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(Seize heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
afin d'entreprendre l'étude des crédits budgétaires du
Conseil du trésor et de l'organisme relevant du ministre
délégué à l'Administration pour l'année
financière 1988-1989.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président. On ne m'a
informé d'aucun remplacement pour la séance.
Crédits du Conseil du trésor
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Une enveloppe globale de une heure et trente minutes a été
allouée à l'étude des crédits de ce
ministère cet après-midi. On m'a informé qu'il y a entente
entre les groupes parlementaires afin que nous mettions aux voix à la
fin de la séance de cet après-midi, c'est donc dire
peut-être dix secondes avant que le tout soit terminé, les
crédits budgétaires des organismes relevant de la
vice-présidente du Conseil exécutif.
M. le ministre, vous avez la parole pour les remarques
préliminaires. Par la suite, le porte-parole de l'Opposition officielle
prendra la parole. Puis, il y aura une période de questions au ministre.
M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Paul Gobeil
M. Gobeil: Merci, M. le Président. M. le Président,
MM les membres de la commission, c'est la troisième fois que j'ai
l'honneur de me présenter devant cette commission pour l'étude
des crédits du Conseil du trésor. Comme vous le savez, c'est
l'occasion de discuter, non seulement des crédits, mais surtout de faire
un bilan des réalisations de l'année qui vient de
s'écouler et de dégager les perspectives pour l'année
budgétaire qui débute.
Les membres de cette commission sont déjà familiers avec
le mandat et les responsabilités du Conseil du trésor dans le
domaine des politiques budgétaires, des politiques de gestion, des
politiques de personnel et des relations du travail. L'organisation
administrative du secrétariat du conseil est basée
essentiellement sur ces trois grands domaines de responsabilité, et si
vous me le permettez, j'aimerais passer immédiatement à la revue
de l'année 1987-1988.
L'année financière 1987-1988 a été carac-
térisée par une gestion serrée des finances publiques, la
poursuite d'un climat de travail harmonieux dans les secteurs public et
parapublic ainsi que l'accentuation des mesures visant à
améliorer la gestion gouvernementale. Permettez-moi d'insister sur ces
trois aspects.
Tel que mentionné lors du dépôt des crédits
le 24 mars dernier, l'exercice financier 1987-1988 s'est terminé en
respectant intégralement les objectifs de dépenses que le
gouvernement s'était fixés. Il n'y a pas eu de budget
supplémentaire et les dépenses ne devraient pas excéder le
niveau prévu de 29 940 000 000 $, en excluant les dépenses
payées par anticipation. Le taux de croissance aura été de
5,5 %, alors que l'inflation fut de 4,4 % et que le produit intérieur
brut a crû à un rythme de 8,5 %.
Tout comme il l'avait fait lors de l'exercice précédent,
le gouvernement a été en mesure de dégager, en 1987-1988,
des sommes totalisant 470 000 000 $ pour les nouvelles priorités de
dépenses. Ces sommes ont pu être disponibles grâce aux
mesures d'économie budgétaires et aux mesures de
réallocation mises de l'avant par les divers ministères.
Compte tenu de la croissance économique exceptionnelle
observée en 1987, il aurait été facile de profiter de la
situation pour diminuer les contraintes sur la gestion des fonds publics. Le
gouvernement a plutôt choisi de faire preuve de grande discipline et de
profiter des circonstances pour progresser davantage dans la voie du
redressement des finances publiques.
Sur le plan de la gestion de l'effectif de la fonction publique, nous
croyons que le niveau de productivité des fonctionnaires a
été sensiblement amélioré depuis quelques
années et que cette amélioration a largement compensé les
coupurps de postes, permettant ainsi de garder, si ce n'est d'améliorer,
les services à la population. La diminution de quelque 774 autres postes
que j'ai annoncée récemment pour l'année 1988-1989 fixera
le niveau global des fonctionnaires réguliers à 51 301, par
rapport à 53 539 qu'il était en 1985.
Au chapitre des politiques de personnel, l'année 1987-1988 a
été principalement marquée par la mise en place d'un
programme d'accès à légalité, la création
d'un nouveau système de classification pour les cadres
intermédiaires et l'implantation d'un système de primes pour les
professionnels qui occupent un emploi de complexité
supérieure.
En matière d'accès à l'égalité, j'ai
lancé officiellement, le 10 septembre dernier, un programme
d'accès à l'égalité pour les femmes de la fonction
publique. Ce programme en est à sa première année
d'implantation dans les ministères et les organismes. Il suscite
beaucoup d'espoirs et présente des aspects innovateurs dans le
domaine de la promotion de la clientèle féminine,
notamment, en fixant des objectifs quantitatifs d'augmentation du taux de
présence des femmes dans la fonction publique et en déterminant
des objectifs qualitatifs visant tant la progression de la carrière que
la conciliation des responsabilités familiales et professionnelles.
J'aurai l'occasion, dans les prochains mois, d'évaluer les
résultats atteints par les ministères et les organismes et de
faire rapport à l'Assemblée nationale, au nom du
gouvernement.
Quant à la clientèle des personnes handicapées,
elle continue de bénéficier du plan d'embauché
préparé à leur intention. En ce qui concerne la
clientèle des membres des communautés culturelles, les travaux en
vue de l'élaboration d'un programme d'accès à
l'égalité se poursuivent.
Au cours des derniers mois, nous avons également finalisé
une importante refonte des structures de classification des cadres
intermédiaires dont les quelque 160 échelles de
rémunération différentes ont été
regroupées dans une structure simplifiée contenant onze niveaux
de rémunération. Les ministères et les organismes
procèdent présentement à la mise en oeuvre de cette
nouvelle structure de classification. L'ensemble de cette opération
devrait être terminé au cours de l'été.
Par ailleurs, les objectifs du plan de classification des professionnels
de la fonction publique ont été revus afin de corriger un
problème qui prenait de plus en plus d'ampleur. En effet, la très
grande majorité d'entre eux avait graduellement atteint le sommet de
leur classe d'emploi. Cette situation ne permettait plus de reconnaître
de façon spéciale leur excellence ou leur contribution à
des dossiers majeurs. En fait, le plan de classification n'incitait pas les
professionnels à la recherche de plus grands défis et à
améliorer leur productivité personnelle. Pour corriger cette
situation et à la suite des succès des dernières
négociations, il nous a été possible d'instaurer un
système d'allocation de primes de fonction aux professionnels qui
occupent des emplois de complexité supérieure.
Au chapitre des relations du travail, l'année 1987-1988 a permis
de finaliser les ententes intervenues à l'occasion des dernières
négociations, d'en assurer le suivi et, tout récemment, de
proposer aux employés de l'État de prolonger d'un an les
conventions collectives qui arrivent normalement à
échéance le 31 décembre prochain.
Au moment d'entreprendre la défense des crédits l'an
dernier, nous venions à peine d'achever la rédaction et de signer
la plupart des conventions collectives. Ce travail a été
complété et, de concert avec nos partenaires patronaux des
secteurs public et parapublic, nous avons donné suite aux engagements
pris lors des dernières négociations, notamment par la
création d'une dizaine de comités paritaires sur les
relativités salariales et par la réalisation d'études
concernant les infirmières et certains techniciens et techniciennes du
secteur de la santé. L'objectif de ces travaux est de permettre de
régler certains problèmes importants en dehors de la
période formelle de négociations.
Le climat positif que nous avons réussi à créer en
matière de relations du travail dans les secteurs public et parapublic,
et le maintien de notre objectif de régler certains problèmes
importants hors du contexte traditionnel des négociations, nous ont
conduit récemment à proposer aux salariés de l'État
de prolonger d'un an les conventions collectives. Essentiellement, nous
proposons de reconduire l'ensemble des conditions de travail, de majorer de 4 %
les taux et les échelles de salaires et de prévoir que, si
l'indice des prix à la consommation augmente de plus de 4 %, les taux et
les échelles soient révisés en conséquence
jusqu'à un maximum de 5 %.
Enfin, et de manière plus particulière, je tiens à
souligner que les crédits nécessaires aux négociations
seront resserrés de façon significative. En dollars constants,
c'est une réduction de plus de 20 % des dépenses
consacrées aux négociations qui est prévue dans les
crédits budgétaires 1988-1989.
Passons maintenant à la gestion gouvernementale. Lors de
l'étude des crédits pour 1987-1988, j'avais dit que les
interrogations posées par le rapport du groupe de travail sur la
révision des fonctions et des organisations gouvernementales avaient
été très utiles car elles avaient amené les
ministères et organismes du secteur public à revoir la pertinence
de certaines structures ou de certaines façons de faire. Les efforts du
groupe de travail ont déjà donné des fruits tangibles,
comme on peut le constater.
Le mandat de la plupart des organismes a été revu;
plusieurs organismes ont été abolis, soit parce qu'ils
étaient inopérants, soit parce que d'autres instruments de
consultation, telles les commissions parlementaires permanentes, ont
été développés.
On a pu observer, du côté des offices, des régies et
des sociétés de gestion, un ensemble de
réaménagements, de fusions ou d'intégrations qui ont eu
pour effet de redonner aux ministères concernés les
responsabilités qu'ils devront dorénavant exercer.
Quant à la gestion des grands programmes gouvernementaux, les
divers ministères continuent leurs efforts pour essayer de les rendre
plus efficaces et plus efficients.
Il faut situer également dans la même perspective les
suites du rapport d'un groupe de travail formé de hauts fonctionnaires
dans le cadre de la démarche pour une rénovation de
l'administration publique. Ce rapport publié au début de
février 1987 proposait diverses catégories d'actions à
prendre en charge par les ministères et les organismes, ou par les
organismes centraux. On peut dire que, depuis plus d'un
an, le rapport a été inspirateur pour la gestion des
ressources gouvernementales dans plusieurs ministères et organismes.
Quant aux mesures touchant plus spécifiquement les organismes centraux,
le forum des sous-ministres, présidé par le secrétaire
général du gouvernement, a mis en place trois comités
formés de sous-ministres pour étudier de plus près les
sujets suivants: les politiques administratives et financières, la
gestion des ressources humaines et la gestion des cadres supérieurs.
Ces groupes de travail ont été consultés, en cours
d'année, au moment de la préparation et de la mise en application
des nouvelles politiques de gestion, notamment celles relatives aux cadres
intermédiaires et aux professionnels. D'autres questions sont
actuellement à l'étude, et je suis confiant qu'à moyen
terme, ces nouveaux mécanismes permettront un fonctionnement plus
harmonieux de l'appareil gouvernemental.
Maintenant que les études et les recherches pour appuyer la
démarche de rénovation de l'administration publique sont
complétées, le secteur des politiques de gestion du
secrétariat du Conseil du trésor a procédé à
une réorganisation interne pour redéployer ses ressources en
fonction de nouvelles priorités. Dans ce contexte, le Centre pour le
développement de la productivité dans le secteur public a fait
place à un nouveau service pour assister et coordonner la
révision des politiques de gestion. Le nouveau service doit aussi
développer des outils pour faciliter la compréhension et la
diffusion de ces politiques.
Au chapitre de la gestion financière, les principales
activités ont consisté, notamment, dans un suivi d'application de
la refonte des conventions comptables adoptées en juin 1987 par le
Conseil du trésor. On se rappellera que ces mêmes conventions
comptables avaient déjà fait l'objet de modifications
l'année précédente afin de régulariser certains
modes de comptabilisation qui faisaient l'objet de critiques et de restrictions
de la part du Vérificateur général, dans son rapport sur
les états financiers du gouvernement.
Le contrôle sur la transmission des engagements financiers aux
commissions permanentes de l'Assemblée nationale a fait l'objet d'une
attention spéciale du secrétariat du Conseil du trésor.
Ainsi, le secrétariat s'est assuré de la transmission, par tous
les ministères et organismes assujettis à cette obligation, de
tous les engagements financiers qui n'avaient pas déjà
été transmis. Une certification à cet effet a d'ailleurs
été émise par le Contrôleur des finances. De plus,
un suivi plus rigoureux a été exigé des ministères
et des organismes quant au respect des règles en vigueur. Finalement,
une analyse du secrétariat du Conseil du trésor a permis
d'élaborer diverses solutions pour parfaire le mécanisme de
contrôle de transmission des engagements financiers. Toutefois, comme ces
solutions impliquent d'autres intervenants que le Conseil du trésor,
elles n'ont pu être mises en application pour le moment.
Au chapitre de la gestion des biens et services, il faut faire
état du travail de révision et de la réglementation des
contrats de services pour l'ajuster aux réalités nouvelles et
pour tenir compte des pouvoirs et responsabilités du ministre des
Approvisionnements et Services. Le 2 mars 1988, le Conseil des ministres a
décidé d'un partage des responsabilités entre le Conseil
du trésor et le ministère des Approvisionnements et Services sur
les objets de la réglementation en ces matières. Un projet de
règlement sur les contrats de services sera bientôt soumis
à la consultation par le ministère des Approvisionnements et
Services. (16 h 45)
Enfin, il y a lieu de mentionner que les travaux ont avancé dans
le dossier du cadre de gestion des technologies de l'information et les efforts
ont surtout porté sur la planification ministérielle des
activités informatiques dans une perspective d'un meilleur
contrôle ministériel et d'une meilleure coordination centrale.
En ce qui concerne l'exercice 1988-1989, l'objectif des dépenses
gouvernementales a été fixé à 31 587 000 000 $, en
hausse de 5,5 % sur l'année précédente. Cette augmentation
confirme la volonté gouvernementale de contrôler
l'évolution globale des dépenses tout en réallouant des
ressources pour satisfaire les besoins prioritaires. En effet, la hausse des
dépenses sera légèrement supérieure à celle
de l'inflation qui est prévue à 4,1 %, mais inférieure de
2 % à celle du produit intérieur brut. Différentes mesures
visant l'amélioration de la productivité ont été
appliquées dans les ministères et organismes pour un montant
total de 124 000 000 $. Il s'agit d'une réduction de 2 % des effectifs
de la fonction publique et de 1,5 % du personnel non enseignant dans le
réseau de l'éducation aux niveaux primaire et secondaire, de la
non-indexation des dépenses de fonctionnement autres que salariales et,
finalement, d'une réduction de 1,5 % de certaines dépenses
à caractère compressible.
À l'intérieur du budget prévu, le gouvernement
alloue quelque 390 000 000 $ aux nouvelles activités prioritaires. Les
principaux montants sont alloués aux secteurs de la santé, soit
101 800 000 $ et de la sécurité du revenu, soit 59 200 000 $.
Enfin, si l'ont tient compte des mesures de paiement par anticipation de
dépenses de 1988-1989 en 1987-1988, le budget de dépenses est
établi à 31 208 000 $.
Deux grandes orientations se dégagent des trois premiers budgets
de dépenses de l'actuel gouvernement: la croissance globale des
dépenses a été réduite afin de permettre un
redressement significatif de la situation financière et les ressources
nécessaires ont été dégagées pour
répondre aux nouveaux besoins de services.
Les effets de la politique budgétaire du Québec sur
l'évolution à long terme des dépenses
sont aujourd'hui manifestes. De 1970 à 1985, le rapport entre les
dépenses gouvernementales et la valeur du produit intérieur brut
est passé de 18 % à plus de 25 %. Pour corriger cette situation,
il a fallu, depuis trois ans, maintenir le taux de croissance des
dépenses le plus près possible de l'inflation.
Conséquemment, la part des dépenses gouvernementales dans le
produit intérieur brut a diminué de façon importante et le
ratio dépenses-produit intérieur brut se compare maintenant
à ce qu'il était il y a dix ans. Ce ratio devrait se situer
à 22, 7 % pour l'exercice 1988-1989.
Depuis 1986-1987, en termes de déboursés cumulatifs, ce
sont près de 3 100 000 000 $ que le gouvernement a canalisés vers
les activités considérées comme ' prioritaires, soit 571
000 000 $ en 1986-1987, 1 061 000 000 $ en 1987-1988, 1 432 000 000 $ en
1988-1989. De cette somme cumulative de 3 100 000 000 $, le secteur de la
santé aura accaparé, à lui seul, 1 100 000 000 $.
Un mot maintenant sur les crédits budgétaires du Conseil
du trésor pour 1988-1989 tels qu'ils vous sont
présentés.
Les crédits demandés par le Conseil du trésor pour
l'année financière 1988-1989 s'élèvent à 19
586 000 $ et sont regroupés dans un seul programme: Gestion
budgétaire et politiques administratives. Les crédits
votés pour l'année 1987-1988 étaient de 18 809 000 $
auxquels se sont ajoutés 215 500 $ venant du fonds de suppléance
pour les salaires.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
président du Conseil du trésor. Il vous reste cinq minutes et
vous êtes rendu à la page 15. Cela va M. le député
de Lévis? Si M. le député de Lévis consent, il n'y
a pas de problème. Vous pouvez continuer.
M. Gobeil: Merci, M. le député de Lévis.
Alors, avec des crédits de 19 586 000 $ en 1988-1989, le budget
du Conseil du trésor est en hausse de 2, 9 % par rapport aux
crédits de 1987-1988. Cette faible hausse s'explique principalement par
une économie de 1, 5 % sur les traitements réguliers à la
suite d'une coupure de six postes et à une réduction de 1, 5 %
sur les crédits compressibles de 1988-1989.
Les crédits à voter se répartissent ainsi: 3 505
400 $ alloués à l'élément 01, Politiques
budgétaires, soit 17, 9 %; 4 550 000 $ alloués à
l'élément 02, Politiques de gestion, soit 23, 2 %; 5 862 400 $
alloués à l'élément 03, Politiques de personnel et
relations du travail, soit 30 %; et, finalement, 5 668 200 $ alloués
à l'élément 04, Soutien administratif et technique, soit
28, 9 %.
Au cours de l'année financière 1987-1988, le
secrétariat du Conseil du trésor a procédé à
une réorganisation majeure du secteur des politiques de personnel et des
relations du travail et à un changement de mandat au sein du secteur des
politiques de gestion. La réorganisation du secteur des politiques de
personnel et des relations du travail a eu pour objectif d'intégrer les
activités sur une base fonctionnelle, de consacrer l'importance des
relations du travail, de maintenir et de renforcer l'expertise des divers
services.
Au secteur des politiques de gestion, le Centre pour le
développement de la productivité a été
remplacé, tel que déjà mentionné, par Service
d'étude et de développement, chargé d'assister et de
coordonner la révision des politiques de gestion.
Ces changements organisationnels avaient également pour but de
réduire le taux d'encadrement et de diminuer l'effectif du
secrétariat. L'effectif est ainsi passé de 284 équivalents
plein temps en 1987-1988 à 278 en 1988-1989, soit une diminution de six
postes. Le nombre d'emplois de structure du personnel d'encadrement, qui
était de 49 en 1987-1988, a été réduit à 44.
Cette réduction de cinq postes diminuera la masse salariale des emplois
de structure de 10, 1 %.
M. le Président, avant de terminer et en tant que ministre
délégué à l'Administration, je voudrais vous faire
part de certains commentaires en regard de la Commission administrative des
régimes de retraite et d'assurances, la CARRA. Elle a conclu avec le
Conseil du trésor un protocole d'entente de productivité. Ce
protocole détermine l'essentiel du budget d'opération de la CARRA
en fonction des volumes de production prévus et en fonction de certains
gains de productivité qu'elle retourne au gouvernement. Ainsi, en
1988-1989, la CARRA, conformément à l'entente, réduira ses
coûts de production en augmentant sa productivité de 2, 7 %, tout
comme elle l'a fait en 1987-1988.
Malgré cette contribution fort respectable à
l'assainissement des finances publiques, la CARRA a pu améliorer son
service à la clientèle au cours de la dernière
année. Permettez-moi de vous signaler quelques faits qui ont
marqué ses activités, ses services et les régimes de
retraite et d'assurances dont elle a la responsabilité.
D'abord, à compter du 1er janvier 1987, le RREGOP a accueilli
environ 80 000 nouveaux cotisants, tous employés occasionnels du
réseau des affaires sociales, à qui cette nouvelle protection a
été accordée par la loi 55 adoptée en 1986. Puis,
le 23 juin 1987, l'Assemblée nationale adoptait la loi 31 modifiant
diverses dispositions législatives concernant les régimes de
retraite des secteurs public et parapublic. Cette loi donne suite aux
nombreuses mesures contenues dans la lettre d'intention du gouvernement
annexée aux conventions collectives en vigueur dans ces secteurs. En
résumé, il s'agit de 195 articles de loi qui ont pour effet de
bonifier les principaux régimes de retraite, leurs avantages et la
protection qu'ils accordent tant aux cotisants qu'aux
bénéficiaires. Ces changements se regroupent en trois points.
Premièrement, des mesures temporaires de retraite
anticipée en vigueur jusqu'en 1989. À cet
effet, l'information a été transmise à plus de 12
000 cotisants admissibles au RREGOP et au RRF qui pourraient
éventuellement s'en prévaloir. Deuxièmement, des mesures
permanentes qui améliorent les principaux régimes de retraite et
la protection qu'ils offrent, notamment l'application des régimes aux
employés occasionnels des secteurs de l'éducation et de la
fonction publique et l'introduction au RREGOP et au RRF d'un nouveau
critère d'admissibilité à la retraite sans
réduction de pension, en l'occurrence le critère 62 ans
d'âge et 10 années de service ou plus. Enfin, des modifications de
concordance, de nature technique, visant à faciliter l'administration
des régimes ou à assurer une plus grande
homogénéité entre eux.
La CARRA estime à au-delà de 500 000 le nombre de ses
cotisants. Tous et toutes ont été informés de ces
nouvelles mesures tant par le biais de dépliants d'information que par
les employeurs. Ces derniers ont d'ailleurs pu bénéficier de 42
rencontres lors de la tournée provinciale d'information organisée
dans le cadre de cette loi.
Et, M. le Président, le 18 décembre 1987, le projet de loi
108 adopté par l'Assemblée nationale instituait un régime
de retraite distinct pour les quelque 2000 agents de la paix oeuvrant en
institutions pénales. Le régime est en application depuis le 1er
janvier 1988. Il comporte des avantages et des dispositions
générales qui prennent en considération la nature
particulière du travail effectué par ce personnel.
Une autre loi, celle sur les tribunaux judiciaires, a été
modifiée en juin 1987. Elle visait à établir à 56 %
du traitement moyen des cinq années d'exercice les mieux
rémunérées, le montant minimum de pension qui pourra
être payé à un juge qui avait opté pour le nouveau
régime en 1978 et qui quitte alors qu'il est âgé de 70 ans.
De plus, les modifications avaient pour but de permettre à certains
juges, qui ont effectué un rachat qui n'a pas eu ou qui n'aura pas pour
effet d'avancer la date de la retraite ou d'augmenter la pension, d'obtenir un
remboursement des sommes versées en trop à la suite de ce rachat.
Au total, 88 juges ont eu droit au remboursement de sommes versées en
trop.
M. le Président, depuis le 1er avril 1987, la CARRA assume aussi
l'entière responsabilité du programme de préparation
à la retraite pour le secteur de la fonction publique.
Déjà, 721 employés et leurs conjoints ont
bénéficié du programme, depuis sa prise en charge par la
commission, et, au 31 décembre 1987, 596 autres étaient inscrits
en vue de participer aux prochaines rencontres.
Un comité extra-parlementaire a aussi été
créé par l'Assemblée nationale en vue d'étudier les
alternatives possibles pour corriger les lacunes des régimes en vigueur,
relativement aux indemnités de départ et de pension de ses
membres. La CARRA a reçu le mandat de préparer les
évaluations actuarielles des différentes propositions à
l'étude et de fournir son expertise sur l'élaboration des
solutions retenues. À la suite des recommandations de ce comité,
l'Assemblée nationale adoptait, le 18 décembre 1987, le projet de
loi 113 prévoyant l'application de nouvelles mesures à compter du
1 er janvier 1988.
Voilà, M. le Président, quelques observations. Je m'excuse
si elles ont été longues et je suis maintenant à la
disposition des membres de cette commission pour fournir tout renseignement
supplémentaire et répondre à leurs questions.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor.
Pourriez-vous nous présenter les fonctionnaires qui vous
accompagnent, M. le président?
M. Gobeil: Avec plaisir, M. le Président.
À mon extrême droite, M. Bernard Labrec-que, mon directeur
de cabinet; à ma droite, M. Denis Bédard, le secrétaire
général du Conseil du trésor; à ma gauche, M.
Michel Crête, secrétaire associé au Conseil du
trésor, chargé des relations de personnel et des politiques de
personnel; M. Gilles Filion, secrétaire adjoint aux relations de
personnel, et M. Bruno Grégoire, secrétaire adjoint aux
politiques administratives. M. André Dicaire, secrétaire adjoint
aux programmes, est absent pour cause de maladie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor.
M. le député de Lévis, vous avez la parole.
Période de questions
M. Garon: M. le Président, plutôt que de faire un
discours, j'aime autant poser des questions en termes d'objectifs du
ministre.
Effectif de la fonction publique
Je voudrais notamment poser des questions concernant le personnel. On a
vu que le personnel était passé, de 53 539 en 1985 à 51
301, en baissant le nombre d'emplois de 774 dans la fonction publique au cours
de l'année qui s'en vient. J'aimerais savoir si le ministre
établit ces objectifs-là d'année en année, s'il a
un plan avec un objectif à réaliser, ou si ce sont des objectifs
tracés à très court terme, ou s'il y a une perspective
d'ensemble en termes d'objectifs de personnel dans la fonction publique au
Québec.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le Président, en réponse à
cette question, d'année en année, on évalue la situation.
On regarde ce qui s'est fait au cours de l'année, ce qui s'en vient pour
l'année à venir et on avise en conséquence selon le nombre
de postes supplémentaires qu'on peut avoir accordés
au cours de l'année, le nombre de postes vacants, voir si ce
nombre est raisonnable. Il n'y a pas de plans spécifiques de
réduction ou d'augmentation du nombre des fonctionnaires permanents.
C'est analysé au mérite dans chacun des ministères et
organismes qui relèvent de notre autorité. Les actions sont
prises en conséquence.
Cette année, dans le budget 1988-1989, on verra une
réduction d'au-delà de 700 postes. On en a vu une à la fin
de l'exercice 1985-1986 aussi de quelque 1600 postes. À ma connaissance,
au cours de l'exercice 1986-1987, il n'y a pas eu de diminution à toutes
fins utiles. On ne peut pas présumer que, pour l'avenir, il y aura des
diminutions ou des augmentations. On verra. On analysera la situation en temps
et lieu.
M. Garon: M. le Président, est-ce que le ministre veut
dire que, sur ce plan-là, il n'y a pas eu un grand plan de
rationalisation des effectifs mais qu'à chaque année suffit sa
peine depuis qu'il est au Conseil du trésor? (17 heures)
M. Gobeil: M. le Président, alors que, sous l'ancien
gouvernement, le nombre de postes augmentait d'année en année,
à la suite d'analyses sérieuses, nous, nous avons cru que nous
devions diminuer le nombre de postes autorisés, compte tenu, comme je
l'ai expliqué, d'un ensemble de situations incluant les postes vacants
qu'on retrouve dans la fonction publique. Je ne crois pas qu'on puisse faire
une grande analyse décidant en avril 1988 de diminuer l'effectif de la
fonction publique de x postes ou de l'augmenter de X postes.
Lorsque les demandes d'augmentation - et il y en a - nous viennent,
elles sont analysées et elles doivent être justifiées par
les ministères. Elles sont acceptées ou refusées selon les
circonstances. C'est la même chose pour les diminutions de postes
autorisés. Elles sont aussi analysées individuellement ou dans
l'ensemble des ministères, mais par ministère. Les
décisions sont prises en fonction des circonstances.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, donc, il n'y a pas de grand
plan d'ensemble, de grande perspective de rationalisation du personnel. Vous
dites que, de 1985 à 1988-1989, en diminuant de 774 postes, les
personnes seront passées de 53 539 à 51 301, ce qui veut dire que
si on tient compte d'une baisse de 774 postes, la différence
équivaut à 1838 postes moins 774 pour dire au fond qu'au cours
des deux premières années le nombre des postes aura
diminué de 1064. En 1986-1987, 1987-1988, c'est un total de 1064 postes
de moins et, cette année, 1988-1989, ce serait 774 postes de moins, pour
un total de 1838, ce qui expliquerait que le nombre total de postes passerait
de 53 539 à 51 300.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: Excusez-moi, M. le Président, mais je n'ai pas
entendu de question là-dedans. Si le député de
Lévis a une question à me poser, il peut le faire. S'il veut
faire un exercice mathématique et qu'il a besoin de mon aide, cela me
fera plaisir de l'aider.
M. Garon: Simplement pour vous demander si vous êtes
d'accord avec cela que, dans les deux premières années ensemble,
les postes ont baissé de 1064, et, la troisième année, le
nombre baisserait de 774.
M. Gobeil: M. le Président...
M. Garon: Mais qu'il n'y a pas de plan d'ensemble, il n'y a pas
d'objectif. En faisant les prévisions de l'année, on calcule
qu'on peut réduire les postes de tant parce que les fonctionnaires sont
plus efficaces, donc on peut réduire leur nombre en ayant des services
aussi bons. C'est cela que vous avez dit tantôt.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: Oui. Il faut faire une distinction entre l'effectif
régulier autorisé et les employés réguliers en
poste. Ce dont on parle ici, c'est le chiffre que j'ai mentionné
concernant l'effectif régulier autorisé. À titre
d'exemple, pour le bénéfice du député de
Lévis, en 1979-1980, il y avait dans des effectifs réguliers
autorisés 56 971. En 1984-1985, il n'y en avait plus que 53 539,
c'est-à-dire 2000, 3500, plus ou moins, de moins. Et en 1988-1989, il y
en aura 51 300, c'est-à-dire aussi à peu près 2200 de
moins. On voit qu'il y a eu une réduction de 1979 à 1988-1989 de
quelque 5600 postes ou à peu près 10 % basés sur 56 000,
dont une bonne partie depuis 1985-1986. La majeure partie étant quand
même entre 1979 et 1984. Je fais une comparaison pour le
député de Lévis. En 1985-1986, il y avait 51 888 postes.
En 1988-1989, on en a 51 301, soit 587 de moins seulement. Alors, il y a eu un
exercice de rationalisation par une diminution du nombre de postes
autorisés sans affecter l'emploi d'aucun employé, étant
donné que la pratique, du moins depuis les trois dernières
années, a été de diminuer le nombre de postes
autorisés par attrition, c'est-à-dire pour les postes qui
étaient vacants, il y a eu des postes vacants qui ont été
abolis.
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: ...je voudrais qu'on soit cohé-
rent parce que tantôt le ministre nous a dit: La différence
entre le nouveau gouvernement et l'ancien, c'est que, sous l'ancien, les postes
augmentaient, le nombre de personnes augmentait, et, avec le nouveau
gouvernement, ils ne diminuent pas beaucoup, mais ils diminuent. Là vous
êtes en train de nous démontrer qu'ils avaient diminué sous
l'ancien gouvernement peut-être encore plus que sous le gouvernement
actuel. Là, j'aimerais qu'il y ait un peu de cohérence dans vos
propos. Si c'est simplement de la politique que vous faites, j'aimerais savoir
quand est-ce que vous dites quelque chose de cohérent? Vous venez de
dire que sous l'ancien gouvernement le nombre de postes augmentait. Le
changement avec le nouveau gouvernement, c'est qu'il diminuait.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le Président, excusez-moi, je peux avoir dit
cela, mais je ne m'en souviens pas. Je pense qu'on peut s'obstiner pendant 55
minutes sur les chiffres, mais si le député de Lévis
regarde à la page 33 des "Renseignements supplémentaires" sur les
crédits du budget 1988-1989, il y verra un tableau exact du nombre de
postes autorisés, du nombre d'employés réguliers en poste
et du total des effectifs utilisés entre 1979-1980 et 1988-1989, tableau
qui va nous démontrer qu'il y a eu, depuis 1979-1980, une diminution de
quelque 5670 postes dans les effectifs réguliers autorisés de la
fonction publique.
M. Garon: Je suppose que le président du Conseil du
trésor va réviser ses constatations sur la rationalisation des
effectifs et voir que cela a commencé bien avant lui de faire en sorte
que les effectifs soient révisés par attrition. Qu'est-ce qu'il
fait de la plainte formulée par le président du Syndicat des
fonctionnaires provinciaux du Québec? Ce dernier dit que, dans le fond,
ce qu'on fait, c'est augmenter le personnel occasionnel et qu'on évolue
vers un plus grand nombre de personnes occasionnelles, surtout qu'on se rend
compte dans le tableau que, de fait, le nombre de personnes occasionnelles qui
avait baissé en 1986 à 10 660 est maintenant en augmentation pour
atteindre 11 200 en 1988-1989 selon les chiffres envisagés.
M. Gobeil: Le député de Lévis va quand
même admettre qu'entre 1984-1985 et 1988-1989, il y a eu une diminution
de 500 personnes-années et, entre 1985-1986 et 1988-1989, une diminution
de quelque 1350 personnes-années. Il est sûr qu'il y a une
variation. Il y a effectivement, entre 1987-1988 et 1988-1989, une augmentation
de 220 personnes-années. On ne peut pas tenir cela au jour le jour.
Selon les besoins, il y a des personnes-années occasionnelles qui sont
utilisées, mais, dans l'ensemble, cela reste au niveau d'à peu
près 11 000 personnes-années avec des dépassements. C'est
allé, en 1985-1986, jusqu'à 12 550. Alors, je ne pense pas que
les variations soient assez grandes pour que cela vaille la peine de discourir
pendant de nombreuses minutes là-dessus, d'autant plus qu'on est
évidemment à la merci d'événements ou de situations
qui ne sont pas toujours contrôlables, comme les cas des fonctionnaires
qui sont malades ou les congés de maternité qui sont en nombre
plus ou moins important d'une année à l'autre.
M. Garon: Avez-vous des chiffres, justement, sur les
congés de maternité?
M. Gobeil: Non, M. le Président. Pour le
bénéfice du député de Lévis, on ne compte
pas le nombre de congés de maternité ni le nombre de
congés de maladie, et encore moins le nombre de journées de
grippe dans les journées de maladie.
M. Garon: Je comprends que vous n'ayez pas les grippes, mais je
vous parlais des congés de maternité qui sont habituellement un
peu plus longs que les congés de grippe.
M. Gobeil: Cela dépend de l'ampleur de la grippe.
M. Garon: Je pensais que cela intéressait le gouvernement,
qui a formé un Conseil de la famille, les maternités, pour voir
si cela donne des résultats. Alors, j'ai l'impression que cela
n'intéresse pas beaucoup le président du Conseil du
trésor.
Une voix: Le nombre de jours de grippe.
M. Gobeil: Est-ce que le député de Lévis
attend une réponse, M. le Président?
M. Garon: Bien, j'imagine que...
M. Gobeil: C'est géré individuellement, M. le
Président, et chacun des ministères et organismes a à
gérer le nombre de congés de maternité en application de
la politique qui existe. Je peux lui donner les statistiques pour ce qui touche
l'organisme qui s'appelle le Conseil du trésor.
M. Garon: Mais pour l'ensemble du gouvernement?
M. Gobeil: Pour l'ensemble du gouvernement, M. le
Président, tout ce que je peux dire, c'est qu'on estime le coût
total de la dépense en salaires et avantages occasionnée par les
congés de maternité à environ 70 000 000 $ par
année, mais on n'a pas, sous forme de statistiques, le nombre de femmes
qui ont accouché, ni le nombre de bébés qui ont
été mis au monde pendant ces années.
M. Garon: Moi, cela m'aurait intéressé parce qu'on
parle de l'importance d'une politique familiale au Québec. Ce serait
important de savoir ce que la politique de congés de maternité,
qui a été mise en place depuis un certain nombre d'années
au gouvernement, a donné comme résultats.
M. Gobeil: M. le Président, si on présume qu'il y a
une relation directe entre le paiement des congés de maternité et
le nombre de femmes qui deviennent enceintes, le député de
Lévis a peut-être raison, mais, sans vouloir entrer dans les
discussions sur une politique familiale, je ne pense pas qu'on doive supposer
cela nécessairement a priori. Alors, le coût est de 70 000 000 $
par année pour l'ensemble des organismes et ministères, incluant
le réseau parapublic, c'est-à-dire l'éducation, et la
santé et les services sociaux.
M. Garon: Mais sans connaître le nombre de
bébés et le nombre de femmes touchées?
M. Gobeil: M. le Président, je viens de mentionner que
c'est géré individuellement par chacun des organismes.
L'hôpital Notre-Dame de Montréal a possiblement, aujourd'hui, tant
de femmes qui sont en congé de maternité; j'ignore leur nombre.
Le centre d'accueil Saint-Isidore a aussi, peut-être, parmi son
personnel, une ou deux femmes qui sont en congé de maternité;
j'ignore également leur nombre. Alors, strictement dans le réseau
de la santé, on a au-delà de 900 institutions; dans le
réseau de l'éducation, on en a encore beaucoup plus. M. le
Président, il est difficile de répondre à cette question.
On ne tient pas, au Conseil du trésor, des statistiques individuelles
avec nom, adresse, nom du père pour toutes les personnes qui sont en
congé de maternité. Tout ce qu'on peut dire, c'est que,
globalement, on estime qu'il y en a possiblement dans l'ensemble des 350 000
employés du public et du parapublic autour de 5000 par année, bon
an, mal an.
M. Chagnon:...
Accès à l'égalité des
femmes
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, c'est M. le député de Lévis qui a la parole.
M. le député de Lévis.
M. Garon: Je vais essayer d'avoir le résultat pour une
autre question qui est censée intéresser le gouvernement. On a
parlé de la mise en place d'un programme d'accès à
l'égalité pour les femmes. J'aimerais savoir combien de personnes
ont été touchées.
M. Gobeil: M. le Président, toutes les personnes de sexe
féminin qui sont à l'emploi du gouvernement peuvent
bénéficier de ce program- me qui permet d'accélérer
les carrières ou le profil de carrière des employées de
sexe féminin; ledit programme permettra au fil de mois à venir
d'augmenter la représentativité du personnel féminin
à l'intérieur de la fonction publique. Il y a des cibles qui ont
été établies en matière d'accès à
l'égalité pour les femmes par l'élaboration et
l'implantation d'un programme d'accès à l'égalité
pour, comme je viens de le dire, les femmes dans la fonction publique. Ce
programme a été adopté par le Conseil du trésor le
8 juillet 1987 et soumis à la consultation de la Commission des droits
de la personne, tel que requis par l'article 86.7 de la Charte des droits et
libertés de la personne. Le programme a été officiellement
lancé le 10 septembre par le ministre délégué
à l'Administration et président du Conseil du trésor et
des objectifs quantitatifs ont été fixés pour quatre
catégories d'emplois. (17 h 15)
D'abord, pour les cadres supérieurs, on vise, pour 1990, 12 % de
représentation féminine, soit une augmentation de 4,8 %. Pour les
professionnelles, on vise une représentation de 27,5 %, ou une
augmentation de 6,6 %; pour les agentes de la paix, 7,5 %, une augmentation de
2,1 %; et, pour les ouvrières, 3 %, une augmentation de 1,9 %. Des
objectifs quantitatifs visant la progression de la carrière, la
conciliation des responsabilités professionnelles et familiales, ont
également été mis de l'avant dans ce programme. On a
préparé et suivi ce qu'on appelle le volet employeur qui est
inclus dans un programme d'action gouvernemental en matière de condition
féminine.
On a aussi, dans le même programme, fait un amendement au plan
d'embauché qui permet de favoriser les personnes handicapées,
permettant de transférer la gestion du programme de stages de
développement de l'employabilité du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu à l'Office des
ressources humaines.
M. Garon: On y viendra après. J'aimerais mieux qu'on
termine la question sur l'accès à l'égalité avant
de parler des personnes handicapées. Vous parlez d'objectifs
quantitatifs. Je trouve cela bien gentil, il y a peut-être des objectifs
quantitatifs parce que vous payez les femmes meilleur marché que les
hommes, alors, vous allez économiser en nommant plus de femmes que
d'hommes. J'aimerais savoir si c'est un accès à
l'égalité salariale pour les mêmes fonctions pour les
femmes que pour les hommes. Où en êtes-vous dans ce volet? Bien
entendu, les dirigeants syndicaux considèrent que l'objectif majeur dans
la fonction publique serait justement le rattrapage salarial pour que les
femmes gagnent le même salaire que les hommes dans les mêmes
postes, dans les mêmes conditions de travail, alors que, de tout temps,
il existait un écart. Alors, quand on parle d'accès à
l'égalité, on ne parle pas seulement d'objectifs quantitatifs,
mais d'objectifs au point de vue salarial.
J'aimerais savoir où en est votre cheminement vers cet objectif?
Est-ce qu'il y a un plan de réalisation ou s'il y a un
échéancier pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de
discrimination basée sur le sexe dans le travail au point de vue des
niveaux de salaire?
M. Gobeil: M. le Président, d'abord, le
député de Lévis a fait une affirmation en disant qu'on
payait les femmes moins que les hommes. Je dois dire que, si c'est le cas, il
devrait faire un mea culpa parce que, à ma connaissance, il a
été là pendant neuf ans et qu'on n'a pas diminué le
salaire des femmes depuis qu'il n'est plus là. On a suivi des politiques
qui, sous son gouvernement, ont été soit élaborées,
soit continuées. Il ne devrait s'en prendre qu'à lui-même,
en tant qu'ancien membre d'un gouvernement et ancien membre du Conseil des
ministres, s'il ose aujourd'hui affirmer que les femmes sont moins
payées que les hommes.
Dans la fonction publique, il y a une règle qui dit: "à
travail égal, salaire égal". Je pense que cela s'applique aux
femmes comme aux handicapés, aux hommes et à tous ceux qui
occupent un même poste. Il y a des prétentions selon lesquelles il
y aurait une inéquité dans ce qu'on appelle la relativité
salariale. On a entendu de telles prétentions principalement de la part
de dirigeants syndicaux. Si cela existe, nous verrons à apporter les
correctifs nécessaires dans la mesure de notre capacité de payer.
Au moment où on se parle, il n'est pas évident qu'il y en ait,
à moins que le député de Lévis me dise
carrément, aujourd'hui: Oui, il y en a, on le savait quand on
était là, mais on n'a pas eu le courage de les corriger. S'il est
prêt à faire cette affirmation, cela va accélérer
les travaux, et on regardera ces prétentions. Autrement, tout ce qu'on
peut dire, c'est qu'on doit établir des comparaisons par rapport
à ce qui se paie ailleurs. On sait que, concernant le revenu moyen des
femmes par rapport à celui des hommes, au Québec et au Canada,
les données varient selon les études et la méthodologie de
comparaison employée. Mais on observe généralement des
proportions de l'ordre de 60 % à 70 % pour l'ensemble des travailleurs
québécois et canadiens.
Dans le secteur public québécois, le salaire moyen des
femmes représente environ 84 % du salaire moyen des hommes
comparativement à une moyenne nationale de 60 % à 70 %. Donc
l'écart de 84 % est différent par rapport à l'ensemble du
marché du travail canadien qu'on observe et peut s'expliquer par des
différences structurelles dans la composition de la main-d'oeuvre, de
même que par les mesures négociées depuis quinze ans dans
le secteur public visant à rehausser davantage le salaire des bas
salariés.
Par ailleurs, on sait que les expériences vécues ailleurs
qu'au Québec, en Amérique du Nord, dans le domaine de ce qu'on
appelle l'équité salariale, par exemple au Minnesota ou dans
l'État de Washington ou au Manitoba, ces expériences, dis-je,
semblent démontrer que les coûts des mesures de correction des
discriminations salariales dépassent rarement 5 % de la masse salariale,
quand il doit y en avoir, et ce, dans les environnements où, au
départ, le salaire moyen des femmes représente 60 % à 70 %
du salaire des hommes.
Vous le savez, M. le député de Lévis, c'est
maintenant connu que, lors de la dernière ronde de négociations,
nous avons accepté la formation de dix comités paritaires avec
les différents syndicats, où siègent des membres des deux
parties pour étudier cette situation-là. On prévoit que
les résultats des études de ces comités paritaires seront
connus au printemps de 1989. Entre-temps, il y avait une prétention
syndicale selon laquelle il y aurait de i'inéquité dans la
relativité salariale et nous avons répondu à cette
prétention-là par des comités d'étude qui sont en
marche actuellement. Nous verrons, s'il y a lieu comme je l'ai mentionné
tout à l'heure, à corriger, et je dis bien s'il y a lieu, parce
que ce n'est pas évident pour nous qu'il y en a actuellement. Et si
c'était très évident, on devrait être surpris que,
ni du côté syndical, ni du côté patronal, depuis le
nombre d'années où cela aurait pu être causé - et
croyez-moi, M. le député de Lévis, ce n'est pas un
phénomène récent de 28 mois, si phénomène il
y a dans le terme de relativité... Et, comme on a présumé,
parce qu'on ne l'a pas corrigée, que cette
inéquité-là n'existait pas, alors, il faut voir maintenant
si on n'aurait pas fait une erreur au fil des ans et si, effectivement, il n'y
aurait pas de corrections à apporter. Et nous verrons à les
apporter comme je l'ai mentionné tout à l'heure, mais dans la
mesure de notre capacité de payer s'il faut les mettre en
application.
Le Président (M. Després): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Vous auriez été mieux de commencer votre
réponse par cela. Cela aurait été bien plus simple. Parce
que j'ai tout simplement posé la question en prenant les propos
qu'avaient tenus les chefs syndicaux concernant les prochaines
négociations. Je n'ai fait aucune affirmation ni dans un sens ni dans
l'autre. J'ai demandé tout simplement si cela existe, et si cela existe,
ce que vous allez faire. Et si cela n'existait pas, bien... Alors, vous voulez
dire que vous avez fait des comités pour regarder si cela existe. C'est
tout.
Maintenant...
M. Gobeil: M. le député de Lévis,
évidemment, on connaît votre grande crédibilité
vis-à-vis des chefs syndicaux, et je suis sûr qu'ils vont
être heureux de votre intervention de cet après-midi.
Le Président (M. Després): M. le
député de
Lévis.
M. Garon: Elle n'est pas mauvaise, en tout cas. Elle n'est pas
mauvaise parce que, pendant toutes les années, je n'ai jamais eu de
problèmes avec les dirigeants syndicaux des organismes avec lesquels
j'ai travaillé.
M. Gobeit: J'ai cru lire, M. le Président,
qu'effectivement, lorsque l'ancien gouvernement a eu à imposer des
décrets, il y a eu des applaudissements de la part de tous les
employés incluant les chefs syndicaux.
M. Chagnon: De plus que l'UPA est en chicane avec vous...
M. Gobé: Ils sont allés manifester devant chez
vous.
Le Président (M. Després): M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: J'ai déjà lu qu'ils demandaient votre
démission.
M. Garon: Un couple très heureux discute fort parfois.
Le Président (M. Després): À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Saint-Louis, je vous
rappellerais que vous devez vous adresser à la présidence
et...
M. Garon: Cela ne veut pas dire grand-chose.
Le Président (M. Després): ...que vous ne devez pas
vous adresser au député de l'Opposition, mais au président
du Conseil du trésor. La parole est au député de
Lévis.
M. Chagnon: Ne préféreriez-vous pas que je
m'adresse au président de l'Assemblée, M. le
Président?
M. Garon: Dans les questions concernant l'accès à
l'égalité pour les femmes, quelles sont les politiques que vous
avez l'intention de mettre en place pour favoriser une plus grande
égalité entre les femmes et les hommes dans la fonction
publique?
M. Gobeil: M. le Président, il me semblait qu'il y a
quelques minutes, j'avais expliqué tout cela au député de
Lévis. S'il accepte, il me fera plaisir de lui faire parvenir, à
son bureau, ce programme d'accès à l'égalité que je
viens d'expliquer. Je comprends que ce n'est pas simple à comprendre
comme ça. Il pourra lire cela à tête reposée, un
soir, chez lui, et il comprendra sûrement. Dans le cadre d'une autre
discussion qu'on aura ensemble, il pourra me reposer des questions. Je pense
que j'ai expliqué, dans la brève période qui nous est
allouée aujourd'hui, l'essentiel de ce programme. Je peux le reprendre
si...
M. Garon: Alors, il n'y a rien que cela, il n'y a rien d'autre
que cela?
M. Gobeil: M. le Président, je pense bien que c'est
déjà beaucoup. Quand je suis arrivé au ministère le
12 décembre 1985, je n'en ai pas vu d'aussi élaboré. On a
donc décidé d'en faire un, en espérant que cela apporte
des résultats. Nous sommes confiants que cela apportera effectivement
des résultats.
M. Garon: Comme vous devez sûrement avoir un suivi
régulier de ce qui se fait à ce point de vue, quels sont les
résultats depuis septembre dernier?
M. Gobeil: M. le Président...
M. Garon: J'espère que vous en savez plus que sur les
congés de maternité.
M. Gobeil: ...on ne mesure pas de semaine en semaine ce genre de
statistiques. Cela se fait normalement une fois par année. Ce sera fait
probablement pour l'exercice financier qui s'est terminé le 31 mars
1988. On comprendra qu'on est le 20 avril 1988 et, compte tenu des quelque 350
000 employés de la fonction publique et du réseau parapublic,
même si ce programme touche principalement la fonction publique qui
compte quand même 53 000 employés, en 20 jours, on n'a pas les
statistiques. Mais lors d'une prochaine rencontre, il me fera plaisir de
fournir au député de Lévis les statistiques sur ce
programme pour la période d'application depuis qu'on a
dévoilé le programme, soit le 10 septembre 1987.
Le Président (M. Després): Est-ce que cela va, M.
le député de Lévis?
M. Garon: Je sais, M. le Président, quand un ministre
s'intéresse vraiment à une question, qu'il peut avoir des
résultats de semaine en semaine pour se tenir au courant de
l'évolution de la situation, pour mieux suivre l'évolution de la
situation. Mais, d'année en année, il est difficile de corriger
le tir avant un an si on n'évalue pas la situation plus souvent.
M. Gobeil: M. le Président, il n'y a pas de tir à
corriger. C'est un objectif pour 1990.
M. Garon: Oui, c'est cela.
M. Gobeil: On est seulement six mois plus tard que
l'implantation. C'est un programme qui va durer jusqu'en 1990, soit environ
deux ans et demi. Il s'agit de voir s'il y a effectivement une progression,
mais il n'est pas nécessaire de mesurer cela tous les jours. On va
mesurer cette
progression-là d'année en année, et les
fonctionnaires ont autre chose à faire que de suivre ce dossier. Notre
programme de base nous semble pertinent, nous semble devoir donner des
résultats. Comme je l'ai dit, après six mois, parce qu'on a la
fin d'année au 31 mars 1988, on analysera les résultats, et,
d'ici un mois, on devrait être en mesure d'avoir des données sur
ce programme.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. Garon, vous pouvez
continuer.
M. Garon: C'est parce que cela touche le même sujet. Oui.
Alors, là non plus, vous n'aurez pas de résultats avant un
an.
M. Gobeil: M. le Président, ce n'est pas ce que j'ai dit.
J'ai dit que, d'ici un mois, on devrait avoir un résultat.
M. Garon: D'ici un mois?
M. Gobeil: Oui, M. le Président, d'ici un mois on aura le
résultat. (17 h 30)
Embauche des personnes handicapées
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor, j'ai une brève question et ce n'est pas une
question plantée, soyez-en assuré. D'ailleurs, vous allez vous en
rendre compte. J'ai fait venir votre plan d'embauché du gouvernement du
Québec concernant les personnes handicapées. Pourquoi? Parce que
j'en vois beaucoup à mon bureau de comté. Il y a des
paraplégiques, on a des gens qui sont victimes d'épilepsie. Vous
savez que ce n'est pas facile, même si le comté de Vanier est
riche en entreprises, de les placer dans l'entreprise privée. J'ai
effectivement pris connaissance de vos recueils des politiques de gestion,
mais, en deçà de tout cela, j'ai demandé à l'Office
des ressources humaines de faire une étude exhaustive dans chacun des
ministères avec un tableau comparatif pour voir si effectivement on
respectait ce qui est à la page 8 de votre recueil, à savoir
inciter de façon particulière les ministères et organismes
ne comptant pas un minimum de 2 % de personnes handicapées parmi leurs
effectifs à prendre les dispositions nécessaires pour atteindre
cet objectif.
Ce que je trouve curieux et ce que je tiens à vous dire, et je le
fais, en pensant à l'ensemble de ces personnes, c'est que j'ai
constaté que, dans plusieurs ministères et organismes, et je
pourrais vous donner des exemples: le Bureau de la protection civile, 1,19 %;
la Commission des affaires sociales, 1,81 %; la Commission des valeurs
mobilières, 1,14 %; le Conseil du trésor, lui-même 1,08 %;
le Directeur général des élections, 1,31 %. Et ce qui est
le plus surprenant, l'Office même des personnes handicapées ne
respecte pas cette directive, à 1,09 %. La Régie des entreprises
en construction est à 1,98 %, les Relations internationales à
1,08 %. Ce document émane de l'Office des ressources humaines. Le
Tourisme, 1,57 %; le Vérificateur général, 1,9 %, et ainsi
de suite.
Ma réflexion est la suivante - et je me place un peu comme un
député qui a un travail à faire dans son comté -
est-ce que le Conseil du trésor ne pourrait pas justement assurer un
suivi peut-être plus périodique dans les ministères ou
peut-être entreprendre une campagne de sensibilisation, principalement
avec les directions du personnel où on constate, pour avoir parlé
avec certains directeurs du personnel, certains préjugés à
l'emploi de personnes handicapées, malgré, je tiens à le
dire, M. le ministre, l'excellent plan d'embauché que vous avez mis de
l'avant? Ce plan est quand même très bien. Ce n'est pas un
reproche que j'adresse au président du Conseil du trésor, du
tout, mais davantage aux ministères et organismes concernés qui
sont peu sensibilisés à l'emploi de personnes
handicapées.
M. Gobeil: M. le Président, on a effectivement, comme vous
l'avez mentionné, un plan d'embauché du gouvernement du
Québec pour les personnes handicapées, mais on n'a pas encore,
malheureusement, un programme d'accès. Une des raisons, c'est qu'on
travaille en collaboration avec l'Office des personnes handicapées pour
définir, dans le cadre d'un programme d'accès, les
critères qui s'appliqueraient aux personnes handicapées.
Mais on a quand même ce qu'on appelle un programme de stages de
développement de I employabilité pour les personnes
handicapées. Ce programme est en cours et ses objectifs sont de deux
ordres. Le premier est de permettre à la personne handicapée de
développer ses capacités et d'acquérir une
expérience valable en vue de postuler éventuellement un emploi
dans la fonction publique ou à l'extérieur de celle-ci. Le
deuxième objectif est de permettre à des gestionnaires et
à leur équipe de travail de se familiariser avec la
présence d'une personne handicapée dans leur environnement et
d'en apprécier la capacité de travail.
Pour ces programmes, on avait et on a toujours des budgets d'environ 1
000 000 $; ces programmes ont permis, au cours de 1987, et ils permettront, en
1988-1989, d'embaucher 57 personnes handicapées dont 30 femmes et 27
hommes. On tient des statistiques de répartition des personnes selon les
catégories d'emplois. On voit, par exemple, parmi ces 57 personnes, que
9 sont des professionnels, 17 sont techniciens ou techniciennes...
Le Président (M. Lemieux): Je ne mets pas en doute votre
bonne volonté, M. le président du Conseil du trésor. Je
sais qu'elle est là. Ce qui m'inquiète, c'est le suivi dans les
ministères et
les organismes, au point de vue pratique et factuel. Je me dis qu'on
aura beau avoir le plus beau plan d'embauché qui existe, s'il n'y a pas
une sensibilisation de nos directions du personnel... Vous savez que ces
gens-là ne peuvent pas... Vous savez, un paraplégique, dans une
des entreprises de mon comté, pour l'employeur, c'est
immédiatement catégorique, c'est non, peu importe ses
compétences. Je veux bien croire que le gouvernement aussi n'a pas
à être un organisme de charité, mais je pense qu'il y a un
minimum. Comme vous avez la préoccupation, M. le président du
Conseil du trésor, qu'il y ait un minimum de 2 %, je me dis que,
même si ce n'est pas coercitif, mais incitatif, tout au moins, les
fonctionnaires du Conseil du trésor puissent assurer un suivi plus
constant et peut-être plus incitatif, et que, dans une certaine mesure,
cela devienne un peu coercitif. Sans cela, vous le savez, cela devient de beaux
plans et de beaux gestes qui n'aboutissent à presque rien. Je vous parle
d'une préoccupation qu'on vit dans nos comtés.
M. Gobeil: Je prends note de vos remarques, M. le
Président, et soyez assuré que je suis personnellement
sensibilisé à ce problème-là. On a
déjà, dans un premier temps, établi un programme
d'accès à l'égalité. On a aussi en
préparation un programme d'accès pour les communautés
culturelles. Je pense bien, avec vous, M. le Président, qu'il faudra
peut-être très prochainement se pencher sur le remplacement du
plan d'embauché qu'on a actuellement au gouvernement pour les
handicapés et tendre plutôt vers un programme d'accès
à l'égalité.
Le Président (M. Lemieux): D'ailleurs, vous avez fait
beaucoup en permettant déjà à des personnes
handicapées de postuler à des concours adaptés justement
à certains de leurs handicaps physiques, M. le président du
Conseil du trésor. Là-dessus, chapeau bas! Il y a quand
même une grande amélioration. Ce n'est pas nécessairement
sur ce point, mais davantage, comme je l'ai dit tout à l'heure, dans les
organismes décentralisés.
M. Gobeil: M. le Président, vous admettrez une chose avec
moi, c'est qu'il faut aussi que chacun des ministères et des organismes
soit sensibilisé à ce programme-Le Président (M.
Lemieux): C'est ce que je dis.
M. Gobeil: ...à un tel programme ou à un plan
d'embauché, parce qu'il pourraient l'être au plan
d'embauché...
Le Président (M. Lemieux): C'est cela le
problème.
M. Gobeil: ...évidemment toujours dans le respect de la
Charte des droits et libertés de la personne. Comme vous le savez, M. le
Président, on ne peut pas faire un concours, par exemple,
réservé aux personnes handicapées ou réservé
aux jeunes ou réservé aux femmes.
Le Président (M. Lemieux): Pardon. Je m'excuse. Cela
existe en vertu de la loi 51, M. le président du Conseil du
trésor.
M. Gobeil: Vous me l'apprenez, M. le Président. Je vais en
tenir compte.
On a quand même, à l'intérieur de la fonction
publique, environ 500 personnes handicapées actuellement, ce qui est
très peu, ce qui représente à peu près 1 %. Je
prends bonne note de votre désir comme représentant d'un
comté. Je suis convaincu que les autres membres de cette commission
n'auront pas d'objection à cela. M. le député de
Lévis va sûrement souscrire à cette remarque très
positive. On verra à voir comment on peut augmenter cette
représentativité des personnes handicapées à
l'intérieur de la fonction publique en travaillant, entre autres, avec
l'Office des ressources humaines et l'Office des personnes
handicapées.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député de Lévis.
M. Garon: Tout à l'heure, M. le Président, quand je
demande au président du Conseil du trésor de quelle façon
il fait le suivi pour voir l'application de ses politiques il répond: On
regarde cela une fois par année. Je pense que cela n'est pas suffisant.
L'objectif de la politique qui a été établie il y a
quelques années, c'était d'inciter de façon
particulière les ministères et organismes ne comptant par sur un
minimum de 2 % de personnes handicapées dans leurs services à
prendre les dispositions nécessaires pour atteindre cet objectif. C'est
de faire en sorte qu'on atteigne un objectif d'un minimum de 2 % de personnes
handicapées. C'est relatif, n'est-ce pas? On peut être
handicapé et ne pas l'être, mais c'est toujours plus facile pour
un organisme qui emploie de prendre des personnes qui ne sont pas
handicapées en aucune façon.
Comment pouvez-vous appliquer les politiques? C'est vous qui êtes
responsable de l'application des politiques qui dépendent du Conseil du
trésor. De quelle façon, appliquez-vous cette politique? De
quelle façon vous assurez-vous que les ministères tentent de
quelque façon que ce soit d'appliquer la politique mise en oeuvre par le
gouvernement il y a quelques années, avant que vous ne soyez là,
qui n'a pas été contestée par personne, je pense bien? Que
ce ne soit pas seulement un voeu pieux, mais qu'il y ait une
réalisation. Parce que vous aimez beaucoup de parler de votre
efficacité. On entend parler dans les journaux que vous êtes
prêt à changer de ministère parce que votre job est fait.
Il semble que, sur ce plan, en tout cas, il y ait encore
quelque chose à faire.
J'aimerais savoir de quelle façon vous vous occupez de faire en
sorte que la politique d'un minimum de 2 % de personnes handicapées dans
les différents organismes du gouvernement soit respectée
autrement qu'en disant que cela existe, qu'on regarde cela une fois par
année et qu'on constate si cela a augmenté ou non, ou si tout
simplement vous vous occupez de faire en sorte, sous votre direction, parce que
cela dépend de vous, que les personnes handicapées trouvent plus
de places au gouvernement. C'est beau d'en mettre, on peut en mettre.
Tantôt, vous avez répondu en disant: Oui, mais on a les femmes, on
va avoir les communautés culturelles. Commençons donc par le
commencement. Concernant les politiques des personnes handicapées, que
faites-vous pour faire en sorte que l'objectif, si vous pensez qu'il n'est pas
bon, soit modifié ou, s'il demeure bon, soit appliqué et
réalisé?
M. Gobeil: J'ai mentionné et je répète qu'il
y a actuellement un plan d'embauche au gouvernement du Québec pour les
personnes handicapées, lequel est en vigueur. Il a été
introduit en 1984 et il a été modifié au fil des ans pour
tenir compte des situations particulières. On incite, par ce plan
d'embauche, les ministères et organismes à embaucher, à
avoir une représentativité de personnes handicapées comme
dans les autres programmes, entre autres le programme d'accès à
l'égalité où on incite les organismes et ministères
à augmenter la représentation des femmes, comme on est à
élaborer un programme pour les communautés culturelles, lequel
incitera aussi les ministères et organismes à favoriser
l'embauche de personnes des communautés culturelles.
Il est sûr que le député de Lévis peut
toujours chialer et dire que ce n'est pas assez. Si c'était 2 %, il nous
dirait que cela en prend 4 %, si c'était 4 %, il dirait que cela en
prend 8 %. Le plan est là. Il y a une coordination qui se fait entre,
d'une part, le Conseil du trésor et l'Office des personnes
handicapées et, d'autre part, l'Office des personnes handicapées
et l'Office des ressources humaines. Il y a une concertation qui existe et on
tente, on essaie de favoriser l'embauche de personnes handicapées. On
est conscient que la représentation de ces personnes est insuffisante et
qu'il faut l'augmenter, et cela évolue, par contre, on essaie d'avoir
une évolution. Encore là, il reste que les intervenants majeurs
sont les personnes responsables dans chaque ministère et organisme.
J'ai avec moi Mme Lucie Dumont qui est chef du Service de l'accès
à l'égalité au secrétariat du Conseil du
trésor, qui peut vous donner un peu plus de statistiques aussi sur ce
plan d'embauche à l'endroit des personnes handicapées au
gouvernement du Québec.
Mme Dumont (Lucie): Dans le cadre du plan d'embauche, il y a une
mesure qui a été mise de l'avant l'an passé qui commence
à donner des résultats. C'est la tenue de concours
réservés aux personnes handicapées. On avait
constaté, en tout cas, la plupart du temps, que les personnes
handicapées ne se présentaient pas aux concours ou ne
réussissaient pas à se classer dans le premier niveau.
Le Président (M. Lemieux): Vous allez nous donner les
statistiques sur le nombre de concours que vous avez tenus aussi, s'il vous
plaît.
Mme Dumont: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Cela va.
Mme Dumont: Des concours réservés ont eu lieu pour
deux corps d'emploi en particulier: les agents de bureau et les agents d'aide
socio-économique. Pour les agents de bureau, il y a eu treize personnes
qui ont été nommées et neuf pour les agents d'aide
socio-économique. C'est 44 de plus, alors qu'ordinairement, on
rôdait autour de 15 ou 16 personnes nommées annuellement.
Le Président (M. Lemieux): Ils ont tous été
titularisés.
Mme Dumont: Ils ont été titularisés.
M. Garon: C'est par rapport à combien d'agents de bureau.
Vous avez réservé treize postes...
Mme Dumont: Non. Il y a 35 personnes qui ont été
nommées. C'est une liste de déclaration d'aptitude qui a
été faite, et les ministères ont accès à
cette liste pour choisir une personne handicapée pour leur emploi
d'agent de bureau dans leur ministère. Les personnes handicapées
ne se présentaient pas nécessairement aux concours et ne se
classaient pas dans les niveaux. Donc, elles ne pouvaient pas être
choisies par les ministères. Là, les ministères ont
accès directement à une liste où il y a quelque 320
personnes déclarées aptes comme agents de bureau. Et,
graduellement, depuis que la liste est en vigueur, les ministères ont
commencé à choisir des personnes.
M. Gobeil: M. le Président, si vous permettez juste une
petite statistique. Comme l'a déclare Mme Dumont, chez les agents de
bureau, il y a eu 328 personnes qui ont été
déclarées aptes et, de cela, 35 ont été
embauchées, c'est-à-dire 11 %. Alors, je pense qu'il faut
réaliser que cela a porté des fruits.
M. Garon: Est-ce que vous avez des statistiques sur le
pourcentage des personnes handicapées au moment de la mise en
application du plan d'embauche et sur l'évolution annuelle dans chacun
des organismes et des ministères du gouvernement, par rapport au
pourcentage? Le
président tantôt vous donnait des exemples: au Conseil du
trésor, par exemple, 1,08 %. Pour voir ceux qui ont atteint les 2 %.
Cela ne veut pas dire que 2 %, c'est un maximum; ce serait plutôt un
palier minimum. Il semble qu'on ait des données statistiques
là-dessus pour les différents ministères et organismes.
Est-ce qu'on pourrait savoir comment s'établissait le pourcentage au
moment de l'établissement de la politique? Comment cela a-t-H
évolué annuellement jusqu'à maintenant? (17 h 45)
M. Gobeil: M. le Président, si je peux me permettre, il y
a, à ma connaissance, un rapport qui est publié annuellement par
l'Office des ressources humaines et qui est déposé à
l'Assemblée nationale, rapport qui, si ma mémoire est bonne,
contient ces statistiques. Ce n'est pas la première année, cela
fait plusieurs années que ledit rapport est déposé
à l'Assemblée nationale. On n'a pas en main les statistiques
cumulatives des années passées sur le nombre de personnes, encore
moins, évidemment, dans chacun des ministères ou organismes, mais
ce sont des statistiques disponibles parce que déposées à
l'Assemblée nationale, et j'invite le député de
Lévis à prendre connaissance de ces statistiques dans ce qui a
été déposé. J'imagine qu'il y en aura qui seront
déposées prochainement pour la dernière année.
M. Garon: Je veux savoir simplement ceci. Je n'essaie pas de
faire de la politique, parce que je pense que la meilleure façon d'en
faire est de ne pas en faire. L'objectif du programme, c'est d'inciter de
façon particulière les ministères et organismes ne
comptant pas un minimum de 2 % de personnes handicapées parmi leurs
effectifs à prendre les dispositions nécessaires pour atteindre
cet objectif. Ils ne peuvent pas atteindre l'objectif s'il n'y a pas de
données là-dessus. J'imagine qu'il doit y avoir des statistiques
annuelles pour les différents ministères et organismes. Ce que je
demande tout simplement, c'est que, comme l'organisme chargé de
l'application de cette politique est le Conseil du trésor, je ne veux
pas qu'il me renvoie aux statistiques d'un autre, parce que c'est lui qui est
responsable. J'aimerais avoir ses statistiques à lui pour savoir comment
a évolué la situation à ce point de vue là, par
rapport aux différents ministères et organismes depuis 1984.
Est-ce possible? Avez-vous des données là-dessus pour chaque
année?
Mme Dumont: On a des données pour les années
1986-1987 et 1987-1988 avec nous.
Ml. Garon: Est-ce qu'on peut en avoir une copie?
Mme Dumont: Certainement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de...
M. Després: Cela va dans le même sens que M. le
député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Limoilou.
M. Després: Première question, madame... M. le
Président, j'aurais une question. Madame, étant donné que
vous avez quelques statistiques, j'aimerais savoir si ces concours sont tenus
par l'Office des ressources humaines ou s'ils sont
délégués aux ministères?
Mme Dumont: Le concours d'agent de bureau a été
tenu par l'Office des ressources humaines, mais le concours d'agent d'aide
socio-économique a été tenu en délégation
par le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu. Je voudrais peut-être compléter l'information que je
donnais à M. Garon, tout à l'heure. Dans la fonction publique, on
a un problème, celui de la définition de "personne
handicapée".
M. Garon: Je ne mets pas cela en doute, j'ai toujours dit qu'il
était bien difficile de classer des gens dans des catégories.
Mme Dumont: Oui. La définition légale, c'est celle
qui est inscrite dans la Loi assurant l'exercice des droits des personnes
handicapées. Alors, il faut que la personne ait une déficience
permanente et limitative, etc. Ce qui arrive, c'est que souvent les personnes
ne s'identifient pas à partir du moment où elles ont une aide
technique pour être capables de compenser leur déficience.
Alors, quand vient le temps de faire le relevé de ces personnes,
les gens ne s'identifient pas. C'est la méthode qu'on a toujours
privilégiée, l'auto-identification de la personne.
M. Garon: Est-ce que vous avez des données concernant le
ministère de la Santé et des Services sociaux et les
différents organismes qui relèvent de celui-ci concernant ce
pourcentage?
M. Gobeil: Bien, M. le Président, je pense que vous
comprendrez que...
M. Garon: Parce qu'il y a beaucoup d'emplois là.
M. Gobeil: Écoutez, je suis convaincu que soit le
député de Lévis ou un de ses collègues qui
assistera à la commission des affaires sociales ou qui fera
l'étude des crédits de ce ministère pourra poser cette
question.
M. Garon: Non, non.
M. Gobeil: On n'a pas apporté toutes les boîtes de
statistiques avec nous, cet après-midi,
dans le cadre de l'étude des crédits du Conseil du
trésor. On n'a pas ces statistiques. J'invite le député de
Lévis à demander lesdites statistiques à ma
collègue, la ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Garon: M. le Président, c'est le ministre qui est
devant nous qui est responsable de cette politique; c'est lui qui est
responsable de la faire appliquer partout.
M. Gobeil: M. le Président...
M. Garon: Alors, si je pose la question par rapport...
M. Gobeil: ...ce que je viens de dire, c'est qu'on n'a pas avec
nous, ici, cet après-midi, ces statistiques, mais dans le cadre... On
fait une compilation globale et, oui, pour être capable de la faire, on a
les données, les statistiques et tout ce que voudra le
député de Lévis, en long et en large, de chacun des
ministères et organismes, mais ce n'est pas nécessairement sous
la main ici, cet après-midi.
Pour une bonne compréhension, est-ce que "tous les organismes",
dans l'esprit du député de Lévis, cela veut dire chacune
des institutions du réseau de la santé ou je ne sais pas
quoi?
M. Garon: Tout simplement, je veux savoir si ceux qui travaillent
dans le secteur des affaires sociales, qui devraient être le plus
sensibilisés, font déjà le travail eux-mêmes? Je
n'essaie pas de vous mettre en boîte, en aucune façon, mais cela
fait assez de personnes que je vois dans mon comté comme l'a dit le
député de Vanier et il a raison... Ce sont des gens qui ont 50 ou
60 ans, qui ont un enfant d'une trentaine d'années; ils aimeraient bien
qu'il se place parce qu'ils disent: il va être dépendant et il ne
sera pas capable de gagner sa vie. Ils aimeraient cela le placer avant de
mourir. On voit cela à longueur de journée dans les bureaux de
comté. Alors, je dis que s'il y a des gens qui devraient être
sensibilisés à cela, c'est bien au ministère de la
Santé et des Services sociaux. Je le demande par rapport au
ministère de la Santé et des Services sociaux pour voir si ceux
qui devraient être préoccupés par ces gens qui ont ces
problèmes, si eux-mêmes l'appliquent, parce que s'ils ne
l'appliquent pas, il y a quelque chose qui ne va pas. Alors, dans le
réseau, dans les hôpitaux, quelqu'un qui a un certain handicap et
qui contribue à faire certaines fonctions qu'il va être capable de
faire, je vois cela à longueur de journée, des gens qui se disent
qu'ils pourraient faire le ménage, faire ceci ou cela... Je voudrais
voir s'ils l'appliquent ou non. Je n'essaie pas de vous mettre en boîte,
je ne veux pas que vous pensiez un seul instant que je vous vise, au contraire,
mais je pense que, pour les personnes qui sont dans ces conditions, il faut
qu'une certaine politique soit appliquée, et c'est pour- quoi elle a
été mise en oeuvre, et vous êtes chargé de son
application. Je veux tout simplement voir si le ministère de la
Santé et des Services sociaux le fait. Quand je parle de ses organismes,
je pense, par exemple, aux hôpitaux. Si on a des chiffres globaux,
j'imagine qu'on en a par secteurs aussi, il faut commencer par chaque
hôpital. Si on a des chiffres pour l'ensemble du réseau
hospitalier, on doit sûrement avoir des chiffres pour chaque
hôpital, cela doit être la compilation de chacun des hôpitaux
du réseau. C'est ce que je voudrais savoir.
C'est la même chose dans les commissions scolaires. Ce sont des
secteurs qui engagent beaucoup de monde. J'aurais pu parler de l'engagement au
Conseil du trésor, parce que je sais que vous n'avez pas autant
d'employés. J'ai commencé par parler du ministère de la
Santé et des Services sociaux, mais j'aurais pu parler du
ministère de l'Éducation, parce que cela m'ap-paraît
fondamental.
M. Gobeii: M. le Président, je voudrais juste corriger une
perception que pourrait avoir le député de Lévis, c'est
que le Conseil du trésor n'est pas responsable d'un plan
d'embauché pour les personnes handicapées dans les institutions
du réseau de la santé et des services sociaux, il est responsable
de ce plan d'embauché dans les organismes gouvernementaux,
principalement les ministères. Si sa question concerne le
ministère de la Santé et des Services sociaux comme tel, quel est
le nombre de personnes handicapées employées, je peux
répondre à cette question, mais le Conseil du trésor n'est
pas responsable de chacune des institutions parce que ce sont des corporations
autonomes qui ont la responsabilité de voir, dans leur mandat social,
à l'embauche de personnes handicapées. Mais ce n'est pas la
responsabilité du Conseil du trésor.
Si la question concerne particulièrement le ministère de
la Santé et des Services sociaux, les statistiques que j'ai ici me
disent que, pour ce qui touche ce qu'on appelle des déficiences
limitatives, il y aurait, en date du 31 mars 1987, onze hommes et cinq femmes
qui souffrent de déficiences limitative, à ce ministère en
particulier.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Dans votre discours, vous dites vous-même, vous
parlez de la politique d'accès à l'égalité quant
à la clientèle des personnes handicapées et, par la suite,
vous parlez d'un programme éventuel concernant l'accès à
l'égalité pour les membres des communautés culturelles.
Donc, c'est vous qui vous occupez de cela.
M. Gobeil: Pardon, M. le député de Lévis, M.
le Président, je n'ai pas dit que je m'occuperais d'un plan
d'embauché pour les personnes handicapées dans chacune des
institutions du réseau de la santé et des services sociaux. Ce
que je dis, c'est que, quant à la clientèle des personnes
handicapées, elle continue de bénéficier du plan
d'embauché préparé à leur intention, dans la
fonction publique. En ce qui concerne la clientèle des membres des
communautés culturelles, les travaux en vue de l'élaboration d'un
programme d'accès à l'égalité se poursuivent. Et
c'est ce que j'ai dit deux fois...
M. Garon: M. le Président, dans les documents qu'on...
M. Gobeil: ...et je m'en tiens, M. le Président, à
cette déclaration.
M. Garon: ...vient de nous faire passer, Synthèse des
données, c'est un taux de présence par clientèle cible. Je
vais voir si je lis bien. Au nombre de personnes appartenant à ce groupe
cible dans la fonction publique, on dit qu'en 1986-1987, c'étaient 511,
en 1987-1988, 470. Est-ce que cela veut dire que le nombre diminue?
M. Gobeil: M. le Président, cela veut dire, comme l'a
expliqué Mme Dumont que, suivant le décompte qu'on peut faire des
personnes handicapées sur une base de déclaration volontaire de
handicap, les statistiques nous révèlent que, dans l'ensemble des
ministères et organismes de la fonction publique, il y a effectivement
une diminution du nombre de personnes qui se disent handicapées et se
déclarent comme telles.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Par qui sont faites les statistiques dans ce
cas-ci?
M. Gobeil: Mme Dumont va répondre à cette
question-là.
Mme Dumont: Ce sont des données qui nous sont transmises
par l'Office des ressources humaines, le système SAGIP, le
système de gestion de la paye.
M. Garon: Mais que veulent dire vos statistiques à ce
moment-là? Admettez-vous que le nombre a diminué ou...
Mme Dumont: Ce sont des personnes qui se déclarent
handicapées. Alors, une année, elles se déclarent, oui,
l'année suivante, non. Et on est actuellement à implanter un
mécanisme administratif qui nous permettrait de suivre de façon
plus précise la présence des personnes handicapées dans la
fonction publique, justement parce qu'il y a une variation qui est due à
la déclaration de la personne et que c'est difficile pour un employeur
de suivre. C'est une information de gestion de ressources humaines qui est
difficile à suivre. Alors, on est à implanter un mécanisme
nous permettant de le suivre de façon plus serrée.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Limoilou?
M. Després: M. le Président...
Le Président (M Lemieux): Oui, M. le président.
M. Gobeil: Sans vouloir, M. le Président, prendre vos
responsabilités, j'aimerais que vous m'accordiez quelques minutes
à la fin pour conclure la présentation. Je sais qu'on devra aussi
approuver les crédits. Alors, je vous rappelle, M. le Président,
que l'heure file. Et j'aimerais que vous m'accordiez, si c'était
possible, environ une minute, une minute et demie, au maximum, pour
conclure.
Le Président (M. Lemieux): Pas d'objection, M. le
député de Lévis? Oui, oui, M. le président du
Conseil du trésor, il reste quatre minutes. Nous allons prendre une
minute pour adopter les crédits. Alors, on a peut-être le temps
pour une autre question du député de Lévis, et
après, on va vous inviter à conclure.
M. Gobeil: Merci, M. le Président.
M. Garon: Est-ce qu'il serait possible d'avoir, depuis les
dernières années, pas seulement les montants qu'ont
coûtés les congés de maternité, mais le nombre de
congés de maternité qui ont été accordés et
le nombre de naissances?
M. Gobeil: Les statistiques, M. le Président, nous disent
que, généralement, sauf exception, il y a un accouchement par
congé de maternité. Je pense qu'on ne peut pas se tromper
beaucoup en prenant cela comme barème assez normal. J'ai dit au
député de Lévis que, globalement, le programme des
congés de maternité représentait un
déboursé, pour la fonction publique et les deux réseaux
parapublics, de 70 000 000 $ par année et touchait environ 5000
personnes par année, c'est-à-dire 5000 congés de
maternité. Il me semble que ces statistiques, à moins que le
député de Lévis ne veuille en faire un autre usage...
M. Garon: Non.
M. Gobeil: ...sans être tout à fait
précises... Et je ne vois pas l'intérêt d'avoir un
décompte tout à fait précis. On m'assure que 5000 est un
chiffre qui est relativement fiable. Je ne sais
pas, mais on pourrait toujours aller à l'intérieur de
chacun des réseaux, dans les quelque 900 institutions de santé et
je ne sais plus combien de centaines d'institutions d'éducation, pour y
faire une enquête statistique pour déterminer tout cela...
M. Garon: Non, non.
M. Gobeil: ...mais il me semble que ce serait un peu trop
compliqué, M. le député de Lévis. Vous comprendrez
comme moi que ce serait peut-être... Si on pouvait retrouver d'une
façon un peu plus précise ces statistiques, sans vous le
promettre parce que vous comprenez qu'il faut que je vérifie, cela me
fera plaisir de vous les faire parvenir si on les a. (18 heures)
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez conclure, M. le
président du Conseil du trésor.
M. Garon: Le coût annuel et le nombre de...
M. Gobeil: Oui, c'est cela. C'est 70 000 000 $ et environ 5000
annuellement.
M. Garon: Cela doit varier un peu dans le temps.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez conclure.
M. Gobeil: Disons qu'une année, c'est 4900 et, l'autre
année, c'est 5100, pour une moyenne de 5000.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez vos deux minutes, M.
le président du Conseil du trésor.
Conclusions M. Paul Gobeil
M. Gobeil: M. le Président, je voudrais en concluant vous
rappeler, et je pense que tout le monde sera à même de le
constater, que le Conseil du trésor a su respecter ses engagements au
cours de l'année financière 1987-1988. Il a atteint les objectifs
qu'il s'était fixés et que le gouvernement aussi lui avait
demandés de contrôler dans le cadre du travail de
délégation qu'il a accompli. On peut présumer qu'en
1988-1989, sur la base de tout le travail qui a été
incorporé à la préparation des budgets du gouvernement
pour ladite année, on sera en mesure aussi, selon toute
probabilité, d'atteindre les engagements.
Je veux souligner la collaboration de la direction de tous les
ministères à qui on a imposé et qui se sont imposés
aussi des contraintes budgétaires. En cours de l'année, ces
direc- tions de ministères ont vu à réaligner leurs
dépenses en fonction des situations et à respecter les exigences
qu'on a été, pour certains, obligés d'imposer. C'est dans
la continuité des ces réalisations qu'on entreprend
l'année qui vient de débuter le 1er avril 1988. Il faut essayer
de maintenir le taux de croissance de nos dépenses à un niveau
qui est compatible avec notre capacité de payer en faisant des
économies parce que, déjà, nos déficits sont encore
trop élevés, mais tout en incorporant une gestion efficace des
ressources humaines et des ressources matérielles. Je l'ai
déjà dit et je le répète. À mon point de
vue, il n'y a pas d'État qui ne soit contraint de vivre selon ses
moyens. La demande de services est en hausse constante. Il y a des besoins, et
on essaie de remplir les besoins les plus prioritaires. L'État doit
choisir de gérer les affaires publiques en fonction de ses ressources en
se donnant un objectif qui est le maximum de qualité et de
quantité de services et de s'assurer qu'on a une croissance
économique solide dans un contexte social très serein. C'est le
choix que notre gouvernement a fait.
Je voudrais en terminant, M. le Président, remercier tout le
personnel qui m'accompagne aujourd'hui et ceux qui ne sont pas ici, mais qui
sont, probablement pour certains d'entre eux, encore au travail au
ministère. Je voudrais aussi les remercier du soutien qu'ils m'ont
accordé au cours de l'année et remercier les membres de cette
commission, et remercier particulièrement le député de
Lévis et le député de Vanier, vous-même, M. le
Président, principalement qui avez démontré un
intérêt pour un sujet dont on n'a pas l'occasion de parler trop
souvent et qui est le sujet des personnes handicapées. Comme je l'ai dit
tout à l'heure, personnellement, c'est un sujet qui me touche. Je
voudrais assurer le député de Lévis qu'on fait des efforts
pour améliorer la représentativité des personnes
handicapées même si les statistiques ne sont pas toujours
visibles. Je pense que Mme Dumont a expliqué peut-être le
handicap, permettez-moi l'expression, qu'on a dans le cadre des statistiques
pour les personnes handicapées. Mais on a quand même un
intérêt. Et je suis sûr que le député de
Lévis aura encore l'occasion de démontrer son
intérêt et on sera encore plus vigilant dans l'administration de
ce dossier des personnes handicapées. Merci messieurs.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
président du Conseil du trésor. Vous savez, vous étiez la
meilleure personne à sensibiliser. Vous êtes toujours en position
de force, vous le savez fort bien. Il y aurait peut-être lieu parfois
qu'au forum des sous-ministres, on puisse les sensibiliser à cet aspect
bien particulier.
Je remercie les membres de cette commission. Nous allons passer à
l'adoption des crédits budgétaires. Le programme 1, Gestion
budgétaire et politiques administratives, est-il adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Les crédits
budgétaires du Conseil du trésor pour l'année
financière se terminant le 31 mars 1989 sont-ils adoptés?
M. Garon: Adopté.
Crédits du ministre
délégué à l'Administration CARRA
Le Président (M. Lemieux): Les organismes relevant du
ministre délégué à l'Administration, le programme
1, Commission administrative des régimes de retraite et d'assurances,
est-il adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): le programme 2, Régime
de retraite des enseignants, est-il adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'ensemble des crédits
budgétaires de l'organisme relevant du ministre
délégué à l'Administration pour l'année
financière se terminant le 31 mars 1989 sont-ils adoptés?
M. Garon: Adopté.
Une voix: Mes plus sincères félicitations.
Crédits des organismes relevant de la
vice-présidente du Conseil exécutif
Commission de la fonction publique
Le Président (M. Lemieux): Maintenant, les organismes
relevant de la vice-présidente du Conseil exécutif, programme 1,
Commission de la fonction publique, est-il adopté?
M. Garon: Adopté.
Office des ressources humaines
Le Président (M. Lemieux): Le programme 2, Office des
ressources humaines, est-il adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le programme 3, Contributions
du gouvernement à titre d'employeur, est-il adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'ensemble des crédits
budgétaires des organismes relevant de la vice-présidente du
Conseil exécutif pour l'année financière se terminant le
31 mars 1989 sont-ils adoptés?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Alors, nous
ajournons les travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 5)