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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration entreprend ce matin la
consultation générale sur le document intitulé:
"Décloisonnement des intermédiaires". M. le secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Cusano
(Viau) remplace M. Fortin (Marguerite-Bourgeoys) et Mme Cardinal
(Châîeauguay) remplace M. Gobé (Lafontaine).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
M. Fortin est le député de Mar-guerite-Bourgeoys, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je ne le connais pas.
Le Président (M. Lemieux): Vous ne le connaissez pas! Vous
allez sûrement avoir l'occasion de le croiser.
M. Fortier: Vous allez le rencontrer dans Anjou.
M. Garon: S'il s'est fait remplacer sans que je le connaisse, je
pense bien que je ne le connaîtrai pas davantage au cours de cette
commission.
Le Président (M. Lemieux): On verra, M. le
député de Lévis. Permettez-moi maintenant de donner
lecture de l'ordre du jour de la présente séance, afin que nous
puissions l'adopter. L'ordre du jour que j'ai reçu en date du 31 mai
1988 concernant la consultation générale sur le
décloisonnement des intermédiaires à la salle du Conseil
législatif se lit comme suit: À 10 heures, il y aura
déclaration d'ouverture. À 11 heures, nous entendrons le
Regroupement des cabinets de courtage d'assurance du Québec. À 13
h 30, selon l'ordre de la Chambre, il y aura suspension. À 15 heures,
nous reprendrons nos travaux pour entendre - à 12 h 30, il y aura
suspension effectivement - l'Association provinciale des assureurs-vie du
Québec. À 16 heures, l'Association canadienne des courtiers en
valeurs mobilières, section Québec. À 17 heures,
l'Association de planification fiscale et financière.
À 18 heures, il y aura suspension. Nous reprendrons nos travaux
à 20 heures pour entendre l'Association canadienne des planificateurs
financiers et à 21 heures, nous entendrons Lacaille et Ouellette inc,
Services de planification financière. Est-ce que l'ordre du jour, tel
qu'établi, après entente entre les différents groupes
parlementaires, qui se lisait comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, est adopté? M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'ordre du jour étant
adopté, permettez-moi de vous rappeler les règles de l'audition,
telles que convenues entre les groupes parlementaires. Les déclarations
d'ouverture dureront 50 minutes: 25 minutes pour le ministre, 25 minutes pour
le porte-parole de l'Opposition. Dans un deuxième temps, la durée
totale de l'audition de chaque organisme sera d'une heure, temps que je ferai
respecter scrupuleusement, dans la mesure du possible, soit 20 minutes pour
l'exposé du mémoire et 40 minutes pour les échanges de
propos avec les parlementaires, dont 20 minutes pour le groupe parlementaire
formant le gouvernement et 20 minutes pour le groupe parlementaire formant
l'Opposition.
Le temps de parole des députés sera de dix minutes, en
respectant la règle de l'alternance dans les interventions.
M. le ministre, j'aimerais maintenant vous inviter à
présenter votre déclaration d'ouverture en vous rappelant que
vous avez un temps de parole de 25 minutes.
M. Fortier: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Lévis.
M. Garon: Le ministre n'est pas obligé de prendre ses 25
minutes, n'est-ce pas?
Le Président (M. Lemieux): Non. Le ministre n'est pas
obligé de prendre ses 25 minutes, mais il a quand même 25 minutes
de temps de parole, M. le député de Lévis.
M. Garon: Merci.
Déclarations d'ouverture M. Pierre-C.
Fortier
M. Fortier: C'est avec grand plaisir et avec fierté que je
vois s'ouvrir les audiences publiques de cette commission parlementaire.
Aujourd'hui et dans les prochains jours, nous allons pouvoir écouter,
discuter et échanger des commentaires avec tous ceux qui se
préoccupent de l'avenir du secteur financier québécois et
plus particulièrement du décloisonnement des
intermédiaires de marché.
J'ai été heureux de constater le grand
intérêt soulevé par ce dossier. En effet, plus de 30
associations, corporations et organismes ont
présenté un mémoire à cette commission
parlementaire. De plus, la plupart des mémoires apportent des
précisions et des idées positives qui permettront, j'en suis
sûr, d'affiner les orientations proposées. C'est un signe
évident de l'intérêt suscité par le
décloisonnement des intermédiaires, malgré la
complexité des questions posées et des enjeux futurs.
Je tiens donc à remercier tous ceux et celles qui se sont
penchés sur l'ensemble de ce dossier et qui permettront aux
parlementaires de dialoguer avec eux. Je tiens également à les
féliciter pour l'excellent travail qu'ils ont effectué et pour
les qualités de leur document.
C'est donc ensemble, au cours des prochains jours que nous allons paver
la voie à cette réforme à la fois importante et
indispensable. Je me félicite de l'esprit d'ouverture et de
collaboration manifesté par tous les intéressés.
L'objectif fondamental visé par le ministre responsable est
d'amorcer le plus tôt possible la réforme de l'encadrement des
intermédiaires qui, d'une part, permettra à l'industrie
financière québécoise de poursuivre son
développement en se donnant les meilleurs moyens d'atteindre leur
clientèle et, d'autre part, fera bénéficier tous les
intermédiaires des avantages du décloisonnement. Ce faisant, nous
établirons au Québec un système financier plus efficace et
nous garantirons aux Québécois, surtout en régions, une
offre de produits plus diversifiés et mieux adaptés à
leurs besoins.
Laissez-moi tout d'abord vous rappeler que le décloisonnement des
intermédiaires se situe dans le cadre plus large du
décloisonnement et de la restructuration de nos institutions
financières, un domaine dans lequel le Québec est à
l'avant-garde. Si, aujourd'hui, le Québec dépasse largement les
autres provinces canadiennes, avec un actif détenu par nos institutions
financières qui excèdent les 50 000 000 000 $, nous le devons
tout autant à l'esprit d'initiative et au dynamisme des dirigeants des
institutions financières qu'à un encadrement législatif
sans cesse innovateur. Nous avons su encadrer l'activité
financière de façon à favoriser l'initiative et le
leadership de nos institutions, tout en protégeant adéquatement
le consommateur par des réglementations souples et
appropriées.
Cette place de choix que nous occupons, qui fait de notre industrie
financière un instrument déterminant de notre
développement économique en nous donnant les moyens de notre
croissance, cette place donc, nous devons la défendre sans cesse face
à la concurrence nationale et internationale. Nous avons besoin, selon
une image que j'affectionne, de "mammouths" québécois capables
d'affronter la concurrence à armes égales.
Le Québec doit être prêt lorsque l'industrie
financière japonaise provoquera des remous dans les institutions
financières d'Amérique du Nord, comme l'industrie
manufacturière japonaise a déséquilibré l'industrie
nord-américaine il y a dix ans. Déjà, les cinq plus
grandes banques au monde sont japonaises alors qu'en 1980, aucune ne figurait
dans les cinq premières places; quatre des dix plus grandes maisons de
courtage au monde viennent du pays du Soleil-Levant; la Bourse de Tokyo
dépasse désormais la Bourse de New York et même la Bourse
d'Osaka est plus importante que la Bourse de Londres.
Le décloisonnement de l'industrie financière doit
permettre aux institutions québécoises de faire face à ces
nouveaux défis en leur donnant les moyens de se développer
rapidement, de diversifier leurs activités, de réduire leurs
coûts d'opération et d'augmenter leur rentabilité, tout en
préservant ce qui me paraît comme le fondement même du
système: une protection complète des avoirs que le consommateur
confie au secteur financier pour sa sécurité
financière.
La réforme doit donc se faire en améliorant
l'efficacité de la surveillance et du contrôle par les
autorités publiques. De plus, nous devons maintenir la juridiction du
gouvernement du Québec en matière d'institutions
financières, tout en favorisant la coopération et la coordination
avec les gouvernements fédéral et provinciaux.
C'est pour ces raisons que j'ai présenté l'automne dernier
un livre blanc sur la réforme des institutions financières au
Québec qui indique clairement la politique que nous entendons poursuivre
avec force et ténacité. La consultation que nous amorçons
aujourd'hui se situe à l'intérieur du plan d'action
présenté dans le livre blanc. Je suis d'ailleurs très
heureux d'annoncer qu'une importante pièce législative
prévue dans ce plan d'action est prête à entrer en vigueur:
la Loi sur les sociétés de fiducie et les sociétés
d'épargne, adoptée par l'Assemblée nationale en
décembre dernier, sera promulguée dans quelques jours, soit le 9
juin prochain. Québec est ainsi l'une des premières juridictions
canadiennes à mettre en place sa réforme des
sociétés de fiducie et d'épargne.
En remplaçant ainsi une loi qui datait de 1913 et qui n'avait
subi que quelques modifications mineures depuis, nous donnons à nos
sociétés de fiducie un cadre plus souple et mieux adapté
aux conditions actuelles du marché, leur permettant de renforcer leur
position concurrentielle. Déjà, certaines entreprises
étrangères ont manifesté leur intention de venir
s'installer au Québec afin de bénéficier de cette nouvelle
loi. De plus, il sera désormais possible aux caisses d'entraide
économique de se transformer en société d'épargne
si elles le désirent.
La réforme de l'industrie financière est donc bien en
marche. Il reste beaucoup de travail à faire et le
décloisonnement des intermédiaires constitue aujourd'hui notre
priorité. Nous aimerions pouvoir déposer à l'automne les
modifications législatives appropriées concernant les
différents groupes d'intermédiaires sous notre
responsabilité. À l'intérieur du décloisonnement,
il est plus que temps de donner une chance égale à tous et, en
particulier, aux intermédiaires comme, à titre d'exemple, les
courtiers d'assu-
rances générales. Ces adaptations leur permettront de
mettre le pied à leur tour dans le décloisonnement et d'envisager
ainsi l'avenir avec confiance.
Le Québec n'a jamais hésité à donner aux
intermédiaires l'encadrement nécessaire. En 1963, le gouvernement
du Québec a été le premier, et le seul pendant plusieurs
années, à avoir une loi créant l'Association des courtiers
d'assurances de la province de Québec. De plus, en 1965, le Surintendant
des assurances du Québec reconnaissait l'Association provinciale des
assureurs-vie du Québec et permettait à cette dernière de
conférer à ses membres le droit d'exercer la profession
d'assureur-vie. Le Québec se démarquait ainsi clairement des
autres juridictions canadiennes et entend continuer à occuper une place
d'avant-garde dans le domaine des intermédiaires.
En 1985, une commission parlementaire sur les courtiers d'assurances n'a
pas eu de suite. Il est urgent de passer à l'action le plus tôt
possible. La commission parlementaire qui commence ce matin nous donnera
l'éclairage nécessaire à cette fin.
Afin de faciliter nos échanges de vues, un certain nombre de
solutions et d'avenues possibles ont été élaborées.
Comme il existe potentiellement plusieurs modèles de
décloisonnement, aucun modèle préconçu ne saurait
être imposé législativement, d'où la
nécessité d'avoir des paramètres permettant une vaste
gamme de choix. En définitive, le marché et le consommateur
choisiront les modèles les mieux appropriés. Les
différentes avenues que nous allons débattre ensemble sont donc
les suivantes: l'élargissement des champs de pratique. Il s'agit de
permettre aux intermédiaires d'ajouter à leur activité
principale des activités accessoires reliées à la vente de
tout produit financier par l'obtention de permis afférents ou par simple
autorisation pour celles ne requérant pas de permis. Plus
spécifiquement et à titre d'exemple, les courtiers d'assurance de
dommages pourraient vendre des REER, offrir des certificats de
dépôts, etc. Il leur sera proposé, selon certaines
conditions, d'agir comme experts en sinistres. Ils pourraient, de plus, se
prévaloir de mécanismes leur permettant se regrouper et
d'utiliser une bannière reconnue. Nul doute que cette dernière
possibilité constituera un très grand avantage, surtout dans les
différentes régions du Québec.
Nous devrions permettre aux intermédiaires de cumuler divers
permis. Ceci devra se faire dans un contexte où le niveau d'accès
sera adéquat. À ce sujet, il est intéressant de noter que
la très grande majorité des intervenants accepte d'emblée
notre recommandation de relever le niveau de formation et de scolarité
comme condition d'accès à la pratique d'un champ
d'activité. Cette exigence est d'autant plus importante que les produits
financiers d'aujourd'hui sont de plus en plus complexes.
La multidisciplinarité permettra à un indi- vidu ne
détenant qu'un seul permis de s'associer à d'autres
intermédiaires pour offrir à sa clientèle de meilleurs
conseils. Le cabinet auquel sera associé un intermédiaire sera
aussi tenu responsable des actes posés par celui-ci.
Cette diversification des activités devra se faire, comme je
viens de l'indiquer, dans un contexte où les niveaux de formation, de
qualification et de perfectionnement auront à être
rehaussés, afin de tenir compte des nouvelles exigences professionnelles
entraînées par le décloisonnement. Cette tâche
imcombera principalement aux organismes d'auto-réglementation dans le
cadre de normes et de critères acceptés par le gouvernement.
A l'avenir, avec cette réforme des intermédiaires, nous
aurons donc deux types de réseaux pour assurer la distribution de
produits financiers. Il y aurait celui des intermédiaires
indépendants et celui des institutions financières
elles-mêmes.
En effet, cette notion de réseau permet à une institution
financière faisant partie d'un groupe financier et possédant un
ensemble de points de vente et d'intermédiaires d'avoir accès
à l'ensemble des filiales des institutions et des intermédiaires
faisant partie de ce groupe.
Toutefois, des normes régissant les conflits
d'intérêts devraient être imposées, entre autres en
ce qui a trait à la divulgation des liens qui existent entre
l'intermédiaire et les diverses composantes du réseau et
l'intérêt pécuniaire de ce dernier dans ledit contrat.
D'ailleurs, le respect de l'application de ces normes sera sujet au
contrôle des comités de déontologie, comme cela est
prévu dans la Loi sur les sociétés de fiducie et les
sociétés d'épargne, comme cela le sera dans la Loi sur les
caisses d'épargne et de crédit ainsi que par des amendements
éventuels à la Loi régissant les compagnies
d'assurances.
Dans le cas de vente d'assurances de dommages dans des succursales
d'institutions financières, il sera possible que l'assuré puisse
annuler, dans un délai raisonnable, tout contrat d'assurance qu'il
aurait contracté se pensant obligé de le signer comme condition
de prêt. De plus, l'on maintiendra l'interdiction des ventes
liées, comme cela est le cas présentement dans la Loi sur les
assurances.
Enfin, il serait interdit que les informations personnelles sur un
client détenues par une institution financière puissent
être rendues disponibles à une autre institution du même
groupe.
Tout manquement à ces règles ferait l'objet de sanctions
pénales et d'une intervention de l'Inspecteur général des
institutions financières. Il faudra se poser la question si les
mêmes règles ne devraient pas s'appliquer au sein de cabinets
multidisciplinaires puisque de toute évidence, à peu près
la même situation pourrait s'y retrouver.
Dans le but de permettre la formation d'équipes
multidisciplinaires, il est suggéré d'au-
toriser les membres d'une même équipe de partager leurs
commissions. De plus, les commissions de référence devraient
être autorisées selon certaines normes. Les échanges de
listes ne seront pas permis en contrepartie d'un bénéfice de
commission.
Dans le document de consultation, nous suggérons que des
institutions financières puissent acquérir des participations ou
même le contrôle de corporations d'agents, courtiers et de cabinets
multidisciplinaires. Toutefois, dans un tel cas, les corporations devraient
divulguer de façon non équivoque toute participation de 10 % ou
plus. Nous aurons l'occasion, en commission parlementaire, d'examiner les
modalités d'application de cette recommandation.
Le gouvernement a déjà accepté le principe de la
constitution d'un organisme d'auto-réglementation des agents
d'assurance-vie. Le futur conseil des assurances de personnes du Québec
concrétisera cette orientation. Ce sera là un forum important
où pourront dialoguer les compagnies d'assurance-vie et les
intermédiaires concernés.
Le secteur de l'assurance de dommages devrait, lui aussi, avoir son
conseil des assurances de dommages. Différentes alternatives avec les
compagnies, les agents et les courtiers d'assurances seront examinées.
Le futur conseil pourrait édicter des normes mieux adaptées aux
nouvelles situations plus exigeantes des besoins des consommateurs.
D'ailleurs, on devra se demander si les consommateurs eux-mêmes ne
devraient pas être représentés, tant au sein du conseil des
assurances de personnes qu'au sein du futur conseil des assurances de
dommages.
Quelle que soit la formule retenue, je crois que l'un et l'autre conseil
devrait recevoir de l'Inspecteur général des institutions
financières l'autorité nécessaire pour assumer les
responsabilités suivantes: octroyer les permis de pratique;
déterminer les cours de formation requis pour atteindre les
différents niveaux de pratique; définir et faire respecter les
règles de déontologie.
D'ailleurs, les conseils d'assurances ne devraient avoir aucune
responsabilité en ce qui a trait à la promotion économique
des titulaires des permis mais, détail important, ces conseils
pourraient déléguer certaines de leurs responsabilités
à des associations existantes.
Dans le document de consultation, il est suggéré que la
personne qui se présenterait à titre de conseiller en
planification financière devrait être réglementée
par la corporation ou l'association professionnelle à laquelle elle
appartient. L'utilisation du titre serait ainsi réservée aux
membres des corporations, associations et organismes de contrôle qui
adhéreraient à un conseil de la planification
financière.
Le code de déontologie serait appliqué par chacun des
adhérents au conseil, mais celui-ci devrait être uniforme. Les
normes de pratique et de formation seraient décidées en commun
par le biais du conseil de la planification financière. Sur ses
propositions, nous entendrons des commentaires très pertinents qui nous
permettront, j'en suis sûr, de donner plus de corps aux propositions
mises de l'avant dans le document de consultation.
Voici en résumé les principaux points sur lesquels les
membres de cette commission parlementaire devront se pencher. Avec cette
réforme, nous voulons, bien sûr, poursuivre le
décloisonnement de notre industrie financière. De façon
plus concrète, nous cherchons à atteindre trois objectifs: une
meilleure protection du consommateur, une augmentation de l'efficacité
des réseaux de distribution existants et, finalement, un renforcement de
la position occupée par les intermédiaires indépendants
dans le processus de distribution.
L'accès rapide à des produits compétitifs, la
garantie de faire affaires avec des professionnels qualifiés et
compétents, la pleine connaissance des conflits d'intérêts
potentiels, voilà, me semble-t-il, les principales exigences du
consommateur d'aujourd'hui en matière de protection et de
sécurité financière. J'estime que les mesures
proposées vont dans ce sens: une diversification de l'offre des
intermédiaires et une utilisation plus rationnelle des réseaux de
distribution permettront aux consommateurs d'avoir accès, partout au
Québec, à des produits et services variés à un prix
avantageux. La mise en place de conseils chargés de définir les
codes de déontologie et les critères d'accès et de
formation garantira une qualité professionnelle accrue. Quant aux
règles de divulgation des commissions et des liens entre un
intermédiaire et une institution, elles permettront au consommateur de
connaître avec précision les intérêts de
l'intermédiaire avec lequel il fait affaires. Ainsi, tous les citoyens
québécois, où qu'ils se trouvent, auraient
également accès à des conseils, des produits et des
services financiers sans que ceux des régions éloignées se
trouvent défavorisés par rapport aux grands centres urbains.
La compétitivité de nos institutions financières
passe par le contrôle des coûts de distribution. Il n'est pas de
mon intention de privilégier un réseau de distribution
plutôt qu'un autre. C'est aux lois du marché et aux besoins des
consommateurs de s'exprimer et de choisir les modes les plus fonctionnels et
les mieux adaptés à la vie d'aujourd'hui.
Le cadre législatif que je veux préparer doit donc laisser
place à plusieurs modèles de décloisonnement, sans en
choisir un en particulier. En diversifiant leurs produits, les institutions ne
doivent pas être prises au piège de la diversification de leurs
canaux de distribution, sinon leur rentabilité en serait
affectée. En rendant les réseaux actuels plus souples, nous leur
permettrons d'être plus concurrentiels les uns par rapport aux autres et
aussi de faire face à la concurrence qui, tôt ou tard, proviendra
en
force de l'étranger.
Il ne revient pas au gouvernement d'indiquer aux intermédiaires
la marche à suivre ni de favoriser un type d'intermédiaire
plutôt qu'un autre. D'ailleurs, ces derniers ont toute la
compétence pour faire leur propre choix. Cependant, il est
évident à tout observateur que les courtiers d'assurances en
particulier, avec près de 2500 bureaux à travers le
Québec, constituent une force considérable
disséminée partout dans toutes les régions du
Québec. En tant que ministre responsable de l'ensemble de l'industrie
financière, je veux leur donner les moyens de se développer en se
diversifiant et en se regroupant. Avec leur mentalité d'entrepreneurs
indépendants solidement implantés dans leur région, je
suis plus que convaincu qu'ils pourront à leur tour
bénéficier du décloisonnement afin d'assurer leur
croissance, leur rentabilité et la satisfaction complète de leurs
clients. Pour cela, il est impérieux de procéder le plus
tôt possible à la modification de la législation qui les
encadre.
Bien sûr, la réforme n'obligera aucun courtier ni aucun
autre intermédiaire à monter dans le train du
décloisonnement et tous ceux qui le désirent pourront continuer
à pratiquer comme ils le font actuellement. Pour avoir dialogué
avec plusieurs d'entre eux, je crois que la grande majorité y verra une
occasion extraordinaire de prendre un nouvel essor. En promettant, entre
autres, à un courtier de s'associer aux autres professionnels dans des
cabinets multidisciplinaires indépendants, nous allons favoriser la
croissance et l'expertise financière locale et la mise en place de
réseaux autonomes et décentralisés.
Le décloisonnement des intermédiaires est une occasion
pour les intermédiaires indépendants de se regrouper, de mettre
en commun leurs forces et leur expertise afin de servir efficacement non
seulement les consommateurs, mais également les PME qui forment le tissu
économique régional.
Avec un cabinet multidisciplinaire, ce sont les gens des régions
qui pourront conseiller et même faciliter le financement des entreprises
locales. Enfin, l'expertise financière se déplacera des grands
centres vers les régions les plus éloignées. À
moyen terme, je crois que cette réforme aura des effets
bénéfiques sur le développement régional au
Québec. (10 h 30)
La nécessité et l'opportunité d'une réforme
du cadre législatif des intermédiaires du marché ne sont
plus à démontrer. Les mémoires reçus en font foi
puisqu'ils appuient pratiquement unanimement la nécessité de
procéder au décloisonnement des intermédiaires. Les
prochains jours vont permettre aux parlementaires d'examiner le sens et les
effets des propositions soumises par tous ceux que le décloisonnement
des intermédiaires concerne.
En conclusion, il est plus que temps je crois, que les
intermédiaires bénéficient à leur tour de cette
tendance irréversible qui nous a permis, au Québec, de montrer
notre leadership en matière d'institutions financières. Je
réitère donc ma volonté ferme de mener à terme
cette réforme indispensable. Le document sur les intermédiaires
est le fruit d'une réflexion et de nombreuses consultations. Toutes les
avenues qu'il contient sont présentées pour discussion et ces
audiences publiques devraient permettre d'examiner en détail tous les
points de vue pertinents. Nous sommes ici pour écouter ce que les
professionnels, les associations, l'industrie, les consommateurs et les
concitoyens ont à nous dire. Ce n'est qu'après que nous pourrons
préparer un projet de loi qui viendra concrétiser cette
réforme.
Par la mise en place des différents conseils proposés,
nous espérons que l'autoréglementation aura un rôle
important à jouer. Nous voulons un encadrement souple et léger
qui évitera recueil d'une bureaucratie et d'une réglementation
trop lourdes. Comme le législateur ne peut prévoir tous les
problèmes, c'est avec un cadre législatif ferme mais souple que
l'industrie devra dorénavant se réglementer. Le gouvernement
entend garder le rôle d'inspection et de surveillance qui est le sien
afin de garantir la crédibilité et la stabilité du
système. C'est, en fin de compte, la capacité des
intermédiaires de s'asseoir ensemble qui sera la meilleure garantie de
leur développement futur. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre
délégué à la Privatisation. M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le ministre fait une autre
consultation. Je me dois de constater qu'il est meilleur dans les livres blancs
que dans le projets concrets. Jusqu'à de jour, cela fait plusieurs
livres blancs qu'il dépose. Il y a certains projets de loi qui sont
restés sur le carreau. On pense à la loi sur le registre des
associations et des entreprises pour lequel il y a eu une consultation.
C'était une loi qui, selon le ministre, faisait l'unanimité. Et,
depuis, malgré l'adoption en deuxième lecture par
l'Assemblée nationale du principe de la loi, l'automne dernier, alors
qu'on devait procéder à l'étude article par article des
629 articles, si ma mémoire est bonne, en janvier, février, le
tout a été reporté sine die, semble-t-il et cette belle
unanimité dont parlait le ministre, je ne sais pas si elle va se
concrétiser par l'adoption du projet de loi, mais le projet de loi est
toujours sur le carreau.
Le ministre nous parle également des "mammouths"
québécois. Je vous ferai remarquer que les mammouths sont une
espèce disparue il y a déjà plusieurs millions
d'années pour cause d'inadaptation au milieu et qu'ils ont
été remplacés par d'autres espèces qui ont
survécu parce qu'elles étaient mieux adaptées au milieu
envi-
ronnant en perpétuel changement. Et vous savez qu'on ne fait pas
virer des mammouths sur des trente-sous et qu'il est souvent
préférable d'avoir des institutions moins grosses, mais mieux
adaptées aux besoins de leur milieu. Et je pense que l'exemple du
ministre est excellent dans le sens que les mammouths ne sont pas
nécessairement les espèces les plus vivantes, les plus mobiles et
les plus créatives.
Maintenant, le ministre a dit que c'était le temps de passer
à l'action. C'est une chose avec laquelle le Parti
québécois, l'Opposition officielle est entièrement
d'accord d'autant plus qu'il a donné l'exemple lorsqu'il était au
gouvernement: en 1982 par la réforme de la législation sur les
valeurs mobilières; en 1983, par la création du poste
d'Inspecteur général des institutions financières; en
1984, par la réforme des assurances et en préparant un ensemble
de lois que, à toutes fins utiles, le ministre n'avait qu'à
déposer puisqu'elles ont été élaborées au
cours des années passées, mais qu'il étire dans le temps
pour peut-être laisser croire au public que c'est le fruit de son
travail. Toutefois, les réformes concrètes n'arrivent pas.
J'ai parlé du registre des entreprises; c'est sur le carreau.
J'aurais aussi pu parler de la Loi sur les fiducies, la loi 74, adoptée
l'automne dernier, mais qui n'est pas le même projet que celui
annoncé par le ministre. Le ministre avait déposé un
projet clair, où il y avait décloisonnement et concurrence. Mais
celui-ci a subi des amendements, alors que les objets qui avaient
été retenus ont été modifiés et
remplacés par des termes ambigus, de sorte que ceux qui ont
commencé à relire le projet de loi de façon
concrète se rendent compte qu'ils ne sont pas certains d'avoir tous les
pouvoirs que le ministre avait annoncés au moment du principe, du
dépôt, une fois le projet de loi adopté. Le ministre pense
qu'il a eu l'unanimité et qu'il n'y a pas de problème. Mais quand
il se rend compte, au cours du débat, que l'unanimité n'est plus
là, il change les termes pour des termes ambigus qui semblent satisfaire
tout le monde. Mais, en réalité, les gens devront
éventuellement se débattre devant les tribunaux pour savoir
exactement quels sont leurs pouvoirs. Je pense qu'il faut avoir des projets de
loi clairs. On peut ou on ne peut pas. Un père ne peut pas dire en
même temps à son fils: Tu as le droit de fumer et tu n'as pas le
droit de fumer. Il en a le droit ou il n'en a pas le droit. On disait autrefois
qu'une porte doit être ouverte ou fermée; elle ne peut pas
être fermée et ouverte en même temps. Un grand auteur
anglais a dit: "To be or not to be". On ne peut être et ne pas être
en même temps. C'est un grand principe de philosophie. Toute la
philosophie, au fond, est basée un peu sur ce principe qu'on ne peut
être et ne pas être en même temps. C'est simple: être
ou ne pas être.
À ce moment-ci, cela veut dire que le gouvernement doit
décider comment cela doit fonctionner. Il doit trancher à un
moment donné ou se condamner à l'inaction. Actuellement, il me
semble que, dans l'ensemble de la réforme - le ministre parle de la
réforme des institutions financières - les principales choses
dont il peut se vanter, c'est de ce qui a été fait avant qu'il
arrive au pouvoir. Depuis le changement de gouvernement, il n'y a pas eu
grand-chose. Il y a eu les livres blancs qui sont intéressants à
lire. Comme on est un producteur important de papier dans le monde, cela aide
à la consommation de notre papier, mais cela ne fait pas des
réformes concrètes. Il y a actuellement une consultation et j'ai
hâte de voir quand le projet de loi sera déposé, tout comme
j'ai hâte de voir quand le projet de loi sur les caisses d'épargne
et de crédit sera déposé. J'ai lu bien des articles dans
le journal. Les journaux semblent dire que le ministre et certaines personnes
ont fait une entente. Sauf que pour moi, le mouvement coopératif
n'appartient pas à tel et tel dirigeant, mais à 4 000 000 de
Québécois qui en sont sociétaires.
Je trouve curieux que l'Assemblée nationale, qui attend depuis
des mois le dépôt d'un projet de loi, n'ait pas encore
été saisie d'aucun projet. Aujourd'hui, il y a une consultation,
un projet, mais il ne mènera pas nécessairement à quelque
chose de concret. Cela me fait un peu penser aux poissons dans un aquarium dans
le salon. Ils peuvent virevolter beaucoup dans l'aquarium, prendre des courses,
monter et descendre, faire des belles. Cela ne dérange pas beaucoup la
conversation des adultes dans le salon. Je pense que le problème actuel
du ministre n'est pas de faire des livres blancs, mais plutôt, une fois
les consultations terminées, d'arriver avec des projets concrets pour
mettre en oeuvre les consensus ou les décisions prises par le
gouvernement lorsqu'il n'y a pas consensus.
M. le Président, ce sont les remarques préliminaires que
je voulais faire, parce qu'il m'apparaît fondamental qu'on ne puisse
"brasser" tout le milieu, faire des publications, faire venir des associations,
et qu'ensuite il n'arrive rien. C'est malheureusement trop souvent ce qui s'est
produit dans le secteur des institutions financières depuis deux ans.
Dans le cas qui nous concerne, j'ai regardé les documents produits et il
m'apparaît que la partie la plus fondamentale, c'est qu'on commence
actuellement à remarquer dans les revues spécialisées ou
dans les revues où l'on fait des commentaires, qu'on n'a pas encore vu
l'intérêt du consommateur s'améliorer
considérablement. On peut bien parler des mammouths, mais le mammouth
n'existe pas pour le mammouth. Normalement, toute cette réforme a pour
seul but de mieux servir les consommateurs de services financiers, ceux qui
achètent des produits d'institutions financières, qu'il s'agisse
d'assurances, de fiducie, de valeurs mobilières ou autres, ou encore qui
demandent des conseils. L'intérêt premier, c'est celui du
consommateur.
Le deuxième, c'est l'intérêt de
l'économie,
puisqu'il s'agit actuellement d'instruments financiers qui vont servir
à des placements, à des investissements pour aider les
entreprises qui ont besoin de financement, alors que les consommateurs ont
besoin habituellement de placer leurs épargnes pour avoir les meilleurs
avantages possibles en fonction de leurs besoins spécifiques qui varient
selon le temps, l'âge et leurs positions particulières. Plusieurs
situations qui ont été décrites dans le document montrent
que le consommateur n'est pas bien protégé actuellement. À
plusieurs endroits on le remarque. Je n'aurai pas le temps de le souligner au
cours des quelques minutes qui me sont allouées, mais on remarque cela
à plusieurs endroits dans le volume.
De plus, certaines voies suggérées par le ministre ne vont
pas dans le sens d'une meilleure protection du consommateur. Bref, les mesures
qui seront prises en vue du décloisonnement des intermédiaires
financiers, devront d'abord servir les intérêts du consommateur,
soit une meilleure protection de celui-ci, mais aussi lui donner accès
à des produits plus conformes à ses besoins, au meilleur
coût possible.
La réforme devra renforcer également la
spécificité québécoise au chapitre des institutions
financières. Les mesures qui ont été adoptées par
le gouvernement du Parti québécois au début des
années quatre-vingt, pour élargir les activités des
institutions financières, démontraient la volonté du
Québec de maintenir des institutions financières solides et
capables de répondre aux besoins de l'économie du Québec,
qui est caractérisée par une structure économique
basée sur les petites et moyennes entreprises. Ce sont celles qui ont
surtout besoin de financement actuellement, non pas que les grosses n'en aient
pas besoin, mais habituellement, elles peuvent mieux s'ajuster.
L'économie du Québec doit compter sur ses propres ressources pour
se développer et dans ce sens, un secteur financier fort et dynamique
est une des conditions de succès pour le développement de
l'entreprise québécoise.
On a constaté, au cours des dernières années, par
toutes sortes d'initiatives qui ont permis le développement de certains
types d'institutions, que les gens au Québec sont prêts à
investir dans le développement des entreprises de leur région ou
du Québec, mais qu'ils ont besoin des institutions et des instruments
pour le faire, et surtout, d'une surveillance gouvernementale, non pas à
retardement, mais qui arrive au bon moment. On a remarqué que la
surveillance gouvernementale dans le passé - et je n'en fais pas une
question politique, puisque cela s'est étalé dans le temps - a
été souvent à retardement. On réagissait quand tout
le monde le savait, et c'était un peu tard. Je peux donner deux exemples
concrets. Les caisses d'entraide économique où les avertissements
et les décisions auraient dû arriver plus rapidement.
Deuxièmement, concernant les courtiers d'assurances, quand on se rend
compte seulement 20 ans après qu'un organisme est illégal depuis
le début, il me semble qu'au niveau du gouvernement, la surveillance
prend du temps à arriver. On dit souvent que la justice a le bras long,
mais il faudrait qu'elle l'étende de temps en temps.
Si la surveillance du gouvernement veut être respectée, il
faut aussi qu'elle surveille vraiment et qu'elle réagisse en temps utile
et qu'elle permette des corrections aussi en temps utile, plutôt que cela
arrive trop tard. Pas trop tard, mais tard dans le temps. Pas
nécessairement trop tard, mais tard dans le temps. Les nombreuses
demandes de chartes québécoises depuis quelque temps, y compris
de puissants groupes comme Power Corporation, ainsi que l'action de plusieurs
entreprises québécoises contre la réforme du gouvernement
fédéral témoignent de la vitalité, du dynamisme et
du caractère unique du système québécois. Cela
montre que l'orientation donnée à la réforme des
institutions financières par le gouvernement du Parti
québécois était la bonne. Cela montre également que
l'application de la loi 101 a permis, dans le domaine des institutions
financières comme dans d'autres domaines, aux gens de langue
française de prendre des postes de commande un peu partout dans le
secteur financier. (10 h 45)
Je pense que l'une des causes qu'on ne mentionne pas souvent - ce n'est
pas seulement les lois financières - mais surtout le fait qu'il y a eu
des lois sur l'usage du français, langue de travail, dans
différentes institutions. Cela aurait-il amené le
déménagement de sièges sociaux qui n'ont pas
été capables de s'adapter? On a vu à l'époque que
certaines entreprises ont voulu s'en aller, mais cela a aussi permis à
d'autres de prospérer, de s'adapter. Encore là, il peut arriver
que des mammouths aient de la misère à se déplacer dans le
cadre de leurs activités. En ce sens, le ministre actuel a
été plus timide, plus hésitant. Pourquoi, après
deux ans et demi de pouvoir libéral, a-t-on attendu l'adoption de
plusieurs lois afin de poursuivre cette réforme? Des lois qui, nous
dit-on de toutes parts, sont prêtes depuis plusieurs années.
La compétence intermédiaire. La situation actuelle
reflète une faiblesse évidente du point de vue de la formation de
certains intermédiaires. À la limite, le consommateur peut subir
les conséquences de cet état de fait. On remarque, par exemple,
au chapitre de l'assurance des personnes et des dommages, que les compagnies
ont une liberté d'action sur le contenu des programmes de formation. On
dit que les petites firmes n'ont pas les moyens de mettre en oeuvre des
programmes, mais seulement d'engager des gens déjà
formés.
Concernant les experts en sinistres, les exigences au point de vue de la
scolarité ne sont pas très élevées. Pour
l'estimateur, on dit qu'il n'est pas nécessaire de terminer le
secondaire V, alors qu'au gouvernement, par exemple, un
garçon d'ascenseur a quasiment besoin d'une onzième
année. Il faudrait voir la relation entre les choses et la formation qui
est nécessaire dans le domaine relatif aux institutions
financières, alors que le secondaire V est exigé à peu
près partout dans des emplois qui devraient normalement exiger moins de
formation académique. On exige une formation académique un peu
partout. Les responsabilités de l'État à ce niveau doivent
établir des normes minimales, surtout dans la perspective du
décloisonnement, où des institutions et leurs
représentants pourront offrir de nouveaux services à leur
clientèle.
Quant aux institutions d'enseignement, est-il possible que le
ministère de l'Éducation offre des programmes complets en
assurances, en valeurs mobilières, en courtage immobilier, en
planification financière, etc.? Quels sont les programmes actuellement
disponibles dans le réseau du ministère de l'Éducation du
Québec d'après l'inventaire des ressources? Il ne s'agit pas
seulement de dire qu'on va le faire. Je sais qu'au Québec, on a souvent
dit: II va falloir faire cela. Prenons la formation en audiovisuel. Tout le
monde s'est garroché dans l'audiovisuel et on a oublié de
continuer d'apprendre à écrire. Je ne suis pas convaincu qu'on
est devenu meilleur dans l'audiovisuel pour remplacer tout ce qu'on devait
remplacer avec cela. Il est arrivé souvent qu'on a pris des virages
rapides et qu'on n'avait pas nécessairement la quincaillerie pour
supporter le virage et ce, à tous les niveaux.
Bref, il est essentiel de rehausser la qualité de la formation de
ceux qui exercent les fonctions de conseil et de vente dans le domaine des
produits financiers, afin que le consommateur puisse bénéficier
réellement du décloisonnement. Mais il faut voir aussi quelles
sont les ressources qu'on a pour le faire et de quelle façon on va le
faire, pour que ce soit le plus efficace et le plus économique
possible.
Concernant les conflits d'intérêts, plusieurs questions
méritent une attention particulière dans l'intérêt
du consommateur. Par exemple, concernant les experts en sinistres, les
intérêts des consommateurs sont-ils bien servis lorsque l'expert
en sinistres est à l'emploi de l'assureur, c'est-à-dire qu'il
représente les deux parties, l'assureur et l'assuré, ou lorsqu'il
est rémunéré à commission, lorsque des courtiers
exercent des activités normalement réservées aux experts
en sinistres? Dans quel cadre, selon quelles balises ces fonctions
devraient-elles être exercées si on va dans le sens où il
n'y a pas de contrôle des activités de cette pratique? Ce ne sont
pas des pratiques qui sont très contrôlées à l'heure
actuelle, et il y a un principe qui veut que c'est difficile de faire en sorte
que quelqu'un soit bien représenté lorsqu'il a un
intérêt différent de la compagnie de laquelle il
réclame un dommage, parce que l'intérêt de la compagnie,
c'est de payer le moins cher possible normalement, et l'intérêt de
l'assuré, c'est d'avoir le plus gros montant possible.
Concernant la rémunération, la non-divulgation du
pourcentage de commission, est-ce que cela ne peut pas être une source de
conflit d'intérêts et relever d'une mauvaise information au
client? Dans le domaine du courtage immobilier, par exemple, tout le monde sait
quel est le pourcentage. C'est clair, c'est connu, c'est dans telle et telle
condition. Dans le cas des valeurs mobilières, c'est connu aussi. Je
pense bien qu'il n'y a pas de gêne à dire que quelqu'un est
payé pour travailler. Au contraire, je pense que c'est correct et
normal, parce que la plupart des revenus aujourd'hui sont presque publics. Un
grand nombre de revenus sont publics.
Le partage des commissions. De quelle façon le partage des
commissions va-t-il dans le sens des intérêts des consommateurs?
Les commissions de référence. Comment rémunérer le
dépistage des clients, les ventes liées? J'ai entendu le ministre
qui a pris position là-dessus. Je suis content de l'entendre prendre
position. Ce n'est pas une question d'être d'accord ou pas, mais je pense
que c'est important qu'il prenne position. Peut-on les éviter ou doit-on
les interdire complètement? Le ministre vient de prendre position en
disant qu'il veut les interdire.
La distribution des services. L'utilisation des réseaux pour
promouvoir les services d'autres institutions. La divulgation de l'information
personnelle. Le consentement écrit du client, tel que proposé par
le document, est-il suffisant? Les prises de participation. Il est essentiel
que le consommateur soit averti des liens commerciaux entre les
institutions.
Concernant la planification financière et la
nécessité d'une réglementation dans ce secteur. J'aimerais
bien - je ne sais pas et on n'en a jamais reparlé - savoir, en ce qui
concerne les institutions financières, si on a lu le rapport
d'enquête sur Madelipêche. Même s'il portait sur
Madelipêche, il concernait très peu la pêche en
réalité, puisqu'il y avait une ou deux recommandations concernant
la pêche, alors que 80 % ou 90 % des autres recommandations portaient sur
les institutions financières et notamment sur les conflits
d'intérêts et les actions qui pouvaient aller à rencontre
de l'intérêt des gens qui auraient dû être au courant
des décisions qui ont été prises en fonction de
l'intérêt particulier d'initiés et non de
l'intérêt général. Là-dessus, il n'y a pas eu
de réponse jusqu'à présent. Mais il devrait y en avoir.
C'est une enquête publique qui a été faite et qui concerne
principalement les institutions financières et les professionnels du
domaine des finances et de la comptabilité, ou les différentes
fonctions qu'on peut y jouer, les différents chapeaux qui peuvent
être portés par des gens dans des activités, dans des
services professionnels et financiers.
Concernant la planification financière et la
nécessité d'une réglementation du secteur. Les exemples de
fraude et de conflits d'intérêts cités dans le document
sont éloquents à cet égard.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse. M. Garon:
J'achève.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste trois minutes, M.
le député de Lévis. C'est simplement pour vous le
rappeler.
M. Garon: En ce qui concerne l'autorégle-mentation dans le
secteur, ne serait-il pas opportun qu'il y ait une période de transition
avant d'y arriver, considérant l'absence de codes de déontologie
et de groupes bien organisés dans ce secteur? Il s'agit d'un secteur
nouveau qui n'a jamais été encadré. De qui doit relever la
responsabilité de la surveillance et du contrôle de ce secteur de
planification financière? De la Commission des valeurs mobilières
du Québec? De l'Inspecteur général des institutions
financières, ou d'autres?
Concernant l'élargissement des activités et le cumul des
permis. Comment le ministre évalue-t-il l'expérience dans le
secteur des assurances et du cumul des certificats? Les risques de conflits
d'intérêts sont réels. Dans les cabinets
multidiscipfinaires, c'est la voie suggérée par le document,
quelle sera la réglementation appropriée pour éviter les
conflits d'intérêts. Le document suggère que les cabinets
ne s'adressent qu'aux intermédiaires indépendants exerçant
dans l'assurance, les valeurs mobilières, le courtage immobilier et la
planification financière. Concernant la valeur mobilière, en
raison de la nature de cette activité, les risques sont
élevés et il y a une grande complexité des services.
N'est-il pas opportun de maintenir un certain degré de cloisonnement,
sans mettre de côte le décloisonnement?
Le cumul des permis est-il souhaitable, et s'il est souhaitable, dans
quel cadre? Ce secteur aura pu faire l'objet d'une analyse plus complète
dans le document: la responsabilité de l'État, l'importance de
bien définir le rôle et les nouvelles responsabilités de
l'État au plan de la formation, au plan de la réglementation.
Peut-être doit-on envisager une réglementation plus serrée
au départ afin de créer un climat de confiance. Quant aux
faiblesses du document, on doit constater qu'il y a une concentration
très forte. L'analyse du secteur des institutions de dépôts
- les caisses d'épargne et de crédit, les sociétés
de fiducie et les caisses d'entraide - est très faible. Sur les valeurs
mobilières, il y a cinq pages. Pourtant, c'est un secteur très
complexe et varié. Concernant les planificateurs financiers, il y a une
trentaine de pages pour un secteur qui n'est pas réglementé ni
encadré et en pleine croissance depuis quelques années. Avec les
analyses de fraudes citées dans le document, on aurait dû avoir
droit à une analyse plus serrée et plus critique.
Bref, la réflexion est incomplète. Elle va mener à
une réforme incomplète et pleine de dangers potentiels. Il y a
beaucoup d'interroga- tions et beaucoup de trous noirs dans le document.
Comment se fait-il que l'Inspecteur général des institutions
financières n'ait pas soumis de mémoire ou présenté
sa vision à ce sujet? C'est un organisme autonome, croit-on. C'est un
sujet qui devrait l'intéresser au premier chef.
Le ministre a-t-il fait tous ses devoirs? A-t-il pris cette
réforme au sérieux? A-t-il fait le tour du problème? Les
secteurs fondamentaux des cloisonnements ne seront pas entendus. Que l'on
regarde - je terminerai là-dessus - les assurances. Il y a 19
intervenants, soit 59 % du secteur qui est mieux couvert que les autres et dont
le débat se poursuit depuis déjà plusieurs années.
Dans les institutions de crédit, banques et caisses, deux intervenants
seulement. Dans la planification financière, quatre intervenants
seulement. Dans les valeurs mobilières et immobilières, cinq
intervenants seulement. Dans les autres secteurs, seulement deux intervenants.
Ce qui veut dire que 60 % des intervenants sont dans le secteur des assurances,
et le reste est beaucoup moins couvert par les mémoires et par le
document lui-même, lequel était très succinct.
M. le Président, notre but est d'entendre les gens, de leur poser
des questions pour connaître davantage leurs pensées au sujet de
cette réforme. Nous voulions faire ces quelques remarques
préliminaires, parce que pendant les quatre prochains jours, ce seront
les gens qui viendront nous rencontrer qui auront la parole.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Nous allons maintenant entendre le
mémoire présenté à la commission par le
Regroupement des cabinets de courtage d'assurance du Québec. Je demande
aux représentants de l'organisme de bien vouloir prendre place à
la table des témoins. Ce regroupement compte au-delà de 700
cabinets et emploie 2400 courtiers d'assurance de dommages. Il a
été constitué en 1985. Il prenait ainsi la relève
de la Fédération des courtiers d'assurance du Québec.
Est-ce que le porte-parole de l'organisme voudrait bien s'identifier s'il vous
plaît, et présenter les membres qui l'accompagnent?
Auditions
Regroupement des cabinets de courtage d'assurance du
Québec
M. Bernard (Léon): Mon nom est Léon Bernard,
président du Regroupement des cabinets de courtage du Québec.
À mon extrême gauche, M. Jean-Marie Derome, directeur
général du même organisme.
Le Président (M. Lemieux): Pardon? Vous avez dit M.
Derome?
M. Bernard: Jean-Marie Derome.
Le Président (M. Lemieux): Merci
M. Bernard: Le suivant est M. Pierre
Pelland, vice-président du même organisme.
Immédiatement, à ma gauche, Me André Bois, notre
conseiller juridique.
Le Président (M. Lemieux): Messieurs, je voudrais vous
rappeler brièvement les règles de l'audition. Vous avez 20
minutes pour présenter votre mémoire qui est quand même
assez volumineux. Suivra une période d'échanges de propos de 40
minutes avec les membres de la commission. Comme je pense que 20 minutes ne
seront pas suffisantes pour lire en partie votre mémoire,
peut-être pourriez-vous vous attarder aux principaux
éléments favorables ou défavorables, ou aux nouvelles
demandes relativement au décloisonnement des institutions
financières, sur ce qui vous préoccupe d'une manière plus
particulière ou qui vous touche plus précisément?
Je tiens à vous souligner que l'ensemble des parlementaires ont
pris connaissance de votre mémoire ainsi que M. le ministre, qui en a
fait une analyse détaillée. À la suite de cela, nous
favoriserons davantage l'échange de vues. Vous avez la parole.
M. Bernard: M. le Président, il n'est pas de notre
intention de lire ce mémoire. En premier lieu, permettez à notre
regroupement de remercier ce gouvernement de lui permettre de présenter
sa position, à la suite de la présentation du livre vert sur le
décloisonnement des intermédiaires et, en même temps, de
faire valoir le bien-fondé de ses positions. (11 heures)
En deuxième lieu et afin de démystifier la
duplicité d'associations chez les courtiers d'assurance de dommages,
voici la différence fondamentale entre ces deux associations:
l'Association des courtiers d'assurances du Québec et notre association.
L'Association des courtiers d'assurances du Québec a pour mission la
formation, l'accès à la profession, la déontologie et
l'éthique, donc, à toutes fins utiles, de voir à la
protection de l'intérêt général du public. Au RCCAQ
- sigle pour le Regroupement des cabinets de courtage d'assurance du
Québec - notre mission est tout autre. Notre mission est de voir
à la sauvegarde de l'intérêt économique de nos
membres. Mais attention! Ne vous méprenez pas! Nous sommes avant tout
des courtiers soumis aux mêmes règles de l'ordre, donc en
définitive, voués à la protection du grand public. Mais
à l'intérieur de cette protection, nous nous devons de voir
à ce que nos cabinets membres puissent survivre. Nous nous devons de
voir à ce que nos PME continuent d'exister.
Évidemment, nous voulons participer pleinement au
décloisonnement des institutions financières. Nous voulons donc
en faire partie. Nous ne voulons pas être laissés pour compte. Je
vous ai déjà indiqué que le regroupement est à
votre disposition et qu'il participera pleinement à ce
décloisonnement. Par contre, nous nous opposerons farouchement à
la création de mammouths tellement gros et tellement difficiles à
bouger que, lorsqu'ils posent un pied quelque part, s'ils le posent dans notre
jardin de rosiers et qu'ils s'y enlisent, ce sera peut-être notre
disparition.
Souvenez-vous il y a peut-être 10 000 000, 15 000 000 ou 20 000
000 d'années, il y avait des dinosaures et la "gang" dont les noms
finissaient en "saures" qui ont régné et qui sont disparus.
Combien en ont-ils entraîné avec eux? Nous ne le savons pas. On ne
voudrait pas aujourd'hui qu'ils entraînent nos 2450 PME, nos 20
000 emplois. Où serait la protection du consommateur? Nous y sommes
voués. Quelqu'un soulevait tout à l'heure le point que le
gouvernement bouge de temps en temps, mais il est peut-être trop tard
quand il bouge. La question vous est lancée. Je demande
immédiatement à notre conseiller, Me Bois, de vous résumer
le mémoire.
Le Président (M. Lemieux): Me Bois, s'il vous
plaît.
M. Bois (André): Oui, merci. Je vous renvoie à la
table des matières pour la brève synthèse que je vais en
faire. On désire insister sur la teneur de l'introduction qui
énonce en quelques pages le contexte dans lequel s'insère la
réforme qui est proposée.
Les courtiers du regroupement sentent bien, puisqu'ils ne sont que des
intermédiaires, c'est-à-dire pris en sandwich entre les
producteurs de services financiers et les consommateurs, qu'une partie du
changement résulte de l'impulsion et des pressions faites par les
producteurs de services financiers. Dans l'introduction, vous voyez, il y a
quatres titres ou quatre facteurs qui sont soulignés. Le premier
facteur, où on parle du taux de bancarisation élevé des
ménages, c'est-à-dire la pénétration
complète ou l'occupation complète du marché du
dépôt et du crédit. Nous le soulignons uniquement pour
indiquer que nous percevons maintenant une concurrence très vive entre
les institutions financières, soit pour recueillir les
dépôts ou pour prêter l'argent. Quand on parle
d'institutions financières ici, on en parle au sens très large.
Il peut s'agir de compagnies d'assurance-vie autant que de caisses populaires
ou de banques. Alors, on n'est plus il y a 50 ans où le marché
n'était pas totalement occupé. Il n'y a plus personne
aujourd'hui, sauf ceux qui veulent éviter le fisc, qui n'a pas au moins
un petit dépôt ou au moins un compte de banque. Une concurrence
très vive, donc.
Le deuxième facteur - et vous allez voir où cela va nous
amener pour les intermédiaires - est la banalisation des
opérations de dépôt et de crédit. Ce que nous
disons, c'est que les institutions de dépôt et de crédit,
ayant maintenant recours au guichet automatique, ont donc
à faire face au phénomène suivant: les gens n'ont
plus à aller dans les succursales bancaires et ne sont plus
exposés à la sollicitation des succursales bancaires pour un
emprunt ou pour acheter des rentes. Autrement dit, on va au Provi-Soir ou au
coin de la rue, et on fait ses transactions bancaires. N'étant plus
exposées à la sollicitation de la banque ou de la caisse de
dépôt et de crédit, ces institutions deviennent alors
exposées à la concurrence des compagnies d'assurance-vie qui
recueillent elles aussi des dépôts sous d'autres formes. Il en
résulte quoi? Une "insécurisation" des employés
d'institutions bancaires et un problème de rentabilité des
institutions de dépôt.
Cela nous amène au quatrième point: "Nouvelles
stratégies des institutions financières". Ce que nous comprenons
dans ce nouveau contexte, c'est que les institutions financières, et
principalement les institutions de dépôt et de crédit,
demandent de pouvoir distribuer de nouveaux produits pour fidéliser les
clients qu'elles ont déjà dans le domaine du dépôt
et du prêt. Elles demandent de vendre de l'assurance qui est un produit
complexe par opposition au produit banalisé qui est le retrait au
comptoir ou le virement de compte; elles demandent donc de vendre de
l'assurance-vie ou de l'assurance-dommages pour fidéliser la
clientèle. Selon nous, c'est dans ce contexte que la réforme
s'insère.
Cela nous amène donc au premier point: "L'élargissement
des champs de pratique". Comme il semble que la législation tend vers
l'attribution de plusieurs pouvoirs aux producteurs de services financiers, les
intermédiaires n'ont pas le choix. Ils demandent eux aussi de pouvoir
servir de véhicules polyvalents pour des producteurs polyvalents.
L'institution financière étant un producteur, son distributeur
demande lui aussi d'être aussi polyvalent.
Cela nous amène au cumul de permis. Le regroupement demande qu'il
y ait permission de cumul de permis, et est d'accord avec les propositions du
document de consultation en ce sens. Nous demandons dans le mémoire que
la réglementation ou la législation sur cette question soit la
plus souple possible, pas trop rigide pour que, dans cette phase initiale du
décloisonnement des intermédiaires, on laisse place à
l'imagination et à l'initiative des intermédiaires. C'est un
nouveau domaine, un nouveau champ, une nouvelle réalité. Si on ne
veut pas inhiber les initiatives heureuses, il y aurait lieu que la
législation ne soit pas trop contraignante.
Toujours sur le cumul des permis, on veut uniquement attirer votre
attention sur deux activités où les courtiers du regroupement
demandent la possibilité d'avoir un permis. Ce sont le prêt
hypothécaire et la cueillette de dépôts constatés
par des titres, comme des certificats de dépôt. Nous en parlons
dans notre mémoire. Il y est fait brièvement allusion dans le
document de consultation. À ce propos, je vous réfère au
titre 1.2.2. Nous demandons, contraire- ment à ce qui est
suggéré dans le document de consultation, que les courtiers
puissent représenter plus d'une institution financière. Dans le
document de consultation - pour l'instant c'est uniquement une suggestion - il
est suggéré que les agents et les courtiers d'assurance-vie qui
représenteraient des prêteurs hypothécaires ou des
compagnies qui leur confient la collection de dépôts
constatés par des titres, soient liés par des contrats
d'exclusivité, vu que les courtiers, par définition, sont des
représentants indépendants. Ce serait contraire à leur
mentalité, à l'image qu'ils ont auprès de leur
clientèle et également à certains impératifs de
marchés qui sont énoncés dans le mémoire que de les
lier exclusivement à une compagnie.
Cela nous amène au deuxième point: "Les réseaux de
distribution". Sans vouloir faire dériver le débat aujourd'hui
sur ce point, puisque ce n'est pas nécessairement le point essentiel de
la consultation, le mémoire du regroupement dit qu'on comprend que les
réseaux signifient, par exemple, au plan des biens tangibles, que les
stations de service Esso puissent vendre, dans leurs dépanneurs,
certains produits de mécanique d'une autre compagnie, ou que les
stations Irving puissent vendre les patates frites d'Irving au
Nouveau-Brunswick. Autrement dit, la synergie entre diverses compagnies d'un
même groupe. Ce modèle, qui existe déjà dans la
distribution de biens tangibles, nous le comprenons, nous convions le
gouvernement ou l'Assemblée nationale à ne pas forcer
indûment ce modèle en matière d'institutions
financières, pour deux raisons.
La première raison, c'est que dans la distribution de produits
financiers, il y a un aspect conseil. Quand j'achète mes frites à
la station d'essence, je n'ai pas besoin de conseil sauf de lire le nombre de
grammes et la teneur en graisse. Mais quand on achète des produits
financiers dans un réseau de distribution, il y a un
élément conseil.
Le deuxième point que nous soulignons c'est le climat de
concurrence. Nous soulignons certaines mises en garde formulées dans un
document du Conseil économique du Canada, publié en 1986, sur le
danger de ce qu'on appelle en anglais des "lost leaders". En ce sens que, par
exemple, une banque à charte - parce qu'il faut arriver à cela -
ou une caisse populaire, pour attirer les clients vers l'opération
dépôt ou l'opération prêt, tarifie l'assurance
à des prix visant à accaparer le marché. On parle
justement du mammouth de tout à l'heure. Le danger est qu'en enlevant la
clôture, le mammouth puisse terrasser les petits mammouths qui sont dans
l'autre pacage.
Nous concevons bien que les institutions financières
québécoises ont le droit de prendre leur place sur le
marché international comme La Laurentienne l'a fait. Mais quand il y a
une autre institution financière, qui représente 35 000 000 000 $
d'actifs, alors que la Banque
Royale a des actifs canadiens qui, sauf erreur, ne dépassent pas
65 000 000 000 $ - je ne parle pas d'actifs mondiaux, mais d'actifs canadiens -
on est très près du mammouth qui est dans un pacage trop petit et
qui a besoin de sortir dans un autre jardin au lieu d'écraser les petits
à côté.
Nous comprenons que La Laurentienne puisse - puisque c'est
déjà de toute façon inscrit dans l'actuelle Loi sur les
assurances, à l'article 33 - avoir besoin de se servir de son
réseau pour vendre d'autres produits de son conglomérat. Nous
comprenons cela. Nous disons cependant: S'il vous plaît, dans votre
réforme, prévoyez une transition ou prévoyez les impacts.
Nous sommes sur le point d'ouvrir les vannes d'un grand barrage. Regardez dans
quel sens va déferler la crue et qui elle emportera sur son passage. Les
dernières pousses ou les vieux arbres qui ne méritent plus de
vivre?
Cela, c'est pour les réseaux. Sur la rémunération,
la position du regroupement est de dire: Oui, bravo. Le partage des
commissions, nous sommes d'accord. Il n'y a pas de décloisonnement
possible, de travail et de mise en commun des efforts des divers
intermédiaires sans partage de commissions. Mais là aussi, nous
demandons à l'Assemblée nationale et au gouvernement: S'il vous
plaît, soyez souples dans votre réglementation. On sait que le
partage de commissions est une phase initiale dans i'association de divers
professionnels.
Pour parler à ceux ici qui sont avocats, notaires ou
ingénieurs, on sait qu'il existe des formes d'associations nominales
où on partage des locaux ou quelques services. Le partage de commissions
entre divers professionnels peut prendre toutes sortes de formes et peut se
produire en espèces. Une réglementation trop contraignante
pourrait décourager ces formes de collaboration. Nous demandons
également et c'est bien souligné dans le mémoire, que le
taux de partage ne soit pas réglementé. Le regroupement comprend
bien qu'il y a un risque à ne pas réglementer le taux de partage
parce qu'il pourrait se camoufler de la pratique illégale en
arrière d'un certain partage de commissions. Mais quand on met dans la
balance l'objectif recherché, qui est de faire travailler plusieurs
professionnels ensemble, il me semble, encore une fois, que dans la phase
initiale de mise en oeuvre de la réforme, il faudrait d'abord
privilégier les associations.
Pour la divulgation des pourcentages de commissions, sujet très
sensible, pour l'instant, le regroupement dit non sans qu'il y ait
d'étude et voici pourquoi. Nous comprenons que dans la distribution des
valeurs mobilières, le problème ne se pose pas. Règle
générale, les compagnies qui se financent par émissions de
titres ne les distribuent pas elles-mêmes. Quand la Banque Royale
distribue ses titres, elle a recours à un courtier. Tandis qu'en
assurances, 15 % du volume de primes est distribué directement par
l'assureur. Alors, comment les courtiers ou les agents indépendants
vont-ils souffrir la comparaison avec les compagnies d'assurances
générales qui distribuent directement, qui, apparemment, n'ont
pas de commission, mais qui ont des frais de distribution? (11 h 15)
Le courtier qui emploie un ou une secrétaire, qui paie les pieds
carrés pour le bureau, fait ce que la compagnie d'assurances Wawanesa ou
Bélair fait, il se garde une petite marge de profit. Il y aurait une
comparaison injuste parce que la compagnie souscrit en direct. Celle qui
souscrit, même dans la caisse, ne paie pas de pieds carrés de
plancher, ou le paie à rabais. Comment le courtier pourrait-il souffrir
la comparaison? Il pourrait y avoir des comparaisons malhonnêtes. On
demande de pousser l'étude au lieu d'adopter immédiatement la
mesure.
Quant à l'autoréglementation, le regroupement a simplement
souligné que les propositions là-dessus relèveraient
normalement de l'association, sur le mérite de la solution, mais nous
soulignons quand même que si c'est l'intention du gouvernement de
proposer une législation qui instituerait un conseil des assurances,
nous demandons que le regroupement des cabinets de courtage, l'organisme que je
représente, soit une entité qui fasse partie du conseil. Le
regroupement, comme M. le président Bernard l'a dit, représente
les entreprises de courtage, et non les individus. Dans un contexte de
multidisciplinarité, il sera essentiel que ces entreprises soient
représentées.
Nous demandons également que la formule de tutelle administrative
que le gouvernement pourrait exercer sur ce conseil ne dépasse pas les
deux mesures qui suivent. Premièrement, comme c'est le cas pour les
autres organismes de réglementation, approbation des règlements
sans modification. Deuxièmement, on sait que dans le projet de loi de
1985, il était proposé que l'association - parce que
c'était l'association à l'époque - adopte ses
règlements, mais le gouvernement, par décret, pouvait modifier ce
qui était proposé par l'association. Quant à nous, c'est
une façon de renier l'autoréglementation, en pratique. L'autre
moyen de tutelle qu'on propose, on comprend également que l'Inspecteur
général des institutions financières, comme il a
déjà un pouvoir de surveillance bien défini, ait dans des
cas extrêmes le pouvoir de se substituer à l'organisme
d'autoréglementation en cas d'omission d'agir de ce dernier.
Un dernier point - je termine là-dessus - sur la
propriété des cabinets, parce que j'ai omis le quatrième
titre. Sur la propriété des cabinets de courtage, voici ce que
nous demandons. Les courtiers veulent demeurer indépendants, et cette
indépendance est incompatible avec un contrôle des cabinets par
des assureurs ou des institutions financières. Dans le mémoire,
nous suggérons que les institutions financières, cela regroupe
les assureurs autant que les
banques ou les compagnies de fiducie, ne puissent pas détenir
plus de 49 % des actions de toute classe émises par un cabinet de
courtiers corporatif. Quant aux 51 %, les courtiers disent: N'importe qui
pourrait les détenir, cela pourrait être le boulanger du village,
le concessionnaire automobile, cela peut être ouvert, pourvu que le
cabinet soit administré par des gens titulaires de permis.
Nous insistons sur toutes les institutions financières - parce
que cela ne se retrouve pas dans d'autres mémoires - parce que nous
envisageons un jour, qui n'est pas éloigné, où les
cabinets d'assurances distribueront autre chose que de l'assurance, pourront
vendre des prêts hypothécaires, puisque c'est ce que nous
demandons. Il serait impensable, puisque nous demandons de ne pas être
liés par des contrats d'exclusivité, d'être la
propriété exclusive ou contrôlée par une institution
financière. À l'intérieur de ces 49 %, nous disons qu'une
même institution financière ou plusieurs institutions
financières relevant d'un même conglomérat, ne pourrait pas
détenir plus de 20 % du capital. Par exemple, la Royale et la Compagnie
d'assurance du Québec qui sont de la même famille, ne pourraient
pas, ensemble, détenir plus de 20 % d'une même classe d'actions.
Ou encore, La Laurentienne générale ne pourrait pas se combiner
avec toutes les compagnies du conglomérat de La Laurentienne pour
détenir 60 %. Les compagnies du groupe La Laurentienne ne pourraient
détenir que 20 % cumulativement.
Voilà notre exposé. Nous sommes maintenant prêts
à répondre aux questions.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, Me Bois. Vous
avez été d'un respect, je dirais proverbial, en ce qui concerne
le temps. Vous avez pris exactement 20 minutes et vous nous avez fait un
excellent résumé de votre mémoire. M. le ministre, vous
avez la parole.
M. Fortier: Merci, M. le Président. J'aimerais
féliciter le regroupement parce qu'il s'agit d'un excellent
mémoire. On voit que lorsque vous faites quelque chose, vous pouvez
mettre toute votre ardeur à travailler dans un sens ou dans un autre.
Dans ce cas-ci, c'était de travailler en faveur du
décloisonnement à certaines conditions que vous mettez de
l'avant, mais on voit que vous avez réfléchi et que vous
êtes déterminés. D'ailleurs, comme vous l'avez dit, vous
représentez la très grande majorité des cabinets de
courtage, surtout les plus petits et vous le faites dans un sens de promotion
économique. Et on voit que c'est votre préoccupation qui vous a
amenés à faire les propositions qui sont ici.
Bien sûr, j'ai pris connaissance du mémoire. J'ai lu
l'introduction. J'y vois un peu de contradiction dans la mesure où, au
début, vous insistez beaucoup sur le fait que la clientèle ne va
plus dans les banques, ne va plus dans les caisses populaires et je crois que
vous notez là une particularité du monde moderne qui va aller en
s'accentuant. Personnellement, je ne vais jamais à ma banque pour aller
chercher des sous ou même pour en déposer parce que je peux le
faire à distance d'une autre institution et quelquefois non pas de la
succursale où je vais.
Sur l'élargissement du champ de pratique - on va prendre les
points un par un, assez brièvement malheureusement. On n'a pas beaucoup
de temps et j'aimerais laisser un peu de temps à mes collègues -
vous vous dites favorables à leur élargissement et j'ai pris
note, avec beaucoup d'attention, de votre suggestion touchant le courtage
immobilier. Je crois que cela demanderait, bien sûr, un amendement a la
loi qui est sous la tutelle de mon collègue, le ministre de la Justice.
Mais je crois que vous touchez un point important parce que dans le fond vous
dites: On n'est pas tellement intéressés à faire du
courtage. Ce qu'on serait intéressés à faire ce serait du
courtage dans le domaine hypothécaire comme tel. Autrement dit, ce n'est
pas tellement la vente ou l'achat des maisons qui vous intéresse, mais
c'est plutôt d'être agents pour des institutions financières
dans le financement de l'hypothèque lorsque cette transaction-là
est faite. J'en prends note. Pour ma part, je suis très réceptif
à cette suggestion. On va examiner le détail. D'autant plus qu'en
ce qui concerne la protection du consommateur, dans ce cas-ci - parce que vos
bureaux de courtage ne sont pas tellement fortement capitalisés - il ne
peut pas arriver quoique ce soit qui irait à rencontre de
l'intérêt d'un particulier parce que en définitive il faut
passer devant un notaire et tout cela est protégé par un acte
notarié éventuellement. Donc, il y a protection du
consommateur.
En ce qui concerne votre commentaire sur la cueillette des
dépôts, je vais vous dire quelle est ma préoccupation et je
vais vous écouter. Lorsqu'on a suggéré dans le document
que vous devriez être mandataires d'une institution financière,
c'est que, comme vous le savez, le gouvernement et tous les gouvernements, je
crois, sont très chatouilleux sur la collecte des dépôts
parce qu'on veut que ces dépôts soient entre les mains
d'institutions financières qui sont garanties en particulier par la
Régie de l'assu-rance-dépôts du Québec, puisque si
une institution financière fait défaut, la régie du
Québec, en particulier, garantit jusqu'à 60 000 $. Comme raison
vous me dites: Nous pourrions prévoir une disposition voulant que si les
courtiers d'assurances prennent cette collecte de dépôt... Et je
sais que lorsque vous vous y mettez vous pouvez aller chercher des montants.
Entre autres, un courtier peut aller chercher très facilement 500 000 $
à 1 000 000 $ s'il va chercher des REER aux mois de janvier et
février.
Dans le cas d'un REER, encore là c'est protégé.
Mais dans le cas d'un dépôt, notre inquiétude serait qu'un
courtier parte avec la caisse. Autrement dit, il n'y a pas de protection pour
le consommateur. Tandis que si vous
étiez - et je sais bien que cela va à rencontre de votre
mission qui est de représenter plusieurs institutions - mandataire d'une
institution, si un courtier faisait défaut de protéger le
dépôt du client, nous, nous pourrions toujours nous en prendre
à l'institution financière elle-même. Autrement dit, le
client serait toujours protégé par l'institution
financière qui est sous l'autorité de l'Inspecteur des
institutions financières et qui est protégée par la
Régie de l'assurance-dépôts du Québec. C'est le
problème que j'y vois et c'est toujours le même dilemme qu'on y
voit lorsqu'il s'agit de faire du courtage de dépôts comme
tel.
En ce qui concerne les réseaux de distribution, j'ose
espérer que le projet de loi touchant les caisses d'épargne et de
crédit va être déposé avant l'ajournement de la
session. Je veux préciser immédiatement que je demanderai au
leader du gouvernement d'appeler une commission parlementaire au début
du mois de septembre. Donc, tous et chacun d'entre vous aurez l'occasion de
revenir en commission parlementaire. Tout à l'heure, quand le
député de Lévis disait qu'il fallait donner suite à
nos commissions parlementaires, je pensais qu'il parlait de celle de septembre
1985 qui n'a jamais eu de suite. Alors, eux, ils ont étudié le
problème.
M. Garon: Lequel?
M. Fortier: C'était un M. Duhaime. Vous vous souvenez d'un
M. Duhaime qui était ministre des Finances?
M. Garon: Septembre 1985...
M. Fortier: Non? En tout cas. Il a tenu une commission
parlementaire et il n'y a jamais donné suite. Nous, on y donne
suite...
M. Garon: II y a eu des élections
immédiatement.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! M. le ministre.
M. Fortier: J'aimerais préciser, M. le
député de Lévis, le problème auquel on fait face.
Si on parle aujourd'hui de décloisonnement des intermédiaires,
c'est qu'une dynamique a été lancée, c'est vrai, par votre
gouvernement, en 1983, mais vous avez laissé les intermédiaires
sur le banc, alors qu'ils n'étaient pas préparés et,
depuis maintenant quatre ou cinq ans, ces intermédiaires ont fait face
à une dynamique provoquée en 1983, mais on essaie de faire des
choses pour leur permettre de profiter davantage du décloisonnement.
J'aimerais tout simplement vous dire que je me demande si on
n'exagère pas. Dans votre préambule, vous disiez que les
épargnants allaient de moins en moins à la banque ou à la
caisse. Mais quand on regarde le résultat d'un sondage effectué
par le Mouvement Desjardins et rendu public il y a deux mois, on voit que la
majorité, 53 % je pense, de ceux qui ont acheté une police
d'assurance auprès du Mouvement Desjardins ne sont pas allés
à la caisse, qu'une minorité, je crois que c'était 9 %,
avait un prêt auto et 13 % une hypothèque. Et, si on regarde le
résultat du sondage, du moins pour ceux qui avaient... À la suite
de ce qu'avait fait le Mouvement Desjardins, on s'aperçoit que,
contrairement à ce qu'on peut penser, une très forte
majorité de gens n'avaient aucune hypothèque et aucun prêt
auto, qu'ils avaient acheté de l'assurance du Mouvement Desjardins tout
simplement à cause du prix et que 53 % ne l'ont pas fait en allant
à l'institution elle-même. De toute façon, nous aurons
l'occasion d'en rediscuter au mois de septembre. C'était un commentaire
que je voulais faire.
En ce qui concerne la propriété, j'aimerais avoir votre
commentaire. J'ai lu également le mémoire de l'association des
courtiers et, si on accepte le fait que vous vouliez absolument être
indépendants, pourquoi accepter que les institutions financières
puissent vous posséder à 49 %? Pourquoi pas à 0 %?
Pourquoi pas à 10 %, 15 % ou 20 %? J'y vois une contradiction parce
qu'à 49 %, il ne faut pas grand-chose pour arriver à 50 % ou
à 51 % par la porte d'en arrière. Et vous savez que l'association
des courtiers n'a malheureusement pas fait respecter cette disposition de la
loi qui empêchait d'autres organismes, sauf les courtiers, d'avoir le
contrôle de bureaux de courtage. Mais avec 49 %, on peut avoir des
dispositions dans un holding pour prendre indirectement le contrôle.
C'est pour cela que votre recommandation me surprend. Pourquoi ne pas dire au
gouvernement... Écoutez, j'accepterais votre langage si vous disiez:
Nous voulons rester très indépendants des institutions
financières, donc ce n'est pas 49 %, c'est 0 % ou un pourcentage
très minoritaire.
Le Président (M. Lemieux): M. Pelland, s'il vous
plaît. Je crois que vous avez demandé la parole.
M. Pelland (Pierre): D'accord. En ce qui concerne la
capitalisation de cabinets de courtage, il est normal de penser que les
institutions qui ont intérêt à investir de l'argent dans ce
réseau sont impliquées dans ce réseau, donc de penser,
à l'exemple de notre ami Bois, qui disait: Également permissible
le boulanger du coin. Ce ne sont quand même pas seulement les boulangers
qui seront intéressés a investir dans les cabinets de courtage.
On pense surtout, justement, aux institutions d'assurance et aux institutions
de dépôt ou de cueillette d'épargne qui seront
intéressées à investir de l'argent dans des cabinets.
Quand on prétend, avec raison, qu'on veut demeurer
indépendants, c'est la raison pour laquelle on spécifie
qu'à l'intérieur des 49 %, un même conglomérat ne
devrait pas posséder plus
de 20 %, ce qui ferait en sorte, dans la pratique, qu'on verrait
très bien l'assureur important d'un cabinet dire: D'accord, j'investis
20 % dans ce cabinet et une institution de dépôt, et de
crédit investir un autre 20 %. Il y a de bonnes chances que cela
s'arrête là, mais au pire, cela pourrait monter à 49 %, ce
qui ferait la possibilité, si chacun s'est prévalu de ses
maximums, de trois institutions. Je ne crois pas que trois institutions
diverses s'associent dans la brasserie d'à côté pour
trouver moyen de prendre contrôle du cabinet de courtage et pour lui
faire faire ce qu'elles veulent. (11 h 30)
Nous, on prétend qu'il y a quand même moyen, par ces
restrictions, d'assurer un phénomène d'indépendance au
courtier qui, en possédant 51 % du capital-actions ou en excluant la
portion majoritaire à des institutions financières, lui
permettrait d'aller chercher des formes de liquidités pour
améliorer la capacité de son bureau, lui donner un meilleur "cash
flow" pour faire des investissements et améliorer sa bureautique, son
informatique et quoi que ce soit.
M. Fortier: Si je comprends bien votre raisonnement, vous dites:
Pour notre développement, on aurait besoin d'argent frais. Et ce
financement pourrait nous venir des institutions financières. Donc, si
on allait vers zéro, 20 %, ce que vous nous dites c'est que cela
pourrait handicaper votre développement. C'est cela que vous nous dites
dans le fond.
M. Pelland: Effectivement, je crois que c'est le problème
de tout le monde, de toute institution qui veut se développer ou de
toute corporation qui veut se développer; de l'argent frais, cela ne
nuit pas. Puis on sait très bien que c'est le désir du
gouvernement de vouloir diminuer les coûts d'administration.
Initialement, ces opérations se font, vous le savez aussi bien que moi,
par la bureautique et l'informatique. Ce sont des investissements qui sont
assez importants.
M. Fortier: Notre proposition dans le document de
réflexion provenait du désir d'avoir des règles qui
seraient à peu près identiques dans tous les secteurs des
institutions financières et comme nous avons permis, du temps du
gouvernement du Parti québécois, la propriété des
maisons de courtage en valeurs mobilières par des banques en
particulier, à 100 %, alors, on s'est dit... Bien sûr, on pourrait
y voir certains conflits d'intérêts et certaines personnes en
voient. Mais nous avons d'ailleurs négocié avec le
fédéral une entente qui va nous permettre de garder le
contrôle des valeurs mobilières comme telles. Je crois qu'en
pratique on va arriver à des façons de réglementer les
valeurs mobilières même si la boîte est
propriété à 100 % d'une banque.
C'est la raison pour laquelle on suggérait la même chose
dans le document ici. Vous nous faites des représentations. Je suis
très sensible à ces représentations. Vous nous dites, dans
le fond: Ce n'est pas tout à fait la même chose que les valeurs
mobilières parce que si une compagnie d'assurances possède la
boîte, ils vont avoir beaucoup plus que la Banque Royale, disons,
vis-à-vis de sa maison de courtage puisqu'une maison de courtage en
valeurs mobilières vend l'ensemble des valeurs mobilières qui
sont à la Bourse. Vous nous dites là: II y a peut-être un
danger qu'une compagnie d'assurances pousse davantage. Il y a une question que
j'aimerais vous poser là-dessus. Vous dites dans le document que vous
n'êtes pas contre le fait qu'une compagnie organise son propre
réseau de distribution, si elle le désire, par l'embauche
d'agents. Seriez-vous contre l'idée de permettre l'achat éventuel
de maisons de courtage, mais à condition que ce bureau perde son
privilège de courtier et qu'à ce moment, cela devienne un bureau
d'agents qui serait limité à la vente des produits du groupe?
Pour prendre un exemple, disons que La Laurentienne achèterait un
ou des bureaux de courtage et qu'ils auraient le contrôle effectif
à 51 %. Ce bureau perdrait son privilège de courtier, mais
deviendrait un bureau d'agents pour vendre les produits du groupe La
Laurentienne, pour prendre un exemple.
M. Pelland: Je vais passer la parole à mon
président.
M. Bernard: Nous voulons être cohérents, M. le
Président, avec le message que nous avons véhiculé depuis
le début. Nous ne nous opposons pas à des réseaux de
distribution, de garanties d'assurances IARD ou assurances de dommages, si vous
voulez, indépendants. Ce à quoi nous sommes opposés depuis
le début, c'est que ce réseau, cette distribution se fasse via
des endroits où on consent du crédit, où on perçoit
de l'épargne. À ce moment-ci, on pourrait peut-être mettre
des noms entre guillemets, Allstate qui est un assureur direct, et qui est
quand même un réseau de distribution qui existe avec des agents,
et Wawanesa, les mutuelles. Il y a d'autres compagnies. Alors, pourquoi ne pas
permettre... Nous autres, nous ne nous opposons pas...
M. Fortier: Non, non, mais vous vous opposez à ce que la
compagnie prenne le contrôle d'un bureau de courtage. Vous vous opposez
à cela.
M. Bernard: II ne serait plus un courtier. Il ne serait plus un
courtier, à ce moment-là. Il deviendrait un agent.
M. Fortier: D'accord. Si cela changeait de nom ou si cela
changeait de nature, vous n'auriez pas la même objection.
M. Bernard: Absolument pas.
M. Fortier: Dernière question parce que je crois que le
député de Mille-Îles... Juste une question. Pour le conseil
des assurances...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le ministre
délégué à la Privatisation. Le temps de parole
réservé à l'échange de propos n'est que de dix
minutes en vertu de l'article 169 du règlement. Vous avez
malheureusement terminé votre temps. Je pense qu'on est rendu à
quatorze minutes. Est-ce exact?
M. Fortier: J'aurais seulement une petite question, mais si je
n'ai pas le temps, on va laisser faire.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le ministre
délégué à la Privatisation, on devra revenir pour
que je permette au député de Lévis de prendre le
même temps que vous avez pris. M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, il y a une première
question...
Le Président (M. Lemieux): ...M. le député
de Lévis. À vous.
M. Garon: ...que je voudrais poser aux gens du regroupement. Moi
aussi, j'ai trouvé leur mémoire intéressant, mais ce que
j'ai trouvé surtout c'est qu'ils prenaient position. Quelquefois, on lit
des mémoires et on n'est pas plus avancé après qu'avant.
J'aime quand les mémoires disent les choses clairement. Dans votre cas,
vous prenez position et vous étudiez les questions qui vous
intéressent particulièrement. En commençant, j'aimerais
vous dire que je suis un peu surpris. Vous avez insisté beaucoup sur le
fait que les tarifs des courtiers ne devraient pas être connus. Je ne
comprends pas trop parce que j'ai le sentiment qu'actuellement, une grande
partie du débat concerne le fait que les services que vous rendez ne
sont pas assez connus. Si les gens connaissaient très bien les services
des courtiers et les utilisaient davantage, ils ne se priveraient pas des
services d'un courtier.
J'ai le sentiment que, dans tout le débat auquel on assiste
actuellement, on n'insiste pas assez sur les services que les courtiers rendent
et on a l'impression qu'un courtier, c'est un agent qui vend un produit avec
une commission. C'est beaucoup plus que cela, les services qu'on peut demander
au courtier concernant les produits, les soumissions, les différents
tarifs que les entreprises exigent, etc. Il y a plusieurs services rendus par
les courtiers qui, à mon avis, quand ils sont bien connus,
intéressent normalement les gens. C'est pour cela que je ne comprends
pas trop pourquoi vous dites qu'ils ne devraient pas être connus. Est-ce
que vous estimez que les gens trouveraient qu'ils paient trop cher? Je
remarque, par exemple, que dans le courtage immobilier, les tarifs sont connus
- on parle de 6 % ou 7 % - et on commence à dire que sur des grosses
transactions, 6 % et 7 %, c'est trop cher. C'est évident que vendre une
maison de 70 000 $ et vendre une maison de 300 000 $... Quels sont les
pourcentages par rapport aux produits? J'entendais récemment des
débats là-dessus et je trouvais cela intéressant.
Dans le domaine de l'assurance, d'ailleurs, vous en faites la
démonstration, surtout pour les produits qui ne sont pas volumineux,
cela ne doit pas être très payant. Par ailleurs, vous offrez la
gamme de produits. Pourquoi ne voulez-vous pas que les tarifs soient connus
alors que j'ai l'impression que cela valoriserait davantage votre
profession?
M. Bernard: Voici. Je suis d'accord avec une partie de votre
énoncé et complètement en désaccord avec l'autre.
Si je pars avec la partie sur laquelle je suis en désaccord, je pense
qu'on vient de fausser quelque chose. Nous avons ici en parallèle deux
systèmes de distribution: le système via des courtiers que nous
sommes et le système via des assureurs en direct. Également, il y
a un nouveau système qui tente de s'implanter via les institutions de
crédit. Étant donné la capacité de marketing ou de
publicité de ces assureurs en direct qui pourraient
éventuellement publiciser ou faire certaines représentations
vis-à-vis du public et dire: La commission moyenne sur des lignes
personnelles est de 15 % - ce qui, d'ailleurs, est conforme à la
réalité, sort entre 15 % et 16 % - nous, nous n'avons pas de
commission et du dollar prime que vous payez, nous allons vous rembourser lors
d'un sinistre, 85 %, ou 80 %, ou 84 %, peu importe, c'est déjà de
fausser, parce qu'à l'intérieur de notre commission, nous devons
absorber tous les frais administratifs inhérents à
l'émission: la souscription, l'émission et les services de ce
contrat d'assurances alors que l'assureur en direct, lui, bénificie de
locaux souvent fournis par une compagnie parente ou associée qui sont
inconnus, qui sont probablement absorbés par la compagnie parente ou
associée. Je ne mets pas de nom entre guillemets. Alors, si je prends ma
commission moyenne de 15 % ou de 16 %, que j'y ajoute les frais
d'administration des assureurs à l'arrière, j'arriverai
certainement avec 30 % de coût d'acquisition ou à peu près.
Alors, la publicité qui sera faite par cet assureur en direct dira: Si
vous faites affaire avec moi, je pourrai vous retourner pour 10 $ en prime,
0,85 $ et si vous faites affaire avec un courtier, je pourrai vous retourner
0,70 $ ou 0,65 $. Je crois que ce serait préjudiciable au courtier et
que personne ne pourrait vraiment l'expliquer de façon
compréhensible aux clients, à la clientèle.
Pour retourner ou en revenir à un autre aspect que vous venez de
me mentionner, le pourcentage des commissions à certains égards
ou dans certaines lignes d'assurances et, entre autres dans les lignes
commerciales, ne croît pas, mais décroît avec la grandeur du
risque ou la
grandeur de la prime.
Actuellement, contrairement à ce qu'on pense, la commission
pourrait être de 20 % sur un risque commercial. Elle est souvent
réduite à 13 % et même à 10 %. Les grands cabinets
de courtage qui doivent souscrire à ces risques font souvent appel
à des professionnels: des ingénieurs, des architectes, des
évaluateurs agréés, et ils doivent en assumer les
coûts. Alors, la commission est tout simplement un montant qui ne veut
rien dire et qui ne voudrait rien dire à M. le Public. Voilà.
M. Garon: Mais il me semble que dans ce que vous venez de dire M.
Bernard, M. le Président, il ressort qu'on vous accuse de demander tant.
Au fond, on vous accuse justement... On se dit actuellement que si on
évite le courtier, on peut épargner tant. Vous êtes pris
dans le problème actuellement, tandis que si la commission réelle
était connue, il me semble que ce serait moins grave que de laisser
supposer qu'il y a des commissions faramineuses. Quand vous parlez de
commissions de 15 % ou de 16 %, cela ne me scandalise pas, mais, si on laisse
entendre que les commissions sont faramineuses, cela m'apparaît pire que
si les assurés connaissaient le taux réel de la commission, parce
que, actuellement, c'est évident que, sur le plan de la concurrence, on
dit: Si on évite un courtier, on économise tant.
Par ailleurs, si le taux réel - vous parlez de 15 % et 16 % en
moyenne - est connu, les gens pourront dire: On va voir tel courtier et le
courtier va pouvoir dire: Voici, je rends tel ou tel service, telle ou telle
chose. La publicité des courtiers se fera davantage sur leurs services
qui sont des services réels. Il me semble que vous n'avez pas assez
confiance en vos services. Je travaille avec des courtiers et je suis conscient
qu'ils rendent des services. J'aime bien mieux, dans certains cas par exemple,
pouvoir demander à un courtier. J'aimerais connaître les tarifs de
telle ou telle compagnie pour pouvoir comparer, et qu'on me dise: Oui, c'est
tel prix, mais, par ailleurs, tu as telle couverture que tu n'as pas là.
On discute ensemble et, finalement, la décision que je prends
m'apparaît une bonne décision en fonction des renseignements que
j'ai eus.
Mais s'il faut que j'appelle chacun des agents et que je fasse tout ce
travail moi-même, cela va me coûter bien plus cher en temps que de
passer par un courtier qui connaît cela et qui peut me dire cela
rapidement. Il me semble que la valorisation de vos services serait plus grande
si les taux de commissions étaient connus.
M. Bernard: Voilà. Dans un premier temps, je vais tout
simplement vous répondre... parce que votre question, votre
exposé est en deux volets. Les frais d'administration des assureurs aux
"direct writers", pour employer un terme bien connu, sont-ils cachés
volontairement ou non? Personne ne sait ce que cela coûte de frais
d'administration chez un assureur en vente directe, alors que, chez nous, on
voudrait montrer les nôtres. Pourtant, en assurance automobile, tout le
monde sait qu'on a 12,5 %.
Dans un deuxième temps, vous me parliez tout à l'heure de
la valeur d'une prime. On vient de fausser le débat, à mon sens.
Ce qu'il en coûte pour assurer votre voiture pour 400 $ ou 500 $
ailleurs, cela ne change rien, ma commission est de 12,5 % là-dessus, de
toute façon. Si vous vous référez à la page 19 de
notre mémoire, vous voyez qu'on n'est pas farouchement opposés
à la divulgation de cette fameuse rémunération. On vous le
dit. Il y a assez d'éléments dans ce qu'on vous dit pour
l'étudier probablement davantage, mais un peu plus tard, pas
aujourd'hui. Parce que avec l'exercice qu'on vient de faire, on vous a quand
même démontré quelque chose. Il y a des assureurs en direct
qui, eux, ne dévoilent rien, qui ont faussé l'histoire,
pense-t-on, à notre détriment et, en même temps, on dit
qu'on est peut-être prêts à le faire mais étudions
d'abord la question. (11 h 45)
Quand ce sera fait ou divulgué, si jamais on est prêts
à le faire, il faudra faire valoir que certains courtiers offrent des
services que certains autres offrent ou n'offrent pas; quelles sont les lignes
commerciales que nous devons fournir, les services d'expertise aussi bien en
ingénierie ou, en tout cas, nommez-les, tout ce qu'on doit fournir...
À partir de là, nous ne sommes pas farouchement opposés
à la divulgation, mais on dit: Dans un premier temps, regardons ce qu'on
peut faire et ce qu'on doit faire aussi pour le bien commun, pour
l'intérêt général. Est-ce dans
l'intérêt du public de le divulguer?
M. Garon: Vous dites que vous ne connaissez pas une partie du
taux par rapport au montant de la prime qui est facturé.
M. Bernard: Non, vous m'interprétez mal.
M. Garon: C'est pourquoi je vous pose la question. Je ne suis pas
certain d'avoir bien compris.
M. Bernard: II y a une partie des frais d'administration des
assureurs en direct qui est cachée, volontairement ou non, et qui est
inconnue du public. Quand on déclare 15 % ou 16 % de commission en
moyenne chez un courtier, qu'est-ce que l'assureur en vente directe
déclare, lui? Allez-vous l'obliger en même temps à
déclarer son prix d'acquisition en plus des coûts cachés du
local qui lui est fourni, de l'informatique qui lui est fournie, du chauffage,
de l'éclairage, etc? Prenez l'exemple du magasin Sears avec Allstate ou
je ne sais pas. Quelqu'un supporte les coûts, mais qui? Est-ce le magasin
qui les supporte ou l'assureur? Est-ce une
compagnie parente? Je ne sais pas. Mais c'est fausser l'image du public
que de laisser quelqu'un vraiment utiliser une publicité pour dire:
Donne-moi du dollar prime, je te retournerai X...
M. Garon: II y a une question que j'aimerais vous poser. Comment
se fait-il que vous ayez réagi violemment aux caisses populaires qui ont
voulu vendre des produits d'assurances alors que - je ne dirai pas mes cartes
de crédit - je reçois toutes sortes de propositions d'assurance
de mes cartes de crédit. Sears m'envoie des propositions d'assurance;
Eaton également. Il y a toutes sortes de compagnies qui m'envoient des
propositions d'assurances à la maison, avec des formules à
signer...
M. Fortier: Vous avez besoin d'assurance?
M. Garon: Non, non. Mais j'imagine que cela doit être
pareil pour les autres. Je n'ai pas fait d'enquête, mais je suis
étonné du nombre de propositions d'assurances qu'on
reçoit. Par exemple, au mois d'août, des propositions pour les
enfants qui vont aller à l'école; pour des accidents, etc. Mais
cela ne me fâche pas parce que cela me fait connaître en même
temps tous les produits qu'il est possible d'avoir dans ce domaine. J'ai
remarqué que les courtiers n'ont pas réagi. Est-ce parce qu'ils
ne craignent pas ce genre de sollicitation? Par rapport à leur
réaction face au Mouvement des caisses populaires Desjardins, je pose la
question en toute candeur. Je n'ai pas la réponse...
M. Bernard: Je croyais être le seul à recevoir ces
documents.
M. Garon: Pardon?
M. Bernard: Je croyais être le seul à être
sollicité de cette façon. Je comprends que vous soyez inquiet,
surtout vous, M. le député de Lévis.
M. Garon: Pourquoi?
M. Bernard: Parce que vous êtes vraiment près de la
coupole, du Saint-Siège.
M. Garon: Non, non.
M. Bernard: C'est pour badiner, remarquez bien.
M. Garon: Oui.
M. Bernard: Cette situation ne nous énerve pas. Je vais
vous dire pourquoi. Ce à quoi nous nous opposons farouchement - et je
vais continuer de le faire longtemps à part cela - c'est que, quand je
reçois quelque chose comme cela chez moi, je ne suis pas dans l'enceinte
d'un endroit où on consent du crédit. Nous nous opposons
carrément à ce que les banques, quasi-banques ou les
sociétés de fiducie qui, elles, consentent du crédit dans
un premier temps puissent, dans un deuxième temps, offrir en même
temps des garanties d'assurance IARD ou assurance de dommages si vous voulez.
Pourquoi? Parce que au Québec - mais probablement que c'est pareil
partout dans le monde - quand on entre dans une institution semblable - quand
je dis Desjardins, attention, c'est un prétexte, cela pourrait
être n'importe quelle autre institution de crédit - on entre un
peu à genoux. On rampe un peu devant le directeur de crédit pour
obtenir notre prêt. Quand on l'a obtenu, il nous dit: Qu'est-ce que tu
dirais si, en un seul et unique versement, j'incluais ton assurance? On est
tellement content d'avoir eu le prix qu'on n'a même pas le temps de
s'opposer et on dit oui. Alors, c'est une vente qu'on appelle liée et,
à l'intérieur de vos propres règlements et ceux de ce
gouvernement, vous défendez les ventes liées. On se demande tout
simplement: Entre la forte incitation et la coercition où est la
différence? Cela se sépare drôlement mal; ce n'est pas
facile de faire une distinction.
Quand vous me dites Desjardins, attention: pour moi, Desjardins est un
prétexte, c'est tout simplement une institution financière et
nous nous opposons carrément à la distribution des garanties
d'assurance via des institutions d'épargne où on fait aussi du
crédit. C'est simplement cela. On dit qu'on a alors des ventes
liées, on a également des informations drôlement
privilégiées dans ces endroits, que je n'ai même pas le
droit d'avoir en plus, mais eux les ont.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. M. le
député de Lévis, votre temps est terminé. Est-ce
que je pourrais avoir consentement pour déroger à l'entente qui
est intervenue entre les leaders relativement au temps de parole concernant le
Regroupement des cabinets de courtage d'assurance du Québec?
Étant donné que l'ordre de la Chambre m'indique que nous pouvons
siéger jusqu'à 12 h 30 et que l'entente entre les leaders
confirme que le temps qui devait être réservé au
Regroupement des cabinets de courtage était de 20 minutes pour leur
exposé et 40 minutes de discussion, s'il y avait entente entre les
parties, nous pourrions poursuivre jusqu'à...
M. Fortier: On peut aller jusqu'à 12 h 15.
Le Président (M. Lemieux): ...12 h 30...
M. Fortier: 12 h 15.
Le Président (M. Lemieux): ...ou 12 h 15.
M. Garon: Ce serait plus simple un chiffre pair, par exemple,
parce que...
Le Président (M. Lemieux): 12 h 20.
M. Fortier: 12 h 15, 12 h 20...
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le ministre?
M. Fortier: Quinze minutes de plus.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons poursuivre
jusqu'à 12 h 20. La parole est maintenant à vous, M. le
député de Mille-Îles.
M. Garon: J'aurais une petite remarque brève.
Le Président (M. Lemieux): Une petite remarque
brève, oui, M. le député de Lévis.
M. Garon: Je ne pense pas avoir la réputation d'être
un défenseur de banquiers. Ha, ha, ha!
M. Fortier: II défend les mototcyclistes! Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis. M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. D'abord,
bienvenue aux intervenants puisque je n'ai pas eu l'occasion de les saluer
officiellement tantôt, lors des remarques préliminaires.
M. le Président, j'aimerais dire tout haut, au départ, que
les intermédiaires financiers du Québec ont gagné. Vous
avez gagné parce que vous avez obtenu une commission parlementaire que
vous avez, à juste titre, réclamée depuis le mois de
novembre dernier, afin que le gouvernement écoute vos
représentations, vos doléances et qu'il ajuste mieux le type de
réforme ou de décloisonnement des institutions financières
qu'il veut faire selon ce dont les citoyens du Québec ont besoin.
Je vous ai vus ce matin avec des sourires sur vos figures. Je dois vous
dire que je ne peux m'empêcher de vous féliciter pour ces sourires
parce que après avoir lu l'article samedi dernier, le 28 mai, en page
B-1 du Devoir, je me serais attendu, ce matin, à vous voir
arriver ici avec une mine un peu déconfite. Je veux vous assurer que,
pour les députés ministériels, les carottes ne sont pas
cuites. Les courtiers d'assurances ne sont pas cuits; les intermédiaires
financiers... si nous sommes là, c'est pour vous consulter, vous
écouter et apprendre de vous. Je veux le souligner et je pense que c'est
important. Je trouve hautement immoral et même indécent - et je me
chargerai de le dire aux personnes appropriées qui viendront cette
semaine - ce style de "forcing" politique où on tente, avec un fusil
dans le dos, de pousser des parlementaires qui représentent les citoyens
du Québec à aller dans une direction alors que nous devons
être impar- tiaux, au-dessus de la mêlée, dans
l'intérêt des citoyens du Québec et de tous les citoyens
concernés.
Ceci étant dit, j'aimerais entrer dans le coeur du sujet. On va
arrêter de noyer le poisson dans l'eau. C'est la vente de l'assurance au
comptoir dans des institutions de crédit qui est le fond du dossier; je
pense qu'il ne faut pas se le cacher. Il y a plusieurs facettes à cette
vente. On pourrait peut-être aborder une première facette que vous
avez soulevée tantôt, c'est celle de la confidentialité de
l'information de crédit, etc. Le fait que nous sommes en position, dans
une institution financière qui fait du crédit, qui fait un
prêt à la consommation ou qui fait un prêt
hypothécaire sur un immeuble, de placer l'individu - comme vous l'avez
dit tantôt, M. le président du regroupement, on entre un peu
à genoux dans les institutions de crédit - dans une position
où il se voit imposer, gentiment ou par forte suggestion, d'assumer et
de prendre directement sur place une police d'assurance.
J'aimerais vous poser une première question. Parlons de
pourcentage comme règle générale; ne parlons pas du Canada
parce que au Canada il n'existe pas des provinces où cela se fait, je
pense, où l'on permette à une institution de crédit de
vendre à la fois, au comptoir, de l'assurance. Mais parlons de nos
voisins du Sud qui représentent le grand marché. Nous nous en
allons vers une libéralisation du commerce en 1989, avec un
marché d'au-delà de 275 000 000 de personnes. À votre
connaissance, quel est le pourcentage des États aux États-Unis
où on prohibe, on empêche, on défend la vente de produits
d'assurances dans une institution où l'on fait du crédit:
crédit à la consommation, crédit bancaire ou autres?
Pour quelle raison et à quelle période nos voisins du Sud,
nos amis de l'autre côté de la frontière ont-ils
décidé de ne pas permettre à leurs institutions
financières de faire la vente d'assurances dans les institutions de
crédit? Je regarde le Québec qui s'en va dans une allée
où, en Amérique du Nord, sur le continent nord-américain -
je ne connais pas la situation au Mexique - aux États-Unis et au Canada,
le Québec serait le seul endroit où on aurait un pas
différent des neuf autres provinces canadiennes et peut-être de
nombreux États américains. J'aimerais entendre quelqu'un
là-dessus, au départ.
M. Bois: À notre connaissance, il n'y a qu'un seul
État aux États-Unis qui le permette spécifiquement, c'est
le Dakota du Sud, et ce n'est pas l'État le plus populeux. C'est
à cause, semble-t-il, d'une échappatoire dans la loi. Il y a 27
autres États où des "savings and loan association" distribuent de
l'assurance, mais sous surveillance. Je ne parle pas de permission. Ce sont 27
cas où les "Insurance Commissioners", qui sont l'équivalent de
nos surintendants des
assurances, surveillent la question. Dans les autres États de
l'union, ce n'est pas permis, ce n'est pas pratiqué. Quand je parle de
ces statistiques, je vous cite une étude ou un relevé
préparé par l'Association des agents d'assurances des
États-Unis, mieux connu sous l'acronyme IIAA. C'est le relevé qui
a été fait jusqu'à maintenant, mais il n'y a pas
d'État où, explicitement, selon cette étude, on permet la
vente d'assurance.
Dans la littérature financière aux États-Unis - je
vous réfère à un ouvrage important de Cooper and Fraser -
la crainte qu'on exprime à ce sujet, c'est, d'une part, les ventes
liées, mais c'est plus que cela, c'est la crainte de
l'insolvabilité des institutions financières qui pratiquent dans
ce type de réseau. Voici par quoi cette crainte est justifiée: si
c'est, pour prendre l'exemple classique, une institution de dépôt
et de crédit qui s'allie à un assureur, les auteurs en question -
et je cite Cooper and Fraser -"...craignent qu'on tarifie l'assurance à
un taux qui ne soit pas prudent pour la compagnie d'assurances, pour ses
actionnaires et pour l'ensemble des assurés, afin d'attirer des
déposants et des emprunteurs." Et, comme ici on n'a pas de banque
universelle comme en Allemagne, l'opération bancaire et
l'opération d'assurance demeurent quand même divisées. On
compromet la solvabilité de l'assureur pour engraisser en grand
frère bancaire. C'est la préoccupation là-bas. Cela n'a
pas d'impact immédiat sur le consommateur. L'impact se produit, et il
est dévastateur, au moment où les gens viennent pour
réclamer leur indemnité et on s'aperçoit que ce n'est pas
la banque qui a à payer. Elle est remplie de dépôts et elle
a des actifs très considérables. C'est la compagnie d'assurances
qui est insolvable. Alors, il y a un État où c'est permis et 27
où c'est toléré sous surveillance.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Brièvement, c'est difficile, M. le
Président, dans des sujets semblables.
On remarque à la page 3 du livre blanc et je vous lis: "À
plusieurs égards, notre secteur financier constitue une
réalisation remarquable du génie économique
québécois attribuable au dynamisme des dirigeants et
propriétaires des institutions ainsi qu'à une législation
financière maintes fois innovatrice." On va plus loin. Et, si on regarde
à la page 43: "Le Québec s'est donc bien tiré
jusqu'à maintenant de cette période d'instabilité et notre
système financier se maintient en bonne santé comparativement
à la situation observée en Ontario et dans quelques autres
provinces canadiennes." Autrement dit, ce qu'on dit dans le livre blanc - et
vous l'avez certainement lu - c'est que cela va bien au Québec dans le
secteur financier. Cela va bien dans le secteur financier. Cela va bien dans le
secteur des assurances, je suppose. Cela va bien ailleurs.
(12 heures)
Ce qui m'amène à toute la question de la concentration du
capital parce que vous l'avez soulevée tantôt. Vous avez des
craintes. Vous exprimez des réserves. On va le nommer. Desjardins au
Québec a 35 000 000 000 $ d'actifs. Est-ce que vous avez
réfléchi - parce que c'est important de réfléchir
à cela - est-ce qu'il devrait y avoir - parce que vous avez
mentionné tantôt qu'ils devraient peut-être aller sur
d'autres terrains s'ils veulent devenir un mammouth financier; aller
piétiner ou passer sur le pacage de quelqu'un d'autre ou sur d'autres
terrritoires - est-ce que vous avez imaginé que le gouvernement du
Québec devrait établir des limites pour n'importe quelle
institution financière au Québec quant à la concentration
du capital dans une institution financière? Je pose la question d'une
autre façon. Si Desjardins a 35 000 000 000 $ aujourd'hui, est-ce qu'on
devrait laisser aller une institution à 50 000 000 000 $, 60 000 000 000
$, 90 000 000 000 $, 100 000 000 000 $, 120 000 000 000 $ et quelles pourraient
être les conséquences pour les consommateurs et les gens au
Québec, si on laissait augmenter une telle concentration de capital?
Le Président (M. Lemieux): Une réponse
brève, s'il vous plaît, très brève parce que M. le
député de Lévis doit prendre la parole dans une
minute.
M. Bois: Cela n'a pas été la principale
préoccupation du mémoire. On est très
préoccupé par notre survie. Tout ce qu'on vous dit dans le
mémoire à ce sujet, c'est qu'on comprend qu'un modèle de
réseau est théoriquement défendable, mais qu'il ne faut
pas être prisonnier des modèles pour le modèle et, quand on
a de tels géants - et ce n'est pas à nous de contrôler la
concentration - il faut peut-être des mesures transitoires permettant aux
plus faibles de rester dans leur pacage et de manger le foin avant que les gros
viennent le manger. Il y a des réalités économiques et
Desjardins en est une.
Les gens du regroupement ne se sont pas penchés sur la
possibilité de limiter la concentration de Desjardins au Québec.
Le fédéral s'en préoccupe peut-être. Mais nous n'y
avons pas songé. Cela a été notre préoccupation
tout simplement parce que Desjardins a une position - je veux utiliser le
vocabulaire - dominante au Québec et on craint que cette position
dominante ne nous affecte. On demande tout simplement au gouvernement: Tenez
compte de cela, s'il vous plaît, quand vous légiférerez
à propos de nos petites épiceries. On n'est pas des magasins
à grande surface. Faites attention à nous.
À l'automne, on compte être conviés à faire
des représentations sur ce sujet, si vous le
voulez bien. Sans vouloir blesser M. le député, on
mentionnait au début qu'on ne voulait pas faire dériver le
débat sur cette question, même si elle nous préoccupe
beaucoup.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Bois.
La parole est maintenant à M. le député de
Lévis. M. le député de Lévis, s'il vous
plaît. Vous avez dix minutes.
M. Garon: Vous avez parlé d'interdiction, aux
États-Unis, de vente au comptoir de produits d'assurance. Ne pensez-vous
pas que le fait qu'il y ait environ 14 000 banques aux États-Unis fait
en sorte que ce n'est pas du tout la même situation qui prévaut au
Canada, non seulement au Québec, mais au Canada où les
institutions bancaires ou quasi bancaires sont très peu nombreuses
comparativement aux institutions américaines? Le danger vient beaucoup
plus de ce que vous annoncez, avec raison aussi, aux pages 9 et 10, quand vous
dites: "La loi pourrait aussi prévoir que l'intermédiaire ne peut
traiter qu'avec les institutions de dépôt détenant un
permis provincial ou fédéral: on éviterait ainsi que des
intermédiaires cueillent des dépôts au profit
d'institutions étrangères non réglementées et non
assurées en vertu d'un régime d'assurance-dépôt."
Là, vous frappez juste dans le mille.
Au fond, on passe à côté pour aller dans des
institutions étrangères qui ne sont contrôlées
d'aucune façon, alors qu'ici on a quand même les institutions
financières peut-être les plus réglementées au
monde; elles sont peut-être trop concentrées dans le sens qu'il y
a moins de concurrence qu'aux États-Unis. Je pense bien qu'on est dans
deux systèmes complètement différents. On ne peut pas
comparer le système bancaire américain avec le système
bancaire québécois ou canadien. Combien y a-t-il eu de faillites
de banques aux États-Unis l'an dernier? Chaque année? Cela varie
entre 200 et 300. Parfois cela va jusqu'à 400. Ici quand on en a une,
c'est quasiment un drame. Comprenez-vous, c'est comme si la mer Champlain
revenait en place. On n'est pas dans les mêmes choses. J'ai l'impression
qu'on charrie un peu si on compare le système bancaire américain
et le système bancaire canadien, en termes de solvabilité. Ne
pensez-vous pas que cela a joué?
Le Président (M. Lemieux): Me Bois, s'il vous
plaît.
M. Bois: Puisque M. le député de Lévis nous
donne l'occasion d'aborder ce problème. Oui, la comparaison peut
être oiseuse parce que le système bancaire américain est
plus segmenté et fragmenté que le nôtre. Si toutes les
banques américaines vendaient de l'assurance, peut-être même
que le danger serait moins grand qu'ici où le système bancaire
est plus concentré. Quand on pense que Desjardins a 47 % des prêts
hypothécaires au Québec suivant ses chiffres, et tout près
de 40 % de l'épargne! Alors, dans notre système bancaire canadien
où les banques ont encore une situation dominante - je parle du
crédit à la consommation surtout - les comparaisons sont
différentes. Vu que vous parlez de banques et de dépôts,
c'est M. le ministre Fortier qui faisait une observation tout à l'heure.
C'est un peu dans la même foulée. On parlait de collection de
dépôts par des intermédiaires. Vous l'avez mentionné
aussi. Pour la collection de dépôts par des intermédiaires,
nous suggérerions comme mesure de protection des consommateurs que la
réglementation prévoie tout simplement que la remise des fonds se
fasse obligatoirement sous forme de traite ou de chèque libellés
exclusivement à l'ordre de l'institution financière et non
à l'ordre de l'intermédiaire. Qu'il n'y ait pas de
numéraire qui soit remis.
Le même problème existe en assurances. C'est l'article 340
qui règle le problème en assurances. Un agent d'assurance-vie
peut se sauver avec une prime de 20 000 $ quand il représente deux ou
trois compagnies, souvent ce sont les épargnes d'une vie. Il y a un
mécanisme de protection dans la Loi sur les assurances qui est l'article
340. Il pourrait y avoir la même mesure de protection. Je m'excuse, M. le
député de Lévis, d'avoir glissé. C'est le
deuxième élément de ma réponse. Mon collègue
du regroupement me faisait observer que c'était un point sur lequel on
n'avait pas répondu.
M. Garon: II n'y a pas d'excuses. On est là beaucoup plus
pour vous entendre que pour m'entendre. Je vais avoir d'autres moments pour me
faire entendre. Prenez toutes les occasions de temps que vous avez à
votre disposition pour dire ce qu'il vous plaît de dire.
Autre point que je voulais soulever... Je vous devance un peu, mais je
pense que le député de Mille-Îles a dit avec raison qu'il y
avait un fond du débat qui... Considérez-vous que les caisses
populaires sont un mouvement ou plutôt une entité corporative...
Il y a 1400 caisses locales. Je pense que c'est très important, 1400
caisses locales que le gouvernement a un peu forcées à avoir des
fédérations régionales et une fédération
centrale pour avoir une meilleure solvabilité. S'il avait fait la
même chose pour les caisses d'entraide en temps opportun, les caisses
d'entraide seraient encore là. On peut voir cela comme un mouvement
corporatif ou encore 1400 caisses locales qui se sont donné des
services, un peu comme Provigo joue un rôle par rapport à des
épiciers indépendants. Je reviens à ma question de tout
à l'heure et je n'ai pas la réponse. J'aimerais savoir comment
vous voyez cela. Lorsque American Express envoie de la publicité pour
qu'on lui achète de l'assurance, ou Eaton de Toronto, ou Sears de
Toronto qui vient justement de déplacer son bureau de crédit vers
Toronto, sollicitent les consommateurs chez eux, dans leur maison, vous ne
réagissez pas, mais lorsque la caisse locale le fait, cela vous
fatigue.
J'aimerais savoir pourquoi. Est-ce que vous croyez que cette
sollicitation à la maison n'est pas dangereuse, qu'elle ne
représente pas un gros pourcentage, qu'il n'y aura pas de
développement de ce côté?
Le Président (M. Lemieux): M. Béland, s'il vous
plaît. Excusez-moi, il s'agit de...
M. Garon: M. Bernard.
Le Président (M. Lemieux): M. Bernard. Pardon.
M. Fortier:...
M. Garon: Je ne vous pose pas une question dont j'ai la
réponse.
M. Bernard: Est-ce que vous m'avez parlé de...
Le Président (M. Lemieux): Par déformation
professionnelle, mais effectivement, j'avais à l'esprit le
président des caisses populaires.
M. Bernard: Est-ce que vous m'avez appelé M.
Béland? Je ne vous haïssais pas. Je commence à...
M. Fortier: II était gêné...
Le Président (M. Lemieux): J'espère que je ne vous
ai pas insulté, M. Bernard.
M. Bernard: Je reviens à l'argument de tout à
l'heure, M. le député de Lévis, à savoir que,
lorsque je reçois de la publicité chez moi, je ne suis quand
même pas dans l'enceinte d'un endroit où on consent du
crédit, etc. Cela, c'est dans un premier temps. Dans un deuxième
temps, nous avons depuis le début, nous du regroupement,
véhiculé un message: Nous ne nous opposons pas à la vente
d'assurances en direct. Nous ne sommes pas effrayés par les assureurs
directs. La preuve, si vous remontez dans le temps vers les années
soixante, les assureurs directs contrôlaient approximativement 19 % ou 20
% du marché total des assurances des particulier. Je n'ai pas les
statistiques de 1988, mais en 1987, malgré l'accroissement
d'intervenants ou d'assureurs, si vous voulez, ce pourcentage a diminué
à 15 % ou 16 %. Donc, cela ne me fait pas peur d'avoir de la
concurrence.
Cette concurrence n'est pas dangereuse, parce que les courtiers du
Québec sont, pour les acheteurs d'assurances, les magasiniers. Nous
sommes les personnes qui allons magasiner pour vous ou marchander auprès
de marchés différents, alors que lorsque vous entrez chez un
assureur direct ou que vous recevez de la sollicitation par courrier, vous ne
pouvez comparer avec un produit similaire. Vous ne pouvez pas non plus, si vous
décidiez de l'acheter éventuellement, savoir qui fera le service
à la toute fin. Parce que le but ultime de l'achat d'un contrat
d'assurance, c'est quoi? C'est une réclamation possible. Que
voulez-vous?
On dit depuis le début que les courtiers sont là pour la
protection générale du public. Nous sommes là pour
garantir que d'une part, vous achèterez le produit qui vous convient, au
prix qui vous convient avec une compagnie solvable. Nous sommes là
également pour garantir que, d'autre part, vous serez indemnisés
- si vous êtes indemnisables, évidemment - à
l'intérieur des cadres du contrat d'assurance. Vous pouvez croire que si
nous avons réussi à atteindre 85 % du marché, c'est qu'on
a fait notre job, je pense.
Cela ne nous fait pas peur de recevoir... Moi aussi, j'en reçois
des papiers d'American Express, de Shell ou de toutes ces compagnies. Je les
regarde. Je suis un courtier, peut-être que je les regarde moins. Mais je
les regarde quand même parce que je trouve que, de temps en temps, ils
ont de fameux outils de marketing. Mais je me rends compte que mes
confrères courtiers continuent de vendre et d'accroître leur part
du marché. Ces personnes, je le répète, ne sont pas des
personnes ou organismes qui consentent du crédit. Il n'y a pas de vente
liée ou de possibilité de vente liée. Ils ne jouissent pas
non plus de renseignements privilégiés, à même leur
établissement. Je ne sais pas si j'ai répondu à votre
question. En tout cas, j'ai tenté de le faire.
Le Président (M. Lemieux): M. Pelland, vous voulez
compléter brièvement? Il ne reste que trois minutes au
député de Lévis.
M. Pelland: Ce sera très bref. L'implantation de
Desjardins - malgré qu'on n'aimerait pas le nommer, mais c'est quand
même un fait - est quand même assez récente. On a
déjà de la documentation qui nous est rapportée par des
confrères courtiers, mentionnant des cas vécus. Une dame est
sollicitée par l'agent de sa caisse populaire lui disant: Nous avons en
main le contrat d'assurance à titre de créancier
hypothécaire. Cela est dû telle date. Votre police d'assurance est
de tel montant. On peut vous faire des représentations sur tel montant.
Si jamais vous êtes intéressés, on peut vous fournir des
pièces justificatives de ces plaintes qui commencent à entrer
régulièrement à nos bureaux.
On est conscients que peut-être M. Béland, dans son
implantation, était contre le principe de briser la
confidentialité et des ventes liées. Mais tout le monde est
utopique. Le paradis sur terre et le communisme qui est bon pour tout le monde,
on voit ce que cela donne. C'est l'application pratique de théories
utopiques. On peut se permettre d'avoir des doutes. Nous, on n'y croit pas
à la protection du public en ce qui concerne les transactions
liées et la confidentialité
d'information.
Qu'on donne le privilège à quelqu'un, dix jours
après, d'annuler sa police, ce n'est pas parce qu'on est dix jours plus
tard que l'acheteur de services ne se prend plus pour un requérant et
qu'il va demander l'annulation de produits qu'il ne s'est pas fait obliger,
mais lui, en tout cas, a perçu que ce serait bien vu s'il achetait
l'autre service pour avoir le premier. C'est ce qu'on appelle une transaction
liée.
On n'y croit pas aux mesures de protection du public. On croit à
une seule bonne mesure. Pas de vente d'assurance IARD dans l'enceinte d'une
institution bancaire ou quasi bancaire. De cette façon-là, il n'y
a pas d'échappatoire. C'est clair, net et précis et le
débat est tranché.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, vous avez jusqu'à 12 h 15.
M. Pelland: Bien, j'ai terminé mon intervention.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé? Il vous reste deux minutes. Vous avez jusqu'à 12 h
15.
M. Garon: Donc, c'est l'alternance...
Le Président (M. Lemieux): C'est l'alternance. Votre
période de dix minutes va être finie.
M. Garon: Elle est finie, ma période de dix minutes.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Votre période de dix
minutes est actuellement finie. M. le ministre.
M. Fortier: La première des choses que j'aimerais dire,
c'est que je vois que le regroupement des courtiers a fait des pas
considérables depuis l'automne dernier. Je pense que malgré que
vous exprimiez encore des réticences sur certains aspects, je vois que
sur le décloisonnement, l'ouverture de bureaux multidisciplinaires et
les possibilités de développement, Léon Bernard disait, il
y a quelques minutes, que malgré tout, malgré cette
compétition, dont parlait le député de Lévis, qui
vient par courrier... C'est vrai que ce sont des ventes liées. (12 h
15)
Je suis titulaire d'une carte Visa de la Banque Royale. Je suis
titulaire d'une carte d'une banque de l'American Express. Si j'achète un
billet d'avion avec American Express, je suis protégé
automatiquement. Si j'achète mon billet d'avion par Visa, je suis
protégé en Europe de telle ou telle façon. Alors, ce sont
réellement des ventes liées. Cela existe et c'est certainement
une compétition.
En ce qui concerne les commentaires du député de
Mille-Îles qui, de toute évidence, est très opposé
au décloisonnement - tout le monde le sait - cela prouve jusqu'à
quel point le Parti libéral a beaucoup d'ouvertures pour permettre
à tous ses députés de s'exprimer. J'aimerais dire ceci -
il y a deux points je pense bien: II est vrai qu'aux États-Unis - je
lisais des articles là-dessus - le décloisonnement a beaucoup de
difficulté à se faire à cause du "Class Légal Act"
et de toutes les particularités. D'ailleurs, plusieurs se demandent de
quelle façon on lit des articles face à ce qui s'en vient tout
à l'heure. On peut sourire mais je recommande ce livre The Second
Wave sur la stratégie japonaise qui s'en vient. C'est un livre que
j'ai fort apprécié. On dit là-dedans que de la même
façon qu'il y a dix ans, les Américains ne s'attendaient pas
à voir arriver les Japonais avec leurs voitures à meilleur
marché, meilleur coût, meilleure qualité, tout à
l'heure, il va y avoir un autre débarquement en Amérique du Nord
et les Japonais vont nous arriver avec leurs millions et leurs billions et
leurs trillions de dollars dans leurs institutions financières. Le choc
va être brutal. Je crois que les États-Unis vont être en
très mauvaise situation. Le fait que l'on soit différent des
États-Unis ne m'inquiète pas. Le fait qu'on ait fait des choses
en 1983 - et je reconnais que le ministre des Finances du temps a permis le
décloisonnement des compagnies d'assurances - on peut pas dire que cela
a été une mauvaise chose. Nous avons maintenant des institutions
financières dans le domaine de l'assurance qui ont pris de l'expansion
à l'extérieur du Québec, aux États-Unis, etc., par
exemple, les Coopérants, La Laurentienne, l'Industrielle-Alliance. Ce
n'est pas le fait qu'on soit différents qui est mauvais. Il y a des
choses qui sont faites ici et qui sont bonnes. Je crois que l'on doit continuer
à être originaux.
D'ailleurs, certains courtiers me disaient que lorsqu'ils vont dans les
autres provinces canadiennes, ils s'aperçoivent que les surintendants
des assurances n'acceptent pas l'évolution des choses et que, dans
plusieurs cas, certaines personnes nous envient au Québec d'avoir des
gens qui brassent un peu la cage pour qu'on soit mieux préparés
à ce qui s'en vient. Je ne peux pas laisser passer les commentaires du
député de Mille-Îles et les réponses qui ont
été données. Je pense que les deux arguments fondamentaux
contre la vente de polices d'assurance dans les institutions financières
sont ceux-ci: Premièrement, conflits d'intérêts. On le voit
très clairement. Autrement dit, il y a de l'information
privilégiée sur place qui pourrait être utilisée,
semble-t-il, pour amener les gens à acheter d'autres produits. Si tel
est le cas, aussi bien arrêter la commission parlementaire
immédiatement parce que vous êtes pour les bureaux
multidisciplinaires. Vous allez avoir à l'intérieur du même
bureau des gens qui vont faire de l'immeuble, d'autres qui feront des
valeurs
mobilières, d'autres qui vont vendre de l'assurance
générale et d'autres qui vont vendre de l'assurance-vie. Vous
aurez donc à l'intérieur de ce bureau, de l'information
privilégiée sur différents clients. On va être
obligé de se poser exactement la même question que tout à
l'heure. Voyons! Ne dites pas non, c'est oui. En tout cas, je vous dis que
l'Inspecteur général des institutions financières et
moi-même acceptons ce défi. Mais nous vous disons que la
situation, mutatis mutandis, est à peu près la même. Si on
veut aller dans un domaine où il n'y aura jamais de conflits
d'intérêts, arrêtons immédiatement la commission
parlementaire parce qu'on n'avancera pas.
Ce que nous disons, c'est que les bureaux multidisciplinaires, il est
vrai, vont permettre à des gens de travailler ensemble et pourraient,
à la limite, s'échanger de l'information qu'il faudra
réglementer. Mais si on n'accepte pas le fait qu'il soit possible de
réglementer, je dis: Mon Dieu! Où allons-nous? On est aussi bien
d'arrêter immédiatement.
Le deuxième point: l'insolvabilité des compagnies
d'assurances. Ah! bien là, réellement, cela m'a fait sourire - je
m'excuse, M. Bois -parce que vous savez qu'au Québec, nous ne permettons
pas aux institutions financières elles-mêmes de vendre de
l'assurance. Vous savez qu'au Québec, l'assurance doit se vendre par des
agents d'assurances. De dire que des polices d'assurance vendues dans les
institutions financières pourraient mettre en péril l'institution
financière qui ne fait que rendre son local disponible, cela est une
aberration! Nous contrôlons les institutions financières, nous
contrôlons les compagnies d'assurances et ce, séparément.
L'inspecteur des institutions financières vérifie la
solvabilité des compagnies d'assurances séparément, des
institutions financières. De dire que l'inspecteur va permettre qu'une
compagnie d'assurances se mette en péril d'insolvabilité en
vendant des polices d'assurance trop faibles, c'est sous-estimer le pouvoir de
l'inspecteur. Je peux vous dire que les compagnies d'assurances qui viennent me
voir se plaignent continuellement du fait que l'inspecteur a trop de pouvoirs.
Je leur dis: C'est malheureux, c'est ma police, et je la garde.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
ministre.
M. Fortier: C'est comme cela que nous avons un système
très sain au Québec. La dernière question que j'aimerais
poser au regroupement, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Votre temps de parole
est...
M. Fortier: ...est épuisé.
Le Président (M. Lemieux): ...épuisé, M. le
ministre.
M. Fortier: Je termine là-dessus. C'est avec plaisir que
j'ai pris connaissance de plusieurs des propositions du regroupement, de sa
participation éventuelle au Conseil des assurances. J'aimerais savoir,
en terminant, si l'Association des courtiers d'assurances a un rôle
à jouer dans l'application du code de déontologie. Est-ce qu'il
croit que l'appartenance à l'Association des courtiers d'assurances
devrait être obligatoire, puisque je crois que l'association à
votre regroupement n'est pas obligatoire?
Le Président (M. Lemieux): Alors, une réponse
brève, parce que je dois protéger le temps du
député de Lévis. Vous pouvez répondre et je
prolongerai un peu le temps du député de Lévis.
M. Pelland: J'aimerais juste apporter une précision au
sujet des conflits d'intérêts au sein d'un cabinet
multidisciplinaire. Nous sommes d'opinion que nous ne sommes pas en conflit
d'intérêts parce que nous sommes des indépendants, nous ne
représentons pas, en ligne directe... Nous ne sommes pas les
producteurs; ce n'est pas nous qui allons conclure la transaction. Quand le
client en assurances vient nous voir et qu'on utilise les données de son
dossier d'assurances pour lui offrir d'autres produits, ce n'est qu'à
titre de conseil. Nous ne moussons pas obligatoirement la vente de produits
financiers associée à la compagnie d'assurances qui a
assuré sa propriété ou son automobile. Nous allons lui
dire: On assure ta maison. Pour les hypothèques, voici les taux
qu'offrent huit institutions. Dans ton cas, tu as droit à certaines
particularités, et voici la recommandation qu'on te fait. On ne conclut
pas la transaction. Nous calculons donc que nous ne sommes pas en conflit
d'intérêts, parce qu'on n'est pas un producteur, on n'est pas
affiliés directement. C'est la raison pour laquelle on s'oppose à
être associés d'une façon unique à des institutions
financières dans le domaine du décloisonnement.
En ce qui concerne les autres volets, je laisse la parole à mon
président.
M. Bernard: Me Bois.
M. Bois: Si le Conseil des assurances est institué, il est
évident, comme il va y avoir plusieurs organismes qui vont siéger
à ce conseil, qu'on ne peut pas demander des adhésions
obligatoires à chacun des organismes. J'ai compris, d'après le
document de consultation, que la seule obligation sera de détenir le
permis du conseil, que la règle ne sera plus: Nul ne peut pratiquer
l'assurance s'il n'est membre de... mais plutôt: Nul ne peut pratiquer
l'assurance s'il ne détient un permis délivré par le
Conseil des assurances. C'est ce que nous avons compris de la proposition. Mais
comme les gens du regroupe-
ment le disent dans le mémoire: Sur la sagesse de la mesure, ils
ne se prononcent pas, laissant le soin à l'association de le faire. Mais
nous avons bien compris qu'il n'y aura plus d'obligation d'adhésion au
regroupement ou à l'association ou à l'Association des experts en
sinistres. Il n'y a qu'un permis - et c'est logique d'ailleurs avec la
multidisciplinarité - c'est celui du conseil. C'est ce que nous avons
compris.
Le Président (M. Lemieux): Bien. Merci M. Bois. M. le
député de Lévis, il vous reste deux minutes.
M. Garon: En terminant, j'aimerais dire que j'ai bien aimé
entendre les opinions vigoureuses et claires de votre association. Celle qui,
à mon avis, est la plus porteuse d'avenir, est à la page 5 au
dernier paragraphe - je peux me tromper - mais vous constituez un excellent
réseau de distribution indépendant, et je pense que cela est
souhaitable. Que vous soyez le moins possible en conflit
d'intérêts, en ayant non pas uniquement des entreprises exclusives
mais le pouvoir aussi de faire des soumissions aux clients, je pense que c'est
la meilleure formule. Personnellement, je trouve que vous avez un avenir
incroyable en ce sens, dans une perspective de décloisonnement, parce
que les gens au contraire vont vouloir, à mon avis, faire affaire avec
des gens... Parce que le danger, dans le décloisonnement, c'est
évident, c'est la concentration corporative et la concurrence qui ne
sera pas assez forte. À ce moment-là, il faut qu'il y ait des
agents de la concurrence. Je pense que ceux qui sont le mieux placés
pour montrer la concurrence possible et la faire jouer, ce sont les courtiers,
à la condition de ne pas être liés à une compagnie.
Si un courtier est lié entièrement à une compagnie, il
devient un agent de la compagnie.
Je sais que quand vous me voyez comme député de
Lévis, vous pensez que je suis uniquement le défenseur du
mouvement coopératif. Mais j'ai toujours pensé que la meilleure
façon d'avoir des institutions financières fortes au
Québec est d'avoir une véritable concurrence possible. Dans cette
perspective, il n'y a personne de mieux placé que vous pour faire jouer
cette concurrence, si vous avez des pouvoirs qui sont étendus en tant
qu'intermédiaires.
Le Président (M. Lemieux): C'est terminé, M. le
député de Lévis. Je vous remercie et je remercie le
Regroupement des cabinets de courtage d'assurance du Québec d'être
présent à cette commission parlementaire et d'avoir
présenté un mémoire.
Je suspends les travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi
alors que nous reprendons avec l'Association provinciale des assureurs-vie du
Québec. Merci.
M. Bernard: Je remercie cette commission parlementaire de nous
avoir reçus et écoutés et de nous avoir permis de faire
valoir nos points de vue. Je retiens quelque chose du député de
Lévis. Même si nous nous opposons à la vente de certaines
garanties d'assurances par certains groupes financiers, nous ne nous opposons
pas aux caisses populaires comme telles. La preuve, mon père
était fondateur d'une et j'étais vice-président de la
mienne récemment encore. Cela demeure une institution louable qui a
réussi à canaliser les économies du Québec. Quand,
à la toute fin, un mammouth veut m'écraser ou mettre le pied dans
mon parterre, je me dis que peut-être y aura-t-il un État ailleurs
ou un autre pays où il pourra aller?
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Bernard.
(Suspension de la séance à 12 h 27)
(Reprise à 15 h 26)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend la
consultation générale sur le document intitulé
"Décloisonnement des intermédiaires". Nous allons entendre cet
après-midi l'Association provinciale des assureurs-vie du Québec.
Voulez-vous prendre place, s'il vous plaît! Est-ce que le porte-parole de
l'Association provinciale des assureurs-vie du Québec peut s'identifier,
de même que les gens qui l'accompagnent? Je tiens à vous informer
que vous aurez 20 minutes pour nous faire une présentation de votre
mémoire et, par la suite, il y aura interrogation de la part des
députés ministériels et de l'Opposition pour une
période de 40 minutes.
APAVQ
M. Parent (Réal J.): M. le Président, M. le
ministre, mesdames et messieurs membres de la commission parlementaire du
budget et de l'administration. Avant de commencer notre exposé, nous
aimerions présenter aux membres de cette commission parlementaire les
porte-parole de l'APAVQ: à mon extrême droite, M. Jacques Mercier,
vice-président, M. Robert Lafond, du comité des
intermédiaires assureurs-vie agréés; Mme Louise Des
Trois-Maisons, assureur-vie et administratrice de l'APAVQ; M. Jean-Claude
Larocque, assureur-vie agréé du comité des
intermédiaires et M. Raymond Darveau qui se joindra à nous dans
quelques secondes, ainsi que moi-même Réal Parent,
président de l'APAVQ.
Nous voulons également dire quelques mots de l'Association
provinciale des assureurs-vie du Québec. L'APAVQ est une association
professionnelle agréée par l'Inspecteur général des
institutions financières sous l'autorité de l'article 328 de la
Loi sur les assurances, ce qui lui permet
de conférer à ses membres le droit d'exercer la profession
d'assureur-vie. Créée au début des années soixante,
elle regroupe par adhésion volontaire près de 6000 assureurs-vie
répartis dans dix-neuf associations régionales, dont certaines
existent depuis le début du siècle. Dirigée par un conseil
d'administration composé de douze assureurs-vie élus et de deux
représentants du public nommés par l'Inspecteur
général des institutions financières, l'APAVQ, dont le
siège social est à Montréal, compte un personnel de quinze
employés permanents comprenant un directeur général, un
responsable du service des affaires juridiques, un responsable du registre des
affaires courantes, un responsable de l'éducation et liaisons
régionales, etc., et onze comités permanents. Dans le domaine de
l'information, l'association publie et distribue le manuel d'études pour
le candidat à l'examen d'obtention du certificat d'exercice, et impose
un cours de formation obligatoire que le membre doit compléter pour
devenir membre titulaire. L'APAVQ offre aussi des activités
d'éducation permanente. L'assureur-vie membre peut devenir assureur-vie
agréé en réussissant les cours universitaires conduisant
à cette désignation. Ces cours sont dispensés en
collaboration avec les universités et l'association.
Intégré aux structures de l'association, l'Institut des
assureurs-vie agréés du Québec regroupe les membres AVACLU
du Québec. Conformément aux dispositions de l'article 335 de la
Loi sur les asssurances, l'APAVQ réglemente l'usage du titre
d'assureur-vie agréé, chartered life underwriter AVACLU.
L'association impose aussi un Code de déontologie axé sur le
protection du consommateur. L'APAVQ publie une revue bimestrielle
intitulée Prospective et un journal intitulé
Actualité. L'APAVQ est la représentante de la profession
d'assureur-vie au Québec et elle est en liaison permanente avec le
Bureau de l'Inspecteur général des institutions
financières et avec le Surintendant des assurances. Elle assure ainsi la
représentation des assureurs-vie auprès des instances
gouvernementales concernées par les questions intéressant les
assureurs-vie et leur clientèle.
Pour ce qui du sujet qui nous a amenés ici aujourd'hui, l'APAVQ
désire souligner son appréciation au ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation, M.
Fortier, pour avoir articulé clairement dans un document de consultation
les orientations considérées par le gouvernement du Québec
dans la réforme des institutions financières à charte
québécoise. Cela vaut en particulier au sujet du
décloisonnement des institutions financières et des implications
de ce décloisonnement pour les intermédiaires de marché
qui oeuvrent dans ce secteur de notre activité économique.
De façon générale, l'APAVQ souscrit aux
développements déjà amorcés et ceux qui s'annoncent
pour l'avenir. Nos membres ne sont pas effrayés par les défis que
suscitent de tels changements. Bien au contraire, ils sont pour la plupart
heureux d'y participer et même impatients de les voir s'implanter plus
largement et plus profondément. Notre association a donc saisi avec
empressement l'occasion de s'expliquer, de s'exprimer en public sur les
orientations proposées qui touchent le plus directement ses
activités. L'APAVQ est plus particulièrement reconnaissante aux
membres de la commission du budget et de l'administration de l'occasion qui lui
a été ainsi offerte aujourd'hui de faire état de ses
positions et de ses recommandations.
Nos remarques et nos recommandations sont regroupées sous les
cinq rubriques suivantes: élargissement du champ de compétence et
de pratique, constitution de réseaux, rémunération,
propriété et surveillance et contrôle des
intermédiaires de marché. Chacun des membres ici présents
exposera en quelques minutes nos positions sur chacun des points. Je demande
donc à M. Robert Lafond de nous parier de l'élargissement du
champ de compétence et de pratique.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
président, mais je tiens à vous informer que vous n'avez pas plus
de vingt minutes, alors, le plus brièvement possible s'il vous
plaît. Vous pouvez procéder.
M. Lafond (Robert): Comme toile de fond, nous aimerions dire que
la démarche de l'assu-reur-vie se fait généralement
à domicile. La grande majorité des Québécois font
donc appel à l'assureur-vie, ce qui en fait un intermédiaire
efficace en contact avec toutes les couches de la population
québécoise.
Pour ce qui est du premier point, l'élargissement du champ de
compétence et de pratique, les assureurs-vie bénéficient
déjà, comme vous le savez, de la possibilité de cumuler
plusieurs permis de pratique. On peut, bien sûr, envisager
d'élargir l'éventail des produits financiers que les
assureurs-vie pourront distribuer dans l'avenir. Ce qui nous semble toutefois
plus important, c'est que soient reconnues dans leur intégralité
les activités que nous réalisons actuellement. Plus
spécifiquement, il est important pour nous que l'activité de
planification financière, sur laquelle nous reviendrons plus tard, soit
clairement dévolue à l'assureur-vie.
Par ailleurs, nous voulons insister sur la nécessité d'une
compétence véritable et vérifiée comme
préalable à l'obtention d'un permis dans chacun des domaines de
spécialisation. Nous voudrions, notamment, voir s'instaurer un
système d'inspectorat pour vérifier le maintien de la
compétence par un exercice soutenu ou par des cours de recyclage, le cas
échéant. Dans le même ordre d'idées, il serait
regrettable que les consommateurs qui se procurent une assurance au comptoir
d'une institution financière ne puissent bénéficier de
conseils professionnels adéquats. Nous considérons donc que la
vente au comptoir devrait être confiée à des assureurs-vie
qualifiés
en raison, précisément, du caractère indispensable
des services qu'ils sont susceptibles de rendre dans l'immense majorité
des contrats d'assurance-vie.
Le Président (M. Lemieux): M. Darveau, pour la
constitution de réseaux.
M. Darveau (Raymond): En ce qui concerne la constitution de
réseaux, nous pensons que la constitution de réseaux de
distribution s'inscrit de façon générale dans l'esprit de
décloisonnement qui inspire la réforme du gouvernement. Nous
sommes donc favorables à leur développement, malgré les
quelques réserves que nous allons exposer.
En premier lieu, il nous semble primordial que subsistent deux types de
réseaux distincts et facilement identifiables. D'une part, des
réseaux verticalement intégrés à un
conglomérat de producteurs de services et, d'autre part, des
réseaux autonomes d'intermédiaires de marché. Même
si la composition des réseaux serait normalement une situation de
notoriété publique, nous croyons qu'il serait souhaitable qu'une
disposition de la loi requière la divulgation des liens existant entre
ses membres.
En deuxième lieu, l'APAVQ croit que les renseignements de
caractère personnel, nécessaires dans le cadre de la vente d'une
assurance-vie ou dans le cadre de la planification financière, devraient
revêtir un caractère confidentiel et privé. À ce
titre, ils doivent être protégés contre toute divulgation
non autorisée à des tierces personnes, et ceci, même
à l'intérieur du même cabinet ou du même
réseau.
En troisième lieu, l'APAVQ considère que la constitution
de réseaux intégrés incluant des composantes ayant pour
mission d'accorder des prêts pose un problème particulier. Il est
en effet permis de craindre que l'octroi de prêts ou de crédit
soit conditionnel à l'acquisition de produits financiers en provenance
d'autres unités du même réseau. Les ventes d'assurance-vie
liées à l'obtention de prêt ou de crédit devraient
être soigneusement interdites et non pas seulement donner lieu, comme le
propose le document de consultation, à la possibilité d'une
révocation de la part du consommateur.
Le Président (M. Lemieux): M. Larocque et la
rémunération.
M. Larocque (Jean-Claude): Pour ce qui est de la
rémunération des intermédiaires financiers, nos
observations portent, en premier lieu, sur le partage des commissions et le
versement des commissions de référence. Tout en reconnaissant les
difficultés pratiques qui pourront se poser, les assureurs-vie admettent
qu'ils pourront être amenés à partager une partie de leur
rémunération, particulièrement dans le cadre des cabinets
multidisciplinaires. En revanche, ils insistent pour que ce partage ne se fasse
pas à sens unique. Les honoraires de certains professionnels devaient
également être sujets à partage lorsque le travail
inhérent à la préparation d'un dossier implique une
contribution substantielle de l'assureur-vie.
Quant à la question de la divulgation obligatoire des
pourcentages des commissions, cela nous apparaît une proposition tout
à fait irréaliste. Si l'on voulait donner effet à une
telle prescription, il faudrait, en réalité, obliger les
compagnies d'assurances à divulger, pour chaque type de contrat qu'elles
offrent, l'ensemble des coûts de distribution qu'elles assument, soit
directement, soit sous forme de commissions ou bonis versés à des
tiers. Toute autre forme de divulgation introduit inévitablement un
préjugé défavorable aux distributeurs indépendants
puisqu'elle ne tient compte que d'une partie seulement des frais de
distribution.
Les assureurs-vie ne peuvent accepter d'être jugés sur une
base aussi discriminatoire. Nous soutenons que le consommateur ne gagnerait
absolument rien dans une information aussi partiale et peu fiable. D'ailleurs,
cette notion de divulgation semble inspirer des critiques formulées
parfois à l'égard de la rémunération des
assureurs-vie. Or, si certains pensent que le pourcentage de notre commission
est excessif, c'est le plus souvent par ignorance des modalités de notre
système de rémunération. D'ailleurs, nous reconnaissons
volontiers la complexité de ce système qui, dans sa forme
actuelle, rendra plus difficile le partage de nos commissions avec d'autres
intermédiaires.
La meilleure preuve de notre bonne foi dans ce dossier est notre
volonté d'en venir, dans les plus brefs délais, à une
commission nivelée. En distribuant la rémunération de
l'assureur-vie sur la durée de vie de la police d'assurance, un tel
système aurait le double avantage de faciliter le partage des
commissions et de faire taire les critiques que l'on entend actuellement.
M. Parent (Réal J.): La propriété, Mme Des
Trois-Maisons.
Mme Des Trois-Maisons (Louise): Les règles relatives
à la propriété des cabinets multidisciplinaires ou des
corporations de courtiers constituent probablement les dispositions les plus
importantes de toute législation à prévoir dans le domaine
des intermédiaires de marché. L'APAVQ est convaincue qu'il est
important et même indispensable de prévoir la cohabitation de deux
régimes différents de propriété et, effectivement,
de deux types distincts d'intermédiaires de marché dans le
domaine des institutions financières.
D'une part, il est indubitable que l'objectif des regroupements
d'institutions financières auxquels nous assistons est de donner lieu
à l'émergence de conglomérats financiers disposant de
toute la gamme des produits et capables d'une intégration verticale
complète, y compris au
niveau de la distribution.
Toutefois, en parallèle avec ces réseaux de distribution
intégrés aux conglomérats financiers, l'APAVQ croit
essentiel de maintenir le principe et la pratique de cabinets autonomes, de
caractère spécialisé ou multidisciplinaire, afin de
fournir un secteur témoin et indépendant. Ce serait donc une
contradiction dans les termes mêmes de leur appellation d'autonome que de
permettre aux institutions financières ou même à des
intérêts commerciaux d'acquérir ne serait-ce que 1 % de la
propriété de ces cabinets. Au contraire, les seuls
propriétaires de cabinets ou de réseaux de cabinets autonomes
devraient être des personnes physiques détentrices de permis
d'intermédiaires de marché, ou des corporations dont tous les
actionnaires sont des personnes physiques détentrices de permis
d'intermédiaires de marché.
La responsabilité professionnelle. Par ailleurs, l'APAVQ estime
que ceux qui font affaires avec des assureurs-vie devraient pouvoir
bénéficier des avantages et de la sécurité que peut
procurer une assurance responsabilité. Qu'il s'agisse de fraudes ou
d'erreurs commises par un assureur-vie, l'assuré devrait pouvoir
bénéficier d'un recours efficace pour corriger les effets d'une
situation dont il aurait autrement à faire les frais lorsque l'assureur
lui-même ne peut être tenu responsable ou, éventuellement,
est insolvable. Il s'agit là d'une contrepartie nécessaire du
statut professionnel que revendiquent les membres de l'APAVQ. Ils sont
prêts à assumer cette responsabilité même s'ils sont
fort conscients qu'ils devront pour cela encourir des coûts substantiels.
Les modalités d'implantation et d'application de l'assurance
responsabilité devraient relever du Conseil des assurances, et ce
dernier devrait en être saisi dès sa fondation.
M. Parent (Réal J.): Le dernier point, la surveillance et
le contrôle des intermédiaires de marché. Les dispositions
du document de consultation relativement au Conseil des assurances
représentent une position depuis longtemps appuyée par l'APAVQ.
À cet égard, nous ne pouvons qu'exprimer notre
intérêt, notre impatience de voir se réaliser ce projet
auquel nous accordons tout notre appui depuis très longtemps. Il existe
une foule de tâches et de responsabilités qu'un tel conseil
devrait assumer dans les meilleurs délais au chapitre, notamment, de la
déontologie et de la formation, et tout nouveau report ne peut que nuire
aux intérêts des assureurs-vie dans leur ensemble.
Pour ce qui est de l'activité de conseiller en planification
financière, nous partageons l'orientation gouvernementale telle
qu'exposée dans le document. Nous voulons tout de même exposer
notre inquiétude de voir les conseillers en planification constituer un
groupe professionnel nouveau. Quant à nous, la planification
financière est un volet du travail traditionnel de l'assureur-vie, et
non pas une occupation dis- tincte. Les autres groupes professionnels
intéressés pourraient d'ailleurs en dire autant. Le rôle
prévu pour ce conseil de planification financière devrait donc
être dévolu à un organisme situé en aval des
conseils et porter un titre autre que celui de "conseil". Dans ce contexte,
certains d'entre nous ont suggéré le terme "institut". De plus,
le rôle d'un tel organisme devrait s'en tenir à la
définition de la formation requise pour l'utilisation du titre de
conseiller en planification financière. Il va de soi que les
assureurs-vie sont soucieux d'une représentation équitable de
leur profession au sein d'un tel organisme. Enfin, dans le même esprit,
nous croyons qu'il serait inutile de créer un superconseil des
institutions financières.
Conclusion. Nous voulons rappeler que dans un cadre de concentration,
d'intégration plus poussée des producteurs de services, la
santé et la transparence du marché pour les produits financiers
dépendent étroitement de la compétence et de
l'efficacité des entreprises engagées dans la distribution de ces
produits. Or, ces qualités ne peuvent avoir d'impact déterminant
sans l'indépendance d'au moins une partie substantielle des entreprises
engagées dans la distribution. La concurrence ne peut jouer dans
l'intérêt du consommateur sans l'existence d'un marché pour
les produits financiers. Il appartient précisément aux
intermédiaires de marché d'assurer le fonctionnement et
l'efficience d'un tel marché concurrentiel.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président.
M. le ministre.
M. Fortier: Merci. Il me fait plaisir de souhaiter la bienvenue
à l'Association provinciale des assureurs-vie du Québec. Vous
êtes un groupe déjà décloisonné et vous en
voulez davantage, alors vous êtes ici pour cela.
Brièvement, parce que malheureusement les règles veulent
que nous n'ayons, chacun, que dix minutes au plus, alors je vais poser quelques
questions. Je suis sûr que nos gens d'en face et d'autres
collègues en poseront également. Le premier point touche la
divulgation. Vous dites: C'est tout à fait farfelu, cela n'a aucun
impact, mais il reste que dans le document, nous avons fait état de
nombreux problèmes touchant aux substitutions de polices. Autrement dit,
avec la rémunération qui allait de 120 % à 150 % de la
première année des primes posées, il a pu y avoir des abus
de gens qui, pour obtenir cette prime très importante la première
année, forçaient la substitution de police. Donc, une intention
que nous avions dans la divulgation, c'était que le client sache au
moins qu'en plus de toutes les bonnes raisons que l'intermédiaire lui
donnait pour changer de police d'assurance en lui disant: La police que tu as
négociée l'an dernier est moins bonne et, cette année, je
vais t'en vendre une meilleure, qu'il avait quelquefois des idées
derrière la tête. La divulgation aurait
alerté le client qu'il y avait peut-être anguille sous
roche. Vous nous apportez quand même une recommandation très
importante en disant que vous êtes favorable au nivellement du paiement
des polices d'assurance-vie.
Comme vous le savez, en Angleterre, je crois que c'est en janvier 1990
que cela va devenir une obligation. Seriez-vous favorables à ce qu'au
Québec, il soit non seulement désirable, mais obligatoire par la
loi qui dirait à toutes les compagnies d'assurance-vie: À partir
de telle année, dans un délai raisonnable, toutes les commissions
payables dans le domaine de l'assu-rance-vie - on parle de l'assurance-vie ici
-devraient être sur la base d'un nivellement de police payable,
j'imagine, sur quatre, cinq ou six ans? À ce moment-là, bien
sûr, il y aurait un avantage parce que le vendeur, ou la compagnie
d'assurances comme telle, serait moins porté à forcer la
substitution de police. D'autre part, je crois que cela aurait l'avantage d'un
revenu plus permanent. Ceci pourrait peut-être ajouter de la valeur aux
cabinets de courtage lorsqu'ils vendent leurs propriétés. (15 h
45)
M. Parent (Réal J.): C'est une question quand même
assez complexe. Il y a beaucoup d'éléments dans votre question;
on passe même par l'Angleterre pour la...
M. Fortier: Je vous demande votre opinion.
M. Parent (Réal J.): Notre opinion est qu'il serait
prématuré d'y aller directement avec une loi qui dirait: On
oblige. Aujourd'hui, le but de l'exercice est peut-être de donner un
cadre de réglementation où on pourrait favoriser une certaine
réglementation du milieu. Il est certain que la commission telle qu'on
l'a connue, le contexte qu'on a connu au cours des dernières
années n'en est pas un dans lequel on va continuer à vivre au
cours des prochaines années. D'ailleurs, l'annexe qu'on vous a
présentée concernant la rémunération explique assez
bien qu'il y a eu des facteurs: la hausse des taux d'intérêt
à 20 %, de nouveaux produits. Il y a eu vraiment différentes
choses qui ont fait qu'il y a eu des remplacements de polices en plus grand
nombre. Par contre, on voit aussi venir une situation contraire dans les
prochaines années. Que l'on prenne simplement la question du SIDA qui
fera que les primes d'assurance-vie devraient normalement augmenter de
façon substantielle chez un grand nombre de nos assurés; le
nombre de remplacements de polices devrait plutôt diminuer.
Un autre facteur est que le système de rémunération
est un système qu'on vit, et c'est quand même un système
complexe. On parle de 100 %, de 120 %, il faut penser que c'est une commission.
La police d'assurance-vie n'est pas un produit qui se termine le lendemain;
c'est un produit qui a une vie de cinq, dix, quinze, vingt ans souvent. Le
représentant, après quelques années, continue quand
même à donner du service et il n'est pas
rémunéré. Donc si on extrapolait sur une période de
sept à dix ans la rémunération, on verrait que celle-ci
est quand même très raisonnable.
Nous autres, on est d'accord avec le principe de la commission
nivelée dans le sens où cela serait plus facile de faire un
certain partage. Actuellement, chacun des systèmes est différent.
Si chacun reste avec un système différent... Nous autres, on a
une commission de première année. On prend le courtier immobilier
qui lui, reçoit une commission pour la valeur totale de la maison.
Peut-être que l'individu l'aura pendant dix ou quinze ans, la même
période qu'un assureur-vie, tandis que nous autres on l'a strictement
sur la première prime. Donc, si on veut parler de partage dans des
équipes multidisciplinaires, c'est certain qu'il faut peut-être
simplifier le système. Ce qu'on verrait, c'est qu'au lieu de donner une
loi, donner peut-être une incitation, un encadrement inciterait justement
les compagnies à aller vers là. Laisser le marché agir
dans ce sens-là.
M. Fortier: Malheureusement, il faut être bref. Alors,
j'aurais une deuxième question. Mme Des Trois-Maisons parlait des
propriétaires de cabinets de courtage, on parle de l'assurance-vie, mais
en proportion, en ce qui concerne vos membres, j'imagine que le nombre de
personnes qui oeuvrent à l'intérieur de cabinets est plutôt
petit par rapport à l'ensemble des agents qui travaillent directement
pour des compagnies. J'ai quand même pris note des commentaires qui ont
été faits, mais, dans le cas de la planification
financière, il y a un problème auquel je pensais. Et
malheureusement, vous n'avez peut-être pas pris connaissance des
mémoires que nous allons entendre ce soir, en particulier celui de M.
Lacaille, de Lacaille & Ouellette où ils disent: Pour faire
réellement de la planification financière, d'une part cela prend
un groupe organisé et il peut y avoir des représentants qui, eux,
vont voir le client, mais lorsqu'ils ont des problèmes, ils s'adressent
à ce groupe organisé qui pourrait comprendre, je ne sais pas, un
avocat, un assureur-vie, une personne compétente dans le domaine du
courtage immobilier, une personne compétente en valeurs
mobilières. Autrement dit, il n'y a pas un individu qui puisse faire de
ia planification financière. La planification financière, par
définition, doit se faire à l'intérieur d'un groupe. Un
individu peut être un représentant pour contacter un client, mais
lorsqu'il a pris note du problème de l'individu, il doit se retourner
vers les cinq, six, sept ou huit personnes qui le conseillent. Et le
problème que je vois pour ces individus, pour ces agents qui travaillent
seuls, qui sont vos membres et qui voudraient obtenir le titre de planificateur
financier c'est: Dans quelle mesure devrait-on leur donner ce titre-là,
vu qu'ils travaillent seuls et n'ont pas l'appui d'un groupe structuré
dans
le domaine de la planification financière? Autrement dit, est-ce
que, pour vos membres - parce que vous avez combien de membres? Vous avez
plusieurs milliers de membres: trois à quatre mille membres... Est-ce
que l'idée, du jour au lendemain, c'est que tous les assureurs-vie vont
prendre le titre de planificateur financier? Je pense bien qu'on voudrait
réserver le titre à une personne qui a les qualifications, mais
également une personne qui peut s'appuyer sur des professionnels ou un
groupe de professionnels qui pourraient l'aviser sur le meilleur travail
à effectuer parce que ce serait trop ridicule si, disons, un de vos
représentants faisait le bilan d'un individu en disant: Monsieur, ce
qu'il vous faut, c'est de l'assurance. Ou qu'un courtier en valeurs
immobilières fasse l'analyse financière d'un individu et qu'il
lui dise en conclusion: Ce dont vous avez besoin, vous, ce sont des valeurs
immobilières.
Je pense bien qu'on s'attend de celui qui fait de la planification
financière, qu'il fasse des recommandations équilibrées
entre l'immobilier, les dépôts dans une banque, l'achat d'un REER,
probablement de l'assurance-vie, probablement des valeurs mobilières.
Donc, il faudrait que l'individu, étant donné qu'un individu ne
peut pas être compétent dans tout, puisse s'appuyer sur un groupe
structuré. Alors, dans le cas de l'individu qui est le membre type de
votre organisation, sur qui et sur quel groupe va-t-il s'appuyer pour faire
cette planification financière?
Le Président (M. Lemieux): Très brièvement,
s'il vous plaît, il vous reste environ une minute.
Mme Des Trois-Maisons: II faut faire attention quand on parle de
groupe parce que ce qui compte pour le consommateur, c'est que les conseils
soient pertinents et que les personnes auxquelles on les réfère
soient compétentes.
Vous parlez de quelqu'un qui se prétend conseiller en
planification financière. Admettons qu'il soit seul.
Premièrement, pour porter le titre, nous croyons qu'il doit avoir les
compétences et nous avons fait allusion à cela dans notre
mémoire en disant qu'il devrait y avoir un organisme qui gère le
port du titre. Disons que cette personne a satisfait à tout ce qui
était requis pour porter ce titre: Deuxièmement, disons que cette
personne est seule même si elle porte le titre. À ce
moment-là, cela ne veut pas dire qu'elle n'aura pas recours à des
personnes de l'extérieur parce qu'il faut faire bien attention, le fait
que physiquement vous ayez des gens de différentes compétences
sur le même plancher, que vous soyez en société nominale ou
autrement, ne veut pas dire que le client sera mieux servi. Cela peut arriver
qu'une personne seule réfère à des avocats de
l'extérieur, à des comptables agréés de
l'extérieur ou à des courtiers en valeurs immobilières
à l'extérieur. À mon avis, si elle a rempli tout ce qu'il
faut pour la formation de conseillers en planification, elle pourrait porter le
titre.
M. Fortier: Je vais être obligé de passer. J'ai
d'autres questions, mais je crois que mon temps est...
Le Président (M. Lemieux): Oui, effectivement, M. le
ministre. M. le député de Lévis.
M. Garon: Merci aux gens de l'Association provinciale des
assureurs-vie du Québec de nous avoir présenté leur
mémoire. La première question que je voudrais poser concerne la
divulgation des renseignements à caractère personnel, qui sont
confidentiels et privés, à savoir que vous seriez favorables
à la divulgation de certains renseignements. Si vous dites qu'il y en a
qui seraient confidentiels par rapport à d'autres qui ne le seraient pas
et si la divulgation de certains renseignements était permise et si on
en interdisait d'autres, quelle serait la démarcation que vous feriez
entre les informations confidentielles, privées et les autres?
M. Parent (Réal J.): À l'égard des
informations privées, pour vous donner un exemple, quand on prend une
assurance-vie, il y a quand même toute une analyse de besoins qui est
faite, etc. Il y a des questions au plan médical qui, peut-être ne
regardent pas la personne quand elle prend un prêt, supposons, dans une
institution bancaire reliée à cela. Je pense qu'une des raisons
de la constitution de réseaux, c'est vraiment de pouvoir,
peut-être, partager une clientèle puis, peut-être, minimiser
certains coûts. S'il n'y avait pas d'avantages pour le réseau, je
pense qu'il n'y aurait pas de constitution de réseaux. Nous autres, ce
qu'on dit, c'est que, peut-être, le nom et l'adresse de quelqu'un, cela a
une portée, mais les renseignements confidentiels concernant sa
solvabilité, les renseignements confidentiels concernant son
as>surabi-lité, concernant différents points qui sont vraiment
des points personnels, il faudrait que la personne donne son consentement
explicite pour vraiment les transférer. Je ne sais pas si cela
répond à votre question.
M. Garon: Non. Ce que je veux dire, c'est en termes de
définition. C'est parce que là, vous donnez des exemples, mais
comment les défini-riez-vous pour dire ceux qui sont confidentiels et
ceux qui ne le sont pas? Parce que quand quelque chose est
rédigé, éventuellement il faut les cataloguer.
M. Parent (Réal J.): Je vais laisser, peut-être un
autre qui peut l'expliquer d'une façon plus précise.
M. Fortier: Est-ce que ce serait juste la liste des membres et
leur adresse? C'est cela que vous...
Mme Des Trois-Maisons: On s'est posé nous-mêmes la
question.
M. Garon: Même la liste des membres est interdite par la
loi sur l'accès à l'information.
M. Fortier: C'est cela. Vous posez la question et je me demandais
si c'était cela qui était la distinction.
M. Parent (Réal J.): Oui, c'est quand même des
informations.
Mme Des Trois-Maisons: C'est difficile comme question. Je
comprends très bien votre point de vue. Où doit-on mettre la
limite? C'est très difficile. D'un autre côté, on est pris
entre deux feux. Veut-on faire une bureaucratie très lourde, avec
beaucoup de paperasses pour dire qu'à chaque fois qu'un renseignement
sort, on doit signer? De toute façon, avec de grands réseaux, ils
vont sortir quand même jusqu'à un certain point. Alors, si on fait
une réglementation, il faut qu'elle puisse être appliquée.
Si on défend que le nom circule, il y a de bonnes chances qu'il circule
quand même et l'adresse possiblement. Alors, en quelque part, il faut
mettre une limite à cela. Je pense qu'on pourrait référer
cette question au conseil des assurances pour voir où sont les
règles d'éthique à ce point de vue.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Actuellement, est-ce qu'il y a des règles
d'éthique concernant cela?
Mme Des Trois-Maisons: Actuellement, de fait, il y a des passages
d'informations, mais on ne peut pas les empêcher. C'est une tendance
sociale. Je suis d'accord avec vous qu'il y a un problème, mais comment
l'empêcher sans faire une réglementation très lourde et
comment vérifier si la réglementation est appliquée?
M. Garon: Dans la loi sur l'accès à l'information,
même les listes ne peuvent pas être divulguées...
M. Parent (Réal J.): Oui et vous avez
déjà... M. Garon: ...par les ministères. Mme Des
Trois-Maisons: Oui.
M. Parent (Réal J.): Vous savez, c'est gouvernemental.
Vous savez ce qui se passe dans l'industrie. Vous entrez comme membre d'une
chambre de commerce ou autre et la première chose que vous savez, vous
êtes abonné à trois ou quatre choses en même temps.
Vous recevez des demandes d'assurance d'American Express, vous recevez tout
cela. Ils n'ont pas le droit de faire du passage de listes. Il ne faut quand
même pas dire que cela n'existe pas, cela existe, des ventes de listes et
des ventes de noms. Je pense qu'il ne faudrait pas être plus catholique
que le pape dans ce sens-là, sauf qu'il faut peut-être dire: II y
a des choses confidentielles que vous ne voulez pas divulguer et si vous faites
confiance à quelqu'un dans un réseau, il faudra peut-être
vous assurer que toutes les informations ne passeront pas à travers tout
le réseau. Peut-être que vous allez vous faire refuser autre
chose. Par exemple, ils ne vous prêteront pas parce qu'ils savent que
votre "assurabilité" est comme cela. Peut-être qu'il y en a qui
n'ont pas besoin de savoir certaines informations. Ils devraient
peut-être commencer avec une base et aller chercher les informations
pertinentes après.
M. Garon: Vous parlez d'un club social. Habituellement, quand
quelqu'un entre dans une chambre de commerce, il veut que les gens le
connaissent et il veut connaître les autres ou même les gens qui
sont dans un club Lions, veulent connaître les autres membres. C'est une
autre affaire quand on parle d'un club social. Mais je parle de quelqu'un qui
est un client, à toutes fins utiles, point. Uniquement un client.
Quelqu'un qui est un client n'est pas dans un club social. Dans un club social,
par définition, les gens veulent se connaître. Ils sont là
pour rencontrer du monde.
Mme Des Trois-Maisons: En tant qu'association, quand nous en
avons parlé, nous étions favorables à ce qu'il y ait le
moins possible de passage d'informations. Mais comment l'empêcher? Si
vous avez plusieurs compagnies qui sont toutes reliées, comment
empêcher le passage de l'information? Est-ce qu'on va dire: II n'y aura
pas de formation de réseaux, il n'y aura pas de conglomérats?
M. Garon: Mais vous en faites une recommandation.
Mme Des Trois-Maisons: Nous croyons que la tendance est tellement
forte vers cette évolution que ce serait presque illusoire de
l'empêcher. Mais nous sommes d'accord avec vous qu'on doit essayer de
mettre un frein au passage de l'information. Nous sommes tout à fait
d'accord avec cela, si nous pouvons trouver une façon.
M. Garon: Les renseignements peuvent aller assez loin...
Mme Des Trois-Maisons: Oui monsieur. Nous sommes bien conscients
de cela.
M. Garon: ...surtout dans le domaine de l'assurance. Les
antécédents de quelqu'un sont...
Mme Des Trois-Maisons: Mais, les emprunts;
les divulgations lors d'un emprunt, par exemple, sont encore
peut-être plus grandes que lors de la prise de l'assurance dans certains
cas. Nous sommes conscients d'un problème, mais nous n'avons pas
trouvé une solution parfaite.
M. Garon: Même le contrat de mariage est important.
Mme Des Trois-Maisons: Oui, oui. Le testament va traîner
dans les tiroirs et une copie peut être postée à la
mauvaise épouse.
Des voix: Ma, ha, ha!
M. Fortier: Ou à sa maîtresse.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Ayant vu ce que vous avez, elle peut chercher à
le devenir.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Par rapport à cela, est-ce que vous proposez
quelque chose ou si vous proposez... Vous dites que cela est difficile.
Mme Des Trois-Maisons: Nous avons été
torturés entre imposer une réglementation qui, nous ne sommes pas
sûrs, serait efficace ou ne rien faire.
M. Garon: Avez-vous déjà rencontré des gens
qui s'occupent des droits de la personne ou de ces questions pour savoir leurs
réactions par rapport à vos préoccupations? (16
heures)
Mme Des Trois-Maisons: On devrait peut-être le faire. En
trois semaines on n'a pas pu, mais nous prenons note.
M. Garon: Concernant la divulgation des commissions, vous n'avez
pas l'air très favorables. Par ailleurs, dans le domaine professionnel
aujourd'hui, les notaires ont même une liste publique de leurs tarifs,
les frais judiciaires pour les avocats sont mentionnés, sauf...
Pardon?
Une voix:...
M. Garon: ...sont exigibles. On peut les connaître. Les
courtiers en immeuble ont des taux fixes. Pourquoi, dans le domaine de
l'assurance, un client n'aurait pas le droit de connaître ce qui va pour
l'assurance. Aujourd'hui, quand on reçoit un contrat, on voit ce qui va
pour la taxe. C'est bien indiqué...
M. Parent (Réal J.): Pas pour nous autres. Pas pour les
assureurs.
M. Garon: ...qui a été voté par le Parti
libéral. Nous, cela avait été annoncé par le
ministre des Finances, mais je vais vous dire que cela a été
voté en 1986, par le Parti libéral. S'il avait voulu ne pas la
voter, il aurait pu. On a même voté contre.
Des voix: Oh, oh!
M. Garon: On a même voté contre pour aider les
libéraux à respecter leurs promesses, mais ce sont eux qui l'ont
voté.
Une voix: Je n'en ai pas parlé.
M. Garon: Vous avez été élus
là-dessus, nous avons appris notre leçon, on a été
battus là-dessus. Pas seulement là-dessus, mais entre
autres...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: On a appris notre leçon, on a voté contre
en se disant: Les libéraux qui ont promis de l'enlever vont
sûrement l'enveler.
M. Fortier: Vous l'avez imposée, nous en jouissons.
M. Garon: Mais ils l'ont imposée avec leur vote.
M. Parent (Réal J.): Disons que la taxe sur...
M. Garon: Vous voyez comme c'est difficile la divulgation, ils ne
veulent pas que je le divulgue.
M. Parent (Réal J.): La taxe sur l'assurance essentielle,
soit l'assurance-vie a été enlevée, M. Garon. Je laisserai
peut-être M. Larocque...
M. Garon: Partiellement. Pas entièrement.
M. Parent (Réal J.): ...vous parler un peu de la
complexité du système de rémunération.
M. Larocque: La question de la divulgation en assurance-vie est
un système très complexe. Je vais vous donner un exemple
très précis. Vous avez un assureur-vie qui donne à ses
agents un bureau, des secrétaires, des téléphones et un
paquet de services. Il donne une commission précise de temps. Ce
même assureur-vie vend le même produit par l'intermédiaire
d'un courtier. Par l'intermédiaire du courtier à qui il ne
fournit aucun des services que je viens de mentionner, il donne une commission
plus élevée. Alors, qu'est-ce qu'est le coût des mises en
marché? Le coût des mises en marché ce n'est pas seulement
la commission, c'est la commission et tout ce qui est autour de la commission.
Il serait erroné de dire qu'un agent a 52 % de commission la
première année et l'autre 85 %. Il est possible que pour cet
assureur-vie le coût de la mise en
marché soit plus élevé dans le cas de l'agent
à qui il paie 52 % que dans le cas de celui à qui il donne 90 %.
C'est très difficile. Si on donne la divulgation il faut la donner
complètement.
Il y a un autre point qu'il faut vérifier - on en parle dans
notre mémoire en annexe - c'est que la commission qui est marquée
la première année...
Le Président (M. Lemieux): ...strict sur le temps, sans
cela on n'en finira plus. On a un horaire extrêmement strict.
Brièvement, trente seconde et le député de Saint-Louis
devra prendre la parole.
M. Larocque: Une commission peut être pour une année
et elle peut donner le service pendant vingt ans. Il faudrait la
répartir sur vingt ans et c'est ce qu'on recommande
définitivement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
Une voix: Votre temps est fini.
Le Président (M. Lemieux): ...effectivement, c'est
brièvement.
M. Chagnon: Si vous voulez que ce soit clair, cela peut
être un peu plus long.
J'ai cru comprendre que votre organisation avait demandé de
présenter son mémoire en commission parlementaire aujourd'hui
plutôt que demain et après-demain. Vous êtes en
congrès, je pense.
M. Parent (Réal J.): Oui. Le congrès annuel de
l'association a lieu demain et après-demain.
M. Chagnon: Seulement pour mon bénéfice personnel,
est-ce que le mémoire n'a pas pu être adopté par un
congrès précédent parce qu'on n'en discutait pas à
un congrès précédent? Est-ce que le mémoire est
discuté à votre congrès?
M. Parent (Réal J.): Il va être
présenté lors du congrès, jeudi matin.
M. Chagnon: Combien y a-t-il de membres dans une association
comme la vôtre?
M. Parent (Réal J.): 5900.
M. Chagnon: Combien y a-t-il d'assureurs-vie au
Québec?
M. Parent (Réal J.): Cela dépend si vous calculez
les assureurs-vie qui travaillent en assurance-vie ou si vous calculez les
assureurs-vie qui détiennent le permis d'assurance-vie. Si vous prenez
ceux qui détiennent le permis d'assurance-vie, les chiffres sont entre
11 000 et 12 000. Si vous prenez ceux qui travaillent en assurance-vie,
d'après nos chiffres, le relevé qu'on a fait, 1982, on
représente 85 % des ventes d'assurance-vie. Autrement dit, il y aurait
15 % à 20 % d'assureurs-vie non-membres.
M. Chagnon: Des ventes.
M. Parent (Réal J.): Oui. C'est le critère qu'on
avait.
M. Chagnon: D'accord. Pariez-moi donc un peu de la formation que
vous souhaitez donner par l'entremise des universités. Comment
voyez-vous cela?
M. Parent (Réal J.): Actuellement, on a deux cours de
formation. On a un cours de formation de base qui est un cours de formation de
deux ans après qu'une personne ait eu son permis pour devenir membre de
plein droit de l'association. Par après il y a une possibilité de
devenir assureur-vie agréé en suivant douze matières
académiques avec l'Université du Québec. Ces
cours-là sont nouveaux depuis l'automne 1987.
M. Chagnon: Avec l'Université du Québec?
M. Parent (Réal J.): L'Université du Québec
et six constituantes, l'Université McGill et l'Université de
Sherbrooke, pour devenir assureur agréé.
M. Chagnon: Depuis combien d'années fonctionne ce
système?
M. Parent (Réal J.): Ce système est un nouveau
système. Auparavant, pour devenir assureur-vie agréé, il
fallait suivre des cours de l'Association des assureurs-vie du Canada, mais
depuis l'automne 1987, les cours menant à la désignation
d'assureur-vie agréé au Québec sont donnés par
l'APAVQ, en collaboration. C'est la première année, depuis
l'automne 1987.
M. Chagnon: Si je comprends bien, vous commanditez les cours
donnés par les universités?
M. Parent (Réal J.): Non. C'est un comité bipartite
dont les membres s'assoient ensemble. Ce sont des cours pour répondre
aux besoins des assureurs-vie. Il y a des cours académiques, que l'on
prenne comptabilité, fiscalité ou droit. Ce sont des cours qui
étaient déjà donnés dans le réseau des
universités, il y en a sept. Il y a cinq cours qui sont des cours
spécifiquement pour la formation d'un assureur-vie agréé,
que l'université a développés pour distribuer à ses
membres.
M. Chagnon: L'Université de Sherbrooke et
l'Université McGill donnent le cours actuellement?
M. Parent (Réal J.): Oui. Ce sont les mêmes cours
à travers la province.
M. Chagnon: Combien de finissants avez-vous eus l'an dernier, par
exemple?
M. Parent (Réal J.): Pour la première année
on a eu 200 inscriptions au nouveau cours universitaire.
M. Chagnon: Où?
M. Parent (Réal J.): À travers le réseau,
à travers les différents endroits. On n'a pas eu les
résultats finaux encore.
M. Chagnon: À l'Université McGill, par exemple,
combien en aviez-vous?
M. Parent (Réal J.): Je ne le sais pas.
M. Chagnon: C'est un drôle de système sur le plan de
la formation, non pas qu'il soit mauvais a priori, mais contrairement au
système que vous aviez antérieurement, et pourquoi l'avez-vous
abandonné si les compagnies d'assurances formaient leur propre
personnel?
M. Parent (Réal J.): Ce ne sont pas les compagnies
d'assurances, c'est une association d'assureurs-vie du Canada qui donnait ces
cours.
M. Chagnon: Mais l'association des assureurs-vie, je
présume qu'elle était elle-même financée par les
compagnies d'assurances.
M. Parent (Réal J.): Normalement non, que je sache. C'est
financé par les membres. Ce sont les mêmes membres qui, en
assemblée générale ont demandé à
l'assocaiton provinciale de s'intéresser à la question de la
formation. Ce sont les mêmes membres qui ont demandé à
l'association d'étudier la possibilité d'avoir un cours
universitaire menant à la désignation d'assureur-vie
agréé qui ont voté; ce sont les mêmes membres qui
ont entériné le projet, et l'an dernier plus de 1000 personnes se
sont présentées à l'assemblée annuelle pour
accepter tout ce qui avait été fait dans ce sens-là.
M. Chagnon: Vous avez eu 200 finissants l'an dernier?
M. Parent (Réal J.): On a eu 200 inscrits cette
année pour la première année. Les finissants, comme vous
le savez, c'est un cours quand même nouveau...
M. Chagnon: C'est un cours de combien de crédits?
M. Parent (Réal J.): Ce sont douze matières
universitaires, ce qui veut dire qu'il y a un certificat de 30 crédits,
plus deux autres matiè- res qui sont des cours de planification
financière.
M. Chagnon: Merci.
Le Président (M. Després): Merci, M le
député de Saint-Louis. La parole est au député de
Lévis.
M. Garon: II y a combien de temps?
Le Président (M. Després): M. le
député de Lévis, vous avez droit à dix minutes.
M. Garon: De l'autre côté, ils ont... D'accord.
Le Président (M. Després): Après, comme on
exerce l'alternance, la parole doit retourner à...
M. Fortier: En tout, on doit finir à quelle heure?
Le Président (M. Després): À 16 h 26.
M. Fortier: À 16 h 20.
Le Président (M. Després): On me dit à 16 h
26 au maximum.
M. Fortier: D'accord
Le Président (M. Després): Donc, la parole est
à vous, M. le député de Lévis.
M. Garon: Je reviens sur la divulgation des commissions. J'ai un
peu de difficulté à comprendre. Je comprends que cela peut
être difficile à établir, mais aujourd'hui, dans à
peu près tous les domaines professionnels, les
rémunérations sont publiques. Pour nous, c'est encore pire, il
faut voter nos salaires nous-mêmes.
M. Fortier: ...public.
M. Garon: C'est pour cela qu'en termes de divulgation des
rémunérations, je comprends mal, même si c'est difficile on
réussit dans toutes sortes de domaines complexes à établir
ces choses-là de façon publique, comment se fait-il que dans le
domaine de l'assurance où, au fond même s'il y a plusieurs liens
entre différentes compagnies, cela doit être faisable, sans que ce
soit... Et surtout, si à un moment donné il y a des
remboursements, on doit être obligé d'établir ces
choses-là. Si quelqu'un abandonne sa police en cours d'année,
etc., qu'est-ce qui lui revient, qu'est-ce qui ne lui revient pas. On doit
être capable de l'établir, parce que autrement les compagnies ne
peuvent pas fonctionner si elle n'établissent pas de façon
précise ces choses-là.
Et de la même façon dans le domaine des avocats, là,
je ne sais pas précisément, cela fait longtemps que je n'y ai pas
été, mais on sait que quand un avocat facture un certain
montant,
habituellement ses frais de bureaux sont environ 50 % des frais qu'il
facture. C'est cela en gros. Alors, cela doit être facile à
déterminer quand même. Même si la procédure est
complexe, on doit y arriver, ce doit être nécessaire de le savoir
pour les compagnies, autrement comment peuvent-elles fonctionner?
Une voix: ...
M. Garon: Pas besoin d'actuaires pour cela, c'est de la
comptabilité.
M. Parent (Réal JL): Je vais demander à Robert
peut-être de vous donner des éclaircissements
là-dessus.
M. Lafond: Peut-être qu'en théorie la gestion de la
rémunération c'est en général l'apanage de
l'actuaire, que ce soit dans l'industrie de l'assurance-vie ou dans les grandes
firmes. En général on confie le mandat de la gestion de la
rémunération à l'actuaire, qui lui, doit établir
une cohérence entre les stratégies d'entreprises et les couler
dans une saine gestion de la rémunération, ce qui fait que le
produit qui est lancé sur le marché est un produit rentable.
Ceci dit, nous pensons, et je réitère ce que mon
président à dit tantôt, que dans le principe de fond, nous
ne sommes pas en désaccord fondamental avec le fait qu'on divulgue les
commissions. C'est que présentement, le fait de divulguer les
commissions créerait pour nous une discrimination. En principe de fond,
nous sommes d'accord avec la divulgation. Toutefois, au moment où l'on
se parle, on dit que c'est pratiquement impossible à réaliser,
parce qu'il y a tellement de nuances et de différences, compte tenu des
stratégies des différentes institutions, que ce n'est pas
possible de le réaliser.
M. Garon: Mais les courtiers en valeurs mobilières ont
réussi à le faire, les compagnies de fiducie pour
l'administration de fonds qui sont placés le font...
M. Lafond: C'est parce que le courtier en valeurs
mobilières pose un acte, le courtier en valeurs immobilières, le
courtier d'immeubles pose un acte. L'assureur-vie pose un acte, mais il y a un
prolongement à l'acte sur une période donnée, et c'est
l'actualisation de cette période donnée ou de cette
activité-là qui lui est versée dans la première
année, segmentée, si vous voulez, entre la commission de base qui
est approximativement autour de 15 %, ainsi que tous les frais inhérents
à l'effort de marketing. Or, l'effort de marketing, selon qu'il est
supporté par l'institution qu'il représente en tant que
réseau captif ou réseau indépendant à
l'extérieur est différent. Alors, comment allons-nous
interpréter cela maintenant, pour ce qui est du comsommateur? Ce que
nous recommandons c'est le nivellement et le principe d'universalité
pour ce que qui est du versement de la commission.
M. Garon: Concernant la proposition de
l'assurance-responsabilité obligatoire pour protéger le
consommateur, pourriez-vous détailler un peu la nature de cette
assurance, de quelle façon le consommateur serait
protégé?
Une voix: Je vais vous passer mon avocat.
M. Garon: II vient de commencer à vivre cela. Vous venez
de commencer à vivre cela au Barreau.
Mme Des Trois-Maisons: Là, ils vont me demander des
questions sur les honoraires. Pour la responsabilité, actuellement, la
responsabilité du courtier ou de l'agent est très souvent
solidaire de la responsabilité de la compagnie d'assurances. Alors, la
compagnie d'assurances, dans la plupart des cas, dédommage
l'assuré. Disons que l'agent fait une faute, on dit qu'il était
le représentant de la compagnie d'assurances, donc l'assuré ne
doit pas être pénalisé, mais on veut quand même qu'il
y ait de l'assurance-responsabilité pour les cas où
l'assuré, le consommateur ne serait pas dédommagé par la
compagnie d'assurances lorsqu'il y aurait eu faute d'un courtier ou d'un agent
où par un intermédiaire, si vous voulez, en assurance de
personnes. Alors, on veut qu'il y ait obligatoirement de la
responsabilité professionnelle. Comme cela, on ne laisse pas de zone
grise où le consommateur n'aurait peut-être pas de
dédommagement, parce que la personne est insolvable, parce que
l'intermédiaire est insolvable. (16 h 15)
M. Garon: Après les poursuites qui auraient
été prises contre un assureur?
Mme Des Trois-Maisons: S'il y avait, par exemple, une poursuite
contre un intermédiaire insolvable et que le consommateur gagne sa
cause, si l'intermédiaire n'a pas d'assurance, personne ne va
dédommager le consommateur. Alors, il faut une
assurance-responsabilité pour que, lorsque l'intermédiaire est
trouvé responsable d'un acte fautif ou de négligence, le
consommateur soit dédommagé. Quand c'est un acte fautif commis
par un intermédiaire d'une compagnie d'assurances, il n'y a pas de
problème, parce qu'elle va être condamnée à payer la
somme réclamée. Quand c'est simplement le courtier qui est
responsable, à ce moment-là, s'il n'est pas solvable, c'est le
consommateur qui va être pénalisé.
M. Parent (Réal J.): Il y a aussi un autre facteur, c'est
qu'il y a un aspect produit et un aspect conseil dans ce qu'on fait. Quand on
parle d'élargissement et de la possibilité de vendre des produits
de différents intermédiaires financiers, il faut s'assurer que la
personne ait vraiment une responsabilité quant aux actes qu'elle
nous
recommande en tant que consommateurs. Je pense que c'est important que
l'assurance-responsabilité soit au nom de l'individu, parce qu'il peut y
avoir différentes sortes de liens entre cet individu et les institutions
financières, et il y a aussi tout l'aspect conseil quand on parle de
planification financière ou autre. Je pense que c'est important que
l'individu ait une assurance-responsabilité obligatoire en ce sens.
M. Garon: Concernant les liens entre votre association et
l'association canadienne...
M. Parent (Réal J.): Oui.
M. Garon: ...est-ce que maintenant c'est complètement
nettoyé, ou si... En ce sens que vous occupez tout le champ que vous
vouliez occuper ou s'il y a encore des résidus du colonialisme de
Toronto? J'aimerais savoir ce qui reste à obtenir pour que vous meniez
votre affaire complètement au Québec, sans être
obligés de vous référer aux gens de Toronto qui, dans le
fond, sont en concurrence avec vous.
M. Fortier: En 30 secondes.
M. Parent (Réal J.): En 30 secondes. Je pense
qu'actuellement on a presque tout ce qu'il nous faut. Je pense qu'avec la
confirmation du conseil des assurances de personnes, à compter de ce
moment-là, on aura tout ce qu'il nous faut. On a déjà la
formation et, on a bien l'intention de s'occuper vraiment de tous les
intermédiaires en assurance-vie.
M. Garon: Est-ce que vos représentants devront encore
être doublés d'un représentant de l'association
canadienne?
M. Parent (Réal J.): Non. Ce qu'on privilégie,
c'est qu'il soit facultatif d'être membre de l'association canadienne.
S'il y en a qui veulent le faire, ils peuvent le faire sur une base
individuelle. Maintenant, on a des représentants et des associations
régionales dans tous les secteurs du Québec. C'est ce qui restait
à régler, et c'est fait. Je crois que l'an prochain, on va
pouvoir penser strictement à bâtir pour le bien de nos membres et
des consommateurs.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Parent. M. le
ministre, vous avez la parole.
M. Fortier: J'aurais trois brèves questions, et comme on
doit finir à 15 h 26, j'espère que vous aurez le temps d'y
répondre. La première touche la rémunération.
J'aimerais vous dire, au départ, que le fait que nous parlions dans le
document de rémunération, est peut-être perçu un peu
négativement, et je m'en excuse. Il est vrai qu'en ce qui concerne la
substitution de polices, c'est un problème. J'aimerais dire que, pour
l'ensemble des assureurs-vie du Québec, je me rends bien compte qu'ils
font un travail énorme de "marketing", et lorsqu'ils contactent quinze
ou vingt personnes pour vendre à la vingt et unième, il faut bien
que ce travail soit rémunéré. Que ce soit un courtier en
assurances générales ou un courtier ou un agent dans le domaine
de l'assurance-vie, je pense bien qu'on ne désire pas dire que la
rémunération n'est pas le fruit de son travail. Au contraire, je
crois que dans la très grande majorité des cas, il fait un
travail qui doit être rémunéré. Mais les questions
que nous nous posons, et je crois que le député de Lévis
cherchait à aller plus à fond dans ce sens, sont les suivantes:
Est-ce que, finalement, il ne serait pas raisonnable que le client le sache? On
a répondu: Bien, c'est très difficile, pour ne pas dire
impossible. L'autre question serait celle-ci: Comment cela se fait-il? J'ai ici
devant moi un article de The Economist qui dit que le 26 avril dernier,
l'Outrow, qui est l'organisme régissant les assureurs-vie en
Grande-Bretagne, a décidé, justement, qu'à compter de
janvier 1990, il va y avoir obligation de divulguer les commissions en
Grande-Bretagne. Alors, si cela est impossible, comment se fait-il que les
Anglais, eux, ont trouvé la façon de le faire?
Deuxième question. En ce qui concerne le conseil de la
planification financière - j'ai noté votre impatience très
grande en ce qui concerne le conseil de l'assurance-vie et on va essayer d'y
donner suite le plus tôt possible - j'ai de la misère à
comprendre votre position vis-à-vis de ce conseil, parce qu'il est
très clair pour nous que notre suggestion n'était pas de
créer une nouvelle corporation, un nouvel organisme de contrôle.
On voulait déléguer cela à un organisme comme le
vôtre. On croyait qu'un organisme de planification financière nous
permettrait d'avoir un forum commun, pour faire en sorte que les règles
de déontologie, que les niveaux de formation et d'éducation,
soient les mêmes pour tous ceux qui font de la planification
financière. Sans cela, on va se retrouver avec des assureurs-vie qui ont
leur planification financière, des courtiers d'assurances qui en auront
une autre et des agents en valeurs mobilières qui vont faire d'autres
planifications financières. On va se retrouver avec différentes
catégories de planification financière, avec des règles
complètement différentes d'un secteur à l'autre, et le
client va être réellement perdu tout à l'heure. On essaie
de se donner des règles qui vont faire en sorte que le client soit le
moins perdu possible dans tout cela. En ce qui concerne le conseil de la
planification financière, qu'est-ce que vous suggérez? Pourquoi
êtes-vous, semblez-vous opposés au conseil de la planification
financière?
Troisième question. En ce qui concerne le niveau
d'éducation - pour reprendre les commentaires de M. Chagnon,
député de...
Une voix: Saint-Louis.
M. Fortier: ...Saint-Louis. Bien là, il change de
comté, je ne sais jamais dans quel comté il est rendu. Non, ce
sont les limites qui changent.
Une voix: C'est le comté qui s'agrandit.
M. Fortier: Est-ce que vous seriez d'accord... Est-ce que vous
avez pensé à un niveau minimal de formation? Est-ce qu'à
l'avenir on devrait dire: Cela prend un DEC? Dans d'autres mémoires - je
ne sais pas si c'est dans votre mémoire ou dans d'autres - on a dit:
À l'avenir, il faudrait que ceux qui sont des agents ou des courtiers
aient un DEC en institutions financières.
M. Parent (Réal J.): D'accord. Je vais répondre un
petit peu à l'envers. La plus simple, soit au niveau de
l'éducation, de la formation minimale, de la formation du DEC, dans
notre mémoire de 1983, on avait privilégié comme initiale
une formation de DEC.
Ce qu'on pense, c'est que cela devrait être probablement le
début. On a des rencontres avec l'ACCAP depuis plusieurs années;
on a une entente, d'ailleurs, que vous connaissez, et cela sera sûrement
l'un des premiers points sur lesquels on devra s'entendre avec l'ACCAP...
M. Fortier: D'accord. Alors, c'est réglé .
M. Parent (Réal J.): Au sujet du conseil des
assurances.
En ce qui concerne le conseil de la planification financière, ce
n'est pas qu'on est contre le conseil en tant que tel. On pense d'abord que
cela devrait - parce qu'on a vu les graphiques, à un moment
donné, puis on les voyait à côté du conseil des
assurances de personnes, de dommages - on pense que cela devrait être en
aval. On pense que pour toute la formation, au niveau de la planification
financière, que ce conseil ou institut, ou appelons-le autrement, ne
devrait pas être un organisme qui va chercher des choses, mais que
celles-ci devraient provenir de chacun des organismes qui se concerteraient
dans un organisme pour avoir une formation qui soit équivalente entre
chacun des intermédiaires financiers. Je pense qu'on n'est pas contre le
principe, on n'est pas contre cette chose. On est contre le superconseil, on
pense que c'est inutile.
M. Fortier: Sur les modalités d'organisation.
M. Parent (Réal J.): C'est cela. Il y a des choses. On
veut être absolument... On ne veut pas se retirer dans notre vase clos et
dire: Voici ce que cela prend pour un assureur-vie, sans toucher aux autres. On
pense que pour la protection du consommateur, il faut qu'il sache ce que cela
veut dire, il faut qu'il y ait une certaine équivalence. Mais on pense
que, soit le conseil, soit l'association, devrait être partie prenante,
faire partie intégrante de cette chose, pour s'assurer que ce n'est pas
nécessairement un assureur-vie qui est représenté à
un comité, mais vraiment les associations et les corporations qui sont
représentées à cet institut. C'était là
notre position au chapitre de la planification financière.
En ce qui a trait à la divulgation, je vais peut-être
laisser Jean-Claude...
M. Fortier: Par rapport à ce qui va se faire en
Grande-Bretagne.
M. Parent (Réal J.): Par rapport à la
Grande-Bretagne...
M. Fortier: Ils vont le faire, eux. Une voix: Ha, ha,
ha!
M. Larocque: II y a des compagnies qui ont commencé dans
la voie de la commission nivelée. La réponse est peut-être
là. Je ne sais pas jusqu'où ils étaient rendus dans ce
domaine en Grande-Bretagne. Parce que le premier pas commence par la commission
nivelée. Si la commission est nivelée...
M. Fortier: Ah! non, ils vont... Ils vont...
M. Larocque: ...après, cela devient beaucoup plus
facile.
M. Fortier: Ils vont vers la commission nivelée et la
divulgation.
M. Larocque: Cela va ensemble. Cela simplifie beaucoup le
système, à ce moment-là.
M. Lafond: II faut s'assurer, M. le ministre, qu'il y a eu une
concertation des assureurs, en aval. Je suis persuadé aussi qu'en
Angleterre, ils n'ont peut-être pas deux ordres de gouvernement, un
provincial et un fédéral, alors qu'ici, on sait qu'il y a quatre
compagnies sur les 25 plus grandes en importance au Canada, qui ont une charte
provinciale.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de...
M. Lafond: Alors, je pense que cela demande...
M. Fortier: Alors, non. Mais j'essaie de voir le problème.
Comme vous le savez, au Québec, enfin, pour toutes les compagnies,
qu'elles soient à charte fédérale ou à charte
provinciale, nous avons le droit d'édicter ce que nous désirons
être au Québec. Le problème que vous soulevez, c'est que,
s'il y avait une compagnie qui opérait dans plus d'une province, ce qui
est le cas de la majorité, les règles seraient différentes
de celles-ci dans d'autres provinces. C'est cela le problème?
M. La fond: Non, le problème que je soulève, c'est
qu'il faut qu'il y ait une concertation au niveau des assureurs qu'on va
prendre comme hypothèse qu'on va rémunérer tous les gens
sur une base de commission nivelée.
M. Fortier: Oui, mais le problème qu'on a, c'est que si on
attend que toutes les compagnies du Canada s'entendent ensemble, on va attendre
jusqu'en l'an 2050.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: C'est là qu'est le problème!
M. Parent (Réal J.): Notre point de vue là-dessus,
c'est que ce qui est important, en fin de compte, c'est la protection du
consommateur. La protection du consommateur, est-ce que ce serait mieux avec la
divulgation? On est très sceptique. On pense plutôt que ce sera un
milieu de confusion que de divulguer les commissions, parce que cela ne veut
rien dire. Je pense que ce qui est important pour le consommateur, c'est de
savoir comment cela coûte. Quand il a sa "canne de bines", il regarde, il
ne veut pas savoir quel est le profit du marchand. Quand il achète une
auto, il ne veut pas savoir c'est quoi le profit. Il regarde ce que cela
coûte. Je pense qu'on est dans un marché de libre entreprise et,
dans ce sens, on se disait que la divulgation des commissions était
quand même, compte tenu de la complexité, plus une source de
confusion qu'autre chose.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, une minute,
s'il vous plaît.
M. Fortier: Oui. En conclusion, je dirais qu'il y a une
différence entre acheter une police d'assurance-vie et une "canne de
bines". Ce matin, on parlait de patates frites. Je pense bien que les
comparaisons sont un peu tirées par les cheveux, parce que ici, il
s'agit de vendre un produit financier et de donner des conseils financiers. En
conclusion, M. le Président - malheureusement, il faut conclure - je
dirais que cela m'a fait extrêmement plaisir que votre association soit
venue. J'ai noté également avec plaisir le fait qu'il s'agissait
d'un mémoire étoffé. Vous avez exprimé votre point
de vue. Je sais que vous n'avez peut-être pas eu tout le temps que vous
auriez désiré, mais je me suis dit que même si je vous
avais donné plus de temps, le consensus n'aurait pas été
meilleur que ce qu'il a été. En définitive, je vous
remercie de nous avoir fait connaître votre point de vue. J'ose
espérer que nous pourrons procéder le plus tôt possible,
parce que je vous sais très impatients, pour vous doter... et travailler
en collaboration, parce que le conseil va vous permettre de travailler en
collaboration avec les compagnies d'assurances elles-mêmes. En ce sens -
d'ailleurs, je vous l'ai déjà dit - je vous remercie de votre
appui à ce sujet, et je pense que le Conseil des assurances de personnes
a été un modèle pour nous parce qu'on s'est dit, pour
certaines raisons, bien sûr, que, si cela était une bonne solution
pour le domaine de l'assurance-vie, peut-être que cela pourrait
être une autre solution dans d'autres domaines. Nous aurons l'occasion
d'en parler avec ceux qui pratiquent dans d'autres domaines, mais, dans votre
cas, c'est déjà acquis, et j'oserais espérer qu'on puisse
aller de l'avant dès cet automne. Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Nous allons
maintenant entendre l'Association canadienne des courtiers en valeurs
mobilières - Section Québec. Est-ce que le porte-parole de
l'organisme pourrait s'identifier et présenter les gens qui
l'accompagnent?
Association canadienne des courtiers en valeurs
mobilières - Section Québec
Mme Phénix (Élaine): M. le ministre, mesdames,
messieurs, et messieurs les parlementaires, Élaine Phénix,
à titre de présidente de l'Association canadienne des courtiers
en valeurs mobilières - Section Québec. Je tiens à
remercier M. le ministre Fortier de nous avoir donné l'occasion
d'être présents aujourd'hui à cette commission
parlementaire pour articuler nos commentaires relativement au document de
consultation de son gouvernement sur le décloisonnement des
intermédiaires de marché.
Pour discuter de nos orientations, sont présents aujourd'hui avec
moi, à mon extrême gauche, Mme Fernande Gervais, directrice de
notre association, M. Michel Pouliot, immédiatement à ma gauche,
qui est président de notre comité de la réglementation,
et, à ma droite, Me Gérald Lacoste, notre conseiller dans ce
dossier.
Je vais m'abstenir de lire tout le mémoire mais j'aimerais en
présenter les principales parties. Je sais qu'on ne dispose que de
quelque 20 minutes, donc, je vais essayer d'être brève. (16 h
30)
Notre mémoire se compose de six parties. Premièrement, les
objectifs du décloisonnement et nos propres orientations à
l'ACCOVAM. Dans la deuxième partie, nous avons pris le temps de
définir, en fait, les différents intervenants afin de bien
expliquer les compétences et les fonctions des intermédiaires de
marché. Suivent nos recommandations quant à
l'élargissement des champs de pratique, divisées en deux volets,
soit le cumul de permis et l'établissement de réseaux.
Quatrièmement, les règles du jeu ou l'encadrement de ces deux
approches. Cinquièmement, le rôle du planificateur financier,
donc, son encadrement, sa formation, sa rémunération, sa
surveillance, la pertinence du Conseil de la planification financière
et, finalement, l'autoré-glementation, son rôle et ses
responsabilités.
Quels sont donc les objectifs du décloisonnement? Le
décloisonnement des institutions financières a pour objectifs une
protection accrue de l'épargne et un meilleur fonctionnement du
système financier. Il est impossible de prévoir tous les
développements futurs dans les services financiers, d'où la
nécessité de prévoir un cadre réglementaire souple
permettant le développement des institutions financières selon
les besoins des épargnants et les pressions de concurrence. Donc, la
réglementation des intermédiaires devra s'abstenir d'imposer ou
de préconiser un modèle unique de développement.
Pour l'ACCOVAM, c'est donc dans un contexte de globalisation des
marchés financiers, de décloisonnement institutionnel et de la
complexité des produits financiers que l'on aborde ce mémoire et
que l'on vous propose nos orientations. Nous avons cinq orientations dans
l'approche du décloisonnement. La première est d'éviter la
surréglementation. Selon l'ACCOVAM, il n'est pas nécessaire
d'abolir tous les acquis qui ont déjà subi l'épreuve du
temps et représentent une expertise réglementaire forgée
au cours des années. La deuxième orientation: les participants
dans le marché doivent se faire concurrence à armes
égales, ce qui implique une réglementation égale pour
tous. Troisièmement, en fait, il faut viser à une meilleure
distribution de produits et services financiers à la grandeur du
territoire, donc le même accès pour tous les épargnants.
Quatrièmement, il est essentiel pour nous de valoriser le rôle de
l'intermédiaire à titre de conseiller et d'intermédiaire
de marché en exigeant un cadre renforcé de surveillance et
d'encadrement des représentants, et accroître la
responsabilité des firmes ou institutions au nom desquelles agissent les
intermédiaires. Cinquièmement, c'est très important,
l'approche réglementaire devrait se faire par fonction et non par
institution afin de garder une norme de contrôle uniforme sur chaque
produit offert.
En fait, lorsque les services financiers étaient
cloisonnés, la réglementation de l'institution coïncidait
à celle des fonctions. Le décloisonnement des institutions a
entraîné en fait une diversification des produits ou services
offerts par ces mêmes institutions sans pour autant abolir la notion de
fonction principale propre à chacune de ces institutions. Ainsi, si, par
le regroupement de plusieurs institutions au sein d'un groupe financier ou par
l'offre de produits ou services autres que ceux compris dans l'exercice de la
fonction principale, certains intermédiaires offrent plusieurs genres de
produits ou services financiers, la réglementation par fonction permet
au public, donc à l'épargnant, de compter sur des
intermédiaires répondant à des normes égales de
compétence. La solvabilité des institutions, quant à elle,
demeure la responsabilité première de l'organisme gouvernemental
responsable du secteur institutionnel principal de cette institution.
Avant d'aborder nos recommandations plus précises en ce qui a
trait aux voies par lesquelles le décloisonnement va se faire, on a
précisé quelques définitions dans notre mémoire.
Juste faire la distinction entre un intermédiaire financier qui est un
intermédiaire qui s'occupe de transferts de fonds et de risques entre
deux agents économiques alors que l'intermédiaire de
marché, pour nous, se limite à mettre en présence deux
parties pour la vente d'un produit financier. Pour être un peu plus
précis, on a fait des catégories. Un intermédiaire
financier, pour nous, cela comprend une banque, une compagnie d'assurances, une
société de fiducie, une société d'épargne ou
de prêt, une caisse d'épargne et de crédit. Les
intermédiaires de marché, par contre, vont regrouper les
courtiers d'assurance-vie et leurs représentants, les courtiers
d'assurance de dommages et leurs représentants, les courtiers en valeurs
mobilières et leurs représentants, les courtiers en immeuble et
leurs représentants, les courtiers en dépôts et les
courtiers en hypothèques. À ces diverses catégories
peuvent s'ajouter d'autres genres d'intermédiaires ou d'intervenants
tels les experts en sinistres, agents de réclamations ou divers
conseillers dont le rôle demeure important dans le processus de
l'intermédiation des fonds et des risques.
Abordons maintenant les différentes facettes du
décloisonnement des intermédiaires de marché. La
première chose est l'élargissement des champs de pratique.
L'ACCOVAM recommande que l'élargissement des champs de pratique
s'effectue par le cumul d'inscriptions pour les personnes morales ou physiques,
ou par l'établissement de réseaux entre les diverses institutions
ou firmes à l'intérieur ou à l'extérieur d'un
même groupe financier. En fait, cinq modèles vous sont
présentés aux pages 11, 12, 13, 15 et 16 de notre mémoire.
Ces cinq modèles différents regroupent l'aspect du cabinet
multidisplinaire, l'équipe multidisciplinaire en réseau interne,
l'équipe multidisciplinaire en réseau externe, l'équipe
multidisciplinaire en réseau interne, mais dans des locaux
différents, et enfin l'équipe multidisciplinaire en réseau
externe, mais également en locaux différents. Ces cinq
modèles vous permettent de comprendre qu'il y a beaucoup de
flexibilité dans le décloisonnement des intermédiaires
financiers, suivant que l'encadrement de ceux-ci est bien
spécifique.
Quelles sont les règles du jeu pour encadrer ces
différentes approches? Quand on parle du cumul d'inscriptions des firmes
ou institutions, quatre conditions sont essentielles pour nous: 1° la firme
ou l'institution doit détenir l'inscription requise pour opérer
dans chaque champ d'activité visé; 2° la firme ou
l'institution dort s'assurer que les individus qui agissent à titre de
représentants dans un champ d'activité ont les compétences
et les inscriptions requises; 3° le cumul pour les représentants est
permis dans la mesure où la firme ou l'institution a adopté une
politique qui le permet et a établi un encadrement pour surveiller les
activités de ses repré-
sentants; 4° la firme ou l'institution peut permettre à son
représentant inscrit d'agir au nom d'une autre institution ou firme,
pourvu qu'il existe une entente entre les deux entités et que chacune
assume la responsabilité des activités du représentant qui
agit en son nom.
En ce qui a trait au cumul d'inscriptions d'un représentant, donc
un cumul pour l'individu. 1° le représentant doit respecter les
normes prescriptes pour l'obtention de chaque inscription visée - donc,
toujours réglementation par fonction; 2° chaque institution ou firme
doit établir une politique permettant ou prohibant le cumul
d'inscriptions par un représentant et lui fournir, s'il le permet, une
surveillance et un encadrement appropriés; 3° le représentant
qui cumule des inscriptions doit exercer à temps plein et exclusivement
les activités pour lesquelles il possède des inscriptions.
Les règles qui régissent l'établissement de
réseaux, ou plus communément appelé le "net-working".
Trois conditions pourraient régir ces établissements de
réseaux. 1° être prévu par contrat écrit entre
les différentes institutions ou firmes; 2° ces ententes ne pourront
être faites qu'entre institutions ou firmes inscrites, qu'elles fassent
partie ou non d'un même groupe financier; 3° ces ententes devront
avoir pour objet soit la distribution par une partie des produits de l'autre,
le partage des coûts afférents à des locaux utilisés
en commun, ou encore le partage de commissions ou la rémunération
pour référence.
En ce qui a trait au partage de commissions et à la
rémunération pour référence, ils ne seraient
autorisés que si l'institution ou la firme a établi une politique
écrite à cette fin; également, aucun paiement ne pourrait
être fait autrement que d'institution à institution, donc aucune
commission entre individus; aucun paiement de rémunération pour
référence ne peut être fait par une personne non inscrite -
exemple: l'avocat - ou à une personne non inscrite; un registre des
commissions ou rémunérations reçues ou payées doit
être tenu par chaque firme ou institution avec mention de la personne qui
a effectué la référence; l'institution ou la firme qui
reçoit une commission ou une rémunération pour
référence pourra redistribuer la totalité ou une partie de
celle-ci uniquement à ses représentants inscrits et selon la
politique écrite établie à cette fin.
À titre de règle du jeu, on parle aussi de la règle
de base pour la divulgation des intérêts. Elle reste à
être précisée mais devra, selon nous, obliger la
divulgation suivante, soit: la fonction principale de l'intermédiaire
financier ou de l'intermédiaire de marché, le statut de
l'intermédiaire s'il agit à titre d'agent ou à titre de
courtier, les affiliations, s'il en est, à un groupe financier, les
ententes de réseaux, le fait qu'une référence
entraîne un partage des commissions ou une rémunération et,
enfin, quel est le mode de rémunération, soit à traitement
fixe, à commission ou selon un mélange des deux. Le détail
de la commission versée à chaque transaction peut n'être
exigé que pour certaines opérations ou selon certains champs
d'activité.
Le cinquième ou sixième volet sont les ventes
liées. Pour ce qui est de l'ACCOVAM, il est opportun dans un premier
temps d'établir d'abord l'ensemble des règles relatives à
l'élargissement des champs de pratique et à la divulgation des
intérêts avant de prendre position. Mais, suivant que celles-ci
sont bien établies et définies, l'ACCOVAM ne croit pas que les
ventes liées soient nécessairement répréhensibles.
Par contre, il importe de déterminer, à l'occasion des ventes
liées, les critères suivants, soit: l'importance relative des
produits jumelés, le coût afférent à chaque produit,
le besoin d'information par l'épargnant afin de lui permettre, a priori,
de choisir un autre produit ou, a posteriori, d'annuler en totalité ou
en partie les transactions sous-jacentes à la vente liée et,
finalement, l'institution responsable quant à la qualité de
chaque produit ou service offert à l'épargnant.
Le dernier ou l'avant-dernier volet de notre mémoire concerne la
planification financière. Il est vrai que depuis une dizaine
d'années le concept de planification financière est
utilisé à toutes les sauces. La complexité des produits
financiers et des lois affectant la situation financière ou juridique
des épargnants fait en sorte que ne doit pas s'annoncer planificateur
financier qui le veut. Dans la mesure où l'on veut valoriser le
rôle des intermédiaires, il est important de souligner que la
protection des épargnants exige que tout intermédiaire connaisse
bien son client. En fait, c'est la règle de base de notre association.
Donc, bien connaître son client, c'est-à-dire connaître sa
situation financière, ses objectifs de placement et sa capacité
d'assumer le coût et les risques de chaque transaction.
Certaines exceptions viennent qualifier la règle
générale, notamment les courtiers à escomptes et les
comptoirs de produits vendus par le "mass-marketing". Exception faite de ces
quelques cas qui doivent par ailleurs faire l'objet de réglementations
spécifiques, il faut réitérer le rôle primordial de
l'intermédiaire à titre de principal conseiller financier de
l'épargnant. C'est d'ailleurs parce qu'il remplit ce rôle que
l'intermédiaire ne doit jamais faire passer son intérêt
personnel avant celui de son client.
Conséquemment, l'ACCOVAM recommande que toute activité de
planification financière, qu'elle soit décrite comme telle ou
sous toute autre appellation, fasse dorénavant l'objet d'une
réglementation selon les catégories et critères suivants:
on a deux situations de planificateurs financiers. Le premier concerne le
représentant inscrit. Le représentant inscrit peut offrir des
services de planification financière à titre accessoire à
son rôle d'intermédiaire ou à temps plein. Il doit avoir
obtenu les qualifications
particulières. De plus, l'institution ou la firme qu'il
représente doit autoriser l'utilisation du titre et établir un
encadrement pour surveiller l'exercice de cette activité.
Pour le représentant non inscrit, le planificateur financier non
inscrit à titre d'intermédiaire peut agir à ce titre s'il
possède encore là les qualifications requises. Il ne devra
recevoir aucune commission, directement ou indirectement, de son client ou de
toute autre personne et ne recevra aucune rémunération pour
référence. C'est vraiment le cas du planificateur pur. Il est
donc rémunéré sur une base d'honoraires, tel un conseiller
en valeurs mobilières. Le planificateur financier pur ne peut conseiller
sur des produits spécifiques, à moins d'être inscrit comme
conseiller relativement à ces produits. Enfin, l'avocat, le comptable,
le notaire et autres professionnels demeurent réglementés par
leur code professionnel et doivent être assujettis aux mêmes
règles que le planificateur financier non intermédiaire
lorsqu'ils font de la planification financière.
Quelles vont être les normes de formation? Elles devront
être établies, selon l'ACCOVAM, par une nouvelle entité,
soit l'Institut de planification financière, qui serait formé de
délégués des divers secteurs financiers et des divers
ordres professionnels réglementés.
Le contrôle sur la déontologie est laissé à
chaque organisme ou ordre professionnel auquel se rattache un planificateur
financier. Le contrôle déontologique des personnes n'ayant aucune
inscription ou n'étant pas régies par les divers ordres
professionnels est confié, donc, aux organisme privés
d'autoréglementation de la planification financière. (16 h
45)
En ce qui a trait aux cabinets de planification financière,
ceux-ci sont les seuls à pouvoir s'annoncer comme tels. Les institutions
ou firmes inscrites ne peuvent s'annoncer comme planificateurs financiers et ne
peuvent posséder aucun intérêt dans un cabinet de
planificateurs financiers, mais peuvent annoncer que leurs
représentants, qui utilisent le titre à titre accessoire, font de
la planification financière.
Quel serait l'encadrement d'un cabinet de planificateurs financiers?
L'ACCOVAM recommande que pour établir un cabinet de planificateurs
financiers indépendants il serait suggéré d'exiger le
dépôt d'une déclaration publique initiale comportant le nom
de chaque membre auprès de l'Inspecteur général des
institutions financières. Les états financiers complets et
vérifiés devraient être déposés annuellement,
ainsi qu'une attestation des sources de revenus, signée par tous les
membres du cabinet. L'Inspecteur général des institutions
financières, ou la Commission des valeurs mobilières du
Québec, pourrait enquêter sur toute plainte concernant les
activités d'un planificateur financier.
Donc, dans le contexte réglementaire proposé par
l'ACCOVAM, il n'y a pas lieu de créer un conseil de la planification
financière, puisque des contrôles suffisants sont exercés
par les organismes en place.
Le dernier point couvert dans notre mémoire s'adresse à
l'auto-réglementation.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous conclure
brièvement, s'il vous plaît?
Mme Phénix: Dans la mesure où le secteur
privé assume lui-même des fonctions d'autoréglementation,
l'ACCOVAM considère que le gouvernement doit confier directement aux
diverses institutions déjà en place la totalité ou une
partie du contrôle des intermédiaires, sous réserve que ces
organismes aient des règles internes compatibles avec la politique
gouvernementale. Dans un tel contexte, les organismes privés
d'autoréglementation et les organismes publics exercent de façon
complémentaire leur rôle. Donc, la position de l'ACCOVAM
concernant la proposition d'établir un superconseil des
intermédiaires, cela ne ferait, selon nous, qu'alourdir la
réglementation et créer un palier inutile de contrôle.
En conclusion, le document de consultation sur le décloisonnement
des intermédiaires et les changements législatifs qu'il
engendrera permettront au système financier du Québec de
s'adapter rapidement aux changements profonds amorcés par le
décloisonnement des institutions financières. L'ACCOVAM croit que
divers ministères doivent être impliqués dans la
réforme proposée, notamment le ministre responsable du secteur du
courtage immobillier et le ministre responsable de l'Office des professions.
L'ACCOVAM, pour sa part, offre sa collaboration continue dans
l'élaboration des nouvelles structures des marchés
financiers.
Le Président (M. Lemieux): Merci, madame. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Fortier: Oui, je voudrais remercier l'ACCOVAM pour un
mémoire très technique, qui a demandé beaucoup de
préparation, j'en suis sûr. Quand on lit le détail des
différents tableaux dans le mémoire, on s'aperçoit que
toutes les possibilités sont évoquées et qu'on a pris
beaucoup de soin à essayer de comprendre les possibilités de
travail en multi-disciplinarité.
J'aimerais tout à l'heure, revenir, si j'ai le temps, à la
multi-disciplinarité, parce que vous évoquez des réseaux
internes, des réseaux externes, des ententes informelles ou
"formalisées" par des déclarations publiques, le cas
échéant.
Dans un premier temps, j'aimerais revenir à la planification
financière. Si je comprends bien, vos idées s'apparentent
à celles qu'on a mises de l'avant, mais j'aimerais essayer de le
comprendre à l'intérieur, disons, d'un bureau de courtiers en
valeurs mobilières, parce que la majorité de vos membres ont des
bureaux assez
importants. Il y en a de très gros: Burns Fry Ltée,
Dominion Securities inc, Lévesque Beaubien inc, enfin il y en a qui sont
très gros. Il y en a aussi de plus petits, mais même les plus
petits ont quand même une certaine importance. Vous parlez d'un cabinet
qui serait formé pour la planification financière, et
j'évoquais tout à l'heure la recommandation que M. Lacaille va
nous faire ce soir, je veux dire, qu'une personne qui offrirait ses services de
planificateur financier devrait pouvoir asseoir sa compétence sur un
cabinet qui existerait quelque part. J'imagine que pour les courtiers en
valeurs mobilières, si on prend Burns Fry ou Lévesque Beaubien,
Lévesque Beaubien aurait quelque part, dans son organisme, un cabinet en
planification financière qui permettrait à ses
représentants d'obtenir, bien sûr, l'autorisation de se
présenter comme planificateurs financiers délégués,
mais en assoyant leur compétence d'avantage sur l'expertise qui
existerait dans un cabinet interne au bureau qui s'afficherait comme tel.
Est-ce bien cela? Est-ce que je comprends? Si on prend les bureaux d'une
certaine importance parmi les courtiers en valeurs mobilières, est-ce
que vous êtes d'avis qu'il y aurait avantage, à l'intérieur
de ces bureaux - cela existe peut-être déjà - à ce
qu'il y ait une équipe de planification financière qui appuierait
les démarches de ses représentants?
Mme Phénix: En fait, le titre de planificateur financier
va toujours être accessoire en fonction d'un intermédiaire.
M. Fortier: Oui, j'accepte cela.
Mme Phénix: Pour nous, le cabinet de planificateurs
financiers est vraiment le cas où c'est le planificateur pur. Il va
regrouper non pas des intermédiaires, mais des gens qui auront pris le
titre de planificateurs financiers et qui s'annonceront uniquement à
titre de planificateur financier. Donc, on fait vraiment la distinction entre
le cabinet, l'intermédiaire ou la firme de courtage qui permet à
ses représentants de s'adjoindre le titre de planificateur
financier.
Ce qu'on dit, c'est que l'inscrit pourra annoncer que ses
représentants font de la planification financière, mais ne pourra
pas avoir de propriété dans un cabinet de planificateurs
financiers qui, lui, ne sera qu'un cabinet qui ne fera que le conseil. Il
n'offrira aucun produit et ne recevra aucune commission, ni ne pourra recevoir
aucune commission pour vente de produits parce qu'il n'a pas accès
à en vendre, ce ne sont pas des intermédiaires de marché,
ni de commissions par référence. Donc, c'est vraiment le cas pur
du planificateur financier.
M. Fortier: Ce que vous proposez, c'est que les cabinets de
planification fiancière soient tout à fait purs, comme vous le
dites. Donc, si je prends une maison de courtage...
Mme Phénix: L'aspect conseil uniquement.
M. Fortier: ...Burns Fry, Lévesque Beaubien, Dominion
Securities, ils pourraient soit se référer à ce cabinet
pur ou est-ce qu'ils auraient en leur propre sein un groupe de planificateurs
financiers? J'essaie de voir, dans un cas bien concret, de quelle façon
cela fonctionnerait pour vos membres, parce que là je ne le comprends
pas.
Mme Phénix: Si nos membres acceptent que le
représentant prenne le titre de planificateur financier, le membre
pourra annoncer qu'il offre le service de planificateur financier par le biais
de ses représentants, parce qu'il aura un encadrement, il aura permis le
port du titre par ses représentants, mais toujours en comprenant bien
que c'est un intermédiaire de marché par lequel vous pouvez avoir
accès à des planificateurs financiers. Donc, toujours bien mettre
en relation produits, intermédiaire de marché qui peut vendre un
produit et qui donne aussi un conseil de planificateur financier. Là
où on veut faire la différence, c'est entre celui qui est le
conseil pur et celui qui peut donner un conseil...
M. Fortier: Oui, d'accord.
Mme Phénix: ...mais qui est relié par le fait qu'il
est un intermédiaire de marché.
M. Fortier: Je ne saisis pas encore comme cela va fonctionner en
réalité. Vous avez des membres qui s'appellent Geoffrion Leclerc,
Lévesque Beaubien, Burns Fry, Dominion Securities, et j'imagine que ces
bureaux-là veulent faire de la planification financière...
Mme Phénix: C'est cela.
M. Fortier: ...et en font dans le moment.
Mme Phénix:
Oui.
M. Fortier: Alors, j'essaie de voir comment cela va
fonctionner.
Mme Phénix: Bien, vous rentrez chez nous...
M. Fortier: Moi, j'appelle un de mes représentants qui,
à ce moment, quand je n'étais pas ministre, me conseillait pour
acheter des valeurs mobilières. Alors, peut-être que ce même
représentant dans l'avenir pourrait obtenir...
Mme Phénix: Le titre de planificateur.
M. Fortier: ...le titre de planificateur financier, de
planificateur financier délégué ou de conseiller en
planification financière. J'essaie de voir comment le bureau va
être structuré à ce moment-là. Je voudrais savoir
comment Geoffrion Leclerc, Lévesque Beaubien seraient
structurés
pour permettre à cet individu de fonctionner. Le
représentant X, dans le moment, est employé de Lévesque
Beaubien, de Geoffrion Leclerc ou de Dominion Securities. Il travaille par
téléphone et offre des produits en valeurs mobilières
mais, dans l'avenir, il passerait les examens pertinents pour porter
également le titre de planificateur financier
délégué ou de conseiller en planification
financière. Qu'est-ce qui ferait qu'à l'intérieur de son
propre groupe il aurait la compétence requise pour couvrir l'ensemble
des produits financiers? Si je comprends bien, les experts chez Lévesque
Beaubien, chez Geoffrion Leclerc ou chez Dominion Securities sont des experts
en valeurs mobilières. À ce que je sache, vous n'avez pas
d'experts compétents en assurance - on ne vous le demande pas - vous
n'avez pas d'experts dans d'autres types de produits financiers. Donc, je
croirais que, si quelqu'un chez Geoffrion Leclerc, Lévesque Beaubien et
Burns Fry se présentait comme conseiller en planification
financière, il pourrait avoir recours à un éventail
d'expertises à l'intérieur même de sa boîte. C'est
cela que j'essaie de saisir.
Mme Phénix: Non. En fait, il va avoir le titre. Le
représentant, lui, va avoir accès au titre de planificateur
financier. Il n'y aura pas, à l'intérieur d'une firme de
courtage, accès au comptable, à l'avocat, non. Il va y avoir des
représentants en valeurs mobilières qui pourront avoir un cumul
de permis, d'accord? C'est permis pour autant que la firme permette qu'il y ait
un cumul de permis sur l'individu, et cet individu-là pourra aussi avoir
le titre de planificateur financier.
M. Fortier: Alors, cela sera l'individu qui devra
posséder, à ce moment-là, la totalité de
l'expertise dans tous les domaines de la planification financière? Parce
que...
Mme Phénix: C'est qu'on peut référer.
C'est-à-dire que, dans un premier temps, le planificateur financier a un
titre. Alors, il va falloir définir les normes, qu'il ait passé
un cours au niveau d'un institut de planificateurs financiers et... Donc, on
comprend que ce cours-là va lui donner une approche, peut-être, de
généraliste.
M. Fortier: Oui. Mais le problème est celui-ci: Si j'ai de
l'argent à investir, je désire que quelqu'un fasse ma
planification financière. Alors peut-être qu'une partie de mon
avoir devra aller...
Mme Phénix: Oui, mais je vais...
M. Fortier: ...dans le domaine des valeurs mobilières, une
partie dans le domaine de l'assurance, une partie dans l'immeuble...
Mme Phénix: C'est cela.
M. Fortier: ... une partie en dépôt. Alors, si je
fais affaire avec un individu qui est courtier en valeurs mobilières, je
m'attends à ce qu'il soit expert en valeurs mobilières. Mais,
même s'il passait un examen, il ne pourra pas posséder cette
totalité de l'expertise dans tous les domaines. Au mieux, il va
être un généraliste capable de dialoguer avec son client,
mais là il devrait avoir recours à des experts dans tous ces
domaines-là.
Mme Phénix: Pas de problème, à ce
moment...
M. Fortier: Donc, j'aurais une certaine appréhension qu'un
représentant de Geoffrion Leclerc ou Lévesque Beaubien me dise:
Bien, j'ai passé un examen; maintenant, je peux faire toute la
planification financière de chacun d'entre nous ici. C'est pour cela que
je croirais, comme d'autres mémoires nous le suggèrent,
qu'à l'intérieur d'une boite comme celle dans laquelle vous
travaillez, ou d'autres boîtes dans le domaine des valeurs
mobilières, il se trouve à l'intérieur de cette
boîte-là des experts en planification financière ou que
cette boîte-là signe une entente avec un conseiller en
planification financière qui serait extérieur à cette
boîte-là.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé?
M. Fortier: J'ai terminé.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion,
brièvement.
M. Fortier: Non, non, allez-y, répondez.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, allez-y,
répondez. Oui, oui.
M. Fortier: Très brièvement. C'est important.
M. Pouliot (Michel): En fait, "in a nutshell" comme ils le disent
en français... Michel Pouliot, M. le Président. En fonction de la
définition qu'on donne à la planification financière, il
est évident qu'on en fera ou qu'on n'en fera pas. Il y en a qui
prétendent avoir 43 compétences. La semaine dernière, je
dînais avec un fiscaliste depuis dix ans en pratique qui me disait qu'il
n'était plus possible de faire de la planification fiscale sans avoir
une équipe sous lui, étant donné la complexité. En
fonction de la profondeur ou de l'étendue qu'on veut obtenir dans un
service à donner à un client, évidemment, on pourrait en
faire ou non, de la planification, en fonction de notre définition. Pour
avoir lu celle du rapport Lacaille, Ouellette à laquelle vous faites
référence, M. le ministre, il est bien clair dans mon esprit
qu'une fois qu'on a constitué
un tel cabinet le taux horaire sera de 2500 $, si ces gens ne vivent que
sur une base d'honoraires et ne sont pas liés ou ne reçoivent
aucune forme de commission et n'ont aucun intérêt dans les
produits qu'ils vendent. Donc, cela sera accessible à 0,1 % de la
population.
Nous, notre définition de la planification financière est
faite sur une base uniquement d'honoraires. Aussitôt qu'on partage une
commission ou qu'on a un intérêt direct ou indirect dans un
produit qu'on considère dans un portefeuille donné, qu'il soit en
assurance, notariat, testament ou autres, à partir de ce
moment-là, nous ne définissons plus cela comme étant de la
planification financière. Ce dont on parle, nous, comme planification
financière, c'est de ce qui est raccroché au titre
d'intermédiaire de marché, comme celui de courtier ou vendeur
d'assurance-vie. C'est celui qui en fait mais, évidemment, basé
ou gravitant autour du domaine dans lequel l'expertise principale se trouve.
Donc, il fait de la planification sous forme accessoire et s'affiche comme
étant un intermédiaire de marché, donc
intéressé dans le produit qu'il vend. Pour nous, la planification
financière pure n'existe que dans la mesure où l'on ne
reçoit pas de commission dans le produit qu'on suggère. On ne
peut même pas, pour cet individu, permettre la suggestion de produits
spécifiques, à moins d'être inscrit et de devenir un
intermédiaire de marché.
Donc, c'est dans ce contexte-là qu'ayant pris connaissance de
notre dossier on en est venu à réglementer diverses fonctions
d'intermédiaire financier. Si nos suggestions sont adoptées, on
se retrouvera, par déduction, à ne laisser qu'au conseiller
financier pur un champ d'action comme il est décrit aux pages 20 et
suivantes de notre document.
Mme Phénix: Rien n'empêchera notre
représentant de référer son client à un cabinet de
planification financière. Mais il ne recevra pas de commission pour
référence.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je voudrais poser une question au ministre, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Une question au ministre, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Le ministre...
Le Président (M. Lemieux): De consentement, M. le
député de Lévis. Est-ce qu'il y a consentement, M. le
ministre? (17 heures)
M. Fortier: Oui.
Le Président (M. Lemieux): II y a consentement.
M. Fortier: Je suis toujours prêt à éclairer
la lanterne du...
Le Président (M. Lemieux): Du député de
Lévis? Ah bon! M. le député de Lévis.
M. Garon: Ce ne sera pas long. C'est qu'il y a eu un
dépôt d'un livre blanc en avril, des consultations aujourd'hui et
vous avez l'intention de présenter un projet de loi sur les
intermédiaires financiers, mais à quel moment? Vous avez
déjà dit à l'automne, est-ce que...
M. Fortier: Oui, je pense bien que je l'ai dit ce matin,
confronter nos idées avec chacune des associations - et ce dialogue est
très fructueux, je pense bien - j'espère que cela va nous
permettre de préciser nos orientations, une fois qu'on aura
décanté tout ce qui aura été dit ici. Si
nécessaire, il y aura des rencontres privées pour préciser
des points techniques. L'idée, ce serait qu'aux mois de septembre et
octobre on puisse indiquer notre orientation. Je crois, dans le domaine de la
planification financière, qu'il est important que nous procédions
parce que, vous l'avez indiqué ce matin, c'est le secteur... Les autres
secteurs sont déjà réglementés. L'assurance est
déjà réglementée, le courtage en assurances
générales est déjà réglementé. On
peut parler de décloisonnement pour donner plus d'extension aux
intermédiaires mais dans le domaine de la planification
financière, et notre document en fait état, je crois que c'est
important que le gouvernement procède le plus tôt possible parce
que c'est le secteur qui est en développement le plus rapide. Comme on
peut le voir par la discussion qu'on vient d'avoir, beaucoup de gens se
réfèrent à la planification financière, et cela
veut dire différentes choses pour différentes personnes. Donc,
quand quelqu'un se présente à Mme Tartempion lui disant qu'elle
vient d'hériter 50 000 $ de son mari décédé, ce que
nous aimerions, nous, c'est que la personne qui va se présenter comme
planificateur financier soit quelqu'un qui est qualifié. Mais il
faudrait bien s'entendre sur les termes et, si quelqu'un se présente,
qu'il puisse, selon les discussions que nous aurons, refléter une
certaine expertise ou s'appuyer sur l'expertise d'un groupe auquel il se
référera. Je pense que l'idée est de contrôler,
donc, l'appellation, et de faire en sorte que, lorsque quelqu'un se
présentera chez vous comme planificateur financier, vous pourriez
appeler M. Bouchard, l'inspecteur, pour dire: Est-ce que cette
personne-là satisfait aux exigences? Aussi, appeler le conseil ou
appeler l'organisme de contrôle. Donc, le public va être mieux
servi. Les niveaux d'éducation vont être mieux cernés, le
code de déontologie serait précisé, le champ de pratique
va être défini et, en définitive, le public va être
mieux protégé et les fonds vont pouvoir être placés,
vont pouvoir mieux fructifier dans des endroits plus sûrs.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Non, mais sans entrer dans le détail du contenu
d'un projet de loi ou d'un avant-projet de loi, voulez-vous procéder par
le dépôt d'un avant-projet de loi pour consultation ou par le
dépôt d'un projet de loi au mois d'octobre? La session commence
habituellement vers la mi-octobre.
M. Fortier: L'idée, ce serait le dépôt d'un
projet de loi.
M. Garon: Au mois d'octobre?
M. Fortier: Oui. J'imagine qu'on va essayer de faire consensus.
Je ne pense pas qu'on fasse l'unanimité mais, si on pouvait arriver
à des consensus sur des points de base, on pourrait procéder cet
automne. C'est un programme que je me donne mais, avant de conclure, vous
comprendrez, M. le député de Lévis, qu'on va passer la
semaine, on fait juste commencer. On commence, on a quatre jours.
M. Garon: C'est parce que c'est important de connaître un
peu les échéanciers.
M. Fortier: Remarquez bien que je me suis engagé, parce
qu'on parle de décloisonnement... Avec raison, les courtiers
d'assurances s'étaient plaints que d'autres institutions
financières avaient eu la possibilité en 1983 de se
décloisonner, et les intermédiaires nous disent: Écoutez,
nous, on est restés sur le carreau, on voudrait bien partager les
bénéfices de ce décloisonnement. Donc, je me rends compte
qu'il y a une certaine urgence à procéder dans certains domaines.
Dans le cas des courtiers d'assurances, en particulier, c'est qu'ils sentent la
concurrence de Desjardins et d'autres. Dans le cas de la planification
financière, l'urgence vient du fait qu'il y a eu des abus qui se sont
révélés dans d'autres provinces. Au Québec, la
Commission des valeurs mobilières a fait état, dans une
étude qu'elle a faite, de certains abus potentiels. Maintenant que le
drapeau rouge est sorti, je pense que nous avons une responsabilité
ensemble, comme parlementaires, de procéder dans les meilleurs
délais.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Maintenant qu'ils ont sorti le drapeau rouge, il s'agit
de sortir le taureau.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Dans votre esprit, est-ce que c'est pour adoption avant
Noël ou...?
M. Fortier: Non, je crois que ce serait difficile. Les
règles que le ministre de la Justice a promulguées veulent que,
si on dépose un projet de loi à l'automne, il ne pourrait
être adopté avant le printemps à moins que je puisse
plaider l'urgence de la situation. Normalement, un projet déposé
à l'automne ne pourra être accepté avant le printemps,
à moins qu'on puisse...
M. Garon: En vertu de quelles règles?
M. Fortier: Ce sont des règles que le gouvernement s'est
données à lui-même pour qu'on puisse... Il y a moyen, des
fois, quand c'est très urgent de changer ces règles-là,
mais dans des cas exceptionnels.
M. Garon: Les projets de loi qui sont déposés avant
le 15 novembre...
M. Fortier: Autrement dit, un projet de loi déposé
au printemps est adopté à l'automne, normalement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît.
M. Garon: À la page 3 de votre document, vous parlez
d'éviter toute surréglementation. Je veux juste vous faire
expliquer cela davantage. Dans le secteur que vous touchez, ne pensez-vous pas
que, dans une perspective de décloisonnement, une réglementation
plus serrée est peut-être nécessaire? Je comprends que vous
avez parlé d'une façon de faire, en fonction des produits. Mais,
dans une perspective de décloisonnement, ne pensez-vous pas que cela
doit être plus serré que dans le cas où il n'y a pas de
décloisonnement?
Mme Phénix: Je vais passer la parole à notre
conseiller.
M. Lacoste (Gérald): Je pense que le thème de la
surréglementation était pour attirer l'attention sur le fait
qu'il y a déjà beaucoup de réglementation, plus
particulièrement dans le secteur financier, et, dans ce secteur,
l'industrie des valeurs mobilières est très
réglementée. Avant de commencer à ajouter des
étages de réglementations et de nouvelles lois, l'idée
était de suggérer de nous servir de ce qui existe
déjà et de faire les ajustements nécessaires en ajoutant
un peu ici et un peu là, mais sans créer ce qu'il n'est pas
nécessaire de créer. Servons-nous de ce qui va bien; je pense que
c'était le sens à donner à la surréglementation.
Entre autres, l'ACCOVAM dit qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un
conseil de la planification financière. Servons-nous donc de chacun des
organismes dans chacun des piliers et le petit peu qui reste,
les purs comme on a dit tantôt, une petite déclaration
publique, cela devrait être suffisant. À l'usure, on pourra
revoir. On ne pense pas qu'il y aura d'abus. Il y aura un système de
contrôle partout, minimal en partant et pas trop lourd.
M. Garon: Au fond, vous voudriez régler... Vous disiez les
piliers, comme ils ont été réglementés
jusqu'à maintenant, à moins de faire des correctifs, et puis...
Je pense que c'est à la page 3.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, dans le bas de la page.
M. Garon: Vous parliez de référer à la
Commission des valeurs mobilières pour donner les autorisations
requises dans ces secteurs plus particuliers.
M. Lacoste: Historiquement, c'était une
réglementation par fonction. On a des organismes habitués
à réglementer chaque fonction. On n'est pas obligés
d'abolir tout ce qu'on a mis en place. Si on permet aux institutions d'aller
dans les autres secteurs que leurs secteurs originaires, les nouvelles
fonctions seront réglementées par des organismes qui sont
déjà habilités à le faire. Le seul nouveau concept,
une fois qu'on accepte le décloisonnement, c'est celui de la
planification. Est-ce que c'est une nouvelle profession? Non, ce n'est pas une
nouvelle profession. C'est une jonction de plusieurs disciplines et services
financiers. Alors, toujours dans cette voie, si c'est un courtier en valeurs
mobilières qui fait de la planification financière et qu'un
client se plaint, on ira voir la commission. Si c'est un assureur-vie et qu'un
client se plaint, il ira voir l'inspecteur général. Si c'est un
pur, il ira voir l'un ou l'autre. Il se plaindra. Il se fera attraper de
façon très simple parce que pour exercer il devra déposer
une déclaration s'il n'est pas déjà attrapé par une
profession ou un exercice d'intermédiaire financier. La personne devra
déposer une déclaration disant qu'elle a fait de la planification
financière. Alors, tout le monde est pris, mais on n'a pas
créé un monstre et on est capables de couvrir le champ au
complet. C'est pour protéger les épargnants, ce n'est pas pour
donner plus d'ouvrage aux courtiers ou aux autres.
Mme Phénix: II faut que l'épargnant soit capable,
selon l'expression, d'accrocher un peu son chapeau quelque part, d'identifier
qui est l'organisme de réglementation ou d'autoréglemen-tation,
afin que, s'il a une plainte ou s'il sent qu'il est mal servi, il puisse
s'adresser quelque part.
M. Garon: Au lieu d'avoir un gros kit, il y a
l'inscription...
Mme Phénix: C'est cela.
M. Garon: ...par rapport aux différents piliers.
Mme Phénix: Inscription universelle, c'est cela.
M. Garon: Et là la personne est assujettie dans le secteur
qu'elle couvre par la réglementation et la législation qu'il y a
dans ce secteur. Qu'est-ce que vous rajouteriez?
M. Lacoste: Je pense qu'il est important de dire la norme pour
s'annoncer planificateur financier. Qu'on soit un pur ou qu'on soit
déjà un courtier qui veut en faire, il faut qu'il y ait un
institut qui va établir une norme. C'est nouveau. Ce n'est pas un
organisme de contrôle. Cela va définir les normes. Cet institut va
dire: Pour faire de la planification financière, ili faut
connaître quelque chose en assurances, en valeurs mobilières, en
courtage immobilier, peut-être un peu du système fiscal, avoir des
notions juridiques, etc. Le planificateur financier, cela ne lui donne pas un
titre d'avocat, cela ne lui donne pas un titre de courtier en valeurs
mobilières. Il donne des conseils généraux et il n'a pas
le droit de donner des conseils spécifiques. Il a déjà
suivi un cours de courtier en valeurs mobilières. L'institut a
publié un cur-riculum avec tout ce qu'il faut. Il ira compléter
où il voudra, au cégep, à n'importe quelle autre
institution qui dispensera ces cours. Le secteur privé ou le secteur
public les donnera. Quand il aura toutes ses qualifications, s'il est courtier
en valeurs mobilières, il dira: J'ai toutes mes qualifications, je
commence. S'il est assureur-vie, il dira: J'ai fait mes cours, je commence. Le
point de contrôle c'est son employeur qui dit: Je te permets de
t'annoncer; je suis responsable de ta planification. C'est le point de
contrôle principal. Si l'employeur ne fait pas son travail, que ce soit
un assureur-vie, un courtier d'assurances, un courtier en valeurs
mobilières ou autres, l'inspecteur général ou la
commission lui tapera sur les doigts, si c'est basé sur
l'autoré-glementation. Le seul point qui n'était pas couvert,
c'était pour celui qui n'est pas un professionnel, qui n'est inscrit
nulle part, qui a fait un MBA, un cours de droit mais qui n'est pas avocat ou
notaire, qui a fait sa maîtrise en fiscalité à
l'Université de Sherbrooke mais qui n'est inscrit nulle part, qui est
très bien équipé mais que personne ne réglemente.
Il peut faire un bon planificateur financier. On dit que, lui, il dépose
son inscription et il part.
Le Président (M. Lemieux): Merci, monsieur. Une
voix:...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis. M. le ministre, est-ce que vous... Vous
pouvez opter... Il vous reste encore du temps. M. Garon: Non,
j'aime autant alterner.
Le Président (M. Lemieux): D'accord, M, le
député de Lévis. M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Fortier: On en est à quel endroit?
Le Président (M. Lemieux): Nous en étions rendu
à discuter...
M. Garon: Vous avez dit que vous ne compreniez pas, alors.
Le Président (M. Lemieux): ...les composantes de
planificateur financier.
M. Fortier: Quand je dis cela, il faut devenir
soupçonneux.
M. Garon: C'est une grosse admission pour le député
d'Outremont.
M. Fortier: II y a d'autres gens... Le chef de votre parti
demeure aussi dans Outremont.
M. Garon: Je ne comprends pas...
M. Fortier: ...que j'ai saisi l'ensemble. Dans le fond ce que
vous proposez c'est qu'il y ait des gens en planification financière
pure, qui ne seraient soumis à aucune autorité de
réglementation.
M. Lacoste: C'est-à-dire que non. Dans un premier temps,
ceux qui ne sont pas déjà accrochés, les purs, se feront
une association.
M. Fortier: Oui, mais est-ce que cette association aura une force
contraignante si quelqu'un ne fait pas partie de cette association? Ou, si
quelqu'un fait partie de l'association et ne respecte pas les règles de
l'association, qu'est-ce qui va arriver?
M. Lacoste: L'association pourra les démettre, fera sa
propre déontologie.
M. Fortier: Et qu'est-ce qui arrive? M. Lacoste: Dans
votre question... M. Fortier: Autrement dit, si...
M. Lacoste: ...il y a deux volets. Il y
l'autoréglementation et il y a la qualification.
M. Fortier: Si l'objectif visé est de faire en sorte que
des cabinets ou des individus qui s'affichent comme planificateurs financiers
soient réglementés et que, s'ils ne respectent pas les conditions
d'admission ou s'ils ne respectent pas la déontologie ou s'ils n'ont pas
la compétence, ils ne puissent pas pratiquer, qu'est-ce qui arrive
à un cabinet qui ne ferait pas partie de l'institut et qui existerait
dans le décor, n'importe où?
M. Lacoste: II ne peut pas opérer.
M. Fortier: Qui va agir pour faire en sorte qu'il ne puisse
opérer?
M. Lacoste: L'inspecteur ou la commission. Il va se trouver
à pratiquer illégalement l'assurance.
M. Fortier: On va mettre le nom de l'inspecteur ou du
président de la commission dans un chapeau et on va voir lequel des deux
intervient?
M. Lacoste: Je pense que vous êtes en train de mettre les
problèmes de contrôle avant les problèmes de concept.
M. Fortier: D'accord.
M. Lacoste: Comprenons le concept, on verra les moyens de
contrôle après. Prenons pour acquis que les citoyens respectent
les lois. La loi dit que si vous n'êtes pas reconnu par une association
quelconque de planificateurs financiers qui s'autoréglemente et si vous
n'avez pas déposé chez l'inspecteur général au
service des compagnies, par exemple, une déclaration disant que vous
faites affaire, vous n'avez pas le droit de le faire. C'est simple. On n'a pas
besoin d'écrire une grosse loi. On écrit cela, c'est fait. (17 h
15)
Si des gens ne se conforment pas à loi, comment va-t-on les
prendre? Comme tous les autres citoyens: il y a soit un courtier en valeurs ou
un courtier en assurances qui se plaindra parce qu'il aura entendu dire que
quelqu'un a vu un charlatan. Où va-t-il déposer sa plainte pour
faire une enquête? Soit à la commission, soit chez l'inspecteur.
C'est tout. Par une bonne campagne d'éducation, la population apprendra
que toute personne qui s'annonce comme planificateur financier est soit
déjà réglementée par ce qui réglemente les
courtiers en valeurs, les courtiers en assurances ou les autres - et tout le
monde les connaît - ou par une de ces associations. C'est très
simple, c'est l'enfance de l'art. C'est comme ça que cela marche.
M. Fortier: Alors la question qui m'est posée tout autour
de moi, de même que par le président qui me chuchote, c'est d'une
part: Quelles associations? Ce que je comprends de votre intervention c'est
que, dans le fond, vous dites: Faites bien attention à l'excès de
réglementation et cherchez à amener des gens à
s'autoréglementer. Donc, assurez-vous que les
lois ou la réglementation soit la plus simple possible. S'il y
avait des abus, le gouvernement voudrait être en mesure de dire qu'il a
posé des gestes pour s'assurer que la situation soit sous
contrôle. Ce que vous dites, c'est: II y aurait moyen de
référer cela soit à l'un soit à l'autre des deux
organismes qui existent dans le moment, c'est-à-dire à
l'inspecteur ou à la Commission des valeurs mobilières.
M. Lacoste: Si on élimine tous ceux qui sont
déjà réglementés, il ne reste vraiment pas beaucoup
de personnes qui font de la planification financière sans être
réglementées quelque part, qui ne sont pas avocats, comptables,
notaires, courtiers en valeurs... Il en reste très peu. Ceux-là,
s'ils font partie d'un groupe financier où il y a déjà une
entité réglementée, c'est réglé, c'est
l'entité qui s'en occupe. Donc, il ne reste que quelques personnes. Vous
allez en entendre qui viendront vous présenter des choses en vous
disant: On fait de la planification financière. On est une association.
Ce n'est pas formel, cela existe. Confiez-leur l'attribution des titres. Les
gens deviendront membres de cela. On n'a pas besoin de créer une loi en
planification financière.
M. Fortier: Mais comme vous le savez, Me Lacoste, parmi ceux qui
font de la planification financière, je parle de cabinets, il y en a qui
sont purs. Il y en a un ou deux que je connais qui sont purs.
M. Lacoste: C'est cela, il n'y en a pas beaucoup.
M. Fortier: Puis il y en a d'autres qui ne sont pas purs, mais
ils existent quand même.
Alors, à ce moment-là on serait obligés de leur
dire: Mettez la clé dans la porte.
M. Lacoste: Bien non. Vous dites des courtiers en assurances?
M. Fortier: Non, ce sont des gens... Je ne veux pas donner de
noms. Il y a des gens qui ont des bureaux multidisciplinaires qui font
différentes affaires.
M. Lacoste: Ils sont reliés à un émetteur,
à une compagnie d'assurances ou à quelque chose. Qu'ils
s'annoncent comme tels: Nous sommes dans un groupe qui vend des produits et
nous faisons de la planification financière. Notre mémoire le
permet et même l'encourage. Mais il faut faire bien attention...
M. Fortier: Mais ces gens-là n'auraient pas le droit de
s'afficher comme planificateurs financiers.
M. Lacoste: Uniquement comme planificateurs financiers,
impossible. C'est là qu'est le contrôle; ou on est pur, ou on ne
l'est pas. Si on n'est affilié à aucun groupe, si on n'est
affilié à aucun courtier, il n'y a aucun problème à
annoncer son service. Mais, dès qu'on est affilié, dès
qu'on a un intérêt, un produit à vendre ou quelque chose,
il faut toujours annoncer le premier intérêt: membre du groupe
Untel qui fait la planification financière; courtier qui fait la
planification financière. Le public est capable de lire sur les cartes
d'affaires, ce n'est pas difficile.
M. Fortier: Je vous remercie. M. Garon: Dans ce
cadre-là...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Garon: ...plaçons-nous dans le cas d'une personne qui
devient veuve à un certain endroit et que, dans la place, la personne
qu'elle connaît le mieux c'est le notaire. Elle va voir le notaire et le
notaire organise son affaire. Le notaire qui a suivi un cours de notaire, il
est peut-être parfait dans les formules de mariage, et tout cela, mais
comment, par rapport à la planification financière, peut-il se
considérer comme quelqu'un qui connaît cela parce qu'il est
notaire? Pour la protection du public, comment la veuve, qui est de la place et
qui va voir le notaire, peut estimer que son notaire connaît cela ou ne
connaît pas ça?
M. Lacoste: Elle va voir son notaire, elle rentre là,
c'est un notaire et les notaires ont un encadrement qui leur est propre. Il y a
un code de déontologie qui est appliqué par la Chambre des
notaires. Dès qu'il s'en va dans les services financiers, il n'agit plus
comme notaire. Cela ne veut pas dire que ce n'est pas un homme de bon conseil.
C'est comme mon courtier en valeurs mobilières; quand il voit la
personne qui est en train de s'acheter des valeurs mobilières pardessus
la tête, qui n'est pas propriétaire de sa maison ou qui n'a pas
d'assurance-vie, il doit être un homme de bon conseil. Le problème
c'est quand le notaire devient autre chose qu'un notaire, quand il devient un
intermédiaire financier, quand il a une commission pour vendre des
dépôts, quand il a une commission pour vendre un immeuble. La
dame, elle ne le sait pas, elle va voir un notaire. Donc, dans le
mémoire, on dit qu'il faut impliquer le ministre responsable de l'Office
des professions. Il y a une grande liste - et on a épargné dans
notre mémoire - de choses à reviser. Toutes les dispenses
traditionnelles aux professionnels, comptables, avocats, notaires, de
s'inscrire comme intermédiaires, il faut réviser cela. Les agents
d'immeubles, par exemple, qui ne sont pas sous la férule du ministre
responsable des institutions financières, il faut que cela revienne dans
le même giron. Vendre un immeuble à logements multiples ou
vendre les parts sociales d'une société en commandite qui
achète un immeuble, c'est tout du placement, cela. Il faut que cela
revienne tout ensemble, parce que les produits mêlés et les
services croisés, c'est cela le décloisonnement.
Alors, quand une personne va s'adresser à un notaire, il est
compétent comme notaire. Finis les privilèges, finis les
choses... Quand elle va voir un courtier en valeurs mobilières, c'est la
même chose. Quand elle va aller voir un planificateur financier, elle va
aller voir un professionnel qui va lui donner des conseils
désintéressés.
Mme Phénix: Comme l'avocat ou le notaire.
M. Lacoste: C'est cela. Et ce ne sera pas une nouvelle
profession, ce n'est pas nécessaire. C'est un mélange de services
et le centre du réseau pour l'individu. Un individu...
M. Garon: Reprenons l'histoire de ma veuve qui a eu...
M. Lacoste: C'est un bon cas.
M. Garon: Le plus gros placement actuellement en Amérique
du Nord on calcule que c'est justement les femmes qui deviennent veuves parce
qu'elles vivent plus longtemps que les hommes. Elle a eu un héritage,
300 000 $, 400 000 $, ou 500 000 $, mettons, ou un autre montant, peu importe -
non, mais dans le domaine des assurances, habituellement, la plupart des gens
sont plus riches morts que vivants - alors elle hérite. Et là
elle veut savoir ce qu'elle peut faire avec cela.
Mme Phénix: Oui.
M. Garon: Elle peut avoir, 40, 50 ou 60 ans, mais qu'est-ce
qu'elle peut faire avec cela? Alors, comment pensez-vous que cela va
fonctionner? Je ne place pas cet exemple à Montréal, je me le
mets plutôt en dehors des grands centres.
Mme Phénix: La dame va arriver chez un planificateur
financier, ou encore, si elle va ...
M. Garon: Chez le notaire.
Mme Phénix: ... ou chez le notaire. Elle est toujours chez
le notaire. Et là le notaire, il va falloir qu'il agisse à titre
de notaire. Le notaire, dans le cas où elle veut avoir une planification
financière, si, lui, ne s'annonce pas comme planificateur financier
parce que son code de profession ne le lui a pas permis, la
référera à un cabinet de planificateurs financiers.
Donc, la dame arrive au cabinet de planificateurs financiers, et le
cabinet de planificateurs financiers va prendre les avoirs de Mme Tartem-pion
et va lui faire une proposition selon sa planification financière, des
conseils uniquement, et Mme X va être obligée de verser une
rémunération à ce cabinet de planificateurs financiers. Ce
cabinet-là va lui dire: Tu pourrais investir en valeurs
mobilières, tu pourrais investir dans l'immobilier, et va, à ce
moment-là, suggérer à cette dame-là, non pas des
produits, mais va lui nommer des gens qui ont de l'expertise dans les
différents champs d'activité. Donc, il va la
référer, si on veut, référence sans commission,
à, disons, un expert en valeurs mobilières. Quand la même
dame arrive dans le secteur des valeurs mobilières et qu'elle fait
affaire avec notre représentant, celui-ci aura même l'obligation
de s'assurer que les conseils qui ont été donnés à
cette dame-là répondent vraiment à ses besoins - donc une
double vérification - et il agira en conséquence. Et si cette
dame-là, à la suite des produits qu'elle aurait achetés,
pour toutes sortes de raisons n'est pas satisfaite, elle pourra à ce
moment-là porter une plainte au niveau de la firme de courtage, et aller
plus loin à l'association et encore aller plus loin à la
commission.
Donc, je pense qu'il y a bien des étapes où cette
dame-là est excessivement bien protégée, parce que le
planificateur financier à l'état pur, lui, ne pourra conseiller
aucun produit. On a toujours le problème où cette dame-là
qui a un certain montant à placer, ou le monsieur qui a un certain
montant à placer, et qui le place de façon non judicieuse, il n'a
pas de deuxième chance pour se reprendre. Dans bien des cas ce peut
être son seul avoir. Donc c'est très important pour nous de
prévoir, ou de mettre de la réglementation et de
l'autoréglementation en place pour protéger cet
épargnant-là. Je pense que dans ce qu'on propose, le notaire,
lui, fait son rôle de notaire, il lui donne un conseil de professionnel;
le planificateur financier fait sa planification financière,
rémunération uniquement d'honoraires et, après cela, elle
est référée à différents experts qui, eux,
sont réglementés et autoréglementés.
M. Garon: Vous dites à la page 17, qu'au fond la
clé de...
Mme Phénix: Non, elle n'est pas obligée, elle
pourrait venir chez nous.
M. Garon: Page 17: "La clé des réseaux: le partage
des commissions et la rémunération pour référence".
On n'a pas entendu beaucoup de mémoires jusqu'à maintenant, mais
on a vu que la divulgation des commissions posait un certain problème.
Comment voyez-vous cela? Vous dites: "Le décloisonnement des
intermédiaires ne peut trouver toute sa synergie que dans la mesure
où les représentants inscrits peuvent utiliser pleinement les
réseaux établis par les institutions et les firmes et ce, au
bénéfice des épargnants." Avec la répartition des
commissions, pensez-vous qu'il y a un problème à ce point de vue
et est-ce que les clients devraient connaître la
répartition des commissions?
M. Lacoste: Dans un premier temps, sur une question de principe,
on a permis toutes sortes d'ententes. Toutes les ententes sont possibles entre
les institutions, à l'intérieur, selon les firmes. Bon, cela
c'est en place. Mais, pour que cela fonctionne, il faut que les gens se servent
du réseau. Il faut bien comprendre que la référence... Par
exemple, un courtier en valeurs qui réfère à un courtier
en assurance-vie, cela ne lui permet pas de faire de l'assurance-vie. Cela lui
permet de référer, parce que cela est dans son
intérêt et dans l'intérêt de son client d'aller voir
un spécialiste.
En ce qui concerne le principe du partage de la commission ou de la
rémunération pour référence, le principe est que
celui qui fait une référence doit dire: Je recevrai une
commission. On ne va pas jusqu'à lui demander de dire combien il va
recevoir. Il ne le sait peut-être pas tout de suite. Il y aura
peut-être une commission qui lui sera versée après qu'il
aura référé un certain volume; elle pourra fluctuer, on ne
le sait pas. Le principe est de dire: Je te réfère à un
tel, j'aurai quelque chose en retour, mais je ne sais pas quoi.
Maintenant, l'ACCOVAM ne dit pas non plus, de façon absolue,
qu'il faut dilvulguer toutes les commissions. Dans le secteur des valeurs
mobilières, cela fait longtemps que c'est réglé. Ils sont
habitués à cela. Dans les autres secteurs, c'est peut-être
plus complexe. Alors, pour l'instant, on dit: Si l'investisseur ou
l'épargnant sait que son intermédiaire lui fait une
recommandation et que cela va lui amener quelque chose, la mise en garde est
suffisante pour que la personne se dise: Cela peut être un bon conseil,
mais cela peut être un conseil intéressé. Ce n'est pas non
plus parce qu'il est intéressé qu'il n'est pas bon. Mais il va y
avoir divulgation. C'est ce que cela veut dire.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Lévis, peut-être 30 secondes en
conclusion. Notre temps de parole est terminé. Votre temps de parole est
terminé, il s'agit de conclure.
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Votre temps de parole est
terminé.
M. Garon: Je vais laisser le ministre conclure.
Le Président (M. Lemieux): Alors, dans le respect de la
règle de l'alternance, M. le ministre, en conclusion, une minute.
M. Fortier: En conclusion, je pense que ce fut une discussion
très intéressante. On voit que les courtiers en valeurs
mobilières ont une approche un peu différente, parce que vous
recommandez, en définitive, que les planificateurs financiers soient des
ultrapurs. C'est certainement une formule qu'on devra examiner. Alors, je les
remercie de leur point de vue et j'espère qu'on aura l'occasion de s'en
reparler.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, brièvement.
M. Garon: Moi, j'ai trouvé ce mémoire très
intéressant, surtout quand on dit d'utiliser les créneaux
existants plutôt que de faire de la surmultiplication. Je n'ai jamais
fait partie d'un comité de déréglementation, mais je
partage un peu cette façon de voir les choses. J'ai hâte de voir
comment le ministre, qui a été le ministre
délégué à la Privatisation, lui, va opérer
cet heureux mariage entre ces...
M. Fortier: Je vois que vous avez bien confiance en moi.
M. Garon: ...différentes choses. Je n'ai pas eu le temps,
et on doit conclure, mais j'aurais aimé savoir, entre les
différents modèles de cabinets multidisciplinaires qui sont
évoqués, lesquels, selon vous, auraient le meilleur
fonctionnement, relativement aux objectifs envisagés.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, en conclusion, s'il vous plaît.
M. Garon: Je vous remercie parce que le président ne me
laissera pas parler davantage.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie de votre
participation. Oui, madame?
Mme Phénix: Simplement pour répondre
à...
Le Président (M. Lemieux): Non, madame, s'il vous
plaît! Je m'excuse. Parce qu'il y a une autre association et notre temps
est assez... À moins que j'aie le consentement, mais le temps est
très serré.
Mme Phénix: Très serré. Ces cinq
modèles-là nous permettent...
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y.
Mme Phénix: ...toute la flexibilité. Pour nous,
peut-être le point le plus important, c'est de démontrer que,
quand on décloisonne, on ne peut pas décloisonner en partie. On
décloisonne un tout et il s'agit d'avoir le plus de flexibilité
possible pour l'efficacité des marchés. Merci.
M. Fortier: Merci. (17 h 30)
Le Président (M. Lemieux): Merci, madame. Alors, on vous
remercie de votre participation, et je demande aux représentants de
l'Association
de planification fiscale et financière de bien vouloir prendre
place, s'il vous plaît. Est-ce que le porte-parole de l'organisme
pourrait s'identifier et présenter, s'il vous plaît, les gens qui
l'accompagnent?
Association de planification fiscale et
financière
M. Gauthier (André): Oui, mon nom est André
Gauthier. Je suis président de l'Association de planification fiscale et
financière. Je suis accompagné par le président du conseil
d'administration, M. Charles Pelletier, à ma droite, et par le directeur
général et vice-président de l'association, à ma
gauche, M. Yvon Caron.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez vingt minutes pour
présenter votre mémoire. Je pense que vous êtes bien au
courant de la procédure maintenant. Les groupes parlementaires disposent
d'une quarantaine de minutes pour vous interroger. Vous pouvez présenter
votre mémoire immédiatement.
M. Gauthier: Merci. Alors, tel que souligné dans notre
mémoire, l'aspect du document de consultation qui nous intéresse
plus particulièrement est la planification financière. Nous
comptons près de 2500 membres qui regroupent toutes les disciplines qui
sont impliquées en planification financière. Je me dois de
souligner que le contenu du mémoire et les idées qui y sont
exprimées ont été approuvés par le conseil
d'administration et ont reçu l'assentiment unanime des 21 personnes qui
étaient présentes à la réunion en question. Il est
intéressant de constater que ce conseil se compose d'avocats, de
notaires, de comptables agréés, de CGA, d'assureurs-vie, de
courtiers en valeurs mobilières et de cadres de compagnies de fiducie et
d'assurances. La position qui est exprimée dans notre mémoire,
représente donc un certain consensus des membres du milieu qui oeuvrent
en planification financière.
Comme beaucoup d'observateurs particulièrement impliqués,
nous avons constaté que la protection du public exigeait un certain
encadrement du titre de planificateur financier. L'expression, le titre
planificateur financier laisse supposer, dans le public, un certain
degré de connaissances qui n'est pas toujours connu par ceux qui se
réclament du titre. Pour utiliser une expression que j'ai vue dans un
autre mémoire, le premier charlatan venu peut, sans contrainte aucune,
se déclarer planificateur financier et ainsi leurrer le public. Alors,
le premier objectif de cette réglementation nous paraît donc
être celui de protéger le public en réglementant
l'utilisation du titre et en imposant un minimum de connaissances à
celui qui veut se prévaloir du titre. Nous avons également
constaté qu'il existait un besoin de services en planification
financière. Besoin de services qui se fait sentir chez les plus
fortunés, mais également chez ceux qui le sont moins, la classe
moyenne en particulier. Alors, ce deuxième objectif doit être
l'accessibilité des services de planification financière.
L'accessibilité, cela impliqué un coût peu
élevé pour l'utilisateur.
De quoi parle-t-on quand on parle de planification financière?
Plusieurs définitions vous ont sans doute été
présentées. On en fournit une à la page 8 de notre
mémoire. Essentiellement, vous constaterez qu'on retrouve deux volets
à la planification financière. Un premier qui se veut
l'élaboration d'un plan, une planification des finances pour le futur,
et un deuxième volet sans lequel le premier devient inutile, qui est la
mise en oeuvre de ce plan. Une telle planification peut être simple ou
complexe, suivant la situation financière ou familiale de l'individu.
Pour illustrer les différentes complexités qu'on peut retrouver
en planification financière ou les deux extrêmes, permettez-moi de
vous parler de l'exemple d'un homme de 30 ans, marié, sans enfant, avec
un revenu de 35 000 $ par année. La planification financière d'un
type dans cette situation pourrait être très simple: s'assurer
qu'il investit dans son REER chaque année, qu'il a une assurance-vie
adéquate, qu'il a un testament ou non, selon le contrat de mariage. Dans
un cas comme celui-là, qui est peut-être le cas d'une forte partie
de la population, il y a peu d'intervenants qui sont requis. Les intervenants
qui sont requis dans un cas comme celui-là sont habituellement les
vendeurs de produits ou intermédiaires financiers. Par contre, on peut
penser à l'autre extrême de la planification financière,
une personne qui possède des actifs, qu'il s'agisse d'une entreprise ou
d'investissements. Là, la situation peut être complexe. Par
exemple, une seule des étapes de la planification financière
pourrait nécessiter le transfert d'actifs à une corporation. Dans
ce cas-là, les intervenants seraient le fiscaliste pour assurer le
transfert en franchise d'impôt, le comptable pour préparer les
états financiers et la capitalisation de la corporation et l'avocat ou
ie notaire pour préparer les contrats de vente et l'incorporation, sans
compter les autres intervenants vendeurs de produits qui sont aussi essentiels
à la planification financière du deuxième exemple que je
vous donne, tel, par exemple, l'assureur-vie ou le conseiller en
placements.
Alors, on voit que les tenants et aboutissants de la planification
financière ne sont pas clairement délimités. Tout cela
fait partie de la planification financière si l'on considère que
planification implique mise en oeuvre. On ne pourrait établir le
début et la fin de la planification financière, sur un plan
théorique, sans inévitablement empiéter sur le champ de
pratique des professions existantes, avocats, comptables, assureurs-vie et
autres, sans aller à rencontre d'une tendance qui se manifeste depuis
plusieurs années et qui devra se continuer, soit la
spécialisation.
Dans ce contexte, il ne nous paraît pas réaliste
d'envisager la création d'une nouvelle profession ou d'un surhomme qui
serait le planificateur financier. En outre, la plupart des intervenants en
planification financière, presque tous, sont déjà
réglementés par leur organisme professionnel respectif.
Cependant, lorsqu'on parle d'organismes professionnels respectifs, on constate
que les règles de déontologie d'un organisme à l'autre
peuvent varier considérablement. On peut toutefois les diviser en deux
catégories: les organismes qui regroupent des intervenants qui vendent
des produits et qui sont rémunérés à commission,
par exemple, le courtier en valeurs mobilières, et ceux qui fournissent
des services professionnels moyennant honoraires généralement,
par exemple, le comptable. De par la nature même de leurs
activités, les règles de déontologie de ces deux groupes
sont très différentes, de sorte qu'il nous apparaît
difficilement concevable que des règles de déontologie communes
puissent s'appliquer par l'intermédiaire d'un conseil de planification
financière, par exemple. Il nous apparaît aussi difficilement
concevable qu'il puisse y avoir deux normes de déontologie pour une
même profession. Peut-on concevoir qu'un comptable ne puisse être
rémunéré à la commission, lorsqu'il agit comme
comptable, mais qu'il puisse l'être dans le contexte d'un bureau
multidisciplinaire de planification financière, lorsqu'il agit comme
planificateur financier? Pour ces raisons, la création d'un conseil de
la planification financière formé de représentants des
diverses professions - les deux groupes dont on parle - et qui aurait pour
mandat non seulement d'établir des normes de compétence minimales
mais également d'établir des règles de déontologie
communes à tous ces intervenants ne nous apparaît pas
adéquate. Telle que suggérée, la proposition contenue dans
le document de consultation aboutirait, à notre point de vue, à
la création d'une nouvelle profession même si on ne lui donnait
pas le même nom. La raison, c'est que tous les éléments
d'une profession s'y retrouveraient. Premièrement, le conseil
émettrait un titre lié à une activité.
Deuxièmement, il y aurait le contrôle de l'utilisation du titre,
l'imposition de règles de déontologie et les sanctions qui
s'ensuivent. Essentiellement, on créerait une profession par la porte
d'en arrière.
Nous croyons que les deux objectifs que nous avons mentionnés
précédemment, à savoir la protection du public et
l'accessibilité, peuvent être atteints de façon plus simple
et plus efficace. Premièrement, la compétence pourrait être
réglementée par un organisme regroupant des membres de chacune
des professions impliquées, un institut de la planification
financière. Deuxièmement, l'émission du titre par un tel
institut se rapprocherait plus d'un titre académique que d'un titre
professionnel et l'exercice de l'activité serait laissé aux
organismes professionnels eux-mêmes parce que, pour obtenir le titre, il
serait évidemment essentiel d'appartenir déjà à une
profession réglementée, et chacun des organismes professionnels
verrait à l'application de ses propres règles de
déontologie.
Si la Chambre des notaires, le Barreau ou l'ordre des comptables
devaient permettre à leurs membres de présenter une
spécialisation qui serait "planification financière", les
règles de déontologie applicables aux avocats s'appliqueraient
à l'avocat ou au comptable lorsqu'il agit comme planificateur financier,
ce qui impliquerait dans un tel cas qu'un avocat ou qu'un comptable ne pourrait
être rémunéré à la commission. Il serait donc
automatiquement un pur. Par contre, dans le cas d'un assureur-vie,
rémunéré à la commission, ce seraient les
règles de déontologie de son organisme qui s'appliqueraient. Le
client, le consommateur serait conscient que sa planification financière
est effectuée par une personne qui a un intérêt à
vendre un produit et, dans un autre cas, que sa planification financière
est effectuée par une personne qui n'a pas d'intérêt
à vendre un produit.
On devrait également obliger le planificateur financier à
dévoiler en totalité la rémunération qu'il
reçoit pour ses services. Quand on dit en totalité, c'est le
montant de la rémunération qui serait versée. Or, il
m'apparaît très difficilement concevable qu'on puisse faire une
planification financière le moindrement complexe pour 250 $. Le
planificateur financier devrait donc être obligé de
dévoiler à son client que sa rémunération n'est pas
uniquement de 250 $, mais qu'elle comprend également une commission sur
la vente d'une police d'assurance ou sur des valeurs mobilières. Or,
cette obligation pourrait être sous la surveillance de chacun des
organismes professionnels à la condition que ces organismes
professionnels acceptent d'imposer une telle exigence à leurs membres
ou, dans l'alternative, cette obligation pourrait être imposée par
la loi et sous le contrôle de l'Inspecteur des institutions
financières.
Si le gouvernement devait tout de même conclure à la
nécessité de créer un conseil de la planification
financière, tel que suggéré dans le document de
consultation, nous croyons qu'il serait préférable que ce conseil
soit composé de membres des diverses professions et non pas uniquement
des représentants des organismes professionnels concernés. Je
peux prendre notre association à titre d'exemple. Depuis douze ans que
l'association prospère et comprend des membres des diverses professions
- nous en sommes d'ailleurs à mettre sur pied un institut de la
planification financière - il est fort douteux qu'un tel résultat
ait été atteint si chacun des membres, par exemple, du conseil
d'administration avait été dans l'obligation de
représenter l'intérêt de son organisme professionnel -
chacun des membres du conseil d'administration de notre association agit dans
l'intérêt de l'association - d'où le danger de
représentation d'organismes professionnels dans le but de
réglementer ou de promouvoir la planification
financière.
Nous avons également pris bonne note du désir du ministre
de présenter un projet de loi à l'automne. D'ici là, nous
croyons cependant qu'un groupe formé de représentants du milieu
devrait être consulté pour la mise en application
détaillée des lignes directrices qui seront inévitablement
retenues à la suite de cette commission parlementaire.
Nous vous remercions de l'occasion que vous nous donnez de nous faire
entendre et de faire entendre notre point de vue sur ce sujet. C'est un sujet
qui nous tient à coeur depuis plus de douze ans. Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le ministre, s'il
vous plaît! (17 h 45)
M. Fortier: Je vous remercie de votre présentation, MM.
Caron, Gauthier et Pelletier, qu'on a d'ailleurs eu l'occasion de rencontrer
à quelques reprises à ce sujet. Comme on peut le voir, les
propositions qui nous sont faites se suivent mais ne se ressemblent pas
toujours. Dans une très grande mesure, votre mémoire vient
à rencontre de certaines propositions qui ont été faites
ce matin par les assureurs-vie, l'APAVQ, dans la mesure où eux disaient:
S'il y a un conseil de la planification financière, cela devraient
être des organismes qui nomment les gens au conseil de la planification
financière. Vous dites exactement l'inverse.
Je crois qu'avec raison vous avez noté deux niveaux de
planification financière et c'est ce qui fait la difficulté. Dans
le fond, il y a la planification financière de l'homme d'affaires, du
président de Bell Canada, de la personne qui a hérité du
gros lot de 5 000 000 $ à Loto-Québec. Cette personne se demande
ce qu'elle va faire avec ses 5 000 000 $ ou ses 10 000 000 $. Elle est bien
prête à payer des honoraires. Elle devrait, d'ailleurs, payer des
honoraires pour avoir la meilleure expertise voulue. C'est ce qu'on appelle le
service haut de gamme. Le commun des mortels, l'individu qui gagne 25 000 $ ou
40 000 $ par année, voudrait lui aussi avoir certains conseils de
planification financière, mais il n'est pas prêt à payer
2000 $, 3000 $ ou 4000 $ pour se faire dire: Tout ce dont vous avez besoin,
c'est d'acheter une police d'assurance. Passez donc chez le notaire pour avoir
un testament et nous investirons dans votre REER chaque année. Il reste
que ceux qui ont des revenus moins élevés sont ceux qui sont le
plus exposés à des individus qui pourraient prétendre leur
donner une certaine expertise. La difficulté à laquelle on fait
face est de trouver un équilibre qui permette à des individus de
s'annoncer comme planificateurs financiers à la fois pour le commun des
mortels et pour les autres qui peuvent se payer le luxe d'avoir une
planification financière préparée par un avocat, un
comptable, un expert en fiscalité, et j'en passe. C'est le
défi.
Mais il reste qu'on s'entend sur un certain nombre de choses. Vous
l'avez dit, on s'entend sur la nécessité de passer à
l'action. On s'entend là-dessus. J'aimerais vous entendre nous dire dans
quelle mesure et pourquoi c'est important. C'est important du fait que la
profession se développe rapidement, j'imagine. Je ne sais pas si vous
pouvez nous dire publiquement si vous êtes conscient de lacunes
très graves de ceux qui s'annoncent comme planificateurs financiers;
autrement dit, sur l'urgence de procéder et les raisons qui nous
convaincraient davantage. Je crois que je le suis personnellement.
En ce qui concerne la consultation, comme vous le savez, on en a fait
beaucoup depuis quelques mois. On est bien prêt à en faire
davantage, mais il va falloir tirer la ligne à un moment donné.
Cela me fait plaisir de vous rencontrer, de rencontrer tous ceux qui vont venir
ici en commission parlementaire nous parler de planification financière,
mais plus je les rencontre, plus je m'aperçois qu'on ne fait pas le
consensus. À un moment donné, il va bien falloir que le
gouvernement tire la iigne. On ne fera pas l'unanimité sur la
façon de réglementer cette nouvelle profession. En ce qui vous
concerne, étant donné que vous êtes de ceux qui sont les
plus intimement mêlés à la planification financière,
je pense que le dialogue que nous avons enclenché avec vous devrait
continuer.
Là où j'ai un peu de difficulté, c'est quand vous
dites: La raison pour laquelle le conseil en planification financière va
être difficile d'opération, c'est le fait qu'il y a des
intermédiaires qui sont payés à la commission et d'autres
qui sont des représentants des corporations professionnelles
payés par des honoraires, et eux, selon leur code de déontologie,
n'ont pas le droit de percevoir de commissions, bien qu'on dise que certains en
reçoivent. Le problème pour nous est d'avoir une certaine
homogénéité parmi ceux qui vont s'annoncer comme
planificateurs financiers. On n'a qu'à écouter les
mémoires de l'ACCOVAM, des courtiers d'assurances, le vôtre et
d'autres qui vont venir en soirée pour s'apercevoir que, si on laisse
aller chacun de ces organismes dans chacune de leur direction, on n'aura pas
beaucoup d'homogénéité dans la profession, qui n'en sera
pas une, de la planification financière. Autrement dit, pour le
gouvernement du Québec, comment s'assurer qu'il va y avoir une certaine
homogénéité dans la pratique, dans la façon de
former les cabinets de planification financière? Il pourrait bien
arriver que des professionnels, des comptables, des avocats, des notaires
décident de faire de la planification financière, donc qui
n'inclurait pas des courtiers d'assurances ou des courtiers en valeurs
mobilières qui seraient tout à fait opposés, et il
pourrait se développer différents types de cabinets en
planification financière. Alors, notre préoccupation est dans une
certaine mesure - en minimisant, bien sûr, tout le côté
réglemen-
taire - de nous assurer d'une certaine philosophie d'action dans le
domaine de la planification financière qui s'appliquerait, mutatis
mutandis, à peu près de la même façon, quels que
soient les professionnels ou les représentants des différents
intermédiaires qui décideraient de faire de la planification
financière.
C'est malheureux que l'Office des professions ou, du moins, que le
Conseil interprofessionnel se soit dit impuissant à venir en commission
parlementaire cette fois-ci. Ce qui m'a surpris, c'est que la Commission des
valeurs mobilières du Québec ait tenu des auditions en 1986 et
que des comptables, des CGA, se soient présentés devant la
Commission des valeurs mobilières. Alors, je trouve curieux que
certaines professions se soient présentées devant la Commission
des valeurs mobilières en 1986, mais qu'en 1988 on nous dise qu'on n'est
pas prêts à discuter de ce problème. C'est malheureux
qu'ils ne soient pas ici et je leur ai proposé de les rencontrer
lorsqu'ils seraient prêts, mais il va bien falloir qu'on conclue à
un moment donné et c'est la raison de notre désir d'aller de
l'avant et de nous assurer qu'il y a une certaine
homogénéité.
Mes questions seraient doubles. Je comprends très bien votre
point de vue. La première question: Si on vous demandait la raison
importante pour laquelle il y a une urgence d'agir, est-ce réellement
parce qu'il y a des abus dans le moment ou craint-on des abus? Est-ce que c'est
la raison fondamentale?
La deuxième question porte sur cette
homogénéité que je crois que l'on devrait avoir au
Québec dans l'application de la planification financière. Ne
croyez-vous pas que, si on allait dans la direction que vous proposez, on se
retrouverait avec différents types de planificateurs financiers qui se
présenteraient au public, qui pourraient avoir le même
diplôme, mais qui, en pratique, auraient des déontologies et des
pratiques tout à fait différentes les uns des autres, et qu'on se
retrouverait dans cinq ans d'ici avec des pratiques tellement
différentes qu'on serait obligés de revenir là où
nous sommes présentement?
M. Gauthier: Pour répondre à votre première
question, l'urgence d'agir m'apparaît provenir du fait que
déjà dans le public certaines personnes utilisent le titre et ce
titre a une connotation de compétence plus grande même que la
connotation de compétence de certaines professions
réglementées. Peut-être est-ce à cause de
l'engouement pour le monde des affaires, pour les investissements, etc. Il y a
des personnes qui se présentent comme planificateurs financiers, qui
n'ont absolument aucune compétence dans le domaine et qui se trouvent en
conflit d'intérêts dans certains cas et possiblement, comme on l'a
vu dans d'autres provinces, en situation de fraude. L'urgence d'agir, c'est de
faire savoir au public que celui qui utilisera le titre de planifi- cateur
financier aura un minimum de connaissances et divulguera ses conflits
d'intérêts.
Pour ce qui est de l'homogénéité, si on utilise le
titre de planificateur financier, pour la personne qui conseillera les deux
extrêmes, les cas de planification simple et les cas de planification
complexe, il m'apparaît difficile d'avoir une
homogénéité totale parce que les besoins sont totalement
différents. Si on parlait uniquement de la deuxième
catégorie, de la planification financière complexe, on ne se
poserait peut-être même pas la question de la
nécessité de réglementer le titre et l'activité de
la planification financière. Le président d'une compagnie
publique va voir son comptable, son avocat, et il a peut-être moins
besoin d'être protégé. Là où il faut sans
doute une homogénéité minimale pour assurer une
compétence et un minimum de règles de déontologie, c'est
quand les personnes rendent le service au grand public. Or, si on veut que ce
service soit rendu au grand public, il faut nécessairement que les
personnes qui vendent un produit puissent offrir ce service minimum de
planification financière au grand public. Et pour être capable de
l'offrir, pour qu'il soit accessible, inévitablement, il faut que la
rémunération soit en partie ou en totalité basée
sur la vente du produit; autrement, le service ne sera pas accessible. Alors,
il est difficile de penser homogénéité en termes de
service à l'ensemble et homogénéité en termes de
cabinets spécialisés en planification financière.
M. Fortier: M. Pelletier.
M. Pelletier (Charles): Oui, M. le ministre, au point de vue de
l'homogénéité, il faut retenir la formation qui est
proposée. Cette formation proposée, qui n'est pas
détaillée dans notre mémoire parce que c'était
superflu à ce moment-ci, nous avons déjà commencé
à y travailler à l'association. Je pense qu'il y a moyen d'avoir
une certaine homogénéité entre les planificateurs
financiers, que ces gens aient une formation de base en assurance-vie, en droit
ou dans tout autre domaine.
J'ai répondu à votre deuxième question. Par rapport
à votre première question, je pense que vous faites la preuve de
la nécessité d'avoir une certaine réglementation qu'on
appelle, nous, légère. D'ailleurs, comme le veut aussi le
document de consultation, je pense que la preuve est faite que c'est
nécessaire, et le document lui-même fait état de certains
exemples qui sont, je pense, tout à fait appropriés et qui font
la preuve de cette nécessité d'agir le plus tôt
possible.
Le Président (M. Lemieux): Merci, monsieur. Avez-vous
terminé? Est-ce que vous avez terminé?
M. Pelletier: Cela va.
Le Président (M. Lemieux): Cela va? M. le
député de Lévis.
M. Garon: Alors, la première question que je poserais, M.
le Président, c'est par rapport au secteur des planificateurs
financiers, secteur qui n'est pas bien vieux au Québec, qui est assez
récent. Pensez-vous que le milieu des planificateurs financiers, quel
que soit le niveau de compétence, est prêt pour une
autoréglementation ou si ce ne serait pas nécessaire qu'il y ait
une période de transition de quelques années ou l'État,
peu importe - on parle de l'Inspecteur général des institutions
financières - pour ne pas multiplier les organismes, surveillerait
davantage le fonctionnement des planificateurs financiers?
M. Pelletier: Le développement de la planification
financière est récent. La planification financière existe
depuis longtemps, mais son développement et son appellation en tant que
telle - pour cela, vous avez raison - sont tout à fait récents.
Ce qu'on propose dans notre mémoire, c'est d'avoir une
réglementation légère, puis le tout va se
développer selon les besoins et on agira dans le temps. C'est la raison
pour laquelle je pense que ce n'est pas nécessaire d'avoir une
réglementation aussi serrée à ce moment-ci. Cela va se
développer, encore une fois, et on verra dans le temps.
M. Garon: Ce que je veux dire essentiellement, parce que vous
parlez de gens qui connaissent cela plus ou moins; c'est qu'aujourd'hui, par
exemple, quelqu'un peut-il faire de la planification financière - et
vous le dites quand vous vous intitulez Association québécoise de
planification fiscale et successorale - dans l'état actuel des
connaissances, sans avoir une base assez bonne en fiscalité?
M. Pelletier: II faut certainement avoir une base dans un domaine
financier en particulier. Personnellement, je crois que le planificateur
financier peut bien être un assureur-vie, par exemple. Maintenant,
j'entendais tout à l'heure, M. le ministre s'exprimer en disant: II y a
tellement de compétences et tellement de connaissances requises pour
pratiquer la planification financière, comment une personne seule
peut-elle pratiquer la planification financière? Je pense que c'est
possible, pour autant que quelqu'un ait une compétence dans un domaine
particulier et qu'il soit généraliste dans les autres domaines
qui recouvrent la planification financière. Et justement, ces cours,
lorsqu'on parlait tout à l'heure de cours qui seraient donnés
pour atteindre l'homogénéité dont il était fait
mention, devraient rendre le planificateur financier généraliste
dans les autres domaines. Par conséquent, si vous êtes un
généraliste, vous êtes en mesure de constater les
problèmes et de recourir aux experts que vous pouvez avoir sous la main
si vous pratiquez en multidisciplinarité ou, si vous pratiquez seul,
vous avez un réseau qui vous permet d'avoir recours à des gens
qui ont des compétences dans des domaines particuliers, les
domaines^nécessaires.
M. Garon: Vous n'avez pas répondu directement, vous avez
répondu un peu à côté. Ce que je veux dire au fond,
c'est qu'à la base, la fiscalité aujourd'hui a un impact majeur,
et cela change rapidement. (18 heures)
M. Pelletier: Oui.
M. Garon: Si on regarde, par exemple, celui qui était
compétent il y a un an ou en 1988, est-ce qu'il est encore
compétent s'il n'a pas pris de cours de recyclage ou s'il n'a pas suivi
le changement? S'intituler planificateur financier, vous l'avez dit avec
raison, si quelqu'un met cela sur sa carte et ne va pas plus loin, cela
paraît bien. C'est dans ce sens-là, moi, ce que je veux dire.
Avoir une idée de l'assurance-vie, c'est une affaire, les fonds de
pension, c'est une autre affaire. Les implications fiscales, selon qu'on est
à tel moment dans la vie et qu'on a telles obligations familiales ou
telle chose, c'est beaucoup plus considérable. Je prends seulement
l'exemple d'un cultivateur - il y en a un ici devant nous - qui vend sa ferme
à 55 ans. Il a un fils qui veut prendre la succession et se retrouve...
Par exemple, si c'était le député qu'on a devant nous, le
député de Prévost, il serait certainement question de
vendre une ferme de 1 000 000 $. On se retrouve à un moment donné
avec 1 000 000 $ dans une situation particulière.
Une voix: 10 000 000$.
M. Garon: Écoutez, je dis 1 000 000 $ parce que je ne veux
pas encore divulguer la confidence, je ne veux pas aller à... Mais il
s'agit de montants considérables.
M. Pelletier: D'accord.
M. Garon: Moi, je sais à quel point il y a des gens dans
ce secteur-là qui se sont fait royalement organiser - on emploie un
autre mot dans les conversations courantes que je ne veux pas employer ici -
avec des rentes viagères à 4 % et des affaires
épouvantables. Cela équivaut quasiment à de la fraude
pure. Cela paraît bien: Je vais te vendre une rente viagère. Le
gars ne réalise pas qu'au fond... C'est pour cela qu'on a tellement
travaillé pour changer ces affaires-là, parce qu'il y a des gens
qui se sont fait royalement voler simplement avec des affaires comme
celle-là. Mais ils ne connaissaient pas le secteur, cela avait l'air de
la planification financière. Ils recevaient une rente mais qui
était difficilement évaluable en fonction des genres de rentes
qu'on peut recevoir dans ce secteur-là. C'est ce que je veux dire.
Comment peut-on s'assurer de la
compétence de quelqu'un qui serait dans ce domaine-là et
comment vérifier cette compétence?
M. Gauthier: Je pense que c'est ce que notre association a fart
depuis des années. Je vais prendre un exemple de ce qui se passe
à l'heure actuelle et qui rejoint exactement ce que vous dites. Le 12
avril 1988, il y a un des conseils qui a été donné en
planification fiscale et financière, c'était sur le prêt
sans intérêt aux enfants majeurs. Depuis le 13 avril, ce n'est
plus possible. Les fiscalistes sont au courant. Au cours des prochains moins,
il faut que ceux qui sont en planification financière assistent à
des colloques, à des cours pour être informés des
changements dans la planification financière, dans ce qu'ils
suggéraient il y a quelques mois. C'est ce que l'association fait depuis
déjà un certain temps. C'est également, par exemple, ce
que le Barreau du Québec exige maintenant de ceux qui s'annoncent comme
spécialistes. Ils exige qu'ils aient suivi certains cours ou
conférences dans le domaine de leur spécialisation. Alors, les
professions existantes qui permettent à leurs membres de s'annoncer
comme spécialistes exigent de plus en plus de formation continue. En
planification financière plus que dans tout autre domaine, étant
donné les changements continuels apportés aux lois fiscales,
cette nécessité de la formation permanente est encore plus
grande. Maintenant, le fait de réglementer le titre, d'assurer que ceux
qui auront le titre vont avoir un minimum de compétence et qu'ils
dévoileront leurs conflits d'intérêts ne réglera
peut-être pas toutes les situations du genre de celle que vous avez
décrite, mais nous espérons au moins que cela va amoindrir ce
genre de situation ou en éliminer une partie.
M. Pelletier: Pour continuer dans le sens de M. Gauthier, vous
avez justement en annexe, la preuve que l'association donne du perfectionnement
continuel. Il y a eu tout dernièrement un cours de deux jours
très étoffé en planification financière et on
constate que cela recouvrait beaucoup de choses. Même ce mois-ci, on a
donné - vous avez parlé des pensions - un cours, un colloque
d'une journée sur le nouveau régime de pension. Par
conséquent, je suis d'accord avec vous, la fiscalité est
peut-être l'exemple extrême. C'est bien évident qu'en
fiscalité, si vous arrêtez de pratiquer pendant quelques mois, ce
n'est pas long que vous êtes déphasé. C'est certainement
moins pire dans d'autres domaines. D'ailleurs, cela me rappelle, M. le
député, que vous avez déjà enseigné la
fiscalité, si ma mémoire est bonne?
M. Fortier: ...il ne m'en souvient plus.
M. Garon: Pardon? J'enseignais la fiscalité, mais je ne
donnais pas de conseils en planification financière.
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: Heureusement!
M. Garon: Par rapport aux institutions, au contrôle de
l'Inspecteur général des institutions financières, je me
demandais ce qu'on... Je comprends votre association. Mais il y a un rôle
de police là-dedans, il y a un rôle d'examen, de formation, de
vérification des connaissances, li y a aussi le rôle d'avoir une
certaine inscription, un permis, un certificat ou quelque chose qui atteste la
compétence. C'est ce à quoi je me référais quand je
parlais d'autoréglementation, de discipline, de déontologie.
Est-ce que l'inspecteur général ne devrait pas jouer un
rôle ou si cela devrait être autoréglementé
dès le point de départ?
M. Pelletier: L'inspecteur est déjà prêt.
D'ailleurs, dans le document de consultation, voici ce qu'on mentionne, au bas
de la page 127: "La tendance actuelle est l'autoréglementation. Les
corps professionnels et les associations doivent devenir responsables de
l'application de leur code de déontologie. C'est l'orientation que le
gouvernement du Québec entend privilégier. Toutefois, le
gouvernement a l'intention de continuer à surveiller l'application de
toute délégation qui pourrait être faite. "Il pourra
effectuer, lorsque requis, des vérifications périodiques et des
enquêtes."
Par conséquent, lorsqu'on parle du rôle de l'Inspecteur
général des institutions financières, c'est bien
évident qu'on lui réserve ce rôle d'enquête.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Fortin: II reste un petit peu de temps encore?
Le Président (M. Lemieux): Oui, il reste six ou sept
minutes.
M. Fortier: Une chose que j'aimerais aborder, parce qu'on parle
des petits et des gros. Parlons des gros et des grosses compagnies, parce que
dans le cas des intermédiaires isolés qui ont une
clientèle plutôt petite ou à faible revenu, c'est un autre
problème. Mais parlons des institutions financières. Il est
certain qu'il y a des sociétés de fiducie, des banques, de
grandes compagnies qui proposent les services de planificateurs financiers Ces
institutions financières ont des employés qui, pour l'instant,
j'imagine, n'ont pas suivi de cours particuliers et qui peuvent être
membres de votre institut. La question qui se pose: c'est: Est-ce qu'on ne
devrait pas, pour ces institutions financières, exiger, à quelque
endroit dans leur organisation, qu'il y ait un groupe multidisciplinaire qui
conseille les individus qui sont sur la route? Autrement dit, ces
individus sur la route recevraient plutôt une formation de
généralistes, mais ils devraient pouvoir faire appel à
cette expertise qui serait, j'imagine, à Lévis, pour le Mouvement
Desjardins, et à Montréal ou à Québec pour La
Laurentienne. Donc, ces agents travaillant uniquement pour une institution
financière, soit dans un bureau, soit sur la route, pourraient se
référer à un cabinet multidisciplinaire existant à
l'intérieur d'une institution. Cela couvrirait le cas des institutions
financières.
Tout à l'heure, j'évoquais avec l'ACCOVAM à peu
près la même règle qu'on pourrait proposer pour les grands
bureaux de courtiers en valeurs mobilières, soit, s'ils le
désiraient, de se doter d'un service de planification financière.
Eux aussi, j'imagine, ont les moyens, auraient les moyens de se doter d'une
petite équipe en planification financière de sorte que leurs
représentants puissent faire appel à ces gens. Comme de raison,
lorsqu'on arrive à des intermédiaires oeuvrant seuls, cela
devient plus compliqué, parce qu'on ne peut pas exiger que celui qui
oeuvre seul y ait nécessairement accès. Quoique par
l'organisation en réseaux, en multi-disciplinarité, il pourrait y
avoir des ententes informelles avec différents professionnels, et je
pense aux régions éloignées. Je ne sais pas trop, mais
dans certaines régions éloignées de Montréal et de
Québec, on pourrait penser qu'une personne puisse s'organiser avec le
notaire de la place, avec le comptable de la place, avec l'agent d'assurances
de la place et former une équipe multidisciplinaire en planification
financière qui ne serait pas une organisation formelle, mais une
organisation informelle. Mais pour ceux de qui on pourrait l'exiger, est-ce que
vous ne croyez pas qu'on devrait l'exiger?
M. Gauthier: C'est peut-être sous cet aspect qu'entre le
mieux le jeu de la concurrence entre ces institutions. Parce que l'on a
constaté au cours des dernières années, et cela remonte
déjà à un certain temps... Par exemple, le conseil en
fiscalité au Mouvement Desjardins existait à Lévis en 1973
ou 1974. Cette personne recevait les questions des agents et, si elle ne
pouvait y répondre, les transmettait à un bureau d'avocats ou
à un bureau de comptables. Ce qu'on a constaté au cours des
dernières années c'est qu'il se crée au sein des grosses
entreprises des groupes, mais on y voit aussi des avocats, des comptables, des
notaires. On voit des personnes qui se spécialisent en planification
financière et qui constituent, dans le fond, l'expertise en
planification financière d'une maison comme La Laurentienne, Lés
Coopérants ou des maisons d'envergure de ce genre. Alors, il
n'apparaît peut-être pas nécessaire d'exiger de ces
entreprises qu'elles constituent elles-mêmes ces groupes. Je pense que si
l'une veut rendre le même service que l'autre, elle devra
inévitablement avoir la même équipe compétente ou
une équipe semblable, aussi compétente. Il nous apparaît
plus important de réglementer l'individu, la personne qui, face au
public, se présente comme planificatrice financière ou offre des
services de planification financière plutôt que l'institution.
L'institution se trouve automatiquement réglementée, car elle ne
peut utiliser le titre sans que les personnes qui sont ses employées
aient les qualifications minimums requises.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Mme la
députée de Châteauguay, vous aviez une question tout
à l'heure.
Mme Cardinal: M. le Président, ce sera très
court.
Le Président (M. Lemieux): Si M. le député
de Lévis le permet...
M. Garon: Bien oui!
Mme Cardinal: Vous me le permettez?
Le Président (M. Lemieux): Juste une petite.
Mme Cardinal: Voulez-vous l'alternance?
Le Président (M. Lemieux): C'est parce qu'en vertu de la
règle de l'alternance, j'ai cédé la parole au ministre,
mais M. le député de Lévis est un gentilhomme de
l'époque médiévale. Alors, il vous le permet.
Mme Cardinal: Je le remercie sincèrement.
M. Garon: Comme vous n'avez jamais abusé...
Mme Cardinal: Merci, M. le Président. Merci, M. le
député.
Le Président (M. Lemieux): Elle n'abuse jamais des bonnes
choses, c'est une libérale, M. le député de
Lévis.
M. Garon: En cela, elle n'est pas libérale.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Châteauguay.
Mme Cardinal: Je voulais simplement faire une remarque à
la suite de ce que M. le ministre apportait. Un élément
très important au départ, soit les coûts. Si nous parlons
de gens bien nantis, la question ne se pose pas. Pour les gens qui en ont moins
ou pas du tout, là encore, on ne se pose pas de questions. Mais pour le
consommateur moyen qui aimerait aussi avoir recours à certains services
professionnels, dont nous savons que les coûts sont assez
élevés... C'est très impressionnant de vous entendre
parler de tous ces professionnels, de ces organismes. Est-ce que vous vous
êtes penchés sur les
possibilités d'accessibilité pour cette classe moyenne, de
façon qu'elle puisse profiter aussi des services professionnels?
M. Gauthier: En tant qu'avocat ou professionnel, et je fais
partie de certains comités du Barreau où, même à
l'heure actuelle, on a tendance à restreindre et à resserrer
encore les règles concernant les conflits d'intérêts, ma
première réaction était la suivante: Si on veut
protéger le public, qu'on crée des règles aussi
sévères que cela. Ma deuxième réaction a
été: Oui, mais la personne moyenne, est-ce qu'elle aura
accès à ces services? On va créer encore une nouvelle
profession. Au lieu de l'appeler comptable, avocat, on va l'appeler
planificateur financier; on va demander aussi cher de l'heure et la classe
moyenne n'aura pas de services en planification financière. D'où
la conclusion à laquelle on en est arrivés: il faut que la
personne qui vend un produit et qui est rémunérée à
la commission puisse se présenter comme planificateur financier,
assureur-vie et courtier en valeurs mobilières et qu'elle soit
rémunérée d'après la vente pour que ces personnes
puissent avoir accès à ces services. Il faut je ne sais pas, que
les compagnies d'assurance-vie puissent offrir ce service sans être
obligées d'exiger des honoraires. Autrement, il n'y aura pas de service,
il n'y aura pas d'accessibilité. C'est la raison pour laquelle on
pariait de deux objectifs, dont l'accessibilité, et qui amène
aussi les conclusions qu'on vous transmet dans le mémoire.
Alors, ce service, moi, je le vois fourni par les personnes qui vont
voir les gens plutôt que par les personnes qui sont assises dans leur
bureau et qui attendent que les gens viennent.
Mme Cardinal: Merci, monsieur.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Tout à l'heure, des gens ont parié de
consultation à 2500 $ de l'heure. On a entendu cela. Alors cela
m'a...
Le Président (M. Lemieux): ...fait sursauter, n'est-ce
pas? (18 h 15)
M. Fortier: Ils vont faire cela gratuitement.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: Ils vont faire cela gratuitement pour vous. M.
Pelletier va vous faire cela, votre collègue.
M. Garon: Peut-être des ingénieurs nucléaires
font de telles consultations, mais... Ma dernière question est
très simple. Vous avez parié de la divulgation de la
rémunération. La première recommandation: "Que le
gouvernement assure la protection du public par un encadre- ment léger
de la planification financière, lequel doit prévoir la
divulgation de la rémunération et des liens commerciaux." Cela
m'apparalt fondamental, mais on a remarqué chez les gens qui sont venus
ici aujourd'hui, ce matin et cet après-midi, que la divulgation de la
rémunération a l'air de poser un gros problème dans le
domaine de l'assurance particulièrement. Comme quoi cela est à
peu près impossible à établir. La divulgation de la
rémunération est essentielle.
M. Fortier: Surtout en planification financière, je pense
bien.
M. Gauthier: Quand on parle de divulgation, M. le
député, on ne veut pas nécessairement dire les montants de
la rémunération, mais on veut parler de la forme de
rémunération surtout et de qui provient la
rémunération. En somme, c'est un des problèmes majeurs.
Celui qui consulte un planificateur financier, qui s'annonce comme tel, ne sait
pas trop de quelle façon ce planificateur est
rémunéré. Pour ce qui est du quantum de la
rémunération, on ne s'est pas tellement arrêté
à cela. D'ailleurs, vous avez constaté qu'on n'a pas
fouillé tellement ces choses. On voyait qu'à la fin du document
de consultation il y avait déjà des choses qui étaient
assez intéressantes au sujet de ce qui devrait être fait. Mais
personnellement - je vais parier à titre personnel - je voudrais
répéter ce que je viens de dire, je pense que c'est surtout de
qui provient la rémunération qui doit être
divulgué.
M. Fortier: II ne faut pas que l'individu croit que c'est
gratuit.
M. Gauthier: C'est cela.
M. Fortier: Ce n'est pas gratuit.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, en conclusion,
s'il vous plaît, et ensuite M. le député de
Lévis.
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Seulement la forme de rémunération, cela
m'apparaît mince un peu. On dit: Bon, j'ai une commission. Pour les
courtiers en immeubles, on a dit que c'était 6 % ou 7 %, quand vous
vendez une bâtisse. On commence actuellement à s'interroger,
à savoir si 6 % ou 7 % ce n'est pas trop, parce qu'il y a eu une
inflation considérable sur le prix des maisons. Avant, une maison
n'était pas chère. Aujourd'hui, une maison n'a pas tellement
besoin d'être grosse pour être rendue à 100 000 $. Alors, on
commence à se demander si 6 % ou 7 %, ce ne serait pas trop cher. On
commence à se poser des
questions. J'ai entendu quelques programmes depuis quelque temps sur ce
point de vue. Seulement une commission ne m'apparaît pas suffisant. Si on
veut qu'il y ait une véritable concurrence, il faut que les gens
puissent savoir un peu ce que sont les rémunérations.
M. Pelletier: Tout à l'heure, je vous ai répondu en
vous mentionnant la source également. Je pense que ce qui est important,
c'est de dire de quelle façon on est rémunéré -
sous forme de commission - et qui va nous rémunérer. En fait, si
je vends un bien, il faut dire au client que ce bien est acheté de celui
qui m'emploie et, en même temps, divulguer, dire au client qu'il y a
possibilité pour lui d'obtenir ce bien ailleurs. En fait, c'est dans ce
sens que la divulgation doit être comprise, à mon point de
vue.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le ministre, en
conclusion, s'il vous plaît.
M. Fortier: En conclusion, je veux juste dire qu'on s'en va dans
la bonne direction, je crois. Il reste encore des ajustements à faire
dans notre pensée, mais on vous remercie de votre contribution. Je pense
que ce fut une excellente contribution. Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, brièvement, en conclusion.
M. Garon: Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Nous suspendons nos travaux
jusqu'à 20 heures pour entendre alors l'Association canadienne des
planificateurs financiers. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 19)
(Reprise à 20 h 6)
La Présidente (Mme Dionne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend donc ses travaux.
Nous accueillons maintenant l'Association canadienne des planificateurs
financiers, et j'aimerais demander au porte-parole de l'organisme de
s'identifier et de présenter les gens qui l'accompagnent.
Association canadienne des planificateurs
financiers
M. Bouchard (Armel): Merci. Mme la Présidente, M. le
ministre, MM. les membres de la commission, mon nom est Armel Bouchard. Je suis
ici à titre de vice-président de la section
québécoise de l'Association canadienne des planificateurs
financiers. Il me fait plaisir de vous présenter mes deux
collègues: à ma droite,
M. Jean-Louis Chicoine et, à ma gauche, M. Laurent
Wermenlinger.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bouchard. Je
rappelle donc maintenant les règles de l'audition. Vous aurez 20 minutes
qui seront consacrées d'abord à l'exposé de votre
mémoire, et suivra une période de 40 minutes d'échanges
avec les membres de la commission. C'est à vous, M. Bouchard.
M. Bouchard: Merci. M. Chicoine est président du
comité de réglementation de notre association. Il a sa propre
pratique de planificateur financier sous la raison sociale Idée Plus. Il
offre des services en planification financière, à honoraires
seulement, depuis dix ans. M. Chicoine a réussi l'examen de l'Institut
canadien de planification financière. Il détient donc le
certificat PFA et également le titre de professionnel émis par
notre association de planificateurs financiers, c'est-à-dire le titre de
planificateur financier certifié.
M. Wermenlinger est également PFA et PFC. Il est dans le domaine
de la planification financière depuis sept ans. Directeur
régional pour le groupe Investors à Montréal, il supervise
les activités de planification financière et offre des services
en planification financière à sa propre clientèle.
Quant à moi, je suis président de la firme Sofiplan. Je
suis CA et détiens une maîtrise en sciences commerciales de
l'Université Laval. Je suis également PFC. J'offre des services
en planification financière personnelle depuis huit ans.
Notre association a été formée en 1982 par 25
membres fondateurs. Après six ans, nous comptons au-delà de 1100
membres dont 150 au Québec. L'accroissement du "membership" entre 1985
et 1988 a été en 1986 de 57 %, en 1987 de 95 %, et nous
prévoyons une augmentation similaire pour 1988.
À la lecture de notre mémoire, vous avez sans doute
été en mesure de constater que nous traitons principalement du
domaine des services-conseils en planification financière comme telle et
de la réglementation de l'utilisation du titre de planificateur
financier. Nous traitons donc de ce que l'on connaît très bien,
puisqu'il s'agit de notre gagne-pain et que nous n'évoluons que dans ce
domaine. Étant impliqués à ce point, vous comprendrez sans
doute que nous sommes très préoccupés par le projet de
réglementation, car il en va de notre propre avenir et de celui de la
profession de planificateur financier.
À notre avis, il s'agit bien d'une profession. D'ailleurs, les
modalités de réglementation énu-mérées dans
le document de discussion sont celles que l'on retrouve normalement dans les
ordres professionnels. Le Petit Robert définit une profession,
dans son sens large, comme étant une occupation déterminée
dont on peut tirer ses moyens d'existence. Le membre de notre associa-
tion, détenteur du titre de planificateur financier, satisfait
très bien aux termes de cette définition. Nous sommes donc des
professionnels de la planification financière et nous entendons vous
démontrer qu'en l'absence de réglementation nous avons mis en
place toutes les modalités nécessaires à la
réglementation. Nous exerçons l'autoréglementation et nous
voulons vous convaincre qu'il serait une perte de temps que d'essayer de
réinventer la roue, puisque tout est en place. Nous croyons être
l'organisme de réglementation tout désigné.
Lorsque l'on veut réglementer une activité
professionnelle, nous croyons élémentaire de connaître
d'abord ce que l'on veut réglementer. Nous avons l'impression que
beaucoup d'intervenants ne sont pas familiers avec le rôle professionnel
d'un planificateur financier qui fait de la planification financière
intégrée. L'expression "planification financière
intégrée" est utilisée par opposition aux interventions
qu'on peut qualifier de modulaires, c'est-à-dire les interventions qui
ne traitent que d'un aspect de la planification financière. Par exemple,
l'intervention d'un fiscaliste se limitant à la stratégie fiscale
ou l'intervention d'un assureur-vie ne traitant que du risque financier
relié au décès. Au cours des dernières
années, on s'est aperçu que l'intervention était beaucoup
plus efficace si un conseiller évaluait l'ensemble de la situation du
client.
Nous commencerons donc par décrire d'abord en quoi consiste la
planification financière intégrée, en vous expliquant le
rôle du planificateur financier, c'est-à-dire le rôle de
celui qui offre un service complet de planification financière
intégrée.
En deuxième lieu, nous traiterons de la formation
théorique et pratique et, enfin, nous donnerons les raisons pour
lesquelles nous recommandons que l'utilisation du titre de planificateur
financier soit sous le contrôle d'un organisme indépendant des
autres professions, associations ou groupements quelconques et que cet
organisme soit composé et contrôlé par les planificateurs
financiers praticiens eux-mêmes.
Nous sommes convaincus que le planificateur financier est celui de
l'industrie financière qui est le mieux placé pour bien
renseigner et éduquer le consommateur, bien le conseiller et bien le
protéger. Pour réaliser une intervention-conseil de planification
financière, le planificateur financier doit suivre un processus
très bien défini qui comprend six étapes. Il doit d'abord
bien connaître son client, pour ne pas dire son patient, et à cet
effet il doit établir une relation interpersonnelle harmonieuse pour
bien connaître non seulement les aspects financiers, mais
également les aspects humains.
En deuxième lieu, il doit bien connaître ses objectifs et
ses priorités afin que son intervention à titre de conseiller
soit bien comprise et orientée vers la réalisation des vrais
objectifs. Une intervention bien réussie doit avoir pour effet non
seulement l'optimisation des revenus, l'accroissement du capital et la
minimisation des risques, mais également une amélioration de la
qualité de vie et une tranquilité d'esprit.
En troisième lieu, la planification financière doit
identifier les vrais problèmes et les zones faibles qui ont une
répercussion financière, qu'il s'agisse de la gestion de l'argent
ou du budget, de l'endettement, des placements, de la fiscalité, des
risques financiers, de la protection du vivant de la personne ou en cas de
décès.
Ces trois premières étapes peuvent être
comparées aux diagnostics en médecine générale.
Mauvais diagnostic, mauvais traitement. Comme tout bon médecin, il faut
savoir écouter, savoir poser les bonnes questions. Ce qui est
particulier au planificateur financier, c'est qu'il lui faut être un
éducateur, car le planificateur financier au cours de son intervention
doit familiariser son client avec les multiples aspects du domaine financier et
l'éduquer à cet égard.
La quatrième étape consiste en l'élaboration d'un
plan intégré, toile de fond du rapport écrit. Si on veut
le qualifier de plan intégré, ce plan doit traiter des aspects
suivants: les problèmes, préoccupations et objectifs financiers
du client, la richesse accumulée à ce jour, c'est-à-dire
son bilan et son avoir net, la gestion de l'argent et du budget, la gestion de
l'endettement, les disponibilités financières prévisibles,
c'est-à-dire la répartition des surplus de liquidités, la
planification fiscale, l'économie-rapport d'impôt dans le cadre
d'une politique de base de placements qui assure les meilleurs avantages
fiscaux, la planification des placements, c'est-à-dire
élaboration et mise en place d'une stratégie de placements compte
tenu du degré de tolérance aux risques, la gestion des risques
financiers, c'est-à-dire la planification de l'indépendance
financière de la retraite et la planification successorale.
Cinquièmement, dans le cadre de son mandat, le planificateur
financier doit voir que les plans d'action soient réalisés. Pour
ce faire, il doit participer au processus de prise de décision et
s'assurer de la réalisation du plan, soit en l'exécutant
lui-même et ou en en coordonnant l'exécution avec d'autres
professionnels qualifiés, et surtout en sachant motiver le client
à agir.
Enfin, le processus doit être révisé
périodiquement, normalement à tous les ans, afin de
vérifier les effets des actions prises et de faire les ajustements
nécessaires, où à l'occasion d'événements
importants tels que divorce, séparation, mariage, décès,
gain d'une loterie.
Voilà les six étapes essentielles à la
planification financière intégrée. Avant de traiter de la
formation théorique et pratique nécessaire pour
adéquatement remplir le rôle d'envergure que l'on vient de
décrire, nous aimerions vous situer le planificateur financier dans
l'industrie financière. Nous croyons qu'il est la plaque tournante, la
clef de voûte de l'industrie, car il
se situe au beau milieu de toutes les institutions financières et
des intervenants spécialisés. Il est au milieu des professionnels
et spécialistes du domaine, à savoir: l'avocat et le notaire, le
comptable, l'expert en fiscalité, le conseiller en placements, le
conseiller en bénéfices. Le planificateur financier utilisera
souvent ces professionnels qui travaillent déjà avec le client.
Il est également au milieu des services et produits des quatre grands
piliers financiers, à savoir: les banques, les compagnies de fiducie,
les compagnies d'assurances et les courtiers en valeurs mobilières. Chef
d'orchestre, le planificateur financier est celui qui doit bien doser et
harmoniser l'utilisation des produits et des services les mieux adaptés
à la situation de son client. Il va sans dire que, dans
l'intérêt du public, celui qui joue un tel rôle doit
être un professionnel de la planification financière. On ne
s'improvise pas professionnel de la planification financière. Vous avez
sans doute été en mesure de constater, également, à
la lecture de notre mémoire, que le système
d'autoréglementation qui régit les activités de nos
membres, planificateurs financiers certifiés, répond très
bien aux dix modalités de réglementation énoncées
dans le document de consultation à la page 130. (20 h 15)
Le rôle du planificateur financier que l'on vient de
décrire représente, à notre avis, une définition
claire de ce qu'est la planification financière. Nous avons une
procédure d'enregistrement qui prend en considération non
seulement la formation et la pratique, mais également
l'intégrité du candidat. Quant aux cas d'exception et à la
protection des acquis, nous ne faisons pas d'exception, c'est-à-dire que
chaque candidat doit satisfaire aux critères d'adhésion et passer
avec succès l'examen préparé par notre association. Il ne
faudrait surtout pas se leurrer quant à l'importance des acquis, car
très peu de membres d'associations professionnelles ou groupements sont
à l'heure actuelle identifiés comme des planificateurs
financiers. L'ordre des CA et celui des CGA n'ont pas de catégorie de
planificateurs financiers comme telle, et nous croyons que la même
situation existe pour les avocats, notaires, assureurs-vie et autres.
Quant aux exigences de formation et d'expérience, nos
règles sont très strictes. Nous sommes cependant très
conscients de l'importance d'améliorer l'accès à la
formation. Nous traiterons plus amplement de ce sujet.
En ce qui concerne l'assurance-respon-sabilités, nous croyons
être en mesure d'obtenir une protection adéquate sous peu,
grâce à l'excellence de la structure de notre association.
En ce qui a trait au titre de planificateur financier, nous avons des
règles strictes quant à l'obtention et au maintien du titre de
planificateur financier certifié, PFC, et qui comprennent le respect de
notre code de déontologie ainsi que la divulgation de conflits
d'intérêts.
Les huitième et neuvième modalités qui traitent
d'une grille d'analyse et des obligations du planificateur financier face
à son client ont été traitées au début de
notre exposé, lorsque nous avons décrit le rôle du
planificateur financier.
Ce qui nous amène donc à la dixième et
dernière modalité, celle de Sa formation. Nous encourageons
fortement toute initiative qui a pour effet d'élargir l'éventail
des sources d'enseignement spécialisé dans le domaine de la
planification financière. Car, présentement, le seul cours
complet disponible en français et en anglais est celui donné
depuis 1977 par l'Institut canadien de planification financière qui
délivre le diplôme de planificateur financier agréé,
PFA. Nous prévoyons, cependant, que nos universités
québécoises, qui dispensent des cours aussi bien en langue
française qu'en langue anglaise, ajouteront éventuellement a leur
programme une série de cours comme l'ont fait, d'ailleurs, les
universités américaines.
Devant ces multiples sources d'enseignement et de formation, il ne
serait pas sage, à notre avis, de restreindre l'accès à la
profession à ceux qui auront réussi à satisfaire aux
exigences d'un seul programme. Nous croyons donc fortement qu'il ne faut pas
laisser le contrôle de l'enseignement et de la formation de base entre
les mains d'un seul institut, et que l'organisme de contrôle et de
réglementation des praticiens doit demeurer indépendant, se
limitant à la formation continue de ses membres et au contrôle du
maintien de leur niveau de compétence. Le diplômé
universitaire ou le détenteur d'un certificat d'études d'un
institut de planification financière ne devrait pas avoir le droit
d'utiliser le titre de planificateur financier sans qu'il ait fait la preuve de
sa compétence à titre de praticien et qu'il ait satisfait aux
exigences de l'organisme de contrôle et de réglementation
comprenant, entre autres, un examen d'évaluation de sa
compétence. Notre association applique un tel système de
contrôle, qui comprend un examen obligatoire vérifiant les
connaissances théoriques et pratiques dans 43 champs de
compétence.
Quant à la réglementation, notre association
réitère son désir de voir l'ensemble des planificateurs
financiers soumis à des normes de contrôle serrées. M. le
ministre, dans votre allocution devant l'APFF, le 17 mars dernier, vous avez
mentionné une avenue de réglementation qui consisterait à
susciter l'émergence d'une association professionnelle capable, par sa
seule influence autoréglementaire, d'imposer un cadre minimal acceptable
de l'exercice de l'activité de planification financière. Vu la
difficulté d'agréer une nouvelle corporation professionnelle,
nous croyons que vous devriez retenir la forme qui s'y rapproche le plus,
c'est-à-dire une autre avenue proposée dans la même
allocution, la délégation à un organisme
d'autoréglementation qui possède l'expertise et la
compétence nécessaires. D'après nous, une
autoréglementation bien encadrée serait la meilleure avenue pour
assurer le
consommateur qu'il bénéficie de conseils judicieux
lorsqu'il fait appel aux services d'un planificateur financier.
Cela dit, nous croyons humblement que le moyen proposé dans le
document de consultation comporte plusieurs désavantages quant à
sa mise en application et répond imparfaitement au désir de
plusieurs intervenants.
Premièrement, le cadre réglementaire suggéré
n'offre pas la souplesse recherchée. Le gouvernement
délègue un pouvoir de réglementation au conseil, pouvoir
qui sera à nouveau délégué aux groupes
professionnels qui ont signé l'acte d'adhésion. En effet, ces
groupes devront modifier leurs lois-cadres et leurs mesures de contrôle
afin d'assurer la mise en place du cadre réglementaire et des
recommandations établies par le conseil. Cette double
délégation et l'étapisme qu'elle entraîne risquent
de créer une lenteur administrative non souhaitable pour l'industrie
financière et le consommateur.
Deuxièmement, la formation d'un conseil qui serait
constitué en bonne partie de divers représentants de groupes
professionnels ayant signé l'acte d'adhésion ne répondrait
pas, à notre humble avis, adéquatement aux besoins des
professionnels qui oeuvrent dans le secteur de la planification
financière intégrée. Nous croyons que les planificateurs
financiers exercent une profession qui ne s'apparente en rien à celle
déjà régie par le code des professions ou par d'autres
organismes, à l'exception de la nôtre.
Troisièmement, nous croyons que le développement des
modalités de réglementation et ultérieurement la mise en
place de ces modalités par les groupes professionnels
intéressés seront une tâche de longue haleine et
desserviront l'intérêt public.
Il va sans dire qu'aucun mode de réglementation n'est parfait.
Toutefois, nous croyons qu'une association professionnelle composée
uniquement de personnes exerçant la planification financière
intégrée, telle que définie par notre association,
pourrait imposer un cadre adéquat à l'exercice de cette
activité, tout en évitant les contraintes inhérentes
à la création d'un conseil.
À la lumière de ces faits, nous croyons que notre
association pourrait être cette association professionnelle qui aurait
comme mandat de faire respecter objectivement des normes adéquates par
tous ceux qui se présentent comme planificateurs financiers. En effet,
le choix de notre association comme organisme d'autorégle-mentation
comporte les avantages suivants.
Notre association s'est déjà penchée sur les
modalités de réglementation définies par le ministre. Par
conséquent, nous croyons que le mécanisme de
réglementation pourrait être mis en place plus rapidement et
assurer la protection du consommateur dans les plus brefs délais. Notre
association regroupe plusieurs types de professionnels: avocats, comptables,
assureurs, courtiers, et représente le forum idéal pour assurer
la présence des divers intermédiaires liés à
l'activité de planification financière. Notre association est une
association bilingue où tous les services et la documentation sont
disponibles dans les deux langues. Notre association a l'avantage de
représenter exclusivement des planificateurs financiers ou des personnes
qui ont un vif intérêt pour le domaine. Notre association est
également affiliée à l'International Association of
Financial Planning. Ces liens devraient permettre de bénéficier
d'une expérience hors Québec et, par conséquent, de mieux
servir l'intérêt public.
En conclusion. Pour maintenir le leadership que le Québec, par
votre intermédiaire, a déjà acquis, et afin de rendre
l'autoréglementation viable et de susciter l'adhésion volontaire
et générale des intervenants de l'industrie financière
québécoise, il est impératif et logique de trouver une
solution à la fois simple, souple, efficace et éprouvée.
Celle-ci devrait être mise en place immédiatement pour remplir
l'objectif principal de votre document de consultation, c'est-à-dire la
protection du consommateur. L'une de nos attentes est d'obtenir la garantie que
l'organisme d'autoréglementation retenu sera composé
majoritairement de membres pratiquant la planification financière
intégrée. Il nous semble qu'il en serait injuste autrement. Nous
sommes convaincus et nous espérons avoir clairement
démontré dans notre mémoire que notre association est
l'organisme tout désigné pour remplir l'importante mission
d'imposer des normes et des critères élevés à tous
ceux et celles qui pratiquent la planification financière
intégrée. Nous sommes à votre disposition pour
répondre aux questions.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bouchard. M. le
ministre.
M. Fortier: M. Bouchard, je pense bien qu'on doit vous
féliciter d'avoir pris le temps de vous pencher sur un dossier que vous
connaissez bien et de nous faire part de vos commentaires.
Avant le dîner, nous avons eu une discussion semblable et on s'est
penchés sur les objectifs que nous poursuivions et dont nous avions fait
état dans le document. C'est sûr que l'un des objectifs est la
promotion de l'excellence dans ce travail de planification financière.
Je crois que votre mémoire, dans le fond, est un plaidoyer pour indiquer
que votre association a recherché l'excellence chez vos membres, en
stimulant une meilleure éducation et en s'as-surant que ceux qui en
faisaient partie étaient en mesure d'offrir les meilleurs services
possible dans le domaine de la planification financière. En fait, vous
ne le dites pas. Dans le fond, vous l'avez dit dans votre texte, vous croyez
qu'il s'agit là d'une profession qui devrait normalement être
contrôlée par une corporation professionnelle ou à peu
près. Enfin, je crois que ce sont les termes que vous avez
indiqués.
Mais on s'est penché, avant le dîner, sur une autre
dimension que nous, comme législateurs, on ne peut pas négliger,
et c'est, bien sûr, d'éviter les abus, mais de s'assurer
également que la planification financière ne soit pas uniquement
ce qu'on peut appeler une planification financière haut de gamme. Je
serais porté à vous poser une question, parce que vous nous avez
dit au début que vous n'aviez que 150 membres sur 1100 au Canada, alors
que l'association que nous avons entendue avant le dîner en comprend
2500. Il y a d'autres gens, dans le domaine de l'assurance-vie, qui
désireraient faire de la planification financière. D'ailleurs, le
titre du document de consultation nous porte à discuter de tout ce qui
touche au décloisonnement des intermédiaires. Donc, c'est ouvrir
la porte à d'autres intermédiaires qui voudraient être en
mesure d'affronter la concurrence et on peut penser, bien sûr, aux
assureurs-vie, aux courtiers d'assurances générales qui sentent
la pression venir de certaines institutions comme le Mouvement Desjardins.
Donc, il est clair, par notre document, qu'on désire ouvrir la porte aux
intermédiaires, pour qu'ils puissent avoir plusieurs cordes à
leur arc. La discussion que nous avions avant le dîner portait sur le
fait qu'il faut reconnaître qu'il y a bien sûr une planification
financière haut de gamme. Le président de Bell Canada, les
vice-présidents de Bell Canada - on a juste à voir par leur
rapport annuel - qui gagnent 500 000 $ par année, 800 000 $... Si
j'avais ce salaire comme ministre, j'irais vous voir immédiatement.
Mais, comme ministre, comme vous le savez, on n'a pas ce genre de
rémunération.
Ce qu'on disait avant le dîner, c'est qu'il y a quand même
des besoins pour ce qu'on appelle le monde ordinaire. D'ailleurs, la
députée de Châteauguay a posé une question dans ce
sens et cela nous préoccupe également. Est-ce qu'on doit
réserver ce que j'appellerais la planification haut de gamme uniquement
pour ceux qui sont capables de vous engager? Vous répondrez à la
question tout à l'heure, mais comment cela coûte-t-il de faire
affaire avec vous? J'imagine que cela doit coûter une beurrée. Je
pense qu'il n'y a pas un député autour de la table qui pourrait
se payer les services d'un planificateur financier, au salaire qu'on gagne.
Mais le monde ordinaire, que fait-il? Le monde ordinaire qui gagne 25 000 $, 30
000 $ ou 40 000 $, veut lui aussi avoir certains conseils de planification
financière, et je suis certain qu'il ne pourrait pas retenir les
services de plusieurs de vos membres, d'après ce que vous indiquez ici,
puisque vous travaillez à honoraires et j'imagine que vos honoraires
doivent être assez élevés de l'heure, merci.
J'imagine que, si je travaillais pour une compagnie - comme
c'était le cas quand j'étais dans le secteur privé - et
que ma compagnie me disait: Bon, M. Fortier, allez donc voir tel bureau de
comptables, nous allons payer leurs services et ils vont vous donner des
conseils... Cela se fait beaucoup dans le secteur privé. Mais, si on
oublie ces chanceux, ces gens du secteur privé, les gens qui
reçoivent des conseils particuliers, payés par la compagnie pour
laquelle ils travaillent... Du monde ordinaire, il y en a beaucoup au
Québec. Comme on dit, nous autres, en politique: II y a bien plus de
monde ordinaire qui vote qu'il n'y a de présidents de compagnie. C'est
la vérité, mais ce n'est pas juste une préoccupation
électorale. C'est la préoccupation de quelqu'un qui a
hérité de 20 000 $, qui a 65 ans, qui vend sa maison et qui a un
actif de 125 000 $. Ce ne sont pas de gros montants pour des gens comme vous,
j'imagine. Mais le monde ordinaire, lui, a besoin d'une planification
peut-être plus simple et qui ne coûte pas les yeux de la
tête.
Alors, c'est pour cela qu'on se posait la question, à savoir:
Est-ce qu'on doit avoir une réglementation pour le haut de gamme?
À quel coût? Est-ce qu'il serait possible, également,
d'avoir une autre planification financière, qui ne serait pas haut de
gamme, qui serait pour le monde ordinaire et qui ne coûterait pas les
yeux de la tête? Mais, à ce moment-là, les exigences
seraient différentes. Bien sûr, sans vouloir diminuer d'aucune
façon les assureurs-vie, on peut penser qu'en particulier plusieurs des
assureurs-vie qui se déplacent - je suis certain qu'il y a des
assureurs-vie qui vont conseiller des présidents de compagnie - vont
conseiller ce qu'on appellerait le monde ordinaire. Vous semblez indiquer,
d'après votre formule, qu'on devrait, à toutes fins utiles, ne
pas permettre aux assureurs-vie de devenir des planificateurs financiers,
à moins qu'ils ne passent vos examens très sélectifs, si
j'en juge par le nombre de membres que vous avez, 150, au Québec, ce
n'est pas beaucoup de monde. C'est réellement l'élite de la
planification financière, peut-être, et je ne connais pas tout le
monde. (20 h 30)
Je vous lance la question. Pour moi, c'est le problème de fond,
et sans vouloir préjuger des qualités de votre association, loin
de moi cette intention, parce que je crois qu'en l'absence d'une
réglementation dans toutes les provinces canadiennes vous avez de toute
évidence rempli un vide... On doit donc vous féliciter d'avoir
rempli ce vide, en l'absence de législation qui aurait pu exister en
Ontario, en Colombie britannique, au Québec, partout. Vous avez rempli
un vide et on doit vous en féliciter. On s'excuse d'être en
retard, mais maintenant qu'on désire faire quelque chose, la
première question qui se pose pour nous, c'est le haut de gamme versus
le monde ordinaire. Dans quelle mesure votre association est-elle plutôt
orientée vers le haut de gamme? Il n'y a rien de mal à cela,
remarquez bien, mais on se pose des questions pour le monde ordinaire.
La Présidente (Mme Dionne): M. Bouchard.
M. Bouchard: En fait, il n'y a qu'une sorte de planification
financière intégrée. Il n'en existe pas quatre, et ce sont
les mêmes étapes que l'on doit passer, que ce soit pour un client
qui a 30 000 $ de revenus, que ce soit pour un ministre qui a une couple de...
- passons par-dessus celui-là - ou que ce soit pour le président
de Bell Canada. Il faut absolument réaliser que c'est le même
processus, et que tout planificateur financier doit passer à travers le
même processus.
Dans notre association, nous avons des membres qui ont des
clientèles qui ont des revenus beaucoup plus bas que d'autres. On
reviendra sur la question de rémunération par la suite. À
travers ce processus, la personne qui a besoin d'un service, qui peut
coûter disons 2000 $ ou 3000 $ en honoraires, ne représente
certainement pas la majorité. Cependant, nos membres offrent des
services à n'importe quel consommateur. Il faudrait aussi clarifier la
question des catégories de membres, c'est-à-dire qu'un membre qui
a le titre de planificateur financier certifié peut être un
planificateur qui n'opère qu'à honoraires et qui a une brochette
de clientèle qui peut être plus ou moins élevée. On
a également des membres qui ont les qualifications et qui sont des gens
qui vendent des produits et qui offrent également des services de
planification financière. Nous n'avons absolument rien contre le fait
qu'un de nos membres détenant son PFC puisse vendre un produit et
à la fois offrir un service. Au contraire. Là où on ne
déroge pas, c'est pour ce membre qui vend un produit, qui le fait
gratuitement parce qu'il a une autre source de revenu, par exemple, quelqu'un
qui vend des fonds mutuels. Lorsqu'il intervient à titre de
planificateur financier, qu'il détient un PFC de notre association, il
se doit de passer à travers le processus que je vous ai décrit
tantôt, par les six étapes de la planification financière.
Le processus doit être le même, que la personne gagne 20 000 $ ou 1
000 000 $ par année, parce qu'on doit traiter tous les aspects. Elle a
quand même ses problèmes de gestion de l'endettement, ses
problèmes d'épargne, ses problèmes de placements, ses
problèmes de planification successorale, qu'elle gagne 30 000 $ ou
beaucoup plus. Le problème sera de moins grande envergure, mais
l'approche est la même, et c'est une condition sine qua non.
Alors, c'est ce qui peut expliquer - malheureusement cela peut
entraîner un corollaire à votre question lorsque vous dites: Vous
êtes si peu nombreux - la raison pour laquelle on est si peu nombreux.
C'est simple. Premièrement, c'est assez nouveau comme
développement. Vous avez vu que notre progression est grande. L'autre
raison principale, c'est que ce n'est pas obligatoire. Il n'y a rien de
coercitif. Il n'y a pas de réglementation qui fait que nos bonshommes
qui font de la planification financière à tous les niveaux soient
obligés de se joindre à nous.
Alors, pourquoi se joindraient-ils à nous comme association, s'il
n'y a pas de réglementation? On dit: Ces gens-là qui font de la
planification financière actuellement, et qui la font gratuitement - il
ne faut pas se leurrer, il y en a beaucoup plus qu'on ne pense qui font du
très bon travail - ne sont pas identifiés comme des
planificateurs financiers. Pourquoi le seraient-ils? On peut vous donner comme
raison que c'est parce que c'est récent. Notre titre de planificateur
financier certifié existe depuis un an et demi. C'est connu de plus en
plus. Plus c'est connu, plus on a eu de la couverture dans les journaux, etc.
On a l'examen à l'automne qui s'en vient. Vous devriez voir le nombre de
personnes - ces personnes desservent des gens à tous les niveaux - qui
veulent absolument venir passer notre examen, essayer de se qualifier pour
passer l'examen. De la planification financière, on dirait qu'il reste
toujours cette image qu'on a des grands spécialistes. On avait, comme
vous y avez fait allusion, une association de 2000; on a l'APFF. On est membre
de l'APFF. C'est sûr, parce que cela nous aide, cela nous rend service,
c'est très bien au point de vue de la formation et de la formation
continue. Mais nous sommes différents parce que nous faisons un travail
global, et ce travail peut être fait aussi bien pour quelqu'un qui gagne
30 000 $ que pour quelqu'un qui gagne 200 000 $. Je vous dirai que, dans ma
pratique, où je suis spécialisé, chez les cadres, de plus
en plus les entreprises offrent des services non seulement à M. le
président et à M. le vice-président, mais aux
retraités, par exemple, aux pré-retraités. Je
reçois régulièrement des gens dont la facturation à
l'entreprise est minime, parce que je peux y passer trois heures. Mais, trois
heures avec une personne qui gagne 40 000 $ et qui a une pension de 25 000 $,
il n'y a pas de raison pour que je ne fasse pas un travail de planification
intégrée. Il n'y a pas de raison pour que je n'aie pas son bilan.
Il n'y a pas de raison pour que je ne connaisse pas ses épargnes. Il n'y
a pas de raison pour que je ne connaisse pas son attitude vis-à-vis des
placements, à savoir: Est-ce qu'elle peut dormir lorsqu'elle a d'autres
choses que des obligations du Québec dans son portefeuille? Il n'y a pas
de raison pour que je ne révise pas son testament pour voir s'il n'a pas
des choses qui sont vraiment hors de situation. Il n'y a pas de raison pour que
je ne connaisse pas sa protection en assurances, et cela prend trois heures.
C'est évident qu'à 150 $ l'heure, c'est peut-être cher,
mais ces 150 $ sont payés par l'entreprise, cela va bien.
Pourquoi cette même personne ne peut-elle entrer dans le bureau
d'Investors de Laurent? Laurent va faire le même travail. Il va prendre
le même travail de planification financière, mais à une
condition. Il va le faire parce qu'il a le titre de planificateur financier
certifié, qu'il est contrôlé au chapitre de la
déontologie et qu'il ne peut pas faire d'intervention sans qu'elle
soit
globale. Alors, de là vient notre...
La Présidente (Mme Dionne): En conclusion, M.
Bouchard.
M. Bouchard: Excusez-moi.
M. Fortier: Parce que le temps est limité.
M. Bouchard: Oui, excusez-moi.
M. Fortier: Si vous prenez tout le temps pour répondre
à ma question, vous n'aurez pas d'autre question. Je vous remercie de la
réponse.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Qu'entendez-vous au deuxième paragraphe de la
page 19, lorsque vous dites que votre association est l'organisme tout
désigné pour l'imposition de normes dans le secteur?
Reconnaissez-vous par là que les autres organismes ne pourraient pas
participer au processus de réglementation? Pouvez-vous préciser
votre pensée là-dessus? Est-ce que vous faites une
proposition?
M. Bouchard: Vous parlez de l'organisme tout
désigné? C'est-à-dire que...
M. Garon: En comparaison aux autres.
M. Bouchard: Ah bien! En fait c'est simple, en ce sens qu'il n'y
a pas d'autres organismes actuellement qui sont organisés. C'est
sûr qu'on peut mettre d'autres organismes sur pied. Ce qu'on dit:
Pourquoi fonder un autre organisme alors que nous existons? Alors, c'est pour
cela qu'on vous suggère de tout simplement nous donner le travail, et ce
sur quoi on insiste surtout, c'est qu'il ne faudrait pas, qu'il serait
très malheureux qu'on mette sur pied un autre organisme semblable au
nôtre. Nous disons: Nous l'avons, nous avons cela. Vous voulez en mettre
un autre sur pied? Nous n'avons pas d'objection, mais pour l'amour, ne nous
oubliez pas, parce que nous avons l'expérience et que nous sommes des
planificateurs financiers! Malheureusement, il se peut - justement, l'aspect du
nombre peut peut-être influencer certains - qu'à un moment
donné cela soit vraiment sous le contrôle ou organisé par
des gens qui ne font pas de planification financière
intégrée, ou peu, comme vous avez pu le voir, l'aspect
"intégré". Le fiscaliste peut être un intervenant, il n'est
pas un planificateur financier. Alors, c'est dans ce sens qu'on dit: Oui, mais
que ce soient les planificateurs financiers eux-mêmes qui soient
impliqués pour ce qui est de s'auto-réglementer."
Cet après-midi j'ai remarqué, quand le ministre a fait
allusion aux corporations professionnelles, qu'il était surpris que les
corporations professionnelles ne soient pas là. Ce n'est pas surprenant.
Je suis comptable agréé et mon association professionnelle ne
peut pas s'intéresser aux planificateurs financiers, il n'y en a presque
pas. Cela commence. Pourquoi n'y aurait-il pas de désignation de...
Quand j'ai signé ma formule de renouvellement cette année, j'ai
dit: Où est-ce que je m'inscris? C'est normal parce que l'assureur-vie
peut être aussi bon que moi, faire un aussi bon travail et être
chez moi un PFC et pourquoi serait-il obligé de... Vous comprenez
l'aspect d'organisme, parce qu'on dit: Si ce n'est pas nous, copiez-nous! Ha,
ha, ha!
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Comment cela fait-il de temps que vous êtes
considéré comme un planificateur intégré?
M. Bouchard: Dans la planification financière
intégrée? Comment cela fait-il de temps que j'en fais ou...
L'association existe depuis 1982. Vous allez remarquer que la plupart d'entre
nous en faisons depuis avant cela. Personnellement, cela fait huit ans, dix
ans, douze ans. Alors, ce n'était pas aussi bien organisé
qu'aujourd'hui, mais depuis environ cinq ou six ans, on peut dire qu'il y a de
plus en plus de gens qui ont cette approche globale de la planification
financière.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Quand vous dites dans votre mémoire que 14 % de
vos membres sont du Québec, votre structure au Québec est-elle
adéquate pour demander que votre association soit chargée
d'assurer la surveillance des planificateurs financiers?
M. Bouchard: Notre structure est actuellement adéquate en
ce sens que nous avons un conseil d'administration, des comités de
formation, divers comités, un programme de formation continue. Nous
avons tout ce qu'il faut dans un aspect embryonnaire; on n'a pas 3000 membres.
Non seulement embryonnaire, dans le sens que cela fonctionne, mais cela va de
soi que, demain matin, tout ce dont on a besoin, c'est un peu d'aide
financière. Mais je vous avertis, normalement, le gouvernement ne
devrait pas avoir à nous financer tellement la journée où
vous allez dire: Vous êtes l'organisme. Parce qu'en ouvrant les portes
cela va se remplir de gens qui veulent... Ils ne le seront pas le lendemain
matin, vous avez vu nos critères. Il faut qu'ils soient membres pendant
un an, pratiquer pendant deux ans et ensuite, passer l'examen. Mais tout le
monde va vraiment... Il n'y aura aucun problème au point de vue du
"membership" le lendemain lorsque cela devient reconnu comme organisme.
M. Garon: Dans votre esprit, selon qu'il y aurait une
qualification selon vos critères au Québec, il y aurait combien
de personnes qui satisferaient immédiatement aux critères, aux
normes que vous défendez comme association? Vous dites qu'il y en a 150
dans votre association.
M. Bouchard: Là, on en a 150 et vous avez
remarqué...
M. Garon: Si on disait: Dans l'ensemble du Québec
actuellement, ceux qui sont dans le secteur, vous considérez qu'il y en
a combien...
M. Bouchard: C'est assez difficile...
M. Garon: ...qui satisferaient à vos normes? C'est
difficile à dire, je sais.
M. Bouchard: Ce serait difficile de répondre à
cela, mais on connaît beaucoup de gens qui font du travail certainement
très valable et qui pourraient satisfaire à nos exigences.
Combien demain matin? Je ne peux vous le dire parce que c'est évident
qu'il y a beaucoup d'intervenants. Mais, si ce sont des intervenants hautement
spécialisés, ils auront besoin premièrement de passer un
cours de l'institut, de vraiment compléter leur formation pour certains
et de passer l'examen. C'est primordial. Il y a un grand danger ici: si
l'orientation est mauvaise, il y a un danger de perdre le contrôle de
cette affaire. Si on perd le contrôle de cela, on va se réveiller,
comme le ministre l'a dit cet après-midi, dans cinq ou six ans et il va
falloir recommencer.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je voulais dire: En tant qu'organisme
représentatif des planificateurs financiers, parce qu'il y en a
plusieurs qui ont dit qu'il y avait des membres qui faisaient un travail qui
allait dans le sens d'une planification financière - vous en avez
entendu sans doute aujourd'hui ici - vous, quand vous dites... Vous connaissez
sûrement les autres organismes qui sont près de la planification
financière, en tout cas, et selon vous, vous en représentez
combien au Québec - pas dans l'ensemble du Canada, mais au Québec
- par rapport au réservoir de planificateurs financiers qui, dans votre
esprit, satisfont aux normes telles que vous les fixez? (20 h 45)
M. Bouchard: On pourrait certainement mentionner un chiffre, mais
je dirais peut-être encore 200 ou 300 personnes qui pourraient se
qualifier à assez court terme.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous parlez avec pertinence de la formation dans votre
secteur et votre association semble également préoccupée
par cette question. Y a-t-il, actuellement, un cours offert par nos
institutions d'enseignement que vous exigez comme base pour suivre vos propres
sessions de formation ou pour être membre de votre association? Quels
sont vos prérequis?
M. Bouchard: Pour être membre régulier, comme on
appelle cela, c'est-à-dire un membre qui va faire de la planification
financière ou qui en fait, mais qui n'obtient pas nécessairement
au départ son titre de PFC, planificateur financier certifié
ayant passé l'examen et tout, comme base c'est le cours de l'Institut
canadien de planification financière ou toute autre formation qu'on
considère équivalente.
Alors, il y a actuellement un comité de sélection qui
examine la base, la formation et surtout qui examine si l'individu fait de la
planification financière. Alors, pour être membre régulier,
celui qui est étudiant a un statut spécial et celui qui fait de
la planification a le statut de membre régulier. Il doit être
membre pendant un an, pratiquer, premièrement, et pour prouver qu'il
pratique il doit déposer une copie d'un plan de travail, un rapport
type, il doit être accrédité par trois autres membres de
l'association et prouver qu'il pratique la planification financière.
Ensuite, au bout d'une année, il peut passer l'examen.
Alors, comme on l'a mentionné au sujet de la formation, la
formation existe. L'idée, c'est qu'il va exister de plus en plus de
formation, et bien orientée, c'est-à-dire plus orientée.
Comme exemple, l'Institut de planification financière, le projet de
l'APFF. Je fais partie du comité de formation de l'institut avec Laurent
et, lorsqu'on a commencé à mettre en place toute la formation,
tous les éléments du cours ou les 42 crédits, on a
été surpris de constater qu'initialement on croyait pouvoir aller
chercher peut-être deux tiers des cours, peut-être plus, tout
simplement en créditant les cours dans nos universités. On s'est
aperçu que c'était beaucoup plus près de 40 %, en ce sens
que c'est une spécialité. Alors, l'institut aura à mettre
sur pied, sans que cela soit trop compliqué parce qu'il y a des gens qui
s'y connaissent dans le domaine...
La Présidente (Mme Dionne): Oui, M le député
de Lévis.
M. Garon: Oui, mais cela m'apparalt un peu subjectif quand vous
pariez d'un comité et des recommandations. Mais il n'y a pas un
diplôme, baccalauréat ou quelque chose, un cours de
comptabilité, de droit? Je ne sais pas, c'est parce que vous me parlez
d'un comité de recommandation.
M. Bouchard: Non, c'est-à-dire...
M. Garon: Vous n'avez pas des exigences de base?
M. Bouchard: L'exigence de formation de base est celle de
l'institut, mais il y a beaucoup d'autres formations qui sont acceptées.
Le courtier en valeurs mobilières qui veut devenir membre chez nous, il
peut devenir membre. Il ne sera pas un planificateur. Il ne pourra pas
s'appeler planificateur financier certifié le lendemain, mais il peut
devenir membre. Nous avons d'ailleurs, vous l'avez vu dans le mémoire,
différentes catégories de membres. Nous avons même des
membres comme les professeurs, ou ces gens-là. On a déjà
prévu des catégories de membres qui ne sont pas des membres qui
détiennent le titre de planificateur financier. Il faut faire la
distinction entre être membre de notre association et détenir le
titre. Lorsqu'on parle ici de contrôler l'utilisation du titre, il faut
être très strict. Quant aux critères de formation, c'est
sûr qu'aussitôt que l'Institut québécois de
planification financière aura mis sur pied le cours et que les
bonshommes sortiront de cela avec leur certificat, il n'y a aucun
problème, ils vont être membres demain matin. Ils n'auront pas le
titre de planificateur financier certifié sans passer l'examen et avoir
pratiqué deux ans. C'est, à notre avis, primordial.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bouchard. M. le
ministre.
M. Fortier: Non, mais je voudrais vous dire tout de go que tout
à l'heure vous nous disiez que, si on n'accepte pas votre recommandation
spécifique d'accepter votre association comme étant celle qui
réglementerait la profession, au moins on devrait vous en parler et vous
consulter. Je pense qu'on en prend note. Alors, quelle différence
fondamentale y a-t-il entre l'APFF et votre association? Autrement dit, l'une
et l'autre ont pour objectif...
M. Bouchard: L'APFF...
M. Fortier: ...de former des gens dans le domaine de la
planification financière. Est-ce que vos conditions sont plus
rigoureuses?
M. Bouchard: Tout simplement, la différence est celle-ci:
notre association est une association de praticiens de la planification
financière. L'APFF, dont nous sommes membres, est une association de
professionnels spécialisés dans beaucoup de disciplines et c'est
une association d'abord de formation et surtout de ce qu'on peut appeler la
formation continue, la mise à jour, etc. C'est primordial. On encourage
nos membres à être membres de l'APFF. Alors, c'est
complémentaire, mais ce n'est pas du tout le même genre
d'association.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Est-ce qu'on a terminé? La
Présidente (Mme Dionne): Non.
M. Fortier: Est-ce qu'il nous reste du temps? Il nous reste
combien de temps?
La Présidente (Mme Dionne): II nous reste huit
minutes.
M. Fortier: J'ai à peu près terminé. Je
pense que je comprends l'essentiel du mémoire qui nous a
été présenté. Pour autant que je suis
concerné, j'aimerais vous remercier d'être venus nous dire ce que
vous faites. De toute évidence, vous y croyez parce que vous en parlez
avec beaucoup d'ardeur. Ha, ha, ha! Donc, dans la mesure où l'on fait
bien ce qu'on aime faire dans la vie, on doit conclure que... L'expression de
votre visage signifie que vous aimez beaucoup faire de la planification
financière. On doit en conclure que vous faites de la bonne
planification financière. Je vous remercie pour nous avoir...
M. Bouchard: Merci.
M. Fortier: ...communiqué votre expérience et les
exigences de votre association.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: J'aurais une question à vous poser encore.
Pensez-vous qu'il y aurait lieu d'envisager la création d'un cours
universitaire qui préparerait les étudiants à exercer
uniquement cette profession ou ce secteur de planification financière,
quitte à ce qu'il y ait une association qui exige un stage d'un an ou
une période de temps après l'obtention d'un diplôme
universitaire qui pourrait être définie par...
M. Bouchard: Certainement. Cela existe déjà aux
États-Unis où ils ont des cours qui débouchent vraiment
vers un certificat. Tôt ou tard, cela viendra, je crois, au Québec
aussi. Cependant, il faut toujours faire la distinction que cela demeurera un
certificat de formation. Comme moi, quand j'ai fini à
l'université avec la maîtrise en sciences commerciales, je
n'étais pas CA le lendemain. Il a fallu que je fasse mon
entraînement, que je passe mes examens, etc. Alors, dans le sens de votre
question, je crois que c'est très logique que cela arrive.
Si vous me permettez juste une précision pour ne pas laisser
l'impression que nos membres étaient seulement honoraires, il faudrait
quand même réaliser que nos membres, et je crois que c'est
l'esprit du projet, de toute façon, peuvent agir dans tous les domaines
et peuvent être des intermédiaires dans tous les domaines. Tout ce
qu'on veut, c'est qu'à titre d'individu notre
membre soit intermédiaire de tous les domaines de la finance ou
du domaine financier. Lorsqu'il agit avec son titre de planificateur financier,
on est là pour le surveiller et il doit suivre les règles, sinon
il va se faire taper sur les doigts et il va perdre son titre de planificateur
financier. Ce qu'on aimerait, c'est que, justement, aussitôt que cette
situation sera normalisée, le gouvernement n'ait pas peur de mettre
beaucoup d'emphase sur la publicité et de vraiment publi-ciser le fait
qu'il y a des gens qui existent et qui sont planificateurs financiers, de telle
sorte que le bonhomme va faire drôlement attention avant de perdre son
titre.
M. Fortier: Combien cela coûte-t-il pour faire partie de
votre association?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: Combien cela coûte-t-il à titre
de...
M. Bouchard: Pour notre association, cela coûte 200 $.
M. Fortier: Pas plus que cela. Merci.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Merci, M. Chicoine, M. Bouchard et M. Wermenlinger.
Des voix: Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne): Au nom des membres de la
commission, M. Bouchard et vos collègues, je tiens à vous
remercier, ainsi que l'Association canadienne des planificateurs financiers,
d'être venus présenter votre mémoire. Je vous souhaite un
bon voyage de retour.
M. Bouchard: Merci beaucoup. Cela nous a fait plaisir.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bouchard.
Maintenant, je demande aux représentants de la firme Lacaille,
Ouellette inc, Services de planification financière, de bien vouloir
s'avancer. Dans un premier temps, j'aimerais vous souhaiter la bienvenue et
demander au porte-parole de votre organisme de bien vouloir s'identifier et de
présenter les gens qui l'accompagnent.
M. Montgrain (Maurice): Je suis Maurice Montgrain, avocat
à l'emploi de Lacaille, Ouellette inc. À ma droite
immédiate il y a M. Yves Lacaille qui est le président fondateur
de Lacaille, Ouellette et, un peu plus loin, M. Robert Ouellette qui est
vice-président directeur général de Lacaille,
Ouellette.
La Présidente (Mme Dionne): Merci beaucoup, M. Montgrain.
J'aimerais vous rappeler les règles de l'audition. Vous avez vingt
minutes qui sont consacrées à l'exposé de votre
mémoire et, par la suite, une période de quarante minutes
d'échanges avec les membres de la commission. M. Montgrain, je vous
cède la parole.
Lacaille, Ouellette inc.
M. Montgrain: Je vous remercie, Mme la Présidente. On vous
remercie de nous avoir donné l'occasion de nous faire entendre, de faire
valoir notre point de vue. Pour commencer, on va faire un bref historique de
Lacaille, Ouellette. Nous sommes une entreprise qui fait de la planification
financière à plein temps depuis plusieurs années. On peut
vous donner notre historique, notre évolution. Cela va vous donner une
idée de ce que peut être une entreprise de planification
financière. Après cela, on va avoir un volet qui va expliquer en
quoi consiste la planification financière selon notre optique. Ensuite,
on va vous donner des précisions sur le contenu de notre mémoire
de représentations. Finalement, on va vous faire des
représentations additionnelles sur les règles de
déontologie, à la suite des prises de position des ordres
professionnels qui ont paru dans les journaux, comme le Barreau du
Québec, etc.
Pour ce qui est de l'historique, on peut dire que Lacaille, Ouellette a
été fondée en 1969. À ce moment-là, cette
entreprise oeuvrait principalement dans le domaine du courtage en assurance-vie
et de rente individuelle et collective. À compter de 1975, l'entreprise,
pour répondre à un besoin, a commencé à offrir des
services de planification financière à ses clients,
principalement des propriétaires de PME, petites et moyennes
entreprises. En 1980, pour répondre à une demande qui se faisait
de plus en plus insistante, Lacaille Ouellette inc, a laissé tomber son
permis d'assurance-vie pour se consacrer pleinement à la planification
financière, mais au même moment constituer deux filiales, une qui
ferait dorénavant le courtage de l'assurance-vie et une autre qui
s'occuperait des placements immobiliers. Pour vous donner une exemple de la
croissance, en 1980 l'entreprise comptait six employés, tandis que
maintenant on est environ 65.
Au sein de l'entreprise, on compte deux divisions assez distinctes. Dans
un premier temps, il y a une équipe multidisciplinaire de planification
financière constituée de sept personnes à temps plein; des
avocats, des notaires, un courtier en valeurs mobilières, des
assureurs-vie agréés composent cette équipe. La plupart de
ces sept personnes ont une maîtrise en fiscalité. C'est cette
équipe de professionnels venant de différents milieux avec une
formation complémentaire qui est responsable de la rédaction des
rapports de planification financière qu'on verra plus en détail
tout à l'heure. Il est important
également de noter que ces sept personnes ne reçoivent que
des salaires ou des honoraires et ne reçoivent, en conséquence,
aucun boni ou autre forme de rémunération. Cette formule a
été retenue par notre entreprise, étant donné que
ces personnes rédigent vraiment le rapport de planification
financière, pour assurer une certaine indépendance ou
objectivité face aux recommandations parce que c'est au niveau du
rapport que va s'établir le choix entre l'assu-rance-vie ou contribuer
à un REER ou, investir dans l'immobilier. Comme ces personnes ont une
importance stratégique en ce qui concerne la planification
financière, dans notre entreprise, on a limité cela à un
salaire ou des honoraires selon le type de professionnels dont il s'agit.
Parallèlement à cette équipe qui rédige les
rapports de planification financière en tant que tels, on a une
équipe de conseillers en planification financière qui sont au
nombre d'environ 19. Ces personnes sont de formations diverses. Leur rôle
consiste à rencontrer le client pour essayer d'en savoir un peu plus sur
sa situation particulière au plan financier, au plan familial, sur ses
objectifs. Le conseiller en planification recueille le plus de données
possible, lesquelles sont soumises à l'équipe de planification
financière dont je viens de parler qui va être responsable de la
rédaction du rapport. Donc, l'équipe recueille des
données, soumet cela à l'équipe de planification
financière et éventuellement reçoit le rapport de
planification qui est un document d'environ 80 pages en moyenne. (21
heures)
Après avoir reçu le document de planification
financière qui est adapté au client, le conseiller en
planification rencontre le client, lui en expose la teneur, puis l'assiste dans
l'exécution de ce plan-là. Le plan financier ou le rapport de
planification financière va recommander, par exemple, d'investir dans
l'immobilier ou dans des valeurs mobilières, sauf qu'il n'y aura pas de
recommandations très spécifiques sur le type de valeurs
mobilières, pour prendre un exemple. Ce sera le rôle du
conseiller, donc, de guider son client, après lui avoir exposé le
rapport de planification financière, vers des spécialistes comme
un courtier en valeurs mobilières ou un assureur-vie, selon ses besoins.
Ces personnes-là, les conseillers en planification financière,
par ailleurs, qui sont en plus grand nombre, reçoivent un salaire de
base, puis touchent également des commissions ou des bonis sur les
produits financiers qui pourront être acquis éventuellement par
leurs clients.
Les clients qu'on a eus au cours des dernières années sont
principalement de cinq catégories, soit les propriétaires
d'entreprise, beaucoup d'agriculteurs également parce qu'on fait partie
du groupe Les Coopérants, un grand nombre de professionnels à
leur compte; on compte également, parmi nos clients, plusieurs cadres
supérieurs ou intermédiaires, de même que des
retraités ou des préretraités. Depuis janvier 1987, les
Coopérants détiennent 50% des actions de Lacaille, Ouellette; le
solde est détenu par M. Lacaille et M. Ouellette.
J'ai mentionné un peu plus tôt que, dès 1980,
Lacaille, Ouellette avait constitué deux filiales: une en assurance et
l'autre en services immobiliers. Également, Lacaille, Ouellette
détient une participation de 30 % dans Guard Invest, qui est une filiale
de courtage en valeurs mobilières, avec son permis de plein exercice;
les autres 70% des actions sont détenus par une autre filiale des
Coopérants. Donc, le client qui se présente chez Lacaille,
Ouellette obtient son rapport de planification financière, puis,
étant donné que Lacaille, Ouellette fait partie du groupe des
Coopérants, le client, après avoir reçu son rapport de
planification financière, a accès à un grand nombre de
services puisqu'à l'intérieur du groupe on offre des services
d'assurance-vie, de courtage en valeurs mobilières; on a une filiale,
s'il désire faire des placements immobiliers; on a une compagnie
apparentée, qui fait partie du groupe des Coopérants, qui offre
des services de fiducie, etc. Donc, il y a une gamme complète de
services qui est offerte aux clients.
On peut vous indiquer également le type de clients qu'on a eus.
Par exemple, parmi nos clients, on compte les cadres et employés
d'Hydro-Québec, du groupe Culinar, de la Société de
développement de la Baie James, de l'Association des directeurs
généraux des commissions scolaires du Québec, de l'Office
national du film, de la ville de Montréal, de
Télé-Métropole, de Radio-Québec, de Radio-Canada,
etc.
Il importe également de mentionner que depuis 1987 - parce
qu'auparavant les agents d'assurances des Coopérants faisaient comme
plusieurs de nos compétiteurs et se présentaient à leurs
clients en tant que planificateurs financiers ou conseillers en planification
financière - depuis que le groupe des Coopérants a acquis une
participation dans Lacaille, Ouellette, tous les agents des Coopérants
ont cessé de s'annoncer comme planificateurs financiers et
réfèrent désormais l'ensemble de leurs clients à
Lacaille, Ouellette pour l'établissement d'un rapport de planification.
C'est notre groupe qui détient l'exclusivité, ce qui nous semble
être une mesure de protection pour ces clients-là.
Un autre indice: depuis 1983, nous avons mis sur pied des projets
immobiliers d'une valeur totale d'environ 90 000 000 $, détenus par
environ 1500 de nos clients. Il s'agit, pour la plupart, d'immeubles
commerciaux ou résidentiels. Mais, il importe de mentionner qu'on n'a
acquis aucun MURB des immeubles résidentiels à logements
multiples, parce qu'on considérait que ces immeubles-là
étaient surévalués en raison des avantages fiscaux qui en
résultaient.
On arrive maintenant à la deuxième rubrique de mon
exposé, c'est-à-dire à la teneur du rapport de
planification en tant que tel. Je pense que c'est intéressant d'y
consacrer quelques
minutes parce que vous allez sûrement entendre beaucoup parler de
rapports de planification ou de planification financière. Mais il est
important, quand même, de réaliser en quoi cela consiste, puisque
c'est autre chose qu'élaborer simplement une stratégie de
placement, parce que cela touche beaucoup d'autres sphères
d'activité. Notre rapport, donc, qui a en moyenne de 75 à 150
pages dépendamment du client, est complètement
personnalisé. On tient une première rubrique qui consiste
à évaluer ses ressources financières. Dans un
deuxième temps, on retrouve son bilan avec des commentaires sur son
actif ou son passif. On procède ensuite à l'établissement
de ses besoins financiers à court et à moyen termes et à
la retraite, on procède à l'évaluation de son revenu
disponible, on établit sa capacité d'épargne, on discute
des emprunts qu'il a déjà effectués pour fins de
consommation ou d'investissement, on estime les impôts sur le revenu
qu'il devrait payer s'il n'effectue pas de planification financière pour
l'année courante et l'année suivante, on formule des commentaires
sur ses possibilités de fractionnement de revenus, on estime,
également, son impôt latent. L'impôt latent, c'est ceci:
quand on acquiert soit des abris fiscaux ou d'autres types de placements;
éventuellement, II va y avoir de l'impôt exigible au moment de la
disposition. Donc, on évalue cet impôt-là. On formule
également des commentaires généraux qui doivent
présider au choix d'un placement, notamment pour tenir compte de
l'inflation, du taux de rendement réel, des objectifs, de la
diversification d'un portefeuille, etc. On discute des abris fiscaux
disponibles comme les REER, les REA. On discute des impacts négatifs
fiscaux comme l'impôt minimum de remplacement, les règles sur la
fraction à risques, les pertes nettes cumulatives sur placements, etc.
On informe également le client de la nécessité de se
conserver une marge de manoeuvre, une marge financière, un fonds de
prévoyance. On formule des recommandations, par exemple, pour
établir une procuration, pour souscrire à
l'assurance-invalidité. On rédige un tableau des assurances-vie
que lui ou son conjoint détient déjà. On estime le capital
qui sera requis à son décès pour acquitter, notamment, les
impôts sur le revenu qui sont exigibles en raison du décès.
On formule des recommandations pour la rédaction de son testament. Par
exemple, tout le monde sait que les REER, il est préférable de
les léguer directement à son conjoint qui va avoir un roulement,
etc. C'est un des exemples où on peut faire des recommandations pour le
testament.
Donc, ça, c'est le rapport général. Dans un
deuxième temps, on formule des recommandations plus précises, un
plan d'action adapté à ses besoins. Dans ce plan d'action, on va
tenir compte des variations, encaisse, des modifications qui vont être
proposées à son bilan. On va établir un budget
d'investissement par emprunt, un projet d'acquisition de placements. On va
déterminer l'impôt sur le revenu qu'il devra payer dans la mesure
où il se soumet à cette planification financière là
pour qu'il sache exactement où il s'en va. On établit son bilan
après la planification, s'il décide d'y donner suite. Puis, on
formule un sommaire de recommandations, tout en insistant qu'il est
nécessaire, évidemment, de mettre à jour continuellement
sa planification étant donné les changements fiscaux qui
surviennent périodiquement. Donc, cela détermine en quoi consiste
notre rapport de planification, puis cela fait ressortir que cela fait appel
à une expertise autant légale que comptable, fiscale, en
matière d'assurances-vie ou de courtage en valeurs mobilières ou
en immobilier, etc.
Cela m'amène maintenant à discuter du contenu plus
particulier de notre mémoire de représentations qu'on vous a
déjà soumis. Dans le document de consultation qui a
été présenté en avril dernier, il y avait deux
approches qui étaient proposées, soit le cumul des permis ou la
formation d'équipes multidisciplinaires. L'approche qu'on favorise,
évidemment, c'est celle de la formation d'équipes
multidisciplinaires parce qu'on vient de voir, dans un premier temps, que
l'élaboration d'une planification financière, cela demandait une
expertise en droit, en comptabilité, en fiscalité, en
assurance-vie, en courtage en valeurs mobilières, etc. D'après
nous, il y a très peu de personnes au Québec qui possèdent
une expertise dans tous ces domaines-là à la fois. Tandis qu'en
ayant recours aux professionnels qui existent déjà et qui ont une
compétence dans chacune de leurs disciplines respectives, en
réunissant ces personnes-là au sein d'une même
équipe, je pense qu'on facilite pas mal la mise sur pied d'un travail de
planification financière de qualité, tout en s'accommodant des
structures existantes.
On proposerait qu'il y ait, premièrement, un conseil de
planification financière qui soit constitué, que ce
conseil-là détermine les connaissances minimales requises pour
formuler des rapports de planification financière et qu'il soit
responsable d'accréditer ou de reconnaître les équipes
multidisciplinaires qui présenteraient les ressources nécessaires
pour se qualifier aux fins d'établir des rapports de planification
financière. Donc, ces équipes-là seraient
constituées de personnes qui relèvent des institutions
financières comme les assureurs-vie, etc., ou d'autres personnes qui
relèvent de la Commission des valeurs mobilières, comme les
courtiers et, également, d'avocats, de notaires, de comptables, etc. Les
équipes qui voudraient se faire accréditer devraient
démontrer qu'elles possèdent des personnes-ressources dans chacun
de ces domaines-là parce que nous avons vu que toutes ces
connaissances-là étaient requises pour l'établissement
d'une planification financière complète.
Parallèlement à ces équipes multidisciplinaires
là qui établiraient des rapports de planification, on
suggérerait une deuxième catégorie de
permis, qui serait un permis de conseiller en planification
financière. Ce serait une personne qui aurait, quand même, des
connaissances générales en matière de planification
financière et on souhaiterait même que des cours soient mis sur
pied pour élaborer ces connaissances-là. Ces personnes-là
seraient celles qui rencontreraient le client pour recueillir les
données qui lui sont propres. Après cela, elles le
rencontreraient de nouveau pour lui expliquer le rapport de planification
financière qui aurait déjà été établi
par l'équipe multidisciplinaire et, après cela, elles en
assureraient la mise à jour. Donc, cela demande un niveau de
compétence moins élevé, mais, quand même, une
certaine compétence. C'est pour cela qu'on favoriserait la
création d'une deuxième catégorie de permis. Ces permis
pourraient être émis, par exemple, aux agents d'assurances ou
à n'importe quel autre intervenant du marché financier qui ferait
la démonstration d'une certaine connaissance en planification
financière.
Mais les rapports en tant que tels, comme je l'ai dit, seraient du
ressort exclusif des équipes multidisciplinaires qui auraient fait
reconnaître leurs capacités dans ce domaine-là.
La façon dont on voit cela, évidemment, pour
l'accessibilité de M. Tout-le-Monde, c'est que, actuellement, je pense
qu'on est un bon exemple; on fait partie du groupe Les Coopérants. Le
groupe Les Coopérants offre des services de planification
financière à ses clients, puis éventuellement vend une
partie de ses assurances. Mais on a l'impression que dans l'avenir, au
Québec, la plupart des groupes financiers, que ce soit La Laurentienne,
Les Coopérants ou le Mouvement Desjardins, vont offrir un service
additionnel accessoire de planification financière. On
suggérerait donc que ces services, pour qu'ils soient de qualité,
relèvent d'une équipe multidisciplinaire, mais qu'après
cela, pour l'application, cela puisse relever de personnes ayant un niveau de
compétence reconnu et détentrices d'un permis.
Je pense que cela résume la teneur de notre mémoire de
représentations. Maintenant, s'il me reste quelques minutes - vous me
faites signe quand je déborde, deux minutes seulement - on a pris
connaissance dans les journaux que le Barreau du Québec, la Chambre des
notaires, l'Ordre des comptables agréés et deux autres
associations qui représentent les comptables avaient refusé, pour
l'instant du moins, de se présenter devant cette commission-là.
Pardon?
M. Fortier: Ils ont dit qu'ils n'étaient pas
prêts.
M. Montgrain: Ils n'étaient pas prêts. Dans votre
document de consultation, vous préconisiez que ces
associations-là fassent partie du Conseil de la planification
financière et élaborent ensemble des règles de
déontologie, et que chacune de ces associations modifie ses propres
règles de déontologie.
On ne partage pas cette approche parce qu'elle ne nous semble pas
nécessaire. D'une part, en planification financière, il y a les
assureurs vie, et les autres personnes qui relèvent déjà
des institutions financières, donc qui peuvent être régies
par le ministre des institutions financières. D'autre part, il y a les
professionnels qui relèvent des corporations professionnelles comme le
Barreau, la Chambre des notaires, etc. Or les professionnels sont
déjà assujettis au Code des professions qui impose à
chacune des corporations professionnelles l'adoption de règles de
déontologie très élaborées en matière de
conflit d'intérêts, de divulgation, etc. Donc, on se dit: Nos
équipes disciplinaires qu'on préconise seraient formées en
partie de ces professionnels-là qui sont déjà assujettis
à des règles de déontologie très strictes; on ne
voit pas la nécessité d'y ajouter d'autres règles plus
spécifiques.
Je pense que tout cela peut fonctionner parce que notre
expérience le démontre. Voyez-vous, on est une équipe
multi-disciplinaire constituée d'avocats, de notaires et il y a des
comptables qui en font partie. Cette équipe-là existe
déjà depuis plusieurs années. Moi, je suis avocat, et on
n'a pas l'impression d'enfreindre nos règles de déontologie
respectives parce qu'on prodigue des services dans le domaine qui nous est
propre. En tant qu'avocat, je prodigue des services de nature juridique au sein
de l'équipe multidisciplinaire. Le comptable va prodiguer des services
comptables, mais, en tant que comptable, il va demeurer assujetti à
l'Ordre des comptables et au Code des professions ultimement. Donc, il ne nous
apparaît pas nécessaire que chacune de ces associations
professionnelles modifie sa déontologie.
À cet égard, j'ai effectué une recherche un peu
plus approfondie dans le Code des professions et dans le règlement de
déontologie des avocats et également des comptables
agréés. J'ai préparé une courte annexe qui a
peut-être quatre ou cinq pages et qui précise notre position
là-dessus. Je pense, Mme la Présidente, qu'il est possible en
commission de déposer un document additionnel. Je l'ai en 25 copies. Ce
serait une annexe de quatre ou cinq pages qui ne porte que sur le
problème de déontologie qui se soulève
présentement.
La Présidente (Mme Dionne): M. Montgrain, vous pouvez
effectivement le distribuer sans problème aux membres de la commission.
On a quelqu'un qui va s'en occuper.
M. Montgrain: Parfait, je ne vous en ferai pas lecture. Je vous
laisse en prendre connaissance. À notre avis, le problème de
déontologie est un faux problème. (21 h 15)
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Montgrain. M. le
ministre.
M. Fortier: Oui. J'ai pris connaissance du mémoire de
Lacaille, Ouellette avec beaucoup d'intérêt. D'ailleurs, M.
Lacaille et M. Ouellette étaient venus me voir à mon bureau, il y
a un an, un an et demi et, à ce moment-là, j'étais en
train de me familiariser avec toutes les subtilités, toutes les
possibilités et tous les problèmes de planification
financière. Vous m'avez guidé et ensemble on a cheminé.
Soit que je me suis rapproché de vous ou que vous vous êtes
rapproché de mon document de consultation, mais je dois vous dire que
j'ai fort apprécié votre contribution. Je sais que M. Lacaille
nous écoute très attentivement. C'est avec beaucoup de plaisir
que j'ai pris connaissance du document qui est devant nous.
Ce que vous dites, dans le fond, c'est qu'il ne devrait pas exister de
conseillers en planification financière, à moins que ces gens ne
se réfèrent à un groupe de planificateurs financiers
agréés, c'est-à-dire à une équipe de
planification financière. C'est que vous nous avez expliqué. Je
pense bien que, pour des groupes organisés comme Les Coopérants,
La Laurentienne, le Mouvement Desjardins, les sociétés de
fiducie, Montréal Trust et tout cela, on pourrait légaliser cette
exigence, mais je crois qu'à peu près tous les groupes vont
rencontrer cette exigence d'avoir un groupe autonome qui fait de la
planification financière et que leurs représentants soient des
délégués des conseillers en planification
financière. Si vous avez pris connaissance de notre loi sur les
sociétés de fiducie et de prêts qui va être
promulguée le 9 juin et de la loi touchant le Mouvement Desjardins, nous
allons exiger la formation d'un comité de déontologie. Donc, les
règles déontologiques que vous vous êtes imposées
à vous-mêmes étaient que vos représentants ne
faisaient pas de la planification financière, mais ils devaient
référer le problème à une équipe centrale
spécialisée qui, elle, fait la planification financière.
Je pense que c'est bien cela. Votre modèle pourrait servir à la
plupart des institutions financières. Enfin, a priori, quand j'ai lu
cela, cela a éclairé ma lanterne et j'ai cru que cela pourrait
aller dans cette direction.
Prenons deux cas. Prenons les agents d'assurance-vie qui, dans certains
cas, sont à leur propre compte et, dans certains cas sont des agents
pour une seule compagnie. Quand ils sont des agents pour une seule compagnie,
ils sont dans le même cas que les agents d'assurance-vie des
Coopérants qui réfèrent leurs problèmes à
Lacaille. On pourrait avoir ce pendant pour d'autres compagnies d'assurances.
Mais, dans les cas où les agents d'assurance-vie travaillent pour
plusieurs compagnies - on parle des courtiers surtout - est-ce qu'on devrait
exiger d'eux qu'ils se forment une équipe de planification
financière ou est-ce qu'on devrait exiger qu'ils réfèrent
leurs problèmes à une équipe de planification
financière? Ensuite, si on s'en va dans les régions du
Québec, j'imagine que, dans certaines petites villes
éloignées, les gens pourraient se créer une équipe
de planification financière en faisant une entente informelle entre
l'avocat, le notaire et, le comptable de l'endroit. Cela ne serait pas
structuré d'une façon très formelle.
Comme première question, j'aimerais vous tester sur votre
recommandation que j'accepte dans une très grande mesure. Je me pose des
questions sur ceux qui sont moins bien organisés, dans les
régions éloignées. Dans un village, les professionnels
pourraient travailler ensemble dans un schéma un peu moins fonctionnel
et un peu moins articulé. Est-ce qu'on devrait exiger qu'il y ait une
entente explicite entre quatre ou cinq professionnels d'une ville ou d'une
petite ville?
La Présidente (Mme Dionne): M. Montgrain.
M. Montgrain: Oui. Dans notre mémoire de
représentations, on disait que le rapport de planification devrait
relever d'une équipe multi-disciplinaire qui posséderait des
connaissances dans toutes les disciplines concernées. On
prévoyait également une alternative au cas où une de ces
équipes ne compterait pas une personne-ressource qui aurait des
connaissances, par exemple, en fiscalité. À ce moment-là,
on prévoyait que, dans la mesure où cette équipe
démontrerait au Conseil de la planification financière qu'elle
possède les connaissances dans les autres domaines et que, par ailleurs,
elle a une entente avec une personne de l'extérieur qui a des
connaissances spécialisées, une telle équipe pourrait
également obtenir un permis de planificateur financier.
Prenons l'exemple d'une ville éloignée - Dolbeau, disons -
où il y aurait deux comptables, un avocat et un notaire, avec le
courtier en assurance-vie du coin, qui auraient des connaissances qu'ils
mettraient en commun pour former une équipe multidisciplinaire. À
première vue, il leur manquerait peut-être des connaissances en
fiscalité. À ce moment-là, une telle équipe
pourrait établir un lien contractuel avec une personne détentrice
d'une maîtrise en fiscalité à Québec ou à
Montréal et démontrer au Conseil de la planification
financière: Voilà, on a des connaissances au sein de notre
équipe en assurance-vie, en droit, en comptabilité, etc. Tout ce
qui nous manque, c'est la fiscalité, mais on a un lien contractuel avec
un fiscaliste de Québec qui se penche sur chacun de nos dossiers et,
compte tenu de tout cela, reconnaissez-nous comme équipe de
planification financière. Je pense que cela pourrait être une
solution.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Autrement dit, vous exigeriez que l'équipe qui
fait la planification financière - vous dites dans votre mémoire,
avec raison, qu'un individu ne peut pas faire de la planification
financière parce que la planification finan-
cière est le résultat d'une équipe multidiscipli-
naire - aurait à faire la démonstration qu'elle travaille en
équipe dans un endroit éloigné, disons, pour satisfaire
à cette exigence-là en particulier?
La Présidente (Mme Dionne): M. Montgrain.
M. Montgrain: Oui, et justifier qu'ils ont des connaissances dans
chacun des domaines d'activité pertinents. À notre avis, cela
prend des connaissances en comptabilité, en droit, en valeurs
mobilières, en assurance-vie et également en immobilier. Cela
fait que, si, au sein de l'équipe qui serait formée en
régions, il y a des connaissances dans trois de ces domaines, mais
qu'ils n'ont personne qui démontre des connaissances en
fiscalité, par exemple, il faudrait qu'ils aient recours à une
personne de l'extérieur pour la partie de leurs rapports de
planification qui serait de nature fiscale.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Alors, en ce qui concerne les corporations
professionnelles, dans notre mémoire, on avait évoqué cela
et j'ai eu des rencontres informelles avec certains membres que je ne nommerai
pas ici. Comme de raison, on se posait des questions sur ces gens qui
pourraient se retrouver, justement, dans des équipes informelles, comme
cela, en régions. En plus de cela, de plus en plus, d'après ce
qu'on m'a dit, le Barreau en particulier permet ou même encourage ses
membres à se déclarer spécialistes dans un secteur
donné. De plus en plus, quand on lit La Presse ou Le Soleil,
on voit que tel bureau d'avocats a engagé un bureau
spécialisé en fiscalité ou en planification
financière. Alors, on permet une certaine publicité, enfin pas
une publicité outrancière, mais une certaine publicité, ce
qui n'était pas le cas auparavant.
Dans la mesure où les corporations professionnelles qui
évoluent lentement arriveraient, à un moment donné,
à dire: Bien, écoutez, oui, on va permettre à un avocat,
ou que la Chambre des notaires permettrait à un notaire de se
présenter comme étant un expert en planification
financière, nous nous disions: II ne faudrait pas qu'il y ait deux ou
trois types de planificateurs financiers au Québec. Si les corporations
professionnelles encouragent leurs membres à se présenter comme
étant des experts en planification financière, il faudrait que
cela rencontre les exigences du Conseil de la planification financière,
d'où notre recommandation de faire en sorte qu'il y ait des exigences
semblables, homogènes, mutatis mutandis, pour que, si le Barreau, la
Chambre des notaires ou l'Ordre des comptables agréés
permettaient à leurs membres de s'afficher comme ayant une
spécialité en planification financière, cela rencontre les
exigences qu'on a pour les autres corps sous l'autorité de l'Inspecteur
des institutions financières ou de la Commission des valeurs
mobilières du Québec.
La Présidente (Mme Dionne): M. Montgrain.
M. Montgrain: II faut distinguer à propos du
règlement sur la publicité des avocats. Effectivement,
désormais, les avocats ont le droit de s'afficher comme
spécialistes en droit immobilier ou en droit fiscal - il y a une
quinzaine de spécialités énumérées - dans la
mesure où ils justifient que, depuis au moins deux ans, ils consacrent
un minimum de 25 % de leur pratique à ce domaine. Sauf que la
planification financière, évidemment, ne fait pas partie des
champs de pratique du droit qu'un avocat est autorisé à afficher.
Par ailleurs, le règlement de la publicité des avocats permet
également à un avocat de mentionner sa participation à une
autre association professionnelle ou encore à une autre corporation
professionnelle, de telle sorte que vous pouvez très bien voir dans un
journal un avocat qui s'affiche également comme comptable
agréé. La comptabilité n'est pas une
spécialité du droit, tout comme la planification
financière. Je prétends qu'un avocat qui ferait partie d'une
équipe multidisciplinaire et qui obtiendrait un permis de planificateur
financier pourrait s'afficher comme avocat et comme planificateur financier. La
planification financière n'est pas une spécialité du
droit. Le droit participe à la planification finanicière parce
que cela a des incidences juridiques, mais, si je m'affichais, ce serait comme
avocat, d'une part, et, après cela, comme planificateur financier ou
comptable agréé, d'autre part. Mais ce n'est pas une
spécialité du droit. Il faut donc distinguer dans le
règlement de la publicité des avocats et dans mon annexe sur la
déontologie, je traite de cette question.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Autrement dit, ce que vous dites, c'est qu'il est
à peu près improbable que les corporations professionnelles
permettent à leurs membres de s'afficher comme planificateurs financiers
et, à ce moment-là, ils s'afficheraient comme experts en
fiscalité ou des choses comme ça. Et un professionnel, comme M.
Bouchard qui est venu tout à l'heure, qui, lui, disait qu'il
était comptable et faisait de la planification financière
à temps plein, autrement dit, ne fait plus de comptabilité, il
fait de la planification financière. Comme dans votre cas, vous ne
pratiquez plus le droit, vous faites de la planification financière.
Pour les ingénieurs, on dit toujours qu'on est ingénieur
même quand on fait autre chose, mais je pense bien que c'est la
même chose. Mais ce que vous dites, c'est une profession parallèle
dans une certaine mesure. Donc, ces professionnels, dans la mesure où
ils obtiendraient un permis du Conseil de la planification financière,
ne seraient pas assujettis au sein de leur cor-
poration professionnelle à des règles
spéciales.
La Présidente (Mme Dionne): M. Montgrain.
M. Montgrain: Je suis absolument d'accord et je continue à
pratiquer le droit, puis je suis encore avocat, mais il n'y a rien qui
m'empêcherait d'avoir un deuxième titre d'ingénieur. On a
eu Pierre Marc Johnson qui s'affichait comme avocat et comme médecin. On
a beaucoup d'autres exemples de professionnels qui appartiennent à deux
corporations et qui s'affichent comme tels. Je ne vois rien qui
m'empêcherait - je m'excuse pour mon exemple - comme avocat de continuer
à pratiquer le droit au sein d'une équipe multidisciplinaire,
parce que la planification financière requiert des services juridiques.
Si l'équipe dont je faisais partie obtenait sa reconnaissance par
l'Institut de planification financière avec le permis approprié,
il n'y a rien dans le règlement de publicité des avocats qui
m'empêcherait d'afficher à la fois mon titre d'avocat et de
planificateur financier ou de conseiller en planification financière,
puis de pratiquer le droit dans ces circonstances.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Montgrain. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Mme la Présidente, j'étais, justement, en
train de penser qu'on a bien un premier ministre qui est avocat fiscaliste,
puis qui se prétend économiste, puis personne ne dit un mot, M.
Bourassa. Je ne connais pas de diplôme en économie à M.
Bourassa. Je sais qu'il est avocat, qu'il a étudié la
fiscalité, mais l'économie, je n'ai jamais entendu parler de
ça.
M. Fortier: II connaît ça.
M. Garon: Au fond, je suis content de voir que vous avez fini
là-dessus, parce que je pensais à vous poser des questions
là-dessus.
Une des ouvertures qui seraient peut-être des plus
intéressantes en étudiant cela avec le Code des professions et
les corporations professionnelles, c'est: Pourquoi le même individu ne
pourrait pas être avocat, avoir sa qualification en comptabilité
et, avoir suivi des cours additionnels en planification financière?
Normalement, il y aurait dans la même personne l'ensemble des
connaissances, puis il n'est pas impossible aussi de connaître un peu
l'assurance et d'autres secteurs. Est-ce imaginable? Je ne veux pas dire que ce
serait la règle, mais que des gens aient étudié l'ensemble
des disciplines qui forment la planification financière, ce n'est pas
inimaginable.
La Présidente (Mme Dionne): M. Ouellette.
M. Ouellette (Robert): J'aimerais répondre à cette
question, dans le sens qu'il n'est pas impossible et, d'ailleurs, il est
même souhaitable qu'un conseiller en planification financière
connaisse les différents éléments qui constituent la
planification financière. Il faut bien remarquer que, dans notre
mémoire, nous présentons deux formes de permis: celui de
conseiller en planification financière et celui de planificateur
financier agréé. Si vous me passez le parallèle, vous
pourrez regarder ce qui se passe à la Commission des valeurs
mobilières du Québec, par exemple, où on a des exigences
pour un courtier en valeurs mobilières, qui sont très
différentes de celles d'un représentant en valeurs
mobilières. On ne peut pas se permettre de manquer notre coup dans la
réglementation et la législation en ce qui concerne les
planificateurs financiers, compte tenu de tous les soi-disant planificateurs
financiers qui se promènent et de la protection du consommateur. Il me
semble qu'il faut bien définir ce qu'est la planification
financière et, à partir de là, être en mesure de
dire: II y a des spécialistes. Une seule personne peut avoir plusieurs
notions, mais elle ne peut pas être spécialisée à la
fois en comptabilité, en droit, en fiscalité qui change de
façon incroyable, en assurance-vie, en fonds d'investissement ou en
placements boursiers, enfin, dans tout cela. Je pense que là on ferait
appel à des êtres très exceptionnels et peu de gens
pourraient se qualifier dans ce sens-là. (21 h 30)
C'est pourquoi nous croyons que l'équipe multidisciplinaire
pourrait être le planificateur financier agréé et que le
conseiller en planification financière serait une personne qui a des
connaissances suffisantes pour pouvoir, justement, être l'aiguilleur,
celui qui va diriger au niveau de l'équipe multidisciplinaire les
clients qui ont besoin de conseils particuliers dans tel et tel domaine.
M. Garon: Le conseiller, au fond, en sait assez pour avoir les
intuitions, pour poser les bonnes questions à ceux qui veulent aller
plus loin. Il a une idée que cela existe et il en sait assez pour savoir
que cela existe et qu'il doit poser les bonnes questions.
M. Ouellette: C'est tout à fait cela. Exactement.
M. Garon: C'est souvent ce que fait le "senior" dans un bureau
d'avocats après un certain nombre d'années d'expérience.
Il délègue à d'autres qui fouillent les questions.
Maintenant, vous-mêmes, vous avez une pratique particulière et,
là, j'espère que vous ne me direz pas que je suis trop indiscret.
Par rapport à vos clients, est-ce qu'ils savent que votre groupe est
détenu à 50% par Les Coopérants? Le leur dites-vous avant
de traiter avec eux?
M. Ouellette: Oui, nous avons des docu ments écrits et
nous le leur disons. Nous en sommes fiers, de toute façon.
La Présidente (Mme Dionne): M. Lacaille.
M. Lacaille (Yves): Mme la Présidente, si je peux ajouter
une chose, c'est qu'il faut bien se rappeler, quand même, que notre
association avec le groupe Les Coopérants remonte à peine
à il y a un an et quelques mois, janvier 1987, et que nous
exerçons notre expertise depuis une douzaine d'années avant 1987,
de sorte que nous sommes fervents de la divulgation. Là-dessus, nous
tenons à dire que nous sommes complètement d'accord avec ce qui a
été déposé comme projet de loi. S'il y a une
divulgation complète quant aux gestes qui seront posés, quant aux
intervenants et à leur rémunération éventuelle, le
client est en mesure de poser des gestes d'une façon
éclairée, d'une part.
D'autre part, on soulève aussi la question que le besoin de
planification financière ne s'adresse pas aux millionnaires, ni aux
salariés très élevés. C'est un besoin qui
s'adresse, je dirais, à toute personne active sur le marché du
travail, qui gagne, supposons, dans sa cellule familiale, 30 000 $, 40 000 $ et
plus, ou même à la personne qui est à sa retraite ou sur le
point de l'être. Donc, cela touche une grande majorité de
Québécois ou de Québécoises. À ce
moment-là, il est donc nécessaire, pour permettre à ces
gens-là d'avoir accès à des services professionnels, d'une
part, d'avoir une grille qui soit à honoraires, pour une partie, mais
également de permettre à une société maltresse
comme la nôtre, Lacaille Ouellette, qui détient des filiales,
d'avoir des retombées financières avec, évidemment, le
couvert de la divulgation et aussi le travail professionnel exercé par
des personnes dûment autorisées, que ce soit un courtier en
valeurs mobilières, un assureurs-vie, un spécialiste de
l'immobilier. Donc, que ces gens-là puissent obtenir des conseils
objectifs, d'une part, mais aussi, dans un deuxième temps, si cette
personne-là décide de mettre les plans et devis en
exécution avec une des filiales d'une société
concernée, de le faire en sachant très bien qu'il y aura des
retombées financières pour le groupe, la société ou
le regroupement de professionnels concernés. Je pense que c'est une
condition sine qua non pour pouvoir toucher une majorité de la
population québécoise qui est en mesure et en droit d'obtenir de
tels services.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Lacaille. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Quand vous offrez, dans la planification
financière que vous faites, des produits d'assurance, quelle est votre
marge de manoeuvre par rapport aux Coopérants ou par rapport à
vos clients? Comment cela se passe-t-il?
Une voix: D'accord.
M. Garon: Vous pouvez dire: Je vais vous offrir des produits des
Coopérants ou voici ce qu'il y a chez Les Coopérants, mais on
peut aller ailleurs. Comment cela se passe-t-il, exactement?
M. Ouellette: Normalement, il y a les spécialistes en
assurance-vie qui travaillent au dossier. Alors, notre filiale en courtage
d'assurance-vie, Lacaille Ouellette, transige avec une quarantaine
d'entreprises au Québec et regarde quels sont les besoins du client et
les produits disponibles, selon son âge, enfin, tous les détails,
et va recommander au client l'entreprise ou les entreprises qui peuvent
répondre le mieux à ses besoins. Et je dois vous dire que,
même avec notre association avec Les Coopérants, notre volume de
production dans le secteur de l'as-surance-vie ne va pas à plus de 10 %,
sûrement, avec Les Coopérants, présentement.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Ouellette. M. le
député de Lévis, une dernière question pour le
moment?
M. Garon: Vous dites que la formation de cabinets
multi-disciplinaires est le meilleur moyen pour décloisonner votre
secteur. Selon vous, de quel organisme gouvernemental devrait relever la
réglementation concernant ces cabinets multidis-ciplinaires et la
planification financière?
La Présidente (Mme Dionne): M. Montgrain.
M. Lacaille: Mme la Présidente, est-ce que je peux
répondre à la question?
La Présidente (Mme Dionne): Allez-y, M. Lacaille.
M. Lacaille: Dans notre mémoire, nous faisons évidemment
allusion au fait que, pour nous, l'APFF est actuellement potentiellement
l'organisme d'autoréglementation le plus qualifié parce que,
d'une part, cet organisme regroupe tous les professionnels concernés par
la planification financière, et détient dans ses membres des
représentants de tous les groupements professionnels. D'autre part, nous
avons déjà eu à plusieurs reprises des réflexions
au sujet, par exemple, de l'Association des planificateurs financiers du
Canada, de la Commission des valeurs mobilières du Québec. Nous
sommes soucieux de voir encadrée la vie des planificateurs financiers.
Nous avons toutefois choisi, après mûre réflexion, que
l'organisme le plus logique, nous le pensons, serait l'APFF.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Lacaille. M. le
ministre?
M. Fortier: Oui, juste dans la même lancée, vous
vous dites favorables à la formation du conseil. Alors, quelle serait la
différence entre le conseil et l'APFF? Ce serait la même
chose?
M. Montgraîn: Bien, à ma connaissance, l'APFF n'est
pas intéressée à jouer le rôle de Conseil de la
planification financière. Le Conseil de la planification
financière aurait plusieurs fonctions: déterminer quelles sont
les connaissances minimales requises pour effectuer de la planification
financière, il faudrait qu'il délivre des permis de planification
financière aux individus qui justifieraient les connaissances, etc. Et,
à ma connaissance, l'Association de planification financière et
fiscale, l'APFF, est une association qui regroupe plusieurs professionnels, des
avocats, des comptables, des notaires, etc., et est là pour mettre
à jour des connaissances. C'est un organisme de divulgation des
connaissances en matière fiscale et financière. Peut-être
qu'ils accepteraient de jouer le rôle de l'Institut de planification
financière, mais par un organisme subordonné, pas directement,
pas à ma connaissance.
M. Fortier: Est-ce que j'ai mal compris? Je pensais que M.
Lacaille avait dit que le meilleur organisme serait l'APFF.
M. Montgrain: Pour regrouper. M. Fortier: Pour quoi?
M. Montgrain: Pour regrouper, pour éventuellement
déléguer à l'Institut de planification
financière.
M. Fortier: Vous semblez indiquer, et cela m'intéresserait
parce que, vous n'étiez pas ici ce matin, on a eu une discussion
intéressante avec le regroupement des courtiers d'assurances qui nous
disait: Écoutez, nous désirons rester indépendants et,
pour rester indépendants, on ne devrait pas permettre que les compagnies
d'assurances générales - je sais que cela sort de votre secteur,
probablement - puissent contrôler un courtier d'assurances... Maintenant,
dans votre cas à vous, vous êtes propriété à
50 %. Je comprends que ce n'est pas 51 %, mais c'est 50 % et, dans le fond, ce
que vous nous dites, ou ce que vous avez dit au député de
Lévis, c'est le fait que votre bureau soit possédé
à 50 % par Les Coopérants. Cela ne semble pas vous mettre
nécessairement en conflit d'intérêts, ou vous ne vous
sentez pas, en tout cas, en conflit d'intérêts vis-à-vis
des Coopérants et vous avez dit, M. Ouellette disait que seulement 10 %
du chiffre d'affaires allaient dans le domaine de l'assurance-vie en
particulier, aux Coopérants.
Alors, j'imagine qu'on doit en conclure que pour autant... C'est vrai
que vous existiez avant que le mouvement Les Coopérants n'achète
une participation importante dans votre organisation et vous vous sentez,
à toutes fins utiles tout à fait libres selon l'entente -
j'imagine que vous avez signé une entente avec Les Coopérants -
malgré la participation financière des
Coopérants, malgré que 50 % des profits de votre organisme
aillent aux Coopérants, vous vous sentez tout à fait libres de
donner les meilleurs services possible et tout à fait à l'aise
vis-à-vis des reproches qu'on pourrait vous faire d'encourager d'autres
compagnies d'assurance-vie, si on peut appeler cela comme ça. Est-ce que
vous avez un commentaire à faire là-dessus?
M. Ouellette: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): M. Ouellette.
M. Ouellette: Si vous permettez. D'abord, vous avez tout à
fait raison quand vous dites que nous nous sentons très libres d'agir.
Je pense que Les Coopérants ont investi chez Lacaille, Ouellette
justement à cause de ce souci de bien servir notre clientèle
depuis plusieurs années. Or, le besoin du client, le client qui paie
pour des honoraires de planification, c'est une chose et le client qui
décide d'acheter des produits financiers ou de procéder à
la mise en application du plan qui lui est recommandé doit, lui, se
sentir libre d'aller dans l'entreprise où il veut, avec son courtier en
valeurs mobilières ou avec le courtier du groupe, avec l'assureur-vie ou
la compagnie d'assurance-vie qu'il voudra. C'est cela qui doit, je pense, qui
va protéger davantage le consommateur dans le sens que nous devons
être compétitifs à ces niveaux si nous voulons aussi avoir
des retombées. Donc, comme le disait mon associé tout à
l'heure, M. Yves Lacaille, il y a la divulgation des liens et par ailleurs
aussi la non-obligation - c'est important pour nous - de transiger avec les
organismes d'un groupe parce que de ce groupe nous avons acheté des
services de planification. Alors, pourquoi serait-on obligé d'acheter
nos produits du même endroit?
M. Fortier: Est-ce que vous diriez la même chose si vous
étiez propriétaire à 100 % des Coopérants?
M. Ouellette: Certainement, cela a été dit avant
même notre association avec Les Coopérants. Mais je ne sais pas
si...
M. Fortier: M. Lacaille voulait dire quelque chose, je pense.
M. Lacaille." Je pense que mon associé vient de
répondre. C'est que nous n'aurions pas pu imaginer une association pour
satisfaire un critère fondamental de la planification financière,
à savoir l'objectivité. Si nous avions cédé 1 % de
plus, nous devenions vulnérables par rapport à
l'objectivité de nos recommandations. Or, la planification
financière doit assurer au client qui paie des honoraires pour avoir des
conseils, dans un premier temps, d'avoir l'objectivité. Chez nous, nous
avons structuré cette objectivité en ayant, comme nous l'avons
dit tantôt, tel que Me
Mongrain l'a exprimé, une équipe d'analystes qui mettent
le plan en chantier, proposent le plan, encadrent le client dans les gestes
à poser et vont même mettre des balises d'investissement
après avoir fait une étude écrite. Or, si on ne peut pas
protéger cette objectivité, je pense qu'on perdrait beaucoup dans
la notion de planification financière personnelle.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Une dernière question, je crois, parce qu'on a
fait pas mal le tour du dossier. Tout à l'heure, M. Montgrain disait
qu'un rapport de planification financière contenait 70 pages. Alors,
j'imagine que cela doit coûter de 3000 $ à 4000 $ en moyenne. Par
ailleurs - vous répondrez après - le mouvement des
Coopérants ne permet pas maintenant, d'après ce que vous avez
dit, à ses agents d'assurance-vie de se proposer comme planificateurs
financiers. Mais, disons qu'un client a 15 000 $ et qu'il rencontre un
assureur-vie, j'imagine que, pour un montant minime, enfin minime pour nous,
mais peut-être que pour la personne qui possède 15 000 $ c'est
beaucoup d'argent... Est-ce que dans un cas comme cela Les Coopérants ne
doivent pas dire: Référez ce cas à Lacaille, Ouellette?
Quelles sont les règles que vous suivez ou quelles sont les
règles que Les Coopérants suivent? J'imagine qu'on va avoir
l'occasion de les entendre, ils vont venir eux-mêmes, mais cela
m'intéresse de savoir où vous tracez la ligne entre le haut de
gamme qui peut coûter - vous me direz combien - et le bas de gamme pour
les gens qui ont quelques dollars à investir et qui ne tiennent pas
à dépenser beaucoup d'argent pour placer leur argent.
La Présidente (Mme Dionne): M. Ouellette.
M. Ouellette: II y a deux grands volets dans votre question. Si
vous me le permettez, pour nous, il n'y a pas de haut de gamme ou de bas de
gamme, il y a vraiment des individus qui ont des besoins. Le coût de nos
dossiers de planification peut varier entre 700 $ et 800 $ et 15 000 $ et 20
000 $. Cela dépend toujours. Nous avons même constitué un
dossier de croissance du patrimoine pour quelqu'un qui n'a pas d'actif, mais
qui voudrait mieux gérer ses avoirs pour se constituer un patrimoine.
Alors, vraiment, c'est évident qu'il y a différentes
catégories de dossiers, mais je pense que nous sommes en mesure de
répondre à différents besoins. (21 h 45)
En ce qui concerne Les Coopérants, il est évident qu'un
représentant Coopérants qui rencontre quelqu'un qui a 15 000 $
à investir, comme vous dites, peut très bien faire investir
celui-ci dans des contrats de rente ou dans peu importe quoi. Ce que l'on veut
dire, lorsqu'on parle de planification financière, c'est que le
représentant Coopérants ne s'affichera pas com- me planificateur
financier en faisant investir 15 000 $ dans un contrat de rente. Quand il
parlera de planification financière, il devra obligatoirement aller chez
Lacaille, Ouellette. Cela ne l'empêchera pas de poser des gestes en
relation directe avec ses propres produits ou ses capacités, mais il ne
pourra pas dire à son client qu'il lui a fait une planification
financière.
M. Fortier: Je vous remercie beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Ouellette. M. le
député de Lévis.
M. Fortier: Je voudrais juste conclure. Le député
de Lévis pourra...
La Présidente (Mme Dionne): Oui, cela va.
M. Fortier: Quant à moi, je pense que... Est-ce que vous
avez terminé, M. le député de Lévis?
M. Garon: Non, non.
M. Fortier: Allez-y. On conclura tout à l'heure.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Tantôt j'avais demandé quelque chose, mon
tour était fini, alors, je n'ai pas pu revenir, mais je parlais d'un
organisme gouvernemental. Quel est l'organisme gouvernemental de qui devrait
relever la réglementation concernant la planification financière,
dans votre esprit? Je ne parlais pas de membres, mais d'organismes
gouvernementaux. Est-ce l'Inspecteur général des institutions
financières, la Commission des valeurs mobilières ou
d'autres?
La Présidente (Mme Dionne): M. Ouellette.
M. Ouellette: Nous n'avons pas d'objection que ce soit
l'Inspecteur général des institutions financières et nous
n'avons surtout pas d'objection non plus que ce soit la Commission des valeurs
mobilières du Québec. Pour nous, nous ne nous sommes vraiment pas
penchés sur l'organisme, à toutes fins utiles, mais beaucoup plus
sur la manière dont sera exercée cette activité qui a
besoin de façon urgente d'encadrement. On laissera plutôt à
ceux qui se proposent d'encadrer les planificateurs financiers de faire des
propositions concrètes, peut-être en tenant compte de ce que nous,
dans la pratique, nous vivons et de ce que nous souhaitons voir
s'étendre pour la meilleure protection du public, du consommateur, mais
aussi de ceux qui sont appelés à oeuvrer dans ce champ
d'activité extraordinaire.
La Présidente (Mme Dionne): M. Montgrain, vous vouliez
ajouter quelque chose?
M. Montgrain: Dans l'avenir, il y a une très grande partie
des services de planification financière au Québec auxquels les
consommateurs auront accès par l'intermédiaire des institutions
financières, des grandes associations comme La Laurentienne avec toutes
les institutions qui en font partie ou le Mouvement Desjardins, etc. Alors, je
pense que, dans l'avenir, la majorité des consommateurs même des
régions auront accès à des services de planification
financière comme à un service accessoire de ceux
déjà fournis par ces institutions financières, d'une part.
Par ailleurs, il y a un grand nombre des intervenants en planification
financière qui relèvent déjà du ministre
responsable des institutions financières, comme les agents d'assurances,
etc. À mon avis, ce serait sûrement le ministère des
institutions financières qui serait le plus approprié pour
réglementer cette activité.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Le ministre aimerait bien qu'il y ait un
ministère des institutions financières, mais il n'y en a pas
actuellement.
M. Fortier: C'est l'inspecteur, à ce moment-là.
M. Montgrain: Je m'excuse.
M. Fortier: Je suis payé à ne rien faire; je n'ai
pas de ministère.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Concernant les cultivateurs, vous avez dit que vous
aviez une importante clientèle de cultivateurs, j'imagine, avec Les
Coopérants en particulier. Ils viennent vous voir à quel moment?
Au moment où ils vendent leur terre ou quand ils en font le transfert
à leur fils? Avez-vous eu connaissance de la manière dont cela
s'est fait déjà dans le passé? N'y a-t-il pas des
données très récentes sur des gens qui avaient des
montants d'argent considérables, mais à toutes fins utiles
placés à des revenus qui étaient à peu près
nuls. J'en ai dit un mot cet après-midi, mais comme vous dites que vous
avez eu comme clientèle des cultivateurs... J'ai vu quand j'étais
au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
des cas incroyables.
La Présidente (Mme Dionne): M. Lacaille.
M. Lacaille: Oui. J'apprécie beaucoup d'avoir la chance de
répondre à cette question, puisque j'ai eu l'occasion de
participer il y a quelques mois, au cours des mois de mars et avril, à
une série expérimentale de sessions ou de cours organisés
par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Il s'agissait de regrouper dans trois régions du
Québec, Shawini-gan, Drummondville et Joliette, une série de
familles, de dix à douze familles, avec l'objectif de les faire
réfléchir sur la transmission de leur entreprise. Partout au
Québec, partout en Amérique du Nord, le problème du
propriétaire d'une PME, en dehors du propriétaire agricole, c'est
la transmission de son entreprise aux héritiers de son choix ou encore
aux personnes associées ou aux personnes clés de son entreprise.
Mais, en agriculture, il s'agit vraiment d'un domaine où, tout à
fait, on touche à un point. Il y a quatre ou cinq enfants, il y en a
peut-être un ou deux qui sont prêts à prendre la
relève et les personnes sont totalement démunies, d'une part,
pour entamer le processus de la transmission d'entreprise, dans un
deuxième temps, pour voir ce qu'ils vont faire finalement avec cet
argent-là pour poursuivre une deuxième vie avec une
qualité de vie décente.
Alors, l'expérience a été tout à fait
enrichissante. Nous avons eu un post mortem de ces trois... Nous avons tenu six
sessions et il est entendu maintenant qu'à partir du mois d'octobre il
se tiendra une quarantaine d'expériences - on ne parle plus
d'expériences - une quarantaine de sessions dans toute la province pour
regrouper des propriétaires agricoles qui sont prêts à
penser à la transmission de leur entreprise agricole peut-être
dans les quatre ou cinq ans à venir. Je pense que c'est une initiative
heureuse et nous avons été très heureux, Lacaille,
Ouellette, d'y contribuer. Nous étions les seuls intervenants du secteur
privé à y contribuer avec, évidemment, plusieurs
ministères: ministère de la Justice, ministère de la
Santé et des Services sociaux, ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, etc.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Lacaille. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Avez-vous pris connaissance - cela va faire plaisir
à la présidente - des cours par correspondance qui sont
donnés par l'Institut agricole et alimentaire de La Pocatière,
justement avec différents scénarios de transmission du
père au fils et les implications qu'il peut y avoir?
M. Lacaille: Oui.
M. Garon: Cela a été fait en collaboration avec
eux? Ce sont des cours par correspondance.
Est-ce que c'est dans le but de rajeunir le cours?
M. Lacaille: Nous avons pris connaissance sommairement des cours,
mais il s'agissait de faire une expérience d'une série de six
cours en
huit journées dans laquelle on regroupe dans un premier temps les
parents et les enfants, et, dans un deuxième temps, le couple
propriétaire d'une terre agricole susceptible de transmettre son
entreprise. Nous avons plutôt, participé à une
expérience avant d'en faire un projet qui sera mis de l'avant à
la fin d'octobre prochain.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Lacaille. M.
Ouellette.
M. Ouellette: II me semble important d'ajouter au sujet des
agriculteurs, particulièrement, qu'il faut planifier d'avance,
c'est-à-dire plus essayer de les sensibiliser que de leur donner des
cours, de les sensibiliser à ce qui va leur arriver, aux
problèmes soit psychologiques, soit financiers ou d'autres sources et
aussi tenir compte de leur mentalité particulière. Et ils ne sont
vraiment pas prêts. C'est pour cela qu'on dit qu'on a un dossier
agriculteurs. On pourrait dire un dossier propriétaires d'entreprises,
parce qu'ils sont aussi propriétaires d'entreprises. Si on l'appelle
dossier agriculteurs, c'est parce qu'il y a vraiment une façon tout
à fait particulière de travailler avec ces gens-là et
c'est pourquoi nous acceptons de participer à des expériences
comme celle-là. Bien que, chez nous, nous ayons des gens
spécialisés qui connaissent très bien les lois agricoles,
nous travaillons beaucoup avec l'UPA, entre autres, etc.
M. Lacaille: Pas de cravate.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Ouellette. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je vais donner un exemple. Il y a quelques
années, des pêcheurs, un grand nombre, avaient été
pourchassés par l'impôt, parce qu'il y avait eu une mauvaise
planification financière et fiscale. Finalement, je leur avais dit:
Prenez-vous quelqu'un qui va s'occuper des lois, qui connaît cela.
Finalement, ils avaient trouvé une comptable, qui est justement la femme
qui vient d'avoir quatre enfants à Rimouski, pour se spécialiser
dans leur planification, parce que les investissements étaient faits
à contretemps. Puis, un pêcheur, c'est un bateau, de 500 000 $
à 1 000 000 $. La planification avait été mal faite.
Aujourd'hui, le plus grand service de l'UPA, c'est l'impôt pour,
justement, faire une planification de l'investissement. Je pense que Les
Coopérants qui ont toujours eu les deux pieds sur terre, au fond,
continuent dans la même ligne avec Lacaille, Ouellette.
M. Ouellette: En effet.
La Présidente (Mme Dionne): M. Ouellette.
M. Ouellette: Je voulais tout simplement mentionner que, quand
vous me parlez des pêcheurs, par exemple, qui avaient des
problèmes, je suis très heureux d'entendre cette
préoccupation d'à peu près tout le monde au sujet de la
planification. C'est évident, comme on le dit dans le mémoire,
que quelqu'un qui transige avec un mauvais courtier d'assurances est mal
assuré, que quelqu'un qui transige avec un mauvais courtier en valeurs
mobilières est mal organisé, mais quelqu'un qui transige avec un
mauvais planificateur, lui est en "trouble", parce que ce sont tous les
domaines de sa vie, l'aspect juridique, l'aspect financier et l'aspect fiscal.
Ce sont tous les problèmes. S'il a fait confiance à un
incompétent, c'est fini. Alors, cet aspect est réellement
important.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Ouellette.
J'aimerais demander maintenant à M. le ministre et à M. le
député de Lévis leurs mots de la fin.
M. Fortier: Alors, on va conclure en vous remerciant de votre
importante contribution et surtout, ce qui est intéressant, c'est que
vous nous avez apporté votre propre expérience. Ce n'était
pas de la théorie, c'était de la pratique. D'ailleurs,
c'était intéressant de noter votre implication avec le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
J'espère que le député de Lévis a pris note du fait
que son successeur a la planification financière et successorale des
cultivateurs à coeur. Cela ne se faisait pas avant. Alors, il faut
croire qu'on a un bon ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: Là-dessus, je remercie M. Lacaille, M.
Ouellette et M. Montgrain de nous avoir éclairés. Vos
commentaires vont être pris en très sérieuse
considération dans les conclusions que nous aurons à tirer dans
un avenir prochain.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Mme la Présidente, j'aurais à dire au
ministre délégué au ministre des Finances que le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a seulement eu
à continuer sur l'erré d'aller. Le problème, c'est quand
il essaie de changer de direction. Mais c'étaient les cours par
correspondance les plus suivis, la gestion, la planification et
l'établissement, à l'institut de
Sainte-Anne-de-la-Pocatière qui les donne depuis plusieurs
années. Cela a commencé avec un ou deux et cela a augmenté
rapidement au cours des années quatre-vingt. Je voudrais vous remercier
également d'être venus, de votre collaboration et vous souhaiter
une bonne fin de soirée.
M. Montgrain: Merci.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Lacaille, M.
Montgrain et M. Ouellette. Au nom des membres de la commission, j'aimerais vous
souhaiter un bon voyage de retour.
La commission ajourne donc ses travaux jusqu'à demain, le 1er
juin, à 10 heures.
(Fin de la séance à 21 h 58)