que la plupart des
volets de notre politique ont été mis en oeuvre et se sont
avérés efficaces, ce n'est pas 100 000 000 $, mais à peu
près 19 000 000 $ qui ne seront pas, à cause de cela,
consacrés à ces fins pour l'année 1988, mais on verra, par
la suite, quels seront les effets d'une politique que nous pourrons mettre de
l'avant s'il y a lieu, si nous ne pouvons pas nous entendre avec le
gouvernement fédéral et, à ce moment-là, dès
le prochain budget, je pense que je pourrai répondre à votre
question, mais je ne peux pas aller plus loin pour le moment.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances.
M. le député de Bertrand, je vais appeler le programme,
comme il a été convenu?
M. Parent (Bertrand): Non.
Le Président (M. Lemieux): Non. Vous allez continuer dans
la même veine et on va adopter les programmes ensemble?
M. Parent (Bertrand): M. le Président, si vous le
permettez, n'appelez rien pour l'instant.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je demanderais et ferais appel à la
bonne foi et à la bonne diligence du ministre pour que l'on puisse
essayer de condenser les réponses. Au rythme où on va là,
en une heure, si vous prenez 20 minutes pour répondre, je vais pouvoir
vous poser trois questions.
Le Président (M. Lemieux): Vous comprendrez, M. le
députe de Bertrand, que M. le ministre a droit à 20 minutes
après chacune des interventions.
M. Parent (Bertrand): Je comprends tout cela.
Le Président (M. Lemieux): Cela va.
M. Parent (Bertrand): J'ai bien dit, avant, que je faisais appel
à la bonne foi du ministre; sans cela, on n'ira pas loin.
Deux commentaires et une question sur ce que le ministre vient de
mentionner. Les questions des transferts fiscaux fédéraux, c'est
un long débat. On ne le fera pas et on ne le réglera pas ici,
aujourd'hui, j'en suis conscient, sauf que le ministre nous fait un constat
d'échec de la situation à toutes fins utiles, parce qu'on voit,
année après année, le pourcentage diminuer. Ce qui fait
que à toutes fins utiles, on est en perte de ce côté.
Ce que je dis au ministre des Finances et au gouvernement, c'est qu'il
faudra changer de stratégie et d'attitude, parce qu'on est en demande,
qu'on supplie et qu'on essaie de ravoir notre juste part. On n'a pas gain de
cause, parce que les résultats sont là pour le prouver. Qui que
ce soit, le gouvernement libéral ou un autre gouvernement qui soit
là, dans la situation dans laquelle on se retrouve en 1988 et, si on
regarde les dernières années, on est en perte de vitesse. Le
résultat est là. Là-dessus, on doit être
d'accord.
Je pense qu'il est temps qu'il y ait une stratégie globale de
développée, un plan stratégique qui soit
développé et qui devrait amener le gouvernement du Québec
à la table avec le gouvernement du Canada, avec une série de
mesures dans le jeu de la négociation pour qu'on ne sorte pas perdant
comme on l'est. La façon dont cela se passe actuellement, je sais que ce
n'est pas si simple que cela, mais je dis juste qu'on est en perte de
vitesse.
Deuxièmement, quant à la recherche et au
développement et quant au rapport du Conseil de la science et de la
technologie, la démonstration est faite par le Conseil de la science et
de la technologie, ni le ministre du Commerce extérieur, que j'ai
interviewé pendant plusieurs heures dans la journée de mardi, ni
vous-même ne remettez en question les conclusions du Conseil de la
science et de la technologie. Je pense qu'ils ont assez bien ciblé les
problèmes et ils ont suggéré certaines pistes
intéressantes. Voici où il va falloir changer notre fusil
d'épaule: Je pense qu'au gouvernement du Québec, le
ministère des Finances et le ministre des Finances vont devoir
peut-être exercer un leadership dans ce domaine. Je conçois mal,
M. le ministre des Finances, qu'on ait perdu l'initiative, par exemple, dans le
cas des incitatifs fiscaux dans le domaine des accréditives, parce que
c'est le Québec, je pense, de la petite histoire que je connais, qui
avait pris l'initiative dans ce domaine, et le fédéral nous avait
suivis.
L'année passée, au cours de l'année 1987, je vous
posais des questions en Chambre et mes collègues vous en posaient face
à ce qui s'en venait comme mesures incitatives concernant par exemple
les accréditives. Vous avez dit: On va attendre. C'est là que je
ne suis pas d'accord et je me permets de dire que je pense que le gouvernement
doit cesser d'être en attente ou à la remorque du gouvernement
fédéral parce qu'en ces matières, si on ne prend pas une
forme de leadership et si on ne montre pas que dans le cas du Québec...
Pour le reste des provinces, pour l'Ontario, pour l'Ouest ou les Maritimes,
chacune selon ses priorités, il est bien sûr qu'on n'a pas tous la
même vision. Sur le plan national, c'est bien sûr que le
gouvernement canadien a une autre vision. Mais je pense que le Québec
doit s'imposer en ces matières, mettre de nouvelles idées et de
nouvelles formules et lancer de nouvelles formes parce qu'il y en a
d'intéressantes de proposées là-dedans. Mais je suis
sûr que vos collaborateurs, les gens autour de vous, ont sûrement
des façons de reprendre l'initiative.
Dans le sens du message que je veux vous passer, M. le ministre des
Finances, je pense que le Québec se doit de jouer un rôle de
leader et de reprendre l'initiative dans ces mesures. L'exemple de la recherche
et du développement est un bel exemple. Cela m'inquiète quand le
ministre des Finances nous dit: Écoutez, on va attendre de voir ce que
le fédéral va faire et après cela on va s'harmoniser. La
question que je pourrais vous poser, c'est: Qu'est-ce que signifie s'harmoniser
pour vous? On va s'ajuster en fonction de? Est-ce que cela veut dire pour vous
que, si le gouvernement fédéral se désengage dans le
domaine de la recherche et du développement parce qu'il ne croit plus
aux incitatifs dans le domaine des accréditives - de la façon
dont il l'a vu sur le plan national, c'était moins
important et il se désengage - que nous sommes obligés de
trouver des formules pour compenser? Je pense que le gouvernement du
Québec n'a pas mis sur la table ses positions très claires, ce
qu'il entend privilégier et les mesures qu'il entend prendre. J'ai
hâte de voir dans le discours sur le budget. J'ai hâte parce que
cela va être important de marquer le pas et de prendre l'initative. Si
vous le faites, je vous applaudirai et, si vous ne le faites pas, je vous
dénoncerai dans le cadre de la fonction que j'ai à faire parce
que cela semble être vraiment quelque chose d'important. Vous avez
là un document en or et des recommandations en or. Ce n'est certes pas
la panacée à tous les maux, ce n'est certes pas la solution
à tout, mais c'est un constat important: Perte de vitesse en recherche
et développement ces dernières années. On voit ce que
l'Ontario fait, soit la création d'un fonds de plusieurs centaines de
millions, 100 000 000 $ par année sur dix ans, soit 1 000 000 000 $. Le
gouvernement du Québec devrait commencer à penser à des
formules importantes pour créer des fonds et inciter finalement
l'entreprise privée ' à embarquer aussi là-dedans.
Tout cela pour vous dire que je pense qu'on est un peu pris au
piège et qu'on est a la remorque, car on a pris le roulant, on est dans
le wagon arrière et on n'a pas de locomotive en avant. Mais je pense que
le Québec peut, en matière d'incitation, en matière de
mesures fiscales... Le ministre des Finances, le ministère des Finances
ont un rôle très important à jouer dans ce sens. Je pense
que, selon les gestes qui seront posés, il va falloir qu'on continue
d'être à la remorque du gouvernement fédéral ou bien
qu'on prenne l'initiative.
Voilà ce que j'avais à dire sur ce volet. Étant
donné l'heure, je...
M. Levesque: Je voudrais simplement, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des finances.
(16 h 15)
M. Levesque: ...dire deux mots. En ce qui concerne les transferts
fédéraux, je pense qu'il ne faut pas simplement regarder la
diminution sur l'ensemble. Comme je l'ai indiqué tout à l'heure,
il y avait une diminution sur l'ensemble. Mais il ne faut pas seulement
regarder cela. Je pense qu'il est important de regarder deux autres facteurs,
deux autres volets à l'intérieur de cela, c'est la
péréquation et les transferts également au titre du
bien-être social. Dans ces deux cas-là, je ne demande pas qu'il y
ait d'augmentation, si on pouvait avoir une économie qui serait telle
que nous n'aurions plus besoin de cela. Alors, il faut bien comprendre, je
pense bien que le député de Bertrand est d'accord avec moi, que
si on arrivait à la situation de l'Ontario, par exemple, où on a
pas un cent en péréquation, moi, j'aimerais encore mieux cela,
vous savez; mais si la situation est différente, bien, je veux avoir ma
part de la péréquation. D'ailleurs, le Québec
présentement a plus de la moitié des fonds fédéraux
versés au chapitre de la péréquation. Je pense qu'il est
important de dire que, le jour où la péréquation baissera
à cause d'une économie encore plus forte au Québec, je ne
m'en plaindrai pas. Mais je pense cependant que les règles de base de la
péréquation devraient tenir compte de certains facteurs qui
seraient encore plus favorables au Québec. Cela, c'est une autre
histoire, on n'a pas le temps de le faire, comme le dit le député
de Bertrand, on n'a pas le temps d'entrer dans le détail.
Une autre chose que j'aimerais dire cependant au titre des transferts
fédéraux, c'est que, pour le bien-être aussi, les
versements des transferts ont baissé, parce que justement
l'économie du Québec a été meilleure et il y a eu
certaines mesures de contrôle et, là encore, les versements des
transferts fédéraux au chapitre du bien-être ont
diminué. Là encore, on n'est pas pour s'en plaindre. Ce dont je
me plains le plus, c'est au chapitre de la santé et de
l'éducation postsecondaire, parce là le gouvernement
fédéral a diminué sa participation, parce que beaucoup de
ces programmes, que ce soit l'assurance-hospitalisation ou
l'assurance-santé, ont été faits de bonne foi par les deux
niveaux de gouvernement où il y avait un partage, disons, de 50-50 et
maintenant on s'en va plus vers 60-40. Cela veut dire qu'à mesure que
les coûts augmentent, la participation du gouvernement du Québec
augmente également. Alors, nous ne sommes pas d'accord pour cela. Je
pense qu'il faut faire des distinctions quand on parle, autrement dit, des
transferts fédéraux.
Il y a une deuxième chose que je voulais mentionner. Le
député parle des accréditives. Je dois dire que j'en ai
parié avant. Je n'ai pas attendu le 16 décembre 1987. J'en ai
parlé avant. Les fonctionnaires en ont parlé également
avec leurs homologues fédéraux. Nous avons insisté. Le
premier ministre, en conférence fédérale-provinciale,
où j'étais présent, a fait une sortie justement pour les
accréditives. Le gouvernement fédéral n'a pas
bougé. Il a fait ce qu'il avait l'intention de faire, mais nous ne nous
sommes pas harmonisés le 18 décembre, si vous vous rappelez. Le
18 décembre, nous avons apporté notre propre politique. Nous nous
sommes harmonisés en général avec plusieurs des mesures
mises de l'avant par le gouvernement fédéral, mais nous avons
fait exception dans certaines, dont les accréditives. Nous avons
apporté notre propre formule que nous avons même enrichie. Mais ne
nous demandez pas de payer pour le gouvernement fédéral. On peut
aller jusqu'à un certain point, mais on ne peut pas se substituer
complètement à un autre gouvernement. Quant à savoir ce
que nous allons faire dans l'avenir, bon, il y a le budget.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Bertrand,
M. Parent (Bertrand): Oui. On va passer à Tautre volet.
Sur la question des accréditives, vous avez bougé en
réaction, oui. Le fédéral, à la suite de vos
demandes, n'a pas bougé, c'est vrai, et c'est un constat d'échec
par rapport aux pressions du premier ministre et de vous-mêmes dans les
séances fédérales-provinciales. Comme le résultat
net, vous avez passé d'un effort de 166 et 2/3 à 133 et 1 /3, que
je sache.
M. Levesque: 100 à 133.
M. Parent (Bertrand): Vous étiez à 166 avant. On
était à 166 et le résultat net est de 133, en tout
cas.
M. Levesque: Vous parlez de décembre 1987 ou 1986?
M. Parent (Bertrand): On parle de décembre 1987.
M. Levesque: 1987. Ce n'est pas là que cela s'est
passé. C'est en 1986.
M. Parent (Bertrand): Le résultat net.
M. Levesque: C'est cela. En 1987, comme je l'ai mentionné,
on est passés de 100 à 133. Ce à quoi vous vous
référez, cela s'est passé avant cela, c'est en 1986.
M. Parent (Bertrand): Comme résultat net, on a
été en 1986 à 166, aujourd'hui on est à 133. Il y a
un effet aussi à cause des mesures du fédéral.
M. Levesque: Je pense qu'il est important de ne pas mêler
les choses.
M. Parent (Bertrand): Je comprends mais...
M. Levesque: Lorsque nous sommes arrivés à la
réforme en 1987, je le répète encore une fois, le 18
décembre 1987, la situation était à 100, elle a
été portée à 133,33. Ce qui vous a fait dire des
choses pas tout à fait exactes - j'essaye de trouver une façon
polie de vous le dire - c'est qu'en 1986, lorsque nous avons touché au
RE A, lorsque nous avons touché au cinéma, nous avons
touché également aux accréditives, parce qu'il fallait
diminuer également pour éviter que l'un ne se lance sur l'autre.
On se rappellera, il y avait eu du côté des REA une faveur ou
ferveur telle que ... L'ancien gouvernement avait commencé à
poser certains gestes de cette nature, l'ancien ministre des Finances avait
lui-même posé des gestes pour éviter que l'État ait
à payer des sommes trop fabuleuses dans certains de ces abris fiscaux.
J'ai continué dans le même sens. C'était en 1986.
Là, nous avons réduit, si ma mémoire est fidèle, de
166 à 133. Malgré cela, il y a eu pour 600 000 000 $
d'investissement dans le secteur minier, bien que nous ayons baissé.
M. Parent (Bertrand): Imaginez-vous si vous m'aviez pas
baissé.
M. Levesque: Cela a coûté 200 000 000 $ à
l'État. On pourra s'en reparler si on veut. D'ailleurs, ce que je peux
faire pour faciliter les choses aux membres de la commission, c'est
peut-être leur donner les vrais chiffres pour qu'on s'entende très
bien là-dessus et qu'on voit les coûts. Peut-être que cela
pourrait être fait.
M. Parent (Bertrand): D'accord. L'autre volet que je voulais
toucher, M. le Président, toujours avec les contraintes de temps, c'est
celui qui regarde le contrôle et la présentation des états
financiers et particulièrement les informations comptables pertinentes.
J'y ai touché ce matin. Je ne fais que resituer le contexte. J'ai
demandé au ministre et je redemande à cette commission que le
ministre des Finances puisse, pour les fins de la bonne compréhension de
l'état des finances publiques, lors du prochain budget, dans ses
cahiers, dans ses annexes, nous présenter un ou deux tableaux illustrant
l'effet - c'est simple - des nouvelles conventions comptables pour qu'on puisse
simplement resituer cela dans son décor. Même si le ministre
continue à persister à dire que je suis dans l'erreur, je l'ai
défié et je le défie toujours de le prouver
concrètement. Je ne suis pas dans l'erreur. Si je suis dans l'erreur, il
faudra dire au Vérificateur général qu'il est dans
l'erreur. Je ne pense que ce soit dans cette voie que le ministre veuille
s'engager. Je vous prie de me croire, M. le ministre, je ne veux pas faire de
petite politique ou de politique partisane. Je veux regarder les chiffres tels
qu'ils sont. Je vous demanderai de répondre à la question: Est-ce
que l'effet des nouvelles conventions comptables au 31 décembre 1987
était de l'ordre de 500 000 000 $ ou 524 000 000 $ et était-ce un
effet positif pour le gouvernement? Si c'est de l'ordre de 500 000 000 $ comme
nous a confirmé le Vérificateur général et comme
j'en ai la conviction profonde, cela veut dire par le fait même que le
déficit du Québec est toujours sur la base des anciennes
conventions comptables. Je comprends que les anciennes conventions comptables
ne sont plus là. On fait affaire avec les nouvelles. Je comprends que le
vérificateur voulait qu'on ait de nouvelles conventions comptables, mais
il reste que, si on compare avec le passé, il faut comparer avec les
normes qui existaient avant. Il est important de comprendre l'évolution
du déficit du Québec, l'évolution des finances publiques
et de connaître les vrais chiffres. Sinon on risque de se perdre en
conjectures, et c'est pour cela que ma demande au ministre des Finances est
très claire, très explicite, c'est de mettre ce tableau sur
cette
base comparative, pour qu'on puisse savoir que maintenant les
résultats des sociétés d'État, dividendes ou pas
dividendes, les résultats des sociétés d'État, les
508 millions, par exemple, que cette année Hydro-Québec, au 31
décembre I987, a faits maintenant, s'en vont directement abaisser le
déficit du Québec, et le ministre des Finances le sait. Et il y
en a d'autres qui viennent s'ajouter à cela. Ce qui fait que cela change
passablement le portrait.
Je comprends que ce sont de nouvelles conventions comptables. Si on a
changé les règles du jeu, on ne peut plus dire que maintenant le
déficit est rendu à deux milliards trois cent cinquante millions.
Il faut juste le replacer dans son contexte et j'insiste à nouveau pour
que le ministre puisse nous présenter ce tableau. Sinon on devra le
travailler, on devra aller le chercher, on devra, encore là, prendre les
moyens qui s'imposent pour aller le chercher. Mais c'est important d'avoir les
chiffres tels qu'ils étaient et les chiffres avec les nouvelles
conventions comptables, et on tirera les conclusions qu'il y a à tirer
de ce côté-là. Alors, je réitère cette
demande. Elle est importante, et j'y tiens particulièrement.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances. M.
le ministre des Finances, vous avez la parole.
M. Levesque: M. le Président, je ne veux pas critiquer le
député de Bertrand d'une façon qui pourrait lui
paraître injuste. Je sais fort bien ce à quoi il voudrait en
arriver. Il voudrait diminuer, sur le plan politique, il voudrait diminuer un
peu l'impact de ce que tout le monde reconnaît, à savoir que nous
sommes en train de faire l'assainissement des finances publiques. Et pour ce
faire, il utilise un moyen, qu'il a le droit d'utiliser, je ne le conteste pas.
Il dit: Si on prenait les anciennes conventions comptables, votre
déficit diminuerait moins vite que ce que vous dites. C'est un peu ce
qu'il m'a dit. Et moi, je lui réponds ceci: Premièrement, quelles
que soient les méthodes comptables que nous employons, depuis que nous
sommes au pouvoir jusqu'à aujourd'hui, la diminution du déficit
est considérable. Il parlait de défi, je le défie, lui
aussi, de contredire cela. Mais il ne veut pas venir jusqu'à
aujourd'hui. Il voudrait qu'on arrête à la première
année de notre administration. Parce que là il y a un chiffre qui
l'intéresse. Et il dit: Là, à ce point-là, n'allez
pas ailleurs, n'allez pas après cela, mais allez juste là, et si
vous prenez l'anpienne convention comptable, ah! là vous ne baissez pas
tant que vous dites. Je ne contredis pas cette chose, mais je lui dis:
Attention, regardons la situation, regardons les faits. Un fait important que
le député de Bertrand doit retenir, c'est que, lorsqu'il regarde
les livres officiels si vous voulez, il lui manque une importante
donnée. Je parle des livres officiels, je parle des budgets ou des
discours sur le budget. Il lui manque une donnée importante qu'il va
retrouver dans "Urgence d'un redressement", publié par le
ministère des Finances, au mois de mars I986. Là il va retrouver
une donnée qui n'apparaissait pas dans les discours sur le budget, et
particulièrement à cause du fait que, lorsque le ministre des
Finances, le 23 avril I985, a fait ses prédictions triennales, il a
indiqué un déficit prévu pour l'année 1986-1987 de
deux milliards neuf cent soixante-dix millions. Or, un mois après qu'il
eut fait cette déclaration officielle en Chambre dans son discours sur
le budget, un mois après, à peine un mois après, les
chiffres qu'il obtenait du Conseil du trésor et des autres instances
gouvernementales lui indiquaient que cette prévision n'était pas
exacte. (16 h 30)
Par la suite, il s'est révélé que le chiffre -
c'est ce que nous avons appris en arrivant au pouvoir - n'était pas 2
970 000 000 $, mais beaucoup plus de l'ordre de 4 500 000 000 $. Ceci a
été affirmé solennellement dans un document officiel
aussi, déposé par le ministère des Finances le 5 mars
1986. Mais cela, le député de Bertrand ne le dit pas. Si nous
n'avions rien fait, quel aurait été le déficit en
1986-1987? 4 500 000 000 $ plus les 200 000 000 $ que nous avions
nous-mêmes ajoutés dans notre minibudget du 18 décembre
1985: 4 700 000 000 $. Et, parce qu'il trouve un chiffre de 3 100 000 000 $, de
3 200 000 000 $ ou de 3 300 000 000 $, il dit: Ah! Ah! 100 000 000 $! Ce
n'était pas à 100 000 000 $, mais à 1 700 000 000 $
auxquels nous devions faire face.
Je dis que, parce que nous avons pris les mesures nécessaires,
parce que nous avons réduit de 1 000 000 000 $... On se rappellera que
le président du Conseil du trésor avait annoncé,
exécuté et fait en sorte de couper les dépenses de 1 000
000 000 $. Nous avons pris d'autres mesures d'ordre fiscal, nous avons
également pris d'autres mesures administratives et nous avons
réussi à diminuer ces 4 700 000 000 $ à 3 300 000 000 $,
plus exactement à 3 098 000 000 $, si on tient compte du fait qu'en plus
de faire ce grand ménage nous avons ajouté un autre ménage
d'environ 200 000 000 $, qui étaient des comptes à recevoir qui
n'étaient plus là. Ils apparaissaient comme des comptes à
recevoir pour 209 000 000 $.
Nous avons profité de ce grand ménage, encore une fois
dans un effort additionnel de transparence, pour radier ces comptes à
recevoir qui n'étaient plus récupérables, qui
étaient devenus des irrécupérables. Si nous tenons compte
du fait que le gouvernement antérieur avait abandonné cette
pratique parce qu'il ne voulait pas empirer la situation... Dans les trois
années précédentes, il avait radié 16 000 000 $.
Dans une seule année, nous avons radié 209 000 000 $. Qu'est-ce
que cela veut dire? Cela veut dire que nous avons posé des gestes qui
aujourd'hui voudraient servir de prétexte au
député de Bertrand pour dire: Bien, cela n'existe pas, ces
choses-là. Cela existait. Malheureusement, c'était la situation
dans laquelle nous nous sommes trouvés en arrivant au pouvoir.
Maintenant que j'ai dit cela, reprenons les chiffres, parce que le
député de Bertrand aime les chiffres. Avant de vous les donner,
je vais répéter une chose pour que ce soit bien clair. Mais avant
de répéter, je vais faire des comparaisons. Le
député de Bertrand aimerait qu'on fasse des comparaisons entre le
vieux et le neuf. Je vais faire des comparaisons. Mais avant de ce faire, je
vais lui dire une chose: Si on a changé de méthode de conventions
comptables, ce n'est pas pour arriver à certaines fins. C'est parce que,
depuis des années, le Vérificateur général avait
dénoncé les conventions comptables utilisées auparavant.
Pourquoi le Vérificateur général les
dénonçait-il? Parce que ces conventions comptables étaient
de nature à ignorer mais également à cacher - et c'est
cela, le pire - au public, sauf dans des notes très discrètes,
très pudiques aux états financiers, les pertes effectuées
par les sociétés d'État. On n'a qu'à penser, par
exemple, à Quebecair, à l'amiante, à Sidbec-Normines, etc.
Tout cela, c'était à part: Cachez-nous cela, ces
histoires-là! Mais c'étaient des fonds publics qui étaient
derrière cela. Le Vérificateur général dit: Vous
n'avez pas le droit de faire cela. Montrez les opérations du
gouvernement, mais montrez également les opérations des
sociétés d'État. Si vous faites de l'argent, montrez-le.
Mais si vous en perdez, montrez-le également. C'est ce que nous avons
fait. C'est vrai que cela a eu pour effet de changer quelques chiffres, quelque
part. C'est clair. Mais c'est à la demande du Vérificateur
général que nous l'avons fait.
Il faut dire également que par les mesures que nous avons prises:
mesures de privatisation, de contrôle, de rationalisation, certaines de
ces sociétés d'État qui perdaient de l'argent en ont moins
perdu, ou n'en perdent plus du tout, ou même font des profits, comme
c'est le cas de Sidbec depuis deux ans.
Évidemment, cela améliore les chiffres. Cela n'aurait pas
paru dans les anciennes conventions comptables. Aujourd'hui, tout est
là. Tout est transparent. Et maintenant, on me permettra de regarder les
chiffres, même en faisant les comparaisons que j'hésite à
faire. Je vais vous dire pourquoi j'hésite à les faire. C'est
parce que le Vérificateur général nous dit: Faites cela
comme ça. Oubliez cela, vos anciennes conventions. Cela ne marche
plus.
L'institut canadien des comptables agréés nous dit comment
faire quand on change les conventions comptables. Pour la première
année, on fait les changements et on garde les chiffres selon les
anciennes méthodes et les chiffres selon la nouvelle méthode,
pour l'année en cours, l'année où on les introduit. Puis,
on ajoute des années antérieures. Je pense qu'on a une dizaine
d'années. On a publié toutes les comparaisons en vertu des
anciennes conventions comptables. Voici la liste, année après
année, pour les dix dernières années. Et, en vertu des
nouvelles conventions comptables, ce que cela aurait été avec les
nouvelles. On l'a fait. On l'a publié. Pour l'année où on
a introduit ces nouvelles conventions comptables, on l'a fait
également.
Le député de Bertrand nous dit: Maintenant, vous allez le
faire à l'avenir. Justement! L'institut canadien des comptables
agréés nous dit: Non! C'est fini. Montrez-leur tout ce que cela
aurait été pour le passé. Montrez-leur pour l'année
où cela a lieu. Mais pour l'avenir, c'est fini. Ce n'est pas moi qui le
dis. Ce sont les normes reconnues par l'institut canadien des comptables
agréés. Ne me demandez pas de faire plus que cela.
Malgré cela, je vais vous donner les chiffres. Vous les avez.
Vous n'avez qu'à prendre les états financiers de 1986-1987, page
18, je crois. Vous allez retrouver tout cela. Mais, si vous voulez, je vais
vous les donner.
Quel était le déficit budgétaire? Vous me
permettrez... La seule année où bloque le député de
Bertrand, c'est 1986-1987. La seule année... Il ne veut pas parler de
1987-1988, encore moins de 1988-1989. Il ne parlera pas de ces
affaires-là. Cela va faire une diminution de déficit de 500 000
000 $. Wo! On ne parlera pas de cela. On va parler juste de 1986-1987.
Si on prend 1982-1983, selon les anciennes conventions comptables, le
déficit était de 3 049 000 000 $. En 1983-1984, 3 613 000 000 $.
En 1984-1985, 3 233 000 000 $. En 1985-1986, 3 141 000 000 $. C'est là,
en 1986-1987, que vous trouvez les 100 000 000 $ de plus. Mais vous ne tenez
pas compte des 209 000 000 $, qu'on a radiés en créances qui
n'étaient plus là. Parce que, si on fait cela, si on en tient
compte, c'est 3 098 000 000 $. Évidemment, si on tenait compte des 4 500
000 000 $ qui était le véritable chiffre du déficit de
cette année, si nous n'avions pas pris les mesures, ce serait une
augmentation fantastique du déficit que nous aurions vécue,
à cause de l'ancienne administration. Mais, à cause des mesures
que nous avons prises, c'est ce que nous avons connu.
Depuis ce temps-là, comme vous le savez, cela a continué
de baisser, en 1987-1988, en vertu des anciennes conventions comptables. Nous
n'avons plus les chiffres à publier parce que nous n'avons pas... Si on
les publiait, on s'apercevrait là encore que cela baisse.
Selon les conventions modifiées depuis 1986-1987,
évidemment, nous arrivons à 2400 000 000 $, 2 100 000 000 $, 3
000 000 000 $. En 1984-1985, savez-vous ce que c'était? Vous n'avez pas
parlé de cela. D'après vos anciennes conventions, c'était
3 200 000 000 $. Si on avait utilisé les mêmes conventions dans ce
temps-là, cela aurait été 3 800 000 000 $, votre
déficit. En 1985-1986, 3 300 000 000 $. En 1986-1987, 2 800 000 000 $.
Cette année, cela va être 2 350 000 000 $,
d'après la synthèse du 31 décembre dernier.
Une autre façon, en terminant, ce serait peut-être plus
juste de prendre le pourcentage du PIB. Parce que là quelles que soient
les conventions, il y a toujours une diminution du déficit. Les
anciennes conventions comptables, à partir de 1982 jusqu'à
1987-1988, c'est comme ceci: 3,54 % du PIB; 3,37 %; 3,20 %; 2,88 %; 2,77 %;
2,30 %, en 1987-1988. Vous voyez que, continuellement, par rapport au PIB, le
déficit diminue. Selon les nouvelles conventions comptables, vous voyez
2,81 %; 2,28 %; 3,76 %; 3,07 %; 2,36 % en 1986-1987; 1,5 %, en 1987-1988. Vous
voyez ce qui arrive.
C'est que, depuis que nous sommes là, qu'on le veuille ou non, le
déficit a considérablement baissé. Je demanderais au
député de Bertrand, qui s'accroche à ce 1986-1987, sans
tenir compte de ce que nous avons trouvé dans les livres en arrivant au
pouvoir... Même à cela, il ignore les 209 000 000 $ que nous avons
radiés, contrairement aux pratiques antérieures du gouvernement
précédent. S'il tient compte de cela, il y a encore une
diminution du déficit par rapport à l'année
précédente.
Je vous le dis comme je le vois. Je vois les chiffres tels qu'on me les
fournit. Je les transmets aussi librement et avec autant de transparence que je
peux le faire. Mais si le député de Bertrand ne veut pas croire
ce que je dis, s'il ne veut pas tenir compte de toutes les nuances que
j'apporte, je l'invite à venir au ministère et à
interroger tous ceux qui sont avec moi. Ils vont vous dire la même chose
parce que c'est la vérité vraie. Et d'autant plus vraie qu'elle
correspond aux demandes du Vérificateur général. Cela n'a
pas été fait autrement.
Si le Vérificateur général, d'après le
député de Bertrand, dit: Oui. Il a reconnu quoi? Il a reconnu ce
que je viens de dire. Il n'a pas reconnu autre chose. Il a reconnu, en vertu
des anciennes conventions comptables, les chiffres que je viens de donner, qui
se retrouvaient d'ailleurs dans mes états financiers. Prenez les
états financiers publiés au mois de décembre 1987, pour
l'année 1986-1987 et on trouvera ce que le Vérificateur
général a lui-même reconnu comme vrai. Mais on ne peut pas,
tout de même, accepter un chiffre sans tenir compte de tous les autres
et, surtout, sans tenir compte des circonstances que je viens de
préciser.
Adoption des crédits
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances. Malheureusement, il ne nous reste que deux minutes.
Alors, je dois prendre ce temps pour adopter les programmes du ministère
des Finances. Est-ce que le programme 1, Études des politiques
économiques et fiscales est adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme 2,
Gestion de la... S'il vous plaît, M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît! Est-ce que le programme 2 Gestion de la
trésorerie et de la dette publique est adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme 3
Comptabilité gouvernementale est adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le programme 3 est
adopté. Est-ce que le programmé 4, Fonds de suppléance est
adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme 5,
Gestion interne et soutien est adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le programme 8,
Statistiques, prévisions socio-économiques et recherches
d'ensemble est adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'ensemble des
crédits budgétaires du ministère des Finances, pour
l'année financière 1988-1989, sont adoptés?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous allons ajourner
maintenant les travaux au mardi 19 avril.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, est-ce que je
pourrais avoir une minute dans la conclusion?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Bertrand, vous avez une minute en conclusion.
M. Parent (Bertrand): Dans la dernière heure, j'ai eu la
parole pendant à peu près cinq minutes. Je veux juste dire, en
terminant - je ne reprendrai pas le débat - au ministre des Finances,
qu'avec tout le respect que je lui dois - je n'en ai pas contre sa personne -
je dois lui dire que les explications qu'il a apportées, aujourd'hui,
n'ont absolument rien de nouveau, rien que je ne connaissais pas.
Le ministre des Finances peut rester dans ses convictions. Je vais
rester dans les miennes parce que j'ai de profondes convictions de ce
côté-là. On aura la chance de reprendre ce
débat. Je suis même prêt à aller au ministère,
parce que j'ai des exercices à faire. Je peux vous dire que je trouve
dommage que vous preniez cela de la façon dont vous le prenez
actuellement, à savoir que je veux essayer de diminuer.
Vous savez, quand on est critique dans l'Opposition, M. le ministre des
Finances, on a à dénoncer des situations. Si on le fait et qu'on
parle à tout et à travers, qu'on dit des faussetés, on y
perd sa crédibilité. Je ne veux pas perdre ma
crédibilité. Quand j'ai avancé ce que j'ai avancé
et quand je continue à soutenir ce que j'ai à soutenir, c'est que
je pense profondément que je suis dans le droit chemin. Vous pouvez
l'interpréter comme bon vous semble, je dois vous dire que vous ne
m'avez pas convaincu, aujourd'hui, loin de là. Je pensais que vous
étiez pour m'apporter de nouveaux éclaircissements. Mais ce ne
sont pas de nouveaux éclaircissements. Pour votre gouverne, les 209 000
000 $ de comptes radiés ont été dans la
démonstration que j'ai faite, dans la conférence de presse de
février. Vous vérifierez dans les documents. J'ai exclu
expressément ces 209 000 000 $ pour arriver au chiffre de 3 300 000 $.
Il est exclu, et de cela aussi, j'en ai acquis la profonde conviction.
M. Levesque: Malheureusement, il n'y est pas. Les gens, ici, me
disent qu'il n'y est pas non plus. C'est 3 098 000 000 $, si vous
l'excluez.
M. Parent (Bertrand): Je vous dis qu'il est...
M. Levesque: Que voulez-vous? Il n'y a qu'un chiffre qui est bon,
pas deux.
M. Parent (Bertrand): Là-dessus, je tiens quand même
à vous remercier, M. le ministre des Finances, de même que vos
collaborateurs, de ces crédits. J'aurai la chance de poursuivre cette
discussion dans un autre lieu.
Le Président (M. Lemieux): Brièvement, pour le
parti ministériel, en guise de conclusion. M. le député de
Limoilou.
M. Després: M. le Président, moi aussi, au nom du
parti ministériel, j'aimerais remercier le ministre des Finances de sa
présence pour l'étude des crédits ainsi que la
présence de tous les fonctionnaires du ministère des Finances.
Merci.
Le Président (M. Lemieux): Alors, la commission ajourne
ses travaux. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je vous remercie, M. le Président. Je
remercie les membres de la commission. Je remercie en particulier mon critique,
le député de Bertrand, dont je ne doute pas de
l'objectivité. Je ne doute pas non plus de sa sincérité.
Mais que voulez-vous? Errare humanum est. C'est permis à tout le
monde.
Je vous remercie, M. le Président. Je regrette de ne pas avoir pu
aborder un sujet, le fonds de suppléance qui avait été
mentionné par le député de Bertrand. J'avais toutes les
réponses à lui donner. Mais je pourrais peut-être
simplement lui dire que le gros de la différence provient du fait qu'on
n'a pas de convention collective, comme il le sait, à partir du 1er
janvier 1989. Il faut prévoir certaines sommes pour l'augmentation des
salaires. Normalement, il n'y a pas de diminution. Il y a une augmentation. On
a tenu compte là-dedans de l'offre qui avait été faite,
récemment, par le président du Conseil du trésor, qui a
fait une offre, comme vous vous rappelez, de 4 %. On a ajouté cela au
fonds de suppléance pour faire face à la situation si tel
était le cas.
Je comprends que le député de Bertrand avait trouvé
qu'il y avait un saut qui n'apparaissait pas dans les explications du cahier
rouge. Je suis heureux de l'ajouter en dernière instance. Les autres
renseignements, il pourra les obtenir chez nous, s'il le désire.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances ainsi que vos fonctionnaires et les membres de la
commission. Nous ajournons maintenant nos travaux au mardi 19 avril, 10 heures,
afin d'entreprendre l'étude des crédits du ministère des
Approvisionnements et Services. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 49)