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(Dix heures huit minutes)
La Présidente (Mme Dionne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance de la commission du budget et de
l'administration ouverte. Comme vous le savez, le mandat de la commission est
de poursuivre sa consultation générale sur le document
intitulé "Décloisonnement des intermédiaires".
M. le secrétaire, est-ce qu'on a des remplacements ce matin?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata) remplace M. Gobé (Lafontaine).
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
secrétaire. Si vous me le permettez, je vais faire la lecture de l'ordre
du jour pour aujourd'hui. À 10 heures, nous entendrons l'Association des
consommateurs du Québec, à 11 heures, l'Association des experts
en sinistres indépendants du Québec, à 12 heures, les
Instituts d'assurance, à 13 heures, nous suspendrons les travaux
jusqu'à 16 heures. À 16 heures, nous entendrons la Commission des
valeurs mobilières du Québec, à 17 heures, Gescour inc,
à 18 heures, nous suspendrons les travaux jusqu'à 20 heures.
À 20 heures, nous entendrons Geoffrion, Leclerc, à 21 heures,
l'Association des banquiers canadiens, à 22 heures, l'Association
canadienne des compagnies d'assurances de personnes, à 23 heures, Groupe
Investors. Est-ce que cet ordre du jour est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. Alors,
maintenant j'inviterais l'Association des consommateurs du Québec
à s'avancer à la table des témoins. Ils ne sont pas
arrivés?
M. Fortier: Prenez les suivants.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'ai entendu dire que l'Association des consommateurs,
faute de fonds, avait fermé ses bureaux pour une période de
temps. Je ne sais pas si cela a été annoncé ou non. J'ai
entendu dire cela.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Demandez au secrétariat de vérifier,
mais entre-temps, je proposerais qu'on procède selon le même
échéancier, mais avancé d'une heure.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce qu'il y a consentement pour
avancer d'une heure?
M. Garon: Est-ce qu'ils ont été avisés? On
devrait essayer de communiquer avec eux.
M. Fortier: C'est malheureux, parce que j'aurais bien aimé
les entendre en commission parlementaire.
La Présidente (Mme Dionne): On pourrait demander à
M. le secrétaire de vérifier.
M. Garon: C'est parce que le gouvernement coupe partout.
M. Fortier: Vous n'en avez pas entendu parler? C'est le
secrétariat qui fait les contacts habituellement. Ils avaient
confirmé.
M. Garon: Le gouvernement coupe les subventions, cela fait que
les associations de consommateurs ferment.
La Présidente (Mme Dionne): Bon. Alors, je pense qu'on
pourrait demander au secrétariat de vérifier ce qui est
arrivé. Entre-temps, étant donné qu'on a consentement, je
demanderais à l'Association des experts en sinistres indépendants
du Québec de bien vouloir s'avancer.
La Présidente (Mme Dionne): J'aimerais vous souhaiter la
bienvenue en commission parlementaire et demander au porte-parole de bien
vouloir s'identifier et de présenter les personnes qui
l'accompagnent.
Association des experts en sinistres
indépendants du Québec
M. Godin (René): Bonjour. René Godin,
président de l'Association des experts en sinistres indépendants
du Québec. Je voudrais vous présenter à l'extrême
gauche, M. Brian Harris, président de l'Association canadienne des
experts indépendants; M. Pierre Bédard, expert en sinistres
limités à l'estimation; à l'extrême droite, M.
Arthur Fleury, vice-président du Bureau d'expertises des assureurs
Itée; M. Clermont Chantai, vice-président du Bureau d'expertises
des assureurs Itée; M. Pierre Cam-peau, expert en sinistres
limités à l'estimation; à ma gauche, Me Guy Marcotte,
conseiller juridique.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M.
Godin. J'aimerais vous rappeler les règles de procédure.
Vous avez 20 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous
procédons à des échanges de vues pour 40 minutes. La
parole est à vous, M. Godin.
M. Godin (René): Merci, Mme la Présidente. M. le
ministre, M. Jean-Marie Bouchard, surintendant des institutions
financières, MM. les députés, nous avons pris connaissance
et étudié le document de consultation sur le
décloisonnement des intermédiaires. Nous sommes heureux
d'être ici ce matin afin de vous soumettre le fruit de notre
réflexion.
Permettez-moi de vous lire notre résumé. Je voudrais vous
souligner que le présent mémoire représente la position
conjointe de l'Association des experts en sinistres indépendants du
Québec, de l'Association canadienne des experts indépendants et
du Bureau d'expertises des assureurs Itée, lesquels regroupent la
majorité des experts en sinistres agissant dans la province de
Québec.
Le but du présent mémoire vise la création d'une
corporation professionnelle regroupant obligatoirement tous les experts en
sinistres indépendants oeuvrant au Québec, avec les pouvoirs
nécessaires à l'admission des membres, leur formation permanente,
l'inspection professionnelle et la surveillance du respect de la
déontologie, de façon à pouvoir assurer au public des
services compétents.
Dans le cadre législatif actuel, les experts en sinistres
possèdent un champ d'exercice et un titre qui leur sont exclusifs,
conformément aux dispositions de la Loi sur les assurances. Il est
à noter que les experts en sinistres, employés d'assureurs, font
l'objet des dispositions d'exception dans le règlement. Toutefois, ce
règlement n'a rien prévu quant à la formation continue des
experts en sinistres, quant au contrôle, au moyen d'une inspection
professionnelle de la qualité de l'acte posé, quant à
l'inspection des dossiers d'experts en sinistres ou à la tenue de ces
dossiers.
L'expert en sinistres indépendant est un professionnel qui fait
carrière dans le domaine de l'enquête, de l'estimation des
dommages et du règlement des sinistres. En outre, il s'occupe de la
gestion de la situation après sinistre, en prenant les mesures utiles
lui permettant de contrôler les pertes résultant du sinistre.
L'expert en sinistres devient donc un coordon-nateur, un gestionnaire
d'enquêtes spécialisées.
Distinctions fondamentales entre l'expert en sinistres à l'emploi
des assureurs et l'expert en sinistres indépendant. En tant qu'expert en
sinistres indépendant, il offre à sa clientèle des
services de gestion, d'enquête, d'estimation et de négociation en
matière de sinistres, tout comme l'avocat, le notaire, le comptable, et
les autres professionnels semblables le font à leur façon et dans
leur domaine respectif. L'expert en sinistres à l'emploi des assureurs
est un employé qui est le prolongement de l'assureur lui-même.
C'est en fait l'assureur qui, par son employé expert en sinistres, .
enquête, estime, évalue et négocie pour lui-même et
pour nul autre.
Tel que mentionné dans le préambule, les recommandations
du présent mémoire se limitent aux experts en sinistres
indépendants. Permettez-moi de faire une distinction fondamentale entre
les experts en sinistres indépendants et les ajusteurs dits publics.
L'ajusteur public reçoit un mandat d'un assuré et est
rémunéré à commission. Il évalue une perte
pécuniaire et négocie pour cet assuré le montant de sa
réclamation. Il ne fait aucune enquête en vue d'établir la
responsabilité de quiconque à l'égard du sinistre. Son
rôle est donc à l'opposé de celui de l'expert en sinistres
indépendant.
Donc, la démarcation entre l'expert en sinistres et les
intermédiaires financiers se situe dans le champ d'exercice de l'expert,
tel que défini par la Loi sur les assurances, et en est exclusivement un
de service. L'expert en sinistres ne vend aucun produit, ni ne tire aucune
commission de ses activités. Nous voyons mal comment il peut être
assimilé à un commerçant comme le courtier d'assurances,
le courtier en valeurs mobilières ou l'assureur. Ces personnes font
commerce d'assurances ou de valeurs mobilières. Au contraire, l'expert
en sinistres, lui, ne fait aucun commerce. Il ne tire aucune commission, mais
reçoit des honoraires en fonction des actes posés. Il ressort de
ceci que le rôle se démarque nettement de celui des
intermédiaires financiers.
Les objectifs des experts en sinistres. Nous affirmons que nous sommes
prêts à assumer la lourde responsabilité de nous
autogérer et de nous autodiscipliner de façon à assurer au
public des services compétents et le protéger contre
l'Incompétence et le manque de probité. Nous demandons donc que
nous soyons regroupés sous une même corporation
professionnelle.
Cependant, les enquêteurs régleurs à l'emploi
d'assureurs demeureront sous la juridiction et la surveillance exclusives de
l'inspecteur général.
Nous répondrons maintenant aux questions qui nous sont
posées dans le livre vert. À la première question, nous
pourrions répondre comme suit: "Comme nous l'avons soutenu, l'expert en
sinistres, à l'emploi d'un assureur, est le prolongement de l'assureur
lui-même. Étant déjà encadré par une
industrie qui assume d'ailleurs sa responsabilité entière, il n'a
pas, contrairement à l'expert en sinistres indépendant, à
répondre vis-à-vis du public de son éthique ni des
conséquences de ses actes.
À la deuxième question: "La seule voie pour accomplir ces
objectifs est la création d'une corporation professionnelle d'experts en
sinistres indépendants, avec champ d'exercice et titre exclusifs.
À la troisième question: "Nous croyons qu'il y a lieu
d'élargir le champ d'activité des experts en sinistres,
c'est-à-dire non pas le limiter aux
réclamations, mais l'étendre à tout ce qui est
afférent à une réclamation quelconque ainsi qu'à la
gestion du risque et du sinistre.
À la quatrième question: "Comme nous l'avons dit plus
haut, le système professionnel a, dans la province, fait ses preuves.
Les corporations professionnelles, sous l'autorité de l'Office des
professions, ont assumé le lourd fardeau de voir à la
compétence et à l'éthique de leurs membres. Ces
corporations s'autofinancent, s'autoréglementent et voient
elles-mêmes à l'éducation continue de leurs membres,
à l'inspection professionnelle et à l'application des
règles de déontologie. L'État en est
déchargé d'autant d'un fardeau financier.
À la cinquième question: "Sans aucun doute, comme nous
l'avons dit, et nous le répétons ici, il est essentiel, si l'on
veut assurer au public la protection qu'il est en droit d'attendre pour les
services qu'offrent les experts en sinistres indépendants, qu'une
corporation puisse être formée qui regrouperait obligatoirement
tous les experts en sinistres indépendants oeuvrant dans la province de
Québec.
À la sixième question: "Le courtier d'assurances
transigeant avec les Uyod's est un cas d'exception, spécialement
prévu à l'article 146 du Règlement d'application de la Loi
sur les assurances: ce statut exceptionnel limité aux seuls sinistres
découlant des polices d'assurances couvertes par les Uyod's s'expliquent
par le statut ancien au Québec et unique d'ailleurs des Llyod's dans le
domaine des assurances: leurs courtiers agissent comme assureurs, comme s'ils
étaient les Uyod's au Québec. À notre avis, il n'a pas
lieu d'étendre ce statut exceptionnel et historique à
quiconque.
En dernier lieu, tel que nous l'avons exposé aux pages
précédentes de ce mémoire, l'expert en sinistres
indépendant offre un service. Il ne vend ni ne distribue des produits
financiers, ni des produits d'assurances. Il n'y a donc aucun point commun avec
les intermédiaires financiers ou les intermédiaires
intéressés à la vente de produits d'assurances.
En conclusion, les experts en sinistres indépendants soumettent
respectueusement au ministre délégué aux Finances et
à la Privatisation, ainsi qu'à cette commission, qu'ils
désirent former une corporation professionnelle. À cet effet, ils
ont déjà élaboré des projets de règlements
touchant les exigences académiques à l'admission, les normes de
pratique et de tenue des dossiers ainsi qu'un code de déontologie. Merci
à cette commission.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Godin. M. le
ministre.
M. Fortier: Merci. Merci aussi d'être venus en commission
parlementaire. Vous êtes les bienvenus et vous vous exprimez sur un sujet
qui vous intéresse et qui nous intéresse. D'ailleurs, j'avais
l'occasion de vous adresser la parole la semaine dernière. On a pris
contact. J'ose espérer qu'on pourra faire un bout de chemin ensemble. La
première question, je pense, qui serait d'intérêt pour tous
les parlementaires ici, c'est de faire la distinction entre les
différentes associations. Vous dites que votre mémoire a
été préparé par l'Association des experts en
sinistres indépendants du Québec. Dans le texte, vous dites que
vous êtes environ 450 membres.
M. Godin (René): Exactement, M. le ministre.
M. Fortier: Donc, vous représentez des experts en
sinistres qui travaillent en cabinet et qui, très souvent, pour ne pas
dire tout le temps, travaillent pour les compagnies d'assurances
générales. Est-ce qu'on peut résumer cela comme cela?
M. Godin (René): Appelez cela comme cela, M. le ministre,
pour l'ensemble.
M. Fortier: L'Association canadienne des experts
indépendants, est-ce une association dont vous faites partie en tant
qu'association? Autrement dit, est-ce que quelqu'un qui est membre de votre
association est automatiquement membre de l'association canadienne?
M. Godin (René): La situation actuelle n'est pas de ce
fait, sauf qu'il y a certains membres de l'association québécoise
qui sont membres de l'association canadienne, et inversement. Le Bureau
d'expertises des assureurs Itée fait aussi partie de l'association
canadienne. Parce que Ion travaille tous dans le même but, nous avons pu,
par cette commission et ce travail, réunir le fruit de nos efforts et de
nos réflexions pour vous présenter actuellement la situation des
experts en sinistres au Québec.
M. Fortier: Le Bureau d'expertises, est-ce que c'est une
asssociation pancanadienne ou uniquement au Québec?
M. Chantai (Clermont): Le Bureau d'expertises est une compagnie
d'expertise en sinistres qui fonctionne dans tout le Canada. Au Québec,
nous avons 38 succursales et 135 détenteurs de permis d'experts en
sinistres. Nous avons un siège social à Montréal et le
président est à Montréal.
M. Fortier: Qui est propriétaire de cette compagnie?
M. Chantai: Quarante-sept compagnies d'assurances sont
actionnaires du Bureau d'expertises des assureurs Itée.
M. Fortier: Alors, vous êtes la propriété de
compagnies d'assurances comme telles.
M. Chantai: Nous sommes la propriété des compagnies
d'assurances.
M. Fortier: D'accord. Pour faire des travaux d'expertise en
sinistres. Bien sûr, lorsqu'on parle d'experts en sinistres - on parle de
consommateurs - j'imagine que dans le travail que vous faites, on peut parler
de gros feux et de petits feux. Autrement dit, ii peut y avoir une usine qui
passe au feu complètement et dont les dommages sont
évalués à plusieurs millions de dollars. Cela demande
alors une expertise beaucoup plus sophistiquée. À l'autre bout de
l'échelle, quelqu'un à sa demeure peut être victime d'un
feu dont les dommages sont évalués à 300 $ ou 400 $.
Alors, cela ne demande pas tout à fait la même expertise.
Même en prenant cela en considération, la question que
j'aimerais vous poser... Vous nous dites et je suis bien prêt à
vous croire - mais j'aimerais que vous me l'expliquiez ou que vous l'expliquiez
aux membres de la commission - lorsque vous parlez de déontologie, voir
la jonction avec la compagnie d'assurances. Au début, il y a un courtier
d'assurances ou un agent d'assurances qui vend une police d'assurance. Il y a
un contrat qui est passé entre un client et la compagnie. Bien
sûr, on assure sa maison ou son usine au cas où il y aurait un
sinistre. Un sinistre suivient. Vous contactez votre courtier ou votre
compagnie d'assurances et la compagnie d'assurances délègue un
expert en sinistres. Vous êtes payé à ce moment-là.
Vos honoraires sont payés par la compagnie d'assurances. J'aimerais que
vous m'expliquiez le rôle du consommateur. Quelle jonction faites-vous
avec le consommateur? De quelle façon voyez-vous votre rôle?
Lorsque vous parlez de déontologie - vous travaillez pour la compagnie -
est-ce que vous voulez dire que votre code de déontologie devrait
s'assurer, malgré le fait que vous êtes payés en honoraires
par la compagnie, que le client soit quand même protégé ou
qu'il y ait des règles d'éthique qu'on devrait énoncer ou
faire respecter pour s'assurer que celui qui a acheté une police
d'assurance soit quand même protégé? On serait porté
à croire, dans un premier temps, étant donné que vos
honoraires sont payés par la compagnie, que votre rôle est de
faire en sorte que la compagnie paie le moins possible.
M. Godin (René): M. le ministre, on peut
particulièrement partir du premier point. Notre mandat initial est
d'établir l'application d'un contrat d'assurance, dont copie est entre
les mains du consommateur, en vertu du sinistre créé dont il est
victime. Le deuxième point est d'établir les faits et
circonstances du sinistre, encore là pour faire agir le contrat
d'assurance dans son amplitude. Par la suite, il y a lieu d'établir le
quantum ou les dommages, afin d'en contrôler l'exactitude et ainsi faire
appliquer dans son entier aussi la police d'assurance.
Lorsqu'on établit aussi les faits et les circonstances, il est
important de voir la possibilité de recours, dans les termes ou dans
notre langage, de subrogation, ou encore de recours possible contre un tiers
qui serait à l'origine du dommage et faire ainsi établir sur
l'ensemble des consommateurs la perte et ainsi contrôler la prime
équitablement parmi tous les consommateurs. Donc, en principe, si le
travail est fait avec équité, selon l'application d'un code de
déontologie, on est à même d'établir que la prime
payée par le consommateur est en vertu d'une réclamation bien
présentée et qui représente les faits et circonstances
exacts.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Godin. M. le
ministre.
M. Fortier: Dans le fond, ce que vous dites, c'est qu'au
début, lorsqu'on vous appelle, vous prenez acte de la police d'assurance
qui a été achetée, de la protection qui a
été achetée, et vous essayez alors d'établir les
faits. Donc, vous êtes une jonction importante entre le client, la
compagnie et l'établissement des faits, des responsabilités en
cas de recours à une tierce partie. Vous dites que pour la compagnie
d'assurances, c'est bien important, parce que s'il y a recours à une
tierce partie, c'est payé par l'ensemble des consommateurs. Donc, il y a
une jonction importante entre le travail que vous faites et la police
d'assurance qui a été achetée à l'origine, par
l'entremise d'un courtier ou d'un agent d'assurances. C'est la raison pour
laquelle j'ai de la misère à comprendre votre réponse
à 3.5, ou votre réponse dans laquelle vous parlez du Conseil des
assurances. Notre désir par cela serait de faire en sorte que les gens
qui vivent des problèmes différents, mais dans un même
milieu de travail... Vous savez, si on prend le simple mortel, les gens
ordinaires, qui ne connaissent rien à nos délibérations et
pour qui le décloisonnement et une police d'assurance sont des choses
qu'ils ne lisent jamais ou à peu près, tout ce qu'ils savent,
c'est qu'ils appellent leur courtier et qu'ils achètent une police
d'assurance. Quand il y a un feu, il y a quelqu'un qui vient. Le gars dit: Moi,
je suis un expert en sinistres. Ils ne savent pas d'où il vient, qui
l'envoie. Ils ne savent rien. (10 h 30)
Pour le monde ordinaire, c'est un univers qui est un peu
mêlé. Pour lui, c'est un peu le même monde. S'il croit qu'il
est lésé dans ses droits ou qu'il n'a pas obtenu de bons
services, il n'est pas en mesure de faire la distinction entre la
responsabilité de l'expert en sinistres, celle du courtier d'assurances
ou celle de la compagnie qui a donné des instructions aux experts en
sinistres.
Dans une certaine mesure, ce que nous suggérons dans le document
de consultation, c'est de faire en sorte que les gens qui vivent dans le
même milieu de travail puissent se parler,
échanger et établir des normes de déontologie. Bien
sûr qu'elles seraient différentes et que ce ne serait pas les
mêmes règles de déontologie pour le courtier que pour
l'expert en sinistres, mais il faudrait qu'elles soient compatibles les unes
avec les autres.
Étant donné la réponse que vous m'avez
donnée sur votre rôle lorsqu'un sinistre survient et qu'il y a une
jonction importante avec les faits antérieurs qui ont été
posés, pour quelle raison ne croyez-vous pas que ce serait une bonne
chose de faire en sorte... quitte à ce qu'il y ait une association
spécifique? Je l'ai dit hier et j'aimerais le redire aujourd'hui. Si on
a lu mon texte, j'ai dit que le Conseil des assurances pourrait permettre une
délégation de certaines responsabilités. Il n'y a rien qui
empêcherait le Conseil des assurances de déléguer des
fonctions importantes à l'Association des courtiers d'assurances. Et il
n'y a rien qui empêcherait le Conseil des assurances de
déléguer des responsabilités importantes à une
association d'experts en sinistres, ce dont on pourra discuter dans un instant.
J'aimerais avoir vos commentaires là-dessus.
La Présidente (Mme Dionne): M. Godin.
M. Godin (René): En tout premier lieu, j'aimerais
établir une chose. Lorsqu'on fait une enquête, on essaie
d'établir l'heure juste d'une situation. Que l'association ou quelque
autre terme pour désigner le regroupement des experts en sinistres fasse
partie de l'ensemble du conseil, nous n'avons aucune restriction à cet
égard. Quand on a répondu à ces questions, nous ne
pouvions pas déterminer avec exactitude quels étaient les buts
exacts du gouvernement. Ce sur quoi on s'est basé - on l'a
déjà répété - c'est sur le fait que nous ne
vendions aucun produit et que le Conseil des assurances était
composé, pour la majeure partie, de gens qui vendaient un produit. C'est
là-dessus qu'on a essayé de faire la distinction et que l'on a
suggéré à la commission d'aller directement à une
surveillance du surintendant des assurances.
Il est absolument vrai que ce genre de conseil pourrait amener une
source de renseignements extraordinaires, une collaboration dans les deux sens
entre celui qui vend le produit et celui qui l'applique. Cependant, nous
aimerions garder notre indépendance envers ces institutions, envers les
assureurs, pour bien contrôler la qualité de notre travail.
M. Fortier: J'y reviendrai.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Godin. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Mme la Présidente, je vais demander quelle
différence ils font entre - on a un autre groupe qui doit venir nous
rencontrer - l'Association des experts en sinistres indépendants et le
Regroupement des experts en sinistres pour l'assuré?
M. Godin (René): Je vais laisser mon confrère
répondre.
La Présidente (Mme Dionne): M. Bédard? Allez-y, M.
Bédard.
M. Bédard (Pierre): Dans le contexte actuel, selon la
façon dont on doit travailler et d'après les lois qui sont
établies, les buts sont vraiment différents entre ce que l'on
fait et ce que fait celui qu'on appelle dans le jargon I'"ajusteur public". Ce
sont actuellement deux buts vraiment différents. Peut-être
qu'éventuellement, il y aura des changements selon les polices
d'assurance ou quoi que ce soit dans les lois. Mais actuellement, pour
expliquer la différence, c'est que le but de l'ajusteur public est, je
dirais quasiment, d'exagérer les coûts. Souvent, nous devons nous
accommoder de cela. Nous, indépendants, quel que soit le but, nous
établissons le plus justement possible le coût réel de
remplacement de l'article ou du bien quelconque.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bédard. M. le
député de Lévis.
M. Garon: II y a un groupe qui doit venir nous voir demain et qui
s'appelle le Regroupement des experts en sinistres pour l'assuré. Ils ne
disent pas qu'ils sont des ajusteurs publics. Ils sont des experts en sinistres
comme vous, d'après ce que j'ai compris, mais eux représentent
uniquement l'assuré. Ils ne représentent pas les compagnies
d'assurances. Ne pensez-vous pas qu'il est plus satisfaisant pour un
assuré de savoir qu'un expert en sinistres travaille seulement pour les
assurés que de savoir que son expert en sinistres peut travailler demain
pour la compagnie et qu'il va plutôt essayer de réduire les
dommages. Autrefois, en Angleterre, vous savez que, dans le domaine de la
justice, les juges n'étaient pas payés par l'État, ils
étaient payés par ceux qui étaient devant eux. Il y en a
qui avaient le moyen de payer et d'autres n'avaient pas le moyen de payer.
Mais, apparemment, ceux qui les payaient avaient tendance à avoir une
justice qui était plus pour eux tandis que les pauvres qui ne payaient
pas...
M. Fortier: ...chez les Britanniques, c'est la meilleure.
M. Garon: Ce n'est pas sûr. On a vu ça dans le cas
du Labrador pour les conflits d'intérêts qu'il y avait devant le
tribunal. C'est peut-être la plus hypocrite.
La Présidente (Mme Dionne): M. Bédard.
M. Bédard: Sur ce que vous dites actuellement, M. Garon,
vous avez raison en partie. Ces
gens doivent exister, c'est certain. On doit absolument travailler avec
ces gens-là. Vous mélangez peut-être un peu en disant qu'en
travaillant pour les assureurs, on doit automatiquement couper les coûts.
Peut-être que cela existait dans le temps de vos juges qui avaient parti
pris mais comme on se dit indépendants maintenant, c'est qu'on est
indépendants. L'argent payé par l'assureur ne sort pas de mes
poches. Je n'en gagne pas plus à le couper, comme vous dites, ou
à lui en donner plus. Je ne suis pas payé au pourcentage, moi,
tandis que l'ajusteur public est payé au pourcentage. Donc, en
étant payé au pourcentage, l'intérêt est de gonfler
les coûts parce que plus c'est cher, plus le pourcentage est
élevé. Mais cela ne nous dérange pas tout cela. Il s'agit
de donner le juste coût. C'est ce qu'on essaie de faire.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bédard. Je
crois que quelqu'un d'autre voulait parler. Je crois que c'est M. Chantai qui
voulait compléter.
M. Chantai: Merci. Je pense qu'il faut définir le
rôle des deux intervenants, si on peut dire. L'ajusteur public, pour bien
comprendre, a bien le permis comme nous d'expert en sinistres
indépendant. Mais par la nature de son travail, l'expert en sinistres
indépendant qu'on nomme ajusteur public a un mandat limité. Par
exemple, établir des dommages et présenter une
réclamation. Il ne requiert pas, selon nous, de détenir un permis
d'expert en sinistres indépendant comme nous le concevons alors que
notre mandat à nous est d'enquêter, d'évaluer et de
rapporter.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Quand vous dites que vous êtes neutres, objectifs
mais que, par ailleurs, vous êtes payés uniquement par l'assureur
au fond, cela fait drôle. De dire alors que vous êtes
complètement neutres alors que vous êtes payés par
l'assureur qui, demain matin, peut dire: Je ne vous choisis pas. Vous ne sentez
pas une pression comme quoi si vous faites à l'assureur des rapports
trop favorables à l'assuré, qu'à un moment donné,
il va changer d'expert en sinistres indépendant pour l'assureur.
La Présidente (Mme Dionne): M. Chantai.
M. Chantai: Nous avons l'obligation de donner l'heure juste
à l'assureur. Par ce fait, nous permettrons à l'assureur de
prendre la bonne décision.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: L'assureur n'a pas nécessairement
intérêt, parce que c'est comme un acheteur et un vendeur,
l'assureur va chercher à payer le moins possible. Il n'essaiera pas de
payer le plus possible, normalement. Mais vous, là-dedans, étant
payé uniquement par une partie, vous n'avez pas l'impression que cela
fait une curieuse de situation.
La Présidente (Mme Dionne): M. Chantai.
M. Chantai: Le mandat que l'on reçoit est
d'enquêter, d'évaluer et de rapporter. C'est notre mandat. En
étant objectif, nous enquêterons, nous établirons tous les
faits et nous les rapporterons aux assureurs comme tels. On admet qu'on est
payé par les assureurs. Certains pourraient prétendre qu'on n'a
pas d'objectivité. Mais dans notre travail, pour avoir une conclusion
logique et économique pour toutes les parties, nous nous devons de
donner l'heure juste.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Que pensez-vous de la suggestion de permettre aux
courtiers d'agir comme experts en sinistres?
M. Chantai: À quel titre?
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Le courtier... M. Chantai: D'accord.
M. Garon: ...quand il arrive un dommage, souvent l'assuré
appelle son courtier pour régler la question. Alors, il a
été suggéré de permettre aux courtiers d'agir comme
experts en sinistres. Que pensez-vous de cela?
M. Chantai: M. le député...
M. Garon: Le courtier a quand même un argument qui est
fort, il dit: Moi, dans le fond, celui qui m'engage, c'est l'assuré.
La Présidente (Mme Dionne): M. Godin.
M. Godin (René): M. le député, j'aimerais
vous référer à la page 15 de notre mémoire
où le type de travail est mentionné. Le courtier d'assurances qui
vend le produit, advenant le fait où il ferait le règlement des
sinistres, pourrait être pris dans une situation de conflit
d'intérêts dans le cas où, par une omission de sa part, il
n'aurait pas émis une couverture suffisante ou aurait eu une
interprétation erronée de la demande de son client. Il serait
dans une position intermédiaire sur une balance, quitte à
employer le terme de conflit d'intérêts.
Pour notre part, nous ne sommes pas dans cette situation. En
établissant, par nature, les faits et circonstances, nous
interprétons aussi ce que l'assuré a comme couverture d'assurance
et ce qu'il devrait avoir comme montant d'assurance. Donc, nous ne sommes pas
en conflit, ce n'est pas nous qui avons vendu ou traité avec ce client.
À 99,9 %, nous ne connaissons le sinistré, pour la
première fois, que lorsqu'on le rencontre. Nous n'avons jamais eu de
relations bien amicales ou autres relations d'affaires avec ce client, ce qui
nous met dans une position beaucoup plus neutre pour exprimer les faits et
circonstances et exprimer s'il est adéquatement couvert par le contrat
d'assurance qu'il possède et si ce contrat d'assurance s'applique dans
son entier ou en partie, selon les faits et selon l'origine du sinistre.
Maintenant, avec les nouveaux contrats d'assurances où il y a beaucoup
de valeur à neuf, nécessairement le consommateur est
gratifié d'avoir un remplacement intégral de son objet. S'il a un
appareil électrique, il est remplacé par la même marque et
la même qualité que ce qu'il avait. Donc, pour nous, en partant,
notre travail se limite à rapporter vraiment des faits et circonstances
et de suggérer une possibilité de règlement, mais ce n'est
pas l'expert en sinistres indépendant qui fait le règlement. Nous
n'avons pas de chèque en main au nom des assureurs que nous
représentons. C'est la grande distinction.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Godin. M. le
ministre.
M. Fortier: Seulement pour continuer dans la même veine
parce que je pense que les points du député de Lévis sont
importants. J'imagine que si on acceptait votre recommandation d'avoir une
association disons fermée et que vous vous donniez un code de
déontologie, est-ce que ce serait une bonne hypothèse, de ma
part, que de croire qu'une des règles déontologiques serait
d'exiger de vos membres ou des membres des experts en sinistres qu'ils ne
soient pas payés à la commission? D'après ce que vous
dites, votre code de déontologie dirait-il cela
spécifiquement?
M. Godin (René): Pour notre part...
La Présidente (Mme Dionne): M. Godin.
M. Godin (René): Je m'excuse. Pour notre part, en tant
qu'experts en sinistres indépendants présents ici, les
associations, effectivement nous ne sommes jamais payés à la
commission, mais bien par des honoraires professionnnels.
M. Fortier: Mais est-ce que ma conclusion est vraie? Si on
acceptait votre recommandation, est-ce que votre code de déontologie
irait dans cette direction?
M. Godin (René): Donc, oui, M. le ministre.
M. Fortier: Maintenant-La Présidente (Mme Dionne): M.
le ministre.
M. Fortier: ...étant donné que le
député de Lévis posait des questions sur ce qu'on appelle
en mauvais français les "ajusteurs publics", je pense bien qu'on doit
préciser que, dans un cas comme dans l'autre, ils obtiennent et vous
obtenez un permis de l'Inspecteur général des institutions
financières. Donc sur la base du permis comme tel, il n'y a pas de
distinction, ce n'est que dans la vocation que les gens se donnent, que vous
vous appelez experts indépendants, vous travaillez pour les compagnies
d'assurances tandis que l'ajusteur public, lui, tente d'obtenir un mandat d'un
client, de la même façon qu'un avocat va dire à son client:
Bon, ne me paie pas d'honoraires, si je gagne ma cause tu me paieras des
commissions. (10 h 45)
Si je comprends bien ce que vous nous dites, l'expert en sinistres qui
travaille à la commission plaide dans ce sens. Si on acceptait votre
recommandation de déléguer à un corps organisé le
contrôle déontologique et le "mem-bership" en même temps,
j'imagine qu'il n'y aurait pas beaucoup de place pour deux ou trois
associations. Il y en aurait une. Il y aurait seulement un corps. Donc, ce
serait la vôtre ou la vôtre modifiée ou enfin un autre corps
ou le Conseil des assurances comme tel. Ce que je veux faire valoir c'est qu'il
n'y aurait qu'une seule organisation comme il y a une seule association des
courtiers d'assurances dans le moment et que ce serait les mêmes
règles pour tous. Est-ce cela que vous avez en tête? Et est-ce
dans cette direction que votre recommandation est faite?
La Présidente (Mme Dionne): M. Godin.
M. Godin (René): C'est exact, M. le ministre, en ce sens
que la présence des trois associations à cette table
détermine bien le but pratique qui a été
réalisé. Nous voulons réunir tous les experts en sinistres
indépendants.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Maintenant sur l'autre point, en ce qui concerne les
courtiers d'assurances, ce que j'aimerais préciser c'est que dans notre
document on invoque cette possibilité mais pas dans le sens que les
courtiers d'assurances auraient le droit de faire tout votre travail mais on
parle selon certaines modalités. Donc, selon certaines modalités
cela peut être pour des plus petits sinistres ou pour des ajustements
plus faciles. Il ne faut pas se le cacher, cela se fait dans une certaine
mesure dans le moment, et on viendrait peut-être légaliser un
état de fait à bien des égards. Alors, si c'était
de la même façon que dans le domaine des valeurs
mobilières
il y a des courtiers de plein exercice et il y a d'autres
représentants qui ont des responsabilités moins lourdes. On
pourrait aller dans une direction où un courtier d'assurances pourrait
obtenir un permis que j'appellerais "restreint" pour certains ajustements dans
le domaine de l'ajustement. Autrement dit, je ne sais pas moi, je ne suis pas
expert dans ce domaine, cela pourrait être pour des petits sinistres
jusqu'à 1000 $ ou je ne sais quel montant qui serait raisonnable. Il est
bien entendu que, comme de raison quand on parle de nous, on parle toujours de
nos maisons privées, mais vous êtes surtout des experts, j'imagine
que votre travail ne vient pas tellement des feux dans les maisons
privées; votre travail vient surtout des domaines commercial et
industriel. Votre volume d'affaires doit être plutôt dans les
secteurs commercial et industriel que dans le secteur résidentiel,
n'est-ce pas?
La Présidente (Mme Dionne): M. Godin.
M. Godin (René): Notre pourcentage je dirais qu'il est
inversé. Il vient beaucoup plus du secteur personnel que celui des
secteurs industriel ou commercial lorsqu'on regarde en pratique le nombre de
sinistres encourus. Le petit sinistre est d'autant plus important pour la
personne qui le subit lorsqu'elle est dans une situation financière
très basse ou même supérieure. Elle l'affecte de
façon personnelle et psychologique. Donc, il est aussi important pour
nous de régler avec probité le petit sinistre que le gros
sinistre. C'est la raison d'être de notre vocation.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Le fait que le pourcentage est plutôt vers les
petits sinistres, est-ce parce que le volume est moindre ou est-ce du fait que
les compagnies d'assurances se gardent pour elles-mêmes l'ajustement des
gros ou autrement dit les compagnies d'assurances vont utiliser leurs propres
experts internes pour s'occuper des gros sinistres et elles vont vous
déléguer les plus petits? Quelle est la pratique courante?
La Présidente (Mme Dionne): M. Godin.
M. Godin (René): Mme la Présidente, la pratique
courante vient d'un phénomène de volume. Lorsque la compagnie
d'assurances a certains employés pour faire ses réclamations, ils
vont nous confier en somme un volume excédentaire et de ceci
nécessairement va découler de petites réclamations et
aussi de plus gros dossiers. Il est vrai que les plus gros dossiers nous sont
plutôt confiés en pratique mais même avec cette distinction
le volume est aussi important pour les petites réclamations qu'on
reçoit des compagnies d'assurances que pour les gros dommages ou les
gros risques.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Une dernière question serait dans le sens
qu'on a parlé jusqu'à maintenant, entre nous, du fait que vous
interveniez après le feu. Est-ce que, dans une certaine mesure, vous
êtes impliqué dans ce que j'appellerais la prévention?
Parce que, tout le monde sait que l'Inspecteur général des
institutions financières publie annuellement les statistiques de feux.
On s'aperçoit que les gens se plaignent que cela coûte plus cher
au Québec qu'en Ontario. Mais il est vrai que nous avons plus de
sinistres au Québec qu'en Ontario. Donc, cela coûte plus cher aux
compagnies d'assurances. En définitive, ce sont les gens ordinaires qui
paient davantage pour les feux.
Dans quelle mesure êtes-vous impliqué dans ce que
j'appellerais de la prévention? Est-ce que les compagnies d'assurances
vous utilisent pour faire de la prévention? Est-ce que votre association
est impliquée dans des programmes de prévention? Est-ce que vous
vous êtes donné la prévention comme étant un de vos
objectifs?
La Présidente (Mme Dionne): M. Godin.
M. Godin (René): M. le ministre, lorsque vous parlez de la
situation actuelle, en pratique, nous n'avons pas ce champ d'activité
permis clairement au sens de la loi. Donc, nous n'avons pas ce type de travail.
Cependant, à l'intérieur d'une enquête que l'on fait, on
peut faire remarquer une situation existante à l'assureur et, à
partir d'un petit sinistre, prévenir un plus grand sinistre en lui
demandant de faire des recommandations de couvertures d'assurances ou de
protection physique du bâtiment ou des lieux que l'on voit à
partir de notre travail.
Lorsque vous parlez de nos buts futurs, nous mentionnons
également dans le mémoire qu'il y aurait possibilité que
l'on puisse étendre notre champ d'activité à ce point de
vue et être appuyés par des gens ou encore certains membres qui
ont la qualification d'un TPI, parce que lorsque vous arrivez dans des risques
industriels, par exemple, il s'agit toujours de matières combustibles et
il faut, tout de même, avoir un prérequis d'éducation et de
connaissances et ne pas avancer une théorie exploratoire seulement, mais
une théorie pratique selon les composantes qu'on a.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Est-ce que, dans votre mémoire - je ne m'en
souviens pas - vous recommandez qu'il y ait deux types de permis, un type pour
les petits sinistres... Non, ce n'est pas votre mémoire qui fait
allusion à cela. Mais, dans les faits, est-ce que vous recommanderiez...
Quel est le niveau d'éducation exigé dans le moment? C'est un
cours secondaire? Est-ce que le cours secondaire est exigé pour obtenir
un permis de
l'inspecteur? Est-ce que vous recommanderiez un niveau
d'éducation plus élevé? Surtout si on faisait la
distinction entre les petits et les grands sinistres, j'imagine que pour les
grands sinistres, il faudrait que la personne ait des connaissances
économiques ou, du moins, dans le secteur des incendies d'une
façon beaucoup plus importante.
La Présidente (Mme Dionne): M. Godin.
M. Godin (René): Nous commençons actuellement
à la base - c'est la première partie de votre question - avec,
à tout le moins, un cégep. Nous ne voulons pas faire de
distinction, par la suite, à l'intérieur de permis. Mais nous
voulons augmenter le taux de connaissances par les diplômes
déjà existants et qui sont émis, par exemple, par
l'Institut d'assurances du Canada à la suite de cours qui sont
donnés en collaboration, avec le ministère de l'Éducation
et poursuivre encore plus loin ces données pour que tous ceux qui
manipulent petits ou gros dossiers... Il faut faire la distinction. C'est le
consommateur qui doit avoir devant lui un type connaissant aussi bien toute la
matière d'assurances dans son entier et ne pas être en face de
quelqu'un qui se qualifie "moi je suis expert pour les petits sinistres". Ce
n'est pas le but de l'association. Son but, c'est d'avoir une éducation
égale pour tout le monde pour être capable de donner le meilleur
des services au consommateur.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Godin. M. le
député de Lévis.
M. Garon: II y a une question qui me chicote quoique je l'aie
posée mais je voudrais vous la reposer. Je vois que l'Association des
experts en sinistres indépendants du Québec et l'Association
canadienne des experts indépendants, vous avez pu vous entendre avec le
Bureau d'expertise des assureurs, mais qu'il y a un autre groupe qui vient, qui
s'appelle le Regroupement des experts en sinistres pour l'assuré.
Comment se fait-il que vous avez pu vous entendre avec le groupe qui travaille
avec les assureurs et que vous n'avez pas pu vous entendre avec le groupe qui
travaille pour les assurés?
La Présidente (Mme Dionne): M. Bédard.
M. Garon: Si j'avais la réponse, je ne poserais pas la
question. Je ne sais pas la réponse.
M. Bédard: Exact.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Dionne): M. Bédard.
M. Bédard: C'est qu'actuellement, les mandats sont
vraiment différents les uns des autres, vraiment différents
actuellement. Si la corporation existait, si on pouvait avoir une corporation,
on pourrait englober tout le monde, parce qu'à ce moment-là, on
aurait un code de déontologie. Actuellement, c'est plus ou moins du
laisser-aller. Il y a plus ou moins de surveillance dans ce domaine. I! y a un
manque quelconque. Ce que vous dites, pourquoi on ne s'est pas entendus avec
eux, naturellement on s'entend avec ces gens-là. On les voit, on leur
parle tous les jours. Ce ne sont pas des monstres. Mais les buts sont vraiment
différents de l'un à l'autre. Comme on vous l'a dit tout à
l'heure, la rémunération est différente aussi. La
rémunération, les honoraires sont basés
différemment parce que nous avons un tarif horaire, comme je vous
l'expliquais tout à l'heure, tandis qu'eux ont un tarif de commission.
Ils fonctionnent à la commission. Alors, ce sont vraiment deux buts
différents. Je ne dis pas que ces gens-là ne doivent pas exister,
mais pour le moment on n'a pas le même but du tout.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bédard.
M. Garon: J'aime quasiment mieux que quelqu'un qui me
défend soit à commission.
M. Bédard: Pardon?
M. Garon: J'aime quasiment mieux que quelqu'un qui me
défend soit à commission, parce qu'il a intérêt
à ce que j'aie le plus gros montant possible.
M. Bédard: De là, ce que vous me dites maintenant
est vrai. Mais si tous les sinistres sont augmentés de 100 $, si vous
voulez, qui va payer la prime? Vous, moi, tout le monde. Alors, tous les
consommateurs vont payer pour. À ce moment-là, ce ne serait pas
logique. À ce moment-là, on va donner à tous les gens ce
qu'ils veulent, mais cela va coûter 3 000 000 $ tout à l'heure
pour assurer une grange de 100 $, parce que tout le monde va avoir
abusé. Alors, dans un sens, on est là... Notre but, on vous l'a
dit tout à l'heure, est de donner la juste équité des
choses, sans exagération d'une part ou diminution de l'autre. On n'est
pas payé à la commission en sens inverse, comme vous êtes
portés à le croire, moins on paie, plus on gagne d'argent. Ce
n'est pas le cas. Ce n'est absolument pas le cas. Alors, pour nous, il faut
être indépendants, vraiment indépendants, pas de fortune,
mais indépendants.
La Présidente (Mme Dionne): Je pense qu'il y a M. Campeau
ou M. Godin qui voulait ajouter quelque chose. M. Godin.
M. Godin (René): M. le député, au tout
début, j'aimerais bien préciser une chose. Lors-
qu'on a été invités, avec le livre vert, en
commission parlementaire, on a rencontré nos confrères experts en
sinistres au service du public et on leur a fait part de la situation, et des
points sur lesquels nous achoppions, en disant: Vous recevez le mandat
directement des assurés, contrairement à nous qui recevons le
mandat de l'assureur. Aussi, au point de vue de la rémunération,
vous recevez une rémunération sur une base de commission et nous
la recevons sur une base d'honoraires. Donc, d'un commun accord dans une
réunion, nous avons rencontré ces gens-là et il fut
décidé qu'eux-mêmes présenteraient leur
mémoire pour bien vous exprimer le point de vue de leur travail et que
nous pourrions vous expliquer aussi notre point de vue de travail.
Leur mission est valable. C'est d'établir un quantum,
c'est-à-dire d'établir des chiffres pour présenter une
réclamation. Nous, de par notre mandat des assureurs, on va beaucoup
plus loin en établissant les faits, en établissant la
possibilité d'un recouvrement en responsabilité et la couverture
d'assurances par la suite, et cela se fait nécessairement dans le
même temps, mais je vous donne des étapes; nous établissons
le contrôle du quantum pour remettre l'assuré dans l'état
où il était avant avec l'application du contrat d'assurance. Eux
ne font strictement que cette section-là actuellement dans leur mandat.
Nous, nous devons aller plus loin. C'est la grosse distinction. C'est pour cela
que nous les avons, en fin de compte, informés de la situation et nous
avons jugé bon, d'un commun accord, qu'ils présentent
eux-mêmes un mémoire pour vous exprimer leur point de vue et que
nous vous exprimions aussi notre point de vue.
Donc, il ne faut pas partir avec l'idée que nous sommes en
conflit ou en guerre avec eux. Absolument pas. Mais, ils ont vraiment, dans le
contexte actuel, un type de travail particulier, contrairement au nôtre.
Ils en viennent, à un certain moment, à l'élément
de quantum. Il y a un mariage qui se fait, mais en dehors de cela, il n'y en a
pas. Alors, c'est absolument vrai que leur présence est bien, dans notre
société, parce qu'il y a des assurés qui demandent une
explication plus personnalisée. Eux, étant peut-être plus
près du consommateur, lorsqu'ils s'avancent vers lui, ils peuvent faire
ce type de travail. Nous le faisons, mais par contre, dans certaines
circonstances, il est vrai que vous avez dans une contrepartie, un type qui
connaît les bases de l'assurance et qu'il y a communion entre nous deux
pour la négociation. Cela va beaucoup mieux, à un certain moment,
d'appliquer un contrat d'assurance avec un type qui peut expliquer très
longuement à son client par la suite la décision ou la
possibilité de règlement. (11 heures)
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Novus status dans le sens de...
Quand on regarde pour les avocats, vous n'avez pas un Barreau pour ceux
qui travaillent pour les patrons, un Barreau pour ceux qui travaillent pour les
syndicats et un Barreau pour ceux qui sont indépendants. C'est le
même. Vous parlez de la formule de corporation professionnelle. Elle
devrait regrouper, j'imagine, tout ce monde dans la même association que
les uns travaillent pour les uns ou pour les autres, sauf que les règles
de déontologie sont différentes. Par exemple, un avocat qui fait
un règlement dans une question d'accident d'automobile, s'il
reçoit un montant de la compagnie, il doit le dire. Je ne dis pas qu'ils
le disent tout le temps mais il est supposé dire à son client,
normalement, qu'il va recevoir quelque chose de la compagnie.
La Présidente (Mme Dionne): M. Godin.
M. Godin (René): M. le député, c'est
absolument vrai ce que vous dites. On ne réfute pas la
possibilité d'avenir, par le moyen d'une corporation ou d'un
regroupement, d'intégrer ces gens au moyen de la déontologie, de
comités de discipline, d'inspection, de contrôler la
qualité de l'ensemble de ceux qui détenaient dans le passé
- dans la situation actuelle, lorsqu'on parle du passé - un permis
d'expert en sinistres. Rien ne nous en empêche. Cependant, nous devons
toujours garder - c'est notre but - la compétence, l'éducation et
en référence nécessairement avec le public pour qu'il ait
le maximum à partir d'un contrat d'assurance existant.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Godin. M. le
ministre, en conclusion.
M. Fortier: J'aimerais remercier M. Godin, de l'Association des
experts en sinistres indépendants. Je pense que vous avez fait une
contribution importante pour vous-mêmes. J'oserais espérer
qu'à la fin de la commission, on puisse conclure que certaines de vos
recommandations vont être prises très sérieusement en
considération. Je vous remercie beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne): Merci. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je vous remercie également d'être venus
nous présenter votre point de vue. Si on vous pose des questions, ce
n'est pas parce qu'on a une idée faite d'avance, c'est plutôt pour
vous permettre d'exprimer encore plus précisément comment vous
voyez les choses. Merci.
M. Godin (René): Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député de Lévis. M. Godin, ainsi que votre équipe,
j'aimerais au nom des membres de cette commission vous remercier de vous
être présentés à cette table ce matin. Je veux vous
souhaitor un bon voyage de retour.
M. Godin (René): Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne): Maintenant, j'aimerais
demander à l'Association des consommateurs du Québec de bien
vouloir s'avancer.
M. Fortier (Sylvain): Notre présidente est avec un
journaliste pour une minute environ, si vous permettez.
M. Fortier: La présidente n'est pas là, elle s'en
vient.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce qu'on peut
commencer?
M. Fortier (Sylvain): Ce ne sera plus très long, elle
arrive.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que c'est vous qui
présentez le rapport?
M. Fortier (Sylvain): Non, c'est Mme Solange Guillot qui devrait
arriver dans trente secondes environ. On s'excuse.
La Présidente (Mme Dionne): D'abord, au nom de cette
commission, j'aimerais présenter mes excuses à l'Association des
consommateurs du Québec. L'ordre du jour avait prévu que vous
deviez être entendus à 10 heures ce matin, en raison d'un
problème d'aiguillage au secrétariat. Nous vous présentons
nos excuses.
J'aimerais demander d'abord au porte-parole de s'identifier et de
présenter les personnes qui l'accompagnent.
Association des consommateurs du Québec
Mme Guillot-Lemelin (Solange): Mme la Présidente, M. le
ministre, les personnes qui m'accompagnent sont, à ma droite, Mme Anne
Laroche, qui est recherchiste à l'Association des consommateurs du
Québec et qui est conseillère en consommation. À ma
gauche, M. Sylvain Fortier, qui est un membre actif et trésorier de
l'Association des consommateurs du Québec.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, Mme Guillot-Lemelin.
J'aimerais d'abord vous rappeler les règles de cette commission. Vous
avez 20 minutes pour présenter votre exposé. Par la suite, il y
aura 40 minutes d'échange de vues. Vous avez la parole, Mme
Guillot-Lemelin.
Mme Guillot-Lemelin: Nous remercions le gouvernement de nous
avoir invités à cette commission pour faire surtout entendre le
point de vue des consommateurs car, d'après nous, il est important que
la voix des consommateurs soit entendue au sein de cette commission. C'est avec
grand intérêt que l'on participe à cette consultation.
L'Association des consommateurs du Québec est présente au
Québec depuis 40 ans. J'aimerais peut-être préciser le
profil socio-économique de nos membres. Ce sont des membres à
revenu moyen et à revenu supérieur. Il y a donc plus de chance,
parmi cette clientèle, que des gens aient à utiliser la
majorité des services offerts par les intermédiaires. Je pense en
particulier aux courtiers en valeurs mobilières et aux autres.
Au départ, nous appuyons en principe le décloisonnement
des intermédiaires car nous croyons que le consommateur en retirera plus
d'avantages que de désavantages. Précisons que cela devrait
favoriser la concurrence. Cela devrait permettre au consommateur de se procurer
ces services plus facilement et en particulier, les consommateurs qui demeurent
en régions. Nous tenons quand même à préciser
certains points du document de consultation qui nous amènent à
porter notre attention sur les points suivants: la compétence des
intermédiaires qui est, pour nous, un point très important, le
mode de rémunération, les conflits d'intérêt, la
protection du consommateur et la publicité des professionnels.
En ce qui concerne la compétence, un des points que l'on
privilégie, c'est une formation obligatoire, adéquate et
continue. Cette formation doit être assurée à tous les
intermédiaires. D'ailleurs, nous appuyons cette demande sur une
étude qui a été faite parmi ceux qui forment les
assureurs, entre autres, les formateurs en assurance-vie, qui estiment que
moins de 60 % de ces assureurs sont professionnels. On se dit que si les
formateurs font cette observation, il y a sûrement place à
amélioration pour tout ce qui concerne la formation des
intermédiaires.
Pour ce qui est des permis, l'ACQ demande que tous les
intermédiaires aient un permis pour obtenir un droit de pratique et ce,
sans exception pour tous les intermédiaires. Pour faire un lien
justement avec la formation, il est très important pour nous que
l'obtention du permis soit soutenue par des examens rigoureux. Une
révision à la hausse même des critères de passage
d'examen favorisera, selon nous, une meilleure confiance de la part des
consommateurs. Cela devrait être sans aucun doute. Il est certain que si
on améliore la formation, ce sera préférable pour les
consommateurs.
L'ACQ propose également dans ce sens l'élaboration
d'échelons qui identifieraient les niveaux de compétence ou de
spécialisation. Entre autres, pour les conseillers en planification
financière, si une personne est junior ou senior, il y a une
différence pour nous et cela devrait être déterminé.
Comme nous priorisons la compétence, nous favorisons le principe des
cabinets multidisciplinaires plutôt que la voie de multiplication des
permis parce que, qu'il s'agisse des intermédiaires dans ce domaine ou
de tout autre professionnel, à un moment donné on a nos limites;
on ne peut pas faire 150 professions. C'est donc toute l'importance de
privilégier cette
façon de faire.
Également, qu'il y ait des mesures mises en place pour faciliter
l'indemnisation des victimes de fautes professionnelles attribuables aux
intermédiaires. Que la notion de responsabilité soit
étendue à plusieurs intervenants, comme le cite le document. Et
on insiste, quant à nous, pour que les institutions financières
soient aussi soumises au même cadre de responsabilité.
C'est-à-dire qu'on disait que les corporations d'agents et de courtiers
ainsi que les cabinets multidisciplinaires, incluant les dirigeants des dites
corporations, devraient être tenus responsables au même titre que
les agents des dommages causés à la suite de fautes
professionnelles d'un de leurs employés. Je précise que nous
voulons aussi que les institutions soient mises au même cadre de
responsabilités.
En ce qui concerne la rémunération, on demande que le
consommateur soit informé du mode de rémunération et du
pourcentage exigé lors de la conclusion du contrat avec un
intermédiaire. Cela va dans le sens de nos revendications,
c'est-à-dire qu'une facture détaillée en
général des services professionnels devrait être
donnée au consommateur et dans ce cas ^gaiement. De toute façon,
je crois que l'association des courtiers le précise dans son
mémoire.
On s'oppose, par contre, au mode de rémunération par boni
parce que, pour nous, on trouve que dans la notion de l'intermédiaire
qui est un conseiller au départ et non pas un vendeur, le fait de
proposer un boni, accentue peut-être plus le côté vente que
le côté conseiller. On dit dans notre mémoire comment un
courtier peut remplir convenablement son obligation d'aider l'assuré
lors d'un sinistre quand la compagnie d'assurances lui offre un boni selon les
montants de réclamations de ses clients.
Le point des conflits d'intérêts, c'est un autre des points
sur lesquels on insiste particulièrement et on demande une divulgation
obligatoire au consommateur des liens de dépendance entre les
intermédiaires et les institutions. Finalement, c'est toute
l'identification claire du fournisseur des produits.
D'ailleurs, on parle de cela tout au long de notre mémoire. C'est
inhérent à plusieurs aspects, entre autres lorsqu'on parle de
rémunération, lorsqu'on parle du code de déontologie, des
liens de dépendance et également des ventes liées.
Le droit à l'information. C'est évidemment l'un des droits
proclamés par John F. Kennedy dans les années soixante. C'est
d'ailleurs pourquoi on insiste toujours sur ces droits et le droit à
l'information, dans ce secteur comme dans d'autres, devrait être pris en
considération par le gouvernement. Entre autres, dans le cas
spécifique des planificateurs financiers, l'ACQ tient à apporter
des modifications quant aux éléments divulgués par
écrit cités aux pages 131 et 132 du document de consultation. On
parle dans le document des planificateurs financiers mais, pour nous, cela
devrait être tous les intermédiaires.
Nous appuyons les quatre premiers points proposés dans le
document mais nous modifions, par contre, les éléments qui
suivent: l'intérêt direct et indirect qu'il possède ainsi
que son employeur dans le fournisseur des produits qu'il recommande.
C'est-à-dire non seulement l'intermédiaire, mais l'employeur
également.
L'autre point va dans le même sens: le fait que lui-même,
son employeur ou quelque associé touche une commission de la vente du
produit. Donc, on ajoutait la question de l'employeur en termes de
responsabilité et son mode de rémunération et celui de
l'employeur pour connaître les revenus que retire l'employeur s'il y a
lieu. Pour nous, ces divers éléments doivent également
s'appliquer, je le précise à tous les intermédiaires.
La protection des renseignements personnels. Nous croyons que nous
n'avons pas accordé assez d'importance dans le document à ce
sujet. Nous insistons, entre autres, pour que le chapitre du Code civil du
Québec relatif au respect de la réputation et de la vie
privée, soit mis en vigueur. Cela a été adopté et
on ne comprend pas pourquoi on prend tant de temps à mettre en vigueur
ce principe. En particulier, pour nous, le droit d'accès à ces
renseignements pour le consommateur est très important et le droit de
correction également.
La représentation des consommateurs au sein des conseils. Nous
nous disons que les principaux acteurs dans la société
actuellement sont l'État, les syndicats, le patronat et,
également, les consommateurs. Donc, étant donné qu'on
n'est pas suffisamment représentés dans la majorité des
milieux, nous tenons à ce que la représentation des consommateurs
au sein des conseils soit prise en considération. (11 h 15)
La publicité des professionnels. L'Association des consommateurs
du Québec, en janvier 1988, a fait une étude sur la
publicité des professionnels. Il est clair que ce qui ressort
là-dedans - d'ailleurs cela s'applique au décloisonnement que
l'on veut faire - c'est que les consommateurs, dans l'ensemble, veulent
être informés et veulent avoir l'affichage des prix et des
services des différents professionnels, puisque dans le sondage que nous
avions fait, 90 % de l'ensemble des répondants trouvent qu'il serait
utile que les professionnels affichent le prix de leurs services et 94 % de
l'ensemble des répondants n'avaient aucune objection à ce que les
professionnels affichent leurs prix. 98 % de l'ensemble des répondants
croient à l'importance de l'affichage de la spécialisation des
professionnels, donc, dans le cas qui nous concerne aujourd'hui, c'est
très important. 60 % trouvent aussi qu'il serait utile que les
professionnels fassent de la publicité sur leurs prix. Certains vont
dire: Bon, c'est sûr que la publicité peut amener une augmentation
des coûts pour les consommateurs, mais nous trouvons que, dans
l'ensemble, le consommateur serait plus gagnant parce que cela lui
permettrait de magasiner et par la concurrence qui serait accrue, ce serait
à son avantage. Donc, nous trouvons que la publicité des
professionnels, dans ce dossier, doit être aussi prise en
considération encore une fois.
Il y avait un schéma qui était proposé illustrant
une hypothèse des contrôles qui pourraient être
exercés sur les intermédiaires regroupés en cabinets
multidisciplinaires. C'est un document qui avait été
proposé par le gouvernement. On dit dans ce schéma que le conseil
de la planification financière n'a pas de contrôle direct sur
l'application de la déontologie, celle-ci serait du ressort de chacun
des groupes membres du conseil. Par contre, les normes de pratique
d'éducation et de déontologie sont édictées par le
conseil de la planification financière. D'après nous, ce serait
inefficace que ce ne soit pas la même personne, finalement, qui
édicté les normes, que ce ne soit pas le même groupement
qui ait le contrôle sur l'application. Donc, nous considérons que
ce devrait être du ressort du même groupe.
Pour terminer, nous espérons que notre étude saura fournir
des éléments d'orientation pour mettre en place un
décloisonnement des intermédiaires qui réponde vraiment
aux besoins des consommateurs. Je vous remercie de votre attention.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, Mme Guillot-Lemelin.
Maintenant, M. le ministre.
M. Fortier: Mme la présidente, je vous remercie beaucoup
d'être venue en commission parlementaire. Je crois que lorsque les gens
de mon ministère avaient pris contact avec votre association, nous
espérions que, malgré les technicités du secteur de
l'assurance et des institutions financières, vous trouviez le temps de
venir nous exprimer votre point de vue et je vous en remercie. Je vous remercie
parce que vous avez fait une analyse indépendante et vous semblez donner
un appui important au décloisonnement. Nous, lorsque nous avons
conçu cette politique, nous croyions que, malgré certains
problèmes, les consommateurs en sortiraient gagnants. L'appui que vous
nous donnez à ce sujet, je crois, est très important pour nous.
Soyez assurés que vos commentaires vont être pris e/i très
sérieuse considération.
En ce qui concerne la rémunération, c'est un point
important. Hier, nous entendions des courtiers d'assurances par le biais de
leur regroupement. Le problème qu'ils ont évoqué
était celui-ci: Comme vous le savez, si on prend l'assurance
générale les statistiques nous disent que 15 % de l'assurance
générale est achetée auprès de compagnies
d'assurances qui vendent directement et 85 % par le biais de courtiers
d'assurances. Bien sûr, ceux qui vendent directement ont des frais
administratifs qui sont inclus dans leurs coûts de fonctionnement, tandis
que lorsqu'une compagnie d'assurances passe par le biais d'un courtier
d'assurances, il y a un pourcentage qui est payé, mais ce n'est pas
uniquement des profits, il y a des frais administratifs rattachés
à cela et il y a des frais administratifs que la compagnie n'a pas, par
ailleurs, à payer elle-même. Ces frais administratifs peuvent
être en moyenne de 15 %. Dans le cas des LJyod's qui
délèguent davantage et qui demandent à leurs courtiers
d'être également experts en sinistres, le pourcentage est plus
élevé, mais cela couvre un champ d'activité plus large.
J'imagine que la variation des pourcentages peut aller de 10 % à 40 %.
Ce que les courtiers nous disaient et c'est un argument qui m'a frappé -
c'est: Est-ce qu'il n'y aura pas danger pour le consommateur qu'il y ait une
publicité trompeuse dans ie sens que certaines compagnies qui vendent
directement diraient: Écoutez, si vous achetez de nous, vous sauvez tous
ces frais de courtage, alors que, dans les faits, il est vrai qu'une partie de
ces frais va se retrouver dans la prime d'assurance elle-même. Autrement
dit, ne croyez-vous pas que, étant donné qu'il y a une
concurrence qui se fait et qui va être de plus en plus vigoureuse, je
crois, entre ceux qui vendent directement et ceux qui vendent par les courtiers
d'assurances, que la publicité ou la divulgation du pourcentage pourrait
induire en erreur le client croyant que, dans un cas, les frais
d'administration d'intermédiaires sont zéro, alors qu'ils sont
réellement inclus dans les frais de la compagnie, et dans le cas des
courtiers, cela pointerait du doigt des frais qui pourraient être tout
à fait raisonnables, par ailleurs.
Autrement dit, il y aurait une publicité où on dirait:
Venez acheter chez nous. Il n'y a pas de frais de courtage, donc, c'est
zéro. Ne croyez-vous pas que le consommateur, en définitive,
aurait de la difficulté à faire la différence entre les
deux systèmes, alors que, dans le fond, on peut croire que les
coûts d'intermédiation pourraient être à peu
près les mêmes en définitive?
La Présidente (Mme Dionne): Mme Guillot-Lemelin.
Mme Guillot-Lemelin: Je crois que ce sera justement le rôle
des courtiers d'expliquer cette différence aux consommateurs, si,
effectivement, il y a une différence quant au pourcentage, afin que le
consommateur ne croie pas qu'il a un meilleur pourcentage à une place
qu'à une autre, si ce n'est pas le taux réel qui est
demandé. Je pense que ce sera assez facile pour les courtiers
d'expliquer cette différence.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Votre réponse va dans le sens de dire qu'il
reviendra au courtier d'expliquer aux clients...
Mme Guillot-Lemelin: Exactement.
M. Fortier: Autrement dit, cela dépend de
l'hypothèse qu'on fait: Est-ce qu'on fait l'hypothèse que le
consommateur comprend ou ne comprend pas? Alors, votre hypothèse
à vous, c'est que le consommateur, si on lui donne l'information, il va
faire la distinction.
La Présidente (Mme Dionne): Mme Guillot-Lemelin.
Mme Guillot-Lemelin: En général, c'est le
rôle du courtier de bien conseiller le consommateur dans tout ce qu'il
offre au consommateur, par rapport à sa façon d'évaluer
ses besoins, par rapport aux services qu'il lui offre et par rapport,
également, à une façon détaillée d'expliquer
la rémunération, donc, d'expliquer... Oui, je dis que ce serait
le rôle du courtier de vraiment expliquer la différence.
M. Fortier: M. Fortier.
M. Fortier (Sylvain): II faut comprendre que ce que recherche le
consommateur, c'est évidemment le meilleur prix. Si les institutions qui
vendent directement offrent un meilleur prix que les courtiers, ce sera aux
courtiers de se réajuster en conséquence. Je pense que, comme
consommateurs, nous, ce qu'on veut, c'est de bénéficier du prix.
Ce qu'on revendique, en fait, plus spécifiquement... Il faut
peut-être éviter de faire la comparaison entre ce que va offrir
les compagnies et les institutions directement et les courtiers.
Ce qu'on a besoin de savoir, comme consommateurs, c'est que la personne
qu'on a devant nous nous offre - le courtier, disons - bien le produit qui est
le meilleur pour nous, plutôt que le produit sur lequel elle fait une
meilleure commission. C'était plus dans ce sens, dans le sens
étroit du courtier qu'on dit: Là, on devrait connaître le
mode de rémunération pour les types de polices qui s'appliquent
de façon à pouvoir vérifier, comme consommateur, si je
n'ai pas intérêt à choisir une autre compagnie d'assurances
plutôt que celle qu'il m'offre, étant donné qu'il se paie
peut-être une meilleure commission.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Une autre remarque que vous avez faite et qui m'a
frappé touche votre recommandation qui disait: II faudrait bien que les
mêmes règles s'appliquent aux institutions elles-mêmes.
Comme vous l'avez vu dans le document, dans le cas du conseil de l'assurance de
personnes - d'ailleurs, cela a été accepté par les
compagnies d'assurances de personnes et par les intermédiaires. Alors,
ce cas-là est réglé. Un des problèmes auxquels on
faisait face, c'était ce qu'on appelait la substitution de polices. Pas
dans la majorité des cas, mais certains intermédiaires se
permettaient, deux ans après avoir vendu une police, s'ils changeaient
de compagnie, d'aller revoir le même client en disant: Changez de police.
La police que je vous ai vendue n'est pas aussi bonne que celle que je vous
offre maintenant.
Un des incitatifs était le fait que la prime ou la commission
était de 120 % à 150 % de ce qui était payé la
première année. Alors, je ne veux pas laisser entendre que
c'était généralisé, mais cela a été
un problème vécu. Donc, je crois que les recommandations que nous
avons faites allaient dans le sens d'avoir un conseil de l'assurance de
personnes pour que, s'il y a des problèmes de déontologie, on
puisse remonter même jusqu'au vice-président ou au directeur du
marketing de la compagnie, parce que ces règles ou les instructions
viennent des compagnies lorsqu'il y a des problèmes comme
ceux-là. Ce n'est pas toujours la faute de l'intermédiaire
lui-même.
C'est la raison pour laquelle on croyait que, dans le cas de l'assurance
générale, on pourrait vivre la même chose, bien qu'on n'ait
jamais eu de plainte aussi spécifique que dans le cas de l'assurance de
personnes, et que ce serait peut-être une bonne chose que les compagnies
ou les intermédiaires se retrouvent dans le même bain ou qu'ils se
donnent des règles de déontologie.
Est-ce que vous avez regardé ce problème plus particulier
dans le cas de l'assurance générale et quelle est votre opinion
à ce sujet?
La Présidente (Mme Dionne): Mme Guillot-Lemelin.
Mme Guillot-Lemelin: Nous, finalement, on avait noté le
problème qui se présentait du fait qu'on allait chercher d'autres
clients pour offrir un meilleur taux. On trouve que c'est un principe qui
devrait cesser, parce que le consommateur est perdant dans ce dossier-là
du fait que, dès qu'un agent, par exemple, change de compagnie
d'assurances, il essaie d'aller récupérer ses clients et il
essaie de leur vendre à un meilleur prix. Pour nous, le point de
départ, c'est d'offrir au consommateur la protection à laquelle
il a droit. Donc, on voudrait justement que cette pratique cesse pour
éviter qu'on essaie de récupérer des clients seulement
pour les récupérer.
M. Fortier: C'était surtout dans le cas de l'assurance de
personnes. Mais, écoutez, je vais me limiter à cela, M. le
député de Lévis.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je vous remercie d'être venus finalement nous
rejoindre. J'aimerais vous demander d'abord, concernant les conflits
d'intérêts, à la page 5, vous exprimez des
craintes certainement fondées. Mais quelles sont, selon vous, les
principales mesures à prendre pour éviter que des conflits
d'intérêts ne nuisent aux consommateurs?
La Présidente (Mme Dionne): M. Fortier.
M. Fortier (Sylvain): En fait, un certain nombre de mesures qu'on
recommande ou qu'on appuie face au document ne sont peut-être pas
présentées exactement sous le chapitre "Conflits
d'intérêts" dans notre mémoire, mais recoupent
effectivement plusieurs éléments. Tout d'abord, pour nous, on a
une vision des consommateurs où le consommateur a la
responsabilité de faire ses choix. Mais, ce qu'on considère comme
très important, c'est qu'il ait justement l'information pour faire ses
choix. Un des principes de base qu'on veut sur la question des conflits
d'intérêts, est que justement le consommateur sache exactement ce
qui se produit quand il se présente pour acheter un service financier.
Donc, cela vise justement à appuyer fortement les mesures qui touchent
la question de divulgation, la partie qu'on appelle contrat, en disant: Voici,
la personne qui est devant un produit financier est liée à quel
autre? Est-elle liée à une institution financière ou aussi
est-ce qu'elle a une participation? C'est là qu'on parle de mode de
rémunération, mode de rémunération qui peut
être intéressant par rapport à cette institution qu'elle
représente comparativement à une autre qui pourrait offrir le
même service. Donc, c'est d'essayer d'avoir la preuve, comme
consommateurs, de l'intérêt que l'intermédiaire a dans une
institution financière. Alors, pour nous, c'est un élément
très important dans la question des conflits
d'intérêts.
Autre point: on appuie également l'aspect où l'on dit que
les bureaux de courtiers, ou ce qu'on va appeler éventuellement les
cabinets, lorsqu'ils ont eux-mêmes un intérêt comme
entité, comme corporation, dans une institution financière,
qu'ils le divulguent clairement aux consommateurs, à même la
marque de commerce de l'entreprise, qu'ils sont membres du groupe X, par
exemple. La règle des 10 % nous apparaît acceptable. C'est ce
genre de chose, des éléments comme cela, qui permettent,
effectivement, au consommateur de savoir s'il est dans une situation de conflit
d'intérêts.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Fortier. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Comme Association des consommateurs du Québec,
vous travaillez avec les ACEF. Vous travaillez ensemble. Quels sont les cas que
vous voyez le plus souvent, parmi les consommateurs qui viennent vous voir, que
vous avez observés dans votre pratique?
Mme Guillot-Lemelin: Des cas où le consommateur aurait eu
un mauvais service?
M. Garon: Oui. Où vous avez le sentiment que le
consommateur s'est fait organiser, quelle que soit la cause?
Mme Guïliot-Lemelin: Ce qu'on semble percevoir surtout, il y
a eu les problèmes de l'importance de la divulgation du mode de
rémunération et toute la question qui concerne les frais. Entre
autres, dans les institutions financières, on sait que les consommateurs
manquent d'information pour connaître les frais qui lui sont
demandés pour les différents services qu'il veut obtenir. Donc,
on trouve qu'il y a beaucoup de problèmes en ce qui concerne la
publicité même des services offerts auprès du
consommateur.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Avez-vous le sentiment, dans votre pratique, que le
rôle que joue un courtier par rapport au rôle d'un agent dans le
domaine de l'assurance, par exemple, est bien compris ou que ce n'est pas
compris du tout?
Mme Guillot-Lemelin: D'accord. J'aime la précision de
votre question, dans le sens que si on parle plus précisément du
secteur des assurances, on sait qu'en général il y a des
consommateurs qui n'ont pas nécessairement... De toute façon, on
a un service spécialisé en assurances. On a produit un guide, le
Guide canadien des assurances. On n'a pas remarqué dans ce guide,
par exemple, que c'est pire pour le consommateur par rapport au service qu'il
obtient de l'agent direct ou du courtier d'assurances. Mais, on sait, par
contre, que certains courtiers ne répondent pas nécessairement
aux besoins du consommateur, dans le sens qu'on va lui vendre une assurance et
on va réentendre parler du courtier au bout de cinq ou six ans, ou
beaucoup plus que cela. La police se renouvelle sans même que le courtier
prenne la peine d'aller rencontrer le consommateur et d'évaluer avec lui
ses besoins. Donc, on trouve qu'il y a un manque d'information qui s'adresse
aux consommateurs pour le choix de ces services. (11 h 30)
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Est-ce que vous avez le sentiment, dans votre pratique,
que les fonctions que joue chacun - l'agent, l'expert en sinistres, le
courtier, l'ajusteur public - les différents groupes d'intervenants dans
le secteur des institutions financières, est-ce bien ou mal connu?
Est-ce pour cela que vous parlez des avantages de faire de la publicité
pour que les gens connaissent mieux les fonctions de chacun?
La Présidente (Mme Dionne): Mme Guillot-
Lemelin.
Mme Guillot-Lemelin: Oui, effectivement, il y a un besoin
d'information pour que les gens connaissent mieux la formation de chacun et
quels sont les services qu'ils offrent. C'est un besoin flagrant.
Vous parliez aussi - je voudrais ajouter - concernant les principaux
problèmes, en ce qui concerne la performance dans le règlement
des sinistres. Souvent, les consommateurs se plaignent auprès de nous
que cela prend beaucoup de temps avant d'obtenir l'indemnisation
demandée. Le règlement des sinistres est une chose qu'on est en
train de travailler justement pour connaître la performance des
compagnies à régler les cas de sinistres.
La Présidente (Mme Dionne): M. Fortier, vous vouliez
ajouter quelque chose? Cela va? M. le député de Lévis.
M. Garon: Dans le débat qu'il y a actuellement concernant
la vente au comptoir de produits d'assurances dans les caisses populaires et la
position des courtiers d'assurances, vous, dans l'optique du consommateur,
comment voyez-vous cela?
Mme Guillot-Lemelin: Nous, pour le consommateur, on voit cela
d'une façon... Je pense que ce qu'il faut obtenir, c'est que le
consommateur obtienne le meilleur produit et le meilleur service possible au
meilleur coût possible. Donc, si le consommateur obtient ce service et un
très bon service au sein d'une institution financière par une
agence directe, prenons l'exemple des produits Desjardins, tant mieux pour le
consommateur!
On trouve que ce sera au courtier de bien démontrer pourquoi le
consommateur aura besoin de lui et qu'il prenne sa place dans le nouveau
système. Je pense, de toute façon, que les courtiers en
assurances sont capables de démontrer leur importance dans ce sens. Pour
nous, en résumé, ce qui est important pour le consommateur, c'est
la meilleure façon pour lui, la plus facile et la plus avantageuse
d'obtenir ces services. On ne privilégie pas une façon plus
qu'une autre.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Quand vous pariez des ventes liées, je ne suis
pas certain que vous pensez qu'elles doivent être empêchées
complètement. Dans le document du ministre, on dit qu'on doit les
empêcher complètement. J'ai eu le sentiment, en lisant votre
mémoire - je vais voir si j'ai bien compris ce que vous disiez -
qu'idéalement, cela devrait être "empêché", mais on
n'est pas certain que cela pourra être "empêché". Vous
référez à la protection par rapport aux vendeurs
itinérants. Est-ce que je suis correct quand j'interprète votre
pensée de cette façon? Pensez-vous qu'une protection comme celle
des vendeurs itinérants serait suffisante pour le contrôle des
ventes liées?
La Présidente (Mme Dionne): Mme Guillot-Lemelin.
Mme Guillot-Lemelin: Pour ce qui est de la question des ventes
liées, vous disiez qu'on n'était pas certains. On
appréhende évidemment qu'un décloisonnement entraîne
ce genre de situation. C'est toute la question de s'assurer que si on offre un
produit au consommateur, on ne lui fasse pas en même temps une
espèce de "package deal" - si vous me permettez l'expression - pour
essayer de lui vendre un tas de choses. On veut éviter que cela se
produise. Il faudra que le consommateur ait la possibilité, s'il veut
obtenir une police d'assurance au sein d'une institution financière -
nous, on donnait le cas d'une police d'assurance contractée en
même temps qu'un prêt dans une institution financière - de
l'annuler sans sentir une pression.
Vous savez comme moi que, quand on se retrouve dans une institution
financière, on nous donne l'impression d'être un peu quêteux
parce qu'on veut obtenir un prêt. Dans le fond, c'est nous qui rendons
service à l'institution en y allant. Pour nous empêcher d'avoir ce
sentiment et de nous forcer finalement en disant: Vous devriez obtenir en
même temps la police... On veut éviter que cela se produise.
On demande cela. Dans les faits, est-ce que cela se fera plus? Y
aura-t-il vraiment un bon contrôle? Je ne peux pas vraiment
répondre à cette question. Pour ce qui concerne plus
précisément la vente itinérante, j'aimerais que vous me
précisiez votre question s'il vous plaît?
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous dites, à la page 7: "L'annulation de la
police devrait être possible dans un délai raisonnable - sous la
section des ventes liées - sans entraîner le rappel du prêt
consenti et s'inspirer de la Loi sur la protection du consommateur en
matière de vente itinérante. Cette mesure devrait être
incorporée à la Loi sur les assurances." C'est pour cela que je
vous demande si vous estimez que, dans ce domaine, par rapport aux ventes
liées, la protection du consommateur en matière de vente
itinérante et de dispositions analogues serait suffisante ou si cela ne
devrait pas aller plus loin par exemple, dans le cas où il n'y aurait
pas de divulgation. S'il y a divulgation, évidemment vous pouvez
réagir. C'est à cela que je pensais comme dans le cas du vendeur
itinérant, mais s'il n'y a pas divulgation des rapports qu'il peut y
avoir, des commissions, etc., entre les deux, là cela peut prendre un
certain temps avant que le consom-
mateur dise: Moi, je n'aurais pas voulu transiger dans ces conditions.
C'est un peu pour cela que...
Mme Guillot-Lemelin: C'est cela, d'où l'importance de le
préciser dans le contrat, que ce soit clairement déterminé
dans le contrat - c'est ce que tu voulais dire - donc, ce sera notre
protection. Pour nous, pour avoir la meilleure protection possible, il faut que
ce soit inclus dans le contrat qu'on a cette possibilité d'annuler. On
faisait référence à la vente itinérante, si c'est
un vendeur qui se présente chez vous pour vous vendre une police...
M. Garon: Ce que je veux dire au fond c'est que, si celui qui
avait à divulguer a divulgué correctement tout ce qu'il avait
à divulguer pour des commissions, etc., il devrait y avoir une certaine
sécurité du contrat plus grande que s'il n'avait pas
divulgué, ou la sécurité du contrat devrait être
moins grande, mais en faveur du consommateur.
Mme Guillot-Lemelin: Oui, même la possibilité
d'annulation, si l'on veut.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, Mme Guillot-Lemelin. M.
le député de Limoilou.
M. Després: Merci, Mme la Présidente. Remarquez
bien que ces questions vous ont peut-être été
posées, mais combien y a t-il de membres dans l'association?
Mme Guillot-Lemelin: Actuellement, il y a 2500 membres.
M. Després: 2500 membres qui sont répartis dans
tout le Québec ou qui sont plus concentrés...
Mme Guillot-Lemelin: C'est dans tout le Québec, mais nous
sommes surtout concentrés à Montréal,
Trois-Rivières, Sorel, Québec, Chicou-timi et La Tuque.
M. Després: D'accord.
Mme Guillot-Lemelin: Mais il y a des gens un peu de l'Est et dans
l'Outaouais également.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Limoilou.
M. Després: Elle existe depuis quand cette
association?
Mme Guillot-Lemelin: L'Association des consommateurs du
Québec existe depuis 40 ans. Jusqu'en 1978, on faisait partie de
l'Association des consommateurs du Canada. D'ailleurs, c'est peut-être
pour cela que ce matin il y a une confusion disant qu'on fermait nos bureaux.
Ceux qui ferment )eur bureau c'est l'Association des consommateurs du Canada,
région de Québec. Mais maintenant, depuis 1978, on est
incorporé, on s'appelle l'Association des consommateurs du
Québec. Il y a des gens qui sont avec nous depuis plus de quinze ans.
Donc, cela remonte à 1948.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Limoilou.
M. Després: C'est un peu plus clair pour nous. Qu'est-ce
qui fait qu'on est membre de votre association? Vous dites que vous avez 2500
membres.
Mme Guillot-Lemelin: Qu'est-ce qui fait que...
M. Després: Comment fait-on pour être membre de
l'Association des consommateurs? Où recrutez-vous votre monde?
Mme Guillot-Lemelin: Ce qu'on fait finalement c'est qu'on devient
membre. En devenant membre, on obtient des services particuliers de notre
association et précisément des services en assurances, comme je
l'ai mentionné tout à l'heure.
M. Després: D'accord.
Mme Guillot-Lemelin: II y a un service en habitation, il y a un
service de traitement de plaintes où vous êtes informés. Si
vous voulez vous acheter un produit, on vous renseigne. Vous recevez des
publications qui viennent de notre association. Alors, les gens ont une
cotisation annuelle à payer et ils deviennent membres comme cela. Les
membres corporatifs ce sont des corporations, c'est-à-dire un
regroupement de membres, par exemple, les coopératives d'alimentation
dans la région de Québec qui font partie de notre association et
qui offrent des services. Finalement ce sont des échanges de services
entre corporations.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Limoilou.
M. Després: Vous accordez beaucoup d'importance à
la protection des renseignements personnels concernant le consommateur.
J'aimerais vous entendre parler sur cela. Au fond, qu'est-ce que vous voulez
exactement? Qu'est-ce qui peut être divulgué ou non
divulgué et de quelle façon on devrait procéder pour
assurer justement cette protection en ce qui a trait aux renseignements
personnels du consommateur?
Mme Guillot-Lemelin: Je vais laisser la parole à Mme
Laroche sur ce sujet puisqu'elle a travaillé beaucoup sur cette
section.
La Présidente (Mme Dionne): Mme Laroche.
Mme Laroche (Anne): Alors, bonjour. Le dossier de la protection
des renseignements personnels, cela nous a déçus un peu dans le
document de consultation parce qu'on en a peu parlé. C'est pourquoi on
le ramenait dans notre mémoire. Les éléments qu'il faut
retenir, c'est que les éléments qui étaient
déjà mentionnés dans le document de consultation à
savoir d'avoir un consentement écrit du client après avoir
indiqué les raisons pour lesquelles un tel transfert d'information est
requis lors de la divulgation de toute information financière, c'est
important. Nous nous opposons également à tout échange de
liste de clientèle. Mais on va plus loin dans nos demandes au
gouvernement, c'est-à-dire que, tout dernièrement, on a
demandé au ministre de la Justice, M. Marx, de mettre en vigueur le plus
rapidement possible le chapitre du Code civil du Québec relatif au
respect de la réputation et de la vie privée. Ce chapitre du Code
civil du Québec a été adopté mais n'est pas en
vigueur. Nous trouvons qu'il est d'une grande importance de le mettre en
vigueur. Pourquoi? Justement parce que, dans le secteur privé, il n'y a
aucune règle qui a été prévue pour protéger
le consommateur. On sait que, dans le secteur public, existe la Loi sur
l'accès à l'information qui est déjà en place.
Cependant, dans le secteur privé, il n'existe aucune mesure. Alors,
c'est vraiment une urgence de mettre en vigueur ce chapitre du Code civil qui
apporterait d'abord un droit d'accès à ces renseignements
personnels. On sait qu'il y a beaucoup d'informations qui circulent sans qu'on
sache ce qui circule à notre égard. Si on y a d'abord
accès, on pourra ensuite avoir un droit de correction sur les
renseignements qui circulent. On veut surtout éviter que ne soient
prises des décisions automatiques à notre égard, sans
qu'on considère l'état réel des renseignements sur la
personne concernée.
La Présidente (Mme Oionne): Merci, Mme Laroche. M. le
député de Limoilou.
M. Després: D'accord, cela me va, Mme la
Présidente. Attendez, seulement une autre courte question. À la
page 8 de votre mémoire, vous parlez de la représentation des
consommateurs. Je voudrais que vous me précisiez un peu ce que vous
entendez par cette représentation. Pour moi ce n'est pas clair.
La Présidente (Mme Dionne): Mme Guiilot-Lemelin.
Mme Guillot-Lemelin: Comme je le disais tout à l'heure,
dans la société actuellement on entend de plus en plus le point
de vue du patronat, on entend de plus en plus le point de vue des syndicats.
Évidemment, l'État a sa présence, mais nous disons que les
consommateurs devraient avoir leur place de plus en plus et partout. Donc, sur
cela, on se dit qu'en ce qui concerne la création des différents
conseils: le conseil des assurances de dommages, le conseil de
l'éducation financière et, enfin, les conseils
présentés dans le document, les consommateurs devraient avoir
leur place là sans se poser de questions et que le gouvernement devrait
remarquer notre demande et vraiment la mettre en application également.
On demande toujours d'être présents, mais je pense qu'il va
falloir qu'on commence quelque part à nous entendre et à nous
donner notre place et, ce serait justement l'une des façons de nous
donner notre place dans ces conseils.
M. Després: De vous intégrer. Cela va. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Merci. M. le ministre.
M. Fortier: J'oserais croire, Mme la présidente, que vous
réalisez l'importance de votre témoignage ce matin pour une
raison bien simple c'est que, sur certains problèmes comme celui de la
vente au comptoir, on a eu des représentations diverses et, sans vouloir
prêter d'intention à personne, il est certain qu'il y a des
intérêts économiques en jeu. Il y a des compagnies
d'assurances qui sont pour, il y a des compagnies d'assurances qui sont contre.
Il est facile de croire qu'il y a une concurrence entre les compagnies
d'assurances, donc, il y a des intérêts économiques en jeu.
Il y a des intermédiaires qui sont pour et il y a des
intermédiaires qui sont contre. Encore là, il y a des
intérêts économiques en jeu, sans prêter aucune
intention lorsque ces gens utilisent l'argument de la protection du
consommateur. Mais étant donné que votre association, j'imagine,
est tout à fait libre de tout lien commercial et financier, si le
gouvernement va dans un sens ou dans l'autre, vous n'avez aucun
bénéfice direct ou indirect. Donc, vous parlez au nom des
consommateurs. Je prends note de votre commentaire à la page 7 en ce qui
concerne les modalités de protection du consommateur. Si vous examinez,
par ailleurs, notre document de consultation à la page 91, vous allez
voir que c'est justement la recommandation que nous faisions de nous inspirer
de la Loi sur la protection du consommateur en ce qui a trait aux vendeurs
itinérants, lorsqu'il y a une vente au comptoir. C'est ce genre de
protection et peut-être qu'on pourrait dialoguer ensemble, si nous allons
dans cette direction, pour voir ce qu'on pourrait faire davantage. (11 h
45)
En ce qui concerne la divulgation de l'information, je crois que le
décloisonnement va nous amener dans des circonstances plus complexes
qu'auparavant parce que, de toute évidence, quand on parle de
décloisonnement, on dit que plusieurs intermédiaires vont
travailler ensemble et que plusieurs compagnies vont travailler ensemble et,
bien sûr tout le contexte
du décloisonnement des institutions financières
elles-mêmes fait en sorte que si le législateur a voulu, comme en
1983, permettre aux compagnies d'assurances de se décloisonner,
c'était pour qu'il y ait une certaine synergie entre les compagnies de
même groupe. Cela peut être le groupe La Laurentienne, le groupe
des Coopérants, le groupe Desjardins, le groupe de la Mutuelle des
fonctionnaires.
Alors, c'est sûr que la proposition qui est sur la table et celle
qui existe dans les faits, c'est qu'on désire une certaine synergie.
C'est tout le problème de la protection de l'information personnelle,
parce qu'on ne voudrait pas, je pense bien, qu'une information sur le dossier
de M. X ou de M. Y circule librement à travers toutes les compagnies de
mêmes groupes, même s'il s'agit de mêmes groupes.
A la page 8, vous faites allusion au Code civil. J'en prends note. Comme
de raison, vous savez que le ministre de la Justice a indiqué qu'il
voulait promulguer toutes les nouvelles dispositions du Code civil en
même temps, en 1990 je crois. C'est malheureux que ce soit reporté
dans le temps, mais je pense que c'est une décision du ministre de la
Justice. On va voir ce qu'on peut faire de ce côté-là.
Quant à nous, dans la mesure de nos moyens, nous pourrions -
c'est là que mon commentaire devient intéressant - indiquer, dans
le projet de loi sur les assurances, quel genre de protection nous voudrions
voir quant à la protection de l'information des individus, sans attendre
ce que le Code civil pourrait donner de plus et probablement que cela viendrait
plus tard. Mais je prends note de votre commentaire à ce sujet. .
Pour revenir sur la question que mon collègue vient de poser en
ce qui concerne la représentation des consommateurs, comme vous l'avez
noté, nous avons l'intention... C'est sur la table pour discussion et on
n'a pas encore entendu tous les intervenants dans le cas du Conseil des
assurances générales. On n'a pas encore entendu les
représentants de compagnies, on n'a pas encore entendu l'Association des
courtiers d'assurances. Alors, nous allons attendre avant de conclure. Mais
dans la mesure où nous irions dans cette direction, ce que vous nous
dites, c'est que vous aimeriez qu'à ces conseils, il y ait un
représentant des consommateurs un peu, j'imagine, comme dans le cas des
corporations professionnelles. Pourriez-vous me faire une recommandation sur la
façon dont nous pourrions choisir cette personne-là?
Autrement dit, est-ce que c'est le gouvernement qui désignerait
une personne après avoir consulté une association comme la
vôtre ou quelle serait la modalité de recommandation que vous
verriez pour que nous puissions désigner une personne qui, semble-t-il,
pourrait représenter les consommateurs Mat large"?
La Présidente (Mme Dionne): Mme Guillot-
Lemelin.
Mme Guillot-Lemelin: Je crois que toutes les
fédérations de l'Association des consommateurs du Québec
aujourd'hui seraient d'accord. D'ailleurs, on prône tous le fait
d'être entendus le plus souvent et partout, comme je le disais tout
à l'heure. Donc, je pense que la meilleure façon, ce serait
justement de consulter les principales fédérations qui sont
représentées ici au Québec et qu'au sein de ces
gens-là, on choisisse une personne qui serait représentée
au sein des conseils. D'après moi, ce serait la meilleure
façon.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, Mme Guillot-Lemelin. M.
le député de Lévis.
M. Garon: Votre groupe, êtes-vous l'Association des
consommateurs qui s'appelait autrefois l'Association des consommateurs du
Canada, section Québec...
Mme Guillot-Lemelin: C'est cela.
M. Garon: ...et non pas la fédération des...
l'association des... les ACEF?
Mme Guillot-Lemelin: Non, c'est différent. La
Fédération des associations coopératives d'économie
familiale, cela a toujours été très séparé
des actions qu'on fait, même si on a des buts communs.
M. Garon: C'est parce que, avant, vous vous appeliez
l'Association des consommateurs du
Canada, section Québec. Là, vous avez changé de nom
et...
Mme Guillot-Lemelin: L'Association des consommateurs du Canada a
toujours sa section au Québec. Mais, elle, la section au Québec,
c'est la province de Québec. C'est cela qu'il ne faut pas oublier. C'est
elle qui a actuellement des problèmes et de qui on disait, ce matin,
qu'elle fermerait son bureau. Nous, dès qu'on a changé de nom,
c'est devenu l'Association des consommateurs du Québec, justement pour
faire reconnaître les réalisations québécoises qui
sont beaucoup plus spécifiques, beaucoup plus actives et qui
diffèrent énormément de ce qui se passe en Alberta, par
exemple.
M. Garon: Mais l'autre groupe, c'est la Fédération
des ACEF?
Mme Guillot-Lemelin: Oui. M. Garon: D'accord.
Mme Guillot-Lemelin: Et il y a la Fédération
nationale des associations des consommateurs qui est une autre
fédération. Ce sont ces trois fédérations qui
représentent les principales
tendances des consommateurs au Québec.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Comment distinguez-vous les unes des autres?
Mme Guillot-Lemelin: La principale distinction est assez facile
à préciser. Cela concerne les gens que l'on rejoint. En
particulier, je pense aux ACEF qui s'adressent à des personnes à
faible revenu, à des personnes défavorisées. Nous, comme
je le précisais au début de notre présentation, ce sont
des personnes à revenus plus moyens, des revenus
moyens-supérieurs. Je pense que c'est une bonne chose qu'on ait des
clientèles différentes parce que ce sont des consommateurs qui
ont des besoins différents et cela permet, comme dans tout le reste,
d'avoir une plus grande concurrence finalement.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Est-ce que le financement se fait de la même
façon pour chacune des associations?
Mme Guillot-Lemelin: Passablement, sauf que nous n'avons pas de
subventions de Centraide, par exemple, et que les ACEF reçoivent des
subventions de ces organismes. Mais dans l'ensemble, nos subventions viennent
du gouvernement fédéral, du ministère de Consommation et
Corporations Canada - et malheureusement, elles diminuent d'année en
année - et de l'Office de la protection du consommateur. À notre
association en particulier, nous avons le "membership" parce qu'on travaille
beaucoup à l'autofinancement. On en a de plus en plus. D'ailleurs,
durant la dernière année, on s'est procuré un petit peu
plus de revenus par l'augmentation de notre "membership".
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: En parlant de l'augmentation de votre "membership",
combien avez-vous de membres au Québec?
Mme Guillot-Lemelin: On en a 2500. Pour vous donner un exemple,
on en avait environ 800 à la même période l'année
dernière. Quand je dis qu'on fait des efforts dans ce sens, c'est
vrai.
M. Garon: Merci.
La Présidente (Mme Dionne): Mme Guillot-Lemelin, j'aurais
peut-être une question plus générale à vous poser.
Comment l'Association des consommateurs du Québec regarde-t-elle
l'aspect du décloisonnement des intermédiaires et des
institutions financières par rapport à l'informati- que? Comme il
y a de plus en plus d'ententes et vous parliez de divulgation de la vie
privée ou de renseignements confidentiels tout à l'heure, est-ce
que vous avez des inquiétudes concernant l'informatique ou les
ententes?
Mme Guillot-Lemelin: C'est justement là-dessus qu'on a des
inquiétudes. On l'a mentionné...
La Présidente (Mme Dionne): Comment abordez-vous cette
question? Est-ce que vous avez des solutions? Parce que l'informatique va
peut-être englober toutes les informations sur tout le monde, un
jour.
Mme Guillot-Lemelin: Lorsque Anne a parlé tout à
l'heure de l'importance que nous accordons à protéger les
renseignements privés, c'est dans le cadre du décloisonnement des
institutions financières et c'est finalement dans tout ce que vit la
société actuellement, comme individus. On sait qu'on est
fiché partout. Nous avons beaucoup accentué notre demande dans le
sens des agences d'information. À cet égard, il faudrait qu'il y
ait vraiment des mécanismes en place. Je ne peux pas vous
suggérer tous les mécanismes ce matin, mais je pense que ceux qui
ont à travailler avec cela doivent y penser. Ils doivent justement nous
renseigner sur la façon qu'ils vont le faire. C'est dans ce sens.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. Mme Laroche.
Mme Laroche: Peut-être pour compléter l'information.
Il est certain que la mise en vigueur du Code civil du Québec en
matière de respect de la réputation des vies privées ne
réglera pas tous les problèmes. Il faudra prévoir des lois
sectorielles parce que chaque secteur est vraiment particulier. Il faudra voir
à des mesures qui s'appliquent à chaque secteur. Je peux vous
donner un exemple en matière d'assurance-vie. Si vous regardez a la fin
de votre contrat, on donne une autorisation très large d'accès
à toutes sortes d'informations médicales. Pourquoi ne pas limiter
cet accès à l'information aux médecins que vous avez
déjà consultés par exemple et pour un délai x?
C'est un exemple pour clarifier votre inquiétude face à cela.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. Merci, Mme Laroche.
M. le ministre, pour conclure.
M. Fortier: Oui. En terminant, je vous remercie d'être
venus en commission parlementaire pour nous éclairer et donner le point
de vue de votre association, l'Association des consommateurs du Québec.
Soyez assurés que vos remarques vont être prises en
sérieuse considération dans la formulation de nos politiques
à l'avenir. Je vous remercie beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je vous remercie également. J'imagine
qu'éventuellement, lorsque le ministre proposera un projet de loi ou un
avant-projet de loi au début de l'automne, vous serez invités
à venir donner votre opinion concernant un projet concret. Parce qu'il
est bien difficile... Vous avez un livre blanc, on reste au plan des principes
généraux et ce n'est pas négligeable en termes
d'orientation, mais dans l'application de la vertu, c'est toujours un peu plus
compliqué. J'imagine qu'à ce moment-là...
M. Fortier: Voulez-vous que je passe au confessionnal?
M. Garon: ...que vous serez réinvités pour vous
prononcer sur des mesures concrètes qui seront proposées par le
gouvernement.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député de Lévis. Alors, Mme Guillot-Lemelin, M. Fortier et
Mme Laroche, au nom des membres de cette commission, je tiens à vous
remercier de vous être présentés ce matin à la
commission et je vous souhaite un bon voyage de retour.
Mme Guillot-Lemelin: Merci.
M. Fortier: Est-ce que votre bureau est à Montréal
ou à Québec?
Mme Guillot-Lemelin: Je suis de Québec, mais Anne est de
Montréal.
M. Fortier: Mais le bureau de l'association est-il à
Québec?
Mme Guillot-Lemelin: Le siège social est à
Montréal et on a des bureaux dans les régions comme je l'ai
mentionné tout à l'heure.
M. Fortier: Merci..
Instituts d'assurance du Canada et du
Québec
La Présidente (Mme Dionne): Merci beaucoup. J'aimerais
maintenant demander aux représentants des Instituts d'assurance de bien
vouloir s'avancer. Je demande tout d'abord au porte-parole des Instituts
d'assurance de bien vouloir se présenter ainsi que les gens qui
l'accompagnent.
M. Ranger (Michel): Mme la Présidente de la commission, M.
le ministre, distingués membres de la commission parlementaire, je me
présente, je suis Michel Ranger, président de l'Institut
d'assurance du Québec et vice-président du conseil des
gouverneurs de l'Institut d'assurance du Canada. À ma gauche, M. Mohan
Assandas, deuxième vice-président de l'Institut d'assurance de
l'Est du Québec. À ma droite, Mme Diane Laflamme, directrice
régionale de l'Institut d'assurance du Canada et de l'Institut
d'assurance du Québec.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Ranger. Avant de commencer
votre présentation, j'aimerais vous rappeler les règles de cette
commission. Vous avez 20 minutes pour la présentation de votre
mémoire et, par la suite, il y aura 40 minutes d'échanges de
propos entre les membres de la commission et votre organisme. M. Ranger, la
parole est à vous.
M. Ranger: Merci, madame. Les Instituts d'assurance sont les
organismes d'enseignement professionnel et de formation continue, dont s'est
elle-même dotée l'industrie des assurances IARD,
c'est-à-dire incendie, accident et risques divers.
Nous soumettons le présent mémoire dans le but de faire
connaître les programmes d'enseignement que les Instituts d'assurance
mettent à la disposition de tous les intermédiaires d'assurances
qui oeuvrent au Québec et qui souhaitent obtenir le titre professionnel
d'associé de l'Institut d'assurance du Canada ou de "fellow" de
l'Institut d'assurance du Canada.
Les intermédiaires d'assurances peuvent aussi participer aux
sessions de perfectionnement que nous offrons sous forme de séminaires
d'une demi-journée ou d'une journée.
L'Institut d'assurance est un organisme d'enseignement professionnel au
service de toute l'industrie des assurances de dommages. Au Québec, on
retrouve deux instituts d'assurance, soit l'Institut d'assurance du
Québec, créé en 1927 et l'Institut d'assurance de l'Est du
Québec créé en 1973 afin de couvrir toutes les
régions de la province et d'offrir des sessions de cours du soir et des
séminaires de perfectionnement pour leurs membres. En 1952, tous les
instituts d'assurance qui s'étaient successivement formés au pays
depuis 1897 s'associèrent pour créer au palier national
l'Institut d'assurance du Canada.
L'institut national a le mandat d'établir pour l'ensemble du pays
des normes uniformes d'enseignement et d'examen. Il détermine la teneur
des programmes de cours, publie les manuels, gère un service de cours
par correspondance, prépare les examens et accorde les diplômes.
Étant affiliés à l'Institut d'assurance du Canada, les
instituts québécois sont, par le fait même, reliés
à un vaste réseau d'établissements de formation en
assurance de dommages. Cette même affiliation nous permet de jouir de
relations enrichissantes dont le rayonnement s'étend à travers le
monde et plus particulièrement avec nos voisins du sud et la
Grande-Bretagne qui, eux également, dispensent des cours de formation
dans le même domaine.
Des représentants des assureurs et de toutes les
catégories d'intermédiaires siègent
bénévolement à nos conseils d'administration. En
effet, le conseil d'administration et les comités permanents de
l'Institut d'assurance du Québec et celui de l'Institut d'assurance de
l'Est du Québec sont composés de représentants de tous les
secteurs, c'est-à-dire des cadres supérieurs
délégués par leurs entreprises pour oeuvrer
bénévolement au service des objectifs de formation
professionnelle des instituts d'assurance. La plupart de ces personnes
détiennent un titre professionnel, soit MAC ou FIAC ou leur
équivalent. Vous y trouverez en appendice 1.21, 1.22 et 1.23 la liste
des membres du conseil d'administration de nos deux instituts. (12 heures)
L'Institut d'assurance du Québec et l'Institut d'assurance de
l'Est du Québec se sont tous deux dotés d'un secrétariat
permanent situé à Montréal et à Québec qui
regroupe les ressources humaines et techniques nécessaires pour
répondre aux besoins de formation des membres dans tout le territoire
québécois. Selon les besoins de formation relevés dans un
secteur, des coordon-nateurs régionaux sont désignés. Par
exemple, Rouyn, Saint-Hyacinthe, Trois-Rivières, Sherbrooke, Rimouski,
le Bas-Saint-Laurent, Chicoutimi, Saguenay-Lac-Saint-Jean et ainsi de
suite.
L'Institut d'assurance du Canada est une association sans but lucratif
qui mène à bien ses activités grâce au fonds que ses
membres souscripteurs lui versent volontairement chaque année. La liste
des membres souscripteurs est présentée en appendice 1.24. Cette
liste se compose d'assureurs et de réassureurs. On y trouve
également les bureaux de courtiers et d'experts en sinistres qui
exercent leurs activités commerciales dans tout le pays. Les instituts
du Québec, qui sont aussi sans but lucratif, reçoivent chaque
année des fonds versés par leurs membres souscripteurs tels que
les agents, les courtiers, les conseillers juridiques et experts en sinistres
qui font des affaires au Québec. Encore là, vous trouverez en
appendice 1.25 la liste des membres souscripteurs de nos instituts pour
l'année 1986-1987.
Les instituts d'assurance à Montréal et à
Québec regroupent près de 6600 membres provenant de tous les
secteurs de l'industrie des assurances de dommages. De ce nombre, nous comptons
1545 agents et courtiers et 754 experts en sinistres. L'adhésion ne se
limite pas aux personnes oeuvrant dans l'industrie des assurances. Les
instituts d'assurance du Québec créent une forte dynamique autour
d'eux de différentes façons. Nous avons des bulletins
périodiques d'information et d'enseignement. Nous avons la participation
de gens de toutes les sphères de l'industrie des assurances de dommages
à leurs conseils d'administration ou comme enseignants, animateurs de
séminaires ou de séances de perfectionnement, surveillants et
correcteurs d'examens. Nous avons une remise de nombreux prix d'excellence
académique. Nous organisons un concours annuel d'art oratoire aux
paliers régional, provincial et national pour préparer des
orateurs futurs qui représenteront notre industrie. Nous avons la tenue
d'un gala annuel mettant à l'honneur le mérite de nos
étudiants. Et enfin, nous sommes très fiers de dire que nous
avons une remise annuelle de bourses d'études à la Chaire en
assurances de l'Université Laval par l'Institut d'assurance du
Canada.
Tous peuvent s'inscrire aux programmes de formation et de
perfectionnement de l'Institut d'assurance du Québec.
Nous avons constaté avec satisfaction que les auteurs du document
de consultation connaissaient très bien l'existence des programmes de
cours offerts par les instituts d'assurance. Nous tenons cependant à
attirer l'attention de nos gouvernements sur l'ampleur des efforts volontaires
consentis par ceux et celles qui veulent faire carrière dans l'industrie
des assurances de dommages. Nous présentons aux appendices 2.11, 2.12 et
2.13 un texte des deux tableaux décrivant la structure de nos programmes
de formation.
J'attire votre attention sur le fait que le programme d'associé
représente 432 heures de cours tandis que le programme de "fellow"
représente un montant additionnel de 450 heures de cours dans un
établissement universitaire. Le programme d'associé se donne dans
les cégeps du Québec. Considérant la diversité des
emplois que nous retrouvons au sein de l'industrie des assurances de dommages,
le programme d'associé et le programme de "fellow" comportent chacun des
sous-programmes permettant à l'étudiant de se spécialiser
dans le domaine afférent au type d'emploi.
Le programme d'associé compte 32 cours distincts. Pour obtenir
leur diplôme, les étudiants doivent en réussir douze. Six
des cours offerts sont obligatoires, mais les autres sont au choix des
étudiants selon les spécialités suivantes: il y a la
production, visant plus particulièrement le domaine de la distribution,
soit le courtage ou la vente; il y a l'expertise des sinistres, la
comptabilité des assurances, la prévention des sinistres,
l'assurance maritime et la sélection des risques. Vous trouverez,
à l'appendice 2.14, un tableau illustrant ces divers cheminements.
Au Québec, nous comptons près de 4000 inscriptions
d'étudiants à temps partiel aux cours du programme
d'associé dans les grands centres, dans les régions ou par
correspondance. Le texte des cours du programme d'associé est
rédigé par des spécialistes du monde de l'assurance,
préparé pour publication par des membres du personnel de
l'institut et publié pour enseignement partout au Canada. Les instituts
du Québec intègrent ces cours à l'ensemble des services
qu'ils prévoient offrir à leurs membres, de façon que
ceux-ci puissent en bénéficier dans le cadre de sessions de cours
du soir, le plus souvent possible et dans le plus grand nombre d'endroits
possible. Les animateurs de ces cours du soir sont soigneusement choisis par
les instituts du Québec. Ce sont des professionnels qui ont fait leurs
preuves au sein de notre industrie, qui ont su mériter le
respect de leurs collègues et qui, en général,
détiennent un des titres, associé ou "fellow". Nous organisons
aussi des sessions de formation à l'intention de nos enseignants, afin
de leur permettre de parfaire leurs compétences en andragogie.
En complément du vaste programme de cours du soir, l'institut
offre également un service de cours par correspondance auquel
collaborent des correcteurs d'exercices recrutés au Québec. Ces
personnes fournissent une aide et une orientation à ceux et celles qui
optent pour ce mode d'enseignement. Les étudiants des cours par
correspondance ont accès à deux sessions d'examens par an.
Au cours de l'exercice 1987-1988, nous comptons 3857 inscriptions aux
examens nationaux du programme d'associé dans les instituts du
Québec pour les étudiants ayant suivi des cours du soir et 635
inscriptions pour ceux ayant pris des cours par correspondance.
Depuis bien des années, un programme en assurances fait partie
des cours offerts par l'entremise du cégep de Sainte-Foy et du
cégep du Vieux-Montréal. Il s'agit d'études à temps
plein, d'une durée de trois ans, qui mènent à l'obtention
d'un diplôme d'études collégiales. Le programme se compose
d'un choix de cours portant sur les sciences administratives, les sciences
humaines et l'assurance. Il nous est agréable de souligner que la
structure des cours de spécialisation est inspirée directement
des cours dispensés par les instituts. Les étudiants qui se
prévalent des modalités ainsi offertes ont, à la fin de
leurs études, un DEC auquel peuvent s'ajouter, s'ils ont réussi
les examens de l'institut, jusqu'à neuf crédits admissibles dans
le cadre du programme d'associé. Ainsi, il ne leur reste qu'à
effectuer un stage et à suivre trois autres cours de l'institut pour
devenir admissibles au titre professionnel d'associé de l'institut.
Nous retrouvons des étudiants au programme du "fellow" dans
toutes les universités du Québec. Après l'obtention du
diplôme d'associé, la formation se poursuit dans le cadre du
programme de "fellow", couronné par le titre FIAC. Le programme de
"fellow" est subdivisé en quatre sous-programmes conduisant à
l'une des spécialisations suivantes: - la gestion d'entreprise; - le
règlement des sinistres; - la souscription; - la gestion des
risques.
Ce programme se compose de cours universitaires en administration et de
cours avancés en assurance. Toutes les universités
québécoises participent à ce programme pour les cours de
la spécialisation en gestion d'entreprise. L'Institut d'assurance
encourage les universités à mettre sur pied des cours
spécialisés en assurance dans trois autres champs de
spécialisation. Les instituts régionaux font ensuite
connaître ces cours à leurs membres et les incitent à s'y
inscrire. C'est ainsi que les quatre cours de la spécialisa- tion de la
gestion des risques sont offerts par la chaire en assurances, à
l'Université Laval ainsi qu'à l'Université McGill. Les
quatre cours de la spécialisation du règlement des sinistres sont
dispensés par l'Université du Québec à
Montréal, dans le cadre du certificat en administration des services.
L'Institut d'assurance offre également des bourses d'études aux
étudiants de la chaire en assurances de l'Université Laval.
De plus, les diplômés des instituts se regroupent pour
constituer ce qu'on appelle la Société des "fellows", section de
Québec et section de Montréal. Pour les instituts, la
Société des "fellows" est une précieuse source d'appui,
d'inspiration et de ressources humaines. Elle organise
régulièrement des rencontres à caractère
éducatif, des déjeuners-conférences, des
séminaires, des sondages, etc.
Plus de mille personnes participent chaque année à nos
séminaires de perfectionnement sur des sujets d'assurance. Nous mettons
sur pied toute une gamme de séminaires d'une demi-journée ou
d'une journée, portant sur des sujets précis et visant à
aborder les questions d'actualité reliées à
l'évolution du marché québécois des assurances ou
des notions particulièrement complexes. Durant la période de
l'automne 1987 au printemps 1988, 1216 personnes ont assisté à
nos séminaires ainsi offerts par les deux instituts. Nous avons
indiqué une liste de nos sujets que je ne répéterai pas;
vous les avez sûrement regardés.
Dans un environnement décloisonné, les instituts
d'assurance demeureront à l'écoute des besoins de l'industrie et
des préoccupations de ses gouvernants. Les instituts d'assurance qui
oeuvrent au Québec ont déjà mis en place un réseau
fonctionnel pour dispenser l'enseignement à leurs membres. Les services
offerts au Québec, dans le domaine des assurances de dommages,
fournissent une possibilité de formation aux diplômés du
secondaire qui poursuivent leurs études au cégep avant d'entrer
dans le marché du travail; à ceux qui détiennent un
diplôme de niveau secondaire, collégial ou universitaire et qui,
parce qu'ils entreprennent une carrière dans le domaine des assurances,
souhaitent obtenir une formation technique; enfin, aux personnes qui
travaillent déjà dans le domaine des assurances de dommages et
qui souhaitent parfaire leurs connaissances professionnelles.
Nous croyons donc que les intermédiaires voudront continuer
d'utiliser ces services. Si tel est le cas, la tâche à accomplir
n'est pas énorme, il suffit d'amplifier et de promouvoir les services
déjà offerts. Les instituts d'assurance devront peut-être
élargir les services qu'ils offrent, obtenir ia collaboration d'un plus
grand nombre d'animateurs compétents pouvant enseigner à mi-temps
dans diverses localités et, au besoin, fournir de la documentation en
complément des manuels de cours.
Comme les instituts d'assurance sont des associations de personnes et
des organismes sans
but lucratif, les services de formation demeureraient ainsi offerts
à tous les membres à un coût raisonnable et abordable. Ils
seraient en outre maintenus sous le contrôle et la surveillance de
conseils d'administration choisis par l'industrie des assurances. Les frais
d'adhésion sont minimes. Ils sont de l'ordre de 30 $ par an, le montant
précis étant déterminé par les membres du conseil
d'administration des deux instituts du Québec.
Nous répétons que les instituts d'assurance qui oeuvrent
au Québec demeureront à l'écoute des besoins des
différentes associations d'intermédiaires. On retrouve
déjà des diplômés de l'institut d'assurance dans
toutes les associations regroupant des intermédiaires d'assurance qui
oeuvrent au Québec. La compétence et le professionnalisme des
intermédiaires sont des valeurs omniprésentes,
véhiculées dans le document de consultation. Nous pensons que le
domaine de la formation constitue l'une des clés importantes pour
l'élaboration d'une solution efficace dans le domaine qui nous
préoccupe actuellement. Dans ce contexte, les instituts d'assurance du
Québec seront disposés à collaborer, le moment venu, et
à apporter leur savoir-faire à l'intérieur de tout
mécanisme de coordination et de supervision que le gouvernement pourrait
mettre en place. En misant sur le réseau qu'ils ont déjà
bâti, les instituts d'assurance du Québec sont disposés
à considérer les besoins pour l'élaboration des programmes
de formation jugés à propos pour les clientèles existantes
et à venir.
Nous tenons cependant à redire publiquement que les instituts
d'assurance sont essentiellement des organismes d'enseignement et qu'il n'entre
pas dans leurs fonctions de jouer le rôle d'un organisme émetteur
de permis. Nous avons pris connaissance de la question, à la page 57, et
de l'hypothèse formulée, à la page 108 du document de
consultation, quant à l'implantation éventuelle d'un
système de permis par palier. Si cette hypothèse était
retenue, les responsables voudront peut-être considérer comment
les divers cours offerts par leurs instituts d'assurance pourraient
répondre aux besoins des candidats pour chacun des paliers. La structure
modulaire des cours du programme d'associé faciliterait d'ailleurs une
telle démarche, surtout si ce système de permis par palier
était établi selon les types de produits vendus ou selon les
branches d'assurances. (12 h 15)
En conclusion, la lecture du document de consultation sur le
décloisonnement des intermédiaires nous confirme la
volonté du gouvernement québécois d'améliorer la
distribution des services financiers. En ce qui a trait plus
particulièrement au domaine où nous oeuvrons à titre
d'organisme de formation professionnelle, nous y avons relevé trois
préoccupations majeures: Premièrement, la protection du
consommateur québécois; deuxièmement, la compétence
et le professionnalisme des divers intermédiaires; troisièmement,
le maintien de la confiance des consommateurs envers les services qui sont mis
à leur disposition. Alors, les instituts d'assurance qui oeuvrent au
Québec favorisent la concertation des ressources humaines et
financières pour atteindre les objectifs que s'est fixés le
gouvernement. Nous sommes disposés à étudier les
modalités jugées souhaitables pour répondre
adéquatement aux besoins de formation future dans le domaine
d'activité financière qui nous est familier. Notons, cependant,
que toutes les nouvelles priorités devront s'intégrer si possible
au programme de formation actuelle de façon graduelle. Les conseils
d'administration des instituts du Québec guideront ce processus.
Nous sommes déjà à la tâche depuis maintenant
plus de 60 ans au Québec,, et c'est là un avantage certain sur
lequel fonder notre évolution face au défi de l'avenir. Il serait
plus facile, à notre avis, d'améliorer et d'ajouter, selon le
cas, des programmes de formation en se reposant sur une base solide telle que
la nôtre au lieu de repartir sur des bases non éprouvées.
Lorsque l'on aura identifié plus précisément les
caractéristiques de la clientèle visée par les initiatives
gouvernementales, il sera possible de voir comment les instituts d'assurance
pourront apporter leur contribution en s'appuyant sur leur expérience,
sur le réseau de services déjà en place pour rejoindre nos
6000 membres et, surtout, sur la compétence professionnelle de nos
diplômés associés et "fellow" du Québec qui jouent
un rôle fondamental à tous les paliers de la structure de
fonctionnement des instituts d'assurance.
Merci, Mme la Présidente et membres distingués de cette
commission d'avoir écouté les instituts d'assurance
présenter leur mémoire.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Ranger. M. le
ministre.
M. Fortier: On a écouté votre présentation
avec intérêt. Je pense que le message qui se dégage, c'est
que vous avez pris note de notre désir de hausser le niveau de
compétence chez tous les intermédiaires. Ce que vous nous avez
dit, somme toute, c'est que votre institut, qui a joué un rôle
depuis 60 ans au Québec, pourrait être un organisme attitré
pour jouer ce rôle de formation accrue. Donc, je crois que votre message
est clair. D'ailleurs, vous l'avez dit vous-même: ce n'est pas de votre
ressort de faire des suggestions en ce qui concerne le décloisonnement
des intermédiaires comme tel. Alors, c'était uniquement sur la
question de la formation dans le domaine de l'assurance.
J'aurais seulement deux questions. Vos cours sont élaborés
par votre conseil d'administration et c'est plutôt dirigé à
partir de Toronto, quoique vous avez une section Québec. Alors, dans
quelle mesure prenez-vous en considération les besoins du Québec
comme tels, le Code civil, les particularités québécoises,
et dans quelle
mesure ces particularités sont-elles prises en
considération dans l'élaboration de vos programmes? La
deuxième question serait quelle contribution apportez-vous pour la
formation des agents et des courtiers d'assurances? Vous avez indiqué
que certains prennent des cours chez vous, est-ce que c'est adapté aux
agents ou aux courtiers, ou est-ce que c'est plutôt plus
général? C'étaient les deux questions fondamentales que
j'avais.
La Présidente (Mme Dionne): M. Ranger.
M. Ranger: Oui, M. le ministre. Votre première question
touchait l'aspect que la composition de nos cours a une portée
nationale. Il est vrai que les cours que nous offrons, en général
parient de sujets d'assurance qui intéressent tous ceux qui oeuvrent au
Canada, et même ceux qui travaillent ailleurs, parce que nous avons
même des gens d'Afrique qui prennent nos cours par correspondance,
probablement pour information personnelle ou pour se préparer à
l'immigration, on ne sait pas trop. Mais nous savons ceci, c'est que les titres
que nous décernons sont des titres qui sont acceptés sur une base
nationale, c'est-à-dire que l'intermédiaire qui obtient le titre
d'associé ou de "fellow" peut oeuvrer partout au Canada et se faire
reconnaître comme ayant une compétence uniforme à travers
le pays. Avec le libre-échange qui s'en vient et le
décloisonnement, nous croyons qu'il est avantageux pour
l'intermédiaire québécois d'avoir un titre professionnel
avec une envergure internationale, parce que sa compétence pourra
être reconnue internationalement.
Cependant, nous savons qu'il faut absolument respecter les besoins de
nos membres québécois et, jusqu'à présent, nous
avons toujours tenté de respecter ces besoins-là. Nous
travaillons constamment au perfectionnement des produits et services que nous
offrons et, si le besoin se fait sentir dans l'avenir, comme il est fort
probable, nous sommes prêts à collaborer avec les autorités
pour élaborer des programmes de formation qui auront une portée
spécifiquement québécoise.
M. Fortier: Ma deuxième question avait trait, dans quelle
mesure...
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre..
M. Fortier: ...formez-vous des courtiers ou des agents.
M. Ranger: Voici, c'est que nos programmes de formation ont une
portée qui couvre tous les sujets importants dans l'assurance des
dommages. Nous avons mentionné tantôt qu'au delà de 1500
courtiers ont déjà suivi nos cours. Nous osons croire que les
courtiers qui ont suivi nos cours sont très bien préparés
pour mieux servir Je consommateur. Cependant, nous savons que certains cours
que nous offrons, tels que les cours de production et de vente, s'adressent
spécifiquement aux agents et aux courtiers. Cependant, l'Association des
courtiers a déjà mis au point certains cours qui se ressemblent.
Alors, nous offrons cette option-là. Toutefois, le contenu précis
de notre programme offre une formation générale dans les
différents sujets qu'ont à traiter tous les intermédiaires
dans notre industrie.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Ranger. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je voudrais poser une question. Vous étiez sans
doute présent tout à l'heure lorsque le groupe
précédent représentant l'Association des consommateurs du
Québec a dit qu'on estime que 60 % des gens oeuvrant dans l'assurance
auraient une formation adéquate. Que pensez-vous de cela? Est-ce que
vous pensez que les standards exigés au point de vue formation sont
assez élevés, ou s'ils devraient être rehaussés? On
a parlé dans certains cas, par exemple, qu'on exigeait uniquement un
diplôme collégial. Pensez-vous que c'est suffisant, ou si vous
pensez que les standards exigés devraient être maintenus ou
rehaussés.
La Présidente (Mme Dionne): M. Ranger?
M. Ranger: À quels standards vous
référez-vous, M. Garon? Les standards, je n'ai pas compris le
début de votre question, vous avez parlé de l'Association des
consommateurs...
M. Garon: Ils étaient ici tantôt, vous deviez
être ici à ce moment-là. Je sais que j'en ai vu
quelques-uns d'entre vous qui étaient ici. On dit que, selon eux, 60 %
des gens oeuvrant dans le secteur de l'assurance auraient une formation
adéquate. Donc, la formation devrait être améliorée
ou encore Ses standards de connaissance devraient être haussés.
J'aimerais savoir si vous pensez actuellement que la formation est suffisante
ou si les exigences pour opérer dans différents secteurs de
l'assurance sont suffisantes ou si elles devraient être
modifiées?
M. Ranger: Je ne peux pas me prononcer sur les statistiques
relevées par une autre association. Je ne sais pas d'où viennent
ces statistiques. Je n'oserais pas commenter la compétence
présente des intermédiaires. Mais je peux vous dire que nous
sommes confiants que le programme de formation que nous offrons
présentement offre une très bonne base de connaissance pour tout
intermédiaire qui transigerait des affaires d'assurances avec le
consommateur.
En d'autres mots, nous osons croire que le consommateur serait
très bien protégé si les intermédiaires suivaient
un programme de forma-
tion semblable au nôtre.
La Présidente (Mme Oionne): Merci, M. Ranger. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Par rapport au mémoire du ministre, parce que
vous y avez fait allusion à la page 57... Pour le reste du
mémoire, vous ne vous êtes pas prononcés sur quoi que ce
soit. Qu'est-ce que vous pensez du livre sur le décloisonnement des
intermédiaires qui a été déposé au
début d'avril par le ministre? Avez-vous une opinion ou si vous dites:
quoi que ce soit que le gouvernement adopte, on est prêts à
l'enseigner?
La Présidente (Mme Dionne): M. Ranger.
M. Ranger: C'est une question à laquelle il est difficile
de répondre. Je ne voudrais pas insulter qui que ce soit. Je crois que
le document présenté par le gouvernement est un document dont la
réflexion est évidente. Ceux qui l'ont préparé ont
tenté de couvrir tous les aspects possibles dans le contexte du
décloisonnement. Comme je l'ai mentionné tantôt, il ne
revient pas aux deux instituts d'assurance du Québec de critiquer un
projet de loi car ce projet de loi va affecter les intermédiaires qui
sont nos membres, existants et futurs. Mais nous disons simplement ceci: nous
avons toujours répondu aux besoins de nos membres et nous sommes
prêts à répondre à leurs besoins futurs, selon les
exigences de la loi qui existera éventuellement.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Ranger. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Cela va.
La Présidente (Mme Dionne): Cela va. M. le ministre.
M. Fortier: Je vous remercie de votre présentation et de
votre offre de collaboration.
M. Garon: Merci.
M. Ranger: Je vous remercie, Mme la Présidente, ainsi que
les membres distingués de la commission.
La Présidente (Mme Dionne): M. Ranger, ainsi que vos
collègues, j'aimerais, au nom des membres de cette commission, vous
remercier de vous être présentés ici ce matin, et vous
souhaiter un bon voyage de retour.
M. Ranger: Merci, madame.
La Présidente (Mme Dionne): Sur ce, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 16 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 16 h 38)
La Présidente (Mme Dionne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance de la commission du budget et de
l'administration ouverte. Comme vous le savez, le mandat de la commission est
de poursuivre sa consultation générale sur le document
intitulé "Décloisonnement des intermédiaires". J'aimerais
demander au premier organisme, soit la Commission des valeurs mobilières
du Québec, de bien vouloir s'avancer. Tout d'abord, je demande au
porte-parole de bien vouloir s'identifier et de présenter les gens qui
l'accompagnent.
CVMQ
M. Guy (Paul): Alors, Mme la Présidente, mon nom est Paul
Guy, président de la Commission des valeurs mobilières du
Québec. À ma droite immédiate, M. Pierre Lizé,
directeur de l'encadrement du marché de la commission; à sa
droite, M. Daniel Dorion, chef du service de l'inscription à la
commission; à ma gauche, M. Jean-Pierre Cristel, conseiller juridique
à la commission.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Guy. J'aimerais vous
rappeler les règles de la commission. Vous avez 20 minutes pour la
présentation de votre mémoire et, par la suite, nous
pocéde-rons à 40 minutes d'échange de vues avec les
membres de la commission. Alors, la parole est à vous, M. Guy.
M. Guy: Mme la Présidente, le rapport de M. Fortier sur le
décloisonnement des intermédiaires traite de questions
importantes qui affectent la réglementation des valeurs
mobilières au Québec. La commission estime qu'il est de son
devoir de se prononcer sur ces questions. Elle remercie les membres de la
commission parlementaire de lui avoir permis de se faire entendre.
Au départ, il est important de préciser la terminologie
utilisée dans le cadre de la réforme des institutions
financières, de manière à assurer une compréhension
adéquate de tous les intervenants. Le mot "décloisonnement" est
clair: il réfère à l'élimination des
barrières juridiques entre les divers secteurs financiers. Sa traduction
anglaise "deregulation" présente une ambiguïté de taille
puisqu'elle semble signifier en même temps la
"déréglementation". On devrait éviter l'emploi de ce terme
car la protection des épargnants et l'encadrement du secteur financier
nécessitent une réglementation adéquate; il faudrait
parler d'adaptation de la réglementation.
Dans le secteur des valeurs mobilières, le courtier en valeurs
est la personne morale qui exerce l'activité d'intermédiaire dans
les opérations sur valeurs, qui fait des opérations de
contrepartie ou qui effectue le placement de
valeurs. La personne physique qui exerce l'activité pour le
compte d'un courtier ou d'un conseiller en valeurs auprès du public
reçoit l'inscription de la commission à titre de
représentant du courtier ou du conseiller. C'est pourquoi le mot
"représentant" est utilisé dans le mémoire de la
commission.
Le secteur des valeurs mobilières diffère des autres
secteurs financiers par la nature et la complexité des produits offerts,
et par le risque que l'épargnant assume lorsqu'il acquiert des valeurs
mobilières.
La valeur marchande d'une valeur mobilière varie en fonction de
plusieurs facteurs, qu'il s'agisse des résultats de la
société émettrice ou d'événements externes
qui influencent le secteur d'activité de la société et le
marché des valeurs dans son ensemble. De plus, l'effet de levier
utilisé dans le cas d'option ou de contrat à terme, ou simplement
un emprunt ou un compte sur marge, augmente significativement le niveau de
risque assumé par l'épargnant.
La complexité du produit est parfois un facteur
déterminant qui distingue une valeur mobilière d'un autre produit
financier. Notamment dans le cas d'option ou de contrat à terme,
l'épargnant peut dépendre totalement du représentant
inscrit pour apprécier la qualité, les caractéristiques,
la valeur et les risques de l'investissement proposé. Pour sa part, le
représentant doit avoir atteint un niveau de spécialisation
élevé afin de bien connaître les produits qu'il offre,
leurs mécanismes particuliers de marché, et de s'assurer qu'ils
correspondent aux besoins et aux objectifs de placement de son client, compte
tenu de sa situation particulière.
En outre, la globalisation des marchés et la création de
nouveaux produits dérivés ont apporté à
l'épargnant la possibilité de diversifier encore davantage son
portefeuille. Il doit alors être bien informé et conseillé
quant aux risques additionnels résultant tant des fluctuations du taux
de change que de leurs caractéristiques propres.
Ainsi, c'est avec prudence que doit être considéré
le décloisonnement des champs d'activité dans le domaine des
valeurs mobilières, notamment en ce qui concerne la sollicitation et le
conseil. Le représentant d'un courtier en valeurs peut exercer une
activité restreinte en épargne collective, en contrats
d'investissement, en plans de bourses d'études ou une activité
dite de plein exercice. Le représentant d'exercice restreint peut
présentement cumuler l'épargne collective et les contrats
d'investissement, l'épargne collective et l'assurance de personnes, ou
les plans de bourse d'études et l'assurance de personnes. Il doit
être disponible et exercer ses fonctions à temps plein, compte
tenu des cumuls d'activités permis.
L'élargissement des champs d'exercice devrait permettre à
l'épargnant de bénéficier de services financiers plus
accessibles et de meil- leure qualité. Le représentant en valeurs
pourrait, pour sa part, élargir la gamme de produits qu'il peut offrir.
Toutefois, l'élargissement consenti doit être
réalisé en tenant compte de la complémentarité des
produits. De plus, il ne doit pas se faire au détriment de la protection
des épargnants. Il faut également considérer les
situations de conflit d'intérêts qui pourraient se
présenter.
Le cumul d'inscriptions devrait être orienté en tenant
compte de la complémentarité des produits financiers, ainsi que
du niveau de préparation professionnelle requis du représentant
pour assumer adéquatement sa fonction.
La possibilité de cumuler des inscriptions pour les
représentants de plein exercice ne paraît pas souhaitable, vu le
degré de connaissance et de spécialisation requis, ainsi que la
complexité des produits offerts par ces intervenants. La protection des
épargnants pourrait être diminuée s'il y avait
possibilité pour ces personnes de cumuler d'autres fonctions. Cependant,
un représentant de plein exercice pourrait faire partie d'un cabinet
multidisciplinaire où il exercerait son activité sous la
direction du courtier. Déjà, très peu de
représentants ont la formation voulue pour conseiller leurs clients sur
des options ou sur des contrats à terme. Par contre, le cumul
d'inscriptions peut être envisagé lorsqu'il s'agit d'un
représentant d'exercice restreint. À titre d'exemple, un
représentant en contrats d'investissement pourra cumuler les fonctions
d'agent d'immeubles tout comme un représentant en épargne
collective ou en plans de bourses d'étude peut cumuler les fonctions
d'assurance-vie, maladie et contre les accidents.
Le nombre d'inscriptions détenues par un représentant doit
être limité, car il ne peut exercer convenablement toutes les
fonctions, d'autant plus que les produits financiers sont d'une
complexité de plus en plus élevée et qu'il est
nécessaire pour un représentant d'être sans cesse
informé des nouveautés. Comme le mentionnait Henry Kaufman dans
The New York Times en 1985: "Sur la scène financière,
comme dans la vie de tous les jours, personne ne peut exceller dans tous les
rôles."
Finalement des situations de conflits d'intérêts doivent
faire l'objet de règles déontologiques, notamment lorsque le
représentant peut recommander un produit en fonction de sa
rémunération plutôt que selon les besoins de
l'épargnant.
Le regroupement de personnes provenant des divers champs
d'activité en cabinet multidisciplinaire devrait permettre à
l'épargnant de bénéficier d'une réduction des
coûts des services financiers.
Une entente entre les institutions financières de qui
relèvent les représentants pourrait être conclue en ce qui
a trait au partage des locaux et des services administratifs. Toutefois, un
représentant en valeurs qui exerce son
activité au sein d'un cabinet multidisciplinaire doit
nécessairement le faire par l'entremise du courtier en valeurs qui
demeure directement responsable de l'activité de son
représentant. Notamment, ce dernier ne peut offrir de valeurs
mobilières que le courtier ne peut négocier lui-même.
La notion de cabinet multidisciplinaire soulève des
préoccupations importantes. Un contrôle adéquat de
l'activité des représentants par les organismes
régulateurs repose essentiellement sur l'unité de la
responsabilité financière et déontologique du courtier et
du représentant à l'égard des clients.
Par exemple, c'est le courtier qui prête à son client dans
le cas de comptes sur marge et c'est lui qui garde, à sa demande, les
titres et les sommes en surplus qui lui appartiennent. De même c'est le
courtier inscrit qui assume la responsabilité de la surveillance du
respect des obligations de ses représentants à l'égard de
leurs clients.
L'établissement de franchises multidis-ciplinaires comporterait
également des inconvénients majeurs. En effet, la
conformité aux exigences financières devient pratiquement
incontrôlable, compte tenu des particularités de chacune des
activités qui y sont exercées. De plus, l'autonomie
assurée par le statut du franchisé qui possède son
entreprise propre prévient le contrôle et la surveillance
nécessaires à assurer la protection des épargnants. Un
plus grand nombre d'abus pourraient être commis. Les contrôles
internes, mis en place par les courtiers, jouent un rôle important
à cet égard.
La responsabilité d'actes illicites commis par les intervenants
serait plus difficile à établir parce que les diverses
étapes d'une opération relèveraient de personnes morales
distinctes.
Pour ces raisons, il n'apparaît pas souhaitable qu'un tel cabinet
puisse obtenir l'inscription à titre de courtier en valeurs
mobilières.
Il serait également inopportun de permettre le regroupement en
multidisciplinarité de fonctions de type conseiller et de type
fournisseur de produits. En effet, la relation entre les conseils donnés
et l'acquisition des produits ferait en sorte que les deux
intermédiaires seraient placés dans une situation
immédiate de non-neutralité dans leurs décisions
professionnelles et même d'influence indue, surtout s'il y a partage des
commissions.
La Commission des valeurs mobilières croit que le partage des
commissions gagnées par les membres d'un cabinet multidisciplinaire qui
n'exercent pas dans le même secteur devrait être interdit. Seule
une rémunération sous forme de frais de référence
devrait être permise entre les représentants en valeurs et les
autres intervenants professionnels, de façon à éviter
qu'une personne non inscrite fasse du démarchage auprès de
clients par la suite référés à une personne
inscrite qui n'assure que la signature des documents nécessaires
à réaliser l'opération.
Le démarchage en vue d'une opération sur valeurs est une
activité réservée au représentant inscrit.
Les dossiers des clients devraient être de nature confidentielle
et ne devraient pas être remis à d'autres intervenants
exerçant leurs fonctions au sein d'un même cabinet
multidisciplinaire. De plus, ils devraient être conservés de
manière distincte. En effet, l'épargnant doit être
protégé en ce qui a trait aux informations qu'il donne aux
représentants en valeurs dans le but d'obtenir les recommandations
appropriées à sa situation personnelle.
Le cabinet multidisciplinaire devrait être tenu de remettre un
document d'information à ses clients. Il s'agirait en quelque sorte
d'une déclaration des liens qui existent entre les intervenants au sein
du cabinet de même que ceux qui existent entre le cabinet et les
institutions financières qui lui fournissent leurs produits. Cette
déclaration devrait également indiquer les frais de
référence perçus. Ainsi, le client du cabinet peut
évaluer de façon éclairée les produits
proposés et les conseils fournis, compte tenu des conflits
d'intérêts possibles.
Une proposition concernant les ententes de réseau a
déjà été formulée dans le projet de
règlement publié le 20 janvier 1988. L'entente de réseau
offrira aux institutions financières la possibilité
d'élargir le réseau de distribution de leurs produits financiers
aux courtiers en valeurs et leurs représentants et de
bénéficier d'un accroissement de leur clientèle. Des
dispositions y ont également été prévues en
matière de conflits d'intérêts. De plus, toute
rémunération attribuée à celui qui
réfère un client en vue de l'achat de produits financiers devra
faire l'objet d'une déclaration.
Le décloisonnement des champs d'activité ne devrait
être réalisé que dans un cadre réglementaire bien
structuré. L'analyse des plaintes reçues à la commission
montre que la relation représentant-épargnant est cruciale dans
le secteur des valeurs mobilières. L'élargissement du nombre de
représentants autorisés et leur
non-homogénéité multiplient les risques; même un
code de déontologie stricte n'est efficace que s'il est
contrôlé et sanctionné vigoureusement.
Le contrôle des activités des courtiers, des conseillers et
de leurs représentants peut se faire par l'entremise d'un organisme
d'autorégle-mentation, le cas échéant. Certaines
associations, formées notamment par le regroupement de courtiers en
valeurs, pourraient être investies de pouvoirs
délégués à la condition qu'elles soient reconnues
à titre d'organisme d'autoréglementa-tion. L'organisme
responsable exerce alors un contrôle de l'association reconnue. La
reconnaissance devra être sujette à ce que l'organisme
présente des documents constitutifs, des règlements internes, des
règles de fonctionnement non discriminatoires et des mécanismes
d'application efficaces. Un exemple qu'on peut donner comme organisme
d'autoréglementation qui satisfait ces
critères est la Bourse de Montréal. La reconnaissance
à titre d'organisme d'autoréglementation implique, et je le
souligne, une préoccupation constante de protection des
épargnants plutôt que de ses membres.
La commission s'interroge sur la nature, le rôle et la composition
des divers conseils proposés, en particulier d'un conseil des valeurs
mobilières. Il en va de même en ce qui concerne le superconseil et
la nature de ses liens avec les conseils sectoriels et avec l'Inspecteur
général des institutions financières. Le caractère
dis-tinctif des fonctions exercées, la spécialisation de la
formation professionnelle requise et !a spécificité des produits
ou services impliquent qu'un seul organisme ne peut réglementer
efficacement l'ensemble des fonctions exercées par tous les
intermédiaires et leurs représentants.
Le rôle du superconseil devrait être exclusivement
consultatif et pourrait consister notamment à conseiller les organismes
sectoriels sur la qualité de leur préparation professionnelle
requise et sur la mise en place de règles de déontologie
uniformes. La commission et l'inspecteur général devraient
être membres de ce superconseil au même titre que des intervenants
de tous les secteurs: assurance, fiducie, caisses d'épargne et de
crédit, banques, valeurs mobilières, etc.
Compte tenu que dans le secteur des valeurs mobilières, il existe
déjà un organisme de réglementation et des organismes
d'autoréglementation, il n'apparaît pas opportun de créer
un conseil des valeurs mobilières.
Depuis le début de 1985, la commission reçoit un nombre
important de demandes d'information et de témoignages
d'épargnants sur les activités de personnes qui se
présentent comme conseillers en planification financière.
Face a l'ampleur que prend l'exercice de cette activité non
réglementée au Québec, la commission a pris l'initiative
d'en étudier la problématique et de développer un
modèle d'encadrement souple qui, à son avis, assurerait une
protection adéquate aux épargnants.
À l'occasion de l'audience publique conjointe,
Québec-Ontario-Alberta, qui s'est tenue au siège de la commission
les 24 et 25 avril 1986, un nombre important d'intervenants,
représentant différents secteurs du monde financier, eurent
l'occasion de présenter leur point de vue sur les conditions d'exercice
et sur la réglementation éventuelle de l'activité de
planification financière. La très grande majorité de ces
intervenants exprimèrent l'opinion que les services de planification
financière devraient être soumis à une forme de
réglementation.
Au Québec, la Commission des valeurs mobilières a
examiné plusieurs solutions possibles au problème de l'absence
d'encadrement de l'activité des conseillers en planification
financière et favorise le contrôle de l'ensemble des
activités des conseillers, par le biais d'une loi distincte et d'une
réglementation souple. À cet égard, la commission
recommande l'adoption d'une loi-cadre prévoyant la reconnaissance
éventuelle d'un organisme d'autoréglementation, comme c'est le
cas dans la Loi sur les valeurs mobilières. Bien entendu, l'organisme
d'autoréglementation devra posséder les ressources
financières et une structure administrative adaptées à son
objet. L'existence d'un organisme d'autoréglementation permet à
l'organisme public, responsable de l'application d'une loi, de
déléguer une part importante de ses responsabilités au
secteur privé, tout en assurant une surveillance adéquate.
Outre le fait que toute la question de la planification
financière a fait l'objet d'une étude systématique de la
part de la commission depuis les deux dernières années et que cet
organisme a réuni beaucoup d'informations et acquis une bonne
connaissance de ces problèmes, il convient de souligner, que, dans le
cas des pays ayant des marchés financiers développés et,
en particulier, dans le contexte nord-américain, ce sont les commissions
de valeurs mobilières qui réglementent déjà cette
activité ou qui sont les mieux préparées pour le
faire.
En octobre 1987, le ministre délégué aux Finances
et à la Privatisation énonçait les objectifs, principes
directeurs, et plan d'action de la réforme des institutions
financières qu'il voulait poursuivre au Québec. Cette
réforme imposante est en bonne voie et doit être menée
à terme. Toutefois, plusieurs volets importants restent à
réaliser. Il en est ainsi, par exemple, pour la refonte de la Loi sur
les caisses d'épargne et de crédit de même que pour
l'adoption d'une loi-cadre sur les holdings. Cette loi-cadre aura, notamment,
pour importante fonction de "faire en sorte que la réglementation
applicable au secteur financier québécois puisse assurer la
liquidité et la solvabilité des entreprises, de manière
à ne jamais compromettre la protection du consommateur". Ainsi, l'un des
objectifs principaux de cette loi sera d'identifier et de compenser, par une
réglementation efficace, les risques de système qui
découlent du décloisonnement des activités des
institutions financières traditionnelles et de leur intégration
au sein d'un même conglomérat de sociétés.
Comme le soulignait un forum récent de l'OCDE, ces risques
systémiques, qui proviennent aussi des activités internationales
grandissantes des institutions financières, doivent être
évalués avec soin et couverts adéquatement, si l'on veut
éviter un effet de cascade en cas de difficultés dans un secteur
financier particulier. La commission estime que la réforme des
institutions financières doit se poursuivre parallèlement
à celle des activités de leurs représentants. (17
heures)
Pour terminer, Mme la Présidente, la Commission des valeurs
mobilières du Québec recommande: premièrement, de
confirmer le modèle de réglementation par fonction
financière et de laisser la responsabilité exclusive du
contrôle de l'exercice de cette activité à la
Commission des valeurs mobilières; deuxièmement, de
maintenir le lien de responsabilité directe entre le courtier en valeurs
mobilières et son représentant, même si ce dernier exerce
son activité au sein d'une équipe ou d'un cabinet
multidisciplinaire; troisièmement, de permettre le cumul d'inscriptions
aux représentants des institutions financières, pourvu que les
produits ou services financiers offerts soient complémentaires, et de
maintenir l'interdiction du cumul pour les représentants de plein
exercice; quatrièmement, d'interdire le partage des commissions
gagnées par les membres d'un cabinet multidisciplinaire qui n'exercent
pas dans le même secteur, seule une rémunération sous forme
de frais de référence devrait être permise;
cinquièmement, que, si le gouvernement décide de le créer,
le superconseil ait un rôle exclusivement consultatif et que la
commission, l'Inspecteur général des institutions
financières et tous les intervenants des divers secteurs financiers en
fassent partie; sixièmement, de ne pas retenir l'idée de
créer un conseil des valeurs mobilières, étant
donné qu'il existe déjà un organisme de
réglementation et des organismes d'autoréglemen-tation dans ce
secteur; septièmement, à l'égard de la planification
financière, de retenir le principe de réglementer cette
activité par une loi-cadre prévoyant la reconnaissance
éventuelle d'un organisme d'autoréglementation de même que
la délégation de certains pouvoirs et responsabilités
à celui-ci par un organisme gouvernemental responsable; de retenir le
principe de confier l'application de cette loi à la commission et,
finalement, de donner à la commission le mandat de préparer un
avant-projet de loi sur la planification financière.
Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Oionne): Merci M. Guy. M. le
ministre.
M. Fortier: Mme la Présidente, je remercie la Commission
des valeurs mobilières du Québec d'être venue en commission
parlementaire, parce que je crois que votre contribution comme organe
régulateur permet de donner un éclairage différent de ceux
qui nous viennent des membres de l'industrie parce que, de toute
évidence, vous regardez la chose en tant que régulateurs dans un
secteur que vous connaissez bien et, donc, je crois que votre contribution va
nous permettre de donner un éclairage plus complet sur les
problèmes éventuels.
En gros, je crois que vous dites oui, au décloisonnement; oui aux
cabinets multidiscipli-naires, avec certains problèmes. En ce qui
concerne le cumul de permis, plusieurs intervenants, et je crois que j'accepte
leurs commentaires, disent: Oui, mais soyez prudents, et c'est un peu ce que
vous dites. Alors, dans le fond, je crois qu'on s'en va un peu beaucoup dans la
même direction. Il s'agit d'harmoniser - c'est le "fine tuning" - les
façons de faire, l'extension des permis, de quelle façon on va
réglementer.
Pour éviter toute équivoque, je pense bien que j'aimerais
dire tout de suite, parce qu'on parle du superconseil, il est vrai que dans le
document on l'a évoqué, mais je croyais, par une phrase, avoir
dit assez clairement, parce qu'ici je dis, à la page 108: "Cette avenue
ne saurait être envisagée dans un avenir rapproché."
Autrement dit, cela a été évoqué bien plus pour
lancer la balle en disant: Bien, peut-être plus tard. Mais, en tout cas,
plus tard ce n'est pas tout de suite. Alors, on n'a aucune intention, pour le
moment, de créer un superconseil dans le domaine des institutions
financières et, d'ailleurs, vous pouvez facilement voir, vous qui suivez
ce qui se passe en Grande-Bretagne, que nous avons l'intention de partir
plutôt de la base en remontant, et, si jamais il faut arriver à un
superconseil dans cinq ou dix ans d'ici, on le fera.
En Grande-Bretagne, ils ont commencé par créer le
superconseil, ensuite ils ont voulu créer des organismes qui s'en
allaient vers en bas, mais avec tous les problèmes que cela crée,
avec toutes les critiques qui sont faites dans le moment sur
l'hyperréglementation du système de la réglementation dans
le secteur des institutions financières en Grande-Bretagne, eux qui n'en
avaient à peu près pas et où la loi traditionnelle
britannique de règlements non écrits faisait loi. Alors, non, on
n'a pas l'intention de s'en aller vers le superconseil immédiatement.
Mais j'imagine que, si on a une vision des choses, on peut prévoir que
dans... en tout cas. On va commencer par marcher avant de courir et plus tard
cela pourrait venir, mais ce n'est pas pour le moment.
En ce qui concerne le conseil des valeurs mobilières, je me
demandais où vous aviez pris cela parce que dans mon esprit
c'était très clair que ce qui était proposé,
c'était trois conseils: un conseil dans le domaine de l'assurance de
personnes, un conseil probablement dans le domaine de l'assurance de dommages
et un conseil dans le domaine de la planification financière. Mais je
remarque que, oui, à un endroit, il y a une petite phrase qui dit:
"...et valeurs mobilières le cas échéant." Mais ce
n'était pas réellement dans notre esprit, donc, c'est
écarté. On écarte donc le superconseil, on écarte
le conseil en valeurs mobilières pour le moment, quoiqu'on entendra, je
crois ce soir, un courtier qui vient nous dire qu'il devrait y en avoir un. En
tout cas, ce n'était pas dans notre intention, à moins que des
gens ne nous démontrent que ce serait extraordinaire. Pour le moment, je
crois que notre approche est plutôt pragmatique pour fonctionner avec ce
qui marche déjà en s'apercevant bien, par les commentaires de
votre document et par la vision qu'on peut avoir des choses, qu'avec le
décloisonnement, de plus en plus, il y aura des "overlaps" - excusez-moi
l'expression - mais il va y avoir de plus en plus d'entrechocs entre les divers
secteurs des institutions financières et d'autres secteurs des
institutions financières, entre les valeurs mobiliè-
res, l'assurance-vie et l'assurance de dommages, les courtiers en
valeurs et la planification financière. Donc, le décloisonnement
va rendre la fonction du régulateur, quel qu'il soit, plus complexe,
comme votre mémoire, d'ailleurs, en fait état, et je pense qu'on
va vivre avec cette plus grande complexité. Mais il s'agit de savoir de
quelle façon la Commission des valeurs mobilières et
l'inspecteur, d'autre part, vont fonctionner, même s'il pourrait y avoir
des "overlaps" qui se produiraient à l'occasion.
Tout cela pour dire qu'il est vrai que, dans l'avenir, étant
donné ces superpositions de responsabilités qui vont venir de
certaines situations, il va falloir trouver des moyens de les régler au
fur et à mesure, mais qu'on ne peut pas tout régler d'avance.
J'accepte d'emblée ce que vous dites à savoir qu'il faudrait bien
que la Commission des valeurs mobilières ait juridiction sur les
courtiers en valeurs mobilières. Je pense qu'on le dit dans notre texte.
Je pense bien que c'est dans cette direction qu'on va. On pourrait penser que
dans un cabinet multidisciplinaire, il va y avoir éventuellement une
plainte, non pas contre un individu mais contre un cabinet, et, à ce
moment-là, on va être obligé de se poser la question: Qui
va entendre la plainte? A priori, je pense bien que je serais porté
à dire que si c'est un cabinet multidisciplinaire où le courtier
en valeurs mobilières a prédominance, vous devriez avoir
juridiction. En tout cas, on pourra en discuter plus à fond. Notre
intention, c'est de faire en sorte que la commission continue son travail de
régulateur sur les courtiers en valeurs mobilières.
Alors, donc, je crois que c'est plutôt du... J'ai l'impression
qu'on s'en va dans la même direction, mais c'est plutôt... Vous
semblez exprimer une plus grande crainte que nous sur les cabinets
multidisciplinaires. Vous exprimez une crainte en particulier sur le
franchisage des cabinets multidisciplinaires. Je dois admettre que, dans notre
texte, on ouvre beaucoup la porte. Mais dans notre esprit, c'était
plutôt, disons, pour les courtiers d'assurances qui voudraient se
regrouper. Il y aurait peut-être une possibilité pour un courtier
d'assurances générales de jouer le rôle de courtier
d'assurances généraliste ou maître qui pourrait donner du
franchisage à des courtiers plus petits, surtout si on pense...
Là, ce que je voudrais vous exprimer, c'est que notre
préoccupation était de permettre à des petits courtiers
d'assurances, surtout en régions, de se regrouper, de se donner des
moyens avec l'informatique, avec les ordinateurs, des moyens de
publicité. C'est la raison pour laquelle les courtiers, hier, le
Regroupement des courtiers en particulier, se sont dits favorables à
cette ouverture parce qu'il est bien certain qu'avec le décloisonnement
des compagnies et des institutions financières elles-mêmes, le
petit individu, le petit intermédiaire qui fonctionne seul en
régions va se sentir très très petit. Donc, il faut lui
donner des moyens de se regrouper et c'est la raison pour laquelle je crois
qu'en général, lorsqu'on lit les mémoires, on
s'aperçoit que les courtiers d'assurances et que d'autres voient cette
possibilité de se regrouper soit entre eux ou soit de se regrouper avec
d'autres intermédiaires pour former des groupes un peu plus forts face
à la compétition qui s'en vient. C'est pour cela qu'on est
à un différent palier de crainte. Vous exprimez plus de crainte
que nous n'en exprimons sur les problèmes qui surviendront dans
l'avenir. Mais c'est là, je crois, qu'il va falloir trouver
l'équilibre parce que vous nous dites: Bien, les valeurs
mobilières, c'est bien différent du reste. Quand même, si
on permet les cabinets multidisciplinaires, il va bien falloir qu'ils vivent
ensemble.
J'accepte, d'autre part, vos commentaires très pertinents sur la
protection de l'information et sur la divulgation des liens. Dans notre
mémoire, d'ailleurs, nous parlons abondamment de la divulgation des
liens, de la divulgation des intérêts qu'un représentant
peut avoir. De toute évidence, si un cabinet multidisciplinaire existe,
il va falloir que, si un membre du cabinet fait affaire avec un client, il
indique très clairement qu'il est associé avec un cabinet
multidisciplinaire. C'est pour cela, en général, que je
considère qu'on s'en va dans la même direction et je vais laisser
mon collègue, le député de Lévis, poser des
questions. Je reviendrai, peut-être, avec mes autres collègues
ici. Mais je peux vous dire que dans l'ensemble, j'ai l'impression qu'on s'en
va dans la même direction, quitte à ajuster la façon dont
cela pourra se faire. Merci.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aimerais savoir... le terme exact qu'emploie le
ministre quand il parle d'entrechocs et "d'overlap"...?
M. Fortier: C'est le problème qui va survenir... Non, mais
c'est une question importante et peut-être que le président de la
Commission des valeurs mobilières pourrait... C'est que,
traditionnellement, quand un courtier ne faisait que du courtage et qu'un agent
d'assurance-vie ne vendait que de l'assurance-vie et qu'un courtier
d'assurances générales ne vendait que de l'assurance
générale, il est bien évident que c'était plus
facile de dire: Celui qui supervise le courtier en valeurs mobilières,
c'est la Commission des valeurs mobilières; celui qui supervise le
représentant dans le domaine de l'assurance-vie, c'est telle personne et
celui qui supervise le représentant en assurances
générales, c'est l'inspecteur, ou enfin un corps
délégué. Mais, lorsqu'on permet à tous ces
gens-là de faire un peu le travail de l'autre, de travailler ensemble,
d'aller chercher des permis additionnels, il est bien certain qu'on doit se
poser la question à un certaine moment. Étant donné cet
"overlap" de responsabilités, étant donné qu'on
va leur accorder des permis additionnels, il est certain qu'on doit se
poser la question: Lequel des deux régulateurs entre la Commission des
valeurs mobilières ou l'inspecteur doit intervenir? Il va y avoir des
cas limites. Ce que je dis, dans le fond, c'est qu'il va y avoir des cas
limites où on va se poser la question. Mais, j'imagine que si on se
parle et si on travaille un peu ensemble, on va régler les
problèmes. On va essayer de les régler avant de mettre cela en
marche, mais on ne pourra pas régler tous les problèmes. Je ne
sais pas, peut-être que le président voudrait commenter
là-dessus.
La Présidente (Mme Dionne): M. Guy.
M. Guy: Mme la Présidente, je pense que M. le ministre a
raison. En fait, dans la mesure - je ne sais pas - où on adopte le
principe de la réglementation par fonction, c'est évident que les
dédoublements vont être réduits au minimum, mais il en
restera toujours quand même un certain nombre. Je pense que c'est
inévitable. Il s'agit quand même, qu'on le prenne au niveau du
Québec ou ailleurs, d'organismes qui ont en quelque sorte une mission
différente et des fonctions différentes. Il y aura toujours un
certain dédoublement qui va rester, même si ce dédoublement
devrait quand même être réduit au minimum. On ne pourra pas
l'éliminer complètement, ce qui fait qu'il en restera toujours un
peu. Il s'agit de s'entendre ensemble sur la façon de réduire ce
dédoublement au minimum.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'ai remarqué, Mme la Présidente, que
l'ancien président de la Commission des valeurs mobilières, Me
Gérald Lacoste, qui était ici, disait la même chose que le
mémoire qui est aujourd'hui devant nous, soit la réglementation
par fonction.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Vous parlez du mémoire de la COVAM?
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Oui. Alors, je remarque que les gens qui viennent du
secteur des valeurs mobilières semblent tous voir cela pas mal de la
même façon, par fonction ou par produit. Par ailleurs, il y a une
chose qui me frappe, ici, dans le mémoire. C'est la dernière
recommandation, où la commission demande le mandat de préparer un
avant-projet de loi sur la planification financière. Qu'est-ce que vous
pensez de cela?
M. Fortier: Là, il s'agit d'entendre la commission. Je
vous répondrai une fois qu'on aura entendu la commission. Ha, ha, ha! Ce
n'est pas moi qui présente un mémoire, c'est le président
de la Commission des valeurs mobilières.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: La commission juge important de demander le mandat de
préparer un avant-projet de loi sur la planification financière.
Pourquoi?
La Présidente (Mme Dionne): M. Guy.
M. Guy: Mme la Présidente, je pense qu'il y a plusieurs
raisons. Les principales, en ce qui concerne la planification
financière, au moins en Amérique du Nord, c'est un secteur qui,
lorsqu'il est réglementé, est réglementé par les
commissions des valeurs mobilières. Ce sont les commissions des valeurs
mobilières, je crois, qui ont la plus grande expertise, sinon une
expertise unique, en matière d'autoréglementation. Il y a
également le fait qu'il existe un réseau efficace de
collaboration et de coordination entre les organismes de réglementation
en matière de valeurs mobilières et, pour ajouter peut-être
le facteur le plus important, la partie, en fait, de la planification
financière qui est la plus risquée, c'est la partie de conseil en
valeurs mobilières. Dans les autres domaines, c'est quand même un
risque limité qu'on peut toujours modifier le lendemain matin ou les
jours suivants, c'est-à-dire que si on contracte de l'assurance ou autre
chose, on peut toujours changer d'idée. (17 h 15)
En valeurs mobilières, une fois que l'ordre est donné au
courtier ou que le courtier s'est trompé et qu'il a donné un
mauvais conseil, on ne peut plus revenir là-dessus et on peut avoir
perdu des sommes d'argent importantes. Je n'ai pas les chiffres exacts, mais
dans une étude qui est citée dans le rapport de M. Fortier, on
donne, je crois, selon une étude assez exhaustive qui a
été faite aux États-Unis, que c'est moins de 10 %, je
crois, de la planification financière qui n'inclut pas de conseils en
valeurs mobilières. Presque toute la planification financière qui
est faite inclut des conseils en valeurs mobilières et comme je le dis,
c'est la partie la plus risquée de l'affaire. Je pense que c'est la
raison pour laquelle la commission considère que ce sont ces secteurs
qui devraient être réglementés, en fait. Nous croyons que
la commission est l'organisme le plus habilité à le faire.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Guy. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Vous faites aussi référence dans votre
mémoire au fait que, dans le livre gris je pense, avec une barre bleue,
d'octobre 1987 sur la vision du nouveau ministre responsable des
institutions financières sur la réforme des institutions
financières, on parle de deux lois qui vous apparaissent importantes et
dont on attend toujours le dépôt: la loi des caisses
d'épargne et de crédit et la loi-cadre sur les holdings qui,
dit-on, devrait être préparée pour tracer les balises
nécessaires pour atteindre les objectifs qui avaient été
mentionnés précédemment à la page 66 du document
d'octobre 1987.
Pourquoi la loi sur les caisses d'épargne et de crédit et
surtout la loi sur les holdings, dont on n'a plus beaucoup entendu parler par
la suite, vous apparaissent-elles importantes?
M. Guy: M. le Président, c'est parce que cela fait partie
de l'ensemble de la question du décloisonnement. Par rapport à la
loi sur les holdings, à cause de l'expérience qu'on a avec les
autres organismes de réglementation en matière de valeurs
mobilières, on sait qu'il y a quand même eu une augmentation assez
forte des risques du système depuis le décloisonnement; pas
seulement ici. Le décloisonnement en Europe et ailleurs a
augmenté considérablement les risques de ce système.
C'est-à-dire que jusqu'à maintenant, à cause
d'associations entre institutions financières et courtiers, dans
certains cas, entre des sociétés très importantes qui
exercent des fonctions dans plusieurs secteurs d'activités
financières, on a augmenté les risques. Il s'agit quand
même de s'assurer qu'on va bien contrôler ces risques. Il nous
apparaît important à la commission qu'on essaie de
déterminer comment on va fonctionner dans le système.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Quel est le genre de vide qu'on pourrait trouver s'il
n'y avait pas de loi sur les holdings?
M. Fortier: Je peux vous dire ce qu'on a l'intention d'inclure
dans la loi sur les holdings.
M.Garon: Est-ce que...
M. Fortier: Cela n'a rien à faire avec... Concernant la
loi sur les holdings, je voudrais juste préciser, cela avait
été évoqué dans le livre blanc, donc je n'ai pas
annoncé de moment pour cela. On expliquait dans le livre blanc sur les
institutions financières que nous étions favorables aux liens
commerciaux, mais avec une réserve. De toute évidence, il y a
certains problèmes, il y a des risques à permettre les liens
commerciaux, et c'est la raison pour laquelle nous avions évoqué
cette loi éventuelle et l'exemple qu'on avait en tête était
que si on permettait, disons, à un groupe comme La Laurentienne ou
L'Industrielle-Alliance d'avoir des liens commerciaux, nous avions en
tête le schème, disons, de Power Corporation où, d'un
côté, il y a un groupe d'institutions financières et, de
l'autre côté, des industries commerciales et industrielles,
d'où la nécessité, si on voulait permettre les liens
commerciaux, de définir la ségrégation entre le groupe
d'institutions financières et l'autre groupe qui serait le secteur
commercial et industriel et de quelle façon les liens pourraient
être faits entre eux.
C'est donc très important pour l'inspecteur qui réglemente
et qui veut sauvegarder la santé financière des institutions
financières. Je ne crois pas que cela ait un impact très
important en ce qui concerne le débat que nous avons cet
après-midi. C'est votre opinion, mais je ne croyais pas que... C'est
vrai que ce sera une pièce importante de la réforme, mais
ça ne touche pas beaucoup les intermédiaires comme tels.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Dans le propre document du ministre, on dit: "Quoi
qu'il en soit, la politique du Québec doit chercher à - je vais
au quatrième paragraphe - faire en sorte que la réglementation
applicable au secteur financier québécois puisse assurer la
liquidité et la solvabilité des entreprises, de manière
à ne jamais compromettre la protection du consommateur."
M. Fortier: Oui, on peut parler de cela dans le sens de la
santé des institutions financières, mais là on parle des
intermédiaires. Je ne vous dis pas que ce n'est pas important. Ce que je
vous dis c'est qu'il y a un lien, bien sûr, entre les institutions
financières et les intermédiaires, mais là, le
débat que nous avons ici, cet après-midi, c'est sur le
décloisonnement d'intermédiaires qui, très souvent, sont
autonomes vis-à-vis des institutions financières comme
telles.
M. Garon: ...non...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: ...c'est-à-dire qu'on a vu que par rapport aux
courtiers et aux caisses d'épargne et de crédit, les courtiers
tiennent à ce que les choses soient clarifiées de leur point de
vue comme intermédiaires. Par rapport aux lois sur les caisses
d'épargne et de crédit, régulièrement on voit dans
les journaux que ces dernières ont hâte d'avoir leur nouvelle loi.
Si on parle d'un ensemble ou d'une loi sur les fiducies, sur les assurances,
sur les intermédiaires financiers, sur les planificateurs financiers et
sur les caisses d'épargne de crédit, le maillon de la
chaîne, c'est une loi sur les holdings. Elle n'est pas là et vous
dites vous-même - ce n'est pas moi qui dis cela, c'est votre livre blanc
- que c'est nécessaire pour ne jamais compromettre la protection du
consommateur.
M. Fortier: Écoutez, dans la mesure...
La Présidente (Mme Dionne): Je m'excuse...
M. Fortier: Dans la mesure, M. le député, où
on veut permettre les liens commerciaux, mais dans le moment ce n'est pas
permis. Dans le moment, le groupe La Laurentienne ne peut pas avoir de liens
commerciaux; L'Industrielle-Alliance ne peut pas avoir de liens commerciaux
dans le moment. Donc, pour le moment, il n'y a pas de problème. Mais
dans la mesure où on voudrait le permettre, il faudrait avoir un outil
pour le permettre, mais cela n'a rien à faire avec le débat que
nous avons cet après-midi. Là, on parle du développement
des institutions financières ou de groupes des institutions
financières comme tels. Le débat que nous avons cet
après-midi parle du décloisonnement des intermédiaires de
marché, c'est-à-dire des individus, qu'il agisse à titre
individuel ou sous une personne morale et qui est un intermédiaire entre
un client et une institution financière. Le courtier en valeurs
mobilières en est un; l'agent d'assurance-vie en est un autre, ainsi que
le courtier en assurance-vie, le courtier en assurance de dommages. Alors, le
débat que nous avons aujourd'hui n'est pas sur le décloisonnement
des institutions comme telles, c'est sur le décloisonnement des
intermédiaires. Cela s'entrecoupe.
M. Garon: Vous avez dit que l'un était le pendant de
l'autre.
M. Fortier: Bien oui. M. Garon: Alors...
M. Fortier: On ne peut pas tout faire en même temps.
M. Garon: C'est comme une porte avec seulement une penture. Cela
ne marche pas...
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre et M. le
député de Lévis, j'aimerais vous rappeler que nous sommes
ici pour...
M. Fortier: Entendre.
La Présidente (Mme Dionne): ...entendre et profiter de
l'expertise de nos invités. Votre temps est malheureusement
écoulé. M. le ministre, c'est à votre tour. M. ie
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: S'il vous plaît! Merci, Mme la
Présidente. À la page 18 de votre document, M. le
président de la Commission des valeurs mobilières du
Québec, je lis: "II serait également inopportun de permettre le
regroupement en multidisciplinarité de fonctions de type conseiller et
de type fournisseur de produits." J'aimerais que vous nous donniez un exemple
de ce à quoi vous faites allusion. Le type conseiller, je suppose que
c'est le courtier en valeurs mobilières et le type fournisseur de
produits, vous devez, je pense, référer à
différents produits financiers autres que les valeurs mobilières.
Est-ce que je vous comprends bien lorsque vous écrivez ce
paragraphe?
La Présidente (Mme Dionne): M. Guy.
M. Guy: Mme la Présidente, premièrement, je crois,
pour préciser qu'il ne s'agit pas nécessairement d'un courtier,
mais d'un conseiller en valeurs, c'est-à-dire que si on avait un
conseiller en valeurs, notamment un gestionnaire de portefeuille ou quelqu'un
qui donne des conseils en valeurs mobilières et qu'il aurait en
même temps un fournisseur de produits, c'est-à-dire une autre
personne qui placerait des produits financiers, pas nécessairement
autres que des produits financiers, cela pourrait être des produits
financiers, des fonds d'investissements, des actions et des obligations. En
fait, cela pourrait être des produits financiers, alors il y aurait un
risque accru en la personne qui conseille directement et la personne qui est
à côté et qui, en même temps, est chargée de
la vente de produits.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Dans la même page 18, quand vous vous
opposez à ce qu'il y ait partage de commissions et que vous
suggérez, en lieu et place, sous forme de rémunération,
des frais de référence, est-ce qu'on ne doit pas comprendre que
s'il y a un cabinet multidisciplinaire qui existe, que ce sera une corporation
qui sera habituellement, dans 99 % des cas, l'entité légale,
propriétaire des actifs et des meubles meublants et que les revenus
seront partagés, ils sont entre les employés, et les dividendes
à la fin de l'année, s'il y a lieu? Quel est le problème
d'éthique ou le problème économique qu'on peut rencontrer,
s'il y a partage d'une assiette générale qui est un revenu
corporatif? J'ai de la difficulté à saisir les gros
problèmes qu'on pourrait avoir. Expliquez-moi cela.
La Présidente (Mme Dionne): M. Guy.
M. Guy: Mme la Présidente, ici on ne parle pas du partage
entre la société même et une autre. Je pense que cela ne
pose pas de problèmes sur ce plan. C'est le partage des individus,
c'est-à-dire des représentants. Pour donner un exemple: Un
représentant en valeurs mobilières qui ferait partie d'un cabinet
multidisciplinaire où on pourrait avoir un agent d'assurances, un agent
d'immeubles, en fait, d'autres spécialités. Le problème
avec cela, s'il y a partage des commissions, en fait, c'est une incitation aux
autres membres du cabinet à solliciter des
clients, d'essayer de convaincre leurs clients de faire plus
d'opérations pour augmenter la somme des commissions de façon que
le partage soit plus important, que leurs rémunérations
augmentent, tandis qu'en ce qui concerne les frais de référence,
on n'a pas le même problème. C'est-à-dire qu'il existe
actuellement, dans les ententes de réseaux, entre certaines institutions
et certains courtiers, des frais qui sont payés pour chaque client,
notamment, qui est...
M. Bélisle: Votre...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci, Mme la Présidente. Je pense que
la réponse de M. Guy, avec tout le respect que je vous dois, n'est pas
conforme à l'approche d'un individu qui va aller trouver un cabinet
multidisciplinaire. Lui ne s'attend pas à rencontrer un courtier en
valeurs dans une case a, avec une commission a-1 à payer, et dans la
case b, un courtier d'assurances avec une commission b-1 à payer. C'est
un service multidisciplinaire qu'il va vouloir avoir. C'est cela le
décloisonnement. Or, les sommes qui sont générées
par une planification générale, par la vente d'un produit ou d'un
autre produit, il me semble qu'il faut prendre cette masse de revenus, la
mettre comme revenu de corporation, comme cela le sera dans 99 % des cas. Je ne
pense pas que les gens vont pratiquer comme tout le monde va le faire ou tout
le monde le fait présentement. Comme dit M. le ministre: Un petit
salaire et des gros dividendes. La Loi sur les impôts est ainsi, c'est
comme cela qu'il faut faire.
Mais je ne comprends pas votre crainte de voir un cabinet essayer de
survendre à un client. Parce que la concurrence peut toucher ce cabinet
très rapidement. Il va tout de suite se dire, sur le marché,
qu'il y a eu une survente à un client dans tel cabinet et que tu ferais
mieux d'aller voir tel autre cabinet qui demande moins cher et où les
honoraires sont moins chers. Je pense que le marché va
s'équilibrer dans tout cela. Je ne comprends pas votre objection encore
une fois.
La Présidente (Mme Dionne): M. Guy.
M. Guy: Je m'excuse, Mme la Présidente. Je pense qu'on ne
doit pas voir le cabinet multidisciplinaire dans l'abstrait. Je présume
et enfin si je me trompe, vous pourriez me le dire, ce sont quand même
des individus à l'intérieur de ce cabinet. Il n'y aura pas une
personne qui aura la compétence en tout, c'est-à-dire une
personne qui va être capable de conseiller les clients en assurances, en
immeuble, en valeurs mobilières et en tout autre produit. Je
présume que ce sont des personnes qui vont avoir une compétence,
une spécialité, qui vont conseiller le client parce que
autrement, cela m'apparaît très difficile. Déjà en
valeurs mobilières, comme je l'ai déjà mentionné,
il y a très peu de représentants chez les courtiers qui sont
capables de conseiller leurs clients sur des options ou sur des marchés
à terme parce que cela prend une préparation professionnelle
beaucoup plus étendue pour faire cela. Je ne pense pas qu'il y ait une
personne capable de posséder toute !a science.
L'autre aspect qui est important, je pense, c'est que j'ai
expliqué tout à l'heure, en réponse à une autre
question, que le niveau de risque n'était pas le même. En valeurs
mobilières, on a un niveau de risque qui est immédiat,
c'est-à-dire qu'une fois l'opération terminée, si on se
trompe, si on n'a pas eu le bon conseil, on ne pourra pas revenir en
arrière et dire: Je veux changer cela, je veux annuler ma police
d'assurances, je veux faire autre chose. On ne peut pas faire cela en valeurs
mobilières. Le risque en valeurs mobilières est beaucoup plus
élevé que dans les autres secteurs. C'est un risque
immédiat et c'est irréversible. Je pense que c'est ça la
crainte de la commission, que dans la mesure où on parle des valeurs
mobilières à l'intérieur d'un cabinet multidisciplinaire,
il faut quand même s'assurer qu'il n'y aura pas de sollicitation accrue
du fait qu'on veut bénéficier des commissions
supplémentaires.
M. Bélisle: J'ai bien écouté votre
réponse...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Mille-Îles. (17 h 30)
M. Bélisle: ...et je ne suis pas convaincu de ce que vous
dites. Quant à mon dernier point, à la page 18 toujours, parce
qu'il y a beaucoup de substance à la page 18, vous dites, au bas de la
page: "Les dossiers de clients devraient être de nature confidentielle et
ne devraient pas être remis à d'autres intervenants
exerçant leur fonction au sein d'un même cabinet
multidisciplinaire. De plus - vous continuez à la page 19 - ils
devraient être conservés de manière distincte". Pourquoi?
Si je vais à un cabinet multidisciplinaire, si je mets mes états
financiers sur la table, si j'explique ma situation et qu'il y a quelqu'un qui
travaille dans une corporation ou dans une société qui est une
entité, qui est un cabinet multidisciplinaire, pourquoi serais-je
astreint à une règle de confidentialité de ne pas
transmettre à quelqu'un qui travaille dans la même entité
juridique que moi des informations pour compléter le tableau et le
service que je donne au client? Je ne comprends pas.
La Présidente (Mme Dionne): M. Guy.
M. Guy: Mme la Présidente, vous pouvez être
très confortable avec cela. Moi, c'est possible que je ne le sois pas.
Je pense que cela dépend du client. La plupart des clients en valeurs
mobilières sont très désireux, de conserver la
confidentialité de ce qu'ils font en valeurs mobilières. C'est
possible qu'il y ait un certain
nombre de clients - et cela, je ne le nie pas - qui n'insistent pas sur
cette confidentialité-là, mais la plupart insistent et c'est une
raison pour laquelle, notamment, dans le système de transmission des
documents annuels des entreprises qui a été mis en place, on n'a
pu mettre en place un système de transmission directement de
l'émetteur à l'actionnaire, parce que les courtiers ne voulaient
pas, en aucune façon, que les noms de leurs clients puissent être
transmis à l'émetteur. De toute façon, on a mis en place
un système qui est un peu détourné, pour tenir compte de
cette raison-là. Alors, cela m'apparaît une question quand
même importante pour la plupart des clients.
M. Bélisle: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Dionne): Cela va?
M. Bélisle: Cela va.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Alors, moi, j'aurais quatre questions. Il me reste dix
minutes. Ha, ha! Je dis cela pour avoir le temps de poser mes quatre
questions.
Dans votre logique de maintenir un certain cloisonnement dans le secteur
des valeurs mobilières, vous proposez que l'élargissement des
activités des courtiers en valeurs se fasse par la vente de produits
complémentaires. Pourriez-vous étayer davantage cette proposition
et identifier les produits que les courtiers n'offrent pas actuellement et
qu'ils pourraient offrir?
La Présidente (Mme Dionne): M. Guy.
M. Guy: Mme la Présidente, quand on parle de produits
complémentaires, on en mentionne quelques-uns. Dans le secteur notamment
des contrats d'investissement, il y a des courtiers qui sont
spécialisés en contrats d'investissement, la plupart des
courtiers spécialisés en contrats d'investissement placent des
parts d'immeubles. En fait ils sont dans le secteur immobilier. Alors, il n'y
aurait pas trop de problèmes à ce qu'un représentant qui
est spécialisé dans les contrats d'investissement, disons
immobilier, puisse être agent d'immeubles, parce que c'est un secteur,
disons, qui est plus spécialisé et ce sont deux secteurs qui
iraient ensemble. La même chose, en ce qui concerne l'épargne
collective, les fonds d'investissement. Actuellement, il y a un cumul, en ce
qui concerne les fonds d'investissement et l'assurance-vie, notamment. Ce sont
deux secteurs, encore là, qui sont complémentaires. Il serait
très difficile de cumuler certains secteurs qui n'iraient pas du tout
ensemble.
M. Garon: À la page 14, quand vous parlez de la limitation
du nombre d'inscriptions: Quelles sont les mesures que vous proposez pour
limiter le cumul d'inscriptions?
Le Président (M. Cannon): M. Guy.
M. Guy: Mme la Présidente. Limiter, c'est encore, je
pense...
Le Président (M. Cannon): M. le Président... M.
Guy: Je m'excuse.
Le Président (M. Cannon): II n'y a pas de problème,
pas d'offense, pas d'offense...
M. Guy: Je m'excuse, M. le Président, là.
Le Président (M. Cannon): ...Ne vous en faites pas. De nos
jours, on ne sait plus de quel sexe les gens sont.
M. Guy: Non, non, mais... Ha, ha! Je m'excuse. Je n'avais pas
remarqué qu'on avait changé. Ha, ha!
Encore là, je pense qu'il s'agit d'un secteur que j'ai
expliqué tout à l'heure. Alors, Mme la Présidente...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Guy: ...le secteur des valeurs mobilières, c'est un
secteur complexe. Déjà les représentants en valeurs
mobilières ne sont pas capables de comprendre l'ensemble du
système des valeurs mobilières et il y en a très peu qui
le comprennent de façon adéquate, ce qui fait qu'il serait
difficile et dangereux, de permettre toutes sortes de cumuls et de permettre
à des représentants de faire toutes sortes de fonctions.
Dans la mesure où ce sont des fonctions complémentaires,
cela va. Dans la mesure où l'on n'est pas dans des fonctions
complémentaires, cela devient plus difficile. Dans la mesure où
l'on arrive avec des représentants que l'on appelle de plein exercice,
c'est-à-dire qui exercent toutes les fonctions chez un courtier et ils
sont capables de conseiller leurs clients sur tous les aspects du marché
des valeurs mobilières, il apparaît encore plus difficile à
ce représentant de cumuler d'autres fonctions.
La Présidente (Mme Dionne): Oui, M. le
député de Lévis.
M. Garon: À la page 18, vous parlez du partage des
commissions. Croyez-vous que l'interdiction du partage des commissions puisse
être une entrave importante au fonctionnement d'un cabinet
multidisciplinaire?
M. Guy: Mme la Présidente...
M. Garon: Mais là, par exemple, parce que j'ai entendu les
questions qu'a posées le député
de Mille-Îles, faites-vous une distinction entre le conseil et la
vente des produits dans les cabinets multidisciplinaires?
La Présidente (Mme Dionne): M. Guy.
M. Guy: Mme la Présidente, oui, on fait une
différence et là on peut tomber du côté de la
planification financière. C'est-à-dire qu'il y a deux sortes de
planifications financières: la planification financière où
la personne qui fait la planification n'est nullement impliquée dans la
vente d'aucun produit, c'est-à-dire que c'est un conseil, une
planification indépendante, et la personne qui fait une planification
financière et en même temps vend des produits, c'est-à-dire
qu'elle a un intérêt et bien souvent elle ne vend qu'un produit,
elle a un intérêt direct pour que la planification qu'elle fait
débouche sur l'achat de ce produit par son client. C'est évident
qu'il y a une différence. C'est un peu la même chose dans un
cabinet multidisciplinaire. Il y a une différence entre le conseil d'une
personne indépendante et le conseil d'une personne
intéressée et cela deviendra important dans ces cas-là,
bien entendu, de dire au client: Voici, je suis une personne
intéressée, parce que je vends tel produit. Cela devient
dangereux.
Sur le partage, je ne crois pas que ce soit un frein qu'il n'y ait pas
de partage de commissions. Il peut quand même y avoir le partage dans
l'entreprise. Cela ne pose pas trop de problèmes, que l'on partage entre
deux entreprises, mais entre les individus, le partage des commissions est
dangereux. Il peut y avoir des frais de référence qu'on appelle,
c'est-à-dire que si je réfère un client à un
courtier en valeurs mobilières ou à une société
d'assurances, je pourrais obtenir un montant fixe parce que j'ai
référé un client.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: C'est un peu comme un chauffeur de taxi qui
réfère un client à un hôtel. Il ne partage pas le
prix de la chambre, mais il peut avoir quelque chose pour avoir
référé un client à l'hôtel. Donc, c'est un
exemple simple.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Je ne fais pas allusion à rien d'autre qu'un
touriste qui arrive à la gare puis qui dit: Emmenez-moi à un bon
hôtel.
La Présidente (Mme Dionne): C'est ce qu'on avait compris,
M. le député de Lévis.
M. Garon: Si vous aimez mieux, un couple qui arrive à la
gare. On ne faisait pas cette distinction dans la question qu'a posée le
député de Mille îles. On parlait de cabinet
multidis-ciplinaire, mais c'est une affaire de conseillers où tous les
gens peuvent se réunir pour étudier un dossier et faire une
proposition. Mais vendre les produits c'est une autre affaire. Cela me frappe
avec ce que disait PACCOVAM, qu'au fond les responsabilités de fonctions
devraient être maintenues. Si vous avez vendu de l'assurance, vous gardez
vos responsabilités d'assurances; si vous avez vendu les valeurs
mobilières, vous gardez vos responsabilités, en fonction de votre
inscription sous ce chapeau. Mais on distinguait nettement entre le conseil et
la vente. Et je pense que c'est une façon de moins réglementer
pour rien. Si chacun mettait son chapeau. Si tout le monde peut mettre
n'importe quel chapeau, cela peut être compliqué.
Il y a un autre point sur lequel j'aimerais revenir. Croyez-vous que
l'adoption de la loi sur les caisses d'épargne et de crédit et de
la loi-cadre sur les holdings constitue un prérequis au
décloisonnement des intermédiaires financiers? Et la
réforme des intermédiaires financiers peut-elle se
réaliser efficacement sans une réforme complète des
institutions financières?
La Présidente (Mme Dionne): M. Guy.
M. Guy: Mme la Présidente, il m'apparaît très
difficile de répondre à cette question. J'ai expliqué tout
à l'heure que le décloisonnement, dans la mesure où on a
des groupes qui assument diverses fonctions financières qu'ils
n'exerçaient pas avant, augmentait les risques du système,
notamment si une société exerce maintenant une fonction par le
biais de l'acquisition d'une société de fiducie, une fonction en
valeurs mobilières par le biais de l'acquisition d'un courtier en
valeurs mobilières. C'est évident qu'on augmente les risques et
jusqu'à quel point son activité en valeur mobilière est un
risque pour le reste du système? Dans ce sens, comme M. Fortier l'a dit
tout à l'heure, ce n'est certainement pas à la commission de se
prononcer sur la question des liens commerciaux. On n'a rien à voir
là-dedans. Mais il reste que, et je crois que le ministre l'a dit tout
à l'heure, il devrait quand même y avoir des règles pour
savoir comment ce conglomérat, ce holding va exercer son activité
dans l'ensemble de façon à minimiser les risques du
système.
La Présidente (Mme Dionne): Merci. M. Garon: En
précisant les arrimages.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Guy: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Guy. Nous devons
donc conclure. M. le ministre.
M. Fortier: Merci. Je pense que cette contribution est
appréciée. On vous remercie.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je vous remercie également et je souhaite que
lorsque le ministre déposera son avant-projet de loi ou son projet de
loi au mois de septembre ou octobre, l'on puisse réentendre les
différents organismes pour qu'ils puissent réagir
vis-à-vis le projet concret plutôt que la discussion
générale des principes.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député de Lévis. M. Guy ainsi que vos collègues,
j'aimerais vous remercier au nom des membres de cette commission d'avoir bien
voulu vous présenter aujourd'hui devant nous. Je vous souhaite bon
voyage de retour.
M. Guy: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Nous entendrons la firme
Gescour inc. et je demanderais aux représentants de venir à la
table des témoins.
Je vais demander au porte-parole de la firme Gescour inc. de
s'identifier et de présenter les gens qui l'accompagnent.
Gescour inc.
M. Lévesque (Jacques): Mme la Présidente, messieurs
et mesdames les députés, mon nom est Jacques Lévesque. Je
suis président de Gescour inc. Ceux qui m'accompagnent sont, à ma
gauche, M. Bernard Bleau, président d'un cabinet de courtage important
de Montréal, en existence depuis 25 ans, M. Roger Giroux, à ma
droite, président du cabinet de courtage P.A. Boutin de Québec,
un cabinet très connu depuis 75 ans, M. Pierre Fecteau, à mon
extrême-droite, vice-président des ventes de Gescour et à
mon extrême gauche, M. Alban Asselin, vice-président aux relations
publiques du groupe Les Coopérants.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Lévesque.
Avant de débuter, j'aimerais vous rappeler les règles de la
commission. Vous avez 20 minutes pour présenter votre mémoire et
par la suite, il y aura 40 minutes d'échange de propos. Compte tenu de
l'heure, je dois vous mentionner que, sans consentement unanime, nous devrons
suspendre les travaux à 18 heures et vous pourrez compléter
à 20 heures. À vous la parole, M. Lévesque.
M. Lévesque (Jacques): Merci. Avant de débuter,
j'aimerais dire un mot de Gescour, qui est une compagnie nouvelle. Gescour est
une filiale à part entière du groupe les Coopérants. La
mission de Gescour est de faire de la distribution de produits d'assurances
IARD par l'entremise de courtiers membres et aussi, principalement avec le
décloisonnement des intermédiaires, de faire la distribution
d'autres produits financiers. Gescour fait affaire avec une centaine
d'assureurs. Son chiffre d'affaires est de l'ordre de 100 000 000 $, ce qui
représente environ 3 % de part du marché dans l'assurance de
dommages. L'actif de Gescour est de 35 000 000 $ et il y a chez ses courtiers
membres environ 325 employés. Nous sommes présents dans 21 points
de vente répartis un peu partout au Québec, c'est-à-dire
dans les principales régions: Rimouski, Québec,
Trois-Rivières, l'Estrie, la rive sud de Longueuil jusqu'à
Hun-tingdon, Laval, les Basses-Laurentides et Montréal. Gescour vend et
fournit des services à ses courtiers affiliés, des services
légaux, fiscaux, en informatique et administratifs. Gescour
désire pouvoir réunir tous les courtiers sous une même
bannière et veut être présente dans toutes les
régions du Québec. (17 h 45)
Le document de consultation sur le décloisonnement des
intermédiaires, publié en avril par le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation, dresse
un portrait réaliste de la situation des intermédiaires
financiers au Québec. Les questions qu'il soulève nous semblent
fondamentales et les réponses qui y seront apportées risquent
d'entraîner des changements très importants dans la façon
dont seront distribués les services et les produits financiers aux
consommateurs québécois à l'avenir.
La nature des opérations de Gescour fait en sorte que nos
commentaires visent principalement le secteur des courtiers d'assurance de
dommages. Nous avons limité nos commentaires afin que notre intervention
soit aussi brève que possible.
Bien que ce document ne fasse pas directement état d'une
implantation graduelle des réformes, l'ampleur des changements
proposés suggère qu'une période d'adaptation raisonnable
sera nécessaire.
Le courtier d'assurances de dommages se trouve aujourd'hui dans une
situation paradoxale. Bien qu'il desserve une partie importante du
marché des assurances IARD, soit 85 %, comme le souligne le document de
consultation, il est assailli par un nombre grandissant de nouveaux
intervenants qui s'attaquent à une partie importante de ses affaires,
les assurances des particuliers plus spécialement.
Cette branche constitue environ la moitié des assurances de
dommages du Québec. Par ailleurs, pour certains cabinets, elle
représente la presque totalité des affaires.
Le paradoxe tient au fait que la loi régissant les courtiers leur
interdit, à l'exception de la vente de l'assurance-vie, toute autre
activité professionnelle directe ou indirecte alors que les nouveaux
intervenants peuvent directement ou indirectement offrir une gamme de produits
fort étendue à leur clientèle y compris, bien entendu,
l'assurance de dommages.
Nous nous réjouissons donc des propositions
du ministre dans leur ensemble, mais en même temps, nous
souhaitons attirer l'attention du législateur sur certains
éléments qui nous apparaissent difficiles d'application ou
même, dans certains cas, contraires à l'intérêt du
consommateur.
L'élargissement des champs d'activité des courtiers
d'assurance de dommages est essentiel à leur survie. Nous souhaitons,
comme le ministre, que le courtier puisse offrir directement ou indirectement,
ou par le biais d'association ou d'affiliation à d'autres entreprises ou
individus, une gamme de produits et de services étendue et comparable
à celle de ses nouveaux concurrents. Cette gamme devrait comprendre
toutes les assurances de dommages, les assurances de personnes, les valeurs
mobilières, l'épargne collective, le courtage immobilier, les
produits financiers en général et notamment les obligations
d'épargne, les régimes enregistrés
d'épargne-retraite et les fonds enregistrés de retraite, les
certificats de dépôts, les dépôts à vue, les
hypothèques, les prêts personnels et commerciaux et les services
de planification financière et successorale.
En matière de produits financiers, nous n'avons pas objection
à ce que le courtier soit le mandataire d'une institution
financière. La notion d'exclusivité signalée cependant
à la page 82 du document de consultation, devrait, croyons-nous,
comporter certaines réserves. L'exclusivité ne devrait pas, selon
nous, être rattachée à une institution mais aux
institutions d'un même groupe ou d'un groupe sous gérance commune.
Ces ententes devraient par ailleurs être divulguées aux
autorités de contrôle mandatées à cet effet, comme
d'ailleurs l'indique le document de consultation. Il importe de noter cependant
que toute notion d'exclusivité serait inacceptable en matière
d'assurance tant du côté des assurances IARD que du
côté des assurances de personnes en se rappelant que le courtier
est le mandataire du client.
Nous appuyons la proposition voulant que le courtier puisse faire
l'expertise et régler les sinistres de ses clients s'il en a le mandat
de l'assureur.
Nous appuyons également la proposition voulant que le courtier
puisse faire la publicité tant de ses produits et de ses assureurs que
de son commerce comme tel.
Le regroupement de cabinets sous des bannières ou autrement sera
l'un des meilleurs moyens à la disposition des courtiers pour continuer
à jouer le rôle essentiel qu'ils jouent depuis si longtemps dans
la protection des actifs des consommateurs et des entreprises. Nous appuyons
donc cette proposition et l'ensemble des modalités qui l'entourent.
Les modalités portant sur l'empêchement des ventes
liées, la divulgation des liens existants entre les intervenants et la
confidentialité des renseignements personnels sont nécessaires au
développement ordonné des réseaux de distribu- tion.
Le partage des commissions est aussi essentiel à la
création de synergies efficaces et bénéfiques au
consommateur.
La rémunération des intermédiaires est en fonction
de plusieurs éléments qui rendent difficiles toute comparaison.
Ainsi, le producteur d'assurance-vie est rémunéré par des
commissions et des bonis dont les formules sont souvent fort complexes et
étalées dans le temps. Il serait sans doute impossible au
consommateur de s'y retrouver. Si par ailleurs on optait pour une divulgation
simpliste, l'on risquerait de fausser les règles du jeu et d'agir au
détriment du consommateur qui pourrait être tenté
d'abandonner des polices souscrites antérieurement et comportant des
avantages et des droits parfois irremplaçables.
Il en est de même en assurance de dommages. Si, par exemple, la
divulgation était limitée au simple taux de commission, on
risquerait de favoriser indûment les entreprises qui distribuent leurs
produits directement aux consommateurs et dont les frais de distribution sont
inclus sous d'autres rubriques. Le consommateur risquerait de faire son choix
uniquement en fonction d'une donnée peu significative et de se priver du
même coup des services de professionnels qui sont en mesure de lui
proposer un choix plus éclairé et correspondant mieux à
ses besoins.
Si le concept de divulgation de la rémunération des
intermédiaires était retenu, la simple équité
exigerait que tous les coûts reliés à la distribution
soient divulgués et ce, pour tous les types d'intermédiaires. Il
faut rappeler ici que l'assureur qui choisit de distribuer ses produits par
l'entremise de courtiers, transfère aux courtiers une partie des
fonctions qu'il devrait assumer lui-même s'il distribuait ses produits
directement aux consommateurs. La formation et le contrôle de
l'équipe de producteurs et la publicité ne sont que deux des
éléments n'apparaissant pas aux mêmes postes comptables
dans les formules de distribution directe ou par courtiers. Comment le
consommateur pourra-t-il nuancer son jugement lorsque d'une part il devra
comparer un taux de commission nul pour un assureur direct utilisant des
salariés et le taux de commission d'un courtier plaçant avec
Lloyd's alors que la commission doit couvrir l'émission de la police et
le règlement des sinistres en plus des autres coûts de
distribution?
Nous croyons que le consommateur a relativement peu
d'intérêt pour ces questions techniques. Dans le cas des risques
des particuliers, c'est beaucoup plus la prime totale et la qualité du
service qui le préoccupent que la distribution de revenus et des
dépenses de l'entreprise avec qui il transige.
Le cas des risques commerciaux et industriels mérite que l'on s'y
arrête. La divulgation de la rémunération du courtier dans
ce domaine serait une grave entrave à la liberté de com-
merce.
Pourquoi imposer au courtier d'assurances une règle qui aura pour
effet de dévoiler à ses concurrents les mécanismes de ses
relations avec les assureurs avec qui il transige? En quoi le client s'en
trouvera-t-il mieux protégé? Les formules de
rémunération entourant les risques commerciaux et industriels
sont souvent complexes et jalousement gardées. Les dévoiler
serait au détriment du client, à long terme.
La concurrence est déjà féroce dans ce secteur
d'activité. Elle est féroce tant entre les assureurs qu'entre les
intermédiaires. L'effet combiné des courtiers,
actuaires-conseils, gestionnaires de risques, assureurs et assurés fait
en sorte que déjà la rémunération du courtier est
souvent constituée d'honoraires et de commissions prenant une part
importante de la négociation des contrats. En exigeant la divulgation
des commissions, le législateur priverait le courtier de la mince marge
de manoeuvre dont il dispose, pour ce genre de risques, dans ses
négociations tant avec les assureurs qu'avec les assurés.
Nous appuyons sans réserve l'orientation voulant que toute
institution puisse acquérir et contrôler toute corporation
d'agents ou de courtage. Les obligations de divulgation, de rapport à
l'inspecteur général, de dépôt d'une caution et de
responsabilité des dirigeants sont acceptables et nécessaires
à un développement ordonné.
L'autoréglementation est la solution qu'il faut
privilégier dans un contexte de décloisonnement. Nous favorisons
un système où tous les intervenants seront
représentés. La difficulté principale, comme le signale le
document de réflexion avec à-propos, sera la mise en place d'une
structure permettant de désigner des représentants de tous les
secteurs aux divers conseils. Nous souhaitons qu'une solution soit
trouvée à la situation des agents d'assurance de dommages, car il
est essentiel qu'il n'y ait qu'un seul conseil des assurances de dommages
regroupant les agents, les courtiers et autres organismes de distribution et
les compagnies d'assurances.
L'Association des courtiers d'assurances pourrait y
déléguer ses représentants et la division du Québec
du Bureau d'assurance du Canada pourrait faire de même. Il reste à
trouver un mécanisme pour les agents et les autres organismes de
distribution.
Le système de permis par paliers proposé dans le document
de consultation est intéressant et mériterait d'être
approfondi et clarifié. C'est dans ce secteur du décloisonnement
que la période transitoire sera, à notre avis, la plus
importante.
L'exemple que nous présente le document laisse entendre que tous
les employés de bureau seraient assujettis à certaines
règles. Cela nous semble inopportun pour les individus dont les
fonctions ne touchent ni à la vente ni aux conseils à la
clientèle. Cependant, tout employé engagé dans la vente ou
aux conseils à la clientèle que ce soit en cabinet ou sur le
terrain, devrait être assujetti à des normes de compétence
pondérées en fonction de la complexité des affaires qu'il
traite.
Voilà, Mme la Présidente, l'essentiel de notre
réflexion. Nous vous remercions et nous sommes à votre
disposition.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Lévesque. M.
le ministre, nous avons quatre minutes.
M. Fortier: Est-ce que le député de Lévis
serait d'accord pour qu'on continue?
M. Garon: Je ne peux pas. M. Fortier: Non?
M. Garon: J'ai pris des engagements et c'est pour cela que...
M. Fortier: Jusqu'à quelle heure peut-on aller?
M. Garon: 18 heures. On recommence à 20 heures.
M. Fortier: Alors, je vais commencer, mais on va être
obligé de suspendre. Alors, vous reviendrez à 20 heures.
Par l'un des derniers points que vous venez de traiter touchant le
conseil des assurances, vous semblez indiquer que vous appuyez une des
propositions que nous avions faites, à savoir que se retrouvent au sein
du même conseil tous les intervenants pour qu'ils puissent discuter entre
eux de leurs problèmes, quitte à déléguer des
fonctions à différents groupes. Vous incluez là-dedans les
compagnies d'assurances. Les autres organismes de distribution, à qui
pensez-vous? Est-ce que vous pensez à des conseils? Je sais que d'autres
mémoires nous ont parlé de gens qui préparaient des devis
pour les municipalités, qui faisaient du conseil d'assurance sans avoir
aucun permis. Est-ce que vous pensez à ces gens-là? À qui
pensez-vous quand vous pensez à d'autres organismes de distribution?
La Présidente (Mme Dionne): M. Lévesque.
M. Lévesque (Jacques): On pense à des organismes
comme Gescour, M. le ministre.
M. Fortier: Pardon?
M. Lévesque (Jacques): On pense à des organismes
comme Gescour qui pourraient se développer avec le changement dans les
lois, qui pourraient se développer en plus grand nombre et qui
probablement auraient besoin, peut-être pas dans l'immédiat mais
dans le temps, d'être représentés.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: En ce qui concerne la divulgation des commissions,
votre point de vue est reçu avec beaucoup d'attention. Je pense bien
qu'il est vrai que cela va être très difficile pour ie commun des
mortels. Cela peut être difficile, en tout cas. C'est l'évaluation
qu'on devrait en faire. Comme vous le dites, pour les Lloyd's qui incluent
beaucoup de services, cela peut aller jusqu'à 40 %, 35 % ou 40 % et pour
d'autres, c'est 10 % ou 12 %. Alors, il va y avoir des variations assez
importantes. Mais la question que j'aimerais vous poser... Je sais qu'à
un moment donné, avant que je sois ministre, il y a eu des débats
à savoir si les courtiers devraient être payés par
honoraires ou si les courtiers devraient être payés à la
commission. Je pense bien que, dans la plupart des cas, dans la totalité
des cas, les courtiers sont payés à la commission. Mais il arrive
quelquefois qu'en plus d'être payés à la commission, les
courtiers nous envoient une facture d'honoraires disant: L'assurance
coûte tant, sans nous dire, bien sûr, la commission; on ne le sait
pas, et là on ajoute "plus honoraires". Alors là, est-ce que vous
ne croyez pas que certains courtiers jouent sur deux tableaux? On paie une
commission sans le savoir. Si on était porté à ne pas
divulguer la commission, je dirais oui. Si je paie une police d'assurance 300
$, 15 % de 300 $ c'est 45 $. Je le paie sans le savoir. En plus de cela, vous
envoyez une facture disant: Plus 20 $, plus 25 $. Et c'est là que
l'inspecteur reçoit des plaintes. Est-ce qu'on devrait permettre
à ce système de se continuer?
La Présidente (Mme Dionne): M. Lévesque.
Brièvement.
M. Lévesque (Jacques): Je ne suis pas un expert dans ce
domaine. J'ai des courtiers avec moi ici. Peut-être qu'ils pourraient
mieux répondre que moi.
M. Fortier: Demandez donc à M. Boutin. M.
Lévesque (Jacques): M. Bleau, peut-être.
M. Bleau (Bernard): Oui, Mme la Présidente. Effectivement,
il peut y avoir négociation avec un client pour des honoraires
professionnels en plus des commissions, sauf que dans les cas où cela
arrive, dans la majorité des cas, c'est une négociation avec le
client.
M. Fortier: Je ne parle pas de négociation, je vous donne
mon cas personnel l'an dernier. Je ne vous dirai pas quelle firme, c'est une
des firmes qui sont représentées à la table. On
reçoit notre compte d'assurances et là on dit: Plus honoraires.
Il n'y a aucune explication, aucune négociation. Le public ne le sait
pas et il paie.
M. Bleau: Pour autant que les honoraires sont bien marqués
dans la facturation, il y a des firmes qui effectivement, dans le moment,
facturent des honoraires.
M. Portier: Parce que là, vous venez de dire...
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre...
M. Fortier: On va être obligé de suspendre,
malheureusement.
La Présidente (Mme Dionne): Je m'excuse, M. le ministre.
Nous allons laisser...
M. Fortier: Je suis obligé d'interrompre.
La Présidente (Mme Dionne): ...cette question en suspens
jusqu'à 20 heures. La commission suspend ses travaux.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 20 h 11)
La Présidente (Mme Dionne): Je déclare la
commission du budget et de l'administration ouverte. Avant de continuer notre
consultation, j'aimerais avoir le consentement de cette commission pour lire et
déposer un complément de réponse qui est parvenu au
président de la commission de la part du Regroupement des cabinets de
courtage d'assurance du Québec, en date du 1er juin 1988. Est-ce que
j'ai le consentement?
M. Fortier: Oui, allez-y.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis? Consentement?
M. Garon: Consentement, oui.
La Présidente (Mme Dionne): Je lis la présente
lettre. C'est adressé à M. Jean-Guy Lemieux, député
de Vanier, président de la commission du budget et de l'administration.
Cher monsieur, Lors de la présentation de notre mémoire,
l'honorable ministre Pierre Fortier, au moment de sa toute dernière
intervention, a posé la question suivante: J'aimerais savoir, en
terminant, si l'association des courtiers d'assurances a un rôle à
jouer dans l'application de la déontologie. Est-ce qu'ils croient que
l'appartenance à l'association des courtiers d'assurances devrait
être obligatoire puisque je crois que l'association à votre
regroupement n'est pas obligatoire?
Notre réponse à cette question portant sur l'ACAPQ semble
avoir été très mal perçue. Nous
précisons que, comme courtiers, nous sommes membres de cette
association. Elle a accompli depuis 75 ans, en matière de
déontologie et de formation, un travail dont s'inspire le reste du
Canada pour remodeler la profession. Nous laissons donc à notre
association professionnelle le soin de répondre au gouvernement sur les
questions qui touchent la déontologie et l'accès à la
profession. Ces questions sont de sa juridiction.
Il est évident que la déontologie des actes de courtage
doit être surveillée par un organisme qui regroupe nos pairs, ce
qu'est déjà l'ACAPQ. S'il y a formation d'un conseil des
assurances de dommages, nous sommes d'accord que l'ACAPQ y soit
intégrée pour y participer pleinement.
Signé, Jean-Marie Derome, directeur général, pour
Léon Bernard, président.
M. le secrétaire, on dépose cette lettre et vous pouvez la
distribuer à tous les membres de la commission.
Maintenant, nous continuons la consultation avec les membres du groupe
Gescour inc. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Fortier: Je ne voudrais pas prendre trop de temps sur la
question de la rémunération. La question était très
simple. Je vous demanderais de répondre brièvement parce que je
crois que... M. le député de Lévis?
M. Garon: Quoi?
M. Fortier: Est-ce que vous êtes d'accord? Je demandais si
c'était possible d'essayer de regagner le temps perdu, alors on va
essayer. Je sais qu'il y a un groupe de Winnipeg qui vient ce soir, a 23
heures; si on veut les entendre, on va essayer de...
M. Garon: II n'a pas présenté de
mémoire.
M. Fortier: En tout cas, on va essayer de collaborer pour que
tout le monde puisse avoir le temps de présenter son point de vue.
Sur la question des rémunérations, je disais que je ne
voudrais pas passer trop de temps là-dessus, mais la question
était celle-ci: Étant donné que vous avez dit dans votre
mémoire que vous n'étiez pas d'accord pour la divulgation de la
rémunération sous forme de commission et qu'il arrive
quelquefois, et ce n'est pas un péché, que des gens nous envoient
une facture avec des honoraires, est-ce que vous croyez, dans un cas comme
celui-là, que le client devrait être informé du fait qu'il
y a déjà une commission et qu'il y a des honoraires en plus ou
que le courtier devrait choisir entre la commission et les honoraires, mais pas
les deux? Alors, c'est simplement une question.
M. Lévesque (Jacques): M. le ministre, M. Bleau va vous
donner la réponse que vous attendez à ce sujet.
La Présidente (Mme Dionne): M. Bleau.
M. Bleau: Effectivement, en regard des honoraires, il y a une
pratique qui s'est établie, surtout pour les assurances des
particuliers, depuis l'étatisation d'une partie de l'assurance
automobile. Pour répondre directement à votre question à
savoir si cela doit être déclaré, dans les faits, dans la
majorité des cas, je crois, le client sait qu'il y a une commission plus
des honoraires dans la facturation. Cependant, que le choix soit fait, je
n'aurais pas d'objection, si les choses sont claires, avec commission plus
honoraires ou le choix des deux. Je pense que le client a droit à des
explications quand on fait payer des honoraires par-dessus la commission ou
pas.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Que le client soit informé, soit dans un cas,
soit dans l'autre ou les deux.
L'autre sujet que je ne voulais pas aborder avant le dîner parce
que c'est un sujet qui est plus important, c'est la question de la
propriété des bureaux de courtage. Comme vous le savez, nous
avons eu les représentations du regroupement qui disait que la
propriété des institutions financières, entre autres, ne
devrait pas être plus que 49 %. Demain, nous entendrons l'association des
courtiers qui, elle, dit que la propriété des institutions
financières devrait être de zéro. L'argument qu'on entend
est celui-ci et vous le connaissez, mais je voudrais le reformuler pour les
membres de la commission: Dans la mesure où un courtier vend des
produits et doit travailler pour un client - il est le mandataire du client -
qu'il représente plusieurs compagnies et qu'il doit donner un conseil
à son client sur la meilleure protection à obtenir...
Ceux qui sont contre une propriété majoritaire disent: Si
une institution financière est majoritairement propriétaire ou
dans une proportion trop considérable, on peut mettre en doute
l'indépendance du cabinet de courtage. Il est bien certain que si, moi,
j'achète une compagnie et que je la contrôle à 51 %, il est
tout à fait normal que je veuille donner des directives à cette
compagnie. Je crois que c'est tout à fait normal: si j'investis un
montant d'argent substantiel, j'imagine que je veux avoir un mot à dire
sur la façon dont les choses se font, sur la façon dont les
travaux se déroulent.
Donc, la question est posée à la commission, je pense
bien, et elle vous est posée à savoir si, réellement, on
doit préserver l'autonomie des courtiers indépendants, des
courtiers qui doivent être autonomes. Est-ce qu'on ne devrait pas
s'assurer que la propriété soit de moins de 50 % ou même de
moins de 20 % ou même de zéro? Le problème est posé.
Dans votre cas à vous, étant donné, semble-t-il, que Les
Coopérants ont pris le contrôle de plusieurs maisons
de courtage dans le domaine de l'assurance, de quelle façon
travaillez-vous et est-ce que vous croyez que votre autonomie est
lésée? Est-ce que votre jugement comme courtier peut être
influencé par des directives qui viendraient des Coopérants?
La Présidente (Mme Dionne): M. Lévesque.
M. Lévesque (Jacques): Je pense, M. le ministre, qu'il
faut faire une distinction entre la propriété d'un cabinet de
courtage et peut-être l'acte de courtage en soi. Il est sur que si une
entreprise, une institution financière est propriétaire d'un
bureau de courtage elle va vouloir exercer un certain contrôle, comme
vous le dites, sur l'administration, les opérations financières
de l'entreprise, et cela va de soi. Quant à l'acte de courtage en soi,
le conseil au client, la relation avec le client, le choix des assureurs ou le
choix du bon produit pour le client, c'est quelque chose qui relève d'un
courtier, d'une personne spécialisée à cet effet qui va
exercer cet acte de courtage. Dans ce sens, la propriété d'une
entreprise est une chose, mais l'acte de courtage, à notre avis, c'est
autre chose. Je ne crois pas que cela puisse abimer le rôle du
courtier.
Autre chose, le fait que des courtiers puissent être reliés
à une institution quelconque ou un groupement quelconque fait en sorte
que ce courtier a plus de chances d'être mieux administré, a plus
de chances de bénéficier de services de toutes sortes, comme je
le disais dans mon exposé, service d'informatique, service
administratif, service de fiscalité que, lorsqu'il est seul, il peut
avoir de la difficulté à se payer. Il est possible de le faire
quand une entreprise ou une institution possède une participation dans
un cabinet de courtage.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Alors, ce que vous nous dites, dans le fond, c'est
que le jugement, comme courtier, n'est pas entaché. Comme de raison,
dans notre document de consultation, on avait proposé cette avenue de
permettre la propriété. On s'était basé sur le fait
que la Commission des valeurs mobilières du Québec en 1985, je
crois, avait permis que les maisons de courtage dans le domaine des valeurs
mobilières soient détenues en totalité par des
institutions financières, dont les banques. Cela s'est produit
effectivement l'an dernier.
Cependant, il est clair que dans le cas des valeurs mobilières,
d'une part, le produit est coté en bourse, donc ce n'est pas la
compagnie qui peut influencer. Même si telle banque possède telle
maison de courtage, elle ne peut pas influencer le titre en bourse. Le courtier
en valeurs mobilières vend une multitude de produits qui sont
cotés en bourse, tandis que dans le cas d'un courtier d'assurances il se
pourrait, si un courtier appartient à La Laurentienne ou si un courtier
appartient aux Coopérants ou si un courtier appartient au Mouvement
Desjardins ou si un courtier appartient à - mon Dieu - la Mutuelle des
fonctionnaires - non, eux font de la vente directe - étant donné
que l'institution financière essaie de promouvoir davantage ses produits
financiers, qu'elle y inclue ses produits d'assurance.
C'est la raison pour laquelle on a invoqué avec d'autres la
possibilité que, lorsqu'une institution financière contrôle
la majorité des parts, le courtier ne soit plus courtier mais devienne
une agence de distribution des produits du groupe financier auquel il
appartient. Alors, il perdrait son privilège de courtier si la
majorité des actions était détenue par un groupe financier
en particulier. À ce moment-là, le réseau se
transformerait non pas en réseau de courtiers, mais en réseau
d'agents pour vendre des produits du groupe auquel il appartient. Est-ce que
vous avez des commentaires là-dessus?
La Présidente (Mme Dionne): M. Lévesque.
M. Lévesque (Jacques): Oui, je comprends très bien
le point de vue, M. le ministre. C'est une chose à laquelle Gescour a
dû faire face à ses débuts. Des assureurs ont cru - pour
parler d'une situation qui nous est très particulière - que le
groupe Les Coopérants, dans notre cas particulier, prendrait les
affaires que normalement les courtiers transmettaient à d'autres
assureurs. Je vous disais, dans mon exposé, que nous faisons affaire
avec une centaine d'assureurs et dans tout cela je peux vous dire, en ce qui
regarde Gescour du moins, que Les Coopérants ne reçoit à
peu près rien comme affaires.
Il faut aussi penser que le courtier a une clientèle très
diversifiée et que les assureurs ne sont pas vraiment capables d'assumer
toutes les possibilités du marché. Par exemple, un assureur peut
être spécialisé en cautionnement. Un autre assureur peut
être spécialisé en agro-alimentaire. Un autre assureur peut
être spécialisé dans les fermes, etc. Ce qui fait que le
courtier a absolument besoin de faire affaire avec un éventail
d'assureurs pour lui permettre de satisfaire les besoins variés de sa
clientèle qui, souvent, est très diversifiée aussi. Alors,
une institution financière qui serait propriétaire d'un courtier
et qui se limiterait à ses seuls marchés risquerait de manquer le
bateau. C'est pourquoi il est très important que les courtiers
reliés à une institution financière puissent avoir
accès à une grande variété de marchés.
M. Fortier: Est-ce que Gescour...
La Présidente (Mme Dionne): Je m'excuse, M. le ministre,
votre temps est écoulé.
M. Fortier: Est-ce qu'on peut juste me donner une seconde, je
vais avoir terminé. M. le député de Lévis?
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que vous lui permettez
de continuer?
M. Garon: Une seconde.
M. Fortier: Est-ce que le cas de Gescour n'est pas particulier
par le fait que Les Coopérants, une compagnie d'assurances
générales, est plutôt petite à comparer à
d'autres? Si vous prenez d'autres groupes financiers au Québec, qui ont
des compagnies d'assurances générales beaucoup plus
développées, ils se trouvent dans une situation d'importance par
rapport aux courtiers qu'ils pourraient détenir. Je ne veux nommer
personne. On connaît d'autres groupes financiers qui ont des compagnies
d'assurances générales de plus d'ampleur que celle des
Coopérants.
La Présidente (Mme Dionne): M. Lévesque.
M. Lévesque (Jacques): On ne peut pas se
spécialiser dans tous les marchés non plus.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aurais trois questions. La première: Vous
suggérez, à la page 2 de votre mémoire, une période
d'adaptation avant l'implantation graduelle des réformes. Pouvez-vous
préciser quels sont les échéanciers que vous envisagez
quant à l'implantation des réformes? Évidemment, vous ne
savez pas nécessairement toutes les réformes que le ministre
cogite, mais en fonction de ce que vous avez lu dans son mémoire.
La Présidente (Mme Dionne): M. Lévesque.
M. Lévesque (Jacques): Je pense, Mme la Présidente,
que c'est une remarque assez générale pour dire
qu'évidemment toute réforme demande une forme d'adaptation ou une
période de rodage. Principalement pour la question des permis, s'il
fallait obliger les employés des courtiers à avoir des permis
pour faire des actes de vente ou de conseil aux clients, je crois qu'il
faudrait leur laisser le temps de passer ou de réussir les examens qui
seraient requis à ce moment-là. C'est un peu dans cette
direction-là que nous pensons.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Le ministre dit souvent des petits et des gros.
Pensez-vous que le ministre devrait être plus sévère pour
les petits et moins sévère pour les gros?
La Présidente (Mme Dionne): M. Lévesque.
M. Lévesque (Jacques): Lesquels petits et lesquels gros
voulez-vous dire? M. Garon: Bien...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous avez dit que comme Les Coopérants, vous
étiez petits.
Une voix: ...des petits puis des gros. M. Garon: Alors, il
dit souvent... Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Souvent, il y a des gens... Des petits dommages, des
petits feux ou bien des gros feux, ou bien des... On fait toujours une
distinction, comme un régime à deux vitesses, pour les petits,
puis pour les gros. Alors;, moi, j'ai souvent remarqué qu'on est plus
sévère pour les petits que pour les gros. Pensez-vous que cela
devrait être ça?
La Présidente (Mme Dionne): M. Lévesque.
M. Lévesque (Jacques): Je ne pense pas que cela doive
être ça. Je pense qu'un courtier, quel qu'il soit, petit ou gros,
doit tendre à donner le meilleur service possible à tous les
clients, quels qu'ils soient. Je pourrais ajouter que c'est peut-être la
future loi qui va faire que les gens vont rester en affaires ou non, parce que
la question du service devient de plus en plus importante, de nos jours, pour
les institutions financières. Les gens qui sont dans le domaine du
service comme les courtiers, dans le fond, qui sont des entreprises de
services, fondamentalement, je ne pense pas qu'ils doivent faire de distinction
à ce sujet-là.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: À la page 4, vous appuyez la proposition voulant
que le courtier puisse agir comme expert en sinistres. Il y en a plusieurs,
dans les discussions qui ont eu lieu jusqu'à maintenant, qui disent
qu'il peut y avoir un danger pour le consommateur et qu'il y a
possibilité de conflit d'intérêts, parce que le courtier
agit souvent avec une entreprise en particulier. Qu'est-ce que vous en pensez,
vous9
M. Lévesque (Jacques): Bien, il y a une chose très
particulière qui existe actuellement. On mentionnait, je crois, quelque
part, que si vous avez un contrat avec Loyd's, vous pouvez régler des
sinistres. Ce qu'on croit, nous, c'est que les courtiers, même s'ils sont
reliés à des institutions financières, devraient
être des entreprises très décentralisées. Le fait
d'être décentralisé, d'être en région,
d'être près du
consommateur, leur permet de donner un meilleur service, même
s'ils doivent assurer le risque, dans une entreprise qui est
éloignée du client. Par exemple, plutôt que de
référer une demande de réclamation à
Montréal, à Toronto ou à Vancouver, ou même aux
États-Unis, bien, si cela peut être réglé sur place,
je pense que c'est à l'avantage du client pour autant, cependant, que la
personne affectée au règlement ait les compétences pour le
faire. Cela, c'est toujours à la base.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Le fait d'agir comme expert, pour le courtier,
étant lié à un assureur, pensez-vous qu'il a
l'indépendance d'esprit nécessaire pour bien servir
l'assuré?
La Présidente (Mme Dionne): M. Lévesque. (20 h
30)
M. Lévesque (Jacques): Je crois qu'il l'a. En tout cas,
moi, je crois qu'il peut avoir l'indépendance d'esprit pour le faire.
D'abord, s'il agit incorrectement à l'égard de son client, il
risque de le perdre. Il y a toujours la loi de la clientèle qui compte.
À ce compte-là, même dans la situation actuelle, un
courtier peut pousser un assureur à régler ou ne pas le pousser
à régler. Mais s'il fait lui-même l'ouvrage, je pense qu'il
peut donner un meilleur service. Il restera toujours le cas des risques ou des
sinistres importants. S'il survient un feu qui coûte 500 000 $, je ne
suis pas certain que les assureurs vont vouloir que le courtier puisse
régler le sinistre par lui-même. Ils vont vouloir engager des
experts et le consommateur va vouloir aussi engager ses propres experts pour
faire l'évaluation du sinistre en conséquence.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Une dernière question. Vous dites que la
divulgation des renseignements personnels est nécessaire au bon
développement des réseaux de distribution. Vous ne m'avez pas
semblé avoir une grande préoccupation pour celui dont les
renseignements divulgués sont les siens. Quand quelqu'un fait affaire
avec un groupe ou avec une personne, ce n'est pas nécessairement pour
que son nom soit dans le décor pour servir au développement du
réseau. Est-ce qu'il y a des renseignements personnels, à votre
avis, qui devraient être divulgués ou qui ne devraient pas
être divulgués?
La Présidente (Mme Dionne): M. Lévesque.
M. Garon: Je pense, par exemple, à quelqu'un qui est
malade...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: ...ou qui a eu des maladies dans le passé. Il y
a toutes sortes de choses. Il y a des maladies pour lesquelles les gens sont
plus fiers que pour d'autres. Il y en a d'autres dont ils ne sont pas
très fiers. Alors, de voir son dossier circuler, j'imagine que... Je
pense à un cas. Il peut y avoir d'autres affaires. Il y a des gens qui
ont eu un dossier temporairement ou il peut y avoir différentes choses
concernant la personne. Le mémoire n'est pas long, mais là-dessus
vous n'avez pas semblé avoir beaucoup de réserves. Ne pensez-vous
pas qu'il devrait y avoir distinction?
M. Lévesque (Jacques): À ma connaissance... La
Présidente (Mme Dionne): M. Lévesque.
M. Lévesque (Jacques): ...je crois que les assureurs en
général ont toujours traité les renseignements d'une
manière assez confidentielle. Je pense que c'est la même chose
avec les courtiers. Ils peuvent être au courant de la situation
financière d'un client. Ils connaissent son bilan, surtout quand on
parle d'assurances commerciales. Il est sûr et certain que ce genre de
renseignements ne doit pas être colporté ici et là, que
cela ne doit même pas, à notre avis, être divulgué,
même à des entreprises soeurs. Mais, ce vers quoi on pourrait
aller, c'est vers l'utilisation des listes de noms, des listes d'adresses pour
faire de la sollicitation. Peut-être qu'on pourrait aller dans cette
direction. Mais de là à dire que M. Untel a un bilan comme cela
et qu'il a tant de dettes, je pense qu'on ne devrait pas divulguer ce genre de
renseignements.
La Présidente (Mme Dionne): Cela va. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Qu'est-ce qui l'assure?
La Présidente (Mme Dionne): Une dernière
question.
M. Lévesque (Jacques): Pardon?
M. Garon: Qu'est-ce qui l'assure? Si vous prenez, par exemple,
une assurance pour des biens à votre domicile, vous n'êtes pas
intéressé trop trop à ce que des gens le sachent. Il y a
des gens qui ne veulent pas dire, par exemple, qu'ils vont être partis en
voyage parce qu'ils ont peur même s'ils le disent à la police, que
cela se dise et qu'on vienne chez eux, justement parce qu'ils l'ont dit.
Quelqu'un qui assure des biens à domicile, par exemple, quels qu'ils
soient - cela peut être des tableaux, cela peut être des biens de
différentes natures - il n'est pas intéressé trop trop
à ce que cela circule pour que quelqu'un dise: II a cela. On va le
surveiller. Si cela n'est pas traité avec confidentialité, il y
a... Je
pariais de maladies tantôt, on peut parier de biens
assurés. Il y a toutes sortes de choses. Ce qui m'a frappé depuis
le début de la commission, c'est que les renseignements personnels,
ça peut être n'importe quoi, des biens qu'il a assurés, par
exemple. Si quelqu'un garde des biens assurés ou non à domicile
ou différentes choses, il n'est pas intéressé à ce
que cela se sache trop. Que ce soient des maladies ou toutes sortes de
choses.
La Présidente (Mme Dionne): M. Lévesque.
M. Lévesque (Jacques): La situation actuelle est
là, elle existe. Encore une fois, si vous allez à la banque pour
emprunter de l'argent, votre gérant de banque connaît votre bilan,
il connaît votre situation. Il n'est pas supposé, par son
professionnalisme, colporter les informations. De la même manière,
le courtier qui assure un risque important, surtout si c'est un risque de
cautionnement, va vouloir avoir des détails concernant les
opérations de l'entreprise et tout. Son professionnalisme l'oblige
à ne pas divulguer ces renseignements. C'est sûr que la
secrétaire va peut-être le savoir, mais elle est tenue aussi au
secret professionnel, je pense bien. Ce qu'on croit qui ne devrait pas se
faire, c'est de transmettre des listes de clients, avec noms, adresses,
montants d'argent en banque, telle ou telle maladie, transmettre cela et
promener cela dans les institutions. Je pense que ce sont des choses auxquelles
on doit s'astreindre. Je pense d'ailleurs, qu'il y a des lois qui nous
empêcheraient de le faire. Quant au reste, qu'un client puisse avoir les
services d'une société affiliée pour d'autres besoins
qu'il peut avoir, sans qu'on fournisse tous les renseignements... Quand on en
fournit des renseignements, qu'on le fasse avec l'approbation du client. Il y a
toujours moyen de lui demander son approbation.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Lévesque.
M. Garon: On se sait pas ce qu'on fait avec cela. Supposons que
vous ayez une carte de crédit. Vous pouvez sur une carte de
crédit dépenser 200 $ par mois, mais vous pouvez dépenser
2000 $ par mois. Les cartes de crédit peuvent vous dire quand vous
êtes absent; parce que si vous êtes en dehors tant de jours... Il y
a un tas de renseignements qu'on peut avoir de cette façon. C'est
traité ou non avec confidentialité. À un moment
donné, parce que vous avez une carte de crédit, vous recevez
toutes sortes de publicité pour des biens qui vont à peu
près avec ce que vous dépensez avec votre carte de crédit.
Si vous dépensez sur votre carte de crédit 2000 $ ou 3000 $ par
mois, parce que vous êtes souvent en dehors - ce qui peut être
possible - on va vous envoyer des annonces pour des tableaux de tant, ou des
reproductions ou toutes sortes de "gadgets", comprenez-vous, qui coûtent
habituellement plus de 50 $ au total. Alors, j'ai l'impression qu'on se sert de
votre crédit pour se dire après: On peut passer la liste de ces
gens qui ont un tel niveau de dépenses. Moi, j'ai le sentiment
qu'actuellement, ce n'est pas traité avec tant de respect la
confidentialité des gens. Au fond - je vous donne l'exemple des cartes
de crédit - il y a un paquet de renseignements qu'on a par une carte de
crédit. Je peux savoir quel soir la personne est absente. Pardon?
M. Fortier: Le gouvernement aussi.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier:...
M. Garon: Vous ne payez pas cela.
M. Fortier:...
M. Garon: Une de moins qu'une carte de crédit. Une carte
de crédit dit à quel restaurant vous allez, à quel
hôtel vous allez.
M. Fortier:...
M. Garon: Pas nécessairement. Elle dit beaucoup de choses,
une carte de crédit. Moi, je pense que ce devrait être assez
confidentiel. Vous faites une demande d'assurance. On vous fait passer des
examens médicaux. Dans les examens médicaux, on peut faire entrer
n'importe quoi. Il y a beaucoup de renseignements qui vont avec les questions
dont on traite actuellement. C'est pour cela que je trouve... Je n'ai pas
été impressionné jusqu'à présent par tous
ceux qui sont venus devant la commission concernant la divulgation des
renseignements personnels. J'ai eu l'impression, en tout cas, que cela
était traité à peu près comme une carte de
visite.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis, malheureusement, votre temps est écoulé. On doit
conclure. M. le ministre.
M. Fortier: Brièvement. Merci de votre présentation
et on voit que vous avez pris les devants avant même que la loi ne vous
le permette. Espérons que Dieu va vous exaucer.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis, en conclusion.
M. Garon: Je disais cela, je ne voulais pas accuser en
particulier les gens qui sont devant nous, ce n'est pas ce que je veux dire. Je
sais que vous représentez un bon groupe et des groupes sérieux.
Je ne dirai pas pourquoi je pourrais en faire la démonstration, mais je
ne le ferai pas. Je reprendrais l'exemple. J'aurais pu en parler avec un autre
groupe, mais il me semble que, par rapport aux renseignements, je l'ai dit,
depuis deux jours, j'ai le sentiment, j'en ai parlé
à ce moment-ci, en ne vous visant pas particulièrement,
mais cela me frappe, en tout cas... Je dois vous remercier de votre excellente
collaboration dans le témoignage que vous avez apporté avant le
dîner, depuis 20 heures.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député de Lévis. M. Lévesque, j'aimerais, au nom
des membres de cette commission, vous remercier ainsi que votre équipe
d'être venus ici en commission et vous souhaiter un bon voyage de retour.
Merci.
M. Lévesque (Jacques): Merci.
La Présidente (Mme Dionne): Maintenant, je demanderais aux
représentants de Geoffrion, Leclerc inc. de bien vouloir s'avancer.
Mesdames et messieurs, bienvenue à cette commission. J'aimerais
demander au porte-parole de bien vouloir s'identifier et de présenter
les gens qui l'accompagnent.
Geoffrion, Leclerc inc.
M. Bourassa (Louis): Mme la Présidente, M. le ministre, M.
l'Inspecteur général des institutions financières, MM. les
honorables députés ainsi que tous les membres de la Chambre,
messieurs et mesdames du public, bonsoir. Il nous fait plaisir d'être ici
ce soir. Pour la présentation des membres qui sont les porte-parole de
la compagnie Geoffrion, Leclerc inc, j'aimerais passer la parole à notre
vice-président du conseil d'administration, M. Raymond Gagnon, qui
prendra quelques instants très brefs pour nous présenter.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. M. Gagnon.
M. Gagnon (Raymond): Mme la Présidente, M. le ministre,
mesdames et messieurs, c'est à titre peut-être de doyen, en termes
d'années passées au sein de la compagnie Geoffrion, Leclerc inc,
que je suis honoré ce soir de pouvoir présenter à cette
assemblée certains membres de notre personnel, tous identifiés
à cette historique réforme des institutions financières.
Prendront la parole, M. Louis Bourassa, notre premier vice-président aux
ventes nationales et M. Gabriel Gendron, notre vice-président
exécutif. Sont aussi présents, de la compagnie Geoffrion, Leclerc
inc, M. et Mme Odette Pouliot - M. Pouliot est le directeur de notre succursale
de Québec - Mme Danielle Binet, une représentante, ainsi que M.
Réjean Petitclerc, représentant de notre compagnie. M.
Bourassa.
M. Bourassa (Louis): Merci, M. Gagnon. Mme la Présidente,
Geoffrion, Leclerc inc, dont les origines, disons, sont assez anciennes, assez
lointaines - elles remontent à 1901 - est un important courtier en
valeurs mobilières avec une force de vente de 380 représentants,
opérant dans 42 villes, principalement à travers la province de
Québec. On a aussi des bureaux à Ottawa, à Toronto,
à Vancouver ainsi que dans une petite ville en Ontario, à
Brantford.
Notre prédominance dans le financement par soumissions publiques
dans les secteurs municipal, scolaire, cégépien ainsi
qu'hospitalier nous a identifiés comme chef de file et démontre
un leadership certain, ayant été au premier rang dans ce secteur
d'activité pendant cinq des six dernières années. Nous
sommes fortement impliqués dans les financements primaires du
gouvernement du Canada, dans les obligations d'épargne du Canada et du
Québec. Nous sommes aussi cogérants des grandes corporations
publiques canadiennes et québécoises et participants actifs au
groupe bancaire de pratiquement toutes les importantes émissions
publiques corporatives au Canada. De plus, nous avons participé et nous
comptons participer activement au financement primaire des compagnies
québécoises par le biais du régime
d'épargne-actions du Québec. Nous avons donc, espérons-le,
été un des éléments moteurs afin de créer au
Québec, et ce depuis longtemps, un climat sain et favorable dans le
secteur de notre activité financière.
C'est à titre d'intermédiaire responsable et
compétent dans certains secteurs de la planification financière
que nous voulons intervenir par ce mémoire et apporter notre
contribution aux discussions sur un décloisonnement des
intermédiaires.
Geoffrion, Leclerc inc. a été à l'avant-garde dans
la formation de grands ensembles financiers pour affronter la concurrence
locale et étrangère, ayant été le premier courtier
au Canada, en 1983, à s'associer à des partenaires
institutionnels tels que le groupe La Laurentienne Mutuelle d'assurance ainsi
que Dow Banking Corporation de Zurich, en Suisse. De plus, nous nous sommes
associés récemment à la Banque d'affaires Indosuez qui
opère dans 65 pays et dont le siège social est à Paris.
(20 h 45)
Nous abondons totalement dans le principe de cette réforme et
nous vous appuyons dans ce projet ambitieux. Geoffrion, Leclerc inc. a
été partie prenante dans la conception du premier carrefour
financier au Canada, qui a été mis en place à
Montréal, en 1987, par une équipe multidisciplinaire, en
collaboration avec différentes compagnies du groupe La Laurentienne. On
a finalement un carrefour qui représente les quatre piliers du secteur
financier et ce concept a été érigé à cause
de notre conviction de la venue éventuelle, au Québec ainsi qu'au
Canada, de l'ouverture des marchés financiers. Nous croyons ce genre de
développement très positif vis-à-vis d'un marché de
plus en plus compétitif auquel le livre vert veut préparer le
Québec.
Pour rendre les institutions québécoises
compétitives face à des marchés de plus en plus
internationaux - on ne parle plus d'un simple
marché québécois ou d'un simple marché
canadien ou d'un simple marché américain ou d'un marché
asiatique ou d'un marché européen, on parle finalement d'un
marché mondial - ainsi qu'avec tous les avènements nouveaux dans
le secteur technologique qui rendent de plus en plus sophistiqué cet
éventail de produits et de services financiers offerts à la
clientèle, une révision s'imposait en ce qui concerne le cadre de
tous les règlements qui régissaient jusqu'alors les quatre
piliers traditionnels de la finance qui sont, en fait, les banques, les
compagnies de fiducje, les courtiers en valeurs mobilières et les
courtiers d'assurances.
Cette ouverture devra permettre à chacune des institutions
participantes de pouvoir élargir son champ d'activité propre par
l'ajout de services complémentaires et de produits diversifiés,
afin d'améliorer l'accessibilité des services financiers à
la clientèle. Nous comprenons aussi qu'à la suite d'un
décloisonnement quelques nouvelles expériences seront
tentées, lesquelles ouvriront la voie à de nouveaux modes de
distribution et à des rapports nouveaux entre les institutions et les
autres intermédiaires de marché et cela, toujours dans le but de
rendre les institutions financières plus compétitives et mieux
adaptées face aux défis qui les attendent demain.
À cet égard, la proposition du livre vert fait mention de
deux tendances qui pourraient surgir de cette nouvelle structure de
distribution. Une première tendance serait celle qu'il serait convenu
d'appeler le cumul des permis. Selon ce principe, il serait paisible, pour une
personne physique ou une personne morale, telle qu'une institution, de pouvoir
cumuler différents permis qui lui permettraient d'oeuvrer dans plusieurs
champs d'activité. Cette voie, nous semble-t-il, comporte certaines
lacunes et certains risques sur lesquels nous voudrions attirer quelque peu
l'attention. Il nous semble que le cumul des permis aboutira
éventuellement à la formation de généralistes et
non pas de spécialistes. Or, face à la complexité
croissante des services et des produits financiers disponibles, il nous
apparaît que les consommateurs ont davantage besoin de
spécialistes, plutôt que d'avoir un groupe de
généralistes, afin d'orienter leurs décisions d'une
façon éclairée.
Nous émettons, par conséquent, certaines réserves
face à ce cumul possible des permis. Il faut, à ce stade, faire
une nuance entre, comme je l'ai mentionné tantôt, une personne
physique et une personne morale. Nous avons toute la latitude voulue pour
être derrière le concept du cumul des permis pour une personne
morale, pour une institution pour autant, cependant, que ceux qui seront sur le
terrain soient des spécialistes qui n'auront pas nécessairement
en tête un cumul des permis. Donc, en termes de nuance, on voudrait bien
spécifier que pour ce cumul des permis on a certaines réserves
face aux personnes physiques et non pas pour ce qui est d'une personne morale,
telle qu'une institution, qui pourrait, elle, détenir un permis pour
plusieurs fonctions.
L'autre tendance dont fait mention le livre vert est celle qui consiste
en la formation. d'équipes multidisciplinaires. Cela signifie qu'il est
possible pour des gens compétents dans un domaine donné de
s'associer à des gens possédant d'autres compétences, afin
de créer un réseau ou un noyau de distribution de produits
financiers. Cette voie nous semble être beaucoup plus propice au
développement d'un système de distribution efficace,
concurrentiel ainsi que professionnel, dont pourraient profiter à la
fois les consommateurs et les institutions.
La constitution de telles équipes pluridisciplinaires est rendue
possible par le partage des commissions. Nous croyons que le partage des
commissions est un élément clé, un élément
moteur dans cette nouvelle modalité de distribution qu'est cette
association de compétences. Nous sommes donc d'accord que les
commissions soient partagées entre les différents
intermédiaires financiers qui seront appelés à travailler
à des dossiers communs.
Toutefois, nous émettons quelques réserves face à
certaines propositions contenues dans le livre vert. Ainsi il est dit, en page
94, "...que ce partage de rémunération... devrait être
divulgué chaque année auprès des autorités
compétentes". L'application de cette proposition exigerait un travail
administratif considérable, tant de la part des intermédiaires
que de l'organisme qui serait chargé du contrôle, et nous
considérons que cette divulgation n'est pas d'une réelle
pertinence.
Toujours au sujet du partage des commissions, nous émettons
certaines réserves face à la possibilité de trancher dans
ce qui revient à chaque intermédiaire, ou de savoir qui
mérite le plus dans une transaction donnée. Ainsi des
énoncés comme - et je cite une partie du livre vert - "II y a
lieu de s'assurer qu'un intermédiaire reçoive une
rémunération équivalente à sa compétence" -
je termine la citation - ne présentent en fait que peu de signification
et de pertinence pour des gens dont la principale forme de
rémunération repose sur la commission. De même, il convient
de s'attarder sur une proposition comme la suivante, tirée du livre
vert: "Dans le cas du versement d'une commissionde
référence, l'intermédiaire directement impliqué
devrait percevoir un pourcentage de la commission proportionnel au travail
qu'il accomplit lors d'une transaction ne laissant qu'un faible pourcentage
à celui qui réfère la transaction."
En premier lieu, nous demandons en quoi une telle disposition est de
nature à rassurer le client sur la qualité du service offert. En
second lieu, il faut être capable de remarquer que, dans la pratique
courante, il est très difficile d'évaluer qui a fourni le plus de
travail et quelle est la valeur réelle d'une référence,
lorsque les transactions sont appelées à être
échelonnées sur
une période de temps indéterminée.
Il faut également tenir compte du fait que le système de
référence comporte une dynamique qui lui est pr6 propre,
c'est-à-dire qu'il est plus qu'une somme de transactions isolées.
Cependant, afin d'éviter la multiplicité des conflits et
d'activités illégales, nous proposons qu'il devrait plutôt
appartenir aux institutions d'établir les politiques à ce sujet
et de s'assurer que le paiement sera fait entre institutions plutôt
qu'entre individus.
Par ailleurs, il y aurait lieu de se demander jusqu'à quel point
le rôle et les opérations des équipes multidisciplinaires
devraient être clairement identifiés, de façon que le
public investisseur puisse trouver un service de qualité et un haut
degré de satisfaction de ses multiples besoins financiers. Il est bien
évident que la formation d'équipes multidisciplinaires qui
seraient composées de banquiers, de fiduciaires, de courtiers en
assurance-vie ou dommages ainsi que de courtiers en valeurs mobilières
exigera une structure appropriée de réglementation, de
contrôle ainsi qu'un code de déontologie.
De plus, il nous apparaît primordial de s'assurer que ces
équipes multidisciplinaires évoluent à l'intérieur
de la même enceinte physique, plutôt que de voir les professionnels
parsemés dans différents bureaux d'une région. Ce constat
est l'essence du concept du carrefourfinancier et assure des
échanges de vues fructueux entre les diverses disciplines au profit de
la clientèle. Nous partageons l'opinion du livre vert que
l'échange de listes et de renseignements au sujet d'un client soit
proscrit et qu'à moins du consentement explicite du client le
caractère confidentiel des affaires de la clientèle soit
respecté en tout temps.
Le livre vert élabore le rôle du planificateur
financier d'une façon très large. On mentionne que cette fonction
peut être assumée par un avocat, un comptable, un notaire, un
courtier en valeurs mobilières, un agent exerçant en assurance de
personnes, un courtier exerçant en assurance de dommages ou, finalement,
tout autre individu qui veuille bien s'afficher comme tel. Cette
énumération de possibilités aussi diverses reflète
une définition pour le moins ambiguë du concept de planificateur
financier.
Comme nous l'avons souligné auparavant, la complexité
croissante des services et des produits financiers offerts à la
clientèle exige un niveau de spécialisation et d'expertise sans
pareil. Avec les abus ainsi que l'incompétence démontrée
par plusieurs de ces planificateurs financiers, comme le souligne le livre
vert, ceci nous amène à conclure à l'importance
d'établir à nouveau les règles qui régissent
l'obtention du titre de planificateur financier ainsi que la définition
de sa fonction. Par conséquent, il nous apparaît indispensable
d'exiger la requalification de ceux qui portent déjà ainsi que de
ceux qui porteront, à l'avenir, le titre de planificateur financier. Par
la suite, comme mentionné à l'intérieur du livre vert, il
devra, dans l'exercice de ses fonctions, divulguer l'institution qu'il
représente, ses qualifications et sa formation, son mode de
rémunération ainsi que l'association professionnelle dont il est
membre.
En terminant, si on assume une formation d'un superconseil, nous croyons
que le secteur des valeurs mobilières, au même titre que celui des
assurances de dommages et vie, a besoin d'une présence. Nous proposons
la création d'un conseil de valeurs mobilières qui pourrait
être joué, en fait, par la CVMQ, qui chapeauterait à la
fois les courtiers de plein exercice ainsi que les courtiers à exercice
restreint. Par le fait même, le conseil en valeurs mobilières
aurait le pouvoir de contrôler l'exercice des différentes
professions reconnues dans le commerce des valeurs mobilières.
Pour conclure, le rôle du courtier en valeurs mobilières a
été majeur dans le développement économique du
Québec au cours des dernières années et if entend
poursuivre ce rôle en s'intégrant, cependant, dans un
marché de plus en plus décloisonné et ouvert sur le monde.
Geoffrion, Leclerc inc. est heureux de participer à cette idée,
à ce partage d'idées, et offre au gouvernement du Québec
de poursuivre sa collaboration dans cet établissement d'un marché
financier, gage de stabilité, de professionnalisme et
d'efficacité pour la population du Québec. Merci.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bourassa. M. le
ministre.
M. Fortier: Oui, merci. On vous remercie pour votre appui
à la réforme qui est amorcée, mais c'est quelque peu
complexe, et vous nous présentez d'autres facettes des problèmes
techniques auxquels on doit faire face lorsqu'on parle de
décloisonnement des intermédiaires de marché.
J'aurais deux ou trois questions, dont la première. Vous dites:
Si on permet des équipes multidisciplinaires en cabinet, il faudrait que
ces gens opèrent dans une même enceinte physique. Votre bureau
opère dans plusieurs régions éloignées, qu'on peut
appeler éloignées du Québec, en fait, je pense que
Geoffrion, Leclerc inc... Est-ce que vous vous appelez toujours Geoffrion,
Leclerc inc? Quelqu'un me disait que vous aviez changé votre nom.
Une voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Dionne): M. Bourassa.
M. Bourassa (Louis): Ce matin, nous avons été surpris,
pour ne pas dire autre chose, de voir dans Le Soleil une annonce disant
que Geoffrion, Leclerc inc. venait de rendre l'âme et que, finalement,
nous étions maintenant sous le chapeau du groupe La Laurentienne. On
faisait cependant allusion à Placements Geoffrion,
Leclerc, qui était auparavant une filiale de Geoffrion, Leclerc
inc, orientée du côté des fonds mutuels. Donc, j'aimerais
peut-être profiter de l'occasion qui m'est offerte pour confirmer que
c'est Placements Geoffrion, Leclerc qui sera maintenant désignée
sous le vocable de...
Une voix: Placements La Laurentienne.
M. Bourassa (Louis): ...Placements La Laurentienne, c'est
cela.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bourassa. M. le
ministre. (21 heures)
M. Fortier: Étant donné que Geoffrion, Leclerc est
présent en Abitibi, au Lac-Saint-Jean, dans la Beauce - en tout cas,
vous êtes présents partout - et qu'un des avantages que je vois au
décloisonnement, c'est de permettre dans les différentes
régions du Québec la formation d'équipes
multidisciplinaires qui vont pouvoir travailler ensemble et donner de meilleurs
services en région, peut-être même que Geoffrion, Leclerc
voudra en profiter pour s'associer avec, disons, des professionnels, entre
guillemets, de l'assurance ou de l'assurance générale, enfin,
d'autres disciplines. Mais, ici, vous dites: II faudrait que ces gens
travaillent uniquement dans un cabinet, dans une même enceinte physique.
Je crois que cela serait l'idéal, mais ne croyez-vous pas que, dans
certaines régions du Québec, on devrait permettre justement
à des équipes qui ne seraient pas dans la même enceinte
physique, à des professionnels de travailler ensemble, d'échanger
des commissions et de voir à donner de meilleurs services à leur
clientèle dans un village ou dans une petite ville donnée?
Autrement dit, je crois que votre recommandation va un peu à rencontre
des régions éloignées et moi, député
d'Outremont, je me fais un peu le défenseur des régions
éloignées du Québec.
La Présidente (Mme Dionne): M. Bourassa.
M. Bourassa (Louis): Mme la Présidente, M. le ministre, on
est un peu chanceux parce que nous sommes, comme vous le savez,
déjà impliqués très profondément dans le
concept du carrefour financier. Comme vous le savez, nous avons
déjà un carrefour financier à Montréal et,
voilà quelques semaines, nous avons ouvert un carrefour financier
à Saint-Félicien, dans le bout de Jonquière, Chicoutimi,
un peu plus au nord. Au cours des prochains mois, on compte aussi aller du
côté de Val-d'Or et tout cela, à la suite des demandes du
milieu. Finalement, il semble exister dans le milieu un besoin de se regrouper
à l'intérieur de la même enceinte et on répond
à cette demande du milieu de se regrouper et de pouvoir offrir sous le
même toit une gamme de services financiers. Donc, on parle d'un stop et
cela semble correspondre actuellement à la volonté du milieu de
s'associer.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bourassa. M. le
ministre.
M. Fortier: Étant donné cette expérience de
vos carrefours financiers, justement, je voulais vous en parler... À
Saint-Félicien, d'ailleurs, on a une élection partielle dans ce
coin-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: En tout cas, on va y aller pour d'autres raisons.
Mais étant donné votre expérience des carrefours
financiers... Quelle est votre expérience? Est-ce que ceux qui sont
présents à l'intérieur du même carrefour restent
autonomes? Est-ce que vous avez établi une espèce de code de
déontologie entre vous, enfin, des règles de pratique, appelez
cela comme cela, pour préserver l'image parce que, disons, si six
professionnels d'assurances, de valeurs mobilières ou d'autres
travaillent ensemble et s'il y a en a un qui a un mauvais nom, c'est tout le
carrefour qui va avoir un mauvais nom? Alors, quelles sont les dispositions que
vous avez prises sans même qu'il y ait encore une exigence de la loi pour
vous assurer que ceux qui sont présents dans le carrefour respectent un
certain code de déontologie pour préserver l'image du
carrefour?
La Présidente (Mme Dionne): M. Bourassa.
M. Bourassa (Louis): Mme la Présidente, M. le ministre,
depuis à peu près un an, à tous les trimestres, il y a une
rencontre entre les présidents de chacune des compagnies membres du
carrefour financier. À tous les mois, il y a aussi une rencontre entre
tous les vice-présidents en marketing, en vente de chacune des
compagnies du carrefour afin, effectivement, de s'assurer d'une harmonisation
de tout ce qui est fait au sein du carrefour. À toutes les semaines, il
y a une rencontre entre les directeurs de chaque entité membre du
carrefour, comme, par exemple, à Montréal...
M. Fortier: Ils restent autonomes.
M. Bourassa (Louis): Qui restent tout à fait autonomes. Je
pense que, vraiment, la clé du succès, c'est de s'assurer que
chaque compagnie demeure autonome l'une par rapport à l'autre, ce qui
nous amène à parler du problème de la clientèle, en
termes de confidentialité. C'est un principe de base qui, jusqu'à
maintenant, a toujours été prôné. C'est une chose
effectivement, en termes d'indépendance, qu'il faut absolument
préserver au sein d'un carrefour financier. Donc, à toutes les
semaines, à tous les mois, à tous les trimestres, certaines
personnes en charge de chacune des compagnies se rencontrent afin d'harmoniser
et afin de préserver une image qui soit extrêmement
professionnelle aux yeux du public et de s'assurer d'une qualité
des services offerts au public.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bourassa. M. le
ministre.
M. Fortier: Oui. Moi, j'ai plusieurs questions. Je pense que je
vais passer au conseil des valeurs mobilières. Vous avez modifié
votre texte quelque peu, je pense, le texte que vous avez lu. En fait, je me
demandais: Est-ce que le conseil que vous avez en tête serait une
délégation de la Commission des valeurs mobilières? Est-ce
que cela remplace la Commission des valeurs mobilières? Est-ce que c'est
la même chose que la Commission des valeurs mobilières? Comme de
raison, dans le moment, la commission est un régulateur autonome et
nommé par le gouvernement. Ceux qui obtiennent un permis n'ont pas un
mot à dire officiellement. Ils peuvent toujours faire des
représentations. Qu'est-ce que vous avez en tête? Nous, on n'a pas
recommandé cela comme tel, on a recommandé un conseil dans le
domaine de l'assurance-vie, un conseil dans le domaine de l'assurance de
dommages et un conseil en planification financière. On n'a pas
recommandé un conseil en valeurs mobilières. Alors, je suis
intéressé de connaître votre opinion à ce sujet.
La Présidente (Mme Dionne): M. Bourassa.
M. Bourassa (Louis): Mme la Présidente, M. le ministre, je
pense que ce qui nous a amenés à réagir face à la
recommandation du livre vert, c'est quand on regarde un peu la situation en ce
qui concerne la planification financière. Et on est surpris, de prime
abord, de voir que cette fonction serait présente au sein du
superconseil. Quand on regarde les faits, quand on se réfère
à la pratique et qu'on essaie de définir ce qu'est un
planificateur financier, je l'ai dit auparavant, c'est un amalgame de plusieurs
professions, de plusieurs titres, de plusieurs possibilités, finalement.
Ce qui nous fait peur, c'est de se rendre compte que dans la majorité
des cas, ce sont des personnes qui sont liées par contrat ou qui ont des
ententes avec un fournisseur de produits ou peut-être quelques
fournisseurs de produits.
Par conséquent, pour nous, cela nous apparaît plutôt
des agents, au mieux des courtiers, parce qu'ils n'ont pas cette
indépendance. Quand on parle d'un planificateur financier, on parle de
la possibilité de pouvoir s'asseoir avec un client et de lui offrir la
meilleure des possibilités en termes de placement, en termes
d'investissement, selon ses besoins, selon le risque que cette
personne-là veut prendre. Mais lorsqu'on est lié on se demande,
finalement, comme planificateurs, jusqu'à quel point ils peuvent porter
ce titre. Nous, comme on le mentionnait au départ dans notre
mémoire, on est dans le champ de la planification financière,
mais on s'identifie comme courtiers en valeurs mobilières auprès
du public en tant que tel. Ce qui n'est pas le cas, malheureusement, de bien
des planificateurs financiers dont le titre va peut-être au-delà
de ce qu'ils sont réellement. Donc, dans ce contexte-là, on se
demande pourquoi avoir la présence d'un conseil de planification
financière quand leur rôle, quand leur fonction, quand,
finalement, ce qu'ils sont n'est pas plus clair et que ce que les courtiers en
valeurs mobilières font, bien, c'est de la planification
financière, mais on s'affiche comme courtiers en valeurs
mobilières.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bourassa. M. le
ministre.
M. Fortier: Bien, là, j'ai de la misère à
comprendre. Je dois vous avouer que, là, Je ne vous suis plus. Quand on
parle de planification financière, et hier dans la journée on en
a parlé, hier soir, il est clair, disons, que si on prend la
recommandation de M. Lacaille, ce qu'il recommande, ce serait que, dans un
groupe, il y ait un groupe de planification financière parce que, comme
il le dit très bien, aucun individu seul ne peut faire de la
planification financière, cela demande un groupe où on retrouve
un spécialiste en immeubles, un spécialiste dans le domaine des
valeurs mobilières, peut-être un avocat ou un notaire,
peut-être quelqu'un qui peut faire des recommandations quant au REER,
enfin sur toutes sortes de fonds communs de placement. Comme de raison, il peut
y avoir un représentant. Le représentant, lui, peut être un
généraliste dans le domaine de la planification
financière, mais il faut qu'il fasse appel à un groupe de
spécialistes qui, eux, sont autonomes et sont indépendants du
vendeur ou autonomes de celui qui place ou qui achète.
Mais dans le cas des courtiers en valeurs mobilières, enfin, moi,
quand je fais affaire avec mon courtier, je fais affaire avec lui pour acheter
des valeurs mobilières. Si je lui disais: Bien, j'ai 50 000 $, 10 000 $
ou 5000 $ - maintenant, je n'ai plus le droit mais quand j'avais le droit - je
lui donnais le mandat acheter des valeurs mobilières. C'est normal que,
si vous dites à un courtier: J'ai 10 000 $ à placer, il vous
recommande d'acheter pour 10 000 $ de valeurs mobilières. Le contraire
serait surprenant. C'est pour cela que vous me mêlez un peu quand vous
dites: Le courtier en valeurs mobilières, dans le fond, c'est un expert
en planification financière. Vous me mêlez un peu parce que, dans
le fond, je ne suis pas au courant du fait que Geoffrion, Leclerc ou d'autres
courtiers en valeurs mobilières ont une équipe de planification
financière à laquelle un courtier ou un représentant en
particulier peut se référer.
La Présidente (Mme Dionne): M. Bourassa.
M. Bourassa (Louis): Mme la Présidente, M. le ministre, je
pense qu'effectivement j'ai peut-être dû mal m'exprimer. J'ai dit
que Geoffrion,
Leclerc avait une fonction de planification financière, mais
qu'on s'affichait, par contre, à l'intérieur de cette fonction,
comme courtiers en valeurs mobilières en assumant, par
conséquent, qu'à l'intérieur de la fonction de
planification financière il y avait d'autres professionnels que le
courtier en valeurs mobilières.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bourassa. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Cela me fait plaisir de vous rencontrer.
J'écoutais le ministre, parce qu'il parle beaucoup, le ministre, alors
il dit beaucoup de choses. Mais pour vous dire que, comme député
d'Outremont, quand il parle des régions éloignées, ne vous
en faites pas, à Québec, on est là-dedans, nous
autres.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: C'est le sens des... Vous avez tous les sièges
sociaux des institutions financières du Québec ici.
M. Garon: J'ai été très content de voir dans
votre mémoire, quand vous avez parlé... Vous étiez sans
doute là quand je faisais référence à cela avec le
groupe précédent, mais vous êtes sans doute le seul groupe
qui est venu jusqu'à maintenant qui a parlé avec autant de
fermeté de la confidentialité des renseignements de vos clients.
Parce que, jusqu'à maintenant, je n'ai pas été bien
impressionné par la façon dont c'était traité, mais
dans votre mémoire vous vous y référez en disant que cela
doit être confidentiel, d'une façon totale.
Maintenant, vous fartes beaucoup référence à la
spécialisation dans votre mémoire. On a remarqué que tous
ceux qui étaient dans le domaine des valeurs mobilières ont dit
à peu près la même chose. Croyez-vous qu'une personne peut
réellement s'annoncer et faire seulement de la planification
financière? Parce qu'il y en a qui nous ont dit que des gens peuvent le
faire, il y en a même qui certifie déjà le titre. Mais
croyez-vous que des gens peuvent le faire et s'annoncer uniquement dans ce
domaine-là?
La Présidente (Mme Dionne): M. Bourassa.
M. Bourassa (Louis): Mme la Présidente, M. !e
député de Lévis, quand on fait allusion à ce
constat-là, je pense que ce qu'on a en tête, c'est le fait qu'on
voudrait mettre de l'avant - comment pourrais-je formuler cela - le rôle
du conseiller, la question du prix, la question du caractère
confidentiel. Il y a un paquet de notions qui rentrent en ligne de compte et,
quand on parle de spécialistes versus la notion de
généralistes et qu'on s'affiche en tant que spécialistes,
je pense que tout est relatif. En fin de semaine, je lisais dans La Presse
qu'un certain membre des institutions financières était de
retour sur les bancs de l'école et le but de ce retour sur les bancs de
l'école était d'offrir la possibilité à des
employés de cette institution financière d'offrir au comptoir,
à même les autres services qu'on pouvait offrir (ouvrir des
comptes, faire des retraits et ainsi de suite) en même temps, des
services en valeurs mobilières. Et je cite: "Combien de temps peut-on
consacrer à un cas tout en maintenant un prix abordable"? Alors que les
médecins parviennent souvent à poser un diagnostic en 15 ou 20
minutes, on aimerait pouvoir développer une démarche analogue
dans le secteur de l'institution financière dont on fait ici
allusion.
Je voudrais qu'on prenne note qu'on ne voudrait pas, sous
prétexte d'un décloisonnement, en arriver à un concept de
"fast food" du service financier, à savoir qu'on est tous autour du
même comptoir et, finalement, qu'on a en "package" quelques produits
financiers qui vont être en mesure de répondre aux besoins
généraux d'à peu près tout le monde sous
prétexte que, pour des raisons économiques de rentabilisation de
ce qu'ils ont déjà comme infrastructures, finalement, on irait
offrir au client une gamme plus large de produits et qu'on se limiterait
seulement à offrir des "packages" prédéterminés
parmi les autres tâches, les autres travaux que cette personne serait
appelée à offrir au public. (21 h 15)
C'est dans ce contexte que, lorsqu'on fait allusion au
spécialiste, on parle de disponibilité, de la connaissance du
client ainsi que de la connaissance des produits par rapport à la
personne qui, à travers d'autres activités, d'autres
tâches, offrirait à la clientèle un produit ou des produits
avec lesquels on n'a finalement pas beaucoup d'affinités. Donc, c'est
dans ce contexte-là, c'est plutôt en relation avec ce qui pourrait
survenir au cours des prochains mois qu'on dit qu'on est des
spécialistes, parce qu'on est à temps plein dans ce qu'on fait et
qu'on pense être en mesure de connaître notre client et d'offrir au
client une gamme de services et de produits qui sont en fonction de son
potentiel de risque et de son potentiel de gain.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bourassa. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Souvent, le modèle qu'on a donné ici,
c'est quelqu'un qui arrive et qui dit: Organisez-moi un peu; j'ai tant
d'argent, organisez-moi. Mais je pense bien que, dans la vie courante, cela
n'arrive pas toujours comme cela. Les gens commencent petit à petit et
ils ont déjà l'idée de ce qu'ils veulent avoir. Quelqu'un
qui veut avoir un immeuble à logements multiples ne va pas voir des gens
en planification financière qui vont lui dire: Toi, dans le fond, ton
volet, ce serait un immeuble. Cela n'arrive pas souvent comme cela. On a un peu
l'impression, quand on parle des équipes multidisciplinaires, que les
gens vont dire: II faudrait que tu prennes un peu
d'assurances, un peu de ci, un de peu de cela. Dans le fond, je
comprends que vous voulez dire que, quand les gens vont chez vous, ils veulent
faire une planification à partir de valeurs mobilières. Ils n'ont
pas l'idée d'acheter une maison, ils n'ont pas l'idée d'acheter
une assurance-vie ou de planifier leur retraite. Ils ont déjà
fait le choix d'investir dans des valeurs mobilières et ils voudraient
avoir un portefeuille équilibré. Est-ce que c'est un peu cela que
vous voulez dire, quand vous parlez de planificateurs dans votre secteur, tout
en étant des courtiers?
La Présidente (Mme Dionne): M. Bourassa.
M. Bourassa (Louis): Mme la Présidente, M. le
député de Lévis, c'est à peu près cela,
à savoir que, lorsqu'un client vient nous voir pour certains besoins
spécifiques dans le domaine des valeurs mobilières, bien entendu,
on est assis avec le client et on connaît notre client, ce qu'il a comme
actif, ce qu'il a comme passif aussi dans certains cas, et on sait ce qu'il
veut faire au cours des prochains mois, des prochaines années. Donc, on
parle d'un certain aspect du champ de la planification financière. Bien
entendu, lorsqu'on parle du concept d'une équipe multidisciplinaire, si
à la suite de cette rencontre avec le client on note que ce client
aurait d'autres besoins que celui d'investir dans le marché boursier,
alors, là, il y aurait peut-être une possibilité d'aider le
client dans d'autres champs et de le référer à un autre
spécialiste.
Quand on regarde un peu ce qui se passe à Montréal au
chapitre du carrefour financier ainsi qu'à Saint-Félicien, ce qui
manque actuellement, c'est un partage légal des commissions, ce qui
empêche, jusqu'à maintenant, les gens de pouvoir
véritablement tirer profit de ce concept d'équipe
multidisciplinaire. Tant qu'il n'y aura pas une incitation à risquer de
transférer certains actifs d'un client d'un spécialiste à
un autre, tant qu'il n'y aura pas cette incitation d'une commission au bout, le
concept en tant que tel d'une équipe multidisciplinaire n'est pas
viable. C'est ce qu'on a noté jusqu'à maintenant à
Montréal ainsi qu'à Saint-Félicien.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous ne semblez pas trop favorables à la
divulgation de la rémunération des équipes
multidisciplinaires, alors que, dans le domaine des valeurs mobilières,
c'est une pratique reconnue depuis longtemps, les montants que coûtent
les transactions sont connus. Pourquoi? Pensez-vous que le client serait mieux
protégé s'il savait ce qu'il lui en coûte? Pourquoi
avez-vous une réserve quant aux équipes multidisciplinaires,
alors que dans votre secteur les taux sont connus?
La Présidente (Mme Dionne): M. Bourassa.
M. Bourassa (Louis): Mme la Présidente, M. le
député de Lévis, effectivement, comme vous le mentionnez,
on est un secteur très ouvert. Disons que j'ai une copie d'un prospectus
du groupe Macyro, par exemple, qui a fait une émission publique le 5
juin 1987: 14 000 000 $, 2 800 000 actions ordinaires offertes à 5 $
chacune, avec une commission au preneur ferme de 0,31 $ l'action. Cela est en
première page du prospectus qui est remis au client. Donc,
effectivement, comme vous le mentionnez, M. le député, nous
sommes très ouvert vis-à-vis de ce qui est payé comme
commission.
Par contre, on émet une certaine réserve parce qu'on ne
voudrait pas que tout le débat soit orienté ou qu'on soit en
mesure de modifier le comportement du client qui serait plutôt
intéressé par le prix que par le service qu'on lui offre. Par
exemple, si je prends le cas d'une veuve qui vient d'hériter 25 000 $ et
qui décide qu'elle veut investir ces 25 000 $, elle va voir un courtier
en valeurs mobilières à qui elle demande: Qu'est-ce que je peux
faire avec mes 25 000 $? Finalement, le courtier lui donne certains conseils et
ainsi de suite. À la suite de cela, cette personne fait un peu de
shopping, elle va voir des escompteurs, elle va voir d'autres maisons et elle
se rend compte, par exemple, qu'un escompteur est capable de lui acheter des
titres inscrits en bourse, des actions priviligiées, des actions
ordinaires de grandes compagnies à un prix qui est peut-être
équivalent à 25 %, 30 % peut-être 40 % du prix normal
exigé par un courtier de plein exercice. Bravo! Jusque-là, cette
personne fait des économies.
Par contre, une fois cette exécution faite, cette personne peut
avoir un problème, peut avoir des besoins. Si on présume, dans
cet exemple, que la personne a 62 ans et qu'elle aimerait effectivement avoir
plus de conseils après cette exécution, elle se retrouve devant
un cul-de-sac. Comment quelqu'un qui vous a donné un conseil et qui
s'est aperçu que vous êtes allé voir un escompteur
serait-il capable, quelques semaines, quelques mois plus tard, de vous dire:
Maintenant que vous avez acheté chez l'escompteur c'est le temps de vous
aider. Il y a un risque que cette personne se retrouve seule face au dilemme,
face aux problèmes qui découlent de ce qu'elle aurait fait comme
investissement. Elle n'est pas capable d'avoir des conseils. Elle n'est pas
capable d'avoir de suivi. Par conséquent, c'est elle qui perd au change
après, même si au départ elle a peut-être
épargné une commission, parce qu'il n'y a pas de suivi, pas de
conseils.
On ne voudrait pas que tout le débat se fasse sur les prix et
qu'on oriente le client indûment dans un comportement qui serait
exclusivement orienté sur le prix alors que, dans notre milieu, on ne
vend pas seulement que les hot dogs, on vend du conseil financier et ceci exige
du service après l'acquisition des titres. Par conséquent, on
ne voudrait pas que le débat
soit faussé par les prix. On se rend compte que le rôle du
conseiller est plus important que le rôle de simple exécutant et
que la notion de prix n'est qu'une composante de tout le processus de
planification financière. Donc, c'est la petite notice dont on voudrait
vous faire part ici. On ne voudrait pas que le débat s'oriente
strictement du côté des prix.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bourassa. M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci, Mme la Présidente. Le moins
qu'on puisse dire, c'est que vous êtes dans une avenue largement
opposée à celle de la Commission des valeurs mobilières du
Québec que nous avons entendue cet après-midi. Vous êtes
même à l'antipode. J'ai devant moi la fameuse page 18 sur laquelle
j'ai interrogé longuement le président de la Commission des
valeurs mobilières. Juste pour enchaîner sur ce que vous venez de
dire, M. Bourassa, je vous lis le début de la page 18: "II serait
également inopportun - dans le document de la Commission des valeurs
mobilières - de permettre le regroupement en multidisciplinarité
de fonctions de type conseiller et de type fournisseur de produits." Vous ne
vous entendez pas du tout... Vous n'avez pas du tout la même approche que
la Commission des valeurs mobilières là-dessus.
La Présidente (Mme Dionne): M. Bourassa.
M. Bourassa (Louis): Bravo! Mme la Présidente, M. le
député, effectivement, si on n'a pas les mêmes
idées, je pense que c'est important, afin d'enrichir le débat.
Finalement, qu'on ait différentes opinions, différentes
idées, bravo! Effectivement, si on est pour bâtir un
système financier intègre au Québec, je pense qu'il serait
agréable d'avoir différentes idées, différentes
façons de voir les choses.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Moi, ce que je ...
M. Garon: ...vous êtes plus libéral que le
député?
M. Bélisle: Moi, ce que je veux souligner, c'est que moi
aussi je vais vous dire bravo, mais pour d'autres raisons. Je suis d'accord
avec vous pour qu'il y ait des différences d'opinions fondamentales
parce que je ne partage pas - et c'est ce que j'ai dit cet après-midi -
la position de la Commission des valeurs mobilières du Québec, et
beaucoup d'autres choses aussi avec la Commission des valeurs mobilières
du Québec.
Ceci étant dit, on a beaucoup parlé des carrefours
financiers mais, un carrefour finan- cier, ce n'est pas une équipe
multidisciplinaire.
M. Bourassa (Louis): Mme la Présidente, M. le
député, jusqu'à maintenant, lorsqu'on parle d'un concept
de carrefour financier, où est-ce qu'on en est rendu aujourd'hui? Je
pense qu'il est un peu prématuré d'apporter des conclusions si,
effectivement, ce qu'on pense comme carrefour financier, c'est que c'est la
recette idéale pour faire face aux besoins changeants du
marché.
Ce qu'on a fait depuis sept ans, chez Geoffrion, Leclerc, depuis 1981,
c'est de placer des pions sur notre jeu d'échec en espérant que,
tôt ou tard, on puisse avoir un cadre légal qui nous permette de
tirer profit des échanges de services entre différents
professionnels. Maintenant, on est sur le point d'avoir un cadre légal
qui va nous permettre de tester le concept du carrefour financier. Je vous
avoue qu'il est un peu trop tôt, un peu prématuré de
s'avancer aussi loin que de dire que le concept du carrefour financier, c'est
celui qu'on a actuellement à Montréal ou à
Saint-Félicien, où on a quatre compagnies distinctes, autonomes,
qui, chacune, offre des services professionnels à une clientèle
et qui est en mesure de référer aux autres compagnies du
carrefour un client qui aurait d'autres besoins que le service qu'il requiert.
Donc, malheureusement, aujourd'hui, il est un peu trop tôt, je pense,
pour porter un jugement sur le concept en tant que tel, le carrefour financier
d'une équipe multidisciplinaire, l'impact que cela aura, le
résultat qu'on pourra anticiper de cette équipe.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Mme la Présidente, dans mon esprit, je
comprends bien que vous ayez placé des pions, compte tenu de la
législation actuelle, pour avantager et placer votre maison; c'est de
très bonne guerre et de très bonne politique. Mais je pense que
ce dont on parle dans le livre blanc, ce n'est pas de carrefour financier
où vous avez, sur un même plancher ou dans un même lieu,
quatre compagnies qui sont reliées ou quatre entités juridiques
différentes qui sont reliées à un même groupe et qui
font la vente de produits de fiducie, de produits d'assurances, de valeurs
mobilières et d'autres choses, d'autres produits financiers. Ce n'est
pas du tout ce dont il est question en ce moment. Vous nous expliquez votre
expérience, tant mieux pour vous, tant mieux pour vos actionnaires, tant
mieux pour Geoffrion, Leclerc et tant mieux pour La Laurentienne! Mais ce n'est
pas de cela qu'il est question ici. Il est question d'une équipe
muiti-disciplinaire où - moi, c'est la façon dont je le comprends
- il y a un partage commun, il y a un "pot" commun de revenus globaux
corporatifs qui va être créé ou d'une
société, appelons-la société XYZ, où il va y
avoir un courtier en valeurs
mobilières, un courtier d'assurances et où ces
gens-là vont générer des revenus de l'activité
générale comme planificateurs financiers, comme vendeurs de
produits financiers. Je pense que c'est ce dont if est question en ce moment.
(21 h 30)
Vous dites à la page 5 de votre document, M. Bourassa, et je vous
cite: "Afin d'éviter la multiplicité de conflits et
d'activités illégales, nous proposons - et vous parlez du
partage, là, de sous sur la table - qu'il devrait plutôt
appartenir aux institutions d'établir les politiques à ce sujet
et de s'assurer que le paiement serait fait entre institutions plutôt
qu'entre individus." Je vous soumets, M. Bourassa, que vous ne vous adressez
pas à la bonne question et au bon concept. J'aimerais plutôt vous
entendre en réponse à la bonne question et au bon concept,
c'est-à-dire sur ce que vous penseriez d'avoir sous un même toit,
sous une même entité corporative ou de société,
entité légale, différents professionnels de
différents types qui auraient un revenu corporatif de
dégagé. Est-ce que vous acceptez le partage dans ce
cas-là? Il n'y a pas lieu d'appliquer votre paragraphe à la page
5 de partage entre institutions. Ce n'est pas applicable en aucune
façon. J'aimerais vous entendre là-dessus.
La Présidente (Mme Dionne): M. Bourassa.
M. Bourassa (Louis): Mme la Présidente, M. le
député de Mille-Îles, cela va me faire plaisir de
répondre à la vraie question. Je vais essayer de vous donner une
vraie réponse aussi. Bien entendu, quand on parle du concept de
carrefour financier, c'est peut-être un genre de concept
idéalisé à savoir, comme on l'a dit tantôt, quatre
institutions distinctes qui, finalement, vont s'échanger des services
financiers. D'accord. Maintenant, je pense que l'un n'empêche pas l'autre
à savoir, que quatre individus, ou trois ou cinq, ou six exercent un
nombre d'activités professionnelles financières
différentes, se regroupent sous un même toit et offrent une gamme
de services élargies tout en ayant chacun une spécialisation
propre. Et cela revient pour nous à un mini-carrefour financier. Disons,
que c'est peut-être une bataille de sémantique mais, grosso modo,
on n'a rien contre l'idée. Au contraire, je pense que si on veut
être honnête face à ce qui va survenir probablement dans les
prochaines années, on va probablement assister à la formation de
plus d'équipes pluridisciplinaires, c'est-à-dire trois, quatre,
cinq individus qui possèdent chacun une profession différente
ensemble à l'intérieur de 200 pieds carrés ou de 500 pieds
carrés, plutôt que d'avoir cinq ou six institutions chacune ayant
700 ou 800 pieds carrés, qui vont s'échanger des
clientèles.
Ainsi, je pense qu'on va pouvoir répondre au problème du
député de Lévis, à savoir qu'on va éviter,
par la formation de ces équipes disciplinaires, le problème de la
confidentialité.
Si quatre "chums" se mettent ensemble, pour quatre "chums" qui font
affaire avec une clientèle d'une même région, c'est
beaucoup plus facile, probablement, de pouvoir se mettre d'accord sur une
politique, sur un code, toujours, par contre, en accord avec les politiques de
chacune des institutions, que pour quatre grosses machines sur un même
plancher qui essaient d'une façon formelle d'échanger
différents services.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bourassa. Notre
temps est écoulé. M. le député de Lévis.
M. Garon: J'aurais juste une question. Pensez-vous que - vous
étiez rendu là, je pense cela arrive bien - le client est bien
protégé s'il confie une partie de son épargne à des
planificateurs qui estiment connaître un bon nombre
d'éléments des produits financiers, d'à peu près
tout?
La Présidente (Mme Dionne): M. Bourassa.
M. Bourassa (Louis): J'aimerais peut-être que vous me
précisiez la question parce que je vous avoue...
M. Garon: Vous avez mis l'accent sur des spécialistes.
M. Bourassa (Louis): Oui.
M. Garon: C'est-à-dire que les généralistes,
vous n'avez pas une confiance trop forte là-dedans, c'est pour cela que
je pose la question. Pensez-vous que des gens qui seraient uniquement des
généralistes, qui essaieraient de planifier les placements de
gens, tout en étant des gens qui en connaissent un peu dans tous les
secteurs, mais sans être des spécialistes d'aucun secteur,
devraient être des planificateurs financiers?
La Présidente (Mme Dionne): M. Bourassa.
M. Bourassa (Louis): Mme la Présidente, M. le
député de Lévis, honnêtement, non, aujourd'hui, dans
le développement des marchés tel qu'on le connaît. Par
exemple, si je vous disais que le groupe Fidélity offrait 103 types de
fonds mutuels. C'est une compagnie qui offre 103 différents produits
pour, finalement, un éventail très large de besoins d'une
clientèle. Et, là, on parle d'un fournisseur de produits, mais il
y en a finalement plusieurs, dont chacun a plusieurs produits. On ne peut pas
concevoir que quelqu'un, à temps partiel, parmi d'autres
activités, d'autres fonctions, soit capable de s'asseoir et d'offrir un
service compétent et professionnel. Aujourd'hui, surtout au
Québec, on se rend compte que les gens, depuis quelques années,
grâce au REA, par exemple, ont pris de plus en
plus conscience de l'importance de la gestion de leurs actifs, de fa
gestion de leurs épargnes, ce qui pose des exigences encore bien plus
grandes vis-à-vis de ceux qui vont s'occuper de leurs finances. Je ne
peux pas concevoir comment, aujourd'hui, dans le marché où on
est, un généraliste, à temps partiel ou parmi d'autres
activités, soit capable d'offrir un service professionnel et
éclairé pour répondre aux besoins de sa
clientèle.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Bourassa. Pour la
conclusion, M. le ministre.
M. Fortier: Je pense qu'on a eu un bon échange de propos.
J'ai pris note de tous les commentaires. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je pense également qu'on a eu un bon
échange de propos. Je n'en ai pas pris note, parce que je sais que tout
cela va être imprimé dans le Journal des débats.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, M.
Bourassa, M. Gagnon ainsi que votre équipe, au nom des membres de
la commission, je tiens à vous remercier de la présentation de
votre mémoire et à vous souhaiter un bon retour.
M. Bourassa (Louis): Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne): Je demanderais maintenant aux
représentants de l'Association des banquiers canadiens de bien vouloir
s'avancer.
J'aimerais tout d'abord vous souhaiter la bienvenue à cette
commission, demander au porte-parole de bien vouloir s'identifier et de
présenter les gens qui l'accompagnent.
Association des banquiers canadiens
M. Dufresne (Martin L.): M. le ministre,
MM. les députés, mon nom est Martin Dufresne et je suis le
président mandaté de l'Association des banquiers du Canada pour
la province de Québec.
M. Duquette (Marc): Mon nom est Marc Duquette, du bureau Ogilvy
Renault, conseiller externe de l'association.
M. Ferron (Daniel): Je suis Daniel Ferron, le secrétaire
de l'association pour le Québec.
La Présidente (Mme Dionne): Merci beaucoup. Avant de
commencer, j'aimerais vous rappeler les règles de la commission. Vous
avez 20 minutes pour présenter votre exposé et, par la suite,
nous aurons des échanges de propos avec les membres de la commission.
Alors, M. Dufresne, on vous écoute.
M. Dufresne: Mme la Présidente, M. le ministre, nous avons
eu l'occasion dernièrement de vous soumettre un mémoire. Je vais
m'abstenir de relire ce mémoire en vous résumant un peu ce que
nous avions dit dans cette présentation.
Comme vous le savez, l'Association des banquiers canadiens
représente un nombre de banques canadiennes dont plusieurs ont leur
siège social ici, au Québec. Dans l'ensemble, les banques
emploient plus de 30 000 personnes dans environ 14 440 succursales à
l'échelle de la province. À ce titre, elle représente un
levier très important de développement économique au
Québec.
L'association suit avec beaucoup d'intérêt les pas
considérables accomplis par le Québec depuis plusieurs
années en matière de décloisonnement des institutions
financières et maintenant des intermédiaires. L'association
favorise les modifications réglementaires permettant aux divers
intervenants des marchés financiers de procurer à la
clientèle une plus grande gamme de produits financiers à des taux
concurrentiels, tout en assurant une protection adéquate aux
épargnants.
La principale préoccupation de l'association face au document de
consultation a trait à la préférence marquée du
document pour la création de cabinets multidisciplinaires plutôt
que pour le cumul des permis. Les banques ne s'opposent pas à ce que les
courtiers d'assurances, courtiers en valeurs mobilières et autres
intermédiaires puissent s'associer dans des cabinets
multidisciplinaires. L'association croit toutefois que cette solution n'est pas
appropriée pour toutes les situations et que la réglementation ne
devrait surtout pas pour autant exclure l'autre alternative,
c'est-à-dire le cumul des permis, communément appelé le
principe des deux chapeaux.
L'association croit, en effet, que les représentants
d'institutions financières et de leurs filiales devraient pouvoir, avec
une formation adéquate, cumuler certaines fonctions. Il devrait, par
exemple, être possible pour une même personne d'agir tantôt
comme représentant d'une filiale de courtage inscrite auprès de
la Commission des valeurs mobilières, de vendre des fonds communs de
placement et, quand elle n'est pas occupée suffisamment par cette
activité, de remplir d'autres fonctions pour l'institution
financière elle-même.
Le domaine des fonds communs de placement se prête d'ailleurs
particulièrement bien au cumul de permis par sa nature
saisonnière. En effet, les ventes de fonds mutuels sont
considérables en janvier et février, en raison de
l'échéance annuelle des contributions au REER. Par contre,
l'activité chute considérablement durant le reste de
l'année. Le cumul de permis, permettant à un représentant
de partager ainsi son temps avec d'autres activités en dehors des
périodes de pointe, permet de rentabiliser les opérations de
distribution de fonds communs de
placement dans des endroits où le maintien d'un
représentant distinct serait peu économique.
Le cumul de permis rend ainsi possible le fait de faire
bénéficier la clientèle, plus particulièrement la
clientèle dans les centres non urbains, d'une plus grande gamme de
produits ou de services à des coûts raisonnables. Bien que les
fonds communs de placement soient, pour l'instant, la première
préoccupation des banques dans ce domaine, nous croyons que le principe
du cumul de permis pourrait aussi bien s'appliquer à d'autres secteurs
tels que la vente de certains produits d'assurance. L'association
désire, en effet, préserver la possibilité, pour les
banques comme pour les autres institutions financières, de distribuer
d'autres produits financiers tels que l'assurance, lorsqu'elles en obtiendront
le droit aux termes de leur loi constitutive. L'association souhaite que la
réglementation favorise l'utilisation, par les institutions
financières, leurs filiales et les intermédiaires avec lesquels
elles peuvent contracter des services, des réseaux de succursales dont
elles disposent.
La reconnaissance du principe du cumul de permis par des
représentants répondant aux exigences de qualification
pertinentes rend possible l'utilisation des réseaux de succursales des
institutions financières pour la distribution de produits financiers.
Les consommateurs ne pourraient toutefois bénéficier
réellement de cette innovation en matière de distribution et des
économies qu'elle rend possible si la réglementation devait
imposer des exigences relatives à l'utilisation des succursales qui
équivaudraient à maintenir le cloisonnement à
l'intérieur même des institutions financières. Par exemple,
il faudra éviter toute exigence relative à la
réorganisation physique des succursales ou au maintien de locaux
séparés pour la vente de produits financiers distincts.
L'association souhaite également que la réglementation
comporte des exigences de formation adéquate pour les
représentants, en fonction de la complexité relative des produits
ou des services financiers pertinents. Par exemple, le degré de
formation requis pour la vente de fonds communs de placement n'est pas le
même que celui qui est requis pour un représentant de courtier, de
plein exercice, qui vendrait par exemple des options. Les standards devraient
être fixés en fonction de la complexité relative de chaque
catégorie de produits financiers et tenir compte aussi bien de la
réalité nouvelle des institutions financières que de celle
des intermédiaires traditionnels, de façon à s'adapter aux
nouvelles possibilités de distribution et de réseaux offertes par
le décloisonnement.
La réglementation devrait également favoriser la
participation d'organismes d'autoréglementation dans les programmes de
formation des représentants. À cet égard, l'association
préconise une participation de l'Institut des banquiers canadiens dans
l'établissement de normes de formation de même que dans la mise en
place de programmes d'encadrement et de surveillance des représentants
auxquels pourraient participer les banques elles-mêmes. (21 h 45)
L'association comprend qu'il est important de réglementer
l'activité de conseiller en planification financière de
façon à prévenir les abus dont une minorité
d'intervenants sont trop souvent responsables. Nous croyons toutefois que
l'approche de cette recommandation devrait être prudente, de façon
à ne pas nuire aux activités légitimes non seulement des
représentants de différentes catégories professionnelles
dans ce domaine, mais aussi à celles de personnes morales telles que les
institutions financières agissant par leurs représentants.
Nous croyons également que la Commission des valeurs
mobilières du Québec possède déjà une grande
compétence pour la portion de l'activité de planification
financière qui relève des valeurs mobilières et que le
recours à cet organisme serait préférable à la
constitution de nouveaux organes qui pourraient faire, jusqu'à un
certain point, double emploi avec la Commission des valeurs
mobilières.
Nous nous inquiétons particulièrement du fait que le
document de consultation traite de la planification financière sous
l'angle des catégories professionnelles auxquelles appartiennent les
intervenants. Nous croyons préférable que cette
réglementation se fasse par fonction, car l'approche par
catégorie professionnelle, en plus de consacrer une sorte de
cloisonnement, exclut les personnes morales, comme les institutions
financières, qui ne sont pas elles-mêmes membres de
catégories professionnelles et agissent plutôt par des
représentants salariés.
Il est également primordial que la réglementation continue
de distinguer, d'une part, les activités de planification
financière qui ne sont exercées qu'à titre accessoire et
pour lesquelles aucune rémunération distincte n'est payée
et, d'autre part, l'activité d'une personne qui s'annonce comme
conseiller en planification financière et est
rémunérée de façon distincte pour ses services. La
réglementation retenue devrait continuer de dispenser la première
catégorie comme le fait présentement la Loi sur les valeurs
mobilières pour les activités de conseil en valeurs
mobilières pratiquées par les institutions financières qui
ne sont qu'accessoires à leurs activités.
Mme la Présidente, M. le ministre, l'association est heureuse
d'avoir pu apporter à la commission du budget et de l'administration et
à vous, M. le ministre, les quelques commentaires que nous avons
exprimés ce soir et souhaite que ces suggestions puissent aider à
l'élaboration de politiques qui, tout en favorisant le
décloisonnement des intermédiaires, tiennent compte des
préoccupations des institutions financières comme celles que
représente l'association. Par la même occasion, l'association
souhaite procurer à toute la population québécoise, que ce
soit la popula-
tion de Kuujjuaq ou celle de Trois-Rivières, une plus grande
gamme de produits financiers à des taux concurrentiels. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Dufresne. M. le
ministre.
M. Fortier: Mme la Présidente, M. Dufresne, bienvenue
à Québec. Je pense qu'il y a un malentendu fondamental dans votre
proposition, parce que je croyais qu'il était clair que la commission
parlementaire traitait du décloisonnement des intermédiaires. On
tenait pour acquis que, dans un premier livre blanc, nous avions traité
de la réforme des institutions financières au Québec et
que le deuxième document était la continuité du premier.
Dans plusieurs de vos recommandations vous allez directement à rencontre
des principes que nous avons établis dans le premier document sur la
réforme des institutions financières au Québec.
Si vous regardez, en particulier, le premier principe qui est inclus
dans ce premier document sur la réforme des institutions
financières, on dit très clairement: Permettre le
décloisonnement par filiale tout en conservant le caractère
distinctif des institutions reliées à l'exercice d'une
activité principale. Il est clair que la politique que le Québec
s'est donnée, c'est de permettre à un groupe d'organismes de se
décloisonner. Cela a commencé en 1983, si on prend La
Laurentienne. Maintenant, ils ont Geoffrion, Leclerc, ils ont la banque
Laurentienne, ils ont leur propre compagnie d'assurances, ils ont leur
compagnie d'assurances générales. Donc, ils ont
différentes compagnies qui sont spécialisées dans
différents domaines.
Par ce premier principe de notre politique, nous nous éloignons
très clairement de ce qu'on peut appeler une institution
financière de type européen ou une banque européenne,
où la banque aurait le droit de tout faire et où une institution
financière aurait donc le droit de tout faire horizontalement. On
s'éloigne de cela et c'est la raison pour laquelle, je crois, qu'il y a
plusieurs de vos recommandations qui sont irrecevables pour autant que je sois
concerné. On ne s'en va pas du tout dans la direction où, si une
banque ou une caisse populaire possédait une compagnie d'assurances, il
serait possible à la banque ou à la caisse populaire de vendre de
l'assurance directement. Je pense que c'est très clair. J'ai
réitéré ce principe-là à plusieurs reprises.
Nous ne permettrons pas au Québec, dans une banque ou une caisse
populaire, que le caissier vende de l'assurance directement, ce qui est fait
présentement par le Mouvement Desjardins et, contrairement à ce
que vous dites ici, je crois que cela n'a pas été permis par le
gouvernement. On a eu un débat là-dessus, je ne veux pas refaire
le débat, mais le Mouvement Desjar-dins plaide présentement en
cour qu'il a le droit de le faire et notre jurisconsulte m'a dit, nous a dit au
gouvernement, que le Mouvement Desjar- dins était en droit de le faire
selon la loi qui le gouverne, mais la cour va décider et on verra la
suite des événements.
Or, il est clair, quant à nous, que le décloisonnement que
l'on privilégie, c'est que si un groupe de compagnies, si le Mouvement
Desjardins, si le groupe La Laurentienne, si une banque, par exemple,
possède différentes filiales dans différents domaines
donnés, on puisse discuter de l'utilisation des locaux, mais on ne s'en
va pas du tout dans la direction où le caissier pourra vendre tous ces
produits-là. Ce n'est pas du tout la direction dans laquelle on s'en va.
C'est pour cela que je pense qu'il y a là un quiproquo. Je dirais qu'il
y a à peu près la moitié de vos recommandations qui, pour
autant que le Québec soit concerné, sont complètement
irrecevables.
Comme vous le savez, le Mouvement Desjardins, avant que je devienne
ministre, avait demandé au gouvernement précédent que ses
caissiers puissent vendre de l'assurance générale dans les
caisses. Cela lui fut refusé et, il a trouvé une façon de
le faire: un agent de la compagnie d'assurances est posté dans les
caisses. En tout cas, pour autant que, nous, nous soyons concernés, on
peut faire le débat. Je ne veux pas recommencer le débat ici sur
l'utilisation des locaux, mais ce que je veux dire, c'est que pour vous il est
clair que ce que nous désirons, c'est que la personne qui vend de
l'assurance soit un agent formé pour vendre de l'assurance, une personne
qualifiée qui possède les qualifications nécessaires et
qui obtienne un permis de l'Inspecteur général des institutions
financières pour vendre de l'assurance. Alors, on pourrait
continuer.
Dans votre mémoire, vous avez plusieurs recommandations qui vont
dans un sens tout à fait opposé, mais j'aime autant être
franc immédiatement. Ce n'est pas du tout la direction dans laquelle
nous allons puisque notre réforme était basée justement
sur le principe que le décloisonnement devait se faire par filiale - on
parle des institutions. Maintenant, quand on parle du décloisonnement
des intermédiaires, le but de la commission parlementaire n'est pas
nécessairement de permettre aux institutions tout ce qu'on permet aux
intermédiaires de marché. Le but de la commission parlementaire
est de donner aux intermédiaires de marché des moyens pour
pouvoir se défendre face à tout ce qu'on a permis au
Québec pour les institutions financières elles-mêmes. Le
Québec a permis beaucoup depuis 1983 en particulier. Quand vous dites
obtenir des permis par fonction, en définitive, selon ce que vous
demandez, la banque obtiendrait un permis dans le domaine des valeurs
mobilières, elle obtiendrait un permis dans le domaine de l'assurance,
dans les fonds mutuels, pour la planification financière et finalement,
n'importe quel employé de la banque fournirait ces services. Ce n'est
pas du tout la direction dans laquelle nous allons.
La Présidente (Mme Dionne): M. Dufresne.
M. Dufresne: Mme la Présidente, M. le ministre, je crois
qu'il y un imbroglio ici. Le mémoire de la banque ne souhaite pas que ce
soient les employés de la banque elle-même, que ce soient les
employés des filiales qui vendent ces produits. Dans le secteur des
valeurs mobilières, il est entendu que la banque souhaiterait que ce
soit un employé de la banque mais, tenant compte de la
réglementation existante que ce soit un employé de la filiale
formé par, dans notre cas l'Institut des banquiers canadiens, suivant
des normes établies par la Commission des valeurs mobilières.
Cette personne serait un employé à temps plein de la filiale qui
serait sous contrôle, dans le cas présent, du Québec.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Par permis, parce que pour la formation, une fois que
les organismes responsables comme la Commission des valeurs mobilières
ou autres auront défini des normes, il pourra y avoir des ententes sur
la question de la formation. La discussion sur la formation n'est pas aussi
importante que la discussion fondamentale parce que vous demandez des permis
par fonction et vous dites que ce sont des employés des filiales qui
pourraient travailler dans la banque.
M. Duquette: C'est cela.
M. Fortier: Mais que voulez-vous dire par permis par fonction
alors?
La Présidente (Mme Dionne): M. Duquette.
M. Duquette: Mme la Présidente, M. le ministre, si je peux
me permettre, je ferais deux précisions. Au sujet de l'emploi à
temps plein, je crois que l'Association des banquiers désire, lorsque
les circonstances ne permettent pas de façon efficace de maintenir une
personne à temps plein, que le principe du cumul des permis, notamment
dans le cas de fonds communs de placement, permette à une personne qui a
la formation requise, et qui est autrement tout à fait
compétente, d'occuper en juillet, août et en septembre, lorsqu'il
y a peu d'autres choses à faire, des fonctions directement
reliées à la banque plutôt qu'à la filiale. Mais la
personne, pour toutes les activités réglementées par la
Commission des valeurs mobilières par exemple, demeurerait sous
l'égide de la filiale et, donc, sous le contrôle des organismes de
réglementation appropriés. Nous croyons que ce n'est pas
incompatible avec les politiques que vous préconisez.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Je peux voir que, pour les fonds communs de
placement, vous avez un problème qui est nouveau pour moi. Je peux voir
assez facilement, quand arrivent les mois de janvier et de février, que
tout le monde se lance pour s'acheter un fonds mutuel. On n'avait pas
porté ce problème à mon attention avant aujourd'hui, mais
ce que vous dites, au fond, c'est que vous espéreriez que certains
employés puissent obtenir un permis pour la vente de fonds mutuels
puisque cela pourrait vous permettre d'être plus efficaces quand arrive
la saison de la chasse, la saison de la vente des fonds mutuels.
Dans le document, contrairement à ce que vous dites, je pense
qu'on ne prend pas position très nettement pour le cumul des permis ou
pour les cabinets multidisciplinaires, mais on dit tout simplement que dans la
majorité des cas, étant donné qu'on va relever le niveau
de formation et les exigences d'accès à l'obtention d'un permis,
de la même façon qu'il y a peu d'ingénieurs qui sont
avocats en même temps ou qu'il y a peu d'avocats qui ont suivi un cours
de MBA, quoiqu'il y en ait de plus en plus, il y a des individus qui le font,
et notre idée n'était pas de limiter cette possibilité. Si
un individu voulait s'astreindre à passer tous les examens, d'autant
plus qu'on va relever le niveau et la difficulté de passer les examens,
très probablement, la majorité des gens vont
préférer former des cabinets multidisciplinaires. On parle
toujours des intermédiaires de marché. On ne parle pas des
institutions financières, nous parlons des intermédiaires de
marché. C'est pourquoi j'ai de la misère à suivre votre
mémoire parce que la commission parlementaire a été
retenue pour les intermédiaires de marché, mais vous faites un
plaidoyer pro domo pour les institutions financières. Ce qui fait qu'on
n'est pas tout à fait dans la même joute.
La Présidente (Mme Dionne): M. Duquette.
M. Duquette: Nous nous inquiétions que, par rapport
à votre livre blanc de l'automne, le document de consultation sur le
décloisonnement des intermédiaires semblait prendre une direction
différente dans la mesure où il y avait apparence d'un recul par
rapport aux positions sur le cumul des permis et sur l'utilisation des
succursales. Nous sommes heureux de voir qu'il s'agit probablement d'un
malentendu. Nous avons quand même un autre souci, quand vous faisiez
référence tout à l'heure à la fonction, à la
réglementation par fonction. Il s'agit de préserver, pour les
institutions financières, dont les banques, la possibilité de
participer à certaines activités qui pourraient, sous une
nouvelle réglementation, être réglementées par
catégorie professionnelle. Comme vous le savez, les institutions
financières sont des personnes morales. Elles transigent normalement par
des employés salariés qui peuvent, par contre, être tout
à fait compétents et répondre à des standards
très élevés de
qualifications que vous pourriez fixer. Mais il est très
difficile de demander à des institutions financières d'être
membres de corporations professionnelles. Nous nous inquiétions que
cette réglementation puisse constituer une sorte de cloisonnement
déguisé qui soit un obstacle pratique à certaines
activités légitimes que pourraient vouloir faire les institutions
financières, qu'il s'agisse de la vente de produits d'assurances ou de
conseils en planification financière. (22 heures)
J'apporte tout de suite une précision: l'activité de
planification financière exercée par les institutions
financières, dont les banques, est actuellement assez limitée en
vertu des pouvoirs restreints qu'elles ont dans ce domaine. Il s'agit
plutôt d'activités accessoires à des occupations
principales et c'est pourquoi, dans notre mémoire et dans notre
présentation, nous suggérions il y a un instant que l'on
répète des dispenses pour ces activités dans la mesure
où ce ne sont pas des activités que l'on annonce largement, mais
plutôt des activités connexes à l'activité
principale des institutions financières, et non
rémunérées spécialement. Nous voulons nous assurer
que l'on répète dans toutes nouvelles lois sur le domaine des
dispenses analogues à celles qui existent en vertu de la Loi sur les
valeurs mobilières en matière de gestion de portefeuille ou de
conseils en matière de placement.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Duquette. M. le
député de Lévis.
M. Garon: J'aimerais revenir sur une question qui vient
d'être discutée. Prenons le cas d'une caisse populaire.
Actuellement, dans une caisse populaire, on a le local du prêteur. Si
vous avez besoin d'emprunter, il y a une pièce à part dans
laquelle vous allez et où vous pouvez emprunter, faire votre demande de
prêt. À la caisse populaire où je vais, si on veut faire un
placement à terme, c'est à une autre place; à l'autre
place, c'est le gérant. Ces caisses populaires vendent des produits
d'assurances. Je veux savoir entre les deux, entre ce que disent les banquiers
et ce que dit le ministre, parce que je ne suis pas certain d'avoir bien
compris... J'imagine que ce n'est pas le commis au comptoir qui entre l'argent
dans l'ordinateur pour mettre dans votre livre de banque, qui va vendre cela.
Mais si les caisses disent: On va avoir des agents d'assurances, on va faire
suivre le cours, faire passer des examens pour se qualifier dans le domaine de
l'assurance comme agent... On lui donne un petit "cubicle", comme celui pour
les prêts ou celui pour les placements, marqué au haut de la porte
"assurances", c'est là. Dans votre esprit, est-ce que ce serait permis
ou non?
M. Fortier: Le vrai quiproquo, c'est que l'Association des
banquiers parle ici, dans le mémoire, d'un permis fonctionnel, par
fonction. J'en ai conclu que ce qu'ils demandaient, c'est la même demande
que les caisses nous avaient faite il y a trois ou quatre ans,
c'est-à-dire: Donnez-nous un permis pour vendre de l'assurance, nous
désignerons la personne à l'intérieur de la banque qui
sera le préposé pour vendre de l'assurance. Nous avons toujours
dit non à cela. On va le dire encore. C'est malheureux de
décevoir les banquiers, mais je le dis: On ne l'a pas permis et on ne le
permettra pas. Ce qu'on exige, c'est que si la Banque de Montréal ou la
Banque Royale ou le Mouvement Desjardins ou La Laurentienne possède une
compagnie d'assurances dans son groupe de compagnies, cette compagnie
d'assurances doit avoir ses propres agents qui répondent aux exigences
de l'Inspecteur général des institutions financières. On
discute avec tout le monde ici pour relever le niveau de formation des agents,
des courtiers, etc. Donc, notre exigence va vers le fait que les compagnies
d'assurances générales ou les compagnies d'assurance-vie devront
avoir des représentants ou utiliser des courtiers compétents.
La question de l'utilisation des locaux, c'est un autre débat. Je
pense bien que ce n'est pas ici qu'on va le faire. On en aura l'occasion au
début de septembre, lorsque je vais déposer la Loi sur le
Mouvement Desjardins, et on en a touché un mot avec le
député de Mille-Îles, mais le point que je voulais faire
ici, c'est que vous parlez de permis par fonction et pour nous, il est clair
que l'on veut donner les permis aux individus, soit à des agents
d'assurances, soit à des courtiers d'assurances. Ce n'est pas un permis
donné à une institution, en disant que la Banque de
Montréal obtiendrait un permis pour vendre des valeurs mobilières
ou de l'assurance. C'est un individu qui doit être mandaté
à temps plein pour vendre cette chose-là.
Maintenant, pour le cumul de permis, là, on peut voir - c'est la
discussion qu'on a ici, en commission parlementaire - dans quelle mesure un
individu qui a un permis à temps plein pour vendre des valeurs
mobilières pourrait également avoir un permis pour vendre
d'autres produits. C'est la discussion que nous avons ici dans le moment et
qu'on a eue toute la journée, hier.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'ai dit cela plus simplement que cela. J'ai dit que,
dans la caisse populaire, il y a quelqu'un qui est intéressé aux
assurances et qui va se qualifier. Il passe son examen. Il obtient son permis
du ministère comme personne.
M. Fortier: Ce n'est pas un employé de la caisse.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: Ce n'est pas un employé. Nous
ne permettons pas que ce soit un employé de la caisse. Il faut
que ce soit un employé de la compagnie d'assurances.
M. Garon: Mais qui travaille dans les...
M. Fortier: L'endroit physique, c'est un autre problème.
Cet employé n'est pas un employé de la compagnie prêteuse.
Il faut que ce soit un employé de la compagnie d'assurances. C'est pour
cela que je voulais clarifier ce point. C'est un point très important
pour ceux qui sont dans le métier.
La Présidente (Mme Dionne): Si vous me le permettez, M. le
député de Lévis, nous allons poser les questions à
nos invités.
M. Fortier: Cela clarifie le débat.
M. Garon: C'est un débat qui se fait ensemble, au fond.
Dans une loi comme la 74, qui a été adoptée l'automne
dernier, vous avez enlevé un paragraphe, mais vous avez changé
par la notion d'institution financière dans les compagnies de fiducie.
Il y a un paragraphe sur les produits d'assurances, vous avez enlevé
cela. Vous avez remplacé la notion dans l'introduction par "institutions
financières" en disant que cela couvrait tout cela. Dans mon discours
sur le principe de la loi, j'ai compris que c'était un
décloisonnement et que cela pourrait se faire. J'aimerais savoir si dans
la loi que nous avons votée l'automne dernier, dans votre esprit, les
compagnies de fiducie vont pouvoir vendre des produits d'assurances.
M. Fortier: L'alinéa qui a été enlevé
dans la Loi sur les fiducies est un alinéa qui disait qu'ils avaient
l'autorité de vendre des produits financiers d'autres institutions
financières comme directement; mais la question d'utiliser un agent pour
les compagnies d'assurances, c'est dans la Loi sur les assurances. Autrement
dit, la Loi sur les assurances dit que les polices d'assurance doivent se
vendre par le biais d'un agent ou d'un courtier d'assurances. Cette loi
s'applique indépendamment de toutes les autres lois qui peuvent exister,
la Loi sur les fiducies, la loi sur le Mouvement Desjardins, etc. La Loi sur
les assurances est complémentaire à d'autres lois.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je comprends cela, mais on dit, par exemple: Une
compagnie de fiducie va pouvoir vendre des produits. Il va falloir agir comme
institution financière. Je ne me rappelle pas les termes exacts du
libellé, sauf que vous nous aviez dit que c'était du pareil au
même. Enlever ce paragraphe et mettre la notion d'institution
financière dans le paragraphe introductif, cela couvrait le paragraphe
que vous enleviez. Moi, je n'étais pas sûr de cela. Je pense bien
qu'on ne peut pas jouer à la cachette. La porte est ouverte ou
fermée. Ils peuvent ou ils ne peuvent pas. On fait voter des lois, on
est dans le décloisonnement des institutions financières. Les
gens peuvent ou ne peuvent pas. Une compagnie de fiducie va-t-elle pouvoir
vendre des assurances ou non?
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: La compagnie de fiducie comme telle ne pourra pas
vendre de l'assurance, de la même façon que les caisses populaires
n'ont pas le droit de vendre de l'assurance. Il faut que ce soit vendu par le
biais d'un employé qui travaille pour une compagnie. Supposons que
Montréal Trust possède une compagnie d'assurances. Alors, ceux
qui vont vendre de l'assurance, ce n'est pas Montréal Trust. Ce sera la
compagnie d'assurances qui est dans le même groupe.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: Maintenant si vous parlez du lieu physique, c'est un
autre débat. On va le faire avec Jean-Pierre. Il faudrait que ce soit
clair que la société de fiducie n'a pas le droit de vendre de
l'assurance. C'est pour cela que je dis aux banquiers que les banques
elles-mêmes n'auront pas le droit de vendre directement de l'assurance.
On peut discuter. Je crois que nos documents disent clairement que nous croyons
qu'on devrait permettre à un groupe de compagnies de vendre ces produits
dans les différents locaux. Alors, je le dis bien clairement et je l'ai
dit à plusieurs reprises. Nos documents et les politiques que nous avons
mises de l'avant indiquent que nous sommes favorables à l'utilisation
des réseaux. Alors, c'est cela que nous disons. Mais si vous me
demandez, techniquement parlant, pour qui travaille celui qui vend de
l'assurance, il doit travailler pour la compagnie d'assurances de ce
groupe.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre. M.
Dufresne.
M. Dufresne: M. le ministre, nous acceptons ce principe comme
nous l'avons fait valoir pour les valeurs mobilières, que cet
employé ne soit pas un caissier, d'une part, que ce soit une personne
qui a été formée, que ce soit un employé de la
filiale, mais qu'il ait la possibilité de vendre d'autres produits
durant les périodes creuses. Sans doute souhaiterait-on que le
même principe s'applique le jour où les banques pourront vendre de
l'assurance, que la personne qui sera assujettie au cours de formation et qui
serait un employé de la filiale d'assurances puisse également
vendre d'autres produits s'il y a des périodes creuses ou dans certaines
parties du Québec.
Mais je pense que ce qui est impor-
tant - c'est pourquoi on parle de cumul de permis - c'est qu'on ne peut
pas se permettre d'avoir des spécialistes partout au Québec. Je
parlais tout à l'heure de Kuujjuaq. Mais, à Kuujjuaq, il faudrait
une personne qui fasse d'autres activités que le fonds mutuel ou
l'assurance. Autrement, cela ne devient pas économiquement rentable.
Alors, voilà pourquoi on souhaiterait le cumul des permis dans
les régions non urbaines.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Dufresne. M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Mme la Présidente, un court
commentaire. Je vois la prudence du ministre et je l'en félicite parce
que, essentiellement, la partie du débat présentement... Je pense
que M. Dufresne et ses conseillers savent très bien que le débat
est devant les tribunaux du Québec et qu'il y a déjà un
jugement intérimaire de rendu sur une requête en
irrecevabilité sur le fond du dossier.
Je pense qu'on doit être prudent. Le député de
Lévis peut se branler la tête comme il veut, Mme la
Présidente, mais je pense qu'il faut être prudent et laisser nos
tribunaux continuer à décider sur le fond du dossier quant aux
droits qui existent ou qui n'existent pas pour les Caisses d'épargne et
de crédit au Québec en vertu de la loi, telle qu'elle existe
présentement, de vendre de l'assurance dans leurs propres locaux. C'est
ce que le ministre disait tantôt quant au lieu physique. C'est un
débat; un débat qui n'est pas termine et qui appartient à
la cour. Il n'appartient pas aux intervenants de l'Assemblée nationale
de le débattre présentement.
C'est une première chose que je tenais à dire. Cependant,
vous ne pouvez pas m'empê-cher - j'aime bien mon banquier - de constater
que la façon dont l'énoncé avait été fait,
à la page 6 de votre document, quand vous dites: "Ce silence du document
à cet égard est d'autant plus étonnant que nous nous
serions attendus à ce que l'on fasse état des premières
expériences autorisées par le gouvernement dans ce domaine
permettant récemmment au Mouvement Desjardins de distribuer certains
produits d'assurances par l'entremise de caisses membres..." Je suis convaincu,
M. Dufresne, que vous saviez très bien, par connaissance publique, qu'il
n'y a jamais eu autorisation du gouvernement du Québec comme telle, et
que l'énoncé est totalement inexact.
Maintenant, vous enchaînez, au bas de la page 6, que vous voulez
préserver pour vos membres le droit de vendre directement, par leur
propre personnel et celui des filiales, des produits d'assurances. J'ai lu les
conclusions de la commission parlementaire fédérale qui s'est
déroulée il n'y a pas tellement longtemps. Je pense que, pour
plusieurs raisons qui seraient trop longues à énoncer ici ce
soir, il y a des résistances fondamentales de la part du gouvernement
fédéral, qui a juridiction sur les banques au Canada, de vous
accorder ce droit-là.
Plusieurs intervenants au Québec partagent également ces
mêmes restrictions. Quand je vais à la page 9 de votre document et
que, là, vous demandez que l'élargissement des champs de
pratique, sous les réserves qui précèdent, ne doive pas
être nécessairement limite aux domaines de l'assurance, des
valeurs mobilières et du courtage immobilier, et qu'on pourrait mettre
une catégorie générale, je considère que c'est
très large.
Je voudrais éviter, M. Dufresne, l'expérience qu'on a
connue récemment, qu'une institution financière comme les banques
canadiennes décide, un jour ou l'autre, de vendre des voyages au
comptoir et de se transformer en agence de voyages, parce qu'un voyage a une
connotation financière. Je pense que la demande est trop large et que le
but d'un amendement dans le secteur du décloisonnement des institutions
financières, ce n'est pas de permettre de tout faire et d'avoir des
supermarchés financiers qui vont pouvoir tout faire et tout
régler au même moment et au même comptoir et, encore plus,
pour certains, par guichet automatique.
C'étaient les brèves remarques que j'avais à vous
faire sur le document, sur l'essence du document qui a été
présenté, Mme la Présidente. (22 h 15)
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député de Mille-Îles. Est-ce que vous avez un commentaire,
M. Dufresne?
M. Dufresne: Oui. M. le député, je voudrais
simplement dire que ce que les banquiers recherchent ici, c'est une certaine
souplesse. Dans le thème général, il y a certains secteurs
comme l'informatique, je crois, où les banques pourraient mettre au
profit des consommateurs leurs connaissances et leurs systèmes et, sans
doute, être très concurrentielles. Si je peux me permettre de
parler d'assurance, une étude qui a été entreprise l'an
dernier au nom de l'Association des banquiers laissait présager que dans
les frais généraux, dans les frais de compagnies d'assurances
générales, 49 % des dépenses étaient directement
reliées aux commissions payées aux agents. C'est là, je
crois, qu'il pourrait éventuellement y avoir des retombées
positives pour le consommateur.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Je ne partage pas, parce que ce serait un
très long débat, les conclusions d'un tel rapport. Si vous
voulez, je peux vous resouligner ce qui s'est passé avec les banques
canadiennes concernant les frais bancaires. On peut faire des comparaisons, si
vous voulez. Si on commence à faire des comparaisons et à parler
de coûts diminués pour les consommateurs, au Québec ou au
Canada, on s'embarque dans un débat où les banques, où les
institutions finan-
cières n'auront pas le meilleur bout du bâton, quand on
commence à faire des comparaisons. Je peux vous citer même, dans
un autre domaine, le transport du loyer de l'argent, un autre exemple au
Québec où plus on concentre certains pouvoirs économiques
dans les mains de certaines institutions, le consommateur n'est jamais gagnant,
l'épargnant n'est jamais gagnant. La personne qui reçoit le
service paie toujours plus cher, pas nécessairement deux mois, trois
mois, un an ou deux ans, mais trois ans, quatre ans, cinq ans plus tard. Toutes
les techniques économiques de "lost leader", de diminution de prix, de
perte, d'amortissement sur l'ensemble du réseau, de coûts
cachés indirects, on connaît tout cela. Ce sont des techniques qui
ont été utilisées à plusieurs reprises dans le
passé. Je ne suis pas prêt à faire ce débat parce
qu'on n'en a pas le temps. On pourrait s'asseoir pendant deux jours et vous
verriez que j'ai de maudits bons arguments et j'ai des études à
vous donner là-dessus. La corde sensible du consommateur qu'on va
protéger et qu'on va diminuer, halte-là!
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. Dufresne, vous n'avez rien
à ajouter? M. le député de Lévis.
M. Garon: Est-ce que M. le député de
Mille-Îles a fini?
M. Bélisle: Oui, M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'essaie de comprendre un peu, entre les mammouths
financiers que souhaite le ministre et la conception du député de
Mille-Îles, j'ai de la misère à me retrouver.
M. Fortier: On pourrait dire la même chose par rapport aux
opinions du député de Lévis et de son chef du Parti
québécois, mais c'est un autre débat.
M. Garon: Essayez de trouver les contradictions.
M. Fortier: Je pourrais vous le prouver, mais je n'ai pas
apporté mon document avec moi.
M. Garon: Pas dans le domaine des institutions.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît!
M. Garon: Vous savez d'ailleurs que, lorsque j'enseignais les
institutions financières à l'Université Laval, un de mes
conférenciers était justement M. Parizeau.
M. Fortier: J'ai oublié de vous dire que M. Parizeau a
été mon consultant.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: Voulez-vous que je produise le rapport? C'est un
autre débat; on fera cela une autre fois.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis, vous avez la parole.
M. Garon: Je sais que vous avez plus de marge de manoeuvre dans
les bonnes ressources compétentes...
M. Fortier: Entre gens d'Outremont, on s'entend très
bien.
M. Garon: ...dans le Parti québécois.
Je voudrais souligner, Mme la Présidente, qu'il y a une
différence entre discourir sur les lois existantes pour lesquelles il y
a des litiges devant les tribunaux et ce que veut faire le ministre, le
décloisonnement. Le jugement qui est devant les tribunaux, c'est une
affaire, mais je comprends que le ministre qui veut faire sa réforme en
fonction des livres blancs ou gris qu'il a présentés va
présenter des changements. Si cela ne change rien à la situation
actuelle, il n'y a pas de décloisonnement. Ce qu'on essaie de savoir au
fond, c'est ce que le ministre pense et aussi comment les gens du milieu, les
gens du secteur voient cela, tant comme intervenants financiers que comme
consommateurs. C'est ce qu'on essaie de voir, si les gens trouvent que cela a
du bon sens ou pas de bon sens. On tombe dans le coeur du sujet.
Quand on regarde la question, c'est comme cela que cela va se passer
concrètement. Vous, comme banquier, vous dites: Moi, à ma banque.
Quelqu'un qui a une caisse dira: À ma caisse. Au fond, la question est
de savoir ce qu'on va trouver là. Comment cela va-t-il marcher, que ce
soit dans les locaux ou dans des "cubicles", ou dans du personnel? C'est cela,
au fond. Le représentant des banquiers parle pour sa paroisse. Personne
ne peut blâmer celui qui représente les banquiers de parler pour
les banquiers, comme les gens qui viennent pour les consommateurs parlent pour
les consommateurs, c'est strictement le sens du débat. Ce qu'il est
important de savoir, c'est comment le ministre voit cela. Autrefois, on disait
que M. Duplessis montait la température des calorifères pour que
les gens se tannent; il semble que sous le gouvernement actuel, ce soit le
vacarme: les décibels ont remplacé les calorifères.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député,
votre répartie devrait s'arrêter bientôt.
M. Garon: Je ne voudrais en aucune façon priver d'ouvrage
ceux qui travaillent actuellement.
La Présidente (Mme Dionne): Vous êtes bien gentil,
M. le député de Lévis.
M. Garon: J'aimerais savoir ceci: vous êtes plutôt
favorables au cumul de permis. C'est cela, au fond. Le ministre dit: On parle
pour, cela ne veut pas dire qu'on est pour. Dans son document, cela peut
être le cumul et cela peut ne pas l'être. On est dans une zone
grise. Il semble que le ministre en a parlé, mais il ne s'est pas
branché complètement, j'imagine, pour savoir ce que vous en
pensez. Vous semblez, vous autres, plutôt favorables au cumul de permis
par rapport aux équipes multidisciplinaires. Pensez-vous qu'il est
possible de bien protéger les épargnants en permettant à
un individu de cumuler plusieurs permis, étant donné que
plusieurs nous disent que les produits financiers sont nombreux et complexes?
Quand je vous pose la question, je n'essaie pas de vous mettre une
réponse dans la bouche, je veux savoir ce que vous en pensez.
La Présidente (Mme Dionne): M. Dufresne.
M. Dufresne: Mme la Présidente, M. le ministre, M. le
député, les banques, depuis longtemps, sont reconnues pour faire
leur propre autoréglementation. Ces employés qui cumuleraient des
permis pour vendre quelques produits bien spécifiques - je veux parler
de l'assurance ou des valeurs mobilières - seraient formés
professionnellement selon des normes qui auraient été
établies par la Commission des valeurs du Québec ou le
Surintendant des assurances. Le consommateur serait protégé parce
que l'employé, d'une part, serait formé en conséquence et
l'employé est une personne salariée. Dans la vente de ces
produits, l'employé n'est pas payé sous forme de commission, il
ne vend pas sous pression. Cette vente n'est pas ce qui va lui assurer son
revenu. Pour nous, il est bien clair que notre personnel serait formé
adéquatement, professionnellement et qu'il assurerait à ce client
un service, un produit de première classe. Je pense que j'ai
répondu à votre...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'écoute votre réponse. Le but de la
commission est de vous poser des questions, de vous faire préciser votre
pensée. C'est ce que je fais et à la fin, quand on a eu 30
mémoires et quelques, voir s'il y a consensus, pas de consensus, le
ministre va prendre ses décisions. Nous ne sommes pas là pour
décider à sa place; c'est lui qui est au gouvernement. Nous
sommes là pour voir les problèmes dans la solution. C'est pour
cela qu'on vous écoute autant. Lui qui va faire sa loi, et nous qui
allons voir si sa loi correspond à ce qui devrait être fait. Je ne
suis pas là pour essayer de vous faire dire quelque chose, mais pour
savoir ce que vous pensez de cette question. Votre opinion, c'est votre
opinion.
La Présidente (Mme Dionne): M. Dufresne
M. Dufresne: Cumuler des permis, comme on l'a dit tout à
l'heure, nous permettrait, dans des endroits qui ne sont pas des centres comme
Montréal ou Québec, d'avoir une personne qui desservirait une
localité, donnerait des services qui ne seraient pas disponibles
autrement. Vous ne pouvez pas envoyer dans une ville comme Kuujjuaq une
personne qui serait un spécialiste dans ci, une qui serait
spécialiste dans cela. Le cumul de permis permettrait à cette
personne de vendre ces deux produits, si je puis dire.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Dufresne. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Dans votre mémoire, vous parlez également
d'exigences raisonnables de divulgation. Qu'est-ce que vous entendez par
"exigences raisonnables de divulgation"? Selon vous, quelles sont les
informations qui pourraient être divulguées, qui devraient
être divulguées, ou qui devraient demeurer confidentielles avec
une complète étanchéité?
La Présidente (Mme Dionne): M. Dufresne.
M. Dufresne: Mme la Présidente, je vais répondre,
d'une part, sur la question de confidentialité. Il est établi
depuis longtemps que les banques ont leur propre système
d'autoréglemen-tation. Il y a un système qui est en vigueur qui
permet de garder le caractère confidentiel de l'information sur toute
personne. Cette information n'est pas disponible à qui veut. Concernant
l'autre volet de votre question, je vais demander à Marc de le
couvrir.
La Présidente (Mme Dionne): M. Duquette.
M. Duquette: M. le député, pourriez-vous
préciser quels étaient les autres points sur lesquels vous
désiriez...
M. Garon: Les exigences, parce que vous parlez d'exigences
raisonnables de divulgation.
M. Duquette: Là-dessus, l'Association des banquiers...
M. Garon: À la page 16.
M. Duquette: ...partage les vues du document sur le
décloisonnement, dans la mesure où nous croyons que les exigences
de divulgation sont très importantes. Par exemple, on doit, lorsqu'il y
a des liens entre une banque et une institution financière, lorsqu'il y
a... À supposer, par exemple, que le consommateur qui se présente
dans une succursale bancaire se fasse proposer un produit qui appartient
à la "famille" de l'institution financière, s'il s'agit, par
exemple, des produits d'assurances ou de valeurs mobiliè-
res de filiales ou de compagnies affiliées, nous croyons que le
consommateur doit connaître l'essentiel de la relation entre
l'institution financière et soit la compagnie d'assurances, le fonds
mutuel ou toute autre institution qui est la source du produit.
Cela dit, s'il y a des commissions ou des avantages, une divulgation
raisonnable, évidemment, quelque chose qui soit fonction de ia
complexité du produit, serait approprié.
Le but de l'association, dans son mémoire, était
également de souligner l'importance de mesurer la divulgation par la
complexité du produit. Il est bien évident qu'un consommateur qui
achète un produit traditionnel, comme une rente ou un certificat de
dépôt, n'a pas besoin d'une longue explication sur l'origine du
produit. Par contre, s'il achète un produit très complexe en
valeurs mobilières ou en assurances, il est beaucoup plus important pour
lui de savoir, pour ce qui concerne ce produit qui lui est proposé, quel
est le lien entre l'institution qui le lui propose et ce que cela apporte
à l'institution.
Nous croyons qu'il y a des règles de base de divulgation qui sont
dans l'intérêt du consommateur et les banquiers ont le souci que
le consommateur soit bien informé, mais nous désirons que cette
divulgation ne soit pas réglementée de façon telle qu'elle
soit une embûche au quotidien des opérations. Par exemple, s'il y
a des relations comme cela qui devraient être divulguées
concernant une catégorie de produits, nous croyons que la meilleure
façon de la divulguer, c'est au début. Lorsque le client vient
pour la première fois ou vient de temps à autre voir son
banquier, qu'on lui révèle a ce moment-là les liens entre
la banque ou sa filiale et des institutions dont on vend les produits. Mais on
ne croit pas qu'on devrait en faire une condition à chaque transaction,
ce qui pourrait, par exemple, réduire l'efficacité et
empêcher le développement de moyens électroniques,
informatiques et autres de traiter les transactions.
La Présidente (Mme Dionne): Allez, complétez.
M. Duquette: J'allais simplement vous dire que c'est sous cet
angle que nous parlions de divulgation. Nous croyons que c'est le meilleur
moyen de bien informer, plutôt que de prohiber certaines relations. C'est
vraiment en faisant en sorte que le consommateur obtienne l'information
relative au produit et relative à l'origine et aux liens qui peuvent
exister entre l'institution dont on vend le produit et celle qui le lui vend.
(22 h 30)
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Duquette. En
conclusion, M. le ministre.
M. Fortier: En conclusion, vous avez exprimé votre
désir de participer au décloisonnement. J'ose espérer que
les règles que nous allons mettre de l'avant vont le permettre aux
banques. D'ailleurs, on a été les premiers à le permettre
pour ce qui concerne la propriété des maisons de courtage dans le
domaine des valeurs mobilières. Nous avons l'intention de continuer. Je
suis certain que si les banques veulent profiter du décloisonnement au
Québec, dans la mesure où votre autorité
réglementaire vous le permettra - je crois que nous sommes rendus encore
plus loin que votre propre autorité - elles vont pouvoir le faire. Dans
la mesure où je l'indiquais où nous allons insister pour que le
décloisonnement se fasse par filiale, nous sommes favorables à
l'utilisation des réseaux. C'est donc dire que le réseau des
banques, à notre avis, pourrait être un actif appréciable.
J'ose espérer qu'on verra le déroulement de cette politique dans
l'avenir.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis, en conclusion.
M. Garon: Je vous remercie d'être venus nous rencontrer et
de nous avoir fait part de votre vision des choses.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député de Lévis. M. Dufresne, M. Ferron et M. Duquette, au
nom des membres de cette commission, je tiens à vous remercier pour la
présentation de votre mémoire et vous souhaiter un bon retour.
Merci.
M. Duquette: Merci de votre amabilité.
La Présidente (Mme Dionne): Nous entendrons maintenant
l'Association canadienne des compagnies d'assurance de personnes. J'aimerais
inviter les représentants à venir à la table. Messieurs,
bonsoir. J'aimerais d'abord demander au porte-parole de votre association de
bien vouloir s'identifier et de présenter les gens qui
l'accompagnent.
Association canadienne des compagnies d'assurance de
personnes inc.
M. Millette (Yves): Oui. Je suis Yves Millette,
vice-président de l'Association canadienne des compagnies d'assurance de
personnes. Je suis accompagné de M. Claude Ferron qui est
président du groupe Croix bleue-Canassurance et de M. Réal
Raymond qui est vice-président pour le Québec de la compagnie La
Prudentielle.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Millette. J'aimerais
d'abord vous rappeler les règles de cette commission. Vous avez 20
minutes pour présenter votre mémoire. Par la suite, nous
poursuivrons par des discussions avec les membres de la commission. M.
Millette.
M. Millette: Merci, Mme la Présidente. L'Association
canadienne des compagnies d'assurance de personnes appuie le
décloisonne-
ment sous ses formes depuis le début des années
quatre-vingt. Le gouvernement du Québec a toujours exercé un
leadership dans ce domaine et nous vous félicitons pour les gestes que
vous avez posés. Nous vous encourageons aussi à terminer la
réflexion entreprise car, au-delà du décloisonnement des
institutions financières et de celui entrepris maintenant des
intermédiaires financiers, nous croyons qu'il va y avoir deux autres
étapes, c'est-à-dire le décloisonnement des produits
eux-mêmes et le décloisonnement ou la reréglementation des
organismes de surveillance et de contrôle. Je pense, lorsqu'on regarde le
dossier des intermédiaires, qu'on ne peut pas oublier les deux
étapes qui viendront par la suite.
On semble croire que le décloisonnement est une invention des
institutions financières qui a été imposée aux
consommateurs. Pour ne prendre que l'exemple de l'industrie de l'assurance-vie,
au cours des années soixante, 80 % du volume de primes des compagnies
d'assurances provenait de la vente d'assurance-vie, alors qu'aujourd'hui 65 %
du revenu de primes des compagnies d'assurance de personnes provient de
l'épargne en vue de la retraite. On a donc vu un changement complet du
marché des compagnies d'assurance de personnes et ceci, non pas dû
à la volonté des compagnies d'assurances, mais aux pressions du
public et aux changements des besoins des consommateurs.
L'inflation des années soixante-dix a eu aussi un effet
très important sur les produits des institutions financières.
L'accroissement de la demande des consommateurs pour des produits sensibles aux
variations d'intérêts et pour des produits à court terme a
amené, encore là, un chambardement complet des produits des
compagnies d'assurances. C'est tout cela qui a amené le
décloisonnement des compagnies d'assurances, la reréglementation
des compagnies d'assurances au début des années quatre-vingt.
Nous considérons que ce n'est que le début de tout ce
décloisonnement qui doit se faire au niveau des produits. Qu'on pense
à ce qu'on appelle en anglais la "sécurisation" de
l'épargne, c'est-à-dire cette forme de redistribution de
l'épargne sous forme de titres de valeurs mobilières. Qu'on parle
de la concentration de l'épargne entre les mains des employeurs dans ce
qu'on appelle ou dans ce que la législation fiscale appelle des RASNA,
c'est-à-dire des régimes d'avantages sociaux non assurés,
qui échappent complètement, à toutes fins utiles, aux
institutions financières. Qu'on parle aussi des nouveaux produits du
genre option pare-chocs de la Banque Royale ou tout autre produit qui sont mis
en marché maintenant et qui vont continuer, au cours des prochaines
années, à remodeler complètement les produits qui sont mis
en marché actuellement par les institutions financières.
Tout ceci nous conduit à une collision plus ou moins violente
entre, d'une part, les institutions financières et les
intermédiaires financiers et, d'autre part, les organismes de
surveillance et de contrôle. On se rappelle les heurts qu'il y a eu entre
notre association et la Commission des valeurs mobilières du
Québec concernant les fonds communs de placements et la qualification
des intermédiaires qui doivent les vendre.
Tout ceci a conduit directement au débat sur la notion de
contrôle par institution versus la notion de contrôle par
activité. Ce débat a été amorcé par la Cour
suprême du Canada dans l'arrêt Pioneer Trust, s'est continué
et se continue actuellement dans l'entente entre la Commission des valeurs
mobilières de l'Ontario et le gouvernement fédéral, ce
qu'on appelle communément l'entente Kwinter-Hockin. Il s'est
continué aussi dans les négocations entre la Commission des
valeurs mobilières du Québec et le gouvernement
fédéral et se continue présentement avec les institutions
financières québécoises et le gouvernement
fédéral au sujet de la Loi sur les fiducies.
Le débat amorcé ou latent entre la Commission des valeurs
mobilières et l'Inspecteur général des institutions
financières du Québec devra aussi être vidé et on
voit, de plus en plus, que même l'Office des professions pourra faire
partie de ce débat. Donc, avant ou tout en instaurant les divers
conseils qui sont prévus dans le document de consultation, nous croyons
que tout un effort de réflexion devra être fait concernant ces
deux autres volets de la déréglementation et on devra en tenir
compte lorsqu'on refera le cadre de contrôle des
intermédiaires.
Si on parle plus spécifiquement d'un conseil des assurances de
personnes qui a été mis de l'avant par notre association et
l'Association provinciale des assureurs-vie du Québec, il est
évident que notre association continue à favoriser la formation
de ce conseil le plus rapidement possible. Les raisons pour former ce conseil
étaient d'unifier la surveillance et le contrôle des
assureurs-vie, ce qui est actuellement partagé entre l'Inspecteur
général des institutions financières et l'Association
provinciale des assureurs-vie du Québec, de redonner son plein sens
à la recommandation de la compagnie d'assurances sur ses
intermédiaires, en associant les compagnies au conseil des assurances
et, par là, améliorer la formation et la déontologie et,
donc, la confiance du public en l'agent d'assurances.
L'intérêt du conseil des assurances est de réunir
dans un même organisme les intervenants dans le système d'agence
qui est le principal système de distribution des compagnies d'assurances
et qui, avec la distribution au comptoir qui est surtout le système de
distribution des banques, des fiducies et des caisses populaires, et le
système de distribution par courtage qui a surtout cours en assurances
générales, en valeurs mobilières et dans le courtage
immobilier, constituent les trois principaux modes de distribution à
l'heure actuelle, non pas les seuls mais les principaux.
II est à noter que la distribution par agence telle que
pratiquée par les compagnies d'assurance de personnes est la seule,
à l'heure actuelle, qui soit suffisamment uniforme, selon nous, pour
être représentée dans un seul conseil. Je ne pense pas
qu'il pourrait y avoir un conseil du courtage qui regrouperait dans un seul
conseil les courtiers d'assurances générales, les courtiers en
valeurs mobilières, les courtiers en immeubles. Je ne pense pas non plus
qu'il pourrait y avoir un organisme qui représenterait tous ceux qui
font de la vente au comptoir. Donc, la situation du conseil des assurances de
personnes est, je pense, du moins à l'heure actuelle, un peu
particulière.
Nous croyons que le mandat du conseil des assurances ne devrait pas se
limiter à la surveillance et au contrôle des agents d'assurance de
personnes, mais s'étendre aussi au contrôle du cumul des permis et
aux activités exercées en multidisciplinarité au sein du
système d'agence. Il devrait y avoir un seul point de contrôle
pour la distribution par agence. En plus du cumul des permis, les agents
devraient pouvoir exercer des activités non réglementées
comme la vente de dépôts à terme, la vente de REER et tout
autre produit semblable.
Nous croyons que les compagnies d'assurance de personnes ne devraient
pas être limitées au système de distribution par agence.
Les compagnies d'assurance de personnes devraient pouvoir prendre des
participations dans tous les autres systèmes de distribution sans qu'il
y ait nécessairement confusion des divers systèmes de
distribution qui, chacun, obéissent à des règles qui
doivent être respectées.
La vente d'assurance de personnes dans les autres systèmes de
distribution devrait se faire par des personnes qualifiées selon les
normes du conseil des assurances et contrôlée soit directement par
le conseil des assurances, soit après entente entre le conseil des
assurances et d'autres organismes.
En ce qui concerne la planification financière, nous partageons
les vues du document de consultation, mais nous voulons réitérer
que la planification financière ne doit pas devenir une nouvelle
profession. La planification financière est plutôt l'expression du
décloisonnement des intermédiaires financiers et il s'agit
plutôt d'une activité multidisciplinaire. Donc, nous croyons que
le conseil proposé en matière de planification financière
est un bon pas, est un pas dans la bonne direction, bien que nous ne soyons pas
certains que ce conseil doive être un conseil permanent dès
maintenant. Nous croyons qu'il pourrait, au départ, être un
conseil consultatif pour permettre aux gens de définir ce qu'ils
entendent et, éventuellement, un institut de la planification
financière pourrait être nettement suffisant.
Si on s'attarde plus particulièrement à la protection du
consommateur, comme je vous l'ai dit au départ, comme le
décloisonnement des produits va jouer un grand rôle, il ne
faudrait pas que les règles qui vont entourer, par exemple, les ventes
liées ou la divulgation des commissions, etc., aient pour effet
d'empêcher révolution du décloisonnement des nouveaux
produits qui devraient mieux répondre aux besoins du consommateur
actuel, le consommateur qui va épargner plutôt en vue de la
retraite qu'en vue de sa protection, etc. Il faudra que les règles
concernant la protection du consommateur tiennent compte de l'évolution
à venir et permettent de continuer une évolution du
décloisonnement des institutions financières pour le plus grand
bien, nous pensons, des consommateurs. Je vous remercie. (22 h 45)
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Millette. M. le
ministre.
M. Fortier: II me fait plaisir de vous saluer et d'accepter avec
intérêt la présentation que vous avez faite. En fait, vous
nous mettez en garde contre différentes choses pour éviter que le
décloisonnement ne se fasse comme il a commencé. Pour ce qui
concerne le superconseil, on l'avait évoqué mais il n'en est pas
question pour le moment, donc, c'est tout simplement une possibilité
pour l'avenir.
Vous évoquiez tout à l'heure la possibilité que le
décloisonnement amène un choc entre, d'une part, les institutions
et les intermédiaires, ce qui est déjà commencé,
et, d'autre part, entre la Commission des valeurs mobilières et
l'inspecteur. On l'a invoqué cet après-midi et c'est la raison
pour laquelle, lorsqu'on discutait de cela, on invoquait la possibilité
que dans X années on doive peut-être penser - comme ce fut le cas
en Grande-Bretagne - à avoir un seul organisme de réglementation.
S'il y a trop d"'over1aps" et trop de conflits entre les deux
régulateurs, il va bien falloir procéder différemment.
Pour le moment, on ne croit pas qu'on soit rendu là.
Je ne sais pas quelle est votre opinion là-dessus. Est-ce que
vous êtes d'accord avec nous sur le principe que nous acceptons pour le
moment de continuer avec, d'une part, la Commission des valeurs
mobilières du Québec et, d'autre part, l'inspecteur des
institutions financières? Au rythme où le décloisonnement
se fait, dans combien d'années devra-t-on fusionner ces deux
autorités en une seule?
La Présidente (Mme Dionne): M. Millette.
M. Millette: Merci, Mme la Présidente. M. le ministre, au
rythme où je vois défiler les dossiers j'imagine que cela
pourrait être pour 1990. Mais non, sans blague, j'imagine qu'il s'agit
d'un cadre de décloisonnement qui s'est amorcé
véritablement au Québec à la fin des années
soixante-dix et qui va se poursuivre encore pendant plusieurs années.
Donc, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de faire un départage
entre l'inspecteur général et la Commission des valeurs
mobilières demain matin. Tout ce que je disais, c'est qu'il
faudra voir le décloisonnement des intermédiaires financiers
comme une étape dans un décloisonnement plus global qui va
comprendre aussi, éventuellement, le décloisonnement des produits
et la reréglementation et la réorganisation des organismes de
contrôle pour s'adapter à ce nouveau cadre de contrôle des
institutions financières.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Dans le document que vous avez soumis, en parlant du
conseil des assurances, vous dites et je cite: "Le conseil des assurances de
personnes devrait être habilité à coordonner la supervision
et le contrôle de toutes les activités ayant trait au marketing de
l'assurance individuelle." Vous faites allusion à quelque chose de
nouveau. À quoi faites-vous allusion exactement?
La Présidente (Mme Dionne): M. Millette.
M. Millette: Oui. C'est toujours le concept d'institution, le
contrôle par institution où devrait être
considéré ou relevé du conseil des assurances ce que
j'appelais tantôt tout ce qui est cumul de permis par des assureurs-vie
et/ou travail en équipe multidisciplinaire au sein d'une agence. C'est
toujours à cela qu'on se réfère.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Une autre donnée, je crois que dans votre
texte vous prenez position contre la divulgation des commissions, mais vous
souhaitez que des études et consultations soient effectuées afin
d'établir un système de commissions nivelées. Est-ce que
le problème c'est, pour les compagnies, de planifier cette nouvelle
donnée et de donner aux compagnies un laps de temps raisonnable pour la
mettre en oeuvre? Les études porteront sur quoi? Sur le mode de
réalisation ou sur le concept même du nivellement des commissions
payées?
La Présidente (Mme Dionne): M. Millette.
M. Millette: Ce n'est pas sur la possibilité d'avoir des
commissions nivelées. Dans l'industrie le débat est beaucoup plus
avancé que cela et ce sont les modalités de mise en application.
Comme on le dit dans notre document, les coûts attachés aux
changements du système de rémunération des
intermédiaires sont de l'ordre de 2 500 000 000 $ à 3 000 000 000
$ au Canada et vont devoir faire l'objet d'une entente avec les
intermédiaires financiers pour savoir comment ce fardeau va être
partagé, parce que l'intermédiaire financier va être aux
prises avec des problèmes.
J'ai vu que l'Association des assureurs-vie du Québec s'est
prononcée en faveur du nivellement des commissions et notre association
n'est pas absolument contre non plus. Mais la transformation ou le changement
risque d'apporter beaucoup de perturbations et l'industrie ne pourra pas
absorber seule les coûts reliés à cette transformation.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Je n'ai pas lu votre texte à ce sujet. Vous
mentionnez un coût de plusieurs milliards de dollars. À quel page,
cela?
La Présidente (Mme Dionne): M. Millette.
M. Millette: À la page 7 du document, au deuxième
paragraphe. Nous estimons...
M. Fortier: L'association est tout à fait consciente... Le
coût total d'établissement d'un système de commissions
serait de l'ordre de... Mon Dieu! C'est beaucoup d'argent! D'où viennent
ces coûts-là?
La Présidente (Mme Dionne): M. Millette.
M. Millette: Ce sont les coûts qui ont été
estimés par des études qui ont été faites à
l'intérieur de l'association au cours des dernières
années.
M. Fortier: Alors si, disons cet automne, on déposait un
projet de loi disant qu'à partir du 1er janvier... On pourrait se donner
deux ou trois ans avant de réaliser cela, j'imagine que cela permettrait
à tout le monde de faire ce qui doit être fait pour que cela se
réalise. Je pense bien qu'il n'est pas question de dire: À partir
du 1er octobre 1988, c'est comme cela. Mais si on se donnait un laps de temps
dans le projet de loi pour dire: À partir de telle date, il faudrait s'y
conformer peut-être deux ans, est-ce que vous croyez que ce serait
satisfaisant?
La Présidente (Mme Dionne): M. Millette.
M. Millette: À l'heure actuelle, nous n'avons pas
commencé à discuter avec les associations d'intermédiaires
ce dossier-là comme tel. Il n'y a pas eu négociation. Tout ce
qu'on sait, c'est que le débat évolue d'une façon qui est
de plus en plus favorable au nivellement des commissions. Mais il n'y a pas eu
de négociation comme telle sur le partage du coût et sur
l'implantation sur un certain nombre d'années. Je pense qu'on parle
généralement de trois à cinq ans pour établir un
tel système, à partir du moment où les parties se seront
entendues sur la façon de partager le coût de cette
opération.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre
M. Fortier: Selon mon expérience à cette commission
parlementaire, il y en a qui m'ont dit: Mon Dieu! on n'a pas beaucoup de
temps
pour écrire notre mémoire! Mais l'impression que j'ai,
c'est que ceux qui ne s'entendaient pas entre eux, même si on leur avait
donné six mois de plus, ils ne se seraient pas entendus plus dans six
mois. Sur la commission nivelée, je pense que cela va être la
même chose. Même si on disait aux gens: Faites donc des
études pendant quatre ans, dans quatre ans, ils ne s'entendraient pas
plus. Alors, j'ai l'impression que, quand on brusque un peu les choses,
c'est drôle comme les gens s'entendent. Comme vous le savez, en
Grande-Bretagne, cela va être obligatoire à partir de 1990, je
crois. Donc, il y a des gens la-bas qui ont déjà fait des
études. Plusieurs de vos membres ont des filiales en Grande-Bretagne.
Alors, j'imagine qu'ils peuvent aller chercher de l'information à ce
sujet-là. Vous vous dites contre la divulgation des commissions, mais
très certainement que la question des commissions nivelées
faciliterait beaucoup les choses dans l'avenir.
La Présidente (Mme Dionne): M. Ferron. M. Fortier:
M. Ferron, oui.
M. Ferron (Claude): M. le ministre, concernant cette question
importante de la commission nivelée, il faut penser aussi qu'à
l'extérieur du Québec il faudrait avoir un système qui
pourrait lui ressembler. Alors, c'est bien sûr qu'actuellement
l'industrie est sensibilisée pour plusieurs raisons. Une des raisons
aussi, c'est que les contrats maintenant demeurent moins longtemps, si on veut,
dans les livres. Les coûts d'acquisition ont toujours été
assez élevés. Mais je pense bien, personnellement, que le
Québec pourrait agir comme pionnier et que cela va certainement
hâter que ce problème se règle à l'extérieur
du Québec, parce qu'il faut penser que lorsqu'on parle des coûts
ici, c'est dans tout le Canada. Ce n'est pas seulement au Québec.
M. Fortier: À ce sujet-là, est-ce que cela
créerait des problèmes insurmontables si le Québec prenait
la décision - plusieurs de vos compagnies fonctionnent non seulement au
Québec, mais à l'extérieur du Québec - de dire:
À partir de telle date, au Québec, c'a force de loi.
Peut-être que les autres provinces vont suivre petit à petit. Mais
s'il n'y a pas une province qui commence, si on attend que les dix provinces
canadiennes soient d'accord, on va le faire en l'an 2030. On ne le fera
jamais.
La Présidente (Mme Dionne): M. Ferron.
M. Ferron (Claude): C'est bien sûr que cela va certainement
causer des problèmes parce qu'il faut penser qu'il y a des compagnies
qui ont un système informatique établi à
l'extérieur du Québec et avec une certaine standardisation, c'est
bien évident. Si on pense simplement au grand principe comme tel, il n'y
a pas de doute que l'industrie s'est penchée sur la question. Elle n'est
peut-être pas prête à faire le pas immédiatement,
mais je peux vous dire...
M. Fortier: Avec un laps de temps, cela pourrait se faire...
M. Ferron (Claude): C'est cela, un laps de temps et que les
intermédiaires soient aussi vraiment impliqués parce que cette
chose touche vraiment tout le monde.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Ferron. M. le
député de Lévis.
M. Fortier: Je vous remercie.
M. Garon: Alors, si je prends les derniers propos de M. Ferron,
cela veut dire qu'au fond... Est-ce que je vous interprète bien en
disant qu'au point de vue des commissions, si le ministre prenait position,
l'industrie serait d'accord?
La Présidente (Mme Dionne): M. Ferron.
M. Ferron (Claude): Écoutez, actuellement... Comment
pourrais-je bien dire cela? On a vu tout à l'heure qu'il y a des
intermédiaires, comme l'APAVQ, qui se sont prononcés et je pense
que l'industrie comme telle est très favorable à une situation
comme celle-là, mais j'ai aussi l'impression que le problème doit
être réglé par l'industrie et les intermédiaires.
Les forces du marché sont là et il y a une justification
vis-à-vis de toutes ces choses.
Ce que je voulais peut-être donner comme message tout à
l'heure, c'est qu'au fond le débat est actuel. À mon avis, c'est
seulement une question de temps. Est-ce qu'on doit y aller par une
réglementation pour aborder ces choses-là? Je n'en suis pas
certain. Je pense bien que l'industrie est assez consciente de ces
problèmes, les intermédiaires aussi et ils se montrent
favorables.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Mais comment se fait-il qu'autant de gens disent qu'il
est aussi complexe de divulguer les commissions, etc.?
La Présidente (Mme Dionne): M. Ferron.
M. Ferron (Claude): C'est traditionnel parce qu'il y a eu des
formes de rémunération où, en assurance-vie, on avait des
commissions assez élevées dans les premières
années, si vous voulez, et les représentants bâtissaient
leur rémunération sur un plan de carrière. Là, on
arrive avec une révolution assez importante, alors que dans l'industrie
du courtage d'assurances générales les commissions
nivelées sont là
depuis de nombreuses années. Il s'est développé
aussi une forme d'achalandage dans les bureaux de courtiers qui fait
qu'à un moment donné il y a une forme de compensation pour avoir
un nivellement, alors que dans l'industrie de l'assu-rance-vie le
système était basé sur des commissions assez
élevées dans les premières années et avec une
commission de renouvellement qui était beaucoup moindre.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Concernant la divulgation des renseignements qui vous
parviennent lors de rétablissement des contrats d'assurance, le
mémoire du ministre a fait état de cette question, mais vous ne
l'avez pas commentée d'aucune façon.
M. Ferron (Claude): C'est de l'information confidentielle...
M. Garon: De l'information confidentielle...
M. Fortier: Exemple: Le SIDA.
La Présidente (Mme Dionne): M. Mjllette.
M. Millette: Oui, merci, Mme la Présidente. L'information
que peuvent recevoir les compagnies d'assurances est de plusieurs ordres. C'est
un peu pourquoi on n'a pas commenté cela. Si on parle, par exemple, des
compagnies d'assurances qui reçoivent énormément
d'information concernant l'état de santé des gens, notre
industrie, comme l'association des banquiers ou toute autre association, a ses
règles de protection de l'information, entre autres avec le MIB, le
Médical Insurance Bureau, qui font que ces informations sont
protégées et ne sont pas accessibles à n'importe qui. Si
on parle des données concernant un client, des données concernant
sa situation financière ou quelque chose comme cela, qui pourraient
éventuellement être partagées dans le cadre d'une
équipe multidisciplinai-re, encore là, nous croyons qu'il doit y
avoir des règles qui respectent la confidentialité des
renseignements et faire en sorte que ces renseignements ne soient
divulgés que si le consommateur le veut bien. Nous ne nous sommes pas
vraiment attaqués à ces questions dans notre mémoire, mais
il existe déjà, à l'heure actuelle, des normes, entre
autres au projet du Code civil du Québec, qui sont tout à fait
satisfaisantes à cet égard.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Mais dans le cas justement d'équipes
multidisciplinaires, où il y a des gens d'assurances, des gens de fonds
de retraite, ou des gens de courtage, des gens de l'immobilier, etc., comment
voyez-vous la divulgation des renseignements personnels?
La Présidente (Mme Dionne): M. Millette.
M. Millette: Comme je vous l'ai dit, je pense que pour qu'une
équipe multidisciplinaire puisse fonctionner il faut qu'il y ait un
certain échange de renseignements, mais cet échange doit se faire
au préalable avec l'accord du consommateur. Si le consommateur refuse
que l'information qu'il donne à une personne au sein d'une institution
financière soit partagée, je pense que cela doit être
respecté. Mais si le consommateur demande ou accepte de faire des
affaires avec l'équipe multidisciplinaire, j'imagine qu'à ce
moment-là il va accepter que les renseignements qu'il fournit soient
divulgués à l'intérieur de l'équipe, et j'entends
bien à l'intérieur de l'équipe. À ce
moment-là, je pense qu'on doit pouvoir s'en servir.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je ne pensais pas nécessairement dans ce
sens-là. Par exemple, quelqu'un fait affaire sur un plan, avec une
entreprise qui, elle, a une équipe multidisciplinaire, on pourrait dire
que ce serait un bon ou un mauvais cas pour telle et telle autre dimension de
notre équipe ou de nos filiales.
La Présidente (Mme Dionne): M. Millette ou M. Raymond.
M. Garon: Et se passer des renseignements. La
Présidente (Mme Dionne): M. Raymond.
M. Raymond (Réal): Mme la Présidente, M. le
député de Lévis, je pense que l'angle sous lequel vous
abordez le sujet laisse un peu à désirer, c'est-à-dire que
je pense qu'il est tout à fait admis dans le cadre de notre profession
qu'on ne se passe pas les renseignements comme cela, de l'un à l'autre.
Une compagnie peut avoir des éléments subsidiaires, mais on ne
dira pas: C'est un bon ou un mauvais sujet. Je pense que c'est plutôt
dans le cadre d'une planification globale pour l'individu ou avec son
consentement qu'on va lui dire: II y a des besoins hiérarchiques
à remplir et à couvrir et, partant de là, avec son
consentement, on va passer le dossier à une autre personne qui va
continuer le dossier pour les autres besoins.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je peux vous dire ce qu'un groupe nous a dit en fin
d'après-midi ou ce soir, c'est-à-dire qu'il serait bon que les
renseignements ne soient pas confidentiels pour permettre
de développer plus rapidement ou plus facilement le
réseau. Certains autres nous ont dit qu'il est très difficile de
garder des renseignements confidentiels; c'est pour cela que je vous pose la
question.
La Présidente (Mme Dionne): M. Raymond.
M. Raymond: Mme la Présidente, tout dépend de la
nature des renseignements. Mais si on part du concept que le consommateur doit
avoir toute la protection nécessaire en ce qui concerne la divulgation
de ses avoirs cela ne pourrait être divulgué à d'autres
individus que sur son consentement.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Raymond: Si je...
La Présidente (Mme Dionne): M. Raymond, oui.
M. Raymond: ...peux ajouter quelque .chose, c'est que, si vous
faites un bon travail avec un individu, sûrement qu'il n'aura pas
d'objection à ce que vous puissiez soumettre son dossier pour l'aider,
mais, s'il a des objections, vous devez respecter ses objections.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je ne pense pas à cela, je pense plutôt
aux renseignements qu'on demanderait, qui feraient partie du dossier, et dont
on pourrait se servir éventuellement à d'autres fins. Par
exemple, il est facile de demander à quelqu'un, alors qu'on remplit un
autre dossier qui ne concerne pas cette question-là, combien il a
d'assurance-vie ou d'assurance-dommages et, après cela, on se dirait: Ce
serait un bon candidat. On devrait refiler le dossier à celui qui
s'occupe des assurances pour qu'il aille le voir.
La Présidente (Mme Dionne): M. Raymond.
M. Raymond: Mme la Présidente, M. le député,
cela revient exactement à ce dont on parlait au départ. Si vous
établissez la liste des besoins du client et que vous suggérez au
client qu'il aurait peut-être un besoin spécifique et que le
client dit: Moi, je ne veux absolument pas poursuivre dans cette
voie-là, on doit respecter cela. Mais si vous faites la liste de ses
besoins, ce qui arrive normalement dans la pratique c'est que le client va
dire: Oui, je suis prêt à le rencontrer. Cela ne veut pas dire
qu'il sera capable de combler le besoin, mais il va le rencontrer et ils vont
étudier ensemble les besoins spécifiques de ce client.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Cela va.
La Présidente (Mme Dionne): En conclusion, M. le
ministre.
M. Fortier: Oui. Je remercie l'ACCAP de sa présentation
parce que vous êtes profondément impliqués dans le
décloisonnement et on va le faire ensemble. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis, en conclusion.
M. Garon: Je vous remercie.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, M. Millette, M. Ferron
et M. Raymond, j'aimerais, au nom des membres de cette commission, vous
remercier de votre présentation et vous souhaiter un bon retour.
Merci.
M. Millette: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Nous entendrons maintenant les
représentants de Groupe Investors.
(Suspension de la séance à 23 h 5)
(Reprise à 23 h 14)
La Présidente (Mme Dionne): La commission du budget et de
l'administration reprend maintenant ses travaux. J'inviterais le porte-parole
de Groupe Investors à bien vouloir s'identifier et présenter les
personnes qui l'accompagnent.
Groupe Investors
M. Coveney (Charles): Mme la Présidente, M. le ministre et
membres de la commission, je suis Charles Coveney de Groupe Investors inc.
à Winnipeg, Manitoba, et j'occupe le poste de vice-président de
la planification de la compagnie. Je suis accompagné de M. Lucien
Larochelle, le directeur régional d'Investors à
Québec.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Coveney. J'aimerais
vous rappeler les règles de la commission. Pour la présentation
du mémoire, vous avez 20 minutes et, par la suite, nous
procéderons à des discussions avec les membres de la commission.
M. Coveney, à vous la parole.
M. Coveney: Nous sommes en voie d'achever un rapport écrit
qui sera déposé sous peu, nous nous en excusons. J'ai lu le
premier document, il y a quatre semaines - c'est le document d'octobre 1987 -
et...
M. Fortier: II n'y a pas de problème.
M. Coveney: ...le deuxième document i! y a trois semaines.
On a préparé un mémoire, mais je n'étais pas
satisfait de sa qualité, alors nous nous excusons de ne pas avoir un
mémoire écrit.
La Présidente (Mme Dionne): D'ailleurs, M. Coveney, je
crois qu'il y a eu entente entre les deux partis à savoir que vous
pouviez présenter votre mémoire de vive voix.
M. Coveney: Merci beaucoup.
M. Fortier: Vous allez nous en envoyer une copie de toute
façon.
Une voix: C'est cela.
M. Coveney: Je remercie les membres de la commission qui ont bien
voulu entendre notre témoignage ce soir. Nous profitons de l'occasion
pour féliciter M. le ministre et son équipe pour la vision, le
pragmatisme et l'innovation dont ils font preuve dans le traitement des enjeux
propres au secteur des services financiers. Nous sommes d'accord avec votre
énoncé tout à fait exceptionnel. Nous l'appuyons et
souhaitons faire quelques recommandations spécifiques ce soir.
On veut aussi discuter de la planification financière en action.
Notre programme est donc le suivant. Nous avons cinq éléments:
premièrement, Groupe Investors inc, une grande entreprise canadienne de
planification financière; deuxièmement, nos activités au
Québec; troisièmement, notre approche et notre expérience
en matière de planification financière; quatrièmement, la
formation, l'encadrement et le contrôle et, cinquièmement, les
recommandations.
Notre maison mère est à Montréal, La corporation
financière Power qui détient 71,8 % de nos actions. Nous avons
plusieurs filiales: il y a la Société Investors Itée qui
distribue les produits financiers offerts par les représentants
d'Investors; Les Services Investors Itée distribuent la gamme
complète des produits et les services financiers d'Investors au
Québec; Investors Syndicate Property Corporation s'occupe des placements
immobiliers de la société au Canada; la compagnie de fiducie du
Groupe Investors Itée, comme d'autres compagnies de fiducie; la
société de gestion d'investissements IG Itée offre
principalement des services d'administration et de gestion de placements pour
le compte des quatorze fonds de placement d'Investors et de ses filiales. Nous
avons une compagnie IG Investment Corporation; elle détient des
placements dans des co-entreprises immobilières aux
États-Unis.
Nous sommes une organisation qui se réorganise souvent. La
réorganisation entreprise en 1986 était nécessaire
étant donné la croissance substantielle qu'a connue Investors
depuis sa fondation et surtout depuis les cinq dernières années.
Les raisons de sa croissance: La plus récente remonte à la fin
des années soixante-dix, lorsque Investors a entrepris une analyse de
grande envergure du marché futur, des services financiers et de sa
propre position sur ce marché. La conclusion fut la planification
financière. Nous étions là en 1970 et, dans les
années soixante-dix, la société a reconnu que chacun a des
besoins financiers qui lui sont propres et que des services
personnalisés offerts par une équipe de planificateurs financiers
répartis dans tout le Canada serait la meilleure façon de
répondre à ces besoins.
Investors est le placeur de fonds d'investissement le plus important au
Canada. L'actif net, total de ses fonds de placement se chiffrait à 5
200 000 000 $ à la fin de 1987, ce qui représente environ 25 % de
l'actif total des sociétés membres de l'Institut des fonds
d'investissement du Canada.
Nous avons une mission à Investors. Le Groupe Investors admet
comme principe socio-économique fondamental la sécurité
financière des particuliers. C'est pourquoi le Groupe Investors vise
à offrir des services financiers personnalisés précieux
pour ses clients et profitables pour ses actionnaires. C'est une
société financière intégrée de premier plan.
Le Groupe Investors se propose, grâce à son équipe de
professionnels de la planification financière, de desservir à la
fois les particuliers et les entreprises. Le Groupe Investors entend faire
preuve d'intégrité dans toutes ses activités et favorise
un milieu propice au travail en équipe, à l'avancement personnel
et à la recherche de l'excellence.
Nous avons aussi une déontologie. La déontologie du Groupe
Investors traduit les principes régissant la conduite de nos affaires
comme prestataires de services financiers. Ces valeurs sont essentielles
à notre succès. Nous devons constamment nous efforcer d'offrir la
plus haute qualité de services dans notre industrie. Cela continue et
c'est signé le président, Arthur D. Moreau, président et
chef de la direction.
Seulement quelques statistiques sur la compagnie. On gère 8 500
000 000 $, c'était à la fin de 1987. Notre chiffre d'affaires de
l'an dernier, 2 000 000 000 $. Cela inclut des fonds de placement, des
certificats de placement, de l'assurance et d'autres produits financiers. Nous
avons 2805 employés et représentants. Nous avons environ 500 000
clients. Nous avons 68 centres de planification financière au Canada. Le
montant placé et investi au Québec de nos 8 500 000 000 S est de
1 200 000 000 $, environ 14 % ou 15 % de l'actif qu'on gère. Je
demanderai à M. Larochelle s'il peut donner quelques statistiques sur
nos activités au Québec.
La Présidente (Mme Dionne): M. Larochelle.
M. Larochelle (Lucien): Merci, Mme la Présidente. M. le
ministre, MM. les membres, au
Québec, ici, nous avons six bureaux régionaux dont quatre
à Montréal qui s'occupent de l'Ouest de la province de
Québec, excluant l'Abitibi. Nous avons un bureau à Sherbrooke qui
s'occupe des Cantons-de-l'Est. Nous avons le bureau régional de
Québec que j'ai le plaisir de diriger. Il y a aussi trois bureaux
auxiliaires: un à Rimouski, un à Chicoutimi et un à
Val-d'Or dans le but, d'ici à un an ou deux, qu'ils deviennent aussi des
bureaux régionaux afin qu'on puisse avoir une étendue dans toute
la province. D'ailleurs, cette semaine, j'ai quelques représentants qui
sont à Sept-îles, d'autres à Baie-Comeau. Alors,
actuellement, on couvre toute la province par notre système de
distribution; autant à Chibougamau, Chapais, peu importe où, on a
des clients, depuis de nombreuses années. Notre force de vente au
Québec est actuellement, aux derniers chiffres à la fin d'avril,
de 225 représentants sur les 1800 qu'il y a au Canada.
Pour ce qui concerne notre chiffre d'affaires, je crois qu'on est en
pleine expansion. Nous voulons continuer de l'être aussi. En 1980, nous
avions 77 000 000 $ comme chiffre d'affaires au Québec, l'an
passé, en 1987, nous avons eu 480 000 000 $, une augmentation de 600 %
en huit ans. Je pense qu'on peut se glorifier de tenir le chapeau bien
élevé. Pour ce qui concerne aussi notre progression dans la
compagnie, la compagnie a eu au-delà de 20 % composé, depuis
1980, en augmentation. Au Québec, dans le temps, nous avions 6 %. Alors,
nous avons maintenu et nous avons doublé la vitesse d'expansion du
Canada qui est de 11 %.
Tout cela pour dire que, pour ce qui concerne notre chiffre d'affaires,
c'est très réconfortant. Malgré ce que nous avons connu au
mois d'octobre dernier, la correction du marché, nous avions l'an
passé 83 % de notre chiffre d'affaires composé de nos clients et
des références de nos clients. On s'en va vers 1988; pour les
trois premiers mois de l'année qui sont les derniers disponibles, nous
avions 65, 5 % de notre chiffre d'affaires composé de nos clients - on
se rappelle bien la correction économique et nous sommes dans un domaine
qui a été assez touché - et 21 % des
références de nos clients. Alors, c'est là qu'on croit que
notre système de planification financière et de distribution est
des plus à point de par les preuves tangibles que nous avons, la
confirmation de la part de nos clients et les références que les
clients nous donnent.
La Présidente (Mme Dionne): Je voudrais seulement
souligner qu'il vous reste cinq minutes pour discuter un peu ou faire des
commentaires sur le document, tel que présenté.
M. Larochelle: On tient à vous remercier pour l'heure
à laquelle vous avez accepté de nous recevoir ce soir.
La Présidente (Mme Dionne): Cela nous fait plaisir.
M. Garon: C'est toujours comme cela.
M. Larochelle: Pardon?
M. Garon: C'est toujours comme cela.
M. Larochelle: C'est toujours comme cela, alors je pense que je
ne ferai pas de demande pour obtenir votre poste.
M. Garon: On pourrait entraîner l'entreprise privé
là-dedans.
M. Coveney: Je voudrais faire des recommandations.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord.
M. Coveney: Un planificateur financier honoraire doit être
enregistré dans la province où il travaille, soit par le super
conseil des intermédiaires ou par une organisation
autoréglementée, comme l'APFF ou une autre organisation comme
celle-là. Il doit satisfaire aux normes suivantes: appliquer la
démarche de planification financière; détenir un titre de
PFA, planificateur financier agréé, décerné par
l'Institut canadien de planification financière ou un titre ou un
programme équivalent de formation; avoir trois années
d'expérience; fournir l'engagement écrit de respecter le code de
déontologie; utiliser un formulaire de divulgation complet; avoir fourni
caution; détenteur d'une police d'assurance-responsabilité. Cela,
c'est pour les planificateurs financiers honoraires.
Un professionnel - avocat, comptable, notaire, etc. - qui offre des
services de planification financière à titre accessoire ou
à plein temps, doit satisfaire aux exigences d'être
enregistré, etc. et doit satisfaire aux exigences de sa propre
profession.
Un planificateur financier rémunéré à
commission doit encore satisfaire aux exigences de la gestion a et
détenir les permis requis. Par exemple, si c'est un vendeur de fonds
mutuels, cela lui prend une licence de fonds mutuels, etc. Un planificateur
financier est rémunéré sur une double base: honoraires et
commissions. Il doit donc satisfaire aux exigences des honoraires et des
commissions.
Le planificateur financier salarié, y compris le personnel des
institutions financières, doit satisfaire aux exigences des sections a
et c. Cela, c'est pour ceux qui reçoivent des honoraires et ceux qui
sont à commission. Tous les employés de banques, de
sociétés de fiducie, de compagnies d'assurances, de
coopératives de crédit, de caisses populaires, etc., dispensant
des services de planification financière a titre de conseillers ou
engagés dans la vente de produits spécifiques devraient
être visés par le règlement.
Divers. Toute personne visée ou non par le
règlement qui fait de la planification financière devrait
détenir un enregistrement et satisfaire aux exigences de la section a.
Le règlement ne devrait s'appliquer qu'aux personnes qui se livrent
à des activités de planification financière ou qui
revendiquent le titre de planificateur financier.
Pour les grandes institutions, comme le Groupe Investors inc, qui
cherchent à faire reconnaître les praticiens financiers comme
planificateurs financiers, les critères suivants devraient s'appliquer:
reconnaissance des programmes internes de planification financière de
formation et de cours; deux années d'expérience en planification
financière; inscription à deux cours en planification
financière offerts par l'Institut canadien de planification
financière; engagement par écrit à respecter le code de
déontologie; reconnaissance du principe selon lequel le planificateur
financier doit connaître la situation de son client et lui divulguer de
façon complète tous les renseignements pertinents et, de notre
part, être représenté au sein du conseil de planification
financière. (23 h 30)
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Coveney. M. le
ministre.
M. Fortier: Oui. M. Coveney me disait qu'il était
né à Québec.
M. Coveney: Oui.
M. Fortier: C'est pourquoi il a gardé son français.
Should it be difficult for you, do not hesitate to switch to English. La
première question était celle-ci. M. Larochelle nous parlait du
succès formidable de la compagnie au Québec. Est-ce que cette
progression en pourcentage est plus importante chez Investors? Est-ce que c'est
plus important qu'ailleurs? Selon vous, quelle serait votre stratégie
gagnante dans le développement de votre compagnie?
La Présidente (Mme Dionne): M. Larochelle.
M. Larochelle: Pour répondre à votre question, M.
le ministre, c'est que depuis 1980 la progression au Québec a
été deux fois plus rapide, malgré que celle du Canada ait
été de 20 % composée, ce qui est absolument formidable. Au
Québec elle a été deux fois plus rapide. Il y a deux
raisons à cela, M. le ministre. Auparavant, nous n'étions pas
réellement représentés au Québec. J'ai eu le
très grand plaisir d'être vice-président pour l'Est du
Canada de 1976 à 1982. On a aussi eu le secours de nos grands patrons
qui sont MM. Desmarais et qui nous ont forcés à venir au
Québec chercher la part du marché que nous n'avions pas. Le
Québec représentait dans le temps, si j'ai bonne mémoire
parce que j'y travaillais en 1979, 26 % à 27 % de la population du
Canada et nous n'avions pas notre part du marché. Disons que nous sommes
une compagnie de l'Ouest, mais une compagnie canadienne, point. À partir
de 1980, il y a eu énormément d'efforts qui ont été
mis sur le matériel français, sur toutes les
disponibilités. Nous sommes traités exactement sur le même
niveau dans tout le pays, que ce soit en français ou en anglais. Je
pense aussi qu'on a une ligne et une façon de présenter notre
façon de travailler qui est exceptionnelle.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Maintenant, M. Coveney, vous êtes
présent dans plusieurs provinces. J'imagine que les provinces où
vous êtes le plus présents sont l'Ontario, le Manitoba ou
l'Alberta. J'imagine que ce sont surtout l'Ontario et les provinces de
l'Ouest.
La Présidente (Mme Dionne): M. Coveney.
M. Coveney: Oui. Dans la province de l'Ontario, on fait un
chiffre d'affaires assez élevé. En Colombie britannique, on fait
aussi beaucoup d'affaires. Dans l'Ouest, au Manitoba, on est très bien
représentés si on prend les chiffres per capita. Oui, on fait des
bonnes affaires.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: M. Coveney, vous êtes présents dans
plusieurs provinces. Vous connaissez le Québec parce que vous êtes
né ici et Investors est ici. Quand vous voyez ce qui se passe - et je
pense bien que cela bouge beaucoup aussi en Ontario et dans l'Ouest - quand
vous voyez les stratégies qu'on s'est données au Québec,
stratégies dans le développement des institutions
financières, stratégies dans le développement des
intermédiaires de marché, bien sûr, vous avez eu des mots
flatteurs tout à l'heure, mais ce que je cherche, ce ne sont pas
tellement des commentaires favorables, mais la question que je pose est: Dans
quelle mesure croyez-vous que ceci va nous donner un système financier
plus articulé au Québec qu'ailleurs? Est-ce que vous croyez
qu'à la longue, sur une période de temps, les stratégies
que nous essayons de mettre en place vont donner des effets favorables non
seulement pour les institutions financières, mais également pour
l'économie du Québec en général?
La Présidente (Mme Dionne): M. Coveney.
M. Coveney: Oui, sûrement. Je trouve que c'est une question
d'attitude. Dans l'Ouest, ils sont encore pas mal conservateurs. J'inclus le
Manitoba, la Saskatchewan et l'Alberta là-dedans. La Colombie
britannique commence à changer. J'ai fait une présentation il y a
une couple de semaines à Victoria. Il y avait une commission comme la
vôtre et ils étaient à l'étape où ils
voulaient prendre des renseignements. Ils
n'étaient pas avancés comme les Québécois.
Je dis toujours que je crois personnellement que les Québécois
sont, si je peux employer cette expression, "the Californians of Canada", les
gens de la Californie. Ils sont tellement avancés dans des affaires que
je crois qu'ils sont mentalement beaucoup plus avancés que les
autres.
Si vous me permettez une chose. J'ai écouté d'autres
présentations au début et ce qui n'est pas sorti assez souvent,
c'est la question de la technologie. Je vois que, prochainement, le rôle
du planificateur financier va changer énormément. Alors, on veut
établir quelque chose, mais soudainement on dit que notre temps est
déjà dépassé parce que la technologie est tellement
avancée. Il y a "the artrficial intelligence" qu'on peut appliquer
à la planification financière. Je crois qu'il n'est pas
nécessaire de tout comprendre si on est un planificateur financier parce
qu'on a accès à la technologie et à l'informatique. Je
crois que cela va changer énormément, même les propos que
vous avez entendus aujourd'hui.
M. Fortier: Est-ce que...
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: On a eu une très bonne présentation de
M. Lacaille, qui représente un groupe de planificateurs financiers au
Québec et qui recommandait très fortement que les
représentants qui devraient être qualifiés soient
plutôt des généralistes et aient accès à une
équipe, au sein d'une compagnie qui serait composée de
différents spécialistes comme des avocats, des notaires, des
spécialistes en assurances, des spécialistes en valeurs
mobilières, etc., et que le représentant ne doive pas
lui-même préparer la planification financière, mais doive
la faire préparer par ce groupe de spécialistes. Êtes-vous
en train de nous dire qu'éventuellement l'ordinateur va remplacer ce
groupe central de planificateurs financiers?
M. Coveney: M. Larochelle...
La Présidente (Mme Dionne): M. Larochelle, allez-y.
M. Larochelle: Oui, je peux bien répondre à cette
question-là, M. le ministre. Non, ce n'est pas notre idée
générale, mais c'est un outil additionnel que nous voulons
ajouter. Étant depuis 24 ans dans le domaine et depuis 43 ans dans la
vente, faisant directement affaire avec les clients, je crois que le
planificateur financier est plutôt un généraliste. C'est
comme si on prenait un entrepreneur pour bâtir une maison. L'entrepreneur
ne fera pas tout, il va travailler avec l'électricien, le maçon,
le menuisier, etc. Cela va finir parce qu'il faut une tête pour mener
quelque chose quelque part. Comme le médecin, même si on aime bien
être traité par un médecin, il peut faire appel à
des spécialistes selon le besoin. Chez nous, je pense que c'est une
raison de notre succès, on travaille énormément sur le
côté humain. On vit tous comme des humains, une piastre, c'est un
accessoire. On est plutôt généraliste, mais on a en
arrière de nous des équipes absolument formidables de tout ce que
vous voulez. Avec l'ordinateur, le téléphone, Winnipeg est aussi
près que M. Garon à Lévis. On est là, on
téléphone, on a l'ordinateur, on a des programmes, des logiciels
formés, bâtis absolument pour nous en fonction de la planification
financière qu'on fait, depuis 24 ans dans mon cas. Et on m'a vendu
l'idée il y a 24 ans que nous étions dans un supermarché
financier. Great-West s'est ajoutée à nous et Montréal
Trust dans les années soixante-dix environ. On peut avoir une gamme de
produits, une gamme de spécialistes en arrière de nous, mais nous
sommes des êtres humains qui partageons l'idée avec un autre
être humain et essayons de l'emmener vers où il veut aller.
M. Fortier: Ce qui m'amènerait à vous poser...
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: ...une autre question. Est-ce qu'on devrait donner le
titre de planificateur financier à un individu qui travaille seul alors
que, comme vous le dites, on veut engager un entrepreneur général
ayant accès à d'autres personnes? Donc, la recommandation qu'on a
entendue était à savoir qu'on ne devrait jamais donner un permis
de planificateur financier à une personne travaillant seule parce
qu'elle n'a pas accès à cette équipe derrière
elle.
M. Larochelle: Je suis peut-être d'accord avec cela...
La Présidente (Mme Dionne): M. Larochelle.
M. Larochelle: ...Mme la Présidente, qu'un homme seul ne
peut pas tout connaître, ne peut pas tout savoir. Le domaine est
excessivement vaste, autant en fiducie, en assurances, en assurance-salaire, en
fonds de placement, en fonds garantis et tout ce que vous voulez. Nous les
avons tous, mais il faut quelqu'un en arrière pour nous appuyer, pour
faire les recherches pour les clients, planifier l'avenir et nous former dans
ce but.
La Présidente (Mme Dionne): M. Coveney.
M. Coveney: Mme la Présidente, on m'appelle le futuriste
à Investors. Je reviens encore sur la question de la technologie. Pour
vous donner un exemple, je suis un planificateur financier et je ne suis pas
licencié pour vendre des actions ordinaires, des débentures, etc.
Mais, moi je trouve que c'est assez facile de former
une matrice pour mon client qui a supposons 50 000 $ de placés,
et qui veut acheter des actions. C'est facile de poser des questions et de
former une matrice pour qu'il soit capable de placer 50 000 $ en achetant des
actions d'IBM, de la Banque de Montréal, de la Banque Royale, de Power
Corporation, etc. Cela se fait assez facilement et la technologie est là
aujourd'hui. Alors, à la question que vous avez posée, par
rapport à la recommandation de M. Lacaille, je dis oui, c'est possible
avec l'ordinateur. L'essentiel dans cela, c'est d'avoir des "software
programs". Cela va créer un danger parce que, si les gens n'ont pas
comme but de servir le consommateur, ils peuvent arranger des programmes pour
vendre leurs propres produits, mais la technologie est là. On est
tellement avancés que je crois qu'on est prêt à se lancer
à faire cela aujourd'hui.
La Présidente (Mme Dlonne): Merci, M. Coveney. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Vous avez dit tout à l'heure que votre
clientèle avait augmenté très rapidement et c'était
parce que vos clients étalent référés par d'autres
clients. Leur donnez-vous quelque chose pour cela?
La Présidente (Mme Dionne): M. Larochelle.
M. Larochelle: Mme la Présidente, M. le
député de Lévis, nous ne donnons absolument rien, aucune
prime, aucun concours. Comme je vous dis, je suis axé sur l'humain. Je
suis là et j'aime bien cela. Une personne sur la terre travaille chaque
jour non pas pour gagner de l'argent, mais pour avoir un véhicule pour
nous permettre de faire le train de vie qu'on veut aujourd'hui et se
bâtir une sécurité pour plus tard. Quand on peut prendre
une personne seule ou un couple, qu'on travaille avec eux, qu'on leur fait un
plan financier et tout le bagage, on ne travaille pas. Moi, cela fait une heure
et demie, deux heures que je suis dans la maison et je n'ai pas parlé
d'un damné produit encore. Je veux trouver, en premier, la
capacité, les moyens et, deuxièmement, ce qu'il veut faire dans
la vie, ce qu'il veut accomplir, ce qu'il cherche pour lui et sa famille. Si je
peux combler ces besoins par le véhicule que j'ai, je peux vous dire, M.
le député, que la personne, pour une fois dans sa vie, voit
clair. C'est pour cela que je dis une personne, pour ne pas avoir cinq ou six
histoires, celle de chacun où chacun empiète un peu sur l'autre
et veut impressionner. Alors, j'ai une personne. Cette personne ou ce couple
est assez content, M. le député, que je peux avoir des
références comme cela. C'est de là que vient, je pense,
une bonne partie de notre force. C'est exactement ce que je pense que le
consommateur veut. Il veut savoir où aller. Il veut faire affaire avec
quelqu'un en qui il peut avoir confiance et non avoir 56 histoires où
chacun présente sa sauce à sa façon. C'est vrai qu'on la
présente à notre façon, mais il y a une logique et un bon
sens sur la terre et on ne peut pas sortir de là.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Quand vous rencontrez votre client, vous essayez de
connaître ses besoins; comment établissez-vous cela?
La Présidente (Mme Dionne): M. Larochelle.
M. Larochelle: Merci, Mme la Présidente. C'est malheureux
que je n'aie pas... J'ai tout le matériel ici avec lequel on travaille
et qui est absolument unique en Amérique du Nord. On fait comme presque
tout le monde un inventaire financier, mais il y a une petite carte ici qui n'a
pas l'air de grand-chose. Savez-vous qu'on peut passer une demi-heure avec
cela? Cela m'aide à déterminer par priorité les trois
principaux points qu'il y a dans cela. Vous en avez seize de listés qui
couvrent généralement 98 % des désirs, des rêves et
des châteaux des gens. Alors, on approfondit cela. On écrit ici.
Quand cela ne fait pas, on écrit de l'autre bord et quand cela ne fait
pas on écrit là, pour savoir exactement où est-ce que la
personne veut aller. On ne veut pas tous la même chose, on n'aime pas
tous la même femme, on ne boit pas tous la même boisson, on est
tous différents. Alors, il faut reconnaître en premier que le
client est différent d'un autre. C'est un frère qui nous a
recommandés. On voit deux frères parfois, ils sont
l'opposé l'un de l'autre. Quand j'ai découvert cela par ceci,
ici... On voit où on va avec ce morceau-ci. Vous ne pouvez pas le voir,
malheureusement, c'est trop loin. On fait l'historique de ce que fait un
déplacement, toute l'histoire, impôt compté, inflation
comptée, un "mix" de placements des différentes sortes de
portefeuilles pour savoir la zone confortable du client. Placer de l'argent, M.
le député, à un endroit trop risqué... On a vu cela
au mois d'octobre, on n'a pas été touché, nous,
pratiquement. Pourquoi? Parce qu'on avait fait une planification non sur un
court terme, mais sur un long terme. On a diversifié nos clients. C'est
facile d'avoir des références à présent. (23 h
45)
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Quand vous dites, à partir de vos seize points,
vous essayez de déterminer...
M. Larochelle: Pardon?
M. Garon: Vous avez dit que vous aviez seize points sur votre
cartable et que vous essayiez de déterminer les trois points principaux.
Pourriez-vous nous mentionner les seize points que vous avez là?
M. Larocheile: Sûrement. L'économie d'impôt;
voyages et loisirs; pour constituer une réserve commerciale; les
études de vos enfants; posséder votre propre commerce; acheter
une maison ou un chalet; amortir une hypothèque; rembourser des dettes;
assurer le revenu de votre famille en cas de décès; vous
préparer une retraite confortable; combattre le coût de la vie;
assurer votre hypothèque; réviser votre testament et vos avoirs;
savoir gérer votre argent; prendre votre retraite plus tôt;
apprendre à investir sagement et constituer une réserve
financière.
Je pense qu'avec cela on couvre généralement - en 24
ans... C'est vrai que je ne fais pas directement de contacts avec le client
depuis quatre ou cinq ans... - on cerne pas mal ce que le client veut. En
approfondissant cela, on peut voir quels sont ses désirs et ses
ambitions, son pouvoir, ce qu'il peut se permettre. On sait qu'on rêve
tous, mais il faut ramener le client sur la terre bien des fois. On voit grand,
mais quand on met des chiffres... On sait que les gens veulent prendre leur
pension de plus en plus jeunes. Quand j'ai commencé il y a 25 ans,
c'était à 65 ans. C'est venu à 60 ans, maintenant c'est
à 55 ans. Le monde rêve mais, quand on dit combien il faut qu'ils
se mettent d'argent de côté pour arriver à une retraite
confortable à 55 ans, le gars le dit tout de suite: J'aime savoir 20 ans
à l'avance que je ne serai pas capable de me retirer à 55 ans, si
le normal de la vie se poursuit. On planifie dans ce sens, pas pour
aujourd'hui, mais pour toute la vie.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Une fois que vous avez déterminé cela,
quels sont les véhicules que vous proposez?
M. Larocheile: Naturellement, les véhicules que nous
distribuons. La gamme de véhicules que nous avons, c'est à partir
des certificats de placement garanti de 30 jours à 5 ans,
intérêt payable semi-annuel, annuel, mensuel. Nous avons un
certificat de revenu différé qui n'existe pas beaucoup dans le
marché. C'est un produit que les gens ne connaissent malheureusement
pas, mais qui est absolument formidable, un produit garanti: Non seulement avec
l'assurance-dépôts Québec Canada 60 000 $, si tous les gens
venaient chercher demain matin l'argent qu'ils ont là-dedans, on
paierait tout le monde et il nous resterait 79 000 000 $ dans les coffres de la
compagnie. Parce qu'à chaque dollar d'obligation qu'on a envers un
client il faut déposer 1,05 $ auprès d'un consignataire
agréé par le gouvernement.
Nous avons quatorze fonds qui vont du fonds monétaire jusqu'au
fonds global en passant par le japonais, soit dit en pasant, qui est le
meilleur depuis X années au Canada. On a le fonds de biens immobiliers.
Les gens ont des besoins différents, des buts différents. Plus
une personne avance en âge, plus on dit qu'il lui faut aller vers le
sécuritaire. Sans aucun frais, vous le prenez à un endroit, vous
le transportez pendant 20, 25 ou 30 ans. Cela fait 20 ans que le monsieur est
mort et on prend soin de la madame encore. C'est ce qu'on pense être une
vraie planification financière, autant pour les enfants, autant...
En plus de cela, nous avons l'assurance-vie que nous distribuons par
Great-West, l'assurance-salaire, l'assurance-groupe. Nous avons des fonds de
retraite de groupes autant collectifs, contributifs par l'employeur ou non, et
même d'autres produits qui arrivent. Nous avons aussi des plans
d'épargne qui motivent les gens à se ramasser quelque chose.
En général, on couvre, à mon point de vue, tous les
besoins que le client peut avoir.
M. Garon: ...le document du ministre qui a plus de 130 pages?
M. Larocheile: Pardon? M. Garon: Le document...
M. Larocheile: Je ne l'ai malheureusement pas.
M. Garon: ...sur lequel vous êtes venus réagir.
Comment voyez-vous le décloisonnement par rapport au document qui a
été écrit par le ministre?
M. Larocheile: M. Coveney l'a lu, lui. Cela fait partie de ses
fonctions. Moi, je suis plus sur la ligne de feu. Ils disent qu'ils sont
d'accord. Quand ils sont d'accord, je suis d'accord.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, M. Coveney.
M. Larocheile: Quand la compagnie dit qu'elle est d'accord, elle
l'a lu, on a des spécialistes pour cela, mais...
M. Fortier:...
M. Larocheile: Oui, monsieur, à 200 %, sans cela je ne
travaillerais pas là. Je suis très bien traité, monsieur,
je suis traité royalement. Mais ce qui est important pour moi, plus que
la foi, c'est la satisfaction de nos clients. Si on a autant de
références et autant de "repeat business", qu'on appelle, il faut
sûrement faire quelque chose du bon côté. Puis c'est simple
ce qu'on fait.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, monsieur.
M. Larocheile: Cela fait assez longtemps que le monde complique
la vie à tout le monde, on
essaie de la mettre compréhensible pour les gens.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Larochelle. M.
Coveney.
M. Garon: ...un document...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: ...sur le cumul des permis. M. Larochelle:
Oui.
M. Garon: Êtes-vous en faveur du cumul des permis ou
non?
M. Larochelle: Actuellement, nous avons une licence de la
Commission des valeurs mobilières, nous avons une licence d'agent
d'assurances, autant pour l'assurance-vie que pour l'assurance-maladie. Nous
avons aussi... Pas d'autres permis? Non, c'est à peu près cela.
On place les hypothèques aussi, les certificats.
M. Garon: Non, non, ce n'est pas cela que je veux dire.
M. Larochelle: Pardon?
M. Garon: Le cumul des permis chez la même personne. Je ne
veux pas dire que vous avez des filiales.
M. Larochelle: Disons que j'en ai trois. Je n'ai rien contre cela
qu'on en ait quatre ou cinq, pour autant, monsieur, que la compétition
ne fasse pas peur. Tout comme ce que le président dit: Chez nous, le
décloisonnement - il disait cela l'autre jour à Toronto - c'est
pareil à un centre commercial: plus il y a de magasins, plus il y a de
monde dedans. Alors, plus la compétition est là, plus on sera
dedans et on va être compétitif. Mais ce ne sont pas les produits
qu'on offre, monsieur, qui comptent surtout. Quand bien même vous auriez
une Cadillac, si vous la conduisez mal, cela va aller mal. Ce n'est pas ce
qu'on a qui compte, c'est ce qu'on fait avec le fait qu'on serve nos
clients.
M. Garon: Ce n'est pas le véhicule qui compte, c'est le
conducteur.
M. Larochelle: C'est cela, "it's not the gun, it's the
gunner".
La Présidente (Mme Dionne): Je m'excuse...
M. Garon: ...des individus, je ne parle pas des institutions.
M. Larochelle: Oui.
M. Garon: Comment voyez-vous cela, par exemple, au point de vue
de ceux qui peuvent vendre différents produits?
M. Larochelle: Moi, je n'ai pas de problème.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, M. Coveney, vous voulez
compléter...
Une voix: La réponse.
La Présidente (Mme Dionne): ...la réponse?
M. Coveney: Oui. À la question, nous répondons par
la formation. Mais ils disent toujours qu'il y a des limites. Et je reviens
encore à la technologie. Nous avons des programmes avec lesquels nous
pouvons avoir des renseignements. Mais on peut peut-être poser la
question ou essayer de répondre à la question. On peut toujours
avoir des limites. Si on voit cela seulement dans le but de former les gens
pour cumuler ou pour être capable de cumuler les permis, cela devient
difficile. Mais, si l'on utilise la technologie, cela n'est plus du tout un
problème. Je ne sais pas si j'ai répondu à votre
question.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Pas complètement, parce que vous semblez dire
que, si quelqu'un a un ordinateur, il peut cumuler les permis. C'est cela que
vous voulez dire?
M. Coveney: Non, non.
M. Garon: Vous vous référez à la
technologie. Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
M. Coveney: J'y reviens. Disons que quelqu'un veut avoir un
permis d'assurances.
M. Garon: Oui.
M. Coveney: Aujourd'hui, normalement, il va suivre un cours
d'assureur-vie. S'il veut un permis de fonds mutuel, c'est la même chose.
S'il veut faire de l'immobilier, il est obligé de faire la même
chose. S'il veut devenir un "stock-broker", un courtier, il est obligé
de suivre un cours. Mais une personne qui veut avoir plusieurs permis comme
cela va passer son temps.. Mais, la liaison que je veux faire aujourd'hui,
c'est que ce n'est pas tellement nécessaire de tout apprendre. C'est
comme si on voyait la technologie, 1'infdrmatique, comme une
bibliothèque. On peut y avoir accès et avoir des
informations.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Fortier: Si vous me permettez, vous pariez en termes de
planificateur financier qui doit porter un jugement. Mais lorsque vient le
temps d'exécuter la commande, la loi exige que l'exécution passe
par une personne qui a un permis. Ce que vous voulez dire, c'est que pour faire
de la planification, ce n'est pas nécessaire de tout savoir, à la
condition d'avoir accès à des programmes et d'avoir une formation
générale qui vous permette d'y avoir accès. Alors, c'est
de la planification générale. Mais dans l'exécution, vous
devez passer par une personne qui a le permis voulu.
M. Coveney: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre, en
conclusion.
M. Fortier: Juste avant de conclure, on a deux ou trois minutes.
M. Larochelle nous disait toute la belle façon qu'il avait de faire la
planification. J'étais pour lui demander son numéro de
téléphone. On va aller le voir après. La discussion qu'on
a eue hier touchait le fait que, parmi vos clients, vous avez, j'imagine, des
présidents de compagnie qui sont prêts à vous payer des
honoraires. Il y a d'autres gens qui ne veulent pas dépenser trop
d'argent. Est-ce que vous acceptez ce dilemme du haut de gamme et du monde
ordinaire et, comme de raison, j'imagine que si quelqu'un a juste 5000 $
à placer vous ne passez pas toute la soirée chez lui pour placer
5000 $. Autrement dit, vous allez vers les clients qui ont un peu plus
d'argent. J'imagine que c'est votre stratégie.
La Présidente (Mme Dionne): M. Larochelle.
M. Larochelle: Mme la Présidente, M. le ministre, j'aime
beaucoup votre question.
Chez nous, un client, est un client. Un client de 1000 $ ou de 100 000 $
ils méritent autant l'un que l'autre. Un de 1000 $ est peut-être
plus important pour le gars que l'autre qui a 100 000 $. Cela ne paie pas
pareil tout de suite, mais j'ai vu à Arvida, M. le ministre, un client
qui m'a donné 500 $ et avec lui j'ai eu pour des millions d'affaires de
Schefferville, par des références. Il n'avait pas le moyen, mais
il aimait mon histoire. Il m'a donné en référence à
son gendre qui était "kingpin", comme on dit, là-bas. Je suis
rentré dans Schefferville, j'ai été là une
journée par six mois; au bout de X années, il fallait que j'y
aille une semaine tous les deux mois et j'ai changé de fonctions, parce
qu'il aurait fallu que j'y aille une semaine par mois. Alors, on ne sait jamais
quand on fait une bonne planification financière, peu importent les
moyens, que le client soit président de compagnie...
M. Garon:...
M. Larochelle: Pardon?
M. Garon: C'est avant que les libéraux ferment
Schefferville.
M. Larochelle; Ha, ha, ha! Alors, disons que la planification
financière, le petit la mérite autant que le gros. Le gros peut
manger des "toasts" demain matin, le petit a peut-être plus besoin de
nous pour une bonne planification financière pour dans cinq ou dix ans
ou pour la retraite.
M. Fortier: Vous avez la même approche. M. Larochelle:
Absolument.
M. Fortier: Là-dessus, il est déjà tard. Je
vous remercie. Merci M. Coveney d'être venu from Winnipeg. Thank you very
much. We welcome you again in Québec City, which is your hometown...
M. Coveney: Thank you.
M. Fortier: ...and I am pleased to see that Investors is a great
success within the Power Corporation group of which we are very grateful.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Comme vous avez l'occasion d'être à
Québec, je vais vous parier en français, parce que vous avez plus
de chances de pratiquer votre français à Québec
qu'à Winnipeg, et je vous souhaite une bonne fin de soirée
à Québec. J'imagine que vous ne partirez pas ce soir. Je vous
remercie d'être venu nous renconter.
M. Coveney: Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député de Lévis.
J'aimerais à mon tour, M. Coveney et M. Larochelle, vous
remercier au nom des membres de cette commission de vous être
présentés devant nous et vous souhaiter un bon retour.
La commission du budget et de l'administration ajourne ses travaux
à demain, 2 juin 1988, après la période des affaires
courantes vers 11 heures.
(Fin de la séance à 23 h 59)